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CORRESPONDANCE
DES
RÉFORMATEURS
DAM m tm DE LANl!G FDANCAISE
OBNÈVE. — IMPRIMERIE RAMBOZ ET SCHUCHARDT.
CORRESPONDANCE
DKS
RÉFORMATEURS
DANS LES PAYS DE LANGUE FRANÇAISE
RRCUEILLIE ET PUBLIEE
AVEC
D'AUTRES LETTRES RELATIVES A LA RÉFORME
ET DES NOTES HISTORIQUES ET BIOGRAPHIQUES
PAR
A.-L. HERMINJARD
TOME PREMIER
1512-1526
H. (lEORG, libraire éditeur
BALE, MÊME MAISON
PARIS
(ilIEL LEVY frères, éditeurs
RIE VIVIENNE, ibJS
1866
Tous droiU réservos
(I
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'à R A^
/ s-Ep ^5: 1961
76 9475-
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v^.^i.
t.\
A MESSIEURS
EDMOND BOISSIER, HENRI BORDIER
EDOUARD ET FRÉDÉRIC COUVREU
ADRIEN ET ÉMLE NA^^LLE
ALBERT RILLIET, THÉODORE RIVIER
ALEXANDRE DE SAINT-GEORGE, HENRI TRONCHIN
AUGUSTE ET WILLIAM TURRETTINI
QUI
PAR LEUR GENEREUSE INITIATIVE
ONT FAVORISÉ LA PUBLICATION DE CET OUVRAGE
A.-L. HERMIXJARl)
AVERTISSEMENT
Un Prospectus-Spécimen qui a paru à Genève, au mois de
mai 1864, annonçait une publication ayant pour objet de
« réunir dans un même ensemble les lettres sorties de la
plume de tous ceux qui, dans les pays de langue française, ont
travaillé de près ou de loin à l'établissement de la Réfor-
mation. » Le volume que nous offrons au public est le com-
mencement de cette œuvre.
En nous occupant jadis d'un essai de biographie du réfor-
mateur Pierre Viret, nous avions rencontré, dans la plupart des
ouvrages relatifs à l'histoire de la Réforme, un assez grand
nombre d'assertions hasardées. Des invraisemblances cho-
quantes, des faits d'une authenticité très-douteuse étaient inva-
riablement reproduits sous le couvert d'historiens du dix-
septième et du dix-huitième siècle qui ne citaient pas tftujours
leurs autorités. L'abondance des détails pittoresques, qui prê-
taient à certains récits un intérêt saisissant, nous paraissait
VIII VVERTISSKMENT.
souvent outrepasser les données fournies par les documents
originaux. Nous voulûmes connaître la vérité vraie sur le ré-
formateur vaudois; mais, pour y parvenir, il flillait remonter
aux sources les plus anciennes, les contrôler les unes par les
autres, séparer le certain de l'incertain, mettre provisoirement
à part les faits douteux que des investigations ultérieures pou-
vaient rendre vraisemblables, et sacrifier sans regret tout
ce qui était pure légende on romantisme bistorique. La série
des documents existants présentait de nomi)reuses lacunes ;
pour les combler, nous eûmes recours aux lettres qui avaient
été écrites à Viret. L'utilité de plus en pins manifeste de ce
genre de secours nous conduisit à consulter la correspon-
dance de Farel, de Calvin et d'autres contemporains. C'est
ainsi que, parti du point qui formait le centre de nos re-
cbercbes, nous avons parcouru toute la circonférence d'un
vaste cliamp détudes et formé un recueil très- volumineux df
lettres et de documents divers du seizième siècle, relatifs à la
Réforniation.
Quelques amis de la Kéforme, ayant été instruits de l'exis-
tence de notre collection, ont pensé que la publication de ces
documents autbentiques serait l'un des plus sûrs moyens de
présenter sous son vrai jour l'œuvre inaugurée au seizième
siècle pour remettre l'Évangile en lumière. Ils nous ont offert
leur concours pour l'acbèvement des travaux (|ue nécessitait
l'exécution d(! cette entreprise. Nous avons accepté cette tâche
avec reconnaissance, car elle nous permettait de rapjieler le
souvenir des bienfaits (pie Dieu a départis aux égli.ses réfor-
mées. Nous avons été heureux de pouvoir aussi contribuer à
AVKRTISSKMKNT. IX
faire revivre tant de personnages intéressants qui ont figuré
dans la grande lutte religieuse qu'a provoquée la Réforme.
Rien n'est si propre à les rapprocher de nous qu(^ la lecture
des lettres où ils ont déposé leur pensée intime. Nulle part on
ne peut étudier avec autant de fruit ces détails qui révèlent
directement les traits les plus marquants de l'esprit ou du
caractère de l'écrivain. La nature môme des convictions qui
se font jour dans ces correspondances complète le portrait
d'un siècle où la religion était mêlée à tout. C'est un tableau
où la vie générale se reflète avec sincérité et sous mille faces
imprévues.
Aussi devons-nous avouer (pie notre ambition, notre désir
constant, quelque peu réalisable qu'il fût, a été de reproduire
dans une série de lettres, s'éclairant, se complétant les unes
l)ar les autres, toute l'histoire de l'étabhssement de la Réforme
dans les pays de langue française. Nous n'avons rien négligé
pour réunir un nombre aussi grand que possible de pièces
rentrant naturellement dans notre cadre; mais les origines de
cette révolution religieuse restent entourées, pour ce qui con-
cerne la France, d'obscurités qu'on ne parviendra pas de si-
tôt à dissiper. Les documents que nous possédons aujourd'hui
sur ce sujet ne forment qu'une bien faible partie des corres-
pondances échangées à cette époque entre les partisans de
l'Évangile. Leur petit nombre signale suffisamment l'étendue
de nos pertes, mais leur contenu fournit des indications pré-
cieuses sur les lacunes qu'il importe le plus de combler. Si la
présente publication avait pour résultat d'engager les posses-
seurs de lettres inédites à nous les communiquer, tous les
X AVERTISSEMK.M.
amis d(; l'histoire leur en sauraient gré, et ces lettres trouve-
raient dans le corps de cet ouvrage une place qui contribue-
rait peut-être à rehausser leur valeur.
En attendant que l'on ait retrouvé les lettres que l'on sait
avoir été écrites par Le Fèvre, (Ecolampade, Roussel, Ca-
piton, Toussain, Farel etc., mais dont le dépôt est encore in-
connu, la route à suivre nous était clairement tracée. Nous
devions rechercher dans les autres documents contemporains
tout ce qui pouvait jeter sur les Réformateurs et leurs disci-
ples le plus faible rayon de lumière ; il fallait encore saisir au
passage les symptômes de l'opinion publique et recueillir tous
les renseignements relatifs aux dispositions religieuses de la
France. C'est dans ce but que nous avons souvent laissé
parler ceux des théologiens allemands qui entretinrent le plus
de rapports avec les ÉvangérKjues français, et donné une
place aux adversaires du mouvement religieux inauguré par
Luther.
IMiisieurs problèmes historiques ont été indiqués, chemin
faisant, et recommandés à la perspicacité des explorateurs fu-
turs: nous avons viv ainsi coiKhiil à donner aux notes une
certairu; extension, et à citer beaucoup de témoignages con-
temporains. Nous n'avons pas cru devoir nous contenter de
renvoyer siin|)li'ni('nt le lecteur aux ouvrages dans lesijuels
il aurait pu trouver ces citations. IMusieurs de ces ouvrages
sont devenus fort rares el n'existent que ihiiis (|uel(|ues liiblio-
lhè(|ues |)iilili(|iies: il en est d'autres dont le texti! m;d traduit
ou ini|)arlaiteinenl transcrit une première fois a donnt' nais-
sance à des erreurs (pii, incessannneiil répétées, passent pour
AVKRTISSEMliNT. XI
des vérités. Nous avons ainsi posé, comme autant de jalons,
une série de faits acquis, appuyés sur des témoignages dont
ciiacuii peut apprécier l'autorité.
Notre i^lan ainsi conçu réclamait avant tout, dans l'exé-
cution, une reproduction des textes aussi exacte que possible.
Nous avons donc constamment cherché à prendr(î toutes nos
copies sur les manuscrits oi'iginaux. Cette précaution n'a pas
été inutile, comme on pourra s'en convaincre en comparant
ceux de nos textes qui ont été déjà publiés avec les ouvrages
dans lesquels ils ont paru. Nous avons scrupuleusement
conservé, sauf d'insignifiants détails, Torthographe des origi-
naux. Quant à la ponctuation, nous avons adopté les règles et
les usages modernes. Les passages les plus remarquables de
chaque lettre ont été signalés à l'attention du lecteur par le
moyen des caractères italiques. Tout ce qui est placé entre
crochets a également pour but de faciliter la lecture du texte,
en complétant ou en rectifiant celui-ci.
C'est encore pour mettre le lecteur plus promptement au
courant du contenu de la Correspondance, que nous avons
placé un Sommaire en tête de chaque pièce. Ce sommaire
devait être naturellement très-court pour les lettres françaises
et pour celles des lettres latines qui ne rentrent pas dans la
Correspondance des Réformateurs proprement dite. Pour les
autres nous avons adopté des résumés qui donnent une idée
aussi complète que possible des sujets traités dans chaque
lettre.
Parmi les cent-quatre-vingt-douze Numéros que renferme
ce volume, il en est cinquante-trois qui reproduisent des pièces
XII AVERTISSEMENT.
inédites. Quelques lettres que nous ne faisons pas rentrer dans
cette catégorie n'étaient cependant connues rpie par des ci-
tations partielles. Plusieurs autres sont poui- la première fois
traduites de l'allemand en français. Les Thèses de Farel n'a-
vaient pas été réimprimées in-exlenso d'après le texte pri-
mitif. Si l'on veut bien se rappeler que les origines de la Ré-
formation ont été précédemment l'objet d'un grand nombre
de publications, on trouvera peut-être que la proi)ortion des
pièces inédites contenues dans ce volume n'est pas tro)) infé-
rieure à ce qu'on pouvait raisonnablement espérer.
Jamais d'ailleurs un ouvrage du genre de celui ipie nous
offrons au public n'avait été entrepris. Sa composition a
nécessité de longues et pénibles recherches, qui, sur bien
des points, n'ont pas abouti. Aussi nous ne nous dissimu-
lons point les imperfections et les lacunes de notre travail.
Elles seraient bien plus nombi-euses, si nous n'avions pas
eu le privilège de [jouvoir recourir tres-lVéquemmenl aux
lumières et à l'érudition de M. le professeur Albert Killiet.
Après avoir été le promoteur le i)lus actif de cette publica-
tion, il a suivi le progrès de nos travaux avec la sollicitude
la plus bienveillante. Ses excellents conseils nous ont mis en
mesure de rectifier bien des erreurs et de présenter nos asser-
tions avec plus de sécurité. C'est à son obligeance que nous
devons en outre toutes les traductions de pièces latines ou
allemandes (|ui ont pris place dans ce recueil. Notre ami M. le
professeui" Adert, M. le jMofesseur Samuel Ghappuis, notre
lidiion'' maître, et M. C. Du Mont th' Lausanne, nous ont gé-
néreusemeFit communiiiue une foule de livres rares et pré-
AVERTISSEMENT. XIII
cieux. Nos explorations ont ôté aussi facilitées par l'extrême
bienveillance avec laquelle on nous a accueilli dans toutes les
archives publiques et privées, et dans toutes les bibliothè-
ques. Qu'il nous soit permis d'olTrir ici nos remerciements
particuliers aux personnes qui, placées à la tête des grands
dépôts historiques et littéraires de la Suisse, ont bien voulu
nous consacrer une partie de leur temps ou nous fournir des
informations utiles pour la réunion des matériaux de notre
ouvrage.
A l'étranger nous avons rencontré le plus obligeant ac-
cueil dans les établissements où nous avons travaillé. A Paris,
notre ami M. Henri Bordier nous a procuré avec une iné-
puisable complaisance une foule de renseignements pré-
cieux, et nous n'avons eu qu'à nous louer de la parfaite
courtoisie de MM. les conservateurs des manuscrits à la Biblio-
thèque Impériale et à la bibliothèque Ste.-Geneviève.
L'impression de ce volume était presque achevée, lorsque
M. .lames de Meuron de Neuchâtel a bien voulu nous commu-
niquer la biographie manuscrite de Farel par Choupard, dont
il est propriétaire. L'examen de ce manuscrit nous a permis
de constater qu'il ne renfermait aucune pièce que nous
n'eussions déjà reproduite.
Si nous ne pouvons mentionner toutes les personnes aux-
quelles nous avons eu des obligations,nous ne saurions taire
le nom de l'excellent ami qui nous a aidé longtemps dans
nos recherches. Pendant près de deux ans, notre jeune
frère Edmond-Henri Herminjard a travaillé pour nous en
France, en Allemagne et en Suisse, avec une ardeur de dévoue-
XIV AVEKTISSEMEM.
menl quu nous avons dû modérer plus d'une fois. Avec quelle
sympathie il s'associait à nos efforts! Les obstacles n'existaient
pas pour lui, quand il s'agissait de nous procurer quelque
renseignement souhaité. Hélas! à Theure même où nous nous
mettions en route pour lui apporter la première feuille de
cet ouvrage^ qui hii appartenait de moitit*. il venait de lendre
le dernier soupir ! Le lecteur nous pardonnera sans doute ce
qu'il peut y avoir de trop personnel dans ce public hommage
rendu à la mémoire d'un frère bien-aimé.
Genève, décembre 1865.
CORRESPONDANCE
DES
RÉFORMATEURS
PREMIÈRE PÉRIODE
Depuis la publicalioD du couiuieiilaire de Le Fèvre d'Élaples sur les Epîlres
de St. Paul jusqu'à celle de son couinientaire sur les IV Evangiles.
1512 — 1522
1
JACQUES LE FÈYRE d'étaples à Guillaume Briçonnet.
De Paris ; le 15 décembre 1512.
Dédicace du Commentaire sur les Épttres de St. Paul.
Paris, 1512, in-folio.
(teaduite du latin.)
Sommaire. Dans Tordre de la nature, comme dans celui de la grâce, tout vient de
Dieu, et les instruments qu'il emploie ne sont rien. C'est avec cette conviction qu'on
doit lire le texte des épîtres de St. Paul et le commentaire qui les accompagne.
A révérend Père et Seigneur en Christ, Monseigneur Guillaume
Briçonnet S évêque de Lodève, Jacques Le Fèvre d'Étaples* sou-
haite le salut éternel en Glirist Dieu !
Vous n'ignorez pas, très-sage père, vous qui prenez un singulier
plaisir aux œuvres de la Providence, que, lorsqu'un laboureur
• Guillaume Briçonnet, comte de Montbrim, né en 1470, était issu d'une
famille très-influente dans l'État et dans l'Église. Son père, surintendant
des finances et premier ministre sous Charles VIII, était entré dans l'É-
glise, après la mort de sa femme, et il avait été élu successivement évêque
de St-Malo, archevêque de Reims et cardinal. Ce fut lui qui convoqua le
concile de Pise (1511). Guillaume Briçonnet se fit remarquer de bonne
heure par son amour pour l'étude et par sa bienveillance pour les gens
de lettres. D'abord archidiacre de Reims et d'Avignon, puis évêque de
Lodève dès 1504, il fut envoyé à Rome en 1507 pour une mission tem-
poraire, et prit possession, la même année, de la riche abbaye de St-Ger-
raain-des-Prés à Paris, que son père, élu archevêque de Narhonne, venait
de résigner en sa faveur. (Voyez Guy Bretonneau. Hist. généalogique de la
maison des liriçonnets. Paris, 1620, in-4'*.)
* Jacques Fabri ou Le Fevre cVÉtaples (en latin Faher Stapulensis) na-
quit vers l'an 1455 à Étaples, petite ville de Picai'die, d'une famille obscure
mais dans l'aisance , et il fit ses études à l'université de Paris. Il en sortit
4 J. LE FÈVRE d'ÉTAPLES A C. BRIÇONNET. 1512
cultive un champ, en y employant toutes ses forces, la moindre
plante qui lève, le fruit (jifelle porte, sont un don de Dieu. Aussi
bien n'est-il aucun fidèle qui puisse nier cela ou le mettre en doute.
Si donc la terre, que les bestiaux foulent aux pieds, est fécondée
par la faveur divine, à combien plus forte raison, le sol raisonna-
ble des âmes humaines, qui est foulé par les pas divins et qui en
conserve les traces!
Mais la terre qui n'est pas cultivée et qui ne reçoit pas la pluie
du ciel, ne produit rien d'approprié à l'usage de l'homme : ce sont
des épines, des ronces, des chardons, ou des herbes inutiles. C'est
à peu près de la même manière, que les intelligences humaines
qui n'ont pas reçu le rayon divin, ne peuvent rien produire qui ne
soit plus nuisible que profitable, et sont incapables de fournir aux
âmes une nourriture vivifiante. En elTet, les œuvres des intelli-
gences privées de la grâce d'en-haut, ne valent guère mieux que
les ronces et les chardons. Et c'est de (pioi sont presque entière-
avec le grade de maître es arts et devint prêtre dans la suite. Un séjour en
Italie compléta ses connaissances en l'initiant à la véritable philosophie
d'Aristote, que des savants grecs, fugitifs de Byzance, et quelques Italiens,
leurs disciples, expliquaient alors avec beaucoup do succès. A son retour
en France, il se voua à renseignement des mathématiques et de la philoso-
phie, tout en s'occupant très-activement de publier et de commenter les
œuvres d'Aristote, qui jusqu'alors n'avaient été étudiées que dans un texte
mutilé et corrompu. Il fit aussi imprimer, de 1498 à 1520, dos écrits d'an-
ciens mathématiciens, quelques ouvrages des Pères et des productions mys-
tiques du moyen âge.
Tous ces travaux lui valurent une grande renommée et d'illustres pro-
tecteurs. Il fut célébré à l'envi par les humanistes comme le restaurateur
de la phiiosopliie, le promoteur de la renaissance des lettres et des sciences
au sein de l'Université. N'eiit-il été que cela, il aurait déjà bien mérité de
la Réforme. Mais il eut le privilège de la préparer plus directement encore
par ses travaux stu- l'Écriture sainte. < Pendant longtemps, dit-il dans la pré-
face de son commentaire sur les Psaumes (Psalierium cpuncuplex), je me suis
att^ichô aux études humaines et j'ai à peine goûté du bord des lèvres les
études divines.... Mais déjà dans le lointain une lumière si brillante a frappé
mes regards, que les doctrines humaines m'ont semblé des ténèbres en
comparaison des études divines, tandis que celles-ci m'ont paru exhaler un
parfum dont rien sur la terre n'égale la douceur. » 11 acheva cet ouvrage
en 150!), dans ral)ljayc de St-Germaiu-des-Prés où son ancien élève, Guil-
laume Brirounet, lui avait offiTt un usilc, et, bientôt après, il fit un voyage
sur les bords du Rhin, dans le but de se procurer des secours pour la
composition de son commentaire sur les Épitrcs de St. Paul.
Si la préface <lu Psautier nous révèle une phase nouvelle dans la vie de
Le Fèvre, son Commentaire sur St. Paul marque une date importante dans
l'histoire de la Réformation. L'obligation de s'en tenir uniquement à l'Écri-
I
1512 J. LE FRVRE d'ÉTAPLES A G. BRIÇONNRT. S
ment remplis les ouvrages de ceux qui onl Irailé lanl des choses
humaines que des choses divines. J'en excepte ceux qui ont entre-
pris d'écrire non d'eux-mêmes, mais sous l'inlluence d'un mouve-
ment divin ; car ce mouvement les entraîne vers ce qu'il y a de
lumineux et de sublime. D'elles-mêmes les intelligences humaines
sont stériles, et, si elles s'imaginent pouvoir quelque chose, c'est
de leur part présomption pure; ce qu'elles enfantent est infécond,
lourd, obscur, et renferme plutôt un poison qu'un aliment salu-
taire et conforme aux besoins de l'àrae.
Ainsi donc, puisque nous voyons dans les fruits de la terre ma-
térielle, appropriés aux besoins du corps, la marque évidente
d'un don céleste, à combien plus forte raison jugerons-nous ainsi,
lorsque Tinlelligence humaine produit des fruits utiles à la vie et
au salut ! Par conséquent, lorsque nous sommes témoins de tels
etTets, ce n'est pas à l'intelligence humaine, ce n'est pas à l'artiste
humain (quel que soit celui que Dieu a choisi pour son instru-
ment), que nous devons regarder, mais c'est au don céleste et au
divin donateur.
C'est pourquoi, père très-clément, je vous prie instamment ainsi
que tous ceux qui, comme vous, liront les Épîtres du divin orateur
Paul contenues dans ce volume, de ne pas tant regarder à Paul
lui-même, qu'à la grâce qui lui a été donnée et à Celui de qui il
l'a reçue. Et, quand on lit des commentaires, on doit d'autant
moins regarder aux hommes (]ui les ont composés, qu'on y trouve .
plus de signes de vie spirituelle et plus de vraie nourriture pour
l'âme ; c'est alors, au contraire, qu'on devrait reconnaître la vertu
fertilisante descendue d'en-liaut et Celui duquel elle procède véri-
ture sainte, source et règle du vrai cliristianisme, l'insuffisance des œuvres
comme moyen de salut, y sont clairement annoncées.
n ne serait pas légitime de prétendre qu'à l'origine Le Fèvre n'a point
compris la portée de ces doctrines ni prévu l'immiuence d'une révolution
religieuse. C'est en effet vers l'année 1512 qu'il disait déjà à Guillaume
Farel, son élève : « Mon fils, Dieu renouvellera le monde et tu en seras le
témoin. » Parole prophétique, à laquelle le passage suivant, tiré de son
ouvrage sur St. Paul, peut servir de commentaire : « L'Église suit malheu-
reusement l'exemple de ceux qui la gouvernent, et elle est bien loin do ce
qu'elle devrait être. Cependant les signes du temps annoncent quUin reywu-
vellement est prochain, et, pendant que Dieu ouvre de nouvelles voies à la
prédication de l'Évangile par les découvertes et les conquêtes des Portu-
gais et des Espagnols dans toutes les parties du monde, il faut espérer qu'il
visitera aussi son Église et qu'il la relèvera de l'abaissement dans lequel
elle est tombée.» (Voyez C.-H. Graf. Essai sur la vie et les écrits de J. Le-
fèvre d'ÉtapIes. Strasbourg, 1842, in-8".)
G J. LE FKVRE d'ÉTAPLES A G. BRIÇONNKT. IfilS
tablemenl, et s'cirurcer soi-même, après Pavoir reconnu, de Le
suivre avec toute la pureté de cœur et toute la piété dont on est
capable, puisque c'est l'unique moyen de s'approcher de Celui qui
opère tout en tous. Mais si Ton ne retire de celte lecture aucune
nourriture vivifiante pour l'Ame, le cliamp de Tintelligence hu-
maine qui a porté ce fruit, n'a pas reçu la rosée de l'esprit saint,
il n'a pas été humecté par la pluie de l'esprit saint, mais il a pro-
duit de lui-même une herbe inutile, selon la divine parole (pii dit:
f La terre sera maudite pour ton travail; elle ne le donnera que
des épines et des chardons. »
En conséquence, ce que nous faisons par suite de notre nou-
velle naissance n'est point notre œmTe, mais celle de la bénédiction
divine. Nous devons donc reconnaître la bénédiction divine comme
en étant l'auteur, tandis que dans l'œuvre sortie (hi-eclement de
nous, nous devons voir quelque chose de maudit, qu'il nous faut
fuir avec le même zèle que nous devons mettre à rechercher la
bénédiction. El, tout en recherchant celle-ci, ce n'est pourtant
pas l'auteur humain (prenons-y garde), que nous devons consi-
dérer, car il faut bien se souvenir de cette parole : « Celui qui
plante n'est rien, non plus que celui qui arrose, mais c'est Dieu
qui donne l'accroissement. »
Il faudra moins estimer encoi'e ceux qui s'exercent sur ce qui
a déjà été planté, arrosé et qui a déjà reçu l'accroissement donné
de Dieu, quoifpi'une gramie grâce puisse cependant résider en
eux et autour d'eux tous. Ceux qui regardent à cette grâce, se
préparent à en profiter. Que veut-Il, en eflet. Celui qui répand les
grâces, sinon verser la grâce dans les âmes bien préparées, comme
la clarté de la lumière dans les yeux fornu!'s pour la i-ecevoir ?
Ceux qui comprendront que ces Épitres sont un don de Dieu,
feront de réels prof/rès: mais ceux qui s'arrêteront à l'artiste hu-
main, je dis à Paul lui-même, tout élevé qu'il est maintenant au-
dessus du monde, comme si ces Éiiîlres étaient son œuvre et non
celle d'une puissance supérieure agissant on lui, ceux-là, entre-
prenant cette lecture avec leur propre sens, en retireront peu de
fruit ; mais étant pleins de sentiments charnels et jugeant de travers
la plupart des choses, ils se perdront dans de pures rêveries et de-
viendront malades dVsprjl. S'il est donné à (|Uf'lipruii de com-
prendre qu'il en est vraiment ainsi, ce n'est pas peu de chose. Que
Christ, le dispensateur des dons divins, qui accorde à tous la grâce,
qui la conserve quand il l'a donnée et l'accroît ([iiand il la con-
serve, fasse que nul ne juge selon son propre sens et ne présume
de lui-même dans ses jugements I
1512 J. I,E FÈVRE d'ÉTAPLES A G. BRIÇONNET. 7
Car Paul n'est qiùm instrument. « Vous cherchez en moi, dit-il
lui-même, la preuve que Christ parle en moi. » Cest ici en elTet
que se trouve la doctrine de Christ et non celle d'aucun autre, n
s'ensuit donc (]ue ceux qui rétudieront, puiseront avec joie de
reau à la source du Sauveur, comme dit l'oracle divin (Év. St. Jean,
vn). C'est là cette partie de la doctrine dont il est dit dans Osée :
« J'ai mieux aimé la science de Dieu que les holocaustes. » Or, si
Paul est simplement l'instrument de cette divine sagesse, que peu-
vent être tous ceux qui l'ont suivi, si toutefois ils sont quelque
chose, sinon des instruments subalternes sans force ni vertu, ou
pour mieux dire, moins encore qu'un instrument quelconque? Tou-
tefois c'est encore une grande chose, dans ces condilions-là, d'être
un instrument suballerne. et moins qu'un instrument subalterne,
puisque Ton surpasse encore de beaucoup les forces humaines.
Ceux donc qui entreprendront cette lecture dans des sentiments
pieux, ce n'est pas Paul, ni aucun autre, mais Christ et son très-
excellent esprit qui leur feront faire des progrès dans la piété. Mais
ceux qui l'entreprendront avec des sentiments de présomption et
d'orgueil, ce n'est pas Paul non plus, ni aucun autre qui les re-
poussera, mais Celui-là même qui « résiste aux orgueilleux et qui
fait grâce aux humbles. » Douce est la manne qui se forme vérita-
blement de la rosée du ciel, doux est le miel recueilli sur les fleurs
(pi'elle a humectées; mais plus doux encore est fe don de Dieu
pour ceux auxquels Lui-même accorde de le goûter. Mais ce qui
précède suffit pour mettre les lecteurs pieux sur la bonne voie.
(Suivent des détails relatifs à la disposition tj'pographique du texte et
du commentaire des Épitres de St. Paul.)
Qu'on approuve ou qu'on critique ce que nous avons fait, peu
importe : car un esclave, à plus forte raison un esclave subalterne,
ou, pour mieux dire, celui qui est moins qu'un esclave subalterne,
ne s'inquiète point des éloges ou du blâme d'autrui, pourvu que
son travail soit agréable au seul maître de tous et à son souverain
maître à lui. Que Christ notre maître, et plus encore que notre
maître et souverain maître, daigne donc agréer notre œuvi'e !
Il est peut-être quelques personnes qui s'étonneront de ce que
nous avons osé ajouter à la version de Jérôme le sens du texte
grec ; elles regarderont cela comme une innovation excessive, et
elles nous accuseront, elles nous condamneront même pour notre
témérité et notre audace. Nous ne saurions leur en vouloir, car
8 J. LE FÈVRE D'ÉTAPLES A G. BRFÇONNET. 1512
elles auraient raison, si la chose était telle qu'elles se la représen-
tent et qu'on l'a déjà représentée à bon nombre de gens. Mais elles
nous excuseront sans doute, quand elles reconnaîtront que nous
n'avons rien osé changer à la version de St. Jérôme, mais bien à
l'édition vulgaire qui existait longtemps avant Jérôme, ce bien-
heureux luminaire de l'Église, et que lui-même blâme, critique
et reprend, en l'appelant l'ancienne et vulgaire édition.
Très-saint Évêque. en retour des innombrables bienfaits dont
vous m'avez depuis longtemps comblé et dont vous me comblez
encore tous les jours, en retour de l'assistance particulière que
vous m'accordez pour mes études, je ne puis vous offrir autre
chose, vous rendre aucun autre service, que de vous proclamer
en tous lieux mon unique bienfaiteur. Daignez néanmoins agréer
ces prémices de mon travail sur le bienheureux Paul, qui ont reçu
la bénédiction divine, et que j'offre d'abord à Dieu, puis à vous,
son ministre sacré, à vous son vicaire, non comme un don qui
vienne de moi, mais comme une offrande faite à Dieu. Accordez à
Paul l'hospilalité. accueillez le héraut de Christ, l'ambassadeur de
Christ qui porte la vie à tous les peuples, l'orateur surhumain.
Celui dont vous déploriez naguère la trop longue absence, recevez-le
maintenant qu'il se présente à vous. Si vous lui donnez une place
dans le trésor sacré de voire cœur, si vous l'y conservez, si vous
le méditez, le digérez, il vous conduira certainement sur le sentier
de la vraie félicité, dont vous pourrez enfin jouir avec une allé-
gresse spirituelle sans limites. Puisse-t-elle vous être accordée par la
grâce de C/z/'/sMe Seigneur du ciel et de la terre. 7?// seule procure
le vrai bonheur! C'est ce que les pieuses études comprises dans ce
volume pourront vous aider à mieux comprendre, si tant e.st que
vous ayez besoin d'assistance à cet égard, et que vous ne .soyez
pas au contraire suffisanmient et richement pourvu, par les grâces
nombreuses que Dieu vous accorde, de tout ce qui vous est néces-
saire. Souvenez-vous donc toujours d'élre ce que vous êtes, je veux
dire un astre sans pareil dans le ciel du clergé, vous que Dieu a
revêtu de dons surnaturels aussi rares qu'infinis. Salut, l'honneur
des Évoques I
(A la fin (le l'ouvritge, au folio 2fi2, on lit l'inscription suivante :)
Cet ouvrage illuminé par Chrisl.qui brille partout, ipioicpron ne
Taperçoive pas, a été terminé dans le couvent de Si-Germain
près de Paris, l'an de Christ, vie de fauteur, mil cinij cent douze,
et, la même année, aux environs de l'annivensairo du jour où le
1513 J. REUCHMN A LP: FÈVRE d'ÉTAPLES. 9
Seigneur est né de la Irès-Sainle Vierge, il est sorti des presses
d'Henri Estienne.
XV Décembre 1512'.
JEAN REUCHLIN de Pforzlieim à Le Fèvre d'Étaples.
De Stuttgart, 31 août 1513.
BiilH'iis. Hisl. Universitalis Parisiensis. Paris. 1673. in-folio.
T. VI, p. 61.
Sommaire. Assuré par vos livres de l'amitié dont vous m'honorez, je voudrais consa-
crer ma première lettre à des nouvelles agréables plutôt qu'au récit de mes cha-
grins, mais les circonstances en ont décidé autrement. Bien que je me sois toujours
étudié à ne blesser personne, je suis aux prises, depuis deux ans, avec d'implacables
ennemis, les théologiens de Cologne. Mon tour est venu d'être déchiré par eux.
Serait-ce pour avoir, le premier, enseigné l'hébreu et le grec en Allemagne, comme
vous avez été le premier à remettre en lumière la philosophie d'Aristote? Ma re-
nommée offusquait l'orgueil de ces Barbares, qui craignent que la jeune génération
ne méprise bientôt leur science vieillie. Aussi n'ont-ils pas reculé devant le chef-
d'œuvre de calomnie que vous fera connaître ma Défense.
Vous vous étonnerez peut-être qu'un philosophe ait pu prendre des injures telle-
ment au sérieux et les réfuter avec une pareille vivacité. On peut subir la mort,
jamais le déshonneur. Ma Défense devait être virile, simple, modérée, mais irrépro-
chable dans ses arguments. A l'exemple de mes adversaires, j'ai recouru à la pu-
blicité, non pour me venger, mais pour me défendre.
Je vous écris ces choses dans le but d'adoucir mes chagrins. Si mes adversaires
' Voici la description du titre de cette V^ édition : « CONTENTA. » Au-
dessous, la colombe sacrée dominant le mot CHRISTVS enfermé dans
un cercle. Plus bas, deux autres cercles plus grands. Dans celui de
gauche on lit : « Vivo ego, jam non ego : vivit vero in me CHRISTVS.
quod autem nunc vivo in carne : in fido vivo filii dei. » Dans celui de droite:
« Domini nostri IHESV CHRISTI longanimitatom : salutem ai'bitramini. Si-
cut et dilectus frater noster Paulus : secundum datam sibi gratiam scripsit
vobis. » Au-dessous, dans un encadrement en carré long : < Epistola ad
Rhomanos. Epistola prima ad Corinthios.... etc. ad bas 14 : adjecta iutelli-
gentia ex Grseco. Epistola ad Laodicenses. Epistolse ad Senccam sex. Com-
mentariorum libri quatuordecim. Linus de passione Pétri et Paidi. d A droite
et à gauche de l'encadrement, St Paul tenant un glaive, St Pierre une clef,
sont debout, les yeux levés vers la colombe, entourée de rayons qui descen-
dent sur la tête des deux Apôtres. Le nom de Le Fè\Te ne paraît qu'au
verso du titre, en tête de la dédicace à Briçonnet.
10 J. REUCHLIN A LE FËVRE d'ÉTAPLES. 1513
s'adressent aui éminents théologiens de Paris, pour m'accnser d'arrogance, de lé-
gèreté ou d'erreur, veuillez leur présenter ma Défense. J'espère que, grâce à votre
empressement, ils ne me refuseront pas une consolation fraternelle, à moi qui suis
un ancien élève de l'Université de Paris.
.loannes Reuclilinns Pliorcensis • LL. Doctor Jacobo Fabro Sta-
piilensi apud Parisios S. P. D.
Ciini fie lihris luis, Faherrime Fabri, in omni orbis lerranim spatio
rarliaiitibiis supra iiioihim, perspectiis inibi sil veriis ille anior erga
me liius baiid viilgaris, neqiie popularis, ut i[ui ab animo constante
acnobiliPbibjsopbicoqueproIkisca'iur*. iiialleuicerléjucunfUoribus
' Jean Reuchlin (auquel était aussi donné le nom de Capnion et i)lus rare-
ment celui de FumuJus), philologue, jurisconsulte et diplomate, né en 1455
à Pforzheim dans le margraviat de Bade , avait mérité par ses excellents
travaux scientifiques et par l'impulsion qu'il sut donner aux bonnes études,
d'être appelé Vœil de V AUemagne. H était aussi fort considéré en Franche et
eu Italie. A la suite de plusieurs voyages et d'ambassades importantes que
lui avait confiées le duc de Wurtemberg, il s'était fixé eu 1502 à Stuttgart,
comme membre du tribunal suprême de la Ligue de Souabe. L'empereur
Maximilien I*' lui avait donné les marques d'estime les plus flatteuses. Tous
les savants de l'Allemagne le regardaient comme leur père et leur protecteur.
Eu revanche, les ennemis des lumières n'attendaient qu'une occasion pour
se déchaîner contre lui. Elle se présenta en 1510, et donna lieu à une
longue querelle théologique dont nous rappellerons dans une note suivante
l'origine et les incidents principaux.
' Une lettre de Beatits Rhenanm, dont nous citerons quelques fragments,
explique l'allusiou que fait ici Reuchlin aux livres de Le Fèvre. Cette lettre
est datée de Schelestadt, le 10 novembre 1509.
< Beatus Rhenanus Selistatinus Joanni Capnioni Phorcensi S. P. D.
« Jacobus Faher Stapuîensis, vir ex omni œvo incomparabilis omniumque
disciplinarum uberrimus fons, qui philosophiam nimio situ squalcutem et
suo viduatam splcndore ita illustravit, ut Hcrmolao Barbara et Argyro-
poulo Byzantio, prceceptoribiis (quod quodam loco adnotasti) olim Uiis*.
longé plus nitoris attulerit, .... — is, inquam, ccleberrimus \'ir, cum ego apud
Parisios philosophifp studiorum assccla degerem, mihi opidô familiaris fuit;
qun factum est, ut et in Germaniam reverso mihi, de robus suis nonnunquam
scripserit.... Is de te iUi lionorificam montionem facit, ut libcat c.jus hic
verba recensere, quum de supersancto régis nostri et Servatoris nomine lo-
quitur, inquientis : < lllud idem scripsit Mirandula, et de eodem librum
« edidit elegantissimus et sine controvcrsia iuter Suevos doctissimus Joan-
* M. Graf ne s'est pas trompé en supposant (p. ij ds sa Biographie de Le Fèvre),
qu'il y avait une erreur dans la citation que fuit de ce passage Bulaeus (César Égasse du
Botilay). F.n effet celui-ci remplace par nuis le tuis des éditions originales. Ce dernier
texte ne prouve donc rien relativement à un voyage que Le Fèvre aurait fait en Italie,
avant l'année liSG, pour y entendre les leçons à'ArijyropoiUog.
I^>13 J. REUCIII.FN \ t.K FÈVUK d'ÉTAPLES. 11
niinciis lilteraruiii commercia tecum cœpisse, qui sine tuo coUo-
quio vitani inilii sa'pe putavi esse acerbiorem. Niinc quia haec
onininin rerum vicissitudo est, saltem te meis molestis alloquar,
qui (liebus li'an(|iullinribus nequivi. Ego enini quamvis è^ 'iTraXiv
v/û;^wv et ab incunabubs mecum constituissem prodesse omnibus,
la'dei'e neuiineni. et ita me gesserim ad bos usque senectœ accessus
erga omnes dodos et in omnem cœlum cuiusque generis Pbiloso-
pbantium, ut mérita laude nulluni defraudaverim, nequeloquendo,
neque scribendo. vel versu vel orationesolutà (necenim invectivas
un([uaiu oonscripsi, neque denlatos lambos in alicujus nominis
hominem lusi, mh\ uiagis onini a-tati et omnibus Ordinibus, quod
suum erat virtulis pra-mium detuli), tamen boc.jam biennio con-
ira me nova pestis adest, cui nec virtute resisti, nec sermonuui
telis armisque potest. « Pulmonibus errât ignis edax imis, » ut ait
Ovidius.
Ea contagio cœpit in Agrippina Colonin. ubi est qua'dam bomi-
num species inbumanissimorum : Tbeologi vocantur"^. Neminem
'( nés Capnion, cujus paulo ante meminimus, quem quiclem libellum ab illo
« divino . beneclicto et mirando nomine, de Verbo mirifico nuncupavit »
Hactenus Faber. Quin aliis in locis Reuohliuianorum respondimentorum
(sic enim nominat) s.vpe merninit.
« Vides ioritiir quanti te faciat Faber, quantaque honoris prsefatione de te
loquatur. Memini ego ex ejus me ore non semel audire : « Doctus est rê-
vera is qui se Fuimûum appellat. » (Ulustrium virorum Epistolœ.... ad
Joannem Reuchlinum. (s. a.) Thomas Anselmi Badensis typographus.
In-40.)
' Un Juif baptisé, Jean Pfefferîcorn, ami du grand inquisiteur HocJistra-
ten et des théologiens de Cologne, mais persécuteur acharné de ses anciens
coreligionnaires, avait obtenu de l'Empereur, en 1509, un édit qui ordonnait
de briller tons les livres hébreux contenant quelque chose de contraire à la
foi chrétienne. Invité par Maximilien à donner son opinion sur l'opportu-
nité de cet édit, l^enchlin signala franchement le tort qu'on faisait aux Juifs
en les dépouillant de leurs livres scientifiques. « Lisons-les, au lieu de les
détruire, ajoutait-il; nous aurous ainsi le moyen de les réfuter. » Cette con-
sultation était datée du 6 octobre 1510. Pfefferkorn qui s'en était procuré
une copie, publia, en mars 1511, un livre intitulé Handspiegel (Spéculum
manuale), où il accusait Reuchlin de s'être vendu aux Juifs. Réplique de
Reuchlin dans son Augenspiegel (Specidum ocidare), et bientôt après, im-
mixtion de la Faculté de Théologie de Cologne dans cette querelle privée.
Elle fit parvenir à TÀcuchlin (jan\ier 1512) une liste de quelques-unes de
ses thèses « qui sentaient l'hérésie, » avec injonction de les expliquer ou de
se rétracter au plus tôt. Le savant humaniste obi'it, mais, au lieu d'une ré-
tractation, ce fut une apologie qu'il envoya aux théologiens de Cologne. Ils
chargèrent alors un dominicain, Arnold de Tongres, de publier, avec une
réfutation, les « Articles suspccîs de Judaïsme, extraits du livre de Eeuch-
12 j, KKICHI.IN \ l.K FKVRE d'ÉTAPLES. 1513
doclum extra se putant, et Ecrlesiai sil»i videntiir rolumnae esse. Ab
hùi cum luulii ante haic tempora. tiim itroximis annis lumen qiiod-
•laiii JurLs, Pftnig R<in'nm.s*, ifrnavissiniè taxatus est : lacessiti sunt
deimle ab ejus ordiiiis quibiisdani JiirisconsiiUi (piamplures, ettum
oinnes Poelif. IhMmiin ad me veiitum est. prorsus innocentem
bominem. ut nomini meo et bona- faillie soldes aspergèrent. Forte
inler alia. quod me vidèrent bac a-tale in nermaniam semina
Hebrairanim btl«M-ariim. (|uan<(iiam graliiifo quidem sine pra'mio
et ab>4|ue spe liicri. jerisse, siciit lu. IMiibisopbissime Faber. Aris-
Inti'ba priinus omnium cadenlia reslaurasli. Quodque non ignora-
renl me ante onuies, annis citra ([uadraginta, rursus Alemminiœ
Stbolam praîca dementa docuisse. qu;e ipse ego qnondam in ves-
ira Cidllia, ex discipiiUs Gri'(jorii Tiiilurnnlis^ adulescens Parisiis
accejHTam, anm» Dumini I'i73. (pio in tempore iUic et Joannem
lim, » Colai-ci y était sijfnalé comme un ennemi de la foi chrétienne. Keuch-
lin Unç» à son tour sa « Défense contre mes calomniateitrs de Cologne, »
dat«V <Ui 1" mai ITilS. Mais il s'aperçut bientôt qu'en s'attaquant à un
mer:' - ' ■ l'ordre monastique le pins puissant, il avait amassé des char-
bon ' sur sa propro tête. Il sollicita alors et obtint en peu de temps
uuo foub" d'auxiliaires dévoués. Toute l'Europe lettrée se partagea en deux
camp* : cplui des Rfurhlini.<iU's et celui des Ohscurantins .
Dans cette lovép de boucliers, il ne s'apissait pxs seulement de Txeuchlin,
Buù* il. » «i-ioncos et des lettres que .ses ennemis voulaient discréditer dans
M I Kn roj-ant une foule d'ecclésiastiques ligués avec ces profes-
«•uni et cen orinioilleux moines qui avaient cru pouvoir imposer silence au
premier savant d*» r.\lb'm.igne par ce setd mot « rétractez-vous, > toute
1* K^oénition •'•clain'e dut se demander: Pourquoi le clergé redoute-t-il si fort
U »rM»nfo unie à la religion? Ser;ut-on dispensé de persuader et de con-
Tainrrr *c% ronlradictr-urs. quand on est chargé du gouvernement des âmes?
L'âutorilr «le l'^Igliso a-t-cllc une source dixine. ou n'est-elle qu'une prétention
«Wpoun ' ' •• . tyrannie fondée "ur l'habitude? Ces questions et
b*«> d*« • I - ■^- "i pliis être supprimées : le monde se sentait mflr
poor Im diM*tii4'r. Toua les savant» éprouvaient alors un sentiment qui u'a-
»»il jamaù et* aiiwu rif, celui de leur solidarité mutuelle. « Si vhtces, «as
■ »it /x hWrr h Iteuchlin (Lettre du 30 aoftt 1514). De
'- ■ ..;.■. n i<!"- '-• •M-nte des idées, une communauté d'espé-
"" '1'' •'" ' - forces au libre examen. Telle est, nous
M-mblrt-i) . U ion de cette lutto théologique des Reuchlinistes et
le combat d'avant-garde, qui fai.sait déjà pressentir
■' •• ' ' <.'■;" biographie Univ. art. Heuchlin. — Bulfeus, op.
CïtT VI, p. .'.2el»qq.)
• • Qui» urnorat. hos p«.s<« ïIIoh Magisiros... qui Pctnm Ravcnnatem, ce-
^^ '''reai,urbecxegeruntV»(Agripp.T' 0pp. Pars II, p. 778.)
i ih^rfw. .l.T- du aavant grec Chr)solora3 , était venu
1513 J. REUCHLIN A LE FÈVRE d'ÉTAI'LES. 1 ;{
Lapidnnum'^ TheologicC Ductorem in Graminalicis ad Sorbonani, et
(iuillii'buum 7>//7//i'M/// " Aiiicieiisein in vico S. Genuvcfa', «'t Hu-
bertniii Gayuùiiun^ apud iMaliiurinos in Keliioricis pnnTpiores
audivi, cuni essem è familia Maicliionis Fridcvki hinrifiLs linilni-
sis, nunc Episcopi Trajectensis, aupcpoiTr^Tri;. IJenuuii posi aliijuoi
annos è Suevia rediens ad Parisios, Georyiuni Iknnomjminit '■' Spar-
tiatem Grïecè docentem assecutus suni.
Cuinque optiniarum litterarum sludiosi noslrales omncs conli-
teanlur se Gneca et Hebraïca, me autore prima rio, didicisse, non
potuit adversariorum Barbarorum mera superbia a*(pu» animo ferre
lanta mete famaî praiconia, persiepe formidantiiim qaôd ornaliori-
bus doflrinis imbuta posteritas puerilia studia et aniles disciplinas,
quie jam diii in nostra consuetudine versantur, contemnal. (Juare
adversum me liuc calunmiarum faciuus ausi sunt nefandum et
abominabile, cujiis seriem ex mea Defensione'" intelliges. qiiam
tibi viro doctissimo, et quod pluris faciam, amicissimo. cum islis
prœsentibus nunc mitto, ut tecum reputes quid inlentalum iinprobi
Timones linquant.
Mirabere fortassis institulum meum, quod tam acriler et serio
injurias repulerim, perinde atque ab officio Piiilosupbia.' alienum
quam prolilear. Sed si animo perpendas quando sit Fbilosopbo
appetenda, et quando fugienda defensio, non fam laudabis rectè
Socra^is negligentiam coram Athe niens ibus, qMkm coram ilIisGym-
nosopbistis Apollonii diligentiam. Ille defendi noluil, et ad accusa-
* Jean Heynlin, surnommé zum Stein (en latin Jo. à Lapide), originaire
de Bàle, reçut le grade de maître es arts dans l'université de Paris, et y
enseigna pendant quelques années la grammaire et la théologie. Plusieurs
de ses élèves le suivirent à Bàle, oîi, dès l'année 1474, il exerça concurem-
ment la charge de prédicateur et celle de professeur de philosophie. Ecri-
vain assez fécond, estimé de ses contemporains comme un honmic pieux,
savant et zélé protecteur des études, Heynlin eut encore l'buuuiur d'onra-
niser, en 1477, l'uuiversité récemment fondée de Tubinguo.
' Guillaume Tardif, né vers 1440 au Puy en Vêlai, professeur de rhétori-
que au collège de Navai-re, à Paris.
« Boberi Gaguin, né à Colline près d'Arras, général de l'Ordre île la
Ste-Trinité, commença à professer la rhétorique à Paiis »'n 14G3. Kmployé
sous trois souverains comme ambassadeur, il est plus connu par son (om-
pendium super Francorum gestis que par ses Harangues et ses poésies la-
tines. Il mourut en 1501.
« George Hermonijim est, dit-on, le premier Grec de niissance qui ail
enseigné eu î'rauce la langue grecque.
'*• Jo. Reuchlini Defensio contra calumniatores suos lolonieuses. Tu-
bingse, 1513, in-4».
14 i. «KLCHLI.N A LE FÈVRE d'ÉTAPLES. 1513
Uunein Mclituin se inscriltentem cuntempsil : Anytuni advocalum
de3i|>f\il; Lyconem fausidicuni deri.sil: judices ipsos ipse coiidem-
Davit. Licloribiis corpus pruilxiil. quod eiat iiiuUis corporibus
iiiferiu>; aiiiiiiam auteui non piu'buil. (jua^ eral omnibus Athe-
uiL'Usibus suiaTioi*. Scribil hu.'c, ut uosti, Mnxiinus Tyriua Plato-
nicus in Uuu*siione : « Nuni Socrales se non defendendo bene
feoerir.' » Hic \er6 contra falsos delatores suos Enphidh'in e[ Tlira-
syftiiiuin, corain Thi'Sfn'sioii>' Gymnosophistaniiii Piincipe. tani pu-
gnantrr el tani niordaci oratione se liofendil. ul nildl ^M'avius, nihil
accrbius: quam lu (iratiuiiiMn. arbilror, le^^isli apud yV///oA7/(i/My//
lib. U.
Iluruni «'UMHpIo sumnioruni IMiilosopboruni nionemur, cuni
fauiif pericuhiiii v>\, impatienter defendendum esse Phiiosopbo :
al cuni de vila certatur. fortasse non adeo. Moriendum enimsemel,
inramiam patieiubim nunipiam. Ea |)ropter baud muliebriter di-
ccMiibnn mibi eral, nec ornatius aut liberius ijiiàm simplex oratio
\erilaùs ferebal. (|uia ex|iurgare me tantum xoliii. ul tnilt-iu decel,
nr)n diserte sed \innier, servato moderaminecum inculpala lutela,
(|ui armiN non aUis (|uàm scri|ilura usus sum. pariier ul adversarii,
et ukmIo diaUboKrapbico. ut iidem ipsi, el coideslim ac inconti-
nenter mo\ attjuc lieri pottiii. dum essenl in lla^nanli crimine,
libros»|ue jam (blïamatorios idii.pie venum circinuiucerent, et fa-
luaiii meani >inf Une turijarenl. ilerumque percussuri gladium
stringerent. Quo pra^sumilur justr ab universis ralione utentibus,
me omnia fecisse defendeiKb animo et repelienda- soU'im iiilamiu',
nullà iillioni> caus.-», ipii et Aiioloijiam Jiidici meo Uomanorum
lni|»eralnri. die posl impressiom-m |>ro\imo. de manu in manum
ohluli. prions ut innocentiam uu-am audiret elsecundiore me famà
eioniarel ; «|uod el fecil per pubiicum IMreluui. el non lantum
id |NtUiil, \eriim etiam facere debuil.
H.ec ad le >cribo. amice. <|uo levari mcdestias mibi sentio. cum
haU-am. nu «piod me gravai, imperliar. Milto etiam illam eandem
IMiMiMonenj ummui. ni si adversarii apud emin.'nlissimos ïbeoh)-
gw l'rofoAMires l»arisien>es, viros eximios el mibi (|uo(|ue scbo-
bMico Parisiensi ipiam obser\andissimos, me accusaverini inso-
leiiUa? aul leinerilatis, vel, ul anie sidebant. inli(h-iilalis. lu iilis
Dvfensioneni meani porrigas. ul ledis nostris me cognoscanl
UM|ue.|ua.|ue innocentem. nec ulb. Sirenannn modub. tam (bilci-
Icr incanieniur. ul diiramatione> inimicorum meorum ipiovis actu
adjuvenl, San.- phnimum de te mibi spei est, cum laudalissimo
Tb.^|og.,nuu Cwllrg.o tam .Hligmler me.. n..udne agas. i.l abquam
lîîn LE FÈVRE d'ÉTAF'LES A J. UEL'CllUN. |»}
saltem consolalionem fraternam niilii suo cuiifratn cl cjumIciii
Universitalis Parisiensis menibro, celeriler niiltaiil
Ex Slulgardia Sueviaî, ad circiter pridie Kal. Septeuib.aii. lol3.
LE FÈVRE D'ÉïAPLEs à Jean lieuchliu.
De Paris, 30 août (1514).
Fi-iedUunder. Beitrage zur Reformalionsgeschiclite. Berlin, 1837.
iii-8; d'après le manuscrit aulograplie de la Bibl. royale do
Berlin, mscr. lat. fol. 239.
Sommaire. J'ai le chagrin de vous annoncer que, malgré les lettres du Duc et les vôtres,
maigre les pièces à l'appui que vous avez envoyées et l'assistance courageuse que
plusieurs docteurs éclairés vous ont prêtée, la Sorbomie vient de se prononcer contre
vous. Un appel à l'Université n'a pas été possible. Ne vous découragez pas eepen- i
dant: la sentence de la Faculté est purement scientilique, et ne vous fera guère de j
tort. Continuez à insister, pour que la cause se plaide devant vos juges natuiels. Si
vous êtes victoritux, nous le serons avec vous, et nos théologiens Uniront par rou-
gir de leur jugement passiomie. Veillez toutefois à ce que JUvwe ne décide pas sur
les pièces présentées par vos adversaires, ni sur un livre en langue allemande,
comme celui que vous avez envoyé à Faris.
Non sine animi niœrore ad le scribo, euiiuenlis.simo doitor. E.\
scriplis Coloiiiensiam ïbeologi noslri delinilioiieni siumi inuilom-
cunque dederunl', el quauiquain litera' Sereniss. Ducis et liia-''
* Reuchlin, cité à Mayeuce devant le tribunal de l'Inquisition présidé pai"
Hochstraten, en avait appelé au pape Léon X (septembre 1518) Celui-ci
remit le jugement de l'affaire à l'évêque de Spire, qui, par seiilcncf du
14 avril 1514, libéra Reuchlin de l'accusation d'hérésie, et condannia lioi-h-
straten à payer les frais du procès, sous peine d'être e.\cc)iimuuiié. JiC grand-
inquisiteur eu appela à Rome. Sans attendre le résultat de cet appel, les
théologiens de Cologne brûlèrent publiquement le livre de Reuchlin, ciMunn'
héréti(iue, et sollicitèrent l'approbation des Facultés de théidogic d'Krturt,
de Mayeuce, de Louvain et de Paris. Laprésentt- lettre de Le l-'évn' nous
fnit connaître les efforts qui furent tentés, mais inutilement, pour amener
la Sorbonne à se prononcer en faveur de Reuchlin. Après un examen qui
n'exigea pas moins de 47 séances, la Faculté de Taris adhéra, le 2 août 1.51 1,
à la censure des théologiens de Cologne.(Crevicr. Université de r.iri:',V'.'.is.)
"* Il veut parler des lettres du duc Ulrich de Wurtemberg et de Reucli-
lin, datées toutes deux de Stuttgart, le 20 juin 1514. Le duc exliortait la
Sorbonne à ne pas intervenir dau^ une question qu'où devait considérer
Jf; LE FF.VKE d'ÉTAI'LES A J. REUCHLIN. 15U
ei Cetera adminicula . (\[idt misisli. Facultali tlieologicee exlùbita
fuere. illa taiiien oiiinia perpaniin prufuenint. licet etiamsemper
habueris in congre^falionibus doitorum eximios el gravissimos Pa-
tres, Cniirrllnrium Pun'sieim'm \ Pœnitmt/unum*. G. Cnstalium^
Anlii'linronum Tliuruiu'uai'w . Murtiiih'ni Masun'iim'^'. et noiinuUos
alios iloclores tlieologos, qui puriores eranl et saniore judicio.tibi
favj'nles el pro le cerlantes viriliter: turba tainen multiludine
vieil. Ilaijue expedieniiit Coloninisilius iput- petieranl.
comme définitivement réglée, par suite de la délégation que le pape avait
faite à l'éTèque de Spire (Voyez note 1 et le N''2, note 3). Reuchlin, de son
côté, envoyait avec les pièces du procès un résumé historique de toute l'af-
ûure, cl suppliait rrnivcrsitc* , dont il était l'élève , de ne pas se joindre à
ses ennemii ^Iiula.'us, t VI, p. 63 et G5).
* Manière abrégée de désigner le chancelier de l'église et de l'université
dv l'aris. La charge était alors remplie par Godefroi Boussard, ancien
rit;'"iii au collège de Navarre.
* «)n appelait ordinairement jjénite>«;i€r(Zc Z'é^Zwe de Paris, ou de Vévêque
de Parut, \v prctrcî chargé d'accompagner les condamnés au supplice. Le
mol p<rmtcnUariiL< désignant aussi un confesseur, il est plus probable qu'il
c'ftgit ici du confesseur du roi, c'est-à-dire de Guillaume Petit (ou Parvi).
L'opinion ^'énéralement reçue que ce dernier était partisan des Obscuran-
lins riiio.,<rait alors sur une méprise de Reuchlin. (Voyez note 6, à la fin.)
* Guillaume Chastel (en latin Chstellus ou Castalius), né à Tours, a publié
drt pot'iiies latines sur des sujets bien diflFérents : « De judicio extremo
('■artneo , » et « Carmen de stultis muherum votis. » Son « Dialogus in
Jaoohi Fabri Stapulemùi îaudcni > fournirait peut-être quelques détails pré-
deax Hur la vie si peu connue de Lf Fccre.
* Martial Mazurter, natif de Limoges, est le seul des quatre personnages
mrnliuoni» ici par Le Fèvrc qui ait figuré dans les premières luttes de la
1^ 11- On le retrouve plus tard à Meaiu, chez l'évéque Briçonnet,
• •"'" de la Sorbonne, lU'Uchlin trouva un auxiliaire inattendu dans
GuilUiume Cop, Havout llàluis fixé depuis assez longtemps à Paris et pre-
mier médecin du roi. Louis XII lui ayant demandé s'il connaissait ce Reuch-
lin w roaltrailé par les dépuu'-s de Cologne présents à la cour, Cop répondit
•"- ' ' r ■ ' '1 V a l'J ans que je ne l'ai vu; mais je sais par mon pré-
• • , . .1. MflM-rhngde (temund, ancien élève de Reuchlin à Bâle, qu'on
• trnait »«n maître pour un savant de premier ordre, et que depuis cette épo-
« que Ueuchlin s*c8t consacré sans relâche aux bonnes lettres, comme le
« prouvent se» nombn-ux r)uvrages pleins d'érudition. > Un évéquc qui assis-
tait à col cnlrru.n (c'était peut.»tn- l'évéque de Paris, Etienne de Poncher),
oc trouva piu d'autre réplique que celle-ci : « Vous aussi , vous judaisez
comme Ueurhiin. » (Lettre de Cop ù Reuchlin, 25 août 1514. Rulaeus, 1.
•""■' ' ■ 'l'- l'forzheim remercia chaudement de cette marque d'amitié
•*'"' '' • '■ ' * * '•• P<'tit-fils de ses leçons; . mais il commit probable-
aeiit unr , eu attribuant à Guill. IVtit « poînitentiarius regius » la
ftdieuM influence exercée sur Loius Xll par l'évéque.
Ibli LE FÈVRK Ij'ÉTAI'I.ES A J. RF.LT.HLIN. 17
Unum tamen amicos tuossolalur, quod speranius, liane llieuln-
gorum determinationem, cum solùrn sit scliolastica, perparuin rei
tusB aut iiiliil obfuturam. Qiiod Deus ila fore velit, oiiiius preca-
raur. Quapropter te roganiusbono esse aniino, d ut fiulitcr vrlis
causain tuam coram propriis judiribus agi curare. Si viucrs, nos
tecum ricimus. Justuin incuties theulogis ruborem, (jui fueririt ad
judicaiidum tam pritcipites , fociesque ut resipiscant et siiit iii fu-
turu cautiores. Unum tamen vide, ne ex scriplis et interprt'iatione
illa Coloniensiion , feranl Rhomœ sententiam '. Nam si Simtduni ocu-
lare^ tideliter interpretatum, roboratum et autlioratuni suflicienter
misisses, ut vulgare* misisti, forte tbeologi nostri mutassent sen-
tentiam.
Verùm et theologi nostri , maxime qui volebant Coloniemihus ex
iis qucB exhibuerant '" favere, summopere timebant brève ponliti-
cium. Ideo acceleraverunt suam sententiam, de tjua non potuit ad
universitatem provocari, quia nullus babuit procuratorium; res
tamen tentata fuit, sed fmstrata.
MaUhœus^\ praesentium tabellariiis , tune aberat, et nullus fuit,
per quem te ilieô facerem certiorem ; neque bac de causa ad te
nunc misissem Maithœunu cum non tempestivè rediisset, nisi ob alias
causas repetere patriam statuisset. De immusciilis ^/7'.s, quantas-
eunque possum gratias babeo. Si intelligam res tuas bene agi, reete
' La position de la cour de Rome était assez embarrassante. Léon X pro-
tégeait les lettres et estimait Reuchlin. D'un autre côté, il craignait de
mécontenter les Dominicains. Ceux-ci avaient d'abord triomphé en recevant
la sentence de Paris ; mais, eu apprenant que le pape venait de nommer une
commission présidée par un cardinal ami des lettres, ils s'abandonnèrent
aux transports de la plus risible fiu-eur, menaçant publiquement la cour de
Rome d'exciter un nouveau schisme et d'en appeler au futui- concile, si la
sentence de Spire était confirmée. (Voyez la lettre de Buscbius à Reuclilin.
Bulfeus, VI, 68.) Léon X se tira d'embarras par un faux-fuyant : il laissa
traîner l'affaire, puis en ajourna indétiuimeut la décisiom,20 juillet 15IG).
s Voyez le N" 2, note 3.
9 Le livre de Reuchlin n'avait pas été publié en latin, mais en allemand,
sous le titre de Augenspûgcl. Une lettre écrite de Rome parle do deux tra-
ductions latines de cet ouvrage, que les juges réclamèrent des parties. Celle
des Keuchliuistes fut choisie comme la plus fidèle ^Jula'us, VI, p. 73).
«0 Dans sa lettre du 20 juin, Reuchlin accuse ses ennemis d'avoir présenté
à la Sorbonne un exemplaire tronqué et mutilé de son Spéculum.
" C'est peut-être le même personnage que le sa\ant Mattfucus Adna-
nus, ami de BcucUin, qui enseigna l'hébreu à Louvain dès la fin de l'année
1517. (Voyez les lettres d'Érasme àliudé et à Lupsct, 26 octobre 1517, et
au comte de Neuenar, 30 novembre 1517. Erasmi 0pp. Édition Le Clerc,
t. III, p. 1637, 1638, et 1644.)
18 LE FEVRE d'ÉTAI'LES A ÉRASME DE ROTTERDAM. 1314
valebo et amici lui omnes. Vale féliciter et diu vive omnibus doctis
et bonis. Parisiis. Tertio Cal. Septembris.
Quàni maxime potest tuus et semper tuus
JACOBUS FABER.
(Inscn'ptio :) Consultissimo legum doctori. viro venerandissimo
ac doctissimo Jo. Reucblin, D"" pra,'ceptori suo. Stutgardice.
LE FÈVRE d'étaples à Érasme de Rotterdam.
De Paris, 23 octobre (1514).
Erasmi Opéra, éd. Le Clerc. Lugd. J3atavoruiii. 1703. in-folio.
T. III (Kpistohi"). p. 1812.
Sommaire. J'ai appris avec plaisir que vous vous fixez en Allemagne, près de vos
imprimeurs. C'est votre amour pour les lettres qui vous porte irrésistiblement A
répandre au loin les trésors de votre science ; aussi Érasme est-il admiré, aimé,
honoré de toits les hommes de bien, de tous les lettrés.
Erasmo Rotcrodaino Jacoltns Fabor S.
Ht'i'i cina < •n'iiiisciiiuiii iiuclis. pra'sciilimii lalieli.iriiis nie con-
veiiit. Pl MoiiiiiH' liKi dixil saliiloiii : ((n;i' non nisi gralissinia esse
poliiil. scd t'(i nberioi'c liclilia aiiiimun iiicuin opplevit, quô te
intellcxi. in (imniiiuu ' iiilcr lypograplms versari. Pnblica enim
iitililas (iil conliniK) concepi) et lilerarum féliciter propagaiulariim
aiiKir. If liiitdiinos deserere siiasit *. cl iioliis (piidein oppidù quàm
oiilabilitcr ac iilililci! Oiiid t'iiim aliiid faceres. (jni plenus es om-
iiiiiiii boiianiiii lilnaniiii. iiisi non ijlii >t^(\ iiljlilali publient eas
sliidiis ;ic sliidiusis pr(»pa,irar«'s. iiiiilalor jinlilici solis? Sic enim
iiiiiiiili sol c.iiididii; lucis pleni.ssiniiis non inira se ill.uii nccidit, sed
(tiniiiliiis iiKirlaliiim mcmIIs. iioii suo scd illurnm ii>ii. manifestât
' Érasrao était clppuis onvirou dcii.\ moi.s à Bâle, où il avait déjà séjourné
en (lécombri- l.^ii:}.
* Érasme avait fait plusieurs séjours en Angleterre pendant qu'il prépa-
rait son édition du Nouveau Testament.
15H LE FÈVRE d'ÉTAPLES A ÉRASME UE ROTTERDAM. 19
ac ingerit. Quis non stispiciat, muet, colat Erasnmm'^ Nemo non,
qui bonus et literatus fuerit *.
Ergo qui prorogat vitas, fila vitaî tuae faciat quàm maxime lon-
giuva, ul mérita meritis diutius cumulans, serus ad feliciora régna,
de toto quàm optime meritus mundo, transeas : non solum glorise
famam posteris relinquens, sed vitam jam cum superis vivens he-
roïcam ! Vale felix, et vive nobis et nostro seculo, et ama te colen-
tem et amantem. Ex cœnobio divi Germani, juxta Lutetiam Pari-
siorum, X. Calend. Novemb. (1514)*.
' Ces paroles de Le Fèvre étaient non pas un compliment, mais l'ex-
pression vrsdc du sentiment général ; tous les amis des bonnes études célé-
braient alors Érasme comme « le phénix de son siècle et le bienfaiteur
de ses contemporains. » Après s'être nourri des modèles de l'antiquité, il
s'était tourné vers les Pères de l'Église, et ceux-ci l'avaient conduit à l'é-
tude de l'Écriture sainte. Le premier fruit de ce retour aux soiu-ces de la
vérité avait été son Manuel du soldat chrétien (1500), où il enseigne que
Jésus-Christ est le centre et le but de toute la vie chrétienne, « qu'il ne
faut chercher dans la Bible qu'une seule chose, Jésus-Christ. »
Mais ce n'était pas seulement par son génie qu'Érasme s'était acquis une
si grande renommée. L'homme ne paraissait pas en lui inférieur à l'écri-
vain. « Il possédait à un degré rare le don d'attirer les esprits les plus di-
vers, de tirer parti de tous les éléments, d'aller chercher chacun sur son
propre terrain et d'exercer son empire en quelque sorte sans qu'on s'en
doutât... Il était fort aimable, et comme il aimait la louange, il la distribuait
largement et excellait à relever ses amis à leurs propres yeux ; aussi était-
il l'objet d'uu dévouement qui allait presque jusqu'à Tadoration. » (J.-J.
Herzog. Vie d'Œcolampade , trad. par A. de Mestral. Neuchâtel, 1848,
p. 46). Érasme jouit quelques années encore de cette royauté intellectuelle
que lui décernaient tous les esprits éclairés, mais elle perdit beaucoup de
son prestige, quand on vit le célèbre Hollandais hésiter entre son intérêt et
ses principes et refuser de marcher plus avant dans la voie qu'il avait ou-
verte.
* Cette date nous paraît plus probable que celle de 1515: Le Fèvre n'au-
rait pas tardé si longtemps à féliciter Érasme au sujet de son arrivée en
Allemagne, i Voyez la note 1.) Peu de temps après avoir écrit cette lettre,
Le Fèvre accompagna l'évêque Briçonnet dans le voyage que celui-ci fit
chez son père, à Narbonne, et il assista à la mort du cardinal (14 décem-
bre 1514). (Voyez le N" 1, note i, et Graf. Essai sui* Lefèvre, p. 13 et 57.)
20 JOSSE Cl.ICH rOW A GOZTHON.
1515
JOSSE CLICHTOW, théologien de Paris, à l'évéque Gozthon.
De Paris, l'an 1515.
Cliclilovei Elutiilaloiiuiii ecclesiasticum. Basilea;, lol7, in-folio.
(traduite no latin.)
Sommaire. Donner aiu ecclésiastiques l'intelligence des prières et des hymnes, que la
plupart d'entre eux ne comprennent que très-imparfaitement, • — rendre ainsi au culte
son véritable caractère — tel est le but du livre que je vous dédie.
Au Révérend Père et Seigneur en Christ, Jean Gozthon de
Zélesthe en Pannonie, Évêque très-digne de l'Éghse de Jawer et
comte perpétuel du niênie lieu — Josse Cliclitow ' de Nieuport,
Salut !
Le divin Psalmiste nous avertit, très-sainl Prélat, de chanter avec
sagesse les hymnes (jui s'adressent à Dieu, en ne nous contentant
pas de proférer des lèvres de simples mots, mais en rélléchissant,
avec un esprit tourné vers le Seigneur, à leur vrai sens et à leur
pieuse interprétation. Mais ce n'est pas seulement à la psalmodie
' Josse CUcktuivtm Clictou{iin hitin Jodociis CUchtoveus), ué à Nieuport en
Flandre, environ l'an 140(1, commença très-jeune encore à professer la pliilo-
sopliie à Paris, où il avait fait ses études. Le savant Bavarois Jean d'Ahensberg
(en latin Aventinus) qui suivait les cours de Clichtow et de Le Fèvre d'Étapks,
on 1490, rapporte qu'il avait très-souvent entendu ces deux professeurs repro-
cher à l'ierrc Loinliard, l'un des pères de la scolastique, d'avoir altéré la source
de la plùlosophie diviue en y faisant couler les ruisseaux bourbeux de ses Ques-
tions. Après avoir enseigné longtemps avec succès dans le collège du cai'di-
nal Le Moine et dans celui de Navarre, Clichtow se fit recevoir docteur en
théologie (150(3) et devint plus tard curé do l'église de St-Jaquesà Tournay
et chanoine de Chartres. Outre les nombreux ouvrages qu'il publia sur la
théologie, la philosophie et certaines branches des mathématiques, il com-
menta la plupart des écrits philosophiques édités par Le Fèvre. Il jouissait,
1 comme prédicateur, d'une certaine réputation. Ses sermons imprimés (1.541)
ne paraissent pas révéler clairement un disciple de Le Fècre d'Elaples. Et
cependant il dut exister entre les deux savants une communauté de senti-
ments religieux (jui ne se bornait pas à leur aversion commune pour la
scolastique ; autrement les amis de Le Fèvre n'auraient pas dit plus tard :
« Clichioveus olim noster! » (Voyez Bulanis, t. VI. et les ouvrages de Clich-
tow.)
1515 .rOSSK CI.ICIITOW A (iOZTHON. 21
et au chant sacré des Psaumes, que j'appliquerais cette règle ; il
me semble qu'elle convient également à toute espèce de louanges
rendues à Dieu et à toutes les prières qui lui sont adressées. Toutes
les paroles employées à cet effet, doivent non-seulement être exac-
tement et complètement proférées par les ministres de l'Église,
mais elles doivent encore être sainement comprises, afin d'élever
plus fortement vers Dieu l'âme de celui qui prie et de rendre avec
plus de vérité les sentiments qui l'animent... En effet, si l'on ne
comprend pas le sens des paroles qui s'adressent à Dieu, Tespril
de celui qui prie demeure le plus souvent oisif et il ne fait aucun
effort pour s'élever vers le Seigneur. C'est alors que se réalise tout
particulièrement ce que l'Éternel a dit par Ésaïe le prophète :
' Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est bien éloigné
de moi. » Quand il est mérité par les hommes d'église, ce reproche
devient plus grave encore et plus sérieux...
Aussi Voire Paternité, enflammée de l'amour de la maison de
Dieu, a dès longtemps porté ses pensées sur ce sujet, et déploré
qu'une si profonde ignorance se fût introduite dans l'Eglise de Dieu,
et que ceux qui sont employés à servir l'autel et à chanter les
louanges divines, soient tombés dans une telle ineptie, qu'il ne
s'en trouve qu'un bien petit nombre qui comprennent exactement
et complètement ce qu'ils lisent et ce qu'ils chantent. Il en résulte
que la plupart d'entre eux ont le cœur desséché, une âme froide
comme la glace, et apportent dans l'accomplissement du ministère
sacré une telle tiédeur, que, tandis que leurs lèvres murmurent
les saints cantiques, leur cœur, où ne brûle plus l'ardeur de l'es-
prit divin, reste sans aucune intelligence des paroles qui sortent
de leur bouche.
C'est pour chercher à suspendre et à corriger les effets de cette
redoutable maladie qui déjà s'étend au loin et a presque envahi la
chrétienté tout entière *... que vous m'avez instamment sollicité de
* Un théologien allemand fort considéré, W.-F. Capiton (voyez ci-des-
sous le N" 10, note 1), crut devoir compléter le tableau de l'état moral du
clergé dans une dédicace du livre de Clichtow, adressée à l'évêque de Bâle,
et dont nous reproduisons les passages les plus intéressants :
« Au Révérend Père et Seigneur en Christ, Ckristoplie de Utenheim,
Évêque de Bâle, son respecté Seigneur, — Wolfgang Fabricius Capiton,
salut !
« Depuis deux ans que je remphs les fonctions de prédicateur dans le ma-
gnifique temple de Bâle, dont vous êtes le chef, ô révérend Père, je me
suis souvent demandé d'où provenait ce cortège innombrable de tous les
vices qui a envahi le clergé... Il ne manque pourtant pas Ci'évêques (et vous
22 JOSSE CLICHTOW A GOZTHON. 1515
donner une explication simple et facile des hymnes qui se chan-
tent dans l'église aux iieures canoni(iues, et d'apporter en même
temps, dans le texte, les corrections qui sont devenues nécessaires..-
Vaincu par les demandes répétées que vous m'avez faites, j'ai fini
par me rendre à vos vœux... Je reconnais avec vous que c'est, en
effet, le devoir le plus pressant du prêtre (dont je remplis, quoi-
que indigne, le ministère), que d'éclairer ce qui regarde l'accom-
plissement des fonctions sacerdotales, et d'en délier, pour ainsi
dire, les enveloppes et les nœuds. Et, puisque je me suis voué à
l'enseignement public, je ne puis rien faire de plus utile que d'ap-
prendre aux lévites de Dieu à comprendre ce qu'ils lisent... J'entre
êtes du nombre) qui se préoccupent sérieusement des intérêts de la piété
et de la religion, qui ressentent vivement toute injure faite à Christ, qui
sont remplis de douleur à la vue des crimes que commet une multitude in-
sensée, et surtout de ceux que commettent les prêtres. Aussi chercherai-je
ailleurs la cause d'un si grand mal. Je la trouve dans Tignorance grossière
des clwses saintes, avec laquelle, nous autres lévites, appelés à desservir
chaque jour le temple, nous portons le fardeau des mystères sacrés. Nous
murmurons en courant, sans y attacher de sens et avec une incroyable froi-
deur, les prières des heures canoniques. Nous n'avons pas la moindre idée,
ni de la signification du sacrifice de la messe, ni de ce qui concerne le
chant ecclésiastique. Rien ne nous est en quelque sorte plus étranger que
ce qui nous est le plus familier.
« Il en résulte, qu'oubliant nos devoirs, nous tombons dans une corruption
pire que celle des corrupteurs eux-mêmes. C'est pour chercher à remédier
à ce mal que Josse Cliclitow, célèbre théologien de Paris, a expliqué, avec
autant de simplicité que d'à-propos, dans l'ouvrage que je vous présente,
tout ce qui concerne l'office divin. Je ne doute pas, très-vigilant Prélat, que
vous ne vous empressiez de mettre dans les mains de vos prêtres un ou-
vrage qui leur fera connaître le sens des mystères sacrés. De cette ma-
nière vous ouvrirez un nouvel accès à la piété, qui, après un long exil, ren-
trera au milieu du clergé, et, comme Antée, vous vendez la terre entière
sous vos pieds. Il n'est aucun homme que la lecture de ce livre n'amèm à
une possession ^^lus complète de la religion de Christ, pour ne rien dire de
l'intelligence nouvelle qu'il acquerra par ce moyen. Chacun y trouvera un
encouragement à faire son salut ; chacun y puisera de bons motifs de mieux
vivre. Ce n'est pas que j'ose déjà concevoir pour notre siècle Vespérance d'un
renouvellement entier. Hélas ! i! n'y a encore que trop de gens décidés à
mourir dans leur vieux train de vie, au milieu des excès de la débauche,
des souillures de la simonie et d'un luxe effréné. Mais, du moins, ne se-
rons-nous pas responsables de leur châtiment, si nous multiplions les instan-
ces et les rcprochi-s, un temps et hors de temps.... Je vous .■îuhie en Christ-
Jésus, très-révérend Prélat, et je prie le Soigneur de vous conserver long-
temps en ce monde, pour travailler à la restauration de la piété et à la régé-
nération des mœurs. De Bâle, le 3 des Ides d'Août (11 août) de l'an
M. D. XVII. »
1516 THOMAS GREY A ÉRASME DE ROTTERDAM. 23
donc dans vos vues, qui sont tournées vers la plus grande gloire
de Dieu et vers le salut de nos âmes, en concourante rendre plus
digne de sa destination sainte le culte de l'Église De Paris, Tan
de l'incarnation du Verbe M. D. XV.
6
THOMAS GREY à Érasme de Rotterdam.
De Paris, 5 août 1516.
Erasmi Epp. édit. Le Clerc, p. 1564.
Sommaire '. Contraste entre la vie spirituelle de Le Fèvre d'Étaples et l'affaiblisse-
ment de ses facultés.
...Sane nullà aliâ causa tibi non rescribit [Jac. Faher Stapulensis]
nisi quod nihil quicquam te dignum neque scribere, neque dictare
possit ; te. inquam, suiiimo amore prosequitur, te apud omnes prae-
dicat, non solùm doctissimum, sed et diligentissimum, et quantum
conjectura coUigo, sincère te colit; nara creberrimè te in caritate
ainplecti exoptat, et ut aliquoties à te sit reprehensus, haudqua-
quam id in malam accipit partem tanquam carnalis ; sed eam ob
causam immortalem tibi habet gratiam, ceu verè spiritualis, asse-
rens se nonnulla eorum jampridera notasse, atque imprimenda in
animo babuisse, ni tu provinciam occupasses. Denique meque
tua causa bumanissime excipit, multum familiariter mecum col-
loquens ; sed certé multum debilitatus tam vulgari sermone, quàm
doctrina, usque adeô ut vix quippiam dubii enucleare possit. Multa
eum rogavi, sed parum ad rem respondit. ac sœpius discipubim
quendam Franciscum- interrogat sed nondum satis maturum : verùm
quô propius morti carnis accedit, hoc magis spiritui vivit *. Atlamen
' Nous n'avons pas jugé nécessaire d'accompagner de sommaires un peu
développés les lettres latines qui ne rentrent pas dans la correspondance
proprement dite des Réformateurs.
* François Wastabled (en latin Vatdhlus), natif de Garaaches en Picar-
die, célèbre plus tard comme hébraïsant. (Voyez ci-dessous la letti'e du
9 avril 1519, note 19. j
^ Guillaume Budé, qui avait rencontré Le Fèvre, pendant l'été, en se
rendant à sa terre de Marly, écrivait à Érasme, le 27 octobre, que son
vieil ami était très-aiïaibli par la maladie. (Voyez Erasmi Epp. éd. Le
Clerc, p. 211.) Cet état de langueur, qui se prolongea pendant quelques
24 ÉRASME DE ROTTERDAM A HENRF BOVILLE. IÏÏ16
libenter audit quicfiuid ab eo peto, et, quum sciât non invitus ex-
pedit, sin minus, ingénue fatelur niemoriâ excidisse. Itaque te
etiam atque etiam oro (si forte ad eum scripseris), ut ei mea causa
gratias agas; siquidem ille mihi jussit, ut qua fauiiliaritate me tuo
noraine complectitur, te certiorem redderem.
ÉRASME DE ROTTERDAM à Henri Bovllle '.
De Rochester, 31 août 1516^
Erasmi Epistolaî, éd. Le Clerc, p. 126.
Sommaire. Érasme se justifie d'avoir entrepris la révision du texte du Nouveau
Testament et d'avoir critiqué les Pères. Il s'autorise de l'exemple de Le Fèvre
d'Étaples.
.... 0 liomines studio pravos, et sibi ipsis iniques et iratos, suis
ipsorum commoditatibus invidentes !... Jam non refellunt et corri-
gunt, quae perperàm à nobis .scripla censeant, sed boc ipsum dam-
nant scripsisse. Pas esse negant tentare quicquam hu.jusmodi, nisi
ex auctorilate Concilii generalis. At istoc quid iniquius? Ipsi quoti-
mois, fournit à Érasme une nouvelle occasion de manifester sa sympathie et
son respect pour Le Fèvre, « cet homme si pieux, si bon, si savant, qui a
rendu de si grands services aux études et à tous les lettrés, qu'il mériterait
de ne jamais vieillir. » (Érasme à Budé, 15 février 1517. Le Clerc, p. 181.)
Avec la santé, Le Fèvre d'Étajûes retrouva bientôt son ancienne vigueur
d'esprit. On peut du moins l'inférer de quelques paroles de Glareanus,
qui retracent avec vivacité le côté enjoué et aimable de son caractère :
« Sanus sum, valeo, valui continua, bonum iter fuit, bene acceptus a doc-
tissimis viris Luteiùc, inter quos est Budœus, Copm, Faustus [AndreUnus]
atque ade6 Fàber Stapidensis, qui ssepe jam domi meae fuit. Is supra mo-
dum me amat, totus integer et candidus niecum cantillat,ludit, disputât; ridet
mecum stultum praîcipue hune mundum ; vir huinauissimus atquo ita benig-
nus, ut nonnunquam videatur (quainquam id reverà minime facitj, videatur
tamcn sua^ gravitatis oblitus. » (Glareanus à Zwiugli. Pai'is, 29 août 1517,
Zuinghi Opéra, édit. Schuler et Schultess, t. Vil, p. 26.)
' Prédicateur à Cambridge.
* La date 1513 de l'édition de Le Clerc est erronée. Plusieurs détails
de la présente lettre montrent clairement qu'Érasme répond à celle de
Boville du 13 août 151G. (Voyez l'édit. Le Clerc, pp. 1557 et 197, et ci-des-
sous la note 3.)
1516 ÉRASME DE ROTTERDAM A HENRI ROVILLE. 25
die dépravant sacros codices, sola inscitia ac temeritate in consi-
lium adhibita : nobis non licebil ex veterum sententia restituere
quod coiTiiptum est, nisi totius orbis Christiani convocato Concilio?
Adeo pejorem volunt esse conditionem mendum submoventis,
quàm invehentis..... Quin et illiul dilemma, si possint, explicent :
Ufriiin permittiint aliquid novari in sacris Libris, an omnino nihil?
Si quicquam perrnittunt, cur non excutiunt polius, rectè mutatum
sit, necne? Sin minus, quid facient illis locis, in quibus mendum
inesse manifestius est, quàm ut negari, dissimularive possit? An hîc
sacrificum illum malunt imitari, qui suum mumpsimus, quo fuerat
viginti usus annos, mutare noluit, admonitus à quopiam sumpsimus
esse legendum ? Vociferantur xa\ <7xi-^')^iâ^o\>atv, 6 cœliun, 6 terra,
corriyit hic Evangelia\ At quanto justius exclamandum erat in
corruptorem : ô sacrilegiuml dépravât hic Evangelia !
Neque enim nos novam prodimus editionem, sed veterem pro
virili restituimus, at ita ut banc novam non labefactemu». Qui pro
hac nova tanquam pro aris ac focis dimicant, habent quod amplec-
tantur ; nihil illis périt, aliquid de lucro accessit. Hanc, quam ada-
mant, emendatius legent posthac, et rectius intelligent. Quid si
Libros divinos omnes paraphrasi explanassem, quô possent inco-
lumi sententia et legi inoflfensius, et percipi facihus, num isti dicam
mihi scriberent? Canuntur in templis quotidie juxta veterem
editionem Psalmi : et tamen exstat divi Hieronymi recognitio ; exstat
ejusdem juxta veritatem Hebraïcam interpretatio. Illa leguntur in
choris, ha3C in scholis aut domi. Neutra alteris ofiiciunt. Atque adeô
nuper Félix Pratmsis ' Psalterii totius novam edidil interpretatio-
nem, ab omnibus superioribus admodura dissidentem. Quis huic
unquam movit tragœdias ?
Jacobus Faher Stapulensis. amicus noster, dudum id fecit in
Paulum, quod ego in totum Novum Instrumentum. Cur hîc de-
mum tanquam ad rem novam commoventur quidam ? An aliis
omnibus istud licere volunt, mihi uni non volunt? Atqui Stapulen-
sis non paulo plus ausus est quàm ego. Ille stiam interpretationem
veteri opposuit *, idque in Academiarum omnium regina , Lutetia :
' Félix, surnommé Pratensis, de Prato, lieu de sa naissance en Toscane,
était fils d'un rabbin. Il se convertit au christianisme dans les premières
années du XV!""" siècle et entra dans l'ordre des ermites de Saint-Augustin.
Sa traduction des Psaumes, dédiée à Léon X, est intitulée : « Psalterium ex
hebraeo ad verbum ferè tralatum, adjectis notationibus. » Venise, Bomberg,
1515, in-4''. (Voyez Biographie universelle, art. Félix.)
* Voyez ci-dessous la première pièce de l'an 1520.
26 LUTHER A SPALATLN. 1516
ego recognitorera modo professas, locos aliquol aul corrigo, aut
explico. Nec hoc dixerim, qiiô Fahrum in conimunem invidiam
vocem, nam vir Ule jampn'dem gloria superavit invidiam, sed ut
palàm faciam, quàm inique faciunl (juidam, qui quod jamdiu est à
multis factitatum cilra calumniam, in me veluli subitum ac novum
calumniantur....
Ostendo locis aliquot lapsum esse Hilarium. lapsum Aitgusti-
wî</«, lapsum Thomam, idqne facio,sicut oportet, reverenter, citra-
qiie contumeliam Summi erant liomines, sed tamen homines
erant. Demonstrent isti, eos recté scmisse, meque refeUnnt nrgu-
mentis, non convitiis, et apud me magnam inierint gratiam....
8
LUTHER à Spalatin.
De Wittemberg, 1 9 octobre 1516.
Luthers Briefe, édition de Wette, t. I. p. 39 et ol.
Sommaire. Jugement de Luther sur Érasme et Le Fèvre d'Étaples.
.... Officium et amici et Ghristiani facias precor, et Ernsnuim de
lis certum face, cujus autoritatem, sicut spero et cupio futuraui
celeberrimam. ila metuo, ne per eandeni muiti sibi accipiant patro-
cinium defendendte illius literalis, id est, mortuse intelligentice, (|ua
plenus est Lyranus commenta rius. et ferme omnes post Augustinum.
Nam elStiiimlenai, riro alioipii (bone \)eus) quàm Hpivituali et sin-
cermimo, biL'c intelligenlia deest in interpretando divinas ' lileras,
quaî lamen plenissime adesl in propria vita agendo, et aliéna
exbortando.
Temerai'ium me diceres. quôd fantos viros sub Aristarcbi virgam
duxerim, nisi scires, quôd pro re tiieologica et salute fratrum haec
facio.
LE MÊME à Jean Lang.
De Wittemberg, le l^r mars 1517.
Sommaire. Nouveau jugement de Luther sur Érasme et Le Févre d'Étaples.
.... Erasmum nostrumlego, et in dies decrescitmibi aniinus erga
eam. Placet quidein (juod tain religiosos quam sacerdotes, non
' Dans les diverses éditions des lettres de Luther, on trouve ici aliénas,
qui ne donne pas un sens satisfaisant.
1517 Gni-LAi MK Bunii a iîuasmk dk uottehdam. 27
minus coiistanler rinàm erudile arguit et damnai inveterals hujus
et veternosœ inscitiic ; sed timeo ne Christum et fjmtinm Dei non
sntis promovent, in qua multo est quant Stapulensis ignorantior :
humana piu'valenl in eo plus quani divina. Quanquam invitus eum
judico, facio tamen ut te praemoneam ne omnia legas, imô acci-
pias sine judicio. Tempora enim sunt periculosa hodie, et video
quod non ideo quispiam sit Christianus vere sapiens, quia Grœcus
sit et Hebrceus, quando et beatus Hieronymus (juinque linguis mo-
noglosson Auf/iistinnm non ada^quarit, licet Erasmo aliter sit longe
visum. Sed aliud est judicium ejus qui arbitrio hominis non nihil
tribuit. aliud ejus qui preeter gratiam nihil novit.
9
GUILLAUME BUDÉ ' à Érasme de Rotterdam.
De Paris, 5 février 1517 ^
Erasmi Epp. édit. Le Clerc, p. 168.
Sommaire. Budé remercie Érasme des services qu'il rend à la religion, et il lui com-
munique le projet formé par le roi François !*■■ dont il fait le plus grand éloge, de
fonder un Collège spécialement consacré à l'enseignement des langues anciennes. (On
l'appela plus tard le Collège de France.)
Rex hic est non modo Francus, (juod ipsum per se amplum
est, sed etiam Franciscus, nomine hoc primùm ab ipso inter regia
' Guillaume Budé, seigneur de Marly et de Villeneuve, maître des re-
quêtes et l'un des bibliothécaires du roi, naquit à Paris eu 1467 d'une famille
qui s'était illustrée dans la magistrature. Il n'avait eu dans sa première
jeunesse que des professeurs incapables, sauf pourtant Le Fèvre d'Étaples,
qui sut lui donner le goût des mathématiques. Il se mit tard à étudier et
fut sou propre maître. Très-versé dans la littérature classique et sui'tout
dans la connaissance des auteurs grecs, il était déjà célèbre en 1517 par ses
traductions de quelques traités de Plutarque, ses commentaires de juris-
prudence et son livre sur les poids, mesures et monnaies des anciens t'de
Asse). Les lettres n'avaient pas en France de défenseur plus zélé. Que
Budé ait salué avec joie les travaux destinés à répandre la connaissance de
l'Écriture sainte, c'est ce qu'on peut inférer des termes dont il se sert ici
pour qualifier le retour aux études bibliques. « Grâce à ces études, dit-il,
la vérité revient de l'exil. » On retrouve le même sentiment dans une autre
lettre de Budé reproduite sous le N» 11.
* On lit 1516 dans toutes les éditions des lettres d'Érasme. D'après la
manière moderne de compter, la véritable date est 1517.
28 GUILLAUME BUDÉ A ÉRASME DE ROTTERDAM. 1517
relato, et, ut augurari licet, ad magnas res ominoso. Idem litera-
rum non nescius, quod solenne est nostris regibus, sed idiomate
facundus, ingeniosus, decens, mollis at(iue obvii accessus , raris
corporis animique dotibus large à natura pra^ditus, priscorum
Principum adrniralor et prœdicator, qui (juidem unquam animi
magnitudine ac rébus gestis inclaruerint. His accedit , quod habet
omnino quod det, ut si quis unquam regum, et dat nemo largius,
aut benignius. Et quantum conjicere licet, praeclari cupit esse con-
ditor institut!, ut in posterum artes libérales etiam pertinere ad
compendiura videantur, contra quàm solitum est jamdiu. Quo
maxime modo illustrare rnemoriam principatus sui potest ^
Deinde antistes Parisiensis, Stephamis Poncherius librorum
tuorum studiosus est, quantum temporis succidere necessariis
rébus licet. Vidi tuam Novi Testamenti editioneni'* apertam in
cubiculo ejus remotiore. Nam et ipse contra istos arcbaïsmi, id
est inveteratae ac deploratae ignorantiae, patronos et assertores,
Saturnias lemas olentes (ut est in proverbio), tui veritatisque post-
liminio redeuntis impugnatores, propugnare tibi ac veritati summa
auctoritate solet.... Existimo Guilielnmm Copum ^ medicum regium,
hominem utraque lingua doctum, et tibi amicum ac benevolum,
de hoc ad te scripturum, et alios, fortasse Principis jussu, vel ipsum
etiam Regem.
-'O'
^ On peut rapprocher de ce portrait de François I celui qui se trouve
dans la vie de Calvin par Théodore de Bèze : « Erat ille Rcx non quales
eura sunt consecuti postca, sed acerrimus rerum aestimator, judicii ad dig-
noscendura non parvi, eruditorum fautor, neque per se à nobis alienus. »
Ailleurs, en s'adrcssant au même personnage, Théodore de Bèze a dit :
« Neque te, Rex potentissirae , pudeat... in hujus sacrarii vestibulo, nec
longius progressum , consistera , iis alioqui solis dicati quibus es tantopcre
vivus adversatus... Deberi sanè videtur aliqua hujus decoris pars ei qui très
linguas bonasque disciplinas, quasi atrienses hujus sedis futuras, expulsa
barbarie, suo loco restituit. » (Icônes, id est vera^ imadnes virorura doc-
triua simul et pietate illustrium, quorum prœcipuè ministerio partim bona-
rum literarum studia sunt restituta, partim vera Religio..- nostra patrumque
memoria fuit instaurata. Genevae, 1580, in-4°.)
* La première édition du Nouveau Testament parut àBâle en mars 1516,
» Voyez le N" 3, note 6.
Iî)i7 ÉRASMK DE ROTTERDAM A WOLFGANG FABRITILS CAPITO. 49
10
ÉRASME DE ROTTERDAM à Wolfgang Fabritius Capiton ' .
D'Anvers, 26 février 1517 '.
Erasmi Epp. éd. Le Clerc, p. 187 et 189.
Sommaire. Érasme insiste, en s'autorisant de l'exemple de Lt Fèvre d'Étaples, sur la
nécessité de faire subir des réformes d l'enseignement théologique ; mais il exprime
en même temps quelques inquiétudes sur les dangers que peuvent faire courir â la
religion les études classiques.
.... lii re Théologien plusculum erat negotii, quod hanc ferè pro-
fessi sunt liactenus, qui à melioribus literis perlinacissimè soient
abliorrere, quique suam inscitiam hoc felicius tuentur, quod id
faciunt prœtextu pietalis, ut indoctum vulgus, ab bis persuasum,
credat religionem violari, si quis illorum barbariem cœperit inces-
sere.... Verùni hoc quoque successurum confido, si trium bngua-
rum cognitio publicitùs in scholas, ita ut cœpit, recipi pergat. Nam
et hujus ordinis qui doctissimi sunt, minimeque maligni, partim
adjuvant, partim favent huic instituto : quo quidem in negotio
prseter alios, non instrenuam operam prœstitit Jacobus Faber Sta-
pulensis, quem tu ut cognomento, ita plerisque dotibus refers....
Quid multis ? omnia mihi pollicentur, rem felicissime successuram.
Unus adhuc scrupulus habet aniinuin meum, ne sub obtentu priscse
literaturse renascentis caput erigere conetur Paganismus : ut sunt
' En allemand Wolf Kopfiein. Capiton né en 1478 dans la ville d'Hague-
nau, en Alsace, fit ses premières études à Bâle ; il les continua à î'ribourg
en Brisgau et obtint successivement le grade de docteur dans les trois Fa-
cultés de médecine, de théologie et de di'oit, distinction rare, même à cette
époque. Après avoir exercé pendant trois ans la charge de prédicateur à
Bruchsal, il fut appelé à Bâle, en 1515, par Christophe de Uttenheim.
(Voyez le N° 5, note 2.) Capiton était arrivé de bonne heure à des vues claires
sur quelques-uns des points fondamentaux de la doctrine évangélique, et,
bien longtemps avant qu'on parlât de Luther, il avait pris avec ZwingH, à
Einsiedelrij la résolution de travailler au renversement du papisme. (Voyez
Athenïe Rauricîe. Basileœ, 1778, p. 10. — Ruchat. Hist. de la Réformation
de la Suisse, édit. de Louis Vulhemin, 1835-38, t. I, p. 76. — Herzog. Vie
d'Œcolampade, p. 35.)
* Dans l'édition de Le Clerc: 1516. Voyez le N^ 9, note 2.
âO GUILLAUMi: BUDÉ A TONSTALL. 1 5 1 7
et inter Christianos, qui titulo pêne dunlaxat Christum agnoscunt,
caeterùm intus Geiililitatem spiranl, aut ne. renascentilms Hebrœo-
riim literis, Judaïsmus meditetur per occasionem reviviscere....
Optarim frigidas istas argutias, aut ampulari prorsùs, aut certè
solis inesse Tlieologis, et Christum illum nimplicem ac purum
penitùs inseri mentilnis hominum : id quod liac potissimuni via
fieri posse exislimo, si linguarum adminiculis adjuli. in ipsis fon-
tibus pliilosojjiicntur.
H
GUILLAUME BUDÉ à ToilStall '.
De Paris, 19 mai 1517.
Erasmi Epp. édit. Le Clerc, p. 243.
Sommaire. Jugement de £udé sur les effets produits à Paris par la publication du
Nouveau Testament d'Érasme.
... Quis est taia adversis Gratiis natus. oui jam non sordeat pinguis
illa ac tenebricosa Minerva, ex quo Literœ quoque Sacrœ. Erasmi
industria tersae. mundiciem priscani splendoremque receperunt ?
Quan(}uani id lonye majus est, quod idem eadem oi)erA prœstitit, ut
Veritas ipsa sncrosuucta ex Cimmeriis Hlis tenebris emergeret,
etiamsi nonduiii [ilane Tiieologia è scholaî sopliislica; pœdore eni-
tuit. Cerle hactenus jam profectum est, ut eorum partim fastum
illum supercilii ponere videantiir, erroremqûe tacili agnoscere:
partim quihus integrum est per astatem et vitie institulum, sortis
suœ pceuitentes, nunc literas meliores capessere et amplecti*.
' Culhbert TomtaU, ambassadeur d'Henri VIII à la cour de Hruxelles,
et plus tard évoque de Londres.
' Érasme écrivait le 5 juin l'il? à l'évêque de Rocliester: < Tiniel)atur
hoc opus [scil. Novum Testanientum] autequara prodiret; caîterùm editum,
mirum est quàm probetur omnibus etiam Theologis, vel eruditis, vel intcgris
et candidis Ludoricus Ikrus . Theologus Parisiensis, vir in ea promo-
tione (ut vocanfi primus, exosculatur, adorât ac déplorât tôt annos in scho-
lastieis illis conjlidaliunculis cuu.'nonptos. •> ^Lc Clerc, p. 2;j5.}
1517 GLAREANUS A ÉRASME DE ROTTERDAM. 31
12
GLAREANUS * à Érasme de Rotterdam.
De Paris, rue St-Jacques, 5 août 1517.
Erasmi Epp. édit. Le Clerc, p. 1621.
Sommaire. Une dispute théologique en Sorbonne, racontée par un témoin oculaire.
.... Bénigne me excepit Budœus, humanissimè tractavit Copus,
familiarissimè mihi cognitus Faber Stapulensis, quem eum inveni,
quem tu semper unà cum Beato-, amico nostro praecipiio, pra^di-
cabas, virum certè integerrimum humanissimumqiie. Episcopum '
certa de causa nonduin adii. Stipendiuni liabeo privatum. nemini
quicquam obligatus. Cceterum qui Parisios veni ut graecarer, spe
mea lusus sum maxime. Nemo est qui insignem auctorem Graecum
publicè légat, neque privatim, quod equidem memini. Soplmtarum
mille circumstrepunt tiirmœ. Fui adeô nuper in dhputdtione Sor-
bonica, ubi egregiosplausus, tanquam tbeatrum esset Pompeii, au-
' Henri Lorit (eu latiu Gîareanus), né en 1488 à Mollis, dans le canton de
Glaris. Littérateur ériidit et d'un goût délicat, il se fit connaître très-ho-
norableraent par ses ouvrages de géograj^hie et ses nombreux commentaires
sur les auteurs latins. Il écrivit aussi sur la musique, Taritlimétique et les
antiquités. Érasme disait de lui qu'il était « moribus alacribus ac festivis
ac prorsus omnium horarum liomo. » Après avoir- étudié à Berne, à Vienne,
où il se lia d'amitié avec Zwingli, et à Cologne, où il reçut le grade de maî-
tre es arts et fut couronné poète par l'empereur Maximilien, Gîareanus vi-
sita l'Italie et vint à Bâle en 1514. Il y fonda un pensionnat dans lequel il
enseignait avec beaucoup de talent le grec et surtout le latin. Accompagné
d'une vingtaine d'élèves, Suisses poiu' la plupart, il se rendit eu juin 1517 à
Paris, où le Bâtard de Savoie lui avait fait obtenir du roi un stipendiuin annuel
de 150 fr. Son pensionnat, où Ton cultivait avec ardeur les bonnes lettres, pré-
sentait en raccourci l'image de la république romaine. Il y avait un sénat,
des comices, un consul, un préteur, etc. « Hic est meus senatus (dit-il en
terminant l'énumération de ses élèves), in quo consulem ago. Imperium
mite et iu quo consul plura subit officia, sed libenter, sed alacriter. ►
(Voyez Hottinger. Ulrich Zwingli et son époque. Trad de l'allemand par
Aimé Humbert. Lausanne, 1844, pp. 11 et 13. — Herzog. Vie d'Œcolam-
pade, p. 47. — Athense Rauricse , p. 247. — Ruchat, VII, 28. — Erasmi
Epp. édit. cit. pp. 198 et 1605.)
- Beatus Rlienanus. Voyez le N" 2, note 1.
■' Etienne de Poncher, évêque de Paris de 1502 à mars 1519.
32 iEAN C.fiSARIUS A ERASME DE ROTTERDAM. 1517
divi. Non cohibui, iramô cohibui risura, sed magna difficultate ; at
illic ridebat nemo : eral enim tum pugna magna de lana caprina.
Porro irascebantur non parum Adœ, primo parenli nostro, quod
mala,nonp\Ta,comedisset,convitiisque vix abstinebant superciliosi
homines. Vieil tandem tbeologica gravitas slomachum. evasitrjuo.
ttonis avibiis Adam absquevulnerc. Abii ego, satur mt-niarum. Ilaque
doini me contineo apud meos cantillans, otioque deditus, cum mec
Horatio delicior, cum Democrito stiiUum rideo nmndum... Salutat
te Petrus meus Scudus^, omnesque discipuli mei, tui sludiosissimi.
13
JEAN ciESARius ' à Érasuie de Rotterdam.
De Cologne, 22 septembre 1517.
Erasmi Epp. édit. Le Clerc, p. 1634.
SoMMAiEE. Le Fèvre d'Étaples jugé par un de ses anciens disciples.
.... Nori fionn'nis [se. Fabri] modrstium. et candiduni iit omnes et
doctos et bonos affectionem: (juippe tjui ejus fuerim aliquot annis
discipulus. atque idem lit Sopliistas imprnu/s mordere ntque acriter
impugnare consueveraf^. ita doctissimiim quemque commendare ac
laudibus debitis ornare. Ilaque esse non potest, quod et lu quoque
ita sentis, quin à pessimo aliquo da^mone instigatus sit, cui utinam
obstitissel, et tuam polius erga se benevolentiam fovere cura.^set,
ut per quam ejus fama crescerel magis quàm decrescerel " !
* Pierre Tschudi (fils de ce Louis Tschudi de Glaris, qui .s'était distin-
gué dans la guerre de Souabe et à la bataille de Marignan) avait déjà étu-
dié à Râle, dans la maison de Glareanus, avec sou frère cadet Jl'Jgidius,
connu plus tard comme historien, et sou cousin germain Vahntin Tschudi.
(Zuinglii 0pp. VII, p. 16, note des éditeurs Schuler et Schultess.)
' Jean Cœsariiis, philosophe et médecin, né à Juliers on 1460, était pro-
fesseur à Cologne, où il compta parmi ses élèves, en 1520, le fameux réfor-
mateur zuricois Henri BuUinger. (^ Voyez Zuinglii Oi)p. VII, 101. — Léonard
Meister. Beriihmte Ziiricher. Basel, 1782, 2 vol. iu-S".)
* Voyez N° 6, note 3, la citation d'une lettre de Glareauus
' Allusion à la querelle de Le Fèvre et d'Érasme. Voyez la première pièce
de l'un 1522, note G.
1518 NFCniAS RKHMJIJ) A érasmr. Xi
14
NICOLAS BÉRAULD à Érasme.
De Paris, 16 mars 1518.
Erasmi Epp. éd. Le Clerc, p. 307.
Sommaire. En faisant ie\ivre réiude des Saintes Lettres, Érasme ramène les esprits
à la vraie Théologie. La 2""* édition de son N. T. est attendue avec impatience.
Erasmo Rot. Nicolaus Beraldiis * S. D.
Ineptum putabara... te literis obtundere, sludiis praesertim gra-
vioribus occupatiim,. nimirum restituendœ rei theologicœ annos jam
aliquot deditiim, Paiilinisque EpistolLs illiistrandis toto, ut dicitur,
pectore, vigiliisque ac sudoribus maximis incimibentem. Nam Novi.
ut vocant, Instrumenti editiouem alteram abs te paratara esse, niliil
dubilo, aflirmante id praesertim Neseno nostro-. qui se quoque
luculentas enarrationes tuas in Pauli Epistolam ad Romanos vidisse.
Ludovico Deberquino'". viro doctissimo ac tui nouiinis studiosissi-
mo . cum is Lutetiœ mecum nuper ageret, miliique non semel
retulit. Atque utinam ea omnia propediem pulcherriniis typis
excusa videre contingat , Frobenianis videlicet, quibus nihil fieri
puto posse nitidius, elegantius. aiuœnius. Idipsum tantopere exspec-
tant quotquot liîc sunt viri non vulgariter tlocti, Budœus.
' Nicolas Béraiild, humaniste, mathématicien et jurisconsulte, né à
Orléans en 1473, avait d'abord professé le droit dans l'université de sa
ville natale, et, s'il eût poursuivi cette carrière, la France aurait peut-être
possédé en lui un émule de Budé, de Pierre de l'Estoille et d'André Al-
ciat. (Voyez le remarquable discours de Bérauld « De vetere ac novitia ju-
risprudentia. » Paris, 1533, in-S".) Mais dégoûté par l'esprit formaliste et
mesquinement utilitaire qui dominait alors dans l'étude du droit, il aban-
donna la jurisprudence pour se vouer à la littératiu-e grecque et vint se
fixer à Paris.
■ Guillaume Nesen, né en 1493 à Nastede, dans la Hcsse, étudia à Bâle,
où il connut Erasme et Z^\'ingli, puis à Paris où Budé, Le Fè\Te et Bé-
rauld l'honorèrent de leur amitié. Il se rendit à Louvain, vers le milieu de
l'année 1519, et il y resta jusqu'au mois de juillet 1520.
' Louis de Berquin, gentilhomme de l'Artois, que son opposition à la
Sorbonne et son mai'tyre rendirent plus tard célèbre.
3
IVi. 1/ ÉGLISE DE PARIS AU PARLEMENT. 1518
liwllius \ Ruzœus ■', Dcloiims ^, et ipse quoqae Parisiensis episco-
inis'', eximius ac prope unicus 8e\i hujus Mecœiias, ut nuUuin
aliud opiis cujuscunque auctoris fuisse unquam exspectatius putem.
Video equidem, Erasme optime, video equidem fore, quod votis
ardentibus antehac semper expetii, uli videlicet Theologi isti nostri,
spinosis ac sophisticis nugis atque inutilibus argatiis nimiùm jara-
pridera dedili, desertis Scotistarum, Occanistarum, adde etiam Tlio-
mistariim faclionibus, ad (intiquam Ubuii ac reram se Tlifoloyidni
plerique convertant, si porrô perrexeris siiam arcanis ac cœlestibus
Literis dignitatem asserere. Id quod liactenus tanto abs te successu
factiini esse censeo, ut certe non videam.quem veteruin Theologo-
rum tibi jure anteponere quis debeat... Quare perge, Erasme, seculi
hujus decus egregium, perge tecum ipso certare, teque ipsum
deiiiceps vincere . in eo préesertim stadio Christianœ pietatis ac
Ecangelici. cuUus, in quo tanla cum lande haclenus nobis cerlasti,
ul nihil jam supersil aliud , nisi ut teipsum vincas. Vale. Lutelia.
17 Cal. April. anno 1318.
15
Requête de l'église de paris au Parlement.
Paris, 20 mars 1518.
Bulœus, VI, 83.
SoMMAiEE. Protestation du clergé contre les usurpations de la cour de Rome *.
Messieurs, nous avons entendu, publicà famà hoc referente, que
la Cour est poursuivie de publier certains Concordats que on dit
avoir esté faits iuter modernum Pontiticem Max. et Christianiss.
* Jean Riiel, célèbre humaniste, natif de Soissons. Par ses traductions
des médecins anciens, il cnntriluia beaucoup à relever les études de mé-
decine.
'' Louis de Buzé, lieutenant civil de Paris.
" Françoii de Loyn ou de Loi/nes (appelé aussi de Luynes par Bèze),
président du Parlement de Paris.
' Etienne de Poncher, nommé archevêque de Sens le 14 mars 1519.
' Cette requête fut présentée oralement par le doyen du Chapitre,
Guill. Hiui.
K
1
1518 l'ÉGUSE DE PARIS AU PARLEMENT. 35
Regem nostrum, à quibus vitletur pendere abrogatio sacrorum
CouciUorum Constantiensis et Basileensis, derogalioetiam libertatum
el privilegiorum Ecclesite Gallicanie * : Ce qui touche l'Eslat et
riionneui" de TEglise universelle, sed et commune bonnm quod
Nobis hactenus semper inviderunt Romani Pontifîces, Messieurs, vos
probe nostis quo fandamento, qua autoritate. Pro Ecclesià Gal-
licanà, illorum ergo, venimus obnixè et humililer supplicaturi,
ne quid, inconsulta Ecclesià, super iis attentetur : simul obsecra-
mus procuretis erga Christianiss. Regem nostrum, velit prœdictam
Ecclesiam Gallicanam convocari '. Qua légitimé congregata, de lus
Goncordatis, qua3 intérim, dum haec fient, nobis communicari peti-
ums, maturius et liberius agemus. Et si supra quàm liceret im-
pulsi ulterius progrediamini, etiam nunc adsumus Nos opponentes
pro causis per Nos propositis ac amplius, cum licebit, proponendis.
Deum Opt. Max. judicem utique vivorum sicut et mortuorum ob-
te^tamur, judicia vestra ac qu&cunque in liac re fient, nihil Eccle-
sià) in posterum nocitura. Ainsi signé Raoulin, de Mandato Ca-
pituli.
* Un certain nombre de décrets du concile de Bâle avaient été proclamés
comme lois du royaume par la Pragmatique-Sanction, publiée par Char-
les MI dans les États de Bourges (1438). Deux fois abolie et rétablie sous
Louis XI, soumise dès lors dans son application aux vicissitudes des intérêts
politiques, la Pragmatique était restée chère à l'Lghse gallicane, parce
qu'elle consacrait ses libertés et lui assurait vis-à-vis du saint-siége une po-
sition indépendante. Cette Constitution ecclésiastique fut remplacée par le
Concordat conclu entre François I" et Léon X, le 15 août 1516. Dans ce
traité, qui abolissait le mode d'élection fixé par la Pragmatique, le roi se ré-
servait la nomination aux évèchés et aux bénéfices, et laissait au pape la
confirmation de ses choix. Le uouvel ordi-e de choses excitait un méconten-
tement général. Aussi le parlement de Paris ne le consacra qu'après neuf
mois de négociations. La présente requête donne une idée des dispositions
qui animaient alors le clergé. L'Université n'était pas moins hostile à la
nouvelle constitution , et elle fut peu rassurée par l'étrauge réponse que le
premier président fit le 20 mars aux représentations du recteur et de ses
collègues. Il leur dit « que, nonobstant la publication des Concordats, la
« Cour jugeroit les procez selon la Pragmatique ; qu'ils le tinssent secret
« et qu'ils en fissent le serment en eux et en parlassent sagement aux sup-
« posts [sujets] de l'Université, en les appaisant le plus doucement qu'ils
« pourvoient. » (Buteus, op. cit.) Ces bonnes paroles n'empêchèrent pas
l'Université, huit jours plus tard, de faii-e rédiger un appel dont nous don-
nerons le résumé dans le X° suivant.
^ L'archevêque de Lj-on, alors présent à Paris, avait déjà déclaré qu'il
était prêt à convoquer le clergé de l'Église gallicane.
3f) l'unfvrrsité dk paris au parlement. 1518
16
l'université de paris au Parlement.
Paris, 28 mars 1518.
Bulaeus, t. VI, p. 88—92.
(résumé avec citatioxs)
Sommaire. Exposé des motifs qui autorisent l'Université à protester contre l'exécution
du Concordat et les usurpations de la cour de Rome.
Après avoir déclaré qu'elle entend ne rien dire contre la Ste
Église Gatlioli(|iie et Apostolique, ni contre Tautorilé du pape
mieux informé, l'Université ajoute :
'< Sed ([uoniam ta qui Dei vices gerit in terris, quem Papam
dicimus, quamvis a Deo potestatem immédiate liabeat, per hanc
potestatem non impeccabilis efficitur, nec potestatem non peccandi
accipit, equidera si quid quod injustum est, faciendum esse prae-
ceperit. patienter sustinere débet si non fiât quod ei ex prara
fuerit insinuatione suggestuni, eique non pareatur si quid con-
tra divina prœcepta astruendum esse decreverit ; nam in hoc ei
resisti jure potest. »
L'Université rappelle ensuite les bienfaits dont on est redevable
aux conciles généraux, et particulièrement à ceux de Constance et
de lidie, légilimement réunis et représentant l'Église universelle,
lesquels se sont eiïorcés d'extirper les hérésies et de réformer
l'Église, tain in capitc quàni in membris. Pour remédier aux dés-
ordres qui s'y étaient introduits, le concile de Bàle décida, « ut
taies Ecclesiie pra3llcerentur Pasiores, qui. tanquam columnai et
bases, ipsam Ecclesiain doctrina et meritis Hmiiter sustenlarent, »
et ([ui auraient été élus canoniijuement, juxta juris communis
dispo.sitiont'in. Il décréta en outre (pie les prélats et les collateurs
des bénélices seraient tenus de pourvoir, selon les règles, au sori
des hommes studieux et possédant certaines qualités déterminées,
ijui leur seraient présentés par les universités.
Cette garantie est détruite par le Concordat. Si Idii adoptai!
cette nouvelle conslilution, ce ne serait plus le savoir, ni le mérite,
mais la richesse et la faveur des puissants qui feraient éhre aux
1518 L'UNrVTRSITÉ DE PARIS AU PARLEMENT. 37
charges ecclésiastiqueSj et cela pour le plus grand malheur des
églises, puisque la vie et les mœurs des titulaires ne seraient pas
examinées. Le concile de Bàle avait bien jugé, au contraire, en
prononçant que rien ne nuit plus à TÉglise de Dieu, que le choix
d'hommes indignes et l'absence d'un examen sérieux après les
élections.
Par les statuts de ce même Concordat . dont le pape Léon a
conseillé l'adoption au roi, alors que celui-ci était tout occupé de
la campagne d'Italie', statuts que le roi a fait publier, pour tenii-
sa parole, mais ?ans nous avoir entendus, — les hommes studieux
perdent fout espoir d'avancement dans l'Église ^.
' A Bologne, où les deux souverains avaient eu une entrevue, du 10 au 14
décembre 1515.
' L'Université ne se contenta pas de protester : elle défendit à tous ses
imprimeurs, sous peine de perdre leurs privilèges, d'imprimer le Concordat.
Le Parlement reçut, à cette occasion, deux lettres fort sévères (4 et 20
avril), dans lesquelles le roi se plaignait « de tels tumultes de fait et de pa-
roles, » des « folles insolences et entreprises faites par aucuns de l'Univer-
sité, et mesmement par les prescheuœ, pour commouvoir le peuple à sédi-
tion. » Les étudiants allèrent plus loin encore. Ils répandirent partout des
vers satiriques, affichèrent dans les carrefours des écrits contre le pape, et
insultèrent l'officier qui publiait le Concordat dans les rues de Paris (22 avril).
Ce fut une véritable émeute. (Voyez le récit circonstancié qu'en donne
G. Nesenus dans sa lettre à Zwingli, datée de Paris le 28 avril (1518). Zuin-
glii 0pp. Vn, p. 22.) Sur l'ordre du roi, on jeta en prison le professeur
Oronce Fine et plusieurs personnages qui avaient appuyé l'Université. Dé-
fense fut faite à celle-ci (27 avril) de se mêler des affaires du gouvernement.
Puis tout rentra dans le silence. Mais le mécontentement provoqué par l'a-
bolition de la Pragmatique fut pour quelque chose dans l'intérêt très-vif
qu'excitèrent en France les premiers écrits de Luther. — Le régime qu'inau-
gurait le Concordat a-t-il facUité indirectement les progrès de la Réforme
française? Cette question, résolue en sens divers par les auteurs modernes,
n'était point douteuse, au seizième siècle, pour le clergé catholique. Dans
les États d'Orléans (décembre 1560), il fit représenter au roi « que, l'an
1517 (1518, nouv. style), la saincte et sacrée loy de l'élection avoit esté
desplacée par exprès commandement, sans autre congnoissance de cause,
au mesme temps que sourdit l'infernale doctrine de Luther ; d'où U estoit à
espérer que les élections remises, toutes ces Mrésies s'esvanouvroient. » (Bèze.
Hist. Eccl. I, p. 433 et 434.) Voyez aussi Hist. générale du progrez et dé-
cadence de l'hérésie moderne. Paris 1624, in-4"', t. Il, p. 7. «De ces dés-
ordi'es premiers [nés du Concordat] procéda la source d'un autre mal...
c'est Vhérésie qui pénétra dans la France et infecta les meilleures et les plus
illustres familles du royaume. »
38 VALF.NTIN TSCHUDI A ULRICH ZWINCLI. 1518
17
VALEXTIN TSCHUDi ' à Ulrich Zwingli, à Einsiedeln.
De Paris, 22 juin 1518.
Ziiinglii Opéra, éd. Sclmler et Schultess. t. VII, p. 44.
•Sommaire. Tableau de l'état des études philosophiques et théologiques dans l'Uni-
versité de Paris.
Opinionem tuam de nostro Magisterio * hautl absqiie ingenti
gaiidio accepi : raagnopere enlm dissuadere te, ac neiiuaquam in
hoc amicorum nostrorum probare consilium, nec quipplam inani-
bus his titellis \in auctoritati accedere. Qiiod. quoniaiii a tali viro
profectum, non possum non magnopere probare, atqiie ob id raa-
gis, quôd in dies videam quibits in iimbriii juveutua Gallica délitent.
(piibusve nugis, quàni frigidis quàmque scurrilibus juvenilem ani-
miim imbuant, imô inticianl. Non enim venenum œque nocivum
atipie pnL'sentaneiiin, (juàm luec sopbislica (loi[iiaciilam banc ac
cavillaloriam inquam) bestifera est; pestiferam dicere voliii. Quin
bestifera. Feras enlin beslias, atque iis eliain Immaniores. ejusdem
Mystas cerneres. Judicium ipsis ademtum : sensus obstupali atque.
quod aiunl, nmcco obsiti. Ingenii acumen obtusuni, nec quicquaiu
in eis de bomine perinde ut in Ecbo remansit, pneter sonum ina-
neni, quem ipsi tamen tam prodige, tamque efTuse depromunl.
ut nec decem muliercuUe, quai natura ipsa impendiô loquaciores,
uni SopbistcM ada;quari queant '.
Longe hic alii sunt, quàui tu aut Viennœ, aut Basileœ unquam vide-
ris, qui si bue venirent, cum pueris denuô discere cogei'entur. Non
vel tanlilbun elabitur temporis, quo paulisper remissi aliis nego-
liis intenli sinl. Tolum niatuliinun hi> nugis addicturn. Cum pran-
' Voyez le N" 12, note 4.
* Glareanus écrivait à Zwingli, le 13 jan\ier 1519: « Araici et consau-
guinei hortantur [scil. Vaîentimon Scudiim] ut fiât Magister, et neque ego
dissuasi, qdod Parisiis studioso Magistoriiim vonditur, aut, si hoc nimiùm,
pro pecunia donatur. Nequo rnini opus est, ut visitet quis nugas eonim,
scd amicorum constat intercessione, quos ego aliquot in Universitate habeo.»
(Zuinglii 0pp. VII, p. 63.)
^ Tschudi se rencontre ici avec Budé, qui appelait la Sorbonne « un
marais. » Voyez Erasmi Epp. éd. cit., p. 247.
1518 VALENTIN TSGHUDI A ULRICH ZWINGU. 39
dendiim, ciim cœnandiim, ciim anirai refocillandi gralia deambu-
landum, summum id Gymnasium est, summa cura. Quid multa ?
Integram dieculam in his consumunt. Credo etiam, cum orandum,
eos cum Deo sophistice agere atque eum argument is convincere
conari. Quos, liaud absque magna argutia , Prœceptorem nostrum *
olim Gynmosophistas appellilare memini, quôd prorsus omnem
exuerint sapientiam, atque ab ea nudi agant.
Quàm quidam ingeniosi in veris vocabulorum etjTûis perqui-
rendis ! Est hîc in suburbanis Divi Germani Templuni, in quo olim
eos Isidem coluisse fama obtinuit ^ Sunt quidem cerla adhuc anti-
quitatis vestigia. Hue cum aliquando recreandi animi gratia per-
venissemus, aderat forte ibi Galliis ({uidam. Hic, cum casu quodam
de Parrhisiis mentio incidisset, ita ejus Etymon explicabat. Pari-
sius (ut ipse nominabat) inde dictus, quôd est 7r«pà xai 't'ais?, hoc
est, juxta Isidem. Interprelationem banc in Gollegio credo quodam
ab anxiis illis Philosophastris annotaverat.
Utinam videres Theologos, columnas fidei scilicet, tam pueri-
liter suis quaestionibus délirantes! Democritus certe in his, quàm
Momus esse malles. Magis enim ridendi quàm reprehendendi, cùm
nuUis rationibus persuader! queant. Vah ! quàm miseris modis
bonura fortem [Aristotelem ?] agunt ! Hic eum cruci delegat ; ille
ad Minoem : alius ad Gemonias scalas. Nunc judex statuitui". nunc
causidious ; paulo post dux exercitus, atque etiam rex. Porro eum
ex rege deinde lictori, ut vapulet, tradunt. Ita varia ejus fortuna.
Nec Plato vel tantillum ea prosperiore utitur, iisdem suppliciis ad-
dictus talibusque honoribus decoratus. At ipsi nunc dictis ita pro-
cacibus mutuô se impetunt, ut conflicturis interdum similes appa-
reant. Elata nunc voce etiam ad ravim usque digladiantur, ut,
quandoque in assistentium strepitu explodantur, voces suas média
in arena amissuri \ideantur.
* Glareanus. Voyez le N" 12, note I.
■^ Il est ici question de l'abbaye de St-6ermain-des-Prés. « Par le con-
seil et advis de Guillaume Briçormet, l'Idole de la déesse Isis, qui étoit
demeurée jusqu'à son temps en l'Eglise de cette Abbaye, contre la mu-
raille, du côté du Septentrion, à l'endroit où est le crucifix (laquelle on ap-
pelloit communément l'Idole de Sainct-Germain), feùt abbatuë, et au lieu
d'icelle feùt mise une Croix rouge,.... semblant au dit Briçonnet mal-seant
qu'une Mémoire si mauldite feût meslée avec les Représentations des
Saincts, et au lieu, domicile et sacrée Maison en laquelle sont ti-aictez les
divins Offices et ineffables Mystères de nôtre Religion. » (Manuscrit cité par
Guy Bretonneau. Hist. généalog. des Briçonnets. Paris, 1620, p. 206.)
40 ÉRASME A Gin>LAUME HUE. 151 S
Copiosius rideres, si qucestiones ipsas adeo subtiles, adeô de-
ni([ue magistrales cerneres. Diceres profectô (ut proverbio dicam)
x'i TotûTO! Tfpbç eW/v, aut quid Itœc ad Cliristum? At, quod slupidius,
Hieronijniiiin, Aufjustùmiu, Ecclesiœque Doctores vigilant issimos m
hili quidem faciimt, ac coiitemnunt. Verùm quàm apud eos accep-
lissimi magnif(ue nominis sunt Joli. Maioris, Altisiodorensis, Du-
randm et quidam his etiam indoctiores, quos instar oraculi co-
lunt, quorum quid aliud nomina, quàm barbariem. opus incondi-
liim, indoctum ac argumentosum, prima, quod aiunt. fronte pro-
niitterent !
At nunc me recipio. Haec de studio Parrhisiano *'. Non tam, quod
ea te nesoire ex.istimem, quàm quod adeô stupidissimos hos homi-
nes cum suis Grypiiis atque insolubilibus captiunculis execror. Nec
est quod adeô a Philosophia abliorream. quin eam ex animo dis-
cere cuperem, si occasio objiceretur. Atqui talibus inslitutoribus
nunquam utar, qui alba dénigrent, plana exaspèrent, explicata
involvant, vera invertant, dissoluta denique modis miris compli-
cent, atque ex Pliilosopiiia «wr.oaot^i'av quandam commutent....''
18
ÉRASME à Guillaume Huë, à Paris.
D'Anvers, 9 août 1518 (1519?).
Erasmi Epp. éd. Le Clerc, p. 335.
SoMMMRE. Il le félicite de ce que Vétude de l'Écriture sainte est remise en honneur
dans l'Université de Paris.
Erasuuis Hot. riiiilielino Hueo ', Parisiensis Ecclesiae Decano S. D.
.... Audio non sine suiiima voliiptate Pariniorum Academiam |ii"is-
^ On trouve quelques détails pittoresques sur le même sujet, dans une
élégie du poète écossais Georges BucJmnan, intitulée : « Quàm misera sit
conditio docentium literas humaniores Lutetiœ. »
' « Quod est tam tritiim liominum sermone proverbium, quàm illud Par-
rhisiis doceri juvcntutem nihil scire, atque adeô insane et loquacissime de-
lirare? Reliquis omnibus in studiis [scil. Academiis], etsi sunt vana et futilia
nounulla, esse tamen solida multa; in unis Parrhisiàs vix esse nisi nugacis-
simas nugas.... » (Ludovicus Vives Joanni Forti [Lutetiam]. Lovanii, idibus
Februariis 1519. Vivis 0pp. Basileae, 1555, in-folio. Liber in Pseudodia-
lecticos, 1. 1, 272.)
• Voyez le N° 15, note 1.
1519 GLAREANUS A ZWINGU. 41
tinis suis studiis, in quibiis liactenus haucl dubie primam laiidem
possidebant, ac etiamnnm possident. propensis animis trrum iin-
giiarum a(lderecognitionein,el ad purimmos sacrornm rolnmùmm
fontes suhinde recurrere, neciue sent ire ciim istis aliquol sibi parum
araicis, qui piitant lias lileras cum vera Theologia pugnare, quum
nullci; magis omnibus lionestis disciplinis famulentur. Id partim
GulUci ingenii tribuo candori, partim exiniii Prccsulis Stephani Poii-
cherii sapientia?, viri instaurandis optimis literis ac veiu' pietati
divinitiis facti, sed in primis optimo Régi Francisco -. Soli nos non-
dum hoc nomine possumus nobis gratulari. Sed tamen spes est
non pessima. Faxit Christus Optimus Maximus, ul quemadmodum
Principes passim favent, foventque recta studia, ita Philosophiam
amplectantur, dignam iis qui Christi vices gerunt : lioc est, ut
quàm longissime absint a barbarica tyrannide, neque per ambi-
tionem labefaclent orbis Ciirisfiani tranquillitatem simul ac liber-
tatem !...
19
GLAREANUS à Zwingli, à Zurich.
De Paris, 13 janvier 1519.
Zuinglii 0pp. éd. cit. t. VU, p. 64.
Sommaire. Le Fèvre d'ÉtapIes ayant commencé une Légende des saints, Glareanus
a écrit à Zurich pour demander l'histoire des Martyrs zuricois.
.... Scripseram D. Prseposito Tigurino aliisque Canonicis tribus
D. Niesly, D. Henr. Uttinger, M. Fehci Frigio, Jacohum Fahrum SS.
MartjTum iiistorias e non vulgatis autoribus et hominibus doctis
collecturum'. Quare ut divorum Martyrum apud Tigurinos histo-
* Érasme écrivait à Louis de Ruzé, le 16 mars 1519 : « Gratulor GalUœ,
gi'atulor optimis studiis, quibus apud vos non modo locus est, verùm etiam
dignitas, nimirum eo faveute «j x.pâTc: iari (;.£-j-'.(ttgv... » (Le Clerc, p. 420.)
Voyez aussi la lettre de Budé à Érasme, du 6 mars 1519. « Rex miré in
literas bonas fovendas et excitandas propensus esse videtur. » ( Le Clerc,
p. 422.) ,
> Dans son « Épitre à tous Seigneurs » (1530\ Guillaume Farel mentionne
ce travail de Le Fèvre, et il indique le motif qui le lui fit abandonner :
« Ce bon Fahry avait travaillé après les légendes des Sainctz et SaindeSy et
42 LE FÈVRE d'ÉTAPLES A BEATUS RHENANUS. 1519
riam mitterent, oravi : ita eniin fulurum, ut Collegio inde honor
maxiinus orirelur. Verùm nescio literasne receperint ac argu-
mentuin historiée ejus miserint : iiactenus enim niliil recepi.
20
LE FÈVRE d'ÉTAPLES à Beatus Rlienanus *, à Baie.
De Paris, 9 avril (1519).
Inédite. Manuscrit autographe. Bihliothèque de Schelestadt.
Sommaire. Je n'ai pas sous la main les livres que vous m'avez fait demander par
Nesen. J'ai fait hommage des manuscrits de Philon à l'évêque de Meaux, qui visite
actuellement son diocèse. Mon Cyprien, imprimé à Venise mais plein de fautes, est
à votre disposition, et nous pourrons le corriger d'après le manuscrit des rdigiero-.
de St-Victor. Quant à mon Zenon de Vérone, j'ai en le malheur de le confier au
confesseur du roi, l'évêque de Troyes, qui ne rend jamais les livres qu'on lui prête.
— Je n'écris plus guère à personne, n'aimant pas du tout voir figurer Tnes lettres
familières dans un recueil imprimé. Saluez tous les savants de Bâle, le D' Michel
Hvmielberg, Capiton, Sapidus, et tous les autres que j'aime en Christ, sans oubliei-
Luther, à l'occasion. Priez pour l'âme de notre bien-airaé Jean de Cracovie, dont la
mort m'a causé tant d'affliction! Portez-vous bien en Jésus-Christ, et visitez-moi par
vos lettres, car vous vivez dans mon cœur.
Noli, mi Béate dilectissime, Nesenum conimuneni amicum nos-
trum accusare negligentia), quôd et serael et secundo me soUici-
desja deux moys dos Martyrs [ceux de Janvier et de Février] estoyent im-
primez, carilavoit délibéré de mettre tout ce qu'il en pouiToit trouver, et
le jour et l'année de tous. Mais ayant entendu la grosse idolati-ie qui estoit
es prières des Sainctz, et que ces légendes y servent comme le soulphre à
allumer le feu, il lni.<<sa tout et se mit du tout après la Sainctc-Escripture. r^
' Be<iti(.^ Jîhcnanns^ né eu 1185, à Schelestadt, eu Alsace, a mérité une place
honorable dans l'histoire littéraire du seizième siècle par ses travaux critiques
sur Tacite, Tite-Live, Sénèque, Pline l'ancien, etc., et par son Histoire
d'Allemagne (Rcrum gcrmanicarum libri III). C'est à lui qu'on doit la pre-
mière publication de l'histoire romaine de Velleius Paterculus et des œu-
vres de Tertullicn. Ses relations avec Le Fèvre dataient de l'époque où il
était venu à Paris pour entendre ses leçons de philosophie. (Voyez le N° 2,
note 2.) Il y eut aussi pour professeurs Josse Clichtow, llermonyme de
Sparte, etc., et il y rencontra Érasme, avec lequel il se Ua d'une amitié
que riou n'altéra dans la suite. (Voyez Teissier. Éloges des Hommes Sa-
vants.) Après avoir séjourné quelque temps à Strasbourg, il s'établit à Bâle
1519 LK FÈVRE d'ÉïAPLKS A JÎEATUS RHENANUS. 43
tavit diligenter, super libris quos a me requirebas. Verùm nullus
eoriim mine apiid me est. Nam prklem libris Philonis^ donavi R. D.
meum Episcoiiuiti Meldensem S qui nunc foris agit in diœcesi sua.
Unum in hac re formido, ne libris illis alicui Magnati aut oratori
gratiticalus sit, ac illos donaveril ; nam illi non admodum place-
bant, quia supra modum corrupti, et nunquam a Georgio Tipher-
nate * probe conversi, adeô ut opus esset illos etiam habitos, ad
comme correcteur dans l'imprimerie de Froben, et il déploya un grand zèle
pour répandre en Suisse les écrits de Luther. Ce fut aussi alors qu'il entra
en relation avec Zwingli. La première lettre qu'il écrivit au futur pasteur de
Zurich présente un grand intérêt au point de vue historique, parce qu'elle
renferme une appréciation de l'œuvre des réformateurs à ses débuts. Nous en
citerons quelques fragments.
« ... Nihil est, quod magis mihi doleat, quàm quod video Christianum po-
pulum passim ceremoniis uihil ad rem pertinentibus onerari, imô meris nse-
niis. Et causam non aliam reperio, quàm quôd sacerdotes, per summularios
istos et sophisticos theologos decepti, Ethnicam aut Judaïcam doctrinara
docent. De vidgo saeerdotum loquor. Neque enim me latet, te tuique similes
purissimam Christi philosophiani ex ipsis fontïbus populo proponere^ non Sco-
ticis aut Gabrielicis interpretationibus depravatam . . . Déblatérant illi nugas,
in eo loco stantes, ubi quicquid dicitur populus verissimum esse putat, de
Pontificia potestate, de condonationibus, de purgatorio, de fictis Divorum
miraculis... At vos pro concione dicentes, universam Christi doctrinam hre-
vitcr velut in tabella quadam depictam ostenditis... Nam ejus vita doctrina
est omnera humanam excellens... Utinam tui similes multos haberet i/eZ-
vetia! Sic tandem facile fieri posset, ut meliores mores nostrates induerent.
Est certe populus utcunque corrigibilis, si modo tahbus non destituatur, qui
Cfiristum docere et possint et vehnt. Bene vale. Basilese, die Nicolaï (6 dé-
cembre) 1518. » (Zuinglii 0pp. éd. cit. VII, p. 57.)
- Philon d'Alexandrie, dont quelques ouvrages parurent à Bâle en 1527.
^ Guillaume Briçonnet. (Voyez le N° 1, note 1.) Il avait pris possession
de l'évèché de Meaux, le 19 mars 1516, mais une mission dont François I"
l'avait chargé auprès de Léon X, le retint à Rome emiron deux ans. A son
retour eu France, il s'occupa avec zèle de la réformation des mœiu's dans
son diocèse, et convoqua dans ce but plusieurs synodes où l'on décréta
d'excellents règlements. Les curés résidaient à peine dans leurs paroisses ;
il les y contraignit par l'ordonnance du 13 octobre 1518, et, pour l'instruc-
tion du peuple, il distribua tout son diocèse en 32 stations, dans chacune
desquelles il envoyait un prédicateur pendant l'Avent et le Carême. (Voyez
Toussaints Du Plessis. Hist. de l'Église de Meaux. Paris, 1731, in-4°, t. I,
p. 326.)
* D'après Conrad Gessner, ce serait Lilius JEgidius Liberiiis Tiphcrnas
qui aurait traduit, vers la tin du quinzième siècle, les œu\Tes de Philon.
Cette traduction manuscrite, conservée au Vatican, avait pu être consultée
par Le Fèvre pendant sou séjour à Rome, en 1492.
44 LE FÈVRK d'ÉTAPLES A BEATUS RHENANUS. 1519
exemplaria Gra.'ca, qua3 Romœ in bibliotheca Sixti liabentur, reco-
gnoscere. Verùm ubi R. D. meus post exactes proximi Paschatis ^
dies redierit, tentabo, si eos habeat, illos obtinere. Qiiapropter
dispone apud Nesenum '^. vel Conrardum '. aut quem voles, scrip-
torein ; et ne jactura in scribendo (iat, codex unus scriptus ad le
mittotur. Qui si libi placuerit, totum opus perscribetiir.
Nesenus \1dit Cyprianum^ meuni, sed satis mendosum. neiinum
quidem verbiim castigationis habentem, excusura Venetiis: si lil)i
placet, qualiscunque est, ad te mittam. Si aliquando alius apud me
fuit castigatus, nescio quo errore, malus et negligens rerum mea-
rum custos, perdiderim. Et si correctio illa ex Divo Victore^
sumpta fuerit, obtinebo facile exemplar a viris religiosis illius
donius, ut Nesenm ipse vel alius quem ordinaveris, aliquid laboris
recognitioni impertiatur.
De Zenone Veronensi*° apud me actum est. Nam confeasor re-
(jms*\ qui nunc est Episcopiis Trecensis, mutuô a me accepit,
et quidquid singulare babui ex iis quœ scripta Romœ fuerant.
Dentem potius illi extraham quàm accommodâtes codices'^ Re-
petii Zmonem, sed illi prorsus in oblivionem venit : (juare et te
et me eo carere necesse est, nisi aliunde recuperemus.
Tam rarus nunc scribo epistolas, et tam dissuetus, ut in albo sim
obscuroîMim vii-orum. Unum etiam est quod me continet ab scri-
bendo, quia nolim nllo modo literas meas familiares. incultas et
''Le 24 avril eu 1519. Daus les années 1518, 1520 et 1521, Pâques
tomba sur une date antérieure au 9 avril.
•' Voyez le N° 14, note 2. Le rôle réservé à Nesen dans cette affaire
montre qu'il résidait cncoi'e à Paris. Sa lettre datée de Louvain, avril 1518
(Zuinglii 0pp. VU, 36), fut écrite deux ans plus tard et antidatée à dessein.
(V. op. cit. p. 14, note 1, et p. 172.)
" Conrad Rcsch, libraire bâlois, parent de Jean Froben l'imprimeur. Il
avait à Paris une maison de librairie, à l'enseigne de l'écu de Bâle.
** Les œuvres de Cypricn parurent à Bâle en 1520, avec un texte revu
par Erasme.
'•' L'abbaye de St- Victor, à Paris.
' " Zenon., évoque de Vérone, au quatrième siècle.
" Guillaume Petit. (\'oyez le N" 3, note 4.) Il fut évêque de Troyes de
février 1519 à 1527. Guillaume Budé parle de ce prélat comme d'un bi-
Ijliophile très-ardent et même dangereux poiu- les bibliothèques, « libro-
rum rocouditorum conquisitor atque investigator sagacissimus, ac bibliothe-
carum penè compilator. »
'* Voyez note 1 1 .
I"i19 LE FÈVRE d'ÉTAPLES A BEATUS RHENANUS, 45
nullo apparatu, ut scribere soleo, exciidi : (luod animadverti ali-
quando factum , quod et milii displicuit '^.
Saluta, obsecro, meo nomine, omnes doctos viros qui apud vos
versantur, quos et audio esse plurimos, quorum doclrincC et pro-
bitali congratulor, amiciss. meum D. Doctorem Michnelem Humel-
henjium '*, D. Volfiuif/nni Fahrum '^ Sapidum*^ et cœteros omnes,
quos in Chrisli dilectione diligo, eliam Luthemm*', si aliquando
tibi occurret. Gommendo orationibus tuis et tuorum amicorum et
Hunœlbergiù animam Joaimis Cracoviœ '^ dilectissimi nostri, quem
Deus superioribus mensibus ex hoc mundo evocavit, cujus fatum
per patruelis sui, qui a nobis ad eum profectus erat, literas, non
sine acerbo luctu accepi.
Vale in Christo Jhesu. Et tu et Michael, etsi non corpore, saltem
epistolis me visitate, quia vivilis in corde meo. Nona Aprilis. Pa-
risiis '» (lol9) ^o.
Faber totus corde et animo luus.
{Inscriptio :) D. Beato Rhenano, amico suo quàm cliariss". Basilea3.
'"' Le Fèvre correspondait avec B. Rhenanus depuis environ dix ans.
(Voyez le N" 2, note 2.) La présente lettre est cependant la seule de Le
Fèvre que nous ayons trouvée parmi les papiers de Rhenanus légués à la
ville de Schelestadt.
'■^ Pasteur à Ravensbourg en Souabe.
'^ Capiton. Voyez le N'' 10, note 1.
"^ Jean Sapidiis (en allemand Wïtz), né à Schelestadt eu 1490, avait fait
ses études à Paris avec B. Rhenanus, et il dirigeait depuis l'an 1509 l'école
de sa ville natale. Le Valaisan Thomas Platter fut l'un de ses élèves. (Voyez
Wilhelm Rœhrich. Mittheilungen ans der Gescliichte der Evaugelischen
Kirche desElsasses. Strassburg und Paris, 1855, 3 vol. in-S", I, 101-106.)
'" Voyez plus loin dans la lettre de Glareanus à Zwiugh du 4 juillet 1521,
un passage relatif aux sentiments de Le Fèvre à l'égard de Luther.
'■'* Jean Solidus de Cracovie, élève de Le Fèvre, l'avait plus d'une fois
accompagné dans ses voyages scientifiques.
'-' Le Fèvre n'a pas daté « ex cœnobio divi Germani, juxta Lutetiam, »
comme dans les lettres N"^ 1 et 4. On pourrait peut-être en conclure
qu'à cette époque il ne résidait plus à Saint-Germain-des-Prés. François
Vatahle, qui logeait dans cette abbaye, écrivait à Guillaume Briçonnet,
en août 1518 : « Doctissimus ille Faber tims, Mecœuas et protector
meus, is est cui me meaque debeo ; quem cum domi haberem, quoties dig-
nus vindice nodus inciderat, consulebam... » (Dédicace de la Physique d'A-
ristote trad. en latin par Vatable, citée par M. Graf, p. 93 de son Essai.)
-° L'année 1519 est la seule où certains détails de la présente lettre puis-
sent trouver leur place. (Voyez la note 5.)
46 H.-C. AGRIPPA DE NETTESHEIM A J. l.R FÈVRE. 1519
2d
HENRI CORNELIUS AGRIPPA DE NETTESHEIM Ù J. Le Fèvre.
(De Metz, fin d'avril 1519.)
H. Corn. Agrippa* 0pp. Lugduni (sine anno) per Bei'ingos fratres,
in-8".Pars H, lih. II. ep=> 27», p. 744.
Sommaire. Mon désir de vous écrire a été contrarié pendant plusieurs années par la
difficulté des communications et par ma vie errante dans des pays éloignés. Plus
rapproché de vous aujourd'hui, je vous écris par le P. Claude Bieudomié, unique-
ment pour vous assurer de mon amitié et de ma fidélité à vous défendre contre vos
adversaires. Résister à ces ennemis des bonnes lettres , tout-puissants auprès du
peuple par leur hypocrisie, est une entreprise difficile, dangereuse même, mais qui
ne m'effraie point.
Henricus Cornélius Agrippa ' integerrimas vitae ac doclrinaî viro.
Jacobo Fabro Stapulensi S. D.
Ante plusculos annos sœpe et niulta ad te script uru.>> eram,
colendissime Faber, nec defuil digna ad te scribendi cùni occasio
cùm materia; sed opinio, qua tenebar, péril liras meas tuasque
literas, quas mutuo unus alleri scriberemus . fecit me desistere
usque adbuc. Nani nie apiid reniotas pro\incias* dubia .sede agente,
cum cceteris difficultatibus sylvarum, niontium et \1arujn, accede-
' — * Henri Cornélius Agrippa de Netteslieim, ué à Cologne en 1486
d'une famille noble et ancienne, servit de bonne heure l'empereur Maxirai-
lien I", à la cour, puis à l'armée, où sa bravoure lui valut le titre de che-
valier. La carrière qu'il parcourut ensuite, après être devenu docteur
en droit et en médecine, fut mùlée poiu' lui d'un peu de gloire et de
beaucoup de revers. Il y apportait avec ses vastes connaissances et son
élocution facile dans plusieurs langues, un esprit curieux et excessivement
hardi qui lui attira partout des querelles , et une humeur inconstante qui
ne lui permit de se lixer nulle part. Il serait long d'éuumérer toutes les
stations de sa \ie aventureuse, en Itahe, en France et eji Espagne. La
persécution des moines le força de quitter l'université de Dôle (1509), oii
il expliquait, devant un nombreux auditoire, le fameux hvre de Reuchlin
« de Verbo mirijico. » (A'oyez le N" 2, note 2.) On le retrouve ensuite en
Angleterre (lûlO), à Cologne, au Concile de Pise (1511) et dans les chaires
de théologie à Pavie et à Turin ;.151.5). En 1518 il vint d'Italie à Metz, où
il séjourna environ deux ans comme conseiller et avocat de cette ville.
(Voyez Bayle. Dict. hist. art. Agrippa, et Agrippfe 0pp. Pars II.)
1519 PIERRE TSCHUDI A BEATUS RHENANUS. 47
bant omnium maxima armorum, quai intercipiebant quicquid tran-
sibat literarum.
Nunc autem . quia efïectus sum tibi vicinior, el occasionem
habeo (idelis nuncii, videlicet devotum patrem Ckmdium, Deodntimi
Ca.'lestinianum pra-sentium latorem, scribo, non quod ad pricsens
aliquid habeam te dignum quod scribam, sed idcirco tantùm, ul
tester tibi aninuim meum, significemque integram amiciliam, scias-
que nominis tui prceconem, quanquam inconcinnum, sed et fidtim
adrocatum in te aimante defendeiido contra omnes eos, qui lionori
tuo obesse velint \ Quorum quidem multi sunt, sed homines ira-
probi animi et misei'i ingenii, qui omnibus bonis literis sunt bos-
tes, — tamen qui scioli sunt apud rudem populum, et fidem sibi
vendicant liypocrisi — ut difficile, iraô non sine periculo, illis ré-
sistant. Neque tamen ob boc deterreor ab ofticio.
Verùm de bis quod superesl ex praesentium latore accepturus
es. Demum oro, ut per eundem patrem aliquid rescribas, ut sint
apud me epistolaî tua? monumentum benevolenticT tuae, et occasio
siepissime deinceps ultro citroque rescribendi. Si quid autem
pênes me est reliquum, quod tibi conducere queat, quodve pro
te efficere valeam, prsecipe confidenter, et sine mora factum in-
telliges. Vale.
22
PIEEKE TSCHTDi * à Beatus Rhenanus.
De Paris, 17 mai 1519.
Inédite. Manuscrit autographe. Bibliothèque de Schelestadt.
(fragment)
Sommaire. Tous les savants de Paris , même les moins éclairés , accueillent très-
favorablement fes écrits de Luther. Etforts de François I pour obtenir la couronne
impériale. Ambassade de Bvdé et de Béraxdd auprès du roi d'Espagne.
.... Reliqui, quod equidem literis dignum censeam, nil superest,
quàm M. Lutheri opéra ab universa eruditoruni cohorte ohriis uliiis
excipi, etiam lis qui minimiim sapiunt plausibilia^. Galliarum prœ-
^ Voyez ci-dessous le N° 23, note 2 et le N° 24, note 4.
' Cousin de Valentin. Voyez le N° 12, note 4.
' Voici le témoignage de Luther lui-même sur la diifusion rapide de ses
ouvrages en divers pays : «^ Scripseruut {sic) ad me Frohenius Basiliensis.
48 LE FF.VRE d'ÉTAPLES A H.-C. AGRIPPA, 1519
terea regem (si rumori credendum) omni conatu annixurum. atque
uiiiversas sui regni vires, corpus denique ipsum. si res flagilet. çro
vendicanda sibi corona Cœsnrea'^. T^erid\U\[nrnm : omnibus deiûde.
opinor. jugura impositurus, si res ex animi sententia cesserit; sed
hctîc aliàs. Budœus* et Berahlu.s-' legalionis luunere apud regem
(Jdtliolicum^ UingnnUir. Cd'ievà Liliiniun' ip^e. ipii coram lileras
exbibet, copiosius omnia explicabil.
23
LE FÈVRE d'étaples à H.-C. Agrippa.
De Paris, 20 mai 1519.
Agrippœ Opéra. Pars II. lit). IL ep" 28». p. 745.
Sommaire. J'ai lu avec plaisir votre lettre sincère et bienveillante. Ne soyez paa irrite
de ce que mes écrits rencontrent beaucoup de contradicteurs. Un jour viendra où In
eximiè meam libcrtatem commcndans ; scd et è Parisiis sibi ab amicis
scriittum, placcrc illic niultis JcRiiiiio a Sorhonicis, id ost theolopis, mea ;
di-sporsisse pratorea iu Ilalium, Hi'^paniam, Anyliam, GaUiam et Braban-
tiam omnia exemplaria. » Lutherus Jo. Lang. 14 april. 1519, éd. de Wette,
I, p. 253. Dans cette énumération la Suis-se est omise. Le principal dépôt
des livres de Luther était à Bàk (V. le N° 20, note 1). Un libraire de Bcnir
y fut envoyé pour la foire de décembre 1518 et en acheta un grand uoin-
iiro, la veille de Noél. ^Zuiuglii 0pp. VU, p. Gl.)Le 23 mai lôl'J, un ami
(l'Agrippa lui écrivait de Bile : « ïotam Basileam lustra\i, nusquam pro-
stant oi)era Lutheri : dudum omnia divemîita. Dicunt Argentinae deuuo im-
pressa » (Agrippio 0pp. Pars II, p. 748).
' L'empereur Ma.ximilien I" était mort le 12 janvier 151'J. (Sleidan.)
* Guillaume Budi. Voyez le N° 9, note 1.
* Nicolas Bérauld. Voyez le N° 14, note 1. Vers la fin de mars il avait
quitté Paris avec Etienne de Poncher, Tun des chefs de l'ambassade sus-
mentionnée. (Voyez la lettre de Pudé à Érasme du 1!» mars 151 9. Le Clerc,
p. 421 et 422.)
" Clmrles I", roi d'Espagne, élu empereur le 28 juin 1511» et connu dès
lors sous le nom de Cliarles-Quint. Les ambassadeurs des deux princes ri-
vaux tinrent leurs conférences ii Monti)ellier, en avril et en mai. (Voyez
Gaillard. Ilist. de Kranrois l". Paris, Ibl!», 4 tomes in-S", 1. 1, p. o07.)
' Joanncs Jacobus à Liliis ou Lilianu^'i (en allemand ;ur Gilgcn)^ Luccr-
nois, ancien élève de Vadian. Il (juittait la maison de Glai-eanus pour re-
tourner dans sa patrie. (Voyez Zuinglii 0pp. t. VII, p. 49, note des édi-
teurs, et p. 74, lettre de Glareanu.s du 15 mai.»
1519 LE PÈVRE d'ÉTAPLES A H.-C. AGRIPPA. 49
vérité sera mieux connue; l'erreur tombera d'elle-même. Voici quelques-uns des
ouvrages relatifs à la dispute sur Ste. Anne. Ma seconde dissertation sur Madelaine
vous parviendra prochainement. '
Jacobus Faber Slapulensis Henrico Goriielio Agrippic S. D.
Honoiificenlissime Domine Doctor, reddidit milii venerabilis
Paler Cluudius Deodatus epistolas tuas •, quas magna cum volup-
late legi. (juis enim non delectabiliter légal, quod ex animi caudore
et benevolentia profeclum esse cognoscil ? Non, obsecro, ajgrè
feras, quod mulli scriplis meis luui de Maydalena-. lum de Anna^
adverseutur. Exislimo aliquando luturum. ul barum lerum per.s-
peclior sit veritas, de quibus diaci'ido solkm el niliil temeré def'finio.
Quapropter oro te, nulli ob eam rem feceris tuam benevolen-
tiaui infensam. Falsitas in seipsa niarcescet, et nullo impugnatore
tandem per seipsam cadet \ Mitto ad dignitatem tuam defensionem
disceptationis noslrce a quodam Doctore Theologo studii nostri
non ignaviter elaboratam ^ insuper et apologiam pro Anna, mihi
ex Germania dono missam^ Aliam vidi à Vicegenerali fratrum
Divi Francise! ' ; verum iliam apud se recepit. Virum unicum Amiœ
* Voyez le N» 21.
' « De Maiia Magdaleua et triduo Christi disceptatio ad clariss. virum
Fr. Moliuaium Ckristiauiss. Régis Francisci I. Magistrum. (Parisiisj H.
Stephauus, 1517 (1518), » iu-é". Le Fè\Te prétendait, contrairement à la
litui-gie de l'Église, que Marie-Madelaine, Mai-ie sœur de Lazare, et la
femme péchex'esse n'étaient pas une seule et même personne. Cet ouvrage
suscita contix' lui un soulèvement général.
'" Le Fèvre avait publié, en décembre 1518, une deuxième édition de son
livre et l'avait intitulée : « De Maria Magdaleua, triduo Christi et una ex tribus
Maria disceptatio, » in-4°. Dans la dernière pai-tie de cet écrit, il prouvait
la fausseté d'une autre opinion d'après laquelle Ste. Anne, mère de la Ste.
Vierge, aurait eu successivement ti'ois maris, et, de chacun d'eux, vuie fille
nommée Marie. (Voyez Graf, Essai sur Lefèvre, pp. 82-91.)
* Pendant que Le Fèvre travaillait à son livre sur Marie, fille unique de
Ste. Anne (v. note 3), un ami vint lui représenter tous les dangers aux-
quels il s'exposait. « Je ne crains rieu, lui répondit le vieillard. Je ne crois
pas qu'il puisse y avoir du danger là oîi l'on chasse l'erreur de l'esprit des
Chrétiens, pour leui- montrer la vérité.... Si quelques-uns me condamnent
publiquement au feu avec mon livre, j'implorerai contre ce feu la rosée
céleste pour l'éteindre. » (Graf, op. cit. p. 86.)
3 II fait allusiou à l'écrit de son élève Josse Clichtow, intitulé « Discep-
trtionis de Magdaleua Defeusio.» Parisiis, H. Stephauus, 1519, mense Aprih,
in-4°.
^— " Ces deox ouvrages nous sont inconnus.
50 H.-C. AGRIPPA A J. LE FÈVRE. 1519
tribuebat, sed filias treis ; existimavi illam visam non conducere
disceptationi nostrae, verùm si dignitas tua cupiditate eam videndi
laboret, spero oblinei'i posse. Facito me piiiuis lileris tuis cer-
liorem.
Secunda disceplalio parafa est in Mdf/ihtli'Hd : (|uam primo
nuncio ad vos ilanli expecta. Vale. Pai'isiis. vicesimo Maii. anno
24
HENRI-CORNELIUS AGRIPPA à J. Le Fèvre.
De Metz, 22 mai 1519.
Agrippa,' 0pp. Pars 11. Lib. 11. ep» 30». p. 746.
Sommaire. Vous avez sans doute reçu ma première lettre, avec les Thèses que j'ai pu-
bliées, d'après votre livre, sur l'unique mariage et l'unique enfant de SU. Anne. J'ai
voulu par là résister à ceux qui vous calomnient, particulièrement à ces trois moines
résidant à Metz: le franciscain Dominique Dauphin, le cordelier Nicolas Ory et
Claude Salin, docteur de Sorbonne. Je vous expédie un double de la sotte réfutation
de mes Thèses et même de votre livre entreprise par ce dernier. Laissez-moi répon-
dre â ces beaux prêcheurs, car ils ne sont pas dignes de vous.
Henricus Cornélius Agrippa .lacobo Fahro Slajnilensi S. I).
Ciini hiiil.i sem|)er disinngerel nos idcornm distanlia. «iarissime
Faber. m niill;i mihi li'ciiin (|iKmliiuiciin(|iit' desideratissinia haberi
potiiissel lamiliarilas. ibriiciUiinaipie siinul essel, elsi occasio ali-
(piaiido noiKlcfiiit.scribt'iiili |ii<i\iiicia, — continiii ralaniiiiii. (pioiis-
(pic lilti licrciii xicinior. a( kiiidem data occasione de liberalissimo
ingenio liio liiiiiianissiinis(|iie nioi'ilnis luis conlisiis. scrijtsi nii|)er '
hmnanilali lii.i' |irr dcNoliini Palrmi CJniidiuiii liooilutiiin («l'b'sli-
niaiiiiin : t|iias iiir,i> lilcnis Ir j:ini(hidiiin aicepisse arliili'(»r.
Sed habiiit iilfni hoiiiis Puter ostendemlas lilù proposiliones
qiiasdani de bt>at;r .\iniii- ^olinnliio. ne iinipnei-perio-. ijnas ego.
• Voyez le N» 21.
* « IL C. Aginppa? de hcatiss. .AniiîP iiionogamiil ac unico puorperio,
proposiliones abbrcviata? ac articiilata- juxta disceptationcm J. Fal)ri Htapti-
lonsis in liliro (1(^ fril)iis et iiiia. • .\nripp;f Ojij). l'ar^ II. p. r.88 — r>'.»:5.
1519 ii.-c. A(iUii'i'A A j. L^: fèvuk. M
jiixla sci'ipla liia. iii doctissimo siiiiul cl eleft'antissimo libellu lu(3
th' tribus et iina . longo ornalissimoque sei'iiione nolala, decerp-
las. iiieo nioi'e brevissimas redegi. Non quôd ex tuis laboribus mibi
laiideiii venarer. cujiis gralia sunt forlassis qui id facerenl, iil apud
lui iioiiiiuis ignaros docii videanliir : qiiod ego ul fœdissimuin
sacriiegimii seiuper abboiTui; quocirca slaliiii posl proposilionuin
illarum princii>iiiin. ac in omnium (lue. lui nominis, ul autoi'is, li-
bellique lui condigna mentio facta est.
Causa aulem, qute me ad bas proposiliones coëgit, ea certa est,
ut occasionem baberem resistendi contra calumniatores tuos', bo-
mines certè laies, qui omnibus doclis viris sunt bostes. Ex quorum
numéro très pra'cipuè bîc apud Metenses tibi infesti sunt : vide-
licel quidam fraler f)omiiiicm Dclphiitus. conventus fratrum Fran-
ciscanorum de observantia : aller fraler Nicolans Or ici comenlm fra-
trum niinorum: tertiusfraterCA/M(//«MvSV//m/,Pi-ior conventus Praidi-
catoi'um. Doclor TbeologicC Parisiensis ''. At iste famosus Doctor, ut
audio, quanquam nomen suum occuluerit, tandem post multos
dies, viclo pudore, scripsil contra proposiliones noslras, imô con-
tra librum tuum, ineplissimam, sed dignam se autore tragœdiam,
cujus conclusiones, ab ! confusiones dixerim, mibi ab hoc triduo
citra, magno cum encomio. sed ante victoriam oblatce sunt. Ha-
rum itaque duplum, simul elianî cum proposilionibus noslrisad le
Iransmitlo, ut bine (juidem cognoscas, me bonoris lui lidum zela-
lorem, inde \ ero, ut tam insulsas nugas rideas et contemnas, cog-
noscasque qmles liœr ciritas habeitf apostolos. Evaîif/eliique prœ-
roiies. non ul respondeas. Neque enim cupio. quôd te illius scriptis
'— * Dans les premiers mois de l'année 1511), Agrippa écrivait au P. Claude
Dieudonné : « Si scire vis.... qui voceutur illi scelestissimi famicida^, qui pu-
blicis coucionibus tôt totiesque repetitis clamoribus iutegerrimum virum Ja-
cobuvi Fabrum Siapulensem insanis contumeliis tam nequiter calumniati
sunt, ejusque disceptationem de filiabus Annœ tam nefandissimis lacerarunt
injuriis, ac tantum virum semcl atque iterum contra evangelicam modestiam
vocaruut homincm stultum, iusanum fidei, Sacrarum Literaruni iudoctum et
ignarum, et qui, duntaxat humanarum. artium Magister, prœsumptuosè se
ingérât iis qu/e spectant ad TJieoloyos *, — prfeterea scripta sua à Parisien-
nihus reprobata ac condenuiata. librosque sues, ut quorum lectio periculosa
est, doctrina erronea, contra tidem et Ecclesiam, ignc consumendos, achu-
juscemodi plura amarulentiora in tam integrum virum ejusque bucusque in-
victos libelles mendaciter jactantes, ut certa relatione accepi, — sunt im-
primis : quidam frater. ... nomine Dominicus Delphinn^... » (0pp. P. II, 743.)
* Li Fèvre n'était donc f&s Docteur de Sorbimne. (Voyez Gral, op. cit. p. b, note 2.)
02 LE FÈVRE d''ÉTAPLES A H.-C. AGRIPPA. 154f)
ullo Studio opponas, ne quando dignus sibi videatur, quocuni lu
congrediaris.
Mihi ita(iue, cui mediocria duiitaxat satis sunt. quamvis ego ista
nec mediocritalis nomine digiia ceiiseo, hanc pugnam relinquas.
(jui in lui nominis faniani, salutem, decus et gloriaui, contra hujus-
iiiodi ojjlalranles Cerberos constanter, indefessè fœlicissimeque
pugnaturum me non reformido. Ccelerùm, si adbuc adsit apud Pa-
rism devotus ille Pater Clamlius ^ quem supra nominavi, ipsi no-
mine nieo infînitas saintes dicilo, atque hcec scripta comuninicato.
Scio enim quoniam te supra vires amal et veneratur. Vale fœ-
licissimè, eruditissimorum hominum decus et oriiamentum. Ex
civitate Medioniatriciun, deciiiio primo Kalendas lunias . anno
1319.
25
LE FÈVRE d'étaples à H.-C. Agrippa.
De Paris, 20 juin (1519).
Agrippse 0pp. Pars H, ep^" 31% p. 747.
Sommaire. J'ai reçu vos deux premières lettres, vos Thèses sur Ste. Anne et la sotte
réplique d'un théologien anonyme. 8i vous voulez descendre contre lui dans l'arène,
faites-le, non par amour pour moi, mais uniquement dans l'intérêt de la vérité et
par dévotion pour Marie, mère de Dieu, et pour sa bienheureuse mère, Ste. Anne.
11 n'y a aucun honneur à gagner avec les adversaires que vous m'avez décrits. Mon
avis est d'ailleurs que moins on disputera, mieux la vérité sera connue. Répondez en
tout cas avec cliarité et dans un style élégant.
Jacobus Faber Stapulensis Henrico Cornelio Agrippa} S. D.
Honorilicenlissime Domine, accepi literas tuas ' per venerabileui
Palrem Chimlium Dcodatuiii Ca-lestinianuin, cui et literas et libel-
los ad diguilateni tuaiii aiil iiiiticiidos, aul prioferendos connnisi *.
■'• Le P. Claïuk Dieudonnc écrivait do Paris à C. Agripiia, le 21 mai,
pour l'assurer qu'il avait fiilMcmcnt rempli sa commission auprès de Le
Fèvro. Il lui envoyait en même temps plusieurs choses de sa part.
' Voyez le N» 2L II en avait déjà accusé réception le 20 mai.
' Voyez le N" 23, notes 5 et 6 et le N" 24, note 5.
1519 LE FÈVRE d'ÉTAIM.ES A 11. -C. A(iniPI'A. ol^
quod et se facturum fideliter pollicilus est. Is parvo admodiim
(empore Parism mansil, adeô iil non fiierit satis nobis libéra cum
viix), quanlùm voluissemus. confei-endi facilitas : sic res religionis
et ordinationis Patrcni ipsiini urgebant. Verùni ex primis literis
tuis' abiindè persensi qua in me feraris benevolentia, niliil un-
qiiam taie de te merentem ; ai libi lirniissimè persuade, me in te
consimili esse et jugiter fore animo. Ex secundis etiam literis
tuis *, per qiiendam Metemem ^ allatis, non minorem in me atïec-
tus tui candorem exprimis ; cum quibus et Propositiones tuas ^ pro
(lefensione heatissimœ Annœ, et ineptias cujusdam ' innominati in
oppositum accepi.
Propositiones tuas Venerabilis Pater Claudius communicaverat
mihi legendas. Maluissem negotium de Anna sine contentione inter
doctos versari. Quod si non potest, propter malignitatem temporis
et perversa bominum ingénia, et tibi insidet animo contendere,
vide ne boc ullo pacto bonoris mei zelo feceris, sed solum veri-
tatis tutandae et devotionis in Deiparam Mariam et ejus matrem
beatissimaml>mam». Attamen nullus accedere tibi potest honor
cum illis barbaris et infamationi aliorum ultrô studentibus conten-
dendo, neque nugas eorum et frigidas et insulsas eorum ineptias
refelli dignas censeo. Per se omnia ista cadent, et tandem agnosce-
tiir Veritas^, et fœlicius. si non contendatur, quàm si contendatur,
ut mea fert opinio.
5 La lettre N° 21.
* La lettre du 22 mai, N» 24.
^ C'était probablement le frère d'un Messin nommé PhiUiype Le Clerc.
« Cum tua benignitas aliquid mihi voluerit significare, hoc faciès per
manus illius juvenis, fratris PMlqjpi cognomento Clerici. » (Claudius Deo-
datus Agrippée. Parisiis, 21 Mail 1519. Agrippée 0pp. P. II, p. 745.)
•* Voyez 'le N° 24, note 2.
' V. le N° 24. « Frater Clnudim Salini... ut audio, quanquam suum
nomen occuluerit.... scripsit contra propositiones nostras. »
** Comparez ce passage avec le N" 19, note 1 . On lit dans le commentaire de
Le Fèvre sur les IV Évangiles (1522) : « Si en vous approchant de Jésus-
Christ vous croyez que vous serez admis auprès de lui par la bonté
d'un autre, vous vous approchez mal... Si celui qui prie a plus de con-
fiance dans l'intercession de la bienheureuse Vierge ou de tous les Saints,
quels qu'ils soient, que dans Jésus-Christ seul, il ne prie pas bien. S'il
le fait seulement par humilité, en mettant toute sa confiance dans le
Père des miséricordes et dans Jésus-Christ, sou fils, il prie bien. » (Matth.
XV, 21. Luc XXI, 5, passages cités par Graf. Essai, etc., p. 97.)
9 Voyez le N" 23, note 4.
54 NICOLAS BRRAl 1,1) \ KKASMK. 1S19
Tu tamen, pro prmlentia tua. in hac re sii; te gères, ut neque
Deus, neque proxiraus, fjuoacl lieri potesl. olïendalur : quaiiquani
tuas partes exislimo omnino justiores et veriores, et maxime si
ante viros probos et doctos res agatur. ([uod ipsi nolunt. sed ante
imperitum vulgus olim et ab ipsis quidem adversariis aliter persua-
sum. Quod si propositiones luas pergis ulterius declarare, vide id
bona gratia et eleganter facias : nam alia scripta hoc nostro tem-
pore nulla probanfur '". Valo in Christo Domino Rege aelliereo.
Parisiis, poslridie festivitatis supersanctte Trinilalis.
26
NICOLAS BÉRAULD à Érasme.
De Paris, l^r juillet 1519.
Erasmi Epp. éd. Le Clerc, p. 330.
Sommaire. Les théologiens de Paris accueillent maintenant avec faveur le Nouveau
Testament d'Érasme.
Novnm Testniiii'iitiiiii.M)^' le versum et elegantissimis doctis-
.«^imisque annolationibus expUcaluni. nunc hic habent in uianibus
docti (luamphirimi, atque in bis ïbeob)gi quo(|ue magni nominis.
(fui te eo nomine tam nunc, pêne dixeriin. auianl immodice quàm
oderant piius ini(pie. Multos cert«' nora liœc cih'tio^ tibi jam con-
ciliavit: (|uosdam verô, (|ui contumaces ac i-efraclarii diu fueranl.
atque adeopropemochnu deplorali viilebanliir. jaui pêne fregeruni
Apologiii' liiii'. Vale. Salulaiil le Fnniriscus Dclotiiiis- e\ Liidovi-
rns Huzœus^. I>ulelia, I' .bdii. anno ITilî)*.
"* Voyez les paroles d'Érasme citées dans le No30, note 5.
' La seconde édition du N. T. parut en mars 1519.
* — ^ Voyez le N* 14, notes 5 et 6.
* Dans Le Clerc, 1518. C'est ime erreur, puisque dans la partie de la
présente lettre que nous ne reproduisons pas, il est question de Poncher,
archevêque de Sens. Or ce prélat ne fut élevé à cette dignité que le 14
mars 151!).
1519 ÉRASME A NICOLAS BÉRAULD. Pi5
27
ÉRASME à Nicolas Bérauld *, à Paris.
D'Anvers, 9 août 1519"-.
Erasmi Epp. éd. Le Clerc, p. 335.
Sommaire. Érasme ne vise pas à faire violemment exclure la Seolastique des Univer-
sités. Il lui suffit de ramener la Théologie à sa source naturelle, l'Évangile.
.... Mea studia non eô spectant, ut Tlwmam aut Scotum^ è scholis
publicis exploclant,ve(ereque possessione depellant, quod nec mea-
rum est virium : et si esset, haud scio an sit optandura, nisi jam
paratum videamus doctrinas genus aliquod hoc prasstantius*. Quid
alii inoliantur, ipsi viderint : ego nunqiiam futunis sum hiijus
aiictor tumultus. Mihi sal est, si Theologia magis sobriè tractetur
quàm antehac est tractata, et subinde petatur ex fontibus Evange-
licis, quod antehac e lacunis non undiquaque puris solemus haurire
plerique. Neque nihil liîc profecimus, quibiisdam hue adductis,
quibusdam etiam coinpulsis, ut magis seriô Theologi sint.... Quod
Theologi partim resipiscunt, partira mitescunt, non perinde meo
ut ipsorum nomine gaudeo...
28
ÉRASME DE ROTTERDAM à Léou X.
De Louvain, 13 août 1519.
Erasmi Epistolae, éd. Le Clerc, p. 490.
Sommaire. La publication du Nouveau Testament d'Érasme a eu pour effet de susciter
contre la réforme théologique qu'elle prépare, une hostilité non moins vive que celle
dont la renaissance des bonnes études est l'objet.
Leoni X Papte Erasmus Rot. S. D.
Bealissime Pater, exiit jamdudum in manus hominum Novum
' Voj-ezle N" 14, note 1.
* Dans Le Clerc, 1518. Notre correction se justifie par le fait qu'il est
aussi question dans cette lettre de Poncher, archevêque de Sens. (V. le
N''26, note 4.)
'' Thomas d'Aquin et Duus Scot, deux des principaux docteurs de la
seolastique.
* Érasme fait ici allusion à la lettre de Bérauld du 16 mars 1518. (N" 14.)
S6 ÉRASME DE ROTTERDAM A LÉON X. 1319
Teslamentnm rursiim à me non nestimanriis sudoribns novatum.
unà cum annotalionil)iis accessione non mediocri locupletatis. Exiit
autem felicibus, ut videtur, auspiciis, non modo Romani Pontificis
titulo, venim etiam Leonis vocabulo commendatum, qu;» non aliud
nomen orbi Cbristiano gratins Quos prions e(btionis novitas
nonnihil oflenderat, lii nimc resipiscunt et errorera agnoscunt
suura. Qui bactenus è putribus lacunis perturbatam quandam ac
frigidam Theolof/iam bauriebant. mmc é imriswm's fontihm Christi
et Apostolorum haurire mahmt. Priorem editionem candidissimus
quisque et eruditissimus amplectebatur Hanc mire consentien-
tibus calculis approbant omnes, exceptis perpaucis. O'iirum alii
stupidiores sunt, quàm ut possint redis rationibus coargui: alii
superbiores, quàm ut velint meliora discere; alii pertinaciores.
(|uàmut non pudeat in malè cœptis parum esse constantes; non-
nulli natu grandiores, quàm ut sperentse facluros operae precium;
quidam ambitiosiores, quàm ut sustineant videri nescisse quic-
quara antebac, sed omnes ejusmodi, ut non référât talium ambisse
suffragium.... Et inter lios vix quisquam est, qui nostra legerit.
Metuebant tyrannidi snœ, quidam etiam quœstui, si mnndus re-
sipisceret. Quid sibi persuaserint nescio, certè rudibus et indoctis
persuadere conantur, linguarum cognitionem. bonasque, quas vo-
cant, literas adversari Tbeologiae studio, cum nullis disciplinis ea
magis vel ornetur, vel adjuvetur. Hi (ut sunt omnibus Musis et Gra-
tiis iratis nati) sine fine belligerantur adversus studia, sese nostris
temporibus ad meliorem frugem erigentia. Summa verô victoriae
spes in meris sycopbantiis illis est sita. Si libris agant, nihil aliud
quàm suam traducunt stnltitiam, simul atque inscitiam. Si ratio-
nibus conlliclantur. nimirum superat manifesta veritas: tantnm
apud imperitam plebeculam stultas(|ue mulierculas vociferantur,
quibus imponere facillimum est, pra?sertim religionis prtetextu,
cujus simulandcC miri sunt artifices. Prœtexunt hoirenda nomina,
hœreses, antirhristos : jactitant periclitari, nutareque relif/ionem,
Christiannm, quam ipsi scilicet suis bumeris snstinent. at(|ue bis
tara odiosis admiscent mentionem linguarum. ac polilioris litera-
turae. Hœc, inquiunt, borrenda diclu, nascuntur ex poetica, nam hoc
vocabulo traducunt (|uici(uid est eleganlioris doctrin.r. boc est,
(juic(|uid ipsi non didicerunl. Iliijusmodi na;nias non pudet etiam
in sacris concionibus deblaterare, qui se pra3cones Evangelicœ doc-
trin;e haberi postulant.
Doleo.... quorundam amarulentis contentionibus labefactari
1519 H.-c. .\(;un'i'A \ le fkvre d'étaples. 57
Iranquillilalem stuflioriim ac rei Chrislianse. Neque res jam intra
arffuineiitoriim coniliclationem consislit: atrocibiis ulrinqiie convi-
tiis piigna criidescit, deiitatis libellis res gerilur, ac reciprocantibus
malediclis luniullus in i"al)iem exit.... Hœc aliquoties parvis initiis
orta, sœpenumerô mstissimum gignimt incendium, tîtque uL maluin,
cjuod initio ceii levé negligel^atur, paulatim auctum tandem erum-
pat in grave discrimen tranquillitalis Cliristianae.
Hac quidem in re miiltum laiidis debetur optimis monarcbis,
qui auctoritate sua dissidium hoc oriri cœptum sedarunt, valut
Henricus, ejus norainis octavus, apud Anglos, Fmuciscus, hujus
nominis primus, apud Gallos....
Proinde mihi videtur Tua Sanctitas rem factura Christo longe
gratissimam, si contentionibus hujusmodi silentium indixerit, at-
(jue id praîstet in orbe toto Ghristiano, ([uoA Henricus et Franciscus
in suis uterque regnis praestitere. Tua pietas summos Reges re-
digit in concordiam ; superest ut per eandem et studiis sua red-
datur tranquillilas. Id fiet si, tuo.jussu, lioraines qui loqui non pos-
sunt, desinant obgannire politioribus literis, et ad benedicendum
elingues desinant in linguarum sludiosos maledicere, sed suam
quisque professionem gnaviter tueatur citra contumeliam alienae.
Ita fiet ut graviores illae, quas vocant, facultates, Tbeologia, Juris-
prudentia, Philosophie, Medicina, harum literarum accessione non
mediocriter adjuventur
29
HENRi-cOENELius AGRIPPA à Le Fèvre d'Étaples.
De Metz (au mois d'octobre) 1519.
Agrippœ 0pp. Pars II, ep" 35% p. 750.
Sommaire. Je n'ai pas répondu à votre lettre du 20 juin, parce que je me suis souvenr
absenté de Metz, pour les affaires de la ville. J'ai cependant terminé la Défense dé-
veloppée de mes Thèses et j'en ai remis une copie au théologastre anonyme, qui
est réellement Claude Salin. Je vous en enverrais une pareille, sans mon prochain
départ pour V Allemagne. Quand vous la recevrez imprimée, elle ne vous déplaira
pas, puisqu'elle déplaît si fort à ces Sophistes, dont le courage se réduit à nous at-
taquer par derrière et à nous accuser d'hérésie devant un peuple crédule. Envoyez-
moi vos commentaires sur Richard de St-Victor.
Henricus Cornélius Agrippa Jacobo Fabro Stapulensi S. D.
Quas <à 20 Junii ad me scripsisti literas , integerrime Faber, et
s
f)8 ll.-C. VGRIIM'A \ l,K FKVRE d'ÉTAPLES. 1519
liiiinanissinias et gi'alissimas. accepi : post qnod tempu^ alias ex te
accepi nullas. nec ego fibi aliquid respondi. Hoc ideo tibi significo.
ne quis nostrûm iniituis literis sese fraudalum e\istimet, atque
si tu alias ad me dedisti. qiias ego non acceperim, me aliquando
negligentiae vel ingratitudinis arguas. Causa verô. cur intra
tantum temporis, ego tibi responsunis non scripserim ea est : tum
quia oppoi'tunus defuit nuntius, tiiiii (|in,i pi-o Republica civitatis
hujus seopè absens fui*.
Nibiloininus tamen complevimus intérim et perfecimus Defen-
sionem propositionum nostrarum'. etiam multô ampliori volumine
quàm arbitrabamur. ejusque copiam jam tradidimus adversario illo
tbeologastro innominalo, ul quem suorum scriptorum puduit. sed
non inaniter pra'surnpto. al([ue nunc apertè cognito. fratri Claudio
Salmi, doctorculo Parisiensi, ordinis Praîdicatornm Metensis con-
ventus Priori. Tii)i verô. (piod maxime debeo. duplum missurus
eram, nisi deessel mibi noiarius, urgerelque inslans meus disces-
us in Gcrmaniam *. Miltam autem aliàs vel manu scriptam. vel
lypis excusam. (pia;. iit arbitror. tibi non admodum displicebit.
eoque minus, ([uô istis sopbistis placeat quàm minime : qui ciini
aperto Marte contra nos nibil valeant, per cuniculos furtivè ado-
riunlnr. sagittanles in occulto, et apud imperitum credulumque
viilgus nos erroris insimulant, déférentes nos tanquam de hœresi
et insanis opinionibus^. Caeterùm, (juod cupio. miltas ad me com-
- Agrippa était conseiller et avocat de la ville de Metz.
^ Voyez Agrippfe 0pp. P. Il, p. 594-663. Ce travail pins développé,
porte le titre suivant : « Defensio Propositionum prseuarrataruni contra
quemdam Dominicastrum illarum irapugnatorem.... » On y trouve (p. 661)
ce passage intéressant relatif à Érasme et à Le Fèvre : « Non desunt invidi
ac pestilentes detractores, qui tecura calumniontur Era~'?vuim Rnterodamum
atque Jacohum Fnhnun Stapiilensrin. qwom Parislriises; qwUhxm theologista^
— eo quùd iiieptani hauc Xovi Testamcnti traductiunem (juani tu et tui si-
miles homuuculi sophistre, Hieroni/mo intitulatis. ipse Fabcr. adductis argu-
mentis, illam Hkroni/mi esse negasset, — haereseos damnare voluerunt, seip-
sos intérim non sine totiiis Sorhomr ignominia, imperitiœ ac raalignitatis in-
famia pcrpetuù et ubiipie dénigrantes. » (Voyez dans le Commentaire de Le
Fèvre sur les épitres de saint Paul : o Apologia quôd vêtus interpretatio
Epistolarum beatissimi Pauli, quaj passim legitur,non sit tralatio Hieront/mi»)
' Il n'obtint son congé que le 25 janvier 1520, et se retira aussitôt à Co'
Idf/ne.
•"' Les moines de Metz ne se contentaient pas de déclamer contre l'hérésie.
Le Dominicain iVfcoias Saoini, inquisiteur de la foi à Metz, voulait faire mettre
à la question nue pauvre paysanne d'un village voisin, sur le simple soupçon
1519 LE FKVRE d'rTAPI.ES A H.-C. AGRIPPA. 59
meiilari;) nioaitiia?] in lUchnrdum de Sancto Victore^ ineis expen-
sis. Vaklèeiiim el januliKliiiii desideravi. Vale fœlicissimè. Ex civi-
tate Mediomati-icum. Anno 1519.
50
LE FÈVRE d'étaples à H.-C. Agrippa.
De Paris, 14 novembre 1519.
Agi'ipp;e 0pp. Pars H, ep« 36», p. 750.
Sommaire. Je loue le courage que vous montrez en rétablissant l'histoire vraie de Ste.
Anne, mais je prévois que vous voiis ferez beaucoup d'ennemis. Songez à tout ce
qu'a souffert l'excellent Beuchlin ! Les ordres monastiques seront-ils plus cléments
pour Agrippa f Si vous publiez votre livre, prenez toutes vos précautions. Les atta-
ques de ces gens-là sont perfides ; sans s'inquiéter de leur conscience, ils résistent
même à une vérité reconnue. Que votre style soit pur et élégant, car notre époque
produit de merveilleux censem's. Les critiques de vos amis d'Allemagne vous seront
d'autant plus utiles, que ma dissertation sur Ste. Anne a suscité beaucoup de réfuta- \r
tions. Je vous aurais envoyé la plus récente in-extenso; mais pendant les derniers
mois j'ai été nomade, et d'ici à une année environ je ne reviendrai pas à Paris.
Jacobus Faber Stapiilensis Henrico Cornelio Agrippae S. D.
Patri Cselestino ' et prsesentium tabellario tantiim ad te dedi lite-
ras, vir humanis.sime, et llbellos ad te ferendos, quos haud dubito
te récépissé. Generosiim spiritum , qiiem ad defensionem Annœ.
genilricis Deiparaî virginis, concepisli, laiido ; tristor tamen, qiiôd
iniiltoriiiii condahis libi inalevolenliam. Reuchliu'. vir optimus
qu'elle pouvait bien être hérétique, puisque sa mère avait été brûlée comme
sorcière. Agrippa protesta en vain contre cette barbarie ; mais ses géné-
reu.'c efforts eurent du moins un résultat : la procédure ayant été, grâce à
lui, exactement suivie, l'accusée fut reconnue innocente et l'on imposa une
amende à ses accusateurs. (Voyez l'histoire de ce procès dans l'ouvrage
d' Agrippa « De incertitudine et vanitate scientiarum declamatio invectiva. »
Cap. XCVI. De arte inquisitorum.) On n'est pas étonné, après cela, qu'A-
grippa ait pu s'exprimer, au sujet de Metz, de la manière suivante : « Nun-
quam unquam alicubi locorum fui, unde abirem libentius, quàra ab hac om-
nium literarum virtutumque noverca.... civitate Metensi. » (Lettre du 2 juin
1519. 0pp. Pars II, ep^ 33=".)
'• Bicharcl, chanoine de St. -Victor, auteur du douzième siècle.
• Le P. Claude Dieudonné, qui s'était déjà rendu à Paris, au printemps,
pour les affaires de son Ordre. Voyez les N"^ 21 et 23.
- Voyez les N"' 2 et 3. Le Fèvre aurait pu ajouter que les amis de Keuch-
60 LE FÈVRE d'ÉTAPLES A H.-C. AGRIPPA. 1519
pariler et doctissimus, multa passus est. Ncscio, an minore perti-
nacia omnes fermé ordines lutari velint suam iriniibam et triparam
Atinam. Aliimim iioimlareni nihil formidabunl dicere esse Ecclesiœ
iisum et sanctionem.
Si opiis emittis'. vide, til omnia caulé. ([iiia. ut scribis*, per
ciiniculos clanculè adoriuntur, qiuerentes sagittare in occullo. et.
ncf/lecta conscientia, vero etiam noto répugnant. Vide etiain. ut om-
nia pura sint et tersa, si sis emissurns : quia tempora nostra mires
ferimt censores, qui omnia fastidiunt. nisi cultum eloquentiaî prae
se ferant^ Non dubito te habere amicos prifcipuè Gormunos. quibus
commitlas tua recognoscenda, qui benevoli. eruditi et élégantes.
Fuerunl. et multi jam sunt, qui contra discoptalionem meam de
Anna scripserunt, tum Franciscani, tum Carmelita': latel me lamen
adbuc sua se scripta emisisse. Et nunc sesquiannus lluxit. à quo
scripsit Carmelita codicem tribus concbisionibus. disceptalionem
nostram ^ evertere molitus ; sed macbina admodum barbara. Con-
clusiones illas ad te mitto : et si tempus adfuisset. misissem inte-
grum codicem. Sed per bos [menses ?] divagatus 'sum \ neque per
annum fermé ligam pedemPa/76m*. Re({uiris Rirhmdum^. Hune
lin se ressentaient encore de la haine des Dominicains. Voyez la lettre d'É-
rasme à l'évêque de Rochester, 17 octobre 1519. « Miseret me Fahri, viri
nimiriim optimi, qui Lutetiœ non mediocri grnvatur invidia, priTsertim Do-
minicanornm, potissimum ob hoc qu5d dictus sit favere Capnioni. » (Erasmi
Epp. éd. cit. p. 511.1
' Voyez leN'29, note 3.
* Dans le N» 29, vers la fin.
"^ Érasme retraçant les proférés des sciences depuis 80 ans, s'exprime
comme suit, au sujet du stylo usité dans les œuvres théolofnqnes : < Hactenus
^ (lortorum centuriis cxcludcbantur, qui pauiù politiusloquerentur atque
illud protinus orat in promptu : « Grammaticus est, non philosophus ; rhetor
est, non jurisconsultus ; orator est, non theologus. » Sed brevi, ni fallor, ré-
bus in divorsuni cummutatis.... non plias erit cuiquam sibi sapicntiam von-
dic.irc nisi simul adfuorit podissequa eloqitcntia, qiiani divus Aupustinus non
vult usquam ab liera sua digrcdi. » (Lettre à Boniface Amorbach, 31 août
1518. Le Clerc, p. 350).
" Voyez au N" 23, note 8, le titre de cette dissertation, qui fut réimprimée
en 16)9.
' Nous avons vu (N° 25) que Le Fè\Te était encore à Paris le 20 juin.
Il visita dès lors plusieurs monastèn-s dans l'intérêt de ses études, comme
il nous l'apprend dans la préface d'un livre qu'il publia an mois d'août,
mémo année. C'étaient les « Contemplationes Idiotae : de amorc divino, de
virgine Maria, de vera patientia, etc. » (V. Graf, op. cit, p. 94.)
•* On ne sait pas où Ia^ Viixrc passa l'année 1520.
9 Voyez le N» 29, à la fin.
i 520 N. N. AUX THÉOLOGIKNS DE BONNE FOI. M
per lianini tnhellarimn ad te iiiitlo ; et scias, nil ajiiul me esse, (iiiod
non sil liiuiii. ciini aiiimuiu iiiciiin habeas. Vale, vir à nie luerilô
omni benevolenlia prosequende. Parisiis, decirao quarto Novem-
bris, 1519.
31
N. N. aux Tliéologiens de bonne foi '.
(De Wittemberg), en mars 1520.
Lutheri Opéra (sine loco), 1S20, in^*'.
Sommaire. L'étiiteur des œuvres de Luther souliaite que les théologiens enseignent
enfin au monde la doctrine de Christ, et qu'ils ne se hâtent pas d'accuser d'hérésie
les gens de bien qui préfèrent l'Évangile aux docteurs scolastiques. H déplore les
sentiments injustes de quelques théologiens de Paris envers Le Fèvre d'Étaples.
Ad Candidos Tiieologos.
Habelis iiîc Reverendi palris Martini Lutherii tlieologicas lucu-
braliones, quem plerique pulant velut Daiiielem quendamà Chuisto
tandem nos respiciente, missiim, ut abusus aliquot, Tbeologis Evan-
gelicam ac PaulinaniTheologiam cum veterum commentariis juxtà
negligentibus, et circa meras ampliationum, restrictionum, appel-
la tionum,acverè parvonmi logicalium nugas occupatis, in ecclesia
sua nalos, bic coarguat. Atqiie utinam omneis Tiieologos à letiiargo
tandem expergefieri contingat, ut omissis frateriialibiis somniis,
summis diclum oportuit, Evangelicam pliilosopliiam malinl quàm
Aristotelicam, Paulinam quàm Scoticani. — ul deinceps Hierony-
mum, Augustiuura, Ambrosium, Gyi)rianum. Atlianasiuni , Hila-
rium, Basiliuni, Jo.Clu-ysoslomum,Tlieopliylacluni anleponanl Ly-
rano, Tbonue, Scolo, et caîteris opiniosis Scliohe disputatoribus, —
ut CniusTU.M non ad mundum Iraliant, quod tam passim facit Aqni-
nensis ille Thomas, sed mundum ad Clirisli docirinam erudiant, —
ut non aliud dicant in sciiolis, dum agunt comœdias, aliud domi,
apud populum aliud, aliud apud amicos familiareis, — ut non fa-
' Cette pièce se trouve en tête de l'ouvrage intitulé : « Prima Pars Ope-
rum reverendi patris, ac sacrai Theologia; doctoris Martini Lutherii, Au-
gustiniaui Wittenbergeusis. » (s. I.). A lajin: Meuse Mai-tio. Ajuio M.D.XX.
Deux parties en 1 vol. in-4° de 687 pp.
62 GLAREANUS A 7AVINGU. l520
cili de causa, aut etiam non causa, bonos viros (;um ipsis ineptire
iioleutes kœrcticos pronunciare conenliir . i/nosilinii Pun'siensis
Scliohe T/H'oloyon irnit;!!!. ipii Jacohuiii Fdhiiini Stniiulmuciii. ci'udi-
tionis el inlegritalis coUiuien. (juùd ineplani istani Novi Instru-
iiienti versionem. adduclis ar^iumenlis.. es^e Hierouynii negassel.
tia;reseos dauinare volut'iujil. seipsos inleiim nciu tilra academia'
totius ignoniiniaui. apud lotuni orltem. el (luiiiein lorsaii poslerila-
leni. imperilia' et invidia- al(|ue maliguilalis notaiiles-! Sed cogi-
tent Scliolasticas o|)iniones ne([uai|uam lieri deliereCliristiaiioi'uni
onera. Cogitent )iiuii(luin. passiiii /unir ciiicrf/CHtihus stidl/is. ipsipi-
srere. Laïcos non tam crassos quàm fuerunt ojim ''. Christum el
l'aulum in prirais ament. spirent. complectantur. et couijterient
(pia'dani secus liabentia (luàni (|ua'stionist;e liactenus docuerunt.
Itaque. fi"alres. tempus est nos à somno suvifcre. Hene \aletole. can-
didi ïheologi.
32
(iLAREANUS à Zwingli à Ziiricli.
De Paris, P'' novembre ir)20.
Ziiinglii Opp. VII. p. loi.
.Sommaire. Malgré l'attitude peu favorable de l'université:' de Paris, les livres »ie I.vthei
sont toujours accueillis en France avec une grande faveur.
Nunc de />/////^'/oaudi no\a. rfu'rersilus Pnrisicnsis. t\[\;\]uU)-
* Co (lei'nÙT paragraplic est roi)roiluit prosqiif littiTaloniciit par Il.-Cor-
nolius .\grii)i)a. ^ Voyez lo N' 29, note :>.)
'• Jnstiis Jonas iléveloppe éloqueninieut la même* pensée sur les progrès
de la Réforme, dans sa « Defensio pro conjugio sacerdotali adversus Jo. ¥&-
liriini Coiistantienseni. » datéi' de Wittciiilx'rp. le 10 août iri23: « Pra'ter
te umini, opiiior, omurs qui utciiiKiuc toniiimiiis scnsus eonii)otes siuit,
rident nunc in qiwm pntiwimiim usnm Dcus, in hoc SR'cnlonini fine, in his
novissiniis diebus Tiipn(jra})hi(r (liriniim artificium prottdit. N'idcs liiignas,
(tr.T'cani, Latinain, Hîet)raïcain, hrevitor onine ernditionis genus, servirc
Kvanpelio. Ihvc. opéra Dei vos non re.<picitis, hiinc Un» idcrcm ri mirnhi-
lem cursum Vcrhi in omnc-s (jcnfa< non ronsidiTatis.... Kliniiiiala est bariia-
ries, j)rofligati è Theologoruin scholis Sophista'; asseritnr qiiotidic magis ac
magis synceraTheologia et puritas f]vaugelii. Cessant higida'ilia' ca-rinioniae,
rctliirc^ciint unà <iiin doctrina spiritus, cxercitia qnoijne pia et spiritualia.»
1521 ÉRASMR DE ROTTERnAM A ALEXANDRE. 63
i|ui(lem ad eam ipsam disceptatio intei- Geckium et Lutherum* de-
lala fiiil, laïKiiiam ad judicem *. posteariuani aiidivil, damiiatum Ltt-
Iherum. a Ponfilice Maxinio, ipsa, qune quosdain arliculos forlassis
vellicalura eral. lumc jiidicio supersedit. Niilli liljri avidius emun-
tur '". Aiidivi a l)il)li(>p()la ((iiodam, qui ail, sese Fidiicintili *
iiuperis iiundiiiis ^ veiididisseExempl. [ana] l'iOO. (piol iiiiiii|iiaiii
aiitea aliciijus aiicloris. Passim bene dicitur Lutluru''. ViMÙin mo-
nacliorum ionga esl caleiia. Salulat te S. P Q.R.' al(pit' ego impri-
mis. Vale. Lulelia). ad Cal. xNov. 1520.
ÉRASME DE ROTTERDAM à Alexandre, secrétaire du comte
de Nassau.
De Louvain, 1 3 mai 1 52 P .
Erasmi Epp. Le Clerc, p. 1695.
Sommaire. On injurie Luther sans le réfuter. Le Fèvre d'Étaplcs a été dénoncé, do-
vant le roi François I, comme étant l'un des précurseurs de l'antechrist. Les idées
' Il vent parler de la dispute soutenue par Luther à Leipsic contre le
théologien Eckiiis, du 4 au 14 juillet 151!).
- Bulœus dit qu'on apporta à Paris beaucoup d'exemplaires de la « Dùi-
pute de Leipsic, » et il cite la note suivante de J" Nicolas, receveur de la
nation française à l'université de Paris : « Die 20 Januar. (1520) compa-
ravi 20 libres intitulatos : « Disputatio inter eyregios viros et dociores Joa.
Eckium et M. Lutlierum, » ex ordiuatione Nationis, ad conclusiononi L'ui
versitatis, distribuendos deputatis, et illis qui vellent ewum opinionem ro-
t'erre in prœfata Uuiversitate. » (Opus cit. VI, p. 109.)
"' Voyez le N° 22, note 2.
* Les éditeurs de Zwingli et Le Clerc adoptent Fraticimuliaii. Il faut
lire Francivadum, qui est la traduction de Franlcfurt.
^ Eu septembre.
'' Glareanus est bien plus explicite dans sa lettre à Myconius, datée de
Paris, le 7 arril 1521. « De LiitJiero quid scribam nihil habeo. IJ'tuim
hoc scio, doetissimos quosque de doctrina et vira scntire optimi; oajtcrùm nio-
dum fortassis durioreni cepisse putant, verùm id irritatoribus ascribunl. »
(Inédite. Collection Simler, à Zurich.)
" Senatus populusque roraanus. Voyez le N" 12, note 1, à la fin.
' L'édition de l,c Clerc date du 18 mars. Ce doit être une faute d'iinpres-
64 ÉRASME DE ROTTERDAM A NICOLAS ÉVERARD. 1n2l
de Luther ont pénétré en beaucoup de pays. Il n'est pas de livre où l'on n'en retrouve
la trace profonde.
.... Bulla- jubet, ut préedicent adversu.s Luthcnim. hoc est, ut
opiniones illiu.s refellant testiraonio Sacrarum LitteraruiiL ac di-
versa melioraque doceanl. Nunc nullus est, qui sumat calamum ad
r-efellendum illum, quum id efllagitant oranes: nullu.s redarguit.
tantùm convitiaiitur, stepe etiam men(ienles...Apiid Regem GaUiœ
Carmelila quidam dixit in concione, venturum Aiiti-Gliristum: jam
quatuor esse Praicursores : Minorilam nescio quem in ItuUa. Jaco-
bum Fnijvam Stapulenseni in Gallhi, Reuchlinum in Genmuiïa, Eras-
mum in Brabantla ' .... Nemo credat, quàm laie Lntlicrua irrepserit
in animos mullarum gentium, et quàm alte insederit libris omni
lingua quaquaversùm sparsis....
34
ÉRASME DE ROTTERDAM à Nicolas Éverard.
De Malines, (au mois de mai) 1521 *.
Erasrai Epistolae, éd. Le Clerc, p. 1697.
Sommaire. Quels sont les principaux adversaires de Lvther à Paris. On y a fait dispa-
raître par le poison plusieurs de ses paitisans déclarés. Réflexion ironique d'Érasme
â ce sujet.
Parisiis duo potissimùm impugnant Luthcrum : Qucrquo *.
sion. Érasme dit dans la même lettre : « Mussaut hic nescio quid de terri-
fico Mandate Caroli, » et Le Clerc ajoute en note : « Edictum Impériale in-
telligit, datum Wormatia; 8 Maii, anno 1521. »
- La bulle iiontificalc du 15 juin 1520.
' Érasme raconte le même fait dans sa lettre à Louis Guillard d'Espichel-
lière, évêque de Tournay, datée du 17 juin 1521 (Le Clerc, p. G46), et il
fait suivre son récit de cette réflexion : « Hîec qui audent, nonne summos
Principes aut pro stupidis habeut, qui nihil intclligant et credant omuia, aut
pro pessimis....?» Il n'est pas inutile de rappeler que la condamnation de
la doctrine de Lutber par la Sorbonne (15 avril 1521) était uu grand triom-
phe pour les adversaires des idées nouvelles. (Voyez ci-dessous le N" 38,
note 4.)
' La présente lettre, datée « Mechliuià raptim ex diversorio, » doit \Tai-
semblablemeut se placer entre celle qu'Érasme écrivait de Louvain le 14
mai, et celle qu'il datait d'Anvers, le 24. (V. Le Clerc, p. 644.)
* GuillauDie Ducféne (en latin à Qucrcu ou Querciniis), docteur de Sor-
bonne.
15-21 MARGUERITE d'aNGOLLÈMË A G. BRIÇONNET. 68
Noriiiannus.seniculus virulentus, et Bedila Standonchensis, truncus
verius quàni liomo. Res, ut audio, nunc agitur venenis : Parisiis
sublati sunt aliquot, qui Lutkerum. manifeste defendebant '. For-
tassis iioc in mandatis est, ut, quoniam aliter vinci non possunt hostes
Sedis Romaiiœ (sic enim illi vocant, qui liarpyis illis non per omnia
obsequuntur), veneno lo liant ur cuni benedictione Pontilicis. Hac
arte valet Aleander*. Is me Colouiœ impensissime rogabat ad pran-
dium^ ego, quo magis instabat, hoc pertinacius excusavi... Hcec
liberius apud te etVudi, vir optime. Cavebis ne hcec epistola aberret
inmanus multorum: namGermrtWievulgantquidquid nactifuerint....
35
MARGUERITE d'angoulême ' à Guillaume Briçonnet.
(De Bourgogne? avant le 19 juin 1521.)
F. Génin. Lettres de Marguerite d'Angouléme. Paris, 1841, in-8°,
p. 155.
Copie contemporaine. Bibliothèque impériale. Supplément fran-
çais, n° 337, folio 1.
Sommaire. Marguerite réclame pour son mari et pour elle-même les prières de l'évêque
de Meaux. Elle désire qu'il lui envoie Michel {d'Arandè).
Monsieur de Meaux, congnoissant que ung seul est nécessaire,
[je] m'adresse à vous pour vous prier envers Luy vouloir estre
' Cette accusation si grave n'est reproduite, que nous sachions, par au-
cun contemporain. Érasme la renouvela en 1526, à propos de la mort d'An-
toine Papilion et d'Antoine Du Blet. (Voyez sa lettre à François I du 16
juin 1526. Epp. éd. cit. p. 944.)
* Jérôme AUandre, né eu Albanie I.U80), avait professé avec distinction
la littérature grecque et latine à Paris (1508-1513). Il devint ensuite chan-
celier de l'évêque de Liège, bibliothécah-e du Vatican et nonce papal en
Allemagne (1520). Érasme laisse percer mainte fois le ressentiment qu'il
nourrissait contre Aléandre ; il l'accuse de l'avoir desservi auprès de l'em-
pereur et de quelques évêques, d'être un ennemi caché, etc. (Voyez De Bu-
rigni. Vie d'Érasme. Paris, 1777, t. II, p. 191 et suivantes.)
" Érasme se trouvait à Cologne en novembre 1520, lorsque Aléandre vint
demander à Charles-Quint de faire brûler dans tout l'Empire les ouvrages
de Luther, et de livrer Luther à la cour de Rome. (Voyez la lettre d'É-
rasme du 11 novembre 1520. Epp. p. 592.)
' Marguerite d'Angoulême, sœur unique de François I, naquit à Augou-
5
f)(5 MARGUKRITR T)\VNT.OUI-ÈME A G. BRIÇONNET. 1521
par oraison moyen qu'il Luy plaise conduire selon sa saincte vo-
lonté M. d'Alençoii *, qui, par le connnandenient du Roy, s'en va
son lieutenant général en son armée ^. que, je doubte, ne se dé-
partira sans guerre. Et pour ce qna la paix et la victoire est en Sa
main, pensant que. oultre le bien publicq du royaume, avez bon
désir de ce qui louche son salut et le mien, [je] vous employé en
mes aiïaires, et vous demande le service spirituel; car il me fault
mesler de beaucoup de choses qui me doibvent bien donner
crainte. Et encores demain s'en va ma tante de yeniours * en Sa-
roye. Par quoy vous faisant les recommandacions d'elle et de moy,
et vous priant que, si congnoissez que le temps feust propre, que
maistre Micher^ peust faire ung voyage, ce me serait consolacion,
lême le 11 avril 1492. Privée de bonne heure de son père, elle dut à la sol-
licitude de Louis XII, son tuteur, une éducation solide et complète. Mar-
guerite avait reçu en partage les plus beaux dons : une intelligence très-vive,
l'amour des études sérieuses, la modestie et une inépuisable bonté. Aussi
fut-elle l'objet de l'admiration universelle, lorsque en 1515 elle parut à
la cour. François i appréciait iuliuinicnt les rares qualités de sa sœur, qui
lui témoigna toujours ratîoction la plus tendre et la plus dévouée; il l'ap-
pelait « sa mignonne. » Il ne prenait aucime décision importante sans la con-
sulter, en sorte qu'on a pu dire avec raison qu'elle fut « son bon génie. »
Théodore de Bèze lui rend ce bel hommage : « Francisco Régi ti-atri Mar-
garclam sororem adjungcrc tas esto, dignam licet quœ vcl in ipsius sacrarii
pcnotrali collocctur : fu'minam ut ingenii elegantia et acuminc fratri pareui,
sic pietalis cognitione etjuvandœ Christi Fcclesice zelo, quo fratiis iras . . .
temperavit, et cui conservâtes plurimos optimos viros debemus, laude di-
gnam sempiterna : quanvis ipsius gloriîu nonnullam in ultima tandem ipsius
a'tate credulitas labem adsperserit.» (Icônes.) — Le témoignage que rend à cette
princesse l'historien moderne de Françoi.s I n'est pas moins favorable : « Les
savants lui étoient chers, les malheureux lui étoient sacrés, tous les humains
étoient ses frères, tous les Français étoient sa famille. Klle ne divisoit point
la société en orthodoxes et en hérétiques, mais en oppresseurs et en oppri-
més, quelle que fut la foi des uns et des autres ; elle tendoit la main aux
derniers, elle réprimoit les premiers sans leur nuire et sans les haïr. Il y a
bien loin de ces grâces, de ces douces vertus d'une princesse aimable, au
zèle du syndic Béda qui guettoit les hérétiques, et du conseiller Verjus qui
les britloit. » ((Gaillard, op. cit. III, .^)45.) — Voyez aussi la notice sur Mar-
giunite par M. Génin et l'article Marguerite d'Orléans dans la France Pro-
kstanle de MM. Ilaag.
* Charles, dernier duc (TAlençon, qu'elle avait épousé en 1509.
^ Il fut mis à la tète de l'armét' de Champagne.
' Phih'hcrfe de Savoie, s<eur do la reine-mère. La mort de Julien de Mé-
dicis l'avait rendue veuve à l'âge de dix-huit ans (1516).
' MicM d'Arande, natif des environs dcTournay. 11 était l'un des amis
intimes de Le Fèvre d'Étaples.
1521 MARGl'ERITIÎ IKVNUOULKMP: A (î. BUIOONNET. 67
que je ne quiers que pour l'honneur de Dieu, le remettant à vostre
bonne discrétion et à la sienne.
La toute vostre, Margueritk.
36
MARGUERITE d'angoulême à Guillaume Briçonnet.
(De Bourgogne? après le 19 juin 1521.)
Inédite. Bibl. impériale. Suppl. franc. n° 337, fol. 6 a.
Sommaire. Marguerite prie Briyonnet de continuer à la diriger dans le chemin du sa-
lut, et elle l'assure qu'il pourra compter sur sa protection, quand il aura des affaires
à la cour.
Je loue de toute ma puissance Le seul bien neccessaire \ qui, par
sa bonté, permecl à celle qui se peult dire moings que rien tant
de grâce, que d'avoir eu, par vostre lettre et celle de M'' Michel^,
occasion de désirer commancer d'entendre le chemin de salut. Et,
puisqu'il Luy plaisl avoir ouvert l'œil par nature aveuglé, et, par
vostre bon moyen, l'avoir tourné du cousté de la lumière, je vous
prye en l'honneur de Luy, que, par'faulte de continuer voz tant
salutaires lettres, ne le laissez en paresse se reclore, mais par cous-
tume de fructueuse leçon rompez la trop grande ignorance de
mon entendement
Je vous prie que ceste charité ne mesoitdesnyée, et je m'oblige
que, ainsy que serez mes bons advocatz envers Le tout^, il Luy
plaira me faire estre la vostre en ceste court, en toutz les affaires
que me vouldrez employer.... J'espère que sy les pères '^ viennent
* Briçonnet avait écrit à Marguerite le 19 juin 1521, en répondant à la
lettre précédente : « Joieulx ay esté, Madame, veoir par les lettres qu'il
vous a pieu m'escripre, que coguoissez ung seul neccessaire, ou, pour mieux
parler, qu'il se face coguoistre en vous ; car II est sa coguoissance et ne se
peult que en Luy-mesme estre congneu. »
* Voyez la lettre précédente.
^ « Le tout, le seul nécessaire, la seule bonté » sont des expressions fa-
milières à Marguerite, quand elle parle de Dieu.
* Il est probablement question ici des Pères Cordeliers de Meaux, aux-
quels Briçonnet défendit, en 1521, de représenter dans leur église, ou quel-
68 r> MOINE A n.-c. agrippa. lf>21
icy.qurqu'il] leur sera respondu selon vostre conseil. Dieu me doint
grâce d'y faire selon son sainct vouloir, en sorte (jue, après nos
petiz labeurs, puisse par sa miséricoi'de éternellement le louer avec
vostre saincte compagnie '.
la toute vostre M.
Jhesus Maria.
37
UN MOINE ' à H.-C. Agrippa.
D'Annecy, 26 juin 1521.
Agrippai 0pp. Pars II. iili. III, ep» 7^ p. 784.
Sommaire. Je suis heureux d'apprendre que vous résidez à Genève. Écrivez-moi a-
qu'il advient de Luther. Je désire vivement posséder sa traduction des Psaunle^
et la seconde édition du Nouveau Testament d'Érasme.
Doctissime Uoclor. cognovi sero, le (/<>/>('«/</*■ jamdudum ade.sse*.
Quaiiiobreiu iiielTabili gaudio gavisus sum. cum hic sperareni
adbuc luam mihi desideralam laciem videie. et tua ipsius erudi-
que part que ce fût, St. Fran(,ois stigmatisé. L'afiaire tut portée au Parle-
ment, qui sanctionna par des peines très-graves la décision de l'évêque de
Meaux. (Voj'cz Toussaiuts Du Plessis, op. cit. I, 331.)
* Elle veut parler des théologiens et des savants que liri(,ounet avait at-
tirés dans son dii)cèse. (V. ci-de^isous le N" 88, note 10, à la lin.)
' C'était probablement le 1*. Claude Dkudonnc, qui avait quitté Metz pour
Annecy. Voyez le N"21 et le N" 40, note 2.
* Agrippa pratiquait la médecine à Genève depuis quelques mois. Il était
parti de Cologne vers la fin de mars, et il s'était d'abord rendu à Metz pour
y visiter ses amis. La maladie de sa femme, (jui mourut dans cette ville, l'y
retint sans doute pendant quelques semaijies. On peut donc placer approxi-
mativement au mois de mai 1521 son arrivée à Genève. (Voyez Agrippa»
(»pp. Pars II, p. 783 à 785. Lettres du 24 fémer, du T.» mars et du 19
juillet 1521.)
.\grippa avait déjà fait un séjour à (ienève avant l'année 1517, et il parait
même qu'il eut un moment l'intriition de s'y fixer, h son retour d'IUilie.
(Voyez dans les Archives de la Société d'IIist. du canton de Fribourg, t. II,
1858, le mémoire do M. Alexandre Daguet, intitulé < Cornélius Agrippa
chez les Suisses. » La lùocrniphif comijlète de ce philosophe se trouve dans
Meiners. Lebensboschreibungen beruhmter Mànucr aus deu Zeiten der
Wiederherstellung der Wissenschaften. Zurich, 1795, l'»'" B<*.)
1521 GLAUEAM'S A ZWINC.I.I. 69
tione perfrui, sapienfique eloquio : verùm enim verô nego et inficias
eo. ullam milii aliqiiando conversationem ciim quocunque fuisse
amœniorem. qiiàm leciim \ doctissime mi Agrippa; atque utinam
milii perpeluain liceret teciim tradiicere vitani! Qiiod cùnififri haud
qiiaquam possit, saltem iileris tuis quantulaincunque voluplatem
captare desidero, ut sciam, quid valeas, quid rerum nunc agas, at-
que antea egisti, an etiam receperis literas quas paulô post disces-
sum nostrum ad te scripsi. Cupio etiam per te certior fieri, an
secunda recognitio Erasmi* super Novum Testamentum sit typis
excusa. Hancjam milii poslulavi mitli a BihWoihecis de Lugdimo.
daturus pretiimi (piod poslularent. Item quid de Lulhero'^ aQ;i{m'.
et an interpretatio sua super Psalterium sit expressa : Uanc pro-
fectô vehementer cupio. Bene vale. mi eruditissime Agrippa, me-
que cum servis tuis annumera. Ex Anessiaco. sexta Kalendas Julii.
Anno 1521.
38
GLAREANUS à Zwingli, à Zurich.
De Paris, 4 juillet 1521.
Zuinglii 0pp. VII. p. 176.
Sommaire. Condamnation de Luther par les Triumvirs de la Sorhonne. Motif qui a
engagé Le Fèvre d'Étaples à quitter Paris pour s'établir à Meaux.
.... Jam de Lutliero^ ut inulta scribam non est visum operae pre-
' Les lettres suivantes nous apprennent que l'écrivain avait habité Metz,
qu'il y avait formé des relations d'amitié avec Agrippa et reçu de lui quel-
ques écrits de Luther.
* La seconde éilition du N. T. d'Erasme avait paru en mars 1519.
* On ne savait ce qu'était devenu Luther après sa comparution à la diète
de Worms (avril 1521). Un des amis d' Agrippa lui écrivait de Metz, le 19
juillet : « Audivimus LuOierum ad Bohemos tutius profugisse, cujus vices
nunc geruut Hutiemis ac Mclandithon. » Si.x. mois plus tard on ignorait en-
core à Paris le sort de Luther. « De LutJiero prorsus nihil nunc audimus,
adeo ista bella omuia turbant. A Tlœologis Lutosis [i. e. Sorbouicis] damna-
tus, qui Parlamentum ad idem tacinus addu.xere. » (GlareanusZuinglio. Lu-
tetise, 12 Cal. Januar. (21 Dec.) 1521. Zuinglii 0pp. VII, p. 156, où cette
lettre est placée par erreur à la fin de l'aiinée 1520.)
' Voyez le N" 32.
70 OLARRANUS A ZWLNT.I.I. 1521
tiiim. qiiiini e\ Srwlis - oiiinia facillimo intelli^ere pôles. Mairnus
ille est. Mfitœolofji nostr/"^ :ie^e (liirniiin e^rere, ne scilicet vel nostra
pctas Pharisaeis careret. Damiiarunl 'Triumviri: Bedn ^(non (amen
Venerabilis) Querms^ et quidam Christopliorfis \ Nomina sunl ho-
riim monstronim etiam vnlgo nunc nota, Behia. Stercus et Cluis-
totomus. Mirum vero quàm Monachi omnibus praclicis, ut vocanl,
nunc (liscursitent. Ego sane Lutheri penè nulla liabeo opéra *, ex-
cepta unica Cnptiritntc Balnjlonicn °. i[mv mihi tam impense pla-
* Les deux frères Tsclmdi, élèves de Glareauus.
^ Les docteurs de Sorbonne.
* L'électeur de Saxe ayant écrit à l'Université de Paris pour lui demander
son opinion sur la doctrine de Luther, JReda fit un rapport sur cette ques-
tion, le 2 mars 1521, et, le 15 avril, la Faculté de Théologie répondit par
une condamnation pleine des colères les plus extravagantes. Luther y
était assimilé à Mahomet, et l'extermination par le fer et le feu invoquée
contre lui et ses adeptes, comme le seul argument à employer. (Voyez Bu-
Iseus, op. cit. t. VI, pp. 116-127. — D'Argentré. Collectio Judiciorum de
novis en'oribus, t. II, p. n. — Coquerel. Précis de l'Hist. de l'église réfor-
mée de Paris. Paris, 1S62, p. 10.)
Bientôt après parut le livre de MpJanchthon, intitulé « Adversus furiosum
Parisiensium Theologastrorum decretum Philippi Mclanchthonis pro Luthero
Apologia. Wittemborgne. » In-4'>. La défense que le Parlement publia, le 13
juin 1521, d'imprimer et de vendre aucun livre qui n'aurait pas été examiné
par l'Université, accrut probablement le succès do Touvrage de Mélauchthon.
On peut l'inférer de ce que dit Bulneus: « Die 3 Octobris (1521) accepit
Universitas à Curia Parisiensi admonitiones seu potius incrcpationes, quôd
tam ignave patoretur oili ot divemli liltrofi sK.-^pectos rf. fuere-sim sapknies :
impnne cnim proclamitari libdhim Philippi MclanchUmim pro Martino Lu-
thero, idqup ferri ab Universitate, etc. »
* Noël Bcdier (en latin Xatalis Beda), originaire de la ville de Mout-St.-
Michel, docteur en théologie. D'après l'Hist. ecclés. de Bèze (t. I, p. 2), ce
furent surtout Beda ot DucJiênc, « ces barbares docteurs de Sorbonne, »
qui, par leurs persécutions incessantes, contraignirtMit Le Fèvrc à se retirer
de l'Université.
8 Voyez le X" 34, note 2.
' Son nom do famille nous est inconnu.
" Un mois plus tard, Glareanus se félicita peut-être de ne posséder qu'un
seul livre de Luther. Le Parlement fit publier à Paris, le 3 août, « que tous
librayres, imprimeurs et aultres gens qui avoieut aucuns livres de Luther,
ilz les eussent à porter vers la dicte Cour dedans liuict jours, sur peyne de
cent li\Tes d'amende et de tenir prison. » (MéiiU)ire.«; d'un bourgeois de Paris
sous le règne de François 1, publiés par Ludovic Lalanne. Paris, 1854.
p. 104.)
" « De captivitate Babylonica ccclesia^ prteludium. » Cet ouvrage, qui
1S21 r.l.AHRAM'S A ZWINT.U. 71
cuil. ut illaiii ab iiiitio ad lineni usque 1er uiagiia adiniralioiiB le-
geriin. uhi. Deuin lestor, discernere uequeo. an ei-iidilio illa sunuiia
animi istam libei'latem, an ea Traopr/^t'a Judiciuin vincat : ila ex
aequo niilii certare videntur. Longior esse nolui. (luôd omnia Scndf
et elegantins et brevioribus enarrare possunt. Fdhftr Slnpiilensis
ab urbe longe abest ad XX lapidein '". iieque ullani ob causam,
quàni quôd convitia in Lutherum audire non polest, tameisi Qiier-
einus^^ ille Tbeologus neque a Fahro^- neque ab Ernsmo eliam
teuiperet. Tu interiui vale. et ita perge ad astra lendere iter. Lu-
tetiœ, 4. Non. Jul. Um.
avait paru le 6 octobre 1520, fut réimprimé deux fois avant la fin de la
même année.
'" Les tracasseries des Dominicains ne furent peut-être pas étrangères
à la résolution que Le Fèvre formait déjà en novembre 1519 de s'absenter
de Paris pendant une année. (Voyez le N» 30, notes 2 et 8.) S'il y revint
à l'expiration de ce terme, ce ne fut pas pour longtemps, et il nous pa-
raît assez probable qu'il était fixé à Meaux depuis plusieurs mois, quand
Briçonnet lui confia, le 11 août 1521, l'administration de la Léproserie. (V.
Guy Bretonueau, p. 178.) Un document dont nous allons citer quelques
passages peut servir à résoudre la question. C'est la dédicace des Hiero-
glypMca (VOrm Apoïlo, publiés à Paris en 1521, petit in-8'' de 71 feuillets.
Cette dédicace, adressée par Joamies Angélus à l'évêque de Comminges,
est datée du 5 mars, et l'impression en a été faite avant celle de l'ouvrage
lui-même.
« Curavimus hune Orum Apollinem, Parisiis non antea grœce impressum,
in commoditatem studiosorum (qui uobiscura grœcissant) tuo nomine in lu-
cem emitti .. Curavimus et ob hfï'C potissinium, tum quod non infrequenter
mihi insseris, cum per œstatem ruri aliquando rusticabaris, ne tam iucundi
authoris amœnis illis secessibus tuis lectione careres, tum quôd, ubi me ex
veternoso aulicœ pigriciae somno in exporrectiores cardinalHiœ, immn fa-
brilis philosophiœ vigilias remisisses, voluisti ex omnibus libris meis (quos
mihi bona ex parte liberaliter contulisti) istum solum tibi relinqui... Igitur
eo in prsesentia fœliciter utere. aliis quoquc pluribus postmodum usurus,
si Angelum tuum, ut cœpisti, semper bénigne foveas, sequaturus (utinam
superaturus) illos Antistites. vel rcliquorum totius Gallise munificentissimos
venerandum Archicpiscopum Ebrodunensem, qui Dionysium Corrhonium
virum utriusque lingua? doctissimum, magnis cxornet donetque stipendiis,
Domimim Mdtlensem, qui ter maximum illum Fnbnan, prseter Géranium
Rufum, Franciscmn Vatabhim et alios araplexetur, nutriat, ampUsque
provehat honoribus. Te clementissimus lesus ex animi sententia semper sos-
pitet! In collegio Cardinalis monachi. iij. nonas Martii. »
" Voyez le N» 34, note 2.
" Voyez ci-dessous le N° 43, note 10.
72 i:\MOINEAH.-C.AGRIPPA. 1521
39
UN MOINE ' à H.-C. Agrippa.
D'Annecy, 10 septembre 1521.
Agrippœ 0pp. Pars II, lib. III. ep* 9«. p. 786.
Sommaire. Je désire que vos affaires vous amènent près de moi, afin que nous puis-
sions renouer nos anciennes relations d'amitié. Quelques dominicains de Savoie,
persécuteurs de notre foi, ne craignent pas d'affirmer que Érasme, Luther, Reuehlin
et Ze Fèvre sont des antechrists.
Dici non potest.mi eriiditissime doctissimetjiie Agrippa, quanlo-
perè et tufe faveam glorice congratulerque, et eruditionem admirer :
^ç 7r).£'ov Èv TTPaTTt'iÎEai jutxpôv $ Ïtz: ycDxat y£{<73"(0,
Ut verbis illius Nazianzeni utar. id est. cujus pins mentibus, scil. meis.
parum aiitem in labris jacet. Sed. beus. tu meis epistolis non es
accersendus, ut ad nos ali(fiiando le transferas, expeclabo intérim,
si aliqua tua negolia poterunt te nonnunquam ad nos deducere.
Scis quo fervore tibi occurrerem et quo alTectu te amplecterer.
Vide quàm familiariter tecum agam, ceu tu^c .Magnillcentife obli-
tus. Sed ita tua me.jam olim' corrupit bumanitas. qua- banc docuil
impudent iam
Quidam Magistri nostri ruciillitli Doin in tcœ faction ùs.e[, ut credo.
fidci Nostrœ jiersecutores (volui dicere inipiisitores). casu quodani
cellam nosli-am paucis elapsisdiebusintraverunt. (|ui inter bupien-
(bim incidciunt in memoriam eruditissimi ilMus nostri Erasmi. et.
post multa de eodem atijue Lulhero .sinisir»' delata tan(k^ni suum
venenum iliidem evomiierunt : (pialuor Antirliristos nunc esse in
regno(>lirisli Doclores. Erasmuinsnl. Lnthcnnn. Joannom Rrnrhlin
('{ Stiti)Hli'nsi'in.(h'\)l\[i'VM\[e<: Vide. qu;es(). s\copli;itit;is. bon.innii
lileraruni |iersecutores !
Ca'lcriim. pnesenliuin lalor. \ir bonis lilci'is |ira'(liius et singu-
lari eruditione munilus. i ii|)il \;d(li- luani ipsins doiuJn.ilinntMn al-
' Le P. Claude Dieudouné.
* p]ii irjlO, pendant le séjour d'.Vgrippa à Metz.
1521 L'N MOINE A H.-C. AGRIPPA. 73
loqui : commitlas teipsum illi. Salutes. quaeso. meo noinine reve-
rendiim illum virum doctissimum Dominum Officialem \ Bene
lu, mi doctissime Agrippa, valeas cum libero tuo * et Ma familia.
Excella nostra Amnessiaca, decimo Seplembris, Anno 1321.
40
UN MOINE à H.-C. Agrippa.
D'Annecy, 2 octobre 1521.
Ibidem. Pars II. lih. III, ep» 10s P- 787.
Sommaire. ConseiTez-moi la bienveillance que vous me témoigniez quand nous étions
à Metz, et veuillez me communiquer l'ouvrage que vous venez de publier contre un
docteur de Sorbonne. Êtes-vous toujours aussi favorable aux écrits de Luther qne
vous l'étiez alors ?
Miraberis forsitan, mi Agrippa, vir undecunque doctissime. quid
me potissimum impuleril. hominem rêvera ivôr/Tov xat apou<7ov,
modica tantuni familiaritate tibi junctum, ut ad te, virum tam splen-
didissimum, ultrô jam tei' ' scribere presumpserim. Quod profectô
desines admirari, si tuae in me benevolentiae. quam mihi gratis cùm
Métis * essemus prtestitisti. oblivio [te] non ceperit : qua quidem me
^ Eiistache Chapuis, officiai de l'évêque de Genève, Pierre de la Baume.
Il était entré dans ces fonctions le 17 août 1517, sous l'épiscopat de Jean
Louis U de Savoie.
* Tliéocloric, fils d'Agi'ippa. C'était le seul eufant qu'il eût eu de son pre-
mier mariage, contracté en 1509.
' Voyez les N"' 37 et 39.
■ Voyez sur le séjour d' Agrippa à Metz le N» 21, note 1-2, et le N" 29,
note 5. Si l'on examine attentivement quatre lettres non datées qu'Agrippa
reçut du P. Célestin Claude Dieiidonné, pendant l'hiver de 1518 à 1519, il
ne sera pas difficile de reconnaître ce religieux dans le moine anonyme d'An-
necy. Ces lettres nous apprennent en effet que des rapports intimes s'étaient
établis entre le P. Dieiidouné et Agrippa, à la suite d'une conférence théo-
logique tenue par ce dernier chez les Célestins de la ville de Metz. Le moine
écrivait à celui qu'il appelait son maître : « Utinam tuœ salitbernmœ doc-
trinœ coram prresentia tua semper adhœrere possem, nec à vestigiis tuis
avelli aliquando contingeret ! > Mais ces relations entre le P. Dieudonné et
Agrippa ayant été, pour le premier, roccasion de tracasseries suscitées par
les autres religieux. Agrippa lui écrivit à ce sujet: « Vos frères murmurent
74 l'.N MOINK A »!.-<;. AORII'PA. 1521
niniiiïin in te aurlacem reddidisti. Jam verô non possimi non dea-
niai-e pliirinium tuam ipsius niirahilein docti'inani. et prM'claris.si-
mani eloquentiam, (]ua meipsum pne caeteris inllaniniasti. et non-
nilid illustrasti. Auilivi ego e\ lua officina fœliciltus auspiciis pro-
fectam esse quandameruditissimam Apologiam adversus Metenspin
Priorem '. Quaeso ejusdem me aliquando parlicipem efficias. Ego
sanè existimo, ingentem accessionem foi-e mea; lenui bihliotlieciL'.
posteaquam illi quicquani lii.iiiiiii liinibralioimni fiieril additnin.
Caetenim, obsecro, milii scribere dignetur lua piu'clara Dominalio.
qiiid niinc sential de Lutheranis lurabrationihns. Non te praele-
ril . arbitror. qualiter apud Metemes mibi nonnulla Lutlierann
rommnnicare dignatus sis, eaque mira lande extulisse.
Spargitm" quaquaversùm in tota bac Snhaudia fama lua. Sum
ego valdè avarus visendi lui. Si fuerit nonniinqnain mibi facultas
et bona valetudo. visam te. IJeo oplimo jn\ante. Q\\ài\ si bbneril
interea te bue ab(piando recipere. ([uod ma\imt> vebm. neminieril
oplalior acees.sus tiius. (piàm mibi: (jnippe ([ui Ino iiisiiis auxilio et
(•oiisiHo band modionm indigeo. Vale. mi doctissime Agi'ippa. cum
lihero (HO et tota [nmilin. Ke\eiendam Dominum Ofliiialeni. Eus-
lorliium Scltiii)Ns/nm*. sabila meis verbis. virnm rêvera lotius Sa-
pent-êti'c de nos relations. Laissez faire ces séducteurs et ces calomniateurs,
puisque vous avez appris de l'.\pôtre, que tous ceux qui renkni vivre selon
Jésus-Christ souffrirout la lursécutinn. Adiini. Venez me voir avant votre dé-
part. » Le P. Dieudonné remercia le philosophe de ses témoignages d'amitié
et lui adressa les paroles suivantes, qui nous paraissent achever d'étihlir la
vraisemblance de notre conjecture :« Mitto ad charitatem tuam opéra Erasmi
et Fcihri Stapulensis, quœ mihi tam charitativè cnmmuulcasti. llos equi-
dcm ductores tocuin inter ca'teros amplecti et soqui proposui : quippc quos
in synccra Sacra Scripturœ ceritate ambulare conspicio.... Tu constans esto
pro ceritate tuendn... ut vcritas iUuccscat. «(Voyez Agrippae 0pp. Pars II,
lib. Il, epp. xx-xxv, p. 710-743.) — Ces passages nous montrent qu'A-
grippa ne négligeait aucune occasion de se renseigner siu- les progrès de
la Héturine. Esprit curieux, caractère sociable, il connnuniquait volontiers
à ses amis les nouvelles et les livres qu'il recevait d'Allemagne. Son rôle de
nouvelliste dut par conséquent toucher de bien près à celui d'initiateur.
Nous en trouvons une autre preuve dans une lettre que lui écrivait, le 9 oc-
tobre (1.522). un habitant de ('hambéry. qui était en relation avec le chance-
lier ducal : « E.rpecl(dinm, ut mitleres incentariuvi codicum quos ex Germania
attuHsti. Rogo ne frustratum me reddas opinione mea : et ni quid Erasmi-
eum aut Lutlieranum liabcs, facias me pro tua urbanitate participem, cum
cautione de ilico tibi restituendo. » (0pp. Pars II, 797.)
* Le docteur tle Sorbouiie, Claude Salin. Voyez les N"' 24 et 29.
♦ Voyez le N" 39, note 3.
1521 0. FT M\Rr.rKr\IT|-. n'vNCOT-I.F.Mr. A BRIÇONNET. 7?)
hitufliœ^yihi?, et decus, omnium virtutiiin eminentia permaximinn.
Amnesii. secundo Oclobris, Anno 1521.
41
Le ministre G.* et marguerite d'angoulême à Briçonnet.
(De Compiègne, avant le 17 novembre 1521 '.)
Inédite, ('opie. Bibl. impériale. Snppl. franr. n" 337, fol. 'lO a.
Sommaire. Marguerite prie Dieu de bénir les saints désirs que forme Briçonnet pour
la famille royale. Elle désire que Michel (d'Arande), qui retourne à Meaux, ne se
lasse pas de lui écrire.
Le .souldaiii département de M" Michel excusera le surplus, le-
quel vous dira quelque propos auquel vous plaira pourveoir.
Vostre Irès-liuuible et très-obéissant serviteur
G. indigne ministre.
Vous advei-tissanl que Madame ^ se porte bien de la médecine
qu'elle pris bier et commance à cheminer. Dieu veuille que ce soit
en sorte que nous avec elle puissions arriver au port que vous desi-
rez! Puisque j'ay un peu de loisir, je vous veulx bien reprier de-
mander au frère, qu'il ne se vueille ennuier de continuer à m'es-
cripre; car vous sçavez que qui plus a de neccessité plus a besoing
d'aide, et puisqu'il plaist au grand Organiste voulloir la foiblesse
des petits tuyaulx estre confortée par la force des grandz...., c'est
bien raison que tous ensemble. F^uy en rendons louenge ; et, plus
humblement que nul aultre, le doibt faire celle que. nonobstant
son rien, par la bonté du tout-hon, associez au Nombre que de-
sire imiter, comme le^ imitateui's,
la foièble M.\RGUERrrE.
' Nous supposons que ce ministre est Gérard Roussel.
■ Un annotateur du seizième siècle a écrit à la marge : <' Ceste lettre et
la subséquante [notre N" 42] doibveut estre mises en ordre avant que mettre
la lettre précédente [celle de Briçonnet] du 17 Novembre 1521, pource que
c'est la response d'icelles. »
* Louise (le Savoie, mère du Roi et de Marguerite.
76 MARGUERITE n'ANGOULÈME A G. BRICONNKT. 1521
42
MARGUERITE d'angoulÊme à Guillaume Briçonnet.
(De Compiègne, avant le 17 novembre 1521.)
Inédite. Copie. Bibl. impériale. Suppl. franr. n" 337, fol. 40 b.
Sommaire. Louise de Savoie et .sa fille voudraient ne plus être privées à l'avenir de la
nourriture spirituelle que Briçonnet leur a distribuée pendant leur séjour à Meaux.
Si maistre Michel ne vous contoit de Ta mandement et presque
giiérison de Madame, je vous en advertirois. Mais je remect le tout
en luy. Entendez qu'elle ne sera contente, si en sa santé ne re-
couvre ce qu'elle a, pour [par] la cause de son mal. perdu '. Car elle
s'attend bien que la viendrez veoir à son retour des champs, où
elle est contraincte d'aller pour changer Tair et se retirer de la
presse, afin de fortifier ses piedz encoires doloreulx. — de quoy [je]
vous prie avec son vouUoir *. car sans double il me semble ijue la
faulte ne seroit iietite de dissimuler ce en quoi/ vous porez plus que
ne penssez servir. Car charité n'est particulière, et nous nous te-
nons, aussy bien en la court que à Meaul.r^. diocèse .«^ainct du
grant Évesque et prebstre éternel duquel estes ministre, non poui-
tout en un lieu distribuer son pain, mais à tous ceulx qui en ont
necccssité. Panjuoy me semble que, en repai.s.>^ant les ouailles pé-
rissantes de vostre part *, ne debvez nier les myettes à celles qui
sur le grand chemin sont au danger des loups; car.loing ou près,
estranges et domestiques sont au grand Pasteur, ipii n"a pas aux
Samaritains non jtliis (pie aux .luifs refuzé sa parolle et miracles.
[ce] qui me faict refjuéiir son serviteur d'eslre évesque de tout le
monde que vous rognf)issez désirer ou roulloir désirer parvenir au
* C'est-à-dire la présence et les exhort;itioiis fréqiieutes de Tévéque de
Meaux. Voyez la note 3.
' Sur sa demande expresse.
^ On peut inférer d'une lettre de Marguerite à Guillaume de Montmo-
icnry, que Louise de Savoie et sa fille habitaient Meaux à l'époque où les
troupes de Charles-Quint durent lever le siège de Mézières, c'est-à-dire eu
octobre 1.021. (Voyez F. Génin, op. cit. 1841, p. 148.)
* Dans votre diocèse.
lï)21 MARGUERITE D ANGOCLEME A BRIÇONNET. //
chemin, qui est Lui/, conduisant tout par Luy et à Luy \ Vous de-
iiiaridant pai'don .>i troj» en dicl l'indisfrèle
Marguerite.
Jhesus Maria.
45
MARGUERITE d'angoulême à Guillaume Briçonnet.
(De Compiègne, avant le 22 novembre 1521.)
Inédite. Copie. Bibl. inipér. Suppl. franc. n° 337, fol. 44 a et 43 a.
Sommaire. Marguerite remercie Briçonnet de ce qu'il lui apprend à trouver cmisolation
et fo7-ce dans la Parole de Dieu. Le roi et la reine-mère sont bien décidés d mettre
un frein à l'hostilité contre la vérité divine.
La forte demuurée foièble et vaincue doibt bien louer Dieu de la
grâce qu'il luy a donnée par vostre lettre, qu'il [qui] me vint hier à
point nécessaire, qui m'a esté sy bonne médecine, que, s'il ne tient
à la débilité et maulvaise complection de mon estomac, qu'elle
[i. elle] me servira de restaurant; car je ne puis ygnorer que la
vie de l'homme n'est pas en pain seul, mais en la parolle procèdente
de la bouche de L'éritè\ Je le dictz comme celle qui, par substrac-
tion -, doibt bien avoir expérimenté la différence de l'absence el
présence. Non que le père bon puisse nier le pain que le maulvais
ne refuze à son enfant '\ mais je croy qu'il Luy plaist que nous
aprenons à mandier, aflin que en la cognoissance de nostre débi-
lité et vray rien, Il soit fort en nous. Or faicle soit doncques sa
saincte volenté!
Mais pensez que qui. par se cuyder fort *. tumlte en foièblesse
sans puissance d'aller quester ny demander, c'est où les aulinosnes
sont bien emploiées. Ceul\ qui congnoissent leur pauvrette deman-
^ St. Jeau, chap. xiv, v. 6. « Je suis le chemin, et la vérité, et la vie;
nul ne vient au Père que par moi. »
' St. Matthieu, chap. iv, v. 4.
* Pour en avoir été privée.
^ Allusion à St. Matthieu, chap. vu, v. 9 et 11.
* Pour se croire fort.
78 MARGUERITF. d'aNGOL'LKMK A a. BRIÇONVET. 15*21
dent iniporlunéinent, mais les pauvres houleux ont giaiil souf-
(reté. si quelcun n'entend la secrète pauvreté iniiorée* [1. ignorée]
du coumiun. Parquoy ne diray pour ma maladie comme celiuy de
rÉvangille " ; car puis que je cognois ne povoir gaigner ma vie,
je n'auray point de honte de la demander. Parquoy à vous, qui
en avez administracion, requiers'Jes miettes de la tahle où tant de
pain se départ: car la crouste n'est pour les dentz des enlîans et
malades, et je ne sçaurois en ijuoy vous récompenser, sinon vous
prier me mander ce que vous voulez que je face pour l'afTère de
Dieu envers Mons\ île Snùirt Mm tin '. Car vous sçavez hien que,
pour vous et pour roatre frève^. fera du tout son rien-aider ". du
tout ce que possible luy sera,
la doublement malade M «noiF.RiTK.
(P. S.) Je ne sçay si je me doibs plus re.sjouir d'e.stre estimée
d'estre du nombre de ceulx à qui je désire lessembler, ou mecon-
tristerde veoir uoz frères ftiillir soithz coulleiir de bien fatre*'*. Mais,
veu que la chose ne touche à moy seulle. mais va contre l'iionneur
de Celiuy qui a soulTert par charité la mort pourchassée par envie
d'ipocrites, souhz nom il'infrnrteiir île la loi/, il me semble que
le plustosl clorre la bouche aux iijnonins est le meilleur, vous as-
seurant que le Hoy et Mnilanif ont bien ileslihér''' île donner à ron-
gnoistre que In vérité de Dieu n'est point hérésie.
* Le manuscrit portait iniicurée. Innorée est de hi main de l'annotateur
déjà cité.
^ Allusion à la parabole de Péconomc infidèle. Luc, chap. xvi, v. :-*..
' Ce personnage nous est inconnu.
" Denit liri^onnet, évéquo de St.-Malo et de Lodève.
^ Son aide, si petite qu'elle soit.
'** C'est peut-être une allusion aux persécutions dirigées contre Le
Fèvre. A l'instigation de Beda, la Sorbonne condamna, le 9 novembre
1521, l'opinion de Le Fèvre sur les trois Maries (,V. le N" 2.^, note 2j, et le
poursuivit devant le Parlement, afin qu'il fut puni comme hérétique. Mais le
roi ayant ouï le rapport de son confesseur, Guillaume Petit, ordonna au
Parlement de ne plus inquiéter Le FèvTe à ce sujet. fV'oyez d'Argentré.
Collectio .Judiciorum de novis erroriinis, t. II, p. vu. — Berthier. Hist. de
l'Église gallicane, t. XVII, p. 400. cité nar M. Graf, p. !)1.) Gaillard loue
la tolérance éclairée de Guillaume Petit, et il assure que plus d'une fois les
orages excités par le fougueux Beda furent calmés d'un mot par cet homme
prudent. ^Up. cit. 111, 035.)
1521 GÉRARD ROUSSEL?! A MARGl'KRITE d'aNGOULÊME. 79
44
Le ministre (;[érard roussel ?] ' à Marguerite d'An-
goulème.
(De Meaux), 22 novembre 1521.
Iiiédile. Bibl. iinpér. Copie. Suppl. franc, n" 337, fol. 41 a — 43 b.
Sommaire. La maladie corporelle, en accélérant la mort, rapproche le chrétien de la
vie de Christ. Mais l'état d'une âme qui se sent privée de la présence du Seigneur
est la plus douloureuse des maladies. U faut cependant la prendre en patience et
continuer à servir Dieu. Après avoir joui des tendres consolations de Jésus, sachons
nous soumettre aux épreuves qu'il nous envoie.— Les hypocrites docteurs ont grand
besoin d'être éclairés de la lumière de Dieu.
Puisque toute la vie du Glirestien doibt tendre à mort, et plus
en approche plus est Ghristiforme, [je] ne puis avoir pitié pai'ce
qu'elle est au chemin de la doublement malade. Plus croistera la
maladie, plustost [la malade] ambrassera par mort le chief. auquel
elle désire estre marguerite.... La mort des justes est précieuse de-
vant Dieu, parce que de jour en jour s'acroissenl en mort, se faisans
hostie et oblation vive; et celle des pécheurs, très-mauvaise, les-
quelz, en vivant, aussy meurent. Et. par ce, le progrez de chacune
vie n'est que mort, moult touteffois ditîérente tant durant le ma-
riage du corps et de l'àme que après la dissolucion. Et, pour ce,
Madame, que Dieu vous a donné lumière, ne passeray oullre.
• La signature, semblable à celle d'un billet précédent (N"41), et cer-
taines particularités de cette lettre nous font douter qu'elle soit de Guil-
laume Briçonnet. Il nous semble qu'elle pourrait être attribuée avec plus de
raison à Gérard Boussel, qui se ti'ouvait alors parmi les savants réfugiés à
Meaux. Gérard Roussel (en latin Ru fus), né vers 1480 à Yaquene, près
d'Amiens, étudia sous Le Fèvre dont il devint Fami intime. Dès Tannée
1502 il publia avec lui des éditions d'ouvrages de mathématiques, de philo-
sophie et de théologie mystique. Reçu docteur en théologie, il professa au
collège du cardinal le Moine, et fut nommé à la cure de Busancy, au dio-
cèse de Reims. Briçonnet l'appela à Meaux en 1521 (V . le X" 38, note 10)
et lui donna la cure de St-Saintin. Nous le retrouverons plus tard aumùnier
de Marguerite. (Voyez Toussaints Du Plessis, op. cit. I, 327, et C. Schmidt.
Vie de Gérard Roussel. Strasbourg, 1845, iu-8.)
80 rOÉUAUr) ROUSSEL?] A MAIU-.LKRITE d'aNGOULÊMK. 15-21
Mais il y a une aultre sorte de maladie dont touchez en passant
et sommairement en voz lettres, qui est moult grande et importa-
ble à délicate nature de telle que tousjours a esté Marguerite; et
toutelïois la porte sans porter, et plus la porte et plus croist sa
gesne et son mal sans alégemenl, quant elle cuide estre destituée
par substraction de la présence du doulx Jésus, son vray espoux.
Geste maladie est moult dilTérente de la première, en laquelle
plus on l'est, le vouloir croist de plus l'estre. Mais la seconde est
tourment non pareil et indicible. Hélas! Madame, je supplie le dé-
bonnaire Jésus de grâce qu'il lui plaise se déporter vous repaistre
de telz metz, et sy tant vous veull visiter, iju'il le face court. Je
n'entreray en ce propos pour mon ygnorance, car aveugle ne
juge des coulleurs, et viande incognue ne provocque l'appétit et
n'est désirée. Tant y a, Madame, que povez l'appeler Textrémité
de toutes maladies approchant des portes de désespoir, sy le bon
Seigneur que Ton cuide substraict n'estoit près (combien que caclié
sans donner ne gecter ses benellcques rayons consolalifz) pour
supporter le pacient, combien (lu'il ne le cuide pas. Pauvreté
est forte alarme à celuy qui tousjours a esté riciie. De ceste ma-
ladie a esté extrêmement touché le prophète l'oyal. comme assez
le déclaire en mille passaiges : « Usque quô, Domine, recessisti
longe, etc. Usque quô. Domine, oblivisceris me in linem, etc. Us-
que quô. Domine, oblivisceris inopiui et tiibulationis nostrai, etc. ►
Et nostre Seigneur i)arlant en comi)assion pour ses membres :
« Anima uiea lurbata est valde. sed tu. Domine, usque quô? » Et
incontinent s'ensuict : ■■ Gonvertere, Domine, et eripe aiiimain
meaiii. >■ H y a en hebrieu : •■ lierertere. Domine. Seigneur, re-
tournez cl délivrez mon àme. Saulvez-la par vostre miséri-
corde *. •
Le temps est trop bï-ief. Madaïue. pour entrer en ceste gi'ande
merde Iribulation. G'est la touche et le feu (|ui osjirouvepar lieb-
vre continue: à laijuelle mortiflicacion nous Iciidons. et n'est
nostre servir et a>iuer Dieu \olunt;iire et pour nustre plaisir et
consolation, mais pour aconq)lii' son vouUoir. Luy obeyr et com-
plaire. Ge n'est au vallet de sei'vir à son plaisii-. mais à celluy dt-
son maistre. Les premiers Iraictz du doulx Jésus sont plaisirs déli-
catz et tendres, jjlains de laid, lhai-mes et consolations indicibles.
Les verges viennent après, et, ce (iiii tout surmonte, Il se cache à
' Vulgate : Ps. X, v. 1. Ps. xii, v. 1. Ps. vi, v. 4 i-t .0.
1521 [GÉRARD ROUSSEL"?] A MARGUERITE d'aNGOUI.ÊME. 8i
la fin et soubstraict la médecine à l'âme qu'il a entièrement na-
vrée, et [elle] ne peult que de Luy avoir guérison.
Ayant receu à disner les secondes lettres de la mmilvaùe Chres-
tienne, et, combien que désirant luy satisfaire, n'aiant touteffois
pour le présent opportunité, [elle] se contentera, s'il luy plaist, du
mauvais payeur et prandera ce qu'elle en peult avoir, attendant
[1. considérant] sa plus grande pauvrette. ToutelTois il n'entendz
point comme la doublement malade puisse estre mauloaise Chres-
lienne, ou elle n'est sy malade qu'elle dict, car double maladie
aproche fort des portes de mort chrestienne désirée. En Crist li-
.sons assez de maladies, pauvretez, humiliations et telles marchan-
dises dont [II] a esté chargé, que mainent à la vraye mort. Mais je
ne cognois point (iu'Il ayt eu manteau de malice, dol, ne maiil-
vaisetié. Paniuoy qui se dit Ciirestienne doit abhominer non seul-
lement l'elïect, mais le nom, qu'il faut laisser aux doubles et ypo-
crites, et supplier nostre Seigneur, comme très-prudemment es-
cripvez, luire en leurs ténèbres et cécités^. J'en cognois de leur secte *
qu'il Luy a pieu visiter de sorte qu'ilz Luy ont rendu grâces, en ma
présence, de ce qu'il leur avoit osté les escailles qu'ilz avaient sur
leurs yeulx.
(P. S.) Madame, j'ay depuis receu quelque article que vous en-
voyé cy-enclos. Je ne sçavois rien du propos et n'eusse pensé que
le personnaige ^ eust tiré sy avant comme il vous a pieu m^escripre.
Ce sera ouvraige de Dieu illuminer telles ténèbres, ce que Luy sup-
plye par sa saincte grâce faire.
Madame,je me recommande à voz bonnes prières très-humble-
ment et supplie nostre Seigneur vous donner sa grâce, paix et
amour t De vostre maison, ^ le 22 de Novembre 1521.
Vostre très-humble et très-obéissant serviteur
G. inutile et indigne ministre.
' Voyez la lettre précédente, note 10.
* Allusion aux docteurs de Sorbonne.
^ Veut-il parler de Beda?
•* Cesmots sont une simple formule de politesse fréquemment usitée à cette
époque.
82 H.-C. AGRIPPA A t'N MOINE. 1521
45
HENRI-CORNELIUS AGRIPPA à un moine d'Annecy.
De Genève, 25 novembre 1521.
Agrippai 0pp. Pars II, lib. ni, ep* ^l^ p. 787.
Sommaire. Je vous dirai bientôt de bouche ce que je pense [des écrits de Luther].
Gopiosam ad te scribere Epistolain gestit animus, Pater devotis-
sime, idemque mihi el amicissime et obsenaiidissime, ni niibi et
ocium deesset, et prcesentiuni latoris, qui mihi uxorius arimculus '
est, celer et festinus aihnodum ab iiinc discessus, prohiberet. Quod
autem prioribus diebus ad te non scripserim. quodque literis tuis *
non responderini, non me nunc purgabo sed coram agam eam
causam, qui propediem le visere decrevi : et, spero, me absolves.
Vale felicissimè. Ex urbe Gebennaruin. ipso die Catharinai. Anno
15^1.
46
HENRI-CORNELIUS AGRIPPA ù un Dioine dAmiecy '.
(De Genève), 1521.
Agrippai 0pp. Pars II, lib. m. ep» 12'. p. 788.
Sommaire. J'ai fait des démarches auprès de l'Ofùcial, pour que l'objet de votre
requête vous soit accorde. Quant au scrupule qui vous trouble, je vous en délivre-
rais peut-être, si je pouvais vous parler de bouche. Vous n'ignorez pas que le Chré-
tien est le plus libre des hommes et en même temps le serviteur le plus empres.so
pour son prochain.
Cui meas ad te literas commiseram, révérende Pater, amice ob-
servandissime, alio itinere ad nos reversus est. Nunc verô pra3sen-
» C'était peut-être l'oucle inalernol de la seconde femme d' Agrippa, Jane-
Louise Tyssié, de Geuèvc.
* Voyez le N" 40.
' Il est probable que ce moine est le même que l'auteur de la lettre
reproduite sous le N" 4o.
1521 MARGUERITE I)'aN(;01JI.ÊMK A GUILLAUME BRIÇONNET. 83
tem nuncium nactus sum ex improviso, et admodum festinum ut
quas ad te copiosissimas literas scribere gestiat animus, exequi non
valeam. Sed, ut litcris tuis paucissimis verbis respondeam , scito
me Officialem nostrum tibimihiqueamicum jam sa3piusculè conve-
nisse, quô tuo honestissimo desiderio * valeamus satisfacere. Ve-
rùm res hœc non parum habet diflicultatis, et impensœ plurimum.
Sperat tainen in brevi liabiturum determinatara veritatem : qua in-
tellecta, tibi niox significabo. De Tfieologica illoruni senîentia, quam
remémoras ^. ego optimè sentio. De scrupulo autera per te moto *,
quique non modicum alTerre videatur anxietatis, ego non dubito,
quin te facile instruerem, quid et quomodo ille solvendus sil, si
modo liceret tecum coràm coUoqui, vel saltem longioribus literis
libéré scribere. Arbitror te scire, hominem Christianum omnium
esse liberrimum. et pariter servum omnium offlciosissimum : quod
ad bunc scriipulum satis est. Gajterùm, de liis quod superest non
capit prtesens Epistola. Vale felicissimè, Anno 1521.
47
MARGUERITE d'angoulême à Guillaume Briçonnet.
(De Compiègne, en décembre 1521.)
Copie. Bibliothèque Impériale. Suppl. français n" 337, fol. 46 a '.
Sommaire. Marguerite rend grâces à Dieu pour l'édification qu'elle retire des lettres
de Briçonnet. Succès de la prédication de Michel {d'Arande) à la cour. Le roi et la
reine-mère désirent de bon cœur la réjormation de l'Église.
Le seul Feu bon et neccessaire, qui tout brusle jusques à la con-
summation des plus petites racines, vous vueille par importable
amour et ravissement de vous-mesmes unir à Luy (qu'estes en luy),
ensorte que soiez par luy récompensé au grand double de tant de
biens qu'il luy plaist par vous me distribuer, dont à jamais loué
soit ! Car II peult ce que je ne sçay et ne puis, et me doint sa grâce
entendre et sentir sa paroUe escripte en vostre lettre : laquelle,
combien qu'elle soit telle que j'en ay assez pour toute ma vie tenir
*— ' — * Agrippa répond à une lettre qui n'a pas été conservée.
' Un fragment de cette lettre a été publié par M. Génin. Nouvelles let-
tres de la reine de Navarre. Paris, 1842, p. 274.
^ G. BRIÇONNET A MARGUERITE D^\^■GOULÊME. 1521
mon esperit à l'escolle, loutelTois cognoissant la fontaine n'estre
tarie dont elle procède, plus famelicque que jamais, [je] désire
vous prier, comme à ministre du grant Moïse, me continuer le dé-
partement de telle eaue et sy doulce manne, dont le profit ne res-
tiendray comme gourmande, que n'en donne la part aux esprits
que en cette compaignie verray enclins à le désirer. Et pour en
solliciter, vous renvoyé maistre Michel, lequel, je vous asseure, n'a
perdu, pour le lieu, temps, car l'esprit de nostre Seigneur par sa
bouche aura frappé des âmes qui seront enclines à recepvoir son
esprit, comme il vous dira, et plusieurs aultres choses dont luy ay
prié, congnoissant que ne metterez en double sa parole. Vous
' priant que, entre tous vos piteux [l. pieux] désirs de la reformncion
de l'Eglise, oit plus que jamais le Roi) et Madame sont alfectionnés.
et le salut de toutes pauvres âmes, ayez en mémoire celle d'une
imparfaite, mal ronde, mais toute contrefaite parle [l. perle] *. affin
que, selon que luy désirerez, puisse trouver rondeur qui la con-
vertisse en piramide, pour enfin eslre tirée d'icelluy lequel je sup-
plie selon son bon plaisir, le saichanl ou ygnorant, ne me laisser
en mes ténèbres. Et vous prie le supplier qu'il luy plaise ayder
ses créatures. Ne me laissez aux alTaires que je vois venir, sans me
mander chose qui fortiflie l'esperit. car [ilus que jamais en a be-
soing vostre pauvre fille
Marguerite.
48
GUILLAUME BRIÇONNET à Marguerite d'Angouiême '.
De Meaux, 22 décembre 1521.
Copie. Bibl. hnpériale. Snppl. français, n" 337. fol. 98 a— 99 a.
(fragment)
SoMM/UBE. E.Thortation d la ddélité et ;i la vigilance. Un dessein pieux du roi. L'exemple
de la famille royale sera contagieux pour le reste du royaume et rallumera le zèle
éteint du clergé
C'est à vous. Madame, à (|ui je parle. Le vray feu qui s'est logé
• L'évoque, faisant allusion ;ui nom de Mai'guerite, lui avait écrit uue
longue lettre siu: les perles rondes et piramidalles.
• Cette lettre n'a pas moins de 102 pages petit in-folio. Comme elle est
1521 r.. BRICONNET A MAROrERITK D^ANfiOULÊME. 85
long temps en vostre cœur, en celuy du Roy et de Madame, par
grâces si très-grandes et abondantes que je n'en congnois point
de plus grandes, je ne say si ce feu a point esté couvert et assoupy.
je ne dis pas estainct, car Dieu ne vous a par sa bonté encore aban-
donnés. Mais conférez chacun en vostre cœur (aultre que vous
n'en peult estre juge ne le savoir) si vous l'avez laissé ardre selon
les grâces données. J'ai paour [1. peur] que les ayez procrastinées
et différées.
Je loue nostre Seigneur qu'il a inspiré au Roy vouloir d'exécuter
quelque chose que fay entendu *. En ce faisant se monstrera vray
lieutenant-général du grand Feu qui luy a données les grâces insi-
gnes et grandes pour les faire ardre en son administracion et
royaume ', dont Rois ne sont que visroys et lieutenants-généraulx
remplie du mysticisme le plus quintessencié et parfois le plus inintelligible,
nous n'en reproduisons que ce qui a trait au sujet de notre ouvrage.
* Pierre Lermite, secrétaire de Briçonnet, rapporte que la traduction
française des Évangiles et des Épîtres de St. Paul fut imprimée par l'ordre
du roi. (Bretonneau, op. cit. p. IGS.") — « Qui est celluy qui n'estimera
chose deue et convenante à salut, d'avoir ce Nouveau Testament en langue
vulgaire?... Telle est l'intention du débonnaire roy tant de cueur que de nom
très-chrestien ... que la parole de Dieu soit ptiremeni p>rescMe par tout son
royauhne, à la gloire du père de miséricorde et de Jésuchrist son filz. »
Ces paroles de Le Fèvre, qu'on lit en tête de la 2'"* partie du N. T. français,
permettent de croire que Briçonnet fait allusion à la publication d'une ver-
sion française de l'Écriture sainte.
' Le fragment suivant d'une lettre de Marguerite à Briçonnet (1522) peut
donner une idée des dispositions religieuses qui animaient à cette époque
le roi François I et sa mère : « Le désir d'apprendre me faict demander, et
le plaisir d'estre reprise et endoctrinée par la grâce que Dieu vous donne
me oste la crainte de faillir. Que dira doncques l'ame absorbée et perdue
en ceste incongneue vérité, puisque la chair avec tous ses empeschemens a
tel sentement, que la parole ne lui faict que tort à le déclarer? Je ne doubte
que n'en ayez l'expérience, laquelle je supplie Celluy qui le peult, vous
continuer et augmenter, et Luy par vous à ceulx que congnoistrez, mère et
enfans. Lesquels, me voiant lire vostre lettre, en vouleurent avoir la lecture,
que, je vous asseure, a esté sy bon esperon, que, nonobstant que à moi
adressissiez l'admonition de ne perdre le bien que Dieu par leur bouche me
donnait, sy leur a[-t-]il touché si fort, que, recongnoissant la vérité reluire en
leur nichilité [1. néant], ont eu les larmes aux yeulx, et, louant le stillcn'on
n'a mis [1. n'en ont mis] les sens en oubly. Aidez, s'il vous plaist, par priè-
res, que ceste grâce en nous ne soit parmy nous stérille, et soufflez souvent
ce divin feu, pour nous enflammer, et attizés le bois encoires vert, à force
d'occasions. > (Bibl. Impériale, manuscrit cité, fol. 241 a — 242 a.)
86 (i. BHIÇONNKT A MARGLERITi: d'aNGOULÊME. 1521
du Roy des Rois. Je désire de tout mon cœur que soyez tous vrays
salamandres de Dieu, et que l'efTet soit selon la devise *, et les œu-
vres très-clirestiennes, selon le mot : « à qui plus est donné, plus
est demandé. »
Madame, vous cognoissez ma servitude, qui n'est mercenaire,
et ne me sçaurois garder de aymer ce que Dieu m'a ordonné aymer
en vous. Je luy supplie très-humblement, qu'il luy jilaise par sa
bonté allumer tel feu es cœurs du Roi/, de Madame et de vous, que [je]
vous puisse veoir par son amour importable et ravissante tellement
féruz et navrez que de vous trois puisse yssir [1. sortir], par exem-
plarité de vie, feu bruslant et allumant le surplus du royaulme et
spécialement l'estat par la froideur duquel tous les aultres sont gel-
iez. Il n'est riens diflicile au tout-puissant feu. le(|uel en et par ses
ministres peut faire rompre et brusler les roches adamantines.
Madame, le créateur du monde, qui, pour icelluy régénérer, est
voulu naistre du ventre virginal, vous doint sa grâce, paix et
amour! A Meaulx, le Sa""" Décembre 1521.
Jhesus Maria.
* LVmhlèmc adopté par François I portait iine salamandre au milieu des
flammes, avec cette li'gende : * Nutrisco et cxtinyuo > , et selon d'autres :
« Non exlinguor, nuirior. »
CORRESPONDANCE
DES
RÉFORMATEURS
SECONDE PÉRIODE
Depuis la publication du conimenlaire de Le Fèvre d'Elaples sur les
lY Évangiles jusqu'à celle de rinstilulion Chrétienne de Calvin.
1522 — 1536
49
LE FÈVRE d'étaples aux Lecteurs Chrétiens.
De Meaux, 1522 (avant le 20 avril).
Commenlarii Initiatorii in quatuor Evangelia. (Meldis, 1522.)
Très-grand in-8".
(PRÉFACK TRADUITE DU LATIN.)
Sommaire. Le vrai chrétien est celui qui aime d'un amour parfaitement pur Jésus-
Christ et sa Parole, parole de paix, de liberté, de joie, de salut et de vie. Le devoir
de chaque pontife, de chaque souverain, de chaque fidèle, est de ne s'inquiéter nulle-
ment de ce qui est en dehors de l'Évangile, et de relever le vrai culte de Dieu par-
tout où il a été détniit. Demandons le modèle de notre foi à l'Église primitive,
et puisse Celui qui est béni au-dessus de tontes choses nous accorder un évite en
esprit et en vérité.'
Préface de Jacques Le Fèvre d'Étaple-s aux Lecteurs chrétiens
sur l'ouvrage qui va suivre.
0 vous que Dieu a vraiment aimés, et (|ui m'êtes particulière-
ment chers en Christ, sachez que ceux-là seulement sont des Chré-
tiens, qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ et sa parole avec une
parfaite pureté. Leur nom est saint et vénérable, et, comme Ignace
le dit aux Magnésiens, quiconque se nomme d'un autre nom n'ajt-
partient pas à Dieu.
Or la parole de Christ est la parole de Dieu, TÉvangile dt; la
paix, de la liberté, de la Joie, l'Évangile du salut, de la rédemption,
et de la vie : l'Évangile de la paix, après une guerre continue, —
de la liberté, après la plus dure servitude. — de la joie, après une
constante tristesse, — du salut, après une perdition entièie. — de
90 LE FÈVRE D^ÉTAPLES AUX LECTEURS CHRÉTIENS. 1 322
la rédemption, après la plus funeste captivité,— de la vie entin, au
sortir d'une mort éternelle. Si cette parole s'appelle TÉvangile, la
bonne nouvelle, c'est que, pour nous, c'est Tannonce de tous ces
biens, et des biens infinis qui nous sont réservés dans les cieux.
Comment seraient-ils chrétiens, ceux qui n'aiment pas avec une
parfaite pureté Christ et la Parole ? Leur part est la part toute
contraire. Je voudrais que nul ne se trouvât dans leur nombre, et
([ue tous fussent des premiers. Souhait légitime, puisque Dieu
veut que tous les hommes soient sauvés, parviennent à la connais-
sance de la vérité, et arrivent ainsi à l'amour de la lumière évan-
gélique.
Parmi ceux qui éprouvent cet amour, les pontifes doivent tenir
la première et la plus haute place, et, plus qu'aucun autre, celui
qui. parmi eux, est appelé dans l'accomplissement visible des fonc-
tions sacrées, le premier, le plus grand, le Souverain Pontife. Nul
en effet ne peut réclamer un semltlahle titre, qu'en vertu de cet
immortel, incorruptible et spirituel amour pour Christ et l'Évan-
gile. Viennent ensuite les rois, les princes, tous les seigneurs, et
les peuples de toute race : eux aussi ne doivent penser, s'attacher,
aspirer à rien autant qu'à Christ et à la parole vivifiante de Dieu,
son saint Évangile ! Leur unique étude, leur unique consolation,
leur unique désir doit être de connaître l'Évangile, de le suivre,
d'en favoriser en tout lieu l'avancement. Que tous tiennent ferme
ce qu'ont tenu nos ancêtres, et l'église primitive rougie du sang
des mdrtgrs : c'est que ne rien savoir en dehors de l" Evangile, c'est
savoir tout. L'étude de l'Évangile est le seul moyen par lequel
peuvent être rendues heureuses la Hongrie. l'Italie. l'-Mlemagne.
la France, l'Espagne. l'Angleterre. l'Europe. l'Asie et l'Afrique.
Et certes, chaque pontife doit ressemi)ler à cet ange que Jean,
dans l'Aporalyp.se.voit voler par lemilieu du ciel, portant l'Évangile
éternel au-dessus de toute nation, de tout peuple, de toute langue,
et répétant à voix forte : • Craignez le Seigneur, et donnez-lui
gloire. • Puisque c'est à un ange (juMl doit ressembler, le pontife
n'annoncera que ce que Dieu commande; puisque c'est un ange
qui vole, il dirigera toujours l'elTort de son esprit vers les choses
d'en-iiaut : puisque c'est un ange qui tient l'Évangile éternel, le
pontife ne prendra nul souci de ce qui est en dehors des limites de
l'Évangile; et comme celui-ci est éternel, que peut-il promettre
d'autre que l'immortahté ? Enfin, puisque l'ange .s'adresse à toute
nation, à toute langue et à tout peuple, en criant-à voix haute, lepon-
1522 LK FE\RE d'kTAI'LKS AL'X I.KCTKURS CHRÉTIENS. 91
tife ne doit jamais cesser de proclamer et d'établir le vrai culte de
Dieu. Car c'est vers un seul Être, (jue Tange dirige nos pensées.
« Craignez, dit-il. le Seigneur, et donnez-lui gloire ; » puis il ajoute :
• Adorez Celui qui a fait le ciel et la terre, et la mer et les. sources
des eaux. « 11 exclut donc toute pluralité, qui ne s'unit ni ne se
confond avec cette seule unité, la plus simple et la plus réelle. A
l'Être Lni(|ue, en etïet, appartient la puissance : et toute pluralité
est impuissante, si elle ne tient sa puissance de l'Être essentielle-
ment Un. Il ne faut donc point élever la pluralité au rang de l'u-
nité, l'impuissance au rang de la puissance, le néant au rang de
Pétre, le fini au rang de l'infini. Le seul culte pur est celui de l'Être
unique ; le culte rendu aux autres ne saurait être pur. C'est ce
culte pur. comme je l'ai déjà dit, que dépeignait l'ange de la sainte
Apocalypse, lorsqu'il criait à voix haute : « Craignez le Seigneur,
et rendez-lui hommage. » La crainte désigne ici un sublime respect,
et riiommage. cette pure et fidèle adoration qui est incommunica-
blement due, si je puis m'exprimer ainsi, au seul Dieu, Père, Fils
et Saint-Esprit. Ainsi donc, tous les efforts, la vigueur, l'énergie de
tous les pontifes, de tous les rois, de tous les potentats doivent tendre
à maintenir ce culte partout oii il subsiste, et à le relever partout
oii il a croulé ', car c'est en lui seul que nom est laissée l'espérance
d'arriver à la vie éternelle.
A l'œuvre donc, pontifes, rois, cœurs généreux! Où que vous
soyez, réveillez-vous à la lumière de l'Évangile, à la vraie lumière
de Dieu ; reprenez le souffle de la vie ; retranchez tout ce qui entrave,
tout ce qui otïusque ce culte pur. Soyez attentifs, non à ce que la chair
peut faire ou dire, mais à ce que Dieu dit et commande. Rappelez-
vous soigneusement cette sentence de Paul : « Ne louchez point, ne
goûtez point, ne palpez point : ce sont là tout autant de prescrip-
tions qui ne servent qu'à corrompre, quand on les pratique selon
les commandements et les enseignements des hommes . bien qu'el-
les possèdent, il est vrai, une apparence de sagesse, par des.dehors
de dévotion et d'humilité. » (Col. n.) La parole de Dieu suffit .'CeWe
seule parole est suffisante pour faire trouver la vie qui ne connaît
pas de terme. C'est l'unique règle qui enseigne la vie éternelle. Tout
ce qui ne réfléchit pas l'éclat de la Parole, non-seulement n'est pas né-
' Voyez le N" 1, note 2, citation finale. Ce sentiment de la décadence du
culte spirituel est déjà exprimé dans les lettres de Clichtow et de Capiton.
Voyez le N" 5.
92 LV. FKVRK I)"kT\»'LKS AUX LKCTKL'RS CHRÉTIF.NS. 1522
cessaire, mais est absolument suiierflu\ en sorte que, si Ton veut pra-
tiquer flans sa pureté le culte conformée la piété et conserver Tin-
té^rité de la foi, il ne faut rien mettre de semblable au rang de
rÉvangile, comme on ne place point la créature au rang de Dieu.
Mais, dira (juelju'un : «Il faut que je comprenne l'Évan-
gile, pour croire à l'Évangile, et m'appliquer au vrai culte de
Dieu. 0 A cela je réponds : Christ, le chef et le dispensateur de
la vie éternelle, ne propose point son Évangile pour qu'on le com-
prenne, mais pour qu'on le croie. L'Évangile, en effet, contient
tant de choses qui dépassent, je ne dis pas la portée de notre in-
telligence, mais celle de toute intelligence créée qui n'est pas unie
par essence à la Divinité ! « Croyez à l'Évangile. • dit le Seigneur
(Marc. 1, 15). Mais, auparavant, il a commandé de rentrer en soi-
même, lorsqu'il a dit : « Repentez -vous. » Et c'est là un comman-
dement bien naturel, puisque tous ont des sentiments charnels avant
d'avoir ceux, que donne l'Esprit, et saisissent les choses qui vien-
nent des hommes avec plus d'empressement que les choses de
Dieu. Ce qui n'est peut-être pas sans raison, puisipie les premières
sont proportionnées aux hommes, et que les autres les surpassent.
C'est pourquoi, afin de pouvoir croire à l'Évangile, il faut que
nous soyons désabusés des pensées d'origine hiiniaine : il faut que
nous ayons renoncé à la chair et à tout ce qui vient des homme.*;.
Que ce qui est divin remporte donc la victoire: que ce qui est de
l'homme et ne tire pas de l'Évangile son éclat, soit supprimé, sous
(juelque apparence de piété et de .*;agesse qu'il puisse d'ailleurs se
présenter: car il s'agit ici de la parole de Dieu, de la foi. de la pu-
reté (lu cnlt»\ Ici. ce (/uf suure. c'est In vérité seule. InqueUe est In
parole de Dieu. Tout rc iptt n'est fias elle, ne peut (/ne nous perdre.
L'unilé liissemble. I:i iihiralilé disperse.
El plùl à Dieu que l'on demandât le modèle de la foi à cett»»
église primiliM'. qui ollVil à Christ lanl de uiarlyrs. qui ne connut
«l'autre régie que IKNanaile. d'autre but (|iu' Christ, el (jui ne ren-
dit son culte qu'à un Dwu unique en trois perscmnes! Si nous ré-
glions notre vie sui ( .-i »"\t'in|ile.. l'élernol Évangile de Christ lleu-
rirail iiiaiulrnanl. (« ne il (lorissail alors. Les fidèles dépendaieni
en tout de Christ : nous dépendrions aussi nou.s-mémes enlière-
mt'iit lie lui. Sni- lui se concentraient toute leur foi. loule leur con-
* Voyez ci-dessous l'I^lpitro i-xhortatoire de Le FèvreduSjiiin 1523, hui-
tième alinéa. < Sachons que les hommes et leurs doctrines ne sont riens, etc.»
1522 LF. FKVRK d'ÉTAPLES AUX LKCTKL'RS r.llRKriENS. [)'.i
liance. tout leur amour ; c'est à lui que nous adresserions aussi
les mêmes sentiments. Nul ne vivait par son propre esprit, mais
par l'esprit de Christ; nous vivrions aussi de même: nous (juilte-
lions enlin cette vie. pour aller à lui. comme ["ont (piillée avant
nous ceux pour lesquels Christ était toutes choses, et que nous ai-
mons, cpie nous louons à cause de Christ . en oITrant avec eux à
Dieu seul tout culte et toute gloire '.
Et comment ne souhaiterions-nous pas voir notre siècle ramené à l'i-
mage de cette é(/liseprimitire,T^u\squ''A\orsC\ms\ recevait un plus pur
hommage, et que Téclat de son nom était plus au loin répandu ? Bien
des auteurs nous l'attestent et surtout un écrivain de l'époipie.
Terlullien. dans son li\re contre les Juifs. Les Perses, les Mèdes.
les Élamites. les habitants de la Mésopotamie, de l'Arménie, de la
Phrygie, de la Cappadoce, du Pont, de la province d'Asie, de la
Pamphylie, de l'Egypte, de l'Afrique, de Cyréne. de Rome, de Jé-
rusalem, les Gétules, les Indiens, les Éthiopiens, les Maures, les
Espagnols, les Gaulois, les Bretons, les Sarmates, les Daces, les
Germains, les Scythes, les peuples d'îles encore mal connues,
croyaient en Christ, servaient Christ, adoraient Christ. « Partout,
dit Tertullien, est parvenu le nom et le royaume de Christ; par-
tout l'on croit en lui ; toutes les nations plus haut dénombrées
veulent le servir; partout il règne, partout il est adoré; partout il
se donne également à tous. Auprès de lui le roi ne trouve pas une
faveur plus grande; le chef barbare ne goûte pas moms de joie;
les dignités ou la naissance ne constituent pas des mérites particu-
liers. Christ est le même pour tous ; pour tous, roi : pour tous.juge :
pour tous, Dieu et Seigneur.» Voilà ce que dit Tertullien des pro-
grès qu'à son époque la foi en Christ avait faits en tout lieu. Puisse
cette extension de la foi, puisse cette pureté du culte, aujourdliui
que reparait la lumière de l'Erangile, nous être aussi accordées par
Celui qui est béni au-dessus de toutes choses! Aujourd'hui, je le
répète, que reparait la lumière de l'Évangile, qui se répand enlin
de nouveau dans le monde, et y éclaire de ses divins rayons un grand
nombre d'esprits ; de telle sorte que, sans parler de bien d'autres '
avantages, depuis le temps de Constantin, où V Eglise primitive peu à peu
dégénérée perdit tout à fait son caractère *. il n'y a eu dans aucune '
"' Voyez dans le N° 27, note 8, quelques paroles de Le Fèvre relatives
au culte des Saints.
* Cette proposition est l'une de celles qui furent condamnées comme
hérétiques par la Sorbonne en 1523. (Voyez Du Plessis d'Argentré. Col-
94 LK FKVRK l)'ÉT.VI'l>:S AUX LKCTEL'RS CHRÉTIENS. 1522
autre éjioqiie plus de connaissance des langues, plus de terres décou-
vertes, plus de dilVusion du noui de Clirist en de lointaines contrées.
La connaissance des langues, du grec et du latin surtout, (car
l'élude de l'Iiéhreu ne fut ranimée que plus tai'd par Jean Hciirli-
lin'^} renaquit, au moment où Comtnntinoiile M prise par les en-
nemis de Christ, et où un petit nombre de Grecs, Bcamrion, Théo-
dore Gaza, Ëiiimanuel Clirysoloras. George de Trébizoude. trouvè-
rent un asile en Italie.
Uientôl après des contrées nouvelles furent découvertes, et li^
nom de Clirist fut répandu à Toiient par les Portiir/nis. au sud-
ouest par les Espagnols, sous la conduite d'un Génois, au nord-
ouest par des Français. Puisse dans toutes ces contrées, le nom de
Christ avoir été et être désormais pureiuent et lidélement annoncé,
atin que bientôt soit accomplie cette parole : « U Dieu, que la terre
entière t'adore! " (Ps. 60.) Oui. qu'elle te rende un culte érangéli-
que et pur, un (mite en esprit et en vérité! C'est là ce qu'il faut avant
tout désirer.
Mais voyons : Puisque Dieu, comme nous Tavons dit, conuuande.
non de comprendre, mais de croire TÉvangile. laudra-t-il aspirer
à le comprendre? Pounpioi non? La foi néanmoins doit avoir la
première place, Tintelligence. la seconde, car celui ([ui ne croit
que ce qu"il comprend, ne croit pas encore d'une croyance bonne
et suflisante. Nous Pavons déjà dit : il y a dans TÉvangile bien des
points qui doivent être crus par les hommes, mais (jui ne peuvent
être compris. Pour ceux-là. nul ne doit aspirer à les comprendre :
il suflil ([u'ils soient conqiris de Christ et de Tesprit de Christ (}ui
est dans le croyant. L'imuiensité et la majesté de ce qu'il faut
croire, accable l'inlelligenco lnimain»\ comme le foyer de la lu-
mière du soleil arrête l'actiNilé de notre œil. de telle sorte que
rinlelligt'iice ce.s.se de comprendre, comme l'œil ces.<e de jtouvoir
distinguer. L'œil cependant aihuel sans hésiter l'existence de la
lumière dans un foyer, (luoiijiril ne pui.ssePy voir: Tinlelligence
aussi doit croire, (|uoi(|u*('lle n"ail pu se rendre compte. La con-
fiance dont IVeil est connue animé esl plus impoilante (|ue la vi-
sion même, puisipie Tune a un champ iiumense, et Taulre, un
champ liuiilé. PareillenuMil. dans Ti'sprit la foi esl plus relevée que
Tinlelligence, puis(pie Tune saisit linlini, et Taulre. le lini.
lectio Judicioruin de novis erroril)iis. Lutetia; Parisioruni, 1724, t. II, p. x,
cité par M. Graf, p. 105 de son Essai.)
* Voyez le N" 2.
1524 LK FEVRE d'kTAPLKS AUX LECTEURS CliRÉTFENS. 95
Néanmoins, pour nous aciieminer à comprendre les Évangiles,
beaucoup de nos prédécesseurs, et parmi eux des liommes distin-
gués, ont, les uns par des homélies, les autres par des commentai-
res, instruit leurs contemporains et eu recours à diverses formes
pour rédiger leurs éclaircissements. Je prise fort de tels travaux,
et surtout ceux qu'ont accomplis des hommes (}ue l'Esprit diri-
geait; mais, comme, pendant la nuit, la lumière du soleil ne peut
être reproduite par les innombrables lueurs des étoiles, de même
la lumière de l'Évangile ne peut l'être non plus par les travaux de
tant d'écrivains, lors même qu'ils accomplissent leur tâche sous
l'influence divine. Toutefois, de même qu'un nouvel astre, sans
remplacer l'éclat du soleil, n'en augmente pas moins la clarté de la
nuit, de même nous ne croyons nullement nuisibles de nouveaux
commentaires sur l'Évangile, s'ils sont propres à éclairer notre en-
tendement.
Nous ne prétendons point dire que tel soit le caractère de ceux
que nous avons écrits, à la gloire de Dieu d'abord, puis dans le
but de faire connaître la vérité évangéUque, et pour l'utilité com-
umne; mais il faut les ranger parmi ceux qui dissipent les ténèbres
(le notre esprit, pour qu'il devienne en quelque façon accessible à
la lumière. Avant que la clarté des étoiles rende la nuit moins som-
bre, il faut que les vapeurs soient dissipées, et l'atmosphère puri-
liée ; il faut pareillement chasser de l'intelligence les ténèbres et
l'avoir ainsi puriliée, avant que l'ignorance puisse recevoir des
commentaires une certaine lueur.
Nous nous sommes donc appliqué à préparer sur les Évangiles
des commentaires propres à dissiper les ténèbres de l'intelligence
et à la purilier, ayant pour seul guide la grâce que nous atten-
dions du Seigneur, si ce n'est que, en maints endroits, étant laissé
à nous seul, nous avons mêlé quelque chose du nôtre, ce que nous
avouons être nôti-e et de peu de prix, comptant ce qui est d'une
différente sorte pour une faveur de Dieu. Nous ne nous sommes
point appuyé sur les travaux d'aulrui ^ aimant mieux, dans notre
® En préparant la 2™' édition de sou commentaire sur les Épitres de St.
Paul 1,1517), Le Fèvre avait tiré parti des Aunotations d'Érasme sur le Nou-
veau Testament (1516). Celui-ci fut très-offensé de ce que Le Fèvre ne l'a-
vait cité qu'une seule fois, et encore pour le censurer. Il publia contre lui
une Apologie (5 août 1517) et lui écrivit, à ce sujet, trois lettres qui restè-
rent sans réponse. Nous les avons omises dans lu Correspoudunce des Ré-
96 LK FÈVRK d'ÉTAPLES AUX LHICTEURS CHRÉTIENS. 1 522
pauvreté, dépendre du Seigneur. Je n'ignorais pas en effet que
Tapplicalion apportée à l'étude et aux recherciies dans les livres
ne peut donner rintelligence des enseignements sacrés, mais qu'il
la faut attendre d'un don et d'une grâce accordés non point sui-
vant les mérites de chacun, mais selon la pure libéralité de Celui
(lui les dispense.
Toutefois, nous ne voulons point que Ton compare ces commen-
taires à un astre brillant dans la nuit, mais plutôt à ce qui purilie l'at-
mosphère. Dans l'elïort par lequel les choses inférieures tendent
vers les choses supérieures, nos péi'es ont distingué trois degrés :
la purihcation, rillumiiiation et la perfection. La perfection est le
degré le plus élevé; l'illuiuinalion, le degré intermédiaire; la pu-
rihcation, le degré inférieur. C'est à ce dernier que nous plaçons
nos commentaires, quels qu'ils soient, et, pour cela, nous les ap-
pelons commentaires de purilication ou d'initiation. Que Dieu nous
donne des auteurs capables d'écrire en outre des commentaires
d'illumination, et, s'il lui plaît, de perfection, puisqu'à Lui seul
appartient de répandre toute grâce divine et en particuUer toute
grâce pareiUe I Paul parle de la puiitication en ce passage: « Après
qu'il eut opéré la purilication de nos péchés .» (Hébr. i), — de l'il-
lumination en celui-ci: « Parce que la lumière du glorieux Évan-
gile de Christ ne les illumine pas» (2 Cor. iv), — et de la perfec-
tion en cet autre : » C'est pourcjuoi, laissant de côté les rudiments
de la doctrine de Dieu, aspirons à la perfection » (Hébr. vi).
Au reste, si nous appelons ces commentaiies sur les Évangiles
commentaires de punficution. que nul ne pense (jue les Évangiles
aient besoin de puriticalion. Us n'ont besoin ni de purilication. ni
d'illumination, ni de iierfection,puis(pi'ilssont en eux-mêmes Irès-
pui's, trés-luiuineux, très-parfaits. La puriticalion dont nous pai-
ions a pour effet de dissiper les ténèbres des intelligences, en
ceux-là surtout (lui, encore ignoranb, s'approchent du sanctuaire
des Évangiles et des profonds mystères de la Parole de Dieu. Elle
les rend capables de recevoir en eux la sainte et pure lumière,
rauymle sacrement lic la lumière éternelle, lorsque la nuit de l'i-
formatcurs, parce (lue cette aflairc, ^\x\ eut d'ailleurs uu graud retentisse-
ment, n'exerça aucune influence sur la Réfomiatiou. (Voyez les lettres d'É-
rasme à Tonstall, 17 juillet 1517, — à Le Fèvro, 11 septembre 1517, 30
novembre 1517 et 17 avril 1518 (par erreur 1517;. Erasmi Epp. Édition
Lf Clerc, pp. 1616, 265, 1644 et 236. -- Graf. Essai, p. 54-61.)
1fi22 l,K FKVRE n'^lîTAPLKS AUX LKCTRl^RS CHRKTIKNS. '.>7
irnorance conimenre à passer, el <|iren leurs cœurs se lève la
lumière des Évangiles. Si ces ténèbres ne sont dissipées, de tels
esprits trouvent obscure la lettre même, ce que les commentaires
doivent empécber. Quelque acbevés qu'ils soient, ils ne sauraient
ajouter aux Évangiles de la lumière, ce qui est impos:*ible, puis-
qu'on n'en peut non plus ajouter au soleil qui frapi)e nos sens;
mais les Évangiles répandent la lumière dans les commentaires
mêmes. Autrement les commentaires sont comme les couleurs au
milieu des ténèbres et comme des nuages amoncelés dans l'espril.
(Ici se trouvent quelques détails sur la distribution des matières dans
TouvTage.)
Lecteurs ciirétiens et pieux, prenez en bonne part ce travail, et
demandez au dispensateur de la Parole, qui est le Seigneur Jésus-
Clirist, que sa parole ne tombe pas sans fruit, mais que, dans le
monde entier, elle fructifie pour la vie éternelle! Maître de la
moisson, que lui-même il envoie dans sa moisson nouvelle de nou-
veaux et actifs ouvriers !
Je vous salue, en ce même Christ Jésus, notre Seigneur, (jui
nous a été fait, de la part de Dieu, sagesse, justice, sanctification
et rédemption. Que Christ Jésus, dans la gloire du Père et dans Ta-
mour du St. Esprit, soit pour vous toutes choses, lui qui sera tout en
tous pour ceux qui, au sein de la béatitude, jouiront des siècles
éternels!
De Meaux '. L'an M. D. XXI. ^
' Voyez le N" 38, note 10.
** En France, l'année commençait alors à Pâques. Cette fête tomba sur le
20 awil, en 1522. Ainsi peut s'expliquer la différence de date qui existe entre
la préface de Le Fèvre et l'indication chronologique donnée par l'impri-
mcur à la tin de l'ouvrage. Voyez au bas de la page suivante.
Le Commentaire sur les IV Évangiles est l'un des plus beaux volumes /
de l'époque. Il se compose de 377 feuillets très-grand in-8o, non compris |
le titre, la préface et la concordance qui forment 6 feuillets. Il a pour titre :
« COMMENTAIÎII INIÏIATORU IN QVATVOR KVANGELIA. lu euangclium Se-
cundum Mattha'ura. In cuangelium secundum Marcum » Point de nom
d'auteur. — Ce titre est placé dans un encadrement qui présente les figures
symboliques affectées aux quatre évangélistes et les passages suivants du
Nouveau Testament : « I. Vidi alternm angelum volantcm per médium c.t-
lum babeutem euangelium seternum, Apoca. 14.— II. Pnedicabitur hoc cuan-
gelium regni, in vniuerso orbe: in testimonium omnibus gentil)us. Matth. 24.
98 CAI'ITON \ ll.-i:. AGRIPPA. 1522
50
CAPITON à H.-C. Agrippa, à Genève.
DOttmarsheim, près (le Bûle, 23 avril 1522.
Agrippie Opp. Pars II. lil)r. III. ep'' lo '. p. 7(Si).
Sommaire. Éloge à' A jrippa, d'après le récit d'un voyageur qui retourne à Genève et
qui affirme que l.uiher a toutes les s_vrapatliies du savant médecin. Capiton a ap-
pris avec plaisir qu'Agrippa restait étranger au.x entreprises des hommes impru-
dents, et qu'il faisait preuve, même dans ses entretiens familiers, d'une douceur
modelée sur celle de Christ, ce qui mettra à l'abri de toute calomnie son attachemefit
à la cause é.vangêlique.
Bonus hic vir de le cœpil lionorilice lotjui iu itinere : depinxil
iiiiliiviruni quendam omnium erudilissiinuni.professione Medicum.
scienlia simul vere cyclicum el omni.scium. maxime autem valen-
lem di.spnlalione. «pii lovi arliculo Soiiliislarum impelu.s dimo-
veal. Percontahar de nomine. • Aijiiintn. in(juil: esl oriundu.s Colo-
uia, educalione Ilaln.s. experientia (jiriali.s lioc esl aulicus. urba-
nus, civilis. ■ Iminoviso (juidem j^Miidio lerè perlurlialu.s subjeci :
•■ Qniil. m\nà\\\, Mcdkus t'Ui'dc Gcniitiniai lifvrcsi nentit? Muni rcpu-
j/iKit Liillirio? Anne facil cum doclissimis Parisiensilim? » Tum ille:
■Niliil niiiiiis. iinjuil. iiam pia-iro Lutlwro potest, re.sistere non po-
lest : ([uw niodù Lutlii'ius. illf oliiii ridit. » Quibus sermonibus per-
iiiotus. biL'c inler polaiidiiiii v labenia volui ad le [.scribere], quô
— III. Eiintcs iii miiiidiini vniucrsura : pra-dicate euangoliura omni crea-
tura?. Marc. 16. --IIII. Euangolizo vobis gaiulium magnutn quod erit omni
populo. Luc. 2. » — Au milieu de rpucadrcmont et au-dessous du titre, on
lit cp dornior passage tiré de l'épifrc do St. Paul aux Romains : < V. Non
enim erubcsco ouangolium C IIIUSTI. Virtus euim dei est in salutem omni
credenti, Iuda?o priraum et Gra>co. lustitia enim dei in eo rcuelatur ex fide
in fidom, sicut scriptum est, lustus autem ex tide viuet. » — Au bas de la
même page : » CVM PHIVILKfilO REOIS. ^
A la fin du volume, au verso du fol. 377, on lit : « MKi.nis. Impensis
SiMdMS CoI.IN.FI. ANNf) .SAI.VTI.* HVMAN.K ]M.1»..\XII. MkNSK IvNIO. »
1522 CAPITON A H.-n. Ar,RIPr>A. ill)
intelligeres. cjiiàm memor Capilo siisceplu,' liiimanilatis, qua me
convivani Coloniœ excepisti '.
Scientissimevir. non te ah Ermif/clio d('hortor*.f,e(\ ab impor-
liinis aiisibus iinpi'udentium te gaudeo alienum. Qiiin facias, quod
lacis, et mansuetiidinem Christi prse te feras, in familiaribiis etiaiii
loUoquiis, nequiscalumniariqueal pium istud institutum. Deinde,
si (jiiai candide interpretanda videntur. nolini superciliosius au!
nialignius damnes. Quid enimacerbumCbristus sonuil. ubinamloci.
(luajso.animum reprebendendiprœselulit? Nam ubique benignus
occunit, et nos tantùm non insanimus. 0 pneposteram pielatem.
lam morose piara. ut vel imaginem pielatis queat obliterare, ne-
(him non promoveat ad illam." ! Vale. et aliquando rescribe; per
' Capiton avait quitté Bâle le 28 avril 1520, pour se rendre en Alle-
magne.
- Quelques auteurs ont soutenu qu'Agrippa resta toujours attaché à
l'église romaine. La lecture de sa correspondance et de plusieurs de ses
ouvrages conduit à une tout autre conclusion. C'est ainsi que, le 5 janvier
1524, il écrivait à son ami Cantiuncula : « Prsesens hic lator tibi commen-
datus esto.... Recedit abhinc [c'est-à-dire de Fribourg en Suisse] Evanyelii
causa, qiioâ clatum est m ridnam et resurrectionem miiltorum.... Id te oratuni
volo, ... ut hune latorem evangeUcum, Thomam GyrfaJcum,... amicis tuis...
apud Basileam... comraendatum gratumque reddas. » (0pp. ParsU, p. 810.)
Nous avons vu ailleurs qu'Agrippa faisait le plus grand cas de Le Fèvre.
Capiton était à ses yeux : « eximius et verus Theologus. » Plus tard (mais il
s'agissait alors de défendre sa propre vie qu'il croyait menacée) il a pu
dire : « Ego me non Lutheranum, sed Catholicum confiteor. » Singulier Ca-
tliolique, qui voyait dans la Sainte Écriture la seule autorité en matière de
foi! 11 dit en effet dans le même écrit: «Ego Lutherumhxreseos daninatum
non nescio, sed victum non video.... Quod si vos nunc tam expediti sitis ad
illum irrefuiahilibus argumentis expugnandum, quùm olim prompti fuistis
nudis sententiis condemuandum... per me non stabit, quominus vincatur ;
sed ilhul vos amicè admonitos esse volo, ut prsestantioribus argumentis
contra illum agatis, quàm hic adversum me utimini, quem auetoritate Scrip-
turœ, ut virtute verbi Dei, victum esse oportebit. » (Agrippœ Apologia ad-
versus calumuias sibi per aliquos Lovanienses Theologistas intentatas.
(1532). 0pp. Pars II, p. 294 et 296.)
^ Capiton^ tout prudent qu'il était, savait au besoin recommander la fran-
chise. Il écrivait à Érasme, le 5 juin 1522:
« ...Oramus,quicunque tibi studcmus, ocio atque quieticonsulas, fugiendo
hauc tragcL'diam, non magnatihus contra animi sententiam connivendo, neque
etiam oricntibus post te,im6ea; tua messe suhnatcc segeti,insuUando... Utram
in partera deflexeris, alterius eritodium sustinendum. Sunt qui maluut ad
meliorem quàm ad feliciorem partent declinares, quod ha^c Huctuet, dubia-
100 N. N- A ll.-C. AGRIPPA. 1522
ociiun scri|iliiius siini iiicdilatiùs. Har t'\ lalterna incogitan<.
Vale ilenini. Dalum Olliiiarlieiiii * prope Basileam. vicesinio tertio P
Aprilis, anno lo22.
51
N. N. à H.-C. Agrippa, à Genève.
D'Aix-1 es-Bains, 5 juin 1522.
Agrippœ 0pp. Pars II. lib. lll. ei»-" 16^ p. 790.
Sommaire. Recommanflation en faveur d'un prédicateur de la vérité évangélique qui
passe à Genève.
Salve pra.slantissime vir. ]h)n\\> hic paler. (jui iia.^ce titji reddit
{itéras. Evangelicie vei-itali.s Pia-dicalor ' e.st. iloclrina' non vul-
garis. (ligmis profeclô (piem tu videas dicentenupie aiidias, cum
sis tu [)rol)orinii vironim hospitalissimus palronus. Jussi itacjue,
cnni sihi per Gchcniias enndmn foret, ne le insaliitato inde altiivt :
sciens ([uôd, ciim (iiidinis homiiunit. lihi adiiiodùm gralum accep-
lum(|iie fore, ut alia apud te coiiiiiiendalione non egeat. Gaîterùni
de nu' lilii polliccii potes. (|uantuni pra'stari pote.st ab lioniine
omnium tii)i dedilissimo tuique ol)servantissimo. Vale fa^licissini^.
E\ o|)pidido .\ipi('usi. ipiinla .liiiiii W^'i'i.
que sit aninio, illa autcm suis nixa radicibn-i, fundatain petram Chrisium,
seipsam iii (lies \-irit)us siiporct, tamctsi lil)oi-uin et immunoni esse et extra
tell jaotiim tiifiiis est, siqnidom nos ])otins (pifini l'cipuMiciT' salutt^m inspi-
ciannis. — H;ec.... e.\torseruiit gi"*^'^^!'"»'' '""if""'"" '1*' ^^^ ceiisnrae, pnt'terea
prfrsentis/tima seculi immiitntio, qwnniiim ad religionem attmet Aut erit nrbùt
noster Christian us, aiil tolnm Christi imayinem crplodct. Non est tertitim. »
(Voyez Keclit. Siipplem. llist. ccclcs. seciili XV!-"'. Diirlaci, 1684, in-4",
p. 8l:J.)
* On lit dans les (Huvres d'Agrippa tOttimrlwmi. » Ottmarsheim est nn
\'illage d'Alsace, situé à 3 lieues N. d'Huningue.
' C'est très-pn>I)al»leineMt le même personnage que le Franciscain pieux
recommanda par Atîrippa à Capiton dans la lettre suivante, c'est-à-dire
l'\a)ir<ii^ Lniiilirrl iJ' Ariiiuitn.
irii'i ll.-C. \(;IUI'I'A A CAI'IION. K»l
52
H.-C. AGRIPPA à Capiton.
De Genève, 17 juin 1522.
Agrippae 0pp. Pars II, lib. III, ep« 18», p. 791.
Sommaire. Agrippa répond à la lettre de Capiton du 23 avril (Voyez le N» 50). Il lui
recommande un homme de bien, zélé ministre de la Parole de Dieu, qui se rend en
Allemat/ne.
Literas tuas, doclissinie IdeiiKfue colenrlissime Capito, rpias à
vicesima terlia Aprilis ex itinei-e ad me scripsi.sli, posl plii-^culos
dies. domi mete in urbe Gebennnrum incerlo imndo redditas. ac-
cepi (al)sens siquidem eram tiinc apud SabiimJiœ nucpmy,(\\\m'ww\
liumaiiilali salapere haud valeo. Proinde hnno luiic viro, i|ui de
nie libi tam ainanler nugalus est, non possum non ignoscere : si
nossem bominem, agerem illi pro sno oflicio multas gratias. Sed
utinam ego talis aliquando fiiturus sim. (jualem ille me tibi de-
pinxit !
— Bonuin biinc patrem. prœsentium latorem.libi commendo:
illi consilio sis et auxibo. ac tuis illum episloUs apud ab{juos
araicos tiios. quor.sùm sibi eundum foi-et. bona lide coiniiiendaliiiii
reddas: probiis si(piidem vir est et dilUjem Miiiistcr rerbi Dci'-.
' En venant à Genève (1521), Agrippa n'avait pas le dessein de s'y fixer
pour longtemps. Il y passa néanmoins près de deux années, exerçant la
médecine, et attendant toujours d'être appelé à des fonctions qui lui avaient
été promises par le duc de Savoie et qu'il n'obtint jamais. (Voyez Agrippa'
0pp. Pars II, lib. III, ep^ 24», p. 794.)
- Si l'on compare ce passage avec le N" 53 et avec un billet d'Agrippa à
Cantiuncula que nous repi'oduirons à la fin de cette note, on arrivera tout
naturellement à conclure, que cet «homme de bien, zélé ministre de la Pa-
role, » n'était autre que le Franciscain François Lambert d'Avigno)i. Ces
détails ont une certaine importance. Ils peuvent servir à fixer d'une manière
précise le moment de la prcinicre prédication de la Reforme à Genhc et à
Lausanne. Lambert aurait prêché à Genève entre la Pentecôte et la Trinité,
du 8 au 15 juin 1522. Le mardi 17 ou le mercredi 18, il se serait rendu à
102 BERTHOLD HALLER A ZWINGLI. 1522
Ccetera tu ipse in homine facile agnosces. Quicquid Immanitalis
beneficiique in homlnem contiileris, in meipsum collocatum ha-
bebo. Reliquuni autem quod abs le permaxiniè cupio. hoc est, ul
quoties fidas aliquis occurrat nuncius ad nos rescribas. Praeterea
me amicis tuis omnibus, ut communem illis amicum, et commen-
datum et charum reddas. Yale fœiicissimè. Ex urbe Gebennaruni.
decimo septimo Junii, anno 1522.
53
BERTHOLD HALLER ' à Zwingli, à Zurich.
De Berne, 8 juillet 1522.
Zuinglii 0pp. éd. cil. VII, 206.
Sommaire. Il lui recommande un Franciscain d'Avignon, (\m enseigne depuis en-
viron 5 ans la vérité évangélique et qui vient de la prêcher â Genève, à Laman,.
et <à Fribourg. De Zurich il se rendra en Allemagne. Les sermons que ce religieux
a prononcés devant \es prêtres de Berne sur l'Église, le sacerdoce, etc., ont produit
quelque bien. Ce n'étaient pas des choses absolument nouvelles pour eux ; mais dans
la bouche d'un Franciscain et d'un Français elles paraissaient inouïes.
Singularis tua hunianitas, cujus omiies implevisti erga me nii-
nieios, et hujm boni fratris Franc iacani sancttun concionandœ ve.-
Lausanne, d'où, après une semaine de séjour, il serait reparti pour Fri-
bourg, avec une lettre de rccoramaudation de l'évèque Sébastien de Mont-
faucon. II serait arrivé à Berne dans les premiers jours de juillet. Voyez
ci-dessous la lettre de Fr. Lambert au Prince-Évèque de Lausanne
(janvier 162.'3) et celle qu'il adressait à Agrippa le 31 décembre (1524). Ce
dernier écrivait, vers la fin de juin 1.522, i\ Claude Chansonnette, natif de
Metz, professeur de droit romain à l'université de Bàle, le billet suivant :
<r Brevissimum epistolium temporis penuria ad te scribere cogit, Cantiim-
cilla humanissime ; sed ex te amplissimas expecto literas. Scripsi et tibi et
Capitoni nxpcr [scil. 17 Junii 1522] per qiœndam Franciscanwn, sed aliàs
probum virum et Cin-istianuni. Nescio si acceperitis.... Pra'sentibus ni)
aliud ago, quàm ut scias me apud Gebcnmus nioram ducerc, multuniciue la-
tari te Basilca non discessurum... Vale. Anno 1522. » Agi-ippa; 0pp.
Pars 11. lib. III, cp» 20", p. 792.
' lierthold IFalhr, né à Aldingen eu Souabe (1102), fit ses premières
études à Kolhweil et à Pforzheim, où il se lia d'amitié avec Philippe Mé-
lanchthou. Reçu bachelier en théologie à Cologne, il enseigna pendant
1522 BERTEiOLD IIALLEU A ZWINGLI. 103
Titatis institutum, ({iiasi suo jure aliquiil literarum a me exigere
videnlur. (iiuo mei memoi'iam apiid te foveant, nec lam plane
refrigescere patianlur Paler ille Franciscanus, et niliil minus
quàm Monaclius, concionalor tamen apostolicus etgeneralis Gon-
ventus Avenionensis^, ad quinquennium jam ferme docenda} veri-
tatis christiancC officio functus. Gebennù ^, Lausannœ coram Epis-
copo *, Friburgi'^, et iamBeniœ, latino tamen sermone, concionatus
est nostris sacriflculis, nondum ex omni parte in re christiana
sanis, de Ecclesia, Sacerdotio, Sacrificio et Missa ; rursus de Ro-
manorum Pontificum Episcoporum Iraditiunculis, de ordinum et
religiosorum fatuis et plene liypocriiicis supersiilionibus ceteris-
que multis, quibus omnibus nonnibil profuit. Non (piod bœc a
nobis aliéna sint ^, verùm a tali homine Franciscano Observante,
Gallo (qua; omnia mare superstitionum conlluere faciunt), inaudita
videbantur.
Is igitur totam peragrabit Germaniam, et itineri ad Tigurum ac-
quelque temps àRothweil, piiis à Berne (1513-1518), où il fut élu en 1521
prédicateur de l'église collégiale. Le caractère bienveillant de Haller, sa
grande activité et son éloquence le rendirent bientôt cher aux membres de
son troupeau qui goûtaient l'Évangile. Mais les partisans de l'ancienne
Église suscitaient tant d'obstacles au jeune prédicateur, qu'il fut souvent
sur le point d'abandonner ses fonctions et de se retirer à Bâle. Il écrivait à
Zwingli, le 22 janvier 1522: « Tuâ epistolâ admodum suavi consolatus,
vires omnes iutrepidus resumsi, atque id mihi christianissima tua exhorta-
tione certô persuasi, satius esse, pro temporis hujus calamitate, ut evange-
lizem, quàm in angulis quibusvis studiis inserviam ; donec, Domino verbum
suum multa virtute muniente, Christum, cucullatis nugis longe a nobis
exiilem, imô in exilium prope relegatum, pro virili restituer im. » (Voyez
Zuinglii 0pp. VII, 185 et 189. — Bernerisches Mausoleum. Bern, 1740,
in-S^t. I, p. 319 et suiv.)
* François Lambert d'Avignon, ainsi appelé du nom de la ville où il
naquit en 1487, était d'une famille originaire d'Orgelet en Franche-Comté.
Il a raconté lui-même son entrée dans le couvent des Frères Mineurs d'A-
vignon, les déceptions qui attristèrent sa jeunesse, ses études dans la l'arole
de Dieu, sa vie errante de prêcheur monastique et sa sortie du couvent.
Voyez les N" 64 et 65.
'• Voyez les N»» 51 et 52.
*— •• Voyez ci-dessous la lettre de Lambert à l'évêque de Lausanne
(janvier 1525).
•* Un prêtre alsacien, Sébastien Meyer, prêchait à Berne depuis 1518
contre les abus de l'éghse romaine. Cette tâche était singulièrement facihtée
parles attreiux souvenirs que la conduite des Dominicains en 1508 et 1509
avait laissés aux Bernois.
lO't (i. BUIÇONNKT A MAlKiUKlllTli u'aNGOLLÊME. 1522
cinclus peliil. iit libi eum commeiidarem. Non diihilo i|iiiii pio
(ua in me hmiianilale eum liumaiiissime sis traclaturiis. Ipse mox
videbis, cu.jus iiigenii, doctrina; et erudiliunis sil " .... Res christiaud
pedetenlim vires assiimil. .Miilli e Senalii el plehe, ad parlem
suis lecliouibus. (uni à me, bene inslituli snnl.... Vale. Berna.' 8. [d.
.lui. 1322.
54
[GUU.LAUME briçonnet] à Marguerite d'Augoulênie.
(De Meaux, tin de septembre ou commeucenieut d'octobre
1522.J
V. Génin. Nouvelles Letlres. p. 27.").
C()[»ie. Bibl. impériale. Suppl. franc. n° 337. loi. 218 a.
SoMMAJKE. Il engage la princesse à ralentir momentanément ses efforts putir
la conversion de ■- * * [François I ?].
L(3 purleur ui'a Icnu pid[)os de j5^randt' [lauvielé . auquel
■" L'arrivée de Lambert est racontée comme suit par un témoin oculaire :
< Un samedi, le 12 juillet 1.522, on vit entrer dans Zurich un Cordelier,
Obscrvantin, nommé Francisctis Lambcrii. C'était un homme de grande
taille, monté sur une âne-sse. Il venait d'Avignon, où il avait été pendant
15 ans lecteur d'Écriture Ste. Il ne savait pas un mot d'allemand, mais il
parlait très-bien le latin. On lui permit de prêcher quatre fois dans le Frau-
mùnster... devant les chanoines et les chapelains. Dans la quatrième pré-
dication il traita de l'invocation do la Vierge Marie et des Saints, et excité
par quelques clianoines et chapelains de la grande église, il demanda de
discuter sur ce sujet avec maître Ulrich Zicinyli, qui, dans la dernière
prédication, lui avait dit eu face : « Frère, tu te trompes. » Il eut donc, le
mercredi 17 juillet [1. le IG], une conférence avec les chanoines, qui dura
quatre heures. Maitre l'Irich Zwingli y apporta l'A. et le N. T. en grec et
en latin, et persuada si bien le moine, que celui-ci, levant les deu.\ mains
au ciel, remercia Dieu et dit qu'il ne voulait plus invoquer que Dieu seul
dans toutes ses nécessités. Le lendemain il i)rit le chemin de liîlle, afin d'y
\h\{vr Erasinf. (h; RtMcrânm , et de là il s'en alla à Wittemberg pourvoir le
\)' Martin Luther, et il i)osa l'habit monastitiue, » (.J. C. Fiisslin. Heytrage
zur l'^rliiiUerung der Kirchen-Reformatious-Gescliichten des Scliweitzer-
landes. Zurich, 1741-1753, in-8», vierter Theil, S. 39-41 )
1522 MVIUJUERITE d'aNGOULRMI: A IMUCONNKT. 105
MoNsiritr Fnhnj^ (>t moy avons dict iiosli-e advis el coiijiuv le
vous (lire. 7/ rom plaira couvrir le feu pour quelque temps. Le bois
(|ue vous voulez faire brusler est si verd. qu'il estaiiulruil le feu,
et ne conseillons pour plusieurs raisons (dont le surplus, qu'il
obmeclera. espère quelque jour vous dire), que passez oultre, sy
ne vouliez du tout estaindre le tizon^. et le surplus qui désire se
brusler et aultres enflamber.
55
MARGUERITE d'angoulême à Briçonnet.
(De St. -Germain en Laye, fin de septembre ou commence-
ment d'octobre 1522.)
F. Génin. Nouvelles lettres, p. 276.
Copie. Bibl. Impériale. Suppl. franc, n" 337, fol. 218 a.
Sommaire. Michel [d'Amnde] sera occupé encore pendant quelque temps â lire la
sainte Écriture à la reine-vière. Marguerite insiste pour que l'Évêque fasse une visite
à la famille royale.
Le désir que maistre Michel a de vous aller veoir a esté retardé
« Le Fèvre d'Étaples. Comme il résidait habituellement dans la ville de
Meaux, nous attril)uons à Briçonnet plutôt qu'à Marguerite ce billet sans
date et sans signature. Voyez la fin de la note 3, N» 48.
- Ou peut rapprocher de ce passage, qui semble avoir trait aux disposi-
tions bien faibles encore de François I en faveur de l'Évangile, le fragment
suivant d'une lettre du 20 octobre (1522), signée « Vostre.... G. indigne
ministre.» et adressée à Marguerite: «... J'ay entendu, Madame, que le
doulx père supercéleste a ouvert sa trousse et d'icelle tiré ung traict délicat,
poiu" navrer Madame, et en elle le Roy et vous. Dont aij esté bien joieiilx,
espérant que par son secret et incongneu artiffice, [II] attireroit, en frappant
le pié (sic), voz affections à myeulx le recongnoistre et mercier et aj'mer . »
(Suppl. franc, n" 337, fol. 219 b.) Quelques semaines plus tard, Louise de
Savoie écrivait dans son Journal : «L'an 1522, en décembre, mon fils et moi,
par la grâce du Saint-Esprit, commençasmes à cognoistre les hypocrites,
blancs, noirs, gris, enfumés et de toutes couleurs, desquels Dieu par sa clé-
mence et bonté iutinie, nous veuille préserver et deffendrc; car si Jésus-
Christ n'est menteur, il n'est pouit de plus dangereuse génération en toute
nature humaine. » (Nouvelle collection de î»Iémoires pour servir àl'Hist. de
France. Paris, 1838, t. V, p. 23.)
106 l-UTHER A SPALATIN. 1522
par le commandement de Madame, à qui il a commancé h/rre
quelque chose de la Saincte Escrt'ijture qu'elle désire qu'il parface.
Mais sytost qu'il sera faict, ou sy nous délogeons, incontinent il
partira. Mais louez Dieu qu'il ne pert point le temps, car j'espère
que ce voiage servira, et me semble, veu le peu de séjour que
nous ferons par deçà, que feriez bien d'y venir ; car vous sçavez
la fiance que le Roy et elle ont à vous, et sy, avec vostre voulloir et
debvoir, ma prière pouvait advancer l'heure, et mon conseil fust
creu, en vérité et désir, regardant seulement l'honneur du Seul
vous conseilleroit et prieroit de n'y voulloir faillir
la pis que malade M.
56
LUTHER à Spalatin, à Lochaw.
(De Witteniberg, environ le 15 décembre 1522.)
Lulhers Briefe^ éd. de Welte. H. p. 263.
SoMMAiRi: Jean de Serres peut résider â Eisenach ou ailleurs, et y donner des leçonf;,
sans qu'il ait besoin d'un sauf-conduit.
Gratia et pax. Johannes Serranus * bonus esse videlur, ^^ed mm
est opus meo consilio. Ipse forte Principis ingenium et mores
nescit : ideo mihi videtur esse sinendus in Isenaco'* aiil iiitt iinlesl.
' Pseudonyme do Fr. Lambert d'Avifjnon.
* Eiscnadi eu Tluiriuge. Un ijjnore les particulai'ités du voyage de Lam-
bert, depuis son départ de Zuricli (17 juillet 1522^ jusqu'à son arrivée à
Eisenach. On sait seulement qu'il fit à Bâle la connaissance de Pellicanus,
de Limpurger et de Basile Amerbach (Voyez ci-dessous le N" 62), et qu'il
vit à Cologne ou à Mayence, Capiton, à qui .Vgrippa l'avait recommandé
(Voyez les N"' 52 et 67). Arrivé à Eisenach eu novembre, Lambcii. avait
écrit à Spalatin, pour obtenir, par sou intermédiaire, une conférence avec
Luther et la permission de résider en Saxe. Voyez le Journal de Spalatin
cité par Scheihorn, Amœnitates htteraria?, t. IV, p. 327 : * Venit sub No-
vembri Isenacuiii sive Gallus sive Itidus qui se nominavit Juhunncm Serra-
num, vir cximia eruditioiie in Theologia sinceriore, etc. »
15^''2 MITHKU A SPALVTI.N. 107
Ut (loceal (|uos liabere poleril. Neqiie enim lide «laiida illi opiis
est. siciil nec vohis;. ((iiam pultlicam vucant. Deiis delendat, sicut
et nos. modo non fugetiir aut repellatur ....
57
LUTHER à Spalatiu.
De Wittemberg, 2 G décembre 1522.
Lulhers Briefe, éd. de Wette. II, p. 272.
Sommaire. Zuther accorderait volontiers â Jean de Serres [François Lambert] la con-
férence qu'il lui demande ; mais la prudence conseille de différer jusqu'à ce que l'ex-
Franciscain soit mieux connu.
Gralia et pax. Hat)es hîc Serrant et aliorum ad me ex Isenaco
literas'. Ego sane hominem, si venerit ad me, admittam, ut milii
loquatur coram : sed sicut omnia de omnibus optima praesumere
jubet cliaritas (I Cor. XIII), ita omnia de omnibus pessima timere
jubel fides (Johan. III. et Matth. X : cavete ab hominihus). Sunt,
qui mihi hominem commendent ; sunt, quse suspicionem, si non
movent, certe non quietent. Optimum igitur fueril, ut Princeps
aliquid viatici in eum perdat, et illic sistere vel sinat vel jubeat, ut
videamus quis sit futurus. Verisimile est, Satanam omnia simulare,
omnia tentare, omnia versare ; ideo, donec certa res est, nuUi
fidendum. Si Cliiistus ad nos aliquem mittere voluerit evangelistam,
certe nos vel prcecedentibus vel sequentibus signis certos faciet *.
' Quelques jours auparavant Luther écrivait à Spalatin : « Nihil neque
vidi neque uudivi litcrarum Serrant ad me datarum : aliunde ergo quàm
a me illas pete » (Luthers Briefe, éd. cit. II, p. 270}.
* Malgré les clameurs de quelques moines, Fr. Lambert s'était déjà
fait connaître à Eisenach par les leçons qu'il y avait données sur l'évan-
gile selon St. Jean, et par les 139 Thèses qu'il s'était déclaré prêt à
soutenir, le 21 décembre, contre tout opposant. Ces thèses, relatives au
célibat des prêtres, à la confession, au baptême, etc. furent envoyées à
Luther. Voyez la lettre de Luther à Spalatin, du 12 janvier 1523: «re-
mitto positiones Serrant, » de Wette H, p. 299, et Schelhorn, op. cit. IV,
p. 328-330, où quelques-unes de ces thèses sont reproduites.
108 MAKGUEUITE UANGOULÈME A (i. BHIÇD.N.NET. 1o^3
timc salis. Vale et ora piu me. iM.D.XXllI ' (lo22), die Saiicti
Slephani.
Mautinus Lutherus.
(Inscriptio:) D. Magistro Georgio Spalalino. a concioiie Ducis
Elecloris Saxoiiiu3, suo fralri.
58
marguekitp: d'angoulême à Guillaume Briçonnet.
(DeBlois? 1523, avant le 10 janvier.)
P. Génin. Lettres de Marguerite. 1841, p. 163.
Copie, liibl. Impériale. Suppl. franc, n" 3;]7. fol. 220 h.
Sommaire. Marguerite rappelle à Brivoiinet la promesse qu'il lui a faite (de lui envoyer
une tradriction du Nouveau, Testament). Elle le prie, eu attendant, de lui expliquer
la parole de vie, où elle rencontre tant d'obscurités.
Non pour vous rainentevoir ce que. je crov. ne vous sera par
la cliarilé indnie permis d'oublier, ne pour advancer In promesife '
dont je ne double raccomplissement au temps que la lionto seule
congnoistra la nécessité. — mais, alîn ([uc par ma faulto. iiégligeaiil
ce que je dois (comme alïamé. If itaiin (U'sirer, [je] ne relarde
Teffecl de la grâce procédant du Hliéral Disiribuleur. par \(>us à
nous disiribm'c. j'ay bien voulu cmnmencer pai'ccsiemon meslier
de mendianle*.
Vous me [uiaslcs (|ue. si de (piebpu' endroit de la très-sninctp
/i«r/7/)^»/7' doublois ou desirois (pu'bpu' cliosc le vous escripre : à
(pu)y vous feis iiromesse présunqttiicuse (b- le faire. .le vous prie
excuser l'aveugle ipii juge des couleurs: ewv je confesse (fiie la
* En Allcmapnc et en Suisse, l'aniu'c coinincnçait à Nool.
' Il est vraisoinblalilf que cette promesse de Briçounet était relative
à la pnhlication d'une version française du Nouveau Testament. Voyez
ci-dessous l'Épitre exhortatoire de Le Fèvre du G novembre 1523,
note 4.
* Voyez le N" 43, note G.
■
I.S23 V.. nitlÇONNF.T A MARr.URRITK d'aNOOULKMK. 109
moindi'c jimoh' (jiii y suit rst froii iioitr moi/, et la plus clère m'est
obscure. Hélas! quel choix puis-je l'aire où la dilTérence m'est in-
con^neue '? Ny comme itoiirray-.je ilemander viande doiilce on
saiilce. (juanl je n*ay nul goust? Parquoy je ne vous demande
riens, car je ne sçay que je vous demande. iMais à vous, minisire
(le tels biens, qui sçavez les gousts des viandes restaurantes et for-
liliaiites, je vous prie que en vérité, sans fainte, du demeurant de
celles qui vous sont par le Donneur données, en vueillez envoyer
les miettes, en sorte que vostre vielle mère ', enviellie en sa pre-
mière peau, puisse par ceste doiilce et ravissante parolle de vie
renouveller sa vielle peau, et estre tellement repolie, arrondie et
blanchie, qu'elle puisse estre au Seul nécessaire
MARGUERITE.
59
GUILLAUME BRIÇONNET ta Marguerite d'Angoiilême.
(De Meaux) 16 janvier (1523).
Inédile. Copie. Bibl. Impériale. Suppl. français n" 3:J7.
foI.222a — 223 a.
(fragments.)
Sommaire. L'évêque de Meaux n'a pas la présomption de se croire en état d'expliquer
les passages obsairs de l'Écriture sainte, ni de découvrir toujours l'interprétation
spirituelle du sens littéral. Il aura donc recours à Le Févre et à ses deux com-
pagnons, que leur science de l'hébreu et du grec rend capables de corriger les mau-
vaises traductions de l'Écriture. Briçonnet s'instraira avec eux et il transmettra
leurs explications à Marguerite.
Madame, sy ne congnoissois les grandes grâces qu'il a pieu à
Dieu donner à trois paurres mendians d'esperit qui sont icij en
rostre lterniitaige\'\e dirois la pi-ésnmplion estre grande de cnidor
5 Elle avait à peine trente-un ans; l'évêque tic Meaux on avait cin-
quante-trois. Mais, selon les idées du temps, la haute naissance de
Marguerite autorisait le titre qu'elle prend ici, en s'adrcssant à Bri-
(j'onnet. Voyez le N" suivant, note 10.
' Voyez la note 4.
IIO G. BRIÇONNET A MARGUERITE d'aNGOULÊME. 1523
satisfaire à vostre désir de mendicité insatiable *. vous offrant estre
le promoteur et scribe soubz eulx, sur les difllcullez que nostre
Seigneur vous donneroit mendier. Mais désirant comme lilz sub-
venir à ma pauvre mendiante el bonne mère ^, [il] ne m'est rien,
soubz la protection du bon Seigneur qui a commandé lionorer
père et mère, diflicile, qui me donnera à congnoisti-e vous pou-
voir servir, et estre nécessaire. Et saicliant les grâces qu'il vous a
données, et asanUclle opportunité des dits trois pprsonnniyes, qui
ont r intelligence liébraïcque et grecque*, doni en^ peuvent esclarcii'
plusieurs ténèbres qui sont par maulcaises trunslacions en l'Escrip-
ture Saincte ^ . me jugeray vous lenir propos duquel vous [vous]
excusez. Mei'ciez Dieu de ses grâces, et plus avant les mendiez. 11
est bonté infinie, qui ne vous laissera mendiante vuide el des-
garnie. En ce faisant fi-apperez d'une pierre deux coups; car es-
cripvant soubz eulx et vous envoyant voslre queste '. en reliendray
ma part et portion, qui sera sans diminution de la vostre.
Croiez, Madame, que l'Escripturç Saincte est aultre marchundise
que plusieurs ne cuydent. Ce que l'on y voisl et congnoisl est le
moings de ce qui y est, et jusques à présent n'en a esté trouvé,
ne sera, le fonds de l'intelligence. Car toute TEscripture Saincte est
ou spirituelle seullement, sans intelligence littérale, ou littérale,
.sans la .spirituelle, et bien peu ou lilti'rale et .spirituelle ensemble.
Moings se trouvera de passaiges qui se puissent seullement en-
tendre littéralement que des auHres deux. A ceste cause l'on dit
que i intelligence littérale est comme la cbandelle qui ne couste
que ung denier, dont on serclie [1. ciiercbe] la marguerite qui est
cachée en la maison. L intelligence spirituelle est la marguei'ite
cascbée, laquelle, par la lettre qui est la clianiielle, se trouve, que
l'on laisse, la marguerite trouvée, laquelle ne se comnuinioiue à
chascun, el n'en congnoissent la \alleur el excellence. Pour ceste
cause défend nostre Seigneur ne debvoir estre semées entre les
pourceaulx, c'est-à-diie riiilclligence spiritin'lk- ne lleurer ou
^ V. la lettre précédente.
^ Marguerite.
* Uri(,ouiiet nomme plii-s li.is Le Flrrc, eonime étant l'un de ces per-
sonnages. Les deux autres sont François Valable et Gérard liousscl.
' C'est-à-dire: par le moyen de laiiuelle ils peuvent, etc.
" On trouvera quelques détails sur ces anciennes traductions dans
l'Épitre de Le Fèvrc du G novembre 1523, note 2.
" Les éclaircissements qui' vous aurez demandés.
1523 G. BRIÇONNET A MARGUERITE d'aNGOULÊME. i\{
senlir bon à pluseurs qui sont charnelz et littéraux, qui voient
sans veoir et oyent sans oyr
Je sçay que este avaricieuse et aimez i"or mieulx (}ue l'argent.
Tel désire que soiez, afiln que puisse nr enrichir de vostre trésor,
car c'est aux pères et mères [à] thésaurizer aux enfans, comme
ayant intérestz. Vous ay bien vouUu adverlir que, en vous présen-
tant l'Escripture Samcte, descouvrez la pomme, laissez le relz
pour les Juifz et charnelz, et mendiez la pomme qui souUe, re-
paisl, assouvy, contente et satisfaict en famine, mendicité, pauvreté
et indigence. Telle est la nature de, l'avaricieux mondain et, [en-
core] plus du spirituel. Et sy d'aventure ne povez par delà des-
couvrir la pomme, et que le retz fût trop fort, envolez -la au
faire qui se tient en vostre dit hermitaige ^. J'espère ({m'H et ses
lieux compaignons satisferont cà vostre désir, duquel seray, comme
dict est, solicileur et scribe, sy besoing est.
Madame, en me recommandant à voz bonnes [)rières très-hum-
hlement et de tout mon cœur, supplie le grand fabre ^ sui- le doz
tluquel noz péchez ont esté dépouillez et aboliz, qu'il forliflie tel-
lement vostre eclume [enclume?], que sur icelle tous les i-etz du
monde soient anéantiz en la fournaise de charité, ouvrant voz
yeulx spirituelz pour, soubz les retz d'aygent, veoir la pomme
d'or, de laquelle puissez enrichir voz enfans*'' et les entretenir
en la grâce et soubz la protection du doulx Jésus, lequel je supplie
de rechief se donner à vous, grâce, paix et amour ! De vostre her-
mitaige, le xvj'' de janvier (1523).
'^ Allusion à Le Fèvrc {Faher Stapulensis).
'■' C'est-à-dire le grand ouvrier, Jésus-Christ.
'" Marguerite n'eut point d'entants de son premier mariage. Briçonnet
veut parler de ses enfants adoptifs: il se glorifiait d'être de ce nombre.
Dans l'une de ses lettres à Marguerite (septembre ou octobre 1522), il
disait: « [Je] vous envoie à la grant maison ouverte... [où] nul est escou-
duit ; et tant est le Seigneur doulx et débonnaire, qu'il ne pourvoit
seullement aux présens, mais ayant compassion des bonnes incrcs qui
désirent et n'y peuvent conduire leurs enfans . . . Parquoy, Madame, je
vous supplie y aller à satisfaire vous et voz subtilles enfans, vous mer-
ciant très-humblenîent et de tout mon cœur de la grâce qu'il vous a
pieu faire d'en adopter ung, — la servitude duquel en promptitude d'a-
mour tiliale feroit oublier celui/ cpii a procuré l'adoplion, si oubliance
tumboit en amour maternelle. Tous deux vous seront, s'il vous plaist, à
jamais viscerallement recommandés. » (Bibl. Impériale. Suppl. français,
n» 837, fol. 217 b.)
112 F. LAMBERT n*AVIGNON \ l/ÉLECTErR DK SAXR. 1523
60
FRANÇOIS LAMBERT d'avigxon à TÉlecteur (le Saxe.
(De Wittemberg). 20 janvier 1523.
Manuscrit aiiloi5a'a|jlie. Bilil. du .Miisfuiii a 13àle.
Autograplm n" 2.^. p. 19.
Schelhorn. Amœnitates litteiaria*. Francofurli. 172^. t. III. \\. 335.
Sommaire. Il a pin à Dieu de m'amener auprès des fidèles serviteurs de Christ que
j'avais tant désiré de voir. Mais j'ai aussi trouvé à Wi(tembei-g des gens qui m'ont
connu en France. Cela m'oblige à vous révéler que je ne suis point Jean de Serres,
mais i^r. Lambert, et que j'ai vécu vingt ans, comme prédicateur général, au milieu
j des Frères Mineurs, dont j'ai eu beaucoup à souffrir à cause de mon attachement A
I l'Évangile. Je suis venu à Wittemberç/ pour y annoncer la Parole Sainte au milieu
1 des savants ; mais je suis pauvre, faites-moi donner ce qui est nécessaire à la vie.
Dieu m'a conduit auprès du frère Martin, pour que j'édifie avec lui une solide forte-
, resse. Le temps de la persécution va finir. Les âmes sont remuées dans presque
] toute la France , la vérité s'y est acquis, sans maître, de sincères amis, et depuis
mon départ, l'œuvre de l'Éva/ngUe y a fait d'admirables progrès. J'ai même l'espoir
qu'ils iront en augmentant chez mes anciens auditeurs, quand ils auront lu les livres
que je médite de publier.
Principi iiluslris.simo et Domino Do. Friderico. Sntri Iniperii
Arcliiii)are.s(callo). Saxoniae Diiri. Lanlj-Tavio Diii'iii,i:i;L'. Marcliioiii
Mi.>;nia'. Kranciscii.s Laiiiberlus Avenlonensi.-i. innlili."^ Doiniiii nosiri
Je.>^u Grisliservu.'^. Gratia el Pax Crisli Jesu ! Amen.
IMaciiil misf'riconlia' Salvatoris, iil patiper is (pii lias ad llliislris-
simam I). T. lilcias dcdil. po.>^l innumncK laliorcs alipie |)eri('ula.
in lenam (piam sinceri Crisli lideles inhaliiianl. pervenircl. Vidi
quos tandiii coiicuiiivi. le visiinis (pnnn id fonce.s.serit Doiiiiiiii,^.
Invoni apud Witlt'iiihi'rfiiiin. tpii me apiid (inHins airnoxci'iinl. el
jam amplius lalere non po.^siim. Kaleoi' inireniiè. me a|)iid Mino-
r/tds \\</m\\ annis fiii.sse. et in Dei Verho complura ah eisdem per-
pessnm. Professione fui inler eos niimeralus (|no> Aiiostol/ros sive
(jcurritlrs pvivdiriitnvi'n vocant. Aposlolici dicunlni' non a Papa.setl
quôd, Apo.-^tolonim exemplo, eos |)er varias oihis re;:iones pra*-
dicarr Exan^^eiium necesse sit. cl id ipiidcni (jitolliilii' . oldala
Iî>2'^ l'«A\(J()IS I.AMBKUI \ l.'KLKCri'U II 1)1", SAXK. 1 1 ;{
oporliiiiitiilc. I.uiliir scilii iiiiiiislerid siisccitto. diiiii srolaslicis mi-
nime concors essem. t.iMlimi .iHlicliis lui ;ih liypocrilis et faUis
fialriliiis. ut me ab Evan.uelii miiiislerio saiiclo iiilereiihir pt'uilus
retldere alienimi. Sederejjliis fui à Deu misericoniiler. (|iii ediixil
me id) lliii' (jlnildi'onnii istonun. Tr;icl;iliiiii [kisI alii|U(>t dies
(Cristo Juvanle) emissiiriis sum, in qiw h istoiid m nicam et catisam
nie/ iidrentua plenè reseraho '. Tiinc qui volet, scrutahitur run-
silium Domini. (juo larvas et leces mundi. ul \ilentur, cunclis ma-
nifestât. Ii(uum uiini lus liliofis reccn^clMi. wv illiisti'issiiuam H
Tuam frustra impediam.
Veni igitur Wittenihcrr/inii -. ut Verhuni samtum libéré admi-
nistrem, saltem script is. saltem inler dnctos. Aliquid nostri Mar-
^m/' œnsilio exordiar. vel Oseani proplietani ^ vel Psalmos. vel
Lucani ^ vel aliquid taie. Sed per Cristuni obsecro. ul jubeas
milii aliquod auxiliuiu dari. Paupei' sum, non babens quo alar.
Credo me a Domino evocatum ad Martinum, ut. frater fratri
auxilio existens, tlrmain pariter arcem edidcent. Non te con-
turbel insania Ecclesia' malignanlis. quœ in malum protlcit, ut de-
ficial et penitus evertatui-. .Tusfos sustinere nonnibil necesse est.
sed cessabit quassatio.
Gallia pêne oninis coiiinioffi est, et ahsque magistro sinceros linhet
ren'tntis dilertores. Gum posi modicuni alia pleraque inlellexeris.
exultaint spii-ilus tuus in Deo salutari nostro. Namque nctjoriinii
Erdiif/i'l/i. ct/diii jiosf (lisressinii nienm^. nifrè djim/ illos profcr/t '.
' Voyez le N" suivant, note 4.
* Voyez les N"' 56 et 57.
^ Luther.
* Laiiil)ert publia à Strasbourg, en mars 1525, ses leçons sur Osée, et il
les dédia à l'Électeur P'rédéric.
"' Le commentaire de Lambert sur St. Luc parut à Strasbourg, en mai
1524. La dédicace à Spalatin est datée : « Wittemberga?, meuse Novembri
M.D.xxm.» ^
" Il avait quitté Avignon au mois de mai 1522. Voyez le N" 51.
" Nous manquons de renseignements sur les faits qui motivaient la joie
de I''rau(;ois Laml)ert. Le diocèse de Meau.\ possédait, il est vrai, depuis
1521, des prédicateurs évangéliques. Nous avons vu aussi que le zèle de
Marguerite d'Angoulême pour la cause de l'Évangile n'avait pas été sans
iuHuence sur les dispositions du roi l'rauçois I et de sa mère. Mais ces dis-
positions favoral)los de la cour n'e.xjjliquent pas, à elles seules, les assertions de
Lambert. Le mouvement général des esprits auquel il fait allusiou ne pou-
vait être qu'un travail qui se poursuivait daus l'ombre, (^t dont il s'attendait
I I 'i FRANÇOIS LAMBERT A G. SPALATIN. 1523
et conlido quôd, (lum scripla videriiit illius (luem (|uandoque au-
dierunt prcédicantein, ma^is magis(|ue proficiel.
Occultavi liaclenus noinen iiK'um. quod co.Lqiitum sit quasi per
tolum Minoruni ordinem, à rratiibiis multis. a quibus timui sus-
linere iiopediiiienta. Sed non onniino ab.S(|ue i-atione nomen hoc
mihi conlinxeiani, ut Joltanes Scrrunm vocarer, qui in verilate
Fnmciscm Latiihcrtiis sum. nalione Aceiuonrnsis. Juva nunc jiau-
pei-em Cristi in opère sancto . ù Princeps Illustrissime et Cristia-
nissiuie, ut Crisli nouien in terra libi subjecla niagis magisque glo-
rillcetur, cujus gralia et pax tibi seuiper ! Amen. Wiitenibergjju, ad
13'" Kal. Febr. anno 23"'" supra mille™ et ((uingenf".
Ejusdeuilllusti-. Do(uiinaliunis) Tuiu humilis orator. Fra.nciscus.
(Inscriptio :) Illustri"'" et eidem Cristianissimo Principi et Do-
mino D"" Friderico. Sacri lmi)erii Ai-cliimares. Electori, Saxoniae
Ducis {sic) etc. sibi in Crislo oi)servandissimo.
(Au-dessous, la note autographe de Spalatin :) • Fr. Lamberlus
Avenionen. DieFabiaiii M.D.XXllI. »
61
FRANÇOIS lambp:ht à George Si)alatin '.
De Witteniberg', 20 janvier 1523.
Manuscril ;iiilograj)lie. Bâle. ibid. Aulographa n" 31. p. 69.
.Sommaire. Si je trouve un imprimeur, je publierai en latin, en fr.invais et en iUlien
l'I/ùtoire de ma norlie du cimvenl, ain.si (jne d'autres ouvniues f]ui seront ;l la gloire
de l'Kvangile et à la confusion des hypocrites.
V Jésus Amen.
(Jralia et Pax .lesn r,risli leciiin ! Cnjus ikiiiicu sil benedictiim
à voir bientôt les efl'ots so produire au praud jour. Pensait-il surtout aux
contrées méridiuiiales de I;i |<'r;iiire, qu'il avait tant de fois parcourues? Ou
bien avait-il re(;u, soit de la duchesse d'AleniMin, soit d(> la jietite société de
Meaux, tin avis mystérieux qui lui faisait pressentir de grandes choses?
' ( hapelaiii et bibliothécaire de rÉIecteur.
1f)23 FRANÇOIS I.AMBRRT A (.. SPAhATIN. US
in eternuin, qiiod me dednxit in lociiin tamdiii conciiplluni. Et
(Itinmvis Princeps ill. id celaril à me. ilidem el Scultetus. iil iiesciam
ciiitis expensis advenerim ah Isotuico*. (amen arbitror nihilabsque
optimi Principis beneplacito facliim. Incepturus sum aut Oseam
Proplielam. aut Psalmos, aut Lucam, aul alitpiid simile, sed nibil
absque nostri Martini consilio. Pauper sum : rniro igitur ut sug-
géras Priiicipi lUustrissimo, ul nonniliil auxilii capiam, lantùm ut
cum mibi a(bninistranle vivaiii ■\ Non sum Jo.[(mnes] Ser.[ranus],
quod nomen continxeram, non absque necessaria ratione. Fran-
ciscus Ltimhertus vocor. natione Avenionensis, qui apud Minori-
tanos fui annis XX, semper persecutiones et impedimenta sustinens
ab eisdem. quamdiu Cristi Evangelium sincère volui nunciare.
Postmodicum (Cristi auxilio) tractatum emissurus sum, quo hys-
toriam meam, a principio. et causas mei exitus. certe véhémentes,
itenupie lidem meam circa dissidia Ecclesiœ Cristi etEcclesicB ma-
lignanlium. cunctis faciam manifesta* : et siinveniatur qui impri-
mat, non tantùm latine sed (jallice et italice, liée atque alia tradam.
Erit, crede mibi, eril ad Cristi Evangelii gloriam, et ut denudentur
consilia larvatte gentis, Pbariseorum nostri temporis.
Magnam babent rationem consolationis Principes Illustrissimi,
ut suis tempori])us, et in dominiis suis, revixerit Evangebum du-
dum à Scolaslicis sepubum. biil Concibum Ecclesia Satlianîe
adversùm Dominum, et adversùm Evangelium suum, ac illius di-
lectores sinceros, sed dissipabitur. Abbreviabuntur dies anticbris-
torum, nisi resipiscant. quod faxit Dominus ! Amen. Nolunl in-
telbgere, ut bene agant, credentes in Cristum. Ceci sunt, ul cecorum
duces, nescientes Propbetas, legem neque (sic) Evangelia.
Illumina, Deus, oculos nostros, ne dormiamus in incredulitate.
ne quando dicant adversarii isti justitia:' Gliristianie (quie Cbristus
est) : « prevaluimus adversùm eos, » — utque liât regnum bujus
mundi Dei et Domini nostri Jesu Cristi, cujus gratia et pax tibi
semper ! Vale Cristiante sapientiai doclor, et pauperis bujus memi-
- Voyez le N» 56, note 2.
' Le gouvernemeut électoral fut bien leut à accorder à Lambert ce qu'il
demandait. On verra par sa lettre à Spalatin du '2S mai, qu'à cette époque il
vivait encore aux frais de Luther.
* Ce traité parut sous le titre suivant : « Fr. Lamberti Avenionensis,
Theologi, ratioues propter quas Miuoritarum conversatiouem habitumque
rejecit. » Voyez le N" 64.
n() IX'THER A 0. SPAI,\TI>. 1 o2H
neiis. Willemliergee. 13" Kal. Febi-. anno â.'î.jiixta millesimnin el
qnin^entesimum.
Tmis FF\ANG!SGUs i.AMBERTUs AvenionensKs.
Domini nosiri Jesn Cliristi inulills seniis.
•\' Jésus.
(Imcriptio:) GeorgioSpalalino Tlieolo.ûfo vere sincero. a Sacris
llliislrissimi Priiicipis et Doniiiii I). IViik'iiri Saxonie Uuck Elec-
toris. etc. patrono siio colendissimo.
62
LUTIIER à George Spalatin.
De Wittemberg, 25 janvier 1523.
Lulhers Briefe. éd. de Wette. II. |». -m.
Sommaire. Il lui recommande Fr. Lambert d'Avignon, qui est arrivé à WitUmberg
avec de bons témoignages replis â Bdle. L'Université n'a pas besoin de nouveaux
professeurs, mais l'Électeur serait charitable en donnant quelques secours à cet
lionnéte exilé, que rien d'ailleurs ne distingue particulièrement.
Gratia et pa\. Ade.-^l Jolomnes ille Setrnnm. vero noiiiine Frnn-
r/.sr«.s btniiiertits. imagiiiiltiis (|uo(iut' iioliilis. iiilcr .Minoritas 20
annos versalus, et generali[s] Verlii otfu'io l'imctiis. oli iier.secu-
tionein e.xul el paiiper tactiis. De iiitegritale viri iiiilla est dnhi-
tatid : testes suiit apiid nos, (|iii illiiin el in Fvniirlu ' et iii BasHea"-
ajidieriinl. lum linsilicnsis siilTraj^aiieiis ille Tii|M)lilaiiiis ' ciim
' Voyez le N» 60.
* On pourrait en conclure qu'il avait prêché lors de son passage àBâle.
Voyez le N" 5H, note 7 à la fin.
■ Tclamoniii.'i Limpitrj/ir, évêquc in partibus île Tripoli et suffragant de
l'évoque de Bàle. Pendant son séjour à Bàle, Lambert entra aussi en re-
lation avec Basile Amerharh. Celui-ci écrivait, le 22 juin (1.523), à son fr/ïre
cadet, Ronifaoe, qui étudiait alors à l'université d'Avignon: « Cuculhun ah-
jecit FrmK-i'iCiis LamhcrUts, imiwviUmns Arcnitinni-is. apiid WittiMilicrgam.
l5ïJ3 i.niiKU A si-\i.AiiN. 1 17
Pel/rititi)*.t\;\\\\ illi piilrlinim it^sliinoniiim. Kl (|ii.iiii|ii;iiii mis jiliiiii-
deniiis lecloriltiis ojiiiinis. taiiien, si (juid poleril. non iih.iicitMniis.
Milii per oninia [ilacel vir. el salis s|iectatii.s milii est. quanluiu
honio speclai'i pote.st, ut digniis sit. (|ueni in exilio paululum fera-
nius el juvenius. Sed Iti meani nosti lacultalciii. ni non sil opis
meiv illuni alere, qui ipse alienis \i\o. Viderelur uulii Piincipi
persuadenduin, ut Jani non perdat. sed in cliaritale Clnisto tVe-
nerel 20 aut .'iO llorenos. in eum collocandos. donec vel a suis
liil)ulilius. vel propiio stipendio sese sustente! de labore siio. Er
irird iiicht hum ^^^ bleihen. arlit icii irohl. dcim er seins Gleicliea
oder Meister uohl findeii ninl^. Tantuni ul exulis niiseremur. Vale
in Domino . . . Wileniberga.', t'eria 5. post Hagnem (25 Jan.). anno
MDXXIll.
Mauti.nl's Lutukrls.
LUTHER à Spalatin.
De Wittemberg, 25 février 1523.
Lulhers Biiefe. éd. de Wette. II. p. ;W8.
Sommaire. Demande de secours pour l'r. Lambert.
....Tii niliil lespondes pi'o lJomin(t Francisco Lainiierto Gallo. «piid
Rationem quare id fecerit, excuso libello demonstravit : affinis (ut mihi prtc-
terito anno retulit) D. Montagne, apud quem iu Avenione diversaris.» (Ma-
nuscrit autographe. Araerbachiorum epistolas rautuse. Bibl. du Muséum,
à Bàle.)
* Conrad Kurschner (en latin Pellicanus), né à Ruffach en Alsace (1478),
fit ses études à Heidelberg et à Tubingue, où il devint très-savant dans la
langue liébraïque, grâce aux leçons de Reuchlin. Kûrschner avait embrassé
la vie monastique à l'âge de quinze ans. VÀw gardien par les Franciscains
de Bàle, il assista au chapitre général de son Ordre assemblé à Rouen
(1516) et se rendit à Rome en 1517, comme député de son couvent. Sur
j)lus d'un point il était déjà séparé de l'église romaine. Ainsi il avait déclaré
à Capiton (1512), que le pain et le vin de la Sainte-Cène n'étaient pour lui
que des symboles de la nourriture spirituelle transmise à l'âme par la foi.
I Voyez Athenae Rauricse. — Teissier. — Ruchat. — J. J. Herzog, op. cit.
— Zuinglii 0pp. VII, 93.)
* Je pense bien qu'il ne restera pas longtemps ici, car il y trouvera fa-
cilement son égal ou son maître.
118 F. LAMBKKT Al l-IEL'X LECÏKUU. 1523
apud Principem elîeceris. Gerle vir bonus est el exsul. nobis auteni
grave est eiim alere in lolum'. gravius auleni deserere. Nam abs-
que dubio Cbristus in ipso pauper est nobis exbibilus. quanijuain
si nihil tu impetrabis, nondeerit Gliristus aliunde suis. Stipendiuni
non peto pro eo, sed ut ali(iuando juvetur. velsemel adhuc 10 aul
circiter aureis. Sic vides me pro aliis fieri niendicuni, qui pro me
nihil egeo ....
64
FRANÇOIS LAMBERT d'avignon ail pieux lecteur.
De Wittemberg (en février 1523).
Schelhorn. Amœnitates litterariae, t. IV. p. 312.
(traduit du latis.)
(Extraits.)
Sommaire. Motifs pour lesquels François Lambert, a quitté l'ordre des Frères Mineurs
et déposé l'habit monastique '
François Lambert d'Avignon, inutile serviteur de Jésus-Clirist
souhaite grâce et paix au pieux lecteur!
.\>ant jadis fait partie de Tordre des Frères Mineurs, auxquels
ou donne le titre, certainement peu chrétien. yïOhsorrnntim, et
ayant, pendant plusieurs années, prêché, sous leur habit, la parole
du Seigneur en divers lieux, je me suis vu récemment contraint
d'abandonner et leur société el IfMir robe. Il est donc nécessaire
' A cette époque Lamliert avait commencé des leçons publiques, mais il
est prol^able qu'elles ne devaient être payées qu'j» la fin du cours. (Voyez
la lettre de Luther à Rpalatin du 3 août : < Qucritur fscil. Lambertus] au-
ditorum ingratitudinem, ut niliil pendant. ^ (De Wette. II, 378.) On lit dans
le Journal de Spalatin, au mois de Février 1523 : « Franciscus Lamhcrtus,
Avenionensis patria, Gallus, Wittemberpam profectus, Hnseam prnphetam
prrrkffit, satis froqnonti aiiditorio. i> (Schelhorn, op. cit. W\ p. 332.)
' Voyez le N" Gl, note 4. Cet écrit est si rare, qu'il pouvait passer pour
inédit avant que Schelhorn Peiit fait réimprimer.
1523 F. L.VMBKIVr vu l'IKl'X LKCTKL'H. Il'.>
de rendre pulili(iuement raison dc<, motifs ([iii m'ont engagé à
sortir de oel Urdre. Les âmes faibles et simples seraient en ellet
scandalisées, si je ne leur montrais que, ce que j' ni fait, fui pu le
faire selon Christ. Tel est le but du présent écrit.
J'habitais A^vV/wo/i, ville célèbredes Gaules, (|uand, ayant dans mon
bas âge perdu mon père et me trouvant sollicité au bien par l'es-
prit de Christ, je fus frappé de Téclat extérieur dont brillait cet
ordre des Frères Mineurs Observantins. et de cette grande ap-
parence de sainteté, que je regardais, dans ma simplicité enfan-
tine, comme l'image de leur caractère intérieur. J'admirais en eux
la décence du costume, les 'regards baissés, la tête inclinée, le
langage mielleux d'une piété feinte, leurs pieds nus parés de
grossières sandales. Je m'extasiais de la dignité de leur tenue, de
leur démarche grave, de leurs bras croisés sur la poitrine, des
gestes pleins de grâce et d'élégance qui accompagnaient leurs pré-
dications. Mais j'ignorais que sous des vêtements de brebis se ca-
chaient des cœurs de loups et de renards.
Il est vrai que les hommes qui exerçaient sur moi le plus d^in-
fluence étaient ceux qui, dans la chaire, annonçaient les doctrines
les plus conformes à l^enseignement de Christ, et qui, me prenant
à part, me faisaient toute sorte de beaux contes sur Tutilité du
cloitre, le repos de la cellule, l'avantage des études, et les autres
bienfaits de la vie monastique. Mais, ce qu'il eût fallu dire, ils le
taisaient soigneusement. Ce fut sous l'action de tels mobiles, qu'à
l'âge de quinze ans, je demandai à être reçu dans leur ordre-.
Cette réception, qui devait devenir une déception si grande, fut
permise de Dieu dans sa profonde sagesse, pour que je pusse ap-
prendre, en faisant l'expérience de l'hypocrisie humaine, ce que
valait en réalité ce qui paraissait si sublime à mes yeux. Je ne
doute point que Dieu n'ait voulu que je fusse séduit par leurs
beaux dehors de piété, afin de pouvoir, après avoir appris ce qui
en était, quitter leur société et faire connaître au monde quelles
ordures étaient cachées sous ces « sépulcres blanchis '. »
Pendant mon année de noviciat, on s'elïoi'ca de me soigneuse-
ment cacher toutes les pratiques impies qui avaient cours parmi
' En 1502.
'' Voyez ci-dessous le fi-agment d'une lettre du 4 août 1527, où la mora-
lité du clergé d'Avignon est appréciée par un catholique, habitant de cette
ville.
120 K. LAMBEIVI Al l'IKl X LKCIKLH. 152:^
eux. aliii i|iif je ne fusse pas amène à renoncer à mon dessein.
Ils saveul bien ipie personne ne ferait profession cliez eux. si les
novices pouvaient se douter de ce ([ui s'y passe en .secret.
Ces impies déclarent que si ({ueLprun conçoit la moindre vel-
léité de sortir de leur con,i,a"éfiation, il commet pai- là un crime
(jue rien ne peut expiei*. Mais une fois (pi'on est devenu moine
profès. ils ne i-edoutent plus les scandales qu'on peut donnei-.
C'est assez monti-er (ju'iis aiment mieux ipi'on abantlonne Cluisl.
(jue leur propre secte.
Une fois mon noviciat terminé, je [iiononçai mes vœux, .l'étais
alors âgé de seize ans et (piehpies mois, et je ne savais absolument
pas ce que je venais de faire. Bientôt je m'aperçus du contraste
(jui existait entre leur conduite extérieure et leurs mœurs véri-
tabhîs, et plus je me voyais trompé dans mes espérances, plus j'en
éprouvais de tristesse, de découragement el d'abattement. Je ne
pouvais plus entrer en possession de ce rejios d'esprit que j'avais
si vivement désiré. Quand j'eus été appelé à l'exercice du .saint
ministère de la parole, je ne jtuis assez dire tout ce ([u'ilsme tirent
endurer de vexations, parce que je ne précliais pas selon leur gré.
Les po[»ulalions entendaient la parole de Dieu el l'accueillaient
avec avidité ; eux seuls connue des <• sei-pents sourds ■ fermaient
l'oreille à la voix du Trè.s-Haut. Us disaient sur tous les tons que
j'étais un llatteur et un falsilicaleur delà pai'ole sainte: ce ipieje
ne pouvais leur accorder.
Enlin. au bout d'un grand iiombie (Tannées, je fus clioisi jiour
annoncer partout l'Évangile de Clirist et nommé, comme ils disent,
in'i'dicnleiiv nimstnliqitc. Cette gloi'ieuse mission m'appelait à pai-
courir le monde entier, à l'exemple des Apôtres et à saisir, connue
eux, toutes les occasions d'annoncer l'Évangile. .Mais. [)endant (pie
je cliercbais, selon la niesuic de mes forces, à exécuter celle
tàcbe. mes confrères s'elTorcaient. de leur côté, à calomnier de
tcuite manière l'oeuvre (pie le Seigneur ilaignait accomplir par mou
moyen. Je cliercbai à dé.sarmer leur excessive haine en renonçant
à proliter des ressources (pii m'étaient accordées pour les be.soins
de mon ministère ; mais cet étal de pauvreté chrétienne ne me
mettait pas à l'abri de leurs persécutions. Quand, après une pré-
dication continue de plusieurs mois, je rentrais au couvent, aussi-
tôt ces adversaires impies de la véiité me rendaient le mal iiour le
bien. Les malédictions, les injures, les outrages étaient l'as.sai.son-
uemeui oi-diiiaire de mes repas.
\Ti'>'S K. I.AMBKUI Al l'IKl \ I.KCIKrU. 1^1
Les pt'rst'ciilions des Frères Mineurs nrinspiréreiil l;i pensée
(Kenlrer chez les (]|iai'tren\. car je craignais de rentrer dans le
siècle, de peur d'èlre en scandale à tous ceux parmi lesipiels j'a-
vais prêché la parole de Christ. Je me disais aussi: Si je dois re-
noncer à annoncer en paix au peuple les oracles de Dieu, je cher-
clierai à l'instruire par mes écrits. Illusion diaboliipie. car les
autres uu)ines n'aïu'aienl pas mieux toléré mes livres (pie les
Frèi'es .Mineurs ma [trédication. Je fus toutefois détourné de mon
projet par les (Jbservantins eux-mêmes (jui me rappelèrent au
ministère de la Parole. Mais bientiM avec la prédication revint la
persécution. On m'enleva, et l'on mit sous les scellés, les livres
vraiment éianijéliques de Martin Luther, ce théologien très-chré-
lien. que y avais en ma possession. On les condamna et on les brûla,
sans (pie le Chapitre provincial en eût pris connaissance, et sans (pi il
les eut même regardés. Au moins eût-il fallu les lire : mais on s<>
contentait de crier: <• Ils sont hérétiques, ils sont hérétiques \ •> Voilà
comment ils jugent et condamnent ce qu'ils ignorent absolument.
Pour moi. je dirai avec confiance, que je suis convaincu selon
Dieu, (ju'il y a dans ces livres plus de vraie tbéologie que dans
tous les écrits de tous les moines, qui aient jamais été composés.
Voilà les hommes qui prennent orgueilleusement le titre pom-
peux d'Observantins. Christ a dit (Luc XVH): « Lorsque vous
aurez lait luul ce qui vous est commandé, dites: nous sommes des
serviteurs inutiles. » Mais eux. pour qu'à leur nom seul on puisse
les reconnaître comme des contempteurs de la parole sainte, ils
disent : < Nous sommes des observants. » Ce qu'il y a de sincère
dans leur manière d'observer la loi de Dieu, on peut le concevoii-
(piand on sait (pi'ils ne comprennent ni ne veulent comprendre
leur propre règle. Je sais assez combien ils m'ont cberché que-
relle, lorsipie je mettais la conversation avec eux sur ce sujet :
car j'étais autrefois un ardent sectateur de leur règle et j'en iilà-
mais vivement les infractions. Mais alors le glorieux toml)eau du
Seigneur n'était pas encore ouvert, et la pierre des œuvres hu-
maines et de la sagesse cliarnelle n'avait pas encore été enlevée
de dessus le sépulcre de rÉ\angile, dans lequel demeurait ense-
velie Paimable vérité des oracles divins.
Que faire au milieu de tels impies? Ayant donc reçu des letties
missives [lour le général ou vice-général de l'Ordre, je passai de
France en Allemaf/ne. et c'est dans ce dernier pays, que, pi-otitani
de l'occasion qui m'était otTerte. je (léjiouilhii cette rohede jj/iarisien,
122 F. LAMBERT AU PIEUX LECTEUR. 1523
sachant qu'être vêtu de telle ou telle couleur ne fait rien poui- le ciiris-
lianisme. Mais j'atteste le Seigneur, que jamais je ne les eusse quittés,
si en restant au milieu d'eux, j'avais pu conserver la liberté de la
vérité évanf/élique. et que c'est parce qu'ils ne la supportent nulle
part, que j'ai dû les abandonner. J'avais d'abord agi contre le pré-
cepte de Paul (I Cor. Vil): « Vous avez été rachetés à grand prix:
ne devenez pas esclaves des hommes. - Ils deviennent esclaves des
lioinmes, ceux qui se soumettent à leurs absurdes constitutions.
Mais, puisque, dans mon égai-ement, je m'étais rendu Tesclave des
hommes, qu'avais-je à faire, sinon de suivre le précepte du même
apôli-e, quand il dit, au même endroit: < Si tu peux t'alîranchir,
proliles-en ? ■>
M'étant donc séparé de la société des niéchaiits. je suis venu
dans cette académie de Wittcmherf/. la pi'emiére du monde, où
rien ne manque de ce qui a rapport aux bonnes lettres et aux
lettres sacrées *. Ici l'instruction coule à pleins bords. Je m'afllige
d'être devenu presque muet et de ne pouvoir plus enseigner au
peuple, de vive voix, la parole de Dieu. J'attendrai ce qu'il plaira
au Seigneur d'ordonner, et, autant qu'il me sera possible, je ra^ef-
forcerai d'amener du moins par mes écrits, tant en latin qu'en
langue vulgaire, tous les lecteurs à la connaissance du pur Évangile.
Je résume en trois points les motifs et lesellets de ma conversion:
Premièrement: .\yant prononcé jadis, dans un état d'entière
ignorance, des vœux complètement opposés à la profession chi-é-
lienne, j'abjure toutes les inventions des Frères Mineurs, déclarant
tniir le saint Evan.uile pour la seule l'èj-'le nécessaire de ma foi
cl de celle de tous les chrétiens.
Secondemeid : Je désavoue tout ce qin. dans mes anciennes
|)rédications. ncst pas vu paifait accord avec la simplicité de
TEvaiif-Mle. J'adjure tous ceux (jui m'ont jadis entendu prêcher ou
ipii ont lu mes écrits, de rejeter tout ce qui n'est pas conforme à
la vérité maintenant révélée. Mais j'ai en Celui (pii m'a retiré de
cette servitude, pire que iclir d'K.LTyptc. I.i (•oiiliance que. par sou
aide, je pourrai abondaunnent réparer toutes les ei'reurs (juej'ai
couimises dans mes ouvrages.
Troisièmement: ConniU' personne ne peut parvenir à la con-
' Il parait quo liamliort y entendit quelques leçons. D'après Seckendorf,
liistoriii I.utlicraiiisini, Suppl. XLIIX, Vr. Laml)ert a inscrit son nom dans
l'album de l'Université, le G avril 1523.
I5'23 K. LAMHKKi A Kll S I.KS FUKRKS MINKUIIS. I2.'5
naissance de la vérité, à moins (ju'il ne se détache du pape anle-
ilnist, je m'atîrancliis de celui-ci et de tous ses décrets, ne voulanl
|)oinl continuer à taire partie de son royaume apostatique, mais
voulant, au contraire, en être à jamais excommunié; car je sais
(jue ce même royaume est excommunié et maudit de Dieu.
Mais je traiterai ce sujet plus au long dans un autre ouvrage.
65
FRANÇOIS LAMBERT d' AVIGNON à tous les Frères Mineurs.
De Wittemberg, en mars 1523.
I
Evangelici in Minoritarum Regulam Commentarii, Francisco
Lamberto Gallo Tlieologo autore. Wittembergse, 1523, in-8° '.
(dédicace traduite du latin.)
Sommaire. Il annonce aux Frères Mineurs que, dans son Commentaire sur leur
Règle, il a pris pour guide la Parole de Dieu. C'est la seule Règle que les hommes
doivetit suivre, et bien méditée elle amène nécessairement à rejeter les ordonnances
du pape.
François Lambert d'Avignon, inutile serviteur de Jésus-Glirist,
à tous ses très-chers frères de TOrdre des Mineurs, souhaite
gi'àce et paix avec la connaissance indispensable de la vérité.
Je ci'ois avoir suffisamment expliqué, dans un autre écrit*, les
motifs (lui m'ont conduit à quitter votre Ordre. Mais, pour que
l'on connaisse mieux encore que ce n'est pas sans l'agrément de
Dieu (|ue j'ai agi de la sorte, je me propose de publiei- un bref
• Bien que la dédicace soit datée du mois de mars, l'ouvrage ne parut
qu'en août. Voyez l'Épître d'Anémond de Coct au lecteur pieux (Août 1523).
Suivant la Bibliothèque d'Antoine du Verdier (Lyon, 1585, folio), François
Lambert aurait aussi publié ce livre en fi-ançais sous le titre suivant: « Dé-
claration de la reigle et estât des Cordeliers. »
' Voyez le N° précédent.
1^'^ V. I.A.MIJKIir A TOUS LKS FIIKUKS MINKl «S. 1523
(■oiiiiii('iil;iiiv ^\\y \(iliv Hè^le. Je l'ai assez iiilerprétée jadis selon
la chair, alors ijuc la tyrannie du pape elles plus funestes inven-
tions Ininiaines voilaient encore Féclat de la vérité évangéliijue.
M;iis aujoind'liiii (pie. par la grâce de Christ, mes yeux se sont
oii\fi-|s. J'ai renoncé à loiiles les erreurs ipie je suivais encore
(piaiid j'étais cctmnie à l'état d'enfant. C'est poiinpioi. iiour ht'm
jm/ci (le rotre R('!jle, j'di inis comme seul guide la ixirule de Dieu.
(pii est efficace non-seulement pour doniu-r l'intelligence des in-
ventions humaines, mais pour apprendre aussi à les ledresser, et.
s'il le faut, à les détruire.
Ne vous étonnez pas (pif je iuc\i»riiue suice sujet avec autant
de lil)erlé. Cai' après avoir autrefois professé votre Règle à l'é-
tourdie, je puis aujourd'hui l'apprécier avec réflexion. D'ailleuis
tout cioNant ne doit s'appuyer que sur la parole de Dieu et obéir
au Seigneur plutôt (ju'aux hommes (Actes, V). Aussi je ne fais nul
compte des approbations, des décrets, des déclarations, des cen-
sui-es du pape, ni de rien de ce que cet homme de péché, ce (ils
de perdition, a jamais pu imaginer, sous l'inlluence de sa folle sa-
gesse charnelle.
Je n'ignore pas que la i)lupart des vôtres seront blessés de ce
(lue je donne au pape le nom d'antechrist, et de ce que j'appelle
son royaume, c'est-à-dire tous ses adhérents, un royaume anti-
chrétien et apostatique. Mais s'ils veulent soigneusement examiner
les Écritures, ils verront (|u'on ne peut pas s'exprimer d'une
manièi-e plus juste. Car ce (jui est dit dans Daniel (Ch. Vlll) du
Uoi au visage iuqtudent, ou plutôt, selon l'hébreu, du Roi à plu-
sieurs visages, se rapporte, ahisi (jue d'autres passages semlilables.
à ce royaume mieux qu'à aucun autre. C'est lui encore que dé-
signe celte couitisane vêtue de pourpre, qui est assise sur la Béte.
c'est-à-dire sur lej)ape antechrist (Apoc. XVll). et dont la chute
est pré(hte (Ai>oc. XiV et Wlll). et dont il est dit. au même livre:
« Sorte/, (li'ile. mon [leuple. pour ne participer ni à ses méfaits ni
à ses châtiments. « Dr, connue il est certain que toutes les sectes
des moines, des cardinaux, des évéïpies, des piotonotaiies, des
abbés, des chanoines, et tous les m.iMpies ipii leur ressemblent. ap-
partiennent à ce même royaume de [terditi(Ui. il faut tenir tout
cela poiu- néant et >e h.iler d'en sortir. Autiemenl. viendra le
cliàtinu'nt.
Plus loin il est dit, àpro|iosde ce royaume de la courtisane vêtue
de pourpre: > Dans la couite qu'elle nous a versée, versez-lui au
I5'23 I'. I.VMBKUl' A nH'S LKS KUKUKS MINlUlUS. 1:2')
double. » Celle pi-écieusc (■(iiipc d'or, (jnc i;i r()iiilis;iiir liciil
dans sa main, el qu'elle a remplie de ses ordures cl de ses .iIm»-
miualions. c'esl. n'en douiez pas. In parole de Dieu. Car tju'n u-t-il
(le pim précieux au monde? Or, c'esl cette parole ipu' r.iiilt'clii-isl
et son royaume ont remplie de leurs abominalions, lorsi|u'ils s'en
sont servis |)()ur mas(|uer leurs impiétés et leurs lictions: cai-
jamais les élus ne se seraient enivrés de telles ini|)udi(;ités, si
elles ne leur avaienl été présentées dans la coujx' (\'w. (•"t'st-à-
ilire sous le très-sainl et très-redouté nom de Dieu.
Oui, tous nous avons bu dans cette coupe précieuse, et au nom
«glorieux du Seigneur, les abominations maudites du royaume pa-
pisli(pie. Mais il nous faut séparer ce qui est précieux de ce qui
est vil, i)our être connne la bouche du Seigneur (Jérém. XV).
Saisissons donc la coupe d'or, en rejetant toutes les impuretés et
les abominations de la Papauté. Api)uyons-nous sur la seule pa-
role de Dieu, et renonçons à tout ce qui s'en éloigne.
Mais dans cette cou|)e de la Parole sainte les élus doivent verser
ail d()ul)le. Verser quoi? Des impuretés, comme la courtisane de
l'Apocalypse ? A Dieu ne plaise ! Cette courtisane impie a versé
dans la coupe toutes les ordures et les souillures, les indulgences,
les constitutions, les décrets, les sectes, les exconnnunications et
les autres monstruosités du même genre. Elle tenait en main cette
coupe d'or, je veux dire, l'éclat extérieur de la sainte Écriture,
mais elle ne possédait pas, pour la remplir, cette liqueur excel-
lente de l'esprit caché dans le cœur. Mais aujourd'hui la vérité
précieuse de la Parole a été révélée aux élus, en sorte que par
l'esprit de Christ, ils saisissent aisément l'accord des livres? des
deux Testaments. Ils apprennent ainsi combien s'écartent de la
piété selon Christ toutes les ordonnances du royaume apostatiipie.
C'est pourquoi, dans la coupe d'or, c'est-à-dire, dans le texte pur
de ces livres, ils versent au double, en déchirant, en torturant et
en confondant, par les nombreux passages de l'Écriture, le jiaite
et tout son oi'gueilleux royaume, de telle manière (|ue. autant il
s'est gloritlé et Halle lui-même, par les interprétalions loul liu-
maines (pi'il a données de la Parole sainte, autant il rcct'M.i Je
confusion et de châtiment pai' celle parole exposée dans sa vraie
signitication.
Ainsi donc l'apparence de la lettre représente la coupe pré-
cieuse d'or, mais c'est la véi'ité (ju'elle recouvre (pii est. pour t(Mis
les élus et les anges, sa délectable li(pioin'. On doit d'aulaiil plu-
126 F. i.ambrrt a tous lrs frèrks minkl'rs. 1523
la verser dans la coupe. f|ne c'est par ce moyeu que le Seigneur
veut punir le royaunu' impudique. La Parole qu'il liait devieni
rinstriiment de son chàtiuienl.
.\insi donc Dieu nous ordonne trois choses : Premièrement : de
sortir de ce royaume qui en tous points s'est éloigné de Lui. Se-
condement: de verser dans la très-précieuse coupe de la parole de
Dieu, les évidents témoignages de la loi divine. Troisièmement : de
torturiM- par ce breuvage, c'est-à-dire par l'harmonie des vérités
scrii)turaires, ce royaume impie. Ces précepte.'^ très-saints et ti-ès-
salutaires à tous les croyans, sommes-nous dans Terreur quand
nous nous elîorrons de les accomplira C'est rcvhiinement lu ru-
lonti' (le Dieu, que ce roijaume impie soit détruit, non par la riolence,
mais par la seule parole iliriue, et qu'à sa place s'établisse en ce
monde le rouaume de Dieu et de notre Seigneur Jésus-Christ.
Amen!
J'ai donc publié mon commentaire sui- votre Règle et sui- t(Mii
ce qui se trouve dans les Hègles et constitutions des autres ordres
monasti(iues, alin que Ton connaisse bien et que Ton évite avec
soin toutes les abominations du royaume papistique. Il existe déjà
sur ce sujet un écrit de Martin Luther, théologien tré.s-chrétien.
où tout ce qui peut seiTir à dévoiler la folie des voeux monasli-
(jues est anq)lement exposée Je ne veut point, comme le croiront
peut-étie les ennemis de la vérité, renrerser Pordre, mai.s la con-
fusion. Je ne m'élève point contre TÉvangilc de Christ, qui est la
seule règle de tous les ci-ovants : mais notre but unique à tous r.s7
de nous attacher à la seule parole de Dieu, en rejetant les pitoijaldes
traditions et les inventions folles des hommes.
Nous sommes enlin épouvantés d'être pendant lanl de siècles
demeurés aveugles, maintenant que nous nous réjoui.s.sons à la
lumière nouvellenu-nt inanilestée. Nous voyons que Paul, élu de
Dieu (1 Cor.), blâme vivement et accu.se de schisme, de faux zèle,
(Tespril charnel, ceux (jui disaient: « Moi je suis de Paul, et moi
d'.Vpollos el nu)i de Céphas! <■ et il .s'écrie: « Que personne ne .se
glorilie dans les hommes! Car loni est à vous, soit Paul, soil
Apollos. s(»il Cè|ilias. soil le monde. s(»il la vie. soit l.i iiioil. soil
les choses pré.senles, soil les choses à venir. Ton! est à vous el
NOUS êtes à Christ -. Puis(|u'il en est ainsi, certes ils sont schis-
^ Voyez « De Votis monasticis jndicium. » Luther avait publié cet
ouvrage eu 1521. .losse Cliclilow se eliargea plus Uud d'y répoudre.
1523 F. LAMBiavr A rors i,ks frkrf.s mineurs. 127
iiiali(iiies. (|uei'elleui's et cliainels, ceux (jui divisent Clirisl et (|iii
ilisenl: « Moi je suis de François, moi de Dominique, moi d'Aii-
.liuslin. moi de Claire, moi de Brigille, moi de tel on tel. « Est-ce
(|ue François, Donnni(iue ou les autres ont été cruciliés pdiu' per-
soime ? (Ju bien avons-nous été baptisés au nom de (pielipriin
d'entre eux '?
Il y a eu dans ce monde un aveuglement étrange pour que
Clirist ait été divisé en tant de sectes, dont chacune s'est fal)ri(pié
des vêtements de [)liarisiens et se vante d'avoir quelque degré de
plus de morcellement que toutes les autres. Elles i)rennent le nom
iVonhen. quoiijue personne ne soit plus éloigné de Tordre de la
piété chrétienne, que celui qui a une fois embrassé le monachisme*.
(Suit l'énumération de quelques sectes de moines.)
Plût à Dieu qu'on vît périr tous ces monstres enfantés par
Satan, et qui déchirent d'une manière si funeste l'unité de la
sainte Église de Christ ! Il n'est presque aucun d'entre eux qui
prenne sinq)lement le titre de disciple de Christ. Les uns. sous
les faux dehors de la pauvreté évangélique en mendiant , les
autres, avec une rapacité incroyable , en ramassant de toutes
paris les biens terrestres, épuisent le monde entier. Ils sont
dans le monde comme les mites dans les habits, les souris
dans les greniers, les sauterelles dans les herbes, la rouille
dans les métaux. Plût à Dieu que tous se convertissent au
fond du cœur et ouvrissent les yeux à la lumière qui daigne
luire dans les ténèbres ! Je ne veux pas attaquei' ce peuple mo-
nacal, parce que moi-même jadis j'en ai fait partie dans mon
égarement. Mais je désire que ceux qui sont égarés, reçoivent
de Christ la connaissance indispensable de la vérité, afin qu'ils ne
périsserd [toint. mais qu'ils viennent au salut. Je voudiais pour cela
devenir moi-même anathème. Qui ilonnern à rÈglise fie Clin'sf.
* Érasme, étant pressé par son supérieur de rentrer dans le couvent ofi
il avait fait ses vœux à l'âge de dix-sept ans, lui répondit entre autres
choses: « Quid ....Iaxis istis religionibus conspurcatius, aut magis irapium ?
Jam onim ad landatas si te conféras, imô ad laudatissinias, pra-ter frigidas
quasdam et Judaïcas cerimonias, huud scio quatii Christi rcperics imagi-
nenu » (Erasmus R. Patri Servatio, 9 Julii 1514. Le Clerc, p. 1527-1530.)
Il écrivait en 1530 à Sadolet, évèque de Carpentras : « Augustiuus dicit, in
monasteriis aut rectissime vivi, aut quàm periculosissinie errari. Posterim
hoc mine perspicit ac suspirat orhi^. » (Le Clore, p. 1257.)
198 i.Uthkr \ ^l'M.M'is. 1S2vî
il(* v(tir toutes les sectes de la terre et tontes les prelendiies coii-
IVéries des saints entièrement détruites, pour que tous, d'une même
houehe, avec une ménif liherU'. confesse/it un .seul rhrf. h' Seifineui
Jésus-Christ ? C'est le seul vœu. le seul but de <ru.r qui ëerieent
contre les moines. Accueillez donc cet ouvrajreiiuel ((u'il soit, parce
que, s'appuyant sui' la seule parole de Christ, il doit être pour les
âmes pieuses, un secouis et inu* coiisolnlion. et |»our les impie>
un scandale, une ruine el une peidition. (Jiu' la .lirace et la paix
de notre Sei^nein- .lésus-ClirisI soient avec votre esprit. frèi-es * !
.\uien. Wilteniber.tr. au mois de mais lo^.S.
66
LFTHER à George Spalatin, à I.orliaw
(De Witteniberg, environ le 20 mai ir)i2o.)
Lulliers Briele. éd. de Write. II. p. ;{40.
Sommaire. Lettre île refïoininanfiation , doniine :i »<»< ehevnhrr français, i\mi lit
l'Evaiu/Hf.
(iralia el pax. Vult hirCnlIus eijurs ' \idereaulam et faciem Priii-
^ Les anciens « frères » de Lamljort reçurent assez mal le présent écrit,
si l'on en juge par les paroles du Fraucisrain Ga.<<pnrd Scliazgerus, ])rovin-
cial (le l'Ordre dans la haute Allemagne. On lit dans i^esdiuvres puhliéesà
Ingolstadt en 1543: « Allophilus rjuidani. qui eum refnga spiritu ah status
sui boni et salubris arce cecidit, datus in reprobuni sensuni, pro sui casus
suorumque similium coloratione, contra statuni monastieum argumcntationes,
verius autem mhn)i»in.'< et /a/.sY/.s imjvisfiirn.'^ fabricavit. sua^ oitstinationis
malleo, etc. » A l;i inargu il a ajouté: « Hic allopliylus. id est aiienigena.
fuit quidam Gnllti.f, i'VnjjctscH.s' Lamperti nonniie, niinorita apostata, qui mo-
nasticis magnam imposuit calumniam suis in scriptis. » (Scbelhorn, op. rit.
IV, 376.) — En revanche, nous avons rencontrr une lettre dans laquelle un
Franciscain d'Avignon s'informe de Lainliert avec le ton de la curiosité plu-
tôt qu'avec celui du ressentiment.
' C'était Ancmond de Coct. ancien chevalier de Rhodes et seig)ieur du
( hastelard en Dauidiiné. Ses lettres à Farci (Voyez les années 1524 et
1525; montrent (ju'il avait cmlirassé avec ardeur la cause de l'Évangile.
.Xnéniond de ( oct n'est meiiliuMné nulle part dans les noudjreuses listes de
chevaliers publiées par l'altbé de Vertot. (llist. des chevaliers de Khodes.
Paris, \~-'7. 7 vu! iii-12. t. \II
I
\ 523 JEAN RHELLICAN A SON COUSIN JACOB. 129
cipis iiosiri. Cerle oi)liimis vir est ei'iidilus el |jiii.s, ac mire ardeiis
in Evangeliuin, cujus gialià liiic prol'ecUise (îa/Z/V/. Iiîc alii|iiandiii
luit e( eril -. Scio coUoquiuin ei non fore : lanien si speclandos vos
pnebealis et liunianos, eril ex otticio veslro ....
67
JEAN RHELLICAN à SOll COUSlll JaCob.
De Wittemberg, 22 mai 1523.
De liunianis traditionibiis vilandis. Ilem de Iniquo Manmione
Conliones. Marlino Lutliero autore .... (Basileie. Tlionia.s Volflius,
M.D.XXV), petit in-8".
Sommaire. D parle de ses relations récentes avec deux Français séjournant à
Wittemberg, qui veulent faire traduire en latin, pour leurs compatriotes, un nombre
aussi grand que possible des ouvrages de Luther.
Joannes Rhellicanus V Tigurinus. Jacobo Rliellicano, cognato
suo, in Chrislo Jesu salutem dicil.
Scis, ut opiiioi-. (luàm solicite Melanchthoii ttoàu-ctw,!; ille. .ses-
" Anémond de Coct dut arriver à Wittemberg vers la fin du mois de mars
1523; car nous savons qu'il inscrivit sou nom dans le livre des immatricn-
latious de l'Université, le 6 avril de la même année. (Voyez Album Acade-
mia" Wittembergeusis, p. 117. Luthers Briefe, VI*" Theil, gesammelt von
.T. K. Seidemann, S. 45.) Le présent billet de Lutlier, destiné à introduire
le chevalier auprès de Spalatin, fut écrit environ le 20 mai. comme semble
l'indiquer l'article suivant du journal de celui-ci: <■ Eadem vigilia [scil. Pen-
tecostes, id est 23''' Maii 1523] etiam hue Locham venerunt visum Prin-
cipem très Galli pii et eruditi: Anemundus Coctus a Castellar e,Eqnes, olim
miles Rhodius, vir miré festivus et doctus et eloquens, raihi egregie a
T)oct. Martino Luthero commeudatus, Frayiciscus Lambertn.'i, alioquin Ser-
ranus, Avenionensis, Delphinates, et Claudiu-s a Tauro. » (Sclielhoru. Amœ-
nitates literaria^, t. IV, p. 333.)
» Jean Millier (surnommù RMlicamt-s, parce qu'il était né à Rhellikou,
village du canton de Zurich) fit ses études à Cracovie (dès 1517) et les con-
tinua à AVittemljerg, où il se perfectionna dans les langues classiques (1522-
24). 11 rendit plus tard de grands services au collège de lierne et à celui de
Zurich. La Collection Simler renferme plusieurs poésies latines autographes
de RheUicauus, placées à la suite des pièces de l'an 1520.
T. 1. 9
1:50 JEAN RHELLICAN A SON COUSIN JACOB. 1523
qiiijiiiiiojani elapso, nos ad slyli exercitium adiiortari cœpehl. ne-
minem inquiens vel mediocrem dicendi facultalem sibi paratiirmii
e^se, quamUbel iiiultos eliani priiiiie classis authores audiveril et
legeril, nisi slyluni sudulo ac dlligeiiter exercuerit. lUius itaque
iidcli praiceptore dignis iiionitis pro virili niea parère studens.
piu'lerilo liyberno seineslri, duas Lutlwri coiilioues in latinani
linguam liansluli, qucu domi nostrcu delilescentes, diu anceps cer-
lanien cuni lineis ac blaltis habiierunt : adeo ut, nisi numinis cujus-
(laiii benelicio, GiiUm quidam * eis suppetias lulissel, de earuni sa-
lute actum fuissel.
Is eniiu (quuni faniiliarilatem niecum ex eo contraxisset, quôd niibi
lileras à Lnu.\_rentio\ Agricola Viamero, et Vollfij(in(jo '. anle Uonii-
nicum Natalem allulei'at) nie accessit, et conterranei su/ noiuine.
qui recens Vuittenhenjani venerat *. rogavit, ut aliquera ex Lulhe-
ranis libellis. Geriiianico sernione scripluiii. in latinum eloquium
Iransferrem, addens se eandem provinciani comiilurihus aliis in-
Jinixisse, ut scilicel et pntviœ sua3 Lutlieranaruni lucubralionuni
legendarum, et intelligendaruin major copia lieri possel ^ Ibi linn
pru3dictas confiones à blaltarum conlliclu semianimes vix ereptas
iili exbibiii. jussique ni easdem rontcrniih'o siio oslenderel. Quo
fado, ad me rediil. dixilipio conliones à conlerraneo probari.
qiiamlibel à tineis vulnei'aUe essent : »'um(|ue pra-terea roga>se. ni
l/licllitmilc homhunii doctiiiiis r/f(/«^//.s verlerem*'.
Illius igilui' priMibiis atijuiescens. vcrli cl liunc lilieHum. qiiem
libi in hoc nominalim dicare decrevi, dilectissime cognale. quod
Miaiii le ingens cerlamcn jaiii oliiii < uni paire luo reliquistpie con-
sanguineis propicr huinanas liadiliones suscepisse, nempe dum
lilii pt'rsuadero nilunlur. ni l'apislicis sacris inilit-ris. Eril aulen»
M'I nh liiM' gralnm libi ninnnscninn) liic libtdln-. si nnlla cnni libi
- François Lambert d'Avignon.
"' Woifgang Fabricius Capiton. Voyez le N" .>2.
* Anéinondik Cocl. Voyez le N" 6G, note '2.
• I >ii verra plus tard que c'était la grande préoccup.ition d'Anémoud de
Coct. Ce passage est d'ailleurs très-important i)our fixer le but pratique de
sou voyage on Allemagne.
'' La tradnetion de «'.et ouvnige de Luther parut à Hàlc en l.'>2ô. Au bas
du titre qtu- nous avons donné ci-dessus, on lit :
■loan. Khi'llieanus 'l'igurinus.
\'ertiinus luec olim quuui nos cantata fovebat
Vuittenbergii, bonis institiiens studiis.
1523 F. LAMBKRT A SPALATIN. 131
erudilio coninieiitlabil. (juod locos plerosque oinnes Imnianas Ira-
(lilioiies pessuiidanles. veliili fasciculo t|iiodam coiiipléclilur. Ila-
(|iit'. mi Jacobe, fac umnuscnliim tioc nosliiiiii li\l;iii lidiilc siis-
lipia'^ . oliiii loi'tasse majora el emaculatiora accepturus ■". Vale.
ViiittenhergcL', ex Musteo nosiro, 11. Kaleiidas lunias. 1323.
68
FRANÇOIS LAMBERT à Geoi'ge Spalatiii.
De Wittemberg, 28 mai 1523.
Manuscrit autographe. Bibl. du Mus. à Bàle. Vol. G. 1. 31, p. 72.
Sommaire. Les nombreuses lettres que j'ai envoyées en France par le jeune Claude
du Taureau m'ont empêché de mettre la main à mon ouvrage. Sur ma demande, le
D' Luther a aussi écrit à l'avocat du roi de France, homme très-dévoué à l'Évangile
et qui jouit d'un grand crédit auprès de son souverain. Le chevalier Coct n'est pas
encore parti. Je suivrai le conseil de Luther pour le choix du livre à interpréter dans
mes leçons publiques. Encore une fois, parlez au Prince de ma pauvreté. Si je
pouvais recevoir du fisc au moins dix écus d'or, j'aurais de quoi vivre avec mon
domestique, et je ne serais pas une charge pour mes auditeurs.
t
Giiristi gratiam el pacem ! Quia nuper ad te literas dedi, Spala-
liiie doclissime, tuoque in Domino mihi datum est collocjuio frui,
nunc iiievibiis agam. Nondum ali(]uid inchoavi, occupatus multis.
scriptis polissimum, qiicu piuribus in 6\////^/i- mi.si •. Junior quippe
nobilis Claudius de Tauro * abiit. Scripsit Doclor Martinus Régis
Galliœ adcocato '. nostris desideriis acquiescens. Idem enim ad-
" Voyez dans Meister, Beriihmte Zurichcr, Th. I, p. 315, l'indication des
ouvrages publiés par Rhellicauus. Le plus agréable est le poëme en vers
latins où il raconte sou ascension du mont Stockhoru. Il eu a publié uu
autre sous ce titre: « Carmen de tribus viris Badcn* ob evangelium de-
collatis. »
* Surtout dans le midi de la France.
* Gentilhomme ti-ançais sur lequel nous n'avons pas de renseignements.
n était peut-être arrivé à Wittemberg avec Anémoud de Coct.
•* .\ous ne savons quel est cet avocat du roi, à moius que ce ne soit celui
132 LE FÈVRE d'ÉTAPLES A TOUS CHRÉTIENS ET CHRÉTIENNES. 1523
vocalus milita apiid Regem potest, et rei evangelice tleditissimus
est. Equtfs noster* nondum abiil. '\n\ preslantiani tuam in Clirislct
salvam esse cui)il.
QiKii in secreto a me accepisti non efliciam. per omnia tuis con-
^iliis acqiiiescens. Excusahit nostra conditio. si (piid immodeslia*
de nie libi in menlem incessil. Satis intcUigis ([iiid veliin. Quod ad
li'ctiont'H attinet. niidl agam sine ilorloris Mnitini consilio. Non
satis decrevi nuid prudeclurus siin. Psaltcriuiii. Epistolœ et Pro-
plu'tœ lecta sunt. Forsan si aliiid à piedictis legero. aut A])Ocnli-
psim, quamvis misteriis plenani. aut aliud (|uiildam, non sine con-
silio aggrediar.
Tujuvame apud llliisir. Prin[ripeni] sicut meam novisti neces-
sitatem. Eriil)esco enini i[u6d Christianissinii Hostri Martini iiii-
pensis sustinear. Si possem velsaltem aureos 10 in angaria habere.
posseni utcun(iue cum famiUari vivere, et anditoribus non esseni
onerosus. donec aliunde Doininiis mibi aiixiliuni mittat. Cii.jus
gratia et pax tecum sit ! Amen. Vale, sincerissime evangelisla. Wii-
tend)ergce 5. Kal. Jnnias. anno 23. siipra luilh'simum et (juingen-
lesimum.
Tmis FiwNcisr.is Lambertus Avenionensis.
( Inscript io:) Veneramlo Cbristi servo Georgio Spalatino E\aii-
gelisle anlico Saxoniic sincerissimo. siio in Cbrislo Majori.
69
[le FÈVRE i^'i^:t.\I'I.i:s] à tons Chrétiens vt Clirôtiennes.
(8 juin 1523.)
Tndtiriioii IVanraise des Évangiles (par Le Fèvre). Paris. Sininii
deColines. iri2:j. I \ol. rioiii in-S"'.
doMMiURK. Le temps de la pure prédication de la Parole de Dieu étant venu, nous ol
fron.s aux simples tidèles Us Évangiltn traduits en langw vulgaire. Le reste dn
qui est mcntioiiiH" ilaus la lettre de Pierre de Selnille (28 (léceml)re 1524),
c'est-iVdire l'avocat du roi Ji (rrenoble.
' V. le N" 00, note 2.
' A la tin du volume, au verso du 208' feuillet, ou lit: « C'y fine la saiiictf
1523 LK FKVRK d'ÉTAI'LKS A TOUS CIIRÉTIKNS KT CHRÉTIENNKS. 133
Nouveau Testament suivra plus tard, et ainsi l'on possédera dans son entier ce livre
de vie. qui est la seule règle des Chrétiens et où brille le vrai soleil, lumière de la
foi, Jésus-Christ, l'xmique auteur de notre salut. Nous donnons cette Parole divine
telle qu'elle est, sans addition ni retranchement. Le Seigneur veut qu'on prêciie
l'Evangile à toute créature. Ceux qui en interdisent la lecture au simple peuple,
rendront compte de leur conduite devant le tribunal de Dieu.
Épistre exliortatoire.
A tous Chrestiens et Clirestiennes, grâce, illumination et salut.
en Jésuclirist !
Quant saind Paul * estoit sur ferre, preschant et annonceani la
parolle de Dieu avec les autres apostres et disciples, il disoil : « Ecce
nunc tempus acceptabile : ecce nunc dies salutis. » (II Corin. VI.)
.Aussi maintenant le temps est venu que nostre Seigneur Jésu-
clirist, seul salut, vérité, et vie, veult que son évangile soit pure-
ment annoncée par tout le monde, aftln que on ne se desvoye plus
par autres doctrines des hommes, qui cuydent estre quelque
chose, et (comme dit sainct Paul) ilz ne sont riens, mais se dé-
ceoyvent * euh-mesmes (Galat. VI). Pai-quoy maintenant povons
dire, comme il disoit : « Ecce nunc tempus acceptabile, ecce nunc
dies salutis. Voicy maintenant le temps acceptable, voicy maintenant
les jours de salut. »
Et affin que ung chascun qui a congnoissance de là langue
galUcane et non point du latin, soit plus disposé à recepvoir
ceste présente grâce, laquelle Dieu, par sa seule bonté, pitié
et clémence, nous présente en ce temps par le doulx et amo-
reux * regard de Jésuchrist. nostre seul saulveur ^. — vous sont or-
euangile de nostre | seigneur Jésuchrist | selon sainct Jehan. | Imprime
en la maison Simon de Coh- | nés Libraire iure en luniuersite de Paris, |
demourant en la rue sainct Jehan de Beau | uais, deuant les escholles de
Décret. Lan de ] grâce Mil cinq cens xxiij. le viij. iour du ( moys de
Juing. » — Suivent les Annotations (ou Corrigenda) formant quatre feuillets.
Ce volume est imprimé en caractères gothiques et sans pagination.
Nous donnons cette Épître d'après la réimpression que Simon du Boys
fit, en octobre 1525, de cet ouvrage de Le Fè^Te. Les principales variantes
qui existent entre les deux éditions seront indiquées en note. Sauf les deux
premières citations latines, nous avons supprimé toutes celles qui étaient
suivies de la traduction.
* Dans la première édition: Pol. ^ Ibid. decoipvent. * Ibid. amoureux.
* Ibid. sauveur.
i'iï LK FÉVUK D^ÉTAI'I.KS A TOL'S CHHÉTIICNS KT CHUKTIKNNKS. In23
données en langue vulgaire, par la grâce d'icelluy, les évangiles,
selon le latin (|ui se lii * communément par tout, sans riens y ad-
jouster ou diminuer, affin (pie les simples membres du corps de
Jésuclirist, ayans ce en leur langue, puissent estre aussi certains de
la vérité évangélique comme ceulx qui Pont en latin. Et après
auront, par le bon plaisir d'icelluv \ le résidu du nouveau testament.
lequel est le livre de vie, et la seule reigle des Clirestiens. ainsi que
pareillement est maintenant faict en diverses régions et diversitez
de langue par la plus grande partie de Europe entre les Chiestiens :
mouvant à ce les cueurs d'iceulx Tesperit de nostre Seigneur
Jésuchrist, nostre salut, nostre gloire et nostre vie.
Et encore nous monstre sa bonté infinie, qu'il est de nécessité *.
en ce temps, que grans et petis sachent la saincte évangile : ouquel
[1. auquel] nous menace envoyer le ^ Turcz ennemis de nostre foy.
comme les Babyloniens estoyent anciennement ennemys de la loy
israélitique. Et ce pour corriger les faultes de la chrestienté, les-
(juelles sont moult grandes, se brief [l. si bientôt] on ne se retourne
à Luy, en déluissnnt foute nuire folle fiance en rrèature quelcon-
(jue, et toutes autres traditions lunnaines, lesquelles ne pevent saul-
ver, et en suivant la seule \iarolle de Dieu qui est esperitet vie. Car.
comme dit la véritable et vivifiante Escripture: - Il n'est (jue ung
Seigneur, une foy, ung baptesme, ung Dieu et père de tous, sur
tout, et par toutes choses, et en nous tous. » (Ephés. IV.)
ElVorceons-nous doncques tous de sçavoir sa Nolunté'** par la
saincte évangile, aftin ipie au temps de tentation qui est à nostre
porte, ne soyons délaissez avec les réprouvez. Recepvons " la
doulce Visitation de Jésuchrist, nostre seul salutaire, en la Imnière
céleste évangélicque. laquelle comme dit est, est la reigle des Ghres-
tiens, reigle dévie, et reigle de saltil. El quicontjues vouldroyenl
mettre ou .soubstenir '* autre reigle que celle que Dieu a mise, qui
est ce-ste seule, ilz son! " ceulx ou semblables desquelz sainct Paul,
par Tesperit de.Iésuchrist. parle à Timotbéo. disant: « La fin du
conimandemont est charité decueur pur. et de bonne conscience.
l'I de t'oy non faiiite. Des(|iu>lles aucuns se desvoyans. sont convertis
en vanité de parolles, voulans esire docteurs de la loy, n'enten-
dans point ne les choses desipielles ilz parlent, iic celles lesquelles
" Ii)i(l. luit. ' Uticl. (le kcliii/. * Ibid. qu'il est tiece-is-itc ' Ibid. kf.
'" Um\. roitîcnte. '• Wnd. Recevons. " Ih'id. soustenir. '"' Ibid. Au lieu
(le « il/ sont, » ■■<onl.
\5îPi LK FÈVRK d'ÉTAPLKS A TOUS GHRÉTIKNS KT CHKÉTIKN.NKS. Vii)
ilz allennent.» (I Tim. I.) Siiyvons iloncques la sapience de Dieu, oii
ne peut estre vanité, ne faulte de intelligence, ne chose affermée
<pii ne soit la \énté atout entendement non ofïus(iué. et voire
aussi à tout entendement et à toute intelligence iiui passe Tenlen-
demenl. la plus désirée.
Mais aussi ne voyons-nous point, (jue ijuanl il est jour, et tjue le
soled luyst **clèrement, que on ne voit nulles estoilles ? Comment
doncipies au jour de Jésuchrist, qui est le vray soleil, peut-on
\eoii- autre lumière que la lumière de sa foy, laquelle est baillée
en la saincte évangile ? Se on a foy et tiance en autre que en Jésu-
christ, touchant la vie éternelle que nous attendons, laquelle Luy.
qui est vérité int'allible. nous a promis, comme il est escript:
« et en nul autre n'y a salut » ( Acta IV), nous sommes encores en
la nuict '^ et ne voyons point la lumière du soleil, qui manifeste
toute chose en bas, et absorbe toute lumière en liault. Qui est-ce
(|ui en plainjour puist veoir les estoilles? Parquoy serions encore
en faulseté et en ténèbres de la nuict. Et Jésuchrist nous dit par
sainct Jehan (Joan. \l) : « Si aulcun chemine de jour, il ne se blesse
[)oint ; car il voit la lumière de ce monde. Et se aulcun chemine
de nuict, il se blesse ; car la lumière n'est point en luy. » (Joan. XI.)
Par([uoy il donne à entendre, que qui chemine de nuict, combien
i|u'il voye des estoilles, lesquelles il cuyde estre son adresse, il erre.
Donc([ues, mes frères et seurs, cheminons en la lumière du
jour, en la lumière de la saincte évangile, ayans toute nostre tiance
de vraye adresse au vray soleil, et jamais nous ne ofifencerons
Dieu. Car luy-mesme le nous a lesmoigné par sainct Jehan, comme
avez ouy. Ne nions doncques à autre que au père céleste par Jésuchrist.
et en Jésuchrist, comme sa parolle nous commande, et nous serons
enfans de Dieu en luy, et de par luy, enfans de grâce et de lumière,
enfans de esperit et de vie. Alors nous vivrons de son esperit et de
sa vie qui est tout, et non du nostre et de la nostre qui n'est riens.
Laissons la chair, prenons l'esperit. Laissons la mort, prenons la
vie. Laissons la nuict. prenons le jour, sachans (comme dict sainct
Paul) que la nuict est passée, et le jour est approché (Rom. XIII ).
et que les œuvres précédentes ont esté œuvres de ténèbres.
Sachons que les hommes et leurs doctrines ne sont riens, sinon de
autant que elles sont corroborées et confirmées '* de la parolle de Dieu.
Mais Jésuchrist est tout: U est tout homme et toute divinité : et
'* Ibid. luyt. '* Ibid. nuyt. "* Ibid. confemieen.
|:}() l,K PÉVRK d'ÉTAI'LES a TOl'S CHRÉTIK.NS KT CHRÉTIKN.NES. 15'23
loiil homme n'est riens, sinon en Luy. El nulle pai'oUe d'Iiomme
n'est riens, sinon en la paiolle de Liiy. Pourtant dit sainct Jehan en
sa seconde épistre : « Se aulcnn vient à vous et n'apporte point ceste
doctrine.ne le recepvez point en vostre maison. et ne le sahiez point. ■■
Et ipii est ceste doctrine, sinon la seule évangile de Jésuchrist '?
Et se aulcun voulant desgonster les simples ou destourner" de
la vérité, disoit premièrement "*: (piMl vaull uiieulx lire les évan-
giles connue devant ont esté translatées, en adjoustant. diminuant,
ou exposant, et que par ainsi elles sont aussi plus élégantes, .se peut
respondre. que ce n'a on voulu faire, ne aucunement user de pa-
raiihrase, se autrement a esté possible expliquei- le latin : de
paour '^ de bailler autre sens que le sainct esperit n'avoit suggéré
aux évangélistes, comme il est escript : « Le sainct esperit, le con-
solateui-. leijuel le Père envoyra en mon nom. icelluy vous en-
seignera toutes choses, et vous rédiiiia à mémoire toutes les
choses que je vous ay dicl. - (Joan. XIV.) Ou de paoui-de mesler"
la parolle de Thonnne avec la parolle de Dieu, pour paroUe de
Dieu. Laquelle chose voulant faire Theopompus. ung escripvain
ancien, en translatant la loy de Moyse. comme se trouve par hys-
toire, fut faict aveugle, en punition de son audacieuse présumption.
Pour ceste cause, useï' de |taraphiase efi translatant la j>arolle de
Dieu est chose périlleuse, principalement se on y adjouste aucune
chose oultre la parolle de Dieu, ou se on y diminue.
Et de ceulx -' qui cuident. ainsi faisant, la chose estre plus élé-
gante, peut sendiler (pie de penser ce en la saincle Escriplure, est
pré.sumplion. Veult aucun estre plus élégant (pie le .sainct esperit?
Veult aucun estre plus ."^çavant (pie celluy (pii Ta voulu ainsi avoir?
Non in persuasibilihiis humane sajiientie verhis. comme dit sainct
Paul. (I Cor. II.) Par ceste raison doncxpies doiiil-on estre excusé,
se |»lus ne moins on n"a escript (pie contient la saincle Escri|)lure
et la vraye paidllo de Dieu. Et sachez (pie ce (pie plusieurs estiment
élégance humaine, est inélégance et parolle fardée devant Dicn.
et (|ue la parolle de Dieu en chasteté et siui|)licité de esperit est
vraye élégance (l»'\anl Dieu cl aux vcnlx ^|iiiiiiioIz. Ies(pielz lu>
.seul enlumine.
Sccondciiicnt (hKuil ^\\\v. eu leur tiaillant ainsi lr> évangiles,
maintes choses seront " difliciles el (discures, lesquelles les simples
" Itjid. dcstonier. '" Ibid. premièrement disant. '" Ihid. peur. *° Ibid.
Ou de mciler. " Ibid. Kt ceidi . " Ibid. .seront nmintcs cfuises.
15-23 I.K FÉVRK d'ÉTAI'LES A TOUS CHHÉTIKNS ET CHHÉTIENNES. I"!7
gens ne nourronl comprendre, mais pourronl esire cause de
erreui' : paniiioy nVst convenable de les leur Itailler ainsi. Il n'estoil
point (loncrpies convenable, par cesie mesme raison,que les évangé-
listes les baillasseni ainsi aux Grecz. et ainsi les Latins aux Latins?
Car il \ a moult de lieux difficiles et obscurs, lesquelz ne les Grecz.
ne les Latins ne pevent comprendre, et suffit de les croire, comme
nosire Seigneur commande, disant: « Croyez à l'Évangile. »
(Mat. 1.) Et les plus sul)lilz d'engins et litérez comme Arrius.
Eunomius. Pbotinus. Sabellius et plusieurs autres, sont tombez en
erreur, et non point les simples vulgaires.
Et aussi doibt ung cbascun sçaxoir. (pie pour néant se elVorce-
loit aulcun " de vouloir faii-e entendre à ung aveugle la beauté,
excellence et magnificence du soleil matériel. Et de tant est-il
plus impossible escripre ou faire entemlre.en escripvant, la beauté,
excellence, et la gloire de TÉvangile. qui est la paroUe de Dieu,
ray du vray soleil spirituel, ouquel toute beauté, excellence, gloire,
et toute superéminente bonté est enclose. Lequel ne peut ** esti-e
congneu, se luy-mesme ne se manifeste par dedans à l'œil intériore
de l'esperit, comme le soleil matériel ne peult estre congneu. se
luy-mesme ne se manifeste par deliois à l'œil extériore de la
cbair. Mais comme le soleil matériel se veult communiquer par
luy et par sa bonté naturelle, aussi faict moult plus fort le soleil
spirituel par luy et par sa bonté supernaturelle, de tant qu'il est
inestimablement plus beau et meilleur que le soleil matériel. Et
se communique aucunesfoys plus entièrement et spirituellement
aux simples, de tant qu'ilz sont plus iiumbles et petis, que aux clercs
moins inmdjles el plus grans. comme est congneu par la parolle
(le nostre Seigneur, disant en l'évangile sainct Matthieu : « Opère.
>eigneur du ciel et de la terre, je te rendz grâces que tu as caché
ces cboses aux sages et prudens et les as révélé aux petis. ■'
Et se aucuns voidoyent dire ou empescber que le peuple de
.lésudirist ne leust en sa langue l'évangile, qui est la vraye doc-
trine tle Dieu, ilz sachent que .lésucbrisi parle contre telz. disant
par sainct Luc : • Maleur sur vous, docteurs de la loy. qui avez osté
la clef de science ! Vous n'y estes point entrez, et avez enq^escbè
ceulx ipii y entroyenl. » ( Luc. XI. ) Et ne dit-il point encoie par
sainct Marc ( XVI ) : " Allez par tout le monde, et prescbez févan-
gile à toute créature ' • Et par sainct Matthieu ( XXVIII): • Les
-' Ibid. aucun. '* Ibid. peult.
138 F. LAMBERT A G. SPALATIN. 15:23
enseignaiis à garder toutes les choses que je vous ay commaudé.
El comment presclieront-ilz l'évangile à toute créature, oomnieut
enseigueronl-ilz à gai'der toutes choses i|ue Jésuchrist a commandé,
se ilz ne veulent point (jue le simple peuple voye et lise en sa
langue Févangile de Dieu ? De ce fauldra-il rendre compte devant
le tribunal du grant juge au jour du jugement. El pareUlement.
•se on a presché au peuple parolles, faisant enlendi-e qu'elles e.s-
to^ent les parolles de Dieu, et elles ne l'estoyenî " point. Dieu dit
par Esdras en parlant de l'ancienne loy : « Les dignes et les in-
dignes la lisent! » Les Ghresliens, enfans de Dieu, sonl-ilz de pire
condition à lire la loy nouvelle, la loy de vie et de grâce, que les
•Iiiifz Tancienne, lesquelz estoyent serfz ? Serons-nous pii-es en
nostre loy que les Juifz en la leur encore à ceste heure: lesipielz
on ne sçauroil interroguer de (piehpie passage de leui- loy an-
cienne, que prompteraent ilz n'en respcmdenl ? Et toutesfois il
escript des Ghresliens par Hiérémie ( XXXI i: • Le Seigneur Dieu
dit : Je donneray ma loy en leurs intériores et l'escripray en leur
cueur. ' Et (jui est ceste loy. sinon la loy évangéliqiie el les escrip-
tures du nouveau testament ? Nous ne dehverions point doncqnes
les lire seulement et les avoir en livres malérielz. mais les tenir
promptement en mémoire, et les avoir escriples en noz cueuis.
Calciali pedes. c'est-à-dire, tous noz désirs et alléchons avironnéz
in preparationem evangelii pacis.
Et afiin. mes frères el seurs en .lésuchrisi. que comme ceste
épislre a esté conunencée par saimi P;iid. aiiss\ cllf Une avec
sainct Paul, nous j)rions ce qu'il prioil aux Corinthiens, (pie la grâce
de nostre Seigneur Jésurinist. el la charité de Dieu le père, el com-
munication du sainct esperil soit avec vous tous! Aiuen.
70
FhANçois LAMiJKRT à George Spalatin.
De Wittembcrg, 14 juin 1523.
Maiiuscril aulogiaphe. HihI. du Muséum, à Bàle. Vol. (i. I. .{1. p. "'».
SoMM.MRE 8ur vutre oonst-il je lunoufe à lieniander le beuetice vacant , il siiftirait a
ma Hiibsislanci-, niiiis il iiu- ilctoni inMiiit peut-être de l'u-nvi'' .!n Seigneur. Je ne suis
!t)i(l. ne 1rs csioi/ent.
523 F. i.AMBKin A (;. si'ai.ati.n. 1-{'.(
pas encore en mesure de vous envoyer mes ouvrages. Le commentaire sur la Règle
de/> Frère» Mineurs doit paraître prochainement, mais l'imprimeur me fera attendre
pour les commentaires sur les Prophètes et pour l'Épitre que j'ai adressée au par-
lement de Grenoble. J'ai commencé quelques ouvrages en fravçais, qui seront peut-
être imprimés à Hambourg. Puisse l'affaire être bientôt conclue ! Rien ne serait plus
utile à l:i France que des livres en langue vulgaire. La Parole abonde er. Allemagne;
les peuples de la France et de l'Italie en sont encore privés. J'attends de France les
réponses de quelques seigneurs ; de Savoie, celle du comte de la Chambre. Quand le
chevalier Coct partira, je lui remettrai les lettres que je veux écrire â quelques
princes français. Je rends grâces à Dieu poiu- les protecteurs qu'il m'accorde dans
mon exil, et vous assure que je suivrai docilement toutes vos directions.
t
T
Salvaloris iiustri Jesii Cliristl Gratiam et pacem ! Binas eodem
(lie à pi-e.stanlia tua aclcepi literas. ({uariim priorem. Dominici coi-
poiis VIII ilie *. posleriorem. Sabbatho posl Barn[abce] -, scripsi.sli.
In iitrisque ingentem tui pecloiis pro verbo sancto ardorein, ileni-
que pro me. inutili (piidem illiiis ministro, solicitiulinem abonde
cognovi. Placentque ideo admoduni (pia3 de vaccante sacerdolio '
admones ac sentis, cum liisce (sic) caribdes scirtesque desidera-
tissimani aniniiqiiietemacsacrosanclum verbi ministerium soleant
iiupedire : tametsi credam in euni, qui me à reprobis malignantium
conventiculis segrega\it, ut filii sui Evangelium libère nunciarem.
(jund nibil propterea minus in re Cbristiana egissem. Testis enini
milli est Dominus, quôd nihil me moverit stulta lisec sacerdotii
faciès atcpie ambitio, sed ob id tantùm. amicis admonentibus, de
eo cogitaveram, ut neque Principi Illustr. neque auditoribus meis,
ueque alteri cuipiam. forem necessaria poscendo molestior. Idcirco
(|ua' facta sunt. ut plus es. boni consulere velis.
Suscepi ei-go consilium tuum. haud secùs atque patris necessa-
riam jiissionem. nihil in ea re adraissurus. etiamsi me ad eani
plurium vota advocarenl. Symplegades vitare jubés ; qui tiet. ut
lion semper anjuiescam? Propositi quippe mei semper fuit, ut
nibil umquam admitterera, (|uo in Cbristi negotio minus liberioi'
essem. Interea ad id, Cbristo propitio. nitar. ut quod cepi adim-
pleam. Neque opus erit, ut te nimiùm solicitem. pro mibi neces-
sario victu et cultu. Scit enim amicus (ut pro ingenita animi ei
' Le 11 juin en 1523.
* Le samedi 18 juin.
* La suite montre que Lambert avait demandé ce bénéfice ecclésiastique
pour subvenir à sa pauvreté.
140 K. I.AMBKRT A G. SPALAÏIN. 1523
liumililale et benevolenlia vis appellari) et doiiiiims meus, (juid di-
lecto clientulo sit iiecessum. Magnus est Dominus et oinnipotens
pn»videntia ejus.
Petis demuin ul (|iii(ipiid noatniiniit liiciibnitioiiuin excus.siiiii
fiierit, tibi mittaiii : tarnetsi iiiliil tua sit prestanlia dignum, faciaui
(luod precipis. Verùm fardiores sunt typngiaplii quàm ut brevi
commentarii in Projilietas cudantur*. Expecto ab illis in dies
i^r,yr,<jiy in MiiioritaiHm reffulam \ ac Literas quas ad supreniuui
regiuin Consilium, sive ( ut vocant ) jiavUimentum totius pntriœ Dcl-
phiitatns, novissimè dilectissiino et iiobili Claudio de Tauro dedi^.
l'Iii autem imprimantur. me latet'. Is enim qui adœpit, tantùm à
uobis libros pretio rediniit, quos demum, ubi oportunum viderit.
cudendos tradit. Sic et ego aliijuot illi opellas tradidi. aliorum
exempla sentent iamque secutus.
Giillicc item nonnuUa edere cepi", quôd ad me ex Amliiin/o nuncii
advenerint. tracUitits gallicos postulantes. Aiunt enim (|ii<mI illic
sit, qui ea lingua elimatissimos possit cudere libros: (pios demum
navigio in G(tlli(is mittit ^. Necdum tamen aliquifl conclusimus.
donec prius quid po.ssit experiar, cujus rei spero me certitudiuem
brevi susceptuium. Faxit Deus Opt. xMax. ut inveniatur qui Gallic»'^
id imprimere possit. cum niliil ea re conducibilius Galliis arbitrer
futurum '"! Nuiiquam enim apud Gernianos sic veritas profeci.sset.
nisi Cbristianissiuuis nosler Mmtinus tractalus etiam vulgares edi-
disset. Tu quocpie. ut audio, novissimam locorum communium edi-
tionem vulgarem fecisti. iinde et studio tuo et Geniianonim iililitali
fongralulor. .Miumlat Germatiid \erU(). miserrimé autem ^/'///o/7////
Itutonniniiœ plèbes fere illius esuriedispereuni". Deusmiserealui
* Ils ne parurent qu'en 1525 à Strasbourg.
^ Voyez leN" 65.
'^ 11 avait écrit au parlement de Grenoble, vers la fin de mai. V. le N» 68.
■ Il ne parait pas que cette Épître ait jamais vu le jour.
** Nous ne connaissons aucun auteur (jui atteste l'existence actuelle
d'ouvrages français de François Lambert.
'' La publication des livres évanjréliques écrits en langue vulgaire était
très-difficile en France, depuis l'édit du 13 juin 1521. (V. leN" 38, note4.1
On voit, d'après ce que dit Lambert, qu'une partie de ces livres s'imprimè-
rent dès lors à Ilnmhourfi.
'" C'était aussi l'opinion de Li- Fè\Te. V. le N" U'J.
" Lambert ignorait donc l'existence de la tratiuction française du Nou-
veau Testament par Le Fèvre. Autrement il ne se serait pas exprimé d'une
manière aussi absolue.
1523 P. LAMBERT A G. SPAL.VTIN. 14l
illonnii el benedicat eis, illiuiiinet viillum suiini super eos. el
illonim misèrent iir. ut cognosc;int in terra viam suani. in omnibus
Ljenlilms salutare suum! Amen.
A Gnlh'is nibil recepi novi. Operior- (piid mihi rescriptui-i sini
pra'dicti Consilii Scnntores*^. Illustr. D. de Caiiieni.Snlinudhi' ùmie^
siipremus ''• et aliquot alii Domiiii. ({uibus scripta direxi **. Noster
Eipies 1). Annennindus Coctus nondum abscessit '^ Expectat auleui
lideles itineris comités. Nosti enim quanta nunc undique pericula
sinl. Is prestantiam tuam in Clu-islo salvam esse exoptat. dedissel-
que nunc ad te literas. nisi eum. qua diebus aliquot pressus fuit,
intirniilasveluisset. At, Christo propitio. l^revi ad te scripturus est.
Servavi. ut quée tibi dixeram de nliqnot (diis Galliœ Pn'nciiuhus
ipsemet exequalur. Ideo illi noslras literas '® ti-adam. cum in ne-
iiocio Cbristi sit juxta sincerissimus et ardentissimus.
(juod de modis omnibus egregio jureconsulto d. Doctore Hic-
romjiuo '^ suades. inter prsecipuos habendum patronos, mibi jam
persuasissimum erat. Verimi niliilest in me. (juod apud vos de lioc
vermiculo tam bonoritke, ut scribis. loquerelur. Egit boc pro
uuilta sui pectoris ingenuitate, atque in virum immeritum cbaritate
sincerissima. Contldo in Deum meum. quôd et Illustr. Prin[cipem]
et te, el illum, non oblito Ecclesiaste nosiro. patronos mibi in
exilio meo dederit.
In prioris epistoke calce. pro coronide adjecisti. rem profecto
consultissimam. ut scilicet. (juicquid à le voluero, id scriptis non
prcesentià agam. Quod, lamelsi non scripsisses, quid bine pro tem-
pore emergere possit. ipse mecum sepenumero cogitavi. Suflicit
ipiod me semel adraiseris, egerisque ut Cliristianissimi Prin[cipis|,
((uoad tieri potiiit. optato et venerando aspect u potirer. Gratias
veruntamen iunnen.sas refero. quôd me premonueris, et pro bene-
'* Voyez la note 6.
" L'Histoire du Sénat de Savoie par Eugène Burnier iChambéri, 1864,
p. 9.5) cite Louis, comte delà Chambre, \icomte de Maurienne, comme fiii-
sant partie du tribunal suprême qui se réunit en 1514.
'* V. le N" t38, au commencement.
'•^ Il ne partit qu'après le 7 septembre.
'** Dans le nombre de ces lettres il s'en trouvait sans doute pour les
amis que Lamlnnt avait à la Cour. Voj-ez sa lettre du 31 décembre 1524.
'" Jérôme Schurtf', professeur de droit à rnuivcrsité de Wittemborg. Il
partit pour Bâle, le 8 septembre 1523, et fut probablement l'un des com-
pagnons de voyage du chevalier Coct.
142 F. LAMBER T A G. SPALATIN. 1523
volentia quam milii oslendis. gaudeo vehementissime. Obsecro
aiilem pnidenliam luam per Cliristiim. ut in (juiluisciimque til)i
videbilur. et mihi fonsulere et me commonefacei'e velis. Elenim et
consilia et adiiiunitiones luye inihi enint pei-iiide atque oracula
Dei, et Domini iioslri Jesu Chrisli. ciijus pax et gratia teciim. et
bene in eo vale. optimeSpai.[aliiie]. urans ul per uos raisteria sua
sincerissime tractet. Witlembergae. die DoininiLO post Barnabe
dieni M™" CCCCC" XXfll.
Tiius ClienlulQs Franciscus Lambertus.
t
(Insrn'ijtio:) Sincerioris Theologiai integeri'inioassertori Georgio
Spalatino, lilustr. Sax.[oniyL'] Diicis Fnde.[rici]à Sacris comionibiis.
Palrono suo observandissinio.
71
FRANÇOIS LAMBERT à Geoi'gf.' Spolatiu.
De Wittciiiberg, 24 juin 1523.
Manuscrit autographe. Hilil. (bi Mus., à Bâle. Vol. 0. I. M. p. 75.
Sommaire. Je vous remercie des ressources que vous me faites espérer. En attendant
je dois vous informer de la résolution que j'ai prise de contracter un mariage qui
me permette de continuer à vivre chastement, en me conformant sur ce point à In
Parole de Dieu. Ayez donc pitié de moi, et veuillez m'excuser auprès de l'Électeur
Aujourd'hui, par le conseil de Luther, je me suis fiancé avec ChriHine, fille d'iui
boulanger d'Hertzber</; son père a fixé notre mariage sm 15 juillet. Les AUemands
et Us Fiançais éclairés n'en reçoivent aucun scandale. Pour mes compatriotes plus
simples j'expliquerai les motifs d'une resolution qui les choquera peut-être A-néiit'yiid
df Coct vous salue
*
(îratia el Pax a OoniiiKi iiostni J(sii ('brisio! Accepi tiiidiu.s
•piarlns bleras tuas, opliine et idem doclissime Spalaline. quibu.»
iiigenlem erga me animi lui benevolentiam pndesialus es. Speras.
abunde (piàni sacenbitio super.>tilioso. mee inopie providendum.
spcid fi oL-^o in Duiiijnnin. qiiuil per h' iA p»'f .dios inild .diici- pro-
1523 K. LAMBF.RT A li. SPALATIN. iHi
\i(lel>iliir. Interea accidil ([iiod le lalere liaïul ([uaiiuani \oliii. Scis
me imiter lecum iionniliil ilc rc uron'a Iradasse. pandeiis (piod
Miilii necessariiim erat honoralùle conniihuim iii oiniiihiis. llioiiis
iinmaenlaliis. Nollein. sieut necumquam fui. scortalor esse : iioUein
eliain iininiindilias. Sois aiilem qiianlum possinl. <|ui non liabeiil
(lonum. Urgeor. fateor. ef à carne, oui si consensei'o. pereo. ilidem,
el a verlu) Dei. milii id pra'cipiente, ut, ne vel corde fornicalionem
ndinillain. uxoreni liaheam. Angustiie mihi seraper fuerunl undi-
(|ue. Miserere igilur, ô venerande Ciiristi serve, et mihi hoc dona
Ht non scandalizeris, pro his qiia3 acciderunt. et âge apud Ciemen-
tissiinuni Principem, ne et ilkim maie liabeat, quod verbi Dei im-
perio feci. Verè, impediehar admodum à verbo et lecturis propter
stimuios Garnis et verè conlinuos.
Hac die, una circiter iiora. antequam id scriberem, inter puellani
(jiianilam. filiam pistoris cujusdam Ertzerbergensis, pâtre et lilia
consentientibus, et me, faclum est legitimi matrimonii promissum'.
Et, ne te ahquid lateat, a pâtre, qui WiUembergam. iiujus rei gratiâ
\ enit, dies nuptiarum constitutus est dies S. Margarilie. Non absque
consilio nostri Martini, viri Ghristianissimi. factum est, quôd uxo-
rein acceperim. Verè tiic scrupulus semper in me fuit, quod timui
el Iliuslrissinio Principi et tibi, pro hac re, gralus haudquaquam
esse. Sed (juid timui. di;^pUcere viris Christianissimis, quibus nii
gratius est, quàni ut verbum Domini observetur et maneat in eter-
uum ■? De his abunde aUo tempore scribam. Gennani pro his non
scandaUzantur-. neque ex Gallis peritiores. Pro Galliœ aiinpliciorilms
quibusdamvis tractatum, Ghristo propitio. scribere cepi'.
Uuod si tandem cpiiiiiam otïensi fuerinl, milii pro minimo est.
sciens quôd Cliristus verbumque suum atque observatio illius sit
in iiiinam et resurrectionem etc.. et quôd illi contradicetur. Scio
quôd occupatior sis quàm ut ad nos venires, si rogaremus ut nuptiis
' Andréas Pretynus annonçait ainsi à Spalatin le mariage de Lambert :
«D. F. Lambertus uxorcm statim ducet puellam, D. Augustini Schurf me-
dici famulani. » (Schelhorn, op. cit. IV, 352. "i
* Ulscenius écrivait de Wittemberg à Capiton, le 9 février 1522: « [Jjw<î/s]
Jonas hodie uuptias auspicatur .... quod paucos admodùni offendit, nisi
quosdam pbarisaïco adooquc in speciem justos. » (Collection Simler.) C'est
le même Jonas qui publia on 1523 l'Apologie du mariage cle.< prêtres. (Voyez
le N-31, note 3.)
"' Voyez son livre « De Sacra Coiijugio » dédié à François I et publié à
Strasbourg en mai 1524, in-S».
144 F. LAMBERT A T.. SPALATIN. 1523
intéresses. Ora, vir flhristiaiiissiino. ut vei'ljiiui Doiniiii in noliis
|)i-olifiat seniper! Conlido in Deiini ineuni. quod liherihs itef/ocfum
Clin'sti cfficium. Uhenitus n (juottiilùuio uniinœ iiieœ pericitlo. E(]ues
noster D. Anneniundii.'i te sylvnni in (^hristo esse optât, qui, mox
atjéunte tabellione. Iiaudciuaquani scribere valuit. Gi'alia et pax
Doniini nostri Jesn Clirisli tecum semper ! Amen. Bene vale, sin-
cerissime Tlieologe. Wittem[berga,'], dieS. Jolianuis M.IJ.XXIII.
Tinis ("Jifnlnlijs Franci.sci's Lambkhtus.
t
(Imcriptio:) Viro Christianissinio et vei'c sincei'o. Georgio Spa-
lalino, Illustr. Sax. Dncis Frideiici ;i sacris conrinniliiis. patrono
■^iio ()l»servandissimo.
(Au-dessous:) > Er Georgen Spalatino /ii lianden. »
(Note autographe de Spalalin:) Ki-. Lanipertus (îallus duxil
uxorem ViltendjergceiM.lJ.XXIll.
72
FRANÇOIS LAMBERT à George Spii latin.
De Wittemberg, 4 juillet 1523.
Manuscrit autographe. Bihl. (hi Mus. à Bàle. Vol. G. 1. .11. \\. 7fi.
Sommaire. Votre lettre et les présents que l'Electeur m'envoie pour mes noces montrent
assez votre bonté paternelle. Vous m'avez obligé et réjoui au milieu de la frayein-
bien naturelle que j'éprouve. Cœurs vraiment chrétiens, je suis à vous en Jésus-Christ.
La sœur très-chère que Dieu me donne pour aide, mes amis de noce et le chevalier
Coct ont partage ma joie. Que Dieu soit béni en toutes choses, qu'il exauce vos
voeux ! Le premier j'aurai remué ce rocher de superstition qui pesait sur la t^fance.
Que la terre soit purgée de cet hypocrite célibat/ Puissé-je, comme professeur ei
comme époux, me conduire aussi chrétiennement que vous m'y avez exhorté ' Sou-
venez-vous de votre nouveau Wittembergeois
Gratiani et paceni Chrisli Jesu ! Quoniathnndiini seniinaiitibns
gralus est opintunus aër. aul airo ia(lali> t m bine nantis, mare
lrani|uillnin. sic niihi luerunt litcra- tua-, un sna\i,><sinie Georgi
8pal.[atinej. (piibus. principaH Illustr. Principis atijuc tua niunili-
l'cntià. rarnein l'erinani adjecisli. Suaserant inilii (|uidain. ut ab.^ te
priinrini e\ ra alii|iiiil |i(iv|iil;in'iii : sed ipiiid pt-lcrr baMd(|iia(piani
1523 LUTHF.R A C. Sl'ALATIN. 44.^
IMU'sumore volai, prestanlicu tiui' benevulentia fecll. Agis démuni
soliciliiiu pati-eiiilaniilias, id curans ne missce caj'nes aille miplias
[lereaiit. Qiiid libi relribuam pro oniiiibiis qiice retribuis mibi luui
liaboo. Ergo meipsiiiu liabe. qui tuus in Cbrislo esse volo. Sujira
iinàin dici possit, me tibi devinxisli. el exilarasti, bominem iion-
iiihii pro rei iiovilale de semetipso teirilum. «piùd mei nunc re-
fordaliis sis. quod Clementissimi Principis alqiie Excell.[entite]
Hue Cbristianissima peclora boc iiidicio palenlissime agnoverim.
Lelala quoque est citarissimn soror, quiuii utilii tiadidit inauxilhuu
Doua, cui el mibi misericorditer laigiri dignelur (jucu in Cbrislo
nobis precatus es! Gavisi item sunt araici plures qui arbiliabanlui
conjugiiini nostrum optimo Principi liaud fore accepluni. Per
onmia benediclus Deus ! Amen.
E GaUiu lioc saxuiit primus evoivi; lu ora ut plurimi setiuantur,
et nepbandissimis libidinibus, quibus spurcus ille bypocriticusque
cœbbalLis al»undat. omnis terra purgelur ! Ora etiam, ut talem me
in lectionibus et conjugio el rebijuis exbibeam. sicut me fuisli
cbi'islianissime adborlalus. Conlido aiilem in Deum.. quôd nunc
Uberius in omnibus agam, videns, Gbristi misericordiâ, me sul)
Piincipis ilbislrissimi Imperium plene esse translatum. Tu autem
(ut verè loties expertus sum, el fecisti) novi bominis, novi ïï'7/-
fi'iiihert/ensts, el ejusdem laborantis. memoraberis. Salutavi, ut jus-
sisli, Equitem nostrum Dominum Annciiiunduiii. a quo et literas
babes. cui ingens gaudium fuit, dum quœ a pi-eslantia tua missa
suni inteilexit. Gratia aulem el pax Gbristi tecum semper, in quo
iiene vale. mi observandissime patrone ! AN'ittembergie. Sabbalo
post visilationem beata,' Maria?, Anno Gbristi ]M".D.XXII1.
Glientubis tuus Fhangisclis Lambertus.
id
LUTHER à Spalatin.
De Wittemberg, 14 août 1523.
Lutliers iiriefe, éd. de Wette, II. 387.
C50MM.-URE. Demande Je secouis poiir François Lambert, aùn qu'il puisse se retirer
à Zurich, où le voisinage de la France, lui otl'rira plus: de chances de succès.
(iratia el pa\. Lnmbertm Francisius slatuil r nostris terris dis-
T. I. 10
14H F. LAMBERT A SPALATIN. ^523
cedere Titref/uith istic meliiis aliturus et majora faclnnis ob vicini-
tatem Galliœ, qui apud nos esse copiam sentit docentium '. Bene
if,ntur feceris, si |)aiiperi apud Principem patronus fueris. ut viati-
cum obtineat, naui et debilis (iuo<[ue invoiutus est. Idrirco largiore
manu opus habet. prœsertim cum sit haic forte ullima largitio, el
Principis nomen apud exteros istos in Gnllia magis commendabil.
Valeetora pro me. Wiltembergie, die 14. Augusti. MDXXIII.
Martinl's Lutherls.
(Insciiptio:) I). (leorgio Spalalino sno.
74
FRANÇOIS LAMBERT à GeoFge Spalatiii.
De Wittembcri;-, IG août 1523.
Manuscrit autographe, liilil. du Muséum à HnW. Vol. (i. I. M. p. 77.
Sommaire. L'accueil que vous m'avez fait à Lochau, et votre lettre au chevalier
Coct témoignaient avec force de votre charité pour un pauvre de Jésus-Christ. Qui
suis-je pour que vou.s désiriez si ardemment lire mes ouvrages, même les plus impar-
faits? Dans le cas où cela vous serait agréable, je vous dédierai, même après mon dé-
part, mon commentaire sur les écrits de St. Luc. Si vous m'aidez à obtenir l'objet de
ma requête au Prince, vous aurez rendu service à la France entière, en facilitant la
publication d'ouvrages en langue française. Mais voici que le chevalier m'appelle
chez Luther et Mélanchtlum. Ceux-ci, plein.s de sollicitude, veulent que j'attende
pour partir, que le chevalier ait vu de ses propres yeux si ce qu'on nous raconte de
l'état de la France est vrai. Pour moi je voudrais jouir encore de votre douce cha-
rité ; mais â Dieu la gloire et le régne 1 Povieranus, su femme, le chevalier et
Christine vous saluent.
t
('hrisli ,i,M-aliaui t'I pacem ! Hiiam aiuid llbisirissimi l'rincipis
an'ciii '/'' Lncliii ' osicndisli Chiisli pauperi dilerlioneiu. ihim uu^
' Lntlicr écrivait (l(\jù !\ Spalatiii, le 3 aoi"it: < [Lambertiis] paupcr est
npc diii hic niansuriis, ut sonat. «« Ibid. p. 378.
' Locha ou Lochainn (pu allomand Lochau), petite ville et forteresse
située près de Wittemberp, était la résideuce habituelle de l'Électeur
Frédéric. On l'appelle aujourd'hui .binahunj.
lî^SS F. LAMBERT A SPALATIN. 1 i/
m iiiisel domo el cubiculo siiscepisli. lileriL' tua-, quas apiid Equi-
Icm nostruni - i-eperi, abunde lestabanlur. Quis ego homuncio. iil
illitis scripla et vere adiiiic inimaliira (anlmii exposfules ? Video
(|iiod tolus ardes in verbum Dei. cu.jus zelimi in scienlia babes. Id
lacil m eliam minoruni vel incomplelas ediliones deposcas. Si
gratuni libi jiidicas, idijue luilii nodim sil, spondeo quod, etiam si
(liscessero, Lncnni totniii. Evangebon scilicet et Acta ', tuo noniini
dicaiida. typograpbis Iradain. Tanlùin ora ut, vita comité et Spi-
rilus Cbi'isti illustratione. idem opus emendatius exeat.
Quod ad rem nieam attinet, misi sup])Uca(ionem ad Principem
iliiisli-issimum.quam vide, et facsicut nosli. Simejuveris, univcrsas
lirorsus Gallias Jumis^ Pioponimiis eiiim quic(|uid poterimus in
le Cin-istiana gallice b-adere. Mntatio iitinam (sicut confido) dex-
icraj exceisi M
Posteaquam prfcedicta scripsi, venit ad me eques noster et cepta
obmillere compulil. donec iterum nostrum Martinmn Cbristianis-
simiim itemque PluMppnm Melanch[tlwnem] consulerem. PkiUpims
iianKiiie pro sua cbaritale pnemonuit illum. ni haec mibi diceret.
Veni ergo ad illos, et omnia reperi immulata. Suadel optimus ipse
Ecdesiastes, suadet el Philippus, neprius discedam quàm D. Eques
per semetipsum conspexerit, an vera sint qua3 nobis dicta fuei'int ^
inlerea qnicquid in facultate eorum fueril mibi ofl'ei'entes. Verè
devincitis nos vobis omnes.
Suscepisti me lu. iiominem abenigenam, inter aba in proprium
cubiculum : videbare super vermiculi discessu tristis esse. Ecde-
siastes et Plulippus mibi liment el pro me mire soHcili se et sua
olïerunt. ut omnes vos Clu'isti discipulos agnoscere compellar.
Denmm. quare sapienli sufficit rem palam fecisse. si quid egisli
cum optimo Principe, videris quid magis sit faciendum. Rem nosli.
Tantùm obsecro ut, sicul in uUimis bteris spoponcUsli. nonnibil
- Anémond de Coct.
^ A notre connaissance, le commentaire sur les Actes des Apôtres n'a
pas été pulîlié.
* Lambert demandait son congé et la somme nécessaire pour le voyage
de Zurich. Voyez le N" précédent.
* La suite montre qu'il s'agit du changement qui allait s'accomplir dans
la destinée de Lambert, si la réalisation du voyage sus-mentionué lui était
permise.
" 11 s'agit ici de nouvelles, probablement exagérées, sur les progrès de
l'Évangile en France.
\\H ANÉMOND DE COCT Al' LECTEUR. 1523
;i(l miiniis adjungi quaiitQm poteris facias. Ego aiilem *"icissim fa-
ii;iiii ((iiaî adliortaUis es. et Lucain totum tibi dicaiuliiin. si placueril.
Doiiiiiio miserarile. roinplebd. Verè gaiideo, jiropler vos omnes,
i(UO(l iionduiii aliscedain. ul voltis Iterum friiar in Domino, a ipio
est noslroriim openim coiiclusio, tametsi varia sei)eiminpro pn>-
ponaiiius, cui gloria et imperium in secula î Anu'ii.
Aniiotationes noslras hrevi recipies. Non eiiiiii reperi eiiiii ipii
scripsil ilias. Bene valeas in Cliristo. ciijiis gralia lecmu!
\Villein[herga;]. bac Doniinica post Asstiiiiplionem, l.o.2.:{.
Saliilant le IJ. .lo[lianne.s] Poiiir.\mnm]'- cnu\ spon.fd sini''. Sa-
Intat (inoque te I). Eriun. et Clirititinn soror^.
Tiiiis (lientiilus Fiunciscis I.AMHKivns.
t
finscriptio :) Y'iro Cliristianissinio Georgio Spalalino. Aida- llliis-
trissinii Prin[cipis] Saxo[nia?J Diicis Fiiderici K|iis«-opo. siio in !»(•-
inino Majorief Palrono.
75
ANÉMOXD DE COCT, clievalicr trançais, au Lecteur.
De Wittemberg, fau mois d'août) ' ir)28.
Evangelici in Minorilanmi Ucgnlani Coinnienlarii. 1". Lainberlo
;Hilore. Wilteinbergie. V.)%\. iii-8".
(TRADUITE I»U LATUi.)
Sommaire. Quoique la Parole de Dieu demeure invincible, l'Eglise an contraire a
aoullerl mille maux pur l'elFet des lois papistiques, et aujourd'hui qu'elle essaie de
' Jeati Bugenhagcn, surnommé Pomeramis, naquit à Wollin, en Pomé-
ranie, le 24 juin 1485. Après avoir étudié à GreifswaKl, il embrassa la vie
monastique, fut prédicateur et professeur à Treptow jusqu'en 1521, et de-
vint l'aiinéc suivante pasteur à Wittemberg. Il se rendit célèbre par ses
commentaires sur les Psaumes et sur d'autres livres do l'Keriture sainte.
" Son nom nous est inconnu. Elle avait épousé liugenhagen le 10 octobre
1522. (LiiUierus Spalatino, 4 Octobr.)
" A l'exemple des Apôtres, les Évangéliques donnaient ce nom de sœur
à leur femme.
' Cette préface n'a pu être composée que vers la tin de juillet, comme
l'indique la mention des martyrs de Bruxelles.
1523 ANKMONI) l»K COCr Al I.KCIEl I'.. \W
se relever, elle a encore tout à craindre du pape et de ses suppôts. De nouveaiuc
martyrs de Jésus-Christ viennent de périr sur le bûcher ;i Bruxelles. Mais leur
sang sera vengé par le Très-Haut, et nous voyons déjà plnsieius sectateurs de la
perdition sortir de Babylone pour révéler ses souillures. Dans le nombre de ces
réchappes est François Lambert, qui nous dévoilera toutes les impostures des
moines.
Anémoiul de Coct. clievalier français, au locleur pieux.
Que le Seigneur soit avec toi ! La majesté de la parole divine es!
si grande, qu'elle demeure toujours invincible, quelles que soient
les attaques que le monde dirige contre elle. Les princes ont beau
la persécuter avec acharnement, les portes de l'enfer ont beau se
uieltre en fureur, elle possède une puissance qui se développe,
s'accroît et se maintient avec d'autant plus de vigueur, qu'elle est
exposée à plus de persécutions. Pour la rendre invincible, il a fallu
(|ue le Fils de l'Homme endurât les souffrances et la mort. Mais il
u'y a pas lieu de s'étonner, puisque Christ lui-même Ta prédit,
que. dans cette époque des derniers temps, son corps mystique, qui
est rEf/lise, se trouve depuis une si longue suite d'années en état
fie décomposition et de mort; car Christ avait été jeté dans l'ombre.
sa parole altérée. l'Évangile souillé et perverti par des doctrines
iiiqiies et blasphématoii-es. Aussi. l'Église déchirée par les mor-
sures des funestes lois papistiques. attachée par des clous plus que
(le fer à un gibet pire qu'une croix, V Église commence à peine au-
jourd'hui à refleurir et à se relever, qu'aussitôt, comme toujours, fes
prêtres, les scribes, les pharisiens, les faux Christs, les sophistes et
les moines s'efforcent de nouveau de l'opprimer et de l'étouffer. Les
Miémes hommes qui ont fait monter sur le bûcher, à cause de la
itarole de Dieu. Jean Htiss et Jérôme de Praque. viennent tout ré-
cemment d'immoler dans Bruxelles de nouveaux martyrs de Christ,
(pii sont demeurés fermes jusqu'à la mort dans la confession de
leur foi -. Leur crime, aux yeux de cette église romaine toute com-
posée d'impies et de méchants, était de mettre en jiéril le royaume
- C'étaient trois jeunes moines du couvent des Augustins d'Anvers : Jean
Esch, Henri Vocs et Lambert. Les deux premiers périrent sur le bùclier,
le 1" juillet; Lamliert, quelques jours plus tard. Voyez le récit de leur
inaityre dans les Lettres de Luther et dans Sleidan, livre iv. Érasme leur
rend ce témoignage: « Certè summa et inaudita Constantin raortui sunt.
Soie pro Christo mori gloriosum esse. » (Erasnms Zuinglio, Basilese, pri-
die Kal. Septembr. 1523. Fueslin. Epistolie ab Ecclcsiae Helveticse refor-
matoribus vel ad eos scripta?. Tiguri, 1742, in-8°, p. 9.)
fol) VNÉMOM) DM COCT AU LhXTELR. 13^23
du F;i[ie. et elle les a fait iiérir |)ar le feu. Ce Lycauii de Rome
osera donc tout tenter, tout entreprendre, tout accomplir, pour le
maintien de sa tyrannie! Il s'arroge et usurpe le titre de pontife,
qui, selon le témoignage de saint Paul, ne convient qu'à Clirist seul :
et, pour que rien ne manque à cette fiction, il s'est décoré, comme
l'ancien chef des Flamines de Jupiter, du litre de Souverain Pon-
tife, se faisant avec inqtudence l'égal et même le supérieur du
grand pontife Jésus. Qu'elle s'accomplisse donc devant les yeux
du Très-Haut, la vengeance du sang de ses seniteurs. (|ui a été
versél Que Celui qui a foulé aux pieds le lion, marche également
sur le dragon venimeux et Tanéanlisse. puisqu'il continue à per-
sécuter et à déchirer notre Sauveur et son épouse ! Dût Tennemi
tenter de nous égorger, ce ne sera « ni la mort, ni la vie, ni les
anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes,
ni les choses à venir, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune
autre créature (pii pourront nous séparer de l'amour (pie Dieu nous
a témoigné en Christ-Jésus notie Seigneur. ■■
Mais nous voyons, grâces à Dieu, hon nonihre de ces sectateurs
de la perdition revenir de joui- en Jour à des sentiments meilleurs
et prêter l'oreille aux invitations du Très-Haut. (|ui leur crie par
la houche de Jéiémie : " Sortez du milieu de Bahylone et du pays
des Clialdéens : marchez comme les héliers. à la tête du troupeau :
car, voici, je susciterai et j'amènerai contre Bahylone un ((uicours
de grandes nations venues du cùlé de l'Aipiilon. et elles l'attaque-
ront, et elle sera prise. ■■
Parmi ceux qui iml écouté cet apiicl se irciiuc nuire cliei'
François Lambert. (|ui met loul son zèle à réaliser le pa.ssage de
l'Apocalypse où il est dit: "Que celui (|ui entend dise: Viens. -
Après s'être laissé entièrement séduii-e par les helles ap|iarences
de l'hypocrisie des Frèics Mineiii's. il est enlin soiMi. par la grâce
de l'Kspi'il saint. ^W ce lal)>rinllit' i-l de cel ahiuit'. et il a dévoile
dans le [)résenl oiuiscule. au lecleiu' le moins alleulif. les iieslilen-
lielles erreurs de ces moines. C'est ici. comme dil le pr(qihète. la
voix des réchappes el de ceux (pii se sont eidiiis de Hahylone. pour
annoncer dans Sion la vengeance de noire Dieu, el la vengeance
de son temple. Le leiuple de Dieu, c'est l'esprit des fidèles, dans
lequel lie peiil Iroiier un iii>laiil cel liouiuie de p<'*c|iè. ce Plialai'is
(les Homains. Si donc lu désires. C\ lecteur, ccuiiiailiv les ahonii-
nables souillures de ses satellites, des Fraïuismlàtrcs ([\;\<<se,-min
r«'Xpr<'Ssion) el de loiile la itioineiie. leurs supersiilions |iires (pie
ir;^>:î lutiier au duc de sa voie. IHl
celles (les [tjiïens cl (jiie les mystères de l'Kgypte: si lu tiens ;i
savoir (iiielles sont les monstrueuses balivernes qu'ils décorent i]\\
nom de religion, — achète ce petit volume, qui ne te coûtera pas
ciier; il te dévoilera à fond les inq)oslures de ces renards, (pii, au
milieu de cette famine de la parole de Dieu, égale à celle de Sa-
mai'ie, nous ont vendu, à la place de la sagesse qui est notre tête,
et au prix d'immenses sommes d'or et d'argent, cette slupide tête
(Tàne', qui s'appelle le Pape et l'Antéchrist. Excuse-moi, cher
lecteur, si j'ai dépassé les bornes i-aisonnables d'une Épître. C'est
ia pensée du sang innocent criminellement répandu, c'est mon
zèle pour la très-sainte maison de Dieu, qui a inspiré mes plaintes.
Puisse le Roi des rois se lever promptement pour faire justice !
Amen.
Adieu, et prie avec nous pour la paix de l'Église renaissante '*.
De Wittemberg, 1523.
76
LUTHER au Duc de Savoie (Charles III).
De Wittemberg, 7 septembre 1523.
(Miristianissimi doctoris Martini Lutheri ad Inlusiriss. principem
Garolum Sabaudiae ducem Epistola *. (Tiguri, Ghristophorus
Froschoverus, 1524) in-4".
Sommaire. Le bruit public, confirmé par le rapport du chevalier Anémond de Coct,
m'a appris que vous aimez la vraie piété. Je vous en félicite et je m'en réjouis,
' Allusion au second livre des Rois, chap. vi, v. 25.
* On lit les paroles suivantes dans une courte préface de Lutiier qui pré-
cède celle de Coct : « .... Quando Evangelion contra totum istarum larvarum
cahos, inipetum facere cœpit, mcrito in hos primnm et maximum faccre de-
bebat. Id oneris subiit FrancLsciis Lambcrtits, ut qui probe eos intus et in
cute noscens, mysteria pulchrc possit prodere, quœ magna sui pernicie,
didicit apud eos; et nunc, miserante Christo, ceu extremum auriculaj ex ore
lupi, ereptus est ab istorum perditione. Legc igitur felix ac vide, Cliristum,
non soh'im in Luthew. sed et in multis aliis suis rassis, irasci et ulcisci scse, de
purpurata illa et ebria meretrice, fornicationum matre, simulqu(î nobiscum
ora, ut quod cœpit iu uobis pcrficiat. Amen. Wittcnibergaî. M.D.XXIII. »
* Cette lettre fut portée à la cour de Savoie par le chevalier Coct et pu-
loi MIIIKK AL 1)1 C UE SWOIK. 1523
comme d'une nouvelle conquête de l'/Uvanyile. En vous faisant connaître les prin-
cipaux pohits de notre foi, je voudrais vous engager à pennettre qu'elle fiit prêcbée
dans votre pays. Excitez le feu divin qui brûle en vous, afin qu'il embrase la mnisoi)
de Savoie et toute 'a Frmice, pour en faire im royaume vraiment tris-chrétien.
<llarissimo el iiiUisIrissiiiio Principi ac Doiiiino U. Carolo duci
Sal)audia.',suo in Clii-islo palroiiu clemenlissiino Martinus Liilherus.
Gralia et paxin Christo lesu Domino nostro! Anien.
In primis veniam abs tua clenientia peto. inlustriss. Frinceps.
(juôd ego, fe\ lioniiniini. neciue jussus netfue vocatus, ad tuan»
celsitudinem aiideo scribere prior. Facit id cloria Evangelii Chrisli.
in (|iia et ego glorior etgaudeo uhiubi illiin videro et aiidiero da-
rere aut surgere. Dabit igilur tua Celsitudo id e\angelii caussa'.
ipiôd pi-tOgaudio Tiiani Dominalionem inlustrissiiiiani saliito priof.
Pervenit enim ad nos faina-. ean^pie conlinnavil Annemiinihis
Coctiis. eques auiatus. (ktllus, incredibiliter fervens in gloriani
Evangelii. esse scilicet Ducein Subitniliœ syncera' pietatis veh^-
inenter stiidiosum, rarissimo certe intor principes dono Dei.
Proinde dignuni esse judicavi, ut dignissinius princeps à nie iu-
dignissiniu gratulandi oflicio salteni benedicei'çtur el aniuiareiur.
rpiôd exemplo T. D. [julcberrinio pluiinios lucfifacere poteril
Cbristus. Ita(pie. (luô certiiis T. I). internoscat quantum nobiscum
sapiat.et quàm diversmn saci'ilegi So[ihist;i' baclenus subPapa do-
fuerint, non pigebit me bic aliquol cajnta per onbneni recensere.
simul vebit rationem reddens nostra- doctrina'. (pio balieat T. I>.
i|ii(i(l (([iponat iis qui nialigii;i de iiubis bi(pninliii'. t>t T. I). synceri-
latem astu Satana* lenlari noU'mI.
bliée par ses soias, aii commeucement de l'année suivante, d'après le textr
original. Vn ouvrage intitidc « Martini Lutheri Epistolarum P'arrago, > Ha-
ganoa), M.D.XXV, in-8°, reproduit, sauf deux ou trois variantes, le texte
donné par Coct, et l'éditeur, Viuient Obsopœus, dit dans la préface : * Epis-
tolam ad illustriss. Sabaudifp principcni Martinus ipse latinam fccit. »
* Luther avait probablement reçu ces informations par les amis du se-
crétaire allemand de Charles 111, nommé Joachim Zast^ou Zasy, natif de
Kriboiirg en IJrisgau, docteur en théologie. Le duc témoignait beaucoup de
faveur à « niaitre Joachim. " 11 lui confiait volontiers des missions auprès
des cantons suisses et des princes de l'Kmpirc, et il aimait à le questionner
sur la doctrine des églises allemandes. Ce dernier fait, embelli par la re-
nommée, put facilement donner le change sur les sentiments du duc de
Savoie. (Voyez plus loin la lettre du o février 1530.)
ir>2:i <;. BKKjO.N.NET AUX h'IDELKS 1)1. SON IHOCÈSK. IS^i
(Suit lin exposé de la doctrine luthérienne.)
Hct'f siinl leriiio rerum capila «iiue vellem. clarissime Priiiceps.
iil (sicut cœpisti) slrenuo .studio juvai-es publica fieri. Vi gladii nihil
(/erf iicqiie tentai i rolo, neque id prospenim erit; sed tanlùm. ul
suit Tu» Gelsiludinis Domiiiio tuti sint atque vocentur quisyncere
l'yangelizent. Isle enim erit modus. Iiaec via qua destruel Cliristus
.\nlicliiisluiu illuiii spiritu oris sui.. ut, juxta Danielem, sine manu
conteratur-. Cujus adventus fuit per efficaciam Satan* in sigms
mendacibus: non enim Satanas Satanani eiiciel, sed digito Dei
ejiciunlui' Déemonia.
Macte ei'go, Printeps inlustrissime et Héros generosissirae. Sus-
cita eani ipite in te cœpit ardere scinlilla[m], et lac ut ignis egi-e-
diatur de domo Sabaudiœ ceu de domo losepli, et sit ei tota GaUiu
ipiasi stipula, et ai-deat sanctum illud incendium Christi. innno
llagrel. ut vere tandem Frauda possil dici ab Evangelio reyninii
Clin'.stùuiissinuini, quod hactenus ab impio in Antichristum. propter
etVusuiii sanguinem. oflicio. impie dictum est christianissimum !
Amen.
Dominiis autem lesus Cliristus sibilet spiritu suo in cor tuum el
iMorum. ut t'aciatis omnes quœ ad gloriam sancti sui Verbi faciant I
Auieii. Wittembergte. anno M. D. XXIII. Seplima Septembris.
77
GUILLAUME BRIÇONNET aux Fidèles de son Diocèse'.
De Meaux, 15 octobre 1523.
Toussaints Du Ple.ssis. Hisi. de l'Église de Meaux. II. o58.
(traduit du latin.)
isOMMAiRE. Décret synodal contre les doctrines et les livres de Luther
GunxAi.MK. jiai- la grâce de Dieu Évéque de Meaux. à lous
lidèles Chrétiens de notre Diocèse, salul.
' Cette pièce et la suivaute sont généralement citées d'après la traduction
faite par J. Lennitc, secrétaire de l'évêché de Meaux, et publiée par Guy
Bretonneau dans son Hiat. des BriçonneUt. Mais cette traduction renferme
loi G. BHIÇO.VNKT AUX FIDÈLES DK SON DIOCÈSE. 1523
L;i Bonté dicrne de toutes bénédictions a tellement préservé son
Église, que celle-ci, fondée sur le roc solide et stable qui subsis-
tera jusqu'à la (in des siècles, est demeurée immobile sous la
grêle de traits qui. de tout temps, ont été décocliés contre elle.
Quoique les hommes qui se sont elTorcés. mais en vain, de souiller
en quelque manière sa pureté aient été innombialjles. iml toute-
fois ne s'est montré aussi téméraire et n*a plus fortement porté la
hache contre sa racine, que Martin Luther, qui en renverse tout
roi(he hiérarchique, bouleverse et détruit l'état qui contient tous
les autres dans le devoir*, s'etforce d'elTacer le souvenir de la
passion du très-excellent Jésus, et qui, tenant pour rien le mariage
spirituel ' (et surpassant ainsi la pen^ersité de Nicolas *, autant
(}ue l'esprit surpasse le corps), y admet sans choix le premier
venu, pour flatter le populaire. Semblable à Chrysippe,. qui se
croyait seul sage, il tord à sa fantaisie par une interprétation nou-
velle les saintes Écritures, et méprise tous ceux des anciens qu'il
trouve contraires à ses témérités; le bienheureux Denis ^ entre
autres, ce disciple de Paul, dont les écrits sont après les Évangiles
et les livres apostoliques ce qu'il y a de plus sublime et de plus
sacré, il le traite de novateur î
Il importe de faire partout disparaître ce venin pestilentiel avec
d'autant plus de promptitude, (jue i-elàcliant la discipline ecclésias-
tique, il répand une licence qui dispose à tous les crimes, ncui-
seulement les malades et les faibles, mais les forts eui-incines et les
hien ijortauts, de telle sorte (|u'il ne reste prescjue nulle ditlèrence
entre la secte de Mahomet et ta religion de Jésus-(:hri>t. Luther
rend même celle-ci d'autaril plus pernicieuse, que, supprimant
Iniilc sanction, il mmH (pic cliaciiii soi! le pj-cqire juge de l'u-sage
de si graves inexactitudes, que nuus avons du cliorclu-r à reproduire aussi
Hdèleincnt que possible le texte original, afin de rendre à ces deux pièces
leur véritatile caractère et de permettre ainsi la rectification des erreurs
dont ta traduction de J. Lermite a pu être la source.
* li'êvéque de Moaux souhaitait jadis qiu- l'exemple de la famille royale
l)iit allumer « Testât par la froideur duquel tous les aultres sont geliez. »
(N" 48, à la fin.) .\illeurs il appellera le clergé «Testât qui tous ruyne. »
' ("cst-à-dire le sacerdoce cln-rtifu. Urironnet désipne ailleurs un évéque
par le titre dV;>oM.r ininistcrial. Voyez sa lettre du 25 février 1524.
* Nicolofi, l'un des i)remiers diacres, était censé fauteur île la secte des
Nicolaiks mentionnée dans l'Apocalypse, et on lui attribuait des opinions
très-relàchées sur Tunion conjugjile.
Itniis^ ilit VAréopagite, qui avait été converti à Athènes par St. Paul
1523 (.. BRICO.NNET AUX FIDÈLES OK SO.N DIOCESE. 15f)
(|iril l'ail (le sa volonté et de sa liberti'. Lui-iiiénie se pose en dé-
fenseur de la liberté de l'Église. (|uoi(iue ce soit d'un point de vue
lout cliai'nel et non selon la vérité tpfil dissei'le sur la liberté, qui
n'est après tout iprune servitude supéi'ieure à toutes les libertés.
Ce qui montre particulièrement de (juei esprit il est animé, c'est
l'exubérance d'injures qu'il déverse contre cbacun, tandis que
IJieu aime l'esprit de piété, de modestie et de douceur, et non
pas celui de contention. Or, comme le monde presque entier est
rempli de ses livres, et que le peuple, amoureux qu'il est des nou-
veautés et de la licence, et séduit par la vivacité de son style **.
pourrait .se laisser prendre à cette liberté imaginaire et fallacieuse
qu'il prêche, et échanger ainsi la lumière, la vérité et la vie, contre
les ténèbres, le mensonge et la mort, si, non-seulement les- sen-
linelles. mais chaque membre du troupeau ne travaillaient à
éteindre cet incendie qui menace l'Église tout entière, — à ces
causes, craignant qu'une plante si vénéneuse ne pousse ses racines
dans le champ qui nous est confié, nous avons regardé comme notre
devoir de l'extirper radicalement, avant qu'elle ne se fût propagée
et multipUée^
Nous interdisons en conséquence par ce décret synodal à tous
et chacun des lidèles de notre Diocèse, de quelque état, rang, ou
condition qu'ils soient, et ce sous menace de l'excommunication
et des autres peines, d'acheter, lire, posséder, colporter, ou d'ap-
prouver, iuslilier et communique!- dans les réunions publiques et
les conversations privées, les livres du dit Martin ou ceux dont il
passe pour être l'auteur : leur enjoignant au contraire d'avoir, im-
médiatement après la publication du présent décret, à se défaire
de ceux de ces livres qui pourront .se trouver dans leurs mains,
dans leurs maisons ou partout ailleurs, et à les détruire par le feu.
Ce décret synodal que nous publions par les présentes aura force
et autorité de décret synodal perpétuel et sera enregistré parmi
les autres. Donné à Meaux. dans notre synode général, le lo oc-
tobre 1523».
( Act. XVII) et que l'on croyait alors l'auteur d'écrits apocryplies tout remplis
lin mysticisme alexandrin.
" Ce passage permet de croii-e qu'il existait alors (152cJ) des traductions
eu langue française de plusieurs écrits de Lutlier; mais l'histoire littéraire
de cette époque n'eu conserve aucune trace.
' Voyez le N" suivant, note 2.
** Voyez le N» suivant, note 4.
loH (i. lîlUCO.NNEl AI Cl.KlWJK l)K SON DIOCKSK. 1523
78
GUILLAUME BRIÇONNET au Clergé (le son Diocèse.
De Meaux, 15 octobre 1523.
Toussainls Du Plessis. op. cil. II. ooiJ.
("traddit du latin.)
Sommaire. Décret syhodal contre ceux qui, abusatd de l'ÉrauqiU. nient le Purgatoire
et l'invocation des Saints.
GuiLL.vLMK à lous 61 cliaciins le.s cures, vicaires, .sous-vicaires,
et autres prêtres de notre ilépendance. salut dans le Seigneur!
La vérité a prédit que, dans les dernieis jours, il ne manquerait
jias flo chiens et de mauvais ouvriers plus attachés à leur ventre, à
leur gloire et à leur gain (|u'à la jtiété. et qui. pai- des accu.sations
uiensongères déchh'eraient les gens de hien. en faisant tournei'au
|irolit de leui's projires convoitises l'honneur et la gloire de Dieu.
Le Dieu très-hoii. du(juel nous tenons le vcuiloir. le pouvoir et le
faire, sait combien nouf; urons en à ni'ur de nourrir de la rèrilé
énnifjélitiue le troufiedn (luivons est roiifîè et de faire en sorte (ju'au-
ciine semence étrangèi-e ne fût uiélée an piii' Irouient. (In sait à
'diuliien de vexations, d'attaques et d'injures nous avons pour cela
même été en hiitlr depuis un grand uoudjrc d'ainiées ' : mais, m^
nous proposant (Uauln' Iml (|iie riKUineiM' de Dieu, nous n'avons
ius(jues à présent Ifiiii am un ((unpte ilc la perle de iH)tre honneur
cl de notre réfiulalion. si toutefois cette perte existe pour celui ■ à
(|ui le mondr doit èiic < iiu'itié. .
' Jean Lurmite, secrétaire de Hriçomict, loue « son iuvincible patience à
siipixtrter .... les insolences et rct)eliions> des curés de son diocèse qu'il
voulait contraindre à remplir leurs devoirs. Mais la plupart des tracasseries
«lu'il eut à subir lui vinrent des Cordeliers, auxquels il avait du interdire la
prédiratiitii dans un <;rand nonilire dr paroisses. Périourap])orte qu'en L')21,
a la tin di; jiiilltf, « Denis Bri^oniut Icit un voyage à l'aris, à roccasiou de
son ft-«'re Guillainnc ... que quelques uns avoient pour lors injustement et
calonmieusement traversé. » (Hrctouueau, op. cit. p. 165, 169 et 236. Voyez
aussi le N" 20, note 3, et le N» 36, note 4.)
1523 i;. BRIÇO.NNET AU CLERGÉ DE SON DIOCESE. 157
Cependant, tandis que le Seigneur ne délaissait point son œuvre
(M que la jKiroU' i' n m ij cl i que faisait des progrès, quelques personnes.
(tliusaiit de CEcangile et le tournant à leur pi'opre sens, afin (|ue
//• \)euiih' (/ai t/ avait pris goàt fût gagné par rapi>àt de la nouveauté,
et se [iiDuonçàt en leur laveur, ont osé prétendre et précliei'. au
uiépiis de la vérité évangélique. que le Purgatoire n'existe pas. el
i|ue. par conséquent, il ne faut pas prier pour les morts, ni invo-
ipier la très-sainte vierge Marie et les Saints *. Comme ces per-
sonnes avaient été appelées à partager nos soins pastoraux^, et
iprelles ont pu, par leur venin pestilentiel, infecter les oreilles
pieuses des brebis qui nous sont confiées, nous vous enjoignons à
tous et chacuns, de la manière la plus expresse, de revenir maintes
et maintes fois, dans vos prônes, sur ce sujet, et d'engager votre
* Daus le nombre de ceux auxquels pouvait s'appliquer cette censure, se
U'ouvait Le Fèvre, qui, s'il n'avait pas attaqué ouvertement l'invocation des
Saints, eu avait néanmoins parlé comme d'une pratique inutile et même nui-
sible à la vraie piété. (V. le N° 25, n. 8, la p. 93, au haut, et la lettre du
2 avril 1524, note 5.) Et cependant Brir.onnet l'avait élu six mois auparavant
(1" mai 1523) pour son vicaire général au sinritiiel! Mais voici un autre
sujet de surprise : Le même prélat qui prononce l'anathème contre la doc-
trine de Luther (N° 77) éprouvait une grande estime pour la personne et
les écrits à'' Œcolampade, et nous le verrons bientôt prendre une résolution
importante, sur le conseil de ce réformateur. (V. ci-dessous les lettres du
G juillet 1524.)
Ces contradictions de Briçonnet ont donné lieu à des jugements très-
opposés. Plusieurs historiens catholiques, tout en déplorant la simplicité et
l'excessive confiance dont il fit d'abord preuve, admettent cependant qu'il
fut sincère dans son opposition tardive aux nouvelles doctrines. La plus
ancienne chronique protestante, suivie par Théodore de Bèze (Hist. ecclés.
1, 5) et par tous les historiens réformés, soutient, au contraire, que Briçon-
net céda à l'intimidation. Il serait devenu persécuteur, pour éviter la persé-
cution qui le menaçait. '^ Voyez la note 4.)
^ Le 12 avril de la même année 1523, Briçonnet avait déjà interdit
la chtiire à quelques-uns de ceux « qu'il avait chargés de répandre à sa
place la parole de Dieu dans son troupeau. » Voyez Toussaints Du Plessis,
op. cit. II, 557. « Quum ab ultima Synodo nostra commiserimus per litteras
nostras quamplures, qui nostro gregi verbum Dei vice nostra disseuiiuarent,
intellcxcrimusque, nonnullos, qua- Dei sunt non sincère ac pure, licct spe-
ciem piutatis prai se ferontes,.... temperare, scd adulterare .... tenore prœ-
sentium districte pnecipimus mandamusque .... nos omnes et singulos antea
per nos commissos ex mine revocasse, .... inhibentes prœfatis Curatis et
Vicariis, ne eorum quempiam quovis exquisito colore ad Prajdicationis
munia recipiant .... nisi expressum super hoc a nobis aliiul mandatnm lia-
buerint. >
1S8 G. BRIÇONNET AU CLERGÉ DE SON DIOCÈSE. I S23
Iroiipeau à faire |»onr les morts des oraisons pieuses, à croire a
l'existence du Purgatoire, et à invoquer la très-sainte vierge Marie
et les Saints, eu répétant souvent à cet ell'et les litanies. S'il ari'i-
vait que quelques-uns se permissent de prêcher, affirmer et incul-
quer le contraire, et embrassaient les sus-dites hérésies ou d'autres
erreurs, vous aurez à les citer immédiatement dexant nous et vous
leur interdirez de continuer à évangéliser votre ti'oupeau.
Donné en notre synode de Meaux. le lo d'octobre ^o23^
* On n'a pas mis en doute jusqu'à présent l'authenticité des décrets sy-
nodaux signés par Briçonnet le 15 octobre 1523, ni de oclui qu'il publia le
13 décembre suivant (V.plus loin). Mais leur date semble infirmée par un pas-
sage de la chronique protestante mentionnée dans la note 2, et qui a pour
auteur Antoine Froment. Voici comment elle s'exprime :
« Estant aux estudes à Paris, Fard avec Jaques Faher Slapuleujiin, Gé-
rard Rufiis et Micliel Arande, natif auprès de Tournay en Picardie, furent
contraincts de s'enfuir et retirer à Meaux en Brie, estants persécutez pour
la doctrine de l'Évangile. Cecy advint l'an 1524. L'Évesque de Meaux.
nommé jBmsowici, les récent et logea en sa maison, car ilavoitcognoissance
des abus de la Papauté et quelque goust de la vérité de l'Évangile, laquelle
lors luy-mesme preschoit et faisoit preschcr par son Évesché, tellement (ju'il
avoit le bruict d'estre l'un des plus griinds Luthériens du Royaume de
France. Cecy ftist la cause par laquelle Farel et ses compagnons se reti-
rèrent à Meaux. Advint que le Roy François ou ses gouverneurs, à la sol-
licitation des docteurs de Sorhomie, dressèrent persécution contre ceux de
Meaux, dont plusieurs furent constituez prisonniers, et finalement plusieurs
en souffrirent constamment la mort, t'est Évesque Brissonnet, craignant
perdre son Évesché et sa vie, changea sa robe et devint persécuteur de
ceux qu'il avoit auparavant enseignez, et les sohcitoit à se desdire et à
suivre la doctrine (j[u'avoyent suivie leurs prédessesseurs. Autresfois, en leur
preschant l'Évangile, il leur avoit dit, comme sainot Paid escript aux
(jallates, que sy luy-mesme oti un Ange du ciel leur preschoit autre
doctrine que celle qu'il leur preschoit, qu'ils ne | le] receusseut pas.
Laquelle chose luy fut oiijettée par ceux qu'il tasrhoit à faire révolter, et
luy dirent qu'ils croyoyent ce que lors il leur avoit dit.. . l^Juelque temps
après, ce malheureux Évesque quita son Évesché, estant pressé par un
remord de conscience; plus ne peut-on sçavoir de sa vie, sinon qu'au-
ciuis afiirment (pi'il moiu'ut comme désespéré. C'est un merveilleux exemple
de l'horrible jugement de Dieu contre ceux qui persécutent la vérité, après
l'avoir cogneue ...» (Fragment à la suite de la Vie de Farci. Manuscrit de
la Bibliothèque puldicjne de Genève, vol. ii" 147.) Froment est inexact
tjuand il dit qiu' Le Fèvre et ses disciples se réfugièrent chez Briçonnet en
1524; mais de l'enseniltie de sim récit il parait résulter, que « rajjostasie »
de cet évèque aurait eu lieu seideinent a la suite des premières arrc'Stations
opérées ù Meaux par l'ordre du Parlement, c'est-à-dire depuis le mois de
juillet 1524.
1;"23 i,r. fkvrf. iri':Tvi'i.Ks \ roiis ciiiiktfkns kt cmuktiknnks. 159
79
[LE FÈVRE d'étaples] à tous Chrétiens et Chrétiennes.
(G novembre 1523.)
En télé de la deuxième partie de sa traduction du Nouveau Tes-
tament. Pai'is, Simon de Colines. 1523, petit iîi-8" '.
Sommaire. Ceux que Dieu attire désirent naturellement connaître la sainte Écriture.
Cliarles VIII voulut la lire en français. Les premières princesses de ce royaume ont
aussi désiré, pour elles-mêmes et pour tout le peuple, qu'il se fît une traduction
complète du Nouveau Testament. Portrait de l'apôtre St. Paul. Résumé des épîtres de
St. .laques, de St. Pierre et de St. Jude. Portrait de l'apôtre St. Jean. Caractère de
l'Apocalypse. Ce qui donne une valeur inestimable à la traduction en langue vulgaire
du Nouveau Testament, c'est qu'il forme la règle et le trésor du Chrétien. Aussi
« la volonté du Roi Très-Chrétien est-elle que la Parole de Dieu soit purement
prêchée par tout son royaume, à la gloire du Père de miséricorde. » Résultats bien-
lieureux qu'aurait cette volonté du Roi, si tout le clei'gé, à l'exemple de St. Jean
Clirysostorae, exhortait le peuple à lire et à méditer l'Évangile.
Épistre exhortatoire.
A tous Chrestiens et Ghresliennes, salul en .lésuchrisl. vraxe
congnoissance et amour de sa parolle !
Saincl Paul parlant de la saincte Escripture, aux Romains
(cil. XV). dict que « toutes les cho.ses qui sont escriptes sont es-
criptes à nostre doctrine, afdn que par patience et consolation des
Escriplures, nous ayons espérance, ■■ c'est-à-dire, que instruictz
par les sainctes Escriplures, toute nostre fiance soit en Dieu. Ce
n'est point doucques de merveilles, se [1. si] ceulx qui sont lou-
' La première moitié de la Seconde Partie du N. T., renfermant les
Épîtres de St. Paul et les Épîtres (.latholiques. parut chez Simon de Colines
le 17 octobre 1523; les Actes des Apôtres furent publiés le 31 octobre, et
l'Apocalypse de St. Jean, le 5 novembre suivant. (Barbier. Dict. des ano-
nymes, n"' 2304 et 12.536.) Cette seconde Partie, qui complétait l'ouvrage,
est datée du G novembre 1523. (^Voyez la note 12.) Tous les bibliographes
en constatent l'excessive rareté. Nous la réimprimons d'après l'édition qu'a
donnée, en octobre 1525, Simon Du Boys, et les fragments de celle de
1523 publiés par Sainjore [Richard Simon] dans sa Bililiothèque critique.
Amsterdam, 1708-10, 4 vol. in-12. Tome IV, p. 114 et 117.
|()0 I.F. FEVRK nWrAPI.F.S \ TOIN r.llRKTIKNS KT CURF.TIF.NNFS. 1523
cliéz et lirez de Dieu désirent la \raye et vivilianle doctrine. (|ui
n'est que la saincte Escripture.
Auquel désir, passez trente-six ans ou environ, lut incité le très-
nohle roy Cliarles hwitiesine de ce nom*. A la reiiueste duquel la
>aincto Bible lut entièremeni mise en lanjrue vuliraire. aflln (jue
aulcunesfois il en peuK avoir quelque pasiure spirituelle, et pareil-
lement ceulx (jui estoienl soubz son royaulme. coopérant à son
.sainct et fructueux désir wwii sçavanl docteur en lliéolofiie, son
confesseur, tpii avoil nom .Iclmn île /?/V//. conslitué en diimité épis-
copale'. grant annoncialeui' de la pandle de Dieu. VA lors fui im-
primée la dicte Bible en françoys. El depuis de recliief par plu-
sieurs fois, comme encores de présent est. et se peull trouver de
jour en jour aux boutiques des librayres. El présentement il a jtleu
à la bonté divine, inciter les nofiles nieui.s et clneatiem ilesirs îles
idm liindtes et jmismntes dames et princesses du ronnuhiie *. de re-
cliief faire imprimer le Nouveau Testament pour leur édilicalion'
et consolation, et de ceulx du royaume. Et leur a pieu, qu'il ait
esté reveu et conféi-é à la langue " latine, ainsi comme le lisent le.««
Latins, pour les faulles, additions et diminutions qui .«^e trouNoient
en ceulx (jui estoyent inqiriméz '. Ce que par la grâce de Dieu a
esté fidèlement fa ici.
' Ce serau donc environ l'an 1488 que le roi Chai-les Vlll, âgé de 17 ou
18 ans, aurait conçu le désir de faire traduire toute la Bible en français.
Cette traduction n'est pas la plus ancienne. A la fin du treizième siècle, il
y avait eu celle de Guynri des Moulina : au quatorzième, sous Chailcs V,
colle de Raoul de Preslcs. Plus complète que ces doux dernières versions,
la traduction de Jean de Eély était encore fort imparfaite. D'après lîichard
Simon (Hist. crit. des versions du N. T.). ce n'était qu'un extrait biblique
paraphrasé. Le Fèvre entreprit, le premier, de reproduire exactement le
texte de la Vulgate, sans rien ajouter ni retrancher. (Voyez Graf, Essai,
p. 109.)
* Jean de Rcïy, élu évéquc d'Angers en 1491, retoucha le style de la tra-
duction des « livres historiaulx de la Bible > de Guyart des Moulins, et la fit
imprimer à Paris vers l'an 149.''>. Le Fèvre d'Étaplep lui avait dédié son
édition de l'Éthique d'Aristote.
' La reine-mère, Louise de Savoie, et sa fille. Marguerite d'AngouIéme.
Le Fèvre dit plus bas qu'on leur devait déjà la publication des Évangile.^
• Dans l'édition de 152H, on lit ajjrès le mot édification: « afin qu'il ne
soit seulement de nom dict Royaume très-Chrestien, mais aussi de faict. ^
" Ibid. kttrc.
'■ Ibid. réimprimez. La traduction de Jean de Réiy tut réimprimée plu-
sieurs lois il Lyon et à Paris pendant le prenuer tiers du seizième siècle.
IR^^ t. F. FÉVHR d'kTM'I.F.S A TOUS CllluVl'IF.NS KT CIIUF.TIKNNKS. Mîl
Parqiioy. très-chiers frères et seurs en Jésiiclirist. loules les fois
(jiie vous lires ce Nouveau Testament, rous ne debrrés oublier en
roz in'ières les très-nobles cuenrs qui rous ont procuré ce bien et
exercice tant siihitaire et divin, et que jà (irez eu . par leur
iiioi/en . ht première partie, c'e^l ■àf'&-à\oir les (|ualre évangiles de
Jésuchrisl, qui sont quatre lleuves spirituelz de paradis, par
lesquelz se dérive toute sapience et doctrine de vie, comme noslre
Seigneur dit par sainct Jehan: > Celluy qui beuvra de l'eaue que
je luy donneray, n'aura point soif éternellement : mais Teaue qne
luy donneray, sera faicte en luy une fontaine d'eaue saillante
en vie éternelle. » (Joan. IV.) Geste eaue est l'esperit et l'intel-
ligence par foy du Nouveau Testament. Et qui est celluy qui n'a
soif de si noble et excellente eaue? Et qui ne dit, en ung pro-
fond désir de cueur, avec la Samarytaine : « Sire, donne-moy de
ceste eaue ? » Laquelle se respant aussi et se distribue au résidu
(lu Nouveau Testament, c'est assçavoir aux épistres saint Paul,
aux éjiistres catholiques, escriptes par saintz Jaques, Pieri'e.
Jehan et Jude. aux Actes, c'est-à-dire faictz des apostres, escriptz
par sainct Luc, et à l'Apocalypse de sainct Jehan, comme à quati'e
roues de doctrine divine du triumpbant chariot du roy des roys,
(|ui est nostre Seigneur Jésuchrist. lequel chariot meine au Dieu
des dieux en Sion, qui est le père de nostre Seigneur Jésuchrist
en la gloire céleste.
El soubz le nom de t Evangile sont comprinses toutes ces sainctes
et vivifiantes doctrines, c'est assçavoir tout le Nouveau Testa-
uient. Et ne sont point doctrines d'hommes, mais doctrines de
Jésuchrist . doctrines du sainct Esperit . qui est l'esperit de Jésu-
christ. pai'lanl es et par les hommes, comme sainct Paul nous tes-
iMoigne, disant aux Thessaloniciens: " Nostre évangile n'a point
esté vers vous seulement en parolle , mais aussi en puissance et
en sainct Esperit. ■> (I Tliess. I.) Et en ung autre lieu il dit: " De-
mandez-vous expérience de celluy qui parle en moy , (|ui est
Christ? ■> (Il Gorin. XIII.) Par lesquelz dictz entendons que les
dictes Escriptures s'appellent Évangile, et qu'elles ne sont point
des liommes, mais sont de Jésuciirist parlant en et pai" eulx.
Panjuoy, en moult grande révérence debvons avoir les parolles
do ce sainct Nouveau Testament. Duquel on obtient l' intelliijence en
se humiliant devant Dieu par humble prière, et plus par souspirs
et désirs d'espeiit. lesquelz Dieu donne aux hiunl)k's. et ne scet-
011 dont ilz viennent, sinon tjue ou scel bien ipi'il/ ne vieinient
r. I. Il
102 LE FÈVRE d'ÉTAPLES A TOUS CHRÉTIENS ET CHRÉTIENNES. 1523
point d'ung cueur glacé comme le nostre. Plaise au doulx Jésus
l'escliauiïer en luy, qui est vray feu venu en terre pour se don-
ner à tous I Ces souspirs sont ouys de Dieu plus que toutes les
voix, sons et clameurs du monde. Je croy iiue de telle prière
Moyse prioit Dieu, sans ouvrir ne bouche ne lebvres, quant Dieu
luy disoit: « Que crie-tu à iiioy? » Car il n'est point là escript,
qu'il dit auciHie chose. En telz sous[iirs habile Tesperit de Jésu-
christ, et luy-mesmes les laict. Et eniceulx peult-on obtenir plus
de grâce, d'intelligence, et de congnoissance de Dieu et de ses
sainctes Escriptures, (jue en lisant les commentaires et escriplures
des hommes sur icelles; car runclion de Christ, comme iht sainci
Jehan (1. Jo. 11), enseigne de toutes choses.
Doncques, chiers h'ères et seui's , si aiilcmi est louché de ce
sainci souspir de désir céleste, et vient à aulcune intelligence de
TEscriplure saincte de la sapience divine, il n'en doiteslre ingrat,
mais conlinuellemuiiL lendre grâce, de cueur viscéral et lar-
moyant, à Gelluy qui révèle ses secretz aux cueurs humbles. El
[iiu'ilj se garde sur toute chose de se enorgueillir ou déjuger
les autres destituez de semblable grâce et intelligence. Car l'es-
perit de Dieu, par sainct Paul, h- nous défend en plusieurs lieux,
comme aux Corinthiens, disant: ■ Quelle chose as-tu que lu
n'aye receu, c'est-à-dire que ne le ail esté donnée? Et se lu la
receu, pour (juoy le enorgueillis-tu, comme se tu ne l'avoys poiiil
receu? » (1 Corin. IV. i Et aux Uomaiiis: « Je dis à tous ceulx (jui
sont entre vous, pai- la grâce qui m'est donnée, t|ue iU ne vueil-
lent non plus scavoir qu'il leur apparlient de .sçavoir, mais
sravoir à .sobriété. » [Kom. .\11.) Et (iliis oultredil: • Ne sentes
point de vous oi'gueilleusement, mais .soyez consenlans aux hum-
bles. .
El pourlaiil ,1. partant |, de tant que les grans lré.sors de Dieu
vous sont coimiiuniquéz, Ivous] cpii estes simples et .sans lettres
el non [)oinl tien/,, de tant \ous debvez-\ous plus humilier, et
exercer en loules grâces et \erlus. Et ne debvez point .semer les
marguerites célestes, se inlelligence vous est (humée, se ce n'est
en rxiiorlaul fuiig l'autre à axmer Dieu (là gisl la \ie cluislienne.
qui est vie spirituelle el célesle el non |»oinl charnelle el terrienne)
el print-ipalriueMl es lieux et aux pei'sonnes où [vou-s] povez seii-
leuieut edilier el nul olVeiiser. Car en ce miuidr il \ a phisieui-
charnelz. aymans seulement la l'aniie et l'ordure, et (ihisieurs
envieux toulre les spirituel/, lesquelz l'Escriplure >ain(le ait|iell''
1523 l,K FÉVRE d'kTAI'I.F.S \ TOUS CHUÉïIKNS KT CHRÉTIENNES. lO-'i
pourceaux el clileus. Et devant ceulx-là, selon la doctrine de TÉ-
vangile (Mat. Vil), ne faull aucunement parler, ne semer les pré-
cieuses marguerites de TEscripture saincte; aullrement. les ungz
les i'oulleroieul de leurs piedz. qui sont leurs alfecl ions ordes et
\ilaines, et les autres, à leur povoir, vous leroyent détriment et
dctiacteroyent de vous. Soyez doncques prudens comme serpens
el simples , c'est-à-dire humbles , comme columbes , en toutes
choses; et, suyvans la doctrine de Tesperit de Dieu, qui est doulx,
hening. amateur de paix, ayez amour avec tous, fors avec [le]
[téché.
Mais, pour retourner à sainct Paul,yvdiy chevaher de Jésuchrist,
l)ortant la bannière de foy , flamboyant de l'amour de nostre Sei-
gneur Jésuchrist, devant tous les chrestiens venuz des Gentilz,
leriuel est le premier en ceste seconde partie du Nouveau Testa-
ment, debvez sçavoir qu'il est vaisseau et instrument de Dieu,
remply et suflisant, pour amollir les endurcis el faire les vais-
seaux de ire vaisseaux d'honneur et de gloire. Et tel estoit-il
quant il estoit sur terre, et tel est-il maintenant, quand il est au
ciel , en tant qu'il nous a laissé ses épistres, esquelles JésucJirisi
a parlé par luy. Il estoit sy plain de charité et de l'esperit de
Jésuchrist, qu'il estoit mort au monde, à soy et à toute créature,
et ne vivoit plus de son esperit , mais vivoit de l'esperit de Dieu,
ou Dieu en luy, comme luy-mesme le tesmoigne . quant l'amour
de Jésuchrist, qui estoit en luy superhabondante . le faisoit es-
crier: « Vive-je moy? non point moy, mais Jésuchrist vit en mo y. «
(Gala. II.) Il estoit sy plain de Jésuchrist, que tout ce qu'il pen-
soit estoit Jésuchrist, tout ce qu'il parloit, Jésuchrist. Quatre cens
quai'ante neuf fois, ou plus, il a en ses épistres nommé le nom de
Jésuchrist. Quelque part qu'il allast, il alloit à et pour Jésuchrist.
El ipielque part dont il vint . il venoit de et pour Jésuchrist.
Tout ce qu'il faisoit esloit par et pour Jésuchrist. Il ne nous vou-
loit point mener à créature, mais au créateur, au tilz de Dieu, qui
nous a créé et faict enfans de Dieu, son père, en se ollrant sacri-
lice à Dieu, son père, pour nous, — qui a voulu mourir pour
tous, pour donner vie éternelle, et nous laver de son sang, nous
ostant la lèpre de Adam , nostre premier père, nous purilianl el
nettoyant pour estre comme les anges de Dieu, son père. Comme
en sentence il le dit par sainct Luc: « Geulx (jui seront dignes (hi
siècle à venir, ilz ne pourront jamais nu)ui'ir; car ilz sont esgaulx •
aux anges, et sont tilz de Dieu. •■ (Luc. XX.)
16't LK FRVRK d'rTVPI.FS V TOfS CHRF.TIKNN 1:T CHRKTIK.NNRS. 1523
C'est (loncques à Jésuclirist à qui sainct Paul moine, non point
à la créature. Car de luy-mesmes il dit, (jue il n"esl riens (di-
sant aux Corinthiens qui se glorifioyent et conlloyent en la créa-
ture): « Mais qu'est-ce que de ApuUo? Mais qu'est-ce de Paul? Hz
sont serviteurs de celluy auquel vous avez creu. » (I Corin. III.)
Et dit plus oultre: « .Pay planté, et ApoUo a arrousé: mais Dieu
a donné l'accroissement. Ne celluy doncques i|iii ;i planté est au-
cune cliose, ne celluy qui a arrousé, mais Dieu qui donne l'accrois-
sement. 0 El sainct Ignace, en l'épistre qu'il escripvoit aux Ro-
mains: « Je n'ay désir d'aucunes des choses visibles ou invisibles,
afiin (jue [je] puisse acquérir Jésuchrist. - Et après [il] dit: « Je
désire nostre Seigneur, le lilz du viav Dieu, et le père de Jésu-
christ. Icelluy je quiers tolallement, et celhn (|in |)()iir nous est
mort et resuscité. »
Allons doncques à Jhuchrist, en tonte fianre ! Il soit nostre pen-
sée, nostre parler , nostre rie et nostre salut, et nostre tout. Lequel
Dieu le père nous a donné pour vivre en luv. et par luy et par
.sa parolle. Et se ainsi faisons, nous serons semblables à Paul,
ApoUo , Ignace, et à tous les autres apostres. Laijuelle clio.se
vous congnoistrez plus à plain. quant, en ferveur de cueur et
entendement d'esperil, lesquelz Dieu donne, vous lirez les sainc-
tes et cbrestiennes épislres de sainct Paul. Pounpioy. à présent,
nous en tairons, et vous dirons ung mot de ung t'hascun des au-
tres.
Ai»rès donC(|ues les éjtistres sainct P.ini. vous avez l'épistre
catholi([ue de sainct Jaques, dicte calh(di(pie, c'est-à-dire univer-
selle, pource qu'elle appartient universellement à la doctrine de
tous chrestiens. Et elle enseigne ipif debvons estre fermes en
foy, patiens en persécuti(Uis et tribulations, (pu [turgenl et puri-
lieul les clu'estiens . et les rendent plus i»arfaiclz. comme le feu
for. Elle monstre «pie nous n'avons aucun bien de nous, mais
(pin loiil bien et toute perfection vient dru liaull , de Dieu, ipii
est le père tW> lumières. Et [ellej baille cnscignemens de fuyr l(»ii-
les l(îs clutses de la chair, et suyvre seulement celles qui sont de
Pesperit de Jèsudirist. La vie de Christ, la vie d'ungchascun chres-
lirn n'est point charnelle, mais spiriliielb>. Il ne suyl point son
esperil, sa v(dunlé, sa concupiscence, mais res|M'ril de Dieu. El
sa voliinté est celle de Dieu, cl son désir est Dieu. Elle enseigne,
que ung clueslien ne soi! jioinl accepteiu' de personnes, qu'il ne
soit |tniiii I liit'siii'ii p;ir dici seidement. mais soil chreslien par
1523 i,K vv.ww. d'kiai'i.ks a rois ciiiu'rnr.Ns i:i ciihktikn.nks. Kk)
faict ol œuvi'e de fos ; car la l'oy sans œuvre est moile, el semhlahle
à celle des nialiiifiz esperilz iéi)rouvt'Z éternelleinenl de Dieu.
Elle veull (|ue nous ne ayons point plusieurs niaistres el plusieuis
docli'ines, mais seulonienl la docli'ine de .lésuclirist. Je enlendz ce
[1. cela], pour profliter à la vie pour laiiuelle Dieu nous a créé, re-
créé el racheté par son filz Jésuclirisl. El autres telz plusieurs
lieauK enseigneniens. que l'esperil de .lésuchi-ist nous donne par
lu>. Dieu par sa bonté nous vueille illuminer à les spiiiluclle-
menl et salutairement comprendre en les lisant , à la gloire de
Dieu le père el de Jésuchrist son lilz . qui est noslre éternel
salut !
Après, avez deux épislres de sainct Pierre. En la première, il
\ous monstre : que toute noslre espérance, c'est-à-dire toute nos-
lre fiance, doibl estre en Jésuchrist, qui est mort et resuscilé pour
nous, el pour nous donner ung héritage incorruptible, (pii est
la gloii-e de Dieu incompréhensible el éternelle: pourveu (pie ne
cheminions point selon les désirs de la chair, mais, en toute
nosti'e convei'salion , soyons sainclz à la semblance el imitation
de celluy (pii est le saincl des sainclz. Enseignant qu'il faut dé-
laisser toute maulvaislié, el commenl, en chascun estai, on se doil)t
spirituellement gouverne]- l'ung avec l'autre. En la seconde, il
nous admonneste de sainctement proffiler en ce que la congnois-
sance de Jésuchrist et de sa saincle foy nous est donnée par sa
seule dirme bouté. Il défend (en prophélizanl de ce qui estoit à
venir) toutes sectes el diversilez de doctrines, hors celle de Jésu-
christ. El ijue nous ayons seulement au cueur el en souvenance
ce que les prophètes et apostres nous ont enseigné de la doctrine
de noslre Seigneur Jésuchrist. Car en icelle seule est la vie de
tous, après laipielle tout esperit esleu de Dieu suspire. El nous
laid mention (pie suyvons la doctrine que la sapience de Dieu a
donné à sainct Paul, en nous admonestant que, es dictes épislres,
il y a choses difticiles à entendre. — afiin que nous nous humi-
lions en les lisant, et ne abusions point de nostre sens en présu-
mant de les vouloir par tout [1. i)arlout] entendre, en les dépra-
vant, les exposans selon nosli-e sens.
Il faull don(pies honnorer la saincle Escripture en ce que on
entend, en rendant grâces à celluy (jui donne l'entendement. Et
en ce que on n'entend point . en le croyant selon le sens de l'es-
peril de Dieu , et non point selon le noslre, (jui ne passe point
raison , mais selon celluy qui surmonte loul sens el raison. El en
166 M. FKVHK n'ÉTAI'LKS A lOUS CHRÉTIENS KT CHRÉTIENNES. 15?3
ce faisant nous nous humilions et honnorons le sens de Dieu
comme debvons. Laquelle chose la grâce de JésuchrisI nous doiiil
faire par toute la saincte Escripture. et par tout pensement et pa-
rolle de Dieu !
Après, viennent (rois épistres de sainct Jehan. Et que vous di-
ray-je de sainct Jehan? Il est coucliéau lict d'amour divine et de
charité, qui est le sein de nostre Seigneur Jésuchrist, sur lequel
aussi s'enclina en terre si parfond [1. profond] qu'il ne pense que
à amour. Il ne parle que amour. Il ne souspire que amour. Car
qui a charité . il a tout. Il a foy en plaine lumière . luysante plus
cler en l'esperit esleu de Dieu . enllambé par amour , que ne
fait le soleil à midy. au plus cler et plus cliault jour de Testé. Il
a fiance si parfaicte en Dieu, que ciel, ne terre, ne chose qui soit
en ciel ne en terre , ne luy est riens , sinon celluy seul qui est
sa fiance, qui luy est tout. Il est tout en luy. et tout en ciel et
en terre, et en toutes choses, et par toutes choses qui sont
au ciel et en terre, et qui oncijues furent, et qui jamais seront.
Dieu doncques nous doint reposer au sein de .lésuchrist , afiin
que nous puissions estre en>'\Téz du vin des anges et de tous les
sainctz et sainctes de paradis et de ce monde-cy. qui est charité
de Jésuchrist !
Après sainct Jehan vient une épistre de Jude. nous enseignant
sur toutes choses . seulement suyvir la doctrine de l.i foy de
nostre Seigneur Jésuchrist. Et de fuyr tous ceulx qui suyvenl en
vie, en conversation . en doctrines, les concupiscences de la chair,
déclairant par Tesperit de Dieu quelz ilz S(»nl. afiin (pie on les puisi
mieulx congnoistre, éviter et fuvr. et. en les fuyant, militer en la
foy de nostre Seigneur Jésuchrist. En lai.ssant la robbe chai'nelle.
qui est toute souilh'-e et maculée, et prenant la spirituelle, clère
et res]ilen(lissanle comme le soleil, pure et nette comme la pru-
nelle de l'ceil sans (|uelcon(pie souillt'ure ou macule. Laijuelle cho.>^e
la grâce de Jésuchrist nousottro>e!
.\près, viennent Irs Artrs des Aiiostres. qui seuil saincte liistoire.
conleiiaul les faictz de .sainct Paul plus ;iui|ilemenl que de tous,
comme facilement se pourra c(mgiioistre en lisant.
Ouartemeiil et liiialilcniciil vieiil rAiinnili/iisi'. (-"est-à-dire la ré-
vélaticui inoiisirée à sainct Jclian par Tesperil de Jé.suchrisI : la-
quelle n'e.'it point |ioui- les mondains, ne |)areillemeiil pour les
clercz de ce monde, mais pcuir ceulx es(pielz resjjeril de Dieu
e.sl habitaiil . iioii point seulement pour vivifier et illuminer en
1523 I.K FKVRK d'ÉT.VI'LES A T(H S CHUKTIENS l'/f CimKTIKNNES. 1(57
foy. lavii- en espérance, enllannner en amour, qni s'apelle cha-
rité, mais pour révéler les secrelz de la sapience divine. A la(|uelle
riens de (oiites choses qui ont esté, sont et seront, ne penlt estre
celé, que elles ne luy soyent aussi dèremenl congneues, devant,
(prelles soyent faictes, voire éternellement, avant le commence-
ment du monde, comme quant elles son! faictes. En quoy. et les
anges et tous les esperitz hieneureux louent, adorent et admi-
rent Téternelle sapience.
Et pource elle n'eust point esté mise icy, de paour (pie au-
cuns, par curiosité ou présumption de sens, n'en eussent abusé,
se n'eust esté pour bailler entièrement tout le Nouveau Testa-
ment, en admonestant premièrement tous, que nul ne soit curieux
ou al)usant de son sens. Non point que Tesperit de Dieu ne puisse
révéler à aucun ou aucune simple personne les secretz de ceste
saincte révélation, qui est pour tout le temps depuis Tadvènement
de Jésuchrist jusques à la fin du monde, voire plustost que à
ceulx que on répute sages et lettrez selon le monde. Car comme
il est escript : « L^esperit inspire là où il luy plaisl. » (Joan. III.)
Il fault doncques, quant on la lit, louer, adorer, et admirer la
haultesse et incompréhensibilité de la sapience de Dieu. Laquelle
sçait tout le cours des siècles, et de tous cueurs, et toutes pen-
sées, dès le conmiencement du monde, et paravantéternellemenl.
A laquelle puissons par sa saincte grâce finablement venir, et que ce
que Jésuchrist, sapience divine, dit de Dieu, le père, soit accomply
en nous: « Ceste est la vie éternelle , que ilz te congnoissent seul
vray Dieu, et Jésuchrist lequel tu as envoyé ! » (Joan. XYII.)
Qui est-ce doncques celluy (jui n'estimera estre chose deube
[1. deue] et convenante à salut . d'avoir ce Nouveau Testament en
langue vulgaire? Oui est chose plus nécessaire à vie, non point
de ce monde . mais à vie éternelle ** ? Se en chascune des reli-
gions particulières^, ilz ordonnent que chascun d'eulx ignorant le
latin ait sa reigle en langue vulgaire et la porte sur soy et Taye
en mémoire, et (pie on leui- expose plusieurs fois en leurs chapi-
tres, — de tant , par plus forte raison, les simples de la religion
rlm'stiennc, simle néccmn're (car // n'en peult cslrc que une nrrea-
stiire) doihvent avoir leur reigle, qui est la parolle de Dieu, es-
cripture pleine de grâce et de miséricorde, en laquelle Dieu se
** Dans lY'tlition df 152B: « sinrituolii'. »
'^ Il veut parler des ordres religieux.
108 l.K KKVUK d'kTAI'I.KS A TOI S CIIUÉTIKNS ET CHUKTIKNNKS. 1523
oiïre à nous, pour l'amour de Jésuchrisl . son cher lilz unique,
comme le père de miséricorde à ses enfanlz de grâce. Et (pie
veuU-il, sinon miséricorde? « Je veux (dil-il) miséricorde et non
point sacrifice. ■' (Matlli. IX. ) El ijue veull-il donner, sinon sa
grâce? Geste saincte Escripture est le testament de Jésuchrisl . le
lestamenl de nostre père, confermé par sa mort et par le sang de
nostre rédemption. Et (|ui est-ce qui dedendera aux enfantz de
avoir, veoir. et lire le testament de leur père?
II est doncques très-expédient de le avoir . le lire, cl le porter
sur soy en révérence, le avoir en son cueur et le ouyr, non une
fois mais orthnaii'ement '". es clia\ntres de Jésucltrist, qui sont les
('(/lises, oii tout le peuple, faut simple ('onnue sçiivdnt. se doiht asseiu-
bler à oiiijr et lionnorer la saincte parolle de Dieu. Et telle est l'in-
tention du débonnaire roif tant de cueur ((ue de nom tirs-clirestien.
en la main dii(|uol Dieu a mys si noble et excellent royaulme.
(fue la parolle de Dieu soit purement preseltée par fout son roijaulme.
() la gloire du père de niisènicorde et de Jésurlirist son /il: ". La-
((uelle chose doiht donner courage à tous ceulx dudici royaiiluie
de proftiter en vraye chreslienté. en suyvant. entendant et
croyant la vivifiante paiolle de Dieu. Et henoiste soit Tlieure.
ipiant elle viendra! Et heneis .soient tous ceulx et celles (pii pro-
cureront ce estre mis à elTect . non point seuleinrui en ce
royaulme, mais par tout le monde. aHiii ipir de toutes pars soii
accomply ce que dit le prophète (Psalm. GVI): « Conlilemini Do-
mino, ipioniam hoiuis. qiiouiam in seiiiliini misericordia ejus . a
.solis ortn et occasu. ah a(piih)ne et mari! »
Paripioy aussi tous évesqiies. curez, vicaires, docteurs, pre.s-
cheurs dehveroient esmoinoir le peuple à avoir, lire et ruminer
les saincles évangiles, accomplissaiis le vouloii de Dieu et les de-
sirs des tr(''s-nohl('s rueurs. et ensiixvaiis l'evemiilc thi sainctel hon
évesipie Cliriisostoiiii'. t\\i\ ainsi laisoil à son pen|th'. et par Ions
lieux là où il povoil. comme il est maiiife.sle par la dixiesme lio-
mélie qu'il a e.scripi sur Tévangile .sainct Jehan, sur ce pa.ssage:
'" Dans l'édition de 1523, il y a ces mots: « le lire et le ouïr, non une
fois, mais ordinairement, etv "
" Voyez le N" -18, note 2, et la lettre de Le Fèvrc à Farei du G juillet
ir)2'l, n. 9. Richard Simon reproduit, comme suit, l'édition de 1523 : « en la
main duciuel Dieu a mis si noble et si excellent Royaume àlaploire du Père
de miséricorde et de Jésus-Christ sou Fils.»
152.3 i.i' i''i:\iîi-. i>'i:t\i>i,I':s a lois cmiKriKNs kt ciihktiknM'.s. 1(59
. El voi-|iniii cjiio (';icliini est, » où il dil ainsi: « Cure vobis sil
evarifiolicas légère lectiones, etc.» Ayez soing de lire les évanfriles.
U'S(|iR'lles (lehvez avoir eiilre les mains, devant que veniez aux
prédicalions. el les recorder souventesfois en la maison, enquérir
ililiiitMitenient le sens d'icelles. el ([uelle chose est claire el
i|uelle obscure en icelles. El notez les choses ([ui semblent esire
ri'piiiinantes , jà soil que elles ne répugnent point. Et adonc.
toiiles ces choses bien examinées et pensées , vous vous debvez
présenter Irès-attentifz aux prédications. Et par ainsi sera grani
[ii-oflit à nous el à vous. Car nous ne aurons point grant labeur
à vous monstrer la vertu de l'évangile, quant, en la maison , vous
vous aurez faici ainsi familièrement la sentence selon la letlre.
El vous serés fais plus promplz, sublilz et ingénieux, non poini
seulement à ouvr el enlendi-e la saincle doctrine, mais aussi à en-
seigner les autres. » Et , après ces parolles, il reprent ceulx qui
sont négligens à ce faire, se excusans pour leurs occupations el
négoces, soient publiques ou privées, soyent riches ou povres.
Et [il] monstre que toutes leurs excusations sont frivoles et de
nul moiuenl, en quelque estât qu'ilz soyent, el que nul ne se peult
raisoiinableuient excuser. Et dil ainsi: « Quod si qui sunt qui ne-
golia. etc. » Laquelle chose, à cause de briefvelé, je délaisse pour
les clei-cz, (jui pevent veoir au long, en ce lieu-là, toute la vérité,
comme maintenant on vous a dit.
Et . afiin (lue la prolixité de ceste épistre ne donne empesche-
uient de lire chose plus saincte et plus salutaire, laquelle inconti-
nent s'ensuit, icy feray la fin, priant ce que sainct Paul prioil
pour les Ephésiens (Ephe. 111) : « (lue Jésuchrist habite en voz
cneui-s par foy, désirans toute gloire estre donnée à Dieu le père,
par Jésuchrist et à Jésuchrist. en unité du sainct Esperit, en toute
église, el en toute nation, et en tous siècles des siècles 1 Amen. ■-
Cy line l'épistre exhorlatoire ".
'- Ou lit à la tin du volume: «Ceste seconde Partie du nouveau Testa-
ment contenant les Plpistres de S. Pol, les Epistres Catholiques, les Actes
dos Apostrcs, l'Apocalypse de S. Jelian l'Evangeliste, fust achevée de im-
primer en la maison de Simon do Colinos Libraire Jure on TÎTiiivorsito de
Paris demeurant on la rue St. Jehan do lioauvais devant 1(!S Escolos du
décret, lan de grâce 1523. le 6*^^ jour du mois de Novembre- » (De Sain-
jore, op. cit. t. IV, p. 114.)
170 i.niiin A Mi:oL\s (iKRBKi,. J523
80
LUTHER à Nicolas Gerbel, à Strasbourg.
De Wittemberg, 4 décembre 1523.
Luihers Briefe, éd. rie Welte. II. p. 437.
■Sommaire. Luther s'informe auprès de Gerbel, s'il y aurait â Strasbourfj une place
qui pût faire vivre honorablement François Lambert. Celui-ci espère pourvoir phis
aisément à son entretien en se rapprochant cle la France et en traduisant dans sa
propre langue les écrits allemands de Luther.
Oi-alia et pax. Qiiamvis fnislra. etiam nie dissuadente multi.'i
ralionibns. opiime Gei'belli '. scrihani lamen. ita iir^et is i)ro (pio
scriho. poslqiiam explorasset. essolne Arfjciitornti. quem nossein.
Est apiid lies Frnnciscm Lanihertus Galliis. aiilo diKisaniKis iiilrr
Minorifas apostolicns (ul vocani) pra^flicaloi-. diitla noslralt' iixoi-
cula. Is sperat uielius de?ere in vicinia Galliœ siuv. nec audit meiim
consiliuiii. sic occupatu.s siio proprio *. Nani etro sentio. si ipii apiid
vos non coininode a^ere possenl. prii'scrtini Inijusniodi. poilus ad
nos illinc qiiàni ail \os liinc cuitiiiani nii^^randinn e.s.se : sed vicit.
iil paceni liaborein.
Pelo erffo illius f^ralia. ni niilii respondeas. si lionesla. iino coni-
moda apiid v(»s sil condilio. (jiia spes sit illiiiii \ivere posse. Hf»nio
est. (pii It'.irondis liloi'is sacris nonniliil possit et valeal. sed nosiris
Barnaliis et Paulis " non salis par. dciiide vertenilis vernacnlis nieis
in riallica. ipia una ralione maxime lidil in vicinia Gall/'œ sese
' Nicolas Gcrhcl, éniinont jurisconsulte, natif do Pforzhoiiii, fut (V abord
professeur de droit à Vienne, puis à Striisbourg.
* P>iceus dans sa « Syivuia, > p. 8 b, cite les paroles suivantes de Lutlicr:
« Hoc vitiuni commune est Gallis, quf)d se puteut pra; aliis sapere, con-
temnentes nos [pra-J sese. Sic fecit monachus l\anci.seus Lamicrtus. Is
enim a me flapiUxvit, ut sibi auditores et qui sua uterentur opéra compa-
rarcrn, quasi i<l in niea potestate itositum fuisset. Ihi.^ thuLs uaJirluh 7iit. »
(Voyez Lnthers Briefe, «^d. de V^^ette, VI»" Theil, p. 41.)
^ Allusion à Mélanchtiion et à Pomeranus.
1523 C. BRIÇONNET AU CLERGÉ DE SON DIOCÈSE. '71
tViuUim el vicUiin faclurum *. Dipnatiir aiitem eiim Princeps nosler
■iliijuolies munere argenteo. ut 40 aureos ex ipso liabueril hoc
anno.
Nisi ergo tn milii responderis. non eril illi neque mihi pax. Ex
hoc- inlelliges. ([uid patior ab lnijusniodi hominil»us, sic amiculos
nieos per me explorantibus et oneranlihus. Vale ciim carne et cosla
tua. WitenbergiL'. M.D.XXIII. die Barbara,'.
Martinus Lutherls.
81
GUILLAUME BRiçoNNET au Clergé (le son Diocèse.
De Meaux, 13 décembre 1523.
Guy Bretonneau, op. cit. p. 174.
Sommaire. Révocation des prédicateurs luthériens.
riuirxAUME. par la grâce de Dieu Évesque de Meaulx. à tous
Curez. Vicaires, etc. Salut.
Veu que par les anciens Statuts de nos prédécesseurs d'Iieu-
reuse mémoire, il ait été sainctement et sagement institué, et du
depuis en notre Synode, par nous loué, confirmé et approuvé, que
vous n'ayez à permettre à personne, de quelque état, ordre et
condition qu'il soit, ou de quelque part qu'il puisse venir, de
prescher en vos églises (sans toutefois y comprendre les Cordeliers
de Meanli) ', et tiue. si jamais il se présenta belle occasion d'ob-
server avec fruit ce sainct et inviolable décret, c'est maintenant
que la peste Luthérienne- va croissant outre mesure pour répandre
par tout son venim, sy on ne retranclie bien tost la violence do
son cours par le remède nécessaire à un tel mal:
A ces causes, nous vous mandons à tous en général, et à cliaciin
* On ne connaît aucun ]i\Te de Luther traduit en français par
Lamiiert.
' Voyez le N" 78, note 1.
* V. le N« 78, note 2.
172 C. BUigONN'KT AU CLKIU.É DK SON DIOCÈSE. 1523
(If VOUS en particulier, et par la leneui' di- ers iirésenles, vous
(lelTendons expressément sous peine (rexconinuinicalion et ana-
llième, que vous permettiez de presclier en vos chaires des Luthé-
riens de cette sorte, et tous autres de quelque degi'é, prééminence
et qualité qu'ils soient, faisans profession de leur doctrine, (ai (pii
vous seroient inconnus.
Davantage, voulans fermer le chemin doresnavant à ceulx qui
voudroient se fortilier de nos Commissions et Mandemens, parce
(lue plusieurs en ahu.sent, rasanl la date, et y en inscrivant une
nouvelle, bien (jue cha(|ue Mandement n"a\l aulhorité que d'un
Synode à l'autre suyvant, — Nous, pour ces causes, révocpians tous
et un chacun les Mandemens Jusques icy de nous émanez, les-
(luels d'habitude étoient cy-devant signez (h.' diverses person-
nes, ordonnons qu'on n'en reçoive plus en (|uel(|ue façon (|ue ce
.soit, s'ils ne sont contresignez de la main de notre Secrétaire
Lermtte, le(piel nous commettons spécialement à cet alTaire^.
Nous n'entendons pas toutefois vous empescher que. sehui la
Clémenline Diiduin \ nous ne puissiez prier d'annoncer la jtarole
de Dit'ii en vos églises parochiales ceulx ijuc vous jugerez caiiables
de cete fonction.
Donné à Meaulx, le trézième Décembre mil ciiKi cents vingt-
trois V
"' Après avoir mentionné ce niaudomcnt, Toussaints Du Plcssis ajoute:
« Pour romc^'dior au mal qui faisoit des profrn'S inouïs, lîrii^onucf fit venir
d'autres sçavauts, dont la doctrine ne lui étoit point suspecte. I>e ce n(inil)re
furent Martial Maznrkr, princii)al du collf^ge de St. -Michel à Paris, et
c(ilèbre prédicateur, à (lui il procura la cure de St.-Martin au prand
M.Arch(), Michel R<)njisel, Arnaud Eoiisscl, Fiare Caroli, chauoine de l'éplise
de Sens, à qui il donna la ciue de P'rènes et ensuite celle de Tancrou. »
^0p. cit. I, iV2&.) — Toussaints commet ici une erreur. Du nom de Midwl
d'Arnnde, il a tiré celui de deux personnages imaginaires: Michel et Aniaud
Rnttsscl. Michel d'Arande s'était retiré i\ Meaux en l.'î21 (V. le N» 35),
mais au mois de décembre l.')2;^ il évangélisait la ville de Bourges. (Voyea
la lettre de Farel du 2 avril 1524.1
' Décrétale donnée, en 1300, pai- Bonitace VIII, et remise eu vigueur
par le concile do Vienne (li^ll), ([u'assembla Clément V. Cette décrétale
permettait aux Dominicains et aux Franciscains de prêcher librement dans
leurs églises, dans les ])laces publiques, et nn^me dans les églises parois-
siales Toutefois, i)()ur occuper la chaire de celles-ci. les religieux devaient
obtenir préalablement la permission du curé. (Voyez Gieseler. Kirchengesch.
Band 11, 2, S. 341.)
■^ Voyez le N" 78, note 4.
i523 L'i.iucii zwiNci.i \ l'iKiuu". i)K sr.nvii.i.K. 17;{
82
ILHICH zwiNGLi à Pierre de Sebville', à CJreiioble.
De Zurich, 13 décembre 1523.
I)';i|»vs la prcmitTO (''ililion de celle Épiire, iniprimée à Zurich,
cliez Kidschover, en janvier 1524, in-4".
SûMMAiRK. Une même fui, un même amour de hi pieté nous ont engagés à entrer en
rapport l'un avec Tautre, notre but commun étant de restaurer la religion de Christ
ilepuis si longtemps détigurée et presque anéantie. De la petite semence qui a sur-
vécu, Dieu saura faire naître un grand arbre. Cette semence c'est la Parole de
Dieu, et c'est Dieu même qui vous a inspire le désir de la communiquer à autrui.
Mais avant d'entreprendre cette œuvre, calculez-en bien les difficultés ; car, si vous êtes
nu lidèle serviteur de Dieu, vous rencontrerez des ennemis. Les accusations d'here-
sie, les supplices les plus cruels, voilà les armes de l' Antéchrist réduit au désespoir
par la prédication de l'Évangile. Êtes-vous de force à vous mesurer avec lui et avec
tant d'autres adversaires? Vous fuiriez, à coup sûr, si l'esprit de Christ ne se servait
précisément de tous ces périls pour exciter votre courage. Ecvêtez-vous donc de
toutes les armes chrétiennes. Pour vaincre sûrement, il ne faut jamais écouter la
chair; il faut que notre esprit vive en Dieu seul. Vous voulez prêcher l'Évangile;
étudiez donc l'Écriture en disciple et non en docteur. Voyez ce qu'en peu de temps
l'amour de Christ a produit en Allemagne ! Invoque/, à votre tour le Seigneur })our
la France! Il aime à être prié.
Gliarissimo nobis in Ghristo frairi Pelro Sebivilla3. Ecclesiasla;
Gralianopolilano, viro doctissinio, Hiddrichiis Zuinglius.
Gratia el pax a Deo et domino nostro Jesu Ghristo ! Si bonis ad
honoriini convivia Ucel)at etiam non vocalis accédera, doctissinie
jii\la ac piissiiiie Pelre, ut esl in proverbio, quanto magis Gliris-
liamuu eliani longissime dissitimi Ghristiano convenire licebil ?
(Jiioruin una fuies esl,baptismus unus,spiritus idem, idem ejusdem
pielalis stiidium. Hinc factum est, ut, ignotus ignolum. ilidem (piod
ego imnc lacio, bene iiahei'e precalus sis, at(iue id hleris ad Amw-
nniudinii Corfiini missis -. vinmi iil génère doctrinaipie claiinii. ila
' Voyez ci-dossous la lettre tiue Pierre de Sebville écrivit do Groiiol)le à
Coct, le 2S décembre 1524.
* Cette lettre do Pierre de Sebville au chevalier Coct n'a pas été conservée.
17V ULHICH ZWINGM V PIERRE DE SEBVIIXE. 1523
pielate humanilateque longe clariorera. Qui, iil iiiliil antùiuiiis
aiiiicitia pietateque inter liumana tlucit, sic vicissim siiopte (]uo(lam
jure (nam tanli viri imperio lubenles volentesque cessinius) com-
pulit incullas istas ad te dare literas, quibus fului'um speral. m
aiuicitia, secundis avibus cœpla, eodem auspicio in diem magis ac
magis crescat. Sed iii l'imi modo iisuni. ni jnini illu iitiuhic
CIIHISTI rdliiio amjilœtur !
Quaui quis non videt hy|)ocrilarum versutia longo jani (einpore
ila essefœdatam,obscuralam,laceratamait paniiii .ililuei'it [qiiin] iii
universum excindereUir ? Sed doniinus Sabaolb pauxillumseniinis
reliquil, ex quo segetem uberriuiam rediluiam speranms. Eadi'Ui
enim est cœlestis grani vis, qua.' sinapis. (piod onniium semiiiuni
est longe minimum: liuc lamen venil. ul arborescal. et a\ibiis
cœii variis venlorumsedilionibusiactalissedem lirmam hospicium-
que tutum exliibeal. Semen boc, ul CIIKISÏI \eiliis utar. est ver-
bum Dei. Quod tametsi. dum aliàs aliù cadit. parvum. ubi lamen in
lerram bonam ceciderit, fi'ucluni liabumlanlissimum relVit. (|uam-
vis et bunc numéro polius quàm ingenio disparem.
In boc, inquam, verbo requiem vilainipie inveniuni misera'
morlalium mentes, qua; non modo bujtis immunib muiidi tuiiiid-
libus, veriim insidiis eliam sjjirihdium neqiiili.uum divexanlur.
bocque adeo. ul, juxta Proplieta- verbum. considatiiuiem non re-
(•i|)ianl. nisi posiquam Dei memoi'es farta- fuerinl. ■ licnuil. impiil.
consolationem accipere anima mea : recordalus aulem Dei, laMili-
calus sum. » (Psahno. 70.) (Jua- «Miim. per immorlalem Denm. lir-
milas aul consolalio in verix) bonnnis est. cum onniis bomo sil
mendax? Manileslum igitui' lit. bumanam menicm non alia lalinne
lran(|nillam reddi posse. (|u;im uno sdbxpie Dei verbo. \\w lu
recle facis, (pmm iiitiili' , imve snnrtcqm' jinnlinin' in iiniinuiii
ilurù, (pumKKbnodum lilerée ad AnuninuKhnii data' indicanl. Id-
(|ue non sine Tbesco. ut dicilui-. iNam caro et sanguis lioc lil)i non
revelaruni (ba'c riiiiii jubenl. ni se au(bannis) sed pater cœlestis
animum sic tmiiii ad se Iraxil. ul e.jus jam verlto lidens. alios quo-
(jue ad banc securitatem cupias perlrabere.
Verùm bons lu. aMblicanib ((Uisiiiiim ne caitias. ni piins sedens.
iuqtensam (uunem suppulaveris. .AHixpii à liUis bujiis secub. (bim
in nicdio fervorc opiis fueril. ipsj'ipie rerum inopia ab eo revo-
cal us eris. ad linnr riib'bcris nuxbnn : Ilic bonio ccepit a-cblicare,
el absolvere neqiiivil. U"a' te CiUilumeiia. nisi vcbemenler inca-
lueris. manum ab aratiu n'Iralwic. inqiif -ali^ iapidcni lonverli
1523 n.Ricii zwiNT.M a i'ikrri-: dr skbvillf.. 175
l'acifl : m sal deiiitle lias, (iiii [l. quoil] ingeniiiiii amillens, (ilus-
quam faluiim est. Sunt autem adversus lios liosles opes, arma
coniuieatusque parandi. l'rimo conlia Aiiticlirislum, qui. iil se ex-
tiilil siipra omiu'iii tultiiiTi, ila Deus dici amat, et verlnini smini
miiiiiuis loco vereri priecipil. lainelsi pliisquam o\? oNà Tracr'..v. à
verbo Dei dissideal. Si iiiiiic lidelis Domino liio miiiislcr esse
rii|iias. Iiuc adigère, ut isluni odio liabeas: nisi duol)Us dominis
servire aliculii didiceris, aut amiciliaiu ali(iuam inter CHRISTUM
esse et Belial. Istuiu si odio liaheas, cogeris aille omnia maie au-
dire. Iiœretious dici, ignés, mortes et dira supplicia intentarividere,
ac paulo post, nisi ad ejus partes concesseris. exjieriri. His enim
arniis probe insfructus est, gestitque non velitareni. sed statam
cum Cbristi ministris pugnam conserere. Satis enim jam exaspe-
ratus est: tantum enim rei et copiis ejus, dum aliquandiu pra-di-
catum est Evangeliuni. decessit, ut in desperationem rerum om-
nium adactus ultima experiri cogatur. Hîc animum explora luuni.
et liunieros examina quid queant. quid ferre récusent; senties
mox te tam gravi adversario im\)arem.
Adiuec adde alios innunierabiles, qui contra te dimicaturi suul
iiostes: inveteratai, sed pessimee consueludines ; Patres, sed (|ui
vitrici ferè sunt : nani verbum Dei crebro juxta libidinem adfectuum
suorum detorserunl ; Principes, qui bis insaniunt, dum secundum
hoc (sic) quod veram pietatem ignorant, iiiliil aliud quàm tumul-
tuantur : unde in gregem Christ! facile extimulari polerunt ; mundus
lotus, xaxooai'pwv, ct malorum examina simul omnium. Hauc, in-
quam. omnia tibi anleipiam telam ordiare, expendendaerunt,nein
média pugna remiltas bracliia, el fugce praesidium (imeras; nam
sic tieret, ut postrema détériora primis redderentur. Jam te, si
bonus orator essem, el lu carnalis esses, ad desperationem nimiruiu
adegissem. ut Jam latebras potius meditareris quàm concionem.
Sed non patitur hoc qui le extimulal Glu-isti spiritus, (jui ejusmodi
malisaniumm acuil potius quàm relundat fàvVj.
Age igilur. optime vir. el tu in (jiilliis vestris Christiana arma-
tura munitus in publicum prodeas, sublalaque instar lubie voce,
Evangelium Cbristi, invitis omnibus puppis et Papis, prcudices.
Christus dassicum cecinit, impressionem in Pbarisieos, scribas et
hypocrilas factui'us. Quis dexferam ail pnulium non armabil ? » Léo
rugiet, inquil Pro|)heta, quis non nietuel?- (Amoslil.) Cbristo
per ministres suos détonante, quis ex bostibus non pavebit "/ Imô
dispereaui. si non in totis castris illoruui trepidatur. adeo verlun-
176 ULRICH ZWINGIJ A l'IKRHK DE SEBVILLK. I o23
lui', rolantur, ainbigunt, ut quid consilii secuturi sinl nondum ex-
ploratum habeant. Nam si Clii'isli gregem madare per seductos
Principes cœperiril, verentur ne sic aperialur t'enesira. iil in se
(juoque paulo post irrualur. Si vero Scriptura obsistere tentent,
conscii sibi violenlia' ipiam ei t'aciunl, toti frigent ac concidunl.
(Jiiid igitur in ignavos non iiiuinius, iino illu(|ue satis l'oili verbi
Uei priesidio fuiti ? Is eniui Anticbristiini interliciet spirilu uris
sui. Stat à nobis Cbrislus : (|uis contra nus ? Siniiis licet Saiiiia
vasa, nenio tanien confringere nos poterit, iiuanidiii nobis Dominas
adest. Aderit aulem ex verbi sui certa proniissione. qua |tollicitus
est se nobiscum mansurum iisque ad mundi consunialioneiu;
jussitque securos esse quuni ad reges et piu'sides illiiis causa Ira-
bauiur: datnruni enim esse et sapientiani el eloquenliani. cui
onnies adversarii non posseni resislere. (xMallh. X et WVIII.
Luc. XXI.)
Quid igitur adimc cunctamur? Victoria in manibus est. An eam
decerpere piget? Cœiuni et terra transibunt cilius (iiiani Dei ver-
bum. At is victoriam proniisit: recijii igitur nmi potesl . til non
vincamus. Quiii boc potins dixerc» , nos aMa ralione vinci non
posse, quàm si conatus nos pigeât. Tenera . non ignoro. ul nos
caro deliortetur; sed cogilandum iterum alque iterun» nobis est,
quod versutus xaxooat'pnov seniper iio> illius occasione suadeia(jue
seduxil: ac (bini illa labores ieruiiinasqne refugit , nobis ocius ab
ejus blanditiis fugiendum est. auresque Uivssis in niorein obserandui,
ne forte ei cedamus. (Juic enini major infelicitas nobis accidere
poterii . (|uàm si nos proditrix caro partium suarum fecerit . id)i
Inli nihil aliiid (juam caro riilnri essemus . ac subinde qiiocpie
nibd abud quam beluie? Partium aiitem ejus sumus, si spirilum
illius gratià prodimus: lum aulem spirilum prodinuis. (pmm non
onuiiiius nervis Deo. illiusqne \erbo lidimus: in eo enim solo
spirilus vivit, Quod enim lam juratum est crealura* verbuui. qiKid
iniii falial ?
Ha'C igitur et bis longe tinu robusiiora. tinn di\iniora , lecuui
rcpiilaiis. doctissime Petre. animaberis non modo cum Anti-
cbi'isto ac paucis principibus. sed ciim iinivcrso siiiiid orbe cer-
lamen snbire, si qiiidem cœleslia audtis : ea enim solis eis eve-
niinil i|iii It-rrena negliginil. Anie omnia igilur (q)ns est ni !»• ip-
snm abneges, ac (piolidic un)i'iaris. Id aniem ln<q)k> iMar'te non
[Mitcris: ad nnam igitnr l)<'i miscricordiam <'(inru.L!i('ndinn. el illi(
ll.'n^ilnndinn . ni \ia> Inas diriu:iil . nifiilrm illn>lrel. c(n' excil*-l.
IÎÎ23 LLHICII ZWINT.LI A l'IKIUU: DE SEBVILLE. 177
Ut illius gralià iiiliil non tuin aiulens. liim (|uo paclo tieri opurleal
scias. Pruderil cl illud Evangeliiiiii (^lirisli priuilkare niolienli.
ut, rejeclis omnibus pra^sumlis opiiiioniljiis el doctiiiiis. hoc con-
silio ad lileras verè sacras accédai, ut eas prseceptoreni lialiilurus
sil. non discipuluni. Nam qui sic accedunt ad eas, ul lioc soluni
(juiiTant (|uod opinionibus suis adstipuletur, vim eis facturi suni
el constupi'aluri. Qui verô contra sic ad eas adeunt. ul illinc cœ-
lestis consilii menlem auferanl, ut doceantur. non ul doceanl. bi
(leniijue cum mulla fruge recèdent.
Vides, in Xpw [1. Cbristo] frater. quantum brevi pietas Christi
iFi Germania profeceril ! Ea non minus promotura esl el apud ves-
tros, si id a Domino pelierilis. Peti yerô gaudet; est enim ani-
marum amans ac zelotypus. Haec^ut tandem finiam. bue lendunl.
ul E\angelium intrépide velis apud tuos prolileri : quod precor
laxil Deus Opl. Max. Nam frigida isfa et plus quam temporaria
epistola plane scio quàm niliil possit, tamelsi eam Annemundus
nosti'i: lum amicilite jure, lum candore isto suo, quo nobis plus
ipiam par est Iribuil, exlorserit ^. Proinde nobis jam ut amico
ulere, ac. si id nimis esl, ut discipulo. El persuade libi, Zuinglium
luum luturum, dummodo le Cbrisli esse audimus.
Vale et confortare in Domino, el in vi polenlice illius, qui le
servel incolumem ! Ex Tiguro. Helveliorum primario pago. 13.
(lie Decembris, Anno M.D.XXIII.
Salva sil, si quce apud vos est, CHRISTI Ecclesia * !
^ Anémond de Coct avait quitté Wittemberg, vers le milieu de septembre,
emportant la lettre de Luther à Charles III, duc de Savoie, datée du 7 (V.
le N" 76), et quelques lettres de Fr. Lambert, adressées à plusieurs nobles
français. Après s'être acquitté de sa mission, le chevalier était reparti pour
la Suisse et s'était rendu à Zurich. Son Épitre du 24 janvier 1524 établit
clairement ce double voyage : «Ego j)erMi [ad Sabaudia? Ducem]... deinde
autem Tigurum veni ad Huldrichum Zrdngliwn. » En revenant en Suisse
Anémond de Coct était peut-être accompagné de GuiUawne Farel, qui
venait de Guyenne et qui dut arriver à Bâle <lans les premiers jours de dé-
cembre 1523, au plus tard. (Voyez la lettre suivante, au commencement.')
* Ce post-scriptum et les mots « Ilelvetiorum primario pago » ont été omis
dans l'édition des Lettres de Zwingli publiée à Bâle, 1536, in-folio (fol. IDOb),
ainsi que dans les «Zuinglii Opéra,» éd. cit. VII, 319. Ces deux éditions
ne reproduisent pas non plus les premières lignes de la lettre de Zwingli
d'une Miiiiiièri' ronforme nu texte primitif.
T. 1. l--^
178 LANGE A GUILLAUME FAKEL. 1524
83
LANGE ù Guillaume Farel. à Bàle.
De Meaux, l''»' janvier 1524.
Inédite. Aulogi;i|»lie. liibl. luqiéi'. Cullccl. Du l'u\. \ol. 103.
Sommaire. Votre lettre m'apprend que vous habiteis £dle, cette ville illustrée par les
vertus de tant d'hommes célèbres, et où je voudrais bien m' établir un jour. J'ai
quitté Paris, pour venir à Meaux chez Le Fèvre [d'ÉtapUs]. Oronce, que j'ai vi-
sité dans sa prison, a envoyé deux Suisses demander au roi sa liberté. Les théolo-
giens [de la Sorbon'iie], ijorsécuteurs de tous les savants, seraient facilement vain-
cus, si ceux dont c'est le devoir demeuraient fermes dans la foi. Quant à vous, Farel,
poursuivez votre entreprise avec le dévouement qu'inspire une confiance vivante en
Christ, et vous continuerez à jouir de l'amitié de Le Fèvre, de Raussd, de VaiabU,
etc. Ji^cdé travaille à son dictionnaire grec. Miles [Perrot] et J. Canaye cultivent
les lettres avec zèle et vous saluent.
Anjj^elu.s ' siio Giilieliiio Farello* S.
Niliil iiiilii (•oiiligil uii(|uaiii jticiiiuliii.s, iibi inlellt',\i pci' lilt'i;i>
' Ce personnage paraît être le Joanncs Angclus dont nous avons cité
une lettre de 1521, adressée à Jean de Maulèon, élu évêque de Commiii-
gcs. [Y. le N" 38, u. 10.) Natif du pays de TArgoune, J. Angélus avait étu-
dié sous Le tlivre cVEtapIes, jirdfrsucitr de jiliilosophic an collège du car-
dinal Le Mulne, et il y enseignait Jui-nienio le grec en 1521, c'est-à-dire
à une époque où Farel était son collègue. (V. la note 2.) Ces deux cir-
constances cxplicpieraient très-bien l'adhésion que l'auteur de la présente
lettre accorde aux doctrines évangéliciues, l'amitié qu'il témoigne à Farel,
et les renseignements qu'il lui donne sur lUulé et sur quelques élèves du
collège Le Moine.
* Ginllaume Farci naquit, en 1 18!J, au village des Farels près de Gap,
d'une famille noble et fort dévote. Il a raconté lui-nième le premier pèle-
riiuige qu'il Ht dans son enfance. (l)u vray usage de la croix de Jésus-
Christ . . . (icnève, Jean Kivery, lâGO, in- 12, p. 233 et suiv.) Après
des études élémentaires très-imparfaites, il obtint de ses parents, non sans
peine, la permission d'aller chercher un en.seigneuient plus solide à Paris.
Ame généreuse, cojur pieux et d'une rare droiture, Farel fut douloureu-
sement impressionné, au sortir de ses montagnes, par la corruption «jui
régnait ilans les grandes villes. ■ A Lijim. (li>ait-il, où jour et nuit cloches
1524 LANGE A GUILL.VUMi: FAIŒL. 1 7'J
luas, te vivere liasileœ, quui sit lot celebrium virurum iiisigiiila \ ii-
tutibus, et iis quidem laiu variis tamque fruyilei'is. Audi, ut paucis
souuoicnt.... seulement eu passant par la ville et n'y arrestaut guères, en-
core que je fusse du tout jjapiste, j'estoy ravy que Dieu du tout u'abysmoit
uue telle ville. » (Farel à Libertet, 1-4 décembre 1564.) Le jeune Dauphi-
nois arriva à Paris vers 1509, et il y passa probablement douze ans, soit
comme étudiant à l'Université, soit comme professeur au collège Le Moine.
J. Le Fèvre iVIEtaples devint sou ami et son guide. Sous l'intiueuce de ce
maître vénéré, la piété de Farel fit d'admirables progrès, mais au prix de
longues luttes. Nous n'avons pas à retracer ici les phases diverses de ce
traviiil intérieur. On les trouvera plus loin racontées pai* lui-même dans ses
lettres à Natalis Galéot (7 septembre 1527), à Martin Hanoyer (décembre
1527), et dans son Épiti'e à tous seigneurs (153U).
AiTivé au terme de ses études universitaires, Farel se fit inscrire, en
janvier 1517, sur le rôle des gradués qui avaient droit à un bénéfice ecclé-
siastique, et il choisit pour collateur Jules de Médicis, ancien évêque d'Em-
brun et alors archevêque de Narbonne, qui occupa plus tard le siège pon-
tifical sous le nom de Clément Vil. (Bulajus, t. VL) Bientôt après, et sur
le conseil de Le Fèvre, Farel usa du privilège de chaque nouveau maître
es arts : il demanda et obtint une place de régent au collège du cai'dinal
Le Moine, collège consacré à l'enseignement de la philosophie et de la
théologie. (« Farellus, dericus Vapincensis, diu rcxit in cardiualitio. » Bu-
laeus, ibid.) Ce titre de dericus permet peut-être de penser que Farel étudia
dans la Faculté de théologie, après avoir reçu la maîtrise es arts ; mais on
ue peut admettre qu'il iàtprofessé à l'Université comme théologien, attendu
qu'il fallait pour cela èti'e « bachelier formé en théologie » et avoir atteint
au moins l'âge de oo ans. (Crevier, op. cit. IV, 268.)
La plus ancienne biographie de Farel s'exprime ainsi au sujet de ses étu-
des : « Dès la philosophie il s'eft'orça de coguoistre quelque chose eu la
tlièologie et aux langues, surtout d'avoir la scieuce de la langue grecque
et hébraïque. Un sien livre de raison [journal ou livre de comptes] cscrit
lorsqu'il faisoit ses études à Paris , parle du progrez d'icelles en l'an
1519 et 20, 21, 22, pendant lequel temps il estoit grandement chéri et
honoré par deux siens maistres et précepteurs : l'un appelé Jacques Le
Febvre d'Estaples . . . l'autre maistre Girard Bouf. » (OHvier Pcrrot. Ma-
nuscrit de la Bibl. des pasteurs de Xeuchàtel.) Le même document rap-
porte que Farel ayant laissé apercevoir qu'il avait « de bons sentiments
de la vraye doctrine, dans sa profession [au collège Le MoiueJ, il ne sub-
sista guère paisible eu icelle. » Toussaints Du Plessis, précisant une as-
sertion générale de Bèze (Hist ecclés. I, 5), met Farel au nombre des
savants que Brii^'onnet appela en 1521. (Quoique ce fait ne repose sur
aucun autre témoignage, on peut cependant l'admetti'e comme vraisem-
blable. Au reâ!te, les seuls renseignements certains qu'on possède sur
le séjour de Farel à Meaicx, c'est le récit d'un enti'etien qu'il eut avec le
Jacobin de Borna, où il exprima l'espoir de voir bientôt toute la l^'rauce
gagnée à l'Évangile (Fai'el au duc de Lorraine, 11 février 1513;; c'est
180 LANGE A GLILLAl'MK FAREL. i 554-
airam tecum. Nunc sum apiul Fabrum, sed nescio nec qiia ratione
nec qua fini. Convalui, el lerlio Parisiis professus [l.profectus] sum.
Urontius '% quem ter sum colloquulus in carcere. misit duos Hel-
vetios regem supplicaluios ut exolverelur, quieum in pnt'ceptorem
Twv ,jia9r;fxiTwv poscerent ; sed ul negotium cesserit nescio. Mirum
est quàm in dies Tlieulogi deseviant in omne doctorum genus.
quos non difficile esset vincere, si fides esset in liiis lii-ma et cons-
lans in quibus esse deberel. De cloacario non loquor (certè Cli-
thoveo * dicere putabam) ; non tibi unquam persuadeas, (juàm ille
repuerascat vel vanos islos tlieologici ordinis accubitus aniielel.
Pli outre l'assurance que lui donne G. Roussel, dans sa lettre du 6 juillet
152'i, des sentiments d'amitié qu'avaient conservés pour lui les notables
de la ville de Meaux. On ne sait exactement ni à quelle époque, ni dans
quelles circonstances Farel quitta cette ville. Selon Bèze, il en serait sorti à
la suite d'une persécution, aurait « subsisté à Paris^ tant qu'il put , » et
se serait retiré en Suisse. Cette dernière assertion est rectifiée p;ir le pas-
sage suivant de la chronique de Froment :
<t Farel désirant édifier ceux de son pais, s'en alla de Meaux à Gap, où
voullant prescber, il n'y fust admis, parce (pCil n'estoit ne moine ne ])res-
tre. ... De là il fust dcschassé, voire fort rudement, tant par lÉvesquc
que par ceulx de la ville, trouvants sa doctrine fort estrange, sans jamais
en avoir ouy parler. Voyant cela il vint à Ba-sle » (Bibl. Publique de
Genève. Manuscrit cité. Vol. n" Lt?.) L'auteur de ce récit omet, de son
côté, la tentative d'évangélisation que Farel fit en Guyenne. C'est de ce
dernier pays qu'il se rendit à Dûle. {V. ci-dessous la lettre de Canayc du
13 juillet 1524, et celle de Farci du G juillet 1.525, oii la question semble
tranchée par ces mots: « È penitissima Gallia ilkclus fui. »)
■■ Oroncc Fine, né à Briançon en 1491, un des premiers mathématiciens
de son temps, était en prison à Paris depuis 1518, à cause de l'ardeur
qu'il avait mise à défendre les pri\iiéges de l'Uiiiversité. (V. le N" IG, n. 2)
S'il est vrai qu'il obtint sa liberté en 1524, il h- dut aux démarches que
la Faculté des Arts, réunie le 27 octobre (même année), décida de faire en
sa faveur auprès du roi. Il fut réintégré daus ses fonctions en 1532. (Bula'us.)
♦ Josse CJichiow avait pris le parti de Le Fèvre dans la dispute re-
lative aux trois Maries (lôUr, mais bientôt il se sépara de lui et fut l'un
des premiers à se prononcer ouvertement contre liUther. (Bula-us, t. VI,
anno 1523.) S'étant retiré à Tournay (1521), il consacra toute son activité ;i
défendre l'église romaine. Los principaux ouvrages fpi'il publia dans ce but
sont les suivants: De mncratinne SancUmim. Paris, Simon de l^olines. 1523
(.1524 nouveau style), in-4-, où il attaquait W.-F. Capiton. — AntiluUwnis.
Paris, S. de Colines, 1524, iu-folio, dédié à Charles Guillard, président du
parlement de Paris. — PwpugnaculuniEccksi/cadvcrsus Lutlwranm. Paii-.
S. de Colines, 1526. in-fciio. La dédiciirc de ce dernier onvrage datée de
Chartres, 1526, est adressée à Louis Guillard, évéque de cette ville. (V. le
N" 5, note 1, et la lettre d'Érasme du 17 juin 1521. Le Clerc, p. 647.)
15-24 C. RUIÇONNET A MAIlCliKRITE I)"AN(i()ULKMK. 181
(lepoi-ealque. Qiui'so ndeni milii facias, le non modicc' [dili.uij à
Fahro , (ienirdo el Vatahlo'^. aliisque compluribus. modo l'em
(|iiam cepisli, clirislianè seniiter luteris defendasque. Sed ifitid firo
Clirkto non uf/n'cmiis. sivivax Ckristifidesaltis nwntlhm nohiscum
insidevct?
Bmlœm ' hQ\A\\\ propo tolani absorpsit. Milo^, Canœm^. dili-
genter navant operam lilteris, teque lionorilicè salutanl. Rogo,
scribe ad me, si qiioquam pacto liceal per olium, de iis qiue apiid
vos agunlur. Ulinam illic liceret mibi vivere, et de hac re non
adhiic animiim despondi. Meldis, apud Fahrum. Calendis Januariis
1524.
Tuiis ex animo Anuelus.
(Inscrijdio:) Giilielmo Farello Âllobrogi Basileœ.
84
GUILLAUME BRiçoNNET à Marguerite d'Angoulême.
(De Meaux?) 10 janvier 1524.
Inédite. Copie. Bil)l. Iniji. Siippl. franc, n" 337,. fol. 271 a.
SoMM.iiRE. Envoi de la traduction des Épitres de St. Pmd, avec prière de l'offrir au
Roi. Excellence des Ecritures. Éloge de la piété dit monarqiie. Actions de grâces
pour la protection que Dieu vient d'accorder à François I, en faisant échouer la
conspiration [du connétable Charles de Bourhon.'\
Madame, la longueur de l'enlumineur procédant en partie des
•"* Gérard Roussel. V. le N° 44, note 1.
« François Vatahlc. V. le N» 6, n. 2, le N° 20, n. 19 et le N" 38, n. 10.
" Guillaume Budc, l'hollénisto. Il avait presque terminé la lettre B de
son dictionnaire grec. Cet ouvrage, intitulé « Commentarii lingua? grieca?, »
pai-ut à Bâle chez Jo. Bebelius, 1530. in-folio.
* Appelé ailleurs Milœm, régent des classes de grammaire au collège
Le Moine, à Paris. (V. la lettre de LeFèvrc du 20 avril 1524, n. 10.) Tout
nous porte à croire que ce M'dmis est Miles Ferrât, élève et ami de Fai'cl,
avec lequel il était en correspondance.
^ Jean Canaye fut le disciple et l'ami de Farel. A l'époque où ce der-
nier habitait Piu-is , ils avaient l'un et l'autre vécu dans l'intimité de Le
Fè\Te. (V, ci-dessous la letti-e de Canaye à Farel, du 13 juillet 1524.)
|S2 <;. BRrr.oNNFvr v maroikritk d'angoulème. 1524
fniidiiros '. qui rmil tort retardé, n esté cause que pluslnsl n'av
poil mroior nu Uoij. [à] Mndnmr et à mus les ëjmtres de S. Pol
Irnmlntées * : ce que fais présentement, vous suppliant. Madame.
Irés-liiimhlomeni. (pi'il vous plaise en faire TolTre, que [1. qui] ne
|ioult . de voz mains, estre que trés-atjréable et (saichant vostre
sainct désir) ne vous sera à peine, mais plaisir, pour l'espoir du
[ironflict qui on viendra à l'Iionneur de Dieu, doulx esjïuillon fa-
cilitant tout travail.
Elles sont ini'tz ronil. engressant sans corruption et pruérissant
do toutes maladies. Plus on en ffouste. [plus] la fain croist en désir
assouvi insaciahle. Le dici melz piir.ae. illumine et parfaict toute
créainre par foy insérée on fdiation divine. Là se conprnoist tout
ostrai'omont. se voit le chemin pour en sortir et courir, par dila-
1,1 lion do cœur, en perfection do charité, assouvissement et pléni-
liido do la loy. dont procède la source de toute grâce, crois.sant
par p:ralitude et recon.trnoissance. L'amplitude de la dicte source
est si oxultérante. que nul [n'en] est exempt: on laquelle spécial-
lement le Bon. Mndnme et 7'om estes excellentement noiez. Je ne
conû:nf)is on ce royaulme aulfres que [1. qui] tant y soient plongez
et ahismoz.
Et récontemenl. oultro les continuoUos [grâces] intériores. les
frràcos oxioriores ont par urans ru.sseaulx habondamnient couru
oi conronl : l'I ne faiotz douhto . (pi'elles n'ayenl esté humhle-
utonl rocenes et congneuos. spécialloment par Madame, .s'// roj/ntit.
' liliivor do 1523 j\ 1524 commonr.i do bnnno honro ot fut d'uno rifrnour
oxooptinnnollo. (V. lo Journal d'un bourpreois do Paris, p. 186.) Marpruorito
on fait montion dans le liillot suivant qu'ollo adressait ''au mois de décembre
1523) !\ rôvOquo do Moaux : « Triumphor ploriousomont par vraie union do
nostro rhiof ... on costo ourouso croix do tribnlation doibt ostro vostro
pa.8setempa et consolation. Vrn/ Je innps accrptnhlr, rrcij Ir jmr âr aahil,
ntuiiirl 1(1 frnirlrtirrlrVhirrr tir (h/ininiirrarrlnir de charité . . . Vous priant
plus (|uo jamais ropardor lo bosoinc: que a de voz bonnes prières
vostro inutillo mère. Margifritf.
« Vous vouldroz bien (juo je no soie oublif'-c à colles de Mons. Fabri/. »
(lîibl. liii|). manuscrit cité, fol. 262 a.)
* Il faudrait entendre par là une traduction mnnuscriic des Épîtres de
St. Paul, si la présente lettre avait été écrite en .ian\ior 1523, comme le
pensent quolquos autours. Nous croyons, au contraire, qu'elle est datée
«elon l'ancion style, c'est-à-dire qu'ollo apj.artiont on réalité à l'année 1524.
1-08 Kpllres que Briçonnet envoyait au roi .seraient donc des exemplaires en-
Inminôs do la seconde partie du Nouveau Testament de Lo Fèvre, publiée le
li novembre de l'annéo prrcédoiifo. (V. lo N" 70 et la note 3.)
1524. i,K KKViiK i)"i:iAi'i.i;s a (i. i'auki,. IH;i
|i;ii" hi gi';ice de Dieu, pslrc coimnc deni-fois iiii'rc. — lii> ;i>;ml la
bonté divine faici comme renais! re cl rcsuscilé Ir linij. vcii la (liimp-
iii'P et ine.rrofjitéo consf)ii(iUon cl mnUce ^.
Sy tous ceulx du l'oyaulme s'en esjouissenl el consollrnl. plus
doiht /a bonne mère larmoier de joie, et vous, luy tenir compai-
gnie, regectant tout à Dieu et non à voz industries et diligence.
Et de tant plus ([ue sentez l'importable source de grâce vous
environner, plus [II] fera, quand vous eiïorcei'ez y correspondre
selon vostre pauvreté, qui croist plus sur les grâces grandes. [ De
Meaux ou de St-Germain-des-Prés?] x^ Janvier, v*= xxiij *.
85
LE FÈVRE d'étaples à Guillaume Farel.
De Meaux, 13 janvier 1524.
MANQUE.
[L'original aulograpbe. qui se trouvait à la Bibliothèque Ro>ale.
tome 268 de la collection Du Puy, en a dispai ii. il y a environ
^ C'est une allusion évidente ù la conspiration du connétable de Bour-
bon. (V. Gaillard, op. cit. II, p. 22-58.) La première nouvelle en vint au
roi par une lettre de Brézé, grand-sénéchal de Normandie, datée du 10
août 1523. Le 15 septembre suivant, Briçonnet écrivait à Marguerite d'An-
goulême : « Madame, depuis que j'ay entendu le bruit qui court, moult
estranrjc et inexcogitohle, n'ay esté à mon aise ... Il a queue plus longue
que l'on ne pense . . . Louée soit la bonté divine , qui n'a permis telle
maléfice et ruyne totàlle du royaulme! Le roy est bien tenu à Dieu. J'es-
père qu'il le rccongnoistra plus que jamais. » (Bibl. Imp. ibid. fol. 251 a.)
Quant à la persuasion où est Brironnet que la vie de Fran^'ois I avait
été en péril, elle peut s'expliquer par le discours que Brion, l'envoyé
royal, tint au parlement de Paris, le 31 octobre 1523. H dit que François I
devait être livré au roi d'Angleterre par le connétable ; que les partisans
de celui-ci avaient résolu d'ent'ormer la reine-mère et d'exterminer toute
la famille royale, etc. Cette accusation était destinée à surexciter l'esprit
public, les ennemis étant déjà arrivés sur les bords de l'Oise, à onze lieues
de Paris. Il n'est d'ailleurs pas étonnant que Briçonnet ait cru à la réalité
d'un crime que les juges reprochaient tous les jours au confident du conné-
table, Jean de Saint-Yallier, condamné à mort le ] G janvier 1524.
* L'année finissiiit à Pâques pour la France, quoique Ton commençât à
suivre le nouveau style quand on envoyait des lettres dans les pays où il
était déjà adopté.
iS'j ANKMd.M) l)K r.OCr W l'IEl'X I.RtlTKlH. 1521
(rciilo.iiis. Vmvoz le ■ Didionnaire des pièces auloyrajilies volées
;iii\ liililintlit-(|ijes iHihliiiues do la France ■'. ouvrage de MM. Ludo-
vic Lalaime et lleiiri Bordier. Paris, 18oi2. m-H". p. 130.
M. Henri Hordit-r. à rohliireanoe diKind nous devons un arand
iMMiilire de rt'nst'i'jncnienls in'érieux, nous écri\ail de Paris.
au sujet de la dite lettre: « Il existe à la Bihlioilièque Impériale
lin»' analyse faite au 18"'"' siècle par l'avocat Pitorre d'un certain
Moniliio de \ (dûmes de la Collection Du Piiv. L'analyse du vo-
lume ^08 commence par ces mots: » Les compilateurs de ce vo-
• luiu»' de M.M. Du Puy montrent leur solide discernement, en v
placiiil en ti-tc lu h-lfrc de Jnniiics Fdhcv. èrvitc n Farci, son nmij.
Il liiisli'. (huis lnifiifllc li'llii' soni ili''s/i/iiés et noiinni's ijumilik'
■ il'ouiviuies de rclif/ion du temps, qui servent de front is[)ice à Tex-
• plicati(ui détaillée des pièces qui y sont ensuite traitées. »
Nous nous sonnnes assuré nous-méme que ce volume com-
luence mijourd'liiii. un folio 2. par la lettre (le Le FèMO à Karel
du 20 avril (irj2i): « De literis et lihris quos ad me diidiim mi-
sisli... C.v> p;ii-olt's de Le Fèvi'e confirment donc l'assertion de
Favocat Pitorre, et elles nous font constalei- une lacune de plus
dans ce (|ui nous reste de la correspondance des réformateurs.]
-VNÉMOND DE COGT au ])ieiix Icctcui*.
De Zurich, 24 janvier 1524.
im|iiimée (Zurich. Froscliower, 1524).
.SoMiiAiiti,. I,u vovHgo <iin; j'ai liiii eii Allemagne a été fructueux pour moi et pour
iiiilnii. J'ni vu et eutendu ceux qui remettent en lumière Jésu.s-Ciirist; j'ai obtenti
«te LtUhtr une lettre exlioitatoire pour U duc de Savoie, ot, après l'avoir portée il
Hii destination, jo suis venu A Zurich en demander une à Zwingli pour Pierre dt
Srfwille, fidèle prédicateur de Christ il Grenoble. Si le.s auteurs de ces deux épîtres
que je publie trouvaient des imitateurs parmi les écrivains do talent, on verrait
oortwincment notre France. l'Italie et lea Espagne* accueillir avec joie Christ re-
venant du pays d'Éttypte.
.Nnnenmndiis Coctus K.pies (Jalliis pio Lect<M-i.
Dominiis icciimî K (iolliis in Cmmininni exivi. non aliam oh
'•ausim nisi m etts nosseni è facie. (|uos fama jam mihi feceiai no-
lissjiii<..«;. nii;i' (piidi>iu ferchal. (|iiàm puie. (piàm(|ue germanè (jui-
dani CIIIUSTIM. jam ;i undtis annis ignoratuin. in Iik vm denuo
pn.r.Trciil. N»..' fnisira cvni. n;im pra-tcr hoc .piod iUos vidi. au-
1M2/| A.NKMOM) Di: COCT Al' l'IKlN I.KCI T.ril. ISfi
(livi. el iii .uniciliam reccplus smn . eliain aliis. ila iiiilii videor.
pi-dlïii. Adiens oiiiin |)i'imo Lnllieriiiit ', [i()sloa(|iiain ramiliai-ior mihi
lacliis est. imilla smn lot[uuliis cuni eo de rehiis Clirisliaiiis: iiilcr
alia iiuidil nobis sernio de principilms. Tiini ego commendavi. iil
par ei'al. Priiicipein inliistrissimuin Ditcem Snbandiœjam priidcii-
tem (|uàni stiuliosum verse pietalis *. Hoc autem audiens Luthnus
dixil. se, cuni id ollicii sui sit. posse adliorlari illiiiii. ni perseverel
esse, qiiod aiidiaf : prius enim. nescio nnde '% pei'lata ad enni fuerat
fania hona de Principe. ïnm ego: « Si libi placuerit scrihere. ine
non pigebit perferre. » Sciipsil is igitur ". Ego pertuli. Spero rem
me fecisse Principi gratissimam.
Deinde anlem Tifjumm veni^ ad Huidricimin Znmoiium. Hnnc.
nbi me benignissime excepit et jam ali(iuandiu laniiliarilate ejus
t'ueram usus, rogaram, ut literis miiii Petrnm Sebivillam concio-
nalorem Gralianopolitannm in officio relineret, praxlicandl, in-
ipiam, soliim CHRlSTUiM. id quod jam dudum incœperat pulcber-
rime*^. OlMemperavit is, ut est ad Evangelium promovendum
promplus, l'ubentissime '.
Jam verô, ne illud solum egerim, verumetiam amplius aliquid.
Galcographo dedi epistolas, de quibus hucusque dixi, divulgan-
das ®, ut et alii hat)erent unde ulilitatem nanciscerentur.
Volo itaque. lectoi-. quisquis es. ut liinc intelligas Anncmun-
dum, pro CHRISTl gloria, et tuo profectu, nihil non et fentaturum
et subiturum. Quid verô putas, si omnes , qui stilo valent , idem,
ipiod illi duo, facturi sint ? Futurum profectô esse video, ut non
modo GalUœ noatrœ . verum et Italia. et Hispaniœ gentesque
' Voyez le N" 66, note 2.
* — •• V. le N» 76, note 2.
♦ V. la lettre de Luther au duc de Savoie (N" 76).
^ Anémond de Coct dut arriver à Zurich au mois de novembre 1523.
'• Il résulte de ce jamdudiim que Pierre de Sehville prêchait déjà rp:vau-
gile à l'époque où le chevalier Coct quitta le Dauphiné pour se rendre à
Wittemberg.
" V. la lettre de Zwingli à Pierre de Sebville (N° 82).
** Ces lettres forment une brochure de 8 feuillets in-4", qui a poiu- titre :
« In hoc libelle contenta. Annemundi Cocti Equitis Galli ad lectorem Epis-
lola. Chi-istianissimi doctoris Martini Lutheri ad Inlustrissimum principem
Carohim Saliaudia» duccm Epistola. Iluldrici Zuinglii Tiguriiii Episcopi vi-
gilantissimi ad Tetrum Schivillam Gratianopolitanum Ecclesiasten Epistola.
Pra-dicabitur hoc Evangelium regni in universo orbe, in testimoniura omni-
bus gentibus et tune veniet consumatio. Mattha?i. 24.» (Sineloco.)
|s<> Tg. bi\içonnf.t] a marguerite d'angoilkme. 152i
ivIiijii.T CHHISTIM f'X .1^.ii\|iln icdoiinlem ainli;ilms iiliiis siiil ex-
rt'|iliiia'. Ca'k'ii'iin iiniiiu est, (|U0(1 te volo iii otulis liabere
|ierpelini : Sic Doiiiii Milexisse miiniliiiii . ni lilimn saiiiii iinige-
iiiliini (Icilcril. ni (iiniiis ipii ( redal in eiini, non pereat. secl lia-
Iteat vilam a-leiiiaiii. Hoc cnini faciens, nec à niiindo. nec à
(liahold ail iiiiiiiaiia pdleris abstralii commenta, (pialiaciinipie
siiii in s|iecit'm. Sic i.irilnr fac. et salviis eris. Yale in CHHISTO.
o\ Evantrolinm l'ovo. Ti^niri . nono KakMid. Febniarii . anno
M.D.WIIII.
87
[GUiLLArME briçonnet] à IMarp^uciite crAiij-oulénic.
De St-Gcrmain (-des-Prés), 31 janvier (1524).
Iné.litp. nil.l. Imp. Sup])!. franc, n" 337. fol. 270b — 280 h.
Cfiuvcments.)
Sommaire. Briçonnet adjure Marguerite d'employer toute .son influence auprès du roi,
pour qu'il choisisse à l'avenir des évéques qui soient dignes de la tâche qu'ils ont î4
remplir. Parallélo des fau.x et des vrais pasteurs.
l'onr nranl ne vous a la plrnilndo divine faici ses vaisseanK
irnipliz de liabdiidanle <ri-àce. iif ((inslilné .ses excellentes ipiKiifjrs
ilr n'-iifr '. ipic jiniir la prnwnnroir ni Ions rstut:. spêridllomciil ni
irlliiii ijiii finis nijiiif'*. Commerm] povez-voiisyirnoiciipie la jilns-
pail dt' i-nilr (jiii doilirnil rstrr iin'rniiiziitnirs de n'ritr. ne la
MK'ilIcnl II. n.'\cnl»'nl jias rtMrc]? carne sçaveni Tanoncer: il faicI
mauvais ;:u('ct (pii est borj.qie. oven.ule et enilormy: serclier [I.
• Iicrclifr liMTc cl ciel sfinl <lntsr's incompatibles. a>mer la cliaiiol
' Diuis les quinze pronnVros papes de la ])r»''seiito lettre Briçonnet déve-
loppe cette idée, que « tout paintre et statuaire ouvrant ftravaillant] selon
son art, pins est exrellent. plus estudie rcprismirr Timnige au vif et à sa
riritr. > Los ehrétiens doivent pareillement s'étiulier à reiirodiu're en eux
l'imatre de fTiri.st.
Il .s'afril ici du clergé, que Briçonnet a nommé plus haut (p. 86) tVestal
ftnr la froideur duquel tous hs autres sont geliez. »
1524 [c. ijukjonnkt] a maiuuikiui'k d'vmwiulkmk. I<S7
l'esperil, el en propre amour nourrir relie de Dien. Je sçai/ f/nr
If roi/ ji Pli a mis lii- bons, donl Je htiie Dien. A niov n'es! (U^ jirLicr
(le comhien les nnllres eniporlenl la balance ^
Je vous supplie. iMadanie, procnrer pour Tadvenir l'Iioininif
lie D/'i'ii. en l'élection et clioiz de ses ministres, sy tosi ne vouliez
encourir Tire el indicnation de Dieu, qui est présente. Sy n'y
pourvoiez. vous direz: « Le temps n'est propre ! » 11 est lousjours
saison de hien fair-e. Ung bon édifilcateur ne bastist pour déuiolir.
Sy desirez que TÉglise recongnoisse son estât et profession, el
soit réduicte à sa vérité conue, [je] sçay que Dieu vous en
donne à tous trois le vouUoir, qu'il accompaigne de sçavoir et pou-
voir. Pourvoiez. comme [1. quand] les places des capitaines vacque-
ront, telz y estre mis, qu'il ne f;iille non seuUement les démolir,
mais [qu'ils] puissent en nostre Seigneur vous conforter et ayder
à exécuter rostre sainct r'Oidoir.
Sy, pour la detîence de l'Estat, [vous] faictes les guerres par
divers capitaines, et [si] n'est le roy partout que par Tobédience
que l'on a à ses lieutenants-généraulx et capitaines, qu'il sçail
luy estre loyaulx et fidèles , — Tune guerre n'empescbe Taullre
qu'il ne puisse aussy cependant pourveoir d'autres capitaines, in-
capables pour celle de la terre, qui pourront vacquer et entendre
à guerroier les ennemis de Dieu, ipii seul estaindra el assoupira
vostre guerre.
Sy allez [1. allez donc] en la scienne rondement et en vérité,
non par ypocrisie et pour eschapper du inammis pnssni(/e! Prières
d'imaiges deffigurées ne forcent la bonté divine, ains [r]exaspè-
i-ent et remplissent le vaisseau de ire et indignation, que voyons
(■'vidamuieni esire préparé, que [je] supplie le Seigneur, père de
toute miséricorde, par sa doulce et pacienle longanimité, convertir
en vaisseau de grâce, de laquelle il ne desliliie reuK ([ui. en sim-
plicité el véi-ilé de cueur. la sercbent.
^ Bien peu d'évèques avaient pour leur troupeau une sollicitude égale à
celle de Briçonnct. C'est du moins le jugement porté par Marguerite. Dans
un billot sans date, mais qui paraît avoir été écrit en 1522, elle disait à
l'évêque do Mcaux : « [Je] suis constraincte, tant par ce que l'on m'a dict que
[par] l'expérience,... vous prier avoir regard que le travail que prenez d'apa-
reiller la viande à voz hrehis, ne vous retarde, quant elle sera preste, la dis-
tribucion.... Considérez qu'il ef<t peu de ;)>v7a?r , à qui Dieu faiet tant de
grâces, et sy vous avancez l'heure de son sorM'ce, et allez à Luy avant le
temps, je ne sçay s'il en sera content. Je vous requier, pensez-y pour Luy
et pour ceulx à qui tant povez servir, y (Mscr. cité, fol. 223 b.)
ISS [g. BlUr.O.NNKTJ a MAUOLlilUTK DA.NCiOlLKMK. 1524
Sy le St. E?;perit corrmmn'le par Si. Pol. chasciin debvnir parler
Nt'rilè avec son prochain*, plus [encore le doit] le vassal el suh.û-ecl
;i\tH- son sei^Mieur. el servileiir au niaislre. El jtoiir ce. Madame.
tint' fil' m Ululez vérilè. doni in'escripvez ne lioiivor qni vous en
disse nouvelle, je cuide n'en estre loing ....
El ce. Madame, que dictes estre le pis, d'avoir esté narrée des
(jurdes de la cité ^. est le mieulx qui vous sçauroit advenir. Douice,
|ilai.sinle el di'licale esl la plaie qui ririffie. Plus [ils] seront ipmi-
f/es rruies de Gellny (jui seul esl prolecteur et gardien de la cité,
plus [ils] vous navreront, et vous sera la plaie incurable sy agréa-
Itle. que vouldrez la mort suivre. Telz ostent non seullemenl le
manteau, mais robbes, chemises et toutes choses non seullemenl
accidenlaires. mais substanlificques, et ne cesseront (pfilz ne vous
ayent mis en parfiiicte. entière et totale nudité, jusques à l'àme el
espcril inclusivement, pour estre joincle el unie à vérité nue el
descou\erte. Les f/ardes larréz '^ et adultérines narrent à mort
mortelle, couvrent vérité, de paour de l'évanter. et surcliai-yenl
les imaiges ((ui [1. ([u'ils] defligurenl par llateries et dissimulations.
Oui les suict. n'est de meneilles s'il a piedz agi'avéz. voulx doz el
mains liez ....
I.<a iivw'Q (|ue Dieu vous ilonne est grande, el plus sera en vous
despouillanl ilc pnqire et vestanl du (li\in xouloir.... Que [poui'
vous) Dieu soil Dieu, puissance, sapience, bonté, amour, paix! El
ce que Ton Luy attribue, el, pour ce qu'il esl vérité, que toutes
ses œuvres aussy a laid el continue en vérité, démonslre que
telles doivent estre celles de ses ymaiges. qui ne subsistent que
par vérité. Celle (pii ne représente an vif t>sl faulse el adultérine
vie el vérité....
Vous Luy supplierez, s'il vous i)laisl. .Madaïue. (pie rostre paurrr
inutille fil: m- se desvoie, lequel, se recomiiiandaul viscéraliement
à \oz bonnes prières, par icelles eslevé, iiiqièlreia que miséricorde
el V('rilé ne vous bnlt.iuiloiinenl eu ;implitiide. LTlce. paix el
•
' lOjt. au.x Kplièsiciis, di. I\ . \. 25; «Qui' chacun dr vous parle selon
la véritc- ii son i)rocliain. »
* Les gardes de la citr spirituelle, c'est-à-dire les memliros du clergé. Il
y A dans tout ce passaiie une allusion au Cantique des Cantiques, eh. V, v. 7 :
«Ceux <iui gardent la ville et qui font la ronde m'ont rencontrée; ils m'ont
frappée i-tMesséc: ces pardiens de nos murs m'ont enlevé le manteau dont
je me couvrais. »
" Les gardes masques, lus faux pasteurs.
1î)24. M.Mu;ri:iUTF. D'.vNcoULKMr. A <;. hiu(:onnkt. 189
amoiir. De vustre niaisoii de Sainct-Geniiairi. le dernit'i' <lt' Jaii-
vitM- (Um) \
Vosirt' iiiiilillt' lil/, (1.. imliiiiie miiiislre..
88
lAJARciiJERiTK d'angoulême ù CTuillauiiie r.riçoniiet.
(De . . . . ) 9 février 1524.
Copie. Bil.l. Impéi-. Siippl. fraur. n"^ :3;}7, fol. 2811) —^S5a.
(FR.WÎMKNTS.)
SoMM.^iRE. Marguerite reconnaît, qu'elle a mérité les admonitions sévères de l'évéque
de Meaux. Elle se recommande à ses prières, affin qu'elle puisse so i-.^vfiller pour
une vie nouvelle.
Le IX"' Febvrier 1523 (1524).
La nialière de consolation qu^il plaist à Finlinie Iionlo , par
vo.stre lettre ', depparlir aux bons esperitz et à mes clercs, se con-
vertist en nioy en occasion de doukiir et de confusion .... Vous
priant, par vos oraisons inipétrer de Tindicible miséricorde ung ré-
veiUe-mntin pour la pauvre endormie, afin qu'elle se lève de son
pesant et mortel somme, [misque l'heure est venue, .... Et
voyant de toutes ces choses en moy trop de delïault, je relourne
à vous et à Monsieur Fabry et tous voz sieurs, vous requérant
Taulmosne. Et à plus neccessiteux ne la pourriez refuzer, car le
pain des ent'ans ne m'est deu, mais les myetles , desquelles auroie
bien cause de m'en contenter, sy les goustois de bon appétit. Sup-
pliant Celui qui vous baille le pain à départir, tellement le multi-
plier entre voz mains, que chacun, resaizié. en puisse avoir, du
relief, sa plaine corbeille
vostre iniitille mère. Mauglkuitk
" Nous adoptons la date do 1524, parce que le sujet développé ici par
Briçounet est traité somniaireniont dans ses lettres du 12 et du 2T) février
(.N*" 89 et 94), qui appartieuneut certainement à cette année-là.
' C'est prol)al)lenieut la lettre du 31 janvier (X" 87).
l'.MJ <^. BmCoN.NKT A MAliliLKlUTK d'aNC.uH.KMK. 1 5f 4
89
GUILLAUME BRiroNNET à Marguerite crAngoulême.
(De St-Gerniciin-des-Prés y 12 février 1524.)
Iiicdih'. Cuiiif. Bilil. Iiiipci'. Suppl. Ihiiuj. ii" 'SM. loi. ^871) — 281)1).
(fragments.)
80.MMAIRE. M<arguerite n'a pas besoin d'être reveillée : Dieu y a déjà pourvu. C'est
plutôt Briçonnet et ses frères de l'épiscopat qui auraient besoin d'être réveilles.
Que In famille royale se préoccupe sérieusement de cette œuvre de réfm-vie, quel-
que difticile qu'elle paraisse, et Dieu lui fournira l'occasion de l'accomplir.
M.idanu'. l.i honte divine nous réveille, se conimuni(jtKinl à nous
|i;ir trois sortes de ré\eilz....
Heliis! iM;idauie, je vous .supplie lrè.>^-liuml)lenient.... que soiez
pou r loin lit 1) mon f^ D"'] w/<'.s- uniibhibh's (Icffii/uii'- '. rèreib mom-
ti i/iniiit's. ilrsijiirls rliiiscuH coNi/noist quel eal le (loiiiiir. nullres
niiloniiiuis ^ Kl \()iis;i\ant Dieu donné le pouvoir, [je] \ous re-
(|uiers cl se^l()Il.^. en riionneui' de Dieu. > leniédier. Je sçai/ l'œu-
/•/v* iliffinh; lujiis nuii à Dieu, qui tout facilite en ses vai.sseaulx
qu'il di,i:niftie |iar son nhcil.
Si/ h' infi. Miiihiiiic rt rous Le ronU'uipw'Z, aprestez-vous liai-
diniriii pniir leeevoir des verges. Stj ^exécution m- aciiihic inomiiU:
jnnii !>■ jinsnif. [iiopdsez en \riile et simplicité de cœur, ipie
V vacquorez tldelleuient par .><a grâce, quand 11 en donnera ï'u\t-
porlunilé. h^t sirc: i-sIki/uz i/uc la lumirir ilc imix rous rii'inlni
ilout ne rafti'udrz . (jiie iiiiiiiv/. jamais des hommes ne de \o/.
iuM'ntiiuis. .s'il ne .se donne hi\-iiiesme. Il ne se veult sercher.
'■"inhii'ii i\\\r présent, se in>iiiii,iiil es co'ins \iav désir de queste.
Uriromirl m' r;iiijL;i' an iioiiildo «les piviat^ qui (.ni défiguré on oux-
im-iiu's riniage de Dieu. V. le N" 87, uotc 1.
• Vujcz la lettre précédeute. Au lie» d'èU-e des réveille-matin itoiir !<•
trouiieau, ii.s l'eudormeut pai- l'exemple de leur propre soimiieil.
L.i rrtuniie du clergé.
152^ MARGUliRITK l)'\N(!OULlhli: A (;. BlUœ.NNKT. li)l
pour estre trouvé , prcvenaiU le quesleur et remprisoniianl de
désir queslueulx.
Aydés, Madame, par voz prières, au pauvre endormy
suppliant le vray orient nestre [1. naistre] es cœurs de toutes ciéa-
tures raisonnables et réveiUer les chefz\ pour Le faire honiiorer,
servir et aymer. . . .
Vostrc inulille lilz. indigne iinuislre.
90
MARGUERITE d'angoulême à Guillaume Briçonnet.
(De entre le 12 et le 24 février 1524.)
Inédile. Hihl. Impéi-. Snp])]. franr. n" 'À'Xl. loi. 2i)l a.
Sommaire. Le procureur du roi ([u'elle envoie vers Briçonnet s'entendra avec lui, poui-
essayer de vaincre la résistance du malade [e'est-â-dire de l'archevêque de Bourges,
(|ui uf voulait ptis autoriser Zaprédica<io?i de l'Évangile]. Une œuvre qui con.sole
Marguerite et sa belle-sœur. Nouvelle rassurante au sujet d'un parent de l'ovéque
de Meanx.
Plus croissent les tribnlnUons et plus augmente la congnoissance
de la honte d'icelliii ipii est seul triumplialeur et victorieux des
peities et contradictions ([ue [1. qui], par l'cnnemy, nous sont mises
au devant, pour empeschement de Sa charité, (jui sera par Luy
innnuable. Gai' Le supplieray avoir pitié des pauvres ignorans el de
leur encUnée aveugleté ', pour à iaiiuelle bailler le dernier remède
de doulceur, j'envoie ce porteur, procureur du roy à Bourges^-.
' Marguerite veut parler des obstacles que l'archevêque de Bourges op-
posait aux prédications évangéliques de Michel d'Arande. Après avoir an-
noncé l'Evangile à IJourges pendant les deux derniers mois de l'année 1523,
Michel d'Arande s'était vu interdire la chaire dès le commencement du
carême (22 février). L'archevêque l'avait menacé de la prison perpé-
tuelle et avait fulminé une sentence d'excommunication contre tons ses au-
diteurs. (Voyez plus loin la lettre de Farel du 2 avril 1524.)
- Nous n'avons pu découvrir son nom. Bien qu'il y eût à i>ourg(!s uu
procureur du roi, c'était Marguerite qui administrait le duché de iJerry et
102 MARGLKRirt d'a.NGOLLÈMI: A G. BUIÇONNET. ).H24
bon el loyal serviteur, devers vous, pour vous comptei' le tout el
prenilre vostre conseil à parler au mahide''. Mais j'ay paour. s\
If vi'wMe n'est i)roinpt. cjne le poteiicial imUèyc y sera applicqué.
en fKjnie <hi .siiiritiieL [ce (|ui est] plus à craindre*. Cellu\«(pii mo-
liflie el endursist comme il Luy plaist toutes choses, fassent
[1. fasse] en luy sa volunlé !
El plus que jamais [je] Le loue d'avoir veu par letlres [ce] (]u'il
[Luy] a jileu faire de ma Itelle bonne seur = ; et seur est-elle véri-
tablement. .Il' v((ii> re(juiers. non ignorant la bonlé de Dieu en
vuiis. .|ii(' NOUS vueillez labourer à cesl œuvre, que j'estime tant
avec elle consolations, que assez n'en puis rendre grâces à Gelluy
qui est innumérable. Mais il Luy plaira, de son tout, satisfaire au
rien de celle (pii. pour rostre pére^, fera comme pour le sien. Et.
(pi(iy (|ue l'on vous die. ne croiez (]ue le roij et Mnditme iiernu'ttent
chose (pii touclie riionneur [1. son honneur], (jui est leiii-. Vmv la
bt''nigneser\iliifl(' de son ponvoii- n'> f'spargnei'a rien
vostre inntille nirre. MARGiKurrK.
y faisait rendre la justice. Elle possédait cette province eu apanage, depuis
1517. (Voyez Y. Génin. Lettres de Marguerite, 1841, p. 263 et 441.)
^ IjC malade ne. peut être que l'archevêque de Bourges, François de
Biieil, ancien professeur de droit canon. Il occupa ce siège du 11 janvier
1520 au 25 mars 1525. (V. le Dict. de Moréri.)
♦ Si nous comprenons Ijien les paroles de Marguerite, elles signifient
que, dans le cas où une prompte intervention de Briçonnet ne modifierait
pas les dispositions de l'arclievêque de Bourges envers Michel d'Arande,
celui-ci courait le risque de voir les censures spirituelles de TKglise sanc-
tionnées et aggravées par les rigueurs du pouvoir civil à Tépard de sa
personne.
•^ Marguerite désigno-t-ellc ici la reine Claude, épouse de François I. ou
Madnvir de ] cH/i/zinf , sœur du duc d'Alençon ?
" Briçonnet avait perdu .scm père en 1514. Il est probahlement qtiestion
dans ce passage de mm oncle maternel, Jacques de Beaune, banm de Seni-
blançay. surintendant des finances. En février 1524, le roi nomma six
rommissaires pour lui faire rendre comjjte de son administration. (Voyez
le Journal d'un liourgi-ois de Paris, p. 195, et Gaillard, op. cit. I. 401-
474.) Marguerite écrivait à Briçonnet, le 9 février 152H (1524 nouv. st.):
' Ne vous ennuyez pour l'aj/'aire de ronde, car vous voirrez que le ro;/
tic Madame ne luy feront rien contre son honneur. > (Suppl. français,
n-3.S7, fol. 2fi5a).
1^)24 !.. iMiLi. \i \ i.i.i.ii:ut> ciiluVriF.NS. !'♦;{
91
GUILLAUME FAUEL aux Lecteurs clirétiens.
De Belle, environ le 20 février 1524.
Imiti'imé original. 13àle. 1524. Archives d'État de Zuricli.
SoM.M.\iRE. Le premier devoir du Chrétien étant de s'enquérir de la vérité, telle qu'elle
est en Jésus-Christ, je soumets à un débat public quelques propositions qui ren-
versent la tyrannie des constitutions humaines. Je m'adresse à toutes les person-
nes qui peuvent apporter quelque lumière dans ces questions et même à celles
qui veulent maintenir les décrets de Home. Venez rendre raison de votre foi au
grand jour, comme des enfaits de la lumière, et avec les sentiments que Jésus-
Chrisl réclame des Chrétiens. (Suivent les xm thèses de fabel.) La dispute
aura lieu dans la grande salle du Collège, mardi après Reminiscere (23 février),
à 8 heures [du matin]. •
GVLLIELMVS F.\RELLVS CHR1ST1.\MS LEGTOUIBVS '.
Xil Cliristiano liomine dignius putarim syncera veritalis, quam
sese Cliristus esse atlestaliis est, inquisilione. Huius ergo gratia
loiniiiodum existimavi, cum ad meaiu, tiim i)roxiini lediticatio-
nem. quam vel maxime iiobis Cliristus ipse iniun.xit. aliquol in me-
' Farel était venu à Bâle pour augmenter ses connaissances et affermir
ses sentiments religieux. (Voyez sa lettre du G juillet 1525.) Son désir
était facile à réaliser dans une cité qui présentait tant de ressources. Mais
la société des théologiens et des savants, les cours de Pellicanus et d'Œ-
colampade ne suffisaient pas au besoin d'activité qui possédait le futur ré-
formateur. Le succès de la seconde dispute de Zurich, à laquelle il avait
peut-être assisté (26-28 octobre 1523), et de celle que le curé de Liestali.
Etienne Stor, venait de soutenir à Bâle, le 16 février, lui indiquait la
route à suivre. Il sollicita de l'Université une discussion publique, eu spé-
cifiant les thèses qu'il se chargeait de soutenir. Sa requête, ayant été re-
jetée, Farel s'adressa au Conseil et en obtint l'autorisation qu'il deman-
dait. Aussitôt il fit afficher le placard que nous reproduisons ici, et qui
annonçait la dispute pour le mai'di 23 février.
Ce document occupe une page in-folio eu caiactères italiques. Nous le
donnons d'après l'imprimé original, qui est d'une excessive rareté.
T. 1. 13
lO'j G. FARKL AUX LFXTFXRS CHRÉTIENS. 1524
.liiiin adferre proposiliones, ;i quibus Christianse libertatis summa
pentleL et per quas tyraiinis liuinanarum fatiscit constitulioiuiiii.
iiianontp sua gladio potestate. à qua ne unus (luidem eximitur.
l'ioinde qiiolqiiol liic jn-oinovere (juic(juam polestis. et proximo-
riiiii a'diliralioni ac saliili alùiuid conferre. Vos quoque pastores.
qiiiliiis est Clirisliani grejris iniuncta cura.acalii omnes. (piibiis
docendi niiiiius deiiiandaluiii . quiqiie vos veritatis patronos
fore iureiurando adegistis. aut qui salva vullis Romana décréta,
adesie : et de ea qua- iii \obis est fide super hispetenti rationem
reddite. id(pie in plena iuce. ni lucis lilii. iioc (luisquam quasi
niale agens in hicem prodire vereatur, et ut ad haec hortatur do-
ininus. Cbiistiano pectore adcuriite. ut sobuii dei verbuni viclo-
fiain reportet adnilenles. Quod ut faciatis oro et obtestor per Iksvm
Chhistvm servatorem nostruni. qui tanianxie proximi curam nobis
dcniandavit.
1. Absolutissiniam nobis prasscripsit Cbristns vivendi regulam.
rui nec addere licet. nec detrabere.
"i. Sola nobis à deo pnecepta ex fide lleri possunl. ut inqiiuni
sil alicui factioni se adigere, aut sub aliis (juàni Cbristi pi-iiveptis
degcre. (juibus iubenlur, qui conlinere non valent, niatrinionio
copidari.
.{. AHriiiiiii ;i Iuce Evangelica est. ludaicum vestium delectuni
cl liltoi'uui. ac ceremonias observare.
'i. Oua; contra pra'ceptuui sunt Cbristi verbosiores preces, el
non s(M'unduu» Cbrislianani forniam regulata' sine periculo orari
non jiossunl. nec institui: iil [nu'stiterit qua; in bajc conferunlin-
pau|it'iibns ('r\)gan. el non lanloruni fomenta mabjrum fovere :
(|iiiii poliiis pro viribus adnilenikini ad unitateni omnia revocaluin
iri. tpiod licrt'l. si lii adigcrentur sacris lileris operani navare. non
ab aUis exierioribus tanluni in legunienlis (HiTorre.
'>. IMvsbylerorum verissimuni oflicium verbo Dei inslare, cui
ila addictos (qiorlel. ul niliil duianl augustius, ut si alia illis oc-
( urranl ijua' cnin verbo salis Iraclare non possinl. niinislros ordi-
nari oportel. Ad id danniabibs. ne dixeiini ix'rniciosissinia esl nnil-
lonini in boi' oflicio oscilanlia.
(i. .\(»n >\\\\\ Icnicre |ira'cepta Cbrislianis in (()n>ilia \<>rlonda.
nec conira agencbini : nani id salana' oflicium est, cui ailcecHl dam-
nabilis ilionini .upidilas. i|in ipiaslin gratia. vilanda Cbrislianis
senare ilclonanl. ri sciAanda bigerc.
7 nppriniil ilU' Kvangrbinn. (pu lUiid incerhuu facil. ac ilbini
1 524 I.K CONSEIL DK BVLE A TOUS ECCLÉSIASTIQUES ET LAÏtjUES. 19.')
piidet Cliristi : qui non syncere fratrem docel, plus liouiines (juùni
ileum timens.
S. Qui suis viribus et potentia se salvari sperat ac iuslificari. et
non potius fide: sese erigens, et deum per libeiiini arbilriuni la-
ciens, impietate exciecatur.
9. Maxime id petenduni et orandum, quod sanctus suggesseril
spiritus : Sunique Cbristianoruni sacrillcia soli deo oll'erenda.
10. Qui corpore valent, quos in lotuni verbuni dei non delinet.
Apostoli sentenlia nianibusoperari debenl.
11. Christianum alienuni oportel à bac]ianalibu.s quee gentium
more celebrantur, et ab bypocrisi ludaica in ieiuniis et aliis qua?
non directore spiritu tiuni : ac cavere oportet à simulacbris quàm
maxime.
12. Quie iudaicis adsimilantur traditionibus et oneribus, nec con-
veniunt Evangelicie libertali. sed eam conculcani , à plèbe Cbris-
tiana tollenda sunt.
13. Curandum est Iesvm Christvm , cuius vel sola virtute
singula reguntur. non syderum aut inferiorum dominio nobis ad-
fulgere: quod maxime futurum speramus. si singula ad Evangeli-
cam regulentur regulam. quibuscunque contentionibus prolligatis.
à quibus o[)oi'tet Cbristianos omnes alienissimos. ut pax dei qua*
exuberat omnem sensum. babitet in cordibus noslris, liât, fiai.
Die .Martis posi Reminiscere bora octava in maiori aula Col-
legii -.
92
LE CONSEIL DE BALE à tous ecclésiastlques et laïques.
De Baie, 24 [1. 27] février 1524.
Imprimé. Bàle. 1524. in-4°.
(trapuit de l'allemand.)
TITRE. Mandat du Conseil île la ville de Bâle contre le Vicaire de l'Évéque, le rectenr
et les régents de l'Université du dit lieu, pour avoir interdit la dispute sur les ar-
ticles ci-anuexés (les Thèses de Farel) et avoir défendu à tous leurs ressortissants d'y
assister.
Nous Adelberg Meyer. bourgmeislre. el le Conseil de la Ville
• C'est probablement dans le couvent des Augustins ou dans la grande
salle du t'iiapitri', qui est à cùté de la cathédrale, (juc la dispute eut lieu.
I UC) LE CONSEIL DE BALE A TOUS ECCLÉSIASTIQUES ET LAÏQUES. 1 524
de Jiâle savoir faisons à toutes gens, tant de rétal ecclésiastique
((ue de l'état laïc , que depuis un certain temps les pasteurs et
prédicaleui-s de celle ville de Bâle ont porté dans les chaires
beaucoup d'opinions contradictoires, et qu'il s'en est suivi parmi
notre comniiin iieuple toutes sortes de discours: les uns voulant
s'en tenir aux enseif^nements divins et aux saintes Ecritures, les
autres s'attacliant aux ilécrets et ordonnances des Papes et des
Conciles. Or, les jours passés, quelques personnes savantes el
éclairées ont entrepris d'établir, avec l'autorisation du Conseil de
la Ville de Bâle, des débuts publics et des discussions amicales dans
lu Collège de l'Université de la dite ville, où il est en elTet conve-
nable lie les ouvrir, puisque c'est pour cela même que la dite Uni-
rersifé a été fondée, coniini' toutes les autres, — ces dites personnes
se proposant de s'instruire mutuellement, alin que chacun sache
ce (pi'il (loii croire de la vérité divine et des doctrines évangéli-
ques. Mais leui" projet a été constamment contrecarré par le Rec-
ifiii- et les Régents de l'Université ', qui auraient dû accueillir avec
<'mpre>s<;iuent une proposition si convenable, si utile au peuple
chrétien, poin- avancer son perlectionneuient moral et le salut des
.•MiKN. tandis (ju'ils s\v opposent d'une manière pernicieuse par
It'urs luaiiilals riiroiireux el par les défenses faites aux ressortis-
sants el siippùls (If ri'niversilé.
.Mais tout réceinmenl, par une iii>piralion de l'Esprit-Sainl,
couiiiif il est permis de le supposer, un Chrétien, un frère, nounné
(tuilluauii' FiircL a deuiandé humblement de pouvoir proposer et
discuter publj(|uement dans le Collège, avec l'approltation préa-
lable du Recteur et des Régents de l'Université, des articles qui
nous ont été présentés en langue allemande*. Son but était plulOil
dV'Irc rt'ijressé, s'il se lr(unpe, el derece\(iir instruction, (pie de
se faire ledocbMir d'auti-iii. Or. malgré ses dispusilions et sa con-
(biilc Idiile ihrèlienne''. sa re(pièt(' lui a èlc ncitcment rehisée:
c'e.s| pounjuoi il en a appelé à nous comme à l'autorité sujtérieure.
piHir (tbit'iiir rolijet de sa deuiandc.
' .\lliisi(ju aux (l(}fcns('s proiioncoos par rtJnivprsité, lors de la dispute
tr<Krnlampadedu30aoi"lt 1523 et de celle d'Éti(Miiie Stor dulGf<5vr. 1524.
' Il est prohalde (prils furent traduits par Œcolampadc, ami intime de
Karcl. (Voyez le N" î>5, note fj.)
' Cotfe attestation d'iionoraliilité peut (Jtro opposée aux panilos de Tous-
saints Du Pies-sis, op. eit. I, o27: «Arrivi!' en Suisse, dit-il, Farel se dés-
honora par sa dyetruu et par ses mteurs. »
1 524 I.K CONSEIL Dli BALK A TOUS KCCI.KSIASTIOUKS KT LAÏOURS. 197
Ay.iiil donc Irouvé les dits ai'licles [lar lui [troposés conloniies
aux Évangiles el de nature à provotiuer une discussion (|ui serait
plus utile que nuisible aux hommes, nous avons accordé au dil
Guilldiinu' Taulorisation de soutenir dans le Collège de TUni-
versité une dispute sur les dits articles en langue latine, alin
que nos pasteurs puissent en faire leur profit*. Mais conti-e celle
autorisation le docte seigneur Henri de Schônow, docteur es droits
el, dans les choses spirituelles, vicaire de notre gracieux seigneur
rÉvêque de Bàle, a fulminé, — avec le Recteur et les Régents de
l'Université, et au mépris de la permission que nous avions don-
née, ainsi qu'ils en étaient dûment instruits, — des mandats et des
édits (jui interdisent à tous prêtres, étudiants et suppôts de l'Uni-
versité, sous peine de bannissement et d'exclusion de l'Univer-
sité, de prendre aucune part à de telles discussions ou même d'v
assister.
Nous en avons éprouvé un vif déplaisir, et nous voulons que,
nonobstant les mandats ou défenses édictés par le Vicaire ou par
l'Université, tout le monde et principalement les pasteurs, les pré-
dicateurs, les prêtres, les étudiants et les suppôts de l'Université
assistent et prennent part à une dispute que nous avons si expres-
sément favorisée, et qu'ils en retirent autant que possible une
connaissance plus exacte de la doctrine divine et des Écritures.
Mais. — si qui que ce soit, de haute ou de basse condition, ecclésias-
tique ou laïc, s'avisait de vouloir en manière quelconque s'opposer
à ce que quelqu'un (et principalement ceux qui tiennent de la ville
de Bàle des bénéfices ecclésiastiques ou autres) assistât à cette
dispute par nous autorisée : et si, en particulier, on empêchait les
ecclésiasticpies et les membres de l'Université d'y prendre eux-
mêmes la parole ou d'y être présents, en invoquant les mandats
déjà édictés ou d'autres du même genre, sous quelque forme ipie
cela se fasse, — nous interdisons tant à ceux qui se rendraient
ainsi coupables, qu'à leurs gens, l'entrée et l'usage des moulins,
des fours et du marché puldic ; de même ceux qui tiennent de
nous et de la ville des bénéfices ou des fiefs, en seront entièrement
" Là-dessus Fai-el annonça la dispute pour le 23 fé\Tier. Une nouvelle
opposition de l'Université, qui traitait Farel d'hérétique, l'oblijxea do recou-
rir une seconde fois au Conseil, et provoqua le Mandat du 27. M Herzog
rapporte que Louis Berus, docteur de Sorbonuo et ami d'Erasme, fut dans
cette occasion l'un des adversaires les plus prononcés de Fiuxd. (Op. cit.
p. 144.)
IDH fi. Bm(;()\.NKT a m.mujlerite d angoulkmk. 1524
•ir'pfHiilli's. Chacun doit se comporter selon le présent avertisse-
iiiciil, scellé du sceau secret de notre ville et donné le Samedi avant
Oinli. le :2V'" jour de FévTier 1524 ^
Gaspard Schaller. premier secrétaire
de la ville de Bàle.
(Suit la traduction allemande de l'invitation de Farel aux Lec-
teurs Chrétiens et de ses Thèses.)
G. BRiçoNNET à Marguerite d'Angoulême.
(De St-Germaiii-des-Prés ?) 24 février 1524.
hii'dil.'. Copie. I5ih!. Imp. Supi). fianr. n" XM. fol. ^91 \\ — %nh.
(fragments.)
•SoMMAiKE. Briçoiliiet estime 4110 la famille royale n'est pas appelée pour le momeut
i protéger It chevalier de Dieu [l'évangéliste de Bourges]. C'est assez que les pré-
dications aient commencé dans cette ville avec l'assentiment du roi.
1)11 wiiij" iM'ltviit'r \^ xxiij.
S\ l'aveu-^le corporel est digne de compassion, plus [est] lespi-
lil'irl .... Madame, se estant le porteur^ irrandement acquitté
cl verMit'iisi'iiitMil en la charge qu'il vous a pieu luy hailler *. en-
lendrcz par luy tiiicl csjinir l'on jn'iilt nroir de la {/uérison du pa-
rinil ''. Toiilcllois h's iiinidircs île la vraie >iU]neiiee ont enti'e euK
.solide et perpétuelle c(»liérencL'. les unissant la souveraine unité,
cl vraie p.iix se <onimunic(juanl en eulx * . . . .
■* Le miuidat imprimé porte: «gt-hcii Samstags vor Oculi den xxiiij.tag
Ft'Itriiarii. Anuo domini, etc. .x.xiiij. » Cette date renferme une erreur de
|iliiine ou d'impression, le dimanche Ocnli tombant cette année-là sur le
28 février.
• — * Voyez le X" ijo, n.ites 1 et 2.
■^ Celui ((lie Mar(,'uerite a nommé plus liant k iiinUule, c'est-à-dire l'ar-
ihevéque »le Bourges (N* 'JO).
* Les « mcmbrc-i de la craie sujjicncc » sont les partisans de l'Évangile.
1524 (j. BlUCjONNET A M UKJL'liUlTI': U 'AXJDLI.KMK. lUl)
S. Fui aymoil mieuk mourir que sa gloire fust évacuée ^: ce
qui adviendra au checuliev de Dieu ^ quant au inonde auijuel
est envoyé pour batailler, sil persévère au combat (ju'il [1. qui]
s'oflre, duquel, sinon par gré, fauldra par force qu'il se retire. Et
plus Ton cuydera le boulevarder [l. protéger] et donner secours,
pour empescher le combat qui luy est obstinément préparé, plus
[il] sera descrié, vaincu et confuz, à la lin que prétendez.
Je désire que le secours du roy, de Madame et de vous se diffère à
troii meilleur ejfect, où Dieu vous a réservez \ 31adame, s'il est im-
possible de unir le mercure et empescher (lu'il ne s'enfuye, quant
on gecte au dedans une pierie, et aussy de retenir et délaier le
vol d'une compaignie de pigeons ou d'estourneaulx, qui tirera [1. si
(juelqu'un tire] au meilleu d'eulx. [il l'est] trop plus de contenir
ung troppeau de brebis ellaroucbées par le cry de leur pasteur.
Excommunicacion est fouldre effarouchant [le] populaire *. La pru-
dence est [1. consiste à] caller '^, n'entreprendre ou ne continuer C œu-
vre dont l'issue n'est honnorahle ne volue. Je me suis quelquefois
persuadé , que raison et honnesteté deust contraindre nostre hon-
neur à se contenter et dissimuler, voiant les prédications encom-
mancées. y mettant le roi la main '°
Vous ayant Dieu donné plus grant grâce, en debvez supporter
l'imperfection, et ne permettre que, en cuidant combattre celluy
contre lequel vostre magnanimité ne se doibt armer ", [vous] com-
bat [i]ez vostre bienaymé, le doulx Jésus, qui vous embrasse par
multiplicité de dons et grâces, lequel a permis l'affaire, regardant
s'il y aura en vous aultres vivant que Luy Sentez en vostre
^ Allusion à la 1" épître de S. Paul aux Corinthiens, IX, 15: « J'aimerais
mieux mourir, que de voir que quelqu'im anéantit ma gloire. »
6 Michel d'Arande. (V. le N" 90, note 1.)
■' Briçonuet, si courageux dans ses lettres du 31 janvier et du 12 février
(Voyez les N"' 87 et 89), conseille maintenant la temporisation.
s V. leN» 90, note 1.
^ Abaisser les voiles.
'" Sur la requête du clergé de Bourges, le roi permit à Michel d'Arande
de rester dans cette ville, et il adressa des réprimandes à François de Bueil,
en le privant de son temporel. (V. pluslom la lettre du 2 avril.)
" C'est-à-dire le clief du diocèse de Bourges, envers lequel I\Iarguerite
doit user de clémence, atin de ne point oflenser Jésus, qui a permis tous ces
événements, et de ne pas paiaitre mettre son attachement pour Michel
d'Arande au-dessus de l'obéissance qu'elle doit à Dieu.
am ïa. BHKjO.WKT, A MAlUUKRITi: r)'.\\(;()l LKMK. 1524
(If^hililé vosire force croistre, laf|uelle est solide et perniennenle
s;ins iliiiiinulion . (|Mi est iioslre Sei/ïneur Jésus forlitliaiil ses
meiiihi-es. es i|iielz. par voz prières, désire eslre inséré voslre inu-
IJIIr lilz
(1. B. indi^rne ministre.
94
[g. briçonnet] à Marguerite d'Aiigoiilême.
(De St-Germain-des-Prés? ) 25 février 1524.
Iiirdile. Copie. I3il)l. Iiiipér. Ihid. loi. 21):{|. — i2i)'t a.
(fragments.)
.SoM.MAJRE. Briçonnet pense qu'il faut remettre à Dieu le sort de l'évangilùte [de
Bourse»]. Il est accueilli par le peuple, mais non par le chef ecclésiastique de la
province. Cela démontre combien il est urgent que le roi choisisse désormais pour
éviques de vrais ministres de Jésus-Christ. Le rare mérite du « serviteur de Dieu »
[Michel d'Ara7ide] fera bien accueillir partout sa prédication.
Du .\.\v' Febvrier v<= xxiij.
Madame, vous asant a.'^.sez amplement, par le prorurptir de
Hi'nij '. hier escripi -. (;(mliniiant l'advis de Mons' r.oatre Omurcl-
li<r^. (pie avez peu voir par aullres deux lettres, crai^-nanl h' niu-
liiirr ftntfiirinl i/nr. m'escripvez, flcbroit estre iiiiiilicfjiié, s}/ le re-
inrde n'estait iiioiniil*. — [je] VOUS supplie derechef tré.s-hum-
hlfuu'nl. ijuMI \uus [)l;d.se eslre contante de surattendre Vaetuel''.
Le (^aulaire du monde est potencàiK ceilu\ de Dieu est iiclin'l. La
|tossihilité est du monde, el faction, il»' Dieu.
. Sy les inarchans el gens (pii vivent en ailministralion
el disiriliiiiion du uionde n'ont clio.>=.e si clière (|ue le crédicl el
' Il est appolc aillfiirs * procureur du roi à Bourges. > (N" 90, n. 2.)
' V. la lettre précéileute.
'^ Jean de Jirimn, soipnpHr de Villaines, chancelier de Berry et d'Alen-
çoii. Il i'Uùt premier président du parlement de Rouen, «homme grave, pru-
«liMif, rare exemple de justice, > au témoignage de Charles de Sainte-
-Martlii-, .Voyez Génin. Lettres de Marguerite, 1841. p. U)2 et 193.)
* Voyez le N' 90.
' C'cst-iV-dire, de vous en remettre à la volonté de Dieu.
1524 (j. BniçoNNF/r a mauoikp.itf. d'ant.oilêmk. '201
la l'oy. (|irilz ne voiildroienl perdre iwtir mourir. — [s'il] n'est rien
(|iriiz ne tacenl pour les conserver el juardei-. [encore] plus doi-
vent les ilistrihutcnrs (k-anijël/cques, et ne contaminer la semence di-
rine'''. A ceste cause . au chef des articles de leurs instructions,
leur est enjoincl laisser les lieux « où ne sont receuz. etsecourre
[l. secouer] la pouldre de leurs piedz ^ <> — L'on peult dire ■< (ju'il
est receu. > — L'on respond. que à aullre n'appartient à envoler
évangélizer que à Vespoux ministirial^, que [l. qui] seul peull
« recepvoir " ou regecter.
Stj chacun estoit vray ministre de l'Espoux. rous ne seriez en
ceste peine. C'est la racine dont vient la maladie incurable, à la-
(luelle sy ne pourvoiez, pour néant travaillez à cuyder nectoier
et guérir les branches *. Dieu me doint la grâce de ne cesser vous
importuner, jusques ad ce que soiez le moyen, vers le Roy et Ma-
dame, que ordre y soit mis '" ! Et suractendanl qu'il plaira à la
honte divine y pourvoir, vous supplie derechef. Madame, en l'hon-
neur de la passion de nostre Seigneur ", gardez qu'il ne se fasse,
en cest affaire, chose qui puisse engendrei* scandalle dont Dieu
soit olfencé et son serviteur '- descrié! Vous congnoissez (ju'il en
est peu de telz. Ung mois est bien tost passé. S'il ne presche là '^.
[il] ne sera pas ailleurs infructueulx, et sera tousjours sa monnoie
bien receue.
" Il veut dire qu'on ne doit pas la laisser outrager par ceux qui la re-
fusent.
' Év. selon St. Matthieu, Xin, 14. « Lorsque quelqu'un ne vous recevra
point, et n'écoutera point vos paroles, secouez, en partant de cette mai-
son, ou de cette ville, la poussière de vos pieds.»
** lie chef du diocèse, qui pouvait seul accorder ou refuser la permission
d'y prêcher. Bi'içonnct est bieu loin de contester ce droit ; il regrette seidc-
ment que l'archevêque de Bourges en fasse un mauvais usage.
'■' Ces mots caractérisent assez bien la nature des tendances réforma-
trices de Brironnot. Il ne songe nullement à supprimer la hiérarchie ; et
c'est précisément pour pouvoir la conserver, qu'il veut que les évèques d(>-
viennent de vrais ministres de Jésus-Christ.
'" Voyez les lettres de Briçonnet du 31 janvier et du 12 février.
" On était alors dans la troisième semaine du Carême.
'* Michel d'Arande.
'^ C'est-à-dire « Bourges.
20'i (iKCOI.AMI'Vt)!-: KT 15. NVflLFUAlU» \ /.WINCI.I. 1524
95
nOCOLAMPADE ET BONIFACE WOLFHARD à Zwingli '.
(De Bille, l^^s jours de mars 1524.)
Manuscril aulograplie. Archives d'Élal de Zurich.
.SoMMAiRK. Envoi des ThwKPs fie Farel Succès de la Dispute qu'il vient de soutenir.
Miil(hich(» ZiiiiiLTho Ecclesiasta; Ti^^urino (Ecolampadius et Boni-
fatius* gratiam optant et pacem ui Christc».
En tihi Hrhœihnii ronrlnsionuiii ' a Gallo illo * latine apud nos dis-
pu[ta]tam et ah (Ecoldmfiiidio in maxinia Cinislianoiuni corona ^
in vernaciila InlfrpnL'tatam". Sopiiistii; suipius vocati niisipiani
«•onipaiiiere '. A/^uiit tanien matrnos intérim thrasones, .sed in an-
i>idis hicihi.L'-iL'. Incipil taineii pieiis paulatim iHoiiiin ignaviani et
Ivrannidt'm veiho lici a^noscere. IJeiis det incrtMiientuni !
.laiii (|iiid in luir iliHjiutntioHe actum. taJjeHio iUc. tpii prcDse[n]s
audi\il (iniiiia. sinnina tihi liih' exponet. ISufiemm illam de matri-
inonio ** hrevi impressani exliihehiinus.
' Ce billet est écrit au bas des Thèses imprimées de Farel.
' linitifacc Wolfhard (en latin Lycosthenes), natif de Buchcu au diocèse
de Wurtzl)riiirfr. avait commencé ses études à l'université de Bâle en 1517.
Il était vicaire du curé de l'éplise de St. -Martin, où il administrait les sa-
crements. Les fonctions de prédicateur dans cette jiaroisse étiiient exercées
par (Kcolampade.
^ Voyez le N» 91.
* (Juillanmc Farel.
• * In fri'ijuenti.ssimo clarissimorum et eruditissimoruni catu, » selon
Farel lui-même. yY. sa lettre du 6 juillet 1525.)
'• Farci prononçant le latin à la française, Œcolampade dut traduire ses
paroles en allcmiuid. Voyez la lettre du 25 novembre 1527.
' Il piirjiit cependant qu'il se présenta quelques opposants, si nous en ju-
liroiiH i)ar les paroles suivantes de Farel: < Btmlerr, ulii crat Jùn^mtis,
Jtrrtts, Zicardus [1. SichardusJ, Cantiuncula, theolopi illi, ut lii jurisperiti,
iii an-nam descendimus, et sustinuimus arpumenU non levia nostrorum, ut
• KcDliiiiip.idii, J'ellicain"; sed Srripturis ita erant roborata, ut ne minimum
qui.l.ni conv(;lkTc potuçriut [scil. adversarii]. j (Faiellus Calvino, 11-' Junii
1.545.)
" La dispute du 16 février. Voyez le N° Ul, note 1.
1524 JKA.N ((Kcoi.AMi'ADr: A ri'iKiuu: i)K sebville]. "iO:]
Hiiic inané. iirgenle cive (iiiodam el nuncio Tif^Mirino, scripsi-
iiius in contione OEcolampadii. iiec liiiii pliira liciiil per oliuin. In
Domino vale.
( Inscriptio : ) Pk) }n\[â ac Christiano Hiildrictu» Zumgliu. Ecde-
siasti Tiyurino. suo in Chrislo niajori.
96
JEAN ŒCOLAMPADE il [Pierre de Sebville '?].
DeBâle, 9marsl524.
Œcolanipadii et Zuinglii Epp. Basilece. 1536. folio, f. ID'ib.
Sommaire. Les renseignements que le chevalier Coct m'a donnés sur votre activité
evangéliqiie m'ont beaucoup réjoui. Rendons grâce à Christ, de ce que la lumière de
la vérité brille de nouveau sur la France ! Mais les progrés journaliers de l'Évangile
m'ayant instruit de la résistance qu'il provoque, je devais en frère vous exhorter à
persévérer dans la bonne voie. Nous avons entrepris une œuvre difficile et tout à fait
au-dessus de nos forces. Nulle gloire à attendre des hommes, mais des afflictions de
tout genre. Sachons obéir à Celui qui est notre tout, et nous n'aurons rien à
redouter.
Joannes Œcolanipadius suo N.
Pax et gratia à Christo nostro Salvatore ! Anemundm ille Cov-
fits -, et genei-e et pietate clarus. narravit nobis tuum in anniin-
l'iando Evanirelio fervorem, sediiliiatem. pnidentiam accandoreni:
ipiod lanto majore voluptate pectora nostra peifudit . quanio
majore nota Gallias sophistariim' infamaral lyrannis. Gralia
Chilslo. (pii discus.-^is tenebris iindique veritatis radios fulgei'e facit.
' Notre supposition est fondée sur l'analogie qui existe entre la présente
lettre et celle qui fut également écrite à l'instigation de Coct, piU'Zwingli,
le 13 décembre précédent (N° 82). Le chevalier devait désirer que l'cruvre
d'évangélisation commencée dans sa province du Dauphiné reçût de nom-
breux encouragements.
■ V. le N° 66, note 2. et la lettre d'Anémond de Coct du 24 j;uivier 1524.
'' Les théologiens scolastiques. Voyez plus haut les lettres de Glareaniis
et de ses élèves.
:2()'» JKA.N ttliOlLAMl'ADl': A [l'IiaUlli DE sebville]. 1524
cl aj,M-um (|iieiii, paslonim dormilalione. spinaiet zizaniii! occupa-
ranl. repur^-Mrc iiiripii. Vcrùin. qiioniam non iynoro qui siiccessus
siiil Kvan;;:elii(ii;iiii |i,iiliiii ipse feci periculiiin. parlim (luotidiana.
ol <[n;i' aille ociilos ((hversanlur . exempla docenl ) , obnilitur
iiiiriiiii in iiiodiim loilis ille armatus, ul castodial atrium suum, ne
diripianlur vasa ejus (Mallli. XII, 29). Et est veritas sancta qui-
dein. sed conlradicUtribus exposita pkuimis. Proinde . dilecte in
('liiislo. nostrœ fvtiternitatis existimavi esse, ut te qualicunque
exhoi'lalione inslimulareiii . ni faceres semper quod facis dili-
^^enter.
Muf/iiœ niol/'s ojnis msccpimus, et iilané siipm nostras rires.
Terra (piam expu,!5mare jubemur cullores liabet forlissimos , po-
lenlos inunitasque civitates. Ibi slirps est Enakim: Amalecb hal)ilal
in iiieridie. Quid niultis? Anticbristi tota potentia se nobisoppo-
iifi. neque tandis ipiippiam in boc seculo expectanduni. Invisi
opurlel simus omnibus bominibus. et peripsema toli mundo. Pur-
tanda ei'nni slii^niata Cbrisii. Gontemplores nos vuU dux noster
Jésus, uloi'iaj, opum. Noiuptatum, amiconini. caruis, vitie: amicos
aulein inopia' . iirnoniinia' , crucis, soliludiuis. morlis. Verùm
terra qnie promitlilnr vaidè bona est. Si propitius fuerit nobis Do-
niinns. inlioibnet nos in eam. Tanlum non rebelles simus contra
DoMiininn. nec liineamus populum lerrœ. Dominus ipse sit terror
■,ic sanriilicalio noslra : ipse sil i^loria el corona capilis nosli-i:
ipse fnriitndo cl peira relugii, et, sicut panem. dlns devorare po-
Icriiniis. Exarniali snnt. iccessiltpie ab eis omne pnesidinni. Slnlii
lirincipes Tlianeos, Sapienles Pbaraonis dant consiliniu insipiens.
Artna inipii pessinia. vasiata et plane ineflicacia.
Audaces i.iriliu' cl fortes simus in Domino, el in ore .dadii verbi
Dei invadainns ini|ti(ts . ul glorilicelnr Doininns .Icsiis. qui pollj-
cilMs est suis, ul eani super aspidem el basiliscnni. el conculceni
(Muncni \iiliilcni ininiici. Ne nobis in perpeluum exprobrcl incir-
ciinriMis (ioballi. ipii andcl conlradicere excrciini Dei vivenlis. In
DcHuino. qui apprcliendil braciniiui nosiruui el ((Uiforlal nos. po-
Icrinnis onniia. Naui per l'nqtbelam proniillil: >■ .\oli limere. ver-
niicnlc .larob, ego adjnvi le. redcnqilor Inus sancliis Israël. Posiii
lecpiasi plaiistrnni el clavam denlalani. Tiilnrabis montes, et com-
niiniics. cl cdllcs (piasi pulveres pones. Venlilabis. et venins tollel.
cl ni iniJMi disperses eos. El lu cxaltabis in Domino, el sancto
Israël lielaberi.>*. • (Es. XLI, ri-ib.) Talia nobis snbsidia proniillil
Obrisliis. Fortes igilnr sinms. ,di illo ininiarcessibilem recepturi
1S24 GUIIXAUMI'-. FAHKI, A (lOHNKII.I.r. SCIIF.FFKH. 20f)
coronnni. Htt'C luinc, tValer .ineuiula' ainicilia! f^rulia scripsi, aii)i-
Iraliis non ingralimi fore (juicqukl excidissel ex l)ucca. (Juki onini
non excusai iharilas? ('Iirishis le conservel! Vale. Basilea'. Ihnarlii.
anno ITi^'k
97
GUILLAUME FAREL ù Corneille Scheffer.
De Bâle, 2 avril 1524.
.1. E. Kappens Nachlese einiger .... zur Erlaulernn.e' cler Heloi -
lualions-Geschiclile niil/Jicli. Urkund. Leipzig, 1727. in-8", p. 602.
Sommaire. L'Évangile est parfaitement bien accueilli en France. Gérard Eomsel le
prêche à Meaux; Michel d'Arandc, à Alençon et à Bourges. Dans cette dernière
ville, le peuple et même le clergé ont demandé au Roi que d'Arande pût prêclier
malgré la défense de l'archevêque. Lyon a deux prédicateurs évangéliques.
I
Ex G. Farelli literis ad Gornelium Scepperum V
GaUia nostra jani Ghiisli verbuni (juàni laitissime excipit. Pi-i-
niariïe urbes in qnibiis floret et fiuclum facit , sunt Meldensis'^.
in ((ua coinniunis pneceptor Geraldm ille Riifus, niagno et ardore
et spiritu, Glii-istum détonât pêne in dies. Sequilui- Alenvoiiemis
et Btturicn •\ per Mkhaelem Âranditm\ vestraleni. qui pauca Fnhro
' Corneille Sclieffer, natif des cuvirous de Tournay, avait fait ses études à
Paris avec Farci, et il était devenu vice-chancelier à la cour de Christiern II,
roi de Dannemarck. (V. Kapp, 1. cit., et l'ouvrage de Cyprian intitulé
« Reformations-Urkunden.» P. II. p. 288.) Une lettre d'Érasme nous apprend
qu'en 1531 Scheffer était conseiller de l'Empereur.
- Voyez ci-dessous les deux lettres du 6 juillet 1524.
"^ Il semble que Marguerite d'Angoulême songeait déjà à l'évangélisation
de son duché de Berry ou de celui d' Alençon, quand elle écrivait à Brironnet
[en septembre 1522] le billet suivant: « La seuretté du porteur et quelque
petite tachette de l'âme me deflend longue lettre ... Vueillez avoir pitié du
pais oîi il m'avoit promis demourer quelque temps, qui est sy despourveu de
gens de sa sorte, que, pour subvenir à la faultc de mon dehvoir, non faict
par absence ou négligence, je l'ay prié y voulloir secourir li'spauvrrs brebis.
Car je sçay que n'avez acception de lieu ne de personne, mais que [le] salut
des ('mu^ soit.... » (Bibl. Impér. Manuscrit cité, fol. 213a.)
* Michel d'Arande (en latin Arandius ou de Arauda), ancien ermite,
^0() LK FÉVRK d'kTM'LI:S A FARKI.. A HALE. 1524
foiiliilil. Ut (le Saiictoiimi ciillu abrogando ^. rursus in inullis a
F'ihru coiniiioiiefacliis.
Unie coiiligil. ciiiu /i/7/(r/,s vei'bum ante Nalivilalem ® aiiinin-
fiasset. in quadragesinia aulem " Ciirislo locinn denegari. lala in
onines. ut dicnnt. <|iii illum audituri essent . exconimunicationis
senlenlia. ac intei'minata liiiic, si pergeret. etiam carceris per-
|ietiii iiœna. Verùni pupulus, et quideni (niirum et inauditum !)
clerus illum pustulavit et a rege obtiniiil : (piod fuei'e adsecuti non
sine niagno Episcopi" malo, nam ciim objurgatione regia pai's. ni
vocant, temporalis illi arlenipt.i fuit.
Liii/flimeiise.'i duos liabent dedainatores. clifislianè verbuni li'ac-
lantes. (pioi-nni aller Jacobita el Tbeobtgns Paiisiiis". elc.
Basilecu. ^ Ainilis lo24.
98
LE FÈVRK d'étaples à Farel, à Bâle.
De Paris, 20 avril (1524).
Inédite. Manuscrit antograpbe. Bibl. Inipér. Coll. Du l*ii\.\(il. ^(W.
.Sommaire. .T'ai remis tout de suite à Vévique de Meaux les livres que vous ni'.ivez
envoyés. Son absence m'a empêché d'en prendre connaissance, mais j'ai lu, en atten-
dant, ceux que je tenais à.' Antoine Du Blet de Lyon. J'ai reyu également votre se-
conde lettre et deux livres de Ztvingli. Tous les ouvrages que vous m'envoyez d'AUe-
/'tait compatriote do Schcffer. Sa vie est très-peu connue. Nous l'avons vu
séjourner à la cour et l'aire des lectures de rEcriture sainte à la reine-
nièrc (N° 55). Marguerite d'Augouléme le prit plus tard à son service et le
nomma son aumônier. (W. ci-dessous la lettre de Michel lientin du 8 oc-
tobre 1.521.)
•'• V. le N" lit, note 1.
" i'endant l'Avent de l'année précédente.
" Kapp a fondu deux mots en un seul et lit Antichristo, ce qui forme mi
contre-sens.
** Il faudrait i)ropremeiit archicpmojii. V. le N" 90, note 3.
" Aiiiit Muujnt. (V. ci-dessous Tapostille de la lettre de Le Fèvre du
li juilli-t 1524.) Ce doit être le personnage mentioiuié par Farci, dans la
dispute de Lausanne, comme s'étant ouvertement prononcé pour l'Évan-
gile: «L'Université de Paris comment a-t-elle fait au docteur Maigret,
qui voulait maintenir ce qu'il avoit ilit en Sorbonnc ... V » (Hiuliat. IV. :J18.
152-4 LE FÈVRE d'ÉTAI'LES A FAREL, A BALK. 207
magne me plaisent infiniment. Saluez Œcolampade, Ugivald et Zwingli. Roussel,
Antoine, Matlfàeu, l'élu et son père, Pieire Du Fossé, les hommes et les femmes
qui aiment Christ, vous saluent.
(îiiillerme chariss. frnler, gi-atia el pax Domiiii iiostri Jesn Cliiisli
lecuni !
De literis el libris (jiios ad nie diuliiiu misisli '. (juas [il»i yralia-
rmii actiones rependam? Lihros illos coiiliimô (radidi lieri'vmdo
patri n[oiuino] meo- legeiulos, neque propter ejus absentiamliiiiil
milii illos legisse. Alios lameii inleriui legi (pios ad me niisil vir
egregiè cliristianus AntouiusABIeto^ Lugdiinensis, videlicel: Cale-
chesin Joannis Lo?uceri " ; Apologiaiii Simoius Hcssi^ in Holf'en-
sem^, cum Epistola (suppresso auctoris nomlne) de poleslale eccle-
siaslica; Aunotata qiitedaui Melanalithoais in Pauliim, Lucam el
Juaimem '; Coiifulalioneni delerminalionis M. N. [1. Magislrorum
nostrorum] Paris\iensium] ^ ; Zi/nglii Inslilulionem (luandam ad
* C'étaient les livres demandés par Le Fèvre dans sa lettre à Farel du
13 janvier. V. le N"85.
- Guillaume Briçouuet, évêque de Meaux.
^ Antoine du Blet. Ce gentilhomme, natif de Lyon, s'occupait de com-
merce ou de banque, et, dans ses voyages d'affaires eu Suisse et en Alle-
magne, il servait avec zèle la cause de la Réformatiou.
"* Catecliesis de bona Dei voluutate erga quemvis Christiauum. Deque
Sanctorum cultu et invocatione. lo. Loniceri (s. 1.), in-4" de 3G feuillets.
La dédicace est datée d'Essling, VIL Cal. Junias an. Christi xxiij. — Ce
livre et les suivants sont écrits dans le sens des Réformateurs. Nous eu
donnerons les titres in-extenso, afin de préciser le caractère des ouvrages
qui plaisaient tant à Le Fèvre d'ÉtapIes.
■'■' Apologia Simonis Hessi adversus Roffensem episcopum anglicanum,
super concertatione eius cum Ulrico Veleno, an Petrus fuerit Romse, et quid
de primatu Romani Pontificis sit censendum. Addita est Epistola oruditis-
sima de ecclesiasticorum Pastorum potestate, auetoritate et officiis in sub-
ditos, et subditorum in superiores obedientia. (Basilea') 2G feuillets in-4",
y compris le titre. A la fin du premier traité: «Julio Meuse, m. d. xxiij. »
Ce livre est attribué à Urbamts Bhegius (en allemand Rhieger), pasteur à
Augsbourg.
" Jean Fishcr, évéquc de Rocliester.
" Melanchthonis Aunotationes in Epistol. Pauli ad Romanos imam et ad
Corinthios duas. Argentorati, 1523, in-8°. — Ejusdem in Evangel. Joannis
et Matth^i aunotationes. Basileœ, 1523, iu-8°.
** « Confutatio dcterminationis Doctorum Parrliisionsiuni, contra M. L. ex
Ecclesiasticis doctoribus dcsumpta, denuo recognita et locupletata. Adjocta
est Disputatio Groningix; habita, cum duabus Epistolis non minus piis quam
eruditis ... Basileas, an. 1523. » Petit in-8° de IC et de 327 pp. La Réfuta-
,s
^(),S LK FÈVRE d'ÉTAI'LES A FAREL. A BALE. 1524
sliidia '^ quam misi ad Milciim '" tuitm. qui gi-ammalicos moderalur
in collegio Qinl/nnliro ". ut scis : Prol)lemata quedam Othonis de
ralione evaugelioniiii '-. (put' non admoduni probo.
Ca.'lerùm secundas abs te percepi per quendam Scotiim ab Urbe *^
renieanteni, caecum, et ai'bitror bis caecuni, elZniifilium Decanone
missaj '* el Apuloiriain '^ Ownia quœ à te veniinit et Gevmaniâ mihi
maxime placent. Gatecbe^lin '" babebam. pro ilia tamen et cieleris
tibi gratias ago quàni |iluriuias. Meuiinisti cujusdam Pomerani^'':
optassem bypotbesin Ul)ri '^ ut aniiibus cognovissemu< .piidnain
prouiittit.
tion se termine (p. 259) par une Lettre commeuçaut ainsi: «M. N. Pai-i-
sieusibus salutem et sanam mentem. » îllle a pour date « ad Kalendas lunias
1521.» (V. le N" b8, note 4.) — La première des deux Lettres anuoncées
dans le titre fournit des renseignements sur la dispute de Groningue. La se-
conde, datée du 2 janvier 1521, est intitulée comme suit: «Epistola docti
cujusdam... et Christiani viri, de certa in Dcum liducia habenda, de ceri-
moniarum usu et superstitione, de confessione, de ordine ecclesiastico, et de
causa LutJieri, quid censeudum à verè Christiano. » L ouvrage est terminé
par une énergique lettre de Luther à Capiton, écrite de la Wartbourg, le
17 janvier 1522.
" Que pacto ingenui adolescentes formaudi sint, Prjeceptiones pauculai,
Ifidâricho Zidiujho autore. Basile» (Jo. Bebelius) M.D.XXIII, in-S" de
12 feuillets. L'ouvrage est adressé à Gerold Meier, beau-tils de Zwingli, et
daté de Ziu-ich le 1" août 1523.
'" Miles Perrot. Voyez la lettre du 1" janvier 1524, note 8.
" Le Collège du cardinal Le Moine, dans lequel Le Fèvre avait enseigné
longtemps la pliilosojjhie et les mathématiques.
" Trohlenuita (Hhonis Jjrumifchii. 1. De ratioue Evangeliorum.il. Quare
in Parabolis locutussit Christus. Ad Joanneni Schottum, Libr.[arium] Ar-
geut.[inensem]. S. 1. s. a. In-4'' de 12 feuillets.
'* Home.
'* Ih' <'auone Missa.' Jluldri/clii ZninyUi Kpichiresis. (Tiguri, lô2;>)
in-4". La dédicace, adressée à Théobald de Geroldsegg, administrateur du
couvent d'Kinsiedeln, est datée du 2'J août 152^.
" Apologia, qua in publicis Ilelvetiorum comitiis Hernœ congregatis, ad
qiKi'dam falso sibi iutentata crimina respondit Ilxhlricu.^ Zuim/UiUi. Aiun>
.M.D.X.XllL
•" Voyez la note 4.
" Surnom de Jean Bugenhagcn. (V. le N" 74, note 7.)
'* C'est-à-ilire , l'indication du sujet de sou livre. Farel avait peut-
être parlé d'avance à Le l'évre du connnentaire de l'omeranus sur les
Psaumes ou de l'écrit qui jtiuiit sous ce titre: « Postillatio Joan. Bugen-
hagii Pouicrani in Evangelia, usui temporuin et Sanctorum totius anui
servientia. Ilabcs bic et couciouum et meditatiouum copiosissimam sylvam,
qnisquis es, cui rordi est pietas. » Basilea*, apud Jo. Hel)eliuin, 1524, in-S".
1524 Li.: FKVUK d'ktaplks a g. faukl, a bale. 1209
(Ecolampadium saliilahis verbis meis in Clirislo plurimum, et.
cum {\d\n[m-,i)iiihlum ''••. Si ali(iiiamlo scribes ad egregiuin viruni
ZijiKjliuni, iiiemiiieris salulationis mea' *". Sahilal te in visceiibus
Gbrisli Giranliis-*. Anlonius--. Mittliwtis-^. clcrtus** el |)atel■*^
et caîterùm tuiii \iii linu mulieres qui amanl nunien Gbrisli -«. hi-
super phninuun Pctrus Focceus ". Parisiis, xx Aprilis (1524) '^
Tuus ex animo et semper tuus
J. Fabeu.
( Inscn'ptio : J Carissimo amico Guillermo Farello Basileas.
(Au verso on lit ces mots de la même main:)
" Tltomœ Rheto Helvetio in officina Baselien[si] pro Dilectiss.
Gompatre meo M Petro Gorrœo " doctore Med. »
••' Huldrich Hngwald (eu latin Uclalricus HugohaUus, et par abréviation
Hugaîâm) naquit à WyJe en Thurgovie (1496). Après avoir visité la plus
grande partie de l'Allemagne, il vint étudier à Bâle en 1.519, et il y publia
les ouvrages suivants : « Udalriclii Hugualdi Durgei adulescentis Dialogus,
studiorum suorum proœmium, et niilitia^ initium. » S. 1. (1520, mense Sep-
tembri). Cet ouvrage est dédié aux seigneurs des Ligues suisses par une
lettre datée du 29 juillet 1520. — « Epistola ad sanctam Tigurinam eccle-
siam, » 1521, in-4°. — « Ad omnes qui Cbristum, seu regnum Dei, ex animo
quœrunt, Ulricbi Hugualdi Epistola, » 1522, 6 pages in-4''. Ses letti-es à
Vadian (Manuscrits de la bibliotlièque de St.-Gall) témoignent d'une grande
culture littéraire.
-'' Le Fèvre éprouvait depuis longtemps de la sympathie pour Zwingli.
Glai-eanus écrivait à ce dernier, le 9 juin 1519 : « Salutat te Faber Stapu-
letisis, apud quem [de te tara] sedulô quàm verè prsedicavi. »
*• Gérard Eoussel. Malgré ses prédications journalières à Meaux, il
venait parfois à Paris. (V. les lettres du 2 avril, du 6 et du 13 juillet 1524.)
'^- C'est probablement Antoine Papillon. (Voyez plus loin sa lettre du
7 octobre 1524.)
*^ Matthieu Saunier, prédicateur dans le diocèse de Meaux.
-•' Le titre d'é^M désignait le fonctioiniaire chargé, dans un district, de
la répartition des impôts. Cet emploi était alors rempli à Meaux par Nicolas
Le Sueur, le même probablement qui, de lôoo à 1537, occupa l'office de
lieutenant général du bailliage. V. le N" 102, n. 1, et Toussaints Du Plessis,
op. cit. I, p. 729.
*^ Ce ne peut être que le père de Kicolas Le Sueur. 11 résidait à Meaux.
(V. la lettre de Sudorius du 15 mai, et celle de Koussel àFarel du 24 août.)
*^ Les membres de la petite église évangélique de Paris, dcjnt l'existence
est constatée par la lettre du 13 juillet 1524.
*' Ce personnage nous est inconnu.
** L'indication de l'année est delà main de Farel.
*** Pierre de Gorris, médecin, natif de Bourges, qui se lit agréger eu
1511 à la Faculté de médecine de Paris. (Biographie uuiv.) Il avait peut-
T. I. 14
210 HILMRK [bERTOLPh] A GUILLAUME F.VREL. 1.^)24
99
IIILAIRE [bertolph] * à Guillaume Farel.
(Bâle, vers la fin d'avril 1524.)
Inédite. Auto.irrapho. Bil)l. des pasteurs de Neuchàtel.
Sommaire. J'aurais voulu, quand vous m'avez trouvé aujourd'hui chez Glarcainui, solli-
citer votre bienveillance pour l'écrit que je vous ai adressé ; une affaire urgente ne
me l'a pas permis. En rentrant chez moi j'ai reçu votre lettre, qui m'a fort réjoui,
car elle m'a fait voir que si vous êtes d'un parti [celui des Évangéliques], vous avez
néanmoins des sentiments plus charitables qu'on ne le prétend, et votre langage me
prouve que c'est réellement l'esprit de Christ qui vous anime. « Plût à Dieu (dites-
vous fort il propos) que tout Chrétien s'abstint de proférer des propos mordants ou
de donner prise à ceux d'autrui ! » Mais, dans l'affaire en question, il n'y a pas eu
seulement des paroles mordantes : celles de l'agresseur étaient remplies du fiel le
plu.9 venimeux, et l'offensé [Érasme] ne les avait nullement méritées. — « Mais il ré-
tracte aujourd'hui (dites-vous) ses principes d'autrefois ! » — Mon cher Guillaume,
ne voit-on pas les chasseurs approprier les armes et l'attaque au genre de gibier
qu'ils poursuivent? N'est-ce pas la volonté de Christ que tel homme élève sa voix à
l'iieure opportune, et tel autre en temps et hors de temps ? Ne faut-il pas se faire
aimer du patient, quand on veut lui infliger une blessure salutaire? Vous désirez que
je vous exhorte, à l'occasion. Eh bien ! on dit que, sous un prétexte religieux, vous
êtes le principal ennemi des bonnes lettres et de la pureté du stjde. Quoi donc ?
Après que l'Évangile a dissipé les ténèbres de la .scolastique, nous évangéliserions à
la façon de Tarfaret et des Obscurantins t St. Paid, St. AtUftislin. St. Jérônte, Luther
et Mèlancldlion nous fournissent de tout autres exemples. Votre style même vou.«
donne un démenti. Adieu, très-cher ftuillaume. Au retour de M' Érasme, nous cau-
.serons plus longuement.
Sains in solo Iesu.
Onnm apud Glinrauiini ' me liodie leperires. Frater in Clirislo
(■■tro chargé Le Fc-vrc do faire transmettre ses salutations a ce Tlioinnst It1uctns,
qui était prohablemont correcteur dans l'une dos iniprimcries do IJàlo.
• ' Voyez le N" 12, note 1. Glareanus avait quitté Paris pour revenir à
Bàle Qw février 1522. Il s'y était marié et y avait obtenu la place de pro-
fesseur de Poétique. Vers le milieu de l'année 1.52.3, il fut nommé économe
du collège, où il reçut un logement.
• Voyez In note 22.
1524 mi.AïuR (behtoi.I'H' a (.uim.m'mi: i'auki,. 'ûW
eximia' syncerilatis el ardenlissimi zeli. voluissein libens. ul meani
sci'i|)ti(»neni * boni ronsuleres, rogare. GtL'lerùm' (luando aliiid milii
eral cimi eo iiegotii, dillerre visiim est : quo oonfeclo. ubi (b)iiiiiiii ^
re(bi. coinniodriin IMbliopola* /<'/o^6'y?//niiliigralissiinas ttuia lik'ia.s
i-eddil. sed aliquot diebus aille scriplas. Dolui veliemenler, me
illuni. ita iil anlea subinde solebaiii. iiivisere non poluisse. Nam si
boc teinporis nil aliud iloini fiiissel agendum sedulô, non pei-
literas. inio scbedam potius, sed feciim libens coràm fiiissem col-
b)quuliis: sique is qui alteri bibliopola." dedil, poluissel mibi dare.
non ;dii. sed eideni ad le dedissem. Cerlè boc in caussa fuisse
pulo quamobrem serins reddita." suni ^ . quod rarius ajind hune
(|uàni apud ilhim versamur, ac interea prorsus à neulro poluimus
videri. Sed id baudquaquam puto tuam chan'tatem, quœnihilsuspi-
nitiir, ollendisse: nam si boc esse putarem. ilicô per Cbrisli cba-
litalem uli veniam dares obteslarer.
Nunc quod ad rem attinet. lioc scias velim, mi Gulielme. non in-
slrenue Cbristi atblela, me mirum in modum gavisuni esse, ubi
cognovi le non esse eo animo quo aUi referunl atque adeô defe-
runl", sed novilale quadam ductum legisse parlem, neque velle
cbaritalis jura pei-fi'ingere. Cœlera quœ scribis te planum faciuni
sane Cbrisli spirilu duci. el addis appositè : « Utinam contingeret.
« ut nulla (Uiiarulenté dicta quisque pius optât, ita miUns ansani
« prœstel ! » Sed quœso, mi Gulielme, quis ansam prœstitil ? quid
vocas amaralenliam ? Dulcis esl verilalis amaricies, amara esl
mendacii dulcedo. Non hœc est. mi Frater ex animo dilecte, ama-
rulenlia. sed mera vinilentia et venenum in labiis asperrimum '.
Nemo unquam verus Cbrisli disci[)ulus ullaiii auiarulenliam vel as-
persil vel elTudil. qiiam non statim dulci melle piu'lineret et me-
(Hcamenlo tempeiarel. Id quod te quoqueputo e\ Cbrisli cbarilale
et spirilu lecisse, cerle in literis facis. '
* c'était saus doute uue lettre daus laquelle Bertolpb rei)résentait à
Farel l'injustice de ses procédés à l'égard d'Érasme. Voyez la note 7.
' C'est-à-dire chez Érasme, dont la maison était située à côté de celle de
Jean Froben, l'imprimeur.
* Jean Waitcvschnec, chargé du débit des livres mipriméspar Froben.
•"' Il faut sous-eutondre : literœ tucc.
" La dispute soutenue par Farel avait du nécessairement lui attirer de
nombreux adversaires.
" C'est une allusion très-directe aux railleries mordantes que Fard avait
décochées contre Évaf^me. Il l'avait appelé publiquement un liàlaam. Voyez
plus loin les lettres d'Érasme du 6 septomiire et du 27 octobre 1524.
212 HILAIRE [bERTOLPH] A GUILLAUME FAREL. 1524
Porrô nonne Ls qui aspergitur " longe aliam ansam praestitit, ut
eliam is fatetur qui prior aspersit ^ ? Imù nonne etiam ansam
jira'buit. (ut lalentur oinnes. adeoque etiam ipse qui nunc est tam
rlanis et re et nouiine '"), invenienili et adprehendendi non ama-
ndenliam, sed meram mellalionem, hoc est eloquia Domini dul-
ciora super mel et fa\ uni " ?
« Sed nunc, mima, recantat ac réclamât potins^-. » Quaîso, mi
(Jiilieime, possuntne duo ad eundeui scopon collineare diversis ar-
cuIjus et telis ? Qiiamvis acerrimis et crebro jactis non qucevis
fera ac belua imnianis prosternitur; aliter est in retia rara elicien-
dus aper de sylva. Quid ? si Ghrislo sic placitum, ut hic oppor-
tune, iiie im|)ortune damet. increpet, neuterque cesset, ut est apud
Proitlietam EvangeUcuni '"' ? Certè lioc scio. missilia illa vehe-
nientius liedere quae petiti et adniildinl Hbenter et amplectuntur.
(|uàm quai déclinant, horrent et fugiunt. Sed de lus aliàs,
(Juod oras ut crehrim te (ubuonemn. certe hac in parle mihi
est plane satisfactum. Sod aiuul le anlesignanuni esse eornni qui
* Érasme.
» Farel.
'" Le réformateur Jean Œcolampade.
' • Allusion aux travaux d'Érasme pour la publication et l'interprétation
(lu Nouveau Testament.
'* Ce reproche ne pouvait manquer d'atteindre le prudent Érasme, qui
s'était Hatté, comme il le disait à Mélanchtlion, déjouer le rôle d'un Garaa-
liel, et d'être ainsi un modérateur entre les deux partis extrêmes. Il ne ré-
ussit qu'à exciter leur défiance. Les aveux qui lui échappent çà et là et les
confiilcnces de ses amis intimes indiquent assez de quel côté inclinèrent
d'abord ses sympathies ; mais il n'avait pas le courage de les proclamer.
« Faveo bonis studiis, /areo veritati EcangcUcœ (disait-il en 1520): id vel fa-
citus faciain, si palatn non licet. » Glareanus, qui le voyait de très-près,
écrivait à Zwingli, le 20 janvier 1523: «Senex est, quiescere vellet. Sed
iitraciue pars enm trahere conatur. 111e humanis sectionibus adesse non
viilt. Kt (plis eum trahat V Quem fugiat, videt; quem sequatur, non item....
Timidus est, quia cunctator. Ninuiiiavi e.v illius ore audio, quod non Giristum
sonet ... Luthcranus esse non yu\t Era-s-mus, sed neque Anti-Lutheranus...»
(/iiinglii njn). VII, 203.) Vu mot de Balthasar Ilubmeior achèvera ce por-
fruit: «Libère hxpiitur Krasmus, sed auguste scribit. » — Divers symptômes
inditiuaient d'ailleurs, à cette époque, qu'Érasme était sur le point de se
pr<iiion(,'er plus ouvertement contre la Réforme. Lui-même le dit clairement
dans cette phrase d'une lettre adressée au roi Henri VIII, le 4 septem])re
1523 : « MoUor ahqnid contra nota dogmata. *
'* .Mlusion à 11 Timothée. ch. IV, v. 2: « Prêche la parole; insiste en
Icinps et hors de temps. >
1524 IIILAIUK [bi:KTOLPH] a GLlLLALMli FAUKL. 213
meliores literas et liumaniores musas conanliir exlinguere '*. id-
(|iie praetextu Cliristi. liane vis. ut . posteaiiuani Evangelica lux
discussit scoton '^ et Turtarctum ^^ . lo(iuamur et evangelizemus
scotinè et Tartareticè? Non arrident tibi 3Iusce ad quasvocat suura
Licentium*'' Augustinus? Testinioniis poëtarum loties utitur D.
Hœromjmus, adeôque Divus Paulus ! Non placet libi casta et
munda latinitas? Age, si quisque lingua vernacula discal Evange-
lium, nonne mundiciem quàm spurciciem linguce nialit ? Quid le-
nustius, castius, mundius, tersius. copiosius Luthero in sua etiam
lingua **? Non vis ul abjiciamus sordes et inoi)iam in quavis lingua ?
Sed quid nos incipimus inllammari ? Salis et abunde scripsil id
L. '^ P. M. *" declamavit. Sed ut tlniam , Tu ipse, D. Frater, dico di-
leclissime Gulielme, non talem epistokun milii scripsisses, nisi à te
ipse dissentires. Vale in Chrislo Iesu. Hiec peraequè feras œquo
animo precor. -dique prius scripta*' fecisti.
Tuus HiLAiuLs -* in Chrislo.
(P. S.) Quum venerit D. Erasmus*'% prolixius colloquemur.
(Inscriptio:) D. Gulielmo Farello inter Opéras Cinisti strenuis-
simo bonarunique literarum vel adsertori vel conservatori.
** Nous ignorons ce qui avait pu donner lieu à cette opinion. Farel
n'était sans doute pas un littérateur, mais il montra mainte fois dans la
suite qu'il savait apprécier les avantages de l'instruction et d'une bonne
culture littéraire. « Divina, utcimque imperitus sum (écrivait- il à Pome-
ranus, l'année suivante), veneror, liinnana non asim-nor studia, modo illis
ancillentur citra fastum, illa suspicientia. »
'' Ce mot grec contient une allusion à l'adresse de Dans Scot, le grand
docteur scolastique.
'^ Pierre Tartarct, auteur d'une Logique scolastique publiée à Paris en
1509.
'■' Voyez Augustinif]pp. Ep'' 39» (26% édit. Caillau).
'* Z^nugli qui regrettait de ne pouvoir toujours écrire en latin re-
connaissait en même temps que, sous le rapport de l'abondance et de la
majesté, l'allemand ne le cédait en rien au latin, ni même au grec.
'9 Luther.
*" Philippe Mélanchthon.
-• Voyez la note 2.
** Hilarius Bertulphus, natif de Liège ou de Gand, avait étudié à Paris
avec le célèbre Espagnol Louis Vives, qid l'appelait son ami. (Erasmi Epp.)
Vers la fin de l'année 1521, Bertolph se trouvait à Genève. Peu de temps
après il était secrétaire d'Éra.sme de Hottcrdam, et chargé à ce titre de di-
verses missions, comme nous le voyons par la lettre qu'il adressait de Bâle à
(JKCOI.AMI'ADK \ CAI'ITON. A STRASBOURG. 1 5'24
100
(KCOLAMi'ADE à Capitou, à Strasbourg.
DeBâle, 14 mai (1524).
()Kcolaiii|)adil et Zuinglii Episluku. liasilea,', 1530, iii-li.lid. loi. 17oa.
SoMMAiRK. Recouiiimndalion donnée à deux Ftançais fiui se rendent a Wiltembeif) .
Salve, cliarissinie Capilo. Frali-es illos jure libi (•oniuieiidarim :
iiain oriidiliono, |iietaUMiue neiiliiiuam vulgai'e.s suiil. hofirisrcn-
titr Willnihcrj/diii ', (ialli .sunt: aller non inhoneslo loco nalus*.
aller aiiieni (iiil/cinins ille^. i|iii iani prohe navavit operani *. Fac.
Ilcnri-Cornclius Agrippa, le 10 novembre (1523): « Certe ille ipse es qiii,
abhinc bienniuni plus minus, ob pauculos nescio quos versiculos . . . me apud
Gchvnna.i in nunicrurii tunium, ac potius in familiam tuam, tanta bumani-
UUe cooptasti ... C^uitl, inciuics, igitur intorea me uanquam salutavit llila-
riu.% non tanto loci, quauto teniporis intervallo disjuuctusV Hic ego, ne id
negbgentiae adsignes, quaeso nani praiterquam quôd tôt legationibus
functus, loties à D. meo Erasmo ad Ctesarem missus, BaaHeœ, nisi rarô,
ni.siqiie per intervalla, non fui, saîpe etiai» juitaram brevi me ad Ilegem
(iallia' missum iii... » (Agrippa- 0pp. Pars II, lib. iii, ep-^ 44", p. 807. Les
vers latins composés à Genève par Bertolph se trouvent dans l'ouvrage que
nous venons de citer, Pars II, p. 1148 etsuiv.)
-'• Ce po^it-scriptmii fixe la date. Pendant toute l'année 1524, Erasifie ue
s'absenta de iJâlc que pour se rendre à Porreutrui et à Besancon, vers le
milieu d'avril. Il écrivait île Pâle à Pirklieimer, le 14 avril 1524 : « Nonali-
iliiot (lies cvimtiamiti in Bnrtjundiam ... » (^Pirckheimeri Opp. p. 277), et le
5 juin suivant: * In Aprili coutuleram me liisontimn» (Le Clerc, p. 1704).
Les détails tort curieux qu'Erasme douiu' ailleius sursiui vo\age de Pesan-
(;on permettent de croire qu'il dut être île retour à Pair environ le premier
mai. ^ Voyez Erasmi Epp. Le Clerc, p. 804 et 902.) Nous savons d'autre
part, que Karel quitta cette ville peu de temps après (VMesN"" 100 et 101).
' Voyez l(! N" suivant, note 5.
* Antoine du likt de Lyon. V. la lettre de Le Fèvre du 20 avril 1524 et
le N" suivant, note 1.
^ E;u-el.
* A la suit»' de ses Thèses, Karel avait donné lui cours public à la jeunesse
hi'ilui.se.
1524 (MXOLAMi'ADi: A LUTiiKii. A \vnTi:MBi:i\(;. 215
oro. .sentianl qiiomodo liiiniimilalf dodiinam Clirislianam ("om-
probelis. Eiil mm inm-alum. si piT vos aliis coiiiiiK'ndeiiliir Fralri-
bus. . . .
Basilea3, in vigilia Penlecosles.
101
ŒCOLAMPADE à Luther, à Wittemberg.
De Bâle, le jour de Pentecôte (15 mai 1524).
QEcolampadii et Zuinglii Epislote. Éd. cit. fol. 2001).
Sommaire. Il lui recommande GuiUawne Fard et un Fran<,ais de ses amis, qui se
rendent à Wittemberg, pour faire sa connaissance. Éloge de la franchise, du zèle et
de l'intrépidité admirable de Farel.
.loannes OEcolampadius D. Martino Lulliero, mysteriorum Clirisli
lidelissirao dispensatori, fratri siio.
Graliam et pacem a Cliristo ! Si quos ciiaritati vestno nudlùni.
hos maxime commendatos velim, Mai'line optime. Debetur enim
boc Cbristo nostro, quem videntiir amare fide non ficta, et te in
illo. Spes item eximia esU nomeu Illiiis in Gallia magnifirnudum.
Unus enim lioi-um, lionesto loco natus. proceribus plerisqiie per-
quam gratus ' ; alter - apud nos. disputando " et prœler/endo publi-
er'^, bonam navavitoperam. salis nimiruminstructusad lolam Sor-
houiram aflligendam. si non et perdendam. Idem utrique in Ciiris-
luin et verbum e.jus fervor. Uem igitur dignam te feceris. si bene-
' Antoine du Blet de Lyon. Le Fèvre écrivait à Farel le 6 juillet 1524 :
« Accepi literas à Bleto de illa restra percgrinatione, » et plus loin : « Accepi
conclusioucs illas quas, iu perogrinatione non inii)r(il):ui(la, accopisti apud
Zifnrjlinni. » Or nous lisons dans une lettre do Farci à liullinger du 3 miU'S
1549: « Quoties istie niagnus ille Ztdmjlius me, licet juvcncm ncophytiim,
dum bis tantîim cum Gallis Lugdunemdms coniitatus istuc venisscni, arguit...
quôd eum honorificè appellarem!» (Fueslinus, op. cit. p. 283.) L'un de ces
Lyonnais était Du Blet. (V. la lettre de Sebville du 28 décembre 1524.)
* Farel.
5 Voyez le ^"91.
* Voyez plus loin la lettre du G juillet 1525.
^K) N. LK SL1:LK a (i. FAUKL. A BAI.K. 15^24
volenlia solita. viros tanto tamfjiie diflirili itinoie. Iinguiu(|iit' isna-
ros. te st'fjKiitos, exceperis. FdieUo iiiliil candidiiis est. Siinl (iiii
zplnin pjiis in liostes verilatis iiiitigatiorein vellent : verùm ego vir-
tiiti'in illam admirabilein, et non minus placiditate, si lempesliva
l'iierit, necessariani. vel nunr tandem crediderim. At cujns lii siinl
spiritus, slalim c coUoquio primo dignosces * . . . .
102
NICOLAS LE sueur' à Guillaume Farel, à Râle.
De Meaux, 15 mai (1524).
Manusciil aiilo.i^raphe. Hihl. l'iiliUniie de (lenève. Vol. ii" 11 1 a.
C. Schmidt. Gérard Rou.ssel. Strasbourg, 1845, p. 1G9.
Sommaire. Nous félicitons les Allemands de ce que, par la grâce divine, non-seulement
la pure prédication de l'Écriture sainte fleurit au milieu d'eux, mais surtout de ce que
* Farel a-t-il exécuté le projet qu'il semblait avoir formé, eu quittant
liâlo, (le se rendre à Strasbourg auprès de Capiton, et à Wittemberg chez
Luther? Il nous parait difficile de résoudre cette question d'une manière
affirmative. Nous savons, en effet, qu'au lieu de se rendre immédiatement
dans les dcu.x villes pour lesquelles ils avaient reçu des lettres de recom-
mandation, Farel et son compagnon de voyage prirent le clicniiu de Zurich,
où ils firent une visite à Zidngli. Quelques jours plus tard on les retrouve à
Comtatice, ainsi que le prouve une lettre du 6 juin, que le chanoine Jean
ilr Ikitzluim écrivait do cette ville à Érasme : « Fuit his diebus Constautuc
(iuiUœlmu.s Farcllu.s, cum quodam consocio, Galli utrique. » (V. Walchnor.
.lohann von Hotzheim, 1836, p. 129, et la lettre d'Krasme du 27 octobre 1524.)
Le G juillet suivant , Le Fèvre adressait à Bâîe une lettre destinée à Farel,
dans laquelle il est question du voyage de Zurich, mais nullement de celui
fie Wittcmborfr; et l'on apprend n\ outre i)ar une \otU-o iVd'ÀoInmiHulr du
2 août, (pi'ii cette date Farel était déjà ilepuis quelque temi)s établi à Mout-
hcliard. Fnfin on ne rencontre dans les lettres de Farel rien qui indique
qu'il ait jamais personnellement connu Luther; et dans la correspondance
de celui-ci règne le silence le plus conq)let sur le réformateur français. Tout
semble indi()iu>r, par conséquent, que le voyage projeté à Wittemlierg ne
s'eflectua pas.
' Au revers de la lettre Farel a écrit ces mots: t Klcclun MeUlensis. *
Voyez le N" 98, note 24.
I52i N. Ui SUKUR A G. FAREL, A BALE. 217
la liberté chrétienne y a remplacé la servitude pliarisaique. Jiln France, « on écoute
la parole, viais on ne la pratique pas » (Jacques, I, 2;'i). Dieu ne suscitera-t-il point
du milieu de ce peuple des ouvriers pour sa moisson ? Les plus éclairés parmi nous
n'osent pas rejeter des traditions qu'ils savent contraires à la pureté chrétienne,
et cela pai' la crainte des conséquences qu'entraîne l'accusation d'hérésie. La
duchesse \d' Alençon\ notre unique protectrice, montre du moins sa foi par ses
œuvres (Jacques, II, 18). Je lui avais dédié quelques traités populaires, dont l'im-
pression n'a pu avoir lieu, à cause des défenses de la Sorhonne et du Parlement.
J'ai un ouvrage tout prêt sur le mauvais gouvernement de l'Église. Si vous le dé-
sirez, je vous l'enverrai ainsi que les autres, pour les publier en Allem/igne, à,\n
condition toutefois qu'il paraîtra sans nom d'auteur. Mon père, ma mère et ma
femme vous saluent. Saluez Œcolampade et ses collègues. Je ne vous dis rien de la
prédication pure et chrétienne de Gérard [Roussel], parce qu'elle vous est bien con-
nue. Sans rien sacrifier de la vérité évangélique, il ne prête pas le flanc aux ad-
versaires.
« Deus pacis, qui eduxit a mortuis pastorem magnum ovium, in
sanguine lestamenti eterni Dominum nosirum Jesum Ghristum,
aptet nos in omni bono, ut faciamus voluntalem suam, faciens in
nobis quod placeat coram se, per Jesum Cbristum Dominum nos-
irum!» (Hebr. XIII.)
Inmitlit renum ac coi'dium scrutator Deus, (eodem ex luto vas
iinum ad honorem, aliud ad ignominiam fingens, universa autem
pi'opter semetipsum. impium quoque ad diem malum)ad imbecilles
ac lorpentes Gallos, dilTusum apud Germanos divine lucis radium.
At non recipit nimiâ terrenorum cupidilate lyppus noster oculus ;
iterum non recipit animus adhuc carnali prepeditus aftectu. Aut
si quis recipit , eum fateor ingénue adnumerandum iis qui fa-
ciem nalivitatis sue contemplantur in speculo, aul super arenam
tedificant: cum sint ex paucissimis mullô [thires verbi et auditores
et garruli quàm factores. Donabit autem ex sua beneficentia is qui
solus velle gratis prebet et perficere, aliquot ex nostris, (juos
mittel operarios in messem jam maturam, pi'iusquam pra:^cipial mi-
nislris zizania in iasciculos collecta a tritico tollere. Aul certe si
nolil, Ddininiis esl : fiat quod bonum est in oculis ejus!
Congralulamui' \obis Gernianis, et acceptam Deo ac Domino
nostro Jesu Gbrislo terimus gratiam qucc apud vos relucel. non
tam multiplici Scripturaî pura et Cbristiana professione, quàm
pharisiaccV traditionis et servitutis conlemptu, ac cbristiana' liber-
tatis (([ua' spirifu ot veritafe constat) reslilutione. Qui sunt ex
nostris iUuminatiores. adhuc plinrisiaco jiif/o siibduutuv. nec uudent
tremebundi quas norunt Ciirisliane puritali obsistere traditiones
2fS \. M-: si:t;i it a i.. kaui:l, a bau:. 1524
irans^Tedi . aiil eain *\nM oorcii eorum infusa est ceritatem profi-
ter/: |toiissiiniim (juod p.'issim hareseos accusentur. et sint ne
Sorhonislis modo, quininio nostrce potiusreipufblica'Jmagistratibus
invisi. Unn pre céleris iwhis relictn et christianissima et serenis-
sinm duce*, quœ iiohis regiuni concilict farorem ; apud qiiam islec
repnsita fides quam leslatur Jacobus ex operibus nolam. Tarn dis-
rreti ne stitreri siiiritiis hune cernas, ut non facile queat vulpecule
de (fua srrilm ' dolis illaqueari; ne(|ue enim ejus scripta aul ali-
ipiando probat, aul probavit usquam *. Dicata sibi fuerunt opéra, de
ipiibiis ais debuisse me ea in publicum ad popularem cedilicatio-
nem producere, (juanivis (fateor) ejus judicio non fuerint digna.
minus piiblico. Non sinil Sorbonœ ac Senatus nostri lugenda cœci-
tas, eousque insaniens. ut impressoria incude sil omnibus intei--
(lictum, nisi qui censurée suae ac judicio rem commiserint =.
Habemus paralum de imna rei Cliristianœ (quam puljlicam vo-
cant) adininistratione libellum'-. quo molimur. Sciiptur* et aucto-
ritate et exemple . mullo féelicius Cbrisli quàm Gentilium legibus
eam gubernari posse, (juinimô, eas plurinuim obesse unilati quam
lalso sibi promittunl. Opus sane supra vii-es bominis. ejus pre-
siMlim qui nicbil babeal spirilus. qualis ego. Hune tamen. si cuni
caiteris ex Geriitnuia propalambim optes, curalto libi deferendum :
(\'i aiilem condilione (|u6d incerlo emillatur auctore.
Cii-alia Douiini nostri .lesu Cbrisli cum spii-ilu Inoî Sabilanl te
jiater. iitriusqu'' etiani ronjU(je.^; domiuuiii (Erolopadium (.s'/c),Gbris-
liana- iv'\ non spernencbnii anlislilem. ceteros (|UO(|ue ejusdeiii
pastores ac episcopos salutatos \elim. Nicbil de Girard/ nostri'
|iura ac cbrisliana priudicatione ad te sci-ibo. quod jan» phiribus
' Marguerite (rA)ifjoulcnic, duchesse d'Alençoii.
* C'est prol)al)lcni('iit une allusion à Érasme <le Roitmhim. On lit dans la
lettre de Roussel à Farel du G juillet 1.524: « Nondum videre potui libelluni
de confessione auriculari, in qua se prodit simia illa [scil. Erasmus] quam
suis belle depingi.s plumii^. *
' On trouve une nouvelle preuve des sentiments peu bienveillants de
.Marfriicrilc i-uvcrs Érasme, dan<; le silenre absolu qu'elle garda avec lui,
apri's avon- reru de sa part, en 15:25, une lettre de (.ondoléance, au sujet de
la captivité de son frère, le roi François I. Érasme ressentit vivement ce
manque d'égai'ds. (Voyez Erasnii Î4)p.)
^ Le 21 mars 1522, It- Parii-ment de Paris avait contirnie et rendu plus
sévère son édit du i:s juin 1521. relatif à la censure des livres de religiou.
• Cet ouvrage ne parait pas avoir été publié.
" (iërard Hmussél. Voyez la lettre du 2 avril 152J.
1521 l-K l'KVHK iriVr.VI'LKS A (HILL.VLMK FARKL. A BALK. iJI'.l
cjx'.'itolis compeilMiii liabeas. el fueris ipse expertus. Adeô sihi cir-
cuiiispecliis est ciiiu sinccfitate serino. ut niiilns pateal caliimnia-
loiiiiii iiisidiis locus. ifa aiUem ul iiicliil verilalis evangelictL' pra>
lenniltal. Vale. MeUlis. 18 calen. Jun. i:m*.
Inutile Dei veri liymentum, ne dicani Glirisli mancipium
NiCOLAUS SUDORIUS.
( Imcriptio : ) Uomino Guillelniu Farello, fratri christiano.
Basilee.
103
LE FÈVRE d'étaples à Guillaume Farel.
DeMeaux, 6 juillet 1524.
inédite. Auto.LiTaplie. Bibl. Publiciue de Genève. Vol. n" 112.
Sommaire. Les lettres que j'ai reçues de vous et de nos amis de Bâle, ainsi que les
livi'es d'Allemagne que vous m'avez envoyés, entre autres ces Thèses de Breslau où
lespirait des convictions toutes semblables aw-r nôtres, ont été pour moi une source
de consolation. Comment ne pas se réjouir, en effet, quand on voit la pure connais-
.sance de Clirist déjà répandue dans une grande partie de l'Europe ?
J'ai aussi quelques bonnes nouvelles â vous donner. Le Nouveau Testament tra-
duit en français a été accueilli avec un empressement extraordinaire par le simple
périple, auquel dans notre diocèse on le lit les dimanches et jours de fête. Le roi a
écarté les obstacles que quelques personnes voulaient mettre à cette diffusion de la
Parole. Les lettres d'Oicolampade ont produit une si vive impression sur notre
évéque, qu'il a chargé Gérard Roussel de faire une instruction quotidienne au
peuple sur les Épîtres de St. Paul, et qu'il a commis le même soin à nos prédica-
teurs les plus évangéliques , pour les autres portions du Diocèse.
Je regrette que l'auteur d'une certaine satire que vous m'envoyez, ait attaque
personnellement trop de gens ; j'aime mieux la modération de MycoJihis plaidant la
cause des Zuricois. Quant à votre ami Michel £enti7>, notre evéque sera heureux «le
l'accueillir dans un temps plus favorable. Bu Blet me parle aussi dans sa lettre de
votre voyage auprès de Zwingli que je ne puis qu'approuver. Si vous manquez de
ressources, tâchez d'obtenir de quelque marchand des avances que nous lui rem-
bourserons. Bobeit [£stienne] et moi nous avons les mêmes griefs que vous contre
* Le millésiuie est do la niaiu de Farel.
tiU LE FEVUE d'ÉTAI'LES A GLlLIAUMIi FARliL. A BALE. 1 S24
.son associé [Simon de Colines], qui n'imprime plus que des livres de mauvais aloi.
Mais nous espérons des jours meilleurs pour cette ville de Paris encore plongée
dans les ténèbres.
fiiiillelme (râler, gralia et pa.\ Gliristi lecuin!
Oiiaiii ((uisolalionem SpiiiUis^'.i; literis tuis*. OErolanipadii, Pely-
rrmi^. lliKjdMP , et ex Germanicis libn's* concepi dicere haud-
ipiaqnaiii pfKsim , quia plané redolent Cliri.stianismum. 0 bone
Deiis. quanto e.ndto fjawito , cuni percipio hiinc pure nf/noscendi
Chri.stuHi f/r(itia)ii. juin hoiiniii iiarteni pemisissc Eitropœ^.' Et spero
Clirisiuni Itondeiii nmtida iialUm liac benedictione invisui'um.
Vota audiat Chri.stu.s, et cœptis ubique viclor ad.spiretl
Vix ci-edere.s . po.steaquam libri gallici Non' Orgnni^ euiissi
siinl. qiianto^Deus ardoie simplicium mentes, aliquot in locis, mo-
veat ad amplexanduni verbnm suum '. Sed juste conquereris, non
satis latè invulgatos. Nonniilli. autliorilate Senatus interveniente,
l>i(thibcre coiiati sunt«: sed rex generosissJJmus] in hoc CItristo
* Aucune des lettres de Farci à Le Fèvre n'est panenue jusqu'à nous.
* (Jonrad PtUicatiu^. Voyez le N" 62, note 4.
•■* Ulrich Hiigicald. Voyez le 98, note 19.
* C'étaient sans doute les livres dont Le Fèvre accusait déjà réception à
Farej dans sa lettre du 20 avril, mais qu'il n'avait pas encore lus à cette date.
"• Voyez les paroles d'Érasme à la fin du N" 3.3.
" La traihution française du Nouveau Testament publiée par Le Fèvre en
1523. (Voyez les N°" 69 et 79.)
" Greniiblc, Lyon, Alen^on. Bourges, Paris et Mcaux avaient déjà en-
tendu la pn-dication de rÉvaiij:,nk'. Depuis qu'il était mis à la portée des
simples par une traduction on langue vulgaire, son influence devait croître
de jour en jour. Dans le diocèse de Meaux, Briçonnet avait fait distribuer
gratis des exemplaires du Nouveau Testament de Le Fèvre à tous les
pauvres qui en demandaient, et c'est probablement de cette dissémination
de rKcritiirc sainte (jne datent «ces petits commencements de piété » que la
ville de Mcau.x re(;ut de Bri^-onnet et d'où « s'engendra (dit t respin. Ilist.des
Martyrs, livre iv) un ardent désir en plusieurs porsojuics, tant hommes que
femmes, de cognoistre la voyc de salut nouvellement révélé. »
La Sorlinmtr avait du être vivement contrariée par l'Épître exhortatoire
de Le Fèvre du H juin 1.^)23 (N" 69\ Cette même année elle censura la pro-
position suivante: Tous les chrétiens et princii)alement les clercs doivent
être induits à l'étude de l'Écriture sainte, parce que les autres sciences sont
humaines et peu utiles. « lltic imypositio (disait la Faculté de Théologie)
Herundum primarn jtai-tem Laicos qHoscumjue ad i^tudium saa-(C Scripturrr
et ilitlicultalum ejiisdem cssc inducendos^ sicut etClericos, cr crrorc Paupcrum
iMgdunrnsium drducitur. » Le 26 aoiit 1523 elle déclara: qu'il serait très-
pernicieux, vu les circonstances du temps, de laisser répandre parmi le
1524 LR PÈVRR d'ÉTAPLES A (JLILLAUME FAUKL, A BAI,E. 221
patrocinatiis (ulfait . rolcns rrr/mim siiuin lihcrè, ea liiiiriia qna
polei'it, imdiic (ihsqiu' iillo iiiiiicdiiiH'nIo Dci rt'ihum ". Nmic in tutu
(lin'ccsi nostnt '", l'estLs clielnis. el maxime tlie dominica, Icçiilur
poindo et ppistola et cviuuii'liuin. l/'iif/ud rcrnaculâ ** : el si parœcus
ali(iui(l exhorlalionis liabet, ad epistolam aiil evangelium. aiil ad
ulrumque adjicit.
Mirum quant movertmt R.[ereren(luni] D.[ontùmm] nmiiii literœ
OEcolampadU '*. cui lotus muiidus débet, ut qui,,iuxta nomen suum
verè luceat in doiiio. non privala sed Iota Dei ecclesia , omnes
peuple des versions complètes ou partielles de la Bible, et que celles qui
avaient déjà paru devraient être plutôt supprimées que tolérées. (De Saiu-
jore, op. cit. IV, 120-122. D'Argentré, op. cit. II, 7.) Ce fut sans doute en
vertu de cette déclaration que le Parlement fut sollicité d'interdire par un
édit la vente de la traduction française des Évangiles. Les paroles de Le
Fèvre prouvent que si l'édit en question fut promulgué, le roi n'en permit
pas l'exécution. (Voyez la note suivante.)
*• A quelle époque faut-il placer l'intervention de François I en faveur de
la libre prédication de l'Évangile V Probablement au mois de septembre ou
d'octobre 1523. V. l'Épitre exhortatoire du G novembre 1523 (p. 168, n. 11),
oîi Le Fèvre loue la piété du « débonnaire roy très-chrestien. » Cet hom-
mage est reproduit en termes plus expressifs dans la dédicace du commen-
taire de Le Fèvre sur les Épîtres catholiques, datée du mois d'avril 1525:
« Certè silentio non est prjetereundum, Christianissimum rcgem Franciscum...
hoc ipso laudem et gloriam apud posteras promerilurum, quod voluerit ver-
bum Dei in suo amplo regno libéré haberi et Evangelium Cliristi sincère
purèqm ubique annunciari, volens et multù magis a?toruo régi Christo pa-
rère et verbo ejus, quàni ipse, vel à suis subditis, et sibi et verbo suo audiri. »
'° Le diocèse de Meaux, où Le Fèvre remplissait les fonctions de vicaire
spirituel de Briçonnet, qu'il appelle plus loin « Eeverendum Dominum
meum. »
" Il s'agit ici des lectures de l'Évangile en langue vulgaire, récemment
instituées par l'évéque Briçonnet dans le diocèse de Meaux, et auxquelles
la traduction de Le Fèvre lui-même servait sans doute de texte. «Il arriva
pour lors, » dit à ce sujet le secrétaire épiscopal Jean Lermite, « qu'on feit im-
primer, par commandement du Roy, les Évangiles et Épistres de St. Paul
en françois, ce que le sus-dit Prélat (Briçonnet) jugea pouvoir soulager
l'ignorance et V incapacité de^ vicaires, ... leur enjoignant en l'absence des
prédicateurs, de lire à leurs paroissiens l'épistre et l'évangile du jour, affin
qu'ils peussent, par ce moyen, en tant que Dieu leur en donnoit la grâce,
rompre le pain de l'Évangile et eu repaistre le peuple commis à leur gou-
vernement. » Guy Bretonneau, op. cit. p. ICS, à comparer avec Tous-
saints Du Plessis, op. cit. II, 5GG.
'* On ne peut pas savoir s'il s'agit ici d'une letti'c d'Œcolampade adressée
à Briçonnet ou à Le Fèvre.
±?i LK FKVHK UKr.M'I.KS A Cl II.I.AL Ml". FAHKL. A BALK. 1524
pivaiis. niinc peculiaribiis opusciilis . mine trallntionibus novis,
niinc concKjnaniJo ad i)o|jiiUim. nunc in dialriba scliulastica proli-
lendo: et ijuam(|iiain l)ona sunt opéra (jiue ex grieco lalinilali
ddiial •'. inirilicè tanien aniplectiniiir si (ptas tusnper udjuit ndiio-
tiilioiii's . (|uand()(piidein mnyis autlioiibus t'ps/s mfieve Cltristnm
rt'di'iiliii. Dciis illiini. nohis et Ecclesice su;h lucenfem. diii con-
servet !
Dilit/i'ntissinK' iijitar ijuoHnmque lihros iih co oiKimis-ir vofjuos-
tiniii.s. collii/tiiius : cerli iioii nisi oplima in iliis roMlineri. El iil
l'fidiii studio.sè facit li.[ererendm] f).[onimiis] mem. Qui. ut dix!.
It'ctione cpititolœ (Mùolnuijuitlii jtpvnioiiis, coiinimil Ginmlo '*. mine
canonico et thesaui'ario nostra.' ecclesia?. proriuciiini intcrinetmidi
poimlo pi'oniiscui sexiis. quolidic una lioia niant', cfiislolus Pnuh
lini/iid reniacuM œditns, non concionando. srd pcr iiiodinn lerturtf
inlcipretnndo '*. Quod el ordinavit faciendiim per insigniora suii-
diœceseos loca. niinsis ad hoc t|uos liahei'e poliiinins iJHiioiibiLs
li'ctnrilms . Joainir Gadonc*^. Nicolao Mwijino. Micohio n Soro
(J(i!ilr()*\ (.'l Joftnnc Mcsnillio . qui conics fuit Micltuidi. diicatiis
Alenconiensis apostolo '". In queni . Iii> diebus . magna turba
conspiravit sacerdotuni. ut oum è vita lollerent. Cbiislus illi ad-
l'uil, et contrivit la(jueuni illi ijitenlalnni. (jneui et dédit adversa-
riis suis et sancti vcrbi Mii in pedicani. Seil longuni niniis nai-
lalii negotiuni.
Ail t'iiistoliiiii luitiii redibo. Accepi et Ejtistnhts «M l^sulttrium '"
''• Œcolanipado avait publié en 1520 une trailuctioii latino dos commen-
taires de Tlit'Opliylaclc sur les Évangiles, cf. on 1523, LX VI Ildniôlies do
Clirysostome sur laOonôso. (l'anxer. Aunalos typograidiici, VI, 2:i4 ot 240.)
V. dans le N» suivant, n. !). une liste de quelques ouvrages d'tKcolampado.
'* Gérard Roussel.
'■* ("amli faisait déjà à Paris des instructions pareillo.s. V. la note 57.
"' Le nom de Jrau Gadun ne se retrouve pas dans les lettres do cotte époque .
'• Nicolm Mcwgin, curé de St.-Sainctin à Meaux, aj)partonait à une fo-
mille qui eut trois de ses membres condamnés en 1546 pour « crime d'hé-
résie. » (Crcspin, loc. cit.) Quant à Nicolas de Ncufcha.stcou. nous ne pos-
sédons aucun ronsoignemont sur sa personne.
'" Michel dWiawk. \. la lettre do Farel du 2 avril 1524.
'" Le Psautier de Poineranm parut sous le titre suivant: * Joaunis Po-
merani Ihigonliagii in liltrum l'salnionini interprefntio, 'Wittcmlicrga; publiée
lecUi. lîasiloa-, anno M.1)..\.\IIII. > fApudAdamum IVtri, menso Martio\
in-4" (le 7G2 pp., non compris les pièces liminaires. La dédicace à rÉlectonr
Frédéric est «latéo du 29 décemltro 1524 (1523, uouv. style). Ce livre fui
réimprimé ù Hftle, on août 1524, par le même édiU'ur. — Félix Raytborus,
1524 LK PKVRE d'kTAI'LRS A (JUIM-AUMI-: FAKEL. A MWAl. 22.'{
Pomcnini, iloniim pruledo mygnificum Ifuf/nldi-°. fralris cliaris-
simi. Tu illi vice mea i^ralias lialiebis i(uam[)luriinas. Si citiiis ve-
iiisset in maiius meas , no» ciirasseni enjiiti ex oflicina P.snllc-
rinm^* cum brevibiis argiinienlis el quadani aiixesi ex Hel)i-ii'() el
CliaitUeo; sed iam primarius prœses-^ hahehal ad nianus, noniini
suo de(licalnni,quo favorem curia' emercareraur, ad quicquam, si
opus esset, excndendnm. Nain scis ordinalioneni Senalus. oiiini-
l)iis libris, lum excudendis, tum precio exponendis, pra-benleni
inipedimenliuii. nisi instituli (piidani censores (et iidem, si non
eliani indocli, certè maie adfecti) adprobaverint -\
Accepi etiani illam acrem mb.mnnatioiiem-*, qucB,siin maniis
nuiKoruni venerit, \ebemenler molura est bilem, et nobis eliam
inconsciis conflatura invidiain, quasi quippiani taie promoverinius.
Utinani scn'ptor eomœdiœ " pepercisset aliquoruni noniinibus.
ipiorum malleni resipiscentiam quàm nomini eoruui inuri noiam !
Sed id Dei munus est. Mq(\q^\'va Osvaldi Myconii \^vo Tt/f/un'nis-'^
adniodum milii placuit: sed fur quispiani luinc tbesaurum nobis
invidil, qui et Muconium et Epistolas Cocti tui-\ generosi equitis.
nobis abstulil. Audivi equitem ilhiui . bona nota CbrislianuuL in
Curia -** fuisse ; sed ad nos non divertit.
natif de St.-Cnall, écrivait île Wittemberg, le 8 avril 1524: « ScMia Pome-
rani in 10 Epistolns PauU, quas prœlegit, Nurenbergae sunt excusa inscio
autore. » (Collection Siralcr.)
-" Voyez la note 3.
'^' Le Fèvre parle ici de sa traduction française du Psautier, qui parut le
17 février 1525 chez Simon de Colines, iu-8".
■•'- Jean de Selve, premier président du pai-lement de Paris.
''"' Voyez le N» 102, note 5.
-* Il est probable que Le Fèvre fait allusion à un ouvrage composé par Farel
pendaut sou séjour à Bàlc. Une lettre d'Érasme à Mélanchthon du 6 sep-
tembre 1524 nous donne quelques détails sur ce livre introuvable: «Idem
{Farcllus} œdidit libellum de Pamiensibus et l'ontificc... Quantum iUic in-
ficetiarum... quàm midti mminathn traducti ! Et tamen ipse solus non
apponit nomen suum ! » — Nous reviendrons sur ce sujet, à propos de la
lettre de Coct à Farol du 2 septembre 1524.
-■'■ Farel lui-même.
■-" Il veut parler du livre de Osyivald Geisshfitissler ( en latin JLjco)iiii.'^) in-
titulé : « Mycouius Lucernanus ad sacerdotes Hclvetiœ qui Tigurinis maie
loquuntur suasoria, ut maie loqui desinant. » Cet ouvrage, imjjrimé chez
Froschower à Zurich, est dédié au Sénat de cette ville et daté du 22 janvier
1524.
*' Ce sont les trois Épitres publiées par Anémond d<^f'ort (V. le X" 86).
*** Le Parlement de Paris.
±)'i I.K FÈVRK d'ÉTAPLES A GUILLALMK FARÉL. A BALE. 1524
Viili Othoiiem -^ coimpressum Hiiteno '^° : placet niilii magis.
et magis Cluislianè agit ac pure quàm in Prohlematls '". Librum
De Coiifessione Eramni'* \um vidi : inlellexi taiilùiu ubtiilisse illiim
i„ii!/no eleemosynario n'(fio"\ gemina lingua . laliiia videlicel et
gallica. concinnatum. De instituemlis mmùtn'f; ecclesiœ'^* et For-
liinla Musse^'' ad nos pervenit; sed desideratur Pnstor evangeli-
cm'^'^, qui apud vos fertur excusus.
Mentioiiem feci tni Michnelis Bentiiii'''' R.[everendo] D.[onnno]
" Otlmi Brunfeh, ancien chartreux, natif de Mayence. Il se brouilla
avec Érasme à l'occasion d'Ulrich de Hutten. Voyez la note 30.
"•^ U7nc/t de Hutten, le célèbre pamphlétaire. Le Fèvre fait allusion à
l'écrit intitulé: « UlricU ah Hutten cum Erasmo Roterodamo, presbytero,
tlieologo. Kxpostulatio a priore depravationc vindicata jam. Otlujnis Brun-
fehii pro Ulricho lluttono vita defuucto, ad Erasmi Roterod. Spongiam
Respousio, ab autore recognita. » Petit in-8», sans lieu, ni date. (Publié à
Strasbourg, en mars 1524, chez Jean Scot.)
'' Voyez le titre de cet ouvrage dans leN^QS, note 12.
''* Livre (^Érasme dont le vrai titre est celui-ci : « Exomologesis, sivo
modus coufitendi. > Le fragment suivant d'une lettre de Farel (adressée à
Le Fèvre? ou à Roussel? en 1524), est relatif à cet ouvrage: « Erasmus
iîle vers-ipellis, Evangelii pestilenttësmîis hostis, pro quo piis orandum pre-
cibus, ut resipiscat, aut ipsum prorsus infatuet [Dominus], quod jam vel
ceci vident in insulsissimo et omnibus merdis concacando Confessiotivs U-
hello. » (Kapp, Nachlese, p. 604.)
î'' Franroi'< du Moulin, seigneur de Rochefort, grand aumônier du roi
François I, dont il avait dirigé l'éducation. Érasme lui dédia son livre sur
la Confession auriculaire, par une lettre datée de Bâie, le 25 févTier 1524.
C'est le même personnage qui est mentionné dans le N" 23, n. 2.
^ D existe sous ce titre un ouvrage de Luilier, adressé au Sénat de
Prague, et publié à Wittemberg en 1523, in-4°.
'■• C'est le livre de Luther intitulé: «Formula Missa^ et Communionis
pro Kcclesia Vuittembergcnsi. Wittemberga^, M. D. XXIII. » iu-4". Cet
ouvrage et le précédent furent réimprimés (la même année?) et réunis en
un seul volume in-8", qui est évidemment celui dont parle Le Fèvre en
rapportant à ces deux ouvrages le mot pervenit. (Voyez Panzcr. Annales
typogi-aphici. Norimbergte, 1793-1803, 11 vol. in-4», t. IX, p. 84.)
^'' Ouvrage de 'Awingli qui a pour titre: « Pastor. quo docetur quibus
nolis veri pastorcs à falsis discerni possint, et quid de utrisquc sit sen-
tiendtnn. Tiguri, 1.".24. »
^' MicM Leutiti, originaire de Flandre, avait la réputation d'être un
excellent critique, « vir emunctissinue iiaris, ac in restituendis veterum mo-
rninieutis .sagacisbimus. * C'est le témoignage que lui rendait un imprimeur
balois. (Varonis de lingua latiua libri III. Basile*, apud B. Westhemerum,
153(5.) Bentin avait peut-être connu Farel à l'université de Paris; nous l'in-
férons du moins de la reccimmandation que celui-ci lui avait donnée auprès
1521 i,i: FKVHK niiiAi'i.Ks a laii.i.uMi: kakki,. \ hwa:. ^2ii
ineo. Nollet pro lempore illiini accersiri. ciim iialione sil Fliui-
ilnis''". ne q nid illi ;Kci(leivl incoiNinodi. aiil lorlasse sua causa
nobis ipsis ''9. [7/// auleiii tcnipus iirriuUtct . i/oiidcrel*". l't non
omiies gnuileremus ipsius ronsuctiiilwe (mi : al uuiic apud vos *'
tutius de^il. Lileras Houoraiidi Patris Pelf/rani*^ ad P. Amicum,
ea qua poliii diligenlia. curavi ut redderenlui-. Inlellexi euni non
amplius apud 3Iinoritas agere, sed indutinri cucullo nigro. in qiio-
dam cœnobio *" magni eleemosjinan'i degere, nescio qua.' ibi è giaeco
lalina faciens ". Vir est nobili et Chiistiano ingenio*'. Oidureni il-
Inm ea libertate qua nos, quand o quidmi nos liherarit CInistas.
passe in suis studiis versari.
Noiissimas liieras tuas accepi. iiàc transeunte Conranio*", et
de Le Fèvre. En mars 1524 il habitait encore la Flandre. Quelques mois
plus tard, il était fixé à Bâle,où il se maria. (Voyez P^rasniïEpp. Le Clerc,
p. 795, 804, 851, la lettre de Bentin à Œcolampade du 8 octobre (1524)
et celle de Ooctà Farel du 2 septembre, même année.)
^'^ Un édit récent de François I ordonnait à tous les étrangers, de quel-
que condition qu'ils fussent, de quitter Paris et la France dans le terme de
dix jours. (Bulaeus, YI, auno 1524.)
^^ En venant à Meaux, Bentin, qui était sujet de l'Empereur, pouvait
s'attirer des désagréments ou en donner à l'Évêque lui-même. Un passage
des lettres d'Érasme servira du reste à indiquer le rôle que Bentin se pro-
posait de remplir en France: « Bentinuti . .. expectat [Basilca'J ui aliqm vo-
cetur in opimJa Gallorwu .... ad jjyccdicandiim Ecangeliinn hoc novum....
Reviset suos in Quadragesima, ut confirmet suos in fide. » (Lettre du 11 fé-
vrier 1525 à Jean de Hundt, chanoine de Courtray. Le Clerc,p.851 et 852.)
■*" On remarquera que Briçonnet se réjouissait à la pensée de recueillir
dans sa ville épiscopale un savant recommandé par Farel.
** C'est-ii-dii-e à Bâle.
■** A la date de cette lettre Pellican était encore gai-dieu des Franciscains
de Bâle.
*^ Cette abbaye, où vivait Pierre Amy, l'ex-Franciscain, était probablement
l'abbaye des Bénédictins de St.-Mesmin, près d'Orléans, qui avait alors
pour abbé François de Rochefort. Voyez la note 33.
** On trouve dans les Lettres de Guillaume Budé (Paris, 152G, in-4'')
deux lettres de ce savant helléniste adressées à un Fetrus Amicus, qui
parait être celui dont parle Le Fèvre. Érasme, au contraire, croyait recon-
naître dans ce correspondant de Budé un jeune honnne qui avait été pré-
cepteur à Louvain, et que le baron polonais J. a Lasco avait amené avec
lui à Bâle, au commencement de l'année 1524. (Erasmi Epp. éd. cit. p. 603
et 1369.)
*^ Antoine Papillon disait également de lui: «vir egregiè doctus et chri-
stianus. » V. la letu-e du 7 octobre 1524.
*•* Conrad liesch. Voyez le N° 20. note 7.
T. 1. 15
226 I.K FKVRE d'ÉTAPLES A GUILLAUME FAREL, A BALE. 1 524
ronclusiones illns qiias. in peregrinatione non mihi improbanda.
(ica'jiiati a])ii(/ Zi/nf/lium*'. è Vratisldiia ad ipsum perlalas**: et
III nu III rstqitàiii ronaonosijirita de rerbo DeL de suiuiuo Clinsti aacer-
dotio. de iiiatriiitonio oiiinia dicantui*^\ Regnel ubiqiie Cliristus.
oblineal ubiiiue verhiun ejus! Accepi insuper literas à Bleto^°.
pliiriiniiin consolalorias, de illa vestra peregrinatione. Munuscula
(jua-dam lilerar'ia. opei'â. Iiaud duhilo. ()Eroliiiuimdii emissa, cùiii
latina liiiii liebraïca. nonduni accepi, accepturus propediem ciiiii
JijiiHiii.s hirvi^\ bibliopolai, é Lugduno recepti fuei'int libri.
Charissinie, uniuii est cujus le adnioniluiii volo. Ciim ad nos.
me videlicel et Ginudum, mittis libros, scribe precia. ut possinnis
dar'e vectori aut cui voles. Insuper sci'ibe noliis. quihm rébus iii-
di(jes ni iilieno solo, quamris andco et Clnistiuno. ut possimus libi
de penuria noslra subvenire, et per tpios. Malen! aliquando luer-
catores non niliil hic pecuniaruni posserecipere, ipiàiii illassecuni
per viaui déferre. Si te juverint, visis literis tuis. ipiidquid poteri-
nius. noslra tua sunl. Id de me lilii poHireor. vitjjm pra-stanle
Domino.
De o/pciiKt iiostra '* Juste conquereris, et ego conqueror. et
Hobertus" fraler, ad (|uem dedisli. ut ad me scribit. [itéras. Sed
*■ Consultez sur ce voyage de Farel à Zurich les notes des deux lettres
d'Œk'olampade du 14 et du 15 mai 1524.
*" Zwiugli fait mention de l'auteur de ces Thèses de Breslau dans sa lettre
du 10 mai LOGl, adressée à Vadian : « Scril)it ad nos quidam Jo. Hessus,
thoologus Viatialaviensis, homo tersus sanè et alacer, cxigitque à nobis
literas. » (Ziiinglii 0pp. VII, 342.) Les thèses en question sont datées de
Breslau, le 20 avril 1524.
** ('ette adhision de Le Fcvre à la doctrine de Jean Hess nous parait
tellement explicite, que nous croyons devoir reproduire en entier les thèses
du docteur de Breslau comme étant l'expression des convictions de Le
Fèvre lui-même. On les trouvera à la suite du présent N".
■■■" Cette lettre d'Antoine du Blet était sjuis doute datée de Lyon. (Voyez
les lettres du 7 octobre et du 28 décembre 1524.)
•'•' Jean rctit, libraire de Paris, parent de Guillaume Petit, confesseur
du roi. (V. la lettre de Budé à Érasme, ô février 1517. Le Clerc, p. 168.)
** Il veut parler de l'imprimerie qu'exploitait à Paris Simon de Colines,
lequel possédait en outre un établissement à Meaux. (Voyez le N» 49,
note tinal(>.)
■" Hubert, le second des; (ils du célèbre imj)rimeur Jlenri Estiame I. Il
était né à Paris en 1503. Ses relations avec Farel et le témoignage que Le
Fèvre rend plus bas à su piété donnent lieu de croire qu'il avait déjà em-
briissé les doctrines évangéliques. U se distingua de bonne heure par une
1524 LK FÈVRE d'ÉTAPLES A GUILLAUME FARKL. A BALE. 227
romjxiter ille donius " (jiieni scis, omiiia everlit, et mine sic occupai
(loniiiiii. ut iiiliil iiisi sordiduin eiiiilli possil. Hohciiu.s. credo, ad
lescribet. ijui aiiimo est Gliristianissimo. Sed (hibit nliqunmJo ïh-us.
ut pidiim imsiinus cenieir lumen. Nun<\ iiunc nilUL nini tenehrœ.
salteni |)ra'tei' paucos. uputl illuni. olim daro noniine. Luteliaui '^!
Curolus^'' illic salis pure cnuuji'lizdt. eliaui l'Ilic Iccluru.^ iioiiulo. ul
in diœcesi Meldensi. rulyarcs Paulùias epistolas'^''. Utinaui verlium
Dei vulgarium pectus subiniret! Satis id esseU ut de reliquo bene
speraudum esset. Faciet Christus opus, et non bomo.
Cbarissime frater, per Jesum Cbristum le oro, esto epislola raea
ad luilii omnium in Cbrislo cbariss[im]os fratres, amicos, D""' (Mco-
lainixtdium. Pelicunum. Hurjuldum. Scripsissem ad eos, sed nescio
an tempus. an œtas, me prorsus reddit ad scribendum invaUdum.
Lilera; lia; ad te testes sunt, quœ nullo ordine currunl. Itaque me*
illis fuissent, alioqui melioribus studiis occupatis, lediosae. Scribam
lameu. id annuente Cbrislo. cum vires paulo fuerint vegetiores.
C/irktus Jésus, ritii nostra. sit omnium vestrum salus u?terna !
Meldis. vj JulHi lo24 ^^
Frater tuus ex animo .1. Faber.
édition in-16o du Nouveau Testament latin, publiée en 1523 chez Simon de
Colines, sou beau-père, et dont la révision, ainsi que l'exacte correction, lui
est entièrement due. Vers 1524 il était occupé à recueillir dans plusieurs
anciennes bibliothèques de Paris les matériaux d'une nouvelle et meilleure
édition de la Bible latine. Deux ans plus tard il fonda, pour son propre
compte, l'imprimerie qui a rendu son nom célèbre. (Voyez Reuouard. Anna-
les de l'imprimerie des Estienne. Paris, 1843, in-S", p. 283.)
■^* Simon de Colines ou CoUnet. Il avait épousé en 1521 la veuve de Henri
Estienne, auquel il succéda comme chef de l'imprimerie. « Il est probable
(dit Renouard, op. cit. 279) qu'à la mort de Henri, Simon de Colines étoit
son associé, et ainsi se trouvoit copropriétaire de l'établissement. »
■" Voyez la lettre de Canaye du 13 juillet suivant.
3u Pierre Caroli, natif de Rosay en Brie, docteur de Sorbonne. (Voyez
le N» 81, note 3.)
•''■' Le fait est énoncé plus exactement dans cette phrase de la lettre sui-
vante : « CaroUu< ... populo Paulum intcrpretatur. » C'était dès lo fin de mars,
que Pierre Caroli avait conmiencé à lire, dans l'éghse de St. -Paul à Paris,
l'Épitre aux Romains traduite en langue vulgaire. Les hommes et les femmes
qui assistaient à ces exercices religieux d'un nouveau genre apportaient
avec eux leur Nouveau Testament français. (Voyez le N° suivant, à la fin.
et dans la lettre du 5 octobre 1524 la note relative à Caroli.)
*** Le millésime est de la main de Farel.
228 LK FFVRE d'ÉTAPI.RS A GUILLAUME FAREL. A BALE. \^2i
(P. S.) Ne lamen obliviscatur Uolnrlm ad te dare alir|ukl litera-
riim. milto ciirii meis diipliim t^aruin qiias ad me misil ". ut iii-
lellii-Ms (|iiid iiuiic moliaiiUii- in officina. V.ile lursiis in Xci^rM
Domino.
(A la suite de cette lettre se trouve sur la dernière page l'apostille suivante :;
G. Farello. A. Coctus.
Despiiis (jue je vous ay escripl '^°. Conrad ^' m'a dict que Maifirel "*
a laissé son lialiil.el (jifil Va veu, à A//7^, ahillô l'omme unggenlil-
liomme avec son frèir "'. Dominus lecum.
(lusnijitin:) riiiillelino F;iivllo aiiialoii ^,ll|•i•^li. lialri cliarissiiuo.
Basilea.'
Basilee.
(Sur Padressf on lil cette note autograjtlie de Farehj Jurobl
Failli StdiHiU'ihsi.'i cjnsfola. >
THÈSES m: JEAN HESS APPROUVÉES PAR LE FÉVRE*.
Kapp. Xaciilese. Tlieil II. «iOlJ.
I). .lolianiies He.ssus. Christian;e Tlieologia^ Professor. Caiioniciis
et ParocInis Vratislaviensis. de suhjectis A\iomatis. pro veritate in-
ipiirenda el timidis ronscientiis consolandis. disseret. M. I). XXIIII.
" Vidi pni'varicantes et taliesceham. ipiia Ehxpiia tua non <'nslo-
(lieiiMil. Psd. 118.
Dr Vrrho Ih'i.
I. Il \cii»o Del omnia creala sunl. per ipsum(|ue portantur et
^'* Cette copie de la Icttix' de Robert Estienne à Le Vi'\re n'a pas et»'
conscrvrc.
"" Lettre perdue. Le présent billet autographe est la première pièce de
la correspondance du chevalier Coct.
"' Hesch, le libraire.
"* Aimé Maiffrct. (Voyez la lettre de Farel du 2 avril, note 9, et celle
du Hl juillet.) Il reprit bientôt ses prédications à Lyon. (Voyez la lettre de
Cort du 17 décembre 1524.)
"'• Nous ignorons si ce frère du jacobite de Lyon est Laurent Maigret,
dit /<• Maiftiifitiue, valet de cbanibre du roi on 1520, Lambert Maif/ret. .xm-
bassadcur eu Sui>.se, ou un troisième Maigret, frère de ce»; deux ])orsuiinafres
et conseiller au Parlement de Paris.
• VojM plus liant les not<;M LS et l!>. Luther écrivait à Spalatin, le 11 mai 1524 :
• Vrati4lavia; di8|iiitAtiu Joanni» Hesti proceRsit féliciter, frustra resistentibus tut
lexalifi Kegum et teojinis Epiacopi. • (l'Otl'ers Briefe. De Wette, II, 511.)
1524 IHKSKS MK JEAN HKSS AI'l'HOl'VKKs l'\U I.K FKVIU:. !2^i^
reiiuiilui-. coiiliiieiiliir. {•()iilt*iii|ter;inliii-. consistiiiil cl (ommiIiii'. il;i
verbo Dei oiiiiiia oliedire. adliererts subjkitiii»' el illiiis in se t'fli-
caciam operanlem pâli Jure tleheiit.
2. Quia iinicè et solum per vcrbiiii» Dei conscienlia' luuiiimim
pavida' nutriiiiiliir. pasninliir. coiisolantur. aniiiianliii-. oriirmilnr.
vivilicaiitiir. uiiice otiaiii el solmii Dei vei'hiiiii predicai'i ebuccina-
ri(pie, ac per illiul omnis linnio adnioiieri el doceri débet.
3. Quia verbuui Dei lUuiKhiiii est et exaniinaluni ac purualtini
nimis, nuUis boiiiinum decretis aul liadilionibus, aut elemenloitnii
inundi statutis. debel impurari.
4. Quia lucerna peduiii lunienque semilarum. el gressuuni est
directio, ideo cum illius lucerna accensa sit. subler uiodiuiii poni
non débet, neque a quoquam illius lumen obfuscari aut extingtii.
sed ut super candelabruni ponatur. lucealque omnibus (pii in domo
sunt, cooperari e( adjuvare omnes tenenlui-.
5. Quia cursor et nuncius est volunlalis et gi-ati.e Dei ac salulis
impioi'um velociter cui-rens. ideo illius cui'sus a nemine debel aul
turbari aut impediri: sed lolis viiibus illi adesse. illius cursum pro-
movere. el. ne vacuuni revertatur ad Dominum, sed ut prospere-
lur in bis ad ijuai missiim est, studere et conari debent omnes.
6. Islud imprimis excellentes potestates et principes, (jui Dei
Ministri sunt, subdilis in bonum prestare tenentur, id est, curso-
rem Domini sui, verbum. inquam. Dei in cursu adjuvare, non au-
lem à cursu relrabere, seumoras illi neclere. Sidiversum faciunl.
Deo el Domino suo resistunl, infidèles servi sunt, et damnalionem
sibi asciscunt.
7. Etiam, cum ad omnes nuntius ille millalui-, atque ad omnes
communiler illins nuntium perlineal, omnes de verbo et nnniio
salulis loijui. audire. dissei'ere, commentari. et absque ullo cai.jus-
piam impedimento publice et privatim traclare libère possunl.
8. Insuper, cum pabulum sit et nuti'imentum couunune. ipio
omnes indigent esurientium el .sitienlium slomacbi. id esl con-
scienlia'et corda, illosunt replendi.ab omnibus esl manducandum.
ruminandum, conlerendum, at(]ue abs(}ue cujusvis probibitione in
corda et conscientias trajiciendum, el, ul innascalur ac coalescal.
ingereudum.
De sunnno Christi sacenlotio.
1. Cbristus a Deo Paire per sermonem .iuri.s(urandi sacerdos
secundum ordinem Melcbisedecb. in a^ernum conslilulus. una pro
peccalis oblata viclima, domui Dei pra'leclus, perpeluo sedel ad
i.'K) IUKSKS l)K JKA.N HESS API'KOUVÉES P\U I.K FÈVRIi. 1524
ilexlei'aiii Dei. ac inaïu't sacerdos iii ielernuiii consiimmatus, iini-
cus cl solus, perpeliiiinu|ue liabet sacerdotiiiiii.
i. Praîterea salvos facere ad i)leiiimi potest. <|ui per ipsum
adeiinl Deiim. seiiiper vivens ad lioc. ni inlerpcllel |)ro illis.
:}. In dielius vero carnis sua', ([uando trailidil et oMidil se-
ipsuiii pro nobis oblalionem ac victimaiii Deo in odorem bona? fra-
grantise, idem sacerdos ac Nictima fuit, pontifex iiiafrnus et agniis
iininacidatiis. tollens peccata mundi.
'i. At([ue iinica bac (tblatiorie siiiipsius et sola bac immolatione
proprii corporis semel peracta.. ailernam ledemplioneiii invenil.
ii. Qiiin etiam eadein nnica oblatione peccatum prodiiravit. et
perfectos elVecit in perpetuum eus qui sanctificantnr. netpu' esl ulla
alia bostia |)ro peccalis iiniversi generis bumani.
(). Sicul auteni semel peccalo mortuus esl, et semel pro peccatis
passus fuit, Justus pro injuslis. iil nos adibicerel Deo. ila semel
tjunlaxat oblalus esl, semel etiam omne sacrificium peractum esl.
ne(jue postea unijuam oblalus aul saciillcalus fuit, neijue olïerri
aul sacrilicari, seu bostia lieri; sicuf nec moii nec pati unquam in
ieternum poteril.
7. Idcirco Missa el illiiis [leraclio sacrilicium esse non potesl (alio-
qui oporluissel Gbristum sa-pius passum fuisse a condito nmndo.
ileuKpie occisum et maclatum), sed illius dunlaxal semel peracli
sachlicii ac leslamenli per sacerdoleni r\ bosiiain facli comme-
moralio.
S. 1(1 .|ii(>d r.liiisii ipsius et Pauli \erba indicanl. consonatque
(Ibrysoslonius.
U. lu ea auh'ui (•(iiMiiicinuralidUc non uUis ceremoniis aul ves-
liuma|iparalibMs. au! aliis cxlornis l'itibus. sed lid»' vora n[ius esl:
in e;i. cniiu sola teslamenti el saciilicii participes etlicimur.
Dr Miili /niuiiio.
I. .M;ili'iiu(iiiiiHii. ipiod à Domino Deo. m (qieiv crealioiiis om-
niiun rcniin. esl inslilutuni. in ipio Paires. Palriarcba; el ProplieUe
\ ivcnles Deo com|ilacueriint. qnod (Ibrislus evangelico nuncio com-
probavil. pra-senliaipie sua illuslravil. .\posloli el Martyres aiuplexi
->unl. alipie lola Scri|)lura di\ina<'ullaiulal. adinillil liciluu). liberiim
'•! |iidili(iini facil. Ii(-ilnni adbnc cliani. liberum ac [inblicum
esse, el ab eo nulbim bouiinum genus arceri. uiagis auleui <Munes
aduiilli dcbiierunl t'I debent.
-. 'Jiii lonlrarinni faciunl. etjtrobibenl. Ilcnni palrem. à (|U0
1524 (iKHARI) HOrSSKI- A GCILI-AL'MF. FAHK1.. \ BAl.I.. 231
omnis parenlela noininatur in celo et terra, conlemnunl, verbo suo
non obeditiiil: i(leo(|ue (ilii ejus esse luni iiolucninl. noijiie iin-
qiiani luereditalis celeslis fiiturisiintconsorles.
'.\. Oui contrariiun docent. doctrinal» doceni iiiiam didicenuit
attendenles spiritibus impostoribiis ac doctrinis denionionun per
siniulationem falsa loqueiitium et cauterio noialam liabentium
conscientiain.
4. Ad inalriinoniuni onmihiis aniplectendiiiu omuiijusijue |iennil-
lendum quainvisinniiineracoiiortentur invitamenta. tamen et illud
non poslremiim est, (piôd Mysterii illiiis magni quod est in Cbristo
et Ecclesia signilicationem,repra'sentationem et jugem admonitio-
nem continet et proponit.
«Pax milita diligentibiis legeni tuam, et non est illis scandaluni.'
Psal. I, etc.
Vratislavice, die xx mensis Aprilis. M.D.XXIIII.
104
GÉRARD ROUSSEL à Guillaume Farel.
DeMeaux, 6 juillet 1524.
Autographe. Bibl. Publ. de Genève. Vol. n" 111a. G. Schmidt,
op. cit. 171.
Sommaire. Vous avez prévenu par votre lettre les plaintes que je me préparais à vous
adresser au sujet de votre silence, et que j'avais déjà faites à vos amis de Paris.
Le Fèvre a bien reçu les ouvrages de Lonicerus et de Zioingli. Plût à Dieu que la
France possédât beaucoup d'bommes pareils à ces deux-là! Le vrai ctdte de Christ,
obscurci par les traditions de Rome, serait alors ramené à la simplicité évangéliqup.
Aujourd'hui, comme au temps des Apôtres, cette œuvre de l'éuovation doit s'accom-
plir par les simples et par quelques hommes pieux que Dieu s'est réservés au milieu
des savants. Œcolampode est de ce nombre ; combien mon àme serait fortifiée par
des relations personnelles avec ce pasteur intrépide !
Une foi puissante pourrait seule me rendi'e capable de publier, comme vous me
conseillez de le faire, des thèses contraires à la doctrine des théologiens de Paris.
La rétractation de Mazurier et de CaroH et le décret d'arrestation lancé contre des
évangélistes montrent combien il est difficile de braver les censures de la Sorbonne
et les arrêts du Parlement. Jusqu'ici je ne connais personne, parmi nous, qui ait eu
assez de courage pour attaquer de front les inventions des hommes. La parole divine
^;{^ (iKIlAKI) KOLSSKI. A (il II.LAl MK KAUKI.. A BALK. I 52^4
d est vTSii, est purement préchée dans quelques Uenx., mais nous n'avo7is pas la cous-
fn-ice qui fait mépriser la rnort.
J'approuve en général vos idées sur V élection des pasteurs et je voudrais les voir
admises partout. Dans votre seconde lettre, qui m'apprend votre voyage à Zurich et
vos entretiens pieux avec Zwingli, vous m'exhortez de nouveau à soutenir une dis-
pufe publique. Je demanderai à Dieu de m'en accorder la force. Dites-moi, en atten-
dant, de quelle manière ces discussions se passent enSidsse. Les notables de Meaux,
qui vous font assurer de leur amitié, désirent comme vous qu'on répande dans le
peuple des <raî<é« religieux en langue vulgaire. Il nous faudrait pour cela un impri-
meur à nous et des caractères que vous enverriez de Bdie. Mon temps est entièrement
rempli par les prédications et les instructions que j'adresse à toutes les classes do la
population de Meaux. Clichtow, qui était jadis des nôtres, soutient aujourd'hui h-
pharisaisme et va publier des livres contre Luther. Puissions-nous voir grandir l'a-
mitié qui nous unissait déjà avant la manifestation de l'Évangile !
(îiranliis Ruil'us duilleliiK» K;iiello linliaiii et paceiii iii Clirislo!
flnm miper me jP(fm/My».i'ecepissem',(|uei'ebarai»u{i ainicosifiios
islic habes precipuos. i|uô(l niliil scripsisses, aine licel provoraliis
per literas. Iianapie iiieaiii querinioniani deceineliain libi per li-
teras indicare. Sed anleverlisti (|uereiidi Idcuiii luis pi-o\iniis lile-
ris *. ipiibiis. siib ipsiiiii exordiiiiii. .sci'ibis noscere le (|uid cause
iiileiresseril ut ne taiiliUiiui i|uidein lileraruui .scripserini. ac. cinii
iulei'iiu noslruni silenliuiu per ()ccupali()nes(|ui.e me iiitegriiui ha-
beanl, exciisai'e perdras, non desinis tameu a me expostiilare crebras
lil('i;i.s. ipidd me facturum lubens ipse recipio. (|ui nUiil taiii opiem
ipiàm ulrosipie rescire ([Uie aganlur uliimpie.
Va iiI ad luas lilei'as l'espondeam primùm. ii-ceiiil Fnbev. |)ius
jiixta ac dorliis \ir. iiilcrheslii Leoniceni [1. Loniceri] ' . ac de
ntnonc inimn' \\W\h\\\\ Zniii/l/i*. \ir()iiiiii (piideiii de cbii^tianis
lileiis lieue meiiloniiii. i|ii(>iiiui lectione ikpu [lai'um delecla-
liis siiiii '• \hpie iiliii.iiii alii|ii()l illis siiuiles bal)eret GdHiii per
ipios disceret CIn'islinii puiè. iil|>(ile rejectis bominum tVigi(bs
cimimentis. el solo iii.ni miio fulri. c(dere ! Nam dici non |i()lcsl
ipiàm cii|iiaui nosti-os ab evangelica simpUcilale iiiis(|uaMi e\-
ciik'ie.ad (Jliiisti simiilkriti irtiidnni >iu)> loi'iuare mures, id ipiod
audio a|iiid vos lieri. sed reclamaulibus iuterea bujus muiitU sa-
' La lettre suivante mentioiiiio ce voyage de Roussel à Paris.
' Nous n'avons trouve- nulle part aucune lettre de Farci adressée à Roussel.
"' Voyez la lettre de Le l'èvre du 20 avril. lude 1.
' Voyez la lettre du 20 avril, note 14.
■^ C'est une nouvelle preuve de la faveur avec laquelle les disciples de Le
Kèvre accueillaient les ouvrages des réformateurs allemands.
I
1524 (iKIUUIi UdlSSKI, A CUILLAIIMK l''\in;i.. \ HM.K. 233
pientitxis'^ . (Ieni(|iie iis per ipios non oporiiiii negociiini Clirislia-
iiiiiii pi()iii(t\tMi. lie ([uid luinianis presidiis el non iiile^ra rei
siiniiiia (liviiur \iilnli ascriberetin-. Infantes sini fl laclenles, va-
saijne (irlilia ac penitus abjecti. oportet. per (jiios divhm laifs Dei-
//ne i)nrt(.s rulfiis.dinlam demonii iiipn'flf'dNi"' traditionihm ohscurn-
fus. novelurac proficiatur: iil ([(lod Inm ipKvpu^ liiil. cuni ccpil tvs
aiii per Chrisliim et suos apostolos.
Sic ina.i^is confunduntnr mundi principes acsapienles. cuni [tn»-
s|tjciiinl illileralos ac idiotas despectiss[imos] ad isiiid perfeclionis
cnlinen. se neglectis. evebi, ad suani et alioruni pi-e(ici instnic-
lioïKMii per spiiituni quos a se inslituendos mii'o diicnnt supercilio.
Istiid niiiil nie maie habet (|uod scribis. « simptices et idtotas cliri-
stidtie rei mvande (nitesiguano.s esse, infatuari ac desipere prorsùs
quos homiiifis liactemis pro docUssimis habuere: » quod sit paîenli
ai;t;ninenlo, spirituni illuni qui nisi super biiniiles, conlritosac Ire-
nienles serinones Dei requiescil. in illis operari. ac jamjani in-
slare tenipus quo per abjectos evangeliciwii provelial negocium, ul-
p(»le tpios sit niissuriis per universuni orbeni. perinde ac suh Chri-
stkuiistni iiu'tio paucos dimisit apostolos in orbeni terre. Sed tune
(pnxpiesibi qiiosdani é sapientibus servavit, sed qui. semoto super-
cilio, adenipta onini ptorsus liducia in se. in sua sapientia. honore
el talibus. se totos buinillimo Clu'isto permiserunt, in fiiieni sua
rejecerunl. ul, adniirando commercio, pro stercore aurura, pro in-
Justitia justitiani. pro insipientia sapientiani. pro morte vitam, pro
viciis vii'tules. pro damnatione et inlerno salutem ac celum, pro
niliilo (lenique omnia reciperent a Clirislo, qui in lioc suis veluti
se exuit vestimentis. nostra accepta foi-nia. ul illorum nos faceret
participes, illisipie nostram tegerel nudilalem. ac demum nihil ve-
rereinur voceni vultmnque Dei.
Ad qnem nujduin el hoc etiam tempore quosdam sibi servat in
bonis, quas vocanl. lileris. appiinie doctos, inter (|uos arbitror esse
lEcolaHtpad/uHi. (|ui. cum sit omni doctrina.' génère cumulatissi-
nms, utvix liaberi possit oui conferatur, lotum se Cbristo permisil.
ut illis neg'lectis quie mundus in pi'ecio habere solet, soluiii Cliri-
stum amplexetur, magnifacial *. Quod de viro audisse per tuas li-
teras fuit gratissimuni. quem utinam iiiihi liceret de lacie nosse.
" Farel avait sans doute dépeint à Roussel l'opposition que l'Évangile ren-
contrait à Bàle de la part d'Érasme et de plusieurs docteurs de l'université.
" Allusion évidente à la cour de Rome.
** Voyez l'éloge d'Œcolampade dans la lettre précédente.
^.'{'» (JKRAlU) HOL'SSKI. A (H'ILLAIMK KAREL. A BALK. 1524
coiispicari mores, clirislianam conversa iinnem ac inlrepiduni verbi
Dei ininistnim! I.ihri quidein rjuos in luceui emisit nobis virum
('\|iriiiiiinl Chiistianuni mininieiiiie fiicatum ^. Sed ne)icio quam oc-
riiltiiiii hnhct enpr(//nm (ul ttnimi lohur. ifisn consnctudo cum iiitre-
piflf-s Christiiinh ; nain quod scripto (uUiortan's. ut rentres Parisinos '°
(ifloridi: uffixis e Cliristi officùui iiositiombus. quilnis nihil conve-
niat cmii Sorbona. quai liactenus crédita est unicum theologorum
asyliiin. non imrnim e.tigil fi'Iei rohitr. ac alia spiritus manifesla-
fione opiis esset quàm sit ea quaui hucusiiue sensi in me. Hortaiis.
lit iiniis hoinuncio ipii iiacleniis pêne latiiil. ([ni niiUam expertus
est liarenani, moxsummos orbis vulgô crédites, eosque quàm plu-
rimos, adoriatur in harenam vocatos. mox ex diametro ipsorum
literis adverseturac statulis, adliuc aulem det operam libros imprimi
in ;{allica lalinaque lingua. quibus errores ipsorum convellantur
fjui hucusque pro receptissimis babiti sunt. Quasi tu ignores de-
rretum Pnrist'ni Senatus quo mutiim est ne qtiis ini'ulgare libros
théologie mulent. nisi antea (ipprohatos a Facultate Théologie Pa-
risinœ^^: ut niliil bodie apud nos imprimatur non sorbonicum. ne-
(|ue imprimi queal. Age. Jam qui lieri potest quod petis, cum Se-
natus a parte ibeologorum slet. ut (juod bi decî-everunt cunctis
comprobet calculis ? Et, ut quod dico verum putes, aperiam quod
superioribus diebus apud nos accident. I
Einissa per niagislros nostros determinatione qua convellunlur
(trticuli Meltlis erulgati '* (hanc dudum ad le missam curavi), vocan-
" Roussel avait sans doute reçu quelques écrits du réformateur bàlois
par l'intermédiaire de Farel. Ils faisaient peut-être partie de cet envoi de
livres mentionné par Le Fèvre dans sa lettre du 20 slvtH. Les principaux
ouvrages publiés par Œcolanipade avant le commencement de l'année 1524
sont les suivants, tous imprimés à Bâle: De risu paschali. 1518, in-4". —
Quod non sit onerosa Christianis confessio. 1521, in-4°. — Sermones de
gaudio rcsurrectionis et mystorio tridui. 1521, in-4». — Textus libri Gene-
seos secundum LXX. interprètes. 1523. — Sermo de non habendo paupe-
rum delo(;tu. 1623, in-4". — De passione Domini, de vencrando etlaudando
Dco in Maria, de invocatione Divorum contra [Joannem] Fabrum. 1523,
ia-4°. — Kncliiridion griecœ literatura-. 1523, in-8°. — De erogatione ele-
emosynarum. 1523. (^ Voyez Athena; Rauricae, p. 15.)
"* Los docteurs de Sorbonne. Farel avait engagé Roussel à rédiger des
thèses formulant la doctrine évaniréiiquo, et à les publier en provoquant les
théologiens de l'Université à une dispute solennelle.
" Voyez le N" 102, note 5.
" Nous ne savons ce qu'il faut entendre par ces * articles publiés à
McaiLr,» i\ moins que ce ne fussent diverses propositions qu'on avait re-
levées dans les sermons des prédicateurs évangéliques appelés par Briçonnet.
1524 liKRAHIi ROliSSKL A (iL'lLLAl MK FAIU:i.. \ UAI.K. i23f)
tiir ad sua comilia Mnrfiulis '^ el Otroli '*, ipsisifiie primùiii indicilur
palinodia. ac inde |teliin( determinationein per eos approhari. ni
cejici velinl à gremio Faciiltatis et omnibus ipsius prandiis, etc.
A (juo exinii aim onerosum ac .^rave sibi siiaderenl, ni discas vel
ex hoc quàm frigide nostros iiaheal spirilus. |)elilioni acipiiescunt
approbant((ue qucC prorsus spiritui adversantur. quamijuaui hoc
aiunt fecisse se, non tam timoré acti ne à Facultate exciderent,
(|uàm ne gravius per Senalum in eos animadverleretur. Nam hoc
moHri Sénat um rumor quidam increbuerat. (]ui non fuit omnino
vanus. ut subinde rei probavit exilus. Si qmdem Lise[t]o '^, patrono
regio, apud Senatum promovente negocium, senatusconsulto de-
cretum esLquatfuor ex urbe Meldensi in cnrcerem conjiciewlos. iiilei-
ipios erant Martialis ac Moysi*^; tibi probe notus est uterque, re-
liquos duos non novisti. Âberat MoysL ilemque MarcMis secesse-
ral. intellecta re per amicos ; captus estduntaxat unus '' qui multa
cum ignominia, ligatis pedibus manibusque, ceu mox in igneni
conjiciendus ducitur Parisiiuu ac inter primos malefactores reclu-
ditur: qua^runtur intérim alii et precipue Moi/si, quem omnino
volebanl exurere. Fiunt alie quoque informationes, per quas con-
tendunt Fabro, mihi et ne episcopo '^ quidem parcere. Et nisi
D[ominus] Meld[ensis] '^ unà cum sorore Régis"-'* omnem impen-
disset operam, vix citra flammas processisset res. quse, Deo ita vo-
lente ac nostre inlirmitati consulente, féliciter terminata est.
Ceterùm non est inventus qui niriliter à parte Dei staret in erer-
" Martial Mazurier. Voyez le N" 3, u. 6, et le N» 81, note 3. H était
docteur en théologie depuis Tan 1517.
'* Pierre Caroli (Voyez le N° précédent, note 56). Les sermons pour
lesquels il fut alors dénoncé à la Sorbonne avaient dû être prêches à Meaux
pendant l'hiver, puisqu'il était de nouveau fixé à Paris depuis la fin do
mars. (Voyez le N° précédent, note 57.)
'•^ Pierre Lizet, avocat du roi et plus tard premier président du parle-
ment de Paris.
'* Ce Moysi « bien connu de Farel » est peut-être Micliel d'Arande.
" Il est difficile de dire à qui ces paroles se rapportent. On ne peut
les appliquer ni à Mazurier ni à Pauvan. Le premier, ainsi que le dit
Roussel, avait réussi à prendre la fuite; le second était personnellement
connu de Farel, comme le prouve la lettre du 5 octobre (1524). Mais en
comparant le passage actuel avec celui de la lettre précédente où Le Fèvre
parle du grand péril auquel Ihi Mcsnil vient d'échapper, on est conduit à
penser que c'est du même personnage qu'il est ici question.
18 — l'j Guillaume liriconiiet.
-^ Marguerite d'Angoulême.
i.U) (iKIlAUM UorSSKI. \ (All.l.Al MK KAKKL. A BALK. 15:24
li-nilislioiiilniiin rou.stilnlfi(nrKh'.sM (|iio(l Clii'istiano negocio iiuixiine
.'\(i('(lil. Xoinliiiiiolilinfri poliiil iil iiifnngereliir(|ii(Hl sanxit Sena-
iiiN lU' lildis iiiiiuiiiieiKlis. eliamsi in lioc siidaluin sit pluriiimni: ul
laiii non siiftsil via (|iia (pieat exjileri i|iioil pelis, iiisi spirilus ille
• pu oiiiiiia polest. corda inllainiiiel ac aliaiii nobis suggérai coii-
slaiitiaiii. penpjam iiiliil peisecutiune.s, loniieiUa. ignem et quoilcuii-
'pie aliiid iiiortis lg»^nusl exIioiTeatiius: quod veslris concedi preti-
Itiis lam pcliiiiii^ iil <|iii iiia\iiiK'. Niliil iiioraiiiiir episcopos, sed Se-
iialiis ii(i> iiiale lial)el. qui non pcnuitlil idiolis suggeri lihros. cuni
uilcriMi vt'ihuiii Dci in aliquol locis sincère Iraclelur**. sed deesl
conslanlia (piain islic esse pranlicas. cilra (juani laiiien non esl ul
consulani cui(iue audenduni.
Pasioris uujnus. ut neque nonien. non arrogo milii. eliainsi in
miuieralo liabeani solos liaberi [pasloresj quos ad niinisleriuin
Ncrbi deligil spirilus. Non agani lecum in re de qua nolini (pu'in-
ipiaiu digladiari. cinu noliis lioc agemluni sedulo. quo verhuni
("Jiiisti annumielur. ul maxime nulli suus decedal Iujiku". Certum
•\«;l IMiili|ipum diaconum. ah aposlolis designatum in minisleriuni
paii|M'rum. gratiam hahuisse verbi. ul lidem lacil liber Acloriim:
lamen. ulcumipie suo minislerio lidem recepissent Samarilani.
duxerunl aposloli initlendos Peirum el Joannem. ul impositis ma-
uiIiun rt'cipereni spiriliim. perinde ac si non baberet Piiilippus
idem donum ipuxl apostob. aiil. quori magis placel. ne (|uic((uam
lilii dissenliaui. m hoc uiissi suni ul iib)rum assensu concordi cuni
IMiihp|Mi Samarilanorum lides roborarelur. \ec mihi displicel (U'dd
in ecclesia : sed hiim- soliiin auqileilor qiicm cxhibel ac requiril
Npiritus, ((uicunipie tandem sit. ne inlirmos naclus ocubis cogar
deindf iii hn r iin-ridiei ceculirc A'/v'.s7>//^'/os <i iiopiilo dclicfi niilii
inohiitur, sed rcquii'o aniea populinu lieri cbrislianum et Dei agi
"^Itiiitu. qui. si desil. non \idt'o (pii ila succm'ri possil cbrisliana*
r«'i. niiu sciiidatur incfitum stuiHa iu ciuilraria vulgus. Sed de bis
liacl»'uu-<. u('\idc*ar quiiqiiam lis irb'agari (pue cunclis persuasa
•Nso \('bm. ul qui maviuir.
Porro. ruui \\;vv scripsissem. n'ildiic milii >uul alii* blere per
(Ininnvilitni *V qua-. prcler prrogrinalionem luam ciim lileto. ac
confahulatiotu'ui piam lum cbristiano pastore /jjmjUo ''". superio-
N
Voyez la lettre pr(Térlonte, note 7.
Conriul Uesrh (iiii avait remis aussi à Le Kèvre une lettre de Furel.
Sur cette; visite (juc Farci et Du Blet tirent à Zwingli, voyez les
notes des N"« 100, loi et la lettre précédcute.
Il
1524 GKRAun RnrssKi. \ r,ni,i.\iiMF, p\Hr.i.. a r\i,f.. 'i'M
rtMii(|U()(juea(lli()i'(ati()iiein liiain -* persli'in.minl. iil cxpendere inihi
vel ex hoc sil facile ((iiaiilo aniini aidore isliid à me lieri desyderes.
(|ii()d. ut a,un()>co rei chrisliane appriine {ondiiceic ila couleiidain
pi'ecilms impeirare a Deo. qiiiadeo pins est in lilios. ni lios noiil in
re qiiapiani angi solliiilndine. sed à se (iniidcniupie ipierenduni
prescribal. Inleriiii velim per le ijei-iior fieri dr ovilhic t't inmlo in
ill/s rotillicliitionihiis Cliitstiants ol/s/rnifo a ro/y/.s. Nam milii pio-
haiilnr fs'/rj innllani spii'ilns desydnart' [(iiidenliam. ac licii\i\
[losse ;iulnnio. ni ventres illi pij^ii ad nos venire et nohiscnni dis-
serere dignentur. qui non ignoreni slaliUa (pdhns jnranientis se
addixere, qiise transgredi majori dncant piacnlo (jnàni quodcunijne
Dei prescriptuin.
Q((o<l (II! imprimendos lihros ruif/ari idiomate attinet, egi cnin
amicis. qui tuum consilium prol)ant : sed comniodioi' niodus non
est illis visus, ob decreUini Senatus. quàm si in nostrn iirhc Mcl-
densi peculiaris esset impressor, qui nostris impensis formarel li-
hros, gratis deinceps sed pauperil)us per nos communirandos. Ona
in re tnam operam requirinnis, ut, si Ileri potesl. per le nohis ma-
trices lenea". aut quod magis optamus. styli ferrei-*'. matrinini
ipuxl \ocant radices ac capita. nostris (piidem snmptihus reddan-
Inr. tpiod cupianuis Frohcnidiuini iinpressioneni usscf/id aiit firoiif-
niuduin imitmi. Niliil addnhilo islic esse complures. qui islins-
niodi stylos apparent, cum apud nos pauci sint, et adliuc non ad-
nuxlnm industrii. Nec moror sumptus. modo hisce nobis uti liceat:
in ipiani l'em (piid studii impenderis, fac resciam (piampi'inunn.
\am ut hoc ad te scrihcrpin prinioirs iniiis i-niarinit, qui tihi hcne
rolunt ex animo -'.
Ad extremum si queris quid agam. prêter solitas predicationes.
in (pnhus inlegrum evangelium, et eo t\\H) sciiptum est ordine.
prosequor. aggressus sum per Dei gratiam epislolas Pauli popido
inlerpretandas per singulos dies. in (|nihus spero profectum mm
niediocrem -^ nec preterniitlo Psalterinm lilor.itis ipii ajind nos
-* Dans cette dernière lettre apportée par I^escli, Farel revenait à la
charge pour décider Roussel à entreprendr(^ un(- dispute publiquf.
-^ Les caractères d'imprimerie.
"' Les poinçons en fer avec lesquels on frappait les caractères.
*" Ce détail prouve que Farel avait laissé à Meaux de très-bons souvenirs,
et que l'Évangile y avait trouvé dans les hautes classes de zélés partisans.
-** Voyez le témoignage que rend [,i^ Fèvre ù l'activité de Koussei
(N" précédent).
2.'J8 CÉIVMU) UOLSsKl. A i.LILI.M'MI. rAKKI,. A lîALE. 1524
sunl, interpretari. exciissis pro occasioiie per ine locis qui ad sin-
cerani lidiiciain faciaiil. (luique limnana prescripta ronvollaiil.
(Jiiod siiidiuin Deiis opliiims in suuiii verlat lioiioi-eiii. in (|ueui
iisiiiii aljs le tuiqiie siiiiililjiis. hoc est Cliiislianis, requiro preces
lundi promead Deuni. ni d^lnr cuni lidncia. nlcunqne refragenlur
(ddiiclenliirque purlir iiitrii. unimnriuve jiopuh rerhiiiu De/, ac
t•()n^tanle^ rejicei'P (jua' liuic obsunt. elc. !
("Jicthovcns olim noster-'^ peri,ùl pliarisiasnnini tntari. et janiedi-
dit aliqnol liliios in Lnthcvium. ex alioruni sci'iplis sun more con-
sarcinatos, decinihus niliil atlinel pronunciai'e. <iiiii plus satis no-
veris viri iiiLn-ninni. Ili nonduni iiniiressi '^°: sed mux ao fuerini
absoluti, ex ol'licina cnral)o ad vos perveniant. Dolel niihi déesse
(piod coMiiMunicarc possini ingeniis qua- ajind vos sunt conqilui'a:
cnni islic conlra pluiinia sint (|ua' ipse ret|uii'o. nempe nuiiotn-
lidui's Pomcniiii in Esiùdni ■'. Lanihcili roimiiriitdiioa in Ostr ri
M<il(irliiitiir'*. OEcolinniiiiilii itciti roiinin'Hfai ius in Eauïntir"' et in
l'Iiistoliun .lonnni.'i^*. oi alia ali(pi()l quorum noniina non suppelunl.
Nondum videre potui lihclhnn illnm iJc ronfi'ssiniif aniicnlnri^^. in
(juo se inudit siniid illii qii;ini >nis lirlli' dcpinyis iiiiiniis'*: sed
*" Voyez sur Josse Clichtow la lettre du 1" janvier 1524, note 4.
^ Sur la ro(iU(*'t(' do Simon de Coline:^;. le parloniont de Paris avait auto-
risa', le 3 juin 1521, l'impression de VAntilutlwnis de (JUchtoiv. Cet ouvrage
jiarut le 13 octobre de la même année. liC privilège accordé au Propiigim-
culnm J'Jcclesia; adversus Lutheranos du même auteur est daté du 1" dé-
«•embre 1525, et l'ouvrage parut cliez le mémo imprimeur le 18 mai suivant.
"'' A notre coniiaissanco il n'existe pas do comiiieiitairo de l'omeranus
sur Ksaïi'. Roussel voulait sans doute parler du (•(nninentaire sur les Psau-
mes. (Voyez le X" précédent, note 19.)
'• Le rommentairo do Fr. Lambert sur Osée fijt publié à Strasbourg,
chez Jean llorvag, en mars 151^5. Son commentaire sur Soplionio, Aggée,
Zachario et Mahuhic no i)arut iju'on janvier 152(). La méprise de Roussel
s'e,\i»li(iue par l'avis suivant de Lambert, daté du mois do mars 1525: «Pro-
posuoram dudum nostros tu Proplwtn.s (lundccim commentarios jçdere ... Sie-
(pie res conclusa erat, ut putarem illos prins excudendos, quàni multos qui
in huiio diein oxcusi sunt. Proindo. in ipsis excusùs lihris, aliquotirs horinn
m ]'n>j)liitai< j,s7w conimcutdriorKm îiiciuini, quasi juin cmissi casent. Por
orrorom igitur factum est lioc. » ^.Commentaire sur Osée, fol. 241.)
■*■* (Mcolampade avait expliqué Ésaïe à l'université de lîi\le dans le cou-
rant de l'année 1523. Son commentaire sur ce propbète parut on mars lfi25
** Les Sermons d'<Kcolam}>a<lo sur la première Kpitro de St. Jean jia-
rurent en juin 1521. (Voyez plus loin la lettre du 31 juillet.)
'•* Ouvrage d'Érasme. Voyez le N" précédent, note 32.
•• Voyez la lettre de Nicolas Le Sueur ilu l.'> mai 1524, note 3.
1524 (iKUAHD UOUSSKL A (iUlLLAUMK FARKL, A BAI.E. ^39
spero mox ut ad nos perveiieril Nidcrc ZiiunUi exliorttiliont'iii^'
non recepi. (piam nie lecepisse per IHvluin sirihis.
Ut aliipiando fiiiiaiii. in aliis alioqui ucciipaliur (|u;iin ni coin-
nienlari tecuni lungins [tossini, abs te olinixe [x^lido. ni .inioiipii
ndei' nus mite ilUi>ilinlionciii Ecaïujelii^^ conti'actns est pci nescuj
37
'' C'est probablement l'ouvrage mentiouiié dans la lettre du 20 avril, n. i».
'* A quel moment peut-on placer cette « inanifentation de V Évangile'^ »
La question n'intéresse pas seulement la biographie de Farel et de Roussel,
mais aussi l'histoire de la Réformation. Ce n'est pas ici le lieu de la traiter
avec toute l'étendue qu'elle comporte. Il nous suffira de dire qu'on m- peut
guère faire remonter au delà de l'année 1520, sinon les premiers symptômes,
du moins les origines décisives do la Réforme française. Jusque vers cette
époque Le Fèvre n'en était encore que le précurseur. Les sentiments et
les convictions manifestés dans son commentaire de 1512 (Voyez le N" 1)
révèlent sans doute un c(i;ur vivement attiré vers l'Évanuile ; mais l'inHueuce
de cet écrit fut très-restreinte, et la Sorbonne, loin d'en incriminei- les doctri-
nes, ce qu'elle eût infailliblement fait si le livre avait produit quelque fer-
mentation dans l'opinion, se contenta de condamner la portion du commen-
taire où l'auteur niait que la traduction latine du Nouveau Testament fût
l'œuvre de St. Jérôme. (Voyez le N" 29, note 3.)
Nous possédons d'ailleurs un témoignage irrécusable, qui établit que le
commentaire de 1512 n'était que le prélude bien imparfait de «la manifes-
tation de l'Évangile. » Farel, dans son traité du vray nmge de la croix de
Jésm-Christ (p. 206-208), s'exprime ainsi: «Je puis dire en vérité du bon
honnue Jaques Faher Stapulencis, qu'avant la inanifestaiion de VKcang'de,
laquelle nous avons eue de nostre temps, je n'ay point cognu de tel person-
nage, et je crie mercy à Dieu, de ce que lorsj'ay tant tasché à l'ensuyvre.
Mais, combien que ce bon personnage fust du tout plongé en idolâtrie,
néantmoius voyant qu'aucunes femmes avec chandelles allumées faisoyent
leur prière devant l'image de la déesse Isis, il obtint que celle image fust
ostée, et qu'une croix noire fust mise au lieu d'icelle .... Or ce bon person-
nage fit cela que je vien de dire, cependant qu'il estoit encore en si grosse
ignorance que nous avons tous esté en la Papauté, .... à cause qu'il n'en-
tendoit pas encore pour lors ce qu'il a bien entendu puis après, touchant
l'idolâtrie qui a esté commise autour de la croix. Or si ce bon homme a fait
cela que j'ay dit, du temps de son ignorance et des ténèbres qui estoyent si
grandes et si espesses par toute la Chrestieuté, faut-il aujourd'huy qu'en
une telle lumière de l'Évangile, les choses tant détestables et par lesquelles
nous avons tant offensé nostre Dieu soyent encore soustenues?»
L'événement auquel Farel fait allusion se pa-'isait en 1514 (Voyez le
N" 17, note 5, et Guy Bretonneau. Hist. des Briçonnets, p. 211), et, par
consé(iuent, Le Fèvre était encore, deux ans après avoir pid)]ié son com-
mentaire sur St. Paul, « plongé en idolâtrie et en grosse ignorance. » Il
n'eu sortit que peu ù peu et lentement, sous l'intluence du mouvement in-
auguré par Luther, et qui, pénétrant en France, y fit éclore et fructifier
2'tO JKA.N CA.N.WK A GLILLAL'MK FARIX. A BALE. 1524
HUdL' studia penitenda. in ipsa Evangelii luce indies se promente,
aiiipliiis accrescat ac major assidue tiat. Vale in Clii-islo. ijiii soins
in tii(tref.met peclore! .Meldis. (1" Julii 1524.
(Jiiroli hiristis degil ac populo Paiiliim interprelalin- '" in lon-
limiihus (pias liabet festis diebiis in parocliia hmli hniii. nuj) .sine
magno Evangelii profeclii. iil audio, etc.
(Insivijitin:) ('lirisliane l'ei ravenli.ss[imo] Giiillt'lm<» Farcllo.
lia.silea'.
(Farel a ('Ciil >\\v l'adresse :i Remillanliu- oiiinilpiis nn.iii- ni
restrihere possim.
105
JEAN CANAYE à Guillaume Farel.
De Paris, 13 juillet (lôiH).
Innlitr. C.opie anrienne. Bihl. Inip. (>)11. Du V\\\. \(il. KKMori.
Sommaire. L'étude des auteurs grecs et latins, que j'avais entreprise l'an passé, afin
d'acquérir une intelligence plus complète de l'Êcrituri" .«.iinte, a été fréquemment
interrompue par la malaflie. Cette circonstance n'excuse pa.s mon silence. Pourrais-je,
Han.s être coupable, oublier ini maître que ses leçons, une longue intimité et surtout
le lien d'une foi commune, nourrie par nos entretiens journaliers avec Le Févre,
m'ont rendu si cher? Nous vous aurions écrit, pendant votre séjour en Guyavi>>
sans la persécution qui vous a contraint d quitter précipitamment ce pays. Dés lors
Mile» [Perrot] n'a reçu de vous qu'une seide lettre.
Nous sommes heureux de vous savoir ù, Bàle, dans cet asile où l'Evangile est
prêché et déploie sa vertu. Il était aussi prêché naguères an milieu de nous; msu-
r.omme t'/ul a changé depuis votre départ f On revient aux traditions vieillies ; la
parole de Dieu est négligée, et les fidèles ne l'interprètent plus qu'en trerablani
|p8 Kermès (l'émancijjution rclipiouse qui étaient demeurés jusque là, chez
Li' Kèvro et dans son entourage, vivants, Siuis doute, mais cachés. Ce
(jni prouve en outre que les vues religieuses de Le Kèvre ont eu à sul)ir
un long développement avant qu'il se décidât à adojpter certaines idées de
la Kéforme, c'est qu'on le voit encore en lûIDadnietttt' et défendre le culte
dos Saints et l'efficace des prières pour les morts. (V. le N" 11), note 1,
le N" 20, note 18, et le N" 97, note 5.)
On trouvr'ra peut-être un Uduvil argument en faveur de Udtre thèse dans
les notes de la letti<' du 7 scpteniluc 1.'j27, où nous cherrlierons à déter-
miner répo(|ue approximative de la conversion de Farel.
** Voyez le N" précédent, note .J7.
I
1524 JEAN CANAYF, A fil'nX.M'MF. FARF.I.. ^Vl
Gérard [Roussel], qui était notre espoir, nous a fait une ou deux visites seulement,
sans aucune prédication. C'est ainsi que les faibles en la foi sont exposés à périr.
Venez à notre aide, et que vos lettres nous fassent participer à i'éditication que vous
retirerez de vos relations avec des hommes vraiment évangéliques.
(Jiiilk'lmo Farello Cluisliaiuu pielalis sincoro culluii sLalulem]
in Cliristo Joannes Canaius '.
Pra'clarè equidem meciim actum existimareni. si ila roîliina lii-
lissel. ut proximè. superiore aimo. in studio cœpto in lillei-as et
(îraicas et Latinas. sine inteiitellatione versari potuisseni. Sic
enini rmdit/oiœm /lluni. non sane quam oranes (ut ais -) adorent,
sod ri'iho Dci intelltycndo maximum vel potius necessmium sub-
s/(lttiin. compai'aturuni fuisse, facile milii persuadeo, — (jiiuni Gra'ci
Latiniipie autores (|ui libros sacros vel scripserunt, vel transtiile-
iiinl, vel exposiierunl, non tam exquisitam doctrinam requirant.
sed à niediodiler docto inleliigi possint. Nani linguam hebrceani
alio tenipore niilii discendam salis esse exisiimo, (piuni pauci sint
liic qui illam sciant, aut, si sciant, non omnibus sui adeundi copiant
laciant^ Insuper, quod omnibus majus est, quum sacrorum intelli-
gentia magis à spirilu illo summo qui ubi vult spiral, petenda sil,
quàm longo studio multisque vigiliis speranda. Sed loties morbis
expugnatus lui, ut in linguis, quibus me ornatum videris appellitare,
nibilo peritior ({uàm qiiunt apud nos eras *, evaserim.
Xolini tamen lioc à me diclum existimes quô vel no.xà me exi-
inain quam nunc video magnani admisisse, quôd ad le non scrip-
serim. Gui certe me, ubi nibil inler nos intercederet aliud quàm
quod luià diu vixerimus, eadem studia coluerimus, tu prœceptor, ego
discipulus fuerim ^ devinctissimum negare non possum. Al pro-
fecto inultô plura majoraque sunt qua.' me tibi arctissimè devinxe-
runl : iinprimis taiiiru cliuritus ilhi christiaud. panhquc illc ÈTrioy'Tio?
' Voyez la lettre du 1" janvier 1524, note 9. La copie de la présente
lettre de Canaye est très-incorrecte. Elle porte en tête la note suivante,
que Farel avait peut-être écrite sur le manuscrit original : « Deploratio
GalUcanœ corruptionis. »
* On lit dans la copie « ut vis. »
'' L'Université avait eu pendant les années précédentes un professeur de
langue hébraïque. Valentin Tschudi écrivait de Paris le 10 janvier 1519:
« Protitetur linguam hcbraïcam Auyiintinus Jiuitinianui>, episcopus Xebien-
sis,... qui biennio aut ji/^ra Hebraice legendo nobiscum mansiu'us est, publico
stipendie a Gallorum rege ad id conductus. » (Ziunglii 0pp. VII, 62.) Ou
voit par la lettre de Canaye que cet enseignement public n'existait plus.
* - ^ Canaye parle du temps où Farel était professeur au collège
Le Moine.
T. I. 16
2'i2 JEAN CANAYE A GUILLAUME FAREL. 1524
et iJotKS. (juibiis, Fahro. illo viro sanctissimo jiixlà ac doclissimo,
Itom'f/ente, (lies nnillos rixùnm. Quod sane unum semper erit,
(|uo me libi conjunctissimum faleljor, ac quovis supplicio diguis-
siimmi. si ad te literas dare iillo unquam lempore recusarim.
Naiii. (jucd ad tuas Utteras attinel, quas Mileo mstro '- fratii le
ini.sis.se dicis, iinas taiitùm recordor illum accepisse, exquo tempore
litis/liriini peliisti''. Dum enim in AquKania " liaereres, ad te equi-
dem scripsissemus : sed slatim aiiditus est luus repentiniis disces-
sus, verèqiie. ni aiidio, christianus, jam (?) monncho, quod pu-
bliée evangelizares, te persequente ; quem dolenduni nobis omnibus
dicerem. nisi inlelligereni, te velut ad salulis porlum et asylum
confugisse, Basileaiii, inquam, vei-è (SaatÀtxv^v, quùd Rex regum in
eâ Evangclium suum leges(iue celbernas vigere, legi, promulgari
velil.
Quas, itidemjam olim npiul nos ut ubique terrarum promulga-
las credo, ac, IkhuI longo abliinc tempore, tua mprinils opéra, (piia
à nescio quibus abrogake prorsùs fuerant, receplas scio. Sed longe
alibn- nunc, ex quo hine discessisti, sese babeni omnia. Quantum
aulem pulas al» eo tempore Evangelii aulorilatem majeslatcmque
(liminulam. prioresipie traditiones observatas, regnumque prins
auctius factum! Quanliïm Evangelica' pielati delractum ! [Quantum]
Dei eerbum miserè jacuisse, ac quanto meta à piis tractntum ! lier
mit quœ apud nos aguntur. Gulielme cbarissime. Qua.' si diligenter,
ut jielis. ad te scriberentur, liaud scio an à lacbrymis tempera-
res. (piainvis quie jam dixi, non dubium tibi maximum dolorem
pcperi.sse. si non lacbrymas simul expresserunl.
Qua' sané tamen vix aliter contingere potuissent. rpmm nos lam
ciln (lert'liqueris ", ac Giranlus^'^, in (luo spes non minima eral.
Mrldfiisilius solinn \acel, non sine tamen fructu. ac ù tuo disrcssu
\\\ scmcl at(pi(' itt'i'nin nos \isi!ai'it. idque s/'iir ullti coneione^K
" Miks Perrot. Voyez la lettre du l*' janvier, note 8, et celle du 20 a\Til
ir)21, note 10.
' Voyez le N" 82, note 3, et le N° 83, note 2, à la fin.
* Nous ne possi-dons sur ce séjour de Farci on (iuyenne d'autres dé-
tails (juc ceux qui sont donm'S ici par C'anayc.
" Ce départ si pronij)! de Farel fut-il motivé par un danger imminent?
On riKnore. Hèze dit seulement: «il subsista à Paris tant qu'il put. »
'" (rirnrd liousscl. Voyez le commencement de la lettre précédente.
" Nous avons ici la ]>reuve qu'il existait à Paris une église secrète, dès l'an
1523, et que, depuis le déjiart de Karel, elle n'avait pas entendu une seule
prédication évanctéliiiue.
s
1S24 GASI'AU M.ESSGER A GL'ILLAL'MK FAUKL. 2'l'-i
Quam si imparliliis fuisset. pnluissent tenelll adluic in Clnislo fo-
veri, ali ac eliam au.q-eri; sed ubi priniiim suhiraclnni alinienliiin
est. quid aliiul coiitingere poluit (piàm iil languescerenl. ac nisi
brevi subveiiialur, id qiiod omnium pessiiniiin. prorsùs exares-
canl? Quod ne conlingat, scio equidem prohibcri posse. si Evan-
geliuni in nianibus frefiuenler habuerimus. Qnid enim non polesl
Evangelii ignis et gladius? Scio quôd possil experlem erudire.
errantem in viani reducere, frigidum accendere. Sed multiim luir
in re nos jurabis. si quando, Deo volente sic, inter riros totos Ernn-
ijelicos tibi versari contigit, eorum et commercio et coUoquio quoti-
diano fini, cornm opéra légère, conciouantes midire, ad nos fjuàni
poteris frequentissimè de Us quœ istic agimtur. deque totius Eccle-
siœ statu perscribere non recusaris.
Diii apud nos asservavi bas lilleras, mi Guliebiie, quôd neminein
babereni qui eas ad te perferret. Quod si aliquem baberemus cui
tuto lilleras nostras comuiitlerem. frequentioi-es ad te scriberem.
Vale in Gbristo. Parisiis. 3" Idus Julias '"-.
106
GASPARD M^SSGER ' à Guillaume Farel.
(De Soleure-, environ le 20 juillet 1524.)
inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neucliàtel.
Sommaire. Sollicité par Zurich en laveur de l'Évangile et invité par Luceme à se dé-
clarer contre Zurich, le Conseil de Soleure a répondu qu'il s'efforcerait de maintenir
'- Pas de millésime, mais le contenu de la lettre indique suffisamment
qu'elle fut écrite en 1524.
' Gaspard Mcissger est un personnage très-obscur. Tout ce qu'on peut
inférer de la présente lettre, c'est qu'il était Soleurois, instituteur dans une
école de Soleure et partisan de l'Évangile. Avait-il fait la connaissance de
Farel, à l'époque où celui-ci, arrivant du midi de la France, dut passer
par Soleure pour se rendre à Bàle ? Nous ne saurions l'affirmer. Son nom
ne reparait plus dans la correspondance de Farel. Dans celle de Zwingii
on trouve un certain Gaspard Mosagcr, qui écrivait de Paris au réformateur
de Zurich, à la date du 1(5 octobre 1526 (Voyez Zuinglii 0pp. VII, 548),
mais dont il est impossible de constater ridentité avec le régent soleurois.
* Le lieu d'où la lettre fut envoyée nous semble déterminé par l'indication
^'^I i^ASI'AU Al.ESSGER A GUILLAUME FAREL. 1524
iiiif.; unis les étits confédérés l'antique amitié. Il a pris quelques mesures pour
rt-priiner le cumul des bénétices et l'avidité de î'évêque de Constance. Melchioi
Macrinus enseignera ici les langues classiques, pendant que je continue moi-même i
instruire un petit nombre d'élèves fort ignorants. Saluez Œcolampade, et remerciez-
le pour la lettre édifiante qu'il a écrite à notre avoyer.
Pacem et graliarii tociim, cum htta l'cclrsioln \ Amen!
Sepliiiiit iilii.> .liilii ' venerunt legali à T/;/urmts et Lucermiuis.
i|ii(iiiiiii ;illri- pacem et evangelii cursum petebat. aller, ii! imlic-
liiiii Im'IIiiiii T/(/nr/nis féliciter siisciperenl unà ciim FiiliKif/enst-
hits. Vrania, Sijlvanis et Suitenstlms ■•. Quibu.s responsum est : sil>i
iiiiiil iiogocii esse ciiin Tifiurinis; piu'ter, bellum et intestinmii hoc
poliiis oiliiim (lispicere, et componere rogare etiam iilrimque pei-
literas, iil ipia possiint concordi.i \iv;inl pro veteri amicitia el in-
Icgrilatc '■. lia recesseriinl.
Allerum est qiiod Seiialus tlecresil, ne ([iii canoiiici et sac riruiili
(hio haltfniil sacerdolia, el, qui non siinl priesentes, ul illis ex red-
dililiiis iiihil cedat: quorum prœjwsitus' unus est. Accedit ad hoc
iciativo ù Mîuuimis (Voyoz note 9), et par la iiattiro clos nouvelles que Milss-
ger transmet à Farci (Voyez la note 5). Quant à la date, elle est fixée
(l'un côté, par la mention de l'ambassade des cantons du î) juillet, de l'autre,
l>ar le fait qu'au verso de la lettre manuscrite, on lit le brouillon d'une pièce
tliéologique, tracé de la main de Farci et destiné à servir do préface à son
Traité de l'Oraison dominicale. Or, nous savons que ce traité dut s'inii)rimor
à Bàle au commoncomont du mois d'août lô'2\. Voyez le N" suivant ot la
lettre de Toussain du 2 août.)
'' La petite église française récemment fondée à Hâle par les soins de
Farel. (Voyez sa lettre du G juillet I52r).) Miissgcr le croyait encore dans
cette ville, tiuidis qu'il était déjà établi à Montbéliard (,V. les N"" 109 et 1 10).
* Le samedi i) juillet.
•■' Depuis lu seconde dispute de religion tenue à Zurich (2G-28 octobre
1523), les cantons de Luccrne, Zug, Uri, Schwitz, Unterwald ot Fribourg
manifestaient une grande irritation contre les Zuricois. En apprenant (pie
ceux-ci venaient de décréter l'abolition des images et de la messe (15 mai
1521), les défenseurs de rancienne foi s'unirent plus étroitement pour com-
iiattre les progrès de >t l'hérésie. » St.-Gall et Appcnzell étaient favorables
à la Réforme. Les autres cantons étaient indécis. Ainsi s'expliquent les
efforts tentés, soit par Lucerne, soit par Zurich, i)nur gagner à leur cause
li's Sdleurois encore neutres.
'• Trois join-s plus tard, le député de Soleure tint dans la diète de Zug
02 juillet 1524) le mémo langage conciliant ([ue ses supérieurs avaient
adres.sé à l'envoyé de Lucerne; mais sa voix fut bientôt étouffée. ^ Voyez
.Icaii de Mnller. Hist. de la Confédération suisse, continuée |>ar J. .1. Ilot-
lingcr et traduite par (h. Mtninard et Louis Vulhemin, t X, p. 'âOO.)
' NicoliLs de Diesbach, coadjuteur de l'évéque de Bàle.
1r)24 (JASI'AK .M.1>S(.1.U A (lllll.MMK l'AtU-l,. 24?)
.iliucl Seiiattis decreliiin: Esl iiiiidcin [(arocliiis. salis Ixiiiiis vii'.
qiiem, ut daret pro priiiiis aiicliliii-^ l'ii/sroiio (^oiislnnrifnsi'* 40 au-
reo.s, (leranus peranallieina coiiipulil : oi is. soiialoiio cdiisilio usus.
niliil dahil.
Posiremo liabebunt M. Marriumii ■' : at ille \0'mH lin.mias. Niliil
pr;e(erea, nisi quôd negolium Clirisli paruni apiid iiohis [1. nos]
(111 rlL nisi quôd lit exinvidia : liât lainen utcunque. ul uialo iiia-
luiii ad lempiis medicelur. Nihil iiic mihigralum, prieter lahoiem
meum, quem habeo pi'omtiss.[imum], paucos juvenes et lali prm-
ceptore dignos, indoclos et ad quos plane dicere posses: « Quis
deorum lot simios convenire fecit? » Tu ora pro nobis Deuni. ut
non ex hominibus statuas salis, sed ex stipitibus lioniines facial.
Saluta fratreni et doniinum Oicohiniiindium. Die, consuli nostro '"
^^•atas fuisse literas spiiilu et veritate plenas , qui eum salutat et
bene precatur loti erclesiœ ". Saluta pi-telerea fralres onines in Do-
mino, et ul luei sini meniores in precibus eoruni. Rescribe, cum
per negociuni vacat. Mi Farelle, sume fratrem illnm, et virum doc-
tuni et bnmannni. pro tua benignitate.
Gaspar tuus [Massigerus] »•-. verus fraterculus.
(Inscviiitio:) D. Farello, fratri noslru in Ghrish» chirissiiiio.
** Hiiffo fie Holieulandenberg, élu évêque de Constance en 1496.
« Mdchior Diirr (en latin Macrhm-<) Soleurois de naissance. Après avoir
(Hndié à Pane et à Paris (l.'S],5— 1.518\ il enseigna qnelque temps le grec
dans le couvent de St. -Urbain, au canton de Lucerne, fut vicaire du curé
de Soleure, puis correcteur dans l'imprimerie de Cratander à Bâle. Nous le
retrouvons à Soleure en 1522, dirigeant une école et donnant déjà, quoi-
que prêtre en charge, des gages significatifs à la cause de la Réforme.
(Voyez sa lettre à Zwingli, datée du 15 octobre 1522. Zuinglii 0pp. Vil, 230,
et pp. 227, 267, 281.) Le 10 février 1524, il écrivait de Soleure àMycouius,
à Zurich : « Habes, credo, apud te discipulum quendara Vallesianum, no-
mine Genryium Knlhermatlicr ; huic volim siguificares, si ipsi condiiio Pro-
citions, ut vocant, arrideret. Uulo meo praîficercm, siquidom nituc Prorisorc
carco, et id quideni fegrè, quandoquidom, ut is novit, totus in templo, hoc
prœsertim tempore, occuper, puerosque miserè negligere cogor, ut huic
abovwiaiioni satisfiat, a quâ ut brevi per Domiuum libérer, impensè cupio. »
(Inédite. Collection Simler à Zurich.'»
'" H(uv< SloUi, élu avoyer de Soleure en 1520. Il favorisait la cause de
la Réformation, taudis que son collègue, Pierre Ilebolt, était fervent catholi-
que. (Hist. de la Confédération suisse, t. X, p. 360.) (Ecolampade avait sans
doute écrit à Stolli pour l'affermir dans ses dispositions religieuses.
" L'église de Bâle.
'- Le nom de Ma^sirio-ua , écrit de la main de Farel, précède dans
l'origin.il le mot « Gixspar. »
246 GUILLAUME FAREL AUX LECTEURS. 1 b^i
107
GUILLAUME FAREL aux Lecteurs * .
(De Montbéliard, vers la fin de juillet 1524 '\)
Inédite. Minute autographe. Bihlintli. des pasteurs fie Neucli.itrl.
Sommaire. L'oraison dominicale doit être prononcée avec ferveur, mais aussi avec in-
telligence et en pesant chaque mot. Si les pasteurs avaient récité leurs prières
dans un langage intelligible, s'ils avaient enseigné au peuple à bien prier, la Chré-
tienté n'aurait pas été plongée en de si épaisses ténèbres. C'est afin de donner aux
simples l'intelligence de la prière, que nous publions une « Exposition familière »
de l'oraison dominicale et des articles du credo.
Le très-miséricordieux Dieu par son infinie bonté nous a monstre
par plusieurs raessaigieres (sic), tant patriarches que prophc'tes,
|)lains de sainct esperit, sa saincte volenté. pour parvcnii' à Luv. Et
linal)lement, au temps de la révélation du très-grand et très-iiaull
■ mystère, qui a esté occulté par temps éternels, il nous a envoyé
son très-chier (Hz, \Tay Dieu et vTay homme, Jésus-Christ, nostre
.salveur unicpie et seul médiateur, pour abolir tous noz pecchés et
nous fonfermer par sa saincte doctrine en In fov vraye et vifve.
plaine de l)onnes euvres.
El pourtant ipie /// foij ne regarde que l'uinpme de In honte de
Dieu, pendente du loul <le la miséricorde et bénignité de Dieu,
ung des plus nobles fniictz qu'elle ]u-oduise. c'est orayson et élé-
vation «l'esperit et en entendenienl à Dieu. Mm^. pour ce (juc
nous ne.sçavons (pie nous devons prier, ne coinmenl. comme il est
' L'écrit pour lequel cette préface a été composée a été publié h Bâte vers
II' milieu fl'amit 1.024. (Voyez la lettre de Toussain du 2 aoi'it, comparée à
celle de Jeau Vaugris du 29.) Nous n'eu connaissons aucun exemplaire exis-
tant La première partie de cette préface a été insérée presque textuelle-
ment dans un ouvrage publié à Pai-is (chez Simon de Coliues? 152.5 ou 1526)
petit in-8°, sous le titre suivant : « Hrcfue admonition de la manière de prier :
selon ladnrtrine de .Tesucbrist. .\uec une brefue explanation du Pater noster.
Extraict des paraphrases de Erasme : sur sainct Matthieu et sur sainct Luc. »
* Cette date résulte d'une circonstance que nous avons mentionnée dans
le N' précédent, note 2.
1524 GUILLAUME FAUEL AUX LFXTEURS. "IM
escripl aux Romains, le bon Jésus, qui tant c'est litiiiiilii' [unir
nous, a voulu nous monstrer la forme et la manière comment nous
devons prier, nous commandant, que, quant nous voudrons prier,
nous prions ainsy : « Nostre père, (jui, etc. » El pour ce tous
Chrestiens en priant ilz doivent dire ceste orayson avec une très-
grande révérance et humilité de cueur, et une très-grande ferveur
d'esperit, en pesant tous les motz qui sont en la dicte orayson, pour
rhonneur de Celluy que Ton prie et qui nous a baillé la forme
d'ainsy prier.
Et, jusques à ces jours, les pouvres brebis de Dieu ont esté très-
mal inslraictes en la manière de prier, par la grand' négligence
des pasteurs, que les dévoient instruire de prier en langaige qu'on
enlendist, et non pas ainsy seulement barboter des lè^Tes, sans
rien entendre ^ Car, comme dit sainct Paul, si je prie de langue,
mon entendement est sans fruict ; et pourtant il commande, que tout
ce qu'on dit en la congrégation des fidèles, qui est l'esglise, qu'on
le die en langaige [tel] que tous l'entendent : autrement, qu'on se
tayse. Laquelle chose si on eust observer, jamais si grandes ténè-
bres ne fussent advenues : car on prieroit le^'Père en foy, es cieulx,
en esperit et vérité, et non pas es créatures, en la terre, chair, et
vanité.
Pourtant, affin que ung chescun puisse prier en sorte qu'il en-
tende ce qu'il dit, — en ce petit Livret, que facilement on pourra
porter en la main, est l'oraijson dominicale et les articles Je la foy
contenais'] au credo, avec familière exposition de tous deux pour les
simples^ que ne sont point exercittés en la saincte Escripture, non-
^ Proposition censurée par la Sorbonue, le 20 mai 1525, comme l'une de
celles qui sont contenues dans « trois petits livres d'Érasme de Rotterdam
traduits eu langue vulgaire, lesquels sont l'Éloge de mariage, Brcce admo)ii-
tion de la manière de prier et le Symbole. » Cette proposition se trouve
textuellement en effet dans le second de ces opuscules, qui renferme, après
la partie empruntée à Farel, une traduction exacte de la paraphrase d'É-
rasme sur l'oraison dominicale. On attribuait ces trois traités liL. dcBerqidn.
* Cet écrit est très-probablement le premier ouvrage publié par Fai-el.
Voici comment lui-même a raconté plus tard les circonstances qui lo déter-
minèrent à composer des livres d'édification : « Jean Œcolaïupade, ù la re-
queste d'aucuns bons personnages, m'admonesta d'escrire en langue vulgaire,
pour douner quelque instruction ù ceux qui ne savent en latin . . . Combien
que, regardant ma petitesse, je n'eusse tasché ne proposé de rien escrire :
comme aussi je n'eusse osé prescher, attendant que nostre Seigneur, de sa
grâce, envoyast personnages plus propres et plus suflisans que ne suis :
toutefois, comme en la prédication ù laquelle ce sainct personnage ordonné
t'^H OECOLAMI'ADK A MORELKT Dl ML'SEAU, A PARIS. 1 ?i24
obstanl qu'il n'y ave rien que nesoil tiré de la saincle Escripture:
.iflin ijiie plus facilement on ave inleHij^^ence de tous deux, et
aussy aucun accès à la saincte Escripture, (|iie doit estre la table
en laquelle tout Clirestien doit prandre sa l'éfeclion et se régler
selon ycelle.
Pourtant, [que] chescun dévotement prie l'inlinie miséricorde
de Dieu, quMl soit son plaisir nous ouvrir le royaulme des cieulx
par la vraye intelligence des Escriptures, laquelle Luy seul donne.
♦'I non autre, afiin (pie en tout et partout suions menés et con-
duictz par Lu>, et non autre! El ainsy nous parviendrons à la
lerie de pi-omission. en la cité de Hiérusalem céleslièle, avec tous
les bienheureux.
m
ŒCOLAMi'ADE à Morelet du Museau ', à Paris.
De Bâle, 31 juillet (1524).
(H-^colainpadii »'l Ziiiiiirlii Kpi>tol;i'. Kd. .il. fdl. ITHa.
SoMMAlBE. Jacques le sculpteur m'a fait connaître la bienveillance dont vous m'honorez
et que j'attribue à votre sympathie pour la came de l'Évangile. Montrez-vous
vrai disciple de Christ ; qu'il soit votre seul docteur pour tout ce qui regarde la piété !
Je vous envoie en signe d'amitié mes Sermons sur la première épître de St. Jean.
Saluez de ma part Air/ié Maigret.
Clarissiniii' et nobililatis et bonestalis viro Du. .Maiiru Musu'o,
de Dieu, et légitimement entré en Église de Dieu, m'incita avec Vimocation
du Nom (h Dieu, je ne pensay qu'il me fust licite de résister : mais selon
Dieu j'olx'is, estint roijuis et demandé du peuple et du consentement du
Prince qui avoit cognoissance de l'Évangile, ot prins la cliiirge de prescher:
aussy par luy (ulvumcsté d'csrrire, je ne jmi refnner, que je ne misse peine
et diligence do faire comme j'estoye enhorté d'un si grand Pasteur. > (Pré-
face du » Snmmaii(> » de Farel. Jean Gérard. Genève, 1552, in-I6.)
Miiidu-s Musdiis (on fran(,ais Mordct du Mu-scau, seigneur de Marche-
ferrière), né au commencement du seizième siècliî, ét<ut un élève de
Nicolas Hérauld (V. le N" 14, note 1). auquel il dut la première connais-
sance de la vérité éviui^'élique , V. la lettre du 9 août 1534). Sou père, tré-
sorier sous Louis XII, général de France, premier inaitre d'Iiotel du roi et
1524 <*:cof,\Mi'AUi': a mokklkt r)r jusf.ai', a paris. 249
à secretis cl ciiliiciilo Régis (ialliariim. l'.ilruiio cl iJuiuiiio suo,
Joaniies OEcolaiiijKulius.
Gratiaiii et pacein à Clirislct ! Henerolum Iniiin in iiir (inimiim,
Maure darissimc. \cicmaxhni facio. et (juanivis liiiiic iiica,' [lar-
vilati non deberi sciani. f/niideo lamen Ernufjclii farore conrih'it-
inni' : untle jusla l'edainandi datiir occasio. Qiio noiiiinc non iiiilii
soli, sed et Christianis omnibus, addo et angelis omiiihiis. honii-
numque et angelonim régi, Christo, non potes non esse gratiis.
Qiieni eniin non ptidehit Evangelii Cliristi, iUiiis neqiie Cliristiim
piidebit. Itaipic ni csi.ila sempei" comniendatissimimi lihisit Evan-
ûeliiim Jesii ! Foitù (bini hoc precor, opto nt non vidgaiein, sed
renmi Cln/slo fliscipulum prœstes : illuiiKiin' soliini in liis quœ animœ
sunt ihctorem of/iwscas. Quem si subinde audieris in pectore tiio,
docebit te. ne à pseudopropbetaruni imposturis decipiare. et dabit
lit bonis omnibus pei'petuô maneas gratus. Taceo intérim inclVa-
biba bona et veras (bvilias qu;e illius consuetudine conlingent.
Excusus est diebus bis libellm Demegorianim nostraruni in
E(iistul(inim [pi-imamj Jommis^, in quo fermé encbiridion (juod-
dani Christianu' vikc. Eum ad te mitto, ul eodem quo me amas
nomine. redamari te non ignores. Diversare vei semel in lioc, si
vacal. Tuuni autem ilbim in me animum prodidit Jacolms scidj)-
tor ■' : qui et Uleras ut scriberem commendavit. quas non dulnto
ambassadeur de François I en Suisse dès 1524, avait épousé Marie Briçonnet,
cuusine-germaine de l'évêque de Meaux, et il était devenu par ce mariage
l'allié de plusieurs familles illustres et influentes. Il est vraisemblable que
ce fut chez GinUaumc Briçonnet, son oncle, que le jeune Morelet entendit
parler d'Œcolampade, celui-ci étant tenu en grande estime par l'évêque de
Meaux et ses protégés. (Voyez les Lettres de Louis XU. Brusselle, 1712,
t. II, p. 207. Guy Bretonneau. Histoire des Briçonnets, et ci-dessus les
N"' 103 et 104.)
■" Voyez la note 1.
■' Cet ouvrasse du réformateur de Bâle avait paru au mois de juin 1524
chez Cratander, sous le titre suivant : < In Epistolam Joannis Apostoli Ca-
tholicam primam, Joannis Œcolampadii demegorife, hoc est IIomili.T una
et XX, -> in-8°. (A la tin : « Basilea.% apud Audrcam Crataudrum, lumo
MDXXIIII, mense lunio.» V. Panzer. Annales typographici, t. VI, p. 247.)
La dédicace est adressée à Christophe évoque de Bâle, et à son coadjuteur.
•* Ce « Jacohus sciilptor » est probablement le personnage qu'Erasme
appelle, dans sa lettre du 27 octobre 1524, « Lothoringius (juidam sciilptor
imaginum. » Certains détails contenus dans la même lettre permettent de
penser que cet artiste ambulant servait pai'fois de messager aux évaugéli-
ques do France et aux Français réfugiés à Bâle.
230 l'IERRE TOUSSAIN A GUILLAUME FAREL. A MONTBÉLIARD. 1524
qiiin pro hnmanitate tua suscepturus sis humaniter. Vale. Salvum
()pl(j et MeandcHia [l. Amadeum] Mncrinum K prosperari(iu ■ in
Domino. Basilea;, ullima mensis Jalii (1524) «.
109
PIERRE TOUSSAIN* à Guillaume Farel, à Montbéliard.
De Bille, 2 août 1524.
[niHlile. Autographe. Bibl. des pasteurs de Neuchâtel.
SoMMiURE. V'otre lettre à Œcolainpade m'a fait connaître l'ertipressemeiU admirable
du peuple de Montbéliard à rechercher la prédication de l'Évangile. Le chevalier
Coct nous dit qu'il en est de même dans plusieurs contrées de la France. Vous jouis-
sez de \ïi. faveur du Prince et de ses dignitaires ; mais ne vous appuyez pas sur les
belles paroles de ces derniers ; c'est de Christ seul que nous devons dépendre. Jean
Vauyna fera activer l'impression de votre traité sur l'Oraison Dominicale, et j'y
mettrai aussi tous mes soins. Didier et Bunijace vous saluent. Saluez le chevalier
d'Esch, qui est un ancien ami de mon oncle Nicolas 2'oussain. Au moment où je
vous écris, Anémond de C'ucl entre chez moi et m'annonce qu'il partira demain pour
Monlbuliard et vous portera cette lettre.
Fraler. pax Ciirisli tecum! ŒcohDiijiadius nostcr oslenùW inilii
liias ad se epislolas -. (|uiljus signillcalum es! nobis, genleni islam*
" L'apostille de la lettre de Le Fèvre du 6 juillet (N° 103) nous ap-
prend (pie Maigret étixit alors à Pai*is, où se trouvait par conséquent aussi
Morelet du Museau.
'' La date résulte avec certitude de la publication récente de l'ouvrafro
cité dans la note 3.
' l'icrre Toussain (,en latin TossanusJ naquit à Metz environ l'an 14i)().
Au mois d'octobre 1514 il vint suivre les leçons de l'université de Bâlc
où étudiaient alors Conrad Grebel de Zurich , Gaspard Megandor.
(Kcnlaiii])ad(' et Jérôme Froben, fils du célèbre imprimeur. Il étudia en-
suite à ( oiofînc, à Taris et à Rome. (^ Voyez Duvernoy. Fphémérides du comté
de Montbéliard. Resançon, 1832, in-S", p. 305.) On ne connaît ni l'époque
où il fut élu chanoine de la cathédrale de Metz, ni les circonstances qui dt-
terminèrent son adhésion à la doctrine réformée. Il parait s'être retiré à
Râle dans les premiers mois de l'année 1524. (Voyez le N" 121, note 7.)
" .\ notre connaissauro il n'exi.sle aujourd'hui aucune des lettres de Farel
adressées à <KcoIampade.
' Le peuple du comté de Montbéliard.
1524 l'li:UUK lOlsSAIN a giillalmk farel, a MONTBÉLIART). 2o1
ad quam le vocavil AKissiiiiiis, Jesii Chiisti, servatoris noslri glo-
riam mire silire •*. Quo (it ut mirum iu modum gaudeaiii. El hn-
heo Deo f/mtias, mi Giiilielme, el Domino noslro Jesii Chrislo,
quôd non Isthic solîim, veritin etlnm in Galliis omnibus, sacrosanc-
tuin Dei verbwn indies niagis atque mnfjis ehicescat. Gujus rei mihi
salis abundc fidem facit Annemundus Cactus, vir, ul scis. lileris et
imaginibiis clarissimus, à quo audio ingénia passim suppuilulai-e ^
qui [1. qua;] hue omnia vila) sludia, omneisque conalus adfeiani,
que possit tandem Christi regnum quàm lalissinie patcre. Et te
per Clirislum horlor, mi fraler. ne ab instituto defatigeris, sed
constanli sis animo in Domino noslro Jesu Ghristo.
Gaudeo Principem « tibi favere, nec hune solùm sed eliam omneis
illius Aulœ nobiles ; sed vide advigiles, quando non ignoras pri-
mum illum paeis nostrœ prodiloi-em. nunquam non exeubias agen-
lem, nobis seraper insidiari, omnemque (quod aiunt) movere hipi-
dem, quô possit tandem hostem opprimere, atque adeô si iUius
regnum invadas. Consulunl illi siupe varia, quse si ferlasse ad
examen revoees, pugnant eum Chrislo. In quibus te velim festi-
nare lenlè, nihilque non ad Scripluram redigere, quandoquidem
nuif/na res est quam agis, nec vult consiliis humanis contaminari.
* Farel nous apprend lui-même clans la préface de son « Sommaire, » éd.
cit., qu'il fut « rcqîiifi et demandé du penjûe [de Montbéliard] et du consente-
ment du Prince, qui avoit congnoissance de l'Evangile. »
■^ Dans son récent voyage à Paris et à Meaux le chevalier Coct avait pu
recueillir bien des renseignements sur l'état religieux de la France. (Yoy. à
la fin (le la lettre de LeFèvre du 6 juillet, l'apostille du chevalier Coct écrite
àMcaux, et la note 28 du même N", p. 223.)
^ Le duc Ulric de Wurtemlerfj. Chassé de ses États d'Allemagne par la
ligue de Souahe (1519), il résida dès lors alternativement en Suisse, à la cour
du landgrave de Hesse et dans son comté de Montbéliard. (Duvcruoy. Le
château de Montbéliard et ses anciens maîtres. Besançon, 1810, p. 13.)
Pendant l'été de 1523 il aviut séjourné à Bâle et il était entré en relation
avec Œcolampade, qui lui fit goûter la docti-ine évangélique. C'était un
très-mauvais prince. Zwingli s'exprimait ainsi dans la lettre qu'il écrivait à
Œcolampade, le 9 octobre 1524 : « Eumor est, principem WUrteinbcrgcufiem
te sibiiu usum Evangelii junxisse. Ego ab eotiomine oliquando ceJiementcr
abhorrui; verùm si ex Sanlo Paulus factus e^it, non aliter amplccti possem
hominem, quàm fratres Paulum, quum resipuisset. Quidquid in hac re sen-
seris, indica ; nam nos, djîdcs adsit, cum illo, quse maxime sint emolumcnto
rei Christian;!' futura, tractaropoterimus. Cupio autem in summa scire, j)o.s'teo-
quam dcfide docui>^ti, ubi nunc sit, et qua ratione tutù qucam ad illum lite-
ras dare. Puta si sit \\xmontePeligardi....T> (Zuinglii 0pp. Vil, 360.)
2.'i2 iri.miK rorssMN a (Jlii.i.ai'MK fahki.. a miinthéliaru. 1521
l'ullircritiir illi moiiles ;imeos, adhajc lavorem. auxilium. atque alia
iil fHinn>. à qiiihus si [lendeinus, jarn à Christo tlefeciimis, et in le-
nohris ainhulaiiuis. Qua^ non ad te scribu, ul existimem me lil>i
iiionitoiv opus esse, sed ne non intellipas me quoiiiie de te solli-
ciliiiii. (•iipere(|ne ex animo. ni omnium pechtrilnis Clirisliis in-
seialiM'.
(Jnod si'.fihis ih- Ovatione Dominica'. dabo operam ul exeal ni
pnbbcnui. idipi<- ipiàni piimum lieri polei-il. Conveni liodie emn
<|iii illiiii iMiiiiMJis exciidendain suscepit. Ijuiiu [die]*" ((nnmitle-
[\\v |iia'b>. si non iiiibi verba dal lypoj,M-apluis: Jn.[(mnesy, neim
liililiojinlii- Liifjilunensis ">. maturabit negolinm. qni .>alulem tibi
adscribit. Ego,t|uanlum arl me atlinet. non ero in mora, cupei-em-
(|ne libi et bonis omnibus majori in re gratifican. Pioinde. si (|nid
esl qiKid possiiii. ulere me. Pra-ler ba'C nibil babeo i|Uod ad le
scribam. Krnlies le salnlanl. inprimis Th'sijilorins nostcr^^ el lio-
niffiriits^". Reli(pia ex OEro/r/////^////// lileris '' inlelli^es.
Cuperem. ul darissimum ilbini E(|uilem nostrum, 0. Sirolimm
Dvx^\ Tossani lui verbis sabitares. cni nHdtùni olim familiarilalis
el aniiciliii' inlenessil cnm Nirohio Tosstino. [irinuferio Melensi.
palrin» mco. (pio nomine spei'o me fiilurum illi lomniendaliorem.
El bene vale. fraler in Domino dileciissinie. qui diiiual ^^■essas
luos et te servet incoluniem! 13asile;e lumulluanler. ij Au,-. l'J^i'i.
Tuus ex animo Pktrls Tossanus
(P. S.) Habebaums inf nesriu (jiieui ad le nuncium.Sed c-um bas
scrilicicni iitcras. nie invisil clatissinuis iinstrr (^ordts. vir muni
' Voyez le N° 107, qui contient la préface de cet opuscule de Farel.
•* JiC lundi 8 août.
■' Jean Vaugm, membre d'une famille française naturalisée à Baie, était
lo roniiTiis-voyageur de ses deux oncles, les libraires bâlois Conrad licjich v{
.Iran VaUciisditiec. Milclicl.
'" Ces mots désignent vraisemblablement Jean Wattenscbnee, qui avait
nue maison du librairie à Lyon.
" Ce Didier, dont le nom de famille nous est inconnu, étudiait à 15àlc pour
devenir évangéli.ste. Voyez la lettre d'cKiolampade à Farel du 1" juillet
(l.Vjr.>.
'■•' Honiface Woltliard. Voyez le N°95, note 2.
• s Voyez le N" suivant.
'* ("»• clievalicr /M', appelé par Toussain « le clicvalier fi'7vst/i, » daus sa
lettre du 17 décembre lOii 1, était natif de Metz. Nous supposons que c'est
le personnage mentionné sous le nom de NkoUitts Aqunms dans une lettre
d'Agrippa, datée du 26 septembre 1521. (Agrippa' 0pp. Pais II, p. 819.)
1-^)2i (M'XOLAMI'AnF. A KAUKI.. \ MONTBKLIAIU). 2n3
kaule iliyuissiimis. Is ciiin. ul iil. iiilral iusluariimi. ro^ial (|iii(liiaiii
agam? num slmliis nieis ohslropat? iil esl liiimanissimiis. —
" Niliil esl, iiKiiiani, quod agam : taiiiriiu scriljobani l'iioirllo nostro.
Si .(iiid esl quod scribere velis liomini? » — « Ego. in(|uil. red-
daiii illi liias literas, quandoquideni cràs smii concessurus ad lio-
mineni. » Quod mdii fiiil iiicundissinnini. Itenim vale in Clii'isto.
(hisi-rijifio:) \). (liiilieliiio Kaivllo Tlieolctgo. fr.ilii in [l(Hiiiii()
dilcclissiiiio.
110
ŒCOLAMPADE à Farel, à Montbéliard.
DeBâle, 2 août (1524).
(Ecolaiiii)adii el Ziiiiiglii Efiislola'. Éd. cil. fol. 200 a.
SoMAf AIRE. Au milieu de la tristesse que me fait éprouver le peu de succès de mes pré-
dications, je suis du moins heureux que vous ayez trouvé un champ si fertile, et
(ju'après un temps si court il soit déjà couvert d'une riche moisson. Ne travaillez pas
à faire des savants, mais des gens de bien. Il est facile de faire entrer quelques
dogmes dans les oreilles des auditeurs, mais changer le cœur, c'est là une œuvre di-
vine. Ce qu'il nous faut pour nous accommoder aux caractères divers, c'est la dou-
ceur, la patience, la charité, la foi surtout, et une prudence formée sur celle de
Christ.
Je n'oserais contraindre Bonifaee à vous rejoindre, tant qu'il ne sera pas appelé
par le troupeau. Coct vous amènera peut-être un évangéliste capable. Nous songe-
rons à vous envoyer tous les effets que vous avez laissés à Bâle.
Joanues Œcolampadiu.s Gulielmo Fai'ello, myslerioruni arcano-
rum lideli dispensatori in monte Belhegardia;, suo fralri.
Gratiam a Cbrislo perpetuam I Gaiideo iiiinim lu nioduni, vem
Cliiisti per te iucrementa isthic siunere, el precoi' ut ipii per le
piaulai. plaïUata rigel, accustodial à vulpeculis el apro devaslaule,
singulari illo, inquam. Bene. (}uôd laui uberein agi-uiii naclus es.
el ipiùdlaiu brevi' segesprovenil; sed luiu bealierimus. si friiduiu
Cbrislo alluieril, si .spes non ebisa fueril. ;ml sallem noslia culpa
' Ces mots tam brevi montrent que Farel était fixé depuis très-peu de
temps à Montbéliard.
2'J'j. ŒCOLAMPADE A FAREL. A MONTBÉLIARD. 1 524
i(l non conlingat.si ministeriuminculpatum et fidèle nunqiiam maie
audire cœperit. Uabis operam non ut doctos, sed ut bonos, lioc
est, vere doctos et OcootoaxTo-j,- multos gignas. Facile enim est ali-
(luot dograata auditorum inslillare et inculcare auribus; nnimum
aulem immutare, divinum opus est.
Ante omnia igilur necessarium, precai-i spiritum sanctum, et uno
talento nostro lucrifacere nobis alterum. Qui unum talentuni ba-
bet, defodit in terra. Gui duo, is alia duo lucrabilur. Qiiod si lu-
crari voluerimus, opus eril mansuetudine, palientia. cbaritate. el
lidc inpriijiis: ojnis erit et prudenlia. non carnali, sed sancta. (iu;i'
desursum descendit, qua;, exeniplo Cbrisli, nos omnium moribiis
accommodare facil. Sed quid le raoneo. qui spii-itui monitori ob-
If'inperabis? Me deplorare debeo, (|ui lanto tempore in aërem lo-
(pj(»r, et nec tantillum spei in meis video: fortasse in me(bis Turcis
felicius docuissem. Sed jam in nullum transcribo culpam, in me
rejicio. Ora Dominum, ut ne siuat verbiim su^im ronlennii. prop-
ler meam vel ignaviara vel maliciam.
Bonifncium - nondum ausim cxtrudere, nisi cerlis literis advoca-
relur; fortassis aderit cmwCocto^, qui sanclo muneri fiiturus sil
i(b)neus. Sed si omnino utilem crederes in opus Dei Bonifncium,
cura lit illi scribalur, ne semper causetur se non conductum vel
vocatum in vineam \ Salutat te domus mea. Gratias agas clarissinio
illi equiti ■', atque aliis omnil)Us qui nos salutant in Gbristo. De sar-
cinula transvebenda, per aniicos inquiram, si commode possit.
Fortassis islbic faciliiis invenies, «lui id recularum, quicquid est.
vtdiiit bine avenere. Nemo liactenus pecuniam tuo nomine postu-
lavit à me *. Si quid me facere volueris, fac sciam. Gras exordia?-.
si Deus volet. Epistolam ad Romanos; in templo Gonesim ab ex-
onUo. cl K[iist(>lam ad Hobneos exorsus sum. Ora Dominnm. ne
tdlaiu iKiclem frustra lab(trem. Vale in Gbristo. 13asilea}, mensi>
Augusli (Mo secundo (lo2i).
* C'est i)rol)ablomcnt Bonifacc Wolfhard.
^ On voit pur lu lettre précédente (luo le cliev;ili(T Coct se disposait à
partir de Bàlc le .3 août, pour se rendre à Montltéliard.
* A l'orif^ine de la Iléforme on ne reconnaissait connne pasteurs légiti
mes que ceux qui avaient été appelés par le troupeau.
'• Le clicvalier Nicolas d'Esch. Voyez la lettre précédente, note 14.
" Ces détails montrent que P'arel avait quitté Hâle d'une manière préci-
pitée, sans pouvoir ni emporter ses ett'ets, ni mettre ses affaires en ordre.
On verra dans sa lettre du G juillet 1525 le récit des événements qui le con-
traignirent à ce prompt départ.
1524 OECULAMI'ADK A GUILLAUMK FAIŒL. 255
m
CECOLAMPADK à Guillaume Farel.
De Bille, 3 août (1524).
Ibidem, folio 198a.
SdSiMAiRE. Le récit que je viens de lire du hiimdtc excité à MonthéUard, dimanche
dernier, me fait espérer que votre prédication portera des fruits. Mais les amis de
l'Évangile craignent ici que votre zèle ne vous rende trop entreprenant. Vous n'avez
certainement pas oublié les recommandations que je vous fis avant votre départ de
Bâle, ni votre promesse de vous exercer à la douceur. Les hommes aiment laper-
suasion, non la contrainte ! Imitez Jésus-Christ, dont la mansuétude se montre jus-
que dans sa polémique contre les Pharisiens. Boniface ne refuse plus d'aller [à
Montbéliard] depuis qu'il a reçu un appel en règle. Les discours sur l'Épître aux
Hébreux que j'ai commencés dimanche à l'église, ont failli être suspendus par un
ordi-e du Conseil. Saluez le chevalier Nicolas et l'église qui est avec vous.
Jo. Œcolampadius Gulielmo Farello, vineae Domini in monte
Bellsegardiœ planlalori et idoneo et fideli, fratri suo.
Gratiam et pacem a Domino Jesu! Legi tragœdiam die Domi-
minico excitatam istliic ', et in magnam adducor spem, frugiferum
fore semen quod mittis in terram. Qui hic libi et Evangelio favent,
ne quid ardore zeli in ter initia attentes timent. De quo satis mo-
nui antequam abires, nunc non item : neque enim excidisse animo
crediderim, quo modo inter nos convenerit, nempe, ut quanto
propensior es ad violent àwi. tanto maçiis te ad lenitatem exerceas,
leoninamque magnanimitatemcolumbina modestia frangas. Duci.
non trahi volunt bomines. Unum spectemiis. quomodo hicn'fncianius
animas Clnisto, et quomodo ipsi doceri rellemus, siquidem adliar tr-
nereinur in tenehris et captivitate Antichvisti. Vide ut Cln"istum
etiam vita exprimas, exemplo, inquam. docendi. Sajvit quidem ille
' Dimanche 31 juillet. Nous ne savons ù quelle tragédie Œcolampade
fait allusion. Il veut peut-être parler du désordre que le gardien des Cor-
deliers de Besançon excita dans l'église où prêchait Farel. (Voyez plus loin
la lettre du 20 août 1524.)
2.'in OECOLAMPADr A GnLI.AlMK FAHF.I.. 1524
iii Plianstoos, hoininum genus inlractabile, sed siiaviùs. (juàm ple-
ri(|ue verba Mattlia^i iiiterpretanUir : ([utedani per deplorationem.
qiKi'clani per pnomoiiitioriem. (pui-dam alla lestivitale iiiellila ub-
jecit. ila ni nusquam lerè benigiiitas ejus iiianifeslior. qiiàm diini
agit cuiii atrocissimis insidialoribus et iniiiiicis. Sal est. Scio te
inediciiiii. non cai-nilicem fore.
lioiiifnrins niliil oausabitiir. siquideni lileris fiierit accilnseoruni
ipiibiis annunciandum est verbuui. Fortassis S?/Y///o// - ciinclabundi
coronan» pra^ripiet. Hodie auspicabor Epistolam ad Uonianos. l)o-
l^itli(•odie^ in temple, Genesim et Epistolam ad Hebiu'os exor-
sii- lui. l'aiiim abliiil. qiiin senatusconsullo inU'i'dicerelur Epi-
slolie ad Hebi'ceos enarratio. Detulerant enim me ipiidam. quod
coner omnem Sancidi nui Imnorem et imagines abroirare ^ Hes-
()ondi Tn'huno pU'Iiia '•>., et Cousuli^, me prseconera e.sse Cbristi, non
ita addictnni qiiidem me Sanclis: nuUis tamen, (jiios 111e observari
voltiit. suum iionoiem imniinutuni iri velle: po.sse me in omnibus
Sciiptura! libris. quod in isto, si expatiari liiierel. l'bique Deus pio-
[lonituf colendus. (juumque mnlta in hanc sententiam dixi. pernii-
.MTunt me ai'bilrio meo, ut qua docui bartenus pergeiem niodestia.
Audierant inter alia. me non [)aisurum vigiliis. et anniversariis.
UMssisque (pioiundam impiis; et niliil ad illos jierlinere visum est.
(lia Dominum pro me, ne inlidelis in ejus reperiar ministerio.
Saluta cl meo nomine darissimum equitem Nicoliiiim '. et eam (juie
istliic teciim ecclesiam. Vale in Clii'isto. ;] Augusti (1524) \
* On doit peut-être lire Siruthion (en allemand Strauss), mais il ne fau-
drait pa-s voir daus ce personnage l'cx-Dominicain Jacob Strauss, qui est
mentionné daus la correspondanoo de Zwingli (années l.")25 et 152U) et
dont les Réformateurs se détiaicnt, à cause de ses idées exagérées (Voyez
Ilerzog. Vie d'Q'^colampade, édit. ail. II, 289.)
' Le 31 juillet.
* Ceci est un indice de l'esprit de persécution dont ]""arel avait été lui-
même victime de la part des magistrats hâlois. Vovez le X" précédent,
note 6.
* Ce trihunits pkhùi (ou chef suprême des tribus de la ville) était alors
Jaicos Zicyhr.
" Le bourgmcistrc on cliarge Henri Mdtinga\ zélé catholique. Son col-
létrue Adelherj; Meyer était, au contraire, grand partisixn de la Réforme.
^ Le chevalier Nicolas (VKsch.
" IjC millésime est écrit de la main do Farol sur Pexemplairo dos Lettres
d'<Kcolampado et do Zwineli (R;"di', ir^'M]) qui lui avait été offert on cadeau
par Jean ( >porin, Tiui des éditeurs de cet ouvrage, et qui se trouve maintenant
ù la Rililiothèque publique de Genève.
I
I
1 524 FRANÇOIS LAMBERT d'aVIGNON AU Rfll DF. FRANCE. 257
112
FRANÇOIS LAMBERT d' AVIGNON au Roi cle France.
De Strasbourg (vers le milieu cl')août 1524.
(traduit du latin, extraits.)
In Cantica Canticorum Salomonis FrancLsci Lamberti Com-
mentarii Wittembergcc prselecti. Argentorati, 1524 \ in-8".
Sommaire. La tyrannie de l'antechrist serait bientôt renversée en France, si le Roi y
autorisait la libre prédication de l'Écriture Sainte, et la vente des livres évangéli-
ques. Tandis que les populations ont soif de la parole divine; le clergé se montre
tout prêt à fermer la bouche aux prédicateurs de la vérité. Lambert en a fait ré-
cemment l'expérience à Jlletz. Incompétence des parlements dans les questions re-
ligieuses. Lambert supplie le Roi de rendre le mariage libre poiu: tous ses sujets et
d'accorder sa protection à la ville d'Avignon et au comtat Venaissin.
Au Très-Chrétien et très-sérénissime Prince et Seigneur. Fran-
çois, par la grâce de Dieu roi des Français, — François Lambert
d'Avignon, inutile serviteur de Ciirist. Que la grâce et la paix
vous soient données de la part de Dieu notre Père, et de noti-e
Seigneur Jésus-Christ !
Roi très-chrétien I
J'ai naguères adressé à Votre Majesté un livre intitulé : Du saint
et fidèle Mariage \ avec deux lettres, dont l'une est placée en tête
du dit ouvrage ^ et dans lesquelles j'ai ouvertement rendu compte
' On lit à la fin du volume: «Argentorati, apud lohannem Hervagium,
mense Auguste, anno M.D.XXini. » La pagination commence ù la fin de
la dédicace à François I, ce qui permet de croire que celle-ci a été impri-
mée a2jrès le corps de l'ouvrage.
- « De Sacro Conjugio commcntarius Francisci Lamherii in Positiones
LXIX partitus. Ejusdem Antithesis verbi dei et inventorum homiuum,
prima positione. Ejusdem Psalmi sive Cantica VIL » Nous donnons le titi-e
d'après l'édition de Nuremberg (1525). La première édition, qui parut ;
Strasbourg, chez Jean Hervag, au mois de mai 1524, porte un titre beau-
coup plus développé.
' C'est une dédicace d'une quarantaine de pages, où l'on trouve quelques
détails intéressants sur le père de Lambert et sur le gouvernement de la
■ville d'Avignon. La. seconde kitre adressée au roi était sans doute manuscrite.
T. I. 17
a
2o8 FRVNÇOFS LAMBKRT d'aVIGNON AU ROI DE FRANCK. 1524
des motifs qui m'ont engagé à m'expatrier, à rejeter le masque
des sectes et à contracter une chaste union. Tout cela j'ai été
contraint de le faire par la sainte et éternelle Parole de Dieu.... Je
vous promis alors de vous envoyer sous peu mon commentaire sur
le Cantique de Salomon. dans lequel j'explique les mystères du
saint mariage qui se rapportent à Christ et à l'Église. Je viens au-
jourd'hui tenir ma promesse
Croyez-moi, roi très-généreux. Assez longtemps l'illustre France
a été séduite par le fils de perdition. Assez longtemps elle s'est vue
dépouillée et appauvrie par les plus impudents mensonges; car
ce règne aposlatique enlève presque tout. Avec leurs dimes
imaginaires, les prémices et les oblations qu'ils réclament contre
toute justice, les fondations impies et lucratives de leurs collèges.
de leurs bénéfices, de leurs couvents, de leurs anniversaires et
autres institutions du même genre, qui rappellent les bois sacrés et
les hauts lieux, ou bien encore avec le trafic et le négoce de leurs
messes et Tenvahissement des propriétés et des terres, ils dévo-
rent, ils rongent, ils consument tout. Qu'y a-t-il en eux qu'une
source intarissable d'avarice et de rapine? « Apportez, apportez,
apportez, » disent-ils sans cesse, et jamais ils n'ajoutent : « C'est
assez ! » Ne nous ont-ils pas d'ailleurs détourné de Christ et de sa
très-sainte Parole de la manière la plus funeste, pour nous con-
tiaindre de croire à leurs mensonges? Nous avons assez, nous
n'avons que trop de folies et d'erreurs à nous reprocher! Trop
loiif/trmps. grâce à l'Antéchrist, nous arons été détachés de Christ
et entraînés loin de Lui.'
Croyez-en donc, ô roi très-chrétien, votre pauvre sen iteur. exilé
pour le témoignage qu'il a rendu à Christ, mais qui désire de toute
son àme que le Fils de Dieu règne dans votre royaume, ce qui
fera votre propre félicité: car c'est alors seulement que vous ré-
gnerez vérilahloment. et que vous alTermirez votre puissance, en
faisant régner Christ dans le cœur de vos propres sujets. Permettcz
<IU(' la Irés-purc parole de Dieu (///parmi eux îm libre cours, que
les prédicateurs soient vraiment évangéht|ues et t/ue les llrres qui
auuoncont Jésus-Christ puissent être Imprimés même en langue rul-
galre et llhrcmrnt rendus dans tout rotre royaume. De la sorte il
adviendra que. sans les armes de la chair et sans la main des hom-
mes, la hauteur de Satan, qui réside dans le pape et dans les sien.s,
sera renversée, comme Daniel l'a prophétisé, renversée par le seul
glaive de l'Esprit. (|ui est la Parole de Dieu (Hébr. IV).
4 524 FRANÇOIS LAMBERT i/aVIGNO.N AU ROI DE FRANCE. ^.'JO
Pour la gloire de Clirisl el la (léli\rance de tous les élus, dont
je ne doute pas que le nombre ne soit considérable dans vos États,
et dont les désirs sont très-certainement semblables aux miens,....
je vous supplie de ne point leur fermer les greniers de la pure Pa-
role de Dieu. Car ils sont tous allâmes, (j'en parle par expérience)
et il n'y a personne pour leur rom[)re et leur ilistribuer le pain de
la Parole. Les greniers sont remplis de froment: je veux dire,
qu'il se trouve, inëme en France, bien des fidèles qui connaissent et
possèdent la vérité, mais dont la bouche est fermée par les évéques et
les moines de r Antéchrist. Moi-même, tout impuissant que je suis,
je viendrais en France, si la conjuration de l'Antéchrist ne s'oppo-
sait à ce que je puisse y proclamer la gloire du Seigneur. Je sais
que si Ton pouvait mettre la main sur moi, j'aurais la bouche
bientôt fermée, comme) Vy/ ai fait l'expérience, il y a environ quatre
mois, dans la ville de Metz *. Le Seigneur m'avait en queUpie sorte
forcé de quitter la Saxe, pour m'y rendre % et j'avais trouvé le
Conseil et les citoyens de cette ville assez disposés à accueillir la
vérité •=.... Mais bientôt toute la cohorte de l'Antéchrist se déchaîna
* Ce fut vraisemblablement vers la fin de mars 1524 que Lambert arriva
à Metz. Voyez les notes 5 et 7.
^ Lambert était parti de Wittemberg vers la fin de février 1524:. Cette
indication résulte d'un passage du Journal de Spalatin (Schelhorn, op. cit.
IV, 360), relatif à Lambert, et des excuses que celui-ci adressait, eu mars
1525, dans la préface de son commentaire sur Osée, à l'Électeur Frédéric :
«Molesté forsan tulisti, qu6d ante ferme annum abierim à terris imperii tui,
contra omnium amicorum, etiam . . . Martini atque Philippi Jlelanchtlwnis,
cousilium, et non expectato beueplacito Illustriss. D. Tuœ, quaî tum orat JV«-
rembergœ, aut in via ab eâ. » (Voyez les Commentaires de Sleidan, livre 1\.
D'après les Lettres de Luther, éd. de Wette, II, 486, l'Électeur de Saxe se
retira de la diète de Nuremberg le 14 février 1524, et il fut de retour à
Wittemberg avant le 14 mars.) Lambert dit ensuite dans lu même préface,
qu'il céda en cette circonstance à un appel de Dieu: « \'erè enim vocavit
me Deus, et praecepit, ut exirem è Wittemberga, veuircmque ad JIctenses,
et, in eventura, quo non me sustinerent illic docentem Christum, venirem
Argentoratwu, aut in aliam è civitatibus Germania% terris Galliœ vicinio-
ribus, ut ipsis fratribus per Gallias proximior adeôque utilior fier cm, do-
uée aliô vocarer. lustabat jussio Dei ; proinde mox abire coactus fui. Alioqui
nuUa erat requies obsisteuti. »
^ Pour expliquer ces dispositions favorables , il cou\ient de rappeler l'in-
fluence plus ou moins directe que Henri-Cornolius Agrippa avait exercée
pendant son séjour à Metz (1518-151 'J) sur quelques-uns de ses amis in-
times. Pai'mi ces derniers on peut citer Eoger Brcnnon, curé de la paroisse
■de Ste.-Groix, défenseur zélé de Le Fèvre d'Étaples, Nicolas de Heu, Til-
260 FRANÇOIS LAMBERT I)"aVIG.\ON AL ROI DE FRANCE. 1524
contre moi ', et elle m'aurait fait un mauvais parti, si le Conseil n'y
eût mis obstacle. Yovant donc que je ne pouvais me promettre là
aucun succès, je suis venu à Strasbourg, cette ville fortunée, que
le Seigneur a éclairée de la lumière de sa Parole. C'est là que
j'attends quMl plaise à Dieu de me rappeler à Metz ou dans quel-
((ue ville de France. Il vaut mieux, en effet, que je reste en Alle-
maç/ne. où je puis du moins, par mes écrits, agir en faveur de
rÉvangile. que de vivre en France sans pouvoir y annoncer la
Parole, à moins que Votre Majesté ne m'accorde sa toute-puissante
protection.
Ce n'est pas en vain que vous portez le titre de roi Très-Chré-
lien, et ceci me donne l'occasion de plaider devant Votre Majesté
la cause de Christ. Ayez donc pitié de votre peuple, et donnez-lui
de vrais pasteurs qui l'instruisent dans la seule et pure Parole de
Dieu, sans y rien mêler des inventions des hommes. On dit qu'il
y a dans votre roj/aume des Parlements qui se mêlent de porter des
juf/ements sur la vérité de Dieu, et qui favorisent les écoles des faux
tltéolo(jiens ^ Votre devoir est de réprimer une telle présomption,
car en ces matières rien ne peut faire loi que la simple Parole du
Seigneur. Tout ce qui s'en éloigne n'est que mensonge et doit
inann, ot le lil)raire Jacques ' ' *. (Agrippîe 0pp. Pars H, p. 759, 768,
819 et 846.) Mais c'est essentiellement aux prédications évangéliques de
Jean Castellan, docteur en Théologie, natif de Tournay, qu'il faut attribuer
l'cmprossemont des Messins à écouter l'Évangile. « Erat iinn Métis (dit
Fr. Lambert, 1. cit.) sanctus Dei prophcta, Joanves CaMlanus ... Is iam con-
stantcr anno superiore [scil. 1523] illis Cfiristum annunciaverat, tit ad ejiis
conciones properarent verè poptili, spretis antichristi propbetis.... Novi illum
ex intimis. Fuit etenim mihi pcrinde atquc Jonathas Davidi. >^ Voyez les
Chroniques de la \\]]c de Metz, publ. par Iliiguenin. Metz, 1838, p. 808.
" Los passages suivants de deux autres livres do Lambert comploteront
ce qu'il dit ici de son séjour à Metz: « Ante annum ferme et âimiâiim .... è
Saxonibus ad Mctcmcs, ut eis annunciarem Evangelium... ingenti cum A-ia-
rum discrimine, veni; sed tam in nie insanivit coliors Papa? ... ut, pnst octi-
dtiinii, vol coactus venerim ad Christianiss. Aryaitoratinn. » (Commentaire
sur Michéo, Nahum et Ilabacuc, précédé d'une dédicace au sénat de Be-
sançon datée de Strasbourg, le 15 août 1525.) — "Ante mensem circiter
nonum, apud indytam Mctensiitm urbom, Antichristi cohors advcrsùm me
fuit congrogata, qua^ me tandem invitavit ad nounidhui jjositioncs adjigcndas.
Fgo autiin IIG oisdem somel proposui, quas nunc ad 385 adauxi.» (Far-
rago omnium ferè rerum thoologicarum, fol. 51, ouvrage publié vers la fin
de janvier 1525.)
* Voyez ci-dessus, p. 231. la lettre de Roussel du G juillet.
i 524 FRANÇOIS LAMBERT d'aVIGNON AU ROI DE FRANGE. 261
être évité comme le poison des serpents. Nous nous soumettons
nous-même à celte règle, et si les parlements ou les universités de
vos États veulent juger nos écrits et nos discours, que ce soit d'a-
près la Parole de Dieu. Aulremeiit, nous ne ferons de leurs arrêts
et de leurs condamnations non plus de cas que du fumier et des
ordures. 11 ne sulllt pas de dire : « Nous réprouvons, nous condam-
nons. » Ce n'est pas là le doux langage de Gln-ist, mais celui d'é-
trangers. Si l'on appuie, au contraire, telle ou telle condamnation
sur des textes de l'Écriture, nous nous soumettrons, dès que nous
aurons reconnu que ces textes sont à bon droit invoqués contre
nous. Nous sommes toujours prêt à nous laisser instruire par la
Parole de Dieu. Je ne condamne point les décrets raisonnables,
ni les lois pieuses rendues par les Rois, les Princes et les Magis-
trats, mais seulement ces exécrables inslilulions du royaume de
l'Antéchrist, qui, sous les fausses apparences du clu'istiauisme et de
la piété, éloignent tous les hommes de Christ.
Je sais que ce que j'ai écrit dans mon livre sur le Saint Mariage
sera pour tous ceux qui ne s'en tiennent pas à la simple Parole
de Dieu une occasion de scandale. Par ce livre, comme par mon
propre exemple, j'ai cherché à faire disparaître cet abominable cé-
libat des papistes, qui est la source des adultères, des impudicités,
des crimes contre nature et de toute espèce de débauche. Puisse
V. M. accomplir dans son royaume la volonté de Christ, en en
chassant les paillardises, les impuretés, les adultères! Que dans ce
but, Elle permette à ses sujets de toute condition, même aux moines
et aux religieuses, de contracter librement le saint mariage : car ils
sont véritablement libres de le faire devant le Seigneur. Comment
l'homme oserait-U interdire ce qu'autorise, ce que commande
même la Parole de Dieu, pour ceux qui n'ont pas le don de conti-
nence ? J'invoque le Seigneur pour qu "il fasse de V. M. un nou-
veau Josias, ce roi véritablement lidèle et pieux qui avait détruit
les idoles, les bois sacrés et les hauts lieux, avec tout le cortège
d'impiété qui les accompagnait, et qui avait supprimé les prêtres
et les faux prophètes, afin que chacun pût adorer Dieu d'un cœur
pur.
J'ai dernièrement écrit à V. M. au sujet de la ville d'Avignon et
du comtat Venaissin '■*. sur lesquels la cour de Rome s'arroge la
^ Ce sujet est traité dans la dédicace du livre de Lambert de sacro Con-
jugio.
d^'rl IIKMU IIKIT/.MA.N.N A (i. FAREL, A MONTBÉLIARD. 1524
ildiiiiii.iiion. et où le libre exercice de la foi évangélique est entière-
ment interdit. Je vous conjure d'en avoir compassion, et d'agir
comme je vous l'ai demandé, pour les contraindre, non par l'em-
ploi de la force, mais par des moyens convenables, à entrer dans
le royaume de Christ et à s'alTranciiir de la tyrannie de l'Anté-
christ, soit en se donnant des magistrats et des Conseils de leur
rliolx. comme font plusieurs villes d'Allemagne, soit en se plaçant
sous le gouvernement d'un prince qui leur permette de suivre
librement la Parole de Dieu: le tout, sous la protection de Votre
Majesté.
Veuille Jésus-Christ, très-bon et très-grand, faire briller partout
la très-précieuse lumière de la vérité, et éclairer l'esprit de V. M.,
afin que. nouveau David, vous rétaldissiez dans la P^rance entière
le vrai culte de Dieu et sa pure Parole, à la gloire du Roi des rois,
Jésns-Clirisf. noire Seigneur. Amen!
115
HENRI IIEITZMAXN ' ù Guillaume Farel, à Montbéliard.
DeBàle, 17 août (1524).
Inrdilc. AulotiTopho. \Vi\A. t\e?' pasteurs de Ncuchnlol.
Sommaire. J'espère qne vous ne m'avez pas oublié et je suis lieurenx de savoir que
vous annoncez l'Évangile à mes parents et à mes proches. Je me réjouis de ce que
la )>arole de Dieu va purifier ma patrie de toutes les souillures de la superstition.
Si je n'avais besoin moi-même de vos enconrnpcments, je vous exhorterais d la per-
sévérance et il la circonspection. Veuillez ni'écrirc imp fois pour me faire connaître
les progrès de mes compatriotes dans la piété.
riiiil. Farcllo Sacr<T Scriptura* deditissimo Henricus Heilz-
m.'inus S. 1).
El si .diqiia apud te noticia mei remanet, ejus tamen recordatio
uiaxiinè snbibil. si me apud jirœpoxitum liitrsfp- liabere mensam
' Certains d(''tails de ceUc lottro scmldont indiquer que Henri Heitzmann
était venu de Montbéliard étudier à l'université de Bâle.
' Le personnage appelé « pracpositus Rursse » était sans doute chargé
de l'administration des fonds destinés aux étudiants pauvres.
1524 IIKNIU HEITZMANN A (i. FAllEL. A AIONTBÉLIARD. 203
memineris. preterea. in restidni domiim ferè singulis horis ciirsi-
lasse non fueris nescius. Sed quô tandem isla nolicia? nempe, ut
scias, me tuo ittstituto non vuUjarUer favere, qui non solùm tibi,
ob id quôd, quantus, quantus es, te Cbristo adgbitinaris. gratulor,
sed multo magis meee patriae ^ cul talem EvangeliCcC veritatis buc-
cinatorem contigerit adi[>isri. Oiiid, queso, obstat, quin me fclicem,
terque quaterque bealum vociteni, cujiis fratres, parentes, coynatos,
patn'anujue singnlari quodam orçjano Spiritus irrUjari vohdt Cliris-
tus? Quid un(|uam isto bono tam insperato potuisset accidere gra-
tins? Non (niihi credas) diviticC, non etiam quicquid mundus solet
admirari.
Facit deinde ad meum gaudium non mediocriler. dum alacri
sperare animo miiù videor, ut (/uicquid est ist/c immundiciei vel
longissimo temporis spacio inveteratae, divini rerbi splendore re-
purgetur. Usque adeô Creatori nostro genus humanum curœ fuisse
nusquam non legitur in Scriptura, qui loties auxiUares peccatori-
bus paratus est manus porrigere, quoties sese benevolos et nibil
nisi peccatores agnoverint!
Denique illud optarem in primis, si fieri posset, ut solummodô
banc tibi aperire lœticiam sufficerem, quam repente et inopinatô,
quasi de celo, immisisti, quum verô quidvis potius quàm fucatum
atque adblandientem animum cerneres. Adbortarer te ad istum
tumn inceptum, celesti profectô afflatu truditum, ni ipsemet tuis
stimulis niagis egerem. Illud intérim abs te obnixis precibus im-
petrari desydero : ne teistis fucis temeré exponas, quorum conatus
studiumque nihil non molitur, dum securè bceat voluptuari. Iterum
sus Miiicrvam, cum non sit dubium, apud te [nibil] quicquam bu-
mano consilio confici. quin omnia prius ad verbum Dei, tanquam ad
Lydiam lapidem, revocentur. Jam desino. Est quod plus moraenli
adferat, ([uàm quôd meis nugis tuum remorer propositum. Ununi
addam, ne videlicet récuses vel duo saltem elementa. cum per né-
gocia licebit, ad me scribere, ex quo promotionem meorum erga
Christum, non sine maxima voluptate, queam subodorari. Yale,
atque esurientes Verbo refice. Iterum vale. Basileîe. XVI kalendas
Septembris *.
(Inscriptio :) In sacris expertissimo Guilielmo Farello. non pœ-
nitenda? doctrime amico.
' C'est-à-dire Montbéliard, où prêchait Fai-el.
* Farel ne se trouvant plus à Montbéliard en août 1525, c'est à l'année
1524 qu'il faut nécessairement rapporter la date de cette lettre.
20 't
CLAUDE-PIUS PEUTINGER A FAREL, A MOXTBELIARD.
1o-24
114
CLAUDE-PIUS peutinger' à Farel, à "SloiUbéliard.
(De Bâlej 17 août (1524).
Inédile. Autographe. Bibliotlièque des pasteurs de Neucliâlel.
•Sommaire. Ne vous laissez pas troubler par tout le bruit que font vos adversaires, et
continuez à conduire les âmes â Christ avec l'esprit de résolution qui vous est donne
de Dieu.
Gratia et pax Christi tecum, mi Guillielme. Maximas yratias lujo
Domino Deo nostro, qui inspexerit bonum tuum aniimim, et te tan-
dem in messem vocaierit ^ qua3 certe copiosa. Vide ergo ut pei'gas.
queiûadiuodum iiicepisti. abigere besliam multorum capitum *, ne
demoliatur vineam Doiniiii. et omnia ad Christum, reruni ducem,
ducas, sub quo omnes bene militant (juolquot ipsum sequuntur et
dicta ejus capessunt. Sedaiidio midtiim tumultaari. aptid vos,Anti-
cliristianos \ quod debeant è regno expeili, et. in animis homi-
num, nunc Chrislo eterno régi locum dare. Tu. oro, ne cédas illis ;
mémento cujus negocium agas, Cliristi nempe, qui eos compescet.
Sed (|uid e([uo per se currenti stimulos addo ? Benedictus Deus.
({ui in te taie beneficium contuleril, ut omnia tua sponte agas quae
in rem Ghristividentur esse! Vale, et nostra scripta boni consule.
xvij Augustin
Tuus Claudius Plus Peuti.ngerus.
(P. S.) Saluta quàm ofticiosi.ssimè noslro nomine Bonifacium •*,
«ommililonem tuum in Cliristo.
(Insciiptio :) Egregio juxlà ac pio Guillielmo Farello. fralri suc
in Clu-islo colendo.
' Nous ne savons pas s'il existait quelque relation de parenté entre ce
correspondant de Farel et le célèbre Conrad Peuiinger d'Augsbourg.
* Cette lettre, qui fut très-probablement écrite de Bille, fait allusion aux
événements dont il est dt-jà question dans les lettres d'Œcolanipade (2 et
S août) et d'Heitzmann (17 août).
' Allusion à l'Apocalypse, chap. XVII, v. 3.
* Voyez la lettre d'Œcolampade du 3 août.
* Pour la fixation de l'année voyez la lettre précédente, note 4.
* Boniface Wolfhard. Ce détail suffirait seul à fixer l'aunée, Wolfhard
1524 (œCOLAMPADE A G. FAUKL, A MON TBÉLlAni). 26o
115
ŒCOLAMPADE à [GuiUuiiine Farel, à MontbéliardJ .
De Baie, 19 août (1524).
QEcoIampadii et Zuinglii Epp. éd. cit. fol. 206 1).
Sommaire. Je ne puis que blàuier les torrents d'injures que vous répandez contre les
prêtres. Ils n'ont pas tous embrassé par de mauvais motifs ce ministère souillé.
Fotw avez été envoyé poicr annoncer la bonne nouvelle, non pour maudire . Votre
zèle excessif vous fait oublier la faiblesse de vos frères. Il ne sufdt pas d'être af-
fable pour les amis de la Parole, efforcez-vous aussi de gagner les adversaires par
la persuasion. Faites pour les autres ce que Jésus-Clirist ferait pour vous, s'il était
encore en ce monde, et apprenez de Lui à être doux et liumble de cœur.
Le présent porteur [Jean Gayliu'j], mon compatriote, se rend à Montbéliard pour
entrer dans le ministère. N. [Boniface Wolfhard] trouvera peut-être ailleurs un em-
ploi. Je doute que vous puissiez parvenir d faire supprimer la messe. C'est des âmes
tout d'abord qu'il faut chasser l'antechrist.
Joannes OEcolampadius dilecto suo in Christo N. ' [1. G. Farello,]
concionatori.
Salve in Christo, mi N. [1. Farelle.] Primo omnium rogavi ex N. -
super mansuetudine tua, qua niliil magis Chrlstianum. nedum Apo-
stolum decet. Is quum mire extulisset sedulitatem infatigabilem.
ardoremque inextinguibilem, et satis felicem successum, sul)didil,
quôd in sacridcos imbres etTundas convitiorum. Non ignorO; quid
illi mereantur, et quibiis coloribus depingi debeanl : pace tamen
tua dixerim, amicus et trater fralri, non n'den'.s per omnia officii tiu
remimsci. Evangelizatum, non maledictum mis.sus es. Medici sec-
tionem morbis adhibent qui cataplastra conlemnunt : incurabilibus
etiam sectionem denegant. Non audebat arciiangelus Micliaël dia-
n'ayant été que peu de temps, et à Moutbéliard seulement, collègue de
Farel.
' Le nom du destinatalfe, qui est omis dans les lettres imprimées d'Œco-
lampade, a été franchement rétabli piu: Farel lui-même dans l'exemplaire
qui lui appartenait.
^ C'est probablement Coct, qui était revenu de Montbéliard. Voyez le
N" 110, note 3.
.s
^GG ((ECOLAMr'ADK A G. FAREL. A MONTBÉLIARD. 1524
holiiin nialedictis aliliifie '. Iinmodico zelu. \ ideiis fraterna^ infir-
iiiilatis parum memor. Non omnes pessimo anàno. mcerdotio illo
liolliito finiffi ((ejiennit : iiiulli i.irnorantes, miilti à parentibiis coacti,
iniilli inopia de>litiili. iniiUi pidcliriludine minislerii allecti. niiilti
■luperslilione, non per janiiam ingressi siint. non lanien furandi
aninio. Ananias et Sajipliiras, spiritui sanclo reliictantes ^ Christo
non liicraberis : illos rejice, caiterorum inlirmitatem agnosce.
yon satisfacit miltl. ijnnd amicis Vcrin hlandus es; cura tibi sit,
((UO)iiodo lucrifackis ùimicos. Nil i il l;nii ah.jectum qnod nequeat
exasperari; generosissimorum est non nisi in tempore irasci. Non
ignoramus zelnm Elite, sed vide (juibus temporibus, et quoties
exarseril. Bonam partem vitcC malediclis insnniere. nonne carnale
tibi videtiu? Habent refugium. scio. ii quorum nianibus. inler se-
(.anihim ligna, à manubrio ferrum evolat, proximum oecidit: sed
non carenl judicio. non carent culpa. Cogita, num eadem illa seni-
per Ciiristus ingereret obduralis, et tac quie Cbristus in te vivens
faceret, à quo discas niititalem ac humilitatem.
Condono. iiiiô Idiido :<'litni. uiodô ne deaidevetur manauetudo. Si
lupi ab i)\ili riinini ;djacli, fac vocem pastoris audiant oves, et pas-
caniiii' : '|ii;iiiiliii maledicenliis vacatiir. in Irejtidalionesunt, et non
lani pascnntur (|u;iuiperic'litanlur. l)a operani, nii Fraler. ul spiri-
iiiiii iiit'inn e\bilares etiam boc nuncio. ipiod in tempore siio vi-
nuui et oleum infiindas. quôd Evangelislam. non tyrannicum le-
gislatorem pra-sles. Haiiis banc monendi libortalem cbarilali. et
animo jiro le sedido. DeuuKiue roganti. ut per te multa operetur.
V;)b'. Hasilca". 19. AugustiMl-'i^'O.
Saluta Mrtniseni equitem " plurimiiiu in Clu'isto. Nondum occlu-
.seram lileras. el obtiilit se alia scribrndi occasio. Hune enimvirum
pium t'I salis cnidiliim " in ic Chiistiana (ipii. jam olim à quibus-
daiii n(»bilibMs instig;ilii>. ii! ,ii Dinrm se (Yiuforrel. nunc ejectus
[iropler Veibum. iiiiprlicnic niiiiinmi Dduiind. in messem mitlilur)
liabebis coinmcndaliim: rnuti'vvnneus meus est', et babet istbic qui
■^ -Mlusion à IV'pitrc do St-Jmlo, verset 9.
' .\oti-H (les Apùtros, ch. V, v. 1-10.
' Le chiffrp de l'année a été écrit par Farel dans son exemplaire.
" Le chevalier Nicolas d'Esch. Voyez le N" 109, note M.
' Jniii (tni/linff, natif de Ilsfcld en Soiialte. Il devint raiimonicr d'Ulric
df Wiirtomltori;. Voyez lu lettre du 11 novembre 1524.
" Œcolnmpmlc était né en 1182 :\ Weinsherg, dans le Palatinat. Depuis
1504, celte ville appartenait au Wurtemberg. C'est ainsi qu'il pouvait ap-
peler Chnjling < son compatriote. >
1 52 i ULRIC DE WL'RTKMBKRr. AUX C.OlVKRNEL'llS DE BESANÇON. "ÀCtl
parentes ejus el ipsum noxeiiiiil. N. [Boiiifuciinii-'] foi'lassis alla
manet vocal io. De excelso Missau abolendo. vixdiim credulerim
posse te obtinere qiiod conaris. Matiira lente; nisi Uoniinus iedi-
ficaverit domum, fruslia lahoranl (pii ludilicant. Ejicc ex pectoribiis
hominuni Anticliristuw ! Vale, et fratris curam ne contenipseris.
116
ULRIC DE WURTEMBERG ' aux gouverneurs de Besançon.
De Montbéliard, 20 août 1524.
Imprimée en 1524 (sine loco) '-.
(traduit de l'allemasd.)
Sommaire. Récit de ce qui s'est passé à Montbéliard, après le tumiiUe que le Gardien
des Fra77ciseains de Besançon a excité dans «ne église où prêchait Guillaume
Farel.
Ulric, par la grâce de Dieu, duc de Wurtemberg et de Teck,
comte de Montbéliard — salut !
Prudents, .sages el singuliers amis,
A la suite de la lettre que vous nous avez adressée, il y a quel-
ques jours, relativement au Gardien, des Franciscains, domicilié
dans votre ville, nous vous avons répondu que nous étions disposé
^ Boniface WolfJiard. Voyez la lettre du 3 août.
• Voyez le N" 109, note 6.
* La lettre d'UIric de Wurtemberg porte le titre suivant : « Des Durch-
leuchtigen Hochîrebornen Fiirsten uiul herru, Heru Ulrich, hortzog zu Wir-
tenbcrg unnd Teck, Graue zu Miinipclgart, Missiuc an die Gul)ernator dcr
stat Bisantz, in der ein christlicbcr liandcl zu Mi'mipclgart verloflFen mit
gi-iiutlicher warheit angezeigt wiirt. » — La traduction latine, qui parut
bientôt après, est intitulée : « Ulrici illustriss. principis, ducis à Vuitemberg
et Teck, etc. comitis MontisbcUigardi, Epistola ad Gubornatores civitatis
Bisuntinfe, in qua, Christiani cujusdam ncgotii in Montebelligardo habiti,
Veritas compertissima ostcnditur. » (Bibliothèque d'Antoine Du Verdier.
Lyon, 1585, folio.) — La missive d'UIric fut aussi traduite en français par
Anémond de Coct (V. sa lettre du 2 septembre 1524). Nous ignorons si
cette dernière traduction a été imprimée.
:>(J8 LLIUC DE WURTEMBERG AUX GOUVERNEURS DE BESANÇON. 1524
à tiailer avec vous pai- un député de toute cette allaire. sur la-
i|uelle nous vous adressons ici un rapport détaillé.
En premier lieu, votre écrit parle d'une communication que
notn- l)oi)i'n aurait faite au susdit Gardien, savoir : que nous de-
mandions un JKjmme savant qui fût en état de disputer sur quel-
ques articles de foi avec un prêcheur récemment arrivé à Mont-
hèlùinl. Nous vous ferons observer que c'est une invention, et que
nous n'en avons rien su. Mais ce qui est vrai, c'est qu'un nommé
Guillaume Farel, étant venu dans notre ville de Montbèliard, nous
a fait liiiinblement prier de lui permettre pour l'amour de Dieu
de prêcher et d'annoncer la Parole de Dieu, le St. Évangile, ce
qu'en prince chrétien nous n'avons pas voulu lui refuser. El, pen-
dant (pi'il prêchait la Parole de Dieu, le susdit Gardien de Tordre
de St.-François et un autre se sont levés au milieu de Téglise à
Montbèliard. et ils ont donné un démenti audit prêcheur, pendant
(|u'il annonçait la Parole de Dieu, et devant l'assemblée chrétienne
qui était là réunie pour l'écouter. Ils ont réprouvé sa doctrine si
mal à jn-opos, que des Allemiuuh et des Français en ont murmuré
titul b.iul. iliMiiiL que c'était une mo(iuerie et une pitié de suppor-
ter tant di-iiurance et d'impudence dans un tel lieu, — de sorte
(lu'on s'attendait à un grand tumulte. Là-dessus quelques-uns de
nos serviteurs, qui étaient présents, accoururent au château, pour
nous dire que si nous n'y mettions pas la main, ils prévoyaient,
d'après certaines paroles prononcées dans l'église, que tout cela ne
finirait pas sans un tuiuulte.
Nous nous sommes aussitôt rendu à l'église, nous avons mandé
devant nous le Doyen et lui avons déclaré, rpie la conduite incon-
venante (pi'il avait tenue avec le GaidiiMi ne pouvait être nulle-
iiit-nt tolérée dans l'église où l'on annonce la parole de Dieu
vl le .serait à peine dans des heux déshonnétes : qu'il eût donc à se
corriger et à ne plus nous forcer d'accourir en personne; car si
les choses devaient se passer de la sorte, nous serions obligé de
tenir tlan> l'église des aniuebusiers et des hallebardiers. Que dans
le cas où le préilii'aleur parlerait contre la vérité et le christia-
nisme, il n'.iNait ([u'à en prendre note, puis à le réfuter ainsi qu'il
convient et qu'il y est tenu devant Dieu et devant les hommes, et
([u'alors nous lui accorderions secours, conseil et protection selon
la mt'surc de nos forces.
Mais le dit Gardien ne s'est pas contenté de cela. Le même joui',
apn"'- midi, il ;i voulu iu'i^i'Iut (|,in< une autre église : il y a proféré
1 524 LLRIC DE WURTEMBERG ALX GOUVERNEURS UK liESA.NÇO.N. 269
les injures les plus graves tant contre le prêche fjue contre la
personne de GuHbnime Farel, et il s'est ainsi permis, par ses dis-
cours publics, de semer le trouble dans notre ville de Montbcliard.
En conséquence, nous avons dû faire emprisonner et tenir sous
bonne garde le dit Gardien et son adverse partie. Et, bien que nous
eussions sujet, droit et raison de le citer en justice et de faire exé-
cuter le jugement qui pouvait être prononcé contre lui, nous l'en
avons néanmoins gracieusement dispensé, et nous lui avons sérieu-
sement fait savoir que. s'il pouvait démontrer que la doctrine et la
prédication de Farel étaient fausses, anticbrétiennes et hérétiques,
il le fit, comme c'était son devoir devant Dieu et devant les
hommes : que nous l'engagions à le faire sans crainte ni frayeur,
étant prêta le protéger, défendre et aider de tout notre pouvoir;
mais que si, au contraire, il était incapable de justifier ses accusa-
tions, il devait, par une rétractation, faire amende honorable à la
Parole de Dieu. Nous l'avons fait avertir à plusieurs reprises, qu'il
voulût bien réfléchir avant de faire une pareille rétractation, at-
tendu qu'elle aurait une grande portée, — et nous lui avons répété
que, dans le cas où il aurait des arguments de quelque valeur, il ne
devait pas craindre d'en faire usage, et cela en lui réitérant l'assu-
rance de notre protection; ajoutant, que s'il avait le dessous dans
cette dispute, nous ne lui garantissions pas moins sa pleine sécurité,
pour donner satisfaction à la Parole de Dieu.
Sur ces offres le dit Gardien a consenti de bon cœur à recon-
naître ouvertement du haut de la chaire, au milieu de l'assemblée,
que le prêche de Farel, à propos duquel il avait accusé celui-ci de
mensonge, était véritable, et que, s'il avait parlé contrairement, c'é-
tait dans l'emportement de la colère, et qu'il en avait du regret. En
outre il en a donné une déclaration publique par écrit. A la suite de
cette rétractation qu'a faite le susmentionné Gardien, Nous, de notre
côté, par faveur et surérogation, alîn que chacun pût juger et con-
clure que nous ne l'avions pas forcé a cet acte et aussi que nous dé-
sirions l'encourager à faire des progrès dans les princijjes de la
vérité. — nous lui avons aussitôt et devant la même assemblée,
publi(|uement permis pour le cas où il trouverait auprès de son
évêque, ou des membres de son Ordre, ou d'autres honniies savants,
en Boiinjogne et en France, des directions pour réfuter les prédi-
cations de Guillaume Farel, de nous en écrire au bout de deux ou
trois mois, atln qu'il eût le temps de se procurer les dites direc-
tions; et nous lui avons dit que, dans ce cas-là, nous ferions deman-
270 f.KI'.AlU) ROUSSEL A GUILLAUME FAREL. A MONTRÉLIARD. 1524
(1er chez nos parents et nos amis, les Electeurs, les Princes, comme
aussi auprès de quelques Villes . des gens savants en la sainte
Kcriture. Que dans ce cas, nous donnerions à lui et à tous autres
(|u'il amènerait à cet acte, toute sûreté et sauf-conduit pour la
\oiHie et le retour, même s^ils y étaient vaincus. Et. afin (pi'une
telle dispute et conférence ne puisse être accusée par personne de
partialité, nous entendons qu'on décide de tout d'après la sainte
Parole de Dieu, telle (|u'elle est contenue dans l'Ancien et le
Nouveau Testament. Et, si l'on découvre que Guillaume Farel a
prêché, cette fois-là ou plus tard, d'une manière conti-aire à la vérité
ciirélienne, notre intention est de le punir dans son corps et dans
sa vie, comme il convient, et comme il s'ofïre lui-même à en porter
la peine.
Par jjienveillance nous n'avons pas voulu vous cacher ces choses,
étant prêt à vous montrer, ainsi qu'à toute la ville de Besançon.
notre désir de vivre en amis et hons voisins. Donné à Montl)éliard.
Same(h après rAssoniption do Marie, l'an 1524.
117
GÉRARD ROUSSEL ù Gullhumie Farci, à Montbéliard.
DeMeaux, 24 août 1524.
Inéchte. Autographe. Bihl. Imp. Coll. Du Puy, t. 103-105.
Sommaire. Si je ne savais que l'Esprit distribue ses dons comme il lui plaît, je vous
envierais le zélé qui vous fait braver les ennemis de l'Évangile. Non content de
m'avoir écrit d trois reprises, pour m'engager à provoquer une dispute publique sur
la religion, vous me faites encore aiguillonner, dans ce but, par Œcolampade et par
Ziciiu/li. Hélas! les lettres de ces hommes éminents ont produit moins d'effet sur
moi que les suggestions de la cliair et ces réflexions incessantes de mon entourage :
« Ce n'est pas encore le moment ! L'Évangile n'est pas répandu suflisamment, ni im-
planté a.ssez avant dans les cœurs ! » Je pense, au contraire, que la lutte serait moins
vive dans l'avenir, si l'on voulait proliter actuellement des dispositions favorables k
du iiouplc et rési.ster en face aux docteurs de men.songe. D'un coté, la cliair me fait
redouter les afflictions et me conseille de temporiser; de l'autre, je crois à la puis-
sance in unie de la prière. J'ai donc répondu d Œcolampade et à Zwingli aussi bien
qu il m'a été possible, après les louanges exagérées que vous leur aviez faites de ma
personne. Je sais que vous l'avez fait à bonne intention ; mais vous ne discernez
ioM GÉUAllU UOUSSEL A GLILLALML: 1'.UU:L, a MUM'liliUAUU. 271
pas les dons de Dieu. Vous soujfrcz de voir la moisson compromise en France par
le manqiie des ouvriers ; mais c'est l'affaire du maître de la moisson : s'il veut
qu'elle périsse, que vous importe? La foi suhordomie tout à la volonté de Dieu.
Résignez-vous donc, si l'événement trompe votre zèle et votre amour pour le salut
des âmes. Au contraire, si vous réussissez, que ce soit â la volonté de Dieu et non
pas à vous-même que vous en rapportiez la gloire ! Je vous dis tout cela en courant ;
vous le prendrez en bonne part. Le Fèvre, l'élu, son père et tous les chrétiens qui
sont près de nous vous saluent.
GirardusRurtiisGiiillelmoFarellogTatiani et pacein à Deo paire
et Domino Jesu Ghristo!
Uolei-el plurimùm déesse mihi lldei robiir, par quod, nilid IVe-
queiites Evaiigelii liosles moratus, assectarcr iudividuus coiues tui
animi zelum, si minus fixiim iiaberem. Spirilum ilium se, cilra ul-
lum personarum delectum, impartire quiljus viilt, ut sua cuique
salis esse debeat conditio;nec crealune ingratum sit quod suo
non displiceat Creatori operœ prœcium est. Quo udduclm zelo,
duxisti opus esse, non modo per litteras aliquot ad me misses *, ad-
hortari, capessenda mihi esse fidei arma adversus eos qui obluctan-
tur EranyeUo - sed etiam in hanc harenam exaciii per amicos, et
eos quidem qui in evangelico negocio priores nacti sunt partes,
quorum animis ingesseris quam de me pridem, eô adigente te can-
dido in nos alïectu, conceperas spem.
Nam OEcolampadius et Zuiugliiis, viri rarse pietatis juxtà ac eru-
ditionis, tuis adacti verbis, suis litteris ^ me iniiortali sunt, in lioc
ipsum, ac facile persuasissent, nisi caro vix cœpta mortificari in-
flecteret aliô, quôd perinde absit cum Paulo sentiam legem in
membris repugnanlem legi mentis mecO, ut vix in me esse legem
mentis experiar prœ onere carnis. Ne memorem, amicos cum qui-
bus scis me versari*, contimiô causari: « necdum venisse tempm
« commodum ^ ac frustra conseri manus cum partis Iiiferi, prius-
« quam Ecangelium latius sparsum faerit, priusquam altius infixum
' Voyez la lettre de Roussel du 6 juillet, notes 2 et 22.
- Allusion à la dispute que Farel lui avait conseillé de soutenir. V. la
lettre de Roussel du G juillet, notes 10 et 24.
•^ Ces lettres d'Œcolampade et de Zwiugli à Roussel n'ont pas été con-
servées.
* Il veut parler de Le Fèvre, de Vatable et des autres savants qui rési-
daient à Meaux.
^ Voyez le î\° suivant, dans lequel Roussel exprime la même opinion,
et la lettre de Toussaiu à Farel du 26 juillet 152G : « Dicunt certe [se.
Fàber et Biiffus] : Nondum est tempus, nondum venit hora ! »
272 GÉRAIID ROUSSEL A GUILLAUME FAREL, A MONTBÉLL\RD. 1524
• sit mortaUum animis! » Quorum sententia> non subscribo equi-
(lem, sed mihi contra videtur tune minus opus fore conflictationi-
bus. sed, si quando commode, jam prœcipuè cùm deducenda plebs
annutal, cùm, à vera luce in tenebras olim ablegata, in eam unde
exciderat revocanda sit lucem. Quod majoii compendio fieri vix
potest, quàm si, ut Simoni mago Apostolus «, illis in faciem obsista-
tur. Ceterùm, me meo demissum judicio facile avocat caro ex-
borrescens crucem, ac remoratur de die in diem : at non despondi
animuni, quin sperem deinceps futurum quod contenditis adniira-
bibbusvotis in oratione. Quantum possit oralio firmandis animis
adversus bostes Verbi. fidem nobis fecerunt apostoli: quibus, in
hoc orantibus Deum, motus sit locus in quo essent, nempe in
oxpressionem impetratae Dei quam postulassent [gratia.'].
Utrique '' respondi per Utteras ^, non ad quem modum decuit,
sed quod nostrœ lune menti suggestum est. Boni, nibil bœsito,
consulenl, tpiôd Cinistiana charitas, quâ succensi sunt, nibil non
decoijuat. Periculum, si mibi, in boc erat ne babereris mendax,
qui ex culice feceris eleplianlum ; et quid deinde acciderit, tu vi-
deris. Nec enim islud petieram : nec fuit in me quod ad invidiam
usque ederres ; neque alioqui christ ianus permittebat candor, nisi
nliunde consarciret zelus promovendi Evangelii.
Porrô appendendum, ne cmtevertds Domini miinus, eujus suit
jinrtes mittcrc operarios. non tuœ vel cujusquam alterius, ne, dum
l/hertdti Itiuihinœ plus œquo defers, videaris divinîo electioni non
iiihil doirabere. Non potuit Jonas reclamare, mittente se Deo, ut-
ruiii(|ue in boc contendisset: nec poterit etiam quem delegerit
Dons. |)ro ipsius impulsu cùm sint omnia agenda, sed maxime
pronioven(hnn EvangcUum, non eliam itro bominum suasu ac vo-
hmtati'. Poire nicsscm. nec par mm. Dcunino. o// inopiam demeten-
linin. finies: sed non inde unquam consulendum, ut non vocatus
se ingérai isii opérée. Deinde, quid tua. si sic relit agantur res
iloniiniis iiie.ssi.s. (jui. in molu oeuli. sine lua solliciludine, muKô
copiosiorem fruclum coUigere potest? Si sua poire relit, quid ad
te? — Dieis : '■ Ail ni me adigil charitas, qme proximi saluti con-
sulil. • — Sed vide, ne reclamet lldes, quc'e divina' voluntali cuncla
subjicil. iiiiir. iiieonqtrehensiliiliiMii jiubciorum Dri abyssos subiii-
" Actes des Apôtres, cliap. Mil, v. U — 23.
• C'est-à-dire à Œcolawpadc et à Zwingli.
^ Nous ne possédons qu'une de ces deux réponses de Roussel : celle
qu'il adressa le 24 août à Œcolainpade (V. le N" suivant).
1 524. CKHAHD ROl'SSr.l, A GUII.LAUMK FARKL, A MONTBKI.IAni). 27;>
grediens, JiaL'ret, suspendit judicium. ne pafienler expectat opiis
Dei. Slata semel crédit esse omnia, ut prepropoiV! non sil quic-
quam agondum attentandumve: et, ul vnliintati Ipsius niliil posse
resistere asserit, ita. avertente Ipso manum. non esse ut qnoni la-
borare conveniat.
Haec et plura talia à me atleiTÏ possunl. ut non l'eras inique,
si secùs accident quàm volueras ac conceperas. si pro tuo zelo non
processerit res. Moriendum tihi tuoquc zclo. ul maxime pius fueril.
lit Christo vivas, qui in hoc functus est vitâ, ut ipsi vivas. non lilii.
non luis consiliis. non tuis desyderiis, non tuo zelo. Niliil moror à
quo demanarint. Quùd si aliter cedit, nec absit Dei voluntas, oui soli
vivendum est ! Quod non admodùm puto fieri, cum sua utcumque
quœris. Sed cum sic agis negocium. ut non despondeas animum,
non molesté feras, si secùs accident quàm pro calore zeli optaras,
cum omnino accidat nihil secùs quam velit. Sic in omnia expansée
sunt suœ providentiae margines. Astutus est scrpens antiquus, qui
facile, ni vigiles simus, nostrum zelum alioqui impensè pium con-
vertit in idolum nostrum ^
HiBC velul aliud agens effutii apud te. cui displicere non possinl
nostra utcunque habuerint. Yale in Christo, qui est noslra salus.
Salutant te Fabei^ ex corde : salutat item Electtis '**, unà cum
patre^ ac idem agunt omnes Christiani qui apud nos sunt. Rursùm
vale, et si qui novi apud vos extent lihri, ut sunt, et prœcipuè in
Prophetas, facito ut hisce minime priremur^K Meldis, 24 mensis
Augusti. anno 1524.
(Inscriptio :) Guillelmo Farello. literis et virtulibus oi'natiss[imo]
in Christo fratri.
^ Les principes que défend ici Boussel sont ceux que professait l'évêque
Briçonnet, lorsqu'il invitait Marguerite d'AngouUme a ne pas soutenir trop
vivement contre Varchevêqm de Bourges les tentatives d'évaugélisation de
Michel cVArande. Il écrivait à cette occasion : « L'on ne doibt attempter
[1. tenter] de polir de sa teste la pierre que le fer ne peult escarrir, et
pour néant on présente bericles \\. besicles] à aveugles .... Von peult au-
cune fois s'esgarer souhz wnbre du zelle, qui doibt estre dressé selon le troi-
sicsmo don dusainct Esperit,que nous appelons don do science, qui est super-
naturelle discrétion h moult sçavoir embridcr nostre zelle .... Tout zcllc do
l'honneur de Dieu doibt cstre pur, et plus est ardant, plus fault craindre
qu'il n'y ait quelque chose meslée du propre. » (Lettre du 24 fé^Tier 1523
(1524, nonv. style). Bibl. Impériale. Suppl. franc, n" 337, fol. 291 b et 292a.)
'° Velu, c'est-h-ùire Nicolas Le Sueur. Voyez sa lettre du 15 mai adres-
sée à Farel (N" 102).
" Roussel faisait déjà la même demande dans sa lettre du 6 juillet.
T. I. 18
27'i GÉRARD KOUSSEL A JEAN «COF.AMPADE. 1524
118
GÉRARD ROUSSEL à Jean Œcolampade.
De Meaux, 24 août 1524.
Aulograplie. Arcliives d'État de Zurich. J. C. Fueslinus, op. cil.
p. 18. C. SchmidL op. cit. p. 180.
SoMMAiiiK. Le lien qui nous unit en Christ m'autorise à négliger avec vous les foi-
mules de la politesse et à puiser dans cette source d'édification que le Seigneur fait
jaillir de votre âme. Vous êtes dans l'erreur quand vous me rangez au nombre de
ceux par qui le pur Évangile est prêché et propagé en France. Cette fonction exige
une sagesse, un courage que l'Esprit seul peut donner, et dont la possession révèle au
monde Un vrais évangélistes. Aussi ne serais-je nullement en état de provoquer à.
une dispute publique les docteurs de Paris, comme votre lettre m'engage à le faire.
Vous savez bien qu'il faut ici la main de Dieu. Œez vous, une riche moisson évan-
gélique est déjà recueillie parwne/owZe d'intrépides ouvriers. En France, au con-
traire, où la moisson est abondante aussi, l'É^'angile a des milliers d'ennemis, des dé-
fenseurs timides et en petit nombre, des évangélistes qui craignent de se charger
de la croix de Christ.
Pour être digne de la carrière où vous me pressez d'entrer, j'aurais besoin d'être
enseigné, affermi, forti&é : revêtu des armes chrétiennes je ne craindi-ais plus les mas-
ques de l'Antéchrist. Au milieu des orages soulevés par les progrès de l'Évangile, le
Chrétien doit attendre l'impulsion qui vient de Dieu. La foi gémit sans doute en
voyant le peuple séduit par des docteurs qui blasphèment contre la Parole : on vou-
drait leur résister en face, mais la censure des li\Tes rend impossible la moindre pro-
testation. Que pourrait une voix isolée contre les clameurs des évoques et des uni-
versités appuyées sur les sympathies populaires et sur les arrêts du Parlement?
Votre conseil est dicté, je le crois, par l'Esprit de Dieu ; mais, je le répète, instrui-
sez-moi et surtout priez pour moi ! Enfin veuillez me dire, si celte demande n'est
pas trop indiscrète, ce que vous pensez «li- In ilnitrini' iIps Piin's sur If s Limbosot
de l'état des enfants morts sans baptémo
Gcrardu.>< Hiilliis Joaiiiii (Hù'olaiiipadio ' gratiani et pacem a
Dco i)alre cl (^lirislo Jcsii!
Ci\ilil;is. >n() inoi'laliiuu ocnlo.>^ i)eislriii,L;eii.^ fuco. exposcere vi-
delialiir. Œcolainiiadi docti.s.sinie. ut apponsi.N tue prestantia' litulis,
ilem(|iic uiL'a pai\ilaln. vol in lotuui à .'^i rilieudo .supersederera.
' Voyez le N' précédent, notes H et 7.
1524 GÉRARD UOUSSKI. A JKAN («COL.VMPADi:. 275
vel longa iilerer insinuatione. SetI ikui liiiic assonat Spirilus. qui
nos ex pai-i aggliilinal in Clirislo. in quo imlla sil faciès, iiuUus
personariini (leleclus, niiUa discrelio se\iis coiulilioiiisNe. (|uu3 sibi
presens vila periiiillit in exercilium. Facil Spii'ilus, (|iii asseril
omnia communia per Cliristiim. qui nos in ununi corpus conqtin-
git, Chrislo capili coherens. ul jiiic exposlulem. quoi! (juoilipie.
corporis membrum ab altero. Quin etiani iu unioncm Chvisti as-
sertm per Spiritum ftilei, audeo et dico, me omnium rerum domimim
or regem libeirimum in omne lempus. in omne opus, in ouuiem
crealuram. in omnem locum, in omnem personam ac modum.
Quid ihujue subvereri me oporluit coram re mea, coram eo
qui in omnem parlem meus est ? Immô vero, quô excellentior es,
quôque phuibus prestas. lioc magis adiré te debui ac requirere
mea. Egrè ferunt carnales suis ad tempus destitui rébus, vixferunl
diutinam bonorum alisentiam: et non inique feret in Cliri.sto rena-
tus. (juœ donarit Deus abesse? Quanquam non absunt in totum tua
à nol)is : quod lihri per te in lucem emissi conqilura suggérant:
sed bu.iusmodi sunt. qmv, perinde abesi utvoli compotem reddanl.
plenius excitent, accendant. ac sitienfem enali in te fontis, unde
isti prodierunt insignes rivuli, relinquant-. Adducor liisce. ut ne-
glecta civilitate, quœ in personas et faciès incumbit, ad te scribam,
virum multis nominibus eximium.
Ad bec adcedunt tuœ literœ ^, nieras spirilus llammas complec-
tentes, quibus [me], ex candidis amicorum lestimoniis*, tam impeme
œstimas, nt in ordinem eorum asseras qui agant Erangelii precones,
quique possint Evangelium. dudum hominum traditionibus et ini-
piis commentationibus obscuralum. apud nostros promovere. —
cùm niiiil minus in me sentiam quàm quod ad evajigelicum. dis-
pensatorem et minislrum attinet. Exigit non mediocreni sapien-
liam istud munus, et eam quidem quam non buniane pariunt scole.
sed quam spirilus Cbrisli suo adllalu in cor inscril)at: exigil invic-
tum lidei robur adversus bypocrisim el lictam pielalem, qua' non
ferl sua damnari. adversus slolidam superslitionem, ((Uicse arbilre-
- Voyez p. 233 et 234 le jugement que lîoussel porte sur Œcohimpade et
sur ses écrits.
'' Lettre perdue. (Kcolampadc avait écrit à Roussel pour l'exciter ù l'ac-
tion. Voj'cz la lettre précédente, note 3.
•* Allusion à Farel. Voyez la lettre précédente, dans laquelle Roussel lui
dit : « Periculum iu hoc erat, ne habereris niendax, (pii ex culice feceris
elephantum. »
270 GÉRARD ROUSSEL A JEAN œCOLAMPADE. 152i
lur (sic) obseqaium prajstare Deo, adversus apertam impietatem
et totiiin inferorum regnum à dextris et à sinistris. Xiliil hue per-
tinent rationis ac sensus humani argutia?, quibus eos probat mun-
dus quos haberi velit doctores, nihil item iiiimana industria, liii-
inana opéra, denique qiiicquid o>t humanariun vii-iuni. Spiritu-s
\el solus desyderatur, qui fornacem prestat. accendit. in quaui in-
siliant onini ex parte mundi procelle ac turbines : liac probat Spi-
ritiis quos (Médit siio ministcrio doctores % qute pacem sub cruce,
j-egnum inler confertissimas hoslium acies, tranquillitatem inter
seviss[imas] procellas, in morte vilam. in inferno (juietem, et, ut
semel dicam, sub onere omnium malorum et omnium bonorum
privatione, omnium bonorum abundanliam et omnium malorum
privationem, in admirabili osculo peccati et juslitia?, belli et pacis,
mortis et vifie, inferni et paradysi, damnationis et salutis, maledic-
tionis et benedictionis, poUicetur. Et ad hoc quis idoneus? Ne
arroget sibi hoc, quidquid demum est muneris, cui mediocris eru-
dilio et miuor fidei virtus conligerit!
Scribis tamen, pro zelo in Christum, ut, affixis e doctrina Christi
sentenliis. adoriar Parisinos doctores ". quorum calculis adcedunt
pnipe innumeri, unus et quidem orbi obscurus. pbu'imis et iis
<|uos inler primos babet mundus obnitar ceu aeneus murus! Sed
non est hoc, ut probe nosti, volentis currentisre, sed 'piittentis
Dei. Messem quidem apud nos multam esse, ut non ignoro. ita a
(Ihristo edoctus sum.ne quis se ingérât, sed exorandum dominum
messis, ut millal operarios in messem suam. Quid. si tempus evmi-
f/elicœ Hiessis, pro divina electione et a sumuui iib» justitiic sole
('lïuso ardore, apiul ros instrt. non rt/iiiii npnd nos? Sane, quod
lot nacii sitis operarios, quod lam copiosa fruges in Domini lioi-
reum redcal. et hoc ferme in momento temporis. nulhis jirudens
ascripseril lu)minibus. Nusquam certius appendi polest missus esse
à Deo servus, cpuim si nihil veritus Inferi portas, inviclus agat Do-
mini unmus, copiosusque inde prodeal fructus, quod in vobis lieri
aiKho, cuni in nobis contra eveniat. Nam cnm halieaulur quàiu
pliiriuii Evangelii bosles. pdiici occurrnnt qui probe acntiunt, et In
(imninc in iinijith dclite.srunt, mit si quundo purent, frifjidius ugunt
qiinni deretit. de sic tenipenint neqociuin. ne ferre Christi rrurom
^ V. lii lettre précédente, où il iasiuuc à Farel qu'il pourrait bien s'être
ingéré dans le minist<''re, sans attendre l'impulsion de l'Ksprit
® C'était la qu.itriènio fois que Roussel était sollicité à défier les docteurs
de Sorbonnc. Voyez le N" précédent, note 2.
k
t
1524 GKRARD UOUSSEL A JK.VN ÛECOLAMPADE. 277
adlijimtur \ Neiiue hec adl'eio, riuod Jelrectem provinciaiu, (|uain
meis imposilam hiiineris coulendilis vestris exhortai ionibus, sed
quôd cupiam per veslras preces à Deo vocante crudiri, lirmari,
consolidaii. Qiuy ferenda sunt in liac exercenda provincia videor
mihi in numeralo liabere, cum integer fermé Senatus à parte stet
opposita ^
Ceterùm arma ChrisUane militic potentia per Deum, ad demo-
liendiun quidqiiid adversus illum munituni fiierit, ad evertenda
consilia et omnem altiliidinem erigentem se adversus cognitionem
Dei: quce si semel, per veslras orationes ad Deum, inlieserint mihi,
non est ut metunm hominum larvas, Antichristi refjmnn cum suis
infulis ac scitolis, qute, pru liumanis tradilionil)Us, quibus se aliis
préférant, magno corani Deo merllo, dense digladiantur, ac novas
semper adinveniunt. novas sectas, novos cultus, de quibus ne tan-
tillum meniinit Sci'iptura, — cum intérim non videant de se, hor-
rendo Dei judicio. proferri: « Dimisi eos secundùm desideria cor-
dis eorum, ibuni in adinventionibus suis. » In tumuUibus quibus
iiodie mundus cooritur adversus profectum Evangelii, ut non opor-
tet animum despondere, ita nec quempiam convenil suis fidere
viribus, sed ab ipsius auxilio toti pendere debemus, cujus opéra
in nuUis periculis defutura est: si modo non desil fiducia, si pre-
cibus ex animo fusis imploremus illius opem, lieri nequil, quin
animis luce Spiritus perfusis adniodùm displiceant l)lasphemice
quas evomunt qui apud nos magni haberi volunt et vocari Rabbi '.
dum consueludini et humanis decretis patrocinantur adversus ver-
bum Dei. Sed (juid si nobis dixerit Gbristus : « Sinite, ceci sunt et
duces cecorum, » si declinandi pi-o tempore, ad Cbristi prescrip-
tum, ne deterius habeanl "? Doceri nolunt, ut emendentur, sed
cum sint cecis ceciores, accepta ferula. alios erudire volunt, ac om-
nium se esse censores asserunt, liomines nimirum impudentissimi.
Ceterùm, quôd promiscuum vulgus horum larvis seducatur. ac
" Deux ans plus tard Pierre Toussain se plaignait dans les termes suivants
du peu de courage de Le Fèvre et de Roussel ; « Fabrinn sum allocutus et
Bufiim; sed certe Faher nihil habet animi. Deus confirmet eum et corro-
boret! Sint sapientes, quantum velint ; expectent, différant et dissimulent;
nonpoterit prcedicari Evangclium absquc criicc! » (Y. la lettre du 26 juillet
1526.)
* Roussel a déjà affirmé plus haut (p. 234) que la Sorbonne pouvait compter
sur l'appui du Parlement tout entier.
^ Les docteui's de Sorbonne.
±78 GÉfL\RD ROUSSEL A JELO» OECOLvMPADE J o2-£
dimisso fonte aqu» vivse ablegeliir in cisternas dissipa tas. qua? ne-
queant aquas continere, maie habet Cliristianorum lidem justà ac
charitatem. Hoc ferre non potest tides. nec dissimiilare charitas.
sed urget. ut perinde obsistatur in faciem, ac obstitit Syuioni Mago
Aposlolus. Porro \iam qua ipsis occurratur. preclusisse nobis.
opinor. sibi belle pei"suadet astutus démon: nam impn'menJis opii^-
rulis. si qiue donarit Deus in profectum aliorum. ntUlus patet ac-
ce$sm. ijuôd publico ediclo Pan'sini Senatus '* cautum sit, ne libri
evnlgentur non antea per doctores et senatorii ordinis viros ex-
cussi. Dissertationes nec ipsi recipiunl, nisi qiias suis san\ere insti-
tutis, iisdemque in eminentiori pulpito présides agenlibus. ut de-
mum multa Spiritus prudentia opus sit. quà astutia demonis eluda-
tur. Reclamabunt episcopi, reclamabunt doctores, redamabunt
scholœ. assentiente populo, occurret Senalus. Quid faciet homuncio
ad cerf m tôt leones? » memorem periculum esse apud nostros
qui vanis assueti sunt argutiis. ne doolrina Christi in dispulationem
adducta periclitetur. ut olim. Sed. ut cœpi dicere. non scribo ista
qnôd non facile in vestram descendam sententiam. quam. arbitror,
suggessit Spiritus quo duce agimini, sed cupio per ros plenius in-
stnii. hnmô potins per Deiim, ipem milii propilium fieri per vestras
preces tam desydero, ut qui maxime.
Ad extremum. nisi subvererer importunior >ideri et curiosorum
magis alTectator quàm eorum quae edillcant, postularem tuum de
limbo Patrum judicium, de quo nihil memini in Scripturis legisse.
itemque de panuUs citra baplismi gi'atiam decedentibus. quôd au-
diam quendam apud vos esse qui baptismum ad annos discretionis
differendum scribal ". Boni consules, si pluribus apud te egerim
quàm oportuit. ac istud donabis amori quo in te afllcior. Salutat
te in Christo noster Fuher •-. qui tibi bene vuU ex animo. Bene
vale. Meldis. Anno Domini 1324. die Augusti 2i.
(Inscriptio:) Doctissimo piissimoque \iro loanni OEcolampadio
in Christo fratri'\
'• Voyez le N' luj. note 5.
" Nous ne sarons s'il veat parler de Caristadt, on de Thomas Mûmer, le
chef de la secte des Anabaptistes, lequel vint en Suisse à cette époqae, oa
de Conrad Grebfl de Zorich, le pins lettré de ses partisans.
■» Lf recrrdÈtn
'* .\u-dessous de i juiv-;c Œcolampade a écrit: * Ger. RnflF. »
)t-i JELO.' VAUGRIS A FvREL. A MONTBÉLlARD. 279
119
JEAN VAUGRIS ' à FîU'el . à Montbéliard.
DeBâle, 29 août 1524.
Inédite. Autographe. Biljl. des pasteurs de Neuchàtel.
.>>:>iiîiAiRE. Lirraison d'argent an chevalier Coet. Eawoi de deux ouvrages de Fard
rèrtmmiut imprimés. Projet de poblier à Bàle une tradvdion française du X T.
Guiliome. mon bon frère et amis, la grase et paix de Diu soy
en vous !
J*ay resu vous lettre?, [dans^ lesquelles létres vous fêtes mension
que on déli\Te d'argent à Monsieur le chevalier ^, le quel je lui ay
fet deli^Tés 10 escus par les mein de mon oncle Conrat ^ Item j*ay
fet relier vous li[v]rfô, car tout incontinant que on les at aporté,
j'ay fet leis[s]er toutes autres choses, pour fères les wautres. Item
je vous [les] envoyé et les ay baillé au chevalier avèque 200 Pater*
et oO E])istolŒ % mes je ne say coman vous les voilés 1. voulez]
\ anih'e aut fére vandre. Je vandon la piesse des Pater 4 deniers
de Basle à menu *,. mes en gross, je les vandon, les 200, tlor. 2,
^ce] qui ne se monte pas tan : et les Epistolœ, deniers 6, qni se
monte les 30 ,"à] flor. 1, mes en gross je les ballie pour sous 13.
Mes ballié-Ies à quéque mersié, aflin qui préne apitit de vandre
des lires, et il se ferai de peu en peu et parellement il ganierat
qu]é]que chose.
' Vovez le N' 109, note 9.
^ Le chevalier Anémond de Coct.
^ Conrad Resch. Voyez la lettre de Coct datée de Bàle, le 2 septembre
1524, et l'apostille de Farel, à la snite de cette lettre.
* C'était « l'Exposition familière de l'Oraison Dominicale et des articles
da Credo > de Farel, dont l'impression venait d'être achevée. Voyez la
Lettre de Farel aux Lecteurs. X'^ 107. note 1.
^ Que faut-il entendre par ces Epistolœ dont Coct parle aussi dans la
lettre suivante, note 4? C'était probablement Ton des écrits que Farel
composa à cette époque contre Érasme. (Voyez plus loin la lettre de Toussain
du 2 septembre et les lettres d'Érasme du 6 septembre et du 27 octobre 1524.)
^ Vente au détail.
i8U A.NÉMOND DE COCT A FAREL, A MO.NTBÉLIARD. 1 524
liera je vous prie, sil il esloy posihie que on fît translaté le No-
n'aiix Testament , selon la translation de M. L. ', à quéque home
(|iii le sût buen fére, que se seroy un gran bien pour le pais de
Frun.s.s et Burfjoiu' et Savoie ^ etc. El se il fesoy beson [l. besoin]
de aporté une létre fransoyse % je la feroy aporté de Paris ou de
Lion^°, et >i nous en avon à Balle (jui fût bone, tan miex
vaudroy ".
Item je paît aujurdui de Bassie pour aller à Franch/fort^'-. A
liasle, le 29 de Augusto 1524.
Jo. Valgris.
(Suscription:) A Guiliome Farel soy doné la présanle.
120
ANÉMOND DE COCT à Farel, à Montbéliard.
De Bâle, 2 septembre (1524).
Inédite. Autographe. Bibl. des pasteurs de Neuchâtel.
Sommaire. Restez insensible aux moqueries d'Érasme, vous souvenant toujours de la
patience de Christ et cliercliant en Dieu votre force. ]Valte7iscAnee vous envoie 200
exemplaires de l'Oi-aison Dominicale et 50 Êjjiires. Conrad Resch m'a prêté une
partie de l'argent que vous aviez déposé chez lui. Le vieillard n'a pas voulu laisser
' Martin Luther, dout la traduction allemande du Nouveau Testament
avait paru on septembre 1522.
•* L'oi)iuiuu qu'exprime ici Jean Vaugris prouve que le Nouveau Testa-
ment de Le Fèvre était peu connu liors de France. Farel s'était plaint à
Le Fèvre de la diffusion trop restreinte de cet ouvrage (V. le N" 103 au com-
mencement).
'•' Des caractères typographiques français.
'" Il y avait dans ces deux villes des libraires bùlois.
' ' La traduction française du Nouveau Testament de Le Fèvre fut réim-
primée à Hile, l'année suivante. Sur le dernier feuillet de cette rare édition
ou voit un W avi'c les lettres I et S, le tout surmonté d'une double croix et
de la devise: «Durum paticutia frango. » (liruuet, op. cit. 5' édit. t. V,
colonne 748.) Nous croyons que ces lettres sont les initiales de « Ichau
Wattenschnee, > l'oncle de Vaugris.
'* Vaugris se rendait à Francfort pour la foire annuelle qui se tenait
dans cette ville du 7 au 22 septembre.
1 524 ANÉMONU DE GOCT A FAREL, A iMONTBÉLIARD. 281
imprimer les Antechrists. Une lettre de votre frère m'annonce que Sébiville est à
son tour victime de l'irritation quis'étaitd'abord tournée contre il/a i</re< et contre moi.
Michel Bentin voudrait fonder à Bdle, avec mon concours, une imprimerie où nous
publierions les livres que j'aurais traduits en français. Pensez-vous qu'en France ou
soit disposé à soutenir notre entreprise? Pour moi je suis décidé à me consacrer tout
entier à l'avancement du règne de Dieu. Ourion consent enfin à hnimiuei l'ouvrage
[de Luther] dirigé contre l'Épiscopat. Je vous envoie des livres et la Lettre du duc
Ulric que j'ai traduite en français. — Apostille de Farel du 24 mars 1546, relative
à la somme qui lui est due par les héritiers d'Anémond de Ccct.
Gulielmo Farello Anneiimmlus Guctus. Pacem el augmenUim
fidei in Gliristo !
Binas a te epistolas adcepi in (juibiis (itucdain de Ep[ac7fxw]
PoT£po(î[a|u.w]. Qua}so, ne his angaris culicum aculeolis ', siquidem
graviora multo passas est Christus, corona gloriœ nosti'ce, ([ui.
quum cruciaretur, non maledicebat aut comniinabalur. Quid
multa ? Ego tibi persuadere conor quaj scio me piu'slare non
posse. Cupio enim te, qui veluti signum sagillariis pluribus ex-
positiis es, esse sine nevo, nedum sine macula. Eia, ergo confor-
tare et esto robustus in Domino, qui benedicat semini tuo. Amen !
Curavi Vatenschne- ul tibi CC** Orationes^ mitteret cum dO Epis-
tolïs * : omnia in vase tuo invenies, precium quotpie in Conradi *
ad te epistola, a (juo et decem coronatos ex tuis adcepi " dalo illi
mec c[h]irograpbo. Sane Antichristos' noluit Seiiex" excudi, at
alio tempore poterunl. Adcepi ante boram a fnitre tuo ^ epistolam
quam bîc nulli manifestavi. Conjicen' potes ut post Macrctuiii "^ et
' Il est probable qu'Érasme ménageait aussi peu Farel dans ses con-
versations que dans ses lettres (Voyez celles du 6 septembre et du 27 oc-
tobre 1524).
- Voyez le K" 109, note 9.
5 Voyez le N" 119, note 4.
* Voyez le X° 119, note 5.
5 Conrad Resch, le libraire.
^ Voyez l'apostille de Farel à la tin de la présente lettre.
' Ce mot figurait probablement sur le titre de l'un des pamphlets com-
posés à cette époque par Farel. Voyez la lettre d'Érasme du G septembre
et celle du 27 octobre 1524, notes 13 et 14.
^ Veut-il parler de Besch ou de Waitotschnee?
^ Farel avait quati*e frères : Daniel, Claude, Gauchier et Jean-Jacques.
C'est probablement avec Daniel que le chevalier Coct était en correspondance.
^^ Aimé Maigret, qui avait prêché l'Évangile à Lyon et à Grenoble. (V.
le N' 103, note 62, et la lettre du 23 janvier 1525.) Ce qu'Auémond de
Coct dit de lui-même est expliqué dans le passage suivant d'une lettre que
282 ANÉMOND DE COCT A FAREL. A MOMBÉLIARD. 1 524
me in Sehirillnm '• e.carserint ; at hœc relicencia arbitrer, lerrentiir
eniiii iiiliniii. In ilies expecto a nostris '- literas per Joannem
iiiriiiii. Deus det dexlrœ sua; suppetias '^ ! Amen.
Scribif ad te Hierouimm '^ : itidem pollicitus est Petrus Tossanus
(acere '^ Frater communis Michaël Bentinus '« ad te scribit. Cae-
tei-um. nieiis signatis, illi in mentem aliud venit consilium, quod,
si prubas. mm improbo. Yult enim non a tôt bominiim niitu pen-
flere, ((iiodipie taie sit ne,u:ociiira in (|uo ipse multum pra'stare
possit. Co.LHtabat Tipo^irapliiam adoriri, me in vertendis .frallicè
libris comité. Ego, ut verum fatear, animo ad eam rem ita sum
propenso. ut quod maxime velim id etiam me posse conlidam.
Opto enim GalUam evangelicis vohnnlnihm abundave, siquidem illa
sunt quœ de Iesu testimonium perbibent. PraMerea. quum Ynmjris
LiujtJunum ibit, scribam ad fnitres, ut pecuniae ali(iuid ad me mit-
lant. Qitidquid swii. luibeo, cro, habehoie, ad Dei gloriam insumere
iiwaa est. Tu Judicium tuum super bis nobis scribito.
Pra;terea, si nolùs subscribas, hoc etiam addito, scilicet, si nobis
facultates usque adeô tenues sint. ut non commode prela multa
erigere possimus. an censés inveniri posse Lin/duni, Mrldœ, aut
alibi in Galliis. qui nos ad btec juvare vebnt. Tu enim multa vi-
deris impeirare posse. polissimùm Gr?///6-Verborum Dei silientibus.
Vidi ciiiiii (|u;e Slaiitilrmis aliique ad te scripserint ^\ Heri cum
J//V//a('76'" simul persuasi 0//Vo///'''. ut l/hrum ddrersns fal. no.
rpi. or. [1. adversus falsô nominaliim episcopoi'um ordinem -<>]
Myconins lui adressait en février ou en mars 1525 : < Qicàmproh'e in patria
tua egem Evangelii caitsam, t'iliid probat abundè quod imle ab Antichristi
expithiis es ministris. »
" Voyez la lettre du 13 décembre 1523.
Le chevalier parle sans doute ici des évangéliques du Dauphiné .
A cette époque l'œuvre d'évangélisation commencée dans le Dauphiné
était violemment persécutée. V. la lettre de Sébiville du 28 décembre 1524.
'* Persouiiajfc inconnu.
'" Voyez la lettre suivante, écrite par Toussain le même jour.
'" Voyez le N» 103, note 37.
" Voyez les lettres de Nicolas Le Sueur, de Le Fèvre et de Roussel
(N" 102, lO.S et 104).
12
13
'" Bentin.
'" Vuk-ntin Curion, imprimeur à IJàle.
*" Ouvrage de Lutiu-r publié a Wittemberg, 1523, in-4''. (Panzer. An-
nales, IX, 8t.) I/édition allemande avait paru en 1522, sous le titre sui-
vant : € \VidiT den lalsch genanton geistlichen stand desz 13apsts und der
Hischoffcn. > S. I. ^Wittemberg), in-4^
1524 ANÉMOND Dlî COCT A FARKL, A MONTBI'LIAUD. 283
exciulat. Tu si aliciiios pro Miiiij)t'l(j(inl[ensibu!i] et Burfjnnd[is] vis,
scribito MichniHi; spero enim iiiillo (|uingentos excudendos. cum
adnotalionilius liëbraïcis. Milh» tihi lilirum de instituendis mùiistris
ecclesiœ "S ciini lil)ro de mstituendis pueris ", ligalo et ligando.
Salul<il te Pelliai nus -^, ciii dedi negocium compescendi susi)icio-
nem viri illius Jamun referentis-*. Qiia.'SO ne cuiiiuain liiuc prae-
scripta aperias. Mihi nenipo jucnndum erit, si faveal ('lirisliis, in
ejus negocio cum Miriniëlc laborare. Dominus cuni spirilii luo!
Amen.
Salutat te liospes meus. Mitto tibi Pasquilhon cum Mmforio ^%
inter libellos meos qui forte latebant, sed et abus duos codices,
nigrum et rubeum, tibi notos. Vale in Domino, et saluta verbis
meis christianissimum equitem nostrum Nicolauiii ^^ Basileae,
2. Seplembris.
FiUus tuus humilii^ in Cbrislo
Annemundus Coctus.
(P. S.) Verti in gaUicum sermonem Epistolam ad Bfsuntinenses
lllustriss. Pnmipis"\ magna cum festinatione. Proinde si quid-
piamin ea errali deprebenderis, emendato. Scribas mibi gaUicè, ut
omnia secretiora sini, pneter superscriptionem, ut sciri possil cui
reddenda sit. et OEcolampadio mittito. Dominus tecum !
(Imcriptio:) Guliebno Farello apud Montpelgard EvangeUi mi-
nistre, suc in Cbristo majori.
■-• Ouvrage de Luther. Voyez le N" 103, note 34.
-* C'est peut-être l'ouvrage de Zwingli cité N" 98, note 9, ou celui d'É-
rasme qui a pour titre: « De ratione studiorum et instituendi Liberos. »
-'' Voyez le N" 103, notes 2 et 42.
-* « L'homme au double visage » est évidemment Érasme.
" Le livre dont parle Coct est intitulé comme suit : « Pasquillus Marranus
exul, Lectori salutem. Vidisti srepiuscule, lector, labores nostros quibus hac-
tenus contra corruptos nostri ajvi mores sudavimus. Nunc cognosce quid in
novos illos Theologistas adulatores ausi fuimus. Quidvc, Marforio nostro
auspice, obtinuerimus à Pontifice Ro.[mano] versa pagella, quœ sunt, osten-
det. Lege et probabis. » On lit au verso : « Contenta. Epistola Pasquilli Ro-
mani ad Marforium Romauum. Responsio Marforii Romani ad Pasq.[uil-
lum.] Supplicatio non minus lepida quam nccossaria ojusdem Pasquilli ad
S. D. X. papam. Decretum Pap;u super ^^upplicatione Pasq. Epistola Publii
Maironis ad Alvcldianum Franciscum Romanistam. » Le lieu d'impression
et l'année ne sont pas indiqués. Cet ouvrage se compose de 10 ff. in-8«.
*'■ Le chevalier Nicolas d'Esch.
«" Voyez le NMIG.
284 ,.,ERRET0USSA1N AFAUEL, A MONTBÉLIARD. 1521
(Au dessous de l'adresse ou lit l'apostille suivante, écrite par Farel :)
. Lilerœ Cocti quibus scribit se accepisse 10. V. [1. coronatos.]
Detli auleni illi mutiiô non lantum deceni, verùm (luinquaginta. et
circiter quinque dum euro ut Laurentio Cocto -■* mors AnnernowU
testetur fs/cj juridicè ^erSchalf'iisimws''. lia fil ut debeantur quin-
quafrinla quinque coronali. Reiepit omnia se soUiluruni Lanren-
lim; al nihil liaclenus fecil. Admoneatur officii, ut pauperibussuc-
cnrri possit e\ bar pecunia. (luihiis sacrain esse volo ex bac die,
24 .Marlii 1540.
Farellus.
E.v Coimido licsch Basiliensi doceri potei'it, pecuniam banc
datam fuisse; nain is pêne tolam dédit mutuô ex mea quaui apu<i
se babelial. •
121
PIERRE TOUSSAIN ' à Farel, à Moutbéliard.
De Lâle, 2 septembre 1524.
In(:'dite. Autograpbe. Bibliotbèque des pasteurs de Neucbâtel.
Sommaire. Bien loin de vous oublier, je prie Dieu chaque jour de bénir voire minis-
tère. Vous faites preuve d'une sincère et prévoyante amitié en m'e.\liortant â persé-
vérer dans Tétude des saintes lettres. Mes relations avec certains hommes plus sou-
cieux de leur propre gloire que de la gloire de Clirist et les sollicitations qu'on m'a-
dresse de divers côtés, pour me détourner de l'ÉvamjUc, rendaient vos conseils très-
opporluns. J'ai cru cependant devoir faire une concession à ma pauvre mère : j';ii
quitte la maison à'G'colawpndc pour aller vivre chez un prêtre qui ne partage pus
mes convictions. Erasme, que j'ai visité une seule fois depuis votre départ, ma fait
appeler chez lui. Ses sentiments envers vous sont toujours les mêmes. 11 po.'îsôde le
récit que vous avez rédigé de votre commune entrentc et se plaint de ce que vous
préparez un nouveau livre contre lui. Il a revu du pape une lettre flatteuse, et il a
adre.s8é au Dataire pontifical une réponse qui révèle clairement le caractère de
'^ I/iiii (les frères du chevalier Anénmnd de Coct. dont l'on trouvera plus
loin deux lettres adre.ssées à Farel.
•» Voyez la lettre du 11 février 1527, écrite à Farel par Jeau de Steiii-
wort.
' Vovez io N" 109. note 1.
1524 PIERRE TOUSS.VIN A FAREL. A AIONTBKLIAllb. 285
riiomme. Ne vous enorgueillissez pas, mais soyez un dispensateur fidèle; édifiez sur
le fondement solide.
Cariss. frater, spiritus Domini sit teciim !
Annemundus Coctiis noster, serius quàm vellem, significavit mihi
se habere ad te nuncium. quare paucis te obtundaiii. Nec est ut
meamicorum oblivionis insimules. quôd tiiis lUeris- hactenus non
responderini, qufe mihi tam grattC fiierunt (juàm debent bene cu-
pienti pra^'canlique neiiotio Cbristi. Et teslis est niilii IJeiis. quàm
sollicité te tuosque conalus Chrisfo quolidianis precibus commen-
davi. Et tihi gratins haheo, mi frater, quôd me non minus amicè
quam prudenter horteris, ne cujus consilio terroreve à sacrarum
literarum lectione direllar : quod est sane non solùm amicum prsR-
stare amicissimum, sed etiam strenuum et oculatum imperatorem,
qui iis etiam animum facias, in acie versans, quos vel hostium im-
petu perculsos, vel ad bellum minus idoneos arbitreris. Quod te
scio facere studiosius. quôd non ignores vel cum iis aliquid esse
mihi consueludinis qui malint sibi, sua3que gloriœ, quàm novo (ut
vocant) Evangelio consultum^ vel me indies divexari legendis
amicorum literis, qui me magno studio, vel potius stulto quodam
zelo, ab instituto remorari nituntur, et ita sane ut, ad se revocare
conantes, ferè me compulerint, vel bine Tiguntin migrare, vel
ViUemhergam \ne non esset eis mecum justa expostulandi occasio.
Sed video magis quid condiicat, quàm quid liceat.
Nescio an legeris aliàs epistolas cujusdam mihi sanguinis vin-
culo juncti. hominis, ne quod verum est dissimulem, de me bene
meriti simul et antehac nominis mei amantissimi. cœterùm nunc
me capitali odio prosequentis ^ Is literis me semel atque iterum
admonuerat, ut bine migrarem Lutetiam, vel si liberet aliô, tantùm
ne quid esset mihi cum Lutheranis commercii ; et quoniam se ma-
joris apud me loci existimabat, quàm ut jussis suis refragarer, mi-
rum est, quàm iniquo animo tulerit sibi non obtemperatum, quan-
tumquemibi invidicC consiliarit (sic) apudmeos, — adeô utnefanda
de me qiuudam ?;?a?r/persuaserit, viduœpaupercuUe et jam capulo
proxiniii'. Nosli miilierum ingénia. HiTc statim persuasa literas ad
■^ Lettre perdue.
'' Allusion à Érasme. Voyez la note 7.
* Toussain fit plus tard un séjour assez prolongé à Zurich ; il visita en-
suite les principales villes protestantes de l'Allemagne, entre autres Nurem-
berg, Wittemberg et Strasbourg.
■"• Il parle très-probablement ici de son oncle Nicolas Toiissain (V.p. 252).
28() l'IEHHE TOtSSAIN A FAREL. A MONTBÉLIARD. 1 524
me (Jedit plenas laclirymis, quilms maledicit et uberil)us qutje me
lactarunt. et genibus qua' me exceperuiit. Cum videremus Imnc mor-
buin iiidies raagis atque magis recnidescere, liaud absque magna
stiidiorum meorum jactura. visum est OEcohntijiadio consultum, si
forte cuustieiitiis infirmis boc pacto mederi possel. ut a sesecede-
rem". parlim ut sludiorum meorum tranquilUtati consulam, partim
ne eos a me in lotum alienam [1. alienemj quibus aliquid esse de-
ferendum non ignoras, attjue adeô in rébus baudqiiaquam àd
Cbristianisnnnn necessariis, et quos sperem aliquando. adjuvante
Domino, ad Cbristum reduci posse. Itaque obtemperavi, licet in-
vitiis. pra'C('i/tor(s con>iYu), utorque donio cujusdam sacriliculi. el
iniriim est tjuàm maie conveniamus, etiaui inter pocula: nam alio-
qui nibil estmibi commercii cum boniine, et magna trancpiillitate
Legi Dei advigib). Faxit Cbrislus ne in vanum omnino laborem!
Enisnu' flo)ito uti potu/ssent '. si me non indignum judlcassem qui
tanti bominis consuetudine fruerer. Is aUàs me accersivit, nam à
tuo bine abitii semel tantùm inviseram bominem. idque duce
(JEcolumpndio. Tibi furet ut nostt^. Diulof/uiii tuinn hdhe[ nnitufp
ronfiiliiiliit/oii/.s rcstrœ^. et conqueritur, te puvturive nescio qid'l
libelli ndrevsna .sr '". Literas accepit à Poutifice^K e[ Erasmo et
'■ Do ce passage on peut inférer que pendant les premiers temps de son
séjour à Bâie ïoussain logeait chez Œcolampade.
" Erasme avait ordinairement chez lui comme pensionnaires quelques
jeunes gens instruits et de honne famille, et nous savons qu'il témoignait à
Tousmin une hienveillance particulière, comme lo prouve ce passage d'une
lettre (piil lui donna, le 2 octobre lï)2'j,i^our G uiUainnc Utidc : « Ilic Pctriix
Tossanns juvenis est honesto loco natus, indole felici et ingenio perquam li-
berali, sununa-que spei. Ardet amore Grsecanicarum hterarum.. . Scio tihi
juvenis ingcniuni oj)pido placiturum ... » (P>asnii Epp. Le Clerc, p. 891. i
'' .\ppréciation ironique. Voyez plus loin les lettres d'Érasme du 6 sep-
tembre et du 27 octobre.
" Il veut parler du récit que Farel avait rédigé de son entretien avec
Érasme et qu'il avait envoyé à ses amis de Constance. Voyez les N" 12^
et 120.
'" Voyez le .N» 12G, note 13.
' ' Kn dédiant h Clément VII sa Paraphrase sur les Actes des Apôtres.
Erasme lui avait annoncé, le 13 février 1524, qu'il publierait prochaine-
ment contre LuOier un livre intitulé : « De îibero arhitrio. » (Erasmi Epji.
Le Clerc, p. 78-1.) Nous voyons par sa lettre du 2 septembre suivant, adres-
sée au cardinal d'York, qu'il fut très-satisfait de la réponse du Pape :
« [Summus l'ontifex], misso diplomate humanissimo, atque etiam ducentis
florcniâ aureis, egit gralias pro inscriptione ^c/r/n/?». » (Le Clerc, p. 810.)
1524 l'IEllUK TorSSAIN A FARF.L. A MONTBÉLlAKl). 287
Pontifice (lignas, plenas niuiierum et Ijenevolentia'. Rescripsit Da-
tnrio^-. ila iil ingeniiim hoininis agnosceres, et venim esse quod
Pauliis ail : « Qui. cum se crederent sapientes. stulti facti sunl. ••
Item: « Elegisse Deum stuKa luijiis miiiidi. iil pndofaceret sa-
pientes. »
De te liabeo gratias Deo.quôd per te dilecliim Filiuni suum reve-
latum voliierit ; sed ne efTeraris animo. imô timeas. et (Ideleui agas
dispensatorem, nec solùm earum rerum doceas contemptum quae
pariim liabenl nionienti ad Christuni, sed ita magis cedifices. ut
possil opiis tuum quamcumque procellarum injuriam conteninere.
In sumnia tijji omnia felicia precor. Tu fac me precibus Christo
commendes, quem velim intelligas. teste Domino, nibil aliud op-
taio in liac lachrimarum valle, quàm ut Cbristi regnum quàm la-
tissime pateat. ut omnes uno ore gloriticent Deum per Jesum Chri-
stum. Dominum nostrum, qui sit cum spiritu tuo, ut ministerium
tuum acceptum sit sanctis! Amen. Desiderius^^ et Bonifacius^* te
salutaiil. Yale. Basilee. ij Septembris 1524.
Servus et frater tu us
P. TOSSANUS.
(Inscriptio :) Guilielmo Farello. concionatori Montispelicardi.
fratri et amico in Christo.
'- Jean Mattliieu G-ïbert, évêqne de Vérone et dataire de Clément Vil.
Érasme lui écrivait le 2 septembre 1524 : « Mitto WheWnm Belibero arbitrio...
Xon me fugit, quantum tempestatum excitarim in caput meum. Sed certum
est omnia persequi potius quàm dare nomen huic conjwationi, in qua video
multos taies, ut nec Lutherus eos ferat. Repererunt novura dogma, ut ob-
sistentes Evangelio (sic enim illi loquuntur) furiosis ac mendaeibus Ubelîis,
absque tituïis uut falsifi titidis, obruant. Habent suos quosdam tjijograplios,
habent distractores huic negotio devotos. Jam aliquot taies libelli provolarunt
in caput meum; exspecto quotidie plures. Admouui tamen Senatum Argen-
tinensem et Basiliemem, ut horum sceleratam audaciam coerceant. Uterquc
promisit se digna. Minus illorum sicas metuo quàm libcllos deviens
in diplomate suo pollicetur auimum, quem nunc babct, constantem : ego
vicissim polliceor quicquid officii prœstare potest addictissimus lilius optimè
merito patri. » (Le Clerc, p. 811-812.) — Il est singulier que cette lettre,
datée du même jour que celle de Toussain, soit parvenue à sa connaissance
et qu'il ait cru pouvoir en communiquer le contenu à Farci, sans commettre
une indiscrétion.
'' Voyez le N" 109, note 11.
"» Boniface Woljhard, qm était revenu de Montbéliard à Bâlo.
288 ÉRASMR DE ROTTERDAM A THÉODORIC HESIUS. 1524
122
ÉRASME DE ROTTERDAM à Tliéodoric Hesius.
DeBâle, 2 septembre 1524.
Erasmi Epistolae. Éd. Le Clerc, p. 809.
•SoMM.^iRE. Progrès du LvÀhéranisme dans les pays voisins de la Suisse. Les AlU-
mands sont dépassés par certains Français.
Erasmus Rot. Theodorico Hezio, S. D. N. Adriani dudum Secre-
tario.
.... Favor Lutheri in dies lalius serpit. Jam GnUi quidam ma-
gis insaniiint quàm uUi Germani. Onines liabcnt in ore qiiinque
verba : " Evangebiim. verbiim Dei. fidem, Christnm et Spiritum. »
El lainon hic taies video multos, iil non duliilem quin agantur
s[iiritu Satana'. Ftinam hictumultus a Lw///yyo excitatus, veluti vio-
lentiim iiliarmacnni. adferat nobis aliquid bonîc sanilalis!
LE MÊME à l'évêque de Rocliester.
De Bâle, 4 septembre 1524.
Ihidoni. p. 81o.
.... niiiiiii \ideo (iiKirimdani nialilin.^os niorc^. (|ni nun(|iiain
non cn'iianl noiiion Evangelii. pra-sagil aninnis infoliceni et criien-
tnin exitinn. Faclio rresrit in dii'.s hitiii.^. prnjuu/ntu in Sdhandinm '.
Lnlhovinijinni^. Fvnnriitm atqnc etinm Mcdiolunnni. Tiininlluatur cl
linrf/inidid nnhis jtro.cinta '' per PIniHirnni * (inendam Gallum. qui. è
' Voyez la lettre du 17 février 1526. Par le mot de Savoie on ne désignait
pas sculeniont le dnchi'" de re nom, mais encore Genève et le Pays de Vaud.
* Voyez le N" 112 , note G.
' Le comté de Montbéliard.
* Ginllatimi' Farci.
1324 KRASME DE UOTTEHUAM A l'UlLIf'l'E MÉLA.NCimiON. 1289
Gallia profugus, hue se contulit, homo rabula, ellreni tum lingua.
lum calamo^ Cessit liinc. nec opinor reditiiriim, sic rem gessil.
Ita f|uonflam soient Evangelii pni'cones.
125
ÉRASME DE ROTTERDAM à Ph. Mélanchtlioii, aWittemberg.
DeBâle, 6 septembre 1524.
Erasmi Epistolœ. Éd. Le Clerc, p. 818 el 819.
•Sommaire. Griefs d'Érasme contre Fare! et quelques autres membres du parti
évangélique.
.... Nescio qualis sit vestra Ecclesia; certe hsec taies liabet
ut verear ne subverfant omnia, et liùc adigant Principes utvi colier-
ceant simul etbonos et malos... An ideo depellimus dominos, ponti-
fices et episcopos, ut feramus immifiores tyrannos, scabiosos Otliil-
lones^ et Plwilicos rabiosos? Nam huncnuper nobismisit Gullia...
Cum PItallico- fuitmilii congressiuncula perbrevis \ Ejus historiam
scripsit cuidam ConstantiemiK Exemplum clam ad me perla lum
est. Nihil vidi vanius, nibil gloriosius, nihil virulentius. Sunt il)i
interdum decem versus in quibus ne syllaba quidem vera est.
Idem edidit lihclhun de ParisiensUms et Pontifice-'. Quantum illic
inlicetiarum. quantum ineptœ virulentiœ. (piàm multi nominatim
traducti. et tamen ipse solus non apponit nomen suum! Idem, ut
audio. auxit stolidum Àlberi Judicimn^, quod nondum videre licuil.
* Nous avons vu plus haut (N» 99) que le secrétaire d'Érasme n'avait pas
de Farel la même opinion que son maitre.
' Il veut parler iVOthon Brunfcls. Voyez le N" 103, notes 29 et 30.
" C'est le nom dont Érasme se sert ordinairement pour désigner Farel.
^ Cette discussion, dont parle déjà Toussain, N° 121, est racontée en
détail dans la lettre d'Érasme du 27 octobre suivant.
* C'est prol^ablemcnt à Amhroise BJaarer, l'un des pasteurs évangéliques
de Constance, que Farel avait adressé la relation de son entrevue avec
Érasme.
^ Voyez le N" 103, notes 24 et 25.
" « hulicium Erasmi Alberi de Spongia Erasmi Roterod. adcoque quatenus
T. I. 19
290 Kll\-MK DK nOïTKRDAM A PHILIPPE MÉL VNCHTHON. 1524
Visi suul Comtantiœ et alii duo lihelli quos in me scripsiV. Et proti-
telur novum Uogma. sic traducendos qui obsistunt Evangeliu,
iiiter quos me numerat, et Bahiam passim appellat ' ([uôd Ailiimim
l'outifL'X invitant me ut mitterem consilium. Misi parlem. sed dis-
plicuit •. (Jbtulit decanatum. simpliciter recusavi : voluit mittere
pecuniam. rescripsi ne iiiilterel obolum. ^ic ^mn BidiKUina. Et qui
taies sunt postulant ut. contemplis omnibus doctoribus, lidamus
ipsorum spiritui. (piuui intérim ipsi inter se non consentiant.
Qui possiui mihi persuadere illos agi spii'itu Cbristi, quorum
mores tantùui discrepanl à doctrina Clu'isfi? Olim Evangelium ex
ferocibus i-eddebat mites, ex rapacibus benignos, ex turbulentis pa-
cificos. e\ maledicis benedicos. Hi leddunlur furiosi, rapiunl per
fraudem aliéna, concitaut ubiijue lumullus. maie dicunt etiam df
bene merentibus. Novos liypocritas. novos tyrannos \ideo, ac ne
micamquidem Evangelici spiritus. SiLiithero esseni addiclissimus.
magis etiam istos odissem quàm nunc odi. ob Evangelium (|uod
suis moribus reddunt invidiosum. ob bonas literas quas exlin-
guunt '"....
illiconveuiat cum M. Lutlieri doctriua. Epistola Erasrai Roterod. ad Fabruni
Const.[autiensem] Vicarium. Epistola M. Lutlieri ad amicum piissima, de
fucata Erasnii Spongia, deque Christi uegocio syuccrius tractando. * Cet
opuscule coinineuce aiusi : « Suo Theodorico conciouatori Phraucophordiano
Eras. Alberus Frater, nou Lutlierauus, sed eius quem docct Lutliems dis-
cipulus ex animo, S. D. » Il se compose de 8 feuillets iu-S", y compris le
titre ; il est sans date ni lieu d'impression, mais il a dû être imprimé à Stras-
liourg, chez Jean Schott, au printemps de l'aunée 1524, peu de temps après
le livre de Bninfels cité dans le N" 103, note 30.
' Ces deux pamphlets sont au nombre des ouvrages de Farel dont il ne
reste aucune trace.
^ « Api)ellarat me Balaam ; hac de causa cum illo [se. FarcUo] exspostu-
lanti niliil certi respondit, sed sic olapsus est, ut diceret negotiatorem quen-
dam Diqiletitm [scil. Antonium à HletoJ hoc dixisse : is enim jam abierat, et
fieri potest ut dixerit, sed a. PhareUo doctus. » (Erasmi ep. ad fratres Ger-
maniîp inferioris. Ed. Lond. p. 2128.)
' .Vdrieu VF écrivait à Érasme le 23 janvier 1523 : «Te in Domino hor-
tamur — ut quantum tibi Doniinus donaverit, nobis inodum ac ratiuuera
aperire satagas, quibus tetrum hoc malum. dum adluic medicabile est, de
medio nationis nostrœ auferri valeat . . . Celeritate propter commune peri-
culum, secrète verô propter tuum, . . . opus est. » (Le Clerc, p. 744. La
réponse d'Erasme au pape se trouve p 745 — 748.)
'" Glarratins exprimait des sentiments semblables dans une lettre adre>-
8ée de Hiilc à Myconim, le 4 septembre 1524 : < De bonis lilcm promovcn-
dù tutc ipse rectè scribis et Lutftfni.-< nobùscum sentit, sed homines imperiti
I
1521 JACtjUES [paUVAN] a (iUIl.LAlME FAREL. A HALE. 291
124
JACQUES [PAUVAN*] à Guillaume Farel, ù Baie.
(De Meaux), 5 octobre (1524).
Inédile. Autograplie. Bibl. Publique de Genève. Vol. n» 112.
SoMM.\iRE. Le JFèvre, Roussel et moi nous sommes affliges de voire long silence.
Pressé par le temps je me borne à vous assurer de l'état prospère de tous les Chrt-
tiens qui sont ici. CaroH préclie avec un courage toujours plus grand, au milieu
des ennemis de la croix de Christ. Eoitssel vous demande s'il pourrait faire impri-
mer à Bâle vu commentaire sur l'Épitrc mtx Romains. Lui et Le Fèvrc vous font
saluer ainsi (\\\Œcolampade, Huywald, Zinngli et tous les tidèles de votre connais-
sance. Je suis maintenant ministre de la parole de Dieu. — (Note de Farel sur la
constance que déplova Paiivan pendant son martyre).
Gratia et pax à Deo pâtre per lesum Christum omnibus in Evan-
gelii minislerio laborantibus! Amen.
Ecquid valeas. mi Farelle, supramoduin scire desidero. dcside-
ratque IVafer noster Jncobns Fnber -, et maxime M. Gemrdns ^ vir
ille non lingua. non \ eibo, sed opère et veritate Gliristianu.>^, [U'op-
terea quod tam diuturnum nol)is facia.s .■^ilentium. U utinam. mi ca-
rissime IVater. sepiu.s scirem tuam et omnium frairum ipii apud
vossunt valetudinem! Qiiid enim. queso, Jucuiidiu.-^. quiilve opta-
bilius esse potest fralribus inter se in Gbristo amanlibus. qiiàm cre-
iierrimè. de omnibus qufe circa fidem et proximi edilicationem ta-
ciunt, scribere el audire? Velim sanè ut jani mibi plus teniporis
foret, quô te possem omnia quiu apud nos liunt de omnibus coni-
nunc utique obstreimnt .... Hoc uniim scio, a nemine mine et Uterns et
Evamjclium magis impcdiri. quàni ab iis qui utriinique dévorasse vidori vo-
luiit. Ailoo mine occulta Soiihistiea oritur. ut illa altéra ludus prœ illa judi-
cari queat. Nec taraeu licet conqueri. Nam nolHc tangcre Christos ineos,
vêtus olim, uuuc nova illis cantilena est. » (Collection Siniler à Zurich.)
' Jacques Pauvan (en htin Jacohu^ Pacano-'^), natif de Picardie. «Jeune
homme, mais letré et de grande syncéritO, » il « avoit aussi esté attiré à
Meaux par l'Évesque.» (I3èze. Hist. ecclés. I, 6.)
- Le Fèvre d'Étaples.
"' Roussel.
2tl2 JACQUES [pAUVAN] A GUILLAUME FAIIEL, A BALE. 1524
iiitMiiorare. Veiïim ne licet ((iiidem. ob regressum nuncii plus satis
rf[)eiiliniim. Intérim lamen lioc unum île rébus nostris accipe.
Oiiiiic.s nuotquot hic Hunt CInistidni* recte valent. Yerùm M. N.
C(irolt(!i\h-d[L'V noster in Cliristo cliarissinius. /^nm«/A- agens, pre-
dicat aamlnè; et. licet sil in medio nalionis pravye ac tortuosae, inter
cornutos, ut dixerim, ïlieologos, non ob id ex verbo Dei succum-
bit. propterea quod in ipso potentior sitquàm omnes inimici crutis
Cbrisli. (pii sunt omnes inepti M.[ti(iistrf] nostri. qui tamen (gratia
Dei) nec valent, nec pos>unt ei quicdquam (sic) nocere^ (Jua-
propter ipse magis ac magis sese animât et durât in verbo Cbrisli.
Det Uominus Deus. ni liic cl in omnibus nmndi [tartibus verbum
Evangelii regnare possit! Amen.
Ceterùm, mi Farelle, M. Gemrdtis le diligenler salutant (sic) ;
rogat ni illi proximè scribas an posset typograpbis qui apud vos
* Pauvan avait d'abord écrit : « quotquot hic nosti thristiaui. »
^ Pierre Caroli. Voyez le N" 103, notes 56 et 57.
^ Depuis la rétractation qu'il avait faite vers le commencement de juillet
(V. le N" 104, p. 235), Caroli avait continué ses prédications dans l'église
de St. -Paul, ù Paris. Le 5 août suivant, il fut cité à paraitre devant la
Sorbonnc, pour rendre compte de « cette nouvelle manière de prêcher, »
qui suljstituait au prône accoutumé une lecture du Nouveau Testament en
langue vulgaire, accompagnée d'exphcations anti-catholiques. Le docteur
en tliéologie connaissait les formes de la procédure universitaire; il usa si
bien des appels et des récusations, que son procès dura plus d'une année.
On lit dans le registre des arrêts de la Sorbonne à la date du 1" oc-
tobre 1524 : « Querimoniam fecerunt quidam ex Magistris de pra'fato Caroli j
dicentes quôd maie adificarct populum ; nam et doctoribus et baccalariis in-
discrète dotralu'bat, et, ut diccbant. scandalisabat auditorium ...» Et plus
loin: « Die . . . sablnito, octaco ejusdom nicnsis OcYo^r/s, sedentc Facultate, et
rcpetitis pra'scriptis querinioniis, auditaque lectura articulorum de secundis
Responsionibus dicti Caroli excerptorum, quoniam maie videbantur sonarc,
cuni propter luec requisivisset Syndicus, judicio Facultatis eidcni Caroli in-
hib<:ii<li(m, ne uHcrius prcudicartt, prasortim in Diacc^i l'aribievsi, uhi cu-
rani non habet, sed yratis se ingcrii, ut dicitur, àfaciione Lutherutioruni
condiictus, . .. . diilinitum est, quôd moueretur abstinere à pradicatiouibus,
quousque aliter esset deterniinatuni ; aliàs procederet Facultas contra eum,
ut jiiris ossct. . . » Cet arrêt lui fut signitié le lendemain, à l'issue de sa pré-
dication dans l'église de St.-Gcrvais. Une trois!» mu admonestation, que la
Faculté lui adressa le 11 octobre, ne l'cmpécha pas de remonter en chaire
le 28 du même mois. (Voyez < Errores Magistri nostri Caroli, et Processus
et Privalio cjusdem, » dans le manuscrit de la Pibl. Impériale qui est in-
tilui»; : € Liber secundus registri Determinationum Facultatis Theologiie
ScholiJ! Parisiensis, ab anuo 1524, et duraus usque ad aunum 1531. » Ma-
nuscrits latins, n" 3381. li, folios 25—40.)
1524 JACQUES [paUVAN] a GUILLAUME FAREL, A BALE. 293
deguiil iniltere commentai- la (iiiedaui /// efiisl. ml I{o.\maaos\ excu-
denda. Nam et ipse in legendo haiic Pauli e[tislolani assiduus est '',
<\m profecto liac in re quàin lidelis sil Ctnisli niinister facile dig-
noscitur. Tu ergo super liis verbis per illius nuncii rediluni
scribes.
Excusalum habeas, precor, Dominuni Fabrum, fratrem nostrum
in Ghristo obsequiosissimum, qui reverà detentus aliquo duniino
scribere non valuit; ille ideo jussit, ul suo noaiine te et omnes
Christianos his in literis salutareni. Optât, mi Farelie, noster ille
Faher, ut ad nos (fuàm brevissiine [pote]ris scribas an Biblia à
M.[artin6\ L\_uthei-o] sint castigala et in luceni [edijia '. His bene
vale in Cln-isto.
[Rogan]t te M. ,/. Faber el M. Gcnifiltis. ut diligenlissinie saintes
[evangejlicos vii'os onines, OEcolanipadium ini[)riniis, Hugahlum.,
Zinij/lmm et [Pelucaiiiijm et celeros quos nosti fidèles. Vale. v" die
octobris (lo24).
Jagobus tuus Iraler in Ghristo cbarissimus.
(P. S.) Si queras quid faciam, minister sum in verbo Dei minime
idoneus ^
(Imcviptio :) Ornatissimo viro M. Guilei-mo Farello. apud OEco-
lampadium agenti, Basilee '°.
(On lit au-dessous celte note ancienne ; » Parant, » à côté de
laquelle Farel a écrit les lignes suivantes : « Jacobus Pavan, qui
« tandem pro evangelio conslanlissiine igneni pertulit". De quo di-
' Voyez le N° 104, note 28. ^
® Pauvan se méprenait sans doute sur la nature du ti'avail entrepris par
Luther. Sa traduction allemande du N. T. avait paru eu septembre 1522.
Celle de l'A. T. ne fut publiée qu'eu partie pendant les années 1523 et
1524.
^ Il paraît que Fauvan fut d'abord instituteur à Meaux , car c'est bien
de lui que veut parler Crespin, quand il fait mention du martyre «d'un jeune
régent qu'on nommoit vulgairement M. Jcuiucs. » (Op. cit. fol. 168 b.)
'" Pauvan ignorait que depuis près de trois mois Farel avait quitté Bâie.
" « Estant emprisonné [il] fut tellement persuadé par Martial [Mazurier],
qu'il feit amande honorable le lendemain de Noël [1524]. De quoy se re-
pentant puis après avec grans regrets et souspirs, il fut rempoigné, et comme
relaps bruslé vif à Paris eu la place de Grève, l'an 1525, avec une singulière
constance. » (Bèze. Hist. ecclés. I, 6. Voyez aussi Crespin, op. cit. livre II,
fol. 92 b, et Bezae Icônes. — Le Journal d'un bourgeois de Paris (p. 291)
parle d'un « jeune filz, escalier bénéficié, nou aiant encore ses ordres de
prestrise, nommé maistre. . . . , natif de Théronne eu Piciu-die, » qui tit ab-
29i ANTOINE PAI'ILION A /NVlMil.I. A ZLRICH. 1524
. cebat à Cornihm : Satins fuisset datam fuisse et insiimptam my-
• riadf'iii pliisqiiam sexcentum myriadum qiiàm palani mortuura;
. nain à morte ejiis tôt adliteserunt ejus sententici*, ut avelli non
« possint '^ »)
125
ANTOINE PAPILION ' à Zwiugli, à Zurich.
De Lyon, 7 octobre 1524.
Autographe. Archives de Zurich. Zuinglii 0pp. VII, 358.
.Sommaire. Votre lettre ({W Antoine Du Blet m'a remise, à son retour de Zurich, m'a
fait connaître l'heureux: c?iangement opéré dans les mœurs des Zurirois par la pré-
dication de l'Évanjiile, et qui forme un si frappant conlra,ste avec l'état reliyieux de
la France. Avec ce grand nombre d'universités, de mona,stères, d'églises et d'ima-
ges, avec nos superstitions de tout genre, nous n'en demeurons pas moins exclus du
royaume de Dieu. Les satellites de l'idole romaine en Fravice sont si puissants et si
nisés, que le rétablissement de l'Évangile au milieu de nous ne peut plus être
l'affaire des hommes. Le nombre des croyants grandit néanmoins chaque jour; ils
saisissent toutes les occasions de propager l'incendie. Le Boi, doué d'un jugement
très-sain, mais accablé d'affaires, se plie aux circonstances, et il cède parfois à la ty-
rannie de Béhémoth [la cour de Rome]. Si j'avais quelque influence sur ses décisions.
juration de ses erreurs anti-catholiques, la veille de Xoel 1525, et qui périt
sur le bi'icherà Paris, «le mardi 28' d'aoust 1526. > Ce martyr ne serait-il
point Jacqueft Pauvan? En tout cas Bèze et Crespin se trompent quand ils
placent l'abjuration de Pauvan au 26 décembre 1524 et son martyre en 1525,
puisqu'on lit à la fin des articles dressés contre Pauvan et Satmicr par la
Sorbonne: «.\cta fuerunt hœc in nostra congrepatioue super hoc specialitcr
convocata in collegio Sorbona", anno Domini miUesimo quimjcniesimo vice-
simo quinto, die vcrô tionâ mensis Bcccmhm.» (Voy. Gerdesius. Hist. Refor-
inationis, t. IV. Pièces justificatives, p. 47.)
'- Ces mûmes paroles de Pierre (ormi, théologien de Paiis, furent citées
par Farel dans la dispute de Lausanne : « Nous n'avons garde de parler
comme ce Raby qui disoit * qu'il voudroit avoir coûté à l'Église un million
« d'or, et que l'on n'eiH jamais laissé parler Jaques Pavant devant le
« peuple. » Votre foi, ajoutait Farel, est-elle si bien fondée qu'un jeune
fils, qui («more n'avoit point de barbe, vous ait fait tant de dommage, sans
avoir tant étudié neveu, sans avoir aucun degré, et vous étiez tant?»
(Ruchat, op. cit. IV. 318.)
' Voyez sur Papillon la lettre de Sébiville du 28 décembre suivant.
1524 ANTOINE PAPILIO.N A ZWINGU. A ZURICH. 295
il prendrait Jésus-Christ ponr seul guide et affronterait les abîmes de la mer, sans
s'inquiéter de Pharaon. J'espère que le Seigneur achèvera l'œuvre qu'il a commencée
en lui, car sa mère est animée d'excellents sentiments, et sa saur, la duchesse
d'Alerçon, ne vit que pour Dieu.
Saluez léon, Myconius et l'église de Zurich. Michel d'Arande, Dampierre, Sévin,
Matthieu, le président d'Orléans et Pierre Ami vous saluent. Bu Met et moi nous
vous conseillons de dédier à la reine-mère le livre que vous avez promis d'écrire sur
la Ivraie et la fausse religion.
.lESUS CHRISTIS.
Gratia et pax a Deo pâtre et Domino nostro Jesu Christo!
Antonius Duhletus -, vir utrique nostrum, immô piis omnibus in
Ctiristo conjunctissimus, à vobis rediens * tuas mihi Utérus reddidit*,
plenas pii verè(|ue chri.'^tiani alTectus, simiilqiie nobis aperuit,
quantum per te Sanctum Evangelium snum Dominus promoverit.
Quam ut in te, optime Zuingli, gratiam sua miseratione Deus per
Christum confirmet indiesque augeat. quàm eni\i.^sime obsecra-
mus. Equitlem dicere non possum. (juanto gaudio. quantaque
consolatione exultaverit liquefactaque sit anima nostra, dum acci-
pimus. principein Hehetiorum pagum. Tifjurinos tuos, bellis cœdi-
busque natos. ferasque potins quàm bomines. conjunctam linnc sce-
leratissimœ crudelitati scehratiorem aairitkuti ad sijncerum Evan-
gelii verbmu semel exuisse '\ bonaque fide (eo praesertim tempore
quo ex funesta bac exercitatione uberrimus quœstus rediret) Christo
Domino, verse pacis autori. sacramentum dixisse. Verè potens est
Deus ex lapidibus islis suscitare filios ipsi Abrabœ. Hocque unum
imprimis mirabile in ocubs nostris per Yerbum suum Dominus
effecit. Quamquam quid mirabile esse potest, immensam illam bo-
nitatem reputanti, prœter ipsum mirabibum etîectorem Dominum?
Ceterùm. ilbid impletum nos videmus ut primi sint qui erant no-
vissimi: ita in nobis ludente •^tultamque faciente prudentiam bomi-
- Voyez le N" 98, note 3.
^ V. le N" 101, note 1.
* Cette lettre de Zwingli à Papillon est perdue.
3 Depuis son arrivée à Zurich (27 décembre 1518\ Zwingli n'avait né-
gligé aucune occasion de s'élever contre le service militaire des Suisses à
l'étranger et contre les pensions que l'empereur et le roi de France distri-
buaient alors à quelques magistrats des États confédérés. Sa persévérance
fut couronnée de succès : le conseil de Zurich, appuyé par tous ses ressor-
tissants, déclara en 1521 qu'il était résolu à renoncer aux pensions des
princes et aux alliances étrangères. (V. J.-J. Hottinger. Ulrich Zwingli et
son époque, p. 67 et 83-87.)
^1H; ANTOINE P.VI'ILION A ZNVINGM. A ZURICH. 1 524
nuin iJeo. apud quein quod liominibus sanctuni excelsumque est,
ahominatio detestatioque habetur.
Minore uegocio Iikhhiii. qiiainlibet inqiiinatas fralernoque san-
guine stillantes, nianiis Verbuni Domini quod omnia purificat
emundavit , facilim in efferntos hellis anùnos, gladio utrinque in-
cidenle peneti-abilior, vivus sermo Dei tnijecit, quàm in uostroruin
civiles mores, ceremoniis ritibusque superstitiosis speciosam ritam,
irrumpere potuerit. Yœb. vîeb jusUtiis nostris impiceque pietati nos-
Irie! Ciini tola nosira dœmoniaca prudenlia, cum su|)ei'sfliltiosa
religione, toi cœnobiis, lot scolis, toi leniplis^ siniiilacris, rilibus,
jcjiiiiiis, votis, obduramus in iniquitatlbus nostris, Deumque exa-
cerbanius : quique nos Abrabic lllios existiinabanuis et gloriabamur.
videinus ab oriente et occidente congregari, qui cum Abrabam et
Isaac accumbant. nos autem excludi foras. Quodquevebementissime
dolendum est, tanta liypocriticœ liujus jiisticiœ ris, tam crassum
speciosumque tectorium est,ut nostrorum oculi latenteni siib liis iin-
puritiitem pervidere non possint. Tarn multos pru^terea Romanense
illiul iilolnm satellites omnis generis sibi apud nos comparavit, ul
nusipiam aut plures, aut potentiores. aut versuliores. Quos tametsi
Deus contriturus sit cum iUoruni principe Anlicbristo, plurinium
tamen Gbristo, ex ^Egypto redeunli, negocii exbibent. eôque rem
adduxere. ut (qua,' summa certissimaque Cin-istiano spes est) nibil
bac in re ab liomine (juoquam expeclari possit. Intérim niliHo se-
cixs suœ Domino reli/juiœ sulrœ sunt, imliesque credentium nummis
niifp'tur, (jui pro se (piisque. quoad licet. Cbristi negocium prumo-
venl. in omnesque occasiones inlenti, qudfenestni aperitnr, sacrum
hoc incendium vibrant, quàmque possunt latissime spargunt.
Quod ml Hcfjem spectat. excellenti «luidem non minus ille judicio
est quàm forfuna*. Vermii ml iiunc est rerum status) multituiUne
negocioniiii ul»ruitui': ad boc, quod plerisque omnibus nostnim
ingenium est, foro iilitiir. iuq)olenlia'que Bebeemul illius cedere
cogilur inleribim ". Qiiamquam. si milii ea esset autoritas (quam
tu forte existimas) apud illmii. prias, iiir uatliore. susque deque om-
nia miscerrt. ]irofandas(/uf maris ronu/ines pedibus ingrederetur.
Cliristum durem unum scquens. omni in ilhiin iinum spe projecla,
qaàm ad Pliaraonrm illam rel tantillam respicen-t. AlTului"um ta-
nit'ii non dt'sperainus Dominnm. ((ui.(pi(i(l in Cliri^tianissimo Rege
" Voyez p. 28 le portrait de Franijois I par Théodore de Bèze.
' Allusion au despotisme spirituel de la cour de Ko»»e.
1 524 ANTOINE l'AI'lLIOX V ZWIXGLl, A ZURICH. 297
cœpit, perlicial ! Nani el darissima mater ^ rectè sapit, supraque
fœmiiiai'uinnosli'aliiiin consuetiidineiu supersliliunibus vacat. Sorov
vero Itcyis^, Alenconii et Biluriguni Dux. uescio an (luainquaiii
parem liabeat, ita me Deus juvel, ut in illa vigere, vivere spii'areque
Illum existinio, existiuiaiilque qui Dei sunl apud nos omnes.
Superesl, optinie Zuingli, ut tuis tuorumque nos e\Iiortationibus
precibusque adjuves; nosque vicissim Deum patreui oblestamur
per Jeslm Christuni, ut niagis ac inagis Yerbo suo successum in
suorum cordibus prœbeat. Salvere jubebis in Domino Leoiwm '•*,
Myconituu '•, ecclesiamque qua) apud vos est. Osculantur te in Do-
mino Michaël Aranila '-', Eleemo.[synarius] Alencon.[iensis], Sa-
gien.[sis]'^ Dampc'trns^\ Serinus^'% Matheus^^', prœses Aurelia-
nus ' ',. Petrus Amiens '^ vir egregiè doctus et cbristianus, omnesque
qui sunt Gbrisli. Gratia et pax Dei et Domini nostri Jesu Cbristi
cum omnibus vobis! Nonis Octobr. (lo2i). Lugduni'^
Conservus luus in Domino, servus inutilis Jesu Gln-isii
AnTONILS PaI'II.K».
(P. S.) E re christiana esse Dubleto et mibi videtur, si Ludovicœ,
Andium, Genomannorum. Angolismorumque Duci. Glnistianissimi
** Louise de Savoie.
^ Marguerite d'Angouléme.
"^ LéonJude (eu latin Léo Juda ou Judce), Alsacien de naissance, collè-
gue de Zwingli depuis 1522, et son ancien compagnon d'études à l'université
de Bâle.
'' Voyez le N" 103, note 26. Myconins, né à Lucerue en 148S, fit ses
études ùBâlo. Après avoir été pasteur et professeur à Zurich (1516-1519),
il rentra dans sa ville natale pour y diriger renseignement supérieur. Exilé
de Lucerne (1523) pour cause de religion, il trouva un asile à Einsiedeln,
où il enseignait la théologie aux moines du couvent. En 1524 il reprit ses
anciennes fonctions à Zurich.
'- Voyez le N° 97, note 4, et les X"^ 90, 93 et 94.
''— ^^ — '^ — '" — '" Ces personnages nous sont inconnus. La mention pure
et simple de Dampierre, de Sévin et de Matthieu permet de supposer qu'ils
étaient du nombre de ces Lyonnais qui avaient visité Zwingli quelques mois
auparavant, en compagnie de Farel et d'Antoine Du Blet. (Voyez le X" 101,
note 1, à latin.) « Sagiensis» est peut-être l'évéque de Séez, et «prœses
Aurelianus», le bailli d'Orléans, Jacques Groslot.
'S Voyez le X" 103, notes 43 et 44.
•^ Papillon était membre du grand conseil. Ce corps tint ses séances à
Lyon pendant la régence de la reine-mère.
298 ÉRASME DE ROTTERDAM A ANTOINE BRUGNARE. t o2-i
Ke^Ms iiialri. lihruni de rcra et faim relUjiom, quem scripluruiu te
recepisti. dicaveris -".
(Inscriptio :) Amiciss. in Christo viro Ulricho Zuingliu. Tigurino
Episcopo.
126
ÉRASME DE ROTTERDAM à Aiitoiiie Brugiiare' , à Montbéliard.
DeBâle, 27 octobre 1524.
Ei-asmi Epistohe. Éd. Le Clerc, p. 822.
Î50MMA1RE. Jugement il'Érasine sur Farel. Récit de l'entrevue quia eu lieu entre eux
au sujet de leurs divergences d'opinion. Animosité de Farel contre Érasme.
Sijj-nilicas te qiiater ad me scripsisse; primam et ultimam episto-
laiii accepi. diue inediie reddilu' non sniil. qiiare noli scribere
iiisi pci- corlissimos nuncios. Aniplector aniiiiuiu in me tiuim per-
lilifiilrr. liesoiifi/ (■11111 lu'iiiine milii fait odiosa contenlio. ne-
t|U(' i|iMiii|iiiiiii >tMisi à me alienatmn. Trislis al)ii oh valetudinem
(ipiiidô gravem. et lamen iste rnmor hue perhdiis mire exhihiravil
(piosdain valih' Liilliennios'-. Quid istJiic iloceat Pliallicini^. aut
(|uid rniMii gérai, neacio. Utiiiam hoc pnestaret quod prolitetm'!
^^ Le livre de Zwingli De vera etfnUa religione parut à Zurich en mars
1525. La dédicace est adressée à François I. Dans l'Avertissement au lec-
teur on lit : « Promiseram ante aniuim ferme multis /raw-s nipcs, doctis, piLs-
que Junninihus.fiuorum nonnulli multa mcctitn de pierisque fidei rébus coràm
conlttlerant, nieam de Religione Christiana sententiam latine scriptiirum....
(ùm ergo liberet de religione christiana cum doctissimis Galliantm viris
commrntnri ncc tamen daretnr, cnmmontirinm mittore statutiim est.... »
' Nous ignorons (luellos étaient les fonctions que remplissait à Mont-
béliard Antoine Brngnare. On voit par les lettres qu'il écrivit en 1531 et
153ÎJ au jurisconsulte Roniface Amerbach, qu'à cette dernière époque il
professait les belles-lettres à l'université de Dole.
^ Voyez la lettre d'Érasme du 29 décembre 1524 àl'Offîcial de Besançon
(Erasmi Epp. éd. cit. p. 843).
* Guillaume Farel, dont il disait, le 10 décembre suivant: 'Phallicus in
monte Rcllicrirdi régnât pro sualibidine. » (Lettre au médecin Henri Stromer.
Le (Icrr. p. 834.)
1 524 ÊRASMK DK ROTTHUDAM A ANTOINK BHLT.NARE. 291)
Profiletur eiiim Evan.acliiiiii. al ci^o iiiin(|u,nii \itli hoiiiineiii ('(tn-
lidenlius arrogantein. aul rabiosius iiialeiliciiiii. aiiL iinpiidentius
ineiulacem: breviter talcin coinperi, ut cum talibiis nec ami-
citiam habere velim nec ininiicitiam. Nec ipsi Liitlierani ferre po-
tuenmt It0)7iùm in.sittiabilem pétulant imn. Saepe objurgatiis est ab
OErol(i)np(i(Iio\ eliam literis % saepe à Peliratio^, seil nihil pro-
teclum est, taiila morbi vis.
Cum illo nurujuam disputavi, sed diremi disputalionem qua cum
aliis quibnsdam allercalialiir. Volel)ani enini cum illo expostulare
citr me vocasset Bulnnni. (|uod diclum à lileto (piodam, negocia-
tore, jactum in me, sic arrisit Phallico, ut me passim appellaret
Balaam', cum mibi nullus adbuc ternncium potuerit obtrudere
lioc titulo ut scribercm in Lutheriun. Proinde discere volebam,
([uid bomini in menlem venisset, ut lioc nomine me dignum judi-
casset. Nam calera convicia qucP quotkUe in me deblalerabat ne-
glexeram. Vixdecemverbis velitali sumus. Rogaitamqnarecenseret
Sanctos non invocandos, an quia non expressum esset in sacris
Literis '? Annuit. Jubebam ut demonstraret évidente)- per sacras
Literas Spiritum Sanctum invocandum. — >< Si Deus est, inquit,
invocandus est. » — Urgebam ut demonstrarel è sacris Literis,
semel atque iterum testatus me disputandi gralià loqui. cum bîc
plane de re conveniret : siquidem boc tantùm agebam, ut illius
entbymema refellerem. quo conabatur evincere, ideo non invo-
candos Divos, quod boc è sacris libi'is doceri non posset. Protulit
locum ex epistola Joannis : « Et hi 1res unum sunt. )> Respondi,
eum locum non sentire de eadem natura, sed de consensu t-esti-
monii, et quod addifum est de sanguine, a(pia et spiriUi. non pa-
titur aliam interprelalionem. Prcuterea pars illa de Pali'e, Verbo et
Spirilu. in veliistis codicibus olim non babebatur ^ nec citatur ab
■*— ^ On lit dans une lettre d'Érasme: « Œcolampadius, cujus mensa tum
utebatur [Pharellus], non seinel objurgavit hominem, quôd obtrectandi nul-
lum faceret finem, testatus se non posse ferre in convivio tam amarulentas
obtrcctationes. Idmihi ilarravit qui in oadom mensa accumbcbat, vir iiitegri-
tatis rarissimte. » Serait-ce Ficrre Toi/.s>r(/«P Celui-ci aurait-il communiqué à
Érasme le contenu des lettres d'Œcolampade à Farel (N"' 111 et 115), de
même qu'il informait Farel du contenu des lettres d'Irasme (N" 121)?
(Voyez Erasmi Epp. éd. Lond , p. 2128.)
'^ Les lettres de Le Fèvre et de Coct (N"" 103 et 120) montrent qu'il exis-
tait des relations d'amitié entre Pellicanus et Farel.
" Voyez le N° 123, note 8.
** L'absence de ce passage dans les vieux manuscrits n'a pas empêché
300 ÉHASME Dt il(nii:UL».VM A AMULNE 15KUGNARE. 1524
liU i|iii iii;i\iine pugnant adversus Arianos, pula Alliaiiasio, Cyrillo
el llilariu. Mox omissa Jispiitatioiie, nam imiiiinebal nox. expostu-
lavi cum eo abieiis, secl paucis.
Hue (le re scriijsit ai niiùcos suos mire yloriosds eiiUlolns. qunvuin
Kuii ad me tnuismma e>it à Constant t'a '•'. la liac aliquando suai
(leceni versus ia iiuihus nec uaa syllaba vera esl. Non poliiil ille
prohare Spiriluni Saactum dici Deuin. quod tamea ex Paalo pro-
bari pole.sl. et laïuen si probasset, aoa vicissetme. Neceaim uieuni
est dognia Sanctos iavocaados esse '^ (iLiaaqiiani iaepliual (jui
rtMii à primordiis Ecclesiœ tradilaai*', et suapte natura piaai. tra-
gœdiis exagilanl. (Juod si niibi tuin aotus fuisset qualis experi-
iiK'iiid coiiiiiertus est, aumpiaiu digaatus fuisseni iiluai alloquio.
el si casii luissem obvias, dellexisseai. Suât eniai (juidaai adeô
sinistri. ut vel occurrisse sil iafelicitalis pars. Unde nietuo ne
vi'utrii' rir/tnti niagauni aliqa.jd iianiiaeal aialuui, i)ostea(piani
isluc d(.'\(»la\il a\is laia iaauspicata. Féliciter fugit é sua Gall/a.
\erùiii h/'c leliquil libriim insif/nitcr acunilem '-, non appoaito (jui-
deni sito Noinine, ned nemo non clamât Pliallicuin esse. Srn)isit. ul
aiual. alti'iHin (jallicè in me '^ qui lalilat iater aiaaus coajuratoruni.
Ma(/isti(itus Basiliensis observât, si possit deprelienilere Ti/poi/ra-
pluiiii ' '. Iliuc Jactitavil Uijjdnni Lotliorinfjias quidam, sculploi- iaïa-
giauui '•'. Idem delidil aliqaot Phallici (ipoplitlief/mata . quorum
altenim cral: - Uxorem Frohenii^" plus tejiere tbeologiai quàui
yùv/.s'^//;////. allenim : • .M.diiii. iuqiiit Pludlicus. iadies aiori cuui
inarlMibiis. (pi;im mui uucere fanue ii^/v/Av/// ubicuaque potuero.»
Érasme de l'iutroduire dans sa troisième uditiou du N. T., après l'avoir
omis dans les deux premières.
» Voyez le N" 121, note 9.
'" Érasme a plus d'une fois exprimé son opinion sur l'alnis do Tinvo-
cation des Saints. (Voyez entre autres sou « Encliiridiou militis christiani, »
cil. VIII, et sa lettre du 13 août 1529 à Jean de Botzheim. Le Clerc, p. 1227.)
" Cette pratique remonte au commencement du quatrième siècle.
' - Le livre de Farol meiUionné ici i)arait être celui dont Érasme parlait à Mé-
lanciithon ; X" 1 23) et qui était dirigé contre le Pape et les docteurs de Sorl)onne.
'^ C'est peut-être le i)amphlet qu'Érasme accusait Farel de préparer
contre lui (N" 121, note 10).
'* Le Sénat de liîde s'était engagé à interdire la publication des libelles
dirigés contn> Érasme (Voyez le X» 121, note 12). Nous ne savons pas si
le livre en question a été réellement i)ublié.
" Voyez le N° 108, note 4.
'" Veut-il parler de GcrtrudeLnchncr, femme deJeanFroben, ou de Anna
Lachmrqw Jérôme Froben, fils de Jean, avait épousée le 7 janvier 1524?
lo24 KR.VSMIi: DE ROTTERDAM A ANTdl.M: lîRKJNARi:. 301
Pliallico facile fiaiu maj.niiis llieolo^iis. si passiui infiiLseru Poiilifi-
cem esse anliclirisdim, conslituliones liumanas esse luerelicas,
cœremoiiias esse abominaliones, aliaque luijus generis.
Hune stomacliuiii in me concepit, qiiôd in Sitongia^'' diihitem
(le LiUheri spiritu ; pnf terea, quôd scripserim. (piosdam sordidos
et inipurœ vilœ se jactitare nomine Evangelii ; deinde, quod
AdviuHo proniiserim ronsilium '^ quo sic extinguatur mcendium
Lutheranum ne facile reaccendatur. PImlUcus interpretattir me
telle extinguere Eccinr/eliuni; at ego senliebam de rescindondis
hii.jus niali fontibus, et bac de re scripsi nonniliil Adriano '^ et
item démenti-'^ et Cardinali Cawpecjio^^ et Cœsari^^: sed ni
video, illi malunt vidgaribus iiti remediis. manicis ac fascicnlis.
Res indies serpil latins. Quis sit exitiis futnrns viderit Deus : ego
principes quod potui semper à sœvicia cobercni, excepta sedifione.
Nec Ei'anr/eliiitn est quicqnid isti docent, et docendi modus iwnnun-
quam sedUionem moret, non Evangelium. Ego faveo Evangelio,
sed isti Evangelio non adjiingar, nisi videro alios Evangelistas,
aliumque popuhim, quàm adbuc video. Provolant libelli famoù
sine titnlis, et istos mire probat Phallicns 2^ et applaudunt cœteri
quoque, quasi mendaciis et flagitiis defensandum sit Evangelium,
quasi(|ue bue valeat Evangelium, ut bujus praetextu peccemus im-
pune. Post invadentscrinia nostra et dicenl : « Sic J)g>'pfios spolia-
verunt Israëlitie, » et post f;\cinus invenient novum dogma. Si Lu-
therus nosset Phallicmn -*, non dubilo quin in eum stricturus sit
stilum. Et bisunt qui nobis jactitant spiritum evangelicum ! E{iui-
dem quid Cluistus sibi velil nescio: CcCterùm, ul commodissime
'" En réponse au libelle de Hutten dont nous avons cité le titre (N" 103,
note 30), Érasme avait publié à Bâle, au mois d'août 1523, un livre inti-
tulé : « Spongia Era.'<mi Eoterod. adversiis ospen/ines Bntieni. » La seconde
édition de cet oiivrage parut déjà en octobre ou en novembre, même année.
'^ Voyez le N» 123, note 9.
'^ Voyez la lettre d'Érasme au pape Adrien VI écrite en mars ou en
avril 1523 (Le Clerc, p. 745-748).
-° Lettre du 13 février 1524 (Le Clerc, p. 783). C'est là qu'Érasme di-
sait au Pape : « Ego semper me meaqiie omnia siihinisi judicio Romance
Ecclesiœ, non repugnaturus, etiam si iniquam de me ferat sententiam. »
-^ Lettre datée de Louvain, 6 décembre 1520 (Le Clerc, p. 594-GOl).
-'- Cette lettre à l'empereur Charles-Quint ne se trouve pas dans la col-
lection des Lettres d'Érasme.
25 Voyez le N» 123, note 6.
'-* On peut conclure de ce passage, que Farel n'avait pas réalisé son
projet de se rendre auprès de Luther (V. leN" 101, note 5).
302 KAKKI. Kl (i\M,lNG AU DL'G DE WUR TKMBERtJ. 1524
interpréter, sii.spicor lioc e>se toii>iliuiii illiiis. m sncenlotes Intjus
mundi romniodis ebrios, atqiie liis altum iiulormienles, per talia
[)()rteiita co^^al expergisci. At lamen ijuicquid liacteuus iu me bla-
teravit Plidllicns non minus vane quani virulente, facile contiona-
bitur liominis uiorbo. inodo postbac sumat mores Evangelii prte-
cone dignos
127
FAREL ET gayling' auDuccle Wui'teniberg, à Moiitbéliard.
De Montbéliard. 11 novembre 1524.
Sattler. Geschicbte des Herzogtluims Wiirleniberg unter der Re-
giorung der Herzoge. Theil II. Beylag. n" lOo b.
(traduit de l'allemand.)
Sommaire. Un innrchand d'indvJijence-i ayant fait annoncer son arrivée pour di-
manche prochain, et le Conseil de la ville refusant d'intervenir, nous demandons :i
V. A. de l'inviter à prouver d'abord par l'Écriture sainte la légitimité de son trafic.
Que la grâce et la p.iix vous soient données par Dieu, le Père,
el Cbrist. notre Sauveur! Nous.souliaitonsà Votre Alte.sse de con-
fesser la foi cbrétit'une.
Très-noble Prince !
Il y ;i louL-Menips. connue l'ont prédit Pierre et Paul. i[ue l'abo-
ininablc Anieclirisl. le llls de i)erdition. comme l'appelle Paul.
s'agite a>ec .>;('> fauteurs et partisans, en prenant les beaux debors
(Pun ange, pour déN aster la terre entière et engloutir les corps el
les âmes: ce (|ue le scélérat a elTectué en partie, grâce à rapi)ui
du poiuoii' ciNil ipi'il ("Si |i;ir\t'iiii ;i .nciiLiicr. Toiil le in(Uide. nous
u"fii doutons pas. cl Voire Altesse lrès-i)articulièremenl sait avec
• pu'lle babileté il nous a détournés de la loi. lia ra\i a Dieul'bon-
iit'iir i|iM lui tsi (lu : il a ilf\oi>' les mais(Uis dt',-< veuves : il a même
pillé et ravagé rMIt-nidi/in' entière. Au.ssi les Princes et les Villes
lit' la nation allt-uiande (pii sont encore bostiles à rÉvangile (je ne
parle pas des fidèles), coiiiiut'nceiit à .s'armei- du glaive (pie Dieu
' Vo>f/. l N° 1 ].-,. note 7.
1524 FAREL KT GAYLING AU DUC DE WLIUKMBKIU;. 30^$
leur a coiilié, el ne i)einenl ni ne \eulenl plus soutlVir de tels
blasphèmes el de tels pillages publics '-.
Un de ces fripons et de ces jjrigands est venu prêcher à Mont-
béliariL et il se propose, sous Tinvocalion de saint Antoine, de
plumer dimanche prochain^ les pauvres sujets de Votre Altesse :
déjà il a fait publi(iuemtMit proclamer en chaire par un ( liartreux
de cette ville sa prochaine apparition. Là-dessus nous avons,
comme vos fidèles sujets, sollicité le Conseil de Monthéliani de
s"'oi)poser à ces blasjjlièmes et à ces voleries. Furel. en particulier,
a raconté tous les méfaits déjà commis par de tels fripons, et il a
fait voir, que tant que celui-ci, ou tout autre, continuera ce trafic
[crindiilgences]. il fera l'amcre d'un meurtrier des âmes, d'un vo-
leur public, (jui frustre Dieu de l'Iionneur qui lui est dû et le
pauvre de la sueur de son travail. Nous nous sommes, en consé-
quence, etforcés d'encourager le dit Conseil à prévenir un tel
malheur, nous otlranl nous-mêmes (et très-spécialement Fnrel).
dans le cas où nous ne prouverions pas notre dire, à livrer notre
corps et notre vie aux ciiàtiments les plus sévères qu'il plairait au
tribunal de prononcer *. Mais en face de ce drôle leur glaive est
resté rouillé dans le fourreau et on ne l'en fera pas sortir, car on
n'a que trop de raison de craindre qu'ils ne soient de ceux dont
parle Ésaïe. quand il dit dans son premier chapitre : « Tes princes
* Voyez Jean de Millier, op. cit. X, p. 155 — 159, et le plan de réforme
proposé par les catholiques suisses. (Ibid. 355. — Rucliat, I, 19G. — Hot-
tinger. Vie de Zwiugli, p. 242 — 251.)
^ Le 13 novembre. Il y venait sans doute pour proclamer le Jubilé ac-
cordé par Clément VIL Voyez le N° 128, note 21.
* François Lambert faisait la même proposition dans les lettres qu'il
écrivait au Conseil de la ville de Metz, après son arrivée à Strasbourg. Voyez
Les Chroniques de la ville de Metz, publiées pai- Iluguenin. Metz 1838, p. 809.
« Durant ces jours celluy docteur luthérien, duquel j'ay par ce-devant
parlé, qui avoit esté en Mets et se tenoit à Strasbourg, journellement res-
cripvoit opistoles et lettres à Messeigueurs de la cité ot à plusieurs aultres,
contenant que si ou vouloit lui donner seur saulf-couduict et asseurance, il
\iendroit prescher et discuter en 3Iets, en l'encontre de tous les clercs : et
s'il estait trouvé qu'il eust tort, il vouloit estre hruslé avec ses livres, et s'il
pouvoit mestre à bais et faire reus iceulx clercs et religieulx, il vouloit qu'ilz
n'eussent mal ne grief: et s'il ne plaisoit qu'il vinst à 3Icts et il plaisoit ans
dits de 3Iet.s d'aller à Straahoury, il leur feroit trouver seur saulf-conduiet, port
et passaige, et de cela présentoit bon ostaige. Eucor mettoit en ses lettres et
escripvoit ausdits clercs, que si l'on faisoit mourir le dit frbre Augustin ne
celluy qui estoit en cour l'évesque, il les tenoit pour Saincts et Martyrs. »
:{0'i ANÉMOND DL CHASTELARD (COCT) A FAUEL. 1524
sont les compagnons des larrons, etc. » Aussi nous ont-ils ré-
pondu que ce n'est pas à eux. mais à Votre Altesse qu'il appartient
irintervenir. Puisiiu'ils ne veulent donc menacer l'ennemi que dn
pommeau et non de la pointe de répée, nous vous supplions hum-
blement, très-excellent prince, de prendre en considération l'hon-
neur de Christ et le salut de vos pauvres sujets, et d'employer le
glaive que Dieu vous a confié, pour que cet individu ne soit pas
reçu dans Monthéliard ; car. s'il v était toléré, on verrait aussitôt
s'élever un funeste tumulte, dont on peut déjà entrevoir les pre-
miers symptômes.
Mais, afin que personne ne puisse, au nom de la Parole de
Dieu, adresser à Votre Altesse ou à nous le reproche d'avoir fait
violence à cet individu et de l'avoir expulsé sans l'entendre, nous
consentons bien (si tel est le bon plaisir de V. A.) à le laisser
entier avec sa marchandise, mais à condition qu'il ne prêche ou
ne débite qu'après avoir auparavant prouvé (ju'il tient de la Parole
de Dieu le droit et le pouvoir de le faire, etc. Nous espérons (jue
V. A. accueillera notre requête en chrétien et d'une manière
digne de Christ, et qu'elle fera connaître ses ordres au tralicanl
avant dimanche prochain.
Nous recommandons au Seigneur l'âme et la personne de Votre
Altesse. Écrit à la hâte à Monibéliard, Vendredi après Othmai-.
l'an ^i.
De Clirist et de V. A. les dévoués sujets
GllLLAUME FAREl, et JEAN GEVLl.NG.
128'
.\NÉMOND Df CHASTELARD ^ ù Farel, Il MontbcIJard.
De Bâle, 18 novembre 1524.
hièihlo. Autogi'apbe. Bil'l. des pasteurs de Neuchàlel.
Sommaire. J'ni montré a Pellican votre lettre, qu'il approuve, et je fais quelques
recherches pour trouver les livres [que vous m'avez indiques]. On vient de publier
' C'est le nom seigneurial d'Anémontl de Coct (Voyez le N" 66, note 2).
Christophe Fal)ry, collègue de Farel, s'est trompé en écrivant au revers du
manuscrit: «Antoine du Chastelard . »
I 52i ANKMOXD DU CHASTELARD A FAREL, A MONTBÉLIARD. oOo
[à Paris] une nouvelle édition du SV. T. de Le Fèvre. Conrad Hesch le fera réim-
primer à JSdle. J'ai parlé à celui-ci de l'impression de vos livres français. Je vous
envoie \&. ptMication du r/rand Jubilé.
Grâce et paix avec acroissemenl de foy en Jésus ! Amen.
Pélican - a veu répistre ^ et luy plaist grandement. Tay défendu
ce que avez bien faict, oITrant sur ce ma vie. A Valmet* on a osté tous
les ymages. J'ay veu aulcun exemple de la Bible Latine imprimée
par columnes [I. colonnes] rpii à présent se faict à WiUemherfj '", et
le livre de Job et le Psaultier en alemand ^ Je n'ay point trové de
Catachesis '', mais je vous envoyé De modo araudi [1. orandi] ** avec
aulcuns escripz de Pélican, lesquelz le dit a au Roterdam '
monstre. Je vous prie que le dit livre soit bien gardé, et (juant
tout l'aurez veu et leu. voire Inen à loysir, le pourrez envoyer au
dit Pélican, car tout est sien, ainsi que pourrez veoir.
2 Voyez le N» 126, note 6.
^ n est probablement question d'une lettre dans laquelle Farel se jus-
tifiait d'avoir administré les sacrements à Monthéliard, bien qu'il n'eût pas
reçu les ordres. Gaijîing devant être congédié prochainement (V. leN''129,
note 2), Farci, qui restait le seul prédicateur évangéliquc, s'était vu contraint
d'exercer lui-même toutes les fonctions pastorales. Voyez le N° 83, note 2,
à la fin, et la lettre d'ŒcoIampade à Zwingli du 21 novembre 1524: «Ex-
cusât se Farellus coactum se ad sacramentorum administrationem accessisse ;
proinde mihi satisfecit. Si vobiscum patronus cjus [scil. Dux Wurtcmber-
gensis] agit, per internuncium quse ad excusationem illius faciant fac res-
ciscat. » (Zuinglii 0pp. VII, 369.)
* Waldshut, ville de Souabe, située sur le Rhin. C'est là que s'étaient
tenus les premiers conciliabules entre l'anabaptiste Miinzer et les Suisses
qu'il avait gagnés à ses idées (Voyez Jean de Muller, éd. cit. t. X, 279.)
Érasme écrivait à Henri Stromer, le 10 décembre 1524: « Scis Tigurinos
omnes Divos ejecisse è templis; Walshtitenses, etiam è vitreis fenestris pri-
vatarum pedium.» (Le Clerc, p. 834.)
^ Nous ne connaissons pas de Bible latine imprimée à Wittembcrg en
1524. La révision de la Vulgatc par Luther parut en 1529, sous le titre
suivant: « Pentateuchus. Liber Josue. Liber Judicum. LibriRegum. Xovuni
Testamentum. Wittembergaî, N. Schirlentz, 1529. » In-folio. (Voyez Graesse.
Nouv. Dict. bibliographique. Dresde, 1859, t. L)
^ C'était la S""" partie de l'Ancien Testament de Luther, qui avait paru
à Wittemberg peu de temps auparavant et qu'Adam Pétri venait de réim-
primer à Bàle.
■' Veut-il parler de l'omTage de Lonicenis dont nous avons cité le titre,
N" 98, note 4?
® Ce ne peut être l'ouvrage d'Érasme qui parut sous ce titre en 1525.
* Érasme de Rotterdam.
T. I. 20
HOC) ANÉMOND DU CHASTELARD A FAREL, A MOMBÉLIARD. 1524
J'ay veu oujourduy d\en\Conrad^° ung Noveau Testament achevé
de inpriinei- le xij' de Octobre, en françoys, corrigé par Stapu-
lensts^K Le dit Conrad le fera réimprimer en plusieurs exem-
plaires '- ; car je ne double pas, comme luy ay dit. que très-grand
nombre ne s'en despescite. Je luy ay parlé des livres français que
avez, et semble estre bon que, après ce que le No\ el Testament sera
inprimé, Hz soyent inpriméz '^ Es choses que j'ay aporté douera
ordre nostre frère Michiel Bentin '*. Ne rescripvez à luy ne à
;i!dti'e. fors par messagier bien seur. Si me escripvez, envoyez les
lettres à Pélican, comme vous avoye dit. Je m'elîorceray encores
de vous trover une Catachesis. Sébastien '* de Berne a laissé sa
cucule '* et est à Chafuse ^\ Deux Jacopins prescheurs s'en sont
aléz '^
Je salue en Jésus Christ Monsieur le chevalier d'Esclt, la maison
de mon hoste et toute resgiise. Saluta verbis nieis coadjuiorem
tuum in Ghristo Joannem Gulingum^^, mihi charissiraum, cui
etiam, quum vacabit, scripturus sum. Saluta nobiles et doctos in
Chrislo (pios nosli. Dominus tecum ! De Basle, ce xviij*' de
Novembre.
A. DU Chastelar.
•" Resch.
" Cette éditiou du N. T. de Le Fèvre est vraisemblableraeut celle dont
la 1" partie ftit achevée d'imprimer [à Paris] le 7 octobre 1524. (Voyez
IJruuct, op. cit. 5"" édit. V, 747 et 748.)
'- Voyez les détails que nous avous donnés, N° 119, note 11, sur le
K. T. de Le Fèvre imprimé à Bâle en 1525.
" Les premiers ouvrages publiés par Farel sont presque tous inconuu>.
On a cependant quelques raisons de croire que la 1" édition du « Sommaire
et briève déclaration d'aucuns lieux fort nécessaires à ung chascun clu'es-
ticn » ^V. N° 107, note 4) parut vers cette époque.
'* Voyez page 282.
^^ Sébastien Meycr (appelé aussi Meyycr ou Maior), né vers 1465 à
Neueuburg, entre Bâle et Brisacb. Professeur de théologie et prédicateur
chez les Franciscains à Berne dès l'an 1518, il fut e.xilé do cette ville, le 2G oc-
tobre 1524, malgré les instances d'une partie de son troupeau. Il se retira
d'abord à Schafl'house, puis à Bâle. (V. Beruerisches Mausoleum, 1, 120 et
214. Jean de iMuUer, op. cit. t. X, p. 21G et 219.)
'" C'est-à-dire sou capuchon de Fnuiciscain.
" Voyez la note 15. L'Évangile était alors prêché à Schaffliousi^ par
Érasme Kitter, Sébastien llofmeister et Séb. Ilotfmann. (Jean de MuUer,
X, 225. J. C. Fùsslin. Beytrage, L 217, en note.) |
'■' S'agit-il de Dominicains qui eussent quitté Berne, dont Coct vient de
parler, ou lUUe d'où il écrit?
"* Voyez le N" 115 note 7, et le N" 127.
i
I
1 524 LA DIKTE DES CANTONS CATHOLIQUES AU DUC DE WURTEMBERG. 307
(P. S.) Je vous envoyé i\e6 Icttroa de Pdn'i;-''. lesquelles ay
overtes. Je vous mande le grand Jubilé -'.
JUBILE.
129
LA DIÈTE DES CANTONS CATHOLIQUES aU duC
de Wurtemberg.
De Baden en Argovie, 16 décembre 1524.
Satllei'. Oi). cil. Tlieil II, Beylagen, n" 104 b.
Sommaire. La Diète engage le Duc à renvoyer le prêcheur luthérien [Farel] qui est
encore à Montbéliard, et à s'abstenir de toute tentative de prosélytisme sur terri-
toire suisse.
A cette diète s'est présenté le député de notre gracieux seigneur
de WurteniJjerg, noi)le Ebcrhart de Reischach ' auquel, après l'avoir
entendu, nous avons fait la réponse suivante :
Notre gracieux seigneur le Dm de Wurtenibenj - nous ayanl
-" Ces lettres sont perdues.
-' « L'an 1524, le dinienche onziesme de décembre, fut le grand pardon
du Jubilé que le pape Clément, septicsme de ce nom, donna et octroia tant
en Italie qu'en France... Lequel pardon contenoit que le mercredy, vendredy
et samedy d'après la publication, l'on debvoit jeusncr les dictz trois jours,
et... le dinienche d'après... on debvoit recepvoir le Corpus Domini après
avoir esté confessé et dit ses patenostres ... Ce fut le plus beau pardon et
plus dévotieux qui fut jamais octroyé. » (Journal d'un bourgeois de Paris,
p. 210.) — Marguerite d'Angoulême écrivait de Lyon au maréchal de
Montmorency, le 18 novembre (1524): « 3Iadame et la conipaignie est ce
soir descendue à Saint-Just, au logis de Sainct-Jehan, pour faire faire les
processions, et dimanche prouchain recepvoir tous Nostre Seigneur, suivant
le jubilé ottroyé par le pape. » (Génin. Lettres de Marguerite, 1841, p. 172.)
' Éverard de Beischach, bourgeois de Zurich. Il mourut avec son fils
dans les rangs des Zuricois, à la bataille de Cappel (11 octobre 1531). (Voyez
Jean de MuUer, X, 112 et 470.)
2 A l'instigation de l'archevêque de Besançon, la Diète avait écrit au duc
Ulric le 8 novembre 1524, pour l'e.xhorter à expulser Farel et Gayling.
^Rccès des Diètes. Archives fédérales.)
:J08 ANÉMOND DE COCT A FAREL. A MONTBÉLIARD. 1524
jidressé par écrite lors d'une précédente diète à Lucerne. l'enga-
geinfnl formel de renvoyer les deux prêcheurs qui sont dans la
seiffneurie de Montht^liard \ et d'extirper entièrement de celle-ci
ta secte luthérienne, mais se taisant complètement sur ce sujet dans
le message qui vient de nous être transmis, nous avons exigé de
son député une réponse; et celui-ci nous a déclaré que Pun des
prêcheurs* n'y était déjà plus, et fiu'il était sûr que lorsque notre
gracieux seigneur aurait appris de lui {comme il aurait soin de
l'en fidèlement informer) le grand déplaisir que nous éprouvions
de celte alTaire, le dit gracieux seigneur chasserait également
l'autre prêcheur.
Prenant en bonne part cette réponse, nous avons conçu l'es-
poir, que Son Altesse s'y conformerait et ratilierait l'engagement
qu'a pris son député. Nous avons en outre invité ce dernier à in-
former S. A. ((ue s'il se produisait quelque tentative de
1 roui lier (tu de soulever nos ressortissants, à propos de la secte
luthérienne (ce dont toutefois nous ne pouvons soupçonner S. A.),
nos magistrats se verraient contraints d'agir à cette occasion <!•'
telle sorte, que S. A. s'apercevrait, au grand regret de nos supé-
rieurs, de leur sérieux déplaisir En foi do quoi nous avoii-
fait apposer aux présentes le sceau de noire liailli à Badeii.
Kait le Vendredi ajtrès Ste. Luce. l'an xxiiij.
lôu
.vNK-MoM) DE COCT à Farcl, il Montbéliiird.
De Bàle, 17 décembre (1524).
AuloLrraphe.Hiltl. des |tasleurs de Neucbàlel. A.Crotlet.Pelilechro-
niipie pnit«'slanle de France. Paris. 18'i(). in-8°. Appendice, n" 2.
S4.1JIMAIRK Nouvelles sur Vivan'jélUation en France. Râglemcnt de compte avec Farc !
('oni|iliiiicu(8 pour ses nniis de Moutbvlinrd. Différtud xnr In doctrine de l'euc/i
* Voyez lo N" 127.
* C'était Guijlimj, qui avait quitté Moiitbéliard dans le courant du raoi^
Ue novembre (V. le N" suivant^ au commencement).
î
at
"M
1524 A.NÉMO.ND DE COGT A FAREL. A MO.NTBÉLIARD. 309
ristie, provoqué par les écrits de Carlstadt. L'enseignement des Strasbourgeois doit
sen-ir de régie sur ce point.
GuUielmo Fai-ello Annemiindus Goctus.
Gratia, pax et au.irmentum lidei in Gliristo Jesu !
Quant Giilnigus ' passa icy, il ne me trova point : pource n'ay
eu (lespuis que [je] vins aulcunes letti-es de vous. Je ne sçay se
Pierre Verrier - est venu. Toutes fois. Valfjris ^ est venu, lequel dit
que Maigret est prins à Liou \ Mais Madame d'Alençon y est : loué
soit Dieu ^ ! Sébiville est deslivré " et preschera ce caresme à
S. Paul à Lion, ainsi qu'il avoit piéça esté pi'ié. Si Pierre est venu
et a porté argent, prenez-le, et contez avec luy et le poyez. Néant-
moins ne vendez pas le cheval, mais le retenez, car paravanture
en aui'ay afaire. Et si le dit Pierre me a porté des lettres, ovrés-les
et en retenez le doble, et puis les me envoyez par le présent
l»orteur. Conrad nva baillé xx escuz des vostres, ainsi [je] vous
doy en somme xxxvi escuz '^. Escrivez-moy de toutes voz no-
velles, car désire fort d'en sçavoir. Je salue en Jésus-Christ mon-
sieur le Chevalier d'Esch. A ce que je puis entendre, il ne sçau-
roit mieulx faire le proflit de l'Évangile que d'apointer avec sa
pai'tie aniiablement. par bones gens qui soyent neutres. Il est
\enu ung libraire de Metz * icy. qui est bien son amy. Je salue en
nostre Seigneur mes hostes et Iwstesses et tous noz frères en Jésus-
Christ.
Je vous envoyé des lettres de OEcolampade ^, lesquelles piéça
avoit escript. Les Tipographes des quelz il parle sont deslivrez '^.
' Le Duc de Wurtemberg avait renvoyé Gayling de Moutbéliard, à la
sollicitation des cantons catholiques, ses alliés (Voyez le N*> précédent).
- Nous n'avons pas de renseignements sur ce personnage.
5 Voyez le X" 119. Vaugris revenait sans doute de Lyon (V. la p. 282).
* Voyez la lettre du 23 janvier 1525.
5 Voyez le N» 128, note 21, à la fin.
* Voyez la lettre de Sébiville du 28 décembre 1524.
' Cette dette s'accrut encore de 14 écus, avant la mort de Coct. Voyez
l'apostille de Farelàlafindu N» 120.
* Nous supposons que c'est le libraire Jacques ' ' ', partisan de l'Évan-
gile. Agrippa écrivait, le 23 juin 1526, à Jean Roger Brennon, curé de
Metz: « Salutabis ... auriculas Jacohi Librarii, nam (quod audio) ipse pro
LutJieranismo illas solas 3Ietis reliquit, reliquus totus absens : attamen ob
veterem consuetudinem, vel inauriculatum, salutari volo. » (V. le N° 112,
note 6, et Agrippse 0pp. Pars H, 846.)
' Ces lettres sont perdues.
'" Il est ici question des imprimeurs bàlois qui avaient publié quelques
;{10 ANÉMOND [)E COCT A FAREL, A MONTBÉLIARD. 1524
S'il y îiiira amende ou mulcte, ne se sçait. Je loue Dieu de ce que
bam et vndix ahomiiiationis revelnta est^\ Escrivez-moy en fran-
çois avec lettre lisable. Je seroye paravanture d'opinion d'aller
secrètement en France, par devei's Jacohus Faber, Arandiiis, etc.
Escrivez-m'en vostre adviz.
Summa rei Cliristiana^: " Joliannes baptizavit aqua. vos autem
liaplizai)iniiniSpiritu Sanclo. » Hcec est nova creatura.
Je estudie le Doimt^-, et Aqurnatt-'i Tlioinœ concivem art^mya '^
fujus inihi liéec risum nuper moverunt carmina. Satyr. [1]5:
' l'orrum et cèpe nefas violare et frangere mensis.
<. 0 sanctas gentes. quibus béec nascuntur in hortis
« Numina ! » — Ha3C Jnrenalis in agris.
De Basle, ce samedy des Quatre-Temps (1524).
(P. S.) Evangelium Bernœ prolicit '\ 11 y a oujourd'hiiy trois
se[imaines que in Tii/uro reliipiice monachorum in haram unam
rejectce fuenint : pour vray '\ Maigret a pi-esché à Lion maulgré
petits livres composés par André Carlstadt et relatifs à la sainte Cène. V. la
lettre d'Érasme du 10 décembre 1524 à Henri Stromer: « Carolstndhtë hic
fuit, sed vix Œcolampadio salutato. Edidit sex libelles. Duo qui excuderunt,
nudhis tcrtius conjecti sunt in carcerem, jussu magistratus, ob id potissimum
quùd, ut audio, doccat in Eucharistia non esse verum corpus Domini. Hoc
nemo fort. Indignantur laïci sibi eripi Deum suum, quasi nusquam sit Deus
nisi sub illo signo. Docti commoventur verbis Scripturœ Sacrae et Ecclesiœ
decretis. Hiec res excitabit nobis magnam tragcrdiam... » (Le Clerc, 834).
" Il veut parler de la doctrine qui affirme la présence réelle de Jésus-
Christ sous les deux espèces du pain et du vin dans la sainte Cène.
"* Donat, grammairien du quatrième siècle.
'" Le poète Juvénal, natif, comme S. Thomas, d'Aquino dans la Terre
de Labour. Le vrai texte du grand satirique est celui-ci:
« Porrum et ca-po nefas violare et frangere morsu. »
'* Les documents contemporains ne fournissent pas de détails sur lo>
progrès que l'Évangile fit à Berne depuis l'exil de Séb. Meyer (26 octobre
1521) jusqu'au commencement de l'année suivante. Le Conseil de Berne
avait signé avec Friliourg, (Jlaris et Soloure la lettre du 1 1 novembre, par
la<iurlle 1rs cinq cantons catholiques appelaient le Valais à une coopération
commune contre les innovations religieuses. Le 22 du même mois, il avait
renouvelé une ordonnance qui recommandait la prédication du pur Évan-
irib', tout en interdisant le mariage des prêtres, l'usage de la chair en ca-
rèmi! et la vente des livres hérétiques. (Vovez Bernerisches Mausoleum,
I, 378-382. — Ruchat, I, 197.)
'* Légère inexactitude. Ce fut le samedi 3 décembre, que le Conseil de
Zurich ordonna aux frères prêcheurs de vivre désormais avec les Augustins
dans If couvent des Cordeliers. La translation des frères prêcheurs se fit le
jour même. (Voyez .1. C. FUssIin. Bcytrage,Th. IV, 59.)
1524 ANÉMOND DE COCT A FAREL. A MO.NTBÉLIAnD. 311
les prestres et moynes. Arandius presclie à Mascon. Vale in
Christo. Escripvez-moy bien ou long [1. au long]. Quotquot pien-
tissimi sunt ac eruditissimi. sed et Martùius Cellarius meus '«. hoc
in negocio KaooXffTa-îîo favent ^''. Hic totus pneceps cura squamis
ruit Antichristus. At tu interîin doce ut Argentini, in quorum epis-
tola manum pinxi *^ Summa. quidquid est externum, caro est.
Nunquam in externis quievit spiritus meus, et in sensibilibus nulla
unquam mibi diuturna tranquillitas ^\
(Imcriptio:) Fidelissimo Verbi Dei apud Montcm Belligardum
ministre Giillielmo Farello, suo in Christo majori.
'® Martin Borrhai (en latin Cellarius), né à Stuttgart en 1499. Il avait
fait ses études à Tubingiie, à Heidelberg et à Wittemberg, C'est là sans
doute qu'il se lia avec le chevalier Coct, car il ne vint à Bâle qu'après la
mort de celui-ci.
'" Érasme ne tarda pas à rectifier ce qu'il avait dit d'abord sur le mau-
vais accueil fait en Suisse à la doctrine de Carlstadt. Voyez sa lettre à
Thomas Lupset du 3-5 octobre 1525, Le Clerc, p. 908: «Js error tanta
celeritate corripuit anhnos omnium, ut ad naphthara flamma tardius trans-
volet. Eam persuasionem duobus libellis feditis contirmavit Hulriciis Zuin-
glius; nuper etiam Œcdlampadius, fedito libello tam operoso, tôt machinis
instructo, ut proviuciam difficillimam tradiderit responsuris. *
'^ Allusion à une lettre des pasteurs de Strasbourg dans laquelle ils ex-
posaient leurs vues sur l'Eucharistie. Comme nous ne possédons pas cette
lettre, qui était probablement adressée à Œcolampade, nous citerons le
passage d'un mémoire relatif à la sainte Cène qu'ils envoyèrent à Zwingli
vers la même époque : « Jam loqui non debemus, nisi quœ credimus. Hujus
autem certi sumus, rem externam esse ilhan panem et ealicem, quicquid sit,
eoque per se nihil ad salutcm facere; memoriam autem Dominic» mortis
esse et salutarem et necessariam. Ideo nosti'os hortamur, ut in hune usum
panem Domini edant et ealicem bibant, dissimulantes cetera. Hujus habe-
mus certam fidem, quare et cum fiducia sic docemus; de reliquis fluctua-
mus, igitur silemus. » (Collection Simler, à la fin des pièces de l'an 1524.) —
D convient de rapprocher du susdit mémoire les paroles suivantes que
Wolfgang Capiton adressait de Strasbourg à Ambroise Blaai-er, le 17 dé-
cembre 1524 : « Carolstadius nobis ecclesiam turbatam reddidit suis viru-
lentis libelHs. Quanta impotentiâ proscindit Lutherum ! 0 scelus, o flagi-
tiura ! ... Cœnam dominicam et Baptismum mutahimus ad purissimum Ver-
hum, idque brevi. Reliqua Papistica omnia antiquata sunt ; supersunt adhuc
aliquse statuse quas propediem ejiciemus.» (Bibl. de la ville de St.-Gall.
Epistolse manuscriptoe, t. Il, fol. 214.)
''•' Ces deux dernières phrases sont ajoutées au bas de la première page
et dans la longueur de la marge.
;]12 l'IKHRE TOLSSAIN A GLILLALME FAREL, A MONTBfIlIARD. 1524
131
pip:rre toussain à Guillaume Farel, à Muiitbéliard.
De Bâle, 17 décembre (1524).
Aiilograplie. Biljliotlièque des pasteurs de Neiicliàtel. Publiée en
parlie par GroUet, op. cil. Appendice, n" 1.
Sommaire. Pour me distraire de ma maladie, je vous ai écrit vme lettre sur le baptême
.;t la sainte Cène que vous pouvez vous dispenser de lire. Engagez le chevalier
d'Esch à terminer son procès, pour qu'il puisse retourner à Metz, et François
Lambert â cesser l'envoi de ses intempestives correspondances et la publication de
ses livres ridicules.
Trt's-cliier frëre. Nostre Seigneur vous doinl sa grâce!
Derniéi-emenl Monsieur le chevallier Coff vousvouloit envoyer
iiiiL-^ lioinnic expresse, pour vous fère sçavoir de noz nouvelles.
Toulesfois pour aucliunes raisons il a dilTêré jusques à présent. Et
pour ce que j'esloye malaide, je vous escripvis je ne scé quelles
lettres que vous envoyé présentement faisant mention de bai>ttsmo
l't innlici])ntinue nwnsœ Doin/iii. de quoy Monsieur Cor? vous es-
< ript assez ;iii loiiig [l. long] '. Par (juo) n'est jà de besoing tpie
prenez la peynede lire mes lettres, lantùm abest ut pelam, ul mibi
respoiideas graviorilius el sanclioribus negotiis impedilUN: et
sciipsi tiim, non lam .serio (piàm ul l'allerem kMupus. i|Uod eral ob
egrolationeui lediosissinium.
J'escrips à Monsieur nostre IVere en Jésu-Chrisl, le Chevallier
(VEsrh. Je vous prie, pour l'honneur de Dieu, ijue tenez main
qu'il iiriuf qiii'l(|ue ajtpoinleuieiit avectpie son adverse partie,
afliii qu"il -ru relorne à Mets, là où les ennemys de Dieu se ellé-
^eut jouniellemenl conlie THNangille. Au.ssy escripvez à Fvtinçois
bniihirl, (pi"il désiste d'escripre je ne scé (pielles .sottes lettres
el livres qu'il escripl à ceulx de Meta et aultres, au granl détriment
(le la Pairolle de Dieu-. Parluril. ut audio. lilielluin de roaitione
' Voyez le N" précédent. La letu-e écrite pai- ïoussaiu pendant sa ma-
ladie n'existe plus.
• Voyez le N» 127, note 4 et la lettre de Lambert du 15 août 1525 au
Sénat de Uesançon, où il dit en parlant dos Messin.-, : « Ex Argcutorato...
quantum putui srnjitis rr/i ut eorum corda ud I)()minun> converterentur...
i524 PlEURIi DE SÉBIVILLK AU GHEVALIKR COCT, A ZURICH. ;V13
sua per sortent^, et nescio qua' alia ridiciila. item faciiint se vocari
Apostolos, Evangelistas et Episcopos •*, et je ne scé qiieiz aultres
titres plus plain[s] d'arrogance que de science. Nostre frère le
dievallier Coetm m'a proniys qu'il luy en escripveroil lùen égre-
nient. Jelmn Va[ii]c/rij m'a dit que Madamme (VAUençou luy avoit
fais dire qu'il n'escripva plus mj au lioij ni/ à aultres '\ Dieu luy
doint grâce de dire et escripre seulement ce qui est nécessaire
aux povres âmes, et à vous sa paix !
A Basle iiastivement, ce xvij'' de décembre (lo24).
Vostre serviteur et frère en Jésu-Clirist
P. TOUSSAIN.
(Suscrt'ptiou :) Guillelmo Farello Episcopi Bisuntini Montispeli-
cai'di Vicario, fralri in Ghristo cariss.
152
PIERRE DE SÉBIYILLE ' au clievaller Coct, à Zurich.
De Grenoble, 28 décembre 1524.
Autograpiie. Bibliotlièque des pasteurs de Neuchàtel. Groltet,
Op. cit. Appendice, n° 3.
Sommaire. Les partisans de l'Evangile eu France sont presque tous refroidis par la
persécution. Di^fense de prèclier imposée â Sébiville. Il a failli être emprisonné.
Soipsi milita ad Senatum et multoties qiùdem, sed tam potuit iii eos fex illa
Anticliristi... ut frustra oiiinia fecerim. »
' « De Fidclium vocatioue in regnum Christi, id est, Ecclesiam. De vo-
catione ad ministeria ejiis, maxime ad Episcopatum. Item de vocatioue Mat-
thise per sortem ac similibus. » (Argeutorati, auuo 1525, apud Jo. Herva-
gium) in-S". Uii chapitre de cet ouvrage (le XXIP, réimprimé daus Schel-
liorn, op. cit, IV, 378 — 381) met en scène un évangéliste, qui, se voyant placé
entre deux vocations également impérieuses, coutie au sort la décision de
ses anxiétés. Lambert nous informe ailleurs (N" 145) qu'il a raconté dans ce
chapitre les circonstances qui le déterminèrent ù se rendre eu 1524 à Metz
plutôt qu'à Strasbourg.
•* Ce n'était pas seulement Lambert qui donnait le nom d'epL'icopi aux
pasteurs. Les lettres que nous publions fournissent quelques exemples d'un
emploi identique de cette expression.
^ Nous avons vu p. 257 que Lambert avait écrit trois fois à P'rançois I
(mai et août 1524).
' En dehors de l'épitre de Zwingli du 13 décembre 1523 (N» 82) et dé
:{!l IIKriRE DE SÉBIVII.LE AU CHEVALIER COCT. A ZURICH. 1524
Détails sur Antoine PapUion, la duchesse d'Almçon, Michel [d'Arande] et Antoine
Du B'et. Briçonnet et Le Fèvre sont cités devant le parlement de Paris, pour
avoir brûlé toutes les images dans l'évèché de Meaux.
Mon frère et amy, salut et paix en nostre sire Jésu-Christ!
Je ay receu tes lettrez et celiez de Zinglius, au quel je respons -.
Tu doibz sravoir (|ue Satlian a estainct le fruit de l'Évangille en
Fra/irc pullulant, et mesmes à Grenoble ceulx desquelz plus tu espé-
lois sont \a<:illans et reniaiisi solus, et à moy a esté imposé silence
(le presclier sus peine de mort ^ Pour confuhnler ensemble secrète-
ment (le rÉninfjille nul ne ilict rien, mais de en parler jmblicquement
il n ij pend que le feu. Les Thomistez ont voulu procéder contre
moy par inijuisition et caption de personne, et sy ne feust certains
amys secretz. je estoie mys entre les mains des Pharisée[n]s *. Je
ne dis pas ipie il ne aye merveilleusement grands zélateurs de
rÉvangille. mais ilz sont en petit nombre.
Il en j [1. y] a eu deulx grans pei-sounaiges à Grenoble, le temps
du Roi estant à Lijon\ L'ung se api^eWe Anthonius Papilio^, le
premier de France bien sacbant rRvangille. et en langue latine
Irès-éléguanl. Il .i translaté le traictié de rôtis monnsticis'' à Mu-
la présente lettre, on ne possède pas de détails sur P. de Sébiville. L'< Iti-
flcr librorum prnhibitornm » , publié à la suite du Concile de Trente, cite Pe-
trus Scbicila dans le noTubrc des auteurs de la première classe ; mais au-
cune bibliographie n'iiiditiue les ouvrages qu'il a composés.
' Cette lettre de Zwingli et la réponse de Sébiville sont perdues.
' Il est permis de supposer que Sébiville n'observa pas cette défense et
qu'il fut victime dt> la persécution, t Au dictan 1524 (1525 n. st.) en février
fut bruslé à Grenoble un corddier qui tenoil le parUj de LuOier, et le fist
brusier le praud commandeur de Viennoys... Et, depuis sa mort, le dict
commandeur en eust affaire à justice, disant que combien que le dict cor-
dolior f'ust bien mérité la mort, néantmnins il n'avoit pas tenou forme de jus-
tice; et y ciist un aultre cordelkr, qui estoit sou compaignou [P Lambert?]
qui s'enfuit et s'en alla en Almaigne devers Luther. » (Journal d'un bour-
geois de Paris, p. 227 et 228.)
* Voyez le N« 130, note 6.
' François I séjourna quoique temps à Lyon au mois d'aoïU 1524. II se
rendit ensuite à Valence où la reine-mère l'avait devancé avec la cour, fit
son entrée à Avignon, le 14 septembre, et alla rejoindre son année du Midi,
destinée à reconquérir le Milanais. (Voyez le Journal d'un bourgeois de
Paris, p. 207 et 213— 215.)
'' Voyez le N» 125.
' Ouvrage de Luther, publié en 1521.
I5ii PIERRE DE SÉBIVILLE AU CHEVALIER COGT. A /A RICH. 315
dame d'Alençon, seiir du Roy. de quoy il a eu beaucoup d'alïaires
avecques cette vermine paniiisienne ^ Toutefoiz la dicte dame Ta
])ien récompensé, car elle Fa fait niaistre premier des Requesles du
Daulphin ^. et si est du grant conseil. // /r /y a point niijourdui eu
France plus l'canfjélicque que la Dame d'Alençon. Elle a ung docteur
de Paris appelé maisire Michel Eleymosinarius [d'Arande], lequel
ne presche devant elle que purement l'Évangille, et toutes aultres
gens elle a débouté arrière. L'aullre est de Lyon, et se appelle
Messire Anthoine du Bkt^'^. Je croy que tu as eu nouvelles de luy
scripto, car à luy je mande mes lettrez, et il les te a fait tenir.
Je te notifie que réresque de Meaulx en Brie, près Paris, cum
Jacobo Fabro Stapuleusi.A\e\m[stroi?'moys en visitant l'évesché, ont
hruslé r/f//^ tous les imaiges,"" réservé le crucifix, et sont person-
nellement ajournés à Paris, à ce moys de Mars venant, pour res-
pondre coram suprema curia et universitate erucarum parrhis-
sien[sium]. quare id factum est ". L'adcocat du Roi, de Grenohle^'^ ,
et multi alii (tuo cognato Amedeo Galberto excepto) non solùm le-
pidi sed frigidi. etc. Se il te semble que je passe de delà, milii
consule, etc. Vale diu, et se tu n'entens de retourner au Daulpliiné
** Il n'existe pas de renseignements sur ces poursuites de la Sorbonne.
^ Le dauphin François, né à Amboise le 28 février 1518. Le roi l'avait
emmené de Blois à Romorautin, au mois de juillet 1524, puis à Bourges,
« pour commencer à luy faire voir le monde, » et de là sans doute à Lyon et
à Valence (V. la note 5). Le jeune prince était-il accompagné de Papilion,
son premier maître des requêtes ? Nous ne pouvons l'affirmer, mais la pré-
sence de celui-ci à Lyon, en octobre et en décembre (V. le N» 133) s'ex-
plique suffisamment par le fait qu'il était membre du grand conseil (V, le
N» 125, note 19).
'0 Voyez le X» 125, note 2.
' ' Ce récit nous paraît fondé sur une rumeur populaire, qui avait pris
naissance dans les accusations de luthéranisme dirigées contre Briçonnet. Il
y eut sans doute à Meaux vers cette époque des actes d'hostilité contre le
papisme ; mais bien loin d'en être l'inspirateur, l'évêque se hâta de les ré-
prouver (Voyez sou mandement du 21 janvier 1525). Peut-on supposer
d'ailleurs qu'un acte aussi exorbitant que la destruction des images accomplie
dans tout un diocèse, et sur l'ordre d'un évèque, fût resté impuni pendant
six mois et que l'histoire l'eût passé sous silence? Briçonnet ne fut point cité
à comparaître devant le parlement pour le mois do mars 1525; ce fut le
3 octobre suivant, qu'il fut invité à se rendre à Paris pour conférer avec le
président Charles Guillart « d'aucunes choses concernant le fait de son dio-
cèse. '> (Voyez ToussaintsDu Plessis, op. cit. I, 329, 331 et 332, II, 281.)
•2 Voyez le N» 68 (note 3), où F* Lambert parle d'un avocat du roi, zélé
partisan de l'Évangile.
;il() [fHA.NÇOIS LAMBEUT a HE.MU-COU.NELIUS agrippa, a LYON.] 1524
devant (|ui' l'Évangille se presclie liherè, lu n'y seras jamais, nisi
Domiiius. elc. A Grenoble, ce jour des Innocens, xxviij de dé-
cembre l'ji'i.
Tuus in Christo calechuminus Petrus de Sebimlle
Minorila de septima secla.
(Suscn'iitioti :) Ei\\ù\ï illi aurato Enemundo Goto, Iralri suo in
Domino Jesu dilectissinio, Tuyurincu (sic), apud Feliciss.
I
[FRANÇOIS LAMBERT à Ileiiri-Cornclius Agrippa, à Lyon*.]
De Strasbourg, 31 décembre (1524).
Agrippa- Opéra. Kd. cil. I\irs II. Lib. 111. pp-^ 82". p. 820.
Sommaire. PapiUov, en me saluant fie votre part, m'a donné sur les pruijrès de l'E-
vangile à la cour et dans presque toute la France, des détails qui ont réjoui l'église
de Strasbourg. Je bénis Dieu de ce qtie voiis êtes toujours un ami de la vérité. Plût
à Dieu que je pusse la prêcher en France! Je suis marié; j'ai un lils depuis peu di>
temps; les circonstances sont ditriciles ; aussi ai-je reçu avec reconnaissance les
vingt écus au soleil que les/rères de la cour m'ont envoyés. Toute notre église vou.s
salue. Que fait-on à Genève t Est-ce gu'o7i y aime en effet la Parole de Dieu f
Tamclsi occiipalissiniu.>. voliii tanien m^I id tanlillum .-^cripli atl
te tiare, ne me lui aiidlrarei'is obliliim. Deniipie erudili.s.sinius
Pdpilio- in suis lik-iis. .salulem ail me e\ luo nomine scripsil.
Gavisa est veliementissime Iota ecclesia .sanctoium (pii apud
' Quoique iini)riiiiéc depuis trois siècles la présente lettre peut passer pour
inédite. C'est eu ettot par erreur qu'elle porte en tétc : « Agrippa ad ami-
ciim. » Nous la restituons à François Lambert en nous fondant sur les rai-
sous suivantes : Le style et les idées ne rappellent nullement Agrippa, mais
plut/jt l'ancien moine d'Avignon. Agrippa n'habita Strasbourg ni en 1524 ui
en 1525. Il n'était pas dans une position à >ivre d'aumônes. Loin d'être nou-
vel époux il était remarié depuis plus de deux ans et il devint en juillet 1525
pèrt- dun troisième tils. Enfin, originaire de Cologne, et parlant l'allemaud
dès sa naissance, comment se serait-il plaint de vivre hors de France et de
ne pouvoir prêcher ou professer à Strasbourg dans sa langue uiateruelle?
* Il ressort de ce i)assag(>, que Papilion (Voyez N" 125) était en relations
d'amitié avec Agrippa et Laitihcrt, et qu'il avait écrit à ce dernier pour
lui donner des renseignements sur ce qui se passait à la cour.
1524 [FRANÇOIS LAMBKRT A HKNRI-CORNFXIL'S AGRIPPA, A LYON.] 317
nos sunt, aiulientes fructum Vevbi apud aulicos, itiJinn aimd Gnlliam
ferè omncm. Glorillcainus quoiiue Doniinuin pro J/rtcm/ servi Dei
constanlia *. Scripsi miiltis de gloria Verbi apiid vos, quti3 non ilu-
bito libi communia facta esse \ Benedico Dominum. (jiiôd seniper
idem es nempe veritatis amator. Proseqiiere, namque ea ralione fe-
liclores (juàm reliqiiis omnibus; nam quidsimileveritati? f7//«rtm
milii liceret venire in Gallias, ne seinper mntus essem! Fiat volun-
tas Domini! Langueo, fateor, ((uôd lamdiu taceam. Non diibito te
scire me factum con.jiiyem. et librum niruiH de Conjnijio foi-san vi-
disti^; donavit Christus nobis lilium vicesimo nono Novembris;
adbuc in puerperio est soror mea «; puer, hnac nomine, sanus est.
Ora, ut vivat in gloriam Dei. illuuKjue docere possim, ut sit alie-
nissimus ab Anticlnnsto, et figmeiitis bominum !
Paupertatem multam sustinemus; nam omnia carissima, et ob-
ruor ego debitis mullis : fratres antici, et forsan tu mm illis, mise-
runt mibi aureos solares viginti ; nibil opportunius habui iiniiuam.
In omnibus benedictum nomen Domini, qui juvit nos, et potens
est nos liberos facere à tam extrema paupertate ! Gratias ago om-
nil)us, qui dederunt et juverunt paupertatem meam. Sabitat uxor-
cula mea te, et simul salulamus uxorem. tuam'' in Domino.
La^tor, si prospéré apud te sint omnia. Salutat te tota ecclesia
nostra per Giunstum, Capito^ maxime: et tibi ac omnibus fratri-
bus fœlicia ta Domino precamur. Suade pro me bona qiiil)us
potes, et qui possunt. Scribe qnid Gebennis a(jatui\ an scilicet
"' Aimé Maigret était revenu de Paris à Lj'on, et, encouragé sans doute
par la présence de Marguerite d'Angoulèmc, il y avait repris le cours de ses
prédications hardies. (Voyez le N" 108, note 5, le N" 130 vers la fin, et la
lettre du 23 janvier 1525.)
» Voyez le N» 131, notes 2 et 5.
•"• Voyez les N"' 71 et 72, et le X» 112, note 2. La mention d'un livre de
Conjugio a trompé les éditeurs des Œuvres d'Agrippa. Celui-ci ayant com-
posé vei'S cette époque un traité de Matrimonio, ils lui ont attribué sans hé-
sitation la présente letti-e. (Voyez l'épître d'Agrippa du 7 mai 1526, adres-
sée à Michel d'Arande.)
^ Il veut parler de Oiristine, sa femme (V. N"' 71 et 72). Agrippa appelle
habituellement la sienne « uxor mea. »
■ Jane Louise Tissié de Genève. Sa beauté et ses mérites ont été célébrés
par Hilaire Bertolph dans une pièce de vers latins qu'on trouve dans les
Œuvres d'Aurippa : Pars II, 1150.
** Wolfgang Fabriciiis CapiUm, l'ancien correspondant d'Agrippa [\. le
N" 50).
318 MAliriN BLCER AUX FRÈRES DISPERSÉS EN FRANCE. 1525
Verhinii nmenl \ Sit quandoqiie vicissim literarum consuetudo. Gra-
tia et p;i\ Doiiiini nostri Jesl Chrisli cumspiritu tuo! Argenlorati,
iiltimo Decenibr. Anno 132o'« (Io24).
134
MARTIN BUCER aux Frères dispersés en France.
De Strasbourg, 13 janvier 1525.
Enari'aliones Lutheri in Episl. et Evangelia. Argenlorati.
Jo. Hervag. 1525. in-8°.
S0M.MAIRE. Le Pére de miséricorde vous aj-ant enlin accorde en quelques lieux la pure
prédication de Christ, votre compatriote François Lambert a voulu y contribuer de
loin par ses livres. Plusieurs ouvrages de Luther ont été traduits pour vo^is en latin.
A mon tour j'ai fait passer dans cette langue le premier volume de l'Exposition des
Épitres et des Évangiles, qui vous rendra familière la doctrine du salut.
iMailiiiii.> IJucfiiis ', serviisDomiui iiusli'i Jesu Cinisli, Evangelio
iniliatis IVatrihus dispersis per Gallias.
Gialia et pax à IJeo pâtre et Domino nostro Jesuvobisaugeatur!
Suiiinia ciuii lande el gratiai'iun actionc iJeuin et palrem nostruni
Itenediciiiuis.ipiod voI)is quoque, non minus (piàin nolti.s, Antichristi
tyrannide pre.^sis Evangeliiipie rognitione spoliatis, rursus Filiuiii
suiiin dignaliii- revelare, Audimus enini jkissù» excitari per Gui-
lins t/ni CJiiistinii et liiriilmtcr et fortitcr nnnnncient. Ut vero liac
" Agrippa ne pouvait avoir oublié F' Lambert, qu'il avait accueilli à Genève
au mois de juin 1.Ô22 et recommandé en qualité à^amiciis singularis au pro-
fesseur Cantiuncula (Lettre du 17 juin 1522. Agrippa^ 0pp. Pars, 11,791).
JjnmJtrrI, do son côté, conservait un bon souvenir de Genève, où il avait
prêché l'Kvanpile (V. le N" 52), et peu de temps avant sa mort il écrivait à
Martin liuccr: « Si apud Hdvdios essem, amicis scriptis Jiccrot commone-
fiicere Lausmioisem Episcopum, olim mei amantissimura, et Lausanctises ac
Gclinmnuscs, qiios olim ductti. Neque est quùd timeas jhphjh (ut sic loquar)
iwprtiim : jam onini multa exporientià didici. » (Lettre écrite de Marbourg,
le 11 ni;ir.^ l^liO.'i
'" D'après notre manière de compter, cette lettre doit être datée de 1524.
En Allemagne l'année commençait à Noél.
' Martin lluccr, le pasteur le i)ius iniluent de l'église de Strasbourg, est
bien connu par les oflorts jjorsévérants qu'il déploya pour amener une con-
ciliation entre les Luthériens et les Zwingliens.
I
l
1525 MARTIN BUCER AUX FRÈRES DISPERSÉS EN FRANGE. 319
veslra salule niliil niinciari poluit oplabilius, ila obnixè clementiam
patris nostri oramiis, [ut] felicibus increinenlis provelial quod cœpil
lain nHsericorditer,acsi quid Ille doiiel liac in renos sibi cooperari,
nihil fiieril quod pari i)rouiptiludine dare ellectum cupiamus. In
hoc sane luthetis hic fidelissiiné incumhentem : Franciscum Laniher-
timi Avenionenscm verè Theologum, hoc est, verà Dei scientià ac
pietatejuxtà insliuclum, qui, cêdilis dudum commentariis in Cantica
canticorum, Evangelion Lucai et Oseam prophelani, priL'lei- alia
nudia, indubiè lidem vestram pulchrè pronioverit, cpunido sohi
Scn'plurdiuin expia natione datum est ubsentibus ad cestnim salu-
tem Deo cooperari'-.
Jam bac in re, cum in confesso sit Murtinum Luthemm pluri-
mum valere, cœperunl quidam, quai ille Gernianicè scripsil, in la-
tinam linguam vertere, nimirum ut et vobis ac aliarum linguarum
bominibus possent esse usui^ inter quos et ego nuper Enarrationes
in epistohis duas Pétri et imam Judœ, quas à docente populuin pius
quispiam auditor exceperat, qnaWcunque latinitate donavi* ; nunc
etiam utcunque vertiprimum tomumEnairationum, quas ipse scrip-
sil in lectiones illas, quaî ex historiis evangelicis et epistolis Paulinis
ferè, cùm cœna dominica, quaniMissam vocant, celebratur, bactenus
festis diebus consueverunt in conventibus ecclesitc recitari. Opus
frugis incomparabiUs quibuscunque divina Scri[itura nondum fa-
miliarior facta est. Munit enim ad liane viam. quamlibel rudibus, ut
- Les théologiens de Strasbourg n'aimaient pas la fougue et la présomption
de Lambert; mais ils reconnaissaient, à l'exemple de Luther (V. le X°80),
que l'ex-Franciscain d'Avignon avait contribué à répandre la connaissance de
l'Écriture sainte.
'' Anémond de Coct s'était déjà occupé à Witteraberg de faire traduire
pour les Français des écrits de Lutlier (Y. le N° 87).
'* Cette traduction latine du commentaire de Luther sur les Épitres de
St. Pierre et de St. Jude avait paru à Strasbourg, chez J. Ilervag, en juil-
let 1521. Cet ouvrage est précédé d'une Lettre de Bitcer au Lecteur, datée
du 4 juillet, et dans laquelle ou remarque les passages suivants: « Jo. Her-
vagius.... nuper, ubi accepisset quœ in duas D. Pétri Epistolas etunamiudse...
[Lutlicrus] populo suo lingua veruacula disscruit, contcndil à me argumeutis
minime vulgaribus, ut ea tatine redderem, quando id fralrihus Gaîli.^, apud
quos felicibus admodum initiis gloria glLscit Evangelii, maguo usui futu-
rum, nuUus possim inficiari. Equidem maluissem, alius, cui lingua latiuafa-
miliarior est, id niuneris obiisset. Sed dum nemo prodit, et jjii non iam
latina quàm vcra requiruni,... passus sum exorari me à fratrc, praesertim
tam pia roganti, et qua potui, occupatissimus aliàs, latinitate hasce Enarra-
tiones donavi... »
320 GUILLAUME BRIÇO.N'NET AU CLERGÉ DE SON DIOCÈSE. 1525
pari ciiin friictu nullos omnino veterumcommentarios legeris. Quid
le\. iiiiid evangelion, quid gratia, quid ira Dei. (juid peccatum, quid
lides. (jui peccali et fidei fructus, id est, veram ac solidam tlieolo-
giam. nerao umiuam. cujus iiuidem commentarii exstent, tradidit
felicius et explicavil plaiiius. Idem conlitebitur quicunque velhunc
piinuim toniiun. qui in (juatuor duntaxaf epislolas etevangelia. qua'
(jualuoi- (lominicis per adventum Doraini (ut cuin vulgo loquan
legi soient, enarrationes viri Dei continet, sincera diligenlia perlege-
rit. Quem, donec et alio.s iedamus, legite bona fide et préesente
aniuio; scio nobiscum, Deo patri nostro pro hoc munere ingénies
gratias acturos. Pax Dei custodiat corda et sensus vestros in Cbrislo
Jesu, cujus cognitione donet cottidie crescere vos, donec in per-
lectum virum iUi omnes simul occurramus! Cui et nostras eccle-
sias sedulis precibus commendabitis. Argentorali. Idib. Januariis.
Anno à Christi nato MDXXV.
135
GUILLAUME BRiçONXET EU Clergé de son Diocèse.
De Mcaux, le 21 janvier 1525.
Guy ]3rel(inneau. Hist. des Briçonnet.s. p. 17o.
Sommaire. Manflemenl contre les auteurs de divers actes anti-catholiqnes commis àan.
la ville de fléaux.
Gi n-i-AiMi:. par la grâce de Dieu Évesque do Meaux. à tous Curez.
Vicaires, etc. Sabit.
Veu (|ue la par(de île Dieu nous a|)pren(l (|uil nous faut niesme-
abstenir des choses bonnes et Hcites. quand Tusage en peut ap-
porter du scandale au prochain, il ne faut point douter que celuv-
là ne soit graudeuieul éloigné de la loy de Dieu, ipii commet el
permet indiUV'reunuent toutes sortes de méchanselez, qui pour-
roient ♦'•branler les con.sciences les plus solides. Or est-il (iu"à notrr
e\lr«»me (léi>laisir. et la larme à Tœil. iiou> voyons que cela sr
prartiqiie dt' jour à antre, à la grande subversion de notre peuitlc.
I»ar personnes cpie nous ne doutons point de nommer enfants de
Siilliiin: car ils .^e n-jouissent en leurs méchansetez, el n'ayans ja-
1525 (.LII.LALMK BUIÇONiNKT AU CLEJUIK DF. SON DIOCÈSE. '.]'-2l
mais ai>piis (|irà mal faii-e, ils sont 6/ effrontez (jne de vouloir im-
poser aux gens de bien les crimes dont ils sont seuls coulpnhles et eon-
raincus, (rautant plus aveuglez en cecy (|ue, marclians en l'ob-
scurité du vice, ils ne prennent pas pai'de qiu' leurs âmes sont plus
noires et ténébreuses que les ténèbres mesmes; et s'ils pensent
en faire croire aux liommes, si ne pourront-ils jamais tromper
Dieu qui veoit au travers du mascjue de leurs feint ises.
Or comme ainsi soit que la crainte d'offencer Dieu ayt beaucoup
plus de poids à l'endroit des gens de bien que toutes les censures
et les excommunications de ses Ministres, les impies et pervers,
pour une autre fm, les méprisent et foulent aux pieds, à cause qu'ils
renient et désavouent par leurs blaspbèmes Dieu, cpii est le prince
et le chef de tous les ministres et ofliciers de son Église. De là
vient qu'armez et animez de courroux à rencontre des serviteurs,
à cause de leur Maistre, ils se mocquent insolemment de tout ce qui
leur est par eux enjoinct et commandé. Ce qui faict ([u'après avoir
employé la rigueur des peines ecclésiastiques contre certains qui
auroient cy-devant , par leurs damnables écrits et impostures.
ijrief'vement offensé notre Sainct-Père, sans avoir peu jamais amollir
le cœur de personne par nos censures, ny découvrir l'autheur d'un
(rime tant détestable K à grand'peine pouvons-nous espérer qu'elles
' Voyez Toussaints Du Plessis, op. cit. I, 329 : « Vers ce même temps
[décembre 1524] le pape Clément VII publia des indulgences, et ordonna dans
toute l'Eglise un jeûne de trois jours, outi'e les prières et la participation
des sacremens, pour obtenir de Dieu la paix entre les Princes chrétiens;
et Guill. Briçonnet fit afficher la Bulle du St. Père aux portes de l'église
cathédrale et dans les principaux quartiers de la ville.... Il se trouva des
personnes assez hardies... pour enlever les affiches, pour les déchirer à la
vue du peuple, et pour en placarder d'autres toutes contraires... [oîi] l'on ne
rougit pas d'avancer que le Pape était le véritable Antéchrist. Briçonnet fit
publier des monitoires, le 25 Décembre suivant, pour découvrir les autours du
scandale; mais personne ne vint à révélation. Bien plus, au mois de Janvier
suivant, les Hérétiques poussèrent leur audace jusqu'à déchirer à coups de
couteau... diverses formules do prières que l'on avoit appliquées dans l'église
cathédrale... pour la commodité des fidèles... Ceux qui avoient arraché la
Bulle du Pape toml)èrent enfin entre les mains de la Justice, et par arrêt du
Parlement, ils furent condanuiez à être fouettez pubhquement i\ Paris trois
jours de suite par la main du bourreau. De là ou les renvoia à 3Ieaua; où ils
furent de nouveau fustigez, puis marquez d'tin fer chaud, et chassez avec
indignation hors des frontières du Boiaurae. » — L'un de ces malheureux était
le cardeur de laine Jean Je Clerc. (Voyez T. de Bèze. Hist. ecclés. I, 6, et
Crespin, op. cit. fol. 85 b. Ces deux auteurs placent l'arrestation de le Clerc
en 1523; il est évident qu'elle eut lieu deux ans plus tard.)
T. 1. 21
'Mi i.rii.i.Ai'Mi: briçonnet au glekgé dk son diocèse. 1525
ayeiil queliiue poids en choses t(ui pourroient eslre de moindre
considération que celle-là.
Ne voulans pas pourtant nous départir le moins du monde de ce
(}ui est de notre devoir pastoral. — a\ant à notre grand regret en-
tendu que quelques-uns. qui vrayement sont enfans de perdition
et membres de Satlian, nuictamnient ou à Taube du Jour, ont à
poincle de canif découpé et mis en pièces certaines oraisons, com-
posées i'n l'honneur et louan(/e de la très-sacrée Vierge et autres
Saiurts, et attachées à de petits tableaux, en divers endroicts de
notre église de MeauK. violant par ce forfait exécrai)le les lieux
sacrez, et portant leurs mains sacrilèges sur les tableaux consacrez
au Tout-Puissant et à son temple, en intention de le scandalizer et
braver, Luy, sa glorieuse Mère et ses Saincts^ bien qu'ils soient in-
capables (Finjure et d'infamie, — et partant, par la teneur de ces
présentes, nous vous mandons et enjoignons étroitement, à vous
tous qui serez sur ce requis, que publi(|uement et à la veue de tout
le peuple, vous admonestiez soigneusement de notre part et à haute
voix, aux prosnes de vos messes parochiales, ces misérables enfans
d'ire et de perdition, avec leurs complices et tous autres qui en
sçauront ou en aui'ont appris quelque chose, et toutefois ne voul-
<lront pas le révéler, tous lesquels nous admonestons de la sorte
|iar ces présentes, que si dedans six jours (pour tout délav) après
la publicdion d'icelles, ils ne riennent à rérélation vers notre pro-
moteur, les six jours expirez, nous les excommunions dès à pré-
sent comme jkiui' lors, et les déclarons pour excommuniez par
cette IJidli'. laquelle sentence d'excommunication nous aggravons,
si après en avdir oiiy la lecture ils demeui'oient six auti'es Jours
sans acquiescer à notre iMandemenl. Oue si. mesuies ces douze
jours écoulez, endurcis de crnii' cl d'esprit, ils demeuroient en-
core six autres jours en leur daninahle (q)iniastreté. sans se soucier
(\e> dictes sentences d'excoiiimunicalion et aggiavation (ce que je
prie la divine bonté de ne permettre) — nous les i-éaggra\ons par la
teneur des mesmes liulles. et. de notre aulhorité. vous mandons
et commandons ipie vous les dénonciez pour tels, toutes les festes
el Diuianches. publiquement et à la veue de tout le monde, les clo-
ches sonnantes, et les chandelles allumées, puis éteincteset Jectées
contre terre, en siijn)' iréteruelle malédiction.
* Lo prôiat qui voiu- plus loin à « une éternelle malédiction » ceux qui ne
se repentiraient pas d'avoir commis < ce forfait exécrable * n'a pu ordonner
1323 LE CONSF.il, DE l'aRCHEVÈQUE DE I.VON A NOËL BEDA. 323
Donné à iMeaux sous le sceau de nos armes, le vingt et unième
Janvier, Tan de nostre Seigneur mil cinij cents vingt et quatre
(1525. nouv. style).
136
LE CONSEIL DE L'ARCHEVÊQUE DE LYON à Noël Beda ' .
De Lyon, 23 janvier (1525).
Copie contemporaine. liihl. Impér. manuscrits lat. n''3381 B, fol. 5.
D'Argentré. Collectio Judicioruni. t. II. p. 9.
So.MM.viRE. Aimé Maigret, emprisonné à Lyon à cause de ses prédications « héré-
tiques, » est envoyé à Paris pour être e.xaminé par la Faculté de Théologie. On
attend de la Sorbonne un jugement sévère.
Monsieur nosire maistre, à vostre bonne grâce nous recomman-
dons. Monsieur, nous croyons que estes bien adverty. et pareille-
ment Messieurs de la Faculté, de la prinse et détention de frère
Aymé Maigret K par ordonnance de Madame^ et de Mons' le Chan-
celier *, à cause de plusieurs propositions héréticques, erronées et
scandaleuses, procédans de ceste secte luthérienne, preschées par
le dit Maiijret tant en ceste ville que à Grenoble'^.
la destruction de toutes les images dans son diocèse. (Y. l'étrange récit
de Sébiville, N° 132, note 10.)
' On lit en tête de la copie que nous suivons : « Lectres envoyées au
Syndic de la Faculté, nostre maistre Beda, contre Maigret » Voyez sur
Beda le N" 38, note 5, et le N° 43, note lÔ.
- Voyez le N" 97, note 9 ot le N» 130, note 4.
^ Louise de Savoie, régente du royaume (V. la note 10).
* Antoine Du Frai.
^ Y. dans l'ouvrage de d'Argentré, t. II, 12-17, les propositions e.\traites
des sermons que Maigret avait prononcés à Lyon pendant le Carême de
1524, et à Grenobh', le 25 avril. Ce jour-là, il avait prêché devant le peuple
en français, et devant le Parlement en latin. Il publia bientôt après ces deux
discours. Entre autres propositions de Maigret incriminées dans la censure
de la Sorbonne (9 mars 152.5) on trouve celles-ci:
■ « Entre nous Prescheurs et Docteurs académiques manifestement mettons
la charrue devant les bœufs, nos œuvres préférons à la grâce de Dieu et
contredisons à nous mesmes, conjoignans ensemble grâce et dette, mérite
.{21 I.F. CONSFJL DE i/aRCHEVÈOLE DE LYON A NOËL BEDA. 15ân
Le procès inquisitionmil a esté conimancé contre le dit Maigret
par certains bons personnages qni ont esté commis et députez.
Et poiirce (pie irelluy Maifjretz'e&i tousjoiirs rendu difficile et pro-
terve à luy fére son procès. — attendu aussi que la matière est de
?ranl poix et que [elle] requiert bien l'examen , discussion et dé-
termination de la Faculté de Théologie à Paris, où est la fontaine
de science et de toutes bonnes et saincte< lettres, joint que le dit
Maiqrct y a consent n. — a esté advisé et oi-donné par Madame et
mon dit seigneur ^lons"" le Chancelier, et aussi par les dits juges
commis, de remectre le dicl procès et affaire à la dite Faculté et
juges qui seroient déléguez et commis au dit Paris, pour illec
déterminer et décider tout le dit afTaire à Thonneur de Dieu, exal-
tation de la foy calholicque et extirpation de ceste hérésie luthé-
rienne, (pii commance fort à pulluler par deçà. Etjam plures de ci-
nerihus raldè [1. Valdo] renasmatur plantulœ ^, et opiis est exemplo
f/raris et sererœ alicujus animadrersionis.
Les premiers juges se sont deschargez en noz mains, et par Tad-
vis de mon dit seigneur le Chancelier avons commis et délégué
juges, assavoir Monsieur le président Pot et Monsieur Verjast\
auxipielz mon dit seigneur le Chancelier escript et les prie en
prandre l;i charge. Vous y poui-rez nommer et mectre deux doc-
teurs de vostre Faculté avecques eulx el de leur consentement, et
selon que verrez pour le mieulx. Et à ceste cause avons laissé l'es-
pace en blanc au vicariat et commission. Vous plaira y adviser pour
ot liliéralitc', oliligation et miséricorde ; car ce qui vient de grâce n'est ja-
iimis mérite, et ce qu'est mérite procède de justice et oldigation, non de
prAce comme S. Paul dit: « Si ex opciUiu-^ jam non e.v (f ratio, etc. >
« Je dis que celui qui t'oblige à certains habits de Religion et innuraé-
rables autres telles cérémonies extériores, usant de puissance cohercitive,
te commaiulant telles choses observer, sur peine due à péché mortel et
autres peines ttiiiporellos ou spirituelles, il te met sous le pédagogue, et ne
sera de tny véritable ce que dit ici S. Paul, (jue puisque la foy est venue,
jam non suiiius mth ixcângogo. >
< Jeûner, ainsi que l'on nous fait faire, ne manger chair le Vcndredy,
vivre on continence, sont d'elles-mêmes très-belles choses. ^lais qui les
nous commande sur peine d'éternrlle damnation (d'autre commandement
ne veux-je parler), nous oste la liberté que Jésus-Christ nous a donnée, et
nous met en intolérante servitude. »
•^ /Vllusiou aux Pauvres de Lyon, qui avaient eu pour chef Jc«m Waldo.
' Nous croyons que c'est André Verjus, conseiller au Parlement de
Pans, appelé Vcrvi.^t par Pretonnt-au lop. cit. p. 205) et Vccinst dans
d'Argenlré.
1525 LE CONSEIL DE L'AllCHEVÈgUE DE LVOxN A NOËL BEDA. 325
le mieuk. L'on envoyé le dil Maigret prisonnier, avec les charges
et procès, aux prisons de Monseiijncur de Paris % auquel Moitsei-
ynetir de Sens '■> escript par l'ordonnance de Madame. Le présent
porteur est niaistre Clément Banderon que envoyons par delà pour
estre solliciteur du dit alVaire, qui vous instruyra de toute la matière
et procédure faicle par deçà
Monsieur, nous vous prions et tous Messieurs de la Faculté
prandre cesle matière à cueur, et en. est bien besoin^' pour le bien
de la Chrestienlé en tous estatx. Et espérons que si la réparation
et punition est bien t'aicte de cest homme pernicieux, auctoritate
celebratissimi coUegii vestri, et les propositions dauniées et réprou-
vées ut decet, que nostre foy catliolicque en brief sera réduicte en
son intégrité, tanquam suppresso auctore et tubicine omnis mali
quod panditu)- au AqnHoue. Et posteaquam celesti clementia et ter-
restris potenliai favore adjuti sumus, summè est enitendum. ut liy-
dram istam cum tota lerna confodiamus, ne veniat in nos dira illa
vastitas et desolalio qucc ferme totam nunc opprimit Germaniam.
Nous y avons faict ce que nous a esté possible et ne cesserons de
vous prier, ut hanc partem solUcitudinis arripiatis, ut aiunt, and)a-
bus manibus et pedibus ^". El sïl y a service et plaisir que vous puis-
sons l'aire, le ferons de bon cueur. A tant prierons le Ciéateur
vous donner bonne vie et longue. A Lyon, ce xxiij" de Janvrier.
Par voz frères et serviteurs les ViCAniE général et gens
DU CONSEU. DE MONSEIGNEUR L^AKCEVESgUE DE LyON".
** François de Poncher, neveu de l'archevêque de Sens (V. la uote 9).
^ Etienne de Ponelier, ancien évéque de Paris, élu aixhevéque de Sens
en 1519, et membre du conseil de la reine-régente. Il mourut à Lyon, le
23 février 1525.
*•* L'arrivée de Maigret à Paris est mentionnée comme suit dans un
document contemporain: «Au dict an (.1525), le premier jour de février,
fut amené en ceste ville de Paris un jacobin nomme Meiyret. et fut amené
de Lyon où estoit lors madame la Régente pendant que le Roy tcnoit le
siège devant Pavie. Il fut amené par les archers Cm Roy et mis prisonnier en
la cour d'Éghse parce qu'U avoit presché à Lyon aucunes choses contre les
ordonnances de l'Église. Madame la Régente l'avoit amené à Paris pour
luy faire son procez. Fiuablement il fut condamné à faire à Lyon amende
honorable et à soy desdire, et son sermon estre bruslé, dont il appella ; en
appella aussi l'inquisiteur de la foy contre luy tampiam à minima. » (Journal
d'un bourgeois de Paris, p. 226.)
" François de Bohan, qui occupa le siège de Lyon de 1501 à 1536.
326 ANK.MOM) DE COCT A G. FAHRI.. A MON TBÉIJAHD. 1523
137
ANÉMOND DE COCT à G. Farel, à Montbéliard.
De Wehr, 25 janvier (1525).
Inédile. Aiitograplie. BM. des pasteurs de NeucliAlei.
.Sommaire. Je vous envoie votre « Dispute. » une lettre de Lambert et l'an et d'excoin-
mimication rendu à Paris à propos du livre intitulé Murmar. Lorsque mon ser-
viteur sera de retour de Strasbourg, vous l'enverrez auprès de Conrad Grèbe', pour
lui payer le montant de ma dette, et vous amener le petit Nicolas. Le porteur paiera
aussi une partie de mes dettes à Soleure, en attendant que mon frère m'envoie de
l'argent. J'espère arriver à me rendre maître de la langue allemande. Je vous re-
commande Philippe Ma.ynin.'
Grâce et paix en .Iksls Christ nosire seul cliief! Je .suis en ung"
lieu le ipiel vuiis dii-a le présent porteni': lien d'estude et spécula-
lion, là où j'espèrfi de vivre à ineilleiir marché (|ue eiicor n'ay
faici : tM ainsi es|)ère en Dion de povoir sortir de dehtes les tiuelz
ay esté coniraiiil à l'aiif. Loué soit Dieu! Je vous envoyé rostre
ilisiiutdtion ' et ung e.vcomuniement de Paris contre Miirnmr et les
Mnnnan'iis. t\n'\ requiert une belle g'iose-. Vous la pourrez bien
faire, car n'est pas loni^Mie.
' A cette époque la seule dispute qui eût été publiquement soutenue par
Farel était celle do Bâle (février 1,524).
- Il ne petit être ici question que d'un écrit intittilé : « Murmar, » au
sujet duquel on lit dans les Registres de la Sorlioimc (Liv. 2, fol. 2): « Dum
qtiid.un lilicr faiso iiititulatus * J)etrnni)iatin Facidlatis Tficologuc l'arù^icmis
super certi.f jiropositionibus, etc. aliàs dicius Murmmt » in Parisina Univer-
sitate prelo commissus fuisse crederetur, i'm cnntemtuni et vilipcnsionem
(irn.stnruni supremn' Curirr qiiit)us cavctur, ne lil)or quispiani sacram con-
rernens Scripturam imprimatur qui prius non fuerit per theolofros doctores
recopnitus, — qui, cum occulte UncUirelur ac legcretur pa-ssim à multis, ut
dicol)atur, Lutheratiis,... quia impius in Deum et Sanctos,... hseresibus fa-
mosus, inulUiruw prohorum virorum )iominatim crprc^sorum impiulenter et
mendaciter (lijrdtudtiru.", — rum forte- in mantis nonnulloruni tlieologorum
incidisset ... extraxerunt propositiones numéro tn'giiita (juiiiquc, quas su-
premïn Curiae senatoribus cxhibuerunt. > Sur la dénonciation de la Sor-
bonne, le Parlement rendit, le 0 décembre 1524, un arrêt qui enjoint à
1525 ANÉiMOND DE COCT A G. FAHKI.. A MuM lîKIJAUl). .'Î27
Vous baillerez ce que scavez à Hnns^, pour portor à StrasboKrfj,
et.il fera lout le possible. Quant il sera revenu ibi dii i Stniahourg,
il reviendra par de\ ers vous. Pource vous prie ((ue faictes tant
(lue luv [laillez (|uatre escuz et deux batz. et escripvez à Conrad
Grebelius \ que lès luy mandez pour nioy, ainsi ([ue vous ay prié,
et que m'en suis retourné en France, et (jue il vous envoyé par
le présent porteur le petit Xirolas. filz du paralitic Nicolati\ Par
ce moyen seray desohargé de grande tristesse.
J'ay baillé au présent porteur ung peu d'argent pour pourter à
mon créiliteur de Saletre'''. el ay rescript à Caspar'' et aultres.
Vous pourrez ovrir les lettres qu'ilz me rescripront. el verrez ce
que il aura exploité. Je suis plus privé de vous** que de eulx;
pource les veulx premièrement poyer (pie vous. J'ay escript
au Blet'' et à mon frère ^'*. J'espère que Dieu nous aidera. Je ne
suis point deslibéré (nisi cœlum ruât) de partir d'icy d'ung an,
l'évêque de Paris et à ses vicaires de décerner « monition sous peim d'ex-
communication coûti-e tous ceux qui ont et retiennent en leur possession le
dit livre. » (Voyez d'Argentré, op. cit. Il, 10*-9.)
Le nom de Murman aussi bien que celui de Murmar pourrait être une
altération de Mun-Nair, nom donné par dérision au fameux capucin Tho-
mas Murner de Strasbourg, l'un des plus violents adversaires des Réforma-
teurs. (V. J" de Muller, X, 353, et Rœhrich. Gesch. der Reform.in Elsass,
I, 228.) Le livre lui-même ne serait-il point cet ouvrage « (Ze Parisiensïbus
et Poniifice, » attribué par Érasme à Farel (Voyez le N" 103, note 24)?
^ Jean, le serviteur de Coct. Voyez p. 282.
* Conrad Grebel, fils d'un magistrat de Zurich, avait acquis à Bâle, à
Vienne (1515-18), puis à Paris (1518-20) une culture littéraire très-distin-
guée. Aimable, spirituel, mais déconsidéré par les désordres de sa jeunesse,
il se jeta, après son retour en Suisse, dans le parti des agitateurs qui vou-
laient accaparer à leur profit l'œuvre de la Réformation. Sommé par le Con-
seil de Zurich d'interrompre ses conventicules (20 janvier 1525), il se re-
tira à Schaftliouse, où il essaya vainement de gagner Anémond de Coct aux
idées des Anabaptistes et de lui inspirer de la défiance pour Zivingli. Ce
fut peut-être à cette occasion que le chevalier français fit son dernier
voyage à Zurich, vers la fin de février 1525 ^N» 143). (V. Hottinger.
Zwingli et son époque, p. 175-179, 218-224, et 226. — Fùssiin. Beytràge,
I, 240, et IV, 251.)
^ Le petit Nicolas est peut-être l'enfant que le chevalier Coct avait
adopté (V. le X» 143).
<* Soleure?
' Est-ce Gaspard Mdssyer, qui résidait à Soleure? (V. le N" 106.)
* C'est-à-dire, plus lié avec vous.
^ Antoine Du likt de Lyon (V. le N° 1.32).
'^ Laurent Coct.
MH FRANÇOIS LAMBKiVr AL' PRINCE-ÉVÈQL'K DE LAUSANNE. 1525
pour le moyns, et ay grande espérance d'avoir le langage ger-
iiKiiii". Dieu ai'lahl. Philiiums Mugiunus^' a esté privé des biens
de liéliéniolli : il en sera plus deslivré pour la Parole de Dieu. Si
avez moyen de le pourveoir à Auss. '^ ou ailleurs, je suis seur
(|ue le ferez. Si avez des novelles de France, envoyez-m'en le
dojjle par le présent porteur, ou par Pliilipinis. De \Vorr'\ ce x\v^
de Jaiivit.M'.
Vostre luuiilile frère Annémond Coct.
(P. S.) Je vous envoyé la particule de l'épistre de Grebel, à ce que
sit in sUjnum illl Vous la pourrez enfermer dedens les lettres que
luy escriprez. Je vous envoyé aussi l'épistre de Lambert. Je salue
Mons' le Cliecalier et Tesglise vostre.
(Siiscription:) Fidelissimo Evangelii mini^troGuUielmo Farello,
suo in Christo majoii. In xMonbelgard.
158
FRANÇOIS LAMBERT au Prince-ÉvuqiiG de Lausanne.
De Strasbourg (vers la fin de janvier) 1525.
Fr. b.iiiibL'rii Farrago Diiinium fere rerum tbeologicarum. (Argen-
tinai, Jo. Hervag, 1525. in-8".)
SoMM.viRE. Le souvenir de vos bontés et du l'accueil que vos lettres de recomman-
dation m'ont valu à Berne, à, Zurich, à Bûle et à Fribourg, m'engage à vous dédier
le présent ouvrage. l\ est destiné à vous mettre en garde contre les b Paradoxa » de
Conrad Treyer, écrit dans lequel il cherche à détourner les Suisses de la doctrine
de l'Évangile, en l'appelant « la doctrine de Luther. » Ce n'est pas Luther qui m'a
rendu chrétien. Pourquoi Trvyer refuse-t-il les discussions publiques qu'on lui oll're
et veut-il nous faire passer pour des apostats, parce que nous nous sommes séparés
de l'Antéchrist? Ne vous arrêtez pas aux injures qu'il nous adresse, et loin de vou.s
" Nous avons vu, p. L!8.3, qno le chevalier avait traduit de raliemaud
une missive il'ljiric de Wurtemberg.
'^ r)n peut lire Magitinus ou Magmnus. Ce personnage nous est iii-
ronnu
''• .Vous ne savons quelle est la localité désignée par cette abréviation.
" Wchr, petite ville du grand-duché de liade, à 2î> kilomètres N. E.
de Hàle.
1523 FRANÇOIS LA.MBKRT AU l'RINGE-ÉVÈQUE DE LAUSANNE. 329
laisser égarer par ses impiétés, remplissez en vrai Chrétien les /onctions qui vous
sont départies. Faites prêcher au peuple la Parole de Dieu, et accordez à vos prêtres
la liberté de se marier, en leur en donnant vous-même l'exemple.
lllusiii ac generosissinio Domino D. Sebasliaiiu île iMoiiIclalcoiie,
Priiicipi Lausanensi ', Franciscus Lambertus Avenioiiensis, inutilis
Jesu Gliristi servus. Gi'atia el pax à Deo Pâtre nostro el Domino
no-stro Jesu Ghristo!
Superioribus annis. nobilissime Princeps, cum apud mijem tuam
Lausamim verbum Cbristi anniinciarem.. animi lui pielatem, adu-
latorum vei'ô ac sediictoriim quorundam impietatem, muUipliarié
expei'tus fai'-. Siquidem ubi noslris priydicationibus aderas, verbum
Domini syncerissiinè amplectebaiis ; ubi autem ob negociorum tu-
multus abesse compellebaris (quod seniel atque secundo fuil), sicul
mihi noinumquam dixisti.. à verbo Domini te facere alienum non-
nuUi moliebantur, adserentes quod luiTetica priedicarem. Vevum
tnmleni sic te vicit potentissûna veritas, lU multis ino me scripserifs,
et libenter fatear, tui causa apud Bernenses^, Tiguiinos\ Basilien-
ses ■' et Friburgenses " bene milii fuisse.
' Sébastien de Montfaiicon, ancien élève de l'université de 13àle (1505),
avait succédé eu 1517 à son oncle Ayraon dans le siège épiscopal de
Lausanne.
- Voyez le N° 52, note 2. Sébastien de Mouttaucon ne témoigna pas
longtemps de la sympathie pour la doctrine évangélique. Nous lisons dans
une lettre de Berthold Haller àZwingli, du 8 avril 1523: « Eidscopus Lau-
sanensis convocavit omnes parochos ; nescio quid cum illis acturus sit. Id
unum constat, quotquot sacrificidos inimxit, [21 => m. Martii et 4" m. Aprilis
1523] speciatim juvamento expostidacit., ne contrahant, nccpœ faccant Lu-
theranœ doct rince. » (Zuinglii 0pp. VU, 288.)
3 _ 4 Voyez le N" 53 .
5 Voyez le N" 56, note 2.
** Nous savons seulement que François Lambert fit quelques prédications
à Fribourg (V. p. 103), et qu'il dut y rencontrer un petit nombre d'hommes
qui avaient du penchant pour les nouvelles doctrines. Voyez la lettre qu'a-
dressait à Zwingli, le 24 septembre 1522, Jean Kottlier, organiste de la
collégiale de Fribourg (Zuinglii 0pp. VII, 223). Ilallcr écrivait, de sou
côté, le 9 mai 1523 : « De vieinis nostns qui sunt Frihurçji hem spero. Est
illic prœco evangeliciis, qui pro modestia sua tuutùm profuit, ut a Senatu
edictum sit, quatenus libéré evangelium doceat, tacito tamen nomine Lu-
ttiei^i» (Ibid. 294). Ce prédicateur était peut-être Thomas Geyerfalk, qui fut
exilé en janvier 1524 (N" 50, note 2}. On pourrait encore citer Jean Ven-
nefr ou Wannmacher, chantre de St.-Nicolas, qui était aussi eu correspon-
dance avec le réformateur de Zurich (V. sa lettre du 29 août 1524. Op..
330 FRANÇOIS LAMBERT AU PRINCE-ÉVÈQUE DE LAUSANNE. 1525
Aheiinleiii quoque adjurasti. ut nonniiniiuam ad te scribereni
(lUcL' pietalis erant, quod et me oportune facturum spopondi. Proinde
veniaiii di'l Celsitudo Tua., quôd iisqiio in liunc dieni distulerim.
Kniiiivero non oblivione aut negligentia id adcidit, sed ([iiôd siepius,
dum id facere cogitarem, ad alia vel coactus rapiejjar. Yolui aulem
novissinie respondere Centum Partuloris Convndi Trefjarii\ Augiis-
tiniani. ad le ini.<sis. quibiis nediim Suhliiiiitatein Tuam. sed et in-
clylam llniretiornin gentem à Christo alienam facere nititur. quan-
tunilibel zelo Clirisli, in erroris et cœcitatis spiritu. glorietur. Niliil
enini minus docet (juam Christum.... Porrô, me cogitante in ipsa
Piinnloiyi responsioneni, cliarissimi et verè à Deo docti fratres
Viiolfi/iiugus Fdbricim Oijulo et Mavtinus Bncerus. e.\ Argentora-
lensitius Episcopis duo, me prccvenere *.
Neciue admireris, quôd ejusdem urbis plures di\i Episcopo.^.
Eiiinivcro (piiivpie civitas tôt babet Episcopos, quoi veros Evange-
listas seu concionatores. Omnis enim veritatis concionator. veri-
tali.s dico, qui non mendacia bominum décréta, invenliones. .som-
nia, leges, consiba, sed purissimum et simplicissimum I)ei verbuni
anininriaf. verus Episcopus est, eliam si non sic à nonnidbs voce-
tur. Nullos enim. pra-ler liujusmodi Episcopos, Dei Ecclesia liabet.
Ideo ubi non suni jturi sermonum Dei ministri. nulbis Episcopus
est. El in veritate, terremUssimo juiUcio Douiini. uuiltis siecubs
ab-sipie veris Episcopis fiiiunis. Nani qui us(iue in bunc dieni vocali
fuere Eiiiscojii. nibil minus quàm Episcopi sunt, nisi forsan bursa-
cit. VII, 357), et un certain Ulric * * * qui se lia d'amitié avec Henri-Corne-
lius Aprippa, pondant qno ce dernier habitait Fribourg de 1523 à 1524.
(Agrippa- Ojip. P. II, 828.)
" Conrad Trcijcr ou Treguer (appelé aussi Tornare), natif du canton de
Fribourg, se signala en Suisse et en Allemagne comme champion de l'église
catholique. Il fut provincial des Augustins de la Haute-Allemagne depuis
15in jusqu'en 1540. Les historiens de sa confession le citent avec de
grands éloges. L'ouvrage de Trcyer mentionné par Lambert parut sous le
titre suivant : « Ad reverendum in Christo patrem et illustriss. principem
Fabianiim de Monte Falcone Lansanensem Episcopuni. Paradoxa ceutum
Fr. Conrad! Tregarii ... de F>ccleslaî conciliorumque auctoritate. Argentin»?,
per .Inh. nriininger in die S. Gregorii [12 Martii] 1524 > in-4". (V. Kapp.
Narhlese, Tb. II, ir)l-458. — Ku-hrich, op. cit. Th. I, 217-226.)
* Capiton publia le 1" avril, en réponse à l'écrit de Treyer (V. note 7),
nn livre intitulé: « Verwarnung der diener des worts und der bnider zu
Strass1)iirp, an dio bnider von Landen und Stotten gemeiner Eidgnos-
schaft, wider dif Uotslesterigc Dispiitationbnider Conradts Augustiner
ordens Provincial. > Bucer répondit plus tard (V. la note 9).
152fi KlîWnOlS I.AMBF.UT Al PKlNCE-livÈôLK DE L \USANNK. 331
l'iim el oninis impietatis. sivere.!ini Anticlii-isli K|(iscopi velint ad-
lioUaii.... Viileriiil ergo ne in aHerniim roprolienlur et pereant.
Episcopi igitiu-siint >nli verifalis Propliela'. ((iiornm pliiresul)i(|iie
secundùm popiili nuiltiliulinem conslitiii deltenl. El verè Tuani
Maonitudinem noqueo vocare Episcopnm. ni>i adulari ef contra
consciontiamagere velini ([lia- àlidelibus perindeaUpie venena as-
pidnm vitanda sunt. Pn'nn'iwni to ronfitpov, Ejiisrojinni non ar/nosco,
fjtiôd non erdnf/i'lizi's. Enimveio non est omnium evangelizare. sed
eorum i|uil)us datiim est à Domino, ab illoqne miilnntur. Et liisunt
veri Episcopi EcclesiiV Cliristi. Vide aiitem. ul in Principatii tuo
veri Episcopi miilliplicentnr. Episcopi domini esse non possunU sed
tantmn sunt doctores et servi populorum Dei.... Enimvero iinaqnso-
que parocliia proprium Episcopum liabere débet, qui à popnlo sunt
eligendi, et a connnunitate ecclesiaa cnjuslibet b)ci contlnnandi, ad
quod neqne literis. neque sigillis. neque cœteris ejnsmodi opus
babent. Tamdiu aulem pro Episcopis babendi sunt. quamdiu Evan-
gelium regni Dei purissime annunciant. A quo si aliéna cœperint
nunciare, ab his qui eos elegerunt. nempe à populo, deponendi
sunt et aptiores eligendi. At de bis alibi plura tractavimus.
Proinde ad Tref/nrinn) redramns. Scripsit ad Tuam Celsilndinem
te Fabinmnn putans. eu m Schastianus sis. teste scbedula quam mibi
ipse dedisti. Deinde nititur calcare ai'ternam veritalem Dei. sub
nuncupatione factionis (ut scripsit) Luthemnœ.... Son docuitme Lu-
thenis quœ Dei munere in Sacris Literis agnori. neque etiani scripta
ejus, tametsi Lntheruni novi. et fateor me non parum profecisse con-
suetudine ejus. Scio eum esse aposfolum et angelum Dei. videlicet
ab eo missum. Nam impossilùle est, illura, nisi à Deo missum, scrip-
sisse quac scripsit. nempe elo(|uia veritatis... .\t Tregurius ille. Anti-
cbristi gratià. Cbrislo el veritati ejus conlraïUcit. sub Lntheri no-
mine.... Vocat nos is speculalf)r ca-cus PbilisUeos. utentes inanibus
et ridiculis armis. Sic lo(|uilur blaspbemus ille. Utinam non sil
blaspbemus in Spirilum Dei, et non loquatur scienler contra con-
scienliam. Quilms armis nitiuinr? Sonne œiernis etoquiis Dei?
Et ba}c inania el ridicula esse impostor illeadserit! Cur non ad-
gressus est conilictum puldicum nunc Anientorati. ubi tulissimum
erat illi. cum ejusdem ui'bis Episcopis disputare'? Vobinnis uioii,
" Ce projet de dispute donna lieu à une déclaration jiublique de Treyer,
datée du 12 octobre 1524, et à l'ouvrage suivant de Bucer, qui parut le
20 octoI)re de la même année : « Ein l<urtzpr warhaft'tiger beriolit von Dis-
Xii FUANÇOIS LAMBERT AU l'RI.NGE-ÉVÈQUE DE LAUSANNE. 1 52S
si viiiciiniir, et si ille \ inceretur, nihii mali haberet '". Non vull ut
Iiopiiius agnoscat ineiidacia sua, qiiui in verilate reiecta fuissenl,
si (Jisputassel, aul. ul cuncinnius loquar. si conlulissel. Habenl sim-
plices plel)ecuiai spiritus judicium, super onnies lias Magistrorum
nostroruin larvas superbissimas. (|uia Veiitiini Dei amant, (luod illi
calcaie nitunlur....
Insaiiial Tief/<iiim ciiin suis quantum voiuerint. negent contra
verbum Dei Ecvlesimn fiilelium esse idoneos Vcioijuilices; in veritate
cilo cadet, et collidetur, (juia nititur baculo arundineo unibra;
iEgypli, sonniiorum iiominum.... Hal)eat nos ille interea pro deri-
soribus, et quia apostatavimus ab Anticlu'isto ac illum execramur,
ne à Cbristo aposlataj simus, conlumeliis nos adiiciat, ut voluerit :
nobis pi-o omnibus est gloria coram Domino, à quo ille in proximo est
prosternendus, quôd non erubescat infelix adsertores veritatis pro
derisoribus liabere, non ob aliud. quàm quod veritatem pronun-
ciant, (juasi ipsa veritas derisio qua^dam sil. Non vult impius à ve-
rilate vinci. à <iua nos victos esse in Domino gloriamur. Siquidem
anihiilaiintus et nos aliqunndo in. s()iritH erroris, sed vieil nos Dei
reritiis, per quam Deus a gravissiinis ignorantiai et errorum tene-
bris ni)s clementer eripuit. et nos in dies magis eripit....
Dicil item, quod una in re, nempe conviliis iiit'erendis. perpe-
tuo sic nobis constauius. ul nemini duljium esse possit. omnibus
eundem esse spirituui. Uespondeo, quod dum eos lupos. bestias,
Anticbristos et similibus nominibus adpellauuis. non illis convicia-
mur. >ri\ ipiid (le illis Spiritus sentiat. Scriptui'a- testimonio referi-
iMU>. VciMui lion s()l;i ii;ii- una in re nobis coustamus. Nam in nullo
ferè (lissentimus, (|u6d eodem Verbo idem nos Dei Spiritus erudiat.
l'roplielavit ille. ut Caypbas. vel nolens et non observans.(|U(')d eun-
dem spiniiini babeamus, eliaiii ^i .ililrr diclum suum velit intelligi.
At neipie ipse. iKMpie tota Synagoga sua. ulla in re sibi constant,
nisi il) eo. (|uod (imiies conjurarunt in Deum, Cbristum et veritatem
ejus. Nam i|uid in eis vidcmus. nisi perpétuas liles Tbomistarum.
Scotistariim. Occanistaiiim. Uealium. Nominaliiim. Sinumistarum
et reli(pi<»rum liiijus laiinie. sibi in\icem contiadiceutium? Quo
|t;il;iiii lit. cil-, ciiiii il()i-triii;i ('liri<ti. (pi;!' p;icis iM uiiilali^ dncli'iii;i
pHtnlionni imd }:antzon liaiuloi, so zwischcn Cihirat Tm/cr ... uiul dcn pro-
(ligern des KvaiiKfliiiin zii Stnvssburg sicli l)C'gobou liut. » L'aiitiiir y a
joint la traduction allemande des < Paradoxa » de Treyer et leur réfutation.
'" V. le N« 127, note 4.
f
1523 FRAM.ois T.AMi$i:ivr Ai; l'niNCK-iivKori': df. i.aisannk. '^Xi
est, niliil prcu-siis liabere commune, alienosque oinnijiu esse à spi-
ritu ejus.
Me teclel. genernsissime Princeps. respondere ad impietates
imposloris inijus. Tantùm voliii commonefacere le, ut venena ejus
et omnium sihi similium diligenlissime vitcs. Sic enim oportet, ut
venim Principem agas, alio(|ui salvus fieri non posses. Enquod
multa (iducia tecum ago, memor veteris amicitice, quâ me olim
dignatus es, ac nobilissimi animi illustris D. T. Nolo caput tuum im-
pinguare oleo peccatoris. Ingens est omis que premeris; libi agen-
dum est, ne siib eo pereas onere. Age ut liabeas sub te populum
vere Cbristianum, et ut Chrislus in eis regnet... Pelle omnes lupos,
mercenarios et pseudopropbetas à terris tuis. Scias, quôd si per-
ierinl populi tui, erit anima tua pro illis, etiam si tua causa vel
unus tantum dispereat. Maxime autem cave à cucullatis omnibus.
Nimirum universi, demptis paucissmis, conjurarunt in Deum et
Christum ejus. Verùm anle omnes bi tibi vitandi sunt qui Obserran-
tium titulo. Cbrislianis execrabib, impie gloriantur", qiiandoqui-
dem eoriim bypocrisis et mendacia romplures, immô innumeros in
interituin ducunt. Faxit Cluistus (Jptimus Maximus, ut citô pellan-
tur à cunctorum Principum aiUis!
Sensim (iiioque necesse est, deleas tyrannides regni Anticbristi,
nempe in(kilgentiarum imposturas, idololatriam Sanclorum dor-
mientium, Officialium curias, censuras execrabiles et à Cbristianis
nullatenus ferendas, Sectarum'- rapacitatem et simiUa (piœque. Si
posueris in anime tuo, ut Sacras Literas babeas in manibus, et in eis
die ac nocte mediteris, docebit te Spiritus Sanctus, qua ratione
ouuiia bene fiant in toto Principatu tuo. Quôd si negas verbum Dei
populo, tibi non débet adquiescere. Nam si oves Cbristi sunt, volunl
refici pabulo verbi sancti. quo solo utiliter refici valent. Possunt
ergo dicere omnes fidelium populi Principibus et Magistratibus suis
immô ad id deberent congregari : « Yolumus audire verbum Dei
« nosiri. Nolumus audire décréta et leges Papa\ nolumus decer-
'1 V. p. 121.
*2 Ce mot désigne ici les divers Ordres monastiques et les subdivisions
do chaque Ordre. Nous avons vu quo Pierre de Scbiville signait: «Minorita
de septima secta. » Dans le Catalogue qui accompagne le commentaire de
Lambert sur la règle des Frères Mineurs, on trouve l'énumération suivante :
« Secta Minoritarum, qua» in Cunventuales, Observantes, rioformatos, Col-
lectaneos, De capucio, De evangelio, Amedeos, Clarines et in alias sectas
est mire divisa. »
33i FKAMJOIS lAMDKKI AL l'KINCK-KVligLb: Dt LALSA.VNE. 1 o2î)
• lalioiies Sopliislaïaiii. - Quùd >i Principes aul Magistralus negaiit.
cuiii el ipsi velinl liaheri pru cieilenliijus. possuiil ipsi poi)uli ali
eonuii iiiipt'rio alieni lieri. /// omnibua tenentiu iioindi Primqnlnis
et Miif/tslnilthus nilmiu'accre, ijrœh'njiiaiii in lus quœ sunt contra
iirlitiiii Dei. et ut non luidinnt idfin rerbum. Adquiescat C. ï. veri-
lali. el ailaii.uebil le IJeus in uninihiis et lirinal)il Principaliiui luuui.
Cucurrit ad nos ndatio. ([nôil sacrificuUis quidam, sub tuo Prin-
cijjatti rircn-s. s[>i'el() Anlicluisli deireto. et illi piu'ferens jussiuneni
Dai, fa ri us est rouiuni-^'\ propler (|UO(.l à lyranno quodani captivus,
le consiMilienle. ractus est : el ferunl, nuùd illiun ad niorteni perse-
ipiiliii-. Vide ne luipiani adijuieveris, nam es.set anima tua pn»
anima illiiis. llie rem necessariam lecil. t|uam Deiis omnihus
nslis impera\il. ni aluinde libro de Conjuf/io. ad Cln'istianissimuni
(iall/a' lii-i/riii [ir(ilia\i. ipiem mei conjiiyii causa iedidi. Nam
el ego ipse conjunx factus sum; insaniat quanlundibet Syndguga
lilii lierdili! Oliedire oporlet iJeo. magis ijuàm iiominihus. Deus
prœc i in' t conJiug'iA onini humini non seanimo continenli: Pajui in-
terdirit et livpocritas facit. Cui adsentifndum est? Sonne Deof
Non di>tinxit Deus inter Laicos et Clericos. Generalis est jussio,
onnies cujiis\is status contingens. Et si ci'edit pietali Celsitudo Tua.
malrimoiiium contralies. el luo exemplo dissipahis Anliclnùsli l'ac-
lionem liane execrabilem, ipia duni cielilialum Ciei'icis contra Dei
verhum indixil. oiiniigenam luxuriem mnitiplica\it....
Non \aca\it, ni de nmlli> lihi scrihereni: proplerea paucis res-
pondi impio Tret/ariu illi. el nonnihil saiulai'is admonitionis ailjeci.
Hiiia auleni seductoi' ille te pei'peràm de Ecclesiœ et ronrHionun
(lutliui Unie inslituei'eMjluit,</e (///(/ re nonnunqttain niecuai in tuo pa-
latio eyisti. sul»Jiciam lilii Paradoxa GIn'istiana o85. aliud concluden-
tes ipiàni Ti-i'ijaritis docuerit. Paratum (pioque me olVero. de oni-
nihn- responsurum. uhicumpie aut in (ieimania. aul in (iallia.
niodfi me audire \elint. et me non audilum exiinguere non adni-
l.inlui. Volii aulem xulgaiiler rem traclare. si a|iud Ciallias agitur.
Kl hdlo judicrs ali(»> ipiàm imi-issimum \eilium Dei. el omnes (pii
secumirim illud sxncfrc jmlif a\eiint. (piod non aliter liceat. Si
niexicerini Dei sermonilms. cl pidliavennt me aliéna à verilatc
senlire in histpue per ipsiim Verimm adseveiaho. liai dénie quem-
admodum \i>um illis l'ueril. Si auleni //// rirli fneiinl. noio. ut
"■ <»ii ne coiin.iit pas le nom ilu préde qui s'est marié le premier dans
le tlintt se lii- LaiiKantio.
\")'i") ()EC()I,\MI>AI)I': A (.. FAIIKL. A M()N"rnKI,IAllI>. 333
vel in cninlio daiiiiiuiii pcifcvanl, sed tmitiiin dclnr i/loriit vevUati.
Suscipint igiliir Gelsitiulo Tua hoc Pai-adoxoruni opus. (jiii(Iqiii<1
feré ad Clirislianisiniiin spécial paucis concludons, et meiiiii eiga
Eaiii otliciimi non dedi^neUn-. Faciet forsan Deiis Optiniiis Maxi-
nuis, ut l)rcvi ali(piid |)ra;clarius. suh Tuic Alliludinis nomine eniil-
tani. Pax el gralia Doniini nostri Je.su Gliristi e[ gaudiuu] Sancti
Spiritus sinl cuni illuslri Doniinatione Tua ac loto populo luo!
Amen.
139
ŒCOLAMPADE à G. Farel, à Montbéliard.
De Bâle, 6 février (1525).
OEcoIampadii et Zuinglil Epp. Basileœ, 1536, fol. 204 a.
Sommaire. Les progrés sont bien lents dans notre église. Himeli a été menacé d'une
destitution, s'il ne célébrait pas la messe selon le rite habituel. Mes paroissiens dé-
sirent que j'accepte la place du curé dont j'étais le vicaire. Sur le baptême des petits
enfants je n'ai rien écrit, si ce n'est quelques lettres où je cherche à l'établir. Cette
question agite beaucoup les Zuricois. Luther admet enfin qu'on peut abattre « les
idoles » avec la permission des magistrats. Voici mon opinion sur le repos du septième
jour : je crois qu'ici la charité est un meilleur guide que les prescriptions de Moïse.
Jonnnes OEcolampadius Gulielmo Farello, Evangelii Christi dili-
genli.ssimo doclori, nieo in Christo fi'atri. S.
Si hene vale.s in Domino, mi fraler, gaudemu.s et grafulamur.
Nos lue non multo amplius proinovimus . tjuàiu quuiu adesses.
H/nihiini ' sirenue agit. Sabbalo- ileiuin fere excidei'al ah oflicio:
uiandaverat enim Senatus, ut vel prisco more sacrilicaret, vel et à
concione desisteret. Ipse. nolens liominem defungi munere. aduio-
nui ul protestaretur simulationem in utilitatem gregis. id (piod
Anticlnlslianis molestissimum,et, ne torquerelurconscientia, alVore
me convivam pollicebar: et succe.ssit res, ut scrip.si. Porrô denuô
vocabitur ad Senatum. Gliristus fortune! ! Equitem nostruiii ad
sucs redire gaudeo\ quod si evailgelislain petierint. forlassis in-
' Jacoh Himeli, curé de lï'glisc de St.-Ulric, à Bâle.
- Samedi, 4 février.
' Voyez leN" suivant, note 1.
:J3I) (tECOL.VMl'AUK A G. FAKEL, A MONTBÉIJAUD. 1525
venieiil. Parœciani apud Sanctnm Martinum hodie sciscilati sunt
ex iiK'. nmn velim subire curam plehani^ : qiiibiis ita i-espondi, u!
i-ei fllirisliaiiit! pneiudicalurum non arbitrer, etianisi voti compotes
l'uerint. Sci'ibam super ea re.
De bniitismo pariiilomm, nibil habeo prœter epistolas aliquot ad
amicos. qiiibus aslniilur^; at non audior à plei'isque. Liitherus in
libro (piem niisil. niliil e.uit contra nos'': idola autorilate Senatiis
abjici peniiillil : de noniine Missa etelevatione argutatur. Librum
iioiiiliini donii mea) iiabeo. Pomeranum m Deuteronomium' dono
llbi iiiitto. De bis quœ apud me insumpsisti^ nibil pelo : nibil etiam
accepi à ininistris ducalibus \ lesams sequenti belidomada absol-
vetur '", ni Pellicanus cum Indice remoretur. Quod Moses prœcipit.
[cùm] septimo die jubet quiescere, non usque adeô ad nos; nisi
quôd cbaritas docet, aliijuam operis et jumentis quietem cnnce-
tlere. et ul commodius vacetur Deo; multa enim sunt (juie impe-
diunt. Hel)ra3i causam priorem ponunt. Tiffuiinonini quidam tumul-
luari feruntur. propter pnrvulorum hnplisnui^^ : id quod et antea
limni. Vale. Sexta Februarii. Basilete (lo25)'-.
* Les curateurs et quelques membres de la i)aroisse de St.-Martin, ayant
appris qu'fKcolampade songeait à quitter Bâle, le supplièrent d'échanger
les fonctions de vicaire qu'il remplissait depuis deux ans dans cotte paroisse
et sans traitement, contre celles de curé. Le conseil ratifia leur choix, et le
nouveau pasteur fit son discours d'entrée le 24 février 1525. (Voyez J. J.
Herzog, op. cit. p. 160 et 161.)
5 La plupart des ar.iruments sur lesquels Œcolmnimdc établissait la doc-
trine du pédobaptisme sont indiqués dans ses doux lettres de janvier 1525,
adressées à Balihazar Hithnieier, pasteur à Waldshut. ((Ecolampadii et
Zuinglii Epp. éd. cit. fol. 64b et 65 b.)
" Cet otivrage de Luther est probablement celui que mentionne Agrippa
dans une lettre dii 27 mai 1525, datée de Lyon: « F.st pênes me opiis teuto-
nicuni M. Ltdlicri in Cnrolosiadhim, inscriptum Contra imagimim oppugna-
/ore.9, in quo etiam de IMissaagitur, seddeF-ucharistianihil. » (0pp. P.II,824 )
■ < Jn. llugcnhagii Pomerani Annotatioues al) ipso jam emissœ in Deute-
ronomium, in Samuelem,... » avec une dédicace datée : «Wittembergff', a. 1524,
fi'Ha quarta antc l'ontecosten.» Réimprimé àBâIc, 1524 et 1525,in-8''.
** Pciidiuit son séjour à Jîàle, Farel avait pris ses repas chez Œco-
lampadc.
" U veut dire qu'il n'a pas accepté l'argent que lui offraient les officiers
d'Ulric de Wurtemberg, pour avoir logé chez lui.
'" Ce commentaire d'dkoiampade était dédié au conseil de Bâle.
" A la suite d'uu colloque qui eut lieu à Zurich, le 17 janvier 1525,
entre Zwingli et les anabaptistes, Conrad Grehel et Félix Manz, deux de
leurs chefs, reçurent l'ordre de se tenir tranquilles ; trois de leurs prin-
1525 PIERRE TOL'SSAIN' A G. FAREL, A MON l'BÉLIARD. 337
140
PIERRE TOUSSAI h G. Farel, à Moutbéliard.
DeBâle, 11 février (1525).
Inédite. Autographe. Bibl. des pasteurs de Neucliàtel.
Sommaire. Le chevalier d'Usch est rentré à Mets, où Toussain voudrait aussi re-
tourner un jour «pour l'exaltation de la Parole de Dieu.» Conrad Grehel et
d'autres sont bannis de Zurich comme anabaptistes. Nouvelle du martyre de Jean
ChasteUain, annoncée par Farel à Œcolampade. La doctrine luthérienne sur la Cène
paraît être admise par Woljijany Wissenhurger, prédicateur à Bâle.
Mon frère, Notre Seigneur vous doint sa grâce et sa paix!
J'ay tout maintenant receu voz lettres avecque celles de Mom^ le
ChevaHier d'Esch, et suis joyeux de son arrivée à Mets K Quant à
mon départ, je ne vous en sçaveroye [1. sçaurois] escripre grand'
chose, sinon que n'ay point vouloir fère icy longue demourée, ne
noslre frère Desiderim aussy ^ De vous escripre grandz nouvelles,
je n'en suis point trop fourny, ad cause que ne bouge de la maison.
J'eslime que OEcolampade vous en escripvera, et me semble aussy
que le serviteur [de] Monsieur Coctus s'en alla hier vers vous ^ par
lequel sçaverez comment Grebelius avecque je ne scé quelz aultres
cipaux adhérents furent renvoyés du canton ; les parents qui n'avaient pas
encore présenté leurs enfants au baptême, furent invités, sous peine d'exil,
à les faire baptiser dans le délai de huit joiu-s. Mais ces mesures ne cal-
mèrent nullement l'agitation des esprits. Voyez la lettre de Zwingh du
19 janvier 1525 à Vadian (Zuinglii 0pp. VII, 385), et Hottinger, op. cit.
p. 224 et suiv.
^- Le millésime est écrit de la main de Farel dans l'exemplaire des Lettres
imprimées d'Œcolampade cité plus haut.
* Le chevalier n'avait pu jusqu'alors rentrer à Metz, à cause d'un procès
dont nous ignorons l'origine (V. le N» 131).
- Didier quitta Bâle, au mois de juin suivant, pour se rendre à Metz.
(V. la lettre d'Œcolampade du 1" juillet.)
^ Le 25 janvier Ck)ct avait ordonné à Jean, son serviteur, do se rendi'e
auprès de Farel (en passant par Soleure?), de porter un message de celui-
ci à Strasbourg, puis de revenir directement à Montbéhard et d'aller ensuite
à Zurich chez Conrad Grebel (V. le N» 137).
T. I. 22
338 PIERRE rOUSSAIN A G. FAREL, A MONTBÉLIARD. 1 525
sonl bannys de Surrictz, pr opter baptismuinK et verrez en la lin
ij 110(1 primi erunt novissimi.
Dieu nous iJoinl la grâce que une fois povyons venir à Mets,
pour l'honneur el exaltation de la Parrolle de noslre Seigneur^.
Je vis dernièrement les lettres que vous escripvisles à OEcohiwpade
touchant la mort de nostre povre Augustin ^ Nostre frère. Le Curé'',
el moy en estyons desjà avisé[s]. Omnia cèdent en (sic) gloriam
Dei. De Himeli scias hune solura fortiter agere negotium Ciiristi.
Wolffjiingus poUicitus est se cras concionaturum de participacione
niensa; Domini. el me semble qu'il a changé de oppiniou *.
* V. le N» 137, note 4 et le N" précédent, note 11.
' Ce souhait de Toussain se réalisa quatre mois plus tard. On lit en
effet dans les Chroniques de la Ville de Metz (éd. cit. p. 823) : « En celluy
temps [1525], environ la S. Barnabe, ouziesme jour de Jung, retournoit
uug moult biaul josne chainuine du gi-aud moustier en Mets, nommé maistre
Pierre [Toussain] et amenoit ung grant docteur et i)rofond en science
avec lui, nommé maisti-e G-uiUaume [Farci], qui tenoit la loi [de] Lutlier,
et avec eulx ung messaigier d'Allemaigue. Et demandoit alors celluy maistre
Pierre à estre ouy eu justice devant messeigneurs les trèse jurés, mais on
ne le voulut escouster. Par quoy il eu appelloit au seigneur maistre esche-
vin et crioit tous les jours après lui, affin qu'il le voulsist déterminer, mais
son cas fust mis à non challoir et fut pendue sa pkunte au croc : et avec ce
fut le dict maistre Pierre et ses consors eu graut dangier d'estre prins au
corps. Parquoy luy craindant les dangiers avec ses corapaignons, ung peu
devant la sainct Jehan [24 juin], bien vistement s'en sont partis de Mets et
chevaolchairent toutto la nuyt de peur d'estre happés. » (Voyez aussi la
lettre de Toussain du 4 septembre 1525, où il dit, après avoir donné à
Farci des nouvelles de Me/2; « Ceidx qui nous conduyrcnt sout estez en
dcnger d'estre bannis.... »>)
^ Jean CliasteUain (en latin Castelîanus) qui périt sur le bûcher, à Vie,
près de Metz, le 12 janvier 1525 (V. le N« 144).
" Le personnage que Toussain appelle ici et dans sa lettre du 4 sep-
tembre « îc curé» était sans doute «le curé de Stc.-GorgonnCf-ià Metz
(N» 162, note 4), c'est-à-dire Didier [Abria], que nous avons vu fixé à
Bille en août 1524 (N° 10!»). Voyez la préface de M. Cuvier en tête de
rilist. de la persécution de Metz par Olry. Paris, 1859.
** Wolfgang Wi,-^scnburycr, natif de Bùle, où il conimcu(,'a ses études à
l'université en 1510. Ce fut lui qui osa le premier entre les prédicateurs
de sa ville natale dire la messe en langue vulgaire. Il ne partageait pas les
sontiments de Zwùigli et d'(Kcolampade sur l'eucharistie. « La présence de
Jésus-Christ dans la Cène était à ses yeux un profond mystère, devant le-
quel la raison doit s'arrêter, de même qu'elle ne peut pas sonder la Trinité
ot rincarnation. > (V. Ilerzog, op. cit. p. 57 et 178.) Toussain écrivait en-
core le 4 septembre 1525 : < Wolfgangus clamât illic esse corpus Christi. »
I
1525 OSWALD MYCOMUS A ANÉMOND DE COGT. 339
Je ne vous sçaveroye dire aiiUi-e pour le iirésenl. Nn>li-c frère
Desulerius se recommande bien fort à vous; aussy f(uit Murcus et
Stephanus". Et bene vale, frater in Clirislo Jbesu carissime.
A Basie, iiàtivemeni, ce xj de febvrier (l^âo) '«.
Vostre frère et serviteur en Jésu-Clirist
PlERUE Toss.
(Suscn'ption :) Guilielmo Farello, fideli mysleriorum Dei dispen-
satori. fratri in Cliristocarissimo, 3Ionlispelicardi.
141
OSWALD MYCONius* à Aiiéniond de Coct.
De Zurich (en 1525, avant le 20 février).
Inédile. Copie moderne. Manuscrit de Clioupard. Bibliothèque de
la ville de Neuchàtel.
Sommaire. J'ai été surpris de ne pas vous voir ici, quand Ulric de Wurtemberg y est
arrivé, et comme j'ignorais si vous étiez encore à £dle ou à Montbéliard, je n'ai pu
vous écrire au sujet de votre fils [adrq^tij]. Les arrangements que j'ai pris pour
sa pension vous seront communiqués par Conrad Grebel. Votre dévouement à la
cause de V Évangile vous a fait exiler du Davphiné ; mais ayez bon courage! Pourvu
que nous restions unis à Christ, bientôt nous parviendrons au port. Vous connais-
sez sans doute l'état religieux de la Suisse: plus l'Évangile rend ses sectateuis
heureux, plus les adversaires de Christ montrent leur aveuglement. Ma situation
personnelle est prospère. Recommandez-nous à Dieu.
Causa cur liactenus ad te niliil scripserim est, quôd nescivi certô
ubinam locorum esses. Nam quamvis semel hoc mihi signiticaris,
^ Mare, l'Iiôte de Tonssain à Kâle (V. la lettre de celui-ci datée du
26 juillet 1526, vers la fin). C'était peut-être Marc Bertschi (en latin Ber-
sius), natif de Rorschach, l'un des collègues d'ŒcoIampade. — Nous ne
savons si «Etienne» désigne un réfugié français de ce nom ou Etienne
Stœr, pasteur à Licstall (V. le X" 91, note 1).
"^ L'année est fixée par la mention du retour de Nicolas d'Esch dans sa
patrie {Y. le N" précédent), et surtout par le souvenir que Toussain donne
au « pauvre Augustin » de ïournay.
' Voyez le X» 125, note 11.
3W OSWALD MVCO.MLS A ANÉMOND DE COCT. 1525
ego aiitem deinde acceperim apud Ducpui^ te esse, nescivi an cum
ipso vagareris, an in aliijuo loco fixus raaneres. Ulji auteni Dux ad
nos advenlarat. nec lu apud liunc C(Uispicatus es*, alque hinc ali-
((uo modo certum erat alicubi te lixum esse, nescivi tamen an per-
mansisses Basileœ*, prœsertim cum intérim nihil literarum imc
tradidisses, an fores apvid Far ellum\ Si enim certô cognovissem
ujjinam degeres, liabueram quce ad te omnino scribenda erant.
maxime de filio luo^. Futurum enim plané fuit, ut ad me puerum
recepissiMu. Nunc autem cum id literis tnis precaveris^ omnia
recte babcbunt.
Ca.'terùm quàm probe in patria tua egeris Evangelii caitsam, illuil
prolmt abandè, quàd inde ab Antichristi expulsas es niinistris. Place!
mihi id supra quàm dici potest, prccsertim cum non verear te te-
merè aliquid patrasse. Tyrannis malè christianorum Episcoporum
efficiel procul dubio, ut populus tandem inlelligere cogalur, eos ni!
nisi larvas et mendacium esse. Tu tamen interea fortis esto, ut es;
non longé abest enim, r/uo in portum tranqniUum perreniamns, quo-
«•unque id tandem fiât modo. Sive enim morte pntoccupabimur à
Iviannis illata, sivepalàm ipsi raundo efficientur, nohiscum semper
rectè agitur. tantiun ne excidamus à Christo, serratore uostro.
De his qua3 hîc aguntuC non opus est ut scribam. non enim du-
lùlo. quin nihil borum nescias. lUud forte tibi non tam cognitum
est, quod Helretii^ tnnto fiunt miseriores, quanto hic per fidem red-
dimur fcliriores. Vereor ne propedicm adspiciam bos per infideli-
tatem eliam cœluui expugnaturos. 0 bone Deust illumina, quieso.
tandem oculos miseroruin bominum. ne taui miserè et pernicioso
palpitent in Icnebris, luuiiupie sacralissimum Verbum adeo fœde
conspn.iul. pedibus(|ue lam impiù conculceni! Largire. quum no-
uien Fiiii lui portant, ul intelligere possint. quidnam eos facero
iinprimis expciHat. cùm ijuod ipsorum saliili conducal. lum per
qniid tiiiiiii Momen sanclificetur. ne in extreuio iUo (Mejustijudicii
" — ' Ces passages permettent de supposer que le chevalier Coct fut
pendant quelque temps au service d'Ulric de Wurtemberg.
* Le cliovalier éUiit encore à Dâle \i\ 17 décoinl.re 1524 (V. le N" 130).
' C'est-à-dire à Montbéliard.
" V. sur cet enfaut adoptif du chevalier le N° 143.
' Cette lettre du chevalier Coct à Myconius n'a pas été conservée.
Klle lut saus doute écrite de Bàle ou de Wehr. Il résulte d'un passage
du N» 143, que le chevalier se rendit à Zurich, vers le 20 février, pour
régler les frais de pension de sou fils adoptif.
" Il veut parler des cantons catholiques.
1523 SÉBASTIEN HOFMEISTER A GUILLAUME FAREL, A BALE. 341
Filii lui auclicnda sit vox plus quàin horribilis : « lie in igneni
ce(ernum,]naledicli, qui paratus est Diabolo el angelis ejusî » Sed
quô feror? Hoc eniin voleiiam, ut inlelligeres, quanla Helvetiœ
esset miseria. Ausini juvare, neque Clirislum, neque Verbum ejus
unquam audivisse pejus, quàm apud illos iiac leuipeslate. Verùm
quis si convei'latur aliquando el ignoscal Deus novit? Cum video
Paulum, cum latronera considero, imô Tigurinos superbos, san-
guinarios, avaros olim contemplos '-', nonnihil spei profectô de
Helvdiis meis concipio, opto loto corde ne illa tandem vana sit.
Res mcœ indiesmelius sunt. Pridein mutavidomum; auctumest
milii pra^mium; favet quisquis Evangelio favet, prêter ecclesiam
islam plus satis duram, nescio quonam spiriUi; verùm illud ali-
quando dicere soleo. miiii futurum quod porcis saginatis accidit,
nempè ul mactentur. Sed mactel me Dominus, tanlùm ne relin-
quat, niliilmoror. Tu fac pio ajiimo nos Deo commendes. Yale in
Chrislo Jesu. Grehelius^°de puero libi omnia exponel. Salutabis no-
mine meo liosjyitem timm et OEcolampadiimi. Salutal le domus mea
in Domino. Tiguri.
Mycomus tuus.
(Insniptio :) D. Annemundo Cocto, viro el génère et literis no-
bilissimo, Equiti aurato. Basilea}, fralri suo in Christo. S.
142
SÉBASTIEN HOFiMEiSTER ^ à Guillaume Farel, à Bâle.
De Schaifliouse (vers le milieu de mars 1525).
Inédile. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchàlel.
Sommaire. Notre ami Anémond est très-gi-avcment malade. Nous avons désespéré de
sa vie, mais à présent il est un peu mieux et fait appel à votre amitié fraternelle. Il
^ Voyez p. 295 une appréciation toute semblable.
10 Conrad Grebcl. Il s'était rendu à SchafFlionse dès les premiers jours
de février. (Voyez le N" 137, note 4, et Ilottinger, op. cit. p. 226.)
1 Sébastien Waçiver, suruommé Hofnteiskr icn latin Œconomus), né à
Schafthouse eu 1476. Après avoir étudié à Paiùs sous Lascaris, il professa
342 SÉBASTIEN HOFMEISTER A GUILLAUME FAREL, A BALE. 15'25
craint, je le suppose, de manquer de ressources. Le jeune homme qui le soigne vous
donnera de plus amples détails en vous remettant cette lettre.
Graliam el pacem n Deo Pâtre et Domino nostro Jliesu Christo !
Amen.
Cliarissime in Domino frater, Animundua Coctus, communis ami-
cus, fjraimime œgrotat ^. Is jussit, ut suo nomine ad te scriberem,
id (juod per hune tabellionem curavi : juvenis est pius et doctus et
Animumlo charus^ Eo tametsi opus habuissemus ad cotlidianum
ministeriuni. tamen nialuit Animundus eum ad te proficisci et te
certum facere, in quo statu sint res suae.
Moibus primùm lente cepit cum feljricula rjuam è potu aqucC fri-
gide, dum ambulando incalescit et bibit, putat conlraxisse. Ea in-
dies increvit. doiiec et veiiementem calorem et inlolerabilem si-
nistri lateris dolorem simul senserit. Nos penè desperavimus de
liominis vita, sed, propicio Deo. niinc aliquanli.^per melius sentit.
Ilaque in priniis cupit, ut si quid illi in hoc periculo possis su[c]cur-
rere, non negligas, idque pro consiho luo. iirolidO; immô fraterno
animo tuo erga se. Quantum seiicio, timet ipse fortassis, ne sibi
defulura sil pecunia, .<?i diucius sit illi lecto incumbondum \ Hœc
voluit ad te scribi per hune juvenem. Tu boni consule quod scri-
bimus. Yale intérim, et Deuin pro nobis et fratre nostro Animuiido
precare. Saluta nosti"o nomine OEcolnmjxidium et reliques fratres
in ecclesia vestra.
Sebastianus, minister VerJji apud Schaffusams,
nomine Animundi.
(Insvrii)tio:) Pio acdoelo viro Gwilhelmo Farello, amieo et h-atri,
Basilea- dt-nlur.
la thcolngio cliez les Franciscains de Zurich, puis :\ Constance, et vers la
fin de l'annùe 1522 il rentra dans sa nlle natale, dont il fut le principal ré-
formateur (V. Jcau do Muiler, X, 22G).
^ Le chevalier était tombé malade pendant son voyage de Zurich à
Schaffliouse, vers la fin de février, ou peu de temps après son retour
(V. le N» suivant).
•• Le jeune homme qui soignait Coct portait le nom de Georges. Voyez
la lettre de Laurent Coct datée du 4 juillet (1.52G).
♦ llofmcister ne s'adressa pas en vain au dévouement de Farel. Celui-ci
envoya aus.sitot quatre couroinies à son ami malade, ce qu'indique la note
suivante, écrite de «a main au bas de la présente lettre: . Misi quatuor
aureos 10. > — Ce dernier chiffre désigne probablement le jour du mois
de mars où Farci fit cet envoi.
1525 OSWALD MVCO.MUS A GUILLAUME FAREL, A BALE. 343
143
OSWALD MYCONius à Guillaume Farel, à Baie.
De Zurich, 25 mars 1525.
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchàtel.
Sommaire. Anémond est allé à Dieu. Sachons vivre comme il a vécu. Nous avons
maintenant à nous occuper de son fils adoptif, que mes moyens ne me permettent
pas d'élever. Georges, le porteur de ma lettre, vous dira où en est l'affaire des Ana-
baptistes.
S. Abiit Annemundus ad Eum cujus causa egit quicquid hactenus
egit 1 ! Nihil diibito, quin premium receperit et fidei suœ et om-
nium laborum quos pro fide subiit. Nostrum est sic vivere, ut so-
luti mole corporis, eô peiTeniamus quô Annemundi spiritum jam
pervenisse speramus.
Caeterùm de filio quem odoptaiit opus est tibi significem. Ratio-
nem fecimus, priusquam solveret hinc^, cum vetula quee hucusque
puerum aluit. Remansit debitum iij aureorum, et solidorum (si
recte memini) octo. Intérim prœten'enmt (juatuor septimanœ^, ubi
pro quahbet septimana solvendi sunt Ursi duo, seu quinque solidi.
Atque adhuciucertum quousque puer iiîc perduraturus .sit. Quam-
vis nemo hoc melius (luàm tu noverit. Spero enim puerum per te
abductum iri, non quidem tuo nomine, sed fratrum Annemundi*.
Nonnihil enim is mihi hac de re dixerat vivus.
Ha?c res ideo curtc est mihi, quôd fidejussorem ago bis in rébus
omnibus. Nec est unde satisfaciam. Et si puerum nemo curaturus
^ En rapprochant de la lettre précédente le passage de celle-ci où il est
fait mention du récent voyage du chevalier à Zurich (V. note 3), on peut
admettre qu'il mourut environ le 20 mars.
- Ce voyage de Coct à Zurich est probablement celui dont il est question
dans une déposition judiciaire dcSéb. Hofmeister relative à Conrad Grebel.
(Voyez Fiisslin. Beytrilge, I, 240-243.)
^ Ce fut, par conséquent, vers la fin de féraer que le chevalier retourna
de Zurich à Schafthouse.
■* Guigo et Laurent.
344 FRANÇOIS LAMBERT A FRÉDÉRIC, ÉLECTEUR DE SAXE. 1525
est, profectô cogar euni recipere, jure chium ineorum, et pro meo
educare. Id quod non gravatè facturas essein tamen, si esset unde
hoc possem. Quamobrem, cum sint qiiibus niliil sit laciliiis, recte
îigetur si tu eiïecei'is, ut ad illos perducatur. Memini ine audisse
aliquolies ex Aniiemundo, nihil gratius futurum alteri c fratribus^,
quàm si puerum liabere apud se queat : caret enira liberis. Tuum
est igilur. mi Farelle, curare, ut puer provideatur, vetula, quœ pro-
fectô matrem egil, solvatur, Myconius verô levetur hoc gravissimo
oneie. Id quod ego à te peto vehementissime. Quae hic acta sunt
cum bajjlistis nostris. audies ex Georyio *'. Vale in Cliristo Jesu. Ti-
guri, Annunciationis fesfo, Anno XXV.
Myconius tuus in Christo.
(Inscrifdi'o :) Doctiss. D. GnUeUno Farello, Theologo Christianiss.
fralri suo in Cliristo, Basilete.
144
FRANÇOIS LAMBERT à Frédéric ', Électeur de Saxe.
De Strasbourg, au mois de mars 1525.
In Ûseam Fr. Lamberli Commenlarii. Ejusd. hbeUus de Arbilrio
iiominis \ere captivo. Argentorali. Jo. Hervag. M.D.XXV
(mense Mariio), in-8".
(tr.\i)uit du latin, feaghents.)
•Sommaire. MiiiLstére et martyre de Jean Chaste^^riii, an jinv»; fie Metz.
Il y av;iil .dors à Metz un saint prophète de Dieu nommé Jean
Clifi.stelhiiu. un homme vraiment chrétien : il leur avait annoncé
avec tant de constance Tannée précédente [1023] Févangile de
Chrisi. que le peuph? presque entier accourait pour Fentendre et
" Laurent Coct
'■' Voyez le X" pn'îcédent, note 3.
Dans la première partie de cette Épitre Lambert se justifie d'avoir
quitté Wittemlierg sans la permission de l'Électeur. (V. sur ce sujet le
N» suivant.)
1 525 FRANÇOIS LAMBERT A FRÉDÉRIC, ÉLECTEUR DE SAXE. 345
désertait la prédicalion des prophètes de rAnteclirist -. Aussi ces
derniers cherchaient-ils à le faire mourii-, parce qu'il mettait en
évidence leurs ahominations au moyen de la Parole de Dieu.
Entre eux tous se distinguaient par leur fureur l'abbé du couvent
(le St.-Autoine ^ de Vienne en France, premier conseiller du duc
de Lorraine*, et Bonaventure Rennel (Là\m(i\\\, confesseur du dit
prince. Quoique le Duc soit plein de honte, il se laisse persuader
par ces imposteurs que la vérité est hérésie, et qu'il faut mettre à
mort tous ceux qui acceptent la vérité que Dieu a de nouveau ré-
vélée par son envoyé Martin Luther. Il a, en conséquence, rendu
un décret digne de Dioclétien et de Néron, qui condamne comme
liérétiques tous ceux qui ont cru à la vérité.
Comme ces pharisiens susdits ne pouvaient se rendre maîtres de
Chastellam dans la ville même de Metz, ils trou\'èrent moyen de l'en
faire sortir, et aussitôt des gens apostés se saisirent de sa personne
et l'enfermèrent dans une prison ^ Cette arrestation, qui remplis-
sait de joie toute la cohorte de rAntechrist, jeta dans la désolation
la multitude des croyants, qui se voyait ainsi privée de son pro-
phète et de son évêque. Sous l'influence d'une sainte colère, que
les gouverneurs de la ville avaient peine à l'éprimer. ils voulurent
se porter contre la prison où Chastellam était enfermé, et l'on ne
parvint à les calmer qu'en leur promettant de le leur rendre s'il
était trouvé innocent.
- «En ce meisme temps, vint et arrivoit eu 3Iets uug frère augustin,
nommé frère Jehan Chasteïïain, homme assés ancien et de belles manières.
Et avoit celliiy frère presclié à Vie les avents de Noël [1523]; puis le dit
an [1524] preschoit la caresme tout du long en leur couvent de Mets.
Celluy estoit... gi'ant prédicateur et très-éloquent, et, avec ce, en ses ser-
mons reconfortoit merveilleusement les povres gens... Parquoy il estoit eu
la graice de la plus part du peuple, mais non de tous, espécialement de la
plus part des prestres et gros rabis... » (Chroniques de la Ville de Metz,
p. 808.)
^ TJiéodore de St.-Chamond, vicaire général du cardinal de Lorraine et
« commissaire du saint-siége apostolique dans le duché de Lorraine et lieux
circouvoisins pour l'extirpation de l'hérésie. » (Voyez d'Argentré, II, 17.)
'* Le duc Antoine, qui régna de 1508 à 1544.
^ « Soubz faulce enseigne, [il] fut tiré dehors, disant que le provincial
de leur ordre le mandoit et le attendoit. . . et desiroit grandement de parler
. à luy... Et fut le povre religieulx prins et arresté ... le ciuquiesme jour de
raay [1524] ; puis tantost, deux jours après, fut le po\Te frère mené à AV
ineney, et là, au chaistiaul, mis au fond de fosse, auquel il tint longuement
prison. » (Chroniques citées. Voyez Crespin, loc. cit.)
346 FRANÇOIS LAMBERT A FRÉDÉRIC, ÉLECTEUR DE SAXE. 1525
Il demeura donc captif pendant neuf mois entiers, toujours
ferme et inébranla' de, confessant avec courage le Christ de Dieu
et la vérité. Les fds de la femme vêtue de pourpre, de la courti-
sane enivrée du san^f^ des saints.. .. multipliaient leurs visites, pour
l'en/zager à apostasier le Seigneur et à adorer la béte écarlate pleine
de noms de blasphème, — ce qui l'aurait tiré d'atïaire. Mais il ne
se laissait point convaincre. Tous les etïortsdes ennemis restèrent
inefHcaces ....
Arriva cependant le douzième jour du mois de Janvier [lo2o],
où Dieu voulut honorer son saint de la très-précieuse couronne
du martyre. Alors se rassemblèrent dans la petite ville de Vie, en
Lorraine, des abbés nombreux, parmi lesquels celui de St.-Antoine
tenait le premier rang, et auxquels était adjoint un exécrable iii-
ipiisileur, détestable avocat de Thérésie «. On fit sortir Cltastcllam
de prison, pour le jeter, s'il refusait de se rétracter, sur le bùclier
qui était tout prêt, et l'on convoqua en ce lieu une foule considé-
rable de peuple, en promettant à tous ceux qui assisteraient à son
supplice, ces indulgences menteuses dont l'Antéchrist fait trafic,
cette invention du diable pour laquelle Dieu donne une double
malédiction, selon ce qui est écrit : « Je maudirai vos bénédictions.»
La foule une fois rassemblée, ces pharisiens commencèrent à
l'attaquer de paroles, tandis (|ue lui demeurait muet et refusait de
leur rien répUquer. Ils voulaient qu'il rétractai la sainte vérité
ipiMl avait préchée, ([u'il abandonnât Glirist pour l'Antéchrist; mais
ce serviteur de Dieu i-esta inéliranlable, sans être effrayé par la
vue des llammes, et supiiortant avec plaisir ce qu'ils appellent l'acte
de la dégradation ^ car il savait bien que ce (pie lui avait conféré
Tonclion de l'Antéchrist n'était rien. Condamné par ces scélérats,
il marcha vers le lieu ihi supplice comme à un banipiet. Y étant
arrivé, il se mit à genoux, et, après avoir prié, il se releva et se
livra aux valets ihi bourreau, pour être attaché au poteau (jui était
préparé, et bientni il fui consacré martyr de Christ par les llauimes
qui le consumèrent et lui furent un gage de victoire^
Je It' connaissais intimement: nous étions liés C(uume David et
Jonalhi'.n. Il ;i\:iit rmiron cin(|iianlo ans: il possédai! une instruc-
^ Nicole Savin, < docteur en théologie et iuquisiteur de la foy. » (Cres-
pin, I. «'.
' Voyiz dans Cn-spiu le ivcit détaillé de la « dégi'adation. »
'* On trouve deux autres relations du martyre do Cluistellain dans les
écrits de Lambert.
1 ,^25 FRANÇOIS LAMBlîllT A FIuiDHUIC, ÉLECTEUR DE SAXE. 347
lion solide, et s'était voué à l'étude de la théologie ; il avait un
caractère réfléchi, ferme, courageux, un extérieur imposant, une
éloquence brûlante. Le peuple de Metz en apprenant sa mort fut
pris d'une violente douleur, et s'étant jeté sur la maison des moines
qui ravalent fait périr, il délivra de la prison où on le retenait,
un autre serviteur de Dieu, Jean Vèdaste, de Lille en Flandre,
qu'on voulait aussi, dit-on, faire l)ientôt monter sur le bûchera
Il se trouve à cette lieure chez moi, occupé à publier des ouvrages
français, à la confusion du royaume de perdition ....
145
FRANÇOIS LAMBERT à Frédéric, Électeur de Saxe.
De Strasbourg, 25 mars 1525.
Inédite. Autographe. Bibl. du 31uséum, à Bàle. Autographa,
n" 25, p. 2().
Sommaire. Depuis longtemps je clierchais l'occa.sion de m'excuser auprès de V. A., au
sujet de mon départ précipité de Wittemberg . Je n'en suis sorti que sur un appel
irrésistible, puisqu'il venait de Dieu. Je vous supplie d'agréer l'hommage de mon
Commentaire sur leprophète Osée, et de me faire savoir si vous m'avez rendu votre
bienveillance. J'ai encore une prière à vous adresser au nom du comte Sigismond
de Hoheiûohe, qui est mon bienfaiteur et l'un des plus fermes appuis de l'Evangile
en Allemagne. Sur le conseil de notre église, il désire se marier, et il fait prier V. A.
de vouloir bien lui choisir une épouse dans l'une des familles pieuses de vos États.
Nous espérons que son exemple sera suivi par plusieurs membres du Chapitre
de Strasbourg . Christine, ma fidèle compagne, et moi nous vous souhaitons humble-
ment, comme à notre Prince, la vraie paix et toute prospérité.
JESUS.
Gratia et pa\ à Deo Pâtre nostro et Domino nostro .lesu
Christo !
A diebus quibus, vocante et compellente me Domino, Wittem-
herynm deserui, Chrislianissime Princeps, nolui scribere ad Tua m
'^ C'est en faveur de Chastellain et de Védnste que Lambert avait écrit
si souvent aux magistrats de Metz. (Voyez le X" 127, note 4 à la fin, et la
lettre de Lambert du 15 août 1525 au Sénat de Besançon.)
348 FRANÇOIS L\>1BERT A FRÉnÉRIC, ÉLECTEUR DE SAXE. 1525
Alliiiiflineni. usqiie in prcefinitum diem, quo, pro tenuitate niea, of-
liciuin in le meum aliquo munu.sculo conlestarer, et si quid oiïen-
sionis. ob discessum meum, intercesserat, hoc medio purgarem.
Primùni ergo, Inluslriss» D, T. nosce [1. nosse] dignetur, quôd
nulla mala arle, nuUo contcmptu, nullave ingrafitudine. aljierim è
Sa.roiiihm, sed quôd ita oportueril, nisi Cliristum neg'are voluerim,
\\[ lihro nieo de Vocatione, C. 22. quasi de tertio quopiam loqueiis,
Italàin feci'. Expectavi aliquandiu laum è Nurcmberf/a reditum'-':
seil ciim fuit proximum Fnincofordiense emporimn, ultra operiri
non valui. quôd eo tempore via:- tuliores essent^ Yerùm si, aute-
quam venirem è Wittemberga, scivissem, quôd in proximo èNureni-
berr/a reversurus eras, expectassem jussionem luam.Quôd si Magni-
ludoTua oninino judicat, aut milii imputât ad culpam, quôd ante
aljiei'im, precor eam. ut milii donet liane ofïensionem, per Domi-
nnm Jesuni Chrislum.
Ecce, ù Clementissime Princeps, milto libi cum priesentibus
Commentarios nostros in Oseam prophetain, simul el de Aibitrio
liomiiiis verè captiva, ndversus Ernsmuw, tnmetsi non nomimitum\
siib Tua! Celsiludinis nomineeniissos. in quibus. juxia donationeni
spirilus Cliristi, palàni feci verilatem ejus. Obsecro, ut hoc quale-
cunque munus adceplum sit coram te, ipsaque verilas de qua in
eis Coniinenlanis scripsi.'^il pro me apud Tuain Cleinentiam gratiie
adsecjuendii! medialrix. l'tinam autem juliens [1. jul)eas] ut quis-
piam ex sanctis aulicis tnis ad liunc pucrani Tnum. Tua! Magnilu-
dinis nomine, scribent [l. scribat], ut sciam an me denuô in gra-
tiam receperis. el placuerit libi munusculum meum. simque ali-
quando(|uid taie denuô missurus!
Cœtenim multa (Iducia, ô Generosissime Diix. lem unam paucis
adjeci. Est apud \\o>\\\\m Avfieutinmnx'w chrisliani admodùm pec-
toris ac verè generosus, D. Siijismundus Contes ab Jlobenloe. Col-
legii Principnui necanus\ per quem maxime el iiiprimis dictai
' Voyez le N» 131, note 3.
2 Voyez le N" 112. note 5.
'^ La foire dn printemps à Francfort ont lieu, en 1524, du 3 au 23 mars.
Les routes de la Saxe et de la Tluuinge durent être suivies, à cette occa-
sion, par de nombreux voyageurs dt>s le 20 ftHrier.
* Cotte partie de l'ouvrage de Lambert était donc une réponse indirecte
au livre d'Érasme de lihcro ArJntrio, publié en septembre 1524.
■^ Le comte Sif/iviioml de Ilohcnlohe, doyen du cliapitre de Strasbourg.
L'activité bienfaisante de cet homme vraiment <'vangélique à été retracée
1525 FIIA.NGOIS LAMBERT A FRÉDÉRIC, ÉLECTEUR DE SAXE. 349
urbis misertus est Dominas, per eum servans in illa veritatem siiam,
pionini oinniiim palronus, tic qiio plenius scripsi a(ll\ever.[endura]
tuiL' inclila! aiikc I^piscopuni^ Nulliis pi'ofeclo in GenimnifLdQmla
Celsitiidine Tua, rem Cliristi aixlentius promovel, intrépide quidquid
ad hoc lacit, tenlans, abjiciens, calcans. adgrediens". Hune milii et
familiœ meœ dédit in patrem Deus, apud ArgeiUoratum, quemad-
modum olim Tiiam Celsitiidinem ajiud Saxones.h, nostne ecclesiae
consilio, cupit efftci conjunx iu Domino, quod et illi optant omnes
sancti, ut ejus exemplo Aniicliristi perditio efficacius corruat. Sed
quia in Argentoratenskun vicinia non habet quem pro hac re tutô
precetur, adcedit ad inlustriss. D. Tuam supplex. et pro eo simul
quotcpiot apud nos Verbo favent, orantes, ut hoc illi prœstes, neinpe,
utèfiliahus verè credentium, quibus sunt plena3 Imperii lui [terrœ],
piam aliquam sibi in conjugem tïibui velis. Putabitenim à Deo esse
quidquid in hac re feceris. Utinam id citô videamus, et ille pri-
mùm, denique multi h. laqueis filii perditi lilieri fiant! Siquidem
multi etiam è Principum Collegio opermntnr quôd hic reliquis ciani
pnret.
Prœsla ergo, ô piissime Princeps, id eidem Comiti, tibi sese toto
corde dedenti ac commendaiili, imô et toti ccclesice nostra) id
simul precanti ejus causa. In te multam habet ille fiduciam in
Domino, quôd veritas socundùm quam versari concupiscit, sub tuo
imperio revixeril. Proinde boni consule ejus petitionem, quam
nunquàm ad Tuam Magnitudinein misisset, nisi de ea in [l. de tua
in se] bonitate sentiret. Boni quoque consule, quôd pro eo scrip-
serim. //// siquidem jubenti non parère non vcUui, quôd maxime
per eum me Christus juverit, et res pro qua scripsi sit sacrosancta.
Tandem, et Saxona mea Christina, fidissima meiB socia pere-
grinalionis, oplamus tibi, Clementiss. Principi nostro (semper enim
Princeps noster es, ubicunqiie sumus) pacem veram et omnia pros-
péré in Domino, nos tibi corde humillimo ac deditissimo commen-
dans l'Histoire de la Réforraation en Alsace de Rœliricli, 1'* partie, p. 243
et suivantes.
^ S2)alatin, aumônier de la cour électorale de Saxe.
^ Dans l'épître dédicatoire de sou commentaire sur Joël, publié en
1525, Lambert adressait au comte Sigismond les paroles suiv;intes: « Ob
id.... Tuse Celsitudiui Prophetam, qui maxime est adversum hlii perditi
factionem, dicare volui, oo quod milii sit persuasissimum, te oinnem Sa-
thanœ alUtudinevi, quai in eo cernitur, toto corde caîcassc, aique ut tuo
exemplo multi Jiant, ex Nicodemis Apoatoli, hoc est, ex secretis veritatis
confessoribus, et sermonibus et facto, publici ejus adsertores. *
IJoO LLRIC ZWINGLI AL ROI DE FRANCE. 1525
dantes. Argenloiati, die Incarnationis Unigeniti sempilerni Palris,
Anno vigesiino (luinto supra niiile'" el quinqueir.
Ejusdem lUusiriss. Domina.[lionis] Tuœ seivulus in Domino
Fra.nciscus Lambertls Avemonensis.
(^/n.sr/v/>//o.vInlustriss. eleidemCleraentiss. Prin.[cipi] acDo.[miuo]
Do. Friderico Sax. Duci, Sacri Ro. Impe. Elec. Archimar. Lanlgravio
Duiingici.', Marchioni 3Iisniaj, Domino et Patrono suo Colendissimo.
(Au-dessous, on lit ces mots de la main de Spalatin :) <• Ex Ar-
genlina. •
146
ULRic zwiXGLi au Roi de France.
De Zurich (au mois de mars) 1525.
De vera el falsa leligione Hnldrychi Zuinglii Commenlariu.s. Tiguri,
Cliristopli. Froscliover. M.D.XXV (mense Martio). in-8".
(traduit du r.ATIN. FRAG>rE^"TS.)
Sommaire. Zwingli engage François I à réduire au silence le» docteurs de Sorboime et
A protéger dans son royaume les doctetirs évangéliques. Il proleste que c'est bien
il tort qu'un certain personnage a voulu persuader à la reine-mère que la doctrine
de rÉvaneile pousse /«* sujets A la désobéissance envers leurs princes.
Sire, le Irès-saintel Irès-savanl Hilaire. né dans \otre France.
a jadis ('cril à fous les frèies el évéques d'Allemagne. Plût à
Dieu ijue nous jiussions nous glorifier un jour de \ous avoir rendu
la pareille! — ce (|ue Je n'entends point aii|)li(|uer à cet impar-
fait ouvrage, dont je suis l'aMteur. mais aux autres livres puhWs
par les savanls el pieux lliéolu;:iens de rAUeinagne. Toutefois, je
vous en conjure, prôlez-moi Tiueille. ù Roi très-humain. Vous
avez dans voire royaur.ie celte race des tlu'olof/ieiui tic Sorhonnc.
(\\U' [K'VMmiw ne saurait dépeindre comme il convient: ils ignorent
les lanj^'ue.s. el non-seulement ils les méprisent, mais encore ils les
persécutent, ne se servant eux-mêmes des leurs (pie pour mau-
dire el mordre comme les serjtenls : ils dédarenl impies, hérétiques
♦'l hlasphématoires les propositions (pii sont tirées des li\Tes
1525 ULRIC ZWINGLI AU ROI DE FRANCE. 3oi
saints, tandis que je ne connais pas de doctrine qui soit i)kis It'as-
plîémaloire envers Dieu que celle qu'ils enseig^nent eux-mêmes.
Faites-les taire, Sire, de peur qu'en les laissant proférer cont 'e
Christ tout ce qui leur vient à la bouche, vous n'encouriez son
indignation ....
Vous avez nii autre genre de docteurs qui cultivent les sciences
célestes plus que les sciences humaines et qui possèdent tout ce
qui s'y rapporte, je veux dire la connaissance des langues, la sim-
plicité des moeurs, la sainteté de la vie. Ayez soin de ces gens-là
etlémoignez-leur plus d'égards qu'à personne; ne les accaparez pas
pour vous seul (sauf un petit nomljre qui puisse s'entretenir avec
vous des choses divines), mais distribuez-leui' dans tout votre
royaume des postes où ils puissent afficher, non sur des colonnes,
mais dans les cœurs, les nouveaux ordres de Jésus-Christ. Vous
verrez alors votre royaume longtemps afiligé par la guerre re-
prendre immédiatement un nouveau lustre ; vous verrez disparaître
le luxe, l'impureté, la débauche, lïntempérance. en un mot tous
les vices, et refleurir la justice, la confiance, la miséricorde. Vous
ne vous laisserez jamais entraîner dans cette opinion où certain
personnage s'est efforcé de faire tomber votre trés-illustre mère, à
savoir qu'il faut s'opposer à la doctrine de l'Évangile, comme à ce
qui trouble la paix, puisqu'en Allemagne tout est sens dessus des-
sous et que personne n'y obéit aux ordres des princes. Ceux qui
parlent ainsi ne veulent pas servir Dieu, mais leurs propres con-
voitises Il a pu se faire que dans quelques parties de l'Al-
lemagne il se soit élevé des troubles dangereux, lorsque les magis-
trats ont prétendu défendre la libre prédication de la Parole de
Dieu; mais croyez-moi, ù Roi très-illustre, partout où les magistrats
ne s'elTorcent pas d'arrêter le libre cours de la Parole, les gens de
bien sont entièrement d'accord avec eux — A ne considérer la
question que du point de vue de l'utilité, on verra, en lisant mon
livre, tout ce que les rois et les peuples gagneraient en prospérité
s'ils entreprenaient la réforme des mœurs selon la Parole de Dieu....
Accueillez, Sire, avec indulgence l'audace que j'ai eue de vous
dédier cet écrit. J'avais surtout pris la plume en vue d'être utile à
la France. 11 m'a semblé que rien n'était plus juste que d'oIVrii- à
son Roi ce que j'ai composé, afin que personne ne puisse m'ac-
cuser de dissimulation. De Zurich, l'an lo2o.
Xi'i NOËL BKDA A ÉRASME DE ROTTERDAM. 1 52S
147
XOEL BEDA à Érasme de Rotterdam.
De Paris, 21 mai 1525.
Erasini Epistolœ. Éd. Le Clerc, p. 1708.
.Sommaire Beda reproche à Érasme d'avoir proclamé l'utilité des traductioiis de
l'Ecriture Sainte en langw vvlgaire. L'évêque de Meaux et l'Alhmagne n'ont pa."^
lieu de s'en féliciter. Les ouvrages d'Érasm, mi'a (i-idnits Louis deLerquin ne soi i
pas approuvés par la Sorbonne.
Fahus . . . plane fuisti, pietatis prœtextu existimam, perutUe esse
Ecclesiœ Sciipturas Sacras, et Cantica Ganlicoriim, et Ezechielem
lerti m rulf/aie '. Cicterùm, quôd loties et tam iiistaiiter suadere
sategisti. — non adverfens quanta sœpius, eam ob rem, Ecclesia
animarum pericula et turbalioniini pertulerit incommoda, proptei-
(|UtL', ne id lleret non .semel piohilniif. — jam tua? charitati dico.
suis damnis expertns modà Dominus Episcopus Mehicusis quidnam
l'niriiis picits iUiteruta suce Diœcesis ex Jacobi Fabri sudoribus in
eo negotio coUefjerU- ! Siverô in G^rMw«m rusticis viris etmulier-
cuii.s rellgionis incromenta in eam tradiiclœ linguara Scriptuni'
contnleri[n]t, vos certiùs nobis no.sse potestis; qua de re qiiod va-
riis Idcis experlissimus Doctor de Gersoneo scriptum reliquerit.
iilinam libi relegere complacuisset!
.1.1111. pro cpistolic conclusione. (piod heri de nonniillis tuo-
runi (ipiisciilorum in consessugravksinio propositum exslilit,refen).
Tiii Hcscio finis amans in Gallirnni fradiixit cluquinni libellos. vide-
liiel: Fiicoiiiiniii niafriinonii. Orntionrin Douiiniriun et Sj/mhohnn-:
' Erasme piirlc déjà des traductions en langue vulgaire dans la prcfacr
de la seconde édition de son Nouveau Testament (1519).
* Il veut dire que les actes d'Iiostilité contre le culte catholique avaient
été commis rlans le diocèse de liriromict (N° V'>5. note 1) par des gens iiui
avaient lu le N. T. de Le Fècrc.
■ Oans l'aiTÙt rendu par la Sorbonne, le 20 mai 1526 (V. d'Argentré,
II, 42) le iradnctcur de ces trois livres n'est pas nommé, tandis que dans
les censures prononcées par h', même coips contre ces ouvrages, fiprès leur
iropr(!8sion, le 12 niars 152G, la traduction en est expressément attribuée a
Louia de Bcrquin.
1 525 NOËL BEDA A ÉRASME DE ROTTERDAM. 353
si plures sunt, jam non meniini. Versiones autem ïjisœ ad nostram
Facultdtem fucrunt (ut jam Lutetiœ fit) prœsentatœ, ut sciretur, si
quitl expediret iilas impriml, necne^ Ad id muneris connnissi,
quaî in ipsis versionil)us non sana cornpererant. palam pro more
Facultatis recitaverant. Quibus audilis. obstupuere omnes, tua certè
non probantes dogmata : ideo interpretem, rpiem nonnulli suspi-
cantur Ludovicum à Berquin'^ fuisse, tibi. chaiissime frater, non
nniltiim suo contulisse studio, et formidandum. ne fut uni tibi et
Fabro sit eommunis sors cum Magisîris nostris«, quos à multis
certum est saepius maie audire. Valedicens persevero in supplica-
tionibus; lui Bedda3 consilia, quantum commode poteris, audi.
precor. et bene tibi erit. Ex Acuto Monte", Parisiis, 21 Maii.
anno lo2o.
Tui, qui ad vota paratus est, Bedd.e.
* Voyez le N» 137, note 2.
^ Deux ans plus tôt, vers le milieu de mai 1523, la Sorbonne avait fait
saisir chez Louis de Berquin plusieurs livres « hérétiques » et demandé
qu'ils fussent condamnés au feu, ce qui lui fut accordé. — « Au dict an
1523, le samedy, 8" aorst, furent bruslez plusieurs livres, par l'authorité
de la cour de Pai-lement, devant la gi-ande église Nostre-Dame de Paris,
qu'avoit faict un gentilhomme, nommé Loys Barquin, seigneur du dict lieu,
en Picardie, qui estoit grand clerc; mais il estoit luthérien ; lequel avoit esté
prisonnier à la conciergerie du Palais à Paris [depuis le 1" août]... Néant-
moins il en fut mis hors de par le Koy, qui estoit près de Meleun, et s'en
alloit de là les montz;... et fit ce le Roy pour luy saulver la vie, car aultre-
ment il eust esté en grand danger de sa personne d'cstre mis à mort par
justice, car il Favoit bien gaigné. » (Journal d'un bourgeois de Paris,
p. 169.)
^ Dans la réponse qu'Érasme fit à la présente letti'e de Beda, le 15 juin
1525, ou lit les passages suivants: « Quod mihi tua charitas metuit, ne quando
sim in eadem sorte futurus, in qua Faber, — ego magis vereor, optime
Bedda, ne quando vos sitis in eadem sorte futuri, in qua nunc sunt Thcologi
Gernmnice, quorum tanta hisce temporibus est autoritas, ut si quid reprehen-
dant, ob hoc ipsum placeat, quod ab illis damuatum est. » Et plus loin :
« Cum Berquino mihi nihil est rei ; sed tamon, si me patcris aliquam veri
favicm in sinum tuum eftundero, quid opus erat lioc inier articulas notare,
quod scripsit, à concionatorihus rectius invocari Spiritum Sanchim quàm
Mariant virgimm? — Fit, inqius, injuria landabili consuetudini. — Ut
laudabilis sit hodie, certè veteres hanc laudabilcm consuetudinem nescic-
runt... Hicronymus m singulis penè praîfationibus commentaiMorum quos
scripsit in prophetas, memiuit de iuvocando auxilio spiritus divini ; de invo-
canda Maria non meminit. Yerùm ut donemus esse laudabilem, quid peccat
qui ostendit quod sit laudabilius? Quale verô est, ob hujusmodi uœnias,
virum talem in vitœ famccque disaimen vocare!» (Le Clerc, p. S6G et 869.)
" Le collège de Moutaigu.
T. I. 23
354 LES ÉTATS f)L PAYS UK VAUI) A LEURS RESSORTISSANTS. 152t
!48
LES ÉTATS DU PAYS DE VAUD à leui's ressortissauts.
De Moudon, 23 mai 1525.
Rucliat. Histoire de la Réform;ition de la Suisse. I. 563.
Titre. EstattUs contre les oppinions de Martin Leuter.
A tous ceulx que [1. qui] ces présentes verront et liront, soit
notoire et chou.se manifeste, que ce Jourd'liui 23 de ce mois de
May. l'an mil. v^. et 2o, sont été dressés, congregués et trouvez
ensemble au.\ Estats tenus ici à Moudon, pour les alïaires de ce
pays de Waud, Messieurs les Nobles et Ambassadeurs des Bonnes
Villes', ici dessous nommés : Par devant le.squeulx Estats. Noble
Loijs Pomcl. Lieutenant du Ballivaige de Waud. jiai- le commande-
ment de Monsieur le Gouverneur et Baillif de Waud. a mis en
avant et propo.sé que Ton dehust [l. dût] avoir regai'd et advis sur
les maulvaises, déléales. faulces el iiérétiiiues allégations et opi-
' Le Pays de Vatid, conquis au treizième siècle par le comte Pierre de
Savoie, avait conservé toutes ses franchises. C'était une sorte de confédération
placée sous la suzeraineté d'une famille de princes héréditaires. Les nobles,
les villes, et i)arfois le clergé, envoyaient leurs députés à une Dicte qui se
réunissait ordinairement à Moudon, siège habituel du « gouverneur et bailli
de Vaud, » représentant du Prince. « Les États » étaient composés des no-
bles et des députés de quatorze villes et bourgs qu'on appelait les bonnes
villes; c'étaient: Moudon, Yverdon, Morges, Xyon, Romont, Payerue, Es-
tavayer, Cudrotin, Rue, Cossonay, Graudcour, Ste.-Croix, Les Clées et
Cliatcl St.-Denis.
Le reste du Pays de Vaud obéissait à d'autres maîtres. Lausanne, Lutry,
Cully, St.-Saphorin, Corsier, une partie de Vevey, Avenches, Lucens et
Bulle formaient h patrimoine du Princc-Évêquc de Laïusanne. Les répu-
l)liques de Rerne et de Fribourg possédaient eu commun depuis 1475 les
hailliagcs d'Orbe, de Grand.son et de Morat. Berne commandait seule dans
h.s quatre mandements d'Aigle, d'Ollon, des Ormonts et de Bex, dont elle
s'était emparée à la même épo(iue. (Voyez Ruchat, I. 267. — Documens
relatifs à l'histoire du Pays de Vaud. Genève, 1817, 8", p. xxiij.)
152S LES ÉTATS DU l'AVS DK VAlD A LIAUS UKSSUUTISSA.NTS. 353
nions de ce nijuklil et déléal liérclique, et ennemy de la foy clires-
tienne, Martin, Leuter [l. Luther], par lesquelles, comme il se dit
communément, eis lieux circonvoysins sont été faits de gros
€sc[ljandres et abus contre la foy Clirestienne'.
Et désirant obvier à toutes les chouses dessus dites, et aussi pour
maintenir la foy Clirestienne, ainsiu f|ue vrays Chrestiens doivent
faire, par le mandement et commandement de mon dit Sr. le
Gouverneur et Baillif de Waud, [les dits Estais] ont statui et or-
donné, et ordonnent par ces présentes, — que nulle personne de
quelque estât ou condition que ce soit. sul)jets de nostre très-re-
doublé Seigneur, tant médiats que immédiats, ne dokie [1. doive]
avoir, acheter ne garder point de livre fait par le dit Martin Leuter,
et si point s'en trouve, que le dit livre soit brûlé. Item, que nulle
personne àe quelque estât, degrez ou condicion que ce soit, ne
doige parler en manière quelconque du dit Leuter, en le favorisant
et maintenant, ou en maintenant et allermant aulcunes de ses niaul-
dictes et dampnables oppinions et allégations, — et ce sous la
peine d^esire griefvement incarcérez trois jours durant, et, au bout
de trois jours, de recepvoir trois estrappades de corde publique-
ment, et doige payer, avant que sortir de prison, les despenses et
^ C'est une alkisiou à la guerre des paysans (ou « sédition des rustiques»),
'qui venait de causer tant de ravages en Allemagne et dont on craignait le
contre-coup eu deçà du Rhin. Aux yeux des adhérents de l'église romaine
tous les excès nés d'une fausse interprétation de l'Évangile étaient impu-
tables à Luther.
Quelques extraits d'un acte rédigé à Orbe, le 22 mai 1525, nous fourni-
ront un spécimen des impressions populaires. Domp Pierre Giiibcrt, prêtre
de cette ville, incai'céré à l'instance des nobles et bourgeois de la ville de
Grandson, était interrogé ce jour-là à propos de ce qu'il avait dit, le jeudi
4 mai, à uu jeuue cordelier de Grandson: « N'allez pas à votre couvent, car
il est brûlé ! » Sur quoi, deux jours après, le couvent avait failli être incen-
dié. Pierre Guibert répondit : « Que vray estoit que le Jeudi desus escript,
« en la maison de la Clievreriez, tenant ostellerie à Orbe, [il] se deult tro-
« véz... avecq certains autres prestres d'Orbe, auquel lieu se trovit le jeune
« religieux avecque vung [1. uu] débrosseur nommé Petit Jehan, et parlireut
« de Leuter. Et que vung Jacobim, le jour devant, luy avoit dit que les Leu-
<t tériens hrûloient les religions [1. couvents] vers Bâle, et qu'il[s] einavoient
« desjà brûlé deux. Après partit le dit détenu au dit jeune religieux, luy di-
<5 sant ouz il aloit? A quoit luy avoit respondu, qu'il s'en aloit à Granson:
« et adonc le dit détenu luy dit: j\"^ aies pan, car vostrc cornent e[s]t brûlé.
« Mais il n'y euteudoit nul mal, uy jamais ne l'entendit qu'il l'eult deult
« brûlez. » (Archives de Pribourg.)
356 PIERRE TOUSSALN A GUILLAUME FAREL. 1525
missions faites adcause de la dilte détention. Et si celui qui auroyt
roulsuz [\. \oiilu] wuhtenir et maintenir les faulces et décepvables
oiipinioiis (lerant dictes, en tout en partie, après avoir recephu les
dictes estrapades, si [1. malgré cela] veult estre indurcij et obstiné,
lia il doff/e estre brûlé, comme faulx et déléal hérétique, avec son
livre, si point en avoyt. Quelque priviliége, liberté et franchise au
iMt pais de Waud concédées, nonobstant.
(Suivent les signatures des députés, lesquels déclarent qu'ils ont réelle-
ment statué et ordonné « les Estatuts et ordonnances dessus escriptes, > et
prié le Lieutenant de les confirmer, faire tenir et publier « à tous Officiers
du Pays de Waud, » — puis une déclaration confirmative, émanée du dit
Lieutenant.)
Desijuelles choses susdites, Nous des Estais dessus nommés au-
jourd'hui icy assemblés aux Estais, avons commandé à nostre scribe
et secrétaire icy dessoubs signé, escripre et signer ce présent
Estatul et Ordonnance. Donné aux Estais à Mouldon, le jour et
l'an (jue dessus.
BONDETL
d49
PIERRE TOUSSAIN à Guillaume Farel.
De Baie, 3 juin 1525.
Manque.
[Ollf It'lire a élé mise aux oiKliéres ;i Paris, le 11) décembre 1850.
Voyez le ('MitaloLTue de la c(»lU.'cli(»n di' Lellres aiitograjibes e( de
DociinuMils hisloriqiies concernant l'Histoire de la Réforme.... jiro-
Nt'iiant (bi cabinel de feu M. le comte P^mmerv. pair de France.
.M.'lz. is:i(). in-H". On lit au .\" \)H de ce CalaloLMie : «... P. Tos
samis liiisUrns \. liasih'a'j. S juin lô2'~}. A. Ciuill. Farci à Stras
l>ouni,dcu.rf)a(fes in-fol. (en latin). • — Cette lettre doit renferme
dt's détails nilV-rt'ssanls iTJalifs à rcnlrtqirise dV'vangélisalion i\n(
Toussaiii l'I /•w/v'/allaicMl tenter à Metz. Voyez le N" liO, note u.
r
ue
1525 ŒCOLAMI'ADE A GUILLAUME FAIU'.L. A STRASIUK'HC. 357
150
ŒCOLAMPADE à Guillaume Farel, à Strasbourg.
De Baie, 1er juillet (1525).
OEcolampadii et Ziiinglii Epistolœ. Éd. cil. fol. 20o a.
Sommaire. Imeli pourra vous dire que mon ministère est toujours exposé aux mêmes
épreuves. Avant la réception de votre lettre , Didier était subitement retourné dans
son pays; mais je ne puis guères espérer qu'il ait le dessein d'y annoncer l'Evangile.
Le chef des tribus m'a paru peu satisfait de la demande que vous lui adressiez; je
tenterai néanmoins de nouvelles démarches , pour que notre Sénat vous rende enfin
justice. Prenez connaissance de mon travail sur V Euchanstie et dites-m'en votre
avis. J'ai fait expédier [à Strasbourg] votre bagage.
Joanne.'? (Ecolampadius Gulielmo Farello, fratri suo in Chrislo
dilecto.
Gratia et pax à Cliristo ! Frater charissime, si bene agis, bene-
dictus sit Dominus in secuia ! Ego sanè in statu sum non multo
quietiore, sed et nonnihil inquietiore quàm quum adesses. qiiando-
quidem nulla dies prœterit, qiiin miilta audiam alicunde qiuD au-
dire non juvat ; sed illis neque curis. neque anxielate raea, occur-
rere possum. Benedictus autem Deus in omni tempore, qui scit
mensurara (lagellorum quibus erudiendi sint fdii! Occidit et vi\i-
ficat, inimitlit cornua quai nos ventilent et humilient, ita ut caput
erigere nequeaums: sed mittit et fabros qui illa deterreant, facil
enini cuni tentatione proventum.
Imelius^ pleraque narrare poterit, quàm parum adhuc fruc-
tificemus; et nilllominus valde sumus invisi sacerdotibus Baal et
illorum adoratoribus. Desiderius perendie quàm acceperam litevas
tuas, repentino consilio ad suos festinavit- : quo animo. conjectare
non possum. Ignoravi abitionem ejus. alioiiuin magis anxié Evan-
' Voyez le N" 139, note 1. Il paraît que Jacoh Himeli devait se rendre
à Strasbourg, où Farel séjournait depuis environ trois mois.
2 Voyez leN" 140, note 7.
3o8 (;. FAREL AU SÉNAT ET AUX mTOVENS DE LA VILLE DE BALE. 1 525
geliiim illi (:(»iiinien(lassem; timeo quôd non abieril evangelizatum.
Utinaiii suliilù inipial illuni ^pii'itiis Domini!
Trilnino' semel loqauliis siini, ante(|iiam tuas lileras accepi, sed
iiiliil rospondit. neque vaUle gratie in tantis lumultibiis* erant li-
lercC. itcium tamen tcntaho, idque variis viis, si qua tandem justi-
ciœ sppu. Foi'lassis tibi ociiim erit legendi qiue intérim de Eu-
rlinristiii congessi^ ; judiciiim tuiim non postposuerim uUi. Cape
igilur ejiis gustum ali(iueni, et signilicato. Bene probatur seculuni
nostrum, ut delegantur impioruni fraudes qui se professuros Chris-
tum receperant, et retrocedunt. De duce nostro" nihil prorsus
audio. 17/.S cum reculis tuis tibi advectum iri jussi, si fortasse qui-
liusdani opus habeas. Sabita frntres nostros in Domino, et vale.
Prima .liUii. liasileie (lo!2o)^
151
GUILLAUME FAREL au Sénat et aux Citoyens de la ville
de Baie.
De Strasbourg, 6 juillet 1525.
Inédite. Aulograplie. Arcliives d'Étal deBàle *.
Sommaire. Attiré de l'extiéinité de la France par la reput^ition de science et de S;i-
gesse dont jouit votre république, j'ai pu, grâce à votre équité, soutenir à Jîdie um
dinpvle sur la religion. Désireux de reconnaître celle faveur, j'ai donné à la jeu-
' Lo TribituKs plchis on < magister Zimftorum > était alors Lucas
Zieykr. C'est par erreur que nous l'avons cité p. 250, note 5, au lieu de
son collègue Jacob Mei/er, qui fut en charge depuis le 24 juin 1524 jus-
qu'au 24 juin 1525.
* .Mlusion au soulèvement des paysans bàlois, qui avait failli amener une
guerre civile CV'oyoz J. de Mullcr, X, 287. — J. J. Ilorzog, op. cit. 1G5\
* C'étiiit la première rédaction de l'ouvrage que le réformateur bàlois
publia à Strasbourg, au mois de septembre suivant (V. le N" 154, n. 8).
* Le duc Ulric de Wtn-temberg.
' Le millésime est écrit de la main de Farel sur rexemplaire déjà cité.
Celte précieuse lettre nous a été communiquée par le respectable archiviste <Jt
Bàle. .M. Krng.
1 525 C. FAREL AU SK\ \T r:T AUX CITOVRNS DE l,A VIUI.E DE BALE, 359
nesse un cours piMic ([ne j'iii dû interrompre, puur ne pas irriter davantage les
ennemis de la Parole de Dieu et de votre État. Bientôt après , sur l'instante prière
de quelques hommes pieux, j'ai consenti à prêcher pour les Français, dans l'un de
vos temples et avec votre permission. J'ai annoncé Christ seul Sauveur, et l'esprit
de paix qui m'animait ne sera mis en doute par personne.
Mais cette modération, cet amour sincère pour votre ville, ne m'ont nullement
servi de sauvegarde. Le samedi matin, veille du jour où je devais prêcher mon qua-
trième sermon, un huissier m'invite à le suivre à l'Hôtel-de-Ville. J'accours; un
membre du Conseil m'aborde et engage avec moi un dialogue en latin : « JVous
voyons maintenant, dit-il, ce qU'est votre Évangile! » A toutes mes protestations il
réplique par ces mots : « Mes seigneurs ordonnent que vous sortiez de Bâle au-
jourd'hui. <> J'obéis avec le plus vif empressement; mais â peine étais-je hors de la
ville que je me demandai comment un Sénat renommé par sa justice avait pu me
condamner sans m'entendre.
J'ai fini par croire qu'une décision aussi incompréhensible n'était pas votre ou-
vrage, mais celui d'un ou deux intrigants, et, dans l'intérêt même de votre ville, j'ai
demandé par écrit au grand-maître de vos tribus que les circonstances de mon ex-
pulsion fussent enfin examinées, m'oflrant, si j'étais trouvé coupable, à subir quelque
châtiment que ce fût. Cette démarche étant restée sans succès, je m'adresse aujour-
d'hui au Conseil tout entier, en vous priant de m'octroyer une justice que vous n'avez
jamais déniée â personne.
Commendanfiir etmeritô florentissimsi G ennnnorum respublicae,
cum à miiltis, tiim ab una potissimum aiquitate et justitia. (iiiam
supi'a omnes coliint et observant, et in primis clarissima Helvetio-
rum gens, in qiia Basilienses consilio, prudentia ac œqiiitate apud
exteros clariores prœdicantur, ut cœtera taceam, literas scilicet
puriores et pietatem. Quihus ipse é penitissima Gallia illectus fui\
ut imam supra omnes prœdicatam inviserem BasHenm, ut iionuiiiil
inde reportarem cum eruditionis tum pietatis.
Quod ut facilius adsequerer. cum peritioribus conferre de non-
nuUis volui, et, quô plenius meo satistieret ardori, puhlicam optavi
cum omnibus collatiouem, super iis in quibus cardo vertitur eorum
de quibus nunc controversia est-. Quam cum nonnulli ex Univer-
sitate, quorum munus erat miiii adesse et ad id invitare, ac epis-
copah's, qui primi manus porrigere debebant, probiberent, vester
quàm consultissimus Senatus, ulrisque auditis, mibi copiam fecit
conferendi cum omnibus piibHce. posilo modo iis qui mibi non
satis in re bac erant œqui^ Sic(|ue licuit in freqiienti.«^simo claris-
^ C'est-à-dire que Farel dut prendre la résolution de se rendre à Bùle
pendant son séjour en Guyenne (V. le N° 105, note 8).
2 _ 3 yoye2 les N" 91 et 92.
300 IJ. FAREL AU -SÉNAT ET AUX CITOYENS DE LA VILLE DE BALE. 1 o2o
simorum et erudilissimorum cœtu audire et nosse quid unusquisque
sentii'et: caulum eniui erat per mandatuiii veslrum tequissirauni,
ne cui fi-audi esset libéra mecum collation
Et, HP ipiiP infjmtm urhi vestrœ essem, sed ut pro viril »us adni-
terer aliiiuam referre giatiam, quod potui prœstUL prœler/ens ju-
rentuti, secundùm graliam niilii à Deo dalam, quœ adpietntcm face-
reiil f.'l ri'ipahUcœ pncem et tnmquilitatem, idque ex Paulo, notans
eos qui à Deo dellciiint et magistratibussunt injurii. quique omnia
in republica Cbristianoiiim inveiterunt. Quaî res mibi invidiam
:m\ii apud eos qui vestram et civilatem et i-enipiiblicam eversam
rupiiint. id satagentes, m ablato Dornini Verbo in diiram irahant
< a|iti\itatem '- : quod ipse senliens à lectionibus cessari, quamvis ro-
garent miilli non parum pii et docti,quibus non facile est pio vire
quir(|uam denegare'".
Verùm invidiam declinare volentem non passi sunt qui Evange-
liuw tniKint, tnceve. (tiligentes me ut aliquid, pro Cbristi gloria,
Gallos qui restrani incolunt civitatem docerem juxta Vevhum Dei :
quod œgrè (secundùm carnem dico) cœpi\ nec tamen prius sug-
gestum nscendi, quàm consulti essent super re bac nonnuUi ex
priuiioribus [1. primoribus] vestri clarissimi Senatus, ac designato
loco per eum cui templuni à vobis creditum est\ Docui tandem, sed
tanlà modestià quantam nemo sperasset, purissime et placidissime
trislil)us animis Cbiistum depingens, servatorem, advocalum et
mediatoivm nostrum apud Patrem. — id quod nemo inlicias ire
potest.
Al nibil ba!C mibi profait modestià, nibilsyncerus erga civitatem
vesti-am auiinus. Jani instabnt dies dominicus quo quavtam concio-
nrni rrnin linhifurus". Ecce Siibbuto\ocor âô boram pcne decimam
* Voyez le X" 95.
' On ne comiait pas le sujet précis du cours de Fard, mais ce qu'il dit
du caractère de son enseignement montre assez qu'il dut être principale-
ment dirigé contre les abus de l'église romaine.
'' C'est au niniiient d(> la cessation de son cours public que Farci nous
semble avoir formé le dessein do se rendre à Strasbourg et à Wittembcrg
(V. les N«' 100 et 101, et plus loin la note 9).
' Voyez le N" 107, note 4.
" Farel a donc été dans l'ordre des temps le premier prédicateur de
l'église française de Hâlp. Il nous parait assez vraisemblable qu'il prêcha
dans le temple de Sl.-Mmiin, dont le curé, Antoine Zaucker, avait pour
vicaires (Kcolampadt et lioniface Wolf hard.
» D'après une opinion généralement adoptée et qui repose sur les deux
1525 G. FAREL AU SÉNAT ET AUX CITOYENS DE LA Ml.l.l. DE BALE. 'MW
l»er nuncium piiljlicum. Adcurro. benè conscia conscientia, advolo
pniîloriiim '% ila iil vix nie conseiiui pusset antecedenloni nuncius.
Islic pro foribus expeclaliiiii salis. Tandem niinisler viryaliis me
vocal, seqnor vocanlem. ipii. cum [nec] à me iiitelli^^i, jiec me in-
lelligere possel. in lini)Ociutsl(iiii aiiytilaie piaMurii abducil". illic
adfuil qui me adnileliatui' latine convenire, inquiens : « Nos vidc-
mus quale sii liocEcnuijelium vestrum '-.' — Ipse sciens qiiid vellet,
iiimirum, Evangelium arguere sedilionum et defectionis subdiclo-
rum [l. subditorum] à dominis. qiiod menliuntur nonnulli, quos
gravis ultio Dei manet, — « Non est, respondi, tah' ut jiutas Evan-
lottres de recommandatiou remises par Œcolampade à Farel vers lo milieu
de mai 1524, c'est à cette dernière date que le réformateur français aurait
reçu l'ordre de quitter liâlc (V. les N"' 100 et 101). Mais cette opinion nous
parait mal fondée : en effet, dans les deux lettres susdites Œcolampade
parle de la Dispute et des leçons de Farel à Bâle, mais il ne dit rien de ses
prédications, qui étaient précisément la cause de son expulsion, fait sur le-
quel il se tait également. La seconde lettre, datée du dimanclie même de
Pentecôte (15 mai 1521), auiait eu outre été écrite après que Farel avait
quitté Bâle, puisqu'il eu sortit la veille du dimanche où il devait pour la
quatrième fois monter en chaire. De plus, il résulte des lettres de Toussain
et d'Œcolampade écrites à Farel en août 1524, lorsque celui-ci commençait
son œuvre d'évaugélisation à Montbéliard, que le début de cette entreprise
avait immédiatement suivi son départ de Bâle (Voyez le N° 109, le N° 110,
notes 1 et 6, et le X" 111).
Nous croyons par conséquent que Farel en quittant Bâle vers le milieu
de mai se rendit d'abord à Constance et à Zurich (N" 101, note 5j, d'où,
ayant renoncé à sou voyage de Strasbourg et de Wittemberg, il revint à
Bâle au bout d'environ trois semaines. A son retour il aurait été sollicité
de prêcher aux Français habitant cette ville, et après trois prédications
faites dans la seconde moitié de juin, il aurait reçu l'ordre de s'éloigner
sur le champ. Son expulsion de Bâle aurait été immédiatement suivie de
son entrée dans le ministère évangélique à Montbéliard.
'° L'Hùtel-de-Ville, qui est encore aujourd'hui le siège du gouvernement.
" Cette pièce située sur la place du marché, dans l'un des angles de
l'IIôtel-de-Ville, servait sans doute d'antichambre. Elle précède immédia-
tement l'ancienne et magnifique salle du Conseil.
*'- On reconnaît dans ces paroles un écho du langage A^Érasme {\ . les
N" 123 et 126). Le fragment suivant de sa letti'e à Vives du 27 décembre
1524 (Le Clerc, 842) permet de croire que l'irritable vieillard ne fut pas
entièrement étranger à l'expulsion de Fard : « Quem dicas novum meum coi-
luctatorem, non satis intelligo, nisi forte dicis Uthoiwm Bntnsfeldiutn, quem
ipse Lutlherus magis exsecratur quâm ego. Et hoc tamen insanior est Phal-
licus. Horum insolentiam coèrcuerunt magistratus gravissimis viinis, alio-
qui impotentissimè debacchaturorum in me. »
362 (;. FAHEL AL SÉNAT ET AUX CITOYENS DE LA VILLE DE BALE. 1 525
ijeUniit : finctficum est, doiinm omnia, ahbitii non repeteus. oiiinein
jiro Chihto ferens iiijiuiam. » — « Non aliter videmus, » inquit. Ego:
. lit non itb lia qui secundiun Evangelium viciait et qui sectantur
Kningeliuiii. sed inagis ab iis qui non norunt nec unquam audierunt
Eranfjelium. ■• Tantleni ille, quem sperabam aliud dicturum, in-
(|iiit : ' Domini mei volant quàd abeatis à ciritate liodie^^. » Ciii
respoiidi: "Contra rohintatein Dominorum noliin in ciritate ma-
nere, sed rellem scire si quid in queinquain peccarim, aut quid mali
adiniseriin? Paratissiiims eniin sinn omnibus satisfacere, ciim sub-
stantia niea. tiini ineo etiam corpore, si res postularit illud mulctan-
d II III : nain si méritas snm non recuso mori ; habeo adhuc noniiuHn
qitibns satisfacere possum. si cuiquain debeam. » Ille : « Domini mei
volunt cos abire, et vos jurnbitis quôd non vindicabitis vos contra
civitatem. aut aliquem civiuin, nec civitatem difamabitis literis res-
tris. » — " Jam pridem, dixi, liœc milii juratn sunt, sicut unicuique
CJiristiano; nobis enim odium est vitiorum. non Itominum; vitiis
mali\ liominibus rerà bene rolumus. parati persequent ibas benefacerCy
quibus etiam bona imprecamur. tantiun abest ut nos alcisci paremus. »
Ille tandem à mejusjiuandiim extorsit, quod et prccstiti, ne illi of-
lendiculo essem, abunde satis adstrictus pnecepto Cliristi de dili-
gendis iniinicis. non lantùm auiicis.
Panii siimma aiiinii alacritale, et novit Dominus qiiôdnunquam
niajoii cuni gaiidio urbeni aliquam suin egressus : quod demira-
bar apiid me, cuiii lot amicos. toi fratres (piàm charissimos istuc
[1. istic] habeaiii. Al. ni veriim fatear. cum juin miliare absolrissem.
cu'pi inecuni rogitare, quid causœ esset, ut tam repente migrandum
milii fuis^et. et jiene stupor (piidam me invasit cogilantem : « Quid
lioc tam pnidens. tam injuus Scnafiis ila tecnm egit, iil prias dam-
nalus (piàm aiiditns liieris? Miruiii (piid peccaris? Car tibi id non
nairatiMii est. siqnidem (pj;e in sontes agunt jndices. ut illos emen-
denl curant, el alios à [talibus] evocent faiinoribiis? Tu qui nie-
liitr bac migralione tua fies? Non enim nosli quare tibi secce-
dendum sit. nec alii meliores tuo évadent exemple, cùm illis a'que
ignolum sit! »
m siine rogitatus adegerunt me. ut plane milti persuaderem. inscio
Si'iKilii liœr proriiiiihi iili iil/qiio iimico nosiro'* : fl. licet aliô per-
Iraberet Senatiis majestas ac urbis splendor. tpiibus meritô expal-
'" Voji'/ la note 9.
'* Vovo/ la note 12.
1 525 a. F ARKL AU SÉNAT ET AUX CITOYENS DE L\ VILLE DE KALE. 3()3
lescere quis debeal vel cogitasse alterius nomine (iiiici|uani agere,
quod inde sibi non sil demandatuni, — tanien tuiliationes quie
paulo ante fiieranl, senlenliam roborarunt, fada nimiruni buic sic,
in talibus tuibinibus, ab iino et altero tantùm, qui, iil opinor, urbi
sic consulluni [tutavit, quôd Gnlliis esseni,non intelligens (juid ego
aut dicereni aul docerem. Utcunqiie lamen obtigisset. Uetissimo
quicquid erat ferenduni aninio slatueram, siciit et pertuli in bunc
dieni. Verùm cùlens, Hoiiifacio id litio vemum ^'\ ubi Verttum ad-
nunciaret, et ex tantula oc[c]asione Satanam in miiltoruni perniciein
animorum à messe Domini curasse avocatum. — cumci, literis dn-
tis ad Trilninuiii plchis, apud vos causcun abitioiu's meœ pertracta-
tani '«. rogans ut si innocens vobis viderer, literas daretis mete in-
nocentiœ; sin minus, et nocens comprobarer, paratissimum tune
esse in omnibus resarciendis, proprii corporis etiam expositione. Si-
hil tamenUterœ fecerunt, licet peterent quod mibi jure debebatur'^
Quare. mibi meée conscius innocentiae, quam omnes pii per Ger-
maniam satis exploratam iiabent, quos non latet ba?c mea à vobis
migratio, quamvis neminem rescire curarim, mira tus suis ad me
literis rem apertius depinxisse quàm ipse possem'^ — ne vester
œquissimus Senatus ac clarissima civitas olim de me quereretur,
quôd banc clanculariam abitionem decretam non vobis apperuis-
seni. — comlUum fuit rem totam communihus nperiro literis. ne tam
facile apud vos exteri subinde possint injuria adiici, unde respublica
vestra, omnium commendatissima, apud exteros malè sit auditura,
.sed pateal omnibus, vos eos esse qui prœdicamini ab universo orbe,
justiticc amatores et sequitatis tenacissimi. constantissime unicuique
quod suum est tribuentes, (juibus nephas est vel latum unguem à
juris tramite dedexisse.
Peto igitur eam miki ministrarijustitiam qunm nuUi in hune diem
non ministrastis'^, et, sicut innocens sum, ita me innocentem ab
'^ H doit être ici question de Boniface Wolfhard, qui avait eu sans doute
à subir des tracasseries comme collègue de Farci à MontMliard , où il ne
séjourna en efifet que peu de temps (V. le X" 115, note 9).
16 — n Cette lettre, écrite "parFarel à l'occasion du rappel de Wolftianl,
a dû précéder celle dont parle Œcolampade, N° 150.
^^ Ces paroles révèlent une partie des pertes qu'a subies la correspon-
dance de Farel.
'^ Farel semble avoir attendu, pour adresser sa requête au Sénat, l'épo-
que où Adelberg Mcycr, favorable à la cause de l'Évangile, redevenait
bourgmestre en charge (Voyez le ]S'° 111, note 6). Malgré cet appui, la re-
3G4 PIERRE TOUSSAI.N A FAREL, A STRASBOURG. 1 325
iinpostura eoruin qui bonis perpetuô negocium facere student,
eripile, non milii sed Evangelio, cujus sectalores vos universi prae-
dicant, — id caventes, ne in aliis fiât quod in me iniquissime fac-
tum fuit, nulla vel unihra quidem juris observala, ne peregrinorum
ac oppressoi-uni vox. contra civitatem vestram in excelso audiatur,
sed magis ol> justitiani et a-quilatem vestram landelur Deiis in vo-
bis. qui omni benediclione cœlesti ac gratia et pace gaudentes vos
et civilatem servet per Cbristum. unicam salulem nostram, in quo
vos semper bene valere opto. Argentina.', G Julii lijSo.
Vobis deditissimus Glillielmus Farellus.
(Inscriptio :) [Clajrissimis ac œquissimis Dominis [su]is Senatui
Civibusque inclyta; civilatis Basiliensis.
Basilect.
I
152
PIERRE TOUSSAIN à B'arel, à Strasbourg.
De Biïle, (vers le 9) juillet 1525.
Inniile. Autograpbe. liibl. des pasteurs de Neuchàtel.
Sommaire. Malgré les bonnes nouvelles que vous nous donnez de Jean Eogcr, je dé-
sire que Nicolas d'Esch retourne très-prochainement à Metz, pour donner du cou-
rage â nos frères et en particulier au ciré de St.-Gurgon. Si les Episcopii [Bi-
schof ?] continuent à être si exigeants avec moi, je m'en irai à Lyon vers le cardinal
de Lorraine, qui serait peut-être moins rigoureux pour moi que niesjuget [de Metz].
Deux conieliers, dont l'un, Jean Prévost, prêchait à Meaur, nous arrivent à l'in-
stant de Lyon, avec une lettre di> Dii Bht, autorisant Vawjris el Reteh à vous
avancer de l'argent.
Très-cher frère, Noslre Seigneur vous doinl sa grâce et sa paix!
Rnitin et moy receusmes hier voz lettres, et suis joyeux des bon-
nes iKinvt'llos quo nous esrripvez mes[ine]menl de ce bon pasteur
(le Siunete-Croi r '. .Nosin' Seigneur est uiorvoilloiix à ses œuvres.
quôte du rcformatour n'eut pas de succès (V. la lettre du 25 octobre 1526, à
la fin).
' Jean Rorjrr Brennon (en latin Rogerius Brcnnonins), curé de l'église
i525 I'11:HRK TOI SSAIN A FAREL, A STRASBOURG. 36'>
et verres que les ennemys de vérité ne cesseront .jiiS((ues ad ce que
mal leur prandra efiani in hoc sœculo. Pour l'honneur de Dieu,
taichez ({ue Mons' h C/iei:((llter\ nostre bon maistre (si nos ma-
gislrum in terris habere donas), s'en retorne, le plus hrefz que
possible sera, car noz aultrcs frères sont encore merreilleusement
ilébHz et infirmes en la foy, et ont gran[de]ment besoing d'ung tel
capitainne^ Aussy le Curé de Sainct-Gorgonne* mecleroil plus
hardiment main à la besoingne, s'il veoit le dit seigneur chevallier.
Vous m'avez escript que le Cardinal est party de Lion % mais
vous ne dictez point là où il est de présent. Sy le sçavez, faictes
le me sçavoir. J'ay tousjours ouy dire qu'il n'est totallement en-
nemy de la Parrolle de Dieu. Sy je vois que voz EpiscopW me
veullent tousjours tenir le pied sur la gorge, ce sera Flionune de
m'en aller vers luy, moyennant qu'il ne soit à Lorrainne. Il aymoit
fort mu) oncle que j'aroye. Princier de Metz\ et a souvent parlé à
luy, et crois qu'il ne me seroit sy rigoreux que mes vén[éra]bles
.luges «. Vous verrez les lettres qu'escrips à Mons' le Chevallier;
mais sy vostre robbe scet [1. sçait] nostre vouloir, brûlez-la \ Et
me recommandez à tous les frères, mesment à Mons"" Capito,
Bucere, Védaste^'^, etc. Et bene vale. Basilee'^. Julii 152o.
TUUS P. TOSSA.NUS.
(P. s.) Tout maintenant sont arrivez deux frères, quondam re-
de Ste. -Croix à Metz, ancien ami et correspondant du philosophe Agrippa
(Voyez le N» 112, note 6).
- Nicolas d'Escli. Après un séjour à Metz, sa ville natale (Voyez les
N<" 139 et 140), il s'était rendu à Strasbourg.
^ A la suite de la guerre des paysans, la persécution religieuse avait
redoublé en Lorraine.
^ Didier Ahria. Voyez le N» 140, note 7, et le N° 150, note 2.
^ Jean, cardinal de Lorraine et frère du duc Antoine. Agrippa écrivait
de Lyon, le 24 juillet 1525, les lignes suivantes qu'il adressait à un ami de
Genève : « Tua conimator, uxor mea, his proximis diebus peperit nobis
tertium filium. Computer est illustris Princeps Rev. Cardinalis ex Ducibus
Lotlioringiœ. » (Agrippœ 0pp. P. II, 827.) Sur son séjour à Lyon V. le P. S.
•^ Nous ignorons s'il s'agit d'une famille Bischof, dont Toussain aiu-ait
été l'hôte. L'imprimeur Nicolas Episcojnus (Lévesque), né à Montdidier eu
Bresse (1501), ne parait s'être établi à B;Me qu'après 1525 (Voyez Erasmi
Epp. Le Clerc, 938).
' Voyez à la page 252.
** Les treize jurés de Metz (Voyez le N° 140, note 5).
^ Locution proverbiale, qui signifie : Gardez-moi le secret.
1° Voyez le N» 144, note 9.
" Le manuscrit ne porte aucune indication de jour.
W) l'IKRUE TOUSSAIN A GUILLVLMK FAREL, A STRASBOURG. 1525
iigieiix de St. François. L'iing s'apelle Joaniies Prœpositus, lequel
a esté prisonniei- ;i Paris: pra^dicabal in Eimcopatu Meldensi^-. Il
a apoui'té des lettres de Bletm^^ à Vdulgris, faisantes mention de
voz L escus '^ et dit en somme que l'on vous baille argent. Vaut/n's
m'a dit qu'il en fera debvoir auprès de son oncle '^ Vous uravez
escri[)t (jue la Court et le Cardhud de Lorrninne estoit party de
Lifon : maix les dits noz frères Tonl encor laissé illecque '". Je n'ay
loisir \()us escripre plus au loing.
(Smrvijilion :) Gulielnio F.in'llo fi'alri synceriss.
155
PIERRE TOUSSAIN à Guillaume Farel, à Strasbourg.
DeBâle, 14 juillet 1525.
Inédite. Autograpbe. Bibl. des pasteurs de Neucliàtel.
Sommaire, rendant (\\\(i Bentin est a Zurich avec Jean Prévost, le compagnon de ce
dernier se rend à Strasbourg. 11 pourra, en attendant près de vous l'arrivée de
Prévost, admonester Lambert, au nom des frères de France, et le dissuader d'entre-
prendre contre Zioingli mie polémique inopportune. Les dissentiments qui existent
entre celui-ci et Luther au sujet de l'Eucharistie sont déjà pour nous une cause de
vif chaprin. On parle des fiançailles de C'harles-Qvirit et de la duchesse d'Alençon.
Les chanoines de Bûle suscitent des tracasseries â Jacob HimeTi. Didier [Abria]
n'est pas mieux traité par ses sujiérieurs [de Metz]. Je re^irette que l'homme de
Meavr ne soit pas allé ,1 Lyrm.
Ciiariss. fr.ihT. pa\ Clirisli si! lociim! Paucis siipra diebus res-
ta t FW-ro Jean Pr/vost, conlolior ot rolijiicux de l'Ordre do St. François. >
Le 3 octol)ro 1.025 le parlcmciit de Paris donnait commission aux juges-in-
quisitcnrs « de le faire jirendre au corps, » avec Roussel et Pierre Caroli,
partout où ils pourraient être appréhendés, cfjfljjj in locosacro.» (Toussainta
Du Plcssis, 11,281.)
'" Antoine Du Blet do Lyon.
' * S'açit-il dos cinquante écus que Farel avait prêtés au chevalier Anémond
de Coct?
'■^ Cnnrnil Hr.frh , qui devait livrer de l'argent à Farel, pour compte
d'Ant. Lu Blet.
'" Voyez la note 5.
1525 f'IKIlHE TOUSSAIN A GUILLAUMK FARKI,, A STRASBOURG. 367
pondi' ad literas qiias ad me scripseras per Jommem Vmujnj.
Joannes PrœposiUts- ei Bcntinus^ profecli siml Tif/urum, prope-
diem reversiiri, (|iios non est comilatus is ({iii iilii li.is lileras red-
dldil, Piœpositf comodaUs.\ ne niniiiim disi)en(lii i)aleretnr iii ili-
nere. Hoinini consului, simul et Pelliaitiiia noster, iil aiiilK iuiu
aliquod discal, vel ei se adjnngatquod didiciM'at priiis(|ii;mi iioincii
daret Satancf.
Hune Prœposilum sequutunnu arljilrur. ubi ledieril •'. maxinic
ut quœdaui Ltimbrvto dicat. nonnne frali'um qui agunl in Frnncùi.
Zuini/liiis. ut audio, ah onuiibus diligitur*', queni si calauio impe-
tierit stoUdam iUud caput \ sibi ex amicis (si quos illic habet) red-
det inimicissimos. Proinde diligenter monendus esl, ne aliiiuid ten-
tet quod necsibi laudi, iiuani mire sitit, nec Cbrislianie reip[ublicae]
utililati esse possit. Poterit ei prœseuUum kitor^ admonere bomi-
nem, quanquam vereor ne surdo narrelis l'abulani. Multis jani
Christianis Gallis dolet, quod à Zitingl/i aliorumque de Eucliaristia
senlentià dissenliat Lutheriis, nec est opus Lambertum novas nobis
excitare tragœdias, qui si omnibus perinde notas essel atque no-
bis '■*, non laboraremus; sed ex bis salis.
Hic niliil audio quod te scire referai, nisi (}uod lieri, circa noctis
crepusculum, audiverim. convenire inter Iinpmitorcin et Fniiicum '",
ilomlmimqiie Alancouiensciu desponsatam Carolo^\ Et facile ad-
* Voyez le N" 152.
■^ Voyez le N° précédent, note 12. Prévost avait sans doute à faire une
communication à Zwiugli, de la part des frères de Lyon.
* Micliel Bentin, l'humaniste (Voy. le N" 103, note 37).
* Le Franciscain arrivé à Bâle avec Jean Prévost était le porteur de la
présente lettre.
^ (rest-à-dire, qu'à son retour de Zurich Préi'osi devait se rendre égale-
ment à Strasbourg.
•^ Voyez sur les relations amicales des évaugéliques français et de Zwingli
les N"« 103, 104 et 125.
" François Lambert d'Avignon (V. le N" 131).
^ Voyez la note 4.
^ Lambert était bien connu de Farel, depuis que ce dernier habitait
Strasbourg. Toussain, de sou côté, s'était peut-être trouvé en rapport avec
lui à Met-, l'année précédente (V. le N" 112), et il avait pu en outre le ren-
contrer et entendre parler de lui à Strasbourg, en y passant pour se rendre
à Metz avec Farel (V. le N» 149).
'" François I, qui était alors prisonnier en Espagne.
" La duchesse d'Aleuc^on était veuve depuis quelque temps. Son mari,
que l'on accusait d'être la principale cause de lu défaite de Pavie (24 fé-
vrier 1525), était mort de chagrin à Lyon le 11 avril.
368 l'IERRE TOUSSALN A GUILLAUME FAREL, A STRASBOURG. 1525
(luci possuin. ut credam rumorem non omnino vanum, quandoqui-
deni audio gallica marsupia Heketiis praeclusa ^^. Sed hœc iiiliil ad
nos. Si Eques noster^'^ istliic adhuc agit (quod nollem) saluta
liominem meo nomine, et rescribe, si qiiid liabes quod me scire
cupias; Conrufluni. CEcohunimdii famulniii, expectamus. Jacobus
Himell'* vexatur à Caiionicis adiniplentibus mensuram patruiii
ipsorum. Reliqua tibi narraliit pricsenlium lator, ((uem tibi coni-
riiendo. Vale, et Caiiitonem, Pucenun [I. Bucerum]. Vcdastum^^ et
fratres oinnes saluta meis verbis. Scriberem [tlura, sed expectantur
lilercO meée.
Quœ collefjeras de pane et vino sacrament.[an'o] Métis sunt in
<\omo EijHit(s^''\ Proverhki perœ imposueram, arbitratus tum me
venturuui ad te; quie nunc mittere[ra]. sed sunt in œdibus Bentini,
(}uem ego adegi ad sacrarum literarum leclionem; mittentur ad te
per primos. De DeHijderio^' niliil adliuc habeo, nisi quod tu mihi
significasti: hominem divexari ab Ordinariis. Doleo Meldensem U-
hiiit non ivisse Ltnjdunwn.^^. Sed quid faceres? Iterum vale,
frater charissime. Basileae xiiij* Julii DXXV.
Frater tuus Petrus Tossanus.
(Imcnptio :J Gulielmo Farello, tVatri in Cbristo cbarissimo.
Argentorali.
'^ H veut parler des pensions que le roi de France payait annuellement
aux cantons suisses, en vertu du traité de paix perpétuelle qu'il avait con-
clu avec eux à Fribourg (29 novembre 1516) et de l'alliance offensive et
défensive signée plus tard à Lucerne (,1521).
'^ Nicolas d'Esch.
'* Voyez le N° 139, note 1.
"* Voyez le N" 144, note 9.
'^ Lors de sou récent voyage à Metz, Farel avait oublié ce manuscrit
dam ja maison du chevalier.
'" Voyez le N" 140, note 7.
'■' Malgré la longue note de Farel qui accompagne le X* 168, il ne peut
être ici question do Gérard Boussel ou de Le Feirc d'Éiaples. Ce fut seu-
lement au mois d'octobre qu'ils s'enfuirent de Mcaiix pour se retirer à
8trasi)ourg (V. les N" 162 et lG5j. Le personnage dont parle Toussain
scrait-U Jean le Clerc, que Farci avait rencontré à Metz au mois de juin
(N» 162, notes 2 et 3), et qui devait y perdre la>ie le 22 juillet (N° 155) ?
Nous eu doutons. Farel ne devait pas ignorer que Jean le Clerc était banni
de France (N» lo5, note 1), et ce n'est pas à lui, par conséquent, qu'il a
pu donner le conseil « d'aller à Lyon. »
1525 ŒCOLAMI'ADE A GUILLAUME FAREL, A STRASBOURG. 36'J
154
ŒCOLAMPADE à Guillaume Farel, à Strasbourg.
De Bâle, 25 juillet 1525.
QEcoIjiiiipadii et Zuinglii Epistola>. Éd. cit. fol. 208 a.
SoMM.^iRE. Je n'ai ni conseillé ni déconseillé â Tellican d'abandonner le couvent, car
je sais par expérience combien il en cotite de rentrer dans le monde. Les den.\-
autres moines qni prêchent l'Évangile font plus de bien que beaucoup de leurs col-
lègues défroqués. Jean n'a pas été d'avis que je dusse appuyer votre lettre adressée
a?« <Se'7ia<; mais ne vous découragez point. Je félicite ?ê JiiiJ converti. Saluez Vé-
daste et les autres frères. Vous surveillerez, je n'en doute pas, l'impression de vwn
livre [mr l'Eucharistie]. Aidé de Capiton vous y ferez to>:s les changements qui vous
pai'aitront convenables. Je vais répondre à Jacques Latomus, à l'évêque de Rochester
et à Jean Eccivs.
Joannes (Ecolampadiiis Gulielmo Farello, christianissimo ac pien-
tissimo fratri.
Gratia et pax à Domino! Mi frater, quid de aliis querar, quôd
non omnia pro votis mais succédant ? Portasse id totum peccatis
meis debetur, et quôd nesciam tractare verbo singulos prout in-
firmitas eorum requirit. Igitur quos castigare non possum relinquo
Domini judicio. PeUicano neque suosi. neque dissuasi, ut exiret
monasten'umK Meo marte didici. quantum sit raonasticen relin-
quere, rectius dicerem. mundum-. Neque enim. juxta carnem,
grave est intrare monasferium, maxime si quem tfcdeat maliciap
hominum. et inveniat absque cura sua rerum omnium copian).
Exireautem,ut irridearis tanquam apostata et haereticus. et nescire
certam domum, vel commoditatem ullam. non caret agone. Igitur
non facile incito altos, sed factuia mirum in modttm probo. Qnam-
vis PeUicano succédèrent omnia féliciter, retinet tamen liomineui
' Depuis le printemps de l'année 1523. Pp?7/mn n'était pins gardien des
Franciscains de Bâle, mais il continuait à vi\Te dans leur couvent et à porter
le costume de l'Ordre. Farci, qui connaissait les convictions évangéliques de
Pellican, le blâmait vivement de cette inconséquence (V. le X° 163), et il
croyait qu'elle était due en partie à l'approbation d'ŒcoIampade,
- Œcolampaâe était entré le 23 avril 1520 dans le couvent d'^Zie/?-
miinster, près d'Augsbourg, et y avait vécu environ deux ans.
T. I. 24:
370 (JECOLAMPAUE A GUILLAUME FAREL. A STRASBOURG. 1525
nescio quid. Concionntorem autem Franciscanoruin noUem al)ire%
nam satis pure docel. Quôd si succederet illi alius, qiiem putas fu-
turiiin? Nonne lupum.. quales factio illa multo.s habet ? Idem ferme
judicium esl deAui^uatiniano*, lutniine profecto candido. Plus de-
rogant duo illi, in cuculUs, monachatui.quhm midti ulii exciicnUati,
mouasticiis tamen hypocnses vctinentcs. Commendo ecclesiam nieam
j)recibus tuis.
De Utérin tuis ad Se7i.[atumy-' non visum esl Joaiini, ut agerem
ipse. Prailerea Tri.[hunus]'^ ad aliquot dies legatus civitatis abfuil.
vix inlra duas hebdomadas rediturus. Tu intérim œquo el con-
stanti anime sis. Agis autem apud christianissimos fratres, qui
exiliunt tunm suave facient, sat scio. Gratulor Judœo Ncophito'' :
magnum est in oculis meis quôd potuit valedicere Mosi et sequi
Christum. Est enim apud nos, qui Christiani appellamur, rarissi-
nmm. Saluta mihi Veda.sUon, cujus modestiam singuli praîdicant.
Utinam ali(iuatenus illi prodesse valerem! Salvi sint et alii fratres.
Adrifjilnhis, scio, etiam me non monente, ut castif/atus prodeat li-
hellua ^ Poteris tu, cum Cupitone. mutare. addere. demere, pro tua
prudentia. Scripsit Jacobus Latomus de Confessione sécréta, cui
respondendum censeo, tametsi omnium multo ineptissime scripsit '■•.
Siepe taxât Erasmum, quem nominare non audet. Solus ego in
ore viri sum. Orabis Dominum, ut det verbum; nam, illo digne
traclalo. Hoffensem '« cum Eccio^^ et aliis monstris expugnaverimus.
Yale in Gbristo. Basileaî, Anno 152o. Julii 23.
'' Jean Luthard, natif de Lucerne, prédicateur des Cordeliers.
* Il veut sans doute parler de Tliomas Gei/erfalk, prédicateur des Au-
gustius.
' Voyez le N" 151.
" Le grand-maitre des tribus, Lucas Ziegler.
' C'est peut-être le Juif converti Antonius, meutionné par Rœlirich,
Gescbichtc dcr Reformation im Elsass. Th. I, 2G2.
•* Voyez le N" 150, note 5. Cet ouvrage fut iniiuimé à Strasl)0urg ot
publir au mois de septembre 1525, sous le titre suivant: « loannis Œcn-
lumpculii De genuina verbonan Doniini, IIoc est corpus meum, iuxta vêtus-
tissimos auOiores, e.r})ositionc liber. » L'auteur en reçut les deux premiers
exemplaires le IG septembre 'Zuinglii 0pp. VII, 409).
' L'ouvrage de Latomus fut publié à Bâle en 1525. Œcolampade y ré-
pondit par un livre intitulé: « Elleborum pro Jacobo Latomo tlieologo.»
'" Jean Fisltcr, évéque de Rochester, qui dès l'origine de la Réforme se
montra le défenseur prononcé de la tradition catholique. En 1527 il publia
un ouvrage dirigé contre Œcolampade.
' ' Jean Ecti, professeur de théologie à Ingolstadt.
^525 FRANÇOIS LAMUEHT AU SÉiNAT DE LA VILLE DE BESANCON. 371
155
FRANÇOIS LAMBERT au Sénat de la ville de Besançon.
De Strasbourg, 15 août 1525.
Fr. Lamberli Coinmenlai-ii in 3Iicheam, Naiim el Abacuc. Argen-
(oi-ali. .lo. Hervag, 1525, 8°.
(traduit du latis. extrait.*.)
Sommaire. Quatre évangélistes ont dû s'enfuir de Metz, où ils étaient persécutés.
Jean Chastellain et tout récemment Jean le Clerc y ont perdu la vie sur le bûcher.
Lambert espère que la ville de Besançon et le comté de Bourgogne ne rejetteront pas
les bénédictions de l'Evangile.
.... Il y a environ dix-lmit mois que le Seigneur m'appela à
quitter lu Saxe pour venir à Metz, afin d'y prêclier TÉvangile de
:>on royaume ^ J'exécutai ce voyage, ([ui n'était pas sans danger:
mais les satellites tlu Paiie furent animés conli-e moi d'une si grande
fureur, (ju'au bout de liuit jours je fus forcé de prendre le chemin
de Strasbourg, pour ne pas devenir, fort inutilement, leur victime-.
En elfet, il est écrit : « Si l'on vous persécute dans une ville, fuyez
dans une autre » (Mallli. X). De Strasbourg j'ai cberclié, autant que
<:ela m'a été possible, à engager par mes écrits ceux de Metz à se con-
vertir au Seigneur et à secouer rinfàme joug des Antecin-ists. Mais
tous mes etjforts ont été mis à néant par riiilluence de cette tourbe
d'abbés, de chanoines, de moines, de prêtres, qui forment Tarmée
de l'Antéchrist ^ et qui en sont venus à expulser du milieu d"eux
les prophètes de Dieu, voire même à les mettre à mort. Ils oui jeté
en prison l'un de ces propliètes, originaire de Lille en Flandre * ;
mais le peuple l'a délivi'é de force. \jn autre est venu deux fois,
qui deux fois a été contraint de partira Ils allaient en éloulfer un
' — - Voyez le N» 112, notes 4-7.
' Dans la préface de son commentaire sur Osée (fol. 3), Laml)ert dit
qu'il y avait alors à Metz près do 000 prêtres et moines.
* Jean Védiiste (V. le N° 144, note 9j.
^ Il veut peut-être parler d'un cordelier surnommé « le Bon-Disciple, »
M'i FRANÇOIS LAMBERT AU SENAT DE LA VILLE DE BESANÇON". 1 525
iiuatri^me, s'il n'eût quitté la placée Enfin, ils ont li^Tê leur saint
évêque, Jean ClmstpHain, aux dents meurtrières des cliiens de TAn-
teclirist. et ils Tout fait mourir sur le bûchera Ceux qui gouver-
nent maintenant cette ville de Metz joignent cà leur cruauté une
sorte de fureur idolâtre, et, malgré les commandements de Dieu,
ils exigent «lu'on rende un culte aux images. Indigné d'un tel
sacrilège, un très-fidèle serviteur de Christ, Jean le Clerc, natif de
Meaux", cardeur de laine, a brisé ces jours derniers kMet: la tête
de deux de ces idoles, dont Tune était à genoux devant l'autre.
Bientôt saisi, cet homme de Dieu a été condamné par ceux qui
condamnent Christ lui-même, et il a été consacré martyr par le
supplice suivant :
Le samedi 22 juillet de l'an lo2y, sur la place de Metz nommée
ChnmjKifiHelle [1. Champ-à-Seille], on a dressé un immense tas de
boiS; au milieu duquel s'élevait un poteau. C'est là qu'a été con-
duit le saint de Dieu: on Ta fait asseoir sur des chevilles fixées au
poteau; puis on l'a attaché avec des chaînes et des cordes. Alors
il a iiris la parole : « Je compatis profondément, a-t-il dit, au mal-
heur de ce peuple, si misérablement trompé par les enseignements
des faux prophètes, qu'il s'imagine que j'ai commis un péché en
brisant la tête d'une idole. ■> A quoi il ajouta plusieurs paroles
pleines de l'esprit chrétien. Queliju'un rinterrompil en disant :
« Prie ce peuple de réciter pour toi un Putev noster et un Ave
Marin. » Mais il répliqua : « Je vous prie tous de réciter pour moi
Notre Père, afin qu'il me donne la foi. » Alors les Antechrists re-
|)artirenl : - Pounpioi ne demandes-tu pas aussi un Are Maria? «
El lui de ivpondre : - Si quehju'iiu if veul réciter, qu'il le fas.se:
mais pour moi je ne le demande poiiil. iioimjik' je méprise la bien-
heureuse Vierge, mais parce que je m'en tiens au Seigneur Jésus-
Christ, (jiii est iiiori pour moi. C'est lui seul (pii est médiateur et
avocat entre Dieu et les hommes • (I Tiiii. II. et 1 Jean li).
HienlAI le bourreau s'approcha armé de tenailles brûlantes avec
lesipielles il lui arracha le nez; puis, avec les mêmes tenailles il
tordit circiilairemeul la tête du saint de Dieu, qui soutirait tout
avec le même ravissement que Laurent sur s<ui LMil et Vincent sur
qui vint (le Montl)éliard à Metz on 1.j2J, pour y prêcher l'Évangile (Olry,
op. cit. Préface de iM. Cuvier).
'■ C'est pr<il)al)l(incnt Farci ou Toiissain (V. le N" 140, note 5).
* Voyez le N» 144.
" Voyez le N» làô, note 1.
1525 ÉUASME I)i: U()liKIU)AM A LOUIS UK lîKUnUIN. 373
son clievalel. Après cela le bourreau lui arracha la main droite,
puis il finit par mettre le feu au bûcher. Alors l'invincible athlète
de Christ ht entendre au milieu des llammes, jus(|ues au moment
de rendre l'esprit, ce beau psaume principalement dirigé contre
le culte des idoles : <• Quand Israël sortit d'Egypte, etc. » Je me
propose de publier incessamment un écrit où je raconterai ce très-
glorieux martyre, et où je flétrirai le culte rendu aux idoles'-'.
Voyant donc l'inutilité de prêcher i'E\angile à de telles gens,
j'ai cru de mon devoir de me tourner vers la noble, puissante et
célèbre ville de Besançon, capitale du comté de Bourgogne, et qui,
plus qu'aucune autre, est voisine de la très-chrétienne cité de
Strasbourg. Je suis en effet Bourguignon d'origine, quoique né à
Avignon, car ma famille est iVOrgelet, où vivent encore maintenant
plusieurs Lambert. Plaise à Dieu que ma chère Bourgogne, et avant
tous autres mes ciiers Bisontim accueillent la bénédiction que Metz
a rejetée, et désertent les rangs maudits de rAntechrist, pour ne pas
devenir des apostats et des excommuniés dans le royaume de notre
Seigneur Jésus-Clu'ist. . .! Puissé-je trouver ma joie dans votre foi,
et Dieu veuille allumer son feu au milieu de vous, afin que par
votre moyen la Bourgogne premièrement, puis /(/ France entière
deviennent la proie de cet incendie ... !
156
ÉKASME DE ROTTERDAM à Louis de Berqulu.
De Bâle, 25 août 1525.
Erasmi Epistote. Le Clerc, p. 884.
-Sommaire. C'est dans une bonne intention que vous avez traduit en lrau(,:us iiuelques-
uns de mes livres, mais en lait vous attirez sur moi la haine des théologiens querel-
leurs. A mon âge on a besoin de repos. Vous agiriez prudemment en évitant de ra-
nimer votre vieUh querelle avec la Sorbonne. Nous avons perdu F' de Loyiies et
9 Nous ne saurious dire si Lambert est l'auteur de l'ouvrage intitulé
< Traité nouveau de la destruction et exécution actuelle de Jean Castellan
hérétique, » qui fut déféré à la Sorbonne, le 12 septembre 1534, comme
suspect d'hérésie. Voyez d'Argeutré, op. cit. 1. 1, Inde.\, p. viij.
:]74 ÉRASME DE ROTÏEUDA.M A LOUIS DE BEROLIN. 1S25
notre ami Pa/dlion. La guerre des paysans continue. A croire les rumeurs qu'a fait
naître le départ de la duchesse d'Alençon pour l'Espagne, nous toucl.erions à l'àfie
d'or ; mais je pressens tout autre chose.
Era.smus Roterodamus Lodovico Berquino S. D.
Arhiirorle bono animo facerequod facis, Berqiiineeniditii>simp.
sed intorini me [iliis .satis de.irravatum onerns magna inridia, libcllos
nieoH rcvteuH in linr/nani vulfjatamK et eos adTlieolo.gorum coirni-
(ionem referens: interqiios scio multos esse inteLTns et candidos.
^('{X paiH.'oriim morositas saipenumerô vincit nmltorum modestiam.
E(jiiideni. (|mim naliirA abliorream à contentionibiis. nunc ob œta-
fem ac valetudinem magis desidero quietem. in eiim diem me pa-
ran.s qui jam longius abesse non polest. Video fatales orbis tumiil-
tns: video rem Tlieologorum et bis adversanliiim in manifestam
rabiem exisse. Proindc, quamb) perspicio me nibil profecturiim.
quielus meuni ipsius negocium ago . Cbrislo commendans suam
Erclesiam. qui solus novit et potest bominum inconsulta consilia
in lionos exifus vertere. Foi-fasse tu rectius consuhieris relias tuis.
mi Berquine, ai concerlaiionem semel soiiilam non instaures^.
htiiilio noster nos reliquit ^ et ante luinc Drloinns*. Hîc agilur
sanguinaria fabula, quem exilum iiabilura nescio\ Nos bic biure-
mus iuclusi. quàm tulô Deus novit. Aibitror sororem rer/iam jam
in llisiianias profectam^ Volitant rumores. aureum seculum i)ol-
licentes. Al ego nonduui \ideo satis idonea proœmia, nec ausim
scribere quod uiilii prïesagit animus'. Nibil igilur expectabis eorum
' Voyez le N» 147, note 3.
- Voyez le N" 147, note 5.
' La rnort (VAntoim Papilion fut prématurée (N" 159). Érasme rap-
porte que le bruit public l'attribuait au poison (Lettre du 16 juin 1526).
S'il faut en croire le môme écrivain, ce moyen de réduire les «hérétiques >
avait été employé à Paris en 1521 (N" 34, note 3).
' François de Lxipics (, Voyez le N" 14, note 6).
■' Erasme écrivait de Bâle le 5 septembre suivant à Polydorc Vergile:
< Ilicagitur crudclis et cruenta fabula. Agricohc ruunt in mortevt. Quotidie
fîunt conflictus atroces intcr proceres et rusticos. adcù in propinquo, ut
tormentorum et armoruni crepitus ac propo cadentium pemifus exaudia-
mu8... Fatale malum est, mira celcritate pervagaus onines mundi plagas»
(Le Clerc, p. 888).
'• Marffurritc était partie de I^yon pour l'Espagne le 8 août, afin de tra-
vailler à la déiivranci' de son frère (Voyez Agrippaî 0pp. p. 828, et le
Journal d'un bourgeois de Paris, p. 258).
Erasme est pins explicite dans la lettre qu'il écrivait le même jour à
fynnçois Du Bois: « Mundus parturit miram rerum immutationem ; in hoc
1525 PIERRE TOUSSAl.N A GUILLAUME FAREL, A STRASBOURG. 373
de ((uilnis epistola bene longa niecuni egeras, posteaquani scena
rerum inversa est. Hune juvenem meo iere conduxi, qui mea per-
ferret. vestra hue referret. Si (piid est (juod mea referai seire,
scribe, ac bene vale, vir optime. Basilea', postridie Bartholomiei,
Anno M.D.XXV.
157
PIERRE TOUSSAIN à Guillaume Farci, à Strasbourg.
De Bâle, 4 septembre 1525.
Inédite. Autographe. Bibl. des pasteurs de Neuehàtel.
Sommaire. Nouvelle persécution en Lorraine. Le libraire Jacques et Fio-re Ouérard
ont été exilés, après avoir subi d'indignes traitements. Le curé [Didier Abria] s'est
enfui à Paris. Plusieurs autres frères ont failli être bannis pour toujours. Hésita-
tion et timidité des prédicateurs de Bdle. Ils auraient tous besoin d'être exhortés
par les pasfetirs de Strasbourg.
Cher frère, Nostre Seigneur soit tousjours aveeque vous! Je suis
marry ({ue ne suis esté advisé du départ de Vaugris ', pour vous
fère sçavoir de mes nouvelles. Je reeeu ces jours passé voz lettres.
Depuis l'on m'a avisé de la mort de ce porre homme -, siraul quo-
modo animadversum sit in Jucobum bibliopolam et Petnim GucranU
cives qui nunc exulant ^ Le Cure a esté ix nu dix jours à prison,
confinium mea scmctus pantm féliciter incidit. Quantum augurari licct, ri-
dentur omnia tendcre ad Scythicam harhariem. Ego jam cursu defessus
[Nicoîao] Beraklo, Brixio, tibi vestrique similibus trado lampada» (Le
Clerc, p. 910).
' Vaxujris s'était rendu à Francfort pour la foiro de Septembre.
- Allusion à la mort de Wolfcjami Schnch. prédicateur à St.-PIippolyte,
martyrisé à Nancy le 19 août 1525 (V. Crespin, op. cit. fol. 88b-91a).
'' Le libraire et imprimeur de Metz connu sous le nom de Maître Jac-
ques avait été impliqué dans le procès de Jean le Clerc (V. N" 155).
« Ayant été attacbé au carcan de la chuppe, c'est-à-dire d'une fosse bour-
beuse où l'on faisoit quelquefois barbottcr les criminels, il eut les deux
oreilles arrachées, et puis il fut banny de la ville pour jamais. > (Meurisse.
Naissance et décadence de l'Hérésie à Metz. Metz, 1642, in-4°, page 14.
Voyez aussi le N" 130, note 8.) Nous n'avons pas de renseignements sur
:J7ti l'IEKKt TULSS.Vl.N A GUILLAUME FAREL, A STRASBOURG. I 525
et est de présent à Paris*. Il ne m'a jamais escripl. dont me donne
^ranMlejment merveille, et ne scé par quelz moyens il a escliappé.
Le messager ne nrapourla que une létres d'ung quidam, qu'il
avoil coussu dedans son pourpoint, et est chose espoventable oyr
raconter les yrant crunultés qui se font il(ecque'\ Nostre Seigneur y
envoyé sa grâce! Je vous promés que en suis merveilleusement
despiaisani: mais ainsy est la volonté de nostre père cœlestiel.
L'on taiche fort de fère quelque desplaisir à vostre compère^, et ne
me oza escripre par le dit messager, lequel m'a dit que Ton fait
encore diligence (jue [je] soye bannis à tousjours, mais liât volon-
lasDomini! Ceulx qui nous conduyrent'' sont estez endeugerd'estre
himnis, et n'y a personne qui me ose escripre.
Cum equitabam in arundine longua, memini siepe audisse me
à maire, venturum Anticbrislum cum potentia magna perditurum-
<jue eos (pii essent ad Heliie prtedicationem conversi. Beati (jui
vident et intelligunt! Et levemus intérim capita nostra ad Doini-
imm. qui veniet et non tardabit, et nous délivrera de ce misérable
monde. Je vous promés que me treuve auclmnes fois en grande
angoisse et tribulalion, ad cause du trayen [l. train] que je vois au
monde, et mes[me]ment en ce lieu, ulji omnes frigent. alii timen-
tes Crucem. alii veiitri consulentes polius quàm Evangelio. Quid
facit (Jiii)ilo et Bucerus? (Juare non identidem literis excitant dor-
mientein (JEcohuiipitdiuni. et alios curi'entes sed non missos à Do-
mino adjjorlantur ad Clirisliani concionaloris ofticium?
Tu limita soles scribere de cuculo Pellicuni. Hoc polius esset
scribendiim. ne videlicet raissaret. Convenio siepe bominem. quod
lileris Hcbi-aicis me reddiderim (sic), et fuit milii magna contro-
versia cum liomine, quod ferre non posset me parum reverenter
loqiii demissa: et dicit non omnino esse malam, si (juis mulet ca-
nonenP. Vide ((uid non conetur Satban et quanta- molls sit ex
l^icrre Guérard, autre citoyen de Metz. Il subit sans doute le même sort
que le liitrairo.
* Le curé de St.-Gorgou, iJidier Abria. Voyez le N" 140, note 7, et
la page 357 au bas. Tou^ain le retrouvai Paris l'auuée suivante (Voyez sa
lettre du 9 décembre 1526).
•' C'est-à-dire en Lorrairie.
" Ce compère de Karcl était peut-être le capitaine Henri Frank, dont
parle Mourisse, op. cit. (Voyez Uayle. Dict. hist. t. II, art. Farel.)
' Vc.yez leN» 140, note 5.
On appelle canon de la messe l'ensemble des prières qui précèdent
et qui suivent dans le rite catholique la consécration de l'eucharistie.
lo2o l'IClUU: TOLSSMN A GL'iLLAUMF. FAUKL. A SIUASBOUUG. 377
iiionacliu reddere Cliristianuiii. Et sic, nescio (iiiu falso prui-
textu. ipse el sui ordiiiis clamator ille^ venerabililer missant.
sed taiitum semel iii liebduinada. Hîc esset flendiiin. mi Farelle.
OEcohmipdiliKs aliqiiaiidu loqiiilur nescio quid cuiiti'a inissani'».
Wolfyaiujus'' clamai iilic esse corpus Ciirisli. Pcllicnnus el alius
inoiiachus missant. Sic, cum de missa consuUatui' in Senatu, quid
jmset discevni rel conclndi in eo negotio^-? El non miiuni est si
tam parvum liîc progressum facial Evangelium : qiiod malum pro-
feclô solis concionaloi'ibus debemus referre acceplum, lamelsi
quiedam alia vel scribant ad vos, vel prailexanl. Magiui res estEjji'i-
copum agere, et ad id muneris paucos lue video idoneos. Et le per
Cln-islum hortor, ut eflicias apud veslros ul diligenter scribant his
qui iiîc agunl'^ sed caute, ne resciscant id à me profeclum, quando-
quidem nihil alitid lue ago quàm liœc illis exprobrare iamiam.
Marcus meii'i^* milii dixit, audisse se in publico. Zuinglium.
Leonem^^ el Gnsparem^^ captos : quod credo esse mendacium.
Nescio ne potei'is meas iiteras légère : sed cogor festinanter scri-
bere. quia navis abil. Tu boni consules, et salula Capitoiiem,
Buterum, Prœpositum, Vedastum et alios meis verbis. Basileui, 4Sep-
tembris 1525.
P. TOSSANL'S.
(Inscriptio :) Gulielmo Farello, fralri charissimo, in a'di!)us Ga-
pitonis, Argeutince.
" Voyez le N» 154, uote 3.
^° A cette époque Œcolampade célébrait encore la messe de loin eu loin
avec toutes les cérémonies catholiques ; mais il recommandait toujours à ses
auditeui-s de prendre la communion, au lieu de se contenter d'écouter la
liturgie.
" Voyez le N« 140, note 8.
'- Quelques mois auparavant le Sénat de Bâle avait consulté Éiasme sur
les nouvelles doctrines ; mais n'ayant obtenu de lui qu'une réponse évasive,
il avait annoncé, le 22 avril 1525, que l'on tiendrait à Bâle une dispute de
religion. Ce projet dut être différé par suite de l'inquiétude que la guerre
des paysans et l'insm-rection des Bâlois de la campagne avaient jetée dans
les esprits. (V, Herzog. Vie d'Œcolampade, p. 163-1G5.)
*^ C'est-à-dire aux réformateurs bâlois, trop lents au gré de l'impatient
Lorrain. Voyez le N» 160: «De Blonachis tioftris gratum fuit quod scrip-
sistis...»
** Voyez le N° 140, note 9.
'5 Voyez le N"» 125, note 10.
'^ Gaspar G-rossmam (en htin 3Icgander), pasteur à Zurich.
;;7H l-A SORDONNK AU PAIU.EME.NT DE PARIS. i525
158
LA SORBONNE au Parlement de Paris.
De Paris, 7 septembre 1525.
Copie conlemporaine. Bibl. Inip. manuscrits latins, n" 3:î81 B.
D'Argeniré, op. cit. II, 26-30.
(traduit du latix.)
Sommaire. La 8orboiine adresse au Parlement le catalogue des propositions de Carou
qu'elle a censurées, et dont elle estime qu'il doit faire une abjuration publique.
11 y a peu de .jours, irès-équilables Juges, que vous nous avez
demandé notre préavis doctrinal et notre jugement sur quelques
noiireiiux dofpiies pvèchh publ/i/iieiiiPHt du haut de la chaire par notre
MiHre Pierre Cnroli. et dont on disait ipfils avaient été pour les
.luditeurs l'occasion d'un grand .scandale, et qu'ils renfermaient
contre la foi catlioliipie de violentes atlafiues'. Lui-même avait dû
comparaître à ce sujet devant vous et répondre sur chacun des
articles de son interrogatoire. Notre Faculté a reçu dernièrement
|iai- l'entremise de son Syndic le texte de ces nouveaux dogmes
pour avoir à les examiner". Désireuse de répondre à la demande
(|ue vous lui avez adressée, elle a tenu plusieurs réunions de ses
Maiti-es. afin que ceux-ci pussent, selon l'exigence du cas, les sou-
mettre par de miires délibérations à une scrujiuleuse censure.
' Voyez le N» 124, note 6.
^ Pendant plusieurs mois la Sorbonnc avait usé de ménagements envers
Coroli. Elle s'était contentée do l'inviter ù ne plus prêcher ;V. le N" 124,
note 6), invitation que l'Ofticial de Paris lui renouvela, le 24 janvier 1525,
sous peine d'excommunication. Muni d'une lettre du roi, Caroli en appela
comme d'abus, et, le 28 janvier, il fit intimer la Sorbonne pour le 20 mai
suivant. En revanche, la Sorbonne lui ordonna formellement (13 février)
d'interrompre les leçons de théologie qu'il donnait dans le collège de Cam-
bray à Paris; puis, s'autorisant de ce que l'Ofticial s'abstenait de procéder
au sujet des prédications incriminées, elle adressa au Parlement une re-
quête, qui eut les résultats suivants: l'Official fut invite h remettre les pièces
du procès aux deux juges-commissaires qui avaient interrogé Caroli en
septembre 1524, et la Eaculté, nantie par eux, put enfin examiner toute
l'affairo et prononcer, le 7 septembre 1525, les censures qu'elle envoya au
Parlement avec la présente lettre.
1525 LA sonnowE ai- i'aulkmi'Nt dk paius. 370
Après donc les avoir sojcnieusement examinés et pesés à une
juste balance, noli-e Faculté a pensé que les diverses propositions
dont il s'atiit méritaient chacune Texpression d'un blâme particu-
lier. Elle pense en outre que leui- auteur doit être contraint à en
faire une nbjumtioii inibUiiue dans tous les lieux où il les a ouverte-
ment précliées^
(Voici quelques-unes des princqyaUs opinions de Caroli censurées par la
Sorbonne :)
« Lu Saincte Escripture est niieulx entendue à présent qu'elle n'a
esté le temps passé, et au temps passé n'a esté bien interprétée. —
Je dys que ung chacun. Doctem- ou non Docteur, Bacchelier ou
non Bacchelier, peult presclier et administrer la Saincte Escripture.
Us disent eulx-mesmes : Je suis Monsieur nostre Maistre: je suis
Monsieur le grant Bacchelier. Mais une povre saincte femme
pourra entendre la Saincte Escripture plus parfaictement qu'ils ne
font *.
« Gardez tous les commandemens de la Loy, aymez Dieu de
tout vostre cœur et vostre prochain: bref, accomplissez tous les
commandemens de Dieu; encores u'avez-voas point la grâce de
Dieu. Et que faut-il donc? Il faut croijre. « Virtus enim Dei est in
salutem omni credenti. •> 11 n'y dit pas : à celluy qui jeûnera le
Caresme, mais à celuy qui croyra. Et brief, Dieu ne regarde point
les œuvres et mérites des hommes pour bailler sa grâce, mais seule-
ment regarde sa bonté, qui est intlnie. — 11 y a une foy qui se ap-
pelle historicque, comme de croyre que le Fils de Dieu a jirins
humanité, qu'il a esté crucifié, ressuscité, et monté au ciel : et ainsi
de tous les aultres mystères de la Bible. Geste foy ne vivifie point,
ne justifie l'homme. 11 > a une autre foy, qui est de croyre les
choses de la Bilile en se confiant es promesses que Dieu a promis,
et c'est ce que veult dii-e Sainct-Paoul. Justus meus ex fîde vivit.
c'est-à-dire que cestuy-là qui croit en Dieu avec une confiance et
une espérance, est vivifié. La première foy n'est point suffisante \
5 Caroli ne se soumit pas à cette seconde abjuration (V. le X" 152, n. 12).
■* Censure de la Sorbonne: « Hfe... propositiones è sentina Vahlensiian,
Boëmorum et Lntheranorum émanant , ordinem hierarchicum seditiosè
pervertunt ... simplices viros ac mulieres ad contemptum prîedicationum et
superbam pra^sumptionom pernitiosè inducunt. r
■■• Censure: « Pra?fata distinctio insolita est apud Doctores Catholicos,
et à Luthcri et Mekmthonis perfidià desumitur. »
380 GL'ILLAUMK FaUKI, A ULUIG ZW1N(JLI. A ZLRfCH. 15:25
« (Jiiicuntjue lieu soubs le ciel, qui est le vray tabernacle de Dieu,
est plus propre et convenable pour prier Dieu et pour luy faire
sacrifice, imù pour consacrer, que les [temples] faicts par les
iiKiim (les hommes ; ... la bénédiction et aspersion de renti benoiste
ji\v faict liens «. — Pour les chawlelles et cierges allumez enlour les
autels, oblations et sacrifices qu'on faict en l'Église, l'honneur de
Dieu n'est point augmenté. — Il n'est pas possijjle de parvenir à
la congnoissance de Dieu par les créatures faictes par les mains des
bonnnes ... Il n'y a riens qui plus nous eslongne et sépare de la
congnoissance de Dieu que les images . . . C'est toul ung, idole el
image.
159
GUILLAUME FAREL à Lli'ic Zvvui-ii, ù Zuricli.
De Sti-asbourg, 12 septembre 1525.
.\ulogr. Archives d'Étal de Zurich. Zuinglii 0pp. éd. cil. VII. 40'i.
Sommaire. Rejoui.ssons-nous des tribulatioius : elles nous révèlent la mesure de uo^
forces et la bonté de Dieu, elles nous excitent à k vigilince. Quel enseiguemeni
pour nous que ces chutes où sont entraînes les hommes qui veulent servir en méui-j
temps Dieu et le monde ! Nous voyons combien il est difiicile d'abandonner une er-
reur, quand on tient à se faire un nom ou à ne rien perdre de son crédit ! Exhorte-;
les iMisteurs i vivre dans l'humilité, à dépendre de Dieu seul. Je vous félicite de votre
constance toute ciirétienne. La nuit même où votre maison était assaillie, Védast,
était l'objet d'une tentative de meurtre. Je voudrais qu'il vous fût possible de placer
cet honorable frère â Ncueluitel, comme prédicateur ou maître d'ecoIe. Ce serait un
moyen de contribuer si l'évangélisation de la France. Les impies s'y réjouissent dr
la morl pYKVMtwéc de Papillon. Je vous recommande, ainsi qu'à tous vos collègues,
le jeune Pierre, neveu A'Anloiw Du Blet, qui étudie chez Ceporiwu. Capiton, Bwt.
et Vedoifc vous saluent. Nous ne vivons pas ,.>n très-bon accord avec le présomptueux
François [Lambert].
Gratia el pax à Deo Paire Nostro !
Si iiiKpiani .•^ese oblulil lietilia' et gaudii ratio propler persecu-
liones, .'jecliones. el licla in pios mendacia ob Chrislum. mine
•^ Cotte propo ation et les suivantes étaient e.Ktraites d'un sermon prëchA
par (riroli le 9 octobre l.')24, dans l'église de St.-Gervais.
lo2o GUILLAUME FAREL A II.IUC ZWI.\(.L1, A ZUBICII. 381
(juam maxime. Nain (inul. (Iiul-so. inlentaluin relin(|iinnl impii?
Scire velim vel unani limulaiii superesse. quà pios aggredi possinl.
quam non sinl perscnitati. Verum, si Iléus j)ro nobis. quis contra
nos? Gratulor (ibi hanc tuœ fidci \iroh(itionfim, et persererantem iii
te CItristum, per f/uem staa, in (jno iclernum iierdures. graliam
agnoscens, quanta in te sit. ac (uas vires Christo et divina; gratine,
quod suum est, tribuas. tuisque viribus quod oportel, ut sit Deus
Deus, et bonio bomo. Ea suiit tempora, ut ah amicis sit quàm ma-
xime timendum. Per ininiicos pius nun(|uam dejicietur ((|uicqui(l
sa'vi nioliuntur bostes nobis in bonum cedit), nec contumeliis sn-
perbil. nec intenta sibi morte se fidif. Suspirare ad Patrem docent
persecutores, undemira Dei et bonitas et clenientia in lilios agnos-
citur. qui cum preciosum ilhim gestent tliesaurum in vasis tictili-
hus, pressuris acbgunlur, ne temere perdant : quas qui fugiunt no-
lentes Cbristi cruceni ferre, quid nialnm ciecitafis et in]]»ietatis
non incuirerunt?
Yidemus. quam fœdè non pnuci a Christo ad Antichristum defe-
cerimt. dum ventri magis et quieti student, (|uam glorite Dei. Prius
boiTenda ob oculos erant. quœ et nunc sunt divinœ ultionis irai
exempta, de quibus an resipiscenlite aliqua sit spes. nescio: vide-
mus, quid sit reritatem dissiniulare. Deo et liominibnsunà inservire
relie, in quot protrudat fwdissimos lapsus; quid deni([ue non susci-
piat defend[end]um. (juàm diftk'ile errorem aut falealuraut agnos-
cat nominis parandi amor, aut retinendœ autlioritatis studium '. Sun!
quos nemo non pufasset ipsissimum spiritum. qui tamen toti in
carnem abierunt.secum non paucos pertrahentes in perniciem; cpii
utinam cà se abducissent [I. abduxissentj popubimin Verbum Dei,
non tain multos perire videremus. Quod cum te non fugiat, fra-
tres admone non e[f]fern,&e(\ cum timoré Verbum minislrare, repu-
tareque apud se quid abis obtigerit, utommcura rideant ne cadant,
quod non dubitote etfacereetfacturum.sicquod [1. ut] nihilhomi-
nibus tribuatur. (juantumcunque piis et doctis, sed soli Deo onmia.
Vides enim quantum obsil pietati buniana' extimatio [1. existimalioj
larvie. quàm difficile plurimi pei' banc ab errore avocari possint.
Contigit eo die. nec mnltiim jiuto lioram diversam (nox enim
erat. (juo tibi amici bona inlentarunt)-. et Vedasto bracliium spi-
* Il y a dans ce passage des allusions à Érasme et aux docteurs qui sou-
tenaient la doctrine de Luther sur l'Eucharistie.
- Le lundi 28 août, entre neuf et dix heures du soir, toutes les fenêtres
de la maison de ZwingU avaient été brisées à coups de pierre par deux
;{8i UUILLALMK FARliL A ULRIC ZWI.NGLI. A ZURICH. io25
euh), ({uod allahardain vocant, transfoili^? //mwc, quem pietas et
aiiiiiii militas aliu3i|iie (•lirisliaiiiti dotes conimenilant. oiitariin in
Sovoburgo * roncionutoreni, si lieri posset. nut dlùis puerorum mo-
(lerutonnit itfjcre. lu qiia re spero. te noiiniiiil posse, ciim prœ-
fectuin dicaiit piuiii esse^ Adnitere, quuîso. pro \iribus, ut hnc vin
miwrœ Galliœ uliiiuid suboriatur Uicis! Non est quod dubites de
viro : nain niliil in eo desiiJeres, quod ad id niuneris facial, (juan-
Uun liuic l'erunt lempora. Si certior tieri vis, nenio liic episcoporuni
est, qui illi piuni non fei'at lestimoniuni. Audisti. ni falior, de im-
iimtitro Painlionis trnmitu •=. super quo gestiunt iiufiii. Chrislo sil
gratiarum actio, qui suie pietatis nos intueatur oculis. Ti/ninnidein
non ptirrnm iipad Gallon suspicor, quod fnitrcs mayis sint midi,
tjuuiu pinces.
Cdumiendatuni habebis et tecuiu Mi/conius' , Petrum. Bleti" ne-
potein, iiuem gaudeo apud Ceporinuin '■> agere. Fax.il Deus, ut dig-
bourgeois de Zurich. Cette aggression fut accompagnée de malédictions et
d'injures. (Voyez la lettre d'un témoin oculaire. Zuinglii 0pp. VII, 411.)
^ Nous n'avons pas d'autres détails sur ce guet-apens.
* NeucMtel, chef-lieu du comté de ce nom. A l'époque où les Suisses
luttaient contre les Français eu Italie, le comté de Neucluïtel appai-tenait à
JMuui d'Orléans, duc de Loiigueville. le prince servait diuis l'armée fran-
çaise, bien qu'il fût l'allié et le combourgeois des cantons de Berne, de
Soleure, de Fribourg et de Lucorne. Pour prendre des gages contre
lui, les Suisses s'emparèient eu 1512 du comté de Neuchâtel; ils le
tirent gouverner par un bailli qu'il.s remplavaient tous les deu.\ ans. Grâce
à leur soilititiide, la ville de Neuchâtel, euniplétement négligée par ses con-
ducteurs spirituels, eut enfin, dès l'an 1522, î<h pi'»^'dicateur. (Voyez les
Mém. sur le comté de Neuchâtel par le chancelier de Montmollin, 1. 1, p. 53.
— J. .1. Iluttingcr. Ilelvetische Kirchen-Geschichte, Th. III, 76.)
* Le bailli qui gouverna le comté de Neuchâtel, de 1524 à 1526, était
Jkrnluird ,'îchù^ser de (ilaris. (Leu. Schweizerisch. Lexicou.)
^ Antome Papihoii. \. le N" 156, note 3, et la lettre d'Érasme à Fran-
çois I du 16 juin 1526.
' Voyez le N" 141.
** Ce neveu d'Antoine Du Blet était peut-être riiric Verrier, qui dut
arriver de Lyon à Bâle eu décembre 1524 (V. le N° 130, u. 2).
■•• Jacob Wicsendanger (grécisé en Ceporinm) né (1 499) à Dyuhard, vil-
lage du caiiK.n de Zurich. Il avait di.\-huit ans quand il apprit à lire, mais
après avoir étudii- pendant quelques années à Wintertliour et dans les uni-
versités allemandes, il accpiit une connaissance si remarquable du grec et
de l'hébreu, que le Conseil de Zurich lui confia l'enseignement de ces deux
langiK's. Ce jeune savant qu'on appréciait à Bàle comme correcteur, a donné
de bonnes éditions <lc (pielques auteurs grecs. Il mourut à Zurich le 20 dé-
cembre 1525. (^.Mei>,t.r. il.ruhmte Ziiricber, 1 Th. 174.)
1525 l'li;ilHK TOUSSAIN \ FMVKI., \ STRASBOURG. 383
num pi-cuceptore tali pricstet discipuluin! Gnilia Dei lecum. Salu-
tem (licilo Myconio, Leoni et Gmpuvi. Saliilaiit le OipUo liospes
iioster, el Bucerus,^c Vedastus liospes etiamCapiloiiis. Cum Fran-
cisco '" lion per omnia conveiiit. l^icnia forte meliores faciet, quos
pra'clara sui opinatio recklRiil insolentiores. Vale. Argent, li Sep-
tembris lo2o.
Tuas in Clirislo loUis GuiLni^i.Mus Fauellus.
(Inscriptio :) Vigilantisshno Verbi Dei Minislro HtildricoZynglio.
episcopo Tigurino. Tignri.
160
PIERRE TOUSSAIN à P'arel, à Strasbourg.
(De Bâle), 18 septembre 1525.
Inédite. Autograplie. Bibliolb. des pasteurs de Neucbâtel.
Sommaire. La lettre de Capiton à Œcolampade et ceUe que vous avez écrite à Himeli
seront utiles à l'Église. Quant à Lupus [ Wissenburger], il n'y a g\iére d'espérance
de pouvoir l'amener à l'intelligence spirituelle [de l'Eucharistie]. F^ Lambert, qui
vient d'envoyer son serviteur chez Luther, devrait être surveillé, parce qu'il peut nous
attirer des embarras. Je désire que vous traduisiez en français une Épitre sur l'Eu-
charistie dont l'auteur est inconnu, maiB qui dit beaucoup de choses en peu de mots.
On sollicite Érasme à défendre la doctrine de la présence réelle. Votre lettre à nos
moines m'a. fait plaisir; continuez à combattre leur erreur. Le moine Augustin qui
s'est rendu à /Strasbourg serait utile à Metz, s'il allait y prêcher; mais il faudrait
qu'il gardât le froc, car tous nos frères de cette ville sont en péril. Quand nous
pourrons espérer la fin des troubles, Capiton et ses collègues devraient proposer aux
magistrats de décréter une conférence où l'on s'entendrait sur l'Eucharistie. J'ignore
si Vaugrisa. fait imprimer votre Indice, que je lui avais remi.s.
Gratia et pax à Dec Pâtre! ŒeoldinpiuUus copiani mibi fecil ea-
rum literanim (pias ad se scripsit Otjiito. item Ei>u'lius\ tuarum.
'" François Lambert, au sujet duquel Rucer écrivait à Zwiugli, le 29 jan-
vier 1526: <f Tov œpav. tov "axu.tt. nobis citra commendatiouem iniserunt oî [î-.t-
Tevpj'pfici, quam uihilitam sui ainautoin, qui, si posset, nobis multum adeo ne-
gotii exhiberet. » (Zuiuglii Opp. VII, 4G6.)
• C'est le nom altéré de Jacob Himdi (N^ 150, note 1).
:j8't l'IERUK TOUSSAIN A FAREL, A STRASBOURG. 1525
i|uil)us maxime sum delectalus, quôd credam eas Ecclesiae Christi
|irofiiluras-. Tametsi sic \k\entnr Lupus ^ alTectus, carni adiierens
et sanguini. ni iiiilla sit spes reliqua eum posse aliquando ab opi-
nione slulta avelli. NoNit luhricus ille anguis, primus paa's nostrœ
pvoditor, reteclas apostolorum suorum fraudes, reperlamque venam
Roman[ariim] imposlurariim, et mmc noris nos ndoritur ùisiiliis,
(lissidiuw seminnns in Ecclesia, quo nescio an i]iiicquani contingere
posset perniciosins. Audio Frnniuni [1. Franciscum] iUum Lam-
hertum niisisse puei'um suuni ad Lui lierum ;\eicor ne aliquid mons-
Iri alat, et cavere deberent modis omnibus qui istliic pnesunt
gregi Chrisli. ne quid lentaret stoliduin illud caput*, quod facib'
cœptum resarciri non posset. Quanquam sive scribal Lamhertus.
sive cœcutiat mundus et tumultuetui- ad Orientis Cbristi renascen-
lis(|ue Evangelii splendoi-em, regnabit tamen veritas in omnibus
lidcbuiii pectoribus, repurgabitur Israël ab idololalria. et tum de-
mnm pnedicabilur Evangelium onini creaturaj, ei reniissio pecca-
lorum per unum Jesum Cbrislum, quem oportet cœium capere.
donec ponanlur inimici sui scabellum pedum suorum.
Inter ea (jUtC baclenus legi do Eurharistia, sunnne mibi placuil
Episfola (juœdnm, quœ incerto prodiit autore, ipiam vellem trans-
fusîim in omneis linguas: paucis multa dicit, et meo judicio non
minus doclr «piam verè\ Si eam verteres gallicè, eà gratià et faci-
lilale quà pnxbil in publicum. posses tibi hoc officio deraereri
Ro.[nianum] Ponl/fireni et tolam sedem Apostolicani. (phT sanc pcs-
sum il nisi succin-ramus, lametsi forliler liodic iniUlant Atibales et
' Ces lettres, éciitos sur la prière do Toussain (V. le N« 157, note 13\
étaient relatives ù rp]ucharistie.
'• Lupm est une allusion an prénom de WoJfgang Wissenburger (Voyez
le N» 140, note 8).
* François Lamhrrt, que Toussain avait déjà gratifié de la même épi-
thètc dans sa lettre du 11 juillet.
* C'est proiiaiilemcnt rÉpitre de CorHc//î/,s- //omjh.s intitulée: « Epistola
christiana admodum, ah annis quatuor ad qucndam, apud quem omne iudi-
cium sacrœ soriptiirof fuit, ex IJathavis missa, sed sprcta, longe aliter trac-
tans ro-nam dfiniinicain (luàni hartenus tractât;^ est, ad calcem quibusdain
adicctis Cluistiauo luiniini pcnioccssariis, i)ra^i;ertim lus pcricuiosis tempo-
ribus. » In-S" de 7 feuilluts, imprimé à Zurich eu septembre ir/2ô. — Érasme
mentionne cet opuscule, dans su lettre du 3 octobre 1525 à Pierre Barbier,
aprcs avoir parlé des ouvrages d'Œcolampade et de Zwingli relatifs à l'P^u-
«haristic: « Uataviui quidam aute annos quatuor egit idem epistola, sed sine
nomine, qutc tiimc excusa est »
1525 l'IEURE TOUSSAIN A FAREL, A STRASBOURG. 38o
Episcopi. Eras)um extiiimlaliu- à iiuillis ad (lefendeiulum Deiiin
inipanatum, sed non facile adduci possum ul credam hominem des-
censiiriim in liane harenam^ Sed ex his hactenus.
De Monaclus nostris, gratum fuit ((uod scripsistis; reliquum est
ut pergalislitcrisdetestari illorum abominationem'. Subodorantur
id consilii à me profectum, sed nihil moror ; monachi sunl, fioc est
homines sectae (?) et impii, tametsi id audire nolint. Audio istlmc
\)roïeclnm ÀKfjustmifmuni quemlam.quemsemGl alque iteiuni sum
alloquutus; sed nescio quid sit in homine. Si bonus est, ut arbilror.
vellera eum ainid iios"" agere (intelligis quae loquor), etiam cuni
veste, nani alioqui non posset irrepere ad munus concionandi.
Audio etiam Equitem " periclitari, simul et omneis qui illic^^ Cbrisli
gloriœ favent. Tu cave ne quid literarum credas ulli, unde possent
illi in discrimen aliquod venire. Si vera sunt quse mihi narrautur,
omnia illic in pe.jore statu esse non possent, quàm sunt hodie.
Sed benedictus Dominus in omnibus operibus suis !
Si tumultus isti " sedarentur. Cmtates qiiœ receperunt Verhum
curare deherent modis omnibus, ut haheretur disputatio. vel collatio
potius quaedam. quà definiretur de rébus omnibus quae iiodie
veritatis bostes vertunt indubium; hoc facto animarenlur exci-
tareiiturque Civitates alia3 et regiones ad recipicndumverbumDei.
Nec video aliam viam commodiorem ad propaganduni Servatoris
nostri regnum. Proinde in lioc laborare délièrent Capito et alii
fratres, et fac ut admoneas eos officii^-. Gladium habent utrinque
incidentem. Et sic proponi posset Magistratibus, ut facile denegare
non possent. cum videanl sacerdotes et Episcopos aliis aitibus de-
ditos. nullamque spem esse futurum aliquando ut istbinc succui-
ratur ovibus Ciuisti. Indicem tuum dederam lo. Vaugris, nescio .s/
curarit hnprimi '*. Bene vale, frater charissime, et saluta diligen-
''' D'après ce qu'Érasme écrivait à Lupset eu octobre 1525 (N" 130,
note 17), il est peu probable qu'il fïit disposé à se charger de cette entre-
prise. Il se contenta de déclarer qu'il restait fidèle au dogme catholique de
l'Eucharistie. (Voyez Zuinglii 0pp. YII, 421.)
" n veut parler de Pelîican, de Luthard et de Wissenhiirger (V. N° 157).
^ — '" C'est-à-dire à iJfeL-.
" NicoJm iVEsch.
" Allusion à la guerre des paysans.
'- Toussain renouvelle cette recommandation dans la lettre suivante.
'^ Était-ce un «Indice» pour l'ouvrage de Fatil m\\\\\\v «Sommaire»
(V. le N° 128, note 13)?
T. I. 25
386 l'IKHRE TOUSSAIN A FAREL, A STRASBOURG. 1325
ter numine meo Cniiitonem, Bucerum, Prcepositum, Vedastum et re-
liques fralres. Ex Gliorazin 'S xviij Seplembris M.D.XXV.
TUUS SUNASSOT SURTEP '^
(Inscrijttio :) Carissimo fratri Guilielmo Farello. in aidibus Capi-
toiiis, Arjij'^entorati.
ICI
PIERRE TOUSSAIN à Farel, à Strasbourg.
(De Baie) 21 septembre 1525.
Inédite. Autographe. 13ibliotlièi|ue des pasteurs de Neiicliàtel.
Sommaire. Un frère est arrivé à Bâle pour voir Farel. Toussain se console d'être
pauvre. Il engage Farel à redoubler d'efforts pour que les pasteurs de Strasbourg
s'entendent avec Luther, avant la réunion de la diète impériale. Nouvelles apportées
A' IlaHf. jp ir !•? s.^rvlfoiir d'Erasme.
Mon cher frère, notre Seigneur vous doint sa grâce! Je vous
enip»^che souvanl avecque mes rescriptions, mais vous n'en aurez
aullre chose. Lp présent pourteur, à son arrivée en ceste ville, de-
mandoil apns vous: jeray receu, en vostre absence, au moin mal
(jue jay [teu. et vouldroye bien avoir la puissance de povoir re-
ce|)voir louz noz povres frères en Jésu-Christ. mais 11 ne m"a eslen
en ccst oflice. Du lomps que j'avof/c (luehjuc bien de ce monde tran-
sitoire, j'drojif plusieurs parens et nuiijs (jui m'ojjroip'nt niontainf/nci
d'or; maintenant j»^ nVn Ireuve pas ung qui me ayda (Pungblani .
Loué en soit nostre bon père célestiel, lequel congnoisl ce qu'il
nous est nécessaire en ceste vallée de misère! Sa saincte voient i-
soit fail[e]! Je me roconforl[e] au dit du Proplièle disant : « Juve-
nis fui et .senui, nec vidi justum dereliclum. nec semen ejus qur-
rens panem. • congnoissant néantinoins mon imperfection et in-
tinnité de fov ,'i l;i Itonté et miséricorde divine.
'* Co nom vf'iii dire, dans la pcnséo de Toussain. quo la ville de Bâte
méconnaigsait les liienfaits de Dieu répandus au milieu d'elle.
Anagramme de Petrus Tossanus.
I
'» VY
1525 l'IEHRE TOUSSAIN A FAREI.. A STRASBOURG. 387
Je VOUS escripvis lU'rnièremeiU' par le servileiir de feu Coctm;
je scé que vous avérez receu mes leltres. % tous sçaii/ez, mon
cher frère, comment je suis troublé de ces dirisiotis qui sont uujotn-
d'huji entre les prêcheurs de lu Parrolle de Dieu. \()us sériés esmer-
veillé, el plusl à Dieu que je pouesse acheter la paix, concorde et
union en Jésu-Chrisl de tout mon sang, lequel ne vaull guerre[s],
quanipiam sciaui me hujusmodi votis parum prolicere. Audio fu-
l'iruui conventiim Principum et magnatum Germuniœ. Aufjustœ-,
et me send)le que l'on y traictera ratière de rÉvangile el mesment
de Eucliaristia. Et me doul)te que en l)refz ne veons [1. voyions]
une grosse confusion. s\ ung chescun veult demouré à son oppinion
sans donner lieu à TEscripture Saincte, selon la quelle devons ré-
gler les pensées de nos cueurs, et me semble que Luther y doit
estre appelle. Par ipioy seroit expédiant ipie les Évesques des
villes par deçà, du moins de Strasbourg. Tamonetessent [1. l'admo-
nestassent] de vouloir regarder en cest afTère sans alïection[s] quel-
cunques a quibus resilit spirilus Dei. Sane venit annus septuage-
simus. et tempus appétit ut tandem ^indicemui' in libertatem. non
Rusticorum. sed spiritus et conscientiiO. Mais je me double que
ceulx qui ont commancé la dance ne demeurent au chemin, et
nous empêchent d'entré en la saincte Cité de Jliérusalem. Sed
novit Dominus quos elegerit.
J'entens ifue Zuimjlius se vente par ses escriptures de non ja-
mais avoir escript à Luther, ce que [je] ne peu trop louer. Et plust
à Dieu que luy et aultres eussent plus diligemment escript au dict
Luther de ceste afTaire! Forte que les choses fuissent en meilleur
trayen [1. train] qu'elles ne sont. (Ecolampade m"a dit que les livres
du ilict Zuiuf/lius sont defïendus à Xuremberf/. Regardés sy Sathan
dort. Cest afTère est granl, et me semble que les prêcheurs y sont
assés négligens et debveroyent prandre exemple à leurs adversai-
r;^e]s. Pour quoij n'enroijeut-on ou Hucer ou quelque uultre boiumc
sravnnt vers Luther =* ? Car plus attendera-ou et plus grandes vi[e]n-
' Voyez le N" précédent.
' Des Lettres de Charles-Quint datées de Tolède, le 24 mai 1525,
avaient convoqué la diète impériale à Augsbourg i)Our le premier octobre.
Au mois d'août, la réunion on tut différée jusqu'au 1 1 novembre, et elle
n'eut réellement lieu qu'en juin 1526, dans la ville de Spire (Voyez Sleidan,
liv. V et VI).
■' Les pressantes exhortations de Toiissain (Voyez le N" IGO) con-
tribuèrent peut-être à hâter la décision que prirent les pasteurs de Stras-
bourg dans les premiers jours d'octobre (V. le X" 163, note 2).
,*t88 l'IKIlHE TOLSSAIN A FAREL, A STRASBOURG. 1525
(Iront (lissenlions. — ce <]ue je vois en ceste ville par ce Loup*, qui
est pliirr arresté que jamais, et me semble qu'il escript quelque
chose pour ses delTenses avecque son compaignon.
De nostre pais % lequel est de présent ky, je vous escripveroye
jilus ;iii loing, mais vous sçavez les dengiers, etc.. vous priant que
sollicités les Évesques de veiller en ceste matière de Eucliarislia,
meysMieni d'escripre au dict Luther, icy et aultre part. Pensez
(|uellp confusion sera, se Ton vient à proposer cest alTaire et que
Strashouiij soit d'une oppinion, Nurember(/ue d'une aultre, etc.
Ce sera assez occasion aux Princes de dellendre totallement ceste
nouvelle doctrine et nous fère retourner à noz vielles couslumes
«;l innnolalions. Sed tu, Domine, succurre nobis! Et pour ce, mon
cher frère en Jésu-Christ, tenez main que Ton regarde tous les
moyens de obvyer à telz inconvénians, me reconuuandanl tous-
jours à voz bonnes prières. Saluez Cap/to. liurev. Védast et Ir
Prévost de ma part, et Adieu [l. à Dieu] soyez. Ce xxj° de Sep-
tendj. loâ').
Vostre frère".
(P. S.) Je vous prie (|ue m'escripvés de voz nouvelles et meys-
mes sy vous avez rien ouy de rostre compère ''. Dejiuis nosire dè-
jiart\ Ton ne m'a jamais escript. Sy paix se fait entre les ^
j'espère ipn^ ce sera le grant bien de l'Évangile. Le serviteur de
Eritswe revynt ces jours de liome^", el dit ipie l'Empereur a grant
Nouloir de déchasser nostre Sainct-Pére. Se seroit grant domnaige.
à cause iU^i bonnes vertus qui sont en [ii\. Priés que Dieu luy soil
en .iviif. Il s";ij(iind a\ecque les Vénétians, et me semble cpi'il s'en
doit aller à Venize. sy l'empereur descend aux Ifnlles. Il est à la
pui.^^sance de nosire bon père célesliel de dédiasse ces royheurs et
larrons ilr l'KsijIisi'. Tmii ci^ poiirlei'oit encoi' iiiieiiK ipic beaucop
' Voyez le N" prôcodont, note 3.
'■ Il veut parler d'un compatriote.
*' l'oint (le siRnature. Farel a écrit sur l'adresse: « Tossanus. *
' Voyez le N" l.")?, note 6.
** Voyez le N" ItO, note 5.
" II y a iei dans l'original un mot sauté.
'" Ce jeune homme, qui s'appelait Ouirlcs Utcnlvove, n'était pas un
seniteur, mais plutôt un secrétaire d'Érasme. Arrivé de Rome vers le milieu
de septembre, il repartit le 5 octobre pour l'Italie, avec le baron polonais
Jofinnrs n Ijtiscn, l'ini des pensionnaires il'Krasme. Cliarles Utciihove fut
plus tiid en eorrespond.incc avec Louis (h Ikniuin. (Voyez ErasmiEpp.)
1525 GIÎRARD ROUSSEL A GUILLAUME FARKL, A STRASBOURG. 389
ne pensent, sy nous estions d'acores [1. d'accord]. Il > ;i beaucoi)
de povres gens idiotes et aultres lesquelz viendroyenl volenlier à
la lumière; niaix quant ilz voyant ces divisions entre les clercs, ilz
demeurent confus et ne scèvent quelle voye prandre. Et pour ce
prions Dieu cpril nous envoyé sa grâce ! Et iterum vale.
(Inscriptio :j Charissimo frairi Guilielmo Farello. in a-dibus
1). Capitonis, Argentorati.
162
GÉRARD ROUSSEL à Guillaume Farel, à Strasbourg.
(De Meaux), 25 septembre 1525.
Autographe. Bibl. Publ. de Genève. Vol. n° 111 a. G. Scbmidt.
op. cit. 185.
.Sommaire. Une longue maladie m'a empêché de répondre à vos deux dernières lettres,
reçues après la Pentecôte. Je n'ai pas voulu vous écrire par le courageux Chrétien
[Jean le Clerc] qui, après avoir tant souffert à Meaux, est allé mourir â Metz. Il a
été victime de ces docteurs qui sont bien éloignés de Christ, quoiqu'ils se glorifient
d'être Chrétiens. La captivité du Roi les a rendus tout-puissants, et ils se croient
assurés de leur triomphe. Plusieurs des nôtres sont en prison ; d'autres se sont ré-
tractes et ont dénoncé leurs frères; bref, depuis que le Parlement, autorisé par le
Pape, a confié à deux conseillers et à deux théologiens lo droit déjuger sans appel,
on ne peut plus confesser Christ sans exposer sa vie. A plusieurs reprises on a es-
sayé de nous compromettre par les accusations de témoins subornés. Mais la bonté
divine nous a protégés. Maigret est toujours en prison. Priez pour lui. Je reconnais
comme vous qu'on a erré jusqu'ici relativement à V Eucharistie , en abandonnant
l'adoration en esprit et en vérité. Je ne saurais m'associer au blâme dont votre zèle
ardent est l'objet. Il )• a sans doute un faux zèle plus préoccupé de reprendre l'in-
firmité des autres que de les édifier; nous désirons vivement qu'il n'en soit pas ainsi
du vôtre.
Rufus Farello. Gratia et pax à Deo pâtre et Domiuo Jesu Ghristo !
yEgritudo à qua vix jaui post quattuor menses respiro, in causa
fuit quominus tuis responderim literis quas ab anno duntaxat binas
recepi, adhuc autem a Pentbecoste nuper elapsa eas accepi ', cum
' Depuis le mois d'août 1524, Fard u'avait adressé à Roussel que deux
lettres, qui étaient parvenues ù celui-ci après le 4 juin 1525.
;U)0 (iKHAUD R(JLSSEL A GUILL.VU.ME FAREL. A STRASBOURG. 1325
taiiien frci|iientius ad te scripserim, — ii( inilii justior quereiidi oc-
casiorelicta vklealur t|uàiii lihi. eliamsi lias partes in tiiis postremis
literis, iisque inabsolutis, piu'ripueris, liac, opinor. occasione motus
quôd per illiim non scripserim 7»/ apuil nos multa passus, litam
fntiril ojiiiil Mftemes-: iil ipiod à me praMerniissum est, quôd
metuerL'Hi ne intercipercntiir literie, nec satis conipertnm esset
niini fiieril te conventurns. ciim non de industria sed inopinalo
hiinc Métis reperei'is*. De (juo Chvisli niH/te non srn'ho. qmû noris
plus salis (put' erga se acta snnt per eos (pii hoc noniine se Christi
esse gldi'iantur, qiuJd foititer tueanlur tradiliones quas a palribus
accepeiiint, nec intérim, velnti animalia minime Csic) bisulca ac
riimiiianlia, expendant ipiàm absint a Clirislo. ijni verus pater est,
et apostulis, qui pro patribus nali sunt lilii (|uos constituit Uominus
super onnieni terrain.
lieijis iioslii viiicidii (ulrersitriis adeô ere.rerunt rristns. ut jutti
sihi persumleunl Irliinuthum, prorsus in nihihim redacto verbo Dei,
iiuod sparsum esse in vul^tus. et frucluiii non mediocrem ferre, id
est ijiKid illospessime babel. Quo fucfimi est ut juin uliquolin com-
pccles iletrusi sint, a/us ad ciuiendam pdlinodùiin uductis ^ Particu-
latius non agam, nec lurpiludinem illorum retegam qui, dum mul-
inm r,liij>;ii,iiii babori voliiiit, tamen necrucem ferant, alios in vita'
dixrimcii addiirinit. et sua ipsonim inconslanlia incomnioiiant
'^ C'est é\idemment Jean le Clerc, martyrisé à Mdz le 22 juillet (Voyez
les X" 135 et 155).
* Fard dut arriver ù Metz environ le 11 juin 1525 (X" 140, n. 5).
* Les évangéliques emprisonnés à cette époque étaient entre autres :
Aimé Maiyrrt (X" 13G), Matthieu Saunier et Jacques Pauvati, qui furent
conduits à la Conciergerie de Paris, au mois de mars 1525 (Toussaints Du
Plcssis, II, 277). On ne connaît pas le nom d'un quatrième prisonnier men-
tionné en CCS termes dans le procès de Ikironnet et des Cordelicrs de
Meaux, cpii fut i)!:iidé le H août 1525 devant le Parlement: « i:ty a encore
un autre [prédicateur à Meau.x], lonf^temps un prisonnier en la Conciergerie,
durinel tons bons Clirestieiis demandent et désirent chacun jour estre faite
justice > (Hula-us. Ilist. Univers. Paris, t. VI). Briçonnet ayant demandé
en personne au Parlement (19 août) < de commettre trois ou quatre des
Conseillers... pour informer s'il y a aucuns abus dans son diocèse, tant sur
le fait do la foy que sur certains autres faits avancés par les religieux Mi-
neurs, > cette requête dut amener do nouvelles arrestations. En effet, le
3 octobre suivant, la Cour ordonnait à l'Official de Briçonnet « d'envoier à la
Conciergerie Jcnn d' Congy et tous fcs autres j^'i^onnicrs qui sont es pn-
sotu< (lu (lit cvéïiuc (le Meaux, détenus pour cas et crime d'hérésie. » (Tous-
saints I)u Plessis, II, 27» et 280.)
1525 GÉRARn ROUSSEL A GUILLALME FAREL, A STRASBOURG. 391
evangelica; pi-oinotioni. (iiiantum qui maxime. .lam per hostes
Evangelii, qui innumeii sunt ac viribus admodum i)olenles, et re-
missas illorum manus per quos negocium promoveri oportuit, eô
ventîim est ut vix citra vitœ periculum audcnt quis Cfuistuin apud
nostros pure confiteri. Nam Senatus décréta ordinati sunt riuattuor,
ex cœtu thcoloijonim duo, Quercus '" et Ckrici^, et duo consilinrii non
dissimilis farina' ^ cum pvœfatis theolof/is, quos npprime nosti, ut
niliil opus sit suis eos depingere colorijjus. Tamen pênes tstos, ut
maxime iniqui judices videantur, sumnia vitœ et necis constituta
est, etiani acclamante Ro[_ni a no] Pontifice, qui in hoc ipsum buUam ad
nos dimisit, per quam omnis potestas confertur pi-éedictis, ut ne-
mini liceat ab eis provocare ^ Tu vide quàm lutum sit sub istius-
modi judicibus agere, qui quod hactenus observatum est mordicus
tenenl. parati ad aras usque tueri. Jam semel et tertiùm quœsierunt
per subornatos testes vocare nos in hoc discrimen ^, sed hactenus
prohibuit Ciiristi clementia. Si pergant saevire, nescio quis tutus
audebit annunciare Cliristum. Mors Que) ni, in hoc designati ju-
dicis, nonnihil i-espirare patietur; Ccfterùm curaturi sunt matseo-
logi, quorum gloriam obscurat Evangebum syncere annunciatum,
mox suffici abum non dissimibs farina.'. Dominus veUt rébus qutC
incUnari videantur, adesse et suos mittere operarios. qui nihil re-
formident adversariorum minas.
Non vacat per nondum receptam sanitatem tuis respondere U-
^ Voyez le N° 3-1, note 2.
^ Nicole Le Clerc, docteur régent en la Faculté de Théologie.
' Jacques de la Barde et André Verjiis. Le Parlement les avait élus le
29 mars, avec les deux docteurs de Sorbonne Duchcsne et Le Clerc, et il
avait enjoint à Sriçomiet « de leur donner vicariat eu la ville de Paris, pour
connoistre et décider contre Saulnier et Paiivant des cas et crimes à eux
imposez. » (Toussaints Du Plessis, II, 277.)
^ Il veut parler de la bulle papale du 20 mai 1525, remise au Parlement
de Paris le 17 juin (Voyez Sleidan, liv. V). L'Université reçut aussi à
cette occasion une lettre du Pape et de la reine-mère: «Rector ... acceptis
à Papa et à Eegina literis, ut videret Universitas ne quid ab Hccrcsi Lii-
therana religio pateretur, in id potissimum incubuit. » (Bulteus, op. cit.
t. VI.)
■' Dans le cours du procès intenté à Briçonuet (note 4) les accusations
contre « les fausses doctrines » et « les ouvriers de Fabry » n'avaient pas
manqué: «L'Évesque de Meaux depuis quelque temps... a fait prescher
tels personnages que bon luy a semblé : c'est à savoir M. Martial Mazurier,
Pierre CaroU, et un appelé Michel, autrement ne sçay son nom, et un
nommé M. Girard.» (Bulanis, VI.)
:J92 (iKRARD ROUSSEL A GUILLAUME FAREL, A STRASBOURG. 1525
Jeris. quitus reni magni moment/ atttiigfs, in qun aberratum hucm-
qite imiuimmé'^.Sâne niliil ad adora tionem, quiu in spiritu et ve-
ritate fieri debel, pertinet quod alii prodidermit. nec gravatim
in luam descendo sentenliani. nisi quôd nolim Gliristum ila cœlo
concludi ut suam praisentiani etiain corporalem non exliibeal.
<|iiil»us voluerit et quum voluerit.
Auil/'o quosilmn Hinistre intcrprctnri ardentem illum zeUim qnem
hnhea. nec non inde ollendi inlîriuos. qui non eô provecli sunt ut
sint solidi cibi capaces, quos opoilet fovere donec grandiscanl in
Christo. Non aberrat qui Spiritu agitur duce, nec malus esse potest
zelus quem profert Spiritus. ut maxime violenlus et asper bumano
sensui videatur ". Cajterùm plerumque accidit ul fallat .spiritus men-
da:c specie pietatis ohductus, qui facilis est in aborum reprebensio-
nem et nibil lam (:ui)it quàm mordere et conviciari. Optandum ex
corde ut procédât sermo Dei, sedetiam cavendum. ne,dum in hoc
loti -iiuiiis, fralrum posllialjeatur inflrmitas, quae non facile àidifice-
tm- in aboruui reprebensione. tali prcesertim qu;e seditiones excilet
polius (|iiàiii Irauquillilatem cbristianam. Dentés sponste non sunt
gladiis illis persimiles quos adultéra generalio babet, sed sicut grè-
ges tonsariiin quœ ascendunl de lavacro, mordent (juidem cuui
opus est, sed leviler. ut non dc.sit niodcstia, non quam sibi poUicetur
caro, quu! nuUis legibiis qiianliinivis auclis et nudtiplicatis asiringi
potest, sed (fUdm proffif Spiritus, (pii lege non eget nec alio doc-
lore. sed sil)i ipse in oiiiuibiis lex est et doctor. quem in tf srrrnri
(Jhri.sti lipnrficio perçu pim us ^'-.
nui apud nos sunt verbi Dei amatores te salutant et totam quit-
apiul vos est ecclesiam. Noster Macrinus^^ adbuc captivus est. quem
cuiiinius \estris connnendari precibus. Bene vale. 25 Septembris
Tuus quem probe nosti frater et amicus G. R.
(hisrriptio :) Ciuillt'i'nio '•'. Argentoraii.
'" Il vpiit parler do l'Eucharistie.
" — ''^ Comparez ces passages avec le N° 117, note 9.
'* Voyez 1." N" 130.
'* Le millésime est tle la main de Farel.
" Farci a écrit au-dessous de ce mot.- « Gerardwi Ru/us. »
1525 (;UII.LAU.MK FAREL A JEAN POMKRANLS, A WITTEMBERG. 393
165
GUILLAUME FAREL à Jean Pomeraims * , à Wittemberg.
De Strasbourg (environ le 8 octobre 1525)".
Inédile. Copie du Manusc. Choupard. Bibl. de la ville de Neucliâtel.
•Sommaire. La sympathie que je ressens pour les souffrances du corps de Christ me
presse d'attirer votre attention sur la désunion de ses membres. Comblés de biens
par notre Père, pourquoi nous disputons-nous à propos d'un morceau de pain, d'une
chose extérieure qui ne peut nous sauver, puisque c'est la foi seule qui sauve f Ce
qui devrait nous unir, en nous rappelant la divine charité, ne sera plus une occasion de
discorde, si tous enseignent que la célébration de l'Eucharistie est une commémo-
ration du sacrifice de Christ, une action de grâces, une exhortation au dévouement,
une élévation de l'âme à Dieu ! Lui qui tant de fois a exaucé nos prières, nous lais-
serait-il errer dans cette question? Chaque membre du corps de Christ peut contri-
buer à découvrir la vérité sur les points qui sont restés douteux. A l'exemple de
S. Pierre et de S. JPaul n'ayons pas honte de changer d'opinion. L'Évangile ne sera
nullement en péril, si noïcs abandomions la doctrine de la présence réelle. Pour ma
part je n'ai jamais pu y croire. Les progrès de l'Évangile en France sont entravés
par nos dissentiments, et aussi par la lecture des premiers ouvrages de Luther, qui
admettent dans une certaine mesure l'adoration des Saints et le Purgatoire. Ces er-
reurs étaient réprouvées chez nous, il y a quelques années, même dans les prédica-
tions publiques.
Faites que Luther exhorte Pellican à s'abstenir de dire la messe et de porter la
robe de moine, et tâchez d'obtenir que les pasteurs prêchent seulement les doctrines
qu'ils ont admises par l'expérience de la foi.
Farellus Johanni Pomerano.
Gralia et pax à Dec Pâtre nostro, et à sedente in dextera Patris
Christo Je.su! Ne feras molesté, quaeso, si ipse rudis et expers non
' Voyez le N° 74, note 7. Pomeramis avait publié à Wittemberg quel-
ques mois auparavant un livre intitulé : « Contra novum errorem de sacra-
mento corporis et sanguinis Domiui nostri Jesu Christi epistola ad D. Joh.
Hessum Vratislaviensem. »
2 Farel, animé par sa propre conviction et par les lettres de Toiissaitt
(N" 15Î5, 157, 160 et IGl), dut naturellement s'associer à la démarche que
les théologiens strasbourgeois tentèrent à cette époque auprès de Luther. Le
39i GLILLAUME FAREL A JEAN POMERANUS, A WITTEMBERG. 1525
.solniii liiiin;inarum. venim etiam divinariim rerum. te iitrisque in-
structissimiim et peritis.simura à majoribus et potioribus hisce nos-
tris avocem. Divina, utcunque imperilus sum. veneror ; humana
non .ispernor studia, modo illis ancillentur citra fastum, illa suspi-
cieiilia. Cogit me totius Christi corporis commune negotiiim non-
nuUa tecum fari, licet balbus sim. Boni consules. si eam dexteri-
talem non priLstilero in corporis dolore levando quam manus po-
lestad omnia aptissinin. Quod inlirmiora faciunt membracondolens
testabor et compaliens, optare me coi'poris lotiiis bonam valetudi-
nem. quam dissipatam et perditam prorsiis satagiinl nondum fracti
hosles Christi, qui quantum ^^riura resumpturi sunt inde. nisi coie-
n'iit oh rem nihili (si Chris tum teneo) eluxatn memhra, non siccis
oculis sumus visuri: id quod eliamnum experimur.
Quiil, (jUceso, digliulinnnir pro panis frustitlo, quos Pater doriacit
omnibus, cum suum nobis dederit Filium? Num snlus iiostra sine
hoc pane esse nonpotest? Salvabitne Deus hic esculentus, qui se ne
à muribus quidem tueri potesl. factus saepius vermium cibus, tan-
lùm abest ut impias et sacrilegas évadât manus? Nemo niihi oltji-
cial: "Tu. Iiac l'atione. et Christi evacuationem et dejectionem
nostrâ faclam causa rideijis, quod is sahitem praestare non possit
qui se ab impiorum manibus subducere non valeat, sed ut abjectis-
simus virorum inme(ho llagitiosorum de cruce pependit. nulli non
illusus el subsannalus. -> Qiiàm (Hspar est hoc argumentiim! Sub-
duxit se siepius, cum non advontasset hora, cpia imminente, volens
occurrit, et passus cum gloria surrexit. Sed quantis quiu passus
est decantata fiiere'? An alind tota resonat Scriptura? \d scire ve-
HiM : qnis apex anl iola h'slalnr lotius Scriplune. Christum a resur-
rt'ciidiir sMa inqianatum \nvc perferre, ila includenchim. rotan-
dum (?), vorandum ? Si soin fuies in ChriMum inrarnafinn.pnssum
et mortinmi pro nobis. salrcl cl bref, quid iternm ail panem cogimiir?
— Sed honcsialus est panis noinine corporis. sicul calix, sanguinis
8 octol)re 1525 ils lui adrossèrent une cpitro (jiii ronformc les passages sui-
vants :
« CajWfi unitatis ccclcsiarum conscrvamhc, hune juvenom optimum [scil.
OrofTorium Casoliimi] ad t<> niittimus... Tanta fuithujusce Verhi efticacia et
virtus consonsus nostri! Jiincti siistiniilmus aterrimas itmirsiours, qui sin-
Ruli concidisscmus... Jam dum uixliqno scffrsjui-gioniniodiomumdsuhori-
lur , vix diccrr possumm, quanta cum jactura eccUsiarum suboriatur Gallis,
JirnhiDidtii'i, Fhmdris. Germants item infimis nffendicuîum pessimum objec-
tum est.... rCirogorium" ol)sorramus lieniguo audias, agentcm tecum super
medtis conconlifr... » (Voyez Rœhrich, op. cit. I, 303 et 457.)
1525 GUILLAUME FAREL A JEAN l'OMERANUS, A WITTEMIîElUi. 305
Cliristi. Faleor, sicut et circiuncisio fœderis nomen obtiniiil, (lute
cùni Paulo niliil sit. au ideo pactiun Doiuiiii niliil esse diceinus?
Absit. Eril saiie niinquani aholendiiin. perpetiuxiiie lixmn mane-
bit. lia, sive paiiis sit, sive non, perseverabit Cbrisli corpus et san-
j,^uis niinquaui elVundendus, neque infundendus.
Peccatuiii esti't quàiii (jnirissimi^ in diciitaiii honiUiton et Verhuiii
Dei. Id perpenilat unusquisque apud se, llagitans veuiaui à cœlesti
Pâtre, cujus ultioue et ira factnm est, ut quod clinritutcm potts'iiinum
conjimgere dcbuerat. dlssccet et disperdiit. Ea est ouuiiuui senlentia,
panem rem esse externani *, qui si adsit non servat, nec absens per-
dit; usum panis docendnm, et in eo peccari quôd malè quis eo ula-
tur. Qiiid lit uunc, ut oranes id unum non agant, ut usus recte do-
ceatur, aliis omissis quœ frugis nibil iiabent, contentionis verô plu-
rimuui, verbi gratià, «quôd corpus adsit realiter secundùni substan-
tiam, » et id genusalia? Coëat amicitia inler eos qui Cbristuni
agnoscunt sapientiam nobis faclani à Deo, juslificationem, sanctili-
cationem et redemptionem ! Id omnes uuo priedicent ore : Dum
panis hic editur, mentein in hoc solum occupandani, ut rjnttias agut
Deo, recofjitetque Patrem sic dilexisse mundum, ut Filium sumn
uni(jenituni dedeiit, cujus morte salvati sumus, sanquine repurgati,
nec majorem esse charitatem quàm ut animam suani quis pro ami-
cis ponat. Quam cuni Cbristus pro nobis posuerit, et nos debemus
pro invicem animas nostras ponere, gestientes et exultantes de
tanta Dei erga nos liberalitate et gratia, et sic panem hune, non
adoratum, non magicis incantatum exsuftiationibus, non papistico
apparatu gestatum aut ol)servatum, edi pure et simpliciter, ut legi-
mus factitasse ipsos non undlo nolns détériores, scilicet Apostolos,
satagentes corda snrsùm e/erare. quœrere (lUêe sursùni sunt. ubi
Cbristus est in dextera Patris^non tptœ sunt super terraui.
Non iuiponat nobis constanter à nobis priedicaluni verbuni,
« neniinem ne pilum quideui auferre à nobis potuisse. » Quod uti-
nam peractum fuisset tanta niodestia, quanta et constantia! Diffi-
ciUima superuvimus et ma.rimu, in quiluis suuniia consistit et sa-
lutis et Cbrislianismi, ducti gratià Christi. An in re penè nuUa. (|uœ
forte nobis i)liis luit quàm cœtei'a expensa etreexpensa. cœcutiemus.
' Par ces mots « ea est omnium scntentia » Farel voulait dire sans doute
que c'était l'opiuion des pasteurs de Strasbourg, de Zwingli, d'Œcolain-
pado, de Pellican et de la plupart des théologious de la Ilaute-Allcniagno.
C'était au fond l'opinion d'Érasme à qui Zwingli reconnaissait devoir la
sienne. (V. le N" 130, note 18, et J. J. Herzog, op. cit. p. 177.)
31)0 GUILLAUME FAHKL A JKAN POMERANUS, A WITTEMBERG. 1525
H sœjHus rojjdlm Dominna, quem re et experientia noslras in aliis
ii'liiis jiinlivisse preces sentinius, an. inquani, nos errare patieiur
liiiii iiiinih/lis Cliristus. qui renias est. ut liîc [nos] cadere et suc-
cuinljere uiiorleat, (juod liei'i non polesl sine quàm [maximo] Evan-
gelii offendiculo?
(Jnid lioc eril? " Ule, Ule. imiuienl. talia. tantus jscil. Lutlierus]
liiv laiisusest ! }îonne et in aliis potuit? Quid liuic honiinum generi
rredinnis ? Quid kanc non aniandainus doctrinani ? Inieitent et emr-
tenl omnia nohis. et erersa rursus érigent, modo aientes. modo ne-
gautes! » — Al meniinisse oporlet. unius corporis nos esse membra,
nec omnia uni pia-stiia. ne alia contemnat et alioruni negiigat gra-
tiam, si'd hoc imiim inastare membruiii. illud alterum. ul aniicitia
inter membra perseveret. Si niidl doctum,dictum(iiie fuissel [quàm]
qiiod lidei eliam certissimo nos senlimus experimento, niiiil nobis
pei-iculi esset denmtanda senlentia. Sed dum dulna asserimusJuce
adparentr. aut reritati cedenduni et Inci, aut obtinget excœcatio.
Ne turpe nobis rideatur reritati lierbam porrigere. quandoqui-
dem et Petrus ille, posl superatos. magna vi et majestale verbi.
pontillces et sciibas, posl edoclum Corneiinm, descendente Si)iriln
Sanclo. n(in(bini expleto sermone, posl reddilam rationem bujus
facli coram lola (Mxlesia(el alia id genus (|ua'. si in bunc (bem actis
super Vcrlx) conferantur, non sunl obscura). tam bénigne, lam
riirisliane Panio cedit in re levissima. Quid de eieclionis vase di-
laiii. qui III A-ia praMbraiv piobibelur. (|u6d. quantum ex conlextu
conjicere licel. Apostoloiimi liiiditioMciii ser\andam doceret? Non
putliiil atrutnque ntutare .sentenliani. et tamen non iiujus gratiâ
periil luncnascens propemodum Evangelium. Nec nunc peribit, si
impanatiisauferalur Deiis, (|iiiiui signuiii noIiiiuus (sic) qno fuitiai\-
tiir conscicntia' siipei' promissione Ciirisli. quod |scil. signum] pro-
missione ipsa b)ngè inoerlius. si bîc sit impanalus Deus. Alia etiani
sensui perria sunt. Ilor sensu, ratione. nec intellect u capi potest. De
me b)(|U()r: alii (|uid crediderinl ignore». Ego nunquam credidi, licet
milii persuaderem ila. (juid enim qiiod non sapiebam crederem ?
Si memoria sil jianis Cbristi pro nobis passi. et non GlirisUis ipse,
si edatur panis. non aib)rt'im-. aut adser\elur repagulis clausus, ul
(iermanis. aut pendulis. iit (iallis. Non peribit AnticbristiL>^. (|uan-
(bu perdiirarit rapui suum. ipiod impanalum esse deum nobis non
obscure indicat lolius corporis cura in eo servando*.
* (Kcolampade écrivait à Zwingli le 16 septembre 1525: < Sacrifici et
1525 GUILLAUME FAHKL A JKAN l'(»Mi;ilAMIS. A W riTKMlîKlUi. 31)7
Haec, mi Pomerane, apuil te balluitiie voliii, ut cuiiipeiliim liabe-
res, me niliil optiur qmin Eccicsiœ uniounn et rnnroriliinii. quœ n'I
facillinie eonstabit, si nos, secuiulùni saiiclani Pauliexliortalioiieni,
eaudeiu hahuerimus ckaritatein, iiiianiines in id ipsiiiii sentientes,
sine contentione aiit inani gloria, cum liumililale poliores alios
existimanles, qucérentes (|iia' illorinn sunt, non nostra. Quod
Chrislus in nobis per Spirilum suinn faciat!
Dici non potest qnàm officiât Gallis hoc dissidium '•>. Non pauci,
inter se in sinum, de eucliarislia non inepte Iractabant, sicut et
ante nnnos aliquot, etiam publicis concionibus, Sanctonnn inrocatio
reprofiata et Purfiatorium'K In qiia re versores libroi'um Martini''
malè fratribus consulunt, (jui priora ejus opéra, in quibus nonnihil
Sanctoruni invocationi et Piirgatorio defertur, non repurgant. Nam
legentes hœc non pauci a veritate resiliunt. Fit enim, ut qui in
primis sparsi sunt libelli facilius distrahantur et apud exteros.
Cceterùm, cura te sciam EcclesicB iedilicationeni habere charissi-
mam. non rjrareris à Mnrtino impetrare, coniinonefaciat PeUicnnum.
ut à missatione abstinent, qua, facto et opère, turl)at totam ecclesiam
BasileensenL et concionatores infamat qui jugiter in eum invebun-
tur. Prieterea cucullo suo non paucos, ne dixerim innumeros, detinet
in fovnacihus Satanœ et superstitione monastica, quod mibi per-
spectura est plus satis de Gallis nostris. Totus pendet à Martino,
oui subscribet, scio, monenti. È concionatoribus iinus missat Wol-
phancfus ^. acerbius in missas invehens, quod illi non rarô objec-
tum: « Tu quid missas, si tam maUe sunt missa3? Aut cessa mis-
sare, aut in missas invehi. ■> Idque à muliercuUs. Rescripsere non-
nulli ex fratribus. bunc liabuisse in aniiuo à missis abstinere, nisi
Pellicanus bominem roborasset ad fortiter missandum.
Qmv^o.safdfjite ut episcopi passini eon reniant, cùm doctrina, tum
factis. nemine pru'dicante nisi quod certissimo didiceril tidei e\-
consortes illorura facile coiulonarcut quicqiiid hacteuus à nobis doctuin ;
ummi lioc doyma de Eucharistia, quod vc4 Papa vel Lutherus tradidit, con-
velli nolunt. Est enim arx et prtrsidium impietatis eorum, per quam recu-
perare sperant, successu tenipornni, quod nupcr amiseruiit.» (ZuingliiOpp.
VU, 409.)
^ Voyez le N" 153,'et ci-dessus la note 2.
** A l'appui de cette énonciation générale nous ne pouvons citer que
les ouvrages de Le Fèvre et les propositions e.Ktraites des sermons de
Caroli et de Paucan (D'Argeutré, II, 20, bO et o2).
^ Lutlier (Voyez les N*-- 07, 77 et 134),
** Voyez le N» 140, note 8.
:{98 MICHEL BENTI.N A (KCOLAMPADF.. A BAI.E. 1525
jierimeiilo '. Suiit fuci.quos si de noniiullis roges, se ancipites aiunt.
Si mones, ne ergo doceanl sibi dtibia, recipiiint se facluros; mox,
conscenso suggestii. niliil boant nisi quae dubitant. Scio quantum
pii paliantiir episcopi à fucis istis longe gravioribus omnibus Pa-
pistis. Aures non sunt facile pnii'bendœ iis qui deferunl onus por-
tantes Verbi. quibus (piantiim antlandum sit laboris. et quantum
molestia.'. nemo scit, nisi (|ui videt.
Sed jam te enecavi. Vale. Gratia et charilas Christi sit in lut»
corde! Piu^ceris pro me Dominuiu rum fratribus. quos salvere
<>pto. Argentina?.
MICHEL BEXTIN ' à Œcolampade, à Bâle.
De Lyon, 8 octobre (1525).
inédite. Autograpbe. Arcbives d'État de Zuricii.
.^'JM.MAIKK. l'iive (le la société de wes amis de Bâle, je vous ai déjà écrit une ou deux
fois, et je vous supplie aujourd'hui de me donner de vos nouvelles, car je suis bien
résolu de me diriger en toutes choses d'après vos conseils. Grâce à votre recomman-
dation, j'ai été très-bien accueilli de Michel d'Aratide. qui est revenu ici avec la cour.
Il veut me confier l'intendance de sa maison, s'il est nommé évêque. Pour le mo-
ment je vis chez l'évéguc de Salenie, et il me serait facile de trouver une autre posi-
tion ejjalement avantageuse ; mais je préfère un emploi qui stiftise à l'entretien de
ma famille et me rapprociie de vous. JUmi ancien meïier de corroyeur ne me con-
viendrait plus, bien que je reconnaisse qu'un Chrétien peut vivre honnêtement par-
tout, en exerçant autour de lui une salutaire influence.
Micba«'l Hciiliniis I). .lohanni (Hk-olampadid S. I)
Diti non |)(tlesl. vjr inlegen'ime. (juanto studio lenear veslri
«•niiiiuni cl desiderio literarum vestraruui. ciim vestra fonsuelu-
«biic t'I siiavi.ssiniis collo(piiis fiui non i»ossim. boc cerle lempore, —
" C'est ainsi qu'agissaient les piisteurs de Strasbourg (N° 130, n. 18).
' Beniin s'était rendu à Zurich entre le 10 et 14 juillet, avec l'intention
(le revenir à Utile au bout de quelques jours (N" 153). Les lettres écrites
de Mie en août et en septctiihrt' ne fournissent aucun renseignement sur
les motifs de son voyage à Lyon.
1523 MICHEL BENTIN A UECOLAMI'AUK. A BALE. 399
(luanqiiam non paruni voluplalis capereni ex absentimn literis. ni
nuncioriim rarilas, vel seculi potius malignitas obstaret quoininus
literii' perleranlur et non intercipiantur. Sciipsi jam seniel ac ite-
rum, ni fallor-: liaïul scio an lilene ad te peiveneiùnt. Niliil est quod
leque aniem. atcpie hoc iinicum, si fieri posset.abs te ini|)retrare[ra],
ut vel semelad me scriberenon gravareris, atque sentenliani tiiam
et consiliuni tuuni sanctissinium comiiiunicai-e. Nani ut nulli lilien-
tius credam mea consiUa et atïectus quàm tibi. niniiruui parenti et
patrono observandissimo, itaque ex te, quantum ub homiiie ixttitur
Scn'iiturn. toUis pendeo, et judicio tuo omnia agere certum est.
Non parum, mebercle, valet commendalio tua, imô plurimuni
valuit semper apud quosvis autoritas tua. sed piu'serlim npud
Mkliaëlem illuni Arandam ^ eleemosynarium, qui te et imignem
eruditionem, cum inorum candorc et mjnceritate conjunctnm, non
potest non in te suspicere et veneruri. Quid dicam de consilio et
judicio quo polies sanissimo? Itaque quemadmoduni cepisti mihi
optimè consulere, rogo ut pergas. Michaël ille niliil non sperat et
sustinet, sed de episcopatu adhuc incertus est*, quanquam spes est
futurum ut brevi consequatur. Niliil milii defuturum secum con-
stanter pullicelur. si succedet quod babet pra; manibus. — si tamen
apud se manere et optimam totius familiie suœ administra lionem
suscipere velim. Cujus rei ut nondum est tanta ratio, ita non pœni-
tenda mihi videtur. Multùm enim mihi videtur atïectus erga me.
ob idem studium sacrarum literarum et m nitatem % tum etiam
ob linguarum mediocrem peritiam. h nupev rediit unà cum Aula *,
quœ propediem liinc diacedet, liaud scio an illum à nol)is al)stractura.
Suni in prœsentia apud Episcopuin Salernitanunt\ homineni
- H résulte de ce détail que Bentin était arrivé à Lyon vers le com-
mencement du mois d'août.
'' Voyez le N° 125, note 12. Œcolampade avait probablement remis à
Bentin une lettre de recommandation pour Michel d'Arande.
* Miclwl d'Arande fut élu évoque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, eu
1525 ou en 1526. Voyez la Nova Gallia Christiana, t. I, p. 729 : « Micliacl
de Arandia. in Delphinatu [??] ex nobili ortus génère, designatus est epis-
copusS. Pauli anno 1525 aut 1526... Accessit pO'<scsAwnem inituriis die Do-
minica, décima septima Junii anni 152G, magnaqne pompa exceptus est. »
^ Ce mot est à moitié détruit.
^ Le 13 octobre 1525 la reine-régente signait à Lyon une lettre publiée
par Toussaints Du Plessis, II, 280.
' Frédéric Frégose, né à Gènes. Il avait été élu archevêque de Salerne
en 1508; mais son attachement au parti français ne lui permit pas de ré-
\()() MICHEL BENTIN A ŒCOLAMPADE, A BALE. 1525
proljiim et eruditum, atque adeo liberalem; verùm quia alienigena
est et Italii.'i, non est quôd diu apud eum expédiât saginari. Nam.
ut solet ferè inter ecclesiasticos proceres, nimis splendide nos ac-
cipil, et plane où.zéZti, quanquani intérim dat bonam operam li-
terariis studiis Gra-cis et Hebiaicis, àXXà -n-f/o? ioo-Zrrj ^loàlo-j y, irpor
EyçE>(av. In sumnia, non est quôd appetam ejusniodi vitam, etsi
intérim probe inter illos verser et aliquid pecuniolae lucrifa-
ciani. donec ad honestiora et nostra professione convenientiora
vocer. Faleor. liheutiits isthic manerem, ai quid muneris offer-
retur in civitate^, aui si in eo preecio esset ras typograpborum quo
fuit ante aliiiuot annos. Non dubito, quin splendidiora iiîc possini
asse<iui, si aut caplarem aut certè vellem suscipere. Sed nihil taie
ambio, tantùm liceat mihi cum uxore tenuiler vivere, modo tamen
non prostituar sordido illi et illiberali opificio coriario, in quod
penè detrusit me insania quajdam et diffidentia de Deo veriiis
quàm sanum conr^ilium ei cliaritas in Deum, prcesertim bac aetate.
et cùut aliô vocatus sim à Deo, quasi verô non tam sit periculo-
sum versari inter coriai-ios. quàm inter eruditus aut qualPscuni|Uo
literatos, et ex illis qua-stum iacere et victitare. Certè [luto ubique
l»robt' posse vivere eos qui fide et cbaritate jam mediocriter sunt
imbuli. ut taceam quôd piumest vitd et vivd doctrind boG est con-
versaticme. Iiicrifacere fratrem smnn. Sed haec aliàs.
Tu intérim anima uxorem meiim ad pietatem et cbiistianam pa-
lienliam et amorem sacrarum liteiarura. Scribam prolixius cum
lirimMiii daliilur o[p]portunitas. Vale. Lugduni. vin Octobris (lo2oi.
(Inscrijilio:) Reverendo Patri et l)[omino; I). .lob. Œcobunpadid.
episcoj») apud S. Mailiiium. Basileie.
sider dans son arfhcvëché pondant les guerres d'Italie. Il fut d'abord araba.s-
sadenr des f Jénois auprès de Léon X, puis il se fixa à Gènes, auprès de son
frère Octavicn. La prise de cette ville par les Espagnols (1522) le força de
se retirer en France, où François I l'accueillit avec bonté et lui donna l'ab-
l)aye de S. l'énigno do Dijon. On voit p;tr la correspondance do Sadolot quo
Frégosc habitait encore L>/on en 1528, et qu'il s'était spécialement voué à
l'étude de la langue hébraïque. Il fut créé cardinal en 1539. (V. Ughelli.
Italia Sacra. — Moréri. Dict. historique. — Sadoleti P^pistola;. Colonia?,
155-1, p. 20 et 28.)
'* On trouve dans une copie moderne de la présente lettre (Collection
Simler à Zurich) la note suivante relative à ce passage : « Annuit Œcolam-
padim huic petitioni ac BenUmnn apud Valentinum Curioncm, typographum
Hasiliensem, collocavit, ut patet ex Bentini castigatiouibus in Noni Marcelli
lo25 FRANÇOIS I \r PARLEMKNT DK PARIS. 401
165
FRANÇOIS I au Parlement de Paris.
De Madrid, 12 novembre (1525).
Toussaints Du Plessis, op. cit. II. 282.
Sdmmaire. Le roi ordonne au Parlement de suspendre toutes poursuites contre Le
Fèvre, Pierre Caroli et Gérard Bottssel, jusqu'au moment de son retour en France.
A Jios amés et féaux, les gens tenans notre Cour de Parlement
à Paris.
De par le Roy.
Nos amés et féaux, nous avons entendu, que par demnt vous
s'est fait aucune procédure à l' encontre de Maistre Jacques Fabri,
Pierre Caroli.ei Girard RuffiK personages de grand sçavoir et doc-
tractatus et obiter in M. Varronis et F. Pompeii Cominentarios et Fragmenta,
mense Septembri 1526, Basilefe scriptis. Idem prœfatus est in Horatinm à
Curione impressum, teste Gesnero. » V. aussi Maittaire. Annales, II, 6G9.
^ La captivité du roi et l'absence de sa sœur (N° 156, note 8) avaient
encouragé les adversaires de Le Fèvre. Les juges-inquisiteurs chargés de
procéder contre «l'hérésie» (X" 162, notes 7 et 8) avaient condamné au
feu, le 28 août, sa traduction du Nouveau Testament. Nous avons rappelé
plus haut (N° 158) l'origine du procès intenté à Pierre CaroJi par la Sor-
bonne. Quant à Gérard Boiissel, nous n'avons pas de données précises sur
les faits qui servirent de base à l'accusation dont il était l'objet. Le mardi
3 octobre 1525, le Parlement rendit l'arrêt suivant: «La Cour ordonne
... que les informations [des prisonniers détenus à Meaux «pour crime
d'hérésie »] sei'ont mises par devers les Juges délégués par le Sainct-
Siége Apostolique, sur le fait des hérésies qu'on dit pulluler en ce royaume, .
— pour faire et parfaire le procès de M. Pierre Caroli et Mariial Mazurier,
docteurs en théologie, M. Girard [Eomsel], thrésorier de l'église de Mcaux...,
et M. Jacques Fahri,... lesquels juges délégués auront commission... pour
faire prendre au corps les dits Caroli, M. Girard, et Frère Jean Prévost,
partout où ils pourront estre appréhendés... et pour faire adjourner les
dits Fabri et Mangin à comparoir en personne par devant eux, et que la
d. Cour escrira à Madame mère du Roy, Régente en France, que son
plaisir soit envoier un nommé M. Michel [d'Arande] par devers les dits
Juges délégués, qui ne peuvent bonnement faire no parfaire le procès d'au-
T. I. 26
402 FUANÇOIS 1 AU PARLEMENT DE l'ARIS. 1525
ti'ine, Il lu persuasion et inst/fjation des Tliéolotjiens de notre Uni-
versité de Paris, quoique ce soit d'aucuns d'eux qu'on dit estre
grandement leurs malveillans. signameni du dit Fabri-, lequel
(coninie pouvez estre l'ecors) fut n'a guerres, nous estant à S. Ger-
main en Lnije, par aucuns d'eux calomnié et à grand tort mis en
pareille peine*. Sur quoy. pour obvier aux inconvéniens que no-
toirement Ton voit advenir, furent dèslors pai- nous ordonné[s] et
commis plusieurs grands et notables Prélats et Docteurs de notre
royaume, pour, apellés avec eux tel nombre de Docteurs en Faculté
de Théologie que bon leur sembleroit, voir, visiter, e( entendre les
œuvres, propositions et choses dont les dits Tliéologiens le char-
geoient. Les quels par nous députés, après diligente et deue in-
quisition, nous firent du ditFrt/!/r« tel et si entier rapport, que tant
au moyen d'iceluy, que de la grande et bonne lenommée en fait
de science et de sainte vie que depuis avons sçu iceluy Fahri avoir
en ce pais d'Italie et Espagne. — l'avons eu en telle opinion et es-
time, que ne voudrions point en rien souffrir qu'il fust calomnié,
molesté ou travaillé à tort en notre royaume, pais et .seigneuries.
El pourtant qne plus (jue jamais avons doubtié y faire régner jus-
tice, et y maintenir, entretenir et favoiablemcnt traiter les person-
cuus accusés de crime d'hérésie, sans ce que le dit M. Midicl soit ouy et
interrogé sur certains faits contenus es dittes informations, et à eux con-
fronté. » (Toussaints Du Plessis, II, 281.)
* La Sorhontie venait de donner une nouvelle preuve de l'hostilité qui
l'animait contre Le Fèvre. Elle avait censuré, le 6 novembre, le li\Te des
« ErJiortatmis sur les Épistres et les Écangiles, à V image de Meaux, » dont
il passait pour être l'auteur (Voyez d'Argentré, op. cit. U, 35). On lit à ce
sujet dans un ouvrage de Beda: « Lihri autem illhis aitctores, ut dicitur,
fiierunt Jaeobiis Faber et ejusdiscipuli.» (Aiinotatifinuin lihri duo N. Beàse
in J. Fahrum Stapulenscm et in Erasmum lil»er unus. Parisiis, 1526, in-fol.
1)0 Sainjore, op. cit. IV', 124.) Un arrêt du Parlement publié à Paris, le
5 février 1526, mentionne parmi les ouvrages défendus le li\Te imprimé con-
tenant < aucum Écangiles et Épîtres di-s Dimanclves... avec certaines Exlwr-
talions en fratiçois » (Sainjore, IV, 12.S. Journal d'un l)ourgeois, 276), et
un autre arrêt de la même Cour, daté du 14 février ].'>4.^, livre au feu * les
Cimiuantc-deux Diinanclies composés par Faire Stapulensc * (D'Argentré,
II, 133).
^ Allusion aux poursuites que la Sorhonnc avait commencées contre Le
Fevre eu 1523, à propos de son «Exposition [ou Commentaire?] sur les
Evangiles. » La commission nommée par l-"rangois I*' pour examiner cette
affaire ayant été entièrement favorable ù l'accusé, la Sorbonne reçut l'ordre
de ne plus l'inquiéter à l'avenir (D'Argentré, II, p. x-xi).
1525 JEAN VAIGRIS A F.VRKL. A STRASBOURCJ. 403
nages el yens de lettres el bon sçavoir. et (|iii le méritent, nous
vous en avons bien voulu esci'ire et prier, et néanmoins comman-
der, que si depuis noire Parlement de France et accusation, comme
jà dit est, devant nous terminée, vous avez esté informés de choses
qui toucjient les dessus-dits, qui vous ait pu et deu mouvoir de dé-
( erner contre eux adjournement personnel et autre procédure,
(lu'inconlinent et au plu[s]lùt (jue faire se pourra, vous en adver-
lissiez ... nostre très-clière et très-amée Dame et Mère, Régente
en France, pour nous en advenir et faire Jouxte ce que luy en
avons mandé, el. ce fait, vous en faire sçavoir nos volontez el in-
tentions sur ce. Et cependant vous prions et néanmoins mandons
sur tout le service que vous voudriez faire, et pour cause qu'encore
ne pouvons escrire, surseoir et tenir en suspend les dittes procédures
en l'estat qu'elles sont, sans plus y faire et innover jusqu'à notre
retour en France * (du quel pour le présent nous avons, grâce à
Dieu, grand espoir et apparence qui[l] sera en hrief), ou jusqu'à ce
que par nous ou ma dilte Dame ayez autres Lettres ou Mandement
sur ce. Si vous prions et commandons n'y faire faute, el en ce fai-
sant nous ferez service très-agréable. Donné à Madrit en Gaslille.
le douzième jour de Novembre. François.
Robertet.
166
JEAN YAUGRis ' à Farel, à Strasbourg.
De Bâle, 15 décembre 1525.
Inédite. Autogiapbe. Bilil. des pasteurs do Neucbàtel.
.Sommaire. Règlement de diverses dettes.
4-
i
Basileœ, le 15 de Décembre A" 1525.
Guillième Farel, mon bon frère et amis, grâce et paix en Jésu-
christ soyt en vous!
* A la réception de la présente lettre, le 15 décembre, le Parlement
écrivit à la reine-mère, pour lui représenter « les inconvéniens qui peuvent
advenir à l'occasion des hérésies qui pullulent en ce royaume, j> et il permit
aux Juges délégués « de faire et parfaire le procès de Fabri, Caroli et
Ruffi.» (ToussaiiUs Du Plessis, II, 28ci.)
' Voyez le N" 109, note 9, et le N» 160, note 13.
104 JEAN TOLNI.NUS [gÉRARD ROLSSEL] A l'ÉVÉQUE DE MEAUX. 1523
Des novelles de Lion, Antlionne du Blet- ne s'y tien plus, et
pourtan [1. partant] je ne say coniman[t] vous pouréavo[i]r voustre
argent de Cnrtus, car il niât nului qui fasse la perssuite^; et pour-
lan regardé cornnian vous en voulé fare. Item des 6 v Tl. escus]
ijue je vous ay baillé, j'ay prié mon oncle Conrat*. qui [1. qu'il]
les randisse à mon oncle Wattischne, qui me les avoy prêter; el il
lui at Ijallié, et quan nous yron à Frnncl.ffort. sy vous en avés
affaire, je vous les reballirey.
Item des 8 escut que meistre Antoyne Pèlerin^ me presta, il > at
ung home alleman qui at estudié à Paris et il at esté ver vous, et
ce nome M. Wollff, une barbe noyre, qui m'at dit, que il at baillé
les 8 escut au dit .M. Aiitoi/ne Pèlerin. Je vous prie, niandé-moy se
je luy doy ballié au non [l. ou non], non nostan [1. nonobstant]
que je ne me délie pas de lui. Non autre pour le présent.
Jo. Vaugris, le tout vostre.
(Sasrriiition :) (îuHlormo Farello. Strosburg.
167
JEAN TOLNINUS* [g. ROUSSEL] ;i [FÉvêque de ^Mcaiî.x]-.
(De Strasbourg, au mois de décembre 1525.)
Autographe. Bilil. l'idil. de Genève. Vol. u" II! a. C. SchmidI,
op. cit. p. 188.
Sommaire. Je regrette de n'avoir pas connu, avant mon départ de FraiK», le projet
que vous aviez formé de lu 'envoyer dans un certain lieu voisin A'Avigtion, où j'aurais
' \ oyez le .N" lôJ.
' Il veut dire (in'il n'y a personne ù Lyou (jui soit accrédité pour agir,
au nom de Fard, auprès des héritiers d'iVuémond de Coct. Voyez la lettre
de Laurent Cf>ct du 25 juillet 1526.
♦ llcscli.
^ l'seudonyme de Jacques Le l'irre d'Étaplc^.
' Vojez la note de l-arel, qui accompague la signature.
' Le rapprochement de la présente lettre et de la suivante ne permet
aucun doute sur le nom du destinataire.
1525 JEAN TOLMNUS [gÉIUUD KOUSSEL] A [l'ÉVÈQUR DF. MF, AUX.] 403
pu, selon mon désir, étudier à fond la langue hébraïque. J'ai trouvé ici, il est vrai,
des hommes savants dans les langues et possédant ce don d'expliquer la Ste. Ecriture
sans lequel ou ne peut ramener la religion chrétienne à sa pureté primitive; mais je
crains que nos adversaires, bientôt renseignés sur la présence de mon compagnon
[Le Fèwré] dans cette ville, ne saisissent avec bonheiu- cette occasion de vous sus-
citer de nouveaux embarras. Je suis donc tout prêt à me rendre dans la retraite que
vous m'aviez choisie, ou â retourner auprès de vous, si cela vous paraît utile à la
cai'se que notis avons embrassée. Faitez-m'en savoir votre avis par [Nicolas] Le Sueur,
l'Élu [de Meavx].
J'observe ici bien des choses gui vous revipliraient de joie : la pure doctrine prêchée
à toute heure ; une foule assidue et toujours avide de l'entendre ; des écoles où pro-
fessent des hommes savants, pieux, simples, sincères et \nvant en partie du travail de
leurs mains; une sollicitude prévoj^ante pour les vrais pauvres; des pasteurs qui
ne connaissent pas le gain illicite ; des couvents transformés en écoles.
Parmi ces manifestations remarquables d'un nouvel état religieux, il en est ce-
pendant qui scandaliseraient dès gens habitués à tenir grand compte des moyens
extérieurs: ainsi les images ont disparu des temples; un seul autel est resté, sur le-
quel la comvMnion est célébi-ée de la mévie manière qtt'au temps de Christ. En un
mot, c'est le culte de Christ seul, conjorme à sa Parole. Puissions-nous être délivrés
des ténèbres qui nous ont envahis, depuis que nous avons laissé les traditions hu-
maines prendre la place de la Parole de Dieu!
Gratia et pax à Deo Paire et Domino Jesu Clnisto!
Maie me habuit quôd Tuu-* Digiiationis consilium non antea res-
civerim (luàm egressu-s essem regiio. liiiôd diiduin ciipieram com-
migrai'e in locum Avenioni proximum, qiiô me jam proticisci vole-
bas^; nec alia sane causa id cupieram quondam. (piàm ul in lileris
iiebraicis et in eriiendis prophetarum oraculis instructior ad tere-
direm \ Adeôque quod iiucusque non licuerat, occasione nuper
accepta, obvium factum per te est, si modo non defuissem negocio.
Non quôd non sinl in hoc in quo degimus loco viri peritia lingua-
rum juxia ac dono propheliie prediti. (juorum consuetudine asse-
qui possim quod cupio, inmeam et proximi ct'dilicalionem. qui pu-
tem vix fieri posse ut redeat clirt'stianœ relUjibnis imritas hactmus
pêne obsoleta, nisi adsint qui fontes porrignnt quos rellquit nobis
Spirttus per Mosen et prophetas, é quibus promptum sit et \eluli ad
raânum cuique bibere.
Ceterùm magnopere vereor, ne, occasione loci non paniin hoc
' Briçonnet voulait peut-être envoyer Roussel chez l'un de ses petits-
neveux, qui résidait près d'Aviguou (V. le X" suivant, note 12j.
* Le célèbre hébraïsant Xantes Pagninus, natif de Lucques, habitait
alors Avignon.
lut; JKAN TOLMNLS [GÉRARD ROUSSEl] A |_LÉVÈgLK DE MEALXj. 1525
seciilo suspecli, excitent in nos diras tragœdias, quibiis sumus veliili
inspissatiis aër et fiimo ohdiiclus oculis. Ac tieri vix possit, ut sparsa
fiisius fania viri cum quo scis me agere^ sinat nos (liutins latere.
Adeoijue suhvereor, ne nonniliil inde leciini exposi nient adversarii.
(}uilnis voliiptati est si quando vel minimain nacti l'iierint occasio-
nem per (|uam le Inique similes tradacant. Qiiare, si iL'({Qnm judi-
cares me hinc migrare in locuni quem milii propicium delegeras,
indi\idiiLis cornes mox assectabor tuum istuc.jiidirium, modo milii
per te innotiierit. In iiiinc usum optarem comnuitatum beneficium
tuo fdiore obtcutum ''■ cum alio, illi loco vicino, aut saltem ciijus pro-
ventibus etiam absens gaudere possem. Quod si è re Cliriali visum
fuerit ut me recipiam apud vos, nihil niordhor rt'tœ periculiini. Ut-
cunque res cedat, spero Cbrislnm mibi fore propilium et gressuum
directorem. (jui novit quo animo huctenus fuerimus in ncffocio illo
ijiioil tôt nohis atlversnrios conflnrit. Si nolis istud Hieris indicare.
boc saltem impetrem, ut per SM</or/>/w, elecfuin\ summanegocii
innotescal mibi. qui alioqui possum uliivis terrarum ignotus de-
gere. quod tieri identidem in nostro comité", pro lomporis occa-
sione. lam cnperem ipiàm qui maxime.
Suiit liir pli'rnque qiiœ tihi non possrnt non esse colnptdti, nenqn'
mue pieliitem excitent or pioinoreont. quod ita iinigilent Veriio
ecdesiarum ministri, ul, nuila pêne bora diei. suum desil ovibus
pabubnn et quidem syncerum, ul nulla subsit palea aut ferment i
pbarisiaci commissiu'a. A (|uinla matulina adusijue sexiam babe-
lur <on(io in singuUs lempUs, connuunesque fundunlur preces.
Dt'iiKb'.sejitiuia bora, idem rursusllt^octava vero bora. aut eocirca
•■' Ij€ l'ivre (l'ÉtapIes, qui dut arriver à Strasbourg vers le commence-
ment (l'octobre. Il est question de lui dans le fragment suivant d'une lettre
de Capiton ;"i (Kcolampadf datée do Sfrasl)ourg, le 27 octobre 1525 : «Qui
se bic nominat Antoiiwn Pcrcgrinum jam in maïui babet lil)riim tuum [de
EuclianMià]. Mirum quàm probet, quàm commendot, quîini admiretur!»
(Collection Simler, à Zuricb.)
" Houssel veut-il parler de la cure de St.-Saintiii que Brii,ouuet lui avait
donnée dans le diocèse de Meaux (V. Toussaints du l'icssis, I, ii27j, ou
d'un bénéfice qu'il possédait au comtat d'Avignon V
■ NicoUus Le Sueta; l'élu de Meau.x. Voyez le N» 102, le N" 98, u. 24,
•■t la lettre; suivante, qui lui est adressée par Roussel.
'* Est-il question de Le Fcvrc ou de MichH iCAramlc'^ Colui-ci était en-
core i\ Lyon le 8 octobre (V. leN" KJJi, mais il ne dut pas tarder à prendre
aussi la fuite, le Parlement ayant demande à la reiue-mère d'envoyer ^I.
MtcM à Paris (N» 165, note 1, ù la fin).
I
1K25 JKAN TOI.NI.NUS [GÉRARD ROL'SSKl] A [l'ÉVÈQIK DK MKAUX]. 407
conlio lil iii iiKi.jori teniplo. ailjunclis canlionilms in conimunem
lingiiam e\ liehraico psalterio transfusis. iihi mire assonanl nui-
lieres viris, iil juciiiKliiin sit aiuliie. In podeni (luoque lenipio rur-
sus lit conlio, liora (jiiarla à prandio, non prelermissis ilem cantio-
nibiis quiu precuirant el siilise(|nantin- sermoneni. veliiti liisce
gratiam postulantes ipia tlant idonei excipiendosementi evangelico,
et susceptuni suis prosequanlur graliis. Et ut plures videanlur ce-
lebrari conciones. nuUi tamen non interest magna populi turba,
divini verbi peiNjuam avida. Quod desyderium in nostratium pec-
tora immissum nihil est quod tam affectaiim.
Intérim Hterati suis non destitumitiir sroh's, quibus presunt viri
pietate et liferis insignes, qui continue prolltentur utrumqueOrga-
num. ea (|uoque lingua qua nobis per prophetas et apostolos re-
lictum est. Nullus liar in i-e fucus auditorum perstringit oculos,
sed oninia candide, pie ac \,urefmnt^. Hoc quaerilui" non quo suas
quisque ingenii opes ostentel. sed quo, pure tractato Verbo, pietati
cbristiana.' consullum liât. .Sw»/ rêvera riri iindelibel doctissimi et
qmik's li.F nnnin et ulteitim alibi reperias : tamen in ociilis iiominiim
ab.jecii prorsus videnlur, ut bos nibil pudeat incumbere in opus
externum. per quod, juxta Apostoli doctrinam, operà manimm
victum sibi qucerant, adeôque aliis non sint gravamini. Admiiwi
qnidem istud spécimen relif/ionis possum, sed intérim asseqiii non
datur. (|uanquam plurimum mihi cupiam.
Arridet etiamnum mihi in fotitm diUgens illa cura in pauperes, qua
tu ut verè pauperibiis non desit (juotidianum subsidiunj, simul et
cavetur ne validi in ocio alanlur. Hoc facit Senatus ex a're pu-
blico, adjunctis eleemosynis et coUectis quee per populum fiunt ;
nam in boc ipsum désigna fa? sunt in singulis templis arculœ, in
quam (sic) quis(|ue suum con.iiciat symbolum: nullus tamen intérim
cogilur; [mendicantibus?] interdictum est omnino. Habet pra'terea
(jUteque parocliia suum Verbi ministrum et diaconum. (pii non
injustis et undelibet corrogatis lucris aluntur. sed partim pulilico
aTe per Senatum designato, partim labore manuum.
Cœnobia bona parte dii'uta sunt: alia in scolas transieriint. Tamen
cum religiosis. quos vocani, sic egil Senatus ul nulla species lyran-
nidis visa fuerit : aliis in m[undum?] sua sponle egredientibus et
se bonesto alicui opilicio mancipantibus, aliis in suis adluic cellulis
•' Voy. daus Rœhrich, op. cit. Tli. T. p. 251 et suivantes, les détails relatifs
aux écoles de Strasbourg, et plus loin la lettre de Farci du 4 juin 1526.
408 [GÉRARfJ HOUSSEL A NICOLAS LE SUEUR, A MEAUX.] 1 525
foleralis; sic tamen aclum est ut non liceat quempiam deinceps in
monachatum recipere. Bona spes est proventiis illorum commi-
gralui'os in aliinoniani pauperum, nec non in usuni eorum (jni po-
pulo et sliidii.s sul'llciendi erunt'".
(Juœdam poiTo siint quœ ijleros(jue ojfi'iuleie jjO'usent non t'omqiii'
proiedos in doctrina Spiritus, ul vuncta externa contcntnere queant.
solâ intérim nixi fide, qua3 sic in invisibilia tota rapitur, ut proxi-
niiiiii non negligat, sed per cliaritatem ad mensuram illius se
sunniiillat alque atleniperet. Nara imagines a tenij)lis ableijntœ sunt :
unicuni altare onniibus patens reUctnni est, in tjitofitconiniunio ino-
ximè ad Christi tenipora. Et, ut semel onmia concludam, nulluni
caput à Gliristo inibi suscipilur: soins Un colitur Chvistus.adeôque
juxta suuni cerbuni. Nec desunt intérim persecntiones. quilius suos
exploiat Deus. sed hisce augescit, non minuilur Cbristi negocium.
Fnxit Dens, ut corda populorum ita visilentur iilustratione Spi-
rilus, utprocnl ahsint densœ cœcifatis tenebrœ in qnas hactenns pro-
lapsi sinnus, dnni sirinins nos a rerlio Dei ahleyari ail traditiones
hominnnt ! Sed de bis iiactenus. Salutal te nosler Peretjrinns^\
cui assideo. Bene vale in Cbristo, qui sit tua el ouniium salus!
(lu2o) '■'. Tuus ex corde servus Joan.nes Tolmnus '^
108
[GÉRARD ROUSSEL' à Xicolas Le Sueur*, à Meaux.]
(De Strasbourg, au mois de décembre 1525.)
incdiic. Aulograplio. Jjilil. I'iiIjI. de (îenève. Vol. n' 11:2.
Sommaire. J'ai inulilement représenté é. Coracintis [Le Fèvre], qu'il ferait une cliose
'" Voyez les reuscigncmeuts que donne Erasme sur la sécularisation des
couvents dans les villes évangéliques (Lettre du 28 août 1525. Le Clerc, 886).
' ' On lit au-dessous de ce mot la note « Jac. Faber » de la main de Farel.
'* Le iiiillôsinio est également do la main de Fard.
' ^ Farel a écrit les mots suivants au-dessous de la signature : « Gcrardus
litifm, agens Arycntorati apud Capitonem, ubi Jacobiis Faber, MicJiaël
Arnudiius et alii Galli. »
' On lit au-dessus de la première ligne du manuscrit la note suivante,
• Voyez ci -dessous la note 13 et le N» 102, note 1.
1525 [gkuaui) uolsskl a mculas Lii sLtun. a .mi:aux.] 401)
couipromettante pour nous tous et désagréable à mou mailre [Guillaume JBriçonnet],
en renvoyant chez, vous son serviteur; aussi, lorsqu'il l'a vu revenir [à Strasbourg],
il l'a Congédié par uiotil' d'économie. En outre, il a pris si peu de peine pour cacher
sou uom, que le lieu de sa retraite finira par être connu de nos persécuteurs. Veuillez
faire tenir à Jean Marc [l'évéque de Meaux] la lettre que je lui écris à ce sujet, afin
qu'il nous dise ce que nous avons à faire pour lui éviter de nouvelles tracasseries.
S'il songeait encore à ni'envoyer près à.' Avignon, je m'y rendrais ; mais si la cause
de Cluùsi exige ma présence an milieu de vous, je suis prêt à exposer ma vie.
Au reste,' je prolongerais volontiers mon séjour dans cette viUe, où Christ seul est
adoré, où il a' été accueilli comme le chef et le fondement de l'Église. Les papistes
osent à peine murmui-er. Les images, les messes, les prières pour les morts, les cou-
vents, en un mot, toutes les inventions humaines, qui entravaient le vrai culte de Dieti,
ont été abolies. Les ïlétails que je vous donne ici sur la prédication publique, sur les
formes du culte et l'organisation de l'église, vous montreront à quel point ce peuple
€st heureux.
J'espère obtenir l'échange de mon bénéfice ecclésiastique par la protection du frère
de mon seigneur. En cas d'insuccès, je résignerai ce bénéfice, pendant un an, à
mon frère cadet, qui me fournira de quoi vivre. Je vous confie le règlement de cette
affaire. Quand vous irez à Paris, exhortez mes frères à vivre dans la piété; engagez-
les à écrire une lettre consolante à mes parents, afin qu'ils ne s'affligent point de mon
exil, et veuillez leur communiquer votre Abrégé de la doctrine chrétienne. Si nous
devions rester ici, je voudrais y établir avec votre aide une imprimerie où nous pu-
blierions des traités populaires dians le genre de ceux que vous avez composés. Pour
le moment nous sommes occupés à wne traduction française de toute la Bible, d'après
les textes originaux. Coracinns s'obstine à vouloir traduire l'Ancien Testament, mal-
gré son ignorance de l'hébreu.
Gralia et pax à Deo Paire et Domino Jesu Ciiri.-^to!
qui est de la maiu de Farel : « De ratione agendi quœ iu Argentoratensi
ecclesia scrvatur Epistola GerarcU Eufi, cui adeo co)itrarii fuere Theolo-
gastri Parisiui et Seuatus supremus Parisieusis, ut coactus fuerit solum ver-
tere, et non tautuni ipse, verum etiam optimus senex Jacobiis Faber Stapu-
îensis, qui iu hac Epistola Caracinus vocatur, et Michaël Arandius, San-
paulinus episcopus; egeruntquo ^Ij-^rentom^i in œdibus Capitonis, cujus cou-
victores fuerunt, j.»?ms minus mensibus 9. Vemriint anno 1525, posi Mcnsem
Junimn, et revocati sunt per Reginam Navarraî, régis sororem, post libera-
tiouera Régis ex Ilispania, [anuoj 1526, postPascha.»
Cette note, qui semble au premier abord mériter une entière confiance,
renferme une erreiu' de chronologie. Bousael était encore à Meaux le
25 septembre 1525 (N" 162), et Miclicl d'Aramk à Lyon, le 8 octobre
(N° 161). L'arrivée de Le i^yre à Strasbourg parait dater du mois d'octobre
(V. N' 167, u. 5), et vers la fin d'avril 1526 il retournait en France par Bàle
(V. le N" 176, u. 7). Le 7 mai, d'Arande était à la cour (N° 174). Le 17 juiu
suivant, Roussel datait une lettre à Farel de la ville de Blois, où il était
fixé depuis quelques semaines, et le même jour (N" 164, note 4) Michel
'lIO [gÉRAIID ROLSSEL a NICOLAS LE SIELR. A MEAUX.] 15:2.^
Scripsisli ad me per senum Coracini'-. <\\\\ nuper a vobis ad nos
i-ediil. sed breviùs quam voluisseni: tamen causabatur boc factum
(|u6d fusius per aliura scripseras, qui nondum ad nos pervenit.
elianisi in diem exiiectamns. ConsiUo meo factum non est quod
a nobis abscesseiil seiNus Coracini et ad vos concesserit, illic mo-
raluius : nec clam me erat in i|uod discrimen se pariler et nos con-
jicerel el (juàm res maie babitura e<.selDoiniiti^ animum. Sedseni*
parendum fuit, qui quod semel apud se concepit vix possit exlru-
i\ere. ul maxime plures ab eo dissenlianf. Verebalur impensas et
alia (jUcLMlam gravamina, qua? non fuerunt toleratu diflicilia; ego
vero. iliscrimen in (juod nos ferme adduxit. quod estimabam cunc-
lis illis gravaminibus preponderare : nec adduci potuit ut crederel.
consilio Domini [praedictum servum] ad nos rediisse, nec se sua-
deri permisit ut nobiscum degeret, sed mox eum manumissum el
UKjdunnin ablegalum curavit. Habet bic uxorem ipiandam cbristia-
nani ciini suo conjuge, paris nobiscum sortis, consorlio illo sibi
mire placet, nec aliud praL'terea famulelium desyderal. Hoc facile
ferri [loiest. sed wale me habet quôd plerisque se notum f'ecerit \
f[uo facile fiet ut fama viri, fusius sparsa. ad vos tandem pervenial.
in(b'(|iie ansa liai obireclandi iis qui sibi mire placent, si quauib»
nacii bu'rini persequendi occasionem. Hoc miHjis curasscm factum.
Iiostcafjaam adcnijita fuisset sjies nostri ad ros reditas, si quando
boc permiserit Deus. cujus est lei-ra el plenitudo ejus.
Ea de causa scribo ad Joanncm Marcum^. vestram pastorem, cui
red(blas iilei'as curabis. id ridcat quid nobis liac in re aqendnm si/.
ne qnid a nobis incounnodi suœ accédât causa'. Volueral me peteif
locum Arenioni pioxinuim : (luod cousijium amplexaturus erani.
si niilii priiis iunoluissel quàm regno eggressus esseui, ^idelic('l
l'id It'iupore bobraicis literis operam datuius, tpiod ihuUim opta-
verauL i<ef\ biicusipie non itermisit Deus. Si persiarel in sentenlia.
nec essel spes nos brevi re(nturos ad vos, illuc me conferrem, non
quod ufin cupiam bîi' maiiere. sed (|uùd motuam Uf fnna riri'.
il'Aramlr iirciiait possession de son évêché. Ainsi aucun des trois réfugiés
<|ne mentionne Farci n'a pu résider à Strasbourg au delà de sept mois.
Au-dessus de ce mot Fiircl a écrit : « Jacohi Fahri Stajjuloms. »
' (JnilhiKtiie Jiriçonnet, évoque de Meaux.
* Li- l'évre d'Étaples.
■^ Voyez la note 8.
'• Pseudonyme de Guillaume Briçonuei. Voyez la lettre précédente.
" Le Fèvre.
««
152i') [gérviid iu»issi:l a mcoi.as i.k svkih. a mkaux.] 411
liîc liisiiis sparsa, nostiu' ol'licial caiiscu. Viili i|iii(lem occultus esse,
sed sic taiiien ul pêne cuiictis nofiis évadât ^ Quôd si è re ChriUi
fucrit, ut aiidio (iiiosdam profari, ut ml ros redenni, nihil monihor
ritœ (Uscrinipn.moilà Clirisli negocio fiât accessio. Voiiii déclinai e
lurorein adversarioruni, quôd ita consullum eorum saluli el Evan-
gelii negocio sperassem; si falsus sum Judicio, ul fieri potest,
pai'alus suni. (|iianlùiii siiûoesseril Uoniiniis. resarcire (puxl déesse
videatur.
Qnôilltk' Inliens morer. si modo per faniani viri liceret, (ulrcdiint
pliin'iita quœ noi'um quimdaiu faciem pietatis pollicentur. Hic soins
C/iristiis colilnr per suum Verbuui, solusque pio capite stiscipitnr
et fnndmnento. Externis non defertur, nisi ipiatenus nécessitas
proxinii urget, sed sumraam religionis perstringit fides per ciiari-
latem exercita. Papistœ in arctum redacti sunl, ut vix mutire au-
deanl. Abh'çjatd sunt pêne oninia quœ pietati inconimodare vide-
hfuitur : cujus generis erant inaujines lemplis aflîxu', quie cultum
Sanctonim ementieltantur, missœ et alia pro defunctis sulTragia,
([Uii'. purgatorium. cwiiobin, qucO, factitiam religioneni et ab ho-
minihus introduclani. Et, ut seniel dicani, abrasa sunt pêne oni-
nia (|UcT per Jiomiues invecta in cultum Dei dudum fuerani, adeô
ut solus cultus Dei nudo synceroque Dei verbo nixus inibi \ isalur.
MisscO viluerunt cum iis omnibus quce quiestum suis fœneraban-
lur ministris. Verbum Dei, nullà pêne diei iiorà non inculcatum
[)0puli auribus, relut i fnnicii lus in manu Christi, vendentes et émeu-
tes ableijarit u Dei templo, quamquam intérim succenseant ac fre-
manl pigri ventres et maUe bestiée, sacerdotes Baal, ut tum quoijue
scribie et Pbarisei adversus Christum. Quinta inatutina suam babet
contionem et communes preces, itemque septima bora. idque in
singulis templis. Octavà quoque convocalur populus, sed duntaxat
in majus lemplum. ibiipie fit sermo ad popubim. adjunctis cantio-
iiibns è psalterio bebraico in linguam coiinnunem transfiisis. qinv
pra-currunt et sidtsoquiinlur verbum Dei. videliccl ut imi)etrent
gratiam (jua liant idonei semenli divino excipiendo, et suscejjlum
prose(piantur suis gratiarum actionibus. Rursus. (juarta a prandio.
>* Capiton écrivait de Strasbourg à Zwingli le 20 novembre 1525: « Fa-
relhis, Buccrus, Jac. Stapnlemis, Joli. [1. Gerardus] Bufus, Vcdastus, et
quidam Siiinon. onmesGrt///ot contubernalos ac hospites moi, te salutant...
Jacohiis Stajnticnsis se nom'niAi Antoninm Fereyrimtm, et Eiifits, Tohihiinn ;
nam latcre cupiunt, et tamen imeris noti sunt. Ejecit eos è Gallia tyraunis
Theologorum. » (Zuinglii 0pp. VIT, 439.)
M2 [GÉRARD IKKJSStL A NICOLAS LIi SLE.LU, A MEAUX.J 1525
in idem templuiii lit concursus populi. et pari lenore negociuin
Clii'isti penigitui-. Jii caiilionibiis illis tam assonant mulieres viris,
ni jucuiiduni sit audire, indeque plare.s, niliil liesito. provocaiitur
ac pelliciiinlur in Chrisli ardorem. In conrentuimpiili nihil dicitui
mitcanitur quod non intdlUjiUur ah omnihua; niliil fit pro ostenta-
tione ingeniorum, ut liactenus fieri solituni: si quando coiitingil
Scriptiiraui per alias Scriptiirasmunire, ut nnllo non loco Ht, niliil
a;d]niiscetur peregiini idioniatis. Scriiitnrn siinjiUcisiiùne tmctutur.
rejectis frigidissiniis alIegoriis,fl^ in totuin lUiern est nh hummiis iu-
rentionihus. Purum IVumenlum et nuUis perniistuiu paleis porri-
gitur plebi, et tam crebrô, ut nulli excusationi locus relictussil <iuo-
niinus unà diei liorà non intersit. In Ikh- i[isum delegatisunt sep-
lem viri potentes opère et sermone. inter tjuos mire convenit. ipii
sic appai'ati super Script uram ut nuUus pêne Scriptune lilitT in-
lactiis ix'linijualur. Intérim abstinent a libiis quos canon hebru.'us
non rt'cipil. FeUx nlniihni jiopulus. si modo non ifjnorat diritins
((uns .sjtiiitus Christi iinjinrtittir, ut niibi persuadeo non ignorare,
\el ex eo quod lani crebris continniltus accin-iit froipions el Verbi
avidus !
Doniiniro dii'. (|UL'Ui suluni fesluin reliipierunt. adliuc aulem ut
liberuni sit in eo operari (sed sei"\i et ancilliu ad opus cogi non
l)ossimt). celehrnnt cœnani doinini[nnn^. et bac quidem forma :
Mrnsd prostat in palenti loco templi. ut ab (unnibiis conspici possil :
(iltdir non vocant. (juod non nisi illis laie quiddani pulelur qui ex
(Ibristi cœna sacrilicium fecerunt: tanien niliil dislat a viilgalis al-
laribiis. Ad iiicns.iiii illaui adcedit niinisti'v. sic lamen ut facieni
c(uiversam ad plcbein liabeat et non posleriora. qui mos liactenus
servaliis luit à sacerdolibus sacrillcis. qui. xcluli qiiaiidain I)ei
specif'in [trie se ferentes, sua populo posleriora conspicienda, non
etiaiii faciem. opene precium diicebanl. Assidens iuens;e, facie
\ersa ad populuin. in qiicm lolius p(qnili oculi concurrani, primùm
qiiasdam preces e\ Scriplura deproiuplas |)romit . idcjne paucis;
ib'indf ps:dnius ipiiilam ab omnibus canilur: (pio absoliilo. et n(ui-
niillis .idliiic precibus jh'I' minislriim fiisis. conscendil catliedram.
<•! priiiirim legil Scriplurani.cunctis inlelligentibiis. ipiam explicare
Milt. Dt'inde eandem fusius explical. ascilis aliis Scriplura; locis
in banc rom facicnlibus. sic tamen ut analo.i^ia lidei servelur, et ni-
liil adfiM'al qiioil non ad lideui et assedam rbaritateiu dirigalur.
Alooliito sermone. ad mensam redit, caniliii' syiubolum ab ounii-
bus: qiio peraclo. jialefacit plebi, in (piem usum Cbristus suam no-
1îi2L> [GÉRAUD IIOLSSKL A MCdl.AS I.K SUEL'R, A AlblALX.] 41:)
liis reliquerit cœnaiii, paucis relei^^ens benelkinni morlis Cliristi el
elTusi in cruce sanguiiiis : (leiiide veiiia Clirisli recenset. lUiscripla
suiU ab evangelislis vel Panlo: deinde iiniiarlil iis qui accedere
volunt (nam nemo cogilur, invilanlur lamen omnes) ixinem et ri-
innv, l'era corpotia et .snngtiiNis Cliràti nfi^nliobt. in snœ inortis re-
coidittionetn, a se relicta suis aposlolis. Duni lil comniunio et suani
quisque cœnœ porlionem accipit. canilur ab omnibus hijrie eleeson,
boc veluti bymno agentibus gralias pro acceplo beneficio. Sic ta-
men communie liL ul poslremus sumat minisler, adeôque quod
supeifuerit. Hoc peraclo. in suam quisque domum se recipit, à
prandio re(Hlurus in ma.jus tempbim, in quo. circiter 12=*™ borani,
per unum ex minislris lit sermo ad populum''.
Et ne credas. sine friictu hactemis fuisse Verhuni. Pauperes ita
susceptisunt, ut ex œre communi alantur. et nuUus negligatur qui
agnitus fueril indigens. Sictamen negocium geritur, utvalidis non
liceat ociosis esse, nec ulli liceat per domos stipem qua'rere: qui
vere pauperes sunt adeoque alendi communibus sumptibus suum
habent signum, quo internosci queant. In iiunc usum designataî
sunt per singula templa arcula", in quas suum quisque pro arbitrio
congerat symbohnn; faciès qua-dam videtur esse apostolicorum in-
stiluforum: ulinam tam efticaciler assequalur quàm exprimil!
Nec desunt persecutiones, qua> assectantur Yerbum. veluti individui
comités; sedhiscenou franymitur V&hi ministri. non frnngitin' po-
piiliis, sed roboratur, accenditur inde ardor spiritu[s] et pervadit
l'iectorum corda. Sunt plerique e Senatorihus qui réclamant, sed
qui cordaliores infer eos babentur moidicus amplexantur Gbrisli
negocium et urgent, adeo ut urbs omnibus pêne vicinis invisa sit.
Sunt alia pleraque relatu non indigna, q\nv in oporlunius tempus
dilïeram. Nunc dd rou quœ me propins nttinet redeo.
Scripsisti. lleri vix posse, ut commuteni heneflvium cuni libeiioir :
alioqui posse me oblinere curatum benelicium'^ Quod per abseii-
liam non video cpiî possim citra salulis dispendium suscipere;
([uinetiam nec pnesens apud vos potui baclenus, quôd robur spi-
rilus déesse milii senlirem, qui exigilur diradeniMs el in moUus
■' Voyez sur les changements que le culte subit à cette époque dans
l'église de Strasbourg, Kœhrich, op. cit. Tb. I, 197-210, tt 350. — Rœli-
ricb. Mittheiluugeu ans der Gescbichte der Evangeliscbtn Kiichc des El-
sasses, 1855, Bd. I.
*" Voyez le N° précédent, note G.
414 [(iÉHARU KOLSSEL A NICOLAS LK SlRl U. A MEAUX.] 1525
redigendis iis qna; liiulca (sic) et perpeiam iiivecla. per avaritiam et
niiniaiii ventris curam, fueruiil. nec non per eos (7ui hoc sihi liellè
sancti probalianlur. si quam speciem sanctitatis externis ceremo-
niolis lestarentur. Frater Doinini^^ njultos liabet prioratns: liahet
et ncpos^^ (|ui prope Avenionem degit. Si hoc curarit Z)o/;?///«.s-, fa-
cile impelraluruni nie polliceor, qui alioqui non sim omnino suo
fnitii ingratus. Quôd si minus lioc possit lieri. ijuod minus spei'o,
paiatus sum cedere fruUi juiiiori, qui in collegio degil. qui suf-
liciet mihi in annuni quod ad vitam necessarium : non «piùd non
luagis optarini pi'oventus illos ad panperes redire vel ad eos unde
prodierunf, etnosnostrisvivere laborihus, prout verhumDei pra;-
sciihil: sed video nondum instare tempus. (juo minus, si iiherè
cessero. non succédât alius aliquis qui plenius ahusurus sit, etc.
Fac ni censuerit Dominm et tibi commo(hnn ^ idel»itur. nam siuii-
iiiam reituœ credo fidei^^, et (|uod feceris i-alum haltebo etnuiltis
prosequar gratiis.
Optarini tibi et amicis conimendatnm Joanneui Friderallem '^ qui
Itroxinie assumemhis est ad ordinem medicorum. Nosli virum
christiame pietati natuni. quem optarim Dnni/iin quoque commen-
(lalum. etc. Si quando in'ti/'iis Ihirisios. soin iv fin frcs iiipoa. et cura
sint bono aninio et christiano, et consolatoiiaa lilcnis nieo nomine
(lirif/iint ad parentes*^, ut non iniqne fernnt (juod pro Cluislo ncci-
dorit, sed mullis gratiis prosequanlur Dei volunlalem. Bene feceris
si Coinpendiunt tutini in rem Christinmuu^'' ad illos niiseris. nieà
" Denis Briçonnet, évoque de St.-Malo.
'-' Panni tous les lu-vcux et petits-novoux do ]'évé(iue do Moaux, nous
n'en connaissons que deux qui fussent ecclésiastiques : François Jiriçonnet,
fils de Jean, et Louift Dauvcl, petit-fils de ce dernier.
' '• l'ji rapprochant ce passage de celui où Roussel désire que le résultat
de sa recpiête lui soit communiqué ' per Siulorium ekctinn » (N° 1G7, note 7),
on se convainc aisément que la présente lettre fut adressée à TElu de Meaox,
Nicolas Le Stteiir. V(jyoz les notes (j et IG.
'* Fridcvaîlis, appelé aussi Hugo à Frigida Valîe, natif de St.-Paul en
Artois, savant médecin, philologue et poëte. (Note de M. C. Schinidt, op.
cit. p. 102.)
'■' C'est le seul jjassago de la correspondance de lîousscl où il soit t'ait
mention de ses jtaraUs. Nous avons vu plus haut que son frère cadet était
alors étiuliant dans l'un des collèges de Paris.
'" L'ouM-age mentionné par Roussel était sans doute un Ahrcgé de la
(ItKtrine chrctiemie et l'un des âritft jtopulairo: que Nicolas Le Sueur avait
dédiés, comme il nous l'apprend lui-même, à la duchesse d'.Monçon (Voyez
le N° 102).
1525 [gkraud rousskl a .\(COL\s le suklh. a ufciAUX.] M^i
causa, pro illonmi instruclione. Si nohis lue muncndum ih'uttiis
fiieiit, hoc vellem abs te et amicis impetraliini, ut hir ofjiriumii
erigeremm^\ c qua prodimit lihri magna ex jtarle in vestraui lin-
guam ti'ansfiisi.^/^/ populi /ustilutioiicin. ntjns i/nicils sinif ijims tilii
suggessit Doniinus "*.
Deinde hic occupomur nliquol. ul iutrgra liililin, non e\ \ ulLrat.i
editione, sed consultis liehneis. grœcis. et iis qu;e in yernianicaui
linguam tralata sunt. in rpstvam transfuniliinlur lingiinm,^' : quoil
opus, ut magni lajjoris, ita puto magnct- fuluruui ledilkationi-". Co-
racinus suo more pergit, volens id prœstare in Veteri quod inNoro.
me a nohis terrevi potuit. ob i-ei diflicultaleni et linguaruni impe-
riliam, ut desisteret, et curaret qu» suae essent barenaEj-', — prœ-
sertim cuni iiîc essent qui melius id pnestare possent, nec esse (sic)
in Veteri perinde ac in Jure Novo. nec tamen deess[e] quos niak*
hal)eret t^ersio Hla ■^ua-'-. ut non adniodum tersa, ita graecae lidei
pleruniquo dissentiens - '
'" L'année précédente, Roussel avait déjà formé un projet semblable.
(Voyez p. 237.)
'*■ Voyez la note 16.
'^ En disant <rnous sommes ici plusieurs, occupés à traduire toute la
Bible dans votre langue, » Roussel voulait peut-être dérouter les lecteurs,
pour le cas où sa lettre serait interceptée. Sa langue maternelle était le
français, puisqu'il était natif des environs d'Amiens.
^° Cette entreprise paraît n'avoir pas eu de suites, cai* il n'existe aucune
traduction française de la Bible dont on puisse citer pour auteurs Roussel,
Michel (VArande et les autres réfugiés français Farel et Védasie, qui
étaient comme eux les hôtes de Capiton. Mais il est possible que Le Fè\Te
ait utilisé les travaux de Roussel pour sa version de la Bible publiée à An-
vers, le 28 septembre 1528, chez Martin Lempereur. (Voyez Graf, op. cit.
p. 122. — Maittaire, Annales typographici, II, G98.) Nous savons en effet
que Roussel, après son retour en France, continua à s'occuper de la tra-
duction qu'il avait entreprise à Strasl)ourg. II écrivait à Farel, le 17 juin
1.526: « Si hîc mihi manendum, Concordantiis non lubcns caruerim.... »
Nous lisons encore dans sa lettre du 27 août suivant : « Obtuli Duci partait
nostri lahoris... Hoc ago ut exscribatur et demum prelo maiidotur,... si quo
modo possim hoc ipsum consequi. Optarim quàm primum ad nos dimitti
Genesim quam habet noster Bcntinius. Si tu cum fratro nostro Slnio)u: per-
geres in cœpto opère, hac parte publicœ utilitati consultum arbitrarer... [et]
apud meos similem subibo laboretn... Fac ut liber Getieseos ad nos cito
redeat. »
21 — ji Allusion au Nouveau Testament français de Le Fèvre.
-' Le manuscrit original de cette lettre se composait de deux feuillets,
dont le second a été enlevé.
410 FRANÇOIS LAMBERT AU CONSEIL DE STRASBOURG. 1526
169
FRANÇOIS LAMBERT au Coiiseil de Strasbourg.
De Strasbourg, 13 janvier 1526.
F. W. Uassencaiiifi. Franciscus Lambert von Avignon. Elberfeld,
1860, in-8% p. 26.
(traduit de l'allemand.)
Sommaire. Lambert dédie l'un de ses ouvrages à MM. du Conseil, et il se recommande
à eux dans son extrême pauvreté.
Nobles, sages et gracieux Seigneurs!
L'année dernière, environ à cette époque, j'ai fait connaître à
Vos Excellences ma grande pauvreté, et Dieu a permis que dès
lors, toutes les semaines, j'aie reçu quelque secours gratuit. J'en
éprouve une vive reconnaissance envers Vos Excellences, et, pour
mieux vous le témoigner, j'ai pul)li(iuement interprété tout le pro-
phète Ezécliiel et les trois premières Épîtres de Paul, et maintenant
je m'occupe du prophète Daniel et de l'explication du livre appelé
La rérélation secrète. En outre j'ai publié dans votre ville par la voie
de l'impression plusieurs commentaires sur l'Écriture Sainte. Dé-
siranl cnlin vous olïrir un faible témoi.cfna^^e de mon dévouement,
j'ai fait iuipi-imer les quatre derniers des douze petits prophètes.
Sophnnie. A()(jée. Zachane. Mnlarliie, et je les ai dédiés à VV. EE.
l)()ur servir à Tinslruction de toute la Chrétienté', .l'espère que
VV. EE. daigneront agréer cet hommage d'un pauvre serviteur de
Chris!, iiourgeois de votre ville-.
Mais, comme mon i.Lrnorance de la langue allemande m'empéchr
de prêcher au peuple % j'ai le projet de prêcher et d'enseigner en
latin, de vive voix dans cette ville, et par mes écrits dans la Chré-
lienlé tout entière. Cependant je me trouve ici dans une .si grande
' Fr. Lamborti cornmontarii in Soplioniam, Aggcum, Zacliariam et Ma-
lachiam. Aif^riitorati, 1.020.
= Lainlnit avait ri-^u en novembre 1524 la bourgeoisie de Strasl)oiirg.
^ € Utinam niihi liceret venire in (iaWia?, ne semper vwtmesseml » disait
Lambert en 1524 (N" 133).
1326 OKCOLAMI'ADK A (lUlLLAL'MK FAHKL, A STllASBOLRG. 417
misère, (lue j'ose iniploi-ei- avec conliance VV. EE.. afin que, dans
leur miséricorde el leur bonté, Elles daignent pi-endre pitié de
moi à cause de .lésus-Cluisl. et que je puisse, tout en m'occupanl
jour et nuit de Tétude de la Sainte Écriture, avoir de (|uoi me
nourrir ainsi que ma famille ^ Nous contracterons ainsi Tobli-
gation de prier éternellement, comme de fidèles sujets de VV.EE.,
pour la paix et la prospérité de votre respectable cité, que nous
recommandons à i'espril et à la grâce de Dieu. Amen 1 Le sa-
medi de l'octave des trois Rois, l'an 1520.
De VV. EE. le très-humble serviteur et bourgeois
FuANGors Lambkrt d^Avignon.
J70
ŒCOLAMPADE à Guillaume Farel, à Strasbourg.
De Baie, 9 mars (1526).
(Ecolampadii et Zuinglii Epislolse. Éd. cit. fol. 201a.
Sommaire. Trompé par ce qu'on vous a dit île ma grande pauvreté, vous m'avez en-
voyé trois couronnes. Je suis bien prés de vous les rendre ou de les distribuer aux
pauvres. De grâce, ne vous mettez pas dans la gêne pour un ami qui est satisfait de
sa position ; et si vous aviez besoin d'argent, empruntez-en de Jean Wattenschnee ,
à qui je le rendrais. Nous avons obtenu en votre laveur une lettre du recteur de V U-
niversité. Notre ami N. [Pieri-e Toussain] est prisonnier à Pont- à- Mousson. Je con-
* On lit dans les Registres du Conseil de Strasbourg (Post Erhardi 1526):
« Le D' Franciscus Lampertus présente un livre qu'il a composé sur les
quatre derniers prophètes et qu'il offre à Messeigneurs comme un petit
cadeau en reconnaissance des bienfaits de MM., eu implorant de nouveaux
secours. Arrêté : que les deux seigneurs qui ont déjà traité avec ceux de
St.-Jean et des Chartreux les engageront amicalement à l'entrotcnir encore
un an, et informeront le D' Franciscus qu'il ait à s'arranger en consé-
quence; s'il ne veut ou ne peut pas le faire, on ne devra pas le laisser mourir
de faim, mais il faudra le nourrir aux dépens des cloîtres, afin de l'avoir sous
la main, si l'on avait besoin de lui pour l'établissement des écoles. Ils ajou-
teront qu'il ne doit rien imprimer ni pubher, avant d'en avoir reçu l'autori-
sation et de l'avoir fait examiner.»
T. 1. 27
418 (JECOLAMPADE A GUILLAUME FAREL, A STRASBOURG. 1526
seille a nos chers seigneurs, les Français exilés, de ne point se bâter de regagner
leur patrie. Saluez Pomelius [d'Arande], Antoine [Le Fèvre] et Wolfhard.
Joannes (Ecolaiiipadius Giilielmo Farello fratri ineo in Cliristo
charissirao.
Pacem Ghrisli! Gharissime Gulielme; erubescere me fecisti rubro
luto, iiualuor coronatis, pan^am corollam, aniici pectoris tibique
plane addicii s\ mboluni. retradendo. Decepit te ntmor. quôd magna
ffjestalplaborctu : non ita est. Doniinus hactenus pièces meas exau-
divit, et nec divilias, nec paupeitatem dédit. Nobis eliam tenuitas
pro magnilîcentia fiieiit. At ego in causa fui. rjui nuper scripsi,
crumenain nieain non oneratam. Verùm num putas propterea ex-
haustam, ita ut tu gravandus sis? aTropô? hpe, nescio an tibi remit-
tain, vel liicpauperibus dispensera. Oro te per misericordiam Gbrisli,
si opus est tibi pecunia. ut illam kJoanne Vuatensclme^ recipias, et
ego illi reddara : imô accipe duplam. et ego restituaui. Tarn nihil
est in meo penu, quod non tuissimum. Nonduni ita pauper fui.
quin si bodie morienilum, pauperiorem voluissem.
Impetrarimm literas à Redore imiversitatis, tuo noniine^ : qui-
bus artibus, cognosces à Vuatenschne. N. noster^ captus detinetur
in BumUuaosa *, ipiimpie niillibus à Métis, sub Lotharimjo. Gonlido
in Domino, (piôd illum nobis vel vivnm confessorem. vel mortuum
martyrem servabit. 0 peclus innocens ! at quàm lenlis vestigiis
ego à longe. Nollem clian'<isimos doiiiiuos nieos GnUos ^ proporare
in Gnilitun. nisi rébus hene explorât is. rbi(|ue daimonis lecbna-.
' Libraire à Bâie (V. les N»' 109 et 120).
* Le recteur de l'Université était alors le professeur de droit Boni-
face Amerbach. La lettre qu'il consentit à écrire était peut-être un certificat
relatif à la conduite de Farel à Bâle et à ses rapports avec l'Université,
* L'exemplaire de Farel (N" 111, note 8) présente les mots * Petrus
Tossanus » écrits par le réformateur à côté de ce passage. Nous avons vu
plus haut (X» 121, note?) que Pierre Toussain dut quitter Bàle dans les
premiers jours d'octobre 1525, muni d'une lettre pour Guillaume Budé, qui
résidait à Pariai. Érasme l'avait également recommamlé à Mifliel de Baudet,
évêque de Langres (Erasmi F]pp. Le Clerc, 891). Ou ignore quelle fut la
destinée de Toussain depuis son départ de Bâle jusqu'au moment où,
comme il nous l'apprend lui-même dans sa lettre du 26 juillet 1526, il fut
livré par les chanoines de Metz à l'inquisiteur du saint-siége.
* Pont-à-Mousson.
* Il veut parler de Le Fèvre et de ses compagnons réfugiés à Stras-
bourg (N" 168, note 1). Le prochain retour de François I" inspirait quelques
espérances aux amis de l'Évangile. Capiton écrivait à Zwingli, le 7 mars :
1526 MAROIEHITK d'aNGOUI.È.MK AU COMTK S. DK HOHKM.OUK. 419
Venim obtempèrent spiriliii Cliristi. (|iii illos niiiKiiiain (léserai f
Mi Farelle, spero Doininiiin coriservatunim ainicitiam nostram im-
morfalem; et si hîc conjiinj,à ne(piiiiiiis. l.iiito heatius alil)i apud
Christiim erit conluberninm. Sahila ConieliumHerqnG qiiaterijue,
Antonium ' non minus, sed et alios fratres, ac Bonifacium * quo-
que. Vale. et Ghristum pro me ora. 9. Marlii, Basileai (1526) ^
171
MARGUERITE d'angoulême au comte Sigismond de Hohen-
lohe * , à Strasbourg.
(De . . . . ) 9 mars 1526.
Joli. Christian Wibel. Merckwùrdige Lel)ens-Geschicbte des Grafen
Sigraunds von Hobenlobe. Franckfurt u. Leipzig, il\S. in-i". p. 62.
(TRAnUIT DE l'allemand *.)
.Sommaire. Elle remercie le comte des lettres de consolation qu'il lui a écrites et de la
charité qu'il a témoignée aux Français réfugiés. Dès que le Roi sera de retour, il
« Gain jjiisshni ad iter se accingimt obviam itiui Bcgi, et nomim ejeciorum
Christianorum sequissimas couditioues postulaturi. » (Zuinglii 0pp. Vil, 480.)
^ Ou lit à la marge de l'exemplaire de Farel : « MkJtaeîem Arandiwn,
^piscopum Tricastrorum. »
' Note de Farel: « Jacobum Fabrum Stapiihnsein, qui Antoniiis dico-
batur » (Ibidem).
** Boniface Wolfltard (N" 95, note 2, et N° 151, note 15). Nous iguo-
rons les circonstances qui le contraignirent à se retirer à Strasbourg, au
commencement de l'année 1525 (Voyez Herzog. Vie d'Œcolampade, éd.
ail. I, 353). Œcolampade lui adressait le 18 octobre de la même année une
lettre où l'on remarque les passages suivants: « Non dubito, mi frutor, quin
te Christus consoletur abuude in tribulatiouibus . . . Scripsi Claudio l'cutin-
gero [V. N" 114], sicubi posses J^i/^f?/*^ commodius agere, sed nihil spero...
Saluta Capiionem, Fardhim, fratresque reliques, et ora Domiiuim pro
me. » (Collection Simler à Zuricb.)
^ Le millésime est écrit de la main de Farel dans l'exi-mplaire cité N" 1 1 1 .
* Voyez le N° 145, note 5. C'était à l'occasion de la captivité de Fran-
çois I et de la mort de Charles d'Alençon (N" 153, note U) que Sigisn/tond
420 MARGUKRITE D WGOULEME AU COMTE S. DE HOHENLOHE. 1526
les rappellera, et c'est à ce moment que le comte devrait venir en France pour \
faire entenfîre la Parole de vérité.
y-M reçu en Espdtjnf Tune de vos lettres, et Tautre quand je me
suis de nouveau retrouvée auprès de ma uiére^ ; elles ne m'ont pas
apporté peu de consolation, et elles sont pour moi un puissant
motif de suivre le chemin de la rérité, dans lequel vous me croyez
plus nruncée que je ne le suis. Mais j'espère que Celui qui. sans que
je possède aucun mérite, vous a donné de moi celte opinion dai-
gnera aussi commencer son œuvre en moi. Vous ne me refuserez
pas pour cela le concours de vos fidèles prières.
Quant à votre désir de venir en France, le porteur de cette lettre
vous communi(|uera les heureuses nouvelles que je viens de rece-
voir aujourd'hui même. Et , puisque vous voulez voir le pauvre
prisonnier* que le Seifj?ieur a voulu délivrer après l'avoir humilié.
je vous conseille, si cela s'accorde avec vos convenances, de venir
à la fin de mars, ou plutôt au milieu d'avril, ce (jui serait un meil-
leur moment, car nous espérons que vous trouverez alors tous
vos amis réunis.
Je ne veux point vous remercici^ du secours que Dieu, par votre
moijeu. accorde à tous ses sei'viteurs *, car vous en recevez déjà une
récompense hien supérieure à mes remerciements ou à mes louan-
ges, et je suis certaine que l'esprit qui, par voire foi vivante, vous
unit à votre seul chef, vous inspire une vive satisfaction de pouvoir
prêter votre assistance à tous ceux qui sont dans la souffrance.
de Hohetiloh/; était entré en correspondance avec Marguerite. La duchesse
lui avait répondu le 24 juin 1525, en le remerciant de ses consolations.
« Votre lettre fait voir de quel esprit vous êtes animé, lui disait-elle. Aussi
avons-nous résolu de suivre votre conseil, pour autant que le véritable
père de tous les hommes nous le permettra; car votre opinion et jugement
sont justes et saints, et celui qui s'y oppose est déjà condamné... Il y a beau-
coup d'amis selon le monde et l'apparence, mais peu qui souliaitent à
leurs amis le Seigneur Dieu. » (Wibel, op. cit. p. 61.)
^ Sigismond de Ilohenlohc avait traduit en allemand les lettres de Mar-
guerite, à mesure (m'il les recevait. La présente lettre porte cette note du
comte : « Dieser brittl i>t libi'i mitwort U Martii 152G, mir Sigmunden Graffen
zu Ilohenlohc. »
* La duchesse d'Alençon était arrivée à Madrid à la fin de septembre
1525. Elle rentra en France vers le 15 décembre et revit la reine-mère à
Uoussillon.
* François I" (Voyez le N" 173, note 13).
* Allusion aux Français réfugiés à Strasbourg (V. le N" 168, n. 1 et 8).
1526 MARGUKTUTE l)A.\(i(tULKMK A FRANÇOIS I. 421
inina'jinicment à ceux qu'unissent un même e.siuit et une même foi.
Mais fies que le Roi sera revenu en France, il eniurm rers eux et
les mpiielleru^.
J'esiirre aussi de l'iulinie niiséricoi'de de Dieu, qu'aeec rotre se-
cours la Parole de vérité sera entendue '. Au coimiiencemenl. cdinnie
vous pouvez penser, il y aura l»ien (pioUpie difliculté. Mais Dieu
est Dieu, el il est ce qu'il est. quoitiu'il soil aussi invisible qu'in-
compréhensible: sa gloire et sa victoire sont choses toutes spiri-
tuelles, en sorte que celui-là est vainqueur que le monde croit
vaincu, comme vous le savez mieux que moi : aussi vaut-il mieux
me taire que de parler. Je désire vous voii* pour recevoir de vous
instruction.
Votre bonne cousine
MAlUilKHITK.
fSiuscriptïou:) A mon cousin.
172
MARGUERITE d'angouléme à Françols I.
(De vers le commencement cV avril 1526 *.)
V. Génin. Nouvelles Lettres de la reine de Navarre. Paris, 1842.
p. 77. Autographe, liibl. Impér. Suppl. franc, n" 2722. lettre 73.
SoMMAïKK. Kilo remercie le Roi de la protection qu'il a accordée « pour l'honneur de
Dieu 11 à Louis de -Berquin.
Monseigneur, le désir que j'avois d"obéir à vostre coumande-
raent estoit a.ssez grant. sans Tavoir redoublé pai' la cherité qu'il
•* Érasme se sert d'une expression plus significative eu parlant du re-
tour de Le Fèvre en France : « Jacohics Fubcr, qui inetu profiigerat, non
ob aliud, nisi quod verterat Evangelia gallicè, revotât us est in aulam. »
(Lettre à Pircklieimer du 6 juin 1526. Le Clerc, p. 940.)
" Voyez la note 1, et les lettres de Marguerite du 11 mai et du 5 juillet
suivant.
' Le jour même de sa rentrée en France ^K mars), Fran(;ois 1*' avait
écrit au Parlement de Paris pour lui ordonner de suspendre la procédure
de Berquin (N* 173, n. 13). Selon Chevillier (Origine de Timprimerie de
422 LOUIS DE BERQUl.N A ÉRASME DE ROTTERDAM. 1526
roim a \ileu faire nu fiouvre Bevquin. selon vostre proumesse^ ; dont
je suis seure que Celuy pour qui je croy qu'il a souffei't aura
agréable la miséricorde (|ue, pour son honneur, avez fail à son
serviteur et au vostre. VA ccu.v qui. en vostre trihulacion. ont oublie
et Dieu et vous ^ connoislronl leur malice lîaxoir seu faire ingnorer
vérité à Pesperit que le Tout-Puissanlvous a donné; dont inaindre
ne sera lenr confusioji que la gloire perpétuelle que vous en ren-
dra Celui qui par vous augmente la louange de son nom: dont II
fera le vostre immortel en ce monde et en l'aultre. Et de cete
grâce me sens tant obligée, que j'ay supplié Madame* faire poui-
moy ce que je confesse m'estre impossible. Et ne vous .saicliant
rendre aultre grant mercy que d'obéissance, ne fauldra d'ung seul
jour à vostre coumandement
Vostre trôs-liumble et très-obéissante subjecte et mignonne
Marcueritk.
173
LOl'ls DE berquin' à Érasme de llotterdani, à Bâle.
De Paris, 17 avril 1526.
Erasmi EpistoUe. Éd. Le Clerc, p. H 12.
80MMAIRK. Les Sorboniste.i m'ont de nouveau accusé d'hérésie, parce que j'avais tra-
duit en franvais quelques-uns de vos ouvrages. J'ai tout de suite entrevu quel était
leiu' dessein : faire brûler imx livres, puis le tradrielew, s'il ne voulait pas abjurer les
Paris. Paris, 1694, in-4'', p. 177), le roi aurait renouvelé cet ordre le premier
avril 1526.
* Voyez la note 1 ot le N° suivant. On lit dans une lettre di' Marguerite
adressée « au grant- niaistre de France » {Anne de Montmorency, que le roi
avait élevé à cette charge le 2.3 mars 152G): « Mon fils, depuis la lettre de
vous par ce porteur, j'ay receu celle du bailUf d'Orléans [Jacques Groslot],
vous mcrciant du plaisir que m'avés fait pour k jxnivrc Berquin, que j'es-
time anltanf que si r'ostoit moy-mesmcs, et par cela pouvés vous dire que
vous vùivcs tirée de jnison, puisque j'estime le plaisir fait à moy. » (Génin.
Lettres de Marguerite, 1841, p. 219.)
^ Voyez, p. 390, le passage commen(;ant par ces mots : < Régis nostri
vintula advcrsariis adeo erexerunt cristas, ut jam sihi persuadeant
triuiiiphum. >
* La roino-mère.
' Vovc/ les N" 147 et 156.
1526 LOUIS DR BKRQUIN A ÉRASMK DR ROTTEFIDVM. V2'{
îibominables hérésies qu'ils vous attribuent. Mais je n'ai rien abjuré et j'ai soutenu
au contraire que, pour un homme bienveillant et de bonne foi, il n'y a pas l'ombre
d'une hérésie dans vos ouvrages ; j'ai rappelé toutes les marques d'approbation que
pliisieiu'S papes et un grand nombre de cardinaux et de princes vous ont accordées ;
enfin j'ai fourni la preuve que la traduction incnminée différait entièrement de ma
t.iodtiction manuscfite. Sur ces entrefaites les délégués du pape ont reçu de la reine-
mère deux lettres qui les invitaient à suspendre mon procès jusqu'à l'arrivée du roi;
ils n'en ont pas moins continué à m'interroger sur les articles « scandaleux et sen-
tant l'hérésie » que les théologiens [de la Sorbonne] avaient extraits de vos livres.
C'est en vain que je me suis efforcé d'en rétablir le véritable sens Après s'être ad-
joint trois religieux que j'avais cependant récusés, les juges-inquisiteurs m'ont dé-
claré hérétique. Peu satisfait de cette précipitation, le Parlement allait reviser tout
le procès, lorsque le Roi lui a ordonné d'attendre son arrivée.
Je vous envoie la liste des passages incriminés par mes juges. Fai/es-h'n- um- ré-
ponse directe, développée et munie d'arguments puisé'! dans l'Écriture sainte, afin que
le Roi, votre constant admirateur, puisse dire après l'avoir lue, que nos Théologiens
n'ont pas été heureux en s'attaquant à vous. Envoyez-lui aussi une lettre de félici-
tation au sujet de son retour en France. V^otre messager pouiTa être informé â l'Éeu
de BdU ou chez BéravXd du lieu de ma résidence.
Ludovicus Bei(|uinns Erasmo Rolerotlaiiio.
Rursum crabrones inilali. Hœreseos me accusarimt apud Sena-
tum ac (klefjdtos Papœ-, non ob aliiid. quam quôrl hiculmitiones tuas
aliquot in rcmaculam verterùti IfnywiDL in iiuibu.s bœreses im-
piissimas aiisi s^lnta^irmaI•e^ Olfeci protiniis. ({uidnani illimoliren-
2 Voyez le N° 162, note 8.
^ Berquin passe entièrement sous silence son arrestation et son empri-
sonnement à Paris. Nous suppléerons à cette lacune par le fragment suivant
d'un chroniqueur contemporain :
« Au dict flH (1526;i, au mois de jancier, fut envoie quérir prisonnier, de
par la cour de Parlement, un gentillwmme qui estait à AbbeviUe, nommé
Barquin, qui fut amené en la Conciergerie du Palais à Paris, par l'huissier
Mailly ; et fut ce faict à cause qu'il estoit luthérien, et avoit autrefois esté
reprins par la dicte cour, de ce qu'il tenoit la doctrine de Luth-r : et en
fut prisonnier en la dicte fJonciergerie [en 1523, V. le N" 147, note 5j, mais
en cschappa, parceque madame la Régente en avoit évocqué la cause au
Grand Conseil, et l'envoia quérir, et en vouloit avoir la congnoissance, affin
de le saulver ; mais il luy fut envoie par la dicte cour, chargé du cas, et
iiéantmoins quelque temps après, il avoit esté élargi par le dict Grand Con-
seil, sans en avoir esté aucunement absoulz, où il persévéra encore en son
propos. Dont à ceste cause, la dicte cour le renvoia quérir [en janvier 1526],
comme dit est devant, et environ huici jours après son arrivenient à Paris,
le dict Mailly, huissier, fut renvoie au dict lieu à' AbbeviUe, et es environs,
de par la dicte cour, pour informer de la vie du dict Barquin, pour y pour-
voir par justice. FA depuis, la dicte cour fat son procez, tellement qu'il fut
424 LOUIS DE lîEHQUlN A É15ASME DE ROTTERDAM. 1326
tur. iil vidc'liL-el libri Enismi, si diis placet, velul licL'ielici crema-
renlur, el una cum eis Beiquinm, ni taiiquam laies aljjurarel. Quod
si abjiiraret, satis illis hoc esse vindicljfi, si Berqainum insigni el
lierpelua notassent infauiia.
Ego qui milii consciiis erani, niliil e\lare in iii)ris luis. (|uod ve-
lul liaîrelicum essel alijurandum, cum milii fama (|iiàni vita cha-
rior essel, iwine abjuravi qnicqiinin et le eum esse nffniiitiri. de quo
ne minium quidcnt esset luibeiula liœreseos suspicio : lucuhrationes
tuas à INinlif.jice] Leone A' comprobatas-*. Adrianuiii Ponlilicem le
ipiam benignissimè non solum lileris unis el alleris propria sua
manu scriptis, sed el per Legalum Romain advocasse*: toi Cardi-
nales, toi Principes egregiè de le el sentire et loqui: quin et Cle-
mentein Ponlilicem lileris suis el amplissimo mtinere. ipiasi jndicii
sui pignore, salis déclarasse, quàm illi placuerit paraplirasis tua in
Acta Apostolorum''. Erasmumque solum illi visuiu idoneum, qui
Jo. ORcoloiiipadii dogma de Eucharistia refellerel. nam id lum forte
à nescio quo resciveram. quod an verum sit, scribe quiuso. Adjeci.
me, cum verlerem lucuhrationes tuas, nihil illic ollendisse indig-
num homine Ghrisliano, si modo onniia simul leganlui'. non ca-
lumniandi animo. sed candido et sincero. Quod si quid ollendere-
tur in libris luis diversum à doclrina Chrisliana, nihil aliud exisli-
maiidum quàm aut lihrumessedepravalum. aul essesupposilicium.
de quo lu non semcl conquestiis esses, alqne ndeo firnr/niis his
hruit qu'il estoit conclud à mourir, après que les coiuinissaires qui estoient
déléguez le rendirent à la justice laye, en le déclarant hérétique [12 mars
1525, avant Piques, 1526, d'après le nouv. style] ; mais Madame la Régente
manda à la dicte cour que Von îiurcénst Vexéeution jusques à In venue du
Roy. Et depuis, le Roy arrivé manda à la dicte cour qu'on ne le fist mourir
et qu'on le gardast tant qu'il fut en France.» (Journal d'un bourgeois de Paris,
p. 277.) Voyez aussi la lettre d'Érasme du G juin 1526 adressée àPirckhei-
mcr: « Lndovicum Ikrqu'nunn pra^fectum et consiliarium regium, itentm
ronjecenmt in larcerrm, mm oli aliud nisi quôd libellos quosdam meos ver-
tisset gallicè. » Érasme écrivait encore le 27 août à Guillaume Cop :
« lierquinm in cnrcere disputât cum Theologis. Rcr satagit rerum suarum.
Precor ut Deus omnia vcrtat in lœtos exitus. » (Erasmi Epistolaî. Éd. Le
Clorr, p. «MO et 04 G.)
* Voyez la lettre de Léon X à Érasme datée du 2G jamier 1516 (Le
Clore, 1G6\ et le bref papal du 10 septembre 1518, placé en tète de la se-
conde édition du X. T. d'Érasme.
* Voyez les doux lettres d'Adrien VI à Érasme, datées du 1" décembre
1622, et du 23 janvier 1523 (Le Clerc, p. 7.35 et 744).
* Voyez le N" 121, notes 11 et 12.
1526 \A)VIS UK BKRyUIN A ÉIIASMK l)K HOTTKHDAM. 425
diebua lileris ad Bciltiin datis". no piilaivnl lioc à me conlingi.
Qaod ad traduclioiieiu allinehat. oslendi illis niaiiifcslis.siinas ca-
liimnias: lanlum iiileresse inler sliluin ineuni ol illIiH ciiitis pro-
ferebanl versionein, (iiianUiin inleresl inler vnipem et cameliiin :
suppositicium esse tiluhnn. supposilkiiini esse nonieii. addita esse
niulla. iikiia oniissa. pliirinia ab inlerprele indocio dep^a\ala^ A(-
que. ne putai-ent liis me iliclis eHugiiim [)arare. ohiitli l'.r (iHtogra-
liliis nieis fuletn me facturuni, renine anfulsa diccreni.
Al delegali, quan(iuani binis lileris Hef/iœ nmfri.s jussi fuissi-nl in
hoc negocio supersedere ad reginm usque adventnm. proplerea
quod lier Christianiss.[imus] in animo hal)eret, de Fabri, de iiieo, de
aliovum quonnuhnii siiiiili negocio, cunsulereviros egregios. doclos
et curdalos. eosque constiluere judices-', tanien aut impolenliâ
odii aut in graliam Theologoriim, aut denique suas timenles tvran-
nidi, posteaquam in Evasmi nomen satis essent debacchati. ilUim
hœrelicum el aposlalam subinde damantes, et Berquinum illius
faulorem. prodiiveruntarticulos à Iheologis ex libris tuis decerptos.
ut aiebant. truncatos lamen ac mutilos, quos liœreticos, scliis^malicos.
scandalosos, olentes iiaresin, lioc est, ipsis displicentes, asserebant.
Longum esset, Erasme doclissime, recensere qnid ego responde-
rim. Hoc soluni nunc babe. mibi ne in unico quidem arlicub) cum
illis convenisse. neque lamen quicquam à me diclum est perlina-
citer, sed vel sentenliam sum interpretatus, vel ex prœcedenlibus
dixi articulum declaratura, vel aliam esse menlem tuam, (luàm
verba sonare viderenlui\ vel aliquid déesse, vel exeinplar coi"i"up-
tum esse. deni(|ue modis omnibus cavi, ut neque malevolo illorum
animo obscijuerer, neque illi juslam causam baberenl, sieviendi
in me, aut in libios luos. Nec omisi proleslaliones. quas vocani.
innumeras. At illi. sprelis prolestationibus. spreto regiœ iinitris
edicto. cum ne verbuin (juidem dixissem alienum à Dde calbolica.
tamen adliibitis tribus Monachis, quos lamen prius ut suspectos recu-
saram (pnecipuè Carthusianum priorem '"). velut non omnino bené
volentes Erasme, el qua' ille in ipiosdam ineplos. ul pôle siitores,
' Cette lettre à Beda manque dans la collection des Lettres d'Erasme.
* A notre connaissance il n'existe pas d'oxomphiire de cotte traduction.
dont le titre portait faussement le nom de IJerquin.
^ En 1523 François I" avait nommé une commission pareille, pour exa-
miner les ouvrages de Le Fèvre (V. le N° 165, note 3).
'" Dans sa lettre du 1" juillet 1529, Érasme dit que le second de ces
moines était le prieur des Célestins.
420 LOL'IS DK BERQUIN A ÉRASME DE ROTTERDAM. 1526
scripsis.sel,ad lotum ordinom trahentes. «oa? reriti sunl meprotiun-
liaro ha'ii'ticinii et hœreticorum fautorem ".
Senntus quani|uani aliàs satis prieceps ad liujusmodi négocia '-,
tanien vel hoc uno ahunde testaUis est. non placere sibi tam praeco-
cem, et iil il;i dicani. pru'cipitatani sentenliam, quod me ab ovo us-
que ad niala aiidire decreveiil. frendenfibiis (am delegatis. quani
fboologi>.
Hex Cbrislianiss.[inins] eo dip. qiio patriam est intrres>us '% edoc-
tiis de re omni per Matreni. piolinus faducoaforeni misit ad Se-
iialiim cum literis suis: jubet expectari advenlum in liac re suuni.
Pru'sidibiis Senatiis prapcipit per alias literas. BenjutH/ curam sus-
cipiaiit. illiiis aut vitani auf morleni ab illis reposturum.
Habes paucisTragœdiain />/-^?/mL Unum hoc inprimis non erat
(iniilteiidiini, quod in Paraphrnsi tua ReyidiraUO* (cujus exemplar
à me versum cuni nonnullis aliis libris à me abstulerant) nihil de-
signarinl. id (jiiam ob rem satis conjectare potes. Yisumesf aulem
intérim, dnm Regiam iMaJestatem expectamus'^ articulos ab illis
designalos ad te miltere. Mitto quidem omnes. (juotquot designa-
runl. sed «pii sunl pra'cipui. id est. quos maxime urgebant. eos no-
taAÎ digito in niargine. Tuœ fuen't huninnitatis resiiondere iUorum
<(ili(iiinia'. idque non obiter. quein ad modum resjiondisti Iip(l(p.
sed ('(qiiosi'. ari/ioiicntis et diitlioritale Scn'pturœ. Rex hoc honoris
habel lùastiio. iil dicat: -• Thecdogos istos. nim neminem non im-
pelant, audaces, ab Evasino lamen senqter tiiuidus abstinuisse. ^
Fac. ul idem cognoscat. (pi;uu non féliciter nunc primuui banc
rem sint aggre.ssi. Magnus semper admirator fuit tua' doclrinai, ma-
" La coiulamnation de Berquin eut lieu après la censure détaillée que
pronou(,-a la Sorbonne le 12 mars 1525 (1526, nouv. st}le\ à la demande
des juges-inquisiteurs institués par la cour de Rome (Voyez d'Arpcntré,
I1,42-4G).
'2 Voyez le N" 118, note 8.
'^ C'est-à-dire le 17 mars 1526. Ce jour même François I écrivait ù ses
ambassadeurs en Suisse une lettre datée de Bayonne, dans laquelle il leur
disait : « Vous le général Morrlei vi lioijuriynuJt, je vous advise que, grâces
à Dieu, je suis inhentemcnt arrivé en ccste ville de Bayonne délivTé de
toute prison, dont vous advertirez mes bons amys les seigneurs des
Ligues... >
'* Le 1" décenil)re 1523, Ér;isme avait dédié au roi de P'rance sa Pa-
rajihra.sf nur rhatfgile de St. Marc.
'•■ Fran(,oi,s I" ne lit son entrée publique à Paris que le 14 avril 1527
(.Journal d'un bourgeois, p. 318).
I
1526 H.-C. AGRIPPA A MICHKL d'aRANDE [a COGNAC]. 427
jor futurus esl. iilii tlieolofjroruni ineptias pleniiis co/ïnorit. Tunr
liîc vulgo jactalur. TItcologos Sorf/oniros lof (itinis nilul ùitellexissp
in Ërnsnii Ubris, nec inajutim (/ui(<jii<ini intclh'rturos esse, si non
adsit, qui illos i)i lin<iuuw rertnt yallicam.
Responde. qiueso. copiose. nani (|iii<ipikl actum fuefil ad Heijern
perfereliir. Expectabit laltellaiius, (]iiaiiidiii voles. iie([ue clamila-
t)il. spej'o, eflhixisse vialicuni. Qiiod si voles siniul iiiiltere Pnne-
gfl)ici(ni (jiatulatoriuHi nostro Prinripiinpatridiii reduri^^. qiiem-
admoduin jam prideiii adnionueram '", âge, pru'stolabitui-. Aiitsi
niavoles liiinc, post ailiculos à le receplos. ad me redire, et Pane-
gyriciim per alium ad nos iniltere, fac ut voles: non redibit tabel-
larius quem milles, vacuiis munere honoridco : ejus rei libi lidem
do. Apud scutum Bnsileense^^ aiit apiid Bnaklum *'' sciel tabella-
rius. ubinam fueio. (]iianqiiam UoiabJus nunc jiliuimuni abest ab
urbe. Vale, doclissinie Era.sme, et Ludovicum luum perge inter tui
observanlissinios numerare. Lulelia', 17 Âpril. 1526.
Ignosce. (juceso. inepliie nolularuni niearuni, pncserlim in des-
criptione articuloriini. nam et cegrotabam. nec volui rein banc cui-
quam patefacere.
174
HENEi- CORNELIUS AGRIPPA à Mlchcl d'Araiidc [à Cognac].
De Lyon, 7 mai 1526.
.\grippa' Opéra. Éd. cit. Pars 11. Lib. IV. ep^ 7». p. 835.
iSoMM.MKE. Notre ami Jean Chapelain m'a fait savoir que mon traite sur le Hanaçc
est blâmé par certains savants de la cour, qui voient peut-être dans cet torit la con-
damnation de leiu- vie dissolue. Ils agiraient plus loyalement s'ils me reprochaient
en face mes erreurs, comme l'a fait le Père Céneau. Veuillez prendre ma défense
»^ Érasme écrivait le 15 mai à son ancien secrétaire lUlaire Bcrtolph,
qui habitait la France: « Instrue nos quomodo gratiilanduni sit FranciscOy
regum optimo, ad suos reduci, idque qiiàm primum. » (Le Clerc, p. 937.)
'" Cette lettre de Berquin est perdue.
>8 C'est-à-dire à Paris, à la librairie de Conrad Jiesch, qui avait les ai-
moirics de Bâle pour enseigne. fV^oyez aussi le N" 181, n. 19.)
'S Nicolas BérauU. V. le N" 14, note 1.
MH ii.-f;. AiiRipPA A MinHFx d'arande [a cognac]. i526
contre ces gens-la et recommander mon ouvrage à voire tUtutre Pnncesse. à qui je
l'ai dédié.
Siio Micliaeli de Ai-ando. Episcopo Sancti Pauli in Delphinalu'.
pio ac verè ïlieologo. Domino suo observandissimo. Henricus
Cornélius Agrippa S. I). in omnium sainte Iesl Christo.
.Miilla (juondain de conjugio doctissimè scripsit gravis aulor
ïheophraslus. Qua occasione merelrices onnies in se concilavit.
è (juihus prosiliil LeontiumMetrodori scortum, quie contra tantuni
virum etiani librum ederet; unde tandem proverbium natum est.
Arborem suspendio eligendam. Sic scripsi ego, pra-terilis diebus.
(ledit mntimiculit III de Sacramento Mntrimonii , qunm Ilhistrisshiiœ
l^rincipi- (h'iliciiii. cujus sermo, ut scripsit ad me CniicUnnus
nostevK nonnuUos. ipii tanien de enidilonim numéro censeri vo-
lunt, oITendit.
Verùm ego udu sideo (lorlè. ut liei'i solet. in re projiria ca'cu-
liens) (piid illi in libéra declamatione tantopere criminari valeant.
Quôd si Mdtiiiiionil Sacranicntuiii illi.s nimiùm extulisse videur.
oifdNt ijisi fiarfes mstitatis suœ, et facile concedani illis banc, licel
inler Sacramenta uoii numeretur. lamen esse buic Sacramento
longé [MU'ferendam. Si (juid aliud est {|uod illos malè babet, de-
berenl niibi errata niea. luodo j>ul»lica siul. iii faciem prostituere
polius. quàm posl terga apud aliquot aulicas midiercnlas, sive etiam
diiininas. in cabnnniam trabere*: sic nauKpie illoruui monita, t|ua
' Voyez l(! N" 104, note 4.
-' Marguerite d'AnyouUine. La lettre dédicatoire du traité d'Agrippa di
Matrhnonin se trouve dans ses (Kuvrcs, P. II, p. 831.
^ deun Chapelnin, médecin de Louise de Savoie.
* Agrippa répondant à inic lettre de Chapelain, datée de Bordeaux le
2 avril, lui écrivait le 1" mai: « Scribis ad rae. esse in aula nonnullos....
qui declainationem ineam de Matrimonio parum probant .... Audi nune sen-
tentiam meani. Inter aulicos Magistros sunt qui fu'das et spurcas scribnnt
facetias, et de arte leuonica comiedias... At liiijusniodi lihri sine offensa,
sine repreliensione offeruntur doniinabus, et leguntur avide etiam a pnellis
Novella^ Hocatii, Facetiaî Pogii, adulteria Euryali cum Lucretia, bella et
ainore.s Tristanni, et Lancelnti, et similiu... Que miror, cordatos istos ac
nasutissimos censoros, q)ii res |)arvas tantis sn-pc tragiediis exagitant, circa
linjusHKidi non modo siniulutt', .sed et in illis perlegoudis, traducendis. ex-
ponendis plurimum occupari, idque etiam capita religionis, Kpiscopos, qualLs
illc Antjohnncnsis, qui amatorias Ovidii Ileroum epistolas iu gallicum ser-
monem convertit... Tu iffitur nunc libcVns illos audf nier offcrlo, uec putes
Agrippam tiium ... adco podagricum, qui non audcat cum illis cord.itis au -
licis censoribus iu arenara desccndere. > (0pp. P. II, p. 8:^2.)
1526 n.-c. vr.uirTv \ micmki, d'arande [a cognac]. 'j29
decet reverenlia. I»enij»nt' oxcipeioin. meiiiie illis vel exiM)nerein,
vel piirgarem. vel emendareni, agertMiiqn»' admoriiloniin co^(Ji^^-
nas gralias.
Scio aiiteni. (|ii(i(l ilao siiiil in declanialione nosli-a iwdi. ([iiorurn
ine inodeslissiniè coninioiiuil Reverendissiinus Paler CœnnUs\
Eins/'opus Vinr/('nsà,\'\r admodimi sorltonicè doclus : Umnn. (|ii(')d
videai' asserei"e, coiijiujcs iiropter (ididlrriioii .separato.-;. passa contra-
hère am aliis. Respondi illi. me illiid non intender-e, $ed quod
ejus loci prcPcedens sequensque sermo ostendit, agere me illic de
Matrimonii unitate, qii3e.jiixta verba Domini individtia carnis unione
consistil : ([uam iinilatem ego niilla alla divortii causa posse dis-
solvi aio, nisi sola fornicalione, ubi caro jamin pluies dividitur
Altcrum verô, quod adnolat dictus Episcopus, id eraf, quôd inter
eos quos à Matrimonii lege exemptas dixi, aiebam, qui acti spiritn
Dei, perpetmm castitateni delegerunl. Urgebat eum hoc verbum
« perpeluam '). Ian(iuam rigidum nimis el asperum bis qui. pru
tempore. experiuntur in se vires caslitatis, nolentes iiiflrmilalem
.suam adligare perpetuitali. Respondi me idcirco non scripsisse,
« qni rorerunt^y. sed « qui delegerunt », aliquo videlicet bono pro-
posito. quo slante el durante exempli sunt à lege Matrimonii, nec
prius incipiunt obligari conuubio, donec incipiant uri, ni forte au-
lici illi mysla? putent melius esse scortari quàm nubere. His au-
ditis. Reverendus Pater ille acquievit sententiae, oravitque et con-
suluit sic per epistolam declarari, ut auferretur otlendiculum;
tandem Cct'tera omnia laudavit.
Nec cogitare possum. quos otTendere possunt reliipia. ni forte
aliquos aulicarum nuitliarum consultores, ne dicam lenones. qui-
bus ha^c declaniatio ollam eripere videatur, aut forte qui Iasci\ia
perditi. tanquam insanientes equi. ut ait Hieremias. ad uxores
proximi libenteradhinniunt. et adprobari cuperent suavitia mulli-
tudine peccantium. Tuœ autem fortitudini liane derlamatiunculam,
Ilhistrissimœ Principi tuœ^ dicatam, nunc insuper turudam com-
mendo; teque ad hoc certamen provoco conira ejusnuxb Cei'beros
Herculis instar, pro bujus sacramenti gloria,pro ai)sentis mei^ de-
fensione. pro veritate ipsa iceliciter valitbssinie(|ue cerlalurum.
Vale fœlicissime. E Lugduno, 7 Maii, Anno 132().
5 Robert Céneau, qui fut évoque de Vence depuis le 7 mai 1523 jusqu'en
1530. Le 3 juin 1525, il avait été élu trésorier do la Saintc-Cbapolle.
« Marguerite d'Angoidême, dont Michel d'Arandc était encore raumôuicr.
" Agrippa était eu disgrâce, depuis qu'il avait prédit l'issue désastreuse
4.'W) MARGUERITE d'aNGOULÊME AU COMTE S. DE HOHENLOHE. 1 526
175
MARGUERITE d'anctOULême au comte Sigismond de Hohen-
lohe'j ù Strasbourg.
(De Cognac), 11 mai 1520.
Joh. Clirislian Wibel. Op. cil. p. «'*.
(trauuit de l'at,lema.nd.)
Sommaire. Le voyage du comte en France doit être encore différé jusqu'au inomenl
où Tceuvre dont Marguerite s'occupe « pour riionnenr de Dieu » sera réalisée.
Le 11 mai lo26.
Que la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence et que le
monde ne connaît pas, puisse èlre si abondamuient répandue dans
voire coeur, que nulle contrariété ne parvienne à le troubler!
Je rends grâce à Celui, (jui, par sa pure bonté, et .sans aucun
mérite de noire pari, accorde sa paix à qui il veut, pour la nou-
velle (pie vous me transmellez. pour voire vertu e! pour la persé-
vérance en vous des grâces divines, comme. j'en suis bien informée.
Aussi mon désir s'est-il encore accru par tout ce que j'ai oui dire-'.
Mais, mon cher cousin, pour certaine raison, selon le jugement de
tous ros iiiiiis, ce n'est pas encore le moment de tenir ici. Dès que
ce dont nous nous occupons pour l'honneur de Dieu ^ se sera réalisa,
je iireiiipre.sserai de vous en instruire*, .fespére, si le Toul-Puis-
de la campagne du Milanais. La reine-mère, dont il était le conseiller et
l'astrologue, lui avait promis en quittant Lyon (février 152G) qu'elle l'ap-
pellerait bientôt à la cour ; mais elle songea si peu à remplir sa promesse,
qu'il resta près de deux ans à Lyon, attendant toujours les ordres de cette
princesse et ne recevant pas même la pension qu'elle lui avait assignée.
' Voyez le N" 171, note 1.
^ Les réfugiés français rappelés à la cour avaient sans doute fait de
grands éloges du comte S. de Ilohenlohe.
^ Elle veut parler de ses efforts pour favoriser en France la libre pré-
dication de l'Évangile. Roussel écrivait à Farel le 27 août suivant : « Non-
niliil spei accre.scit... sed hactenus ohstiterunt négocia a quibus vixtlum ex-
l)licari (juciuit qui nohis prtc cckris faicre vidcntur. >
* Voyez la lettre de Marguerite du 5 juillet suivant.
1526 r.UILLAUME FAHKI, \ OSWM.O MVr.ONIlIS, A ZURICH. 431
sant nous en rend dignes, (jue nous pourrons achever ce qu'il
nous a permis de commencer. Vous trouverez ainsi voti'e conso-
lation dans cette société où vous êtes présent, ipioiciue ce ne soit
pas de votre personne. Et, en attendant (jue nous nous voyions
run l'autre, si vous pensez (pi'il y ait ([uelipie chose où je puisse
vous témoigner mon atlacliemenl, j'agirai comme jiour moi-même,
en mettant ma conllance en Celui par leijuel toutes choses sont
possibles. Je me recommande à vos pieuses prières.
Votre bonne cousine, entiéremiMil inutile
en Celui qui est toutes choses,
Margukiute.
(Suscription :) A Monsieur mon cousin.
176
GUILLAUME FAREL à Oswald Myconius, à Zurich.
De Strasbourg, 4 juin 152G.
Inédite. Traduction allemande contemporaine. Bibliotlié(|ue des
pasteurs de Neuchàtel.
(traduit de l'allemand >.)
Sommaire. Farei recommande â Myconius un ancien serviteur de Claudius [de Taurvf],
qui voudrait étudier à Witte7nberg. Les réfugiés ont été rappelés en France par le
' Quelques passages d'un opuscule de Capiton expliquent très-bien les
circonstances auxquelles on doit la perte du texte original de la lettre de
Fard. Cet opuscule porte le titre suivant : « Epistola V. Fabritii Capitonis
ad Huld. Ziiinglium, quam ab Helvetiis forte interceptain, D. Joau. Faber
Constautiensis in Germaniciim versam depravavit, una cum duabus Epis-
tolis quibus illum concionatores Argentinenses ad coilationem scripturaruin
provocarunt. > (A la fin : « Argentinse 12 Aiig. 1526. ") Ou lit au verso du
titre : « Bone lector, si quid vacat ex nugis, audi seriam prupe tragd-diani.
Cephalaeo [typographo] peteute, Zuingliwn literis oravi [11 Juuii], di^pn-
tationis Badensis exitum nobis describeret... Atqui, volente Domino, nun-
cius ad hoc conductus abiit, forte interceptus prope Baden lileras omnes
prodidit: adjunxerat enim FarcUm et Œcolampadi us suas. Faber, ti\nquam
vir bonus, eas obsignatas in manu habuit... Argeiitiujo, 2 .\ugusti 1526. »
(Voyez Zuinglii 0pp. VII, 515-517.)
4.'{2 GUILLAUMK FARKL A OSWALD MYCOMUS, A ZURICH. 1526
roi. On annonce la mort d'Antoine du Blet, de Budè et d'un conseiller influent de
la cour : le premier et le dernier auraient succombé au poison. Les Strasbourgeois
s'occupent de la création d'une école supérieure. Farel fait des vœux pour l'heureuse
issue de Ist dispute de Baden; il félicite et salue ses amis df> Zurich.
Grâce et paix de la part de Dieu!
Je t'ai écrit, il y a un mois, au sujet du petit avoir de Claude'
dont le .serviteur a été ici, pour te prier de le vendre et d'en en-
voyer l'argent à Wittemberrj, avec une lettre qui atteste que le
porteur est bien son serviteur, qui a voyagé avec lui en divers
lieux. Il écrit en effet, qu'on use envers lui d'un procédé peu
bienveillant et qu'on ne veut pas l'admettre à Wittembery, bien
que le frère [de son maître] soit trè.^^-disposé à le faire étudier,
tout ignorant qu'il est^
Je ne doute point que tu ne saches de (luelle manière les nôtres
ont été rappelés par le roi'. Veuille Cin^ist leur donner un cœur et
un esprit chrétiens, ce que nous demandons pour eux au Père,
afin que la gloire de Christ en soit accrue! Antoine du Blet est allé
à Christ, non sans soupçon d'empoisonnement ^ et, avant que nous
eussions pu être airivés chez lui", on a estimé qu'il n'était déjà
plus. On dit que Buflœiis est au.ssi mort\. ainsi qu'un autre (jui avait
beaucoup d'influence sur le roi, en matière de finances, et auquel
Érasme a dédié son aimable opuscule de la Confession^; le poison
- Nous supposons que ce personnage était Claudins de Tauro, qui avait
étudié à Wittemborg on 1523 (V. les K"' 66, 68 et 70).
'• Voici le texte allemand : « Dann wie er gescbri])en, wijilcud inn ctt-
lich zu Wittenberg absetzen, wie wol ess uitt ein treflenlicbe sadi ist, nocb
denost wollt inn der bruder, wie unwiss er ist, gern leren lassen. »
* Voyez le N" 168, note 1, et le N» 171, note 6.
* Voyez le N» 08, note 3, et les N"' 125, 132 et 166.
" Te.xte allemand : « Und ee wir zu ùcb konien sygeu, bat mau geachtet
or [Antbonius Bletus] wër scbon bindurch. » 'Nous croyons que Je texte
latin a été mal compris par le traducteur et que, lisant isthuc au beu de
illuc, il a écrit « zu iich » au lieu de zu ihm.
' Guillaume Builc, rbelléniste. Érasme écrivait de Bâie, le 16 mai
1526, au professeur Jacques Tussanus, à Paris: < Fabcr Stajmlensis, bac
itcr faciens, consternavit animum meum, nuncians Budaum, Galliai-ura dé-
çus et studiosorum delicias faio functum esse: quem ruraorem esse vanum
vel bine conjicio, quod Nicolaus Ejjiacojnus in literis ad me sius bujus men-
tioneni faciens, de morte non meminit. » (Le Clerc, p. 9S8.)
* « Und einer der nitt wenig by dem Kiing vermdgt in der ussgab, wô-
licbem dises lieplicb biicblin ton der bicht von Erasmo zugescbriben. » Le
lo"26 GUILLAUME FAREL A OSWALD MVCO.MUS, A ZURICH. 431)
raurait également fait périr, ce (|ui se voit aujounTIuii fréciuem-
ment. Que le Seigneur Dieu daigne rendre impuissants ces ser-
pents et ces vipères domestiques, (jui jettent lant de venin, afin
que nous puissions, comme ses libres enfants, jouer même avec
la peau des serpents '••.
Je tlésirerais beaucoup savoir ce qui en est de notre Pien'e^°,
s'il est malheureusement retourné dans son pays, ou s'il vit lieu-
l'eux près de toi. Ou a commencé à s'occujier ici de la création d'une
école supérieure ^\ comme tu dois le savoir, et Ton a nommé
personnage auquel l'écrivain fait allusion doit être François du Moulin, ap-
pelé aussi des Moidim, grand aumônier du roi (N» 103, notes 32 et 33).
Érasme lui avait écrit, le 16 mai, eu le félicitant du retour de François I":
« Gaudeo velut à-i ar./,xvr;; di'vi extitisse, qui fitriis quibusdam in exitium
bonanon literarum ac vigoris evangelici i:ierniciem conspiraiis frenos in-
jiciat. Xam Pharisceis i-stis ac Eomanensibus nulla crudelitas satis esse
potest» (Le Clerc, p. 937). Ces paroles permettent de croire que François
du Moulin aimait la tolérance, et elles expliquent comment le bruit de sa
mort violente a pu être accueilli sans incrédulité. Mais ce bruit était faux.
Les auteurs de la Xova Gallia Christiana nous apprennent en effet, t. VIII,
p. 1536, que < D-ançois de 3ïoulins, » le grand aumônier, posséda l'abbaye
de St.-Mesmin (N» 103, note 43) jusqu'à Tan 1534.
Qui était donc cet autre Franciscus Jlolimus dont Érasme déplore la mort
le 16 juin (V. le N^ suivant), et qu'il mentionne encore dans ce passage de sa
lettre à Guillaume Cop du 27 août 1526 : « Papilio et Molinius periii. Ber-
quiuus in carcere disputât cum Theologis? » Nos recherches pour éclaircir
cette question sont restées infi'uctueuses, et nous sommes réduit à citer
l'opinion de quelques auteurs modernes qui affirment, sans en donner de
preuves, que < François Moulin » était « un savant réformé. »
^ Il y a dans le texte allemand: « darmitt fi-y kinder in der schlangen
hiilly ouch schértzen môgend. >
'" Nous supposons que Farel veut parler du jeune « Pierre, neveu d'An-
toine du Blet, » qui étudiait à Zurich sous Ceporinus, en septembre 1525
(N' 159, note 8).
^' La lettre de Roussel à l'évêque de Meaux nous apprend (p. 407) que
renseignement supérieur existait déjà à Strasbourg. En effet, dès le com-
mencement de l'année 1524, quelques-uns des pasteurs donnaient dans le
couvent des Dominicains, avec quelques autres professeurs, des cours
publics libres. Capiton expliquait les livres de l'Ancien Testament ; Buccr,
ceux du Nouveau. Gaspard Hcdion traitait des questions d'histoire et de
théologie. Grégoire Casclius et le Juif converti Antonius enseignaient l'hé-
breu ; Jacques Bédrot, le grec, et Christian Herîin, les mathématiques. Il
paraîtrait, d'après ce que dit ici Farel, que le sénat de Strasbourg voulut,
en exécution d'un arrêté pris l'année précédente, donner à cet enseigne-
ment un caractère officiel. Ce fut là l'origine de l'Institut théologique ou
Haute-École, qui forma dès 1538 la division supérieure du Gymnase de
T. I. 28
43i GUILLAUME FAREL A OSWALD MYCO.MUS, A ZURICH. 1526
un professeur pour le grec et un autre pour l'hébreu *'- : en atten-
dant Cninton et Bucer continuent avec les trois derniers '*.
Ce qui se passe à Berne ne nous plaît point '*. Dieu veuille qu'il
n'en résulte aucun mal pour les savants qui sont à Ba(1en^^\ On ne
saurait redire tous les bruits qui courent sur cette dispute, dont
Dieu veuille faire tourner l'issue à la gloire de Christ.
Salue en Christ, notre conserxâieur. Zninfjli, Léon et Gnaixird^^.
Il n'est ici personne qui ne se réjouisse de ce qu'ils sont restés
chez eux, car c^est leur avantage et celui des frères. Salue aussi
mon cher Pellîcun ^\ Les frères qui sont ici le saluent. Que la grâce
de Christ soit avec toi ! De Strasbourg, le 4 Juin lo26.
Ton Farel.
(Suscription :) Au très-cher frère Oswald Myconius à Zurich.
Strasbourg, et prit le nom d'Académie en 156G. (V. Rœhrich. Gesch, der
Reform. im Elsass, I, 253, 261-264. — A. G. Strobel. Histoire du Gymnase
protestant de Sti-asbourg. Strasb. 183S, in-8°, p. 4, 16 et 117. — Charles
Schmidt. La vie et les travaux de Jean Sturm. Strasbourg, 1855, in-8°,
p. 25, 36-37, et 146.)
'^ Jacohus Beârotiis, natif de Pludeiiz dans le canton des Grisons (Voyez
le X" 178, note 16), et probablement Gngoirc Caselius.
''' Dans la traduction allemande: «hiezwùschen der Capito und der
Buizer farend fiir miit dren letzgen. » Nous ne savons pas quels étaient ces
trois autres professeurs.
'^ Les deux Conseils de Berne, réunis le 21 mai avec les députés des
communes bernoises et ceux des sept cantons catholiques, avaient décidé à
la pluralité des suffrages de ne permettre aucune innovation en matière de
religion (Voyez Ruchat, I, 291 et 292).
'•' Il veut parler des théologiens envoyés par les cantons évangéliques à
la fUsjmte de JSndcn en Argovie (S" 178, n. 10). Cette dispute proposée par
les cantons catholiques, dans l'intention avouée d'y « faii'e condamner les
doctrines pernicieuses de Zwingli, » se tint depuis le 21 mai au 7.iuin 1526.
Voyez Ruchat, T, 274 et 282. — Hottinger. Zwingli et son époque, p. 256.
"^ Lmn Jud et Goftpnrd Gmssmnnn (Voyez le X" 125, note 10, et le
N« 157, note 16\ TI* n'assistèrent point à la dispute de Baden, non plus
que Zwingli,
'" Depuis environ quatre mois Conrad Pellican habitait Zurich, où il avait
succédé à Ccporinm dans la chaire d'hébreu (V. le N* 150, n. 9, et Zuinglii
Opp. VII, 454, 475 et 478V
^^'2fi KRASME DE ROTTERDAM A FRANCOFS ]. . 435
177
ÉRASME DE ROTTERDAM à François I.
DeBâle, 16. juin \rr2C^.
Erasmi EpistolcC. Le Clerc, p. 1)43.
-?' iMMAiRE. Érasme félicite François I" au sujet de son retour en France. II espère qne
le rétablissement de la paix permettra aux deux grands monarques de la Chrétienté
de favoriser les bonnes études et de guérir les mavx de l'Église. Parmi les ennemis
. de la tranquillité publique, à Paris, on peut citer £eda et le Couturier, qui ont
publié contre .ÉrasOTe et Le Fèvre des livres pleins d'ignorance et de mauvaise foi.
Ce sont pourtant des pharisiens comme Beda et Le Couturier qui prononcent sw-
l'hérésie, et font ainsi emprisonner et brûler des gens de bien! Sous prétexte de dé-
fendre la foi, ils visent en réalité à la tyrannie. On leur attribue la mort violente de
Papilion, de Franciscus Molinius et à' Antoine Du Blet. La vie de Michel d'Arande
a été menacée. Berquin est encore en danger. A leur tour Érasme et Le Fèvre sont
mis en cause. Erasme prie le roi d'imposer silence aux Le Coutui-ier et aux Beda, ou
de permettre que les Réponses à leurs calomnies puissent être imprimées et lues
à Paris.
ErcL-^miLS Roterod. Franci.sco Galliarum Régi lui,ju.s nomini.s primo.
S. Quo graviiis diutiusque nos discruciavit superiorum teiiipo-
ruin calamitas. Francisce regum Cliristianissime, lioc magis exliila-
ravit nos tandem reddita serenitas. Meum quidem animiiiii non
.<implex habebat molestia : nam et pulilice dolebat. duos privcipiios
CbristiancG ditionis monarciias inter sese commissos e.sse. non sine
gravissimo totius orbis malo. baud aliter quam nl)i. Innn cum solo
oommissa.periclitatur genus mortaliiim: et privatim angebnr. ejns
régis cujus propensum in me studium multis argumentis rogniînm
ac per.specium liaberem. animo summis(|ue virtutibiis lorliinam
non satis respondisse. Ita quemadmodum erat non siniplex doloi-,
ita nunc multiplici perfundor naud/'o. quôd divino favoi'e vercjurit
Gallia refje))i\ orbis, tranquillilalem. oruditoriiw ac hoiiornni cho-
rus, patronuw -. Merebatur quidem ista tu;i' natura' beniirnilas,
' Voyez le X» 173, note 13.
- Voyez le N" 9, note 3, et clans le 'S" 17G, note S, un passage de la
lettre qu'Érasme écrivait à François du Moulin le IG mai.
't36 ÉRASME DE ROTTERDAM A FRANÇOIS I. 1526
ingenii siinplicitas, et animi vere regia celsitudo perpetuam in om-
nibus felicitatem : nam TutC Majestatis félicitas cimi orbi publiée,
luiii privatim multis eruditis et optimis viris felicitatem attulisset.
Ouanquam autem nonnuUis pax ista severis, ne dicam iniquis, con-
ditionibus videtur coisse, tamen confido futurum. ut summus ille
lerum humanarum moderator, suis arcanis et inscrutabilibus con-
siliis omnia verfat in lœtum exitum. Xovit ille, et solus novit. quid
nobis expédiât : solus artificio suo divino et potest et solet homi-
num inconsulta consilia in eventus lœtos ac bonos perducere. S/
Cltràtianos monarclias finna junget concordin, minus amlebiint
Ttucœ, et in ordineni cogentur, qui nunc huic régi, nunc illi, ut-
cunque commodum fuerit. blandientes, non alia re magis quam
vestro dissidio potentes sunt. Hue ratlone simul et optimis studiis
et Ecclesiœ, jamdndiim malis intolembilibus Inboranti, poteritis mc-
deri^. Nunc utraque pars habet aliquot cerebrosos, ac nullius ju-
dicii rabulas, qui clamoribus et furiosis libellis incendium hoc
exagitant.
Sunt Parisiis aliquot inauspicata inf/enia, nata in odium bonarum
literarum ac public» tranquillitatis. quorum prœcipui sunt Natalis
Bedda *, et Petrus Siitor ^ monachus Cartusianus. Hi, scriptis non
minus indoctis quàm virulentis, propinant seipsos mundo deri-
ilondos, plusquam scurrilibus conviciis debacehuntes in Jacobum
Fdbrum et inc\ Ridentur à doctis et cordatis, sed intérim et aputl
^ Quatre mois plus tôt Érasme u'atteudait pas d'aussi bons résultats du ré-
tablissement de la paix entre les deux monarques. Il écrivait alors à Pelli-
can : «/// HoUindia mire fervet carnificina pcr quosdam magis instructos ad
cxurcndum quàm disputaudum, ombambulatura pcr cioteras regioucs. Et
hcic tcDitum pmludia simt malorum. Casari pax orit cum Gnllis. Xcc uUa
princijmm coïbit amicitia nisi hac conditione, ut c.vtinguatur faciio Liitht-
rana, et Cœsar sibi non videtur esse Cîesar, ni id perficiat.» (Le Clerc, p. 963.
' Voyez le N° 147, note G.
' Pierre Le Couturier, natif du Mans, docteur de Sorbonne. Érasnn
ignorait qu'il s'était retire en Champagne dans un couvent de Chartreux.
" Voyez dans le N" 165, note 2, le titre de l'ouvrage que Bcda venait
du publier contre Érasme et contre Le Fivrc. On lit dans la lettre d'Érasme
ùla Sorbonne du 23 juin 152G: « In Fabrwn habi'bat [Beda] ex re justio-
rcm dc'bachandi caussam, et tamen in illum mitiortst; ad me cum veutum
est, fit Censor, et nihil crcpat nisi blasphomias et h:creses... > Zicingli écri-
vait à Ilaller, en lui envoyant la copie de cette lettre d'Érasme: « Remitto.
si habcs aiiianueusem qui describat; sin minus, rétine hoc exemplum, nam
fratreu qui Parisiis sunt multo labore penetrarunt ad eam atque ad nos mi-
serujQt. » (^J. C. Fuesliuus. Epistolie ab Eccl. IIclv. ret'ormatoribus script».
Î526 ÉRASME DE ROTTERDAM A FRANÇOIS I. 437
iraperilos ac simplices liedunt famam nostram. et studioruin fiuc-
tiim à nobis tôt vigiliis expetitum inlervertunl. Faher pro se res-
pondebit. Qiwd ad me pertinet, in censuria Ikddœ possum ostcn-
dere centum manifesta mendacia, caluinniasqiic lam insignes, ul si
res esset lingiia populari prodita, olilores et calcearii possint Judi-
care.iiomineni non esse sani cerebri. Mittolocaalit}uolpaucis notata.
Et isti sunt qui pvonunciant de hœresi, ad quorum dclationetn
boni viri pertrahuntur in carcerem, et in if/nem conjiciuntur, quos
quocunque modo malunl exlinctos, quàm ipsos convinci de caluni-
nia! Si licebit illis lam manifeste mentiri de nobis, id(jue libris
editis, contra nobis non licebit depellere calumniam, quid erit iUa
quondam celebris academia, nisi spehmca latronum? Ha^c audacia
si pharisœis illis cedat impune. nullus bonorum virorum futurus est
in tuto. Prœtexunt fidei titulum, sed re vera aliud agunt: moliun-
tur tiirannidem, etiam in capita principum, hue tendunt per cuni-
€ulos. Nisi princeps ipsorum voluntali per omnia paruerit, dicetur
faut or hajreticorum, et destitui poterit per Ecclesiam, hoc est, per
ahquot conjuratos pseudomonachos ac pseudotheologos. Hoc illos
moliri per cuniculos ipsorum scripta déclarant. Proinde consul-
tum fuerit initiis succurrere.
Non loquor de omnibus monachis ac Theologis. sed de «luibus-
dam, quorum indocta improbitas plus valet, quam aliorum docta
modestia. Missi sunt ad me articuli, per nescio quos delegatos'
ex libris meis decerpti, quos verterat Lodovicus Berquinus^, non
ita multo saniores quam sint censurœ Natalis Beddœ. Ob hos vir
optimus périclitât ur. Per Ht Papilio, non sine gravi suspicione ve-
neni^; periit Franciscus Molinus '° ac Dubletus " : pericUtatus est
Micliaël Arantius^- ; bis impetierunt Berquinum^^. Nunc Fabrum
p. 41 et 43.) — Quant au livre de Couturier, il était relatif au.K traductions
de la Bible et renfermait des assertions comme celles-ci : « Toutes les nou-
velles paraphi-ases de l'Écriture sont hérétiques et blasphématoires ; l'étude
des langues et des humanités est la source de tous les maux. Érasme n'est
<iu'un théologastre, etc.» (V. De Burigni. Vie d'Érasme, H, 405.)
• Voyez le N" 1G2, notes 5, 6, 7 et 8.
s Voyez le N° 173.
9 Voyez le N" 156, note 3.
" Érasme l'appelle ailleurs MoUnius. Voyez le N" précédent, note 8.
" Voyez le N° précédent, note 5.
*2 On n'a pas de renseignements sur les dangers qu'avait courus Michel
^Arande pendant la captivité de François I" ou depuis son retour.
*' Voyez leN" 173, note 3.
'l'.ië (iÉRAHD ROUSSEL A GLILLALME FAREL, A STRASBOURG. l6"2Ù
et Eraainulu aygredàmtnr. la libris iiieis colligunt suspiciones et
calumiiias ; nuUum adliuc locum osteiulere poluerunt qui dogniu
liabeat pugnans cuiii fide Cliristiana. Piiim est seditiones et impia
dogmata ab Ecclesia secludere. S.ed impiuni est hos in impietatis
vocare crinien qui pugnant pro pietate evaiigelica. et eos in castra
liostium luopellere. «pios vident [iro ipsis adversus hostes dimicare.
Sed isloruui lyrannis (luomodo coherceri polerit allas demonstrabo,
si Tua Cbiistianissima Majestas id clàm lleri volet. Naui ila res
.succedet felicius.
liiteiini illud rogo, ut Tuœ Majestatà aatoiitas mit coherceat fn-
riosos Sutores et Beddas, ne talibus mendaciis infament bonos, aut
efficiat ut patiantur matras defeasioiies excudi legique Purisiis.
Ini<iuissiniuui enim fuerit, illis licere venena sua spargere, nobis
non licere admovere antidota. Scripsi iiberius, eiloctus à multis Re-
giaui Celsiludineiu Tuani simiilicibus niinimeque fucatis delectari.
Quod scripsi docebo verissimum esse, ac me quo(iue tacente res
ipsa loipiitur. Ciirislianissimam Majestaléiu Tuam incoluuiem ac
llurenlem servet omnipotensl Datum Basileie, decinio sexto Ca-
lendas .Fidias. Anno niillesimo quingentesinio vigesimo sexto.
178
GÉRARD ROUSSEL il Guillaume Farel, à î<trabbourg.
De Bluis, 17 juin (152G).
Aiiin-raph.'. liiblioibrque Publiijue de Genève. Vol. n" lil a.
C. Scbniidl. op. cit. p. 192.
yoMMAiRE. Ma lettre il Capiton vous dira notre position actuelle ei pourra vous ras-
surer au sujet de la possibilité de votre retour tn Fiance. J'ai contié i quelques amis
•le Pari9 1a tractation de l'atTaire dont vous m'aviez cLarKé. Quant d la translation
[de la £Me f], je chercherai une occasion d'en parler il la Duehesst, quoique l'absence
de Conulùu ^JUichcl d'Aramlc] nous ait prives de pres^que tous nos avantnges. Le bmit
qui a couru d'un nouveau souluvement des paysans rue parait aussi faux que ce qu'on
dit de la défaite des Évangeliques a la dispuU de £adtn. Envoyez-moi des C'oîicor-
danee», pour le cas où je resterais ici malgré toutes les difticultes de notre position, et.
1 526 GÉRARD ROUSSEL A GUILLAUME FAREL. A STRASBOURG. 43î>
si vous m'écrive?, soyez prudent. Feregrinus [Le Fèvre] vous salue. Saluez Jacques
[Fédrot], le piolesseur de grec, et les autres frères.
Gi'alia et pax Christi tecum! Ouitl rci a.yatiir iiolii.>ciiin facile
disces ex literis quas scripsi ad nostnun Ceiihaleum ', ne (juicquam
sis sollicitiis de tiio ad nos adcessu -. Egi per literas cuni aiiiicis su-
per re quam inilii commiseras', quod non niilii liceret Pnrisium
concedere. Qiiiil egerint amici nondum polui rescire. Si niilii coii-
tigerit iUuc* prolîcisci, quod brevi spero fulurum, in rem Evan-
gelii, (/e Uns rébus agampro viribus. De trahittone^ nondum opor-
tunus oblatus est locus agendi cum Duce''. Defulurus non sum
occasioni, si quando contigerit. Conwlir absentia omnia ferme no-
bis cum illo ademit ; pra^sentem nullo die non opiamus.
Sparsus est Jiîc rumor rusù'cos denuô excitasse tuinullus. supe-
rioresque evasisse ac inaudilis tormentis cruciasse nobiles*; sed
puto vanum esse, neipie dissimile arbitror quod ferunt de dis]mta-
tt'oiie Badensi^, cessisse scilicet loco et rei qui a parte Evangelii
stabant '". Tôt multa jactanlur per illos, opinor, qui cupiant ex-
tinctum Evangelium.
' Capiion, l'ancien- hôte de Roussel (N" 168, note 8).
- Farel avait sans Joute chargé Roussel de faire des démarches, pour
lui procurer les moyens de reutrer en France.
^ Il est peut-être question de l'argent dont parle Roussel dans ses lettres
du 27 août et du 7 décembre.
■* C'est-à-dire à T'aris. Roussel avait d'abord écrit istuc.
■^ Roussel veut-il parler de la traduction française de la Bible qu'il avait
entreprise à Strasbourg avec ses compagnons (N" 168, n. 19 et 20), ou du
transfert de la somme léguée à Farel (N° 184, note 3) ?
^ Marguerite, duchesse d'Alençon.
■" On lit au-dessus de ce nom les deux mots « Micliaclis Arandii, » écrits
de la main de Farel. Michel d'Araude faisait son entrée solennelle dana
l'évêché de St.-Paul-Trois-Châteaux, on Dauphiué, le jour mémo où lîoussel
écrivait la présente lettre (V. le N» 164, u. 4, et le N" 170, n. 6).
'^ Un ami d'Agrippa, Jean Chapelain, lui écrivait d'Angoulème, le
29 juin : « Audivimus conflictum fuisse inter archiducem [Fordinandum] et
statum popularem ; sed, superato archiducis exercitu, quiufientos ex uobi-
libus suspenses vitam finivisse. » (Agrippai 0pp. Pars II, 848.) Nous igno-
rons le fait qui avait donné heu à cette rumeur.
9 _ 10 Voyez le X» 176, notes 15 et 16. A la fin de la dispute les dé-
putés des Cantons avaient invité les savants qui y avaient pris jiart à signer
l'adoption ou le rejet des propositions rédigées et tléfenducs par le docteur
JEclc (N" 154, note 11). Œcolampade n'eut pour lui que les pasteurs de
Bàle et cinq autres ecclésiastiques d'Appeuzell et de Schaft'house. Quatre-
440 GÉRARD ROUSSLL A GUILLAUME FAREL. A STRASBOURG. lo26
Fritlerallis*^ doctor inedicus evasit non sine mullo honoris oom-
jiendio, cujus proniotioni congratulor. Si res non œsserit prout
sub Deo siummus. moi ad vos convohiho. rel petam Venetias. Si
liîc milii manendum. Concordantiis^- non lubens caruerim ; tu fac
ut, nacta oporiunitate. ad me mittantur. aul. si probas, ita agas
ciim Conmvdo^^ ut vel Pnrisiis vel Luijduni mn\ comiiaclas recipere
possira. Siquando scrtpseris. id quod plurimum cupimus, pare tem-
pori, id quod hactenus fecisti. Phin'mn nabis deco(juenda ftterunt.
ni'c pauciora snpersunt; ora Deum cum fratribus. ut Dominus pium
pectus et se dignum suggérât. Bene vale. Pcreyrinus '* te salutai
in Cliristo, qui sit tua salus. Blesis, xvij Junii 1520. Toussanus ad
te scribit'5 quid rei sibi contigerit. Saluta niibi Jacolnnn fjrœcum
Icctorem "= et alios fratres. Vale.
TUUS JOHAN.NES TOLMNUS.
(Insrriptio:) Charissimo IValn et aniico magisiro Guilleimo. apud
Cepluileuni ' '. Arg.[enlorati].
viiigt-deu-x personnes signèrent les propositions de son adversaire. Zwingli
et tous ses adhérents furent condamnés comme hérétiques. (Voyez Jean de
Muller, op. cit. X, 321. — J.-J. Herzog, op. cit. 207.)
" Voyez le N- 168, note 14.
'^ Roussel veut parler des concordances de la Biltle, dont il s'était servi
à Strasbourg pour commencer la traduction de l'A. T. (V. la page 415.)
'^ Conrad BeschjXihvdlva de Bâle, qui avait une maison à Paris (X" 173,
note 18).
'* Le Fèvre, qui résidait alors à Augouléme. L'auteur de la lettre que
nous avons citée plus haut (note 8) disait en la terminant : « Xostcr Fabcr
Slajndcmiî hodie hinc discedens Blesios petit, ubi dcputatum est ei domi-
cilium. »
" Cette lettre de Pierre Toussain est perdue. Son épître du 2G juillet
suivant mentionne l'entrevue qu'il avait eue avec Le Fè\Te et Roussel.
'" Farci a écrit au-dessous de ce mot : <f Bcdroium r (V. le X" 176, u. 11
et 12). Capiton s'exprimait ainsi au sujet de Bédrot dans une lettre adressée
à Ambroise Dlaarer, le 26 novembre 1525: « Jacobus Bedrotus in nostro
modo ordine est. Nostr» ser\it Reip. couditione licet infirma, propediem
moliori admoveudus ... Gratiam haljco quod ojus viri memineris. Diguus est
ccrte couditione amj)lissima, cui candore ingenii, eruditione, fide, ac in-
dustria facile satisfaceret. » (Bibl. de la ville de St.-Gall. Epistolœ manu-
scriptae, II, 246.)
'" Farci a écrit au-dessous de ce mot: « Capiton. Argentorati.» Le mil-
lésime est de la mémo main.
I
1526 MARGUERITE d"aNGOLLÈME AU COMTE S. DE HOHENLOHE. 441
179
MARGUERITE d'angoulême au comte Sigisiiioud de Holieii-
lohe, à Strasbourg.
(De ) 5 juillet 1526.
Johann Christian Wibel. Op. cit. p. 60.
(tr.\dcit pe l'allemand.)
Sommaire. Les négociations relatives à la libération des enfants du Roi retarderont
encore « le moment propice » pour l'arrivée de S. de Hohenlohe en France.
Le 5 Juillet 1520.
Que le seul dispensateur de tout Jjien vous remplisse de son
Saint Esprit! 31on ami, je ne puis vous exprimer tout le chagrin
que je ressens; car les circonstances me paraissent encore telles, que
votre venue ici ne pourrait vous procurer la consolation que vous dési-
rez '. Ce n'est pas que le Roi ne vous vît volontiers ; mais l'on ne
s'entend pas encore complètement au sujet de la libération de ses en-
fants-, à laquelle il tient autant qu'à celle de sa propre personne,
comme je Tai expliqué au présent porteur, duquel vous pourrez
apprendre toute la vérité; aussi m'en suis-je volontiers entretenue
avec lui. Mais dès que je croirai le temps propice ^ j'espère en Dieu
que je ne vous ferai pas languir.
Priez Dieu, mon cousin, de m'enseigner à croire fermement que
je ne suis rien et qu'il est tout. Si vous pensez qu'il y ail (jueliiue
affaire où je puisse vous être utile, soyez convaincu (jue Dieu m'a
départi la volonté de m'y employer sans négligence ni retard. J'ai
pour vous tous les sentiments d'atïection (|u'il est possible d'éprou-
' Voyez les N<" 171 et 175.
- Pour assurer l'exécutiou du traité de Madrid (14 janvier 1526), Fran-
çois I" avait dû livrer comme otages ses deux fils aîués : François, le Daui)hiu ,
et Henri. L'échange s'était oi)éré sur la rivière de la Bidassoa, à riustant où
le roi fut remis eu liberté. Il ne revit ses enfants qu'eu juillet 1530.
^ « Le temps propice » ne vint jamais. On n'a du moins aucune raison
de croire qixe le comte de Hohenlohe ait pu réaliser sou projet de voyage.
442 LAURENT COCT A GUILLAUME FAREL. 1326
ver pour un parent, moins encore en raison des liens périssables
.|ue forment la chair et le sang, quà cause de Tamour fraternel;
car celui-ci résulte de la nouvelle naissance qui forme une union
véritable, dans laquelle désire aussi s'unir à vous
votre bonne cousine, entièrement inutile,
en Celui qui est toutes choses,
MARGUERrrE.
(Suscrqttioii :J A mon cousin.
o
LAUKENT COCT à [Guillaume Farel].
De Lyon, 25 juillet 152G.
Inédite. Autographe. liihl. îles pasteurs de Neuchâtel.
tiOMMAiRE. Exposé (les circonstances qui s'opposent, pour le moment, a ce que Laurent
Cocl, frère cadet A'Anémond et son héritier, puisse acquitter la dette de cinquante
e'cus que feu le chevalier Coct avait contractée envers son ami Farel.
Monsieur. Dieu vous doint sa" paix et sa grâce! Amen.
.Mnii.Niciir. il estvray que mon frère Annémond Coct, chevalliei",
tjue Dieu peidoint. avant son partement de ce pays, il me feist son
liérétier. ainsy (jue par le teslement qu'il feist appert et lequel j*ay
rière muv. La mort du(|uel jammays n'a esté certifliépar personne
vivante ipie par vous '. Ur. .Moiisifur, ponrce que par mu lettres que
avez escript à mon frère. Monsieur^/// Clidslclldit-, appert que mon
dicl feu frère, chevallier, vous estoit teim en la somme de ciuiiuante
escuz. la(pielle luy aviez prestée, et. comme je sçay, n'avez esté
iiuUement satisfait, — à ceste cause, Monsieur, désirant vous satis-
faire comme hérélier sien que jesuys, vous ay bien volu escripre,
' Laurent Coct omet le témoignage du jeune homme qui avait soigné
1«; chevalier jiondaut sa dernière maladie et qui fut le porteur de la nou-
velle de sa mort (Voyez les .\dditions).
* Guùjo Coct, frère aine d'Anémond.
1526 LAURENT COCr V HLILLALME F.VKliL. 443
à celle fin que pai- \oiis feusse et soye certiflié à plain de la vérité
par main de notaire ou aullrenient, en la iiieiLlit-nr forme et sorte
que possible cera [1. sera], aflin que je, qui ne liens riens des biens,
puysse plus asseurément demander à uion dicl frère (/// Clidslelbut.
lequel tient tout, ce que peult et doibt venir pour la part et poi'cion
que mon dict feu frère le clievallier avoyt es biens. Ce que je ne puys
nullement ne bonnement faire sans premier avoir ample certiflka-
tion de la mort de mon dict frère le clievallier.
Par quoy, Monsieur, si vostre bon plaisir est, [irandrès, si vous
plait, la poyne de m'envoier ample certiffication de la dicte mort^
et je feray mon debvoir vous payer et rendre vos dicts cinquante
escuz, comme la rayson le veult. Car de moy je suys tout seur que
mon dict feu frère vous estoit grandement tenu et obligé pour la
multitude des plaisirs et services que luy avez failz jusques à la
mort, lesquelz vous est impossible randre ; sed qui potens est ipse
retribuet.
Vous me randrez responce le plustost que possible vous sera, af-
tin que vous et moy puyssions avoir ce qui nous esl deu, mais à
grant poyne sans figure de plait [1. plaid]*. Toutesfoys je feray mon
debvoir de retirer le mien le plus gracieusement que faire me sera
possible et le plus amialjlement. Je me suys addressé au libraire
demeurant à l'escu de Balle'% en ceste ville de Lyon, lequel m'a
promis vous faire tenir ces lettres et me randre responce de vous.
Parquoy, Monsieur, prandrés, si vous plait, ung peu de poyne me
randre en bref responce et ample certiffication de la mort defratre.
et si vous y despendés du vostre, le tout vous sera satisfait". Et
apprès me estre recommandé du bon du c[o]eur à vostre bonne
grâce, le doulx Jliésus sera par moy prié vous donnei- bonne et
longue vie. De Lyon, ce jour Sainct Jacques, x\v" Juilliel L'):20.
Vostre bon frère et amy à jammays
Laurens Coct.
' Farel se contorma strictement au vœu exprimé ici par Laureut Coct
(Voyez la lettre du 11 février 1527).
* C'est-à-dire, nous aurons bien de la peine à nous faire rendre justice
sans entamer un procès.
^ Jeun W(ittcit.^chnce Qs" lO'J, note 10).
•^ Une apostille de Farel reproduite plus haut (jp. 284) nous apprend ce
qui advint de cette promesse.
444 PIERRE TOUSSAIN A JEAN OECOLaMPaDE, A BALE. 1326
181
PIERRE TOUSSAIN à Jean Œcolampade. à Bâle.
De :\Ialeslierbes, 2 G juillet (1526).
Autographe. Archives d'État de Zurich. J. J. Herzog. Das Leben
Joannes CEkolampads und die Reformation der Kirche zu Basel.
Basel, 1843. in-8'\ IL 28(3.
Sommaire. Livré par trahison à l'abbé de St. -Antoine et torturé dans un cachot infect
[à Pont-à-Mousson], j'ai souvent désespéré de la vie. Gloire à Dieu qui m'a délivré
de la main des tyrans ! Que d'événements hem-eux ou tristes j'aurais à vous raconter,
si le départ du messager ne me contraignait pas d'écrire en toute hâte '
J'ai enfin trouve un asile dans le château de Madame d'Entraigues, la protectrice
des exilés de Christ, et j'attends l'arrivée du roi, de qui j'espère obtenir la permission
de vivre en France, malgré la sentence que la Sorbonne a prononcée contre moi. Je
crois, en effet, au prochai7i tnoinphe de l'Évangile. Les frères m'ayant chargé de
m'informer des sentiments de la cour, j'ai été accueilli avec une extrême bonté par
la Duchesse d'Alençon, qui m'a souvent entretenu de son vif désir défavoriser les pro-
grès de l'Évangile, désir que partagent le roi et sa mère. C'est pour travailler  cette
œune que le roi vient à Paris. Si ma requête est rejetée, je retoamerai en Allemagne,
sans regretter les avantages que pourrait m'olfrir une cour pleine de faux prophètes,
tels que l'évique de Meaux, et de soi-disant Chrétiens recherchant surtout les béné-
fices et les évéchés. J'ai conversé avec Le Fèvre et Roussel. « L'heure n'est pas encore
venue, » disent-ils, dans leur aveuglement. Que ne feriez-vous pas en Allemagne, si
l'Empereur et Ferdinand favorisaient la prédication de l'Évangile comme le Eoi et
la Duchesse f Demandez à Dieu que la France devienne euàn digne de la Parole !
Je sais tout ce que vous avez enduré à la dispute de Baden, et j'ai démenti, â la
cour, un faux bruit d'après lequel vous auriez changé d'opinion sur l'Eucharistie. Je
remercie Mare de ce qu'il a refusé de m'envoyer mes livres pendant que j'étais en
prison. Saluez Benlin et les frères. Quand vous m'écrirez, n'adressez plus vos lettres
â S. S., mais à Pierre Toussain ouvertement.
Gratia et pax à Deo !
ŒrnlainiKidi. paler et priTceptor charis.sime. ijuod jam iliu nihil
literarum ad te dederini, non est ut me excusem. (piando non ig-
noras, quihus et quantis cdliimitutibiis fuerim oppressas, a nieo ist-
1526 l'IERHE TOUSSAIN A JEAN OECOLAMPADE, A BALE. 44o
hinc discessK^, non solùm per valetiulinem iiarum prosperam, ve-
runi etiam per carceres et tonneuta (fitihus me (gratia Christo) ad-
fecerunt Lotharingi, adeô ut sape desperarim de vila.. Theodoro de
Sancto Chdinondo, sancti Ant[onii] Abbati. crndelissinK» Evangelii
liosti-, prodiderant me olim confratres mei^, existinianles nie per-
(lituni. si in tam crudeiissimi latronis manus incidisseni. Sed Deus
et pater noster cœlestis. qui constiluil terminus hominis. admira-
bili quodam modo liberavit me de maniltus Tyrannorum, cui soli
lionor et gloria, quantumvis insaniat mundus. et insultet advorsus
renascens Cliristi Evangelium !
Multa tibi scriberem, si suppeditarel otium. et Ifeta et tristia ; sed
(juoniamincertis sedibus vagor,ob tyrannidem adversariorum, qui
non alio pliarmaco sedari posse videntur quàm meo sanguine, boni
consules. si pauca tibi scripsero tumultuanter. Nam sum bic, in bac
arce generosissimie mulieris Domùiœ d'Entraiffiies*, exulum Cliristi
sKsceptricis, et est hîc hodie qui proficiscatur Luteciam. cui bas li-
teras daturussum ad Conraduni^, ut tibi reddantur, ne non intel-
ligas, Tossanum tmim adhuc in humanis agere. Et certe Genmt-
uiam vepeterem, nisi sperarem hrevi regnatunim Christi Evangelium
fjer Galliam.
Mis.'ius fui a fmtribus in aulam «. ut explorarem. quid illic cape-
' Toî/ssam avait quitté 5«7e au commencement d'octobre 1525 (N° 121, n. 7).
■'' Voyez le N" 144, note 3. Ce « cruel abbé (.le St.-Antoiue » savait par-
fois montrer de la bienveillance aux savants. Xous lisons dans une lettre
adressée de Xeufchasteau, le 2 novembre 1526, au philosophe Agrippa :
<r Tui observantissimus, Abbas S. Antonii.... omnes studiosos, ut mihi
dictum est, snmma humanitate complectitur. Scio... quemcunque illi com-
mendaveris, fore illi commendatissimum. » Agrippa répondit au solliciteur:
« Apud Abbatem S. Antonii non est mihi tanta familiaritas. > (Agrippai
0pp. Pars II, p. 884 et 887.)
" Les chanoines de Metz. Voj-ez la signature de la présente lettre.
* C'était Anne Malet de Graville, femme de Pierre de Balzac, baron
d'Eutragues, seigneur de Dunes et gouverneur de la Marche ; elle avait
vécu dans l'entourage de la reine Claude, première femme de François I",
morte en juillet 1524. (Voyez Anselme de Stc.-MiU-ie. Hist. géuéalog. de
la maison royale de France, etc. Paiùs, 1726-1733, 9 vol. iu-fol., t. II,
438, t. VII, 871. — Moréri. Dict. hist. article Balzac, et ci-dessous la n. 18.)
* Conrad Besch, qui avait une librairie à Paris.
•* Après avoir séjourné quelque temps à BordeaiLx, puis à Cognac, Fran-
çois I" s'était rendu à Angoulème, où il passa lo mois de juin avec la reine-
mère et la duchesse d'Aleuçou (Agrippa; Upp. Pars II, 848). Ce fut sans
doute à Angoulème que Toussain vit la sœur du roi (N» 178, n. 14 et 16j-
440 CIFRRE TOUSSUN A JEW (CCOLAMPADE, A BALE. 1 o2ft
retur consilii, et quoniam adliiic persequor (skp ab adversariis, et
(irlrersiis me prominrinnmt sentehtiam Magistri fwstri^, cupiebam
ut autoritate regia tutus viverem in Francia. CkirlssimnmAlenconUp
Ducemr> sum sœpe nUoquutus. et me tanta humanitate e\cepit.
quanta potnissel vel principem aliquem vel hominem sibi charissi-
muni. Obtulit conditionos nuiltas non aspernendas [1. a.>pernanda;?\
Multum sunius confaltulati fie promoven/lo CItmti Eranr/elio, quod
solum est illi in votis, nec Ull solmn. renim etinin Régi ipsi, nec ho-
rinn ronntihus refrogdtur mater*". Et eau) oh caussam Rexconten-
(lit Ltiteciam^^, si negotia belli non remorabunlur bominem. Hie
Intito, hiijus ndrentum e.vspedans, quandoquideni Dur recepit, se
tum facturam in graliam mei quicquid cupereni. Si bîc manere
potero tutus, bene quidem : sin minus, redibo ad vos. Expédition
sum ad iter quàm tum cùm mullis sacerdotiis onerabar'-, et sane
majora mihi offeruntur, quàm perdiderim pro Cbristi gloria;sed
nemo me facile in aulam protrmlat, quôd illic nibil videnm
synceritatis, et omnes qu<erunt qu» sua sunl. non quée Jesu
Cbristi. Episcopm Mel(len[sis] dicitur illic parum syncere tractasse
Verbum diebus superioribus, plus studens iiominibusplacerequam
Deo'^ Et babet Aula multos taies pseudoprophetas. Sed si Deu>
pro nnbis, quis contra nos? Cerfe Dfir Alenconiœ sic est edocta a
iJoniino. sic exercitata in lileris sacris, uf a Cbristo avelli non po-
terit. Sunt iu Aula qui existimantur Cliristiani, et mule etiam au-
âiunt ah adrersariis ; cum bene loquentibus bene loquunlur de
Cbristo. cum blaspbemanlilius blaspliemant. SefI quid aijuut tan-
dem? Certe, sub specie religionis. cum suis longis tunicis et capi-
tibus rasis renantur sacevdotia et episcopatus aputi liegem et Dnrein:
quos quum sunt assequuti, ipsi velprimi slant in acie adversus eos
quos mundus vocal Lutheranos. et nibil lam fiiLqunt. quàm ctmsue-
* Erreur de plume, au lieu tïo pcrseciiiio)icm j^ntinr.
* D'Argentré ne fait pas mention d'une censure ])rononcée contre Tous-
sain jiar la Sorboune.
" Voyez la note G.
'" Voyez le N" 125, vers la fin.
' ' On croyait en effet que François I" se rendait à Paris. L'évêque de
lîazas écrivait ;\ Api-ippa le 5 juillet: « Ex itinere, ex oppido de Maule...
liex enim continuât iter versus Pai-isios.» (0pp. p. 848.) Mais le roi n*-
tit sa rentrée à Paris qu'au mois d'avril 1527.
" f'omitarez ce passage avec le commencement du N" 161.
' Les documents contemporains ne fournissent aucun détail sur ces
prédications de Jiriçomiet.
1526 PIERRE TOUSSAIN A JEAN OECOI. \MI' VUE. A BALE. 447
tudinem eonim qui labe aliqua aspersi smii pn» Cliristi iioiiiiiie.
Sed qniil aliud expeclares ab aula, meretrice periciilosis.'^inin ? Hm-
gate Dominuni. ut hîc nobis suscilel piophetas, qui spiritum ba-
beanl foilitudinis. non timoris.
Fahnim }>u)ii nfloqitutus, et Ruffuni^*, sed cevte Fulnr niliil li<ihrt
animi. Deus confirniet eum et corrolioretî. Sint sapientts<pianluni
velint, expectenl, ditïerant et dissimulent : non iioteril priedicari
Evanûelium absque cruce. Hfec cum video, mi OEcolampadi. cnin
video aninunn Régis, animuni Ducis sic propension ad promorendiini
Christi Erangelium, ut nibil magis. et eos qui soli negocium hoc
promorere deherent, secundùm gratiam illis datam, iUorum inslitn-
tiini remorari, certe continere me non possuni a lucliriimi^s. Dicunt
certe : c Nondum est tempus, nondum venit bora! » Et bîc tamen
non babemus diem neque boram. Si xoiCœsareni et Ferdinnndiini
conatibus vestris faventes baberetis, quid non faceretis "? Rogate
igitur Dominum pro Gallia, ut ipsa tandem sit digna Verboî
Scio niultum tibi fuisse negotii exbibitum ab adrersariis Baden.
\sibiisy'-' ; ceterùm regnabit veritas. Cum eram in Aula. Hehefins
quidam rumorem sparserat.revocasse te sentenliam tuam deEucba-
l'istia : quod spiritus meus judicat esse mendacium, quare fortiter
illi restiti in faciem. Cum eram in carcere, pleno aqua et sordibus " .
Alibas Sancti Antonii coègevâime. ut Marco^' scriberem.. ut libri
mei ad me mitterentur ; sed sapienter egit. Huic babelo gratias.
et dicito salutem Bentino et fratribus omnibus. Relegerem lias li-
teras, sed certe non vacat. Boni consule. et bene vale. carissime
OEcolampadi. Ex arce quod vocat [1. quam vocant] nemus niala-
rum berbarum'S die Anna? (1526).
Si scribere voluerisad me. mitte literas tuas Christiano^^ hiblin-
>* Voyez le N" 17S, à la fin.
'=> Voyez le N° 176, note 15.
»6 A Pont-à-Moussou (V. le N" 170)
»" Voyez leN» 140, note 9.
ï^ Le château appelé par Toussain « le Bois de 3Ialeslierhes " est situé sur
une colline, près de la petite viWe de il/rt?f.s/M'»-?;c.* (département du Loiret\
à 17 kilomètres de Pitliiviers. Cette seigneurie, qui a donné sou nom à
une branche de la famille des Lamoisnon, était entrée dans celle des
Balzac par Aune Malet de Graville, « dame du Bois de Malesherhes. »
(Voyez Anselme, VII, 871 et 890, et la note 4.)
>9 Christian Wechel, imprimeur à Paris depuis 1522. Ses armes fiu-ent d'a-
bord rÉcu (le Baie, ce qui pourrait faire supposer qu'il avait formé une asso-
ciation avec Conrad Eesch (N" 20, n.7 et N» 173, n. 18). Il prit ensuite la
M8 GÉRARD ROUSSEL A GUILLAUME FAREL. A STRASBOURG. 1526
(lo/œ Pnrisiensi, vel committe eas Jo[anm] Vaugtis, quem salutabis
nomine meo, et Imelium. Vobis omnibus commendo Stcplianum
Storum -°, quantum possum. Aliàs cum ad te scribebam. ba?c erat
nota mea : S. S. -• Sed nunc non timeo vocari, sratia Christo,
Petrus Tossa.nus, olim canonicus Metensis,
nunc seiTus Christi humillimus.
(Inscniitto :j Joanni Œcolampadio. patri suo in Christo.
t82
GÉRARD ROUSSEL à Guillaume Farel, à Strasboui'g.
D'Amboise, 27 août (1526).
Autographe. Bibliothèque Publi(iue de Genève. Vol. n" 111a.
C. Scbmidt, op. cit. p. 197.
Sommaire. J'ai écrit plusieurs fois à Maître Pierre, qui a promis de s'employer en
votre faveur. On nous traite avec un peu plus de ménagements qu'autrefois, et nous
pouvons espérer plus de liberté pour l'époque où nos protecteurs réussiront â régler
les affaires qu'ils ont encore sur les bras. J'ai présenté à la Duchesse [d'AUnçon] une
partie de mon travail, que je me propose de publier. Continuez celui que vous avez
commencé avec Simon [Robert] : vous ferez là une œuvre utile, et je m'efforcerai de
vous imiter. Pendant le séjour que fera ici Cornélius [Michel d'Arande] nous deman-
derons il la Duchesse de faire li\Ter un peu d'argent à vous et A Simon. Les frér
en feront aussi pan-enir à L[ambert]. Dieu veuille lui donner d'autres sentiments !
Aumônier de la Duchesse, je suis en butte à, l'envie, entouré de périls, contraint
dissimuler beaucoup de choses, et affligé de vos discordes qu'on exploite ici cont
nous. Si j'avais voulu écouter mes amis, je serais reparti tout de suite pour l'Ai
viagne. Ayez ces circonstances présentes à l'esprit quand vous m'écrivez. J'espt :
me rendre sous peu de jours A Paris. Veuillez donc me renvoyer au plus tôt le Hi.
la devise « siib Pcr/aso. » Voyez dans le t. xxvi de l'Encyclopédie moderne
l'Essai sur la T>pograpbie par A. F. Didot.
'" Etienne Stœr, ancien pasteur de Liestal (N" 91, n. 1). S'étant fait
l'organe des paysans b;\lois qui s'insurgèrent au printemps de 1525, il fut
oxilé et se réfugia à Strasbourg. Les magistrats de cette ville le retinrent
même quclcpie temps en prison, à la demande du Sénat de Bùle (Voyez
J. J. Ikrzog, op. cit. 1G5. — Zuinglii 0pp. VII, 4G5 et 480).
^' Ce sont les initiales de l'anagramme Sunassot Siirtep (V. p. 386).
15^6 GÉRARD ROUSSEL V (JUII.LALI.MK l'ARKI,, A STRASBOURG. 'l'i'.t
de la Genèse, qui est entre les mains do Bentin, et me donner vos instructions à ce
sujet. Peregrinus [Le Fèvre] est tout occupé de sa réponse X Bcda. Saluez nos luurs et
la faviillc de Capiton.
Gratia et pax à Deo pâtre et Domino Jesii Clirislo!
E(ji phtribus literis cum mrujistro Petro de tids rébus ^: polliciliis
est omnem operani. Vellem a pollicilis absolutuni in liiiiin ((iiii-
moduiii. quod promotum tara ciipio, ut nemo magis. Mifiùs nli-
quantuiii nobiscum axjitur quàm prlm, et noniiiliil spei accrescit
futiiium ut adversariorum furor frenetur et ali(piantuni liherlalis
noliis restitualui'-. Sed liactenus obsliterunt négocia a quilius vix-
dum explicari queant qui nobis prie céleris lavere videntur. Bien
fiel conveiitiiH de quo scripsi ad te Utérus uliquot^; fruclùm inile
(piempiam capienius, opinor.
Obtuli Duci jjurteni nostri luboris, quam hilari vultu acccpit*:
Iioc ago ut exsci'ibalur, et demum prelo mandetur, si quo modo
possim hoc ipsuni consequi \ Opturm quam prùnum ad nos di-
mitti Genesim quam habet noster Bentinius. Si lu cum fratre noslro
' Voj-ez le N° 178, note 3. Nous supposons qu'il veut parler de Pierre
Vitier (en latin Vitçrius), professeui- au collège de Navarre à Paris, ami
intime de Thomas Grey (N» 6), qui lui-même avait eu des relations avec
Farel à Bâle (Voyez Erasmi Epp.)-
- Tous les amis de l'Évangile ne partageaient pas les espérances de
Roussel. Agrippa, répondant à une lettre que Chapelain lui avait adressée
de Bloisle 29 août 1526, en le saluant de la part de Le Fèvre et de Guil-
laume Cop, écrivait le 18 septembre les réflexions suivantes: « Quod ad-
moncs, tramferendum aïiquid de Ckristianismo ad Christianissimum Ecjem,
res hrec non modicam considerationem requirit...- Utrum conveuiat magis,
vel aliéna traducere, vel propria meditata proferre, adhuchaîreo: honestura
est propriis armis dccertare, aut tutius forte sub alieno clypeo delitescere,
tutissimum autem tacere. Nam hodie, ut vides, Christiana ceritas mdlo secu-
riori modo colitur quàm stnpore et silentio, ne forte corripiamur à pra'dica-
torum htorcticorum inquisitoribus, ac Sorbonicis illis in Lege, non quideui
Mosaica, nec itidem Christiana, sed Aristotelica, doctissimis Scribis ac
PharistX'is, qui nos fasciculorum meiu cogaut ad paliuodias. » (Agrippa-
0pp. P. II, 8G2.) — Le bûcher qui s'était de nouveau allumé à Paris, le
28 août (X° 124, n. 11), explique trop bien les paroles d'Agrippa.
^ En l'absence de ces lettres, nuus n'avons pu découvrir quelle est
« la conférence » dont parle Roussel.
* Voyez le N» 178, notes 5 et 6.
^ Voyez la page 278, et le N" 102, note 5.
T. I. -29
4o0 iitKAKU ROUSSKL A GUILLAUMl:: FAUEL, A STRASBOURG. 1 526
Simone'' pergeres in cepto opère', hac parle publicee utilitati con-
sulliim arbilrarer; nec meo defutiirus sum ea in re officio, sed
apnil meus similem subibo laborem. Rediturus est ad paucos dies
nosler Cornelim ^ cum quo apud Ducem de te et fratre nostro
Simone agani amicè, et in hoc incumbam, ut vobis aliquanlum pe-
cuniie assignetur, quousque Dominas ingressum aperueril'^ Bono
estote animo, et noslri silis memores in veslris oralionibus!
In (inla Ducis concionaloris fnngor munere, non sine invidia et
jnagno viltC periculo, sed Doniinus est qui roborat. Dissiniulanda
nobis sunt plurima, et toi decoquenda ut, nisi adsit Dominus mul-
tuni fervoris subrainistrans, fieri nequeat quin sim multo inferior.
Discordin inter vos nos turbat plurimum '". et inde adversarii an-
•sani sumpsere debaccbandi in nos et commovendi universos. ut,
nisi Dominus de aliquot viris nobis providisset, non liceret nobis
tutis esse. Probe feceris, si pro tuo officio sarciendte concordiae
studuei-is. Non scribo ad fratrem nostrum Simonem, quôd sperem
propediem oportunius scribere; nam quod scribam nihildum lia-
1)60, nisi ijuod Ijono sum animo bene cessurum, modo CorncUi non
desil piu'sentia. Audio fralresaliquanlam pecuniammissuros L. ",
id fjuod gratulor, sed immutatum illius animum per Dei gratiam
cupiara [1. cupio].
Ne mireris si bactenus nihil egerim, sed potius mirare cur ad
vos protinus non remearim. Nam si amicis credidissem, mihi crede,
vix integi-am septimanam apud nostros vixissem. Scis temponi :
hisce, si quid scripseris, attempem tiunn stilum. Nondum pelii Pit-
m/MWi. sed petam,opinor, propediem, ni Deus alia invexerit négo-
cia. Flic lit liber Geneseos ad nos citô redent, et (|uod [à] me factum
vobierilis scribite, et me obtemperati.ii-um pro virili poiliceor. Sa-
hilal V(»s Peref/riniia, (|ui tolus in Iractando Beda occupatur, sed
" Simon Robert de Tournay, réfugié à Strasbourg pour la religion. Il
était riiote de Capiton, comme Farel.
• Il doit être question de l'œuvre commencée par les réfugiés français
il Strasbourg, c'est-à-dire d'une traduction française de la Bible (N" 168,
notfs 19 et 20).
"* MicM d'Arande (N» 178, n. 7), dont Farel a écrit le nom au-dessus
de cclid de CorncUu-s.
" Voyez le N» 178, n. 2.
'" Allusion aux dissentiments sur l'eucharistie (V. le N° 163).
" C'est-à-dire à Lambert, qui avait déjà reçu un envoi pareil, à la fin de
l'annét 1524 (V. le N» 133).
1526 GUILLAUME FARRL A CAPITON ET A BUCER, A STRASBOURG. 4oI
modestiiis qiiàm pleriiiue vellent'-. Saluta iviilii sorores^^ el tolam
liospilis fainiliam*^ Amhosia', 27 Augiisli (lo20) '*.
TaUS JOAN.NES TOLMNUS '«.
(Iiiscn'j)tio :) Guilelmo VVappicensi '". IVaiii el aniico.
185
GUILLAUME FAREL à Capitou et à Bucer, à Strasbourg.
De Baie, 25 octobre 1526.
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel.
"^OJIMAIRE. Les mésaventures du voyage m'ont fourni l'occasion de reconnaître la me-
sure des forces du libre arbitre. Je me croyais assez intelligent pour savoir discerner
ma route, assez alerte pour suivre un guide vigoureux. Dieu m'a fait voir, par ma
faiblesse dans les petites choses, à quoi se réduit le pouvoir de l'homme dans les
circonstances difficiles. J'ai erré jadis au milieu des forêts et des eaux, mais sans
être exposé jamais à un danger aussi pressant. Le jour de mon départ [de Strasbourg],
après une longue marche de nuit, sous des torrents de pluie, j'atteignis à grand'peine
Benfeld. Le lendemain, à trois heures, pendant que Thomas payait notre dépense,
je pris les devants, mais pour m'égarer jusqu'au jour dans des marais où l'eau était
si profonde que je désespérais d'en sortir; le soir je fus de nouveau séparé de mon
guide. Le matin suivant, j'errai encore pendant trois heures à travers champs, en
m'eloignant du but, et ce fut seulement après une nouvelle marche de quatre heures
que j'arrivai à Colmar, où j'attendis Thomas. De là, chevauchant tour à tour, nous
atteignîmes Mulhoiise. J'y eus un entretien avec le secrétaire de la ville [Jean Osicald
de Ga)iKharst] et le prédicateur Jacques [Augshurgcr], que j'exhortai tous deux à
'2 Voyez le N" 165, note 2, et le N° 177, n. 6. L'ouvrage de Beâa contre
Érasme et Le Fèvre avait paru avec une approbation de la Sorbonne, mais
sans le privilège du Parlement qui était alors nécessaire pour autoriser
l'impression et la publication des livres. (Voyez De Sainjore, op. cit. II,
379 et suiv.)
*^ Les femmes des pasteurs de Strasbourg.
** La famille de Capiton.
*^ Le millésime est de la main de Farel.
^•^ Au-dessous de la signature, on lit ces mots de la main de Farel:
< Géra. Bufus. »
*' Farel était originaire dç Gap.
452 GUILLAUME FAUKL A CAPITON ET A BUCER, A STRASBOURG. 1S2&
donner l'exemple du support fraternel. Jacques m'ayaut dit que son collègue [Nito-
las Bruckner] avait dû quitter la ville, j'en ai averti CEcolampade, et je vous pro-
pose d'envoyer Boni/ace [ Woljhaid] pour occuper cette place Vacante. J'essaierai
également à Berne de faire donner un collègue à Berthold HaUer.
J'ai exhorté aujourd'hui, de votre part, Wolj'gang [ Whsenburger] à édifier l'église
en enseignant le wai but de la Sainte Cène ; il a très-bien accueilli mes représenta-
tions. Ecrivez-lui souvent, ainsi qu'à Marcus [£ersius\ Saluez pour moi Sympho-
rien, Latomus, Hédion,_ Théobald, Egentinus, Jacqites [Bédrot], Kronherg et Simon.
La crainte du Sénat et de la peste m'a empêché de remettre moi-même la lettre de
Bentin à sa femme.
Gratia et pax à Deo paire no.stro et Do. Jesu!
Nostis Servatorem lachrymanlibus dixi.s.se miilierculis : « Si iu
viridi lioc faciunt, quid in sicco? » [Luc. XXIII, 31.j Quodapiid me
ipsum recogitans, inr/entes scilicet ngnovi arhitrii vires, quantum
possinl iii ils quae Dei sunt. quàm(|ue Deum ipsum sequi et suas
ininiitabiles, nisi Ipse dederit, [po.ssint] sequi vias! Cum enim
compertum liabeam, me collatum homini cuicunque, utcunque ille
valeat; longe magis illi adsimilari modis onmilius, quàm quivis
Deo collatus, attanien non fuit tanta vis prmientiœ nec tanta pedum
peniicitas, tit rectam tcnere potuerim viam, aut, si quando in ea
paiiluni liiesissem, ductorem assequerer. Ipsi noslis me non pror-
sus slupidum, ut de viarum discrimine utcunque discernere possini.
nec prorsus ignavum et lentum, ut etiam non ignavum comitari
possiiii : si'd roluit Dominus pir itiprnui liœc iJocovc (piid possit homo
in niajorihus.
Res est levis. faloor, à via aberrare, sed ut mihi conligil non
adeo. Olini err^buiidits in sylvis, in nemorihus, in aqiiis vagutus
sinii. st'd niinqufnn tanto in discrimine; nibil alioruin (sic) letigit me.
H<ir proft'ctione ac ipso die quo egressus sum', ita à Domino fui
visitai IIS. ut iirorsus de.sperarem in diversorium posse concedere.
(Iravabal iiox, op[irimebal pluvia; ligi pes non polei-at, destitutu-
liuclore oculo. Elsi supra vires pergendum erat, coegit lamenviii
(lifticiiltas in média .sedere via sub pluvia. Tandem post lapsus el
nulaliones diversorium altigi.. ubi Itospes damimm (piod Gal/i olim
iili iiilulerunt. in me resarcire conlendit. Hujus gralijî cras ad ter-
tiam lioram egredior, dum TIiohkis- cum liospite agit; pergorecte
sed MOU diu. abduclus à via iler sc(iuor ad paludes. Ibi nato lon-
guiii Icnipiis. il.i iiilcrihim jiiofiindam ollendens aipiam, ut nuUa
' Il faut soiis-entendre Argcnioralo.
' Ce personnage nous est inconnu.
4 52G GUILLAUMK FAHEL A CAPITON ET A BUCER, A STHASBOUIU;. 4o3
esset spes egrediendi. Elabor tandem et longius à via erro, donec,
illucente die, non niulliim abesse a Benvell^ inlelligo, <|iji proxi-
mus Selestadi[o] * esse debebam.
Haec si mihi Iristissima essent. ita iil orarem IJoniiniini. si sua
volunlas esset me aliô non migrare, non paterelur pi-[ogredi?],non
fiiere la,'ta Tlioniœ, ut ex Tribuno pliéis^ non diibito vos intellexisse,
quem [saliitatum] cum Scriba'^ [oplarim] in Domino. Sed non sa-
lis erat eo die erratum, nisi sub noctem disjungeremur: Tliomn
secedente ad iclum lapidis in pagum à via remotnm. ego mhô in
alterum in via situm diverti. At volens diligentior esse, anle ter-
tiam surgo, Çolman'am petiliirus ac Thomam illic expectaturus; et,
<:um via planior esset et iter brevissimum, tamen per montes, syl-
vas acvalles, vineas ac agros erravi usque ad sextam boram. Inter
sextam et septimam longe remot[ior] fui à Colmarin quàm quum
<liversorium egressus sum ; vix tandem ad decimam perveni in lo-
cum pnolixuiu '. Ita erratum fuit, ut si dedità operâ aberrare voluis-
sem, non ita potuissem. Secunda die paulo [melius] actum est:
non discessi ab illo^ nec ipse à me; œquitantes alternatim deveni-
mus Mellusmn.
Ilbc Scribmn offendi unacum concionatore Ja-
cobo\ quem illuc pi-omovit OEcol(tmi)afU'iis,e[ '" quem
Lutheri partibus additum verebar: sed longe aliter rem babere
comperi. Narravit [ille non fuisse] aliàs Evangelio faven-
tem, qui totus repugnaret super bac re. Rogavi ". ut partes [pas-
toris] agere[t], et loqueretur ne illum'- oll'enderet, purissime trac-
lans Cbristum, ut eswn spiritalem [doceret, atque, bis] diligenter
3 _ i Benféld et ScMestadt, petites villes du département du Bas-Rhin,
éloignées l'une de l'autre de 17 kilomètres.
^ Le grand-maître des tribus de Strasbourg.
^ Le secrétaire du sénat de Strasbourg.
■ C'est-à-dire à Colmar, où il avait donné rendez-vous à son compagnon
de voyage.
^ Thomas.
3 Jacob Augsbiirger, pasteur à Mulhouse. (V. Œcolampadii Epp. éd.
cit. fol. 205 a et 207 a. — Rœhrich, op. cit. II, 236.)
»° Ici commence, dans le manuscrit original, une mouillure profonde, qui
s'étend sur la plupart des mots voisins de la marge droite. Une main in-
discrète a essayé anciennement d'en restaurer quelques-uns, ce qui rend
fort difficile la vérification du texte de plusieurs passages.
'1 II faut sous-entendre Jacobum.
'- C'est le personnage dont le nom a disparu plus haut après mrravU.
454 GUILLAUME FAREL A CAPITON ET A BUGER, A STRASBOURG. 1526
inciikalis, impanntio rueret. Scribam dixit non sentire hosteni imo
ainicuni, oITendi; nam primo colloquio agebam de iis
qui toli erant in contentionibus et pugnis [verboram], neglecla
charitate, nibil déférentes inCirmilali fratruni, sed mox omnes
Iradentes Salan.'e, [et optabam ut] illos Cbrisli apostolos iniilarentur,
qui ila inliniios ferre norant, non mox tradentes Salanio lUo
assentiebatur, duin commendarem reslnuii pucia studiuin.
Pelii a Jncobo, ali(iuemne baberet adjutorem? [Respondit,]
paulo ante migrasse quem babebat optimum. Gonveni de re hac
(Mcoluiiipadium, subindicans /^o/i//</c/«m'* aplura ad id muneris,
ac recepit se tenlaturum an illic esse possit. Non maie ageretis si
illuc Bonifaciiim mitleretis, ut tentaret; liaec non negligenda est
occasio. Bucere mi, alium tibi facile poteris parare ministrum:
nam veslrum est taies vos eligere quos aliô facile mittere possitis,
probatos in omnibus. Si Dominus dederit. apud Bernum tentabo '^
si (jua possit lleii ut Ollo qui apud Wolfthnufjum agit'% adjungatur
Bcrtltoldo^^. Bonifacius, si illuc'' concédât, ut non tanlum urbis
curam gerat, sed et viciniœ nonnunquam, vicina invisens loca et
passim proîdicans Verbum, cui det Dominus vos constant issime
liœrere, ut opinioni ijuam omnes passim babent et expectationi de
vobis facta respondeaiit vestra 'M
Conveni hodie nomine vestro Wolidumgum ac salutavi ofliciosius.
addens, vos orare ut sanctam Cbristi cum fratribus servaret pacem,
œdilicationi ecclesiai tolus incumbens, et si de cœna Domini non-
'* Boniface Wolfhard, qui résidait alors à Strasbourg (N» 170, n. 8).
'* D'après l'opinion g(''néralemcut accréditée et qui semble confirmée par
ce passage, ce serait seulement à cette époque que Fard aurait formé le des-
sein d'évangéliser les pays sujets de Berne où l'on parlait la langue française.
Mais nous avons vu que, déjà l'année précédente, il était préoccupé de
faire annoncer l'Évangile à NctœMtel (V. le N" 159 et le N° 184, note 15).
"* Est-il (luostion de Wolfrjauff Wisseuburycr (N" 140, n. 8) ou de
Wulfijang Capitun;' Le persoiniage que Farel appelle Otto était peut-être
Othon Bimlcr, qui vint occuper à Mulhouse la place do pasteur laissée va-
cante en février 152G par le départ de Nicolas Bruckner. (V. Rœhrich, op.
cit I, a84. — Zuinglii 0pp. VII, 475.)
'" BertltoUl Huiler (N" 53, n. 1), dont la position à Berne était devenue
très-difficile depuis la dispute de Haden. Le 25 juin il avait reçu Tordre de
dire de nouveau la messe et n'avait obtenu qu'avec beaucoup de peine d'en
être dispensé. (Voyez Kuchat, I, 293. — Jean de Muller, X, 325. — Ber-
nerisches Mausoleum, I, 403, en note.)
" C'est-à-dire à Mullunuic. Le v(eu de Farel ne fut pas réalisé.
" Voyez leN" 189, qui renferme uu éloge des pasteurs strasbourgeois.
152G GUILLAL'MK FAUKf. A CAI'ITdN ET A BUCEH, A STIlASROrUG. 415.^)
(lum constarct^-', habita ecclesùiî ralione ac adversaridniiii jiolen-
tiae, totus esset in iisu cœnœ docemlo; tut m orca plcne Clirislum Itu-
berent ac eo fuie pnacermtur, si in memoriam mortis pane rence-
rentar-\ Respoiulit olini se id egisse acniagis aciuriiin coiiimone-
faclis suis, ut toti sint in recogilanda Clirisli ukii'Il'. Hiipio aindes
pane, sire illic Cliristm lateat, sire non. Aildeliat. seiitcnliam non
adeô videri a vero alienani, de ffua expectaret iilenioroin à Deo
eruditionem; cumque referreni fructus unionis etcliaritatis vestne.
subintulit, se pridem exoplasse, ut communibus votis idem omnes
susciperent traclandum quod promolum vel amotum velleni: et ex
alloquio non potui aliud agnosse nisi eum bene velle negocio
Ghristi, ac penncaciam Martini'-^ illi displicere. Scripsit ad le, mi
Capilo, binas literas pro quadam Margarita. (jdibus nibil i-espori-
sum fuisse dixit; ego te non accepisse literas causatus sum. .Mulii
estis; si unus vestrum modo ^d Marcuni^-, aller ad Volplianfjum.
scriberet, et sic aliis alii. sperarem non cariluras fructu vestras
literas. Sed consilium OEcolanipaclii vobis sequendum erll. non
meum: magis enim novit (piid expédiât quàm ego.
Salutate mihi, qua^so, fratres, Simphorianum-^ cum Latomo^K
qui meâ causa multum sudavit, Hedionem~-\ oratorem nostrum.
cui Dominus det ita in omnibus quœ Ghristi sunt persuailere et
obtinere ut in causa mea-". Matthiam-' etiam salvere opfo. Se-
^3 Voyez le N° 140, note S.
-" Voyez leN° 163, où Farel expose ses idées sur la sainte Cène.
2' Luther.
" Mardis Bersius (N° 140, n. 9).
-^ Symphorien Pollion (en allemand AltJiiesser), auteur de plusieurs
chants d'église et pasteur à Strasbourg, sa ville natale (Rœhrich, op. cit. I,
148 et 211).
-* C'est probablement Jolumnes Laiomus (en allemand SteinJw), prédica-
teur à Strasbourg (Ibid. I, 194).
2^ Gaspard Héclion, natif de Ettlingen, dans le margraviat de liade, col-
lègue de Capiton et de Bucer (V. le N° 176, n. 11).
2^ Nous ne savons pas dans quelles circonstances Hédion fut «l'orocat
de Farel. » Ce fut peut-être à cette occasion que les amis de Farel ù BAlo
obtinrent du recteur la lettre mentionnée p. 418.
-'' C'est probablement 3Iatthias Zcll, né à Kaisersberg en Alsace il 477).
Après avoir enseigné pendant plusieurs années dans l'université do Fri-
bourg, il devint pasteur à Strasbourg en 1518. Il y épousa (152oi Catherine
ScJiiitz, femme d'un esprit très-cultivé et qui mérita par sou dévouement
envers les réfugiés le surnom de < vière des Ticformatcurs. » (V. lîœlu-ich,
op. cit., passim, et, dans les « Mitthciluugeu j> du même auteur, l'article
consacré à Catherine Zell.)
4.')0 (;UILLAUMK FAREL A CAPITON ET A BUCER, A STRASBOURG. 1526
hitstinnum-'^ ac Theohnldum-'^ cum Efjenlitio'^'*, quem Doniinus veris
.•idoinet episcopi doiibiis. J(irohum^\ quem non convenisse me
niale liahet, etsi id destinaram animo. Cronobergium^- nolite ne-
Sligece. Bcntini lileras iixori reddi ciiravi'^ quas ipse reddidissem,
)ii-;i inclus cnm SmatiiH-'" liim pc.sfis^'' domi ino detinuisset. Ipsum
" Schastim Mojer fX» 128, n. 15), diacre de l'église de St. -Thomas à
Strasbourg. Pendant son récent séjour à Bâle il avait été menacé du même
sort que Farel. Voyez les lettres d'Œcolampade du 4 et du 11 novembre
1525 : « Seh. Mcyer. hodie sistitur Senatui ... Prœsagit animus meus nescio
qiiid sinistri. Omnem cnini lapideni movont éV/J?-'-, et quacunque possunt
nocent.» — « Sebcisliano Maier... nihil accidit in judicio, tametsi Satanas
tentarit quippiam, ut hinc ejiccrctur, quemadmodum FareUns; adeo hospi-
tuni habemus rationem, veri Sodomitfe ! » (Zuinglii 0pp. VII, 433 et 434.)
-" Théohald Schwarz ou Nigri, ancien moine natif de Haguenau, diacre
de Matthias Zell depuis 1524 (Rœhrich, op. cit. I, 192).
■•" Est-ce le personnage mentionné en ces termes dans la Bibl. Univ. de
C. Gessner: « PhiUijpus Engenlinus, poeta Germanus, fertur scripsisse de
vita Lamberti, et carmcn in laudem Friburgi Brisgoiae, cujus universitatis
magna cum laude professer poetica- fuit annis aliquot?» Nous sommes peu
disposé à le croire. Bien que Philippus Engentinus eût embrassé la doctrine
réformée, comme le prouvent ses lettres du 17 décembre 1522, du 18 juin
1523 et du 10 mars 152C, qui sont datées de Fribourg (Col. Simler), il ne
parait pas avoir exercé le ministère évangélique, et nous savons d'ailleurs
que deux ans plus tard il habitait encore la ville très-catholique do Fri-
bourg. Un professeur de cette université écrivait le 12 septembre 1528 à
Boniface Amerbach: « FhiUppus poeta... novmimc Argentinam lectica et
navigio vcctus, se exscindi vel secari passus est. Qua sectura in fata conces-
sit.... Miseriarum silva obrutus fuit vir optimus. Luiheranus tamen erat, sed
de eo génère qui Christum sapiunt. » (Udalrici Zasii Epistolœ. Ulmae, 1774,
in-8", p. 199.)
'' C'est vraisemblablement le professeur de grec Jacques Bcdroi, qui
était en relation avec Fnrel.
'■* Hnrtiiiit)7fï (k Cronherg, gentilhomme qui, trois ans auparavant, avait
é(é chassé de son château, situé près de Francfort. Il se réfugia d'abord à
Bille, où il prit part à la dispute d'CFcolampade (oO août 152.3j. En 152G
il biibitait Strasbourg, comme nous l'apprend Capiton dans une lettre adres-
sée à Zwingli, le 15 janvier de la môme année: < Harimunâius de Kron-
hrrg hic est, exul ob Christum, amplissimis exclusus possessionilms, cui Do-
minus constantiam ac longanimitatem donct, qua oi inprimis opus esse vi-
detur. » (Voyez J. .T. Ilerzog, op. cit. 142. — Rohrich, Gescli. der Réf. im
Klsass, I, 139. — Zuiiigh'i Oji. VU, 464.)
^* Ce détail montr(> que Michel Bentin vivait alors à Strasbourg.
• * I.f Sàmt de lii'dr n'avait pas encore abrogé la sentence d'exil pronon-
cée contre Farel en 1521 (V. le K" 151).
^■' La peste régnait à Baie depuis le milieu de l'été.
1526 GliRARD ROUSSEL A GUILLAUME FAREL, A STRASBOURG. 457
esse salvum jubete ac Sùiionem^': Gralia Do. Jesii cum omnibus
vobis! Basileœ, 25 Oclobris 1526.
V.[esler] Guil. Fahellls.
(Inscn'ptio :) Volphango Capiloni el Marliiio Hiifcn». Chi'isli
minislris (idiss.. pra3cept.[onbus], liospilibus, fralribiis in IJoinino
chariss.
ArgentliKL'.
r»"
184
GÉRARD ROUSSEL à Guillaume Farel, à Strasbourg
(De St.-Germain en Laye) 7 décembre (152G).
Autographe. Bibl. Piibl. de Genève. Vol. n" 111 a. C. Scbmidl.
op. cit. p. 199.
Sommaire. Malgré le désir que vous exprimez dans votre dernière lettre, si consolante
pour moi et pour les frères [de Paris?], je ne peux pas vous donner de longs détails
sur notre position et sur vos affaires. Nous sommes toujours dans la même incerti-
tude ; de grands dangers menacent nos vies, et le nombre de mes ennemis s'accroît
journellement ; mais le Seigneur se tient près de moi. J'ai demande à la Duchesse de
vous faire délivrer la somme dont vous êtes légataire; c'est dans ce but qu'elle en-
verra prochainement à Paris le bailli d'Orléans.
Vous" avez longtemps souhaité, une occasion de travailler à l'avancement du règne
de Christ. Dieu vous l'offre aujourd'hui. Ayant rencontré à Fai-is les seigneurs de
Saulcy et de Javietz, fils du prince Robert de. la Marck, je leur ai persuadé de faire
connaître à leurs sujets la doctrine de Christ, qu'ils ont eux-mêmes embrassée. Je
vous ai proposé pour prédicateur et ils vous ont accepté avec le plus vif empresse-
ment; ils consentent même â établir chez eux une imprimerie qui sera à votre dis-
position. Vous logerez dans la maison de leur père [à, Sedan]. Presque tous les mem-
bres de la famille favorisent la doctrine de Christ. D'autres encore ont les mêmes
sentiments et seront heureux de vivre avec vous;. ce sont : Henri, médecin du prince,
le fils du feu comte François qui voulait déjà vous envoyer là-bas, enfin M. de Ch<i-
teauroux, qui accompagne MM. de Saulcy et de Janietz. J'ai promis que vous arri-
veriez avant le carême prochain. La Duchesse, qui désire par-dessus toutes choses
'" Simon Rohcrt, mentionné sous le nom de « Simon Tortmccn.fi.'^ f dans
le post-scriptum d'une lettre de Capiton àZwingli, du 15 janvier 1526 (Col-
lection Siraler).
458 GÉHAKD UOUSSEL A GUILLAUME FAREL, A STRASBOURG. 1326
l'avancemenl de l'Évangile, pense comme moi que cet appel vient de Dieu. Mais
vous n'ignorez pas ce que nous attendons de vous: c'est que, vous abstenant de toute
parole qui ferait naître des dissentiments [sur le dogme de l'Eucharistie], vous vous
contentiez de prêcher Christ et le vrai usage des sacrements. LeFèvre réside àBlois.
Si vous voyez Œcolampade en passant [à £dle], saluez-le ainsi que £entinus.
Gralia etpax Cliristi tecum!
Pluiibu.s tecum non agani, frater in Cliristo carissime, quam-
quain hoc tuie requirunt lilerije, quae me, fralresque cum quibus
lum degebam cum eas recepi ', magnopere recrearunt. quibus ni-
hil sit perinde gratum ac audire, regnum Christi promoveri et sen-
sim conteri serpenlis caput. Et alia me urgent, et res nostrœ in eo
statu ut nihil ceiti babeam quod proferam; nibil adbuc gestum
est quod te nosse référât. In magno ritœ discrimine versamur;
quotidie audio inimicos accrescere mibi, sed mibi adest Dominus,
qui me consolatur, cui sint gratiœ. Tuas et fratrum requiro preces,
ut Douiinus nos captivitate eximat qua premimur.
Tui non dememini, sed egi cum Duce^, ut pecunia dono tibi re-
lictasulnitinistrctur^. Brevi aditurus est Pnrisios Balivus Aurelia-
nemis*, cui boc negocii demandavit Ditx, ac spero intra paucos
dies exilum, ni Dominus secùs ordinarit. Omnes vias lentabimus. ne
dubites. quo lilji (un suggeratur perunia, nam tuœ res perinde mibi
cordi surit at{pie Iratris; experienlia disces. opinor, brevi. Intérim
est (piod le rogem, ut Cbristo non desis. adbuc autem et tibi. Du-
dum oplnsti ostiunt tihi uperiri, quo creiblum libi talentum exer-
ceres in Christi gloriam et proximi teiHllcationem^ En tibi offero
pimitissiminn magna Dei in nos benignitate.
' C'était sans doute la réponse à la lettre de Roussel du 27 août. Farel
dut l'écrire vers la fin de sopteiiil)re, dans un moment où il ne songeait pas
encore à quitter Strasbourg. La jjrésontp lettre, qui lui fut adressée dans
cette ville, implique en efîet chez l'écrivain l'ignorance du voyage de Farel
en Suisse.
^ La duchesse d'Alençon.
^ Il n'est pas question de la somme qu'on voulait demander à la Duchesse
pour Farci et Simon (N" 182, note !•)• Les expressions employées ici par
l'écrivain permettent de croire qu'il s'agissait d'un legs dont Farel n'avait
pu être mis en possession jusqu'alors.
* Jacques Groslot, seigneur de Chambaudouin, bailli d'Orléans. (Voyez
Génin. Nouv. Lettres de la reine de Navan-e, 1842, p. 212, en note. —
Journal d'un bourgeois, p. 253.)
' C'est une allusion au désir ardent que Farel éprouvait de rentrer en
France (N" 178, n. 2).
1526 C.KRARD nOUSSKI, A (;ill,l,\rMF. FAUKL. A STnASIKUllO. 4;JD
Cum iissem incuriam" (naiii atllïii, t'ijiissu Diicis et coiisilio
amicorum. sesquimenseni), inciill in ffeiwrosos principes, (ilios l{n-
bevti à Marcia piiiiripis''. Hoc inlerprelor a Domino facliiiii, itk'iii-
que Dui\ qme nihil lain liabcl cordi alqueEvanyelii iiroiiioliuiieni,
eliamsi suis volis exclusa sit aliquolies. nec cesseril (|iio(l volehal.
Viilebar mihi occasionem nacliis de Clirisli negocio ayeiuli. Ciua
Itos reperirem ex animo favere, cœpi libère animuin explicare
meimij et quid in illis desyderem non taceo : sibi non natos esse,
sed Cliristi menibris ; moiieo pro o/ficio, non sutis qnàd Clivistum
amplexantur, sed hoc impartianlur beneficinm in stios siibdilos, opus
esse, si velint Chrisli discipuli haberi. Audiunt, assentiiinkir; tiiiii
subjicio, te unum ei negocio fore non parum idoneum, cœpi lalenla
libi crédita in Gbristi gloriam prœdicare, et demum ita direxit
sermonem Cliristiis, ut plus quàm ego te cupiunt, le perinde ac
filiuni et fratrem, iniô si vis patrem, habituri.
Non est quod tibi quicquam nietuas, cum in tota domo nullus
prope sit qui Cbristo non faveat; commune cum principe ei filiis
babilurus es domicilium, et, ne arliilreris me in auras loqui, duo
•' Le Parlement. Voj-ez la lettre du 27 août, dans laquelle Roussel an-
nonçait son prochain voyage à Paris.
' La Hardie, située au centre de la France, ne formait jjas une princi-
pauté, mais un comté. Le connétable de Bourbon, qui avait possédé cette
province jusqu'au moment où elle fut revendiquée par Louise de Savoie
(1522), s'appelait C/tarZes et il n'avait pas d'enfants (Journal d'un bourgeois
de Paris, 150-15L — Gaillard, op. cit. II, 14-22). Il ne s'agit donc nulle-
ment ici d'un « Robert, prince de la Marche, » comme l'ont avancé récen»-
nient quelques historiens de la Réforme, mais de Bohert II, comte de la
Mardi, prince de Sedan, duc de Bouillon, seigneur de Flenrange (dép. de
la Moselle), de Jaraetz (dép. de la Meuse) et de Saulcy (dép. de l'Aube).
Bohert vivait alors à Sedan. Il avait épousé (1491) Catherine de Croy, com-
tesse de Chimay, et il en eut six fils. Les trois cadets Antoine, Philippe et
Jacques furent ecclésiastiques. Les autres embrassèrent la carrière des
armes et se distinguèrent au service de la France. (V. le P. Anselme, op.
cit. VII, 164, 1G7 et 193, et la note suivante.) L'ainé, Bohert III, seigneur
de Flenrange, créé maréchal en 152G, s'est rendu célèbre par ses Mémoires,
et son petit-fils Henri-Bohert (15o9-1573) montra qu'il avait hérité des
sentiments que la présente lettre attribue à la famille de Robert II de
la Marck. «Il s'estoit mis Huguenot, comme plusieurs autres de France;
mais il fut si bon François, que jamais il ne s'arma contre ses Roys. Bien
est-il vray qu'il retiroit en ses terres force Huguenots exilez de France, et
ce pour charité bonne qui estoit eu luy, mais non pour faire offense à son
Roy. » (Œuvres de Brantôme. Londres, 1779, t. VII, p. 38G.)
4G0 GIÎRAUn KOLSSEL A GUILLAUME FAREL, À STRASBOURG. 1 526
filii cum quibus egi sunt Monsieur de Saustj, Monsieur Gemmetz^.
quorum consuetudine delectaberis indubie. Est prcCterea medicus
patris, Henricus, vir vere Ciiristianiis,. qui a nobis jam recessit et
ad patreni, Marciœ principeni, profeclus est. te suscepturus obviis
inaiiiljus. Aderunt,.ut spero, filii sub tuum adventum, qiieni spero
aille qiiadragesiniam proximain fore, et hoc illissum pollicitus: fac
ne nientiar. Filius comitis Frnncisci pice memoria;, qui olini, cum
tecuni arjeremus". volebat illô te dimiltere, nimc agit, ul audivi ex
filiis illis, cum pâtre eorum, mansurus inibi ad adventum luuni, qui
tihi ludfjnopere conf/nttulabilur. Hoc i)lurimum (pioque optât alius
dominus (jui cum filiis illis est apud nos. qui vocatur dominus n
Castro ruheo^", qui tuo fervori probe respondet; delectaberis viri
consuetudine.
Sed quid optemus probe nosti, ne scilicet spargatur per quod
dcmum suboriatur dissidium. Quantum mibi displiceal dissentio
nuper ortft,\i\ efiari possum". Absline, oro. ab ea.sed conlentus
esto docere Cbristum et verum usum operum illiiis. Et (juà alTec-
tanlius properes. ohtinuiab çisdciu u( tipud ne liaheunt iinpressorein.
et boc curabo peractura, si Dominus voluerit. ut possis non illis so-
lum. sed nobis prodesse. Alla sunt qua:^ tempore oportuno signi-
** Guillaume de La Marck, seigneur de Jametz, assista avec Eohcrt III,
son frère aine (n. 7) à la bataille de Xovare (1513), où ils durent la vie à la
bravoure de leur père (Brantôme, VII, 384). En juin 1521, Guillaume dé-
fendait la ville de Fleurange, lorsqu'il fut livré par ses propres soldats au
comte de Nassau, général de l'Empereur, et einmené prisonnier à Xamur.
Il ne recouvra la ]il)erté qu'après le retour de François 1" (152G). Il mou-
rut en 1520 sans laisser de postérité. (V. les Mémoires de Fleurange. Col-
lection Petitot, t. XVI, p. 874. — Agrippai Opj). V. II, 785-78G. — Journal
d'un bourgeois de Paris, 102 et 283.)
Le porsonnaïre que Roussel nomme « Monsieur de Sausij* (plus correc-
tement de Saulcy) prit part, selon Petitot, au.x guerres d'Italie. Ce doit être
Jean, troisième Hls de Robert II de La Marck. Le P. Anselme le fait sei-
gneur de .Tametz ; mais il est probable que ce titre ne lui appartint qu'après
la mort de son frère Guillaume.
" Roussel veut parler de l'époque antérieure à 1523, année dans la-
quelle Farel se retira de Meaux. Xous n'avons pu découvrir quel était ce
« comte François, » qui voulait jadis envoyer Farel dans la principauté de
Sedan.
'" C'était peut-être un membre de \a, famille de Chauvigmi, qui possé-
dait la seigneurie de Cliateaurou.x au commencement du seizième siècle
(Anselme, III, G.S2).
" Il veut parler des dissentiments sur la sainte Cène (X* 182, n. 10).
1320 Gi:il.\IlI) ROUSSEL A GUILLAUME FAUEL, A STRASBOUIU'.. 461
(icaho. Peregrùms^- agit Dlesis. Salula milii liatrcs (|ui a|iiiil vos
sunt. Si transiens \ideYis (Ecolaiiiixidium, salula meis verbis, nec-
non Bcntiniini, ad quos scribaiii brevi. 7 Decembi'is (l^)2())'^
Haptim. iil vides.
TuilS JOHANNES TOLNINUS'V
(Inscrqitio :) Guillicliiio Faiello, IValii et aiiiico '^
'- Farel a écrit au-dessous de ce mot; « Jacohtis Faber. » (V. N" 178,
n. 14. et N» 182, n. 12.)
'^ Le millésime est de iamaiu de l'arel.
'* Farel a écrit au-dessus de la signature: « Gerardus Biiffus. »
^^ Au-dessous de l'adresse, Farel a placé la note suivante : < Agebara
Aquilciœ ac illic incipicbam conciouavi dum hœ [scil. literaî] scriberentur,
siquidem die dici Andreec [SOXovembris], ut t\\Qxmt, primam hahui concio-
nem, et sub iuitium anni 1528abrogata fuere omnia pontiticia, post dispu-
tationem Bernensem. » Après avoir passé à Berne (V. la lettre du 11 fé-
vrier 1527), Farel était arrivé à Aigle vers le milieu de novembre, et il y
avait ouvert une école sous le nom d' Ursinus. En réalité, il venait pour y
prêcher l'Évangile. Quelques semaines plus tard le réformateur de Zurich
lui adressait à Aigle un exemplaire de son « Epistola ad Petrum Gyno-
raeum... missa in Auguste M.D.XXVI anno, » avec cet envoi autographe:
« Ursino JElce Episcopo. » *
Entre la lettre du 25 octobre 1526 (N» 183) et l'arrivée de Farel à Aigle il
faut peut-être placer son essai d'écanyélisaiion à Neuchàlel. L'auteur de la
chronique citée plus haut (p. 180, en note) rapporte qa^Farel partit de Stras-
bourg en 1527 (ce qui est une erreur évidente) et qu'il entreprit alors, pour
la première fois, de prêcher à Moutbéliard. Puis il ajoute : « Finalement
Farel fut contrainct de s'en aller de MonthéUard, et s'en vint incogneu
au Comté de Neufchastel, et de premier abord luy fut donné licence de
prescher dans la ville de Neufchastel. Il fut contrainct se revestir d'un sur-
plis de prostré, d'autant que sans cela n'eust esté ouy ; aussy il se transfigu-
roit au commencement sans idolâtrie, eu plusieurs manières, pour avoir
entrée de prescher en la langue franceoise. Mais, voulant entrer en chaire
dans leur Temple, [il] fut cogneu d'aucuns et fust empesché de prescher
pour lors, parce qu'ils disoyeut aux autres qu'il avait troublé Basle pai* ses
disputes, et Monthéliard par ses prédications. YA finallement firent tant
qu'il fust contrainct de s'en aller. Partant de Ncitfcha^lcl, il alla à deux
journées de là en une bourgade auprès des Valtysaus appellée Aigle (ou
comme on prononce Aille), qui est sous la seigneurie de Berne, en laquelle
on parle Savoisin. Estant là arrivé il luy fust besoin d'user de subtils moyens
pour avoir entrée à prescher, et entre autres il se fist maislre d'écolle et
apprenoit les petits enfans à ses propres despens. »
* Nous devons à l'un de nos cam.irades d'études M. Louis Vcrnus, luumtcnaBt pas-
teur à Paris, la possession de cet exemplaire, auquel est joint le traité de Zwingli
«De vera et falsa religioue (m. Martio 1525), » qui porte aussi l'envoi autographe
suivant : « Faréllo Zuinglius. »
462 PIKUUfi; TOUSSAIN a guillaumk farel. a bale. 1 520
185
PIERRE TOUSSAIN à Guillaume Farel. ù Bâle.
De Paris, 9 décembre (152G).
Autographe. Bildiollièque des pasteurs de Neucliàtel.
Crottel, op. cit. Appendice, n° 4.
Sommaire. Ayant appris que vous êtes à £dle, je vous écris, afin de vous féliciter de
rappel qui vient de vous être adressé pour prêcher rÉvangile. J'ai eu beaucoup de
traverses depuis ma .sortie de prison, mais à présent tout va bien. Le Dite [de Lor-
raine] et l'abbé [de St. -Antoine] ont promis de me laisser tranquille. Je dois aussi à
la duchesse d'Alençon d'avoir pu me remettre à l'étude. Enfin le cardinal de T^n-aine
s'est montré plein de bienveillance pour moi.
Didiei- [Abria] est ici, mais il me fuit. Le Fèvre est au-dessous de sa tâche, mai>
Roussel donne de grandes espérances pour l'avenir. Arrivez donc en toute hftte. Sa-
luez Œcolam-pade, Marc, JBentin et Vaugris, en les remerciant de l'affection et de la
sollicitude qu'ils m'ont témoignées. La pauvreté m'empêche de leur payer ma dette.
N'oubliez pas non plus de saluer les frères de Zunch. Ceux qui sont ici avec moi
au collège Le Moine vous saluent. On désirerait beaucouji en France posséder de-
Bibles lalines traduites exactement de l'hébreu.
Soli Deo lionor et gluria !
(^liarissiine Tai-elle, scripseram Oiiiitoui nosliû liteias salis pi-o-
lixas. iiiliil iiiimis susplcans rpiam alias ad te scriiiere. CcCtenini.
(|ii()ni;im niiucialuni est iiiilii te nuHc estie BnaUcœ. facere non
|)()lui (juin ad te scriberem, rogarenique etiam alque etiani. ut
amicos (jui istliic sunt et fratres in Clirislo noniine meo salutares.
sed inpriniis cbaris.siminn paliein noslnmi cl pra-ceplorem (Eco-
litmiiiiiliinn. (KJiis nos ojiiis suniiis in Domino.
Au(bo II' roniri ail jirnjHif/itnduni Cliristi rcffnnnt ' : (Ju;l' res sic
aniniiiin mcuni cxhilaravil ni niilla niagis. nec dubito, (pia' tua e.4
syncerila.s, «piin inuNiiici.uii li.nic sis suscepturus. (|uod ni facias
te eliani al(|ue etiam liortor. Nunc, gratia Cliristo. hene habent
nnini;i. et licnc vaU'o. lainclsi lifr siiiii unilta pa.ssNn pont liber ationem
' Allusion à l'appel que les fils de Bobcrt de la Marck venaient d'a-
dresser à Farel. Voyez le N° précédent.
1 526 PIEURK ÏOUSSAIN A GUILLAUME FARKL, A lîALK. 463
meam, et propemodniii majora quam in ipsis vinculis", i|ium1 vix
haberem ubi tuto redinarem capiit. ob meluin ailversarioi-uiii.
nisi forlasse in Aula, à quâ sic abJiorreo ut nemn inagis '\ Ca*-
terùm Du.r* et Abhas'" polUciti sunt, se non exhibiluros niilii posl-
hac ncgotiuni, quod tamen vix impeirare potuit illuslrissima Prin-
ceps Alanconiœ, et magnis profectô argnraentis declararunl iUi,
cujus erant in me animi. si non posuissel nobis terminiim Domi-
niis qui pra'leriri non poterit. Régnante Iiîc lyrannide ('onnnissa-
riorum et Tbeologorum •"■. qui me declararant hicrelicum \ tutus
esse non potuissem ; sed quoniani borum niabgnilas innolescil
orbi, beneikio lUustrissimœ Ducis Alanconiœ reslilutus sum Hleris
simul et Sacrarum Literarum meditationi.
De Desijderio ^ nibil babeo quod scribam. Fuit in ])atna diu, nec
quemquam ex fratribus est alloquutus. IIuc reversus nunquam me
invisit. In summa, hune pudet mearum afiliclionum, et sic pudet
ut mecum ire in via non auderet. Nec est opera^precium ut quic-
quam de bis ad eum scribas : satis est hîc admonitus à mubis. Ro-
gemus Dominum, ne spiritum suum a nobis auferat : aboijui nibil
abud sumus quam caro et sentina pe[c]cati. Faber impar est oneri
Evangelico ferendo.Per Ruffum magna operahitur Dominus \ qneni
spero etiam non (lefutnrnm tuis conalibas. Proinde adrola. Scribe-
rem ad vos muUa, sed scio Ruffum nibil omisisse quod ad boc per-
lineat "".
Salulabis ilerum cbarissimum fratrem nostrum in Cbrislo Œco-
lampadium, f). Marcum ^\ bospitem meum, et Bentinum '-, miiii
cbarissimos, quos ego scio sœpe muUumque solicitos fuisse mea
causa. Et nmVio Joannem Vaugris fidelissinii fratris officio functum,
postquam inlellexisset me periclitari de vita, cui ego sane mullis
nominibus plurimum debeo ; buic gratias babcio meis verbis el
2_3 Voyez le N" 181.
* Antoine, duc de Lorraine,
s Théodore de St.-Chamond (V. le N" 181, n. 2).
« Voyez les pages 390 et 391.
' Voyez le N» 181, note S.
s Didier Ahria ÇS" 157, note 4).
9 Comparez ce passage avec celui du N» 181 qui est relatif à Le Fcvre
et à Rotisscl.
^° Voyez la lettre de Roussel du 7 décembre (N" 184).
" Voyez le N« 140, note 9.
»2 Voyez le N» 183, note 33.
>
401 l'IERRE TOUSSAIN A GUILLAUME FAREL, A BALE. 1S26
salulem dicilb simul et Conmdo Rech '^ Et roga Marcum et Ben-
tnntm, creditores meos, ne a.'grè ferant ([uôd pecunias non mise-
riiii liactenus '*. Salis sciunt quid in causa fuerit. Si indigent, ven-
dant qiiiL' istliic habeo '*. Ego minus abundo in prsesenlia, gratia
Ciirislo, quàm qui œs creditum exolvere possim. OITerebantur hîc
milii conditiones amplissimaB ^^ quas ego sprevi, certe sciens quôd
me tentabat Dominus. Sed malo esurire et abjectus esse in domo
Doinini (juam cum divitiis multis habitare in tabernaculis impio-
iiim. Cardiiialeni Lotliarinijiœ siiin sœpe ùiAula allo(jHutus, et ccrte
non est imqiius Evanrjelio '^ Hic videns quô redactus essem, nltio
lioUiœbatur se studiis mets siunptuni .siipjjedifaturtDn. Cœterùm
scio, quorum causa factum est ut nihil sit hactenus praistilum.
Scio me non minus amari a Cardinale quam me persequuntur
odio illius domestici et familiares.
Pulabam me solùm duo verba in pra^sentia ad te scribere, quôd
■iit bic qui meas lilteras ad te expeclat, sed non sum mei juris. Et
lilientor scriberem OEcolumpadio nostvo et aliis omnibus. Giélerùm,
quum libi scribo, frali'ibus omnibus qui islbic sunt scribo, quorum
ego sanè faciès videre cupio. Si scripseris Ti/rjurinis, vel Œcolam-
padùis, salutate fratres meis verbis. B/hlia lalina, ad veritateiu hœ-
braicam rersa, à multis desijdevantur in Francia. Namque quiu
superioribus diebus, Cratandri fonnulis, excusa sunt. minus satis-
faciunl, quùd nimium illic gra.'cetur interpres '^ Commendo me
vesiris precibus, ne succumbam in bac mililia. Vale. Gratia et pax
Domini nostii Jesu Clirisli sit cum omnibus vobis ! Fratres qui in
kor Collegio sunt. hoc est Cardimdis Mouachi. in quo ago in prœ-
sentin. ti' siilutant ^'\ Parisiis IX-"* l)ecemt)ris (1520).
'"' Conrad Eesch, le libraire, qui résidait ordiuaircmcut àKâle.
'* Toussain avait d'abord écrit: « quôd ad dicin i)r;vstituin pecunias non
miscriin. »
" Vai quittant Jiâk, au mois d'octobre 1525, Toussain y avait laissé ses
livres (N" 181, vers la tin).
"^ Ces i)roi)Ositions brillantes lui avaient été faites par la duchesse d'A-
Icuçon (N° 181).
''' Voyez le N" 152, notes 5 et 7.
'" « liibliu Latina ad LXX Interpretuni fidem diligcntissimè tralata, et ex
versione Complu tonsi édita cum Pra'fatioue Andreie Cratandi'i. Apud An-
dream C'ratandrnm. liasiicu-, 1520.» In-4". (V. Maittaire, op. cit. II, 671,
etliC Long. Hiiiliolluca Sacra.)
'" Nous avons vu par les lettres iVAngclus et de Canaye (N"' 83 et 105),
qu'il régnait mie certaine fraternité entre les anciens élèves du collège Le
1?>26 m.[artin] b.[uger] a gl'illaumk fahkl [a aiclk]. 405
Salutcni ilicito Conrado, OEcoldiiipadii finnulo, meis verhis, (luem
velim esse mei memorem in suis precibus. El ileruiii vale. Ciim
scribis ad me, scribis « Sunioni Pnnar/io », elvix. siint niihi rcdditcu
literae tua3. Scribite « Petro Tossuno » audacissime, (iiiandoiiuidem
me non pudet veslraruni lilterarum, et qui nibil habet nihil potesl
pei'derc. Hœr, hœc fjlon'a mea, quôd haheov hœreticm nb liis (jnorinn
ritam et doctrimnu rideo pugnare cum Cliristo, et caetera.
P. TossANUS, indignas (pii vocetur Christinnus.
(P. S.) OEcolnmpadl, pater et pra^ceptor charissime, te salulo in
Domino, simul ac te, Marce, et Bentine, meque vestris precibus^
commendo. Valete.
(Inscriptio :) Cliarissimo IValri Guilielmo Farello. Basilese.
186
m.[artin] b.[uger] à Guillaume Farci (à Aigle).
(De Strasbourg), 13 décembre (1526).
Inédite. Autograpbe. Bibl. des pasteurs de Neucbàlel.
Sommaire. Rien de changé dans notre situation. Luther vient de publier contre moi
une Épitre très-acerbe, dans laquelle il dit que nous nous jouons de Christ. Ma ré-
ponse n'imitera point la violence habituelle de mon adversaire. M.[artin] CtUarius,
que j'ai vu hier, me paraît un homme fort pieux et bien diUerent de l'anabaptiste
Denckius, qui cherche à troubler notre église. Le départ subit du porteur m'a em-
pêche d'avertir Capiton ou Simon [Eobert], qui voulait vous écrire. J'ai assiste aux
noces de Marguerite. Faites-nous savoir au plus tôt quel est le succès de votre entre-
prise.
Gratia et pax ! Nostra eodem fere statu persévérant. Lidlurus
durissimani epislolam confia me odidil. nure mea calumnians.
Moiue, qui couservaient nue gnuule aflfectiou pour Le Fèvreet Ford, dont
ils avaieut enteudu les leçons. Il est assez probable que Toussain lui-même
avait étudié dans cette institution.
ï. 1. 30
466 m.[artin] b.[uger] a guillaumr farel [a aigle]. 1526
Persancte affirmât, nos hereticos sacrameiitarios Ghristum pro ludo
liahertv neqiie uiiquam serio a nobis cognitum aut docluin'. Hoc
ex eo coUigit. quod iiutonus non tnm periculomm hanc dklinclio-
nern^, si cwtera fidei et cliiiritatis constent, — quia illi Christ us
blaspliemalur, quoties non datur sensus proprius verhis Ipsius.
Tolus miser est. Respondebo liomini, sed non suo more ^ ; alio(iui
recte Cbristiani dicerent me furere.
Fuit heri mecum M. Cellarius *. Bone JJeus, quantum et quàm
» Cette Épître, dont Bucer avait eu connaissance par la copie que
lAither avait destinée à être imprimée à Strasbourg, ne fut effectivement
publiée qu'en mars 1527 (V. la note 3). Ce qui concerne l'origine et la
publication de cet écrit est raconté dans le passage suivant de la lettre
adressée par Œcolampade à Zwingli le 1" décembre 1526: « A Witten-
hergA Argentinensibus nihil aliud allatum est, prœter inhumamssmam
illam epistolam qua Bucerim, sincerissime et optinie meritum, injïratissi-
mus [scil. Liitherus] flagellât. Prœmiserat bic noster [scil. Bucenu;] in
tomum quartum Lucubrationum LutJicri, quas latinitate douarat, prœfatio-
nem, christiana mansuetudine et pietate renitentem, eruditionisque plenam,
et in ea submonuit et de Eucharistia, cum honesta tui ac mei memoria. Id
tam indigne fort bomo ille miser, ut furoris sui nullum esse sinat finem.
Misit eam epistolam Seccrio, typograpbo Hagenoiensi, ut, si illam Hercagius
nolit imprimere, ipse imprimat. Visum autem Bucero, ut Hercagius excu-
dat, sed antidoto Buceri adjecto, nempe apologia, qua et Pomerani crimi-
nationi respondebit. > — Œcolampade fait encore allusion à l'Epîlre dr
Luther dans sa lettre du 23 décembre 1526, adressée au même correspon-
dant : « Fratres Aryentinenses sfepe scribunt, ut moneam amicè, ne Lv-
therum, ut raeretur, tractes... Moderaberis ipse stylum. Quid gravius di-
cere poterit Lutherus, quàm quod nunquam serio Christum vel coijnoveri-
mus, vel docucrbnm? Non licet igitur tacero, sed minus cxpedit injuriam
retaliare. * (Voyez Zuinglii 0pp. VII, 5G6 et 578.)
'' C'est-à-dire les dissentiments sur le dogme de TEucbaristie.
'• La Réponse de Bucer fut imprimée en même temps que TEpître du
réformateur saxon (V. la note 1), dans un volume qui portait le titre sui-
vant : < Pr.'t^fatio M. Buceri in quartum Tonunn Postilhi' Lutlierana», con-
tiuens sunimam Christiana; doctrina;. — Ejusdem Kpistola cxplicans locuni
I. Cor. 10 [1. 9]. Anne scitis qui in stadio currunt Cum annotationibus
in quwdam pauculis LuUieri. — Epistola M. Luthcri ad JoJuinnem Jler-
xuujium superiora criminans. — Bespotisio a.i\ banc M. Buceri, Item ad l'u-
nieranum satisfactio de versione Psalterii. — Probatc umnia, quod bonuiii
est tenete. 1. Thcssalon. 5. Anno M.D.XXVII. » (.\ la fin: < Argent. 25 Mar-
tii.») In-8°. (Voyez Zuinglii 0pp. VIII, 35, et la Biographie de Capiton et
de Bucor par .T. W. Baum. Elberfold, 1800, j). 591.)
* Martin G-Uariu.s (N° 130, n. 16), au sujet duquel Capiton écrivait à
Zwingli, le 14 novembre 1520: — « Tuum nomon, ob Cbristi gloriam, acer-
rimo asserit [Cellarius]. Ilabct tamen sua dogmata... Intérim ad caritatem
tri26 M.[AnTIN] B.[uCKn] A GUILI.AUMK FAHKI, \\ AIGLk]. 467
l)iiini in^^enimn. ul milii qiiidtMii Nidcliir. Imii:,. ;,iiu,| in^N'iiiiiiii
4juàm Denckii! Deuckius'-' \eve ecclesiaiii noslniiii lil)t'iiler lui-
harel. Vale. Feslinanlissimè. Nuncii fesiina aliilio cllVcii m non
potueriin indicai-e vel C(iii.[ftoni] vel Sipnon/", i|in peliil lainen
sibi iiidicari, ul tibi scriberet. Marr/anta ' niipsil nionacbo (|iii
WiUciilit'irja advenit. Duxiinus cliorum iii nui»lii> ejus. Vale. Redde
ijuàm priimiiii nos de luo successu^ cerliores. i;{ DecemI». (jri^O)'.
M. H.
(Inscriptio:) Ghariss. Guillelmo suo '^.
appositissimus est. Totus hue spectai, tit, suinmâ OirLsti salvâ. inutito nos
fcramus; daturum Domiunin in posterum majorem lucein. » — et le 2G dé-
cembre suivant : — « Blariinus Cellariiis hîc fuit, quem bactcuus tibi anii-
€um semper putavi; verùm sic se gessit, ut boniinera vebementer amplec-
tar. » (Voyez Zuinglii 0pp. VU, 563 et 580, et une lettre de Cellarius
l)ubliée par M. Hei'zog. Vie d'Œcolainpade, éd. ail. II, 303.)
•'' Jean Denclc, né en Bavière, l'un des plus célèbres entre les docteurs
des Anabaptistes. Après avoir étudié à Bâle, où il remplit les fonctions de
correcteur chez Cratander et Curiou, il obtint une place de maître d'école à
Nuremberg (1524). Il fut expulsé de cette ville à cause de ses croyances
religieuses et se retira à Mulhausen en Thuringe, puisa Augsbourg (152G).
Capiton parle en ces termes de la conduite de i)(?nc/ùJMS à Strasbourg : «Cum
Johanne Denclcio, die 22 hujus mensis, nobis colloquium fuit... f'atebaturin
prîecipuis rébus nihil à nobis dissentire se, cum tamen rêvera longissime
dissentiat. Nostram certe ecclcsiam conturbavit vebementer. Vita in speciem
castigata, dexteritasingenii, babitudo in agendo decens mirifice vulgumper-
stringunt.... Jussus est bine discedere. Discessit beri. » (Lettre du 20 dé-
cembre 1526. Zuinglii 0pp. VII, 579.) Vadian, qui paraît l'avoir connu
l)ersonuellement, disait de lui plus tard: « In Benggio illo, ornatissimo
juvone, omnia profecto ita erant eximia, ut fetatem etiam vinceret et ipso
etiam major videretur. Verîim... abusus est ingcnio. » Voyez aussi (Kcolam-
padii et Zuinglii Epp. fol. 197. — Zuingbi 0pp. t. VII, 531 et 572, t. VIII,
Ô9 et 75. — J. J. llerzog, op. cit., II, 272 et 273. — J. C. Fiisslin. Bey-
triigc, V, 371 et 397.
" Sivwn Robert de Tournay (N° 168, u. 8).
' Il est déjà question de cette personne dans la lettre de Farel du
25 octobre.
'^ Ce détail montre que Farel était entré récemment dans un nouveau
champ d'activité, et qu'il n'avait pas encore donné de ses nouvelles à Hucer
depuis sou départ de Bâle.
" L'année est fixée par les détails mentionnés dans les notes 1, 3 et 8.
'" Bucer avait d'abord écrit Qiariss. Farello. Ce dernier mot a été biflé
par prudence.
468 œCOF.AMPAnE A GUILLAUME FAREL [a aigle]. 1525
187
(ECOLAMPADp: à Guillaume Farel (ù Aigle).
De Bâle , 27 décembre 1526.
OEcolaiiipadii et Zuinglii Epistolai. Éd. cit. fol. 207 a.
.Sommaire. .T'ai éprouvé une grande joie à la nouvelle que vous avez trouvé pour la se-
conde fois l'occasion de prêcher la Parole. En attendant que la porte vous soit
ouverte, agissez avec beaucoup de prudence, et prenez toujours conseil de Christ,
selon votre habitude. Damien, le porteur de ma lettre, vous dira l'état de nos
affaires.
Joann. UEcolampadius Gulielmo Farello in Aelin ', Cliristiann
Ira tri.
Saliik'in in Clirislo. Gaiidio niagno i)L'rceiti. te iteruni- annun-
ciandi Verhi locuin invenisse. Gratia sit Clirislo ! Tu autem, nii
Karelle, forfifer, obsecro, et jmiflenter agito ; serpens enim anli-
tiuii.s sua calliditale mirum in modum in.^idiatiir. Piis artibus, et
apostolicis versuliis ad circunivenienduni illuin opus est. Ubi
ostiuni iKituerit, tune adversariis libérais obsistetur. At Christus
foiitor, (lorchit qun via eunclum : illum, ut soles, fiabe mitfjialrniti.
Ut se res nostra; liic iiabeanl Dnminnus iwster^ narrabil, (jui bori
insi,i(niliis est colapiio propler Chrislum.queni lii)i non opus fueril
connnendare. Nosli eniin. niliil eo es.se sincerius. I)a(a) liasileiu,
in die .lo.iniiis Evangelislu.'. Anno 1527 (1526) \
' Kn (lôccmbre 1526, Zwingli écrivait aux pasteurs de Strasbourg : <Fa-
rdlm afîit in Aclin, aiinuuciat v(rl)uin Domiiii. » (Zuii)glii Opp. VII, 579.)
'■' Dans la pensée d"(i-;colainpa(Je, la première église desservie par Farel
avait été celle de Montbéliard.
' Nous supposons qu'il veut parler de Damianus Irinen, libraire à
Uàle.
* La fête de St. .lean rÉvangélistc ayant lieu le 27 décembre, la lettre
est datée de l'an 1527, d'après le style allemand, qui faisait commencer
l'année à Noël.
1520 MrClIEL D'aRANDE a (IUIM-AUMK fahkl [a stuashouiig]. 4(»1)
188
MICHEL d'arande à Guillaume Farel, (à Strasbourg).
(De France, pendant l'été de l'année 152(1)'.
Inédile. AutocTaplie. Bibl. Piil)l. de PTenève. Vol. n" li;J.
. SoMMAiRK. Vous m'avez jadis exhorté à me conduire comme un Chrétien. Maintenant
c'est à vous que le devoir est imposé non-seulement d'agir en Chrétien, mais encore
de vous consacrer entièrement à Christ. Ses dispensations à notre égard vous seront
annoncées par les hommes pieux qui sont porteurs de ma lettre. Au nom de tous
ceux qui, dans ce pays, ont goûté Christ et sa sainte Parole, redoublez vos priètrs
pour votre chère France; demandez à Dieu que son Nom soit connu de tous, et sa
Parole répandue en tous lieux. Saluez tous les saints qui sont parmi vous et par-
ticulièrement votre hôte, ce vrai Chrétien [Capiton]. Vous lui direz que j'ai été le
fidèle interprète de sa lettre [à la Duchesse]; elle en a été reconnaissante, et elle
le prie de la consoler parfois en lui envoyant des épîtres aussi édifiantes que
«celle-là. Jean Chapelain, le médecin, vous salue en (Christ.
.lesiLsclirislus.
Tu me aliàs monuisli per litleras quasdani ad liletum-. fratreiu
iioslrum carissimum, ut me chrislianum preslarem. Nunc vero
fiie partis erit, ut tenon solùm prestes clén'stianuni, sed ut te totmn
in Cristum conpcins et tiansformes, quando maxime sir noliisram
factum est a Domino^, ut audies ex liis chri.sfianissimi.s lioiuiuiliiis,
ijuos nosti. Rogamus igilur te, quotquot hic de Clu'i.^to et saucto
ejus verbo aliquid degustavimus, ul tandem pro Gallia tua sollicitas
dic vigilantissimus modis omnibus apud Peam officias cl ipsiini
' La présente lettre a dû être écrite i)eiulant le séjour de Farel à
Strashourg et postérieurement à la rentrée en France de Le Fèire et de ses
compagnons (V. le N° 168, n. 11.
^ Antoine Du Blet de Lyon, mort au mois d'avril ou de mai 1526
<N<> 17G).
^ Michel d'Arande veut-il parler de sa nomination à l'évêché de Saint-
Paul-Trois-Châteaux, ou des dispositions religieuses du Roi et de sa famille
(p. 446)?
470 [un lorrain?] a martin bucer, a Strasbourg. 1526
interpellas [1. interpelles], quô sanctum ejus nomen cognoscatur ab
omnibus et verbum ejm ubique currat, id ipiod non diibito te in
volis ardenlissimis liabere.
Propterea, litteris parcentes, salutmnus snnctos oinnes qui apnd
ros sunt, imprimis tnum illuni patreiti et veré cliristifinum. hospitem*.
oui negociura omne coram Deo et liominibus comniiltitui-. Dices
eidem, me fuisse fidelem interpretem litterarnm suarum ^ pi-o
quibus gratias omnis [1. omnes] quas potest reddit ". Rogatque, ut.
cum potest, scriptis tani cliiislianis visite! eam et consoletiu-.
Gratia Jesu Cbiisti Domini nostri cum spiritu tuo!
Johdunes Capellunns'', medicus vere Ghristianus, te in Ghrisio
salulat plurimum, cupiens ut gratia et pax omnis a Domino tecum
sit semper.
Tuus ex animo quem nosli *.
(Inscriptio :) A mon fière et amy G. F.
189
[un lorrain ?] ' à Martin Bucer, à Strasbourg.
(De Metz? vers la tin de l'année 152G, ou vers le milieu
de l'année suivante.)
Inédite. iManuscrit original. Arcbives de Zurich.
SoMMAiRK. I-ii lecture fie ros livres et le bniit public nous ayant fait connaître la foi
et les œuvres de voire église, nous désirions depuis longtemps vous écrire ; mais cela
n'était pas facile, entourés comme nous le sommes d'embûches et d'espions. Aussi
* Wolfgamj Cajnton, comme Farci l'a noté plus bas sur le manuscrit
oripinal.
* Farci a écrit à la marge : « Literce sunt Capitonis ad Reyinam Na-
varrœ. »
•* n faut sous-entcndre Begina.
' Jean Chapelain, mcdociu do la roinr-ni<''ro.
* A coté de ces mots on lit les suivants do la main de Farel : < Michaët
ArnmUus. »
' Notre hypothèse peut se défendre par les considérations suivantes :
1526 [un loruain?] a mautin buckh, a sthashouko. 471
vous estimons-nous heureux, à cause de la liberté de prédication que vos magistraU
vous ont accordée. Dieu veuille éclairer nos Juges, plongés dans les superstitions et
si cruels pour ceux qui s'écartent de la doctrine «le leurs ancêtres ! Mallioureusement
ils ne sont pas seuls à manifester de l'aversion pour7« dogme de l'Eucharistie, tel
qu'il est enseigné par les anciens docteurs : on rencontre parmi nos Évangéliqxus des
gens obstinément attachés aux idées de Luther sur ce point. Notis reconnaissons
volontiers que Luther a été un admirable instrument entre les mains de Dieu, mais
nous savons aussi qu'il est honmie et par conséquent faillible, ce qui est d'ailleurs
démontré par la violence de son langage. Aussi, après avoir pesé toutes choses dans
la balance de la raison, nous avons goûté votre douceur, et, recherchant attentive-
ment la vérité, nous avons été conduits à admettre la doctrine sur laquelle vous pro-
voquiez le libre jugement de chacun, bien qu'elle nous parût d'abord fort étrange.
Nous rendons grâces à Dieu de tous les bienfaits qu'il nous a départis par votre
moyen. Répandez au loin la gloire de Christ, sans vous inquiéter de vos putssants
adversaires. Ce qui s'est passé récemment, à la suite de la Dispute de Baden, nous
a prouvé que Christ n'abandonne point ses serviteurs.
Enulitissimo jiixta ac humanissinio Doctori Martino Bucero
Jesu Christi apud Argentoratcmes in verbo ininisiro, gi'atiam et
pacem per eundem Jesiim Ghristum Dominuin nostriini !
Qiium Huperiorihus annis, tumlibris per te, UlricliKm ZuinçiUum,
Joan. Œcohwipadiiwi, Fahricium Capi(o?iem ac alios noniiuUos
aeditis, tum aliorum rektn, vestram in Christiini fidem ac dccentis-
smmm ordinem - conversationenKpie didicissenius. inullis modis
gavisi siimus. D. Bucere in Chri.^^to Jesu observandissinie. Sed et
antehnc ad te scribere siepenuniero in volis fuit, si cui tutô literas
commisissemus, facile licuisset invenire. Nani conjcœis et explora-
La physionomie de l'écriture est essentiellement française ; c'est une belle
gothique mi-cursive, qui n'a pas de rapport avec les caractères usités à cette
époque dans les lettres latines écrites par des Allemands. Plusieurs détails
de cette épître adressée à Bucer autorisent à croire que la communauté
religieuse à laquelle appartenait l'écrivain avait été fréquemment l'objet
de la sollicitude des pasteurs strasbourgeois. En outre, la situation politique
et religieuse indiquée dans la présente lettre révèle une absence de liberté
qui n'existait pas au même degré en Allemagne. Le pays où se passent
ces choses n'est pas la France, car il serait question d'un Parlement per-
sécuteur. L'écrivain dit « nos Juges, » ce qui semble se rapporter à la Lor--
raine et aux XIII Juyes de Mets. Il est même possible que nous ayons ici
une lettre écrite au nom de l'église évangélique de Metz, qui comptait
environ cinq cents membres en 1525 (Voyez Olry, op. cit. Préface de M.
Cuvier).
2 Voyez les lettres de Roussel à Briçonnet et à Nicolas Le Sueur
(N" 167 et 168).
472 [un lorrain?] a Martin ijucer, a Strasbourg. 1526
torilms, qui oinnia oniniuiu coiisilia tam curiose observant, plemi
stint npnil nos o»mia, sic ut ab illorum insidiis vix quicqiiain tutum
siL*. Sanè felices vos judicavinius, quos Dominiis tanta gralùb suae
exhuberanlia dignatus sit, ut jam (juicquid Gliristi gloriam fratrum-
que salutem promcvere visum fuerit, libère etiam per magistratum
concessuiu sit in jniblicum adferre *. Faxit Deiis ut vel tandem
mstros indices ■' sua claritate ac veritate dignetur illuslrare, à qua
(nisi vebenienter fallor) plerosque est cernere tam longe abesse,
ut non immerito quis atlieos atque à veri Israëlis repub.[licà] alie-
nos dixerit I Qiiœ enim désignant supra modum indigna, ne dicani,
impia, si quisqunm ad ea vel hiscere amJeat, jam aclum est de Hlius
salute,nei\ue idla gebenna salis digna judicabiliir in (piam dam-
net iir". Missarum superstitionem, œremonias iiiiiiiodicas. diconint
idolola triant, et, qiiod gravissimum est, indignum mrharistiœ nsunt.
sic tnentur, tanquampro aris focisque, ut nuUo pacto adduci queanl.
nti majores suas credant tôt seculis bac in re pofuisse errare: ac
proindo illos sese nolle deserere. Verùm si vel leviter quis vi-
dealur ex velerum aulorum mente de eucbaristia secus attpie ipsi
adsueverunt et a majoribus acceperunl, velle disserere. sic abbor-
rent indignanlurque, tan(|uam a scorpio icii, (|uum lamen nnlla
alia in re fœdius sit plurimis jam aiinis aberralum, id (jiiod negare
non possent, si se doceri, et quœ a priscis doctoribus dicuntur iii
fianc rem. in consideralionem aibiiitlere paterenlur.
Siiiil pi'ielerea nonnnlli, qui, (}uum velint videri erangcliri, sir
uni Lafliero sunt addicti, ut ne latuui (juidem se unguem ab illius
placitis moveri sinant ', (pianquàm nibil babent, (|uod iis quie vos
baud (lubie à Deo docti adfertis, possini opponere, hune nibilomi-
nus /// iiiodmn seinpcr roriferantes : « Yeiita sunt clara. plana.
'' Ce trait nous fait eouvonir des plaintes de Tonssain (p. 376\ et il
s'accorde assez bien avec ce que nous savons des embûches dont Jean
Cluistdhiin et Tnussain lui-même furent les victimes (^N° 144, note 5, et
N" lai, note 3).
* Nous avons vu que diverses tentatives d'évangélisation avaient com-
plètement échoué à Metz en 1524 et 1525 (N" 112, 127, note 4, N" 140,
note 5, N° 144 et 155).
" Comparez ce passage avec le N" 140, note 5, et le N" 152, note 8.
" Voyez le récit du procès de Chaslellain et (\e Jean le Cterc(N** 144 et
155), et les détails relatifs aux persécutions subséquentes (N" 157, notes 3,
5, 6 et 7).
■" C'étaient les écrits de Lutlier et les entretiens d'Agripiia qui avaient
jeté à Metz les premières semences de la Réforme (N" 40).
1526 [un lorrain?] a martin mih.kw, a strasiioi iu;. 'tl'l
manifesla. Iioc esl corpus ineiini. f'i. hic es[ calix sangiiinis moi.
iiis simpliciler lidem liahemtis, » cii-teraqne oiiiiii.i .nl plaiiiortMii
lioniin Ghristi verboriun inlelliiTcnliam facicnlia, laiii per evange-
listas (piàiii reliquos orllioduxos passiiu scripla l'orliler coiilein-
neiiles. Ita plané à nuo illo untesifjnano edocii siint tiiiUi codere.
mdliim aiidiiv. omnes satanœ tradere qui diversam senlenliam
aiideaid prolileri "! (jiiis non molestissiine ferai uni liominitnnlum
tvihui (lutiutiim nulli uiortul/'ian mitclmc trihatum sit\t'[. quod
amplius est, f|iianliiui nemo iinquam aiisiis fiieril arroKare? El
lioc (luidem eo faciuntconridenliiis. qiiôd falsara ([uaiidain (h' rno
hoc persuasionem induerini, numpiam videlicel laleni al» Aposlo-
loruni temporibiis extitisse, tanqiiam svncere Scripluras neminem
atque ipsuni traclavisse. Magmini profecto rlrum. Uhentev f<itemm\
per (luem Dominus mirabilia operatus sil, reriim homiuem esse,
atque ita posse labi negare non possumus. id quod abunde .satis
Hlius rhunorpH, conricia. rf.xœ. mnnœ, et id genus plurinia liiJ>ili<
homùm indicin testnnlur
Nobis auteni, omnibus in rationis iequilibrio examinatis, vestra
semperel placuit et placebit (ut conlldimus) mansueludo. qua im-
petrastis, ut eliarasi initio dura admodum viderelur opinio, lauien
vei'i indagandi studio allentius inspicereinus, qui fieri possel.ipiod
non dico adserebatis. sed cum judicio friitrihiis expendeiuhnu pro-
posueratis. Sicque pnulatiiii magis ac magis in dies ucfjociuiu hoc
iidrisit. ut hodic nihil sil nohis magis persuasum, ac de quo magis
Juvet audire.
" On connaît la répo)ise que fit Luther aux avances des pasteurs de
Strasbourg (N" 163, n. 2\ par l'intermédiaire de leur député Grégoire Ca-
selius: « Summa alterutros oportet esse Satanœ ministros, vel ipsos vel nos :
ideo liîc nulli consilio aut medio locus, confiteri oportet alterutram partem
quod crédit. Atque hîc oraraus, quando ila certi sunt, ne dissimulent apud
vulguni sese nobis disseutire... Quod si ipsi pergant dissimulare, nobis in-
cunibit, ut confiteannir esse nos alienos ab invicem... Quie enim couventio
Christi etBelial?» (Voyez Lutheri Epp. éd. de Wette, III, 44.)
" En regard de ces mots on lit dans l'original la note suivante, qui est
de la main de Bucer: « Luthero tribuuntur omnia. » Capiton écrivait a
Zwingli le 14 novembre 1526: « Cmn LuHicro.... (Je Eu('hnri!itia contiilit
[Martinus Cellarim], ned rejedm est repente, tanquam cuui t'a^tidio, sed
citra contumeliam tanion. Lihri tui et ŒcolampaJii prostant Wittcnbergœ,
et sunt qui lectis subscribunt... Plerique certuni habent, organum Dei esse
[Lidhenm], et bac in caussa desipere, ut sic uni Dengeatorum glnriaonmis
tribuatur, qui cum talibus affectibus tantum spiritus sui donnm commiscuf-
rit. » (Zuinglii 0pp. VII, 564.)
474 [un lorrain ?] v martin blcer, a Strasbourg. 1 526
Proinde maximas Clirinto grattas agimus. qui nos tanta per vos
henif/nitate veluti ndobruit. Macli igilur virtute, pergite per
Chrisluin, quo cœpistis (ramite, de omnibus optinie mereri, et
Chrisli gloriam juxta concreditum vobis talenlum propagare,
magnam olim ab ipso gratiam relaturi. Neque vero lioc vos fran-
gat, quôd undique robusli vos gigantes impetanl. vestram imô
Cbristi causam, supra quàni credi possit, promoturi. Non deerit
sanè Christus suam gloriam Scripturarumque integritalem à de-
pravatoruni injuria gnaviler vindicanlibus, ut runipantur intérim
ponlificii. Vidimus enim non ita dudum Badensein disputationem '*
per Joa?i. Eckium ", Jomi. Fabrum '^ el Thoniam Marner ^^ ....
'" L'interruption du manuscrit ne permet pas de savoir, si l'écrivain veut
parler de la Dispute de Baden, qui eut lieu du 21 mai au 7 juin 1526
(N" 176, n. 15), ou des Actes de cette Dispute imprimés à Luccrne par les
soins de Thomas Murner et publiés le 28 mai 1527 (Voyez Zuinglii 0pp.
Vn, 561).
" Johann Meyer von Eck (en latin Ecdits), bien connu par la dispute
qu'il soutint contre Luther et Carlstadt à Leipsic en 1519 (X°32, n. 1 et 2).
Il fut le principal champion des catholiques à la dispute de Baden, où Faber
et Murner signalèrent aussi leur zèle pour la défense de l'ancienne foi.
'^ Jean Heigerlin (en latin Faber), vicaire général de l'évêque de Con-
stance (Voyez Hottinger. Zwingli et son époque, p. 119).
" Thomas Murner, docteur en théologie et prédicateur des Capucins
à Lucerne (V. le N" 137, n. 2, à la fin).
1521 MARGllEUITE d'aNGOULKMK A GUILLAUME BRIQONNET. 'tT*
APPENDICE
Depuis l'impression des lettres de Briçonnet et de Marguerite (ÏAngmt-
lême que renferme ce volume, nous avons pu consulter le manuscrit qui
contient leur correspondance, et nous en avons tiré les lettres reproduites
dans cet Appendice ; elles achèveront de faire connaître les sentiments de
l'évêquc de Meaux.
L'examen de ce manuscrit nous a également permis de constater que la
lettre du 22 novembre 1521 (N" 44), sur l'auteur de laquelle nous avons
exprimé des doutes, ne devait pas être attribuée à Gérard lîoiissel, comme
nous l'avions supposé, mais qu'elle appartient incontestablement à Guil-
laume Briçonnet.
MARGUERITE d'angoulême à Guillauinc Briçoniiet.
(De Bourgogne? au commencement de juillet 1521.)
Bibliothèque Impériale. Suppl. franc. n° 337, fol. 3b-4a.
Geluy qui m'a faicte participante de sa ParoUe par voz e^crip-
lures me face la grâce de sy bien les entendre et m'y conformer,
que ce soit à sa louenge et à la consolacion que desirez du fruicl
de mon amendement, et vous vueille rendre charité pour charité,
selon sa libéralité !... Or puis que vous avez commencé à me donner
désir d'entendre à désirer, je vous prie ne vous ennuyer. Cur fa ij
receu tous les tmictz [1. traités] que tu avez enioiez, dcsqnelz ma
tante de Nemours a eu sa part, et encoires lui envoie les derniers,
car elle est en Savoie, aux nopces de son frère, (jui ne m'est petite
perte. Parquoy vous prie avoir pitié de me veoir sy seulle ; et,
puis que le temps, le pays et les propos ne sont propres pour la venue
476 MARGUERITE d'aNGOULÈME A GUILLAUME BRICONNET. 1521
de mnistre Michel, à quoy je m'accorde, pensant que voz oppinions
procèdent du Sainct Esperit, au moings je vous prie que par es-
cripl vueillez visiter et exciter à l'amour de Dieu mon cueur, pour
luy faire à la fin chanter : " Benedictus Dominus ! » Le commen-
cement duquel [je] trouve sy l)on que par aulmosne j'en retjuiers
la fin, vous priant monsfrer ceste lettre au bon père, et qu'elle a
(sic) la responce de voz deux lettres, comme aux deux précé-
dentes d'ung seul Bien neccessaire, auquel vous soit donnée sa
paix éternelle, après les longues guerres que portez pour In fog et
l'amour de Dieu. En laquelle bataille désire mourir en vostre
bande
la toute vostre fille Marguerite.
40
MARGUERITE d'angoulême à Guillaiinic Briçonnet.
(Vers le milieu d'octobre 1521.)
Siippl. IVaiiç. n" 337, fcil. 8b-9a.
Ainsy que la brebis en pais estrange errant, ignorant sa pasture
par inescognoissance des nouveaulx pasteurs, liève naturellement
la teste pour prandre l'air (jui vient du lieu où le grand berger, par
ses bons minisires, luy a acoustumé donner doulce nourriture, —
en ceste sorte, comme trop indigente par faulle d'avoir bien mis
à proiil'licl la vt'jji'rtion spir/tuclle que farois prinse en rostre dérote
rmiipaignie^ suis contraincle de [irier vostre charité. . . . exercer
par lettres sou rlfrrf rommencè pur parollcs, espérant avec l'aide de
l'e.rpositeur que ui'urez laissé^, dont tant mon àme vous est tenue.
(Tesludier vostre Icsson, en sorte (|ue le chemin de la grant ber-
trerie me sera monstre avec /'^///^/('r/^? voz prières et de ceulx et cel-
les que mf/uoissez bien avant en la roj/e où de bien foèble désir [jej
' Voyo/ le N" 42, note 3.
* Allusion à Michel d'Arande (Voyez le commencement du N" 42).
i
1521 (JUILLAUMK BRIÇON.NKT A MAlUiUKIUTK I)'aN(;()III.KMK. 477
désire entrer; et, sy par ce moyen puis estre conduicte et colloc-
(juée au lieu de sy gracieuse paslure, pensez la consolation (|ue
vous aurez, par la grâce du toul-hon et puissant, d'avoir esté mi-
nistre de ramener à sa tant seure et éternelle demeure la pauvi-e
ouaille cpii estoit périe Par(|uoy, mon père, je vous reipiiors
que, par lettres, descendez de la liaulle montaigne, et en pitit'
regardez, entre ce peuple esloingné de clarté, la plus aveuglée
de toutz, et vueillez ayder, par escriptiiro. priôro et souvenance,
à tirer hors de ses tristes ténèbres
la toute voslre Mauguki\iti-:.
40b
GUILLAUME BRIÇONNET à Marguci^tc d'Angoulêmc.
De Meaux, 24 octobre 1521.
Suppl. franc, n" 337, fol. lOa-lOb.
Le doulx et débonnaire Jésus tant s'est anéanty et apovry, qu'il
luy a pieu se fère... la vraie brebis innocente et sans macule, et ce
pour les brebis errantes réduire à la voye, et, en icelle ciieminanl,
par ardant désir et amour viscéralle c'est [l. s'est] voluntairement et
en vérité faict victime pour les purger, nectoier et laver, ou, pour
mieulx parler, innover en soy la masse de nature humaine, qui
estoit tout pécliè, . .. et, pour ce faire, [IlJ a, par patience indicible,
couru en la voye et beu le torrent de la doloreuse passion, sans
se plaindre et ouvrir sa sacrée et digne bouche, fors que pour
nous inviter à suivre le trac de son précieulx et très-digne sang...
Les pauvres brebis errantes sont en Luy, par Luy et pour Lu\,
innovées et entièrement dellivrées de corruption, mort et ténèbres,
renouvellées au vray chemin de vérité, en incorruplion, immor-
talité, vie et lumière. 0 singulière, très-ditjne et peu par mes sem-
blables savourée innovation/ L'odeur du sacrilice lire les bons et
leur est odeur de vie, en vie, et aux mauvais odeur de mort, à
mort
478 GUILLAUMK BHICONNET A MARGUERITE d'aNGOULÊME. 1521
40
GUILLAUME BRiçoNNET à Marguerite d'Angoulème.
De Meaux, 11 novembre (1521).
[nédite. Siii)pl. IVanç. n" 337, fol. 31 b-33b.
Par foy bienlost sei-ez vraie perle, et marguerite par charité
et amour, vraieuient une avec la seulle supercélesle, superexcel-
lenle, incompréhensible, vraie marguerite, le donii; Jésus, que vous
supiilie de rechef aimer . . . . . île toute rostre jmissnnce quant un
monde. Ce ne seroit assez à la grâce ipf 11 vous a donnée, en con-
sidérant le lieu où vous estes, vous acquicter seullement de Tai-
mer de vous et en vous, et ne luy présenter que des raisins de
vostre vigne, sy ne pourchassez vertueusement qui! soit aymè,
servi) et honnorê partout oii il vous donne pouvoir et occasion de ce
fère. Vous n'estes que ung raisin de sa grant vigne, de rEr/lise.
qui est en tel désordre que chacun voit. Il nVst nouvelles (fy
cuellir que des la[m]bnisques —
Je sçay que aymez, après Dieu, le Hoij et Madame, comme estes
tenue par tout debvoir, et n'est peine que ne voulsissiez piandre
IKUir la conservation et accroissement de leur honneur. . . . Soiez
lii lionne saincte Cécile, quiijaifinn mary. frrres. et plusieurs uultres.
NOiis aurez à faire au Uoy et à Madame, que Dieu par sa bonté a
louchez de ^^•andes et excellentes grâces, et jà sont navrez au
cœur pour ritonneur de Dieu. Il smi facille d'allumer uiuj ijrand
frii. quant les trois cwurs seront à ce uniz. Les occiqiations ipi'ilz
• ml les (hstraictent, et [je lesj croy mi.ses en avant i>ar Pen-
neniy. pdur emi)escher ce (pril peull prévoir (jui se l'eroil à l'hon-
neur de Diru. D'autant (jue en a^ez moings. cond)ien (pie les
leur[s] sont les voslres. debvez plus songneusement prier Dieu
|)our eulx. comme sçay (jue faictes. Et (piant verrez Topportunilé,
procurez l'affaire de Dieu, à ce qu'il suit aullremenl servif et hon-
norê qu'il n'est en se [\. cs] Hoijaulme, au(pud le Uoy est son lieu-
tenant-général, et à ceste tin a le glaive en sa main, qui est la
i
1521 GUILI.AUMK BRIÇONNKT A MAUGUKRITK I)'aN(ÎOUMÎ!WE. 470
puissance de Dieu, pour le faire honnorer el ayiner. Les grâces
que Dieu vous a donnéez à lous trois sont Irop .yraudes pour estre
oisives. Il fanlt régner iiillcurs que icy, et, comme vous estes en ce
monde une trinité de personnes en unilé d'araom-s, que aussy
.soiez en Taultre iiniz avec la supercelleste trinité en unité, ce que
Luy supplie très-humblement et de tout mon cœur.
Madame, je ne sçaurois respondre à vosfre bonté et béni-
gnité. Le doulx Jésus y salisface poui- moy et parcroisse en vous
sa grâce. paix et amour! A Meaulx, le xj"" Novembre (15^1).
Madame, sachant que avez Maistre Michel, ay passé légèrement
en quelque endroit. Il est vostre et le surplus, qui est pour à
vostre plaisir en disposer, vous snitpliant nie le prester pour Vadve-
nir, car je mys [l. m'y] suis actendu, et après le vous renvoiray, s^il
vous plaist. Commandez-luij qwil vous mectepar escript les mister es
du baptesme, tant de la primitive église, que ce [que] de présent ou
faict. Vous le trouverez bon et fructueulx. Monsieur Fahrg se re-
commande très-humblement à vostre bonne grâce.
Vostre très-humble et très-obéissant G. 15. *
indigne ministre de M[eaulx].
Jésus Maria.
47
GUILLAUME BRIÇONNET à Marguerite d'Angoulônie.
De Meaux, 22 décembre 1521.
Inédite. Suppl. franc, n" 337, fol. 47b-(3'ia.
Madame, vous escripvez, et par amoureulx et cordial sou-
hait desiriez, que le seul Feu bon el nécessaire, qui tout brusle
jusques à la consumation des plus petites rachines, par inqiortable
amour et ravissement vous unisse à Luy Et après, demandez
trouver la fontaine du grand Moïse, qui ne se tarist, poui- on avoir
de Teaue Hélas ! Madame, moult en y a (pii ont délaissé la
fontaine et la vaine de eaue vive, et par conleuqmemenl ont faict
des citernes qui ne peuvent retenir les eaues Les aultres sont
480 GUILLAUME BRICONNET A MARGUERITE d'aNGOLLÈME. 15:21
qui tiennent les clefz de l'ahissalle source de fontaine de rie. les-
quelz, par cécité et ygnorance n'y peuvent ou ne veullenl, et sy
[1. et cependant] ne permeetent nultres y entrer. Dont procède la
sécheresse des pauvres hrehis, qui demandent de Peaue de pasture
et doctrine spirituelle ; leur langue est sèche par ai'dant désir, et
n'y a pasieur qui la conimunicque ou qui leur ouvre la porte pour
en prandre : et si/ /jeu que l'on leur en départ, ce n'est sans deslier
lu bourse, tellenieiil (lu'il est aujourd'huy vérifié ce qui est dict
par ung des prophètes : " Aquam nostram pecunià hihinius. »
ilt'las. ftladame, quant viendra le temps que l'eaue vive sortira
de Jérusalem et courra par charité et amour de Jésus, arrousant
les arbres plantez à la ligne et rectitude divine, ad ce qu'ilz puis-
sent apporter fruit plaisant et agréable au bon Seigneur? Certes,
nous pouvons dire avec le prophète: « Facti sumus sicut torrens
in austro. » L'Eglise est de présent aride et sèche comme le torrent
en la grande challeur austi'ale. La challeur d'avarice, anihicion et
voluptueuse vie a dèséché son eau de vie, doctrine et exemplarité.
Tel vent est dissipalif et désiccatif de toute grâce. Ung chacun
serclie son prouffict et honneur. Il n'est plus (juestion de celuy d».'
Dieu jSous sommes tous terrestres, qui dehvrions estre toul
esperil, et ce procède par faulte d'eaue de sapience et de doctrine
êvanf/élicque, qui ne court et ?i' est distribuée comme elle deveroit.
Chacun le congnoit. Pou s'en souvient, qui est signe de faulte d'a-
mour divine.
... Il n'est ((ue une doctrine évangélicque, (|ui .se communicquc
aux ungs comme viande solide et aux aultres en sulihmilé de doc-
trine, selon (pi'ilz sont capaiilcs ou de eaue de purgacion, ou do
ilhiniinacion. ou de perfection. Toulesfois il n'est (jue ung Seigneur
qui envoie en eniba.ssade, par la voix duiiucl elle se distrihue; et
(|ui Tanonce aultrement que par la voix (h\ine et pour son hon-
neur, il est adultérant la jiarolle évanip'liique. Car il n'} a que la
\oix(lu Seigneur. . . qui parle en la disliihucion de Teaue évan-
gélic(|ue, et par ce [nous] la dehvons prandre de celuy (|ui Ta-
nonce en vérité, ntui connue parollo d'homme, mais comme vifve
paroUe de Dieu .... Toutes aultres doctrines et sciences péréyrines
sont ameures [1. anières], et ne sont dignes de nom chrestien \ceu.x
qui en font leur ])nsteur[e]
(La fin lie cette lettre forme notre iS'''48.)
ADDITIONS KT COHHKCTIO.N'S. 481
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Page 4, note 2, second paragraphe. Voici le texte latin plus complet du
passage tiré du commentaire de Le Fèvre sur les Psaumes, que nous avons
cité partiellement en français:
« . . . . Longo equidem temporis intervallo humana simi secutus [scil. stu-
dià\, et divinis vix prima (ut aiunt) admovi îahrn; augnsta enim suut et non
temere adeuuda. At ex illa quamvis remota delihatione tanta lux atiidgere
visa est, ut, ejus comparatione, disciplince humanœ michi visœ sint tenebrœ,
— tanta spirare û-agrantia, ut illi suaviolentise nichil inveniatur in terris
simile, neque aliam crediderim terrenam paradisum, cujus odore in vitœ
immortalitatem foveautur animse.
Frequens c(enobia subii ; at qui hanc ignorarent dulcedinem, veros ani-
morum cibos nescire prorsus existimavi. Vivimt enim spiritus ex omni verho
qiiod procéda de ore Dei ; et quœnam vcrba illa, nisi sacra eloqiiia ? Mo r-
tuos igitur, qui ojusmodi sunt, spiritus habont. Et ah eo tempore qito eapie-
tatis desierc stiuUa, cœnohia perierc, devotio interiit, et extincta est religio,
et spiritualia pro terrenis sunt commutata, oœlum dimissum et accepta terra :
infœlicissimum sane commercii genus ! . . .. Anno Christi M. D. VIII.»
P. 5, même note. C'est dans une lettre adressée par Farelh Pcllican en
1556 que se trouvent les paroles prononcées par Le Fèvre. Ce passage est
ainsi conçu :
«... Pius senex, Jacobus Faber, quem tu novisti, ante annos plus minus
quadraginta me manu apprehensum ita alloquebatur : « Guilclme, oportet
orbein immidari, et tu videbis, » dicebat. Ego tune charus eram seni, et pcr-
rexit mihi ut pater esse. Sed nihil erat nisi ipsa superstitio, in qua seni ad-
nitebar accedere aliquantum. Nam fequare vix poterat quisquam , tantîim
abest ut viiicoret. Sanè stupesco, quando cogito insanam tanti viri supcr-
stitionem, qui vel floribus jubebat Marianum idohim, dum unà soli murmu-
raremus procès Marianas ad idolum, ornari. In Missa omnes vinccbat. Tan-
dem aliquid lucis cœpit intucri; sed quanta caligu adlmc rcstabat. Demum
coactus Galliam deserere, Argentoratum descendit, ubi virum commone-
feci eornm quse olim prsedixerat, et jam temptts instare dicebam, quod et
jyiiis senex fatebatur, meque hortabatur, pergerem in annuntiatione sacri
Evangelii.» (Joh. Ilenric. Ilottingerus. Historia ecclesiastica Novi ïesta-
menti.Tiguri, 1GG5, iu-8°. Pars VI, p. 18.)
Page 5, à la fin de la note 2, ajoutez: M. Graf a repris ce travail et l'a
entièrement refondu dans une étude biographique approfondie, qu'a publiée
le recueil intitulé: « Zeitschrift fiir die historische Théologie.» Année 1852
P. 31, note 2, lisez: Voyez le N" 2, note 2.
P. 51, dernière ligne, ajoutez: Beda dans un ouvnigr dirigé tout entier
contre Érasme et Le Fèvre expliquait de la manière suivante l'orgueil dont
il les accusait: « quum quis (divait-il) (luavis in arto magi'<tnim agrrc pnc-
sumat, sub cujus magistris unncpiani fuerit discipulus. » Eu 151'.', Clichtow
r , 31
482 ADDITIONS ET CORRECTIONS.
avait défendu Le Fèvre du même reproche : «Mirandum est quod nullum pa-
tent Theologum esse posse, nisi in theologici ludi pulvere desudarit, atque
in co magisterii inunere doiiatus sit» (Graf. Zeitsclirift, 1852, p. 8, n. 7).
P. GO, ajoutez à la note 8: Il résulte toutefois de la préface placée par
Badius en tête dea Œuvres de Basile le Grand et datée du 17 novembre
1520, que Le Fèvre venait de quitter Paris, après y avoir fait un séjour
dont la durée est inconnue: «Nitper ... D. Basilii monumenta hine ad
negoiia sua profecturus prelo nostro commisit [Faher]» (Graf. Zeit-
schrift, 1852, p. 62).
P. Gl, N" 31. Selon Louis Lavater, cité par Freytag (Adparatus litte-
rarius. Lipsiœ, 1755, III, 189), l'auteur de cette Préface des Œuvres de
Luther serait Conrad PeUican, et dans ce cas elle aurait été écrite, non à
Wittemberg, mais à Bâle.
P. 66, ligne 7, lisez : le secours spirituel.
P. 67, ligne 5, lisez: après le 10 juillet 1521.
P. 75, N» 41, au commencement, lisez pariement. — Les quatre premières
lignes de ce N" sont le post-scriptum d'une lettre de Briçonnet du 17 no-
vembre, qui a été placée par erreur, daus le manuscrit de la Bibliothèque
impériale, immédiatement avant le billet de Marguerite auquel elle répond
et qui se trouve à la suite de ce post-scriptum dans notre N" 41.
P. 76, ligue 12, en remontant, lisez : estranges ou domestiques.
P. 78, première ligne du post-scriptum, lisez : d'estre eslimé[e] du
nombre de ceulx à qui [je] désire de ressembler.
P. 80, ligne 3. Les mots de telle doivent être placés entre crochets.
P. 80, ligne 8, en remontant, nous avons remplacé par n'est les mots
qu'il est du maïuiscrit.
P. 83. En tète du N" 47, au lieu de fol. 46 a, lisez: fol. 45 b.
P. 84, ligne 4, lisez: dont le prouitict de contre escript ne l'estiendray,
P. 84, ligne 9, lisez: recepvoir son escript, et entendre vérité, comme il
vous dira.
P. 85, première ligne, lisez: lonij knips a t-ii \ostre caur.
P. 93, note 3, lisez: Voyez daus le N" 25, note 8, etc.
P. 103, note 6, Hsez: un prêtre hadois.
P. 105, note 2, deuxième ligue, après l'Évangile^ lisez : ces mots d'Érasme
écrivant à Goclenius en 1523 : « Subodoror regiam aulam •J-oACjOîpiî^siv, > et
le fragmeiit etc. — Ce passage d'Érasme est tiré de l'ouvrage de Clievillier
sur l'origine de l'iiupriinerie de Paris, où il est cité p. 174, d'après la Vila
Erasmi. Leyden, 1642, in-16, p. 174.
P. 108, ligne 11, eu remontant, au lieu de «mendiante,* lisez: men-
dicité.
P. 110, ligne 9, lisez: dont ce peuvent esclarcir.
P. 111, note 10, lisez: voz inutilles enfans.
P. 17!>, note, ligne 4, en remontant, lisez: Au reste, le seul renseignement
<M'rtain (ju^on possède sur le séjour de Farci à Meaux, c'cst^ l'assurance que
lui donne G. Roussel, etc.|
Quant à l'enlrctien de Farel avec le Jacobin de Boum, dont il est question
dans cotte note, on ignore l'endroit où il eut lieu, mais la date en est pré-
cisée par la mention du N. T. français de Le Fèvre, qui venait de paraître
AUDITIONS KT COUKKGTIONS. Mi',i
(juin — novembre 1523). C'est ce qui résulte du passage même où l-'arcl
raconte cet incident :
« Le Pape quicte et remet le serment aux suliject/, pour n'obeyr plus, et
u'cstre plus obligez à leur seigneur.... Et non seulement le Pape ose ainsi
jtarler et faire .... mais je Va>j oui/ d'un Jacobin nommé de Borna. Auquel
quand propos estoit tenu de l'Évangile, et ce, quand premièrement le nou-
veau Testament fut imprimé en J'ranço//s , où monsieur Fahrif avoit besongué,
et [où il] estoit dict, que l'Évangile auroit lieu au Royaume de France, et
qu'on ne prescheroit plus les songes des hommes, — . de Borna respondit:
« ]Moy et autres comme moy, lèverons une cruciade de gens, et ferons
chasser le Roy de son Royaume par ses bubjectz propres, s'il permet que
l'Évangile soit presché.» Mais ce Moyne ne s'en alla sans responce, telle
que doit donner un qui craint Dieu, et qui est bon et loyal, et qui ayme
son Prince. » vEpistre envoyée au Duc de Lorraine par Guillaume Farel,
Prescheur du S. Evangile. Genève, 1543, petit in-8°, p. 43-44.)
P. 181, note 7. Selon A. F. Didot (Essai sur la Typographie;, cet
ouvrage de IJudé fut publié en 1520, à Paris, chez Josse Bade.
P. 182, ligne 20, lisez: 7ii/ abismez.
P. 187, ligne 10, lisez: soit réduicte à sa vérité, cow??i€ [je] sçay. etc.
P. 187, ligne 11, lisez: sçavoir e;i pouvoir, pourvoiez, etc.
P. 190, ligne 7, eu remontant, lisez: Il se veult sercher.
P. 200, à la lin de la note 4, lisez: 8 octobre 1525.
P. 223, note 24. Supprimez ce qui suit le — .
P. 224, à la fin de la note 30, lisez: Jean Schoti.
P. 225. à la fin de la note 37, lisez: la lettre de Bentin à Œcolampadc
du 8 octobre (1525) et celle de ('oct à Farel du 2 septembre 1524.
P. 225, note 45, hsez: Papilion.
P. 246, ligne 3, supprimez le mot inédite.
P. 247, note 3, première ligne, lisez: le 12 mars 1525 ^^1526, nouveau
style).
P. 251, note 5. Supprimez, à la première ligne, les mots ci à Meaux, et
-à la troisième, les mots écrite à Meau < . Le chevalier Coct n'était pas encore
arrivé dans cette ville à la date du 6 juillet; mais ses relations familières
avec Farel l'autorisaient à ouvrir la lettre de Le Fcvre, qui put lui être
communiquée à Paria par Conrad Becch.
P. 252, note 11. Après i.l525> ajoutez: et le ^'' 140, note 7.
P, 288, au conunencemeut de la note 1, supprimez le renvoi.
P. 303, ajoutez à la tin de la note 4: Ces passages des t broniques de
]Metz et ceux que nous citerons plus loin, sont extraits de la Biographie de
François Lambert d'Avignon, publiée en allemand par M. le ju-ofesseur
Baum de Strasbourg.
P. 307, avant le sommaire, ujoutez: traduit dk l'allk.manu. A la fin
de la note 2, ajoutez: à Berne. i^Cummuniqué par M. l'arciiiviste Knitli.)
P. 310, ajoutez à la tiu de la note 10: Lutlmr écrivait de son coté le
13 janvier 1525: ^ Amtemundus minatur mihi, nisi cedani mea opinione,
sose adversus me scripluium. > (Voyez Luthers Biicle. Ed. de Wette,
II, 613.)
P. 338, note 7, ligne 2, lisez: de 6t.-Gorgonnc.
484 AIHHTIO.NS KT COURECTIONS.
P. 352, note 3, après 42 ajoutez: et 46, et, à l'avant-dernière ligne, lisez:
le 12 mars 1525 (1526, nouveau style).
P. 395, ligne 7, en remontant, lisez d'après Choupard: ductu gratùe
Christi.
P. 400, dernière ligne, lisez: Nonii.
P. 409, Sommaire, ligne G, au lieu de: lui éviter, lisez: lui épargner.
P. 417, première ligne du Sommaire, lisez: vous m'avez rendu quatre
couronnes pour une que je vous devais. Je suis bien près de vous les ren-
voyer, etc.
P. 419, ajoutez à la fin de la note 5: Les Français réfugiés à Strasbourg
ne quittèrent cette ville qu'après le 20 mars, puisque le 19 Bédrot écrivait à
Ambroise Blaarer : « Siapulensis adhuc hcerct hîc in aedibus Capitonis, alii
item Gain eruditissimi. » 'Coll. Simler.) On devrait même reporter leur dé-
part après le 16 avril, si le passage suivant, relatif à Roussel, peut s'appli-
quer également aux autres exilés: « Bucerus et religionis fratres te salu-
tant, cumprimis Farellus et Gerardits Bu/us, quem nos Tolninum nomi-
namus: latere euim voluit. » (Capiton à Zwingli, 16 avril 1526. Zuinglii
0pp. VII, 492.)
P. 436, ajoutez à la fin de la note 4, relative à Beda: Dans une lettre
adressée à Jean Fabcr, Érasme se plaignait déjà (le 16 avril 1526^1 du
zèle persécuteur de Beda et de la Sorbonne : «In Gallia (,disait-il) gnaviter
insaniunt Beddaici quidam censuris, articulis, carceribtts, incendiis, libellis.
Optarim vel sic posse cohiberi pestem; sed exitus rei docebit, his modis
nihil aliud quàm exa<;perari malum. » (Erasmi Epp.)
P. 442, ajoutez à la tin de la note 1 : On lit dans une lettre de Laurent.
Coct à Farel, datée du 4 juillet (1525):
€ Mon frère aisné. Seigneur du Chastelard . . . ne volant me faire ma rayson
[1. régler son compte avec moi], .... m'a totalement respondu, que à jam-
mays de luy ne auray riens, que premier ne l'aye bien et deuement informé
de la mort de mon dict frère le cbevaiier, — combien que, par voz lettres,
le ayez informé de la vraye vérité . . . Car nioy-mesmes veiz les dictes lettres
es mains d'ung nommé George (\e surnom ne me recordc) que par vous fut
envoyé à mon dict frère du Chustellari, bien tost apprès sa mort [1. après
la mort du cbevaiier]. Car, comme escripviez, le dict George l'avoit scrvy
durant sa malladie, et, pour récompence, par le commandement de mon
dict frère du Chastellart, balliay au dict George viij escus. Mays tout cecy
ne me sert en riens, car mon dict frère du ( 'hastellart, n'a nulle voulunté
me fèrc ma rayson, fors qu'il dit, comme Sainct Tliomas: >< Nisi videro,
non credani.» (Inédite. Autograpbc. Bibliotlièque des pasteurs de Ncuchàtel.)
P. 456, note 27, ligne 4, lisez : et qui a mérité.
P. 460, dernière ligne, ajoutez à la note 1 1 : Capiton écrivait à Zwingli,
le 3 février 1526, au sujet de la doctrine réformée sur l'Kucliaristie : * Scntio
Gallium omnium maxime illum unicum articuliun dctestari. » (Zuinglii 0pp.
\ II, 466.)
TABLKTTKS CHRONOLOCigilKS. 48."
TABLETTES CIIROAULOGIQUES.
1508. Luther est appelé à Wiltemberg comme professeur.
1509. Publication du Psallenmn qn'uwvplex de Le Fèvre.
1512, 15 décembre. Le Fèvre publie son Commentaire mr St. Puni.
1515, 1" janvier. Fiançois I succède à Louis XII.
15t6. Mars. Première édition du Nouveau Testament d'Érasme.
1516 Ulrich Zwingli prêche l'Évangile à Einsiedeln.
1516, 16 août. Signature du Concordat entre Loon X et François l.
1517 Farel est appelé à enseigner à Paris au collège Le Moine,
1517, 31 octobre. Luther alTiche ses Thèses à Wiltemberg.
1518, Mars. Prote>talion de l'Université de Paris contre le Concordat.
1518, fin d'avril. Troubles à i'aris, à la suite du Concordat.
1518, 28 novembre. Luther en appelle du Pape à un concile général.
1519. Les ouvrages de Luther se répandent en France et en Suisse.
1519, 28 juin. Charles-Quint est élu empereur d'Allemagne.
1520, 15 juin lUille du pape Léon X, e.xcommuniant Luther.
1520, 6 octobre. Luther publie « la Captivité de Habylone. »
1521. Guillaume Briconnet, évêque de Mcaux, réunit autour de lui Le
Fèvre, Gérard Roussel, Michel d'Araiide, François Valable et Farel.
1521, 15 avril. La Sorbonne condamne la doctrine de Luther.
1521. Juin. Commencement de la correspondance entre Briconnet et
Marguerite d'Angoulênie.
1521. Octobre. Marguerite d'Angoulênie et sa mère, Louise de Savoie,
font un séjour à Meaux.
1521. Vers la tin de l'année Érasme se fixe à liàle.
1521. Décembre. Introduction définitive de la Rètbrme à Witlemberg.
4522. Juin. Le F'èvre publie son Commeulaire >ur le/; IV Evangiles.
1522. Septembre. Luther publie sAtiaduction allemande du A'. T.
1522, 16 novembre. Œcolampade vient se fixer à Bile.
1523. Pierre de Sébiville prêche l'Évangile à Grenoble.
1523, 29 janvier. Première dispute de religion à Zurich.
1523, 8 juin. Le Fèvre publie sa //arf»'-/?»/! française des IV Evangiles.
1523, 15 juin. Le Conseil de Berne enjoint à tous les prêtres de n'en-
seigner que le pur Évangile.
1523, Août, Découverte de la conspiration du connétable de Bourbon.
1523, 30 août. Première dispute de religion â riàle.
480 l ABI-hyi'TKS CHRONOI.OGIQLKS.
1523, 7 octobre. La Sorbonne adresse à la reine-mère, sur sa de-
mande, un mémoire contre l'hérésie.
1523. Odobre. Mandements de Briçonnet contre les Luthériens.
1523, 26-28 octobre. Seconde dispute de religion à Zurich.
1523, 6 novembre.- Le Févre achève de publier sa traduction du N. T,
1523. Décembre. Farel arrive à Bâle.
1523. Décembre. Michel d'Arande prêche l'Évangile à Bourges, et Jean
Chastellain, à Metz.
1524. La Réforme s'établit définitivement à Strasbourg.
1524. Février. Maigret prêche l'Évangile à Lyon, et ensuite à Grenoble.
152i. Premiers jours de mars. Farel dispute sur la religion à Bâle.
1524, 21 mars. Une partie des cantons suisses se plaignent des in-
novations religieuses introduites à Zurich.
1524, fin de mars. Pierre Caroli prêche l'Évangile à Paris.
1524. Juin. Persécution à Meaux.
152i. Juillet. Farel exilé de BAle prêche à Montbéliard.
152i. Septembre. François I part pour l'Italie.
1524. Décembre. Michel d'Arande prêche à Màcon.
1524. Décembre. Commencement des divisions sur l'Kucharistie.
1525. Soulèvement des paysans en Allemagne.
15'i5, 24 février. François I est défait à Pavie. Il est emmené plus tard
en Espagne comme prisonnier de Cliarles-Quinl.
1525. Farel séjourne à Strasbourg.
1525, 8 aoiH. Départ de Marguerite d'Angoulême pour Madrid.
1525. Septembre. Nouvelle persécution à Meaux.
1525. Octobre. Le Fèvre, Gérard Roussel et Michel d'Arande se réfu-
gient à Strasbourg.
1525, 12 novembre. François 1 écrit an Parlement en faveur de Le
Févre, Caroli et Roussel.
1525, 9 décembre. Condamnation de Jacques Pauvanetde Matthieu Sau-
nier par la Sorbonne.
1;i2(). Janvier. Emprisonnement de Louis de Ber(|uin à Paris.
152(), 14 janvier. Traité de .Madrid entre Charles-Quint et François I.
1526, 17 mars. François I rentre en France.
1526, i'"'" avril. Lettre de François 1 au Parlement, en faveur de Berijuin.
1526, fin d'avril. Les Français réfugiés à Strasbourg rentrent en France.
1526, 27 mai. Ouverture de la dispute de Baden en Argovie.
1526. Novembre. Farel vient prêcher l'Évangile à Aigle.
LISTF. CIlUdNOI/KilOl'K llKS l'IKCKS 1)1! VOI.llMK. 487
LISTE CIIIIOXOLOGIQIIE
DES PIÈCES CONTENUES DANS LE PUEMIER VOLUME.
I .es lettres inédites sont distinguées par un astérisque placé avant le Numéro.
KIIMKROK ANNÉE PAGES
1. Jacques Le Eévre d'Étaples à Guillaume Briçonnet, 15 dé-
cembre 3
1513
2. Jean Rcuchlin à Le Fèvrc, 31 août. 9
1514
3. Le Févre à Rcuchlin, 30 août 15
4. Le Févre à Érasme de Rotterdam, 23 octobre 18
1515
5. Josse Clichtow à l'évéque Gozthon 20
1516
6. Thomas Grey à Érasme, 5 août 23
7. Érasme à Henri Roville, 3! août 24
8' Luther à Spalatin, 19 octobre 26
1517
9. Guillaume Budé à Érasme, 5 février '^7
10. Érasme à Wohgang Fabritius Capiton, 26 février ... 29
8= Luther à Jean Lnng. r'" mars . _ 26
11. Guillaume Budé à Tonstall, 19 mai 30
12. Glareanus à Érasme, 5 août "*
13. Jean Cœsarius à Érasme, 22 septembre 32
1518
14. Nicolas Bérauld à Érasme, 16 mars 33
15. Requête de l'Église de Paris au Parlement, 20 mars . . 34
488 LISTE GHHONOLOGiyiJK DKS PIÈCES DU VOLUME.
NDMi.ROS PAGES
16. L'Université de Paris au Parlement, 28 mars 36
17. Valentin Tschudi à Ulrich Zwiiigli, 22 juin 38
18. Érasme à Guillaume Huë, 9 août 40
1519
19. Glareanus à Zwingli, 13 janvier 41
*20. Le P'èvre à Beatus Rhenanus, 9 avril 42
21. Ilcnri-Cornelius Agrippa de Nettesheim à Le Févre, à la
fin d'avril 46
*22. Pierre ïschudi à Beatus Rhenanus, 17 mai 47
23. Le Févre à H.-C. Agrippa, 20 mai 48
24. II. -G. Agrippa à Le Févre, 22 mai 50
23. Le Févre à H.-C. Agrippa, 20 juin 52
26. Nicolas Bérauld à Érasme, 1«'- juillet 54
27. Érasme à Nicolas Bérauld, 9 août 55
28. Érasme à Léon X, 1 3 août 55
29. H.-C. Agrippa à Le Févre (octobre) 57
30. Le Févre à H.-C. Agrippa, 14 novembre 59
1520
31. N. N. |Pellican?| aux Théologiens de bonne foi. Fn mars 61
32. Glareanus à Zwingli, 1er novembre 65
33. Érasme au secrétaire du comte de Nassau, 13 mai ... 63
34. Érasme à Nicolas Éverard (en mai) 64
35. Marguerite d'Angouléme à Guillaume Briçonnet (avant le
10 juin) 65
35a Marguerite à Briçonnet (au commencement de juillet) . . 475
* 36. Marguerite à Briçonnet (après le 10 juillet) 67
37. Un Moine à H.-C. Agrippa, 26 juin 68
38. Glareanus à Zwingli, 4 juillet 69
39. Un .Moine à H.-C. Agrippa, 10 septembre 72
40. Un Moine à H.-C. Agrippa, 2 oclobre 73
40a Marguerite à Briçonnet (vers le milieu d'octobre). . . . 476
iOb Briçonnet à Marguerite, 24 octobre 477
*40c Briçonnet à Marguerite, 11 novembre 478
* 41. Marguerite à Briçonnet (avant le 17 novembre) .... 75
♦42. Marguerite à Briçonnet (avant le 17 novembre) .... 76
♦43. Marguerite à Briçonnet (avant le 22 novembre) .... 77
LISTE CHUONOLOGIQUK DES PIÈCES 1)U VOLUME. 489
Sl-MÉROS PAGES
*ii. [Guillaume Briçonnet] à Marguerite, 22 novembre ... 79
45. Agrippa à un moine d'Annecy, 25 novembre 82
46. Agrippa à un moine d'Annecy Si
47. Marguerite à Briçonnet (en décembre) 83
*47 a Briçonnet à Marguerite, 22 décembre 479
48. Briçonnet à Marguerite, 22 décembre 84
49. Le Févre aux Lecteurs Chrétiens, avant le 20 avril ... 89
oO. Capiton à II. -C. Agrippa, 23 avril 98
5t. N. N. à II.-C. Agrippa, 5 juin 100
52. Agrippa à Capiton, 17 juin iOI
53. Berthold Ilaller à Zwingli, 8 juillet 102
54. [Briçonnet] à Marguerite (fin de septembre ou commence-
ment d'octobre) i04
55. Marguerite à Briçonnet (fin de septembre ou commence-
ment d'octobre) 105
56. Luther à Spalatin, environ le 15 décembre 106
57. Luther à Spalatin, 26 décembre 107
1323
58. Marguerite à Briçonnet (avant le 16 janvier) iOS
*59. Briçonnet à Marguerite, 16 janvier - 109
60. François Lambert d'Avignon à l'Électeur de Saxe, 20janv. 112
61. François Lambert à George Spalatin, 20 janvier . ... 114
62. Luther à Spalatin, 25 janvier 116
63. Luther à Spalatin, 25 février 117
64. François Lambert au pieux Lecteur (en février) .... 118
65. François Lambert à tous les Frères.Mineurs, en mars . . 123
66. Luther à George Spalatin, environ le 20 mai 128
67. Jean Rhellican à son cousin Jacob, 22 mai 129
68. François Lambert à Spalatin, 28 mai 131
69. [Le Févre] à tous Chrétiens et Chrétiennes (8 juin) . . . 132
70. François Lambert à Spalatin, 14 juin 138
71. François Lambert à Spalatin, 24 juin 142
72. François Lambert à Spalatin, 4 juillet 144
73. Luther à Spalatin, 14 août 145
74. François Lambert à Spalatin, 16 août 14(i
75. Anémond de Coct au Lecteur (au mois d'août) 148
76. Luther au Duc de Savoie. 7 septembre 151
77. Briçonnet aux Fidèles de son Diocèse, 15 octobre ... 153
490 LISTE CHRONOLOOIQUK DKS PIÈCES DU VOLUME.
NUMKRO.S PAGE^i
78. Briçonnetau Clergé de son Diocèse, 15 octobre . . .
156
159
170
171
173
79. [Le FévreJ à tous Chrétiens et Chrétiennes (6 novembre)
80. Luther à Nicolas Gerbel, 4 décembre
81. Briçonnet au Clergé de son Diocèse, 13 décembre . .
82. Ulrich Zwingli à Pierre de Sebville, 13 décembre . .
*83. Lange à Guillaume Farel, 1*^'" janvier 178
*HA. Briçonnet à Marguerite, 10 janvier 181
85. Le Fèvre à Farel, 13 janvier 183
86. Anémond de Coct au pieux Lecteur, 24 janvier .... 184
*87. [Briçonnet] à Marguerite, 31 janvier 186
88. Marguerite à Briçonnet, 9 février 189
*89. Briçonnet à Marguerite, 12 février 190
*90. Marguerite à Briçonnet (entre le 12 et le 24 février) . . 191
91. Farel aux Lecteurs chrétiens, environ le 20 février. . . 193
92. Le Conseil de Bâle à tous ecclésiastiques et laïque»,
27 février 195
*93. Briçonnet à Marguerite, 24 février 198
*94. [Briçonnet] à Marguerite, 25 février 200
95. Œcolampade et Wolfhard à Zwingli (Ic" jours de mars). 202
96. Œcolampade [à Pierre de Sebville?], 9 mars 203
97. Farel à Corneille Schefi'er, 2 avril 205
*98. Le Fèvre à Farel, 20 avril 206
*99. Hilaire [Bertolph] à Farel (vers la fin d'avril) 210
100. Œcolampade à Capiton, 14 mai 214
101. Q^lcolampade à Luther, 15 mai 215
102. Nicolas Le Sueur à Farel, 15 mai 216
* 103. Le Fèvre à Farel, 6 juillet 219
104. Gérard Boussel à Farel, 6 juillet 231
* 105. Jean Canaye à Farel, 13 juillet 240
*106. Gaspard Maîssger à Farel (environ le 20 juillet) .... 243
107. Farel aux Lecteurs (vers la fin de juillet) • . 246
108. Œcolampade à Morelet du Museau, 31 juillet 248
♦109. Pierre Toussain à Farel, 2 aoilt 250
110. Œcolampade à Farel, 2 août 253
111. Œcolampade à Farel, 3 août 255
1 12. François Lambert au Roi de France (vers le milieu d')aoùt 257
*113. Henri Ileilzmann à Farel, 17 août 262
*11l. Claude-Pius Pcutinger à Farel, 17 août 264
115. Œcolampade à [Farel], 19 août 265
LISTE CIIRONOLO(Jiyi!K DKS l'IKCKS DU VOI,l!MK. 491
NUMliROS * l'AGl.S
il6, Ulric de Wurtemberg aux gouverneurs de Besançon,
20 août 267
*I 17. Gérard Roussel à Farel, "^i août 270
118. Gérard Roussel à Œcolampnde, 2-4 août 27-i
*1 19. Jean Vaiigris à Farel, 29 août 279
* 120. .\némond de Coct à Farel, 2 septembre 280
*12i. Pierre Toussain à Farel, 2 septembre 28-1
122. Érasme à Théodoric Hesius, 2 septembre 288
— Érasme à l'évèque de Rochester, 4 septembre 288
123. Érasme à Mélancbthon, 6 septembre 289
* 124. Jacques [Pauvan] à Farel, 5 octobre 291
125. Antoine Papillon à Zwingii, 7 octobre 29 i
126. Érasme à Antoine Brugnare, 27 octobre 29s
127. Farel et Gayling au Duc de Wurtemberg, 1 1 novembre . 302
* 128. Anémond du Chastclard à Farel, 18 novembre ... 301
129. La Diète des cantons catboliques au duc de Wurtemberg,
1 G décembre 307
130. Anémond de Coct ta Farel, 17 décembre 308
131. Pierre Toussain à Farci, 17 décembre 312
132. Pierre de Sébiville au chevalier Coct, 28 décembre . . . 313
133. [François Lambert à H. -G. Agrippa], 31 décembre . . . 316
lo2o
13-i. Martin Bucer aux frères dispersés en France, 13 janvier . 318
133. Biiçonnet au Clergé de son Diocèse, 21 janvier .... 320
136. Le Conseil de l'archevêque de Lyon à Noël Beda, 23janv. 323
* 137, Anémond de Coct à Farel, 2;i janvier 32(i
138. François Lambert au Prince-Évêque de Lausanne (fin de
janvier) • "^28
139. Œcolampadc à P'arel, 6 février 33.-;
*I40. Pierre Toussain à Farel, 1 1 février 337
* 14 1 . Oswald Myconius à Anémond de Coct (avant le 20 février) 339
* 142. Sébastien Hofmeister à Farel (milieu de mars) 341
* 143. Oswald Myconius à Farel, 23 mars 343
144. François Lambert à l'Électeur de Saxe, en mars . . . . 344
* 145. François Lambert à l'Électeur de Saxe, 23 mars. ... 347
146. Ulric Zwingii au Roi de France (en marsl 330
147. Noël Beda à Érasme, 21 mai ^^'-
1 48. Les États du Pays de Vaud à leurs ressortissants, 23 mai . 334
149. Pierre Toussain à Farel, 3 juin 336
130. Œcolampade à Farel, l«Muillet 337
492 LISTE CHHONOLOGigUE DES PIÈGES DU VOLUME.
NOMJÈKOS PAGKS
*]5l. Farel au Sénat et aux Citoyens de la ville de B;\le. 6 juillet 35^
*152. i'ierre Toussain à Farel (vers le 9) juillet 36-i
*153. Pierre Toussain à Farel, 14 juillet 366
1^4. Œcolampade à Farel, 25 juillet 369
155. François Lambert au Sénat de Besançon, 15 août ... 371
156. Erasme à Louis de Berquin, -2n août 373
*157. Pierre Toussain à Farel, i septembre 375
158. La Sorbonne au Parlement de Paris, 7 septembre ... 378
159. Farel à Zwingli, 12 scjitembre 380
*160. Pierre Toussain à Farel, 18 septembre 383
*161. Pierre Toussain à Farel, 21 septembre 386
162 Gérard Boussel ;l Farel, 25 septembre 389
* 163. Farci à Jean Pomeranus (environ le 8 octobre) .... 393
* 164. Michel Benlin à Œcolampade, 8 octobre 398
165. François 1 au Pailenient de Paris, 12 novembre .... 401
* 166. Jean Vaugris à Farel, 15 décembre 403
167. [Gérard Roussel à rÉvê(|ue de Meaux, en décembre] . . 404
*168. [Gérard Roussel à Nicolas Le Sueur, en décembre] ... 408
169. François Lambert an Conseil de Strasbouriî, 1 3 janvier . 416
170. (Fcolampade à Farel, 9 mars 417
171. Marguerite au comte Sigismond de Hobenlohc, 9 mars . 419
172. Marguerite à François! (vers le commencement d'avril) . 421
173. Louis de Berquinà Frasme, 17 avril 422
174. Agrippa à Michel d'Arande, 7 mai 427
175. Marguerite à S. de llohenlohc, 1 1 mai 430
170. Farel à Oswald Myconius, 4 juin . . 431
177. Érasme à François I, 16 juin 435
178. G. rard Roussel à Farel, 17 juin 438
179. Marguerite à S. de llohcnlohe, 5 juillet 441
180. Laurent Coct à Farel, 25 juillet 442
181. Pierre Toussain à Œcolampade, 26 juillet 444
182. Gérard Roussel à Farel, 27 août 448
* 183. Farel à Capiton et à Bucer, 25 octobre 451
184. Gérard Roussel à Farci, 7 décembre 457
185. Pierre Toussain à Farel, 9 décembre 462
* 186. M. jartinl B.|ucer] à Farci, 13 décembre 465
187. (Fc()lamp;i(le à Farel, 27 décembre 468
188. Michel d'AramIe à Farel (pendant l'été de 1526) . ... 469
*189. [Un Lorrain?) à Martin Bucer (1526 ou 1527) . ... 470
*
*
*
LISTE ALI'MABKTIQUK DES COUUKSI'OND VNTS. \*X\
LISTE ALPIIABÉTKIUE
DES CORRESPONDANTS.
(TiCS chiffres arabes ordinaires indiquent les N"" des lettres écrites par les correspon-
dants, et les chiffrer en ilaliqve, celles qui le'ir ont été adressées.)
Agrippa (Henri-Cornelius). N^^ 21, U, 29, 45, 46, 52, 174. — Nos25,
20. 30. 37. 39. 40. 50. 51. 133.
Alexandre, secrétaire du comte de Nassau. 55.
Arii^elus. Voyez Lange.
Angouléme (Marguerite d'). 35, 35a, 36, 40a, 41, 42, 43, 47, 55. 58,
88,90, 171, 172, 175, 179. —40b, 40c, 44, 47 a, 48, 54,
59, 87, 84, 89, 93, 94.
Arande (Michel d'). 188. — 174.
Râle (Le Conseil de). 92. — 151.
Beda (Noël). 147. —136.
Bentin (Michel). 164.
Bérauld (Nicolas). 14, 26. —27.
Berquin (Louis de). 173. — 156.
Bertolph (Hilaire). 99.
Besançon (Le Sénat de). 116. 155.
Boville (Henri). 7.
Briçonnet (Guillaume). 40b, 40c, 44, 47a, 48, 54, 59, 77, 78, 81,
84, 87, 89, 93, 94, 135. — 35, 35a, 36, 40a, 41, 42, 43,
47. 55, 58, 88, 90, 167.
Brugnarc (Antoine). 126.
Buc'er (Martin). 134, 186. —183,189.
Budé (Guillaume). 9, 1 1 .
Ganaye (Jean). 105.
Gantons catholiques (La Dicte des). 129.
Gaesarius^Jean). 13.
Capiton (Wolfgang Fabricius). 50. — 10, 52, 100, 183.
Charles 111, duc de Savoie. 76.
Clichtow (Josse). 5.
Coct ou (le Chastelard (Anémond dej. 75, 86, 120, 12S, 130. 137. —
132. 141.
Coct (Laurent). 18ii.
Érasme de Rotterdam. 7, 10, 18, 27, 28, 33, 34, 122, 123, 126.
156, m. — 4, 6, 9, 12, 13,14,26,147, 173.
Wl LISTK ALI'llABKliyiJK DKS COlUtKSPONI) AN TS.
Kverard (Nicolas). 34.
Farel (Guillaume). 91, 97, 107, 1-27, 151, ir>9. 1G3, 176, 183.— ^
K^. ^.-7. 98. 99. 102. 103. 104, lOô, 100, 109, 110, 111. 113, I
114, 115. 117, 119, 120, 121. 124, 130, 131, 137, 139, 140, I
U2, 143, 149, 150, 152, 153, 154, 157, 160, 161. 162. 166,
170. 178, 180, 182, 184, 185. 186, 187, 188.
Févre (Jacques Le). 1, 3, 4, 20, 23, 2:>, 30. 49, (i9, 79, 85, 98,
103. —21, 24. 29.
Kisher (Jean), évêque de Rocliester. 122.
François I. 16S. — J12, 146. 172. 177.
Frédéric, Electeur de Saxe. 60. 144. 145.
Gayling (Jean). 127.
Gerbel^Nicolas). 80.
Glareanus (Henri). 12, 19. 32, 38.
(îozllinn. 5.
Grey (Tiiomas). 6.
Haller (P.erlhold). 33.
Ileitzmann (Henri). 1 13.
Hesius (Tliéodoric). 122.
Hofmeister (Sébastien). 112.
Hohenlolie (Sigismond de). 171, 175. 179.
Huë (Guillaume). 18.
I-.imbcrt d'Avignon (François). 60, 01, (34, Gu, G8, 70, 71, 72, 74,
112, 133, 138, 144, 14.^3, 135, 1G9.
l>ang (Jean;. <S'"-.
I.ange (Jean). 83.
Lausanne (L'Fvéque de). 138.
Léon X . 28.
[Lorrain] ?(Un). 189.
Lulber (Martin). 8, 50, 57, 02, 03, 00, 73, 76, 80. -- 101.
Lyon (Le Conseil de rarchevéijue de). 130.
Miiîssg'-r ((îaspard). 106.
Mélanclillion. 123.
Moine d'.Annecy (Un). 37, 39, 40. - -^.'7. 46.
Morciet du Museau. lOS.
Myconius(U^\vald). 141, r.3. — 170.
«Kcnhimpade (Jean). 95,90, 100, 101,108,110, ill, 115. 139, 150,
154, 170, 187. — //.V. 164. /SI.
l*apilion (Antoine). 125.
Paris (Le Chapitre de l'église de). 15.
Paris (L'Université de). 16.
Parlement de Paris (Le). 15. 10. 158. 165.
Pauvan (Jac(|ues). 124.
LISTK ALPHABÉTIQUE UKS CORHKSPONDANTS. 'iO.')
IPellican?]. 31.
Peufmger (Claude-Pius). 1 M.
Pomeranus (Jean). KJS.
Reuclilin (Jean). 2. — S.
Rhellican ^Jean), 67.
Rhenanus (Beatus). 20, 22.
Roussel ^Gérard). 104, 117, U8, 162, 167, 168, 178, 182. 184.
Schelier (Corneille). .97.
Sébiville (Pierre de). 132. - 82. 56*.
Sorbonne (La). 158.
Spalatin (Georges). 8\o6, 57. (Jl. 62. 63. 66, 68. 70, 71, 72,
73. 74.
Strasbourg (Le Conseil de). 169.
Sueur (Nicolas Le). 102. — 168.
Toussain (Pierre). 109, 121, 131, UO, 149, 152, 153, 157,160,
161, 181, 185.
Tonslall (Culhberl). 11.
Tschudi (Pierre). 22.
Tsclmdi (Valentin). 17.
Vaud (Les États du Pays de). 148.
Yaugris (Jean). 119, 166.
Woffhard (Boniface). 95.
Wurtemberg lUlric de). 116. — 127, 129.
Zwingli (Ulric). 82, 146. - 17. 19, 32, 38, 53, 95, 125, 159.
FIN DU TOMK PRKMiKR.
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BK Herminjard, Aimé 'Louis (éd.)
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