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Full text of "Correspondance des réformateurs dans les pays de langue francaise, recueillie et publiée avec d'autres lettres relatives à la réforme et des notes historiques et biographiques"

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^1> 


CORRESPONDANCE 


DES 


RÉFORMATEURS 


DAM  m  tm  DE  LANl!G  FDANCAISE 


OBNÈVE.    —  IMPRIMERIE  RAMBOZ  ET  SCHUCHARDT. 


CORRESPONDANCE 


DKS 


RÉFORMATEURS 


DANS  LES  PAYS  DE  LANGUE  FRANÇAISE 


RRCUEILLIE    ET  PUBLIEE 


AVEC 


D'AUTRES  LETTRES  RELATIVES  A  LA  RÉFORME 


ET   DES    NOTES   HISTORIQUES    ET    BIOGRAPHIQUES 


PAR 


A.-L.  HERMINJARD 


TOME      PREMIER 
1512-1526 


H.  (lEORG,  libraire  éditeur 

BALE,  MÊME  MAISON 


PARIS 
(ilIEL  LEVY  frères,  éditeurs 

RIE   VIVIENNE,  ibJS 


1866 

Tous  droiU  réservos 


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'à  R  A^ 


/     s-Ep  ^5: 1961 


76  9475- 


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v^.^i. 


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A  MESSIEURS 

EDMOND  BOISSIER,  HENRI  BORDIER 

EDOUARD  ET  FRÉDÉRIC  COUVREU 

ADRIEN  ET  ÉMLE  NA^^LLE 

ALBERT  RILLIET,  THÉODORE  RIVIER 

ALEXANDRE  DE  SAINT-GEORGE,  HENRI  TRONCHIN 

AUGUSTE  ET  WILLIAM  TURRETTINI 


QUI 


PAR    LEUR    GENEREUSE    INITIATIVE 
ONT    FAVORISÉ   LA    PUBLICATION    DE    CET    OUVRAGE 


A.-L.  HERMIXJARl) 


AVERTISSEMENT 


Un  Prospectus-Spécimen  qui  a  paru  à  Genève,  au  mois  de 
mai  1864,  annonçait  une  publication  ayant  pour  objet  de 
«  réunir  dans  un  même  ensemble  les  lettres  sorties  de  la 
plume  de  tous  ceux  qui,  dans  les  pays  de  langue  française,  ont 
travaillé  de  près  ou  de  loin  à  l'établissement  de  la  Réfor- 
mation. »  Le  volume  que  nous  offrons  au  public  est  le  com- 
mencement de  cette  œuvre. 

En  nous  occupant  jadis  d'un  essai  de  biographie  du  réfor- 
mateur Pierre  Viret,  nous  avions  rencontré,  dans  la  plupart  des 
ouvrages  relatifs  à  l'histoire  de  la  Réforme,  un  assez  grand 
nombre  d'assertions  hasardées.  Des  invraisemblances  cho- 
quantes, des  faits  d'une  authenticité  très-douteuse  étaient  inva- 
riablement reproduits  sous  le  couvert  d'historiens  du  dix- 
septième  et  du  dix-huitième  siècle  qui  ne  citaient  pas  tftujours 
leurs  autorités.  L'abondance  des  détails  pittoresques,  qui  prê- 
taient à  certains  récits  un   intérêt  saisissant,  nous  paraissait 


VIII  VVERTISSKMENT. 

souvent  outrepasser  les  données  fournies  par  les  documents 
originaux.  Nous  voulûmes  connaître  la  vérité  vraie  sur  le  ré- 
formateur vaudois;  mais,  pour  y  parvenir,  il  flillait  remonter 
aux  sources  les  plus  anciennes,  les  contrôler  les  unes  par  les 
autres,  séparer  le  certain  de  l'incertain,  mettre  provisoirement 
à  part  les  faits  douteux  que  des  investigations  ultérieures  pou- 
vaient rendre  vraisemblables,  et  sacrifier  sans  regret  tout 
ce  qui  était  pure  légende  on  romantisme  bistorique.  La  série 
des  documents  existants  présentait  de  nomi)reuses  lacunes  ; 
pour  les  combler,  nous  eûmes  recours  aux  lettres  qui  avaient 
été  écrites  à  Viret.  L'utilité  de  plus  en  pins  manifeste  de  ce 
genre  de  secours  nous  conduisit  à  consulter  la  correspon- 
dance de  Farel,  de  Calvin  et  d'autres  contemporains.  C'est 
ainsi  que,  parti  du  point  qui  formait  le  centre  de  nos  re- 
cbercbes,  nous  avons  parcouru  toute  la  circonférence  d'un 
vaste  cliamp  détudes  et  formé  un  recueil  très- volumineux  df 
lettres  et  de  documents  divers  du  seizième  siècle,  relatifs  à  la 
Réforniation. 

Quelques  amis  de  la  Kéforme,  ayant  été  instruits  de  l'exis- 
tence de  notre  collection,  ont  pensé  que  la  publication  de  ces 
documents  autbentiques  serait  l'un  des  plus  sûrs  moyens  de 
présenter  sous  son  vrai  jour  l'œuvre  inaugurée  au  seizième 
siècle  pour  remettre  l'Évangile  en  lumière.  Ils  nous  ont  offert 
leur  concours  pour  l'acbèvement  des  travaux  (|ue  nécessitait 
l'exécution  d(!  cette  entreprise.  Nous  avons  accepté  cette  tâche 
avec  reconnaissance,  car  elle  nous  permettait  de  rapjieler  le 
souvenir  des  bienfaits  (pie  Dieu  a  départis  aux  égli.ses  réfor- 
mées. Nous  avons  été  heureux  de  pouvoir  aussi  contribuer  à 


AVKRTISSKMKNT.  IX 

faire  revivre  tant  de  personnages  intéressants  qui  ont  figuré 
dans  la  grande  lutte  religieuse  qu'a  provoquée  la  Réforme. 
Rien  n'est  si  propre  à  les  rapprocher  de  nous  qu(^  la  lecture 
des  lettres  où  ils  ont  déposé  leur  pensée  intime.  Nulle  part  on 
ne  peut  étudier  avec  autant  de  fruit  ces  détails  qui  révèlent 
directement  les  traits  les  plus  marquants  de  l'esprit  ou  du 
caractère  de  l'écrivain.  La  nature  môme  des  convictions  qui 
se  font  jour  dans  ces  correspondances  complète  le  portrait 
d'un  siècle  où  la  religion  était  mêlée  à  tout.  C'est  un  tableau 
où  la  vie  générale  se  reflète  avec  sincérité  et  sous  mille  faces 
imprévues. 

Aussi  devons-nous  avouer  (pie  notre  ambition,  notre  désir 
constant,  quelque  peu  réalisable  qu'il  fût,  a  été  de  reproduire 
dans  une  série  de  lettres,  s'éclairant,  se  complétant  les  unes 
l)ar  les  autres,  toute  l'histoire  de  l'étabhssement  de  la  Réforme 
dans  les  pays  de  langue  française.  Nous  n'avons  rien  négligé 
pour  réunir  un  nombre  aussi  grand  que  possible  de  pièces 
rentrant  naturellement  dans  notre  cadre;  mais  les  origines  de 
cette  révolution  religieuse  restent  entourées,  pour  ce  qui  con- 
cerne la  France,  d'obscurités  qu'on  ne  parviendra  pas  de  si- 
tôt à  dissiper.  Les  documents  que  nous  possédons  aujourd'hui 
sur  ce  sujet  ne  forment  qu'une  bien  faible  partie  des  corres- 
pondances échangées  à  cette  époque  entre  les  partisans  de 
l'Évangile.  Leur  petit  nombre  signale  suffisamment  l'étendue 
de  nos  pertes,  mais  leur  contenu  fournit  des  indications  pré- 
cieuses sur  les  lacunes  qu'il  importe  le  plus  de  combler.  Si  la 
présente  publication  avait  pour  résultat  d'engager  les  posses- 
seurs de  lettres  inédites  à  nous  les  communiquer,  tous  les 


X  AVERTISSEMK.M. 

amis  d(;  l'histoire  leur  en  sauraient  gré,  et  ces  lettres  trouve- 
raient dans  le  corps  de  cet  ouvrage  une  place  qui  contribue- 
rait peut-être  à  rehausser  leur  valeur. 

En  attendant  que  l'on  ait  retrouvé  les  lettres  que  l'on  sait 
avoir  été  écrites  par  Le  Fèvre,  (Ecolampade,  Roussel,  Ca- 
piton, Toussain,  Farel  etc.,  mais  dont  le  dépôt  est  encore  in- 
connu, la  route  à  suivre  nous  était  clairement  tracée.  Nous 
devions  rechercher  dans  les  autres  documents  contemporains 
tout  ce  qui  pouvait  jeter  sur  les  Réformateurs  et  leurs  disci- 
ples le  plus  faible  rayon  de  lumière  ;  il  fallait  encore  saisir  au 
passage  les  symptômes  de  l'opinion  publique  et  recueillir  tous 
les  renseignements  relatifs  aux  dispositions  religieuses  de  la 
France.  C'est  dans  ce  but  que  nous  avons  souvent  laissé 
parler  ceux  des  théologiens  allemands  qui  entretinrent  le  plus 
de  rapports  avec  les  ÉvangérKjues  français,  et  donné  une 
place  aux  adversaires  du  mouvement  religieux  inauguré  par 
Luther. 

IMiisieurs  problèmes  historiques  ont  été  indiqués,  chemin 
faisant,  et  recommandés  à  la  perspicacité  des  explorateurs  fu- 
turs: nous  avons  viv  ainsi  coiKhiil  à  donner  aux  notes  une 
certairu;  extension,  et  à  citer  beaucoup  de  témoignages  con- 
temporains. Nous  n'avons  pas  cru  devoir  nous  contenter  de 
renvoyer  siin|)li'ni('nt  le  lecteur  aux  ouvrages  dans  lesijuels 
il  aurait  pu  trouver  ces  citations.  IMusieurs  de  ces  ouvrages 
sont  devenus  fort  rares  el  n'existent  que  ihiiis  (|uel(|ues  liiblio- 
lhè(|ues  |)iilili(|iies:  il  en  est  d'autres  dont  le  texti!  m;d  traduit 
ou  ini|)arlaiteinenl  transcrit  une  première  fois  a  donnt'  nais- 
sance à  des  erreurs  (pii,  incessannneiil  répétées,  passent  pour 


AVKRTISSEMliNT.  XI 

des  vérités.  Nous  avons  ainsi  posé,  comme  autant  de  jalons, 
une  série  de  faits  acquis,  appuyés  sur  des  témoignages  dont 
ciiacuii  peut  apprécier  l'autorité. 

Notre  i^lan  ainsi  conçu  réclamait  avant  tout,  dans  l'exé- 
cution, une  reproduction  des  textes  aussi  exacte  que  possible. 
Nous  avons  donc  constamment  cherché  à  prendr(î  toutes  nos 
copies  sur  les  manuscrits  oi'iginaux.  Cette  précaution  n'a  pas 
été  inutile,  comme  on  pourra  s'en  convaincre  en  comparant 
ceux  de  nos  textes  qui  ont  été  déjà  publiés  avec  les  ouvrages 
dans  lesquels  ils  ont  paru.  Nous  avons  scrupuleusement 
conservé,  sauf  d'insignifiants  détails,  Torthographe  des  origi- 
naux. Quant  à  la  ponctuation,  nous  avons  adopté  les  règles  et 
les  usages  modernes.  Les  passages  les  plus  remarquables  de 
chaque  lettre  ont  été  signalés  à  l'attention  du  lecteur  par  le 
moyen  des  caractères  italiques.  Tout  ce  qui  est  placé  entre 
crochets  a  également  pour  but  de  faciliter  la  lecture  du  texte, 
en  complétant  ou  en  rectifiant  celui-ci. 

C'est  encore  pour  mettre  le  lecteur  plus  promptement  au 
courant  du  contenu  de  la  Correspondance,  que  nous  avons 
placé  un  Sommaire  en  tête  de  chaque  pièce.  Ce  sommaire 
devait  être  naturellement  très-court  pour  les  lettres  françaises 
et  pour  celles  des  lettres  latines  qui  ne  rentrent  pas  dans  la 
Correspondance  des  Réformateurs  proprement  dite.  Pour  les 
autres  nous  avons  adopté  des  résumés  qui  donnent  une  idée 
aussi  complète  que  possible  des  sujets  traités  dans  chaque 
lettre. 

Parmi  les  cent-quatre-vingt-douze  Numéros  que  renferme 
ce  volume,  il  en  est  cinquante-trois  qui  reproduisent  des  pièces 


XII  AVERTISSEMENT. 

inédites.  Quelques  lettres  que  nous  ne  faisons  pas  rentrer  dans 
cette  catégorie  n'étaient  cependant  connues  rpie  par  des  ci- 
tations partielles.  Plusieurs  autres  sont  poui-  la  première  fois 
traduites  de  l'allemand  en  français.  Les  Thèses  de  Farel  n'a- 
vaient pas  été  réimprimées  in-exlenso  d'après  le  texte  pri- 
mitif. Si  l'on  veut  bien  se  rappeler  que  les  origines  de  la  Ré- 
formation ont  été  précédemment  l'objet  d'un  grand  nombre 
de  publications,  on  trouvera  peut-être  que  la  proi)ortion  des 
pièces  inédites  contenues  dans  ce  volume  n'est  pas  tro))  infé- 
rieure à  ce  qu'on  pouvait  raisonnablement  espérer. 

Jamais  d'ailleurs  un  ouvrage  du  genre  de  celui  ipie  nous 
offrons  au  public  n'avait  été  entrepris.  Sa  composition  a 
nécessité  de  longues  et  pénibles  recherches,  qui,  sur  bien 
des  points,  n'ont  pas  abouti.  Aussi  nous  ne  nous  dissimu- 
lons point  les  imperfections  et  les  lacunes  de  notre  travail. 
Elles  seraient  bien  plus  nombi-euses,  si  nous  n'avions  pas 
eu  le  privilège  de  [jouvoir  recourir  tres-lVéquemmenl  aux 
lumières  et  à  l'érudition  de  M.  le  professeur  Albert  Killiet. 
Après  avoir  été  le  promoteur  le  i)lus  actif  de  cette  publica- 
tion, il  a  suivi  le  progrès  de  nos  travaux  avec  la  sollicitude 
la  plus  bienveillante.  Ses  excellents  conseils  nous  ont  mis  en 
mesure  de  rectifier  bien  des  erreurs  et  de  présenter  nos  asser- 
tions avec  plus  de  sécurité.  C'est  à  son  obligeance  que  nous 
devons  en  outre  toutes  les  traductions  de  pièces  latines  ou 
allemandes  (|ui  ont  pris  place  dans  ce  recueil.  Notre  ami  M.  le 
professeui"  Adert,  M.  le  jMofesseur  Samuel  Ghappuis,  notre 
lidiion''  maître,  et  M.  C.  Du  Mont  th'  Lausanne,  nous  ont  gé- 
néreusemeFit  communiiiue  une  foule  de  livres  rares  et  pré- 


AVERTISSEMENT.  XIII 

cieux.  Nos  explorations  ont  ôté  aussi  facilitées  par  l'extrême 
bienveillance  avec  laquelle  on  nous  a  accueilli  dans  toutes  les 
archives  publiques  et  privées,  et  dans  toutes  les  bibliothè- 
ques. Qu'il  nous  soit  permis  d'olTrir  ici  nos  remerciements 
particuliers  aux  personnes  qui,  placées  à  la  tête  des  grands 
dépôts  historiques  et  littéraires  de  la  Suisse,  ont  bien  voulu 
nous  consacrer  une  partie  de  leur  temps  ou  nous  fournir  des 
informations  utiles  pour  la  réunion  des  matériaux  de  notre 
ouvrage. 

A  l'étranger  nous  avons  rencontré  le  plus  obligeant  ac- 
cueil dans  les  établissements  où  nous  avons  travaillé.  A  Paris, 
notre  ami  M.  Henri  Bordier  nous  a  procuré  avec  une  iné- 
puisable complaisance  une  foule  de  renseignements  pré- 
cieux, et  nous  n'avons  eu  qu'à  nous  louer  de  la  parfaite 
courtoisie  de  MM.  les  conservateurs  des  manuscrits  à  la  Biblio- 
thèque Impériale  et  à  la  bibliothèque  Ste.-Geneviève. 

L'impression  de  ce  volume  était  presque  achevée,  lorsque 
M.  .lames  de  Meuron  de  Neuchâtel  a  bien  voulu  nous  commu- 
niquer la  biographie  manuscrite  de  Farel  par  Choupard,  dont 
il  est  propriétaire.  L'examen  de  ce  manuscrit  nous  a  permis 
de  constater  qu'il  ne  renfermait  aucune  pièce  que  nous 
n'eussions  déjà  reproduite. 

Si  nous  ne  pouvons  mentionner  toutes  les  personnes  aux- 
quelles nous  avons  eu  des  obligations,nous  ne  saurions  taire 
le  nom  de  l'excellent  ami  qui  nous  a  aidé  longtemps  dans 
nos  recherches.  Pendant  près  de  deux  ans,  notre  jeune 
frère  Edmond-Henri  Herminjard  a  travaillé  pour  nous  en 
France,  en  Allemagne  et  en  Suisse,  avec  une  ardeur  de  dévoue- 


XIV  AVEKTISSEMEM. 

menl  quu  nous  avons  dû  modérer  plus  d'une  fois.  Avec  quelle 
sympathie  il  s'associait  à  nos  efforts!  Les  obstacles  n'existaient 
pas  pour  lui,  quand  il  s'agissait  de  nous  procurer  quelque 
renseignement  souhaité.  Hélas!  à  Theure  même  où  nous  nous 
mettions  en  route  pour  lui  apporter  la  première  feuille  de 
cet  ouvrage^  qui  hii  appartenait  de  moitit*.  il  venait  de  lendre 
le  dernier  soupir  !  Le  lecteur  nous  pardonnera  sans  doute  ce 
qu'il  peut  y  avoir  de  trop  personnel  dans  ce  public  hommage 
rendu  à  la  mémoire  d'un  frère  bien-aimé. 

Genève,  décembre  1865. 


CORRESPONDANCE 


DES 


RÉFORMATEURS 


PREMIÈRE  PÉRIODE 

Depuis  la  publicalioD  du  couiuieiilaire  de  Le  Fèvre  d'Élaples  sur  les  Epîlres 
de  St.  Paul  jusqu'à  celle  de  son  couinientaire  sur  les  IV  Evangiles. 

1512  —  1522 


1 


JACQUES  LE  FÈYRE  d'étaples  à  Guillaume  Briçonnet. 
De  Paris  ;  le  15  décembre  1512. 

Dédicace  du  Commentaire  sur  les  Épttres  de  St.  Paul. 
Paris,  1512,  in-folio. 

(teaduite  du  latin.) 

Sommaire.  Dans  Tordre  de  la  nature,  comme  dans  celui  de  la  grâce,  tout  vient  de 
Dieu,  et  les  instruments  qu'il  emploie  ne  sont  rien.  C'est  avec  cette  conviction  qu'on 
doit  lire  le  texte  des  épîtres  de  St.  Paul  et  le  commentaire  qui  les  accompagne. 

A  révérend  Père  et  Seigneur  en  Christ,  Monseigneur  Guillaume 
Briçonnet  S  évêque  de  Lodève,  Jacques  Le  Fèvre  d'Étaples*  sou- 
haite le  salut  éternel  en  Glirist  Dieu  ! 

Vous  n'ignorez  pas,  très-sage  père,  vous  qui  prenez  un  singulier 
plaisir  aux  œuvres  de  la  Providence,  que,  lorsqu'un  laboureur 

•  Guillaume  Briçonnet,  comte  de  Montbrim,  né  en  1470,  était  issu  d'une 
famille  très-influente  dans  l'État  et  dans  l'Église.  Son  père,  surintendant 
des  finances  et  premier  ministre  sous  Charles  VIII,  était  entré  dans  l'É- 
glise, après  la  mort  de  sa  femme,  et  il  avait  été  élu  successivement  évêque 
de  St-Malo,  archevêque  de  Reims  et  cardinal.  Ce  fut  lui  qui  convoqua  le 
concile  de  Pise  (1511).  Guillaume  Briçonnet  se  fit  remarquer  de  bonne 
heure  par  son  amour  pour  l'étude  et  par  sa  bienveillance  pour  les  gens 
de  lettres.  D'abord  archidiacre  de  Reims  et  d'Avignon,  puis  évêque  de 
Lodève  dès  1504,  il  fut  envoyé  à  Rome  en  1507  pour  une  mission  tem- 
poraire, et  prit  possession,  la  même  année,  de  la  riche  abbaye  de  St-Ger- 
raain-des-Prés  à  Paris,  que  son  père,  élu  archevêque  de  Narhonne,  venait 
de  résigner  en  sa  faveur.  (Voyez  Guy  Bretonneau.  Hist.  généalogique  de  la 
maison  des  liriçonnets.  Paris,  1620,  in-4'*.) 

*  Jacques  Fabri  ou  Le  Fevre  cVÉtaples  (en  latin  Faher  Stapulensis)  na- 
quit vers  l'an  1455  à  Étaples,  petite  ville  de  Picai'die,  d'une  famille  obscure 
mais  dans  l'aisance ,  et  il  fit  ses  études  à  l'université  de  Paris.  Il  en  sortit 


4  J.  LE  FÈVRE  d'ÉTAPLES  A  C.   BRIÇONNET.  1512 

cultive  un  champ,  en  y  employant  toutes  ses  forces,  la  moindre 
plante  qui  lève,  le  fruit  (jifelle  porte,  sont  un  don  de  Dieu.  Aussi 
bien  n'est-il  aucun  fidèle  qui  puisse  nier  cela  ou  le  mettre  en  doute. 
Si  donc  la  terre,  que  les  bestiaux  foulent  aux  pieds,  est  fécondée 
par  la  faveur  divine,  à  combien  plus  forte  raison,  le  sol  raisonna- 
ble des  âmes  humaines,  qui  est  foulé  par  les  pas  divins  et  qui  en 
conserve  les  traces! 

Mais  la  terre  qui  n'est  pas  cultivée  et  qui  ne  reçoit  pas  la  pluie 
du  ciel,  ne  produit  rien  d'approprié  à  l'usage  de  l'homme  :  ce  sont 
des  épines,  des  ronces,  des  chardons,  ou  des  herbes  inutiles.  C'est 
à  peu  près  de  la  même  manière,  que  les  intelligences  humaines 
qui  n'ont  pas  reçu  le  rayon  divin,  ne  peuvent  rien  produire  qui  ne 
soit  plus  nuisible  que  profitable,  et  sont  incapables  de  fournir  aux 
âmes  une  nourriture  vivifiante.  En  elTet,  les  œuvres  des  intelli- 
gences privées  de  la  grâce  d'en-haut,  ne  valent  guère  mieux  que 
les  ronces  et  les  chardons.  Et  c'est  de  (pioi  sont  presque  entière- 

avec  le  grade  de  maître  es  arts  et  devint  prêtre  dans  la  suite.  Un  séjour  en 
Italie  compléta  ses  connaissances  en  l'initiant  à  la  véritable  philosophie 
d'Aristote,  que  des  savants  grecs,  fugitifs  de  Byzance,  et  quelques  Italiens, 
leurs  disciples,  expliquaient  alors  avec  beaucoup  do  succès.  A  son  retour 
en  France,  il  se  voua  à  renseignement  des  mathématiques  et  de  la  philoso- 
phie, tout  en  s'occupant  très-activement  de  publier  et  de  commenter  les 
œuvres  d'Aristote,  qui  jusqu'alors  n'avaient  été  étudiées  que  dans  un  texte 
mutilé  et  corrompu.  Il  fit  aussi  imprimer,  de  1498  à  1520,  dos  écrits  d'an- 
ciens mathématiciens,  quelques  ouvrages  des  Pères  et  des  productions  mys- 
tiques du  moyen  âge. 

Tous  ces  travaux  lui  valurent  une  grande  renommée  et  d'illustres  pro- 
tecteurs. Il  fut  célébré  à  l'envi  par  les  humanistes  comme  le  restaurateur 
de  la  phiiosopliie,  le  promoteur  de  la  renaissance  des  lettres  et  des  sciences 
au  sein  de  l'Université.  N'eiit-il  été  que  cela,  il  aurait  déjà  bien  mérité  de 
la  Réforme.  Mais  il  eut  le  privilège  de  la  préparer  plus  directement  encore 
par  ses  travaux  stu-  l'Écriture  sainte.  <  Pendant  longtemps,  dit-il  dans  la  pré- 
face de  son  commentaire  sur  les  Psaumes  (Psalierium  cpuncuplex),  je  me  suis 
att^ichô  aux  études  humaines  et  j'ai  à  peine  goûté  du  bord  des  lèvres  les 
études  divines....  Mais  déjà  dans  le  lointain  une  lumière  si  brillante  a  frappé 
mes  regards,  que  les  doctrines  humaines  m'ont  semblé  des  ténèbres  en 
comparaison  des  études  divines,  tandis  que  celles-ci  m'ont  paru  exhaler  un 
parfum  dont  rien  sur  la  terre  n'égale  la  douceur.  »  11  acheva  cet  ouvrage 
en  150!),  dans  ral)ljayc  de  St-Germaiu-des-Prés  où  son  ancien  élève,  Guil- 
laume Brirounet,  lui  avait  offiTt  un  usilc,  et,  bientôt  après,  il  fit  un  voyage 
sur  les  bords  du  Rhin,  dans  le  but  de  se  procurer  des  secours  pour  la 
composition  de  son  commentaire  sur  les  Épitrcs  de  St.  Paul. 

Si  la  préface  <lu  Psautier  nous  révèle  une  phase  nouvelle  dans  la  vie  de 
Le  Fèvre,  son  Commentaire  sur  St.  Paul  marque  une  date  importante  dans 
l'histoire  de  la  Réformation.  L'obligation  de  s'en  tenir  uniquement  à  l'Écri- 


I 


1512  J.  LE    FRVRE   d'ÉTAPLES   A   G.  BRIÇONNRT.  S 

ment  remplis  les  ouvrages  de  ceux  qui  onl  Irailé  lanl  des  choses 
humaines  que  des  choses  divines.  J'en  excepte  ceux  qui  ont  entre- 
pris d'écrire  non  d'eux-mêmes,  mais  sous  l'inlluence  d'un  mouve- 
ment divin  ;  car  ce  mouvement  les  entraîne  vers  ce  qu'il  y  a  de 
lumineux  et  de  sublime.  D'elles-mêmes  les  intelligences  humaines 
sont  stériles,  et,  si  elles  s'imaginent  pouvoir  quelque  chose,  c'est 
de  leur  part  présomption  pure;  ce  qu'elles  enfantent  est  infécond, 
lourd,  obscur,  et  renferme  plutôt  un  poison  qu'un  aliment  salu- 
taire et  conforme  aux  besoins  de  l'àrae. 

Ainsi  donc,  puisque  nous  voyons  dans  les  fruits  de  la  terre  ma- 
térielle, appropriés  aux  besoins  du  corps,  la  marque  évidente 
d'un  don  céleste,  à  combien  plus  forte  raison  jugerons-nous  ainsi, 
lorsque  Tinlelligence  humaine  produit  des  fruits  utiles  à  la  vie  et 
au  salut  !  Par  conséquent,  lorsque  nous  sommes  témoins  de  tels 
etTets,  ce  n'est  pas  à  l'intelligence  humaine,  ce  n'est  pas  à  l'artiste 
humain  (quel  que  soit  celui  que  Dieu  a  choisi  pour  son  instru- 
ment), que  nous  devons  regarder,  mais  c'est  au  don  céleste  et  au 
divin  donateur. 

C'est  pourquoi,  père  très-clément,  je  vous  prie  instamment  ainsi 
que  tous  ceux  qui,  comme  vous,  liront  les  Épîtres  du  divin  orateur 
Paul  contenues  dans  ce  volume,  de  ne  pas  tant  regarder  à  Paul 
lui-même,  qu'à  la  grâce  qui  lui  a  été  donnée  et  à  Celui  de  qui  il 
l'a  reçue.  Et,  quand  on  lit  des  commentaires,  on  doit  d'autant 
moins  regarder  aux  hommes  (]ui  les  ont  composés,  qu'on  y  trouve . 
plus  de  signes  de  vie  spirituelle  et  plus  de  vraie  nourriture  pour 
l'âme  ;  c'est  alors,  au  contraire,  qu'on  devrait  reconnaître  la  vertu 
fertilisante  descendue  d'en-liaut  et  Celui  duquel  elle  procède  véri- 

ture  sainte,  source  et  règle  du  vrai  cliristianisme,  l'insuffisance  des  œuvres 
comme  moyen  de  salut,  y  sont  clairement  annoncées. 

n  ne  serait  pas  légitime  de  prétendre  qu'à  l'origine  Le  Fèvre  n'a  point 
compris  la  portée  de  ces  doctrines  ni  prévu  l'immiuence  d'une  révolution 
religieuse.  C'est  en  effet  vers  l'année  1512  qu'il  disait  déjà  à  Guillaume 
Farel,  son  élève  :  «  Mon  fils,  Dieu  renouvellera  le  monde  et  tu  en  seras  le 
témoin.  »  Parole  prophétique,  à  laquelle  le  passage  suivant,  tiré  de  son 
ouvrage  sur  St.  Paul,  peut  servir  de  commentaire  :  «  L'Église  suit  malheu- 
reusement l'exemple  de  ceux  qui  la  gouvernent,  et  elle  est  bien  loin  do  ce 
qu'elle  devrait  être.  Cependant  les  signes  du  temps  annoncent  quUin  reywu- 
vellement  est  prochain,  et,  pendant  que  Dieu  ouvre  de  nouvelles  voies  à  la 
prédication  de  l'Évangile  par  les  découvertes  et  les  conquêtes  des  Portu- 
gais et  des  Espagnols  dans  toutes  les  parties  du  monde,  il  faut  espérer  qu'il 
visitera  aussi  son  Église  et  qu'il  la  relèvera  de  l'abaissement  dans  lequel 
elle  est  tombée.»  (Voyez  C.-H.  Graf.  Essai  sur  la  vie  et  les  écrits  de  J.  Le- 
fèvre  d'ÉtapIes.  Strasbourg,  1842,  in-8".) 


G  J.  LE  FKVRE  d'ÉTAPLES  A  G.  BRIÇONNKT.  IfilS 

tablemenl,  et  s'cirurcer  soi-même,  après  Pavoir  reconnu,  de  Le 
suivre  avec  toute  la  pureté  de  cœur  et  toute  la  piété  dont  on  est 
capable,  puisque  c'est  l'unique  moyen  de  s'approcher  de  Celui  qui 
opère  tout  en  tous.  Mais  si  Ton  ne  retire  de  celte  lecture  aucune 
nourriture  vivifiante  pour  l'Ame,  le  cliamp  de  Tintelligence  hu- 
maine qui  a  porté  ce  fruit,  n'a  pas  reçu  la  rosée  de  l'esprit  saint, 
il  n'a  pas  été  humecté  par  la  pluie  de  l'esprit  saint,  mais  il  a  pro- 
duit de  lui-même  une  herbe  inutile,  selon  la  divine  parole  (pii  dit: 
f  La  terre  sera  maudite  pour  ton  travail;  elle  ne  le  donnera  que 
des  épines  et  des  chardons.  » 

En  conséquence,  ce  que  nous  faisons  par  suite  de  notre  nou- 
velle naissance  n'est  point  notre  œmTe,  mais  celle  de  la  bénédiction 
divine.  Nous  devons  donc  reconnaître  la  bénédiction  divine  comme 
en  étant  l'auteur,  tandis  que  dans  l'œuvre  sortie  (hi-eclement  de 
nous,  nous  devons  voir  quelque  chose  de  maudit,  qu'il  nous  faut 
fuir  avec  le  même  zèle  que  nous  devons  mettre  à  rechercher  la 
bénédiction.  El,  tout  en  recherchant  celle-ci,  ce  n'est  pourtant 
pas  l'auteur  humain  (prenons-y  garde),  que  nous  devons  consi- 
dérer, car  il  faut  bien  se  souvenir  de  cette  parole  :  «  Celui  qui 
plante  n'est  rien,  non  plus  que  celui  qui  arrose,  mais  c'est  Dieu 
qui  donne  l'accroissement.  » 

Il  faudra  moins  estimer  encoi'e  ceux  qui  s'exercent  sur  ce  qui 
a  déjà  été  planté,  arrosé  et  qui  a  déjà  reçu  l'accroissement  donné 
de  Dieu,  quoifpi'une  gramie  grâce  puisse  cependant  résider  en 
eux  et  autour  d'eux  tous.  Ceux  qui  regardent  à  cette  grâce,  se 
préparent  à  en  profiter.  Que  veut-Il,  en  eflet.  Celui  qui  répand  les 
grâces,  sinon  verser  la  grâce  dans  les  âmes  bien  préparées,  comme 
la  clarté  de  la  lumière  dans  les  yeux  fornu!'s  pour  la  i-ecevoir  ? 

Ceux  qui  comprendront  que  ces  Épitres  sont  un  don  de  Dieu, 
feront  de  réels  prof/rès:  mais  ceux  qui  s'arrêteront  à  l'artiste  hu- 
main, je  dis  à  Paul  lui-même,  tout  élevé  qu'il  est  maintenant  au- 
dessus  du  monde,  comme  si  ces  Éiiîlres  étaient  son  œuvre  et  non 
celle  d'une  puissance  supérieure  agissant  on  lui,  ceux-là,  entre- 
prenant cette  lecture  avec  leur  propre  sens,  en  retireront  peu  de 
fruit  ;  mais  étant  pleins  de  sentiments  charnels  et  jugeant  de  travers 
la  plupart  des  choses,  ils  se  perdront  dans  de  pures  rêveries  et  de- 
viendront malades  dVsprjl.  S'il  est  donné  à  (|Uf'lipruii  de  com- 
prendre qu'il  en  est  vraiment  ainsi,  ce  n'est  pas  peu  de  chose.  Que 
Christ,  le  dispensateur  des  dons  divins,  qui  accorde  à  tous  la  grâce, 
qui  la  conserve  quand  il  l'a  donnée  et  l'accroît  ([iiand  il  la  con- 
serve, fasse  que  nul  ne  juge  selon  son  propre  sens  et  ne  présume 
de  lui-même  dans  ses  jugements  I 


1512  J.   I,E  FÈVRE    d'ÉTAPLES  A  G.  BRIÇONNET.  7 

Car  Paul  n'est  qiùm  instrument.  «  Vous  cherchez  en  moi,  dit-il 
lui-même,  la  preuve  que  Christ  parle  en  moi.  »  Cest  ici  en  elTet 
que  se  trouve  la  doctrine  de  Christ  et  non  celle  d'aucun  autre,  n 
s'ensuit  donc  (]ue  ceux  qui  rétudieront,  puiseront  avec  joie  de 
reau  à  la  source  du  Sauveur,  comme  dit  l'oracle  divin  (Év.  St.  Jean, 
vn).  C'est  là  cette  partie  de  la  doctrine  dont  il  est  dit  dans  Osée  : 
«  J'ai  mieux  aimé  la  science  de  Dieu  que  les  holocaustes.  »  Or,  si 
Paul  est  simplement  l'instrument  de  cette  divine  sagesse,  que  peu- 
vent être  tous  ceux  qui  l'ont  suivi,  si  toutefois  ils  sont  quelque 
chose,  sinon  des  instruments  subalternes  sans  force  ni  vertu,  ou 
pour  mieux  dire,  moins  encore  qu'un  instrument  quelconque?  Tou- 
tefois c'est  encore  une  grande  chose,  dans  ces  condilions-là,  d'être 
un  instrument  suballerne.  et  moins  qu'un  instrument  subalterne, 
puisque  Ton  surpasse  encore  de  beaucoup  les  forces  humaines. 

Ceux  donc  qui  entreprendront  cette  lecture  dans  des  sentiments 
pieux,  ce  n'est  pas  Paul,  ni  aucun  autre,  mais  Christ  et  son  très- 
excellent  esprit  qui  leur  feront  faire  des  progrès  dans  la  piété.  Mais 
ceux  qui  l'entreprendront  avec  des  sentiments  de  présomption  et 
d'orgueil,  ce  n'est  pas  Paul  non  plus,  ni  aucun  autre  qui  les  re- 
poussera, mais  Celui-là  même  qui  «  résiste  aux  orgueilleux  et  qui 
fait  grâce  aux  humbles.  »  Douce  est  la  manne  qui  se  forme  vérita- 
blement de  la  rosée  du  ciel,  doux  est  le  miel  recueilli  sur  les  fleurs 
(pi'elle  a  humectées;  mais  plus  doux  encore  est  fe  don  de  Dieu 
pour  ceux  auxquels  Lui-même  accorde  de  le  goûter.  Mais  ce  qui 
précède  suffit  pour  mettre  les  lecteurs  pieux  sur  la  bonne  voie. 

(Suivent  des  détails  relatifs  à  la  disposition  tj'pographique  du  texte  et 
du  commentaire  des  Épitres  de  St.  Paul.) 

Qu'on  approuve  ou  qu'on  critique  ce  que  nous  avons  fait,  peu 
importe  :  car  un  esclave,  à  plus  forte  raison  un  esclave  subalterne, 
ou,  pour  mieux  dire,  celui  qui  est  moins  qu'un  esclave  subalterne, 
ne  s'inquiète  point  des  éloges  ou  du  blâme  d'autrui,  pourvu  que 
son  travail  soit  agréable  au  seul  maître  de  tous  et  à  son  souverain 
maître  à  lui.  Que  Christ  notre  maître,  et  plus  encore  que  notre 
maître  et  souverain  maître,  daigne  donc  agréer  notre  œuvi'e  ! 

Il  est  peut-être  quelques  personnes  qui  s'étonneront  de  ce  que 
nous  avons  osé  ajouter  à  la  version  de  Jérôme  le  sens  du  texte 
grec  ;  elles  regarderont  cela  comme  une  innovation  excessive,  et 
elles  nous  accuseront,  elles  nous  condamneront  même  pour  notre 
témérité  et  notre  audace.  Nous  ne  saurions  leur  en  vouloir,  car 


8  J.  LE   FÈVRE  D'ÉTAPLES   A  G.  BRFÇONNET.  1512 

elles  auraient  raison,  si  la  chose  était  telle  qu'elles  se  la  représen- 
tent et  qu'on  l'a  déjà  représentée  à  bon  nombre  de  gens.  Mais  elles 
nous  excuseront  sans  doute,  quand  elles  reconnaîtront  que  nous 
n'avons  rien  osé  changer  à  la  version  de  St.  Jérôme,  mais  bien  à 
l'édition  vulgaire  qui  existait  longtemps  avant  Jérôme,  ce  bien- 
heureux luminaire  de  l'Église,  et  que  lui-même  blâme,  critique 
et  reprend,  en  l'appelant  l'ancienne  et  vulgaire  édition. 

Très-saint  Évêque.  en  retour  des  innombrables  bienfaits  dont 
vous  m'avez  depuis  longtemps  comblé  et  dont  vous  me  comblez 
encore  tous  les  jours,  en  retour  de  l'assistance  particulière  que 
vous  m'accordez  pour  mes  études,  je  ne  puis  vous  offrir  autre 
chose,  vous  rendre  aucun  autre  service,  que  de  vous  proclamer 
en  tous  lieux  mon  unique  bienfaiteur.  Daignez  néanmoins  agréer 
ces  prémices  de  mon  travail  sur  le  bienheureux  Paul,  qui  ont  reçu 
la  bénédiction  divine,  et  que  j'offre  d'abord  à  Dieu,  puis  à  vous, 
son  ministre  sacré,  à  vous  son  vicaire,  non  comme  un  don  qui 
vienne  de  moi,  mais  comme  une  offrande  faite  à  Dieu.  Accordez  à 
Paul  l'hospilalité.  accueillez  le  héraut  de  Christ,  l'ambassadeur  de 
Christ  qui  porte  la  vie  à  tous  les  peuples,  l'orateur  surhumain. 
Celui  dont  vous  déploriez  naguère  la  trop  longue  absence,  recevez-le 
maintenant  qu'il  se  présente  à  vous.  Si  vous  lui  donnez  une  place 
dans  le  trésor  sacré  de  voire  cœur,  si  vous  l'y  conservez,  si  vous 
le  méditez,  le  digérez,  il  vous  conduira  certainement  sur  le  sentier 
de  la  vraie  félicité,  dont  vous  pourrez  enfin  jouir  avec  une  allé- 
gresse spirituelle  sans  limites.  Puisse-t-elle  vous  être  accordée  par  la 
grâce  de  C/z/'/sMe  Seigneur  du  ciel  et  de  la  terre.  7?//  seule  procure 
le  vrai  bonheur!  C'est  ce  que  les  pieuses  études  comprises  dans  ce 
volume  pourront  vous  aider  à  mieux  comprendre,  si  tant  e.st  que 
vous  ayez  besoin  d'assistance  à  cet  égard,  et  que  vous  ne  .soyez 
pas  au  contraire  suffisanmient  et  richement  pourvu,  par  les  grâces 
nombreuses  que  Dieu  vous  accorde,  de  tout  ce  qui  vous  est  néces- 
saire. Souvenez-vous  donc  toujours  d'élre  ce  que  vous  êtes,  je  veux 
dire  un  astre  sans  pareil  dans  le  ciel  du  clergé,  vous  que  Dieu  a 
revêtu  de  dons  surnaturels  aussi  rares  qu'infinis.  Salut,  l'honneur 
des  Évoques  I 

(A  la  fin  (le  l'ouvritge,  au  folio  2fi2,  on  lit  l'inscription  suivante  :) 

Cet  ouvrage  illuminé  par  Chrisl.qui  brille  partout,  ipioicpron  ne 
Taperçoive  pas,  a  été  terminé  dans  le  couvent  de  Si-Germain 
près  de  Paris,  l'an  de  Christ,  vie  de  fauteur,  mil  cinij  cent  douze, 
et,  la  même  année,  aux  environs  de  l'annivensairo  du  jour  où  le 


1513  J.  REUCHMN  A   LP:  FÈVRE  d'ÉTAPLES.  9 

Seigneur  est   né  de  la  Irès-Sainle  Vierge,  il  est  sorti  des  presses 
d'Henri  Estienne. 

XV  Décembre  1512'. 


JEAN  REUCHLIN  de  Pforzlieim  à  Le  Fèvre  d'Étaples. 
De  Stuttgart,  31  août  1513. 

BiilH'iis.  Hisl.  Universitalis  Parisiensis.  Paris.  1673.  in-folio. 

T.  VI,  p.  61. 

Sommaire.  Assuré  par  vos  livres  de  l'amitié  dont  vous  m'honorez,  je  voudrais  consa- 
crer ma  première  lettre  à  des  nouvelles  agréables  plutôt  qu'au  récit  de  mes  cha- 
grins, mais  les  circonstances  en  ont  décidé  autrement.  Bien  que  je  me  sois  toujours 
étudié  à  ne  blesser  personne,  je  suis  aux  prises,  depuis  deux  ans,  avec  d'implacables 
ennemis,  les  théologiens  de  Cologne.  Mon  tour  est  venu  d'être  déchiré  par  eux. 
Serait-ce  pour  avoir,  le  premier,  enseigné  l'hébreu  et  le  grec  en  Allemagne,  comme 
vous  avez  été  le  premier  à  remettre  en  lumière  la  philosophie  d'Aristote?  Ma  re- 
nommée offusquait  l'orgueil  de  ces  Barbares,  qui  craignent  que  la  jeune  génération 
ne  méprise  bientôt  leur  science  vieillie.  Aussi  n'ont-ils  pas  reculé  devant  le  chef- 
d'œuvre  de  calomnie  que  vous  fera  connaître  ma  Défense. 

Vous  vous  étonnerez  peut-être  qu'un  philosophe  ait  pu  prendre  des  injures  telle- 
ment au  sérieux  et  les  réfuter  avec  une  pareille  vivacité.  On  peut  subir  la  mort, 
jamais  le  déshonneur.  Ma  Défense  devait  être  virile,  simple,  modérée,  mais  irrépro- 
chable dans  ses  arguments.  A  l'exemple  de  mes  adversaires,  j'ai  recouru  à  la  pu- 
blicité, non  pour  me  venger,  mais  pour  me  défendre. 

Je  vous  écris  ces  choses  dans  le  but  d'adoucir  mes  chagrins.  Si  mes  adversaires 

'  Voici  la  description  du  titre  de  cette  V^  édition  :  «  CONTENTA.  »  Au- 
dessous,  la  colombe  sacrée  dominant  le  mot  CHRISTVS  enfermé  dans 
un  cercle.  Plus  bas,  deux  autres  cercles  plus  grands.  Dans  celui  de 
gauche  on  lit  :  «  Vivo  ego,  jam  non  ego  :  vivit  vero  in  me  CHRISTVS. 
quod  autem  nunc  vivo  in  carne  :  in  fido  vivo  filii  dei.  »  Dans  celui  de  droite: 
«  Domini  nostri  IHESV  CHRISTI  longanimitatom  :  salutem  ai'bitramini.  Si- 
cut  et  dilectus  frater  noster  Paulus  :  secundum  datam  sibi  gratiam  scripsit 
vobis.  »  Au-dessous,  dans  un  encadrement  en  carré  long  :  <  Epistola  ad 
Rhomanos.  Epistola  prima  ad  Corinthios....  etc.  ad  bas  14  :  adjecta  iutelli- 
gentia  ex  Grseco.  Epistola  ad  Laodicenses.  Epistolse  ad  Senccam  sex.  Com- 
mentariorum  libri  quatuordecim.  Linus  de  passione  Pétri  et  Paidi.  d  A  droite 
et  à  gauche  de  l'encadrement,  St  Paul  tenant  un  glaive,  St  Pierre  une  clef, 
sont  debout,  les  yeux  levés  vers  la  colombe,  entourée  de  rayons  qui  descen- 
dent sur  la  tête  des  deux  Apôtres.  Le  nom  de  Le  Fè\Te  ne  paraît  qu'au 
verso  du  titre,  en  tête  de  la  dédicace  à  Briçonnet. 


10  J.  REUCHLIN  A  LE  FËVRE  d'ÉTAPLES.  1513 

s'adressent  aui  éminents  théologiens  de  Paris,  pour  m'accnser  d'arrogance,  de  lé- 
gèreté ou  d'erreur,  veuillez  leur  présenter  ma  Défense.  J'espère  que,  grâce  à  votre 
empressement,  ils  ne  me  refuseront  pas  une  consolation  fraternelle,  à  moi  qui  suis 
un  ancien  élève  de  l'Université  de  Paris. 

.loannes  Reuclilinns  Pliorcensis  •  LL.  Doctor  Jacobo  Fabro  Sta- 
piilensi  apud  Parisios  S.  P.  D. 

Ciini  fie  lihris  luis,  Faherrime  Fabri,  in  omni  orbis  lerranim  spatio 
rarliaiitibiis  supra  iiioihim,  perspectiis  inibi  sil  veriis  ille  anior  erga 
me  liius  baiid  viilgaris,  neqiie  popularis,  ut  i[ui  ab  animo  constante 
acnobiliPbibjsopbicoqueproIkisca'iur*.  iiialleuicerléjucunfUoribus 


'  Jean  Reuchlin  (auquel  était  aussi  donné  le  nom  de  Capnion  et  i)lus  rare- 
ment celui  de  FumuJus),  philologue,  jurisconsulte  et  diplomate,  né  en  1455 
à  Pforzheim  dans  le  margraviat  de  Bade ,  avait  mérité  par  ses  excellents 
travaux  scientifiques  et  par  l'impulsion  qu'il  sut  donner  aux  bonnes  études, 
d'être  appelé  Vœil  de  V AUemagne.  H  était  aussi  fort  considéré  en  Franche  et 
eu  Italie.  A  la  suite  de  plusieurs  voyages  et  d'ambassades  importantes  que 
lui  avait  confiées  le  duc  de  Wurtemberg,  il  s'était  fixé  eu  1502  à  Stuttgart, 
comme  membre  du  tribunal  suprême  de  la  Ligue  de  Souabe.  L'empereur 
Maximilien  I*'  lui  avait  donné  les  marques  d'estime  les  plus  flatteuses.  Tous 
les  savants  de  l'Allemagne  le  regardaient  comme  leur  père  et  leur  protecteur. 
Eu  revanche,  les  ennemis  des  lumières  n'attendaient  qu'une  occasion  pour 
se  déchaîner  contre  lui.  Elle  se  présenta  en  1510,  et  donna  lieu  à  une 
longue  querelle  théologique  dont  nous  rappellerons  dans  une  note  suivante 
l'origine  et  les  incidents  principaux. 

'  Une  lettre  de  Beatits  Rhenanm,  dont  nous  citerons  quelques  fragments, 
explique  l'allusiou  que  fait  ici  Reuchlin  aux  livres  de  Le  Fèvre.  Cette  lettre 
est  datée  de  Schelestadt,  le  10  novembre  1509. 

<  Beatus  Rhenanus  Selistatinus  Joanni  Capnioni  Phorcensi  S.  P.  D. 

«  Jacobus  Faher  Stapuîensis,  vir  ex  omni  œvo  incomparabilis  omniumque 
disciplinarum  uberrimus  fons,  qui  philosophiam  nimio  situ  squalcutem  et 
suo  viduatam  splcndore  ita  illustravit,  ut  Hcrmolao  Barbara  et  Argyro- 
poulo  Byzantio,  prceceptoribiis  (quod  quodam  loco  adnotasti)  olim  Uiis*. 
longé  plus  nitoris  attulerit, .... — is,  inquam,  ccleberrimus  \'ir,  cum  ego  apud 
Parisios  philosophifp  studiorum  assccla  degerem,  mihi  opidô  familiaris  fuit; 
qun  factum  est,  ut  et  in  Germaniam  reverso  mihi,  de  robus  suis  nonnunquam 
scripserit....  Is  de  te  iUi  lionorificam  montionem  facit,  ut  libcat  c.jus  hic 
verba  recensere,  quum  de  supersancto  régis  nostri  et  Servatoris  nomine  lo- 
quitur,  inquientis  :  <  lllud  idem  scripsit  Mirandula,  et  de  eodem  librum 
«  edidit  elegantissimus  et  sine  controvcrsia  iuter  Suevos  doctissimus  Joan- 

*  M.  Graf  ne  s'est  pas  trompé  en  supposant  (p.  ij  ds  sa  Biographie  de  Le  Fèvre), 
qu'il  y  avait  une  erreur  dans  la  citation  que  fuit  de  ce  passage  Bulaeus  (César  Égasse  du 
Botilay).  F.n  effet  celui-ci  remplace  par  nuis  le  tuis  des  éditions  originales.  Ce  dernier 
texte  ne  prouve  donc  rien  relativement  à  un  voyage  que  Le  Fèvre  aurait  fait  en  Italie, 
avant  l'année  liSG,  pour  y  entendre  les  leçons  à'ArijyropoiUog. 


I^>13  J.  REUCIII.FN    \  t.K   FÈVUK  d'ÉTAPLES.  11 

niinciis  lilteraruiii  commercia  tecum  cœpisse,  qui  sine  tuo  coUo- 
quio  vitani  inilii  sa'pe  putavi  esse  acerbiorem.  Niinc  quia  haec 
onininin  rerum  vicissitudo  est,  saltem  te  meis  molestis  alloquar, 
qui  (liebus  li'an(|iullinribus  nequivi.  Ego  enini  quamvis  è^  'iTraXiv 
v/û;^wv  et  ab  incunabubs  mecum  constituissem  prodesse  omnibus, 
la'dei'e  neuiineni.  et  ita  me  gesserim  ad  bos  usque  senectœ  accessus 
erga  omnes  dodos  et  in  omnem  cœlum  cuiusque  generis  Pbiloso- 
pbantium,  ut  mérita  laude  nulluni  defraudaverim,  nequeloquendo, 
neque  scribendo.  vel  versu  vel  orationesolutà  (necenim  invectivas 
un([uaiu  oonscripsi,  neque  denlatos  lambos  in  alicujus  nominis 
hominem  lusi,  mh\  uiagis  onini  a-tati  et  omnibus  Ordinibus,  quod 
suum  erat  virtulis  pra-mium  detuli),  tamen  boc.jam  biennio  con- 
ira  me  nova  pestis  adest,  cui  nec  virtute  resisti,  nec  sermonuui 
telis  armisque  potest.  «  Pulmonibus  errât  ignis  edax  imis,  »  ut  ait 
Ovidius. 

Ea  contagio  cœpit  in  Agrippina  Colonin.  ubi  est  qua'dam  bomi- 
num  species  inbumanissimorum  :  Tbeologi  vocantur"^.  Neminem 

'(  nés  Capnion,  cujus  paulo  ante  meminimus,  quem  quiclem  libellum  ab  illo 
«  divino .  beneclicto  et  mirando  nomine,  de  Verbo  mirifico  nuncupavit  » 
Hactenus  Faber.  Quin  aliis  in  locis  Reuohliuianorum  respondimentorum 
(sic  enim  nominat)  s.vpe  merninit. 

«  Vides  ioritiir  quanti  te  faciat  Faber,  quantaque  honoris  prsefatione  de  te 
loquatur.  Memini  ego  ex  ejus  me  ore  non  semel  audire  :  «  Doctus  est  rê- 
vera is  qui  se  Fuimûum  appellat.  »  (Ulustrium  virorum  Epistolœ....  ad 
Joannem  Reuchlinum.  (s.  a.)  Thomas  Anselmi  Badensis  typographus. 
In-40.) 

'  Un  Juif  baptisé,  Jean  Pfefferîcorn,  ami  du  grand  inquisiteur  HocJistra- 
ten  et  des  théologiens  de  Cologne,  mais  persécuteur  acharné  de  ses  anciens 
coreligionnaires,  avait  obtenu  de  l'Empereur,  en  1509,  un  édit  qui  ordonnait 
de  briller  tons  les  livres  hébreux  contenant  quelque  chose  de  contraire  à  la 
foi  chrétienne.  Invité  par  Maximilien  à  donner  son  opinion  sur  l'opportu- 
nité de  cet  édit,  l^enchlin  signala  franchement  le  tort  qu'on  faisait  aux  Juifs 
en  les  dépouillant  de  leurs  livres  scientifiques.  «  Lisons-les,  au  lieu  de  les 
détruire,  ajoutait-il;  nous  aurous  ainsi  le  moyen  de  les  réfuter.  »  Cette  con- 
sultation était  datée  du  6  octobre  1510.  Pfefferkorn  qui  s'en  était  procuré 
une  copie,  publia,  en  mars  1511,  un  livre  intitulé  Handspiegel  (Spéculum 
manuale),  où  il  accusait  Reuchlin  de  s'être  vendu  aux  Juifs.  Réplique  de 
Reuchlin  dans  son  Augenspiegel  (Specidum  ocidare),  et  bientôt  après,  im- 
mixtion de  la  Faculté  de  Théologie  de  Cologne  dans  cette  querelle  privée. 
Elle  fit  parvenir  à  TÀcuchlin  (jan\ier  1512)  une  liste  de  quelques-unes  de 
ses  thèses  «  qui  sentaient  l'hérésie,  »  avec  injonction  de  les  expliquer  ou  de 
se  rétracter  au  plus  tôt.  Le  savant  humaniste  obi'it,  mais,  au  lieu  d'une  ré- 
tractation, ce  fut  une  apologie  qu'il  envoya  aux  théologiens  de  Cologne.  Ils 
chargèrent  alors  un  dominicain,  Arnold  de  Tongres,  de  publier,  avec  une 
réfutation,  les  «  Articles  suspccîs  de  Judaïsme,  extraits  du  livre  de  Eeuch- 


12  j,  KKICHI.IN   \   l.K  FKVRE  d'ÉTAPLES.  1513 

doclum  extra  se  putant,  et  Ecrlesiai  sil»i  videntiir  rolumnae  esse.  Ab 
hùi  cum  luulii  ante  haic  tempora.  tiim  itroximis  annis  lumen  qiiod- 
•laiii  JurLs,  Pftnig  R<in'nm.s*,  ifrnavissiniè  taxatus  est  :  lacessiti  sunt 
deimle  ab  ejus  ordiiiis  quibiisdani  JiirisconsiiUi  (piamplures,  ettum 
oinnes  Poelif.  IhMmiin  ad  me  veiitum  est.  prorsus  innocentem 
bominem.  ut  nomini  meo  et  bona-  faillie  soldes  aspergèrent.  Forte 
inler  alia.  quod  me  vidèrent  bac  a-tale  in  nermaniam  semina 
Hebrairanim  btl«M-ariim.  (|uan<(iiam  graliiifo  quidem  sine  pra'mio 
et  ab>4|ue  spe  liicri.  jerisse,  siciit  lu.  IMiibisopbissime  Faber.  Aris- 
Inti'ba  priinus  omnium  cadenlia  reslaurasli.  Quodque  non  ignora- 
renl  me  ante  onuies,  annis  citra  ([uadraginta,  rursus  Alemminiœ 
Stbolam  praîca  dementa  docuisse.  qu;e  ipse  ego  qnondam  in  ves- 
ira  Cidllia,  ex  discipiiUs  Gri'(jorii  Tiiilurnnlis^  adulescens  Parisiis 
accejHTam,  anm»  Dumini  I'i73.  (pio  in  tempore  iUic  et  Joannem 

lim,  »  Colai-ci  y  était  sijfnalé  comme  un  ennemi  de  la  foi  chrétienne.  Keuch- 
lin  Unç»  à  son  tour  sa  «  Défense  contre  mes  calomniateitrs  de  Cologne,  » 
dat«V  <Ui  1"  mai  ITilS.  Mais  il  s'aperçut  bientôt  qu'en  s'attaquant  à  un 
mer:'  -  '  ■  l'ordre  monastique  le  pins  puissant,  il  avait  amassé  des  char- 
bon '  sur  sa  propro  tête.  Il  sollicita  alors  et  obtint  en  peu  de  temps 
uuo  foub"  d'auxiliaires  dévoués.  Toute  l'Europe  lettrée  se  partagea  en  deux 
camp*  :  cplui  des  Rfurhlini.<iU's  et  celui  des  Ohscurantins . 

Dans  cette  lovép  de  boucliers,  il  ne  s'apissait  pxs  seulement  de  Txeuchlin, 
Buù*  il. »  «i-ioncos  et  des  lettres  que  .ses  ennemis  voulaient  discréditer  dans 
M  I  Kn  roj-ant  une  foule  d'ecclésiastiques  ligués  avec  ces  profes- 

«•uni  et  cen  orinioilleux  moines  qui  avaient  cru  pouvoir  imposer  silence  au 
premier  savant  d*»  r.\lb'm.igne  par  ce  setd  mot  «  rétractez-vous,  >  toute 
1*  K^oénition  •'•clain'e  dut  se  demander:  Pourquoi  le  clergé redoute-t-il  si  fort 
U  »rM»nfo  unie  à  la  religion?  Ser;ut-on  dispensé  de  persuader  et  de  con- 
Tainrrr  *c%  ronlradictr-urs.  quand  on  est  chargé  du  gouvernement  des  âmes? 
L'âutorilr  «le  l'^Igliso  a-t-cllc  une  source  dixine.  ou  n'est-elle  qu'une  prétention 
«Wpoun       '    '  ••  .   tyrannie  fondée  "ur  l'habitude?  Ces  questions  et 

b*«>  d*«  •  I     -  ■^-  "i  pliis  être  supprimées  :  le  monde  se  sentait  mflr 

poor  Im  diM*tii4'r.  Toua  les  savant»  éprouvaient  alors  un  sentiment  qui  u'a- 
»»il  jamaù  et*  aiiwu  rif,  celui  de  leur  solidarité  mutuelle.  «  Si  vhtces,  «as 
■    »it  /x  hWrr  h  Iteuchlin  (Lettre  du  30  aoftt  1514).  De 
'-   ■  ..;.■. n  i<!"-  '-•    •M-nte  des  idées,   une  communauté  d'espé- 

""  '1''  •'"  '  -  forces  au  libre  examen.  Telle  est,  nous 

M-mblrt-i) .  U  ion  de  cette  lutto  théologique  des  Reuchlinistes  et 

le  combat  d'avant-garde,  qui  fai.sait  déjà  pressentir 
■'  ••  ' '    <.'■;"  biographie  Univ.  art.  Heuchlin.    —  Bulfeus,  op. 

CïtT   VI,  p.  .'.2el»qq.) 

•  •  Qui»  urnorat.  hos  p«.s<«  ïIIoh  Magisiros...  qui  Pctnm  Ravcnnatem,  ce- 

^^  '''reai,urbecxegeruntV»(Agripp.T'  0pp.  Pars II,  p.  778.) 

i  ih^rfw.  .l.T-  du  aavant  grec  Chr)solora3 ,  était  venu 


1513  J.  REUCHLIN  A  LE  FÈVRE  d'ÉTAI'LES.  1  ;{ 

Lapidnnum'^  TheologicC  Ductorem  in  Graminalicis  ad  Sorbonani,  et 
(iuillii'buum  7>//7//i'M/// "  Aiiicieiisein  in  vico  S.  Genuvcfa',  «'t  Hu- 
bertniii  Gayuùiiun^  apud  iMaliiurinos  in  Keliioricis  pnnTpiores 
audivi,  cuni  essem  è  familia  Maicliionis  Fridcvki  hinrifiLs  linilni- 
sis,  nunc  Episcopi  Trajectensis,  aupcpoiTr^Tri;.  IJenuuii  posi  aliijuoi 
annos  è  Suevia  rediens  ad  Parisios,  Georyiuni  Iknnomjminit  '■'  Spar- 
tiatem  Grïecè  docentem  assecutus  suni. 

Cuinque  optiniarum  litterarum  sludiosi  noslrales  omncs  conli- 
teanlur  se  Gneca  et  Hebraïca,  me  autore  prima rio,  didicisse,  non 
potuit  adversariorum  Barbarorum  mera  superbia  a*(pu»  animo  ferre 
lanta  mete  famaî  praiconia,  persiepe  formidantiiim  qaôd  ornaliori- 
bus  doflrinis  imbuta  posteritas  puerilia  studia  et  aniles  disciplinas, 
quie  jam  diii  in  nostra  consuetudine  versantur,  contemnal.  (Juare 
adversum  me  liuc  calunmiarum  faciuus  ausi  sunt  nefandum  et 
abominabile,  cujiis  seriem  ex  mea  Defensione'"  intelliges.  qiiam 
tibi  viro  doctissimo,  et  quod  pluris  faciam,  amicissimo.  cum  islis 
prœsentibus  nunc  mitto,  ut  tecum  reputes  quid  inlentalum  iinprobi 
Timones  linquant. 

Mirabere  fortassis  institulum  meum,  quod  tam  acriler  et  serio 
injurias  repulerim,  perinde  atque  ab  officio  Piiilosupbia.'  alienum 
quam  prolilear.  Sed  si  animo  perpendas  quando  sit  Fbilosopbo 
appetenda,  et  quando  fugienda  defensio,  non  fam  laudabis  rectè 
Socra^is  negligentiam  coram  Athe niens ibus,  qMkm  coram  ilIisGym- 
nosopbistis  Apollonii  diligentiam.  Ille  defendi  noluil,  et  ad  accusa- 

*  Jean  Heynlin,  surnommé  zum  Stein  (en  latin  Jo.  à  Lapide),  originaire 
de  Bàle,  reçut  le  grade  de  maître  es  arts  dans  l'université  de  Paris,  et  y 
enseigna  pendant  quelques  années  la  grammaire  et  la  théologie.  Plusieurs 
de  ses  élèves  le  suivirent  à  Bàle,  oîi,  dès  l'année  1474,  il  exerça  concurem- 
ment  la  charge  de  prédicateur  et  celle  de  professeur  de  philosophie.  Ecri- 
vain assez  fécond,  estimé  de  ses  contemporains  comme  un  honmic  pieux, 
savant  et  zélé  protecteur  des  études,  Heynlin  eut  encore  l'buuuiur  d'onra- 
niser,  en  1477,  l'uuiversité  récemment  fondée  de  Tubinguo. 

'  Guillaume  Tardif,  né  vers  1440  au  Puy  en  Vêlai,  professeur  de  rhétori- 
que au  collège  de  Navai-re,  à  Paris. 

«  Boberi  Gaguin,  né  à  Colline  près  d'Arras,  général  de  l'Ordre  île  la 
Ste-Trinité,  commença  à  professer  la  rhétorique  à  Paiis  »'n  14G3.  Kmployé 
sous  trois  souverains  comme  ambassadeur,  il  est  plus  connu  par  son  (om- 
pendium  super  Francorum  gestis  que  par  ses  Harangues  et  ses  poésies  la- 
tines. Il  mourut  en  1501. 

«  George  Hermonijim  est,  dit-on,   le  premier  Grec  de  niissance  qui  ail 

enseigné  eu  î'rauce  la  langue  grecque. 

'*•  Jo.  Reuchlini  Defensio  contra  calumniatores  suos  lolonieuses.  Tu- 

bingse,  1513,  in-4». 


14  i.  «KLCHLI.N  A  LE  FÈVRE  d'ÉTAPLES.  1513 

Uunein  Mclituin  se  inscriltentem  cuntempsil  :  Anytuni  advocalum 
de3i|>f\il;  Lyconem  fausidicuni  deri.sil:  judices  ipsos  ipse  coiidem- 
Davit.  Licloribiis  corpus  pruilxiil.  quod  eiat  iiiuUis  corporibus 
iiiferiu>;  aiiiiiiam  auteui  non  piu'buil.  (jua^  eral  omnibus  Athe- 
uiL'Usibus  suiaTioi*.  Scribil  hu.'c,  ut  uosti,  Mnxiinus  Tyriua  Plato- 
nicus  in  Uuu*siione  :  «  Nuni  Socrales  se  non  defendendo  bene 
feoerir.'  »  Hic  \er6  contra  falsos  delatores  suos  Enphidh'in  e[  Tlira- 
syftiiiuin,  corain  Thi'Sfn'sioii>'  Gymnosophistaniiii  Piincipe.  tani  pu- 
gnantrr  el  tani  niordaci  oratione  se  liofendil.  ul  nildl  ^M'avius,  nihil 
accrbius:  quam  lu  (iratiuiiiMn.  arbilror,  le^^isli  apud  yV///oA7/(i/My// 
lib.  U. 

Iluruni  «'UMHpIo  sumnioruni  IMiilosopboruni  nionemur,  cuni 
fauiif  pericuhiiii  v>\,  impatienter  defendendum  esse  Phiiosopbo  : 
al  cuni  de  vila  certatur.  fortasse  non  adeo.  Moriendum  enimsemel, 
inramiam  patieiubim  nunipiam.  Ea  |)ropter  baud  muliebriter  di- 
ccMiibnn  mibi  eral,  nec  ornatius  aut  liberius  ijiiàm  simplex  oratio 
\erilaùs  ferebal.  (|uia  ex|iurgare  me  tantum  xoliii.  ul  tnilt-iu  decel, 
nr)n  diserte sed  \innier,  servato  moderaminecum  inculpala  lutela, 
(|ui  armiN  non  aUis  (|uàm  scri|ilura  usus  sum.  pariier  ul  adversarii, 
et  ukmIo  diaUboKrapbico.  ut  iidem  ipsi,  el  coideslim  ac  inconti- 
nenter  mo\  attjuc  lieri  pottiii.  dum  essenl  in  lla^nanli  crimine, 
libros»|ue  jam  (blïamatorios  idii.pie  venum  circinuiucerent,  et  fa- 
luaiii  meani  >inf  Une  turijarenl.  ilerumque  percussuri  gladium 
stringerent.  Quo  pra^sumilur  justr  ab  universis  ralione  utentibus, 
me  omnia  fecisse  defendeiKb  animo  et  repelienda-  soU'im  iiilamiu', 
nullà  iillioni>  caus.-»,  ipii  et  Aiioloijiam  Jiidici  meo  Uomanorum 
lni|»eralnri.  die  posl  impressiom-m  |>ro\imo.  de  manu  in  manum 
ohluli.  prions  ut  innocentiam  uu-am  audiret  elsecundiore  me  famà 
eioniarel  ;  «|uod  el  fecil  per  pubiicum  IMreluui.  el  non  lantum 
id  |NtUiil,  \eriim  etiam  facere  debuil. 

H.ec  ad  le  >cribo.  amice.  <|uo  levari  mcdestias  mibi  sentio.  cum 
haU-am.  nu  «piod  me  gravai,  imperliar.  Milto  etiam  illam  eandem 
IMiMiMonenj  ummui.  ni  si  adversarii  apud  emin.'nlissimos  ïbeoh)- 
gw  l'rofoAMires  l»arisien>es,  viros  eximios  el  mibi  (|uo(|ue  scbo- 
bMico  Parisiensi  ipiam  obser\andissimos,  me  accusaverini  inso- 
leiiUa?  aul  leinerilatis,  vel,  ul  anie  sidebant.  inli(h-iilalis.  lu  iilis 
Dvfensioneni  meani  porrigas.  ul  ledis  nostris  me  cognoscanl 
UM|ue.|ua.|ue  innocentem.  nec  ulb.  Sirenannn  modub.  tam  (bilci- 
Icr  incanieniur.  ul  diiramatione>  inimicorum  meorum  ipiovis  actu 
adjuvenl,  San.-  phnimum  de  te  mibi  spei  est,  cum  laudalissimo 
Tb.^|og.,nuu  Cwllrg.o  tam  .Hligmler  me..  n..udne  agas.  i.l  abquam 


lîîn  LE  FÈVRE  d'ÉTAF'LES  A  J.  UEL'CllUN.  |»} 

saltem  consolalionem  fraternam  niilii  suo  cuiifratn  cl  cjumIciii 

Universitalis  Parisiensis  menibro,  celeriler  niiltaiil 

Ex  Slulgardia  Sueviaî,  ad  circiter  pridie  Kal.  Septeuib.aii.  lol3. 


LE  FÈVRE  D'ÉïAPLEs  à  Jean  lieuchliu. 
De  Paris,  30  août  (1514). 

Fi-iedUunder.  Beitrage  zur  Reformalionsgeschiclite.  Berlin,  1837. 
iii-8;  d'après  le  manuscrit  aulograplie  de  la  Bibl.  royale  do 
Berlin,  mscr.  lat.  fol.  239. 

Sommaire.  J'ai  le  chagrin  de  vous  annoncer  que,  malgré  les  lettres  du  Duc  et  les  vôtres, 
maigre  les  pièces  à  l'appui  que  vous  avez  envoyées  et  l'assistance  courageuse  que 
plusieurs  docteurs  éclairés  vous  ont  prêtée,  la  Sorbomie  vient  de  se  prononcer  contre 
vous.  Un  appel  à  l'Université  n'a  pas  été  possible.  Ne  vous  découragez  pas  eepen-  i 
dant:  la  sentence  de  la  Faculté  est  purement  scientilique,  et  ne  vous  fera  guère  de  j 
tort.  Continuez  à  insister,  pour  que  la  cause  se  plaide  devant  vos  juges  natuiels.  Si 
vous  êtes  victoritux,  nous  le  serons  avec  vous,  et  nos  théologiens  Uniront  par  rou- 
gir de  leur  jugement  passiomie.  Veillez  toutefois  à  ce  que  JUvwe  ne  décide  pas  sur 
les  pièces  présentées  par  vos  adversaires,  ni  sur  un  livre  en  langue  allemande, 
comme  celui  que  vous  avez  envoyé  à  Faris. 

Non  sine  animi  niœrore  ad  le  scribo,  euiiuenlis.simo  doitor.  E.\ 
scriplis  Coloiiiensiam  ïbeologi  noslri  delinilioiieni  siumi  inuilom- 
cunque  dederunl',  el  quauiquain  litera'  Sereniss.  Ducis  et  liia-'' 

*  Reuchlin,  cité  à  Mayeuce  devant  le  tribunal  de  l'Inquisition  présidé  pai" 
Hochstraten,  en  avait  appelé  au  pape  Léon  X  (septembre  1518)  Celui-ci 
remit  le  jugement  de  l'affaire  à  l'évêque  de  Spire,  qui,  par  seiilcncf  du 
14  avril  1514,  libéra  Reuchlin  de  l'accusation  d'hérésie,  et  condannia  lioi-h- 
straten  à  payer  les  frais  du  procès,  sous  peine  d'être  e.\cc)iimuuiié.  JiC  grand- 
inquisiteur  eu  appela  à  Rome.  Sans  attendre  le  résultat  de  cet  appel,  les 
théologiens  de  Cologne  brûlèrent  publiquement  le  livre  de  Reuchlin,  ciMunn' 
héréti(iue,  et  sollicitèrent  l'approbation  des  Facultés  de  théidogic  d'Krturt, 
de  Mayeuce,  de  Louvain  et  de  Paris.  Laprésentt-  lettre  de  Le  l-'évn'  nous 
fnit  connaître  les  efforts  qui  furent  tentés,  mais  inutilement,  pour  amener 
la  Sorbonne  à  se  prononcer  en  faveur  de  Reuchlin.  Après  un  examen  qui 
n'exigea  pas  moins  de  47  séances,  la  Faculté  de  Taris  adhéra,  le  2  août  1.51 1, 
à  la  censure  des  théologiens  de  Cologne.(Crevicr.  Université  de  r.iri:',V'.'.is.) 

"*  Il  veut  parler  des  lettres  du  duc  Ulrich  de  Wurtemberg  et  de  Reucli- 
lin,  datées  toutes  deux  de  Stuttgart,  le  20  juin  1514.  Le  duc  exliortait  la 
Sorbonne  à  ne  pas  intervenir  dau^  une  question  qu'où  devait  considérer 


Jf;  LE  FF.VKE  d'ÉTAI'LES  A  J.  REUCHLIN.  15U 

ei  Cetera  adminicula .  (\[idt  misisli.  Facultali  tlieologicee  exlùbita 
fuere.  illa  taiiien  oiiinia  perpaniin  prufuenint.  licet  etiamsemper 
habueris  in  congre^falionibus  doitorum  eximios  el  gravissimos  Pa- 
tres, Cniirrllnrium  Pun'sieim'm  \  Pœnitmt/unum*.  G.  Cnstalium^ 
Anlii'linronum  Tliuruiu'uai'w .  Murtiiih'ni  Masun'iim'^'.  et  noiinuUos 
alios  iloclores  tlieologos,  qui  puriores  eranl  et  saniore  judicio.tibi 
favj'nles  el  pro  le  cerlantes  viriliter:  turba  tainen  multiludine 
vieil.  Ilaijue  expedieniiit  Coloninisilius  iput-  petieranl. 

comme  définitivement  réglée,  par  suite  de  la  délégation  que  le  pape  avait 
faite  à  l'éTèque  de  Spire  (Voyez  note  1  et  le  N''2,  note  3).  Reuchlin,  de  son 
côté,  envoyait  avec  les  pièces  du  procès  un  résumé  historique  de  toute  l'af- 
ûure,  cl  suppliait  rrnivcrsitc* ,  dont  il  était  l'élève ,  de  ne  pas  se  joindre  à 
ses  ennemii  ^Iiula.'us,  t  VI,  p.  63  et  G5). 

*  Manière  abrégée  de  désigner  le  chancelier  de  l'église  et  de  l'université 
dv  l'aris.  La  charge  était  alors  remplie  par  Godefroi  Boussard,  ancien 
rit;'"iii  au  collège  de  Navarre. 

*  «)n  appelait  ordinairement  jjénite>«;i€r(Zc  Z'é^Zwe  de  Paris,  ou  de  Vévêque 
de  Parut,  \v  prctrcî  chargé  d'accompagner  les  condamnés  au  supplice.  Le 
mol  p<rmtcnUariiL<  désignant  aussi  un  confesseur,  il  est  plus  probable  qu'il 
c'ftgit  ici  du  confesseur  du  roi,  c'est-à-dire  de  Guillaume  Petit  (ou  Parvi). 
L'opinion  ^'énéralement  reçue  que  ce  dernier  était  partisan  des  Obscuran- 
lins  riiio.,<rait  alors  sur  une  méprise  de  Reuchlin.  (Voyez  note  6,  à  la  fin.) 

*  Guillaume  Chastel  (en  latin  Chstellus  ou  Castalius),  né  à  Tours,  a  publié 
drt  pot'iiies  latines  sur  des  sujets  bien  diflFérents  :  «  De  judicio  extremo 
('■artneo ,  »  et  «  Carmen  de  stultis  muherum  votis.  »  Son  «  Dialogus  in 
Jaoohi  Fabri  Stapulemùi  îaudcni  >  fournirait  peut-être  quelques  détails  pré- 
deax  Hur  la  vie  si  peu  connue  de  Lf  Fccre. 

*  Martial  Mazurter,  natif  de  Limoges,  est  le  seul  des  quatre  personnages 
mrnliuoni»  ici  par  Le  Fèvrc  qui  ait  figuré  dans  les  premières  luttes  de  la 
1^  11-  On  le  retrouve  plus  tard  à  Meaiu,  chez  l'évéque  Briçonnet, 

• •"'"  de  la  Sorbonne,  lU'Uchlin  trouva  un  auxiliaire  inattendu  dans 

GuilUiume  Cop,  Havout  llàluis  fixé  depuis  assez  longtemps  à  Paris  et  pre- 
mier médecin  du  roi.  Louis  XII  lui  ayant  demandé  s'il  connaissait  ce  Reuch- 
lin w  roaltrailé  par  les  dépuu'-s  de  Cologne  présents  à  la  cour,  Cop  répondit 
•"-    ' '  r  ■  '  '1  V  a  l'J  ans  que  je  ne  l'ai  vu;  mais  je  sais  par  mon  pré- 

•  •    ,        .  .1.  MflM-rhngde  (temund,  ancien  élève  de  Reuchlin  à  Bâle,  qu'on 

•  trnait  »«n  maître  pour  un  savant  de  premier  ordre,  et  que  depuis  cette  épo- 
«  que  Ueuchlin  s*c8t  consacré  sans  relâche  aux  bonnes  lettres,  comme  le 
«  prouvent  se»  nombn-ux  r)uvrages  pleins  d'érudition.  >  Un  évéquc  qui  assis- 
tait à  col  cnlrru.n  (c'était  peut.»tn-  l'évéque  de  Paris,  Etienne  de  Poncher), 
oc  trouva  piu  d'autre  réplique  que  celle-ci  :  «  Vous  aussi ,  vous  judaisez 
comme  Ueurhiin.  »  (Lettre  de  Cop  ù  Reuchlin,  25  août  1514.  Rulaeus,  1. 
•""■'  '  ■  'l'- l'forzheim  remercia  chaudement  de  cette  marque  d'amitié 
•*'"'  ''  •  '■  '  *  *  '••  P<'tit-fils  de  ses  leçons;  .  mais  il  commit  probable- 
aeiit  unr  ,  eu  attribuant  à  Guill.  IVtit  «  poînitentiarius  regius  »  la 
ftdieuM  influence  exercée  sur  Loius  Xll  par  l'évéque. 


Ibli  LE  FÈVRK  Ij'ÉTAI'I.ES  A  J.  RF.LT.HLIN.  17 

Unum  tamen  amicos  tuossolalur,  quod  speranius,  liane  llieuln- 
gorum  determinationem,  cum  solùrn  sit  scliolastica,  perparuin  rei 
tusB  aut  iiiliil  obfuturam.  Qiiod  Deus  ila  fore  velit,  oiiiius  preca- 
raur.  Quapropter  te  roganiusbono  esse  aniino,  d  ut  fiulitcr  vrlis 
causain  tuam  coram  propriis  judiribus  agi  curare.  Si  viucrs,  nos 
tecum  ricimus.  Justuin  incuties  theulogis  ruborem,  (jui  fueririt  ad 
judicaiidum  tam  pritcipites ,  fociesque  ut  resipiscant  et  siiit  iii  fu- 
turu  cautiores.  Unum  tamen  vide,  ne  ex  scriplis  et  interprt'iatione 
illa  Coloniensiion ,  feranl Rhomœ sententiam '.  Nam  si Simtduni  ocu- 
lare^  tideliter  interpretatum,  roboratum  et  autlioratuni  suflicienter 
misisses,  ut  vulgare*  misisti,  forte  tbeologi  nostri  mutassent  sen- 
tentiam. 

Verùm  et  theologi  nostri ,  maxime  qui  volebant  Coloniemihus  ex 
iis  qucB  exhibuerant '"  favere,  summopere  timebant  brève  ponliti- 
cium.  Ideo  acceleraverunt  suam  sententiam,  de  tjua  non  potuit  ad 
universitatem  provocari,  quia  nullus  babuit  procuratorium;  res 
tamen  tentata  fuit,  sed  fmstrata. 

MaUhœus^\  praesentium  tabellariiis ,  tune  aberat,  et  nullus  fuit, 
per  quem  te  ilieô  facerem  certiorem  ;  neque  bac  de  causa  ad  te 
nunc  misissem  Maithœunu  cum  non  tempestivè  rediisset,  nisi  ob  alias 
causas  repetere  patriam  statuisset.  De  immusciilis  ^/7'.s,  quantas- 
eunque  possum  gratias  babeo.  Si  intelligam  res  tuas  bene  agi,  reete 

'  La  position  de  la  cour  de  Rome  était  assez  embarrassante.  Léon  X  pro- 
tégeait les  lettres  et  estimait  Reuchlin.  D'un  autre  côté,  il  craignait  de 
mécontenter  les  Dominicains.  Ceux-ci  avaient  d'abord  triomphé  en  recevant 
la  sentence  de  Paris  ;  mais,  eu  apprenant  que  le  pape  venait  de  nommer  une 
commission  présidée  par  un  cardinal  ami  des  lettres,  ils  s'abandonnèrent 
aux  transports  de  la  plus  risible  fiu-eur,  menaçant  publiquement  la  cour  de 
Rome  d'exciter  un  nouveau  schisme  et  d'en  appeler  au  futui-  concile,  si  la 
sentence  de  Spire  était  confirmée.  (Voyez  la  lettre  de  Buscbius  à  Reuclilin. 
Bulfeus,  VI,  68.)  Léon  X  se  tira  d'embarras  par  un  faux-fuyant  :  il  laissa 
traîner  l'affaire,  puis  en  ajourna  indétiuimeut  la  décisiom,20  juillet  15IG). 
s  Voyez  le  N"  2,  note  3. 

9  Le  livre  de  Reuchlin  n'avait  pas  été  publié  en  latin,  mais  en  allemand, 
sous  le  titre  de  Augenspûgcl.  Une  lettre  écrite  de  Rome  parle  do  deux  tra- 
ductions latines  de  cet  ouvrage,  que  les  juges  réclamèrent  des  parties.  Celle 
des  Keuchliuistes  fut  choisie  comme  la  plus  fidèle  ^Jula'us,  VI,  p.  73). 

«0  Dans  sa  lettre  du  20  juin,  Reuchlin  accuse  ses  ennemis  d'avoir  présenté 
à  la  Sorbonne  un  exemplaire  tronqué  et  mutilé  de  son  Spéculum. 

"  C'est  peut-être  le  même  personnage  que  le  sa\ant  Mattfucus  Adna- 
nus,  ami  de  BcucUin,  qui  enseigna  l'hébreu  à  Louvain  dès  la  fin  de  l'année 
1517.  (Voyez  les  lettres  d'Érasme  àliudé  et  à  Lupsct,  26  octobre  1517,  et 
au  comte  de  Neuenar,  30  novembre  1517.  Erasmi  0pp.  Édition  Le  Clerc, 
t.  III,  p.  1637,  1638,  et  1644.) 


18  LE  FEVRE  d'ÉTAI'LES  A  ÉRASME  DE  ROTTERDAM.  1314 

valebo  et  amici  lui  omnes.  Vale  féliciter  et  diu  vive  omnibus  doctis 
et  bonis.  Parisiis.  Tertio  Cal.  Septembris. 

Quàni  maxime  potest  tuus  et  semper  tuus 

JACOBUS  FABER. 

(Inscn'ptio  :)  Consultissimo  legum  doctori.  viro  venerandissimo 
ac  doctissimo  Jo.  Reucblin,  D""  pra,'ceptori  suo.  Stutgardice. 


LE  FÈVRE  d'étaples  à  Érasme  de  Rotterdam. 
De  Paris,  23  octobre  (1514). 

Erasmi  Opéra,  éd.  Le  Clerc.  Lugd.  J3atavoruiii.  1703.  in-folio. 
T.  III  (Kpistohi").  p.  1812. 

Sommaire.  J'ai  appris  avec  plaisir  que  vous  vous  fixez  en  Allemagne,  près  de  vos 
imprimeurs.  C'est  votre  amour  pour  les  lettres  qui  vous  porte  irrésistiblement  A 
répandre  au  loin  les  trésors  de  votre  science  ;  aussi  Érasme  est-il  admiré,  aimé, 
honoré  de  toits  les  hommes  de  bien,  de  tous  les  lettrés. 

Erasmo  Rotcrodaino  Jacoltns  Fabor  S. 

Ht'i'i  cina  < •n'iiiisciiiuiii  iiuclis.  pra'sciilimii  lalieli.iriiis  nie  con- 
veiiit.  Pl  MoiiiiiH'  liKi  dixil  saliiloiii  :  ((n;i'  non  nisi  gralissinia  esse 
poliiil.  scd  t'(i  nberioi'c  liclilia  aiiiimun  iiicuin  opplevit,  quô  te 
intellcxi.  in  (imniiiuu  '  iiilcr  lypograplms  versari.  Pnblica  enim 
iitililas  (iil  conliniK)  concepi)  et  lilerarum  féliciter  propagaiulariim 
aiiKir.  If  liiitdiinos  deserere  siiasit  *.  cl  iioliis  (piidein  oppidù  quàm 
oiilabilitcr  ac  iilililci!  Oiiid  t'iiim  aliiid  faceres.  (jni  plenus  es  om- 
iiiiiiii  boiianiiii  lilnaniiii.  iiisi  non  ijlii  >t^(\  iiljlilali  publient  eas 
sliidiis  ;ic  sliidiusis  pr(»pa,irar«'s.  iiiiilalor  jinlilici  solis?  Sic  enim 
iiiiiiiili  sol  c.iiididii;  lucis  pleni.ssiniiis  non  inira  se  ill.uii  nccidit,  sed 
(tiniiiliiis  iiKirlaliiim  mcmIIs.  iioii  suo  scd  illurnm  ii>ii.  manifestât 


'  Érasrao  était  clppuis  onvirou  dcii.\  moi.s  à  Bâle,  où  il  avait  déjà  séjourné 
en  (lécombri-  l.^ii:}. 

*  Érasme  avait  fait  plusieurs  séjours  en  Angleterre  pendant  qu'il  prépa- 
rait son  édition  du  Nouveau  Testament. 


15H  LE  FÈVRE  d'ÉTAPLES  A  ÉRASME  UE  ROTTERDAM.  19 

ac  ingerit.  Quis  non  stispiciat,  muet,  colat  Erasnmm'^  Nemo  non, 
qui  bonus  et  literatus  fuerit  *. 

Ergo  qui  prorogat  vitas,  fila  vitaî  tuae  faciat  quàm  maxime  lon- 
giuva,  ul  mérita  meritis  diutius  cumulans,  serus  ad  feliciora  régna, 
de  toto  quàm  optime  meritus  mundo,  transeas  :  non  solum  glorise 
famam  posteris  relinquens,  sed  vitam  jam  cum  superis  vivens  he- 
roïcam  !  Vale  felix,  et  vive  nobis  et  nostro  seculo,  et  ama  te  colen- 
tem  et  amantem.  Ex  cœnobio  divi  Germani,  juxta  Lutetiam  Pari- 
siorum,  X.  Calend.  Novemb.  (1514)*. 

'  Ces  paroles  de  Le  Fèvre  étaient  non  pas  un  compliment,  mais  l'ex- 
pression vrsdc  du  sentiment  général  ;  tous  les  amis  des  bonnes  études  célé- 
braient alors  Érasme  comme  «  le  phénix  de  son  siècle  et  le  bienfaiteur 
de  ses  contemporains.  »  Après  s'être  nourri  des  modèles  de  l'antiquité,  il 
s'était  tourné  vers  les  Pères  de  l'Église,  et  ceux-ci  l'avaient  conduit  à  l'é- 
tude de  l'Écriture  sainte.  Le  premier  fruit  de  ce  retour  aux  soiu-ces  de  la 
vérité  avait  été  son  Manuel  du  soldat  chrétien  (1500),  où  il  enseigne  que 
Jésus-Christ  est  le  centre  et  le  but  de  toute  la  vie  chrétienne,  «  qu'il  ne 
faut  chercher  dans  la  Bible  qu'une  seule  chose,  Jésus-Christ.  » 

Mais  ce  n'était  pas  seulement  par  son  génie  qu'Érasme  s'était  acquis  une 
si  grande  renommée.  L'homme  ne  paraissait  pas  en  lui  inférieur  à  l'écri- 
vain. «  Il  possédait  à  un  degré  rare  le  don  d'attirer  les  esprits  les  plus  di- 
vers, de  tirer  parti  de  tous  les  éléments,  d'aller  chercher  chacun  sur  son 
propre  terrain  et  d'exercer  son  empire  en  quelque  sorte  sans  qu'on  s'en 
doutât...  Il  était  fort  aimable,  et  comme  il  aimait  la  louange,  il  la  distribuait 
largement  et  excellait  à  relever  ses  amis  à  leurs  propres  yeux  ;  aussi  était- 
il  l'objet  d'uu  dévouement  qui  allait  presque  jusqu'à  Tadoration.  »  (J.-J. 
Herzog.  Vie  d'Œcolampade ,  trad.  par  A.  de  Mestral.  Neuchâtel,  1848, 
p.  46).  Érasme  jouit  quelques  années  encore  de  cette  royauté  intellectuelle 
que  lui  décernaient  tous  les  esprits  éclairés,  mais  elle  perdit  beaucoup  de 
son  prestige,  quand  on  vit  le  célèbre  Hollandais  hésiter  entre  son  intérêt  et 
ses  principes  et  refuser  de  marcher  plus  avant  dans  la  voie  qu'il  avait  ou- 
verte. 

*  Cette  date  nous  paraît  plus  probable  que  celle  de  1515:  Le  Fèvre  n'au- 
rait pas  tardé  si  longtemps  à  féliciter  Érasme  au  sujet  de  son  arrivée  en 
Allemagne,  i  Voyez  la  note  1.)  Peu  de  temps  après  avoir  écrit  cette  lettre, 
Le  Fèvre  accompagna  l'évêque  Briçonnet  dans  le  voyage  que  celui-ci  fit 
chez  son  père,  à  Narbonne,  et  il  assista  à  la  mort  du  cardinal  (14  décem- 
bre 1514).  (Voyez  le  N"  1,  note  i,  et  Graf.  Essai  sui*  Lefèvre,  p.  13  et  57.) 


20  JOSSE  Cl.ICH  rOW  A  GOZTHON. 


1515 


JOSSE  CLICHTOW,  théologien  de  Paris,  à  l'évéque  Gozthon. 

De  Paris,  l'an  1515. 

Cliclilovei  Elutiilaloiiuiii  ecclesiasticum.  Basilea;,  lol7,  in-folio. 

(traduite  no  latin.) 

Sommaire.  Donner  aiu  ecclésiastiques  l'intelligence  des  prières  et  des  hymnes,  que  la 
plupart  d'entre  eux  ne  comprennent  que  très-imparfaitement,  • —  rendre  ainsi  au  culte 
son  véritable  caractère  —  tel  est  le  but  du  livre  que  je  vous  dédie. 

Au  Révérend  Père  et  Seigneur  en  Christ,  Jean  Gozthon  de 
Zélesthe  en  Pannonie,  Évêque  très-digne  de  l'Éghse  de  Jawer  et 
comte  perpétuel  du  niênie  lieu  —  Josse  Cliclitow  '  de  Nieuport, 
Salut  ! 

Le  divin  Psalmiste  nous  avertit,  très-sainl  Prélat,  de  chanter  avec 
sagesse  les  hymnes  (jui  s'adressent  à  Dieu,  en  ne  nous  contentant 
pas  de  proférer  des  lèvres  de  simples  mots,  mais  en  rélléchissant, 
avec  un  esprit  tourné  vers  le  Seigneur,  à  leur  vrai  sens  et  à  leur 
pieuse  interprétation.  Mais  ce  n'est  pas  seulement  à  la  psalmodie 

'  Josse  CUcktuivtm  Clictou{iin  hitin  Jodociis  CUchtoveus),  ué  à  Nieuport  en 
Flandre,  environ  l'an  140(1,  commença  très-jeune  encore  à  professer  la  pliilo- 
sopliie  à  Paris,  où  il  avait  fait  ses  études.  Le  savant  Bavarois  Jean  d'Ahensberg 
(en  latin  Aventinus)  qui  suivait  les  cours  de  Clichtow  et  de  Le  Fèvre  d'Étapks, 
on  1490,  rapporte  qu'il  avait  très-souvent  entendu  ces  deux  professeurs  repro- 
cher à  l'ierrc  Loinliard,  l'un  des  pères  de  la  scolastique,  d'avoir  altéré  la  source 
de  la  plùlosophie  diviue  en  y  faisant  couler  les  ruisseaux  bourbeux  de  ses  Ques- 
tions. Après  avoir  enseigné  longtemps  avec  succès  dans  le  collège  du  cai'di- 
nal  Le  Moine  et  dans  celui  de  Navarre,  Clichtow  se  fit  recevoir  docteur  en 
théologie  (150(3)  et  devint  plus  tard  curé  do  l'église  de  St-Jaquesà  Tournay 
et  chanoine  de  Chartres.  Outre  les  nombreux  ouvrages  qu'il  publia  sur  la 
théologie,  la  philosophie  et  certaines  branches  des  mathématiques,  il  com- 
menta la  plupart  des  écrits  philosophiques  édités  par  Le  Fèvre.  Il  jouissait, 
1  comme  prédicateur,  d'une  certaine  réputation.  Ses  sermons  imprimés  (1.541) 
ne  paraissent  pas  révéler  clairement  un  disciple  de  Le  Fècre  d'Elaples.  Et 
cependant  il  dut  exister  entre  les  deux  savants  une  communauté  de  senti- 
ments religieux  (jui  ne  se  bornait  pas  à  leur  aversion  commune  pour  la 
scolastique  ;  autrement  les  amis  de  Le  Fèvre  n'auraient  pas  dit  plus  tard  : 
«  Clichioveus  olim  noster!  »  (Voyez  Bulanis,  t.  VI.  et  les  ouvrages  de  Clich- 
tow.) 


1515  .rOSSK  CI.ICIITOW  A  (iOZTHON.  21 

et  au  chant  sacré  des  Psaumes,  que  j'appliquerais  cette  règle  ;  il 
me  semble  qu'elle  convient  également  à  toute  espèce  de  louanges 
rendues  à  Dieu  et  à  toutes  les  prières  qui  lui  sont  adressées.  Toutes 
les  paroles  employées  à  cet  effet,  doivent  non-seulement  être  exac- 
tement et  complètement  proférées  par  les  ministres  de  l'Église, 
mais  elles  doivent  encore  être  sainement  comprises,  afin  d'élever 
plus  fortement  vers  Dieu  l'âme  de  celui  qui  prie  et  de  rendre  avec 
plus  de  vérité  les  sentiments  qui  l'animent...  En  effet,  si  l'on  ne 
comprend  pas  le  sens  des  paroles  qui  s'adressent  à  Dieu,  Tespril 
de  celui  qui  prie  demeure  le  plus  souvent  oisif  et  il  ne  fait  aucun 
effort  pour  s'élever  vers  le  Seigneur.  C'est  alors  que  se  réalise  tout 
particulièrement  ce  que  l'Éternel  a  dit  par  Ésaïe  le  prophète  : 
'  Ce  peuple  m'honore  des  lèvres,  mais  son  cœur  est  bien  éloigné 
de  moi.  »  Quand  il  est  mérité  par  les  hommes  d'église,  ce  reproche 
devient  plus  grave  encore  et  plus  sérieux... 

Aussi  Voire  Paternité,  enflammée  de  l'amour  de  la  maison  de 
Dieu,  a  dès  longtemps  porté  ses  pensées  sur  ce  sujet,  et  déploré 
qu'une  si  profonde  ignorance  se  fût  introduite  dans  l'Eglise  de  Dieu, 
et  que  ceux  qui  sont  employés  à  servir  l'autel  et  à  chanter  les 
louanges  divines,  soient  tombés  dans  une  telle  ineptie,  qu'il  ne 
s'en  trouve  qu'un  bien  petit  nombre  qui  comprennent  exactement 
et  complètement  ce  qu'ils  lisent  et  ce  qu'ils  chantent.  Il  en  résulte 
que  la  plupart  d'entre  eux  ont  le  cœur  desséché,  une  âme  froide 
comme  la  glace,  et  apportent  dans  l'accomplissement  du  ministère 
sacré  une  telle  tiédeur,  que,  tandis  que  leurs  lèvres  murmurent 
les  saints  cantiques,  leur  cœur,  où  ne  brûle  plus  l'ardeur  de  l'es- 
prit divin,  reste  sans  aucune  intelligence  des  paroles  qui  sortent 
de  leur  bouche. 

C'est  pour  chercher  à  suspendre  et  à  corriger  les  effets  de  cette 
redoutable  maladie  qui  déjà  s'étend  au  loin  et  a  presque  envahi  la 
chrétienté  tout  entière  *...  que  vous  m'avez  instamment  sollicité  de 

*  Un  théologien  allemand  fort  considéré,  W.-F.  Capiton  (voyez  ci-des- 
sous le  N"  10,  note  1),  crut  devoir  compléter  le  tableau  de  l'état  moral  du 
clergé  dans  une  dédicace  du  livre  de  Clichtow,  adressée  à  l'évêque  de  Bâle, 
et  dont  nous  reproduisons  les  passages  les  plus  intéressants  : 

«  Au  Révérend  Père  et  Seigneur  en  Christ,  Ckristoplie  de  Utenheim, 
Évêque  de  Bâle,  son  respecté  Seigneur,  —  Wolfgang  Fabricius  Capiton, 
salut  ! 

«  Depuis  deux  ans  que  je  remphs  les  fonctions  de  prédicateur  dans  le  ma- 
gnifique temple  de  Bâle,  dont  vous  êtes  le  chef,  ô  révérend  Père,  je  me 
suis  souvent  demandé  d'où  provenait  ce  cortège  innombrable  de  tous  les 
vices  qui  a  envahi  le  clergé...  Il  ne  manque  pourtant  pas  Ci'évêques  (et  vous 


22  JOSSE  CLICHTOW  A   GOZTHON.  1515 

donner  une  explication  simple  et  facile  des  hymnes  qui  se  chan- 
tent dans  l'église  aux  iieures  canoni(iues,  et  d'apporter  en  même 
temps,  dans  le  texte,  les  corrections  qui  sont  devenues  nécessaires..- 
Vaincu  par  les  demandes  répétées  que  vous  m'avez  faites,  j'ai  fini 
par  me  rendre  à  vos  vœux...  Je  reconnais  avec  vous  que  c'est,  en 
effet,  le  devoir  le  plus  pressant  du  prêtre  (dont  je  remplis,  quoi- 
que indigne,  le  ministère),  que  d'éclairer  ce  qui  regarde  l'accom- 
plissement des  fonctions  sacerdotales,  et  d'en  délier,  pour  ainsi 
dire,  les  enveloppes  et  les  nœuds.  Et,  puisque  je  me  suis  voué  à 
l'enseignement  public,  je  ne  puis  rien  faire  de  plus  utile  que  d'ap- 
prendre aux  lévites  de  Dieu  à  comprendre  ce  qu'ils  lisent...  J'entre 

êtes  du  nombre)  qui  se  préoccupent  sérieusement  des  intérêts  de  la  piété 
et  de  la  religion,  qui  ressentent  vivement  toute  injure  faite  à  Christ,  qui 
sont  remplis  de  douleur  à  la  vue  des  crimes  que  commet  une  multitude  in- 
sensée, et  surtout  de  ceux  que  commettent  les  prêtres.  Aussi  chercherai-je 
ailleurs  la  cause  d'un  si  grand  mal.  Je  la  trouve  dans  Tignorance  grossière 
des  clwses  saintes,  avec  laquelle,  nous  autres  lévites,  appelés  à  desservir 
chaque  jour  le  temple,  nous  portons  le  fardeau  des  mystères  sacrés.  Nous 
murmurons  en  courant,  sans  y  attacher  de  sens  et  avec  une  incroyable  froi- 
deur, les  prières  des  heures  canoniques.  Nous  n'avons  pas  la  moindre  idée, 
ni  de  la  signification  du  sacrifice  de  la  messe,  ni  de  ce  qui  concerne  le 
chant  ecclésiastique.  Rien  ne  nous  est  en  quelque  sorte  plus  étranger  que 
ce  qui  nous  est  le  plus  familier. 

«  Il  en  résulte,  qu'oubliant  nos  devoirs,  nous  tombons  dans  une  corruption 
pire  que  celle  des  corrupteurs  eux-mêmes.  C'est  pour  chercher  à  remédier 
à  ce  mal  que  Josse  Cliclitow,  célèbre  théologien  de  Paris,  a  expliqué,  avec 
autant  de  simplicité  que  d'à-propos,  dans  l'ouvrage  que  je  vous  présente, 
tout  ce  qui  concerne  l'office  divin.  Je  ne  doute  pas,  très-vigilant  Prélat,  que 
vous  ne  vous  empressiez  de  mettre  dans  les  mains  de  vos  prêtres  un  ou- 
vrage qui  leur  fera  connaître  le  sens  des  mystères  sacrés.  De  cette  ma- 
nière vous  ouvrirez  un  nouvel  accès  à  la  piété,  qui,  après  un  long  exil,  ren- 
trera au  milieu  du  clergé,  et,  comme  Antée,  vous  vendez  la  terre  entière 
sous  vos  pieds.  Il  n'est  aucun  homme  que  la  lecture  de  ce  livre  n'amèm  à 
une  possession  ^^lus  complète  de  la  religion  de  Christ,  pour  ne  rien  dire  de 
l'intelligence  nouvelle  qu'il  acquerra  par  ce  moyen.  Chacun  y  trouvera  un 
encouragement  à  faire  son  salut  ;  chacun  y  puisera  de  bons  motifs  de  mieux 
vivre.  Ce  n'est  pas  que  j'ose  déjà  concevoir  pour  notre  siècle  Vespérance  d'un 
renouvellement  entier.  Hélas  !  i!  n'y  a  encore  que  trop  de  gens  décidés  à 
mourir  dans  leur  vieux  train  de  vie,  au  milieu  des  excès  de  la  débauche, 
des  souillures  de  la  simonie  et  d'un  luxe  effréné.  Mais,  du  moins,  ne  se- 
rons-nous pas  responsables  de  leur  châtiment,  si  nous  multiplions  les  instan- 
ces et  les  rcprochi-s,  un  temps  et  hors  de  temps....  Je  vous  .■îuhie  en  Christ- 
Jésus,  très-révérend  Prélat,  et  je  prie  le  Soigneur  de  vous  conserver  long- 
temps en  ce  monde,  pour  travailler  à  la  restauration  de  la  piété  et  à  la  régé- 
nération des  mœurs.  De  Bâle,  le  3  des  Ides  d'Août  (11  août)  de  l'an 
M.  D.  XVII.  » 


1516         THOMAS  GREY  A  ÉRASME  DE  ROTTERDAM.  23 

donc  dans  vos  vues,  qui  sont  tournées  vers  la  plus  grande  gloire 
de  Dieu  et  vers  le  salut  de  nos  âmes,  en  concourante  rendre  plus 

digne  de  sa  destination  sainte  le  culte  de  l'Église De  Paris,  Tan 

de  l'incarnation  du  Verbe  M.  D.  XV. 


6 


THOMAS  GREY  à  Érasme  de  Rotterdam. 
De  Paris,  5  août  1516. 

Erasmi  Epp.  édit.  Le  Clerc,  p.  1564. 

Sommaire  '.  Contraste  entre  la  vie  spirituelle  de  Le  Fèvre  d'Étaples  et  l'affaiblisse- 
ment de  ses  facultés. 

...Sane  nullà  aliâ  causa  tibi  non  rescribit  [Jac.  Faher  Stapulensis] 
nisi  quod  nihil  quicquam  te  dignum  neque  scribere,  neque  dictare 
possit  ;  te.  inquam,  suiiimo  amore  prosequitur,  te  apud  omnes  prae- 
dicat,  non  solùm  doctissimum,  sed  et  diligentissimum,  et  quantum 
conjectura  coUigo,  sincère  te  colit;  nara  creberrimè  te  in  caritate 
ainplecti  exoptat,  et  ut  aliquoties  à  te  sit  reprehensus,  haudqua- 
quam  id  in  malam  accipit  partem  tanquam  carnalis  ;  sed  eam  ob 
causam  immortalem  tibi  habet  gratiam,  ceu  verè  spiritualis,  asse- 
rens  se  nonnulla  eorum  jampridera  notasse,  atque  imprimenda  in 
animo  babuisse,  ni  tu  provinciam  occupasses.  Denique  meque 
tua  causa  bumanissime  excipit,  multum  familiariter  mecum  col- 
loquens  ;  sed  certé  multum  debilitatus  tam  vulgari  sermone,  quàm 
doctrina,  usque  adeô  ut  vix  quippiam  dubii  enucleare  possit.  Multa 
eum  rogavi,  sed  parum  ad  rem  respondit.  ac  sœpius  discipubim 
quendam  Franciscum-  interrogat  sed  nondum  satis  maturum  :  verùm 
quô  propius  morti  carnis  accedit,  hoc  magis  spiritui  vivit  *.  Atlamen 

'  Nous  n'avons  pas  jugé  nécessaire  d'accompagner  de  sommaires  un  peu 
développés  les  lettres  latines  qui  ne  rentrent  pas  dans  la  correspondance 
proprement  dite  des  Réformateurs. 

*  François  Wastabled  (en  latin  Vatdhlus),  natif  de  Garaaches  en  Picar- 
die, célèbre  plus  tard  comme  hébraïsant.  (Voyez  ci-dessous  la  letti'e  du 
9  avril  1519,  note  19. j 

^  Guillaume  Budé,  qui  avait  rencontré  Le  Fèvre,  pendant  l'été,  en  se 
rendant  à  sa  terre  de  Marly,  écrivait  à  Érasme,  le  27  octobre,  que  son 
vieil  ami  était  très-aiïaibli  par  la  maladie.  (Voyez  Erasmi  Epp.  éd.  Le 
Clerc,  p.  211.)  Cet  état  de  langueur,  qui  se  prolongea  pendant  quelques 


24  ÉRASME   DE   ROTTERDAM   A    HENRF    BOVILLE.  IÏÏ16 

libenter  audit  quicfiuid  ab  eo  peto,  et,  quum  sciât  non  invitus  ex- 
pedit,  sin  minus,  ingénue  fatelur  niemoriâ  excidisse.  Itaque  te 
etiam  atque  etiam  oro  (si  forte  ad  eum  scripseris),  ut  ei  mea  causa 
gratias  agas;  siquidem  ille  mihi  jussit,  ut  qua  fauiiliaritate  me  tuo 
noraine  complectitur,  te  certiorem  redderem. 


ÉRASME  DE  ROTTERDAM  à  Henri  Bovllle  '. 
De  Rochester,  31  août  1516^ 

Erasmi  Epistolaî,  éd.  Le  Clerc,  p.  126. 

Sommaire.  Érasme  se  justifie  d'avoir  entrepris  la  révision  du  texte  du  Nouveau 
Testament  et  d'avoir  critiqué  les  Pères.  Il  s'autorise  de  l'exemple  de  Le  Fèvre 
d'Étaples. 

....  0  liomines  studio  pravos,  et  sibi  ipsis  iniques  et  iratos,  suis 
ipsorum  commoditatibus  invidentes  !...  Jam  non  refellunt  et  corri- 
gunt,  quae  perperàm  à  nobis  .scripla  censeant,  sed  boc  ipsum  dam- 
nant scripsisse.  Pas  esse  negant  tentare  quicquam  hu.jusmodi,  nisi 
ex  auctorilate  Concilii  generalis.  At  istoc  quid  iniquius?  Ipsi  quoti- 

mois,  fournit  à  Érasme  une  nouvelle  occasion  de  manifester  sa  sympathie  et 
son  respect  pour  Le  Fèvre,  «  cet  homme  si  pieux,  si  bon,  si  savant,  qui  a 
rendu  de  si  grands  services  aux  études  et  à  tous  les  lettrés,  qu'il  mériterait 
de  ne  jamais  vieillir.  »  (Érasme  à  Budé,  15  février  1517.  Le  Clerc,  p.  181.) 
Avec  la  santé,  Le  Fèvre  d'Étajûes  retrouva  bientôt  son  ancienne  vigueur 
d'esprit.  On  peut  du  moins  l'inférer  de  quelques  paroles  de  Glareanus, 
qui  retracent  avec  vivacité  le  côté  enjoué  et  aimable  de  son  caractère  : 
«  Sanus  sum,  valeo,  valui  continua,  bonum  iter  fuit,  bene  acceptus  a  doc- 
tissimis  viris  Luteiùc,  inter  quos  est  Budœus,  Copm,  Faustus  [AndreUnus] 
atque  ade6  Fàber  Stapidensis,  qui  ssepe  jam  domi  meae  fuit.  Is  supra  mo- 
dum  me  amat,  totus  integer  et  candidus  niecum  cantillat,ludit,  disputât;  ridet 
mecum  stultum  praîcipue  hune  mundum  ;  vir  huinauissimus  atquo  ita  benig- 
nus,  ut  nonnunquam  videatur  (quainquam  id  reverà  minime  facitj,  videatur 
tamcn  sua^  gravitatis  oblitus.  »  (Glareanus  à  Zwiugli.  Pai'is,  29  août  1517, 
Zuinghi  Opéra,  édit.  Schuler  et  Schultess,  t.  Vil,  p.  26.) 

'  Prédicateur  à  Cambridge. 

*  La  date  1513  de  l'édition  de  Le  Clerc  est  erronée.  Plusieurs  détails 
de  la  présente  lettre  montrent  clairement  qu'Érasme  répond  à  celle  de 
Boville  du  13  août  151G.  (Voyez  l'édit.  Le  Clerc,  pp.  1557  et  197,  et  ci-des- 
sous la  note  3.) 


1516        ÉRASME  DE  ROTTERDAM  A  HENRI  ROVILLE.  25 

die  dépravant  sacros  codices,  sola  inscitia  ac  temeritate  in  consi- 
lium  adhibita  :  nobis  non  licebil  ex  veterum  sententia  restituere 
quod  coiTiiptum  est,  nisi  totius  orbis  Christiani  convocato  Concilio? 
Adeo  pejorem  volunt  esse  conditionem  mendum  submoventis, 
quàm  invehentis.....  Quin  et  illiul  dilemma,  si  possint,  explicent  : 
Ufriiin  permittiint  aliquid  novari  in  sacris  Libris,  an  omnino  nihil? 
Si  quicquam  perrnittunt,  cur  non  excutiunt  polius,  rectè  mutatum 
sit,  necne?  Sin  minus,  quid  facient  illis  locis,  in  quibus  mendum 
inesse  manifestius  est,  quàm  ut  negari,  dissimularive  possit?  An  hîc 
sacrificum  illum  malunt  imitari,  qui  suum  mumpsimus,  quo  fuerat 
viginti  usus  annos,  mutare  noluit,  admonitus  à  quopiam  sumpsimus 
esse  legendum  ?  Vociferantur  xa\  <7xi-^')^iâ^o\>atv,  6  cœliun,  6  terra, 
corriyit  hic  Evangelia\  At  quanto  justius  exclamandum  erat  in 
corruptorem  :  ô  sacrilegiuml  dépravât  hic  Evangelia  ! 

Neque  enim  nos  novam  prodimus  editionem,  sed  veterem  pro 
virili  restituimus,  at  ita  ut  banc  novam  non  labefactemu».  Qui  pro 
hac  nova  tanquam  pro  aris  ac  focis  dimicant,  habent  quod  amplec- 
tantur  ;  nihil  illis  périt,  aliquid  de  lucro  accessit.  Hanc,  quam  ada- 
mant,  emendatius  legent  posthac,  et  rectius  intelligent.  Quid  si 
Libros  divinos  omnes  paraphrasi  explanassem,  quô  possent  inco- 
lumi  sententia  et  legi  inoflfensius,  et  percipi  facihus,  num  isti  dicam 

mihi  scriberent? Canuntur  in  templis  quotidie  juxta  veterem 

editionem  Psalmi  :  et  tamen  exstat  divi  Hieronymi  recognitio  ;  exstat 
ejusdem  juxta  veritatem  Hebraïcam  interpretatio.  Illa  leguntur  in 
choris,  ha3C  in  scholis  aut  domi.  Neutra  alteris  ofiiciunt.  Atque  adeô 
nuper  Félix  Pratmsis  '  Psalterii  totius  novam  edidil  interpretatio- 
nem,  ab  omnibus  superioribus  admodura  dissidentem.  Quis  huic 
unquam  movit  tragœdias  ? 

Jacobus  Faher  Stapulensis.  amicus  noster,  dudum  id  fecit  in 
Paulum,  quod  ego  in  totum  Novum  Instrumentum.  Cur  hîc  de- 
mum  tanquam  ad  rem  novam  commoventur  quidam  ?  An  aliis 
omnibus  istud  licere  volunt,  mihi  uni  non  volunt?  Atqui  Stapulen- 
sis non  paulo  plus  ausus  est  quàm  ego.  Ille  stiam  interpretationem 
veteri  opposuit  *,  idque  in  Academiarum  omnium  regina ,  Lutetia  : 

'  Félix,  surnommé  Pratensis,  de  Prato,  lieu  de  sa  naissance  en  Toscane, 
était  fils  d'un  rabbin.  Il  se  convertit  au  christianisme  dans  les  premières 
années  du  XV!"""  siècle  et  entra  dans  l'ordre  des  ermites  de  Saint-Augustin. 
Sa  traduction  des  Psaumes,  dédiée  à  Léon  X,  est  intitulée  :  «  Psalterium  ex 
hebraeo  ad  verbum  ferè  tralatum,  adjectis  notationibus.  »  Venise,  Bomberg, 
1515,  in-4''.  (Voyez  Biographie  universelle,  art.  Félix.) 

*  Voyez  ci-dessous  la  première  pièce  de  l'an  1520. 


26  LUTHER  A  SPALATLN.  1516 

ego  recognitorera  modo  professas,  locos  aliquol  aul  corrigo,  aut 
explico.  Nec  hoc  dixerim,  qiiô  Fahrum  in  conimunem  invidiam 
vocem,  nam  vir  Ule  jampn'dem  gloria  superavit  invidiam,  sed  ut 
palàm  faciam,  quàm  inique  faciunl  (juidam,  qui  quod  jamdiu  est  à 
multis  factitatum  cilra  calumniam,  in  me  veluli  subitum  ac  novum 
calumniantur.... 

Ostendo  locis  aliquot  lapsum  esse  Hilarium.  lapsum  Aitgusti- 
wî</«,  lapsum  Thomam,  idqne  facio,sicut  oportet,  reverenter,  citra- 

qiie  contumeliam Summi  erant  liomines,  sed  tamen  homines 

erant.  Demonstrent  isti,  eos  recté  scmisse,  meque  refeUnnt  nrgu- 
mentis,  non  convitiis,  et  apud  me  magnam  inierint  gratiam.... 

8 

LUTHER  à  Spalatin. 
De  Wittemberg,  1 9  octobre  1516. 

Luthers  Briefe,  édition  de  Wette,  t.  I.  p.  39  et  ol. 

Sommaire.  Jugement  de  Luther  sur  Érasme  et  Le  Fèvre  d'Étaples. 

....  Officium  et  amici  et  Ghristiani  facias  precor,  et  Ernsnuim  de 
lis  certum  face,  cujus  autoritatem,  sicut  spero  et  cupio  futuraui 
celeberrimam.  ila  metuo,  ne  per  eandeni  muiti  sibi  accipiant  patro- 
cinium  defendendte  illius  literalis,  id  est,  mortuse  intelligentice,  (|ua 
plenus  est  Lyranus  commenta rius.  et  ferme  omnes  post  Augustinum. 
Nam  elStiiimlenai,  riro  alioipii  (bone  \)eus)  quàm  Hpivituali  et  sin- 
cermimo,  biL'c  intelligenlia  deest  in  interpretando  divinas  '  lileras, 
quaî  lamen  plenissime  adesl  in  propria  vita  agendo,  et  aliéna 
exbortando. 

Temerai'ium  me  diceres.  quôd  fantos  viros  sub  Aristarcbi  virgam 
duxerim,  nisi  scires,  quôd  pro  re  tiieologica  et  salute  fratrum  haec 
facio. 


LE  MÊME  à  Jean  Lang. 
De  Wittemberg,  le  l^r  mars  1517. 

Sommaire.  Nouveau  jugement  de  Luther  sur  Érasme  et  Le  Févre  d'Étaples. 

....  Erasmum  nostrumlego,  et  in  dies  decrescitmibi  aniinus  erga 
eam.  Placet  quidein  (juod  tain  religiosos  quam  sacerdotes,  non 

'  Dans  les  diverses  éditions  des  lettres  de  Luther,  on  trouve  ici  aliénas, 
qui  ne  donne  pas  un  sens  satisfaisant. 


1517  Gni-LAi  MK  Bunii  a  iîuasmk  dk  uottehdam.  27 

minus  coiistanler  rinàm  erudile  arguit  et  damnai  inveterals  hujus 
et  veternosœ  inscitiic  ;  sed  timeo  ne  Christum  et  fjmtinm  Dei  non 
sntis  promovent,  in  qua  multo  est  quant  Stapulensis  ignorantior  : 
humana  piu'valenl  in  eo  plus  quani  divina.  Quanquam  invitus  eum 
judico,  facio  tamen  ut  te  praemoneam  ne  omnia  legas,  imô  acci- 
pias  sine  judicio.  Tempora  enim  sunt  periculosa  hodie,  et  video 
quod  non  ideo  quispiam  sit  Christianus  vere  sapiens,  quia  Grœcus 
sit  et  Hebrceus,  quando  et  beatus  Hieronymus  (juinque  linguis  mo- 
noglosson  Auf/iistinnm  non  ada^quarit,  licet  Erasmo  aliter  sit  longe 
visum.  Sed  aliud  est  judicium  ejus  qui  arbitrio  hominis  non  nihil 
tribuit.  aliud  ejus  qui  preeter  gratiam  nihil  novit. 


9 

GUILLAUME  BUDÉ  '  à  Érasme  de  Rotterdam. 
De  Paris,  5  février  1517  ^ 

Erasmi  Epp.  édit.  Le  Clerc,  p.  168. 

Sommaire.  Budé  remercie  Érasme  des  services  qu'il  rend  à  la  religion,  et  il  lui  com- 
munique le  projet  formé  par  le  roi  François  !*■■  dont  il  fait  le  plus  grand  éloge,  de 
fonder  un  Collège  spécialement  consacré  à  l'enseignement  des  langues  anciennes.  (On 
l'appela  plus  tard  le  Collège  de  France.) 

Rex  hic  est  non  modo  Francus,  (juod  ipsum  per  se  amplum 

est,  sed  etiam  Franciscus,  nomine  hoc  primùm  ab  ipso  inter  regia 

'  Guillaume  Budé,  seigneur  de  Marly  et  de  Villeneuve,  maître  des  re- 
quêtes et  l'un  des  bibliothécaires  du  roi,  naquit  à  Paris  eu  1467  d'une  famille 
qui  s'était  illustrée  dans  la  magistrature.  Il  n'avait  eu  dans  sa  première 
jeunesse  que  des  professeurs  incapables,  sauf  pourtant  Le  Fèvre  d'Étaples, 
qui  sut  lui  donner  le  goût  des  mathématiques.  Il  se  mit  tard  à  étudier  et 
fut  sou  propre  maître.  Très-versé  dans  la  littérature  classique  et  sui'tout 
dans  la  connaissance  des  auteurs  grecs,  il  était  déjà  célèbre  en  1517  par  ses 
traductions  de  quelques  traités  de  Plutarque,  ses  commentaires  de  juris- 
prudence et  son  livre  sur  les  poids,  mesures  et  monnaies  des  anciens  t'de 
Asse).  Les  lettres  n'avaient  pas  en  France  de  défenseur  plus  zélé.  Que 
Budé  ait  salué  avec  joie  les  travaux  destinés  à  répandre  la  connaissance  de 
l'Écriture  sainte,  c'est  ce  qu'on  peut  inférer  des  termes  dont  il  se  sert  ici 
pour  qualifier  le  retour  aux  études  bibliques.  «  Grâce  à  ces  études,  dit-il, 
la  vérité  revient  de  l'exil.  »  On  retrouve  le  même  sentiment  dans  une  autre 
lettre  de  Budé  reproduite  sous  le  N»  11. 

*  On  lit  1516  dans  toutes  les  éditions  des  lettres  d'Érasme.  D'après  la 
manière  moderne  de  compter,  la  véritable  date  est  1517. 


28  GUILLAUME  BUDÉ   A    ÉRASME  DE   ROTTERDAM.  1517 

relato,  et,  ut  augurari  licet,  ad  magnas  res  ominoso.  Idem  litera- 
rum  non  nescius,  quod  solenne  est  nostris  regibus,  sed  idiomate 
facundus,  ingeniosus,  decens,  mollis  at(iue  obvii  accessus ,  raris 
corporis  animique  dotibus  large  à  natura  pra^ditus,  priscorum 
Principum  adrniralor  et  prœdicator,  qui  (juidem  unquam  animi 
magnitudine  ac  rébus  gestis  inclaruerint.  His  accedit ,  quod  habet 
omnino  quod  det,  ut  si  quis  unquam  regum,  et  dat  nemo  largius, 
aut  benignius.  Et  quantum  conjicere  licet,  praeclari  cupit  esse  con- 
ditor  institut!,  ut  in  posterum  artes  libérales  etiam  pertinere  ad 
compendiura  videantur,   contra  quàm   solitum   est  jamdiu.  Quo 

maxime   modo    illustrare  rnemoriam   principatus  sui  potest  ^ 

Deinde  antistes   Parisiensis,  Stephamis    Poncherius librorum 

tuorum  studiosus  est,  quantum  temporis  succidere  necessariis 
rébus  licet.  Vidi  tuam  Novi  Testamenti  editioneni'*  apertam  in 
cubiculo  ejus  remotiore.  Nam  et  ipse  contra  istos  arcbaïsmi,  id 
est  inveteratae  ac  deploratae  ignorantiae,  patronos  et  assertores, 
Saturnias  lemas  olentes  (ut  est  in  proverbio),  tui  veritatisque  post- 
liminio  redeuntis  impugnatores,  propugnare  tibi  ac  veritati  summa 
auctoritate  solet....  Existimo  Guilielnmm  Copum  ^  medicum  regium, 
hominem  utraque  lingua  doctum,  et  tibi  amicum  ac  benevolum, 
de  hoc  ad  te  scripturum,  et  alios,  fortasse  Principis  jussu,  vel  ipsum 
etiam  Regem. 


-'O' 


^  On  peut  rapprocher  de  ce  portrait  de  François  I  celui  qui  se  trouve 
dans  la  vie  de  Calvin  par  Théodore  de  Bèze  :  «  Erat  ille  Rcx  non  quales 
eura  sunt  consecuti  postca,  sed  acerrimus  rerum  aestimator,  judicii  ad  dig- 
noscendura  non  parvi,  eruditorum  fautor,  neque  per  se  à  nobis  alienus.  » 
Ailleurs,  en  s'adrcssant  au  même  personnage,  Théodore  de  Bèze  a  dit  : 
«  Neque  te,  Rex  potentissirae ,  pudeat...  in  hujus  sacrarii  vestibulo,  nec 
longius  progressum ,  consistera ,  iis  alioqui  solis  dicati  quibus  es  tantopcre 
vivus  adversatus...  Deberi  sanè  videtur  aliqua  hujus  decoris  pars  ei  qui  très 
linguas  bonasque  disciplinas,  quasi  atrienses  hujus  sedis  futuras,  expulsa 
barbarie,  suo  loco  restituit.  »  (Icônes,  id  est  vera^  imadnes  virorura  doc- 
triua  simul  et  pietate  illustrium,  quorum  prœcipuè  ministerio  partim  bona- 
rum  literarum  studia  sunt  restituta,  partim  vera  Religio..-  nostra  patrumque 
memoria  fuit  instaurata.  Genevae,  1580,  in-4°.) 

*  La  première  édition  du  Nouveau  Testament  parut  àBâle  en  mars  1516, 

»  Voyez  le  N"  3,  note  6. 


Iî)i7      ÉRASMK  DE  ROTTERDAM  A  WOLFGANG  FABRITILS  CAPITO.  49 


10 


ÉRASME  DE  ROTTERDAM  à  Wolfgang  Fabritius  Capiton  ' . 
D'Anvers,  26  février  1517  '. 

Erasmi  Epp.  éd.  Le  Clerc,  p.  187  et  189. 

Sommaire.  Érasme  insiste,  en  s'autorisant  de  l'exemple  de  Lt  Fèvre  d'Étaples,  sur  la 
nécessité  de  faire  subir  des  réformes  d  l'enseignement  théologique  ;  mais  il  exprime 
en  même  temps  quelques  inquiétudes  sur  les  dangers  que  peuvent  faire  courir  â  la 
religion  les  études  classiques. 

....  lii  re  Théologien  plusculum  erat  negotii,  quod  hanc  ferè  pro- 
fessi  sunt  liactenus,  qui  à  melioribus  literis  perlinacissimè  soient 
abliorrere,  quique  suam  inscitiam  hoc  felicius  tuentur,  quod  id 
faciunt  prœtextu  pietalis,  ut  indoctum  vulgus,  ab  bis  persuasum, 
credat  religionem  violari,  si  quis  illorum  barbariem  cœperit  inces- 
sere....  Verùni  hoc  quoque  successurum  confido,  si  trium  bngua- 
rum  cognitio  publicitùs  in  scholas,  ita  ut  cœpit,  recipi  pergat.  Nam 
et  hujus  ordinis  qui  doctissimi  sunt,  minimeque  maligni,  partim 
adjuvant,  partim  favent  huic  instituto  :  quo  quidem  in  negotio 
prseter  alios,  non  instrenuam  operam  prœstitit  Jacobus  Faber  Sta- 
pulensis,  quem  tu  ut  cognomento,  ita  plerisque  dotibus  refers.... 
Quid  multis  ?  omnia  mihi  pollicentur,  rem  felicissime  successuram. 
Unus  adhuc  scrupulus  habet  aniinuin  meum,  ne  sub  obtentu  priscse 
literaturse  renascentis  caput  erigere  conetur  Paganismus  :  ut  sunt 


'  En  allemand  Wolf  Kopfiein.  Capiton  né  en  1478  dans  la  ville  d'Hague- 
nau,  en  Alsace,  fit  ses  premières  études  à  Bâle  ;  il  les  continua  à  î'ribourg 
en  Brisgau  et  obtint  successivement  le  grade  de  docteur  dans  les  trois  Fa- 
cultés de  médecine,  de  théologie  et  de  di'oit,  distinction  rare,  même  à  cette 
époque.  Après  avoir  exercé  pendant  trois  ans  la  charge  de  prédicateur  à 
Bruchsal,  il  fut  appelé  à  Bâle,  en  1515,  par  Christophe  de  Uttenheim. 
(Voyez  le  N°  5,  note  2.)  Capiton  était  arrivé  de  bonne  heure  à  des  vues  claires 
sur  quelques-uns  des  points  fondamentaux  de  la  doctrine  évangélique,  et, 
bien  longtemps  avant  qu'on  parlât  de  Luther,  il  avait  pris  avec  ZwingH,  à 
Einsiedelrij  la  résolution  de  travailler  au  renversement  du  papisme.  (Voyez 
Athenïe  Rauricîe.  Basileœ,  1778,  p.  10.  —  Ruchat.  Hist.  de  la  Réformation 
de  la  Suisse,  édit.  de  Louis  Vulhemin,  1835-38,  t.  I,  p.  76.  —  Herzog.  Vie 
d'Œcolampade,  p.  35.) 

*  Dans  l'édition  de  Le  Clerc:  1516.  Voyez  le  N^  9,  note  2. 


âO  GUILLAUMi:  BUDÉ  A  TONSTALL.  1  5 1  7 

et  inter  Christianos,  qui  titulo  pêne  dunlaxat  Christum  agnoscunt, 
caeterùm  intus  Geiililitatem  spiranl,  aut  ne.  renascentilms  Hebrœo- 
riim  literis,  Judaïsmus  meditetur  per  occasionem  reviviscere.... 
Optarim  frigidas  istas  argutias,  aut  ampulari  prorsùs,  aut  certè 
solis  inesse  Tlieologis,  et  Christum  illum  nimplicem  ac  purum 
penitùs  inseri  mentilnis  hominum  :  id  quod  liac  potissimuni  via 
fieri  posse  exislimo,  si  linguarum  adminiculis  adjuli.  in  ipsis  fon- 
tibus  pliilosojjiicntur. 


H 

GUILLAUME  BUDÉ  à  ToilStall  '. 

De  Paris,  19  mai  1517. 
Erasmi  Epp.  édit.  Le  Clerc,  p.  243. 

Sommaire.  Jugement  de  £udé  sur  les  effets  produits  à  Paris  par  la  publication  du 

Nouveau  Testament  d'Érasme. 

...  Quis  est  taia  adversis  Gratiis  natus.  oui  jam  non  sordeat  pinguis 
illa  ac  tenebricosa  Minerva,  ex  quo  Literœ  quoque  Sacrœ.  Erasmi 
industria  tersae.  mundiciem  priscani  splendoremque  receperunt  ? 
Quan(}uani  id  lonye  majus  est,  quod  idem  eadem  oi)erA  prœstitit,  ut 
Veritas  ipsa  sncrosuucta  ex  Cimmeriis  Hlis  tenebris  emergeret, 
etiamsi  nonduiii  [ilane  Tiieologia  è  scholaî  sopliislica;  pœdore  eni- 
tuit.  Cerle  hactenus  jam  profectum  est,  ut  eorum  partim  fastum 
illum  supercilii  ponere  videantiir,  erroremqûe  tacili  agnoscere: 
partim  quihus  integrum  est  per  astatem  et  vitie  institulum,  sortis 
suœ  pceuitentes,  nunc  literas  meliores  capessere  et  amplecti*. 

'  Culhbert  TomtaU,  ambassadeur  d'Henri  VIII  à  la  cour  de  Hruxelles, 
et  plus  tard  évoque  de  Londres. 

'  Érasme  écrivait  le  5  juin  l'il?  à  l'évêque  de  Rocliester:  <  Tiniel)atur 
hoc  opus  [scil.  Novum  Testanientum]  autequara  prodiret;  caîterùm  editum, 
mirum  est  quàm  probetur  omnibus  etiam  Theologis,  vel  eruditis,  vel  intcgris 

et  candidis Ludoricus  Ikrus .  Theologus  Parisiensis,  vir  in  ea  promo- 

tione  (ut  vocanfi  primus,  exosculatur,  adorât  ac  déplorât  tôt  annos  in  scho- 
lastieis  illis  conjlidaliunculis  cuu.'nonptos.  •>  ^Lc  Clerc,  p.  2;j5.} 


1517  GLAREANUS  A  ÉRASME  DE  ROTTERDAM.  31 


12 


GLAREANUS  *  à  Érasme  de  Rotterdam. 
De  Paris,  rue  St-Jacques,  5  août  1517. 

Erasmi  Epp.  édit.  Le  Clerc,  p.  1621. 

Sommaire.  Une  dispute  théologique  en  Sorbonne,  racontée  par  un  témoin  oculaire. 

....  Bénigne  me  excepit  Budœus,  humanissimè  tractavit  Copus, 
familiarissimè  mihi  cognitus  Faber  Stapulensis,  quem  eum  inveni, 
quem  tu  semper  unà  cum  Beato-,  amico  nostro  praecipiio,  pra^di- 
cabas,  virum  certè  integerrimum  humanissimumqiie.  Episcopum  ' 
certa  de  causa  nonduin  adii.  Stipendiuni  liabeo  privatum.  nemini 
quicquam  obligatus.  Cceterum  qui  Parisios  veni  ut  graecarer,  spe 
mea  lusus  sum  maxime.  Nemo  est  qui  insignem  auctorem  Graecum 
publicè  légat,  neque  privatim,  quod  equidem  memini.  Soplmtarum 
mille  circumstrepunt  tiirmœ.  Fui  adeô  nuper  in  dhputdtione  Sor- 
bonica,  ubi  egregiosplausus,  tanquam  tbeatrum  esset  Pompeii,  au- 

'  Henri  Lorit  (eu  latiu  Gîareanus),  né  en  1488  à  Mollis,  dans  le  canton  de 
Glaris.  Littérateur  ériidit  et  d'un  goût  délicat,  il  se  fit  connaître  très-ho- 
norableraent  par  ses  ouvrages  de  géograj^hie  et  ses  nombreux  commentaires 
sur  les  auteurs  latins.  Il  écrivit  aussi  sur  la  musique,  Taritlimétique  et  les 
antiquités.  Érasme  disait  de  lui  qu'il  était  «  moribus  alacribus  ac  festivis 
ac  prorsus  omnium  horarum  liomo.  »  Après  avoir-  étudié  à  Berne,  à  Vienne, 
où  il  se  lia  d'amitié  avec  Zwingli,  et  à  Cologne,  où  il  reçut  le  grade  de  maî- 
tre es  arts  et  fut  couronné  poète  par  l'empereur  Maximilien,  Gîareanus  vi- 
sita l'Italie  et  vint  à  Bâle  en  1514.  Il  y  fonda  un  pensionnat  dans  lequel  il 
enseignait  avec  beaucoup  de  talent  le  grec  et  surtout  le  latin.  Accompagné 
d'une  vingtaine  d'élèves,  Suisses  poiu' la  plupart,  il  se  rendit  eu  juin  1517  à 
Paris,  où  le  Bâtard  de  Savoie  lui  avait  fait  obtenir  du  roi  un  stipendiuin  annuel 
de  150  fr.  Son  pensionnat,  où  Ton  cultivait  avec  ardeur  les  bonnes  lettres,  pré- 
sentait en  raccourci  l'image  de  la  république  romaine.  Il  y  avait  un  sénat, 
des  comices,  un  consul,  un  préteur,  etc.  «  Hic  est  meus  senatus  (dit-il  en 
terminant  l'énumération  de  ses  élèves),  in  quo  consulem  ago.  Imperium 
mite  et  iu  quo  consul  plura  subit  officia,  sed  libenter,  sed  alacriter.  ► 
(Voyez  Hottinger.  Ulrich  Zwingli  et  son  époque.  Trad  de  l'allemand  par 
Aimé  Humbert.  Lausanne,  1844,  pp.  11  et  13.  —  Herzog.  Vie  d'Œcolam- 
pade,  p.  47.  —  Athense  Rauricse ,  p.  247.  —  Ruchat,  VII,  28.  —  Erasmi 
Epp.  édit.  cit.  pp.  198  et  1605.) 

-  Beatus  Rlienanus.  Voyez  le  N"  2,  note  1. 

■'  Etienne  de  Poncher,  évêque  de  Paris  de  1502  à  mars  1519. 


32  iEAN   C.fiSARIUS  A   ERASME  DE  ROTTERDAM.  1517 

divi.  Non  cohibui,  iramô  cohibui  risura,  sed  magna  difficultate  ;  at 
illic  ridebat  nemo  :  eral  enim  tum  pugna  magna  de  lana  caprina. 
Porro  irascebantur  non  parum  Adœ,  primo  parenli  nostro,  quod 
mala,nonp\Ta,comedisset,convitiisque  vix  abstinebant  superciliosi 
homines.  Vieil  tandem  tbeologica  gravitas  slomachum.  evasitrjuo. 
ttonis  avibiis  Adam  absquevulnerc.  Abii  ego,  satur  mt-niarum.  Ilaque 
doini  me  contineo  apud  meos  cantillans,  otioque  deditus,  cum  mec 
Horatio  delicior,  cum  Democrito  stiiUum  rideo  nmndum...  Salutat 
te  Petrus  meus  Scudus^,  omnesque  discipuli  mei,  tui  sludiosissimi. 


13 


JEAN  ciESARius  '  à  Érasuie  de  Rotterdam. 
De  Cologne,  22  septembre  1517. 

Erasmi  Epp.  édit.  Le  Clerc,  p.  1634. 

SoMMAiEE.  Le  Fèvre  d'Étaples  jugé  par  un  de  ses  anciens  disciples. 

....  Nori  fionn'nis  [se.  Fabri]  modrstium.  et  candiduni  iit  omnes  et 
doctos  et  bonos  affectionem:  (juippe  tjui  ejus  fuerim  aliquot  annis 
discipulus.  atque  idem  lit  Sopliistas  imprnu/s  mordere  ntque  acriter 
impugnare  consueveraf^.  ita  doctissimiim  quemque  commendare  ac 
laudibus  debitis  ornare.  Ilaque  esse  non  potest,  quod  et  lu  quoque 
ita  sentis,  quin  à  pessimo  aliquo  da^mone  instigatus  sit,  cui  utinam 
obstitissel,  et  tuam  polius  erga  se  benevolentiam  fovere  cura.^set, 
ut  per  quam  ejus  fama  crescerel  magis  quàm  decrescerel  "  ! 

*  Pierre  Tschudi  (fils  de  ce  Louis  Tschudi  de  Glaris,  qui  .s'était  distin- 
gué dans  la  guerre  de  Souabe  et  à  la  bataille  de  Marignan)  avait  déjà  étu- 
dié à  Râle,  dans  la  maison  de  Glareanus,  avec  sou  frère  cadet  Jl'Jgidius, 
connu  plus  tard  comme  historien,  et  sou  cousin  germain  Vahntin  Tschudi. 
(Zuinglii  0pp.  VII,  p.  16,  note  des  éditeurs  Schuler  et  Schultess.) 

'  Jean  Cœsariiis,  philosophe  et  médecin,  né  à  Juliers  on  1460,  était  pro- 
fesseur à  Cologne,  où  il  compta  parmi  ses  élèves,  en  1520,  le  fameux  réfor- 
mateur zuricois  Henri  BuUinger.  (^ Voyez  Zuinglii  Oi)p.  VII,  101.  —  Léonard 
Meister.  Beriihmte  Ziiricher.  Basel,  1782,  2  vol.  iu-S".) 

*  Voyez  N°  6,  note  3,  la  citation  d'une  lettre  de  Glareauus 

'  Allusion  à  la  querelle  de  Le  Fèvre  et  d'Érasme.  Voyez  la  première  pièce 
de  l'un  1522,  note  G. 


1518  NFCniAS  RKHMJIJ)  A  érasmr.  Xi 


14 

NICOLAS  BÉRAULD  à  Érasme. 
De  Paris,  16  mars  1518. 

Erasmi  Epp.  éd.  Le  Clerc,  p.  307. 

Sommaire.  En  faisant  ie\ivre  réiude  des  Saintes  Lettres,  Érasme  ramène  les  esprits 
à  la  vraie  Théologie.  La  2""*  édition  de  son  N.  T.  est  attendue  avec  impatience. 

Erasmo  Rot.  Nicolaus  Beraldiis  *  S.  D. 

Ineptum  putabara...  te  literis  obtundere,  sludiis  praesertim  gra- 

vioribus  occupatiim,.  nimirum  restituendœ  rei  theologicœ  annos  jam 
aliquot  deditiim,  Paiilinisque  EpistolLs  illiistrandis  toto,  ut  dicitur, 
pectore,  vigiliisque  ac  sudoribus  maximis  incimibentem.  Nam  Novi. 
ut  vocant,  Instrumenti  editiouem  alteram  abs  te  paratara  esse,  niliil 
dubilo,  aflirmante  id  praesertim  Neseno  nostro-.  qui  se  quoque 
luculentas  enarrationes  tuas  in  Pauli  Epistolam  ad  Romanos  vidisse. 
Ludovico  Deberquino'".  viro  doctissimo  ac  tui  nouiinis  studiosissi- 
mo .  cum  is  Lutetiœ  mecum  nuper  ageret,  miliique  non  semel 
retulit.  Atque  utinam  ea  omnia  propediem  pulcherriniis  typis 
excusa  videre  contingat ,  Frobenianis  videlicet,  quibus  nihil  fieri 
puto  posse  nitidius,  elegantius.  aiuœnius.  Idipsum  tantopere  exspec- 
tant   quotquot   liîc    sunt    viri   non    vulgariter    tlocti,    Budœus. 

'  Nicolas  Béraiild,  humaniste,  mathématicien  et  jurisconsulte,  né  à 
Orléans  en  1473,  avait  d'abord  professé  le  droit  dans  l'université  de  sa 
ville  natale,  et,  s'il  eût  poursuivi  cette  carrière,  la  France  aurait  peut-être 
possédé  en  lui  un  émule  de  Budé,  de  Pierre  de  l'Estoille  et  d'André  Al- 
ciat.  (Voyez  le  remarquable  discours  de  Bérauld  «  De  vetere  ac  novitia  ju- 
risprudentia.  »  Paris,  1533,  in-S".)  Mais  dégoûté  par  l'esprit  formaliste  et 
mesquinement  utilitaire  qui  dominait  alors  dans  l'étude  du  droit,  il  aban- 
donna la  jurisprudence  pour  se  vouer  à  la  littératiu-e  grecque  et  vint  se 
fixer  à  Paris. 

■  Guillaume  Nesen,  né  en  1493  à  Nastede,  dans  la  Hcsse,  étudia  à  Bâle, 
où  il  connut  Erasme  et  Z^\'ingli,  puis  à  Paris  où  Budé,  Le  Fè\Te  et  Bé- 
rauld l'honorèrent  de  leur  amitié.  Il  se  rendit  à  Louvain,  vers  le  milieu  de 
l'année  1519,  et  il  y  resta  jusqu'au  mois  de  juillet  1520. 

'  Louis  de  Berquin,  gentilhomme  de  l'Artois,  que  son  opposition  à  la 
Sorbonne  et  son  mai'tyre  rendirent  plus  tard  célèbre. 

3 


IVi.  1/ ÉGLISE  DE  PARIS  AU  PARLEMENT.  1518 

liwllius  \  Ruzœus  ■',  Dcloiims  ^,  et  ipse  quoqae  Parisiensis  episco- 
inis'',  eximius  ac  prope  unicus  8e\i  hujus  Mecœiias,  ut  nuUuin 
aliud  opiis  cujuscunque  auctoris  fuisse  unquam  exspectatius  putem. 
Video  equidem,  Erasme  optime,  video  equidem  fore,  quod  votis 
ardentibus  antehac  semper  expetii,  uli  videlicet  Theologi  isti  nostri, 
spinosis  ac  sophisticis  nugis  atque  inutilibus  argatiis  nimiùm  jara- 
pridera  dedili,  desertis  Scotistarum,  Occanistarum,  adde  etiam  Tlio- 
mistariim  faclionibus,  ad  (intiquam  Ubuii  ac  reram  se  Tlifoloyidni 
plerique  convertant,  si  porrô  perrexeris  siiam  arcanis  ac  cœlestibus 
Literis  dignitatem  asserere.  Id  quod  liactenus  tanto  abs  te  successu 
factiini  esse  censeo,  ut  certe  non  videam.quem  veteruin  Theologo- 
rum  tibi  jure  anteponere  quis  debeat...  Quare  perge,  Erasme,  seculi 
hujus  decus  egregium,  perge  tecum  ipso  certare,  teque  ipsum 
deiiiceps  vincere .  in  eo  préesertim  stadio  Christianœ  pietatis  ac 
Ecangelici.  cuUus,  in  quo  tanla  cum  lande  haclenus  nobis  cerlasti, 
ul  nihil  jam  supersil  aliud ,  nisi  ut  teipsum  vincas.  Vale.  Lutelia. 
17  Cal.  April.  anno  1318. 


15 


Requête  de  l'église  de  paris  au  Parlement. 
Paris,  20  mars  1518. 

Bulœus,  VI,  83. 

SoMMAiEE.  Protestation  du  clergé  contre  les  usurpations  de  la  cour  de  Rome  *. 

Messieurs,  nous  avons  entendu,  publicà  famà  hoc  referente,  que 
la  Cour  est  poursuivie  de  publier  certains  Concordats  que  on  dit 
avoir  esté  faits  iuter  modernum  Pontiticem  Max.  et  Christianiss. 

*  Jean  Riiel,  célèbre  humaniste,  natif  de  Soissons.  Par  ses  traductions 
des  médecins  anciens,  il  cnntriluia  beaucoup  à  relever  les  études  de  mé- 
decine. 

''  Louis  de  Buzé,  lieutenant  civil  de  Paris. 

"  Françoii  de  Loyn  ou  de  Loi/nes  (appelé  aussi  de  Luynes  par  Bèze), 
président  du  Parlement  de  Paris. 

'  Etienne  de  Poncher,  nommé  archevêque  de  Sens  le  14  mars  1519. 

'  Cette  requête  fut  présentée  oralement  par  le  doyen  du  Chapitre, 
Guill.  Hiui. 


K 

1 


1518  l'ÉGUSE  DE  PARIS  AU  PARLEMENT.  35 

Regem  nostrum,  à  quibus  vitletur  pendere  abrogatio  sacrorum 
CouciUorum  Constantiensis  et  Basileensis,  derogalioetiam  libertatum 
el  privilegiorum  Ecclesite  Gallicanie  *  :  Ce  qui  touche  l'Eslat  et 
riionneui"  de  TEglise  universelle,  sed  et  commune  bonnm  quod 
Nobis  hactenus  semper  inviderunt  Romani  Pontifîces,  Messieurs,  vos 
probe  nostis  quo  fandamento,  qua  autoritate.  Pro  Ecclesià  Gal- 
licanà,  illorum  ergo,  venimus  obnixè  et  humililer  supplicaturi, 
ne  quid,  inconsulta  Ecclesià,  super  iis  attentetur  :  simul  obsecra- 
mus  procuretis  erga  Christianiss.  Regem  nostrum,  velit  prœdictam 
Ecclesiam  Gallicanam  convocari  '.  Qua  légitimé  congregata,  de  lus 
Goncordatis,  qua3  intérim,  dum  haec  fient,  nobis  communicari  peti- 
ums,  maturius  et  liberius  agemus.  Et  si  supra  quàm  liceret  im- 
pulsi  ulterius  progrediamini,  etiam  nunc  adsumus  Nos  opponentes 
pro  causis  per  Nos  propositis  ac  amplius,  cum  licebit,  proponendis. 
Deum  Opt.  Max.  judicem  utique  vivorum  sicut  et  mortuorum  ob- 
te^tamur,  judicia  vestra  ac  qu&cunque  in  liac  re  fient,  nihil  Eccle- 
sià) in  posterum  nocitura.  Ainsi  signé  Raoulin,  de  Mandato  Ca- 
pituli. 

*  Un  certain  nombre  de  décrets  du  concile  de  Bâle  avaient  été  proclamés 
comme  lois  du  royaume  par  la  Pragmatique-Sanction,  publiée  par  Char- 
les MI  dans  les  États  de  Bourges  (1438).  Deux  fois  abolie  et  rétablie  sous 
Louis  XI,  soumise  dès  lors  dans  son  application  aux  vicissitudes  des  intérêts 
politiques,  la  Pragmatique  était  restée  chère  à  l'Lghse  gallicane,  parce 
qu'elle  consacrait  ses  libertés  et  lui  assurait  vis-à-vis  du  saint-siége  une  po- 
sition indépendante.  Cette  Constitution  ecclésiastique  fut  remplacée  par  le 
Concordat  conclu  entre  François  I"  et  Léon  X,  le  15  août  1516.  Dans  ce 
traité,  qui  abolissait  le  mode  d'élection  fixé  par  la  Pragmatique,  le  roi  se  ré- 
servait la  nomination  aux  évèchés  et  aux  bénéfices,  et  laissait  au  pape  la 
confirmation  de  ses  choix.  Le  uouvel  ordi-e  de  choses  excitait  un  méconten- 
tement général.  Aussi  le  parlement  de  Paris  ne  le  consacra  qu'après  neuf 
mois  de  négociations.  La  présente  requête  donne  une  idée  des  dispositions 
qui  animaient  alors  le  clergé.  L'Université  n'était  pas  moins  hostile  à  la 
nouvelle  constitution ,  et  elle  fut  peu  rassurée  par  l'étrauge  réponse  que  le 
premier  président  fit  le  20  mars  aux  représentations  du  recteur  et  de  ses 
collègues.  Il  leur  dit  «  que,  nonobstant  la  publication  des  Concordats,  la 
«  Cour  jugeroit  les  procez  selon  la  Pragmatique  ;  qu'ils  le  tinssent  secret 
«  et  qu'ils  en  fissent  le  serment  en  eux  et  en  parlassent  sagement  aux  sup- 
«  posts  [sujets]  de  l'Université,  en  les  appaisant  le  plus  doucement  qu'ils 
«  pourvoient.  »    (Buteus,  op.  cit.)  Ces  bonnes  paroles  n'empêchèrent  pas 
l'Université,  huit  jours  plus  tard,  de  faii-e  rédiger  un  appel  dont  nous  don- 
nerons le  résumé  dans  le  X°  suivant. 

^  L'archevêque  de  Lj-on,  alors  présent  à  Paris,  avait  déjà  déclaré  qu'il 
était  prêt  à  convoquer  le  clergé  de  l'Église  gallicane. 


3f)  l'unfvrrsité  dk  paris  au  parlement.  1518 


16 

l'université  de  paris  au  Parlement. 
Paris,  28  mars  1518. 

Bulaeus,  t.  VI,  p.  88—92. 

(résumé  avec  citatioxs) 

Sommaire.  Exposé  des  motifs  qui  autorisent  l'Université  à  protester  contre  l'exécution 
du  Concordat  et  les  usurpations  de  la  cour  de  Rome. 

Après  avoir  déclaré  qu'elle  entend  ne  rien  dire  contre  la  Ste 
Église  Gatlioli(|iie  et  Apostolique,  ni  contre  Tautorilé  du  pape 
mieux  informé,  l'Université  ajoute  : 

'<  Sed  ([uoniam  ta  qui  Dei  vices  gerit  in  terris,  quem  Papam 
dicimus,  quamvis  a  Deo  potestatem  immédiate  liabeat,  per  hanc 
potestatem  non  impeccabilis  efficitur,  nec  potestatem  non  peccandi 
accipit,  equidera  si  quid  quod  injustum  est,  faciendum  esse  prae- 
ceperit.  patienter  sustinere  débet  si  non  fiât  quod  ei  ex  prara 
fuerit  insinuatione  suggestuni,  eique  non  pareatur  si  quid  con- 
tra divina  prœcepta  astruendum  esse  decreverit  ;  nam  in  hoc  ei 
resisti  jure  potest.  » 

L'Université  rappelle  ensuite  les  bienfaits  dont  on  est  redevable 
aux  conciles  généraux,  et  particulièrement  à  ceux  de  Constance  et 
de  lidie,  légilimement  réunis  et  représentant  l'Église  universelle, 
lesquels  se  sont  eiïorcés  d'extirper  les  hérésies  et  de  réformer 
l'Église,  tain  in  capitc  quàni  in  membris.  Pour  remédier  aux  dés- 
ordres qui  s'y  étaient  introduits,  le  concile  de  Bàle  décida,  «  ut 
taies  Ecclesiie  pra3llcerentur  Pasiores,  qui.  tanquam  columnai  et 
bases,  ipsam  Ecclesiain  doctrina  et  meritis  Hmiiter  sustenlarent,  » 
et  ([ui  auraient  été  élus  canoniijuement,  juxta  juris  communis 
dispo.sitiont'in.  Il  décréta  en  outre  (pie  les  prélats  et  les  collateurs 
des  bénélices  seraient  tenus  de  pourvoir,  selon  les  règles,  au  sori 
des  hommes  studieux  et  possédant  certaines  qualités  déterminées, 
ijui  leur  seraient  présentés  par  les  universités. 

Cette  garantie  est  détruite  par  le  Concordat.  Si  Idii  adoptai! 
cette  nouvelle  conslilution,  ce  ne  serait  plus  le  savoir,  ni  le  mérite, 
mais  la  richesse  et  la  faveur  des  puissants  qui  feraient  éhre  aux 


1518  L'UNrVTRSITÉ  DE  PARIS  AU  PARLEMENT.  37 

charges  ecclésiastiqueSj  et  cela  pour  le  plus  grand  malheur  des 
églises,  puisque  la  vie  et  les  mœurs  des  titulaires  ne  seraient  pas 
examinées.  Le  concile  de  Bàle  avait  bien  jugé,  au  contraire,  en 
prononçant  que  rien  ne  nuit  plus  à  TÉglise  de  Dieu,  que  le  choix 
d'hommes  indignes  et  l'absence  d'un  examen  sérieux  après  les 
élections. 

Par  les  statuts  de  ce  même  Concordat .  dont  le  pape  Léon  a 
conseillé  l'adoption  au  roi,  alors  que  celui-ci  était  tout  occupé  de 
la  campagne  d'Italie',  statuts  que  le  roi  a  fait  publier,  pour  tenii- 
sa  parole,  mais  ?ans  nous  avoir  entendus,  —  les  hommes  studieux 
perdent  fout  espoir  d'avancement  dans  l'Église  ^. 

'  A  Bologne,  où  les  deux  souverains  avaient  eu  une  entrevue,  du  10  au  14 
décembre  1515. 

'  L'Université  ne  se  contenta  pas  de  protester  :  elle  défendit  à  tous  ses 
imprimeurs,  sous  peine  de  perdre  leurs  privilèges,  d'imprimer  le  Concordat. 
Le  Parlement  reçut,  à  cette  occasion,  deux  lettres  fort  sévères  (4  et  20 
avril),  dans  lesquelles  le  roi  se  plaignait  «  de  tels  tumultes  de  fait  et  de  pa- 
roles, »  des  «  folles  insolences  et  entreprises  faites  par  aucuns  de  l'Univer- 
sité, et  mesmement  par  les  prescheuœ,  pour  commouvoir  le  peuple  à  sédi- 
tion. »  Les  étudiants  allèrent  plus  loin  encore.  Ils  répandirent  partout  des 
vers  satiriques,  affichèrent  dans  les  carrefours  des  écrits  contre  le  pape,  et 
insultèrent  l'officier  qui  publiait  le  Concordat  dans  les  rues  de  Paris  (22  avril). 
Ce  fut  une  véritable  émeute.  (Voyez  le  récit  circonstancié  qu'en  donne 
G.  Nesenus  dans  sa  lettre  à  Zwingli,  datée  de  Paris  le  28  avril  (1518).  Zuin- 
glii  0pp.  Vn,  p.  22.)  Sur  l'ordre  du  roi,  on  jeta  en  prison  le  professeur 
Oronce  Fine  et  plusieurs  personnages  qui  avaient  appuyé  l'Université.  Dé- 
fense fut  faite  à  celle-ci  (27  avril)  de  se  mêler  des  affaires  du  gouvernement. 
Puis  tout  rentra  dans  le  silence.  Mais  le  mécontentement  provoqué  par  l'a- 
bolition de  la  Pragmatique  fut  pour  quelque  chose  dans  l'intérêt  très-vif 
qu'excitèrent  en  France  les  premiers  écrits  de  Luther. —  Le  régime  qu'inau- 
gurait le  Concordat  a-t-il  facUité  indirectement  les  progrès  de  la  Réforme 
française?  Cette  question,  résolue  en  sens  divers  par  les  auteurs  modernes, 
n'était  point  douteuse,  au  seizième  siècle,  pour  le  clergé  catholique.  Dans 
les  États  d'Orléans  (décembre  1560),  il  fit  représenter  au  roi  «  que,  l'an 
1517  (1518,  nouv.  style),  la  saincte  et  sacrée  loy  de  l'élection  avoit  esté 
desplacée  par  exprès  commandement,  sans  autre  congnoissance  de  cause, 
au  mesme  temps  que  sourdit  l'infernale  doctrine  de  Luther  ;  d'où  U  estoit  à 
espérer  que  les  élections  remises,  toutes  ces  Mrésies  s'esvanouvroient.  »  (Bèze. 
Hist.  Eccl.  I,  p.  433  et  434.)  Voyez  aussi  Hist.  générale  du  progrez  et  dé- 
cadence de  l'hérésie  moderne.  Paris  1624,  in-4"',  t.  Il,  p.  7.  «De  ces  dés- 
ordi'es  premiers  [nés  du  Concordat]  procéda  la  source  d'un  autre  mal... 
c'est  Vhérésie  qui  pénétra  dans  la  France  et  infecta  les  meilleures  et  les  plus 
illustres  familles  du  royaume.  » 


38  VALF.NTIN  TSCHUDI  A  ULRICH  ZWINCLI.  1518 


17 

VALEXTIN  TSCHUDi  '  à  Ulrich  Zwingli,  à  Einsiedeln. 
De  Paris,  22  juin  1518. 

Ziiinglii  Opéra,  éd.  Sclmler  et  Schultess.  t.  VII,  p.  44. 

•Sommaire.  Tableau  de  l'état  des  études  philosophiques  et  théologiques  dans  l'Uni- 
versité de  Paris. 

Opinionem  tuam  de  nostro  Magisterio  *  hautl  absqiie  ingenti 

gaiidio  accepi  :  raagnopere  enlm  dissuadere  te,  ac  neiiuaquam  in 
hoc  amicorum  nostrorum  probare  consilium,  nec  quipplam  inani- 
bus  his  titellis  \in  auctoritati  accedere.  Qiiod.  quoniaiii  a  tali  viro 
profectum,  non  possum  non  magnopere  probare,  atqiie  ob  id  raa- 
gis,  quôd  in  dies  videam  quibits  in  iimbriii  juveutua  Gallica  délitent. 
(piibusve  nugis,  quàni  frigidis  quàmque  scurrilibus  juvenilem  ani- 
miim  imbuant,  imô  inticianl.  Non  enim  venenum  œque  nocivum 
atipie  pnL'sentaneiiin,  (juàm  luec  sopbislica  (loi[iiaciilam  banc  ac 
cavillaloriam  inquam)  bestifera  est;  pestiferam  dicere  voliii.  Quin 
bestifera.  Feras  enlin  beslias,  atque  iis  eliain  Immaniores.  ejusdem 
Mystas  cerneres.  Judicium  ipsis  ademtum  :  sensus  obstupali  atque. 
quod  aiunl,  nmcco  obsiti.  Ingenii  acumen  obtusuni,  nec  quicquaiu 
in  eis  de  bomine  perinde  ut  in  Ecbo  remansit,  pneter  sonum  ina- 
neni,  quem  ipsi  tamen  tam  prodige,  tamque  efTuse  depromunl. 
ut  nec  decem  muliercuUe,  quai  natura  ipsa  impendiô  loquaciores, 
uni  SopbistcM  ada;quari  queant  '. 

Longe  hic  alii  sunt,  quàui  tu  aut  Viennœ,  aut  Basileœ  unquam  vide- 
ris,  qui  si  bue  venirent,  cum  pueris  denuô  discere  cogei'entur.  Non 
vel  tanlilbun  elabitur  temporis,  quo  paulisper  remissi  aliis  nego- 
liis  intenli  sinl.  Tolum  niatuliinun  hi>  nugis  addicturn.  Cum  pran- 

'  Voyez  le  N"  12,  note  4. 

*  Glareanus  écrivait  à  Zwingli,  le  13  jan\ier  1519:  «  Araici  et  consau- 
guinei  hortantur  [scil.  Vaîentimon  Scudiim]  ut  fiât  Magister,  et  neque  ego 
dissuasi,  qdod  Parisiis  studioso  Magistoriiim  vonditur,  aut,  si  hoc  nimiùm, 
pro  pecunia  donatur.  Nequo  rnini  opus  est,  ut  visitet  quis  nugas  eonim, 
scd  amicorum  constat  intercessione,  quos  ego  aliquot  in  Universitate  habeo.» 
(Zuinglii  0pp.  VII,  p.  63.) 

^  Tschudi  se  rencontre  ici  avec  Budé,  qui  appelait  la  Sorbonne  «  un 
marais.  »  Voyez  Erasmi  Epp.  éd.  cit.,  p.  247. 


1518  VALENTIN  TSGHUDI  A  ULRICH  ZWINGU.  39 

dendiim,  ciim  cœnandiim,  ciim  anirai  refocillandi  gralia  deambu- 
landum,  summum  id  Gymnasium  est,  summa  cura.  Quid  multa  ? 
Integram  dieculam  in  his  consumunt.  Credo  etiam,  cum  orandum, 
eos  cum  Deo  sophistice  agere  atque  eum  argument is  convincere 
conari.  Quos,  liaud  absque  magna  argutia ,  Prœceptorem  nostrum  * 
olim  Gynmosophistas  appellilare  memini,  quôd  prorsus  omnem 
exuerint  sapientiam,  atque  ab  ea  nudi  agant. 

Quàm  quidam  ingeniosi  in  veris  vocabulorum  etjTûis  perqui- 
rendis  !  Est  hîc  in  suburbanis  Divi  Germani  Templuni,  in  quo  olim 
eos  Isidem  coluisse  fama  obtinuit  ^  Sunt  quidem  cerla  adhuc  anti- 
quitatis  vestigia.  Hue  cum  aliquando  recreandi  animi  gratia  per- 
venissemus,  aderat  forte  ibi  Galliis  ({uidam.  Hic,  cum  casu  quodam 
de  Parrhisiis  mentio  incidisset,  ita  ejus  Etymon  explicabat.  Pari- 
sius  (ut  ipse  nominabat)  inde  dictus,  quôd  est  7r«pà  xai  't'ais?,  hoc 
est,  juxta  Isidem.  Interprelationem  banc  in  Gollegio  credo  quodam 
ab  anxiis  illis  Philosophastris  annotaverat. 

Utinam  videres  Theologos,  columnas  fidei  scilicet,  tam  pueri- 
liter  suis  quaestionibus  délirantes!  Democritus  certe  in  his,  quàm 
Momus  esse  malles.  Magis  enim  ridendi  quàm  reprehendendi,  cùm 
nuUis  rationibus  persuader!  queant.  Vah  !  quàm  miseris  modis 
bonura  fortem  [Aristotelem  ?]  agunt  !  Hic  eum  cruci  delegat  ;  ille 
ad  Minoem  :  alius  ad  Gemonias  scalas.  Nunc  judex  statuitui".  nunc 
causidious  ;  paulo  post  dux  exercitus,  atque  etiam  rex.  Porro  eum 
ex  rege  deinde  lictori,  ut  vapulet,  tradunt.  Ita  varia  ejus  fortuna. 
Nec  Plato  vel  tantillum  ea  prosperiore  utitur,  iisdem  suppliciis  ad- 
dictus  talibusque  honoribus  decoratus.  At  ipsi  nunc  dictis  ita  pro- 
cacibus  mutuô  se  impetunt,  ut  conflicturis  interdum  similes  appa- 
reant.  Elata  nunc  voce  etiam  ad  ravim  usque  digladiantur,  ut, 
quandoque  in  assistentium  strepitu  explodantur,  voces  suas  média 
in  arena  amissuri  \ideantur. 

*  Glareanus.  Voyez  le  N"  12,  note  I. 

■^  Il  est  ici  question  de  l'abbaye  de  St-6ermain-des-Prés.  «  Par  le  con- 
seil et  advis  de  Guillaume  Briçormet,  l'Idole  de  la  déesse  Isis,  qui  étoit 
demeurée  jusqu'à  son  temps  en  l'Eglise  de  cette  Abbaye,  contre  la  mu- 
raille, du  côté  du  Septentrion,  à  l'endroit  où  est  le  crucifix  (laquelle  on  ap- 
pelloit  communément  l'Idole  de  Sainct-Germain),  feùt  abbatuë,  et  au  lieu 
d'icelle  feùt  mise  une  Croix  rouge,....  semblant  au  dit  Briçonnet  mal-seant 
qu'une  Mémoire  si  mauldite  feût  meslée  avec  les  Représentations  des 
Saincts,  et  au  lieu,  domicile  et  sacrée  Maison  en  laquelle  sont  ti-aictez  les 
divins  Offices  et  ineffables  Mystères  de  nôtre  Religion.  »  (Manuscrit  cité  par 
Guy  Bretonneau.  Hist.  généalog.  des  Briçonnets.  Paris,  1620,  p.  206.) 


40  ÉRASME  A  Gin>LAUME  HUE.  151  S 

Copiosius  rideres,  si  qucestiones  ipsas  adeo  subtiles,  adeô  de- 
ni([ue  magistrales  cerneres.  Diceres  profectô  (ut  proverbio  dicam) 
x'i  TotûTO!  Tfpbç  eW/v,  aut  quid  Itœc  ad  Cliristum?  At,  quod  slupidius, 
Hieronijniiiin,  Aufjustùmiu,  Ecclesiœque  Doctores  vigilant issimos  m 
hili  quidem  faciimt,  ac  coiitemnunt.  Verùm  quàm  apud  eos  accep- 
lissimi  magnif(ue  nominis  sunt  Joli.  Maioris,  Altisiodorensis,  Du- 
randm  et  quidam  his  etiam  indoctiores,  quos  instar  oraculi  co- 
lunt,  quorum  quid  aliud  nomina,  quàm  barbariem.  opus  incondi- 
liim,  indoctum  ac  argumentosum,  prima,  quod  aiunt.  fronte  pro- 
niitterent  ! 

At  nunc  me  recipio.  Haec  de  studio  Parrhisiano  *'.  Non  tam,  quod 
ea  te  nesoire  ex.istimem,  quàm  quod  adeô  stupidissimos  hos  homi- 
nes  cum  suis  Grypiiis  atque  insolubilibus  captiunculis  execror.  Nec 
est  quod  adeô  a  Philosophia  abliorream.  quin  eam  ex  animo  dis- 
cere  cuperem,  si  occasio  objiceretur.  Atqui  talibus  inslitutoribus 
nunquam  utar,  qui  alba  dénigrent,  plana  exaspèrent,  explicata 
involvant,  vera  invertant,  dissoluta  denique  modis  miris  compli- 
cent,  atque  ex  Pliilosopiiia  «wr.oaot^i'av  quandam  commutent....'' 

18 

ÉRASME  à  Guillaume  Huë,  à  Paris. 
D'Anvers,  9  août  1518  (1519?). 

Erasmi  Epp.  éd.  Le  Clerc,  p.  335. 

SoMMMRE.  Il  le  félicite  de  ce  que  Vétude  de  l'Écriture  sainte  est  remise  en  honneur 

dans  l'Université  de  Paris. 

Erasuuis  Hot.  riiiilielino  Hueo  ',  Parisiensis  Ecclesiae  Decano  S.  D. 
....  Audio  non  sine  suiiima  voliiptate  Pariniorum  Academiam  |ii"is- 

^  On  trouve  quelques  détails  pittoresques  sur  le  même  sujet,  dans  une 
élégie  du  poète  écossais  Georges  BucJmnan,  intitulée  :  «  Quàm  misera  sit 
conditio  docentium  literas  humaniores  Lutetiœ.  » 

'  «  Quod  est  tam  tritiim  liominum  sermone  proverbium,  quàm  illud  Par- 
rhisiis  doceri  juvcntutem  nihil  scire,  atque  adeô  insane  et  loquacissime  de- 
lirare?  Reliquis  omnibus  in  studiis  [scil.  Academiis],  etsi  sunt  vana  et  futilia 
nounulla,  esse  tamen  solida  multa;  in  unis  Parrhisiàs  vix  esse  nisi  nugacis- 
simas  nugas....  »  (Ludovicus  Vives  Joanni  Forti  [Lutetiam].  Lovanii,  idibus 
Februariis  1519.  Vivis  0pp.  Basileae,  1555,  in-folio.  Liber  in  Pseudodia- 
lecticos,  1. 1,  272.) 

•  Voyez  le  N°  15,  note  1. 


1519  GLAREANUS  A  ZWINGU.  41 

tinis  suis  studiis,  in  quibiis  liactenus  haucl  dubie  primam  laiidem 
possidebant,  ac  etiamnnm  possident.  propensis  animis  trrum  iin- 
giiarum  a(lderecognitionein,el  ad  purimmos  sacrornm  rolnmùmm 
fontes  suhinde  recurrere,  neciue  sent  ire  ciim  istis  aliquol  sibi  parum 
araicis,  qui  piitant  lias  lileras  cum  vera  Theologia  pugnare,  quum 
nullci;  magis  omnibus  lionestis  disciplinis  famulentur.  Id  partim 
GulUci  ingenii  tribuo  candori,  partim  exiniii  Prccsulis  Stephani  Poii- 
cherii  sapientia?,  viri  instaurandis  optimis  literis  ac  veiu'  pietati 
divinitiis  facti,  sed  in  primis  optimo  Régi  Francisco  -.  Soli  nos  non- 
dum  hoc  nomine  possumus  nobis  gratulari.  Sed  tamen  spes  est 
non  pessima.  Faxit  Christus  Optimus  Maximus,  ul  quemadmodum 
Principes  passim  favent,  foventque  recta  studia,  ita  Philosophiam 
amplectantur,  dignam  iis  qui  Christi  vices  gerunt  :  lioc  est,  ut 
quàm  longissime  absint  a  barbarica  tyrannide,  neque  per  ambi- 
tionem  labefaclent  orbis  Ciirisfiani  tranquillitatem  simul  ac  liber- 
tatem  !... 


19 

GLAREANUS  à  Zwingli,  à  Zurich. 
De  Paris,  13  janvier  1519. 

Zuinglii  0pp.  éd.  cit.  t.  VU,  p.  64. 

Sommaire.  Le  Fèvre  d'ÉtapIes  ayant  commencé  une  Légende  des  saints,  Glareanus 
a  écrit  à  Zurich  pour  demander  l'histoire  des  Martyrs  zuricois. 

....  Scripseram  D.  Prseposito  Tigurino  aliisque  Canonicis  tribus 
D.  Niesly,  D.  Henr.  Uttinger,  M.  Fehci  Frigio,  Jacohum  Fahrum  SS. 
MartjTum  iiistorias  e  non  vulgatis  autoribus  et  hominibus  doctis 
collecturum'.  Quare  ut  divorum  Martyrum  apud  Tigurinos  histo- 

*  Érasme  écrivait  à  Louis  de  Ruzé,  le  16  mars  1519  :  «  Gratulor  GalUœ, 
gi'atulor  optimis  studiis,  quibus  apud  vos  non  modo  locus  est,  verùm  etiam 
dignitas,  nimirum  eo  faveute  «j  x.pâTc:  iari  (;.£-j-'.(ttgv...  »  (Le  Clerc,  p.  420.) 
Voyez  aussi  la  lettre  de  Budé  à  Érasme,  du  6  mars  1519.  «  Rex  miré  in 
literas  bonas  fovendas  et  excitandas  propensus  esse  videtur.  »  (  Le  Clerc, 
p.  422.)    , 

>  Dans  son  «  Épitre  à  tous  Seigneurs  »  (1530\  Guillaume  Farel  mentionne 
ce  travail  de  Le  Fèvre,  et  il  indique  le  motif  qui  le  lui  fit  abandonner  : 

«  Ce  bon  Fahry  avait  travaillé  après  les  légendes  des  Sainctz  et  SaindeSy  et 


42  LE  FÈVRE  d'ÉTAPLES  A  BEATUS  RHENANUS.  1519 

riam  mitterent,  oravi  :  ita  eniin  fulurum,  ut  Collegio  inde  honor 
maxiinus  orirelur.  Verùm  nescio  literasne  receperint  ac  argu- 
mentuin  historiée  ejus  miserint  :  iiactenus  enim  niliil  recepi. 


20 


LE  FÈVRE  d'ÉTAPLES  à  Beatus  Rlienanus  *,  à  Baie. 
De  Paris,  9  avril  (1519). 

Inédite.  Manuscrit  autographe.  Bihliothèque  de  Schelestadt. 

Sommaire.  Je  n'ai  pas  sous  la  main  les  livres  que  vous  m'avez  fait  demander  par 
Nesen.  J'ai  fait  hommage  des  manuscrits  de  Philon  à  l'évêque  de  Meaux,  qui  visite 
actuellement  son  diocèse.  Mon  Cyprien,  imprimé  à  Venise  mais  plein  de  fautes,  est 
à  votre  disposition,  et  nous  pourrons  le  corriger  d'après  le  manuscrit  des  rdigiero-. 
de  St-Victor.  Quant  à  mon  Zenon  de  Vérone,  j'ai  en  le  malheur  de  le  confier  au 
confesseur  du  roi,  l'évêque  de  Troyes,  qui  ne  rend  jamais  les  livres  qu'on  lui  prête. 
—  Je  n'écris  plus  guère  à  personne,  n'aimant  pas  du  tout  voir  figurer  Tnes  lettres 
familières  dans  un  recueil  imprimé.  Saluez  tous  les  savants  de  Bâle,  le  D'  Michel 
Hvmielberg,  Capiton,  Sapidus,  et  tous  les  autres  que  j'aime  en  Christ,  sans  oubliei- 
Luther,  à  l'occasion.  Priez  pour  l'âme  de  notre  bien-airaé  Jean  de  Cracovie,  dont  la 
mort  m'a  causé  tant  d'affliction!  Portez-vous  bien  en  Jésus-Christ,  et  visitez-moi  par 
vos  lettres,  car  vous  vivez  dans  mon  cœur. 

Noli,  mi  Béate  dilectissime,  Nesenum  conimuneni  amicum  nos- 
trum  accusare  negligentia),  quôd  et  serael  et  secundo  me  soUici- 

desja  deux  moys  dos  Martyrs  [ceux  de  Janvier  et  de  Février]  estoyent  im- 
primez, carilavoit  délibéré  de  mettre  tout  ce  qu'il  en  pouiToit  trouver,  et 
le  jour  et  l'année  de  tous.  Mais  ayant  entendu  la  grosse  idolati-ie  qui  estoit 
es  prières  des  Sainctz,  et  que  ces  légendes  y  servent  comme  le  soulphre  à 
allumer  le  feu,  il  lni.<<sa  tout  et  se  mit  du  tout  après  la  Sainctc-Escripture.  r^ 
'  Be<iti(.^  Jîhcnanns^  né  eu  1185,  à  Schelestadt,  eu  Alsace,  a  mérité  une  place 
honorable  dans  l'histoire  littéraire  du  seizième  siècle  par  ses  travaux  critiques 
sur  Tacite,  Tite-Live,  Sénèque,  Pline  l'ancien,  etc.,  et  par  son  Histoire 
d'Allemagne  (Rcrum  gcrmanicarum  libri  III).  C'est  à  lui  qu'on  doit  la  pre- 
mière publication  de  l'histoire  romaine  de  Velleius  Paterculus  et  des  œu- 
vres de  Tertullicn.  Ses  relations  avec  Le  Fèvre  dataient  de  l'époque  où  il 
était  venu  à  Paris  pour  entendre  ses  leçons  de  philosophie.  (Voyez  le  N°  2, 
note  2.)  Il  y  eut  aussi  pour  professeurs  Josse  Clichtow,  llermonyme  de 
Sparte,  etc.,  et  il  y  rencontra  Érasme,  avec  lequel  il  se  Ua  d'une  amitié 
que  riou  n'altéra  dans  la  suite.  (Voyez  Teissier.  Éloges  des  Hommes  Sa- 
vants.) Après  avoir  séjourné  quelque  temps  à  Strasbourg,  il  s'établit  à  Bâle 


1519  LK  FÈVRE  d'ÉïAPLKS  A  JÎEATUS  RHENANUS.  43 

tavit  diligenter,  super  libris  quos  a  me  requirebas.  Verùm  nullus 
eoriim  mine  apiid  me  est.  Nam  prklem  libris  Philonis^  donavi  R.  D. 
meum  Episcoiiuiti  Meldensem  S  qui  nunc  foris  agit  in  diœcesi  sua. 
Unum  in  hac  re  formido,  ne  libris  illis  alicui  Magnati  aut  oratori 
gratiticalus  sit,  ac  illos  donaveril  ;  nam  illi  non  admodum  place- 
bant,  quia  supra  modum  corrupti,  et  nunquam  a  Georgio  Tipher- 
nate  *  probe  conversi,  adeô  ut  opus  esset  illos  etiam  habitos,  ad 

comme  correcteur  dans  l'imprimerie  de  Froben,  et  il  déploya  un  grand  zèle 
pour  répandre  en  Suisse  les  écrits  de  Luther.  Ce  fut  aussi  alors  qu'il  entra 
en  relation  avec  Zwingli.  La  première  lettre  qu'il  écrivit  au  futur  pasteur  de 
Zurich  présente  un  grand  intérêt  au  point  de  vue  historique,  parce  qu'elle 
renferme  une  appréciation  de  l'œuvre  des  réformateurs  à  ses  débuts.  Nous  en 
citerons  quelques  fragments. 

«  ...  Nihil  est,  quod  magis  mihi  doleat,  quàm  quod  video  Christianum  po- 
pulum  passim  ceremoniis  uihil  ad  rem  pertinentibus  onerari,  imô  meris  nse- 
niis.  Et  causam  non  aliam  reperio,  quàm  quôd  sacerdotes,  per  summularios 
istos  et  sophisticos  theologos  decepti,  Ethnicam  aut  Judaïcam  doctrinara 
docent.  De  vidgo  saeerdotum  loquor.  Neque  enim  me  latet,  te  tuique  similes 
purissimam  Christi  philosophiani  ex  ipsis  fontïbus populo proponere^  non  Sco- 
ticis  aut  Gabrielicis  interpretationibus  depravatam . . .  Déblatérant  illi  nugas, 
in  eo  loco  stantes,  ubi  quicquid  dicitur  populus  verissimum  esse  putat,  de 
Pontificia  potestate,  de  condonationibus,  de  purgatorio,  de  fictis  Divorum 
miraculis...  At  vos  pro  concione  dicentes,  universam  Christi  doctrinam  hre- 
vitcr  velut  in  tabella  quadam  depictam  ostenditis...  Nam  ejus  vita  doctrina 
est  omnera  humanam  excellens...  Utinam  tui  similes  multos  haberet  i/eZ- 
vetia!  Sic  tandem  facile  fieri  posset,  ut  meliores  mores  nostrates  induerent. 
Est  certe  populus  utcunque  corrigibilis,  si  modo  tahbus  non  destituatur,  qui 
Cfiristum  docere  et  possint  et  vehnt.  Bene  vale.  Basilese,  die  Nicolaï  (6  dé- 
cembre) 1518.  »  (Zuinglii  0pp.  éd.  cit.  VII,  p.  57.) 

-  Philon  d'Alexandrie,  dont  quelques  ouvrages  parurent  à  Bâle  en  1527. 

^  Guillaume  Briçonnet.  (Voyez  le  N°  1,  note  1.)  Il  avait  pris  possession 
de  l'évèché  de  Meaux,  le  19  mars  1516,  mais  une  mission  dont  François  I" 
l'avait  chargé  auprès  de  Léon  X,  le  retint  à  Rome  emiron  deux  ans.  A  son 
retour  eu  France,  il  s'occupa  avec  zèle  de  la  réformation  des  mœiu's  dans 
son  diocèse,  et  convoqua  dans  ce  but  plusieurs  synodes  où  l'on  décréta 
d'excellents  règlements.  Les  curés  résidaient  à  peine  dans  leurs  paroisses  ; 
il  les  y  contraignit  par  l'ordonnance  du  13  octobre  1518,  et,  pour  l'instruc- 
tion du  peuple,  il  distribua  tout  son  diocèse  en  32  stations,  dans  chacune 
desquelles  il  envoyait  un  prédicateur  pendant  l'Avent  et  le  Carême.  (Voyez 
Toussaints  Du  Plessis.  Hist.  de  l'Église  de  Meaux.  Paris,  1731,  in-4°,  t.  I, 
p.  326.) 

*  D'après  Conrad  Gessner,  ce  serait  Lilius  JEgidius  Liberiiis  Tiphcrnas 
qui  aurait  traduit,  vers  la  tin  du  quinzième  siècle,  les  œu\Tes  de  Philon. 
Cette  traduction  manuscrite,  conservée  au  Vatican,  avait  pu  être  consultée 
par  Le  Fèvre  pendant  sou  séjour  à  Rome,  en  1492. 


44  LE  FÈVRK  d'ÉTAPLES  A  BEATUS  RHENANUS.  1519 

exemplaria  Gra.'ca,  qua3  Romœ  in  bibliotheca  Sixti  liabentur,  reco- 
gnoscere.  Verùm  ubi  R.  D.  meus  post  exactes  proximi  Paschatis  ^ 
dies  redierit,  tentabo,  si  eos  habeat,  illos  obtinere.  Qiiapropter 
dispone  apud  Nesenum  '^.  vel  Conrardum  '.  aut  quem  voles,  scrip- 
torein  ;  et  ne  jactura  in  scribendo  (iat,  codex  unus  scriptus  ad  le 
mittotur.  Qui  si  libi  placuerit,  totum  opus  perscribetiir. 

Nesenus  \1dit  Cyprianum^  meuni,  sed  satis  mendosum.  neiinum 
quidem  verbiim  castigationis  habentem,  excusura  Venetiis:  si  lil)i 
placet,  qualiscunque  est,  ad  te  mittam.  Si  aliquando  alius  apud  me 
fuit  castigatus,  nescio  quo  errore,  malus  et  negligens  rerum  mea- 
rum  custos,  perdiderim.  Et  si  correctio  illa  ex  Divo  Victore^ 
sumpta  fuerit,  obtinebo  facile  exemplar  a  viris  religiosis  illius 
donius,  ut  Nesenm  ipse  vel  alius  quem  ordinaveris,  aliquid  laboris 
recognitioni  impertiatur. 

De  Zenone  Veronensi*°  apud  me  actum  est.  Nam  confeasor  re- 
(jms*\  qui  nunc  est  Episcopiis  Trecensis,  mutuô  a  me  accepit, 
et  quidquid  singulare  babui  ex  iis  quœ  scripta  Romœ  fuerant. 
Dentem  potius  illi  extraham  quàm  accommodâtes  codices'^  Re- 
petii  Zmonem,  sed  illi  prorsus  in  oblivionem  venit  :  (juare  et  te 
et  me  eo  carere  necesse  est,  nisi  aliunde  recuperemus. 

Tam  rarus  nunc  scribo  epistolas,  et  tam  dissuetus,  ut  in  albo  sim 
obscuroîMim  vii-orum.  Unum  etiam  est  quod  me  continet  ab  scri- 
bendo, quia  nolim  nllo  modo  literas  meas  familiares.  incultas  et 


''Le  24  avril  eu  1519.  Daus  les  années  1518,  1520  et  1521,  Pâques 
tomba  sur  une  date  antérieure  au  9  avril. 

•'  Voyez  le  N°  14,  note  2.  Le  rôle  réservé  à  Nesen  dans  cette  affaire 
montre  qu'il  résidait  cncoi'e  à  Paris.  Sa  lettre  datée  de  Louvain,  avril  1518 
(Zuinglii  0pp.  VU,  36),  fut  écrite  deux  ans  plus  tard  et  antidatée  à  dessein. 
(V.  op.  cit.  p.  14,  note  1,  et  p.  172.) 

"  Conrad  Rcsch,  libraire  bâlois,  parent  de  Jean  Froben  l'imprimeur.  Il 
avait  à  Paris  une  maison  de  librairie,  à  l'enseigne  de  l'écu  de  Bâle. 

**  Les  œuvres  de  Cypricn  parurent  à  Bâle  en  1520,  avec  un  texte  revu 
par  Erasme. 

'•'  L'abbaye  de  St- Victor,  à  Paris. 

'  "  Zenon.,  évoque  de  Vérone,  au  quatrième  siècle. 

"  Guillaume  Petit.  (\'oyez  le  N"  3,  note  4.)  Il  fut  évêque  de  Troyes  de 
février  1519  à  1527.  Guillaume  Budé  parle  de  ce  prélat  comme  d'un  bi- 
Ijliophile  très-ardent  et  même  dangereux  poiu-  les  bibliothèques,  «  libro- 
rum  rocouditorum  conquisitor  atque  investigator  sagacissimus,  ac  bibliothe- 
carum  penè  compilator.  » 

'*  Voyez  note  1 1 . 


I"i19  LE  FÈVRE  d'ÉTAPLES  A  BEATUS  RHENANUS,  45 

nullo  apparatu,  ut  scribere  soleo,  exciidi  :  (luod  animadverti  ali- 
quando  factum ,  quod  et  milii  displicuit  '^. 

Saluta,  obsecro,  meo  nomine,  omnes  doctos  viros  qui  apud  vos 
versantur,  quos  et  audio  esse  plurimos,  quorum  doclrincC  et  pro- 
bitali  congratulor,  amiciss.  meum  D.  Doctorem  Michnelem  Humel- 
henjium  '*,  D.  Volfiuif/nni  Fahrum  '^  Sapidum*^  et  cœteros  omnes, 
quos  in  Chrisli  dilectione  diligo,  eliam  Luthemm*',  si  aliquando 
tibi  occurret.  Gommendo  orationibus  tuis  et  tuorum  amicorum  et 
Hunœlbergiù  animam  Joaimis  Cracoviœ  '^  dilectissimi  nostri,  quem 
Deus  superioribus  mensibus  ex  hoc  mundo  evocavit,  cujus  fatum 
per  patruelis  sui,  qui  a  nobis  ad  eum  profectus  erat,  literas,  non 
sine  acerbo  luctu  accepi. 

Vale  in  Christo  Jhesu.  Et  tu  et  Michael,  etsi  non  corpore,  saltem 
epistolis  me  visitate,  quia  vivilis  in  corde  meo.  Nona  Aprilis.  Pa- 
risiis  '»  (lol9)  ^o. 

Faber  totus  corde  et  animo  luus. 
{Inscriptio  :)  D.  Beato  Rhenano,  amico  suo  quàm  cliariss".  Basilea3. 

'"'  Le  Fèvre  correspondait  avec  B.  Rhenanus  depuis  environ  dix  ans. 
(Voyez  le  N"  2,  note  2.)  La  présente  lettre  est  cependant  la  seule  de  Le 
Fèvre  que  nous  ayons  trouvée  parmi  les  papiers  de  Rhenanus  légués  à  la 
ville  de  Schelestadt. 

'■^  Pasteur  à  Ravensbourg  en  Souabe. 

'^  Capiton.  Voyez  le  N''  10,  note  1. 

"^  Jean  Sapidiis  (en  allemand  Wïtz),  né  à  Schelestadt  eu  1490,  avait  fait 
ses  études  à  Paris  avec  B.  Rhenanus,  et  il  dirigeait  depuis  l'an  1509  l'école 
de  sa  ville  natale.  Le  Valaisan  Thomas  Platter  fut  l'un  de  ses  élèves.  (Voyez 
Wilhelm  Rœhrich.  Mittheilungen  ans  der  Gescliichte  der  Evaugelischen 
Kirche  desElsasses.  Strassburg  und  Paris,  1855,  3  vol.  in-S",  I,  101-106.) 

'"  Voyez  plus  loin  dans  la  lettre  de  Glareanus  à  Zwiugh  du  4  juillet  1521, 
un  passage  relatif  aux  sentiments  de  Le  Fèvre  à  l'égard  de  Luther. 

'■'*  Jean  Solidus  de  Cracovie,  élève  de  Le  Fèvre,  l'avait  plus  d'une  fois 
accompagné  dans  ses  voyages  scientifiques. 

'-'  Le  Fèvre  n'a  pas  daté  «  ex  cœnobio  divi  Germani,  juxta  Lutetiam,  » 
comme  dans  les  lettres  N"^  1  et  4.  On  pourrait  peut-être  en  conclure 
qu'à  cette  époque  il  ne  résidait  plus  à  Saint-Germain-des-Prés.  François 
Vatahle,  qui  logeait  dans  cette  abbaye,  écrivait  à  Guillaume  Briçonnet, 
en  août  1518  :  «  Doctissimus  ille  Faber  tims,  Mecœuas  et  protector 
meus,  is  est  cui  me  meaque  debeo  ;  quem  cum  domi  haberem,  quoties  dig- 
nus  vindice  nodus  inciderat,  consulebam...  »  (Dédicace  de  la  Physique  d'A- 
ristote  trad.  en  latin  par  Vatable,  citée  par  M.  Graf,  p.  93  de  son  Essai.) 

-°  L'année  1519  est  la  seule  où  certains  détails  de  la  présente  lettre  puis- 
sent trouver  leur  place.  (Voyez  la  note  5.) 


46  H.-C.  AGRIPPA  DE  NETTESHEIM  A  J.  l.R  FÈVRE.  1519 


2d 


HENRI  CORNELIUS  AGRIPPA  DE  NETTESHEIM  Ù  J.  Le  Fèvre. 

(De  Metz,  fin  d'avril  1519.) 

H.  Corn.  Agrippa*  0pp.  Lugduni  (sine  anno)  per  Bei'ingos  fratres, 
in-8".Pars  H,  lih.  II.  ep=>  27»,  p.  744. 

Sommaire.  Mon  désir  de  vous  écrire  a  été  contrarié  pendant  plusieurs  années  par  la 
difficulté  des  communications  et  par  ma  vie  errante  dans  des  pays  éloignés.  Plus 
rapproché  de  vous  aujourd'hui,  je  vous  écris  par  le  P.  Claude  Bieudomié,  unique- 
ment pour  vous  assurer  de  mon  amitié  et  de  ma  fidélité  à  vous  défendre  contre  vos 
adversaires.  Résister  à  ces  ennemis  des  bonnes  lettres ,  tout-puissants  auprès  du 
peuple  par  leur  hypocrisie,  est  une  entreprise  difficile,  dangereuse  même,  mais  qui 
ne  m'effraie  point. 

Henricus  Cornélius  Agrippa  '  integerrimas  vitae  ac  doclrinaî  viro. 
Jacobo  Fabro  Stapulensi  S.  D. 

Ante  plusculos  annos  sœpe  et  niulta  ad  te  script uru.>>  eram, 
colendissime  Faber,  nec  defuil  digna  ad  te  scribendi  cùni  occasio 
cùm  materia;  sed  opinio,  qua  tenebar,  péril  liras  meas  tuasque 
literas,  quas  mutuo  unus  alleri  scriberemus .  fecit  me  desistere 
usque  adbuc.  Nani  nie  apiid  reniotas  pro\incias*  dubia  .sede  agente, 
cum  cceteris  difficultatibus  sylvarum,  niontium  et  \1arujn,  accede- 

'  —  *  Henri  Cornélius  Agrippa  de  Netteslieim,  ué  à  Cologne  en  1486 
d'une  famille  noble  et  ancienne,  servit  de  bonne  heure  l'empereur  Maxirai- 
lien  I",  à  la  cour,  puis  à  l'armée,  où  sa  bravoure  lui  valut  le  titre  de  che- 
valier. La  carrière  qu'il  parcourut  ensuite,  après  être  devenu  docteur 
en  droit  et  en  médecine,  fut  mùlée  poiu'  lui  d'un  peu  de  gloire  et  de 
beaucoup  de  revers.  Il  y  apportait  avec  ses  vastes  connaissances  et  son 
élocution  facile  dans  plusieurs  langues,  un  esprit  curieux  et  excessivement 
hardi  qui  lui  attira  partout  des  querelles ,  et  une  humeur  inconstante  qui 
ne  lui  permit  de  se  lixer  nulle  part.  Il  serait  long  d'éuumérer  toutes  les 
stations  de  sa  \ie  aventureuse,  en  Itahe,  en  France  et  eji  Espagne.  La 
persécution  des  moines  le  força  de  quitter  l'université  de  Dôle  (1509),  oii 
il  expliquait,  devant  un  nombreux  auditoire,  le  fameux  hvre  de  Reuchlin 
«  de  Verbo  mirijico.  »  (A'oyez  le  N"  2,  note  2.)  On  le  retrouve  ensuite  en 
Angleterre  (lûlO),  à  Cologne,  au  Concile  de  Pise  (1511)  et  dans  les  chaires 
de  théologie  à  Pavie  et  à  Turin  ;.151.5).  En  1518  il  vint  d'Italie  à  Metz,  où 
il  séjourna  environ  deux  ans  comme  conseiller  et  avocat  de  cette  ville. 
(Voyez  Bayle.  Dict.  hist.  art.  Agrippa,  et  Agrippfe  0pp.  Pars  II.) 


1519  PIERRE  TSCHUDI  A  BEATUS  RHENANUS.  47 

bant  omnium  maxima  armorum,  quai  intercipiebant  quicquid  tran- 
sibat  literarum. 

Nunc  autem .  quia  efïectus  sum  tibi  vicinior,  el  occasionem 
habeo  (idelis  nuncii,  videlicet  devotum  patrem  Ckmdium,  Deodntimi 
Ca.'lestinianum  pra-sentium  latorem,  scribo,  non  quod  ad  pricsens 
aliquid  habeam  te  dignum  quod  scribam,  sed  idcirco  tantùm,  ul 
tester  tibi  aninuim  meum,  significemque  integram  amiciliam,  scias- 
que  nominis  tui  prceconem,  quanquam  inconcinnum,  sed  et  fidtim 
adrocatum  in  te  aimante  defendeiido  contra  omnes  eos,  qui  lionori 
tuo  obesse  velint  \  Quorum  quidem  multi  sunt,  sed  homines  ira- 
probi  animi  et  misei'i  ingenii,  qui  omnibus  bonis  literis  sunt  bos- 
tes,  —  tamen  qui  scioli  sunt  apud  rudem  populum,  et  fidem  sibi 
vendicant  liypocrisi  —  ut  difficile,  iraô  non  sine  periculo,  illis  ré- 
sistant. Neque  tamen  ob  boc  deterreor  ab  ofticio. 

Verùm  de  bis  quod  superesl  ex  praesentium  latore  accepturus 
es.  Demum  oro,  ut  per  eundem  patrem  aliquid  rescribas,  ut  sint 
apud  me  epistolaî  tua?  monumentum  benevolenticT  tuae,  et  occasio 
siepissime  deinceps  ultro  citroque  rescribendi.  Si  quid  autem 
pênes  me  est  reliquum,  quod  tibi  conducere  queat,  quodve  pro 
te  efficere  valeam,  prsecipe  confidenter,  et  sine  mora  factum  in- 


telliges.  Vale. 


22 


PIEEKE  TSCHTDi  *  à  Beatus  Rhenanus. 
De  Paris,  17  mai  1519. 

Inédite.  Manuscrit  autographe.  Bibliothèque  de  Schelestadt. 

(fragment) 

Sommaire.  Tous  les  savants  de  Paris ,  même  les  moins  éclairés ,  accueillent  très- 
favorablement  fes  écrits  de  Luther.  Etforts  de  François  I  pour  obtenir  la  couronne 
impériale.  Ambassade  de  Bvdé  et  de  Béraxdd  auprès  du  roi  d'Espagne. 

....  Reliqui,  quod  equidem  literis  dignum  censeam,  nil  superest, 
quàm  M.  Lutheri  opéra  ab  universa  eruditoruni  cohorte  ohriis  uliiis 
excipi,  etiam  lis  qui  minimiim  sapiunt  plausibilia^.  Galliarum  prœ- 

^  Voyez  ci-dessous  le  N°  23,  note  2  et  le  N°  24,  note  4. 
'  Cousin  de  Valentin.  Voyez  le  N°  12,  note  4. 

'  Voici  le  témoignage  de  Luther  lui-même  sur  la  diifusion  rapide  de  ses 
ouvrages  en  divers  pays  :  «^  Scripseruut  {sic)  ad  me  Frohenius  Basiliensis. 


48  LE  FF.VRE  d'ÉTAPLES  A  H.-C.  AGRIPPA,  1519 

terea  regem  (si  rumori  credendum)  omni  conatu  annixurum.  atque 
uiiiversas  sui  regni  vires,  corpus  denique  ipsum.  si  res  flagilet.  çro 
vendicanda  sibi  corona  Cœsnrea'^.  T^erid\U\[nrnm  :  omnibus  deiûde. 
opinor.  jugura  impositurus,  si  res  ex  animi  sententia  cesserit;  sed 
hctîc  aliàs.  Budœus*  et  Berahlu.s-'  legalionis  luunere  apud  regem 
(Jdtliolicum^  UingnnUir.  Cd'ievà  Liliiniun'  ip^e.  ipii  coram  lileras 
exbibet,  copiosius  omnia  explicabil. 


23 

LE  FÈVRE  d'étaples  à  H.-C.  Agrippa. 
De  Paris,  20  mai  1519. 

Agrippœ  Opéra.  Pars  II.  lit).  IL  ep"  28».  p.  745. 

Sommaire.  J'ai  lu  avec  plaisir  votre  lettre  sincère  et  bienveillante.  Ne  soyez  paa  irrite 
de  ce  que  mes  écrits  rencontrent  beaucoup  de  contradicteurs.  Un  jour  viendra  où  In 

eximiè  meam  libcrtatem  commcndans  ;  scd  et  è  Parisiis  sibi  ab  amicis 
scriittum,  placcrc  illic  niultis  JcRiiiiio  a  Sorhonicis,  id  ost  theolopis,  mea  ; 
di-sporsisse  pratorea  iu  Ilalium,  Hi'^paniam,  Anyliam,  GaUiam  et  Braban- 
tiam  omnia  exemplaria.  »  Lutherus  Jo.  Lang.  14  april.  1519,  éd.  de  Wette, 
I,  p.  253.  Dans  cette  énumération  la  Suis-se  est  omise.  Le  principal  dépôt 
des  livres  de  Luther  était  à  Bàk  (V.  le  N°  20,  note  1).  Un  libraire  de  Bcnir 
y  fut  envoyé  pour  la  foire  de  décembre  1518  et  en  acheta  un  grand  uoin- 
iiro,  la  veille  de  Noél.  ^Zuiuglii  0pp.  VU,  p.  Gl.)Le  23  mai  lôl'J,  un  ami 
(l'Agrippa  lui  écrivait  de  Bile  :  «  ïotam  Basileam  lustra\i,  nusquam  pro- 
stant  oi)era  Lutheri  :  dudum  omnia  divemîita.  Dicunt  Argentinae  deuuo  im- 
pressa »  (Agrippio  0pp.  Pars  II,  p.  748). 

'  L'empereur  Ma.ximilien  I"  était  mort  le  12  janvier  151'J.  (Sleidan.) 

*  Guillaume  Budi.  Voyez  le  N°  9,  note  1. 

*  Nicolas  Bérauld.  Voyez  le  N°  14,  note  1.  Vers  la  fin  de  mars  il  avait 
quitté  Paris  avec  Etienne  de  Poncher,  Tun  des  chefs  de  l'ambassade  sus- 
mentionnée. (Voyez  la  lettre  de  Pudé  à  Érasme  du  1!»  mars  151 9.  Le  Clerc, 
p.  421  et  422.) 

"  Clmrles  I",  roi  d'Espagne,  élu  empereur  le  28  juin  1511»  et  connu  dès 
lors  sous  le  nom  de  Cliarles-Quint.  Les  ambassadeurs  des  deux  princes  ri- 
vaux tinrent  leurs  conférences  ii  Monti)ellier,  en  avril  et  en  mai.  (Voyez 
Gaillard.  Ilist.  de  Kranrois  l".  Paris,  Ibl!»,  4  tomes  in-S",  1. 1,  p.  o07.) 

'  Joanncs  Jacobus  à  Liliis  ou  Lilianu^'i  (en  allemand  ;ur  Gilgcn)^  Luccr- 
nois,  ancien  élève  de  Vadian.  Il  (juittait  la  maison  de  Glai-eanus  pour  re- 
tourner dans  sa  patrie.  (Voyez  Zuinglii  0pp.  t.  VII,  p.  49,  note  des  édi- 
teurs, et  p.  74,  lettre  de  Glareanu.s  du  15  mai.» 


1519  LE  PÈVRE  d'ÉTAPLES  A  H.-C.  AGRIPPA.  49 

vérité  sera  mieux  connue;  l'erreur  tombera  d'elle-même.  Voici  quelques-uns  des 
ouvrages  relatifs  à  la  dispute  sur  Ste.  Anne.  Ma  seconde  dissertation  sur  Madelaine 
vous  parviendra  prochainement.  ' 

Jacobus  Faber  Slapulensis  Henrico  Goriielio  Agrippic  S.  D. 

Honoiificenlissime  Domine  Doctor,  reddidit  milii  venerabilis 
Paler  Cluudius  Deodatus  epistolas  tuas  •,  quas  magna  cum  volup- 
late  legi.  (juis  enim  non  delectabiliter  légal,  quod  ex  animi  caudore 
et  benevolentia  profeclum  esse  cognoscil  ?  Non,  obsecro,  ajgrè 
feras,  quod  mulli  scriplis  meis  luui  de  Maydalena-.  lum  de  Anna^ 
adverseutur.  Exislimo  aliquando  luturum.  ul  barum  lerum  per.s- 
peclior  sit  veritas,  de  quibus  diaci'ido  solkm  el  niliil  temeré  def'finio. 

Quapropter  oro  te,  nulli  ob  eam  rem  feceris  tuam  benevolen- 
tiaui  infensam.  Falsitas  in  seipsa  niarcescet,  et  nullo  impugnatore 
tandem  per  seipsam  cadet  \  Mitto  ad  dignitatem  tuam  defensionem 
disceptationis  noslrce  a  quodam  Doctore  Theologo  studii  nostri 
non  ignaviter  elaboratam  ^  insuper  et  apologiam  pro  Anna,  mihi 
ex  Germania  dono  missam^  Aliam  vidi  à  Vicegenerali  fratrum 
Divi  Francise!  '  ;  verum  iliam  apud  se  recepit.  Virum  unicum  Amiœ 

*  Voyez  le  N»  21. 

'  «  De  Maiia  Magdaleua  et  triduo  Christi  disceptatio  ad  clariss.  virum 
Fr.  Moliuaium  Ckristiauiss.  Régis  Francisci  I.  Magistrum.  (Parisiisj  H. 
Stephauus,  1517  (1518),  »  iu-é".  Le  Fè\Te  prétendait,  contrairement  à  la 
litui-gie  de  l'Église,  que  Marie-Madelaine,  Mai-ie  sœur  de  Lazare,  et  la 
femme  péchex'esse  n'étaient  pas  une  seule  et  même  personne.  Cet  ouvrage 
suscita  contix'  lui  un  soulèvement  général. 

'"  Le  Fèvre  avait  publié,  en  décembre  1518,  une  deuxième  édition  de  son 
livre  et  l'avait  intitulée  :  «  De  Maria  Magdaleua,  triduo  Christi  et  una  ex  tribus 
Maria  disceptatio,  »  in-4°.  Dans  la  dernière  pai-tie  de  cet  écrit,  il  prouvait 
la  fausseté  d'une  autre  opinion  d'après  laquelle  Ste.  Anne,  mère  de  la  Ste. 
Vierge,  aurait  eu  successivement  ti'ois  maris,  et,  de  chacun  d'eux,  vuie  fille 
nommée  Marie.  (Voyez  Graf,  Essai  sur  Lefèvre,  pp.  82-91.) 

*  Pendant  que  Le  Fèvre  travaillait  à  son  livre  sur  Marie,  fille  unique  de 
Ste.  Anne  (v.  note  3),  un  ami  vint  lui  représenter  tous  les  dangers  aux- 
quels il  s'exposait.  «  Je  ne  crains  rieu,  lui  répondit  le  vieillard.  Je  ne  crois 
pas  qu'il  puisse  y  avoir  du  danger  là  oîi  l'on  chasse  l'erreur  de  l'esprit  des 
Chrétiens,  pour  leui-  montrer  la  vérité....  Si  quelques-uns  me  condamnent 
publiquement  au  feu  avec  mon  livre,  j'implorerai  contre  ce  feu  la  rosée 
céleste  pour  l'éteindre.  »  (Graf,  op.  cit.  p.  86.) 

3  II  fait  allusiou  à  l'écrit  de  son  élève  Josse  Clichtow,  intitulé  «  Discep- 
trtionis  de  Magdaleua  Defeusio.»  Parisiis,  H.  Stephauus,  1519,  mense  Aprih, 
in-4°. 

^— "  Ces  deox  ouvrages  nous  sont  inconnus. 


50  H.-C.  AGRIPPA  A  J.  LE  FÈVRE.  1519 

tribuebat,  sed  filias  treis  ;  existimavi  illam  visam  non  conducere 
disceptationi  nostrae,  verùm  si  dignitas  tua  cupiditate  eam  videndi 
laboret,  spero  oblinei'i  posse.  Facito  me  piiiuis  lileris  tuis  cer- 
liorem. 

Secunda    disceplalio   parafa    est  in  Mdf/ihtli'Hd  :  (|uam  primo 
nuncio  ad  vos  ilanli  expecta.  Vale.  Pai'isiis.  vicesimo  Maii.  anno 


24 


HENRI-CORNELIUS  AGRIPPA  à  J.  Le  Fèvre. 
De  Metz,  22  mai  1519. 

Agrippa,'  0pp.  Pars  11.  Lib.  11.  ep»  30».  p.  746. 

Sommaire.  Vous  avez  sans  doute  reçu  ma  première  lettre,  avec  les  Thèses  que  j'ai  pu- 
bliées, d'après  votre  livre,  sur  l'unique  mariage  et  l'unique  enfant  de  SU.  Anne.  J'ai 
voulu  par  là  résister  à  ceux  qui  vous  calomnient,  particulièrement  à  ces  trois  moines 
résidant  à  Metz:  le  franciscain  Dominique  Dauphin,  le  cordelier  Nicolas  Ory  et 
Claude  Salin,  docteur  de  Sorbonne.  Je  vous  expédie  un  double  de  la  sotte  réfutation 
de  mes  Thèses  et  même  de  votre  livre  entreprise  par  ce  dernier.  Laissez-moi  répon- 
dre â  ces  beaux  prêcheurs,  car  ils  ne  sont  pas  dignes  de  vous. 

Henricus  Cornélius  Agrippa  .lacobo  Fahro  Slajnilensi  S.  I). 

Ciini  hiiil.i  sem|)er  disinngerel  nos  idcornm  distanlia.  «iarissime 
Faber.  m  niill;i  mihi  li'ciiin  (|iKmliiuiciin(|iit' desideratissinia  haberi 
potiiissel  lamiliarilas.  ibriiciUiinaipie  siinul  essel,  elsi  occasio  ali- 
(piaiido  noiKlcfiiit.scribt'iiili  |ii<i\iiicia, —  continiii  ralaniiiiii.  (pioiis- 
(pic  lilti  licrciii  xicinior.  a(  kiiidem  data  occasione  de  liberalissimo 
ingenio  liio  liiiiiianissiinis(|iie  nioi'ilnis  luis  conlisiis.  scrijtsi  nii|)er  ' 
hmnanilali  lii.i'  |irr  dcNoliini  Palrmi  CJniidiuiii  liooilutiiin  («l'b'sli- 
niaiiiiin  :  t|iias  iiir,i>  lilcnis  Ir  j:ini(hidiiin  aicepisse  arliili'(»r. 

Sed  habiiit  iilfni  hoiiiis  Puter  ostendemlas  lilù  proposiliones 
qiiasdani  de  bt>at;r   .\iniii-  ^olinnliio.  ne  iinipnei-perio-.  ijnas  ego. 

•  Voyez  le  N»  21. 

*  «  IL  C.  Aginppa?  de  hcatiss.  .AniiîP  iiionogamiil  ac  unico  puorperio, 
proposiliones  abbrcviata?  ac  articiilata- juxta  disceptationcm  J.  Fal)ri  Htapti- 
lonsis  in  liliro  (1(^  fril)iis  et  iiiia.  •  .\nripp;f  Ojij).  l'ar^  II.  p.  r.88  —  r>'.»:5. 


1519  ii.-c.  A(iUii'i'A  A  j.  L^:  fèvuk.  M 

jiixla  sci'ipla  liia.  iii  doctissimo  siiiiul  cl  eleft'antissimo  libellu  lu(3 
th'  tribus  et  iina .  longo  ornalissimoque  sei'iiione  nolala,  decerp- 
las.  iiieo  nioi'e  brevissimas  redegi.  Non  quôd  ex  tuis  laboribus  mibi 
laiideiii  venarer.  cujiis  gralia  sunt  forlassis  qui  id  facerenl,  iil  apud 
lui  iioiiiiuis  ignaros  docii  videanliir  :  qiiod  ego  ul  fœdissimuin 
sacriiegimii  seiuper  abboiTui;  quocirca  slaliiii  posl  proposilionuin 
illarum  princii>iiiin.  ac  in  omnium  (lue.  lui  nominis,  ul  autoi'is,  li- 
bellique  lui  condigna  mentio  facta  est. 

Causa  aulem,  qute  me  ad  bas  proposiliones  coëgit,  ea  certa  est, 
ut  occasionem  baberem  resistendi  contra  calumniatores  tuos',  bo- 
mines  certè  laies,  qui  omnibus  doclis  viris  sunt  bostes.  Ex  quorum 
numéro  très  pra'cipuè  bîc  apud  Metenses  tibi  infesti  sunt  :  vide- 
licel  quidam  fraler  f)omiiiicm  Dclphiitus.  conventus  fratrum  Fran- 
ciscanorum  de  observantia  :  aller  fraler  Nicolans  Or  ici  comenlm  fra- 
trum niinorum:  tertiusfraterCA/M(//«MvSV//m/,Pi-ior  conventus  Praidi- 
catoi'um.  Doclor  TbeologicC  Parisiensis ''.  At  iste  famosus  Doctor,  ut 
audio,  quanquam  nomen  suum  occuluerit,  tandem  post  multos 
dies,  viclo  pudore,  scripsil  contra  proposiliones  noslras,  imô  con- 
tra librum  tuum,  ineplissimam,  sed  dignam  se  autore  tragœdiam, 
cujus  conclusiones,  ab  !  confusiones  dixerim,  mibi  ab  hoc  triduo 
citra,  magno  cum  encomio.  sed  ante  victoriam  oblatce  sunt.  Ha- 
rum  itaque  duplum,  simul  elianî  cum  proposilionibus  noslrisad  le 
Iransmitlo,  ut  bine  (juidem  cognoscas,  me  bonoris  lui  lidum  zela- 
lorem,  inde  \  ero,  ut  tam  insulsas  nugas  rideas  et  contemnas,  cog- 
noscasque  qmles  liœr  ciritas  habeitf  apostolos.  Evaîif/eliique  prœ- 
roiies.  non  ul  respondeas.  Neque  enim  cupio.  quôd  te  illius  scriptis 

'— *  Dans  les  premiers  mois  de  l'année  1511),  Agrippa  écrivait  au  P.  Claude 
Dieudonné  :  «  Si  scire  vis....  qui  voceutur  illi  scelestissimi  famicida^,  qui  pu- 
blicis  coucionibus  tôt  totiesque  repetitis  clamoribus  iutegerrimum  virum  Ja- 
cobuvi  Fabrum  Siapulensem  insanis  contumeliis  tam  nequiter  calumniati 
sunt,  ejusque  disceptationem  de  filiabus  Annœ  tam  nefandissimis  lacerarunt 
injuriis,  ac  tantum  virum  semcl  atque  iterum  contra  evangelicam  modestiam 
vocaruut  homincm  stultum,  iusanum  fidei,  Sacrarum  Literaruni  iudoctum  et 
ignarum,  et  qui,  duntaxat  humanarum.  artium  Magister,  prœsumptuosè  se 
ingérât  iis  qu/e  spectant  ad  TJieoloyos  *,  —  prfeterea  scripta  sua  à  Parisien- 
nihus  reprobata  ac  condenuiata.  librosque  sues,  ut  quorum  lectio  periculosa 
est,  doctrina  erronea,  contra  tidem  et  Ecclesiam,  ignc  consumendos,  achu- 
juscemodi  plura  amarulentiora  in  tam  integrum  virum  ejusque  bucusque  in- 
victos  libelles  mendaciter  jactantes,  ut  certa  relatione  accepi,  —  sunt  im- 
primis  :  quidam  frater. ...  nomine  Dominicus  Delphinn^...  »  (0pp.  P. II, 743.) 

*  Li  Fèvre  n'était  donc  f&s Docteur  de  Sorbimne.  (Voyez  Gral,  op.  cit.  p.  b,  note  2.) 


02  LE  FÈVRE  d''ÉTAPLES  A   H.-C.  AGRIPPA.  154f) 

ullo  Studio  opponas,  ne  quando  dignus  sibi  videatur,  quocuni  lu 
congrediaris. 

Mihi  ita(iue,  cui  mediocria  duiitaxat  satis  sunt.  quamvis  ego  ista 
nec  mediocritalis  nomine  digiia  ceiiseo,  hanc  pugnam  relinquas. 
(jui  in  lui  nominis  faniani,  salutem,  decus  et  gloriaui,  contra  hujus- 
iiiodi  ojjlalranles  Cerberos  constanter,  indefessè  fœlicissimeque 
pugnaturum  me  non  reformido.  Ccelerùm,  si  adbuc  adsit  apud  Pa- 
rism  devotus  ille  Pater  Clamlius  ^  quem  supra  nominavi,  ipsi  no- 
mine nieo  infînitas  saintes  dicilo,  atque  hcec  scripta  comuninicato. 
Scio  enim  quoniam  te  supra  vires  amal  et  veneratur.  Vale  fœ- 
licissimè,  eruditissimorum  hominum  decus  et  oriiamentum.  Ex 
civitate  Medioniatriciun,  deciiiio  primo  Kalendas  lunias .  anno 
1319. 


25 


LE  FÈVRE  d'étaples  à  H.-C.  Agrippa. 
De  Paris,  20  juin  (1519). 

Agrippse  0pp.  Pars  H,  ep^"  31%  p.  747. 

Sommaire.  J'ai  reçu  vos  deux  premières  lettres,  vos  Thèses  sur  Ste.  Anne  et  la  sotte 
réplique  d'un  théologien  anonyme.  8i  vous  voulez  descendre  contre  lui  dans  l'arène, 
faites-le,  non  par  amour  pour  moi,  mais  uniquement  dans  l'intérêt  de  la  vérité  et 
par  dévotion  pour  Marie,  mère  de  Dieu,  et  pour  sa  bienheureuse  mère,  Ste.  Anne. 
11  n'y  a  aucun  honneur  à  gagner  avec  les  adversaires  que  vous  m'avez  décrits.  Mon 
avis  est  d'ailleurs  que  moins  on  disputera,  mieux  la  vérité  sera  connue.  Répondez  en 
tout  cas  avec  cliarité  et  dans  un  style  élégant. 

Jacobus  Faber  Stapulensis  Henrico  Cornelio  Agrippa}  S.  D. 

Honorilicenlissime  Domine,  accepi  literas  tuas  '  per  venerabileui 
Palrem  Chimlium  Dcodatuiii  Ca-lestinianuin,  cui  et  literas  et  libel- 
los  ad  diguilateni  tuaiii  aiil  iiiiticiidos,  aul  prioferendos  connnisi  *. 

■'•  Le  P.  Claïuk  Dieudonnc  écrivait  do  Paris  à  C.  Agripiia,  le  21  mai, 
pour  l'assurer  qu'il  avait  fiilMcmcnt  rempli  sa  commission  auprès  de  Le 
Fèvro.  Il  lui  envoyait  en  même  temps  plusieurs  choses  de  sa  part. 

'  Voyez  le  N»  2L  II  en  avait  déjà  accusé  réception  le  20  mai. 

'  Voyez  le  N"  23,  notes  5  et  6  et  le  N"  24,  note  5. 


1519  LE   FÈVRE  d'ÉTAIM.ES  A   11. -C.  A(iniPI'A.  ol^ 

quod  et  se  facturum  fideliter  pollicilus  est.  Is  parvo  admodiim 
(empore  Parism  mansil,  adeô  iil  non  fiierit  satis  nobis  libéra  cum 
viix),  quanlùm  voluissemus.  confei-endi  facilitas  :  sic  res  religionis 
et  ordinationis  Patrcni  ipsiini  urgebant.  Verùni  ex  primis  literis 
tuis'  abiindè  persensi  qua  in  me  feraris  benevolentia,  niliil  un- 
qiiam  taie  de  te  merentem  ;  ai  libi  lirniissimè  persuade,  me  in  te 
consimili  esse  et  jugiter  fore  animo.  Ex  secundis  etiam  literis 
tuis  *,  per  qiiendam  Metemem  ^  allatis,  non  minorem  in  me  atïec- 
tus  tui  candorem  exprimis  ;  cum  quibus  et  Propositiones  tuas  ^  pro 
(lefensione  heatissimœ  Annœ,  et  ineptias  cujusdam  '  innominati  in 
oppositum  accepi. 

Propositiones  tuas  Venerabilis  Pater  Claudius  communicaverat 
mihi  legendas.  Maluissem  negotium  de  Anna  sine  contentione  inter 
doctos  versari.  Quod  si  non  potest,  propter  malignitatem  temporis 
et  perversa  bominum  ingénia,  et  tibi  insidet  animo  contendere, 
vide  ne  boc  ullo  pacto  bonoris  mei  zelo  feceris,  sed  solum  veri- 
tatis  tutandae  et  devotionis  in  Deiparam  Mariam  et  ejus  matrem 
beatissimaml>mam».  Attamen  nullus  accedere  tibi  potest  honor 
cum  illis  barbaris  et  infamationi  aliorum  ultrô  studentibus  conten- 
dendo,  neque  nugas  eorum  et  frigidas  et  insulsas  eorum  ineptias 
refelli  dignas  censeo.  Per  se  omnia  ista  cadent,  et  tandem  agnosce- 
tiir  Veritas^, et  fœlicius.  si  non  contendatur,  quàm  si  contendatur, 
ut  mea  fert  opinio. 

5  La  lettre  N°  21. 

*  La  lettre  du  22  mai,   N»  24. 

^  C'était  probablement  le  frère  d'un  Messin  nommé  PhiUiype  Le  Clerc. 
«  Cum  tua  benignitas  aliquid  mihi  voluerit  significare,  hoc  faciès  per 
manus  illius  juvenis,  fratris  PMlqjpi  cognomento  Clerici.  »  (Claudius  Deo- 
datus  Agrippée.  Parisiis,  21  Mail  1519.  Agrippée  0pp.  P.  II,  p.  745.) 

•*  Voyez 'le  N°  24,  note  2. 

'  V.  le  N°  24.  «  Frater  Clnudim  Salini...  ut  audio,  quanquam  suum 
nomen  occuluerit....  scripsit  contra  propositiones  nostras.  » 

**  Comparez  ce  passage  avec  le  N"  19,  note  1 .  On  lit  dans  le  commentaire  de 
Le  Fèvre  sur  les  IV  Évangiles  (1522)  :  «  Si  en  vous  approchant  de  Jésus- 
Christ  vous  croyez  que  vous  serez  admis  auprès  de  lui  par  la  bonté 
d'un  autre,  vous  vous  approchez  mal...  Si  celui  qui  prie  a  plus  de  con- 
fiance dans  l'intercession  de  la  bienheureuse  Vierge  ou  de  tous  les  Saints, 
quels  qu'ils  soient,  que  dans  Jésus-Christ  seul,  il  ne  prie  pas  bien.  S'il 
le  fait  seulement  par  humilité,  en  mettant  toute  sa  confiance  dans  le 
Père  des  miséricordes  et  dans  Jésus-Christ,  sou  fils,  il  prie  bien.  »  (Matth. 
XV,  21.  Luc  XXI,  5,  passages  cités  par  Graf.  Essai,  etc.,  p.  97.) 

9  Voyez  le  N"  23,  note  4. 


54  NICOLAS  BRRAl  1,1)    \  KKASMK.  1S19 

Tu  tamen,  pro  prmlentia  tua.  in  hac  re  sii;  te  gères,  ut  neque 
Deus,  neque  proxiraus,  fjuoacl  lieri  potesl.  olïendalur  :  quaiiquani 
tuas  partes  exislimo  omnino  justiores  et  veriores,  et  maxime  si 
ante  viros  probos  et  doctos  res  agatur.  ([uod  ipsi  nolunt.  sed  ante 
imperitum  vulgus  olim  et  ab  ipsis  quidem  adversariis  aliter  persua- 
sum.  Quod  si  propositiones  luas  pergis  ulterius  declarare,  vide  id 
bona  gratia  et  eleganter  facias  :  nam  alia  scripta  hoc  nostro  tem- 
pore  nulla  probanfur  '".  Valo  in  Christo  Domino  Rege  aelliereo. 
Parisiis,  poslridie  festivitatis  supersanctte  Trinilalis. 


26 

NICOLAS  BÉRAULD  à  Érasme. 
De  Paris,  l^r  juillet  1519. 

Erasmi  Epp.  éd.  Le  Clerc,  p.  330. 

Sommaire.  Les  théologiens  de  Paris  accueillent  maintenant  avec  faveur  le  Nouveau 

Testament  d'Érasme. 

Novnm  Testniiii'iitiiiii.M)^'  le  versum  et  elegantissimis  doctis- 

.«^imisque  annolationibus  expUcaluni.  nunc  hic  habent  in  uianibus 
docti  (luamphirimi,  atque  in  bis  ïbeob)gi  quo(|ue  magni  nominis. 
(fui  te  eo  nomine  tam  nunc,  pêne  dixeriin.  auianl  immodice  quàm 
oderant  piius  ini(pie.  Multos  cert«'  nora  liœc  cih'tio^  tibi  jam  con- 
ciliavit:  (|uosdam  verô,  (|ui  contumaces  ac  i-efraclarii  diu  fueranl. 
atque  adeopropemochnu  deplorali  viilebanliir.  jaui  pêne  fregeruni 
Apologiii' liiii'.  Vale.  Salulaiil  le  Fnniriscus  Dclotiiiis- e\  Liidovi- 
rns  Huzœus^.  I>ulelia,  I'  .bdii.  anno  ITilî)*. 


"*  Voyez  les  paroles  d'Érasme  citées  dans  le  No30,  note  5. 
'  La  seconde  édition  du  N.  T.  parut  en  mars  1519. 

*  —  ^  Voyez  le  N*  14,  notes  5  et  6. 

*  Dans  Le  Clerc,  1518.  C'est  ime  erreur,  puisque  dans  la  partie  de  la 
présente  lettre  que  nous  ne  reproduisons  pas,  il  est  question  de  Poncher, 
archevêque  de  Sens.  Or  ce  prélat  ne  fut  élevé  à  cette  dignité  que  le  14 
mars  151!). 


1519  ÉRASME  A  NICOLAS  BÉRAULD.  Pi5 

27 

ÉRASME  à  Nicolas  Bérauld  *,  à  Paris. 
D'Anvers,  9  août  1519"-. 

Erasmi  Epp.  éd.  Le  Clerc,  p.  335. 

Sommaire.  Érasme  ne  vise  pas  à  faire  violemment  exclure  la  Seolastique  des  Univer- 
sités. Il  lui  suffit  de  ramener  la  Théologie  à  sa  source  naturelle,  l'Évangile. 

....  Mea  studia  non  eô  spectant,  ut  Tlwmam  aut  Scotum^  è  scholis 
publicis  exploclant,ve(ereque  possessione  depellant,  quod  nec  mea- 
rum  est  virium  :  et  si  esset,  haud  scio  an  sit  optandura,  nisi  jam 
paratum  videamus  doctrinas  genus  aliquod  hoc  prasstantius*.  Quid 
alii  inoliantur,  ipsi  viderint  :  ego  nunqiiam  futunis  sum  hiijus 
aiictor  tumultus.  Mihi  sal  est,  si  Theologia  magis  sobriè  tractetur 
quàm  antehac  est  tractata,  et  subinde  petatur  ex  fontibus  Evange- 
licis,  quod  antehac  e  lacunis  non  undiquaque  puris  solemus  haurire 
plerique.  Neque  nihil  liîc  profecimus,  quibiisdam  hue  adductis, 
quibusdam  etiam  coinpulsis,  ut  magis  seriô  Theologi  sint....  Quod 
Theologi  partim  resipiscunt,  partira  mitescunt,  non  perinde  meo 
ut  ipsorum  nomine  gaudeo... 

28 

ÉRASME  DE  ROTTERDAM  à  Léou  X. 

De  Louvain,  13  août  1519. 
Erasmi  Epistolae,  éd.  Le  Clerc,  p.  490. 

Sommaire.  La  publication  du  Nouveau  Testament  d'Érasme  a  eu  pour  effet  de  susciter 
contre  la  réforme  théologique  qu'elle  prépare,  une  hostilité  non  moins  vive  que  celle 
dont  la  renaissance  des  bonnes  études  est  l'objet. 

Leoni  X  Papte  Erasmus  Rot.  S.  D. 

Bealissime  Pater,  exiit  jamdudum  in  manus  hominum  Novum 

'  Voj-ezle  N"  14,  note  1. 

*  Dans  Le  Clerc,  1518.  Notre  correction  se  justifie  par  le  fait  qu'il  est 
aussi  question  dans  cette  lettre  de  Poncher,  archevêque  de  Sens.  (V.  le 
N''26,  note  4.) 

''  Thomas  d'Aquin  et  Duus  Scot,  deux  des  principaux  docteurs  de  la 
seolastique. 

*  Érasme  fait  ici  allusion  à  la  lettre  de  Bérauld  du  16  mars  1518.  (N"  14.) 


S6  ÉRASME  DE  ROTTERDAM  A  LÉON  X.  1319 

Teslamentnm  rursiim  à  me  non  nestimanriis  sudoribns  novatum. 
unà  cum  annotalionil)iis  accessione  non  mediocri  locupletatis.  Exiit 
autem  felicibus,  ut  videtur,  auspiciis,  non  modo  Romani  Pontificis 
titulo,  venim  etiam  Leonis  vocabulo  commendatum,  qu;»  non  aliud 

nomen  orbi  Cbristiano  gratins Quos  prions  e(btionis  novitas 

nonnihil  oflenderat,  lii  nimc  resipiscunt  et  errorera  agnoscunt 
suura.  Qui  bactenus  è  putribus  lacunis  perturbatam  quandam  ac 
frigidam  Theolof/iam  bauriebant.  mmc  é  imriswm's  fontihm  Christi 
et  Apostolorum  haurire  mahmt.  Priorem  editionem  candidissimus 

quisque  et  eruditissimus  amplectebatur Hanc  mire  consentien- 

tibus  calculis  approbant  omnes,  exceptis  perpaucis.  O'iirum  alii 
stupidiores  sunt,  quàm  ut  possint  redis  rationibus  coargui:  alii 
superbiores,  quàm  ut  velint  meliora  discere;  alii  pertinaciores. 
(|uàmut  non  pudeat  in  malè  cœptis  parum  esse  constantes;  non- 
nulli  natu  grandiores,  quàm  ut  sperentse  facluros  operae  precium; 
quidam  ambitiosiores,  quàm  ut  sustineant  videri  nescisse  quic- 
quara  antebac,  sed  omnes  ejusmodi,  ut  non  référât  talium  ambisse 
suffragium....  Et  inter  lios  vix  quisquam  est,  qui  nostra  legerit. 

Metuebant  tyrannidi  snœ,  quidam  etiam  quœstui,  si  mnndus  re- 
sipisceret.  Quid  sibi  persuaserint  nescio,  certè  rudibus  et  indoctis 
persuadere  conantur,  linguarum  cognitionem.  bonasque,  quas  vo- 
cant,  literas  adversari  Tbeologiae  studio,  cum  nullis  disciplinis  ea 
magis  vel  ornetur,  vel  adjuvetur.  Hi  (ut  sunt  omnibus  Musis  et  Gra- 
tiis  iratis  nati)  sine  fine  belligerantur  adversus  studia,  sese  nostris 
temporibus  ad  meliorem  frugem  erigentia.  Summa  verô  victoriae 
spes  in  meris  sycopbantiis  illis  est  sita.  Si  libris  agant,  nihil  aliud 
quàm  suam  traducunt  stnltitiam,  simul  atque  inscitiam.  Si  ratio- 
nibus conlliclantur.  nimirum  superat  manifesta  veritas:  tantnm 
apud  imperitam  plebeculam  stultas(|ue  mulierculas  vociferantur, 
quibus  imponere  facillimum  est,  pra?sertim  religionis  prtetextu, 
cujus  simulandcC  miri  sunt  artifices.  Prœtexunt  hoirenda  nomina, 
hœreses,  antirhristos  :  jactitant  periclitari,  nutareque  relif/ionem, 
Christiannm,  quam  ipsi  scilicet  suis  bumeris  snstinent.  at(|ue  bis 
tara  odiosis  admiscent  mentionem  linguarum.  ac  polilioris  litera- 
turae.  Hœc,  inquiunt,  borrenda  diclu,  nascuntur  ex  poetica,  nam  hoc 
vocabulo  traducunt  (|uici(uid  est  eleganlioris  doctrin.r.  boc  est, 
(juic(|uid  ipsi  non  didicerunl.  Iliijusmodi  na;nias  non  pudet  etiam 
in  sacris  concionibus  deblaterare,  qui  se  pra3cones  Evangelicœ  doc- 
trin;e  haberi  postulant. 

Doleo....  quorundam  amarulentis  contentionibus  labefactari 


1519  H.-c.  .\(;un'i'A  \  le  fkvre  d'étaples.  57 

Iranquillilalem  stuflioriim  ac  rei  Chrislianse.  Neque  res  jam  intra 
arffuineiitoriim  coniliclationem  consislit:  atrocibiis  ulrinqiie  convi- 
tiis  piigna  criidescit,  deiitatis  libellis  res  gerilur,  ac  reciprocantibus 
malediclis  luniullus  in  i"al)iem  exit....  Hœc  aliquoties  parvis  initiis 
orta,  sœpenumerô  mstissimum  gignimt  incendium,  tîtque  uL  maluin, 
cjuod  initio  ceii  levé  negligel^atur,  paulatim  auctum  tandem  erum- 
pat  in  grave  discrimen  tranquillitalis  Cliristianae. 

Hac  quidem  in  re  miiltum  laiidis  debetur  optimis  monarcbis, 
qui  auctoritate  sua  dissidium  hoc  oriri  cœptum  sedarunt,  valut 
Henricus,  ejus  norainis  octavus,  apud  Anglos,  Fmuciscus,  hujus 
nominis  primus,  apud  Gallos.... 

Proinde  mihi  videtur  Tua  Sanctitas  rem  factura  Christo  longe 
gratissimam,  si  contentionibus  hujusmodi  silentium  indixerit,  at- 
(jue  id  praîstet  in  orbe  toto  Ghristiano,  ([uoA  Henricus  et  Franciscus 
in  suis  uterque  regnis  praestitere.  Tua  pietas  summos  Reges  re- 
digit  in  concordiam  ;  superest  ut  per  eandem  et  studiis  sua  red- 
datur  tranquillilas.  Id  fiet  si,  tuo.jussu,  lioraines  qui  loqui  non  pos- 
sunt,  desinant  obgannire  politioribus  literis,  et  ad  benedicendum 
elingues  desinant  in  linguarum  sludiosos  maledicere,  sed  suam 
quisque  professionem  gnaviter  tueatur  citra  contumeliam  alienae. 
Ita  fiet  ut  graviores  illae,  quas  vocant,  facultates,  Tbeologia,  Juris- 
prudentia,  Philosophie,  Medicina,  harum  literarum  accessione  non 
mediocriter  adjuventur 

29 

HENRi-cOENELius  AGRIPPA  à  Le  Fèvre  d'Étaples. 

De  Metz  (au  mois  d'octobre)  1519. 

Agrippœ  0pp.  Pars  II,  ep"  35%  p.  750. 

Sommaire.  Je  n'ai  pas  répondu  à  votre  lettre  du  20  juin,  parce  que  je  me  suis  souvenr 
absenté  de  Metz,  pour  les  affaires  de  la  ville.  J'ai  cependant  terminé  la  Défense  dé- 
veloppée de  mes  Thèses  et  j'en  ai  remis  une  copie  au  théologastre  anonyme,  qui 
est  réellement  Claude  Salin.  Je  vous  en  enverrais  une  pareille,  sans  mon  prochain 
départ  pour  V Allemagne.  Quand  vous  la  recevrez  imprimée,  elle  ne  vous  déplaira 
pas,  puisqu'elle  déplaît  si  fort  à  ces  Sophistes,  dont  le  courage  se  réduit  à  nous  at- 
taquer par  derrière  et  à  nous  accuser  d'hérésie  devant  un  peuple  crédule.  Envoyez- 
moi  vos  commentaires  sur  Richard  de  St-Victor. 

Henricus  Cornélius  Agrippa  Jacobo  Fabro  Stapulensi  S.  D. 
Quas  <à  20  Junii  ad  me  scripsisti  literas ,  integerrime  Faber,  et 


s 


f)8  ll.-C.    VGRIIM'A    \    l,K  FKVRE  d'ÉTAPLES.  1519 

liiiinanissinias  et  gi'alissimas.  accepi  :  post  qnod  tempu^  alias  ex  te 
accepi  nullas.  nec  ego  fibi  aliquid  respondi.  Hoc  ideo  tibi  significo. 
ne  quis  nostrûm  iniituis  literis  sese  fraudalum  e\istimet,  atque 
si  tu  alias  ad  me  dedisti.  qiias  ego  non  acceperim,  me  aliquando 
negligentiae  vel  ingratitudinis  arguas.  Causa  verô.  cur  intra 
tantum  temporis,  ego  tibi  responsunis  non  scripserim  ea  est  :  tum 
quia  oppoi'tunus  defuit  nuntius,  tiiiii  (|in,i  pi-o  Republica  civitatis 
hujus  seopè  absens  fui*. 

Nibiloininus  tamen  complevimus  intérim  et  perfecimus  Defen- 
sionem  propositionum  nostrarum'.  etiam  multô  ampliori  volumine 
quàm  arbitrabamur.  ejusque  copiam  jam  tradidimus  adversario  illo 
tbeologastro  innominalo,  ul  quem  suorum  scriptorum  puduit.  sed 
non  inaniter  pra'surnpto.  al([ue  nunc  apertè  cognito.  fratri  Claudio 
Salmi,  doctorculo  Parisiensi,  ordinis  Praîdicatornm  Metensis  con- 
ventus  Priori.  Tii)i  verô.  (piod  maxime  debeo.  duplum  missurus 
eram,  nisi  deessel  mibi  noiarius,  urgerelque  inslans  meus  disces- 
us  in  Gcrmaniam  *.  Miltam  autem  aliàs  vel  manu  scriptam.  vel 
lypis  excusam.  (pia;.  iit  arbitror.  tibi  non  admodum  displicebit. 
eoque  minus,  ([uô  istis  sopbistis  placeat  quàm  minime  :  qui  ciini 
aperto  Marte  contra  nos  nibil  valeant,  per  cuniculos  furtivè  ado- 
riunlnr.  sagittanles  in  occulto,  et  apud  imperitum  credulumque 
viilgus  nos  erroris  insimulant,  déférentes  nos  tanquam  de  hœresi 
et  insanis  opinionibus^.  Caeterùm,  (juod  cupio.  miltas  ad  me  com- 

-  Agrippa  était  conseiller  et  avocat  de  la  ville  de  Metz. 

^  Voyez  Agrippfe  0pp.  P.  Il,  p.  594-663.  Ce  travail  pins  développé, 
porte  le  titre  suivant  :  «  Defensio  Propositionum  prseuarrataruni  contra 
quemdam  Dominicastrum  illarum  irapugnatorem....  »  On  y  trouve  (p.  661) 
ce  passage  intéressant  relatif  à  Érasme  et  à  Le  Fèvre  :  «  Non  desunt  invidi 
ac  pestilentes  detractores,  qui  tecura  calumniontur  Era~'?vuim  Rnterodamum 
atque  Jacohum  Fnhnun  Stapiilensrin.  qwom  Parislriises;  qwUhxm  theologista^ 
—  eo  quùd  iiieptani  hauc  Xovi  Testamcnti  traductiunem  (juani  tu  et  tui  si- 
miles  homuuculi  sophistre,  Hieroni/mo  intitulatis.  ipse  Fabcr.  adductis  argu- 
mentis,  illam  Hkroni/mi  esse  negasset,  —  haereseos  damnare  voluerunt,  seip- 
sos  intérim  non  sine  totiiis  Sorhomr  ignominia,  imperitiœ  ac  raalignitatis  in- 
famia  pcrpetuù  et  ubiipie  dénigrantes.  »  (Voyez  dans  le  Commentaire  de  Le 
Fèvre  sur  les  épitres  de  saint  Paul  :  o  Apologia  quôd  vêtus  interpretatio 
Epistolarum  beatissimi  Pauli,  quaj  passim  legitur,non  sit  tralatio  Hieront/mi») 

'  Il  n'obtint  son  congé  que  le  25  janvier  1520,  et  se  retira  aussitôt  à  Co' 
Idf/ne. 

•"'  Les  moines  de  Metz  ne  se  contentaient  pas  de  déclamer  contre  l'hérésie. 
Le  Dominicain  iVfcoias  Saoini,  inquisiteur  de  la  foi  à  Metz,  voulait  faire  mettre 
à  la  question  nue  pauvre  paysanne  d'un  village  voisin,  sur  le  simple  soupçon 


1519  LE  FKVRE    d'rTAPI.ES   A   H.-C.  AGRIPPA.  59 

meiilari;)  nioaitiia?]  in  lUchnrdum  de  Sancto  Victore^  ineis  expen- 
sis.  Vaklèeiiim  el  januliKliiiii  desideravi.  Vale  fœlicissimè.  Ex  civi- 
tate  Mediomati-icum.  Anno  1519. 


50 


LE  FÈVRE  d'étaples  à  H.-C.  Agrippa. 
De  Paris,  14  novembre  1519. 

Agi'ipp;e  0pp.  Pars  H,  ep«  36»,  p.  750. 

Sommaire.  Je  loue  le  courage  que  vous  montrez  en  rétablissant  l'histoire  vraie  de  Ste. 
Anne,  mais  je  prévois  que  vous  voiis  ferez  beaucoup  d'ennemis.  Songez  à  tout  ce 
qu'a  souffert  l'excellent  Beuchlin  !  Les  ordres  monastiques  seront-ils  plus  cléments 
pour  Agrippa  f  Si  vous  publiez  votre  livre,  prenez  toutes  vos  précautions.  Les  atta- 
ques de  ces  gens-là  sont  perfides  ;  sans  s'inquiéter  de  leur  conscience,  ils  résistent 
même  à  une  vérité  reconnue.  Que  votre  style  soit  pur  et  élégant,  car  notre  époque 
produit  de  merveilleux  censem's.  Les  critiques  de  vos  amis  d'Allemagne  vous  seront 
d'autant  plus  utiles,  que  ma  dissertation  sur  Ste.  Anne  a  suscité  beaucoup  de  réfuta-  \r 
tions.  Je  vous  aurais  envoyé  la  plus  récente  in-extenso;  mais  pendant  les  derniers 
mois  j'ai  été  nomade,  et  d'ici  à  une  année  environ  je  ne  reviendrai  pas  à  Paris. 

Jacobus  Faber  Stapiilensis  Henrico  Cornelio  Agrippae  S.  D. 

Patri  Cselestino  '  et  prsesentium  tabellario  tantiim  ad  te  dedi  lite- 
ras,  vir  humanis.sime,  et  llbellos  ad  te  ferendos,  quos  haud  dubito 
te  récépissé.  Generosiim  spiritum  ,  qiiem  ad  defensionem  Annœ. 
genilricis  Deiparaî  virginis,  concepisli,  laiido  ;  tristor  tamen,  qiiôd 
iniiltoriiiii  condahis  libi  inalevolenliam.    Reuchliu'.   vir  optimus 


qu'elle  pouvait  bien  être  hérétique,  puisque  sa  mère  avait  été  brûlée  comme 
sorcière.  Agrippa  protesta  en  vain  contre  cette  barbarie  ;  mais  ses  géné- 
reu.'c  efforts  eurent  du  moins  un  résultat  :  la  procédure  ayant  été,  grâce  à 
lui,  exactement  suivie,  l'accusée  fut  reconnue  innocente  et  l'on  imposa  une 
amende  à  ses  accusateurs.  (Voyez  l'histoire  de  ce  procès  dans  l'ouvrage 
d' Agrippa  «  De  incertitudine  et  vanitate  scientiarum  declamatio  invectiva.  » 
Cap.  XCVI.  De  arte  inquisitorum.)  On  n'est  pas  étonné,  après  cela,  qu'A- 
grippa ait  pu  s'exprimer,  au  sujet  de  Metz,  de  la  manière  suivante  :  «  Nun- 
quam  unquam  alicubi  locorum  fui,  unde  abirem  libentius,  quàra  ab  hac  om- 
nium literarum  virtutumque  noverca....  civitate  Metensi.  »  (Lettre  du  2  juin 
1519.  0pp.  Pars  II,  ep^  33=".) 

'•  Bicharcl,  chanoine  de  St. -Victor,  auteur  du  douzième  siècle. 

•  Le  P.  Claude  Dieudonné,  qui  s'était  déjà  rendu  à  Paris,  au  printemps, 
pour  les  affaires  de  son  Ordre.  Voyez  les  N"^  21  et  23. 

-  Voyez  les  N"'  2  et  3.  Le  Fèvre  aurait  pu  ajouter  que  les  amis  de  Keuch- 


60  LE   FÈVRE   d'ÉTAPLES   A    H.-C.  AGRIPPA.  1519 

pariler  et  doctissimus,  multa  passus  est.  Ncscio,  an  minore  perti- 
nacia  omnes  fermé  ordines  lutari  velint  suam  iriniibam  et  triparam 
Atinam.  Aliimim  iioimlareni  nihil  formidabunl  dicere  esse  Ecclesiœ 
iisum  et  sanctionem. 

Si  opiis  emittis'.  vide,  til  omnia  caulé.  ([iiia.  ut  scribis*,  per 
ciiniculos  clanculè  adoriuntur,  qiuerentes  sagittare  in  occullo.  et. 
ncf/lecta  conscientia,  vero  etiam  noto  répugnant.  Vide  etiain.  ut  om- 
nia pura  sint  et  tersa,  si  sis  emissurns  :  quia  tempora  nostra  mires 
ferimt  censores,  qui  omnia  fastidiunt.  nisi  cultum  eloquentiaî  prae 
se  ferant^  Non  dubito  te  habere  amicos  prifcipuè  Gormunos.  quibus 
commitlas  tua  recognoscenda,  qui  benevoli.  eruditi  et  élégantes. 
Fuerunl.  et  multi  jam  sunt,  qui  contra  discoptalionem  meam  de 
Anna  scripserunt,  tum  Franciscani,  tum  Carmelita':  latel  me  lamen 
adbuc  sua  se  scripta  emisisse.  Et  nunc  sesquiannus  lluxit.  à  quo 
scripsit  Carmelita  codicem  tribus  concbisionibus.  disceptalionem 
nostram  ^  evertere  molitus  ;  sed  macbina  admodum  barbara.  Con- 
clusiones  illas  ad  te  mitto  :  et  si  tempus  adfuisset.  misissem  inte- 
grum  codicem.  Sed  per  bos  [menses  ?]  divagatus  'sum  \  neque  per 
annum  fermé  ligam  pedemPa/76m*.  Re({uiris  Rirhmdum^.  Hune 

lin  se  ressentaient  encore  de  la  haine  des  Dominicains.  Voyez  la  lettre  d'É- 
rasme à  l'évêque  de  Rochester,  17  octobre  1519.  «  Miseret  me  Fahri,  viri 
nimiriim  optimi,  qui  Lutetiœ  non  mediocri  grnvatur  invidia,  priTsertim  Do- 
minicanornm,  potissimum  ob  hoc  qu5d  dictus  sit  favere  Capnioni.  »  (Erasmi 
Epp.  éd.  cit.  p.  511.1 

'  Voyez  leN'29,  note  3. 

*  Dans  le  N»  29,  vers  la  fin. 

"^  Érasme  retraçant  les  proférés  des  sciences  depuis  80  ans,  s'exprime 
comme  suit,  au  sujet  du  stylo  usité  dans  les  œuvres  théolofnqnes  :  <  Hactenus 

^  (lortorum  centuriis  cxcludcbantur,  qui  pauiù  politiusloquerentur atque 

illud  protinus  orat  in  promptu  :  «  Grammaticus  est,  non  philosophus  ;  rhetor 
est,  non  jurisconsultus  ;  orator  est,  non  theologus.  »  Sed  brevi,  ni  fallor,  ré- 
bus in  divorsuni  cummutatis....  non  plias  erit  cuiquam  sibi  sapicntiam  von- 
dic.irc  nisi  simul  adfuorit  podissequa  eloqitcntia,  qiiani  divus  Aupustinus  non 
vult  usquam  ab  liera  sua  digrcdi.  »  (Lettre  à  Boniface  Amorbach,  31  août 
1518.  Le  Clerc,  p.  350). 

"  Voyez  au  N"  23,  note  8,  le  titre  de  cette  dissertation,  qui  fut  réimprimée 
en  16)9. 

'  Nous  avons  vu  (N°  25)  que  Le  Fè\Te  était  encore  à  Paris  le  20  juin. 
Il  visita  dès  lors  plusieurs  monastèn-s  dans  l'intérêt  de  ses  études,  comme 
il  nous  l'apprend  dans  la  préface  d'un  livre  qu'il  publia  an  mois  d'août, 
mémo  année.  C'étaient  les  «  Contemplationes  Idiotae  :  de  amorc  divino,  de 
virgine  Maria,  de  vera  patientia,  etc.  »  (V.  Graf,  op.  cit,  p.  94.) 

•*  On  ne  sait  pas  où  Ia^  Viixrc  passa  l'année  1520. 

9  Voyez  le  N»  29,  à  la  fin. 


i  520  N.  N.  AUX  THÉOLOGIKNS  DE  BONNE  FOI.  M 

per  lianini  tnhellarimn  ad  te  iiiitlo  ;  et  scias,  nil  ajiiul  me  esse,  (iiiod 
non  sil  liiuiii.  ciini  aiiimuiu  iiiciiin  habeas.  Vale,  vir  à  nie  luerilô 
omni  benevolenlia  prosequende.  Parisiis,  decirao  quarto  Novem- 
bris,  1519. 

31 

N.  N.  aux  Tliéologiens  de  bonne  foi  '. 
(De  Wittemberg),  en  mars  1520. 

Lutheri  Opéra  (sine  loco),  1S20,  in^*'. 

Sommaire.  L'étiiteur  des  œuvres  de  Luther  souliaite  que  les  théologiens  enseignent 
enfin  au  monde  la  doctrine  de  Christ,  et  qu'ils  ne  se  hâtent  pas  d'accuser  d'hérésie 
les  gens  de  bien  qui  préfèrent  l'Évangile  aux  docteurs  scolastiques.  H  déplore  les 
sentiments  injustes  de  quelques  théologiens  de  Paris  envers  Le  Fèvre  d'Étaples. 

Ad  Candidos  Tiieologos. 

Habelis  iiîc  Reverendi  palris  Martini  Lutherii  tlieologicas  lucu- 
braliones,  quem  plerique  pulant  velut  Daiiielem  quendamà  Chuisto 
tandem  nos  respiciente,  missiim,  ut  abusus  aliquot,  Tbeologis  Evan- 
gelicam  ac  PaulinaniTheologiam  cum  veterum  commentariis  juxtà 
negligentibus,  et  circa  meras  ampliationum,  restrictionum,  appel- 
la  tionum,acverè  parvonmi  logicalium  nugas  occupatis,  in  ecclesia 
sua  nalos,  bic  coarguat.  Atqiie  utinam  omneis  Tiieologos  à  letiiargo 
tandem  expergefieri  contingat,  ut  omissis  frateriialibiis  somniis, 
summis  diclum  oportuit,  Evangelicam  pliilosopliiam  malinl  quàm 
Aristotelicam,  Paulinam  quàm  Scoticani.  —  ul  deinceps  Hierony- 
mum,  Augustiuura,  Ambrosium,  Gyi)rianum.  Atlianasiuni ,  Hila- 
rium,  Basiliuni,  Jo.Clu-ysoslomum,Tlieopliylacluni  anleponanl  Ly- 
rano,  Tbonue,  Scolo,  et  caîteris  opiniosis  Scliohe  disputatoribus, — 
ut  CniusTU.M  non  ad  mundum  Iraliant,  quod  tam  passim  facit  Aqni- 
nensis  ille  Thomas,  sed  mundum  ad  Clirisli  docirinam  erudiant,  — 
ut  non  aliud  dicant  in  sciiolis,  dum  agunt  comœdias,  aliud  domi, 
apud  populum  aliud,  aliud  apud  amicos  familiareis,  —  ut  non  fa- 

'  Cette  pièce  se  trouve  en  tête  de  l'ouvrage  intitulé  :  «  Prima  Pars  Ope- 
rum  reverendi  patris,  ac  sacrai  Theologia;  doctoris  Martini  Lutherii,  Au- 
gustiniaui  Wittenbergeusis.  »  (s.  I.).  A  lajin:  Meuse  Mai-tio.  Ajuio  M.D.XX. 
Deux  parties  en  1  vol.  in-4°  de  687  pp. 


62  GLAREANUS  A  7AVINGU.  l520 

cili  de  causa,  aut  etiam  non  causa,  bonos  viros  (;um  ipsis  ineptire 
iioleutes  kœrcticos  pronunciare  conenliir .  i/nosilinii  Pun'siensis 
Scliohe  T/H'oloyon  irnit;!!!.  ipii  Jacohuiii  Fdhiiini  Stniiulmuciii.  ci'udi- 
tionis  el  inlegritalis  coUiuien.  (juùd  ineplani  istani  Novi  Instru- 
iiienti  versionem.  adduclis  ar^iumenlis..  es^e  Hierouynii  negassel. 
tia;reseos  dauinare  volut'iujil.  seipsos  inleiim  nciu  tilra  academia' 
totius  ignoniiniaui.  apud  lotuni  orltem.  el  (luiiiein  lorsaii  poslerila- 
leni.  imperilia'  et  invidia-  al(|ue  maliguilalis  notaiiles-!  Sed  cogi- 
tent Scliolasticas  o|)iniones  ne([uai|uam  lieri  deliereCliristiaiioi'uni 
onera.  Cogitent  )iiuii(luin.  passiiii  /unir  ciiicrf/CHtihus  stidl/is.  ipsipi- 
srere.  Laïcos  non  tam  crassos  quàm  fuerunt  ojim ''.  Christum  el 
l'aulum  in  prirais  ament.  spirent.  complectantur.  et  couijterient 
(pia'dani  secus  liabentia  (luàni  (|ua'stionist;e  liactenus  docuerunt. 
Itaque.  fi"alres.  tempus  est  nos  à  somno  suvifcre.  Hene  \aletole.  can- 
didi  ïheologi. 

32 

(iLAREANUS  à  Zwingli  à  Ziiricli. 
De  Paris,  P''  novembre  ir)20. 

Ziiinglii  Opp.  VII.  p.  loi. 

.Sommaire.  Malgré  l'attitude  peu  favorable  de  l'université:'  de  Paris,  les  livres  »ie  I.vthei 
sont  toujours  accueillis  en  France  avec  une  grande  faveur. 

Nunc  de  />/////^'/oaudi  no\a.  rfu'rersilus  Pnrisicnsis.  t\[\;\]uU)- 


*  Co  (lei'nÙT  paragraplic  est  roi)roiluit  prosqiif  littiTaloniciit  par  Il.-Cor- 
nolius  .\grii)i)a.  ^  Voyez  lo  N'  29,  note  :>.) 

'•  Jnstiis  Jonas  iléveloppe  éloqueninieut  la  même*  pensée  sur  les  progrès 
de  la  Réforme,  dans  sa  «  Defensio  pro  conjugio  sacerdotali  adversus  Jo.  ¥&- 
liriini  Coiistantienseni.  »  datéi'  de  Wittciiilx'rp.  le  10  août  iri23:  «  Pra'ter 
te  umini,  opiiior,  omurs  qui  utciiiKiuc  toniiimiiis  scnsus  eonii)otes  siuit, 
rident  nunc  in  qiwm  pntiwimiim  usnm  Dcus,  in  hoc  SR'cnlonini  fine,  in  his 
novissiniis  diebus  Tiipn(jra})hi(r  (liriniim  artificium  prottdit.  N'idcs  liiignas, 
(tr.T'cani,  Latinain,  Hîet)raïcain,  hrevitor  onine  ernditionis  genus,  servirc 
Kvanpelio.  Ihvc.  opéra  Dei  vos  non  re.<picitis,  hiinc  Un»  idcrcm  ri  mirnhi- 
lem  cursum  Vcrhi  in  omnc-s  (jcnfa<  non  ronsidiTatis....  Kliniiiiala  est  bariia- 
ries,  j)rofligati  è  Theologoruin  scholis  Sophista';  asseritnr  qiiotidic  magis  ac 
magis  synceraTheologia  et  puritas  f]vaugelii. Cessant  higida'ilia'  ca-rinioniae, 
rctliirc^ciint  unà  <iiin  doctrina  spiritus,  cxercitia  qnoijne  pia  et  spiritualia.» 


1521  ÉRASMR  DE  ROTTERnAM  A  ALEXANDRE.  63 

i|ui(lem  ad  eam  ipsam  disceptatio  intei-  Geckium  et  Lutherum*  de- 
lala  fiiil,  laïKiiiam  ad  judicem  *.  posteariuani  aiidivil,  damiiatum  Ltt- 
Iherum.  a  Ponfilice  Maxinio,  ipsa,  qune  quosdain  arliculos  forlassis 
vellicalura  eral.  lumc  jiidicio  supersedit.  Niilli  liljri  avidius  emun- 
tur  '".  Aiidivi  a  l)il)li(>p()la  ((iiodam,  qui  ail,  sese  Fidiicintili  * 
iiuperis  iiundiiiis  ^  veiididisseExempl.  [ana]  l'iOO.  (piol  iiiiiii|iiaiii 
aiitea  aliciijus  aiicloris.  Passim  bene  dicitur  Lutluru''.  ViMÙin  mo- 
nacliorum  ionga  esl  caleiia.  Salulat  te  S.  P  Q.R.'  al(pit'  ego  impri- 
mis.  Vale.  Lulelia).  ad  Cal.  xNov.  1520. 


ÉRASME  DE  ROTTERDAM  à  Alexandre,  secrétaire  du  comte 

de  Nassau. 
De  Louvain,  1 3  mai  1 52  P . 

Erasmi  Epp.  Le  Clerc,  p.  1695. 

Sommaire.  On  injurie  Luther  sans  le  réfuter.  Le  Fèvre  d'Étaplcs  a  été  dénoncé,  do- 
vant  le  roi  François  I,  comme  étant  l'un  des  précurseurs  de  l'antechrist.  Les  idées 

'  Il  vent  parler  de  la  dispute  soutenue  par  Luther  à  Leipsic  contre  le 
théologien  Eckiiis,  du  4  au  14  juillet  151!). 

-  Bulœus  dit  qu'on  apporta  à  Paris  beaucoup  d'exemplaires  de  la  «  Dùi- 
pute  de  Leipsic,  »  et  il  cite  la  note  suivante  de  J"  Nicolas,  receveur  de  la 
nation  française  à  l'université  de  Paris  :  «  Die  20  Januar.  (1520)  compa- 
ravi  20  libres  intitulatos  :  «  Disputatio  inter  eyregios  viros  et  dociores  Joa. 
Eckium  et  M.  Lutlierum,  »  ex  ordiuatione  Nationis,  ad  conclusiononi  L'ui 
versitatis,  distribuendos  deputatis,  et  illis  qui  vellent  ewum  opinionem  ro- 
t'erre  in  prœfata  Uuiversitate.  »  (Opus  cit.  VI,  p.  109.) 

"'  Voyez  le  N°  22,  note  2. 

*  Les  éditeurs  de  Zwingli  et  Le  Clerc  adoptent  Fraticimuliaii.  Il  faut 
lire  Francivadum,  qui  est  la  traduction  de  Franlcfurt. 

^  Eu  septembre. 

''  Glareanus  est  bien  plus  explicite  dans  sa  lettre  à  Myconius,  datée  de 

Paris,  le  7  arril  1521.  « De  LiitJiero  quid  scribam  nihil  habeo.  IJ'tuim 

hoc  scio,  doetissimos  quosque  de  doctrina  et  vira  scntire  optimi;  oajtcrùm  nio- 
dum  fortassis  durioreni  cepisse  putant,  verùm  id  irritatoribus  ascribunl.  » 
(Inédite.  Collection  Simler,  à  Zurich.) 

"  Senatus  populusque  roraanus.  Voyez  le  N"  12,  note  1,  à  la  fin. 

'   L'édition  de  l,c  Clerc  date  du  18  mars.  Ce  doit  être  une  faute  d'iinpres- 


64  ÉRASME   DE   ROTTERDAM   A   NICOLAS   ÉVERARD.  1n2l 

de  Luther  ont  pénétré  en  beaucoup  de  pays.  Il  n'est  pas  de  livre  où  l'on  n'en  retrouve 
la  trace  profonde. 

....  Bulla- jubet,  ut  préedicent  adversu.s  Luthcnim.  hoc  est,  ut 
opiniones  illiu.s  refellant  testiraonio  Sacrarum  LitteraruiiL  ac  di- 
versa  melioraque  doceanl.  Nunc  nullus  est,  qui  sumat  calamum  ad 
r-efellendum  illum,  quum  id  efllagitant  oranes:  nullu.s  redarguit. 
tantùm  convitiaiitur,  stepe  etiam  men(ienles...Apiid  Regem  GaUiœ 
Carmelila  quidam  dixit  in  concione,  venturum  Aiiti-Gliristum:  jam 
quatuor  esse  Praicursores  :  Minorilam  nescio  quem  in  ItuUa.  Jaco- 
bum  Fnijvam  Stapulenseni  in  Gallhi,  Reuchlinum  in  Genmuiïa,  Eras- 
mum  in  Brabantla  ' ....  Nemo  credat,  quàm  laie  Lntlicrua  irrepserit 
in  animos  mullarum  gentium,  et  quàm  alte  insederit  libris  omni 
lingua  quaquaversùm  sparsis.... 


34 

ÉRASME  DE  ROTTERDAM  à  Nicolas  Éverard. 

De  Malines,  (au  mois  de  mai)  1521  *. 

Erasrai  Epistolae,  éd.  Le  Clerc,  p.  1697. 

Sommaire.  Quels  sont  les  principaux  adversaires  de  Lvther  à  Paris.  On  y  a  fait  dispa- 
raître par  le  poison  plusieurs  de  ses  paitisans  déclarés.  Réflexion  ironique  d'Érasme 
â  ce  sujet. 

Parisiis  duo  potissimùm  impugnant  Luthcrum  :  Qucrquo  *. 

sion.  Érasme  dit  dans  la  même  lettre  :  «  Mussaut  hic  nescio  quid  de  terri- 
fico  Mandate  Caroli,  »  et  Le  Clerc  ajoute  en  note  :  «  Edictum  Impériale  in- 
telligit,  datum  Wormatia;  8  Maii,  anno  1521.  » 

-  La  bulle  iiontificalc  du  15  juin  1520. 

'  Érasme  raconte  le  même  fait  dans  sa  lettre  à  Louis  Guillard  d'Espichel- 
lière,  évêque  de  Tournay,  datée  du  17  juin  1521  (Le  Clerc,  p.  G46),  et  il 
fait  suivre  son  récit  de  cette  réflexion  :  «  Hîec  qui  audent,  nonne  summos 
Principes  aut  pro  stupidis  habeut,  qui  nihil  intclligant  et  credant  omuia,  aut 
pro  pessimis....?»  Il  n'est  pas  inutile  de  rappeler  que  la  condamnation  de 
la  doctrine  de  Lutber  par  la  Sorbonne  (15  avril  1521)  était  uu  grand  triom- 
phe pour  les  adversaires  des  idées  nouvelles.  (Voyez  ci-dessous  le  N"  38, 
note  4.) 

'  La  présente  lettre,  datée  «  Mechliuià  raptim  ex  diversorio,  »  doit  \Tai- 
semblablemeut  se  placer  entre  celle  qu'Érasme  écrivait  de  Louvain  le  14 
mai,  et  celle  qu'il  datait  d'Anvers,  le  24.  (V.  Le  Clerc,  p.  644.) 

*  GuillauDie  Ducféne  (en  latin  à  Qucrcu  ou  Querciniis),  docteur  de  Sor- 
bonne. 


15-21  MARGUERITE  d'aNGOLLÈMË  A  G.  BRIÇONNET.  68 

Noriiiannus.seniculus  virulentus,  et  Bedila  Standonchensis,  truncus 
verius  quàni  liomo.  Res,  ut  audio,  nunc  agitur  venenis  :  Parisiis 
sublati  sunt  aliquot,  qui  Lutkerum.  manifeste  defendebant  '.  For- 
tassis  iioc  in  mandatis  est,  ut,  quoniam  aliter  vinci  non  possunt  hostes 
Sedis  Romaiiœ  (sic  enim  illi  vocant,  qui  liarpyis  illis  non  per  omnia 
obsequuntur),  veneno  lo liant  ur  cuni  benedictione  Pontilicis.  Hac 
arte  valet  Aleander*.  Is  me  Colouiœ  impensissime  rogabat  ad  pran- 
dium^  ego,  quo  magis  instabat,  hoc  pertinacius  excusavi...  Hcec 
liberius  apud  te  etVudi,  vir  optime.  Cavebis  ne  hcec  epistola  aberret 
inmanus  multorum:  namGermrtWievulgantquidquid  nactifuerint.... 


35 


MARGUERITE  d'angoulême  '  à  Guillaume  Briçonnet. 
(De  Bourgogne?  avant  le  19  juin  1521.) 

F.  Génin.  Lettres  de  Marguerite  d'Angouléme.  Paris,  1841,  in-8°, 

p.  155. 
Copie  contemporaine.  Bibliothèque  impériale.  Supplément  fran- 
çais, n°  337,  folio  1. 

Sommaire.  Marguerite  réclame  pour  son  mari  et  pour  elle-même  les  prières  de  l'évêque 
de  Meaux.  Elle  désire  qu'il  lui  envoie  Michel  {d'Arandè). 

Monsieur  de  Meaux,  congnoissant  que  ung  seul  est  nécessaire, 
[je]  m'adresse  à  vous  pour  vous  prier  envers  Luy  vouloir  estre 

'  Cette  accusation  si  grave  n'est  reproduite,  que  nous  sachions,  par  au- 
cun contemporain.  Érasme  la  renouvela  en  1526,  à  propos  de  la  mort  d'An- 
toine Papilion  et  d'Antoine  Du  Blet.  (Voyez  sa  lettre  à  François  I  du  16 
juin  1526.  Epp.  éd.  cit.  p.  944.) 

*  Jérôme  AUandre,  né  eu  Albanie  I.U80),  avait  professé  avec  distinction 
la  littérature  grecque  et  latine  à  Paris  (1508-1513).  Il  devint  ensuite  chan- 
celier de  l'évêque  de  Liège,  bibliothécah-e  du  Vatican  et  nonce  papal  en 
Allemagne  (1520).  Érasme  laisse  percer  mainte  fois  le  ressentiment  qu'il 
nourrissait  contre  Aléandre  ;  il  l'accuse  de  l'avoir  desservi  auprès  de  l'em- 
pereur et  de  quelques  évêques,  d'être  un  ennemi  caché,  etc.  (Voyez  De  Bu- 
rigni.  Vie  d'Érasme.  Paris,  1777,  t.  II,  p.  191  et  suivantes.) 

"  Érasme  se  trouvait  à  Cologne  en  novembre  1520,  lorsque  Aléandre  vint 
demander  à  Charles-Quint  de  faire  brûler  dans  tout  l'Empire  les  ouvrages 
de  Luther,  et  de  livrer  Luther  à  la  cour  de  Rome.  (Voyez  la  lettre  d'É- 
rasme du  11  novembre  1520.  Epp.  p.  592.) 

'  Marguerite  d'Angoulême,  sœur  unique  de  François  I,  naquit  à  Augou- 

5 


f)(5  MARGUKRITR  T)\VNT.OUI-ÈME  A  G.  BRIÇONNET.  1521 

par  oraison  moyen  qu'il  Luy  plaise  conduire  selon  sa  saincte  vo- 
lonté M.  d'Alençoii  *,  qui,  par  le  connnandenient  du  Roy,  s'en  va 
son  lieutenant  général  en  son  armée  ^.  que,  je  doubte,  ne  se  dé- 
partira sans  guerre.  Et  pour  ce  qna  la  paix  et  la  victoire  est  en  Sa 
main,  pensant  que.  oultre  le  bien  publicq  du  royaume,  avez  bon 
désir  de  ce  qui  louche  son  salut  et  le  mien,  [je]  vous  employé  en 
mes  aiïaires,  et  vous  demande  le  service  spirituel;  car  il  me  fault 
mesler  de  beaucoup  de  choses  qui  me  doibvent  bien  donner 
crainte.  Et  encores  demain  s'en  va  ma  tante  de  yeniours  *  en  Sa- 
roye.  Par  quoy  vous  faisant  les  recommandacions  d'elle  et  de  moy, 
et  vous  priant  que,  si  congnoissez  que  le  temps  feust  propre,  que 
maistre  Micher^  peust  faire  ung  voyage,  ce  me  serait  consolacion, 

lême  le  11  avril  1492.  Privée  de  bonne  heure  de  son  père,  elle  dut  à  la  sol- 
licitude de  Louis  XII,  son  tuteur,  une  éducation  solide  et  complète.  Mar- 
guerite avait  reçu  en  partage  les  plus  beaux  dons  :  une  intelligence  très-vive, 
l'amour  des  études  sérieuses,  la  modestie  et  une  inépuisable  bonté.  Aussi 
fut-elle  l'objet  de  l'admiration  universelle,  lorsque  en  1515  elle  parut  à 
la  cour.  François  i  appréciait  iuliuinicnt  les  rares  qualités  de  sa  sœur,  qui 
lui  témoigna  toujours  ratîoction  la  plus  tendre  et  la  plus  dévouée;  il  l'ap- 
pelait «  sa  mignonne.  »  Il  ne  prenait  aucime  décision  importante  sans  la  con- 
sulter, en  sorte  qu'on  a  pu  dire  avec  raison  qu'elle  fut  «  son  bon  génie.  » 
Théodore  de  Bèze  lui  rend  ce  bel  hommage  :  «  Francisco  Régi  ti-atri  Mar- 
garclam  sororem  adjungcrc  tas  esto,  dignam  licet  quœ  vcl  in  ipsius  sacrarii 
pcnotrali  collocctur  :  fu'minam  ut  ingenii  elegantia  et  acuminc  fratri  pareui, 
sic  pietalis  cognitione  etjuvandœ  Christi  Fcclesice  zelo,  quo  fratiis  iras  . . . 
temperavit,  et  cui  conservâtes  plurimos  optimos  viros  debemus,  laude  di- 
gnam sempiterna  :  quanvis  ipsius  gloriîu  nonnullam  in  ultima  tandem  ipsius 
a'tate  credulitas  labem  adsperserit.»  (Icônes.)  —  Le  témoignage  que  rend  à  cette 
princesse  l'historien  moderne  de  Françoi.s  I  n'est  pas  moins  favorable  :  «  Les 
savants  lui  étoient  chers,  les  malheureux  lui  étoient  sacrés,  tous  les  humains 
étoient  ses  frères,  tous  les  Français  étoient  sa  famille.  Klle  ne  divisoit  point 
la  société  en  orthodoxes  et  en  hérétiques,  mais  en  oppresseurs  et  en  oppri- 
més, quelle  que  fut  la  foi  des  uns  et  des  autres  ;  elle  tendoit  la  main  aux 
derniers,  elle  réprimoit  les  premiers  sans  leur  nuire  et  sans  les  haïr.  Il  y  a 
bien  loin  de  ces  grâces,  de  ces  douces  vertus  d'une  princesse  aimable,  au 
zèle  du  syndic  Béda  qui  guettoit  les  hérétiques,  et  du  conseiller  Verjus  qui 
les  britloit.  »  ((Gaillard,  op.  cit.  III,  .^)45.)  —  Voyez  aussi  la  notice  sur  Mar- 
giunite  par  M.  Génin  et  l'article  Marguerite  d'Orléans  dans  la  France  Pro- 
kstanle  de  MM.  Ilaag. 

*  Charles,  dernier  duc  (TAlençon,  qu'elle  avait  épousé  en  1509. 

^  Il  fut  mis  à  la  tète  de  l'armét'  de  Champagne. 

'  Phih'hcrfe  de  Savoie,  s<eur  do  la  reine-mère.  La  mort  de  Julien  de  Mé- 
dicis  l'avait  rendue  veuve  à  l'âge  de  dix-huit  ans  (1516). 

'  MicM  d'Arande,  natif  des  environs  dcTournay.  11  était  l'un  des  amis 
intimes  de  Le  Fèvre  d'Étaples. 


1521  MARGl'ERITIÎ  IKVNUOULKMP:  A  (î.   BUIOONNET.  67 

que  je  ne  quiers  que  pour  l'honneur  de  Dieu,  le  remettant  à  vostre 
bonne  discrétion  et  à  la  sienne. 

La  toute  vostre,  Margueritk. 


36 


MARGUERITE  d'angoulême  à  Guillaume  Briçonnet. 
(De  Bourgogne?  après  le  19  juin  1521.) 

Inédite.  Bibl.  impériale.  Suppl.  franc.  n°  337,  fol.  6  a. 

Sommaire.  Marguerite  prie  Briyonnet  de  continuer  à  la  diriger  dans  le  chemin  du  sa- 
lut, et  elle  l'assure  qu'il  pourra  compter  sur  sa  protection,  quand  il  aura  des  affaires 
à  la  cour. 

Je  loue  de  toute  ma  puissance  Le  seul  bien  neccessaire  \  qui,  par 
sa  bonté,  permecl  à  celle  qui  se  peult  dire  moings  que  rien  tant 
de  grâce,  que  d'avoir  eu,  par  vostre  lettre  et  celle  de  M''  Michel^, 
occasion  de  désirer  commancer  d'entendre  le  chemin  de  salut.  Et, 
puisqu'il  Luy  plaisl  avoir  ouvert  l'œil  par  nature  aveuglé,  et,  par 
vostre  bon  moyen,  l'avoir  tourné  du  cousté  de  la  lumière,  je  vous 
prye  en  l'honneur  de  Luy,  que,  par'faulte  de  continuer  voz  tant 
salutaires  lettres,  ne  le  laissez  en  paresse  se  reclore,  mais  par  cous- 
tume  de  fructueuse  leçon  rompez  la  trop  grande  ignorance  de 
mon  entendement 

Je  vous  prie  que  ceste  charité  ne  mesoitdesnyée,  et  je  m'oblige 
que,  ainsy  que  serez  mes  bons  advocatz  envers  Le  tout^,  il  Luy 
plaira  me  faire  estre  la  vostre  en  ceste  court,  en  toutz  les  affaires 
que  me  vouldrez  employer....  J'espère  que  sy  les  pères '^  viennent 

*  Briçonnet  avait  écrit  à  Marguerite  le  19  juin  1521,  en  répondant  à  la 
lettre  précédente  :  «  Joieulx  ay  esté,  Madame,  veoir  par  les  lettres  qu'il 
vous  a  pieu  m'escripre,  que  coguoissez  ung  seul  neccessaire,  ou,  pour  mieux 
parler,  qu'il  se  face  coguoistre  en  vous  ;  car  II  est  sa  coguoissance  et  ne  se 
peult  que  en  Luy-mesme  estre  congneu.  » 

*  Voyez  la  lettre  précédente. 

^  «  Le  tout,  le  seul  nécessaire,  la  seule  bonté  »  sont  des  expressions  fa- 
milières à  Marguerite,  quand  elle  parle  de  Dieu. 

*  Il  est  probablement  question  ici  des  Pères  Cordeliers  de  Meaux,  aux- 
quels Briçonnet  défendit,  en  1521,  de  représenter  dans  leur  église,  ou  quel- 


68  r>  MOINE  A  n.-c.  agrippa.  lf>21 

icy.qurqu'il]  leur  sera  respondu  selon  vostre  conseil.  Dieu  me  doint 
grâce  d'y  faire  selon  son  sainct  vouloir,  en  sorte  (jue,  après  nos 
petiz  labeurs,  puisse  par  sa  miséricoi'de  éternellement  le  louer  avec 
vostre  saincte  compagnie  '. 

la  toute  vostre  M. 

Jhesus  Maria. 


37 


UN  MOINE  '  à  H.-C.  Agrippa. 
D'Annecy,  26  juin  1521. 

Agrippai  0pp.  Pars  II.  iili.  III,  ep»  7^  p.  784. 

Sommaire.  Je  suis  heureux  d'apprendre  que  vous  résidez  à  Genève.  Écrivez-moi  a- 
qu'il  advient  de  Luther.  Je  désire  vivement  posséder  sa  traduction  des  Psaunle^ 
et  la  seconde  édition  du  Nouveau  Testament  d'Érasme. 

Doctissime  Uoclor.  cognovi  sero,  le  (/<>/>('«/</*■  jamdudum  ade.sse*. 
Quaiiiobreiu  iiielTabili  gaudio  gavisus  sum.  cum  hic  sperareni 
adbuc  luam  mihi  desideralam  laciem  videie.  et  tua  ipsius  erudi- 

que  part  que  ce  fût,  St.  Fran(,ois  stigmatisé.  L'afiaire  tut  portée  au  Parle- 
ment, qui  sanctionna  par  des  peines  très-graves  la  décision  de  l'évêque  de 
Meaux.  (Voj'cz  Toussaiuts  Du  Plessis,  op.  cit.  I,  331.) 

*  Elle  veut  parler  des  théologiens  et  des  savants  que  liri(,ounet  avait  at- 
tirés dans  son  dii)cèse.  (V.  ci-de^isous  le  N"  88,  note  10,  à  la  lin.) 

'  C'était  probablement  le  1*.  Claude  Dkudonnc,  qui  avait  quitté  Metz  pour 
Annecy.  Voyez  le  N"21  et  le  N"  40,  note  2. 

*  Agrippa  pratiquait  la  médecine  à  Genève  depuis  quelques  mois.  Il  était 
parti  de  Cologne  vers  la  fin  de  mars,  et  il  s'était  d'abord  rendu  à  Metz  pour 
y  visiter  ses  amis.  La  maladie  de  sa  femme,  (jui  mourut  dans  cette  ville,  l'y 
retint  sans  doute  pendant  quelques  semaijies.  On  peut  donc  placer  approxi- 
mativement au  mois  de  mai  1521  son  arrivée  à  Genève.  (Voyez  Agrippa» 
(»pp.  Pars  II,  p.  783  à  785.  Lettres  du  24  fémer,  du  T.»  mars  et  du  19 
juillet  1521.) 

.\grippa  avait  déjà  fait  un  séjour  à  (ienève  avant  l'année  1517,  et  il  parait 
même  qu'il  eut  un  moment  l'intriition  de  s'y  fixer,  h  son  retour  d'IUilie. 
(Voyez  dans  les  Archives  de  la  Société  d'IIist.  du  canton  de  Fribourg,  t.  II, 
1858,  le  mémoire  do  M.  Alexandre  Daguet,  intitulé  <  Cornélius  Agrippa 
chez  les  Suisses.  »  La  lùocrniphif  comijlète  de  ce  philosophe  se  trouve  dans 
Meiners.  Lebensboschreibungen  beruhmter  Mànucr  aus  deu  Zeiten  der 
Wiederherstellung  der  Wissenschaften.  Zurich,  1795,  l'»'"  B<*.) 


1521  GLAUEAM'S  A  ZWINC.I.I.  69 

tione  perfrui,  sapienfique  eloquio  :  verùm  enim  verô  nego  et  inficias 
eo.  ullam  milii  aliqiiando  conversationem  ciim  quocunque  fuisse 
amœniorem.  qiiàm  leciim  \  doctissime  mi  Agrippa;  atque  utinam 
milii  perpeluain  liceret  teciim  tradiicere  vitani!  Qiiod  cùnififri  haud 
qiiaquam  possit,  saltem  iileris  tuis  quantulaincunque  voluplatem 
captare  desidero,  ut  sciam,  quid  valeas,  quid  rerum  nunc  agas,  at- 
que antea  egisti,  an  etiam  receperis  literas  quas  paulô  post  disces- 
sum  nostrum  ad  te  scripsi.  Cupio  etiam  per  te  certior  fieri,  an 
secunda  recognitio  Erasmi*  super  Novum  Testamentum  sit  typis 
excusa.  Hancjam  milii  poslulavi  mitli  a  BihWoihecis  de  Lugdimo. 
daturus  pretiimi  (piod  poslularent.  Item  quid  de  Lulhero'^  aQ;i{m'. 
et  an  interpretatio  sua  super  Psalterium  sit  expressa  :  Uanc  pro- 
fectô  vehementer  cupio.  Bene  vale.  mi  eruditissime  Agrippa,  me- 
que  cum  servis  tuis  annumera.  Ex  Anessiaco.  sexta  Kalendas  Julii. 
Anno  1521. 


38 

GLAREANUS  à  Zwingli,  à  Zurich. 
De  Paris,  4  juillet  1521. 

Zuinglii  0pp.  VII.  p.  176. 

Sommaire.  Condamnation  de  Luther  par  les  Triumvirs  de  la  Sorhonne.  Motif  qui  a 
engagé  Le  Fèvre  d'Étaples  à  quitter  Paris  pour  s'établir  à  Meaux. 

....  Jam  de  Lutliero^  ut  inulta  scribam  non  est  visum  operae  pre- 

'  Les  lettres  suivantes  nous  apprennent  que  l'écrivain  avait  habité  Metz, 
qu'il  y  avait  formé  des  relations  d'amitié  avec  Agrippa  et  reçu  de  lui  quel- 
ques écrits  de  Luther. 

*  La  seconde  éilition  du  N.  T.  d'Erasme  avait  paru  en  mars  1519. 

*  On  ne  savait  ce  qu'était  devenu  Luther  après  sa  comparution  à  la  diète 
de  Worms  (avril  1521).  Un  des  amis  d' Agrippa  lui  écrivait  de  Metz,  le  19 
juillet  :  «  Audivimus  LuOierum  ad  Bohemos  tutius  profugisse,  cujus  vices 
nunc  geruut  Hutiemis  ac  Mclandithon.  »  Si.x.  mois  plus  tard  on  ignorait  en- 
core à  Paris  le  sort  de  Luther.  «  De  LutJiero  prorsus  nihil  nunc  audimus, 
adeo  ista  bella  omuia  turbant.  A  Tlœologis  Lutosis  [i.  e.  Sorbouicis]  damna- 
tus,  qui  Parlamentum  ad  idem  tacinus  addu.xere.  »  (GlareanusZuinglio.  Lu- 
tetise,  12  Cal.  Januar.  (21  Dec.)  1521.  Zuinglii  0pp.  VII,  p.  156,  où  cette 
lettre  est  placée  par  erreur  à  la  fin  de  l'aiinée  1520.) 

'  Voyez  le  N"  32. 


70  OLARRANUS  A  ZWLNT.I.I.  1521 

tiiim.  qiiiini  e\  Srwlis  -  oiiinia  facillimo  intelli^ere  pôles.  Mairnus 
ille  est.  Mfitœolofji  nostr/"^  :ie^e  (liirniiin  e^rere,  ne  scilicet  vel  nostra 
pctas  Pharisaeis  careret.  Damiiarunl  'Triumviri:  Bedn  ^(non  (amen 
Venerabilis)  Querms^  et  quidam  Christopliorfis  \  Nomina  sunl  ho- 
riim  monstronim  etiam  vnlgo  nunc  nota,  Behia.  Stercus  et  Cluis- 
totomus.  Mirum  vero  quàm  Monachi  omnibus  praclicis,  ut  vocanl, 
nunc  (liscursitent.  Ego  sane  Lutheri  penè  nulla  liabeo  opéra  *,  ex- 
cepta unica  Cnptiritntc  Balnjlonicn  °.  i[mv  mihi  tam  impense  pla- 


*  Les  deux  frères  Tsclmdi,  élèves  de  Glareauus. 
^  Les  docteurs  de  Sorbonne. 

*  L'électeur  de  Saxe  ayant  écrit  à  l'Université  de  Paris  pour  lui  demander 
son  opinion  sur  la  doctrine  de  Luther,  JReda  fit  un  rapport  sur  cette  ques- 
tion, le  2  mars  1521,  et,  le  15  avril,  la  Faculté  de  Théologie  répondit  par 
une  condamnation  pleine  des  colères  les  plus  extravagantes.  Luther  y 
était  assimilé  à  Mahomet,  et  l'extermination  par  le  fer  et  le  feu  invoquée 
contre  lui  et  ses  adeptes,  comme  le  seul  argument  à  employer.  (Voyez  Bu- 
Iseus,  op.  cit.  t.  VI,  pp.  116-127.  — D'Argentré.  Collectio  Judiciorum  de 
novis  en'oribus,  t.  II,  p.  n.  —  Coquerel.  Précis  de  l'Hist.  de  l'église  réfor- 
mée de  Paris.  Paris,  1S62,  p.  10.) 

Bientôt  après  parut  le  livre  de  MpJanchthon,  intitulé  «  Adversus  furiosum 
Parisiensium  Theologastrorum  decretum  Philippi  Mclanchthonis  pro  Luthero 
Apologia.  Wittemborgne.  »  In-4'>.  La  défense  que  le  Parlement  publia,  le  13 
juin  1521,  d'imprimer  et  de  vendre  aucun  livre  qui  n'aurait  pas  été  examiné 
par  l'Université,  accrut  probablement  le  succès  do  Touvrage  de  Mélauchthon. 
On  peut  l'inférer  de  ce  que  dit  Bulneus:  «  Die  3  Octobris  (1521)  accepit 
Universitas  à  Curia  Parisiensi  admonitiones  seu  potius  incrcpationes,  quôd 
tam  ignave  patoretur  oili  ot  divemli  liltrofi  sK.-^pectos  rf.  fuere-sim  sapknies  : 
impnne  cnim  proclamitari  libdhim  Philippi  MclanchUmim  pro  Martino  Lu- 
thero, idqup  ferri  ab  Universitate,  etc.  » 

*  Noël  Bcdier  (en  latin  Xatalis  Beda),  originaire  de  la  ville  de  Mout-St.- 
Michel,  docteur  en  théologie.  D'après  l'Hist.  ecclés.  de  Bèze  (t.  I,  p.  2),  ce 
furent  surtout  Beda  ot  DucJiênc,  «  ces  barbares  docteurs  de  Sorbonne,  » 
qui,  par  leurs  persécutions  incessantes,  contraignirtMit  Le  Fèvrc  à  se  retirer 
de  l'Université. 

8  Voyez  le  X"  34,  note  2. 

'  Son  nom  do  famille  nous  est  inconnu. 

"  Un  mois  plus  tard,  Glareanus  se  félicita  peut-être  de  ne  posséder  qu'un 
seul  livre  de  Luther.  Le  Parlement  fit  publier  à  Paris,  le  3  août,  «  que  tous 
librayres,  imprimeurs  et  aultres  gens  qui  avoieut  aucuns  livres  de  Luther, 
ilz  les  eussent  à  porter  vers  la  dicte  Cour  dedans  liuict  jours,  sur  peyne  de 
cent  li\Tes  d'amende  et  de  tenir  prison.  »  (MéiiU)ire.«;  d'un  bourgeois  de  Paris 
sous  le  règne  de  François  1,  publiés  par  Ludovic  Lalanne.  Paris,  1854. 
p.  104.) 

"  «  De  captivitate   Babylonica  ccclesia^  prteludium.  »  Cet  ouvrage,  qui 


1S21  r.l.AHRAM'S  A  ZWINT.U.  71 

cuil.  ut  illaiii  ab  iiiitio  ad  lineni  usque  1er  uiagiia  adiniralioiiB  le- 
geriin.  uhi.  Deuin  lestor,  discernere  uequeo.  an  ei-iidilio  illa  sunuiia 
animi  istam  libei'latem,  an  ea  Traopr/^t'a  Judiciuin  vincat  :  ila  ex 
aequo  niilii  certare  videntur.  Longior  esse  nolui.  (luôd  omnia  Scndf 
et  elegantins  et  brevioribus  enarrare  possunt.  Fdhftr  Slnpiilensis 
ab  urbe  longe  abest  ad  XX  lapidein '".  iieque  ullani  ob  causam, 
quàni  quôd  convitia  in  Lutherum  audire  non  polest,  tameisi  Qiier- 
einus^^  ille  Tbeologus  neque  a  Fahro^-  neque  ab  Ernsmo  eliam 
teuiperet.  Tu  interiui  vale.  et  ita  perge  ad  astra  lendere  iter.  Lu- 
tetiœ,  4.  Non.  Jul.  Um. 


avait  paru  le  6  octobre  1520,  fut  réimprimé  deux  fois  avant  la  fin  de  la 
même  année. 

'"  Les  tracasseries  des  Dominicains  ne  furent  peut-être  pas  étrangères 
à  la  résolution  que  Le  Fèvre  formait  déjà  en  novembre  1519  de  s'absenter 
de  Paris  pendant  une  année.  (Voyez  le  N»  30,  notes  2  et  8.)  S'il  y  revint 
à  l'expiration  de  ce  terme,  ce  ne  fut  pas  pour  longtemps,  et  il  nous  pa- 
raît assez  probable  qu'il  était  fixé  à  Meaux  depuis  plusieurs  mois,  quand 
Briçonnet  lui  confia,  le  11  août  1521,  l'administration  de  la  Léproserie.  (V. 
Guy  Bretonueau,  p.  178.)  Un  document  dont  nous  allons  citer  quelques 
passages  peut  servir  à  résoudre  la  question.  C'est  la  dédicace  des  Hiero- 
glypMca  (VOrm  Apoïlo,  publiés  à  Paris  en  1521,  petit  in-8'' de  71  feuillets. 
Cette  dédicace,  adressée  par  Joamies  Angélus  à  l'évêque  de  Comminges, 
est  datée  du  5  mars,  et  l'impression  en  a  été  faite  avant  celle  de  l'ouvrage 
lui-même. 

«  Curavimus  hune  Orum  Apollinem,  Parisiis  non  antea  grœce  impressum, 
in  commoditatem  studiosorum  (qui  uobiscura  grœcissant)  tuo  nomine  in  lu- 
cem  emitti  ..  Curavimus  et  ob  hfï'C  potissinium,  tum  quod  non  infrequenter 
mihi  insseris,  cum  per  œstatem  ruri  aliquando  rusticabaris,  ne  tam  iucundi 
authoris  amœnis  illis  secessibus  tuis  lectione  careres,  tum  quôd,  ubi  me  ex 
veternoso  aulicœ  pigriciae  somno  in  exporrectiores  cardinalHiœ,  immn  fa- 
brilis  philosophiœ  vigilias  remisisses,  voluisti  ex  omnibus  libris  meis  (quos 
mihi  bona  ex  parte  liberaliter  contulisti)  istum  solum  tibi  relinqui...  Igitur 
eo  in  prsesentia  fœliciter  utere.  aliis  quoquc  pluribus  postmodum  usurus, 
si  Angelum  tuum,  ut  cœpisti,  semper  bénigne  foveas,  sequaturus  (utinam 
superaturus)  illos  Antistites.  vel  rcliquorum  totius  Gallise  munificentissimos 
venerandum  Archicpiscopum  Ebrodunensem,  qui  Dionysium  Corrhonium 
virum  utriusque  lingua?  doctissimum,  magnis  cxornet  donetque  stipendiis, 
Domimim  Mdtlensem,  qui  ter  maximum  illum  Fnbnan,  prseter  Géranium 
Rufum,  Franciscmn  Vatabhim  et  alios  araplexetur,  nutriat,  ampUsque 
provehat  honoribus.  Te  clementissimus  lesus  ex  animi  sententia  semper  sos- 
pitet!  In  collegio  Cardinalis  monachi.  iij.  nonas  Martii.  » 

"  Voyez  le  N»  34,  note  2. 

"  Voyez  ci-dessous  le  N°  43,  note  10. 


72  i:\MOINEAH.-C.AGRIPPA.  1521 


39 

UN  MOINE  '  à  H.-C.  Agrippa. 
D'Annecy,  10  septembre  1521. 

Agrippœ  0pp.  Pars  II,  lib.  III.  ep*  9«.  p.  786. 

Sommaire.  Je  désire  que  vos  affaires  vous  amènent  près  de  moi,  afin  que  nous  puis- 
sions renouer  nos  anciennes  relations  d'amitié.  Quelques  dominicains  de  Savoie, 
persécuteurs  de  notre  foi,  ne  craignent  pas  d'affirmer  que  Érasme,  Luther,  Reuehlin 
et  Ze  Fèvre  sont  des  antechrists. 

Dici  non  potest.mi  eriiditissime  doctissimetjiie  Agrippa,  quanlo- 
perè  et  tufe  faveam  glorice  congratulerque,  et  eruditionem  admirer  : 

^ç  7r).£'ov  Èv  TTPaTTt'iÎEai  jutxpôv  $    Ïtz:  ycDxat  y£{<73"(0, 

Ut  verbis  illius  Nazianzeni  utar.  id  est.  cujus  pins  mentibus,  scil.  meis. 
parum  aiitem  in  labris  jacet.  Sed.  beus.  tu  meis  epistolis  non  es 
accersendus,  ut  ad  nos  ali(fiiando  le  transferas,  expeclabo  intérim, 
si  aliqua  tua  negolia  poterunt  te  nonnunquam  ad  nos  deducere. 
Scis  quo  fervore  tibi  occurrerem  et  quo  alTectu  te  amplecterer. 
Vide  quàm  familiariter  tecum  agam,  ceu  tu^c  .Magnillcentife  obli- 
tus.  Sed  ita  tua  me.jam  olim'  corrupit  bumanitas.  qua-  banc  docuil 
impudent  iam 

Quidam  Magistri  nostri  ruciillitli  Doin in tcœ  faction ùs.e[,  ut  credo. 
fidci  Nostrœ  jiersecutores  (volui  dicere  inipiisitores).  casu  quodani 
cellam  nosli-am  paucis  elapsisdiebusintraverunt.  (|ui  inter  bupien- 
(bim  incidciunt  in  memoriam  eruditissimi  ilMus  nostri  Erasmi.  et. 
post  multa  de  eodem  atijue  Lulhero  .sinisir»'  delata  tan(k^ni  suum 
venenum  iliidem  evomiierunt  :  (pialuor  Antirliristos  nunc  esse  in 
regno(>lirisli  Doclores.  Erasmuinsnl.  Lnthcnnn.  Joannom  Rrnrhlin 
('{  Stiti)Hli'nsi'in.(h'\)l\[i'VM\[e<:  Vide.  qu;es().  s\copli;itit;is.  bon.innii 
lileraruni  |iersecutores  ! 

Ca'lcriim.  pnesenliuin  lalor.  \ir  bonis  lilci'is  |ira'(liius  et  singu- 
lari  eruditione  munilus.  i  ii|)il  \;d(li-  luani  ipsins  doiuJn.ilinntMn  al- 

'  Le  P.  Claude  Dieudouné. 

*  p]ii  irjlO,  pendant  le  séjour  d'.Vgrippa  à  Metz. 


1521  L'N  MOINE  A  H.-C.  AGRIPPA.  73 

loqui  :  commitlas  teipsum  illi.  Salutes.  quaeso.  meo  noinine  reve- 
rendiim  illum  virum  doctissimum  Dominum  Officialem  \  Bene 
lu,  mi  doctissime  Agrippa,  valeas  cum  libero  tuo  *  et  Ma  familia. 
Excella  nostra  Amnessiaca, decimo  Seplembris,  Anno  1321. 


40 

UN  MOINE  à  H.-C.  Agrippa. 
D'Annecy,  2  octobre  1521. 

Ibidem.  Pars  II.  lih.  III,  ep»  10s  P-  787. 

Sommaire.  ConseiTez-moi  la  bienveillance  que  vous  me  témoigniez  quand  nous  étions 
à  Metz,  et  veuillez  me  communiquer  l'ouvrage  que  vous  venez  de  publier  contre  un 
docteur  de  Sorbonne.  Êtes-vous  toujours  aussi  favorable  aux  écrits  de  Luther  qne 
vous  l'étiez  alors  ? 

Miraberis  forsitan,  mi  Agrippa,  vir  undecunque  doctissime.  quid 
me  potissimum  impuleril.  hominem  rêvera  ivôr/Tov  xat  apou<7ov, 
modica  tantuni  familiaritate  tibi  junctum,  ut  ad  te,  virum  tam  splen- 
didissimum,  ultrô  jam  tei'  '  scribere  presumpserim.  Quod  profectô 
desines  admirari,  si  tuae  in  me  benevolentiae.  quam  mihi  gratis  cùm 
Métis  *  essemus  prtestitisti.  oblivio  [te]  non  ceperit  :  qua  quidem  me 

^  Eiistache  Chapuis,  officiai  de  l'évêque  de  Genève,  Pierre  de  la  Baume. 
Il  était  entré  dans  ces  fonctions  le  17  août  1517,  sous  l'épiscopat  de  Jean 
Louis  U  de  Savoie. 

*  Tliéocloric,  fils  d'Agi'ippa.  C'était  le  seul  eufant  qu'il  eût  eu  de  son  pre- 
mier mariage,  contracté  en  1509. 

'  Voyez  les  N"' 37  et  39. 

■  Voyez  sur  le  séjour  d' Agrippa  à  Metz  le  N»  21,  note  1-2,  et  le  N"  29, 
note  5.  Si  l'on  examine  attentivement  quatre  lettres  non  datées  qu'Agrippa 
reçut  du  P.  Célestin  Claude  Dieiidonné,  pendant  l'hiver  de  1518  à  1519,  il 
ne  sera  pas  difficile  de  reconnaître  ce  religieux  dans  le  moine  anonyme  d'An- 
necy. Ces  lettres  nous  apprennent  en  effet  que  des  rapports  intimes  s'étaient 
établis  entre  le  P.  Dieiidouné  et  Agrippa,  à  la  suite  d'une  conférence  théo- 
logique tenue  par  ce  dernier  chez  les  Célestins  de  la  ville  de  Metz.  Le  moine 
écrivait  à  celui  qu'il  appelait  son  maître  :  «  Utinam  tuœ  salitbernmœ  doc- 
trinœ  coram  prresentia  tua  semper  adhœrere  possem,  nec  à  vestigiis  tuis 
avelli  aliquando  contingeret  !  >  Mais  ces  relations  entre  le  P.  Dieudonné  et 
Agrippa  ayant  été,  pour  le  premier,  roccasion  de  tracasseries  suscitées  par 
les  autres  religieux.  Agrippa  lui  écrivit  à  ce  sujet:  «  Vos  frères  murmurent 


74  l'.N  MOINK  A  »!.-<;.  AORII'PA.  1521 

niniiiïin  in  te  aurlacem  reddidisti.  Jam  verô  non  possimi  non  dea- 
niai-e  pliirinium  tuam  ipsius  niirahilein  docti'inani.  et  prM'claris.si- 
mani  eloquentiam,  (]ua  meipsum  pne  caeteris  inllaniniasti.  et  non- 
nilid  illustrasti.  Auilivi  ego  e\  lua  officina  fœliciltus  auspiciis  pro- 
fectam  esse  quandameruditissimam  Apologiam  adversus  Metenspin 
Priorem  '.  Quaeso  ejusdem  me  aliquando  parlicipem  efficias.  Ego 
sanè  existimo,  ingentem  accessionem  foi-e  mea;  lenui  bihliotlieciL'. 
posteaquam  illi  quicquani  lii.iiiiiii  liinibralioimni  fiieril  additnin. 
Caetenim,  obsecro,  milii  scribere  dignetur  lua  piu'clara  Dominalio. 
qiiid  niinc  sential  de  Lutheranis  lurabrationihns.  Non  te  praele- 
ril .  arbitror.  qualiter  apud  Metemes  mibi  nonnulla  Lutlierann 
rommnnicare  dignatus  sis,  eaque  mira  lande  extulisse. 

Spargitm"  quaquaversùm  in  tota  bac  Snhaudia  fama  lua.  Sum 
ego  valdè  avarus  visendi  lui.  Si  fuerit  nonniinqnain  mibi  facultas 
et  bona  valetudo.  visam  te.  IJeo  oplimo  jn\ante.  Q\\ài\  si  bbneril 
interea  te  bue  ab(piando  recipere.  ([uod  ma\imt>  vebm.  neminieril 
oplalior  acees.sus  tiius.  (piàm  mibi:  (jnippe  ([ui  Ino  iiisiiis  auxilio  et 
(•oiisiHo  band  modionm  indigeo.  Vale.  mi  doctissime  Agi'ippa.  cum 
lihero  (HO  et  tota  [nmilin.  Ke\eiendam  Dominum  Ofliiialeni.  Eus- 
lorliium  Scltiii)Ns/nm*.  sabila  meis  verbis.  virnm  rêvera  lotius  Sa- 

pent-êti'c  de  nos  relations.  Laissez  faire  ces  séducteurs  et  ces  calomniateurs, 
puisque  vous  avez  appris  de  l'.\pôtre,  que  tous  ceux  qui  renkni  vivre  selon 
Jésus-Christ  souffrirout  la  lursécutinn.  Adiini.  Venez  me  voir  avant  votre  dé- 
part. »  Le  P.  Dieudonné  remercia  le  philosophe  de  ses  témoignages  d'amitié 
et  lui  adressa  les  paroles  suivantes,  qui  nous  paraissent  achever  d'étihlir  la 
vraisemblance  de  notre  conjecture  :«  Mitto  ad  charitatem  tuam  opéra  Erasmi 
et  Fcihri  Stapulensis,  quœ  mihi  tam  charitativè  cnmmuulcasti.  llos  equi- 
dcm  ductores  tocuin  inter  ca'teros  amplecti  et  soqui  proposui  :  quippc  quos 
in  synccra  Sacra  Scripturœ  ceritate  ambulare  conspicio....  Tu  constans  esto 
pro  ceritate  tuendn...  ut  vcritas  iUuccscat.  «(Voyez  Agrippae  0pp.  Pars  II, 
lib.  Il,  epp.  xx-xxv,  p.  710-743.)  —  Ces  passages  nous  montrent  qu'A- 
grippa ne  négligeait  aucune  occasion  de  se  renseigner  siu-  les  progrès  de 
la  Héturine.  Esprit  curieux,  caractère  sociable,  il  connnuniquait  volontiers 
à  ses  amis  les  nouvelles  et  les  livres  qu'il  recevait  d'Allemagne.  Son  rôle  de 
nouvelliste  dut  par  conséquent  toucher  de  bien  près  à  celui  d'initiateur. 
Nous  en  trouvons  une  autre  preuve  dans  une  lettre  que  lui  écrivait,  le  9  oc- 
tobre (1.522).  un  habitant  de  ('hambéry.  qui  était  en  relation  avec  le  chance- 
lier ducal  :  «  E.rpecl(dinm,  ut  mitleres  incentariuvi  codicum  quos  ex  Germania 
attuHsti.  Rogo  ne  frustratum  me  reddas  opinione  mea  :  et  ni  quid  Erasmi- 
eum  aut  Lutlieranum  liabcs,  facias  me  pro  tua  urbanitate  participem,  cum 
cautione  de  ilico  tibi  restituendo.  »  (0pp.  Pars  II,  797.) 

*  Le  docteur  tle  Sorbouiie,  Claude  Salin.  Voyez  les  N"'  24  et  29. 

♦  Voyez  le  N"  39,  note  3. 


1521  0.  FT  M\Rr.rKr\IT|-.  n'vNCOT-I.F.Mr.  A  BRIÇONNET.  7?) 

hitufliœ^yihi?,  et  decus,  omnium  virtutiiin  eminentia  permaximinn. 
Amnesii.  secundo  Oclobris,  Anno  1521. 


41 


Le  ministre  G.*  et  marguerite  d'angoulême  à  Briçonnet. 
(De  Compiègne,  avant  le  17  novembre  1521  '.) 

Inédite,  ('opie.  Bibl.  impériale.  Snppl.  franr.  n"  337,  fol.  'lO  a. 

Sommaire.  Marguerite  prie  Dieu  de  bénir  les  saints  désirs  que  forme  Briçonnet  pour 
la  famille  royale.  Elle  désire  que  Michel  (d'Arande),  qui  retourne  à  Meaux,  ne  se 
lasse  pas  de  lui  écrire. 

Le  .souldaiii  département  de  M"  Michel  excusera  le  surplus,  le- 
quel vous  dira  quelque  propos  auquel  vous  plaira  pourveoir. 

Vostre  Irès-liuuible  et  très-obéissant  serviteur 
G.  indigne  ministre. 

Vous  advei-tissanl  que  Madame  ^  se  porte  bien  de  la  médecine 
qu'elle  pris  bier  et  commance  à  cheminer.  Dieu  veuille  que  ce  soit 
en  sorte  que  nous  avec  elle  puissions  arriver  au  port  que  vous  desi- 
rez! Puisque  j'ay  un  peu  de  loisir,  je  vous  veulx  bien  reprier  de- 
mander au  frère,  qu'il  ne  se  vueille  ennuier  de  continuer  à  m'es- 
cripre;  car  vous  sçavez  que  qui  plus  a  de  neccessité  plus  a  besoing 
d'aide,  et  puisqu'il  plaist  au  grand  Organiste  voulloir  la  foiblesse 
des  petits  tuyaulx  estre  confortée  par  la  force  des  grandz....,  c'est 
bien  raison  que  tous  ensemble.  F^uy  en  rendons  louenge  ;  et,  plus 
humblement  que  nul  aultre,  le  doibt  faire  celle  que.  nonobstant 
son  rien,  par  la  bonté  du  tout-hon,  associez  au  Nombre  que  de- 
sire  imiter,  comme  le^  imitateui's, 

la  foièble  M.\RGUERrrE. 

'  Nous  supposons  que  ce  ministre  est  Gérard  Roussel. 

■  Un  annotateur  du  seizième  siècle  a  écrit  à  la  marge  :  <'  Ceste  lettre  et 
la  subséquante  [notre  N"  42]  doibveut  estre  mises  en  ordre  avant  que  mettre 
la  lettre  précédente  [celle  de  Briçonnet]  du  17  Novembre  1521,  pource  que 
c'est  la  response  d'icelles.  » 

*  Louise  (le  Savoie,  mère  du  Roi  et  de  Marguerite. 


76  MARGUERITE  n'ANGOULÈME  A  G.  BRICONNKT.  1521 


42 


MARGUERITE  d'angoulÊme  à  Guillaume  Briçonnet. 
(De  Compiègne,  avant  le  17  novembre  1521.) 

Inédite.  Copie.  Bibl.  impériale.  Suppl.  franr.  n"  337,  fol.  40  b. 

Sommaire.  Louise  de  Savoie  et  .sa  fille  voudraient  ne  plus  être  privées  à  l'avenir  de  la 
nourriture  spirituelle  que  Briçonnet  leur  a  distribuée  pendant  leur  séjour  à  Meaux. 

Si  maistre  Michel  ne  vous  contoit  de  Ta  mandement  et  presque 
giiérison  de  Madame,  je  vous  en  advertirois.  Mais  je  remect  le  tout 
en  luy.  Entendez  qu'elle  ne  sera  contente,  si  en  sa  santé  ne  re- 
couvre ce  qu'elle  a,  pour  [par]  la  cause  de  son  mal.  perdu  '.  Car  elle 
s'attend  bien  que  la  viendrez  veoir  à  son  retour  des  champs,  où 
elle  est  contraincte  d'aller  pour  changer  Tair  et  se  retirer  de  la 
presse,  afin  de  fortifier  ses  piedz  encoires  doloreulx. — de  quoy  [je] 
vous  prie  avec  son  vouUoir  *.  car  sans  double  il  me  semble  ijue  la 
faulte  ne  seroit  iietite  de  dissimuler  ce  en  quoi/  vous  porez  plus  que 
ne  penssez  servir.  Car  charité  n'est  particulière,  et  nous  nous  te- 
nons, aussy  bien  en  la  court  que  à  Meaul.r^.  diocèse  .«^ainct  du 
grant  Évesque  et  prebstre  éternel  duquel  estes  ministre,  non  poui- 
tout  en  un  lieu  distribuer  son  pain,  mais  à  tous  ceulx  qui  en  ont 
necccssité.  Panjuoy  me  semble  que,  en  repai.s.>^ant  les  ouailles  pé- 
rissantes de  vostre  part  *,  ne  debvez  nier  les  myettes  à  celles  qui 
sur  le  grand  chemin  sont  au  danger  des  loups;  car.loing  ou  près, 
estranges  et  domestiques  sont  au  grand  Pasteur,  ipii  n"a  pas  aux 
Samaritains  non  jtliis  (pie  aux  .luifs  refuzé  sa  parolle  et  miracles. 
[ce]  qui  me  faict  refjuéiir  son  serviteur  d'eslre  évesque  de  tout  le 
monde  que  vous  rognf)issez  désirer  ou  roulloir  désirer  parvenir  au 

*  C'est-à-dire  la  présence  et  les  exhort;itioiis  fréqiieutes  de  Tévéque  de 
Meaux.  Voyez  la  note  3. 

'  Sur  sa  demande  expresse. 

^  On  peut  inférer  d'une  lettre  de  Marguerite  à  Guillaume  de  Montmo- 
icnry,  que  Louise  de  Savoie  et  sa  fille  habitaient  Meaux  à  l'époque  où  les 
troupes  de  Charles-Quint  durent  lever  le  siège  de  Mézières,  c'est-à-dire  eu 
octobre  1.021.  (Voyez  F.  Génin,  op.  cit.  1841,  p.  148.) 

*  Dans  votre  diocèse. 


lï)21  MARGUERITE  D  ANGOCLEME  A  BRIÇONNET.  // 

chemin,  qui  est  Lui/,  conduisant  tout  par  Luy  et  à  Luy  \  Vous  de- 
iiiaridant  pai'don  .>i  troj»  en  dicl  l'indisfrèle 

Marguerite. 
Jhesus  Maria. 


45 


MARGUERITE  d'angoulême  à  Guillaume  Briçonnet. 
(De  Compiègne,  avant  le  22  novembre  1521.) 

Inédite.  Copie.  Bibl.  inipér.  Suppl.  franc.  n°  337,  fol.  44  a  et  43  a. 

Sommaire.  Marguerite  remercie  Briçonnet  de  ce  qu'il  lui  apprend  à  trouver  cmisolation 
et  fo7-ce  dans  la  Parole  de  Dieu.  Le  roi  et  la  reine-mère  sont  bien  décidés  d  mettre 
un  frein  à  l'hostilité  contre  la  vérité  divine. 

La  forte  demuurée  foièble  et  vaincue  doibt  bien  louer  Dieu  de  la 
grâce  qu'il  luy  a  donnée  par  vostre  lettre,  qu'il  [qui]  me  vint  hier  à 
point  nécessaire,  qui  m'a  esté  sy  bonne  médecine,  que,  s'il  ne  tient 
à  la  débilité  et  maulvaise  complection  de  mon  estomac,  qu'elle 
[i.  elle]  me  servira  de  restaurant;  car  je  ne  puis  ygnorer  que  la 
vie  de  l'homme  n'est  pas  en  pain  seul,  mais  en  la  parolle  procèdente 
de  la  bouche  de  L'éritè\  Je  le  dictz  comme  celle  qui,  par  substrac- 
tion  -,  doibt  bien  avoir  expérimenté  la  différence  de  l'absence  el 
présence.  Non  que  le  père  bon  puisse  nier  le  pain  que  le  maulvais 
ne  refuze  à  son  enfant  '\  mais  je  croy  qu'il  Luy  plaist  que  nous 
aprenons  à  mandier,  aflin  que  en  la  cognoissance  de  nostre  débi- 
lité et  vray  rien,  Il  soit  fort  en  nous.  Or  faicle  soit  doncques  sa 
saincte  volenté! 

Mais  pensez  que  qui.  par  se  cuyder  fort  *.  tumlte  en  foièblesse 
sans  puissance  d'aller  quester  ny  demander,  c'est  où  les  aulinosnes 
sont  bien  emploiées.  Ceul\  qui  congnoissent  leur  pauvrette  deman- 

^  St.  Jeau,  chap.  xiv,  v.  6.  «  Je  suis  le  chemin,  et  la  vérité,  et  la  vie; 
nul  ne  vient  au  Père  que  par  moi.  » 
'  St.  Matthieu,  chap.  iv,  v.  4. 

*  Pour  en  avoir  été  privée. 

^  Allusion  à  St.  Matthieu,  chap.  vu,  v.  9  et  11. 

*  Pour  se  croire  fort. 


78  MARGUERITF.  d'aNGOL'LKMK  A  a.   BRIÇONVET.  15*21 

dent  iniporlunéinent,  mais  les  pauvres  houleux  ont  giaiil  souf- 
(reté.  si  quelcun  n'entend  la  secrète  pauvreté  iniiorée*  [1.  ignorée] 
du  coumiun.  Parquoy  ne  diray  pour  ma  maladie  comme  celiuy  de 
rÉvangille  "  ;  car  puis  que  je  cognois  ne  povoir  gaigner  ma  vie, 
je  n'auray  point  de  honte  de  la  demander.  Parquoy  à  vous,  qui 
en  avez  administracion,  requiers'Jes  miettes  de  la  tahle  où  tant  de 
pain  se  départ:  car  la  crouste  n'est  pour  les  dentz  des  enlîans  et 
malades,  et  je  ne  sçaurois  en  ijuoy  vous  récompenser,  sinon  vous 
prier  me  mander  ce  que  vous  voulez  que  je  face  pour  l'afTère  de 
Dieu  envers  Mons\  île  Snùirt  Mm  tin  '.  Car  vous  sçavez  hien  que, 
pour  vous  et  pour  roatre  frève^.  fera  du  tout  son  rien-aider  ".  du 
tout  ce  que  possible  luy  sera, 

la  doublement  malade  M  «noiF.RiTK. 

(P.  S.)  Je  ne  sçay  si  je  me  doibs  plus  re.sjouir  d'e.stre  estimée 
d'estre  du  nombre  de  ceulx  à  qui  je  désire  lessembler,  ou  mecon- 
tristerde  veoir  uoz  frères  ftiillir  soithz  coulleiir  de  bien  fatre*'*.  Mais, 
veu  que  la  chose  ne  touche  à  moy  seulle.  mais  va  contre  l'iionneur 
de  Celiuy  qui  a  soulTert  par  charité  la  mort  pourchassée  par  envie 
d'ipocrites,  souhz  nom  il'infrnrteiir  île  la  loi/,  il  me  semble  que 
le  plustosl  clorre  la  bouche  aux  iijnonins  est  le  meilleur,  vous  as- 
seurant  que  le  Hoy  et  Mnilanif  ont  bien  ileslihér'''  île  donner  à  ron- 
gnoistre  que  In  vérité  de  Dieu  n'est  point  hérésie. 


*  Le  manuscrit  portait  iniicurée.  Innorée  est  de  hi  main  de  l'annotateur 
déjà  cité. 

^  Allusion  à  la  parabole  de  Péconomc  infidèle.  Luc,  chap.  xvi,  v.  :-*.. 

'  Ce  personnage  nous  est  inconnu. 

"  Denit  liri^onnet,  évéquo  de  St.-Malo  et  de  Lodève. 

^  Son  aide,  si  petite  qu'elle  soit. 

'**  C'est  peut-être  une  allusion  aux  persécutions  dirigées  contre  Le 
Fèvre.  A  l'instigation  de  Beda,  la  Sorbonne  condamna,  le  9  novembre 
1521,  l'opinion  de  Le  Fèvre  sur  les  trois  Maries  (,V.  le  N"  2.^,  note  2j,  et  le 
poursuivit  devant  le  Parlement,  afin  qu'il  fut  puni  comme  hérétique.  Mais  le 
roi  ayant  ouï  le  rapport  de  son  confesseur,  Guillaume  Petit,  ordonna  au 
Parlement  de  ne  plus  inquiéter  Le  FèvTe  à  ce  sujet.  fV'oyez  d'Argentré. 
Collectio  .Judiciorum  de  novis  erroriinis,  t.  II,  p.  vu.  —  Berthier.  Hist.  de 
l'Église  gallicane,  t.  XVII,  p.  400.  cité  nar  M.  Graf,  p.  !)1.)  Gaillard  loue 
la  tolérance  éclairée  de  Guillaume  Petit,  et  il  assure  que  plus  d'une  fois  les 
orages  excités  par  le  fougueux  Beda  furent  calmés  d'un  mot  par  cet  homme 
prudent.  ^Up.  cit.  111,  035.) 


1521  GÉRARD  ROUSSEL?!  A  MARGl'KRITE  d'aNGOULÊME.  79 


44 


Le  ministre  (;[érard  roussel  ?]  '   à  Marguerite  d'An- 

goulème. 
(De  Meaux),  22  novembre  1521. 

Iiiédile.  Bibl.  iinpér.  Copie.  Suppl.  franc,  n"  337,  fol.  41  a  — 43  b. 

Sommaire.  La  maladie  corporelle,  en  accélérant  la  mort,  rapproche  le  chrétien  de  la 
vie  de  Christ.  Mais  l'état  d'une  âme  qui  se  sent  privée  de  la  présence  du  Seigneur 
est  la  plus  douloureuse  des  maladies.  U  faut  cependant  la  prendre  en  patience  et 
continuer  à  servir  Dieu.  Après  avoir  joui  des  tendres  consolations  de  Jésus,  sachons 
nous  soumettre  aux  épreuves  qu'il  nous  envoie.—  Les  hypocrites  docteurs  ont  grand 
besoin  d'être  éclairés  de  la  lumière  de  Dieu. 

Puisque  toute  la  vie  du  Glirestien  doibt  tendre  à  mort,  et  plus 
en  approche  plus  est  Ghristiforme,  [je]  ne  puis  avoir  pitié  pai'ce 
qu'elle  est  au  chemin  de  la  doublement  malade.  Plus  croistera  la 
maladie,  plustost  [la  malade]  ambrassera  par  mort  le  chief.  auquel 
elle  désire  estre  marguerite....  La  mort  des  justes  est  précieuse  de- 
vant Dieu,  parce  que  de  jour  en  jour  s'acroissenl  en  mort,  se  faisans 
hostie  et  oblation  vive;  et  celle  des  pécheurs,  très-mauvaise,  les- 
quelz,  en  vivant,  aussy  meurent.  Et.  par  ce,  le  progrez  de  chacune 
vie  n'est  que  mort,  moult  touteffois  ditîérente  tant  durant  le  ma- 
riage du  corps  et  de  l'àme  que  après  la  dissolucion.  Et,  pour  ce, 
Madame,  que  Dieu  vous  a  donné  lumière,  ne  passeray  oullre. 

•  La  signature,  semblable  à  celle  d'un  billet  précédent  (N"41),  et  cer- 
taines particularités  de  cette  lettre  nous  font  douter  qu'elle  soit  de  Guil- 
laume Briçonnet.  Il  nous  semble  qu'elle  pourrait  être  attribuée  avec  plus  de 
raison  à  Gérard  Boussel,  qui  se  ti'ouvait  alors  parmi  les  savants  réfugiés  à 
Meaux.  Gérard  Roussel  (en  latin  Ru  fus),  né  vers  1480  à  Yaquene,  près 
d'Amiens,  étudia  sous  Le  Fèvre  dont  il  devint  Fami  intime.  Dès  Tannée 
1502  il  publia  avec  lui  des  éditions  d'ouvrages  de  mathématiques,  de  philo- 
sophie et  de  théologie  mystique.  Reçu  docteur  en  théologie,  il  professa  au 
collège  du  cardinal  le  Moine,  et  fut  nommé  à  la  cure  de  Busancy,  au  dio- 
cèse de  Reims.  Briçonnet  l'appela  à  Meaux  en  1521  (V .  le  X"  38,  note  10) 
et  lui  donna  la  cure  de  St-Saintin.  Nous  le  retrouverons  plus  tard  aumùnier 
de  Marguerite.  (Voyez  Toussaints  Du  Plessis,  op.  cit.  I,  327,  et  C.  Schmidt. 
Vie  de  Gérard  Roussel.  Strasbourg,  1845,  iu-8.) 


80  rOÉUAUr)  ROUSSEL?]   A  MAIU-.LKRITE  d'aNGOULÊMK.  15-21 

Mais  il  y  a  une  aultre  sorte  de  maladie  dont  touchez  en  passant 
et  sommairement  en  voz  lettres,  qui  est  moult  grande  et  importa- 
ble à  délicate  nature  de  telle  que  tousjours  a  esté  Marguerite;  et 
toutelïois  la  porte  sans  porter,  et  plus  la  porte  et  plus  croist  sa 
gesne  et  son  mal  sans  alégemenl,  quant  elle  cuide  estre  destituée 
par  substraction  de  la  présence  du  doulx  Jésus,  son  vray  espoux. 
Geste  maladie  est  moult  dilTérente  de  la  première,  en  laquelle 
plus  on  l'est,  le  vouloir  croist  de  plus  l'estre.  Mais  la  seconde  est 
tourment  non  pareil  et  indicible.  Hélas!  Madame,  je  supplie  le  dé- 
bonnaire Jésus  de  grâce  qu'il  lui  plaise  se  déporter  vous  repaistre 
de  telz  metz,  et  sy  tant  vous  veull  visiter,  iju'il  le  face  court.  Je 
n'entreray  en  ce  propos  pour  mon  ygnorance,  car  aveugle  ne 
juge  des  coulleurs,  et  viande  incognue  ne  provocque  l'appétit  et 
n'est  désirée.  Tant  y  a,  Madame,  que  povez  l'appeler  Textrémité 
de  toutes  maladies  approchant  des  portes  de  désespoir,  sy  le  bon 
Seigneur  que  Ton  cuide  substraict  n'estoit  près  (combien  que  caclié 
sans  donner  ne  gecter  ses  benellcques  rayons  consolalifz)  pour 
supporter  le  pacient,  combien  (lu'il  ne  le  cuide  pas.  Pauvreté 
est  forte  alarme  à  celuy  qui  tousjours  a  esté  riciie.  De  ceste  ma- 
ladie a  esté  extrêmement  touché  le  prophète  l'oyal.  comme  assez 
le  déclaire  en  mille  passaiges  :  «  Usque  quô,  Domine,  recessisti 
longe,  etc.  Usque  quô.  Domine,  oblivisceris  me  in  linem,  etc.  Us- 
que quô.  Domine,  oblivisceris  inopiui  et  tiibulationis  nostrai,  etc. ► 
Et  nostre  Seigneur  i)arlant  en  comi)assion  pour  ses  membres  : 
«  Anima  uiea  lurbata  est  valde.  sed  tu.  Domine,  usque  quô?  »  Et 
incontinent  s'ensuict  :  ■■  Gonvertere,  Domine,  et  eripe  aiiimain 
meaiii.  >■  H  y  a  en  hebrieu  :  •■  lierertere.  Domine.  Seigneur,  re- 
tournez cl  délivrez  mon  àme.  Saulvez-la  par  vostre  miséri- 
corde *.  • 

Le  temps  est  trop  bï-ief.  Madaïue.  pour  entrer  en  ceste  gi'ande 
merde  Iribulation.  G'est  la  touche  et  le  feu  (|ui  osjirouvepar  lieb- 
vre  continue:  à  laijuelle  mortiflicacion  nous  Iciidons.  et  n'est 
nostre  servir  et  a>iuer  Dieu  \olunt;iire  et  pour  nustre  plaisir  et 
consolation,  mais  pour  aconq)lii'  son  vouUoir.  Luy  obeyr  et  com- 
plaire. Ge  n'est  au  vallet  de  sei'vir  à  son  plaisii-.  mais  à  celluy  dt- 
son  maistre.  Les  premiers  Iraictz  du  doulx  Jésus  sont  plaisirs  déli- 
catz  et  tendres,  jjlains  de  laid,  lhai-mes  et  consolations  indicibles. 
Les  verges  viennent  après,  et,  ce  (iiii  tout  surmonte,  Il  se  cache  à 

'  Vulgate  :  Ps.  X,  v.  1.  Ps.  xii,  v.  1.  Ps.  vi,  v.  4  i-t  .0. 


1521  [GÉRARD  ROUSSEL"?]  A  MARGUERITE  d'aNGOUI.ÊME.  8i 

la  fin  et  soubstraict  la  médecine  à  l'âme  qu'il  a  entièrement  na- 
vrée, et  [elle]  ne  peult  que  de  Luy  avoir  guérison. 

Ayant  receu  à  disner  les  secondes  lettres  de  la  mmilvaùe  Chres- 
tienne,  et,  combien  que  désirant  luy  satisfaire,  n'aiant  touteffois 
pour  le  présent  opportunité,  [elle]  se  contentera,  s'il  luy  plaist,  du 
mauvais  payeur  et  prandera  ce  qu'elle  en  peult  avoir,  attendant 
[1.  considérant]  sa  plus  grande  pauvrette.  ToutelTois  il  n'entendz 
point  comme  la  doublement  malade  puisse  estre  mauloaise  Chres- 
lienne,  ou  elle  n'est  sy  malade  qu'elle  dict,  car  double  maladie 
aproche  fort  des  portes  de  mort  chrestienne  désirée.  En  Crist  li- 
.sons  assez  de  maladies,  pauvretez,  humiliations  et  telles  marchan- 
dises dont  [II]  a  esté  chargé,  que  mainent  à  la  vraye  mort.  Mais  je 
ne  cognois  point  (iu'Il  ayt  eu  manteau  de  malice,  dol,  ne  maiil- 
vaisetié.  Paniuoy  qui  se  dit  Ciirestienne  doit  abhominer  non  seul- 
lement  l'elïect,  mais  le  nom,  qu'il  faut  laisser  aux  doubles  et  ypo- 
crites,  et  supplier  nostre  Seigneur,  comme  très-prudemment  es- 
cripvez,  luire  en  leurs  ténèbres  et  cécités^.  J'en  cognois  de  leur  secte  * 
qu'il  Luy  a  pieu  visiter  de  sorte  qu'ilz  Luy  ont  rendu  grâces,  en  ma 
présence,  de  ce  qu'il  leur  avoit  osté  les  escailles  qu'ilz  avaient  sur 
leurs  yeulx. 

(P.  S.)  Madame,  j'ay  depuis  receu  quelque  article  que  vous  en- 
voyé cy-enclos.  Je  ne  sçavois  rien  du  propos  et  n'eusse  pensé  que 
le  personnaige  ^  eust  tiré  sy  avant  comme  il  vous  a  pieu  m^escripre. 
Ce  sera  ouvraige  de  Dieu  illuminer  telles  ténèbres,  ce  que  Luy  sup- 
plye  par  sa  saincte  grâce  faire. 

Madame,je  me  recommande  à  voz  bonnes  prières  très-humble- 
ment et  supplie  nostre  Seigneur  vous  donner  sa  grâce,  paix  et 
amour  t  De  vostre  maison,  ^  le  22  de  Novembre  1521. 

Vostre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur 
G.  inutile  et  indigne  ministre. 


'  Voyez  la  lettre  précédente,  note  10. 
*  Allusion  aux  docteurs  de  Sorbonne. 
^  Veut-il  parler  de  Beda? 

•*  Cesmots  sont  une  simple  formule  de  politesse  fréquemment  usitée  à  cette 
époque. 


82  H.-C.  AGRIPPA  A  t'N  MOINE.  1521 


45 


HENRI-CORNELIUS  AGRIPPA  à  un  moine  d'Annecy. 
De  Genève,  25  novembre  1521. 

Agrippai  0pp.  Pars  II,  lib.  ni,  ep*  ^l^  p.  787. 

Sommaire.  Je  vous  dirai  bientôt  de  bouche  ce  que  je  pense  [des  écrits  de  Luther]. 

Gopiosam  ad  te  scribere  Epistolain  gestit  animus,  Pater  devotis- 
sime,  idemque  mihi  el  amicissime  et  obsenaiidissime,  ni  niibi  et 
ocium  deesset,  et  prcesentiuni  latoris,  qui  mihi  uxorius  arimculus  ' 
est,  celer  et  festinus  aihnodum  ab  iiinc  discessus,  prohiberet.  Quod 
autem  prioribus  diebus  ad  te  non  scripserim.  quodque  literis  tuis  * 
non  responderini,  non  me  nunc  purgabo  sed  coram  agam  eam 
causam,  qui  propediem  le  visere  decrevi  :  et,  spero,  me  absolves. 
Vale  felicissimè.  Ex  urbe  Gebennaruin.  ipso  die  Catharinai.  Anno 
15^1. 


46 


HENRI-CORNELIUS  AGRIPPA  ù  un  Dioine  dAmiecy  '. 
(De  Genève),  1521. 

Agrippai  0pp.  Pars  II,  lib.  m.  ep»  12'.  p.  788. 

Sommaire.  J'ai  fait  des  démarches  auprès  de  l'Ofùcial,  pour  que  l'objet  de  votre 
requête  vous  soit  accorde.  Quant  au  scrupule  qui  vous  trouble,  je  vous  en  délivre- 
rais peut-être,  si  je  pouvais  vous  parler  de  bouche.  Vous  n'ignorez  pas  que  le  Chré- 
tien est  le  plus  libre  des  hommes  et  en  même  temps  le  serviteur  le  plus  empres.so 
pour  son  prochain. 

Cui  meas  ad  te  literas  commiseram,  révérende  Pater,  amice  ob- 
servandissime,  alio  itinere  ad  nos  reversus  est.  Nunc  verô  pra3sen- 

»  C'était  peut-être  l'oucle  inalernol  de  la  seconde  femme  d' Agrippa,  Jane- 
Louise  Tyssié,  de  Geuèvc. 

*  Voyez  le  N"  40. 

'  Il  est  probable  que  ce  moine  est  le  même  que  l'auteur  de  la  lettre 
reproduite  sous  le  N"  4o. 


1521  MARGUERITE  I)'aN(;01JI.ÊMK  A  GUILLAUME  BRIÇONNET.  83 

tem  nuncium  nactus  sum  ex  improviso,  et  admodum  festinum  ut 
quas  ad  te  copiosissimas  literas  scribere  gestiat  animus,  exequi  non 
valeam.  Sed,  ut  litcris  tuis  paucissimis  verbis  respondeam ,  scito 
me  Officialem  nostrum  tibimihiqueamicum  jam  sa3piusculè  conve- 
nisse,  quô  tuo  honestissimo  desiderio  *  valeamus  satisfacere.  Ve- 
rùm  res  hœc  non  parum  habet  diflicultatis,  et  impensœ  plurimum. 
Sperat  tainen  in  brevi  liabiturum  determinatara  veritatem  :  qua  in- 
tellecta,  tibi  niox  significabo.  De  Tfieologica  illoruni  senîentia,  quam 
remémoras  ^.  ego  optimè  sentio.  De  scrupulo  autera  per  te  moto  *, 
quique  non  modicum  alTerre  videatur  anxietatis,  ego  non  dubito, 
quin  te  facile  instruerem,  quid  et  quomodo  ille  solvendus  sil,  si 
modo  liceret  tecum  coràm  coUoqui,  vel  saltem  longioribus  literis 
libéré  scribere.  Arbitror  te  scire,  hominem  Christianum  omnium 
esse  liberrimum.  et  pariter  servum  omnium  offlciosissimum  :  quod 
ad  bunc  scriipulum  satis  est.  Gajterùm,  de  liis  quod  superest  non 
capit  prtesens  Epistola.  Vale  felicissimè,  Anno  1521. 


47 

MARGUERITE  d'angoulême  à  Guillaume  Briçonnet. 
(De  Compiègne,  en  décembre  1521.) 

Copie.  Bibliothèque  Impériale.  Suppl.  français  n"  337,  fol.  46  a '. 

Sommaire.  Marguerite  rend  grâces  à  Dieu  pour  l'édification  qu'elle  retire  des  lettres 
de  Briçonnet.  Succès  de  la  prédication  de  Michel  {d'Arande)  à  la  cour.  Le  roi  et  la 
reine-mère  désirent  de  bon  cœur  la  réjormation  de  l'Église. 

Le  seul  Feu  bon  et  neccessaire,  qui  tout  brusle  jusques  à  la  con- 
summation  des  plus  petites  racines,  vous  vueille  par  importable 
amour  et  ravissement  de  vous-mesmes  unir  à  Luy  (qu'estes  en  luy), 
ensorte  que  soiez  par  luy  récompensé  au  grand  double  de  tant  de 
biens  qu'il  luy  plaist  par  vous  me  distribuer,  dont  à  jamais  loué 
soit  !  Car  II  peult  ce  que  je  ne  sçay  et  ne  puis,  et  me  doint  sa  grâce 
entendre  et  sentir  sa  paroUe  escripte  en  vostre  lettre  :  laquelle, 
combien  qu'elle  soit  telle  que  j'en  ay  assez  pour  toute  ma  vie  tenir 

*— ' — *  Agrippa  répond  à  une  lettre  qui  n'a  pas  été  conservée. 
'  Un  fragment  de  cette  lettre  a  été  publié  par  M.  Génin.  Nouvelles  let- 
tres de  la  reine  de  Navarre.  Paris,  1842,  p.  274. 


^  G.  BRIÇONNET  A  MARGUERITE  D^\^■GOULÊME.  1521 

mon  esperit  à  l'escolle,  loutelTois  cognoissant  la  fontaine  n'estre 
tarie  dont  elle  procède,  plus  famelicque  que  jamais,  [je]  désire 
vous  prier,  comme  à  ministre  du  grant  Moïse,  me  continuer  le  dé- 
partement de  telle  eaue  et  sy  doulce  manne,  dont  le  profit  ne  res- 
tiendray  comme  gourmande,  que  n'en  donne  la  part  aux  esprits 
que  en  cette  compaignie  verray  enclins  à  le  désirer.  Et  pour  en 
solliciter,  vous  renvoyé  maistre  Michel,  lequel,  je  vous  asseure,  n'a 
perdu,  pour  le  lieu,  temps,  car  l'esprit  de  nostre  Seigneur  par  sa 
bouche  aura  frappé  des  âmes  qui  seront  enclines  à  recepvoir  son 
esprit,  comme  il  vous  dira,  et  plusieurs  aultres  choses  dont  luy  ay 
prié,  congnoissant  que  ne  metterez  en  double  sa  parole.  Vous 
'  priant  que,  entre  tous  vos  piteux  [l.  pieux]  désirs  de  la  reformncion 
de  l'Eglise,  oit  plus  que  jamais  le  Roi)  et  Madame  sont  alfectionnés. 
et  le  salut  de  toutes  pauvres  âmes,  ayez  en  mémoire  celle  d'une 
imparfaite,  mal  ronde,  mais  toute  contrefaite  parle  [l.  perle]  *.  affin 
que,  selon  que  luy  désirerez,  puisse  trouver  rondeur  qui  la  con- 
vertisse en  piramide,  pour  enfin  eslre  tirée  d'icelluy  lequel  je  sup- 
plie selon  son  bon  plaisir,  le  saichanl  ou  ygnorant,  ne  me  laisser 
en  mes  ténèbres.  Et  vous  prie  le  supplier  qu'il  luy  plaise  ayder 
ses  créatures.  Ne  me  laissez  aux  alTaires  que  je  vois  venir,  sans  me 
mander  chose  qui  fortiflie  l'esperit.  car  [ilus  que  jamais  en  a  be- 

soing  vostre  pauvre  fille 

Marguerite. 

48 

GUILLAUME  BRIÇONNET  à  Marguerite  d'Angouiême  '. 
De  Meaux,  22  décembre  1521. 

Copie.  Bibl.  hnpériale.  Snppl.  français,  n"  337.  fol.  98  a— 99  a. 

(fragment) 

SoMM/UBE.  E.Thortation  d  la  ddélité  et  ;i  la  vigilance.  Un  dessein  pieux  du  roi.  L'exemple 
de  la  famille  royale  sera  contagieux  pour  le  reste  du  royaume  et  rallumera  le  zèle 
éteint  du  clergé 

C'est  à  vous.  Madame,  à  (|ui  je  parle.  Le  vray  feu  qui  s'est  logé 

•  L'évoque,  faisant  allusion  ;ui  nom  de  Mai'guerite,  lui  avait  écrit  uue 
longue  lettre  siu:  les  perles  rondes  et  piramidalles. 

•  Cette  lettre  n'a  pas  moins  de  102  pages  petit  in-folio.  Comme  elle  est 


1521  r..  BRICONNET  A  MAROrERITK  D^ANfiOULÊME.  85 

long  temps  en  vostre  cœur,  en  celuy  du  Roy  et  de  Madame,  par 
grâces  si  très-grandes  et  abondantes  que  je  n'en  congnois  point 
de  plus  grandes,  je  ne  say  si  ce  feu  a  point  esté  couvert  et  assoupy. 
je  ne  dis  pas  estainct,  car  Dieu  ne  vous  a  par  sa  bonté  encore  aban- 
donnés. Mais  conférez  chacun  en  vostre  cœur  (aultre  que  vous 
n'en  peult  estre  juge  ne  le  savoir)  si  vous  l'avez  laissé  ardre  selon 
les  grâces  données.  J'ai  paour  [1.  peur]  que  les  ayez  procrastinées 
et  différées. 

Je  loue  nostre  Seigneur  qu'il  a  inspiré  au  Roy  vouloir  d'exécuter 
quelque  chose  que  fay  entendu  *.  En  ce  faisant  se  monstrera  vray 
lieutenant-général  du  grand  Feu  qui  luy  a  données  les  grâces  insi- 
gnes et  grandes  pour  les  faire  ardre  en  son  administracion  et 
royaume  ',  dont  Rois  ne  sont  que  visroys  et  lieutenants-généraulx 

remplie  du  mysticisme  le  plus  quintessencié  et  parfois  le  plus  inintelligible, 
nous  n'en  reproduisons  que  ce  qui  a  trait  au  sujet  de  notre  ouvrage. 

*  Pierre  Lermite,  secrétaire  de  Briçonnet,  rapporte  que  la  traduction 
française  des  Évangiles  et  des  Épîtres  de  St.  Paul  fut  imprimée  par  l'ordre 
du  roi.  (Bretonneau,  op.  cit.  p.  IGS.")  —  «  Qui  est  celluy  qui  n'estimera 
chose  deue  et  convenante  à  salut,  d'avoir  ce  Nouveau  Testament  en  langue 
vulgaire?...  Telle  est  l'intention  du  débonnaire  roy  tant  de  cueur  que  de  nom 
très-chrestien  ...  que  la  parole  de  Dieu  soit  ptiremeni  p>rescMe  par  tout  son 
royauhne,  à  la  gloire  du  père  de  miséricorde  et  de  Jésuchrist  son  filz.  » 
Ces  paroles  de  Le  Fèvre,  qu'on  lit  en  tête  de  la  2'"*  partie  du  N.  T.  français, 
permettent  de  croire  que  Briçonnet  fait  allusion  à  la  publication  d'une  ver- 
sion française  de  l'Écriture  sainte. 

'  Le  fragment  suivant  d'une  lettre  de  Marguerite  à  Briçonnet  (1522)  peut 
donner  une  idée  des  dispositions  religieuses  qui  animaient  à  cette  époque 
le  roi  François  I  et  sa  mère  :  «  Le  désir  d'apprendre  me  faict  demander,  et 
le  plaisir  d'estre  reprise  et  endoctrinée  par  la  grâce  que  Dieu  vous  donne 
me  oste  la  crainte  de  faillir.  Que  dira  doncques  l'ame  absorbée  et  perdue 
en  ceste  incongneue  vérité,  puisque  la  chair  avec  tous  ses  empeschemens  a 
tel  sentement,  que  la  parole  ne  lui  faict  que  tort  à  le  déclarer?  Je  ne  doubte 
que  n'en  ayez  l'expérience,  laquelle  je  supplie  Celluy  qui  le  peult,  vous 
continuer  et  augmenter,  et  Luy  par  vous  à  ceulx  que  congnoistrez,  mère  et 
enfans.  Lesquels,  me  voiant  lire  vostre  lettre,  en  vouleurent  avoir  la  lecture, 
que,  je  vous  asseure,  a  esté  sy  bon  esperon,  que,  nonobstant  que  à  moi 
adressissiez  l'admonition  de  ne  perdre  le  bien  que  Dieu  par  leur  bouche  me 
donnait,  sy  leur  a[-t-]il  touché  si  fort,  que,  recongnoissant  la  vérité  reluire  en 
leur  nichilité  [1.  néant],  ont  eu  les  larmes  aux  yeulx,  et,  louant  le  stillcn'on 
n'a  mis  [1.  n'en  ont  mis]  les  sens  en  oubly.  Aidez,  s'il  vous  plaist,  par  priè- 
res, que  ceste  grâce  en  nous  ne  soit  parmy  nous  stérille,  et  soufflez  souvent 
ce  divin  feu,  pour  nous  enflammer,  et  attizés  le  bois  encoires  vert,  à  force 
d'occasions.  >  (Bibl.  Impériale,  manuscrit  cité,  fol.  241  a — 242  a.) 


86  (i.  BHIÇONNKT  A  MARGLERITi:  d'aNGOULÊME.  1521 

du  Roy  des  Rois.  Je  désire  de  tout  mon  cœur  que  soyez  tous  vrays 
salamandres  de  Dieu,  et  que  l'efTet  soit  selon  la  devise  *,  et  les  œu- 
vres très-clirestiennes,  selon  le  mot  :  «  à  qui  plus  est  donné,  plus 
est  demandé.  » 

Madame,  vous  cognoissez  ma  servitude,  qui  n'est  mercenaire, 
et  ne  me  sçaurois  garder  de  aymer  ce  que  Dieu  m'a  ordonné  aymer 
en  vous.  Je  luy  supplie  très-humblement,  qu'il  luy  jilaise  par  sa 
bonté  allumer  tel  feu  es  cœurs  du  Roi/,  de  Madame  et  de  vous,  que  [je] 
vous  puisse  veoir  par  son  amour  importable  et  ravissante  tellement 
féruz  et  navrez  que  de  vous  trois  puisse  yssir  [1.  sortir],  par  exem- 
plarité de  vie,  feu  bruslant  et  allumant  le  surplus  du  royaulme  et 
spécialement  l'estat  par  la  froideur  duquel  tous  les  aultres  sont  gel- 
iez. Il  n'est  riens  diflicile  au  tout-puissant  feu.  le(|uel  en  et  par  ses 
ministres  peut  faire  rompre  et  brusler  les  roches  adamantines. 

Madame,  le  créateur  du  monde,  qui,  pour  icelluy  régénérer,  est 
voulu  naistre  du  ventre  virginal,  vous  doint  sa  grâce,  paix  et 
amour!  A  Meaulx,  le  Sa"""  Décembre  1521. 

Jhesus  Maria. 

*  LVmhlèmc  adopté  par  François  I  portait  iine  salamandre  au  milieu  des 
flammes,  avec  cette  li'gende  :  *  Nutrisco  et  cxtinyuo  > ,  et  selon  d'autres  : 
«  Non  exlinguor,  nuirior.  » 


CORRESPONDANCE 


DES 


RÉFORMATEURS 


SECONDE  PÉRIODE 

Depuis  la  publication  du  conimenlaire  de  Le  Fèvre  d'Elaples  sur  les 
lY  Évangiles  jusqu'à  celle  de  rinstilulion  Chrétienne  de  Calvin. 

1522  —  1536 


49 


LE  FÈVRE  d'étaples  aux  Lecteurs  Chrétiens. 
De  Meaux,  1522  (avant  le  20  avril). 

Commenlarii  Initiatorii  in  quatuor  Evangelia.  (Meldis,  1522.) 

Très-grand  in-8". 

(PRÉFACK   TRADUITE   DU    LATIN.) 

Sommaire.  Le  vrai  chrétien  est  celui  qui  aime  d'un  amour  parfaitement  pur  Jésus- 
Christ  et  sa  Parole,  parole  de  paix,  de  liberté,  de  joie,  de  salut  et  de  vie.  Le  devoir 
de  chaque  pontife,  de  chaque  souverain,  de  chaque  fidèle,  est  de  ne  s'inquiéter  nulle- 
ment de  ce  qui  est  en  dehors  de  l'Évangile,  et  de  relever  le  vrai  culte  de  Dieu  par- 
tout où  il  a  été  détniit.  Demandons  le  modèle  de  notre  foi  à  l'Église  primitive, 
et  puisse  Celui  qui  est  béni  au-dessus  de  tontes  choses  nous  accorder  un  évite  en 
esprit  et  en  vérité.' 

Préface  de  Jacques  Le  Fèvre  d'Étaple-s  aux  Lecteurs  chrétiens 
sur  l'ouvrage  qui  va  suivre. 

0  vous  que  Dieu  a  vraiment  aimés,  et  (|ui  m'êtes  particulière- 
ment chers  en  Christ,  sachez  que  ceux-là  seulement  sont  des  Chré- 
tiens, qui  aiment  notre  Seigneur  Jésus-Christ  et  sa  parole  avec  une 
parfaite  pureté.  Leur  nom  est  saint  et  vénérable,  et,  comme  Ignace 
le  dit  aux  Magnésiens,  quiconque  se  nomme  d'un  autre  nom  n'ajt- 
partient  pas  à  Dieu. 

Or  la  parole  de  Christ  est  la  parole  de  Dieu,  TÉvangile  dt;  la 
paix,  de  la  liberté,  de  la  Joie,  l'Évangile  du  salut,  de  la  rédemption, 
et  de  la  vie  :  l'Évangile  de  la  paix,  après  une  guerre  continue,  — 
de  la  liberté,  après  la  plus  dure  servitude.  —  de  la  joie,  après  une 
constante  tristesse,  —  du  salut,  après  une  perdition  entièie.  —  de 


90  LE  FÈVRE  D^ÉTAPLES  AUX  LECTEURS  CHRÉTIENS.  1  322 

la  rédemption,  après  la  plus  funeste  captivité,—  de  la  vie  entin,  au 
sortir  d'une  mort  éternelle.  Si  cette  parole  s'appelle  TÉvangile,  la 
bonne  nouvelle,  c'est  que,  pour  nous,  c'est  Tannonce  de  tous  ces 
biens,  et  des  biens  infinis  qui  nous  sont  réservés  dans  les  cieux. 
Comment  seraient-ils  chrétiens,  ceux  qui  n'aiment  pas  avec  une 
parfaite  pureté  Christ  et  la  Parole  ?  Leur  part  est  la  part  toute 
contraire.  Je  voudrais  que  nul  ne  se  trouvât  dans  leur  nombre,  et 
([ue  tous  fussent  des  premiers.  Souhait  légitime,  puisque  Dieu 
veut  que  tous  les  hommes  soient  sauvés,  parviennent  à  la  connais- 
sance de  la  vérité,  et  arrivent  ainsi  à  l'amour  de  la  lumière  évan- 
gélique. 

Parmi  ceux  qui  éprouvent  cet  amour,  les  pontifes  doivent  tenir 
la  première  et  la  plus  haute  place,  et,  plus  qu'aucun  autre,  celui 
qui.  parmi  eux,  est  appelé  dans  l'accomplissement  visible  des  fonc- 
tions sacrées,  le  premier,  le  plus  grand,  le  Souverain  Pontife.  Nul 
en  effet  ne  peut  réclamer  un  semltlahle  titre,  qu'en  vertu  de  cet 
immortel,  incorruptible  et  spirituel  amour  pour  Christ  et  l'Évan- 
gile. Viennent  ensuite  les  rois,  les  princes,  tous  les  seigneurs,  et 
les  peuples  de  toute  race  :  eux  aussi  ne  doivent  penser,  s'attacher, 
aspirer  à  rien  autant  qu'à  Christ  et  à  la  parole  vivifiante  de  Dieu, 
son  saint  Évangile  !  Leur  unique  étude,  leur  unique  consolation, 
leur  unique  désir  doit  être  de  connaître  l'Évangile,  de  le  suivre, 
d'en  favoriser  en  tout  lieu  l'avancement.  Que  tous  tiennent  ferme 
ce  qu'ont  tenu  nos  ancêtres,  et  l'église  primitive  rougie  du  sang 
des  mdrtgrs  :  c'est  que  ne  rien  savoir  en  dehors  de  l" Evangile,  c'est 
savoir  tout.  L'étude  de  l'Évangile  est  le  seul  moyen  par  lequel 
peuvent  être  rendues  heureuses  la  Hongrie.  l'Italie.  l'-Mlemagne. 
la  France,  l'Espagne.  l'Angleterre.  l'Europe.  l'Asie  et  l'Afrique. 

Et  certes,  chaque  pontife  doit  ressemi)ler  à  cet  ange  que  Jean, 
dans  l'Aporalyp.se.voit  voler  par  lemilieu  du  ciel,  portant  l'Évangile 
éternel  au-dessus  de  toute  nation,  de  tout  peuple,  de  toute  langue, 
et  répétant  à  voix  forte  :  •  Craignez  le  Seigneur,  et  donnez-lui 
gloire.  •  Puisque  c'est  à  un  ange  (juMl  doit  ressembler,  le  pontife 
n'annoncera  que  ce  que  Dieu  commande;  puisque  c'est  un  ange 
qui  vole,  il  dirigera  toujours  l'elTort  de  son  esprit  vers  les  choses 
d'en-iiaut  :  puisque  c'est  un  ange  qui  tient  l'Évangile  éternel,  le 
pontife  ne  prendra  nul  souci  de  ce  qui  est  en  dehors  des  limites  de 
l'Évangile;  et  comme  celui-ci  est  éternel,  que  peut-il  promettre 
d'autre  que  l'immortahté  ?  Enfin,  puisque  l'ange  .s'adresse  à  toute 
nation,  à  toute  langue  et  à  tout  peuple,  en  criant-à  voix  haute,  lepon- 


1522  LK  FE\RE  d'kTAI'LKS  AL'X  I.KCTKURS  CHRÉTIENS.  91 

tife  ne  doit  jamais  cesser  de  proclamer  et  d'établir  le  vrai  culte  de 
Dieu.  Car  c'est  vers  un  seul  Être,  (jue  Tange  dirige  nos  pensées. 
«  Craignez,  dit-il.  le  Seigneur,  et  donnez-lui  gloire  ;  »  puis  il  ajoute  : 
•  Adorez  Celui  qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre,  et  la  mer  et  les.  sources 
des  eaux.  «  11  exclut  donc  toute  pluralité,  qui  ne  s'unit  ni  ne  se 
confond  avec  cette  seule  unité,  la  plus  simple  et  la  plus  réelle.  A 
l'Être  Lni(|ue,  en  etïet,  appartient  la  puissance  :  et  toute  pluralité 
est  impuissante,  si  elle  ne  tient  sa  puissance  de  l'Être  essentielle- 
ment Un.  Il  ne  faut  donc  point  élever  la  pluralité  au  rang  de  l'u- 
nité, l'impuissance  au  rang  de  la  puissance,  le  néant  au  rang  de 
Pétre,  le  fini  au  rang  de  l'infini.  Le  seul  culte  pur  est  celui  de  l'Être 
unique  ;  le  culte  rendu  aux  autres  ne  saurait  être  pur.  C'est  ce 
culte  pur.  comme  je  l'ai  déjà  dit,  que  dépeignait  l'ange  de  la  sainte 
Apocalypse,  lorsqu'il  criait  à  voix  haute  :  «  Craignez  le  Seigneur, 
et  rendez-lui  hommage.  »  La  crainte  désigne  ici  un  sublime  respect, 
et  riiommage.  cette  pure  et  fidèle  adoration  qui  est  incommunica- 
blement  due,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi,  au  seul  Dieu,  Père,  Fils 
et  Saint-Esprit.  Ainsi  donc,  tous  les  efforts,  la  vigueur,  l'énergie  de 
tous  les  pontifes,  de  tous  les  rois,  de  tous  les  potentats  doivent  tendre 
à  maintenir  ce  culte  partout  oii  il  subsiste,  et  à  le  relever  partout 
oii  il  a  croulé  ',  car  c'est  en  lui  seul  que  nom  est  laissée  l'espérance 
d'arriver  à  la  vie  éternelle. 

A  l'œuvre  donc,  pontifes,  rois,  cœurs  généreux!  Où  que  vous 
soyez,  réveillez-vous  à  la  lumière  de  l'Évangile,  à  la  vraie  lumière 
de  Dieu  ;  reprenez  le  souffle  de  la  vie  ;  retranchez  tout  ce  qui  entrave, 
tout  ce  qui  otïusque  ce  culte  pur.  Soyez  attentifs,  non  à  ce  que  la  chair 
peut  faire  ou  dire,  mais  à  ce  que  Dieu  dit  et  commande.  Rappelez- 
vous  soigneusement  cette  sentence  de  Paul  :  «  Ne  louchez  point,  ne 
goûtez  point,  ne  palpez  point  :  ce  sont  là  tout  autant  de  prescrip- 
tions qui  ne  servent  qu'à  corrompre,  quand  on  les  pratique  selon 
les  commandements  et  les  enseignements  des  hommes .  bien  qu'el- 
les possèdent,  il  est  vrai,  une  apparence  de  sagesse,  par  des.dehors 
de  dévotion  et  d'humilité.  »  (Col.  n.)  La  parole  de  Dieu  suffit  .'CeWe 
seule  parole  est  suffisante  pour  faire  trouver  la  vie  qui  ne  connaît 
pas  de  terme.  C'est  l'unique  règle  qui  enseigne  la  vie  éternelle.  Tout 
ce  qui  ne  réfléchit  pas  l'éclat  de  la  Parole,  non-seulement  n'est  pas  né- 

'  Voyez  le  N"  1,  note  2,  citation  finale.  Ce  sentiment  de  la  décadence  du 
culte  spirituel  est  déjà  exprimé  dans  les  lettres  de  Clichtow  et  de  Capiton. 
Voyez  le  N"  5. 


92  LV.  FKVRK  I)"kT\»'LKS  AUX  LKCTKL'RS  CHRÉTIF.NS.  1522 

cessaire,  mais  est  absolument  suiierflu\  en  sorte  que,  si  Ton  veut  pra- 
tiquer flans  sa  pureté  le  culte  conformée  la  piété  et  conserver  Tin- 
té^rité  de  la  foi,  il  ne  faut  rien  mettre  de  semblable  au  rang  de 
rÉvangile,  comme  on  ne  place  point  la  créature  au  rang  de  Dieu. 

Mais,  dira  (juelju'un  :  «Il  faut  que  je  comprenne  l'Évan- 
gile, pour  croire  à  l'Évangile,  et  m'appliquer  au  vrai  culte  de 
Dieu.  0  A  cela  je  réponds  :  Christ,  le  chef  et  le  dispensateur  de 
la  vie  éternelle,  ne  propose  point  son  Évangile  pour  qu'on  le  com- 
prenne, mais  pour  qu'on  le  croie.  L'Évangile,  en  effet,  contient 
tant  de  choses  qui  dépassent,  je  ne  dis  pas  la  portée  de  notre  in- 
telligence, mais  celle  de  toute  intelligence  créée  qui  n'est  pas  unie 
par  essence  à  la  Divinité  !  «  Croyez  à  l'Évangile.  •  dit  le  Seigneur 
(Marc.  1, 15).  Mais,  auparavant,  il  a  commandé  de  rentrer  en  soi- 
même,  lorsqu'il  a  dit  :  «  Repentez -vous.  »  Et  c'est  là  un  comman- 
dement bien  naturel,  puisque  tous  ont  des  sentiments  charnels  avant 
d'avoir  ceux,  que  donne  l'Esprit,  et  saisissent  les  choses  qui  vien- 
nent des  hommes  avec  plus  d'empressement  que  les  choses  de 
Dieu.  Ce  qui  n'est  peut-être  pas  sans  raison,  puisipie  les  premières 
sont  proportionnées  aux  hommes,  et  que  les  autres  les  surpassent. 

C'est  pourquoi,  afin  de  pouvoir  croire  à  l'Évangile,  il  faut  que 
nous  soyons  désabusés  des  pensées  d'origine  hiiniaine  :  il  faut  que 
nous  ayons  renoncé  à  la  chair  et  à  tout  ce  qui  vient  des  homme.*;. 
Que  ce  qui  est  divin  remporte  donc  la  victoire:  que  ce  qui  est  de 
l'homme  et  ne  tire  pas  de  l'Évangile  son  éclat,  soit  supprimé,  sous 
(juelque  apparence  de  piété  et  de  .*;agesse  qu'il  puisse  d'ailleurs  se 
présenter:  car  il  s'agit  ici  de  la  parole  de  Dieu,  de  la  foi.  de  la  pu- 
reté (lu  cnlt»\  Ici.  ce  (/uf  suure.  c'est  In  vérité  seule.  InqueUe  est  In 
parole  de  Dieu.  Tout  rc  iptt  n'est  fias  elle,  ne  peut  (/ne  nous  perdre. 
L'unilé  liissemble.  I:i  iihiralilé  disperse. 

El  plùl  à  Dieu  que  l'on  demandât  le  modèle  de  la  foi  à  cett»» 
église  primiliM'.  qui  ollVil  à  Christ  lanl  de  uiarlyrs.  qui  ne  connut 
«l'autre  régie  que  IKNanaile.  d'autre  but  (|iu'  Christ,  el  (jui  ne  ren- 
dit son  culte  qu'à  un  Dwu  unique  en  trois  perscmnes!  Si  nous  ré- 
glions notre  vie  sui  (  .-i  »"\t'in|ile..  l'élernol  Évangile  de  Christ  lleu- 

rirail  iiiaiulrnanl.  (« ne  il  (lorissail  alors.  Les  fidèles  dépendaieni 

en  tout  de  Christ  :  nous  dépendrions  aussi  nou.s-mémes  enlière- 
mt'iit  lie  lui.  Sni-  lui  se  concentraient  toute  leur  foi.  loule  leur  con- 

*  Voyez  ci-dessous  l'I^lpitro  i-xhortatoire  de  Le  FèvreduSjiiin  1523,  hui- 
tième alinéa.  <  Sachons  que  les  hommes  et  leurs  doctrines  ne  sont  riens,  etc.» 


1522  LF.  FKVRK  d'ÉTAPLES  AUX  LKCTKL'RS  r.llRKriENS.  [)'.i 

liance.  tout  leur  amour  ;  c'est  à  lui  que  nous  adresserions  aussi 
les  mêmes  sentiments.  Nul  ne  vivait  par  son  propre  esprit,  mais 
par  l'esprit  de  Christ;  nous  vivrions  aussi  de  même:  nous  (juilte- 
lions  enlin  cette  vie.  pour  aller  à  lui.  comme  ["ont  (piillée  avant 
nous  ceux  pour  lesquels  Christ  était  toutes  choses,  et  que  nous  ai- 
mons, cpie  nous  louons  à  cause  de  Christ .  en  oITrant  avec  eux  à 
Dieu  seul  tout  culte  et  toute  gloire  '. 

Et  comment  ne  souhaiterions-nous  pas  voir  notre  siècle  ramené  à  l'i- 
mage de  cette  é(/liseprimitire,T^u\squ''A\orsC\ms\  recevait  un  plus  pur 
hommage,  et  que  Téclat  de  son  nom  était  plus  au  loin  répandu  ?  Bien 
des  auteurs  nous  l'attestent  et  surtout  un  écrivain  de  l'époipie. 
Terlullien.  dans  son  li\re  contre  les  Juifs.  Les  Perses,  les  Mèdes. 
les  Élamites.  les  habitants  de  la  Mésopotamie,  de  l'Arménie,  de  la 
Phrygie,  de  la  Cappadoce,  du  Pont,  de  la  province  d'Asie,  de  la 
Pamphylie,  de  l'Egypte,  de  l'Afrique,  de  Cyréne.  de  Rome,  de  Jé- 
rusalem, les  Gétules,  les  Indiens,  les  Éthiopiens,  les  Maures,  les 
Espagnols,  les  Gaulois,  les  Bretons,  les  Sarmates,  les  Daces,  les 
Germains,  les  Scythes,  les  peuples  d'îles  encore  mal  connues, 
croyaient  en  Christ,  servaient  Christ,  adoraient  Christ.  «  Partout, 
dit  Tertullien,  est  parvenu  le  nom  et  le  royaume  de  Christ;  par- 
tout l'on  croit  en  lui  ;  toutes  les  nations  plus  haut  dénombrées 
veulent  le  servir;  partout  il  règne,  partout  il  est  adoré;  partout  il 
se  donne  également  à  tous.  Auprès  de  lui  le  roi  ne  trouve  pas  une 
faveur  plus  grande;  le  chef  barbare  ne  goûte  pas  moms  de  joie; 
les  dignités  ou  la  naissance  ne  constituent  pas  des  mérites  particu- 
liers. Christ  est  le  même  pour  tous  ;  pour  tous,  roi  :  pour  tous.juge  : 
pour  tous,  Dieu  et  Seigneur.»  Voilà  ce  que  dit  Tertullien  des  pro- 
grès qu'à  son  époque  la  foi  en  Christ  avait  faits  en  tout  lieu.  Puisse 
cette  extension  de  la  foi,  puisse  cette  pureté  du  culte,  aujourdliui 
que  reparait  la  lumière  de  l'Erangile,  nous  être  aussi  accordées  par 
Celui  qui  est  béni  au-dessus  de  toutes  choses!  Aujourd'hui,  je  le 
répète,  que  reparait  la  lumière  de  l'Évangile,  qui  se  répand  enlin 
de  nouveau  dans  le  monde,  et  y  éclaire  de  ses  divins  rayons  un  grand 
nombre  d'esprits  ;  de  telle  sorte  que,  sans  parler  de  bien  d'autres  ' 
avantages,  depuis  le  temps  de  Constantin,  où  V  Eglise  primitive  peu  à  peu 
dégénérée  perdit  tout  à  fait  son  caractère  *.  il  n'y  a  eu  dans  aucune  ' 

"'  Voyez  dans  le  N°  27,  note  8,  quelques  paroles  de  Le  Fèvre  relatives 
au  culte  des  Saints. 

*  Cette  proposition  est  l'une  de  celles  qui  furent  condamnées  comme 
hérétiques  par  la  Sorbonne  en  1523.  (Voyez  Du  Plessis  d'Argentré.  Col- 


94  LK  FKVRK  l)'ÉT.VI'l>:S  AUX  LKCTEL'RS  CHRÉTIENS.  1522 

autre  éjioqiie  plus  de  connaissance  des  langues,  plus  de  terres  décou- 
vertes, plus  de  dilVusion  du  noui  de  Clirist  en  de  lointaines  contrées. 

La  connaissance  des  langues,  du  grec  et  du  latin  surtout,  (car 
l'élude  de  l'Iiéhreu  ne  fut  ranimée  que  plus  tai'd  par  Jean  Hciirli- 
lin'^}  renaquit,  au  moment  où  Comtnntinoiile  M  prise  par  les  en- 
nemis de  Christ,  et  où  un  petit  nombre  de  Grecs,  Bcamrion,  Théo- 
dore Gaza,  Ëiiimanuel  Clirysoloras.  George  de  Trébizoude.  trouvè- 
rent un  asile  en  Italie. 

Uientôl  après  des  contrées  nouvelles  furent  découvertes,  et  li^ 
nom  de  Clirist  fut  répandu  à  Toiient  par  les  Portiir/nis.  au  sud- 
ouest  par  les  Espagnols,  sous  la  conduite  d'un  Génois,  au  nord- 
ouest  par  des  Français.  Puisse  dans  toutes  ces  contrées,  le  nom  de 
Christ  avoir  été  et  être  désormais  pureiuent  et  lidélement  annoncé, 
atin  que  bientôt  soit  accomplie  cette  parole  :  «  U  Dieu,  que  la  terre 
entière  t'adore!  "  (Ps.  60.)  Oui.  qu'elle  te  rende  un  culte  érangéli- 
que  et  pur,  un  (mite  en  esprit  et  en  vérité!  C'est  là  ce  qu'il  faut  avant 
tout  désirer. 

Mais  voyons  :  Puisque  Dieu,  comme  nous  Tavons  dit,  conuuande. 
non  de  comprendre,  mais  de  croire  TÉvangile.  laudra-t-il  aspirer 
à  le  comprendre?  Pounpioi  non?  La  foi  néanmoins  doit  avoir  la 
première  place,  Tintelligence.  la  seconde,  car  celui  ([ui  ne  croit 
que  ce  qu"il  comprend,  ne  croit  pas  encore  d'une  croyance  bonne 
et  suflisante.  Nous  Pavons  déjà  dit  :  il  y  a  dans  TÉvangile  bien  des 
points  qui  doivent  être  crus  par  les  hommes,  mais  (jui  ne  peuvent 
être  compris.  Pour  ceux-là.  nul  ne  doit  aspirer  à  les  comprendre  : 
il  suflil  ([u'ils  soient  conqiris  de  Christ  et  de  Tesprit  de  Christ  (}ui 
est  dans  le  croyant.  L'imuiensité  et  la  majesté  de  ce  qu'il  faut 
croire,  accable  l'inlelligenco  lnimain»\  comme  le  foyer  de  la  lu- 
mière du  soleil  arrête  l'actiNilé  de  notre  œil.  de  telle  sorte  que 
rinlelligt'iice  ce.s.se  de  comprendre,  comme  l'œil  ces.<e  de  jtouvoir 
distinguer.  L'œil  cependant  aihuel  sans  hésiter  l'existence  de  la 
lumière  dans  un  foyer,  (luoiijiril  ne  pui.ssePy  voir:  Tinlelligence 
aussi  doit  croire,  (|uoi(|u*('lle  n"ail  pu  se  rendre  compte.  La  con- 
fiance dont  IVeil  est  connue  animé  esl  plus  impoilante  (|ue  la  vi- 
sion même,  puisipie  Tune  a  un  champ  iiumense,  et  Taulre,  un 
champ  liuiilé.  PareillenuMil.  dans  Ti'sprit  la  foi  esl  plus  relevée  que 
Tinlelligence,  puis(pie  Tune  saisit  linlini,  et  Taulre.  le  lini. 

lectio  Judicioruin  de  novis  erroril)iis.  Lutetia;  Parisioruni,  1724,  t.  II,  p.  x, 
cité  par  M.  Graf,  p.  105  de  son  Essai.) 
*  Voyez  le  N"  2. 


1524  LK  FEVRE  d'kTAPLKS  AUX  LECTEURS  CliRÉTFENS.  95 

Néanmoins,  pour  nous  aciieminer  à  comprendre  les  Évangiles, 
beaucoup  de  nos  prédécesseurs,  et  parmi  eux  des  liommes  distin- 
gués, ont,  les  uns  par  des  homélies,  les  autres  par  des  commentai- 
res, instruit  leurs  contemporains  et  eu  recours  à  diverses  formes 
pour  rédiger  leurs  éclaircissements.  Je  prise  fort  de  tels  travaux, 
et  surtout  ceux  qu'ont  accomplis  des  hommes  (}ue  l'Esprit  diri- 
geait; mais,  comme,  pendant  la  nuit,  la  lumière  du  soleil  ne  peut 
être  reproduite  par  les  innombrables  lueurs  des  étoiles,  de  même 
la  lumière  de  l'Évangile  ne  peut  l'être  non  plus  par  les  travaux  de 
tant  d'écrivains,  lors  même  qu'ils  accomplissent  leur  tâche  sous 
l'influence  divine.  Toutefois,  de  même  qu'un  nouvel  astre,  sans 
remplacer  l'éclat  du  soleil,  n'en  augmente  pas  moins  la  clarté  de  la 
nuit,  de  même  nous  ne  croyons  nullement  nuisibles  de  nouveaux 
commentaires  sur  l'Évangile,  s'ils  sont  propres  à  éclairer  notre  en- 
tendement. 

Nous  ne  prétendons  point  dire  que  tel  soit  le  caractère  de  ceux 
que  nous  avons  écrits,  à  la  gloire  de  Dieu  d'abord,  puis  dans  le 
but  de  faire  connaître  la  vérité  évangéUque,  et  pour  l'utilité  com- 
umne;  mais  il  faut  les  ranger  parmi  ceux  qui  dissipent  les  ténèbres 
(le  notre  esprit,  pour  qu'il  devienne  en  quelque  façon  accessible  à 
la  lumière.  Avant  que  la  clarté  des  étoiles  rende  la  nuit  moins  som- 
bre, il  faut  que  les  vapeurs  soient  dissipées,  et  l'atmosphère  puri- 
liée  ;  il  faut  pareillement  chasser  de  l'intelligence  les  ténèbres  et 
l'avoir  ainsi  puriliée,  avant  que  l'ignorance  puisse  recevoir  des 
commentaires  une  certaine  lueur. 

Nous  nous  sommes  donc  appliqué  à  préparer  sur  les  Évangiles 
des  commentaires  propres  à  dissiper  les  ténèbres  de  l'intelligence 
et  à  la  purilier,  ayant  pour  seul  guide  la  grâce  que  nous  atten- 
dions du  Seigneur,  si  ce  n'est  que,  en  maints  endroits,  étant  laissé 
à  nous  seul,  nous  avons  mêlé  quelque  chose  du  nôtre,  ce  que  nous 
avouons  être  nôti-e  et  de  peu  de  prix,  comptant  ce  qui  est  d'une 
différente  sorte  pour  une  faveur  de  Dieu.  Nous  ne  nous  sommes 
point  appuyé  sur  les  travaux  d'aulrui  ^  aimant  mieux,  dans  notre 

®  En  préparant  la  2™'  édition  de  sou  commentaire  sur  les  Épitres  de  St. 
Paul  1,1517),  Le  Fèvre  avait  tiré  parti  des  Aunotations  d'Érasme  sur  le  Nou- 
veau Testament  (1516).  Celui-ci  fut  très-offensé  de  ce  que  Le  Fèvre  ne  l'a- 
vait cité  qu'une  seule  fois,  et  encore  pour  le  censurer.  Il  publia  contre  lui 
une  Apologie  (5  août  1517)  et  lui  écrivit,  à  ce  sujet,  trois  lettres  qui  restè- 
rent sans  réponse.  Nous  les  avons  omises  dans  lu  Correspoudunce  des  Ré- 


96  LK  FÈVRK  d'ÉTAPLES  AUX  LHICTEURS  CHRÉTIENS.  1  522 

pauvreté,  dépendre  du  Seigneur.  Je  n'ignorais  pas  en  effet  que 
Tapplicalion  apportée  à  l'étude  et  aux  recherciies  dans  les  livres 
ne  peut  donner  rintelligence  des  enseignements  sacrés,  mais  qu'il 
la  faut  attendre  d'un  don  et  d'une  grâce  accordés  non  point  sui- 
vant les  mérites  de  chacun,  mais  selon  la  pure  libéralité  de  Celui 
(lui  les  dispense. 

Toutefois,  nous  ne  voulons  point  que  Ton  compare  ces  commen- 
taires à  un  astre  brillant  dans  la  nuit,  mais  plutôt  à  ce  qui  purilie  l'at- 
mosphère. Dans  l'elïort  par  lequel  les  choses  inférieures  tendent 
vers  les  choses  supérieures,  nos  péi'es  ont  distingué  trois  degrés  : 
la  purihcation,  rillumiiiation  et  la  perfection.  La  perfection  est  le 
degré  le  plus  élevé;  l'illuiuinalion,  le  degré  intermédiaire;  la  pu- 
rihcation, le  degré  inférieur.  C'est  à  ce  dernier  que  nous  plaçons 
nos  commentaires,  quels  qu'ils  soient,  et,  pour  cela,  nous  les  ap- 
pelons commentaires  de  purilication  ou  d'initiation.  Que  Dieu  nous 
donne  des  auteurs  capables  d'écrire  en  outre  des  commentaires 
d'illumination,  et,  s'il  lui  plaît,  de  perfection,  puisqu'à  Lui  seul 
appartient  de  répandre  toute  grâce  divine  et  en  particuUer  toute 
grâce  pareiUe  I  Paul  parle  de  la  puiitication  en  ce  passage:  «  Après 
qu'il  eut  opéré  la  purilication  de  nos  péchés .»  (Hébr.  i),  —  de  l'il- 
lumination en  celui-ci:  «  Parce  que  la  lumière  du  glorieux  Évan- 
gile de  Christ  ne  les  illumine  pas»  (2  Cor.  iv), —  et  de  la  perfec- 
tion en  cet  autre  :  »  C'est  pourcjuoi,  laissant  de  côté  les  rudiments 
de  la  doctrine  de  Dieu,  aspirons  à  la  perfection  »  (Hébr.  vi). 

Au  reste,  si  nous  appelons  ces  commentaiies  sur  les  Évangiles 
commentaires  de  punficution.  que  nul  ne  pense  (jue  les  Évangiles 
aient  besoin  de  puriticalion.  Us  n'ont  besoin  ni  de  purilication.  ni 
d'illumination,  ni  de  iierfection,puis(pi'ilssont  en  eux-mêmes  Irès- 
pui's,  trés-luiuineux,  très-parfaits.  La  puriticalion  dont  nous  pai- 
ions  a  pour  effet  de  dissiper  les  ténèbres  des  intelligences,  en 
ceux-là  surtout  (lui,  encore  ignoranb,  s'approchent  du  sanctuaire 
des  Évangiles  et  des  profonds  mystères  de  la  Parole  de  Dieu.  Elle 
les  rend  capables  de  recevoir  en  eux  la  sainte  et  pure  lumière, 
rauymle  sacrement  lic  la  lumière  éternelle,  lorsque  la  nuit  de  l'i- 

formatcurs,  parce  (lue  cette  aflairc,  ^\x\  eut  d'ailleurs  uu  graud  retentisse- 
ment, n'exerça  aucune  influence  sur  la  Réfomiatiou.  (Voyez  les  lettres  d'É- 
rasme à  Tonstall,  17  juillet  1517,  —  à  Le  Fèvro,  11  septembre  1517,  30 
novembre  1517  et  17  avril  1518  (par  erreur  1517;.  Erasmi  Epp.  Édition 
Lf  Clerc,  pp.  1616,  265, 1644  et  236.  --  Graf.  Essai,  p.  54-61.) 


1fi22  l,K  FKVRE  n'^lîTAPLKS  AUX  LKCTRl^RS  CHRKTIKNS.  '.>7 

irnorance  conimenre  à  passer,  el  <|iren  leurs  cœurs  se  lève  la 
lumière  des  Évangiles.  Si  ces  ténèbres  ne  sont  dissipées,  de  tels 
esprits  trouvent  obscure  la  lettre  même,  ce  que  les  commentaires 
doivent  empécber.  Quelque  acbevés  qu'ils  soient,  ils  ne  sauraient 
ajouter  aux  Évangiles  de  la  lumière,  ce  qui  est  impos:*ible,  puis- 
qu'on n'en  peut  non  plus  ajouter  au  soleil  qui  frapi)e  nos  sens; 
mais  les  Évangiles  répandent  la  lumière  dans  les  commentaires 
mêmes.  Autrement  les  commentaires  sont  comme  les  couleurs  au 
milieu  des  ténèbres  et  comme  des  nuages  amoncelés  dans  l'espril. 

(Ici  se  trouvent  quelques  détails  sur  la  distribution  des  matières  dans 
TouvTage.) 

Lecteurs  ciirétiens  et  pieux,  prenez  en  bonne  part  ce  travail,  et 
demandez  au  dispensateur  de  la  Parole,  qui  est  le  Seigneur  Jésus- 
Clirist,  que  sa  parole  ne  tombe  pas  sans  fruit,  mais  que,  dans  le 
monde  entier,  elle  fructifie  pour  la  vie  éternelle!  Maître  de  la 
moisson,  que  lui-même  il  envoie  dans  sa  moisson  nouvelle  de  nou- 
veaux et  actifs  ouvriers  ! 

Je  vous  salue,  en  ce  même  Christ  Jésus,  notre  Seigneur,  (jui 
nous  a  été  fait,  de  la  part  de  Dieu,  sagesse,  justice,  sanctification 
et  rédemption.  Que  Christ  Jésus,  dans  la  gloire  du  Père  et  dans  Ta- 
mour  du  St.  Esprit,  soit  pour  vous  toutes  choses,  lui  qui  sera  tout  en 
tous  pour  ceux  qui,  au  sein  de  la  béatitude,  jouiront  des  siècles 
éternels! 

De  Meaux  '.  L'an  M.  D.  XXI.  ^ 

'  Voyez  le  N"  38,  note  10. 

**  En  France,  l'année  commençait  alors  à  Pâques.  Cette  fête  tomba  sur  le 
20  awil,  en  1522.  Ainsi  peut  s'expliquer  la  différence  de  date  qui  existe  entre 
la  préface  de  Le  Fèvre  et  l'indication  chronologique  donnée  par  l'impri- 
mcur  à  la  tin  de  l'ouvrage.  Voyez  au  bas  de  la  page  suivante. 

Le  Commentaire  sur  les  IV  Évangiles  est  l'un  des  plus  beaux  volumes  / 
de  l'époque.  Il  se  compose  de  377  feuillets  très-grand  in-8o,  non  compris  | 
le  titre,  la  préface  et  la  concordance  qui  forment  6  feuillets.   Il  a  pour  titre  : 

«  COMMENTAIÎII    INIÏIATORU    IN    QVATVOR   KVANGELIA.  lu  euangclium  Se- 

cundum  Mattha'ura.  In  cuangelium  secundum  Marcum »  Point  de  nom 

d'auteur.  —  Ce  titre  est  placé  dans  un  encadrement  qui  présente  les  figures 
symboliques  affectées  aux  quatre  évangélistes  et  les  passages  suivants  du 
Nouveau  Testament  :  «  I.  Vidi  alternm  angelum  volantcm  per  médium  c.t- 
lum  babeutem  euangelium  seternum,  Apoca.  14.—  II.  Pnedicabitur  hoc  cuan- 
gelium regni,  in  vniuerso  orbe:  in  testimonium  omnibus  gentil)us.  Matth.  24. 


98  CAI'ITON    \  ll.-i:.  AGRIPPA.  1522 


50 


CAPITON  à  H.-C.  Agrippa,  à  Genève. 
DOttmarsheim,  près  (le  Bûle,  23  avril  1522. 

Agrippie  Opp.  Pars  II.  lil)r.  III.  ep''   lo '.  p.  7(Si). 


Sommaire.  Éloge  à' A  jrippa,  d'après  le  récit  d'un  voyageur  qui  retourne  à  Genève  et 
qui  affirme  que  l.uiher  a  toutes  les  s_vrapatliies  du  savant  médecin.  Capiton  a  ap- 
pris avec  plaisir  qu'Agrippa  restait  étranger  au.x  entreprises  des  hommes  impru- 
dents, et  qu'il  faisait  preuve,  même  dans  ses  entretiens  familiers,  d'une  douceur 
modelée  sur  celle  de  Christ,  ce  qui  mettra  à  l'abri  de  toute  calomnie  son  attachemefit 
à  la  cause  é.vangêlique. 


Bonus  hic  vir  de  le  cœpil  lionorilice  lotjui  iu  itinere  :  depinxil 
iiiiliiviruni  quendam  omnium  erudilissiinuni.professione  Medicum. 
scienlia  simul  vere  cyclicum  el  omni.scium.  maxime  autem  valen- 
lem  di.spnlalione.  «pii  lovi  arliculo  Soiiliislarum  impelu.s  dimo- 
veal.  Percontahar  de  nomine.  •  Aijiiintn.  in(juil:  esl  oriundu.s  Colo- 
uia,  educalione  Ilaln.s.  experientia  (jiriali.s  lioc  esl  aulicus.  urba- 
nus,  civilis.  ■  Iminoviso  (juidem  j^Miidio  lerè  perlurlialu.s  subjeci  : 
•■  Qniil.  m\nà\\\,  Mcdkus  t'Ui'dc  Gcniitiniai  lifvrcsi nentit?  Muni  rcpu- 
j/iKit Liillirio?  Anne  facil  cum  doclissimis  Parisiensilim?  »  Tum  ille: 
■Niliil  niiiiiis.  iinjuil.  iiam  pia-iro  Lutlwro  potest,  re.sistere  non  po- 
lest  :  ([uw  niodù  Lutlii'ius.  illf  oliiii  ridit.  »  Quibus  sermonibus  per- 
iiiotus.  biL'c  inler  polaiidiiiii  v  labenia  volui  ad  le  [.scribere],  quô 

—  III.  Eiintcs  iii  miiiidiini  vniucrsura  :  pra-dicate  euangoliura  omni  crea- 
tura?.  Marc.  16.  --IIII.  Euangolizo  vobis  gaiulium  magnutn  quod  erit  omni 
populo.  Luc.  2.  »  —  Au  milieu  de  rpucadrcmont  et  au-dessous  du  titre,  on 
lit  cp  dornior  passage  tiré  de  l'épifrc  do  St.  Paul  aux  Romains  :  <  V.  Non 
enim  erubcsco  ouangolium  C  IIIUSTI.  Virtus  euim  dei  est  in  salutem  omni 
credenti,  Iuda?o  priraum  et  Gra>co.  lustitia  enim  dei  in  eo  rcuelatur  ex  fide 
in  fidom,  sicut  scriptum  est,  lustus  autem  ex  tide  viuet.  »  —  Au  bas  de  la 
même  page  :  »  CVM  PHIVILKfilO  REOIS.  ^ 

A  la  fin  du  volume,  au  verso  du  fol.  377,  on  lit  :  «  MKi.nis.  Impensis 

SiMdMS    CoI.IN.FI.  ANNf)    .SAI.VTI.*    HVMAN.K   ]M.1»..\XII.   MkNSK  IvNIO.  » 


1522  CAPITON  A  H.-n.  Ar,RIPr>A.  ill) 

intelligeres.  cjiiàm  memor  Capilo  siisceplu,'  liiimanilatis,  qua  me 
convivani  Coloniœ  excepisti  '. 

Scientissimevir.  non  te  ah  Ermif/clio  d('hortor*.f,e(\  ab  impor- 

liinis  aiisibus  iinpi'udentium  te  gaudeo  alienum.  Qiiin  facias,  quod 
lacis,  et  mansuetiidinem  Christi  prse  te  feras,  in  familiaribiis  etiaiii 
loUoquiis,  nequiscalumniariqueal  pium  istud  institutum.  Deinde, 
si  (jiiai  candide  interpretanda  videntur.  nolini  superciliosius  au! 
nialignius  damnes.  Quid  enimacerbumCbristus  sonuil.  ubinamloci. 
(luajso.animum  reprebendendiprœselulit?  Nam  ubique  benignus 
occunit,  et  nos  tantùm  non  insanimus.  0  pneposteram  pielatem. 
lam  morose  piara.  ut  vel  imaginem  pielatis  queat  obliterare,  ne- 
(him  non  promoveat  ad  illam."  !  Vale.   et  aliquando  rescribe;  per 


'  Capiton  avait  quitté  Bâle  le  28  avril  1520,  pour  se  rendre  en  Alle- 
magne. 

-  Quelques  auteurs  ont  soutenu  qu'Agrippa  resta  toujours  attaché  à 
l'église  romaine.  La  lecture  de  sa  correspondance  et  de  plusieurs  de  ses 
ouvrages  conduit  à  une  tout  autre  conclusion.  C'est  ainsi  que,  le  5  janvier 
1524,  il  écrivait  à  son  ami  Cantiuncula  :  «  Prsesens  hic  lator  tibi  commen- 
datus  esto....  Recedit  abhinc  [c'est-à-dire  de  Fribourg  en  Suisse]  Evanyelii 
causa,  qiioâ  clatum  est  m  ridnam  et  resurrectionem  miiltorum....  Id  te  oratuni 
volo, ...  ut  hune  latorem  evangeUcum,  Thomam  GyrfaJcum,...  amicis  tuis... 
apud  Basileam...  comraendatum  gratumque  reddas.  »  (0pp.  ParsU,  p.  810.) 
Nous  avons  vu  ailleurs  qu'Agrippa  faisait  le  plus  grand  cas  de  Le  Fèvre. 
Capiton  était  à  ses  yeux  :  «  eximius  et  verus  Theologus.  »  Plus  tard  (mais  il 
s'agissait  alors  de  défendre  sa  propre  vie  qu'il  croyait  menacée)  il  a  pu 
dire  :  «  Ego  me  non  Lutheranum,  sed  Catholicum  confiteor.  »  Singulier  Ca- 
tliolique,  qui  voyait  dans  la  Sainte  Écriture  la  seule  autorité  en  matière  de 
foi!  11  dit  en  effet  dans  le  même  écrit:  «Ego  Lutherumhxreseos  daninatum 
non  nescio,  sed  victum  non  video....  Quod  si  vos  nunc  tam  expediti  sitis  ad 
illum  irrefuiahilibus  argumentis  expugnandum,  quùm  olim  prompti  fuistis 
nudis  sententiis  condemuandum...  per  me  non  stabit,  quominus  vincatur  ; 
sed  ilhul  vos  amicè  admonitos  esse  volo,  ut  prsestantioribus  argumentis 
contra  illum  agatis,  quàm  hic  adversum  me  utimini,  quem  auetoritate  Scrip- 
turœ,  ut  virtute  verbi  Dei,  victum  esse  oportebit.  »  (Agrippœ  Apologia  ad- 

versus  calumuias sibi  per  aliquos  Lovanienses  Theologistas  intentatas. 

(1532).  0pp.  Pars  II,  p.  294  et  296.) 

^  Capiton^  tout  prudent  qu'il  était,  savait  au  besoin  recommander  la  fran- 
chise. Il  écrivait  à  Érasme,  le  5  juin  1522: 

«  ...Oramus,quicunque  tibi  studcmus,  ocio  atque  quieticonsulas,  fugiendo 
hauc  tragcL'diam,  non  magnatihus  contra  animi  sententiam  connivendo,  neque 
etiam  oricntibus  post  te,im6ea;  tua  messe  suhnatcc  segeti,insuUando...  Utram 
in  partera  deflexeris,  alterius  eritodium  sustinendum.  Sunt  qui  maluut  ad 
meliorem  quàm  ad  feliciorem  partent  declinares,  quod  ha^c  Huctuet,  dubia- 


100  N.  N-  A   ll.-C.  AGRIPPA.  1522 

ociiun  scri|iliiius  siini    iiicdilatiùs.    Har    t'\  lalterna  incogitan<. 
Vale  ilenini.  Dalum  Olliiiarlieiiii  *  prope  Basileam.  vicesinio  tertio     P 
Aprilis,  anno  lo22. 


51 

N.   N.  à  H.-C.   Agrippa,  à  Genève. 
D'Aix-1  es-Bains,  5  juin  1522. 

Agrippœ  0pp.  Pars  II.  lib.  lll.  ei»-"  16^  p.  790. 

Sommaire.  Recommanflation  en  faveur  d'un  prédicateur  de  la  vérité  évangélique  qui 
passe  à  Genève. 

Salve  pra.slantissime  vir.  ]h)n\\>  hic  paler.  (jui  iia.^ce  titji  reddit 
{itéras.  Evangelicie  vei-itali.s  Pia-dicalor  '  e.st.  iloclrina'  non  vul- 
garis.  (ligmis  profeclô  (piem  tu  videas  dicentenupie  aiidias,  cum 
sis  tu  [)rol)orinii  vironim  hospitalissimus  palronus.  Jussi  itacjue, 
cnni  sihi  per  Gchcniias  enndmn  foret,  ne  le  insaliitato  inde  altiivt  : 
sciens  ([uôd,  ciim  (iiidinis  homiiunit.  lihi  adiiiodùm  gralum  accep- 
lum(|iie  fore,  ut  alia  apud  te  coiiiiiiendalione  non  egeat.  Gaîterùni 
de  nu'  lilii  polliccii  potes.  (|uantuni  pra'stari  pote.st  ab  lioniine 
omnium  tii)i  dedilissimo  tuique  ol)servantissimo.  Vale  fa^licissini^. 
E\  o|)pidido  .\ipi('usi.  ipiinla  .liiiiii  W^'i'i. 

que  sit  aninio,  illa  autcm  suis  nixa  radicibn-i,  fundatain  petram  Chrisium, 
seipsam  iii  (lies  \-irit)us  siiporct,  tamctsi  lil)oi-uin  et  immunoni  esse  et  extra 
tell  jaotiim  tiifiiis  est,  siqnidom  nos  ])otins  (pifini  l'cipuMiciT'  salutt^m  inspi- 
ciannis.  —  H;ec....  e.\torseruiit  gi"*^'^^!'"»'' '""if""'""  '1*'  ^^^  ceiisnrae,  pnt'terea 
prfrsentis/tima  seculi  immiitntio,  qwnniiim  ad  religionem  attmet  Aut  erit  nrbùt 
noster  Christian  us,  aiil  tolnm  Christi  imayinem  crplodct.  Non  est  tertitim.  » 
(Voyez  Keclit.  Siipplem.  llist.  ccclcs.  seciili  XV!-"'.  Diirlaci,  1684,  in-4", 
p.  8l:J.) 

*  On  lit  dans  les  (Huvres  d'Agrippa  tOttimrlwmi.  »  Ottmarsheim  est  nn 
\'illage  d'Alsace,  situé  à  3  lieues  N.  d'Huningue. 

'  C'est  très-pn>I)al»leineMt  le  même  personnage  que  le  Franciscain  pieux 
recommanda  par  Atîrippa  à  Capiton  dans  la  lettre  suivante,  c'est-à-dire 
l'\a)ir<ii^  Lniiilirrl  iJ' Ariiiuitn. 


irii'i  ll.-C.    \(;IUI'I'A   A   CAI'IION.  K»l 


52 

H.-C.  AGRIPPA  à  Capiton. 
De  Genève,  17  juin  1522. 

Agrippae  0pp.  Pars  II,  lib.  III,  ep«  18»,  p.  791. 

Sommaire.  Agrippa  répond  à  la  lettre  de  Capiton  du  23  avril  (Voyez  le  N»  50).  Il  lui 
recommande  un  homme  de  bien,  zélé  ministre  de  la  Parole  de  Dieu,  qui  se  rend  en 
Allemat/ne. 

Literas  tuas,  doclissinie  IdeiiKfue  colenrlissime  Capito,  rpias  à 
vicesima  terlia  Aprilis  ex  itinei-e  ad  me  scripsi.sli,  posl  plii-^culos 
dies.  domi  mete  in  urbe  Gebennnrum  incerlo  imndo  redditas.  ac- 
cepi  (al)sens  siquidem  eram  tiinc  apud  SabiimJiœ  nucpmy,(\\\m'ww\ 
liumaiiilali  salapere  haud  valeo.  Proinde  hnno  luiic  viro,  i|ui  de 
nie  libi  tam  ainanler  nugalus  est,  non  possum  non  ignoscere  :  si 
nossem  bominem,  agerem  illi  pro  sno  oflicio  multas  gratias.  Sed 
utinam  ego  talis  aliquando  fiiturus  sim.  (jualem  ille  me  tibi  de- 
pinxit  ! 

—  Bonuin  biinc  patrem.  prœsentium  latorem.libi  commendo: 
illi  consilio  sis  et  auxibo.  ac  tuis  illum  episloUs  apud  ab{juos 
araicos  tiios.  quor.sùm  sibi  eundum  foi-et.  bona  lide  coiniiiendaliiiii 
reddas:  probiis  si(piidem  vir  est  et  dilUjem  Miiiistcr  rerbi  Dci'-. 

'  En  venant  à  Genève  (1521),  Agrippa  n'avait  pas  le  dessein  de  s'y  fixer 
pour  longtemps.  Il  y  passa  néanmoins  près  de  deux  années,  exerçant  la 
médecine,  et  attendant  toujours  d'être  appelé  à  des  fonctions  qui  lui  avaient 
été  promises  par  le  duc  de  Savoie  et  qu'il  n'obtint  jamais.  (Voyez  Agrippa' 
0pp.  Pars  II,  lib.  III,  ep^  24»,  p.  794.) 

-  Si  l'on  compare  ce  passage  avec  le  N"  53  et  avec  un  billet  d'Agrippa  à 
Cantiuncula  que  nous  repi'oduirons  à  la  fin  de  cette  note,  on  arrivera  tout 
naturellement  à  conclure,  que  cet  «homme  de  bien,  zélé  ministre  de  la  Pa- 
role, »  n'était  autre  que  le  Franciscain  François  Lambert  d'Avigno)i.  Ces 
détails  ont  une  certaine  importance.  Ils  peuvent  servir  à  fixer  d'une  manière 
précise  le  moment  de  la  prcinicre  prédication  de  la  Reforme  à  Genhc  et  à 
Lausanne.  Lambert  aurait  prêché  à  Genève  entre  la  Pentecôte  et  la  Trinité, 
du  8  au  15  juin  1522.  Le  mardi  17  ou  le  mercredi  18,  il  se  serait  rendu  à 


102  BERTHOLD  HALLER  A  ZWINGLI.  1522 

Ccetera  tu  ipse  in  homine  facile  agnosces.  Quicquid  Immanitalis 
beneficiique  in  homlnem  contiileris,  in  meipsum  collocatum  ha- 
bebo.  Reliquuni  autem  quod  abs  le  permaxiniè  cupio.  hoc  est,  ul 
quoties  fidas  aliquis  occurrat  nuncius  ad  nos  rescribas.  Praeterea 
me  amicis  tuis  omnibus,  ut  communem  illis  amicum,  et  commen- 
datum  et  charum  reddas.  Yale  fœiicissimè.  Ex  urbe  Gebennaruni. 
decimo  septimo  Junii,  anno  1522. 


53 

BERTHOLD  HALLER  '  à  Zwingli,  à  Zurich. 
De  Berne,  8  juillet  1522. 

Zuinglii  0pp.  éd.  cil.  VII,  206. 

Sommaire.  Il  lui  recommande  un  Franciscain  d'Avignon,  (\m  enseigne  depuis  en- 
viron 5  ans  la  vérité  évangélique  et  qui  vient  de  la  prêcher  â  Genève,  à  Laman,. 
et  <à  Fribourg.  De  Zurich  il  se  rendra  en  Allemagne.  Les  sermons  que  ce  religieux 
a  prononcés  devant  \es  prêtres  de  Berne  sur  l'Église,  le  sacerdoce,  etc.,  ont  produit 
quelque  bien.  Ce  n'étaient  pas  des  choses  absolument  nouvelles  pour  eux  ;  mais  dans 
la  bouche  d'un  Franciscain  et  d'un  Français  elles  paraissaient  inouïes. 

Singularis  tua  hunianitas,  cujus  omiies  implevisti  erga  me  nii- 
nieios,  et  hujm  boni  fratris  Franc iacani  sancttun  concionandœ  ve.- 

Lausanne,  d'où,  après  une  semaine  de  séjour,  il  serait  reparti  pour  Fri- 
bourg, avec  une  lettre  de  rccoramaudation  de  l'évèque  Sébastien  de  Mont- 
faucon.  II  serait  arrivé  à  Berne  dans  les  premiers  jours  de  juillet.  Voyez 
ci-dessous  la  lettre  de  Fr.  Lambert  au  Prince-Évèque  de  Lausanne 
(janvier  162.'3)  et  celle  qu'il  adressait  à  Agrippa  le  31  décembre  (1524).  Ce 
dernier  écrivait,  vers  la  fin  de  juin  1.522,  i\  Claude  Chansonnette,  natif  de 
Metz,  professeur  de  droit  romain  à  l'université  de  Bàle,  le  billet  suivant  : 

<r  Brevissimum  epistolium  temporis  penuria  ad  te  scribere  cogit,  Cantiim- 
cilla  humanissime  ;  sed  ex  te  amplissimas  expecto  literas.  Scripsi  et  tibi  et 
Capitoni  nxpcr  [scil.  17  Junii  1522]  per  qiœndam  Franciscanwn,  sed  aliàs 
probum  virum  et  Cin-istianuni.  Nescio  si  acceperitis....  Pra'sentibus  ni) 
aliud  ago,  quàm  ut  scias  me  apud  Gebcnmus  nioram  ducerc,  multuniciue  la- 
tari  te  Basilca  non  discessurum...  Vale.  Anno  1522.  »  Agi-ippa;  0pp. 
Pars  11.  lib.  III,  cp»  20",  p.  792. 

'  lierthold  IFalhr,  né  à  Aldingen  eu  Souabe  (1102),  fit  ses  premières 
études  à  Kolhweil  et  à  Pforzheim,  où  il  se  lia  d'amitié  avec  Philippe  Mé- 
lanchthou.  Reçu  bachelier  en  théologie  à  Cologne,  il    enseigna  pendant 


1522  BERTEiOLD  IIALLEU  A  ZWINGLI.  103 

Titatis  institutum,  ({iiasi  suo  jure  aliquiil  literarum  a  me  exigere 
videnlur.  (iiuo  mei  memoi'iam  apiid  te  foveant,  nec  lam  plane 

refrigescere  patianlur Paler  ille  Franciscanus,  et  niliil  minus 

quàm  Monaclius,  concionalor  tamen  apostolicus  etgeneralis  Gon- 
ventus  Avenionensis^,  ad  quinquennium  jam  ferme  docenda}  veri- 
tatis  christiancC  officio  functus.  Gebennù  ^,  Lausannœ  coram  Epis- 
copo  *,  Friburgi'^,  et  iamBeniœ,  latino  tamen  sermone,  concionatus 
est  nostris  sacriflculis,  nondum  ex  omni  parte  in  re  christiana 
sanis,  de  Ecclesia,  Sacerdotio,  Sacrificio  et  Missa  ;  rursus  de  Ro- 
manorum  Pontificum  Episcoporum  Iraditiunculis,  de  ordinum  et 
religiosorum  fatuis  et  plene  liypocriiicis  supersiilionibus  ceteris- 
que  multis,  quibus  omnibus  nonnibil  profuit.  Non  (piod  bœc  a 
nobis  aliéna  sint  ^,  verùm  a  tali  homine  Franciscano  Observante, 
Gallo  (qua;  omnia  mare  superstitionum  conlluere  faciunt),  inaudita 
videbantur. 
Is  igitur  totam  peragrabit  Germaniam,  et  itineri  ad  Tigurum  ac- 

quelque  temps  àRothweil,  piiis  à  Berne  (1513-1518),  où  il  fut  élu  en  1521 
prédicateur  de  l'église  collégiale.  Le  caractère  bienveillant  de  Haller,  sa 
grande  activité  et  son  éloquence  le  rendirent  bientôt  cher  aux  membres  de 
son  troupeau  qui  goûtaient  l'Évangile.  Mais  les  partisans  de  l'ancienne 
Église  suscitaient  tant  d'obstacles  au  jeune  prédicateur,  qu'il  fut  souvent 
sur  le  point  d'abandonner  ses  fonctions  et  de  se  retirer  à  Bâle.  Il  écrivait  à 
Zwingli,  le  22  janvier  1522:  «  Tuâ  epistolâ  admodum  suavi  consolatus, 
vires  omnes  iutrepidus  resumsi,  atque  id  mihi  christianissima  tua  exhorta- 
tione  certô  persuasi,  satius  esse,  pro  temporis  hujus  calamitate,  ut  evange- 
lizem,  quàm  in  angulis  quibusvis  studiis  inserviam  ;  donec,  Domino  verbum 
suum  multa  virtute  muniente,  Christum,  cucullatis  nugis  longe  a  nobis 
exiilem,  imô  in  exilium  prope  relegatum,  pro  virili  restituer im.  »  (Voyez 
Zuinglii  0pp.  VII,  185  et  189.  —  Bernerisches  Mausoleum.  Bern,  1740, 
in-S^t.  I,  p.  319  et  suiv.) 

*  François  Lambert  d'Avignon,  ainsi  appelé  du  nom  de  la  ville  où  il 
naquit  en  1487,  était  d'une  famille  originaire  d'Orgelet  en  Franche-Comté. 
Il  a  raconté  lui-même  son  entrée  dans  le  couvent  des  Frères  Mineurs  d'A- 
vignon, les  déceptions  qui  attristèrent  sa  jeunesse,  ses  études  dans  la  l'arole 
de  Dieu,  sa  vie  errante  de  prêcheur  monastique  et  sa  sortie  du  couvent. 
Voyez  les  N"  64  et  65. 

'•  Voyez  les  N»»  51  et  52. 

*— ••  Voyez  ci-dessous  la  lettre  de  Lambert  à  l'évêque  de  Lausanne 
(janvier  1525). 

•*  Un  prêtre  alsacien,  Sébastien  Meyer,  prêchait  à  Berne  depuis  1518 
contre  les  abus  de  l'éghse  romaine.  Cette  tâche  était  singulièrement  facihtée 
parles  attreiux  souvenirs  que  la  conduite  des  Dominicains  en  1508  et  1509 
avait  laissés  aux  Bernois. 


lO't  (i.  BUIÇONNKT  A  MAlKiUKlllTli  u'aNGOLLÊME.  1522 

cinclus  peliil.  iit  libi  eum  commeiidarem.  Non  diihilo  i|iiiii  pio 
(ua  in  me  hmiianilale  eum  liumaiiissime  sis  traclaturiis.  Ipse  mox 
videbis,  cu.jus  iiigenii,  doctrina;  et  erudiliunis  sil  " ....  Res  christiaud 
pedetenlim  vires  assiimil.  .Miilli  e  Senalii  el  plehe,  ad  parlem 
suis  lecliouibus.  (uni  à  me,  bene  inslituli  snnl....  Vale.  Berna.'  8.  [d. 
.lui.  1322. 


54 


[GUU.LAUME  briçonnet]  à  Marguerite  d'Augoulênie. 
(De  Meaux,  tin  de  septembre  ou  commeucenieut  d'octobre 

1522.J 

V.  Génin.  Nouvelles  Letlres.  p.  27."). 
C()[»ie.  Bibl.  impériale.  Suppl.  franc.  n°  337.  loi.  218  a. 

SoMMAJKE.  Il  engage  la  princesse  à  ralentir  momentanément  ses  efforts  putir 
la  conversion  de  ■-   *  *  [François  I  ?]. 

L(3   purleur    ui'a    Icnu    pid[)os  de   j5^randt'    [lauvielé  .    auquel 

■"  L'arrivée  de  Lambert  est  racontée  comme  suit  par  un  témoin  oculaire  : 
<  Un  samedi,  le  12  juillet  1.522,  on  vit  entrer  dans  Zurich  un  Cordelier, 
Obscrvantin,  nommé  Francisctis  Lambcrii.  C'était  un  homme  de  grande 
taille,  monté  sur  une  âne-sse.  Il  venait  d'Avignon,  où  il  avait  été  pendant 
15  ans  lecteur  d'Écriture  Ste.  Il  ne  savait  pas  un  mot  d'allemand,  mais  il 
parlait  très-bien  le  latin.  On  lui  permit  de  prêcher  quatre  fois  dans  le  Frau- 
mùnster...  devant  les  chanoines  et  les  chapelains.  Dans  la  quatrième  pré- 
dication il  traita  de  l'invocation  do  la  Vierge  Marie  et  des  Saints,  et  excité 
par  quelques  clianoines  et  chapelains  de  la  grande  église,  il  demanda  de 
discuter  sur  ce  sujet  avec  maître  Ulrich  Zicinyli,  qui,  dans  la  dernière 
prédication,  lui  avait  dit  eu  face  :  «  Frère,  tu  te  trompes.  »  Il  eut  donc,  le 
mercredi  17  juillet  [1.  le  IG],  une  conférence  avec  les  chanoines,  qui  dura 
quatre  heures.  Maitre  l'Irich  Zwingli  y  apporta  l'A.  et  le  N.  T.  en  grec  et 
en  latin,  et  persuada  si  bien  le  moine,  que  celui-ci,  levant  les  deu.\  mains 
au  ciel,  remercia  Dieu  et  dit  qu'il  ne  voulait  plus  invoquer  que  Dieu  seul 
dans  toutes  ses  nécessités.  Le  lendemain  il  i)rit  le  chemin  de  liîlle,  afin  d'y 
\h\{vr  Erasinf.  (h;  RtMcrânm ,  et  de  là  il  s'en  alla  à  Wittemberg  pourvoir  le 
\)'  Martin  Luther,  et  il  i)osa  l'habit  monastitiue,  »  (.J.  C.  Fiisslin.  Heytrage 
zur  l'^rliiiUerung  der  Kirchen-Reformatious-Gescliichten  des  Scliweitzer- 
landes.  Zurich,  1741-1753,  in-8»,  vierter  Theil,  S.  39-41  ) 


1522  MVIUJUERITE  d'aNGOULRMI:  A  IMUCONNKT.  105 

MoNsiritr  Fnhnj^  (>t  moy  avons  dict  iiosli-e  advis  el  coiijiuv  le 
vous  (lire.  7/  rom  plaira  couvrir  le  feu  pour  quelque  temps.  Le  bois 
(|ue  vous  voulez  faire  brusler  est  si  verd.  qu'il  estaiiulruil  le  feu, 
et  ne  conseillons  pour  plusieurs  raisons  (dont  le  surplus,  qu'il 
obmeclera.  espère  quelque  jour  vous  dire),  que  passez  oultre,  sy 
ne  vouliez  du  tout  estaindre  le  tizon^.  et  le  surplus  qui  désire  se 
brusler  et  aultres  enflamber. 


55 

MARGUERITE  d'angoulême  à  Briçonnet. 
(De  St. -Germain  en  Laye,  fin  de  septembre  ou  commence- 
ment d'octobre  1522.) 

F.  Génin.  Nouvelles  lettres,  p.  276. 
Copie.  Bibl.  Impériale.  Suppl.  franc,  n"  337,  fol.  218  a. 

Sommaire.  Michel  [d'Amnde]  sera  occupé  encore  pendant  quelque  temps  â  lire  la 
sainte  Écriture  à  la  reine-vière.  Marguerite  insiste  pour  que  l'Évêque  fasse  une  visite 
à  la  famille  royale. 

Le  désir  que  maistre  Michel  a  de  vous  aller  veoir  a  esté  retardé 

«  Le  Fèvre  d'Étaples.  Comme  il  résidait  habituellement  dans  la  ville  de 
Meaux,  nous  attril)uons  à  Briçonnet  plutôt  qu'à  Marguerite  ce  billet  sans 
date  et  sans  signature.  Voyez  la  fin  de  la  note  3,  N»  48. 

-  Ou  peut  rapprocher  de  ce  passage,  qui  semble  avoir  trait  aux  disposi- 
tions bien  faibles  encore  de  François  I  en  faveur  de  l'Évangile,  le  fragment 
suivant  d'une  lettre  du  20  octobre  (1522),  signée  «  Vostre....  G.  indigne 
ministre.»  et  adressée  à  Marguerite:  «...  J'ay  entendu,  Madame,  que  le 
doulx  père  supercéleste  a  ouvert  sa  trousse  et  d'icelle  tiré  ung  traict  délicat, 
poiu"  navrer  Madame,  et  en  elle  le  Roy  et  vous.  Dont  aij  esté  bien  joieiilx, 
espérant  que  par  son  secret  et  incongneu  artiffice,  [II]  attireroit,  en  frappant 
le  pié  (sic),  voz  affections  à  myeulx  le  recongnoistre  et  mercier  et  aj'mer  .  » 
(Suppl.  franc,  n"  337,  fol.  219  b.)  Quelques  semaines  plus  tard,  Louise  de 
Savoie  écrivait  dans  son  Journal  :  «L'an  1522,  en  décembre,  mon  fils  et  moi, 
par  la  grâce  du  Saint-Esprit,  commençasmes  à  cognoistre  les  hypocrites, 
blancs,  noirs,  gris,  enfumés  et  de  toutes  couleurs,  desquels  Dieu  par  sa  clé- 
mence et  bonté  iutinie,  nous  veuille  préserver  et  deffendrc;  car  si  Jésus- 
Christ  n'est  menteur,  il  n'est  pouit  de  plus  dangereuse  génération  en  toute 
nature  humaine.  »  (Nouvelle  collection  de  î»Iémoires  pour  servir  àl'Hist.  de 
France.  Paris,  1838,  t.  V,  p.  23.) 


106  l-UTHER  A  SPALATIN.  1522 

par  le  commandement  de  Madame,  à  qui  il  a  commancé  h/rre 
quelque  chose  de  la  Saincte  Escrt'ijture  qu'elle  désire  qu'il  parface. 
Mais  sytost  qu'il  sera  faict,  ou  sy  nous  délogeons,  incontinent  il 
partira.  Mais  louez  Dieu  qu'il  ne  pert  point  le  temps,  car  j'espère 
que  ce  voiage  servira,  et  me  semble,  veu  le  peu  de  séjour  que 
nous  ferons  par  deçà,  que  feriez  bien  d'y  venir  ;  car  vous  sçavez 
la  fiance  que  le  Roy  et  elle  ont  à  vous,  et  sy,  avec  vostre  voulloir  et 
debvoir,  ma  prière  pouvait  advancer  l'heure,  et  mon  conseil  fust 
creu,  en  vérité  et  désir,  regardant  seulement  l'honneur  du  Seul 
vous  conseilleroit  et  prieroit  de  n'y  voulloir  faillir 

la  pis  que  malade  M. 


56 


LUTHER  à  Spalatin,  à  Lochaw. 
(De  Witteniberg,  environ  le  15  décembre  1522.) 

Lulhers  Briefe^  éd.  de  Welte.  H.  p.  263. 


SoMMAiRi:    Jean  de  Serres  peut  résider  â  Eisenach  ou  ailleurs,  et  y  donner  des  leçonf;, 
sans  qu'il  ait  besoin  d'un  sauf-conduit. 

Gratia  et  pax.  Johannes  Serranus  *  bonus  esse  videlur,  ^^ed  mm 
est  opus  meo  consilio.  Ipse  forte  Principis  ingenium  et  mores 
nescit  :  ideo  mihi  videtur  esse  sinendus  in  Isenaco'*  aiil  iiitt  iinlesl. 

'  Pseudonyme  do  Fr.  Lambert  d'Avifjnon. 

*  Eiscnadi  eu  Tluiriuge.  Un  ijjnore  les  particulai'ités  du  voyage  de  Lam- 
bert, depuis  son  départ  de  Zuricli  (17  juillet  1522^  jusqu'à  son  arrivée  à 
Eisenach.  On  sait  seulement  qu'il  fit  à  Bâle  la  connaissance  de  Pellicanus, 
de  Limpurger  et  de  Basile  Amerbach  (Voyez  ci-dessous  le  N"  62),  et  qu'il 
vit  à  Cologne  ou  à  Mayence,  Capiton,  à  qui  .Vgrippa  l'avait  recommandé 
(Voyez  les  N"'  52  et  67).  Arrivé  à  Eisenach  eu  novembre,  Lambcii.  avait 
écrit  à  Spalatin,  pour  obtenir,  par  sou  intermédiaire,  une  conférence  avec 
Luther  et  la  permission  de  résider  en  Saxe.  Voyez  le  Journal  de  Spalatin 
cité  par  Scheihorn,  Amœnitates  htteraria?,  t.  IV,  p.  327  :  *  Venit  sub  No- 
vembri  Isenacuiii  sive  Gallus  sive  Itidus  qui  se  nominavit  Juhunncm  Serra- 
num,  vir  cximia  eruditioiie  in  Theologia  sinceriore,  etc.  » 


15^''2                                            MITHKU    A    SPALVTI.N.  107 

Ut  (loceal  (|uos  liabere  poleril.  Neqiie  enim  lide  «laiida  illi  opiis 

est.  siciil  nec  vohis;.  ((iiam  pultlicam  vucant.  Deiis  delendat,  sicut 
et  nos.  modo  non  fugetiir  aut  repellatur  .... 


57 

LUTHER  à  Spalatiu. 
De  Wittemberg,  2 G  décembre  1522. 

Lulhers  Briefe,  éd.  de  Wette.  II,  p.  272. 

Sommaire.  Zuther  accorderait  volontiers  â  Jean  de  Serres  [François  Lambert]  la  con- 
férence qu'il  lui  demande  ;  mais  la  prudence  conseille  de  différer  jusqu'à  ce  que  l'ex- 
Franciscain  soit  mieux  connu. 

Gralia  et  pax.  Hat)es  hîc  Serrant  et  aliorum  ad  me  ex  Isenaco 
literas'.  Ego  sane  hominem,  si  venerit  ad  me,  admittam,  ut  milii 
loquatur  coram  :  sed  sicut  omnia  de  omnibus  optima  praesumere 
jubet  cliaritas  (I  Cor.  XIII),  ita  omnia  de  omnibus  pessima  timere 
jubel  fides  (Johan.  III.  et  Matth.  X  :  cavete  ab  hominihus).  Sunt, 
qui  mihi  hominem  commendent  ;  sunt,  quse  suspicionem,  si  non 
movent,  certe  non  quietent.  Optimum  igitur  fueril,  ut  Princeps 
aliquid  viatici  in  eum  perdat,  et  illic  sistere  vel  sinat  vel  jubeat,  ut 
videamus  quis  sit  futurus.  Verisimile  est,  Satanam  omnia  simulare, 
omnia  tentare,  omnia  versare  ;  ideo,  donec  certa  res  est,  nuUi 
fidendum.  Si Cliiistus  ad  nos  aliquem mittere  voluerit  evangelistam, 
certe  nos  vel  prcecedentibus  vel  sequentibus  signis  certos  faciet  *. 

'  Quelques  jours  auparavant  Luther  écrivait  à  Spalatin  :  «  Nihil  neque 
vidi  neque  uudivi  litcrarum  Serrant  ad  me  datarum  :  aliunde  ergo  quàm 
a  me  illas  pete  »  (Luthers  Briefe,  éd.  cit.  II,  p.  270}. 

*  Malgré  les  clameurs  de  quelques  moines,  Fr.  Lambert  s'était  déjà 
fait  connaître  à  Eisenach  par  les  leçons  qu'il  y  avait  données  sur  l'évan- 
gile selon  St.  Jean,  et  par  les  139  Thèses  qu'il  s'était  déclaré  prêt  à 
soutenir,  le  21  décembre,  contre  tout  opposant.  Ces  thèses,  relatives  au 
célibat  des  prêtres,  à  la  confession,  au  baptême,  etc.  furent  envoyées  à 
Luther.  Voyez  la  lettre  de  Luther  à  Spalatin,  du  12  janvier  1523:  «re- 
mitto  positiones  Serrant,  »  de  Wette  H,  p.  299,  et  Schelhorn,  op.  cit.  IV, 
p.  328-330,  où  quelques-unes  de  ces  thèses  sont  reproduites. 


108  MAKGUEUITE  UANGOULÈME  A  (i.  BHIÇD.N.NET.  1o^3 

timc  salis.  Vale  et  ora  piu  me.  iM.D.XXllI  '  (lo22),  die  Saiicti 
Slephani. 

Mautinus  Lutherus. 

(Inscriptio:)  D.  Magistro  Georgio  Spalalino.  a  concioiie  Ducis 
Elecloris  Saxoiiiu3,  suo  fralri. 


58 


marguekitp:  d'angoulême  à  Guillaume  Briçonnet. 
(DeBlois?  1523,  avant  le  10  janvier.) 

P.  Génin.  Lettres  de  Marguerite.  1841,  p.  163. 
Copie,  liibl.  Impériale.  Suppl.  franc,  n"  3;]7.  fol.  220  h. 

Sommaire.  Marguerite  rappelle  à  Brivoiinet  la  promesse  qu'il  lui  a  faite  (de  lui  envoyer 
une  tradriction  du  Nouveau,  Testament).  Elle  le  prie,  eu  attendant,  de  lui  expliquer 
la  parole  de  vie,  où  elle  rencontre  tant  d'obscurités. 

Non  pour  vous  rainentevoir  ce  que.  je  crov.  ne  vous  sera  par 
la  cliarilé  indnie  permis  d'oublier,  ne  pour  advancer  In  promesife  ' 
dont  je  ne  double  raccomplissement  au  temps  que  la  lionto  seule 
congnoistra  la  nécessité.  — mais,  alîn  ([uc  par  ma  faulto.  iiégligeaiil 
ce  que  je  dois  (comme  alïamé.  If  itaiin  (U'sirer,  [je]  ne  relarde 
Teffecl  de  la  grâce  procédant  du  Hliéral  Disiribuleur.  par  \(>us  à 
nous  disiribm'c.  j'ay  bien  voulu  cmnmencer  pai'ccsiemon  meslier 
de  mendianle*. 

Vous  me  [uiaslcs  (|ue.  si  de  (piebpu'  endroit  de  la  très-sninctp 
/i«r/7/)^»/7' doublois  ou  desirois  (pu'bpu'  cliosc  le  vous  escripre  :  à 
(pu)y  vous  feis  iiromesse  présunqttiicuse  (b-  le  faire.  .le  vous  prie 
excuser  l'aveugle  ipii   juge  des  couleurs:  ewv  je  confesse  (fiie  la 

*  En  Allcmapnc  et  en  Suisse,  l'aniu'c  coinincnçait  à  Nool. 

'  Il  est  vraisoinblalilf  que  cette  promesse  de  Briçounet  était  relative 
à  la  pnhlication  d'une  version  française  du  Nouveau  Testament.  Voyez 
ci-dessous  l'Épitre  exhortatoire  de  Le  Fèvre  du  G  novembre  1523, 
note  4. 

*  Voyez  le  N"  43,  note  G. 


■ 


I.S23  V..  nitlÇONNF.T  A  MARr.URRITK  d'aNOOULKMK.  109 

moindi'c  jimoh'  (jiii  y  suit  rst  froii  iioitr  moi/,  et  la  plus  clère  m'est 
obscure.  Hélas!  quel  choix  puis-je  l'aire  où  la  dilTérence  m'est  in- 
con^neue  '?  Ny  comme  itoiirray-.je  ilemander  viande  doiilce  on 
saiilce.  (juanl  je  n*ay  nul  goust?  Parquoy  je  ne  vous  demande 
riens,  car  je  ne  sçay  que  je  vous  demande.  iMais  à  vous,  minisire 
(le  tels  biens,  qui  sçavez  les  gousts  des  viandes  restaurantes  et  for- 
liliaiites,  je  vous  prie  que  en  vérité,  sans  fainte,  du  demeurant  de 
celles  qui  vous  sont  par  le  Donneur  données,  en  vueillez  envoyer 
les  miettes,  en  sorte  que  vostre  vielle  mère  ',  enviellie  en  sa  pre- 
mière peau,  puisse  par  ceste  doiilce  et  ravissante  parolle  de  vie 
renouveller  sa  vielle  peau,  et  estre  tellement  repolie,  arrondie  et 
blanchie,  qu'elle  puisse  estre  au  Seul  nécessaire 

MARGUERITE. 


59 

GUILLAUME  BRIÇONNET  ta  Marguerite  d'Angoiilême. 
(De  Meaux)  16  janvier  (1523). 

Inédile.  Copie.  Bibl.  Impériale.  Suppl.  français  n"  3:J7. 
foI.222a  — 223  a. 

(fragments.) 

Sommaire.  L'évêque  de  Meaux  n'a  pas  la  présomption  de  se  croire  en  état  d'expliquer 
les  passages  obsairs  de  l'Écriture  sainte,  ni  de  découvrir  toujours  l'interprétation 
spirituelle  du  sens  littéral.  Il  aura  donc  recours  à  Le  Févre  et  à  ses  deux  com- 
pagnons, que  leur  science  de  l'hébreu  et  du  grec  rend  capables  de  corriger  les  mau- 
vaises traductions  de  l'Écriture.  Briçonnet  s'instraira  avec  eux  et  il  transmettra 
leurs  explications  à  Marguerite. 

Madame,  sy  ne  congnoissois  les  grandes  grâces  qu'il  a  pieu  à 
Dieu  donner  à  trois  paurres  mendians  d'esperit  qui  sont  icij  en 
rostre  lterniitaige\'\e  dirois  la  pi-ésnmplion  estre  grande  de  cnidor 

5  Elle  avait  à  peine  trente-un  ans;  l'évêque  tic  Meaux  on  avait  cin- 
quante-trois. Mais,  selon  les  idées  du  temps,  la  haute  naissance  de 
Marguerite  autorisait  le  titre  qu'elle  prend  ici,  en  s'adrcssant  à  Bri- 
(j'onnet.  Voyez  le  N"  suivant,  note  10. 

'  Voyez  la  note  4. 


IIO  G.  BRIÇONNET  A  MARGUERITE  d'aNGOULÊME.  1523 

satisfaire  à  vostre  désir  de  mendicité  insatiable  *.  vous  offrant  estre 
le  promoteur  et  scribe  soubz  eulx,  sur  les  difllcullez  que  nostre 
Seigneur  vous  donneroit  mendier.  Mais  désirant  comme  lilz  sub- 
venir à  ma  pauvre  mendiante  el  bonne  mère  ^,  [il]  ne  m'est  rien, 
soubz  la  protection  du  bon  Seigneur  qui  a  commandé  lionorer 
père  et  mère,  diflicile,  qui  me  donnera  à  congnoisti-e  vous  pou- 
voir servir,  et  estre  nécessaire.  Et  saicliant  les  grâces  qu'il  vous  a 
données,  et  asanUclle  opportunité  des  dits  trois  pprsonnniyes,  qui 
ont  r intelligence  liébraïcque  et  grecque*,  doni  en^  peuvent  esclarcii' 
plusieurs  ténèbres  qui  sont  par  maulcaises  trunslacions  en  l'Escrip- 
ture  Saincte  ^ .  me  jugeray  vous  lenir  propos  duquel  vous  [vous] 
excusez.  Mei'ciez  Dieu  de  ses  grâces,  et  plus  avant  les  mendiez.  11 
est  bonté  infinie,  qui  ne  vous  laissera  mendiante  vuide  el  des- 
garnie. En  ce  faisant  fi-apperez  d'une  pierre  deux  coups;  car  es- 
cripvant  soubz  eulx  et  vous  envoyant  voslre  queste  '.  en  reliendray 
ma  part  et  portion,  qui  sera  sans  diminution  de  la  vostre. 

Croiez,  Madame,  que  l'Escripturç  Saincte  est  aultre  marchundise 
que  plusieurs  ne  cuydent.  Ce  que  l'on  y  voisl  et  congnoisl  est  le 
moings  de  ce  qui  y  est,  et  jusques  à  présent  n'en  a  esté  trouvé, 
ne  sera,  le  fonds  de  l'intelligence.  Car  toute  TEscripture  Saincte  est 
ou  spirituelle  seullement,  sans  intelligence  littérale,  ou  littérale, 
.sans  la  .spirituelle,  et  bien  peu  ou  lilti'rale  et  .spirituelle  ensemble. 
Moings  se  trouvera  de  passaiges  qui  se  puissent  seullement  en- 
tendre littéralement  que  des  auHres  deux.  A  ceste  cause  l'on  dit 
que  i intelligence  littérale  est  comme  la  cbandelle  qui  ne  couste 
que  ung  denier,  dont  on  serclie  [1.  ciiercbe]  la  marguerite  qui  est 
cachée  en  la  maison.  L intelligence  spirituelle  est  la  marguei'ite 
cascbée,  laquelle,  par  la  lettre  qui  est  la  clianiielle,  se  trouve,  que 
l'on  laisse,  la  marguerite  trouvée,  laquelle  ne  se  comnuinioiue  à 
chascun,  el  n'en  congnoissent  la  \alleur  el  excellence.  Pour  ceste 
cause  défend  nostre  Seigneur  ne  debvoir  estre  semées  entre  les 
pourceaulx,  c'est-à-diie   riiilclligence  spiritin'lk-  ne  lleurer  ou 

^  V.  la  lettre  précédente. 

^  Marguerite. 

*  Uri(,ouiiet  nomme  plii-s  li.is  Le  Flrrc,  eonime  étant  l'un  de  ces  per- 
sonnages. Les  deux  autres  sont  François  Valable  et  Gérard  liousscl. 

'  C'est-à-dire:  par  le  moyen  de  laiiuelle  ils  peuvent,  etc. 

"  On  trouvera  quelques  détails  sur  ces  anciennes  traductions  dans 
l'Épitre  de  Le  Fèvrc  du  G  novembre  1523,  note  2. 

"   Les  éclaircissements  qui'  vous  aurez  demandés. 


1523  G.  BRIÇONNET  A  MARGUERITE  d'aNGOULÊME.  i\{ 

senlir  bon  à  pluseurs  qui  sont  charnelz  et  littéraux,  qui  voient 
sans  veoir  et  oyent  sans  oyr 

Je  sçay  que  este  avaricieuse  et  aimez  i"or  mieulx  (}ue  l'argent. 
Tel  désire  que  soiez,  afiln  que  puisse  nr  enrichir  de  vostre  trésor, 
car  c'est  aux  pères  et  mères  [à]  thésaurizer  aux  enfans,  comme 
ayant  intérestz.  Vous  ay  bien  vouUu  adverlir  que,  en  vous  présen- 
tant l'Escripture  Samcte,  descouvrez  la  pomme,  laissez  le  relz 
pour  les  Juifz  et  charnelz,  et  mendiez  la  pomme  qui  souUe,  re- 
paisl,  assouvy,  contente  et  satisfaict  en  famine,  mendicité,  pauvreté 
et  indigence.  Telle  est  la  nature  de, l'avaricieux  mondain  et, [en- 
core] plus  du  spirituel.  Et  sy  d'aventure  ne  povez  par  delà  des- 
couvrir la  pomme,  et  que  le  retz  fût  trop  fort,  envolez -la  au 
faire  qui  se  tient  en  vostre  dit  hermitaige  ^.  J'espère  ({m'H  et  ses 
lieux  compaignons  satisferont  cà  vostre  désir,  duquel  seray,  comme 
dict  est,  solicileur  et  scribe,  sy  besoing  est. 

Madame,  en  me  recommandant  à  voz  bonnes  [)rières  très-hum- 
hlement  et  de  tout  mon  cœur,  supplie  le  grand  fabre  ^  sui-  le  doz 
tluquel  noz  péchez  ont  esté  dépouillez  et  aboliz,  qu'il  forliflie  tel- 
lement vostre  eclume  [enclume?],  que  sur  icelle  tous  les  i-etz  du 
monde  soient  anéantiz  en  la  fournaise  de  charité,  ouvrant  voz 
yeulx  spirituelz  pour,  soubz  les  retz  d'aygent,  veoir  la  pomme 
d'or,  de  laquelle  puissez  enrichir  voz  enfans*''  et  les  entretenir 
en  la  grâce  et  soubz  la  protection  du  doulx  Jésus,  lequel  je  supplie 
de  rechief  se  donner  à  vous,  grâce,  paix  et  amour  !  De  vostre  her- 
mitaige, le  xvj''  de  janvier  (1523). 

'^  Allusion  à  Le  Fèvrc  {Faher  Stapulensis). 

'■'  C'est-à-dire  le  grand  ouvrier,  Jésus-Christ. 

'"  Marguerite  n'eut  point  d'entants  de  son  premier  mariage.  Briçonnet 
veut  parler  de  ses  enfants  adoptifs:  il  se  glorifiait  d'être  de  ce  nombre. 
Dans  l'une  de  ses  lettres  à  Marguerite  (septembre  ou  octobre  1522),  il 
disait:  «  [Je]  vous  envoie  à  la  grant  maison  ouverte...  [où]  nul  est  escou- 
duit  ;  et  tant  est  le  Seigneur  doulx  et  débonnaire,  qu'il  ne  pourvoit 
seullement  aux  présens,  mais  ayant  compassion  des  bonnes  incrcs  qui 
désirent  et  n'y  peuvent  conduire  leurs  enfans  .  .  .  Parquoy,  Madame,  je 
vous  supplie  y  aller  à  satisfaire  vous  et  voz  subtilles  enfans,  vous  mer- 
ciant  très-humblenîent  et  de  tout  mon  cœur  de  la  grâce  qu'il  vous  a 
pieu  faire  d'en  adopter  ung,  —  la  servitude  duquel  en  promptitude  d'a- 
mour tiliale  feroit  oublier  celui/  cpii  a  procuré  l'adoplion,  si  oubliance 
tumboit  en  amour  maternelle.  Tous  deux  vous  seront,  s'il  vous  plaist,  à 
jamais  viscerallement  recommandés.  »  (Bibl.  Impériale.  Suppl.  français, 
n»  837,  fol.  217  b.) 


112  F.  LAMBERT  n*AVIGNON   \  l/ÉLECTErR  DK  SAXR.  1523 


60 


FRANÇOIS  LAMBERT  d'avigxon  à  TÉlecteur  (le  Saxe. 
(De  Wittemberg).  20  janvier  1523. 

Manuscrit  aiiloi5a'a|jlie.  Bilil.  du  .Miisfuiii  a  13àle. 

Autograplm  n"  2.^.  p.  19. 

Schelhorn.  Amœnitates  litteiaria*.  Francofurli.  172^.  t.  III.  \\.  335. 

Sommaire.  Il  a  pin  à  Dieu  de  m'amener  auprès  des  fidèles  serviteurs  de  Christ  que 

j'avais  tant  désiré  de  voir.  Mais  j'ai  aussi  trouvé  à  Wi(tembei-g  des  gens  qui  m'ont 

connu  en  France.  Cela  m'oblige  à  vous  révéler  que  je  ne  suis  point  Jean  de  Serres, 

mais  i^r.  Lambert,  et  que  j'ai  vécu  vingt  ans,  comme  prédicateur  général,  au  milieu 

j    des  Frères  Mineurs,  dont  j'ai  eu  beaucoup  à  souffrir  à  cause  de  mon  attachement  A 

I    l'Évangile.  Je  suis  venu  à  Wittemberç/  pour  y  annoncer  la  Parole  Sainte  au  milieu 

1    des  savants  ;  mais  je  suis  pauvre,  faites-moi  donner  ce  qui  est  nécessaire  à  la  vie. 

Dieu  m'a  conduit  auprès  du  frère  Martin,  pour  que  j'édifie  avec  lui  une  solide  forte- 

,    resse.  Le  temps  de  la  persécution  va  finir.  Les  âmes  sont  remuées  dans  presque 

]    toute  la  France ,    la  vérité  s'y  est  acquis,  sans  maître,  de  sincères  amis,  et  depuis 

mon  départ,  l'œuvre  de  l'Éva/ngUe  y  a  fait  d'admirables  progrès.  J'ai  même  l'espoir 

qu'ils  iront  en  augmentant  chez  mes  anciens  auditeurs,  quand  ils  auront  lu  les  livres 

que  je  médite  de  publier. 

Principi  iiluslris.simo  et  Domino  Do.  Friderico.  Sntri  Iniperii 
Arcliiii)are.s(callo).  Saxoniae  Diiri.  Lanlj-Tavio  Diii'iii,i:i;L'.  Marcliioiii 
Mi.>;nia'.  Kranciscii.s  Laiiiberlus  Avenlonensi.-i.  innlili."^  Doiniiii  nosiri 
Je.>^u  Grisliservu.'^.  Gratia  el  Pax  Crisli  Jesu  !  Amen. 

IMaciiil  misf'riconlia' Salvatoris,  iil  patiper  is  (pii  lias  ad  llliislris- 
simam  I).  T.  lilcias  dcdil.  po.>^l  innumncK  laliorcs  alipie  |)eri('ula. 
in  lenam  (piam  sinceri  Crisli  lideles  inhaliiianl.  pervenircl.  Vidi 
quos  tandiii  coiicuiiivi.  le  visiinis  (pnnn  id  fonce.s.serit  Doiiiiiiii,^. 
Invoni  apud  Witlt'iiihi'rfiiiin.  tpii  me  apiid  (inHins  airnoxci'iinl.  el 
jam  amplius  lalere  non  po.^siim.  Kaleoi'  inireniiè.  me  a|)iid  Mino- 
r/tds  \\</m\\  annis  fiii.sse.  et  in  Dei  Verho  complura  ah  eisdem  per- 
pessnm.  Professione  fui  inler  eos  niimeralus  (|no>  Aiiostol/ros  sive 
(jcurritlrs  pvivdiriitnvi'n  vocant.  Aposlolici  dicunlni'  non  a  Papa.setl 
quôd,  Apo.-^tolonim  exemplo,  eos  |)er  varias  oihis  re;:iones  pra*- 
dicarr  Exan^^eiium  necesse  sit.  cl  id   ipiidcni    (jitolliilii' .   oldala 


Iî>2'^  l'«A\(J()IS  I.AMBKUI    \   l.'KLKCri'U  II   1)1",  SAXK.  1  1  ;{ 

oporliiiiitiilc.  I.uiliir  scilii  iiiiiiislerid  siisccitto.  diiiii  srolaslicis  mi- 
nime concors  essem.  t.iMlimi  .iHlicliis  lui  ;ih  liypocrilis  et  faUis 
fialriliiis.  ut  me  ab  Evan.uelii  miiiislerio  saiiclo  iiilereiihir  pt'uilus 
retldere  alienimi.  Sederejjliis  fui  à  Deu  misericoniiler.  (|iii  ediixil 
me  id)  lliii'  (jlnildi'onnii  istonun.  Tr;icl;iliiiii  [kisI  alii|U(>t  dies 
(Cristo  Juvanle)  emissiiriis  sum,  in  qiw  h istoiid m  nicam  et  catisam 
nie/  iidrentua  plenè  reseraho  '.  Tiinc  qui  volet,  scrutahitur  run- 
silium  Domini.  (juo  larvas  et  leces  mundi.  ul  \ilentur,  cunclis  ma- 
nifestât. Ii(uum  uiini  lus  liliofis  reccn^clMi.  wv  illiisti'issiiuam  H 
Tuam  frustra  impediam. 

Veni  igitur  Wittenihcrr/inii  -.  ut  Verhuni  samtum  libéré  admi- 
nistrem,  saltem  script is.  saltem  inler  dnctos.  Aliquid  nostri  Mar- 
^m/' œnsilio  exordiar.  vel  Oseani  proplietani  ^  vel  Psalmos.  vel 
Lucani  ^  vel  aliquid  taie.  Sed  per  Cristuni  obsecro.  ul  jubeas 
milii  aliquod  auxiliuiu  dari.  Paupei'  sum,  non  babens  quo  alar. 
Credo  me  a  Domino  evocatum  ad  Martinum,  ut.  frater  fratri 
auxilio  existens,  tlrmain  pariter  arcem  edidcent.  Non  te  con- 
turbel  insania  Ecclesia'  malignanlis.  quœ  in  malum  protlcit,  ut  de- 
ficial  et  penitus  evertatui-.  .Tusfos  sustinere  nonnibil  necesse  est. 
sed  cessabit  quassatio. 

Gallia  pêne  oninis  coiiinioffi  est,  et  ahsque  magistro  sinceros  linhet 
ren'tntis  dilertores.  Gum  posi  modicuni  alia  pleraque  inlellexeris. 
exultaint  spii-ilus  tuus  in  Deo  salutari  nostro.  Namque  nctjoriinii 
Erdiif/i'l/i.  ct/diii  jiosf  (lisressinii  nienm^.  nifrè  djim/  illos  profcr/t  '. 


'  Voyez  le  N"  suivant,  note  4. 
*  Voyez  les  N"'  56  et  57. 


^  Luther. 

*  Laiiil)ert  publia  à  Strasbourg,  en  mars  1525,  ses  leçons  sur  Osée,  et  il 
les  dédia  à  l'Électeur  P'rédéric. 

"'  Le  commentaire  de  Lambert  sur  St.  Luc  parut  à  Strasbourg,  en  mai 
1524.  La  dédicace  à  Spalatin  est  datée  :  «  Wittemberga?,  meuse  Novembri 

M.D.xxm.»  ^ 

"  Il  avait  quitté  Avignon  au  mois  de  mai  1522.  Voyez  le  N"  51. 

"  Nous  manquons  de  renseignements  sur  les  faits  qui  motivaient  la  joie 
de  I''rau(;ois  Laml)ert.  Le  diocèse  de  Meau.\  possédait,  il  est  vrai,  depuis 
1521,  des  prédicateurs  évangéliques.  Nous  avons  vu  aussi  que  le  zèle  de 
Marguerite  d'Angoulême  pour  la  cause  de  l'Évangile  n'avait  pas  été  sans 
iuHuence  sur  les  dispositions  du  roi  l'rauçois  I  et  de  sa  mère.  Mais  ces  dis- 
positions favoral)los  de  la  cour  n'e.xjjliquent  pas,  à  elles  seules,  les  assertions  de 
Lambert.  Le  mouvement  général  des  esprits  auquel  il  fait  allusiou  ne  pou- 
vait être  qu'un  travail  qui  se  poursuivait  daus  l'ombre,  (^t  dont  il  s'attendait 


I  I  'i  FRANÇOIS  LAMBERT  A  G.  SPALATIN.  1523 

et  conlido  quôd,  (lum  scripla  videriiit  illius  (luem  (|uandoque  au- 
dierunt  prcédicantein,  ma^is  magis(|ue  proficiel. 

Occultavi  liaclenus  noinen  iiK'um.  quod  co.Lqiitum  sit  quasi  per 
tolum  Minoruni  ordinem,  à  rratiibiis  multis.  a  quibus  timui  sus- 
linere  iiopediiiienta.  Sed  non  onniino  ab.S(|ue  i-atione  nomen  hoc 
mihi  conlinxeiani,  ut  Joltanes  Scrrunm  vocarer,  qui  in  verilate 
Fnmciscm  Latiihcrtiis  sum.  nalione  Aceiuonrnsis.  Juva  nunc  jiau- 
pei-em  Cristi  in  opère  sancto  .  ù  Princeps  Illustrissime  et  Cristia- 
nissiuie,  ut  Crisli  nouien  in  terra  libi  subjecla  niagis  magisque  glo- 
rillcetur,  cujus  gralia  et  pax  tibi  seuiper  !  Amen.  Wiitenibergjju,  ad 
13'"  Kal.  Febr.  anno  23"'"  supra  mille™  et  ((uingenf". 

Ejusdeuilllusti-.  Do(uiinaliunis)  Tuiu  humilis  orator.  Fra.nciscus. 

(Inscriptio  :)  Illustri"'"  et  eidem  Cristianissimo  Principi  et  Do- 
mino D""  Friderico.  Sacri  lmi)erii  Ai-cliimares.  Electori,  Saxoniae 
Ducis  {sic)  etc.  sibi  in  Crislo  oi)servandissimo. 

(Au-dessous,  la  note  autographe  de  Spalatin  :)  •  Fr.  Lamberlus 
Avenionen.  DieFabiaiii  M.D.XXllI.  » 


61 


FRANÇOIS  lambp:ht  à  George  Si)alatin  '. 
De  Witteniberg',  20  janvier  1523. 

Manuscril  ;iiilograj)lie.  Bâle.  ibid.  Aulographa  n"  31.  p.  69. 

.Sommaire.  Si  je  trouve  un  imprimeur,  je  publierai  en  latin,  en  fr.invais  et  en  iUlien 
l'I/ùtoire  de  ma  norlie  du  cimvenl,  ain.si  (jne  d'autres  ouvniues  f]ui  seront  ;l  la  gloire 
de  l'Kvangile  et  à  la  confusion  des  hypocrites. 

V  Jésus  Amen. 

(Jralia  et  Pax  .lesn  r,risli  leciiin  !  Cnjus  ikiiiicu  sil  benedictiim 

à  voir  bientôt  les  efl'ots  so  produire  au  praud  jour.  Pensait-il  surtout  aux 
contrées  méridiuiiales  de  I;i  |<'r;iiire,  qu'il  avait  tant  de  fois  parcourues?  Ou 
bien  avait-il  re(;u,  soit  de  la  duchesse  d'AleniMin,  soit  d(>  la  jietite  société  de 
Meaux,  tin  avis  mystérieux  qui  lui  faisait  pressentir  de  grandes  choses? 
'  (  hapelaiii  et  bibliothécaire  de  rÉIecteur. 


1f)23  FRANÇOIS  I.AMBRRT  A  (..   SPAhATIN.  US 

in  eternuin,  qiiod  me  dednxit  in  lociiin  tamdiii  conciiplluni.  Et 
(Itinmvis  Princeps  ill.  id  celaril  à  me.  ilidem  el  Scultetus.  iil  iiesciam 
ciiitis  expensis advenerim  ah  Isotuico*.  (amen  arbitror  nihilabsque 
optimi  Principis  beneplacito  facliim.  Incepturus  sum  aut  Oseam 
Proplielam.  aut  Psalmos,  aut  Lucam,  aul  alitpiid  simile,  sed  nibil 
absque  nostri  Martini  consilio.  Pauper  sum  :  rniro  igitur  ut  sug- 
géras Priiicipi  lUustrissimo,  ul  nonniliil  auxilii  capiam,  lantùm  ut 
cum  mibi  a(bninistranle  vivaiii  ■\  Non  sum  Jo.[(mnes]  Ser.[ranus], 
quod  nomen  continxeram,  non  absque  necessaria  ratione.  Fran- 
ciscus  Ltimhertus  vocor.  natione  Avenionensis,  qui  apud  Minori- 
tanos  fui  annis  XX,  semper  persecutiones  et  impedimenta  sustinens 
ab  eisdem.  quamdiu  Cristi  Evangelium  sincère  volui  nunciare. 
Postmodicum  (Cristi  auxilio)  tractatum  emissurus  sum,  quo  hys- 
toriam  meam,  a  principio.  et  causas  mei  exitus.  certe  véhémentes, 
itenupie  lidem  meam  circa  dissidia  Ecclesiœ  Cristi  etEcclesicB  ma- 
lignanlium.  cunctis  faciam  manifesta*  :  et  siinveniatur  qui  impri- 
mat, non  tantùm  latine  sed  (jallice  et  italice,  liée  atque  alia  tradam. 
Erit,  crede  mibi,  eril  ad  Cristi  Evangelii  gloriam,  et  ut  denudentur 
consilia  larvatte  gentis,  Pbariseorum  nostri  temporis. 

Magnam  babent  rationem  consolationis  Principes  Illustrissimi, 
ut  suis  tempori])us,  et  in  dominiis  suis,  revixerit  Evangebum  du- 
dum  à  Scolaslicis  sepubum.  biil  Concibum  Ecclesia  Satlianîe 
adversùm  Dominum,  et  adversùm  Evangelium  suum,  ac  illius  di- 
lectores  sinceros,  sed  dissipabitur.  Abbreviabuntur  dies  anticbris- 
torum,  nisi  resipiscant.  quod  faxit  Dominus  !  Amen.  Nolunl  in- 
telbgere,  ut  bene  agant,  credentes  in  Cristum.  Ceci  sunt,  ul  cecorum 
duces,  nescientes  Propbetas,  legem  neque  (sic)  Evangelia. 

Illumina,  Deus,  oculos  nostros,  ne  dormiamus  in  incredulitate. 
ne  quando  dicant  adversarii  isti  justitia:'  Gliristianie  (quie  Cbristus 
est)  :  «  prevaluimus  adversùm  eos,  »  —  utque  liât  regnum  bujus 
mundi  Dei  et  Domini  nostri  Jesu  Cristi,  cujus  gratia  et  pax  tibi 
semper  !  Vale  Cristiante  sapientiai  doclor,  et  pauperis  bujus  memi- 


-  Voyez  le  N»  56,  note  2. 

'  Le  gouvernemeut  électoral  fut  bien  leut  à  accorder  à  Lambert  ce  qu'il 
demandait.  On  verra  par  sa  lettre  à  Spalatin  du  '2S  mai,  qu'à  cette  époque  il 
vivait  encore  aux  frais  de  Luther. 

*  Ce  traité  parut  sous  le  titre  suivant  :  «  Fr.  Lamberti  Avenionensis, 
Theologi,  ratioues  propter  quas  Miuoritarum  conversatiouem  habitumque 
rejecit.  »  Voyez  le  N"  64. 


n()  IX'THER  A  0.  SPAI,\TI>.  1  o2H 

neiis.  Willemliergee.  13"  Kal.  Febi-.  anno  â.'î.jiixta  millesimnin  el 
qnin^entesimum. 

Tmis  FF\ANG!SGUs  i.AMBERTUs  AvenionensKs. 

Domini  nosiri  Jesn  Cliristi  inulills  seniis. 

•\'  Jésus. 

(Imcriptio:)  GeorgioSpalalino  Tlieolo.ûfo  vere  sincero.  a  Sacris 
llliislrissimi  Priiicipis  et  Doniiiii  I).  IViik'iiri  Saxonie  Uuck  Elec- 
toris.  etc.  patrono  siio  colendissimo. 


62 

LUTIIER  à  George  Spalatin. 
De  Wittemberg,  25  janvier  1523. 

Lulhers  Briefe.  éd.  de  Wette.  II.  |».  -m. 

Sommaire.  Il  lui  recommande  Fr.  Lambert  d'Avignon,  qui  est  arrivé  à  WitUmberg 
avec  de  bons  témoignages  replis  â  Bdle.  L'Université  n'a  pas  besoin  de  nouveaux 
professeurs,  mais  l'Électeur  serait  charitable  en  donnant  quelques  secours  à  cet 
lionnéte  exilé,  que  rien  d'ailleurs  ne  distingue  particulièrement. 

Gratia  et  pa\.  Ade.-^l  Jolomnes  ille  Setrnnm.  vero  noiiiine  Frnn- 
r/.sr«.s  btniiiertits.  imagiiiiltiis  (|uo(iut'  iioliilis.  iiilcr  .Minoritas  20 
annos  versalus,  et  generali[s]  Verlii  otfu'io  l'imctiis.  oli  iier.secu- 
tionein  e.xul  el  paiiper  tactiis.  De  iiitegritale  viri  iiiilla  est  dnhi- 
tatid  :  testes  suiit  apiid  nos,  (|iii  illiiin  el  in  Fvniirlu  '  et  iii  BasHea"- 
ajidieriinl.   lum    linsilicnsis  siilTraj^aiieiis  ille  Tii|M)lilaiiiis  '  ciim 


'  Voyez  le  N»  60. 

*  On  pourrait  en  conclure  qu'il  avait  prêché  lors  de  son  passage  àBâle. 
Voyez  le  N"  5H,  note  7  à  la  fin. 

■  Tclamoniii.'i  Limpitrj/ir,  évêquc  in  partibus  île  Tripoli  et  suffragant  de 
l'évoque  de  Bàle.  Pendant  son  séjour  à  Bàle,  Lambert  entra  aussi  en  re- 
lation avec  Basile  Amerharh.  Celui-ci  écrivait,  le  22  juin  (1.523),  à  son  fr/ïre 
cadet,  Ronifaoe,  qui  étudiait  alors  à  l'université  d'Avignon:  «  Cuculhun  ah- 
jecit  FrmK-i'iCiis  LamhcrUts,  imiwviUmns  Arcnitinni-is.  apiid  WittiMilicrgam. 


l5ïJ3  i.niiKU  A  si-\i.AiiN.  1 17 

Pel/rititi)*.t\;\\\\  illi  piilrlinim  it^sliinoniiim.  Kl  (|ii.iiii|ii;iiii  mis  jiliiiii- 
deniiis  lecloriltiis  ojiiiinis.  taiiien,  si  (juid  poleril.  non  iih.iicitMniis. 
Milii  per  oninia  [ilacel  vir.  el  salis  s|iectatii.s  milii  est.  quanluiu 
honio  speclai'i  pote.st,  ut  digniis  sit.  (|ueni  in  exilio  paululum  fera- 
nius  el  juvenius.  Sed  Iti  meani  nosti  lacultalciii.  ni  non  sil  opis 
meiv  illuni  alere,  qui  ipse  alienis  \i\o.  Viderelur  uulii  Piincipi 
persuadenduin,  ut  Jani  non  perdat.  sed  in  cliaritale  Clnisto  tVe- 
nerel  20  aut  .'iO  llorenos.  in  eum  collocandos.  donec  vel  a  suis 
liil)ulilius.  vel  propiio  stipendio  sese  sustente!  de  labore  siio.  Er 
irird  iiicht  hum  ^^^  bleihen.  arlit  icii  irohl.  dcim  er  seins  Gleicliea 
oder  Meister  uohl  findeii  ninl^.  Tantuni  ul  exulis  niiseremur.  Vale 
in  Domino  .  .  .  Wileniberga.',  t'eria  5.  post  Hagnem  (25  Jan.).  anno 
MDXXIll. 

Mauti.nl's  Lutukrls. 


LUTHER  à  Spalatin. 
De  Wittemberg,  25  février  1523. 

Lulhers  Biiefe.  éd.  de  Wette.  II.  p.  ;W8. 

Sommaire.  Demande  de  secours  pour  l'r.  Lambert. 

....Tii  niliil  lespondes  pi'o  lJomin(t  Francisco  Lainiierto  Gallo.  «piid 

Rationem  quare  id  fecerit,  excuso  libello  demonstravit  :  affinis  (ut  mihi  prtc- 
terito  anno  retulit)  D.  Montagne,  apud  quem  iu  Avenione  diversaris.»  (Ma- 
nuscrit autographe.  Araerbachiorum  epistolas  rautuse.  Bibl.  du  Muséum, 
à  Bàle.) 

*  Conrad  Kurschner  (en  latin  Pellicanus),  né  à  Ruffach  en  Alsace  (1478), 
fit  ses  études  à  Heidelberg  et  à  Tubingue,  où  il  devint  très-savant  dans  la 
langue  liébraïque,  grâce  aux  leçons  de  Reuchlin.  Kûrschner  avait  embrassé 
la  vie  monastique  à  l'âge  de  quinze  ans.  VÀw  gardien  par  les  Franciscains 
de  Bàle,  il  assista  au  chapitre  général  de  son  Ordre  assemblé  à  Rouen 
(1516)  et  se  rendit  à  Rome  en  1517,  comme  député  de  son  couvent.  Sur 
j)lus  d'un  point  il  était  déjà  séparé  de  l'église  romaine.  Ainsi  il  avait  déclaré 
à  Capiton  (1512),  que  le  pain  et  le  vin  de  la  Sainte-Cène  n'étaient  pour  lui 
que  des  symboles  de  la  nourriture  spirituelle  transmise  à  l'âme  par  la  foi. 
I  Voyez  Athenae  Rauricse.  —  Teissier.  —  Ruchat.  —  J.  J.  Herzog,  op.  cit. 
—  Zuinglii  0pp.  VII,  93.) 

*  Je  pense  bien  qu'il  ne  restera  pas  longtemps  ici,  car  il  y  trouvera  fa- 
cilement son  égal  ou  son  maître. 


118  F.  LAMBKKT  Al    l-IEL'X  LECÏKUU.  1523 

apud  Principem  elîeceris.  Gerle  vir  bonus  est  el  exsul.  nobis  auteni 
grave  est  eiim  alere  in  lolum'.  gravius  auleni  deserere.  Nam  abs- 
que  dubio  Cbristus  in  ipso  pauper  est  nobis  exbibilus.  quanijuain 
si  nihil  tu  impetrabis,  nondeerit  Gliristus  aliunde  suis.  Stipendiuni 
non  peto  pro  eo,  sed  ut  ali(iuando  juvetur.  velsemel  adhuc  10  aul 
circiter  aureis.  Sic  vides  me  pro  aliis  fieri  niendicuni,  qui  pro  me 
nihil  egeo .... 


64 


FRANÇOIS  LAMBERT  d'avignon  ail  pieux  lecteur. 
De  Wittemberg  (en  février  1523). 

Schelhorn.  Amœnitates  litterariae,  t.  IV.  p.  312. 

(traduit  du  latis.) 

(Extraits.) 

Sommaire.  Motifs  pour  lesquels  François  Lambert,  a  quitté  l'ordre  des  Frères  Mineurs 

et  déposé  l'habit  monastique  ' 

François  Lambert  d'Avignon,  inutile  serviteur  de  Jésus-Clirist 
souhaite  grâce  et  paix  au  pieux  lecteur! 

.\>ant  jadis  fait  partie  de  Tordre  des  Frères  Mineurs,  auxquels 
ou  donne  le  titre,  certainement  peu  chrétien.  yïOhsorrnntim,  et 
ayant,  pendant  plusieurs  années,  prêché,  sous  leur  habit,  la  parole 
du  Seigneur  en  divers  lieux,  je  me  suis  vu  récemment  contraint 
d'abandonner  et  leur  société  el  IfMir  robe.  Il  est  donc  nécessaire 

'  A  cette  époque  Lamliert  avait  commencé  des  leçons  publiques,  mais  il 
est  prol^able  qu'elles  ne  devaient  être  payées  qu'j»  la  fin  du  cours.  (Voyez 
la  lettre  de  Luther  à  Rpalatin  du  3  août  :  <  Qucritur  fscil.  Lambertus]  au- 
ditorum  ingratitudinem,  ut  niliil  pendant.  ^  (De  Wette.  II,  378.)  On  lit  dans 
le  Journal  de  Spalatin,  au  mois  de  Février  1523  :  «  Franciscus  Lamhcrtus, 
Avenionensis  patria,  Gallus,  Wittemberpam  profectus,  Hnseam  prnphetam 
prrrkffit,  satis  froqnonti  aiiditorio.  i>  (Schelhorn,  op.  cit.  W\  p.  332.) 

'  Voyez  le  N"  Gl,  note  4.  Cet  écrit  est  si  rare,  qu'il  pouvait  passer  pour 
inédit  avant  que  Schelhorn  Peiit  fait  réimprimer. 


1523  F.  L.VMBKIVr    vu  l'IKl'X  LKCTKL'H.  Il'.> 

de  rendre  pulili(iuement  raison  dc<,  motifs  ([iii  m'ont  engagé  à 
sortir  de  oel  Urdre.  Les  âmes  faibles  et  simples  seraient  en  ellet 
scandalisées,  si  je  ne  leur  montrais  que,  ce  que  j' ni  fait,  fui  pu  le 
faire  selon  Christ.  Tel  est  le  but  du  présent  écrit. 

J'habitais  A^vV/wo/i,  ville  célèbredes  Gaules,  (|uand,  ayant  dans  mon 
bas  âge  perdu  mon  père  et  me  trouvant  sollicité  au  bien  par  l'es- 
prit de  Christ,  je  fus  frappé  de  Téclat  extérieur  dont  brillait  cet 
ordre  des  Frères  Mineurs  Observantins.  et  de  cette  grande  ap- 
parence de  sainteté,  que  je  regardais,  dans  ma  simplicité  enfan- 
tine, comme  l'image  de  leur  caractère  intérieur.  J'admirais  en  eux 
la  décence  du  costume,  les  'regards  baissés,  la  tête  inclinée,  le 
langage  mielleux  d'une  piété  feinte,  leurs  pieds  nus  parés  de 
grossières  sandales.  Je  m'extasiais  de  la  dignité  de  leur  tenue,  de 
leur  démarche  grave,  de  leurs  bras  croisés  sur  la  poitrine,  des 
gestes  pleins  de  grâce  et  d'élégance  qui  accompagnaient  leurs  pré- 
dications. Mais  j'ignorais  que  sous  des  vêtements  de  brebis  se  ca- 
chaient des  cœurs  de  loups  et  de  renards. 

Il  est  vrai  que  les  hommes  qui  exerçaient  sur  moi  le  plus  d^in- 
fluence  étaient  ceux  qui,  dans  la  chaire,  annonçaient  les  doctrines 
les  plus  conformes  à  l^enseignement  de  Christ,  et  qui,  me  prenant 
à  part,  me  faisaient  toute  sorte  de  beaux  contes  sur  Tutilité  du 
cloitre,  le  repos  de  la  cellule,  l'avantage  des  études,  et  les  autres 
bienfaits  de  la  vie  monastique.  Mais,  ce  qu'il  eût  fallu  dire,  ils  le 
taisaient  soigneusement.  Ce  fut  sous  l'action  de  tels  mobiles,  qu'à 
l'âge  de  quinze  ans,  je  demandai  à  être  reçu  dans  leur  ordre-. 
Cette  réception,  qui  devait  devenir  une  déception  si  grande,  fut 
permise  de  Dieu  dans  sa  profonde  sagesse,  pour  que  je  pusse  ap- 
prendre, en  faisant  l'expérience  de  l'hypocrisie  humaine,  ce  que 
valait  en  réalité  ce  qui  paraissait  si  sublime  à  mes  yeux.  Je  ne 
doute  point  que  Dieu  n'ait  voulu  que  je  fusse  séduit  par  leurs 
beaux  dehors  de  piété,  afin  de  pouvoir,  après  avoir  appris  ce  qui 
en  était,  quitter  leur  société  et  faire  connaître  au  monde  quelles 
ordures  étaient  cachées  sous  ces  «  sépulcres  blanchis  '.  » 

Pendant  mon  année  de  noviciat,  on  s'elïoi'ca  de  me  soigneuse- 
ment  cacher  toutes  les  pratiques  impies  qui  avaient  cours  parmi 

'  En  1502. 

''  Voyez  ci-dessous  le  fi-agment  d'une  lettre  du  4  août  1527,  où  la  mora- 
lité du  clergé  d'Avignon  est  appréciée  par  un  catholique,  habitant  de  cette 
ville. 


120  K.   LAMBEIVI    Al    l'IKl  X  LKCIKLH.  152:^ 

eux.  aliii  i|iif  je  ne  fusse  pas  amène  à  renoncer  à  mon  dessein. 
Ils  saveul  bien  ipie  personne  ne  ferait  profession  cliez  eux.  si  les 
novices  pouvaient  se  douter  de  ce  ([ui  s'y  passe  en  .secret. 
Ces  impies  déclarent  que  si  ({ueLprun  conçoit  la  moindre  vel- 
léité de  sortir  de  leur  con,i,a"éfiation,  il  commet  pai-  là  un  crime 
(jue  rien  ne  peut  expiei*.  Mais  une  fois  (pi'on  est  devenu  moine 
profès.  ils  ne  i-edoutent  plus  les  scandales  qu'on  peut  donnei-. 
C'est  assez  monti-er  (ju'iis  aiment  mieux  ipi'on  abantlonne  Cluisl. 
(jue  leur  propre  secte. 

Une  fois  mon  noviciat  terminé,  je  [iiononçai  mes  vœux,  .l'étais 
alors  âgé  de  seize  ans  et  (piehpies  mois,  et  je  ne  savais  absolument 
pas  ce  que  je  venais  de  faire.  Bientôt  je  m'aperçus  du  contraste 
(jui  existait  entre  leur  conduite  extérieure  et  leurs  mœurs  véri- 
tabhîs,  et  plus  je  me  voyais  trompé  dans  mes  espérances,  plus  j'en 
éprouvais  de  tristesse,  de  découragement  el  d'abattement.  Je  ne 
pouvais  plus  entrer  en  possession  de  ce  rejios  d'esprit  que  j'avais 
si  vivement  désiré.  Quand  j'eus  été  appelé  à  l'exercice  du  .saint 
ministère  de  la  parole,  je  ne  jtuis  assez  dire  tout  ce  ([u'ilsme  tirent 
endurer  de  vexations,  parce  que  je  ne  précliais  pas  selon  leur  gré. 
Les  po[»ulalions  entendaient  la  parole  de  Dieu  el  l'accueillaient 
avec  avidité  ;  eux  seuls  connue  des  <•  sei-pents  sourds  ■  fermaient 
l'oreille  à  la  voix  du  Trè.s-Haut.  Us  disaient  sur  tous  les  tons  que 
j'étais  un  llatteur  et  un  falsilicaleur  delà  pai'ole  sainte:  ce  ipieje 
ne  pouvais  leur  accorder. 

Enlin.  au  bout  d'un  grand  iiombie  (Tannées,  je  fus  clioisi  jiour 
annoncer  partout  l'Évangile  de  Clirist  et  nommé,  comme  ils  disent, 
in'i'dicnleiiv  nimstnliqitc.  Cette  gloi'ieuse  mission  m'appelait  à  pai- 
courir  le  monde  entier,  à  l'exemple  des  Apôtres  et  à  saisir,  connue 
eux,  toutes  les  occasions  d'annoncer  l'Évangile.  .Mais.  [)endant  (pie 
je  cliercbais,  selon  la  niesuic  de  mes  forces,  à  exécuter  celle 
tàcbe.  mes  confrères  s'elTorcaient.  de  leur  côté,  à  calomnier  de 
tcuite  manière  l'oeuvre  (pie  le  Seigneur  ilaignait  accomplir  par  mou 
moyen.  Je  cliercbai  à  dé.sarmer  leur  excessive  haine  en  renonçant 
à  proliter  des  ressources  (pii  m'étaient  accordées  pour  les  be.soins 
de  mon  ministère  ;  mais  cet  étal  de  pauvreté  chrétienne  ne  me 
mettait  pas  à  l'abri  de  leurs  persécutions.  Quand,  après  une  pré- 
dication continue  de  plusieurs  mois,  je  rentrais  au  couvent,  aussi- 
tôt ces  adversaires  impies  de  la  véiité  me  rendaient  le  mal  iiour  le 
bien.  Les  malédictions,  les  injures,  les  outrages  étaient  l'as.sai.son- 
uemeui  oi-diiiaire  de  mes  repas. 


\Ti'>'S  K.  I.AMBKUI    Al    l'IKl  \  I.KCIKrU.  1^1 

Les  pt'rst'ciilions  des  Frères  Mineurs  nrinspiréreiil  l;i  pensée 
(Kenlrer  chez  les  (]|iai'tren\.  car  je  craignais  de  rentrer  dans  le 
siècle,  de  peur  d'èlre  en  scandale  à  tous  ceux  parmi  lesipiels  j'a- 
vais prêché  la  parole  de  Christ.  Je  me  disais  aussi:  Si  je  dois  re- 
noncer à  annoncer  en  paix  au  peuple  les  oracles  de  Dieu, je  cher- 
clierai  à  l'instruire  par  mes  écrits.  Illusion  diaboliipie.  car  les 
autres  uu)ines  n'aïu'aienl  pas  mieux  toléré  mes  livres  (pie  les 
Frèi'es  .Mineurs  ma  [trédication.  Je  fus  toutefois  détourné  de  mon 
projet  par  les  (Jbservantins  eux-mêmes  (jui  me  rappelèrent  au 
ministère  de  la  Parole.  Mais  bientiM  avec  la  prédication  revint  la 
persécution.  On  m'enleva,  et  l'on  mit  sous  les  scellés,  les  livres 
vraiment  éianijéliques  de  Martin  Luther,  ce  théologien  très-chré- 
lien.  que  y  avais  en  ma  possession.  On  les  condamna  et  on  les  brûla, 
sans  (pie  le  Chapitre  provincial  en  eût  pris  connaissance,  et  sans  (pi  il 
les  eut  même  regardés.  Au  moins  eût-il  fallu  les  lire  :  mais  on  s<> 
contentait  de  crier:  <•  Ils  sont  hérétiques,  ils  sont  hérétiques  \  •>  Voilà 
comment  ils  jugent  et  condamnent  ce  qu'ils  ignorent  absolument. 
Pour  moi.  je  dirai  avec  confiance,  que  je  suis  convaincu  selon 
Dieu,  (ju'il  y  a  dans  ces  livres  plus  de  vraie  tbéologie  que  dans 
tous  les  écrits  de  tous  les  moines,  qui  aient  jamais  été  composés. 

Voilà  les  hommes  qui  prennent  orgueilleusement  le  titre  pom- 
peux d'Observantins.  Christ  a  dit  (Luc  XVH):  «  Lorsque  vous 
aurez  lait  luul  ce  qui  vous  est  commandé,  dites:  nous  sommes  des 
serviteurs  inutiles.  »  Mais  eux.  pour  qu'à  leur  nom  seul  on  puisse 
les  reconnaître  comme  des  contempteurs  de  la  parole  sainte,  ils 
disent  :  <  Nous  sommes  des  observants.  »  Ce  qu'il  y  a  de  sincère 
dans  leur  manière  d'observer  la  loi  de  Dieu,  on  peut  le  concevoii- 
(piand  on  sait  (pi'ils  ne  comprennent  ni  ne  veulent  comprendre 
leur  propre  règle.  Je  sais  assez  combien  ils  m'ont  cberché  que- 
relle, lorsipie  je  mettais  la  conversation  avec  eux  sur  ce  sujet  : 
car  j'étais  autrefois  un  ardent  sectateur  de  leur  règle  et  j'en  iilà- 
mais  vivement  les  infractions.  Mais  alors  le  glorieux  toml)eau  du 
Seigneur  n'était  pas  encore  ouvert,  et  la  pierre  des  œuvres  hu- 
maines et  de  la  sagesse  cliarnelle  n'avait  pas  encore  été  enlevée 
de  dessus  le  sépulcre  de  rÉ\angile,  dans  lequel  demeurait  ense- 
velie Paimable  vérité  des  oracles  divins. 

Que  faire  au  milieu  de  tels  impies?  Ayant  donc  reçu  des  letties 
missives  [lour  le  général  ou  vice-général  de  l'Ordre,  je  passai  de 
France  en  Allemaf/ne.  et  c'est  dans  ce  dernier  pays,  que,  pi-otitani 
de  l'occasion  qui  m'était  otTerte.  je  (léjiouilhii cette  rohede  jj/iarisien, 


122  F.  LAMBERT  AU  PIEUX  LECTEUR.  1523 

sachant  qu'être  vêtu  de  telle  ou  telle  couleur  ne  fait  rien  poui-  le  ciiris- 
lianisme.  Mais  j'atteste  le  Seigneur,  que  jamais  je  ne  les  eusse  quittés, 
si  en  restant  au  milieu  d'eux,  j'avais  pu  conserver  la  liberté  de  la 
vérité  évanf/élique.  et  que  c'est  parce  qu'ils  ne  la  supportent  nulle 
part,  que  j'ai  dû  les  abandonner.  J'avais  d'abord  agi  contre  le  pré- 
cepte de  Paul  (I  Cor.  Vil):  «  Vous  avez  été  rachetés  à  grand  prix: 
ne  devenez  pas  esclaves  des  hommes.  -  Ils  deviennent  esclaves  des 
lioinmes,  ceux  qui  se  soumettent  à  leurs  absurdes  constitutions. 
Mais,  puisque,  dans  mon  égai-ement,  je  m'étais  rendu  Tesclave  des 
hommes,  qu'avais-je  à  faire,  sinon  de  suivre  le  précepte  du  même 
apôli-e,  quand  il  dit,  au  même  endroit:  <  Si  tu  peux  t'alîranchir, 
proliles-en  ?  ■> 

M'étant  donc  séparé  de  la  société  des  niéchaiits.  je  suis  venu 
dans  cette  académie  de  Wittcmherf/.  la  pi'emiére  du  monde,  où 
rien  ne  manque  de  ce  qui  a  rapport  aux  bonnes  lettres  et  aux 
lettres  sacrées  *.  Ici  l'instruction  coule  à  pleins  bords.  Je  m'afllige 
d'être  devenu  presque  muet  et  de  ne  pouvoir  plus  enseigner  au 
peuple,  de  vive  voix,  la  parole  de  Dieu.  J'attendrai  ce  qu'il  plaira 
au  Seigneur  d'ordonner,  et,  autant  qu'il  me  sera  possible,  je  ra^ef- 
forcerai  d'amener  du  moins  par  mes  écrits,  tant  en  latin  qu'en 
langue  vulgaire,  tous  les  lecteurs  à  la  connaissance  du  pur  Évangile. 

Je  résume  en  trois  points  les  motifs  et  lesellets  de  ma  conversion: 

Premièrement:  .\yant  prononcé  jadis,  dans  un  état  d'entière 
ignorance,  des  vœux  complètement  opposés  à  la  profession  chi-é- 
lienne,  j'abjure  toutes  les  inventions  des  Frères  Mineurs,  déclarant 
tniir  le  saint  Evan.uile  pour  la  seule  l'èj-'le  nécessaire  de  ma  foi 
cl  de  celle  de  tous  les  chrétiens. 

Secondemeid  :  Je  désavoue  tout  ce  qin.  dans  mes  anciennes 
|)rédications.  ncst  pas  vu  paifait  accord  avec  la  simplicité  de 
TEvaiif-Mle.  J'adjure  tous  ceux  (jui  m'ont  jadis  entendu  prêcher  ou 
ipii  ont  lu  mes  écrits,  de  rejeter  tout  ce  qui  n'est  pas  conforme  à 
la  vérité  maintenant  révélée.  Mais  j'ai  en  Celui  (pii  m'a  retiré  de 
cette  servitude,  pire  que  iclir  d'K.LTyptc.  I.i  (•oiiliance  que.  par  sou 
aide,  je  pourrai  abondaunnent  réparer  toutes  les  ei'reurs  (juej'ai 
couimises  dans  mes  ouvrages. 

Troisièmement:  ConniU'  personne  ne  peut  parvenir  à  la  con- 

'  Il  parait  quo  liamliort  y  entendit  quelques  leçons.  D'après  Seckendorf, 
liistoriii  I.utlicraiiisini,  Suppl.  XLIIX,  Vr.  Laml)ert  a  inscrit  son  nom  dans 
l'album  de  l'Université,  le  G  avril  1523. 


I5'23  K.  LAMHKKi  A    Kll  S  I.KS  FUKRKS  MINKUIIS.  I2.'5 

naissance  de  la  vérité,  à  moins  (ju'il  ne  se  détache  du  pape  anle- 
ilnist,  je  m'atîrancliis  de  celui-ci  et  de  tous  ses  décrets,  ne  voulanl 
|)oinl  continuer  à  taire  partie  de  son  royaume  apostatique,  mais 
voulant,  au  contraire,  en  être  à  jamais  excommunié;  car  je  sais 
(jue  ce  même  royaume  est  excommunié  et  maudit  de  Dieu. 
Mais  je  traiterai  ce  sujet  plus  au  long  dans  un  autre  ouvrage. 


65 


FRANÇOIS  LAMBERT  d' AVIGNON  à  tous  les  Frères  Mineurs. 

De  Wittemberg,  en  mars  1523. 

I 
Evangelici  in  Minoritarum  Regulam  Commentarii,  Francisco 

Lamberto  Gallo   Tlieologo  autore.  Wittembergse,  1523,  in-8°  '. 

(dédicace  traduite  du  latin.) 

Sommaire.  Il  annonce  aux  Frères  Mineurs  que,  dans  son  Commentaire  sur  leur 
Règle,  il  a  pris  pour  guide  la  Parole  de  Dieu.  C'est  la  seule  Règle  que  les  hommes 
doivetit  suivre,  et  bien  méditée  elle  amène  nécessairement  à  rejeter  les  ordonnances 
du  pape. 

François  Lambert  d'Avignon,  inutile  serviteur  de  Jésus-Glirist, 
à  tous  ses  très-chers  frères  de  TOrdre  des  Mineurs,  souhaite 
gi'àce  et  paix  avec  la  connaissance  indispensable  de  la  vérité. 

Je  ci'ois  avoir  suffisamment  expliqué,  dans  un  autre  écrit*,  les 
motifs  (lui  m'ont  conduit  à  quitter  votre  Ordre.  Mais,  pour  que 
l'on  connaisse  mieux  encore  que  ce  n'est  pas  sans  l'agrément  de 
Dieu  (|ue  j'ai  agi  de  la  sorte,  je  me  propose  de  publiei-  un  bref 


•  Bien  que  la  dédicace  soit  datée  du  mois  de  mars,  l'ouvrage  ne  parut 
qu'en  août.  Voyez  l'Épître  d'Anémond  de  Coct  au  lecteur  pieux  (Août  1523). 
Suivant  la  Bibliothèque  d'Antoine  du  Verdier  (Lyon,  1585,  folio),  François 
Lambert  aurait  aussi  publié  ce  livre  en  fi-ançais  sous  le  titre  suivant:  «  Dé- 
claration de  la  reigle  et  estât  des  Cordeliers.  » 

'  Voyez  le  N°  précédent. 


1^'^  V.  I.A.MIJKIir   A  TOUS  LKS  FIIKUKS  MINKl  «S.  1523 

(■oiiiiii('iil;iiiv  ^\\y  \(iliv  Hè^le.  Je  l'ai  assez  iiilerprétée  jadis  selon 
la  chair,  alors  ijuc  la  tyrannie  du  pape  elles  plus  funestes  inven- 
tions Ininiaines  voilaient  encore  Féclat  de  la  vérité  évangéliijue. 
M;iis  aujoind'liiii  (pie.  par  la  grâce  de  Christ,  mes  yeux  se  sont 
oii\fi-|s.  J'ai  renoncé  à  loiiles  les  erreurs  ipie  je  suivais  encore 
(piaiid  j'étais  cctmnie  à  l'état  d'enfant.  C'est  poiinpioi.  iiour  ht'm 
jm/ci  (le  rotre  R('!jle,  j'di  inis  comme  seul  guide  la  ixirule  de  Dieu. 
(pii  est  efficace  non-seulement  pour  doniu-r  l'intelligence  des  in- 
ventions humaines,  mais  pour  apprendre  aussi  à  les  ledresser,  et. 
s'il  le  faut,  à  les  détruire. 

Ne  vous  étonnez  pas  (pif  je  iuc\i»riiue  suice  sujet  avec  autant 
de  lil)erlé.  Cai'  après  avoir  autrefois  professé  votre  Règle  à  l'é- 
tourdie, je  puis  aujourd'hui  l'apprécier  avec  réflexion.  D'ailleuis 
tout  cioNant  ne  doit  s'appuyer  que  sur  la  parole  de  Dieu  et  obéir 
au  Seigneur  plutôt  (ju'aux  hommes  (Actes,  V).  Aussi  je  ne  fais  nul 
compte  des  approbations,  des  décrets,  des  déclarations,  des  cen- 
sui-es  du  pape,  ni  de  rien  de  ce  que  cet  homme  de  péché,  ce  (ils 
de  perdition,  a  jamais  pu  imaginer,  sous  l'inlluence  de  sa  folle  sa- 
gesse charnelle. 

Je  n'ignore  pas  que  la  i)lupart  des  vôtres  seront  blessés  de  ce 
(lue  je  donne  au  pape  le  nom  d'antechrist,  et  de  ce  que  j'appelle 
son  royaume,  c'est-à-dire  tous  ses  adhérents,  un  royaume  anti- 
chrétien et  apostatique.  Mais  s'ils  veulent  soigneusement  examiner 
les  Écritures,  ils  verront  (|u'on  ne  peut  pas  s'exprimer  d'une 
manièi-e  plus  juste.  Car  ce  (jui  est  dit  dans  Daniel  (Ch.  Vlll)  du 
Uoi  au  visage  iuqtudent,  ou  plutôt,  selon  l'hébreu,  du  Roi  à  plu- 
sieurs visages,  se  rapporte,  ahisi  (jue  d'autres  passages  semlilables. 
à  ce  royaume  mieux  qu'à  aucun  autre.  C'est  lui  encore  que  dé- 
signe celte  couitisane  vêtue  de  pourpre, qui  est  assise  sur  la  Béte. 
c'est-à-dire  sur  lej)ape  antechrist  (Apoc.  XVll).  et  dont  la  chute 
est  pré(hte  (Ai>oc.  XiV  et  Wlll).  et  dont  il  est  dit.  au  même  livre: 
«  Sorte/,  (li'ile.  mon  [leuple.  pour  ne  participer  ni  à  ses  méfaits  ni 
à  ses  châtiments.  «  Dr,  connue  il  est  certain  que  toutes  les  sectes 
des  moines,  des  cardinaux,  des  évéïpies,  des  piotonotaiies,  des 
abbés,  des  chanoines,  et  tous  les  m.iMpies  ipii  leur  ressemblent. ap- 
partiennent à  ce  même  royaume  de  [terditi(Ui.  il  faut  tenir  tout 
cela  poiu-  néant  et  >e  h.iler  d'en  sortir.  Autiemenl.  viendra  le 
cliàtinu'nt. 

Plus  loin  il  est  dit,  àpro|iosde  ce  royaume  de  la  courtisane  vêtue 
de  pourpre:    >  Dans  la  couite  qu'elle  nous  a  versée,  versez-lui  au 


I5'23  I'.   I.VMBKUl'  A    nH'S  LKS  KUKUKS  MINlUlUS.  1:2') 

double.  »  Celle  pi-écieusc  (■(iiipc  d'or,  (jnc  i;i  r()iiilis;iiir  liciil 
dans  sa  main,  el  qu'elle  a  remplie  de  ses  ordures  cl  de  ses  .iIm»- 
miualions.  c'esl.  n'en  douiez  pas.  In  parole  de  Dieu.  Car  tju'n  u-t-il 
(le  pim précieux  au  monde?  Or,  c'esl  cette  parole  ipu'  r.iiilt'clii-isl 
et  son  royaume  ont  remplie  de  leurs  abominalions,  lorsi|u'ils  s'en 
sont  servis  |)()ur  mas(|uer  leurs  impiétés  et  leurs  lictions:  cai- 
jamais  les  élus  ne  se  seraient  enivrés  de  telles  ini|)udi(;ités,  si 
elles  ne  leur  avaienl  été  présentées  dans  la  coujx'  (\'w.  (•"t'st-à- 
ilire  sous  le  très-sainl  et  très-redouté  nom  de  Dieu. 

Oui,  tous  nous  avons  bu  dans  cette  coupe  précieuse,  et  au  nom 
«glorieux  du  Seigneur,  les  abominations  maudites  du  royaume  pa- 
pisli(pie.  Mais  il  nous  faut  séparer  ce  qui  est  précieux  de  ce  qui 
est  vil,  i)our  être  connne  la  bouche  du  Seigneur  (Jérém.  XV). 
Saisissons  donc  la  coupe  d'or,  en  rejetant  toutes  les  impuretés  et 
les  abominations  de  la  Papauté.  Api)uyons-nous  sur  la  seule  pa- 
role de  Dieu,  et  renonçons  à  tout  ce  qui  s'en  éloigne. 

Mais  dans  cette  cou|)e  de  la  Parole  sainte  les  élus  doivent  verser 
ail  d()ul)le.  Verser  quoi?  Des  impuretés,  comme  la  courtisane  de 
l'Apocalypse  ?  A  Dieu  ne  plaise  !  Cette  courtisane  impie  a  versé 
dans  la  coupe  toutes  les  ordures  et  les  souillures,  les  indulgences, 
les  constitutions,  les  décrets,  les  sectes,  les  exconnnunications  et 
les  autres  monstruosités  du  même  genre.  Elle  tenait  en  main  cette 
coupe  d'or,  je  veux  dire,  l'éclat  extérieur  de  la  sainte  Écriture, 
mais  elle  ne  possédait  pas,  pour  la  remplir,  cette  liqueur  excel- 
lente de  l'esprit  caché  dans  le  cœur.  Mais  aujourd'hui  la  vérité 
précieuse  de  la  Parole  a  été  révélée  aux  élus,  en  sorte  que  par 
l'esprit  de  Christ,  ils  saisissent  aisément  l'accord  des  livres?  des 
deux  Testaments.  Ils  apprennent  ainsi  combien  s'écartent  de  la 
piété  selon  Christ  toutes  les  ordonnances  du  royaume  apostatiipie. 
C'est  pourquoi,  dans  la  coupe  d'or,  c'est-à-dire,  dans  le  texte  pur 
de  ces  livres,  ils  versent  au  double,  en  déchirant,  en  torturant  et 
en  confondant,  par  les  nombreux  passages  de  l'Écriture,  le  jiaite 
et  tout  son  oi'gueilleux  royaume,  de  telle  manière  (|ue.  autant  il 
s'est  gloritlé  et  Halle  lui-même,  par  les  interprétalions  loul  liu- 
maines  (pi'il  a  données  de  la  Parole  sainte,  autant  il  rcct'M.i  Je 
confusion  et  de  châtiment  pai'  celle  parole  exposée  dans  sa  vraie 
signitication. 

Ainsi  donc  l'apparence  de  la  lettre  représente  la  coupe  pré- 
cieuse d'or,  mais  c'est  la  véi'ité  (ju'elle  recouvre  (pii  est.  pour  t(Mis 
les  élus  et  les  anges,  sa  délectable  li(pioin'.   On  doit  d'aulaiil  plu- 


126  F.  i.ambrrt  a  tous  lrs  frèrks  minkl'rs.  1523 

la  verser  dans  la  coupe.  f|ne  c'est  par  ce  moyeu  que  le  Seigneur 
veut  punir  le  royaunu'  impudique.  La  Parole  qu'il  liait  devieni 
rinstriiment  de  son  chàtiuienl. 

.\insi  donc  Dieu  nous  ordonne  trois  choses  :  Premièrement  :  de 
sortir  de  ce  royaume  qui  en  tous  points  s'est  éloigné  de  Lui.  Se- 
condement: de  verser  dans  la  très-précieuse  coupe  de  la  parole  de 
Dieu,  les  évidents  témoignages  de  la  loi  divine.  Troisièmement  :  de 
torturiM-  par  ce  breuvage,  c'est-à-dire  par  l'harmonie  des  vérités 
scrii)turaires,  ce  royaume  impie.  Ces  précepte.'^  très-saints  et  ti-ès- 
salutaires  à  tous  les  croyans,  sommes-nous  dans  Terreur  quand 
nous  nous  elîorrons  de  les  accomplira  C'est  rcvhiinement  lu  ru- 
lonti'  (le  Dieu,  que  ce  roijaume  impie  soit  détruit,  non  par  la  riolence, 
mais  par  la  seule  parole  iliriue,  et  qu'à  sa  place  s'établisse  en  ce 
monde  le  rouaume  de  Dieu  et  de  notre  Seigneur  Jésus-Christ. 

Amen! 

J'ai  donc  publié  mon  commentaire  sui-  votre  Règle  et  sui-  t(Mii 
ce  qui  se  trouve  dans  les  Hègles  et  constitutions  des  autres  ordres 
monasti(iues,  alin  que  Ton  connaisse  bien  et  que  Ton  évite  avec 
soin  toutes  les  abominations  du  royaume  papistique.  Il  existe  déjà 
sur  ce  sujet  un  écrit  de  Martin  Luther,  théologien  tré.s-chrétien. 
où  tout  ce  qui  peut  seiTir  à  dévoiler  la  folie  des  voeux  monasli- 
(jues  est  anq)lement  exposée  Je  ne  veut  point,  comme  le  croiront 
peut-étie  les  ennemis  de  la  vérité,  renrerser  Pordre,  mai.s  la  con- 
fusion. Je  ne  m'élève  point  contre  TÉvangilc  de  Christ,  qui  est  la 
seule  règle  de  tous  les  ci-ovants  :  mais  notre  but  unique  à  tous  r.s7 
de  nous  attacher  à  la  seule  parole  de  Dieu,  en  rejetant  les  pitoijaldes 
traditions  et  les  inventions  folles  des  hommes. 

Nous  sommes  enlin  épouvantés  d'être  pendant  lanl  de  siècles 
demeurés  aveugles,  maintenant  que  nous  nous  réjoui.s.sons  à  la 
lumière  nouvellenu-nt  inanilestée.  Nous  voyons  que  Paul,  élu  de 
Dieu  (1  Cor.),  blâme  vivement  et  accu.se  de  schisme,  de  faux  zèle, 
(Tespril  charnel,  ceux  (jui  disaient:  «  Moi  je  suis  de  Paul,  et  moi 
d'.Vpollos  el  nu)i  de  Céphas!  <■  et  il  .s'écrie:  «  Que  personne  ne  .se 
glorilie  dans  les  hommes!  Car  loni  est  à  vous,  soit  Paul,  soil 
Apollos.  s(»il  Cè|ilias.  soil  le  monde.  s(»il  la  vie.  soit  l.i  iiioil.  soil 
les  choses  pré.senles,  soil  les  choses  à  venir.  Ton!  est  à  vous  el 
NOUS  êtes  à  Christ -.  Puis(|u'il  en  est  ainsi,  certes  ils  sont  schis- 

^  Voyez  «  De  Votis  monasticis  jndicium.  »  Luther  avait  publié  cet 
ouvrage  eu  1521.  .losse  Cliclilow  se  eliargea  plus  Uud  d'y  répoudre. 


1523  F.  LAMBiavr  A  rors  i,ks  frkrf.s  mineurs.  127 

iiiali(iiies.  (|uei'elleui's  et  cliainels, ceux  (jui  divisent  Clirisl  et  (|iii 
ilisenl:  «  Moi  je  suis  de  François,  moi  de  Dominique,  moi  d'Aii- 
.liuslin.  moi  de  Claire,  moi  de  Brigille,  moi  de  tel  on  tel.  «  Est-ce 
(|ue  François,  Donnni(iue  ou  les  autres  ont  été  cruciliés  pdiu'  per- 
soime  ?  (Ju  bien  avons-nous  été  baptisés  au  nom  de  (pielipriin 
d'entre  eux  '? 

Il  y  a  eu  dans  ce  monde  un  aveuglement  étrange  pour  que 
Clirist  ait  été  divisé  en  tant  de  sectes,  dont  chacune  s'est  fal)ri(pié 
des  vêtements  de  [)liarisiens  et  se  vante  d'avoir  quelque  degré  de 
plus  de  morcellement  que  toutes  les  autres.  Elles  i)rennent  le  nom 
iVonhen.  quoiijue  personne  ne  soit  plus  éloigné  de  Tordre  de  la 
piété  chrétienne,  que  celui  qui  a  une  fois  embrassé  le  monachisme*. 

(Suit  l'énumération  de  quelques  sectes  de  moines.) 

Plût  à  Dieu  qu'on  vît  périr  tous  ces  monstres  enfantés  par 
Satan,  et  qui  déchirent  d'une  manière  si  funeste  l'unité  de  la 
sainte  Église  de  Christ  !  Il  n'est  presque  aucun  d'entre  eux  qui 
prenne  sinq)lement  le  titre  de  disciple  de  Christ.  Les  uns.  sous 
les  faux  dehors  de  la  pauvreté  évangélique  en  mendiant ,  les 
autres,  avec  une  rapacité  incroyable ,  en  ramassant  de  toutes 
paris  les  biens  terrestres,  épuisent  le  monde  entier.  Ils  sont 
dans  le  monde  comme  les  mites  dans  les  habits,  les  souris 
dans  les  greniers,  les  sauterelles  dans  les  herbes,  la  rouille 
dans  les  métaux.  Plût  à  Dieu  que  tous  se  convertissent  au 
fond  du  cœur  et  ouvrissent  les  yeux  à  la  lumière  qui  daigne 
luire  dans  les  ténèbres  !  Je  ne  veux  pas  attaquei'  ce  peuple  mo- 
nacal, parce  que  moi-même  jadis  j'en  ai  fait  partie  dans  mon 
égarement.  Mais  je  désire  que  ceux  qui  sont  égarés,  reçoivent 
de  Christ  la  connaissance  indispensable  de  la  vérité,  afin  qu'ils  ne 
périsserd  [toint.  mais  qu'ils  viennent  au  salut.  Je  voudiais pour  cela 
devenir  moi-même  anathème.  Qui  ilonnern  à  rÈglise  fie  Clin'sf. 

*  Érasme,  étant  pressé  par  son  supérieur  de  rentrer  dans  le  couvent  ofi 
il  avait  fait  ses  vœux  à  l'âge  de  dix-sept  ans,  lui  répondit  entre  autres 
choses:  «  Quid  ....Iaxis  istis  religionibus  conspurcatius,  aut  magis  irapium  ? 
Jam  onim  ad  landatas  si  te  conféras,  imô  ad  laudatissinias,  pra-ter  frigidas 
quasdam  et  Judaïcas  cerimonias,  huud  scio  quatii  Christi  rcperics  imagi- 
nenu  »  (Erasmus  R.  Patri  Servatio,  9  Julii  1514.  Le  Clerc,  p.  1527-1530.) 
Il  écrivait  en  1530  à  Sadolet,  évèque  de  Carpentras  :  «  Augustiuus  dicit,  in 
monasteriis  aut  rectissime  vivi,  aut  quàm  periculosissinie  errari.  Posterim 
hoc  mine perspicit  ac  suspirat  orhi^.  »  (Le  Clore,  p.  1257.) 


198  i.Uthkr  \  ^l'M.M'is.  1S2vî 

il(*  v(tir  toutes  les  sectes  de  la  terre  et  tontes  les  prelendiies  coii- 
IVéries  des  saints  entièrement  détruites,  pour  que  tous,  d'une  même 
houehe,  avec  une  ménif  liherU'.  confesse/it  un  .seul  rhrf.  h'  Seifineui 
Jésus-Christ  ?  C'est  le  seul  vœu.  le  seul  but  de  <ru.r  qui  ëerieent 
contre  les  moines.  Accueillez  donc  cet  ouvrajreiiuel  ((u'il  soit,  parce 
que,  s'appuyant  sui'  la  seule  parole  de  Christ,  il  doit  être  pour  les 
âmes  pieuses,  un  secouis  et  inu*  coiisolnlion.  et  |»our  les  impie> 
un  scandale,  une  ruine  el  une  peidition.  (Jiu'  la  .lirace  et  la  paix 
de  notre  Sei^nein-  .lésus-ClirisI  soient  avec  votre  esprit.  frèi-es  *  ! 
.\uien.  Wilteniber.tr.  au  mois  de  mais  lo^.S. 


66 

LFTHER  à  George  Spalatin,  à  I.orliaw 
(De   Witteniberg,    environ  le  20  mai  ir)i2o.) 

Lulliers  Briele.  éd.  de  Write.  II.  p.  ;{40. 

Sommaire.  Lettre   île    refïoininanfiation ,    doniine  :i    »<»<    ehevnhrr  français,   i\mi   lit 

l'Evaiu/Hf. 

(iralia  el  pax.  Vult  hirCnlIus  eijurs  '  \idereaulam  et  faciem  Priii- 

^  Les  anciens  «  frères  »  de  Lamljort  reçurent  assez  mal  le  présent  écrit, 
si  l'on  en  juge  par  les  paroles  du  Fraucisrain  Ga.<<pnrd  Scliazgerus,  ])rovin- 
cial  (le  l'Ordre  dans  la  haute  Allemagne.  On  lit  dans  i^esdiuvres  puhliéesà 
Ingolstadt  en  1543:  «  Allophilus  rjuidani.  qui  eum  refnga  spiritu  ah  status 
sui  boni  et  salubris  arce  cecidit,  datus  in  reprobuni  sensuni,  pro  sui  casus 
suorumque  similium  coloratione,  contra  statuni  monastieum  argumcntationes, 
verius  autem  mhn)i»in.'<  et  /a/.sY/.s  imjvisfiirn.'^  fabricavit.  sua^  oitstinationis 
malleo,  etc.  »  A  l;i  inargu  il  a  ajouté:  «  Hic  allopliylus.  id  est  aiienigena. 
fuit  quidam  Gnllti.f,  i'VnjjctscH.s'  Lamperti  nonniie,  niinorita  apostata,  qui  mo- 
nasticis  magnam  imposuit  calumniam  suis  in  scriptis.  »  (Scbelhorn,  op.  rit. 
IV,  376.)  —  En  revanche,  nous  avons  rencontrr  une  lettre  dans  laquelle  un 
Franciscain  d'Avignon  s'informe  de  Lainliert  avec  le  ton  de  la  curiosité  plu- 
tôt qu'avec  celui  du  ressentiment. 

'  C'était  Ancmond  de  Coct.  ancien  chevalier  de  Rhodes  et  seig)ieur  du 
(  hastelard  en  Dauidiiné.  Ses  lettres  à  Farci  (Voyez  les  années  1524  et 
1525;  montrent  (ju'il  avait  cmlirassé  avec  ardeur  la  cause  de  l'Évangile. 
.Xnéniond  de  (  oct  n'est  meiiliuMné  nulle  part  dans  les  noudjreuses  listes  de 
chevaliers  publiées  par  l'altbé  de  Vertot.  (llist.  des  chevaliers  de  Khodes. 
Paris,  \~-'7.  7  vu!  iii-12.  t.  \II 


I 


\  523  JEAN  RHELLICAN  A  SON  COUSIN  JACOB.  129 

cipis  iiosiri.  Cerle  oi)liimis  vir  est  ei'iidilus  el  |jiii.s,  ac  mire  ardeiis 
in  Evangeliuin,  cujus  gialià  liiic  prol'ecUise  (îa/Z/V/.  Iiîc  alii|iiandiii 
luit  e(  eril  -.  Scio  coUoquiuin  ei  non  fore  :  lanien  si  speclandos  vos 
pnebealis  et  liunianos,  eril  ex  otticio  veslro  .... 


67 


JEAN    RHELLICAN    à   SOll    COUSlll   JaCob. 

De  Wittemberg,  22  mai  1523. 

De  liunianis  traditionibiis  vilandis.  Ilem  de  Iniquo  Manmione 
Conliones.  Marlino  Lutliero  autore  ....  (Basileie.  Tlionia.s  Volflius, 

M.D.XXV),  petit  in-8". 

Sommaire.  D  parle  de  ses  relations  récentes  avec  deux  Français  séjournant  à 
Wittemberg,  qui  veulent  faire  traduire  en  latin,  pour  leurs  compatriotes,  un  nombre 
aussi  grand  que  possible  des  ouvrages  de  Luther. 

Joannes   Rhellicanus  V  Tigurinus.  Jacobo  Rliellicano,   cognato 
suo,  in  Chrislo  Jesu  salutem  dicil. 
Scis,  ut  opiiioi-.  (luàm  solicite  Melanchthoii  ttoàu-ctw,!;  ille.  .ses- 

"  Anémond  de  Coct  dut  arriver  à  Wittemberg  vers  la  fin  du  mois  de  mars 
1523;  car  nous  savons  qu'il  inscrivit  sou  nom  dans  le  livre  des  immatricn- 
latious  de  l'Université,  le  6  avril  de  la  même  année.  (Voyez  Album  Acade- 
mia"  Wittembergeusis,  p.  117.  Luthers  Briefe,  VI*"  Theil,  gesammelt  von 
.T.  K.  Seidemann,  S.  45.)  Le  présent  billet  de  Lutlier,  destiné  à  introduire 
le  chevalier  auprès  de  Spalatin,  fut  écrit  environ  le  20  mai.  comme  semble 
l'indiquer  l'article  suivant  du  journal  de  celui-ci:  <■  Eadem  vigilia  [scil.  Pen- 
tecostes,  id  est  23'''  Maii  1523]  etiam  hue  Locham  venerunt  visum  Prin- 
cipem  très  Galli  pii  et  eruditi:  Anemundus  Coctus  a  Castellar e,Eqnes,  olim 
miles  Rhodius,  vir  miré  festivus  et  doctus  et  eloquens,  raihi  egregie  a 
T)oct.  Martino  Luthero  commeudatus,  Frayiciscus  Lambertn.'i,  alioquin  Ser- 
ranus,  Avenionensis,  Delphinates,  et  Claudiu-s  a  Tauro.  »  (Sclielhoru.  Amœ- 
nitates  literaria^,  t.  IV,  p.  333.) 

»  Jean  Millier  (surnommù  RMlicamt-s,  parce  qu'il  était  né  à  Rhellikou, 
village  du  canton  de  Zurich)  fit  ses  études  à Cracovie  (dès  1517)  et  les  con- 
tinua à  AVittemljerg,  où  il  se  perfectionna  dans  les  langues  classiques  (1522- 
24).  11  rendit  plus  tard  de  grands  services  au  collège  de  lierne  et  à  celui  de 
Zurich.  La  Collection  Simler  renferme  plusieurs  poésies  latines  autographes 
de  RheUicauus,  placées  à  la  suite  des  pièces  de  l'an  1520. 

T.  1.  9 


1:50  JEAN  RHELLICAN  A  SON  COUSIN  JACOB.  1523 

qiiijiiiiiojani  elapso,  nos  ad  slyli  exercitium  adiiortari  cœpehl.  ne- 
minem  inquiens  vel  mediocrem  dicendi  facultalem  sibi  paratiirmii 
e^se,  quamUbel  iiiultos  eliani  priiiiie  classis  authores  audiveril  et 
legeril,  nisi  slyluni  sudulo  ac  dlligeiiter  exercuerit.  lUius  itaque 
iidcli  praiceptore  dignis  iiionitis  pro  virili  niea  parère  studens. 
piu'lerilo  liyberno  seineslri,  duas  Lutlwri  coiilioues  in  latinani 
linguam  liansluli,  qucu  domi  nostrcu  delilescentes,  diu  anceps  cer- 
lanien  cuni  lineis  ac  blaltis  habiierunt  :  adeo  ut,  nisi  numinis  cujus- 
(laiii  benelicio,  GiiUm  quidam  *  eis  suppetias  lulissel,  de  earuni  sa- 
lute  actum  fuissel. 

Is  eniiu  (quuni  faniiliarilatem  niecum  ex  eo  contraxisset,  quôd  niibi 
lileras  à  Lnu.\_rentio\  Agricola  Viamero,  et  Vollfij(in(jo  '.  anle  Uonii- 
nicum  Natalem  allulei'at)  nie  accessit,  et  conterranei  su/  noiuine. 
qui  recens  Vuittenhenjani  venerat  *.  rogavit,  ut  aliquera  ex  Lulhe- 
ranis  libellis.  Geriiianico  sernione  scripluiii.  in  latinum  eloquium 
Iransferrem,  addens  se  eandem  provinciani  comiilurihus  aliis  in- 
Jinixisse,  ut  scilicel  et  pntviœ  sua3  Lutlieranaruni  lucubralionuni 
legendarum,  et  intelligendaruin  major  copia  lieri  possel  ^  Ibi  linn 
pru3dictas  confiones  à  blaltarum  conlliclu  semianimes  vix  ereptas 
iili  exbibiii.  jussique  ni  easdem  rontcrniih'o  siio  oslenderel.  Quo 
fado,  ad  me  rediil.  dixilipio  conliones  à  conlerraneo  probari. 
qiiamlibel  à  tineis  vulnei'aUe  essent  :  »'um(|ue  pra-terea  roga>se.  ni 
l/licllitmilc  homhunii  doctiiiiis  r/f(/«^//.s  verlerem*'. 

Illius  igilui'  priMibiis  atijuiescens.  vcrli  cl  liunc  lilieHum.  qiiem 
libi  in  hoc  nominalim  dicare  decrevi,  dilectissime  cognale.  quod 
Miaiii  le  ingens  cerlamcn  jaiii  oliiii  <  uni  paire  luo  reliquistpie  con- 
sanguineis  propicr  huinanas  liadiliones  suscepisse,  nempe  dum 
lilii  pt'rsuadero  nilunlur.  ni  l'apislicis  sacris  inilit-ris.  Eril  aulen» 
M'I  nh  liiM'  gralnm  libi  ninnnscninn)  liic  libtdln-.  si  nnlla  cnni  libi 

-  François  Lambert  d'Avignon. 

"'  Woifgang  Fabricius  Capiton.  Voyez  le  N"  .>2. 

*  Anéinondik  Cocl.  Voyez  le  N"  6G,  note  '2. 

•  I  >ii  verra  plus  tard  que  c'était  la  grande  préoccup.ition  d'Anémoud  de 
Coct.  Ce  passage  est  d'ailleurs  très-important  i)our  fixer  le  but  pratique  de 
sou  voyage  on  Allemagne. 

''  La  tradnetion  de  «'.et  ouvnige  de  Luther  parut  à  Hàlc  en  l.'>2ô.  Au  bas 
du  titre  qtu-  nous  avons  donné  ci-dessus,  on  lit  : 

■loan.  Khi'llieanus  'l'igurinus. 

\'ertiinus  luec  olim  quuui  nos  cantata  fovebat 

Vuittenbergii,  bonis  institiiens  studiis. 


1523  F.  LAMBKRT  A  SPALATIN.  131 

erudilio  coninieiitlabil.  (juod  locos  plerosque  oinnes  Imnianas  Ira- 
(lilioiies  pessuiidanles.  veliili  fasciculo  t|iiodam  coiiipléclilur.  Ila- 
(|iit'.  mi  Jacobe,  fac  umnuscnliim  tioc  nosliiiiii  li\l;iii  lidiilc  siis- 
lipia'^ .  oliiii  loi'tasse  majora  el  emaculatiora  accepturus  ■".  Vale. 
ViiittenhergcL',  ex  Musteo  nosiro,  11.  Kaleiidas  lunias.  1323. 


68 


FRANÇOIS  LAMBERT  à  Geoi'ge  Spalatiii. 
De  Wittemberg,  28  mai  1523. 

Manuscrit  autographe.  Bibl.  du  Mus.  à  Bàle.  Vol.  G.  1.  31,  p.  72. 

Sommaire.  Les  nombreuses  lettres  que  j'ai  envoyées  en  France  par  le  jeune  Claude 
du  Taureau  m'ont  empêché  de  mettre  la  main  à  mon  ouvrage.  Sur  ma  demande,  le 
D'  Luther  a  aussi  écrit  à  l'avocat  du  roi  de  France,  homme  très-dévoué  à  l'Évangile 
et  qui  jouit  d'un  grand  crédit  auprès  de  son  souverain.  Le  chevalier  Coct  n'est  pas 
encore  parti.  Je  suivrai  le  conseil  de  Luther  pour  le  choix  du  livre  à  interpréter  dans 
mes  leçons  publiques.  Encore  une  fois,  parlez  au  Prince  de  ma  pauvreté.  Si  je 
pouvais  recevoir  du  fisc  au  moins  dix  écus  d'or,  j'aurais  de  quoi  vivre  avec  mon 
domestique,  et  je  ne  serais  pas  une  charge  pour  mes  auditeurs. 

t 

Giiristi  gratiam  el  pacem  !  Quia  nuper  ad  te  literas  dedi,  Spala- 
liiie  doclissime,  tuoque  in  Domino  mihi  datum  est  collocjuio  frui, 
nunc  iiievibiis  agam.  Nondum  ali(]uid  inchoavi,  occupatus  multis. 
scriptis  polissimum,  qiicu  piuribus  in  6\////^/i- mi.si  •.  Junior  quippe 
nobilis  Claudius  de  Tauro  *  abiit.  Scripsit  Doclor  Martinus  Régis 
Galliœ  adcocato  '.  nostris  desideriis  acquiescens.  Idem  enim  ad- 

"  Voyez  dans  Meister,  Beriihmte  Zurichcr,  Th.  I,  p.  315,  l'indication  des 
ouvrages  publiés  par  Rhellicauus.  Le  plus  agréable  est  le  poëme  en  vers 
latins  où  il  raconte  sou  ascension  du  mont  Stockhoru.  Il  eu  a  publié  uu 
autre  sous  ce  titre:  «  Carmen  de  tribus  viris  Badcn*  ob  evangelium  de- 
collatis.  » 

*  Surtout  dans  le  midi  de  la  France. 

*  Gentilhomme  ti-ançais  sur  lequel  nous  n'avons  pas  de  renseignements. 
n  était  peut-être  arrivé  à  Wittemberg  avec  Anémoud  de  Coct. 

•*  .\ous  ne  savons  quel  est  cet  avocat  du  roi,  à  moius  que  ce  ne  soit  celui 


132       LE  FÈVRE  d'ÉTAPLES  A  TOUS  CHRÉTIENS  ET  CHRÉTIENNES.      1523 

vocalus  milita  apiid  Regem  potest,  et  rei  evangelice  tleditissimus 
est.  Equtfs  noster*  nondum  abiil.  '\n\  preslantiani  tuam  in  Clirislct 
salvam  esse  cui)il. 

QiKii  in  secreto  a  me  accepisti  non  efliciam.  per  omnia  tuis  con- 
^iliis  acqiiiescens.  Excusahit  nostra  conditio.  si  (piid  immodeslia* 
de  nie  libi  in  menlem  incessil.  Satis  intcUigis  ([iiid  veliin.  Quod  ad 
li'ctiont'H  attinet.  niidl  agam  sine  ilorloris  Mnitini  consilio.  Non 
satis  decrevi  nuid  prudeclurus  siin.  Psaltcriuiii.  Epistolœ  et  Pro- 
plu'tœ  lecta  sunt.  Forsan  si  aliiid  à  piedictis  legero.  aut  A])Ocnli- 
psim,  quamvis  misteriis  plenani.  aut  aliud  (|uiildam,  non  sine  con- 
silio  aggrediar. 

Tujuvame  apud  llliisir.  Prin[ripeni]  sicut  meam  novisti  neces- 
sitatem.  Eriil)esco  enini  i[u6d  Christianissinii  Hostri  Martini  iiii- 
pensis  sustinear.  Si  possem  velsaltem  aureos  10  in  angaria  habere. 
posseni  utcun(iue  cum  famiUari  vivere,  et  anditoribus  non  esseni 
onerosus.  donec  aliunde  Doininiis  mibi  aiixiliuni  mittat.  Cii.jus 
gratia  et  pax  tecum  sit  !  Amen.  Vale,  sincerissime  evangelisla.  Wii- 
tend)ergce  5.  Kal.  Jnnias.  anno  23.  siipra  luilh'simum  et  (juingen- 

lesimum. 

Tmis  FiwNcisr.is  Lambertus  Avenionensis. 

( Inscript io:)  Veneramlo  Cbristi  servo  Georgio  Spalatino  E\aii- 
gelisle  anlico  Saxoniic  sincerissimo.  siio  in  Cbrislo  Majori. 


69 

[le  FÈVRE  i^'i^:t.\I'I.i:s]  à  tons  Chrétiens  vt  Clirôtiennes. 

(8  juin  1523.) 

Tndtiriioii  IVanraise  des  Évangiles  (par  Le  Fèvre).  Paris.  Sininii 
deColines.  iri2:j.  I  \ol.  rioiii  in-S"'. 

doMMiURK.  Le  temps  de  la  pure  prédication  de  la  Parole  de  Dieu  étant  venu,  nous  ol 
fron.s  aux  simples  tidèles  Us  Évangiltn  traduits  en  langw  vulgaire.    Le  reste  dn 

qui  est  mcntioiiiH"  ilaus  la  lettre  de  Pierre  de  Selnille  (28  (léceml)re  1524), 
c'est-iVdire  l'avocat  du  roi  Ji  (rrenoble. 

'  V.  le  N"  00,  note  2. 

'   A  la  tin  du  volume,  au  verso  du  208'  feuillet,  ou  lit:  «  C'y  fine  la  saiiictf 


1523     LK  FKVRK  d'ÉTAI'LKS  A  TOUS  CIIRÉTIKNS  KT  CHRÉTIENNKS.        133 

Nouveau  Testament  suivra  plus  tard,  et  ainsi  l'on  possédera  dans  son  entier  ce  livre 
de  vie.  qui  est  la  seule  règle  des  Chrétiens  et  où  brille  le  vrai  soleil,  lumière  de  la 
foi,  Jésus-Christ,  l'xmique  auteur  de  notre  salut.  Nous  donnons  cette  Parole  divine 
telle  qu'elle  est,  sans  addition  ni  retranchement.  Le  Seigneur  veut  qu'on  prêciie 
l'Evangile  à  toute  créature.  Ceux  qui  en  interdisent  la  lecture  au  simple  peuple, 
rendront  compte  de  leur  conduite  devant  le  tribunal  de  Dieu. 

Épistre  exliortatoire. 

A  tous  Chrestiens  et  Clirestiennes,  grâce,  illumination  et  salut. 
en  Jésuclirist  ! 

Quant  saind  Paul  *  estoit  sur  ferre,  preschant  et  annonceani  la 
parolle  de  Dieu  avec  les  autres  apostres  et  disciples,  il  disoil  :  «  Ecce 
nunc  tempus  acceptabile  :  ecce  nunc  dies  salutis.  »  (II  Corin.  VI.) 
.Aussi  maintenant  le  temps  est  venu  que  nostre  Seigneur  Jésu- 
clirist,  seul  salut,  vérité,  et  vie,  veult  que  son  évangile  soit  pure- 
ment annoncée  par  tout  le  monde,  aftln  que  on  ne  se  desvoye  plus 
par  autres  doctrines  des  hommes,  qui  cuydent  estre  quelque 
chose,  et  (comme  dit  sainct  Paul)  ilz  ne  sont  riens,  mais  se  dé- 
ceoyvent  *  euh-mesmes  (Galat.  VI).  Pai-quoy  maintenant  povons 
dire,  comme  il  disoit  :  «  Ecce  nunc  tempus  acceptabile,  ecce  nunc 
dies  salutis.  Voicy  maintenant  le  temps  acceptable,  voicy  maintenant 
les  jours  de  salut.  » 

Et  affin  que  ung  chascun  qui  a  congnoissance  de  là  langue 
galUcane  et  non  point  du  latin,  soit  plus  disposé  à  recepvoir 
ceste  présente  grâce,  laquelle  Dieu,  par  sa  seule  bonté,  pitié 
et  clémence,  nous  présente  en  ce  temps  par  le  doulx  et  amo- 
reux  *  regard  de  Jésuchrist.  nostre  seul  saulveur  ^.  —  vous  sont  or- 

euangile  de  nostre  |  seigneur  Jésuchrist  |  selon  sainct  Jehan.  |  Imprime 
en  la  maison  Simon  de  Coh-  |  nés  Libraire  iure  en  luniuersite  de  Paris,  | 
demourant  en  la  rue  sainct  Jehan  de  Beau  |  uais,  deuant  les  escholles  de 
Décret.  Lan  de  ]  grâce  Mil  cinq  cens  xxiij.  le  viij.  iour  du  (  moys  de 
Juing.  »  —  Suivent  les  Annotations  (ou  Corrigenda)  formant  quatre  feuillets. 
Ce  volume  est  imprimé  en  caractères  gothiques  et  sans  pagination. 

Nous  donnons  cette  Épître  d'après  la  réimpression  que  Simon  du  Boys 
fit,  en  octobre  1525,  de  cet  ouvrage  de  Le  Fè^Te.  Les  principales  variantes 
qui  existent  entre  les  deux  éditions  seront  indiquées  en  note.  Sauf  les  deux 
premières  citations  latines,  nous  avons  supprimé  toutes  celles  qui  étaient 
suivies  de  la  traduction. 

*  Dans  la  première  édition:  Pol.  ^  Ibid.  decoipvent.  *  Ibid.  amoureux. 
*  Ibid.  sauveur. 


i'iï       LK  FÉVUK  D^ÉTAI'I.KS  A  TOL'S  CHHÉTIICNS  KT  CHUKTIKNNKS.      In23 

données  en  langue  vulgaire,  par  la  grâce  d'icelluy,  les  évangiles, 
selon  le  latin  (|ui  se  lii  *  communément  par  tout,  sans  riens  y  ad- 
jouster  ou  diminuer,  affin  (pie  les  simples  membres  du  corps  de 
Jésuclirist,  ayans  ce  en  leur  langue,  puissent  estre  aussi  certains  de 
la  vérité  évangélique  comme  ceulx  qui  Pont  en  latin.  Et  après 
auront,  par  le  bon  plaisir  d'icelluv  \  le  résidu  du  nouveau  testament. 
lequel  est  le  livre  de  vie,  et  la  seule  reigle  des  Clirestiens.  ainsi  que 
pareillement  est  maintenant  faict  en  diverses  régions  et  diversitez 
de  langue  par  la  plus  grande  partie  de  Europe  entre  les Chiestiens : 
mouvant  à  ce  les  cueurs  d'iceulx  Tesperit  de  nostre  Seigneur 
Jésuchrist,  nostre  salut,  nostre  gloire  et  nostre  vie. 

Et  encore  nous  monstre  sa  bonté  infinie,  qu'il  est  de  nécessité  *. 
en  ce  temps,  que  grans  et  petis  sachent  la  saincte  évangile  :  ouquel 
[1.  auquel]  nous  menace  envoyer  le  ^  Turcz  ennemis  de  nostre  foy. 
comme  les  Babyloniens  estoyent  anciennement  ennemys  de  la  loy 
israélitique.  Et  ce  pour  corriger  les  faultes  de  la  chrestienté,  les- 
(juelles  sont  moult  grandes,  se  brief  [l.  si  bientôt]  on  ne  se  retourne 
à  Luy,  en  déluissnnt  foute  nuire  folle  fiance  en  rrèature  quelcon- 
(jue,  et  toutes  autres  traditions  lunnaines,  lesquelles  ne  pevent  saul- 
ver,  et  en  suivant  la  seule  \iarolle  de  Dieu  qui  est  esperitet  vie.  Car. 
comme  dit  la  véritable  et  vivifiante  Escripture:  -  Il  n'est  (jue  ung 
Seigneur,  une  foy,  ung  baptesme,  ung  Dieu  et  père  de  tous,  sur 
tout,  et  par  toutes  choses,  et  en  nous  tous.  »  (Ephés.  IV.) 

ElVorceons-nous  doncques  tous  de  sçavoir  sa  Nolunté'**  par  la 
saincte  évangile,  aftin  ipie  au  temps  de  tentation  qui  est  à  nostre 
porte,  ne  soyons  délaissez  avec  les  réprouvez.  Recepvons  "  la 
doulce  Visitation  de  Jésuchrist,  nostre  seul  salutaire,  en  la  Imnière 
céleste  évangélicque.  laquelle  comme  dit  est,  est  la  reigle  des  Ghres- 
tiens,  reigle  dévie,  et  reigle  de  saltil.  El  quicontjues  vouldroyenl 
mettre  ou  .soubstenir  '*  autre  reigle  que  celle  que  Dieu  a  mise,  qui 
est  ce-ste  seule,  ilz  son!  "  ceulx  ou  semblables  desquelz  sainct  Paul, 
par  Tesperit  de.Iésuchrist.  parle  à  Timotbéo.  disant:  «  La  fin  du 
conimandemont  est  charité  decueur  pur.  et  de  bonne  conscience. 
l'I  de  t'oy  non  faiiite.  Des(|iu>lles  aucuns  se  desvoyans.  sont  convertis 
en  vanité  de  parolles,  voulans  esire  docteurs  de  la  loy,  n'enten- 
dans  point  ne  les  choses  desipielles  ilz  parlent,  iic  celles  lesquelles 

"  Ii)i(l.  luit.  '  Uticl.  (le  kcliii/.  *  Ibid.  qu'il  est  tiece-is-itc  '  Ibid.  kf. 
'"  Um\.  roitîcnte.  '•  Wnd.  Recevons.  "  Ih'id.  soustenir.  '"'  Ibid.  Au  lieu 
(le  «  il/  sont,  »  ■■<onl. 


\5îPi    LK  FÈVRK  d'ÉTAPLKS  A  TOUS  GHRÉTIKNS    KT  CHKÉTIKN.NKS.         Vii) 

ilz  allennent.»  (I  Tim.  I.)  Siiyvons  iloncques  la  sapience  de  Dieu,  oii 
ne  peut  estre  vanité,  ne  faulte  de  intelligence,  ne  chose  affermée 
<pii  ne  soit  la  \énté  atout  entendement  non  ofïus(iué.  et  voire 
aussi  à  tout  entendement  et  à  toute  intelligence  iiui  passe  Tenlen- 
demenl.  la  plus  désirée. 

Mais  aussi  ne  voyons-nous  point,  (jue  ijuanl  il  est  jour,  et  tjue  le 
soled  luyst  **clèrement,  que  on  ne  voit  nulles  estoilles  ?  Comment 
doncipies  au  jour  de  Jésuchrist,  qui  est  le  vray  soleil,  peut-on 
\eoii-  autre  lumière  que  la  lumière  de  sa  foy,  laquelle  est  baillée 
en  la  saincte  évangile  ?  Se  on  a  foy  et  tiance  en  autre  que  en  Jésu- 
christ, touchant  la  vie  éternelle  que  nous  attendons,  laquelle  Luy. 
qui  est  vérité  int'allible.  nous  a  promis,  comme  il  est  escript: 
«  et  en  nul  autre  n'y  a  salut  »  (  Acta  IV),  nous  sommes  encores  en 
la  nuict  '^  et  ne  voyons  point  la  lumière  du  soleil,  qui  manifeste 
toute  chose  en  bas,  et  absorbe  toute  lumière  en  liault.  Qui  est-ce 
(|ui  en  plainjour  puist  veoir  les  estoilles?  Parquoy  serions  encore 
en  faulseté  et  en  ténèbres  de  la  nuict.  Et  Jésuchrist  nous  dit  par 
sainct  Jehan  (Joan.  \l)  :  «  Si  aulcun  chemine  de  jour,  il  ne  se  blesse 
[)oint  ;  car  il  voit  la  lumière  de  ce  monde.  Et  se  aulcun  chemine 
de  nuict,  il  se  blesse  ;  car  la  lumière  n'est  point  en  luy.  »  (Joan.  XI.) 
Par([uoy  il  donne  à  entendre,  que  qui  chemine  de  nuict,  combien 
i|u'il  voye  des  estoilles,  lesquelles  il  cuyde  estre  son  adresse,  il  erre. 

Donc([ues,  mes  frères  et  seurs,  cheminons  en  la  lumière  du 
jour,  en  la  lumière  de  la  saincte  évangile,  ayans  toute  nostre  tiance 
de  vraye  adresse  au  vray  soleil,  et  jamais  nous  ne  ofifencerons 
Dieu.  Car  luy-mesme  le  nous  a  lesmoigné  par  sainct  Jehan,  comme 
avez  ouy.  Ne  nions  doncques  à  autre  que  au  père  céleste  par  Jésuchrist. 
et  en  Jésuchrist,  comme  sa  parolle  nous  commande,  et  nous  serons 
enfans  de  Dieu  en  luy,  et  de  par  luy,  enfans  de  grâce  et  de  lumière, 
enfans  de  esperit  et  de  vie.  Alors  nous  vivrons  de  son  esperit  et  de 
sa  vie  qui  est  tout,  et  non  du  nostre  et  de  la  nostre  qui  n'est  riens. 
Laissons  la  chair,  prenons  l'esperit.  Laissons  la  mort,  prenons  la 
vie.  Laissons  la  nuict.  prenons  le  jour,  sachans  (comme  dict  sainct 
Paul)  que  la  nuict  est  passée,  et  le  jour  est  approché  (Rom.  XIII  ). 
et  que  les  œuvres  précédentes  ont  esté  œuvres  de  ténèbres. 

Sachons  que  les  hommes  et  leurs  doctrines  ne  sont  riens,  sinon  de 
autant  que  elles  sont  corroborées  et  confirmées  '*  de  la  parolle  de  Dieu. 
Mais  Jésuchrist  est  tout:  U  est  tout  homme  et  toute  divinité  :  et 

'*  Ibid.  luyt.     '*  Ibid.  nuyt.     "*  Ibid.  confemieen. 


|:}()        l,K  PÉVRK  d'ÉTAI'LES  a  TOl'S  CHRÉTIK.NS  KT  CHRÉTIKN.NES.      15'23 

loiil  homme  n'est  riens,  sinon  en  Luy.  El  nulle  pai'oUe  d'Iiomme 
n'est  riens,  sinon  en  la  paiolle  de  Liiy.  Pourtant  dit  sainct  Jehan  en 
sa  seconde  épistre  :  «  Se  aulcnn  vient  à  vous  et  n'apporte  point  ceste 
doctrine.ne  le  recepvez  point  en  vostre  maison. et  ne  le sahiez  point.  ■■ 
Et  ipii  est  ceste  doctrine,  sinon  la  seule  évangile  de  Jésuchrist  '? 

Et  se  aulcun  voulant desgonster les  simples  ou  destourner"  de 
la  vérité,  disoit  premièrement  "*:  (piMl  vaull  uiieulx  lire  les  évan- 
giles connue  devant  ont  esté  translatées,  en  adjoustant.  diminuant, 
ou  exposant,  et  que  par  ainsi  elles  sont  aussi  plus  élégantes,  .se  peut 
respondre.  que  ce  n'a  on  voulu  faire,  ne  aucunement  user  de  pa- 
raiihrase,  se  autrement  a  esté  possible  expliquei-  le  latin  :  de 
paour  '^  de  bailler  autre  sens  que  le  sainct  esperit  n'avoit  suggéré 
aux  évangélistes,  comme  il  est  escript  :  «  Le  sainct  esperit,  le  con- 
solateui-.  leijuel  le  Père  envoyra  en  mon  nom.  icelluy  vous  en- 
seignera toutes  choses,  et  vous  rédiiiia  à  mémoire  toutes  les 
choses  que  je  vous  ay  dicl.  -  (Joan.  XIV.)  Ou  de  paoui-de  mesler" 
la  parolle  de  Thonnne  avec  la  parolle  de  Dieu,  pour  paroUe  de 
Dieu.  Laquelle  chose  voulant  faire  Theopompus.  ung  escripvain 
ancien,  en  translatant  la  loy  de  Moyse.  comme  se  trouve  par  hys- 
toire,  fut  faict  aveugle,  en  punition  de  son  audacieuse  présumption. 
Pour  ceste  cause,  useï'  de  |taraphiase  efi  translatant  la  j>arolle  de 
Dieu  est  chose  périlleuse,  principalement  se  on  y  adjouste  aucune 
chose  oultre  la  parolle  de  Dieu,  ou  se  on  y  diminue. 

Et  de  ceulx  -'  qui  cuident.  ainsi  faisant,  la  chose  estre  plus  élé- 
gante, peut  sendiler  (pie  de  penser  ce  en  la  saincle  Escriplure,  est 
pré.sumplion.  Veult  aucun  estre  plus  élégant  (pie  le  .sainct  esperit? 
Veult  aucun  estre  plus  ."^çavant  (pie  celluy  (pii  Ta  voulu  ainsi  avoir? 
Non  in  persuasibilihiis  humane  sajiientie  verhis.  comme  dit  sainct 
Paul.  (I  Cor.  II.)  Par  ceste  raison  doncxpies  doiiil-on  estre  excusé, 
se  |»lus  ne  moins  on  n"a  escript  (pie  contient  la  saincle  Escri|)lure 
et  la  vraye  paidllo  de  Dieu.  Et  sachez  (pie  ce  (pie  plusieurs  estiment 
élégance  humaine,  est  inélégance  et  parolle  fardée  devant  Dicn. 
et  (|ue  la  parolle  de  Dieu  en  chasteté  et  siui|)licité  de  esperit  est 
vraye  élégance  (l»'\anl  Dieu  cl  aux  vcnlx  ^|iiiiiiioIz.  Ies(pielz  lu> 
.seul  enlumine. 

Sccondciiicnt  (hKuil  ^\\\v.  eu  leur  tiaillant  ainsi  lr>  évangiles, 
maintes  choses  seront  "  difliciles  el  (discures,  lesquelles  les  simples 

"  Itjid.  dcstonier.  '"  Ibid.  premièrement  disant.  '"  Ihid.  peur.  *°  Ibid. 
Ou  de  mciler.     "  Ibid.  Kt  ceidi .     "  Ibid.  .seront  nmintcs  cfuises. 


15-23     I.K  FÉVRK  d'ÉTAI'LES  A  TOUS  CHHÉTIKNS  ET  CHHÉTIENNES.        I"!7 

gens  ne  nourronl  comprendre,  mais  pourronl  esire  cause  de 
erreui'  :  paniiioy  nVst  convenable  de  les  leur  Itailler  ainsi.  Il  n'estoil 
point  (loncrpies  convenable, par  cesie  mesme  raison,que  les  évangé- 
listes  les  baillasseni  ainsi  aux  Grecz.  et  ainsi  les  Latins  aux  Latins? 
Car  il  \  a  moult  de  lieux  difficiles  et  obscurs,  lesquelz  ne  les  Grecz. 
ne  les  Latins  ne  pevent  comprendre,  et  suffit  de  les  croire,  comme 
nosire  Seigneur  commande,  disant:  «  Croyez  à  l'Évangile.  » 
(Mat.  1.)  Et  les  plus  sul)lilz  d'engins  et  litérez  comme  Arrius. 
Eunomius.  Pbotinus.  Sabellius  et  plusieurs  autres,  sont  tombez  en 
erreur,  et  non  point  les  simples  vulgaires. 

Et  aussi  doibt  ung  cbascun  sçaxoir.  (pie  pour  néant  se  elVorce- 
loit  aulcun  "  de  vouloir  faii-e  entendre  à  ung  aveugle  la  beauté, 
excellence  et  magnificence  du  soleil  matériel.  Et  de  tant  est-il 
plus  impossible  escripre  ou  faire  entemlre.en  escripvant,  la  beauté, 
excellence,  et  la  gloire  de  TÉvangile.  qui  est  la  paroUe  de  Dieu, 
ray  du  vray  soleil  spirituel,  ouquel  toute  beauté,  excellence,  gloire, 
et  toute  superéminente  bonté  est  enclose.  Lequel  ne  peut  **  esti-e 
congneu,  se  luy-mesme  ne  se  manifeste  par  dedans  à  l'œil  intériore 
de  l'esperit,  comme  le  soleil  matériel  ne  peult  estre  congneu.  se 
luy-mesme  ne  se  manifeste  par  deliois  à  l'œil  extériore  de  la 
cbair.  Mais  comme  le  soleil  matériel  se  veult  communiquer  par 
luy  et  par  sa  bonté  naturelle,  aussi  faict  moult  plus  fort  le  soleil 
spirituel  par  luy  et  par  sa  bonté  supernaturelle,  de  tant  qu'il  est 
inestimablement  plus  beau  et  meilleur  que  le  soleil  matériel.  Et 
se  communique  aucunesfoys  plus  entièrement  et  spirituellement 
aux  simples,  de  tant  qu'ilz  sont  plus  iiumbles  et  petis,  que  aux  clercs 
moins  inmdjles  el  plus  grans.  comme  est  congneu  par  la  parolle 
(le  nostre  Seigneur,  disant  en  l'évangile  sainct  Matthieu  :  «  Opère. 
>eigneur  du  ciel  et  de  la  terre,  je  te  rendz  grâces  que  tu  as  caché 
ces  cboses  aux  sages  et  prudens  et  les  as  révélé  aux  petis.  ■' 

Et  se  aucuns  voidoyent  dire  ou  empescber  que  le  peuple  de 
.lésudirist  ne  leust  en  sa  langue  l'évangile,  qui  est  la  vraye  doc- 
trine tle  Dieu,  ilz  sachent  que  .lésucbrisi  parle  contre  telz.  disant 
par  sainct  Luc  :  •  Maleur  sur  vous,  docteurs  de  la  loy.  qui  avez  osté 
la  clef  de  science  !  Vous  n'y  estes  point  entrez,  et  avez  enq^escbè 
ceulx  ipii  y  entroyenl.  »  (  Luc.  XI.  )  Et  ne  dit-il  point  encoie  par 
sainct  Marc  (  XVI  )  :  "  Allez  par  tout  le  monde,  et  prescbez  févan- 
gile  à  toute  créature  '  •    Et  par  sainct  Matthieu  (  XXVIII):  •  Les 

-'  Ibid.  aucun.     '*  Ibid.  peult. 


138  F.    LAMBERT    A    G.    SPALATIN.  15:23 

enseignaiis  à  garder  toutes  les  choses  que  je  vous  ay  commaudé. 
El  comment  presclieront-ilz  l'évangile  à  toute  créature,  oomnieut 
enseigueronl-ilz  à  gai'der  toutes  choses  i|ue  Jésuchrist  a  commandé, 
se  ilz  ne  veulent  point  (jue  le  simple  peuple  voye  et  lise  en  sa 
langue  Févangile  de  Dieu  ?  De  ce  fauldra-il  rendre  compte  devant 
le  tribunal  du  grant  juge  au  jour  du  jugement.  El  pareUlement. 
•se  on  a  presché  au  peuple  parolles,  faisant  enlendi-e  qu'elles  e.s- 
to^ent  les  parolles  de  Dieu,  et  elles  ne  l'estoyenî  "  point.  Dieu  dit 
par  Esdras  en  parlant  de  l'ancienne  loy  :  «  Les  dignes  et  les  in- 
dignes la  lisent!  »  Les  Ghresliens,  enfans  de  Dieu,  sonl-ilz  de  pire 
condition  à  lire  la  loy  nouvelle,  la  loy  de  vie  et  de  grâce,  que  les 
•Iiiifz  Tancienne,  lesquelz  estoyent  serfz  ?  Serons-nous  pii-es  en 
nostre  loy  que  les  Juifz  en  la  leur  encore  à  ceste  heure:  lesipielz 
on  ne  sçauroil  interroguer  de  (piehpie  passage  de  leui-  loy  an- 
cienne, que  prompteraent  ilz  n'en  respcmdenl  ?  Et  toutesfois  il 
escript  des  Ghresliens  par  Hiérémie  (  XXXI  i:  •  Le  Seigneur  Dieu 
dit  :  Je  donneray  ma  loy  en  leurs  intériores  et  l'escripray  en  leur 
cueur.  '  Et  (jui  est  ceste  loy.  sinon  la  loy  évangéliqiie  el  les  escrip- 
tures  du  nouveau  testament  ?  Nous  ne  dehverions  point  doncqnes 
les  lire  seulement  et  les  avoir  en  livres  malérielz.  mais  les  tenir 
promptement  en  mémoire,  et  les  avoir  escriples  en  noz  cueuis. 
Calciali  pedes.  c'est-à-dire,  tous  noz  désirs  et  alléchons  avironnéz 
in  preparationem  evangelii  pacis. 

Et  afiin.  mes  frères  el  seurs  en  .lésuchrisi.  que  comme  ceste 
épislre  a  esté  conunencée  par  saimi  P;iid.  aiiss\  cllf  Une  avec 
sainct  Paul,  nous  j)rions  ce  qu'il  prioil  aux  Corinthiens,  (pie  la  grâce 
de  nostre  Seigneur  Jésurinist.  el  la  charité  de  Dieu  le  père,  el  com- 
munication du  sainct  esperil  soit  avec  vous  tous!  Aiuen. 


70 

FhANçois  LAMiJKRT  à  George  Spalatin. 
De  Wittembcrg,  14  juin  1523. 

Maiiuscril  aulogiaphe.  HihI.  du  Muséum,  à  Bàle.  Vol.  (i.  I.  .{1.  p.  "'». 

SoMM.MRE    8ur  vutre  oonst-il  je  lunoufe  à  lieniander  le  beuetice  vacant ,   il  siiftirait  a 
ma  Hiibsislanci-,  niiiis  il  iiu-  ilctoni  inMiiit  peut-être  de  l'u-nvi''  .!n  Seigneur.  Je  ne  suis 


!t)i(l.  ne  1rs  csioi/ent. 


523  F.  i.AMBKin  A  (;.  si'ai.ati.n.  1-{'.( 

pas  encore  en  mesure  de  vous  envoyer  mes  ouvrages.  Le  commentaire  sur  la  Règle 
de/>  Frère»  Mineurs  doit  paraître  prochainement,  mais  l'imprimeur  me  fera  attendre 
pour  les  commentaires  sur  les  Prophètes  et  pour  l'Épitre  que  j'ai  adressée  au  par- 
lement de  Grenoble.  J'ai  commencé  quelques  ouvrages  en  fravçais,  qui  seront  peut- 
être  imprimés  à  Hambourg.  Puisse  l'affaire  être  bientôt  conclue  !  Rien  ne  serait  plus 
utile  à  l:i  France  que  des  livres  en  langue  vulgaire.  La  Parole  abonde  er.  Allemagne; 
les  peuples  de  la  France  et  de  l'Italie  en  sont  encore  privés.  J'attends  de  France  les 
réponses  de  quelques  seigneurs  ;  de  Savoie,  celle  du  comte  de  la  Chambre.  Quand  le 
chevalier  Coct  partira,  je  lui  remettrai  les  lettres  que  je  veux  écrire  â  quelques 
princes  français.  Je  rends  grâces  à  Dieu  poiu-  les  protecteurs  qu'il  m'accorde  dans 
mon  exil,  et  vous  assure  que  je  suivrai  docilement  toutes  vos  directions. 


t 

T 

Salvaloris  iiustri  Jesii  Cliristl  Gratiam  et  pacem  !  Binas  eodem 
(lie  à  pi-e.stanlia  tua  aclcepi  literas.  ({uariim  priorem.  Dominici  coi- 
poiis  VIII  ilie  *.  posleriorem.  Sabbatho  posl  Barn[abce]  -,  scripsi.sli. 
In  iitrisque  ingentem  tui  pecloiis  pro  verbo  sancto  ardorein,  ileni- 
que  pro  me.  inutili  (piidem  illiiis  ministro,  solicitiulinem  abonde 
cognovi.  Placentque  ideo  admoduni  (pia3  de  vaccante  sacerdolio  ' 
admones  ac  sentis,  cum  liisce  (sic)  caribdes  scirtesque  desidera- 
tissimani  aniniiqiiietemacsacrosanclum  verbi  ministerium  soleant 
iiupedire  :  tametsi  credam  in  euni,  qui  me  à  reprobis  malignantium 
conventiculis  segrega\it,  ut  filii  sui  Evangelium  libère  nunciarem. 
(jund  nibil  propterea  minus  in  re  Cbristiana  egissem.  Testis  enini 
milli  est  Dominus,  quôd  nihil  me  moverit  stulta  lisec  sacerdotii 
faciès  atcpie  ambitio,  sed  ob  id  tantùm.  amicis  admonentibus,  de 
eo  cogitaveram,  ut  neque  Principi  Illustr.  neque  auditoribus  meis, 
ueque  alteri  cuipiam.  forem  necessaria  poscendo  molestior.  Idcirco 
(|ua'  facta  sunt.  ut  plus  es.  boni  consulere  velis. 

Suscepi  ei-go  consilium  tuum.  haud  secùs  atque  patris  necessa- 
riam  jiissionem.  nihil  in  ea  re  adraissurus.  etiamsi  me  ad  eani 
plurium  vota  advocarenl.  Symplegades  vitare  jubés  ;  qui  tiet.  ut 
lion  semper  anjuiescam?  Propositi  quippe  mei  semper  fuit,  ut 
nibil  umquam  admitterera,  (|uo  in  Cbristi  negotio  minus  liberioi' 
essem.  Interea  ad  id,  Cbristo  propitio.  nitar.  ut  quod  cepi  adim- 
pleam.  Neque  opus  erit,  ut  te  nimiùm  solicitem.  pro  mibi  neces- 
sario  victu  et  cultu.  Scit  enim  amicus  (ut  pro  ingenita  animi  ei 

'  Le  11  juin  en  1523. 

*  Le  samedi  18  juin. 

*  La  suite  montre  que  Lambert  avait  demandé  ce  bénéfice  ecclésiastique 
pour  subvenir  à  sa  pauvreté. 


140  K.   I.AMBKRT  A  G.  SPALAÏIN.  1523 

liumililale  et  benevolenlia  vis  appellari)  et  doiiiiims  meus,  (juid  di- 
lecto  clientulo  sit  iiecessum.  Magnus  est  Dominus  et  oinnipotens 
pn»videntia  ejus. 

Petis  demuin  ul  (|iii(ipiid  noatniiniit  liiciibnitioiiuin  excus.siiiii 
fiierit,  tibi  mittaiii  :  tarnetsi  iiiliil  tua  sit  prestanlia  dignum,  faciaui 
(luod  precipis.  Verùm  fardiores  sunt  typngiaplii  quàm  ut  brevi 
commentarii  in  Projilietas  cudantur*.  Expecto  ab  illis  in  dies 
i^r,yr,<jiy  in  MiiioritaiHm  reffulam  \  ac  Literas  quas  ad  supreniuui 
regiuin  Consilium,  sive  (  ut  vocant  )  jiavUimentum  totius  pntriœ  Dcl- 
phiitatns,  novissimè  dilectissiino  et  iiobili  Claudio  de  Tauro  dedi^. 
l'Iii  autem  imprimantur.  me  latet'.  Is  enim  qui  adœpit,  tantùm  à 
uobis  libros  pretio  rediniit,  quos  demum,  ubi  oportunum  viderit. 
cudendos  tradit.  Sic  et  ego  aliijuot  illi  opellas  tradidi.  aliorum 
exempla  sentent iamque  secutus. 

Giillicc  item  nonnuUa  edere  cepi",  quôd  ad  me  ex  Amliiin/o  nuncii 
advenerint.  tracUitits  gallicos  postulantes.  Aiunt  enim  (|ii<mI  illic 
sit,  qui  ea  lingua  elimatissimos  possit  cudere  libros:  (pios  demum 
navigio  in  G(tlli(is  mittit  ^.  Necdum  tamen  aliquifl  conclusimus. 
donec  prius  quid  po.ssit  experiar,  cujus  rei  spero  me  certitudiuem 
brevi  susceptuium.  Faxit  Deus  Opt.  xMax.  ut  inveniatur  qui  Gallic»'^ 
id  imprimere  possit.  cum  niliil  ea  re  conducibilius  Galliis  arbitrer 
futurum  '"!  Nuiiquam  enim  apud  Gernianos  sic  veritas  profeci.sset. 
nisi  Cbristianissiuuis  nosler  Mmtinus  tractalus  etiam  vulgares  edi- 
disset.  Tu  quocpie.  ut  audio,  novissimam  locorum  communium  edi- 
tionem  vulgarem  fecisti.  iinde  et  studio  tuo  et  Geniianonim  iililitali 
fongralulor.  .Miumlat  Germatiid  \erU().  miserrimé  autem  ^/'///o/7//// 
Itutonniniiœ  plèbes  fere  illius  esuriedispereuni".  Deusmiserealui 

*  Ils  ne  parurent  qu'en  1525  à  Strasbourg. 

^  Voyez  leN"  65. 

'^  11  avait  écrit  au  parlement  de  Grenoble,  vers  la  fin  de  mai.  V.  le  N»  68. 

■  Il  ne  parait  pas  que  cette  Épître  ait  jamais  vu  le  jour. 

**  Nous  ne  connaissons  aucun  auteur  (jui  atteste  l'existence  actuelle 
d'ouvrages  français  de  François  Lambert. 

''  La  publication  des  livres  évanjréliques  écrits  en  langue  vulgaire  était 
très-difficile  en  France,  depuis  l'édit  du  13  juin  1521.  (V.  leN"  38,  note4.1 
On  voit,  d'après  ce  que  dit  Lambert,  qu'une  partie  de  ces  livres  s'imprimè- 
rent dès  lors  à  Ilnmhourfi. 

'"  C'était  aussi  l'opinion  de  Li-  Fè\Te.  V.  le  N"  U'J. 

"  Lambert  ignorait  donc  l'existence  de  la  tratiuction  française  du  Nou- 
veau Testament  par  Le  Fèvre.  Autrement  il  ne  se  serait  pas  exprimé  d'une 
manière  aussi  absolue. 


1523  P.  LAMBERT  A  G.  SPAL.VTIN.  14l 

illonnii  el  benedicat  eis,  illiuiiinet  viillum  suiini  super  eos.  el 
illonim  misèrent iir.  ut  cognosc;int  in  terra  viam  suani.  in  omnibus 
Ljenlilms  salutare  suum!  Amen. 

A  Gnlh'is  nibil  recepi  novi.  Operior-  (piid  mihi  rescriptui-i  sini 
pra'dicti  Consilii  Scnntores*^.  Illustr.  D.  de  Caiiieni.Snlinudhi' ùmie^ 
siipremus  ''•  et  aliquot  alii  Domiiii.  ({uibus  scripta  direxi  **.  Noster 
Eipies  1).  Annennindus  Coctus  nondum  abscessit  '^  Expectat  auleui 
lideles  itineris  comités.  Nosti  enim  quanta  nunc  undique  pericula 
sinl.  Is  prestantiam  tuam  in  Clu-islo  salvam  esse  exoptat.  dedissel- 
que  nunc  ad  te  literas.  nisi  eum.  qua  diebus  aliquot  pressus  fuit, 
intirniilasveluisset.  At,  Christo  propitio.  l^revi  ad  te  scripturus  est. 
Servavi.  ut  quée  tibi  dixeram  de  nliqnot  (diis  Galliœ  Pn'nciiuhus 
ipsemet  exequalur.  Ideo  illi  noslras  literas  '®  ti-adam.  cum  in  ne- 
iiocio  Cbristi  sit  juxta  sincerissimus  et  ardentissimus. 

(juod  de  modis  omnibus  egregio  jureconsulto  d.  Doctore  Hic- 
romjiuo  '^  suades.  inter  prsecipuos  habendum  patronos,  mibi  jam 
persuasissimum  erat.  Verimi  niliilest  in  me.  (juod  apud  vos  de  lioc 
vermiculo  tam  bonoritke,  ut  scribis.  loquerelur.  Egit  boc  pro 
uuilta  sui  pectoris  ingenuitate,  atque  in  virum  immeritum  cbaritate 
sincerissima.  Contldo  in  Deum  meum.  quôd  et  Illustr.  Prin[cipem] 
et  te,  el  illum,  non  oblito  Ecclesiaste  nosiro.  patronos  mibi  in 
exilio  meo  dederit. 

In  prioris  epistoke  calce.  pro  coronide  adjecisti.  rem  profecto 
consultissimam.  ut  scilicet.  (juicquid  à  le  voluero,  id  scriptis  non 
prcesentià  agam.  Quod,  lamelsi  non  scripsisses,  quid  bine  pro  tem- 
pore  emergere  possit.  ipse  mecum  sepenumero  cogitavi.  Suflicit 
ipiod  me  semel  adraiseris,  egerisque  ut  Cliristianissimi  Prin[cipis|, 
((uoad  tieri  potiiit.  optato  et  venerando  aspect u  potirer.  Gratias 
veruntamen  iunnen.sas  refero.  quôd  me  premonueris,  et  pro  bene- 

'*  Voyez  la  note  6. 

"  L'Histoire  du  Sénat  de  Savoie  par  Eugène  Burnier  iChambéri,  1864, 
p.  9.5)  cite  Louis,  comte  delà  Chambre,  \icomte  de  Maurienne,  comme  fiii- 
sant  partie  du  tribunal  suprême  qui  se  réunit  en  1514. 

'*  V.  le  N"  t38,  au  commencement. 

'•^  Il  ne  partit  qu'après  le  7  septembre. 

'**  Dans  le  nombre  de  ces  lettres  il  s'en  trouvait  sans  doute  pour  les 
amis  que  Lamlnnt  avait  à  la  Cour.  Voj-ez  sa  lettre  du  31  décembre  1524. 

'"  Jérôme  Schurtf',  professeur  de  droit  à  rnuivcrsité  de  Wittemborg.  Il 
partit  pour  Bâle,  le  8  septembre  1523,  et  fut  probablement  l'un  des  com- 
pagnons de  voyage  du  chevalier  Coct. 


142  F.  LAMBER T  A  G.  SPALATIN.  1523 

volentia  quam  milii  oslendis.  gaudeo  vehementissime.  Obsecro 
aiilem  pnidenliam  luam  per  Cliristiim.  ut  in  (juiluisciimque  til)i 
videbilur.  et  mihi  fonsulere  et  me  commonefacei'e  velis.  Elenim  et 
consilia  et  adiiiunitiones  luye  inihi  enint  pei-iiide  atque  oracula 
Dei,  et  Domini  iioslri  Jesu  Chrisli.  ciijus  pax  et  gratia  teciim.  et 
bene  in  eo  vale.  optimeSpai.[aliiie].  urans  ul  per  uos  raisteria  sua 
sincerissime  tractet.  Witlembergae.  die  DoininiLO  post  Barnabe 
dieni  M™"  CCCCC"  XXfll. 

Tiius  ClienlulQs  Franciscus  Lambertus. 

t 
(Insrn'ijtio:)  Sincerioris  Theologiai  integeri'inioassertori  Georgio 
Spalatino,  lilustr.  Sax.[oniyL']  Diicis  Fnde.[rici]à  Sacris  comionibiis. 
Palrono  suo  observandissinio. 


71 


FRANÇOIS  LAMBERT  à  Geoi'gf.'  Spolatiu. 

De  Wittciiiberg,  24  juin  1523. 
Manuscrit  autographe.  Hilil.  (bi  Mus.,  à  Bâle.  Vol.  0.  I.  M.  p.  75. 

Sommaire.  Je  vous  remercie  des  ressources  que  vous  me  faites  espérer.  En  attendant 
je  dois  vous  informer  de  la  résolution  que  j'ai  prise  de  contracter  un  mariage  qui 
me  permette  de  continuer  à  vivre  chastement,  en  me  conformant  sur  ce  point  à  In 
Parole  de  Dieu.  Ayez  donc  pitié  de  moi,  et  veuillez  m'excuser  auprès  de  l'Électeur 
Aujourd'hui,  par  le  conseil  de  Luther,  je  me  suis  fiancé  avec  ChriHine,  fille  d'iui 
boulanger  d'Hertzber</;  son  père  a  fixé  notre  mariage  sm  15  juillet.  Les  AUemands 
et  Us  Fiançais  éclairés  n'en  reçoivent  aucun  scandale.  Pour  mes  compatriotes  plus 
simples  j'expliquerai  les  motifs  d'une  resolution  qui  les  choquera  peut-être  A-néiit'yiid 
df  Coct  vous  salue 

* 

(îratia  el  Pax  a  OoniiiKi  iiostni  J(sii  ('brisio!  Accepi  tiiidiu.s 
•piarlns  bleras  tuas,  opliine  et  idem  doclissime  Spalaline.  quibu.» 
iiigenlem  erga  me  animi  lui  benevolentiam  pndesialus  es.  Speras. 
abunde  (piàni  sacenbitio  super.>tilioso.  mee  inopie  providendum. 

spcid  fi  oL-^o  in  Duiiijnnin.  qiiuil  per  h'  iA  p»'f  .dios  inild  .diici-  pro- 


1523  K.  LAMBF.RT  A  li.  SPALATIN.  iHi 

\i(lel>iliir.  Interea  accidil  ([iiod  le  lalere  liaïul  ([uaiiuani  \oliii.  Scis 
me  imiter  lecum  iionniliil  ilc  rc  uron'a  Iradasse.  pandeiis  (piod 
Miilii  necessariiim  erat  honoralùle  conniihuim  iii  oiniiihiis.  llioiiis 
iinmaenlaliis.  Nollein.  sieut  necumquam  fui.  scortalor  esse  :  iioUein 
eliain  iininiindilias.  Sois  aiilem  qiianlum  possinl.  <|ui  non  liabeiil 
(lonum.  Urgeor.  fateor.  ef  à  carne,  oui  si  consensei'o.  pereo.  ilidem, 
el  a  verlu)  Dei.  milii  id  pra'cipiente,  ut,  ne  vel  corde  fornicalionem 
ndinillain.  uxoreni  liaheam.  Angustiie  mihi  seraper  fuerunl  undi- 
(|ue.  Miserere  igilur,  ô  venerande  Ciiristi  serve,  et  mihi  hoc  dona 
Ht  non  scandalizeris,  pro  his  qiia3  acciderunt.  et  âge  apud  Ciemen- 
tissiinuni  Principem,  ne  et  ilkim  maie  liabeat,  quod  verbi  Dei  im- 
perio  feci.  Verè,  impediehar  admodum  à  verbo  et  lecturis  propter 
stimuios  Garnis  et  verè  conlinuos. 

Hac  die,  una  circiter  iiora.  antequam  id  scriberem,  inter  puellani 
(jiianilam.  filiam  pistoris  cujusdam  Ertzerbergensis,  pâtre  et  lilia 
consentientibus,  et  me,  faclum  est  legitimi  matrimonii  promissum'. 
Et,  ne  te  ahquid  lateat,  a  pâtre,  qui  WiUembergam.  iiujus  rei  gratiâ 
\  enit,  dies  nuptiarum  constitutus  est  dies  S.  Margarilie.  Non  absque 
consilio  nostri  Martini,  viri  Ghristianissimi.  factum  est,  quôd  uxo- 
rein  acceperim.  Verè  tiic  scrupulus  semper  in  me  fuit,  quod  timui 
el  Iliuslrissinio  Principi  et  tibi,  pro  hac  re,  gralus  haudquaquam 
esse.  Sed  (juid  timui.  di;^pUcere  viris  Christianissimis,  quibus  nii 
gratius  est,  quàni  ut  verbum  Domini  observetur  et  maneat  in  eter- 
uum  ■?  De  his  abunde  aUo  tempore  scribam.  Gennani  pro  his  non 
scandaUzantur-.  neque  ex  Gallis peritiores.  Pro  Galliœ  aiinpliciorilms 
quibusdamvis  tractatum,  Ghristo  propitio.  scribere  cepi'. 

Uuod  si  tandem  cpiiiiiam  otïensi  fuerinl,  milii  pro  minimo  est. 
sciens  quôd  Cliristus  verbumque  suum  atque  observatio  illius  sit 
in  iiiinam  et  resurrectionem  etc..  et  quôd  illi  contradicetur.  Scio 
quôd  occupatior  sis  quàm  ut  ad  nos  venires,  si  rogaremus  ut  nuptiis 

'  Andréas  Pretynus  annonçait  ainsi  à  Spalatin  le  mariage  de  Lambert  : 
«D.  F.  Lambertus  uxorcm  statim  ducet  puellam,  D.  Augustini  Schurf  me- 
dici  famulani.  »  (Schelhorn,  op.  cit.  IV,  352. "i 

*  Ulscenius  écrivait  de  Wittemberg  à  Capiton,  le  9  février  1522:  «  [Jjw<î/s] 
Jonas  hodie  uuptias  auspicatur  ....  quod  paucos  admodùni  offendit,  nisi 
quosdam  pbarisaïco  adooquc  in  speciem  justos.  »  (Collection  Simler.)  C'est 
le  même  Jonas  qui  publia  on  1523  l'Apologie  du  mariage  cle.<  prêtres.  (Voyez 
le  N-31,  note  3.) 

"'  Voyez  son  livre  «  De  Sacra  Coiijugio  »  dédié  à  François  I  et  publié  à 
Strasbourg  en  mai  1524,  in-S». 


144  F.  LAMBERT   A    T..    SPALATIN.  1523 

intéresses.  Ora,  vir  flhristiaiiissiino.  ut  vei'ljiiui  Doiniiii  in  noliis 
|)i-olifiat  seniper!  Conlido  in  Deiini  ineuni.  quod  liherihs  itef/ocfum 
Clin'sti  cfficium.  Uhenitus  n  (juottiilùuio  uniinœ  iiieœ  pericitlo.  E(]ues 
noster  D.  Anneniundii.'i  te  sylvnni  in  (^hristo  esse  optât,  qui,  mox 
atjéunte  tabellione.  Iiaudciuaquani  scribere  valuit.  Gi'alia  et  pax 
Doniini  nostri  Jesn  Clirisli  tecum  semper  !  Amen.  Bene  vale,  sin- 
cerissime  Tlieologe.  Wittem[berga,'],  dieS.  Jolianuis  M.IJ.XXIII. 

Tinis  ("Jifnlnlijs  Franci.sci's  Lambkhtus. 

t 
(Imcriptio:)  Viro  Christianissinio  et  vei'c  sincei'o.  Georgio  Spa- 
lalino,  Illustr.  Sax.  Dncis  Frideiici  ;i  sacris  conrinniliiis.  patrono 
■^iio  ()l»servandissimo. 

(Au-dessous:)  >  Er  Georgen  Spalatino  /ii  lianden.  » 
(Note  autographe  de  Spalalin:)      Ki-.  Lanipertus  (îallus  duxil 
uxorem  ViltendjergceiM.lJ.XXIll. 


72 

FRANÇOIS  LAMBERT  à  George  Spii  latin. 
De  Wittemberg,  4  juillet  1523. 

Manuscrit  autographe.  Bihl.  (hi  Mus.  à  Bàle.  Vol.  G.  1.  .11.  \\.  7fi. 

Sommaire.  Votre  lettre  et  les  présents  que  l'Electeur  m'envoie  pour  mes  noces  montrent 
assez  votre  bonté  paternelle.  Vous  m'avez  obligé  et  réjoui  au  milieu  de  la  frayein- 
bien  naturelle  que  j'éprouve.  Cœurs  vraiment  chrétiens,  je  suis  à  vous  en  Jésus-Christ. 
La  sœur  très-chère  que  Dieu  me  donne  pour  aide,  mes  amis  de  noce  et  le  chevalier 
Coct  ont  partage  ma  joie.  Que  Dieu  soit  béni  en  toutes  choses,  qu'il  exauce  vos 
voeux  !  Le  premier  j'aurai  remué  ce  rocher  de  superstition  qui  pesait  sur  la  t^fance. 
Que  la  terre  soit  purgée  de  cet  hypocrite  célibat/  Puissé-je,  comme  professeur  ei 
comme  époux,  me  conduire  aussi  chrétiennement  que  vous  m'y  avez  exhorté  '  Sou- 
venez-vous de  votre  nouveau  Wittembergeois 

Gratiani  et  paceni  Chrisli  Jesu  !  Quoniathnndiini  seniinaiitibns 
gralus  est  opintunus  aër.  aul  airo  ia(lali>  t  m  bine  nantis,  mare 
lrani|uillnin.  sic  niihi  luerunt  litcra-  tua-,  un  sna\i,><sinie  Georgi 
8pal.[atinej.  (piibus.  principaH  Illustr.  Principis  atijuc  tua  niunili- 
l'cntià.  rarnein  l'erinani  adjecisli.  Suaserant  inilii  (|uidain.  ut  ab.^  te 
priinrini  e\  ra  alii|iiiil  |i(iv|iil;in'iii  :  sed  ipiiid  pt-lcrr  baMd(|iia(piani 


1523  LUTHF.R  A  C.  Sl'ALATIN.  44.^ 

IMU'sumore  volai,  prestanlicu  tiui'  benevulentia  fecll.  Agis  démuni 
soliciliiiu  pati-eiiilaniilias,  id  curans  ne  missce  caj'nes  aille  miplias 
[lereaiit.  Qiiid  libi  relribuam  pro  oniiiibiis  qiice  retribuis  mibi  luui 
liaboo.  Ergo  meipsiiiu  liabe.  qui  tuus  in  Cbrislo  esse  volo.  Sujira 
iinàin  dici  possit,  me  tibi  devinxisli.  el  exilarasti,  bominem  iion- 
iiihii  pro  rei  iiovilale  de  semetipso  teirilum.  «piùd  mei  nunc  re- 
fordaliis  sis.  quod  Clementissimi  Principis  alqiie  Excell.[entite] 
Hue  Cbristianissima  peclora  boc  iiidicio  palenlissime  agnoverim. 
Lelala  quoque  est  citarissimn  soror,  quiuii  utilii  tiadidit  inauxilhuu 
Doua,  cui  el  mibi  misericorditer  laigiri  dignelur  (jucu  in  Cbrislo 
nobis  precatus  es!  Gavisi  item  sunt  araici  plures  qui  arbiliabanlui 
conjugiiini  nostrum  optimo  Principi  liaud  fore  accepluni.  Per 
onmia  benediclus  Deus  !  Amen. 

E  GaUiu  lioc  saxuiit  primus  evoivi;  lu  ora  ut  plurimi  setiuantur, 
et  nepbandissimis  libidinibus,  quibus  spurcus  ille  bypocriticusque 
cœbbalLis  al»undat.  omnis  terra  purgelur  !  Ora  etiam,  ut  talem  me 
in  lectionibus  et  conjugio  el  rebijuis  exbibeam.  sicut  me  fuisli 
cbi'islianissime  adborlalus.  Conlido  aiilem  in  Deum..  quôd  nunc 
Uberius  in  omnibus  agam,  videns,  Gbristi  misericordiâ,  me  sul) 
Piincipis  ilbislrissimi  Imperium  plene  esse  translatum.  Tu  autem 
(ut  verè  loties  expertus  sum,  el  fecisti)  novi  bominis,  novi  ïï'7/- 
fi'iiihert/ensts,  el  ejusdem  laborantis.  memoraberis.  Salutavi,  ut  jus- 
sisli,  Equitem  nostrum  Dominum  Annciiiunduiii.  a  quo  et  literas 
babes.  cui  ingens  gaudium  fuit,  dum  quœ  a  pi-eslantia  tua  missa 
suni  inteilexit.  Gratia  aulem  el  pax  Gbristi  tecum  semper,  in  quo 
iiene  vale.  mi  observandissime  patrone  !  AN'ittembergie.  Sabbalo 
post  visilationem  beata,'  Maria?,  Anno  Gbristi  ]M".D.XXII1. 

Glientubis  tuus  Fhangisclis  Lambertus. 


id 

LUTHER  à  Spalatin. 
De  Wittemberg,  14  août  1523. 

Lutliers  iiriefe,  éd.  de  Wette,  II.  387. 

C50MM.-URE.  Demande  Je  secouis  poiir  François  Lambert,  aùn  qu'il  puisse  se  retirer 
à  Zurich,  où  le  voisinage  de  la  France,  lui  otl'rira  plus:  de  chances  de  succès. 

(iratia  el  pa\.  Lnmbertm  Francisius  slatuil  r  nostris  terris  dis- 

T.    I.  10 


14H  F.  LAMBERT  A  SPALATIN.  ^523 

cedere  Titref/uith  istic  meliiis  aliturus  et  majora  faclnnis  ob  vicini- 
tatem  Galliœ,  qui  apud  nos  esse  copiam  sentit  docentium  '.  Bene 
if,ntur  feceris,  si  |)aiiperi  apud  Principem  patronus  fueris.  ut  viati- 
cum  obtineat,  naui  et  debilis  (iuo<[ue  invoiutus  est.  Idrirco  largiore 
manu  opus  habet.  prœsertim  cum  sit  haic  forte  ullima  largitio,  el 
Principis  nomen  apud  exteros  istos  in  Gnllia  magis  commendabil. 
Valeetora  pro  me.  Wiltembergie,  die  14.  Augusti.  MDXXIII. 

Martinl's  Lutherls. 

(Insciiptio:)  I).  (leorgio  Spalalino  sno. 


74 


FRANÇOIS  LAMBERT  à  GeoFge  Spalatiii. 
De  Wittembcri;-,  IG  août  1523. 

Manuscrit  autographe,  liilil.  du  Muséum  à  HnW.  Vol.  (i.  I.  M.  p.  77. 

Sommaire.  L'accueil  que  vous  m'avez  fait  à  Lochau,  et  votre  lettre  au  chevalier 
Coct  témoignaient  avec  force  de  votre  charité  pour  un  pauvre  de  Jésus-Christ.  Qui 
suis-je  pour  que  vou.s  désiriez  si  ardemment  lire  mes  ouvrages,  même  les  plus  impar- 
faits? Dans  le  cas  où  cela  vous  serait  agréable,  je  vous  dédierai,  même  après  mon  dé- 
part, mon  commentaire  sur  les  écrits  de  St.  Luc.  Si  vous  m'aidez  à  obtenir  l'objet  de 
ma  requête  au  Prince,  vous  aurez  rendu  service  à  la  France  entière,  en  facilitant  la 
publication  d'ouvrages  en  langue  française.  Mais  voici  que  le  chevalier  m'appelle 
chez  Luther  et  Mélanchtlum.  Ceux-ci,  plein.s  de  sollicitude,  veulent  que  j'attende 
pour  partir,  que  le  chevalier  ait  vu  de  ses  propres  yeux  si  ce  qu'on  nous  raconte  de 
l'état  de  la  France  est  vrai.  Pour  moi  je  voudrais  jouir  encore  de  votre  douce  cha- 
rité ;  mais  â  Dieu  la  gloire  et  le  régne  1  Povieranus,  su  femme,  le  chevalier  et 
Christine  vous  saluent. 

t 

('hrisli  ,i,M-aliaui  t'I  pacem  !  Hiiam  aiuid  llbisirissimi  l'rincipis 
an'ciii  '/''  Lncliii  '  osicndisli  Chiisli  pauperi  dilerlioneiu.  ihim  uu^ 

'  Lntlicr  écrivait  (l(\jù  !\  Spalatiii,  le  3  aoi"it:  <  [Lambertiis]  paupcr  est 
npc  diii  hic  niansuriis,  ut  sonat.  ««  Ibid.  p.  378. 

'  Locha  ou  Lochainn  (pu  allomand  Lochau),  petite  ville  et  forteresse 
située  près  de  Wittemberp,  était  la  résideuce  habituelle  de  l'Électeur 
Frédéric.  On  l'appelle  aujourd'hui  .binahunj. 


lî^SS  F.  LAMBERT  A  SPALATIN.  1  i/ 

m  iiiisel  domo  el  cubiculo  siiscepisli.  lileriL'  tua-,  quas  apiid  Equi- 
Icm  nostruni  -  i-eperi,  abunde  lestabanlur.  Quis  ego  homuncio.  iil 
illitis  scripla  et  vere  adiiiic  inimaliira  (anlmii  exposfules  ?  Video 
(|iiod  tolus  ardes  in  verbum  Dei.  cu.jus  zelimi  in  scienlia  babes.  Id 
lacil  m  eliam  minoruni  vel  incomplelas  ediliones  deposcas.  Si 
gratuni  libi  jiidicas,  idijue  luilii  nodim  sil,  spondeo  quod,  etiam  si 
(liscessero,  Lncnni  totniii.  Evangebon  scilicet  et  Acta  ',  tuo  noniini 
dicaiida.  typograpbis  Iradain.  Tanlùin  ora  ut,  vita  comité  et  Spi- 
rilus  Cbi'isti  illustratione.  idem  opus  emendatius  exeat. 

Quod  ad  rem  nieam  attinet,  misi  sup])Uca(ionem  ad  Principem 
iliiisli-issimum.quam  vide,  et  facsicut  nosli.  Simejuveris,  univcrsas 
lirorsus  Gallias  Jumis^  Pioponimiis  eiiim  quic(|uid  poterimus  in 
le  Cin-istiana  gallice  b-adere.  Mntatio  iitinam  (sicut  confido)  dex- 
icraj  exceisi M 

Posteaquam  prfcedicta  scripsi,  venit  ad  me  eques  noster  et  cepta 
obmillere  compulil.  donec  iterum  nostrum  Martinmn  Cbristianis- 
simiim  itemque  PluMppnm  Melanch[tlwnem]  consulerem.  PkiUpims 
iianKiiie  pro  sua  cbaritale  pnemonuit  illum.  ni  haec  mibi  diceret. 
Veni  ergo  ad  illos,  et  omnia  reperi  immulata.  Suadel  optimus  ipse 
Ecdesiastes,  suadet  el  Philippus,  neprius  discedam  quàm  D.  Eques 
per  semetipsum  conspexerit,  an  vera  sint  qua3  nobis  dicta  fuei'int  ^ 
inlerea  qnicquid  in  facultate  eorum  fueril  mibi  ofl'ei'entes.  Verè 
devincitis  nos  vobis  omnes. 

Suscepisti  me  lu.  iiominem  abenigenam,  inter  aba  in  proprium 
cubiculum  :  videbare  super  vermiculi  discessu  tristis  esse.  Ecde- 
siastes et  Plulippus  mibi  liment  el  pro  me  mire  soHcili  se  et  sua 
olïerunt.  ut  omnes  vos  Clu'isti  discipulos  agnoscere  compellar. 

Denmm.  quare  sapienli  sufficit  rem  palam  fecisse.  si  quid  egisli 
cum  optimo  Principe,  videris  quid  magis  sit  faciendum.  Rem  nosli. 
Tantùm  obsecro  ut,  sicul  in  uUimis  bteris  spoponcUsli.  nonnibil 

-  Anémond  de  Coct. 

^  A  notre  connaissance,  le  commentaire  sur  les  Actes  des  Apôtres  n'a 
pas  été  pulîlié. 

*  Lambert  demandait  son  congé  et  la  somme  nécessaire  pour  le  voyage 
de  Zurich.  Voyez  le  N"  précédent. 

*  La  suite  montre  qu'il  s'agit  du  changement  qui  allait  s'accomplir  dans 
la  destinée  de  Lambert,  si  la  réalisation  du  voyage  sus-mentionué  lui  était 
permise. 

"  11  s'agit  ici  de  nouvelles,  probablement  exagérées,  sur  les  progrès  de 
l'Évangile  en  France. 


\\H  ANÉMOND   DE   COCT   Al'    LECTEUR.  1523 

;i(l  miiniis  adjungi  quaiitQm  poteris  facias.  Ego  aiilem  *"icissim  fa- 
ii;iiii  ((iiaî  adliortaUis  es.  et  Lucain  totum  tibi  dicaiuliiin.  si  placueril. 
Doiiiiiio  miserarile.  roinplebd.  Verè  gaiideo,  jiropler  vos  omnes, 
i(UO(l  iionduiii  aliscedain.  ul  voltis  Iterum  friiar  in  Domino,  a  ipio 
est  noslroriim  openim  coiiclusio,  tametsi  varia  sei)eiminpro  pn>- 
ponaiiius,  cui  gloria  et  imperium  in  secula  î  Anu'ii. 

Aniiotationes  noslras  hrevi  recipies.  Non  eiiiiii  reperi  eiiiii  ipii 
scripsil  ilias.  Bene  valeas  in  Cliristo.  ciijiis  gralia  lecmu! 

\Villein[herga;].  bac  Doniinica  post  Asstiiiiplionem,  l.o.2.:{. 

Saliilant  le  IJ.  .lo[lianne.s]  Poiiir.\mnm]'-  cnu\  spon.fd  sini''.  Sa- 
Intat  (inoque  te  I).  Eriun.  et  Clirititinn  soror^. 

Tiiiis  (lientiilus  Fiunciscis  I.AMHKivns. 

t 
finscriptio :)  Y'iro  Cliristianissinio  Georgio  Spalalino.  Aida-  llliis- 
trissinii  Prin[cipis]  Saxo[nia?J  Diicis  Fiiderici  K|iis«-opo.  siio  in  !»(•- 
inino  Majorief  Palrono. 


75 

ANÉMOXD  DE  COCT,  clievalicr  trançais,  au  Lecteur. 
De  Wittemberg,  fau  mois  d'août)  '  ir)28. 

Evangelici  in   Minorilanmi  Ucgnlani  Coinnienlarii.  1".   Lainberlo 
;Hilore.  Wilteinbergie.  V.)%\.  iii-8". 

(TRADUITE    I»U     LATUi.) 

Sommaire.  Quoique  la  Parole  de  Dieu  demeure  invincible,  l'Eglise  an  contraire  a 
aoullerl  mille  maux  pur  l'elFet  des  lois  papistiques,  et  aujourd'hui  qu'elle  essaie  de 

'  Jeati  Bugenhagcn,  surnommé  Pomeramis,  naquit  à  Wollin,  en  Pomé- 
ranie,  le  24  juin  1485.  Après  avoir  étudié  à  GreifswaKl,  il  embrassa  la  vie 
monastique,  fut  prédicateur  et  professeur  à  Treptow  jusqu'en  1521,  et  de- 
vint l'aiinéc  suivante  pasteur  à  Wittemberg.  Il  se  rendit  célèbre  par  ses 
commentaires  sur  les  Psaumes  et  sur  d'autres  livres  do  l'Keriture  sainte. 

"  Son  nom  nous  est  inconnu.  Elle  avait  épousé  liugenhagen  le  10  octobre 
1522.  (LiiUierus  Spalatino,  4  Octobr.) 

"  A  l'exemple  des  Apôtres,  les  Évangéliques  donnaient  ce  nom  de  sœur 
à  leur  femme. 

'  Cette  préface  n'a  pu  être  composée  que  vers  la  tin  de  juillet,  comme 
l'indique  la  mention  des  martyrs  de  Bruxelles. 


1523  ANKMONI)  l»K  COCr  Al    I.KCIEl  I'..  \W 

se  relever,  elle  a  encore  tout  à  craindre  du  pape  et  de  ses  suppôts.  De  nouveaiuc 
martyrs  de  Jésus-Christ  viennent  de  périr  sur  le  bûcher  ;i  Bruxelles.  Mais  leur 
sang  sera  vengé  par  le  Très-Haut,  et  nous  voyons  déjà  plnsieius  sectateurs  de  la 
perdition  sortir  de  Babylone  pour  révéler  ses  souillures.  Dans  le  nombre  de  ces 
réchappes  est  François  Lambert,  qui  nous  dévoilera  toutes  les  impostures  des 
moines. 

Anémoiul  de  Coct.  clievalier  français,  au  locleur  pieux. 

Que  le  Seigneur  soit  avec  toi  !  La  majesté  de  la  parole  divine  es! 
si  grande,  qu'elle  demeure  toujours  invincible,  quelles  que  soient 
les  attaques  que  le  monde  dirige  contre  elle.  Les  princes  ont  beau 
la  persécuter  avec  acharnement,  les  portes  de  l'enfer  ont  beau  se 
uieltre  en  fureur,  elle  possède  une  puissance  qui  se  développe, 
s'accroît  et  se  maintient  avec  d'autant  plus  de  vigueur,  qu'elle  est 
exposée  à  plus  de  persécutions.  Pour  la  rendre  invincible,  il  a  fallu 
(|ue  le  Fils  de  l'Homme  endurât  les  souffrances  et  la  mort.  Mais  il 
u'y  a  pas  lieu  de  s'étonner,  puisque  Christ  lui-même  Ta  prédit, 
que.  dans  cette  époque  des  derniers  temps,  son  corps  mystique,  qui 
est  rEf/lise,  se  trouve  depuis  une  si  longue  suite  d'années  en  état 
fie  décomposition  et  de  mort;  car  Christ  avait  été  jeté  dans  l'ombre. 
sa  parole  altérée.  l'Évangile  souillé  et  perverti  par  des  doctrines 
iiiqiies  et  blasphématoii-es.  Aussi.  l'Église  déchirée  par  les  mor- 
sures des  funestes  lois  papistiques.  attachée  par  des  clous  plus  que 
(le  fer  à  un  gibet  pire  qu'une  croix,  V Église  commence  à  peine  au- 
jourd'hui à  refleurir  et  à  se  relever,  qu'aussitôt,  comme  toujours,  fes 
prêtres,  les  scribes,  les  pharisiens,  les  faux  Christs,  les  sophistes  et 
les  moines  s'efforcent  de  nouveau  de  l'opprimer  et  de  l'étouffer.  Les 
Miémes  hommes  qui  ont  fait  monter  sur  le  bûcher,  à  cause  de  la 
itarole  de  Dieu.  Jean  Htiss  et  Jérôme  de  Praque.  viennent  tout  ré- 
cemment  d'immoler  dans  Bruxelles  de  nouveaux  martyrs  de  Christ, 
(pii  sont  demeurés  fermes  jusqu'à  la  mort  dans  la  confession  de 
leur  foi  -.  Leur  crime,  aux  yeux  de  cette  église  romaine  toute  com- 
posée d'impies  et  de  méchants,  était  de  mettre  en  jiéril  le  royaume 

-  C'étaient  trois  jeunes  moines  du  couvent  des  Augustins  d'Anvers  :  Jean 
Esch,  Henri  Vocs  et  Lambert.  Les  deux  premiers  périrent  sur  le  bùclier, 
le  1"  juillet;  Lamliert,  quelques  jours  plus  tard.  Voyez  le  récit  de  leur 
inaityre  dans  les  Lettres  de  Luther  et  dans  Sleidan,  livre  iv.  Érasme  leur 
rend  ce  témoignage:  «  Certè  summa  et  inaudita  Constantin  raortui  sunt. 
Soie  pro  Christo  mori  gloriosum  esse.  »  (Erasnms  Zuinglio,  Basilese,  pri- 
die  Kal.  Septembr.  1523.  Fueslin.  Epistolie  ab  Ecclcsiae  Helveticse  refor- 
matoribus  vel  ad  eos  scripta?.  Tiguri,  1742,  in-8°,  p.  9.) 


fol)  VNÉMOM)  DM  COCT  AU  LhXTELR.  13^23 

du  F;i[ie.  et  elle  les  a  fait  iiérir  |)ar  le  feu.  Ce  Lycauii  de  Rome 
osera  donc  tout  tenter,  tout  entreprendre,  tout  accomplir,  pour  le 
maintien  de  sa  tyrannie!  Il  s'arroge  et  usurpe  le  titre  de  pontife, 
qui,  selon  le  témoignage  de  saint  Paul,  ne  convient  qu'à  Clirist  seul  : 
et,  pour  que  rien  ne  manque  à  cette  fiction,  il  s'est  décoré,  comme 
l'ancien  chef  des  Flamines  de  Jupiter,  du  litre  de  Souverain  Pon- 
tife, se  faisant  avec  inqtudence  l'égal  et  même  le  supérieur  du 
grand  pontife  Jésus.  Qu'elle  s'accomplisse  donc  devant  les  yeux 
du  Très-Haut,  la  vengeance  du  sang  de  ses  seniteurs.  (|ui  a  été 
versél  Que  Celui  qui  a  foulé  aux  pieds  le  lion,  marche  également 
sur  le  dragon  venimeux  et  Tanéanlisse.  puisqu'il  continue  à  per- 
sécuter et  à  déchirer  notre  Sauveur  et  son  épouse  !  Dût  Tennemi 
tenter  de  nous  égorger,  ce  ne  sera  «  ni  la  mort,  ni  la  vie,  ni  les 
anges,  ni  les  principautés,  ni  les  puissances,  ni  les  choses  présentes, 
ni  les  choses  à  venir,  ni  la  hauteur,  ni  la  profondeur,  ni  aucune 
autre  créature  (pii  pourront  nous  séparer  de  l'amour  (pie  Dieu  nous 
a  témoigné  en  Christ-Jésus  notie  Seigneur.  ■■ 

Mais  nous  voyons,  grâces  à  Dieu,  hon  nonihre  de  ces  sectateurs 
de  la  perdition  revenir  de  joui-  en  Jour  à  des  sentiments  meilleurs 
et  prêter  l'oreille  aux  invitations  du  Très-Haut.  (|ui  leur  crie  par 
la  houche  de  Jéiémie  :  "  Sortez  du  milieu  de  Bahylone  et  du  pays 
des  Clialdéens  :  marchez  comme  les  héliers.  à  la  tête  du  troupeau  : 
car,  voici,  je  susciterai  et  j'amènerai  contre  Bahylone  un  ((uicours 
de  grandes  nations  venues  du  cùlé  de  l'Aipiilon.  et  elles  l'attaque- 
ront, et  elle  sera  prise.  ■■ 

Parmi  ceux  qui  iml  écouté  cet  apiicl  se  irciiuc  nuire  cliei' 
François  Lambert.  (|ui  met  loul  son  zèle  à  réaliser  le  pa.ssage  de 
l'Apocalypse  où  il  est  dit:  "Que  celui  (|ui  entend  dise:  Viens.  - 
Après  s'être  laissé  entièrement  séduii-e  par  les  helles  ap|iarences 
de  l'hypocrisie  des  Frèics  Mineiii's.  il  est  enlin  soiMi.  par  la  grâce 
de  l'Kspi'il  saint.  ^W  ce  lal)>rinllit'  i-l  de  cel  ahiuit'.  et  il  a  dévoile 
dans  le  [)résenl  oiuiscule.  au  lecleiu'  le  moins  alleulif.  les  iieslilen- 
lielles  erreurs  de  ces  moines.  C'est  ici.  comme  dil  le  pr(qihète.  la 
voix  des  réchappes  el  de  ceux  (pii  se  sont  eidiiis  de  Hahylone.  pour 
annoncer  dans  Sion  la  vengeance  de  noire  Dieu,  el  la  vengeance 
de  son  temple.  Le  leiuple  de  Dieu,  c'est  l'esprit  des  fidèles,  dans 
lequel  lie  peiil  Iroiier  un  iii>laiil  cel  liouiuie  de  p<'*c|iè.  ce  Plialai'is 
(les  Homains.  Si  donc  lu  désires.  C\  lecteur,  ccuiiiailiv  les  ahonii- 
nables  souillures  de  ses  satellites,  des  Fraïuismlàtrcs  ([\;\<<se,-min 
r«'Xpr<'Ssion)  el  de  loiile  la  itioineiie.  leurs  supersiilions  |iires  (pie 


ir;^>:î  lutiier  au  duc  de  sa  voie.  IHl 

celles  (les  [tjiïens  cl  (jiie  les  mystères  de  l'Kgypte:  si  lu  tiens  ;i 
savoir  (iiielles  sont  les  monstrueuses  balivernes  qu'ils  décorent  i]\\ 
nom  de  religion,  —  achète  ce  petit  volume,  qui  ne  te  coûtera  pas 
ciier;  il  te  dévoilera  à  fond  les  inq)oslures  de  ces  renards,  (pii,  au 
milieu  de  cette  famine  de  la  parole  de  Dieu,  égale  à  celle  de  Sa- 
mai'ie,  nous  ont  vendu,  à  la  place  de  la  sagesse  qui  est  notre  tête, 
et  au  prix  d'immenses  sommes  d'or  et  d'argent,  cette  slupide  tête 
(Tàne',  qui  s'appelle  le  Pape  et  l'Antéchrist.  Excuse-moi,  cher 
lecteur,  si  j'ai  dépassé  les  bornes  i-aisonnables  d'une  Épître.  C'est 
ia  pensée  du  sang  innocent  criminellement  répandu,  c'est  mon 
zèle  pour  la  très-sainte  maison  de  Dieu,  qui  a  inspiré  mes  plaintes. 
Puisse  le  Roi  des  rois  se  lever  promptement  pour  faire  justice  ! 
Amen. 

Adieu,  et  prie  avec  nous  pour  la  paix  de  l'Église  renaissante  '*. 
De  Wittemberg,  1523. 


76 


LUTHER  au  Duc  de  Savoie  (Charles  III). 
De  Wittemberg,  7  septembre  1523. 

(Miristianissimi  doctoris  Martini  Lutheri  ad  Inlusiriss.   principem 

Garolum  Sabaudiae  ducem  Epistola  *.  (Tiguri,  Ghristophorus 

Froschoverus,  1524)  in-4". 

Sommaire.  Le  bruit  public,  confirmé  par  le  rapport  du  chevalier  Anémond  de  Coct, 
m'a  appris  que  vous  aimez  la  vraie  piété.  Je  vous  en  félicite  et  je  m'en  réjouis, 

'  Allusion  au  second  livre  des  Rois,  chap.  vi,  v.  25. 

*  On  lit  les  paroles  suivantes  dans  une  courte  préface  de  Lutiier  qui  pré- 
cède celle  de  Coct  :  «  ....  Quando  Evangelion  contra  totum  istarum  larvarum 
cahos,  inipetum  facere  cœpit,  mcrito  in  hos  primnm  et  maximum  faccre  de- 
bebat.  Id  oneris  subiit  FrancLsciis  Lambcrtits,  ut  qui  probe  eos  intus  et  in 
cute  noscens,  mysteria  pulchrc  possit  prodere,  quœ  magna  sui  pernicie, 
didicit  apud  eos;  et  nunc,  miserante  Christo,  ceu  extremum  auriculaj  ex  ore 
lupi,  ereptus  est  ab  istorum  perditione.  Legc  igitur  felix  ac  vide,  Cliristum, 
non  soh'im  in  Luthew.  sed  et  in  multis  aliis  suis  rassis,  irasci  et  ulcisci  scse,  de 
purpurata  illa  et  ebria  meretrice,  fornicationum  matre,  simulqu(î  nobiscum 
ora,  ut  quod  cœpit  iu  uobis  pcrficiat.  Amen.  Wittcnibergaî.  M.D.XXIII.  » 

*  Cette  lettre  fut  portée  à  la  cour  de  Savoie  par  le  chevalier  Coct  et  pu- 


loi  MIIIKK    AL    1)1  C    UE    SWOIK.  1523 

comme  d'une  nouvelle  conquête  de  l'/Uvanyile.  En  vous  faisant  connaître  les  prin- 
cipaux pohits  de  notre  foi,  je  voudrais  vous  engager  à  pennettre  qu'elle  fiit  prêcbée 
dans  votre  pays.  Excitez  le  feu  divin  qui  brûle  en  vous,  afin  qu'il  embrase  la  mnisoi) 
de  Savoie  et  toute  'a  Frmice,  pour  en  faire  im  royaume  vraiment  tris-chrétien. 

<llarissimo  el  iiiUisIrissiiiio  Principi  ac  Doiiiino  U.  Carolo  duci 
Sal)audia.',suo  in  Clii-islo  palroiiu  clemenlissiino  Martinus  Liilherus. 

Gralia  et  paxin  Christo  lesu  Domino  nostro!  Anien. 

In  primis  veniam  abs  tua  clenientia  peto.  inlustriss.  Frinceps. 
(juôd  ego,  fe\  lioniiniini.  neciue  jussus  netfue  vocatus,  ad  tuan» 
celsitudinem  aiideo  scribere  prior.  Facit  id  cloria  Evangelii  Chrisli. 
in  (|iia  et  ego  glorior  etgaudeo  uhiubi  illiin  videro  et  aiidiero  da- 
rere  aut  surgere.  Dabit  igilur  tua  Celsitudo  id  e\angelii  caussa'. 
ipiôd  pi-tOgaudio  Tiiani  Dominalionem  inlustrissiiiiani  saliito  priof. 
Pervenit  enim  ad  nos  faina-.  ean^pie  conlinnavil  Annemiinihis 
Coctiis.  eques  auiatus.  (ktllus,  incredibiliter  fervens  in  gloriani 
Evangelii.  esse  scilicet  Ducein  Subitniliœ  syncera'  pietatis  veh^- 
inenter  stiidiosum,  rarissimo  certe  intor  principes  dono  Dei. 

Proinde  dignuni  esse  judicavi,  ut  dignissinius  princeps  à  nie  iu- 
dignissiniu  gratulandi  oflicio  salteni  benedicei'çtur  el  aniuiareiur. 
rpiôd  exemplo  T.  D.  [julcberrinio  pluiinios  lucfifacere  poteril 
Cbristus.  Ita(pie.  (luô  certiiis  T.  I).  internoscat  quantum  nobiscum 
sapiat.et  quàm  diversmn  saci'ilegi  So[ihist;i'  baclenus  subPapa  do- 
fuerint,  non  pigebit  me  bic  aliquol  cajnta  per  onbneni  recensere. 
simul  vebit  rationem  reddens  nostra-  doctrina'.  (pio  balieat  T.  I>. 
i|ii(i(l  (([iponat  iis  qui  nialigii;i  de  iiubis  bi(pninliii'.  t>t  T.  I).  synceri- 
latem  astu  Satana*  lenlari  noU'mI. 

bliée  par  ses  soias,  aii  commeucement  de  l'année  suivante,  d'après  le  textr 
original.  Vn  ouvrage  intitidc  «  Martini  Lutheri  Epistolarum  P'arrago,  >  Ha- 
ganoa),  M.D.XXV,  in-8°,  reproduit,  sauf  deux  ou  trois  variantes,  le  texte 
donné  par  Coct,  et  l'éditeur,  Viuient  Obsopœus,  dit  dans  la  préface  :  *  Epis- 
tolam  ad  illustriss.  Sabaudifp  principcni  Martinus  ipse  latinam  fccit.  » 

*  Luther  avait  probablement  reçu  ces  informations  par  les  amis  du  se- 
crétaire allemand  de  Charles  111,  nommé  Joachim  Zast^ou  Zasy,  natif  de 
Kriboiirg  en  IJrisgau,  docteur  en  théologie.  Le  duc  témoignait  beaucoup  de 
faveur  à  «  niaitre  Joachim.  "  11  lui  confiait  volontiers  des  missions  auprès 
des  cantons  suisses  et  des  princes  de  l'Kmpirc,  et  il  aimait  à  le  questionner 
sur  la  doctrine  des  églises  allemandes.  Ce  dernier  fait,  embelli  par  la  re- 
nommée, put  facilement  donner  le  change  sur  les  sentiments  du  duc  de 
Savoie.  (Voyez  plus  loin  la  lettre  du  o  février  1530.) 


ir>2:i  <;.  BKKjO.N.NET  AUX  h'IDELKS  1)1.  SON  IHOCÈSK.  IS^i 

(Suit  lin  exposé  de  la  doctrine  luthérienne.) 

Hct'f  siinl  leriiio  rerum  capila  «iiue  vellem.  clarissime  Priiiceps. 
iil  (sicut  cœpisti)  slrenuo  .studio  juvai-es  publica  fieri.  Vi  gladii  nihil 
(/erf  iicqiie  tentai  i  rolo,  neque  id  prospenim  erit;  sed  tanlùm.  ul 
suit  Tu»  Gelsiludinis  Domiiiio  tuti  sint  atque  vocentur  quisyncere 
l'yangelizent.  Isle  enim  erit  modus.  Iiaec  via  qua  destruel  Cliristus 
.\nlicliiisluiu  illuiii  spiritu  oris  sui..  ut,  juxta  Danielem,  sine  manu 
conteratur-.  Cujus  adventus  fuit  per  efficaciam  Satan*  in  sigms 
mendacibus:  non  enim  Satanas  Satanani  eiiciel,  sed  digito  Dei 
ejiciunlui'  Déemonia. 

Macte  ei'go,  Printeps  inlustrissime  et  Héros  generosissirae.  Sus- 
cita eani  ipite  in  te  cœpit  ardere  scinlilla[m],  et  lac  ut  ignis  egi-e- 
diatur  de  domo  Sabaudiœ  ceu  de  domo  losepli,  et  sit  ei  tota  GaUiu 
ipiasi  stipula,  et  ai-deat  sanctum  illud  incendium  Christi.  innno 
llagrel.  ut  vere  tandem  Frauda  possil  dici  ab  Evangelio  reyninii 
Clin'.stùuiissinuini,  quod  hactenus  ab  impio  in  Antichristum.  propter 
etVusuiii  sanguinem.  oflicio.  impie  dictum  est  christianissimum  ! 
Amen. 

Dominiis  autem  lesus  Cliristus  sibilet  spiritu  suo  in  cor  tuum  el 
iMorum.  ut  t'aciatis  omnes  quœ  ad  gloriam  sancti  sui  Verbi  faciant  I 
Auieii.  Wittembergte.  anno  M. D. XXIII.  Seplima  Septembris. 


77 


GUILLAUME  BRIÇONNET  aux  Fidèles  de  son  Diocèse'. 
De  Meaux,  15  octobre  1523. 

Toussaints  Du  Ple.ssis.  Hisi.  de  l'Église  de  Meaux.  II.  o58. 

(traduit  du  latin.) 
isOMMAiRE.  Décret  synodal  contre  les  doctrines  et  les  livres  de  Luther 

GunxAi.MK.  jiai-  la  grâce  de  Dieu  Évéque  de  Meaux.  à  lous 
lidèles  Chrétiens  de  notre  Diocèse,  salul. 

'  Cette  pièce  et  la  suivaute  sont  généralement  citées  d'après  la  traduction 
faite  par  J.  Lennitc,  secrétaire  de  l'évêché  de  Meaux,  et  publiée  par  Guy 
Bretonneau  dans  son  Hiat.  des  BriçonneUt.  Mais  cette  traduction  renferme 


loi  G.  BHIÇO.VNKT  AUX  FIDÈLES  DK  SON  DIOCÈSE.  1523 

L;i  Bonté  dicrne  de  toutes  bénédictions  a  tellement  préservé  son 
Église,  que  celle-ci,  fondée  sur  le  roc  solide  et  stable  qui  subsis- 
tera jusqu'à  la  (in  des  siècles,  est  demeurée  immobile  sous  la 
grêle  de  traits  qui.  de  tout  temps,  ont  été  décocliés  contre  elle. 
Quoique  les  hommes  qui  se  sont  elTorcés.  mais  en  vain,  de  souiller 
en  quelque  manière  sa  pureté  aient  été  innombialjles.  iml  toute- 
fois ne  s'est  montré  aussi  téméraire  et  n*a  plus  fortement  porté  la 
hache  contre  sa  racine,  que  Martin  Luther,  qui  en  renverse  tout 
roi(he  hiérarchique,  bouleverse  et  détruit  l'état  qui  contient  tous 
les  autres  dans  le  devoir*,  s'etforce  d'elTacer  le  souvenir  de  la 
passion  du  très-excellent  Jésus,  et  qui,  tenant  pour  rien  le  mariage 
spirituel  '  (et  surpassant  ainsi  la  pen^ersité  de  Nicolas  *,  autant 
(}ue  l'esprit  surpasse  le  corps),  y  admet  sans  choix  le  premier 
venu,  pour  flatter  le  populaire.  Semblable  à  Chrysippe,.  qui  se 
croyait  seul  sage,  il  tord  à  sa  fantaisie  par  une  interprétation  nou- 
velle les  saintes  Écritures,  et  méprise  tous  ceux  des  anciens  qu'il 
trouve  contraires  à  ses  témérités;  le  bienheureux  Denis ^  entre 
autres,  ce  disciple  de  Paul,  dont  les  écrits  sont  après  les  Évangiles 
et  les  livres  apostoliques  ce  qu'il  y  a  de  plus  sublime  et  de  plus 
sacré,  il  le  traite  de  novateur  î 

Il  importe  de  faire  partout  disparaître  ce  venin  pestilentiel  avec 
d'autant  plus  de  promptitude,  (jue  i-elàcliant  la  discipline  ecclésias- 
tique, il  répand  une  licence  qui  dispose  à  tous  les  crimes,  ncui- 
seulement  les  malades  et  les  faibles,  mais  les  forts  eui-incines  et  les 
hien  ijortauts,  de  telle  sorte  (|u'il  ne  reste  prescjue  nulle  ditlèrence 
entre  la  secte  de  Mahomet  et  ta  religion  de  Jésus-(:hri>t.  Luther 
rend  même  celle-ci  d'autaril  plus  pernicieuse,  que,  supprimant 
Iniilc  sanction,  il  mmH  (pic  cliaciiii  soi!  le  pj-cqire  juge  de  l'u-sage 

de  si  graves  inexactitudes,  que  nuus  avons  du  cliorclu-r  à  reproduire  aussi 
Hdèleincnt  que  possible  le  texte  original,  afin  de  rendre  à  ces  deux  pièces 
leur  véritatile  caractère  et  de  permettre  ainsi  la  rectification  des  erreurs 
dont  ta  traduction  de  J.  Lermite  a  pu  être  la  source. 

*  li'êvéque  de  Moaux  souhaitait  jadis  qiu-  l'exemple  de  la  famille  royale 
l)iit  allumer  «  Testât  par  la  froideur  duquel  tous  les  aultres  sont  geliez.  » 
(N"  48,  à  la  fin.)  .\illeurs  il  appellera  le  clergé  «Testât  qui  tous  ruyne.  » 

'  ("cst-à-dire  le  sacerdoce  cln-rtifu.  Urironnet  désipne  ailleurs  un  évéque 
par  le  titre  dV;>oM.r  ininistcrial.  Voyez  sa  lettre  du  25  février  1524. 

*  Nicolofi,  l'un  des  i)remiers  diacres,  était  censé  fauteur  île  la  secte  des 
Nicolaiks  mentionnée  dans  l'Apocalypse,  et  on  lui  attribuait  des  opinions 
très-relàchées  sur  Tunion  conjugjile. 

Itniis^  ilit  VAréopagite,   qui  avait  été  converti  à  Athènes  par  St.  Paul 


1523  (..  BRICO.NNET  AUX  FIDÈLES  OK  SO.N  DIOCESE.  15f) 

(|iril  l'ail  (le  sa  volonté  et  de  sa  liberti'.  Lui-iiiénie  se  pose  en  dé- 
fenseur de  la  liberté  de  l'Église.  (|uoi(iue  ce  soit  d'un  point  de  vue 
lout  cliai'nel  et  non  selon  la  vérité  tpfil  dissei'le  sur  la  liberté,  qui 
n'est  après  tout  iprune  servitude  supéi'ieure  à  toutes  les  libertés. 
Ce  qui  montre  particulièrement  de  (juei  esprit  il  est  animé,  c'est 
l'exubérance  d'injures  qu'il  déverse  contre  cbacun,  tandis  que 
IJieu  aime  l'esprit  de  piété,  de  modestie  et  de  douceur,  et  non 
pas  celui  de  contention.  Or,  comme  le  monde  presque  entier  est 
rempli  de  ses  livres,  et  que  le  peuple,  amoureux  qu'il  est  des  nou- 
veautés et  de  la  licence,  et  séduit  par  la  vivacité  de  son  style **. 
pourrait  .se  laisser  prendre  à  cette  liberté  imaginaire  et  fallacieuse 
qu'il  prêche,  et  échanger  ainsi  la  lumière,  la  vérité  et  la  vie,  contre 
les  ténèbres,  le  mensonge  et  la  mort,  si,  non-seulement  les-  sen- 
linelles.  mais  chaque  membre  du  troupeau  ne  travaillaient  à 
éteindre  cet  incendie  qui  menace  l'Église  tout  entière,  —  à  ces 
causes,  craignant  qu'une  plante  si  vénéneuse  ne  pousse  ses  racines 
dans  le  champ  qui  nous  est  confié,  nous  avons  regardé  comme  notre 
devoir  de  l'extirper  radicalement,  avant  qu'elle  ne  se  fût  propagée 
et  multipUée^ 

Nous  interdisons  en  conséquence  par  ce  décret  synodal  à  tous 
et  chacun  des  lidèles  de  notre  Diocèse,  de  quelque  état,  rang,  ou 
condition  qu'ils  soient,  et  ce  sous  menace  de  l'excommunication 
et  des  autres  peines,  d'acheter,  lire,  posséder,  colporter,  ou  d'ap- 
prouver, iuslilier  et  communique!-  dans  les  réunions  publiques  et 
les  conversations  privées,  les  livres  du  dit  Martin  ou  ceux  dont  il 
passe  pour  être  l'auteur  :  leur  enjoignant  au  contraire  d'avoir,  im- 
médiatement après  la  publication  du  présent  décret,  à  se  défaire 
de  ceux  de  ces  livres  qui  pourront  .se  trouver  dans  leurs  mains, 
dans  leurs  maisons  ou  partout  ailleurs,  et  à  les  détruire  par  le  feu. 
Ce  décret  synodal  que  nous  publions  par  les  présentes  aura  force 
et  autorité  de  décret  synodal  perpétuel  et  sera  enregistré  parmi 
les  autres.  Donné  à  Meaux.  dans  notre  synode  général,  le  lo  oc- 
tobre 1523». 


( Act.  XVII)  et  que  l'on  croyait  alors  l'auteur  d'écrits  apocryplies  tout  remplis 
lin  mysticisme  alexandrin. 

"  Ce  passage  permet  de  croii-e  qu'il  existait  alors  (152cJ)  des  traductions 
eu  langue  française  de  plusieurs  écrits  de  Lutlier;  mais  l'histoire  littéraire 
de  cette  époque  n'eu  conserve  aucune  trace. 

'  Voyez  le  N"  suivant,  note  2. 

**  Voyez  le  N»  suivant,  note  4. 


loH  (i.  lîlUCO.NNEl    AI    Cl.KlWJK  l)K  SON  DIOCKSK.  1523 


78 

GUILLAUME  BRIÇONNET  au  Clergé  (le  son  Diocèse. 
De  Meaux,  15  octobre  1523. 

Toussainls  Du  Plessis.  op.  cil.  II.  ooiJ. 

("traddit  du  latin.) 

Sommaire.  Décret  syhodal  contre  ceux  qui,  abusatd  de  l'ÉrauqiU.  nient  le  Purgatoire 

et  l'invocation  des  Saints. 

GuiLL.vLMK  à  lous  61  cliaciins  le.s  cures,  vicaires,  .sous-vicaires, 
et  autres  prêtres  de  notre  ilépendance.  salut  dans  le  Seigneur! 

La  vérité  a  prédit  que,  dans  les  dernieis  jours,  il  ne  manquerait 
jias  flo  chiens  et  de  mauvais  ouvriers  plus  attachés  à  leur  ventre,  à 
leur  gloire  et  à  leur  gain  (|u'à  la  jtiété.  et  qui.  pai-  des  accu.sations 
uiensongères  déchh'eraient  les  gens  de  hien.  en  faisant  tournei'au 
|irolit  de  leui's  projires  convoitises  l'honneur  et  la  gloire  de  Dieu. 
Le  Dieu  très-hoii.  du(juel  nous  tenons  le  vcuiloir.  le  pouvoir  et  le 
faire,  sait  combien  nouf;  urons  en  à  ni'ur  de  nourrir  de  la  rèrilé 
énnifjélitiue  le  troufiedn  (luivons  est  roiifîè  et  de  faire  en  sorte  (ju'au- 
ciine  semence  étrangèi-e  ne  fût  uiélée  an  piii' Irouient.  (In  sait  à 
'diuliien  de  vexations,  d'attaques  et  d'injures  nous  avons  pour  cela 
même  été  en  hiitlr  depuis  un  grand  uoudjrc  d'ainiées  '  :  mais,  m^ 
nous  proposant  (Uauln'  Iml  (|iie  riKUineiM'  de  Dieu,  nous  n'avons 
ius(jues  à  présent  Ifiiii  am  un  ((unpte  ilc  la  perle  de  iH)tre  honneur 
cl  de  notre  réfiulalion.  si  toutefois  cette  perte  existe  pour  celui  ■  à 
(|ui  le  mondr  doit  èiic  <  iiu'itié.  . 

'  Jean  Lurmite,  secrétaire  de  Hriçomict,  loue  «  son  iuvincible  patience  à 
siipixtrter  ....  les  insolences  et  rct)eliions>  des  curés  de  son  diocèse  qu'il 
voulait  contraindre  à  remplir  leurs  devoirs.  Mais  la  plupart  des  tracasseries 
«lu'il  eut  à  subir  lui  vinrent  des  Cordeliers,  auxquels  il  avait  du  interdire  la 
prédiratiitii  dans  un  <;rand  nonilire  dr  paroisses.  Périourap])orte  qu'en  L')21, 
a  la  tin  di;  jiiilltf,  «  Denis  Bri^oniut  Icit  un  voyage  à  l'aris,  à  roccasiou  de 
son  ft-«'re  Guillainnc  ...  que  quelques  uns  avoient  pour  lors  injustement  et 
calonmieusement  traversé.  »  (Hrctouueau,  op.  cit.  p.  165,  169  et  236.  Voyez 
aussi  le  N"  20,  note  3,  et  le  N»  36,  note  4.) 


1523  i;.  BRIÇO.NNET  AU  CLERGÉ  DE  SON  DIOCESE.  157 

Cependant,  tandis  que  le  Seigneur  ne  délaissait  point  son  œuvre 
(M  que  la  jKiroU'  i' n m ij cl i que  faisait  des  progrès,  quelques  personnes. 
(tliusaiit  de  CEcangile  et  le  tournant  à  leur  pi'opre  sens,  afin  (|ue 
//•  \)euiih'  (/ai  t/  avait  pris  goàt  fût  gagné  par  rapi>àt  de  la  nouveauté, 
et  se  [iiDuonçàt  en  leur  laveur,  ont  osé  prétendre  et  précliei'.  au 
uiépiis  de  la  vérité  évangélique.  que  le  Purgatoire  n'existe  pas.  el 
i|ue.  par  conséquent,  il  ne  faut  pas  prier  pour  les  morts,  ni  invo- 
ipier  la  très-sainte  vierge  Marie  et  les  Saints  *.  Comme  ces  per- 
sonnes avaient  été  appelées  à  partager  nos  soins  pastoraux^,  et 
iprelles  ont  pu,  par  leur  venin  pestilentiel,  infecter  les  oreilles 
pieuses  des  brebis  qui  nous  sont  confiées,  nous  vous  enjoignons  à 
tous  et  chacuns,  de  la  manière  la  plus  expresse,  de  revenir  maintes 
et  maintes  fois,  dans  vos  prônes,  sur  ce  sujet,  et  d'engager  votre 

*  Daus  le  nombre  de  ceux  auxquels  pouvait  s'appliquer  cette  censure,  se 
U'ouvait  Le  Fèvre,  qui,  s'il  n'avait  pas  attaqué  ouvertement  l'invocation  des 
Saints,  eu  avait  néanmoins  parlé  comme  d'une  pratique  inutile  et  même  nui- 
sible à  la  vraie  piété.  (V.  le  N°  25,  n.  8,  la  p.  93,  au  haut,  et  la  lettre  du 
2  avril  1524,  note  5.)  Et  cependant  Brir.onnet  l'avait  élu  six  mois  auparavant 
(1"  mai  1523)  pour  son  vicaire  général  au  sinritiiel!  Mais  voici  un  autre 
sujet  de  surprise  :  Le  même  prélat  qui  prononce  l'anathème  contre  la  doc- 
trine de  Luther  (N°  77)  éprouvait  une  grande  estime  pour  la  personne  et 
les  écrits  à'' Œcolampade,  et  nous  le  verrons  bientôt  prendre  une  résolution 
importante,  sur  le  conseil  de  ce  réformateur.  (V.  ci-dessous  les  lettres  du 
G  juillet  1524.) 

Ces  contradictions  de  Briçonnet  ont  donné  lieu  à  des  jugements  très- 
opposés.  Plusieurs  historiens  catholiques,  tout  en  déplorant  la  simplicité  et 
l'excessive  confiance  dont  il  fit  d'abord  preuve,  admettent  cependant  qu'il 
fut  sincère  dans  son  opposition  tardive  aux  nouvelles  doctrines.  La  plus 
ancienne  chronique  protestante,  suivie  par  Théodore  de  Bèze  (Hist.  ecclés. 
1,  5)  et  par  tous  les  historiens  réformés,  soutient,  au  contraire,  que  Briçon- 
net céda  à  l'intimidation.  Il  serait  devenu  persécuteur,  pour  éviter  la  persé- 
cution qui  le  menaçait.  '^ Voyez  la  note  4.) 

^  Le  12  avril  de  la  même  année  1523,  Briçonnet  avait  déjà  interdit 
la  chtiire  à  quelques-uns  de  ceux  «  qu'il  avait  chargés  de  répandre  à  sa 
place  la  parole  de  Dieu  dans  son  troupeau.  »  Voyez  Toussaints  Du  Plessis, 
op.  cit.  II,  557.  «  Quum  ab  ultima  Synodo  nostra  commiserimus  per  litteras 
nostras  quamplures,  qui  nostro  gregi  verbum  Dei  vice  nostra  disseuiiuarent, 
intellcxcrimusque,  nonnullos,  qua-  Dei  sunt  non  sincère  ac  pure,  licct  spe- 
ciem  piutatis  prai  se  ferontes,....  temperare,  scd  adulterare  ....  tenore  prœ- 
sentium  districte  pnecipimus  mandamusque  ....  nos  omnes  et  singulos  antea 
per  nos  commissos  ex  mine  revocasse,  ....  inhibentes  prœfatis  Curatis  et 
Vicariis,  ne  eorum  quempiam  quovis  exquisito  colore  ad  Prajdicationis 
munia  recipiant  ....  nisi  expressum  super  hoc  a  nobis  aliiul  mandatnm  lia- 
buerint.  > 


1S8  G.  BRIÇONNET  AU  CLERGÉ  DE  SON  DIOCÈSE.  I  S23 

Iroiipeau  à  faire  |»onr  les  morts  des  oraisons  pieuses,  à  croire  a 
l'existence  du  Purgatoire,  et  à  invoquer  la  très-sainte  vierge  Marie 
et  les  Saints,  eu  répétant  souvent  à  cet  ell'et  les  litanies.  S'il  ari'i- 
vait  que  quelques-uns  se  permissent  de  prêcher,  affirmer  et  incul- 
quer le  contraire,  et  embrassaient  les  sus-dites  hérésies  ou  d'autres 
erreurs,  vous  aurez  à  les  citer  immédiatement  dexant  nous  et  vous 
leur  interdirez  de  continuer  à  évangéliser  votre  ti'oupeau. 
Donné  en  notre  synode  de  Meaux.  le  lo  d'octobre  ^o23^ 

*  On  n'a  pas  mis  en  doute  jusqu'à  présent  l'authenticité  des  décrets  sy- 
nodaux signés  par  Briçonnet  le  15  octobre  1523,  ni  de  oclui  qu'il  publia  le 
13  décembre  suivant  (V.plus  loin).  Mais  leur  date  semble  infirmée  par  un  pas- 
sage de  la  chronique  protestante  mentionnée  dans  la  note  2,  et  qui  a  pour 
auteur  Antoine  Froment.  Voici  comment  elle  s'exprime  : 

«  Estant  aux  estudes  à  Paris,  Fard  avec  Jaques  Faher  Slapuleujiin,  Gé- 
rard Rufiis  et  Micliel  Arande,  natif  auprès  de  Tournay  en  Picardie,  furent 
contraincts  de  s'enfuir  et  retirer  à  Meaux  en  Brie,  estants  persécutez  pour 
la  doctrine  de  l'Évangile.  Cecy  advint  l'an  1524.  L'Évesque  de  Meaux. 
nommé  jBmsowici,  les  récent  et  logea  en  sa  maison,  car  ilavoitcognoissance 
des  abus  de  la  Papauté  et  quelque  goust  de  la  vérité  de  l'Évangile,  laquelle 
lors  luy-mesme  preschoit  et  faisoit  preschcr  par  son  Évesché,  tellement  (ju'il 
avoit  le  bruict  d'estre  l'un  des  plus  griinds  Luthériens  du  Royaume  de 
France.  Cecy  ftist  la  cause  par  laquelle  Farel  et  ses  compagnons  se  reti- 
rèrent à  Meaux.  Advint  que  le  Roy  François  ou  ses  gouverneurs,  à  la  sol- 
licitation des  docteurs  de  Sorhomie,  dressèrent  persécution  contre  ceux  de 
Meaux,  dont  plusieurs  furent  constituez  prisonniers,  et  finalement  plusieurs 
en  souffrirent  constamment  la  mort,  t'est  Évesque  Brissonnet,  craignant 
perdre  son  Évesché  et  sa  vie,  changea  sa  robe  et  devint  persécuteur  de 
ceux  qu'il  avoit  auparavant  enseignez,  et  les  sohcitoit  à  se  desdire  et  à 
suivre  la  doctrine  (j[u'avoyent  suivie  leurs  prédessesseurs.  Autresfois,  en  leur 
preschant  l'Évangile,  il  leur  avoit  dit,  comme  sainot  Paid  escript  aux 
(jallates,  que  sy  luy-mesme  oti  un  Ange  du  ciel  leur  preschoit  autre 
doctrine  que  celle  qu'il  leur  preschoit,  qu'ils  ne  |  le]  receusseut  pas. 
Laquelle  chose  luy  fut  oiijettée  par  ceux  qu'il  tasrhoit  à  faire  révolter,  et 
luy  dirent  qu'ils  croyoyent  ce  que  lors  il  leur  avoit  dit..  .  l^Juelque  temps 
après,  ce  malheureux  Évesque  quita  son  Évesché,  estant  pressé  par  un 
remord  de  conscience;  plus  ne  peut-on  sçavoir  de  sa  vie,  sinon  qu'au- 
ciuis  afiirment  (pi'il  moiu'ut  comme  désespéré.  C'est  un  merveilleux  exemple 
de  l'horrible  jugement  de  Dieu  contre  ceux  qui  persécutent  la  vérité,  après 
l'avoir  cogneue  ...»  (Fragment  à  la  suite  de  la  Vie  de  Farci.  Manuscrit  de 
la  Bibliothèque  puldicjne  de  Genève,  vol.  ii"  147.)  Froment  est  inexact 
tjuand  il  dit  qiu'  Le  Fèvre  et  ses  disciples  se  réfugièrent  chez  Briçonnet  en 
1524;  mais  de  l'enseniltie  de  sim  récit  il  parait  résulter,  que  «  rajjostasie  » 
de  cet  évèque  aurait  eu  lieu  seideinent  a  la  suite  des  premières  arrc'Stations 
opérées  ù  Meaux  par  l'ordre  du  Parlement,  c'est-à-dire  depuis  le  mois  de 
juillet  1524. 


1;"23    i,r.  fkvrf.  iri':Tvi'i.Ks  \  roiis  ciiiiktfkns  kt  cmuktiknnks.      159 


79 

[LE  FÈVRE  d'étaples]  à  tous  Chrétiens  et  Chrétiennes. 

(G  novembre  1523.) 

En  télé  de  la  deuxième  partie  de  sa  traduction  du  Nouveau  Tes- 
tament. Pai'is,  Simon  de  Colines.  1523,  petit  iîi-8"  '. 

Sommaire.  Ceux  que  Dieu  attire  désirent  naturellement  connaître  la  sainte  Écriture. 
Cliarles  VIII  voulut  la  lire  en  français.  Les  premières  princesses  de  ce  royaume  ont 
aussi  désiré,  pour  elles-mêmes  et  pour  tout  le  peuple,  qu'il  se  fît  une  traduction 
complète  du  Nouveau  Testament.  Portrait  de  l'apôtre  St.  Paul.  Résumé  des  épîtres  de 
St.  .laques,  de  St.  Pierre  et  de  St.  Jude.  Portrait  de  l'apôtre  St.  Jean.  Caractère  de 
l'Apocalypse.  Ce  qui  donne  une  valeur  inestimable  à  la  traduction  en  langue  vulgaire 
du  Nouveau  Testament,  c'est  qu'il  forme  la  règle  et  le  trésor  du  Chrétien.  Aussi 
«  la  volonté  du  Roi  Très-Chrétien  est-elle  que  la  Parole  de  Dieu  soit  purement 
prêchée  par  tout  son  royaume,  à  la  gloire  du  Père  de  miséricorde.  »  Résultats  bien- 
lieureux  qu'aurait  cette  volonté  du  Roi,  si  tout  le  clei'gé,  à  l'exemple  de  St.  Jean 
Clirysostorae,  exhortait  le  peuple  à  lire  et  à  méditer  l'Évangile. 

Épistre  exhortatoire. 

A  tous  Chrestiens  et  Ghresliennes,  salul  en  .lésuchrisl.  vraxe 
congnoissance  et  amour  de  sa  parolle  ! 

Saincl  Paul  parlant  de  la  saincte  Escripture,  aux  Romains 
(cil.  XV).  dict  que  «  toutes  les  cho.ses  qui  sont  escriptes  sont  es- 
criptes  à  nostre  doctrine,  afdn  que  par  patience  et  consolation  des 
Escriplures,  nous  ayons  espérance,  ■■  c'est-à-dire,  que  instruictz 
par  les  sainctes  Escriplures,  toute  nostre  fiance  soit  en  Dieu.  Ce 
n'est  point  doucques  de  merveilles,  se  [1.  si]  ceulx  qui  sont  lou- 

'  La  première  moitié  de  la  Seconde  Partie  du  N.  T.,  renfermant  les 
Épîtres  de  St.  Paul  et  les  Épîtres  (.latholiques.  parut  chez  Simon  de  Colines 
le  17  octobre  1523;  les  Actes  des  Apôtres  furent  publiés  le  31  octobre,  et 
l'Apocalypse  de  St.  Jean,  le  5  novembre  suivant.  (Barbier.  Dict.  des  ano- 
nymes, n"'  2304  et  12.536.)  Cette  seconde  Partie,  qui  complétait  l'ouvrage, 
est  datée  du  G  novembre  1523.  (^Voyez  la  note  12.)  Tous  les  bibliographes 
en  constatent  l'excessive  rareté.  Nous  la  réimprimons  d'après  l'édition  qu'a 
donnée,  en  octobre  1525,  Simon  Du  Boys,  et  les  fragments  de  celle  de 
1523  publiés  par  Sainjore  [Richard  Simon]  dans  sa  Bililiothèque  critique. 
Amsterdam,  1708-10,  4  vol.  in-12.  Tome  IV,  p.  114  et  117. 


|()0        I.F.  FEVRK  nWrAPI.F.S   \  TOIN  r.llRKTIKNS  KT  CURF.TIF.NNFS.      1523 

cliéz  et  lirez  de  Dieu  désirent  la  \raye  et  vivilianle  doctrine.  (|ui 
n'est  que  la  saincte  Escripture. 

Auquel  désir,  passez  trente-six  ans  ou  environ,  lut  incité  le  très- 
nohle  roy  Cliarles  hwitiesine  de  ce  nom*.  A  la  reiiueste  duquel  la 
>aincto  Bible  lut  entièremeni  mise  en  lanjrue  vuliraire.  aflln  (jue 
aulcunesfois  il  en  peuK  avoir  quelque  pasiure  spirituelle,  et  pareil- 
lement ceulx  (jui  estoienl  soubz  son  royaulme.  coopérant  à  son 
.sainct  et  fructueux  désir  wwii  sçavanl  docteur  en  lliéolofiie,  son 
confesseur,  tpii  avoil  nom  .Iclmn  île  /?/V//.  conslitué  en  diimité  épis- 
copale'.  grant  annoncialeui'  de  la  pandle  de  Dieu.  VA  lors  fui  im- 
primée la  dicte  Bible  en  françoys.  El  depuis  de  recliief  par  plu- 
sieurs fois,  comme  encores  de  présent  est.  et  se  peull  trouver  de 
jour  en  jour  aux  boutiques  des  librayres.  El  présentement  il  a  jtleu 
à  la  bonté  divine,  inciter  les  nofiles  nieui.s  et  clneatiem  ilesirs  îles 
idm  liindtes  et  jmismntes  dames  et  princesses  du  ronnuhiie  *.  de  re- 
cliief faire  imprimer  le  Nouveau  Testament  pour  leur  édilicalion' 
et  consolation,  et  de  ceulx  du  royaume.  Et  leur  a  pieu,  qu'il  ait 
esté  reveu  et  conféi-é  à  la  langue  "  latine,  ainsi  comme  le  lisent  le.«« 
Latins,  pour  les  faulles,  additions  et  diminutions  qui  .«^e  trouNoient 
en  ceulx  (jui  estoyent  inqiriméz  '.  Ce  que  par  la  grâce  de  Dieu  a 
esté  fidèlement  fa  ici. 

'  Ce  serau  donc  environ  l'an  1488  que  le  roi  Chai-les  Vlll,  âgé  de  17  ou 
18  ans,  aurait  conçu  le  désir  de  faire  traduire  toute  la  Bible  en  français. 
Cette  traduction  n'est  pas  la  plus  ancienne.  A  la  fin  du  treizième  siècle,  il 
y  avait  eu  celle  de  Guynri  des  Moulina  :  au  quatorzième,  sous  Chailcs  V, 
colle  de  Raoul  de  Preslcs.  Plus  complète  que  ces  doux  dernières  versions, 
la  traduction  de  Jean  de  Eély  était  encore  fort  imparfaite.  D'après  lîichard 
Simon  (Hist.  crit.  des  versions  du  N.  T.).  ce  n'était  qu'un  extrait  biblique 
paraphrasé.  Le  Fèvre  entreprit,  le  premier,  de  reproduire  exactement  le 
texte  de  la  Vulgate,  sans  rien  ajouter  ni  retrancher.  (Voyez  Graf,  Essai, 
p.  109.) 

*  Jean  de  Rcïy,  élu  évéquc  d'Angers  en  1491,  retoucha  le  style  de  la  tra- 
duction des  «  livres  historiaulx  de  la  Bible  >  de  Guyart  des  Moulins,  et  la  fit 
imprimer  à  Paris  vers  l'an  149.''>.  Le  Fèvre  d'Étaplep  lui  avait  dédié  son 
édition  de  l'Éthique  d'Aristote. 

'  La  reine-mère,  Louise  de  Savoie,  et  sa  fille.  Marguerite  d'AngouIéme. 
Le  Fèvre  dit  plus  bas  qu'on  leur  devait  déjà  la  publication  des  Évangile.^ 

•  Dans  l'édition  de  152H,  on  lit  ajjrès  le  mot  édification:  «  afin  qu'il  ne 
soit  seulement  de  nom  dict  Royaume  très-Chrestien,  mais  aussi  de  faict.  ^ 

"  Ibid.  kttrc. 

'■  Ibid.  réimprimez.  La  traduction  de  Jean  de  Réiy  tut  réimprimée  plu- 
sieurs lois  il  Lyon  et  à  Paris  pendant  le  prenuer  tiers  du  seizième  siècle. 


IR^^     t. F.  FÉVHR  d'kTM'I.F.S  A  TOUS  CllluVl'IF.NS  KT  CIIUF.TIKNNKS.         Mîl 

Parqiioy.  très-chiers  frères  et  seurs  en  Jésiiclirist.  loules  les  fois 
(jiie  vous  lires  ce  Nouveau  Testament,  rous  ne  debrrés  oublier  en 
roz  in'ières  les  très-nobles  cuenrs  qui  rous  ont  procuré  ce  bien  et 
exercice  tant  siihitaire  et  divin,  et  que  jà  (irez  eu .  par  leur 
iiioi/en .  ht  première  partie,  c'e^l  ■àf'&-à\oir  les  (|ualre  évangiles  de 
Jésuchrisl,  qui  sont  quatre  lleuves  spirituelz  de  paradis,  par 
lesquelz  se  dérive  toute  sapience  et  doctrine  de  vie,  comme  noslre 
Seigneur  dit  par  sainct  Jehan:  >  Celluy  qui  beuvra  de  l'eaue  que 
je  luy  donneray,  n'aura  point  soif  éternellement  :  mais  Teaue  qne 
luy  donneray,  sera  faicte  en  luy  une  fontaine  d'eaue  saillante 
en  vie  éternelle.  »  (Joan.  IV.)  Geste  eaue  est  l'esperit  et  l'intel- 
ligence par  foy  du  Nouveau  Testament.  Et  qui  est  celluy  qui  n'a 
soif  de  si  noble  et  excellente  eaue?  Et  qui  ne  dit,  en  ung  pro- 
fond désir  de  cueur,  avec  la  Samarytaine  :  «  Sire,  donne-moy  de 
ceste  eaue  ?  »  Laquelle  se  respant  aussi  et  se  distribue  au  résidu 
(lu  Nouveau  Testament,  c'est  assçavoir  aux  épistres  saint  Paul, 
aux  éjiistres  catholiques,  escriptes  par  saintz  Jaques,  Pieri'e. 
Jehan  et  Jude.  aux  Actes,  c'est-à-dire  faictz  des  apostres,  escriptz 
par  sainct  Luc,  et  à  l'Apocalypse  de  sainct  Jehan,  comme  à  quati'e 
roues  de  doctrine  divine  du  triumpbant  chariot  du  roy  des  roys, 
(|ui  est  nostre  Seigneur  Jésuchrist.  lequel  chariot  meine  au  Dieu 
des  dieux  en  Sion,  qui  est  le  père  de  nostre  Seigneur  Jésuchrist 
en  la  gloire  céleste. 

El  soubz  le  nom  de  t Evangile  sont  comprinses  toutes  ces  sainctes 
et  vivifiantes  doctrines,  c'est  assçavoir  tout  le  Nouveau  Testa- 
uient.  Et  ne  sont  point  doctrines  d'hommes,  mais  doctrines  de 
Jésuchrist .  doctrines  du  sainct  Esperit .  qui  est  l'esperit  de  Jésu- 
christ. pai'lanl  es  et  par  les  hommes,  comme  sainct  Paul  nous  tes- 
iMoigne,  disant  aux  Thessaloniciens:  "  Nostre  évangile  n'a  point 
esté  vers  vous  seulement  en  parolle ,  mais  aussi  en  puissance  et 
en  sainct  Esperit.  ■>  (I  Tliess.  I.)  Et  en  ung  autre  lieu  il  dit:  "  De- 
mandez-vous expérience  de  celluy  qui  parle  en  moy ,  (|ui  est 
Christ?  ■>  (Il  Gorin.  XIII.)  Par  lesquelz  dictz  entendons  que  les 
dictes  Escriptures  s'appellent  Évangile,  et  qu'elles  ne  sont  point 
des  liommes,  mais  sont  de  Jésuciirist  parlant  en  et  pai"  eulx. 

Panjuoy,  en  moult  grande  révérence  debvons  avoir  les  parolles 
do  ce  sainct  Nouveau  Testament.  Duquel  on  obtient  l' intelliijence  en 
se  humiliant  devant  Dieu  par  humble  prière,  et  plus  par  souspirs 
et  désirs  d'espeiit.  lesquelz  Dieu  donne  aux  hiunl)k's.  et  ne  scet- 
011  dont  ilz  viennent,  sinon  tjue  ou  scel  bien  ipi'il/  ne  vieinient 
r.  I.  Il 


102       LE  FÈVRE  d'ÉTAPLES  A  TOUS  CHRÉTIENS  ET  CHRÉTIENNES.      1523 

point  d'ung  cueur  glacé  comme  le  nostre.  Plaise  au  doulx  Jésus 
l'escliauiïer  en  luy,  qui  est  vray  feu  venu  en  terre  pour  se  don- 
ner à  tous  I  Ces  souspirs  sont  ouys  de  Dieu  plus  que  toutes  les 
voix,  sons  et  clameurs  du  monde.  Je  croy  iiue  de  telle  prière 
Moyse  prioit  Dieu,  sans  ouvrir  ne  bouche  ne  lebvres,  quant  Dieu 
luy  disoit:  «  Que  crie-tu  à  iiioy?  »  Car  il  n'est  point  là  escript, 
qu'il  dit  auciHie  chose.  En  telz  sous[iirs  habile  Tesperit  de  Jésu- 
christ,  et  luy-mesmes  les  laict.  Et  eniceulx  peult-on  obtenir  plus 
de  grâce,  d'intelligence,  et  de  congnoissance  de  Dieu  et  de  ses 
sainctes  Escriptures,  (jue  en  lisant  les  commentaires  et  escriplures 
des  hommes  sur  icelles;  car  runclion  de  Christ,  comme  iht  sainci 
Jehan  (1.  Jo.  11),  enseigne  de  toutes  choses. 

Doncques,  chiers  h'ères  et  seui's ,  si  aiilcmi  est  louché  de  ce 
sainci  souspir  de  désir  céleste,  et  vient  à  aulcune  intelligence  de 
TEscriplure  saincte  de  la  sapience  divine,  il  n'en  doiteslre  ingrat, 
mais  conlinuellemuiiL  lendre  grâce,  de  cueur  viscéral  et  lar- 
moyant, à  Gelluy  qui  révèle  ses  secretz  aux  cueurs  humbles.  El 
[iiu'ilj  se  garde  sur  toute  chose  de  se  enorgueillir  ou  déjuger 
les  autres  destituez  de  semblable  grâce  et  intelligence.  Car  l'es- 
perit  de  Dieu,  par  sainct  Paul,  h-  nous  défend  en  plusieurs  lieux, 
comme  aux  Corinthiens,  disant:  ■  Quelle  chose  as-tu  que  lu 
n'aye  receu,  c'est-à-dire  que  ne  le  ail  esté  donnée?  Et  se  lu  la 
receu,  pour  (juoy  le  enorgueillis-tu,  comme  se  tu  ne  l'avoys  poiiil 
receu?  »  (1  Corin.  IV.  i  Et  aux  Uomaiiis:  «  Je  dis  à  tous  ceulx  (jui 
sont  entre  vous,  pai-  la  grâce  qui  m'est  donnée,  t|ue  iU  ne  vueil- 
lent  non  plus  scavoir  qu'il  leur  apparlient  de  .sçavoir,  mais 
sravoir  à  .sobriété.  »  [Kom.  .\11.)  Et  (iliis  oultredil:  •  Ne  sentes 
point  de  vous  oi'gueilleusement,  mais  .soyez  consenlans  aux  hum- 
bles.   . 

El  pourlaiil  ,1.  partant  |,  de  tant  que  les  grans  lré.sors  de  Dieu 
vous  sont  coimiiuniquéz,  Ivous]  cpii  estes  simples  et  .sans  lettres 
el  non  [)oinl  tien/,,  de  tant  \ous  debvez-\ous  plus  humilier,  et 
exercer  en  loules  grâces  et  \erlus.  Et  ne  debvez  point  .semer  les 
marguerites  célestes,  se  inlelligence  vous  est  (humée,  se  ce  n'est 
en  rxiiorlaul  fuiig  l'autre  à  axmer  Dieu  (là  gisl  la  \ie  cluislienne. 
qui  est  vie  spirituelle  el  célesle  el  non  |»oinl  charnelle  el  terrienne) 
el  print-ipalriueMl  es  lieux  et  aux  pei'sonnes  où  [vou-s]  povez  seii- 
leuieut  edilier  el  nul  olVeiiser.  Car  en  ce  miuidr  il  \  a  phisieui- 
charnelz.  aymans  seulement  la  l'aniie  et  l'ordure,  et  (ihisieurs 
envieux  toulre  les  spirituel/,  lesquelz  l'Escriplure  >ain(le  ait|iell'' 


1523  l,K  FÉVRE  d'kTAI'I.F.S  \  TOUS  CHUÉïIKNS  KT  CHRÉTIENNES.    lO-'i 

pourceaux  el  clileus.  Et  devant  ceulx-là,  selon  la  doctrine  de  TÉ- 
vangile  (Mat.  Vil),  ne  faull  aucunement  parler,  ne  semer  les  pré- 
cieuses marguerites  de  TEscripture  saincte;  aullrement.  les  ungz 
les  i'oulleroieul  de  leurs  piedz.  qui  sont  leurs  alfecl ions  ordes  et 
\ilaines,  et  les  autres,  à  leur  povoir,  vous  leroyent  détriment  et 
dctiacteroyent  de  vous.  Soyez  doncques  prudens  comme  serpens 
el  simples ,  c'est-à-dire  humbles ,  comme  columbes ,  en  toutes 
choses;  et,  suyvans  la  doctrine  de  Tesperit  de  Dieu,  qui  est  doulx, 
hening.  amateur  de  paix,  ayez  amour  avec  tous,  fors  avec  [le] 
[téché. 

Mais,  pour  retourner  à  sainct  Paul,yvdiy  chevaher  de  Jésuchrist, 
l)ortant  la  bannière  de  foy ,  flamboyant  de  l'amour  de  nostre  Sei- 
gneur Jésuchrist,  devant  tous  les  chrestiens  venuz  des  Gentilz, 
leriuel  est  le  premier  en  ceste  seconde  partie  du  Nouveau  Testa- 
ment, debvez  sçavoir  qu'il  est  vaisseau  et  instrument  de  Dieu, 
remply  et  suflisant,  pour  amollir  les  endurcis  el  faire  les  vais- 
seaux de  ire  vaisseaux  d'honneur  et  de  gloire.  Et  tel  estoit-il 
quant  il  estoit  sur  terre,  et  tel  est-il  maintenant,  quand  il  est  au 
ciel ,  en  tant  qu'il  nous  a  laissé  ses  épistres,  esquelles  JésucJirisi 
a  parlé  par  luy.  Il  estoit  sy  plain  de  charité  et  de  l'esperit  de 
Jésuchrist,  qu'il  estoit  mort  au  monde,  à  soy  et  à  toute  créature, 
et  ne  vivoit  plus  de  son  esperit ,  mais  vivoit  de  l'esperit  de  Dieu, 
ou  Dieu  en  luy,  comme  luy-mesme  le  tesmoigne .  quant  l'amour 
de  Jésuchrist,  qui  estoit  en  luy  superhabondante .  le  faisoit  es- 
crier:  «  Vive-je  moy?  non  point  moy,  mais  Jésuchrist  vit  en  mo y.  « 
(Gala.  II.)  Il  estoit  sy  plain  de  Jésuchrist,  que  tout  ce  qu'il  pen- 
soit  estoit  Jésuchrist,  tout  ce  qu'il  parloit,  Jésuchrist.  Quatre  cens 
quai'ante  neuf  fois,  ou  plus,  il  a  en  ses  épistres  nommé  le  nom  de 
Jésuchrist.  Quelque  part  qu'il  allast,  il  alloit  à  et  pour  Jésuchrist. 
El  ipielque  part  dont  il  vint .  il  venoit  de  et  pour  Jésuchrist. 
Tout  ce  qu'il  faisoit  esloit  par  et  pour  Jésuchrist.  Il  ne  nous  vou- 
loit  point  mener  à  créature,  mais  au  créateur,  au  tilz  de  Dieu,  qui 
nous  a  créé  et  faict  enfans  de  Dieu,  son  père,  en  se  ollrant  sacri- 
lice  à  Dieu,  son  père,  pour  nous,  —  qui  a  voulu  mourir  pour 
tous,  pour  donner  vie  éternelle,  et  nous  laver  de  son  sang,  nous 
ostant  la  lèpre  de  Adam ,  nostre  premier  père,  nous  purilianl  el 
nettoyant  pour  estre  comme  les  anges  de  Dieu,  son  père.  Comme 
en  sentence  il  le  dit  par  sainct  Luc:  «  Geulx  (jui  seront  dignes  (hi 
siècle  à  venir,  ilz  ne  pourront  jamais  nu)ui'ir;  car  ilz  sont  esgaulx  • 
aux  anges,  et  sont  tilz  de  Dieu.  •■  (Luc.  XX.) 


16't       LK  FRVRK  d'rTVPI.FS   V  TOfS  CHRF.TIKNN  1:T  CHRKTIK.NNRS.       1523 

C'est  (loncques  à  Jésuclirist  à  qui  sainct  Paul  moine,  non  point 
à  la  créature.  Car  de  luy-mesmes  il  dit,  (jue  il  n"esl  riens  (di- 
sant aux  Corinthiens  qui  se  glorifioyent  et  conlloyent  en  la  créa- 
ture): «  Mais  qu'est-ce  que  de  ApuUo?  Mais  qu'est-ce  de  Paul?  Hz 
sont  serviteurs  de  celluy  auquel  vous  avez  creu.  »  (I  Corin.  III.) 
Et  dit  plus  oultre:  «  .Pay  planté,  et  ApoUo  a  arrousé:  mais  Dieu 
a  donné  l'accroissement.  Ne  celluy  doncques  i|iii  ;i  planté  est  au- 
cune cliose,  ne  celluy  qui  a  arrousé,  mais  Dieu  qui  donne  l'accrois- 
sement. 0  El  sainct  Ignace,  en  l'épistre  qu'il  escripvoit  aux  Ro- 
mains: «  Je  n'ay  désir  d'aucunes  des  choses  visibles  ou  invisibles, 
afiin  (jue  [je]  puisse  acquérir  Jésuchrist.  -  Et  après  [il]  dit:  «  Je 
désire  nostre  Seigneur,  le  lilz  du  viav  Dieu,  et  le  père  de  Jésu- 
christ.  Icelluy  je  quiers  tolallement,  et  celhn  (|in  |)()iir  nous  est 
mort  et  resuscité.  » 

Allons  doncques  à  Jhuchrist,  en  tonte  fianre  !  Il  soit  nostre  pen- 
sée, nostre  parler ,  nostre  rie  et  nostre  salut,  et  nostre  tout.  Lequel 
Dieu  le  père  nous  a  donné  pour  vivre  en  luv.  et  par  luy  et  par 
.sa  parolle.  Et  se  ainsi  faisons,  nous  serons  semblables  à  Paul, 
ApoUo ,  Ignace,  et  à  tous  les  autres  apostres.  Laijuelle  clio.se 
vous  congnoistrez  plus  à  plain.  quant,  en  ferveur  de  cueur  et 
entendement  d'esperil,  lesquelz  Dieu  donne,  vous  lirez  les  sainc- 
tes  et  cbrestiennes  épislres  de  sainct  Paul.  Pounpioy.  à  présent, 
nous  en  tairons,  et  vous  dirons  ung  mot  de  ung  t'hascun  des  au- 
tres. 

Ai»rès  donC(|ues  les  éjtistres  sainct  P.ini.  vous  avez  l'épistre 
catholi([ue  de  sainct  Jaques,  dicte  calh(di(pie,  c'est-à-dire  univer- 
selle, pource  qu'elle  appartient  universellement  à  la  doctrine  de 
tous  chrestiens.  Et  elle  enseigne  ipif  debvons  estre  fermes  en 
foy,  patiens  en  persécuti(Uis  et  tribulations,  (pu  [turgenl  et  puri- 
lieul  les  clu'estiens  .  et  les  rendent  plus  i»arfaiclz.  comme  le  feu 
for.  Elle  monstre  «pie  nous  n'avons  aucun  bien  de  nous,  mais 
(pin  loiil  bien  et  toute  perfection  vient  dru  liaull ,  de  Dieu,  ipii 
est  le  père  tW>  lumières.  Et  [ellej  baille  cnscignemens  de  fuyr  l(»ii- 
les  l(îs  clutses  de  la  chair,  et  suyvre  seulement  celles  qui  sont  de 
Pesperit  de  Jèsudirist.  La  vie  de  Christ,  la  vie  d'ungchascun  chres- 
lirn  n'est  point  charnelle,  mais  spiriliielb>.  Il  ne  suyl  point  son 
esperil,  sa  v(dunlé,  sa  concupiscence,  mais  res|M'ril  de  Dieu.  El 
sa  voliinté  est  celle  de  Dieu,  cl  son  désir  est  Dieu.  Elle  enseigne, 
que  ung  clueslien  ne  soi!  jioinl  accepteiu'  de  personnes,  qu'il  ne 
soit  |tniiii  I  liit'siii'ii  p;ir  dici  seidement.   mais  soil  chreslien  par 


1523    i,K  vv.ww.  d'kiai'i.ks  a  rois  ciiiu'rnr.Ns  i:i  ciihktikn.nks.      Kk) 

faict  ol  œuvi'e  de  fos  ;  car  la  l'oy  sans  œuvre  est  moile,  el semhlahle 
à  celle  des  nialiiifiz  esperilz  iéi)rouvt'Z  éternelleinenl  de  Dieu. 
Elle  veull  (|ue  nous  ne  ayons  point  plusieurs  niaistres  el  plusieuis 
docli'ines,  mais  seulonienl  la  docli'ine  de  .lésuclirist.  Je  enlendz  ce 
[1.  cela],  pour  profliter  à  la  vie  pour  laiiuelle  Dieu  nous  a  créé,  re- 
créé el  racheté  par  son  filz  Jésuclirisl.  El  autres  telz  plusieurs 
lieauK  enseigneniens.  que  l'esperil  de  .lésuchi-ist  nous  donne  par 
lu>.  Dieu  par  sa  bonté  nous  vueille  illuminer  à  les  spiiiluclle- 
menl  et  salutairement  comprendre  en  les  lisant ,  à  la  gloire  de 
Dieu  le  père  el  de  Jésuchrist  son  lilz  .  qui  est  noslre  éternel 
salut  ! 

Après,  avez  deux  épislres  de  sainct  Pierre.  En  la  première,  il 
\ous  monstre  :  que  toute  noslre  espérance,  c'est-à-dire  toute  nos- 
lre fiance,  doibl  estre  en  Jésuchrist,  qui  est  mort  et  resuscilé  pour 
nous,  el  pour  nous  donner  ung  héritage  incorruptible,  (pii  est 
la  gloii-e  de  Dieu  incompréhensible  el  éternelle:  pourveu  (pie  ne 
cheminions  point  selon  les  désirs  de  la  chair,  mais,  en  toute 
nosti'e  convei'salion  ,  soyons  sainclz  à  la  semblance  el  imitation 
de  celluy  (pii  est  le  saincl  des  sainclz.  Enseignant  qu'il  faut  dé- 
laisser toute  maulvaislié,  el  commenl,  en  chascun  estai,  on  se  doil)t 
spirituellement  gouverne]-  l'ung  avec  l'autre.  En  la  seconde,  il 
nous  admonneste  de  sainctement  proffiler  en  ce  que  la  congnois- 
sance  de  Jésuchrist  et  de  sa  saincle  foy  nous  est  donnée  par  sa 
seule  dirme  bouté.  Il  défend  (en  prophélizanl  de  ce  qui  estoit  à 
venir)  toutes  sectes  el  diversilez  de  doctrines,  hors  celle  de  Jésu- 
christ. El  ijue  nous  ayons  seulement  au  cueur  el  en  souvenance 
ce  que  les  prophètes  et  apostres  nous  ont  enseigné  de  la  doctrine 
de  noslre  Seigneur  Jésuchrist.  Car  en  icelle  seule  est  la  vie  de 
tous,  après  laipielle  tout  esperit  esleu  de  Dieu  suspire.  El  nous 
laid  mention  (pie  suyvons  la  doctrine  que  la  sapience  de  Dieu  a 
donné  à  sainct  Paul,  en  nous  admonestant  que,  es  dictes  épislres, 
il  y  a  choses  difticiles  à  entendre.  —  afiin  que  nous  nous  humi- 
lions en  les  lisant,  et  ne  abusions  point  de  nostre  sens  en  présu- 
mant de  les  vouloir  par  tout  [1.  i)arlout]  entendre,  en  les  dépra- 
vant, les  exposans  selon  nosli-e  sens. 

Il  faull  don(pies  honnorer  la  saincle  Escripture  en  ce  que  on 
entend,  en  rendant  grâces  à  celluy  (jui  donne  l'entendement.  Et 
en  ce  que  on  n'entend  point .  en  le  croyant  selon  le  sens  de  l'es- 
peril de  Dieu ,  et  non  point  selon  le  noslre,  (jui  ne  passe  point 
raison ,  mais  selon  celluy  qui  surmonte  loul  sens  el  raison.  El  en 


166       M.  FKVHK  n'ÉTAI'LKS  A   lOUS  CHRÉTIENS  KT  CHRÉTIENNES.      15?3 

ce  faisant  nous  nous  humilions  et  honnorons  le  sens  de  Dieu 
comme  debvons.  Laquelle  chose  la  grâce  de  JésuchrisI  nous  doiiil 
faire  par  toute  la  saincte  Escripture.  et  par  tout  pensement  et  pa- 
rolle  de  Dieu  ! 

Après,  viennent  (rois  épistres  de  sainct  Jehan.  Et  que  vous  di- 
ray-je  de  sainct  Jehan?  Il  est  coucliéau  lict  d'amour  divine  et  de 
charité,  qui  est  le  sein  de  nostre  Seigneur  Jésuchrist,  sur  lequel 
aussi  s'enclina  en  terre  si  parfond  [1.  profond]  qu'il  ne  pense  que 
à  amour.  Il  ne  parle  que  amour.  Il  ne  souspire  que  amour.  Car 
qui  a  charité .  il  a  tout.  Il  a  foy  en  plaine  lumière .  luysante  plus 
cler  en  l'esperit  esleu  de  Dieu .  enllambé  par  amour ,  que  ne 
fait  le  soleil  à  midy.  au  plus  cler  et  plus  cliault  jour  de  Testé.  Il 
a  fiance  si  parfaicte  en  Dieu,  que  ciel,  ne  terre,  ne  chose  qui  soit 
en  ciel  ne  en  terre ,  ne  luy  est  riens ,  sinon  celluy  seul  qui  est 
sa  fiance,  qui  luy  est  tout.  Il  est  tout  en  luy.  et  tout  en  ciel  et 
en  terre,  et  en  toutes  choses,  et  par  toutes  choses  qui  sont 
au  ciel  et  en  terre,  et  qui  oncijues  furent,  et  qui  jamais  seront. 
Dieu  doncques  nous  doint  reposer  au  sein  de  .lésuchrist ,  afiin 
que  nous  puissions  estre  en>'\Téz  du  vin  des  anges  et  de  tous  les 
sainctz  et  sainctes  de  paradis  et  de  ce  monde-cy.  qui  est  charité 
de  Jésuchrist  ! 

Après  sainct  Jehan  vient  une  épistre  de  Jude.  nous  enseignant 
sur  toutes  choses .  seulement  suyvir  la  doctrine  de  l.i  foy  de 
nostre  Seigneur  Jésuchrist.  Et  de  fuyr  tous  ceulx  qui  suyvenl  en 
vie,  en  conversation .  en  doctrines,  les  concupiscences  de  la  chair, 
déclairant  par  Tesperit  de  Dieu  quelz  ilz  S(»nl.  afiin  (pie on  les  puisi 
mieulx  congnoistre,  éviter  et  fuvr.  et.  en  les  fuyant,  militer  en  la 
foy  de  nostre  Seigneur  Jésuchrist.  En  lai.ssant  la  robbe  chai'nelle. 
qui  est  toute  souilh'-e  et  maculée,  et  prenant  la  spirituelle,  clère 
et  res]ilen(lissanle  comme  le  soleil,  pure  et  nette  comme  la  pru- 
nelle de  l'ceil  sans  (|uelcon(pie  souillt'ure  ou  macule.  Laijuelle  cho.>^e 
la  grâce  de  Jésuchrist  nousottro>e! 

.\près,  viennent  Irs  Artrs  des  Aiiostres.  qui  seuil  saincte  liistoire. 
conleiiaul  les  faictz  de  .sainct  Paul  plus  ;iui|ilemenl  que  de  tous, 
comme  facilement  se  pourra  c(mgiioistre  en  lisant. 

Ouartemeiil  et  liiialilcniciil  vieiil  rAiinnili/iisi'.  (-"est-à-dire  la  ré- 
vélaticui  inoiisirée  à  sainct  Jclian  par  Tesperil  de  Jé.suchrisI  :  la- 
quelle n'e.'it  point  |ioui- les  mondains,  ne  |)areillemeiil  pour  les 
clercz  de  ce  monde,  mais  pcuir  ceulx  es(pielz  resjjeril  de  Dieu 
e.sl   habitaiil  .  iioii  point  seulement  pour  vivifier  et  illuminer  en 


1523     I.K  FKVRK  d'ÉT.VI'LES  A  T(H  S  CHUKTIENS  l'/f  CimKTIKNNES.        1(57 

foy.  lavii-  en  espérance,  enllannner  en  amour,  qni  s'apelle  cha- 
rité, mais  pour  révéler  les  secrelz  de  la  sapience  divine.  A  la(|uelle 
riens  de  (oiites  choses  qui  ont  esté,  sont  et  seront,  ne  penlt  estre 
celé,  que  elles  ne  luy  soyent  aussi  dèremenl  congneues,  devant, 
(prelles  soyent  faictes,  voire  éternellement,  avant  le  commence- 
ment du  monde,  comme  quant  elles  son!  faictes.  En  quoy.  et  les 
anges  et  tous  les  esperitz  hieneureux  louent,  adorent  et  admi- 
rent Téternelle  sapience. 

Et  pource  elle  n'eust  point  esté  mise  icy,  de  paour  (pie  au- 
cuns, par  curiosité  ou  présumption  de  sens,  n'en  eussent  abusé, 
se  n'eust  esté  pour  bailler  entièrement  tout  le  Nouveau  Testa- 
ment, en  admonestant  premièrement  tous,  que  nul  ne  soit  curieux 
ou  al)usant  de  son  sens.  Non  point  que  Tesperit  de  Dieu  ne  puisse 
révéler  à  aucun  ou  aucune  simple  personne  les  secretz  de  ceste 
saincte  révélation,  qui  est  pour  tout  le  temps  depuis  Tadvènement 
de  Jésuchrist  jusques  à  la  fin  du  monde,  voire  plustost  que  à 
ceulx  que  on  répute  sages  et  lettrez  selon  le  monde.  Car  comme 
il  est  escript  :  «  L^esperit  inspire  là  où  il  luy  plaisl.  »  (Joan.  III.) 
Il  fault  doncques,  quant  on  la  lit,  louer,  adorer,  et  admirer  la 
haultesse  et  incompréhensibilité  de  la  sapience  de  Dieu.  Laquelle 
sçait  tout  le  cours  des  siècles,  et  de  tous  cueurs,  et  toutes  pen- 
sées, dès  le  conmiencement  du  monde,  et  paravantéternellemenl. 
A  laquelle  puissons  par  sa  saincte  grâce  finablement  venir,  et  que  ce 
que  Jésuchrist,  sapience  divine,  dit  de  Dieu,  le  père,  soit  accomply 
en  nous:  «  Ceste  est  la  vie  éternelle ,  que  ilz  te  congnoissent  seul 
vray  Dieu,  et  Jésuchrist  lequel  tu  as  envoyé  !  »  (Joan.  XYII.) 

Qui  est-ce  doncques  celluy  (jui  n'estimera  estre  chose  deube 
[1.  deue]  et  convenante  à  salut .  d'avoir  ce  Nouveau  Testament  en 
langue  vulgaire?  Oui  est  chose  plus  nécessaire  à  vie,  non  point 
de  ce  monde .  mais  à  vie  éternelle  **  ?  Se  en  chascune  des  reli- 
gions particulières^,  ilz  ordonnent  que  chascun  d'eulx  ignorant  le 
latin  ait  sa  reigle  en  langue  vulgaire  et  la  porte  sur  soy  et  Taye 
en  mémoire,  et  (pie  on  leui-  expose  plusieurs  fois  en  leurs  chapi- 
tres, —  de  tant  ,  par  plus  forte  raison,  les  simples  de  la  religion 
rlm'stiennc,  simle  néccmn're  (car  //  n'en  peult  cslrc  que  une  nrrea- 
stiire)  doihvent  avoir  leur  reigle,  qui  est  la  parolle  de  Dieu,  es- 
cripture  pleine  de  grâce  et  de  miséricorde,  en  laquelle  Dieu  se 


**  Dans  lY'tlition  df  152B:  «  sinrituolii'.  » 
'^  Il  veut  parler  des  ordres  religieux. 


108        l.K  KKVUK    d'kTAI'I.KS  A  TOI  S  CIIUÉTIKNS  ET  CHUKTIKNNKS.      1523 

oiïre  à  nous,  pour  l'amour  de  Jésuchrisl .  son  cher  lilz  unique, 
comme  le  père  de  miséricorde  à  ses  enfanlz  de  grâce.  Et  (pie 
veuU-il,  sinon  miséricorde?  «  Je  veux  (dil-il)  miséricorde  et  non 
point  sacrifice.  ■'  (Matlli.  IX.  )  El  ijue  veull-il  donner,  sinon  sa 
grâce? Geste  saincte  Escripture  est  le  testament  de  Jésuchrisl .  le 
lestamenl  de  nostre  père,  confermé  par  sa  mort  et  par  le  sang  de 
nostre  rédemption.  Et  (|ui  est-ce  qui  dedendera  aux  enfantz  de 
avoir,  veoir.  et  lire  le  testament  de  leur  père? 

II  est  doncques  très-expédient  de  le  avoir  .  le  lire,  cl  le  porter 
sur  soy  en  révérence,  le  avoir  en  son  cueur  et  le  ouyr,  non  une 
fois  mais  orthnaii'ement  '".  es  clia\ntres  de  Jésucltrist,  qui  sont  les 
('(/lises,  oii  tout  le  peuple,  faut  simple  ('onnue  sçiivdnt.  se  doiht  asseiu- 
bler  à  oiiijr  et  lionnorer  la  saincte  parolle  de  Dieu.  Et  telle  est  l'in- 
tention du  débonnaire  roif  tant  de  cueur  ((ue  de  nom  tirs-clirestien. 
en  la  main  dii(|uol  Dieu  a  mys  si  noble  et  excellent  royaulme. 
(fue  la  parolle  de  Dieu  soit  purement  preseltée  par  fout  son  roijaulme. 
()  la  gloire  du  père  de  niisènicorde  et  de  Jésurlirist  son /il:  ".  La- 
((uelle  chose  doiht  donner  courage  à  tous  ceulx  dudici  royaiiluie 
de  proftiter  en  vraye  chreslienté.  en  suyvant.  entendant  et 
croyant  la  vivifiante  paiolle  de  Dieu.  Et  henoiste  soit  Tlieure. 
ipiant  elle  viendra!  Et  heneis  .soient  tous  ceulx  et  celles  (pii  pro- 
cureront ce  estre  mis  à  elTect  .  non  point  seuleinrui  en  ce 
royaulme,  mais  par  tout  le  monde.  aHiii  ipir  de  toutes  pars  soii 
accomply  ce  que  dit  le  prophète  (Psalm.  GVI):  «  Conlilemini  Do- 
mino, ipioniam  hoiuis.  qiiouiam  in  seiiiliini  misericordia  ejus .  a 
.solis  ortn  et  occasu.  ah  a(piih)ne  et  mari!  » 

Paripioy  aussi  tous  évesqiies.  curez,  vicaires,  docteurs,  pre.s- 
cheurs  dehveroient  esmoinoir  le  peuple  à  avoir,  lire  et  ruminer 
les  saincles  évangiles,  accomplissaiis  le  vouloii  de  Dieu  et  les  de- 
sirs  des  tr(''s-nohl('s  rueurs.  et  ensiixvaiis  l'evemiilc  thi  sainctel  hon 
évesipie  Cliriisostoiiii'.  t\\i\  ainsi  laisoil  à  son  pen|th'.  et  par  Ions 
lieux  là  où  il  povoil.  comme  il  est  maiiife.sle  par  la  dixiesme  lio- 
mélie  qu'il  a  e.scripi  sur  Tévangile  .sainct  Jehan,  sur  ce  pa.ssage: 


'"  Dans  l'édition  de  1523,  il  y  a  ces  mots:  «  le  lire  et  le  ouïr,  non  une 
fois,  mais  ordinairement,  etv  " 

"  Voyez  le  N"  -18,  note  2,  et  la  lettre  de  Le  Fèvrc  à  Farei  du  G  juillet 
ir)2'l,  n.  9.  Richard  Simon  reproduit,  comme  suit,  l'édition  de  1523  :  «  en  la 
main  duciuel  Dieu  a  mis  si  noble  et  si  excellent  Royaume  àlaploire  du  Père 
de  miséricorde  et  de  Jésus-Christ  sou  Fils.» 


152.3    i.i'  i''i:\iîi-.  i>'i:t\i>i,I':s  a  lois  cmiKriKNs  kt  ciihktiknM'.s.      1(59 

.  El  voi-|iniii  cjiio  (';icliini  est,  »  où  il  dil  ainsi:  «  Cure  vobis  sil 
evarifiolicas  légère  lectiones,  etc.»  Ayez  soing  de  lire  les  évanfriles. 
U'S(|iR'lles  (lehvez  avoir  eiilre  les  mains,  devant  que  veniez  aux 
prédicalions.  el  les  recorder  souventesfois  en  la  maison,  enquérir 
ililiiitMitenient  le  sens  d'icelles.  el  ([uelle  chose  est  claire  el 
i|uelle  obscure  en  icelles.  El  notez  les  choses  ([ui  semblent  esire 
ri'piiiinantes ,  jà  soil  que  elles  ne  répugnent  point.  Et  adonc. 
toiiles  ces  choses  bien  examinées  et  pensées ,  vous  vous  debvez 
présenter  Irès-attentifz  aux  prédications.  Et  par  ainsi  sera  grani 
[ii-oflit  à  nous  el  à  vous.  Car  nous  ne  aurons  point  grant  labeur 
à  vous  monstrer  la  vertu  de  l'évangile,  quant,  en  la  maison ,  vous 
vous  aurez  faici  ainsi  familièrement  la  sentence  selon  la  letlre. 
El  vous  serés  fais  plus  promplz,  sublilz  et  ingénieux,  non  poini 
seulement  à  ouvr  el  enlendi-e  la  saincle  doctrine,  mais  aussi  à  en- 
seigner les  autres.  »  Et ,  après  ces  parolles,  il  reprent  ceulx  qui 
sont  négligens  à  ce  faire,  se  excusans  pour  leurs  occupations  el 
négoces,  soient  publiques  ou  privées,  soyent  riches  ou  povres. 
Et  [il]  monstre  que  toutes  leurs  excusations  sont  frivoles  et  de 
nul  moiuenl,  en  quelque  estât  qu'ilz  soyent,  el  que  nul  ne  se  peult 
raisoiinableuient  excuser.  Et  dil  ainsi:  «  Quod  si  qui  sunt  qui  ne- 
golia.  etc.  »  Laquelle  chose,  à  cause  de  briefvelé,  je  délaisse  pour 
les  clei-cz,  (jui  pevent  veoir  au  long,  en  ce  lieu-là,  toute  la  vérité, 
comme  maintenant  on  vous  a  dit. 

Et .  afiin  (lue  la  prolixité  de  ceste  épistre  ne  donne  empesche- 
uient  de  lire  chose  plus  saincte  et  plus  salutaire,  laquelle  inconti- 
nent s'ensuit,  icy  feray  la  fin,  priant  ce  que  sainct  Paul  prioil 
pour  les  Ephésiens  (Ephe.  111)  :  «  (lue  Jésuchrist  habite  en  voz 
cneui-s  par  foy,  désirans  toute  gloire  estre  donnée  à  Dieu  le  père, 
par  Jésuchrist  et  à  Jésuchrist.  en  unité  du  sainct  Esperit,  en  toute 
église,  el  en  toute  nation,  et  en  tous  siècles  des  siècles  1  Amen.  ■- 

Cy  line  l'épistre  exhorlatoire  ". 


'-  Ou  lit  à  la  tin  du  volume:  «Ceste  seconde  Partie  du  nouveau  Testa- 
ment contenant  les  Plpistres  de  S.  Pol,  les  Epistres  Catholiques,  les  Actes 
dos  Apostrcs,  l'Apocalypse  de  S.  Jelian  l'Evangeliste,  fust  achevée  de  im- 
primer en  la  maison  de  Simon  do  Colinos  Libraire  Jure  on  TÎTiiivorsito  de 
Paris  demeurant  on  la  rue  St.  Jehan  do  lioauvais  devant  1(!S  Escolos  du 
décret,  lan  de  grâce  1523.  le  6*^^  jour  du  mois  de  Novembre-  »  (De  Sain- 
jore,  op.  cit.  t.  IV,  p.  114.) 


170  i.niiin  A  Mi:oL\s  (iKRBKi,.  J523 


80 


LUTHER  à  Nicolas  Gerbel,  à  Strasbourg. 
De  Wittemberg,  4  décembre  1523. 

Luihers  Briefe,  éd.  rie  Welte.  II.  p.  437. 

■Sommaire.  Luther  s'informe  auprès  de  Gerbel,  s'il  y  aurait  â  Strasbourfj  une  place 
qui  pût  faire  vivre  honorablement  François  Lambert.  Celui-ci  espère  pourvoir  phis 
aisément  à  son  entretien  en  se  rapprochant  cle  la  France  et  en  traduisant  dans  sa 
propre  langue  les  écrits  allemands  de  Luther. 

Oi-alia  et  pax.  Qiiamvis  fnislra.  etiam  nie  dissuadente  multi.'i 
ralionibns.  opiime  Gei'belli  '.  scrihani  lamen.  ita  iir^et  is  i)ro  (pio 
scriho.  poslqiiam  explorasset.  essolne  Arfjciitornti.  quem  nossein. 
Est  apiid  lies  Frnnciscm  Lanihertus  Galliis.  aiilo  diKisaniKis  iiilrr 
Minorifas  apostolicns  (ul  vocani)  pra^flicaloi-.  diitla  noslralt'  iixoi- 
cula.  Is  sperat  uielius  de?ere  in  vicinia  Galliœ  siuv.  nec  audit  meiim 
consiliuiii.  sic  occupatu.s  siio  proprio  *.  Nani  etro  sentio.  si  ipii  apiid 
vos  non  coininode  a^ere  possenl.  prii'scrtini  Inijusniodi.  poilus  ad 
nos  illinc  qiiàni  ail  \os  liinc  cuitiiiani  nii^^randinn  e.s.se  :  sed  vicit. 
iil  paceni  liaborein. 

Pelo  erffo  illius  f^ralia.  ni  niilii  respondeas.  si  lionesla.  iino  coni- 
moda  apiid  v(»s  sil  condilio.  (jiia  spes  sit  illiiiii  \ivere  posse.  Hf»nio 
est.  (pii  It'.irondis  liloi'is  sacris  nonniliil  possit  et  valeal.  sed  nosiris 
Barnaliis  et  Paulis  "  non  salis  par.  dciiide  vertenilis  vernacnlis  nieis 
in  riallica.  ipia  una  ralione  maxime  lidil  in  vicinia   Gall/'œ  sese 

'  Nicolas  Gcrhcl,  éniinont  jurisconsulte,  natif  do  Pforzhoiiii,  fut  (V abord 
professeur  de  droit  à  Vienne,  puis  à  Striisbourg. 

*  P>iceus  dans  sa  «  Syivuia,  >  p.  8  b,  cite  les  paroles  suivantes  de  Lutlicr: 
«  Hoc  vitiuni  commune  est  Gallis,  quf)d  se  puteut  pra;  aliis  sapere,  con- 
temnentes  nos  [pra-J  sese.  Sic  fecit  monachus  l\anci.seus  Lamicrtus.  Is 
enim  a  me  flapiUxvit,  ut  sibi  auditores  et  qui  sua  uterentur  opéra  compa- 
rarcrn,  quasi  i<l  in  niea  potestate  itositum  fuisset.  Ihi.^  thuLs  uaJirluh  7iit.  » 
(Voyez  Lnthers  Briefe,  «^d.  de  V^^ette,  VI»"  Theil,  p.  41.) 

^  Allusion  à  Mélanchtiion  et  à  Pomeranus. 


1523  C.  BRIÇONNET  AU  CLERGÉ  DE  SON  DIOCÈSE.  '71 

tViuUim  el  vicUiin  faclurum  *.  Dipnatiir  aiitem  eiim  Princeps  nosler 
■iliijuolies  munere  argenteo.  ut  40  aureos  ex  ipso  liabueril  hoc 

anno. 

Nisi  ergo  tn  milii  responderis.  non  eril  illi  neque  mihi  pax.  Ex 
hoc-  inlelliges.  ([uid  patior  ab  lnijusniodi  hominil»us,  sic  amiculos 
nieos  per  me  explorantibus  et  oneranlihus.  Vale  ciim  carne  et  cosla 
tua.  WitenbergiL'.  M.D.XXIII.  die  Barbara,'. 

Martinus  Lutherls. 


81 


GUILLAUME  BRiçoNNET  au  Clergé  (le  son  Diocèse. 
De  Meaux,  13  décembre  1523. 

Guy  Bretonneau,  op.  cit.  p.  174. 

Sommaire.  Révocation  des  prédicateurs  luthériens. 

riuirxAUME.  par  la  grâce  de  Dieu  Évesque  de  Meaulx.  à  tous 
Curez.  Vicaires,  etc.  Salut. 

Veu  que  par  les  anciens  Statuts  de  nos  prédécesseurs  d'Iieu- 
reuse  mémoire,  il  ait  été  sainctement  et  sagement  institué,  et  du 
depuis  en  notre  Synode,  par  nous  loué,  confirmé  et  approuvé,  que 
vous  n'ayez  à  permettre  à  personne,  de  quelque  état,  ordre  et 
condition  qu'il  soit,  ou  de  quelque  part  qu'il  puisse  venir,  de 
prescher  en  vos  églises  (sans  toutefois  y  comprendre  les  Cordeliers 
de  Meanli)  ',  et  tiue.  si  jamais  il  se  présenta  belle  occasion  d'ob- 
server avec  fruit  ce  sainct  et  inviolable  décret,  c'est  maintenant 
que  la  peste  Luthérienne-  va  croissant  outre  mesure  pour  répandre 
par  tout  son  venim,  sy  on  ne  retranclie  bien  tost  la  violence  do 
son  cours  par  le  remède  nécessaire  à  un  tel  mal: 

A  ces  causes,  nous  vous  mandons  à  tous  en  général,  et  à  cliaciin 


*  On    ne   connaît    aucun    ]i\Te    de    Luther   traduit    en    français    par 
Lamiiert. 

'  Voyez  le  N"  78,  note  1. 

*  V.  le  N«  78,  note  2. 


172  C.    BUigONN'KT  AU  CLKIU.É  DK  SON  DIOCÈSE.  1523 

(If  VOUS  en  particulier,  et  par  la  leneui'  di-  ers  iirésenles,  vous 
(lelTendons  expressément  sous  peine  (rexconinuinicalion  et  ana- 
llième,  que  vous  permettiez  de  presclier  en  vos  chaires  des  Luthé- 
riens de  cette  sorte,  et  tous  autres  de  quelque  degi'é,  prééminence 
et  qualité  qu'ils  soient,  faisans  profession  de  leur  doctrine,  (ai  (pii 
vous  seroient  inconnus. 

Davantage,  voulans  fermer  le  chemin  doresnavant  à  ceulx  qui 
voudroient  se  fortilier  de  nos  Commissions  et  Mandemens,  parce 
(lue  plusieurs  en  ahu.sent,  rasanl  la  date,  et  y  en  inscrivant  une 
nouvelle,  bien  (jue  cha(|ue  Mandement  n"a\l  aulhorité  que  d'un 
Synode  à  l'autre  suyvant,  —  Nous,  pour  ces  causes,  révocpians  tous 
et  un  chacun  les  Mandemens  Jusques  icy  de  nous  émanez,  les- 
(luels  d'habitude  étoient  cy-devant  signez  (h.'  diverses  person- 
nes, ordonnons  qu'on  n'en  reçoive  plus  en  (|uel(|ue  façon  (|ue  ce 
.soit,  s'ils  ne  sont  contresignez  de  la  main  de  notre  Secrétaire 
Lermtte,  le(piel  nous  commettons  spécialement  à  cet  alTaire^. 

Nous  n'entendons  pas  toutefois  vous  empescher  que.  sehui  la 
Clémenline  Diiduin  \  nous  ne  puissiez  prier  d'annoncer  la  jtarole 
de  Dit'ii  en  vos  églises  parochiales  ceulx  ijuc  vous  jugerez  caiiables 
de  cete  fonction. 

Donné  à  Meaulx,  le  trézième  Décembre  mil  ciiKi  cents  vingt- 
trois  V 

"'  Après  avoir  mentionné  ce  niaudomcnt,  Toussaints  Du  Plcssis  ajoute: 
«  Pour  romc^'dior  au  mal  qui  faisoit  des  profrn'S  inouïs,  lîrii^onucf  fit  venir 
d'autres  sçavauts,  dont  la  doctrine  ne  lui  étoit  point  suspecte.  I>e  ce  n(inil)re 
furent  Martial  Maznrkr,  princii)al  du  collf^ge  de  St. -Michel  à  Paris,  et 
c(ilèbre  prédicateur,  à  (lui  il  procura  la  cure  de  St.-Martin  au  prand 
M.Arch(),  Michel  R<)njisel,  Arnaud  Eoiisscl,  Fiare  Caroli,  chauoine  de  l'éplise 
de  Sens,  à  qui  il  donna  la  ciue  de  P'rènes  et  ensuite  celle  de  Tancrou.  » 
^0p.  cit.  I,  iV2&.)  —  Toussaints  commet  ici  une  erreur.  Du  nom  de  Midwl 
d'Arnnde,  il  a  tiré  celui  de  deux  personnages  imaginaires:  Michel  et  Aniaud 
Rnttsscl.  Michel  d'Arande  s'était  retiré  i\  Meaux  en  l.'î21  (V.  le  N»  35), 
mais  au  mois  de  décembre  l.')2;^  il  évangélisait  la  ville  de  Bourges.  (Voyea 
la  lettre  de  Farel  du  2  avril  1524.1 

'  Décrétale  donnée,  en  1300,  pai-  Bonitace  VIII,  et  remise  eu  vigueur 
par  le  concile  do  Vienne  (li^ll),  ([u'assembla  Clément  V.  Cette  décrétale 
permettait  aux  Dominicains  et  aux  Franciscains  de  prêcher  librement  dans 
leurs  églises,  dans  les  ])laces  publiques,  et  nn^me  dans  les  églises  parois- 
siales Toutefois,  i)()ur  occuper  la  chaire  de  celles-ci.  les  religieux  devaient 
obtenir  préalablement  la  permission  du  curé.  (Voyez  Gieseler.  Kirchengesch. 
Band  11,  2,  S.  341.) 

■^  Voyez  le  N"  78,  note  4. 


i523  L'i.iucii  zwiNci.i  \  l'iKiuu".  i)K  sr.nvii.i.K.  17;{ 


82 


ILHICH  zwiNGLi  à  Pierre  de  Sebville',  à  CJreiioble. 
De  Zurich,  13  décembre  1523. 

I)';i|»vs  la  prcmitTO  (''ililion  de  celle  Épiire,  iniprimée  à  Zurich, 
cliez  Kidschover,  en  janvier  1524,  in-4". 

SûMMAiRK.  Une  même  fui,  un  même  amour  de  hi  pieté  nous  ont  engagés  à  entrer  en 
rapport  l'un  avec  Tautre,  notre  but  commun  étant  de  restaurer  la  religion  de  Christ 
ilepuis  si  longtemps  détigurée  et  presque  anéantie.  De  la  petite  semence  qui  a  sur- 
vécu, Dieu  saura  faire  naître  un  grand  arbre.  Cette  semence  c'est  la  Parole  de 
Dieu,  et  c'est  Dieu  même  qui  vous  a  inspire  le  désir  de  la  communiquer  à  autrui. 
Mais  avant  d'entreprendre  cette  œuvre,  calculez-en  bien  les  difficultés  ;  car,  si  vous  êtes 
nu  lidèle  serviteur  de  Dieu,  vous  rencontrerez  des  ennemis.  Les  accusations  d'here- 
sie,  les  supplices  les  plus  cruels,  voilà  les  armes  de  l' Antéchrist  réduit  au  désespoir 
par  la  prédication  de  l'Évangile.  Êtes-vous  de  force  à  vous  mesurer  avec  lui  et  avec 
tant  d'autres  adversaires?  Vous  fuiriez,  à  coup  sûr,  si  l'esprit  de  Christ  ne  se  servait 
précisément  de  tous  ces  périls  pour  exciter  votre  courage.  Ecvêtez-vous  donc  de 
toutes  les  armes  chrétiennes.  Pour  vaincre  sûrement,  il  ne  faut  jamais  écouter  la 
chair;  il  faut  que  notre  esprit  vive  en  Dieu  seul.  Vous  voulez  prêcher  l'Évangile; 
étudiez  donc  l'Écriture  en  disciple  et  non  en  docteur.  Voyez  ce  qu'en  peu  de  temps 
l'amour  de  Christ  a  produit  en  Allemagne  !  Invoque/,  à  votre  tour  le  Seigneur  })our 
la  France!  Il  aime  à  être  prié. 

Gliarissimo  nobis  in  Ghristo  frairi  Pelro  Sebivilla3.  Ecclesiasla; 
Gralianopolilano,  viro  doctissinio,  Hiddrichiis  Zuinglius. 

Gratia  el  pax  a  Deo  et  domino  nostro  Jesu  Ghristo  !  Si  bonis  ad 
honoriini  convivia  Ucel)at  etiam  non  vocalis  accédera,  doctissinie 
jii\la  ac  piissiiiie  Pelre,  ut  esl  in  proverbio,  quanto  magis  Gliris- 
liamuu  eliani  longissime  dissitimi  Ghristiano  convenire  licebil  ? 
(Jiioruin  una  fuies  esl,baptismus  unus,spiritus  idem,  idem  ejusdem 
pielalis  stiidium.  Hinc  factum  est,  ut,  ignotus  ignolum.  ilidem  (piod 
ego  imnc  lacio,  bene  iiahei'e  precalus  sis,  at(iue  id  hleris  ad  Amw- 
nniudinii  Corfiini  missis -.  vinmi  iil  génère  doctrinaipie  claiinii.  ila 

'  Voyez  ci-dossous  la  lettre  tiue  Pierre  de  Sebville  écrivit  do  Groiiol)le  à 
Coct,  le  2S  décembre  1524. 
*  Cette  lettre  do  Pierre  de  Sebville  au  chevalier  Coct  n'a  pas  été  conservée. 


17V  ULHICH  ZWINGM   V  PIERRE  DE  SEBVIIXE.  1523 

pielate  humanilateque  longe  clariorera.  Qui,  iil  iiiliil  antùiuiiis 
aiiiicitia  pietateque  inter  liumana  tlucit,  sic  vicissim  siiopte  (]uo(lam 
jure  (nam  tanli  viri  imperio  lubenles  volentesque  cessinius)  com- 
pulit  incullas  istas  ad  te  dare  literas,  quibus  fului'um  speral.  m 
aiuicitia,  secundis  avibus  cœpla,  eodem  auspicio  in  diem  magis  ac 
magis  crescat.  Sed  iii  l'imi  modo  iisuni.  ni  jnini  illu  iitiuhic 
CIIHISTI  rdliiio  amjilœtur  ! 

Quaui  quis  non  videt  hy|)ocrilarum  versutia  longo  jani  (einpore 
ila  essefœdatam,obscuralam,laceratamait  paniiii  .ililuei'it  [qiiin]  iii 
universum  excindereUir  ?  Sed  doniinus  Sabaolb  pauxillumseniinis 
reliquil,  ex  quo  segetem  uberriuiam  rediluiam  speranms.  Eadi'Ui 
enim  est  cœlestis  grani  vis,  qua.'  sinapis.  (piod  onniium  semiiiuni 
est  longe  minimum:  liuc  lamen  venil.  ul  arborescal.  et  a\ibiis 
cœii  variis  venlorumsedilionibusiactalissedem  lirmam  hospicium- 
que  tutum  exliibeal.  Semen  boc,  ul  CIIKISÏI  \eiliis  utar.  est  ver- 
bum  Dei.  Quod  tametsi.  dum  aliàs  aliù  cadit.  parvum.  ubi  lamen  in 
lerram  bonam  ceciderit,  fi'ucluni  liabumlanlissimum  relVit.  (|uam- 
vis  et  bunc  numéro  polius  quàm  ingenio  disparem. 

In  boc,  inquam,  verbo  requiem  vilainipie  inveniuni  misera' 
morlalium  mentes,  qua;  non  modo  bujtis  immunib  muiidi  tuiiiid- 
libus,  veriim  insidiis  eliam  sjjirihdium  neqiiili.uum  divexanlur. 
bocque  adeo.  ul,  juxta  Proplieta- verbum.  considatiiuiem  non  re- 
(•i|)ianl.  nisi  posiquam  Dei  memoi'es  farta-  fuerinl.  ■  licnuil.  impiil. 
consolationem  accipere  anima  mea  :  recordalus  aulem  Dei,  laMili- 
calus  sum.  »  (Psahno.  70.)  (Jua-  «Miim.  per  immorlalem  Denm.  lir- 
milas  aul  consolalio  in  verix)  bonnnis  est.  cum  onniis  bomo  sil 
mendax?  Manileslum  igitui'  lit.  bumanam  menicm  non  alia  lalinne 
lran(|nillam  reddi  posse.  (|u;im  uno  sdbxpie  Dei  verbo.  \\w  lu 
recle  facis,  (pmm  iiitiili' ,  imve  snnrtcqm'  jinnlinin'  in  iiniinuiii 
ilurù,  (pumKKbnodum  lilerée  ad  AnuninuKhnii  data'  indicanl.  Id- 
(|ue  non  sine  Tbesco.  ut  dicilui-.  iNam  caro  et  sanguis  lioc  lil)i  non 
revelaruni  (ba'c  riiiiii  jubenl.  ni  se  au(bannis)  sed  pater  cœlestis 
animum  sic  tmiiii  ad  se  Iraxil.  ul  e.jus  jam  verlto  lidens.  alios  quo- 
(jue  ad  banc  securitatem  cupias  perlrabere. 

Verùm  bons  lu.  aMblicanib  ((Uisiiiiim  ne  caitias.  ni  piins  sedens. 
iuqtensam  (uunem  suppulaveris.  .AHixpii  à  liUis  bujiis  secub.  (bim 
in  nicdio  fervorc  opiis  fueril.  ipsj'ipie  rerum  inopia  ab  eo  revo- 
cal us  eris.  ad  linnr  riib'bcris  nuxbnn  :  Ilic  bonio  ccepit  a-cblicare, 
el  absolvere  neqiiivil.  U"a'  te  CiUilumeiia.  nisi  vcbemenler  inca- 
lueris.  manum  ab  aratiu  n'Iralwic.  inqiif  -ali^  iapidcni  lonverli 


1523  n.Ricii  zwiNT.M  a  i'ikrri-:  dr  skbvillf..  175 

l'acifl  :  m  sal  deiiitle  lias,  (iiii  [l.  quoil]  ingeniiiiii  amillens,  (ilus- 
quam  faluiim  est.  Sunt  autem  adversus  lios  liosles  opes,  arma 
coniuieatusque  parandi.  l'rimo  conlia  Aiiticlirislum,  qui.  iil  se  ex- 
tiilil  siipra  omiu'iii  tultiiiTi,  ila  Deus  dici  amat,  et  verlnini  smini 
miiiiiuis  loco  vereri  priecipil.  lainelsi  pliisquam  o\?  oNà  Tracr'..v.  à 
verbo  Dei  dissideal.  Si  iiiiiic  lidelis  Domino  liio  miiiislcr  esse 
rii|iias.  Iiuc  adigère,  ut  isluni  odio  liabeas:  nisi  duol)Us  dominis 
servire  aliculii  didiceris,  aut  amiciliaiu  ali(iuam  inter  CHRISTUM 
esse  et  Belial.  Istuiu  si  odio  liaheas,  cogeris  aille  omnia  maie  au- 
dire.  Iiœretious  dici,  ignés,  mortes  et  dira  supplicia  intentarividere, 
ac  paulo  post,  nisi  ad  ejus  partes  concesseris.  exjieriri.  His  enim 
arniis  probe  insfructus  est,  gestitque  non  velitareni.  sed  statam 
cum  Cbristi  ministris  pugnam  conserere.  Satis  enim  jam  exaspe- 
ratus  est:  tantum  enim  rei  et  copiis  ejus,  dum  aliquandiu  pra-di- 
catum  est  Evangeliuni.  decessit,  ut  in  desperationem  rerum  om- 
nium adactus  ultima  experiri  cogatur.  Hîc  animum  explora  luuni. 
et  liunieros  examina  quid  queant.  quid  ferre  récusent;  senties 
mox  te  tam  gravi  adversario  im\)arem. 

Adiuec  adde  alios  innunierabiles,  qui  contra  te  dimicaturi  suul 
iiostes:  inveteratai,  sed  pessimee  consueludines  ;  Patres,  sed  (|ui 
vitrici  ferè  sunt  :  nani  verbum  Dei  crebro  juxta  libidinem  adfectuum 
suorum  detorserunl  ;  Principes,  qui  bis  insaniunt,  dum  secundum 
hoc  (sic)  quod  veram  pietatem  ignorant,  iiiliil  aliud  quàm  tumul- 
tuantur  :  unde  in  gregem  Christ!  facile  extimulari  polerunt  ;  mundus 
lotus,  xaxooai'pwv,  ct  malorum  examina  simul  omnium.  Hauc,  in- 
quam.  omnia  tibi  anleipiam  telam  ordiare,  expendendaerunt,nein 
média  pugna  remiltas  bracliia,  el  fugce  praesidium  (imeras;  nam 
sic  tieret,  ut  postrema  détériora  primis  redderentur.  Jam  te,  si 
bonus  orator  essem,  el  lu  carnalis  esses,  ad  desperationem  nimiruiu 
adegissem.  ut  Jam  latebras  potius  meditareris  quàm  concionem. 
Sed  non  patitur  hoc  qui  le  extimulal  Glu-isti  spiritus,  (jui  ejusmodi 
malisaniumm  acuil  potius  quàm  relundat  fàvVj. 

Age  igilur.  optime  vir.  el  tu  in  (jiilliis  vestris  Christiana  arma- 
tura  munitus  in  publicum  prodeas,  sublalaque  instar  lubie  voce, 
Evangelium  Cbristi,  invitis  omnibus  puppis  et  Papis,  prcudices. 
Christus  dassicum  cecinit,  impressionem  in  Pbarisieos,  scribas  et 
hypocrilas  factui'us.  Quis  dexferam  ail  pnulium  non  armabil  ?  »  Léo 
rugiet,  inquil  Pro|)heta,  quis  non  nietuel?-  (Amoslil.)  Cbristo 
per  ministres  suos  détonante,  quis  ex  bostibus  non  pavebit  "/  Imô 
dispereaui.  si  non  in  totis  castris  illoruui  trepidatur.  adeo  verlun- 


176  ULRICH  ZWINGIJ  A  l'IKRHK  DE  SEBVILLK.  I  o23 

lui',  rolantur,  ainbigunt,  ut  quid  consilii  secuturi  sinl  nondum  ex- 
ploratum  habeant.  Nam  si  Clii'isli  gregem  madare  per  seductos 
Principes  cœperiril,  verentur  ne  sic  aperialur  t'enesira.  iil  in  se 
(juoque  paulo  post  irrualur.  Si  vero  Scriptura  obsistere  tentent, 
conscii  sibi  violenlia'  ipiam  ei  t'aciunl,  toti  frigent  ac  concidunl. 
(Jiiid  igitur  in  ignavos  non  iiiuinius,  iino  illu(|ue  satis  l'oili  verbi 
Uei  priesidio  fuiti  ?  Is  eniui  Anticbristiini  interliciet  spirilu  uris 
sui.  Stat  à  nobis  Cbrislus  :  (|uis  contra  nus  ?  Siniiis  licet  Saiiiia 
vasa,  nenio  tanien  confringere  nos  poterit,  iiuanidiii  nobis  Dominas 
adest.  Aderit  aulem  ex  verbi  sui  certa  proniissione.  qua  |tollicitus 
est  se  nobiscum  mansurum  iisque  ad  mundi  consunialioneiu; 
jussitque  securos  esse  quuni  ad  reges  et  piu'sides  illiiis  causa  Ira- 
bauiur:  datnruni  enim  esse  et  sapientiani  el  eloquenliani.  cui 
onnies  adversarii  non  posseni  resislere.  (xMallh.  X  et  WVIII. 
Luc.  XXI.) 

Quid  igitur  adimc  cunctamur?  Victoria  in  manibus  est.  An  eam 
decerpere  piget?  Cœiuni  et  terra  transibunt  cilius  (iiiani  Dei  ver- 
bum.  At  is  victoriam  proniisit:  recijii  igitur  nmi  potesl .  til  non 
vincamus.  Quiii  boc  potins  dixerc» ,  nos  aMa  ralione  vinci  non 
posse,  quàm  si  conatus  nos  pigeât.  Tenera .  non  ignoro.  ul  nos 
caro  deliortetur;  sed  cogilandum  iterum  alque  iterun»  nobis  est, 
quod  versutus  xaxooat'pnov  seniper  iio>  illius  occasione  suadeia(jue 
seduxil:  ac  (bini  illa  labores  ieruiiinasqne  refugit ,  nobis  ocius  ab 
ejus  blanditiis  fugiendum  est.  auresque  Uivssis  in  niorein  obserandui, 
ne  forte  ei  cedamus.  (Juic  enini  major  infelicitas  nobis  accidere 
poterii .  (|uàm  si  nos  proditrix  caro  partium  suarum  fecerit .  id)i 
Inli  nihil  aliiid  (juam  caro  riilnri  essemus .  ac  subinde  qiiocpie 
nibd  abud  quam  beluie?  Partium  aiitem  ejus  sumus,  si  spirilum 
illius  gratià  prodimus:  lum  aulem  spirilum  prodinuis.  (pmm  non 
onuiiiius  nervis  Deo.  illiusqne  \erbo  lidimus:  in  eo  enim  solo 
spirilus  vivit,  Quod  enim  lam  juratum  est  crealura*  verbuui.  qiKid 
iniii  falial  ? 

Ha'C  igitur  et  bis  longe  tinu  robusiiora.  tinn  di\iniora ,  lecuui 
rcpiilaiis.  doctissime  Petre.  animaberis  non  modo  cum  Anti- 
cbi'isto  ac  paucis  principibus.  sed  ciim  iinivcrso  siiiiid  orbe  cer- 
lamen  snbire,  si  qiiidem  cœleslia  audtis  :  ea  enim  solis  eis  eve- 
niinil  i|iii  It-rrena  negliginil.  Anie  omnia  igilur  (q)ns  est  ni  !»•  ip- 
snm  abneges,  ac  (piolidic  un)i'iaris.  Id  aniem  ln<q)k>  iMar'te  non 
[Mitcris:  ad  nnam  igitnr  l)<'i  miscricordiam  <'(inru.L!i('ndinn.  el  illi( 
ll.'n^ilnndinn .  ni  \ia>  Inas  diriu:iil .   nifiilrm  illn>lrel.  c(n' excil*-l. 


IÎÎ23  LLHICII  ZWINT.LI  A  l'IKIUU:  DE  SEBVILLE.  177 

Ut  illius  gralià  iiiliil  non  tuin  aiulens.  liim  (|uo  paclo  tieri  opurleal 
scias.  Pruderil  cl  illud  Evangeliiiiii  (^lirisli  priuilkare  niolienli. 
ut,  rejeclis  omnibus  pra^sumlis  opiiiioniljiis  el  doctiiiiis.  hoc  con- 
silio  ad  lileras  verè  sacras  accédai,  ut  eas  prseceptoreni  lialiilurus 
sil.  non  discipuluni.  Nam  qui  sic  accedunt  ad  eas,  ul  lioc  soluni 
(juiiTant  (|uod  opinionibus  suis  adstipuletur,  vim  eis  facturi  suni 
el  constupi'aluri.  Qui  verô  contra  sic  ad  eas  adeunt.  ul  illinc  cœ- 
lestis  consilii  menlem  auferanl,  ut  doceantur.  non  ul  doceanl.  bi 
(leniijue  cum  mulla  fruge  recèdent. 

Vides,  in  Xpw  [1.  Cbristo]  frater.  quantum  brevi  pietas  Christi 
iFi  Germania  profeceril  !  Ea  non  minus  promotura  esl  el  apud  ves- 
tros,  si  id  a  Domino  pelierilis.  Peti  yerô  gaudet;  est  enim  ani- 
marum  amans  ac  zelotypus.  Haec^ut  tandem  finiam.  bue  lendunl. 
ul  E\angelium  intrépide  velis  apud  tuos  prolileri  :  quod  precor 
laxil  Deus  Opl.  Max.  Nam  frigida  isfa  et  plus  quam  temporaria 
epistola  plane  scio  quàm  niliil  possit,  tamelsi  eam  Annemundus 
nosti'i:  lum  amicilite  jure,  lum  candore  isto  suo,  quo  nobis  plus 
ipiam  par  est  Iribuil,  exlorserit  ^.  Proinde  nobis  jam  ut  amico 
ulere,  ac.  si  id  nimis  esl,  ut  discipulo.  El  persuade  libi,  Zuinglium 
luum  luturum,  dummodo  le  Cbrisli  esse  audimus. 

Vale  et  confortare  in  Domino,  el  in  vi  polenlice  illius,  qui  le 
servel  incolumem  !  Ex  Tiguro.  Helveliorum  primario  pago.  13. 
(lie  Decembris,  Anno  M.D.XXIII. 

Salva  sil,  si  quce  apud  vos  est,  CHRISTI  Ecclesia  *  ! 


^  Anémond  de  Coct  avait  quitté  Wittemberg,  vers  le  milieu  de  septembre, 
emportant  la  lettre  de  Luther  à  Charles  III,  duc  de  Savoie,  datée  du  7  (V. 
le  N"  76),  et  quelques  lettres  de  Fr.  Lambert,  adressées  à  plusieurs  nobles 
français.  Après  s'être  acquitté  de  sa  mission,  le  chevalier  était  reparti  pour 
la  Suisse  et  s'était  rendu  à  Zurich.  Son  Épitre  du  24  janvier  1524  établit 
clairement  ce  double  voyage  :  «Ego  j)erMi  [ad  Sabaudia?  Ducem]...  deinde 
autem  Tigurum  veni  ad  Huldrichum  Zrdngliwn.  »  En  revenant  en  Suisse 
Anémond  de  Coct  était  peut-être  accompagné  de  GuiUawne  Farel,  qui 
venait  de  Guyenne  et  qui  dut  arriver  à  Bâle  <lans  les  premiers  jours  de  dé- 
cembre 1523,  au  plus  tard.  (Voyez  la  lettre  suivante,  au  commencement.') 

*  Ce  post-scriptum  et  les  mots  «  Ilelvetiorum  primario  pago  »  ont  été  omis 
dans  l'édition  des  Lettres  de  Zwingli  publiée  à  Bâle,  1536,  in-folio  (fol.  IDOb), 
ainsi  que  dans  les  «Zuinglii  Opéra,»  éd.  cit.  VII,  319.  Ces  deux  éditions 
ne  reproduisent  pas  non  plus  les  premières  lignes  de  la  lettre  de  Zwingli 
d'une  Miiiiiièri'  ronforme  nu  texte  primitif. 


T.  1.  l--^ 


178  LANGE  A  GUILLAUME  FAKEL.  1524 


83 

LANGE  ù  Guillaume  Farel.  à  Bàle. 
De  Meaux,  l''»' janvier  1524. 

Inédite.  Aulogi;i|»lie.  liibl.  luqiéi'.  Cullccl.  Du  l'u\.  \ol.  103. 

Sommaire.  Votre  lettre  m'apprend  que  vous  habiteis  £dle,  cette  ville  illustrée  par  les 
vertus  de  tant  d'hommes  célèbres,  et  où  je  voudrais  bien  m' établir  un  jour.  J'ai 
quitté  Paris,  pour  venir  à  Meaux  chez  Le  Fèvre  [d'ÉtapUs].  Oronce,  que  j'ai  vi- 
sité dans  sa  prison,  a  envoyé  deux  Suisses  demander  au  roi  sa  liberté.  Les  théolo- 
giens [de  la  Sorbon'iie],  ijorsécuteurs  de  tous  les  savants,  seraient  facilement  vain- 
cus, si  ceux  dont  c'est  le  devoir  demeuraient  fermes  dans  la  foi.  Quant  à  vous,  Farel, 
poursuivez  votre  entreprise  avec  le  dévouement  qu'inspire  une  confiance  vivante  en 
Christ,  et  vous  continuerez  à  jouir  de  l'amitié  de  Le  Fèvre,  de  Raussd,  de  VaiabU, 
etc.  Ji^cdé  travaille  à  son  dictionnaire  grec.  Miles  [Perrot]  et  J.  Canaye  cultivent 
les  lettres  avec  zèle  et  vous  saluent. 

Anjj^elu.s  '  siio  Giilieliiio  Farello*  S. 
Niliil  iiiilii  (•oiiligil  uii(|uaiii  jticiiiuliii.s,  iibi  inlellt',\i  pci'  lilt'i;i> 

'  Ce  personnage  paraît  être  le  Joanncs  Angclus  dont  nous  avons  cité 
une  lettre  de  1521,  adressée  à  Jean  de  Maulèon,  élu  évêque  de  Commiii- 
gcs.  [Y.  le  N"  38,  u.  10.)  Natif  du  pays  de  TArgoune,  J.  Angélus  avait  étu- 
dié sous  Le  tlivre  cVEtapIes,  jirdfrsucitr  de  jiliilosophic  an  collège  du  car- 
dinal Le  Mulne,  et  il  y  enseignait  Jui-nienio  le  grec  en  1521,  c'est-à-dire 
à  une  époque  où  Farel  était  son  collègue.  (V.  la  note  2.)  Ces  deux  cir- 
constances cxplicpieraient  très-bien  l'adhésion  que  l'auteur  de  la  présente 
lettre  accorde  aux  doctrines  évangéliciues,  l'amitié  qu'il  témoigne  à  Farel, 
et  les  renseignements  qu'il  lui  donne  sur  lUulé  et  sur  quelques  élèves  du 
collège  Le  Moine. 

*  Ginllaume  Farci  naquit,  en  1 18!J,  au  village  des  Farels  près  de  Gap, 
d'une  famille  noble  et  fort  dévote.  Il  a  raconté  lui-nième  le  premier  pèle- 
riiuige  qu'il  Ht  dans  son  enfance.  (l)u  vray  usage  de  la  croix  de  Jésus- 
Christ  .  .  .  (icnève,  Jean  Kivery,  lâGO,  in- 12,  p.  233  et  suiv.)  Après 
des  études  élémentaires  très-imparfaites,  il  obtint  de  ses  parents,  non  sans 
peine,  la  permission  d'aller  chercher  un  en.seigneuient  plus  solide  à  Paris. 
Ame  généreuse,  cojur  pieux  et  d'une  rare  droiture,  Farel  fut  douloureu- 
sement impressionné,  au  sortir  de  ses  montagnes,  par  la  corruption  «jui 
régnait  ilans  les  grandes  villes.    ■   A  Lijim.  (li>ait-il,  où  jour  et  nuit  cloches 


1524  LANGE  A  GUILL.VUMi:  FAIŒL.  1  7'J 

luas,  te  vivere  liasileœ,  quui  sit  lot  celebrium  virurum  iiisigiiila  \ ii- 
tutibus,  et  iis  quidem  laiu  variis  tamque  fruyilei'is.  Audi,  ut  paucis 

souuoicnt....  seulement  eu  passant  par  la  ville  et  n'y  arrestaut  guères,  en- 
core que  je  fusse  du  tout  jjapiste,  j'estoy  ravy  que  Dieu  du  tout  u'abysmoit 
uue  telle  ville.  »  (Farel  à  Libertet,  1-4  décembre  1564.)  Le  jeune  Dauphi- 
nois arriva  à  Paris  vers  1509,  et  il  y  passa  probablement  douze  ans,  soit 
comme  étudiant  à  l'Université,  soit  comme  professeur  au  collège  Le  Moine. 
J.  Le  Fèvre  iVIEtaples  devint  sou  ami  et  son  guide.  Sous  l'intiueuce  de  ce 
maître  vénéré,  la  piété  de  Farel  fit  d'admirables  progrès,  mais  au  prix  de 
longues  luttes.  Nous  n'avons  pas  à  retracer  ici  les  phases  diverses  de  ce 
traviiil  intérieur.  On  les  trouvera  plus  loin  racontées  pai*  lui-même  dans  ses 
lettres  à  Natalis  Galéot  (7  septembre  1527),  à  Martin  Hanoyer  (décembre 
1527),  et  dans  son  Épiti'e  à  tous  seigneurs  (153U). 

AiTivé  au  terme  de  ses  études  universitaires,  Farel  se  fit  inscrire,  en 
janvier  1517,  sur  le  rôle  des  gradués  qui  avaient  droit  à  un  bénéfice  ecclé- 
siastique, et  il  choisit  pour  collateur  Jules  de  Médicis,  ancien  évêque  d'Em- 
brun et  alors  archevêque  de  Narbonne,  qui  occupa  plus  tard  le  siège  pon- 
tifical sous  le  nom  de  Clément  Vil.  (Bulajus,  t.  VL)  Bientôt  après,  et  sur 
le  conseil  de  Le  Fèvre,  Farel  usa  du  privilège  de  chaque  nouveau  maître 
es  arts  :  il  demanda  et  obtint  une  place  de  régent  au  collège  du  cai'dinal 
Le  Moine,  collège  consacré  à  l'enseignement  de  la  philosophie  et  de  la 
théologie.  («  Farellus,  dericus  Vapincensis,  diu  rcxit  in  cardiualitio.  »  Bu- 
laeus,  ibid.)  Ce  titre  de  dericus  permet  peut-être  de  penser  que  Farel  étudia 
dans  la  Faculté  de  théologie,  après  avoir  reçu  la  maîtrise  es  arts  ;  mais  on 
ue  peut  admettre  qu'il  iàtprofessé  à  l'Université  comme  théologien,  attendu 
qu'il  fallait  pour  cela  èti'e  «  bachelier  formé  en  théologie  »  et  avoir  atteint 
au  moins  l'âge  de  oo  ans.  (Crevier,  op.  cit.  IV,  268.) 

La  plus  ancienne  biographie  de  Farel  s'exprime  ainsi  au  sujet  de  ses  étu- 
des :  «  Dès  la  philosophie  il  s'eft'orça  de  coguoistre  quelque  chose  eu  la 
tlièologie  et  aux  langues,  surtout  d'avoir  la  scieuce  de  la  langue  grecque 
et  hébraïque.  Un  sien  livre  de  raison  [journal  ou  livre  de  comptes]  cscrit 
lorsqu'il  faisoit  ses  études  à  Paris ,  parle  du  progrez  d'icelles  en  l'an 
1519  et  20,  21,  22,  pendant  lequel  temps  il  estoit  grandement  chéri  et 
honoré  par  deux  siens  maistres  et  précepteurs  :  l'un  appelé  Jacques  Le 
Febvre  d'Estaples  .  .  .  l'autre  maistre  Girard  Bouf.  »  (OHvier  Pcrrot.  Ma- 
nuscrit de  la  Bibl.  des  pasteurs  de  Xeuchàtel.)  Le  même  document  rap- 
porte que  Farel  ayant  laissé  apercevoir  qu'il  avait  «  de  bons  sentiments 
de  la  vraye  doctrine,  dans  sa  profession  [au  collège  Le  MoiueJ,  il  ne  sub- 
sista guère  paisible  eu  icelle.  »  Toussaints  Du  Plessis,  précisant  une  as- 
sertion générale  de  Bèze  (Hist  ecclés.  I,  5),  met  Farel  au  nombre  des 
savants  que  Brii^'onnet  appela  en  1521.  (Quoique  ce  fait  ne  repose  sur 
aucun  autre  témoignage,  on  peut  cependant  l'admetti'e  comme  vraisem- 
blable. Au  reâ!te,  les  seuls  renseignements  certains  qu'on  possède  sur 
le  séjour  de  Farel  à  Meaicx,  c'est  le  récit  d'un  enti'etien  qu'il  eut  avec  le 
Jacobin  de  Borna,  où  il  exprima  l'espoir  de  voir  bientôt  toute  la  l^'rauce 
gagnée  à  l'Évangile  (Fai'el  au  duc  de  Lorraine,   11   février  1513;;  c'est 


180  LANGE  A  GLILLAl'MK  FAREL.  i  554- 

airam  tecum.  Nunc  sum  apiul  Fabrum,  sed  nescio  nec  qiia  ratione 
nec  qua  fini.  Convalui,  el  lerlio  Parisiis  professus  [l.profectus]  sum. 
Urontius  '%  quem  ter  sum  colloquulus  in  carcere.  misit  duos  Hel- 
vetios  regem  supplicaluios  ut exolverelur,  quieum  in  pnt'ceptorem 
Twv  ,jia9r;fxiTwv  poscerent  ;  sed  ul  negotium  cesserit  nescio.  Mirum 
est  quàm  in  dies  Tlieulogi  deseviant  in  omne  doctorum  genus. 
quos  non  difficile  esset  vincere,  si  fides  esset  in  liiis  lii-ma  et  cons- 
lans  in  quibus  esse  deberel.  De  cloacario  non  loquor  (certè  Cli- 
thoveo  *  dicere  putabam)  ;  non  tibi  unquam  persuadeas,  (juàm  ille 
repuerascat  vel  vanos  islos  tlieologici  ordinis  accubitus  aniielel. 

Pli  outre  l'assurance  que  lui  donne  G.  Roussel,  dans  sa  lettre  du  6  juillet 
152'i,  des  sentiments  d'amitié  qu'avaient  conservés  pour  lui  les  notables 
de  la  ville  de  Meaux.  On  ne  sait  exactement  ni  à  quelle  époque,  ni  dans 
quelles  circonstances  Farel  quitta  cette  ville.  Selon  Bèze,  il  en  serait  sorti  à 
la  suite  d'une  persécution,  aurait  «  subsisté  à  Paris^  tant  qu'il  put ,  »  et 
se  serait  retiré  en  Suisse.  Cette  dernière  assertion  est  rectifiée  p;ir  le  pas- 
sage suivant  de  la  chronique  de  Froment  : 

<t  Farel  désirant  édifier  ceux  de  son  pais,  s'en  alla  de  Meaux  à  Gap,  où 
voullant  prescber,  il  n'y  fust  admis,  parce  (pCil  n'estoit  ne  moine  ne  ])res- 
tre.  ...  De  là  il  fust  dcschassé,  voire  fort  rudement,  tant  par  lÉvesquc 
que  par  ceulx  de  la  ville,  trouvants  sa  doctrine  fort  estrange,  sans  jamais 

en  avoir  ouy  parler.  Voyant  cela  il  vint  à  Ba-sle »  (Bibl.  Publique  de 

Genève.  Manuscrit  cité.  Vol.  n"  Lt?.)  L'auteur  de  ce  récit  omet,  de  son 
côté,  la  tentative  d'évangélisation  que  Farel  fit  en  Guyenne.  C'est  de  ce 
dernier  pays  qu'il  se  rendit  à  Dûle.  {V.  ci-dessous  la  lettre  de  Canayc  du 
13  juillet  1524,  et  celle  de  Farci  du  G  juillet  1.525,  oii  la  question  semble 
tranchée  par  ces  mots:  «  È penitissima  Gallia  ilkclus  fui.  ») 

■■  Oroncc  Fine,  né  à  Briançon  en  1491,  un  des  premiers  mathématiciens 
de  son  temps,  était  en  prison  à  Paris  depuis  1518,  à  cause  de  l'ardeur 
qu'il  avait  mise  à  défendre  les  pri\iiéges  de  l'Uiiiversité.  (V.  le  N"  IG,  n.  2) 
S'il  est  vrai  qu'il  obtint  sa  liberté  en  1524,  il  h-  dut  aux  démarches  que 
la  Faculté  des  Arts,  réunie  le  27  octobre  (même  année),  décida  de  faire  en 
sa  faveur  auprès  du  roi.  Il  fut  réintégré  daus  ses  fonctions  en  1532.  (Bula'us.) 

♦  Josse  CJichiow  avait  pris  le  parti  de  Le  Fèvre  dans  la  dispute  re- 
lative aux  trois  Maries  (lôUr,  mais  bientôt  il  se  sépara  de  lui  et  fut  l'un 
des  premiers  à  se  prononcer  ouvertement  contre  liUther.  (Bula-us,  t.  VI, 
anno  1523.)  S'étant  retiré  à  Tournay  (1521),  il  consacra  toute  son  activité  ;i 
défendre  l'église  romaine.  Los  principaux  ouvrages  fpi'il  publia  dans  ce  but 
sont  les  suivants:  De  mncratinne  SancUmim.  Paris,  Simon  de  l^olines.  1523 
(.1524  nouveau  style),  in-4-,  où  il  attaquait  W.-F.  Capiton.  —  AntiluUwnis. 
Paris,  S.  de  Colines,  1524,  iu-folio,  dédié  à  Charles  Guillard,  président  du 
parlement  de  Paris.  —  PwpugnaculuniEccksi/cadvcrsus  Lutlwranm.  Paii-. 
S.  de  Colines,  1526.  in-fciio.  La  dédiciirc  de  ce  dernier  onvrage  datée  de 
Chartres,  1526,  est  adressée  à  Louis  Guillard,  évéque  de  cette  ville.  (V.  le 
N"  5,  note  1,  et  la  lettre  d'Érasme  du  17  juin  1521.  Le  Clerc,  p.  647.) 


15-24  C.  RUIÇONNET  A  MAIlCliKRITE  I)"AN(i()ULKMK.  181 

(lepoi-ealque.  Qiui'so  ndeni  milii  facias,  le  non  modicc'  [dili.uij  à 
Fahro ,  (ienirdo  el  Vatahlo'^.  aliisque  compluribus.  modo  l'em 
(|iiam  cepisli,  clirislianè  seniiter  luteris  defendasque.  Sed  ifitid  firo 
Clirkto  non  uf/n'cmiis.  sivivax  Ckristifidesaltis  nwntlhm  nohiscum 
insidevct? 

Bmlœm  '  hQ\A\\\  propo  tolani  absorpsit.  Milo^,  Canœm^.  dili- 
genter  navant  operam  lilteris,  teque  lionorilicè  salutanl.  Rogo, 
scribe  ad  me,  si  qiioquam  pacto  liceal  per  olium,  de  iis  qiue  apiid 
vos  agunlur.  Ulinam  illic  liceret  mibi  vivere,  et  de  hac  re  non 
adhiic  animiim  despondi.  Meldis,  apud  Fahrum.  Calendis  Januariis 

1524. 

Tuiis  ex  animo  Anuelus. 

(Inscrijdio:)  Giilielmo  Farello  Âllobrogi  Basileœ. 


84 

GUILLAUME  BRiçoNNET  à  Marguerite  d'Angoulême. 
(De  Meaux?)  10  janvier  1524. 

Inédite.  Copie.  Bil)l.  Iniji.  Siippl.  franc,  n"  337,.  fol.  271  a. 

SoMM.iiRE.  Envoi  de  la  traduction  des  Épitres  de  St.  Pmd,  avec  prière  de  l'offrir  au 
Roi.  Excellence  des  Ecritures.  Éloge  de  la  piété  dit  monarqiie.  Actions  de  grâces 
pour  la  protection  que  Dieu  vient  d'accorder  à  François  I,  en  faisant  échouer  la 
conspiration  [du  connétable  Charles  de  Bourhon.'\ 

Madame,  la  longueur  de  l'enlumineur  procédant  en  partie  des 

•"*  Gérard  Roussel.  V.  le  N°  44,  note  1. 

«  François  Vatahlc.  V.  le  N»  6,  n.  2,  le  N°  20,  n.  19  et  le  N"  38,  n.  10. 

"  Guillaume  Budc,  l'hollénisto.  Il  avait  presque  terminé  la  lettre  B  de 
son  dictionnaire  grec.  Cet  ouvrage,  intitulé  «  Commentarii  lingua?  grieca?,  » 
pai-ut  à  Bâle  chez  Jo.  Bebelius,  1530.  in-folio. 

*  Appelé  ailleurs  Milœm,  régent  des  classes  de  grammaire  au  collège 
Le  Moine,  à  Paris.  (V.  la  lettre  de  LeFèvrc  du  20  avril  1524,  n.  10.)  Tout 
nous  porte  à  croire  que  ce  M'dmis  est  Miles  Ferrât,  élève  et  ami  de  Fai'cl, 
avec  lequel  il  était  en  correspondance. 

^  Jean  Canaye  fut  le  disciple  et  l'ami  de  Farel.  A  l'époque  où  ce  der- 
nier habitait  Piu-is ,  ils  avaient  l'un  et  l'autre  vécu  dans  l'intimité  de  Le 
Fè\Te.  (V,  ci-dessous  la  letti-e  de  Canaye  à  Farel,  du  13  juillet  1524.) 


|S2  <;.  BRrr.oNNFvr  v  maroikritk  d'angoulème.  1524 

fniidiiros '.  qui  rmil  tort  retardé,  n  esté  cause  que  pluslnsl  n'av 
poil  mroior  nu  Uoij.  [à]  Mndnmr  et  à  mus  les  ëjmtres  de  S.  Pol 
Irnmlntées  *  :  ce  que  fais  présentement,  vous  suppliant.  Madame. 
Irés-liiimhlomeni.  (pi'il  vous  plaise  en  faire  TolTre,  que  [1.  qui]  ne 
|ioult .  de  voz  mains,  estre  que  trés-atjréable  et  (saichant  vostre 
sainct  désir)  ne  vous  sera  à  peine,  mais  plaisir,  pour  l'espoir  du 
[ironflict  qui  on  viendra  à  l'Iionneur  de  Dieu,  doulx  esjïuillon  fa- 
cilitant tout  travail. 

Elles  sont  ini'tz  ronil.  engressant  sans  corruption  et  pruérissant 
do  toutes  maladies.  Plus  on  en  ffouste.  [plus]  la  fain  croist  en  désir 
assouvi  insaciahle.  Le  dici  melz  piir.ae.  illumine  et  parfaict  toute 
créainre  par  foy  insérée  on  fdiation  divine.  Là  se  conprnoist  tout 
ostrai'omont.  se  voit  le  chemin  pour  en  sortir  et  courir,  par  dila- 
1,1  lion  do  cœur,  en  perfection  do  charité,  assouvissement  et  pléni- 
liido  do  la  loy.  dont  procède  la  source  de  toute  grâce,  crois.sant 
par  p:ralitude  et  recon.trnoissance.  L'amplitude  de  la  dicte  source 
est  si  oxultérante.  que  nul  [n'en]  est  exempt:  on  laquelle  spécial- 
lement  le  Bon.  Mndnme  et  7'om  estes  excellentement  noiez.  Je  ne 
conû:nf)is  on  ce  royaulme  aulfres  que  [1.  qui]  tant  y  soient  plongez 
et  ahismoz. 

Et  récontemenl.  oultro  les  continuoUos  [grâces]  intériores.  les 
frràcos  oxioriores  ont  par  urans  ru.sseaulx  habondamnient  couru 
oi  conronl  :  l'I  ne  faiotz  douhto .  (pi'elles  n'ayenl  esté  humhle- 
utonl  rocenes  et  congneuos.  spécialloment  par  Madame,  .s'//  roj/ntit. 

'  liliivor  do  1523  j\  1524  commonr.i  do  bnnno  honro  ot  fut  d'uno  rifrnour 
oxooptinnnollo.  (V.  lo  Journal  d'un  bourpreois  do  Paris,  p.  186.)  Marpruorito 
on  fait  montion  dans  le  liillot  suivant  qu'ollo  adressait  ''au  mois  de  décembre 
1523)  !\  rôvOquo  do  Moaux  :  «  Triumphor  ploriousomont  par  vraie  union  do 
nostro  rhiof  ...  on  costo  ourouso  croix  do  tribnlation  doibt  ostro  vostro 
pa.8setempa  et  consolation.  Vrn/  Je  innps  accrptnhlr,  rrcij  Ir  jmr  âr  aahil, 
ntuiiirl  1(1  frnirlrtirrlrVhirrr  tir  (h/ininiirrarrlnir  de  charité  .  .  .  Vous  priant 
plus  (|uo  jamais  ropardor  lo  bosoinc:  que  a  de  voz  bonnes  prières 

vostro  inutillo  mère.  Margifritf. 

«  Vous  vouldroz  bien  (juo  je  no  soie  oublif'-c  à  colles  de  Mons.  Fabri/.  » 
(lîibl.  liii|).  manuscrit  cité,  fol.  262  a.) 

*  Il  faudrait  entendre  par  là  une  traduction  mnnuscriic  des  Épîtres  de 
St.  Paul,  si  la  présente  lettre  avait  été  écrite  en  .ian\ior  1523,  comme  le 
pensent  quolquos  autours.  Nous  croyons,  au  contraire,  qu'elle  est  datée 
«elon  l'ancion  style,  c'est-à-dire  qu'ollo  apj.artiont  on  réalité  à  l'année  1524. 
1-08  Kpllres  que  Briçonnet  envoyait  au  roi  .seraient  donc  des  exemplaires  en- 
Inminôs  do  la  seconde  partie  du  Nouveau  Testament  de  Lo  Fèvre,  publiée  le 
li  novembre  de  l'annéo  prrcédoiifo.  (V.  lo  N"  70  et  la  note  3.) 


1524.  i,K  KKViiK  i)"i:iAi'i.i;s  a  (i.  i'auki,.  IH;i 

|i;ii"  hi  gi';ice  de  Dieu,  pslrc  coimnc  deni-fois  iiii'rc.  —  lii>  ;i>;ml  la 
bonté  divine  faici  comme  renais! re  cl  rcsuscilé  Ir  linij.  vcii  la  (liimp- 
iii'P  et  ine.rrofjitéo consf)ii(iUon  cl  mnUce ^. 

Sy  tous  ceulx  du  l'oyaulme  s'en  esjouissenl  el  consollrnl.  plus 
doiht /a  bonne  mère  larmoier  de  joie,  et  vous,  luy  tenir  compai- 
gnie,  regectant  tout  à  Dieu  et  non  à  voz  industries  et  diligence. 
Et  de  tant  plus  ([ue  sentez  l'importable  source  de  grâce  vous 
environner,  plus  [II]  fera,  quand  vous  eiïorcei'ez  y  correspondre 
selon  vostre  pauvreté,  qui  croist  plus  sur  les  grâces  grandes.  [  De 
Meaux  ou  de  St-Germain-des-Prés?]  x^  Janvier,  v*=  xxiij  *. 


85 

LE  FÈVRE  d'étaples  à  Guillaume  Farel. 
De  Meaux,  13  janvier  1524. 

MANQUE. 

[L'original  aulograpbe.  qui  se  trouvait  à  la  Bibliothèque  Ro>ale. 
tome  268  de  la  collection  Du  Puy,  en  a  dispai  ii.  il  y  a  environ 

^  C'est  une  allusion  évidente  ù  la  conspiration  du  connétable  de  Bour- 
bon. (V.  Gaillard,  op.  cit.  II,  p.  22-58.)  La  première  nouvelle  en  vint  au 
roi  par  une  lettre  de  Brézé,  grand-sénéchal  de  Normandie,  datée  du  10 
août  1523.  Le  15  septembre  suivant,  Briçonnet  écrivait  à  Marguerite  d'An- 
goulême  :  «  Madame,  depuis  que  j'ay  entendu  le  bruit  qui  court,  moult 
estranrjc  et  inexcogitohle,  n'ay  esté  à  mon  aise  ...  Il  a  queue  plus  longue 
que  l'on  ne  pense  .  .  .  Louée  soit  la  bonté  divine ,  qui  n'a  permis  telle 
maléfice  et  ruyne  totàlle  du  royaulme!  Le  roy  est  bien  tenu  à  Dieu.  J'es- 
père qu'il  le  rccongnoistra  plus  que  jamais.  »  (Bibl.  Imp.  ibid.  fol.  251  a.) 
Quant  à  la  persuasion  où  est  Brironnet  que  la  vie  de  Fran^'ois  I  avait 
été  en  péril,  elle  peut  s'expliquer  par  le  discours  que  Brion,  l'envoyé 
royal,  tint  au  parlement  de  Paris,  le  31  octobre  1523.  H  dit  que  François  I 
devait  être  livré  au  roi  d'Angleterre  par  le  connétable  ;  que  les  partisans 
de  celui-ci  avaient  résolu  d'ent'ormer  la  reine-mère  et  d'exterminer  toute 
la  famille  royale,  etc.  Cette  accusation  était  destinée  à  surexciter  l'esprit 
public,  les  ennemis  étant  déjà  arrivés  sur  les  bords  de  l'Oise,  à  onze  lieues 
de  Paris.  Il  n'est  d'ailleurs  pas  étonnant  que  Briçonnet  ait  cru  à  la  réalité 
d'un  crime  que  les  juges  reprochaient  tous  les  jours  au  confident  du  conné- 
table, Jean  de  Saint-Yallier,  condamné  à  mort  le  ]  G  janvier  1524. 

*  L'année  finissiiit  à  Pâques  pour  la  France,  quoique  Ton  commençât  à 
suivre  le  nouveau  style  quand  on  envoyait  des  lettres  dans  les  pays  où  il 
était  déjà  adopté. 


iS'j  ANKMd.M)  l)K  r.OCr  W  l'IEl'X  I.RtlTKlH.  1521 

(rciilo.iiis.  Vmvoz  le  ■  Didionnaire  des  pièces  auloyrajilies  volées 
;iii\  liililintlit-(|ijes  iHihliiiues  do  la  France  ■'.  ouvrage  de  MM.  Ludo- 
vic Lalaime  et  lleiiri  Bordier.  Paris,  18oi2.  m-H".  p.  130. 

M.  Henri  Hordit-r.  à  rohliireanoe  diKind  nous  devons  un  arand 
iMMiilire  de  rt'nst'i'jncnienls  in'érieux,  nous  écri\ail  de  Paris. 
au  sujet  de  la  dite  lettre:  «  Il  existe  à  la  Bihlioilièque  Impériale 
lin»'  analyse  faite  au  18"'"'  siècle  par  l'avocat  Pitorre  d'un  certain 
Moniliio  de  \ (dûmes  de  la  Collection  Du  Piiv.  L'analyse  du  vo- 
lume ^08  commence  par  ces  mots:  »  Les  compilateurs  de  ce  vo- 

•  luiu»'  de  M.M.  Du  Puy  montrent  leur  solide  discernement,  en  v 
placiiil  en  ti-tc  lu  h-lfrc  de  Jnniiics  Fdhcv.  èrvitc  n  Farci,  son  nmij. 
Il  liiisli'.  (huis  lnifiifllc  li'llii'  soni  ili''s/i/iiés  et  noiinni's   ijumilik' 

■  il'ouiviuies  de  rclif/ion  du  temps,  qui  servent  de  front is[)ice  à  Tex- 

•  plicati(ui  détaillée  des  pièces  qui  y  sont  ensuite  traitées.  » 

Nous  nous  sonnnes  assuré  nous-méme  que  ce  volume  com- 
luence  mijourd'liiii.  un  folio  2.  par  la  lettre  (le  Le  FèMO  à  Karel 
du  20  avril  (irj2i):  «  De  literis  et  lihris  quos  ad  me  diidiim  mi- 
sisli...  C.v>  p;ii-olt's  de  Le  Fèvi'e  confirment  donc  l'assertion  de 
Favocat  Pitorre,  et  elles  nous  font  constalei-  une  lacune  de  plus 
dans  ce  (|ui  nous  reste  de  la  correspondance  des  réformateurs.] 


-VNÉMOND  DE  COGT  au  ])ieiix  Icctcui*. 
De  Zurich,  24  janvier  1524. 

im|iiimée  (Zurich.  Froscliower,  1524). 

.SoMiiAiiti,.  I,u  vovHgo  <iin;  j'ai  liiii  eii  Allemagne  a  été  fructueux  pour  moi  et  pour 
iiiilnii.  J'ni  vu  et  eutendu  ceux  qui  remettent  en  lumière  Jésu.s-Ciirist;  j'ai  obtenti 
«te  LtUhtr  une  lettre  exlioitatoire  pour  U  duc  de  Savoie,  ot,  après  l'avoir  portée  il 
Hii  destination,  jo  suis  venu  A  Zurich  en  demander  une  à  Zwingli  pour  Pierre  dt 
Srfwille,  fidèle  prédicateur  de  Christ  il  Grenoble.  Si  le.s  auteurs  de  ces  deux  épîtres 
que  je  publie  trouvaient  des  imitateurs  parmi  les  écrivains  do  talent,  on  verrait 
oortwincment  notre  France.  l'Italie  et  lea  Espagne*  accueillir  avec  joie  Christ  re- 
venant du  pays  d'Éttypte. 

.Nnnenmndiis  Coctus  K.pies  (Jalliis  pio  Lect<M-i. 
Dominiis  icciimî  K  (iolliis  in  Cmmininni  exivi.  non  aliam  oh 
'•ausim  nisi  m  etts  nosseni  è  facie.  (|uos  fama  jam  mihi  feceiai  no- 
lissjiii<..«;.  nii;i'  (piidi>iu  ferchal.  (|iiàm  puie.  (piàm(|ue  germanè  (jui- 
dani  CIIIUSTIM.  jam  ;i  undtis  annis  ignoratuin.  in  Iik  vm  denuo 
pn.r.Trciil.  N»..'  fnisira  cvni.  n;im  pra-tcr  hoc  .piod  iUos  vidi.  au- 


1M2/|  A.NKMOM)  Di:  COCT  Al'  l'IKlN  I.KCI  T.ril.  ISfi 

(livi.  el  iii  .uniciliam  reccplus  smn  .  eliain  aliis.  ila  iiiilii  videor. 
pi-dlïii.  Adiens  oiiiin  |)i'imo  Lnllieriiiit  ',  [i()sloa(|iiain  ramiliai-ior  mihi 
lacliis  est.  imilla  smn  lot[uuliis  cuni  eo  de  rehiis  Clirisliaiiis:  iiilcr 
alia  iiuidil  nobis  sernio  de  principilms.  Tiini  ego  commendavi.  iil 
par  ei'al.  Priiicipein  inliistrissimuin  Ditcem  Snbandiœjam  priidcii- 
tem  (|uàni  stiuliosum  verse  pietalis  *.  Hoc  autem  audiens  Luthnus 
dixil.  se,  cuni  id  ollicii  sui  sit.  posse  adliorlari  illiiiii.  ni  perseverel 
esse,  qiiod  aiidiaf  :  prius  enim.  nescio  nnde  '%  pei'lata  ad  enni  fuerat 
fania  hona  de  Principe.  ïnm  ego:  «  Si  libi  placuerit  scrihere.  ine 
non  pigebit  perferre.  »  Sciipsil  is  igitur  ".  Ego  pertuli.  Spero  rem 
me  fecisse  Principi  gratissimam. 

Deinde  anlem  Tifjumm  veni^  ad  Huidricimin  Znmoiium.  Hnnc. 
nbi  me  benignissime  excepit  et  jam  ali(iuandiu  laniiliarilate  ejus 
t'ueram  usus,  rogaram,  ut  literis  miiii  Petrnm  Sebivillam  concio- 
nalorem  Gralianopolitannm  in  officio  relineret,  praxlicandl,  in- 
ipiam,  soliim  CHRlSTUiM.  id  quod  jam  dudum  incœperat  pulcber- 
rime*^.  OlMemperavit  is,  ut  est  ad  Evangelium  promovendum 
promplus,  l'ubentissime  '. 

Jam  verô,  ne  illud  solum  egerim,  verumetiam  amplius  aliquid. 
Galcographo  dedi  epistolas,  de  quibus  hucusque  dixi,  divulgan- 
das  ®,  ut  et  alii  hat)erent  unde  ulilitatem  nanciscerentur. 

Volo  itaque.  lectoi-.  quisquis  es.  ut  liinc  intelligas  Anncmun- 
dum,  pro  CHRISTl  gloria,  et  tuo  profectu,  nihil  non  et  fentaturum 
et  subiturum.  Quid  verô  putas,  si  omnes ,  qui  stilo  valent ,  idem, 
ipiod  illi  duo,  facturi  sint  ?  Futurum  profectô  esse  video,  ut  non 
modo  GalUœ  noatrœ .   verum  et   Italia.  et   Hispaniœ  gentesque 


'  Voyez  le  N"  66,  note  2. 

*  —  ••  V.  le  N»  76,  note  2. 

♦  V.  la  lettre  de  Luther  au  duc  de  Savoie  (N"  76). 

^  Anémond  de  Coct  dut  arriver  à  Zurich  au  mois  de  novembre  1523. 

'•  Il  résulte  de  ce  jamdudiim  que  Pierre  de  Sehville  prêchait  déjà  rp:vau- 
gile  à  l'époque  où  le  chevalier  Coct  quitta  le  Dauphiné  pour  se  rendre  à 
Wittemberg. 

"  V.  la  lettre  de  Zwingli  à  Pierre  de  Sebville  (N°  82). 

**  Ces  lettres  forment  une  brochure  de  8  feuillets  in-4",  qui  a  poiu-  titre  : 
«  In  hoc  libelle  contenta.  Annemundi  Cocti  Equitis  Galli  ad  lectorem  Epis- 
lola.  Chi-istianissimi  doctoris  Martini  Lutheri  ad  Inlustrissimum  principem 
Carohim  Saliaudia»  duccm  Epistola.  Iluldrici  Zuinglii  Tiguriiii  Episcopi  vi- 
gilantissimi  ad  Tetrum  Schivillam  Gratianopolitanum  Ecclesiasten  Epistola. 
Pra-dicabitur  hoc  Evangelium  regni  in  universo  orbe,  in  testimoniura  omni- 
bus gentibus  et  tune  veniet  consumatio.  Mattha?i.  24.»  (Sineloco.) 


|s<>  Tg.  bi\içonnf.t]  a  marguerite  d'angoilkme.  152i 

ivIiijii.T  CHHISTIM  f'X  .1^.ii\|iln  icdoiinlem  ainli;ilms  iiliiis  siiil  ex- 
rt'|iliiia'.  Ca'k'ii'iin  iiniiiu  est,  (|U0(1  te  volo  iii  otulis  liabere 
|ierpelini  :  Sic  Doiiiii  Milexisse  miiniliiiii .  ni  lilimn  saiiiii  iinige- 
iiiliini  (Icilcril.  ni  (iiniiis  ipii  (  redal  in  eiini,  non  pereat.  secl  lia- 
Iteat  vilam  a-leiiiaiii.  Hoc  cnini  faciens,  nec  à  niiindo.  nec  à 
(liahold  ail  iiiiiiiaiia  pdleris  abstralii  commenta,  (pialiaciinipie 
siiii  in  s|iecit'm.  Sic  i.irilnr  fac.  et  salviis  eris.  Yale  in  CHHISTO. 
o\  Evantrolinm  l'ovo.  Ti^niri .  nono  KakMid.  Febniarii  .  anno 
M.D.WIIII. 


87 


[GUiLLArME  briçonnet]  à  IMarp^uciite  crAiij-oulénic. 
De  St-Gcrmain  (-des-Prés),  31  janvier  (1524). 

Iné.litp.  nil.l.  Imp.  Sup])!.  franc,  n"  337.  fol.  270b  — 280 h. 

Cfiuvcments.) 

Sommaire.  Briçonnet  adjure  Marguerite  d'employer  toute  .son  influence  auprès  du  roi, 
pour  qu'il  choisisse  à  l'avenir  des  évéques  qui  soient  dignes  de  la  tâche  qu'ils  ont  î4 
remplir.  Parallélo  des  fau.x  et  des  vrais  pasteurs. 

l'onr  nranl  ne  vous  a  la  plrnilndo  divine  faici  ses  vaisseanK 
irnipliz  de  liabdiidanle  <ri-àce.  iif  ((inslilné  .ses  excellentes  ipiKiifjrs 
ilr  n'-iifr  '.  ipic  jiniir  la  prnwnnroir  ni  Ions  rstut:.  spêridllomciil  ni 
irlliiii  ijiii  finis  nijiiif'*.  Commerm]  povez-voiisyirnoiciipie  la  jilns- 
pail  dt'  i-nilr  (jiii  doilirnil  rstrr  iin'rniiiziitnirs  de  n'ritr.  ne  la 
MK'ilIcnl  II.  n.'\cnl»'nl  jias  rtMrc]?  carne  sçaveni  Tanoncer:  il  faicI 
mauvais  ;:u('ct  (pii  est  borj.qie.  oven.ule  et  enilormy:  serclier  [I. 
•  Iicrclifr   liMTc  cl  ciel  sfinl  <lntsr's  incompatibles.  a>mer  la  cliaiiol 

'  Diuis  les  quinze  pronnVros  papes  de  la  ])r»''seiito  lettre  Briçonnet  déve- 
loppe cette  idée,  que  «  tout  paintre  et  statuaire  ouvrant  ftravaillant]  selon 
son  art,  pins  est  exrellent.  plus  estudie  rcprismirr  Timnige  au  vif  et  à  sa 
riritr.  >  Los  ehrétiens  doivent  pareillement  s'étiulier  à  reiirodiu're  en  eux 
l'imatre  de  fTiri.st. 

Il  .s'afril  ici  du  clergé,  que  Briçonnet  a  nommé  plus  haut  (p.  86)  tVestal 
ftnr  la  froideur  duquel  tous  hs  autres  sont  geliez.  » 


1524  [c.  ijukjonnkt]  a  maiuuikiui'k  d'vmwiulkmk.  I<S7 

l'esperil,  el  en  propre  amour  nourrir  relie  de  Dien.  Je  sçai/  f/nr 
If  roi/  ji  Pli  a  mis  lii-  bons,  donl  Je  htiie  Dien.  A  niov  n'es!  (U^  jirLicr 
(le  comhien  les  nnllres  eniporlenl  la  balance  ^ 

Je  vous  supplie.  iMadanie,  procnrer  pour  Tadvenir  l'Iioininif 
lie  D/'i'ii.  en  l'élection  et  clioiz  de  ses  ministres,  sy  tosi  ne  vouliez 
encourir  Tire  el  indicnation  de  Dieu,  qui  est  présente.  Sy  n'y 
pourvoiez.  vous  direz:  «  Le  temps  n'est  propre  !  »  11  est  lousjours 
saison  de  hien  fair-e.  Ung  bon  édifilcateur  ne  bastist  pour  déuiolir. 
Sy  desirez  que  TÉglise  recongnoisse  son  estât  et  profession,  el 
soit  réduicte  à  sa  vérité  conue,  [je]  sçay  que  Dieu  vous  en 
donne  à  tous  trois  le  vouUoir,  qu'il  accompaigne  de  sçavoir  et  pou- 
voir. Pourvoiez.  comme  [1.  quand]  les  places  des  capitaines  vacque- 
ront,  telz  y  estre  mis,  qu'il  ne  f;iille  non  seuUement  les  démolir, 
mais  [qu'ils]  puissent  en  nostre  Seigneur  vous  conforter  et  ayder 
à  exécuter  rostre  sainct  r'Oidoir. 

Sy,  pour  la  detîence  de  l'Estat,  [vous]  faictes  les  guerres  par 
divers  capitaines,  et  [si]  n'est  le  roy  partout  que  par  Tobédience 
que  l'on  a  à  ses  lieutenants-généraulx  et  capitaines,  qu'il  sçail 
luy  estre  loyaulx  et  fidèles ,  —  Tune  guerre  n'empescbe  Taullre 
qu'il  ne  puisse  aussy  cependant  pourveoir  d'autres  capitaines,  in- 
capables pour  celle  de  la  terre,  qui  pourront  vacquer  et  entendre 
à  guerroier  les  ennemis  de  Dieu,  ipii  seul  estaindra  el  assoupira 
vostre  guerre. 

Sy  allez  [1.  allez  donc]  en  la  scienne  rondement  et  en  vérité, 
non  par  ypocrisie  et  pour  eschapper  du  inammis  pnssni(/e!  Prières 
d'imaiges  deffigurées  ne  forcent  la  bonté  divine,  ains  [r]exaspè- 
i-ent  et  remplissent  le  vaisseau  de  ire  et  indignation,  que  voyons 
(■'vidamuieni  esire  préparé,  que  [je]  supplie  le  Seigneur,  père  de 
toute  miséricorde,  par  sa  doulce  et  pacienle  longanimité,  convertir 
en  vaisseau  de  grâce,  de  laquelle  il  ne  desliliie  reuK  ([ui.  en  sim- 
plicité el  véi-ilé  de  cueur.  la  sercbent. 

^  Bien  peu  d'évèques  avaient  pour  leur  troupeau  une  sollicitude  égale  à 
celle  de  Briçonnct.  C'est  du  moins  le  jugement  porté  par  Marguerite.  Dans 
un  billot  sans  date,  mais  qui  paraît  avoir  été  écrit  en  1522,  elle  disait  à 
l'évêque  do  Mcaux  :  «  [Je]  suis  constraincte,  tant  par  ce  que  l'on  m'a  dict  que 
[par]  l'expérience,...  vous  prier  avoir  regard  que  le  travail  que  prenez  d'apa- 
reiller  la  viande  à  voz  hrehis,  ne  vous  retarde,  quant  elle  sera  preste,  la  dis- 
tribucion....  Considérez  qu'il  ef<t  peu  de  ;)>v7a?r  ,  à  qui  Dieu  faiet  tant  de 
grâces,  et  sy  vous  avancez  l'heure  de  son  sorM'ce,  et  allez  à  Luy  avant  le 
temps,  je  ne  sçay  s'il  en  sera  content.  Je  vous  requier,  pensez-y  pour  Luy 
et  pour  ceulx  à  qui  tant  povez  servir,  y  (Mscr.  cité,  fol.  223  b.) 


ISS  [g.   BlUr.O.NNKTJ  a  MAUOLlilUTK  DA.NCiOlLKMK.  1524 

Sy  le  St.  E?;perit  corrmmn'le  par  Si.  Pol.  chasciin  debvnir  parler 
Nt'rilè  avec  son  prochain*,  plus  [encore  le  doit]  le  vassal  el  suh.û-ecl 
;i\tH- son  sei^Mieur.  el  servileiir  au  niaislre.  El  jtoiir  ce.  Madame. 
tint'  fil' m  Ululez  vérilè.  doni  in'escripvez  ne  lioiivor  qni  vous  en 
disse  nouvelle,  je  cuide  n'en  estre  loing  .... 

El  ce.  Madame,  que  dictes  estre  le  pis,  d'avoir  esté  narrée  des 
(jurdes  de  la  cité  ^.  est  le  mieulx  qui  vous  sçauroit  advenir.  Douice, 
|ilai.sinle  el  di'licale  esl  la  plaie  qui  ririffie.  Plus  [ils]  seront  ipmi- 
f/es  rruies  de  Gellny  (jui  seul  esl  prolecteur  et  gardien  de  la  cité, 
plus  [ils]  vous  navreront,  et  vous  sera  la  plaie  incurable  sy  agréa- 
Itle.  que  vouldrez  la  mort  suivre.  Telz  ostent  non  seullemenl  le 
manteau,  mais  robbes,  chemises  et  toutes  choses  non  seullemenl 
accidenlaires.  mais  substanlificques,  et  ne  cesseront  (pfilz  ne  vous 
ayent  mis  en  parfiiicte.  entière  et  totale  nudité,  jusques  à  l'àme  el 
espcril  inclusivement,  pour  estre  joincle  el  unie  à  vérité  nue  el 
descou\erte.  Les  f/ardes  larréz  '^  et  adultérines  narrent  à  mort 
mortelle,  couvrent  vérité,  de  paour  de  l'évanter.  et  surcliai-yenl 
les  imaiges  ((ui  [1.  ([u'ils]  defligurenl  par  llateries  et  dissimulations. 
Oui  les  suict.  n'est  de  meneilles  s'il  a  piedz  agi'avéz.  voulx  doz  el 
mains  liez  .... 

I.<a  iivw'Q  (|ue  Dieu  vous  ilonne  est  grande,  el  plus  sera  en  vous 
despouillanl  ilc  pnqire  et  vestanl  du  (li\in  xouloir....  Que  [poui' 
vous)  Dieu  soil  Dieu,  puissance,  sapience,  bonté,  amour,  paix!  El 
ce  que  Ton  Luy  attribue,  el,  pour  ce  qu'il  esl  vérité,  que  toutes 
ses  œuvres  aussy  a  laid  el  continue  en  vérité,  démonslre  que 
telles  doivent  estre  celles  de  ses  ymaiges.  qui  ne  subsistent  que 
par  vérité.  Celle  (pii  ne  représente  an  vif  t>sl  faulse  el  adultérine 
vie  el  vérité.... 

Vous  Luy  supplierez,  s'il  vous  i)laisl.  .Madaïue.  (pie  rostre  paurrr 
inutille  fil:  m-  se  desvoie,  lequel,  se  recomiiiandaul  viscéraliement 
à  \oz  bonnes  prières,  par  icelles  eslevé,  iiiqièlreia  que  miséricorde 
el   V('rilé  ne  vous  bnlt.iuiloiinenl    eu   ;implitiide.   LTlce.  paix  el 

• 

'  lOjt.  au.x  Kplièsiciis,  di.  I\  .  \.  25;  «Qui'  chacun  dr  vous  parle  selon 
la  véritc-  ii  son  i)rocliain.  » 

*  Les  gardes  de  la  citr  spirituelle,  c'est-à-dire  les  memliros  du  clergé.  Il 
y  A  dans  tout  ce  passaiie  une  allusion  au  Cantique  des  Cantiques,  eh.  V,  v.  7  : 
«Ceux  <iui  gardent  la  ville  et  qui  font  la  ronde  m'ont  rencontrée;  ils  m'ont 
frappée  i-tMesséc:  ces  pardiens  de  nos  murs  m'ont  enlevé  le  manteau  dont 
je  me  couvrais.  » 

"  Les  gardes  masques,  lus  faux  pasteurs. 


1î)24.  M.Mu;ri:iUTF.  D'.vNcoULKMr.  A  <;.  hiu(:onnkt.  189 

amoiir.  De  vustre  niaisoii  de  Sainct-Geniiairi.  le  dernit'i'  <lt'  Jaii- 
vitM-  (Um)  \ 

Vosirt'  iiiiilillt'  lil/,  (1..  imliiiiie  miiiislre.. 


88 


lAJARciiJERiTK  d'angoulême  ù  CTuillauiiie  r.riçoniiet. 
(De  .  .  .  .  )  9  février  1524. 

Copie.  Bil.l.  Impéi-.  Siippl.  fraur.  n"^  :3;}7,  fol.  2811) —^S5a. 

(FR.WÎMKNTS.) 

SoMM.^iRE.  Marguerite  reconnaît,  qu'elle  a  mérité  les  admonitions  sévères  de  l'évéque 
de  Meaux.  Elle  se  recommande  à  ses  prières,  affin  qu'elle  puisse  so  i-.^vfiller  pour 
une  vie  nouvelle. 

Le  IX"'  Febvrier  1523  (1524). 

La  nialière  de  consolation  qu^il  plaist  à  Finlinie  Iionlo ,  par 
vo.stre  lettre  ',  depparlir  aux  bons  esperitz  et  à  mes  clercs,  se  con- 
vertist  en  nioy  en  occasion  de  doukiir  et  de  confusion  ....  Vous 
priant,  par  vos  oraisons  inipétrer  de  Tindicible  miséricorde  ung  ré- 
veiUe-mntin  pour  la  pauvre  endormie,  afin  qu'elle  se  lève  de  son 
pesant  et  mortel  somme,  [misque  l'heure  est  venue,  ....  Et 
voyant  de  toutes  ces  choses  en  moy  trop  de  delïault,  je  relourne 
à  vous  et  à  Monsieur  Fabry  et  tous  voz  sieurs,  vous  requérant 
Taulmosne.  Et  à  plus  neccessiteux  ne  la  pourriez  refuzer,  car  le 
pain  des  ent'ans  ne  m'est  deu,  mais  les  myetles ,  desquelles  auroie 
bien  cause  de  m'en  contenter,  sy  les  goustois  de  bon  appétit.  Sup- 
pliant Celui  qui  vous  baille  le  pain  à  départir,  tellement  le  multi- 
plier entre  voz  mains,  que  chacun,  resaizié.  en  puisse  avoir,  du 
relief,  sa  plaine  corbeille 

vostre  iniitille  mère.  Mauglkuitk 

"  Nous  adoptons  la  date  do  1524,  parce  que  le  sujet  développé  ici  par 
Briçounet  est  traité  somniaireniont  dans  ses  lettres  du  12  et  du  2T)  février 
(.N*"  89  et  94),  qui  appartieuneut  certainement  à  cette  année-là. 

'  C'est  prol)al)lenieut  la  lettre  du  31  janvier  (X"  87). 


l'.MJ  <^.  BmCoN.NKT  A  MAliliLKlUTK  d'aNC.uH.KMK.  1  5f 4 


89 


GUILLAUME  BRiroNNET  à  Marguerite  crAngoulême. 
(De  St-Gerniciin-des-Prés  y  12  février  1524.) 

Iiicdih'.  Cuiiif.  Bilil.  Iiiipci'.  Suppl.  Ihiiuj.  ii"  'SM.  loi.  ^871)  — 281)1). 

(fragments.) 

80.MMAIRE.  M<arguerite  n'a  pas  besoin  d'être  reveillée  :  Dieu  y  a  déjà  pourvu.  C'est 
plutôt  Briçonnet  et  ses  frères  de  l'épiscopat  qui  auraient  besoin  d'être  réveilles. 
Que  In  famille  royale  se  préoccupe  sérieusement  de  cette  œuvre  de  réfm-vie,  quel- 
que difticile  qu'elle  paraisse,  et  Dieu  lui  fournira  l'occasion  de  l'accomplir. 

M.idanu'.  l.i  honte  divine  nous  réveille,  se  conimuni(jtKinl  à  nous 
|i;ir  trois  sortes  de  ré\eilz.... 

Heliis!  iM;idauie,  je  vous  .supplie  lrè.>^-liuml)lenient....  que  soiez 
pou  r  loin  lit  1)  mon  f^  D"']  w/<'.s-  uniibhibh's  (Icffii/uii'-  '.  rèreib  mom- 
ti  i/iniiit's.  ilrsijiirls  rliiiscuH  coNi/noist  quel  eal  le  (loiiiiir.  nullres 
niiloniiiuis  ^  Kl  \()iis;i\ant  Dieu  donné  le  pouvoir,  [je]  \ous  re- 
(|uiers  cl  se^l()Il.^.  en  riionneui' de  Dieu.  >  leniédier.  Je  sçai/  l'œu- 
/•/v*  iliffinh;  lujiis  nuii  à  Dieu,  qui  tout  facilite  en  ses  vai.sseaulx 
qu'il  di,i:niftie  |iar  son  nhcil. 

Si/  h'  infi.  Miiihiiiic  rt  rous  Le  ronU'uipw'Z,  aprestez-vous  liai- 
diniriii  pniir  leeevoir  des  verges.  Stj  ^exécution  m- aciiihic  inomiiU: 
jnnii  !>■  jinsnif.  [iiopdsez  en  \riile  et  simplicité  de  cœur,  ipie 
V  vacquorez  tldelleuient  par  .><a  grâce,  quand  11  en  donnera  ï'u\t- 
porlunilé.  h^t  sirc:  i-sIki/uz  i/uc  la  lumirir  ilc  imix  rous  rii'inlni 
ilout  ne  rafti'udrz  .  (jiie  iiiiiiiv/.  jamais  des  hommes  ne  de  \o/. 
iuM'ntiiuis.  .s'il  ne  .se  donne  hi\-iiiesme.  Il  ne  se  veult  sercher. 
'■"inhii'ii  i\\\r  présent,  se  in>iiiii,iiil  es  co'ins  \iav  désir  de  queste. 

Uriromirl  m'  r;iiijL;i'  an  iioiiildo  «les  piviat^  qui  (.ni  défiguré  on   oux- 
im-iiu's  riniage  de  Dieu.  V.  le  N"  87,  uotc  1. 

•  Vujcz  la  lettre  précédeute.  Au  lie»  d'èU-e  des  réveille-matin  itoiir  !<• 
trouiieau,  ii.s  l'eudormeut  pai-  l'exemple  de  leur  propre  soimiieil. 

L.i  rrtuniie  du  clergé. 


152^  MARGUliRITK  l)'\N(!OULlhli:  A  (;.  BlUœ.NNKT.  li)l 

pour  estre  trouvé  ,  prcvenaiU  le  quesleur  et  remprisoniianl  de 
désir  queslueulx. 

Aydés,  Madame,  par  voz  prières,  au  pauvre  endormy 

suppliant  le  vray  orient  nestre  [1.  naistre]  es  cœurs  de  toutes  ciéa- 
tures  raisonnables  et  réveiUer  les  chefz\  pour  Le  faire  honiiorer, 
servir  et  aymer.  .  .  . 

Vostrc  inulille  lilz.  indigne  iinuislre. 


90 


MARGUERITE  d'angoulême  à  Guillaume  Briçonnet. 
(De entre  le  12  et  le  24  février  1524.) 

Inédile.  Hihl.  Impéi-.  Snp])].  franr.  n"  'À'Xl.  loi.  2i)l  a. 

Sommaire.  Le  procureur  du  roi  ([u'elle  envoie  vers  Briçonnet  s'entendra  avec  lui,  poui- 
essayer  de  vaincre  la  résistance  du  malade  [e'est-â-dire  de  l'archevêque  de  Bourges, 
(|ui  uf  voulait  ptis  autoriser  Zaprédica<io?i  de  l'Évangile].  Une  œuvre  qui  con.sole 
Marguerite  et  sa  belle-sœur.  Nouvelle  rassurante  au  sujet  d'un  parent  de  l'ovéque 
de  Meanx. 

Plus  croissent  les  tribnlnUons  et  plus  augmente  la  congnoissance 
de  la  honte  d'icelliii  ipii  est  seul  triumplialeur  et  victorieux  des 
peities  et  contradictions  ([ue  [1.  qui],  par  l'cnnemy,  nous  sont  mises 
au  devant,  pour  empeschement  de  Sa  charité,  (jui  sera  par  Luy 
innnuable.  Gai'  Le  supplieray  avoir  pitié  des  pauvres  ignorans  el  de 
leur  encUnée  aveugleté  ',  pour  à  iaiiuelle  bailler  le  dernier  remède 
de  doulceur,  j'envoie  ce  porteur,  procureur  du  roy  à  Bourges^-. 

'  Marguerite  veut  parler  des  obstacles  que  l'archevêque  de  Bourges  op- 
posait aux  prédications  évangéliques  de  Michel  d'Arande.  Après  avoir  an- 
noncé l'Evangile  à  IJourges  pendant  les  deux  derniers  mois  de  l'année  1523, 
Michel  d'Arande  s'était  vu  interdire  la  chaire  dès  le  commencement  du 
carême  (22  février).  L'archevêque  l'avait  menacé  de  la  prison  perpé- 
tuelle et  avait  fulminé  une  sentence  d'excommunication  contre  tons  ses  au- 
diteurs. (Voyez  plus  loin  la  lettre  de  Farel  du  2  avril  1524.) 

-  Nous  n'avons  pu  découvrir  son  nom.  Bien  qu'il  y  eût  à  i>ourg(!s  uu 
procureur  du  roi,  c'était  Marguerite  qui  administrait  le  duché  de  iJerry  et 


102  MARGLKRirt  d'a.NGOLLÈMI:  A  G.  BUIÇONNET.  ).H24 

bon  el  loyal  serviteur,  devers  vous,  pour  vous  comptei'  le  tout  el 
prenilre  vostre  conseil  à  parler  au  mahide''.  Mais  j'ay  paour.  s\ 
If  vi'wMe  n'est  i)roinpt.  cjne  le  poteiicial  imUèyc  y  sera  applicqué. 
en  fKjnie  <hi  .siiiritiieL  [ce  (|ui  est]  plus  à  craindre*.  Cellu\«(pii  mo- 
liflie  el  endursist  comme  il  Luy  plaist  toutes  choses,  fassent 
[1.  fasse]  en  luy  sa  volunlé  ! 

El  plus  que  jamais  [je]  Le  loue  d'avoir  veu  par  letlres  [ce]  (]u'il 
[Luy]  a  jileu  faire  de  ma  Itelle  bonne  seur  =  ;  et  seur  est-elle  véri- 
tablement. .Il'  v((ii>  re(juiers.  non  ignorant  la  bonlé  de  Dieu  en 
vuiis.  .|ii('  NOUS  vueillez  labourer  à  cesl  œuvre,  que  j'estime  tant 
avec  elle  consolations,  que  assez  n'en  puis  rendre  grâces  à  Gelluy 
qui  est  innumérable.  Mais  il  Luy  plaira,  de  son  tout,  satisfaire  au 
rien  de  celle  (pii.  pour  rostre  pére^,  fera  comme  pour  le  sien.  Et. 
(pi(iy  (|ue  l'on  vous  die.  ne  croiez  (]ue  le  roij  et  Mnditme  iiernu'ttent 
chose  (pii  touclie  riionneur  [1.  son  honneur],  (jui  est  leiii-.  Vmv  la 
bt''nigneser\iliifl('  de  son  ponvoii-  n'>  f'spargnei'a  rien 

vostre  inntille  nirre.  MARGiKurrK. 


y  faisait  rendre  la  justice.  Elle  possédait  cette  province  eu  apanage,  depuis 
1517.  (Voyez  Y.  Génin.  Lettres  de  Marguerite,  1841,  p.  263  et  441.) 

^  IjC  malade  ne.  peut  être  que  l'archevêque  de  Bourges,  François  de 
Biieil,  ancien  professeur  de  droit  canon.  Il  occupa  ce  siège  du  11  janvier 
1520  au  25  mars  1525.  (V.  le  Dict.  de  Moréri.) 

♦  Si  nous  comprenons  Ijien  les  paroles  de  Marguerite,  elles  signifient 
que,  dans  le  cas  où  une  prompte  intervention  de  Briçonnet  ne  modifierait 
pas  les  dispositions  de  l'arclievêque  de  Bourges  envers  Michel  d'Arande, 
celui-ci  courait  le  risque  de  voir  les  censures  spirituelles  de  TKglise  sanc- 
tionnées et  aggravées  par  les  rigueurs  du  pouvoir  civil  à  Tépard  de  sa 
personne. 

•^  Marguerite  désigno-t-ellc  ici  la  reine  Claude,  épouse  de  François  I.  ou 
Madnvir  de  ]  cH/i/zinf ,  sœur  du  duc  d'Alençon  ? 

"  Briçonnet  avait  perdu  .scm  père  en  1514.  Il  est  probahlement  qtiestion 
dans  ce  passage  de  mm  oncle  maternel,  Jacques  de  Beaune,  banm  de  Seni- 
blançay.  surintendant  des  finances.  En  février  1524,  le  roi  nomma  six 
rommissaires  pour  lui  faire  rendre  comjjte  de  son  administration.  (Voyez 
le  Journal  d'un  liourgi-ois  de  Paris,  p.  195,  et  Gaillard,  op.  cit.  I.  401- 
474.)  Marguerite  écrivait  à  Briçonnet,  le  9  février  152H  (1524  nouv.  st.): 
'  Ne  vous  ennuyez  pour  l'aj/'aire  de  ronde,  car  vous  voirrez  que  le  ro;/ 
tic  Madame  ne  luy  feront  rien  contre  son  honneur.  >  (Suppl.  français, 
n-3.S7,  fol.  2fi5a). 


1^)24  !..  iMiLi.  \i  \  i.i.i.ii:ut>  ciiluVriF.NS.  !'♦;{ 


91 


GUILLAUME  FAUEL  aux  Lecteurs  clirétiens. 
De  Belle,  environ  le  20  février  1524. 

Imiti'imé  original.  13àle.  1524.  Archives  d'État  de  Zuricli. 

SoM.M.\iRE.  Le  premier  devoir  du  Chrétien  étant  de  s'enquérir  de  la  vérité,  telle  qu'elle 
est  en  Jésus-Christ,  je  soumets  à  un  débat  public  quelques  propositions  qui  ren- 
versent la  tyrannie  des  constitutions  humaines.  Je  m'adresse  à  toutes  les  person- 
nes qui  peuvent  apporter  quelque  lumière  dans  ces  questions  et  même  à  celles 
qui  veulent  maintenir  les  décrets  de  Home.  Venez  rendre  raison  de  votre  foi  au 
grand  jour,  comme  des  enfaits  de  la  lumière,  et  avec  les  sentiments  que  Jésus- 
Chrisl  réclame  des  Chrétiens.  (Suivent  les  xm  thèses  de  fabel.)  La  dispute 
aura  lieu  dans  la  grande  salle  du  Collège,  mardi  après  Reminiscere  (23  février), 
à  8  heures  [du  matin].  • 

GVLLIELMVS  F.\RELLVS  CHR1ST1.\MS  LEGTOUIBVS  '. 

Xil  Cliristiano  liomine  dignius  putarim  syncera  veritalis,  quam 
sese  Cliristus  esse  atlestaliis  est,  inquisilione.  Huius  ergo  gratia 
loiniiiodum  existimavi,  cum  ad  meaiu,  tiim  i)roxiini  lediticatio- 
nem.  quam  vel  maxime  iiobis  Cliristus  ipse  iniun.xit.  aliquol  in  me- 

'  Farel  était  venu  à  Bâle  pour  augmenter  ses  connaissances  et  affermir 
ses  sentiments  religieux.  (Voyez  sa  lettre  du  G  juillet  1525.)  Son  désir 
était  facile  à  réaliser  dans  une  cité  qui  présentait  tant  de  ressources.  Mais 
la  société  des  théologiens  et  des  savants,  les  cours  de  Pellicanus  et  d'Œ- 
colampade  ne  suffisaient  pas  au  besoin  d'activité  qui  possédait  le  futur  ré- 
formateur. Le  succès  de  la  seconde  dispute  de  Zurich,  à  laquelle  il  avait 
peut-être  assisté  (26-28  octobre  1523),  et  de  celle  que  le  curé  de  Liestali. 
Etienne  Stor,  venait  de  soutenir  à  Bâle,  le  16  février,  lui  indiquait  la 
route  à  suivre.  Il  sollicita  de  l'Université  une  discussion  publique,  eu  spé- 
cifiant les  thèses  qu'il  se  chargeait  de  soutenir.  Sa  requête,  ayant  été  re- 
jetée, Farel  s'adressa  au  Conseil  et  en  obtint  l'autorisation  qu'il  deman- 
dait. Aussitôt  il  fit  afficher  le  placard  que  nous  reproduisons  ici,  et  qui 
annonçait  la  dispute  pour  le  mai'di  23  février. 

Ce  document  occupe  une  page  in-folio  eu  caiactères  italiques.  Nous  le 
donnons  d'après  l'imprimé  original,  qui  est  d'une  excessive  rareté. 

T.  1.  13 


lO'j  G.    FARKL   AUX    LFXTFXRS   CHRÉTIENS.  1524 

.liiiin  adferre  proposiliones,  ;i  quibus  Christianse  libertatis  summa 
pentleL  et  per  quas  tyraiinis  liuinanarum  fatiscit  constitulioiuiiii. 
iiianontp  sua  gladio  potestate.  à  qua  ne  unus  (luidem  eximitur. 
l'ioinde  qiiolqiiol  liic  jn-oinovere  (juic(juam  polestis.  et  proximo- 
riiiii  a'diliralioni  ac  saliili  alùiuid  conferre.  Vos  quoque  pastores. 
qiiiliiis  est  Clirisliani  grejris  iniuncta  cura.acalii  omnes.  (piibiis 
docendi  niiiiius  deiiiandaluiii  .  quiqiie  vos  veritatis  patronos 
fore  iureiurando  adegistis.  aut  qui  salva  vullis  Romana  décréta, 
adesie  :  et  de  ea  qua-  iii  \obis  est  fide  super  hispetenti  rationem 
reddite.  id(pie  in  plena  iuce.  ni  lucis  lilii.  iioc  (luisquam  quasi 
niale  agens  in  hicem  prodire  vereatur,  et  ut  ad  haec  hortatur  do- 
ininus.  Cbiistiano  pectore  adcuriite.  ut  sobuii  dei  verbuni  viclo- 
fiain  reportet  adnilenles.  Quod  ut  faciatis  oro  et  obtestor  per  Iksvm 
Chhistvm  servatorem  nostruni.  qui  tanianxie  proximi  curam  nobis 
dcniandavit. 

1.  Absolutissiniam  nobis  prasscripsit  Cbristns  vivendi  regulam. 
rui  nec  addere  licet.  nec  detrabere. 

"i.  Sola  nobis  à  deo  pnecepta  ex  fide  lleri  possunl.  ut  inqiiuni 
sil  alicui  factioni  se  adigere,  aut  sub  aliis  (juàni  Cbristi  pi-iiveptis 
degcre.  (juibus  iubenlur,  qui  conlinere  non  valent,  niatrinionio 
copidari. 

.{.  AHriiiiiii  ;i  Iuce  Evangelica  est.  ludaicum  vestium  delectuni 
cl  liltoi'uui.  ac  ceremonias  observare. 

'i.  Oua;  contra  pra'ceptuui  sunt  Cbristi  verbosiores  preces,  el 
non  s(M'unduu»  Cbrislianani  forniam  regulata'  sine  periculo  orari 
non  jiossunl.  nec  institui:  iil  [nu'stiterit  qua;  in  bajc  conferunlin- 
pau|it'iibns  ('r\)gan.  el  non  lanloruni  fomenta  mabjrum  fovere  : 
(|iiiii  poliiis  pro  viribus  adnilenikini  ad  unitateni  omnia  revocaluin 
iri.  tpiod  licrt'l.  si  lii  adigcrentur  sacris  lileris  operani  navare.  non 
ab  aUis  exierioribus  tanluni  in  legunienlis  (HiTorre. 

'>.  IMvsbylerorum  verissimuni  oflicium  verbo  Dei  inslare,  cui 
ila  addictos  (qiorlel.  ul  niliil  duianl  augustius,  ut  si  alia  illis  oc- 
(  urranl  ijua'  cnin  verbo  salis  Iraclare  non  possinl.  niinislros  ordi- 
nari  oportel.  Ad  id  danniabibs.  ne  dixeiini  ix'rniciosissinia  esl  nnil- 
lonini  in  boi'  oflicio  oscilanlia. 

(i.  .\(»n  >\\\\\  Icnicre  |ira'cepta  Cbrislianis  in  (()n>ilia  \<>rlonda. 
nec  conira  agencbini  :  nani  id  salana'  oflicium  est,  cui  ailcecHl  dam- 
nabilis  ilionini  .upidilas.  i|in  ipiaslin  gratia.  vilanda  Cbrislianis 
senare  ilclonanl.  ri  sciAanda  bigerc. 

7    nppriniil  ilU'  Kvangrbinn.  (pu  lUiid  incerhuu  facil.  ac  ilbini 


1  524       I.K  CONSEIL  DK  BVLE  A  TOUS  ECCLÉSIASTIQUES  ET  LAÏtjUES.  19.') 

piidet  Cliristi  :  qui  non  syncere  fratrem  docel,  plus  liouiines  (juùni 
ileum  timens. 

S.  Qui  suis  viribus  et  potentia  se  salvari  sperat  ac  iuslificari.  et 
non  potius  fide:  sese  erigens,  et  deum  per  libeiiini  arbilriuni  la- 
ciens,  impietate  exciecatur. 

9.  Maxime  id  petenduni  et  orandum,  quod  sanctus  suggesseril 
spiritus  :  Sunique  Cbristianoruni  sacrillcia  soli  deo  oll'erenda. 

10.  Qui  corpore  valent,  quos  in  lotuni  verbuni  dei  non  delinet. 
Apostoli  sentenlia  nianibusoperari  debenl. 

11.  Christianum  alienuni  oportel  à  bac]ianalibu.s  quee  gentium 
more  celebrantur,  et  ab  bypocrisi  ludaica  in  ieiuniis  et  aliis  qua? 
non  directore  spiritu  tiuni  :  ac  cavere  oportet  à  simulacbris  quàm 
maxime. 

12.  Quie  iudaicis  adsimilantur  traditionibus  et  oneribus,  nec  con- 
veniunt  Evangelicie  libertali.  sed  eam  conculcani ,  à  plèbe  Cbris- 
tiana  tollenda  sunt. 

13.  Curandum  est  Iesvm  Christvm  ,  cuius  vel  sola  virtute 
singula  reguntur.  non  syderum  aut  inferiorum  dominio  nobis  ad- 
fulgere:  quod  maxime  futurum  speramus.  si  singula  ad  Evangeli- 
cam  regulentur  regulam.  quibuscunque  contentionibus  prolligatis. 
à  quibus  o[)oi'tet  Cbristianos  omnes  alienissimos.  ut  pax  dei  qua* 
exuberat  omnem  sensum.  babitet  in  cordibus  noslris,  liât,  fiai. 

Die  .Martis  posi  Reminiscere  bora  octava  in  maiori  aula  Col- 
legii  -. 

92 

LE  CONSEIL  DE  BALE  à  tous  ecclésiastlques  et  laïques. 
De  Baie,  24  [1.  27]  février  1524. 

Imprimé.  Bàle.  1524.  in-4°. 

(trapuit  de  l'allemand.) 

TITRE.  Mandat  du  Conseil  île  la  ville  de  Bâle  contre  le  Vicaire  de  l'Évéque,  le  rectenr 
et  les  régents  de  l'Université  du  dit  lieu,  pour  avoir  interdit  la  dispute  sur  les  ar- 
ticles ci-anuexés  (les  Thèses  de  Farel)  et  avoir  défendu  à  tous  leurs  ressortissants  d'y 
assister. 

Nous  Adelberg  Meyer.  bourgmeislre.  el  le  Conseil  de  la  Ville 

•  C'est  probablement  dans  le  couvent  des  Augustins  ou  dans  la  grande 
salle  du  t'iiapitri',  qui  est  à  cùté  de  la  cathédrale,  (juc  la  dispute  eut  lieu. 


I UC)         LE  CONSEIL  DE  BALE  A  TOUS  ECCLÉSIASTIQUES  ET  LAÏQUES.        1  524 

de  Jiâle  savoir  faisons  à  toutes  gens,  tant  de  rétal  ecclésiastique 
((ue  de  l'état  laïc ,  que  depuis  un  certain  temps  les  pasteurs  et 
prédicaleui-s  de  celle  ville  de  Bâle  ont  porté  dans  les  chaires 
beaucoup  d'opinions  contradictoires,  et  qu'il  s'en  est  suivi  parmi 
notre comniiin  iieuple  toutes  sortes  de  discours:  les  uns  voulant 
s'en  tenir  aux  enseif^nements  divins  et  aux  saintes  Ecritures,  les 
autres  s'attacliant  aux  ilécrets  et  ordonnances  des  Papes  et  des 
Conciles.  Or,  les  jours  passés,  quelques  personnes  savantes  el 
éclairées  ont  entrepris  d'établir,  avec  l'autorisation  du  Conseil  de 
la  Ville  de  Bâle,  des  débuts  publics  et  des  discussions  amicales  dans 
lu  Collège  de  l'Université  de  la  dite  ville,  où  il  est  en  elTet  conve- 
nable lie  les  ouvrir,  puisque  c'est  pour  cela  même  que  la  dite  Uni- 
rersifé  a  été  fondée,  coniini'  toutes  les  autres,  —  ces  dites  personnes 
se  proposant  de  s'instruire  mutuellement,  alin  que  chacun  sache 
ce  (pi'il  (loii  croire  de  la  vérité  divine  et  des  doctrines  évangéli- 
ques.  Mais  leui"  projet  a  été  constamment  contrecarré  par  le  Rec- 
ifiii-  et  les  Régents  de  l'Université  ',  qui  auraient  dû  accueillir  avec 
<'mpre>s<;iuent  une  proposition  si  convenable,  si  utile  au  peuple 
chrétien,  poin-  avancer  son  perlectionneuient  moral  et  le  salut  des 
.•MiKN.  tandis  (ju'ils  s\v  opposent  d'une  manière  pernicieuse  par 
It'urs  luaiiilals  riiroiireux  el  par  les  défenses  faites  aux  ressortis- 
sants el  siippùls  (If  ri'niversilé. 

.Mais  tout  réceinmenl,  par  une  iii>piralion  de  l'Esprit-Sainl, 
couiiiif  il  est  permis  de  le  supposer,  un  Chrétien,  un  frère,  nounné 
(tuilluauii'  FiircL  a  deuiandé  humblement  de  pouvoir  proposer  et 
discuter  publj(|uement  dans  le  Collège,  avec  l'approltation  préa- 
lable du  Recteur  et  des  Régents  de  l'Université,  des  articles  qui 
nous  ont  été  présentés  en  langue  allemande*.  Son  but  était  plulOil 
dV'Irc  rt'ijressé,  s'il  se  lr(unpe,  el  derece\(iir  instruction,  (pie  de 
se  faire  ledocbMir  d'auti-iii.  Or.  malgré  ses  dispusilions  et  sa  con- 
(biilc  Idiile  ihrèlienne''.  sa  re(pièt(' lui  a  èlc  ncitcment  rehisée: 
c'e.s|  pounjuoi  il  en  a  appelé  à  nous  comme  à  l'autorité  sujtérieure. 
piHir  (tbit'iiir  rolijet  de  sa  deuiandc. 

'  .\lliisi(ju  aux  (l(}fcns('s  proiioncoos  par  rtJnivprsité,  lors  de  la  dispute 
tr<Krnlampadedu30aoi"lt  1523  et  de  celle  d'Éti(Miiie  Stor  dulGf<5vr.  1524. 

'  Il  est  prohalde  (prils  furent  traduits  par  Œcolampadc,  ami  intime  de 
Karcl.  (Voyez  le  N"  î>5,  note  fj.) 

'  Cotfe  attestation  d'iionoraliilité  peut  (Jtro  opposée  aux  panilos  de  Tous- 
saints  Du  Pies-sis,  op.  eit.  I,  o27:  «Arrivi!'  en  Suisse,  dit-il,  Farel  se  dés- 
honora par  sa  dyetruu  et  par  ses  mteurs.  » 


1  524       I.K  CONSEIL  Dli  BALK  A  TOUS  KCCI.KSIASTIOUKS  KT  LAÏOURS.  197 

Ay.iiil  donc  Irouvé  les  dits  ai'licles  [lar  lui  [troposés  conloniies 
aux  Évangiles  el  de  nature  à  provotiuer  une  discussion  (|ui  serait 
plus  utile  que  nuisible  aux  hommes,  nous  avons  accordé  au  dil 
Guilldiinu'  Taulorisation  de  soutenir  dans  le  Collège  de  TUni- 
versité  une  dispute  sur  les  dits  articles  en  langue  latine,  alin 
que  nos  pasteurs  puissent  en  faire  leur  profit*.  Mais  conti-e  celle 
autorisation  le  docte  seigneur  Henri  de  Schônow,  docteur  es  droits 
el,  dans  les  choses  spirituelles,  vicaire  de  notre  gracieux  seigneur 
rÉvêque  de  Bàle,  a  fulminé,  —  avec  le  Recteur  et  les  Régents  de 
l'Université,  et  au  mépris  de  la  permission  que  nous  avions  don- 
née, ainsi  qu'ils  en  étaient  dûment  instruits,  —  des  mandats  et  des 
édits  (jui  interdisent  à  tous  prêtres,  étudiants  et  suppôts  de  l'Uni- 
versité, sous  peine  de  bannissement  et  d'exclusion  de  l'Univer- 
sité, de  prendre  aucune  part  à  de  telles  discussions  ou  même  d'v 
assister. 

Nous  en  avons  éprouvé  un  vif  déplaisir,  et  nous  voulons  que, 
nonobstant  les  mandats  ou  défenses  édictés  par  le  Vicaire  ou  par 
l'Université,  tout  le  monde  et  principalement  les  pasteurs,  les  pré- 
dicateurs, les  prêtres,  les  étudiants  et  les  suppôts  de  l'Université 
assistent  et  prennent  part  à  une  dispute  que  nous  avons  si  expres- 
sément favorisée,  et  qu'ils  en  retirent  autant  que  possible  une 
connaissance  plus  exacte  de  la  doctrine  divine  et  des  Écritures. 
Mais.  —  si  qui  que  ce  soit,  de  haute  ou  de  basse  condition,  ecclésias- 
tique ou  laïc,  s'avisait  de  vouloir  en  manière  quelconque  s'opposer 
à  ce  que  quelqu'un  (et  principalement  ceux  qui  tiennent  de  la  ville 
de  Bàle  des  bénéfices  ecclésiastiques  ou  autres)  assistât  à  cette 
dispute  par  nous  autorisée  :  et  si,  en  particulier,  on  empêchait  les 
ecclésiasticpies  et  les  membres  de  l'Université  d'y  prendre  eux- 
mêmes  la  parole  ou  d'y  être  présents,  en  invoquant  les  mandats 
déjà  édictés  ou  d'autres  du  même  genre,  sous  quelque  forme  ipie 
cela  se  fasse,  —  nous  interdisons  tant  à  ceux  qui  se  rendraient 
ainsi  coupables,  qu'à  leurs  gens,  l'entrée  et  l'usage  des  moulins, 
des  fours  et  du  marché  puldic  ;  de  même  ceux  qui  tiennent  de 
nous  et  de  la  ville  des  bénéfices  ou  des  fiefs,  en  seront  entièrement 

"  Là-dessus  Fai-el  annonça  la  dispute  pour  le  23  fé\Tier.  Une  nouvelle 
opposition  de  l'Université,  qui  traitait  Farel  d'hérétique,  l'oblijxea  do  recou- 
rir une  seconde  fois  au  Conseil,  et  provoqua  le  Mandat  du  27.  M  Herzog 
rapporte  que  Louis  Berus,  docteur  de  Sorbonuo  et  ami  d'Erasme,  fut  dans 
cette  occasion  l'un  des  adversaires  les  plus  prononcés  de  Fiuxd.  (Op.  cit. 
p.  144.) 


IDH  fi.  Bm(;()\.NKT  a  m.mujlerite  d  angoulkmk.  1524 

•ir'pfHiilli's.  Chacun  doit  se  comporter  selon  le  présent  avertisse- 
iiiciil,  scellé  du  sceau  secret  de  notre  ville  et  donné  le  Samedi  avant 
Oinli.  le  :2V'"  jour  de  FévTier  1524 ^ 

Gaspard  Schaller.  premier  secrétaire 
de  la  ville  de  Bàle. 

(Suit  la  traduction  allemande  de  l'invitation  de  Farel  aux  Lec- 
teurs Chrétiens  et  de  ses  Thèses.) 


G.  BRiçoNNET  à  Marguerite  d'Angoulême. 
(De  St-Germaiii-des-Prés  ?)  24  février  1524. 

hii'dil.'.  Copie.  I5ih!.  Imp.  Supi).  fianr.  n"  XM.  fol.  ^91  \\  —  %nh. 

(fragments.) 

•SoMMAiKE.  Briçoiliiet  estime  4110  la  famille  royale  n'est  pas  appelée  pour  le  momeut 
i  protéger  It  chevalier  de  Dieu  [l'évangéliste  de  Bourges].  C'est  assez  que  les  pré- 
dications aient  commencé  dans  cette  ville  avec  l'assentiment  du  roi. 

1)11  wiiij"  iM'ltviit'r  \^  xxiij. 

S\  l'aveu-^le  corporel  est  digne  de  compassion,  plus  [est]  lespi- 
lil'irl  ....  Madame,  se  estant  le  porteur^  irrandement  acquitté 
cl  verMit'iisi'iiitMil  en  la  charge  qu'il  vous  a  pieu  luy  hailler  *.  en- 
lendrcz  par  luy  tiiicl  csjinir  l'on  jn'iilt  nroir  de  la  {/uérison  du  pa- 
rinil  ''.  Toiilcllois  h's  iiinidircs  île  la  vraie  >iU]neiiee  ont  enti'e  euK 
.solide  et  perpétuelle  c(»liérencL'.  les  unissant  la  souveraine  unité, 
cl  vraie  p.iix  se  <onimunic(juanl  en  eulx  *  .  .  .  . 

■*  Le  miuidat  imprimé  porte:  «gt-hcii  Samstags  vor  Oculi  den  xxiiij.tag 
Ft'Itriiarii.  Anuo  domini,  etc.  .x.xiiij.  »  Cette  date  renferme  une  erreur  de 
|iliiine  ou  d'impression,  le  dimanche  Ocnli  tombant  cette  année-là  sur  le 
28  février. 

•  —  *  Voyez  le  X"  ijo,  n.ites  1  et  2. 

■^  Celui  ((lie  Mar(,'uerite  a  nommé  plus  liant  k  iiinUule,  c'est-à-dire  l'ar- 
ihevéque  »le  Bourges  (N*  'JO). 

*  Les  «  mcmbrc-i  de  la  craie  sujjicncc  »  sont  les  partisans  de  l'Évangile. 


1524  (j.   BlUCjONNET  A  M  UKJL'liUlTI':   U 'AXJDLI.KMK.  lUl) 

S.  Fui  aymoil  mieuk  mourir  que  sa  gloire  fust  évacuée  ^:  ce 
qui  adviendra  au  checuliev  de  Dieu  ^  quant  au  inonde  auijuel 
est  envoyé  pour  batailler,  sil  persévère  au  combat  (ju'il  [1.  qui] 
s'oflre,  duquel,  sinon  par  gré,  fauldra  par  force  qu'il  se  retire.  Et 
plus  Ton  cuydera  le  boulevarder  [l.  protéger]  et  donner  secours, 
pour  empescher  le  combat  qui  luy  est  obstinément  préparé,  plus 
[il]  sera  descrié,  vaincu  et  confuz,  à  la  lin  que  prétendez. 

Je  désire  que  le  secours  du  roy,  de  Madame  et  de  vous  se  diffère  à 
troii  meilleur  ejfect,  où  Dieu  vous  a  réservez  \  31adame,  s'il  est  im- 
possible de  unir  le  mercure  et  empescher  (lu'il  ne  s'enfuye,  quant 
on  gecte  au  dedans  une  pierie,  et  aussy  de  retenir  et  délaier  le 
vol  d'une  compaignie  de  pigeons  ou  d'estourneaulx,  qui  tirera  [1.  si 
(juelqu'un  tire]  au  meilleu  d'eulx.  [il  l'est]  trop  plus  de  contenir 
ung  troppeau  de  brebis  ellaroucbées  par  le  cry  de  leur  pasteur. 
Excommunicacion  est  fouldre  effarouchant  [le]  populaire  *.  La  pru- 
dence est  [1.  consiste  à]  caller  '^,  n'entreprendre  ou  ne  continuer  C œu- 
vre dont  l'issue  n'est  honnorahle  ne  volue.  Je  me  suis  quelquefois 
persuadé ,  que  raison  et  honnesteté  deust  contraindre  nostre  hon- 
neur à  se  contenter  et  dissimuler,  voiant  les  prédications  encom- 
mancées.  y  mettant  le  roi  la  main  '° 

Vous  ayant  Dieu  donné  plus  grant  grâce,  en  debvez  supporter 
l'imperfection,  et  ne  permettre  que,  en  cuidant  combattre  celluy 
contre  lequel  vostre  magnanimité  ne  se  doibt  armer  ",  [vous]  com- 
bat [i]ez  vostre  bienaymé,  le  doulx  Jésus,  qui  vous  embrasse  par 
multiplicité  de  dons  et  grâces,  lequel  a  permis  l'affaire,  regardant 
s'il  y  aura  en  vous  aultres  vivant  que  Luy Sentez  en  vostre 

^  Allusion  à  la  1"  épître  de  S.  Paul  aux  Corinthiens,  IX,  15:  «  J'aimerais 
mieux  mourir,  que  de  voir  que  quelqu'im  anéantit  ma  gloire.  » 

6  Michel  d'Arande.  (V.  le  N"  90,  note  1.) 

■'  Briçonuet,  si  courageux  dans  ses  lettres  du  31  janvier  et  du  12  février 
(Voyez  les  N"'  87  et  89),  conseille  maintenant  la  temporisation. 

s  V.  leN»  90,  note  1. 

^  Abaisser  les  voiles. 

'"  Sur  la  requête  du  clergé  de  Bourges,  le  roi  permit  à  Michel  d'Arande 
de  rester  dans  cette  ville,  et  il  adressa  des  réprimandes  à  François  de  Bueil, 
en  le  privant  de  son  temporel.  (V.  pluslom  la  lettre  du  2  avril.) 

"  C'est-à-dire  le  clief  du  diocèse  de  Bourges,  envers  lequel  I\Iarguerite 
doit  user  de  clémence,  atin  de  ne  point  oflenser  Jésus,  qui  a  permis  tous  ces 
événements,  et  de  ne  pas  paiaitre  mettre  son  attachement  pour  Michel 
d'Arande  au-dessus  de  l'obéissance  qu'elle  doit  à  Dieu. 


am  ïa.  BHKjO.WKT,   A  MAlUUKRITi:  r)'.\\(;()l  LKMK.  1524 

(If^hililé  vosire  force  croistre,  laf|uelle  est  solide  et  perniennenle 
s;ins  iliiiiinulion  .  (|Mi  est  iioslre  Sei/ïneur  Jésus  forlitliaiil  ses 
meiiihi-es.  es  i|iielz.  par  voz  prières,  désire  eslre  inséré  voslre  inu- 
IJIIr  lilz 

(1.  B.  indi^rne  ministre. 


94 

[g.  briçonnet]  à  Marguerite  d'Aiigoiilême. 
(De  St-Germain-des-Prés? )  25  février   1524. 

Iiirdile.  Copie.  I3il)l.  Iiiipér.  Ihid.  loi.  21):{|.  —  i2i)'t  a. 

(fragments.) 

.SoM.MAJRE.  Briçonnet  pense  qu'il  faut  remettre  à  Dieu  le  sort  de  l'évangilùte  [de 
Bourse»].  Il  est  accueilli  par  le  peuple,  mais  non  par  le  chef  ecclésiastique  de  la 
province.  Cela  démontre  combien  il  est  urgent  que  le  roi  choisisse  désormais  pour 
éviques  de  vrais  ministres  de  Jésus-Christ.  Le  rare  mérite  du  «  serviteur  de  Dieu  » 
[Michel  d'Ara7ide]  fera  bien  accueillir  partout  sa  prédication. 

Du  .\.\v'  Febvrier  v<=  xxiij. 

Madame,  vous  asant  a.'^.sez  amplement,  par  le  prorurptir  de 
Hi'nij  '.  hier  escripi  -.  (;(mliniiant  l'advis  de  Mons'  r.oatre  Omurcl- 
li<r^.  (pie  avez  peu  voir  par  aullres  deux  lettres,  crai^-nanl  h'  niu- 
liiirr  ftntfiirinl  i/nr.  m'escripvez,  flcbroit  estre  iiiiiilicfjiié,  s}/  le  re- 
inrde  n'estait  iiioiniil*.  —  [je]  VOUS  supplie  derechef  tré.s-hum- 
hlfuu'nl.  ijuMI  \uus  [)l;d.se  eslre  contante  de  surattendre  Vaetuel''. 
Le  (^aulaire  du  monde  est  potencàiK  ceilu\  de  Dieu  est  iiclin'l.  La 
|tossihilité  est  du  monde,  el  faction,  il»'  Dieu. 

.  Sy  les  inarchans  el  gens  (pii  vivent  en   ailministralion 
el  disiriliiiiion  du  uionde  n'ont  clio.>=.e  si  clière  (|ue  le  crédicl  el 

'  Il  est  appolc  aillfiirs  *  procureur  du  roi  à  Bourges.  >  (N"  90,  n.  2.) 

'  V.  la  lettre  précéileute. 

'^  Jean  de  Jirimn,  soipnpHr  de  Villaines,  chancelier  de  Berry  et  d'Alen- 
çoii.  Il  i'Uùt  premier  président  du  parlement  de  Rouen,  «homme grave,  pru- 
«liMif,  rare  exemple  de  justice,  >  au  témoignage  de  Charles  de  Sainte- 
-Martlii-,  .Voyez  Génin.  Lettres  de  Marguerite,  1841.  p.  U)2  et  193.) 

*  Voyez  le  N'  90. 

'  C'cst-iV-dire,  de  vous  en  remettre  à  la  volonté  de  Dieu. 


1524  (j.  BniçoNNF/r  a  mauoikp.itf.  d'ant.oilêmk.  '201 

la  l'oy.  (|irilz  ne  voiildroienl  perdre  iwtir  mourir.  —  [s'il]  n'est  rien 
(|iriiz  ne  tacenl  pour  les  conserver  el  juardei-.  [encore]  plus  doi- 
vent les  ilistrihutcnrs  (k-anijël/cques,  et  ne  contaminer  la  semence  di- 
rine'''.  A  ceste  cause .  au  chef  des  articles  de  leurs  instructions, 
leur  est  enjoincl  laisser  les  lieux  «  où  ne  sont  receuz.  etsecourre 
[l.  secouer]  la  pouldre  de  leurs  piedz  ^  <>  —  L'on  peult  dire  ■<  (ju'il 
est  receu.  >  —  L'on  respond.  que  à  aullre  n'appartient  à  envoler 
évangélizer  que  à  Vespoux  ministirial^,  que  [l.  qui]  seul  peull 
«  recepvoir  "  ou  regecter. 

Stj  chacun  estoit  vray  ministre  de  l'Espoux.  rous  ne  seriez  en 
ceste  peine.  C'est  la  racine  dont  vient  la  maladie  incurable,  à  la- 
(luelle  sy  ne  pourvoiez,  pour  néant  travaillez  à  cuyder  nectoier 
et  guérir  les  branches  *.  Dieu  me  doint  la  grâce  de  ne  cesser  vous 
importuner,  jusques  ad  ce  que  soiez  le  moyen,  vers  le  Roy  et  Ma- 
dame, que  ordre  y  soit  mis  '"  !  Et  suractendanl  qu'il  plaira  à  la 
honte  divine  y  pourvoir,  vous  supplie  derechef.  Madame,  en  l'hon- 
neur de  la  passion  de  nostre  Seigneur  ",  gardez  qu'il  ne  se  fasse, 
en  cest  affaire,  chose  qui  puisse  engendrei*  scandalle  dont  Dieu 
soit  olfencé  et  son  serviteur  '-  descrié!  Vous  congnoissez  (ju'il  en 
est  peu  de  telz.  Ung  mois  est  bien  tost  passé.  S'il  ne  presche  là  '^. 
[il]  ne  sera  pas  ailleurs  infructueulx,  et  sera  tousjours  sa  monnoie 
bien  receue. 

"  Il  veut  dire  qu'on  ne  doit  pas  la  laisser  outrager  par  ceux  qui  la  re- 
fusent. 

'  Év.  selon  St.  Matthieu,  Xin,  14.  «  Lorsque  quelqu'un  ne  vous  recevra 
point,  et  n'écoutera  point  vos  paroles,  secouez,  en  partant  de  cette  mai- 
son, ou  de  cette  ville,  la  poussière  de  vos  pieds.» 

**  lie  chef  du  diocèse,  qui  pouvait  seul  accorder  ou  refuser  la  permission 
d'y  prêcher.  Bi'içonnct  est  bieu  loin  de  contester  ce  droit  ;  il  regrette  seidc- 
ment  que  l'archevêque  de  Bourges  en  fasse  un  mauvais  usage. 

'■'  Ces  mots  caractérisent  assez  bien  la  nature  des  tendances  réforma- 
trices de  Brironnot.  Il  ne  songe  nullement  à  supprimer  la  hiérarchie  ;  et 
c'est  précisément  pour  pouvoir  la  conserver,  qu'il  veut  que  les  évèques  d(>- 
viennent  de  vrais  ministres  de  Jésus-Christ. 

'"  Voyez  les  lettres  de  Briçonnet  du  31  janvier  et  du  12  février. 

"  On  était  alors  dans  la  troisième  semaine  du  Carême. 

'*  Michel  d'Arande. 

'^  C'est-à-dire  «  Bourges. 


20'i  (iKCOI.AMI'Vt)!-:  KT  15.  NVflLFUAlU»    \   /.WINCI.I.  1524 


95 

nOCOLAMPADE  ET  BONIFACE  WOLFHARD  à  Zwingli  '. 

(De  Bille,  l^^s  jours  de  mars  1524.) 
Manuscril  aulograplie.  Archives  d'Élal  de  Zurich. 

.SoMMAiRK.  Envoi  des  ThwKPs  fie  Farel   Succès  de  la  Dispute  qu'il  vient  de  soutenir. 

Miil(hich(»  ZiiiiiLTho  Ecclesiasta;  Ti^^urino  (Ecolampadius  et  Boni- 
fatius*  gratiam  optant  et  pacem  ui  Christc». 

En  tihi  Hrhœihnii  ronrlnsionuiii  '  a  Gallo  illo  *  latine  apud  nos  dis- 
pu[ta]tam  et  ah  (Ecoldmfiiidio  in  maxinia  Cinislianoiuni  corona ^ 
in  vernaciila  InlfrpnL'tatam".  Sopiiistii;  suipius  vocati  niisipiani 
«•onipaiiiere '.  A/^uiit  tanien  matrnos  intérim  thrasones,  .sed  in  an- 
i>idis  hicihi.L'-iL'.  Incipil  taineii  pieiis  paulatim  iHoiiiin  ignaviani  et 
Ivrannidt'm  veiho  lici  a^noscere.  IJeiis  det  incrtMiientuni  ! 

.laiii  (|iiid  in  luir  iliHjiutntioHe  actum.  taJjeHio  iUc.  tpii  prcDse[n]s 
audi\il  (iniiiia.  sinnina  tihi  liih' exponet.  ISufiemm  illam  de  matri- 
inonio  **  hrevi  impressani  exliihehiinus. 

'  Ce  billet  est  écrit  au  bas  des  Thèses  imprimées  de  Farel. 

'  linitifacc  Wolfhard  (en  latin  Lycosthenes),  natif  de  Buchcu  au  diocèse 
de  Wurtzl)riiirfr.  avait  commencé  ses  études  à  l'université  de  Bâle  en  1517. 
Il  était  vicaire  du  curé  de  l'éplise  de  St. -Martin,  où  il  administrait  les  sa- 
crements. Les  fonctions  de  prédicateur  dans  cette  jiaroisse  étiiient  exercées 
par  (Kcolampade. 

^  Voyez  le  N»  91. 

*  (Juillanmc  Farel. 

•  *  In  fri'ijuenti.ssimo  clarissimorum  et  eruditissimoruni  catu,  »  selon 
Farel  lui-même.  yY.  sa  lettre  du  6  juillet  1525.) 

'•  Farci  prononçant  le  latin  à  la  française,  Œcolampade  dut  traduire  ses 
paroles  en  allcmiuid.  Voyez  la  lettre  du  25  novembre  1527. 

'  Il  piirjiit  cependant  qu'il  se  présenta  quelques  opposants,  si  nous  en  ju- 
liroiiH  i)ar  les  paroles  suivantes  de  Farel:  <  Btmlerr,  ulii  crat  Jùn^mtis, 
Jtrrtts,  Zicardus  [1.  SichardusJ,  Cantiuncula,  theolopi  illi,  ut  lii  jurisperiti, 
iii  an-nam  descendimus,  et  sustinuimus  arpumenU  non  levia  nostrorum,  ut 
•  KcDliiiiip.idii,  J'ellicain";  sed  Srripturis  ita  erant  roborata,  ut  ne  minimum 
qui.l.ni  conv(;lkTc  potuçriut  [scil.  adversarii].  j  (Faiellus  Calvino,  11-'  Junii 
1.545.) 

"  La  dispute  du  16  février.  Voyez  le  N°  Ul,  note  1. 


1524  JKA.N  ((Kcoi.AMi'ADr:  A  ri'iKiuu:  i)K  sebville].  "iO:] 

Hiiic  inané.  iirgenle  cive  (iiiodam  el  nuncio  Tif^Mirino,  scripsi- 
iiius  in  contione  OEcolampadii.  iiec  liiiii  pliira  liciiil  per  oliuin.  In 
Domino  vale. 

(  Inscriptio  : )  Pk)  }n\[â  ac  Christiano  Hiildrictu»  Zumgliu.  Ecde- 
siasti  Tiyurino.  suo  in  Chrislo  niajori. 


96 


JEAN  ŒCOLAMPADE  il  [Pierre  de  Sebville '?]. 
DeBâle,  9marsl524. 

Œcolanipadii  et  Zuinglii  Epp.  Basilece.  1536.  folio,  f.  ID'ib. 

Sommaire.  Les  renseignements  que  le  chevalier  Coct  m'a  donnés  sur  votre  activité 
evangéliqiie  m'ont  beaucoup  réjoui.  Rendons  grâce  à  Christ,  de  ce  que  la  lumière  de 
la  vérité  brille  de  nouveau  sur  la  France  !  Mais  les  progrés  journaliers  de  l'Évangile 
m'ayant  instruit  de  la  résistance  qu'il  provoque,  je  devais  en  frère  vous  exhorter  à 
persévérer  dans  la  bonne  voie.  Nous  avons  entrepris  une  œuvre  difficile  et  tout  à  fait 
au-dessus  de  nos  forces.  Nulle  gloire  à  attendre  des  hommes,  mais  des  afflictions  de 
tout  genre.  Sachons  obéir  à  Celui  qui  est  notre  tout,  et  nous  n'aurons  rien  à 
redouter. 

Joannes  Œcolanipadius  suo  N. 

Pax  et  gratia  à  Christo  nostro  Salvatore  !  Anemundm  ille  Cov- 
fits  -,  et  genei-e  et  pietate  clarus.  narravit  nobis  tuum  in  anniin- 
l'iando  Evanirelio  fervorem,  sediiliiatem.  pnidentiam  accandoreni: 
ipiod  lanto  majore  voluptate  pectora  nostra  peifudit .  quanio 
majore  nota  Gallias  sophistariim'  infamaral  lyrannis.  Gralia 
Chilslo.  (pii  discus.-^is  tenebris  iindique  veritatis  radios  fulgei'e  facit. 

'  Notre  supposition  est  fondée  sur  l'analogie  qui  existe  entre  la  présente 
lettre  et  celle  qui  fut  également  écrite  à  l'instigation  de  Coct,  piU'Zwingli, 
le  13  décembre  précédent  (N°  82).  Le  chevalier  devait  désirer  que  l'cruvre 
d'évangélisation  commencée  dans  sa  province  du  Dauphiné  reçût  de  nom- 
breux encouragements. 

■  V.  le  N°  66,  note  2.  et  la  lettre  d'Anémond  de  Coct  du  24  j;uivier  1524. 

''  Les  théologiens  scolastiques.  Voyez  plus  haut  les  lettres  de  Glareaniis 
et  de  ses  élèves. 


:2()'»  JKA.N  ttliOlLAMl'ADl':  A  [l'IiaUlli  DE  sebville].  1524 

cl  aj,M-um  (|iieiii,  paslonim  dormilalione.  spinaiet  zizaniii!  occupa- 
ranl.  repur^-Mrc  iiiripii.  Vcrùin.  qiioniam  non  iynoro  qui  siiccessus 
siiil  Kvan;;:elii(ii;iiii  |i,iiliiii  ipse  feci  periculiiin.  parlim  (luotidiana. 
ol  <[n;i'  aille  ociilos  ((hversanlur .  exempla  docenl  ) ,  obnilitur 
iiiiriiiii  in  iiiodiim  loilis  ille  armatus,  ul  castodial  atrium  suum,  ne 
diripianlur  vasa  ejus  (Mallli.  XII,  29).  Et  est  veritas  sancta  qui- 
dein.  sed  conlradicUtribus  exposita  pkuimis.  Proinde .  dilecte  in 
('liiislo.  nostrœ  fvtiternitatis  existimavi  esse,  ut  te  qualicunque 
exhoi'lalione  inslimulareiii .  ni  faceres  semper  quod  facis  dili- 
^^enter. 

Muf/iiœ  niol/'s  ojnis  msccpimus,  et  iilané  siipm  nostras  rires. 
Terra  (piam  expu,!5mare  jubemur  cullores  liabet  forlissimos ,  po- 
lenlos  inunitasque  civitates.  Ibi  slirps  est  Enakim:  Amalecb  hal)ilal 
in  iiieridie.  Quid  niultis?  Anticbristi  tota  potentia  se  nobisoppo- 
iifi.  neque  tandis  ipiippiam  in  boc  seculo  expectanduni.  Invisi 
opurlel  simus  omnibus  bominibus.  et  peripsema  toli  mundo.  Pur- 
tanda  ei'nni  slii^niata  Cbrisii.  Gontemplores  nos  vuU  dux  noster 
Jésus,  uloi'iaj,  opum.  Noiuptatum,  amiconini.  caruis,  vitie:  amicos 
aulein  inopia' .  iirnoniinia' ,  crucis,  soliludiuis.  morlis.  Verùm 
terra  qnie  promitlilnr  vaidè  bona  est.  Si  propitius  fuerit  nobis  Do- 
niinns.  inlioibnet  nos  in  eam.  Tanlum  non  rebelles  simus  contra 
DoMiininn.  nec  liineamus  populum  lerrœ.  Dominus  ipse  sit  terror 
■,ic  sanriilicalio  noslra  :  ipse  sil  i^loria  el  corona  capilis  nosli-i: 
ipse  fnriitndo  cl  peira  relugii,  et,  sicut  panem.  dlns  devorare  po- 
Icriiniis.  Exarniali  snnt.  iccessiltpie  ab  eis  omne  pnesidinni.  Slnlii 
lirincipes  Tlianeos,  Sapienles  Pbaraonis  dant  consiliniu  insipiens. 
Artna  inipii  pessinia.  vasiata  et  plane  ineflicacia. 

Audaces  i.iriliu'  cl  fortes  simus  in  Domino,  el  in  ore  .dadii  verbi 
Dei  invadainns  ini|ti(ts .  ul  glorilicelnr  Doininns  .Icsiis.  qui  pollj- 
cilMs  est  suis,  ul  eani  super  aspidem  el  basiliscnni.  el  conculceni 
(Muncni  \iiliilcni  ininiici.  Ne  nobis  in  perpeluum  exprobrcl  incir- 
ciinriMis  (ioballi.  ipii  andcl  conlradicere  excrciini  Dei  vivenlis.  In 
DcHuino.  qui  apprcliendil  braciniiui  nosiruui  el  ((Uiforlal  nos.  po- 
Icrinnis  onniia.  Naui  per  l'nqtbelam  proniillil:  >■  .\oli  limere.  ver- 
niicnlc  .larob,  ego  adjnvi  le.  redcnqilor  Inus  sancliis  Israël.  Posiii 
lecpiasi  plaiistrnni  el  clavam  denlalani.  Tiilnrabis  montes,  et  com- 
niiniics.  cl  cdllcs  (piasi  pulveres  pones.  Venlilabis.  et  venins  tollel. 
cl  ni  iniJMi  disperses  eos.  El  lu  cxaltabis  in  Domino,  el  sancto 
Israël  lielaberi.>*.  •  (Es.  XLI,  ri-ib.)  Talia  nobis  snbsidia  proniillil 
Obrisliis.  Fortes  igilnr  sinms.  ,di  illo  ininiarcessibilem  recepturi 


1S24  GUIIXAUMI'-.  FAHKI,  A  (lOHNKII.I.r.  SCIIF.FFKH.  20f) 

coronnni.  Htt'C  luinc,  tValer  .ineuiula'  ainicilia!  f^rulia  scripsi,  aii)i- 
Iraliis  non  ingralimi  fore  (juicqukl  excidissel  ex  l)ucca.  (Juki  onini 
non  excusai  iharilas?  ('Iirishis  le  conservel!  Vale.  Basilea'.  Ihnarlii. 
anno  ITi^'k 


97 

GUILLAUME  FAREL  ù  Corneille  Scheffer. 
De  Bâle,  2  avril  1524. 

.1.  E.  Kappens  Nachlese  einiger  ....  zur  Erlaulernn.e'  cler  Heloi - 
lualions-Geschiclile  niil/Jicli.  Urkund.  Leipzig,  1727.  in-8",  p.  602. 

Sommaire.  L'Évangile  est  parfaitement  bien  accueilli  en  France.  Gérard  Eomsel  le 
prêche  à  Meaux;  Michel  d'Arandc,  à  Alençon  et  à  Bourges.  Dans  cette  dernière 
ville,  le  peuple  et  même  le  clergé  ont  demandé  au  Roi  que  d'Arande  pût  prêclier 
malgré  la  défense  de  l'archevêque.  Lyon  a  deux  prédicateurs  évangéliques. 

I 

Ex  G.  Farelli  literis  ad  Gornelium  Scepperum  V 

GaUia  nostra  jani  Ghiisli  verbuni  (juàni  laitissime  excipit.  Pi-i- 
niariïe  urbes  in  qnibiis  floret  et  fiuclum  facit ,  sunt  Meldensis'^. 
in  ((ua  coinniunis  pneceptor  Geraldm  ille  Riifus,  niagno  et  ardore 
et  spiritu,  Glii-istum  détonât  pêne  in  dies.  Sequilui-  Alenvoiiemis 
et  Btturicn  •\  per  Mkhaelem  Âranditm\  vestraleni.  qui  pauca  Fnhro 

'  Corneille  Sclieffer,  natif  des  cuvirous  de  Tournay,  avait  fait  ses  études  à 
Paris  avec  Farci,  et  il  était  devenu  vice-chancelier  à  la  cour  de  Christiern  II, 
roi  de  Dannemarck.  (V.  Kapp,  1.  cit.,  et  l'ouvrage  de  Cyprian  intitulé 
«  Reformations-Urkunden.»  P.  II.  p.  288.)  Une  lettre  d'Érasme  nous  apprend 
qu'en  1531  Scheffer  était  conseiller  de  l'Empereur. 

-  Voyez  ci-dessous  les  deux  lettres  du  6  juillet  1524. 

"^  Il  semble  que  Marguerite  d'Angoulême  songeait  déjà  à  l'évangélisation 
de  son  duché  de  Berry  ou  de  celui  d' Alençon,  quand  elle  écrivait  à  Brironnet 
[en  septembre  1522]  le  billet  suivant:  «  La  seuretté  du  porteur  et  quelque 
petite  tachette  de  l'âme  me  deflend  longue  lettre  ...  Vueillez  avoir  pitié  du 
pais  oîi  il  m'avoit  promis  demourer  quelque  temps,  qui  est  sy  despourveu  de 
gens  de  sa  sorte,  que,  pour  subvenir  à  la  faultc  de  mon  dehvoir,  non  faict 
par  absence  ou  négligence,  je  l'ay  prié  y  voulloir  secourir  li'spauvrrs  brebis. 
Car  je  sçay  que  n'avez  acception  de  lieu  ne  de  personne,  mais  que  [le]  salut 
des ('mu^  soit....  »  (Bibl.  Impér.  Manuscrit  cité,  fol.  213a.) 

*  Michel  d'Arande  (en  latin  Arandius  ou  de  Arauda),  ancien  ermite, 


^0()  LK  FÉVRK  d'kTM'LI:S  A  FARKI..  A  HALE.  1524 

foiiliilil.  Ut  (le  Saiictoiimi  ciillu  abrogando  ^.  rursus  in  inullis  a 
F'ihru  coiniiioiiefacliis. 

Unie  coiiligil.  ciiiu  /i/7/(r/,s  vei'bum  ante  Nalivilalem  ®  aiiinin- 
fiasset.  in  quadragesinia  aulem  "  Ciirislo  locinn  denegari.  lala  in 
onines.  ut  dicnnt.  <|iii  illum  audituri  essent .  exconimunicationis 
senlenlia.  ac  intei'minata  liiiic,  si  pergeret.  etiam  carceris  per- 
|ietiii  iiœna.  Verùni  pupulus,  et  quideni  (niirum  et  inauditum  !) 
clerus  illum  pustulavit  et  a  rege  obtiniiil  :  (piod  fuei'e  adsecuti  non 
sine  niagno  Episcopi"  malo,  nam  ciim  objurgatione  regia  pai's.  ni 
vocant,  temporalis  illi  arlenipt.i  fuit. 

Liii/flimeiise.'i  duos  liabent  dedainatores.  clifislianè  verbuni  li'ac- 
lantes.  (pioi-nni  aller  Jacobita  el  Tbeobtgns  Paiisiiis".  elc. 

Basilecu.  ^  Ainilis  lo24. 


98 

LE  FÈVRK  d'étaples  à  Farel,  à  Bâle. 
De  Paris,  20  avril  (1524). 

Inédite.  Manuscrit  antograpbe.  Bibl.  Inipér.  Coll.  Du  l*ii\.\(il.  ^(W. 

.Sommaire.  .T'ai  remis  tout  de  suite  à  Vévique  de  Meaux  les  livres  que  vous  ni'.ivez 
envoyés.  Son  absence  m'a  empêché  d'en  prendre  connaissance,  mais  j'ai  lu,  en  atten- 
dant, ceux  que  je  tenais  à.' Antoine  Du  Blet  de  Lyon.  J'ai  reyu  également  votre  se- 
conde lettre  et  deux  livres  de  Ztvingli.  Tous  les  ouvrages  que  vous  m'envoyez  d'AUe- 

/'tait  compatriote  do  Schcffer.  Sa  vie  est  très-peu  connue.  Nous  l'avons  vu 
séjourner  à  la  cour  et  l'aire  des  lectures  de  rEcriture  sainte  à  la  reine- 
nièrc  (N°  55).  Marguerite  d'Augouléme  le  prit  plus  tard  à  son  service  et  le 
nomma  son  aumônier.  (W.  ci-dessous  la  lettre  de  Michel  lientin  du  8  oc- 
tobre 1.521.) 

•'•  V.  le  N"  lit,  note  1. 

"  i'endant  l'Avent  de  l'année  précédente. 

"  Kapp  a  fondu  deux  mots  en  un  seul  et  lit  Antichristo,  ce  qui  forme  mi 
contre-sens. 

**  Il  faudrait  i)ropremeiit  archicpmojii.  V.  le  N"  90,  note  3. 

"  Aiiiit  Muujnt.  (V.  ci-dessous  Tapostille  de  la  lettre  de  Le  Fèvre  du 
li  juilli-t  1524.)  Ce  doit  être  le  personnage  mentioiuié  par  Farci,  dans  la 
dispute  de  Lausanne,  comme  s'étant  ouvertement  prononcé  pour  l'Évan- 
gile: «L'Université  de  Paris  comment  a-t-elle  fait  au  docteur  Maigret, 
qui  voulait  maintenir  ce  qu'il  avoit  ilit  en  Sorbonnc  ...  V  »  (Hiuliat.  IV.  :J18. 


152-4  LE  FÈVRE  d'ÉTAI'LES  A  FAREL,  A  BALK.  207 

magne  me  plaisent  infiniment.  Saluez  Œcolampade,  Ugivald  et  Zwingli.  Roussel, 
Antoine,  Matlfàeu,  l'élu  et  son  père,  Pieire  Du  Fossé,  les  hommes  et  les  femmes 
qui  aiment  Christ,  vous  saluent. 

(îiiillerme  chariss.  frnler, gi-atia  el  pax  Domiiii  iiostri  Jesn  Cliiisli 
lecuni  ! 

De  literis  el  libris  (jiios  ad  nie  diuliiiu  misisli  '.  (juas  [il»i  yralia- 
rmii  actiones  rependam?  Lihros  illos  coiiliimô  (radidi  lieri'vmdo 
patri n[oiuino]  meo-  legeiulos, neque  propter  ejus  absentiamliiiiil 
milii  illos  legisse.  Alios  lameii  inleriui  legi  (pios  ad  me  niisil  vir 
egregiè  cliristianus  AntouiusABIeto^  Lugdiinensis,  videlicel:  Cale- 
chesin  Joannis  Lo?uceri  "  ;  Apologiaiii  Simoius  Hcssi^  in  Holf'en- 
sem^, cum  Epistola  (suppresso  auctoris  nomlne)  de  poleslale  eccle- 
siaslica;  Aunotata  qiitedaui  Melanalithoais  in  Pauliim,  Lucam  el 
Juaimem  ';  Coiifulalioneni  delerminalionis  M.  N.  [1.  Magislrorum 
nostrorum]   Paris\iensium]  ^  ;  Zi/nglii  Inslilulionem  (luandam  ad 

*  C'étaient  les  livres  demandés  par  Le  Fèvre  dans  sa  lettre  à  Farel  du 
13  janvier.  V.  le  N"85. 

-  Guillaume  Briçouuet,  évêque  de  Meaux. 

^  Antoine  du  Blet.  Ce  gentilhomme,  natif  de  Lyon,  s'occupait  de  com- 
merce ou  de  banque,  et,  dans  ses  voyages  d'affaires  eu  Suisse  et  en  Alle- 
magne, il  servait  avec  zèle  la  cause  de  la  Réformatiou. 

"*  Catecliesis  de  bona  Dei  voluutate  erga  quemvis  Christiauum.  Deque 
Sanctorum  cultu  et  invocatione.  lo.  Loniceri  (s.  1.),  in-4"  de  3G  feuillets. 
La  dédicace  est  datée  d'Essling,  VIL  Cal.  Junias  an.  Christi  xxiij.  —  Ce 
livre  et  les  suivants  sont  écrits  dans  le  sens  des  Réformateurs.  Nous  eu 
donnerons  les  titres  in-extenso,  afin  de  préciser  le  caractère  des  ouvrages 
qui  plaisaient  tant  à  Le  Fèvre  d'ÉtapIes. 

■'■'  Apologia  Simonis  Hessi  adversus  Roffensem  episcopum  anglicanum, 
super  concertatione  eius  cum  Ulrico  Veleno,  an  Petrus  fuerit  Romse,  et  quid 
de  primatu  Romani  Pontificis  sit  censendum.  Addita  est  Epistola  oruditis- 
sima  de  ecclesiasticorum  Pastorum  potestate,  auetoritate  et  officiis  in  sub- 
ditos,  et  subditorum  in  superiores  obedientia.  (Basilea')  2G  feuillets  in-4", 
y  compris  le  titre.  A  la  fin  du  premier  traité:  «Julio  Meuse,  m. d. xxiij.  » 
Ce  livre  est  attribué  à  Urbamts  Bhegius  (en  allemand  Rhieger),  pasteur  à 
Augsbourg. 

"  Jean  Fishcr,  évéquc  de  Rocliester. 

"  Melanchthonis  Aunotationes  in  Epistol.  Pauli  ad  Romanos  imam  et  ad 
Corinthios  duas.  Argentorati,  1523,  in-8°.  —  Ejusdem  in  Evangel.  Joannis 
et  Matth^i  aunotationes.  Basileœ,  1523,  iu-8°. 

**  «  Confutatio  dcterminationis  Doctorum  Parrliisionsiuni,  contra  M.  L.  ex 
Ecclesiasticis  doctoribus  dcsumpta,  denuo  recognita  et  locupletata.  Adjocta 
est  Disputatio  Groningix;  habita,  cum  duabus  Epistolis  non  minus  piis  quam 
eruditis   ...  Basileas,  an.  1523.  »  Petit  in-8°  de  IC  et  de  327  pp.  La  Réfuta- 


,s 


^(),S  LK  FÈVRE  d'ÉTAI'LES  A  FAREL.  A  BALE.  1524 

sliidia  '^  quam  misi  ad  Milciim  '"  tuitm.  qui  gi-ammalicos  moderalur 
in  collegio  Qinl/nnliro  ".  ut  scis  :  Prol)lemata  quedam  Othonis  de 
ralione  evaugelioniiii '-.  (put'  non  admoduni  probo. 

Ca.'lerùm  secundas  abs  te  percepi  per  quendam  Scotiim  ab  Urbe  *^ 
renieanteni,  caecum,  et  ai'bitror  bis  caecuni,  elZniifilium  Decanone 
missaj  '*  el  Apuloiriain  '^  Ownia  quœ  à  te  veniinit  et  Gevmaniâ  mihi 
maxime  placent.  Gatecbe^lin  '"  babebam.  pro  ilia  tamen  et  cieleris 
tibi  gratias  ago  quàni  |iluriuias.  Meuiinisti  cujusdam  Pomerani^'': 
optassem  bypotbesin  Ul)ri '^  ut  aniiibus  cognovissemu<  .piidnain 
prouiittit. 

tion  se  termine  (p.  259)  par  une  Lettre  commeuçaut  ainsi:  «M.  N.  Pai-i- 
sieusibus  salutem  et  sanam  mentem.  »  îllle  a  pour  date  «  ad  Kalendas  lunias 
1521.»  (V.  le  N"  b8,  note  4.)  —  La  première  des  deux  Lettres  anuoncées 
dans  le  titre  fournit  des  renseignements  sur  la  dispute  de  Groningue.  La  se- 
conde, datée  du  2  janvier  1521,  est  intitulée  comme  suit:  «Epistola  docti 
cujusdam...  et  Christiani  viri,  de  certa  in  Dcum  liducia  habenda,  de  ceri- 
moniarum  usu  et  superstitione,  de  confessione,  de  ordine  ecclesiastico,  et  de 
causa  LutJieri,  quid  censeudum  à  verè  Christiano.  »  L  ouvrage  est  terminé 
par  une  énergique  lettre  de  Luther  à  Capiton,  écrite  de  la  Wartbourg,  le 
17  janvier  1522. 

"  Que  pacto  ingenui  adolescentes  formaudi  sint,  Prjeceptiones  pauculai, 
Ifidâricho  Zidiujho  autore.  Basile»  (Jo.  Bebelius)  M.D.XXIII,  in-S"  de 
12  feuillets.  L'ouvrage  est  adressé  à  Gerold  Meier,  beau-tils  de  Zwingli,  et 
daté  de  Ziu-ich  le  1"  août  1523. 

'"  Miles  Perrot.  Voyez  la  lettre  du  1"  janvier  1524,  note  8. 

"  Le  Collège  du  cardinal  Le  Moine,  dans  lequel  Le  Fèvre  avait  enseigné 
longtemps  la  pliilosojjhie  et  les  mathématiques. 

"  Trohlenuita  (Hhonis  Jjrumifchii.  1.  De  ratioue  Evangeliorum.il.  Quare 
in  Parabolis  locutussit  Christus.  Ad  Joanneni  Schottum,  Libr.[arium]  Ar- 
geut.[inensem].  S.  1.  s.  a.  In-4''  de  12  feuillets. 

'*  Home. 

'*  Ih'  <'auone  Missa.'  Jluldri/clii  ZninyUi  Kpichiresis.  (Tiguri,  lô2;>) 
in-4".  La  dédicace,  adressée  à  Théobald  de  Geroldsegg,  administrateur  du 
couvent  d'Kinsiedeln,  est  datée  du  2'J  août  152^. 

"  Apologia,  qua  in  publicis  Ilelvetiorum  comitiis  Hernœ  congregatis,  ad 
qiKi'dam  falso  sibi  iutentata  crimina  respondit  Ilxhlricu.^  Zuim/UiUi.  Aiun> 
.M.D.X.XllL 

•"  Voyez  la  note  4. 

"  Surnom  de  Jean  Bugenhagcn.  (V.  le  N"  74,  note  7.) 

'*  C'est-à-ilire  ,  l'indication  du  sujet  de  sou  livre.  Farel  avait  peut- 
être  parlé  d'avance  à  Le  l'évre  du  connnentaire  de  l'omeranus  sur  les 
Psaumes  ou  de  l'écrit  qui  jtiuiit  sous  ce  titre:  «  Postillatio  Joan.  Bugen- 
hagii  Pouicrani  in  Evangelia,  usui  temporuin  et  Sanctorum  totius  anui 
servientia.  Ilabcs  bic  et  couciouum  et  meditatiouum  copiosissimam  sylvam, 
qnisquis  es,  cui  rordi  est  pietas.  »  Basilea*,  apud  Jo.  Hel)eliuin,  1524,  in-S". 


1524  Li.:  FKVUK  d'ktaplks  a  g.  faukl,  a  bale.  1209 

(Ecolampadium  saliilahis  verbis  meis  in  Clirislo  plurimum,  et. 
cum  {\d\n[m-,i)iiihlum  ''••.  Si  ali(iiiamlo  scribes  ad  egregiuin  viruni 
ZijiKjliuni,  iiiemiiieris  salulationis  mea' *".  Sahilal  te  in  visceiibus 
Gbrisli  Giranliis-*.  Anlonius--.  Mittliwtis-^.  clcrtus**  el  |)atel■*^ 
et  caîterùm  tuiii  \iii  linu  mulieres  qui  amanl  nunien  Gbrisli -«.  hi- 
super  phninuun  Pctrus  Focceus  ".  Parisiis,  xx  Aprilis  (1524)  '^ 

Tuus  ex  animo  et  semper  tuus 
J.  Fabeu. 

( Inscn'ptio  : J  Carissimo  amico  Guillermo  Farello  Basileas. 

(Au  verso  on  lit  ces  mots  de  la  même  main:) 
"   Tltomœ  Rheto  Helvetio  in  officina  Baselien[si]  pro  Dilectiss. 
Gompatre  meo  M  Petro  Gorrœo  "  doctore  Med.  » 

••'  Huldrich  Hngwald  (eu  latin  Uclalricus  HugohaUus,  et  par  abréviation 
Hugaîâm)  naquit  à  WyJe  en  Thurgovie  (1496).  Après  avoir  visité  la  plus 
grande  partie  de  l'Allemagne,  il  vint  étudier  à  Bâle  en  1.519,  et  il  y  publia 
les  ouvrages  suivants  :  «  Udalriclii  Hugualdi  Durgei  adulescentis  Dialogus, 
studiorum  suorum  proœmium,  et  niilitia^  initium.  »  S.  1.  (1520,  mense  Sep- 
tembri).  Cet  ouvrage  est  dédié  aux  seigneurs  des  Ligues  suisses  par  une 
lettre  datée  du  29  juillet  1520.  —  «  Epistola  ad  sanctam  Tigurinam  eccle- 
siam,  »  1521,  in-4°.  —  «  Ad  omnes  qui  Cbristum,  seu  regnum  Dei,  ex  animo 
quœrunt,  Ulricbi  Hugualdi  Epistola,  »  1522,  6  pages  in-4''.  Ses  letti-es  à 
Vadian  (Manuscrits  de  la  bibliotlièque  de  St.-Gall)  témoignent  d'une  grande 
culture  littéraire. 

-''  Le  Fèvre  éprouvait  depuis  longtemps  de  la  sympathie  pour  Zwingli. 
Glai-eanus  écrivait  à  ce  dernier,  le  9  juin  1519  :  «  Salutat  te  Faber  Stapu- 
letisis,  apud  quem  [de  te  tara]  sedulô  quàm  verè  prsedicavi.  » 

*•  Gérard  Eoussel.  Malgré  ses  prédications  journalières  à  Meaux,  il 
venait  parfois  à  Paris.  (V.  les  lettres  du  2  avril,  du  6  et  du  13  juillet  1524.) 

'^-  C'est  probablement  Antoine  Papillon.  (Voyez  plus  loin  sa  lettre  du 
7  octobre  1524.) 

*^  Matthieu  Saunier,  prédicateur  dans  le  diocèse  de  Meaux. 

-•'  Le  titre  d'é^M  désignait  le  fonctioiniaire  chargé,  dans  un  district,  de 
la  répartition  des  impôts.  Cet  emploi  était  alors  rempli  à  Meaux  par  Nicolas 
Le  Sueur,  le  même  probablement  qui,  de  lôoo  à  1537,  occupa  l'office  de 
lieutenant  général  du  bailliage.  V.  le  N"  102,  n.  1,  et  Toussaints  Du  Plessis, 
op.  cit.  I,  p.  729. 

*^  Ce  ne  peut  être  que  le  père  de  Kicolas  Le  Sueur.  11  résidait  à  Meaux. 
(V.  la  lettre  de  Sudorius  du  15  mai,  et  celle  de  Koussel  àFarel  du  24  août.) 

*^  Les  membres  de  la  petite  église  évangélique  de  Paris,  dcjnt  l'existence 
est  constatée  par  la  lettre  du  13  juillet  1524. 

*'  Ce  personnage  nous  est  inconnu. 

**  L'indication  de  l'année  est  delà  main  de  Farel. 

***  Pierre  de  Gorris,  médecin,  natif  de  Bourges,  qui  se  lit  agréger  eu 
1511  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris.  (Biographie  uuiv.)  Il  avait  peut- 
T.  I.  14 


210  HILMRK  [bERTOLPh]  A  GUILLAUME  F.VREL.  1.^)24 


99 


IIILAIRE  [bertolph]  *  à  Guillaume  Farel. 
(Bâle,  vers  la  fin  d'avril  1524.) 

Inédite.  Auto.irrapho.  Bil)l.  des  pasteurs  de  Neuchàtel. 

Sommaire.  J'aurais  voulu,  quand  vous  m'avez  trouvé  aujourd'hui  chez Glarcainui,  solli- 
citer votre  bienveillance  pour  l'écrit  que  je  vous  ai  adressé  ;  une  affaire  urgente  ne 
me  l'a  pas  permis.  En  rentrant  chez  moi  j'ai  reçu  votre  lettre,  qui  m'a  fort  réjoui, 
car  elle  m'a  fait  voir  que  si  vous  êtes  d'un  parti  [celui  des  Évangéliques],  vous  avez 
néanmoins  des  sentiments  plus  charitables  qu'on  ne  le  prétend,  et  votre  langage  me 
prouve  que  c'est  réellement  l'esprit  de  Christ  qui  vous  anime.  «  Plût  à  Dieu  (dites- 
vous  fort  il  propos)  que  tout  Chrétien  s'abstint  de  proférer  des  propos  mordants  ou 
de  donner  prise  à  ceux  d'autrui  !  »  Mais,  dans  l'affaire  en  question,  il  n'y  a  pas  eu 
seulement  des  paroles  mordantes  :  celles  de  l'agresseur  étaient  remplies  du  fiel  le 
plu.9  venimeux,  et  l'offensé  [Érasme]  ne  les  avait  nullement  méritées.  —  «  Mais  il  ré- 
tracte aujourd'hui  (dites-vous)  ses  principes  d'autrefois  !  »  —  Mon  cher  Guillaume, 
ne  voit-on  pas  les  chasseurs  approprier  les  armes  et  l'attaque  au  genre  de  gibier 
qu'ils  poursuivent?  N'est-ce  pas  la  volonté  de  Christ  que  tel  homme  élève  sa  voix  à 
l'iieure  opportune,  et  tel  autre  en  temps  et  hors  de  temps  ?  Ne  faut-il  pas  se  faire 
aimer  du  patient,  quand  on  veut  lui  infliger  une  blessure  salutaire?  Vous  désirez  que 
je  vous  exhorte,  à  l'occasion.  Eh  bien  !  on  dit  que,  sous  un  prétexte  religieux,  vous 
êtes  le  principal  ennemi  des  bonnes  lettres  et  de  la  pureté  du  stjde.  Quoi  donc  ? 
Après  que  l'Évangile  a  dissipé  les  ténèbres  de  la  .scolastique,  nous  évangéliserions  à 
la  façon  de  Tarfaret  et  des  Obscurantins  t  St.  Paid,  St.  AtUftislin.  St.  Jérônte,  Luther 
et  Mèlancldlion  nous  fournissent  de  tout  autres  exemples.  Votre  style  même  vou.« 
donne  un  démenti.  Adieu,  très-cher  ftuillaume.  Au  retour  de  M'  Érasme,  nous  cau- 
.serons  plus  longuement. 

Sains  in  solo  Iesu. 
Onnm  apud  Glinrauiini  '  me  liodie  leperires.  Frater  in  Clirislo 

(■■tro  chargé  Le  Fc-vrc  do  faire  transmettre  ses  salutations  a  ce  Tlioinnst  It1uctns, 
qui  était  prohablemont  correcteur  dans  l'une  dos  iniprimcries  do  IJàlo. 
•  '  Voyez  le  N"  12,  note  1.  Glareanus  avait  quitté  Paris  pour  revenir  à 
Bàle  Qw  février  1522.  Il  s'y  était  marié  et  y  avait  obtenu  la  place  de  pro- 
fesseur de  Poétique.  Vers  le  milieu  de  l'année  1.52.3,  il  fut  nommé  économe 
du  collège,  où  il  reçut  un  logement. 

•  Voyez  In  note  22. 


1524  mi.AïuR  (behtoi.I'H'  a  (.uim.m'mi:  i'auki,.  'ûW 

eximia'  syncerilatis  el  ardenlissimi  zeli.  voluissein  libens.  ul  meani 
sci'i|)ti(»neni  *  boni  ronsuleres,  rogare.  GtL'lerùm'  (luando  aliiid  milii 
eral  cimi  eo  iiegotii,  dillerre  visiim  est  :  quo  oonfeclo.  ubi  (b)iiiiiiii  ^ 
re(bi.  coinniodriin  IMbliopola*  /<'/o^6'y?//niiliigralissiinas  ttuia  lik'ia.s 
i-eddil.  sed  aliquot  diebus  aille  scriplas.  Dolui  veliemenler,  me 
illuni.  ita  iil  anlea  subinde  solebaiii.  iiivisere  non  poluisse.  Nam  si 
boc  teinporis  nil  aliud  iloini  fiiissel  agendum  sedulô,  non  pei- 
literas.  inio  scbedam  potius,  sed  feciim  libens  coràm  fiiissem  col- 
b)quuliis:  sique  is  qui  alteri  bibliopola."  dedil,  poluissel  mibi  dare. 
non  ;dii.  sed  eideni  ad  le  dedissem.  Cerlè  boc  in  caussa  fuisse 
pulo  quamobrem  serins  reddita."  suni  ^  .  quod  rarius  ajind  hune 
(|uàni  apud  ilhim  versamur,  ac  interea  prorsus  à  neulro  poluimus 
videri.  Sed  id  baudquaquam  puto  tuam  chan'tatem,  quœnihilsuspi- 
nitiir,  ollendisse:  nam  si  boc  esse  putarem.  ilicô  per  Cbrisli  cba- 
litalem  uli  veniam  dares  obteslarer. 

Nunc  quod  ad  rem  attinet.  lioc  scias  velim,  mi  Gulielme.  non  in- 
slrenue  Cbristi  atblela,  me  mirum  in  modum  gavisuni  esse,  ubi 
cognovi  le  non  esse  eo  animo  quo  aUi  referunl  atque  adeô  defe- 
runl",  sed  novilale  quadam  ductum  legisse  parlem,  neque  velle 
cbaritalis  jura  pei-fi'ingere.  Cœlera  quœ  scribis  te  planum  faciuni 
sane  Cbrisli  spirilu  duci.  el  addis  appositè  :  «  Utinam  contingeret. 
«  ut  nulla  (Uiiarulenté  dicta  quisque  pius  optât,  ita  miUns  ansani 
«  prœstel  !  »  Sed  quœso,  mi  Gulielme,  quis  ansam  prœstitil  ?  quid 
vocas  amaralenliam  ?  Dulcis  esl  verilalis  amaricies,  amara  esl 
mendacii  dulcedo.  Non  hœc  est.  mi  Frater  ex  animo  dilecte,  ama- 
rulenlia.  sed  mera  vinilentia  et  venenum  in  labiis  asperrimum  '. 
Nemo  unquam  verus  Cbrisli  disci[)ulus  ullaiii  auiarulenliam  vel  as- 
persil  vel  elTudil.  qiiam  non  statim  dulci  melle  piu'lineret  et  me- 
(Hcamenlo  tempeiarel.  Id  quod  te  quoqueputo  e\  Cbrisli  cbarilale 
et  spirilu  lecisse,  cerle  in  literis  facis.  ' 

*  c'était  saus  doute  uue  lettre  daus  laquelle  Bertolpb  rei)résentait  à 
Farel  l'injustice  de  ses  procédés  à  l'égard  d'Érasme.  Voyez  la  note  7. 

'  C'est-à-dire  chez  Érasme,  dont  la  maison  était  située  à  côté  de  celle  de 
Jean  Froben,  l'imprimeur. 

*  Jean  Waitcvschnec,  chargé  du  débit  des  livres  mipriméspar  Froben. 
•"'  Il  faut  sous-eutondre  :  literœ  tucc. 

"  La  dispute  soutenue  par  Farel  avait  du  nécessairement  lui  attirer  de 
nombreux  adversaires. 

"  C'est  une  allusion  très-directe  aux  railleries  mordantes  que  Fard  avait 
décochées  contre  Évaf^me.  Il  l'avait  appelé  publiquement  un  liàlaam.  Voyez 
plus  loin  les  lettres  d'Érasme  du  6  septomiire  et  du  27  octobre  1524. 


212  HILAIRE  [bERTOLPH]  A  GUILLAUME  FAREL.  1524 

Porrô  nonne  Ls  qui  aspergitur  "  longe  aliam  ansam  praestitit,  ut 
eliam  is  fatetur  qui  prior  aspersit  ^  ?  Imù  nonne  etiam  ansam 
jira'buit.  (ut  lalentur  oinnes.  adeoque  etiam  ipse  qui  nunc  est  tam 
rlanis  et  re  et  nouiine  '"),  invenienili  et  adprehendendi  non  ama- 
ndenliam,  sed  meram  mellalionem,  hoc  est  eloquia  Domini  dul- 
ciora  super  mel  et  fa\  uni  "  ? 

«  Sed  nunc,  mima,  recantat  ac  réclamât  potins^-.  »  Quaîso,  mi 
(Jiilieime,  possuntne  duo  ad  eundeui  scopon  collineare  diversis  ar- 
cuIjus  et  telis  ?  Qiiamvis  acerrimis  et  crebro  jactis  non  qucevis 
fera  ac  belua  imnianis  prosternitur;  aliter  est  in  retia  rara  elicien- 
dus  aper  de  sylva.  Quid  ?  si  Ghrislo  sic  placitum,  ut  hic  oppor- 
tune, iiie  im|)ortune  damet.  increpet,  neuterque  cesset,  ut  est  apud 
Proitlietam  EvangeUcuni  '"'  ?  Certè  lioc  scio.  missilia  illa  vehe- 
nientius  liedere  quae  petiti  et  adniildinl  Hbenter  et  amplectuntur. 
(|uàm  quai  déclinant,  horrent  et  fugiunt.  Sed  de  lus  aliàs, 

(Juod  oras  ut  crehrim  te  (ubuonemn.  certe  hac  in  parle  mihi 
est  plane  satisfactum.  Sod  aiuul  le  anlesignanuni  esse  eornni  qui 

*  Érasme. 

»  Farel. 

'"  Le  réformateur  Jean  Œcolampade. 

'  •  Allusion  aux  travaux  d'Érasme  pour  la  publication  et  l'interprétation 
(lu  Nouveau  Testament. 

'*  Ce  reproche  ne  pouvait  manquer  d'atteindre  le  prudent  Érasme,  qui 
s'était  Hatté,  comme  il  le  disait  à  Mélanchtlion,  déjouer  le  rôle  d'un  Garaa- 
liel,  et  d'être  ainsi  un  modérateur  entre  les  deux  partis  extrêmes.  Il  ne  ré- 
ussit qu'à  exciter  leur  défiance.  Les  aveux  qui  lui  échappent  çà  et  là  et  les 
confiilcnces  de  ses  amis  intimes  indiquent  assez  de  quel  côté  inclinèrent 
d'abord  ses  sympathies  ;  mais  il  n'avait  pas  le  courage  de  les  proclamer. 
«  Faveo  bonis  studiis, /areo  veritati  EcangcUcœ  (disait-il  en  1520):  id  vel  fa- 
citus  faciain,  si  palatn  non  licet.  »  Glareanus,  qui  le  voyait  de  très-près, 
écrivait  à  Zwingli,  le  20  janvier  1523:  «Senex  est,  quiescere  vellet.  Sed 
iitraciue  pars  enm  trahere  conatur.  111e  humanis  sectionibus  adesse  non 
viilt.  Kt  (plis  eum  trahat  V  Quem  fugiat,  videt;  quem  sequatur,  non  item.... 
Timidus  est,  quia  cunctator.  Ninuiiiavi  e.v  illius  ore  audio,  quod  non  Giristum 
sonet ...  Luthcranus  esse  non  yu\t  Era-s-mus,  sed  neque  Anti-Lutheranus...» 
(/iiinglii  njn).  VII,  203.)  Vu  mot  de  Balthasar  Ilubmeior  achèvera  ce  por- 
fruit:  «Libère  hxpiitur  Krasmus,  sed  auguste  scribit.  »  — Divers  symptômes 
inditiuaient  d'ailleurs,  à  cette  époque,  qu'Érasme  était  sur  le  point  de  se 
pr<iiion(,'er  plus  ouvertement  contre  la  Réforme.  Lui-même  le  dit  clairement 
dans  cette  phrase  d'une  lettre  adressée  au  roi  Henri  VIII,  le  4  septem])re 
1523  :  «  MoUor  ahqnid  contra  nota  dogmata.  * 

'*  .Mlusion  à  11  Timothée.  ch.  IV,  v.  2:  «  Prêche  la  parole;  insiste  en 
Icinps  et  hors  de  temps.  > 


1524  IIILAIUK  [bi:KTOLPH]  a  GLlLLALMli  FAUKL.  213 

meliores  literas  et  liumaniores  musas  conanliir  exlinguere  '*.  id- 
(|iie  praetextu  Cliristi.  liane  vis.  ut .  posteaiiuani  Evangelica  lux 
discussit  scoton '^  et  Turtarctum  ^^ .  lo(iuamur  et  evangelizemus 
scotinè  et  Tartareticè?  Non  arrident  tibi  3Iusce  ad  quasvocat  suura 
Licentium*''  Augustinus?  Testinioniis  poëtarum  loties  utitur  D. 
Hœromjmus,  adeôque  Divus  Paulus  !  Non  placet  libi  casta  et 
munda  latinitas?  Age,  si  quisque  lingua  vernacula  discal  Evange- 
lium,  nonne  mundiciem  quàm  spurciciem  linguce  nialit  ?  Quid  le- 
nustius,  castius,  mundius,  tersius.  copiosius  Luthero  in  sua  etiam 
lingua  **?  Non  vis  ul  abjiciamus  sordes  et  inoi)iam  in  quavis  lingua  ? 
Sed  quid  nos  incipimus  inllammari  ?  Salis  et  abunde  scripsil  id 
L.  '^  P.  M.  *"  declamavit.  Sed  ut  tlniam ,  Tu  ipse,  D.  Frater,  dico  di- 
leclissime  Gulielme,  non  talem  epistokun  milii  scripsisses,  nisi  à  te 
ipse  dissentires.  Vale  in  Chrislo  Iesu.  Hiec  peraequè  feras  œquo 
animo  precor.  -dique  prius  scripta*'  fecisti. 

Tuus  HiLAiuLs  -*  in  Chrislo. 

(P.  S.)  Quum  venerit  D.  Erasmus*'%  prolixius  colloquemur. 

(Inscriptio:)  D.  Gulielmo  Farello  inter  Opéras  Cinisti  strenuis- 
simo  bonarunique  literarum  vel  adsertori  vel  conservatori. 

**  Nous  ignorons  ce  qui  avait  pu  donner  lieu  à  cette  opinion.  Farel 
n'était  sans  doute  pas  un  littérateur,  mais  il  montra  mainte  fois  dans  la 
suite  qu'il  savait  apprécier  les  avantages  de  l'instruction  et  d'une  bonne 
culture  littéraire.  «  Divina,  utcimque  imperitus  sum  (écrivait- il  à  Pome- 
ranus,  l'année  suivante),  veneror,  liinnana  non  asim-nor  studia,  modo  illis 
ancillentur  citra  fastum,  illa  suspicientia.  » 

''  Ce  mot  grec  contient  une  allusion  à  l'adresse  de  Dans  Scot,  le  grand 
docteur  scolastique. 

'^  Pierre  Tartarct,  auteur  d'une  Logique  scolastique  publiée  à  Paris  en 
1509. 

'■'  Voyez  Augustinif]pp.  Ep''  39»  (26%  édit.  Caillau). 

'*  Z^nugli  qui  regrettait  de  ne  pouvoir  toujours  écrire  en  latin  re- 
connaissait en  même  temps  que,  sous  le  rapport  de  l'abondance  et  de  la 
majesté,  l'allemand  ne  le  cédait  en  rien  au  latin,  ni  même  au  grec. 

'9  Luther. 

*"  Philippe  Mélanchthon. 

-•  Voyez  la  note  2. 

**  Hilarius  Bertulphus,  natif  de  Liège  ou  de  Gand,  avait  étudié  à  Paris 
avec  le  célèbre  Espagnol  Louis  Vives,  qid  l'appelait  son  ami.  (Erasmi  Epp.) 
Vers  la  fin  de  l'année  1521,  Bertolph  se  trouvait  à  Genève.  Peu  de  temps 
après  il  était  secrétaire  d'Éra.sme  de  Hottcrdam,  et  chargé  à  ce  titre  de  di- 
verses missions,  comme  nous  le  voyons  par  la  lettre  qu'il  adressait  de  Bâle  à 


(JKCOI.AMI'ADK  \   CAI'ITON.  A   STRASBOURG.  1  5'24 


100 

(KCOLAMi'ADE  à  Capitou,  à  Strasbourg. 
DeBâle,  14  mai  (1524). 

()Kcolaiii|)adil  et  Zuinglii  Episluku.  liasilea,',  1530,  iii-li.lid.  loi.  17oa. 

SoMMAiRK.  Recouiiimndalion  donnée  à  deux  Ftançais  fiui  se  rendent  a  Wiltembeif) . 

Salve,  cliarissinie  Capilo.  Frali-es  illos  jure  libi  (•oniuieiidarim  : 
iiain  oriidiliono,  |iietaUMiue  neiiliiiuam  vulgai'e.s  suiil.  hofirisrcn- 
titr  Willnihcrj/diii  ',  (ialli  .sunt:  aller  non  inhoneslo  loco  nalus*. 
aller  aiiieni  (iiil/cinins  ille^.  i|iii  iani  prohe  navavit  operani  *.  Fac. 

Ilcnri-Cornclius  Agrippa,  le  10  novembre  (1523):  «  Certe  ille  ipse  es  qiii, 
abhinc  bienniuni  plus  minus,  ob  pauculos  nescio  quos  versiculos . . .  me  apud 
Gchvnna.i  in  nunicrurii  tunium,  ac  potius  in  familiam  tuam,  tanta  bumani- 
UUe  cooptasti  ...  C^uitl,  inciuics,  igitur  intorea  me  uanquam  salutavit  llila- 
riu.%  non  tanto  loci,  quauto  teniporis  intervallo  disjuuctusV  Hic  ego,  ne  id 

negbgentiae  adsignes,  quaeso nani  praiterquam  quôd  tôt  legationibus 

functus,  loties  à  D.  meo  Erasmo  ad  Ctesarem  missus,  BaaHeœ,  nisi  rarô, 
ni.siqiie  per  intervalla,  non  fui,  saîpe  etiai»  juitaram  brevi  me  ad  Ilegem 
(iallia'  missum  iii...  »  (Agrippa- 0pp.  Pars  II,  lib.  iii,  ep-^  44",  p.  807.  Les 
vers  latins  composés  à  Genève  par  Bertolph  se  trouvent  dans  l'ouvrage  que 
nous  venons  de  citer,  Pars  II,  p.  1148  etsuiv.) 

-'•  Ce  po^it-scriptmii  fixe  la  date.  Pendant  toute  l'année  1524,  Erasifie  ue 
s'absenta  de  iJâlc  que  pour  se  rendre  à  Porreutrui  et  à  Besancon,  vers  le 
milieu  d'avril.  Il  écrivait  île  Pâle  à  Pirklieimer,  le  14  avril  1524  :  «  Nonali- 
iliiot  (lies  cvimtiamiti  in  Bnrtjundiam  ...  »  (^Pirckheimeri  Opp.  p.  277),  et  le 
5  juin  suivant:  *  In  Aprili  coutuleram  me  liisontimn»  (Le  Clerc,  p.  1704). 
Les  détails  tort  curieux  qu'Erasme  douiu'  ailleius  sursiui  vo\age  de  Pesan- 
(;on  permettent  de  croire  qu'il  dut  être  île  retour  à  Pair  environ  le  premier 
mai.  ^ Voyez  Erasmi  Epp.  Le  Clerc,  p.  804  et  902.)  Nous  savons  d'autre 
part,  que  Karel  quitta  cette  ville  peu  de  temps  après  (VMesN""  100 et  101). 

'  Voyez  l(!  N"  suivant,  note  5. 

*  Antoine  du  likt  de  Lyon.  V.  la  lettre  de  Le  Fèvre  du  20  avril  1524  et 
le  N"  suivant,  note  1. 

^  E;u-el. 

*  A  la  suit»'  de  ses  Thèses,  Karel  avait  donné  lui  cours  public  à  la  jeunesse 
hi'ilui.se. 


1524  (MXOLAMi'ADi:  A  LUTiiKii.  A  \vnTi:MBi:i\(;.  215 

oro.  .sentianl  qiiomodo  liiiniimilalf  dodiinam  Clirislianam  ("om- 
probelis.  Eiil  mm  inm-alum.  si  piT  vos  aliis  coiiiiiK'ndeiiliir  Fralri- 
bus.  .  .  . 
Basilea3,  in  vigilia  Penlecosles. 


101 

ŒCOLAMPADE  à  Luther,  à  Wittemberg. 
De  Bâle,  le  jour  de  Pentecôte  (15  mai  1524). 

QEcolampadii  et  Zuinglii  Epislote.  Éd.  cit.  fol.  2001). 

Sommaire.  Il  lui  recommande  GuiUawne  Fard  et  un  Fran<,ais  de  ses  amis,  qui  se 
rendent  à  Wittemberg,  pour  faire  sa  connaissance.  Éloge  de  la  franchise,  du  zèle  et 
de  l'intrépidité  admirable  de  Farel. 

.loannes  OEcolampadius  D.  Martino  Lulliero,  mysteriorum  Clirisli 
lidelissirao  dispensatori,  fratri  siio. 

Graliam  et  pacem  a  Cliristo  !  Si  quos  ciiaritati  vestno  nudlùni. 
hos  maxime  commendatos  velim,  Mai'line  optime.  Debetur  enim 
boc  Cbristo  nostro,  quem  videntiir  amare  fide  non  ficta,  et  te  in 
illo.  Spes  item  eximia  esU  nomeu  Illiiis  in  Gallia  magnifirnudum. 
Unus  enim  lioi-um,  lionesto  loco  natus.  proceribus  plerisqiie  per- 
quam  gratus  '  ;  alter  -  apud  nos.  disputando  "  et  prœler/endo  publi- 
er'^, bonam  navavitoperam.  salis  nimiruminstructusad  lolam  Sor- 
houiram  aflligendam.  si  non  et  perdendam.  Idem  utrique  in  Ciiris- 
luin  et  verbum  e.jus  fervor.  Uem  igitur  dignam  te  feceris.  si  bene- 

'  Antoine  du  Blet  de  Lyon.  Le  Fèvre  écrivait  à  Farel  le  6  juillet  1524  : 
«  Accepi  literas  à  Bleto  de  illa  restra  percgrinatione,  »  et  plus  loin  :  «  Accepi 
conclusioucs  illas  quas,  iu  perogrinatione  non  inii)r(il):ui(la,  accopisti  apud 
Zifnrjlinni.  »  Or  nous  lisons  dans  une  lettre  do  Farci  à  liullinger  du  3  miU'S 
1549:  «  Quoties  istie  niagnus  ille  Ztdmjlius  me,  licet  juvcncm  ncophytiim, 
dum  bis  tantîim  cum  Gallis  Lugdunemdms  coniitatus  istuc  venisscni,  arguit... 
quôd  eum  honorificè  appellarem!»  (Fueslinus,  op.  cit.  p.  283.)  L'un  de  ces 
Lyonnais  était  Du  Blet.  (V.  la  lettre  de  Sebville  du  28  décembre  1524.) 

*  Farel. 

5  Voyez  le  ^"91. 

*  Voyez  plus  loin  la  lettre  du  G  juillet  1525. 


^K)  N.   LK  SL1:LK  a  (i.   FAUKL.   A  BAI.K.  15^24 

volenlia  solita.  viros  tanto  tamfjiie  diflirili  itinoie.  Iinguiu(|iit'  isna- 
ros.  te  st'fjKiitos,  exceperis.  FdieUo  iiiliil  candidiiis  est.  Siinl  (iiii 
zplnin  pjiis  in  liostes  verilatis  iiiitigatiorein  vellent  :  verùm  ego  vir- 
tiiti'in  illam  admirabilein,  et  non  minus  placiditate,  si  lempesliva 
l'iierit,  necessariani.  vel  nunr  tandem  crediderim.  At  cujns  lii  siinl 
spiritus,  slalim  c  coUoquio  primo  dignosces  *  .  .  .  . 


102 

NICOLAS  LE  sueur'  à  Guillaume  Farel,  à  Râle. 
De  Meaux,  15  mai  (1524). 

Manusciil  aiilo.i^raphe.  Hihl.  l'iiliUniie  de  (lenève.  Vol.  ii"  11 1  a. 
C.  Schmidt.  Gérard  Rou.ssel.  Strasbourg,  1845,  p.  1G9. 

Sommaire.  Nous  félicitons  les  Allemands  de  ce  que,  par  la  grâce  divine,  non-seulement 
la  pure  prédication  de  l'Écriture  sainte  fleurit  au  milieu  d'eux,  mais  surtout  de  ce  que 

*  Farel  a-t-il  exécuté  le  projet  qu'il  semblait  avoir  formé,  eu  quittant 
liâlo,  (le  se  rendre  à  Strasbourg  auprès  de  Capiton,  et  à  Wittemberg  chez 
Luther?  Il  nous  parait  difficile  de  résoudre  cette  question  d'une  manière 
affirmative.  Nous  savons,  en  effet,  qu'au  lieu  de  se  rendre  immédiatement 
dans  les  dcu.x  villes  pour  lesquelles  ils  avaient  reçu  des  lettres  de  recom- 
mandation, Farel  et  son  compagnon  de  voyage  prirent  le  clicniiu  de  Zurich, 
où  ils  firent  une  visite  à  Zidngli.  Quelques  jours  plus  tard  on  les  retrouve  à 
Comtatice,  ainsi  que  le  prouve  une  lettre  du  6  juin,  que  le  chanoine  Jean 
ilr  Ikitzluim  écrivait  do  cette  ville  à  Érasme  :  «  Fuit  his  diebus  Constautuc 
(iuiUœlmu.s  Farcllu.s,  cum  quodam  consocio,  Galli  utrique.  »  (V.  Walchnor. 
.lohann  von  Hotzheim,  1836,  p.  129,  et  la  lettre  d'Krasme  du  27  octobre  1524.) 
Le  G  juillet  suivant ,  Le  Fèvre  adressait  à  Bâîe  une  lettre  destinée  à  Farel, 
dans  laquelle  il  est  question  du  voyage  de  Zurich,  mais  nullement  de  celui 
fie  Wittcmborfr;  et  l'on  apprend  n\  outre  i)ar  une  \otU-o  iVd'ÀoInmiHulr  du 
2  août,  (pi'ii  cette  date  Farel  était  déjà  ilepuis  quelque  temi)s  établi  à  Mout- 
hcliard.  Fnfin  on  ne  rencontre  dans  les  lettres  de  Farel  rien  qui  indique 
qu'il  ait  jamais  personnellement  connu  Luther;  et  dans  la  correspondance 
de  celui-ci  règne  le  silence  le  plus  conq)let  sur  le  réformateur  français.  Tout 
semble  indi()iu>r,  par  conséquent,  que  le  voyage  projeté  à  Wittemlierg  ne 
s'eflectua  pas. 

'  Au  revers  de  la  lettre  Farel  a  écrit  ces  mots:  t  Klcclun  MeUlensis.  * 
Voyez  le  N"  98,  note  24. 


I52i  N.  Ui  SUKUR  A  G.  FAREL,  A  BALE.  217 

la  liberté  chrétienne  y  a  remplacé  la  servitude  pliarisaique.  Jiln  France,  «  on  écoute 
la  parole,  viais  on  ne  la  pratique  pas  »  (Jacques,  I,  2;'i).  Dieu  ne  suscitera-t-il  point 
du  milieu  de  ce  peuple  des  ouvriers  pour  sa  moisson  ?  Les  plus  éclairés  parmi  nous 
n'osent  pas  rejeter  des  traditions  qu'ils  savent  contraires  à  la  pureté  chrétienne, 
et  cela  pai'  la  crainte  des  conséquences  qu'entraîne  l'accusation  d'hérésie.  La 
duchesse  \d' Alençon\  notre  unique  protectrice,  montre  du  moins  sa  foi  par  ses 
œuvres  (Jacques,  II,  18).  Je  lui  avais  dédié  quelques  traités  populaires,  dont  l'im- 
pression n'a  pu  avoir  lieu,  à  cause  des  défenses  de  la  Sorhonne  et  du  Parlement. 
J'ai  un  ouvrage  tout  prêt  sur  le  mauvais  gouvernement  de  l'Église.  Si  vous  le  dé- 
sirez, je  vous  l'enverrai  ainsi  que  les  autres,  pour  les  publier  en  Allem/igne,  à,\n 
condition  toutefois  qu'il  paraîtra  sans  nom  d'auteur.  Mon  père,  ma  mère  et  ma 
femme  vous  saluent.  Saluez  Œcolampade  et  ses  collègues.  Je  ne  vous  dis  rien  de  la 
prédication  pure  et  chrétienne  de  Gérard  [Roussel],  parce  qu'elle  vous  est  bien  con- 
nue. Sans  rien  sacrifier  de  la  vérité  évangélique,  il  ne  prête  pas  le  flanc  aux  ad- 
versaires. 

«  Deus  pacis,  qui  eduxit  a  mortuis  pastorem  magnum  ovium,  in 
sanguine  lestamenti  eterni  Dominum  nosirum  Jesum  Ghristum, 
aptet  nos  in  omni  bono,  ut  faciamus  voluntalem  suam,  faciens  in 
nobis  quod  placeat  coram  se,  per  Jesum  Cbristum  Dominum  nos- 
irum!» (Hebr.  XIII.) 

Inmitlit  renum  ac  coi'dium  scrutator  Deus,  (eodem  ex  luto  vas 
iinum  ad  honorem,  aliud  ad  ignominiam  fingens,  universa  autem 
pi'opter  semetipsum.  impium  quoque  ad  diem  malum)ad  imbecilles 
ac  lorpentes  Gallos,  dilTusum  apud  Germanos  divine  lucis  radium. 
At  non  recipit  nimiâ  terrenorum  cupidilate  lyppus  noster  oculus  ; 
iterum  non  recipit  animus  adhuc  carnali  prepeditus  aftectu.  Aut 
si  quis  recipit ,  eum  fateor  ingénue  adnumerandum  iis  qui  fa- 
ciem  nalivitatis  sue  contemplantur  in  speculo,  aul  super  arenam 
tedificant:  cum  sint  ex  paucissimis  mullô  [thires  verbi  et  auditores 
et  garruli  quàm  factores.  Donabit  autem  ex  sua  beneficentia  is  qui 
solus  velle  gratis  prebet  et  perficere,  aliquot  ex  nostris,  (juos 
mittel  operarios  in  messem  jam  maturam,  pi'iusquam  pra:^cipial  mi- 
nislris  zizania  in  iasciculos  collecta  a  tritico  tollere.  Aul  certe  si 
nolil,  Ddininiis  esl  :  fiat  quod  bonum  est  in  oculis  ejus! 

Congralulamui'  \obis  Gernianis,  et  acceptam  Deo  ac  Domino 
nostro  Jesu  Gbrislo  terimus  gratiam  qucc  apud  vos  relucel.  non 
tam  multiplici  Scripturaî  pura  et  Cbristiana  professione,  quàm 
pharisiaccV  traditionis  et  servitutis  conlemptu,  ac  cbristiana'  liber- 
tatis  (([ua'  spirifu  ot  veritafe  constat)  reslilutione.  Qui  sunt  ex 
nostris  iUuminatiores.  adhuc  plinrisiaco  jiif/o  siibduutuv.  nec  uudent 
tremebundi  quas  norunt  Ciirisliane  puritali  obsistere  traditiones 


2fS  \.  M-:  si:t;i  it  a  i..  kaui:l,  a  bau:.  1524 

irans^Tedi .  aiil  eain  *\nM  oorcii  eorum  infusa  est  ceritatem  profi- 
ter/: |toiissiiniim  (juod  p.'issim  hareseos  accusentur.  et  sint  ne 
Sorhonislis  modo,  quininio  nostrce  potiusreipufblica'Jmagistratibus 
invisi.  Unn  pre  céleris  iwhis  relictn  et  christianissima  et  serenis- 
sinm  duce*,  quœ  iiohis  regiuni  concilict  farorem  ;  apud  qiiam  islec 
repnsita  fides  quam  leslatur  Jacobus  ex  operibus  nolam.  Tarn  dis- 
rreti  ne  stitreri  siiiritiis  hune  cernas,  ut  non  facile  queat  vulpecule 
de  (fua  srrilm  '  dolis  illaqueari;  ne(|ue  enim  ejus  scripta  aul  ali- 
ipiando  probat,  aul  probavit  usquam  *.  Dicata  sibi  fuerunt  opéra,  de 
ipiibiis  ais  debuisse  me  ea  in  publicum  ad  popularem  cedilicatio- 
nem  producere,  (juanivis  (fateor)  ejus  judicio  non  fuerint  digna. 
minus  piiblico.  Non  sinil  Sorbonœ  ac  Senatus  nostri  lugenda  cœci- 
tas,  eousque  insaniens.  ut  impressoria  incude  sil  omnibus  intei-- 
(lictum,  nisi  qui  censurée  suae  ac  judicio  rem  commiserint  =. 

Habemus  paralum  de  imna  rei  Cliristianœ  (quam  puljlicam  vo- 
cant)  adininistratione  libellum'-.  quo  molimur.  Sciiptur*  et  aucto- 
ritate  et  exemple .  mullo  féelicius  Cbrisli  quàm  Gentilium  legibus 
eam  gubernari  posse,  (juinimô,  eas  plurinuim  obesse  unilati  quam 
lalso  sibi  promittunl.  Opus  sane  supra  vii-es  bominis.  ejus  pre- 
siMlim  qui  nicbil  babeal  spirilus.  qualis  ego.  Hune  tamen.  si  cuni 
caiteris  ex  Geriitnuia  propalambim  optes,  curalto  libi  deferendum  : 
(\'i  aiilem  condilione  (|u6d  incerlo  emillatur  auctore. 

Cii-alia  Douiini  nostri  .lesu  Cbrisli  cum  spii-ilu  Inoî  Sabilanl  te 
jiater.  iitriusqu''  etiani  ronjU(je.^;  domiuuiii  (Erolopadium  (.s'/c),Gbris- 
liana-  iv'\  non  spernencbnii  anlislilem.  ceteros  (|UO(|ue  ejusdeiii 
pastores  ac  episcopos  salutatos  \elim.  Nicbil  de  Girard/  nostri' 
|iura  ac  cbrisliana  priudicatione  ad  te  sci-ibo.  quod  jan»  phiribus 

'  Marguerite  (rA)ifjoulcnic,  duchesse  d'Alençoii. 

*  C'est  prol)al)lcni('iit  une  allusion  à  Érasme  <le  Roitmhim.  On  lit  dans  la 
lettre  de  Roussel  à  Farel  du  G  juillet  1.524:  «  Nondum  videre  potui  libelluni 
de  confessione  auriculari,  in  qua  se  prodit  simia  illa  [scil.  Erasmus]  quam 
suis  belle  depingi.s  plumii^.  * 

'  On  trouve  une  nouvelle  preuve  des  sentiments  peu  bienveillants  de 
.Marfriicrilc  i-uvcrs  Érasme,  dan<;  le  silenre  absolu  qu'elle  garda  avec  lui, 
apri's  avon-  reru  de  sa  part,  en  15:25,  une  lettre  de  (.ondoléance,  au  sujet  de 
la  captivité  de  son  frère,  le  roi  François  I.  Érasme  ressentit  vivement  ce 
manque  d'égai'ds.  (Voyez  Erasnii  Î4)p.) 

^  Le  21  mars  1522,  It-  Parii-ment  de  Paris  avait  contirnie  et  rendu  plus 
sévère  son  édit  du  i:s  juin  1521.  relatif  à  la  censure  des  livres  de  religiou. 

•  Cet  ouvrage  ne  parait  pas  avoir  été  publié. 

"  (iërard  Hmussél.  Voyez  la  lettre  du  2  avril  152J. 


1521  l-K  l'KVHK  iriVr.VI'LKS  A  (HILL.VLMK  FARKL.  A  BALK.  iJI'.l 

cjx'.'itolis  compeilMiii  liabeas.  el  fueris  ipse  expertus.  Adeô  sihi  cir- 
cuiiispecliis  est  ciiiu  sinccfitate  serino.  ut  niiilns  pateal  caliimnia- 
loiiiiii  iiisidiis  locus.  ifa  aiUem  ul  iiicliil  verilalis  evangelictL'  pra> 
lenniltal.  Vale.  MeUlis.  18  calen.  Jun.  i:m*. 
Inutile  Dei  veri  liymentum,  ne  dicani  Glirisli  mancipium 

NiCOLAUS  SUDORIUS. 

( Imcriptio  : )  Uomino  Guillelniu  Farello,  fratri  christiano. 
Basilee. 


103 

LE  FÈVRE  d'étaples  à  Guillaume  Farel. 
DeMeaux,  6  juillet  1524. 

inédite.  Auto.LiTaplie.  Bibl.  Publiciue  de  Genève.  Vol.  n"  112. 

Sommaire.  Les  lettres  que  j'ai  reçues  de  vous  et  de  nos  amis  de  Bâle,  ainsi  que  les 
livi'es  d'Allemagne  que  vous  m'avez  envoyés,  entre  autres  ces  Thèses  de  Breslau  où 
lespirait  des  convictions  toutes  semblables  aw-r  nôtres,  ont  été  pour  moi  une  source 
de  consolation.  Comment  ne  pas  se  réjouir,  en  effet,  quand  on  voit  la  pure  connais- 
.sance  de  Clirist  déjà  répandue  dans  une  grande  partie  de  l'Europe  ? 

J'ai  aussi  quelques  bonnes  nouvelles  â  vous  donner.  Le  Nouveau  Testament  tra- 
duit en  français  a  été  accueilli  avec  un  empressement  extraordinaire  par  le  simple 
périple,  auquel  dans  notre  diocèse  on  le  lit  les  dimanches  et  jours  de  fête.  Le  roi  a 
écarté  les  obstacles  que  quelques  personnes  voulaient  mettre  à  cette  diffusion  de  la 
Parole.  Les  lettres  d'Oicolampade  ont  produit  une  si  vive  impression  sur  notre 
évéque,  qu'il  a  chargé  Gérard  Roussel  de  faire  une  instruction  quotidienne  au 
peuple  sur  les  Épîtres  de  St.  Paul,  et  qu'il  a  commis  le  même  soin  à  nos  prédica- 
teurs les  plus  évangéliques ,  pour  les  autres  portions  du  Diocèse. 

Je  regrette  que  l'auteur  d'une  certaine  satire  que  vous  m'envoyez,  ait  attaque 
personnellement  trop  de  gens  ;  j'aime  mieux  la  modération  de  MycoJihis  plaidant  la 
cause  des  Zuricois.  Quant  à  votre  ami  Michel  £enti7>,  notre  evéque  sera  heureux  «le 
l'accueillir  dans  un  temps  plus  favorable.  Bu  Blet  me  parle  aussi  dans  sa  lettre  de 
votre  voyage  auprès  de  Zwingli  que  je  ne  puis  qu'approuver.  Si  vous  manquez  de 
ressources,  tâchez  d'obtenir  de  quelque  marchand  des  avances  que  nous  lui  rem- 
bourserons. Bobeit  [£stienne]  et  moi  nous  avons  les  mêmes  griefs  que  vous  contre 

*  Le  millésiuie  est  do  la  niaiu  de  Farel. 


tiU  LE  FEVUE  d'ÉTAI'LES  A  GLlLIAUMIi  FARliL.  A  BALE.  1  S24 

.son  associé  [Simon  de  Colines],  qui  n'imprime  plus  que  des  livres  de  mauvais  aloi. 
Mais  nous  espérons  des  jours  meilleurs  pour  cette  ville  de  Paris  encore  plongée 
dans  les  ténèbres. 

fiiiillelme  (râler,  gralia  et  pa.\  Gliristi  lecuin! 

Oiiaiii  ((uisolalionem SpiiiUis^'.i;  literis  tuis*. OErolanipadii, Pely- 
rrmi^.  lliKjdMP ,  et  ex  Germanicis  libn's*  concepi  dicere  haud- 
ipiaqnaiii  pfKsim ,  quia  plané  redolent  Cliri.stianismum.  0  bone 
Deiis.  quanto  e.ndto  fjawito ,  cuni  percipio  hiinc  pure  nf/noscendi 
Chri.stuHi  f/r(itia)ii.  juin  hoiiniii  iiarteni  pemisissc  Eitropœ^.'  Et  spero 
Clirisiuni  Itondeiii  nmtida  iialUm  liac  benedictione  invisui'um. 
Vota  audiat  Chri.stu.s,  et  cœptis  ubique  viclor  ad.spiretl 

Vix  ci-edere.s  .  po.steaquam  libri  gallici  Non'  Orgnni^  euiissi 
siinl.  qiianto^Deus  ardoie  simplicium  mentes,  aliquot  in  locis,  mo- 
veat  ad  amplexanduni  verbnm  suum  '.  Sed  juste  conquereris,  non 
satis  latè  invulgatos.  Nonniilli.  autliorilate  Senatus  interveniente, 
l>i(thibcre  coiiati  sunt«:  sed  rex  generosissJJmus]  in  hoc  CItristo 

*  Aucune  des  lettres  de  Farci  à  Le  Fèvre  n'est  panenue  jusqu'à  nous. 

*  (Jonrad  PtUicatiu^.  Voyez  le  N"  62,  note  4. 
•■*  Ulrich  Hiigicald.  Voyez  le  98,  note  19. 

*  C'étaient  sans  doute  les  livres  dont  Le  Fèvre  accusait  déjà  réception  à 
Farej  dans  sa  lettre  du  20  avril,  mais  qu'il  n'avait  pas  encore  lus  à  cette  date. 

"•  Voyez  les  paroles  d'Érasme  à  la  fin  du  N"  3.3. 

"  La  traihution  française  du  Nouveau  Testament  publiée  par  Le  Fèvre  en 
1523.  (Voyez  les  N°"  69  et  79.) 

"  Greniiblc,  Lyon,  Alen^on.  Bourges,  Paris  et  Mcaux  avaient  déjà  en- 
tendu la  pn-dication  de  rÉvaiij:,nk'.  Depuis  qu'il  était  mis  à  la  portée  des 
simples  par  une  traduction  on  langue  vulgaire,  son  influence  devait  croître 
de  jour  en  jour.  Dans  le  diocèse  de  Meaux,  Briçonnet  avait  fait  distribuer 
gratis  des  exemplaires  du  Nouveau  Testament  de  Le  Fèvre  à  tous  les 
pauvres  qui  en  demandaient,  et  c'est  probablement  de  cette  dissémination 
de  rKcritiirc  sainte  (jne  datent  «ces  petits  commencements  de  piété  »  que  la 
ville  de  Mcau.x  re(;ut  de  Bri^-onnet  et  d'où  «  s'engendra  (dit  t  respin.  Ilist.des 
Martyrs,  livre  iv)  un  ardent  désir  en  plusieurs  porsojuics,  tant  hommes  que 
femmes,  de  cognoistre  la  voyc  de  salut  nouvellement  révélé.  » 

La  Sorlinmtr  avait  du  être  vivement  contrariée  par  l'Épître  exhortatoire 
de  Le  Fèvre  du  H  juin  1.^)23  (N"  69\  Cette  même  année  elle  censura  la  pro- 
position suivante:  Tous  les  chrétiens  et  princii)alement  les  clercs  doivent 
être  induits  à  l'étude  de  l'Écriture  sainte,  parce  que  les  autres  sciences  sont 
humaines  et  peu  utiles.  «  lltic  imypositio  (disait  la  Faculté  de  Théologie) 
Herundum  primarn  jtai-tem  Laicos  qHoscumjue  ad  i^tudium  saa-(C  Scripturrr 
et  ilitlicultalum  ejiisdem  cssc  inducendos^  sicut  etClericos,  cr  crrorc Paupcrum 
iMgdunrnsium  drducitur.  »  Le  26  aoiit  1523  elle  déclara:  qu'il  serait  très- 
pernicieux,  vu  les  circonstances  du  temps,  de  laisser  répandre  parmi  le 


1524  LR  PÈVRR  d'ÉTAPLES  A  (JLILLAUME  FAUKL,  A  BAI,E.  221 

patrocinatiis  (ulfait .  rolcns  rrr/mim  siiuin  lihcrè,  ea  liiiiriia  qna 
polei'it,  imdiic  (ihsqiu'  iillo  iiiiiicdiiiH'nIo  Dci  rt'ihum  ".  Nmic  in  tutu 
(lin'ccsi  nostnt  '",  l'estLs  clielnis.  el  maxime  tlie  dominica,  Icçiilur 
poindo  et  ppistola  et  cviuuii'liuin.  l/'iif/ud  rcrnaculâ  **  :  el  si  parœcus 
ali(iui(l  exhorlalionis  liabet,  ad  epistolam  aiil  evangelium.  aiil  ad 
ulrumque  adjicit. 

Mirum  quant  movertmt  R.[ereren(luni]  D.[ontùmm]  nmiiii  literœ 
OEcolampadU  '*.  cui  lotus  muiidus  débet,  ut  qui,,iuxta  nomen  suum 
verè  luceat  in  doiiio.  non  privala  sed  Iota  Dei  ecclesia ,  omnes 

peuple  des  versions  complètes  ou  partielles  de  la  Bible,  et  que  celles  qui 
avaient  déjà  paru  devraient  être  plutôt  supprimées  que  tolérées.  (De  Saiu- 
jore,  op.  cit.  IV,  120-122.  D'Argentré,  op.  cit.  II,  7.)  Ce  fut  sans  doute  en 
vertu  de  cette  déclaration  que  le  Parlement  fut  sollicité  d'interdire  par  un 
édit  la  vente  de  la  traduction  française  des  Évangiles.  Les  paroles  de  Le 
Fèvre  prouvent  que  si  l'édit  en  question  fut  promulgué,  le  roi  n'en  permit 
pas  l'exécution.  (Voyez  la  note  suivante.) 

*•  A  quelle  époque  faut-il  placer  l'intervention  de  François  I  en  faveur  de 
la  libre  prédication  de  l'Évangile  V  Probablement  au  mois  de  septembre  ou 
d'octobre  1523.  V.  l'Épitre  exhortatoire  du  G  novembre  1523  (p.  168,  n.  11), 
oîi  Le  Fèvre  loue  la  piété  du  «  débonnaire  roy  très-chrestien.  »  Cet  hom- 
mage est  reproduit  en  termes  plus  expressifs  dans  la  dédicace  du  commen- 
taire de  Le  Fèvre  sur  les  Épîtres  catholiques,  datée  du  mois  d'avril  1525: 
«  Certè  silentio  non  est  prjetereundum,  Christianissimum  rcgem  Franciscum... 
hoc  ipso  laudem  et  gloriam  apud  posteras  promerilurum,  quod  voluerit  ver- 
bum  Dei  in  suo  amplo  regno  libéré  haberi  et  Evangelium  Cliristi  sincère 
purèqm  ubique  annunciari,  volens  et  multù  magis  a?toruo  régi  Christo  pa- 
rère et  verbo  ejus,  quàni  ipse,  vel  à  suis  subditis,  et  sibi  et  verbo  suo  audiri.  » 

'°  Le  diocèse  de  Meaux,  où  Le  Fèvre  remplissait  les  fonctions  de  vicaire 
spirituel  de  Briçonnet,  qu'il  appelle  plus  loin  «  Eeverendum  Dominum 
meum.  » 

"  Il  s'agit  ici  des  lectures  de  l'Évangile  en  langue  vulgaire,  récemment 
instituées  par  l'évéque  Briçonnet  dans  le  diocèse  de  Meaux,  et  auxquelles 
la  traduction  de  Le  Fèvre  lui-même  servait  sans  doute  de  texte.  «Il  arriva 
pour  lors,  »  dit  à  ce  sujet  le  secrétaire  épiscopal  Jean  Lermite,  «  qu'on  feit  im- 
primer, par  commandement  du  Roy,  les  Évangiles  et  Épistres  de  St.  Paul 
en  françois,  ce  que  le  sus-dit  Prélat  (Briçonnet)  jugea  pouvoir  soulager 
l'ignorance  et  V incapacité  de^  vicaires,  ...  leur  enjoignant  en  l'absence  des 
prédicateurs,  de  lire  à  leurs  paroissiens  l'épistre  et  l'évangile  du  jour,  affin 
qu'ils  peussent,  par  ce  moyen,  en  tant  que  Dieu  leur  en  donnoit  la  grâce, 
rompre  le  pain  de  l'Évangile  et  eu  repaistre  le  peuple  commis  à  leur  gou- 
vernement. »  Guy  Bretonneau,  op.  cit.  p.  ICS,  à  comparer  avec  Tous- 
saints  Du  Plessis,  op.  cit.  II,  5GG. 

'*  On  ne  peut  pas  savoir  s'il  s'agit  ici  d'une  letti'c  d'Œcolampade  adressée 
à  Briçonnet  ou  à  Le  Fèvre. 


±?i  LK  FKVHK  UKr.M'I.KS  A  Cl  II.I.AL  Ml".  FAHKL.  A  BALK.  1524 

pivaiis.  niinc  peculiaribiis  opusciilis .  mine  trallntionibus  novis, 
niinc  concKjnaniJo  ad  i)o|jiiUim.  nunc  in  dialriba  scliulastica  proli- 
lendo:  et  ijuam(|iiain  l)ona  sunt  opéra  (jiue  ex  grieco  lalinilali 
ddiial  •'.  inirilicè  tanien  aniplectiniiir  si  (ptas  tusnper  udjuit  ndiio- 
tiilioiii's  .  (|uand()(piidein  mnyis  autlioiibus  t'ps/s  mfieve  Cltristnm 
rt'di'iiliii.  Dciis  illiini.  nohis  et  Ecclesice  su;h  lucenfem.  diii  con- 
servet ! 

Dilit/i'ntissinK'  iijitar  ijuoHnmque  lihros  iih  co  oiKimis-ir  vofjuos- 
tiniii.s.  collii/tiiius  :  cerli  iioii  nisi  oplima  in  iliis  roMlineri.  El  iil 
l'fidiii  studio.sè  facit  li.[ererendm]  f).[onimiis]  mem.  Qui.  ut  dix!. 
It'ctione  cpititolœ  (Mùolnuijuitlii  jtpvnioiiis,  coiinimil  Ginmlo  '*.  mine 
canonico  et  thesaui'ario  nostra.'  ecclesia?.  proriuciiini  intcrinetmidi 
poimlo  pi'oniiscui  sexiis.  quolidic  una  lioia  niant',  cfiislolus  Pnuh 
lini/iid  reniacuM  œditns,  non  concionando.  srd  pcr  iiiodinn  lerturtf 
inlcipretnndo  '*.  Quod  el  ordinavit  faciendiim  per  insigniora  suii- 
diœceseos  loca.  niinsis  ad  hoc  t|uos  liahei'e  poliiinins  iJHiioiibiLs 
li'ctnrilms .  Joainir  Gadonc*^.  Nicolao  Mwijino.  Micohio  n  Soro 
(J(i!ilr()*\  (.'l  Joftnnc  Mcsnillio  .  qui  conics  fuit  Micltuidi.  diicatiis 
Alenconiensis  apostolo '".  In  queni .  Iii>  diebus .  magna  turba 
conspiravit  sacerdotuni.  ut  oum  è  vita  lollerent.  Cbiislus  illi  ad- 
l'uil,  et  contrivit  la(jueuni  illi  ijitenlalnni.  (jneui  et  dédit  adversa- 
riis  suis  et  sancti  vcrbi  Mii  in  pedicani.  Seil  longuni  niniis  nai- 
lalii  negotiuni. 

Ail  t'iiistoliiiii  luitiii  redibo.  Accepi  et  Ejtistnhts  «M  l^sulttrium  '" 

''•  Œcolanipado  avait  publié  en  1520  une  trailuctioii  latino  dos  commen- 
taires de  Tlit'Opliylaclc  sur  les  Évangiles,  cf.  on  1523,  LX VI  Ildniôlies  do 
Clirysostome  sur  laOonôso.  (l'anxer.  Aunalos  typograidiici,  VI,  2:i4  ot  240.) 
V.  dans  le  N»  suivant,  n.  !).  une  liste  de  quelques  ouvrages  d'tKcolampado. 

'*  Gérard  Roussel. 

'■*  ("amli  faisait  déjà  à  Paris  des  instructions  pareillo.s.  V.  la  note  57. 

"'  Le  nom  de  Jrau  Gadun  ne  se  retrouve  pas  dans  les  lettres  do  cotte  époque . 

'•  Nicolm  Mcwgin,  curé  de  St.-Sainctin  à  Meaux,  aj)partonait  à  une  fo- 
mille  qui  eut  trois  de  ses  membres  condamnés  en  1546  pour  «  crime  d'hé- 
résie. »  (Crcspin,  loc.  cit.)  Quant  à  Nicolas  de  Ncufcha.stcou.  nous  ne  pos- 
sédons aucun  ronsoignemont  sur  sa  personne. 

'"  Michel  dWiawk.  \.  la  lettre  do  Farel  du  2  avril  1524. 

'"  Le  Psautier  de  Poineranm  parut  sous  le  titre  suivant:  *  Joaunis  Po- 
merani  Ihigonliagii  in  liltrum  l'salnionini  interprefntio,  'Wittcmlicrga;  publiée 
lecUi.  lîasiloa-,  anno  M.1)..\.\IIII.  >  fApudAdamum  IVtri,  menso  Martio\ 
in-4"  (le  7G2  pp.,  non  compris  les  pièces  liminaires.  La  dédicace  à  rÉlectonr 
Frédéric  est  «latéo  du  29  décemltro  1524  (1523,  uouv.  style).  Ce  livre  fui 
réimprimé  ù  Hftle,  on  août  1524,  par  le  même  édiU'ur.  —  Félix  Raytborus, 


1524  LK  PKVRE  d'kTAI'LRS  A  (JUIM-AUMI-:  FAKEL.   A  MWAl.  22.'{ 

Pomcnini,  iloniim  pruledo  mygnificum  Ifuf/nldi-°.  fralris  cliaris- 
simi.  Tu  illi  vice  mea  i^ralias  lialiebis  i(uam[)luriinas.  Si  citiiis  ve- 
iiisset  in  maiius  meas  ,  no»  ciirasseni  enjiiti  ex  oflicina  P.snllc- 
rinm^*  cum  brevibiis  argiinienlis  el  quadani  aiixesi  ex  Hel)i-ii'()  el 
CliaitUeo;  sed  iam  primarius  prœses-^  hahehal  ad  nianus,  noniini 
suo  de(licalnni,quo  favorem  curia'  emercareraur,  ad  quicquam,  si 
opus  esset,  excndendnm.  Nain  scis  ordinalioneni  Senalus.  oiiini- 
l)iis  libris,  lum  excudendis,  tum  precio  exponendis,  pra-benleni 
inipedimenliuii.  nisi  instituli  (piidani  censores  (et  iidem,  si  non 
eliani  indocli,  certè  maie  adfecti)  adprobaverint -\ 

Accepi  etiani  illam  acrem  mb.mnnatioiiem-*,  qucB,siin  maniis 
nuiKoruni  venerit,  \ebemenler  molura  est  bilem,  et  nobis  eliam 
inconsciis  conflatura  invidiain,  quasi  quippiani  taie  promoverinius. 
Utinani  scn'ptor  eomœdiœ  "  pepercisset  aliquoruni  noniinibus. 
ipiorum  malleni  resipiscentiam  quàm  nomini  eoruui  inuri  noiam  ! 
Sed  id  Dei  munus  est.  Mq(\q^\'va  Osvaldi  Myconii  \^vo  Tt/f/un'nis-'^ 
adniodum  milii  placuit:  sed  fur  quispiani  luinc  tbesaurum  nobis 
invidil,  qui  et  Muconium  et  Epistolas  Cocti  tui-\  generosi  equitis. 
nobis  abstulil.  Audivi  equitem  ilhiui .  bona  nota  CbrislianuuL  in 
Curia  -**  fuisse  ;  sed  ad  nos  non  divertit. 

natif  de  St.-Cnall,  écrivait  île  Wittemberg,  le  8  avril  1524:  «  ScMia  Pome- 
rani  in  10  Epistolns  PauU,  quas  prœlegit,  Nurenbergae  sunt  excusa  inscio 
autore.  »  (Collection  Siralcr.) 

-"  Voyez  la  note  3. 

'^'  Le  Fèvre  parle  ici  de  sa  traduction  française  du  Psautier,  qui  parut  le 
17  février  1525  chez  Simon  de  Colines,  iu-8". 

■•'-  Jean  de  Selve,  premier  président  du  pai-lement  de  Paris. 

''"'  Voyez  le  N»  102,  note  5. 

-*  Il  est  probable  que  Le  Fèvre  fait  allusion  à  un  ouvrage  composé  par  Farel 
pendaut  sou  séjour  à  Bàlc.  Une  lettre  d'Érasme  à  Mélanchthon  du  6  sep- 
tembre 1524  nous  donne  quelques  détails  sur  ce  livre  introuvable:  «Idem 
{Farcllus}  œdidit  libellum  de  Pamiensibus  et  l'ontificc...  Quantum  iUic  in- 
ficetiarum...  quàm  midti  mminathn  traducti  !  Et  tamen  ipse  solus  non 
apponit  nomen  suum  !  »  —  Nous  reviendrons  sur  ce  sujet,  à  propos  de  la 
lettre  de  Coct  à  Farol  du  2  septembre  1524. 

-■'■  Farel  lui-même. 

■-"  Il  veut  parler  du  livre  de  Osyivald  Geisshfitissler  (  en  latin  JLjco)iiii.'^)  in- 
titulé :  «  Mycouius  Lucernanus  ad  sacerdotes  Hclvetiœ  qui  Tigurinis  maie 
loquuntur  suasoria,  ut  maie  loqui  desinant.  »  Cet  ouvrage,  imjjrimé  chez 
Froschower  à  Zurich,  est  dédié  au  Sénat  de  cette  ville  et  daté  du  22  janvier 
1524. 

*'  Ce  sont  les  trois  Épitres  publiées  par  Anémond  d<^f'ort  (V.  le  X"  86). 

***  Le  Parlement  de  Paris. 


±)'i  I.K  FÈVRK  d'ÉTAPLES  A  GUILLALMK  FARÉL.  A  BALE.  1524 

Viili  Othoiiem  -^  coimpressum  Hiiteno  '^°  :  placet  niilii  magis. 
et  magis  Cluislianè  agit  ac  pure  quàm  in  Prohlematls  '".  Librum 
De  Coiifessione  Eramni'*  \um  vidi  :  inlellexi  taiilùiu  ubtiilisse  illiim 
i„ii!/no  eleemosynario  n'(fio"\  gemina  lingua  .  laliiia  videlicel  et 
gallica.  concinnatum.  De  instituemlis  mmùtn'f;  ecclesiœ'^*  et  For- 
liinla  Musse^''  ad  nos  pervenit;  sed  desideratur  Pnstor  evangeli- 
cm'^'^,  qui  apud  vos  fertur  excusus. 

Mentioiiem  feci  tni  Michnelis  Bentiiii''''  R.[everendo]  D.[onnno] 

"  Otlmi  Brunfeh,  ancien  chartreux,  natif  de  Mayence.  Il  se  brouilla 
avec  Érasme  à  l'occasion  d'Ulrich  de  Hutten.  Voyez  la  note  30. 

"•^  U7nc/t  de  Hutten,  le  célèbre  pamphlétaire.  Le  Fèvre  fait  allusion  à 
l'écrit  intitulé:  «  UlricU  ah  Hutten  cum  Erasmo  Roterodamo,  presbytero, 
tlieologo.  Kxpostulatio  a  priore  depravationc  vindicata  jam.  Otlujnis  Brun- 
fehii  pro  Ulricho  lluttono  vita  defuucto,  ad  Erasmi  Roterod.  Spongiam 
Respousio,  ab  autore  recognita.  »  Petit  in-8»,  sans  lieu,  ni  date.  (Publié  à 
Strasbourg,  en  mars  1524,  chez  Jean  Scot.) 

''  Voyez  le  titre  de  cet  ouvrage  dans  leN^QS,  note  12. 

''*  Livre  (^Érasme  dont  le  vrai  titre  est  celui-ci  :  «  Exomologesis,  sivo 
modus  coufitendi.  >  Le  fragment  suivant  d'une  lettre  de  Farel  (adressée  à 
Le  Fèvre?  ou  à  Roussel?  en  1524),  est  relatif  à  cet  ouvrage:  «  Erasmus 
iîle  vers-ipellis,  Evangelii  pestilenttësmîis  hostis,  pro  quo  piis  orandum  pre- 
cibus,  ut  resipiscat,  aut  ipsum  prorsus  infatuet  [Dominus],  quod  jam  vel 
ceci  vident  in  insulsissimo  et  omnibus  merdis  concacando  Confessiotivs  U- 
hello.  »  (Kapp,  Nachlese,  p.  604.) 

î''  Franroi'<  du  Moulin,  seigneur  de  Rochefort,  grand  aumônier  du  roi 
François  I,  dont  il  avait  dirigé  l'éducation.  Érasme  lui  dédia  son  livre  sur 
la  Confession  auriculaire,  par  une  lettre  datée  de  Bâie,  le  25  févTier  1524. 
C'est  le  même  personnage  qui  est  mentionné  dans  le  N"  23,  n.  2. 

^  D  existe  sous  ce  titre  un  ouvrage  de  Luilier,  adressé  au  Sénat  de 
Prague,  et  publié  à  Wittemberg  en  1523,  in-4°. 

'■•  C'est  le  livre  de  Luther  intitulé:  «Formula  Missa^  et  Communionis 
pro  Kcclesia  Vuittembergcnsi.  Wittemberga^,  M.  D.  XXIII.  »  iu-4".  Cet 
ouvrage  et  le  précédent  furent  réimprimés  (la  même  année?)  et  réunis  en 
un  seul  volume  in-8",  qui  est  évidemment  celui  dont  parle  Le  Fèvre  en 
rapportant  à  ces  deux  ouvrages  le  mot  pervenit.  (Voyez  Panzcr.  Annales 
typogi-aphici.  Norimbergte,  1793-1803,  11  vol.  in-4»,  t.  IX,  p.  84.) 

^''  Ouvrage  de  'Awingli  qui  a  pour  titre:  «  Pastor.  quo  docetur  quibus 
nolis  veri  pastorcs  à  falsis  discerni  possint,  et  quid  de  utrisquc  sit  sen- 
tiendtnn.  Tiguri,  1.".24.  » 

^'  MicM  Leutiti,  originaire  de  Flandre,  avait  la  réputation  d'être  un 
excellent  critique,  «  vir  emunctissinue  iiaris,  ac  in  restituendis  veterum  mo- 
rninieutis  .sagacisbimus.  *  C'est  le  témoignage  que  lui  rendait  un  imprimeur 
balois.  (Varonis  de  lingua  latiua  libri  III.  Basile*,  apud  B.  Westhemerum, 
153(5.)  Bentin  avait  peut-être  connu  Farel  à  l'université  de  Paris;  nous  l'in- 
férons du  moins  de  la  reccimmandation  que  celui-ci  lui  avait  donnée  auprès 


1521  i,i:  FKVHK  niiiAi'i.Ks  a  laii.i.uMi:  kakki,.  \  hwa:.  ^2ii 

ineo.  Nollet  pro  lempore  illiini  accersiri.  ciim  iialione  sil  Fliui- 
ilnis''".  ne  q nid  illi  ;Kci(leivl  incoiNinodi.  aiil  lorlasse  sua  causa 
nobis  ipsis ''9.  [7///  auleiii  tcnipus  iirriuUtct .  i/oiidcrel*".  l't  non 
omiies  gnuileremus  ipsius  ronsuctiiilwe  (mi  :  al  uuiic  apud  vos  *' 
tutius  de^il.  Lileras  Houoraiidi  Patris  Pelf/rani*^  ad  P.  Amicum, 
ea  qua  poliii  diligenlia.  curavi  ut  redderenlui-.  Inlellexi  euni  non 
amplius  apud  3Iinoritas  agere,  sed  indutinri  cucullo  nigro.  in  qiio- 
dam  cœnobio *"  magni eleemosjinan'i degere,  nescio  qua.'  ibi  è  giaeco 
lalina  faciens  ".  Vir  est  nobili  et  Chiistiano  ingenio*'.  Oidureni  il- 
Inm  ea  libertate  qua  nos,  quand o  quidmi  nos  liherarit  CInistas. 
passe  in  suis  studiis  versari. 

Noiissimas  liieras  tuas  accepi.  iiàc  transeunte  Conranio*",  et 

de  Le  Fèvre.  En  mars  1524  il  habitait  encore  la  Flandre.  Quelques  mois 
plus  tard,  il  était  fixé  à  Bâle,où  il  se  maria.  (Voyez  P^rasniïEpp.  Le  Clerc, 
p.  795,  804,  851,  la  lettre  de  Bentin  à  Œcolampade  du  8  octobre  (1524) 
et  celle  de  Ooctà  Farel  du  2  septembre,  même  année.) 

^'^  Un  édit  récent  de  François  I  ordonnait  à  tous  les  étrangers,  de  quel- 
que condition  qu'ils  fussent,  de  quitter  Paris  et  la  France  dans  le  terme  de 
dix  jours.  (Bulaeus,  YI,  auno  1524.) 

^^  En  venant  à  Meaux,  Bentin,  qui  était  sujet  de  l'Empereur,  pouvait 
s'attirer  des  désagréments  ou  en  donner  à  l'Évêque  lui-même.  Un  passage 
des  lettres  d'Érasme  servira  du  reste  à  indiquer  le  rôle  que  Bentin  se  pro- 
posait de  remplir  en  France:  «  Bentinuti . ..  expectat  [Basilca'J  ui  aliqm  vo- 
cetur  in  opimJa  Gallorwu ....  ad  jjyccdicandiim  Ecangeliinn  hoc  novum.... 
Reviset  suos  in  Quadragesima,  ut  confirmet  suos  in  fide.  »  (Lettre  du  11  fé- 
vrier 1525  à  Jean  de  Hundt,  chanoine  de  Courtray.  Le  Clerc,p.851  et  852.) 

■*"  On  remarquera  que  Briçonnet  se  réjouissait  à  la  pensée  de  recueillir 
dans  sa  ville  épiscopale  un  savant  recommandé  par  Farel. 

**  C'est-ii-dii-e  à  Bâle. 

■**  A  la  date  de  cette  lettre  Pellican  était  encore  gai-dieu  des  Franciscains 
de  Bâle. 

*^  Cette  abbaye,  où  vivait  Pierre  Amy,  l'ex-Franciscain,  était  probablement 
l'abbaye  des  Bénédictins  de  St.-Mesmin,  près  d'Orléans,  qui  avait  alors 
pour  abbé  François  de  Rochefort.  Voyez  la  note  33. 

**  On  trouve  dans  les  Lettres  de  Guillaume  Budé  (Paris,  152G,  in-4'') 
deux  lettres  de  ce  savant  helléniste  adressées  à  un  Fetrus  Amicus,  qui 
parait  être  celui  dont  parle  Le  Fèvre.  Érasme,  au  contraire,  croyait  recon- 
naître dans  ce  correspondant  de  Budé  un  jeune  honnne  qui  avait  été  pré- 
cepteur à  Louvain,  et  que  le  baron  polonais  J.  a  Lasco  avait  amené  avec 
lui  à  Bâle,  au  commencement  de  l'année  1524.  (Erasmi  Epp.  éd.  cit.  p.  603 
et  1369.) 

*^  Antoine  Papillon  disait  également  de  lui:  «vir  egregiè  doctus  et  chri- 
stianus.  »  V.  la  letu-e  du  7  octobre  1524. 

*•*  Conrad  liesch.  Voyez  le  N°  20.  note  7. 

T.  1.  15 


226  I.K  FKVRE  d'ÉTAPLES  A  GUILLAUME  FAREL,  A  BALE.  1  524 

ronclusiones  illns  qiias.  in  peregrinatione  non  mihi  improbanda. 
(ica'jiiati  a])ii(/  Zi/nf/lium*'.  è  Vratisldiia  ad  ipsum  perlalas**:  et 
III nu III  rstqitàiii  ronaonosijirita de rerbo  DeL de suiuiuo Clinsti aacer- 
dotio.  de  iiiatriiitonio  oiiinia  dicantui*^\  Regnel  ubiqiie  Cliristus. 
oblineal  ubiiiue  verhiun  ejus!  Accepi  insuper  literas  à  Bleto^°. 
pliiriiniiin  consolalorias,  de  illa  vestra  peregrinatione.  Munuscula 
(jua-dam  lilerar'ia.  opei'â.  Iiaud  duhilo.  ()Eroliiiuimdii  emissa,  cùiii 
latina  liiiii  liebraïca.  nonduni  accepi,  accepturus  propediem  ciiiii 
JijiiHiii.s  hirvi^\  bibliopolai,  é  Lugduno  recepti  fuei'int  libri. 

Charissinie,  uniuii  est  cujus  le  adnioniluiii  volo.  Ciim  ad  nos. 
me  videlicel  et  Ginudum,  mittis  libros,  scribe  precia.  ut  possinnis 
dar'e  vectori  aut  cui  voles.  Insuper  sci'ibe  noliis.  quihm  rébus  iii- 
di(jes  ni  iilieno  solo,  quamris  andco  et  Clnistiuno.  ut  possimus  libi 
de  penuria  noslra  subvenire,  et  per  tpios.  Malen!  aliquando  luer- 
catores  non  niliil  hic  pecuniaruni  posserecipere,  ipiàiii  illassecuni 
per  viaui  déferre.  Si  te  juverint,  visis  literis  tuis.  ipiidquid  poteri- 
nius.  noslra  tua  sunl.  Id  de  me  lilii  poHireor.  vitjjm  pra-stanle 
Domino. 

De  o/pciiKt  iiostra  '*  Juste  conquereris,  et  ego  conqueror.  et 
Hobertus"  fraler,  ad  (|uem  dedisli.  ut  ad  me  scribit.  [itéras.  Sed 


*■  Consultez  sur  ce  voyage  de  Farel  à  Zurich  les  notes  des  deux  lettres 
d'Œk'olampade  du  14  et  du  15  mai  1524. 

*"  Zwiugli  fait  mention  de  l'auteur  de  ces  Thèses  de  Breslau  dans  sa  lettre 
du  10  mai  LOGl,  adressée  à  Vadian  :  «  Scril)it  ad  nos  quidam  Jo.  Hessus, 
thoologus  Viatialaviensis,  homo  tersus  sanè  et  alacer,  cxigitque  à  nobis 
literas.  »  (Ziiinglii  0pp.  VII,  342.)  Les  thèses  en  question  sont  datées  de 
Breslau,  le  20  avril  1524. 

**  ('ette  adhision  de  Le  Fcvre  à  la  doctrine  de  Jean  Hess  nous  parait 
tellement  explicite,  que  nous  croyons  devoir  reproduire  en  entier  les  thèses 
du  docteur  de  Breslau  comme  étant  l'expression  des  convictions  de  Le 
Fèvre  lui-même.  On  les  trouvera  à  la  suite  du  présent  N". 

■■■"  Cette  lettre  d'Antoine  du  Blet  était  sjuis  doute  datée  de  Lyon.  (Voyez 
les  lettres  du  7  octobre  et  du  28  décembre  1524.) 

•'•'  Jean  rctit,  libraire  de  Paris,  parent  de  Guillaume  Petit,  confesseur 
du  roi.  (V.  la  lettre  de  Budé  à  Érasme,  ô  février  1517.  Le  Clerc,  p.  168.) 

**  Il  veut  parler  de  l'imprimerie  qu'exploitait  à  Paris  Simon  de  Colines, 
lequel  possédait  en  outre  un  établissement  à  Meaux.  (Voyez  le  N»  49, 
note  tinal(>.) 

■"  Hubert,  le  second  des;  (ils  du  célèbre  imj)rimeur  Jlenri  Estiame  I.  Il 
était  né  à  Paris  en  1503.  Ses  relations  avec  Farel  et  le  témoignage  que  Le 
Fèvre  rend  plus  bas  à  su  piété  donnent  lieu  de  croire  qu'il  avait  déjà  em- 
briissé  les  doctrines  évangéliques.   U  se  distingua  de  bonne  heure  par  une 


1524  LK  FÈVRE  d'ÉTAPLES  A  GUILLAUME  FARKL.   A  BALE.  227 

romjxiter  ille  donius  "  (jiieni  scis,  omiiia  everlit,  et  mine  sic  occupai 
(loniiiiii.  ut  iiiliil  iiisi  sordiduin  eiiiilli  possil.  Hohciiu.s.  credo,  ad 
lescribet.  ijui  aiiimo  est  Gliristianissimo.  Sed  (hibit  nliqunmJo  ïh-us. 
ut  pidiim  imsiinus  cenieir  lumen.  Nun<\  iiunc  nilUL  nini  tenehrœ. 
salteni  |)ra'tei'  paucos.  uputl  illuni.  olim  daro  noniine.  Luteliaui  '^! 
Curolus^''  illic  salis  pure  cnuuji'lizdt.  eliaui  l'Ilic  Iccluru.^  iioiiulo.  ul 
in  diœcesi  Meldensi.  rulyarcs  Paulùias  epistolas'^''.  Utinaui  verlium 
Dei  vulgarium  pectus  subiniret!  Satis  id  esseU  ut  de  reliquo  bene 
speraudum  esset.  Faciet  Christus  opus,  et  non  bomo. 

Cbarissime  frater,  per  Jesum  Cbristum  le  oro,  esto  epislola  raea 
ad  luilii  omnium  in  Cbrislo  cbariss[im]os  fratres,  amicos,  D""'  (Mco- 
lainixtdium.  Pelicunum.  Hurjuldum.  Scripsissem  ad  eos,  sed  nescio 
an  tempus.  an  œtas,  me  prorsus  reddit  ad  scribendum  invaUdum. 
Lilera;  lia;  ad  te  testes  sunt,  quœ  nullo  ordine  currunl.  Itaque  me* 
illis  fuissent,  alioqui  melioribus  studiis  occupatis,  lediosae.  Scribam 
lameu.  id  annuente  Cbrislo.  cum  vires  paulo  fuerint  vegetiores. 
C/irktus  Jésus,  ritii  nostra.  sit  omnium  vestrum  salus  u?terna  ! 
Meldis.  vj  JulHi  lo24  ^^ 

Frater  tuus  ex  animo  .1.  Faber. 


édition  in-16o  du  Nouveau  Testament  latin,  publiée  en  1523  chez  Simon  de 
Colines,  sou  beau-père,  et  dont  la  révision,  ainsi  que  l'exacte  correction,  lui 
est  entièrement  due.  Vers  1524  il  était  occupé  à  recueillir  dans  plusieurs 
anciennes  bibliothèques  de  Paris  les  matériaux  d'une  nouvelle  et  meilleure 
édition  de  la  Bible  latine.  Deux  ans  plus  tard  il  fonda,  pour  son  propre 
compte,  l'imprimerie  qui  a  rendu  son  nom  célèbre.  (Voyez Reuouard.  Anna- 
les de  l'imprimerie  des  Estienne.  Paris,  1843,  in-S",  p.  283.) 

■^*  Simon  de  Colines  ou  CoUnet.  Il  avait  épousé  en  1521  la  veuve  de  Henri 
Estienne,  auquel  il  succéda  comme  chef  de  l'imprimerie.  «  Il  est  probable 
(dit  Renouard,  op.  cit.  279)  qu'à  la  mort  de  Henri,  Simon  de  Colines  étoit 
son  associé,  et  ainsi  se  trouvoit  copropriétaire  de  l'établissement.  » 

■"  Voyez  la  lettre  de  Canaye  du  13  juillet  suivant. 
3u  Pierre  Caroli,  natif  de  Rosay  en  Brie,  docteur  de  Sorbonne.  (Voyez 
le  N»  81,  note  3.) 

•''■'  Le  fait  est  énoncé  plus  exactement  dans  cette  phrase  de  la  lettre  sui- 
vante :  «  CaroUu< ...  populo  Paulum  intcrpretatur.  »  C'était  dès  lo  fin  de  mars, 
que  Pierre  Caroli  avait  conmiencé  à  lire,  dans  l'éghse  de  St. -Paul  à  Paris, 
l'Épitre  aux  Romains  traduite  en  langue  vulgaire.  Les  hommes  et  les  femmes 
qui  assistaient  à  ces  exercices  religieux  d'un  nouveau  genre  apportaient 
avec  eux  leur  Nouveau  Testament  français.  (Voyez  le  N°  suivant,  à  la  fin. 
et  dans  la  lettre  du  5  octobre  1524  la  note  relative  à  Caroli.) 

***  Le  millésime  est  de  la  main  de  Farel. 


228  LK  FFVRE  d'ÉTAPI.RS  A  GUILLAUME  FAREL.  A  BALE.  \^2i 

(P.  S.)  Ne  lamen  obliviscatur  Uolnrlm  ad  te  dare  alir|ukl  litera- 
riim.  milto  ciirii  meis  diipliim  t^aruin  qiias  ad  me  misil  ".  ut  iii- 
lellii-Ms  (|iiid  iiuiic  moliaiiUii-  in  officina.  V.ile  lursiis  in  Xci^rM 
Domino. 

(A  la  suite  de  cette  lettre  se  trouve  sur  la  dernière  page  l'apostille  suivante  :; 

G.  Farello.    A.  Coctus. 

Despiiis  (jue  je  vous  ay  escripl  '^°.  Conrad  ^'  m'a  dict  que  Maifirel  "* 
a  laissé  son  lialiil.el  (jifil  Va  veu,  à A//7^,  ahillô  l'omme  unggenlil- 
liomme  avec  son  frèir  "'.   Dominus  lecum. 

(lusnijitin:)  riiiillelino  F;iivllo  aiiialoii  ^,ll|•i•^li.  lialri  cliarissiiuo. 

Basilea.' 

Basilee. 

(Sur  Padressf  on  lil  cette  note  autograjtlie  de  Farehj     Jurobl 

Failli  StdiHiU'ihsi.'i  cjnsfola.  > 


THÈSES    m:    JEAN    HESS    APPROUVÉES    PAR    LE    FÉVRE*. 

Kapp.   Xaciilese.  Tlieil  II.  «iOlJ. 

I).  .lolianiies  He.ssus.  Christian;e  Tlieologia^  Professor.  Caiioniciis 
et  ParocInis  Vratislaviensis.  de  suhjectis  A\iomatis.  pro  veritate  in- 
ipiirenda  el  timidis  ronscientiis  consolandis.  disseret.  M.  I).  XXIIII. 

"  Vidi  pni'varicantes  et  taliesceham.  ipiia  Ehxpiia  tua  non  <'nslo- 
(lieiiMil.      Psd.  118. 

Dr    Vrrho    Ih'i. 

I.  Il  \cii»o  Del  omnia  creala  sunl.  per  ipsum(|ue  portantur  et 

^'*  Cette  copie  de  la  Icttix'  de  Robert  Estienne  à  Le  Vi'\re  n'a  pas  et»' 
conscrvrc. 

""  Lettre  perdue.  Le  présent  billet  autographe  est  la  première  pièce  de 
la  correspondance  du  chevalier  Coct. 

"'   Hesch,  le  libraire. 

"*  Aimé  Maiffrct.  (Voyez  la  lettre  de  Farel  du  2  avril,  note  9,  et  celle 
du  Hl  juillet.)  Il  reprit  bientôt  ses  prédications  à  Lyon.  (Voyez  la  lettre  de 
Cort  du  17  décembre  1524.) 

"'•  Nous  ignorons  si  ce  frère  du  jacobite  de  Lyon  est  Laurent  Maigret, 
dit /<•  Maiftiifitiue,  valet  de  cbanibre  du  roi  on  1520,  Lambert  Maif/ret.  .xm- 
bassadcur  eu  Sui>.se,  ou  un  troisième  Maigret,  frère  de  ce»;  deux  ])orsuiinafres 
et  conseiller  au  Parlement  de  Paris. 

•  VojM  plus  liant  les  not<;M  LS  et  l!>.  Luther  écrivait  à  Spalatin,  le  11  mai  1524  : 
•  Vrati4lavia;  di8|iiitAtiu  Joanni»  Hesti  proceRsit  féliciter,  frustra  resistentibus  tut 
lexalifi  Kegum  et  teojinis  Epiacopi.  •  (l'Otl'ers  Briefe.    De  Wette,  II,  511.) 


1524  IHKSKS  MK  JEAN  HKSS  AI'l'HOl'VKKs  l'\U  I.K  FKVIU:.  !2^i^ 

reiiuiilui-.  coiiliiieiiliir.  {•()iilt*iii|ter;inliii-.  consistiiiil  cl  (ommiIiii'.  il;i 
verbo  Dei  oiiiiiia  oliedire.  adliererts  subjkitiii»'  el  illiiis  in  se  t'fli- 
caciam  operanlem  pâli  Jure  tleheiit. 

2.  Quia  iinicè  et  solum  per  vcrbiiii»  Dei  conscienlia'  luuiiimim 
pavida'  nutriiiiiliir.  pasninliir.  coiisolantur.  aniiiianliii-.  oriirmilnr. 
vivilicaiitiir.  uiiice  otiaiii  el  solmii  Dei  vei'hiiiii  predicai'i  ebuccina- 
ri(pie,  ac  per  illiul  omnis  linnio  adnioiieri  el  doceri  débet. 

3.  Quia  verbuui  Dei  lUuiKhiiii  est  et  exaniinaluni  ac  purualtini 
nimis,  nuUis  boiiiinum  decretis  aul  liadilionibus,  aut  elemenloitnii 
inundi  statutis.  debel  impurari. 

4.  Quia  lucerna  peduiii  lunienque  semilarum.  el  gressuuni  est 
directio,  ideo  cum  illius  lucerna  accensa  sit.  subler  uiodiuiii  poni 
non  débet,  neque  a  quoquam  illius  lumen  obfuscari  aut  extingtii. 
sed  ut  super  candelabruni  ponatur.  lucealque  omnibus  (pii  in  domo 
sunt,  cooperari  e(  adjuvare  omnes  tenenlui-. 

5.  Quia  cursor  et  nuncius  est  volunlalis  et  gi-ati.e  Dei  ac  salulis 
impioi'um  velociter  cui-rens.  ideo  illius  cui'sus  a  nemine  debel  aul 
turbari  aut  impediri:  sed  lolis  viiibus  illi  adesse.  illius  cursum  pro- 
movere.  el.  ne  vacuuni  revertatur  ad  Dominum,  sed  ut  prospere- 
lur  in  bis  ad  ijuai  missiim  est,  studere  et  conari  debent  omnes. 

6.  Islud  imprimis  excellentes  potestates  et  principes,  (jui  Dei 
Ministri  sunt,  subdilis  in  bonum  prestare  tenentur,  id  est,  curso- 
rem  Domini  sui,  verbum.  inquam.  Dei  in  cursu  adjuvare,  non  au- 
lem  à  cursu  relrabere,  seumoras  illi  neclere.  Sidiversum  faciunl. 
Deo  el  Domino  suo  resistunl,  infidèles  servi  sunt,  et  damnalionem 
sibi  asciscunt. 

7.  Etiam,  cum  ad  omnes  nuntius  ille  millalui-,  atque  ad  omnes 
communiler  illins  nuntium  perlineal,  omnes  de  verbo  et  nnniio 
salulis  loijui.  audire.  dissei'ere,  commentari.  et  absque  ullo  cai.jus- 
piam  impedimento  publice  et  privatim  traclare  libère  possunl. 

8.  Insuper,  cum  pabulum  sit  et  nuti'imentum  couunune.  ipio 
omnes  indigent  esurientium  el  .sitienlium  slomacbi.  id  esl  con- 
scienlia'et  corda,  illosunt  replendi.ab  omnibus  esl  manducandum. 
ruminandum,  conlerendum,  at(]ue  abs(}ue  cujusvis  probibitione  in 
corda  et  conscientias  trajiciendum,  el,  ul  innascalur  ac  coalescal. 
ingereudum. 

De  sunnno  Christi  sacenlotio. 
1.  Cbristus  a  Deo  Paire  per  sermonem  .iuri.s(urandi  sacerdos 
secundum  ordinem  Melcbisedecb.  in  a^ernum  conslilulus.  una  pro 
peccalis  oblata  viclima,  domui  Dei  pra'leclus,  perpeluo  sedel  ad 


i.'K)  IUKSKS  l)K  JKA.N  HESS  API'KOUVÉES  P\U  I.K  FÈVRIi.  1524 

ilexlei'aiii  Dei.  ac  inaïu't  sacerdos  iii  ielernuiii  consiimmatus,   iini- 
cus  cl  solus,  perpeliiiinu|ue  liabet  sacerdotiiiiii. 

i.  Praîterea  salvos  facere  ad  i)leiiimi  potest.  <|ui  per  ipsum 
adeiinl  Deiim.  seiiiper  vivens  ad  lioc.  ni  inlerpcllel  |)ro  illis. 

:}.  In  dielius  vero  carnis  sua',  ([uando  trailidil  et  oMidil  se- 
ipsuiii  pro  nobis  oblalionem  ac  victimaiii  Deo  in  odorem  bona?  fra- 
grantise,  idem  sacerdos  ac  Nictima  fuit,  pontifex  iiiafrnus  et  agniis 
iininacidatiis.  tollens  peccata  mundi. 

'i.  At([ue  iinica  bac  (tblatiorie  siiiipsius  et  sola  bac  immolatione 
proprii  corporis  semel  peracta..  ailernam  ledemplioneiii  invenil. 

ii.  Qiiin  etiam  eadein  nnica  oblatione  peccatum  prodiiravit.  et 
perfectos  elVecit  in  perpetuum  eus  qui  sanctificantnr.  netpu'  esl  ulla 
alia  bostia  |)ro  peccalis  iiniversi  generis  bumani. 

().  Sicul  auteni  semel  peccalo  mortuus  esl,  et  semel  pro  peccatis 
passus  fuit,  Justus  pro  injuslis.  iil  nos  adibicerel  Deo.  ila  semel 
tjunlaxat  oblalus  esl,  semel  etiam  omne  sacrificium  peractum  esl. 
ne(jue  postea  unijuam  oblalus  aul  saciillcalus  fuit,  neijue  olïerri 
aul  sacrilicari,  seu  bostia  lieri;  sicuf  nec  moii  nec  pati  unquam  in 
ieternum  poteril. 

7.  Idcirco  Missa  el  illiiis  [leraclio  sacrilicium  esse  non  potesl  (alio- 
qui  oporluissel  Gbristum  sa-pius  passum  fuisse  a  condito  nmndo. 
ileuKpie  occisum  et  maclatum),  sed  illius  dunlaxal  semel  peracli 
sachlicii  ac  leslamenli  per  sacerdoleni  r\  bosiiain  facli  comme- 
moralio. 

S.  1(1  .|ii(>d  r.liiisii  ipsius  et  Pauli  \erba  indicanl.  consonatque 
(Ibrysoslonius. 

U.  lu  ea  auh'ui  (•(iiMiiicinuralidUc  non  uUis  ceremoniis  aul  ves- 
liuma|iparalibMs.  au!  aliis  cxlornis  l'itibus.  sed  lid»'  vora  n[ius  esl: 
in  e;i.  cniiu  sola  teslamenti  el  saciilicii  participes  etlicimur. 

Dr  Miili  /niuiiio. 

I.  .M;ili'iiu(iiiiiHii.  ipiod  à  Domino  Deo.  m  (qieiv  crealioiiis  om- 
niiun  rcniin.  esl  inslilutuni.  in  ipio  Paires.  Palriarcba;  el  ProplieUe 
\  ivcnles  Deo  com|ilacueriint.  qnod  (Ibrislus  evangelico  nuncio  com- 
probavil.  pra-senliaipie  sua  illuslravil.  .\posloli  el  Martyres  aiuplexi 
->unl.  alipie  lola  Scri|)lura  di\ina<'ullaiulal.  adinillil  liciluu).  liberiim 
'•!  |iidili(iini  facil.  Ii(-ilnni  adbnc  cliani.  liberum  ac  [inblicum 
esse,  el  ab  eo  nulbim  bouiinum  genus  arceri.  uiagis  auleui  <Munes 
aduiilli  dcbiierunl  t'I  debent. 

-.   'Jiii   lonlrarinni  faciunl.  etjtrobibenl.   Ilcnni  palrem.  à  (|U0 


1524  (iKHARI)  HOrSSKI-  A  GCILI-AL'MF.  FAHK1..   \  BAl.I..  231 

omnis  parenlela  noininatur  in  celo  et  terra,  conlemnunl,  verbo  suo 
non  obeditiiil:  i(leo(|ue  (ilii  ejus  esse  luni  iiolucninl.  noijiie  iin- 
qiiani  luereditalis  celeslis  fiiturisiintconsorles. 

'.\.  Oui  contrariiun  docent.  doctrinal»  doceni  iiiiam  didicenuit 
attendenles  spiritibus  impostoribiis  ac  doctrinis  denionionun  per 
siniulationem  falsa  loqueiitium  et  cauterio  noialam  liabentium 
conscientiain. 

4.  Ad  inalriinoniuni  onmihiis  aniplectendiiiu  omuiijusijue  |iennil- 
lendum  quainvisinniiineracoiiortentur  invitamenta.  tamen  et  illud 
non  poslremiim  est,  (piôd  Mysterii  illiiis  magni  quod  est  in  Cbristo 
et  Ecclesia  signilicationem,repra'sentationem  et  jugem  admonitio- 
nem  continet  et  proponit. 

«Pax milita  diligentibiis  legeni  tuam,  et  non  est  illis  scandaluni.' 
Psal.  I,  etc. 

Vratislavice,  die  xx  mensis  Aprilis.  M.D.XXIIII. 


104 

GÉRARD  ROUSSEL  à  Guillaume  Farel. 
DeMeaux,  6  juillet  1524. 

Autographe.  Bibl.  Publ.  de  Genève.  Vol.  n"  111a.   G.  Schmidt, 

op.  cit.  171. 

Sommaire.  Vous  avez  prévenu  par  votre  lettre  les  plaintes  que  je  me  préparais  à  vous 
adresser  au  sujet  de  votre  silence,  et  que  j'avais  déjà  faites  à  vos  amis  de  Paris. 
Le  Fèvre  a  bien  reçu  les  ouvrages  de  Lonicerus  et  de  Zioingli.  Plût  à  Dieu  que  la 
France  possédât  beaucoup  d'bommes  pareils  à  ces  deux-là!  Le  vrai  ctdte  de  Christ, 
obscurci  par  les  traditions  de  Rome,  serait  alors  ramené  à  la  simplicité  évangéliqup. 
Aujourd'hui,  comme  au  temps  des  Apôtres,  cette  œuvre  de  l'éuovation  doit  s'accom- 
plir par  les  simples  et  par  quelques  hommes  pieux  que  Dieu  s'est  réservés  au  milieu 
des  savants.  Œcolampode  est  de  ce  nombre  ;  combien  mon  àme  serait  fortifiée  par 
des  relations  personnelles  avec  ce  pasteur  intrépide  ! 

Une  foi  puissante  pourrait  seule  me  rendi'e  capable  de  publier,  comme  vous  me 
conseillez  de  le  faire,  des  thèses  contraires  à  la  doctrine  des  théologiens  de  Paris. 
La  rétractation  de  Mazurier  et  de  CaroH  et  le  décret  d'arrestation  lancé  contre  des 
évangélistes  montrent  combien  il  est  difficile  de  braver  les  censures  de  la  Sorbonne 
et  les  arrêts  du  Parlement.  Jusqu'ici  je  ne  connais  personne,  parmi  nous,  qui  ait  eu 
assez  de  courage  pour  attaquer  de  front  les  inventions  des  hommes.  La  parole  divine 


^;{^  (iKIlAKI)  KOLSSKI.  A  (il  II.LAl  MK  KAUKI..  A   BALK.  I  52^4 

d  est  vTSii,  est  purement  préchée  dans  quelques  Uenx.,  mais  nous  n'avo7is  pas  la  cous- 
fn-ice  qui  fait  mépriser  la  rnort. 

J'approuve  en  général  vos  idées  sur  V élection  des  pasteurs  et  je  voudrais  les  voir 
admises  partout.  Dans  votre  seconde  lettre,  qui  m'apprend  votre  voyage  à  Zurich  et 
vos  entretiens  pieux  avec  Zwingli,  vous  m'exhortez  de  nouveau  à  soutenir  une  dis- 
pufe publique.  Je  demanderai  à  Dieu  de  m'en  accorder  la  force.  Dites-moi,  en  atten- 
dant, de  quelle  manière  ces  discussions  se  passent  enSidsse.  Les  notables  de  Meaux, 
qui  vous  font  assurer  de  leur  amitié,  désirent  comme  vous  qu'on  répande  dans  le 
peuple  des  <raî<é«  religieux  en  langue  vulgaire.  Il  nous  faudrait  pour  cela  un  impri- 
meur à  nous  et  des  caractères  que  vous  enverriez  de  Bdie.  Mon  temps  est  entièrement 
rempli  par  les  prédications  et  les  instructions  que  j'adresse  à  toutes  les  classes  do  la 
population  de  Meaux.  Clichtow,  qui  était  jadis  des  nôtres,  soutient  aujourd'hui  h- 
pharisaisme  et  va  publier  des  livres  contre  Luther.  Puissions-nous  voir  grandir  l'a- 
mitié qui  nous  unissait  déjà  avant  la  manifestation  de  l'Évangile  ! 

(îiranliis  Ruil'us  duilleliiK»  K;iiello  linliaiii  et  paceiii  iii  Clirislo! 

flnm  miper  me  jP(fm/My».i'ecepissem',(|uei'ebarai»u{i  ainicosifiios 
islic  habes  precipuos.  i|uô(l  niliil  scripsisses,  aine  licel  provoraliis 
per  literas.  Iianapie  iiieaiii  querinioniani  deceineliain  libi  per  li- 
teras  indicare.  Sed  anleverlisti  (|uereiidi  Idcuiii  luis  pi-o\iniis  lile- 
ris  *.  ipiibiis.  siib  ipsiiiii  exordiiiiii.  .sci'ibis  noscere  le  (|uid  cause 
iiileiresseril  ut  ne  taiiliUiiui  i|uidein  lileraruui  .scripserini.  ac.  cinii 
iulei'iiu  noslruni  silenliuiu  per  ()ccupali()nes(|ui.e  me  iiitegriiui  ha- 
beanl,  exciisai'e  perdras,  non  desinis  tameu  a  me  expostiilare  crebras 
lil('i;i.s.  ipidd  me  facturum  lubens  ipse  recipio.  (|ui  nUiil  taiii  opiem 
ipiàm  ulrosipie  rescire  ([Uie  aganlur  uliimpie. 

Va  iiI  ad  luas  lilei'as  l'espondeam  primùm.  ii-ceiiil  Fnbev.  |)ius 
jiixta  ac  dorliis  \ir.  iiilcrheslii  Leoniceni  [1.  Loniceri]  ' .  ac  de 
ntnonc  inimn'  \\W\h\\\\  Zniii/l/i*.  \ir()iiiiii  (piideiii  de  cbii^tianis 
lileiis  lieue  meiiloniiii.  i|ii(>iiiui  lectione  ikpu  [lai'um  delecla- 
liis  siiiii '•  \hpie  iiliii.iiii  alii|ii()l  illis  siiuiles  bal)eret  GdHiii  per 
ipios  disceret  CIn'islinii  puiè.  iil|>(ile  rejectis  bominum  tVigi(bs 
cimimentis.  el  solo  iii.ni  miio  fulri.  c(dere  !  Nam  dici  non  |i()lcsl 
ipiàm  cii|iiaui  nosti-os  ab  evangelica  simpUcilale  iiiis(|uaMi  e\- 
ciik'ie.ad  (Jliiisti  simiilkriti  irtiidnni  >iu)>  loi'iuare  mures,  id  ipiod 
audio  a|iiid  vos  lieri.  sed  reclamaulibus  iuterea  bujus  muiitU  sa- 

'  La  lettre  suivante  mentioiiiio  ce  voyage  de  Roussel  à  Paris. 
'  Nous  n'avons  trouve-  nulle  part  aucune  lettre  de  Farci  adressée  à  Roussel. 
"'  Voyez  la  lettre  de  Le  l'èvre  du  20  avril.  lude  1. 
'  Voyez  la  lettre  du  20  avril,  note  14. 

■^  C'est  une  nouvelle  preuve  de  la  faveur  avec  laquelle  les  disciples  de  Le 
Kèvre  accueillaient  les  ouvrages  des  réformateurs  allemands. 


I 


1524  (iKIUUIi  UdlSSKI,  A  CUILLAIIMK  l''\in;i..    \   HM.K.  233 

pientitxis'^ .  (Ieni(|iie  iis  per  ipios  non  oporiiiii  negociiini  Clirislia- 
iiiiiii  pi()iii(t\tMi.  lie  ([uid  luinianis  presidiis  el  non  iiile^ra  rei 
siiniiiia  (liviiur  \iilnli  ascriberetin-.  Infantes  sini  fl  laclenles,  va- 
saijne  (irlilia  ac  penitus  abjecti.  oportet.  per  (jiios  divhm  laifs  Dei- 
//ne  i)nrt(.s  rulfiis.dinlam  demonii  iiipn'flf'dNi"'  traditionihm  ohscurn- 
fus.  novelurac  proficiatur:  iil  ([(lod  Inm  ipKvpu^  liiil.  cuni  ccpil  tvs 
aiii  per  Chrisliim  et  suos  apostolos. 

Sic  ina.i^is  confunduntnr  mundi  principes  acsapienles.  cuni  [tn»- 
s|tjciiinl  illileralos  ac  idiotas  despectiss[imos]  ad  isiiid  perfeclionis 
cnlinen.  se  neglectis.  evebi,  ad  suani  et  alioruni  pi-e(ici  instnic- 
lioïKMii  per  spiiituni  quos  a  se  inslituendos mii'o  diicnnt  supercilio. 
Istiid  niiiil  nie  maie  habet  (|uod  scribis.  «  simptices  et  idtotas  cliri- 
stidtie  rei  mvande  (nitesiguano.s  esse,  infatuari  ac  desipere  prorsùs 
quos  homiiifis  liactemis  pro  docUssimis  habuere:  »  quod  sit  paîenli 
ai;t;ninenlo,  spirituni  illuni  qui  nisi  super  biiniiles,  conlritosac  Ire- 
nienles  serinones  Dei  requiescil.  in  illis  operari.  ac  jamjani  in- 
slare  tenipus  quo  per  abjectos  evangeliciwii  provelial  negocium,  ul- 
p(»le  tpios  sit  niissuriis  per  universuni  orbeni.  perinde  ac  suh  Chri- 
stkuiistni  iiu'tio  paucos  dimisit  apostolos  in  orbeni  terre.  Sed  tune 
(pnxpiesibi  qiiosdani  é  sapientibus  servavit,  sed  qui.  semoto  super- 
cilio,  adenipta  onini  ptorsus  liducia  in  se.  in  sua  sapientia.  honore 
el  talibus.  se  totos  buinillimo  Clu'isto  permiserunt,  in  fiiieni  sua 
rejecerunl.  ul,  adniirando  commercio,  pro  stercore  aurura,  pro  in- 
Justitia  justitiani.  pro  insipientia  sapientiani.  pro  morte  vitam,  pro 
viciis  vii'tules.  pro  damnatione  et  inlerno  salutem  ac  celum,  pro 
niliilo  (lenique  omnia  reciperent  a  Clirislo,  qui  in  lioc  suis  veluti 
se  exuit  vestimentis.  nostra  accepta  foi-nia.  ul  illorum  nos  faceret 
participes,  illisipie  nostram  tegerel  nudilalem.  ac  demum  nihil  ve- 
rereinur  voceni  vultmnque  Dei. 

Ad  qnem  nujduin  el  hoc  etiam  tempore  quosdam  sibi  servat  in 
bonis,  quas  vocanl.  lileris. appiinie  doctos,  inter  (|uos  arbitror  esse 
lEcolaHtpad/uHi.  (|ui.  cum  sit  omni  doctrina.'  génère  cumulatissi- 
nms,  utvix  liaberi  possit  oui  conferatur,  lotum  se  Cbristo  permisil. 
ut  illis  neg'lectis  quie  mundus  in  pi'ecio  habere  solet,  soluiii  Cliri- 
stum  amplexetur,  magnifacial  *.  Quod  de  viro  audisse  per  tuas  li- 
teras  fuit  gratissimuni.  quem  utinam  iiiihi  liceret  de  lacie  nosse. 

"  Farel  avait  sans  doute  dépeint  à  Roussel  l'opposition  que  l'Évangile  ren- 
contrait à  Bàle  de  la  part  d'Érasme  et  de  plusieurs  docteurs  de  l'université. 
"  Allusion  évidente  à  la  cour  de  Rome. 
**  Voyez  l'éloge  d'Œcolampade  dans  la  lettre  précédente. 


^.'{'»  (JKRAlU)  HOL'SSKI.   A  (H'ILLAIMK  KAREL.  A   BALK.  1524 

coiispicari  mores,  clirislianam  conversa iinnem  ac  inlrepiduni  verbi 
Dei  ininistnim!  I.ihri  quidein  rjuos  in  luceui  emisit  nobis  virum 
('\|iriiiiiinl  Chiistianuni  mininieiiiie  fiicatum  ^.  Sed  ne)icio  quam  oc- 
riiltiiiii  hnhct  enpr(//nm  (ul  ttnimi  lohur.  ifisn  consnctudo  cum  iiitre- 
piflf-s  Christiiinh  ;  nain  quod  scripto  (uUiortan's.  ut  rentres  Parisinos  '° 
(ifloridi:  uffixis  e  Cliristi  officùui  iiositiombus.  quilnis  nihil  conve- 
niat  cmii  Sorbona.  quai  liactenus  crédita  est  unicum  theologorum 
asyliiin.  non  imrnim  e.tigil  fi'Iei  rohitr.  ac  alia  spiritus  manifesla- 
fione opiis esset quàm  sit  ea  quaui  hucusiiue  sensi  in  me.  Hortaiis. 
lit  iiniis  hoinuncio  ipii  iiacleniis  pêne  latiiil.  ([ni  niiUam  expertus 
est  liarenani,  moxsummos  orbis  vulgô  crédites,  eosque  quàm  plu- 
rimos,  adoriatur  in  harenam  vocatos.  mox  ex  diametro  ipsorum 
literis  adverseturac  statulis,  adliuc  aulem  det  operam  libros  imprimi 
in  ;{allica  lalinaque  lingua.  quibus  errores  ipsorum  convellantur 
fjui  hucusque  pro  receptissimis  babiti  sunt.  Quasi  tu  ignores  de- 
rretum  Pnrist'ni  Senatus  quo  mutiim  est  ne  qtiis  ini'ulgare  libros 
théologie  mulent.  nisi  antea  (ipprohatos  a  Facultate  Théologie  Pa- 
risinœ^^:  ut  niliil  bodie  apud  nos  imprimatur  non  sorbonicum.  ne- 
(|ue  imprimi  queal.  Age.  Jam  qui  lieri  potest  quod  petis,  cum  Se- 
natus a  parte  ibeologorum  slet.  ut  (juod  bi  decî-everunt  cunctis 
comprobet  calculis  ?  Et,  ut  quod  dico  verum  putes,  aperiam  quod 
superioribus  diebus  apud  nos  accident.  I 

Einissa  per  niagislros  nostros  determinatione  qua  convellunlur 
(trticuli  Meltlis  erulgati  '*  (hanc  dudum  ad  le  missam  curavi),  vocan- 

"  Roussel  avait  sans  doute  reçu  quelques  écrits  du  réformateur  bàlois 
par  l'intermédiaire  de  Farel.  Ils  faisaient  peut-être  partie  de  cet  envoi  de 
livres  mentionné  par  Le  Fèvre  dans  sa  lettre  du  20  slvtH.  Les  principaux 
ouvrages  publiés  par  Œcolanipade  avant  le  commencement  de  l'année  1524 
sont  les  suivants,  tous  imprimés  à  Bâle:  De  risu  paschali.  1518,  in-4".  — 
Quod  non  sit  onerosa  Christianis  confessio.  1521,  in-4°.  —  Sermones  de 
gaudio  rcsurrectionis  et  mystorio  tridui.  1521,  in-4».  —  Textus  libri  Gene- 
seos  secundum  LXX.  interprètes.  1523.  —  Sermo  de  non  habendo  paupe- 
rum  delo(;tu.  1623,  in-4".  —  De  passione  Domini,  de  vencrando  etlaudando 
Dco  in  Maria,  de  invocatione  Divorum  contra  [Joannem]  Fabrum.  1523, 
ia-4°.  —  Kncliiridion  griecœ  literatura-.  1523,  in-8°.  —  De  erogatione  ele- 
emosynarum.  1523.  (^ Voyez  Athena;  Rauricae,  p.  15.) 

"*  Los  docteurs  de  Sorbonne.  Farel  avait  engagé  Roussel  à  rédiger  des 
thèses  formulant  la  doctrine  évaniréiiquo,  et  à  les  publier  en  provoquant  les 
théologiens  de  l'Université  à  une  dispute  solennelle. 

"  Voyez  le  N"  102,  note  5. 

"  Nous  ne  savons  ce  qu'il  faut  entendre  par  ces  *  articles  publiés  à 
McaiLr,»  i\  moins  que  ce  ne  fussent  diverses  propositions  qu'on  avait  re- 
levées dans  les  sermons  des  prédicateurs  évangéliques  appelés  par  Briçonnet. 


1524  liKRAHIi  ROliSSKL   A  (iL'lLLAl  MK  FAIU:i..    \    UAI.K.  i23f) 

tiir  ad  sua  comilia  Mnrfiulis  '^  el  Otroli  '*,  ipsisifiie  primùiii  indicilur 
palinodia.  ac  inde  |teliin(  determinationein  per  eos  approhari.  ni 
cejici  velinl  à  gremio  Faciiltatis  et  omnibus  ipsius  prandiis,  etc. 
A  (juo  exinii  aim  onerosum  ac  .^rave  sibi  siiaderenl,  ni  discas  vel 
ex  hoc  quàm  frigide  nostros  iiaheal  spirilus.  |)elilioni  acipiiescunt 
approbant((ue  qucC  prorsus  spiritui  adversantur.  quamijuaui  hoc 
aiunt  fecisse  se,  non  tam  timoré  acti  ne  à  Facultate  exciderent, 
(|uàm  ne  gravius  per  Senalum  in  eos  animadverleretur.  Nam  hoc 
moHri  Sénat um  rumor  quidam  increbuerat.  (]ui  non  fuit  omnino 
vanus.  ut  subinde  rei  probavit  exilus.  Si  qmdem  Lise[t]o  '^,  patrono 
regio,  apud  Senatum  promovente  negocium,  senatusconsulto  de- 
cretum  esLquatfuor  ex  urbe  Meldensi  in  cnrcerem  conjiciewlos.  iiilei- 
ipios  erant  Martialis  ac  Moysi*^;  tibi  probe  notus  est  uterque,  re- 
liquos  duos  non  novisti.  Âberat  MoysL  ilemque  MarcMis  secesse- 
ral.  intellecta  re  per  amicos  ;  captus  estduntaxat  unus  ''  qui  multa 
cum  ignominia,  ligatis  pedibus  manibusque,  ceu  mox  in  igneni 
conjiciendus  ducitur  Parisiiuu  ac  inter  primos  malefactores  reclu- 
ditur:  qua^runtur  intérim  alii  et  precipue  Moi/si,  quem  omnino 
volebanl  exurere.  Fiunt  alie  quoque  informationes,  per  quas  con- 
tendunt  Fabro,  mihi  et  ne  episcopo  '^  quidem  parcere.  Et  nisi 
D[ominus]  Meld[ensis]  '^  unà  cum  sorore  Régis"-'*  omnem  impen- 
disset  operam,  vix  citra  flammas  processisset  res.  quse,  Deo  ita  vo- 
lente  ac  nostre  inlirmitati  consulente,  féliciter  terminata  est. 
Ceterùm  non  est  inventus  qui  niriliter  à  parte  Dei  staret  in  erer- 

"  Martial  Mazurier.  Voyez  le  N"  3,  u.  6,  et  le  N»  81,  note  3.  H  était 
docteur  en  théologie  depuis  Tan  1517. 

'*  Pierre  Caroli  (Voyez  le  N°  précédent,  note  56).  Les  sermons  pour 
lesquels  il  fut  alors  dénoncé  à  la  Sorbonne  avaient  dû  être  prêches  à  Meaux 
pendant  l'hiver,  puisqu'il  était  de  nouveau  fixé  à  Paris  depuis  la  fin  do 
mars.  (Voyez  le  N°  précédent,  note  57.) 

'•^  Pierre  Lizet,  avocat  du  roi  et  plus  tard  premier  président  du  parle- 
ment de  Paris. 

'*  Ce  Moysi  «  bien  connu  de  Farel  »  est  peut-être  Micliel  d'Arande. 

"  Il  est  difficile  de  dire  à  qui  ces  paroles  se  rapportent.  On  ne  peut 
les  appliquer  ni  à  Mazurier  ni  à  Pauvan.  Le  premier,  ainsi  que  le  dit 
Roussel,  avait  réussi  à  prendre  la  fuite;  le  second  était  personnellement 
connu  de  Farel,  comme  le  prouve  la  lettre  du  5  octobre  (1524).  Mais  en 
comparant  le  passage  actuel  avec  celui  de  la  lettre  précédente  où  Le  Fèvre 
parle  du  grand  péril  auquel  Ihi  Mcsnil  vient  d'échapper,  on  est  conduit  à 
penser  que  c'est  du  même  personnage  qu'il  est  ici  question. 

18  —  l'j  Guillaume  liriconiiet. 

-^  Marguerite  d'Angoulême. 


i.U)  (iKIlAUM  UorSSKI.    \  (All.l.Al  MK  KAKKL.  A   BALK.  15:24 

li-nilislioiiilniiin  rou.stilnlfi(nrKh'.sM  (|iio(l  Clii'istiano  negocio  iiuixiine 
.'\(i('(lil.  Xoinliiiiiolilinfri  poliiil  iil  iiifnngereliir(|ii(Hl  sanxit  Sena- 
iiiN  lU'  lildis  iiiiiuiiiieiKlis.  eliamsi  in  lioc  siidaluin  sit  pluriiimni:  ul 
laiii  non  siiftsil  via  (|iia  (pieat  exjileri  i|iioil  pelis,  iiisi  spirilus  ille 
•  pu  oiiiiiia  polest.  corda  inllainiiiel  ac  aliaiii  nobis  suggérai  coii- 
slaiitiaiii.  penpjam  iiiliil  peisecutiune.s,  loniieiUa.  ignem  et  quoilcuii- 
'pie  aliiid  iiiortis  lg»^nusl  exIioiTeatiius:  quod  veslris  concedi  preti- 
Itiis  lam  pcliiiiii^  iil  <|iii  iiia\iiiK'.  Niliil  iiioraiiiiir  episcopos,  sed  Se- 
iialiis  ii(i>  iiiale  lial)el.  qui  non  pcnuitlil  idiolis  suggeri  lihros.  cuni 
uilcriMi  vt'ihuiii  Dci  in  aliquol  locis  sincère  Iraclelur**.  sed  deesl 
conslanlia  (piain  islic  esse  pranlicas.  cilra  (juani  laiiien  non  esl  ul 
consulani  cui(iue  audenduni. 

Pasioris  uujnus.  ut  neque  nonien.  non  arrogo  milii.  eliainsi  in 
miuieralo  liabeani  solos  liaberi  [pasloresj  quos  ad  niinisleriuin 
Ncrbi  deligil  spirilus.  Non  agani  lecum  in  re  de  qua  nolini  (pu'in- 
ipiaiu  digladiari.  cinu  noliis  lioc  agemluni  sedulo.  quo  verhuni 
("Jiiisti  annumielur.  ul  maxime  nulli  suus  decedal  Iujiku".  Certum 
•\«;l  IMiili|ipum  diaconum.  ah  aposlolis  designatum  in  minisleriuni 
paii|M'rum.  gratiam  hahuisse  verbi.  ul  lidem  lacil  liber  Acloriim: 
lamen.  ulcumipie  suo  minislerio  lidem  recepissent  Samarilani. 
duxerunl  aposloli  initlendos  Peirum  el  Joannem.  ul  impositis  ma- 
uiIiun  rt'cipereni  spiriliim.  perinde  ac  si  non  baberet  Piiilippus 
idem  donum  ipuxl  apostob.  aiil.  quori  magis  placel.  ne  (|uic((uam 
lilii  dissenliaui.  m  hoc  uiissi  suni  ul  iib)rum  assensu  concordi  cuni 
IMiihp|Mi  Samarilanorum  lides  roborarelur.  \ec  mihi  displicel  (U'dd 
in  ecclesia  :  sed  hiim-  soliiin  auqileilor  qiicm  cxhibel  ac  requiril 
Npiritus,  ((uicunipie  tandem  sit.  ne  inlirmos  naclus  ocubis  cogar 
deindf  iii  hn  r  iin-ridiei  ceculirc  A'/v'.s7>//^'/os  <i  iiopiilo  dclicfi  niilii 
inohiitur,  sed  rcquii'o  aniea  populinu  lieri  cbrislianum  et  Dei  agi 
"^Itiiitu.  qui.  si  desil.  non  \idt'o  (pii  ila  succm'ri  possil  cbrisliana* 
r«'i.  niiu  sciiidatur  incfitum  stuiHa  iu  ciuilraria  vulgus.  Sed  de  bis 
liacl»'uu-<.  u('\idc*ar  quiiqiiam  lis  irb'agari  (pue  cunclis  persuasa 
•Nso  \('bm.  ul  qui  maviuir. 

Porro.  ruui  \\;vv  scripsissem.  n'ildiic  milii  >uul  alii*  blere  per 
(Ininnvilitni  *V  qua-.  prcler  prrogrinalionem  luam  ciim  lileto.  ac 
confahulatiotu'ui  piam  lum  cbristiano  pastore  /jjmjUo  ''".  superio- 


N 


Voyez  la  lettre  pr(Térlonte,  note  7. 

Conriul  Uesrh  (iiii  avait  remis  aussi  à  Le  Kèvre  une  lettre  de  Furel. 
Sur  cette;  visite  (juc  Farci  et  Du  Blet  tirent  à  Zwingli,  voyez  les 
notes  des  N"«  100,  loi  et  la  lettre  précédcute. 


Il 


1524  GKRAun  RnrssKi.  \  r,ni,i.\iiMF,  p\Hr.i..  a  r\i,f..  'i'M 

rtMii(|U()(juea(lli()i'(ati()iiein  liiain  -*  persli'in.minl.  iil  cxpendere  inihi 
vel  ex  hoc  sil  facile  ((iiaiilo  aniini  aidore  isliid  à  me  lieri  desyderes. 
(|ii()d.  ut  a,un()>co  rei  chrisliane  appriine  {ondiiceic  ila  couleiidain 
pi'ecilms  impeirare  a  Deo.  qiiiadeo  pins  est  in  lilios.  ni  lios  noiil  in 
re  qiiapiani  angi  solliiilndine.  sed  à  se  (iniidcniupie  ipierenduni 
prescribal.  Inleriiii  velim  per  le  ijei-iior  fieri  dr  ovilhic  t't  inmlo  in 
ill/s  rotillicliitionihiis  Cliitstiants  ol/s/rnifo  a  ro/y/.s.  Nam  milii  pio- 
haiilnr  fs'/rj  innllani  spii'ilns  desydnart'  [(iiidenliam.  ac  licii\i\ 
[losse  ;iulnnio.  ni  ventres  illi  pij^ii  ad  nos  venire  et  nohiscnni  dis- 
serere  dignentur.  qui  non  ignoreni  slaliUa  (pdhns  jnranientis  se 
addixere,  qiise  transgredi  majori  dncant  piacnlo  (jnàni  quodcunijne 
Dei  prescriptuin. 

Q((o<l  (II!  imprimendos  lihros  ruif/ari  idiomate  attinet,  egi  cnin 
amicis.  qui  tuum  consilium  prol)ant  :  sed  comniodioi'  niodus  non 
est  illis  visus,  ob  decreUini  Senatus.  quàm  si  in  nostrn  iirhc  Mcl- 
densi  peculiaris  esset  impressor,  qui  nostris  impensis  formarel  li- 
hros, gratis  deinceps  sed  pauperil)us  per  nos  communirandos.  Ona 
in  re  tnam  operam  requirinnis,  ut,  si  Ileri  potesl.  per  le  nohis  ma- 
trices lenea".  aut  quod  magis  optamus.  styli  ferrei-*'.  matrinini 
ipuxl  \ocant  radices  ac  capita.  nostris  (piidem  snmptihus  reddan- 
Inr.  tpiod  cupianuis  Frohcnidiuini  iinpressioneni  usscf/id  aiit  firoiif- 
niuduin  imitmi.  Niliil  addnhilo  islic  esse  complures.  qui  islins- 
niodi  stylos  apparent,  cum  apud  nos  pauci  sint,  et  adliuc  non  ad- 
nuxlnm  industrii.  Nec  moror  sumptus.  modo  hisce  nobis  uti  liceat: 
in  ipiani  l'em  (piid  studii  impenderis,  fac  resciam  (piampi'inunn. 
\am  ut  hoc  ad  te  scrihcrpin  prinioirs  iniiis  i-niarinit,  qui  tihi  hcne 
rolunt  ex  animo  -'. 

Ad  extremum  si  queris  quid  agam.  prêter  solitas  predicationes. 
in  (pnhus  inlegrum  evangelium,  et  eo  t\\H)  sciiptum  est  ordine. 
prosequor.  aggressus  sum  per  Dei  gratiam  epislolas  Pauli  popido 
inlerpretandas  per  singulos  dies.  in  (|nihus  spero  profectum  mm 
niediocrem -^  nec  preterniitlo  Psalterinm  lilor.itis  ipii  ajind   nos 

-*  Dans  cette  dernière  lettre  apportée  par  I^escli,  Farel  revenait  à  la 
charge  pour  décider  Roussel  à  entreprendr(^  un(-  dispute  publiquf. 

-^  Les  caractères  d'imprimerie. 

"'  Les  poinçons  en  fer  avec  lesquels  on  frappait  les  caractères. 

*"  Ce  détail  prouve  que  Farel  avait  laissé  à  Meaux  de  très-bons  souvenirs, 
et  que  l'Évangile  y  avait  trouvé  dans  les  hautes  classes  de  zélés  partisans. 

-**  Voyez  le  témoignage  que  rend  [,i^  Fèvre  ù  l'activité  de  Koussei 
(N"  précédent). 


2.'J8  CÉIVMU)  UOLSsKl.  A  i.LILI.M'MI.  rAKKI,.   A   lîALE.  1524 

sunl,  interpretari.  exciissis  pro  occasioiie  per  ine  locis  qui  ad  sin- 
cerani  lidiiciain  faciaiil.  (luique  limnana  prescripta  ronvollaiil. 
(Jiiod  siiidiuin  Deiis  opliiims  in  suuiii  verlat  lioiioi-eiii.  in  (|ueui 
iisiiiii  aljs  le  tuiqiie  siiiiililjiis.  hoc  est  Cliiislianis,  requiro  preces 
lundi  promead  Deuni.  ni  d^lnr  cuni  lidncia.  nlcunqne  refragenlur 
(ddiiclenliirque  purlir  iiitrii.  unimnriuve  jiopuh  rerhiiiu  De/,  ac 
t•()n^tanle^  rejicei'P  (jua'  liuic  obsunt.  elc.  ! 

("Jicthovcns  olim  noster-'^  peri,ùl  pliarisiasnnini  tntari.  et  janiedi- 
dit  aliqnol  liliios  in  Lnthcvium.  ex  alioruni  sci'iplis  sun  more  con- 
sarcinatos,  decinihus  niliil  atlinel  pronunciai'e.  <iiiii  plus  satis  no- 
veris  viri  iiiLn-ninni.  Ili  nonduni  iiniiressi '^°:  sed  mux  ao  fuerini 
absoluti,  ex  ol'licina  cnral)o  ad  vos  perveniant.  Dolel  niihi  déesse 
(piod  coMiiMunicarc  possini  ingeniis  qua-  ajind  vos  sunt  conqilui'a: 
cnni  islic  conlra  pluiinia  sint  (|ua'  ipse  ret|uii'o.  nempe  nuiiotn- 
lidui's  Pomcniiii  in  Esiùdni  ■'.  Lanihcili  roimiiriitdiioa  in  Ostr  ri 
M<il(irliiitiir'*.  OEcolinniiiiilii  itciti  roiinin'Hfai  ius  in  Eauïntir"'  et  in 
l'Iiistoliun  .lonnni.'i^*.  oi  alia  ali(pi()l  quorum  noniina  non  suppelunl. 
Nondum  videre  potui  lihclhnn  illnm  iJc  ronfi'ssiniif  aniicnlnri^^.  in 
(juo  se  inudit  siniid  illii  qii;ini   >nis  lirlli'  dcpinyis  iiiiiniis'*:  sed 

*"  Voyez  sur  Josse  Clichtow  la  lettre  du  1"  janvier  1524,  note  4. 

^  Sur  la  ro(iU(*'t('  do  Simon  de  Coline:^;.  le  parloniont  de  Paris  avait  auto- 
risa', le  3 juin  1521,  l'impression  de  VAntilutlwnis  de  (JUchtoiv.  Cet  ouvrage 
jiarut  le  13  octobre  de  la  même  année.  liC  privilège  accordé  au  Propiigim- 
culnm  J'Jcclesia;  adversus  Lutheranos  du  même  auteur  est  daté  du  1"  dé- 
«•embre  1525,  et  l'ouvrage  parut  cliez  le  mémo  imprimeur  le  18  mai  suivant. 

"''  A  notre  coniiaissanco  il  n'existe  pas  do  comiiieiitairo  de  l'omeranus 
sur  Ksaïi'.  Roussel  voulait  sans  doute  parler  du  (•(nninentaire  sur  les  Psau- 
mes. (Voyez  le  X"  précédent,  note  19.) 

'•  Le  rommentairo  do  Fr.  Lambert  sur  Osée  fijt  publié  à  Strasbourg, 
chez  Jean  llorvag,  en  mars  151^5.  Son  commentaire  sur  Soplionio,  Aggée, 
Zachario  et  Mahuhic  no  i)arut  iju'on  janvier  152().  La  méprise  de  Roussel 
s'e,\i»li(iue  par  l'avis  suivant  de  Lambert,  daté  du  mois  do  mars  1525:  «Pro- 
posuoram  dudum  nostros  tu  Proplwtn.s  (lundccim  commentarios  jçdere ...  Sie- 
(pie  res  conclusa  erat,  ut  putarem  illos  prins  excudendos,  quàni  multos  qui 
in  huiio  diein  oxcusi  sunt.  Proindo.  in  ipsis  excusùs  lihris,  aliquotirs  horinn 
m  ]'n>j)liitai<  j,s7w  conimcutdriorKm  îiiciuini,  quasi  juin  cmissi  casent.  Por 
orrorom  igitur  factum  est  lioc.  »  ^.Commentaire  sur  Osée,  fol.  241.) 

■*■*  (Mcolampade  avait  expliqué  Ésaïe  à  l'université  de  lîi\le  dans  le  cou- 
rant de  l'année  1523.  Son  commentaire  sur  ce  propbète  parut  on  mars  lfi25 

**  Les  Sermons  d'<Kcolam}>a<lo  sur  la  première  Kpitro  de  St.  Jean  jia- 
rurent  en  juin    1521.    (Voyez    plus  loin   la    lettre    du  31  juillet.) 

'•*  Ouvrage  d'Érasme.  Voyez  le  N"  précédent,  note  32. 

••  Voyez  la  lettre  de  Nicolas  Le  Sueur  ilu  l.'>  mai  1524,  note  3. 


1524  (iKUAHD  UOUSSKL  A  (iUlLLAUMK  FARKL,  A   BAI.E.  ^39 

spero  mox  ut  ad  nos  perveiieril  Nidcrc  ZiiunUi  exliorttiliont'iii^' 
non  recepi.  (piam  nie  lecepisse  per  IHvluin  sirihis. 

Ut  aliipiando  fiiiiaiii.  in  aliis  alioqui  ucciipaliur  (|u;iin  ni  coin- 
nienlari  tecuni  lungins  [tossini,  abs  te  olinixe  [x^lido.  ni  .inioiipii 
ndei'  nus  mite  ilUi>ilinlionciii  Ecaïujelii^^  conti'actns  est  pci  nescuj 


37 


''  C'est  probablement  l'ouvrage  mentiouiié  dans  la  lettre  du  20  avril,  n.  i». 

'*  A  quel  moment  peut-on  placer  cette  «  inanifentation  de  V Évangile'^  » 
La  question  n'intéresse  pas  seulement  la  biographie  de  Farel  et  de  Roussel, 
mais  aussi  l'histoire  de  la  Réformation.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  la  traiter 
avec  toute  l'étendue  qu'elle  comporte.  Il  nous  suffira  de  dire  qu'on  m-  peut 
guère  faire  remonter  au  delà  de  l'année  1520,  sinon  les  premiers  symptômes, 
du  moins  les  origines  décisives  do  la  Réforme  française.  Jusque  vers  cette 
époque  Le  Fèvre  n'en  était  encore  que  le  précurseur.  Les  sentiments  et 
les  convictions  manifestés  dans  son  commentaire  de  1512  (Voyez  le  N"  1) 
révèlent  sans  doute  un  c(i;ur  vivement  attiré  vers  l'Évanuile  ;  mais  l'inHueuce 
de  cet  écrit  fut  très-restreinte,  et  la  Sorbonne,  loin  d'en  incriminei-  les  doctri- 
nes, ce  qu'elle  eût  infailliblement  fait  si  le  livre  avait  produit  quelque  fer- 
mentation dans  l'opinion,  se  contenta  de  condamner  la  portion  du  commen- 
taire où  l'auteur  niait  que  la  traduction  latine  du  Nouveau  Testament  fût 
l'œuvre  de  St.  Jérôme.  (Voyez  le  N"  29,  note  3.) 

Nous  possédons  d'ailleurs  un  témoignage  irrécusable,  qui  établit  que  le 
commentaire  de  1512  n'était  que  le  prélude  bien  imparfait  de  «la  manifes- 
tation de  l'Évangile.  »  Farel,  dans  son  traité  du  vray  nmge  de  la  croix  de 
Jésm-Christ  (p.  206-208),  s'exprime  ainsi:  «Je  puis  dire  en  vérité  du  bon 
honnue  Jaques  Faher  Stapulencis,  qu'avant  la  inanifestaiion  de  VKcang'de, 
laquelle  nous  avons  eue  de  nostre  temps,  je  n'ay  point  cognu  de  tel  person- 
nage, et  je  crie  mercy  à  Dieu,  de  ce  que  lorsj'ay  tant  tasché  à  l'ensuyvre. 
Mais,  combien  que  ce  bon  personnage  fust  du  tout  plongé  en  idolâtrie, 
néantmoius  voyant  qu'aucunes  femmes  avec  chandelles  allumées  faisoyent 
leur  prière  devant  l'image  de  la  déesse  Isis,  il  obtint  que  celle  image  fust 
ostée,  et  qu'une  croix  noire  fust  mise  au  lieu  d'icelle ....  Or  ce  bon  person- 
nage fit  cela  que  je  vien  de  dire,  cependant  qu'il  estoit  encore  en  si  grosse 
ignorance  que  nous  avons  tous  esté  en  la  Papauté,  ....  à  cause  qu'il  n'en- 
tendoit  pas  encore  pour  lors  ce  qu'il  a  bien  entendu  puis  après,  touchant 
l'idolâtrie  qui  a  esté  commise  autour  de  la  croix.  Or  si  ce  bon  homme  a  fait 
cela  que  j'ay  dit,  du  temps  de  son  ignorance  et  des  ténèbres  qui  estoyent  si 
grandes  et  si  espesses  par  toute  la  Chrestieuté,  faut-il  aujourd'huy  qu'en 
une  telle  lumière  de  l'Évangile,  les  choses  tant  détestables  et  par  lesquelles 
nous  avons  tant  offensé  nostre  Dieu  soyent  encore  soustenues?» 

L'événement  auquel  Farel  fait  allusion  se  pa-'isait  en  1514  (Voyez  le 
N"  17,  note  5,  et  Guy  Bretonneau.  Hist.  des  Briçonnets,  p.  211),  et,  par 
consé(iuent,  Le  Fèvre  était  encore,  deux  ans  après  avoir  pid)]ié  son  com- 
mentaire sur  St.  Paul,  «  plongé  en  idolâtrie  et  en  grosse  ignorance.  »  Il 
n'eu  sortit  que  peu  ù  peu  et  lentement,  sous  l'intluence  du  mouvement  in- 
auguré par  Luther,  et  qui,  pénétrant  en  France,  y  fit  éclore  et  fructifier 


2'tO  JKA.N  CA.N.WK  A  GLILLAL'MK  FARIX.   A   BALE.  1524 

HUdL'  studia  penitenda.  in  ipsa  Evangelii  luce  indies  se  promente, 
aiiipliiis  accrescat  ac  major  assidue  tiat.  Vale  in  Clii-islo.  ijiii  soins 
in  tii(tref.met  peclore!  .Meldis.  (1"  Julii  1524. 

(Jiiroli  hiristis  degil  ac  populo  Paiiliim  interprelalin- '"  in  lon- 
limiihus  (pias  liabet  festis  diebiis  in  parocliia  hmli  hniii.  nuj)  .sine 
magno  Evangelii  profeclii.  iil  audio,  etc. 

(Insivijitin:)  ('lirisliane  l'ei  ravenli.ss[imo]  Giiillt'lm<»  Farcllo. 
lia.silea'. 

(Farel  a  ('Ciil  >\\v  l'adresse  :i  Remillanliu-  oiiinilpiis  nn.iii-  ni 
restrihere  possim. 


105 

JEAN  CANAYE  à  Guillaume  Farel. 
De  Paris,  13  juillet  (lôiH). 

Innlitr.  C.opie  anrienne.  Bihl.  Inip.  (>)11.  Du  V\\\.  \(il.  KKMori. 

Sommaire.  L'étude  des  auteurs  grecs  et  latins,  que  j'avais  entreprise  l'an  passé,  afin 
d'acquérir  une  intelligence  plus  complète  de  l'Êcrituri"  .«.iinte,  a  été  fréquemment 
interrompue  par  la  malaflie.  Cette  circonstance  n'excuse  pa.s  mon  silence.  Pourrais-je, 
Han.s  être  coupable,  oublier  ini  maître  que  ses  leçons,  une  longue  intimité  et  surtout 
le  lien  d'une  foi  commune,  nourrie  par  nos  entretiens  journaliers  avec  Le  Févre, 
m'ont  rendu  si  cher?  Nous  vous  aurions  écrit,  pendant  votre  séjour  en  Guyavi>> 
sans  la  persécution  qui  vous  a  contraint  d  quitter  précipitamment  ce  pays.  Dés  lors 
Mile»  [Perrot]  n'a  reçu  de  vous  qu'une  seide  lettre. 

Nous  sommes  heureux  de  vous  savoir  ù,  Bàle,  dans  cet  asile  où  l'Evangile  est 
prêché  et  déploie  sa  vertu.  Il  était  aussi  prêché  naguères  an  milieu  de  nous;  msu- 
r.omme  t'/ul  a  changé  depuis  votre  départ  f  On  revient  aux  traditions  vieillies  ;  la 
parole  de  Dieu  est  négligée,  et  les  fidèles  ne  l'interprètent  plus  qu'en  trerablani 

|p8  Kermès  (l'émancijjution  rclipiouse  qui  étaient  demeurés  jusque  là,  chez 
Li'  Kèvro  et  dans  son  entourage,  vivants,  Siuis  doute,  mais  cachés.  Ce 
(jni  prouve  en  outre  que  les  vues  religieuses  de  Le  Kèvre  ont  eu  à  sul)ir 
un  long  développement  avant  qu'il  se  décidât  à  adojpter  certaines  idées  de 
la  Kéforme,  c'est  qu'on  le  voit  encore  en  lûIDadnietttt'  et  défendre  le  culte 
dos  Saints  et  l'efficace  des  prières  pour  les  morts.  (V.  le  N"  11),  note  1, 
le  N"  20,  note  18,  et  le  N"  97,  note  5.) 

On  trouvr'ra  peut-être  un  Uduvil  argument  en  faveur  de  Udtre thèse  dans 
les  notes  de  la  letti<'  du  7  scpteniluc  1.'j27,  où  nous  cherrlierons  à  déter- 
miner répo(|ue  approximative  de  la  conversion  de  Farel. 

**  Voyez  le  N"  précédent,  note  .J7. 


I 


1524  JEAN  CANAYF,  A  fil'nX.M'MF.  FARF.I..  ^Vl 

Gérard  [Roussel],  qui  était  notre  espoir,  nous  a  fait  une  ou  deux  visites  seulement, 
sans  aucune  prédication.  C'est  ainsi  que  les  faibles  en  la  foi  sont  exposés  à  périr. 
Venez  à  notre  aide,  et  que  vos  lettres  nous  fassent  participer  à  i'éditication  que  vous 
retirerez  de  vos  relations  avec  des  hommes  vraiment  évangéliques. 

(Jiiilk'lmo  Farello  Cluisliaiuu  pielalis  sincoro  culluii  sLalulem] 
in  Cliristo  Joannes  Canaius  '. 

Pra'clarè  equidem  meciim  actum  existimareni.  si  ila  roîliina  lii- 
lissel.  ut  proximè.  superiore  aimo.  in  studio  cœpto  in  lillei-as  et 
(îraicas  et  Latinas.  sine  inteiitellatione  versari  potuisseni.  Sic 
enini  rmdit/oiœm  /lluni.  non  sane  quam  oranes  (ut  ais  -)  adorent, 
sod  ri'iho  Dci  intelltycndo  maximum  vel  potius  necessmium  sub- 
s/(lttiin.  compai'aturuni  fuisse,  facile  milii  persuadeo, — (jiiuni  Gra'ci 
Latiniipie  autores  (|ui  libros  sacros  vel  scripserunt,  vel  transtiile- 
iiinl,  vel  exposiierunl,  non  tam  exquisitam  doctrinam  requirant. 
sed  à  niediodiler  docto  inleliigi  possint.  Nani  linguam  hebrceani 
alio  tenipore  niilii  discendam  salis  esse  exisiimo,  (piuni  pauci  sint 
liic  qui  illam  sciant,  aut,  si  sciant,  non  omnibus  sui  adeundi  copiant 
laciant^  Insuper,  quod  omnibus  majus  est,  quum  sacrorum  intelli- 
gentia  magis  à  spirilu  illo  summo  qui  ubi  vult  spiral,  petenda  sil, 
quàm  longo  studio  multisque  vigiliis  speranda.  Sed  loties  morbis 
expugnatus  lui,  ut  in  linguis,  quibus  me  ornatum  videris  appellitare, 
nibilo  peritior  ({uàm  qiiunt  apud  nos  eras  *,  evaserim. 

Xolini  tamen  lioc  à  me  diclum  existimes  quô  vel  no.xà  me  exi- 
inain  quam  nunc  video  magnani  admisisse,  quôd  ad  le  non  scrip- 
serim.  Gui  certe  me,  ubi  nibil  inler  nos  intercederet  aliud  quàm 
quod  luià  diu  vixerimus,  eadem  studia  coluerimus,  tu  prœceptor,  ego 
discipulus  fuerim  ^  devinctissimum  negare  non  possum.  Al  pro- 
fecto  inultô  plura  majoraque  sunt  qua.'  me  tibi  arctissimè  devinxe- 
runl  :  iinprimis  taiiiru  cliuritus  ilhi  christiaud.  panhquc  illc  ÈTrioy'Tio? 

'  Voyez  la  lettre  du  1"  janvier  1524,  note  9.  La  copie  de  la  présente 
lettre  de  Canaye  est  très-incorrecte.  Elle  porte  en  tête  la  note  suivante, 
que  Farel  avait  peut-être  écrite  sur  le  manuscrit  original  :  «  Deploratio 
GalUcanœ  corruptionis.  » 

*  On  lit  dans  la  copie  «  ut  vis.  » 

''  L'Université  avait  eu  pendant  les  années  précédentes  un  professeur  de 
langue  hébraïque.  Valentin  Tschudi  écrivait  de  Paris  le  10  janvier  1519: 
«  Protitetur  linguam  hcbraïcam  Auyiintinus  Jiuitinianui>,  episcopus  Xebien- 
sis,...  qui  biennio  aut  ji/^ra Hebraice  legendo  nobiscum  mansiu'us  est,  publico 
stipendie  a  Gallorum  rege  ad  id  conductus.  »  (Ziunglii  0pp.  VII,  62.)  Ou 
voit  par  la  lettre  de  Canaye  que  cet  enseignement  public  n'existait  plus. 

*  -  ^  Canaye  parle  du  temps  où  Farel  était  professeur  au  collège 
Le  Moine. 

T.    I.  16 


2'i2  JEAN  CANAYE  A  GUILLAUME  FAREL.  1524 

et  iJotKS.  (juibiis,  Fahro.  illo  viro  sanctissimo  jiixlà  ac  doclissimo, 
Itom'f/ente,  (lies  nnillos  rixùnm.  Quod  sane  unum  semper  erit, 
(|uo  me  libi  conjunctissimum  faleljor,  ac  quovis  supplicio  diguis- 
siimmi.  si  ad  te  literas  dare  iillo  unquam  lempore  recusarim. 

Naiii.  (jucd  ad  tuas  Utteras  attinel,  quas  Mileo  mstro  '-  fratii  le 
ini.sis.se  dicis,  iinas  taiitùm  recordor  illum  accepisse,  exquo  tempore 
litis/liriini  peliisti''.  Dum  enim  in  AquKania  "  liaereres,  ad  te  equi- 
dem  scripsissemus  :  sed  slatim  aiiditus  est  luus  repentiniis  disces- 
sus,  verèqiie.  ni  aiidio,  christianus,  jam  (?)  monncho,  quod  pu- 
bliée evangelizares,  te  persequente ;  quem  dolenduni  nobis  omnibus 
dicerem.  nisi  inlelligereni,  te  velut  ad  salulis  porlum  et  asylum 
confugisse,  Basileaiii,  inquam,  vei-è  (SaatÀtxv^v,  quùd  Rex  regum  in 
eâ  Evangclium  suum  leges(iue  celbernas  vigere,  legi,  promulgari 
velil. 

Quas,  itidemjam  olim  npiul  nos  ut  ubique  terrarum  promulga- 
las  credo,  ac,  IkhuI  longo  abliinc  tempore,  tua  mprinils  opéra,  (piia 
à  nescio  quibus  abrogake  prorsùs  fuerant,  receplas  scio.  Sed  longe 
alibn-  nunc,  ex  quo  hine  discessisti,  sese  babeni  omnia.  Quantum 
aulem  pulas  al»  eo  tempore  Evangelii  aulorilatem  majeslatcmque 
(liminulam.  prioresipie  traditiones  observatas,  regnumque  prins 
auctius  factum!  Quanliïm  Evangelica'  pielati  delractum  !  [Quantum] 
Dei  eerbum  miserè  jacuisse,  ac  quanto  meta  à  piis  tractntum  !  lier 
mit  quœ  apud  nos  aguntur.  Gulielme  cbarissime.  Qua.'  si  diligenter, 
ut  jielis.  ad  te  scriberentur,  liaud  scio  an  à  lacbrymis  tempera- 
res.  (piainvis  quie  jam  dixi,  non  dubium  tibi  maximum  dolorem 
pcperi.sse.  si  non  lacbrymas  simul  expresserunl. 

Qua'  sané  tamen  vix  aliter  contingere  potuissent.  rpmm  nos  lam 
ciln  (lert'liqueris  ",  ac  Giranlus^'^,  in  (luo  spes  non  minima  eral. 
Mrldfiisilius  solinn  \acel,  non  sine  tamen  fructu.  ac  ù  tuo  disrcssu 
\\\  scmcl  at(pi('  itt'i'nin  nos  \isi!ai'it.  idque  s/'iir  ullti  coneione^K 

"  Miks  Perrot.  Voyez  la  lettre  du  l*'  janvier,  note  8,  et  celle  du  20  a\Til 
ir)21,  note  10. 

'  Voyez  le  N"  82,  note  3,  et  le  N°  83,  note  2,  à  la  fin. 

*  Nous  ne  possi-dons  sur  ce  séjour  de  Farci  on  (iuyenne  d'autres  dé- 
tails (juc  ceux  qui  sont  donm'S  ici  par  C'anayc. 

"  Ce  départ  si  pronij)!  de  Farel  fut-il  motivé  par  un  danger  imminent? 
On  riKnore.  Hèze  dit  seulement:  «il  subsista  à  Paris  tant  qu'il  put.  » 

'"  (rirnrd  liousscl.  Voyez  le  commencement  de  la  lettre  précédente. 

"  Nous  avons  ici  la  ]>reuve  qu'il  existait  à  Paris  une  église  secrète,  dès  l'an 
1523,  et  que,  depuis  le  déjiart  de  Karel,  elle  n'avait  pas  entendu  une  seule 
prédication  évanctéliiiue. 


s 


1S24  GASI'AU  M.ESSGER  A  GL'ILLAL'MK  FAUKL.  2'l'-i 

Quam  si  imparliliis  fuisset.  pnluissent  tenelll  adluic  in  Clnislo  fo- 
veri,  ali  ac  eliam  au.q-eri;  sed  ubi  priniiim  suhiraclnni  alinienliiin 
est.  quid  aliiul  coiitingere  poluit  (piàm  iil  languescerenl.  ac  nisi 
brevi  subveiiialur,  id  qiiod  omnium  pessiiniiin.  prorsùs  exares- 
canl?  Quod  ne  conlingat,  scio  equidem  prohibcri  posse.  si  Evan- 
geliuni  in  nianibus  frefiuenler  habuerimus.  Qnid  enim  non  polesl 
Evangelii  ignis  et  gladius?  Scio  quôd  possil  experlem  erudire. 
errantem  in  viani  reducere,  frigidum  accendere.  Sed  multiim  luir 
in  re  nos  jurabis.  si  quando,  Deo  volente  sic,  inter  riros  totos  Ernn- 
ijelicos  tibi  versari  contigit,  eorum  et  commercio  et  coUoquio  quoti- 
diano  fini,  cornm  opéra  légère,  conciouantes  midire,  ad  nos  fjuàni 
poteris  frequentissimè  de  Us  quœ  istic  agimtur.  deque  totius  Eccle- 
siœ  statu  perscribere  non  recusaris. 

Diii  apud  nos  asservavi  bas  lilleras,  mi  Guliebiie,  quôd  neminein 
babereni  qui  eas  ad  te  perferret.  Quod  si  aliquem  baberemus  cui 
tuto  lilleras  nostras  comuiitlerem.  frequentioi-es  ad  te  scriberem. 
Vale  in  Gbristo.  Parisiis.  3"  Idus  Julias  '"-. 


106 

GASPARD  M^SSGER  '  à  Guillaume  Farel. 
(De  Soleure-,  environ  le  20  juillet  1524.) 

inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neucliàtel. 

Sommaire.  Sollicité  par  Zurich  en  laveur  de  l'Évangile  et  invité  par  Luceme  à  se  dé- 
clarer contre  Zurich,  le  Conseil  de  Soleure  a  répondu  qu'il  s'efforcerait  de  maintenir 

'-  Pas  de  millésime,  mais  le  contenu  de  la  lettre  indique  suffisamment 
qu'elle  fut  écrite  en  1524. 

'  Gaspard  Mcissger  est  un  personnage  très-obscur.  Tout  ce  qu'on  peut 
inférer  de  la  présente  lettre,  c'est  qu'il  était  Soleurois,  instituteur  dans  une 
école  de  Soleure  et  partisan  de  l'Évangile.  Avait-il  fait  la  connaissance  de 
Farel,  à  l'époque  où  celui-ci,  arrivant  du  midi  de  la  France,  dut  passer 
par  Soleure  pour  se  rendre  à  Bàle  ?  Nous  ne  saurions  l'affirmer.  Son  nom 
ne  reparait  plus  dans  la  correspondance  de  Farel.  Dans  celle  de  Zwingii 
on  trouve  un  certain  Gaspard  Mosagcr,  qui  écrivait  de  Paris  au  réformateur 
de  Zurich,  à  la  date  du  1(5  octobre  1526  (Voyez  Zuinglii  0pp.  VII,  548), 
mais  dont  il  est  impossible  de  constater  ridentité  avec  le  régent  soleurois. 

*  Le  lieu  d'où  la  lettre  fut  envoyée  nous  semble  déterminé  par  l'indication 


^'^I  i^ASI'AU  Al.ESSGER  A  GUILLAUME  FAREL.  1524 

iiiif.;  unis  les  étits  confédérés  l'antique  amitié.  Il  a  pris  quelques  mesures  pour 
rt-priiner  le  cumul  des  bénétices  et  l'avidité  de  î'évêque  de  Constance.  Melchioi 
Macrinus  enseignera  ici  les  langues  classiques,  pendant  que  je  continue  moi-même  i 
instruire  un  petit  nombre  d'élèves  fort  ignorants.  Saluez  Œcolampade,  et  remerciez- 
le  pour  la  lettre  édifiante  qu'il  a  écrite  à  notre  avoyer. 

Pacem  et  graliarii  tociim,  cum  htta  l'cclrsioln  \  Amen! 

Sepliiiiit  iilii.>  .liilii  '  venerunt  legali  à  T/;/urmts  et  Lucermiuis. 
i|ii(iiiiiii  ;illri-  pacem  et  evangelii  cursum  petebat.  aller,  ii!  imlic- 
liiiii  Im'IIiiiii  T/(/nr/nis  féliciter  siisciperenl  unà  ciim  FiiliKif/enst- 
hits.  Vrania,  Sijlvanis  et  Suitenstlms  ■•.  Quibu.s  responsum  est  :  sil>i 
iiiiiil  iiogocii  esse  ciiin  Tifiurinis;  piu'ter,  bellum  et  intestinmii  hoc 
poliiis  oiliiim  (lispicere,  et  componere  rogare  etiam  iilrimque  pei- 
literas,  iil  ipia  possiint  concordi.i  \iv;inl  pro  veteri  amicitia  el  in- 
Icgrilatc '■.   lia  recesseriinl. 

Allerum  est  qiiod  Seiialus  tlecresil,  ne  ([iii  canoiiici  et  sac  riruiili 
(hio  haltfniil  sacerdolia,  el,  qui  non  siinl  priesentes,  ul  illis  ex  red- 
dililiiis  iiihil  cedat:  quorum  prœjwsitus'  unus  est.   Accedit  ad  hoc 

iciativo  ù  Mîuuimis  (Voyoz  note  9),  et  par  la  iiattiro  clos  nouvelles  que  Milss- 
ger  transmet  à  Farci  (Voyez  la  note  5).  Quant  à  la  date,  elle  est  fixée 
(l'un  côté,  par  la  mention  de  l'ambassade  des  cantons  du  î)  juillet,  de  l'autre, 
l>ar  le  fait  qu'au  verso  de  la  lettre  manuscrite,  on  lit  le  brouillon  d'une  pièce 
tliéologique,  tracé  de  la  main  de  Farci  et  destiné  à  servir  do  préface  à  son 
Traité  de  l'Oraison  dominicale.  Or,  nous  savons  que  ce  traité  dut  s'inii)rimor 
à  Bàle  au  commoncomont  du  mois  d'août  lô'2\.  Voyez  le  N"  suivant  ot  la 
lettre  de  Toussain  du  2  août.) 

''  La  petite  église  française  récemment  fondée  à  Hâle  par  les  soins  de 
Farel.  (Voyez  sa  lettre  du  G  juillet  I52r).)  Miissgcr  le  croyait  encore  dans 
cette  ville,  tiuidis  qu'il  était  déjà  établi  à  Montbéliard  (,V.  les  N""  109  et  1 10). 

*  Le  samedi  i)  juillet. 

•■'  Depuis  lu  seconde  dispute  de  religion  tenue  à  Zurich  (2G-28  octobre 
1523),  les  cantons  de  Luccrne,  Zug,  Uri,  Schwitz,  Unterwald  ot  Fribourg 
manifestaient  une  grande  irritation  contre  les  Zuricois.  En  apprenant  (pie 
ceux-ci  venaient  de  décréter  l'abolition  des  images  et  de  la  messe  (15  mai 
1521),  les  défenseurs  de  rancienne  foi  s'unirent  plus  étroitement  pour  com- 
iiattre  les  progrès  de  >t  l'hérésie.  »  St.-Gall  et  Appcnzell  étaient  favorables 
à  la  Réforme.  Les  autres  cantons  étaient  indécis.  Ainsi  s'expliquent  les 
efforts  tentés,  soit  par  Lucerne,  soit  par  Zurich,  i)nur  gagner  à  leur  cause 
li's  Sdleurois  encore  neutres. 

'•  Trois  join-s  plus  tard,  le  député  de  Soleure  tint  dans  la  diète  de  Zug 
02  juillet  1524)  le  mémo  langage  conciliant  ([ue  ses  supérieurs  avaient 
adres.sé  à  l'envoyé  de  Lucerne;  mais  sa  voix  fut  bientôt  étouffée.  ^ Voyez 
.Icaii  de  Mnller.  Hist.  de  la  Confédération  suisse,  continuée  |>ar  J.  .1.  Ilot- 
lingcr  et  traduite  par  (h.  Mtninard  et  Louis  Vulhemin,  t  X,  p.  'âOO.) 

'  NicoliLs  de  Diesbach,  coadjuteur  de  l'évéque  de  Bàle. 


1r)24  (JASI'AK   .M.1>S(.1.U   A  (lllll.MMK  l'AtU-l,.  24?) 

.iliucl  Seiiattis  decreliiin:  Esl  iiiiidcin  [(arocliiis.  salis  Ixiiiiis  vii'. 
qiiem,  ut  daret  pro  priiiiis  aiicliliii-^  l'ii/sroiio  (^oiislnnrifnsi'*  40  au- 
reo.s,  (leranus  peranallieina  coiiipulil  :  oi  is.  soiialoiio  cdiisilio  usus. 
niliil  dahil. 

Posiremo  liabebunt  M.  Marriumii  ■' :  at  ille  \0'mH  lin.mias.  Niliil 
pr;e(erea,  nisi  quôd  negolium  Clirisli  paruni  apiid  iiohis  [1.  nos] 
(111  rlL  nisi  quôd  lit  exinvidia  :  liât  lainen  utcunque.  ul  uialo  iiia- 
luiii  ad  lempiis  medicelur.  Nihil  iiic  mihigralum,  prieter  lahoiem 
meum,  quem  habeo  pi'omtiss.[imum],  paucos  juvenes  et  lali  prm- 
ceptore  dignos,  indoclos  et  ad  quos  plane  dicere  posses:  «  Quis 
deorum  lot  simios  convenire  fecit?  »  Tu  ora  pro  nobis  Deuni.  ut 
non  ex  hominibus  statuas  salis,  sed  ex  stipitibus  lioniines  facial. 

Saluta  fratreni  et  doniinum  Oicohiniiindium.  Die,  consuli  nostro  '" 
^^•atas  fuisse  literas  spiiilu  et  veritate  plenas ,  qui  eum  salutat  et 
bene  precatur  loti  erclesiœ  ".  Saluta  pi-telerea  fralres  onines  in  Do- 
mino, et  ul  luei  sini  meniores  in  precibus  eoruni.  Rescribe,  cum 
per  negociuni  vacat.  Mi  Farelle,  sume  fratrem  illnm,  et  virum  doc- 
tuni  et  bnmannni.  pro  tua  benignitate. 

Gaspar  tuus  [Massigerus]  »•-.  verus  fraterculus. 

(Inscviiitio:)  D.  Farello,  fratri  noslru  in  Ghrish»  chirissiiiio. 

**  Hiiffo  fie  Holieulandenberg,  élu  évêque  de  Constance  en  1496. 

«  Mdchior  Diirr  (en  latin  Macrhm-<)  Soleurois  de  naissance.  Après  avoir 
(Hndié  à  Pane  et  à  Paris  (l.'S],5— 1.518\  il  enseigna  qnelque  temps  le  grec 
dans  le  couvent  de  St. -Urbain,  au  canton  de  Lucerne,  fut  vicaire  du  curé 
de  Soleure,  puis  correcteur  dans  l'imprimerie  de  Cratander  à  Bâle.  Nous  le 
retrouvons  à  Soleure  en  1522,  dirigeant  une  école  et  donnant  déjà,  quoi- 
que prêtre  en  charge,  des  gages  significatifs  à  la  cause  de  la  Réforme. 
(Voyez  sa  lettre  à  Zwingli,  datée  du  15  octobre  1522.  Zuinglii  0pp.  Vil,  230, 
et  pp.  227,  267,  281.)  Le  10  février  1524,  il  écrivait  de  Soleure  àMycouius, 
à  Zurich  :  «  Habes,  credo,  apud  te  discipulum  quendara  Vallesianum,  no- 
mine  Genryium  Knlhermatlicr  ;  huic  volim  siguificares,  si  ipsi  condiiio  Pro- 
citions,  ut  vocant,  arrideret.  Uulo  meo  praîficercm,  siquidom  nituc  Prorisorc 
carco,  et  id  quideni  fegrè,  quandoquidom,  ut  is  novit,  totus  in  templo,  hoc 
prœsertim  tempore,  occuper,  puerosque  miserè  negligere  cogor,  ut  huic 
abovwiaiioni  satisfiat,  a  quâ  ut  brevi  per  Domiuum  libérer,  impensè  cupio.  » 
(Inédite.  Collection  Simler  à  Zurich.'» 

'"  H(uv<  SloUi,  élu  avoyer  de  Soleure  en  1520.  Il  favorisait  la  cause  de 
la  Réformation,  taudis  que  son  collègue,  Pierre  Ilebolt,  était  fervent  catholi- 
que. (Hist.  de  la  Confédération  suisse,  t.  X,  p.  360.)  (Ecolampade  avait  sans 
doute  écrit  à  Stolli  pour  l'affermir  dans  ses  dispositions  religieuses. 

"  L'église  de  Bâle. 

'-  Le  nom  de  Ma^sirio-ua ,  écrit  de  la  main  de  Farel,  précède  dans 
l'origin.il  le  mot  «  Gixspar.  » 


246  GUILLAUME  FAREL  AUX  LECTEURS.  1  b^i 


107 

GUILLAUME  FAREL  aux  Lecteurs  * . 
(De  Montbéliard,  vers  la  fin  de  juillet  1524  '\) 

Inédite.  Minute  autographe.  Bihlintli.  des  pasteurs  fie  Neucli.itrl. 

Sommaire.  L'oraison  dominicale  doit  être  prononcée  avec  ferveur,  mais  aussi  avec  in- 
telligence et  en  pesant  chaque  mot.  Si  les  pasteurs  avaient  récité  leurs  prières 
dans  un  langage  intelligible,  s'ils  avaient  enseigné  au  peuple  à  bien  prier,  la  Chré- 
tienté n'aurait  pas  été  plongée  en  de  si  épaisses  ténèbres.  C'est  afin  de  donner  aux 
simples  l'intelligence  de  la  prière,  que  nous  publions  une  «  Exposition  familière  » 
de  l'oraison  dominicale  et  des  articles  du  credo. 

Le  très-miséricordieux  Dieu  par  son  infinie  bonté  nous  a  monstre 
par  plusieurs  raessaigieres  (sic),  tant  patriarches  que  prophc'tes, 
|)lains  de  sainct  esperit,  sa  saincte  volenté.  pour  parvcnii'  à  Luv.  Et 
linal)lement,  au  temps  de  la  révélation  du  très-grand  et  très-iiaull 
■  mystère,  qui  a  esté  occulté  par  temps  éternels,  il  nous  a  envoyé 
son  très-chier  (Hz,  \Tay  Dieu  et  vTay  homme,  Jésus-Christ,  nostre 
.salveur  unicpie  et  seul  médiateur,  pour  abolir  tous  noz  pecchés  et 
nous  fonfermer  par  sa  saincte  doctrine  en  In  fov  vraye  et  vifve. 
plaine  de  l)onnes  euvres. 

El  pourtant  ipie  ///  foij  ne  regarde  que  l'uinpme  de  In  honte  de 
Dieu,  pendente  du  loul  <le  la  miséricorde  et  bénignité  de  Dieu, 
ung  des  plus  nobles  fniictz  qu'elle  ]u-oduise.  c'est  orayson  et  élé- 
vation «l'esperit  et  en  entendenienl  à  Dieu.  Mm^.  pour  ce  (juc 
nous  ne.sçavons  (pie  nous  devons  prier,  ne  coinmenl.  comme  il  est 

'  L'écrit  pour  lequel  cette  préface  a  été  composée  a  été  publié  h  Bâte  vers 
II'  milieu  fl'amit  1.024.  (Voyez  la  lettre  de  Toussain  du  2  aoi'it,  comparée  à 
celle  de  Jeau  Vaugris  du  29.)  Nous  n'eu  connaissons  aucun  exemplaire  exis- 
tant La  première  partie  de  cette  préface  a  été  insérée  presque  textuelle- 
ment dans  un  ouvrage  publié  à  Pai-is  (chez  Simon  de  Coliues?  152.5  ou  1526) 
petit  in-8°,  sous  le  titre  suivant  :  «  Hrcfue  admonition  de  la  manière  de  prier  : 
selon  ladnrtrine  de  .Tesucbrist.  .\uec  une  brefue  explanation  du  Pater  noster. 
Extraict  des  paraphrases  de  Erasme  :  sur  sainct  Matthieu  et  sur  sainct  Luc.  » 

*  Cette  date  résulte  d'une  circonstance  que  nous  avons  mentionnée  dans 
le  N'  précédent,  note  2. 


1524  GUILLAUME  FAUEL  AUX  LFXTEURS.  "IM 

escripl  aux  Romains,  le  bon  Jésus,  qui  tant  c'est  litiiiiilii'  [unir 
nous,  a  voulu  nous  monstrer  la  forme  et  la  manière  comment  nous 
devons  prier,  nous  commandant,  que,  quant  nous  voudrons  prier, 
nous  prions  ainsy  :  «  Nostre  père,  (jui,  etc.  »  El  pour  ce  tous 
Chrestiens  en  priant  ilz  doivent  dire  ceste  orayson  avec  une  très- 
grande  révérance  et  humilité  de  cueur,  et  une  très-grande  ferveur 
d'esperit,  en  pesant  tous  les  motz  qui  sont  en  la  dicte  orayson,  pour 
rhonneur  de  Celluy  que  Ton  prie  et  qui  nous  a  baillé  la  forme 
d'ainsy  prier. 

Et,  jusques  à  ces  jours,  les  pouvres  brebis  de  Dieu  ont  esté  très- 
mal  inslraictes  en  la  manière  de  prier,  par  la  grand'  négligence 
des  pasteurs,  que  les  dévoient  instruire  de  prier  en  langaige  qu'on 
enlendist,  et  non  pas  ainsy  seulement  barboter  des  lè^Tes,  sans 
rien  entendre  ^  Car,  comme  dit  sainct  Paul,  si  je  prie  de  langue, 
mon  entendement  est  sans  fruict  ;  et  pourtant  il  commande,  que  tout 
ce  qu'on  dit  en  la  congrégation  des  fidèles,  qui  est  l'esglise,  qu'on 
le  die  en  langaige  [tel]  que  tous  l'entendent  :  autrement,  qu'on  se 
tayse.  Laquelle  chose  si  on  eust  observer,  jamais  si  grandes  ténè- 
bres ne  fussent  advenues  :  car  on  prieroit  le^'Père  en  foy,  es  cieulx, 
en  esperit  et  vérité,  et  non  pas  es  créatures,  en  la  terre,  chair,  et 
vanité. 

Pourtant,  affin  que  ung  chescun  puisse  prier  en  sorte  qu'il  en- 
tende ce  qu'il  dit,  —  en  ce  petit  Livret,  que  facilement  on  pourra 
porter  en  la  main,  est  l'oraijson  dominicale  et  les  articles  Je  la  foy 
contenais']  au  credo,  avec  familière  exposition  de  tous  deux  pour  les 
simples^  que  ne  sont  point  exercittés  en  la  saincte  Escripture,  non- 

^  Proposition  censurée  par  la  Sorbonue,  le  20  mai  1525,  comme  l'une  de 
celles  qui  sont  contenues  dans  «  trois  petits  livres  d'Érasme  de  Rotterdam 
traduits  eu  langue  vulgaire,  lesquels  sont  l'Éloge  de  mariage,  Brcce  admo)ii- 
tion  de  la  manière  de  prier  et  le  Symbole.  »  Cette  proposition  se  trouve 
textuellement  en  effet  dans  le  second  de  ces  opuscules,  qui  renferme,  après 
la  partie  empruntée  à  Farel,  une  traduction  exacte  de  la  paraphrase  d'É- 
rasme sur  l'oraison  dominicale.  On  attribuait  ces  trois  traités  liL.  dcBerqidn. 

*  Cet  écrit  est  très-probablement  le  premier  ouvrage  publié  par  Fai-el. 
Voici  comment  lui-même  a  raconté  plus  tard  les  circonstances  qui  lo  déter- 
minèrent à  composer  des  livres  d'édification  :  «  Jean  Œcolaïupade,  ù  la  re- 
queste  d'aucuns  bons  personnages,  m'admonesta  d'escrire  en  langue  vulgaire, 
pour  douner  quelque  instruction  ù  ceux  qui  ne  savent  en  latin  .  .  .  Combien 
que,  regardant  ma  petitesse,  je  n'eusse  tasché  ne  proposé  de  rien  escrire  : 
comme  aussi  je  n'eusse  osé  prescher,  attendant  que  nostre  Seigneur,  de  sa 
grâce,  envoyast  personnages  plus  propres  et  plus  suflisans  que  ne  suis  : 
toutefois,  comme  en  la  prédication  ù  laquelle  ce  sainct  personnage  ordonné 


t'^H  OECOLAMI'ADK  A  MORELKT  Dl    ML'SEAU,  A  PARIS.  1  ?i24 

obstanl  qu'il  n'y  ave  rien  que  nesoil  tiré  de  la  saincle  Escripture: 
.iflin  ijiie  plus  facilement  on  ave  inleHij^^ence  de  tous  deux,  et 
aussy  aucun  accès  à  la  saincte  Escripture,  (|iie  doit  estre  la  table 
en  laquelle  tout  Clirestien  doit  prandre  sa  l'éfeclion  et  se  régler 
selon  ycelle. 

Pourtant,  [que]  chescun  dévotement  prie  l'inlinie  miséricorde 
de  Dieu,  quMl  soit  son  plaisir  nous  ouvrir  le  royaulme  des  cieulx 
par  la  vraye  intelligence  des  Escriptures,  laquelle  Luy  seul  donne. 
♦'I  non  autre,  afiin  (pie  en  tout  et  partout  suions  menés  et  con- 
duictz  par  Lu>,  et  non  autre!  El  ainsy  nous  parviendrons  à  la 
lerie  de  pi-omission.  en  la  cité  de  Hiérusalem  céleslièle,  avec  tous 
les  bienheureux. 


m 

ŒCOLAMi'ADE  à  Morelet  du  Museau  ',  à  Paris. 
De  Bâle,  31  juillet  (1524). 

(H-^colainpadii  »'l  Ziiiiiirlii  Kpi>tol;i'.  Kd.  .il.  fdl.  ITHa. 

SoMMAlBE.  Jacques  le  sculpteur  m'a  fait  connaître  la  bienveillance  dont  vous  m'honorez 
et  que  j'attribue  à  votre  sympathie  pour  la  came  de  l'Évangile.  Montrez-vous 
vrai  disciple  de  Christ  ;  qu'il  soit  votre  seul  docteur  pour  tout  ce  qui  regarde  la  piété  ! 
Je  vous  envoie  en  signe  d'amitié  mes  Sermons  sur  la  première  épître  de  St.  Jean. 
Saluez  de  ma  part  Air/ié  Maigret. 

Clarissiniii'  et  nobililatis  et  bonestalis  viro  Du.  .Maiiru  Musu'o, 

de  Dieu,  et  légitimement  entré  en  Église  de  Dieu,  m'incita  avec  Vimocation 
du  Nom  (h  Dieu,  je  ne  pensay  qu'il  me  fust  licite  de  résister  :  mais  selon 
Dieu  j'olx'is,  estint  roijuis  et  demandé  du  peuple  et  du  consentement  du 
Prince  qui  avoit  cognoissance  de  l'Évangile,  ot  prins  la  cliiirge  de  prescher: 
aussy  par  luy  (ulvumcsté  d'csrrire,  je  ne  jmi  refnner,  que  je  ne  misse  peine 
et  diligence  do  faire  comme  j'estoye  enhorté  d'un  si  grand  Pasteur.  >  (Pré- 
face du  »  Snmmaii(>  »  de  Farel.  Jean  Gérard.  Genève,  1552,  in-I6.) 

Miiidu-s  Musdiis  (on  fran(,ais  Mordct  du  Mu-scau,  seigneur  de  Marche- 
ferrière),  né  au  commencement  du  seizième  siècliî,  ét<ut  un  élève  de 
Nicolas  Hérauld  (V.  le  N"  14,  note  1).  auquel  il  dut  la  première  connais- 
sance de  la  vérité  éviui^'élique  ,  V.  la  lettre  du  9  août  1534).  Sou  père,  tré- 
sorier sous  Louis  XII,  général  de  France,  premier  inaitre  d'Iiotel  du  roi  et 


1524  <*:cof,\Mi'AUi':  a  mokklkt  r)r  jusf.ai',  a  paris.  249 

à  secretis  cl  ciiliiciilo  Régis  (ialliariim.  l'.ilruiio  cl  iJuiuiiio  suo, 
Joaniies  OEcolaiiijKulius. 

Gratiaiii  et  pacein  à  Clirislct  !  Henerolum  Iniiin  in  iiir  (inimiim, 
Maure  darissimc.  \cicmaxhni  facio.  et  (juanivis  liiiiic  iiica,'  [lar- 
vilati  non  deberi  sciani.  f/niideo  lamen  Ernufjclii  farore  conrih'it- 
inni' :  untle  jusla  l'edainandi  datiir  occasio.  Qiio  noiiiinc  non  iiiilii 
soli,  sed  et  Christianis  omnibus,  addo  et  angelis  omiiihiis.  honii- 
numque  et  angelonim  régi,  Christo,  non  potes  non  esse  gratiis. 
Qiieni  eniin  non  ptidehit  Evangelii  Cliristi,  iUiiis  neqiie  Cliristiim 
piidebit.  Itaipic  ni  csi.ila  sempei"  comniendatissimimi  lihisit  Evan- 
ûeliiim  Jesii  !  Foitù  (bini  hoc  precor,  opto  nt  non  vidgaiein,  sed 
renmi  Cln/slo  fliscipulum  prœstes :  illuiiKiin' soliini  in  liis quœ animœ 
sunt  ihctorem  of/iwscas.  Quem  si  subinde  audieris  in  pectore  tiio, 
docebit  te.  ne  à  pseudopropbetaruni  imposturis  decipiare.  et  dabit 
lit  bonis  omnibus  pei'petuô  maneas  gratus.  Taceo  intérim  inclVa- 
biba  bona  et  veras  (bvilias  qu;e  illius  consuetudine  conlingent. 

Excusus  est  diebus  bis  libellm  Demegorianim  nostraruni  in 
E(iistul(inim  [pi-imamj  Jommis^,  in  quo  fermé  encbiridion  (juod- 
dani  Christianu'  vikc.  Eum  ad  te  mitto,  ul  eodem  quo  me  amas 
nomine.  redamari  te  non  ignores.  Diversare  vei  semel  in  lioc,  si 
vacal.  Tuuni  autem  ilbim  in  me  animum  prodidit  Jacolms  scidj)- 
tor  ■'  :  qui  et  Uleras  ut  scriberem  commendavit.  quas  non  dulnto 

ambassadeur  de  François  I  en  Suisse  dès  1524,  avait  épousé  Marie  Briçonnet, 
cuusine-germaine  de  l'évêque  de  Meaux,  et  il  était  devenu  par  ce  mariage 
l'allié  de  plusieurs  familles  illustres  et  influentes.  Il  est  vraisemblable  que 
ce  fut  chez  GinUaumc  Briçonnet,  son  oncle,  que  le  jeune  Morelet  entendit 
parler  d'Œcolampade,  celui-ci  étant  tenu  en  grande  estime  par  l'évêque  de 
Meaux  et  ses  protégés.  (Voyez  les  Lettres  de  Louis  XU.  Brusselle,  1712, 
t.  II,  p.  207.  Guy  Bretonneau.  Histoire  des  Briçonnets,  et  ci-dessus  les 
N"'  103  et  104.) 

■"  Voyez  la  note  1. 

■'  Cet  ouvrasse  du  réformateur  de  Bâle  avait  paru  au  mois  de  juin  1524 
chez  Cratander,  sous  le  titre  suivant  :  <  In  Epistolam  Joannis  Apostoli  Ca- 
tholicam  primam,  Joannis  Œcolampadii  demegorife,  hoc  est  IIomili.T  una 
et  XX, ->  in-8°.  (A  la  tin  :  «  Basilea.%  apud  Audrcam  Crataudrum,  lumo 
MDXXIIII,  mense  lunio.»  V.  Panzer.  Annales  typographici,  t.  VI,  p.  247.) 
La  dédicace  est  adressée  à  Christophe  évoque  de  Bâle,  et  à  son  coadjuteur. 

•*  Ce  «  Jacohus  sciilptor  »  est  probablement  le  personnage  qu'Erasme 
appelle,  dans  sa  lettre  du  27  octobre  1524,  «  Lothoringius  (juidam  sciilptor 
imaginum.  »  Certains  détails  contenus  dans  la  même  lettre  permettent  de 
penser  que  cet  artiste  ambulant  servait  pai'fois  de  messager  aux  évaugéli- 
ques  do  France  et  aux  Français  réfugiés  à  Bâle. 


230  l'IERRE  TOUSSAIN  A  GUILLAUME  FAREL.  A  MONTBÉLIARD.        1524 

qiiin  pro  hnmanitate  tua  suscepturus  sis  humaniter.  Vale.  Salvum 
()pl(j  et  MeandcHia  [l.  Amadeum]  Mncrinum  K  prosperari(iu  ■  in 
Domino.  Basilea;,  ullima  mensis  Jalii  (1524)  «. 


109 


PIERRE  TOUSSAIN*  à  Guillaume  Farel,  à  Montbéliard. 
De  Bille,  2  août  1524. 

[niHlile.  Autographe.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

SoMMiURE.  V'otre  lettre  à  Œcolainpade  m'a  fait  connaître  l'ertipressemeiU  admirable 
du  peuple  de  Montbéliard  à  rechercher  la  prédication  de  l'Évangile.  Le  chevalier 
Coct  nous  dit  qu'il  en  est  de  même  dans  plusieurs  contrées  de  la  France.  Vous  jouis- 
sez de  \ïi.  faveur  du  Prince  et  de  ses  dignitaires  ;  mais  ne  vous  appuyez  pas  sur  les 
belles  paroles  de  ces  derniers  ;  c'est  de  Christ  seul  que  nous  devons  dépendre.  Jean 
Vauyna  fera  activer  l'impression  de  votre  traité  sur  l'Oraison  Dominicale,  et  j'y 
mettrai  aussi  tous  mes  soins.  Didier  et  Bunijace  vous  saluent.  Saluez  le  chevalier 
d'Esch,  qui  est  un  ancien  ami  de  mon  oncle  Nicolas  2'oussain.  Au  moment  où  je 
vous  écris,  Anémond  de  C'ucl  entre  chez  moi  et  m'annonce  qu'il  partira  demain  pour 
Monlbuliard  et  vous  portera  cette  lettre. 

Fraler.  pax  Ciirisli  tecum!  ŒcohDiijiadius  nostcr  oslenùW  inilii 
liias  ad  se  epislolas  -.  (|uiljus  signillcalum  es!  nobis,  genleni  islam* 

"  L'apostille  de  la  lettre  de  Le  Fèvre  du  6  juillet  (N°  103)  nous  ap- 
prend (pie  Maigret  étixit  alors  à  Pai*is,  où  se  trouvait  par  conséquent  aussi 
Morelet  du  Museau. 

''  La  date  résulte  avec  certitude  de  la  publication  récente  de  l'ouvrafro 
cité  dans  la  note  3. 

'  l'icrre  Toussain  (,en  latin  TossanusJ  naquit  à  Metz  environ  l'an  14i)(). 
Au  mois  d'octobre  1514  il  vint  suivre  les  leçons  de  l'université  de  Bâlc 
où  étudiaient  alors  Conrad  Grebel  de  Zurich ,  Gaspard  Megandor. 
(Kcnlaiii])ad('  et  Jérôme  Froben,  fils  du  célèbre  imprimeur.  Il  étudia  en- 
suite à  (  oiofînc,  à  Taris  et  à  Rome.  (^ Voyez  Duvernoy.  Fphémérides  du  comté 
de  Montbéliard.  Resançon,  1832,  in-S",  p.  305.)  On  ne  connaît  ni  l'époque 
où  il  fut  élu  chanoine  de  la  cathédrale  de  Metz,  ni  les  circonstances  qui  dt- 
terminèrent  son  adhésion  à  la  doctrine  réformée.  Il  parait  s'être  retiré  à 
Râle  dans  les  premiers  mois  de  l'année  1524.  (Voyez  le  N"  121,  note  7.) 

"  .\  notre  connaissauro  il  n'exi.sle  aujourd'hui  aucune  des  lettres  de  Farel 
adressées  à  <KcoIampade. 

'  Le  peuple  du  comté  de  Montbéliard. 


1524       l'li:UUK  lOlsSAIN  a  giillalmk  farel,  a  MONTBÉLIART).         2o1 

ad  quam  le  vocavil  AKissiiiiiis,  Jesii  Chiisti,  servatoris  noslri  glo- 
riam  mire  silire  •*.  Quo  (it  ut  mirum  iu  modum  gaudeaiii.  El  hn- 
heo  Deo  f/mtias,  mi  Giiilielme,  el  Domino  noslro  Jesii  Chrislo, 
quôd  non  Isthic  solîim,  veritin  etlnm  in  Galliis  omnibus,  sacrosanc- 
tuin  Dei  verbwn  indies  niagis  atque  mnfjis  ehicescat.  Gujus  rei  mihi 
salis  abundc  fidem  facit  Annemundus  Cactus,  vir,  ul  scis.  lileris  et 
imaginibiis  clarissimus,  à  quo  audio  ingénia  passim  suppuilulai-e  ^ 
qui  [1.  qua;]  hue  omnia  vila)  sludia,  omneisque  conalus  adfeiani, 
que  possit  tandem  Christi  regnum  quàm  lalissinie  patcre.  Et  te 
per  Clirislum  horlor,  mi  fraler.  ne  ab  instituto  defatigeris,  sed 
constanli  sis  animo  in  Domino  noslro  Jesu  Ghristo. 

Gaudeo  Principem  «  tibi  favere,  nec  hune  solùm  sed  eliam  omneis 
illius  Aulœ  nobiles  ;  sed  vide  advigiles,  quando  non  ignoras  pri- 
mum  illum  paeis  nostrœ  prodiloi-em.  nunquam  non  exeubias  agen- 
lem,  nobis  seraper  insidiari,  omnemque  (quod  aiunt)  movere  hipi- 
dem,  quô  possit  tandem  hostem  opprimere,  atque  adeô  si  iUius 
regnum  invadas.  Consulunl  illi  siupe  varia,  quse  si  ferlasse  ad 
examen  revoees,  pugnant  eum  Chrislo.  In  quibus  te  velim  festi- 
nare  lenlè,  nihilque  non  ad  Scripluram  redigere,  quandoquidem 
nuif/na  res  est  quam  agis,  nec  vult  consiliis  humanis  contaminari. 

*  Farel  nous  apprend  lui-même  clans  la  préface  de  son  «  Sommaire,  »  éd. 
cit.,  qu'il  fut  «  rcqîiifi  et  demandé  du  penjûe  [de  Montbéliard]  et  du  consente- 
ment du  Prince,  qui  avoit  congnoissance  de  l'Evangile.  » 

■^  Dans  son  récent  voyage  à  Paris  et  à  Meaux  le  chevalier  Coct  avait  pu 
recueillir  bien  des  renseignements  sur  l'état  religieux  de  la  France.  (Yoy.  à 
la  fin  (le  la  lettre  de  LeFèvre  du  6  juillet,  l'apostille  du  chevalier  Coct  écrite 
àMcaux,  et  la  note  28  du  même  N",  p.  223.) 

^  Le  duc  Ulric  de  Wurtemlerfj.  Chassé  de  ses  États  d'Allemagne  par  la 
ligue  de  Souahe  (1519),  il  résida  dès  lors  alternativement  en  Suisse,  à  la  cour 
du  landgrave  de  Hesse  et  dans  son  comté  de  Montbéliard.  (Duvcruoy.  Le 
château  de  Montbéliard  et  ses  anciens  maîtres.  Besançon,  1810,  p.  13.) 
Pendant  l'été  de  1523  il  aviut  séjourné  à  Bâle  et  il  était  entré  en  relation 
avec  Œcolampade,  qui  lui  fit  goûter  la  docti-ine  évangélique.  C'était  un 
très-mauvais  prince.  Zwingli  s'exprimait  ainsi  dans  la  lettre  qu'il  écrivait  à 
Œcolampade,  le  9  octobre  1524  :  «  Eumor  est,  principem  WUrteinbcrgcufiem 
te  sibiiu  usum  Evangelii  junxisse.  Ego  ab  eotiomine  oliquando  ceJiementcr 
abhorrui;  verùm  si  ex  Sanlo  Paulus  factus  e^it,  non  aliter  amplccti  possem 
hominem,  quàm  fratres  Paulum,  quum  resipuisset.  Quidquid  in  hac  re  sen- 
seris,  indica  ;  nam  nos,  djîdcs  adsit,  cum  illo,  quse  maxime  sint  emolumcnto 
rei  Christian;!'  futura,  tractaropoterimus.  Cupio  autem  in  summa  scire,  j)o.s'teo- 
quam  dcfide  docui>^ti,  ubi  nunc  sit,  et  qua  ratione  tutù  qucam  ad  illum  lite- 
ras  dare.  Puta  si  sit  \\xmontePeligardi....T>  (Zuinglii  0pp.  Vil,  360.) 


2.'i2  iri.miK  rorssMN  a  (Jlii.i.ai'MK  fahki..  a  miinthéliaru.  1521 
l'ullircritiir  illi  moiiles  ;imeos,  adhajc  lavorem.  auxilium.  atque  alia 
iil  fHinn>.  à  qiiihus  si  [lendeinus,  jarn  à  Christo  tlefeciimis,  et  in  le- 
nohris  ainhulaiiuis.  Qua^  non  ad  te  scribu,  ul  existimem  me  lil>i 
iiionitoiv  opus  esse,  sed  ne  non  intellipas  me  quoiiiie  de  te  solli- 
ciliiiii.  (•iipere(|ne  ex  animo.  ni  omnium  pechtrilnis  Clirisliis  in- 
seialiM'. 

(Jnod  si'.fihis  ih-  Ovatione  Dominica'.  dabo  operam  ul  exeal  ni 
pnbbcnui.  idipi<-  ipiàni  piimum  lieri  polei-il.  Conveni  liodie  emn 
<|iii  illiiii  iMiiiiMJis  exciidendain  suscepit.  Ijuiiu  [die]*"  ((nnmitle- 
[\\v  |iia'b>.  si  non  iiiibi  verba  dal  lypoj,M-apluis:  Jn.[(mnesy,  neim 
liililiojinlii-  Liifjilunensis  ">.  maturabit  negolinm.  qni  .>alulem  tibi 
adscribit.  Ego,t|uanlum  arl  me  atlinet.  non  ero  in  mora,  cupei-em- 
(|ne  libi  et  bonis  omnibus  majori  in  re  gratifican.  Pioinde.  si  (|nid 
esl  qiKid  possiiii.  ulere  me.  Pra-ler  ba'C  nibil  babeo  i|Uod  ad  le 
scribam.  Krnlies  le  salnlanl.  inprimis  Th'sijilorins  nostcr^^  el  lio- 
niffiriits^".  Reli(pia  ex  OEro/r/////^////// lileris ''  inlelli^es. 

Cuperem.  ul  darissimum  ilbini  E(|uilem  nostrum,  0.  Sirolimm 
Dvx^\  Tossani  lui  verbis  sabitares.  cni  nHdtùni  olim  familiarilalis 
el  aniiciliii'  inlenessil  cnm  Nirohio  Tosstino.  [irinuferio  Melensi. 
palrin»  mco.  (pio  nomine  spei'o  me  fiilurum  illi  lomniendaliorem. 
El  bene  vale.  fraler  in  Domino  dileciissinie.  qui  diiiual  ^^■essas 
luos  et  te  servet  incoluniem!  13asile;e  lumulluanler.  ij  Au,-.  l'J^i'i. 

Tuus  ex  animo  Pktrls  Tossanus 

(P.  S.)  Habebaums  inf  nesriu  (jiieui  ad  le  nuncium.Sed  c-um  bas 
scrilicicni  iitcras.  nie  invisil  clatissinuis   iinstrr  (^ordts.  vir  muni 

'  Voyez  le  N°  107,  qui  contient  la  préface  de  cet  opuscule  de  Farel. 

•*  JiC  lundi  8  août. 

■'  Jean  Vaugm,  membre  d'une  famille  française  naturalisée  à  Baie,  était 
lo  roniiTiis-voyageur  de  ses  deux  oncles,  les  libraires  bâlois  Conrad  licjich  v{ 
.Iran  VaUciisditiec.  Milclicl. 

'"  Ces  mots  désignent  vraisemblablement  Jean  Wattenscbnee,  qui  avait 
nue  maison  du  librairie  à  Lyon. 

"  Ce  Didier,  dont  le  nom  de  famille  nous  est  inconnu,  étudiait  à  15àlc  pour 
devenir  évangéli.ste.  Voyez  la  lettre  d'cKiolampade  à  Farel  du  1"  juillet 
(l.Vjr.>. 

'■•'  Honiface  Woltliard.  Voyez  le  N°95,  note  2. 

•  s  Voyez  le  N"  suivant. 

'*  ("»•  clievalicr  /M',  appelé  par  Toussain  «  le  clicvalier  fi'7vst/i,  »  daus  sa 
lettre  du  17  décembre  lOii  1,  était  natif  de  Metz.  Nous  supposons  que  c'est 
le  personnage  mentionné  sous  le  nom  de  NkoUitts  Aqunms  dans  une  lettre 
d'Agrippa,  datée  du  26  septembre  1521.   (Agrippa'  0pp.  Pais  II,  p.  819.) 


1-^)2i  (M'XOLAMI'AnF.  A  KAUKI..    \   MONTBKLIAIU).  2n3 

kaule  iliyuissiimis.  Is  ciiin.  ul  iil.  iiilral  iusluariimi.  ro^ial  (|iii(liiaiii 
agam?  num  slmliis  nieis  ohslropat?  iil  esl  liiimanissimiis.  — 
"  Niliil  esl,  iiKiiiani,  quod  agam  :  taiiiriiu  scriljobani  l'iioirllo  nostro. 
Si  .(iiid  esl  quod  scribere  velis  liomini?  »  —  «  Ego.  in(|uil.  red- 
daiii  illi  liias  literas,  quandoquideni  cràs  smii  concessurus  ad  lio- 
mineni.  »  Quod  mdii  fiiil  iiicundissinnini.  Itenim  vale  in  Clii'isto. 

(hisi-rijifio:)  \).  (liiilieliiio  Kaivllo  Tlieolctgo.   fr.ilii  in   [l(Hiiiii() 
dilcclissiiiio. 


110 

ŒCOLAMPADE  à  Farel,  à  Montbéliard. 
DeBâle,  2  août  (1524). 

(Ecolaiiii)adii  el  Ziiiiiglii  Efiislola'.  Éd.  cil.  fol.  200  a. 

SoMAf  AIRE.  Au  milieu  de  la  tristesse  que  me  fait  éprouver  le  peu  de  succès  de  mes  pré- 
dications, je  suis  du  moins  heureux  que  vous  ayez  trouvé  un  champ  si  fertile,  et 
(ju'après  un  temps  si  court  il  soit  déjà  couvert  d'une  riche  moisson.  Ne  travaillez  pas 
à  faire  des  savants,  mais  des  gens  de  bien.  Il  est  facile  de  faire  entrer  quelques 
dogmes  dans  les  oreilles  des  auditeurs,  mais  changer  le  cœur,  c'est  là  une  œuvre  di- 
vine. Ce  qu'il  nous  faut  pour  nous  accommoder  aux  caractères  divers,  c'est  la  dou- 
ceur, la  patience,  la  charité,  la  foi  surtout,  et  une  prudence  formée  sur  celle  de 
Christ. 

Je  n'oserais  contraindre  Bonifaee  à  vous  rejoindre,  tant  qu'il  ne  sera  pas  appelé 
par  le  troupeau.  Coct  vous  amènera  peut-être  un  évangéliste  capable.  Nous  songe- 
rons à  vous  envoyer  tous  les  effets  que  vous  avez  laissés  à  Bâle. 

Joanues  Œcolampadiu.s  Gulielmo  Fai'ello,  myslerioruni  arcano- 
rum  lideli  dispensatori  in  monte  Belhegardia;,  suo  fralri. 

Gratiam  a  Cbrislo  perpetuam  I  Gaiideo  iiiinim  lu  nioduni,  vem 
Cliiisti  per  te  iucrementa  isthic  siunere,  el  precoi'  ut  ipii  per  le 
piaulai.  plaïUata  rigel,  accustodial  à  vulpeculis  el  apro  devaslaule, 
singulari  illo,  inquam.  Bene.  (}uôd  laui  uberein  agi-uiii  naclus  es. 
el  ipiùdlaiu  brevi'  segesprovenil;  sed  luiu  bealierimus.  si  friiduiu 
Cbrislo  alluieril,  si  .spes  non  ebisa  fueril.  ;ml  sallem  noslia  culpa 

'  Ces  mots  tam  brevi  montrent  que  Farel  était  fixé  depuis  très-peu  de 
temps  à  Montbéliard. 


2'J'j.  ŒCOLAMPADE  A  FAREL.  A  MONTBÉLIARD.  1  524 

i(l  non  conlingat.si  ministeriuminculpatum  et  fidèle  nunqiiam  maie 
audire  cœperit.  Uabis  operam  non  ut  doctos,  sed  ut  bonos,  lioc 
est,  vere  doctos  et  OcootoaxTo-j,-  multos  gignas.  Facile  enim  est  ali- 
(luot  dograata  auditorum  inslillare  et  inculcare  auribus;  nnimum 
aulem  immutare,  divinum  opus  est. 

Ante  omnia  igilur  necessarium,  precai-i  spiritum  sanctum,  et  uno 
talento  nostro  lucrifacere  nobis  alterum.  Qui  unum  talentuni  ba- 
bet,  defodit  in  terra.  Gui  duo,  is  alia  duo  lucrabilur.  Qiiod  si  lu- 
crari  voluerimus,  opus  eril  mansuetudine,  palientia.  cbaritate.  el 
lidc  inpriijiis:  ojnis  erit  et  prudenlia.  non  carnali,  sed  sancta.  (iu;i' 
desursum  descendit,  qua;,  exeniplo  Cbrisli,  nos  omnium  moribiis 
accommodare  facil.  Sed  quid  le  raoneo.  qui  spii-itui  monitori  ob- 
If'inperabis?  Me  deplorare  debeo,  (|ui  lanto  tempore  in  aërem  lo- 
(pj(»r,  et  nec  tantillum  spei  in  meis  video:  fortasse  in  me(bis  Turcis 
felicius  docuissem.  Sed  jam  in  nullum  transcribo  culpam,  in  me 
rejicio.  Ora  Dominum,  ut  ne  siuat  verbiim  su^im  ronlennii.  prop- 
ler  meam  vel  ignaviara  vel  maliciam. 

Bonifncium  -  nondum  ausim  cxtrudere,  nisi  cerlis  literis  advoca- 
relur;  fortassis  aderit  cmwCocto^,  qui  sanclo  muneri  fiiturus  sil 
i(b)neus.  Sed  si  omnino  utilem  crederes  in  opus  Dei  Bonifncium, 
cura  lit  illi  scribalur,  ne  semper  causetur  se  non  conductum  vel 
vocatum  in  vineam  \  Salutat  te  domus  mea.  Gratias  agas  clarissinio 
illi  equiti  ■',  atque  aliis  omnil)Us  qui  nos  salutant  in  Gbristo.  De  sar- 
cinula  transvebenda,  per  aniicos  inquiram,  si  commode  possit. 
Fortassis  islbic  faciliiis  invenies,  «lui  id  recularum,  quicquid  est. 
vtdiiit  bine  avenere.  Nemo  liactenus  pecuniam  tuo  nomine  postu- 
lavit  à  me  *.  Si  quid  me  facere  volueris,  fac  sciam.  Gras  exordia?-. 
si  Deus  volet.  Epistolam  ad  Romanos;  in  templo  Gonesim  ab  ex- 
onUo.  cl  K[iist(>lam  ad  Hobneos  exorsus  sum.  Ora  Dominnm.  ne 
tdlaiu  iKiclem  frustra  lab(trem.  Vale  in  Gbristo.  13asilea},  mensi> 
Augusli  (Mo  secundo  (lo2i). 

*  C'est  i)rol)ablomcnt  Bonifacc  Wolfhard. 

^  On  voit  pur  lu  lettre  précédente  (luo  le  cliev;ili(T  Coct  se  disposait  à 
partir  de  Bàlc  le  .3  août,  pour  se  rendre  à  Montltéliard. 

*  A  l'orif^ine  de  la  Iléforme  on  ne  reconnaissait  connne  pasteurs  légiti 
mes  que  ceux  qui  avaient  été  appelés  par  le  troupeau. 

'•  Le  clicvalier  Nicolas  d'Esch.  Voyez  la  lettre  précédente,  note  14. 

"  Ces  détails  montrent  que  P'arel  avait  quitté  Hâle  d'une  manière  préci- 
pitée, sans  pouvoir  ni  emporter  ses  ett'ets,  ni  mettre  ses  affaires  en  ordre. 
On  verra  dans  sa  lettre  du  G  juillet  1525  le  récit  des  événements  qui  le  con- 
traignirent à  ce  prompt  départ. 


1524  OECULAMI'ADK  A  GUILLAUMK  FAIŒL.  255 


m 

CECOLAMPADK  à  Guillaume  Farel. 
De  Bille,  3  août  (1524). 

Ibidem,  folio  198a. 

SdSiMAiRE.  Le  récit  que  je  viens  de  lire  du  hiimdtc  excité  à  MonthéUard,  dimanche 
dernier,  me  fait  espérer  que  votre  prédication  portera  des  fruits.  Mais  les  amis  de 
l'Évangile  craignent  ici  que  votre  zèle  ne  vous  rende  trop  entreprenant.  Vous  n'avez 
certainement  pas  oublié  les  recommandations  que  je  vous  fis  avant  votre  départ  de 
Bâle,  ni  votre  promesse  de  vous  exercer  à  la  douceur.  Les  hommes  aiment  laper- 
suasion,  non  la  contrainte  !  Imitez  Jésus-Christ,  dont  la  mansuétude  se  montre  jus- 
que dans  sa  polémique  contre  les  Pharisiens.  Boniface  ne  refuse  plus  d'aller  [à 
Montbéliard]  depuis  qu'il  a  reçu  un  appel  en  règle.  Les  discours  sur  l'Épître  aux 
Hébreux  que  j'ai  commencés  dimanche  à  l'église,  ont  failli  être  suspendus  par  un 
ordi-e  du  Conseil.  Saluez  le  chevalier  Nicolas  et  l'église  qui  est  avec  vous. 

Jo.  Œcolampadius  Gulielmo  Farello,  vineae  Domini  in  monte 
Bellsegardiœ  planlalori  et  idoneo  et  fideli,  fratri  suo. 

Gratiam  et  pacem  a  Domino  Jesu!  Legi  tragœdiam  die  Domi- 
minico  excitatam  istliic  ',  et  in  magnam  adducor  spem,  frugiferum 
fore  semen  quod  mittis  in  terram.  Qui  hic  libi  et  Evangelio  favent, 
ne  quid  ardore  zeli  in  ter  initia  attentes  timent.  De  quo  satis  mo- 
nui  antequam  abires,  nunc  non  item  :  neque  enim  excidisse  animo 
crediderim,  quo  modo  inter  nos  convenerit,  nempe,  ut  quanto 
propensior  es  ad  violent àwi.  tanto  maçiis  te  ad  lenitatem  exerceas, 
leoninamque  magnanimitatemcolumbina  modestia  frangas.  Duci. 
non  trahi  volunt  bomines.  Unum  spectemiis.  quomodo  hicn'fncianius 
animas  Clnisto,  et  quomodo  ipsi  doceri  rellemus,  siquidem  adliar  tr- 
nereinur  in  tenehris  et  captivitate  Antichvisti.  Vide  ut  Cln"istum 
etiam  vita  exprimas,  exemplo,  inquam.  docendi.   Sajvit  quidem  ille 

'  Dimanche  31  juillet.  Nous  ne  savons  ù  quelle  tragédie  Œcolampade 
fait  allusion.  Il  veut  peut-être  parler  du  désordre  que  le  gardien  des  Cor- 
deliers  de  Besançon  excita  dans  l'église  où  prêchait  Farel.  (Voyez  plus  loin 
la  lettre  du  20  août  1524.) 


2.'in  OECOLAMPADr  A  GnLI.AlMK  FAHF.I..  1524 

iii  Plianstoos,  hoininum  genus  inlractabile,  sed  siiaviùs.  (juàm  ple- 
ri(|ue  verba  Mattlia^i  iiiterpretanUir  :  ([utedani  per  deplorationem. 
qiKi'clani  per  pnomoiiitioriem.  (pui-dam  alla  lestivitale  iiiellila  ub- 
jecit.  ila  ni  nusquam  lerè  benigiiitas  ejus  iiianifeslior.  qiiàm  diini 
agit  cuiii  atrocissimis  insidialoribus  et  iniiiiicis.  Sal  est.  Scio  te 
inediciiiii.  non  cai-nilicem  fore. 

lioiiifnrins  niliil  oausabitiir.  siquideni  lileris  fiierit  accilnseoruni 
ipiibiis  annunciandum  est  verbuui.  Fortassis  S?/Y///o//  -  ciinclabundi 
coronan»  pra^ripiet.  Hodie  auspicabor  Epistolam  ad  Uonianos.  l)o- 
l^itli(•odie^  in  temple,  Genesim  et  Epistolam  ad  Hebiu'os  exor- 
sii-  lui.  l'aiiim  abliiil.  qiiin  senatusconsullo  inU'i'dicerelur  Epi- 
slolie  ad  Hebi'ceos  enarratio.  Detulerant  enim  me  ipiidam.  quod 
coner  omnem  Sancidi  nui  Imnorem  et  imagines  abroirare  ^  Hes- 
()ondi  Tn'huno  pU'Iiia  '•>.,  et  Cousuli^,  me  prseconera  e.sse  Cbristi,  non 
ita  addictnni  qiiidem  me  Sanclis:  nuUis  tamen,  (jiios  111e  observari 
voltiit.  suum  iionoiem  imniinutuni  iri  velle:  po.sse  me  in  omnibus 
Sciiptura!  libris.  quod  in  isto, si  expatiari  liiierel.  l'bique  Deus  pio- 
[lonituf  colendus.  (juumque  mnlta  in  hanc  sententiam  dixi.  pernii- 
.MTunt  me  ai'bilrio  meo,  ut  qua  docui  bartenus  pergeiem  niodestia. 
Audierant  inter  alia.  me  non  [)aisurum  vigiliis.  et  anniversariis. 
UMssisque  (pioiundam  impiis;  et  niliil  ad  illos  jierlinere  visum  est. 
(lia  Dominum  pro  me,  ne  inlidelis  in  ejus  reperiar  ministerio. 
Saluta  cl  meo  nomine  darissimum  equitem  Nicoliiiim  '.  et  eam  (juie 
istliic  teciim  ecclesiam.  Vale  in  Clii'isto.   ;]  Augusti  (1524)  \ 

*  On  doit  peut-être  lire  Siruthion  (en  allemand  Strauss),  mais  il  ne  fau- 
drait pa-s  voir  daus  ce  personnage  l'cx-Dominicain  Jacob  Strauss,  qui  est 
mentionné  daus  la  correspondanoo  de  Zwingli  (années  l.")25  et  152U)  et 
dont  les  Réformateurs  se  détiaicnt,  à  cause  de  ses  idées  exagérées  (Voyez 
Ilerzog.  Vie  d'Q'^colampade,  édit.  ail.  II,  289.) 

'  Le  31  juillet. 

*  Ceci  est  un  indice  de  l'esprit  de  persécution  dont  ]""arel  avait  été  lui- 
même  victime  de  la  part  des  magistrats  hâlois.  Vovez  le  X"  précédent, 
note  6. 

*  Ce  trihunits  pkhùi  (ou  chef  suprême  des  tribus  de  la  ville)  était  alors 
Jaicos  Zicyhr. 

"  Le  bourgmcistrc  on  cliarge  Henri  Mdtinga\  zélé  catholique.  Son  col- 
létrue  Adelherj;  Meyer  était,  au  contraire,  grand  partisixn  de  la  Réforme. 

^  Le  chevalier  Nicolas  (VKsch. 

"  IjC  millésime  est  écrit  de  la  main  do  Farol  sur  Pexemplairo  dos  Lettres 
d'<Kcolampado  et  do  Zwineli  (R;"di',  ir^'M])  qui  lui  avait  été  offert  on  cadeau 
par  Jean  (  >porin,  Tiui  des  éditeurs  de  cet  ouvrage,  et  qui  se  trouve  maintenant 
ù  la  Rililiothèque  publique  de  Genève. 


I 

I 


1  524  FRANÇOIS  LAMBERT  d'aVIGNON  AU  Rfll  DF.  FRANCE.  257 


112 

FRANÇOIS  LAMBERT  d' AVIGNON  au  Roi  cle  France. 
De  Strasbourg  (vers  le  milieu  cl')août  1524. 

(traduit  du  latin,  extraits.) 

In  Cantica  Canticorum  Salomonis FrancLsci  Lamberti  Com- 

mentarii  Wittembergcc  prselecti.  Argentorati,  1524  \  in-8". 

Sommaire.  La  tyrannie  de  l'antechrist  serait  bientôt  renversée  en  France,  si  le  Roi  y 
autorisait  la  libre  prédication  de  l'Écriture  Sainte,  et  la  vente  des  livres  évangéli- 
ques.  Tandis  que  les  populations  ont  soif  de  la  parole  divine;  le  clergé  se  montre 
tout  prêt  à  fermer  la  bouche  aux  prédicateurs  de  la  vérité.  Lambert  en  a  fait  ré- 
cemment l'expérience  à  Jlletz.  Incompétence  des  parlements  dans  les  questions  re- 
ligieuses. Lambert  supplie  le  Roi  de  rendre  le  mariage  libre  poiu:  tous  ses  sujets  et 
d'accorder  sa  protection  à  la  ville  d'Avignon  et  au  comtat  Venaissin. 

Au  Très-Chrétien  et  très-sérénissime  Prince  et  Seigneur.  Fran- 
çois, par  la  grâce  de  Dieu  roi  des  Français,  —  François  Lambert 
d'Avignon,  inutile  serviteur  de  Ciirist.  Que  la  grâce  et  la  paix 
vous  soient  données  de  la  part  de  Dieu  notre  Père,  et  de  noti-e 
Seigneur  Jésus-Christ  ! 

Roi  très-chrétien  I 

J'ai  naguères  adressé  à  Votre  Majesté  un  livre  intitulé  :  Du  saint 
et  fidèle  Mariage  \  avec  deux  lettres,  dont  l'une  est  placée  en  tête 
du  dit  ouvrage  ^  et  dans  lesquelles  j'ai  ouvertement  rendu  compte 

'  On  lit  à  la  fin  du  volume:  «Argentorati,  apud  lohannem  Hervagium, 
mense  Auguste,  anno  M.D.XXini.  »  La  pagination  commence  ù  la  fin  de 
la  dédicace  à  François  I,  ce  qui  permet  de  croire  que  celle-ci  a  été  impri- 
mée a2jrès  le  corps  de  l'ouvrage. 

-  «  De  Sacro  Conjugio  commcntarius  Francisci  Lamherii  in  Positiones 
LXIX  partitus.  Ejusdem  Antithesis  verbi  dei  et  inventorum  homiuum, 
prima  positione.  Ejusdem  Psalmi  sive  Cantica  VIL  »  Nous  donnons  le  titi-e 
d'après  l'édition  de  Nuremberg  (1525).  La  première  édition,  qui  parut  ; 
Strasbourg,  chez  Jean  Hervag,  au  mois  de  mai  1524,  porte  un  titre  beau- 
coup plus  développé. 

'  C'est  une  dédicace  d'une  quarantaine  de  pages,  où  l'on  trouve  quelques 
détails  intéressants  sur  le  père  de  Lambert  et  sur  le  gouvernement  de  la 
■ville  d'Avignon.  La.  seconde  kitre  adressée  au  roi  était  sans  doute  manuscrite. 
T.  I.  17 


a 


2o8  FRVNÇOFS  LAMBKRT  d'aVIGNON  AU  ROI  DE  FRANCK.  1524 

des  motifs  qui  m'ont  engagé  à  m'expatrier,  à  rejeter  le  masque 
des  sectes  et  à  contracter  une  chaste  union.  Tout  cela  j'ai  été 
contraint  de  le  faire  par  la  sainte  et  éternelle  Parole  de  Dieu....  Je 
vous  promis  alors  de  vous  envoyer  sous  peu  mon  commentaire  sur 
le  Cantique  de  Salomon.  dans  lequel  j'explique  les  mystères  du 
saint  mariage  qui  se  rapportent  à  Christ  et  à  l'Église.  Je  viens  au- 
jourd'hui tenir  ma  promesse 

Croyez-moi,  roi  très-généreux.  Assez  longtemps  l'illustre  France 
a  été  séduite  par  le  fils  de  perdition.  Assez  longtemps  elle  s'est  vue 
dépouillée  et  appauvrie  par  les  plus  impudents  mensonges;  car 
ce  règne  aposlatique  enlève  presque  tout.  Avec  leurs  dimes 
imaginaires,  les  prémices  et  les  oblations  qu'ils  réclament  contre 
toute  justice,  les  fondations  impies  et  lucratives  de  leurs  collèges. 
de  leurs  bénéfices,  de  leurs  couvents,  de  leurs  anniversaires  et 
autres  institutions  du  même  genre,  qui  rappellent  les  bois  sacrés  et 
les  hauts  lieux,  ou  bien  encore  avec  le  trafic  et  le  négoce  de  leurs 
messes  et  Tenvahissement  des  propriétés  et  des  terres,  ils  dévo- 
rent, ils  rongent,  ils  consument  tout.  Qu'y  a-t-il  en  eux  qu'une 
source  intarissable  d'avarice  et  de  rapine?  «  Apportez,  apportez, 
apportez,  »  disent-ils  sans  cesse,  et  jamais  ils  n'ajoutent  :  «  C'est 
assez  !  »  Ne  nous  ont-ils  pas  d'ailleurs  détourné  de  Christ  et  de  sa 
très-sainte  Parole  de  la  manière  la  plus  funeste,  pour  nous  con- 
tiaindre  de  croire  à  leurs  mensonges?  Nous  avons  assez,  nous 
n'avons  que  trop  de  folies  et  d'erreurs  à  nous  reprocher!  Trop 
loiif/trmps.  grâce  à  l'Antéchrist,  nous  arons  été  détachés  de  Christ 
et  entraînés  loin  de  Lui.' 

Croyez-en  donc,  ô  roi  très-chrétien,  votre  pauvre  sen  iteur.  exilé 
pour  le  témoignage  qu'il  a  rendu  à  Christ,  mais  qui  désire  de  toute 
son  àme  que  le  Fils  de  Dieu  règne  dans  votre  royaume,  ce  qui 
fera  votre  propre  félicité:  car  c'est  alors  seulement  que  vous  ré- 
gnerez vérilahloment.  et  que  vous  alTermirez  votre  puissance,  en 
faisant  régner  Christ  dans  le  cœur  de  vos  propres  sujets.  Permettcz 
<IU(' la  Irés-purc  parole  de  Dieu  (///parmi  eux  îm  libre  cours,  que 
les  prédicateurs  soient  vraiment  évangéht|ues  et  t/ue  les  llrres  qui 
auuoncont  Jésus-Christ  puissent  être  Imprimés  même  en  langue  rul- 
galre  et  llhrcmrnt  rendus  dans  tout  rotre  royaume.  De  la  sorte  il 
adviendra  que.  sans  les  armes  de  la  chair  et  sans  la  main  des  hom- 
mes, la  hauteur  de  Satan,  qui  réside  dans  le  pape  et  dans  les  sien.s, 
sera  renversée,  comme  Daniel  l'a  prophétisé,  renversée  par  le  seul 
glaive  de  l'Esprit.  (|ui  est  la  Parole  de  Dieu  (Hébr.  IV). 


4  524  FRANÇOIS  LAMBERT  i/aVIGNO.N  AU  ROI  DE  FRANCE.  ^.'JO 

Pour  la  gloire  de  Clirisl  el  la  (léli\rance  de  tous  les  élus,  dont 
je  ne  doute  pas  que  le  nombre  ne  soit  considérable  dans  vos  États, 
et  dont  les  désirs  sont  très-certainement  semblables  aux  miens,.... 
je  vous  supplie  de  ne  point  leur  fermer  les  greniers  de  la  pure  Pa- 
role de  Dieu.  Car  ils  sont  tous  allâmes,  (j'en  parle  par  expérience) 
et  il  n'y  a  personne  pour  leur  rom[)re  et  leur  ilistribuer  le  pain  de 
la  Parole.  Les  greniers  sont  remplis  de  froment:  je  veux  dire, 
qu'il  se  trouve,  inëme  en  France,  bien  des  fidèles  qui  connaissent  et 
possèdent  la  vérité,  mais  dont  la  bouche  est  fermée  par  les  évéques  et 
les  moines  de  r Antéchrist.  Moi-même,  tout  impuissant  que  je  suis, 
je  viendrais  en  France,  si  la  conjuration  de  l'Antéchrist  ne  s'oppo- 
sait à  ce  que  je  puisse  y  proclamer  la  gloire  du  Seigneur.  Je  sais 
que  si  Ton  pouvait  mettre  la  main  sur  moi,  j'aurais  la  bouche 
bientôt  fermée,  comme)  Vy/  ai  fait  l'expérience,  il  y  a  environ  quatre 
mois,  dans  la  ville  de  Metz  *.  Le  Seigneur  m'avait  en  queUpie  sorte 
forcé  de  quitter  la  Saxe,  pour  m'y  rendre  %  et  j'avais  trouvé  le 
Conseil  et  les  citoyens  de  cette  ville  assez  disposés  à  accueillir  la 
vérité  •=....  Mais  bientôt  toute  la  cohorte  de  l'Antéchrist  se  déchaîna 

*  Ce  fut  vraisemblablement  vers  la  fin  de  mars  1524  que  Lambert  arriva 
à  Metz.  Voyez  les  notes  5  et  7. 

^  Lambert  était  parti  de  Wittemberg  vers  la  fin  de  février  1524:.  Cette 
indication  résulte  d'un  passage  du  Journal  de  Spalatin  (Schelhorn,  op.  cit. 
IV,  360),  relatif  à  Lambert,  et  des  excuses  que  celui-ci  adressait,  eu  mars 
1525,  dans  la  préface  de  son  commentaire  sur  Osée,  à  l'Électeur  Frédéric  : 
«Molesté  forsan  tulisti,  qu6d  ante  ferme  annum  abierim  à  terris  imperii  tui, 
contra  omnium  amicorum,  etiam . . .  Martini  atque  Philippi  Jlelanchtlwnis, 
cousilium,  et  non  expectato  beueplacito  Illustriss.  D.  Tuœ,  quaî  tum  orat  JV«- 
rembergœ,  aut  in  via  ab  eâ.  »  (Voyez  les  Commentaires  de  Sleidan,  livre  1\. 
D'après  les  Lettres  de  Luther,  éd.  de  Wette,  II,  486,  l'Électeur  de  Saxe  se 
retira  de  la  diète  de  Nuremberg  le  14  février  1524,  et  il  fut  de  retour  à 
Wittemberg  avant  le  14  mars.)  Lambert  dit  ensuite  dans  lu  même  préface, 
qu'il  céda  en  cette  circonstance  à  un  appel  de  Dieu:  «  \'erè  enim  vocavit 
me  Deus,  et  praecepit,  ut  exirem  è  Wittemberga,  veuircmque  ad  JIctenses, 
et,  in  eventura,  quo  non  me  sustinerent  illic  docentem  Christum,  venirem 
Argentoratwu,  aut  in  aliam  è  civitatibus  Germania%  terris  Galliœ  vicinio- 
ribus,  ut  ipsis  fratribus  per  Gallias  proximior  adeôque  utilior  fier  cm,  do- 
uée aliô  vocarer.  lustabat  jussio  Dei  ;  proinde  mox  abire  coactus  fui.  Alioqui 
nuUa  erat  requies  obsisteuti.  » 

^  Pour  expliquer  ces  dispositions  favorables ,  il  cou\ient  de  rappeler  l'in- 
fluence plus  ou  moins  directe  que  Henri-Cornolius  Agrippa  avait  exercée 
pendant  son  séjour  à  Metz  (1518-151 'J)  sur  quelques-uns  de  ses  amis  in- 
times. Pai'mi  ces  derniers  on  peut  citer  Eoger  Brcnnon,  curé  de  la  paroisse 
■de  Ste.-Groix,  défenseur  zélé  de  Le  Fèvre  d'Étaples,  Nicolas  de  Heu,  Til- 


260      FRANÇOIS  LAMBERT  I)"aVIG.\ON  AL  ROI  DE  FRANCE.     1524 

contre  moi  ',  et  elle  m'aurait  fait  un  mauvais  parti,  si  le  Conseil  n'y 
eût  mis  obstacle.  Yovant  donc  que  je  ne  pouvais  me  promettre  là 
aucun  succès,  je  suis  venu  à  Strasbourg,  cette  ville  fortunée,  que 
le  Seigneur  a  éclairée  de  la  lumière  de  sa  Parole.  C'est  là  que 
j'attends  quMl  plaise  à  Dieu  de  me  rappeler  à  Metz  ou  dans  quel- 
((ue  ville  de  France.  Il  vaut  mieux,  en  effet,  que  je  reste  en  Alle- 
maç/ne.  où  je  puis  du  moins,  par  mes  écrits,  agir  en  faveur  de 
rÉvangile.  que  de  vivre  en  France  sans  pouvoir  y  annoncer  la 
Parole,  à  moins  que  Votre  Majesté  ne  m'accorde  sa  toute-puissante 
protection. 

Ce  n'est  pas  en  vain  que  vous  portez  le  titre  de  roi  Très-Chré- 
lien,  et  ceci  me  donne  l'occasion  de  plaider  devant  Votre  Majesté 
la  cause  de  Christ.  Ayez  donc  pitié  de  votre  peuple,  et  donnez-lui 
de  vrais  pasteurs  qui  l'instruisent  dans  la  seule  et  pure  Parole  de 
Dieu,  sans  y  rien  mêler  des  inventions  des  hommes.  On  dit  qu'il 
y  a  dans  votre  roj/aume  des  Parlements  qui  se  mêlent  de  porter  des 
juf/ements  sur  la  vérité  de  Dieu,  et  qui  favorisent  les  écoles  des  faux 
tltéolo(jiens  ^  Votre  devoir  est  de  réprimer  une  telle  présomption, 
car  en  ces  matières  rien  ne  peut  faire  loi  que  la  simple  Parole  du 
Seigneur.  Tout  ce  qui  s'en  éloigne  n'est  que  mensonge  et  doit 

inann,  ot  le  lil)raire  Jacques  '  '  *.  (Agrippîe  0pp.  Pars  H,  p.  759,  768, 
819  et  846.)  Mais  c'est  essentiellement  aux  prédications  évangéliques  de 
Jean  Castellan,  docteur  en  Théologie,  natif  de  Tournay,  qu'il  faut  attribuer 
l'cmprossemont  des  Messins  à  écouter  l'Évangile.  «  Erat  iinn  Métis  (dit 
Fr.  Lambert,  1.  cit.)  sanctus  Dei  prophcta,  Joanves  CaMlanus  ...  Is  iam  con- 
stantcr  anno  superiore  [scil.  1523]  illis  Cfiristum  annunciaverat,  tit  ad  ejiis 
conciones  properarent  verè  poptili,  spretis  antichristi  propbetis....  Novi  illum 
ex  intimis.  Fuit  etenim  mihi  pcrinde  atquc  Jonathas  Davidi.  >^  Voyez  les 
Chroniques  de  la  \\]]c  de  Metz,  publ.  par  Iliiguenin.  Metz,  1838,  p.  808. 

"  Los  passages  suivants  de  deux  autres  livres  do  Lambert  comploteront 
ce  qu'il  dit  ici  de  son  séjour  à  Metz:  «  Ante  annum  ferme  et  âimiâiim ....  è 
Saxonibus  ad  Mctcmcs,  ut  eis  annunciarem  Evangelium...  ingenti  cum  A-ia- 
rum  discrimine,  veni;  sed  tam  in  nie  insanivit  coliors  Papa? ...  ut,  pnst  octi- 
dtiinii,  vol  coactus  venerim  ad  Christianiss.  Aryaitoratinn.  »  (Commentaire 
sur  Michéo,  Nahum  et  Ilabacuc,  précédé  d'une  dédicace  au  sénat  de  Be- 
sançon datée  de  Strasbourg,  le  15  août  1525.)  —  "Ante  mensem  circiter 
nonum,  apud  indytam  Mctensiitm  urbom,  Antichristi  cohors  advcrsùm  me 
fuit  congrogata,  qua^  me  tandem  invitavit  ad  nounidhui  jjositioncs  adjigcndas. 
Fgo  autiin  IIG  oisdem  somel  proposui,  quas  nunc  ad  385  adauxi.»  (Far- 
rago  omnium  ferè  rerum  thoologicarum,  fol.  51,  ouvrage  publié  vers  la  fin 
de  janvier  1525.) 

*  Voyez  ci-dessus,  p.  231.  la  lettre  de  Roussel  du  G  juillet. 


i  524  FRANÇOIS  LAMBERT  d'aVIGNON  AU  ROI  DE  FRANGE.  261 

être  évité  comme  le  poison  des  serpents.  Nous  nous  soumettons 
nous-même  à  celte  règle,  et  si  les  parlements  ou  les  universités  de 
vos  États  veulent  juger  nos  écrits  et  nos  discours,  que  ce  soit  d'a- 
près la  Parole  de  Dieu.  Aulremeiit,  nous  ne  ferons  de  leurs  arrêts 
et  de  leurs  condamnations  non  plus  de  cas  que  du  fumier  et  des 
ordures.  11  ne  sulllt  pas  de  dire  :  «  Nous  réprouvons,  nous  condam- 
nons. »  Ce  n'est  pas  là  le  doux  langage  de  Gln-ist,  mais  celui  d'é- 
trangers. Si  l'on  appuie,  au  contraire,  telle  ou  telle  condamnation 
sur  des  textes  de  l'Écriture,  nous  nous  soumettrons,  dès  que  nous 
aurons  reconnu  que  ces  textes  sont  à  bon  droit  invoqués  contre 
nous.  Nous  sommes  toujours  prêt  à  nous  laisser  instruire  par  la 
Parole  de  Dieu.  Je  ne  condamne  point  les  décrets  raisonnables, 
ni  les  lois  pieuses  rendues  par  les  Rois,  les  Princes  et  les  Magis- 
trats, mais  seulement  ces  exécrables  inslilulions  du  royaume  de 
l'Antéchrist,  qui,  sous  les  fausses  apparences  du  clu'istiauisme  et  de 
la  piété,  éloignent  tous  les  hommes  de  Christ. 

Je  sais  que  ce  que  j'ai  écrit  dans  mon  livre  sur  le  Saint  Mariage 
sera  pour  tous  ceux  qui  ne  s'en  tiennent  pas  à  la  simple  Parole 
de  Dieu  une  occasion  de  scandale.  Par  ce  livre,  comme  par  mon 
propre  exemple,  j'ai  cherché  à  faire  disparaître  cet  abominable  cé- 
libat des  papistes,  qui  est  la  source  des  adultères,  des  impudicités, 
des  crimes  contre  nature  et  de  toute  espèce  de  débauche.  Puisse 
V.  M.  accomplir  dans  son  royaume  la  volonté  de  Christ,  en  en 
chassant  les  paillardises,  les  impuretés,  les  adultères!  Que  dans  ce 
but,  Elle  permette  à  ses  sujets  de  toute  condition,  même  aux  moines 
et  aux  religieuses,  de  contracter  librement  le  saint  mariage  :  car  ils 
sont  véritablement  libres  de  le  faire  devant  le  Seigneur.  Comment 
l'homme  oserait-U  interdire  ce  qu'autorise,  ce  que  commande 
même  la  Parole  de  Dieu,  pour  ceux  qui  n'ont  pas  le  don  de  conti- 
nence ?  J'invoque  le  Seigneur  pour  qu  "il  fasse  de  V.  M.  un  nou- 
veau Josias,  ce  roi  véritablement  lidèle  et  pieux  qui  avait  détruit 
les  idoles,  les  bois  sacrés  et  les  hauts  lieux,  avec  tout  le  cortège 
d'impiété  qui  les  accompagnait,  et  qui  avait  supprimé  les  prêtres 
et  les  faux  prophètes,  afin  que  chacun  pût  adorer  Dieu  d'un  cœur 
pur. 

J'ai  dernièrement  écrit  à  V.  M.  au  sujet  de  la  ville  d'Avignon  et 
du  comtat  Venaissin  '■*.  sur  lesquels  la  cour  de  Rome  s'arroge  la 

^  Ce  sujet  est  traité  dans  la  dédicace  du  livre  de  Lambert  de  sacro  Con- 
jugio. 


d^'rl  IIKMU  IIKIT/.MA.N.N  A  (i.  FAREL,  A  MONTBÉLIARD.  1524 

ildiiiiii.iiion.  et  où  le  libre  exercice  de  la  foi  évangélique  est  entière- 
ment interdit.  Je  vous  conjure  d'en  avoir  compassion,  et  d'agir 
comme  je  vous  l'ai  demandé,  pour  les  contraindre,  non  par  l'em- 
ploi de  la  force,  mais  par  des  moyens  convenables,  à  entrer  dans 
le  royaume  de  Christ  et  à  s'alTranciiir  de  la  tyrannie  de  l'Anté- 
christ, soit  en  se  donnant  des  magistrats  et  des  Conseils  de  leur 
rliolx.  comme  font  plusieurs  villes  d'Allemagne,  soit  en  se  plaçant 
sous  le  gouvernement  d'un  prince  qui  leur  permette  de  suivre 
librement  la  Parole  de  Dieu:  le  tout,  sous  la  protection  de  Votre 
Majesté. 

Veuille  Jésus-Christ,  très-bon  et  très-grand,  faire  briller  partout 
la  très-précieuse  lumière  de  la  vérité,  et  éclairer  l'esprit  de  V.  M., 
afin  que.  nouveau  David,  vous  rétaldissiez  dans  la  P^rance  entière 
le  vrai  culte  de  Dieu  et  sa  pure  Parole,  à  la  gloire  du  Roi  des  rois, 
Jésns-Clirisf.  noire  Seigneur.  Amen! 


115 


HENRI  IIEITZMAXN  '  ù  Guillaume  Farel,  à  Montbéliard. 
DeBàle,  17  août  (1524). 

Inrdilc.  AulotiTopho.  \Vi\A.  t\e?'  pasteurs  de  Ncuchnlol. 

Sommaire.  J'espère  qne  vous  ne  m'avez  pas  oublié  et  je  suis  lieurenx  de  savoir  que 
vous  annoncez  l'Évangile  à  mes  parents  et  à  mes  proches.  Je  me  réjouis  de  ce  que 
la  )>arole  de  Dieu  va  purifier  ma  patrie  de  toutes  les  souillures  de  la  superstition. 
Si  je  n'avais  besoin  moi-même  de  vos  enconrnpcments,  je  vous  exhorterais  d  la  per- 
sévérance et  il  la  circonspection.  Veuillez  ni'écrirc  imp  fois  pour  me  faire  connaître 
les  progrès  de  mes  compatriotes  dans  la  piété. 

riiiil.  Farcllo  Sacr<T  Scriptura*  deditissimo  Henricus  Heilz- 
m.'inus  S.  1). 

El  si  .diqiia  apud  te  noticia  mei  remanet,  ejus  tamen  recordatio 
uiaxiinè  snbibil.  si  me  apud  jirœpoxitum  liitrsfp-  liabere  mensam 

'  Certains  d(''tails  de  ceUc  lottro  scmldont  indiquer  que  Henri  Heitzmann 
était  venu  de  Montbéliard  étudier  à  l'université  de  Bâle. 

'  Le  personnage  appelé  «  pracpositus  Rursse  »  était  sans  doute  chargé 
de  l'administration  des  fonds  destinés  aux  étudiants  pauvres. 


1524  IIKNIU  HEITZMANN  A  (i.  FAllEL.  A  AIONTBÉLIARD.  203 

memineris.  preterea.  in  restidni  domiim  ferè  singulis  horis  ciirsi- 
lasse  non  fueris  nescius.  Sed  quô  tandem  isla  nolicia?  nempe,  ut 
scias,  me  tuo  ittstituto  non  vuUjarUer  favere,  qui  non  solùm  tibi, 
ob  id  quôd,  quantus,  quantus  es,  te  Cbristo  adgbitinaris.  gratulor, 
sed  multo  magis  meee  patriae  ^  cul  talem  EvangeliCcC  veritatis  buc- 
cinatorem  contigerit  adi[>isri.  Oiiid,  queso,  obstat,  quin  me  fclicem, 
terque  quaterque  bealum  vociteni,  cujiis  fratres,  parentes,  coynatos, 
patn'anujue  singnlari  quodam  orçjano  Spiritus  irrUjari  vohdt  Cliris- 
tus?  Quid  un(|uam  isto  bono  tam  insperato  potuisset  accidere  gra- 
tins? Non  (niihi  credas)  diviticC,  non  etiam  quicquid  mundus  solet 
admirari. 

Facit  deinde  ad  meum  gaudium  non  mediocriler.  dum  alacri 
sperare  animo  miiù  videor,  ut  (/uicquid  est  ist/c  immundiciei  vel 
longissimo  temporis  spacio  inveteratae,  divini  rerbi  splendore  re- 
purgetur.  Usque  adeô  Creatori  nostro  genus  humanum  curœ  fuisse 
nusquam  non  legitur  in  Scriptura,  qui  loties  auxiUares  peccatori- 
bus  paratus  est  manus  porrigere,  quoties  sese  benevolos  et  nibil 
nisi  peccatores  agnoverint! 

Denique  illud  optarem  in  primis,  si  fieri  posset,  ut  solummodô 
banc  tibi  aperire  lœticiam  sufficerem,  quam  repente  et  inopinatô, 
quasi  de  celo,  immisisti,  quum  verô  quidvis  potius  quàm  fucatum 
atque  adblandientem  animum  cerneres.  Adbortarer  te  ad  istum 
tumn  inceptum,  celesti  profectô  afflatu  truditum,  ni  ipsemet  tuis 
stimulis  niagis  egerem.  Illud  intérim  abs  te  obnixis  precibus  im- 
petrari  desydero  :  ne  teistis  fucis  temeré  exponas,  quorum  conatus 
studiumque  nihil  non  molitur,  dum  securè  bceat  voluptuari.  Iterum 
sus  Miiicrvam,  cum  non  sit  dubium,  apud  te  [nibil]  quicquam  bu- 
mano  consilio  confici.  quin  omnia  prius  ad  verbum  Dei,  tanquam  ad 
Lydiam  lapidem,  revocentur.  Jam  desino.  Est  quod  plus  moraenli 
adferat,  ([uàm  quôd  meis  nugis  tuum  remorer  propositum.  Ununi 
addam,  ne  videlicet  récuses  vel  duo  saltem  elementa.  cum  per  né- 
gocia licebit,  ad  me  scribere,  ex  quo  promotionem  meorum  erga 
Christum,  non  sine  maxima  voluptate,  queam  subodorari.  Yale, 
atque  esurientes  Verbo  refice.  Iterum  vale.  Basileîe.  XVI  kalendas 
Septembris  *. 

(Inscriptio  :)  In  sacris  expertissimo  Guilielmo  Farello.  non  pœ- 

nitenda?  doctrime  amico. 

'  C'est-à-dire  Montbéliard,  où  prêchait  Fai-el. 

*  Farel  ne  se  trouvant  plus  à  Montbéliard  en  août  1525,  c'est  à  l'année 
1524  qu'il  faut  nécessairement  rapporter  la  date  de  cette  lettre. 


20 't 


CLAUDE-PIUS  PEUTINGER  A  FAREL,  A  MOXTBELIARD. 


1o-24 


114 

CLAUDE-PIUS  peutinger'  à  Farel,  à  "SloiUbéliard. 
(De  Bâlej  17  août  (1524). 

Inédile.  Autographe.  Bibliotlièque  des  pasteurs  de  Neucliâlel. 

•Sommaire.  Ne  vous  laissez  pas  troubler  par  tout  le  bruit  que  font  vos  adversaires,  et 
continuez  à  conduire  les  âmes  â  Christ  avec  l'esprit  de  résolution  qui  vous  est  donne 
de  Dieu. 

Gratia  et  pax  Christi  tecum,  mi  Guillielme.  Maximas  yratias  lujo 
Domino  Deo  nostro,  qui  inspexerit  bonum  tuum  aniimim,  et  te  tan- 
dem in  messem  vocaierit ^  qua3  certe  copiosa.  Vide  ergo  ut  pei'gas. 
queiûadiuodum  iiicepisti.  abigere  besliam  multorum  capitum  *,  ne 
demoliatur  vineam  Doiniiii.  et  omnia  ad  Christum,  reruni  ducem, 
ducas,  sub  quo  omnes  bene  militant  (juolquot  ipsum  sequuntur  et 
dicta  ejus  capessunt.  Sedaiidio  midtiim  tumultaari.  aptid  vos,Anti- 
cliristianos  \  quod  debeant  è  regno  expeili,  et.  in  animis  homi- 
num,  nunc  Chrislo  eterno  régi  locum  dare.  Tu.  oro,  ne  cédas  illis  ; 
mémento  cujus  negocium  agas,  Cliristi  nempe,  qui  eos  compescet. 
Sed  (|uid  e([uo  per  se  currenti  stimulos  addo  ?  Benedictus  Deus. 
({ui  in  te  taie  beneficium  contuleril,  ut  omnia  tua  sponte  agas  quae 
in  rem  Ghristividentur  esse!  Vale,  et  nostra  scripta  boni  consule. 
xvij  Augustin 

Tuus  Claudius  Plus  Peuti.ngerus. 

(P.  S.)  Saluta  quàm  ofticiosi.ssimè  noslro  nomine  Bonifacium  •*, 
«ommililonem  tuum  in  Cliristo. 

(Insciiptio  :)  Egregio  juxlà  ac  pio  Guillielmo  Farello.  fralri  suc 
in  Clu-islo  colendo. 

'  Nous  ne  savons  pas  s'il  existait  quelque  relation  de  parenté  entre  ce 
correspondant  de  Farel  et  le  célèbre  Conrad  Peuiinger  d'Augsbourg. 

*  Cette  lettre,  qui  fut  très-probablement  écrite  de  Bille,  fait  allusion  aux 
événements  dont  il  est  dt-jà  question  dans  les  lettres  d'Œcolanipade  (2  et 
S  août)  et  d'Heitzmann  (17  août). 

'  Allusion  à  l'Apocalypse,  chap.  XVII,  v.  3. 

*  Voyez  la  lettre  d'Œcolampade  du  3  août. 

*  Pour  la  fixation  de  l'année  voyez  la  lettre  précédente,  note  4. 

*  Boniface  Wolfhard.  Ce  détail  suffirait  seul  à  fixer  l'aunée,  Wolfhard 


1524  (œCOLAMPADE  A  G.  FAUKL,  A  MON TBÉLlAni).  26o 


115 

ŒCOLAMPADE  à  [GuiUuiiine  Farel,  à  MontbéliardJ . 
De  Baie,  19  août  (1524). 

QEcoIampadii  et  Zuinglii  Epp.  éd.  cit.  fol.  206  1). 

Sommaire.  Je  ne  puis  que  blàuier  les  torrents  d'injures  que  vous  répandez  contre  les 
prêtres.  Ils  n'ont  pas  tous  embrassé  par  de  mauvais  motifs  ce  ministère  souillé. 
Fotw  avez  été  envoyé  poicr  annoncer  la  bonne  nouvelle,  non  pour  maudire  .  Votre 
zèle  excessif  vous  fait  oublier  la  faiblesse  de  vos  frères.  Il  ne  sufdt  pas  d'être  af- 
fable pour  les  amis  de  la  Parole,  efforcez-vous  aussi  de  gagner  les  adversaires  par 
la  persuasion.  Faites  pour  les  autres  ce  que  Jésus-Clirist  ferait  pour  vous,  s'il  était 
encore  en  ce  monde,  et  apprenez  de  Lui  à  être  doux  et  liumble  de  cœur. 

Le  présent  porteur  [Jean  Gayliu'j],  mon  compatriote,  se  rend  à  Montbéliard  pour 
entrer  dans  le  ministère.  N.  [Boniface  Wolfhard]  trouvera  peut-être  ailleurs  un  em- 
ploi. Je  doute  que  vous  puissiez  parvenir  d  faire  supprimer  la  messe.  C'est  des  âmes 
tout  d'abord  qu'il  faut  chasser  l'antechrist. 

Joannes  OEcolampadius  dilecto  suo  in  Christo  N.  '  [1.  G.  Farello,] 
concionatori. 

Salve  in  Christo,  mi  N.  [1.  Farelle.]  Primo  omnium  rogavi  ex  N.  - 
super  mansuetudine  tua,  qua  niliil  magis  Chrlstianum.  nedum  Apo- 
stolum  decet.  Is  quum  mire  extulisset  sedulitatem  infatigabilem. 
ardoremque  inextinguibilem,  et  satis  felicem  successum,  sul)didil, 
quôd  in  sacridcos  imbres  etTundas  convitiorum.  Non  ignorO;  quid 
illi  mereantur,  et  quibiis  coloribus  depingi  debeanl  :  pace  tamen 
tua  dixerim,  amicus  et  trater  fralri,  non  n'den'.s  per  omnia  officii  tiu 
remimsci.  Evangelizatum,  non  maledictum  mis.sus  es.  Medici  sec- 
tionem  morbis  adhibent  qui  cataplastra  conlemnunt  :  incurabilibus 
etiam  sectionem  denegant.  Non  audebat  arciiangelus  Micliaël  dia- 

n'ayant  été  que  peu  de  temps,  et  à  Moutbéliard  seulement,  collègue  de 
Farel. 

'  Le  nom  du  destinatalfe,  qui  est  omis  dans  les  lettres  imprimées  d'Œco- 
lampade,  a  été  franchement  rétabli  piu:  Farel  lui-même  dans  l'exemplaire 
qui  lui  appartenait. 

^  C'est  probablement  Coct,  qui  était  revenu  de  Montbéliard.  Voyez  le 
N"  110,  note  3. 


.s 


^GG  ((ECOLAMr'ADK  A  G.   FAREL.  A  MONTBÉLIARD.  1524 

holiiin  nialedictis  aliliifie  '.  Iinmodico  zelu.  \ ideiis  fraterna^  infir- 
iiiilatis  parum  memor.  Non  omnes  pessimo  anàno.  mcerdotio  illo 
liolliito  finiffi  ((ejiennit  :  iiiulli  i.irnorantes,  miilti  à  parentibiis  coacti, 
iniilli  inopia  de>litiili.  iniiUi  pidcliriludine  minislerii  allecti.  niiilti 
■luperslilione,  non  per  janiiam  ingressi  siint.  non  lanien  furandi 
aninio.  Ananias  et  Sajipliiras,  spiritui  sanclo  reliictantes  ^  Christo 
non  liicraberis  :  illos  rejice,  caiterorum  inlirmitatem  agnosce. 
yon  satisfacit  miltl.  ijnnd  amicis  Vcrin  hlandus  es;  cura  tibi  sit, 
((UO)iiodo  lucrifackis  ùimicos.  Nil i il  l;nii  ah.jectum  qnod  nequeat 
exasperari;  generosissimorum  est  non  nisi  in  tempore  irasci.  Non 
ignoramus  zelnm  Elite,  sed  vide  (juibus  temporibus,  et  quoties 
exarseril.  Bonam  partem  vitcC  malediclis  insnniere.  nonne  carnale 
tibi  videtiu?  Habent  refugium.  scio.  ii  quorum  nianibus.  inler  se- 
(.anihim  ligna,  à  manubrio  ferrum  evolat,  proximum  oecidit:  sed 
non  carenl  judicio.  non  carent  culpa.  Cogita,  num  eadem  illa  seni- 
per  Ciiristus  ingereret  obduralis,  et  tac  quie  Cbristus  in  te  vivens 
faceret,  à  quo  discas  niititalem  ac  humilitatem. 

Condono.  iiiiô  Idiido  :<'litni.  uiodô  ne  deaidevetur  manauetudo.  Si 
lupi  ab  i)\ili  riinini  ;djacli,  fac  vocem  pastoris  audiant  oves,  et  pas- 
caniiii'  :  '|ii;iiiiliii  maledicenliis  vacatiir.  in  Irejtidalionesunt,  et  non 
lani  pascnntur  (|u;iuiperic'litanlur.  l)a  operani,  nii  Fraler.  ul  spiri- 
iiiiii  iiit'inn  e\bilares  etiam  boc  nuncio.  ipiod  in  tempore  siio  vi- 
nuui  et  oleum  infiindas.  quôd  Evangelislam.  non  tyrannicum  le- 
gislatorem  pra-sles.  Haiiis  banc  monendi  libortalem  cbarilali.  et 
animo  jiro  le  sedido.  DeuuKiue  roganti.  ut  per  te  multa  operetur. 
V;)b'.  Hasilca".  19.  AugustiMl-'i^'O. 

Saluta  Mrtniseni  equitem  "  plurimiiiu  in  Clu'isto.  Nondum  occlu- 
.seram  lileras.  el  obtiilit  se  alia  scribrndi  occasio.  Hune  enimvirum 
pium  t'I  salis  cnidiliim  "  in  ic  Chiistiana  (ipii.  jam  olim  à  quibus- 
daiii  n(»bilibMs  instig;ilii>.  ii!  ,ii  Dinrm  se  (Yiuforrel.  nunc  ejectus 
[iropler  Veibum.  iiiiprlicnic  niiiiinmi  Dduiind.  in  messem  mitlilur) 
liabebis  coinmcndaliim:  rnuti'vvnneus  meus  est',  et  babet  istbic  qui 

■^  -Mlusion  à  IV'pitrc  do  St-Jmlo,  verset  9. 

'  .\oti-H  (les  Apùtros,  ch.  V,  v.  1-10. 

'  Le  chiffrp  de  l'année  a  été  écrit  par  Farel  dans  son  exemplaire. 

"  Le  chevalier  Nicolas d'Esch.  Voyez  le  N"  109,  note  M. 

'  Jniii  (tni/linff,  natif  de  Ilsfcld  en  Soiialte.  Il  devint  raiimonicr  d'Ulric 
df  Wiirtomltori;.  Voyez  lu  lettre  du  11  novembre  1524. 

"  Œcolnmpmlc  était  né  en  1182  :\  Weinsherg,  dans  le  Palatinat.  Depuis 
1504,  celte  ville  appartenait  au  Wurtemberg.  C'est  ainsi  qu'il  pouvait  ap- 
peler Chnjling  <  son  compatriote.  > 


1  52 i      ULRIC  DE  WL'RTKMBKRr.  AUX  C.OlVKRNEL'llS  DE  BESANÇON.       "ÀCtl 

parentes  ejus  el  ipsum  noxeiiiiil.  N.  [Boiiifuciinii-']  foi'lassis  alla 
manet  vocal io.  De  excelso  Missau  abolendo.  vixdiim  credulerim 
posse  te  obtinere  qiiod  conaris.  Matiira  lente;  nisi  Uoniinus  iedi- 
ficaverit  domum,  fruslia  lahoranl  (pii  ludilicant.  Ejicc  ex  pectoribiis 
hominuni  Anticliristuw  !  Vale,  et  fratris  curam  ne  contenipseris. 


116 


ULRIC  DE  WURTEMBERG  '  aux  gouverneurs  de  Besançon. 
De  Montbéliard,  20  août  1524. 

Imprimée  en  1524  (sine  loco)  '-. 

(traduit  de  l'allemasd.) 

Sommaire.  Récit  de  ce  qui  s'est  passé  à  Montbéliard,  après  le  tumiiUe  que  le  Gardien 
des  Fra77ciseains  de  Besançon  a  excité  dans  «ne  église  où  prêchait  Guillaume 
Farel. 

Ulric,  par  la  grâce  de  Dieu,  duc  de  Wurtemberg  et  de  Teck, 
comte  de  Montbéliard  —  salut  ! 

Prudents,  .sages  el  singuliers  amis, 

A  la  suite  de  la  lettre  que  vous  nous  avez  adressée,  il  y  a  quel- 
ques jours,  relativement  au  Gardien,  des  Franciscains,  domicilié 
dans  votre  ville,  nous  vous  avons  répondu  que  nous  étions  disposé 

^  Boniface  WolfJiard.  Voyez  la  lettre  du  3  août. 

•  Voyez  le  N"  109,  note  6. 

*  La  lettre  d'UIric  de  Wurtemberg  porte  le  titre  suivant  :  «  Des  Durch- 
leuchtigen  Hochîrebornen  Fiirsten  uiul  herru,  Heru  Ulrich,  hortzog  zu  Wir- 
tenbcrg  unnd  Teck,  Graue  zu  Miinipclgart,  Missiuc  an  die  Gul)ernator  dcr 
stat  Bisantz,  in  der  ein  christlicbcr  liandcl  zu  Mi'mipclgart  verloflFen  mit 
gi-iiutlicher  warheit  angezeigt  wiirt.  »  —  La  traduction  latine,  qui  parut 
bientôt  après,  est  intitulée  :  «  Ulrici  illustriss.  principis,  ducis  à  Vuitemberg 
et  Teck,  etc.  comitis  MontisbcUigardi,  Epistola  ad  Gubornatores  civitatis 
Bisuntinfe,  in  qua,  Christiani  cujusdam  ncgotii  in  Montebelligardo  habiti, 
Veritas  compertissima  ostcnditur.  »  (Bibliothèque  d'Antoine  Du  Verdier. 
Lyon,  1585,  folio.)  —  La  missive  d'UIric  fut  aussi  traduite  en  français  par 
Anémond  de  Coct  (V.  sa  lettre  du  2  septembre  1524).  Nous  ignorons  si 
cette  dernière  traduction  a  été  imprimée. 


:>(J8        LLIUC  DE  WURTEMBERG  AUX  GOUVERNEURS  DE  BESANÇON.      1524 

à  tiailer  avec  vous  pai-  un  député  de  toute  cette  allaire.  sur  la- 
i|uelle  nous  vous  adressons  ici  un  rapport  détaillé. 

En  premier  lieu,  votre  écrit  parle  d'une  communication  que 
notn-  l)oi)i'n  aurait  faite  au  susdit  Gardien,  savoir  :  que  nous  de- 
mandions un  JKjmme  savant  qui  fût  en  état  de  disputer  sur  quel- 
ques articles  de  foi  avec  un  prêcheur  récemment  arrivé  à  Mont- 
hèlùinl.  Nous  vous  ferons  observer  que  c'est  une  invention,  et  que 
nous  n'en  avons  rien  su.  Mais  ce  qui  est  vrai,  c'est  qu'un  nommé 
Guillaume  Farel,  étant  venu  dans  notre  ville  de  Montbèliard,  nous 
a  fait  liiiinblement  prier  de  lui  permettre  pour  l'amour  de  Dieu 
de  prêcher  et  d'annoncer  la  Parole  de  Dieu,  le  St.  Évangile,  ce 
qu'en  prince  chrétien  nous  n'avons  pas  voulu  lui  refuser.  El,  pen- 
dant (pi'il  prêchait  la  Parole  de  Dieu,  le  susdit  Gardien  de  Tordre 
de  St.-François  et  un  autre  se  sont  levés  au  milieu  de  Téglise  à 
Montbèliard.  et  ils  ont  donné  un  démenti  audit  prêcheur,  pendant 
(|u'il  annonçait  la  Parole  de  Dieu,  et  devant  l'assemblée  chrétienne 
qui  était  là  réunie  pour  l'écouter.  Ils  ont  réprouvé  sa  doctrine  si 
mal  à  jn-opos,  que  des  Allemiuuh  et  des  Français  en  ont  murmuré 
titul  b.iul.  iliMiiiL  que  c'était  une  mo(iuerie  et  une  pitié  de  suppor- 
ter tant  di-iiurance  et  d'impudence  dans  un  tel  lieu,  —  de  sorte 
(lu'on  s'attendait  à  un  grand  tumulte.  Là-dessus  quelques-uns  de 
nos  serviteurs,  qui  étaient  présents,  accoururent  au  château,  pour 
nous  dire  que  si  nous  n'y  mettions  pas  la  main,  ils  prévoyaient, 
d'après  certaines  paroles  prononcées  dans  l'église,  que  tout  cela  ne 
finirait  pas  sans  un  tuiuulte. 

Nous  nous  sommes  aussitôt  rendu  à  l'église,  nous  avons  mandé 
devant  nous  le  Doyen  et  lui  avons  déclaré,  rpie  la  conduite  incon- 
venante (pi'il  avait  tenue  avec  le  GaidiiMi  ne  pouvait  être  nulle- 
iiit-nt  tolérée  dans  l'église  où  l'on  annonce  la  parole  de  Dieu 
vl  le  .serait  à  peine  dans  des  heux  déshonnétes  :  qu'il  eût  donc  à  se 
corriger  et  à  ne  plus  nous  forcer  d'accourir  en  personne;  car  si 
les  choses  devaient  se  passer  de  la  sorte,  nous  serions  obligé  de 
tenir  tlan>  l'église  des  aniuebusiers  et  des  hallebardiers.  Que  dans 
le  cas  où  le  préilii'aleur  parlerait  contre  la  vérité  et  le  christia- 
nisme, il  n'.iNait  ([u'à  en  prendre  note,  puis  à  le  réfuter  ainsi  qu'il 
convient  et  qu'il  y  est  tenu  devant  Dieu  et  devant  les  hommes,  et 
([u'alors  nous  lui  accorderions  secours,  conseil  et  protection  selon 
la  mt'surc  de  nos  forces. 

Mais  le  dit  Gardien  ne  s'est  pas  contenté  de  cela.  Le  même  joui', 
apn"'-  midi,  il  ;i  voulu  iu'i^i'Iut  (|,in<  une  autre  église  :  il  y  a  proféré 


1  524     LLRIC  DE  WURTEMBERG  ALX  GOUVERNEURS  UK  liESA.NÇO.N.        269 

les  injures  les  plus  graves  tant  contre  le  prêche  fjue  contre  la 
personne  de  GuHbnime  Farel,  et  il  s'est  ainsi  permis,  par  ses  dis- 
cours publics,  de  semer  le  trouble  dans  notre  ville  de  Montbcliard. 

En  conséquence,  nous  avons  dû  faire  emprisonner  et  tenir  sous 
bonne  garde  le  dit  Gardien  et  son  adverse  partie.  Et,  bien  que  nous 
eussions  sujet,  droit  et  raison  de  le  citer  en  justice  et  de  faire  exé- 
cuter le  jugement  qui  pouvait  être  prononcé  contre  lui,  nous  l'en 
avons  néanmoins  gracieusement  dispensé,  et  nous  lui  avons  sérieu- 
sement fait  savoir  que.  s'il  pouvait  démontrer  que  la  doctrine  et  la 
prédication  de  Farel  étaient  fausses,  anticbrétiennes  et  hérétiques, 
il  le  fit,  comme  c'était  son  devoir  devant  Dieu  et  devant  les 
hommes  :  que  nous  l'engagions  à  le  faire  sans  crainte  ni  frayeur, 
étant  prêta  le  protéger,  défendre  et  aider  de  tout  notre  pouvoir; 
mais  que  si,  au  contraire,  il  était  incapable  de  justifier  ses  accusa- 
tions, il  devait,  par  une  rétractation,  faire  amende  honorable  à  la 
Parole  de  Dieu.  Nous  l'avons  fait  avertir  à  plusieurs  reprises,  qu'il 
voulût  bien  réfléchir  avant  de  faire  une  pareille  rétractation,  at- 
tendu qu'elle  aurait  une  grande  portée,  —  et  nous  lui  avons  répété 
que,  dans  le  cas  où  il  aurait  des  arguments  de  quelque  valeur,  il  ne 
devait  pas  craindre  d'en  faire  usage,  et  cela  en  lui  réitérant  l'assu- 
rance de  notre  protection;  ajoutant,  que  s'il  avait  le  dessous  dans 
cette  dispute,  nous  ne  lui  garantissions  pas  moins  sa  pleine  sécurité, 
pour  donner  satisfaction  à  la  Parole  de  Dieu. 

Sur  ces  offres  le  dit  Gardien  a  consenti  de  bon  cœur  à  recon- 
naître ouvertement  du  haut  de  la  chaire,  au  milieu  de  l'assemblée, 
que  le  prêche  de  Farel,  à  propos  duquel  il  avait  accusé  celui-ci  de 
mensonge,  était  véritable,  et  que,  s'il  avait  parlé  contrairement,  c'é- 
tait dans  l'emportement  de  la  colère,  et  qu'il  en  avait  du  regret.  En 
outre  il  en  a  donné  une  déclaration  publique  par  écrit.  A  la  suite  de 
cette  rétractation  qu'a  faite  le  susmentionné  Gardien,  Nous,  de  notre 
côté,  par  faveur  et  surérogation,  alîn  que  chacun  pût  juger  et  con- 
clure que  nous  ne  l'avions  pas  forcé  a  cet  acte  et  aussi  que  nous  dé- 
sirions l'encourager  à  faire  des  progrès  dans  les  princijjes  de  la 
vérité.  —  nous  lui  avons  aussitôt  et  devant  la  même  assemblée, 
publi(|uement  permis  pour  le  cas  où  il  trouverait  auprès  de  son 
évêque,  ou  des  membres  de  son  Ordre,  ou  d'autres  honniies  savants, 
en  Boiinjogne  et  en  France,  des  directions  pour  réfuter  les  prédi- 
cations de  Guillaume  Farel,  de  nous  en  écrire  au  bout  de  deux  ou 
trois  mois,  atln  qu'il  eût  le  temps  de  se  procurer  les  dites  direc- 
tions; et  nous  lui  avons  dit  que,  dans  ce  cas-là,  nous  ferions  deman- 


270        f.KI'.AlU)  ROUSSEL  A  GUILLAUME  FAREL.  A  MONTRÉLIARD.         1524 

(1er  chez  nos  parents  et  nos  amis,  les  Electeurs,  les  Princes,  comme 
aussi  auprès  de  quelques  Villes .  des  gens  savants  en  la  sainte 
Kcriture.  Que  dans  ce  cas,  nous  donnerions  à  lui  et  à  tous  autres 
(|u'il  amènerait  à  cet  acte,  toute  sûreté  et  sauf-conduit  pour  la 
\oiHie  et  le  retour,  même  s^ils  y  étaient  vaincus.  Et.  afin  (pi'une 
telle  dispute  et  conférence  ne  puisse  être  accusée  par  personne  de 
partialité,  nous  entendons  qu'on  décide  de  tout  d'après  la  sainte 
Parole  de  Dieu,  telle  (|u'elle  est  contenue  dans  l'Ancien  et  le 
Nouveau  Testament.  Et,  si  l'on  découvre  que  Guillaume  Farel  a 
prêché,  cette  fois-là  ou  plus  tard,  d'une  manière  conti-aire  à  la  vérité 
ciirélienne,  notre  intention  est  de  le  punir  dans  son  corps  et  dans 
sa  vie,  comme  il  convient,  et  comme  il  s'ofïre  lui-même  à  en  porter 
la  peine. 

Par  jjienveillance  nous  n'avons  pas  voulu  vous  cacher  ces  choses, 
étant  prêt  à  vous  montrer,  ainsi  qu'à  toute  la  ville  de  Besançon. 
notre  désir  de  vivre  en  amis  et  hons  voisins.  Donné  à  Montl)éliard. 
Same(h  après  rAssoniption  do  Marie,  l'an  1524. 


117 


GÉRARD  ROUSSEL  ù  Gullhumie  Farci,  à  Montbéliard. 
DeMeaux,  24  août  1524. 

Inéchte.  Autographe.  Bihl.  Imp.  Coll.  Du  Puy,  t.  103-105. 

Sommaire.  Si  je  ne  savais  que  l'Esprit  distribue  ses  dons  comme  il  lui  plaît,  je  vous 
envierais  le  zélé  qui  vous  fait  braver  les  ennemis  de  l'Évangile.  Non  content  de 
m'avoir  écrit  d  trois  reprises,  pour  m'engager  à  provoquer  une  dispute  publique  sur 
la  religion,  vous  me  faites  encore  aiguillonner,  dans  ce  but,  par  Œcolampade  et  par 
Ziciiu/li.  Hélas!  les  lettres  de  ces  hommes  éminents  ont  produit  moins  d'effet  sur 
moi  que  les  suggestions  de  la  cliair  et  ces  réflexions  incessantes  de  mon  entourage  : 
«  Ce  n'est  pas  encore  le  moment  !  L'Évangile  n'est  pas  répandu  suflisamment,  ni  im- 
planté a.ssez  avant  dans  les  cœurs  !  »  Je  pense,  au  contraire,  que  la  lutte  serait  moins 
vive  dans  l'avenir,  si  l'on  voulait  proliter  actuellement  des  dispositions  favorables  k 
du  iiouplc  et  rési.ster  en  face  aux  docteurs  de  men.songe.  D'un  coté,  la  cliair  me  fait 
redouter  les  afflictions  et  me  conseille  de  temporiser;  de  l'autre,  je  crois  à  la  puis- 
sance in  unie  de  la  prière.  J'ai  donc  répondu  d  Œcolampade  et  à  Zwingli  aussi  bien 
qu  il  m'a  été  possible,  après  les  louanges  exagérées  que  vous  leur  aviez  faites  de  ma 
personne.  Je  sais  que  vous  l'avez  fait  à  bonne  intention  ;  mais  vous  ne  discernez 


ioM       GÉUAllU  UOUSSEL  A  GLILLALML:  1'.UU:L,   a  MUM'liliUAUU.  271 

pas  les  dons  de  Dieu.  Vous  soujfrcz  de  voir  la  moisson  compromise  en  France  par 
le  manqiie  des  ouvriers  ;  mais  c'est  l'affaire  du  maître  de  la  moisson  :  s'il  veut 
qu'elle  périsse,  que  vous  importe?  La  foi  suhordomie  tout  à  la  volonté  de  Dieu. 
Résignez-vous  donc,  si  l'événement  trompe  votre  zèle  et  votre  amour  pour  le  salut 
des  âmes.  Au  contraire,  si  vous  réussissez,  que  ce  soit  â  la  volonté  de  Dieu  et  non 
pas  à  vous-même  que  vous  en  rapportiez  la  gloire  !  Je  vous  dis  tout  cela  en  courant  ; 
vous  le  prendrez  en  bonne  part.  Le  Fèvre,  l'élu,  son  père  et  tous  les  chrétiens  qui 
sont  près  de  nous  vous  saluent. 

GirardusRurtiisGiiillelmoFarellogTatiani  et  pacein  à  Deo  paire 
et  Domino  Jesu  Ghristo! 

Uolei-el  plurimùm  déesse  mihi  lldei  robiir,  par  quod,  nilid  IVe- 
queiites  Evaiigelii  liosles  moratus,  assectarcr  iudividuus  coiues  tui 
animi  zelum,  si  minus  fixiim  iiaberem.  Spirilum  ilium  se,  cilra  ul- 
lum  personarum  delectum,  impartire  quiljus  viilt,  ut  sua  cuique 
salis  esse  debeat  conditio;nec  crealune  ingratum  sit  quod  suo 
non  displiceat  Creatori  operœ  prœcium  est.  Quo  udduclm  zelo, 
duxisti  opus  esse,  non  modo  per  litteras  aliquot  ad  me  misses  *,  ad- 
hortari,  capessenda  mihi  esse  fidei  arma  adversus  eos  qui  obluctan- 
tur  EranyeUo  -  sed  etiam  in  hanc  harenam  exaciii  per  amicos,  et 
eos  quidem  qui  in  evangelico  negocio  priores  nacti  sunt  partes, 
quorum  animis  ingesseris  quam  de  me  pridem,  eô  adigente  te  can- 
dido  in  nos  alïectu,  conceperas  spem. 

Nam  OEcolampadius  et  Zuiugliiis,  viri  rarse  pietatis  juxtà  ac  eru- 
ditionis,  tuis  adacti  verbis,  suis  litteris  ^  me  iniiortali  sunt,  in  lioc 
ipsum,  ac  facile  persuasissent,  nisi  caro  vix  cœpta  mortificari  in- 
flecteret  aliô,  quôd  perinde  absit  cum  Paulo  sentiam  legem  in 
membris  repugnanlem  legi  mentis  mecO,  ut  vix  in  me  esse  legem 
mentis  experiar  prœ  onere  carnis.  Ne  memorem,  amicos  cum  qui- 
bus  scis  me  versari*,  contimiô  causari:  «  necdum  venisse  tempm 
«  commodum  ^  ac  frustra  conseri  manus  cum  partis  Iiiferi,  prius- 
«  quam  Ecangelium  latius  sparsum  faerit,  priusquam  altius  infixum 

'  Voyez  la  lettre  de  Roussel  du  6  juillet,  notes  2  et  22. 

-  Allusion  à  la  dispute  que  Farel  lui  avait  conseillé  de  soutenir.  V.  la 
lettre  de  Roussel  du  G  juillet,  notes  10  et  24. 

•^  Ces  lettres  d'Œcolampade  et  de  Zwiugli  à  Roussel  n'ont  pas  été  con- 
servées. 

*  Il  veut  parler  de  Le  Fèvre,  de  Vatable  et  des  autres  savants  qui  rési- 
daient à  Meaux. 

^  Voyez  le  î\°  suivant,  dans  lequel  Roussel  exprime  la  même  opinion, 
et  la  lettre  de  Toussaiu  à  Farel  du  26  juillet  152G  :  «  Dicunt  certe  [se. 
Fàber  et  Biiffus]  :  Nondum  est  tempus,  nondum  venit  hora  !  » 


272  GÉRAIID  ROUSSEL  A  GUILLAUME  FAREL,  A  MONTBÉLL\RD.        1524 

•  sit  mortaUum  animis!  »  Quorum  sententia>  non  subscribo  equi- 
(lem,  sed  mihi  contra  videtur  tune  minus  opus  fore  conflictationi- 
bus.  sed,  si  quando  commode,  jam  prœcipuè  cùm  deducenda  plebs 
annutal,  cùm,  à  vera  luce  in  tenebras  olim  ablegata,  in  eam  unde 
exciderat  revocanda  sit  lucem.  Quod  majoii  compendio  fieri  vix 
potest,  quàm  si,  ut  Simoni  mago  Apostolus  «,  illis  in  faciem  obsista- 
tur.  Ceterùm,  me  meo  demissum  judicio  facile  avocat  caro  ex- 
borrescens  crucem,  ac  remoratur  de  die  in  diem  :  at  non  despondi 
animuni,  quin  sperem  deinceps  futurum  quod  contenditis  adniira- 
bibbusvotis  in  oratione.  Quantum  possit  oralio  firmandis  animis 
adversus  bostes  Verbi.  fidem  nobis  fecerunt  apostoli:  quibus,  in 
hoc  orantibus  Deum,  motus  sit  locus  in  quo  essent,  nempe  in 
oxpressionem  impetratae  Dei  quam  postulassent  [gratia.']. 

Utrique  ''  respondi  per  Utteras  ^,  non  ad  quem  modum  decuit, 
sed  quod  nostrœ  lune  menti  suggestum  est.  Boni,  nibil  bœsito, 
consulenl,  tpiôd  Cinistiana  charitas,  quâ  succensi  sunt,  nibil  non 
decoijuat.  Periculum,  si  mibi,  in  boc  erat  ne  babereris  mendax, 
qui  ex  culice  feceris  eleplianlum  ;  et  quid  deinde  acciderit,  tu  vi- 
deris.  Nec  enim  islud  petieram  :  nec  fuit  in  me  quod  ad  invidiam 
usque  ederres  ;  neque  alioqui  christ ianus  permittebat  candor,  nisi 
nliunde  consarciret  zelus  promovendi  Evangelii. 

Porrô  appendendum,  ne  cmtevertds  Domini  miinus,  eujus  suit 
jinrtes  mittcrc  operarios.  non  tuœ  vel  cujusquam  alterius,  ne,  dum 
l/hertdti  Itiuihinœ  plus  œquo  defers,  videaris  divinîo  electioni  non 
iiihil  doirabere.  Non  potuit  Jonas  reclamare,  mittente  se  Deo,  ut- 
ruiii(|ue  in  boc  contendisset:  nec  poterit  etiam  quem  delegerit 
Dons.  |)ro  ipsius  impulsu  cùm  sint  omnia  agenda,  sed  maxime 
pronioven(hnn  EvangcUum,  non  eliam  itro  bominum  suasu  ac  vo- 
hmtati'.  Poire  nicsscm.  nec  par  mm.  Dcunino.  o//  inopiam  demeten- 
linin.  finies:  sed  non  inde  unquam  consulendum,  ut  non  vocatus 
se  ingérai  isii  opérée.  Deinde,  quid  tua.  si  sic  relit  agantur  res 
iloniiniis  iiie.ssi.s.  (jui.  in  molu  oeuli.  sine  lua  solliciludine,  muKô 
copiosiorem  fruclum  coUigere  potest?  Si  sua  poire  relit,  quid  ad 
te?  —  Dieis  :  '■  Ail  ni  me  adigil  charitas,  qme  proximi  saluti  con- 
sulil.  •  — Sed  vide,  ne  reclamet  lldes,  quc'e  divina' voluntali  cuncla 
subjicil.  iiiiir.  iiieonqtrehensiliiliiMii  jiubciorum  Dri  abyssos  subiii- 

"  Actes  des  Apôtres,  cliap.  Mil,  v.  U — 23. 
•  C'est-à-dire  à  Œcolawpadc  et  à  Zwingli. 

^  Nous  ne  possédons  qu'une  de  ces  deux  réponses  de  Roussel  :  celle 
qu'il  adressa  le  24  août  à  Œcolainpade  (V.  le  N"  suivant). 


1  524.  CKHAHD  ROl'SSr.l,  A  GUII.LAUMK  FARKL,  A  MONTBKI.IAni).  27;> 

grediens,  JiaL'ret,  suspendit  judicium.  ne  pafienler  expectat  opiis 
Dei.  Slata  semel  crédit  esse  omnia,  ut  prepropoiV!  non  sil  quic- 
quam  agondum  attentandumve:  et,  ul  vnliintati  Ipsius  niliil  posse 
resistere  asserit,  ita.  avertente  Ipso  manum.  non  esse  ut  qnoni  la- 
borare  conveniat. 

Haec  et  plura  talia  à  me  atleiTÏ  possunl.  ut  non  l'eras  inique, 
si  secùs  accident  quàm  volueras  ac  conceperas.  si  pro  tuo  zelo  non 
processerit  res.  Moriendum  tihi  tuoquc  zclo.  ul  maxime  pius  fueril. 
lit  Christo  vivas,  qui  in  hoc  functus  est  vitâ,  ut  ipsi  vivas.  non  lilii. 
non  luis  consiliis.  non  tuis  desyderiis,  non  tuo  zelo.  Niliil  moror  à 
quo  demanarint.  Quùd  si  aliter  cedit,  nec  absit  Dei  voluntas,  oui  soli 
vivendum  est  !  Quod  non  admodùm  puto  fieri,  cum  sua  utcumque 
quœris.  Sed  cum  sic  agis  negocium.  ut  non  despondeas  animum, 
non  molesté  feras,  si  secùs  accident  quàm  pro  calore  zeli  optaras, 
cum  omnino  accidat  nihil  secùs  quam  velit.  Sic  in  omnia  expansée 
sunt  suœ  providentiae  margines.  Astutus  est  scrpens  antiquus,  qui 
facile,  ni  vigiles  simus,  nostrum  zelum  alioqui  impensè  pium  con- 
vertit in  idolum  nostrum  ^ 

HiBC  velul  aliud  agens  effutii  apud  te.  cui  displicere  non  possinl 
nostra  utcunque  habuerint.  Yale  in  Christo,  qui  est  noslra  salus. 
Salutant  te  Fabei^  ex  corde  :  salutat  item  Electtis  '**,  unà  cum 
patre^  ac  idem  agunt  omnes  Christiani  qui  apud  nos  sunt.  Rursùm 
vale,  et  si  qui  novi  apud  vos  extent  lihri,  ut  sunt,  et  prœcipuè  in 
Prophetas,  facito  ut  hisce  minime  priremur^K  Meldis,  24  mensis 
Augusti.  anno  1524. 

(Inscriptio  :)  Guillelmo  Farello.  literis  et  virtulibus  oi'natiss[imo] 
in  Christo  fratri. 

^  Les  principes  que  défend  ici  Boussel  sont  ceux  que  professait  l'évêque 
Briçonnet,  lorsqu'il  invitait  Marguerite  d'AngouUme  a  ne  pas  soutenir  trop 
vivement  contre  Varchevêqm  de  Bourges  les  tentatives  d'évaugélisation  de 
Michel  cVArande.  Il  écrivait  à  cette  occasion  :  «  L'on  ne  doibt  attempter 
[1.  tenter]  de  polir  de  sa  teste  la  pierre  que  le  fer  ne  peult  escarrir,  et 
pour  néant  on  présente  bericles  \\.  besicles]  à  aveugles  ....  Von  peult  au- 
cune fois  s'esgarer  souhz  wnbre  du  zelle,  qui  doibt  estre  dressé  selon  le  troi- 
sicsmo  don  dusainct  Esperit,que  nous  appelons  don  do  science,  qui  est  super- 
naturelle  discrétion  h  moult  sçavoir  embridcr  nostre  zelle  ....  Tout  zcllc  do 
l'honneur  de  Dieu  doibt  cstre  pur,  et  plus  est  ardant,  plus  fault  craindre 
qu'il  n'y  ait  quelque  chose  meslée  du  propre.  »  (Lettre  du  24  fé^Tier  1523 
(1524,  nonv.  style).  Bibl.  Impériale.  Suppl.  franc,  n"  337,  fol.  291  b  et  292a.) 

'°  Velu,  c'est-h-ùire  Nicolas  Le  Sueur.  Voyez  sa  lettre  du  15  mai  adres- 
sée à  Farel  (N"  102). 

"  Roussel  faisait  déjà  la  même  demande  dans  sa  lettre  du  6  juillet. 
T.   I.  18 


27'i  GÉRARD  KOUSSEL  A  JEAN  «COF.AMPADE.  1524 


118 

GÉRARD  ROUSSEL  à  Jean  Œcolampade. 
De  Meaux,  24  août  1524. 

Aulograplie.  Arcliives  d'État  de  Zurich.  J.  C.  Fueslinus,  op.  cil. 
p.  18.  C.  SchmidL  op.  cit.  p.  180. 

SoMMAiiiK.  Le  lien  qui  nous  unit  en  Christ  m'autorise  à  négliger  avec  vous  les  foi- 
mules  de  la  politesse  et  à  puiser  dans  cette  source  d'édification  que  le  Seigneur  fait 
jaillir  de  votre  âme.  Vous  êtes  dans  l'erreur  quand  vous  me  rangez  au  nombre  de 
ceux  par  qui  le  pur  Évangile  est  prêché  et  propagé  en  France.  Cette  fonction  exige 
une  sagesse,  un  courage  que  l'Esprit  seul  peut  donner,  et  dont  la  possession  révèle  au 
monde  Un  vrais  évangélistes.  Aussi  ne  serais-je  nullement  en  état  de  provoquer  à. 
une  dispute  publique  les  docteurs  de  Paris,  comme  votre  lettre  m'engage  à  le  faire. 
Vous  savez  bien  qu'il  faut  ici  la  main  de  Dieu.  Œez  vous,  une  riche  moisson  évan- 
gélique  est  déjà  recueillie  parwne/owZe  d'intrépides  ouvriers.  En  France,  au  con- 
traire, où  la  moisson  est  abondante  aussi,  l'É^'angile  a  des  milliers  d'ennemis,  des  dé- 
fenseurs timides  et  en  petit  nombre,  des  évangélistes  qui  craignent  de  se  charger 
de  la  croix  de  Christ. 

Pour  être  digne  de  la  carrière  où  vous  me  pressez  d'entrer,  j'aurais  besoin  d'être 
enseigné,  affermi,  forti&é  :  revêtu  des  armes  chrétiennes  je  ne  craindi-ais  plus  les  mas- 
ques de  l'Antéchrist.  Au  milieu  des  orages  soulevés  par  les  progrès  de  l'Évangile,  le 
Chrétien  doit  attendre  l'impulsion  qui  vient  de  Dieu.  La  foi  gémit  sans  doute  en 
voyant  le  peuple  séduit  par  des  docteurs  qui  blasphèment  contre  la  Parole  :  on  vou- 
drait leur  résister  en  face,  mais  la  censure  des  li\Tes  rend  impossible  la  moindre  pro- 
testation. Que  pourrait  une  voix  isolée  contre  les  clameurs  des  évoques  et  des  uni- 
versités appuyées  sur  les  sympathies  populaires  et  sur  les  arrêts  du  Parlement? 
Votre  conseil  est  dicté,  je  le  crois,  par  l'Esprit  de  Dieu  ;  mais,  je  le  répète,  instrui- 
sez-moi et  surtout  priez  pour  moi  !  Enfin  veuillez  me  dire,  si  celte  demande  n'est 
pas  trop  indiscrète,  ce  que  vous  pensez  «li-  In  ilnitrini'  iIps  Piin's  sur  If  s  Limbosot 
de  l'état  des  enfants  morts  sans  baptémo 

Gcrardu.><  Hiilliis  Joaiiiii  (Hù'olaiiipadio  '  gratiani  et  pacem  a 
Dco  i)alre  cl  (^lirislo  Jcsii! 

Ci\ilil;is.  >n()  inoi'laliiuu  ocnlo.>^  i)eislriii,L;eii.^  fuco.  exposcere  vi- 
delialiir.  Œcolainiiadi  docti.s.sinie.  ut  apponsi.N  tue  prestantia'  litulis, 
ilem(|iic  uiL'a   pai\ilaln.  vol  in  lotuui  à  .'^i rilieudo  .supersederera. 

'  Voyez  le  N'  précédent,  notes  H  et  7. 


1524  GÉRARD  UOUSSKI.  A  JKAN  («COL.VMPADi:.  275 

vel  longa  iilerer  insinuatione.  SetI  ikui  liiiic  assonat  Spirilus.  qui 
nos  ex  pai-i  aggliilinal  in  Clirislo.  in  quo  imlla  sil  faciès,  iiuUus 
personariini  (leleclus,  niiUa  discrelio  se\iis  coiulilioiiisNe.  (|uu3  sibi 
presens  vila  periiiillit  in  exercilium.  Facil  Spii'ilus,  (|iii  asseril 
omnia  communia  per  Cliristiim.  qui  nos  in  ununi  corpus  conqtin- 
git,  Chrislo  capili  coherens.  ul  jiiic  exposlulem.  quoi!  (juoilipie. 
corporis  membrum  ab  altero.  Quin  etiani  iu  unioncm  Chvisti  as- 
sertm  per  Spiritum  ftilei,  audeo  et  dico,  me  omnium  rerum  domimim 
or  regem  libeirimum  in  omne  lempus.  in  omne  opus,  in  ouuiem 
crealuram.  in  omnem  locum,  in  omnem  personam  ac  modum. 

Quid  ihujue  subvereri  me  oporluit  coram  re  mea,  coram  eo 
qui  in  omnem  parlem  meus  est  ?  Immô  vero,  quô  excellentior  es, 
quôque  phuibus  prestas.  lioc  magis  adiré  te  debui  ac  requirere 
mea.  Egrè  ferunt  carnales  suis  ad  tempus  destitui  rébus,  vixferunl 
diutinam  bonorum  alisentiam:  et  non  inique  feret  in  Cliri.sto  rena- 
tus.  (juœ  donarit  Deus  abesse?  Quanquam  non  absunt  in  totum  tua 
à  nol)is  :  quod  lihri  per  te  in  lucem  emissi  conqilura  suggérant: 
sed  bu.iusmodi  sunt.  qmv,  perinde  abesi  utvoli  compotem  reddanl. 
plenius  excitent,  accendant.  ac  sitienfem  enali  in  te  fontis,  unde 
isti  prodierunt  insignes  rivuli,  relinquant-.  Adducor  liisce.  ut  ne- 
glecta  civilitate,  quœ  in  personas  et  faciès  incumbit,  ad  te  scribam, 
virum  multis  nominibus  eximium. 

Ad  bec  adcedunt  tuœ  literœ  ^,  nieras  spirilus  llammas  complec- 
tentes,  quibus  [me],  ex  candidis  amicorum  lestimoniis*,  tam  impeme 
œstimas,  nt  in  ordinem  eorum  asseras  qui  agant  Erangelii  precones, 
quique  possint  Evangelium.  dudum  hominum  traditionibus  et  ini- 
piis  commentationibus  obscuralum.  apud  nostros  promovere.  — 
cùm  niiiil  minus  in  me  sentiam  quàm  quod  ad  evajigelicum.  dis- 
pensatorem  et  minislrum  attinet.  Exigit  non  mediocreni  sapien- 
liam  istud  munus,  et  eam  quidem  quam  non  buniane  pariunt  scole. 
sed  quam  spirilus  Cbrisli  suo  adllalu  in  cor  inscril)at:  exigil  invic- 
tum  lidei  robur  adversus  bypocrisim  el  lictam  pielalem,  qua'  non 
ferl  sua  damnari.  adversus  slolidam  superslitionem,  ((Uicse  arbilre- 

-  Voyez  p.  233  et  234  le  jugement  que  lîoussel  porte  sur  Œcohimpade  et 
sur  ses  écrits. 

''  Lettre  perdue.  (Kcolampadc  avait  écrit  à  Roussel  pour  l'exciter  ù  l'ac- 
tion. Voj'cz  la  lettre  précédente,  note  3. 

•*  Allusion  à  Farel.  Voyez  la  lettre  précédente,  dans  laquelle  Roussel  lui 
dit  :  «  Periculum  iu  hoc  erat,  ne  habereris  niendax,  (pii  ex  culice  feceris 
elephantum.  » 


270  GÉRARD  ROUSSEL  A  JEAN  œCOLAMPADE.  152i 

lur  (sic)  obseqaium  prajstare  Deo,  adversus  apertam  impietatem 
et  totiiin  inferorum  regnum  à  dextris  et  à  sinistris.  Xiliil  hue  per- 
tinent rationis  ac  sensus  humani  argutia?,  quibus  eos  probat  mun- 
dus  quos  haberi  velit  doctores,  nihil  item  iiiimana  industria,  liii- 
inana  opéra,  denique  qiiicquid  o>t  humanariun  vii-iuni.  Spiritu-s 
\el  solus  desyderatur,  qui  fornacem  prestat.  accendit.  in  quaui  in- 
siliant  onini  ex  parte  mundi  procelle  ac  turbines  :  liac  probat  Spi- 
ritiis  quos  (Médit  siio  ministcrio  doctores  %  qute  pacem  sub  cruce, 
j-egnum  inler  confertissimas  hoslium  acies,  tranquillitatem  inter 
seviss[imas]  procellas,  in  morte  vilam.  in  inferno  (juietem,  et,  ut 
semel  dicam,  sub  onere  omnium  malorum  et  omnium  bonorum 
privatione,  omnium  bonorum  abundanliam  et  omnium  malorum 
privationem,  in  admirabili  osculo  peccati  et  juslitia?,  belli  et  pacis, 
mortis  et  vifie,  inferni  et  paradysi,  damnationis  et  salutis,  maledic- 
tionis  et  benedictionis,  poUicetur.  Et  ad  hoc  quis  idoneus?  Ne 
arroget  sibi  hoc,  quidquid  demum  est  muneris,  cui  mediocris  eru- 
dilio  et  miuor  fidei  virtus  conligerit! 

Scribis  tamen,  pro  zelo  in  Christum,  ut,  affixis  e  doctrina  Christi 
sentenliis.  adoriar  Parisinos  doctores  ".  quorum  calculis  adcedunt 
pnipe  innumeri,  unus  et  quidem  orbi  obscurus.  pbu'imis  et  iis 
<|uos  inler  primos  babet  mundus  obnitar  ceu  aeneus  murus!  Sed 
non  est  hoc,   ut  probe  nosti,  volentis  currentisre,  sed 'piittentis 
Dei.  Messem  quidem  apud  nos  multam  esse,  ut  non  ignoro.  ita  a 
(Ihristo  edoctus  sum.ne  quis  se  ingérât,  sed  exorandum  dominum 
messis,  ut  millal  operarios  in  messem  suam.  Quid.  si  tempus  evmi- 
f/elicœ  Hiessis,   pro  divina  electione  et  a  sumuui  iib»  justitiic  sole 
('lïuso  ardore,  apiul  ros  instrt.  non  rt/iiiii  npnd  nos?  Sane,  quod 
lot  nacii  sitis  operarios,  quod  lam  copiosa  fruges  in  Domini  lioi- 
reum  redcal.  et  hoc  ferme  in  momento  temporis.  nulhis  jirudens 
ascripseril  lu)minibus.  Nusquam  certius  appendi  polest  missus  esse 
à  Deo  servus,  cpuim  si  nihil  veritus  Inferi  portas,  inviclus  agat  Do- 
mini unmus,  copiosusque  inde  prodeal  fructus,  quod  in  vobis  lieri 
aiKho,  cuni  in  nobis  contra  eveniat.  Nam  cnm  halieaulur  quàiu 
pliiriuii  Evangelii  bosles.  pdiici  occurrnnt  qui  probe  acntiunt,  et  In 
(imninc  in  iinijith  dclite.srunt,  mit  si  quundo  purent,  frifjidius  ugunt 
qiinni  deretit.  de  sic  tenipenint  neqociuin.  ne  ferre  Christi  rrurom 

^  V.  lii  lettre  précédente,  où  il  iasiuuc  à  Farel  qu'il  pourrait  bien  s'être 
ingéré  dans  le  minist<''re,  sans  attendre  l'impulsion  de  l'Ksprit 

®  C'était  la  qu.itriènio  fois  que  Roussel  était  sollicité  à  défier  les  docteurs 
de  Sorbonnc.  Voyez  le  N"  précédent,  note  2. 


k 


t 


1524  GKRARD  UOUSSEL  A  JK.VN  ÛECOLAMPADE.  277 

adlijimtur  \  Neiiue  hec  adl'eio,  riuod  Jelrectem  provinciaiu,  (|uain 
meis  imposilam  hiiineris  coulendilis  vestris  exhortai ionibus,  sed 
quôd  cupiam  per  veslras  preces  à  Deo  vocante  crudiri,  lirmari, 
consolidaii.  Qiuy  ferenda  sunt  in  liac  exercenda  provincia  videor 
mihi  in  numeralo  liabere,  cum  integer  fermé  Senatus  à  parte  stet 
opposita  ^ 

Ceterùm  arma  ChrisUane  militic  potentia  per  Deum,  ad  demo- 
liendiun  quidqiiid  adversus  illum  munituni  fiierit,  ad  evertenda 
consilia  et  omnem  altiliidinem  erigentem  se  adversus  cognitionem 
Dei:  quce  si  semel,  per  veslras  orationes  ad  Deum,  inlieserint  mihi, 
non  est  ut  metunm  hominum  larvas,  Antichristi  refjmnn  cum  suis 
infulis  ac  scitolis,  qute,  pru  liumanis  tradilionil)Us,  quibus  se  aliis 
préférant,  magno  corani  Deo  merllo,  dense  digladiantur,  ac  novas 
semper  adinveniunt.  novas  sectas,  novos  cultus,  de  quibus  ne  tan- 
tillum  meniinit  Sci'iptura,  —  cum  intérim  non  videant  de  se,  hor- 
rendo  Dei  judicio.  proferri:   «  Dimisi  eos  secundùm  desideria  cor- 
dis  eorum,  ibuni  in  adinventionibus  suis.  »  In  tumuUibus  quibus 
iiodie  mundus  cooritur  adversus  profectum  Evangelii,  ut  non  opor- 
tet  animum  despondere,  ita  nec  quempiam  convenil  suis  fidere 
viribus,  sed  ab  ipsius  auxilio  toti  pendere  debemus,  cujus  opéra 
in  nuUis  periculis  defutura  est:  si  modo  non  desil  fiducia,  si  pre- 
cibus  ex  animo  fusis  imploremus  illius  opem,  lieri  nequil,  quin 
animis  luce  Spiritus  perfusis  adniodùm  displiceant  l)lasphemice 
quas  evomunt  qui  apud  nos  magni  haberi  volunt  et  vocari  Rabbi  '. 
dum  consueludini  et  humanis  decretis  patrocinantur  adversus  ver- 
bum  Dei.  Sed  (juid  si  nobis  dixerit  Gbristus  :    «  Sinite,  ceci  sunt  et 
duces  cecorum,  »  si  declinandi  pi-o  tempore,  ad  Cbristi  prescrip- 
tum,  ne  deterius  habeanl  "?    Doceri  nolunt,  ut  emendentur,  sed 
cum  sint  cecis  ceciores,  accepta  ferula.  alios  erudire  volunt,  ac  om- 
nium se  esse  censores  asserunt,  liomines  nimirum  impudentissimi. 
Ceterùm,  quôd  promiscuum  vulgus  horum  larvis  seducatur.  ac 

"  Deux  ans  plus  tard  Pierre  Toussain  se  plaignait  dans  les  termes  suivants 
du  peu  de  courage  de  Le  Fèvre  et  de  Roussel  ;  «  Fabrinn  sum  allocutus  et 
Bufiim;  sed  certe  Faher  nihil  habet  animi.  Deus  confirmet  eum  et  corro- 
boret!  Sint  sapientes,  quantum  velint  ;  expectent,  différant  et  dissimulent; 
nonpoterit  prcedicari  Evangclium  absquc  criicc!  »  (Y.  la  lettre  du  26  juillet 
1526.) 

*  Roussel  a  déjà  affirmé  plus  haut  (p.  234)  que  la  Sorbonne  pouvait  compter 
sur  l'appui  du  Parlement  tout  entier. 

^  Les  docteui's  de  Sorbonne. 


±78  GÉfL\RD  ROUSSEL  A  JELO»  OECOLvMPADE  J  o2-£ 

dimisso  fonte  aqu»  vivse  ablegeliir  in  cisternas  dissipa  tas.  qua?  ne- 
queant  aquas  continere,  maie  habet  Cliristianorum  lidem  justà  ac 
charitatem.  Hoc  ferre  non  potest  tides.  nec  dissimiilare  charitas. 
sed  urget.  ut  perinde  obsistatur  in  faciem,  ac  obstitit  Syuioni  Mago 
Aposlolus.  Porro  \iam  qua  ipsis  occurratur.  preclusisse  nobis. 
opinor.  sibi  belle  pei"suadet  astutus  démon:  nam  impn'menJis  opii^- 
rulis.  si  qiue  donarit  Deus  in  profectum  aliorum.  ntUlus  patet  ac- 
ce$sm.  ijuôd  publico  ediclo  Pan'sini  Senatus  '*  cautum  sit,  ne  libri 
evnlgentur  non  antea  per  doctores  et  senatorii  ordinis  viros  ex- 
cussi.  Dissertationes  nec  ipsi  recipiunl,  nisi  qiias  suis  san\ere  insti- 
tutis,  iisdemque  in  eminentiori  pulpito  présides  agenlibus.  ut  de- 
mum  multa  Spiritus  prudentia  opus  sit.  quà  astutia  demonis  eluda- 
tur.  Reclamabunt  episcopi,  reclamabunt  doctores,  redamabunt 
scholœ.  assentiente  populo,  occurret  Senalus.  Quid  faciet  homuncio 
ad  cerf  m  tôt  leones?  »  memorem  periculum  esse  apud  nostros 
qui  vanis  assueti  sunt  argutiis.  ne  doolrina  Christi  in  dispulationem 
adducta  periclitetur.  ut  olim.  Sed.  ut  cœpi  dicere.  non  scribo  ista 
qnôd  non  facile  in  vestram  descendam  sententiam.  quam.  arbitror, 
suggessit  Spiritus  quo  duce  agimini,  sed  cupio  per  ros  plenius  in- 
stnii.  hnmô  potins  per  Deiim,  ipem  milii  propilium  fieri  per  vestras 
preces  tam  desydero,  ut  qui  maxime. 

Ad  extremum.  nisi  subvererer  importunior  >ideri  et  curiosorum 
magis  alTectator  quàm  eorum  quae  edillcant,  postularem  tuum  de 
limbo  Patrum  judicium,  de  quo  nihil  memini  in  Scripturis  legisse. 
itemque  de  panuUs  citra  baplismi  gi'atiam  decedentibus.  quôd  au- 
diam  quendam  apud  vos  esse  qui  baptismum  ad  annos  discretionis 
differendum  scribal  ".  Boni  consules,  si  pluribus  apud  te  egerim 
quàm  oportuit.  ac  istud  donabis  amori  quo  in  te  afllcior.  Salutat 
te  in  Christo  noster  Fuher  •-.  qui  tibi  bene  vuU  ex  animo.  Bene 
vale.  Meldis.  Anno  Domini  1324.  die  Augusti  2i. 

(Inscriptio:)  Doctissimo  piissimoque  \iro  loanni  OEcolampadio 
in  Christo  fratri'\ 

'•  Voyez  le  N'  luj.  note  5. 

"  Nous  ne  sarons  s'il  veat  parler  de  Caristadt,  on  de  Thomas  Mûmer,  le 
chef  de  la  secte  des  Anabaptistes,  lequel  vint  en  Suisse  à  cette  époqae,  oa 
de  Conrad  Grebfl  de  Zorich,  le  pins  lettré  de  ses  partisans. 

■»  Lf  recrrdÈtn 

'*  .\u-dessous  de  i  juiv-;c  Œcolampade  a  écrit:  *  Ger.  RnflF.  » 


)t-i  JELO.'  VAUGRIS  A  FvREL.  A  MONTBÉLlARD.  279 


119 

JEAN  VAUGRIS  '  à  FîU'el .  à  Montbéliard. 
DeBâle,  29  août  1524. 

Inédite.  Autographe.  Biljl.  des  pasteurs  de  Neuchàtel. 

.>>:>iiîiAiRE.  Lirraison  d'argent  an  chevalier  Coet.  Eawoi  de  deux  ouvrages  de  Fard 
rèrtmmiut  imprimés.  Projet  de  poblier  à  Bàle  une  tradvdion  française  du  X  T. 

Guiliome.  mon  bon  frère  et  amis,  la  grase  et  paix  de  Diu  soy 
en  vous  ! 

J*ay  resu  vous  lettre?,  [dans^  lesquelles  létres  vous  fêtes  mension 
que  on  déli\Te  d'argent  à  Monsieur  le  chevalier  ^,  le  quel  je  lui  ay 
fet  deli^Tés  10  escus  par  les  mein  de  mon  oncle  Conrat  ^  Item  j*ay 
fet  relier  vous  li[v]rfô,  car  tout  incontinant  que  on  les  at  aporté, 
j'ay  fet  leis[s]er  toutes  autres  choses,  pour  fères  les  wautres.  Item 
je  vous  [les]  envoyé  et  les  ay  baillé  au  chevalier  avèque  200  Pater* 
et  oO  E])istolŒ  %  mes  je  ne  say  coman  vous  les  voilés  1.  voulez] 
\  anih'e  aut  fére  vandre.  Je  vandon  la  piesse  des  Pater  4  deniers 
de  Basle  à  menu  *,.  mes  en  gross,  je  les  vandon,  les  200,  tlor.  2, 
^ce]  qui  ne  se  monte  pas  tan  :  et  les  Epistolœ,  deniers  6,  qni  se 
monte  les  30  ,"à]  flor.  1,  mes  en  gross  je  les  ballie  pour  sous  13. 
Mes  ballié-Ies  à  quéque  mersié,  aflin  qui  préne  apitit  de  vandre 
des  lires,  et  il  se  ferai  de  peu  en  peu  et  parellement  il  ganierat 
qu]é]que  chose. 

'  Vovez  le  N'  109,  note  9. 

^  Le  chevalier  Anémond  de  Coct. 

^  Conrad  Resch.  Voyez  la  lettre  de  Coct  datée  de  Bàle,  le  2  septembre 
1524,  et  l'apostille  de  Farel,  à  la  snite  de  cette  lettre. 

*  C'était  «  l'Exposition  familière  de  l'Oraison  Dominicale  et  des  articles 
da  Credo  >  de  Farel,  dont  l'impression  venait  d'être  achevée.  Voyez  la 
Lettre  de  Farel  aux  Lecteurs.  X'^  107.  note  1. 

^  Que  faut-il  entendre  par  ces  Epistolœ  dont  Coct  parle  aussi  dans  la 
lettre  suivante,  note  4?  C'était  probablement  Ton  des  écrits  que  Farel 
composa  à  cette  époque  contre  Érasme.  (Voyez  plus  loin  la  lettre  de  Toussain 
du  2  septembre  et  les  lettres  d'Érasme  du  6  septembre  et  du  27  octobre  1524.) 

^  Vente  au  détail. 


i8U  A.NÉMOND  DE  COCT  A  FAREL,  A  MO.NTBÉLIARD.  1  524 

liera  je  vous  prie,  sil  il  esloy  posihie  que  on  fît  translaté  le  No- 
n'aiix  Testament ,  selon  la  translation  de  M.  L.  ',  à  quéque  home 
(|iii  le  sût  buen  fére,  que  se  seroy  un  gran  bien  pour  le  pais  de 
Frun.s.s  et  Burfjoiu'  et  Savoie  ^  etc.  El  se  il  fesoy  beson  [l.  besoin] 
de  aporté  une  létre  fransoyse  %  je  la  feroy  aporté  de  Paris  ou  de 
Lion^°,  et  >i  nous  en  avon  à  Balle  (jui  fût  bone,  tan  miex 
vaudroy  ". 

Item  je  paît  aujurdui  de  Bassie  pour  aller  à  Franch/fort^'-.  A 
liasle,  le  29  de  Augusto  1524. 

Jo.  Valgris. 

(Suscription:)  A  Guiliome  Farel  soy  doné  la  présanle. 


120 

ANÉMOND  DE  COCT  à  Farel,  à  Montbéliard. 
De  Bâle,  2  septembre  (1524). 

Inédite.  Autographe.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

Sommaire.  Restez  insensible  aux  moqueries  d'Érasme,  vous  souvenant  toujours  de  la 
patience  de  Christ  et  cliercliant  en  Dieu  votre  force.  ]Valte7iscAnee  vous  envoie  200 
exemplaires  de  l'Oi-aison  Dominicale  et  50  Êjjiires.  Conrad  Resch  m'a  prêté  une 
partie  de  l'argent  que  vous  aviez  déposé  chez  lui.  Le  vieillard  n'a  pas  voulu  laisser 

'  Martin  Luther,  dout  la  traduction  allemande  du  Nouveau  Testament 
avait  paru  on  septembre  1522. 

•*  L'oi)iuiuu  qu'exprime  ici  Jean  Vaugris  prouve  que  le  Nouveau  Testa- 
ment de  Le  Fèvre  était  peu  connu  liors  de  France.  Farel  s'était  plaint  à 
Le  Fèvre  de  la  diffusion  trop  restreinte  de  cet  ouvrage  (V.  le  N"  103  au  com- 
mencement). 

'•'  Des  caractères  typographiques  français. 

'"  Il  y  avait  dans  ces  deux  villes  des  libraires  bùlois. 

'  '  La  traduction  française  du  Nouveau  Testament  de  Le  Fèvre  fut  réim- 
primée à  Hile,  l'année  suivante.  Sur  le  dernier  feuillet  de  cette  rare  édition 
ou  voit  un  W  avi'c  les  lettres  I  et  S,  le  tout  surmonté  d'une  double  croix  et 
de  la  devise:  «Durum  paticutia  frango.  »  (liruuet,  op.  cit.  5'  édit.  t.  V, 
colonne  748.)  Nous  croyons  que  ces  lettres  sont  les  initiales  de  «  Ichau 
Wattenschnee,  >  l'oncle  de  Vaugris. 

'*  Vaugris  se  rendait  à  Francfort  pour  la  foire  annuelle  qui  se  tenait 
dans  cette  ville  du  7  au  22  septembre. 


1  524  ANÉMONU  DE  GOCT  A  FAREL,  A  iMONTBÉLIARD.  281 

imprimer  les  Antechrists.  Une  lettre  de  votre  frère  m'annonce  que  Sébiville  est  à 
son  tour  victime  de  l'irritation  quis'étaitd'abord  tournée  contre  il/a  i</re<  et  contre  moi. 
Michel  Bentin  voudrait  fonder  à  Bdle,  avec  mon  concours,  une  imprimerie  où  nous 
publierions  les  livres  que  j'aurais  traduits  en  français.  Pensez-vous  qu'en  France  ou 
soit  disposé  à  soutenir  notre  entreprise?  Pour  moi  je  suis  décidé  à  me  consacrer  tout 
entier  à  l'avancement  du  règne  de  Dieu.  Ourion  consent  enfin  à  hnimiuei  l'ouvrage 
[de  Luther]  dirigé  contre  l'Épiscopat.  Je  vous  envoie  des  livres  et  la  Lettre  du  duc 
Ulric  que  j'ai  traduite  en  français.  —  Apostille  de  Farel  du  24  mars  1546,  relative 
à  la  somme  qui  lui  est  due  par  les  héritiers  d'Anémond  de  Ccct. 

Gulielmo  Farello  Anneiimmlus  Guctus.  Pacem  el  augmenUim 
fidei  in  Gliristo  ! 

Binas  a  te  epistolas  adcepi  in  (juibiis  (itucdain  de  Ep[ac7fxw] 
PoT£po(î[a|u.w].  Qua}so,  ne  his  angaris  culicum  aculeolis  ',  siquidem 
graviora  multo  passas  est  Christus,  corona  gloriœ  nosti'ce,  ([ui. 
quum  cruciaretur,  non  maledicebat  aut  comniinabalur.  Quid 
multa  ?  Ego  tibi  persuadere  conor  quaj  scio  me  piu'slare  non 
posse.  Cupio  enim  te,  qui  veluti  signum  sagillariis  pluribus  ex- 
positiis  es,  esse  sine  nevo,  nedum  sine  macula.  Eia,  ergo  confor- 
tare  et  esto  robustus  in  Domino,  qui  benedicat  semini  tuo.  Amen  ! 

Curavi  Vatenschne-  ul  tibi  CC**  Orationes^  mitteret  cum  dO  Epis- 
tolïs  *  :  omnia  in  vase  tuo  invenies,  precium  quotpie  in  Conradi  * 
ad  te  epistola,  a  (juo  et  decem  coronatos  ex  tuis  adcepi  "  dalo  illi 
mec  c[h]irograpbo.  Sane  Antichristos'  noluit  Seiiex"  excudi,  at 
alio  tempore  poterunl.  Adcepi  ante  boram  a  fnitre  tuo  ^  epistolam 
quam  bîc  nulli  manifestavi.  Conjicen'  potes  ut  post  Macrctuiii  "^  et 

'  Il  est  probable  qu'Érasme  ménageait  aussi  peu  Farel  dans  ses  con- 
versations que  dans  ses  lettres  (Voyez  celles  du  6  septembre  et  du  27  oc- 
tobre 1524). 

-  Voyez  le  K"  109,  note  9. 

5  Voyez  le  N"  119,  note  4. 

*  Voyez  le  X°  119,  note  5. 

5  Conrad  Resch,  le  libraire. 

^  Voyez  l'apostille  de  Farel  à  la  tin  de  la  présente  lettre. 

'  Ce  mot  figurait  probablement  sur  le  titre  de  l'un  des  pamphlets  com- 
posés à  cette  époque  par  Farel.  Voyez  la  lettre  d'Érasme  du  G  septembre 
et  celle  du  27  octobre  1524,  notes  13  et  14. 

^  Veut-il  parler  de  Besch  ou  de  Waitotschnee? 

^  Farel  avait  quati*e  frères  :  Daniel,  Claude,  Gauchier  et  Jean-Jacques. 
C'est  probablement  avec  Daniel  que  le  chevalier  Coct  était  en  correspondance. 

^^  Aimé  Maigret,  qui  avait  prêché  l'Évangile  à  Lyon  et  à  Grenoble.  (V. 
le  N'  103,  note  62,  et  la  lettre  du  23  janvier  1525.)  Ce  qu'Auémond  de 
Coct  dit  de  lui-même  est  expliqué  dans  le  passage  suivant  d'une  lettre  que 


282  ANÉMOND  DE  COCT  A  FAREL.  A  MOMBÉLIARD.  1  524 

me  in  Sehirillnm  '•  e.carserint  ;  at  hœc  relicencia  arbitrer,  lerrentiir 
eniiii  iiiliniii.  In  ilies  expecto  a  nostris '-  literas  per  Joannem 
iiiriiiii.  Deus  det  dexlrœ  sua;  suppetias  '^  !  Amen. 

Scribif  ad  te  Hierouimm  '^  :  itidem  pollicitus  est  Petrus  Tossanus 
(acere  '^  Frater  communis  Michaël  Bentinus  '«  ad  te  scribit.  Cae- 
tei-um.  nieiis  signatis,  illi  in  mentem  aliud  venit  consilium,  quod, 
si  prubas.  mm  improbo.  Yult  enim  non  a  tôt  bominiim  niitu  pen- 
flere,  ((iiodipie  taie  sit  ne,u:ociiira  in  (|uo  ipse  multum  pra'stare 
possit.  Co.LHtabat  Tipo^irapliiam  adoriri,  me  in  vertendis  .frallicè 
libris  comité.  Ego,  ut  verum  fatear,  animo  ad  eam  rem  ita  sum 
propenso.  ut  quod  maxime  velim  id  etiam  me  posse  conlidam. 
Opto  enim  GalUam  evangelicis  vohnnlnihm  abundave,  siquidem  illa 
sunt  quœ  de  Iesu  testimonium  perbibent.  PraMerea.  quum  Ynmjris 
LiujtJunum  ibit,  scribam  ad  fnitres,  ut  pecuniae  ali(iuid  ad  me  mit- 
lant.  Qitidquid  swii.  luibeo,  cro,  habehoie,  ad  Dei  gloriam  insumere 
iiwaa  est.  Tu  Judicium  tuum  super  bis  nobis  scribito. 

Pra;terea,  si  nolùs  subscribas,  hoc  etiam  addito,  scilicet,  si  nobis 
facultates  usque  adeô  tenues  sint.  ut  non  commode  prela  multa 
erigere  possimus.  an  censés  inveniri  posse  Lin/duni,  Mrldœ,  aut 
alibi  in  Galliis.  qui  nos  ad  btec  juvare  vebnt.  Tu  enim  multa  vi- 
deris  impeirare  posse.  polissimùm  Gr?///6-Verborum  Dei  silientibus. 
Vidi  ciiiiii  (|u;e  Slaiitilrmis  aliique  ad  te  scripserint  ^\  Heri  cum 
J//V//a('76'"  simul  persuasi  0//Vo///'''.  ut  l/hrum  ddrersns  fal.  no. 
rpi.  or.    [1.  adversus  falsô  nominaliim  episcopoi'um  ordinem  -<>] 

Myconins  lui  adressait  en  février  ou  en  mars  1525  :  <  Qicàmproh'e  in  patria 
tua  egem  Evangelii  caitsam,  t'iliid  probat  abundè  quod  imle  ab  Antichristi 
expithiis  es  ministris.  » 

"  Voyez  la  lettre  du  13  décembre  1523. 

Le  chevalier  parle  sans  doute  ici  des  évangéliques  du  Dauphiné . 
A  cette  époque  l'œuvre  d'évangélisation  commencée  dans  le  Dauphiné 
était  violemment  persécutée.  V.  la  lettre  de  Sébiville  du  28  décembre  1524. 

'*  Persouiiajfc  inconnu. 

'"  Voyez  la  lettre  suivante,  écrite  par  Toussain  le  même  jour. 

'"  Voyez  le  N»  103,  note  37. 

"  Voyez  les  lettres  de  Nicolas  Le  Sueur,  de  Le  Fèvre  et  de  Roussel 
(N"  102,  lO.S  et  104). 


12 
13 


'"  Bentin. 


'"   Vuk-ntin  Curion,  imprimeur  à  IJàle. 

*"  Ouvrage  de  Lutiu-r  publié  a  Wittemberg,  1523,  in-4''.  (Panzer.  An- 
nales, IX,  8t.)  I/édition  allemande  avait  paru  en  1522,  sous  le  titre  sui- 
vant :  €  \VidiT  den  lalsch  genanton  geistlichen  stand  desz  13apsts  und  der 
Hischoffcn.  >  S.  I.  ^Wittemberg),  in-4^ 


1524  ANÉMOND  Dlî  COCT  A  FARKL,  A  MONTBI'LIAUD.  283 

exciulat.  Tu  si  aliciiios  pro  Miiiij)t'l(j(inl[ensibu!i]  et  Burfjnnd[is]  vis, 
scribito  MichniHi;  spero  enim  iiiillo  (|uingentos  excudendos.  cum 
adnotalionilius  liëbraïcis.  Milh»  tihi  lilirum  de  instituendis  mùiistris 
ecclesiœ  "S  ciini  lil)ro  de  mstituendis  pueris  ",  ligalo  et  ligando. 
Salul<il  te  Pelliai nus -^,  ciii  dedi  negocium  compescendi  susi)icio- 
nem  viri  illius  Jamun  referentis-*.  Qiia.'SO  ne  cuiiiuain  liiuc  prae- 
scripta  aperias.  Mihi  nenipo  jucnndum  erit,  si  faveal  ('lirisliis,  in 
ejus  negocio  cum  Miriniëlc  laborare.  Dominus  cuni  spirilii  luo! 
Amen. 

Salutat  te  liospes  meus.  Mitto  tibi  Pasquilhon  cum  Mmforio  ^% 
inter  libellos  meos  qui  forte  latebant,  sed  et  abus  duos  codices, 
nigrum  et  rubeum,  tibi  notos.  Vale  in  Domino,  et  saluta  verbis 
meis  christianissimum  equitem  nostrum  Nicolauiii  ^^  Basileae, 
2.  Seplembris. 

FiUus  tuus  humilii^  in  Cbrislo 
Annemundus  Coctus. 

(P.  S.)  Verti  in  gaUicum  sermonem  Epistolam  ad  Bfsuntinenses 
lllustriss.  Pnmipis"\  magna  cum  festinatione.  Proinde  si  quid- 
piamin  ea  errali  deprebenderis,  emendato.  Scribas  mibi  gaUicè,  ut 
omnia  secretiora  sini,  pneter  superscriptionem,  ut  sciri  possil  cui 
reddenda  sit.  et  OEcolampadio  mittito.  Dominus  tecum  ! 

(Imcriptio:)  Guliebno  Farello  apud  Montpelgard  EvangeUi  mi- 
nistre, suc  in  Cbristo  majori. 

■-•  Ouvrage  de  Luther.   Voyez  le  N"  103,  note  34. 

-*  C'est  peut-être  l'ouvrage  de  Zwingli  cité  N"  98,  note  9,  ou  celui  d'É- 
rasme qui  a  pour  titre:  «  De  ratione  studiorum  et  instituendi  Liberos.  » 

-''  Voyez  le  N"  103,  notes  2  et  42. 

-*  «  L'homme  au  double  visage  »  est  évidemment  Érasme. 

"  Le  livre  dont  parle  Coct  est  intitulé  comme  suit  :  «  Pasquillus  Marranus 
exul,  Lectori  salutem.  Vidisti  srepiuscule,  lector,  labores  nostros  quibus  hac- 
tenus  contra  corruptos  nostri  ajvi  mores  sudavimus.  Nunc  cognosce  quid  in 
novos  illos  Theologistas  adulatores  ausi  fuimus.  Quidvc,  Marforio  nostro 
auspice,  obtinuerimus  à  Pontifice  Ro.[mano]  versa  pagella,  quœ  sunt,  osten- 
det.  Lege  et  probabis.  »  On  lit  au  verso  :  «  Contenta.  Epistola  Pasquilli  Ro- 
mani ad  Marforium  Romauum.  Responsio  Marforii  Romani  ad  Pasq.[uil- 
lum.]  Supplicatio  non  minus  lepida  quam  nccossaria  ojusdem  Pasquilli  ad 
S.  D.  X.  papam.  Decretum  Pap;u  super  ^^upplicatione  Pasq.  Epistola  Publii 
Maironis  ad  Alvcldianum  Franciscum  Romanistam.  »  Le  lieu  d'impression 
et  l'année  ne  sont  pas  indiqués.   Cet  ouvrage  se  compose  de  10  ff.  in-8«. 

*'■  Le  chevalier  Nicolas  d'Esch. 

«"  Voyez  le  NMIG. 


284  ,.,ERRET0USSA1N  AFAUEL,  A  MONTBÉLIARD.  1521 

(Au  dessous  de  l'adresse  ou  lit  l'apostille  suivante,  écrite  par  Farel  :) 

.  Lilerœ  Cocti  quibus  scribit  se  accepisse  10.  V.  [1.  coronatos.] 
Detli  auleni  illi  mutiiô  non  lantum  deceni,  verùm  (luinquaginta.  et 
circiter  quinque  dum  euro  ut  Laurentio  Cocto  -■*  mors  AnnernowU 
testetur  fs/cj  juridicè  ^erSchalf'iisimws''.  lia  fil  ut  debeantur  quin- 
quafrinla  quinque  coronali.  Reiepit  omnia  se  soUiluruni  Lanren- 
lim;  al  nihil  liaclenus  fecil.  Admoneatur  officii,  ut  pauperibussuc- 
cnrri  possit  e\  bar  pecunia.  (luihiis  sacrain  esse  volo  ex  bac  die, 

24  .Marlii  1540. 

Farellus. 

E.v  Coimido   licsch  Basiliensi  doceri  potei'it,  pecuniam   banc 

datam  fuisse;  nain  is  pêne  tolam  dédit  mutuô  ex  mea  quaui  apu<i 

se  babelial.  • 


121 


PIERRE  TOUSSAIN  '  à  Farel,  à  Moutbéliard. 
De  Lâle,  2  septembre  1524. 

In(:'dite.  Autograpbe.  Bibliotbèque  des  pasteurs  de  Neucbâtel. 

Sommaire.  Bien  loin  de  vous  oublier,  je  prie  Dieu  chaque  jour  de  bénir  voire  minis- 
tère. Vous  faites  preuve  d'une  sincère  et  prévoyante  amitié  en  m'e.\liortant  â  persé- 
vérer dans  Tétude  des  saintes  lettres.  Mes  relations  avec  certains  hommes  plus  sou- 
cieux de  leur  propre  gloire  que  de  la  gloire  de  Clirist  et  les  sollicitations  qu'on  m'a- 
dresse de  divers  côtés,  pour  me  détourner  de  l'ÉvamjUc,  rendaient  vos  conseils  très- 
opporluns.  J'ai  cru  cependant  devoir  faire  une  concession  à  ma  pauvre  mère  :  j';ii 
quitte  la  maison  à'G'colawpndc  pour  aller  vivre  chez  un  prêtre  qui  ne  partage  pus 
mes  convictions.  Erasme,  que  j'ai  visité  une  seule  fois  depuis  votre  départ,  ma  fait 
appeler  chez  lui.  Ses  sentiments  envers  vous  sont  toujours  les  mêmes.  11  po.'îsôde  le 
récit  que  vous  avez  rédigé  de  votre  commune  entrentc  et  se  plaint  de  ce  que  vous 
préparez  un  nouveau  livre  contre  lui.  Il  a  revu  du  pape  une  lettre  flatteuse,  et  il  a 
adre.s8é  au  Dataire  pontifical  une  réponse  qui  révèle  clairement  le  caractère  de 

'^  I/iiii  (les  frères  du  chevalier  Anénmnd  de  Coct.  dont  l'on  trouvera  plus 
loin  deux  lettres  adre.ssées  à  Farel. 

•»  Voyez  la  lettre  du  11  février  1527,  écrite  à  Farel  par  Jeau  de  Steiii- 
wort. 

'  Vovez  io  N"  109.  note  1. 


1524  PIERRE  TOUSS.VIN  A  FAREL.  A  AIONTBKLIAllb.  285 

riiomme.   Ne  vous  enorgueillissez  pas,  mais  soyez  un  dispensateur  fidèle;  édifiez  sur 
le  fondement  solide. 

Cariss.  frater,  spiritus  Domini  sit  teciim  ! 

Annemundus  Coctiis  noster,  serius  quàm  vellem,  significavit  mihi 
se  habere  ad  te  nuncium.  quare  paucis  te  obtundaiii.  Nec  est  ut 
meamicorum  oblivionis  insimules.  quôd  tiiis  lUeris-  hactenus  non 
responderini,  qufe  mihi  tam  grattC  fiierunt  (juàm  debent  bene  cu- 
pienti  pra^'canlique  neiiotio  Cbristi.  Et  teslis  est  niilii  IJeiis.  quàm 
sollicité  te  tuosque  conalus  Chrisfo  quolidianis  precibus  commen- 
davi.  Et  tihi  gratins  haheo,  mi  frater,  quôd  me  non  minus  amicè 
quam  prudenter  horteris,  ne  cujus  consilio  terroreve  à  sacrarum 
literarum  lectione  direllar  :  quod  est  sane  non  solùm  amicum  prsR- 
stare  amicissimum,  sed  etiam  strenuum  et  oculatum  imperatorem, 
qui  iis  etiam  animum  facias,  in  acie  versans,  quos  vel  hostium  im- 
petu  perculsos,  vel  ad  bellum  minus  idoneos  arbitreris.  Quod  te 
scio  facere  studiosius.  quôd  non  ignores  vel  cum  iis  aliquid  esse 
mihi  consueludinis  qui  malint  sibi,  sua3que  gloriœ,  quàm  novo  (ut 
vocant)  Evangelio  consultum^  vel  me  indies  divexari  legendis 
amicorum  literis,  qui  me  magno  studio,  vel  potius  stulto  quodam 
zelo,  ab  instituto  remorari  nituntur,  et  ita  sane  ut,  ad  se  revocare 
conantes,  ferè  me  compulerint,  vel  bine  Tiguntin  migrare,  vel 
ViUemhergam  \ne  non  esset  eis  mecum  justa  expostulandi  occasio. 
Sed  video  magis  quid  condiicat,  quàm  quid  liceat. 

Nescio  an  legeris  aliàs  epistolas  cujusdam  mihi  sanguinis  vin- 
culo  juncti.  hominis,  ne  quod  verum  est  dissimulem,  de  me  bene 
meriti  simul  et  antehac  nominis  mei  amantissimi.  cœterùm  nunc 
me  capitali  odio  prosequentis  ^  Is  literis  me  semel  atque  iterum 
admonuerat,  ut  bine  migrarem  Lutetiam,  vel  si  liberet  aliô,  tantùm 
ne  quid  esset  mihi  cum  Lutheranis  commercii  ;  et  quoniam  se  ma- 
joris  apud  me  loci  existimabat,  quàm  ut  jussis  suis  refragarer,  mi- 
rum  est,  quàm  iniquo  animo  tulerit  sibi  non  obtemperatum,  quan- 
tumquemibi  invidicC  consiliarit  (sic)  apudmeos,  —  adeô  utnefanda 
de  me  qiuudam  ?;?a?r/persuaserit,  viduœpaupercuUe  et  jam  capulo 
proxiniii'.  Nosli  miilierum  ingénia.  HiTc  statim  persuasa  literas  ad 

■^  Lettre  perdue. 

''  Allusion  à  Érasme.  Voyez  la  note  7. 

*  Toussain  fit  plus  tard  un  séjour  assez  prolongé  à  Zurich  ;  il  visita  en- 
suite les  principales  villes  protestantes  de  l'Allemagne,  entre  autres  Nurem- 
berg, Wittemberg  et  Strasbourg. 

■"•  Il  parle  très-probablement  ici  de  son  oncle  Nicolas  Toiissain  (V.p.  252). 


28()  l'IEHHE  TOtSSAIN   A  FAREL.  A    MONTBÉLIARD.  1  524 

me  (Jedit  plenas  laclirymis,  quilms  maledicit  et  uberil)us  qutje  me 
lactarunt.  et  genibus  qua'  me  exceperuiit.  Cum  videremus  Imnc  mor- 
buin  iiidies  raagis  atque  magis  recnidescere,  liaud  absque  magna 
stiidiorum  meorum  jactura.  visum  est  OEcohntijiadio  consultum,  si 
forte  cuustieiitiis  infirmis  boc  pacto  mederi  possel.  ut  a  sesecede- 
rem".  parlim  ut  sludiorum  meorum  tranquilUtati  consulam,  partim 
ne  eos  a  me  in  lotum  alienam  [1.  alienemj  quibus  aliquid  esse  de- 
ferendum  non  ignoras,  attjue  adeô  in  rébus  baudqiiaquam  àd 
Cbristianisnnnn  necessariis,  et  quos  sperem  aliquando.  adjuvante 
Domino,  ad  Cbristum  reduci  posse.  Itaque  obtemperavi,  licet  in- 
vitiis.  pra'C('i/tor(s  con>iYu),  utorque  donio  cujusdam  sacriliculi.  el 
iniriim  est  tjuàm  maie  conveniamus,  etiaui  inter  pocula:  nam  alio- 
qui  nibil  estmibi  commercii  cum  boniine,  et  magna  trancpiillitate 
Legi  Dei  advigib).  Faxit  Cbrislus  ne  in  vanum  omnino  laborem! 

Enisnu'  flo)ito  uti  potu/ssent  '.  si  me  non  indignum  judlcassem  qui 
tanti  bominis  consuetudine  fruerer.  Is  aUàs  me  accersivit,  nam  à 
tuo  bine  abitii  semel  tantùm  inviseram  bominem.  idque  duce 
(JEcolumpndio.  Tibi  furet  ut  nostt^.  Diulof/uiii  tuinn  hdhe[  nnitufp 
ronfiiliiiliit/oii/.s  rcstrœ^.  et  conqueritur,  te  puvturive  nescio  qid'l 
libelli  ndrevsna  .sr '".  Literas  accepit  à  Poutifice^K  e[  Erasmo  et 

'■  Do  ce  passage  on  peut  inférer  que  pendant  les  premiers  temps  de  son 
séjour  à  Bâie  ïoussain  logeait  chez  Œcolampade. 

"  Erasme  avait  ordinairement  chez  lui  comme  pensionnaires  quelques 
jeunes  gens  instruits  et  de  honne  famille,  et  nous  savons  qu'il  témoignait  à 
Tousmin  une  hienveillance  particulière,  comme  lo  prouve  ce  passage  d'une 
lettre  (piil  lui  donna,  le  2  octobre  lï)2'j,i^our  G  uiUainnc  Utidc  :  «  Ilic  Pctriix 
Tossanns  juvenis  est  honesto  loco  natus,  indole  felici  et  ingenio  perquam  li- 
berali,  sununa-que  spei.  Ardet  amore  Grsecanicarum  hterarum.. .  Scio  tihi 
juvenis  ingcniuni  oj)pido  placiturum  ...  »    (P>asnii  Epp.  Le  Clerc,  p.  891.  i 

''  .\ppréciation  ironique.  Voyez  plus  loin  les  lettres  d'Érasme  du  6  sep- 
tembre et  du  27  octobre. 

"  Il  veut  parler  du  récit  que  Farel  avait  rédigé  de  son  entretien  avec 
Érasme  et  qu'il  avait  envoyé  à  ses  amis  de  Constance.  Voyez  les  N"  12^ 
et  120. 

'"  Voyez  le  .N»  12G,  note  13. 

'  '  Kn  dédiant  h  Clément  VII  sa  Paraphrase  sur  les  Actes  des  Apôtres. 
Erasme  lui  avait  annoncé,  le  13  février  1524,  qu'il  publierait  prochaine- 
ment contre  LuOier  un  livre  intitulé  :  «  De  îibero  arhitrio.  »  (Erasmi  Epji. 
Le  Clerc,  p.  78-1.)  Nous  voyons  par  sa  lettre  du  2  septembre  suivant,  adres- 
sée au  cardinal  d'York,  qu'il  fut  très-satisfait  de  la  réponse  du  Pape  : 
«  [Summus  l'ontifex],  misso  diplomate  humanissimo,  atque  etiam  ducentis 
florcniâ  aureis,  egit  gralias  pro  inscriptione  ^c/r/n/?».  »  (Le  Clerc,  p.  810.) 


1524  l'IEllUK  TorSSAIN   A  FARF.L.  A   MONTBÉLlAKl).  287 

Pontifice  (lignas,  plenas  niuiierum  et  Ijenevolentia'.  Rescripsit  Da- 
tnrio^-.  ila  iil  ingeniiim  hoininis  agnosceres,  et  venim  esse  quod 
Pauliis  ail  :  «  Qui.  cum  se  crederent  sapientes.  stulti  facti  sunl.  •• 
Item:  «  Elegisse  Deum  stuKa  luijiis  miiiidi.  iil  pndofaceret  sa- 
pientes. » 

De  te  liabeo  gratias  Deo.quôd  per  te  dilecliim  Filiuni  suum  reve- 
latum  voliierit  ;  sed  ne  efTeraris  animo.  imô  timeas.  et  (Ideleui  agas 
dispensatorem,  nec  solùm  earum  rerum  doceas  contemptum  quae 
pariim  liabenl  nionienti  ad  Christuni,  sed  ita  magis  cedifices.  ut 
possil  opiis  tuum  quamcumque  procellarum  injuriam  conteninere. 
In  sumnia  tijji  omnia  felicia  precor.  Tu  fac  me  precibus  Christo 
commendes,  quem  velim  intelligas.  teste  Domino,  nibil  aliud  op- 
taio  in  liac  lachrimarum  valle,  quàm  ut  Cbristi  regnum  quàm  la- 
tissime  pateat.  ut  omnes  uno  ore  gloriticent  Deum  per  Jesum  Chri- 
stum.  Dominum  nostrum,  qui  sit  cum  spiritu  tuo,  ut  ministerium 
tuum  acceptum  sit  sanctis!  Amen.  Desiderius^^  et  Bonifacius^*  te 
salutaiil.  Yale.  Basilee.  ij  Septembris  1524. 

Servus  et  frater  tu  us 

P.  TOSSANUS. 

(Inscriptio  :)  Guilielmo  Farello.  concionatori  Montispelicardi. 
fratri  et  amico  in  Christo. 

'-  Jean  Mattliieu  G-ïbert,  évêqne  de  Vérone  et  dataire  de  Clément  Vil. 
Érasme  lui  écrivait  le  2  septembre  1524  :  «  Mitto  WheWnm  Belibero  arbitrio... 
Xon  me  fugit,  quantum  tempestatum  excitarim  in  caput  meum.  Sed  certum 
est  omnia  persequi  potius  quàm  dare  nomen  huic  conjwationi,  in  qua  video 
multos  taies,  ut  nec  Lutherus  eos  ferat.  Repererunt  novura  dogma,  ut  ob- 
sistentes  Evangelio  (sic  enim  illi  loquuntur)  furiosis  ac  mendaeibus  Ubelîis, 
absque  tituïis  uut  falsifi  titidis,  obruant.  Habent  suos  quosdam  tjijograplios, 
habent  distractores  huic  negotio  devotos.  Jam  aliquot  taies  libelli  provolarunt 
in  caput  meum;  exspecto  quotidie  plures.  Admouui  tamen  Senatum Argen- 
tinensem  et  Basiliemem,  ut  horum  sceleratam  audaciam  coerceant.   Uterquc 

promisit  se  digna.   Minus  illorum  sicas  metuo  quàm  libcllos deviens 

in  diplomate  suo  pollicetur  auimum,  quem  nunc  babct,  constantem  :  ego 
vicissim  polliceor  quicquid  officii  prœstare  potest  addictissimus  lilius  optimè 
merito  patri.  »  (Le  Clerc,  p.  811-812.)  —  Il  est  singulier  que  cette  lettre, 
datée  du  même  jour  que  celle  de  Toussain,  soit  parvenue  à  sa  connaissance 
et  qu'il  ait  cru  pouvoir  en  communiquer  le  contenu  à  Farci,  sans  commettre 
une  indiscrétion. 

''  Voyez  le  N"  109,  note  11. 

"»  Boniface  Woljhard,  qm  était  revenu  de  Montbéliard  à  Bâlo. 


288  ÉRASMR  DE  ROTTERDAM  A  THÉODORIC  HESIUS.  1524 


122 

ÉRASME  DE  ROTTERDAM  à  Tliéodoric  Hesius. 
DeBâle,  2  septembre  1524. 

Erasmi  Epistolae.  Éd.  Le  Clerc,  p.  809. 

•SoMM.^iRE.  Progrès  du  LvÀhéranisme  dans  les  pays  voisins  de  la  Suisse.   Les  AlU- 
mands  sont  dépassés  par  certains  Français. 

Erasmus  Rot.  Theodorico  Hezio,  S.  D.  N.  Adriani  dudum  Secre- 
tario. 

....  Favor  Lutheri  in  dies  lalius  serpit.  Jam  GnUi  quidam  ma- 
gis  insaniiint  quàm  uUi  Germani.  Onines  liabcnt  in  ore  qiiinque 
verba  :  "  Evangebiim.  verbiim  Dei.  fidem,  Christnm  et  Spiritum.  » 
El  lainon  hic  taies  video  multos,  iil  non  duliilem  quin  agantur 
s[iiritu  Satana'.  Ftinam  hictumultus  a  Lw///yyo  excitatus,  veluti  vio- 
lentiim  iiliarmacnni.  adferat  nobis  aliquid  bonîc  sanilalis! 


LE  MÊME  à  l'évêque  de  Rocliester. 
De  Bâle,  4  septembre  1524. 

Ihidoni.  p.  81o. 

....  niiiiiii  \ideo  (iiKirimdani  nialilin.^os  niorc^.  (|ni  nun(|iiain 
non  cn'iianl  noiiion  Evangelii.  pra-sagil  aninnis  infoliceni  et  criien- 
tnin  exitinn.  Faclio  rresrit  in  dii'.s  hitiii.^.  prnjuu/ntu  in  Sdhandinm  '. 
Lnlhovinijinni^.  Fvnnriitm  atqnc  etinm  Mcdiolunnni.  Tiininlluatur  cl 
linrf/inidid  nnhis  jtro.cinta  ''  per  PIniHirnni  *  (inendam  Gallum.  qui.  è 

'  Voyez  la  lettre  du  17  février  1526.  Par  le  mot  de  Savoie  on  ne  désignait 
pas  sculeniont  le  dnchi'"  de  re  nom,  mais  encore  Genève  et  le  Pays  de  Vaud. 

*  Voyez  le  N"  112  ,  note  G. 
'  Le  comté  de  Montbéliard. 

*  Ginllatimi'  Farci. 


1324  KRASME  DE  UOTTEHUAM  A  l'UlLIf'l'E  MÉLA.NCimiON.  1289 

Gallia  profugus,  hue  se  contulit,  homo  rabula,  ellreni  tum  lingua. 
lum  calamo^  Cessit  liinc.  nec  opinor  reditiiriim,  sic  rem  gessil. 
Ita  f|uonflam  soient  Evangelii  pni'cones. 


125 


ÉRASME  DE  ROTTERDAM  à  Ph.  Mélanchtlioii,  aWittemberg. 
DeBâle,  6  septembre  1524. 

Erasmi  Epistolœ.  Éd.  Le  Clerc,  p.  818  el  819. 

•Sommaire.    Griefs  d'Érasme  contre  Fare!    et  quelques  autres   membres    du    parti 

évangélique. 

....  Nescio  qualis  sit  vestra  Ecclesia;  certe  hsec  taies  liabet 
ut  verear  ne  subverfant  omnia,  et  liùc  adigant  Principes  utvi  colier- 
ceant  simul  etbonos  et  malos...  An  ideo  depellimus  dominos,  ponti- 
fices  et  episcopos,  ut  feramus  immifiores  tyrannos,  scabiosos  Otliil- 
lones^  et  Plwilicos  rabiosos?  Nam  huncnuper  nobismisit  Gullia... 
Cum  PItallico-  fuitmilii  congressiuncula  perbrevis  \  Ejus  historiam 
scripsit  cuidam  ConstantiemiK  Exemplum  clam  ad  me  perla  lum 
est.  Nihil  vidi  vanius,  nibil  gloriosius,  nihil  virulentius.  Sunt  il)i 
interdum  decem  versus  in  quibus  ne  syllaba  quidem  vera  est. 

Idem  edidit  lihclhun  de  ParisiensUms  et  Pontifice-'.  Quantum  illic 
inlicetiarum.  quantum  ineptœ  virulentiœ.  (piàm  multi  nominatim 
traducti.  et  tamen  ipse  solus  non  apponit  nomen  suum!  Idem,  ut 
audio.  auxit  stolidum  Àlberi  Judicimn^,  quod  nondum  videre  licuil. 

*  Nous  avons  vu  plus  haut  (N»  99)  que  le  secrétaire  d'Érasme  n'avait  pas 
de  Farel  la  même  opinion  que  son  maitre. 

'  Il  veut  parler  iVOthon  Brunfcls.  Voyez  le  N"  103,  notes  29  et  30. 
"  C'est  le  nom  dont  Érasme  se  sert  ordinairement  pour  désigner  Farel. 
^  Cette  discussion,  dont  parle  déjà  Toussain,  N°  121,  est  racontée  en 
détail  dans  la  lettre  d'Érasme  du  27  octobre  suivant. 

*  C'est  prol^ablemcnt  à  Amhroise  BJaarer,  l'un  des  pasteurs  évangéliques 
de  Constance,  que  Farel  avait  adressé  la  relation  de  son  entrevue  avec 
Érasme. 

^  Voyez  le  N"  103,  notes  24  et  25. 

"  «  hulicium  Erasmi  Alberi  de  Spongia  Erasmi  Roterod.  adcoque  quatenus 

T.   I.  19 


290  Kll\-MK  DK  nOïTKRDAM  A  PHILIPPE  MÉL  VNCHTHON.  1524 

Visi  suul  Comtantiœ  et  alii  duo  lihelli  quos  in  me  scripsiV.  Et  proti- 
telur  novum  Uogma.  sic  traducendos  qui  obsistunt  Evangeliu, 
iiiter  quos  me  numerat,  et  Bahiam  passim  appellat  '  ([uôd  Ailiimim 
l'outifL'X  invitant  me  ut  mitterem  consilium.  Misi  parlem.  sed  dis- 
plicuit  •.  (Jbtulit  decanatum.  simpliciter  recusavi  :  voluit  mittere 
pecuniam.  rescripsi  ne  iiiilterel  obolum.  ^ic  ^mn  BidiKUina.  Et  qui 
taies  sunt  postulant  ut.  contemplis  omnibus  doctoribus,  lidamus 
ipsorum  spiritui.  (piuui  intérim  ipsi  inter  se  non  consentiant. 

Qui  possiui  mihi  persuadere  illos  agi  spii'itu  Cbristi,  quorum 
mores  tantùui  discrepanl  à  doctrina  Clu'isfi?  Olim  Evangelium  ex 
ferocibus  i-eddebat  mites,  ex  rapacibus  benignos,  ex  turbulentis  pa- 
cificos.  e\  maledicis  benedicos.  Hi  leddunlur  furiosi,  rapiunl  per 
fraudem  aliéna,  concitaut  ubiijue  lumullus.  maie  dicunt  etiam  df 
bene  merentibus.  Novos  liypocritas.  novos  tyrannos  \ideo,  ac  ne 
micamquidem  Evangelici  spiritus.  SiLiithero  esseni  addiclissimus. 
magis  etiam  istos  odissem  quàm  nunc  odi.  ob  Evangelium  (|uod 
suis  moribus  reddunt  invidiosum.  ob  bonas  literas  quas  exlin- 
guunt  '".... 

illiconveuiat  cum  M.  Lutlieri  doctriua.  Epistola  Erasrai  Roterod.  ad  Fabruni 
Const.[autiensem]  Vicarium.  Epistola  M.  Lutlieri  ad  amicum  piissima,  de 
fucata  Erasnii  Spongia,  deque  Christi  uegocio  syuccrius  tractando.  *  Cet 
opuscule  coinineuce  aiusi  :  «  Suo  Theodorico  conciouatori  Phraucophordiano 
Eras.  Alberus  Frater,  nou  Lutlierauus,  sed  eius  quem  docct  Lutliems  dis- 
cipulus  ex  animo,  S.  D.  »  Il  se  compose  de  8  feuillets  iu-S",  y  compris  le 
titre  ;  il  est  sans  date  ni  lieu  d'impression,  mais  il  a  dû  être  imprimé  à  Stras- 
liourg,  chez  Jean  Schott,  au  printemps  de  l'aunée  1524,  peu  de  temps  après 
le  livre  de  Bninfels  cité  dans  le  N"  103,  note  30. 

'  Ces  deux  pamphlets  sont  au  nombre  des  ouvrages  de  Farel  dont  il  ne 
reste  aucune  trace. 

^  «  Api)ellarat  me  Balaam  ;  hac  de  causa  cum  illo  [se.  FarcUo]  exspostu- 
lanti  niliil  certi  respondit,  sed  sic  olapsus  est,  ut  diceret  negotiatorem  quen- 
dam  Diqiletitm  [scil.  Antonium  à  HletoJ  hoc  dixisse  :  is  enim  jam  abierat,  et 
fieri  potest  ut  dixerit,  sed  a.  PhareUo  doctus.  »  (Erasmi  ep.  ad  fratres  Ger- 
maniîp  inferioris.   Ed.  Lond.  p.  2128.) 

'  .Vdrieu  VF  écrivait  à  Érasme  le  23  janvier  1523  :  «Te  in  Domino  hor- 
tamur  —  ut  quantum  tibi  Doniinus  donaverit,  nobis  inodum  ac  ratiuuera 
aperire  satagas,  quibus  tetrum  hoc  malum.  dum  adluic  medicabile  est,  de 
medio  nationis  nostrœ  auferri  valeat  .  .  .  Celeritate  propter  commune  peri- 
culum,  secrète  verô  propter  tuum,  . . .  opus  est.  »  (Le  Clerc,  p.  744.  La 
réponse  d'Erasme  au  pape  se  trouve  p   745 — 748.) 

'"  Glarratins  exprimait  des  sentiments  semblables  dans  une  lettre  adre>- 
8ée  de  Hiilc  à  Myconim,  le  4  septembre  1524  :  <  De  bonis  lilcm  promovcn- 
dù  tutc  ipse  rectè  scribis  et  Lutftfni.-<  nobùscum  sentit,  sed  homines  imperiti 


I 


1521  JACtjUES  [paUVAN]   a  (iUIl.LAlME  FAREL.  A  HALE.  291 


124 

JACQUES  [PAUVAN*]  à  Guillaume  Farel,  ù  Baie. 
(De  Meaux),  5  octobre  (1524). 

Inédile.  Autograplie.  Bibl.  Publique  de  Genève.  Vol.  n»  112. 

SoMM.\iRE.  Le  JFèvre,  Roussel  et  moi  nous  sommes  affliges  de  voire  long  silence. 
Pressé  par  le  temps  je  me  borne  à  vous  assurer  de  l'état  prospère  de  tous  les  Chrt- 
tiens  qui  sont  ici.  CaroH  préclie  avec  un  courage  toujours  plus  grand,  au  milieu 
des  ennemis  de  la  croix  de  Christ.  Eoitssel  vous  demande  s'il  pourrait  faire  impri- 
mer à  Bâle  vu  commentaire  sur  l'Épitrc  mtx  Romains.  Lui  et  Le  Fèvrc  vous  font 
saluer  ainsi  (\\\Œcolampade,  Huywald,  Zinngli  et  tous  les  tidèles  de  votre  connais- 
sance. Je  suis  maintenant  ministre  de  la  parole  de  Dieu.  —  (Note  de  Farel  sur  la 
constance  que  déplova  Paiivan  pendant  son  martyre). 

Gratia  et  pax  à  Deo  pâtre  per  lesum  Christum  omnibus  in  Evan- 
gelii  minislerio  laborantibus!  Amen. 

Ecquid  valeas.  mi  Farelle,  supramoduin  scire  desidero.  dcside- 
ratque  IVafer  noster  Jncobns  Fnber  -,  et  maxime  M.  Gemrdns  ^  vir 
ille  non  lingua.  non  \ eibo,  sed  opère  et  veritate  Gliristianu.>^,  [U'op- 
terea  quod  tam  diuturnum  nol)is  facia.s  .■^ilentium.  U  utinam.  mi  ca- 
rissime  IVater.  sepiu.s  scirem  tuam  et  omnium  frairum  ipii  apud 
vossunt  valetudinem!  Qiiid  enim.  queso,  Jucuiidiu.-^.  quiilve  opta- 
bilius  esse  potest  fralribus  inter  se  in  Gbristo  amanlibus.  qiiàm  cre- 
iierrimè.  de  omnibus  qufe  circa  fidem  et  proximi  edilicationem  ta- 
ciunt,  scribere  el  audire?  Velim  sanè  ut  jani  mibi  plus  teniporis 
foret,  quô  te  possem  omnia  quiu  apud  nos  liunt  de  omnibus  coni- 

nunc  utique  obstreimnt ....  Hoc  uniim  scio,  a  nemine  mine  et  Uterns  et 
Evamjclium  magis  impcdiri.  quàni  ab  iis  qui  utriinique  dévorasse  vidori  vo- 
luiit.  Ailoo  mine  occulta  Soiihistiea  oritur.  ut  illa  altéra  ludus  prœ  illa  judi- 
cari  queat.  Nec  taraeu  licet  conqueri.  Nam  nolHc  tangcre  Christos  ineos, 
vêtus  olim,  uuuc  nova  illis  cantilena  est.  »  (Collection  Siniler  à  Zurich.) 

'  Jacques  Pauvan  (en  htin  Jacohu^  Pacano-'^),  natif  de  Picardie.  «Jeune 
homme,  mais  letré  et  de  grande  syncéritO,  »  il  «  avoit  aussi  esté  attiré  à 
Meaux  par  l'Évesque.»  (I3èze.  Hist.  ecclés.  I,  6.) 

-  Le  Fèvre  d'Étaples. 

"'  Roussel. 


2tl2  JACQUES  [pAUVAN]  A  GUILLAUME  FAIIEL,  A  BALE.  1524 

iiitMiiorare.  Veiïim  ne  licet  ((iiidem.  ob  regressum  nuncii  plus  satis 
rf[)eiiliniim.   Intérim  lamen  lioc  unum  île  rébus  nostris  accipe. 

Oiiiiic.s  nuotquot  hic  Hunt  CInistidni*  recte  valent.  Yerùm  M.  N. 
C(irolt(!i\h-d[L'V  noster  in  Cliristo  cliarissinius. /^nm«/A- agens,  pre- 
dicat  aamlnè;  et.  licet  sil  in  medio  nalionis  pravye  ac  tortuosae,  inter 
cornutos,  ut  dixerim,  ïlieologos,  non  ob  id  ex  verbo  Dei  succum- 
bit.  propterea  quod  in  ipso  potentior  sitquàm  omnes  inimici  crutis 
Cbrisli.  (pii  sunt  omnes  inepti  M.[ti(iistrf]  nostri.  qui  tamen  (gratia 
Dei)  nec  valent,  nec  pos>unt  ei  quicdquam  (sic)  nocere^  (Jua- 
propter  ipse  magis  ac  magis  sese  animât  et  durât  in  verbo  Cbrisli. 
Det  Uominus  Deus.  ni  liic  cl  in  omnibus  nmndi  [tartibus  verbum 
Evangelii  regnare  possit!  Amen. 

Ceterùm,  mi  Farelle,  M.  Gemrdtis  le  diligenler  salutant  (sic)  ; 
rogat  ni  illi  proximè  scribas  an  posset  typograpbis  qui  apud  vos 

*  Pauvan  avait  d'abord  écrit  :  «  quotquot  hic  nosti  thristiaui.  » 

^  Pierre  Caroli.  Voyez  le  N"  103,  notes  56  et  57. 

^  Depuis  la  rétractation  qu'il  avait  faite  vers  le  commencement  de  juillet 
(V.  le  N"  104,  p.  235),  Caroli  avait  continué  ses  prédications  dans  l'église 
de  St. -Paul,  ù  Paris.  Le  5  août  suivant,  il  fut  cité  à  paraitre  devant  la 
Sorbonnc,  pour  rendre  compte  de  «  cette  nouvelle  manière  de  prêcher,  » 
qui  suljstituait  au  prône  accoutumé  une  lecture  du  Nouveau  Testament  en 
langue  vulgaire,  accompagnée  d'exphcations  anti-catholiques.  Le  docteur 
en  tliéologie  connaissait  les  formes  de  la  procédure  universitaire;  il  usa  si 
bien  des  appels  et  des  récusations,  que  son  procès  dura  plus  d'une  année. 

On  lit  dans  le  registre  des  arrêts  de  la  Sorbonne  à  la  date  du  1"  oc- 
tobre 1524  :  «  Querimoniam  fecerunt  quidam  ex  Magistris  de  pra'fato  Caroli j 
dicentes  quôd  maie  adificarct  populum  ;  nam  et  doctoribus  et  baccalariis  in- 
discrète dotralu'bat,  et,  ut  diccbant.  scandalisabat  auditorium ...»  Et  plus 
loin:  «  Die  . . .  sablnito,  octaco  ejusdom  nicnsis  OcYo^r/s, sedentc  Facultate,  et 
rcpetitis  pra'scriptis  querinioniis,  auditaque  lectura  articulorum  de  secundis 
Responsionibus  dicti  Caroli  excerptorum,  quoniam  maie  videbantur  sonarc, 
cuni  propter  luec  requisivisset  Syndicus,  judicio  Facultatis  eidcni  Caroli  in- 
hib<:ii<li(m,  ne  uHcrius  prcudicartt,  prasortim  in  Diacc^i  l'aribievsi,  uhi  cu- 
rani  non  habet,  sed  yratis  se  ingcrii,  ut  dicitur,  àfaciione  Lutherutioruni 
condiictus, .  .. .  diilinitum  est,  quôd  moueretur  abstinere  à  pradicatiouibus, 
quousque  aliter  esset  deterniinatuni  ;  aliàs  procederet  Facultas  contra  eum, 
ut  jiiris  ossct. . .  »  Cet  arrêt  lui  fut  signitié  le  lendemain,  à  l'issue  de  sa  pré- 
dication dans  l'église  de  St.-Gcrvais.  Une  trois!» mu  admonestation,  que  la 
Faculté  lui  adressa  le  11  octobre,  ne  l'cmpécha  pas  de  remonter  en  chaire 
le  28  du  même  mois.  (Voyez  <  Errores  Magistri  nostri  Caroli,  et  Processus 
et  Privalio  cjusdem,  »  dans  le  manuscrit  de  la  Pibl.  Impériale  qui  est  in- 
tilui»;  :  €  Liber  secundus  registri  Determinationum  Facultatis  Theologiie 
ScholiJ!  Parisiensis,  ab  anuo  1524,  et  duraus  usque  ad  aunum  1531.  »  Ma- 
nuscrits latins,  n"  3381.  li,  folios  25—40.) 


1524  JACQUES  [paUVAN]  a  GUILLAUME  FAREL,  A  BALE.  293 

deguiil  iniltere  commentai- la  (iiiedaui  ///  efiisl.  ml I{o.\maaos\  excu- 
denda.  Nam  et  ipse  in  legendo  haiic  Pauli  e[tislolani  assiduus  est  '', 
<\m  profecto  liac  in  re  quàin  lidelis  sil  Ctnisli  niinister  facile  dig- 
noscitur.  Tu  ergo  super  liis  verbis  per  illius  nuncii  rediluni 
scribes. 

Excusalum  habeas,  precor,  Dominuni  Fabrum,  fratrem  nostrum 
in  Ghristo  obsequiosissimum,  qui  reverà  detentus  aliquo  duniino 
scribere  non  valuit;  ille  ideo  jussit,  ul  suo  noaiine  te  et  omnes 
Christianos  his  in  literis  salutareni.  Optât,  mi  Farelie,  noster  ille 
Faher,  ut  ad  nos  (fuàm  brevissiine  [pote]ris  scribas  an  Biblia  à 
M.[artin6\  L\_uthei-o]  sint  castigala  et  in  luceni  [edijia  '.  His  bene 
vale  in  Cln-isto. 

[Rogan]t  te  M.  ,/.  Faber  el  M.  Gcnifiltis.  ut  diligenlissinie  saintes 
[evangejlicos  vii'os  onines,  OEcolanipadium  ini[)riniis,  Hugahlum., 
Zinij/lmm  et  [Pelucaiiiijm  et  celeros  quos  nosti  fidèles.  Vale.  v"  die 
octobris  (lo24). 

Jagobus  tuus  Iraler  in  Ghristo  cbarissimus. 

(P.  S.)  Si  queras  quid  faciam,  minister  sum  in  verbo  Dei  minime 
idoneus  ^ 

(Imcviptio  :)  Ornatissimo  viro  M.  Guilei-mo  Farello.  apud  OEco- 
lampadium  agenti,  Basilee  '°. 

(On  lit  au-dessous  celte  note  ancienne  ;  »  Parant,  »  à  côté  de 
laquelle  Farel  a  écrit  les  lignes  suivantes  :  «  Jacobus  Pavan,  qui 
«  tandem  pro  evangelio  conslanlissiine  igneni  pertulit".  De  quo  di- 

'  Voyez  le  N°  104,  note  28.  ^ 

®  Pauvan  se  méprenait  sans  doute  sur  la  nature  du  ti'avail  entrepris  par 
Luther.  Sa  traduction  allemande  du  N.  T.  avait  paru  eu  septembre  1522. 
Celle  de  l'A.  T.  ne  fut  publiée  qu'eu  partie  pendant  les  années  1523  et 
1524. 

^  Il  paraît  que  Fauvan  fut  d'abord  instituteur  à  Meaux ,  car  c'est  bien 
de  lui  que  veut  parler  Crespin,  quand  il  fait  mention  du  martyre  «d'un  jeune 
régent  qu'on  nommoit  vulgairement  M.  Jcuiucs.  »   (Op.  cit.  fol.  168  b.) 

'"  Pauvan  ignorait  que  depuis  près  de  trois  mois  Farel  avait  quitté  Bâie. 

"  «  Estant  emprisonné  [il]  fut  tellement  persuadé  par  Martial  [Mazurier], 
qu'il  feit  amande  honorable  le  lendemain  de  Noël  [1524].  De  quoy  se  re- 
pentant puis  après  avec  grans  regrets  et  souspirs,  il  fut  rempoigné,  et  comme 
relaps  bruslé  vif  à  Paris  eu  la  place  de  Grève,  l'an  1525,  avec  une  singulière 
constance.  »  (Bèze.  Hist.  ecclés.  I,  6.  Voyez  aussi  Crespin,  op.  cit.  livre  II, 
fol.  92  b,  et  Bezae  Icônes.  —  Le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  (p.  291) 
parle  d'un  «  jeune  filz,  escalier  bénéficié,  nou  aiant  encore  ses  ordres  de 
prestrise,  nommé  maistre. .  . . ,  natif  de  Théronne  eu  Piciu-die,  »  qui  tit  ab- 


29i  ANTOINE  PAI'ILION  A  /NVlMil.I.  A  ZLRICH.  1524 

.  cebat  à  Cornihm  :  Satins  fuisset  datam  fuisse  et  insiimptam  my- 
•  riadf'iii  pliisqiiam  sexcentum  myriadum  qiiàm  palani  mortuura; 
.  nain  à  morte  ejiis  tôt  adliteserunt  ejus  sententici*,  ut  avelli  non 
«  possint  '^  ») 


125 

ANTOINE  PAPILION  '  à  Zwiugli,  à  Zurich. 
De  Lyon,  7  octobre  1524. 

Autographe.  Archives  de  Zurich.  Zuinglii  0pp.  VII,  358. 

.Sommaire.  Votre  lettre  ({W Antoine  Du  Blet  m'a  remise,  à  son  retour  de  Zurich,  m'a 
fait  connaître  l'heureux:  c?iangement  opéré  dans  les  mœurs  des  Zurirois  par  la  pré- 
dication de  l'Évanjiile,  et  qui  forme  un  si  frappant  conlra,ste  avec  l'état  reliyieux  de 
la  France.  Avec  ce  grand  nombre  d'universités,  de  mona,stères,  d'églises  et  d'ima- 
ges, avec  nos  superstitions  de  tout  genre,  nous  n'en  demeurons  pas  moins  exclus  du 
royaume  de  Dieu.  Les  satellites  de  l'idole  romaine  en  Fravice  sont  si  puissants  et  si 
nisés,  que  le  rétablissement  de  l'Évangile  au  milieu  de  nous  ne  peut  plus  être 
l'affaire  des  hommes.  Le  nombre  des  croyants  grandit  néanmoins  chaque  jour;  ils 
saisissent  toutes  les  occasions  de  propager  l'incendie.  Le  Boi,  doué  d'un  jugement 
très-sain,  mais  accablé  d'affaires,  se  plie  aux  circonstances,  et  il  cède  parfois  à  la  ty- 
rannie de  Béhémoth  [la  cour  de  Rome].  Si  j'avais  quelque  influence  sur  ses  décisions. 

juration  de  ses  erreurs  anti-catholiques,  la  veille  de  Xoel  1525,  et  qui  périt 
sur  le  bi'icherà  Paris,  «le  mardi  28'  d'aoust  1526.  >  Ce  martyr  ne  serait-il 
point  Jacqueft  Pauvan?  En  tout  cas  Bèze  et  Crespin  se  trompent  quand  ils 
placent  l'abjuration  de  Pauvan  au  26  décembre  1524  et  son  martyre  en  1525, 
puisqu'on  lit  à  la  fin  des  articles  dressés  contre  Pauvan  et  Satmicr  par  la 
Sorbonne:  «.\cta  fuerunt  hœc  in  nostra  congrepatioue  super  hoc  specialitcr 
convocata  in  collegio  Sorbona",  anno  Domini  miUesimo  quimjcniesimo  vice- 
simo  quinto,  die  vcrô  tionâ  mensis  Bcccmhm.»  (Voy.  Gerdesius.  Hist.  Refor- 
inationis,  t.  IV.  Pièces  justificatives,  p.  47.) 

'-  Ces  mûmes  paroles  de  Pierre  (ormi,  théologien  de  Paiis,  furent  citées 
par  Farel  dans  la  dispute  de  Lausanne  :  «  Nous  n'avons  garde  de  parler 
comme  ce  Raby  qui  disoit  *  qu'il  voudroit  avoir  coûté  à  l'Église  un  million 
«  d'or,  et  que  l'on  n'eiH  jamais  laissé  parler  Jaques  Pavant  devant  le 
«  peuple.  »  Votre  foi,  ajoutait  Farel,  est-elle  si  bien  fondée  qu'un  jeune 
fils,  qui  («more  n'avoit  point  de  barbe,  vous  ait  fait  tant  de  dommage,  sans 
avoir  tant  étudié  neveu,  sans  avoir  aucun  degré,  et  vous  étiez  tant?» 
(Ruchat,  op.  cit.  IV.  318.) 

'   Voyez  sur  Papillon  la  lettre  de  Sébiville  du  28  décembre  suivant. 


1524  ANTOINE  PAPILIO.N  A  ZWINGU.  A  ZURICH.  295 

il  prendrait  Jésus-Christ  ponr  seul  guide  et  affronterait  les  abîmes  de  la  mer,  sans 
s'inquiéter  de  Pharaon.  J'espère  que  le  Seigneur  achèvera  l'œuvre  qu'il  a  commencée 
en  lui,  car  sa  mère  est  animée  d'excellents  sentiments,  et  sa  saur,  la  duchesse 
d'Alerçon,  ne  vit  que  pour  Dieu. 

Saluez  léon,  Myconius  et  l'église  de  Zurich.  Michel  d'Arande,  Dampierre,  Sévin, 
Matthieu,  le  président  d'Orléans  et  Pierre  Ami  vous  saluent.  Bu  Met  et  moi  nous 
vous  conseillons  de  dédier  à  la  reine-mère  le  livre  que  vous  avez  promis  d'écrire  sur 
la  Ivraie  et  la  fausse  religion. 

.lESUS  CHRISTIS. 

Gratia  et  pax  a  Deo  pâtre  et  Domino  nostro  Jesu  Christo! 

Antonius  Duhletus  -,  vir  utrique  nostrum,  immô  piis  omnibus  in 
Ctiristo  conjunctissimus,  à  vobis  rediens  *  tuas  mihi  Utérus  reddidit*, 
plenas  pii  verè(|ue  chri.'^tiani  alTectus,  simiilqiie  nobis  aperuit, 
quantum  per  te  Sanctum  Evangelium  snum  Dominus  promoverit. 
Quam  ut  in  te,  optime  Zuingli,  gratiam  sua  miseratione  Deus  per 
Christum  confirmet  indiesque  augeat.  quàm  eni\i.^sime  obsecra- 
mus.  Equitlem  dicere  non  possum.  (juanto  gaudio.  quantaque 
consolatione  exultaverit  liquefactaque  sit  anima  nostra,  dum  acci- 
pimus.  principein  Hehetiorum  pagum.  Tifjurinos  tuos,  bellis  cœdi- 
busque  natos.  ferasque  potins  quàm  bomines.  conjunctam  linnc  sce- 
leratissimœ  crudelitati  scehratiorem  aairitkuti  ad  sijncerum  Evan- 
gelii  verbmu  semel  exuisse  '\  bonaque  fide  (eo  praesertim  tempore 
quo  ex  funesta  bac  exercitatione  uberrimus  quœstus  rediret)  Christo 
Domino,  verse  pacis  autori.  sacramentum  dixisse.  Verè  potens  est 
Deus  ex  lapidibus  islis  suscitare  filios  ipsi  Abrabœ.  Hocque  unum 
imprimis  mirabile  in  ocubs  nostris  per  Yerbum  suum  Dominus 
effecit.  Quamquam  quid  mirabile  esse  potest,  immensam  illam  bo- 
nitatem  reputanti,  prœter  ipsum  mirabibum  etîectorem  Dominum? 
Ceterùm.  ilbid  impletum  nos  videmus  ut  primi  sint  qui  erant  no- 
vissimi:  ita  in  nobis  ludente  •^tultamque  faciente  prudentiam  bomi- 

-  Voyez  le  N"  98,  note  3. 

^  V.  le  N"  101,  note  1. 

*  Cette  lettre  de  Zwingli  à  Papillon  est  perdue. 

3  Depuis  son  arrivée  à  Zurich  (27  décembre  1518\  Zwingli  n'avait  né- 
gligé aucune  occasion  de  s'élever  contre  le  service  militaire  des  Suisses  à 
l'étranger  et  contre  les  pensions  que  l'empereur  et  le  roi  de  France  distri- 
buaient alors  à  quelques  magistrats  des  États  confédérés.  Sa  persévérance 
fut  couronnée  de  succès  :  le  conseil  de  Zurich,  appuyé  par  tous  ses  ressor- 
tissants, déclara  en  1521  qu'il  était  résolu  à  renoncer  aux  pensions  des 
princes  et  aux  alliances  étrangères.  (V.  J.-J.  Hottinger.  Ulrich  Zwingli  et 
son  époque,  p.  67  et  83-87.) 


^1H;  ANTOINE  P.VI'ILION  A   ZNVINGM.  A  ZURICH.  1  524 

nuin  iJeo.  apud  quein  quod  liominibus  sanctuni  excelsumque  est, 
ahominatio  detestatioque  habetur. 

Minore  uegocio  Iikhhiii.  qiiainlibet  inqiiinatas  fralernoque  san- 
guine stillantes,  nianiis  Verbuni  Domini  quod  omnia  purificat 
emundavit ,  facilim  in  efferntos  hellis  anùnos,  gladio  utrinque  in- 
cidenle  peneti-abilior,  vivus  sermo  Dei  tnijecit,  quàm  in  uostroruin 
civiles  mores,  ceremoniis  ritibusque  superstitiosis  speciosam  ritam, 
irrumpere  potuerit.  Yœb.  vîeb  jusUtiis  nostris  impiceque  pietati  nos- 
Irie!  Ciini  tola  nosira  dœmoniaca  prudenlia,  cum  su|)ei'sfliltiosa 
religione,  toi  cœnobiis,  lot  scolis,  toi  leniplis^  siniiilacris,  rilibus, 
jcjiiiiiis,  votis,  obduramus  in  iniquitatlbus  nostris,  Deumque  exa- 
cerbanius  :  quique  nos  Abrabic  lllios  existiinabanuis  et  gloriabamur. 
videinus  ab  oriente  et  occidente  congregari,  qui  cum  Abrabam  et 
Isaac  accumbant.  nos  autem  excludi  foras.  Quodquevebementissime 
dolendum  est,  tanta  liypocriticœ  liujus  jiisticiœ  ris,  tam  crassum 
speciosumque  tectorium  est,ut  nostrorum  oculi  latenteni  siib  liis  iin- 
puritiitem  pervidere  non  possint.  Tarn  multos  pru^terea  Romanense 
illiul  iilolnm  satellites  omnis  generis  sibi  apud  nos  comparavit,  ul 
nusipiam  aut  plures,  aut  potentiores.  aut  versuliores.  Quos  tametsi 
Deus  contriturus  sit  cum  iUoruni  principe  Anlicbristo,  plurinium 
tamen  Gbristo,  ex  ^Egypto  redeunli,  negocii  exbibent.  eôque  rem 
adduxere.  ut  (qua,'  summa  certissimaque  Cin-istiano  spes  est)  nibil 
bac  in  re  ab  liomine  (juoquam  expeclari  possit.  Intérim  niliHo  se- 
cixs  suœ  Domino  reli/juiœ  sulrœ  sunt,  imliesque  credentium  nummis 
niifp'tur,  (jui  pro  se  (piisque.  quoad  licet.  Cbristi  negocium  prumo- 
venl.  in  omnesque  occasiones  inlenti,  qudfenestni  aperitnr,  sacrum 
hoc  incendium  vibrant,  quàmque  possunt  latissime  spargunt. 

Quod  ml  Hcfjem  spectat.  excellenti  «luidem  non  minus  ille  judicio 
est  quàm  forfuna*.  Vermii  ml  iiunc  est  rerum  status)  multituiUne 
negocioniiii  ul»ruitui':  ad  boc,  quod  plerisque  omnibus  nostnim 
ingenium  est,  foro  iilitiir.  iuq)olenlia'que  Bebeemul  illius  cedere 
cogilur  inleribim  ".  Qiiamquam.  si  milii  ea  esset  autoritas  (quam 
tu  forte  existimas)  apud  illmii.  prias,  iiir  uatliore.  susque  deque  om- 
nia miscerrt.  ]irofandas(/uf  maris  ronu/ines  pedibus  ingrederetur. 
Cliristum  durem  unum  scquens.  omni  in  ilhiin  iinum  spe  projecla, 
qaàm  ad  Pliaraonrm  illam  rel  tantillam  respicen-t.  AlTului"um  ta- 
nit'ii  non  dt'sperainus  Dominnm.  ((ui.(pi(i(l  in  Cliri^tianissimo  Rege 

"  Voyez  p.  28  le  portrait  de  Franijois  I  par  Théodore  de  Bèze. 
'  Allusion  au  despotisme  spirituel  de  la  cour  de  Ko»»e. 


1  524  ANTOINE  l'AI'lLIOX  V  ZWIXGLl,  A  ZURICH.  297 

cœpit,  perlicial  !  Nani  el  darissima  mater  ^  rectè  sapit,  supraque 
fœmiiiai'uinnosli'aliiiin  consuetiidineiu  supersliliunibus  vacat.  Sorov 
vero  Itcyis^,  Alenconii  et  Biluriguni  Dux.  uescio  an  (luainquaiii 
parem  liabeat,  ita  me  Deus  juvel,  ut  in  illa  vigere,  vivere  spii'areque 
Illum  existinio,  existiuiaiilque  qui  Dei  sunl  apud  nos  omnes. 

Superesl,  optinie  Zuingli,  ut  tuis  tuorumque  nos  e\Iiortationibus 
precibusque  adjuves;  nosque  vicissim  Deum  patreui  oblestamur 
per  Jeslm  Christuni,  ut  niagis  ac  inagis  Yerbo  suo  successum  in 
suorum  cordibus  prœbeat.  Salvere  jubebis  in  Domino  Leoiwm  '•*, 
Myconituu  '•,  ecclesiamque  qua)  apud  vos  est.  Osculantur  te  in  Do- 
mino Michaël  Aranila  '-',  Eleemo.[synarius]  Alencon.[iensis],  Sa- 
gien.[sis]'^  Dampc'trns^\  Serinus^'%  Matheus^^',  prœses  Aurelia- 
nus  ' ',.  Petrus  Amiens  '^  vir  egregiè  doctus  et  cbristianus,  omnesque 
qui  sunt  Gbrisli.  Gratia  et  pax  Dei  et  Domini  nostri  Jesu  Cbristi 
cum  omnibus  vobis!  Nonis  Octobr.  (lo2i).  Lugduni'^ 

Conservus  luus  in  Domino,  servus  inutilis  Jesu  Gln-isii 

AnTONILS  PaI'II.K». 

(P.  S.)  E  re  christiana  esse  Dubleto  et  mibi  videtur,  si  Ludovicœ, 
Andium,  Genomannorum.  Angolismorumque  Duci.  Glnistianissimi 

**  Louise  de  Savoie. 

^  Marguerite  d'Angouléme. 

"^  LéonJude  (eu  latin  Léo  Juda  ou  Judce),  Alsacien  de  naissance,  collè- 
gue de  Zwingli  depuis  1522,  et  son  ancien  compagnon  d'études  à  l'université 
de  Bâle. 

''  Voyez  le  N"  103,  note  26.  Myconins,  né  à  Lucerue  en  148S,  fit  ses 
études  ùBâlo.  Après  avoir  été  pasteur  et  professeur  à  Zurich  (1516-1519), 
il  rentra  dans  sa  ville  natale  pour  y  diriger  renseignement  supérieur.  Exilé 
de  Lucerne  (1523)  pour  cause  de  religion,  il  trouva  un  asile  à  Einsiedeln, 
où  il  enseignait  la  théologie  aux  moines  du  couvent.  En  1524  il  reprit  ses 
anciennes  fonctions  à  Zurich. 

'-  Voyez  le  N°  97,  note  4,  et  les  X"^  90,  93  et  94. 

''— ^^ — '^ — '" — '"  Ces  personnages  nous  sont  inconnus.  La  mention  pure 
et  simple  de  Dampierre,  de  Sévin  et  de  Matthieu  permet  de  supposer  qu'ils 
étaient  du  nombre  de  ces  Lyonnais  qui  avaient  visité  Zwingli  quelques  mois 
auparavant,  en  compagnie  de  Farel  et  d'Antoine  Du  Blet.  (Voyez  le  X"  101, 
note  1,  à  latin.)  « Sagiensis»  est  peut-être  l'évéque  de  Séez,  et  «prœses 
Aurelianus»,  le  bailli  d'Orléans,  Jacques  Groslot. 

'S  Voyez  le  X"  103,  notes  43  et  44. 

•^  Papillon  était  membre  du  grand  conseil.  Ce  corps  tint  ses  séances  à 
Lyon  pendant  la  régence  de  la  reine-mère. 


298        ÉRASME  DE  ROTTERDAM  A  ANTOINE  BRUGNARE.       t  o2-i 

Ke^Ms  iiialri.  lihruni  de  rcra  et  faim  relUjiom,  quem  scripluruiu  te 
recepisti.  dicaveris  -". 

(Inscriptio  :)  Amiciss.  in  Christo  viro  Ulricho  Zuingliu.  Tigurino 
Episcopo. 


126 


ÉRASME  DE  ROTTERDAM  à  Aiitoiiie  Brugiiare' ,  à  Montbéliard. 
DeBâle,  27  octobre  1524. 

Ei-asmi  Epistohe.  Éd.  Le  Clerc,  p.  822. 

Î50MMA1RE.  Jugement  il'Érasine  sur  Farel.  Récit  de  l'entrevue  quia  eu  lieu  entre  eux 
au  sujet  de  leurs  divergences  d'opinion.  Animosité  de  Farel  contre  Érasme. 

Sijj-nilicas  te  qiiater  ad  me  scripsisse;  primam  et  ultimam  episto- 
laiii  accepi.  diue  inediie  reddilu'  non  sniil.  qiiare  noli  scribere 
iiisi  pci-  corlissimos  nuncios.  Aniplector  aniiiiuiu  in  me  tiuim  per- 
lilifiilrr.  liesoiifi/  (■11111  lu'iiiine  milii  fait  odiosa  contenlio.  ne- 
t|U('  i|iMiii|iiiiiii  >tMisi  à  me  alienatmn.  Trislis  al)ii  oh  valetudinem 
(ipiiidô  gravem.  et  lamen  iste  rnmor  hue  perhdiis  mire  exhihiravil 
(piosdain  valih'  Liilliennios'-.  Quid  istJiic  iloceat  Pliallicini^.  aut 
(|uid  rniMii  gérai,  neacio.  Utiiiam  hoc  pnestaret  quod  prolitetm'! 

^^  Le  livre  de  Zwingli  De  vera  etfnUa  religione  parut  à  Zurich  en  mars 
1525.  La  dédicace  est  adressée  à  François  I.  Dans  l'Avertissement  au  lec- 
teur on  lit  :  «  Promiseram  ante  aniuim  ferme  multis  /raw-s  nipcs,  doctis,  piLs- 
que  Junninihus.fiuorum  nonnulli  multa  mcctitn  de  pierisque  fidei  rébus  coràm 
conlttlerant,  nieam  de  Religione  Christiana  sententiam  latine  scriptiirum.... 
(ùm  ergo  liberet  de  religione  christiana  cum  doctissimis  Galliantm  viris 
commrntnri  ncc  tamen  daretnr,  cnmmontirinm  mittore  statutiim  est....  » 

'  Nous  ignorons  (luellos  étaient  les  fonctions  que  remplissait  à  Mont- 
béliard Antoine  Brngnare.  On  voit  par  les  lettres  qu'il  écrivit  en  1531  et 
153ÎJ  au  jurisconsulte  Roniface  Amerbach,  qu'à  cette  dernière  époque  il 
professait  les  belles-lettres  à  l'université  de  Dole. 

^  Voyez  la  lettre  d'Érasme  du  29  décembre  1524  àl'Offîcial  de  Besançon 
(Erasmi  Epp.  éd.  cit.  p.  843). 

*  Guillaume  Farel,  dont  il  disait,  le  10  décembre  suivant:  'Phallicus  in 
monte  Rcllicrirdi  régnât  pro  sualibidine.  »  (Lettre  au  médecin  Henri  Stromer. 
Le  (Icrr.  p.  834.) 


1  524  ÊRASMK  DK  ROTTHUDAM  A  ANTOINK  BHLT.NARE.  291) 

Profiletur  eiiim  Evan.acliiiiii.  al  ci^o  iiiin(|u,nii  \itli  hoiiiineiii  ('(tn- 
lidenlius  arrogantein.  aul  rabiosius  iiialeiliciiiii.  aiiL  iinpiidentius 
ineiulacem:  breviter  talcin  coinperi,  ut  cum  talibiis  nec  ami- 
citiam  habere  velim  nec  ininiicitiam.  Nec  ipsi  Liitlierani  ferre  po- 
tuenmt  It0)7iùm  in.sittiabilem  pétulant imn.  Saepe  objurgatiis  est  ab 
OErol(i)np(i(Iio\  eliam  literis  %  saepe  à  Peliratio^,  seil  nihil  pro- 
teclum  est,  taiila  morbi  vis. 

Cum  illo  nurujuam  disputavi,  sed  diremi  disputalionem  qua  cum 
aliis  quibnsdam  allercalialiir.  Volel)ani  enini  cum  illo  expostulare 
citr  me  vocasset  Bulnnni.  (|uod  diclum  à  lileto  (piodam,  negocia- 
tore,  jactum  in  me,  sic  arrisit  Phallico,  ut  me  passim  appellaret 
Balaam',  cum  mibi  nullus  adbuc  ternncium  potuerit  obtrudere 
lioc  titulo  ut  scribercm  in  Lutheriun.  Proinde  discere  volebam, 
([uid  bomini  in  menlem  venisset,  ut  lioc  nomine  me  dignum  judi- 
casset.  Nam  calera  convicia  qucP  quotkUe  in  me  deblalerabat  ne- 
glexeram.  Vixdecemverbis  velitali  sumus.  Rogaitamqnarecenseret 
Sanctos  non  invocandos,  an  quia  non  expressum  esset  in  sacris 
Literis  '?  Annuit.  Jubebam  ut  demonstraret  évidente)-  per  sacras 
Literas  Spiritum  Sanctum  invocandum.  —  ><  Si  Deus  est,  inquit, 
invocandus  est.  »  —  Urgebam   ut  demonstrarel  è  sacris  Literis, 
semel  atque  iterum  testatus  me  disputandi  gralià  loqui.  cum  bîc 
plane  de  re  conveniret  :  siquidem  boc  tantùm  agebam,  ut  illius 
entbymema  refellerem.  quo  conabatur  evincere,  ideo  non  invo- 
candos Divos,  quod  boc  è  sacris  libi'is  doceri  non  posset.  Protulit 
locum  ex  epistola  Joannis  :   «  Et  hi  1res  unum  sunt.  )>  Respondi, 
eum  locum  non  sentire  de  eadem  natura,  sed  de  consensu  t-esti- 
monii,  et  quod  addifum  est  de  sanguine,  a(pia  et  spiriUi.  non  pa- 
titur  aliam  interprelalionem.  Prcuterea  pars  illa  de  Pali'e,  Verbo  et 
Spirilu.  in  veliistis  codicibus  olim  non  babebatur  ^  nec  citatur  ab 

■*— ^  On  lit  dans  une  lettre  d'Érasme:  «  Œcolampadius,  cujus mensa tum 
utebatur  [Pharellus],  non  seinel  objurgavit  hominem,  quôd  obtrectandi  nul- 
lum  faceret  finem,  testatus  se  non  posse  ferre  in  convivio  tam  amarulentas 
obtrcctationes.  Idmihi  ilarravit  qui  in  oadom  mensa  accumbcbat,  vir  iiitegri- 
tatis  rarissimte.  »  Serait-ce  Ficrre  Toi/.s>r(/«P  Celui-ci  aurait-il  communiqué  à 
Érasme  le  contenu  des  lettres  d'Œcolampade  à  Farel  (N"'  111  et  115),  de 
même  qu'il  informait  Farel  du  contenu  des  lettres  d'Irasme  (N"  121)? 
(Voyez  Erasmi  Epp.  éd.  Lond  ,  p.  2128.) 

'^  Les  lettres  de  Le  Fèvre  et  de  Coct  (N""  103  et  120)  montrent  qu'il  exis- 
tait des  relations  d'amitié  entre  Pellicanus  et  Farel. 

"  Voyez  le  N°  123,  note  8. 

**  L'absence  de  ce  passage  dans  les  vieux  manuscrits  n'a  pas  empêché 


300  ÉHASME  Dt  il(nii:UL».VM  A  AMULNE  15KUGNARE.  1524 

liU  i|iii  iii;i\iine  pugnant  adversus  Arianos,  pula  Alliaiiasio,  Cyrillo 
el  llilariu.  Mox  omissa  Jispiitatioiie,  nam  imiiiinebal  nox.  expostu- 
lavi  cum  eo  abieiis,  secl  paucis. 

Hue  (le  re  scriijsit  ai  niiùcos  suos  mire  yloriosds  eiiUlolns.  qunvuin 
Kuii  ad  me  tnuismma  e>it  à  Constant  t'a  '•'.  la  liac  aliquando  suai 
(leceni  versus  ia  iiuihus  nec  uaa  syllaba  vera  esl.  Non  poliiil  ille 
prohare  Spiriluni  Saactum  dici  Deuin.  quod  tamea  ex  Paalo  pro- 
bari  pole.sl.  et  laïuen  si  probasset,  aoa  vicissetme.  Neceaim  uieuni 
est  dognia  Sanctos  iavocaados  esse '^  (iLiaaqiiani  iaepliual  (jui 
rtMii  à  primordiis  Ecclesiœ  tradilaai*',  et  suapte  natura  piaai.  tra- 
gœdiis  exagilanl.  (Juod  si  niibi  tuin  aotus  fuisset  qualis  experi- 
iiK'iiid  coiiiiiertus  est,  aumpiaiu  digaatus  fuisseni  iiluai  alloquio. 
el  si  casii  luissem  obvias,  dellexisseai.  Suât  eniai  (juidaai  adeô 
sinistri.  ut  vel  occurrisse  sil  iafelicitalis  pars.  Unde  nietuo  ne 
vi'utrii'  rir/tnti  niagauni  aliqa.jd  iianiiaeal  aialuui,  i)ostea(piani 
isluc  d(.'\(»la\il  a\is  laia  iaauspicata.  Féliciter  fugit  é  sua  Gall/a. 
\erùiii  h/'c  leliquil  libriim  insif/nitcr  acunilem  '-,  non  appoaito  (jui- 
deni  sito  Noinine,  ned  nemo  non  clamât  Pliallicuin  esse.  Srn)isit.  ul 
aiual.  alti'iHin  (jallicè  in  me  '^  qui  lalilat  iater  aiaaus  coajuratoruni. 
Ma(/isti(itus  Basiliensis  observât,  si  possit  deprelienilere  Ti/poi/ra- 
pluiiii  '  '.  Iliuc  Jactitavil  Uijjdnni  Lotliorinfjias  quidam,  sculploi-  iaïa- 
giauui '•'.  Idem  delidil  aliqaot  Phallici  (ipoplitlief/mata .  quorum 
altenim  cral:  -  Uxorem  Frohenii^"  plus  tejiere  tbeologiai  quàui 
yùv/.s'^//;////.  allenim  :  •  .M.diiii.  iuqiiit  Pludlicus.  iadies  aiori  cuui 
inarlMibiis.  (pi;im  mui  uucere  fanue  ii^/v/Av/// ubicuaque  potuero.» 

Érasme  de  l'iutroduire  dans  sa  troisième  uditiou  du  N.  T.,  après  l'avoir 
omis  dans  les  deux  premières. 

»  Voyez  le  N"  121,  note  9. 

'"  Érasme  a  plus  d'une  fois  exprimé  son  opinion  sur  l'alnis  do  Tinvo- 
cation  des  Saints.  (Voyez  entre  autres  sou  «  Encliiridiou  militis  christiani,  » 
cil.  VIII,  et  sa  lettre  du  13  août  1529  à  Jean  de  Botzheim.  Le  Clerc,  p.  1227.) 

"  Cette  pratique  remonte  au  commencement  du  quatrième  siècle. 

'  -  Le  livre  de  Farol  meiUionné  ici  i)arait  être  celui  dont  Érasme  parlait  à  Mé- 
lanciithon  ;  X"  1 23)  et  qui  était  dirigé  contre  le  Pape  et  les  docteurs  de  Sorl)onne. 

'^  C'est  peut-être  le  i)amphlet  qu'Érasme  accusait  Farel  de  préparer 
contre  lui  (N"  121,  note  10). 

'*  Le  Sénat  de  liîde  s'était  engagé  à  interdire  la  publication  des  libelles 
dirigés  contn>  Érasme  (Voyez  le  X»  121,  note  12).  Nous  ne  savons  pas  si 
le  livre  en  question  a  été  réellement  i)ublié. 

"  Voyez  le  N°  108,  note  4. 

'"  Veut-il  parler  de  GcrtrudeLnchncr,  femme  deJeanFroben,  ou  de  Anna 
Lachmrqw  Jérôme  Froben,  fils  de  Jean,  avait  épousée  le  7  janvier  1524? 


lo24  KR.VSMIi:  DE  ROTTERDAM  A    ANTdl.M:  lîRKJNARi:.  301 

Pliallico  facile  fiaiu  maj.niiis  llieolo^iis.  si  passiui  infiiLseru  Poiilifi- 
cem  esse  anliclirisdim,  conslituliones  liumanas  esse  luerelicas, 
cœremoiiias  esse  abominaliones,  aliaque  luijus  generis. 

Hune  stomacliuiii  in  me  concepit,  qiiôd  in  Sitongia^''  diihitem 
(le  LiUheri  spiritu  ;  pnf  terea,  quôd  scripserim.  (piosdam  sordidos 
et  inipurœ  vilœ  se  jactitare  nomine  Evangelii  ;  deinde,  quod 
AdviuHo  proniiserim  ronsilium  '^  quo  sic  extinguatur  mcendium 
Lutheranum  ne  facile  reaccendatur.  PImlUcus  interpretattir  me 
telle  extinguere  Eccinr/eliuni;  at  ego  senliebam  de  rescindondis 
hii.jus  niali  fontibus,  et  bac  de  re  scripsi  nonniliil  Adriano  '^  et 
item  démenti-'^  et  Cardinali  Cawpecjio^^  et  Cœsari^^:  sed  ni 
video,  illi  malunt  vidgaribus  iiti  remediis.  manicis  ac  fascicnlis. 

Res  indies  serpil  latins.  Quis  sit  exitiis  futnrns  viderit  Deus  :  ego 
principes  quod  potui  semper  à  sœvicia  cobercni,  excepta  sedifione. 
Nec  Ei'anr/eliiitn  est  quicqnid  isti  docent,  et  docendi  modus  iwnnun- 
quam  sedUionem  moret,  non  Evangelium.  Ego  faveo  Evangelio, 
sed  isti  Evangelio  non  adjiingar,  nisi  videro  alios  Evangelistas, 
aliumque  popuhim,  quàm  adbuc  video.  Provolant  libelli  famoù 
sine  titnlis,  et  istos  mire  probat  Phallicns  2^  et  applaudunt  cœteri 
quoque,  quasi  mendaciis  et  flagitiis  defensandum  sit  Evangelium, 
quasi(|ue  bue  valeat  Evangelium,  ut  bujus  praetextu  peccemus  im- 
pune.  Post  invadentscrinia  nostra  et  dicenl  :  «  Sic  J)g>'pfios  spolia- 
verunt  Israëlitie,  »  et  post  f;\cinus  invenient  novum  dogma.  Si  Lu- 
therus  nosset  Phallicmn  -*,  non  dubilo  quin  in  eum  stricturus  sit 
stilum.  Et  bisunt  qui  nobis  jactitant  spiritum  evangelicum  !  E{iui- 
dem  quid  Cluistus  sibi  velil  nescio:  CcCterùm,  ul  commodissime 

'"  En  réponse  au  libelle  de  Hutten  dont  nous  avons  cité  le  titre  (N"  103, 
note  30),  Érasme  avait  publié  à  Bâle,  au  mois  d'août  1523,  un  livre  inti- 
tulé :  «  Spongia  Era.'<mi  Eoterod.  adversiis  ospen/ines  Bntieni.  »  La  seconde 
édition  de  cet  oiivrage  parut  déjà  en  octobre  ou  en  novembre,  même  année. 

'^  Voyez  le  N»  123,  note  9. 

'^  Voyez  la  lettre  d'Érasme  au  pape  Adrien  VI  écrite  en  mars  ou  en 
avril  1523  (Le  Clerc,  p.  745-748). 

-°  Lettre  du  13  février  1524  (Le  Clerc,  p.  783).  C'est  là  qu'Érasme  di- 
sait au  Pape  :  «  Ego  semper  me  meaqiie  omnia  siihinisi  judicio  Romance 
Ecclesiœ,  non  repugnaturus,  etiam  si  iniquam  de  me  ferat  sententiam.  » 

-^  Lettre  datée  de  Louvain,  6  décembre  1520  (Le  Clerc,  p.  594-GOl). 

-'-  Cette  lettre  à  l'empereur  Charles-Quint  ne  se  trouve  pas  dans  la  col- 
lection des  Lettres  d'Érasme. 

25  Voyez  le  N»  123,  note  6. 

'-*  On  peut  conclure  de  ce  passage,  que  Farel  n'avait  pas  réalisé  son 
projet  de  se  rendre  auprès  de  Luther  (V.  leN"  101,  note  5). 


302  KAKKI.  Kl   (i\M,lNG  AU  DL'G  DE  WUR TKMBERtJ.  1524 

interpréter,  sii.spicor  lioc  e>se  toii>iliuiii  illiiis.  m  sncenlotes  Intjus 
mundi  romniodis  ebrios,  atqiie  liis  altum  iiulormienles,  per  talia 
[)()rteiita  co^^al  expergisci.  At  lamen  ijuicquid  liacteuus  iu  me  bla- 
teravit  Plidllicns  non  minus  vane  quani  virulente,  facile  contiona- 
bitur  liominis  uiorbo.  inodo  postbac  sumat  mores  Evangelii  prte- 
cone  dignos 


127 

FAREL  ET  gayling'  auDuccle  Wui'teniberg,  à  Moiitbéliard. 
De  Montbéliard.  11  novembre  1524. 

Sattler.  Geschicbte  des  Herzogtluims  Wiirleniberg  unter  der  Re- 
giorung  der  Herzoge.  Theil  II.  Beylag.  n"  lOo  b. 

(traduit  de  l'allemand.) 

Sommaire.  Un  innrchand  d'indvJijence-i  ayant  fait  annoncer  son  arrivée  pour  di- 
manche prochain,  et  le  Conseil  de  la  ville  refusant  d'intervenir,  nous  demandons  :i 
V.  A.  de  l'inviter  à  prouver  d'abord  par  l'Écriture  sainte  la  légitimité  de  son  trafic. 

Que  la  grâce  et  la  p.iix  vous  soient  données  par  Dieu,  le  Père, 
el  Cbrist.  notre  Sauveur!  Nous.souliaitonsà  Votre  Alte.sse  de  con- 
fesser la  foi  cbrétit'une. 

Très-noble  Prince  ! 

Il  y  ;i  louL-Menips.  connue  l'ont  prédit  Pierre  et  Paul.  i[ue  l'abo- 
ininablc  Anieclirisl.  le  llls  de  i)erdition.  comme  l'appelle  Paul. 
s'agite  a>ec  .>;('>  fauteurs  et  partisans,  en  prenant  les  beaux  debors 
(Pun  ange,  pour  déN aster  la  terre  entière  et  engloutir  les  corps  el 
les  âmes:  ce  (|ue  le  scélérat  a  elTectué  en  partie,  grâce  à  rapi)ui 
du  poiuoii'  ciNil  ipi'il  ("Si  |i;ir\t'iiii  ;i  .nciiLiicr.  Toiil  le  in(Uide.  nous 
u"fii  doutons  pas.  cl  Voire  Altesse  lrès-i)articulièremenl  sait  avec 
•  pu'lle  babileté  il  nous  a  détournés  de  la  loi.  lia  ra\i  a  Dieul'bon- 
iit'iir  i|iM  lui  tsi  (lu  :  il  a  ilf\oi>'  les  mais(Uis  dt',-<  veuves  :  il  a  même 
pillé  et  ravagé  rMIt-nidi/in'  entière.  Au.ssi  les  Princes  et  les  Villes 
lit'  la  nation  allt-uiande  (pii  sont  encore  bostiles  à  rÉvangile  (je  ne 
parle  pas  des  fidèles),  coiiiiut'nceiit  à  .s'armei-  du  glaive  (pie  Dieu 

'  Vo>f/.  l  N°  1  ].-,.  note  7. 


1524  FAREL  KT  GAYLING  AU  DUC  DE  WLIUKMBKIU;.  30^$ 

leur  a  coiilié,  el  ne  i)einenl  ni  ne  \eulenl  plus  soutlVir  de  tels 
blasphèmes  el  de  tels  pillages  publics  '-. 

Un  de  ces  fripons  et  de  ces  jjrigands  est  venu  prêcher  à  Mont- 
béliariL  et  il  se  propose,  sous  Tinvocalion  de  saint  Antoine,  de 
plumer  dimanche  prochain^  les  pauvres  sujets  de  Votre  Altesse  : 
déjà  il  a  fait  publi(iuemtMit  proclamer  en  chaire  par  un  (  liartreux 
de  cette  ville  sa  prochaine  apparition.  Là-dessus  nous  avons, 
comme  vos  fidèles  sujets,  sollicité  le  Conseil  de  Monthéliani  de 
s"'oi)poser  à  ces  blasjjlièmes  et  à  ces  voleries.  Furel.  en  particulier, 
a  raconté  tous  les  méfaits  déjà  commis  par  de  tels  fripons,  et  il  a 
fait  voir,  que  tant  que  celui-ci,  ou  tout  autre,  continuera  ce  trafic 
[crindiilgences].  il  fera  l'amcre  d'un  meurtrier  des  âmes,  d'un  vo- 
leur public,  (jui  frustre  Dieu  de  l'Iionneur  qui  lui  est  dû  et  le 
pauvre  de  la  sueur  de  son  travail.  Nous  nous  sommes,  en  consé- 
quence, etforcés  d'encourager  le  dit  Conseil  à  prévenir  un  tel 
malheur,  nous  otlranl  nous-mêmes  (et  très-spécialement  Fnrel). 
dans  le  cas  où  nous  ne  prouverions  pas  notre  dire,  à  livrer  notre 
corps  et  notre  vie  aux  ciiàtiments  les  plus  sévères  qu'il  plairait  au 
tribunal  de  prononcer  *.  Mais  en  face  de  ce  drôle  leur  glaive  est 
resté  rouillé  dans  le  fourreau  et  on  ne  l'en  fera  pas  sortir,  car  on 
n'a  que  trop  de  raison  de  craindre  qu'ils  ne  soient  de  ceux  dont 
parle  Ésaïe.  quand  il  dit  dans  son  premier  chapitre  :  «  Tes  princes 

*  Voyez  Jean  de  Millier,  op.  cit.  X,  p.  155 — 159,  et  le  plan  de  réforme 
proposé  par  les  catholiques  suisses.  (Ibid.  355.  —  Rucliat,  I,  19G.  —  Hot- 
tinger.  Vie  de  Zwiugli,  p.  242 — 251.) 

^  Le  13  novembre.  Il  y  venait  sans  doute  pour  proclamer  le  Jubilé  ac- 
cordé par  Clément  VIL  Voyez  le  N°  128,  note  21. 

*  François  Lambert  faisait  la  même  proposition  dans  les  lettres  qu'il 
écrivait  au  Conseil  de  la  ville  de  Metz,  après  son  arrivée  à  Strasbourg.  Voyez 
Les  Chroniques  de  la  ville  de  Metz,  publiées  pai-  Iluguenin.  Metz  1838,  p.  809. 

«  Durant  ces  jours  celluy  docteur  luthérien,  duquel  j'ay  par  ce-devant 
parlé,  qui  avoit  esté  en  Mets  et  se  tenoit  à  Strasbourg,  journellement  res- 
cripvoit  opistoles  et  lettres  à  Messeigueurs  de  la  cité  ot  à  plusieurs  aultres, 
contenant  que  si  ou  vouloit  lui  donner  seur  saulf-couduict  et  asseurance,  il 
\iendroit  prescher  et  discuter  en  3Iets,  en  l'encontre  de  tous  les  clercs  :  et 
s'il  estait  trouvé  qu'il  eust  tort,  il  vouloit  estre  hruslé  avec  ses  livres,  et  s'il 
pouvoit  mestre  à  bais  et  faire  reus  iceulx  clercs  et  religieulx,  il  vouloit  qu'ilz 
n'eussent  mal  ne  grief:  et  s'il  ne  plaisoit  qu'il  vinst  à  3Icts  et  il  plaisoit  ans 
dits  de  3Iet.s  d'aller  à  Straahoury,  il  leur  feroit  trouver  seur  saulf-conduiet,  port 
et  passaige,  et  de  cela  présentoit  bon  ostaige.  Eucor  mettoit  en  ses  lettres  et 
escripvoit  ausdits  clercs,  que  si  l'on  faisoit  mourir  le  dit  frbre  Augustin  ne 
celluy  qui  estoit  en  cour  l'évesque,  il  les  tenoit  pour  Saincts  et  Martyrs.  » 


:{0'i  ANÉMOND  DL  CHASTELARD  (COCT)  A  FAUEL.         1524 

sont  les  compagnons  des  larrons,  etc.  »  Aussi  nous  ont-ils  ré- 
pondu que  ce  n'est  pas  à  eux.  mais  à  Votre  Altesse  qu'il  appartient 
irintervenir.  Puisiiu'ils  ne  veulent  donc  menacer  l'ennemi  que  dn 
pommeau  et  non  de  la  pointe  de  répée,  nous  vous  supplions  hum- 
blement, très-excellent  prince,  de  prendre  en  considération  l'hon- 
neur de  Christ  et  le  salut  de  vos  pauvres  sujets,  et  d'employer  le 
glaive  que  Dieu  vous  a  confié,  pour  que  cet  individu  ne  soit  pas 
reçu  dans  Monthéliard ;  car.  s'il  v  était  toléré,  on  verrait  aussitôt 
s'élever  un  funeste  tumulte,  dont  on  peut  déjà  entrevoir  les  pre- 
miers symptômes. 

Mais,  afin  que  personne  ne  puisse,  au  nom  de  la  Parole  de 
Dieu,  adresser  à  Votre  Altesse  ou  à  nous  le  reproche  d'avoir  fait 
violence  à  cet  individu  et  de  l'avoir  expulsé  sans  l'entendre,  nous 
consentons  bien  (si  tel  est  le  bon  plaisir  de  V.  A.)  à  le  laisser 
entier  avec  sa  marchandise,  mais  à  condition  qu'il  ne  prêche  ou 
ne  débite  qu'après  avoir  auparavant  prouvé  (ju'il  tient  de  la  Parole 
de  Dieu  le  droit  et  le  pouvoir  de  le  faire,  etc.  Nous  espérons  (jue 
V.  A.  accueillera  notre  requête  en  chrétien  et  d'une  manière 
digne  de  Christ,  et  qu'elle  fera  connaître  ses  ordres  au  tralicanl 
avant  dimanche  prochain. 

Nous  recommandons  au  Seigneur  l'âme  et  la  personne  de  Votre 
Altesse.  Écrit  à  la  hâte  à  Monibéliard,  Vendredi  après  Othmai-. 
l'an  ^i. 

De  Clirist  et  de  V.  A.  les  dévoués  sujets 

GllLLAUME  FAREl,  et  JEAN  GEVLl.NG. 


128' 

.\NÉMOND  Df  CHASTELARD  ^  ù  Farel,  Il  MontbcIJard. 
De  Bâle,  18  novembre  1524. 

hièihlo.  Autogi'apbe.  Bil'l.  des  pasteurs  de  Neuchàlel. 

Sommaire.  J'ni  montré  a  Pellican  votre  lettre,  qu'il  approuve,  et  je  fais  quelques 
recherches  pour  trouver  les  livres  [que  vous  m'avez  indiques].  On  vient  de  publier 

'  C'est  le  nom  seigneurial  d'Anémontl  de  Coct  (Voyez  le  N"  66,  note  2). 
Christophe  Fal)ry,  collègue  de  Farel,  s'est  trompé  en  écrivant  au  revers  du 
manuscrit:  «Antoine  du  Chastelard .  » 


I  52i  ANKMOXD  DU  CHASTELARD  A  FAREL,  A  MONTBÉLIARD.  oOo 

[à  Paris]  une  nouvelle  édition  du  SV.  T.  de  Le  Fèvre.  Conrad  Hesch  le  fera  réim- 
primer à  JSdle.  J'ai  parlé  à  celui-ci  de  l'impression  de  vos  livres  français.  Je  vous 
envoie  \&.  ptMication  du  r/rand  Jubilé. 

Grâce  et  paix  avec  acroissemenl  de  foy  en  Jésus  !  Amen. 

Pélican  -  a  veu  répistre  ^  et  luy  plaist  grandement.  Tay  défendu 
ce  que  avez  bien  faict,  oITrant  sur  ce  ma  vie.  A  Valmet*  on  a  osté  tous 
les  ymages.  J'ay  veu  aulcun  exemple  de  la  Bible  Latine  imprimée 
par  columnes  [I.  colonnes]  rpii  à  présent  se  faict  à  WiUemherfj  '",  et 
le  livre  de  Job  et  le  Psaultier  en  alemand  ^  Je  n'ay  point  trové  de 
Catachesis  '',  mais  je  vous  envoyé  De  modo  araudi  [1.  orandi]  **  avec 
aulcuns  escripz  de  Pélican,  lesquelz  le  dit  a  au  Roterdam  ' 
monstre.  Je  vous  prie  que  le  dit  livre  soit  bien  gardé,  et  (juant 
tout  l'aurez  veu  et  leu.  voire  Inen  à  loysir,  le  pourrez  envoyer  au 
dit  Pélican,  car  tout  est  sien,  ainsi  que  pourrez  veoir. 

2  Voyez  le  N»  126,  note  6. 

^  n  est  probablement  question  d'une  lettre  dans  laquelle  Farel  se  jus- 
tifiait d'avoir  administré  les  sacrements  à  Monthéliard,  bien  qu'il  n'eût  pas 
reçu  les  ordres.  Gaijîing  devant  être  congédié  prochainement  (V.  leN''129, 
note  2),  Farci,  qui  restait  le  seul  prédicateur  évangéliquc,  s'était  vu  contraint 
d'exercer  lui-même  toutes  les  fonctions  pastorales.  Voyez  le  N°  83,  note  2, 
à  la  fin,  et  la  lettre  d'ŒcoIampade  à  Zwingli  du  21  novembre  1524:  «Ex- 
cusât se  Farellus  coactum  se  ad  sacramentorum  administrationem  accessisse  ; 
proinde  mihi  satisfecit.  Si  vobiscum  patronus  cjus  [scil.  Dux  Wurtcmber- 
gensis]  agit,  per  internuncium  quse  ad  excusationem  illius  faciant  fac  res- 
ciscat.  »  (Zuinglii  0pp.  VII,  369.) 

*  Waldshut,  ville  de  Souabe,  située  sur  le  Rhin.  C'est  là  que  s'étaient 
tenus  les  premiers  conciliabules  entre  l'anabaptiste  Miinzer  et  les  Suisses 
qu'il  avait  gagnés  à  ses  idées  (Voyez  Jean  de  Muller,  éd.  cit.  t.  X,  279.) 
Érasme  écrivait  à  Henri  Stromer,  le  10  décembre  1524:  «  Scis  Tigurinos 
omnes  Divos  ejecisse  è  templis;  Walshtitenses,  etiam  è  vitreis  fenestris  pri- 
vatarum  pedium.»  (Le  Clerc,  p.  834.) 

^  Nous  ne  connaissons  pas  de  Bible  latine  imprimée  à  Wittembcrg  en 
1524.  La  révision  de  la  Vulgatc  par  Luther  parut  en  1529,  sous  le  titre 
suivant:  «  Pentateuchus.  Liber  Josue.  Liber  Judicum.  LibriRegum.  Xovuni 
Testamentum.  Wittembergaî,  N.  Schirlentz,  1529.  »  In-folio.  (Voyez  Graesse. 
Nouv.  Dict.  bibliographique.  Dresde,  1859,  t.  L) 

^  C'était  la  S"""  partie  de  l'Ancien  Testament  de  Luther,  qui  avait  paru 
à  Wittemberg  peu  de  temps  auparavant  et  qu'Adam  Pétri  venait  de  réim- 
primer à  Bàle. 

■'  Veut-il  parler  de  l'omTage  de  Lonicenis  dont  nous  avons  cité  le  titre, 
N"  98,  note  4? 

®  Ce  ne  peut  être  l'ouvrage  d'Érasme  qui  parut  sous  ce  titre  en  1525. 

*  Érasme  de  Rotterdam. 

T.  I.  20 


HOC)  ANÉMOND  DU  CHASTELARD  A  FAREL,  A  MOMBÉLIARD.  1524 

J'ay  veu  oujourduy  d\en\Conrad^°  ung  Noveau  Testament  achevé 
de  inpriinei-  le  xij'  de  Octobre,  en  françoys,  corrigé  par  Stapu- 
lensts^K  Le  dit  Conrad  le  fera  réimprimer  en  plusieurs  exem- 
plaires '-  ;  car  je  ne  double  pas,  comme  luy  ay  dit.  que  très-grand 
nombre  ne  s'en  despescite.  Je  luy  ay  parlé  des  livres  français  que 
avez,  et  semble  estre  bon  que,  après  ce  que  le  No\  el  Testament  sera 
inprimé,  Hz  soyent  inpriméz  '^  Es  choses  que  j'ay  aporté  douera 
ordre  nostre  frère  Michiel  Bentin  '*.  Ne  rescripvez  à  luy  ne  à 
;i!dti'e.  fors  par  messagier  bien  seur.  Si  me  escripvez,  envoyez  les 
lettres  à  Pélican,  comme  vous  avoye  dit.  Je  m'elîorceray  encores 
de  vous  trover  une  Catachesis.  Sébastien  '*  de  Berne  a  laissé  sa 
cucule  '*  et  est  à  Chafuse  ^\  Deux  Jacopins  prescheurs  s'en  sont 
aléz  '^ 

Je  salue  en  Jésus  Christ  Monsieur  le  chevalier  d'Esclt,  la  maison 

de  mon  hoste  et  toute  resgiise.  Saluta  verbis  nieis  coadjuiorem 

tuum  in  Ghristo  Joannem  Gulingum^^,  mihi   charissiraum,   cui 

etiam,  quum  vacabit,  scripturus  sum.  Saluta  nobiles  et  doctos  in 

Chrislo  (pios  nosli.    Dominus  tecum  !    De  Basle,  ce  xviij*'  de 

Novembre. 

A.  DU  Chastelar. 

•"  Resch. 

"  Cette  éditiou  du  N.  T.  de  Le  Fèvre  est  vraisemblableraeut  celle  dont 
la  1"  partie  ftit  achevée  d'imprimer  [à  Paris]  le  7  octobre  1524.  (Voyez 
IJruuct,  op.  cit.  5""  édit.  V,  747  et  748.) 

'-  Voyez  les  détails  que  nous  avous  donnés,  N°  119,  note  11,  sur  le 
K.  T.  de  Le  Fèvre  imprimé  à  Bâle  en  1525. 

"  Les  premiers  ouvrages  publiés  par  Farel  sont  presque  tous  inconuu>. 
On  a  cependant  quelques  raisons  de  croire  que  la  1"  édition  du  «  Sommaire 
et  briève  déclaration  d'aucuns  lieux  fort  nécessaires  à  ung  chascun  clu'es- 
ticn  »  ^V.  N°  107,  note  4)  parut  vers  cette  époque. 

'*  Voyez  page  282. 

^^  Sébastien  Meycr  (appelé  aussi  Meyycr  ou  Maior),  né  vers  1465  à 
Neueuburg,  entre  Bâle  et  Brisacb.  Professeur  de  théologie  et  prédicateur 
chez  les  Franciscains  à  Berne  dès  l'an  1518,  il  fut  e.xilé  do  cette  ville,  le  2G  oc- 
tobre 1524,  malgré  les  instances  d'une  partie  de  son  troupeau.  Il  se  retira 
d'abord  à  Schafl'house,  puis  à  Bâle.  (V.  Beruerisches  Mausoleum,  1, 120  et 
214.  Jean  de  iMuUer,  op.  cit.  t.  X,  p.  21G  et  219.) 

'"  C'est-à-dire  sou  capuchon  de  Fnuiciscain. 

"  Voyez  la  note  15.  L'Évangile  était  alors  prêché  à  Schaffliousi^  par 
Érasme  Kitter,  Sébastien  llofmeister  et  Séb.  Ilotfmann.  (Jean  de  MuUer, 
X,  225.  J.  C.  Fùsslin.  Beytrage,  L  217,  en  note.)  | 

'■'  S'agit-il  de  Dominicains  qui  eussent  quitté  Berne,  dont  Coct  vient  de 
parler,  ou  lUUe  d'où  il  écrit? 

"*  Voyez  le  N"  115  note  7,  et  le  N"  127. 


i 
I 


1  524   LA  DIKTE  DES  CANTONS  CATHOLIQUES  AU  DUC  DE  WURTEMBERG.    307 

(P.  S.)  Je  vous  envoyé  i\e6   Icttroa  de  Pdn'i;-''.  lesquelles    ay 
overtes.  Je  vous  mande  le  grand  Jubilé  -'. 

JUBILE. 


129 

LA    DIÈTE    DES    CANTONS     CATHOLIQUES    aU    duC 

de  Wurtemberg. 
De  Baden  en  Argovie,  16  décembre  1524. 

Satllei'.  Oi).  cil.  Tlieil  II,  Beylagen,  n"  104  b. 

Sommaire.  La  Diète  engage  le  Duc  à  renvoyer  le  prêcheur  luthérien  [Farel]  qui  est 
encore  à  Montbéliard,  et  à  s'abstenir  de  toute  tentative  de  prosélytisme  sur  terri- 
toire suisse. 

A  cette  diète  s'est  présenté  le  député  de  notre  gracieux  seigneur 
de  WurteniJjerg,  noi)le  Ebcrhart  de  Reischach  '  auquel,  après  l'avoir 
entendu,  nous  avons  fait  la  réponse  suivante  : 

Notre  gracieux  seigneur  le  Dm  de  Wurtenibenj  -  nous  ayanl 

-"  Ces  lettres  sont  perdues. 

-'  «  L'an  1524,  le  dinienche  onziesme  de  décembre,  fut  le  grand  pardon 
du  Jubilé  que  le  pape  Clément,  septicsme  de  ce  nom,  donna  et  octroia  tant 
en  Italie  qu'en  France...  Lequel  pardon  contenoit  que  le  mercredy,  vendredy 
et  samedy  d'après  la  publication,  l'on  debvoit  jeusncr  les  dictz  trois  jours, 
et...  le  dinienche  d'après...  on  debvoit  recepvoir  le  Corpus  Domini  après 
avoir  esté  confessé  et  dit  ses  patenostres  ...  Ce  fut  le  plus  beau  pardon  et 
plus  dévotieux  qui  fut  jamais  octroyé.  »  (Journal  d'un  bourgeois  de  Paris, 
p.  210.)  —  Marguerite  d'Angoulême  écrivait  de  Lyon  au  maréchal  de 
Montmorency,  le  18  novembre  (1524):  «  3Iadame  et  la  conipaignie  est  ce 
soir  descendue  à  Saint-Just,  au  logis  de  Sainct-Jehan,  pour  faire  faire  les 
processions,  et  dimanche  prouchain  recepvoir  tous  Nostre  Seigneur,  suivant 
le  jubilé  ottroyé  par  le  pape.  »  (Génin.  Lettres  de  Marguerite,  1841,  p.  172.) 

'  Éverard  de  Beischach,  bourgeois  de  Zurich.  Il  mourut  avec  son  fils 
dans  les  rangs  des  Zuricois,  à  la  bataille  de  Cappel  (11  octobre  1531).  (Voyez 
Jean  de  MuUer,  X,  112  et  470.) 

2  A  l'instigation  de  l'archevêque  de  Besançon,  la  Diète  avait  écrit  au  duc 
Ulric  le  8  novembre  1524,  pour  l'e.xhorter  à  expulser  Farel  et  Gayling. 
^Rccès  des  Diètes.  Archives  fédérales.) 


:J08        ANÉMOND  DE  COCT  A  FAREL.  A  MONTBÉLIARD.       1524 

jidressé  par  écrite  lors  d'une  précédente  diète  à  Lucerne.  l'enga- 
geinfnl  formel  de  renvoyer  les  deux  prêcheurs  qui  sont  dans  la 
seiffneurie  de  Montht^liard  \  et  d'extirper  entièrement  de  celle-ci 
ta  secte  luthérienne,  mais  se  taisant  complètement  sur  ce  sujet  dans 
le  message  qui  vient  de  nous  être  transmis,  nous  avons  exigé  de 
son  député  une  réponse;  et  celui-ci  nous  a  déclaré  que  Pun  des 
prêcheurs*  n'y  était  déjà  plus,  et  fiu'il  était  sûr  que  lorsque  notre 
gracieux  seigneur  aurait  appris  de  lui  {comme  il  aurait  soin  de 
l'en  fidèlement  informer)  le  grand  déplaisir  que  nous  éprouvions 
de  celte  alTaire,  le  dit  gracieux  seigneur  chasserait  également 
l'autre  prêcheur. 

Prenant  en  bonne  part  cette  réponse,  nous  avons  conçu  l'es- 
poir, que  Son  Altesse  s'y  conformerait  et  ratilierait  l'engagement 
qu'a  pris  son  député.  Nous  avons  en  outre  invité  ce  dernier  à  in- 
former S.  A.  ((ue s'il  se  produisait  quelque  tentative  de 

1  roui  lier  (tu  de  soulever  nos  ressortissants,  à  propos  de  la  secte 
luthérienne  (ce  dont  toutefois  nous  ne  pouvons  soupçonner  S.  A.), 
nos  magistrats  se  verraient  contraints  d'agir  à  cette  occasion  <!•' 
telle  sorte,  que  S.  A.  s'apercevrait,  au  grand  regret  de  nos  supé- 
rieurs, de  leur  sérieux  déplaisir En  foi  do  quoi  nous  avoii- 

fait  apposer  aux  présentes  le  sceau  de noire  liailli  à  Badeii. 

Kait  le  Vendredi  ajtrès  Ste.  Luce.  l'an  xxiiij. 


lôu 

.vNK-MoM)  DE  COCT  à  Farcl,  il  Montbéliiird. 
De  Bàle,  17  décembre  (1524). 

AuloLrraphe.Hiltl.  des  |tasleurs  de  Neucbàlel.  A.Crotlet.Pelilechro- 
niipie  pnit«'slanle  de  France.  Paris.  18'i().  in-8°.  Appendice,  n"  2. 

S4.1JIMAIRK  Nouvelles  sur  Vivan'jélUation  en  France.  Râglemcnt  de  compte  avec  Farc  ! 
('oni|iliiiicu(8  pour  ses  nniis  de  Moutbvlinrd.   Différtud  xnr  In  doctrine  de  l'euc/i 


*  Voyez  lo  N"  127. 

*  C'était  Guijlimj,  qui  avait  quitté  Moiitbéliard  dans  le  courant  du  raoi^ 
Ue  novembre  (V.  le  N"  suivant^  au  commencement). 


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"M 


1524  A.NÉMO.ND  DE  COGT  A  FAREL.  A  MO.NTBÉLIARD.  309 

ristie,  provoqué  par  les  écrits  de  Carlstadt.  L'enseignement  des  Strasbourgeois  doit 
sen-ir  de  régie  sur  ce  point. 

GuUielmo  Fai-ello  Annemiindus  Goctus. 

Gratia,  pax  et  au.irmentum  lidei  in  Gliristo  Jesu  ! 

Quant  Giilnigus  '  passa  icy,  il  ne  me  trova  point  :  pource  n'ay 
eu  (lespuis  que  [je]  vins  aulcunes  letti-es  de  vous.  Je  ne  sçay  se 
Pierre  Verrier  -  est  venu.  Toutes  fois.  Valfjris  ^  est  venu,  lequel  dit 
que  Maigret  est  prins  à  Liou  \  Mais  Madame  d'Alençon  y  est  :  loué 
soit  Dieu  ^  !  Sébiville  est  deslivré  "  et  preschera  ce  caresme  à 
S.  Paul  à  Lion,  ainsi  qu'il  avoit  piéça  esté  pi'ié.  Si  Pierre  est  venu 
et  a  porté  argent,  prenez-le,  et  contez  avec  luy  et  le  poyez.  Néant- 
moins  ne  vendez  pas  le  cheval,  mais  le  retenez,  car  paravanture 
en  aui'ay  afaire.  Et  si  le  dit  Pierre  me  a  porté  des  lettres,  ovrés-les 
et  en  retenez  le  doble,  et  puis  les  me  envoyez  par  le  présent 
l»orteur.  Conrad  nva  baillé  xx  escuz  des  vostres,  ainsi  [je]  vous 
doy  en  somme  xxxvi  escuz  '^.  Escrivez-moy  de  toutes  voz  no- 
velles,  car  désire  fort  d'en  sçavoir.  Je  salue  en  Jésus-Christ  mon- 
sieur le  Chevalier  d'Esch.  A  ce  que  je  puis  entendre,  il  ne  sçau- 
roit  mieulx  faire  le  proflit  de  l'Évangile  que  d'apointer  avec  sa 
pai'tie  aniiablement.  par  bones  gens  qui  soyent  neutres.  Il  est 
\enu  ung  libraire  de  Metz  *  icy.  qui  est  bien  son  amy.  Je  salue  en 
nostre  Seigneur  mes  hostes  et  Iwstesses  et  tous  noz  frères  en  Jésus- 
Christ. 

Je  vous  envoyé  des  lettres  de  OEcolampade  ^,  lesquelles  piéça 
avoit  escript.  Les  Tipographes  des  quelz  il  parle  sont  deslivrez  '^. 

'  Le  Duc  de  Wurtemberg  avait  renvoyé  Gayling  de  Moutbéliard,  à  la 
sollicitation  des  cantons  catholiques,  ses  alliés  (Voyez  le  N*>  précédent). 
-  Nous  n'avons  pas  de  renseignements  sur  ce  personnage. 
5  Voyez  le  X"  119.  Vaugris  revenait  sans  doute  de  Lyon  (V.  la  p.  282). 

*  Voyez  la  lettre  du  23  janvier  1525. 
5  Voyez  le  N»  128,  note  21,  à  la  fin. 

*  Voyez  la  lettre  de  Sébiville  du  28  décembre  1524. 

'  Cette  dette  s'accrut  encore  de  14  écus,  avant  la  mort  de  Coct.  Voyez 
l'apostille  de  Farelàlafindu  N»  120. 

*  Nous  supposons  que  c'est  le  libraire  Jacques  '  '  ',  partisan  de  l'Évan- 
gile. Agrippa  écrivait,  le  23  juin  1526,  à  Jean  Roger  Brennon,  curé  de 
Metz:  «  Salutabis  ...  auriculas  Jacohi  Librarii,  nam  (quod  audio)  ipse  pro 
LutJieranismo  illas  solas  3Ietis  reliquit,  reliquus  totus  absens  :  attamen  ob 
veterem  consuetudinem,  vel  inauriculatum,  salutari  volo.  »  (V.  le  N°  112, 
note  6,  et  Agrippse  0pp.  Pars  H,  846.) 

'  Ces  lettres  sont  perdues. 

'"  Il  est  ici  question  des  imprimeurs  bàlois  qui  avaient  publié  quelques 


;{10  ANÉMOND  [)E  COCT  A  FAREL,  A  MONTBÉLIARD.  1524 

S'il  y  îiiira  amende  ou  mulcte,  ne  se  sçait.  Je  loue  Dieu  de  ce  que 
bam  et  vndix  ahomiiiationis  revelnta  est^\  Escrivez-moy  en  fran- 
çois  avec  lettre  lisable.  Je  seroye  paravanture  d'opinion  d'aller 
secrètement  en  France,  par  devei's  Jacohus  Faber,  Arandiiis,  etc. 
Escrivez-m'en  vostre  adviz. 

Summa  rei  Cliristiana^:  "  Joliannes  baptizavit  aqua.  vos  autem 
liaplizai)iniiniSpiritu  Sanclo.  »  Hcec  est  nova  creatura. 

Je  estudie  le  Doimt^-,  et  Aqurnatt-'i  Tlioinœ  concivem  art^mya  '^ 
fujus  inihi  liéec  risum  nuper  moverunt  carmina.  Satyr.  [1]5: 
'  l'orrum  et  cèpe  nefas  violare  et  frangere  mensis. 
<.  0  sanctas  gentes.  quibus  béec  nascuntur  in  hortis 
«  Numina  !  »  —  Ha3C  Jnrenalis  in  agris. 

De  Basle,  ce  samedy  des  Quatre-Temps  (1524). 

(P.  S.)  Evangelium  Bernœ  prolicit  '\  11  y  a  oujourd'hiiy  trois 
se[imaines  que  in  Tii/uro  reliipiice  monachorum  in  haram  unam 
rejectce  fuenint  :  pour  vray  '\  Maigret  a  pi-esché  à  Lion  maulgré 

petits  livres  composés  par  André  Carlstadt  et  relatifs  à  la  sainte  Cène.  V.  la 
lettre  d'Érasme  du  10  décembre  1524  à  Henri  Stromer:  «  Carolstndhtë  hic 
fuit,  sed  vix  Œcolampadio  salutato.  Edidit  sex  libelles.  Duo  qui  excuderunt, 
nudhis  tcrtius  conjecti  sunt  in  carcerem,  jussu  magistratus,  ob  id  potissimum 
quùd,  ut  audio,  doccat  in  Eucharistia  non  esse  verum  corpus  Domini.  Hoc 
nemo  fort.  Indignantur  laïci  sibi  eripi  Deum  suum,  quasi  nusquam  sit  Deus 
nisi  sub  illo  signo.  Docti  commoventur  verbis  Scripturœ  Sacrae  et  Ecclesiœ 
decretis.  Hiec  res  excitabit  nobis  magnam  tragcrdiam...  »  (Le  Clerc,  834). 

"  Il  veut  parler  de  la  doctrine  qui  affirme  la  présence  réelle  de  Jésus- 
Christ  sous  les  deux  espèces  du  pain  et  du  vin  dans  la  sainte  Cène. 

"*  Donat,  grammairien  du  quatrième  siècle. 

'"  Le  poète  Juvénal,  natif,  comme  S.  Thomas,  d'Aquino  dans  la  Terre 
de  Labour.  Le  vrai  texte  du  grand  satirique  est  celui-ci: 

«  Porrum  et  ca-po  nefas  violare  et  frangere  morsu.  » 

'*  Les  documents  contemporains  ne  fournissent  pas  de  détails  sur  lo> 
progrès  que  l'Évangile  fit  à  Berne  depuis  l'exil  de  Séb.  Meyer  (26  octobre 
1521)  jusqu'au  commencement  de  l'année  suivante.  Le  Conseil  de  Berne 
avait  signé  avec  Friliourg,  (Jlaris  et  Soloure  la  lettre  du  1 1  novembre,  par 
la<iurlle  1rs  cinq  cantons  catholiques  appelaient  le  Valais  à  une  coopération 
commune  contre  les  innovations  religieuses.  Le  22  du  même  mois,  il  avait 
renouvelé  une  ordonnance  qui  recommandait  la  prédication  du  pur  Évan- 
irib',  tout  en  interdisant  le  mariage  des  prêtres,  l'usage  de  la  chair  en  ca- 
rèmi!  et  la  vente  des  livres  hérétiques.  (Vovez  Bernerisches  Mausoleum, 
I,  378-382.  —  Ruchat,  I,  197.) 

'*  Légère  inexactitude.  Ce  fut  le  samedi  3  décembre,  que  le  Conseil  de 
Zurich  ordonna  aux  frères  prêcheurs  de  vivre  désormais  avec  les  Augustins 
dans  If  couvent  des  Cordeliers.  La  translation  des  frères  prêcheurs  se  fit  le 
jour  même.  (Voyez  .1.  C.  FUssIin.  Bcytrage,Th.  IV,  59.) 


1524  ANÉMOND  DE  COCT  A  FAREL.  A  MO.NTBÉLIAnD.  311 

les  prestres  et  moynes.  Arandius  presclie  à  Mascon.  Vale  in 
Christo.  Escripvez-moy  bien  ou  long  [1.  au  long].  Quotquot  pien- 
tissimi  sunt  ac  eruditissimi.  sed  et  Martùius  Cellarius  meus  '«.  hoc 
in  negocio  KaooXffTa-îîo  favent  ^''.  Hic  totus  pneceps  cura  squamis 
ruit  Antichristus.  At  tu  interîin  doce  ut  Argentini,  in  quorum  epis- 
tola  manum  pinxi  *^  Summa.  quidquid  est  externum,  caro  est. 
Nunquam  in  externis  quievit  spiritus  meus,  et  in  sensibilibus  nulla 
unquam  mibi  diuturna  tranquillitas  ^\ 

(Imcriptio:)  Fidelissimo  Verbi  Dei  apud  Montcm  Belligardum 
ministre  Giillielmo  Farello,  suo  in  Christo  majori. 

'®  Martin  Borrhai  (en  latin  Cellarius),  né  à  Stuttgart  en  1499.  Il  avait 
fait  ses  études  à  Tubingiie,  à  Heidelberg  et  à  Wittemberg,  C'est  là  sans 
doute  qu'il  se  lia  avec  le  chevalier  Coct,  car  il  ne  vint  à  Bâle  qu'après  la 
mort  de  celui-ci. 

'"  Érasme  ne  tarda  pas  à  rectifier  ce  qu'il  avait  dit  d'abord  sur  le  mau- 
vais accueil  fait  en  Suisse  à  la  doctrine  de  Carlstadt.  Voyez  sa  lettre  à 
Thomas  Lupset  du  3-5  octobre  1525,  Le  Clerc,  p.  908:  «Js  error  tanta 
celeritate  corripuit  anhnos  omnium,  ut  ad  naphthara  flamma  tardius  trans- 
volet. Eam  persuasionem  duobus  libellis  feditis  contirmavit  Hulriciis  Zuin- 
glius;  nuper  etiam  Œcdlampadius,  fedito  libello  tam  operoso,  tôt  machinis 
instructo,  ut  proviuciam  difficillimam  tradiderit  responsuris.  * 

'^  Allusion  à  une  lettre  des  pasteurs  de  Strasbourg  dans  laquelle  ils  ex- 
posaient leurs  vues  sur  l'Eucharistie.  Comme  nous  ne  possédons  pas  cette 
lettre,  qui  était  probablement  adressée  à  Œcolampade,  nous  citerons  le 
passage  d'un  mémoire  relatif  à  la  sainte  Cène  qu'ils  envoyèrent  à  Zwingli 
vers  la  même  époque  :  «  Jam  loqui  non  debemus,  nisi  quœ  credimus.  Hujus 
autem  certi  sumus,  rem  externam  esse  ilhan  panem  et  ealicem,  quicquid  sit, 
eoque  per  se  nihil  ad  salutcm  facere;  memoriam  autem  Dominic»  mortis 
esse  et  salutarem  et  necessariam.  Ideo  nosti'os  hortamur,  ut  in  hune  usum 
panem  Domini  edant  et  ealicem  bibant,  dissimulantes  cetera.  Hujus  habe- 
mus  certam  fidem,  quare  et  cum  fiducia  sic  docemus;  de  reliquis  fluctua- 
mus,  igitur  silemus.  »  (Collection  Simler,  à  la  fin  des  pièces  de  l'an  1524.)  — 
D  convient  de  rapprocher  du  susdit  mémoire  les  paroles  suivantes  que 
Wolfgang  Capiton  adressait  de  Strasbourg  à  Ambroise  Blaai-er,  le  17  dé- 
cembre 1524  :  «  Carolstadius  nobis  ecclesiam  turbatam  reddidit  suis  viru- 
lentis  libelHs.  Quanta  impotentiâ  proscindit  Lutherum  !  0  scelus,  o  flagi- 
tiura  ! ...  Cœnam  dominicam  et  Baptismum  mutahimus  ad  purissimum  Ver- 
hum,  idque  brevi.  Reliqua  Papistica  omnia  antiquata  sunt  ;  supersunt  adhuc 
aliquse  statuse  quas  propediem  ejiciemus.»  (Bibl.  de  la  ville  de  St.-Gall. 
Epistolse  manuscriptoe,  t.  Il,  fol.  214.) 

''•'  Ces  deux  dernières  phrases  sont  ajoutées  au  bas  de  la  première  page 
et  dans  la  longueur  de  la  marge. 


;]12  l'IKHRE  TOLSSAIN  A  GLILLALME  FAREL,  A  MONTBfIlIARD.        1524 


131 

pip:rre  toussain  à  Guillaume  Farel,  à  Muiitbéliard. 
De  Bâle,  17  décembre  (1524). 

Aiilograplie.  Biljliotlièque  des  pasteurs  de  Neiicliàtel.  Publiée  en 
parlie  par  GroUet,  op.  cil.  Appendice,  n"  1. 

Sommaire.  Pour  me  distraire  de  ma  maladie,  je  vous  ai  écrit  vme  lettre  sur  le  baptême 
.;t  la  sainte  Cène  que  vous  pouvez  vous  dispenser  de  lire.  Engagez  le  chevalier 
d'Esch  à  terminer  son  procès,  pour  qu'il  puisse  retourner  à  Metz,  et  François 
Lambert  â  cesser  l'envoi  de  ses  intempestives  correspondances  et  la  publication  de 
ses  livres  ridicules. 

Trt's-cliier  frëre.  Nostre  Seigneur  vous  doinl  sa  grâce! 

Derniéi-emenl  Monsieur  le  chevallier  Coff  vousvouloit  envoyer 
iiiiL-^  lioinnic  expresse,  pour  vous  fère  sçavoir  de  noz  nouvelles. 
Toulesfois  pour  aucliunes  raisons  il  a  dilTêré  jusques  à  présent.  Et 
pour  ce  que  j'esloye  malaide,  je  vous  escripvis  je  ne  scé  quelles 
lettres  que  vous  envoyé  présentement  faisant  mention  de  bai>ttsmo 
l't  innlici])ntinue  nwnsœ  Doin/iii.  de  quoy  Monsieur  Cor?  vous  es- 
<  ript  assez  ;iii  loiiig  [l.  long]  '.  Par  (juo)  n'est  jà  de  besoing  tpie 
prenez  la  peynede  lire  mes  lettres,  lantùm  abest  ut  pelam,  ul  mibi 
respoiideas  graviorilius  el  sanclioribus  negotiis  impedilUN:  et 
sciipsi  tiim,  non  lam  .serio  (piàm  ul  l'allerem  kMupus.  i|Uod  eral  ob 
egrolationeui  lediosissinium. 

J'escrips  à  Monsieur  nostre  IVere  en  Jésu-Chrisl,  le  Chevallier 
(VEsrh.  Je  vous  prie,  pour  l'honneur  de  Dieu,  ijue  tenez  main 
qu'il  iiriuf  qiii'l(|ue  ajtpoinleuieiit  avectpie  son  adverse  partie, 
afliii  qu"il  -ru  relorne  à  Mets,  là  où  les  ennemys  de  Dieu  se  ellé- 
^eut  jouniellemenl  conlie  THNangille.  Au.ssy  escripvez  à  Fvtinçois 
bniihirl,  (pi"il  désiste  d'escripre  je  ne  scé  (pielles  .sottes  lettres 
el  livres  qu'il  escripl  à  ceulx  de  Meta  et  aultres,  au  granl  détriment 
(le  la  Pairolle  de  Dieu-.  Parluril.  ut  audio.  lilielluin  de  roaitione 

'  Voyez  le  N"  précédent.  La  letu-e  écrite  pai-  ïoussaiu  pendant  sa  ma- 
ladie n'existe  plus. 

•  Voyez  le  N»  127,  note  4  et  la  lettre  de  Lambert  du  15  août  1525  au 
Sénat  de  Uesançon,  où  il  dit  en  parlant  dos  Messin.-,  :  «  Ex  Argcutorato... 
quantum  putui  srnjitis  rr/i  ut  eorum  corda  ud  I)()minun>  converterentur... 


i524  PlEURIi  DE  SÉBIVILLK  AU  GHEVALIKR  COCT,  A  ZURICH.  ;V13 

sua  per  sortent^,  et  nescio  qua'  alia  ridiciila.  item  faciiint  se  vocari 
Apostolos,  Evangelistas  et  Episcopos  •*,  et  je  ne  scé  qiieiz  aultres 
titres  plus  plain[s]  d'arrogance  que  de  science.  Nostre  frère  le 
dievallier  Coetm  m'a  proniys  qu'il  luy  en  escripveroil  lùen  égre- 
nient.  Jelmn  Va[ii]c/rij  m'a  dit  que  Madamme  (VAUençou  luy  avoit 
fais  dire  qu'il  n'escripva  plus  mj  au  lioij  ni/  à  aultres  '\  Dieu  luy 
doint  grâce  de  dire  et  escripre  seulement  ce  qui  est  nécessaire 
aux  povres  âmes,  et  à  vous  sa  paix  ! 
A  Basle  iiastivement,  ce  xvij''  de  décembre  (lo24). 

Vostre  serviteur  et  frère  en  Jésu-Clirist 

P.    TOUSSAIN. 

(Suscrt'ptiou  :)  Guillelmo  Farello  Episcopi  Bisuntini  Montispeli- 
cai'di  Vicario,  fralri  in  Ghristo  cariss. 


152 

PIERRE  DE  SÉBIYILLE  '  au  clievaller  Coct,  à  Zurich. 
De  Grenoble,  28  décembre  1524. 

Autograpiie.  Bibliotlièque  des  pasteurs  de  Neuchàtel.  Groltet, 
Op.  cit.  Appendice,  n°  3. 

Sommaire.  Les  partisans  de  l'Evangile  eu  France  sont  presque  tous  refroidis  par  la 
persécution.   Di^fense  de  prèclier  imposée  â  Sébiville.   Il  a  failli  être  emprisonné. 

Soipsi  milita  ad  Senatum  et  multoties  qiùdem,  sed  tam  potuit  iii  eos  fex  illa 
Anticliristi...  ut  frustra  oiiinia  fecerim.  » 

'  «  De  Fidclium  vocatioue  in  regnum  Christi,  id  est,  Ecclesiam.  De  vo- 
catione  ad  ministeria  ejiis,  maxime  ad  Episcopatum.  Item  de  vocatioue  Mat- 
thise  per  sortem  ac  similibus.  »  (Argeutorati,  auuo  1525,  apud  Jo.  Herva- 
gium)  in-S".  Uii  chapitre  de  cet  ouvrage  (le  XXIP,  réimprimé  daus  Schel- 
liorn,  op.  cit,  IV,  378 — 381)  met  en  scène  un  évangéliste,  qui,  se  voyant  placé 
entre  deux  vocations  également  impérieuses,  coutie  au  sort  la  décision  de 
ses  anxiétés.  Lambert  nous  informe  ailleurs  (N"  145)  qu'il  a  raconté  dans  ce 
chapitre  les  circonstances  qui  le  déterminèrent  ù  se  rendre  eu  1524  à  Metz 
plutôt  qu'à  Strasbourg. 

•*  Ce  n'était  pas  seulement  Lambert  qui  donnait  le  nom  d'epL'icopi  aux 
pasteurs.  Les  lettres  que  nous  publions  fournissent  quelques  exemples  d'un 
emploi  identique  de  cette  expression. 

^  Nous  avons  vu  p.  257  que  Lambert  avait  écrit  trois  fois  à  P'rançois  I 
(mai  et  août  1524). 

'  En  dehors  de  l'épitre  de  Zwingli  du  13  décembre  1523  (N»  82)  et  dé 


:{!l  IIKriRE  DE  SÉBIVII.LE  AU  CHEVALIER  COCT.  A  ZURICH.  1524 

Détails  sur  Antoine  PapUion,  la  duchesse  d'Almçon,  Michel  [d'Arande]  et  Antoine 
Du  B'et.  Briçonnet  et  Le  Fèvre  sont  cités  devant  le  parlement  de  Paris,  pour 
avoir  brûlé  toutes  les  images  dans  l'évèché  de  Meaux. 

Mon  frère  et  amy,  salut  et  paix  en  nostre  sire  Jésu-Christ! 

Je  ay  receu  tes  lettrez  et  celiez  de  Zinglius,  au  quel  je  respons  -. 
Tu  doibz  sravoir  (|ue  Satlian  a  estainct  le  fruit  de  l'Évangille  en 
Fra/irc  pullulant,  et  mesmes  à  Grenoble  ceulx  desquelz  plus  tu  espé- 
lois  sont  \a<:illans  et  reniaiisi  solus,  et  à  moy  a  esté  imposé  silence 
(le  presclier  sus  peine  de  mort  ^  Pour  confuhnler  ensemble  secrète- 
ment (le  rÉninfjille  nul  ne  ilict  rien,  mais  de  en  parler  jmblicquement 
il  n  ij  pend  que  le  feu.  Les  Thomistez  ont  voulu  procéder  contre 
moy  par  inijuisition  et  caption  de  personne,  et  sy  ne  feust  certains 
amys  secretz.  je  estoie  mys  entre  les  mains  des  Pharisée[n]s  *.  Je 
ne  dis  pas  ipie  il  ne  aye  merveilleusement  grands  zélateurs  de 
rÉvangille.  mais  ilz  sont  en  petit  nombre. 

Il  en  j  [1.  y]  a  eu  deulx  grans  pei-sounaiges  à  Grenoble,  le  temps 
du  Roi  estant  à  Lijon\  L'ung  se  api^eWe  Anthonius  Papilio^,  le 
premier  de  France  bien  sacbant  rRvangille.  et  en  langue  latine 
Irès-éléguanl.  Il  .i  translaté  le  traictié  de  rôtis  monnsticis''  à  Mu- 


la  présente  lettre,  on  ne  possède  pas  de  détails  sur  P.  de  Sébiville.  L'<  Iti- 
flcr  librorum  prnhibitornm  » ,  publié  à  la  suite  du  Concile  de  Trente,  cite  Pe- 
trus  Scbicila  dans  le  noTubrc  des  auteurs  de  la  première  classe  ;  mais  au- 
cune bibliographie  n'iiiditiue  les  ouvrages  qu'il  a  composés. 

'  Cette  lettre  de  Zwingli  et  la  réponse  de  Sébiville  sont  perdues. 

'  Il  est  permis  de  supposer  que  Sébiville  n'observa  pas  cette  défense  et 
qu'il  fut  victime  dt>  la  persécution,  t  Au  dictan  1524  (1525  n.  st.)  en  février 
fut  bruslé  à  Grenoble  un  corddier  qui  tenoil  le  parUj  de  LuOier,  et  le  fist 
brusier  le  praud  commandeur  de  Viennoys...  Et,  depuis  sa  mort,  le  dict 
commandeur  en  eust  affaire  à  justice,  disant  que  combien  que  le  dict  cor- 
dolior  f'ust  bien  mérité  la  mort,  néantmnins  il  n'avoit  pas  tenou  forme  de  jus- 
tice; et  y  ciist  un  aultre  cordelkr,  qui  estoit  sou  compaignou  [P  Lambert?] 
qui  s'enfuit  et  s'en  alla  en  Almaigne  devers  Luther.  »  (Journal  d'un  bour- 
geois de  Paris,  p.  227  et  228.) 

*  Voyez  le  N«  130,  note  6. 

'  François  I  séjourna  quoique  temps  à  Lyon  au  mois  d'aoïU  1524.  II  se 
rendit  ensuite  à  Valence  où  la  reine-mère  l'avait  devancé  avec  la  cour,  fit 
son  entrée  à  Avignon,  le  14  septembre,  et  alla  rejoindre  son  année  du  Midi, 
destinée  à  reconquérir  le  Milanais.  (Voyez  le  Journal  d'un  bourgeois  de 
Paris,  p.  207  et  213— 215.) 

''  Voyez  le  N»  125. 

'  Ouvrage  de  Luther,  publié  en  1521. 


I5ii  PIERRE  DE  SÉBIVILLE  AU  CHEVALIER  COGT.  A  /A  RICH.  315 

dame  d'Alençon,  seiir  du  Roy.  de  quoy  il  a  eu  beaucoup  d'alïaires 
avecques  cette  vermine  paniiisienne  ^  Toutefoiz  la  dicte  dame  Ta 
])ien  récompensé,  car  elle  Fa  fait  niaistre  premier  des  Requesles  du 
Daulphin  ^.  et  si  est  du  grant  conseil.  //  /r /y  a  point  niijourdui  eu 
France  plus  l'canfjélicque  que  la  Dame  d'Alençon.  Elle  a  ung  docteur 
de  Paris  appelé  maisire  Michel  Eleymosinarius  [d'Arande],  lequel 
ne  presche  devant  elle  que  purement  l'Évangille,  et  toutes  aultres 
gens  elle  a  débouté  arrière.  L'aullre  est  de  Lyon,  et  se  appelle 
Messire  Anthoine  du  Bkt^'^.  Je  croy  que  tu  as  eu  nouvelles  de  luy 
scripto,  car  à  luy  je  mande  mes  lettrez,  et  il  les  te  a  fait  tenir. 

Je  te  notifie  que  réresque  de  Meaulx  en  Brie,  près  Paris,  cum 
Jacobo  Fabro  Stapuleusi.A\e\m[stroi?'moys  en  visitant  l'évesché,  ont 
hruslé  r/f//^  tous  les  imaiges,"" réservé  le  crucifix,  et  sont  person- 
nellement ajournés  à  Paris,  à  ce  moys  de  Mars  venant,  pour  res- 
pondre  coram  suprema  curia  et  universitate  erucarum  parrhis- 
sien[sium].  quare  id  factum  est  ".  L'adcocat  du  Roi,  de  Grenohle^'^ , 
et  multi  alii  (tuo  cognato  Amedeo  Galberto  excepto)  non  solùm  le- 
pidi  sed  frigidi.  etc.  Se  il  te  semble  que  je  passe  de  delà,  milii 
consule,  etc.  Vale  diu,  et  se  tu  n'entens  de  retourner  au  Daulpliiné 

**  Il  n'existe  pas  de  renseignements  sur  ces  poursuites  de  la  Sorbonne. 

^  Le  dauphin  François,  né  à  Amboise  le  28  février  1518.  Le  roi  l'avait 
emmené  de  Blois  à  Romorautin,  au  mois  de  juillet  1524,  puis  à  Bourges, 
«  pour  commencer  à  luy  faire  voir  le  monde,  »  et  de  là  sans  doute  à  Lyon  et 
à  Valence  (V.  la  note  5).  Le  jeune  prince  était-il  accompagné  de  Papilion, 
son  premier  maître  des  requêtes  ?  Nous  ne  pouvons  l'affirmer,  mais  la  pré- 
sence de  celui-ci  à  Lyon,  en  octobre  et  en  décembre  (V.  le  N»  133)  s'ex- 
plique suffisamment  par  le  fait  qu'il  était  membre  du  grand  conseil  (V,  le 
N»  125,  note  19). 

'0  Voyez  le  X»  125,  note  2. 

'  '  Ce  récit  nous  paraît  fondé  sur  une  rumeur  populaire,  qui  avait  pris 
naissance  dans  les  accusations  de  luthéranisme  dirigées  contre  Briçonnet.  Il 
y  eut  sans  doute  à  Meaux  vers  cette  époque  des  actes  d'hostilité  contre  le 
papisme  ;  mais  bien  loin  d'en  être  l'inspirateur,  l'évêque  se  hâta  de  les  ré- 
prouver (Voyez  sou  mandement  du  21  janvier  1525).  Peut-on  supposer 
d'ailleurs  qu'un  acte  aussi  exorbitant  que  la  destruction  des  images  accomplie 
dans  tout  un  diocèse,  et  sur  l'ordre  d'un  évèque,  fût  resté  impuni  pendant 
six  mois  et  que  l'histoire  l'eût  passé  sous  silence?  Briçonnet  ne  fut  point  cité 
à  comparaître  devant  le  parlement  pour  le  mois  do  mars  1525;  ce  fut  le 
3  octobre  suivant,  qu'il  fut  invité  à  se  rendre  à  Paris  pour  conférer  avec  le 
président  Charles  Guillart  «  d'aucunes  choses  concernant  le  fait  de  son  dio- 
cèse. '>  (Voyez  ToussaintsDu  Plessis,  op.  cit.  I,  329,  331  et  332,  II,  281.) 

•2  Voyez  le  N»  68  (note  3),  où  F*  Lambert  parle  d'un  avocat  du  roi,  zélé 
partisan  de  l'Évangile. 


;il()     [fHA.NÇOIS  LAMBEUT  a  HE.MU-COU.NELIUS  agrippa,  a  LYON.]      1524 

devant  (|ui'  l'Évangille  se  presclie  liherè,  lu  n'y  seras  jamais,  nisi 
Domiiius.  elc.  A  Grenoble,  ce  jour  des  Innocens,  xxviij  de  dé- 
cembre l'ji'i. 

Tuus  in  Christo  calechuminus  Petrus  de  Sebimlle 
Minorila  de  septima  secla. 

(Suscn'iitioti  :)  Ei\\ù\ï  illi  aurato  Enemundo  Goto,  Iralri  suo  in 
Domino  Jesu  dilectissinio,  Tuyurincu  (sic),  apud  Feliciss. 


I 

[FRANÇOIS  LAMBERT  à  Ileiiri-Cornclius  Agrippa,  à  Lyon*.] 
De  Strasbourg,  31  décembre  (1524). 

Agrippa-  Opéra.  Kd.  cil.  I\irs  II.  Lib.  111.  pp-^  82".  p.  820. 

Sommaire.  PapiUov,  en  me  saluant  fie  votre  part,  m'a  donné  sur  les  pruijrès  de  l'E- 
vangile à  la  cour  et  dans  presque  toute  la  France,  des  détails  qui  ont  réjoui  l'église 
de  Strasbourg.  Je  bénis  Dieu  de  ce  qtie  voiis  êtes  toujours  un  ami  de  la  vérité.  Plût 
à  Dieu  que  je  pusse  la  prêcher  en  France!  Je  suis  marié;  j'ai  un  lils  depuis  peu  di> 
temps;  les  circonstances  sont  ditriciles  ;  aussi  ai-je  reçu  avec  reconnaissance  les 
vingt  écus  au  soleil  que  les/rères  de  la  cour  m'ont  envoyés.  Toute  notre  église  vou.s 
salue.  Que  fait-on  à  Genève  t  Est-ce  gu'o7i  y  aime  en  effet  la  Parole  de  Dieu  f 

Tamclsi  occiipalissiniu.>.  voliii  tanien  m^I  id  tanlillum  .-^cripli  atl 
te  tiare,  ne  me  lui  aiidlrarei'is  obliliim.  Deniipie  erudili.s.sinius 
Pdpilio-  in  suis  lik-iis.  .salulem  ail  me  e\  luo  nomine  scripsil. 
Gavisa   est  veliementissime   Iota  ecclesia    .sanctoium    (pii    apud 

'  Quoique  iini)riiiiéc  depuis  trois  siècles  la  présente  lettre  peut  passer  pour 
inédite.  C'est  eu  ettot  par  erreur  qu'elle  porte  en  tétc  :  «  Agrippa  ad  ami- 
ciim.  »  Nous  la  restituons  à  François  Lambert  en  nous  fondant  sur  les  rai- 
sous  suivantes  :  Le  style  et  les  idées  ne  rappellent  nullement  Agrippa,  mais 
plut/jt  l'ancien  moine  d'Avignon.  Agrippa  n'habita  Strasbourg  ni  en  1524  ui 
en  1525.  Il  n'était  pas  dans  une  position  à  >ivre  d'aumônes.  Loin  d'être  nou- 
vel époux  il  était  remarié  depuis  plus  de  deux  ans  et  il  devint  en  juillet  1525 
pèrt- dun  troisième  tils.  Enfin,  originaire  de  Cologne,  et  parlant  l'allemaud 
dès  sa  naissance,  comment  se  serait-il  plaint  de  vivre  hors  de  France  et  de 
ne  pouvoir  prêcher  ou  professer  à  Strasbourg  dans  sa  langue  uiateruelle? 

*  Il  ressort  de  ce  i)assag(>,  que  Papilion  (Voyez  N"  125)  était  en  relations 
d'amitié  avec  Agrippa  et  Laitihcrt,  et  qu'il  avait  écrit  à  ce  dernier  pour 
lui  donner  des  renseignements  sur  ce  qui  se  passait  à  la  cour. 


1524      [FRANÇOIS  LAMBKRT  A  HKNRI-CORNFXIL'S  AGRIPPA,  A  LYON.]      317 

nos  sunt,  aiulientes  fructum  Vevbi  apud  aulicos,  itiJinn  aimd  Gnlliam 
ferè  omncm.  Glorillcainus  quoiiue  Doniinuin  pro  J/rtcm/ servi  Dei 
constanlia  *.  Scripsi  miiltis  de  gloria  Verbi  apiid  vos,  quti3  non  ilu- 
bito  libi  communia  facta  esse  \  Benedico  Dominum.  (jiiôd  seniper 
idem  es  nempe  veritatis  amator.  Proseqiiere,  namque  ea  ralione  fe- 
liclores  (juàm  reliqiiis  omnibus;  nam  quidsimileveritati?  f7//«rtm 
milii  liceret  venire  in  Gallias,  ne  seinper  mntus  essem!  Fiat  volun- 
tas  Domini!  Langueo,  fateor,  ((uôd  lamdiu  taceam.  Non  diibito  te 
scire  me  factum  con.jiiyem.  et  librum  niruiH  de  Conjnijio  foi-san  vi- 
disti^;  donavit  Christus  nobis  lilium  vicesimo  nono  Novembris; 
adbuc  in  puerperio  est  soror  mea  «;  puer,  hnac  nomine,  sanus  est. 
Ora,  ut  vivat  in  gloriam  Dei.  illuuKjue  docere  possim,  ut  sit  alie- 
nissimus  ab  Anticlnnsto,  et  figmeiitis  bominum  ! 

Paupertatem  multam  sustinemus;  nam  omnia  carissima,  et  ob- 
ruor  ego  debitis  mullis  :  fratres  antici,  et  forsan  tu  mm  illis,  mise- 
runt  mibi  aureos  solares  viginti  ;  nibil  opportunius  habui  iiniiuam. 
In  omnibus  benedictum  nomen  Domini,  qui  juvit  nos,  et  potens 
est  nos  liberos  facere  à  tam  extrema  paupertate  !  Gratias  ago  om- 
nil)us,  qui  dederunt  et  juverunt  paupertatem  meam.  Sabitat  uxor- 
cula  mea  te,  et  simul  salulamus  uxorem.  tuam''  in  Domino. 
La^tor,  si  prospéré  apud  te  sint  omnia.  Salutat  te  tota  ecclesia 
nostra  per  Giunstum,  Capito^  maxime:  et  tibi  ac  omnibus  fratri- 
bus  fœlicia  ta  Domino  precamur.  Suade  pro  me  bona  qiiil)us 
potes,  et  qui  possunt.    Scribe  qnid  Gebennis  a(jatui\  an  scilicet 


"'  Aimé  Maigret  était  revenu  de  Paris  à  Lj'on,  et,  encouragé  sans  doute 
par  la  présence  de  Marguerite  d'Angoulèmc,  il  y  avait  repris  le  cours  de  ses 
prédications  hardies.  (Voyez  le  N"  108,  note  5,  le  N"  130  vers  la  fin,  et  la 
lettre  du  23  janvier  1525.) 

»  Voyez  le  N»  131,  notes  2  et  5. 

•"•  Voyez  les  N"'  71  et  72,  et  le  X»  112,  note  2.  La  mention  d'un  livre  de 
Conjugio  a  trompé  les  éditeurs  des  Œuvres  d'Agrippa.  Celui-ci  ayant  com- 
posé vei'S  cette  époque  un  traité  de  Matrimonio,  ils  lui  ont  attribué  sans  hé- 
sitation la  présente  letti-e.  (Voyez  l'épître  d'Agrippa  du  7  mai  1526,  adres- 
sée à  Michel  d'Arande.) 

^  Il  veut  parler  de  Oiristine,  sa  femme  (V.  N"'  71  et  72).  Agrippa  appelle 
habituellement  la  sienne  «  uxor  mea.  » 

■  Jane  Louise  Tissié  de  Genève.  Sa  beauté  et  ses  mérites  ont  été  célébrés 
par  Hilaire  Bertolph  dans  une  pièce  de  vers  latins  qu'on  trouve  dans  les 
Œuvres  d'Aurippa  :  Pars  II,  1150. 

**  Wolfgang  Fabriciiis  CapiUm,  l'ancien  correspondant  d'Agrippa  [\.  le 
N"  50). 


318  MAliriN  BLCER  AUX  FRÈRES  DISPERSÉS  EN  FRANCE.  1525 

Verhinii  nmenl  \  Sit  quandoqiie  vicissim  literarum  consuetudo.  Gra- 
tia  et  p;i\  Doiiiini  nostri  Jesl  Chrisli  cumspiritu  tuo!  Argenlorati, 
iiltimo  Decenibr.  Anno  132o'«  (Io24). 


134 

MARTIN  BUCER  aux  Frères  dispersés  en  France. 
De  Strasbourg,  13  janvier  1525. 

Enari'aliones  Lutheri  in  Episl.  et  Evangelia.  Argenlorati. 
Jo.  Hervag.  1525.  in-8°. 

S0M.MAIRE.  Le  Pére  de  miséricorde  vous  aj-ant  enlin  accorde  en  quelques  lieux  la  pure 
prédication  de  Christ,  votre  compatriote  François  Lambert  a  voulu  y  contribuer  de 
loin  par  ses  livres.  Plusieurs  ouvrages  de  Luther  ont  été  traduits  pour  vo^is  en  latin. 
A  mon  tour  j'ai  fait  passer  dans  cette  langue  le  premier  volume  de  l'Exposition  des 
Épitres  et  des  Évangiles,  qui  vous  rendra  familière  la  doctrine  du  salut. 

iMailiiiii.>  IJucfiiis  ',  serviisDomiui  iiusli'i  Jesu  Cinisli,  Evangelio 
iniliatis  IVatrihus  dispersis  per  Gallias. 

Gialia  et  pax  à  IJeo  pâtre  et  Domino  nostro  Jesuvobisaugeatur! 
Suiiinia  ciuii  lande  el  gratiai'iun  actionc  iJeuin  et  palrem  nostruni 
Itenediciiiuis.ipiod  voI)is  quoque,  non  minus  (piàin  nolti.s,  Antichristi 
tyrannide  pre.^sis  Evangeliiipie  rognitione  spoliatis,  rursus  Filiuiii 
suiiin  dignaliii-  revelare,  Audimus  enini  jkissù»  excitari  per  Gui- 
lins  t/ni  CJiiistinii  et  liiriilmtcr  et  fortitcr  nnnnncient.  Ut  vero  liac 

"  Agrippa  ne  pouvait  avoir  oublié  F'  Lambert,  qu'il  avait  accueilli  à  Genève 
au  mois  de  juin  1.Ô22  et  recommandé  en  qualité  à^amiciis  singularis  au  pro- 
fesseur Cantiuncula  (Lettre  du  17  juin  1522.  Agrippa^  0pp.  Pars,  11,791). 
JjnmJtrrI,  do  son  côté,  conservait  un  bon  souvenir  de  Genève,  où  il  avait 
prêché  l'Kvanpile  (V.  le  N"  52),  et  peu  de  temps  avant  sa  mort  il  écrivait  à 
Martin  liuccr:  «  Si  apud  Hdvdios  essem,  amicis  scriptis  Jiccrot  commone- 
fiicere  Lausmioisem  Episcopum,  olim  mei  amantissimura,  et  Lausanctises  ac 
Gclinmnuscs,  qiios  olim  ductti.  Neque  est  quùd  timeas  jhphjh  (ut  sic  loquar) 
iwprtiim  :  jam  onini  multa  exporientià  didici.  »  (Lettre  écrite  de  Marbourg, 
le  11  ni;ir.^  l^liO.'i 

'"  D'après  notre  manière  de  compter,  cette  lettre  doit  être  datée  de  1524. 
En  Allemagne  l'année  commençait  à  Noél. 

'  Martin  lluccr,  le  pasteur  le  i)ius  iniluent  de  l'église  de  Strasbourg,  est 
bien  connu  par  les  oflorts  jjorsévérants  qu'il  déploya  pour  amener  une  con- 
ciliation entre  les  Luthériens  et  les  Zwingliens. 


I 

l 


1525  MARTIN  BUCER  AUX  FRÈRES  DISPERSÉS  EN  FRANGE.  319 

veslra  salule  niliil  niinciari  poluit  oplabilius,  ila  obnixè  clementiam 
patris  nostri  oramiis,  [ut]  felicibus  increinenlis  provelial  quod  cœpil 
lain  nHsericorditer,acsi  quid  Ille  doiiel  liac  in  renos  sibi  cooperari, 
nihil  fiieril  quod  pari  i)rouiptiludine  dare  ellectum  cupiamus.  In 
hoc  sane  luthetis  hic  fidelissiiné  incumhentem  :  Franciscum  Laniher- 
timi  Avenionenscm  verè  Theologum,  hoc  est,  verà  Dei  scientià  ac 
pietatejuxtà  insliuclum,  qui,  cêdilis  dudum  commentariis  in  Cantica 
canticorum,  Evangelion  Lucai  et  Oseam  prophelani,  priL'lei-  alia 
nudia,  indubiè  lidem  vestram  pulchrè  pronioverit,  cpunido  sohi 
Scn'plurdiuin  expia natione  datum  est  ubsentibus  ad  cestnim  salu- 
tem  Deo  cooperari'-. 

Jam  bac  in  re,  cum  in  confesso  sit  Murtinum  Luthemm  pluri- 
mum  valere,  cœperunl  quidam,  quai  ille  Gernianicè  scripsil,  in  la- 
tinam  linguam  vertere,  nimirum  ut  et  vobis  ac  aliarum  linguarum 
bominibus  possent  esse  usui^  inter  quos  et  ego  nuper  Enarrationes 
in  epistohis  duas  Pétri  et  imam  Judœ,  quas  à  docente  populuin  pius 
quispiam  auditor  exceperat,  qnaWcunque  latinitate  donavi*  ;  nunc 
etiam  utcunque  vertiprimum  tomumEnairationum,  quas  ipse  scrip- 
sil in  lectiones  illas,  quaî  ex  historiis  evangelicis  et  epistolis  Paulinis 
ferè,  cùm  cœna  dominica,  quaniMissam  vocant,  celebratur,  bactenus 
festis  diebus  consueverunt  in  conventibus  ecclesitc  recitari.  Opus 
frugis  incomparabiUs  quibuscunque  divina  Scri[itura  nondum  fa- 
miliarior  facta  est.  Munit  enim  ad  liane  viam.  quamlibel  rudibus,  ut 

-  Les  théologiens  de  Strasbourg  n'aimaient  pas  la  fougue  et  la  présomption 
de  Lambert;  mais  ils  reconnaissaient,  à  l'exemple  de  Luther  (V.  le  X°80), 
que  l'ex-Franciscain  d'Avignon  avait  contribué  à  répandre  la  connaissance  de 
l'Écriture  sainte. 

''  Anémond  de  Coct  s'était  déjà  occupé  à  Witteraberg  de  faire  traduire 
pour  les  Français  des  écrits  de  Lutlier  (Y.  le  N°  87). 

'*  Cette  traduction  latine  du  commentaire  de  Luther  sur  les  Épitres  de 
St.  Pierre  et  de  St.  Jude  avait  paru  à  Strasbourg,  chez  J.  Ilervag,  en  juil- 
let 1521.  Cet  ouvrage  est  précédé  d'une  Lettre  de  Bitcer  au  Lecteur,  datée 
du  4  juillet,  et  dans  laquelle  ou  remarque  les  passages  suivants:  «  Jo.  Her- 
vagius....  nuper, ubi  accepisset quœ  in  duas D. Pétri Epistolas  etunamiudse... 
[Lutlicrus]  populo  suo  lingua  veruacula  disscruit,  contcndil  à  me  argumeutis 
minime  vulgaribus,  ut  ea  tatine  redderem,  quando  id  fralrihus  Gaîli.^,  apud 
quos  felicibus  admodum  initiis  gloria  glLscit  Evangelii,  maguo  usui  futu- 
rum,  nuUus  possim  inficiari.  Equidem  maluissem,  alius,  cui  lingua  latiuafa- 
miliarior  est,  id  niuneris  obiisset.  Sed  dum  nemo  prodit,  et  jjii  non  iam 
latina  quàm  vcra  requiruni,...  passus  sum  exorari  me  à  fratrc,  praesertim 
tam  pia  roganti,  et  qua  potui,  occupatissimus  aliàs,  latinitate  hasce  Enarra- 
tiones  donavi...  » 


320  GUILLAUME  BRIÇO.N'NET  AU  CLERGÉ  DE  SON  DIOCÈSE.  1525 

pari  ciiin  friictu  nullos  omnino  veterumcommentarios  legeris.  Quid 
le\.  iiiiid  evangelion,  quid  gratia,  quid  ira  Dei.  (juid  peccatum,  quid 
lides.  (jui  peccali  et  fidei  fructus,  id  est,  veram  ac  solidam  tlieolo- 
giam.  nerao  umiuam.  cujus  iiuidem  commentarii  exstent,  tradidit 
felicius  et  explicavil  plaiiius.  Idem  conlitebitur  quicunque  velhunc 
piinuim  toniiun.  qui  in  (juatuor  duntaxaf  epislolas  etevangelia.  qua' 
(jualuoi- (lominicis  per  adventum  Doraini  (ut  cuin  vulgo  loquan 
legi  soient,  enarrationes  viri  Dei  continet,  sincera  diligenlia  perlege- 
rit.  Quem,  donec  et  alio.s  iedamus,  legite  bona  fide  et  préesente 
aniuio;  scio  nobiscum,  Deo  patri  nostro  pro  hoc  munere  ingénies 
gratias  acturos.  Pax  Dei  custodiat  corda  et  sensus  vestros  in  Cbrislo 
Jesu,  cujus  cognitione  donet  cottidie  crescere  vos,  donec  in  per- 
lectum  virum  iUi  omnes  simul  occurramus!  Cui  et  nostras  eccle- 
sias  sedulis  precibus  commendabitis.  Argentorali.  Idib.  Januariis. 
Anno  à  Christi  nato  MDXXV. 


135 

GUILLAUME  BRiçONXET  EU  Clergé  de  son  Diocèse. 
De  Mcaux,  le  21  janvier  1525. 

Guy  ]3rel(inneau.  Hist.  des  Briçonnet.s.  p.  17o. 

Sommaire.  Manflemenl  contre  les  auteurs  de  divers  actes  anti-catholiqnes  commis  àan. 

la  ville  de  fléaux. 

Gi n-i-AiMi:.  par  la  grâce  de  Dieu  Évesque  do  Meaux. à  tous  Curez. 
Vicaires,  etc.  Sabit. 

Veu  (|ue  la  par(de  île  Dieu  nous  a|)pren(l  (|uil  nous  faut  niesme- 
abstenir  des  choses  bonnes  et  Hcites.  quand  Tusage  en  peut  ap- 
porter du  scandale  au  prochain,  il  ne  faut  point  douter  que  celuv- 
là  ne  soit  graudeuieul  éloigné  de  la  loy  de  Dieu,  ipii  commet  el 
permet  indiUV'reunuent  toutes  sortes  de  méchanselez,  qui  pour- 
roient  ♦'•branler  les  con.sciences  les  plus  solides.  Or  est-il  (iu"à  notrr 
e\lr«»me  (léi>laisir.  et  la  larme  à  Tœil.  iiou>  voyons  que  cela  sr 
prartiqiie  dt'  jour  à  antre,  à  la  grande  subversion  de  notre  peuitlc. 
I»ar  personnes  cpie  nous  ne  doutons  point  de  nommer  enfants  de 
Siilliiin:  car  ils  .^e  n-jouissent  en  leurs  méchansetez,  el  n'ayans  ja- 


1525  (.LII.LALMK  BUIÇONiNKT  AU  CLEJUIK  DF.  SON   DIOCÈSE.  '.]'-2l 

mais  ai>piis  (|irà  mal  faii-e,  ils  sont  6/  effrontez  (jne  de  vouloir  im- 
poser aux  gens  de  bien  les  crimes  dont  ils  sont  seuls  coulpnhles  et  eon- 
raincus,  (rautant  plus  aveuglez  en  cecy  (|ue,  marclians  en  l'ob- 
scurité du  vice,  ils  ne  prennent  pas  pai'de  qiu'  leurs  âmes  sont  plus 
noires  et  ténébreuses  que  les  ténèbres  mesmes;  et  s'ils  pensent 
en  faire  croire  aux  liommes,  si  ne  pourront-ils  jamais  tromper 
Dieu  qui  veoit  au  travers  du  mascjue  de  leurs  feint ises. 

Or  comme  ainsi  soit  que  la  crainte  d'offencer  Dieu  ayt  beaucoup 
plus  de  poids  à  l'endroit  des  gens  de  bien  que  toutes  les  censures 
et  les  excommunications  de  ses  Ministres,  les  impies  et  pervers, 
pour  une  autre  fm,  les  méprisent  et  foulent  aux  pieds,  à  cause  qu'ils 
renient  et  désavouent  par  leurs  blaspbèmes  Dieu,  cpii  est  le  prince 
et  le  chef  de  tous  les  ministres  et  ofliciers  de  son  Église.  De  là 
vient  qu'armez  et  animez  de  courroux  à  rencontre  des  serviteurs, 
à  cause  de  leur  Maistre,  ils  se  mocquent  insolemment  de  tout  ce  qui 
leur  est  par  eux  enjoinct  et  commandé.  Ce  qui  faict  ([u'après  avoir 
employé  la  rigueur  des  peines  ecclésiastiques  contre  certains  qui 
auroient  cy-devant ,  par  leurs  damnables  écrits  et  impostures. 
ijrief'vement  offensé  notre  Sainct-Père,  sans  avoir  peu  jamais  amollir 
le  cœur  de  personne  par  nos  censures,  ny  découvrir  l'autheur  d'un 
(rime  tant  détestable  K  à  grand'peine  pouvons-nous  espérer  qu'elles 

'  Voyez  Toussaints  Du  Plessis,  op.  cit.  I,  329  :  «  Vers  ce  même  temps 
[décembre  1524]  le  pape  Clément  VII  publia  des  indulgences,  et  ordonna  dans 
toute  l'Eglise  un  jeûne  de  trois  jours,  outi'e  les  prières  et  la  participation 
des  sacremens,  pour  obtenir  de  Dieu  la  paix  entre  les  Princes  chrétiens; 
et  Guill.  Briçonnet  fit  afficher  la  Bulle  du  St.  Père  aux  portes  de  l'église 
cathédrale  et  dans  les  principaux  quartiers  de  la  ville....  Il  se  trouva  des 
personnes  assez  hardies...  pour  enlever  les  affiches,  pour  les  déchirer  à  la 
vue  du  peuple,  et  pour  en  placarder  d'autres  toutes  contraires...  [oîi]  l'on  ne 
rougit  pas  d'avancer  que  le  Pape  était  le  véritable  Antéchrist.  Briçonnet  fit 
publier  des  monitoires,  le  25 Décembre  suivant,  pour  découvrir  les  autours  du 
scandale;  mais  personne  ne  vint  à  révélation.  Bien  plus,  au  mois  de  Janvier 
suivant,  les  Hérétiques  poussèrent  leur  audace  jusqu'à  déchirer  à  coups  de 
couteau...  diverses  formules  do  prières  que  l'on  avoit  appliquées  dans  l'église 
cathédrale...  pour  la  commodité  des  fidèles...  Ceux  qui  avoient  arraché  la 
Bulle  du  Pape  toml)èrent  enfin  entre  les  mains  de  la  Justice,  et  par  arrêt  du 
Parlement,  ils  furent  condanuiez  à  être  fouettez  pubhquement  i\  Paris  trois 
jours  de  suite  par  la  main  du  bourreau.  De  là  ou  les  renvoia  à  3Ieaua;  où  ils 
furent  de  nouveau  fustigez,  puis  marquez  d'tin  fer  chaud,  et  chassez  avec 
indignation  hors  des  frontières  du  Boiaurae.  »  —  L'un  de  ces  malheureux  était 
le  cardeur  de  laine  Jean  Je  Clerc.  (Voyez  T.  de  Bèze.  Hist.  ecclés.  I,  6,  et 
Crespin,  op.  cit.  fol.  85  b.  Ces  deux  auteurs  placent  l'arrestation  de  le  Clerc 
en  1523;  il  est  évident  qu'elle  eut  lieu  deux  ans  plus  tard.) 

T.    1.  21 


'Mi  i.rii.i.Ai'Mi:  briçonnet  au  glekgé  dk  son  diocèse.         1525 

ayeiil  queliiue  poids  en  choses  t(ui  pourroient  eslre  de  moindre 
considération  que  celle-là. 

Ne  voulans  pas  pourtant  nous  départir  le  moins  du  monde  de  ce 
(}ui  est  de  notre  devoir  pastoral. —  a\ant  à  notre  grand  regret  en- 
tendu que  quelques-uns.  qui  vrayement  sont  enfans  de  perdition 
et  membres  de  Satlian,  nuictamnient  ou  à  Taube  du  Jour,  ont  à 
poincle  de  canif  découpé  et  mis  en  pièces  certaines  oraisons,  com- 
posées i'n  l'honneur  et  louan(/e  de  la  très-sacrée  Vierge  et  autres 
Saiurts,  et  attachées  à  de  petits  tableaux,  en  divers  endroicts  de 
notre  église  de  MeauK.  violant  par  ce  forfait  exécrai)le  les  lieux 
sacrez,  et  portant  leurs  mains  sacrilèges  sur  les  tableaux  consacrez 
au  Tout-Puissant  et  à  son  temple,  en  intention  de  le  scandalizer  et 
braver,  Luy,  sa  glorieuse  Mère  et  ses  Saincts^  bien  qu'ils  soient  in- 
capables (Finjure  et  d'infamie,  —  et  partant,  par  la  teneur  de  ces 
présentes,  nous  vous  mandons  et  enjoignons  étroitement,  à  vous 
tous  qui  serez  sur  ce  requis,  que  publi(|uement  et  à  la  veue  de  tout 
le  peuple,  vous  admonestiez  soigneusement  de  notre  part  et  à  haute 
voix,  aux  prosnes  de  vos  messes  parochiales,  ces  misérables  enfans 
d'ire  et  de  perdition,  avec  leurs  complices  et  tous  autres  qui  en 
sçauront  ou  en  aui'ont  appris  quelque  chose,  et  toutefois  ne  voul- 
<lront  pas  le  révéler,  tous  lesquels  nous  admonestons  de  la  sorte 
|iar  ces  présentes,  que  si  dedans  six  jours  (pour  tout  délav)  après 
la  publicdion  d'icelles,  ils  ne  riennent  à  rérélation  vers  notre  pro- 
moteur, les  six  jours  expirez,  nous  les  excommunions  dès  à  pré- 
sent comme  jkiui'  lors,  et  les  déclarons  pour  excommuniez  par 
cette  IJidli'.  laquelle  sentence  d'excommunication  nous  aggravons, 
si  après  en  avdir  oiiy  la  lecture  ils  demeui'oient  six  auti'es  Jours 
sans  acquiescer  à  notre  iMandemenl.  Oue  si.  mesuies  ces  douze 
jours  écoulez,  endurcis  de  crnii'  cl  d'esprit,  ils  demeuroient  en- 
core six  autres  jours  en  leur  daninahle  (q)iniastreté.  sans  se  soucier 
(\e>  dictes  sentences  d'excoiiimunicalion  et  aggiavation  (ce  que  je 
prie  la  divine  bonté  de  ne  permettre)  —  nous  les  i-éaggra\ons  par  la 
teneur  des  mesmes  liulles.  et.  de  notre  aulhorité.  vous  mandons 
et  commandons  ipie  vous  les  dénonciez  pour  tels,  toutes  les  festes 
el  Diuianches.  publiquement  et  à  la  veue  de  tout  le  monde,  les  clo- 
ches sonnantes,  et  les  chandelles  allumées,  puis  éteincteset  Jectées 
contre  terre,  en  siijn)'  iréteruelle  malédiction. 

*  Lo  prôiat  qui  voiu-  plus  loin  à  «  une  éternelle  malédiction  »  ceux  qui  ne 
se  repentiraient  pas  d'avoir  commis  <  ce  forfait  exécrable  *  n'a  pu  ordonner 


1323  LE  CONSF.il,  DE  l'aRCHEVÈQUE  DE  I.VON  A  NOËL  BEDA.  323 

Donné  à  iMeaux  sous  le  sceau  de  nos  armes,  le  vingt  et  unième 
Janvier,  Tan  de  nostre  Seigneur  mil  cinij  cents  vingt  et  quatre 
(1525.  nouv.  style). 


136 


LE  CONSEIL  DE  L'ARCHEVÊQUE  DE  LYON  à  Noël  Beda  ' . 

De  Lyon,  23  janvier  (1525). 

Copie  contemporaine.  liihl.  Impér.  manuscrits  lat.  n''3381  B,  fol.  5. 
D'Argentré.  Collectio  Judicioruni.  t.  II.  p.  9. 

So.MM.viRE.  Aimé  Maigret,  emprisonné  à  Lyon  à  cause  de  ses  prédications  «  héré- 
tiques, »  est  envoyé  à  Paris  pour  être  e.xaminé  par  la  Faculté  de  Théologie.  On 
attend  de  la  Sorbonne  un  jugement  sévère. 

Monsieur  nosire  maistre,  à  vostre  bonne  grâce  nous  recomman- 
dons. Monsieur,  nous  croyons  que  estes  bien  adverty.  et  pareille- 
ment Messieurs  de  la  Faculté,  de  la  prinse  et  détention  de  frère 
Aymé  Maigret  K  par  ordonnance  de  Madame^  et  de  Mons'  le  Chan- 
celier *,  à  cause  de  plusieurs  propositions  héréticques,  erronées  et 
scandaleuses,  procédans  de  ceste  secte  luthérienne,  preschées  par 
le  dit  Maiijret  tant  en  ceste  ville  que  à  Grenoble'^. 

la  destruction  de  toutes  les  images  dans  son  diocèse.  (Y.  l'étrange  récit 
de  Sébiville,  N°  132,  note  10.) 

'  On  lit  en  tête  de  la  copie  que  nous  suivons  :  «  Lectres  envoyées  au 
Syndic  de  la  Faculté,  nostre  maistre  Beda,  contre  Maigret  »  Voyez  sur 
Beda  le  N"  38,  note  5,  et  le  N°  43,  note  lÔ. 

-  Voyez  le  N"  97,  note  9  ot  le  N»  130,  note  4. 

^  Louise  de  Savoie,  régente  du  royaume  (V.  la  note  10). 

*  Antoine  Du  Frai. 

^  Y.  dans  l'ouvrage  de  d'Argentré,  t.  II,  12-17,  les  propositions  e.\traites 
des  sermons  que  Maigret  avait  prononcés  à  Lyon  pendant  le  Carême  de 
1524,  et  à  Grenobh',  le  25  avril.  Ce  jour-là,  il  avait  prêché  devant  le  peuple 
en  français,  et  devant  le  Parlement  en  latin.  Il  publia  bientôt  après  ces  deux 
discours.  Entre  autres  propositions  de  Maigret  incriminées  dans  la  censure 
de  la  Sorbonne  (9  mars  152.5)  on  trouve  celles-ci: 

■  «  Entre  nous  Prescheurs  et  Docteurs  académiques  manifestement  mettons 
la  charrue  devant  les  bœufs,  nos  œuvres  préférons  à  la  grâce  de  Dieu  et 
contredisons  à  nous  mesmes,  conjoignans  ensemble  grâce  et  dette,  mérite 


.{21  I.F.  CONSFJL  DE  i/aRCHEVÈOLE  DE  LYON  A  NOËL  BEDA.  15ân 

Le  procès  inquisitionmil  a  esté  conimancé  contre  le  dit  Maigret 
par  certains  bons  personnages  qni  ont  esté  commis  et  députez. 
Et  poiirce  (pie  irelluy  Maifjretz'e&i  tousjoiirs  rendu  difficile  et  pro- 
terve  à  luy  fére  son  procès.  —  attendu  aussi  que  la  matière  est  de 
?ranl  poix  et  que  [elle]  requiert  bien  l'examen ,  discussion  et  dé- 
termination de  la  Faculté  de  Théologie  à  Paris,  où  est  la  fontaine 
de  science  et  de  toutes  bonnes  et  saincte<  lettres,  joint  que  le  dit 
Maiqrct  y  a  consent  n.  —  a  esté  advisé  et  oi-donné  par  Madame  et 
mon  dit  seigneur  ^lons""  le  Chancelier,  et  aussi  par  les  dits  juges 
commis,  de  remectre  le  dicl  procès  et  affaire  à  la  dite  Faculté  et 
juges  qui  seroient  déléguez  et  commis  au  dit  Paris,  pour  illec 
déterminer  et  décider  tout  le  dit  afTaire  à  Thonneur  de  Dieu,  exal- 
tation de  la  foy  calholicque  et  extirpation  de  ceste  hérésie  luthé- 
rienne, (pii  commance  fort  à  pulluler  par  deçà.  Etjam  plures  de  ci- 
nerihus  raldè  [1.  Valdo]  renasmatur  plantulœ  ^,  et  opiis  est  exemplo 
f/raris  et  sererœ  alicujus  animadrersionis. 

Les  premiers  juges  se  sont  deschargez  en  noz  mains,  et  par  Tad- 
vis  de  mon  dit  seigneur  le  Chancelier  avons  commis  et  délégué 
juges,  assavoir  Monsieur  le  président  Pot  et  Monsieur  Verjast\ 
auxipielz  mon  dit  seigneur  le  Chancelier  escript  et  les  prie  en 
prandre  l;i  charge.  Vous  y  poui-rez  nommer  et  mectre  deux  doc- 
teurs de  vostre  Faculté  avecques  eulx  el  de  leur  consentement,  et 
selon  que  verrez  pour  le  mieulx.  Et  à  ceste  cause  avons  laissé  l'es- 
pace en  blanc  au  vicariat  et  commission.  Vous  plaira  y  adviser  pour 

ot  liliéralitc',  oliligation  et  miséricorde  ;  car  ce  qui  vient  de  grâce  n'est  ja- 
iimis  mérite,  et  ce  qu'est  mérite  procède  de  justice  et  oldigation,  non  de 
prAce  comme  S.  Paul  dit:  «  Si  ex  opciUiu-^  jam  non  e.v  (f ratio,  etc.  > 

«  Je  dis  que  celui  qui  t'oblige  à  certains  habits  de  Religion  et  innuraé- 
rables  autres  telles  cérémonies  extériores,  usant  de  puissance  cohercitive, 
te  commaiulant  telles  choses  observer,  sur  peine  due  à  péché  mortel  et 
autres  peines  ttiiiporellos  ou  spirituelles,  il  te  met  sous  le  pédagogue,  et  ne 
sera  de  tny  véritable  ce  que  dit  ici  S.  Paul,  (jue  puisque  la  foy  est  venue, 
jam  non  suiiius  mth  ixcângogo.  > 

<  Jeûner,  ainsi  que  l'on  nous  fait  faire,  ne  manger  chair  le  Vcndredy, 
vivre  on  continence,  sont  d'elles-mêmes  très-belles  choses.  ^lais  qui  les 
nous  commande  sur  peine  d'éternrlle  damnation  (d'autre  commandement 
ne  veux-je  parler),  nous  oste  la  liberté  que  Jésus-Christ  nous  a  donnée,  et 
nous  met  en  intolérante  servitude.  » 

•^  /Vllusiou  aux  Pauvres  de  Lyon,  qui  avaient  eu  pour  chef  Jc«m  Waldo. 

'  Nous  croyons  que  c'est  André  Verjus,  conseiller  au  Parlement  de 
Pans,  appelé  Vcrvi.^t  par  Pretonnt-au  lop.  cit.  p.  205)  et  Vccinst  dans 
d'Argenlré. 


1525  LE  CONSEIL  DE  L'AllCHEVÈgUE  DE  LVOxN  A  NOËL  BEDA.  325 

le  mieuk.  L'on  envoyé  le  dil  Maigret  prisonnier,  avec  les  charges 
et  procès,  aux  prisons  de  Monseiijncur  de  Paris  %  auquel  Moitsei- 
ynetir  de  Sens  '■>  escript  par  l'ordonnance  de  Madame.  Le  présent 
porteur  est  niaistre  Clément  Banderon  que  envoyons  par  delà  pour 
estre  solliciteur  du  dit  alVaire,  qui  vous  instruyra  de  toute  la  matière 
et  procédure  faicle  par  deçà 

Monsieur,  nous  vous  prions  et  tous  Messieurs  de  la  Faculté 
prandre  cesle  matière  à  cueur,  et  en.  est  bien  besoin^'  pour  le  bien 
de  la  Chrestienlé  en  tous  estatx.  Et  espérons  que  si  la  réparation 
et  punition  est  bien  t'aicte  de  cest  homme  pernicieux,  auctoritate 
celebratissimi  coUegii  vestri,  et  les  propositions  dauniées  et  réprou- 
vées ut  decet,  que  nostre  foy  catliolicque  en  brief  sera  réduicte  en 
son  intégrité,  tanquam  suppresso  auctore  et  tubicine  omnis  mali 
quod  panditu)-  au  AqnHoue.  Et  posteaquam  celesti  clementia  et  ter- 
restris  potenliai  favore  adjuti  sumus,  summè  est  enitendum.  ut  liy- 
dram  istam  cum  tota  lerna  confodiamus,  ne  veniat  in  nos  dira  illa 
vastitas  et  desolalio  qucc  ferme  totam  nunc  opprimit  Germaniam. 
Nous  y  avons  faict  ce  que  nous  a  esté  possible  et  ne  cesserons  de 
vous  prier,  ut  hanc  partem  solUcitudinis  arripiatis,  ut  aiunt,  and)a- 
bus  manibus  et  pedibus  ^".  El  sïl  y  a  service  et  plaisir  que  vous  puis- 
sons  l'aire,  le  ferons  de  bon  cueur.  A  tant  prierons  le  Ciéateur 
vous  donner  bonne  vie  et  longue.  A  Lyon,  ce  xxiij"  de  Janvrier. 

Par  voz  frères  et  serviteurs  les  ViCAniE  général  et  gens 

DU  CONSEU.  DE  MONSEIGNEUR  L^AKCEVESgUE  DE  LyON". 


**  François  de  Poncher,  neveu  de  l'archevêque  de  Sens  (V.  la  uote  9). 
^  Etienne  de  Ponelier,  ancien  évéque  de  Paris,  élu  aixhevéque  de  Sens 
en  1519,  et  membre  du  conseil  de  la  reine-régente.  Il  mourut  à  Lyon,  le 
23  février  1525. 

*•*  L'arrivée  de  Maigret  à  Paris  est  mentionnée  comme  suit  dans  un 
document  contemporain:  «Au  dict  an  (.1525),  le  premier  jour  de  février, 
fut  amené  en  ceste  ville  de  Paris  un  jacobin  nomme  Meiyret.  et  fut  amené 
de  Lyon  où  estoit  lors  madame  la  Régente  pendant  que  le  Roy  tcnoit  le 
siège  devant  Pavie.  Il  fut  amené  par  les  archers  Cm  Roy  et  mis  prisonnier  en 
la  cour  d'Éghse  parce  qu'U  avoit  presché  à  Lyon  aucunes  choses  contre  les 
ordonnances  de  l'Église.  Madame  la  Régente  l'avoit  amené  à  Paris  pour 
luy  faire  son  procez.  Fiuablement  il  fut  condamné  à  faire  à  Lyon  amende 
honorable  et  à  soy  desdire,  et  son  sermon  estre  bruslé,  dont  il  appella  ;  en 
appella  aussi  l'inquisiteur  de  la  foy  contre  luy  tampiam  à  minima.  »  (Journal 
d'un  bourgeois  de  Paris,  p.  226.) 

"  François  de  Bohan,  qui  occupa  le  siège  de  Lyon  de  1501  à  1536. 


326  ANK.MOM)  DE  COCT  A  G.  FAHRI..  A  MON TBÉIJAHD.  1523 


137 


ANÉMOND  DE  COCT  à  G.  Farel,  à  Montbéliard. 
De  Wehr,  25  janvier  (1525). 

Inédile.  Aiitograplie.  BM.  des  pasteurs  de  NeucliAlei. 

.Sommaire.  Je  vous  envoie  votre  «  Dispute.  »  une  lettre  de  Lambert  et  l'an  et  d'excoin- 
mimication  rendu  à  Paris  à  propos  du  livre  intitulé  Murmar.  Lorsque  mon  ser- 
viteur sera  de  retour  de  Strasbourg,  vous  l'enverrez  auprès  de  Conrad  Grèbe',  pour 
lui  payer  le  montant  de  ma  dette,  et  vous  amener  le  petit  Nicolas.  Le  porteur  paiera 
aussi  une  partie  de  mes  dettes  à  Soleure,  en  attendant  que  mon  frère  m'envoie  de 
l'argent.  J'espère  arriver  à  me  rendre  maître  de  la  langue  allemande.  Je  vous  re- 
commande Philippe  Ma.ynin.' 

Grâce  et  paix  en  .Iksls  Christ  nosire  seul  cliief!  Je  .suis  en  ung" 
lieu  le  ipiel  vuiis  dii-a  le  présent  porteni':  lien  d'estude  et  spécula- 
lion,  là  où  j'espèrfi  de  vivre  à  ineilleiir  marché  (|ue  eiicor  n'ay 
faici  :  tM  ainsi  es|)ère  en  Dion  de  povoir  sortir  de  dehtes  les  tiuelz 
ay  esté  coniraiiil  à  l'aiif.  Loué  soit  Dieu!  Je  vous  envoyé  rostre 
ilisiiutdtion  '  et  ung  e.vcomuniement  de  Paris  contre  Miirnmr  et  les 
Mnnnan'iis.  t\n'\  requiert  une  belle  g'iose-.  Vous  la  pourrez  bien 
faire,  car  n'est  pas  loni^Mie. 

'  A  cette  époque  la  seule  dispute  qui  eût  été  publiquement  soutenue  par 
Farel  était  celle  do  Bâle  (février  1,524). 

-  Il  ne  petit  être  ici  question  que  d'un  écrit  intittilé  :  «  Murmar,  »  au 
sujet  duquel  on  lit  dans  les  Registres  de  la  Sorlioimc  (Liv.  2,  fol.  2):  «  Dum 
qtiid.un  lilicr  faiso  iiititulatus  *  J)etrnni)iatin  Facidlatis  Tficologuc  l'arù^icmis 
super  certi.f  jiropositionibus,  etc.  aliàs  dicius  Murmmt  »  in  Parisina  Univer- 
sitate  prelo  commissus  fuisse  crederetur,  i'm  cnntemtuni  et  vilipcnsionem 
(irn.stnruni  supremn'  Curirr  qiiit)us  cavctur,  ne  lil)or  quispiani  sacram  con- 
rernens  Scripturam  imprimatur  qui  prius  non  fuerit  per  theolofros  doctores 
recopnitus,  —  qui,  cum  occulte  UncUirelur  ac  legcretur  pa-ssim  à  multis,  ut 
dicol)atur,  Lutheratiis,...  quia  impius  in  Deum  et  Sanctos,...  hseresibus  fa- 
mosus,  inulUiruw  prohorum  virorum  )iominatim  crprc^sorum  impiulenter  et 
mendaciter  (lijrdtudtiru.",  —  rum  forte-  in  mantis  nonnulloruni  tlieologorum 
incidisset ...  extraxerunt  propositiones  numéro  tn'giiita  (juiiiquc,  quas  su- 
premïn  Curiae  senatoribus  cxhibuerunt.  >  Sur  la  dénonciation  de  la  Sor- 
bonne,  le  Parlement  rendit,  le  0  décembre  1524,  un  arrêt  qui  enjoint  à 


1525  ANÉiMOND  DE  COCT  A  G.  FAHKI..  A   MuM  lîKIJAUl).  .'Î27 

Vous  baillerez  ce  que  scavez  à  Hnns^,  pour  portor  à  StrasboKrfj, 
et.il  fera  lout  le  possible.  Quant  il  sera  revenu  ibi  dii  i  Stniahourg, 
il  reviendra  par  de\ ers  vous.  Pource  vous  prie  ((ue  faictes  tant 
(lue  luv  [laillez  (|uatre  escuz  et  deux  batz.  et  escripvez  à  Conrad 
Grebelius  \  que  lès  luy  mandez  pour  nioy,  ainsi  ([ue  vous  ay  prié, 
et  que  m'en  suis  retourné  en  France,  et  (jue  il  vous  envoyé  par 
le  présent  porteur  le  petit  Xirolas.  filz  du  paralitic  Nicolati\  Par 
ce  moyen  seray  desohargé  de  grande  tristesse. 

J'ay  baillé  au  présent  porteur  ung  peu  d'argent  pour  pourter  à 
mon  créiliteur  de  Saletre'''.  el  ay  rescript  à  Caspar''  et  aultres. 
Vous  pourrez  ovrir  les  lettres  qu'ilz  me  rescripront.  el  verrez  ce 
que  il  aura  exploité.  Je  suis  plus  privé  de  vous**  que  de  eulx; 
pource  les  veulx  premièrement  poyer  (pie  vous.  J'ay  escript 
au  Blet''  et  à  mon  frère  ^'*.  J'espère  que  Dieu  nous  aidera.  Je  ne 
suis  point  deslibéré  (nisi  cœlum  ruât)  de  partir  d'icy  d'ung  an, 

l'évêque  de  Paris  et  à  ses  vicaires  de  décerner  «  monition  sous  peim  d'ex- 
communication coûti-e  tous  ceux  qui  ont  et  retiennent  en  leur  possession  le 
dit  livre.  »  (Voyez  d'Argentré,  op.  cit.  Il,  10*-9.) 

Le  nom  de  Murman  aussi  bien  que  celui  de  Murmar  pourrait  être  une 
altération  de  Mun-Nair,  nom  donné  par  dérision  au  fameux  capucin  Tho- 
mas Murner  de  Strasbourg,  l'un  des  plus  violents  adversaires  des  Réforma- 
teurs. (V.  J"  de  Muller,  X,  353,  et  Rœhrich.  Gesch.  der  Reform.in  Elsass, 
I,  228.)  Le  livre  lui-même  ne  serait-il  point  cet  ouvrage  «  (Ze  Parisiensïbus 
et  Poniifice,  »  attribué  par  Érasme  à  Farel  (Voyez  le  N"  103,  note  24)? 
^  Jean,  le  serviteur  de  Coct.  Voyez  p.  282. 

*  Conrad  Grebel,  fils  d'un  magistrat  de  Zurich,  avait  acquis  à  Bâle,  à 
Vienne  (1515-18),  puis  à  Paris  (1518-20)  une  culture  littéraire  très-distin- 
guée. Aimable,  spirituel,  mais  déconsidéré  par  les  désordres  de  sa  jeunesse, 
il  se  jeta,  après  son  retour  en  Suisse,  dans  le  parti  des  agitateurs  qui  vou- 
laient accaparer  à  leur  profit  l'œuvre  de  la  Réformation.  Sommé  par  le  Con- 
seil de  Zurich  d'interrompre  ses  conventicules  (20  janvier  1525),  il  se  re- 
tira à  Schaftliouse,  où  il  essaya  vainement  de  gagner  Anémond  de  Coct  aux 
idées  des  Anabaptistes  et  de  lui  inspirer  de  la  défiance  pour  Zivingli.  Ce 
fut  peut-être  à  cette  occasion  que  le  chevalier  français  fit  son  dernier 
voyage  à  Zurich,  vers  la  fin  de  février  1525  ^N»  143).  (V.  Hottinger. 
Zwingli  et  son  époque,  p.  175-179,  218-224,  et  226.  —  Fùssiin.  Beytràge, 
I,  240,  et  IV,  251.) 

^  Le  petit  Nicolas  est  peut-être  l'enfant  que  le  chevalier  Coct   avait 
adopté  (V.  le  X»  143). 
<*  Soleure? 
'  Est-ce  Gaspard  Mdssyer,  qui  résidait  à  Soleure?  (V.  le  N"  106.) 

*  C'est-à-dire,  plus  lié  avec  vous. 

^  Antoine  Du  likt  de  Lyon  (V.  le  N°  1.32). 
'^  Laurent  Coct. 


MH  FRANÇOIS  LAMBKiVr  AL'  PRINCE-ÉVÈQL'K  DE  LAUSANNE.  1525 

pour  le  moyns,  et  ay  grande  espérance  d'avoir  le  langage  ger- 
iiKiiii".  Dieu  ai'lahl.  Philiiums  Mugiunus^'  a  esté  privé  des  biens 
de  liéliéniolli  :  il  en  sera  plus  deslivré  pour  la  Parole  de  Dieu.  Si 
avez  moyen  de  le  pourveoir  à  Auss.  '^  ou  ailleurs,  je  suis  seur 
(|ue  le  ferez.  Si  avez  des  novelles  de  France,  envoyez-m'en  le 
dojjle  par  le  présent  porteur,  ou  par  Pliilipinis.  De  \Vorr'\  ce  x\v^ 
de  Jaiivit.M'. 

Vostre  luuiilile  frère  Annémond  Coct. 

(P.  S.)  Je  vous  envoyé  la  particule  de  l'épistre  de  Grebel,  à  ce  que 
sit  in  sUjnum  illl  Vous  la  pourrez  enfermer  dedens  les  lettres  que 
luy  escriprez.  Je  vous  envoyé  aussi  l'épistre  de  Lambert.  Je  salue 
Mons'  le  Cliecalier  et  Tesglise  vostre. 

(Siiscription:)  Fidelissimo  Evangelii  mini^troGuUielmo  Farello, 
suo  in  Christo  majoii.  In  xMonbelgard. 


158 

FRANÇOIS  LAMBERT  au  Prince-ÉvuqiiG  de  Lausanne. 
De  Strasbourg  (vers  la  fin  de  janvier)  1525. 

Fr.  b.iiiibL'rii  Farrago  Diiinium  fere  rerum  tbeologicarum.  (Argen- 
tinai,  Jo.  Hervag,  1525.  in-8".) 

SoMM.viRE.  Le  souvenir  de  vos  bontés  et  du  l'accueil  que  vos  lettres  de  recomman- 
dation m'ont  valu  à  Berne,  à,  Zurich,  à  Bûle  et  à  Fribourg,  m'engage  à  vous  dédier 
le  présent  ouvrage.  l\  est  destiné  à  vous  mettre  en  garde  contre  les  b  Paradoxa  »  de 
Conrad  Treyer,  écrit  dans  lequel  il  cherche  à  détourner  les  Suisses  de  la  doctrine 
de  l'Évangile,  en  l'appelant  «  la  doctrine  de  Luther.  »  Ce  n'est  pas  Luther  qui  m'a 
rendu  chrétien.  Pourquoi  Trvyer  refuse-t-il  les  discussions  publiques  qu'on  lui  oll're 
et  veut-il  nous  faire  passer  pour  des  apostats,  parce  que  nous  nous  sommes  séparés 
de  l'Antéchrist?  Ne  vous  arrêtez  pas  aux  injures  qu'il  nous  adresse,  et  loin  de  vou.s 

"  Nous  avons  vu,  p.  L!8.3,  qno  le  chevalier  avait  traduit  de  raliemaud 
une  missive  il'ljiric  de  Wurtemberg. 

'^  r)n  peut  lire  Magitinus  ou  Magmnus.  Ce  personnage  nous  est  iii- 
ronnu 

''•  .Vous  ne  savons  quelle  est  la  localité  désignée  par  cette  abréviation. 

"  Wchr,  petite  ville  du  grand-duché  de  liade,  à  2î>  kilomètres  N.  E. 
de  Hàle. 


1523  FRANÇOIS  LA.MBKRT  AU  l'RINGE-ÉVÈQUE  DE  LAUSANNE.  329 

laisser  égarer  par  ses  impiétés,  remplissez  en  vrai  Chrétien  les  /onctions  qui  vous 
sont  départies.  Faites  prêcher  au  peuple  la  Parole  de  Dieu,  et  accordez  à  vos  prêtres 
la  liberté  de  se  marier,  en  leur  en  donnant  vous-même  l'exemple. 

lllusiii  ac  generosissinio  Domino  D.  Sebasliaiiu  île  iMoiiIclalcoiie, 
Priiicipi  Lausanensi  ',  Franciscus  Lambertus  Avenioiiensis,  inutilis 
Jesu  Gliristi  servus.  Gi'atia  el  pax  à  Deo  Pâtre  nostro  el  Domino 
no-stro  Jesu  Ghristo! 

Superioribus  annis.  nobilissime  Princeps,  cum  apud  mijem  tuam 
Lausamim  verbum  Cbristi  anniinciarem..  animi  lui  pielatem,  adu- 
latorum  vei'ô  ac  sediictoriim  quorundam  impietatem,  muUipliarié 
expei'tus  fai'-.  Siquidem  ubi  noslris  priydicationibus  aderas,  verbum 
Domini  syncerissiinè  amplectebaiis ;  ubi  autem  ob  negociorum  tu- 
multus  abesse  compellebaris  (quod  seniel  atque  secundo  fuil),  sicul 
mihi  noinumquam  dixisti..  à  verbo  Domini  te  facere  alienum  non- 
nuUi  moliebantur,  adserentes  quod  luiTetica  priedicarem.  Vevum 
tnmleni  sic  te  vicit  potentissûna  veritas,  lU  multis  ino  me  scripserifs, 
et  libenter  fatear,  tui  causa  apud  Bernenses^,  Tiguiinos\  Basilien- 
ses  ■'  et  Friburgenses  "  bene  milii  fuisse. 

'  Sébastien  de  Montfaiicon,  ancien  élève  de  l'université  de  13àle  (1505), 
avait  succédé  eu  1517  à  son  oncle  Ayraon  dans  le  siège  épiscopal  de 
Lausanne. 

-  Voyez  le  N°  52,  note  2.  Sébastien  de  Mouttaucon  ne  témoigna  pas 
longtemps  de  la  sympathie  pour  la  doctrine  évangélique.  Nous  lisons  dans 
une  lettre  de  Berthold  Haller  àZwingli,  du  8  avril  1523:  «  Eidscopus  Lau- 
sanensis  convocavit  omnes  parochos  ;  nescio  quid  cum  illis  acturus  sit.  Id 
unum  constat,  quotquot  sacrificidos  inimxit,  [21  =>  m.  Martii  et  4"  m.  Aprilis 
1523]  speciatim  juvamento  expostidacit.,  ne  contrahant,  nccpœ  faccant  Lu- 
theranœ  doct rince.  »  (Zuinglii  0pp.  VU,  288.) 

3  _  4  Voyez  le  N"  53 . 

5  Voyez  le  N"  56,  note  2. 

**  Nous  savons  seulement  que  François  Lambert  fit  quelques  prédications 
à  Fribourg  (V.  p.  103),  et  qu'il  dut  y  rencontrer  un  petit  nombre  d'hommes 
qui  avaient  du  penchant  pour  les  nouvelles  doctrines.  Voyez  la  lettre  qu'a- 
dressait à  Zwingli,  le  24  septembre  1522,  Jean  Kottlier,  organiste  de  la 
collégiale  de  Fribourg  (Zuinglii  0pp.  VII,  223).  Ilallcr  écrivait,  de  sou 
côté,  le  9  mai  1523  :  «  De  vieinis  nostns  qui  sunt  Frihurçji  hem  spero.  Est 
illic  prœco  evangeliciis,  qui  pro  modestia  sua  tuutùm  profuit,  ut  a  Senatu 
edictum  sit,  quatenus  libéré  evangelium  doceat,  tacito  tamen  nomine  Lu- 
ttiei^i»  (Ibid.  294).  Ce  prédicateur  était  peut-être  Thomas  Geyerfalk,  qui  fut 
exilé  en  janvier  1524  (N"  50,  note  2}.  On  pourrait  encore  citer  Jean  Ven- 
nefr  ou  Wannmacher,  chantre  de  St.-Nicolas,  qui  était  aussi  eu  correspon- 
dance avec  le  réformateur  de  Zurich  (V.  sa  lettre  du  29  août  1524.  Op.. 


330  FRANÇOIS  LAMBERT  AU  PRINCE-ÉVÈQUE  DE  LAUSANNE.  1525 

Aheiinleiii  quoque  adjurasti.  ut  nonniiniiuam  ad  te  scribereni 
(lUcL'  pietalis  erant,  quod  et  me  oportune  facturum  spopondi.  Proinde 
veniaiii  di'l  Celsitudo  Tua.,  quôd  iisqiio  in  liunc  dieni  distulerim. 
Kniiiivero  non  oblivione  aut  negligentia  id  adcidit,  sed  ([iiôd  siepius, 
dum  id  facere  cogitarem,  ad  alia  vel  coactus  rapiejjar.  Yolui  aulem 
novissinie  respondere  Centum  Partuloris  Convndi  Trefjarii\  Augiis- 
tiniani.  ad  le  ini.<sis.  quibiis  nediim  Suhliiiiitatein  Tuam.  sed  et  in- 
clylam  llniretiornin  gentem  à  Christo  alienam  facere  nititur.  quan- 
tunilibel  zelo  Clirisli,  in  erroris  et  cœcitatis  spiritu.  glorietur.  Niliil 
enini  minus  docet  (juam  Christum....  Porrô,  me  cogitante  in  ipsa 
Piinnloiyi  responsioneni,  cliarissimi  et  verè  à  Deo  docti  fratres 
Viiolfi/iiugus  Fdbricim  Oijulo  et  Mavtinus  Bncerus.  e.\  Argentora- 
lensitius  Episcopis  duo,  me  prccvenere  *. 

Neciue  admireris,  quôd  ejusdem  urbis  plures  di\i  Episcopo.^. 

Eiiinivcro  (piiivpie  civitas  tôt  babet  Episcopos,  quoi  veros  Evange- 
listas  seu  concionatores.  Omnis  enim  veritatis  concionator.  veri- 
tali.s  dico,  qui  non  mendacia  bominum  décréta,  invenliones.  .som- 
nia,  leges,  consiba,  sed  purissimum  et  simplicissimum  I)ei  verbuni 
anininriaf.  verus  Episcopus  est,  eliam  si  non  sic  à  nonnidbs  voce- 
tur.  Nullos  enim.  pra-ler  liujusmodi  Episcopos,  Dei  Ecclesia  liabet. 
Ideo  ubi  non  suni  jturi  sermonum  Dei  ministri.  nulbis  Episcopus 
est.  El  in  veritate,  terremUssimo  juiUcio  Douiini.  uuiltis  siecubs 
ab-sipie  veris  Episcopis  fiiiunis.  Nani  qui  us(iue  in  bunc  dieni  vocali 
fuere  Eiiiscojii.  nibil  minus  quàm  Episcopi  sunt,  nisi  forsan  bursa- 

cit.  VII,  357),  et  un  certain  Ulric  *  *  *  qui  se  lia  d'amitié  avec  Henri-Corne- 
lius  Aprippa,  pondant  qno  ce  dernier  habitait  Fribourg  de  1523  à  1524. 
(Agrippa-  Ojip.  P.  II,  828.) 

"  Conrad  Trcijcr  ou  Treguer  (appelé  aussi  Tornare),  natif  du  canton  de 
Fribourg,  se  signala  en  Suisse  et  en  Allemagne  comme  champion  de  l'église 
catholique.  Il  fut  provincial  des  Augustins  de  la  Haute-Allemagne  depuis 
15in  jusqu'en  1540.  Les  historiens  de  sa  confession  le  citent  avec  de 
grands  éloges.  L'ouvrage  de  Trcyer  mentionné  par  Lambert  parut  sous  le 
titre  suivant  :  «  Ad  reverendum  in  Christo  patrem  et  illustriss.  principem 
Fabianiim  de  Monte  Falcone  Lansanensem  Episcopuni.  Paradoxa  ceutum 
Fr.  Conrad!  Tregarii ...  de  F>ccleslaî  conciliorumque  auctoritate.  Argentin»?, 
per  .Inh.  nriininger  in  die  S.  Gregorii  [12  Martii]  1524  >  in-4".  (V.  Kapp. 
Narhlese,  Tb.  II,  ir)l-458.  —  Ku-hrich,  op.  cit.  Th.  I,  217-226.) 

*  Capiton  publia  le  1"  avril,  en  réponse  à  l'écrit  de  Treyer  (V.  note  7), 
nn  livre  intitulé:  «  Verwarnung  der  diener  des  worts  und  der  bnider  zu 
Strass1)iirp,  an  dio  bnider  von  Landen  und  Stotten  gemeiner  Eidgnos- 
schaft,  wider  dif  Uotslesterigc  Dispiitationbnider  Conradts  Augustiner 
ordens  Provincial.  >  Bucer  répondit  plus  tard  (V.  la  note  9). 


152fi  KlîWnOlS  I.AMBF.UT  Al  PKlNCE-livÈôLK  DE  L \USANNK.  331 

l'iim  el  oninis  impietatis.  sivere.!ini  Anticlii-isli  K|(iscopi  velint  ad- 
lioUaii....  Viileriiil  ergo  ne  in  aHerniim  roprolienlur  et  pereant. 
Episcopi  igitiu-siint  >nli  verifalis  Propliela'.  ((iiornm  pliiresul)i(|iie 
secundùm  popiili  nuiltiliulinem  conslitiii  deltenl.  El  verè  Tuani 
Maonitudinem  noqueo  vocare  Episcopnm.  ni>i  adulari  ef  contra 
consciontiamagere  velini  ([lia-  àlidelibus  perindeaUpie  venena  as- 
pidnm  vitanda  sunt.  Pn'nn'iwni  to  ronfitpov,  Ejiisrojinni  non  ar/nosco, 
fjtiôd non  erdnf/i'lizi's.  Enimveio  non  est  omnium  evangelizare. sed 
eorum  i|uil)us  datiim  est  à  Domino,  ab  illoqne  miilnntur.  Et  liisunt 
veri  Episcopi  EcclesiiV  Cliristi.  Vide  aiitem.  ul  in  Principatii  tuo 
veri  Episcopi  miilliplicentnr.  Episcopi  domini  esse  non  possunU  sed 
tantmn  sunt  doctores  et  servi populorum  Dei....  Enimvero  iinaqnso- 
que  parocliia  proprium  Episcopum  liabere  débet,  qui  à  popnlo  sunt 
eligendi,  et  a  connnunitate  ecclesiaa  cnjuslibet  b)ci  contlnnandi,  ad 
quod  neqne  literis.  neque  sigillis.  neque  cœteris  ejnsmodi  opus 
babent.  Tamdiu  aulem  pro  Episcopis  babendi  sunt.  quamdiu  Evan- 
gelium  regni  Dei  purissime  annunciant.  A  quo  si  aliéna  cœperint 
nunciare,  ab  his  qui  eos  elegerunt.  nempe  à  populo,  deponendi 
sunt  et  aptiores  eligendi.  At  de  bis  alibi  plura  tractavimus. 

Proinde  ad  Tref/nrinn)  redramns.  Scripsit  ad  Tuam  Celsilndinem 
te  Fabinmnn  putans.  eu  m  Schastianus  sis.  teste  scbedula  quam  mibi 
ipse  dedisti.  Deinde  nititur  calcare  ai'ternam  veritalem  Dei.  sub 
nuncupatione  factionis  (ut  scripsit)  Luthemnœ....  Son  docuitme  Lu- 
thenis  quœ  Dei  munere  in  Sacris  Literis  agnori.  neque  etiani  scripta 
ejus,  tametsi  Lntheruni  novi.  et  fateor  me  non  parum  profecisse  con- 
suetudine  ejus.  Scio  eum  esse  aposfolum  et  angelum  Dei.  videlicet 
ab  eo  missum.  Nam  impossilùle  est,  illura,  nisi  à  Deo  missum,  scrip- 
sisse  quac  scripsit.  nempe  elo(|uia  veritatis...  .\t  Tregurius  ille.  Anti- 
cbristi  gratià.  Cbrislo  el  veritati  ejus  conlraïUcit.  sub  Lntheri  no- 
mine....  Vocat  nos  is  speculalf)r  ca-cus  PbilisUeos.  utentes  inanibus 
et  ridiculis  armis.  Sic  lo(|uilur  blaspbemus  ille.  Utinam  non  sil 
blaspbemus  in  Spirilum  Dei,  et  non  loquatur  scienler  contra  con- 
scienliam.  Quilms  armis  nitiuinr?  Sonne  œiernis  etoquiis  Dei? 
Et  ba}c  inania  el  ridicula  esse  impostor  illeadserit!  Cur  non  ad- 
gressus  est  conilictum  puldicum  nunc  Anientorati.  ubi  tulissimum 
erat  illi.  cum  ejusdem  ui'bis  Episcopis  disputare'?  Vobinnis  uioii, 

"  Ce  projet  de  dispute  donna  lieu  à  une  déclaration  jiublique  de  Treyer, 
datée  du  12  octobre  1524,  et  à  l'ouvrage  suivant  de  Bucer,  qui  parut  le 
20  octoI)re  de  la  même  année  :  «  Ein  l<urtzpr  warhaft'tiger  beriolit  von  Dis- 


Xii  FUANÇOIS  LAMBERT  AU  l'RI.NGE-ÉVÈQUE  DE  LAUSANNE.  1  52S 

si  viiiciiniir,  et  si  ille  \  inceretur,  nihii  mali  haberet  '".  Non  vull  ut 
Iiopiiius  agnoscat  ineiidacia  sua,  qiiui  in  verilate  reiecta  fuissenl, 
si  (Jisputassel,  aul.  ul  cuncinnius  loquar.  si  conlulissel.  Habenl  sim- 
plices  plel)ecuiai  spiritus  judicium,  super  onnies  lias  Magistrorum 
nostroruin  larvas  superbissimas.  (|uia  Veiitiini  Dei  amant,  (luod  illi 
calcaie  nitunlur.... 

Insaiiial  Tief/<iiim  ciiin  suis  quantum  voiuerint.  negent  contra 
verbum  Dei  Ecvlesimn  fiilelium  esse  idoneos  Vcioijuilices;  in  veritate 
cilo  cadet,  et  collidetur,  (juia  nititur  baculo  arundineo  unibra; 
iEgypli,  sonniiorum  iiominum....  Hal)eat  nos  ille  interea  pro  deri- 
soribus,  et  quia  apostatavimus  ab  Anticlu'isto  ac  illum  execramur, 
ne  à  Cbristo  aposlataj  simus,  conlumeliis  nos  adiiciat,  ut  voluerit  : 
nobis  pi-o  omnibus  est  gloria  coram  Domino,  à  quo  ille  in  proximo  est 
prosternendus,  quôd  non  erubescat  infelix  adsertores  veritatis  pro 
derisoribus  liabere,  non  ob  aliud.  quàm  quod  veritatem  pronun- 
ciant,  (juasi  ipsa  veritas  derisio  qua^dam  sil.  Non  vult  impius  à  ve- 
rilate vinci.  à  <iua  nos  victos  esse  in  Domino  gloriamur.  Siquidem 
anihiilaiintus  et  nos  aliqunndo  in.  s()iritH  erroris,  sed  vieil  nos  Dei 
reritiis,  per  quam  Deus  a  gravissiinis  ignorantiai  et  errorum  tene- 
bris  ni)s  clementer  eripuit.  et  nos  in  dies  magis  eripit.... 

Dicil  item,  quod  una  in  re,  nempe  conviliis  iiit'erendis.  perpe- 
tuo  sic  nobis  constauius.  ul  nemini  duljium  esse  possit.  omnibus 
eundem  esse  spirituui.  Uespondeo,  quod  dum  eos  lupos.  bestias, 
Anticbristos  et  similibus  nominibus  adpellauuis.  non  illis  convicia- 
mur.  >ri\  ipiid  (le  illis  Spiritus  sentiat.  Scriptui'a-  testimonio  referi- 
iMU>.  VciMui  lion  s()l;i  ii;ii-  una  in  re  nobis  coustamus.  Nam  in  nullo 
ferè  (lissentimus,  (|u6d  eodem  Verbo  idem  nos  Dei  Spiritus  erudiat. 
l'roplielavit  ille.  ut  Caypbas.  vel  nolens  et  non  observans.(|U(')d  eun- 
dem spiniiini  babeamus,  eliaiii  ^i  .ililrr  diclum  suum  velit  intelligi. 
At  neipie  ipse.  iKMpie  tota  Synagoga  sua.  ulla  in  re  sibi  constant, 
nisi  il)  eo.  (|uod  (imiies  conjurarunt  in  Deum,  Cbristum  et  veritatem 
ejus.  Nam  i|uid  in  eis  vidcmus.  nisi  perpétuas  liles  Tbomistarum. 
Scotistariim.  Occanistaiiim.  Uealium.  Nominaliiim.  Sinumistarum 
et  reli(pi<»rum  liiijus  laiinie.  sibi  in\icem  contiadiceutium?  Quo 
|t;il;iiii  lit.  cil-,  ciiiii  il()i-triii;i  ('liri<ti.  (pi;!'  p;icis  iM  uiiilali^  dncli'iii;i 


pHtnlionni  imd  }:antzon  liaiuloi,  so  zwischcn  Cihirat  Tm/cr  ...  uiul  dcn  pro- 
(ligern  des  KvaiiKfliiiin  zii  Stnvssburg  sicli  l)C'gobou  liut.  »    L'aiitiiir  y  a 
joint  la  traduction  allemande  des  <  Paradoxa  »  de  Treyer  et  leur  réfutation. 
'"  V.  le  N«  127,  note  4. 


f 


1523       FRAM.ois  T.AMi$i:ivr  Ai;  l'niNCK-iivKori':  df.  i.aisannk.         '^Xi 

est,  niliil  prcu-siis  liabere  commune,  alienosque  oinnijiu  esse  à  spi- 
ritu  ejus. 

Me  teclel.  genernsissime  Princeps.  respondere  ad  impietates 

imposloris  inijus.  Tantùm  voliii  commonefacere  le,  ut  venena  ejus 
et  omnium  sihi  similium  diligenlissime  vitcs.  Sic  enim  oportet,  ut 
venim  Principem  agas,  alio(|ui  salvus  fieri  non  posses.  Enquod 
multa  (iducia  tecum  ago,  memor  veteris  amicitice,  quâ  me  olim 
dignatus  es,  ac  nobilissimi  animi  illustris  D.  T.  Nolo  caput  tuum  im- 
pinguare  oleo  peccatoris.  Ingens  est  omis  que  premeris;  libi  agen- 
dum  est,  ne  siib  eo  pereas  onere.  Age  ut  liabeas  sub  te  populum 
vere  Cbristianum,  et  ut  Chrislus  in  eis  regnet...  Pelle  omnes  lupos, 
mercenarios  et  pseudopropbetas  à  terris  tuis.  Scias,  quôd  si  per- 
ierinl  populi  tui,  erit  anima  tua  pro  illis,  etiam  si  tua  causa  vel 
unus  tantum  dispereat.  Maxime  autem  cave  à  cucullatis  omnibus. 
Nimirum  universi,  demptis  paucissmis,  conjurarunt  in  Deum  et 
Christum  ejus.  Verùm  anle  omnes  bi  tibi  vitandi  sunt  qui  Obserran- 
tium  titulo.  Cbrislianis  execrabib,  impie  gloriantur",  qiiandoqui- 
dem  eoriim  bypocrisis  et  mendacia  romplures,  immô  innumeros  in 
interituin  ducunt.  Faxit  Cluistus  (Jptimus  Maximus,  ut  citô  pellan- 
tur  à  cunctorum  Principum  aiUis! 

Sensim  (iiioque  necesse  est,  deleas  tyrannides  regni  Anticbristi, 
nempe  in(kilgentiarum  imposturas,  idololatriam  Sanclorum  dor- 
mientium,  Officialium  curias,  censuras  execrabiles  et  à  Cbristianis 
nullatenus  ferendas,  Sectarum'-  rapacitatem  et  simiUa  (piœque.  Si 
posueris  in  anime  tuo,  ut  Sacras  Literas  babeas  in  manibus,  et  in  eis 
die  ac  nocte  mediteris,  docebit  te  Spiritus  Sanctus,  qua  ratione 
ouuiia  bene  fiant  in  toto  Principatu  tuo.  Quôd  si  negas  verbum  Dei 
populo,  tibi  non  débet  adquiescere.  Nam  si  oves  Cbristi  sunt,  volunl 
refici  pabulo  verbi  sancti.  quo  solo  utiliter  refici  valent.  Possunt 
ergo  dicere  omnes  fidelium  populi  Principibus  et  Magistratibus  suis 
immô  ad  id  deberent  congregari  :  «  Yolumus  audire  verbum  Dei 
«  nosiri.  Nolumus  audire  décréta  et  leges  Papa\  nolumus  decer- 

'1  V.  p.  121. 

*2  Ce  mot  désigne  ici  les  divers  Ordres  monastiques  et  les  subdivisions 
do  chaque  Ordre.  Nous  avons  vu  quo  Pierre  de  Scbiville  signait:  «Minorita 
de  septima  secta.  »  Dans  le  Catalogue  qui  accompagne  le  commentaire  de 
Lambert  sur  la  règle  des  Frères  Mineurs,  on  trouve  l'énumération  suivante  : 
«  Secta  Minoritarum,  qua»  in  Cunventuales,  Observantes,  rioformatos,  Col- 
lectaneos,  De  capucio,  De  evangelio,  Amedeos,  Clarines  et  in  alias  sectas 
est  mire  divisa.  » 


33i  FKAMJOIS  lAMDKKI    AL  l'KINCK-KVligLb:  Dt  LALSA.VNE.  1  o2î) 

•  lalioiies  Sopliislaïaiii.  -  Quùd  >i  Principes  aul  Magistralus  negaiit. 
cuiii  el  ipsi  velinl  liaheri  pru  cieilenliijus.  possuiil  ipsi  poi)uli  ali 
eonuii  iiiipt'rio  alieni  lieri.  ///  omnibua  tenentiu  iioindi Primqnlnis 
et  Miif/tslnilthus  nilmiu'accre,  ijrœh'njiiaiii  in  lus  quœ  sunt  contra 
iirlitiiii  Dei.  et  ut  non  luidinnt  idfin  rerbum.  Adquiescat  C.  ï.  veri- 
lali.  el  ailaii.uebil  le  IJeus  in  uninihiis  et  lirinal)il  Principaliiui  luuui. 

Cucurrit  ad  nos  ndatio.  ([nôil  sacrificuUis  quidam,  sub  tuo  Prin- 
cijjatti  rircn-s.  s[>i'el()  Anlicluisli  deireto.  et  illi piu'ferens jussiuneni 
Dai,  fa  ri  us  est  rouiuni-^'\  propler  (|UO(.l  à  lyranno  quodani  captivus, 
le  consiMilienle.  ractus  est  :  el  ferunl,  nuùd  illiun  ad  niorteni  perse- 
ipiiliii-.  Vide  ne  luipiani  adijuieveris,  nam  es.set  anima  tua  pn» 
anima  illiiis.  llie  rem  necessariam  lecil.  t|uam  Deiis  omnihus 
nslis  impera\il.  ni  aluinde  libro  de  Conjuf/io.  ad  Cln'istianissimuni 
(iall/a'  lii-i/riii  [ir(ilia\i.  ipiem  mei  conjiiyii  causa  iedidi.  Nam 
el  ego  ipse  conjunx  factus  sum;  insaniat  quanlundibet  Syndguga 
lilii  lierdili!  Oliedire  oporlet  iJeo.  magis  ijuàm  iiominihus.  Deus 
prœc i in' t  conJiug'iA  onini  humini  non  seanimo  continenli:  Pajui  in- 
terdirit  et  livpocritas  facit.  Cui  adsentifndum  est?  Sonne  Deof 
Non  di>tinxit  Deus  inter  Laicos  et  Clericos.  Generalis  est  jussio, 
onnies  cujiis\is  status  contingens.  Et  si  ci'edit  pietali  Celsitudo  Tua. 
malrimoiiium  contralies.  el  luo  exemplo  dissipahis  Anliclnùsli  l'ac- 
lionem  liane  execrabilem,  ipia  duni  cielilialum  Ciei'icis  contra  Dei 
verhum  indixil.  oiiniigenam  luxuriem  mnitiplica\it.... 

Non  \aca\it,  ni  de  nmlli>  lihi  scrihereni:  proplerea  paucis  res- 
pondi  impio  Tret/ariu  illi.  el  nonnihil  saiulai'is  admonitionis  ailjeci. 
Hiiia  auleni  seductoi'  ille  te  pei'peràm  de  Ecclesiœ  et  ronrHionun 
(lutliui Unie  inslituei'eMjluit,</e (///(/  re  nonnunqttain  niecuai  in  tuo  pa- 
latio  eyisti.  sul»Jiciam  lilii  Paradoxa  GIn'istiana  o85.  aliud  concluden- 
tes  ipiàni  Ti-i'ijaritis  docuerit.  Paratum  (pioque  me  olVero.  de  oni- 
nihn-  responsurum.  uhicumpie  aut  in  (ieimania.  aul  in  (iallia. 
niodfi  me  audire  \elint.  et  me  non  audilum  exiinguere  non  adni- 
l.inlui.  Volii  aulem  xulgaiiler  rem  traclare.  si  a|iud  Ciallias  agitur. 
Kl  hdlo  judicrs  ali(»>  ipiàm  imi-issimum  \eilium  Dei.  el  omnes  (pii 
secumirim  illud  sxncfrc  jmlif  a\eiint.  (piod  non  aliter  liceat.  Si 
niexicerini  Dei  sermonilms.  cl  pidliavennt  me  aliéna  à  verilatc 
senlire  in  histpue  per  ipsiim  Verimm  adseveiaho.  liai  dénie  quem- 
admodum  \i>um  illis  l'ueril.  Si  auleni  ////  rirli  fneiinl.  noio.  ut 


"■  <»ii  ne  coiin.iit  pas  le  nom  ilu  préde  qui  s'est  marié  le  premier  dans 
le  tlintt  se  lii-  LaiiKantio. 


\")'i")  ()EC()I,\MI>AI)I':  A  (..   FAIIKL.  A  M()N"rnKI,IAllI>.  333 

vel  in  cninlio  daiiiiiuiii  pcifcvanl,  sed  tmitiiin  dclnr  i/loriit  vevUati. 
Suscipint  igiliir  Gelsitiulo  Tua  hoc  Pai-adoxoruni  opus.  (jiii(Iqiii<1 
feré  ad  Clirislianisiniiin  spécial  paucis  concludons,  et  meiiiii  eiga 
Eaiii  otliciimi  non  dedi^neUn-.  Faciet  forsan  Deiis  Optiniiis  Maxi- 
nuis,  ut  l)rcvi  ali(piid  |)ra;clarius.  suh  Tuic  Alliludinis  nomine  eniil- 
tani.  Pax  el  gralia  Doniini  nostri  Je.su  Gliristi  e[  gaudiuu]  Sancti 
Spiritus  sinl  cuni  illuslri  Doniinatione  Tua  ac  loto  populo  luo! 
Amen. 


139 

ŒCOLAMPADE  à  G.  Farel,  à  Montbéliard. 
De  Bâle,  6  février  (1525). 

OEcoIampadii  et  Zuinglil  Epp.  Basileœ,  1536,  fol.  204  a. 

Sommaire.  Les  progrés  sont  bien  lents  dans  notre  église.  Himeli  a  été  menacé  d'une 
destitution,  s'il  ne  célébrait  pas  la  messe  selon  le  rite  habituel.  Mes  paroissiens  dé- 
sirent que  j'accepte  la  place  du  curé  dont  j'étais  le  vicaire.  Sur  le  baptême  des  petits 
enfants  je  n'ai  rien  écrit,  si  ce  n'est  quelques  lettres  où  je  cherche  à  l'établir.  Cette 
question  agite  beaucoup  les  Zuricois.  Luther  admet  enfin  qu'on  peut  abattre  «  les 
idoles  »  avec  la  permission  des  magistrats.  Voici  mon  opinion  sur  le  repos  du  septième 
jour  :  je  crois  qu'ici  la  charité  est  un  meilleur  guide  que  les  prescriptions  de  Moïse. 

Jonnnes  OEcolampadius  Gulielmo  Farello,  Evangelii  Christi  dili- 
genli.ssimo  doclori,  nieo  in  Christo  fi'atri.  S. 

Si  hene  vale.s  in  Domino,  mi  fraler,  gaudemu.s  et  grafulamur. 
Nos  lue  non  multo  amplius  proinovimus .  tjuàiu  quuiu  adesses. 
H/nihiini  '  sirenue  agit.  Sabbalo-  ileiuin  fere excidei'al  ah  oflicio: 
uiandaverat  enim  Senatus,  ut  vel  prisco  more  sacrilicaret,  vel  et  à 
concione  desisteret.  Ipse.  nolens  liominem  defungi  munere.  aduio- 
nui  ul  protestaretur  simulationem  in  utilitatem  gregis.  id  (piod 
Anticlnlslianis  molestissimum,et,  ne  torquerelurconscientia,  alVore 
me  convivam  pollicebar:  et  succe.ssit  res,  ut  scrip.si.  Porrô  denuô 
vocabitur  ad  Senatum.  Gliristus  fortune!  !  Equitem  nostruiii  ad 
sucs  redire  gaudeo\  quod  si  evailgelislain  petierint.  forlassis  in- 

'  Jacoh  Himeli,  curé  de  lï'glisc  de  St.-Ulric,  à  Bâle. 

-  Samedi,  4  février. 

'  Voyez  leN"  suivant,  note  1. 


:J3I)  (tECOL.VMl'AUK  A  G.  FAKEL,  A  MONTBÉIJAUD.  1525 

venieiil.  Parœciani  apud  Sanctnm  Martinum  hodie  sciscilati  sunt 
ex  iiK'.  nmn  velim  subire  curam  plehani^  :  qiiibiis  ita  i-espondi,  u! 
i-ei  fllirisliaiiit!  pneiudicalurum  non  arbitrer,  etianisi  voti  compotes 
l'uerint.  Sci'ibam  super  ea  re. 

De  bniitismo  pariiilomm,  nibil  habeo  prœter  epistolas  aliquot  ad 
amicos.  qiiibus  aslniilur^;  at  non  audior  à  plei'isque.  Liitherus  in 
libro  (piem  niisil.  niliil  e.uit  contra  nos'':  idola  autorilate Senatiis 
abjici  peniiillil  :  de  noniine  Missa  etelevatione  argutatur.  Librum 
iioiiiliini  donii  mea)  iiabeo.  Pomeranum  m  Deuteronomium'  dono 
llbi  iiiitto.  De  bis  quœ  apud  me  insumpsisti^  nibil  pelo  :  nibil  etiam 
accepi  à  ininistris  ducalibus  \  lesams  sequenti  belidomada  absol- 
vetur  '",  ni  Pellicanus  cum  Indice  remoretur.  Quod  Moses  prœcipit. 
[cùm]  septimo  die  jubet  quiescere,  non  usque  adeô  ad  nos;  nisi 
quôd  cbaritas  docet,  aliijuam  operis  et  jumentis  quietem  cnnce- 
tlere.  et  ul  commodius  vacetur  Deo;  multa  enim  sunt  (juie  impe- 
diunt.  Hel)ra3i  causam  priorem  ponunt.  Tiffuiinonini  quidam  tumul- 
luari  feruntur.  propter  pnrvulorum  hnplisnui^^  :  id  quod  et  antea 
limni.  Vale.  Sexta  Februarii.  Basilete  (lo25)'-. 

*  Les  curateurs  et  quelques  membres  de  la  i)aroisse  de  St.-Martin,  ayant 
appris  qu'fKcolampade  songeait  à  quitter  Bâle,  le  supplièrent  d'échanger 
les  fonctions  de  vicaire  qu'il  remplissait  depuis  deux  ans  dans  cotte  paroisse 
et  sans  traitement,  contre  celles  de  curé.  Le  conseil  ratifia  leur  choix,  et  le 
nouveau  pasteur  fit  son  discours  d'entrée  le  24  février  1525.  (Voyez  J.  J. 
Herzog,  op.  cit.  p.  160  et  161.) 

5  La  plupart  des  ar.iruments  sur  lesquels  Œcolmnimdc  établissait  la  doc- 
trine du  pédobaptisme  sont  indiqués  dans  ses  doux  lettres  de  janvier  1525, 
adressées  à  Balihazar  Hithnieier,  pasteur  à  Waldshut.  ((Ecolampadii  et 
Zuinglii  Epp.  éd.  cit.  fol.  64b  et  65  b.) 

"  Cet  otivrage  de  Luther  est  probablement  celui  que  mentionne  Agrippa 
dans  une  lettre  dii  27  mai  1525,  datée  de  Lyon:  «  F.st  pênes  me  opiis  teuto- 
nicuni  M.  Ltdlicri  in  Cnrolosiadhim,  inscriptum  Contra  imagimim  oppugna- 
/ore.9,  in  quo  etiam  de  IMissaagitur,  seddeF-ucharistianihil.  »  (0pp.  P.II,824  ) 

■  <  Jn.  llugcnhagii  Pomerani  Annotatioues  al)  ipso  jam  emissœ  in  Deute- 
ronomium,  in  Samuelem,...  »  avec  une  dédicace  datée  :  «Wittembergff',  a.  1524, 
fi'Ha  quarta  antc  l'ontecosten.»  Réimprimé  àBâIc,  1524  et  1525,in-8''. 

**  Pciidiuit  son  séjour  à  Jîàle,  Farel  avait  pris  ses  repas  chez  Œco- 
lampadc. 

"  U  veut  dire  qu'il  n'a  pas  accepté  l'argent  que  lui  offraient  les  officiers 
d'Ulric  de  Wurtemberg,  pour  avoir  logé  chez  lui. 

'"  Ce  commentaire  d'dkoiampade  était  dédié  au  conseil  de  Bâle. 

"  A  la  suite  d'uu  colloque  qui  eut  lieu  à  Zurich,  le  17  janvier  1525, 
entre  Zwingli  et  les  anabaptistes,  Conrad  Grehel  et  Félix  Manz,  deux  de 
leurs  chefs,  reçurent  l'ordre  de  se  tenir  tranquilles  ;  trois  de  leurs  prin- 


1525  PIERRE  TOL'SSAIN'  A  G.  FAREL,  A  MON  l'BÉLIARD.  337 


140 

PIERRE  TOUSSAI  h  G.  Farel,  à  Moutbéliard. 
DeBâle,  11  février  (1525). 

Inédite.  Autographe.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neucliàtel. 

Sommaire.  Le  chevalier  d'Usch  est  rentré  à  Mets,  où  Toussain  voudrait  aussi  re- 
tourner un  jour  «pour  l'exaltation  de  la  Parole  de  Dieu.»  Conrad  Grehel  et 
d'autres  sont  bannis  de  Zurich  comme  anabaptistes.  Nouvelle  du  martyre  de  Jean 
ChasteUain,  annoncée  par  Farel  à  Œcolampade.  La  doctrine  luthérienne  sur  la  Cène 
paraît  être  admise  par  Woljijany  Wissenhurger,  prédicateur  à  Bâle. 

Mon  frère,  Notre  Seigneur  vous  doint  sa  grâce  et  sa  paix! 

J'ay  tout  maintenant  receu  voz  lettres  avecque  celles  de  Mom^  le 
ChevaHier  d'Esch,  et  suis  joyeux  de  son  arrivée  à  Mets  K  Quant  à 
mon  départ,  je  ne  vous  en  sçaveroye  [1.  sçaurois]  escripre  grand' 
chose,  sinon  que  n'ay  point  vouloir  fère  icy  longue  demourée,  ne 
noslre  frère  Desiderim  aussy  ^  De  vous  escripre  grandz  nouvelles, 
je  n'en  suis  point  trop  fourny,  ad  cause  que  ne  bouge  de  la  maison. 
J'eslime  que  OEcolampade  vous  en  escripvera,  et  me  semble  aussy 
que  le  serviteur  [de]  Monsieur  Coctus  s'en  alla  hier  vers  vous  ^  par 
lequel  sçaverez  comment  Grebelius  avecque  je  ne  scé  quelz  aultres 

cipaux  adhérents  furent  renvoyés  du  canton  ;  les  parents  qui  n'avaient  pas 
encore  présenté  leurs  enfants  au  baptême,  furent  invités,  sous  peine  d'exil, 
à  les  faire  baptiser  dans  le  délai  de  huit  joiu-s.  Mais  ces  mesures  ne  cal- 
mèrent nullement  l'agitation  des  esprits.  Voyez  la  lettre  de  Zwingh  du 
19  janvier  1525  à  Vadian  (Zuinglii  0pp.  VII,  385),  et  Hottinger,  op.  cit. 
p.  224  et  suiv. 

^-  Le  millésime  est  écrit  de  la  main  de  Farel  dans  l'exemplaire  des  Lettres 
imprimées  d'Œcolampade  cité  plus  haut. 

*  Le  chevalier  n'avait  pu  jusqu'alors  rentrer  à  Metz,  à  cause  d'un  procès 
dont  nous  ignorons  l'origine  (V.  le  N»  131). 

-  Didier  quitta  Bâle,  au  mois  de  juin  suivant,  pour  se  rendre  à  Metz. 
(V.  la  lettre  d'Œcolampade  du  1"  juillet.) 

^  Le  25  janvier  Ck)ct  avait  ordonné  à  Jean,  son  serviteur,  do  se  rendi'e 
auprès  de  Farel  (en  passant  par  Soleure?),  de  porter  un  message  de  celui- 
ci  à  Strasbourg,  puis  de  revenir  directement  à  Montbéhard  et  d'aller  ensuite 
à  Zurich  chez  Conrad  Grebel  (V.  le  N»  137). 

T.  I.  22 


338  PIERRE  rOUSSAIN  A  G.  FAREL,  A  MONTBÉLIARD.  1  525 

sonl  bannys  de  Surrictz,  pr opter  baptismuinK  et  verrez  en  la  lin 
ij  110(1  primi  erunt  novissimi. 

Dieu  nous  iJoinl  la  grâce  que  une  fois  povyons  venir  à  Mets, 
pour  l'honneur  el  exaltation  de  la  Parrolle  de  noslre  Seigneur^. 
Je  vis  dernièrement  les  lettres  que  vous  escripvisles  à  OEcohiwpade 
touchant  la  mort  de  nostre  povre  Augustin  ^  Nostre  frère.  Le  Curé'', 
el  moy  en  estyons  desjà  avisé[s].  Omnia  cèdent  en  (sic)  gloriam 
Dei.  De  Himeli  scias  hune  solura  fortiter  agere  negotium  Ciiristi. 
Wolffjiingus  poUicitus  est  se  cras  concionaturum  de  participacione 
niensa;  Domini.  el  me  semble  qu'il  a  changé  de  oppiniou  *. 


*  V.  le  N»  137,  note  4  et  le  N"  précédent,  note  11. 

'  Ce  souhait  de  Toussain  se  réalisa  quatre  mois  plus  tard.  On  lit  en 
effet  dans  les  Chroniques  de  la  Ville  de  Metz  (éd.  cit.  p.  823)  :  «  En  celluy 
temps  [1525],  environ  la  S.  Barnabe,  ouziesme  jour  de  Jung,  retournoit 
uug  moult  biaul  josne  chainuine  du  gi-aud  moustier  en  Mets,  nommé  maistre 

Pierre  [Toussain] et  amenoit  ung  grant  docteur  et  i)rofond  en  science 

avec  lui,  nommé  maisti-e  G-uiUaume  [Farci],  qui  tenoit  la  loi  [de]  Lutlier, 
et  avec  eulx  ung  messaigier  d'Allemaigue.  Et  demandoit  alors  celluy  maistre 
Pierre  à  estre  ouy  eu  justice  devant  messeigneurs  les  trèse  jurés,  mais  on 
ne  le  voulut  escouster.  Par  quoy  il  eu  appelloit  au  seigneur  maistre  esche- 
vin  et  crioit  tous  les  jours  après  lui,  affin  qu'il  le  voulsist  déterminer,  mais 
son  cas  fust  mis  à  non  challoir  et  fut  pendue  sa  pkunte  au  croc  :  et  avec  ce 
fut  le  dict  maistre  Pierre  et  ses  consors  eu  graut  dangier  d'estre  prins  au 
corps.  Parquoy  luy  craindant  les  dangiers  avec  ses  corapaignons,  ung  peu 
devant  la  sainct  Jehan  [24  juin],  bien  vistement  s'en  sont  partis  de  Mets  et 
chevaolchairent  toutto  la  nuyt  de  peur  d'estre  happés.  »  (Voyez  aussi  la 
lettre  de  Toussain  du  4  septembre  1525,  où  il  dit,  après  avoir  donné  à 
Farci  des  nouvelles  de  Me/2;  «  Ceidx  qui  nous  conduyrcnt  sout  estez  en 
dcnger  d'estre  bannis....  »>) 

^  Jean  CliasteUain  (en  latin  Castelîanus)  qui  périt  sur  le  bûcher,  à  Vie, 
près  de  Metz,  le  12  janvier  1525  (V.  le  N«  144). 

"  Le  personnage  que  Toussain  appelle  ici  et  dans  sa  lettre  du  4  sep- 
tembre «  îc  curé»  était  sans  doute  «le  curé  de  Stc.-GorgonnCf-ià  Metz 
(N»  162,  note  4),  c'est-à-dire  Didier  [Abria],  que  nous  avons  vu  fixé  à 
Bille  en  août  1524  (N°  10!»).  Voyez  la  préface  de  M.  Cuvier  en  tête  de 
rilist.  de  la  persécution  de  Metz  par  Olry.  Paris,  1859. 

**  Wolfgang  Wi,-^scnburycr,  natif  de  Bùle,  où  il  conimcu(,'a  ses  études  à 
l'université  en  1510.  Ce  fut  lui  qui  osa  le  premier  entre  les  prédicateurs 
de  sa  ville  natale  dire  la  messe  en  langue  vulgaire.  Il  ne  partageait  pas  les 
sontiments  de  Zwùigli  et  d'(Kcolampade  sur  l'eucharistie.  «  La  présence  de 
Jésus-Christ  dans  la  Cène  était  à  ses  yeux  un  profond  mystère,  devant  le- 
quel la  raison  doit  s'arrêter,  de  même  qu'elle  ne  peut  pas  sonder  la  Trinité 
ot  rincarnation.  >  (V.  Ilerzog,  op.  cit.  p.  57  et  178.)  Toussain  écrivait  en- 
core le  4  septembre  1525  :  <  Wolfgangus  clamât  illic  esse  corpus  Christi.  » 


I 


1525  OSWALD  MYCOMUS  A  ANÉMOND  DE  COGT.  339 

Je  ne  vous  sçaveroye  dire  aiiUi-e  pour  le  iirésenl.  Nn>li-c  frère 
Desulerius  se  recommande  bien  fort  à  vous;  aussy  f(uit  Murcus  et 
Stephanus".  Et  bene  vale,  frater  in  Clirislo  Jbesu  carissime. 
A  Basie,  iiàtivemeni,  ce  xj  de  febvrier  (l^âo)  '«. 

Vostre  frère  et  serviteur  en  Jésu-Clirist 

PlERUE  Toss. 

(Suscn'ption  :)  Guilielmo  Farello,  fideli  mysleriorum  Dei  dispen- 
satori.  fratri  in  Cliristocarissimo,  3Ionlispelicardi. 


141 

OSWALD   MYCONius*   à  Aiiéniond  de  Coct. 
De  Zurich  (en  1525,  avant  le  20  février). 

Inédile.  Copie  moderne.  Manuscrit  de  Clioupard.  Bibliothèque  de 

la  ville  de  Neuchàtel. 

Sommaire.  J'ai  été  surpris  de  ne  pas  vous  voir  ici,  quand  Ulric  de  Wurtemberg  y  est 
arrivé,  et  comme  j'ignorais  si  vous  étiez  encore  à  £dle  ou  à  Montbéliard,  je  n'ai  pu 
vous  écrire  au  sujet  de  votre  fils  [adrq^tij].  Les  arrangements  que  j'ai  pris  pour 
sa  pension  vous  seront  communiqués  par  Conrad  Grebel.  Votre  dévouement  à  la 
cause  de  V Évangile  vous  a  fait  exiler  du  Davphiné ;  mais  ayez  bon  courage!  Pourvu 
que  nous  restions  unis  à  Christ,  bientôt  nous  parviendrons  au  port.  Vous  connais- 
sez sans  doute  l'état  religieux  de  la  Suisse:  plus  l'Évangile  rend  ses  sectateuis 
heureux,  plus  les  adversaires  de  Christ  montrent  leur  aveuglement.  Ma  situation 
personnelle  est  prospère.  Recommandez-nous  à  Dieu. 

Causa  cur  liactenus  ad  te  niliil  scripserim  est,  quôd  nescivi  certô 
ubinam  locorum  esses.  Nam  quamvis  semel  hoc  mihi  signiticaris, 

^  Mare,  l'Iiôte  de  Tonssain  à  Kâle  (V.  la  lettre  de  celui-ci  datée  du 
26  juillet  1526,  vers  la  fin).  C'était  peut-être  Marc  Bertschi  (en  latin  Ber- 
sius),  natif  de  Rorschach,  l'un  des  collègues  d'ŒcoIampade.  —  Nous  ne 
savons  si  «Etienne»  désigne  un  réfugié  français  de  ce  nom  ou  Etienne 
Stœr,  pasteur  à  Licstall  (V.  le  X"  91,  note  1). 

"^  L'année  est  fixée  par  la  mention  du  retour  de  Nicolas  d'Esch  dans  sa 
patrie  {Y.  le  N"  précédent),  et  surtout  par  le  souvenir  que  Toussain  donne 
au  «  pauvre  Augustin  »  de  ïournay. 

'  Voyez  le  X»  125,  note  11. 


3W  OSWALD  MVCO.MLS  A  ANÉMOND  DE  COCT.  1525 

ego  aiitem  deinde  acceperim  apud  Ducpui^  te  esse,  nescivi  an  cum 
ipso  vagareris,  an  in  aliijuo  loco  fixus  raaneres.  Ulji  auteni  Dux  ad 
nos  advenlarat.  nec  lu  apud  liunc  C(Uispicatus  es*,  alque  hinc  ali- 
((uo  modo  certum  erat  alicubi  te  lixum  esse,  nescivi  tamen  an  per- 
mansisses  Basileœ*,  prœsertim  cum  intérim  nihil  literarum  imc 
tradidisses,  an  fores  apvid  Far ellum\  Si  enim  certô  cognovissem 
ujjinam  degeres,  liabueram  quce  ad  te  omnino  scribenda  erant. 
maxime  de  filio  luo^.  Futurum  enim  plané  fuit,  ut  ad  me  puerum 
recepissiMu.  Nunc  autem  cum  id  literis  tnis  precaveris^  omnia 
recte  babcbunt. 

Ca.'terùm  quàm  probe  in  patria  tua  egeris  Evangelii  caitsam,  illuil 
prolmt  abandè,  quàd  inde  ab  Antichristi  expulsas  es  niinistris.  Place! 
mihi  id  supra  quàm  dici  potest,  prccsertim  cum  non  verear  te  te- 
merè  aliquid  patrasse.  Tyrannis  malè  christianorum  Episcoporum 
efficiel  procul  dubio,  ut  populus  tandem  inlelligere  cogalur,  eos  ni! 
nisi  larvas  et  mendacium  esse.  Tu  tamen  interea  fortis  esto,  ut  es; 
non  longé  abest  enim,  r/uo  in  portum  tranqniUum  perreniamns,  quo- 
«•unque  id  tandem  fiât  modo.  Sive  enim  morte  pntoccupabimur  à 
Iviannis  illata,  sivepalàm  ipsi  raundo  efficientur,  nohiscum  semper 
rectè  agitur.  tantiun  ne  excidamus  à  Christo,  serratore  uostro. 

De  his  qua3  hîc  aguntuC  non  opus  est  ut  scribam.  non  enim  du- 
lùlo.  quin  nihil  borum  nescias.  lUud  forte  tibi  non  tam  cognitum 
est,  quod  Helretii^  tnnto  fiunt  miseriores,  quanto  hic  per  fidem  red- 
dimur  fcliriores.  Vereor  ne  propedicm  adspiciam  bos  per  infideli- 
tatem  eliam  cœluui  expugnaturos.  0  bone  Deust  illumina,  quieso. 
tandem  oculos  miseroruin  bominum.  ne  taui  miserè  et  pernicioso 
palpitent  in  Icnebris,  luuiiupie  sacralissimum  Verbum  adeo  fœde 
conspn.iul.  pedibus(|ue  lam  impiù  conculceni!  Largire.  quum  no- 
uien  Fiiii  lui  portant,  ul  intelligere  possint.  quidnam  eos  facero 
iinprimis  expciHat.  cùm  ijuod  ipsorum  saliili  conducal.  lum  per 
qniid  tiiiiiii  Momen  sanclificetur.  ne  in  extreuio  iUo  (Mejustijudicii 

"  —  '  Ces  passages  permettent  de  supposer  que  le  chevalier  Coct  fut 
pendant  quelque  temps  au  service  d'Ulric  de  Wurtemberg. 

*  Le  cliovalier  éUiit  encore  à  Dâle  \i\  17  décoinl.re  1524  (V.  le  N"  130). 

'  C'est-à-dire  à  Montbéliard. 

"  V.  sur  cet  enfaut  adoptif  du  chevalier  le  N°  143. 

'  Cette  lettre  du  chevalier  Coct  à  Myconius  n'a  pas  été  conservée. 
Klle  lut  saus  doute  écrite  de  Bàle  ou  de  Wehr.  Il  résulte  d'un  passage 
du  N»  143,  que  le  chevalier  se  rendit  à  Zurich,  vers  le  20  février,  pour 
régler  les  frais  de  pension  de  sou  fils  adoptif. 

"  Il  veut  parler  des  cantons  catholiques. 


1523         SÉBASTIEN  HOFMEISTER  A  GUILLAUME  FAREL,  A  BALE.  341 

Filii  lui  auclicnda  sit  vox  plus  quàin  horribilis  :  «  lie  in  igneni 
ce(ernum,]naledicli,  qui  paratus  est  Diabolo  el  angelis  ejusî  »  Sed 
quô  feror?  Hoc  eniin  voleiiam,  ut  inlelligeres,  quanla  Helvetiœ 
esset  miseria.  Ausini  juvare,  neque  Clirislum,  neque  Verbum  ejus 
unquam  audivisse  pejus,  quàm  apud  illos  iiac  leuipeslate.  Verùm 
quis  si  convei'latur  aliquando  el  ignoscal  Deus  novit?  Cum  video 
Paulum,  cum  latronera  considero,  imô  Tigurinos  superbos,  san- 
guinarios,  avaros  olim  contemplos '-',  nonnihil  spei  profectô  de 
Helvdiis  meis  concipio,  opto  loto  corde  ne  illa  tandem  vana  sit. 

Res  mcœ  indiesmelius  sunt.  Pridein  mutavidomum;  auctumest 
milii  pra^mium;  favet  quisquis  Evangelio  favet,  prêter  ecclesiam 
islam  plus  satis  duram,  nescio  quonam  spiriUi;  verùm  illud  ali- 
quando dicere  soleo.  miiii  futurum  quod  porcis  saginatis  accidit, 
nempè  ul  mactentur.  Sed  mactel  me  Dominus,  tanlùm  ne  relin- 
quat,  niliilmoror.  Tu  fac  pio  ajiimo  nos  Deo  commendes.  Yale  in 
Chrislo  Jesu.  Grehelius^°de  puero  libi  omnia  exponel.  Salutabis  no- 
mine  meo  liosjyitem  timm  et  OEcolampadiimi.  Salutal  le  domus  mea 
in  Domino.  Tiguri. 

Mycomus  tuus. 

(Insniptio  :)  D.  Annemundo  Cocto,  viro  el  génère  et  literis  no- 
bilissimo,  Equiti  aurato.  Basilea},  fralri  suo  in  Christo.  S. 


142 

SÉBASTIEN  HOFiMEiSTER  ^  à  Guillaume  Farel,  à  Bâle. 
De  Schaifliouse  (vers  le  milieu  de  mars  1525). 

Inédile.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchàlel. 

Sommaire.  Notre  ami  Anémond  est  très-gi-avcment  malade.  Nous  avons  désespéré  de 
sa  vie,  mais  à  présent  il  est  un  peu  mieux  et  fait  appel  à  votre  amitié  fraternelle.  Il 

^  Voyez  p.  295  une  appréciation  toute  semblable. 
10  Conrad  Grebcl.  Il  s'était  rendu  à  SchafFlionse  dès  les  premiers  jours 
de  février.  (Voyez  le  N"  137,  note  4,  et  Ilottinger,  op.  cit.  p.  226.) 

1  Sébastien  Waçiver,  suruommé  Hofnteiskr  icn  latin  Œconomus),  né  à 
Schafthouse  eu  1476.  Après  avoir  étudié  à  Paiùs  sous  Lascaris,  il  professa 


342  SÉBASTIEN  HOFMEISTER  A  GUILLAUME  FAREL,  A  BALE.  15'25 

craint,  je  le  suppose,  de  manquer  de  ressources.  Le  jeune  homme  qui  le  soigne  vous 
donnera  de  plus  amples  détails  en  vous  remettant  cette  lettre. 

Graliam  el  pacem  n  Deo  Pâtre  et  Domino  nostro  Jliesu  Christo  ! 
Amen. 

Cliarissime  in  Domino  frater,  Animundua  Coctus,  communis  ami- 
cus,  fjraimime  œgrotat  ^.  Is  jussit,  ut  suo  nomine  ad  te  scriberem, 
id  (juod  per  hune  tabellionem  curavi  :  juvenis  est  pius  et  doctus  et 
Animumlo  charus^  Eo  tametsi  opus  habuissemus  ad  cotlidianum 
ministeriuni.  tamen  nialuit  Animundus  eum  ad  te  proficisci  et  te 
certum  facere,  in  quo  statu  sint  res  suae. 

Moibus primùm  lente  cepit  cum  feljricula  rjuam  è  potu  aqucC  fri- 
gide, dum  ambulando  incalescit  et  bibit,  putat  conlraxisse.  Ea  in- 
dies  increvit.  doiiec  et  veiiementem  calorem  et  inlolerabilem  si- 
nistri  lateris  dolorem  simul  senserit.  Nos  penè  desperavimus  de 
liominis  vita,  sed,  propicio  Deo.  niinc  aliquanli.^per  melius  sentit. 
Ilaque  in  priniis  cupit,  ut  si  quid  illi  in  hoc  periculo  possis  su[c]cur- 
rere,  non  negligas,  idque  pro  consiho  luo.  iirolidO;  immô  fraterno 
animo  tuo  erga  se.  Quantum  seiicio,  timet  ipse  fortassis,  ne  sibi 
defulura  sil  pecunia,  .<?i  diucius  sit  illi  lecto  incumbondum  \  Hœc 
voluit  ad  te  scribi  per  hune  juvenem.  Tu  boni  consule  quod  scri- 
bimus.  Yale  intérim,  et  Deuin  pro  nobis  et  fratre  nostro  Animuiido 
precare.  Saluta  nosti"o  nomine  OEcolnmjxidium  et  reliques  fratres 
in  ecclesia  vestra. 

Sebastianus,  minister  VerJji  apud  Schaffusams, 
nomine  Animundi. 

(Insvrii)tio:)  Pio  acdoelo  viro  Gwilhelmo  Farello,  amieo  et  h-atri, 
Basilea-  dt-nlur. 

la  thcolngio  cliez  les  Franciscains  de  Zurich,  puis  :\  Constance,  et  vers  la 
fin  de  l'annùe  1522  il  rentra  dans  sa  nlle  natale,  dont  il  fut  le  principal  ré- 
formateur (V.  Jcau  do  Muiler,  X,  22G). 

^  Le  chevalier  était  tombé  malade  pendant  son  voyage  de  Zurich  à 
Schaffliouse,  vers  la  fin  de  février,  ou  peu  de  temps  après  son  retour 
(V.  le  N»  suivant). 

••  Le  jeune  homme  qui  soignait  Coct  portait  le  nom  de  Georges.  Voyez 
la  lettre  de  Laurent  Coct  datée  du  4  juillet  (1.52G). 

♦  llofmcister  ne  s'adressa  pas  en  vain  au  dévouement  de  Farel.  Celui-ci 
envoya  aus.sitot  quatre  couroinies  à  son  ami  malade,  ce  qu'indique  la  note 
suivante,  écrite  de  «a  main  au  bas  de  la  présente  lettre:  .  Misi  quatuor 
aureos  10.  >  —  Ce  dernier  chiffre  désigne  probablement  le  jour  du  mois 
de  mars  où  Farci  fit  cet  envoi. 


1525  OSWALD  MVCO.MUS  A  GUILLAUME  FAREL,  A  BALE.  343 


143 

OSWALD  MYCONius  à  Guillaume  Farel,  à  Baie. 
De  Zurich,  25  mars  1525. 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchàtel. 

Sommaire.  Anémond  est  allé  à  Dieu.  Sachons  vivre  comme  il  a  vécu.  Nous  avons 
maintenant  à  nous  occuper  de  son  fils  adoptif,  que  mes  moyens  ne  me  permettent 
pas  d'élever.  Georges,  le  porteur  de  ma  lettre,  vous  dira  où  en  est  l'affaire  des  Ana- 
baptistes. 

S.  Abiit  Annemundus  ad  Eum  cujus  causa  egit  quicquid  hactenus 
egit  1  !  Nihil  diibito,  quin  premium  receperit  et  fidei  suœ  et  om- 
nium laborum  quos  pro  fide  subiit.  Nostrum  est  sic  vivere,  ut  so- 
luti  mole  corporis,  eô  peiTeniamus  quô  Annemundi  spiritum  jam 
pervenisse  speramus. 

Caeterùm  de  filio  quem  odoptaiit  opus  est  tibi  significem.  Ratio- 
nem  fecimus,  priusquam  solveret  hinc^,  cum  vetula  quee  hucusque 
puerum  aluit.  Remansit  debitum  iij  aureorum,  et  solidorum  (si 
recte  memini)  octo.  Intérim  prœten'enmt  (juatuor  septimanœ^,  ubi 
pro  quahbet  septimana  solvendi  sunt  Ursi  duo,  seu  quinque  solidi. 
Atque  adhuciucertum  quousque  puer  iiîc  perduraturus  .sit.  Quam- 
vis  nemo  hoc  melius  (luàm  tu  noverit.  Spero  enim  puerum  per  te 
abductum  iri,  non  quidem  tuo  nomine,  sed  fratrum  Annemundi*. 
Nonnihil  enim  is  mihi  hac  de  re  dixerat  vivus. 

Ha?c  res  ideo  curtc  est  mihi,  quôd  fidejussorem  ago  bis  in  rébus 
omnibus.  Nec  est  unde  satisfaciam.  Et  si  puerum  nemo  curaturus 

^  En  rapprochant  de  la  lettre  précédente  le  passage  de  celle-ci  où  il  est 
fait  mention  du  récent  voyage  du  chevalier  à  Zurich  (V.  note  3),  on  peut 
admettre  qu'il  mourut  environ  le  20  mars. 

-  Ce  voyage  de  Coct  à  Zurich  est  probablement  celui  dont  il  est  question 
dans  une  déposition  judiciaire  dcSéb.  Hofmeister  relative  à  Conrad  Grebel. 
(Voyez  Fiisslin.  Beytrilge,  I,  240-243.) 

^  Ce  fut,  par  conséquent,  vers  la  fin  de  féraer  que  le  chevalier  retourna 
de  Zurich  à  Schafthouse. 

■*  Guigo  et  Laurent. 


344  FRANÇOIS  LAMBERT  A  FRÉDÉRIC,  ÉLECTEUR  DE  SAXE.  1525 

est,  profectô  cogar  euni  recipere,  jure  chium  ineorum,  et  pro  meo 
educare.  Id  quod  non  gravatè  facturas  essein  tamen,  si  esset  unde 
hoc  possem.  Quamobrem,  cum  sint  qiiibus  niliil  sit  laciliiis,  recte 
îigetur  si  tu  eiïecei'is,  ut  ad  illos  perducatur.  Memini  ine  audisse 
aliquolies  ex  Aniiemundo,  nihil  gratius  futurum  alteri  c  fratribus^, 
quàm  si  puerum  liabere  apud  se  queat  :  caret  enira  liberis.  Tuum 
est  igilur.  mi  Farelle,  curare,  ut  puer  provideatur,  vetula,  quœ  pro- 
fectô matrem  egil,  solvatur,  Myconius  verô  levetur  hoc  gravissimo 
oneie.  Id  quod  ego  à  te  peto  vehementissime.  Quae  hic  acta  sunt 
cum  bajjlistis  nostris.  audies  ex  Georyio  *'.  Vale  in  Cliristo  Jesu.  Ti- 
guri,  Annunciationis  fesfo,  Anno  XXV. 

Myconius  tuus  in  Christo. 

(Inscrifdi'o  :)  Doctiss.  D.  GnUeUno  Farello,  Theologo  Christianiss. 
fralri  suo  in  Cliristo,  Basilete. 


144 

FRANÇOIS  LAMBERT  à  Frédéric  ',  Électeur  de  Saxe. 
De  Strasbourg,  au  mois  de  mars  1525. 

In  Ûseam  Fr.  Lamberli  Commenlarii.  Ejusd.  hbeUus  de  Arbilrio 

iiominis  \ere  captivo.  Argentorali.  Jo.  Hervag.  M.D.XXV 

(mense  Mariio),  in-8". 

(tr.\i)uit    du    latin,     feaghents.) 
•Sommaire.  MiiiLstére  et  martyre  de  Jean  Chaste^^riii,  an  jinv»;  fie  Metz. 


Il  y  av;iil  .dors  à  Metz  un  saint  prophète  de  Dieu  nommé  Jean 
Clifi.stelhiiu.  un  homme  vraiment  chrétien  :  il  leur  avait  annoncé 
avec  tant  de  constance  Tannée  précédente  [1023]  Févangile  de 
Chrisi.  que  le  peuph?  presque  entier  accourait  pour  Fentendre  et 

"  Laurent  Coct 

'■'  Voyez  le  X"  pn'îcédent,  note  3. 
Dans  la  première  partie  de  cette  Épitre  Lambert  se  justifie  d'avoir 
quitté  Wittemlierg  sans  la  permission  de  l'Électeur.  (V.  sur  ce  sujet  le 
N»  suivant.) 


1  525  FRANÇOIS  LAMBERT  A  FRÉDÉRIC,  ÉLECTEUR  DE  SAXE.  345 

désertait  la  prédicalion  des  prophètes  de  rAnteclirist  -.  Aussi  ces 
derniers  cherchaient-ils  à  le  faire  mourii-,  parce  qu'il  mettait  en 
évidence  leurs  ahominations  au  moyen  de  la  Parole  de  Dieu. 
Entre  eux  tous  se  distinguaient  par  leur  fureur  l'abbé  du  couvent 
(le  St.-Autoine  ^  de  Vienne  en  France,  premier  conseiller  du  duc 
de  Lorraine*,  et  Bonaventure  Rennel  (Là\m(i\\\,  confesseur  du  dit 
prince.  Quoique  le  Duc  soit  plein  de  honte,  il  se  laisse  persuader 
par  ces  imposteurs  que  la  vérité  est  hérésie,  et  qu'il  faut  mettre  à 
mort  tous  ceux  qui  acceptent  la  vérité  que  Dieu  a  de  nouveau  ré- 
vélée par  son  envoyé  Martin  Luther.  Il  a,  en  conséquence,  rendu 
un  décret  digne  de  Dioclétien  et  de  Néron,  qui  condamne  comme 
liérétiques  tous  ceux  qui  ont  cru  à  la  vérité. 

Comme  ces  pharisiens  susdits  ne  pouvaient  se  rendre  maîtres  de 
Chastellam  dans  la  ville  même  de  Metz,  ils  trou\'èrent  moyen  de  l'en 
faire  sortir,  et  aussitôt  des  gens  apostés  se  saisirent  de  sa  personne 
et  l'enfermèrent  dans  une  prison  ^  Cette  arrestation,  qui  remplis- 
sait de  joie  toute  la  cohorte  de  rAntechrist,  jeta  dans  la  désolation 
la  multitude  des  croyants,  qui  se  voyait  ainsi  privée  de  son  pro- 
phète et  de  son  évêque.  Sous  l'influence  d'une  sainte  colère,  que 
les  gouverneurs  de  la  ville  avaient  peine  à  l'éprimer.  ils  voulurent 
se  porter  contre  la  prison  où  Chastellam  était  enfermé,  et  l'on  ne 
parvint  à  les  calmer  qu'en  leur  promettant  de  le  leur  rendre  s'il 
était  trouvé  innocent. 

-  «En  ce  meisme  temps,  vint  et  arrivoit  eu  3Iets  uug  frère  augustin, 
nommé  frère  Jehan  Chasteïïain,  homme  assés  ancien  et  de  belles  manières. 
Et  avoit  celliiy  frère  presclié  à  Vie  les  avents  de  Noël  [1523];  puis  le  dit 
an  [1524]  preschoit  la  caresme  tout  du  long  en  leur  couvent  de  Mets. 
Celluy  estoit...  gi'ant  prédicateur  et  très-éloquent,  et,  avec  ce,  en  ses  ser- 
mons reconfortoit  merveilleusement  les  povres  gens...  Parquoy  il  estoit  eu 
la  graice  de  la  plus  part  du  peuple,  mais  non  de  tous,  espécialement  de  la 
plus  part  des  prestres  et  gros  rabis...  »  (Chroniques  de  la  Ville  de  Metz, 
p.  808.) 

^  TJiéodore  de  St.-Chamond,  vicaire  général  du  cardinal  de  Lorraine  et 
«  commissaire  du  saint-siége  apostolique  dans  le  duché  de  Lorraine  et  lieux 
circouvoisins  pour  l'extirpation  de  l'hérésie.  »  (Voyez  d'Argentré,  II,  17.) 

'*  Le  duc  Antoine,  qui  régna  de  1508  à  1544. 

^  «  Soubz  faulce  enseigne,  [il]  fut  tiré  dehors,  disant  que  le  provincial 
de  leur  ordre  le  mandoit  et  le  attendoit. . .  et  desiroit  grandement  de  parler 
.  à  luy...  Et  fut  le  povre  religieulx  prins  et  arresté  ...  le  ciuquiesme  jour  de 
raay  [1524]  ;  puis  tantost,  deux  jours  après,  fut  le  po\Te  frère  mené  à  AV 
ineney,  et  là,  au  chaistiaul,  mis  au  fond  de  fosse,  auquel  il  tint  longuement 
prison.  »  (Chroniques  citées.  Voyez  Crespin,  loc.  cit.) 


346  FRANÇOIS  LAMBERT  A  FRÉDÉRIC,  ÉLECTEUR  DE  SAXE.  1525 

Il  demeura  donc  captif  pendant  neuf  mois  entiers,  toujours 
ferme  et  inébranla' de,  confessant  avec  courage  le  Christ  de  Dieu 
et  la  vérité.  Les  fds  de  la  femme  vêtue  de  pourpre,  de  la  courti- 
sane enivrée  du  san^f^  des  saints.. ..  multipliaient  leurs  visites,  pour 
l'en/zager  à  apostasier  le  Seigneur  et  à  adorer  la  béte  écarlate  pleine 
de  noms  de  blasphème,  —  ce  qui  l'aurait  tiré  d'atïaire.  Mais  il  ne 
se  laissait  point  convaincre.  Tous  les  etïortsdes  ennemis  restèrent 

inefHcaces .... 

Arriva  cependant  le  douzième  jour  du  mois  de  Janvier  [lo2o], 
où  Dieu  voulut  honorer  son  saint  de  la  très-précieuse  couronne 
du  martyre.  Alors  se  rassemblèrent  dans  la  petite  ville  de  Vie,  en 
Lorraine,  des  abbés  nombreux,  parmi  lesquels  celui  de  St.-Antoine 
tenait  le  premier  rang,  et  auxquels  était  adjoint  un  exécrable  iii- 
ipiisileur,  détestable  avocat  de  Thérésie  «.  On  fit  sortir  Cltastcllam 
de  prison,  pour  le  jeter,  s'il  refusait  de  se  rétracter,  sur  le  bùclier 
qui  était  tout  prêt,  et  l'on  convoqua  en  ce  lieu  une  foule  considé- 
rable de  peuple,  en  promettant  à  tous  ceux  qui  assisteraient  à  son 
supplice,  ces  indulgences  menteuses  dont  l'Antéchrist  fait  trafic, 
cette  invention  du  diable  pour  laquelle  Dieu  donne  une  double 
malédiction,  selon  ce  qui  est  écrit  :  «  Je  maudirai  vos  bénédictions.» 

La  foule  une  fois  rassemblée,  ces  pharisiens  commencèrent  à 
l'attaquer  de  paroles,  tandis  (|ue  lui  demeurait  muet  et  refusait  de 
leur  rien  répUquer.  Ils  voulaient  qu'il  rétractai  la  sainte  vérité 
ipiMl  avait  préchée,  ([u'il  abandonnât  Glirist  pour  l'Antéchrist;  mais 
ce  serviteur  de  Dieu  i-esta  inéliranlable,  sans  être  effrayé  par  la 
vue  des  llammes,  et  supiiortant  avec  plaisir  ce  qu'ils  appellent  l'acte 
de  la  dégradation  ^  car  il  savait  bien  que  ce  (pie  lui  avait  conféré 
Tonclion  de  l'Antéchrist  n'était  rien.  Condamné  par  ces  scélérats, 
il  marcha  vers  le  lieu  ihi  supplice  comme  à  un  banipiet.  Y  étant 
arrivé,  il  se  mit  à  genoux,  et,  après  avoir  prié,  il  se  releva  et  se 
livra  aux  valets  ihi  bourreau,  pour  être  attaché  au  poteau  (jui  était 
préparé,  et  bientni  il  fui  consacré  martyr  de  Christ  par  les  llauimes 
qui  le  consumèrent  et  lui  furent  un  gage  de  victoire^ 

Je  It'  connaissais  intimement:  nous  étions  liés  C(uume  David  et 
Jonalhi'.n.  Il  ;i\:iit  rmiron  cin(|iianlo  ans:  il  possédai!  une  instruc- 

^  Nicole  Savin,  <  docteur  en  théologie  et  iuquisiteur  de  la  foy.  »  (Cres- 

pin,  I.  «'. 

'  Voyiz  dans  Cn-spiu  le  ivcit  détaillé  de  la  «  dégi'adation.  » 

'*  On  trouve  deux  autres  relations  du  martyre  do  Cluistellain  dans  les 

écrits  de  Lambert. 


1  ,^25  FRANÇOIS  LAMBlîllT  A  FIuiDHUIC,  ÉLECTEUR  DE  SAXE.  347 

lion  solide,  et  s'était  voué  à  l'étude  de  la  théologie  ;  il  avait  un 
caractère  réfléchi,  ferme,  courageux,  un  extérieur  imposant,  une 
éloquence  brûlante.  Le  peuple  de  Metz  en  apprenant  sa  mort  fut 
pris  d'une  violente  douleur,  et  s'étant  jeté  sur  la  maison  des  moines 
qui  ravalent  fait  périr,  il  délivra  de  la  prison  où  on  le  retenait, 
un  autre  serviteur  de  Dieu,  Jean  Vèdaste,  de  Lille  en  Flandre, 
qu'on  voulait  aussi,  dit-on,  faire  l)ientôt  monter  sur  le  bûchera 
Il  se  trouve  à  cette  lieure  chez  moi,  occupé  à  publier  des  ouvrages 
français,  à  la  confusion  du  royaume  de  perdition  .... 


145 

FRANÇOIS  LAMBERT  à  Frédéric,  Électeur  de  Saxe. 
De  Strasbourg,  25  mars  1525. 

Inédite.  Autographe.  Bibl.  du  31uséum,  à  Bàle.  Autographa, 

n"  25,  p.  2(). 

Sommaire.  Depuis  longtemps  je  clierchais  l'occa.sion  de  m'excuser  auprès  de  V.  A.,  au 
sujet  de  mon  départ  précipité  de  Wittemberg .  Je  n'en  suis  sorti  que  sur  un  appel 
irrésistible,  puisqu'il  venait  de  Dieu.  Je  vous  supplie  d'agréer  l'hommage  de  mon 
Commentaire  sur  leprophète  Osée,  et  de  me  faire  savoir  si  vous  m'avez  rendu  votre 
bienveillance.  J'ai  encore  une  prière  à  vous  adresser  au  nom  du  comte  Sigismond 
de  Hoheiûohe,  qui  est  mon  bienfaiteur  et  l'un  des  plus  fermes  appuis  de  l'Evangile 
en  Allemagne.  Sur  le  conseil  de  notre  église,  il  désire  se  marier,  et  il  fait  prier  V.  A. 
de  vouloir  bien  lui  choisir  une  épouse  dans  l'une  des  familles  pieuses  de  vos  États. 
Nous  espérons  que  son  exemple  sera  suivi  par  plusieurs  membres  du  Chapitre 
de  Strasbourg .  Christine,  ma  fidèle  compagne,  et  moi  nous  vous  souhaitons  humble- 
ment, comme  à  notre  Prince,  la  vraie  paix  et  toute  prospérité. 

JESUS. 

Gratia  et  pa\  à  Deo  Pâtre  nostro  et  Domino  nostro  .lesu 
Christo  ! 

A  diebus  quibus,  vocante  et  compellente  me  Domino,  Wittem- 
herynm  deserui,  Chrislianissime  Princeps,  nolui  scribere  ad  Tua  m 

'^  C'est  en  faveur  de  Chastellain  et  de  Védnste  que  Lambert  avait  écrit 
si  souvent  aux  magistrats  de  Metz.  (Voyez  le  X"  127,  note  4  à  la  fin,  et  la 
lettre  de  Lambert  du  15  août  1525  au  Sénat  de  Besançon.) 


348  FRANÇOIS  L\>1BERT  A  FRÉnÉRIC,  ÉLECTEUR  DE  SAXE.  1525 

Alliiiiflineni.  usqiie  in  prcefinitum  diem,  quo,  pro  tenuitate  niea,  of- 
liciuin  in  le  meum  aliquo  munu.sculo  conlestarer,  et  si  quid  oiïen- 
sionis.  ob  discessum  meum,  intercesserat,  hoc  medio  purgarem. 

Primùni  ergo,  Inluslriss»  D,  T.  nosce  [1.  nosse]  dignetur,  quôd 
nulla  mala  arle,  nuUo  contcmptu,  nullave  ingrafitudine.  aljierim  è 
Sa.roiiihm,  sed  quôd  ita  oportueril,  nisi  Cliristum  neg'are  voluerim, 
\\[  lihro  nieo  de  Vocatione,  C.  22.  quasi  de  tertio  quopiam  loqueiis, 
Italàin  feci'.  Expectavi  aliquandiu  laum  è  Nurcmberf/a  reditum'-': 
seil  ciim  fuit  proximum  Fnincofordiense  emporimn,  ultra  operiri 
non  valui.  quôd  eo  tempore  via:-  tuliores  essent^  Yerùm  si,  aute- 
quam  venirem  è  Wittemberga,  scivissem,  quôd  in  proximo  èNureni- 
berr/a  reversurus  eras,  expectassem  jussionem  luam.Quôd  si  Magni- 
ludoTua  oninino  judicat,  aut  milii  imputât  ad  culpam,  quôd  ante 
aljiei'im,  precor  eam.  ut  milii  donet  liane  ofïensionem,  per  Domi- 
nnm  Jesuni  Chrislum. 

Ecce,  ù  Clementissime  Princeps,  milto  libi  cum  priesentibus 
Commentarios  nostros  in  Oseam  prophetain,  simul  el  de  Aibitrio 
liomiiiis  verè  captiva,  ndversus  Ernsmuw,  tnmetsi  non  nomimitum\ 
siib  Tua!  Celsiludinis  nomineeniissos.  in  quibus.  juxia  donationeni 
spirilus  Cliristi,  palàni  feci  verilatem  ejus.  Obsecro,  ut  hoc  quale- 
cunque  munus  adceplum  sit  coram  te,  ipsaque  verilas  de  qua  in 
eis  Coniinenlanis  scripsi.'^il  pro  me  apud  Tuain  Cleinentiam  gratiie 
adsecjuendii!  medialrix.  l'tinam  autem  juliens  [1.  jul)eas]  ut  quis- 
piam  ex  sanctis  aulicis  tnis  ad  liunc  pucrani  Tnum.  Tua!  Magnilu- 
dinis  nomine,  scribent  [l.  scribat],  ut  sciam  an  me  denuô  in  gra- 
tiam  receperis.  el  placuerit  libi  munusculum  meum.  simque  ali- 
quando(|uid  taie  denuô  missurus! 

Cœtenim  multa  (Iducia,  ô  Generosissime  Diix.  lem  unam  paucis 
adjeci.  Est  apud  \\o>\\\\m  Avfieutinmnx'w  chrisliani  admodùm  pec- 
toris  ac  verè  generosus,  D.  Siijismundus  Contes  ab  Jlobenloe.  Col- 
legii  Principnui  necanus\  per  quem  maxime  el  iiiprimis  dictai 

'  Voyez  le  N»  131,  note  3. 

2  Voyez  le  N"  112.  note  5. 

'^  La  foire  dn  printemps  à  Francfort  ont  lieu,  en  1524,  du  3  au  23  mars. 
Les  routes  de  la  Saxe  et  de  la  Tluuinge  durent  être  suivies,  à  cette  occa- 
sion, par  de  nombreux  voyageurs  dt>s  le  20  ftHrier. 

*  Cotte  partie  de  l'ouvrage  de  Lambert  était  donc  une  réponse  indirecte 
au  livre  d'Érasme  de  lihcro  ArJntrio,  publié  en  septembre  1524. 

■^  Le  comte  Sif/iviioml  de  Ilohcnlohe,  doyen  du  cliapitre  de  Strasbourg. 
L'activité  bienfaisante  de  cet  homme  vraiment  <'vangélique  à  été  retracée 


1525  FIIA.NGOIS  LAMBERT  A  FRÉDÉRIC,  ÉLECTEUR  DE  SAXE.  349 

urbis  misertus  est  Dominas,  per  eum  servans  in  illa  veritatem  siiam, 
pionini  oinniiim  palronus,  tic  qiio  plenius  scripsi  a(ll\ever.[endura] 
tuiL'  inclila!  aiikc  I^piscopuni^  Nulliis  pi'ofeclo  in  GenimnifLdQmla 
Celsitiidine  Tua,  rem  Cliristi  aixlentius  promovel,  intrépide  quidquid 
ad  hoc  lacit,  tenlans,  abjiciens,  calcans.  adgrediens".  Hune  milii  et 
familiœ  meœ  dédit  in  patrem  Deus,  apud  ArgeiUoratum,  quemad- 
modum  olim  Tiiam  Celsitiidinem  ajiud  Saxones.h,  nostne  ecclesiae 
consilio,  cupit  efftci  conjunx  iu  Domino,  quod  et  illi  optant  omnes 
sancti,  ut  ejus  exemplo  Aniicliristi  perditio  efficacius  corruat.  Sed 
quia  in  Argentoratenskun  vicinia  non  habet  quem  pro  hac  re  tutô 
precetur,  adcedit  ad  inlustriss.  D.  Tuam  supplex.  et  pro  eo  simul 
quotcpiot  apud  nos  Verbo  favent,  orantes,  ut  hoc  illi  prœstes,  neinpe, 
utèfiliahus  verè  credentium,  quibus  sunt  plena3  Imperii  lui  [terrœ], 
piam  aliquam  sibi  in  conjugem  tïibui  velis.  Putabitenim  à  Deo  esse 
quidquid  in  hac  re  feceris.  Utinam  id  citô  videamus,  et  ille  pri- 
mùm,  denique  multi  h.  laqueis  filii  perditi  lilieri  fiant!  Siquidem 
multi  etiam  è  Principum  Collegio  opermntnr  quôd  hic  reliquis  ciani 
pnret. 

Prœsla  ergo,  ô  piissime  Princeps,  id  eidem  Comiti,  tibi  sese  toto 
corde  dedenti  ac  commendaiili,  imô  et  toti  ccclesice  nostra)  id 
simul  precanti  ejus  causa.  In  te  multam  habet  ille  fiduciam  in 
Domino,  quôd  veritas  socundùm  quam  versari  concupiscit,  sub  tuo 
imperio  revixeril.  Proinde  boni  consule  ejus  petitionem,  quam 
nunquàm  ad  Tuam  Magnitudinein  misisset,  nisi  de  ea  in  [l.  de  tua 
in  se]  bonitate  sentiret.  Boni  quoque  consule,  quôd  pro  eo  scrip- 
serim.  ////  siquidem  jubenti  non  parère  non  vcUui,  quôd  maxime 
per  eum  me  Christus  juverit,  et  res  pro  qua  scripsi  sit  sacrosancta. 

Tandem,  et  Saxona  mea  Christina,  fidissima  meiB  socia  pere- 
grinalionis,  oplamus  tibi,  Clementiss.  Principi  nostro  (semper  enim 
Princeps  noster  es,  ubicunqiie  sumus)  pacem  veram  et  omnia  pros- 
péré in  Domino,  nos  tibi  corde  humillimo  ac  deditissimo  commen- 

dans  l'Histoire  de  la  Réforraation  en  Alsace  de  Rœliricli,  1'*  partie,  p.  243 
et  suivantes. 

^  S2)alatin,  aumônier  de  la  cour  électorale  de  Saxe. 

^  Dans  l'épître  dédicatoire  de  sou  commentaire  sur  Joël,  publié  en 
1525,  Lambert  adressait  au  comte  Sigismond  les  paroles  suiv;intes:  «  Ob 
id....  Tuse  Celsitudiui  Prophetam,  qui  maxime  est  adversum  hlii  perditi 
factionem,  dicare  volui,  oo  quod  milii  sit  persuasissimum,  te  oinnem  Sa- 
thanœ  alUtudinevi,  quai  in  eo  cernitur,  toto  corde  caîcassc,  aique  ut  tuo 
exemplo  multi  Jiant,  ex  Nicodemis  Apoatoli,  hoc  est,  ex  secretis  veritatis 
confessoribus,  et  sermonibus  et  facto,  publici  ejus  adsertores.  * 


IJoO  LLRIC  ZWINGLI  AL  ROI  DE  FRANCE.  1525 

dantes.  Argenloiati,  die  Incarnationis  Unigeniti  sempilerni  Palris, 
Anno  vigesiino  (luinto  supra  niiile'"  el  quinqueir. 
Ejusdem  lUusiriss.  Domina.[lionis]  Tuœ  seivulus  in  Domino 

Fra.nciscus  Lambertls  Avemonensis. 

(^/n.sr/v/>//o.vInlustriss.  eleidemCleraentiss.  Prin.[cipi]  acDo.[miuo] 
Do.  Friderico  Sax.  Duci,  Sacri  Ro.  Impe.  Elec.  Archimar.  Lanlgravio 
Duiingici.', Marchioni  3Iisniaj,  Domino  et  Patrono  suo  Colendissimo. 

(Au-dessous,  on  lit  ces  mots  de  la  main  de  Spalatin  :)  <•  Ex  Ar- 
genlina.  • 


146 

ULRic  zwiXGLi  au  Roi  de  France. 
De  Zurich  (au  mois  de  mars)   1525. 

De  vera  el  falsa  leligione  Hnldrychi  Zuinglii  Commenlariu.s.  Tiguri, 
Cliristopli.  Froscliover.  M.D.XXV  (mense  Martio).  in-8". 

(traduit    du    r.ATIN.    FRAG>rE^"TS.) 

Sommaire.  Zwingli  engage  François  I  à  réduire  au  silence  le»  docteurs  de  Sorboime  et 
A  protéger  dans  son  royaume  les  doctetirs  évangéliques.  Il  proleste  que  c'est  bien 
il  tort  qu'un  certain  personnage  a  voulu  persuader  à  la  reine-mère  que  la  doctrine 
de  rÉvaneile  pousse /«*  sujets  A  la  désobéissance  envers  leurs  princes. 

Sire,  le  Irès-saintel  Irès-savanl  Hilaire.  né  dans  \otre  France. 

a  jadis  ('cril  à  fous  les  frèies  el  évéques  d'Allemagne.  Plût  à 
Dieu  ijue  nous  jiussions  nous  glorifier  un  jour  de  \ous  avoir  rendu 
la  pareille!  — ce  (|ue  Je  n'entends  point  aii|)li(|uer  à  cet  impar- 
fait ouvrage,  dont  je  suis  l'aMteur.  mais  aux  autres  livres  puhWs 
par  les  savanls  el  pieux  lliéolu;:iens  de  rAUeinagne.  Toutefois,  je 
vous  en  conjure,  prôlez-moi  Tiueille.  ù  Roi  très-humain.  Vous 
avez  dans  voire  royaur.ie  celte  race  des  tlu'olof/ieiui  tic  Sorhonnc. 
(\\U'  [K'VMmiw  ne  saurait  dépeindre  comme  il  convient:  ils  ignorent 
les  lanj^'ue.s.  el  non-seulement  ils  les  méprisent,  mais  encore  ils  les 
persécutent,  ne  se  servant  eux-mêmes  des  leurs  (pie  pour  mau- 
dire el  mordre  comme  les  serjtenls  :  ils  dédarenl  impies,  hérétiques 
♦'l  hlasphématoires  les   propositions  (pii   sont   tirées  des   li\Tes 


1525  ULRIC  ZWINGLI  AU  ROI  DE  FRANCE.  3oi 

saints,  tandis  que  je  ne  connais  pas  de  doctrine  qui  soit  i)kis  It'as- 
plîémaloire  envers  Dieu  que  celle  qu'ils  enseig^nent  eux-mêmes. 
Faites-les  taire,  Sire,  de  peur  qu'en  les  laissant  proférer  cont  'e 
Christ  tout  ce  qui  leur  vient  à  la  bouche,  vous  n'encouriez  son 
indignation  .... 

Vous  avez  nii  autre  genre  de  docteurs  qui  cultivent  les  sciences 
célestes  plus  que  les  sciences  humaines  et  qui  possèdent  tout  ce 
qui  s'y  rapporte,  je  veux  dire  la  connaissance  des  langues,  la  sim- 
plicité des  moeurs,  la  sainteté  de  la  vie.  Ayez  soin  de  ces  gens-là 
etlémoignez-leur  plus  d'égards  qu'à  personne;  ne  les  accaparez  pas 
pour  vous  seul  (sauf  un  petit  nomljre  qui  puisse  s'entretenir  avec 
vous  des  choses  divines),  mais  distribuez-leui'  dans  tout  votre 
royaume  des  postes  où  ils  puissent  afficher,  non  sur  des  colonnes, 
mais  dans  les  cœurs,  les  nouveaux  ordres  de  Jésus-Christ.  Vous 
verrez  alors  votre  royaume  longtemps  afiligé  par  la  guerre  re- 
prendre immédiatement  un  nouveau  lustre  ;  vous  verrez  disparaître 
le  luxe,  l'impureté,  la  débauche,  lïntempérance.  en  un  mot  tous 
les  vices,  et  refleurir  la  justice,  la  confiance,  la  miséricorde.  Vous 
ne  vous  laisserez  jamais  entraîner  dans  cette  opinion  où  certain 
personnage  s'est  efforcé  de  faire  tomber  votre  trés-illustre  mère,  à 
savoir  qu'il  faut  s'opposer  à  la  doctrine  de  l'Évangile,  comme  à  ce 
qui  trouble  la  paix,  puisqu'en  Allemagne  tout  est  sens  dessus  des- 
sous et  que  personne  n'y  obéit  aux  ordres  des  princes.  Ceux  qui 
parlent  ainsi  ne  veulent  pas  servir  Dieu,  mais  leurs  propres  con- 
voitises   Il  a  pu  se  faire  que  dans  quelques  parties  de  l'Al- 
lemagne il  se  soit  élevé  des  troubles  dangereux,  lorsque  les  magis- 
trats ont  prétendu  défendre  la  libre  prédication  de  la  Parole  de 
Dieu;  mais  croyez-moi,  ù  Roi  très-illustre,  partout  où  les  magistrats 
ne  s'elTorcent  pas  d'arrêter  le  libre  cours  de  la  Parole,  les  gens  de 
bien  sont  entièrement  d'accord  avec  eux  —  A  ne  considérer  la 
question  que  du  point  de  vue  de  l'utilité,  on  verra,  en  lisant  mon 
livre,  tout  ce  que  les  rois  et  les  peuples  gagneraient  en  prospérité 
s'ils  entreprenaient  la  réforme  des  mœurs  selon  la  Parole  de  Dieu.... 
Accueillez,  Sire,  avec  indulgence  l'audace  que  j'ai  eue  de  vous 
dédier  cet  écrit.  J'avais  surtout  pris  la  plume  en  vue  d'être  utile  à 
la  France.  11  m'a  semblé  que  rien  n'était  plus  juste  que  d'oIVrii-  à 
son  Roi  ce  que  j'ai  composé,  afin  que  personne  ne  puisse  m'ac- 
cuser  de  dissimulation.   De  Zurich,  l'an  lo2o. 


Xi'i  NOËL  BKDA  A  ÉRASME  DE  ROTTERDAM.  1  52S 


147 

XOEL  BEDA  à  Érasme  de  Rotterdam. 
De  Paris,  21  mai  1525. 

Erasini  Epistolœ.  Éd.  Le  Clerc,  p.  1708. 

.Sommaire  Beda  reproche  à  Érasme  d'avoir  proclamé  l'utilité  des  traductioiis  de 
l'Ecriture  Sainte  en  langw  vvlgaire.  L'évêque  de  Meaux  et  l'Alhmagne  n'ont  pa."^ 
lieu  de  s'en  féliciter.  Les  ouvrages  d'Érasm,  mi'a  (i-idnits  Louis  deLerquin  ne  soi  i 
pas  approuvés  par  la  Sorbonne. 

Fahus . . .  plane  fuisti,  pietatis  prœtextu  existimam,  perutUe  esse 
Ecclesiœ  Sciipturas  Sacras,  et  Cantica  Ganlicoriim,  et  Ezechielem 
lerti  m  rulf/aie  '.  Cicterùm,  quôd  loties  et  tam  iiistaiiter  suadere 
sategisti.  —  non  adverfens  quanta  sœpius,  eam  ob  rem,  Ecclesia 
animarum  pericula  et  turbalioniini  pertulerit  incommoda,  proptei- 
(|UtL',  ne  id  lleret  non  .semel  piohilniif.  — jam  tua?  charitati  dico. 
suis  damnis  expertns  modà  Dominus  Episcopus  Mehicusis  quidnam 
l'niriiis  picits  iUiteruta  suce  Diœcesis  ex  Jacobi  Fabri  sudoribus  in 
eo  negotio  coUefjerU- !  Siverô  in  G^rMw«m rusticis  viris  etmulier- 
cuii.s  rellgionis  incromenta  in  eam  tradiiclœ  linguara  Scriptuni' 
contnleri[n]t,  vos  certiùs  nobis  no.sse  potestis;  qua  de  re  qiiod  va- 
riis  Idcis  experlissimus  Doctor  de  Gersoneo  scriptum  reliquerit. 
iilinam  libi  relegere  complacuisset! 

.1.1111.  pro  cpistolic  conclusione.  (piod  heri  de  nonniillis  tuo- 

runi  (ipiisciilorum  in  consessugravksinio  propositum  exslilit,refen). 
Tiii  Hcscio  finis  amans  in  Gallirnni  fradiixit  cluquinni  libellos.  vide- 
liiel:  Fiicoiiiiniii  niafriinonii.  Orntionrin  Douiiniriun  et Sj/mhohnn-: 

'  Erasme  piirlc  déjà  des  traductions  en  langue  vulgaire  dans  la  prcfacr 
de  la  seconde  édition  de  son  Nouveau  Testament  (1519). 

*  Il  veut  dire  que  les  actes  d'Iiostilité  contre  le  culte  catholique  avaient 
été  commis  rlans  le  diocèse  de  liriromict  (N°  V'>5.  note  1)  par  des  gens  iiui 
avaient  lu  le  N.  T.  de  Le  Fècrc. 

■  Oans  l'aiTÙt  rendu  par  la  Sorbonne,  le  20  mai  1526  (V.  d'Argentré, 
II,  42)  le  iradnctcur  de  ces  trois  livres  n'est  pas  nommé,  tandis  que  dans 
les  censures  prononcées  par  h',  même  coips  contre  ces  ouvrages,  fiprès  leur 
iropr(!8sion,  le  12  niars  152G,  la  traduction  en  est  expressément  attribuée  a 
Louia  de  Bcrquin. 


1  525  NOËL  BEDA  A  ÉRASME  DE  ROTTERDAM.  353 

si  plures  sunt,  jam  non  meniini.  Versiones  autem  ïjisœ  ad  nostram 
Facultdtem  fucrunt  (ut  jam  Lutetiœ  fit)  prœsentatœ,  ut  sciretur,  si 
quitl  expediret  iilas  impriml,  necne^  Ad  id  muneris  connnissi, 
quaî  in  ipsis  versionil)us  non  sana  cornpererant.  palam  pro  more 
Facultatis  recitaverant.  Quibus  audilis.  obstupuere  omnes,  tua  certè 
non  probantes  dogmata  :  ideo  interpretem,  rpiem  nonnulli  suspi- 
cantur  Ludovicum  à  Berquin'^  fuisse,  tibi.  chaiissime  frater,  non 
nniltiim  suo  contulisse  studio,  et  formidandum.  ne  fut  uni  tibi  et 
Fabro  sit  eommunis  sors  cum  Magisîris  nostris«,  quos  à  multis 
certum  est  saepius  maie  audire.  Valedicens  persevero  in  supplica- 
tionibus;  lui  Bedda3  consilia,  quantum  commode  poteris,  audi. 
precor.  et  bene  tibi  erit.  Ex  Acuto  Monte",  Parisiis,  21  Maii. 
anno  lo2o. 

Tui,  qui  ad  vota  paratus  est,  Bedd.e. 

*  Voyez  le  N»  137,  note  2. 

^  Deux  ans  plus  tôt,  vers  le  milieu  de  mai  1523,  la  Sorbonne  avait  fait 
saisir  chez  Louis  de  Berquin  plusieurs  livres  «  hérétiques  »  et  demandé 
qu'ils  fussent  condamnés  au  feu,  ce  qui  lui  fut  accordé.  —  «  Au  dict  an 
1523,  le  samedy,  8"  aorst,  furent  bruslez  plusieurs  livres,  par  l'authorité 
de  la  cour  de  Pai-lement,  devant  la  gi-ande  église  Nostre-Dame  de  Paris, 
qu'avoit  faict  un  gentilhomme,  nommé  Loys  Barquin,  seigneur  du  dict  lieu, 
en  Picardie,  qui  estoit  grand  clerc;  mais  il  estoit  luthérien  ;  lequel  avoit  esté 
prisonnier  à  la  conciergerie  du  Palais  à  Paris  [depuis  le  1"  août]...  Néant- 
moins  il  en  fut  mis  hors  de  par  le  Koy,  qui  estoit  près  de  Meleun,  et  s'en 
alloit  de  là  les  montz;...  et  fit  ce  le  Roy  pour  luy  saulver  la  vie,  car  aultre- 
ment  il  eust  esté  en  grand  danger  de  sa  personne  d'cstre  mis  à  mort  par 
justice,  car  il  Favoit  bien  gaigné.  »  (Journal  d'un  bourgeois  de  Paris, 
p.  169.) 

^  Dans  la  réponse  qu'Érasme  fit  à  la  présente  letti'e  de  Beda,  le  15  juin 
1525,  ou  lit  les  passages  suivants:  «  Quod  mihi  tua  charitas  metuit,  ne  quando 
sim  in  eadem  sorte  futurus,  in  qua  Faber,  —  ego  magis  vereor,  optime 
Bedda,  ne  quando  vos  sitis  in  eadem  sorte  futuri,  in  qua  nunc  sunt  Thcologi 
Gernmnice,  quorum  tanta  hisce  temporibus  est  autoritas,  ut  si  quid  reprehen- 
dant,  ob  hoc  ipsum  placeat,  quod  ab  illis  damuatum  est.  »  Et  plus  loin  : 
«  Cum  Berquino  mihi  nihil  est  rei  ;  sed  tamon,  si  me  patcris  aliquam  veri 
favicm  in  sinum  tuum  eftundero,  quid  opus  erat  lioc  inier  articulas  notare, 
quod  scripsit,  à  concionatorihus  rectius  invocari  Spiritum  Sanchim  quàm 
Mariant  virgimm?  —  Fit,  inqius,  injuria  landabili  consuetudini.  —  Ut 
laudabilis  sit  hodie,  certè  veteres  hanc  laudabilcm  consuetudinem  nescic- 
runt...  Hicronymus  m  singulis  penè  praîfationibus  commentaiMorum  quos 
scripsit  in  prophetas,  memiuit  de  iuvocando  auxilio  spiritus  divini  ;  de  invo- 
canda  Maria  non  meminit.  Yerùm  ut  donemus  esse  laudabilem,  quid  peccat 
qui  ostendit  quod  sit  laudabilius?  Quale  verô  est,  ob  hujusmodi  uœnias, 
virum  talem  in  vitœ  famccque  disaimen  vocare!»  (Le  Clerc,  p.  S6G  et  869.) 

"  Le  collège  de  Moutaigu. 

T.  I.  23 


354  LES  ÉTATS  f)L    PAYS  UK  VAUI)  A  LEURS  RESSORTISSANTS.         152t 


!48 


LES  ÉTATS  DU  PAYS  DE  VAUD  à  leui's  ressortissauts. 
De  Moudon,  23  mai  1525. 

Rucliat.  Histoire  de  la  Réform;ition  de  la  Suisse.  I.  563. 

Titre.  EstattUs  contre  les  oppinions  de  Martin  Leuter. 

A  tous  ceulx  que  [1.  qui]  ces  présentes  verront  et  liront,  soit 
notoire  et  chou.se  manifeste,  que  ce  Jourd'liui  23  de  ce  mois  de 
May.  l'an  mil.  v^.  et  2o,  sont  été  dressés,  congregués  et  trouvez 
ensemble  au.\  Estats  tenus  ici  à  Moudon,  pour  les  alïaires  de  ce 
pays  de  Waud,  Messieurs  les  Nobles  et  Ambassadeurs  des  Bonnes 
Villes',  ici  dessous  nommés  :  Par  devant  le.squeulx  Estats.  Noble 
Loijs  Pomcl.  Lieutenant  du  Ballivaige  de  Waud.  jiai-  le  commande- 
ment de  Monsieur  le  Gouverneur  et  Baillif  de  Waud.  a  mis  en 
avant  et  propo.sé  que  Ton  dehust  [l.  dût]  avoir  regai'd  et  advis  sur 
les  maulvaises,  déléales.  faulces  el  iiérétiiiues  allégations  et  opi- 

'  Le  Pays  de  Vatid,  conquis  au  treizième  siècle  par  le  comte  Pierre  de 
Savoie,  avait  conservé  toutes  ses  franchises.  C'était  une  sorte  de  confédération 
placée  sous  la  suzeraineté  d'une  famille  de  princes  héréditaires.  Les  nobles, 
les  villes,  et  i)arfois  le  clergé,  envoyaient  leurs  députés  à  une  Dicte  qui  se 
réunissait  ordinairement  à  Moudon,  siège  habituel  du  «  gouverneur  et  bailli 
de  Vaud,  »  représentant  du  Prince.  «  Les  États  »  étaient  composés  des  no- 
bles et  des  députés  de  quatorze  villes  et  bourgs  qu'on  appelait  les  bonnes 
villes;  c'étaient:  Moudon,  Yverdon,  Morges,  Xyon,  Romont,  Payerue,  Es- 
tavayer,  Cudrotin,  Rue,  Cossonay,  Graudcour,  Ste.-Croix,  Les  Clées  et 
Cliatcl  St.-Denis. 

Le  reste  du  Pays  de  Vaud  obéissait  à  d'autres  maîtres.  Lausanne,  Lutry, 
Cully,  St.-Saphorin,  Corsier,  une  partie  de  Vevey,  Avenches,  Lucens  et 
Bulle  formaient  h  patrimoine  du  Princc-Évêquc  de  Laïusanne.  Les  répu- 
l)liques  de  Rerne  et  de  Fribourg  possédaient  eu  commun  depuis  1475  les 
hailliagcs  d'Orbe,  de  Grand.son  et  de  Morat.  Berne  commandait  seule  dans 
h.s  quatre  mandements  d'Aigle,  d'Ollon,  des  Ormonts  et  de  Bex,  dont  elle 
s'était  emparée  à  la  même  épo(iue.  (Voyez  Ruchat,  I.  267.  —  Documens 
relatifs  à  l'histoire  du  Pays  de  Vaud.  Genève,  1817,  8",  p.  xxiij.) 


152S        LES  ÉTATS  DU   l'AVS  DK  VAlD  A  LIAUS  UKSSUUTISSA.NTS.  353 

nions  de  ce  nijuklil  et  déléal  liérclique,  et  ennemy  de  la  foy  clires- 
tienne,  Martin,  Leuter  [l.  Luther],  par  lesquelles,  comme  il  se  dit 
communément,  eis  lieux  circonvoysins  sont  été  faits  de  gros 
€sc[ljandres  et  abus  contre  la  foy  Clirestienne'. 

Et  désirant  obvier  à  toutes  les  chouses  dessus  dites,  et  aussi  pour 
maintenir  la  foy  Clirestienne,  ainsiu  f|ue  vrays  Chrestiens  doivent 
faire,  par  le  mandement  et  commandement  de  mon  dit  Sr.  le 
Gouverneur  et  Baillif  de  Waud,  [les  dits  Estais]  ont  statui  et  or- 
donné, et  ordonnent  par  ces  présentes,  — que  nulle  personne  de 
quelque  estât  ou  condition  que  ce  soit.  sul)jets  de  nostre  très-re- 
doublé Seigneur,  tant  médiats  que  immédiats,  ne  dokie  [1.  doive] 
avoir,  acheter  ne  garder  point  de  livre  fait  par  le  dit  Martin  Leuter, 
et  si  point  s'en  trouve,  que  le  dit  livre  soit  brûlé.  Item,  que  nulle 
personne  àe  quelque  estât,  degrez  ou  condicion  que  ce  soit,  ne 
doige  parler  en  manière  quelconque  du  dit  Leuter,  en  le  favorisant 
et  maintenant,  ou  en  maintenant  et  allermant  aulcunes  de  ses  niaul- 
dictes  et  dampnables  oppinions  et  allégations,  —  et  ce  sous  la 
peine  d^esire  griefvement  incarcérez  trois  jours  durant,  et,  au  bout 
de  trois  jours,  de  recepvoir  trois  estrappades  de  corde  publique- 
ment, et  doige  payer,  avant  que  sortir  de  prison,  les  despenses  et 

^  C'est  une  alkisiou  à  la  guerre  des  paysans  (ou  «  sédition  des  rustiques»), 
'qui  venait  de  causer  tant  de  ravages  en  Allemagne  et  dont  on  craignait  le 
contre-coup  eu  deçà  du  Rhin.  Aux  yeux  des  adhérents  de  l'église  romaine 
tous  les  excès  nés  d'une  fausse  interprétation  de  l'Évangile  étaient  impu- 
tables à  Luther. 

Quelques  extraits  d'un  acte  rédigé  à  Orbe,  le  22  mai  1525,  nous  fourni- 
ront un  spécimen  des  impressions  populaires.  Domp  Pierre  Giiibcrt,  prêtre 
de  cette  ville,  incai'céré  à  l'instance  des  nobles  et  bourgeois  de  la  ville  de 
Grandson,  était  interrogé  ce  jour-là  à  propos  de  ce  qu'il  avait  dit,  le  jeudi 
4  mai,  à  uu  jeuue  cordelier  de  Grandson:  «  N'allez  pas  à  votre  couvent,  car 
il  est  brûlé  !  »  Sur  quoi,  deux  jours  après,  le  couvent  avait  failli  être  incen- 
dié. Pierre  Guibert  répondit  :  «  Que  vray  estoit  que  le  Jeudi  desus  escript, 
«  en  la  maison  de  la  Clievreriez,  tenant  ostellerie  à  Orbe,  [il]  se  deult  tro- 
«  véz...  avecq  certains  autres  prestres  d'Orbe,  auquel  lieu  se  trovit  le  jeune 
«  religieux  avecque  vung  [1.  uu]  débrosseur  nommé  Petit  Jehan,  et  parlireut 
«  de  Leuter.  Et  que  vung  Jacobim,  le  jour  devant,  luy  avoit  dit  que  les  Leu- 
<t  tériens  hrûloient  les  religions  [1.  couvents]  vers  Bâle,  et  qu'il[s]  einavoient 
«  desjà  brûlé  deux.  Après  partit  le  dit  détenu  au  dit  jeune  religieux,  luy  di- 
<5  sant  ouz  il  aloit?  A  quoit  luy  avoit  respondu,  qu'il  s'en  aloit  à  Granson: 
«  et  adonc  le  dit  détenu  luy  dit:  j\"^  aies  pan,  car  vostrc  cornent  e[s]t  brûlé. 
«  Mais  il  n'y  euteudoit  nul  mal,  uy  jamais  ne  l'entendit  qu'il  l'eult  deult 
«  brûlez.  »  (Archives  de  Pribourg.) 


356  PIERRE  TOUSSALN  A  GUILLAUME  FAREL.  1525 

missions  faites  adcause  de  la  dilte  détention.  Et  si  celui  qui  auroyt 
roulsuz  [\.  \oiilu]  wuhtenir  et  maintenir  les  faulces  et  décepvables 
oiipinioiis  (lerant  dictes,  en  tout  en  partie,  après  avoir  recephu  les 
dictes  estrapades,  si  [1.  malgré  cela]  veult  estre  indurcij  et  obstiné, 
lia  il  doff/e  estre  brûlé,  comme  faulx  et  déléal  hérétique,  avec  son 
livre,  si  point  en  avoyt.  Quelque  priviliége,  liberté  et  franchise  au 
iMt  pais  de  Waud  concédées,  nonobstant. 

(Suivent  les  signatures  des  députés,  lesquels  déclarent  qu'ils  ont  réelle- 
ment statué  et  ordonné  «  les  Estatuts  et  ordonnances  dessus  escriptes,  >  et 
prié  le  Lieutenant  de  les  confirmer,  faire  tenir  et  publier  «  à  tous  Officiers 
du  Pays  de  Waud,  »  —  puis  une  déclaration  confirmative,  émanée  du  dit 
Lieutenant.) 

Desijuelles  choses  susdites,  Nous  des  Estais  dessus  nommés  au- 
jourd'hui icy  assemblés  aux  Estais,  avons  commandé  à  nostre  scribe 
et  secrétaire  icy  dessoubs  signé,  escripre  et  signer  ce  présent 
Estatul  et  Ordonnance.  Donné  aux  Estais  à  Mouldon,  le  jour  et 
l'an  (jue  dessus. 

BONDETL 


d49 

PIERRE  TOUSSAIN  à  Guillaume  Farel. 
De  Baie,  3  juin  1525. 

Manque. 

[Ollf  It'lire  a  élé  mise  aux  oiKliéres  ;i  Paris,  le  11)  décembre  1850. 
Voyez  le  ('MitaloLTue  de  la  c(»lU.'cli(»n  di'  Lellres  aiitograjibes  e(  de 
DociinuMils  hisloriqiies  concernant  l'Histoire  de  la  Réforme....  jiro- 
Nt'iiant  (bi  cabinel  de  feu  M.  le  comte  P^mmerv.  pair  de  France. 
.M.'lz.  is:i().  in-H".  On  lit  au  .\"  \)H  de  ce  CalaloLMie  :  «...  P.  Tos 
samis  liiisUrns  \.  liasih'a'j.  S  juin  lô2'~}.  A.  Ciuill.  Farci  à  Stras 
l>ouni,dcu.rf)a(fes  in-fol.  (en  latin).  •  — Cette  lettre  doit  renferme 
dt's  détails  nilV-rt'ssanls  iTJalifs  à  rcnlrtqirise  dV'vangélisalion  i\n( 
Toussaiii  l'I  /•w/v'/allaicMl  tenter  à  Metz.  Voyez  le  N"  liO,  note  u. 


r 
ue 


1525  ŒCOLAMI'ADE  A  GUILLAUME  FAIU'.L.  A  STRASIUK'HC.  357 


150 

ŒCOLAMPADE  à  Guillaume  Farel,  à  Strasbourg. 
De  Baie,  1er  juillet  (1525). 

OEcolampadii  et  Ziiinglii  Epistolœ.  Éd.  cil.  fol.  20o  a. 

Sommaire.  Imeli  pourra  vous  dire  que  mon  ministère  est  toujours  exposé  aux  mêmes 
épreuves.  Avant  la  réception  de  votre  lettre ,  Didier  était  subitement  retourné  dans 
son  pays;  mais  je  ne  puis  guères  espérer  qu'il  ait  le  dessein  d'y  annoncer  l'Evangile. 
Le  chef  des  tribus  m'a  paru  peu  satisfait  de  la  demande  que  vous  lui  adressiez;  je 
tenterai  néanmoins  de  nouvelles  démarches ,  pour  que  notre  Sénat  vous  rende  enfin 
justice.  Prenez  connaissance  de  mon  travail  sur  V Euchanstie  et  dites-m'en  votre 
avis.  J'ai  fait  expédier  [à  Strasbourg]  votre  bagage. 

Joanne.'?  (Ecolampadius  Gulielmo  Farello,  fratri  suo  in  Chrislo 
dilecto. 

Gratia  et  pax  à  Cliristo  !  Frater  charissime,  si  bene  agis,  bene- 
dictus  sit  Dominus  in  secuia  !  Ego  sanè  in  statu  sum  non  multo 
quietiore,  sed  et  nonnihil  inquietiore  quàm  quum  adesses.  qiiando- 
quidem  nulla  dies  prœterit,  qiiin  miilta  audiam  alicunde  qiuD  au- 
dire  non  juvat  ;  sed  illis  neque  curis.  neque  anxielate  raea,  occur- 
rere  possum.  Benedictus  autem  Deus  in  omni  tempore,  qui  scit 
mensurara  (lagellorum  quibus  erudiendi  sint  fdii!  Occidit  et  vi\i- 
ficat,  inimitlit  cornua  quai  nos  ventilent  et  humilient,  ita  ut  caput 
erigere  nequeaums:  sed  mittit  et  fabros  qui  illa  deterreant,  facil 
enini  cuni  tentatione  proventum. 

Imelius^  pleraque  narrare  poterit,  quàm  parum  adhuc  fruc- 
tificemus;  et  nilllominus  valde  sumus  invisi  sacerdotibus  Baal  et 
illorum  adoratoribus.  Desiderius  perendie  quàm  acceperam  litevas 
tuas,  repentino  consilio  ad  suos  festinavit-  :  quo  animo.  conjectare 
non  possum.  Ignoravi  abitionem  ejus.  alioiiuin  magis  anxié  Evan- 

'  Voyez  le  N"  139,  note  1.  Il  paraît  que  Jacoh  Himeli  devait  se  rendre 
à  Strasbourg,  où  Farel  séjournait  depuis  environ  trois  mois. 
2  Voyez  leN"  140,  note  7. 


3o8       (;.  FAREL  AU  SÉNAT  ET  AUX  mTOVENS  DE  LA  VILLE  DE  BALE.       1  525 

geliiim  illi  (:(»iiinien(lassem;  timeo  quôd  non  abieril  evangelizatum. 
Utinaiii  suliilù  inipial  illuni  ^pii'itiis  Domini! 

Trilnino'  semel  loqauliis  siini,  ante(|iiam  tuas  lileras  accepi,  sed 
iiiliil  rospondit.  neque  vaUle  gratie  in  tantis  lumultibiis*  erant  li- 
lercC.  itcium  tamen  tcntaho,  idque  variis  viis,  si  qua  tandem  justi- 
ciœ  sppu.  Foi'lassis  tibi  ociiim  erit  legendi  qiue  intérim  de  Eu- 
rlinristiii  congessi^  ;  judiciiim  tuiim  non  postposuerim  uUi.  Cape 
igilur  ejiis  gustum  ali(iueni,  et  signilicato.  Bene  probatur  seculuni 
nostrum,  ut  delegantur  impioruni  fraudes  qui  se  professuros  Chris- 
tum  receperant,  et  retrocedunt.  De  duce  nostro"  nihil  prorsus 
audio.  17/.S  cum  reculis  tuis  tibi  advectum  iri  jussi,  si  fortasse  qui- 
liusdani  opus  habeas.  Sabita  frntres  nostros  in  Domino,  et  vale. 
Prima  .liUii.  liasileie  (lo!2o)^ 


151 

GUILLAUME  FAREL  au  Sénat  et  aux  Citoyens  de  la  ville 

de  Baie. 
De  Strasbourg,  6  juillet  1525. 

Inédite.  Aulograplie.  Arcliives  d'Étal  deBàle  *. 

Sommaire.  Attiré  de  l'extiéinité  de  la  France  par  la  reput^ition  de  science  et  de  S;i- 
gesse  dont  jouit  votre  république,  j'ai  pu,  grâce  à  votre  équité,  soutenir  à  Jîdie  um 
dinpvle  sur  la  religion.  Désireux  de  reconnaître  celle  faveur,  j'ai  donné  à  la  jeu- 

'  Lo  TribituKs  plchis  on  <  magister  Zimftorum  >  était  alors  Lucas 
Zieykr.  C'est  par  erreur  que  nous  l'avons  cité  p.  250,  note  5,  au  lieu  de 
son  collègue  Jacob  Mei/er,  qui  fut  en  charge  depuis  le  24  juin  1524  jus- 
qu'au 24  juin  1525. 

*  .Mlusion  au  soulèvement  des  paysans  bàlois,  qui  avait  failli  amener  une 
guerre  civile  CV'oyoz  J.  de  Mullcr,  X,  287.  —  J.  J.  Ilorzog,  op.  cit.  1G5\ 

*  C'étiiit  la  première  rédaction  de  l'ouvrage  que  le  réformateur  bàlois 
publia  à  Strasbourg,  au  mois  de  septembre  suivant  (V.  le  N"  154,  n.  8). 

*  Le  duc  Ulric  de  Wtn-temberg. 

'  Le  millésime  est  écrit  de  la  main  de  Farel  sur  rexemplaire  déjà  cité. 

Celte  précieuse  lettre  nous  a  été  communiquée  par  le  respectable  archiviste  <Jt 
Bàle.  .M.  Krng. 


1  525   C.  FAREL  AU  SK\  \T  r:T  AUX  CITOVRNS  DE  l,A  VIUI.E  DE  BALE,   359 

nesse  un  cours  piMic  ([ne  j'iii  dû  interrompre,  puur  ne  pas  irriter  davantage  les 
ennemis  de  la  Parole  de  Dieu  et  de  votre  État.  Bientôt  après ,  sur  l'instante  prière 
de  quelques  hommes  pieux,  j'ai  consenti  à  prêcher  pour  les  Français,  dans  l'un  de 
vos  temples  et  avec  votre  permission.  J'ai  annoncé  Christ  seul  Sauveur,  et  l'esprit 
de  paix  qui  m'animait  ne  sera  mis  en  doute  par  personne. 

Mais  cette  modération,  cet  amour  sincère  pour  votre  ville,  ne  m'ont  nullement 
servi  de  sauvegarde.  Le  samedi  matin,  veille  du  jour  où  je  devais  prêcher  mon  qua- 
trième sermon,  un  huissier  m'invite  à  le  suivre  à  l'Hôtel-de-Ville.  J'accours;  un 
membre  du  Conseil  m'aborde  et  engage  avec  moi  un  dialogue  en  latin  :  «  JVous 
voyons  maintenant,  dit-il,  ce  qU'est  votre  Évangile!  »  A  toutes  mes  protestations  il 
réplique  par  ces  mots  :  «  Mes  seigneurs  ordonnent  que  vous  sortiez  de  Bâle  au- 
jourd'hui.  <>  J'obéis  avec  le  plus  vif  empressement;  mais  â  peine  étais-je  hors  de  la 
ville  que  je  me  demandai  comment  un  Sénat  renommé  par  sa  justice  avait  pu  me 
condamner  sans  m'entendre. 

J'ai  fini  par  croire  qu'une  décision  aussi  incompréhensible  n'était  pas  votre  ou- 
vrage, mais  celui  d'un  ou  deux  intrigants,  et,  dans  l'intérêt  même  de  votre  ville,  j'ai 
demandé  par  écrit  au  grand-maître  de  vos  tribus  que  les  circonstances  de  mon  ex- 
pulsion fussent  enfin  examinées,  m'oflrant,  si  j'étais  trouvé  coupable,  à  subir  quelque 
châtiment  que  ce  fût.  Cette  démarche  étant  restée  sans  succès,  je  m'adresse  aujour- 
d'hui au  Conseil  tout  entier,  en  vous  priant  de  m'octroyer  une  justice  que  vous  n'avez 
jamais  déniée  â  personne. 

Commendanfiir  etmeritô  florentissimsi  G ennnnorum  respublicae, 
cum  à  miiltis,  tiim  ab  una  potissimum  aiquitate  et  justitia.  (iiiam 
supi'a  omnes  coliint  et  observant,  et  in  primis  clarissima  Helvetio- 
rum  gens,  in  qiia  Basilienses  consilio,  prudentia  ac  œqiiitate  apud 
exteros  clariores  prœdicantur,  ut  cœtera  taceam,  literas  scilicet 
puriores  et  pietatem.  Quihus  ipse  é  penitissima  Gallia  illectus  fui\ 
ut  imam  supra  omnes  prœdicatam  inviserem  BasHenm,  ut  iionuiiiil 
inde  reportarem  cum  eruditionis  tum  pietatis. 

Quod  ut  facilius  adsequerer.  cum  peritioribus  conferre  de  non- 
nuUis  volui,  et,  quô  plenius  meo  satistieret  ardori,  puhlicam  optavi 
cum  omnibus  collatiouem,  super  iis  in  quibus  cardo  vertitur  eorum 
de  quibus  nunc  controversia  est-.  Quam  cum  nonnulli  ex  Univer- 
sitate,  quorum  munus  erat  miiii  adesse  et  ad  id  invitare,  ac  epis- 
copah's,  qui  primi  manus  porrigere  debebant,  probiberent,  vester 
quàm  consultissimus  Senatus,  ulrisque  auditis,  mibi  copiam  fecit 
conferendi  cum  omnibus  piibHce.  posilo  modo  iis  qui  mibi  non 
satis  in  re  bac  erant  œqui^  Sic(|ue  licuit  in  freqiienti.«^simo  claris- 

^  C'est-à-dire  que  Farel  dut  prendre  la  résolution  de  se  rendre  à  Bùle 
pendant  son  séjour  en  Guyenne  (V.  le  N°  105,  note  8). 
2  _  3  yoye2  les  N"  91  et  92. 


300       IJ.  FAREL  AU  -SÉNAT  ET  AUX  CITOYENS  DE  LA  VILLE  DE  BALE.        1  o2o 

simorum  et  erudilissimorum  cœtu  audire  et  nosse  quid  unusquisque 
sentii'et:  caulum  eniui  erat  per  mandatuiii  veslrum  tequissirauni, 
ne  cui  fi-audi  esset  libéra  mecum  collation 

Et,  HP  ipiiP  infjmtm  urhi  vestrœ  essem,  sed  ut  pro  viril »us  adni- 
terer  aliiiuam  referre  giatiam,  quod  potui  prœstUL  prœler/ens  ju- 
rentuti,  secundùm  graliam  niilii  à  Deo  dalam,  quœ  adpietntcm  face- 
reiil  f.'l  ri'ipahUcœ  pncem  et  tnmquilitatem,  idque  ex  Paulo,  notans 
eos  qui  à  Deo  dellciiint  et  magistratibussunt  injurii.  quique  omnia 
in  republica  Cbristianoiiim  inveiterunt.  Quaî  res  mibi  invidiam 
:m\ii  apud  eos  qui  vestram  et  civilatem  et  i-enipiiblicam  eversam 
rupiiint.  id  satagentes,  m  ablato  Dornini  Verbo  in  diiram  irahant 
<  a|iti\itatem  '-  :  quod  ipse  senliens  à  lectionibus  cessari,  quamvis  ro- 
garent  miilli  non  parum  pii  et  docti,quibus  non  facile  est  pio  vire 
quir(|uam  denegare'". 

Verùm  invidiam  declinare  volentem  non  passi  sunt  qui  Evange- 
liuw  tniKint,  tnceve.  (tiligentes  me  ut  aliquid,  pro  Cbristi  gloria, 
Gallos  qui  restrani  incolunt  civitatem  docerem  juxta  Vevhum  Dei  : 
quod  œgrè  (secundùm  carnem  dico)  cœpi\  nec  tamen  prius  sug- 
gestum  nscendi,  quàm  consulti  essent  super  re  bac  nonnuUi  ex 
priuiioribus  [1.  primoribus]  vestri  clarissimi  Senatus,  ac  designato 
loco  per  eum  cui  templuni  à  vobis  creditum  est\  Docui  tandem,  sed 
tanlà  modestià  quantam  nemo  sperasset,  purissime  et  placidissime 
trislil)us  animis  Cbiistum  depingens,  servatorem,  advocalum  et 
mediatoivm  nostrum  apud  Patrem.  —  id  quod  nemo  inlicias  ire 
potest. 

Al  nibil  ba!C  mibi  profait  modestià,  nibilsyncerus  erga  civitatem 
vesti-am  auiinus.  Jani  instabnt  dies  dominicus  quo  quavtam  concio- 
nrni  rrnin  linhifurus".  Ecce  Siibbuto\ocor  âô  boram  pcne  decimam 

*  Voyez  le  X"  95. 

'  On  ne  comiait  pas  le  sujet  précis  du  cours  de  Fard,  mais  ce  qu'il  dit 
du  caractère  de  son  enseignement  montre  assez  qu'il  dut  être  principale- 
ment dirigé  contre  les  abus  de  l'église  romaine. 

''  C'est  au  niniiient  d(>  la  cessation  de  son  cours  public  que  Farci  nous 
semble  avoir  formé  le  dessein  do  se  rendre  à  Strasbourg  et  à  Wittembcrg 
(V.  les  N«'  100  et  101,  et  plus  loin  la  note  9). 

'  Voyez  le  N"  107,  note  4. 

"  Farel  a  donc  été  dans  l'ordre  des  temps  le  premier  prédicateur  de 
l'église  française  de  Hâlp.  Il  nous  parait  assez  vraisemblable  qu'il  prêcha 
dans  le  temple  de  Sl.-Mmiin,  dont  le  curé,  Antoine  Zaucker,  avait  pour 
vicaires  (Kcolampadt  et  lioniface  Wolf  hard. 

»  D'après  une  opinion  généralement  adoptée  et  qui  repose  sur  les  deux 


1525      G.  FAREL  AU  SÉNAT  ET  AUX  CITOYENS  DE  LA  Ml.l.l.  DE  BALE.        'MW 

l»er  nuncium  piiljlicum.  Adcurro.  benè  conscia  conscientia,  advolo 
pniîloriiim  '%  ila  iil  vix  nie  conseiiui  pusset  antecedenloni  nuncius. 
Islic  pro  foribus  expeclaliiiii  salis.  Tandem  niinisler  viryaliis  me 
vocal,  seqnor  vocanlem.  ipii.  cum  [nec]  à  me  iiitelli^^i,  jiec  me  in- 
lelligere  possel.  in  lini)Ociutsl(iiii  aiiytilaie  piaMurii  abducil".  illic 
adfuil  qui  me  adnileliatui'  latine  convenire,  inquiens  :  «  Nos  vidc- 
mus  quale  sii  liocEcnuijelium  vestrum  '-.'  —  Ipse  sciens  qiiid  vellet, 
iiimirum,  Evangelium  arguere  sedilionum  et  defectionis  subdiclo- 
rum  [l.  subditorum]  à  dominis.  qiiod  menliuntur  nonnulli,  quos 
gravis  ultio  Dei  manet, —  «  Non  est,  respondi,  tah'  ut  jiutas  Evan- 

lottres  de  recommandatiou  remises  par  Œcolampade  à  Farel  vers  lo  milieu 
de  mai  1524,  c'est  à  cette  dernière  date  que  le  réformateur  français  aurait 
reçu  l'ordre  de  quitter  liâlc  (V.  les  N"'  100  et  101).  Mais  cette  opinion  nous 
parait  mal  fondée  :  en  effet,  dans  les  deux  lettres  susdites  Œcolampade 
parle  de  la  Dispute  et  des  leçons  de  Farel  à  Bâle,  mais  il  ne  dit  rien  de  ses 
prédications,  qui  étaient  précisément  la  cause  de  son  expulsion,  fait  sur  le- 
quel il  se  tait  également.  La  seconde  lettre,  datée  du  dimanclie  même  de 
Pentecôte  (15  mai  1521),  auiait  eu  outre  été  écrite  après  que  Farel  avait 
quitté  Bâle,  puisqu'il  eu  sortit  la  veille  du  dimanche  où  il  devait  pour  la 
quatrième  fois  monter  en  chaire.  De  plus,  il  résulte  des  lettres  de  Toussain 
et  d'Œcolampade  écrites  à  Farel  en  août  1524,  lorsque  celui-ci  commençait 
son  œuvre  d'évaugélisation  à  Montbéliard,  que  le  début  de  cette  entreprise 
avait  immédiatement  suivi  son  départ  de  Bâle  (Voyez  le  N°  109,  le  N°  110, 
notes  1  et  6,  et  le  X"  111). 

Nous  croyons  par  conséquent  que  Farel  en  quittant  Bâle  vers  le  milieu 
de  mai  se  rendit  d'abord  à  Constance  et  à  Zurich  (N"  101,  note  5j,  d'où, 
ayant  renoncé  à  sou  voyage  de  Strasbourg  et  de  Wittemberg,  il  revint  à 
Bâle  au  bout  d'environ  trois  semaines.  A  son  retour  il  aurait  été  sollicité 
de  prêcher  aux  Français  habitant  cette  ville,  et  après  trois  prédications 
faites  dans  la  seconde  moitié  de  juin,  il  aurait  reçu  l'ordre  de  s'éloigner 
sur  le  champ.  Son  expulsion  de  Bâle  aurait  été  immédiatement  suivie  de 
son  entrée  dans  le  ministère  évangélique  à  Montbéliard. 

'°  L'Hùtel-de-Ville,  qui  est  encore  aujourd'hui  le  siège  du  gouvernement. 

"  Cette  pièce  située  sur  la  place  du  marché,  dans  l'un  des  angles  de 
l'IIôtel-de-Ville,  servait  sans  doute  d'antichambre.  Elle  précède  immédia- 
tement l'ancienne  et  magnifique  salle  du  Conseil. 

*'-  On  reconnaît  dans  ces  paroles  un  écho  du  langage  A^Érasme  {\ .  les 
N"  123  et  126).  Le  fragment  suivant  de  sa  letti'e  à  Vives  du  27  décembre 
1524  (Le  Clerc,  842)  permet  de  croire  que  l'irritable  vieillard  ne  fut  pas 
entièrement  étranger  à  l'expulsion  de  Fard  :  «  Quem  dicas  novum  meum  coi- 
luctatorem,  non  satis  intelligo,  nisi  forte  dicis  Uthoiwm  Bntnsfeldiutn,  quem 
ipse  Lutlherus  magis  exsecratur  quâm  ego.  Et  hoc  tamen  insanior  est  Phal- 
licus.  Horum  insolentiam  coèrcuerunt  magistratus  gravissimis  viinis,  alio- 
qui  impotentissimè  debacchaturorum  in  me.  » 


362       (;.  FAHEL  AL  SÉNAT  ET  AUX  CITOYENS  DE  LA  VILLE  DE  BALE.        1  525 

ijeUniit  :  finctficum  est,  doiinm  omnia,  ahbitii  non  repeteus.  oiiinein 
jiro  Chihto  ferens  iiijiuiam.  »  —  «  Non  aliter  videmus,  »  inquit.  Ego: 
.  lit  non  itb  lia  qui  secundiun  Evangelium  viciait  et  qui  sectantur 
Kningeliuiii.  sed  inagis  ab  iis  qui  non  norunt  nec  unquam  audierunt 
Eranfjelium.  ■•  Tantleni  ille,  quem  sperabam  aliud  dicturum,  in- 
(|iiit  :  '  Domini  mei  volant  quàd  abeatis  à  ciritate  liodie^^.  »  Ciii 
respoiidi:  "Contra  rohintatein  Dominorum  noliin  in  ciritate  ma- 
nere,  sed  rellem  scire  si  quid  in  queinquain  peccarim,  aut  quid  mali 
adiniseriin?  Paratissiiims  eniin  sinn  omnibus  satisfacere,  ciim  sub- 
stantia  niea.  tiini  ineo  etiam  corpore,  si  res  postularit  illud  mulctan- 
d II III  :  nain  si  méritas  snm  non  recuso  mori  ;  habeo  adhuc  noniiuHn 
qitibns  satisfacere  possum.  si  cuiquain  debeam.  »  Ille  :  «  Domini  mei 
volunt  cos  abire,  et  vos  jurnbitis  quôd  non  vindicabitis  vos  contra 
civitatem.  aut  aliquem  civiuin,  nec  civitatem  difamabitis  literis  res- 
tris.  »  —  "  Jam  pridem,  dixi,  liœc  milii  juratn  sunt,  sicut  unicuique 
CJiristiano;  nobis  enim  odium  est  vitiorum.  non  Itominum;  vitiis 
mali\  liominibus  rerà  bene  rolumus.  parati persequent ibas  benefacerCy 
quibus  etiam  bona  imprecamur.  tantiun  abest  ut  nos  alcisci paremus.  » 
Ille  tandem  à  mejusjiuandiim  extorsit,  quod  et  prccstiti,  ne  illi  of- 
lendiculo  essem,  abunde  satis  adstrictus  pnecepto  Cliristi  de  dili- 
gendis  iniinicis.  non  lantùm  auiicis. 

Panii  siimma  aiiinii  alacritale,  et  novit  Dominus  qiiôdnunquam 
niajoii  cuni  gaiidio  urbeni  aliquam  suin  egressus  :  quod  demira- 
bar  apiid  me,  cuiii  lot  amicos.  toi  fratres  (piàm  charissimos  istuc 
[1.  istic]  habeaiii.  Al.  ni  veriim  fatear.  cum  juin  miliare  absolrissem. 
cu'pi  inecuni  rogitare,  quid  causœ  esset,  ut  tam  repente  migrandum 
milii  fuis^et.  et  jiene  stupor  (piidam  me  invasit  cogilantem  :  «  Quid 
lioc  tam  pnidens.  tam  injuus  Scnafiis  ila  tecnm  egit,  iil  prias  dam- 
nalus  (piàm  aiiditns  liieris?  Miruiii  (piid  peccaris?  Car  tibi  id  non 
nairatiMii  est.  siqnidem  (pj;e  in  sontes  agunt  jndices.  ut  illos  emen- 
denl  curant,  el  alios  à  [talibus]  evocent  faiinoribiis?  Tu  qui  nie- 
liitr  bac  migralione  tua  fies?  Non  enim  nosli  quare  tibi  secce- 
dendum  sit.  nec  alii  meliores  tuo  évadent  exemple,  cùm  illis  a'que 
ignolum  sit!  » 

m siine  rogitatus  adegerunt  me.  ut  plane  milti  persuaderem.  inscio 
Si'iKilii  liœr  proriiiiihi  iili  iil/qiio  iimico  nosiro'* :  fl.  licet  aliô  per- 
Iraberet  Senatiis  majestas  ac  urbis  splendor.  tpiibus  meritô  expal- 

'"  Voji'/  la  note  9. 
'*  Vovo/  la  note  12. 


1  525  a.  F ARKL  AU  SÉNAT  ET  AUX  CITOYENS  DE  L\  VILLE  DE  KALE.   3()3 

lescere  quis  debeal  vel  cogitasse  alterius  nomine  (iiiici|uani  agere, 
quod  inde  sibi  non  sil  demandatuni,  —  tanien  tuiliationes  quie 
paulo  ante  fiieranl,  senlenliam  roborarunt,  fada  nimiruni  buic  sic, 
in  talibus  tuibinibus,  ab  iino  et  altero  tantùm,  qui,  iil  opinor,  urbi 
sic  consulluni  [tutavit,  quôd  Gnlliis  esseni,non  intelligens  (juid  ego 
aut  dicereni  aul  docerem.  Utcunqiie  lamen  obtigisset.  Uetissimo 
quicquid  erat  ferenduni  aninio  slatueram,  siciit  et  pertuli  in  bunc 
dieni.  Verùm  cùlens,  Hoiiifacio  id  litio  vemum  ^'\  ubi  Verttum  ad- 
nunciaret,  et  ex  tantula  oc[c]asione  Satanam  in  miiltoruni  perniciein 
animorum  à  messe  Domini  curasse  avocatum.  —  cumci,  literis  dn- 
tis  ad  Trilninuiii  plchis,  apud  vos  causcun  abitioiu's  meœ  pertracta- 
tani  '«.  rogans  ut  si  innocens  vobis  viderer,  literas  daretis  mete  in- 
nocentiœ;  sin  minus,  et  nocens  comprobarer,  paratissimum  tune 
esse  in  omnibus  resarciendis,  proprii  corporis  etiam  expositione.  Si- 
hil  tamenUterœ  fecerunt,  licet  peterent  quod  mibi  jure  debebatur'^ 

Quare.  mibi  meée  conscius  innocentiae,  quam  omnes  pii  per  Ger- 
maniam  satis  exploratam  iiabent,  quos  non  latet  ba?c  mea  à  vobis 
migratio,  quamvis  neminem  rescire  curarim,  mira  tus  suis  ad  me 
literis  rem  apertius  depinxisse  quàm  ipse  possem'^  —  ne  vester 
œquissimus  Senatus  ac  clarissima  civitas  olim  de  me  quereretur, 
quôd  banc  clanculariam  abitionem  decretam  non  vobis  apperuis- 
seni. — comlUum  fuit  rem  totam  communihus  nperiro  literis.  ne  tam 
facile  apud  vos  exteri  subinde  possint  injuria  adiici,  unde  respublica 
vestra,  omnium  commendatissima,  apud  exteros  malè  sit  auditura, 
.sed  pateal  omnibus,  vos  eos  esse  qui  prœdicamini  ab  universo  orbe, 
justiticc  amatores  et  sequitatis  tenacissimi.  constantissime  unicuique 
quod  suum  est  tribuentes,  (juibus  nephas  est  vel  latum  unguem  à 
juris  tramite  dedexisse. 

Peto  igitur  eam  miki  ministrarijustitiam  qunm  nuUi  in  hune  diem 
non  ministrastis'^,  et,  sicut  innocens  sum,  ita  me  innocentem  ab 

'^  H  doit  être  ici  question  de  Boniface  Wolfhard,  qui  avait  eu  sans  doute 
à  subir  des  tracasseries  comme  collègue  de  Farci  à  MontMliard ,  où  il  ne 
séjourna  en  efifet  que  peu  de  temps  (V.  le  X"  115,  note  9). 

16 — n  Cette  lettre,  écrite  "parFarel  à  l'occasion  du  rappel  de  Wolftianl, 
a  dû  précéder  celle  dont  parle  Œcolampade,  N°  150. 

^^  Ces  paroles  révèlent  une  partie  des  pertes  qu'a  subies  la  correspon- 
dance de  Farel. 

'^  Farel  semble  avoir  attendu,  pour  adresser  sa  requête  au  Sénat,  l'épo- 
que où  Adelberg  Mcycr,  favorable  à  la  cause  de  l'Évangile,  redevenait 
bourgmestre  en  charge  (Voyez  le  ]S'°  111,  note  6).  Malgré  cet  appui,  la  re- 


3G4  PIERRE  TOUSSAI.N  A  FAREL,  A  STRASBOURG.  1  325 

iinpostura  eoruin  qui  bonis  perpetuô  negocium  facere  student, 
eripile,  non  milii  sed  Evangelio,  cujus  sectalores  vos  universi  prae- 
dicant,  —  id  caventes,  ne  in  aliis  fiât  quod  in  me  iniquissime  fac- 
tum  fuit,  nulla  vel  unihra  quidem  juris  observala,  ne  peregrinorum 
ac  oppressoi-uni  vox.  contra  civitatem  vestram  in  excelso  audiatur, 
sed  magis  ol>  justitiani  et  a-quilatem  vestram  landelur  Deiis  in  vo- 
bis.  qui  omni  benediclione  cœlesti  ac  gratia  et  pace  gaudentes  vos 
et  civilatem  servet  per  Cbristum.  unicam  salulem  nostram,  in  quo 
vos  semper  bene  valere  opto.  Argentina.',  G  Julii  lijSo. 

Vobis  deditissimus  Glillielmus  Farellus. 

(Inscriptio  :)  [Clajrissimis  ac  œquissimis  Dominis  [su]is  Senatui 
Civibusque  inclyta;  civilatis  Basiliensis. 

Basilect. 


I 


152 

PIERRE  TOUSSAIN  à  B'arel,  à  Strasbourg. 
De  Biïle,  (vers  le  9)  juillet  1525. 

Inniile.  Autograpbe.  liibl.  des  pasteurs  de  Neuchàtel. 

Sommaire.  Malgré  les  bonnes  nouvelles  que  vous  nous  donnez  de  Jean  Eogcr,  je  dé- 
sire que  Nicolas  d'Esch  retourne  très-prochainement  à  Metz,  pour  donner  du  cou- 
rage â  nos  frères  et  en  particulier  au  ciré  de  St.-Gurgon.  Si  les  Episcopii  [Bi- 
schof  ?]  continuent  à  être  si  exigeants  avec  moi,  je  m'en  irai  à  Lyon  vers  le  cardinal 
de  Lorraine,  qui  serait  peut-être  moins  rigoureux  pour  moi  que  niesjuget  [de  Metz]. 
Deux  conieliers,  dont  l'un,  Jean  Prévost,  prêchait  à  Meaur,  nous  arrivent  à  l'in- 
stant de  Lyon,  avec  une  lettre  di>  Dii  Bht,  autorisant  Vawjris  el  Reteh  à  vous 
avancer  de  l'argent. 

Très-cher  frère,  Noslre  Seigneur  vous  doinl  sa  grâce  et  sa  paix! 
Rnitin  et  moy  receusmes  hier  voz  lettres,  et  suis  joyeux  des  bon- 
nes iKinvt'llos  quo  nous  esrripvez  mes[ine]menl  de  ce  bon  pasteur 
(le  Siunete-Croi r  '.  .Nosin'  Seigneur  est  uiorvoilloiix  à  ses  œuvres. 

quôte  du  rcformatour  n'eut  pas  de  succès  (V.  la  lettre  du  25  octobre  1526,  à 
la  fin). 

'  Jean  Rorjrr  Brennon  (en  latin  Rogerius  Brcnnonins),  curé  de  l'église 


i525  I'11:HRK  TOI SSAIN  A  FAREL,  A  STRASBOURG.  36'> 

et  verres  que  les  ennemys  de  vérité  ne  cesseront  .jiiS((ues  ad  ce  que 
mal  leur  prandra  efiani  in  hoc  sœculo.  Pour  l'honneur  de  Dieu, 
taichez  ({ue  Mons'  h  C/iei:((llter\  nostre  bon  maistre  (si  nos  ma- 
gislrum  in  terris  habere  donas),  s'en  retorne,  le  plus  hrefz  que 
possible  sera,  car  noz  aultrcs  frères  sont  encore  merreilleusement 
ilébHz  et  infirmes  en  la  foy,  et  ont  gran[de]ment  besoing  d'ung  tel 
capitainne^  Aussy  le  Curé  de  Sainct-Gorgonne*  mecleroil  plus 
hardiment  main  à  la  besoingne,  s'il  veoit  le  dit  seigneur  chevallier. 
Vous  m'avez  escript  que  le  Cardinal  est  party  de  Lion  %  mais 
vous  ne  dictez  point  là  où  il  est  de  présent.  Sy  le  sçavez,  faictes 
le  me  sçavoir.  J'ay  tousjours  ouy  dire  qu'il  n'est  totallement  en- 
nemy  de  la  Parrolle  de  Dieu.  Sy  je  vois  que  voz  EpiscopW  me 
veullent  tousjours  tenir  le  pied  sur  la  gorge,  ce  sera  Flionune  de 
m'en  aller  vers  luy,  moyennant  qu'il  ne  soit  à  Lorrainne.  Il  aymoit 
fort  mu)  oncle  que  j'aroye.  Princier  de  Metz\  et  a  souvent  parlé  à 
luy,  et  crois  qu'il  ne  me  seroit  sy  rigoreux  que  mes  vén[éra]bles 
.luges  «.  Vous  verrez  les  lettres  qu'escrips  à  Mons'  le  Chevallier; 
mais  sy  vostre  robbe  scet  [1.  sçait]  nostre  vouloir,  brûlez-la  \  Et 
me  recommandez  à  tous  les  frères,  mesment  à  Mons""  Capito, 
Bucere,  Védaste^'^,  etc.  Et  bene  vale.  Basilee'^.  Julii  152o. 

TUUS  P.  TOSSA.NUS. 

(P.  s.)  Tout  maintenant  sont  arrivez  deux  frères,  quondam  re- 

de  Ste. -Croix  à  Metz,  ancien  ami  et  correspondant  du  philosophe  Agrippa 
(Voyez  le  N»  112,  note  6). 

-  Nicolas  d'Escli.  Après  un  séjour  à  Metz,  sa  ville  natale  (Voyez  les 
N<"  139  et  140),  il  s'était  rendu  à  Strasbourg. 

^  A  la  suite  de  la  guerre  des  paysans,  la  persécution  religieuse  avait 
redoublé  en  Lorraine. 

^  Didier  Ahria.  Voyez  le  N»  140,  note  7,  et  le  N°  150,  note  2. 

^  Jean,  cardinal  de  Lorraine  et  frère  du  duc  Antoine.  Agrippa  écrivait 
de  Lyon,  le  24  juillet  1525,  les  lignes  suivantes  qu'il  adressait  à  un  ami  de 
Genève  :  «  Tua  conimator,  uxor  mea,  his  proximis  diebus  peperit  nobis 
tertium  filium.  Computer  est  illustris  Princeps  Rev.  Cardinalis  ex  Ducibus 
Lotlioringiœ.  »  (Agrippœ  0pp.  P.  II,  827.)  Sur  son  séjour  à  Lyon  V.  le  P. S. 

•^  Nous  ignorons  s'il  s'agit  d'une  famille  Bischof,  dont  Toussain  aiu-ait 
été  l'hôte.  L'imprimeur  Nicolas  Episcojnus  (Lévesque),  né  à  Montdidier  eu 
Bresse  (1501),  ne  parait  s'être  établi  à  B;Me  qu'après  1525  (Voyez  Erasmi 
Epp.  Le  Clerc,  938). 

'  Voyez  à  la  page  252. 

**  Les  treize  jurés  de  Metz  (Voyez  le  N°  140,  note  5). 

^  Locution  proverbiale,  qui  signifie  :  Gardez-moi  le  secret. 
1°  Voyez  le  N»  144,  note  9. 
"  Le  manuscrit  ne  porte  aucune  indication  de  jour. 


W)  l'IKRUE  TOUSSAIN  A  GUILLVLMK  FAREL,  A  STRASBOURG.        1525 

iigieiix  de  St.  François.  L'iing  s'apelle  Joaniies  Prœpositus,  lequel 
a  esté  prisonniei-  ;i  Paris:  pra^dicabal  in  Eimcopatu  Meldensi^-.  Il 
a  apoui'té  des  lettres  de  Bletm^^  à  Vdulgris,  faisantes  mention  de 
voz  L  escus  '^  et  dit  en  somme  que  l'on  vous  baille  argent.  Vaut/n's 
m'a  dit  qu'il  en  fera  debvoir  auprès  de  son  oncle '^  Vous  uravez 
escri[)t  (jue  la  Court  et  le  Cardhud  de  Lorrninne  estoit  party  de 
Lifon  :  maix  les  dits  noz  frères  Tonl  encor  laissé  illecque  '".  Je  n'ay 
loisir  \()us  escripre  plus  au  loing. 

(Smrvijilion  :)  Gulielnio  F.in'llo  fi'alri  synceriss. 


155 

PIERRE  TOUSSAIN  à  Guillaume  Farel,  à  Strasbourg. 
DeBâle,  14  juillet  1525. 

Inédite.  Autograpbe.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neucliàtel. 

Sommaire,  rendant  (\\\(i  Bentin  est  a  Zurich  avec  Jean  Prévost,  le  compagnon  de  ce 
dernier  se  rend  à  Strasbourg.  11  pourra,  en  attendant  près  de  vous  l'arrivée  de 
Prévost,  admonester  Lambert,  au  nom  des  frères  de  France,  et  le  dissuader  d'entre- 
prendre contre  Zioingli  mie  polémique  inopportune.  Les  dissentiments  qui  existent 
entre  celui-ci  et  Luther  au  sujet  de  l'Eucharistie  sont  déjà  pour  nous  une  cause  de 
vif  chaprin.  On  parle  des  fiançailles  de  C'harles-Qvirit  et  de  la  duchesse  d'Alençon. 
Les  chanoines  de  Bûle  suscitent  des  tracasseries  â  Jacob  HimeTi.  Didier  [Abria] 
n'est  pas  mieux  traité  par  ses  sujiérieurs  [de  Metz].  Je  re^irette  que  l'homme  de 
Meavr  ne  soit  pas  allé  ,1  Lyrm. 

Ciiariss.  fr.ihT.  pa\  Clirisli  si!  lociim!  Paucis  siipra  diebus  res- 


ta t  FW-ro  Jean  Pr/vost,  conlolior  ot  rolijiicux  de  l'Ordre  do  St.  François.  > 
Le  3  octol)ro  1.025  le  parlcmciit  de  Paris  donnait  commission  aux  juges-in- 
quisitcnrs  «  de  le  faire  jirendre  au  corps,  »  avec  Roussel  et  Pierre  Caroli, 
partout  où  ils  pourraient  être  appréhendés,  cfjfljjj  in  locosacro.»  (Toussainta 
Du  Plcssis,  11,281.) 

'"  Antoine  Du  Blet  do  Lyon. 

'  *  S'açit-il  dos  cinquante  écus  que  Farel  avait  prêtés  au  chevalier  Anémond 
de  Coct? 

'■^  Cnnrnil  Hr.frh ,  qui  devait  livrer  de  l'argent  à  Farel,  pour  compte 
d'Ant.  Lu  Blet. 

'"  Voyez  la  note  5. 


1525         f'IKIlHE  TOUSSAIN  A  GUILLAUMK  FARKI,,  A  STRASBOURG.  367 

pondi'  ad  literas  qiias  ad  me  scripseras  per  Jommem  Vmujnj. 
Joannes  PrœposiUts-  ei  Bcntinus^  profecli  siml  Tif/urum,  prope- 
diem  reversiiri,  (|iios  non  est  comilatus  is  ({iii  iilii  li.is  lileras  red- 
dldil,  Piœpositf  comodaUs.\  ne  niniiiim  disi)en(lii  i)aleretnr  iii  ili- 
nere.  Hoinini  consului,  simul  et  Pelliaitiiia  noster,  iil  aiiilK  iuiu 
aliquod  discal,  vel  ei  se  adjnngatquod  didiciM'at  priiis(|ii;mi  iioincii 
daret  Satancf. 

Hune  Prœposilum  sequutunnu  arljilrur.  ubi  ledieril  •'.  maxinic 
ut  quœdaui  Ltimbrvto  dicat.  nonnne  frali'um  qui  agunl  in  Frnncùi. 
Zuini/liiis.  ut  audio,  ah  onuiibus  diligitur*',  queni  si  calauio  impe- 
tierit  stoUdam  iUud  caput  \  sibi  ex  amicis  (si  quos  illic  habet)  red- 
det  inimicissimos.  Proinde  diligenter  monendus  esl,  ne  aliiiuid  ten- 
tet  quod  necsibi  laudi,  iiuani  mire  sitit,  nec  Cbrislianie  reip[ublicae] 
utililati  esse  possit.  Poterit  ei  prœseuUum  kitor^  admonere  bomi- 
nem,  quanquam  vereor  ne  surdo  narrelis  l'abulani.  Multis  jani 
Christianis  Gallis  dolet,  quod  à  Zitingl/i  aliorumque  de  Eucliaristia 
senlentià  dissenliat  Lutheriis,  nec  est  opus  Lambertum  novas  nobis 
excitare  tragœdias,  qui  si  omnibus  perinde  notas  essel  atque  no- 
bis '■*,  non  laboraremus;  sed  ex  bis  salis. 

Hic  niliil  audio  quod  te  scire  referai,  nisi  (}uod  lieri,  circa  noctis 
crepusculum,  audiverim.  convenire  inter  Iinpmitorcin  et  Fniiicum  '", 
ilomlmimqiie  Alancouiensciu  desponsatam  Carolo^\   Et  facile  ad- 

*  Voyez  le  N"  152. 

■^  Voyez  le  N°  précédent,  note  12.  Prévost  avait  sans  doute  à  faire  une 
communication  à  Zwiugli,  de  la  part  des  frères  de  Lyon. 

*  Micliel  Bentin,  l'humaniste  (Voy.  le  N"  103,  note  37). 

*  Le  Franciscain  arrivé  à  Bâle  avec  Jean  Prévost  était  le  porteur  de  la 
présente  lettre. 

^  (rest-à-dire,  qu'à  son  retour  de  Zurich  Préi'osi  devait  se  rendre  égale- 
ment à  Strasbourg. 

•^  Voyez  sur  les  relations  amicales  des  évaugéliques  français  et  de  Zwingli 
les  N"«  103,  104  et  125. 

"  François  Lambert  d'Avignon  (V.  le  N"  131). 

^  Voyez  la  note  4. 

^  Lambert  était  bien  connu  de  Farel,  depuis  que  ce  dernier  habitait 
Strasbourg.  Toussain,  de  sou  côté,  s'était  peut-être  trouvé  en  rapport  avec 
lui  à  Met-,  l'année  précédente  (V.  le  N"  112),  et  il  avait  pu  en  outre  le  ren- 
contrer et  entendre  parler  de  lui  à  Strasbourg,  en  y  passant  pour  se  rendre 
à  Metz  avec  Farel  (V.  le  N»  149). 

'"  François  I,  qui  était  alors  prisonnier  en  Espagne. 

"  La  duchesse  d'Aleuc^on  était  veuve  depuis  quelque  temps.  Son  mari, 
que  l'on  accusait  d'être  la  principale  cause  de  lu  défaite  de  Pavie  (24  fé- 
vrier 1525),  était  mort  de  chagrin  à  Lyon  le  11  avril. 


368  l'IERRE  TOUSSALN  A  GUILLAUME  FAREL,  A  STRASBOURG.  1525 

(luci  possuin.  ut  credam  rumorem  non  omnino  vanum,  quandoqui- 
deni  audio  gallica  marsupia  Heketiis  praeclusa  ^^.  Sed  hœc  iiiliil  ad 
nos.  Si  Eques  noster^'^  istliic  adhuc  agit  (quod  nollem)  saluta 
liominem  meo  nomine,  et  rescribe,  si  qiiid  liabes  quod  me  scire 
cupias;  Conrufluni.  CEcohunimdii  famulniii,  expectamus.  Jacobus 
Himell'*  vexatur  à  Caiionicis  adiniplentibus  mensuram  patruiii 
ipsorum.  Reliqua  tibi  narraliit  pricsenlium  lator,  ((uem  tibi  coni- 
riiendo.  Vale,  et  Caiiitonem,  Pucenun  [I.  Bucerum].  Vcdastum^^  et 
fratres  oinnes  saluta  meis  verbis.  Scriberem  [tlura,  sed  expectantur 
lilercO  meée. 

Quœ  collefjeras  de  pane  et  vino  sacrament.[an'o]  Métis  sunt  in 
<\omo  EijHit(s^''\  Proverhki  perœ  imposueram,  arbitratus  tum  me 
venturuui  ad  te;  quie  nunc  mittere[ra].  sed  sunt  in  œdibus  Bentini, 
(}uem  ego  adegi  ad  sacrarum  literarum  leclionem;  mittentur  ad  te 
per  primos.  De  DeHijderio^'  niliil  adliuc  habeo,  nisi  quod  tu  mihi 
significasti:  hominem  divexari  ab  Ordinariis.  Doleo  Meldensem  U- 
hiiit  non  ivisse  Ltnjdunwn.^^.  Sed  quid  faceres?  Iterum  vale, 
frater  charissime.  Basileae  xiiij*  Julii  DXXV. 

Frater  tuus  Petrus  Tossanus. 

(Imcnptio  :J  Gulielmo  Farello,  tVatri  in  Cbristo  cbarissimo. 
Argentorali. 

'^  H  veut  parler  des  pensions  que  le  roi  de  France  payait  annuellement 
aux  cantons  suisses,  en  vertu  du  traité  de  paix  perpétuelle  qu'il  avait  con- 
clu avec  eux  à  Fribourg  (29  novembre  1516)  et  de  l'alliance  offensive  et 
défensive  signée  plus  tard  à  Lucerne  (,1521). 

'^  Nicolas  d'Esch. 

'*  Voyez  le  N°  139,  note  1. 

"*  Voyez  le  N"  144,  note  9. 

'^  Lors  de  sou  récent  voyage  à  Metz,  Farel  avait  oublié  ce  manuscrit 
dam  ja  maison  du  chevalier. 

'"  Voyez  le  N"  140,  note  7. 

'■'  Malgré  la  longue  note  de  Farel  qui  accompagne  le  X*  168,  il  ne  peut 
être  ici  question  do  Gérard  Boussel  ou  de  Le  Feirc  d'Éiaples.  Ce  fut  seu- 
lement au  mois  d'octobre  qu'ils  s'enfuirent  de  Mcaiix  pour  se  retirer  à 
8trasi)ourg  (V.  les  N"  162  et  lG5j.  Le  personnage  dont  parle  Toussain 
scrait-U  Jean  le  Clerc,  que  Farci  avait  rencontré  à  Metz  au  mois  de  juin 
(N»  162,  notes  2  et  3),  et  qui  devait  y  perdre  la>ie  le  22  juillet  (N°  155)  ? 
Nous  eu  doutons.  Farel  ne  devait  pas  ignorer  que  Jean  le  Clerc  était  banni 
de  France  (N»  lo5,  note  1),  et  ce  n'est  pas  à  lui,  par  conséquent,  qu'il  a 
pu  donner  le  conseil  «  d'aller  à  Lyon.  » 


1525  ŒCOLAMI'ADE  A  GUILLAUME  FAREL,  A  STRASBOURG.  36'J 


154 

ŒCOLAMPADE  à  Guillaume  Farel,  à  Strasbourg. 
De  Bâle,  25  juillet  1525. 

QEcoIjiiiipadii  et  Zuinglii  Epistola>.  Éd.  cit.  fol.  208  a. 

SoMM.^iRE.  Je  n'ai  ni  conseillé  ni  déconseillé  â  Tellican  d'abandonner  le  couvent,  car 
je  sais  par  expérience  combien  il  en  cotite  de  rentrer  dans  le  monde.  Les  den.\- 
autres  moines  qni  prêchent  l'Évangile  font  plus  de  bien  que  beaucoup  de  leurs  col- 
lègues défroqués.  Jean  n'a  pas  été  d'avis  que  je  dusse  appuyer  votre  lettre  adressée 
a?«  <Se'7ia<;  mais  ne  vous  découragez  point.  Je  félicite  ?ê  JiiiJ  converti.  Saluez  Vé- 
daste  et  les  autres  frères.  Vous  surveillerez,  je  n'en  doute  pas,  l'impression  de  vwn 
livre  [mr  l'Eucharistie].  Aidé  de  Capiton  vous  y  ferez  to>:s  les  changements  qui  vous 
pai'aitront  convenables.  Je  vais  répondre  à  Jacques  Latomus,  à  l'évêque  de  Rochester 
et  à  Jean  Eccivs. 

Joannes  (Ecolampadiiis  Gulielmo  Farello,  christianissimo  ac  pien- 
tissimo  fratri. 

Gratia  et  pax  à  Domino!  Mi  frater,  quid  de  aliis  querar,  quôd 
non  omnia  pro  votis  mais  succédant  ?  Portasse  id  totum  peccatis 
meis  debetur,  et  quôd  nesciam  tractare  verbo  singulos  prout  in- 
firmitas  eorum  requirit.  Igitur  quos  castigare  non  possum  relinquo 
Domini  judicio.  PeUicano  neque  suosi.  neque  dissuasi,  ut  exiret 
monasten'umK  Meo  marte  didici.  quantum  sit  raonasticen  relin- 
quere,  rectius  dicerem.  mundum-.  Neque  enim.  juxta  carnem, 
grave  est  intrare  monasferium,  maxime  si  quem  tfcdeat  maliciap 
hominum.  et  inveniat  absque  cura  sua  rerum  omnium  copian). 
Exireautem,ut  irridearis  tanquam  apostata  et  haereticus.  et  nescire 
certam  domum,  vel  commoditatem  ullam.  non  caret  agone.  Igitur 
non  facile  incito  altos,  sed  factuia  mirum  in  modttm  probo.  Qnam- 
vis  PeUicano  succédèrent  omnia  féliciter,  retinet  tamen  liomineui 

'  Depuis  le  printemps  de  l'année  1523.  Pp?7/mn  n'était  pins  gardien  des 
Franciscains  de  Bâle,  mais  il  continuait  à  vi\Te  dans  leur  couvent  et  à  porter 
le  costume  de  l'Ordre.  Farci,  qui  connaissait  les  convictions  évangéliques  de 
Pellican,  le  blâmait  vivement  de  cette  inconséquence  (V.  le  X°  163),  et  il 
croyait  qu'elle  était  due  en  partie  à  l'approbation  d'ŒcoIampade, 

-  Œcolampaâe  était  entré  le  23  avril  1520  dans  le  couvent  d'^Zie/?- 
miinster,  près  d'Augsbourg,  et  y  avait  vécu  environ  deux  ans. 

T.     I.  24: 


370  (JECOLAMPAUE  A  GUILLAUME  FAREL.  A  STRASBOURG.  1525 

nescio  quid.  Concionntorem  autem  Franciscanoruin  noUem  al)ire% 
nam  satis  pure  docel.  Quôd  si  succederet  illi  alius,  qiiem  putas  fu- 
turiiin?  Nonne  lupum..  quales  factio  illa  multo.s  habet  ?  Idem  ferme 
judicium  esl  deAui^uatiniano*,  lutniine  profecto  candido.  Plus  de- 
rogant  duo  illi,  in  cuculUs,  monachatui.quhm  midti  ulii  exciicnUati, 
mouasticiis  tamen  hypocnses  vctinentcs.  Commendo  ecclesiam  nieam 
j)recibus  tuis. 

De  Utérin  tuis  ad  Se7i.[atumy-'  non  visum  esl  Joaiini,  ut  agerem 
ipse.  Prailerea  Tri.[hunus]'^  ad  aliquot  dies  legatus  civitatis  abfuil. 
vix  inlra  duas  hebdomadas  rediturus.  Tu  intérim  œquo  el  con- 
stanti  anime  sis.  Agis  autem  apud  christianissimos  fratres,  qui 
exiliunt  tunm  suave  facient,  sat  scio.  Gratulor  Judœo  Ncophito'' : 
magnum  est  in  oculis  meis  quôd  potuit  valedicere  Mosi  et  sequi 
Christum.  Est  enim  apud  nos,  qui  Christiani  appellamur,  rarissi- 
nmm.  Saluta  mihi  Veda.sUon,  cujus  modestiam  singuli  praîdicant. 
Utinam  ali(iuatenus  illi  prodesse  valerem!  Salvi  sint  et  alii  fratres. 
Adrifjilnhis,  scio,  etiam  me  non  monente,  ut  castif/atus  prodeat  li- 
hellua  ^  Poteris  tu,  cum  Cupitone.  mutare.  addere.  demere,  pro  tua 
prudentia.  Scripsit  Jacobus  Latomus  de  Confessione  sécréta,  cui 
respondendum  censeo,  tametsi  omnium  multo  ineptissime  scripsit '■•. 
Siepe  taxât  Erasmum,  quem  nominare  non  audet.  Solus  ego  in 
ore  viri  sum.  Orabis  Dominum,  ut  det  verbum;  nam,  illo  digne 
traclalo.  Hoffensem  '«  cum  Eccio^^  et  aliis  monstris  expugnaverimus. 
Yale  in  Gbristo.  Basileaî,  Anno  152o.  Julii  23. 

''  Jean  Luthard,  natif  de  Lucerne,  prédicateur  des  Cordeliers. 

*  Il  veut  sans  doute  parler  de  Tliomas  Gei/erfalk,  prédicateur  des  Au- 
gustius. 

'  Voyez  le  N"  151. 

"  Le  grand-maitre  des  tribus,  Lucas  Ziegler. 

'  C'est  peut-être  le  Juif  converti  Antonius,  meutionné  par  Rœlirich, 
Gescbichtc  dcr  Reformation  im  Elsass.  Th.  I,  2G2. 

•*  Voyez  le  N"  150,  note  5.  Cet  ouvrage  fut  iniiuimé  à  Strasl)0urg  ot 
publir  au  mois  de  septembre  1525,  sous  le  titre  suivant:  «  loannis  Œcn- 
lumpculii  De  genuina  verbonan  Doniini,  IIoc  est  corpus  meum,  iuxta  vêtus- 
tissimos  auOiores,  e.r})ositionc  liber.  »  L'auteur  en  reçut  les  deux  premiers 
exemplaires  le  IG  septembre  'Zuinglii  0pp.  VII,  409). 

'  L'ouvrage  de  Latomus  fut  publié  à  Bâle  en  1525.  Œcolampade  y  ré- 
pondit par  un  livre  intitulé:  «  Elleborum  pro  Jacobo  Latomo  tlieologo.» 

'"  Jean  Fisltcr,  évéque  de  Rochester,  qui  dès  l'origine  de  la  Réforme  se 
montra  le  défenseur  prononcé  de  la  tradition  catholique.  En  1527  il  publia 
un  ouvrage  dirigé  contre  Œcolampade. 

'  '  Jean  Ecti,  professeur  de  théologie  à  Ingolstadt. 


^525      FRANÇOIS  LAMUEHT  AU  SÉiNAT  DE  LA  VILLE  DE  BESANCON.         371 


155 


FRANÇOIS  LAMBERT  au  Sénat  de  la  ville  de  Besançon. 
De  Strasbourg,  15  août  1525. 

Fr.  Lamberli  Coinmenlai-ii  in  3Iicheam,  Naiim  el  Abacuc.  Argen- 
(oi-ali.  .lo.  Hervag,  1525,  8°. 

(traduit  du  latis.   extrait.*.) 

Sommaire.  Quatre  évangélistes  ont  dû  s'enfuir  de  Metz,  où  ils  étaient  persécutés. 
Jean  Chastellain  et  tout  récemment  Jean  le  Clerc  y  ont  perdu  la  vie  sur  le  bûcher. 
Lambert  espère  que  la  ville  de  Besançon  et  le  comté  de  Bourgogne  ne  rejetteront  pas 
les  bénédictions  de  l'Evangile. 

....  Il  y  a  environ  dix-lmit  mois  que  le  Seigneur  m'appela  à 
quitter  lu  Saxe  pour  venir  à  Metz,  afin  d'y  prêclier  TÉvangile  de 
:>on  royaume ^  J'exécutai  ce  voyage,  ([ui  n'était  pas  sans  danger: 
mais  les  satellites  tlu  Paiie  furent  animés  conli-e  moi  d'une  si  grande 
fureur,  (ju'au  bout  de  liuit  jours  je  fus  forcé  de  prendre  le  chemin 
de  Strasbourg,  pour  ne  pas  devenir,  fort  inutilement,  leur  victime-. 
En  elfet,  il  est  écrit  :  «  Si  l'on  vous  persécute  dans  une  ville,  fuyez 
dans  une  autre  »  (Mallli.  X).  De  Strasbourg  j'ai  cberclié,  autant  que 
<:ela  m'a  été  possible,  à  engager  par  mes  écrits  ceux  de  Metz  à  se  con- 
vertir au  Seigneur  et  à  secouer  rinfàme  joug  des  Antecin-ists.  Mais 
tous  mes  etjforts  ont  été  mis  à  néant  par  riiilluence  de  cette  tourbe 
d'abbés,  de  chanoines,  de  moines,  de  prêtres,  qui  forment  Tarmée 
de  l'Antéchrist  ^  et  qui  en  sont  venus  à  expulser  du  milieu  d"eux 
les  prophètes  de  Dieu,  voire  même  à  les  mettre  à  mort.  Ils  oui  jeté 
en  prison  l'un  de  ces  propliètes,  originaire  de  Lille  en  Flandre  *  ; 
mais  le  peuple  l'a  délivi'é  de  force.  \jn  autre  est  venu  deux  fois, 
qui  deux  fois  a  été  contraint  de  partira  Ils  allaient  en  éloulfer  un 

'  —  -  Voyez  le  N»  112,  notes  4-7. 

'  Dans  la  préface  de  son  commentaire  sur  Osée  (fol.  3),  Laml)ert  dit 
qu'il  y  avait  alors  à  Metz  près  do  000  prêtres  et  moines. 
*  Jean  Védiiste  (V.  le  N°  144,  note  9j. 
^  Il  veut  peut-être  parler  d'un  cordelier  surnommé  «  le  Bon-Disciple,  » 


M'i        FRANÇOIS  LAMBERT  AU  SENAT  DE  LA  VILLE  DE  BESANÇON".       1  525 

iiuatri^me,  s'il  n'eût  quitté  la  placée  Enfin,  ils  ont  li^Tê  leur  saint 
évêque,  Jean  ClmstpHain,  aux  dents  meurtrières  des  cliiens  de  TAn- 
teclirist.  et  ils  Tout  fait  mourir  sur  le  bûchera  Ceux  qui  gouver- 
nent maintenant  cette  ville  de  Metz  joignent  cà  leur  cruauté  une 
sorte  de  fureur  idolâtre,  et,  malgré  les  commandements  de  Dieu, 
ils  exigent  «lu'on  rende  un  culte  aux  images.  Indigné  d'un  tel 
sacrilège,  un  très-fidèle  serviteur  de  Christ,  Jean  le  Clerc,  natif  de 
Meaux",  cardeur  de  laine,  a  brisé  ces  jours  derniers  kMet:  la  tête 
de  deux  de  ces  idoles,  dont  Tune  était  à  genoux  devant  l'autre. 
Bientôt  saisi,  cet  homme  de  Dieu  a  été  condamné  par  ceux  qui 
condamnent  Christ  lui-même,  et  il  a  été  consacré  martyr  par  le 
supplice  suivant  : 

Le  samedi  22  juillet  de  l'an  lo2y,  sur  la  place  de  Metz  nommée 
ChnmjKifiHelle  [1.  Champ-à-Seille],  on  a  dressé  un  immense  tas  de 
boiS;  au  milieu  duquel  s'élevait  un  poteau.  C'est  là  qu'a  été  con- 
duit le  saint  de  Dieu:  on  Ta  fait  asseoir  sur  des  chevilles  fixées  au 
poteau;  puis  on  l'a  attaché  avec  des  chaînes  et  des  cordes.  Alors 
il  a  iiris  la  parole  :  «  Je  compatis  profondément,  a-t-il  dit,  au  mal- 
heur de  ce  peuple,  si  misérablement  trompé  par  les  enseignements 
des  faux  prophètes,  qu'il  s'imagine  que  j'ai  commis  un  péché  en 
brisant  la  tête  d'une  idole.  ■>  A  quoi  il  ajouta  plusieurs  paroles 
pleines  de  l'esprit  chrétien.  Queliju'un  rinterrompil  en  disant  : 
«  Prie  ce  peuple  de  réciter  pour  toi  un  Putev  noster  et  un  Ave 
Marin.  »  Mais  il  répliqua  :  «  Je  vous  prie  tous  de  réciter  pour  moi 
Notre  Père,  afin  qu'il  me  donne  la  foi.  »  Alors  les  Antechrists  re- 
|)artirenl  :  -  Pounpioi  ne  demandes-tu  pas  aussi  un  Are  Maria?  « 
El  lui  de  ivpondre  :  -  Si  quehju'iiu  if  veul  réciter,  qu'il  le  fas.se: 
mais  pour  moi  je  ne  le  demande  poiiil.  iioimjik' je  méprise  la  bien- 
heureuse Vierge,  mais  parce  que  je  m'en  tiens  au  Seigneur  Jésus- 
Christ,  (jiii  est  iiiori  pour  moi.  C'est  lui  seul  (pii  est  médiateur  et 
avocat  entre  Dieu  et  les  hommes  •  (I  Tiiii.  II.  et  1  Jean  li). 

HienlAI  le  bourreau  s'approcha  armé  de  tenailles  brûlantes  avec 
lesipielles  il  lui  arracha  le  nez;  puis,  avec  les  mêmes  tenailles  il 
tordit  circiilairemeul  la  tête  du  saint  de  Dieu,  qui  soutirait  tout 
avec  le  même  ravissement  que  Laurent  sur  s<ui  LMil  et  Vincent  sur 

qui  vint  (le  Montl)éliard  à  Metz  on  1.j2J,  pour  y  prêcher  l'Évangile  (Olry, 
op.  cit.  Préface  de  iM.  Cuvier). 

'■  C'est  pr<il)al)l(incnt  Farci  ou  Toiissain  (V.  le  N"  140,  note  5). 

*  Voyez  le  N»  144. 

"  Voyez  le  N»  làô,  note  1. 


1525  ÉUASME  I)i:  U()liKIU)AM  A  LOUIS  UK  lîKUnUIN.  373 

son  clievalel.  Après  cela  le  bourreau  lui  arracha  la  main  droite, 
puis  il  finit  par  mettre  le  feu  au  bûcher.  Alors  l'invincible  athlète 
de  Christ  ht  entendre  au  milieu  des  llammes,  jus(|ues  au  moment 
de  rendre  l'esprit,  ce  beau  psaume  principalement  dirigé  contre 
le  culte  des  idoles  :  <•  Quand  Israël  sortit  d'Egypte,  etc.  »  Je  me 
propose  de  publier  incessamment  un  écrit  où  je  raconterai  ce  très- 
glorieux  martyre,  et  où  je  flétrirai  le  culte  rendu  aux  idoles'-'. 

Voyant  donc  l'inutilité  de  prêcher  i'E\angile  à  de  telles  gens, 
j'ai  cru  de  mon  devoir  de  me  tourner  vers  la  noble,  puissante  et 
célèbre  ville  de  Besançon,  capitale  du  comté  de  Bourgogne,  et  qui, 
plus  qu'aucune  autre,  est  voisine  de  la  très-chrétienne  cité  de 
Strasbourg.  Je  suis  en  effet  Bourguignon  d'origine,  quoique  né  à 
Avignon,  car  ma  famille  est  iVOrgelet,  où  vivent  encore  maintenant 
plusieurs  Lambert.  Plaise  à  Dieu  que  ma  chère  Bourgogne,  et  avant 
tous  autres  mes  ciiers  Bisontim  accueillent  la  bénédiction  que  Metz 
a  rejetée,  et  désertent  les  rangs  maudits  de  rAntechrist,  pour  ne  pas 
devenir  des  apostats  et  des  excommuniés  dans  le  royaume  de  notre 
Seigneur  Jésus-Clu'ist. . .!  Puissé-je  trouver  ma  joie  dans  votre  foi, 
et  Dieu  veuille  allumer  son  feu  au  milieu  de  vous,  afin  que  par 
votre  moyen  la  Bourgogne  premièrement,  puis  /(/  France  entière 
deviennent  la  proie  de  cet  incendie ...  ! 


156 

ÉKASME  DE  ROTTERDAM  à  Louis  de  Berqulu. 
De  Bâle,  25  août  1525. 

Erasmi  Epistote.  Le  Clerc,  p.  884. 

-Sommaire.  C'est  dans  une  bonne  intention  que  vous  avez  traduit  en  lrau(,:us  iiuelques- 
uns  de  mes  livres,  mais  en  lait  vous  attirez  sur  moi  la  haine  des  théologiens  querel- 
leurs. A  mon  âge  on  a  besoin  de  repos.  Vous  agiriez  prudemment  en  évitant  de  ra- 
nimer votre  vieUh  querelle  avec  la  Sorbonne.   Nous  avons  perdu  F'  de  Loyiies  et 

9  Nous  ne  saurious  dire  si  Lambert  est  l'auteur  de  l'ouvrage  intitulé 
<  Traité  nouveau  de  la  destruction  et  exécution  actuelle  de  Jean  Castellan 
hérétique,  »  qui  fut  déféré  à  la  Sorbonne,  le  12  septembre  1534,  comme 
suspect  d'hérésie.  Voyez  d'Argeutré,  op.  cit.  1. 1,  Inde.\,  p.  viij. 


:]74         ÉRASME  DE  ROTÏEUDA.M  A  LOUIS  DE  BEROLIN.        1S25 

notre  ami  Pa/dlion.  La  guerre  des  paysans  continue.  A  croire  les  rumeurs  qu'a  fait 
naître  le  départ  de  la  duchesse  d'Alençon  pour  l'Espagne,  nous  toucl.erions  à  l'àfie 
d'or  ;  mais  je  pressens  tout  autre  chose. 

Era.smus  Roterodamus  Lodovico  Berquino  S.  D. 

Arhiirorle  bono  animo  facerequod  facis,  Berqiiineeniditii>simp. 
sed  intorini  me  [iliis  .satis  de.irravatum  onerns  magna  inridia,  libcllos 
nieoH  rcvteuH  in  linr/nani  vulfjatamK  et  eos  adTlieolo.gorum  coirni- 
(ionem  referens:  interqiios  scio  multos  esse  inteLTns  et  candidos. 
^('{X  paiH.'oriim  morositas  saipenumerô  vincit  nmltorum  modestiam. 
E(jiiideni.  (|mim  naliirA  abliorream  à  contentionibiis.  nunc  ob  œta- 
fem  ac  valetudinem  magis  desidero  quietem.  in  eiim  diem  me  pa- 
ran.s  qui  jam  longius  abesse  non  polest.  Video  fatales  orbis  tumiil- 
tns:  video  rem  Tlieologorum  et  bis  adversanliiim  in  manifestam 
rabiem  exisse.  Proindc,  quamb)  perspicio  me  nibil  profecturiim. 
quielus  meuni  ipsius  negocium  ago .  Cbrislo  commendans  suam 
Erclesiam.  qui  solus  novit  et  potest  bominum  inconsulta  consilia 
in  lionos  exifus  vertere.  Foi-fasse  tu  rectius  consuhieris  relias  tuis. 
mi  Berquine,  ai  concerlaiionem  semel  soiiilam  non  instaures^. 

htiiilio  noster  nos  reliquit  ^  et  ante  luinc  Drloinns*.  Hîc  agilur 
sanguinaria  fabula,  quem  exilum  iiabilura  nescio\  Nos  bic  biure- 
mus  iuclusi.  quàm  tulô  Deus  novit.  Aibitror  sororem  rer/iam  jam 
in  llisiianias  profectam^  Volitant  rumores.  aureum  seculum  i)ol- 
licentes.  Al  ego  nonduui  \ideo  satis  idonea  proœmia,  nec  ausim 
scribere  quod  uiilii  prïesagit  animus'.  Nibil  igilur  expectabis eorum 

'  Voyez  le  N»  147,  note  3. 

-  Voyez  le  N"  147,  note  5. 

'  La  rnort  (VAntoim  Papilion  fut  prématurée  (N"  159).  Érasme  rap- 
porte que  le  bruit  public  l'attribuait  au  poison  (Lettre  du  16  juin  1526). 
S'il  faut  en  croire  le  môme  écrivain,  ce  moyen  de  réduire  les  «hérétiques  > 
avait  été  employé  à  Paris  en  1521  (N"  34,  note  3). 

'  François  de  Lxipics  (,  Voyez  le  N"  14,  note  6). 

■'  Erasme  écrivait  de  Bâle  le  5  septembre  suivant  à  Polydorc  Vergile: 
<  Ilicagitur  crudclis  et  cruenta  fabula.  Agricohc  ruunt  in  mortevt.  Quotidie 
fîunt  conflictus  atroces  intcr  proceres  et  rusticos.  adcù  in  propinquo,  ut 
tormentorum  et  armoruni  crepitus  ac  propo  cadentium  pemifus  exaudia- 
mu8...  Fatale  malum  est,  mira  celcritate  pervagaus  onines  mundi  plagas» 
(Le  Clerc,  p.  888). 

'•  Marffurritc  était  partie  de  I^yon  pour  l'Espagne  le  8  août,  afin  de  tra- 
vailler à  la  déiivranci'  de  son  frère  (Voyez  Agrippaî  0pp.  p.  828,  et  le 
Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  p.  258). 

Erasme  est  pins  explicite  dans  la  lettre  qu'il  écrivait  le  même  jour  à 
fynnçois  Du  Bois:   «  Mundus  parturit  miram  rerum  immutationem  ;  in  hoc 


1525         PIERRE  TOUSSAl.N  A  GUILLAUME  FAREL,  A  STRASBOURG.  373 

de  ((uilnis  epistola  bene  longa  niecuni  egeras,  posteaquani  scena 
rerum  inversa  est.  Hune  juvenem  meo  iere  conduxi,  qui  mea  per- 
ferret.  vestra  hue  referret.  Si  (piid  est  (juod  mea  referai  seire, 
scribe,  ac  bene  vale,  vir  optime.  Basilea',  postridie  Bartholomiei, 
Anno  M.D.XXV. 


157 

PIERRE  TOUSSAIN  à  Guillaume  Farci,  à  Strasbourg. 
De  Bâle,  4  septembre  1525. 

Inédite.  Autographe.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neuehàtel. 

Sommaire.  Nouvelle  persécution  en  Lorraine.  Le  libraire  Jacques  et  Fio-re  Ouérard 
ont  été  exilés,  après  avoir  subi  d'indignes  traitements.  Le  curé  [Didier  Abria]  s'est 
enfui  à  Paris.  Plusieurs  autres  frères  ont  failli  être  bannis  pour  toujours.  Hésita- 
tion et  timidité  des  prédicateurs  de  Bdle.  Ils  auraient  tous  besoin  d'être  exhortés 
par  les  pasfetirs  de  Strasbourg. 

Cher  frère,  Nostre  Seigneur  soit  tousjours  aveeque  vous!  Je  suis 
marry  ({ue  ne  suis  esté  advisé  du  départ  de  Vaugris  ',  pour  vous 
fère  sçavoir  de  mes  nouvelles.  Je  reeeu  ces  jours  passé  voz  lettres. 
Depuis  l'on  m'a  avisé  de  la  mort  de  ce  porre  homme  -,  siraul  quo- 
modo  animadversum  sit  in  Jucobum  bibliopolam  et  Petnim  GucranU 
cives  qui  nunc  exulant  ^  Le  Cure  a  esté  ix  nu  dix  jours  à  prison, 

confinium  mea  scmctus  pantm  féliciter  incidit.  Quantum  augurari  licct,  ri- 
dentur  omnia  tendcre  ad  Scythicam  harhariem.  Ego  jam  cursu  defessus 
[Nicoîao]  Beraklo,  Brixio,  tibi  vestrique  similibus  trado  lampada»  (Le 
Clerc,  p.  910). 

'    Vaxujris  s'était  rendu  à  Francfort  pour  la  foiro  de  Septembre. 

-  Allusion  à  la  mort  de  Wolfcjami  Schnch.  prédicateur  à  St.-PIippolyte, 
martyrisé  à  Nancy  le  19  août  1525  (V.  Crespin,  op.  cit.  fol.  88b-91a). 

''  Le  libraire  et  imprimeur  de  Metz  connu  sous  le  nom  de  Maître  Jac- 
ques avait  été  impliqué  dans  le  procès  de  Jean  le  Clerc  (V.  N"  155). 
«  Ayant  été  attacbé  au  carcan  de  la  chuppe,  c'est-à-dire  d'une  fosse  bour- 
beuse où  l'on  faisoit  quelquefois  barbottcr  les  criminels,  il  eut  les  deux 
oreilles  arrachées,  et  puis  il  fut  banny  de  la  ville  pour  jamais.  >  (Meurisse. 
Naissance  et  décadence  de  l'Hérésie  à  Metz.  Metz,  1642,  in-4°,  page  14. 
Voyez  aussi  le  N"  130,  note  8.)  Nous  n'avons  pas  de  renseignements  sur 


:J7ti  l'IEKKt  TULSS.Vl.N  A  GUILLAUME  FAREL,  A  STRASBOURG.  I  525 

et  est  de  présent  à  Paris*.  Il  ne  m'a  jamais  escripl.  dont  me  donne 
^ranMlejment  merveille,  et  ne  scé  par  quelz  moyens  il  a  escliappé. 
Le  messager  ne  nrapourla  que  une  létres  d'ung  quidam,  qu'il 
avoil  coussu  dedans  son  pourpoint,  et  est  chose  espoventable  oyr 
raconter  les  yrant  crunultés  qui  se  font  il(ecque'\  Nostre  Seigneur  y 
envoyé  sa  grâce!  Je  vous  promés  que  en  suis  merveilleusement 
despiaisani:  mais  ainsy  est  la  volonté  de  nostre  père  cœlestiel. 
L'on  taiche  fort  de  fère  quelque  desplaisir  à  vostre  compère^,  et  ne 
me  oza  escripre  par  le  dit  messager,  lequel  m'a  dit  que  Ton  fait 
encore  diligence  (jue  [je]  soye  bannis  à  tousjours,  mais  liât  volon- 
lasDomini!  Ceulx  qui  nous  conduyrent''  sont  estez  endeugerd'estre 
himnis,  et  n'y  a  personne  qui  me  ose  escripre. 

Cum  equitabam  in  arundine  longua,  memini  siepe  audisse  me 
à  maire,  venturum  Anticbrislum  cum  potentia  magna  perditurum- 
<jue  eos  (pii  essent  ad  Heliie  prtedicationem  conversi.  Beati  (jui 
vident  et  intelligunt!  Et  levemus  intérim  capita  nostra  ad  Doini- 
imm.  qui  veniet  et  non  tardabit,  et  nous  délivrera  de  ce  misérable 
monde.  Je  vous  promés  que  me  treuve  auclmnes  fois  en  grande 
angoisse  et  tribulalion,  ad  cause  du  trayen  [l.  train]  que  je  vois  au 
monde,  et  mes[me]ment  en  ce  lieu,  ulji  omnes  frigent.  alii  timen- 
tes  Crucem.  alii  veiitri  consulentes  polius  quàm  Evangelio.  Quid 
facit  (Jiii)ilo  et  Bucerus?  (Juare  non  identidem  literis  excitant  dor- 
mientein  (JEcohuiipitdiuni.  et  alios  curi'entes  sed  non  missos  à  Do- 
mino adjjorlantur  ad  Clirisliani  concionaloris  ofticium? 

Tu  limita  soles  scribere  de  cuculo  Pellicuni.  Hoc  polius  esset 
scribendiim.  ne  videlicet  raissaret.  Convenio  siepe  bominem.  quod 
lileris  Hcbi-aicis  me  reddiderim  (sic),  et  fuit  milii  magna  contro- 
versia  cum  liomine,  quod  ferre  non  posset  me  parum  reverenter 
loqiii  demissa:  et  dicit  non  omnino  esse  malam,  si  (juis  mulet  ca- 
nonenP.   Vide  ((uid  non  conetur  Satban  et  quanta- molls  sit  ex 

l^icrre  Guérard,  autre  citoyen  de  Metz.  Il  subit  sans  doute  le  même  sort 
que  le  liitrairo. 

*  Le  curé  de  St.-Gorgou,  iJidier  Abria.  Voyez  le  N"  140,  note  7,  et 
la  page  357  au  bas.  Tou^ain  le  retrouvai  Paris  l'auuée  suivante  (Voyez  sa 
lettre  du  9  décembre  1526). 

•'  C'est-à-dire  en  Lorrairie. 

"  Ce  compère  de  Karcl  était  peut-être  le  capitaine  Henri  Frank,  dont 
parle  Mourisse,  op.  cit.  (Voyez  Uayle.  Dict.  hist.  t.  II,  art.  Farel.) 

'   Vc.yez  leN»  140,  note  5. 
On  appelle  canon  de  la  messe  l'ensemble  des  prières  qui  précèdent 
et  qui  suivent  dans  le  rite  catholique  la  consécration  de  l'eucharistie. 


lo2o         l'IClUU:  TOLSSMN  A  GL'iLLAUMF.  FAUKL.  A  SIUASBOUUG.  377 

iiionacliu  reddere  Cliristianuiii.  Et  sic,  nescio  (iiiu  falso  prui- 
textu.  ipse  el  sui  ordiiiis  clamator  ille^  venerabililer  missant. 
sed  taiitum  semel  iii  liebduinada.  Hîc  esset  flendiiin.  mi  Farelle. 
OEcohmipdiliKs  aliqiiaiidu  loqiiilur  nescio  quid  cuiiti'a  inissani'». 
Wolfyaiujus''  clamai  iilic  esse  corpus  Ciirisli.  Pcllicnnus  el  alius 
inoiiachus  missant.  Sic,  cum  de  missa  consuUatui'  in  Senatu,  quid 
jmset  discevni  rel  conclndi  in  eo  negotio^-?  El  non  miiuni  est  si 
tam  parvum  liîc  progressum  facial  Evangelium  :  qiiod  malum  pro- 
feclô  solis  concionaloi'ibus  debemus  referre  acceplum,  lamelsi 
quiedam  alia  vel  scribant  ad  vos,  vel  prailexanl.  Magiui  res  estEjji'i- 
copum  agere,  et  ad  id  muneris  paucos  lue  video  idoneos.  Et  le  per 
Cln-islum  hortor,  ut  eflicias  apud  veslros  ul  diligenter  scribant  his 
qui  iiîc  agunl'^  sed  caute,  ne  resciscant  id  à  me  profeclum,  quando- 
quidem  nihil  alitid  lue  ago  quàm  liœc  illis  exprobrare  iamiam. 

Marcus  meii'i^*  milii  dixit,  audisse  se  in  publico.  Zuinglium. 
Leonem^^  el  Gnsparem^^  captos  :  quod  credo  esse  mendacium. 
Nescio  ne  potei'is  meas  iiteras  légère  :  sed  cogor  festinanter  scri- 
bere.  quia  navis  abil.  Tu  boni  consules,  et  salula  Capitoiiem, 
Buterum,  Prœpositum,  Vedastum  et  alios  meis  verbis.  Basileui,  4Sep- 
tembris  1525. 

P.  TOSSANL'S. 

(Inscriptio  :)  Gulielmo  Farello,  fralri  charissimo,  in  a'di!)us  Ga- 
pitonis,  Argeutince. 

"  Voyez  le  N»  154,  uote  3. 

^°  A  cette  époque  Œcolampade  célébrait  encore  la  messe  de  loin  eu  loin 
avec  toutes  les  cérémonies  catholiques  ;  mais  il  recommandait  toujours  à  ses 
auditeui-s  de  prendre  la  communion,  au  lieu  de  se  contenter  d'écouter  la 
liturgie. 

"  Voyez  le  N«  140,  note  8. 

'-  Quelques  mois  auparavant  le  Sénat  de  Bâle  avait  consulté  Éiasme  sur 
les  nouvelles  doctrines  ;  mais  n'ayant  obtenu  de  lui  qu'une  réponse  évasive, 
il  avait  annoncé,  le  22  avril  1525,  que  l'on  tiendrait  à  Bâle  une  dispute  de 
religion.  Ce  projet  dut  être  différé  par  suite  de  l'inquiétude  que  la  guerre 
des  paysans  et  l'insm-rection  des  Bâlois  de  la  campagne  avaient  jetée  dans 
les  esprits.  (V,  Herzog.  Vie  d'Œcolampade,  p.  163-1G5.) 

*^  C'est-à-dire  aux  réformateurs  bâlois,  trop  lents  au  gré  de  l'impatient 
Lorrain.  Voyez  le  N»  160:  «De  Blonachis  tioftris  gratum  fuit  quod  scrip- 
sistis...» 

**  Voyez  le  N°  140,  note  9. 

'5  Voyez  le  N"»  125,  note  10. 

'^  Gaspar  G-rossmam  (en  htin  3Icgander),  pasteur  à  Zurich. 


;;7H  l-A  SORDONNK  AU  PAIU.EME.NT  DE  PARIS.  i525 


158 

LA  SORBONNE  au  Parlement  de  Paris. 
De  Paris,  7  septembre  1525. 

Copie  conlemporaine.  Bibl.  Inip.  manuscrits  latins,  n"  3:î81  B. 
D'Argeniré,  op.  cit.  II,  26-30. 

(traduit  du  latix.) 

Sommaire.  La  8orboiine  adresse  au  Parlement  le  catalogue  des  propositions  de  Carou 
qu'elle  a  censurées,  et  dont  elle  estime  qu'il  doit  faire  une  abjuration  publique. 

11  y  a  peu  de  .jours,  irès-équilables  Juges,  que  vous  nous  avez 
demandé  notre  préavis  doctrinal  et  notre  jugement  sur  quelques 
noiireiiux  dofpiies  pvèchh  publ/i/iieiiiPHt  du  haut  de  la  chaire  par  notre 
MiHre  Pierre  Cnroli.  et  dont  on  disait  ipfils  avaient  été  pour  les 
.luditeurs  l'occasion  d'un  grand  .scandale,  et  qu'ils  renfermaient 
contre  la  foi  catlioliipie  de  violentes  atlafiues'.  Lui-même  avait  dû 
comparaître  à  ce  sujet  devant  vous  et  répondre  sur  chacun  des 
articles  de  son  interrogatoire.  Notre  Faculté  a  reçu  dernièrement 
|iai-  l'entremise  de  son  Syndic  le  texte  de  ces  nouveaux  dogmes 
pour  avoir  à  les  examiner".  Désireuse  de  répondre  à  la  demande 
(|ue  vous  lui  avez  adressée,  elle  a  tenu  plusieurs  réunions  de  ses 
Maiti-es.  afin  que  ceux-ci  pussent,  selon  l'exigence  du  cas,  les  sou- 
mettre par  de  miires  délibérations  à  une  scrujiuleuse  censure. 

'  Voyez  le  N»  124,  note  6. 

^  Pendant  plusieurs  mois  la  Sorbonnc  avait  usé  de  ménagements  envers 
Coroli.  Elle  s'était  contentée  do  l'inviter  ù  ne  plus  prêcher  ;V.  le  N"  124, 
note  6),  invitation  que  l'Ofticial  de  Paris  lui  renouvela,  le  24  janvier  1525, 
sous  peine  d'excommunication.  Muni  d'une  lettre  du  roi,  Caroli  en  appela 
comme  d'abus,  et,  le  28  janvier,  il  fit  intimer  la  Sorbonne  pour  le  20  mai 
suivant.  En  revanche,  la  Sorbonne  lui  ordonna  formellement  (13  février) 
d'interrompre  les  leçons  de  théologie  qu'il  donnait  dans  le  collège  de  Cam- 
bray  à  Paris;  puis,  s'autorisant  de  ce  que  l'Ofticial  s'abstenait  de  procéder 
au  sujet  des  prédications  incriminées,  elle  adressa  au  Parlement  une  re- 
quête, qui  eut  les  résultats  suivants:  l'Official  fut  invite  h  remettre  les  pièces 
du  procès  aux  deux  juges-commissaires  qui  avaient  interrogé  Caroli  en 
septembre  1524,  et  la  Eaculté,  nantie  par  eux,  put  enfin  examiner  toute 
l'affairo  et  prononcer,  le  7  septembre  1525,  les  censures  qu'elle  envoya  au 
Parlement  avec  la  présente  lettre. 


1525  LA  sonnowE  ai-  i'aulkmi'Nt  dk  paius.  370 

Après  donc  les  avoir  sojcnieusement  examinés  et  pesés  à  une 
juste  balance,  noli-e  Faculté  a  pensé  que  les  diverses  propositions 
dont  il  s'atiit  méritaient  chacune  Texpression  d'un  blâme  particu- 
lier. Elle  pense  en  outre  que  leui-  auteur  doit  être  contraint  à  en 
faire  une  nbjumtioii  inibUiiue  dans  tous  les  lieux  où  il  les  a  ouverte- 
ment précliées^ 

(Voici  quelques-unes  des princqyaUs  opinions  de  Caroli  censurées  par  la 
Sorbonne  :) 

«  Lu  Saincte  Escripture  est  niieulx  entendue  à  présent  qu'elle  n'a 
esté  le  temps  passé,  et  au  temps  passé  n'a  esté  bien  interprétée.  — 
Je  dys  que  ung  chacun.  Doctem-  ou  non  Docteur,  Bacchelier  ou 
non  Bacchelier,  peult  presclier  et  administrer  la  Saincte  Escripture. 
Us  disent  eulx-mesmes  :  Je  suis  Monsieur  nostre  Maistre:  je  suis 
Monsieur  le  grant  Bacchelier.  Mais  une  povre  saincte  femme 
pourra  entendre  la  Saincte  Escripture  plus  parfaictement  qu'ils  ne 
font  *. 

«  Gardez  tous  les  commandemens  de  la  Loy,  aymez  Dieu  de 
tout  vostre  cœur  et  vostre  prochain:  bref,  accomplissez  tous  les 
commandemens  de  Dieu;  encores  u'avez-voas  point  la  grâce  de 
Dieu.  Et  que  faut-il  donc?  Il  faut  croijre.  «  Virtus  enim  Dei  est  in 
salutem  omni  credenti.  •>  11  n'y  dit  pas  :  à  celluy  qui  jeûnera  le 
Caresme,  mais  à  celuy  qui  croyra.  Et  brief,  Dieu  ne  regarde  point 
les  œuvres  et  mérites  des  hommes  pour  bailler  sa  grâce,  mais  seule- 
ment regarde  sa  bonté,  qui  est  intlnie.  —  11  y  a  une  foy  qui  se  ap- 
pelle historicque,  comme  de  croyre  que  le  Fils  de  Dieu  a  jirins 
humanité,  qu'il  a  esté  crucifié,  ressuscité,  et  monté  au  ciel  :  et  ainsi 
de  tous  les  aultres  mystères  de  la  Bible.  Geste  foy  ne  vivifie  point, 
ne  justifie  l'homme.  11  >  a  une  autre  foy,  qui  est  de  croyre  les 
choses  de  la  Bilile  en  se  confiant  es  promesses  que  Dieu  a  promis, 
et  c'est  ce  que  veult  dii-e  Sainct-Paoul.  Justus  meus  ex  fîde  vivit. 
c'est-à-dire  que  cestuy-là  qui  croit  en  Dieu  avec  une  confiance  et 
une  espérance,  est  vivifié.  La  première  foy  n'est  point  suffisante  \ 

5  Caroli  ne  se  soumit  pas  à  cette  seconde  abjuration  (V.  le  X"  152,  n.  12). 

■*  Censure  de  la  Sorbonne:  «  Hfe...  propositiones  è  sentina  Vahlensiian, 
Boëmorum  et  Lntheranorum  émanant ,  ordinem  hierarchicum  seditiosè 
pervertunt ...  simplices  viros  ac  mulieres  ad  contemptum  prîedicationum  et 
superbam  pra^sumptionom  pernitiosè  inducunt.  r 

■■•  Censure:  «  Pra?fata  distinctio  insolita  est  apud  Doctores  Catholicos, 
et  à  Luthcri  et  Mekmthonis  perfidià  desumitur.  » 


380  GL'ILLAUMK  FaUKI,  A  ULUIG  ZW1N(JLI.  A  ZLRfCH.  15:25 

«  (Jiiicuntjue  lieu  soubs  le  ciel,  qui  est  le  vray  tabernacle  de  Dieu, 
est  plus  propre  et  convenable  pour  prier  Dieu  et  pour  luy  faire 
sacrifice,  imù  pour  consacrer,  que  les  [temples]  faicts  par  les 
iiKiim  (les  hommes  ; ...  la  bénédiction  et  aspersion  de  renti  benoiste 
ji\v  faict  liens  «.  —  Pour  les  chawlelles  et  cierges  allumez  enlour  les 
autels,  oblations  et  sacrifices  qu'on  faict  en  l'Église,  l'honneur  de 
Dieu  n'est  point  augmenté.  —  Il  n'est  pas  possijjle  de  parvenir  à 
la  congnoissance  de  Dieu  par  les  créatures  faictes  par  les  mains  des 
bonnnes ...  Il  n'y  a  riens  qui  plus  nous  eslongne  et  sépare  de  la 
congnoissance  de  Dieu  que  les  images . . .  C'est  toul  ung,  idole  el 


image. 


159 

GUILLAUME  FAREL  à  Lli'ic  Zvvui-ii,  ù  Zuricli. 
De  Sti-asbourg,  12  septembre  1525. 

.\ulogr.  Archives  d'Étal  de  Zurich.  Zuinglii  0pp.  éd.  cil.  VII.  40'i. 

Sommaire.  Rejoui.ssons-nous  des  tribulatioius  :  elles  nous  révèlent  la  mesure  de  uo^ 
forces  et  la  bonté  de  Dieu,  elles  nous  excitent  à  k  vigilince.  Quel  enseiguemeni 
pour  nous  que  ces  chutes  où  sont  entraînes  les  hommes  qui  veulent  servir  en  méui-j 
temps  Dieu  et  le  monde  !  Nous  voyons  combien  il  est  difiicile  d'abandonner  une  er- 
reur, quand  on  tient  à  se  faire  un  nom  ou  à  ne  rien  perdre  de  son  crédit  !  Exhorte-; 
les  iMisteurs  i  vivre  dans  l'humilité,  à  dépendre  de  Dieu  seul.  Je  vous  félicite  de  votre 
constance  toute  ciirétienne.  La  nuit  même  où  votre  maison  était  assaillie,  Védast, 
était  l'objet  d'une  tentative  de  meurtre.  Je  voudrais  qu'il  vous  fût  possible  de  placer 
cet  honorable  frère  â  Ncueluitel,  comme  prédicateur  ou  maître  d'ecoIe.  Ce  serait  un 
moyen  de  contribuer  si  l'évangélisation  de  la  France.  Les  impies  s'y  réjouissent  dr 
la  morl pYKVMtwéc  de  Papillon.  Je  vous  recommande,  ainsi  qu'à  tous  vos  collègues, 
le  jeune  Pierre,  neveu  A'Anloiw  Du  Blet,  qui  étudie  chez  Ceporiwu.  Capiton,  Bwt. 
et  Vedoifc  vous  saluent.  Nous  ne  vivons  pas  ,.>n  très-bon  accord  avec  le  présomptueux 
François  [Lambert]. 

Gratia  el  pax  à  Deo  Paire  Nostro  ! 
Si  iiiKpiani  .•^ese  oblulil  lietilia'  et  gaudii  ratio  propler  persecu- 
liones,  .'jecliones.  el  licla   in  pios  mendacia  ob  Chrislum.  mine 

•^  Cotte  propo  ation  et  les  suivantes  étaient  e.Ktraites  d'un  sermon  prëchA 
par  (riroli  le  9  octobre  l.')24,  dans  l'église  de  St.-Gervais. 


lo2o  GUILLAUME  FAREL  A  II.IUC  ZWI.\(.L1,  A  ZUBICII.  381 

(juam  maxime.  Nain  (inul.  (Iiul-so.  inlentaluin  relin(|iinnl  impii? 
Scire velim  vel unani  limulaiii  superesse. quà  pios  aggredi  possinl. 
quam  non  sinl  perscnitati.  Verum,  si  Iléus  j)ro  nobis.  quis  contra 
nos?  Gratulor  (ibi  hanc  tuœ  fidci  \iroh(itionfim,  et  persererantem  iii 
te  CItristum,  per  f/uem  staa,  in  (jno  iclernum  iierdures.  graliam 
agnoscens,  quanta  in  te  sit.  ac  (uas  vires  Christo  et  divina;  gratine, 
quod  suum  est,  tribuas.  tuisque  viribus  quod  oportel,  ut  sit  Deus 
Deus,  et  bonio  bomo.  Ea  suiit  tempora,  ut  ah  amicis  sit  quàm  ma- 
xime timendum.  Per  ininiicos  pius  nun(|uam  dejicietur  ((|uicqui(l 
sa'vi  nioliuntur  bostes  nobis  in  bonum  cedit),  nec  contumeliis  sn- 
perbil.  nec  intenta  sibi  morte  se  fidif.  Suspirare  ad  Patrem  docent 
persecutores,  undemira  Dei  et  bonitas  et  clenientia  in  lilios  agnos- 
citur.  qui  cum  preciosum  ilhim  gestent  tliesaurum  in  vasis  tictili- 
hus,  pressuris  acbgunlur,  ne  temere  perdant  :  quas  qui  fugiunt  no- 
lentes  Cbristi  cruceni  ferre,  quid  nialnm  ciecitafis  et  in]]»ietatis 
non  incuirerunt? 

Yidemus.  quam  fœdè  non  pnuci  a  Christo  ad  Antichristum  defe- 
cerimt.  dum  ventri  magis  et  quieti  student,  (|uam  glorite  Dei.  Prius 
boiTenda  ob  oculos  erant.  quœ  et  nunc  sunt  divinœ  ultionis  irai 
exempta,  de  quibus  an  resipiscenlite  aliqua  sit  spes.  nescio:  vide- 
mus,  quid  sit  reritatem  dissiniulare.  Deo  et  liominibnsunà  inservire 
relie,  in  quot  protrudat  fwdissimos  lapsus;  quid  deni([ue  non  susci- 
piat  defend[end]um.  (juàm  diftk'ile  errorem  aut  falealuraut  agnos- 
cat  nominis  parandi  amor,  aut  retinendœ  autlioritatis  studium  '.  Sun! 
quos  nemo  non  pufasset  ipsissimum  spiritum.  qui  tamen  toti  in 
carnem  abierunt.secum  non  paucos  pertrahentes  in  perniciem;  cpii 
utinam  cà  se  abducissent  [I.  abduxissentj  popubimin  Verbum  Dei, 
non  tain  multos  perire  videremus.  Quod  cum  te  non  fugiat,  fra- 
tres  admone  non  e[f]fern,&e(\  cum  timoré  Verbum  minislrare,  repu- 
tareque  apud  se  quid  abis  obtigerit,  utommcura  rideant  ne  cadant, 
quod  non  dubitote  etfacereetfacturum.sicquod  [1.  ut]  nihilhomi- 
nibus  tribuatur.  (juantumcunque  piis  et  doctis,  sed  soli  Deo  onmia. 
Vides  enim  quantum  obsil  pietati  buniana'  extimatio  [1.  existimalioj 
larvie.  quàm  difficile  plurimi  pei'  banc  ab  errore  avocari  possint. 

Contigit  eo  die.  nec  mnltiim  jiuto  lioram  diversam  (nox  enim 
erat.  (juo  tibi  amici  bona  inlentarunt)-.  et  Vedasto  bracliium  spi- 

*  Il  y  a  dans  ce  passage  des  allusions  à  Érasme  et  aux  docteurs  qui  sou- 
tenaient la  doctrine  de  Luther  sur  l'Eucharistie. 

-  Le  lundi  28  août,  entre  neuf  et  dix  heures  du  soir,  toutes  les  fenêtres 
de  la  maison  de  ZwingU  avaient  été  brisées  à  coups  de  pierre  par  deux 


;{8i  UUILLALMK  FARliL  A  ULRIC  ZWI.NGLI.  A  ZURICH.  io25 

euh),  ({uod  allahardain  vocant,  transfoili^? //mwc,  quem  pietas  et 
aiiiiiii  militas  aliu3i|iie  (•lirisliaiiiti  dotes  conimenilant.  oiitariin  in 
Sovoburgo  *  roncionutoreni,  si  lieri  posset.  nut  dlùis  puerorum  mo- 
(lerutonnit  itfjcre.  lu  qiia  re  spero.  te  noiiniiiil  posse,  ciim  prœ- 
fectuin  dicaiit  piuiii  esse^  Adnitere,  quuîso.  pro  \iribus,  ut  hnc  vin 
miwrœ  Galliœ  uliiiuid  suboriatur  Uicis!  Non  est  quod  dubites  de 
viro  :  nain  niliil  in  eo  desiiJeres,  quod  ad  id  niuneris  facial,  (juan- 
Uun  liuic  l'erunt  lempora.  Si  certior  tieri  vis,  nenio  liic  episcoporuni 
est,  qui  illi  piuni  non  fei'at  lestimoniuni.  Audisti.  ni  falior,  de  im- 
iimtitro  Painlionis  trnmitu  •=.  super  quo  gestiunt  iiufiii.  Chrislo  sil 
gratiarum  actio,  qui  suie  pietatis  nos  intueatur  oculis.  Ti/ninnidein 
non  ptirrnm  iipad  Gallon  suspicor,  quod  fnitrcs  mayis  sint  midi, 
tjuuiu  pinces. 

Cdumiendatuni  habebis  et  tecuiu  Mi/conius' ,  Petrum.  Bleti"  ne- 
potein,  iiuem  gaudeo  apud  Ceporinuin  '■>  agere.   Fax.il  Deus,  ut  dig- 

bourgeois  de  Zurich.  Cette  aggression  fut  accompagnée  de  malédictions  et 
d'injures.  (Voyez  la  lettre  d'un  témoin  oculaire.  Zuinglii  0pp.  VII,  411.) 
^  Nous  n'avons  pas  d'autres  détails  sur  ce  guet-apens. 

*  NeucMtel,  chef-lieu  du  comté  de  ce  nom.  A  l'époque  où  les  Suisses 
luttaient  contre  les  Français  eu  Italie,  le  comté  de  Neucluïtel  appai-tenait  à 
JMuui  d'Orléans,  duc  de  Loiigueville.  le  prince  servait  diuis  l'armée  fran- 
çaise, bien  qu'il  fût  l'allié  et  le  combourgeois  des  cantons  de  Berne,  de 
Soleure,  de  Fribourg  et  de  Lucorne.  Pour  prendre  des  gages  contre 
lui,  les  Suisses  s'emparèient  eu  1512  du  comté  de  Neuchâtel;  ils  le 
tirent  gouverner  par  un  bailli  qu'il.s  remplavaient  tous  les  deu.\  ans.  Grâce 
à  leur  soilititiide,  la  ville  de  Neuchâtel,  euniplétement  négligée  par  ses  con- 
ducteurs spirituels,  eut  enfin,  dès  l'an  1522,  î<h  pi'»^'dicateur.  (Voyez  les 
Mém.  sur  le  comté  de  Neuchâtel  par  le  chancelier  de  Montmollin,  1. 1,  p.  53. 
—  J.  .1.  Iluttingcr.  Ilelvetische  Kirchen-Geschichte,  Th.  III,  76.) 

*  Le  bailli  qui  gouverna  le  comté  de  Neuchâtel,  de  1524  à  1526,  était 
Jkrnluird  ,'îchù^ser  de  (ilaris.  (Leu.  Schweizerisch.  Lexicou.) 

^  Antome  Papihoii.  \.  le  N"  156,  note  3,  et  la  lettre  d'Érasme  à  Fran- 
çois I  du  16  juin  1526. 

'  Voyez  le  N"  141. 

**  Ce  neveu  d'Antoine  Du  Blet  était  peut-être  riiric  Verrier,  qui  dut 
arriver  de  Lyon  à  Bâle  eu  décembre  1524  (V.  le  N°  130,  u.  2). 

■••  Jacob  Wicsendanger  (grécisé  en  Ceporinm)  né  (1 499)  à  Dyuhard,  vil- 
lage du  caiiK.n  de  Zurich.  Il  avait  di.\-huit  ans  quand  il  apprit  à  lire,  mais 
après  avoir  étudii-  pendant  quelques  années  à  Wintertliour  et  dans  les  uni- 
versités allemandes,  il  accpiit  une  connaissance  si  remarquable  du  grec  et 
de  l'hébreu,  que  le  Conseil  de  Zurich  lui  confia  l'enseignement  de  ces  deux 
langiK's.  Ce  jeune  savant  qu'on  appréciait  à  Bàle  comme  correcteur,  a  donné 
de  bonnes  éditions  <lc  (pielques  auteurs  grecs.  Il  mourut  à  Zurich  le  20  dé- 
cembre 1525.  (^.Mei>,t.r.  il.ruhmte  Ziiricber,  1  Th.  174.) 


1525  l'li;ilHK  TOUSSAIN    \  FMVKI.,  \  STRASBOURG.  383 

num  pi-cuceptore  tali  pricstet  discipuluin!  Gnilia  Dei  lecum.  Salu- 
tem  (licilo  Myconio,  Leoni  et  Gmpuvi.  Saliilaiit  le  OipUo  liospes 
iioster,  el  Bucerus,^c  Vedastus  liospes  etiamCapiloiiis.  Cum  Fran- 
cisco '"  lion  per  omnia  conveiiit.  l^icnia  forte  meliores  faciet,  quos 
pra'clara  sui  opinatio  recklRiil  insolentiores.  Vale.  Argent,  li  Sep- 
tembris  lo2o. 

Tuas  in  Clirislo  loUis  GuiLni^i.Mus  Fauellus. 

(Inscriptio  :)  Vigilantisshno  Verbi  Dei  Minislro  HtildricoZynglio. 
episcopo  Tigurino.  Tignri. 


160 

PIERRE  TOUSSAIN  à  P'arel,  à  Strasbourg. 
(De  Bâle),  18  septembre  1525. 

Inédite.  Autograplie.  Bibliolb.  des  pasteurs  de  Neucbâtel. 

Sommaire.  La  lettre  de  Capiton  à  Œcolampade  et  ceUe  que  vous  avez  écrite  à  Himeli 
seront  utiles  à  l'Église.  Quant  à  Lupus  [  Wissenburger],  il  n'y  a  g\iére  d'espérance 
de  pouvoir  l'amener  à  l'intelligence  spirituelle  [de  l'Eucharistie].  F^  Lambert,  qui 
vient  d'envoyer  son  serviteur  chez  Luther,  devrait  être  surveillé,  parce  qu'il  peut  nous 
attirer  des  embarras.  Je  désire  que  vous  traduisiez  en  français  une  Épitre  sur  l'Eu- 
charistie dont  l'auteur  est  inconnu,  maiB  qui  dit  beaucoup  de  choses  en  peu  de  mots. 
On  sollicite  Érasme  à  défendre  la  doctrine  de  la  présence  réelle.  Votre  lettre  à  nos 
moines  m'a.  fait  plaisir;  continuez  à  combattre  leur  erreur.  Le  moine  Augustin  qui 
s'est  rendu  à  /Strasbourg  serait  utile  à  Metz,  s'il  allait  y  prêcher;  mais  il  faudrait 
qu'il  gardât  le  froc,  car  tous  nos  frères  de  cette  ville  sont  en  péril.  Quand  nous 
pourrons  espérer  la  fin  des  troubles,  Capiton  et  ses  collègues  devraient  proposer  aux 
magistrats  de  décréter  une  conférence  où  l'on  s'entendrait  sur  l'Eucharistie.  J'ignore 
si  Vaugrisa.  fait  imprimer  votre  Indice,  que  je  lui  avais  remi.s. 

Gratia  et  pax  à  Dec  Pâtre!  ŒeoldinpiuUus  copiani  mibi  fecil  ea- 
rum  literanim  (pias  ad  se  scripsit  Otjiito.  item  Ei>u'lius\  tuarum. 

'"  François  Lambert,  au  sujet  duquel  Rucer  écrivait  à  Zwiugli,  le  29  jan- 
vier 1526:  <f  Tov  œpav.  tov  "axu.tt.  nobis  citra  commendatiouem  iniserunt  oî  [î-.t- 
Tevpj'pfici,  quam  uihilitam  sui  ainautoin,  qui,  si  posset,  nobis  multum  adeo  ne- 
gotii  exhiberet.  »  (Zuiuglii  Opp.  VII,  4G6.) 

•  C'est  le  nom  altéré  de  Jacob  Himdi  (N^  150,  note  1). 


:j8't  l'IERUK  TOUSSAIN  A  FAREL,  A  STRASBOURG.  1525 

i|uil)us  maxime  sum  delectalus,  quôd  credam  eas  Ecclesiae  Christi 
|irofiiluras-.  Tametsi  sic  \k\entnr  Lupus  ^  alTectus,  carni  adiierens 
et  sanguini.  ni  iiiilla  sit  spes  reliqua  eum  posse  aliquando  ab  opi- 
nione  slulta  avelli.  NoNit  luhricus  ille  anguis,  primus  paa's  nostrœ 
pvoditor,  reteclas  apostolorum  suorum  fraudes,  reperlamque  venam 
Roman[ariim]  imposlurariim,  et  mmc  noris  nos  ndoritur  ùisiiliis, 
(lissidiuw  seminnns  in  Ecclesia,  quo  nescio  an  i]iiicquani  contingere 
posset  perniciosins.  Audio  Frnniuni  [1.  Franciscum]  iUum  Lam- 
hertum  niisisse  puei'um  suuni  ad  Lui lierum ;\eicor  ne  aliquid  mons- 
Iri  alat,  et  cavere  deberent  modis  omnibus  qui  istliic  pnesunt 
gregi  Chrisli.  ne  quid  lentaret  stoliduin  illud  caput*,  quod  facib' 
cœptum  resarciri  non  posset.  Quanquam  sive  scribal  Lamhertus. 
sive  cœcutiat  mundus  et  tumultuetui-  ad  Orientis  Cbristi  renascen- 
lis(|ue  Evangelii  splendoi-em,  regnabit  tamen  veritas  in  omnibus 
lidcbuiii  pectoribus,  repurgabitur  Israël  ab  idololalria.  et  tum  de- 
mnm  pnedicabilur  Evangelium  onini  creaturaj,  ei  reniissio  pecca- 
lorum  per  unum  Jesum  Cbrislum,  quem  oportet  cœium  capere. 
donec  ponanlur  inimici  sui  scabellum  pedum  suorum. 

Inter  ea  (jUtC  baclenus  legi  do  Eurharistia,  sunnne  mibi  placuil 
Episfola  (juœdnm,  quœ  incerto  prodiit  autore,  ipiam  vellem  trans- 
fusîim  in  omneis  linguas:  paucis  multa  dicit,  et  meo  judicio  non 
minus  doclr  «piam  verè\  Si  eam  verteres  gallicè,  eà  gratià  et  faci- 
lilale  quà  pnxbil  in  publicum.  posses  tibi  hoc  officio  deraereri 
Ro.[nianum]  Ponl/fireni  et  tolam  sedem  Apostolicani.  (phT  sanc  pcs- 
sum  il  nisi  succin-ramus,  lametsi  forliler  liodic  iniUlant  Atibales  et 


'  Ces  lettres,  éciitos  sur  la  prière  do  Toussain  (V.  le  N«  157,  note  13\ 
étaient  relatives  ù  rp]ucharistie. 

'•  Lupm  est  une  allusion  an  prénom  de  WoJfgang  Wissenburger  (Voyez 
le  N»  140,  note  8). 

*  François  Lamhrrt,  que  Toussain  avait  déjà  gratifié  de  la  même  épi- 
thètc  dans  sa  lettre  du  11  juillet. 

*  C'est  proiiaiilemcnt  rÉpitre  de  CorHc//î/,s- //omjh.s  intitulée:  «  Epistola 
christiana  admodum,  ah  annis  quatuor  ad  qucndam,  apud  quem  omne  iudi- 
cium  sacrœ  soriptiirof  fuit,  ex  IJathavis  missa,  sed  sprcta,  longe  aliter  trac- 
tans  ro-nam  dfiniinicain  (luàni  hartenus  tractât;^  est,  ad  calcem  quibusdain 
adicctis  Cluistiauo  luiniini  pcnioccssariis,  i)ra^i;ertim  lus  pcricuiosis  tempo- 
ribus.  »  In-S"  de  7  feuilluts,  imprimé  à  Zurich  eu  septembre  ir/2ô.  —  Érasme 
mentionne  cet  opuscule,  dans  su  lettre  du  3  octobre  1525  à  Pierre  Barbier, 
aprcs  avoir  parlé  des  ouvrages  d'Œcolampade  et  de  Zwingli  relatifs  à  l'P^u- 
«haristic:  «  Uataviui  quidam  aute  annos  quatuor  egit  idem  epistola,  sed  sine 
nomine,  qutc  tiimc  excusa  est  » 


1525  l'IEURE  TOUSSAIN  A  FAREL,  A  STRASBOURG.  38o 

Episcopi.  Eras)um  extiiimlaliu-  à  iiuillis  ad  (lefendeiulum  Deiiin 
inipanatum,  sed  non  facile  adduci  possum  ul  credam  hominem  des- 
censiiriim  in  liane  harenam^  Sed  ex  his  hactenus. 

De  Monaclus  nostris,  gratum  fuit  ((uod  scripsistis;  reliquum  est 
ut  pergalislitcrisdetestari  illorum  abominationem'.  Subodorantur 
id  consilii  à  me  profectum,  sed  nihil  moror  ;  monachi  sunl,  fioc  est 
homines  sectae  (?)  et  impii,  tametsi  id  audire  nolint.  Audio  istlmc 
\)roïeclnm ÀKfjustmifmuni  quemlam.quemsemGl  alque  iteiuni  sum 
alloquutus;  sed  nescio  quid  sit  in  homine.  Si  bonus  est,  ut  arbilror. 
vellera  eum  ainid  iios""  agere  (intelligis  quae  loquor),  etiam  cuni 
veste,  nani  alioqui  non  posset  irrepere  ad  munus  concionandi. 
Audio  etiam  Equitem  "  periclitari,  simul  et  omneis  qui  illic^^  Cbrisli 
gloriœ  favent.  Tu  cave  ne  quid  literarum  credas  ulli,  unde  possent 
illi  in  discrimen  aliquod  venire.  Si  vera  sunt  quse  mihi  narrautur, 
omnia  illic  in  pe.jore  statu  esse  non  possent,  quàm  sunt  hodie. 
Sed  benedictus  Dominus  in  omnibus  operibus  suis  ! 

Si  tumultus  isti  "  sedarentur.  Cmtates  qiiœ  receperunt  Verhum 
curare  deherent  modis  omnibus,  ut  haheretur  disputatio.  vel  collatio 
potius  quaedam.  quà  definiretur  de  rébus  omnibus  quae  iiodie 
veritatis  bostes  vertunt  indubium;  hoc  facto  animarenlur  exci- 
tareiiturque  Civitates  alia3  et  regiones  ad  recipicndumverbumDei. 
Nec  video  aliam  viam  commodiorem  ad  propaganduni  Servatoris 
nostri  regnum.  Proinde  in  lioc  laborare  délièrent  Capito  et  alii 
fratres,  et  fac  ut  admoneas  eos  officii^-.  Gladium  habent  utrinque 
incidentem.  Et  sic  proponi  posset  Magistratibus,  ut  facile  denegare 
non  possent.  cum  videanl  sacerdotes  et  Episcopos  aliis  aitibus  de- 
ditos.  nullamque  spem  esse  futurum  aliquando  ut  istbinc  succui- 
ratur  ovibus  Ciuisti.  Indicem  tuum  dederam  lo.  Vaugris,  nescio  .s/ 
curarit  hnprimi  '*.   Bene  vale,  frater  charissime,  et  saluta  diligen- 


'''  D'après  ce  qu'Érasme  écrivait  à  Lupset  eu  octobre  1525  (N"  130, 
note  17),  il  est  peu  probable  qu'il  fïit  disposé  à  se  charger  de  cette  entre- 
prise. Il  se  contenta  de  déclarer  qu'il  restait  fidèle  au  dogme  catholique  de 
l'Eucharistie.  (Voyez  Zuinglii  0pp.  YII,  421.) 

"  n  veut  parler  de  Pelîican,  de  Luthard  et  de  Wissenhiirger  (V.  N°  157). 
^  — '"  C'est-à-dire  à  iJfeL-. 
"  NicoJm  iVEsch. 

"  Allusion  à  la  guerre  des  paysans. 

'-  Toussain  renouvelle  cette  recommandation  dans  la  lettre  suivante. 
'^  Était-ce  un  «Indice»  pour  l'ouvrage  de  Fatil  m\\\\\\v  «Sommaire» 
(V.  le  N°  128,  note  13)? 

T.  I.  25 


386  l'IKHRE  TOUSSAIN  A  FAREL,  A  STRASBOURG.  1325 

ter  numine  meo  Cniiitonem,  Bucerum,  Prcepositum,  Vedastum  et  re- 
liques fralres.   Ex  Gliorazin  'S  xviij  Seplembris  M.D.XXV. 

TUUS  SUNASSOT  SURTEP  '^ 

(Inscrijttio  :)  Carissimo  fratri  Guilielmo  Farello.  in  aidibus  Capi- 
toiiis,  Arjij'^entorati. 


ICI 

PIERRE  TOUSSAIN  à  Farel,  à  Strasbourg. 
(De  Baie)  21  septembre  1525. 

Inédite.  Autographe.  13ibliotlièi|ue  des  pasteurs  de  Neiicliàtel. 

Sommaire.  Un  frère  est  arrivé  à  Bâle  pour  voir  Farel.  Toussain  se  console  d'être 
pauvre.  Il  engage  Farel  à  redoubler  d'efforts  pour  que  les  pasteurs  de  Strasbourg 
s'entendent  avec  Luther,  avant  la  réunion  de  la  diète  impériale.  Nouvelles  apportées 
A' IlaHf.  jp  ir  !•?  s.^rvlfoiir  d'Erasme. 

Mon  cher  frère,  notre  Seigneur  vous  doint  sa  grâce!  Je  vous 
enip»^che  souvanl  avecque  mes  rescriptions,  mais  vous  n'en  aurez 
aullre  chose.  Lp  présent  pourteur,  à  son  arrivée  en  ceste  ville,  de- 
mandoil  apns  vous:  jeray  receu,  en  vostre  absence,  au  moin  mal 
(jue  jay  [teu.  et  vouldroye  bien  avoir  la  puissance  de  povoir  re- 
ce|)voir  louz  noz  povres  frères  en  Jésu-Christ.  mais  11  ne  m"a  eslen 
en  ccst  oflice.  Du  lomps  que  j'avof/c  (luehjuc  bien  de  ce  monde  tran- 
sitoire, j'drojif  plusieurs  parens  et  nuiijs  (jui  m'ojjroip'nt  niontainf/nci 
d'or;  maintenant  j»^  nVn  Ireuve  pas  ung  qui  me  ayda  (Pungblani . 
Loué  en  soit  nostre  bon  père  célestiel,  lequel  congnoisl  ce  qu'il 
nous  est  nécessaire  en  ceste  vallée  de  misère!  Sa  saincte  voient  i- 
soit  fail[e]!  Je  me  roconforl[e]  au  dit  du  Proplièle  disant  :  «  Juve- 
nis  fui  et  .senui,  nec  vidi  justum  dereliclum.  nec  semen  ejus  qur- 
rens  panem.  •  congnoissant  néantinoins  mon  imperfection  et  in- 
tinnité  de  fov  ,'i  l;i  Itonté  et  miséricorde  divine. 

'*  Co  nom  vf'iii  dire,    dans  la  pcnséo  de  Toussain.  quo  la  ville  de  Bâte 
méconnaigsait  les  liienfaits  de  Dieu  répandus  au  milieu  d'elle. 
Anagramme  de  Petrus  Tossanus. 


I 


'»    VY 


1525  l'IEHRE  TOUSSAIN  A  FAREI..  A  STRASBOURG.  387 

Je  VOUS  escripvis  lU'rnièremeiU'  par  le  servileiir  de  feu  Coctm; 
je  scé  que  vous  avérez  receu  mes  leltres.  %  tous  sçaii/ez,  mon 
cher  frère,  comment  je  suis  troublé  de  ces  dirisiotis  qui  sont  uujotn- 
d'huji  entre  les  prêcheurs  de  lu  Parrolle  de  Dieu.  \()us  sériés  esmer- 
veillé,  el  plusl  à  Dieu  que  je  pouesse  acheter  la  paix,  concorde  et 
union  en  Jésu-Chrisl  de  tout  mon  sang,  lequel  ne  vaull  guerre[s], 
quanipiam  sciaui  me  hujusmodi  votis  parum  prolicere.  Audio  fu- 
l'iruui  conventiim  Principum  et  magnatum  Germuniœ.  Aufjustœ-, 
et  me  send)le  que  l'on  y  traictera  ratière  de  rÉvangile  el  mesment 
de  Eucliaristia.  Et  me  doul)te  que  en  l)refz  ne  veons  [1.  voyions] 
une  grosse  confusion.  s\  ung  chescun  veult  demouré  à  son  oppinion 
sans  donner  lieu  à  TEscripture  Saincte,  selon  la  quelle  devons  ré- 
gler les  pensées  de  nos  cueurs,  et  me  semble  que  Luther  y  doit 
estre  appelle.  Par  ipioy  seroit  expédiant  ipie  les  Évesques  des 
villes  par  deçà,  du  moins  de  Strasbourg.  Tamonetessent  [1.  l'admo- 
nestassent] de  vouloir  regarder  en  cest  afTère  sans  alïection[s]  quel- 
cunques  a  quibus  resilit  spirilus  Dei.  Sane  venit  annus  septuage- 
simus.  et  tempus  appétit  ut  tandem  ^indicemui'  in  libertatem.  non 
Rusticorum.  sed  spiritus  et  conscientiiO.  Mais  je  me  double  que 
ceulx  qui  ont  commancé  la  dance  ne  demeurent  au  chemin,  et 
nous  empêchent  d'entré  en  la  saincte  Cité  de  Jliérusalem.  Sed 
novit  Dominus  quos  elegerit. 

J'entens  ifue  Zuimjlius  se  vente  par  ses  escriptures  de  non  ja- 
mais avoir  escript  à  Luther,  ce  que  [je]  ne  peu  trop  louer.  Et  plust 
à  Dieu  que  luy  et  aultres  eussent  plus  diligemment  escript  au  dict 
Luther  de  ceste  afTaire!  Forte  que  les  choses  fuissent  en  meilleur 
trayen  [1.  train]  qu'elles  ne  sont.  (Ecolampade  m"a  dit  que  les  livres 
du  ilict  Zuiuf/lius  sont  defïendus  à  Xuremberf/.  Regardés  sy  Sathan 
dort.  Cest  afTère  est  granl,  et  me  semble  que  les  prêcheurs  y  sont 
assés  négligens  et  debveroyent  prandre  exemple  à  leurs  adversai- 
r;^e]s.  Pour  quoij  n'enroijeut-on  ou  Hucer  ou  quelque  uultre  boiumc 
sravnnt  vers  Luther  =*  ?  Car  plus  attendera-ou  et  plus  grandes  vi[e]n- 

'  Voyez  le  N"  précédent. 

'  Des  Lettres  de  Charles-Quint  datées  de  Tolède,  le  24  mai  1525, 
avaient  convoqué  la  diète  impériale  à  Augsbourg  i)Our  le  premier  octobre. 
Au  mois  d'août,  la  réunion  on  tut  différée  jusqu'au  1 1  novembre,  et  elle 
n'eut  réellement  lieu  qu'en  juin  1526,  dans  la  ville  de  Spire  (Voyez  Sleidan, 
liv.  V  et  VI). 

■'  Les  pressantes  exhortations  de  Toiissain  (Voyez  le  N"  IGO)  con- 
tribuèrent peut-être  à  hâter  la  décision  que  prirent  les  pasteurs  de  Stras- 
bourg dans  les  premiers  jours  d'octobre  (V.  le  X"  163,  note  2). 


,*t88  l'IKIlHE  TOLSSAIN  A  FAREL,  A  STRASBOURG.  1525 

(Iront  (lissenlions.  —  ce  <]ue  je  vois  en  ceste  ville  par  ce  Loup*,  qui 
est  pliirr  arresté  que  jamais,  et  me  semble  qu'il  escript  quelque 
chose  pour  ses  delTenses  avecque  son  compaignon. 

De  nostre  pais  %  lequel  est  de  présent  ky,  je  vous  escripveroye 
jilus  ;iii  loing,  mais  vous  sçavez  les  dengiers,  etc..  vous  priant  que 
sollicités  les  Évesques  de  veiller  en  ceste  matière  de  Eucliarislia, 
meysMieni  d'escripre  au  dict  Luther,  icy  et  aultre  part.  Pensez 
(|uellp  confusion  sera,  se  Ton  vient  à  proposer  cest  alTaire  et  que 
Strashouiij  soit  d'une  oppinion,  Nurember(/ue  d'une  aultre,  etc. 
Ce  sera  assez  occasion  aux  Princes  de  dellendre  totallement  ceste 
nouvelle  doctrine  et  nous  fère  retourner  à  noz  vielles  couslumes 
«;l  innnolalions.  Sed  tu,  Domine,  succurre  nobis!  Et  pour  ce,  mon 
cher  frère  en  Jésu-Christ,  tenez  main  que  Ton  regarde  tous  les 
moyens  de  obvyer  à  telz  inconvénians,  me  reconuuandanl  tous- 
jours  à  voz  bonnes  prières.  Saluez  Cap/to.  liurev.  Védast  et  Ir 
Prévost  de  ma  part,  et  Adieu  [l.  à  Dieu]  soyez.  Ce  xxj°  de  Sep- 
tendj.  loâ'). 

Vostre  frère". 

(P.  S.)  Je  vous  prie  (|ue  m'escripvés  de  voz  nouvelles  et  meys- 
mes  sy  vous  avez  rien  ouy  de  rostre  compère  ''.  Dejiuis  nosire  dè- 

jiart\  Ton  ne  m'a  jamais  escript.  Sy  paix  se  fait  entre  les ^ 

j'espère  ipn^  ce  sera  le  grant  bien  de  l'Évangile.  Le  serviteur  de 
Eritswe  revynt  ces  jours  de  liome^",  el  dit  ipie  l'Empereur  a  grant 
Nouloir  de  déchasser  nostre  Sainct-Pére.  Se  seroit  grant  domnaige. 
à  cause  iU^i  bonnes  vertus  qui  sont  en  [ii\.  Priés  que  Dieu  luy  soil 
en  .iviif.  Il  s";ij(iind  a\ecque  les  Vénétians,  et  me  semble  cpi'il  s'en 
doit  aller  à  Venize.  sy  l'empereur  descend  aux  Ifnlles.  Il  est  à  la 
pui.^^sance  de  nosire  bon  père  célesliel  de  dédiasse  ces  royheurs  et 
larrons  ilr  l'KsijIisi'.  Tmii  ci^  poiirlei'oit  encoi'  iiiieiiK  ipic  beaucop 

'  Voyez  le  N"  prôcodont,  note  3. 

'■  Il  veut  parler  d'un  compatriote. 

*'  l'oint  (le  siRnature.  Farel  a  écrit  sur  l'adresse:  «  Tossanus.  * 

'  Voyez  le  N"  l.")?,  note  6. 

**  Voyez  le  N"  ItO,  note  5. 

"  II  y  a  iei  dans  l'original  un  mot  sauté. 

'"  Ce  jeune  homme,  qui  s'appelait  Ouirlcs  Utcnlvove,  n'était  pas  un 
seniteur,  mais  plutôt  un  secrétaire  d'Érasme.  Arrivé  de  Rome  vers  le  milieu 
de  septembre,  il  repartit  le  5  octobre  pour  l'Italie,  avec  le  baron  polonais 
Jofinnrs  n  Ijtiscn,  l'ini  des  pensionnaires  il'Krasme.  Cliarles  Utciihove  fut 
plus  tiid  en  eorrespond.incc  avec  Louis  (h  Ikniuin.  (Voyez  ErasmiEpp.) 


1525        GIÎRARD  ROUSSEL  A  GUILLAUME  FARKL,  A  STRASBOURG.  389 

ne  pensent,  sy  nous  estions  d'acores  [1.  d'accord].  Il  >  ;i  beaucoi) 
de  povres  gens  idiotes  et  aultres  lesquelz  viendroyenl  volenlier  à 
la  lumière;  niaix  quant  ilz  voyant  ces  divisions  entre  les  clercs,  ilz 
demeurent  confus  et  ne  scèvent  quelle  voye  prandre.  Et  pour  ce 
prions  Dieu  cpril  nous  envoyé  sa  grâce  !  Et  iterum  vale. 

(Inscriptio  :j    Charissimo  frairi  Guilielmo   Farello.  in   a-dibus 
1).  Capitonis,  Argentorati. 


162 

GÉRARD  ROUSSEL  à  Guillaume  Farel,  à  Strasbourg. 
(De  Meaux),  25  septembre  1525. 

Autographe.  Bibl.  Publ.  de  Genève.  Vol.  n°  111  a.  G.  Scbmidt. 

op.  cit.  185. 

.Sommaire.  Une  longue  maladie  m'a  empêché  de  répondre  à  vos  deux  dernières  lettres, 
reçues  après  la  Pentecôte.  Je  n'ai  pas  voulu  vous  écrire  par  le  courageux  Chrétien 
[Jean  le  Clerc]  qui,  après  avoir  tant  souffert  à  Meaux,  est  allé  mourir  â  Metz.  Il  a 
été  victime  de  ces  docteurs  qui  sont  bien  éloignés  de  Christ,  quoiqu'ils  se  glorifient 
d'être  Chrétiens.  La  captivité  du  Roi  les  a  rendus  tout-puissants,  et  ils  se  croient 
assurés  de  leur  triomphe.  Plusieurs  des  nôtres  sont  en  prison  ;  d'autres  se  sont  ré- 
tractes et  ont  dénoncé  leurs  frères;  bref,  depuis  que  le  Parlement,  autorisé  par  le 
Pape,  a  confié  à  deux  conseillers  et  à  deux  théologiens  lo  droit  déjuger  sans  appel, 
on  ne  peut  plus  confesser  Christ  sans  exposer  sa  vie.  A  plusieurs  reprises  on  a  es- 
sayé de  nous  compromettre  par  les  accusations  de  témoins  subornés.  Mais  la  bonté 
divine  nous  a  protégés.  Maigret  est  toujours  en  prison.  Priez  pour  lui.  Je  reconnais 
comme  vous  qu'on  a  erré  jusqu'ici  relativement  à  V Eucharistie ,  en  abandonnant 
l'adoration  en  esprit  et  en  vérité.  Je  ne  saurais  m'associer  au  blâme  dont  votre  zèle 
ardent  est  l'objet.  Il  )•  a  sans  doute  un  faux  zèle  plus  préoccupé  de  reprendre  l'in- 
firmité des  autres  que  de  les  édifier;  nous  désirons  vivement  qu'il  n'en  soit  pas  ainsi 
du  vôtre. 

Rufus  Farello.  Gratia  et  pax  à  Deo  pâtre  et  Domiuo  Jesu  Ghristo  ! 
yEgritudo  à  qua  vix  jaui  post  quattuor  menses  respiro,  in  causa 
fuit  quominus  tuis  responderim  literis  quas  ab  anno  duntaxat  binas 
recepi,  adhuc  autem  a  Pentbecoste  nuper  elapsa  eas  accepi  ',  cum 

'  Depuis  le  mois  d'août  1524,  Fard  u'avait  adressé  à  Roussel  que  deux 
lettres,  qui  étaient  parvenues  ù  celui-ci  après  le  4  juin  1525. 


;U)0  (iKHAUD  R(JLSSEL  A  GUILL.VU.ME  FAREL.  A  STRASBOURG.         1325 

taiiien  frci|iientius  ad  te  scripserim, —  ii(  inilii  justior  quereiidi  oc- 
casiorelicta  vklealur  t|uàiii  lihi.  eliamsi  lias  partes  in  tiiis  postremis 
literis,  iisque  inabsolutis,  piu'ripueris,  liac,  opinor.  occasione  motus 
quôd  per  illiim  non  scripserim  7»/  apuil  nos  multa  passus,  litam 
fntiril  ojiiiil  Mftemes-:  iil  ipiod  à  me  praMerniissum  est,  quôd 
metuerL'Hi  ne  intercipercntiir  literie,  nec  satis  conipertnm  esset 
niini  fiieril  te  conventurns.  ciim  non  de  industria  sed  inopinalo 
hiinc  Métis  reperei'is*.  De  (juo  Chvisli  niH/te  non  srn'ho.  qmû  noris 
plus  salis  (put'  erga  se  acta  snnt  per  eos  (pii  hoc  noniine  se  Christi 
esse  gldi'iantur,  qiuJd  foititer  tueanlur  tradiliones  quas  a  palribus 
accepeiiint,  nec  intérim,  velnti  animalia  minime  Csic)  bisulca  ac 
riimiiianlia,  expendant  ipiàm  absint  a  Clirislo.  ijni  verus  pater  est, 
et  apostulis,  qui  pro  patribus  nali  sunt  lilii  (|uos  constituit  Uominus 
super  onnieni  terrain. 

lieijis  iioslii  viiicidii  (ulrersitriis  adeô  ere.rerunt  rristns.  ut  jutti 
sihi  persumleunl  Irliinuthum,  prorsus  in  nihihim  redacto  verbo  Dei, 
iiuod  sparsum  esse  in  vul^tus.  et  frucluiii  non  mediocrem  ferre,  id 
est  ijiKid  illospessime  babel.  Quo  fucfimi  est  ut  juin  uliquolin  com- 
pccles  iletrusi  sint,  a/us  ad  ciuiendam  pdlinodùiin  uductis  ^  Particu- 
latius  non  agam,  nec  lurpiludinem  illorum  retegam  qui,  dum  mul- 
inm  r,liij>;ii,iiii  babori  voliiiit,  tamen  necrucem  ferant,  alios  in  vita' 
dixrimcii  addiirinit.  et  sua  ipsonim  inconslanlia   incomnioiiant 

'^  C'est  é\idemment  Jean  le  Clerc,  martyrisé  à  Mdz  le  22  juillet  (Voyez 
les  X"  135  et  155). 

*  Fard  dut  arriver  ù  Metz  environ  le  11  juin  1525  (X"  140,  n.  5). 

*  Les  évangéliques  emprisonnés  à  cette  époque  étaient  entre  autres  : 
Aimé  Maiyrrt  (X"  13G),  Matthieu  Saunier  et  Jacques  Pauvati,  qui  furent 
conduits  à  la  Conciergerie  de  Paris,  au  mois  de  mars  1525  (Toussaints  Du 
Plcssis,  II,  277).  On  ne  connaît  pas  le  nom  d'un  quatrième  prisonnier  men- 
tionné en  CCS  termes  dans  le  procès  de  Ikironnet  et  des  Cordelicrs  de 
Meaux,  cpii  fut  i)!:iidé  le  H  août  1525  devant  le  Parlement:  «  i:ty  a  encore 
un  autre  [prédicateur  à  Meau.x],  lonf^temps  un  prisonnier  en  la  Conciergerie, 
durinel  tons  bons  Clirestieiis  demandent  et  désirent  chacun  jour  estre  faite 
justice >  (Hula-us.  Ilist.  Univers.  Paris,  t.  VI).  Briçonnet  ayant  demandé 
en  personne  au  Parlement  (19  août)  <  de  commettre  trois  ou  quatre  des 
Conseillers...  pour  informer  s'il  y  a  aucuns  abus  dans  son  diocèse,  tant  sur 
le  fait  do  la  foy  que  sur  certains  autres  faits  avancés  par  les  religieux  Mi- 
neurs, >  cette  requête  dut  amener  do  nouvelles  arrestations.  En  effet,  le 
3  octobre  suivant,  la  Cour  ordonnait  à  l'Official  de  Briçonnet  «  d'envoier  à  la 
Conciergerie  Jcnn  d'  Congy  et  tous  fcs  autres  j^'i^onnicrs  qui  sont  es  pn- 
sotu<  (lu  (lit  cvéïiuc  (le  Meaux,  détenus  pour  cas  et  crime  d'hérésie.  »  (Tous- 
saints  I)u  Plessis,  II,  27»  et  280.) 


1525         GÉRARn  ROUSSEL  A  GUILLALME  FAREL,  A  STRASBOURG.  391 

evangelica;  pi-oinotioni.  (iiiantum  qui  maxime.  .lam  per  hostes 
Evangelii,  qui  innumeii  sunt  ac  viribus  admodum  i)olenles,  et  re- 
missas  illorum  manus  per  quos  negocium  promoveri  oportuit,  eô 
ventîim  est  ut  vix  citra  vitœ  periculum  audcnt  quis  Cfuistuin  apud 
nostros  pure  confiteri.  Nam  Senatus  décréta  ordinati  sunt  riuattuor, 
ex  cœtu  thcoloijonim  duo,  Quercus  '"  et  Ckrici^,  et  duo  consilinrii  non 
dissimilis  farina'  ^  cum  pvœfatis  theolof/is,  quos  npprime  nosti,  ut 
niliil  opus  sit  suis  eos  depingere  colorijjus.  Tamen  pênes  tstos,  ut 
maxime  iniqui  judices  videantur,  sumnia  vitœ  et  necis  constituta 
est,  etiani  acclamante  Ro[_ni  a  no]  Pontifice,  qui  in  hoc  ipsum  buUam  ad 
nos  dimisit,  per  quam  omnis  potestas  confertur  pi-éedictis,  ut  ne- 
mini  liceat  ab  eis  provocare  ^  Tu  vide  quàm  lutum  sit  sub  istius- 
modi  judicibus  agere,  qui  quod  hactenus  observatum  est  mordicus 
tenenl.  parati  ad  aras  usque  tueri.  Jam  semel  et  tertiùm  quœsierunt 
per  subornatos  testes  vocare  nos  in  hoc  discrimen  ^,  sed  hactenus 
prohibuit  Ciiristi  clementia.  Si  pergant  saevire,  nescio  quis  tutus 
audebit  annunciare  Cliristum.  Mors  Que)  ni,  in  hoc  designati  ju- 
dicis,  nonnihil  i-espirare  patietur;  Ccfterùm  curaturi  sunt  matseo- 
logi,  quorum  gloriam  obscurat  Evangebum  syncere  annunciatum, 
mox  suffici  abum  non  dissimibs  farina.'.  Dominus  veUt  rébus  qutC 
incUnari  videantur,  adesse  et  suos  mittere  operarios.  qui  nihil  re- 
formident  adversariorum  minas. 
Non  vacat  per  nondum  receptam  sanitatem  tuis  respondere  U- 

^  Voyez  le  N°  3-1,  note  2. 

^  Nicole  Le  Clerc,  docteur  régent  en  la  Faculté  de  Théologie. 

'  Jacques  de  la  Barde  et  André  Verjiis.  Le  Parlement  les  avait  élus  le 
29  mars,  avec  les  deux  docteurs  de  Sorbonne  Duchcsne  et  Le  Clerc,  et  il 
avait  enjoint  à  Sriçomiet  «  de  leur  donner  vicariat  eu  la  ville  de  Paris,  pour 
connoistre  et  décider  contre  Saulnier  et  Paiivant  des  cas  et  crimes  à  eux 
imposez.  »  (Toussaints  Du  Plessis,  II,  277.) 

^  Il  veut  parler  de  la  bulle  papale  du  20  mai  1525,  remise  au  Parlement 
de  Paris  le  17  juin  (Voyez  Sleidan,  liv.  V).  L'Université  reçut  aussi  à 
cette  occasion  une  lettre  du  Pape  et  de  la  reine-mère:  «Rector  ...  acceptis 
à  Papa  et  à  Eegina  literis,  ut  videret  Universitas  ne  quid  ab  Hccrcsi  Lii- 
therana  religio  pateretur,  in  id  potissimum  incubuit.  »  (Bulteus,  op.  cit. 
t.  VI.) 

■'  Dans  le  cours  du  procès  intenté  à  Briçonuet  (note  4)  les  accusations 
contre  «  les  fausses  doctrines  »  et  «  les  ouvriers  de  Fabry  »  n'avaient  pas 
manqué:  «L'Évesque  de  Meaux  depuis  quelque  temps...  a  fait  prescher 
tels  personnages  que  bon  luy  a  semblé  :  c'est  à  savoir  M.  Martial  Mazurier, 
Pierre  CaroU,  et  un  appelé  Michel,  autrement  ne  sçay  son  nom,  et  un 
nommé  M.  Girard.»  (Bulanis,  VI.) 


:J92  (iKRARD  ROUSSEL  A  GUILLAUME  FAREL,  A  STRASBOURG.         1525 

Jeris.  quitus  reni  magni  moment/  atttiigfs,  in  qun  aberratum  hucm- 
qite  imiuimmé'^.Sâne  niliil  ad  adora tionem,  quiu  in  spiritu  et  ve- 
ritate  fieri  debel,  pertinet  quod  alii  prodidermit.  nec  gravatim 
in  luam  descendo  sentenliani.  nisi  quôd  nolim  Gliristum  ila  cœlo 
concludi  ut  suam  praisentiani  etiain  corporalem  non  exliibeal. 
<|iiil»us  voluerit  et  quum  voluerit. 

Auil/'o  quosilmn  Hinistre  intcrprctnri  ardentem  illum  zeUim  qnem 
hnhea.  nec  non  inde  ollendi  inlîriuos.  qui  non  eô  provecli  sunt  ut 
sint  solidi  cibi  capaces,  quos  opoilet  fovere  donec  grandiscanl  in 
Christo.  Non  aberrat  qui  Spiritu  agitur  duce,  nec  malus  esse  potest 
zelus  quem  profert  Spiritus.  ut  maxime  violenlus  et  asper  bumano 
sensui  videatur  ".  Cajterùm  plerumque  accidit  ul  fallat  .spiritus  men- 
da:c  specie  pietatis  ohductus,  qui  facilis  est  in  aborum  reprebensio- 
nem  et  nibil  lam  (:ui)it  quàm  mordere  et  conviciari.  Optandum  ex 
corde  ut  procédât  sermo  Dei,  sedetiam  cavendum.  ne,dum  in  hoc 
loti  -iiuiiis,  fralrum  posllialjeatur  inflrmitas,  quae  non  facile  àidifice- 
tm-  in  aboruui  reprebensione.  tali  prcesertim  qu;e  seditiones  excilet 
polius  (|iiàiii  Irauquillilatem  cbristianam.  Dentés  sponste  non  sunt 
gladiis  illis  persimiles  quos  adultéra  generalio  babet,  sed  sicut  grè- 
ges tonsariiin  quœ  ascendunl  de  lavacro,  mordent  (juidem  cuui 
opus  est,  sed  leviler.  ut  non  dc.sit  niodcstia,  non  quam  sibi  poUicetur 
caro,  quu!  nuUis  legibiis  qiianliinivis  auclis  et  nudtiplicatis  asiringi 
potest,  sed  (fUdm  proffif  Spiritus,  (pii  lege  non  eget  nec  alio  doc- 
lore.  sed  sil)i  ipse  in  oiiiuibiis  lex  est  et  doctor.  quem  in  tf  srrrnri 
(Jhri.sti  lipnrficio  perçu pim us  ^'-. 

nui  apud  nos  sunt  verbi  Dei  amatores  te  salutant  et  totam  quit- 
apiul  vos  est  ecclesiam.  Noster  Macrinus^^  adbuc  captivus est.  quem 
cuiiinius  \estris  connnendari  precibus.  Bene  vale.  25  Septembris 

Tuus  quem  probe  nosti  frater  et  amicus  G.  R. 

(hisrriptio :)  Ciuillt'i'nio  '•'.  Argentoraii. 


'"  Il  vpiit  parler  do  l'Eucharistie. 

"  —  ''^  Comparez  ces  passages  avec  le  N°  117,  note  9. 

'*  Voyez  1."  N"  130. 

'*  Le  millésime  est  tle  la  main  de  Farel. 

"  Farci  a  écrit  au-dessous  de  ce  mot.-  «  Gerardwi  Ru/us.  » 


1525        (;UII.LAU.MK  FAREL  A  JEAN  POMKRANLS,  A  WITTEMBERG.  393 


165 


GUILLAUME  FAREL  à  Jean  Pomeraims  * ,  à  Wittemberg. 
De  Strasbourg  (environ  le  8  octobre  1525)". 

Inédile.  Copie  du  Manusc.  Choupard.  Bibl.  de  la  ville  de  Neucliâtel. 

•Sommaire.  La  sympathie  que  je  ressens  pour  les  souffrances  du  corps  de  Christ  me 
presse  d'attirer  votre  attention  sur  la  désunion  de  ses  membres.  Comblés  de  biens 
par  notre  Père,  pourquoi  nous  disputons-nous  à  propos  d'un  morceau  de  pain,  d'une 
chose  extérieure  qui  ne  peut  nous  sauver,  puisque  c'est  la  foi  seule  qui  sauve  f  Ce 
qui  devrait  nous  unir,  en  nous  rappelant  la  divine  charité,  ne  sera  plus  une  occasion  de 
discorde,  si  tous  enseignent  que  la  célébration  de  l'Eucharistie  est  une  commémo- 
ration du  sacrifice  de  Christ,  une  action  de  grâces,  une  exhortation  au  dévouement, 
une  élévation  de  l'âme  à  Dieu  !  Lui  qui  tant  de  fois  a  exaucé  nos  prières,  nous  lais- 
serait-il errer  dans  cette  question?  Chaque  membre  du  corps  de  Christ  peut  contri- 
buer à  découvrir  la  vérité  sur  les  points  qui  sont  restés  douteux.  A  l'exemple  de 
S.  Pierre  et  de  S.  JPaul  n'ayons  pas  honte  de  changer  d'opinion.  L'Évangile  ne  sera 
nullement  en  péril,  si  noïcs  abandomions  la  doctrine  de  la  présence  réelle.  Pour  ma 
part  je  n'ai  jamais  pu  y  croire.  Les  progrès  de  l'Évangile  en  France  sont  entravés 
par  nos  dissentiments,  et  aussi  par  la  lecture  des  premiers  ouvrages  de  Luther,  qui 
admettent  dans  une  certaine  mesure  l'adoration  des  Saints  et  le  Purgatoire.  Ces  er- 
reurs étaient  réprouvées  chez  nous,  il  y  a  quelques  années,  même  dans  les  prédica- 
tions publiques. 

Faites  que  Luther  exhorte  Pellican  à  s'abstenir  de  dire  la  messe  et  de  porter  la 
robe  de  moine,  et  tâchez  d'obtenir  que  les  pasteurs  prêchent  seulement  les  doctrines 
qu'ils  ont  admises  par  l'expérience  de  la  foi. 

Farellus  Johanni  Pomerano. 
Gralia  et  pax  à  Dec  Pâtre  nostro,  et  à  sedente  in  dextera  Patris 
Christo  Je.su!  Ne  feras  molesté,  quaeso,  si  ipse  rudis  et  expers  non 

'  Voyez  le  N°  74,  note  7.  Pomeramis  avait  publié  à  Wittemberg  quel- 
ques mois  auparavant  un  livre  intitulé  :  «  Contra  novum  errorem  de  sacra- 
mento  corporis  et  sanguinis  Domiui  nostri  Jesu  Christi  epistola  ad  D.  Joh. 
Hessum  Vratislaviensem.  » 

2  Farel,  animé  par  sa  propre  conviction  et  par  les  lettres  de  Toiissaitt 
(N"  15Î5,  157,  160  et  IGl),  dut  naturellement  s'associer  à  la  démarche  que 
les  théologiens  strasbourgeois  tentèrent  à  cette  époque  auprès  de  Luther.  Le 


39i  GLILLAUME  FAREL  A  JEAN  POMERANUS,  A  WITTEMBERG.        1525 

.solniii  liiiin;inarum.  venim  etiam  divinariim  rerum.  te  iitrisque  in- 
structissimiim  et  peritis.simura  à  majoribus  et  potioribus  hisce  nos- 
tris  avocem.  Divina,  utcunque  imperilus  sum.  veneror  ;  humana 
non  .ispernor  studia,  modo  illis  ancillentur  citra  fastum,  illa  suspi- 
cieiilia.  Cogit  me  totius  Christi  corporis  commune  negotiiim  non- 
nuUa  tecum  fari,  licet  balbus  sim.  Boni  consules.  si  eam  dexteri- 
talem  non  priLstilero  in  corporis  dolore  levando  quam  manus  po- 
lestad  omnia  aptissinin.  Quod  inlirmiora  faciunt  membracondolens 
testabor  et  compaliens,  optare  me  coi'poris  lotiiis  bonam  valetudi- 
nem.  quam  dissipatam  et  perditam  prorsiis  satagiinl  nondum  fracti 
hosles  Christi,  qui  quantum  ^^riura  resumpturi  sunt  inde.  nisi  coie- 
n'iit  oh  rem  nihili  (si  Chris tum  teneo)  eluxatn  memhra,  non  siccis 
oculis  sumus  visuri:  id  quod  eliamnum  experimur. 

Quiil,  (jUceso,  digliulinnnir  pro  panis  frustitlo,  quos  Pater  doriacit 
omnibus,  cum  suum  nobis  dederit  Filium?  Num  snlus  iiostra  sine 
hoc  pane  esse  nonpotest?  Salvabitne  Deus  hic  esculentus,  qui  se  ne 
à  muribus  quidem  tueri  potesl.  factus  saepius  vermium  cibus,  tan- 
lùm  abest  ut  impias  et  sacrilegas  évadât  manus?  Nemo  niihi  oltji- 
cial:  "Tu.  Iiac  l'atione.  et  Christi  evacuationem  et  dejectionem 
nostrâ  faclam  causa  rideijis,  quod  is  sahitem  praestare  non  possit 
qui  se  ab  impiorum  manibus  subducere  non  valeat,  sed  ut  abjectis- 
simus  virorum  inme(ho  llagitiosorum  de  cruce  pependit.  nulli  non 
illusus  el  subsannalus. ->  Qiiàm  (Hspar  est  hoc  argumentiim!  Sub- 
duxit  se  siepius,  cum  non  advontasset  hora,  cpia  imminente,  volens 
occurrit,  et  passus  cum  gloria  surrexit.  Sed  quantis  quiu  passus 
est  decantata  fiiere'?  An  alind  tota  resonat  Scriptura?  \d  scire  ve- 
HiM  :  qnis  apex  anl  iola  h'slalnr  lotius  Scriplune.  Christum  a  resur- 
rt'ciidiir  sMa  inqianatum  \nvc  perferre,  ila  includenchim.  rotan- 
dum  (?),  vorandum  ?  Si  soin  fuies  in  ChriMum  inrarnafinn.pnssum 
et  mortinmi  pro  nobis.  salrcl  cl  bref,  quid  iternm  ail  panem  cogimiir? 
—  Sed  honcsialus  est  panis  noinine  corporis.  sicul  calix,  sanguinis 

8  octol)re  1525  ils  lui  adrossèrent  une  cpitro  (jiii  ronformc  les  passages  sui- 
vants  : 

«  CajWfi  unitatis  ccclcsiarum  conscrvamhc,  hune  juvenom  optimum  [scil. 
OrofTorium  Casoliimi]  ad  t<>  niittimus...  Tanta  fuithujusce  Verhi  efticacia  et 
virtus  consonsus  nostri!  Jiincti  siistiniilmus  aterrimas  itmirsiours,  qui  sin- 
Ruli  concidisscmus...  Jam  dum  uixliqno  scffrsjui-gioniniodiomumdsuhori- 
lur  ,  vix  diccrr  possumm,  quanta  cum  jactura  eccUsiarum  suboriatur  Gallis, 
JirnhiDidtii'i,  Fhmdris.  Germants  item  infimis  nffendicuîum  pessimum  objec- 
tum  est....  rCirogorium"  ol)sorramus  lieniguo  audias,  agentcm  tecum  super 
medtis  conconlifr...  »  (Voyez  Rœhrich,  op.  cit.  I,  303  et  457.) 


1525        GUILLAUME  FAREL  A  JEAN  l'OMERANUS,  A  WITTEMIîElUi.  305 

Cliristi.  Faleor,  sicut  et  circiuncisio  fœderis  nomen  obtiniiil,  (lute 
cùni  Paulo  niliil  sit.  au  ideo  pactiun  Doiuiiii  niliil  esse  diceinus? 
Absit.  Eril  saiie  niinquani  aholendiiin.  perpetiuxiiie  lixmn  mane- 
bit.  lia,  sive  paiiis  sit,  sive  non,  perseverabit  Cbrisli  corpus  et  san- 
j,^uis  niinquaui  elVundendus,  neque  infundendus. 

Peccatuiii  esti't  quàiii  (jnirissimi^  in  diciitaiii  honiUiton  et  Verhuiii 
Dei.  Id  perpenilat  unusquisque  apud  se,  llagitans  veuiaui  à  cœlesti 
Pâtre,  cujus  ultioue  et  ira  factnm  est,  ut  quod  clinritutcm  potts'iiinum 
conjimgere  dcbuerat.  dlssccet  et  disperdiit.  Ea  est  ouuiiuui  senlentia, 
panem  rem  esse  externani  *,  qui  si  adsit  non  servat,  nec  absens  per- 
dit; usum  panis  docendnm,  et  in  eo  peccari  quôd  malè  quis  eo  ula- 
tur.  Qiiid  lit  uunc,  ut  oranes  id  unum  non  agant,  ut  usus  recte  do- 
ceatur,  aliis  omissis  quœ  frugis  nibil  iiabent,  contentionis  verô  plu- 
rimuui,  verbi  gratià,  «quôd  corpus  adsit  realiter  secundùni  substan- 
tiam,  »  et  id  genusalia?  Coëat  amicitia  inler  eos  qui  Cbristuni 
agnoscunt  sapientiam  nobis  faclani  à  Deo,  juslificationem,  sanctili- 
cationem  et  redemptionem  !  Id  omnes  uuo  priedicent  ore  :  Dum 
panis  hic  editur,  mentein  in  hoc  solum  occupandani,  ut  rjnttias  agut 
Deo,  recofjitetque  Patrem  sic  dilexisse  mundum,  ut  Filium  sumn 
uni(jenituni  dedeiit,  cujus  morte  salvati  sumus,  sanquine  repurgati, 
nec  majorem  esse  charitatem  quàm  ut  animam  suani  quis  pro  ami- 
cis  ponat.  Quam  cuni  Cbristus  pro  nobis  posuerit,  et  nos  debemus 
pro  invicem  animas  nostras  ponere,  gestientes  et  exultantes  de 
tanta  Dei  erga  nos  liberalitate  et  gratia,  et  sic  panem  hune,  non 
adoratum,  non  magicis  incantatum  exsuftiationibus,  non  papistico 
apparatu  gestatum  aut  ol)servatum,  edi  pure  et  simpliciter,  ut  legi- 
mus  factitasse  ipsos  non  undlo  nolns  détériores,  scilicet  Apostolos, 
satagentes  corda  snrsùm  e/erare.  quœrere  (lUêe  sursùni  sunt.  ubi 
Cbristus  est  in  dextera  Patris^non  tptœ  sunt  super  terraui. 

Non  iuiponat  nobis  constanter  à  nobis  priedicaluni  verbuni, 
«  neniinem  ne  pilum  quideui  auferre  à  nobis  potuisse.  »  Quod  uti- 
nam  peractum  fuisset  tanta  niodestia,  quanta  et  constantia!  Diffi- 
ciUima  superuvimus  et  ma.rimu,  in  quiluis  suuniia  consistit  et  sa- 
lutis  et  Cbrislianismi,  ducti  gratià  Christi.  An  in  re  penè  nuUa.  (|uœ 
forte  nobis  i)liis  luit  quàm  cœtei'a  expensa  etreexpensa.  cœcutiemus. 

'  Par  ces  mots  «  ea  est  omnium  scntentia  »  Farel  voulait  dire  sans  doute 
que  c'était  l'opiuion  des  pasteurs  de  Strasbourg,  de  Zwingli,  d'Œcolain- 
pado,  de  Pellican  et  de  la  plupart  des  théologious  de  la  Ilaute-Allcniagno. 
C'était  au  fond  l'opinion  d'Érasme  à  qui  Zwingli  reconnaissait  devoir  la 
sienne.  (V.  le  N"  130,  note  18,  et  J.  J.  Herzog,  op.  cit.  p.  177.) 


31)0  GUILLAUME  FAHKL  A  JKAN   POMERANUS,  A  WITTEMBERG.         1525 

H  sœjHus  rojjdlm  Dominna,  quem  re  et  experientia  noslras  in  aliis 
ii'liiis  jiinlivisse  preces  sentinius,  an.  inquani,  nos  errare  patieiur 
liiiii  iiiinih/lis  Cliristus.  qui  renias  est.  ut  liîc  [nos]  cadere  et  suc- 
cuinljere  uiiorleat,  (juod  liei'i  non  polesl  sine  quàm  [maximo]  Evan- 
gelii  offendiculo? 

(Jnid  lioc  eril?  "  Ule,  Ule.  imiuienl.  talia.  tantus  jscil.  Lutlierus] 
liiv laiisusest !  }îonne et  in  aliis  potuit?  Quid  liuic  honiinum  generi 
rredinnis ?  Quid  kanc non  aniandainus  doctrinani  ?  Inieitent  et emr- 
tenl  omnia  nohis.  et  erersa  rursus  érigent,  modo  aientes.  modo  ne- 
gautes!  »  —  Al  meniinisse  oporlet.  unius  corporis  nos  esse  membra, 
nec  omnia  uni  pia-stiia.  ne  alia  contemnat  et  alioruni  negiigat  gra- 
tiam,  si'd  hoc  imiim  inastare  membruiii.  illud  alterum.  ul  aniicitia 
inter  membra  perseveret.  Si  niidl  doctum,dictum(iiie  fuissel  [quàm] 
qiiod  lidei  eliam  certissimo  nos  senlimus  experimento,  niiiil  nobis 
pei-iculi  esset  denmtanda  senlentia.  Sed  dum  dulna  asserimusJuce 
adparentr.  aut  reritati  cedenduni  et  Inci,  aut  obtinget  excœcatio. 

Ne  turpe  nobis  rideatur  reritati  lierbam  porrigere.  quandoqui- 
dem  et  Petrus  ille,  posl  superatos.  magna  vi  et  majestale  verbi. 
pontillces  et  sciibas, posl  edoclum  Corneiinm,  descendente  Si)iriln 
Sanclo.  n(in(bini  expleto  sermone,  posl  reddilam  rationem  bujus 
facli  coram  lola  (Mxlesia(el  alia  id  genus  (|ua'.  si  in  bunc  (bem  actis 
super  Vcrlx)  conferantur,  non  sunl  obscura).  tam  bénigne,  lam 
riirisliane  Panio  cedit  in  re  levissima.  Quid  de  eieclionis  vase  di- 
laiii.  qui  III  A-ia  praMbraiv  piobibelur.  (|u6d.  quantum  ex  conlextu 
conjicere  licel.  Apostoloiimi  liiiditioMciii  ser\andam  doceret?  Non 
putliiil  atrutnque  ntutare  .sentenliani.  et  tamen  non  iiujus  gratiâ 
periil  luncnascens  propemodum  Evangelium.  Nec  nunc  peribit,  si 
impanatiisauferalur  Deiis,  (|iiiiui  signuiii  noIiiiuus  (sic)  qno  fuitiai\- 
tiir  conscicntia'  siipei'  promissione  Ciirisli.  quod  |scil.  signum]  pro- 
missione  ipsa  b)ngè  inoerlius.  si  bîc  sit  impanalus  Deus.  Alia  etiani 
sensui  perria  sunt.  Ilor  sensu,  ratione.  nec  intellect u  capi potest.  De 
me  b)(|U()r:  alii  (|uid  crediderinl  ignore».  Ego  nunquam  credidi,  licet 
milii  persuaderem  ila.  (juid  enim  qiiod  non  sapiebam  crederem  ? 
Si  memoria  sil  jianis  Cbristi  pro  nobis  passi.  et  non  GlirisUis  ipse, 
si  edatur  panis.  non  aib)rt'im-.  aut  adser\elur  repagulis  clausus,  ul 
(iermanis.  aut  pendulis.  iit  (iallis.  Non  peribit  AnticbristiL>^.  (|uan- 
(bu  perdiirarit  rapui  suum.  ipiod  impanalum  esse  deum  nobis  non 
obscure  indicat  lolius  corporis  cura  in  eo  servando*. 

*  (Kcolampade  écrivait  à  Zwingli  le  16  septembre  1525:   <  Sacrifici  et 


1525         GUILLAUME  FAHKL  A  JKAN  l'(»Mi;ilAMIS.  A  W  riTKMlîKlUi.  31)7 

Haec,  mi Pomerane,  apuil  te  balluitiie  voliii,  ut  cuiiipeiliim  liabe- 
res,  me  niliil  optiur  qmin  Eccicsiœ  uniounn  et  rnnroriliinii.  quœ  n'I 
facillinie  eonstabit,  si  nos,  secuiulùni  saiiclani  Pauliexliortalioiieni, 
eaudeiu  hahuerimus  ckaritatein,  iiiianiines  in  id  ipsiiiii  sentientes, 
sine  contentione  aiit  inani  gloria,  cum  liumililale  poliores  alios 
existimanles,  qucérentes  (|iia'  illorinn  sunt,  non  nostra.  Quod 
Chrislus  in  nobis  per  Spirilum  suinn  faciat! 

Dici  non  potest  qnàm  officiât  Gallis  hoc  dissidium  '•>.  Non  pauci, 
inter  se  in  sinum,  de  eucliarislia  non  inepte  Iractabant,  sicut  et 
ante  nnnos  aliquot,  etiam  publicis  concionibus,  Sanctonnn  inrocatio 
reprofiata  et  Purfiatorium'K  In  qiia  re  versores  libroi'um  Martini'' 
malè  fratribus  consulunt,  (jui  priora  ejus  opéra,  in  quibus  nonnihil 
Sanctoruni  invocationi  et  Piirgatorio  defertur,  non  repurgant.  Nam 
legentes  hœc  non  pauci  a  veritate  resiliunt.  Fit  enim,  ut  qui  in 
primis  sparsi  sunt  libelli  facilius  distrahantur  et  apud  exteros. 

Cceterùm,  cura  te  sciam  EcclesicB  iedilicationeni  habere  charissi- 
mam.  non  rjrareris  à  Mnrtino  impetrare,  coniinonefaciat  PeUicnnum. 
ut  à  missatione  abstinent,  qua,  facto  et  opère,  turl)at  totam  ecclesiam 
BasileensenL  et  concionatores  infamat  qui  jugiter  in  eum  invebun- 
tur.  Prieterea  cucullo  suo  non  paucos,  ne  dixerim  innumeros,  detinet 
in  fovnacihus  Satanœ  et  superstitione  monastica,  quod  mibi  per- 
spectura  est  plus  satis  de  Gallis  nostris.  Totus  pendet  à  Martino, 
oui  subscribet,  scio,  monenti.  È  concionatoribus  iinus  missat  Wol- 
phancfus  ^.  acerbius  in  missas  invehens,  quod  illi  non  rarô  objec- 
tum:  «  Tu  quid  missas,  si  tam  maUe  sunt  missa3?  Aut  cessa  mis- 
sare,  aut  in  missas  invehi.  ■>  Idque  à  muliercuUs.  Rescripsere  non- 
nulli  ex  fratribus.  bunc  liabuisse  in  aniiuo  à  missis  abstinere,  nisi 
Pellicanus  bominem  roborasset  ad  fortiter  missandum. 

Qmv^o.safdfjite  ut  episcopi  passini  eon reniant,  cùm  doctrina,  tum 
factis.  nemine  pru'dicante  nisi  quod  certissimo  didiceril  tidei  e\- 

consortes  illorura  facile  coiulonarcut  quicqiiid  hacteuus  à  nobis  doctuin  ; 
ummi  lioc  doyma  de  Eucharistia,  quod  vc4  Papa  vel  Lutherus  tradidit,  con- 
velli  nolunt.  Est  enim  arx  et  prtrsidium  impietatis  eorum,  per  quam  recu- 
perare  sperant,  successu  tenipornni,  quod  nupcr  amiseruiit.»  (ZuingliiOpp. 
VU,  409.) 

^  Voyez  le  N"  153,'et  ci-dessus  la  note  2. 

**  A  l'appui  de  cette  énonciation  générale  nous  ne  pouvons  citer  que 
les  ouvrages  de  Le  Fèvre  et  les  propositions  e.Ktraites  des  sermons  de 
Caroli  et  de  Paucan  (D'Argeutré,  II,  20,  bO  et  o2). 

^  Lutlier  (Voyez  les  N*--  07,  77  et  134), 

**  Voyez  le  N»  140,  note  8. 


:{98  MICHEL  BENTI.N  A  (KCOLAMPADF..  A  BAI.E.  1525 

jierimeiilo '.  Suiit  fuci.quos  si  de  noniiullis  roges,  se  ancipites  aiunt. 
Si  mones,  ne  ergo  doceanl  sibi  dtibia,  recipiiint  se  facluros;  mox, 
conscenso  suggestii.  niliil  boant  nisi  quae  dubitant.  Scio  quantum 
pii  paliantiir  episcopi  à  fucis  istis  longe  gravioribus  omnibus  Pa- 
pistis.  Aures  non  sunt  facile  pnii'bendœ  iis  qui  deferunl  onus  por- 
tantes Verbi.  quibus  (piantiim  antlandum  sit  laboris.  et  quantum 
molestia.'.  nemo  scit,  nisi  (|ui  videt. 

Sed  jam  te  enecavi.  Vale.  Gratia  et  charilas  Christi  sit  in  lut» 
corde!  Piu^ceris  pro  me  Dominuiu  rum  fratribus.  quos  salvere 
<>pto.  Argentina?. 


MICHEL  BEXTIN  '  à  Œcolampade,  à  Bâle. 
De  Lyon,  8  octobre  (1525). 

inédite.  Autograpbe.  Arcbives  d'État  de  Zuricii. 

.^'JM.MAIKK.  l'iive  (le  la  société  de  wes  amis  de  Bâle,  je  vous  ai  déjà  écrit  une  ou  deux 
fois,  et  je  vous  supplie  aujourd'hui  de  me  donner  de  vos  nouvelles,  car  je  suis  bien 
résolu  de  me  diriger  en  toutes  choses  d'après  vos  conseils.  Grâce  à  votre  recomman- 
dation, j'ai  été  très-bien  accueilli  de  Michel  d'Aratide.  qui  est  revenu  ici  avec  la  cour. 
Il  veut  me  confier  l'intendance  de  sa  maison,  s'il  est  nommé  évêque.  Pour  le  mo- 
ment je  vis  chez  l'évéguc  de  Salenie,  et  il  me  serait  facile  de  trouver  une  autre  posi- 
tion ejjalement  avantageuse  ;  mais  je  préfère  un  emploi  qui  stiftise  à  l'entretien  de 
ma  famille  et  me  rapprociie  de  vous.  JUmi  ancien  meïier  de  corroyeur  ne  me  con- 
viendrait plus,  bien  que  je  reconnaisse  qu'un  Chrétien  peut  vivre  honnêtement  par- 
tout, en  exerçant  autour  de  lui  une  salutaire  influence. 

Micba«'l  Hciiliniis  I).  .lohanni  (Hk-olampadid  S.  I) 
Diti  non  |)(tlesl.  vjr  inlegen'ime.  (juanto  studio  lenear  veslri 
«•niiiiuni  cl  desiderio  literarum  vestraruui.  ciim  vestra  fonsuelu- 
«biic  t'I  siiavi.ssiniis  collo(piiis  fiui  non  i»ossim.  boc cerle  lempore, — 


"  C'est  ainsi  qu'agissaient  les  piisteurs  de  Strasbourg  (N°  130,  n.  18). 

'  Beniin  s'était  rendu  à  Zurich  entre  le  10  et  14  juillet,  avec  l'intention 
(le  revenir  à  Utile  au  bout  de  quelques  jours  (N"  153).  Les  lettres  écrites 
de  Mie  en  août  et  en  septctiihrt'  ne  fournissent  aucun  renseignement  sur 
les  motifs  de  son  voyage  à  Lyon. 


1523  MICHEL  BENTIN  A  UECOLAMI'AUK.  A  BALE.  399 

(luanqiiam  non  paruni  voluplalis  capereni  ex  absentimn  literis.  ni 
nuncioriim  rarilas,  vel  seculi  potius  malignitas  obstaret  quoininus 
literii'  perleranlur  et  non  intercipiantur.  Sciipsi  jam  seniel  ac  ite- 
rum,  ni  fallor-:  liaïul  scio  an  lilene  ad  te  peiveneiùnt.  Niliil  est  quod 
leque  aniem.  atcpie  hoc  iinicum,  si  fieri  posset.abs  te  ini|)retrare[ra], 
ut  vel  semelad  me  scriberenon  gravareris,  atque  sentenliani  tiiam 
et  consiliuni  tuuni  sanctissinium  comiiiunicai-e.  Nani  ut  nulli  lilien- 
tius  credam  mea  consiUa  et  atïectus  quàm  tibi.  niniiruui  parenti  et 
patrono  observandissimo,  itaque  ex  te,  quantum  ub  homiiie  ixttitur 
Scn'iiturn.  toUis  pendeo,  et  judicio  tuo  omnia  agere  certum  est. 

Non  parum,  mebercle,  valet  commendalio  tua,  imô  plurimuni 
valuit  semper  apud  quosvis  autoritas  tua.  sed  piu'serlim  npud 
Mkliaëlem  illuni  Arandam  ^  eleemosynarium,  qui  te  et  imignem 
eruditionem,  cum  inorum  candorc  et  mjnceritate  conjunctnm,  non 
potest  non  in  te  suspicere  et  veneruri.  Quid  dicam  de  consilio  et 
judicio  quo  polies  sanissimo?  Itaque  quemadmoduni  cepisti  mihi 
optimè  consulere,  rogo  ut  pergas.  Michaël  ille  niliil  non  sperat  et 
sustinet,  sed  de  episcopatu  adhuc  incertus  est*,  quanquam  spes  est 
futurum  ut  brevi  consequatur.  Niliil  milii  defuturum  secum  con- 
stanter  pullicelur.  si  succedet  quod  babet  pra;  manibus.  —  si  tamen 
apud  se  manere  et  optimam  totius  familiie  suœ  administra lionem 
suscipere  velim.  Cujus  rei  ut  nondum  est  tanta  ratio,  ita  non  pœni- 
tenda  mihi  videtur.  Multùm  enim  mihi  videtur  atïectus  erga  me. 

ob  idem  studium  sacrarum  literarum  et  m nitatem  %  tum  etiam 

ob  linguarum  mediocrem  peritiam.  h  nupev  rediit  unà  cum  Aula  *, 
quœ  propediem  liinc  diacedet,  liaud  scio  an  illum  à  nol)is  al)stractura. 

Suni  in  prœsentia  apud  Episcopuin   Salernitanunt\  homineni 

-  H  résulte  de  ce  détail  que  Bentin  était  arrivé  à  Lyon  vers  le  com- 
mencement du  mois  d'août. 

''  Voyez  le  N°  125,  note  12.  Œcolampade  avait  probablement  remis  à 
Bentin  une  lettre  de  recommandation  pour  Michel  d'Arande. 

*  Miclwl  d'Arande  fut  élu  évoque  de  Saint-Paul-Trois-Châteaux,  eu 
1525  ou  en  1526.  Voyez  la  Nova  Gallia  Christiana,  t.  I,  p.  729  :  «  Micliacl 
de  Arandia.  in  Delphinatu  [??]  ex  nobili  ortus  génère,  designatus  est  epis- 
copusS.  Pauli  anno  1525  aut  1526...  Accessit  pO'<scsAwnem  inituriis  die  Do- 
minica,  décima  septima  Junii  anni  152G,  magnaqne  pompa  exceptus  est.  » 

^  Ce  mot  est  à  moitié  détruit. 

^  Le  13  octobre  1525  la  reine-régente  signait  à  Lyon  une  lettre  publiée 
par  Toussaints  Du  Plessis,  II,  280. 

'  Frédéric  Frégose,  né  à  Gènes.  Il  avait  été  élu  archevêque  de  Salerne 
en  1508;  mais  son  attachement  au  parti  français  ne  lui  permit  pas  de  ré- 


\()()  MICHEL    BENTIN  A  ŒCOLAMPADE,  A   BALE.  1525 

proljiim  et  eruditum,  atque  adeo  liberalem;  verùm  quia  alienigena 
est  et  Italii.'i,  non  est  quôd  diu  apud  eum  expédiât  saginari.  Nam. 
ut  solet  ferè  inter  ecclesiasticos  proceres,  nimis  splendide  nos  ac- 
cipil,  et  plane  où.zéZti,  quanquani  intérim  dat  bonam  operam  li- 
terariis  studiis  Gra-cis  et  Hebiaicis,  àXXà  -n-f/o?  ioo-Zrrj  ^loàlo-j  y,  irpor 
EyçE>(av.  In  sumnia,  non  est  quôd  appetam  ejusniodi  vitam,  etsi 
intérim  probe  inter  illos  verser  et  aliquid  pecuniolae  lucrifa- 
ciani.  donec  ad  honestiora  et  nostra  professione  convenientiora 
vocer.  Faleor.  liheutiits  isthic  manerem,  ai  quid  muneris  offer- 
retur  in  civitate^,  aui  si  in  eo  preecio  esset  ras  typograpborum  quo 
fuit  ante  aliiiuot  annos.  Non  dubito,  quin  splendidiora  iiîc  possini 
asse<iui,  si  aut  caplarem  aut  certè  vellem  suscipere.  Sed  nihil  taie 
ambio,  tantùm  liceat  mihi  cum  uxore  tenuiler  vivere,  modo  tamen 
non  prostituar  sordido  illi  et  illiberali  opificio  coriario,  in  quod 
penè  detrusit  me  insania  quajdam  et  diffidentia  de  Deo  veriiis 
quàm  sanum  conr^ilium  ei  cliaritas  in  Deum,  prcesertim  bac  aetate. 
et  cùut  aliô  vocatus  sim  à  Deo,  quasi  verô  non  tam  sit  periculo- 
sum  versari  inter  coriai-ios.  quàm  inter  eruditus  aut  qualPscuni|Uo 
literatos,  et  ex  illis  qua-stum  iacere  et  victitare.  Certè  [luto  ubique 
l»robt'  posse  vivere  eos  qui  fide  et  cbaritate  jam  mediocriter  sunt 
imbuli.  ut  taceam  quôd  piumest  vitd  et  vivd  doctrind  boG  est  con- 
versaticme.  Iiicrifacere  fratrem  smnn.  Sed  haec  aliàs. 

Tu  intérim  anima  uxorem  meiim  ad  pietatem  et  cbiistianam  pa- 
lienliam  et  amorem  sacrarum  liteiarura.  Scribam  prolixius  cum 
lirimMiii  daliilur  o[p]portunitas.  Vale.  Lugduni.  vin  Octobris  (lo2oi. 

(Inscrijilio:)  Reverendo  Patri  et  l)[omino;  I).  .lob.  Œcobunpadid. 
episcoj»)  apud  S.  Mailiiium.  Basileie. 

sider  dans  son  arfhcvëché  pondant  les  guerres  d'Italie.  Il  fut  d'abord  araba.s- 
sadenr  des  f  Jénois  auprès  de  Léon  X,  puis  il  se  fixa  à  Gènes,  auprès  de  son 
frère  Octavicn.  La  prise  de  cette  ville  par  les  Espagnols  (1522)  le  força  de 
se  retirer  en  France,  où  François  I  l'accueillit  avec  bonté  et  lui  donna  l'ab- 
l)aye  de  S.  l'énigno  do  Dijon.  On  voit  p;tr  la  correspondance  do  Sadolot  quo 
Frégosc  habitait  encore  L>/on  en  1528,  et  qu'il  s'était  spécialement  voué  à 
l'étude  de  la  langue  hébraïque.  Il  fut  créé  cardinal  en  1539.  (V.  Ughelli. 
Italia  Sacra.  —  Moréri.  Dict.  historique.  —  Sadoleti  P^pistola;.  Colonia?, 
155-1,  p.  20  et  28.) 

'*  On  trouve  dans  une  copie  moderne  de  la  présente  lettre  (Collection 
Simler  à  Zurich)  la  note  suivante  relative  à  ce  passage  :  «  Annuit  Œcolam- 
padim  huic  petitioni  ac  BenUmnn  apud  Valentinum  Curioncm,  typographum 
Hasiliensem,  collocavit,  ut  patet  ex  Bentini  castigatiouibus  in  Noni  Marcelli 


lo25  FRANÇOIS  I    \r  PARLEMKNT  DK  PARIS.  401 


165 

FRANÇOIS  I  au  Parlement  de  Paris. 
De  Madrid,  12  novembre  (1525). 

Toussaints  Du  Plessis,  op.  cit.  II.  282. 

Sdmmaire.  Le  roi  ordonne  au  Parlement  de  suspendre  toutes  poursuites  contre  Le 
Fèvre,  Pierre  Caroli  et  Gérard  Bottssel,  jusqu'au  moment  de  son  retour  en  France. 

A  Jios  amés  et  féaux,  les  gens  tenans  notre  Cour  de  Parlement 
à  Paris. 

De  par  le  Roy. 

Nos  amés  et  féaux,  nous  avons  entendu,  que  par  demnt  vous 
s'est  fait  aucune  procédure  à  l' encontre  de  Maistre  Jacques  Fabri, 
Pierre  Caroli.ei  Girard  RuffiK  personages  de  grand  sçavoir  et  doc- 

tractatus  et  obiter  in  M.  Varronis  et  F.  Pompeii  Cominentarios  et  Fragmenta, 
mense  Septembri  1526,  Basilefe  scriptis.  Idem  prœfatus  est  in  Horatinm  à 
Curione  impressum,  teste  Gesnero.  »  V.  aussi  Maittaire.  Annales,  II,  6G9. 

^  La  captivité  du  roi  et  l'absence  de  sa  sœur  (N°  156,  note  8)  avaient 
encouragé  les  adversaires  de  Le  Fèvre.  Les  juges-inquisiteurs  chargés  de 
procéder  contre  «l'hérésie»  (X"  162,  notes  7  et  8)  avaient  condamné  au 
feu,  le  28  août,  sa  traduction  du  Nouveau  Testament.  Nous  avons  rappelé 
plus  haut  (N°  158)  l'origine  du  procès  intenté  à  Pierre  CaroJi  par  la  Sor- 
bonne.  Quant  à  Gérard  Boiissel,  nous  n'avons  pas  de  données  précises  sur 
les  faits  qui  servirent  de  base  à  l'accusation  dont  il  était  l'objet.  Le  mardi 
3  octobre  1525,  le  Parlement  rendit  l'arrêt  suivant:  «La  Cour  ordonne 
...  que  les  informations  [des  prisonniers  détenus  à  Meaux  «pour  crime 
d'hérésie  »]  sei'ont  mises  par  devers  les  Juges  délégués  par  le  Sainct- 
Siége  Apostolique,  sur  le  fait  des  hérésies  qu'on  dit  pulluler  en  ce  royaume,  . 
—  pour  faire  et  parfaire  le  procès  de  M.  Pierre  Caroli  et  Mariial  Mazurier, 
docteurs  en  théologie,  M.  Girard  [Eomsel],  thrésorier  de  l'église  de  Mcaux..., 
et  M.  Jacques  Fahri,...  lesquels  juges  délégués  auront  commission...  pour 
faire  prendre  au  corps  les  dits  Caroli,  M.  Girard,  et  Frère  Jean  Prévost, 
partout  où  ils  pourront  estre  appréhendés...  et  pour  faire  adjourner  les 
dits  Fabri  et  Mangin  à  comparoir  en  personne  par  devant  eux,  et  que  la 
d.  Cour  escrira  à  Madame  mère  du  Roy,  Régente  en  France,  que  son 
plaisir  soit  envoier  un  nommé  M.  Michel  [d'Arande]  par  devers  les  dits 
Juges  délégués,  qui  ne  peuvent  bonnement  faire  no  parfaire  le  procès  d'au- 
T.  I.  26 


402  FUANÇOIS  1  AU  PARLEMENT  DE  l'ARIS.  1525 

ti'ine,  Il  lu  persuasion  et  inst/fjation  des  Tliéolotjiens  de  notre  Uni- 
versité de  Paris,  quoique  ce  soit  d'aucuns  d'eux  qu'on  dit  estre 
grandement  leurs  malveillans.  signameni  du  dit  Fabri-,  lequel 
(coninie  pouvez  estre  l'ecors)  fut  n'a  guerres,  nous  estant  à  S.  Ger- 
main en  Lnije,  par  aucuns  d'eux  calomnié  et  à  grand  tort  mis  en 
pareille  peine*.  Sur  quoy.  pour  obvier  aux  inconvéniens  que  no- 
toirement Ton  voit  advenir,  furent  dèslors  pai-  nous  ordonné[s]  et 
commis  plusieurs  grands  et  notables  Prélats  et  Docteurs  de  notre 
royaume,  pour,  apellés  avec  eux  tel  nombre  de  Docteurs  en  Faculté 
de  Théologie  que  bon  leur  sembleroit,  voir,  visiter,  e(  entendre  les 
œuvres,  propositions  et  choses  dont  les  dits  Tliéologiens  le  char- 
geoient.  Les  quels  par  nous  députés,  après  diligente  et  deue  in- 
quisition, nous  firent  du  ditFrt/!/r«  tel  et  si  entier  rapport,  que  tant 
au  moyen  d'iceluy,  que  de  la  grande  et  bonne  lenommée  en  fait 
de  science  et  de  sainte  vie  que  depuis  avons  sçu  iceluy  Fahri  avoir 
en  ce  pais  d'Italie  et  Espagne.  —  l'avons  eu  en  telle  opinion  et  es- 
time, que  ne  voudrions  point  en  rien  souffrir  qu'il  fust  calomnié, 
molesté  ou  travaillé  à  tort  en  notre  royaume,  pais  et  .seigneuries. 

El  pourtant  qne  plus  (jue  jamais  avons  doubtié  y  faire  régner  jus- 
tice, et  y  maintenir,  entretenir  et  favoiablemcnt  traiter  les  person- 

cuus  accusés  de  crime  d'hérésie,  sans  ce  que  le  dit  M.  Midicl  soit  ouy  et 
interrogé  sur  certains  faits  contenus  es  dittes  informations,  et  à  eux  con- 
fronté. »  (Toussaints  Du  Plessis,  II,  281.) 

*  La  Sorhontie  venait  de  donner  une  nouvelle  preuve  de  l'hostilité  qui 
l'animait  contre  Le  Fèvre.  Elle  avait  censuré,  le  6  novembre,  le  li\Te  des 
«  ErJiortatmis  sur  les  Épistres  et  les  Écangiles,  à  V image  de  Meaux,  »  dont 
il  passait  pour  être  l'auteur  (Voyez  d'Argentré,  op.  cit.  U,  35).  On  lit  à  ce 
sujet  dans  un  ouvrage  de  Beda:  «  Lihri  autem  illhis  aitctores,  ut  dicitur, 
fiierunt  Jaeobiis  Faber  et  ejusdiscipuli.»  (Aiinotatifinuin  lihri  duo  N.  Beàse 
in  J.  Fahrum  Stapulenscm  et  in  Erasmum  lil»er  unus.  Parisiis,  1526,  in-fol. 
1)0  Sainjore,  op.  cit.  IV',  124.)  Un  arrêt  du  Parlement  publié  à  Paris,  le 
5  février  1526,  mentionne  parmi  les  ouvrages  défendus  le  li\Te  imprimé  con- 
tenant <  aucum  Écangiles  et  Épîtres  di-s  Dimanclves...  avec  certaines  Exlwr- 
talions  en  fratiçois  »  (Sainjore,  IV,  12.S.  Journal  d'un  l)ourgeois,  276),  et 
un  autre  arrêt  de  la  même  Cour,  daté  du  14  février  ].'>4.^,  livre  au  feu  *  les 
Cimiuantc-deux  Diinanclies  composés  par  Faire  Stapulensc  *  (D'Argentré, 
II,  133). 

^  Allusion  aux  poursuites  que  la  Sorhonnc  avait  commencées  contre  Le 
Fevre  eu  1523,  à  propos  de  son  «Exposition  [ou  Commentaire?]  sur  les 
Evangiles.  »  La  commission  nommée  par  l-"rangois  I*'  pour  examiner  cette 
affaire  ayant  été  entièrement  favorable  ù  l'accusé,  la  Sorbonne  reçut  l'ordre 
de  ne  plus  l'inquiéter  à  l'avenir  (D'Argentré,  II,  p.  x-xi). 


1525  JEAN  VAIGRIS  A  F.VRKL.  A  STRASBOURCJ.  403 

nages  el  yens  de  lettres  el  bon  sçavoir.  et  (|iii  le  méritent,  nous 
vous  en  avons  bien  voulu  esci'ire  et  prier,  et  néanmoins  comman- 
der, que  si  depuis  noire  Parlement  de  France  et  accusation,  comme 
jà  dit  est,  devant  nous  terminée,  vous  avez  esté  informés  de  choses 
qui  toucjient  les  dessus-dits,  qui  vous  ait  pu  et  deu  mouvoir  de  dé- 
(  erner  contre  eux  adjournement  personnel  et  autre  procédure, 
(lu'inconlinent  et  au  plu[s]lùt  (jue  faire  se  pourra,  vous  en  adver- 
lissiez  ...  nostre  très-clière  et  très-amée  Dame  et  Mère,  Régente 
en  France,  pour  nous  en  advenir  et  faire  Jouxte  ce  que  luy  en 
avons  mandé,  el.  ce  fait,  vous  en  faire  sçavoir  nos  volontez  el  in- 
tentions sur  ce.  Et  cependant  vous  prions  et  néanmoins  mandons 
sur  tout  le  service  que  vous  voudriez  faire,  et  pour  cause  qu'encore 
ne  pouvons  escrire,  surseoir  et  tenir  en  suspend  les  dittes  procédures 
en  l'estat  qu'elles  sont,  sans  plus  y  faire  et  innover  jusqu'à  notre 
retour  en  France  *  (du  quel  pour  le  présent  nous  avons,  grâce  à 
Dieu,  grand  espoir  et  apparence  qui[l]  sera  en  hrief),  ou  jusqu'à  ce 
que  par  nous  ou  ma  dilte  Dame  ayez  autres  Lettres  ou  Mandement 
sur  ce.  Si  vous  prions  et  commandons  n'y  faire  faute,  el  en  ce  fai- 
sant nous  ferez  service  très-agréable.  Donné  à  Madrit  en  Gaslille. 
le  douzième  jour  de  Novembre.  François. 

Robertet. 


166 

JEAN  YAUGRis  '  à  Farel,  à  Strasbourg. 
De  Bâle,  15  décembre  1525. 

Inédite.  Autogiapbe.  Bilil.  des  pasteurs  do  Neucbàtel. 

.Sommaire.  Règlement  de  diverses  dettes. 

4- 
i 

Basileœ,  le  15  de  Décembre  A"  1525. 
Guillième  Farel,  mon  bon  frère  et  amis,  grâce  et  paix  en  Jésu- 
christ  soyt  en  vous! 

*  A  la  réception  de  la  présente  lettre,  le  15  décembre,  le  Parlement 
écrivit  à  la  reine-mère,  pour  lui  représenter  «  les  inconvéniens  qui  peuvent 
advenir  à  l'occasion  des  hérésies  qui  pullulent  en  ce  royaume,  j>  et  il  permit 
aux  Juges  délégués  «  de  faire  et  parfaire  le  procès  de  Fabri,  Caroli  et 
Ruffi.»  (ToussaiiUs  Du  Plessis,  II,  28ci.) 

'  Voyez  le  N"  109,  note  9,  et  le  N»  160,  note  13. 


104      JEAN  TOLNI.NUS  [gÉRARD  ROLSSEL]  A  l'ÉVÉQUE  DE  MEAUX.      1523 

Des  novelles  de  Lion,  Antlionne  du  Blet-  ne  s'y  tien  plus,  et 
pourtan  [1.  partant]  je  ne  say  coniman[t]  vous  pouréavo[i]r  voustre 
argent  de  Cnrtus,  car  il  niât  nului  qui  fasse  la  perssuite^;  et  pour- 
lan  regardé  cornnian  vous  en  voulé  fare.  Item  des  6  v  Tl.  escus] 
ijue  je  vous  ay  baillé,  j'ay  prié  mon  oncle  Conrat*.  qui  [1.  qu'il] 
les  randisse  à  mon  oncle  Wattischne,  qui  me  les  avoy  prêter;  el  il 
lui  at  Ijallié,  et  quan  nous  yron  à  Frnncl.ffort.  sy  vous  en  avés 
affaire,  je  vous  les  reballirey. 

Item  des  8  escut  que  meistre  Antoyne  Pèlerin^  me  presta,  il  >  at 
ung  home  alleman  qui  at  estudié  à  Paris  et  il  at  esté  ver  vous,  et 
ce  nome  M.  Wollff,  une  barbe  noyre,  qui  m'at  dit,  que  il  at  baillé 
les  8  escut  au  dit  .M.  Aiitoi/ne  Pèlerin.  Je  vous  prie,  niandé-moy  se 
je  luy  doy  ballié  au  non  [l.  ou  non],  non  nostan  [1.  nonobstant] 
que  je  ne  me  délie  pas  de  lui.  Non  autre  pour  le  présent. 

Jo.  Vaugris,  le  tout  vostre. 

(Sasrriiition  :)  (îuHlormo  Farello.  Strosburg. 


167 

JEAN  TOLNINUS*  [g.  ROUSSEL]  ;i  [FÉvêque  de  ^Mcaiî.x]-. 
(De  Strasbourg,  au  mois  de  décembre  1525.) 

Autographe.  Bilil.  l'idil.  de  Genève.  Vol.  u"  II!  a.  C.  SchmidI, 

op.  cit.  p.  188. 

Sommaire.  Je  regrette  de  n'avoir  pas  connu,  avant  mon  départ  de  FraiK»,  le  projet 
que  vous  aviez  formé  de  lu 'envoyer  dans  un  certain  lieu  voisin  A'Avigtion,  où  j'aurais 

'   \  oyez  le  .N"  lôJ. 

'  Il  veut  dire  (in'il  n'y  a  personne  ù  Lyou  (jui  soit  accrédité  pour  agir, 
au  nom  de  Fard,  auprès  des  héritiers  d'iVuémond  de  Coct.  Voyez  la  lettre 
de  Laurent  Cf>ct  du  25  juillet  1526. 

♦  llcscli. 

^  l'seudonyme  de  Jacques  Le  l'irre  d'Étaplc^. 

'   Vojez  la  note  de  l-arel,  qui  accompague  la  signature. 

'  Le  rapprochement  de  la  présente  lettre  et  de  la  suivante  ne  permet 
aucun  doute  sur  le  nom  du  destinataire. 


1525   JEAN  TOLMNUS  [gÉIUUD  KOUSSEL]  A  [l'ÉVÈQUR  DF.  MF, AUX.]     403 

pu,  selon  mon  désir,  étudier  à  fond  la  langue  hébraïque.  J'ai  trouvé  ici,  il  est  vrai, 
des  hommes  savants  dans  les  langues  et  possédant  ce  don  d'expliquer  la  Ste.  Ecriture 
sans  lequel  ou  ne  peut  ramener  la  religion  chrétienne  à  sa  pureté  primitive;  mais  je 
crains  que  nos  adversaires,  bientôt  renseignés  sur  la  présence  de  mon  compagnon 
[Le  Fèwré]  dans  cette  ville,  ne  saisissent  avec  bonheiu-  cette  occasion  de  vous  sus- 
citer de  nouveaux  embarras.  Je  suis  donc  tout  prêt  à  me  rendre  dans  la  retraite  que 
vous  m'aviez  choisie,  ou  â  retourner  auprès  de  vous,  si  cela  vous  paraît  utile  à  la 
cai'se  que  notis  avons  embrassée.  Faitez-m'en  savoir  votre  avis  par  [Nicolas]  Le  Sueur, 
l'Élu  [de  Meavx]. 

J'observe  ici  bien  des  choses  gui  vous  revipliraient  de  joie  :  la  pure  doctrine  prêchée 
à  toute  heure  ;  une  foule  assidue  et  toujours  avide  de  l'entendre  ;  des  écoles  où  pro- 
fessent des  hommes  savants,  pieux,  simples,  sincères  et  \nvant  en  partie  du  travail  de 
leurs  mains;  une  sollicitude  prévoj^ante  pour  les  vrais  pauvres;  des  pasteurs  qui 
ne  connaissent  pas  le  gain  illicite  ;  des  couvents  transformés  en  écoles. 

Parmi  ces  manifestations  remarquables  d'un  nouvel  état  religieux,  il  en  est  ce- 
pendant qui  scandaliseraient  dès  gens  habitués  à  tenir  grand  compte  des  moyens 
extérieurs:  ainsi  les  images  ont  disparu  des  temples;  un  seul  autel  est  resté,  sur  le- 
quel la  comvMnion  est  célébi-ée  de  la  mévie  manière  qtt'au  temps  de  Christ.  En  un 
mot,  c'est  le  culte  de  Christ  seul,  conjorme  à  sa  Parole.  Puissions-nous  être  délivrés 
des  ténèbres  qui  nous  ont  envahis,  depuis  que  nous  avons  laissé  les  traditions  hu- 
maines prendre  la  place  de  la  Parole  de  Dieu! 

Gratia  et  pax  à  Deo  Paire  et  Domino  Jesu  Clnisto! 

Maie  me  habuit  quôd  Tuu-*  Digiiationis  consilium  non  antea  res- 
civerim  (luàm  egressu-s  essem  regiio.  liiiôd  diiduin  ciipieram  com- 
migrai'e  in  locum  Avenioni  proximum,  qiiô  me  jam  proticisci  vole- 
bas^;  nec  alia  sane  causa  id  cupieram  quondam.  (piàm  ul  in  lileris 
iiebraicis  et  in  eriiendis  prophetarum  oraculis  instructior  ad  tere- 
direm  \  Adeôque  quod  iiucusque  non  licuerat,  occasione  nuper 
accepta,  obvium  factum  per  te  est,  si  modo  non  defuissem  negocio. 
Non  quôd  non  sinl  in  hoc  in  quo  degimus  loco  viri  peritia  lingua- 
rum  juxia  ac  dono  propheliie  prediti.  (juorum  consuetudine  asse- 
qui  possim  quod  cupio,  inmeam  et  proximi  ct'dilicalionem.  qui  pu- 
tem  vix  fieri  posse  ut  redeat  clirt'stianœ  relUjibnis  imritas  hactmus 
pêne  obsoleta,  nisi  adsint  qui  fontes  porrignnt  quos  rellquit  nobis 
Spirttus per  Mosen  et  prophetas,  é  quibus  promptum  sit  et  \eluli  ad 
raânum  cuique  bibere. 

Ceterùm  magnopere  vereor,  ne,  occasione  loci  non  paniin  hoc 

'  Briçonnet  voulait  peut-être  envoyer  Roussel  chez  l'un  de  ses  petits- 
neveux,  qui  résidait  près  d'Aviguou  (V.  le  X"  suivant,  note  12j. 

*  Le  célèbre  hébraïsant  Xantes  Pagninus,  natif  de  Lucques,  habitait 
alors  Avignon. 


lut;    JKAN  TOLMNLS  [GÉRARD  ROUSSEl]  A  |_LÉVÈgLK  DE  MEALXj.     1525 

seciilo  suspecli,  excitent  in  nos  diras  tragœdias,  quibiis  sumus  veliili 
inspissatiis  aër  et  fiimo  ohdiiclus  oculis.  Ac  tieri  vix  possit,  ut  sparsa 
fiisius  fania  viri  cum  quo  scis  me  agere^  sinat  nos  (liutins  latere. 
Adeoijue  suhvereor,  ne  nonniliil  inde  leciini  exposi nient  adversarii. 
(}uilnis  voliiptati  est  si  quando  vel  minimain  nacti  l'iierint  occasio- 
nem  per  (|uam  le  Inique  similes  tradacant.  Qiiare,  si  iL'({Qnm  judi- 
cares  me  hinc  migrare  in  locuni  quem  milii  propicium  delegeras, 
indi\idiiLis  cornes  mox  assectabor  tuum  istuc.jiidirium,  modo  milii 
per  te  innotiierit.  In  iiiinc  usum  optarem  comnuitatum  beneficium 
tuo  fdiore  obtcutum  ''■  cum  alio,  illi  loco  vicino,  aut  saltem  ciijus pro- 
ventibus  etiam  absens  gaudere  possem.  Quod  si  è  re  Cliriali  visum 
fuerit  ut  me  recipiam  apud  vos,  nihil  niordhor  rt'tœ  periculiini.  Ut- 
cunque  res  cedat,  spero  Cbrislnm  mibi  fore  propilium  et  gressuum 
directorem.  (jui  novit  quo  animo  huctenus  fuerimus  in  ncffocio  illo 
ijiioil  tôt  nohis  atlversnrios  conflnrit.  Si  nolis  istud  Hieris  indicare. 
boc  saltem  impetrem,  ut  per  SM</or/>/w,  elecfuin\  summanegocii 
innotescal  mibi.  qui  alioqui  possum  uliivis  terrarum  ignotus  de- 
gere.  quod  tieri  identidem  in  nostro  comité",  pro  lomporis  occa- 
sione.  lam  cnperem  ipiàm  qui  maxime. 

Suiit  liir  pli'rnque  qiiœ  tihi  non  possrnt  non  esse  colnptdti,  nenqn' 
mue  pieliitem  excitent  or  pioinoreont.  quod  ita  iinigilent  Veriio 
ecdesiarum  ministri,  ul,  nuila  pêne  bora  diei.  suum  desil  ovibus 
pabubnn  et  quidem  syncerum,  ul  nulla  subsit  palea  aut  ferment i 
pbarisiaci  commissiu'a.  A  (|uinla  matulina  adusijue  sexiam  babe- 
lur  <on(io  in  singuUs  lempUs,  connuunesque  fundunlur  preces. 
Dt'iiKb'.sejitiuia  bora,  idem  rursusllt^octava  vero  bora.  aut  eocirca 

•■'  Ij€  l'ivre  (l'ÉtapIes,  qui  dut  arriver  à  Strasbourg  vers  le  commence- 
ment (l'octobre.  Il  est  question  de  lui  dans  le  fragment  suivant  d'une  lettre 
de  Capiton  ;"i  (Kcolampadf  datée  do  Sfrasl)ourg,  le  27  octobre  1525  :  «Qui 
se  bic  nominat  Antoiiwn  Pcrcgrinum  jam  in  maïui  babet  lil)riim  tuum  [de 
EuclianMià].  Mirum  quàm  probet,  quàm  commendot,  quîini  admiretur!» 
(Collection  Simler,  à  Zuricb.) 

"  Houssel  veut-il  parler  de  la  cure  de  St.-Saintiii  que  Brii,ouuet  lui  avait 
donnée  dans  le  diocèse  de  Meaux  (V.  Toussaints  du  l'icssis,  I,  ii27j,  ou 
d'un  bénéfice  qu'il  possédait  au  comtat  d'Avignon  V 

■  NicoUus  Le  Sueta;  l'élu  de  Meau.x.  Voyez  le  N»  102,  le  N"  98,  u.  24, 
•■t  la  lettre;  suivante,  qui  lui  est  adressée  par  Roussel. 

'*  Est-il  question  de  Le  Fcvrc  ou  de  MichH  iCAramlc'^  Colui-ci  était  en- 
core i\  Lyon  le  8  octobre  (V.  leN"  KJJi,  mais  il  ne  dut  pas  tarder  à  prendre 
aussi  la  fuite,  le  Parlement  ayant  demande  à  la  reiue-mère  d'envoyer  ^I. 
MtcM  à  Paris  (N»  165,  note  1,  ù  la  fin). 


I 


1K25     JKAN  TOI.NI.NUS  [GÉRARD  ROL'SSKl]  A    [l'ÉVÈQIK  DK    MKAUX].    407 

conlio  lil  iii  iiKi.jori  teniplo.  ailjunclis  canlionilms  in  conimunem 
lingiiam  e\  liehraico  psalterio  transfusis.  iihi  mire  assonanl  nui- 
lieres  viris,  iil  juciiiKliiin  sit  aiuliie.  In  podeni  (luoque  lenipio  rur- 
sus  lit  conlio,  liora  (jiiarla  à  prandio,  non  prelermissis  ilem  cantio- 
nibiis  quiu  precuirant  el  siilise(|nantin-  sermoneni.  veliiti  liisce 
gratiam  postulantes  ipia  tlant  idonei  excipiendosementi  evangelico, 
et  susceptuni  suis  prosequanlur  graliis.  Et  ut  plures  videanlur  ce- 
lebrari  conciones.  nuUi  tamen  non  interest  magna  populi  turba, 
divini  verbi  peiNjuam  avida.  Quod  desyderium  in  nostratium  pec- 
tora  immissum  nihil  est  quod  tam  affectaiim. 

Intérim  Hterati  suis  non  destitumitiir  sroh's,  quibus  presunt  viri 
pietate  et  liferis  insignes,  qui  continue  prolltentur  utrumqueOrga- 
num.  ea  (|uoque  lingua  qua  nobis  per  prophetas  et  apostolos  re- 
lictum  est.  Nullus  liar  in  i-e  fucus  auditorum  perstringit  oculos, 
sed  oninia  candide,  pie  ac  \,urefmnt^.  Hoc  quaerilui"  non  quo  suas 
quisque  ingenii  opes  ostentel.  sed  quo,  pure  tractato  Verbo,  pietati 
cbristiana.'  consullum  liât.  .Sw»/ rêvera  riri  iindelibel  doctissimi  et 
qmik's  li.F nnnin  et ulteitim  alibi reperias  :  tamen  in  ociilis  iiominiim 
ab.jecii  prorsus  videnlur,  ut  bos  nibil  pudeat  incumbere  in  opus 
externum.  per  quod,  juxta  Apostoli  doctrinam,  operà  manimm 
victum  sibi  qucerant,  adeôque  aliis  non  sint  gravamini.  Admiiwi 
qnidem  istud  spécimen  relif/ionis  possum,  sed  intérim  asseqiii  non 
datur.  (|uanquam  plurimum  mihi  cupiam. 

Arridet  etiamnum  mihi  in  fotitm  diUgens  illa  cura  in  pauperes,  qua 
tu  ut  verè  pauperibiis  non  desit  (juotidianum  subsidiunj,  simul  et 
cavetur  ne  validi  in  ocio  alanlur.  Hoc  facit  Senatus  ex  a're  pu- 
blico,  adjunctis  eleemosynis  et  coUectis  quee  per  populum  fiunt  ; 
nam  in  boc  ipsum  désigna  fa?  sunt  in  singulis  templis  arculœ,  in 
quam  (sic)  quis(|ue  suum  con.iiciat  symbolum:  nullus  tamen  intérim 
cogilur;  [mendicantibus?]  interdictum  est  omnino.  Habet  pra'terea 
(jUteque  parocliia  suum  Verbi  ministrum  et  diaconum.  (pii  non 
injustis  et  undelibet  corrogatis  lucris  aluntur.  sed  partim  pulilico 
aTe  per  Senatum  designato,  partim  labore  manuum. 

Cœnobia  bona  parte  dii'uta  sunt:  alia  in  scolas  transieriint.  Tamen 
cum  religiosis.  quos  vocani,  sic  egil  Senatus  ul  nulla  species  lyran- 
nidis  visa  fuerit  :  aliis  in  m[undum?]  sua  sponle  egredientibus  et 
se  bonesto  alicui  opilicio  mancipantibus,  aliis  in  suis  adluic  cellulis 

•'  Voy.  daus  Rœhrich,  op.  cit.  Tli.  T.  p.  251  et  suivantes,  les  détails  relatifs 
aux  écoles  de  Strasbourg,  et  plus  loin  la  lettre  de  Farci  du  4  juin  1526. 


408  [GÉRARfJ  HOUSSEL  A  NICOLAS  LE  SUEUR,  A  MEAUX.]  1  525 

foleralis;  sic  tamen  aclum  est  ut  non  liceat  quempiam  deinceps  in 
monachatum  recipere.  Bona  spes  est  proventiis  illorum  commi- 
gralui'os  in  aliinoniani  pauperum,  nec  non  in  usuni  eorum  (jni  po- 
pulo et  sliidii.s  sul'llciendi  erunt'". 

(Juœdam  poiTo  siint  quœ  ijleros(jue  ojfi'iuleie  jjO'usent  non  t'omqiii' 
proiedos  in  doctrina  Spiritus,  ul  vuncta externa  contcntnere  queant. 
solâ  intérim  nixi  fide,  qua3  sic  in  invisibilia  tota  rapitur,  ut  proxi- 
niiiiii  non  negligat,  sed  per  cliaritatem  ad  mensuram  illius  se 
sunniiillat  alque  atleniperet.  Nara  imagines  a  tenij)lis  ableijntœ  sunt  : 
unicuni  altare  onniibus  patens  reUctnni  est,  in  tjitofitconiniunio ino- 
ximè  ad  Christi  tenipora.  Et,  ut  semel  onmia  concludam,  nulluni 
caput  à  Gliristo  inibi  suscipilur:  soins  Un  colitur  Chvistus.adeôque 
juxta  suuni  cerbuni.  Nec  desunt  intérim  persecntiones.  quilius  suos 
exploiat  Deus. sed  hisce augescit,  non  minuilur Cbristi negocium. 

Fnxit  Dens,  ut  corda  populorum  ita  visilentur  iilustratione  Spi- 
rilus,  utprocnl  ahsint  densœ  cœcifatis  tenebrœ  in  qnas  hactenns  pro- 
lapsi  sinnus,  dnni  sirinins  nos  a  rerlio  Dei  ahleyari  ail  traditiones 
hominnnt  !  Sed  de  bis  iiactenus.  Salutal  te  nosler  Peretjrinns^\ 
cui  assideo.  Bene  vale  in  Cbristo,  qui  sit  tua  el  ouniium  salus! 
(lu2o)  '■'.  Tuus  ex  corde  servus  Joan.nes  Tolmnus  '^ 


108 

[GÉRARD  ROUSSEL'  à  Xicolas  Le  Sueur*,  à  Meaux.] 
(De  Strasbourg,  au  mois  de  décembre  1525.) 

incdiic.  Aulograplio.  Jjilil.  I'iiIjI.  de  (îenève.  Vol.  n'  11:2. 

Sommaire.  J'ai  inulilement  représenté  é.  Coracintis  [Le  Fèvre],  qu'il  ferait  une  cliose 

'"  Voyez  les  reuscigncmeuts  que  donne  Erasme  sur  la  sécularisation  des 
couvents  dans  les  villes  évangéliques  (Lettre  du  28  août  1525.  Le  Clerc,  886). 

'  '  On  lit  au-dessous  de  ce  mot  la  note  «  Jac.  Faber  »  de  la  main  de  Farel. 

'*  Le  iiiillôsinio  est  également  do  la  main  de  Fard. 

'  ^  Farel  a  écrit  les  mots  suivants  au-dessous  de  la  signature  :  «  Gcrardus 
litifm,  agens  Arycntorati  apud  Capitonem,  ubi  Jacobiis  Faber,  MicJiaël 
Arnudiius  et  alii  Galli.  » 

'  On  lit  au-dessus  de  la  première  ligne  du  manuscrit  la  note  suivante, 

•   Voyez  ci -dessous  la  note  13  et  le  N»  102,  note  1. 


1525  [gkuaui)  uolsskl  a  mculas  Lii  sLtun.  a  .mi:aux.]  401) 

couipromettante  pour  nous  tous  et  désagréable  à  mou  mailre  [Guillaume  JBriçonnet], 
en  renvoyant  chez,  vous  son  serviteur;  aussi,  lorsqu'il  l'a  vu  revenir  [à  Strasbourg], 
il  l'a  Congédié  par  uiotil'  d'économie.  En  outre,  il  a  pris  si  peu  de  peine  pour  cacher 
sou  uom,  que  le  lieu  de  sa  retraite  finira  par  être  connu  de  nos  persécuteurs.  Veuillez 
faire  tenir  à  Jean  Marc  [l'évéque  de  Meaux]  la  lettre  que  je  lui  écris  à  ce  sujet,  afin 
qu'il  nous  dise  ce  que  nous  avons  à  faire  pour  lui  éviter  de  nouvelles  tracasseries. 
S'il  songeait  encore  à  ni'envoyer  près  à.' Avignon,  je  m'y  rendrais  ;  mais  si  la  cause 
de  Cluùsi  exige  ma  présence  an  milieu  de  vous,  je  suis  prêt  à  exposer  ma  vie. 

Au  reste,'  je  prolongerais  volontiers  mon  séjour  dans  cette  viUe,  où  Christ  seul  est 
adoré,  où  il  a' été  accueilli  comme  le  chef  et  le  fondement  de  l'Église.  Les  papistes 
osent  à  peine  murmui-er.  Les  images,  les  messes,  les  prières  pour  les  morts,  les  cou- 
vents, en  un  mot,  toutes  les  inventions  humaines,  qui  entravaient  le  vrai  culte  de  Dieti, 
ont  été  abolies.  Les  ïlétails  que  je  vous  donne  ici  sur  la  prédication  publique,  sur  les 
formes  du  culte  et  l'organisation  de  l'église,  vous  montreront  à  quel  point  ce  peuple 
€st  heureux. 

J'espère  obtenir  l'échange  de  mon  bénéfice  ecclésiastique  par  la  protection  du  frère 
de  mon  seigneur.  En  cas  d'insuccès,  je  résignerai  ce  bénéfice,  pendant  un  an,  à 
mon  frère  cadet,  qui  me  fournira  de  quoi  vivre.  Je  vous  confie  le  règlement  de  cette 
affaire.  Quand  vous  irez  à  Paris,  exhortez  mes  frères  à  vivre  dans  la  piété;  engagez- 
les  à  écrire  une  lettre  consolante  à  mes  parents,  afin  qu'ils  ne  s'affligent  point  de  mon 
exil,  et  veuillez  leur  communiquer  votre  Abrégé  de  la  doctrine  chrétienne.  Si  nous 
devions  rester  ici,  je  voudrais  y  établir  avec  votre  aide  une  imprimerie  où  nous  pu- 
blierions des  traités  populaires  dians  le  genre  de  ceux  que  vous  avez  composés.  Pour 
le  moment  nous  sommes  occupés  à  wne  traduction  française  de  toute  la  Bible,  d'après 
les  textes  originaux.  Coracinns  s'obstine  à  vouloir  traduire  l'Ancien  Testament,  mal- 
gré son  ignorance  de  l'hébreu. 

Gralia  et  pax  à  Deo  Paire  et  Domino  Jesu  Ciiri.-^to! 

qui  est  de  la  maiu  de  Farel  :  «  De  ratione  agendi  quœ  iu  Argentoratensi 
ecclesia  scrvatur  Epistola  GerarcU  Eufi,  cui  adeo  co)itrarii  fuere  Theolo- 
gastri  Parisiui  et  Seuatus  supremus  Parisieusis,  ut  coactus  fuerit  solum  ver- 
tere,  et  non  tautuni  ipse,  verum  etiam  optimus  senex  Jacobiis  Faber  Stapu- 
îensis,  qui  iu  hac  Epistola  Caracinus  vocatur,  et  Michaël  Arandius,  San- 
paulinus  episcopus;  egeruntquo  ^Ij-^rentom^i  in  œdibus  Capitonis,  cujus  cou- 
victores  fuerunt,  j.»?ms  minus  mensibus  9.  Vemriint  anno  1525,  posi  Mcnsem 
Junimn,  et  revocati  sunt  per  Reginam  Navarraî,  régis  sororem,  post  libera- 
tiouera  Régis  ex  Ilispania,  [anuoj  1526,  postPascha.» 

Cette  note,  qui  semble  au  premier  abord  mériter  une  entière  confiance, 
renferme  une  erreiu'  de  chronologie.  Bousael  était  encore  à  Meaux  le 
25  septembre  1525  (N"  162),  et  Miclicl  d'Aramk  à  Lyon,  le  8  octobre 
(N°  161).  L'arrivée  de  Le  i^yre  à  Strasbourg  parait  dater  du  mois  d'octobre 
(V.  N'  167,  u.  5),  et  vers  la  fin  d'avril  1526  il  retournait  en  France  par  Bàle 
(V.  le  N"  176,  u.  7).  Le  7  mai,  d'Arande  était  à  la  cour  (N°  174).  Le  17  juiu 
suivant,  Roussel  datait  une  lettre  à  Farel  de  la  ville  de  Blois,  où  il  était 
fixé  depuis  quelques  semaines,  et  le  même  jour  (N"  164,  note  4)  Michel 


'lIO  [gÉRAIID  ROLSSEL  a  NICOLAS  LE  SIELR.  A  MEAUX.]  15:2.^ 

Scripsisli  ad  me  per  senum  Coracini'-.  <\\\\  nuper  a  vobis  ad  nos 
i-ediil.  sed  breviùs  quam  voluisseni:  tamen  causabatur  boc  factum 
(|u6d  fusius  per  aliura  scripseras,  qui  nondum  ad  nos  pervenit. 
elianisi  in  diem  exiiectamns.  ConsiUo  meo  factum  non  est  quod 
a  nobis  abscesseiil  seiNus  Coracini  et  ad  vos  concesserit,  illic  mo- 
raluius :  nec  clam  me  erat  in i|uod  discrimen  se pariler  et  nos  con- 
jicerel  el  (juàm  res  maie  babitura  e<.selDoiniiti^  animum.  Sedseni* 
parendum  fuit,  qui  quod  semel  apud  se  concepit  vix  possit  exlru- 
i\ere.  ul  maxime  plures  ab  eo  dissenlianf.  Verebalur  impensas  et 
alia  (jUcLMlam  gravamina,  qua?  non  fuerunt  toleratu  diflicilia;  ego 
vero.  iliscrimen  in  (juod  nos  ferme  adduxit.  quod  estimabam  cunc- 
lis  illis  gravaminibus  preponderare :  nec  adduci  potuit  ut  crederel. 
consilio  Domini  [praedictum  servum]  ad  nos  rediisse,  nec  se  sua- 
deri  permisit  ut  nobiscum  degeret,  sed  mox  eum  manumissum  el 
UKjdunnin  ablegalum  curavit.  Habet  bic  uxorem  ipiandam  cbristia- 
nani  ciini  suo  conjuge,  paris  nobiscum  sortis,  consorlio  illo  sibi 
mire  placet,  nec  aliud  praL'terea  famulelium  desyderal.  Hoc  facile 
ferri  [loiest.  sed  wale  me  habet  quôd  plerisque  se  notum  f'ecerit  \ 
f[uo  facile  fiet  ut  fama  viri,  fusius  sparsa.  ad  vos  tandem  pervenial. 
in(b'(|iie  ansa  liai  obireclandi  iis  qui  sibi  mire  placent,  si  quauib» 
nacii  bu'rini  persequendi  occasionem.  Hoc  miHjis  curasscm  factum. 
Iiostcafjaam  adcnijita  fuisset  sjies  nostri  ad  ros  reditas,  si  quando 
boc  permiserit  Deus.  cujus  est  lei-ra  el  plenitudo  ejus. 

Ea  de  causa  scribo  ad  Joanncm  Marcum^.  vestram pastorem,  cui 
red(blas  iilei'as  curabis.  id  ridcat  quid  nobis  liac  in  re  aqendnm  si/. 
ne  qnid  a  nobis  incounnodi  suœ  accédât  causa'.  Volueral  me  peteif 
locum  Arenioni  pioxinuim  :  (luod  cousijium  amplexaturus  erani. 
si  niilii  priiis  iunoluissel  quàm  regno  eggressus  esseui,  ^idelic('l 
l'id  It'iupore  bobraicis  literis  operam  datuius,  tpiod  ihuUim  opta- 
verauL  i<ef\  biicusipie  non  itermisit  Deus.  Si  persiarel  in  sentenlia. 
nec  essel  spes  nos  brevi  re(nturos  ad  vos,  illuc  me  conferrem,  non 
quod  ufin  cupiam  bîi'  maiiere.  sed  (|uùd  motuam  Uf  fnna  riri'. 

il'Aramlr  iirciiait  possession  de  son  évêché.  Ainsi  aucun  des  trois  réfugiés 
<|ne  mentionne  Farci  n'a  pu  résider  à  Strasbourg  au  delà  de  sept  mois. 
Au-dessus  de  ce  mot  Fiircl  a  écrit  :  «  Jacohi  Fahri  Stajjuloms.  » 

'  (JnilhiKtiie  Jiriçonnet,  évoque  de  Meaux. 

*  Li-  l'évre  d'Étaples. 

■^  Voyez  la  note  8. 

'•  Pseudonyme  de  Guillaume  Briçonuei.  Voyez  la  lettre  précédente. 

"  Le  Fèvre. 


«« 


152i')         [gérviid  iu»issi:l  a  mcoi.as  i.k  svkih.  a  mkaux.]  411 

liîc  liisiiis  sparsa,  nostiu'  ol'licial  caiiscu.  Viili  i|iii(lem  occultus  esse, 
sed  sic  taiiien  ul  pêne  cuiictis  nofiis  évadât  ^  Quôd  si  è  re  ChriUi 
fucrit,  ut  aiidio  (iiiosdam  profari,  ut  ml  ros  redenni,  nihil  monihor 
ritœ  (Uscrinipn.moilà  Clirisli  negocio  fiât  accessio.  Voiiii  déclinai  e 
lurorein  adversarioruni,  quôd  ita  consullum  eorum  saluli  el  Evan- 
gelii  negocio  sperassem;  si  falsus  sum  Judicio,  ul  fieri  potest, 
pai'alus  suni.  (|iianlùiii  siiûoesseril  Uoniiniis.  resarcire  (puxl  déesse 
videatur. 

Qnôilltk' Inliens  morer.  si  modo  per  faniani  viri  liceret,  (ulrcdiint 
pliin'iita  quœ  noi'um  quimdaiu  faciem  pietatis  pollicentur.  Hic  soins 
C/iristiis  colilnr  per  suum  Verbuui,  solusque  pio  capite  stiscipitnr 
et  fnndmnento.  Externis  non  defertur,  nisi  ipiatenus  nécessitas 
proxinii  urget,  sed  sumraam  religionis  perstringit  fides  per  ciiari- 
latem  exercita.  Papistœ  in  arctum  redacti  sunl,  ut  vix  mutire  au- 
deanl.  Abh'çjatd  sunt  pêne  oninia  quœ  pietati  inconimodare  vide- 
hfuitur  :  cujus  generis  erant  inaujines  lemplis  aflîxu',  quie  cultum 
Sanctonim  ementieltantur,  missœ  et  alia  pro  defunctis  sulTragia, 
([Uii'.  purgatorium.  cwiiobin,  qucO,  factitiam  religioneni  et  ab  ho- 
minihus  introduclani.  Et,  ut  seniel  dicani,  abrasa  sunt  pêne  oni- 
nia (|UcT  per  Jiomiues  invecta  in  cultum  Dei  dudum  fuerani,  adeô 
ut  solus  cultus  Dei  nudo  synceroque  Dei  verbo  nixus  inibi  \  isalur. 

MisscO  viluerunt  cum  iis  omnibus  quce  quiestum  suis  fœneraban- 
lur  ministris.  Verbum  Dei,  nullà  pêne  diei  iiorà  non  inculcatum 
[)0puli  auribus,  relut i  fnnicii lus  in  manu  Christi,  vendentes  et  émeu- 
tes ableijarit  u  Dei  templo,  quamquam  intérim  succenseant  ac  fre- 
manl  pigri  ventres  et  maUe  bestiée,  sacerdotes  Baal,  ut  tum  quoijue 
scribie  et  Pbarisei  adversus  Christum.  Quinta  inatutina  suam  babet 
contionem  et  communes  preces,  itemque  septima  bora.  idque  in 
singulis  templis.  Octavà  quoque  convocalur  populus,  sed  duntaxat 
in  majus  lemplum.  ibiipie  fit  sermo  ad  popubim.  adjunctis  cantio- 
iiibns  è  psalterio  bebraico  in  linguam  coiinnunem  transfiisis.  qinv 
pra-currunt  et  sidtsoquiinlur  verbum  Dei.  videliccl  ut  imi)etrent 
gratiam  (jua  liant  idonei  semenli  divino  excipiendo,  et  suscejjlum 
prose(piantur  suis  gratiarum  actionibus.  Rursus.  (juarta  a  prandio. 


>*  Capiton  écrivait  de  Strasbourg  à  Zwingli  le  20  novembre  1525:  «  Fa- 
relhis,  Buccrus,  Jac.  Stapnlemis,  Joli.  [1.  Gerardus]  Bufus,  Vcdastus,  et 
quidam  Siiinon.  onmesGrt///ot  contubernalos  ac  hospites  moi,  te  salutant... 
Jacohiis  Stajnticnsis  se  nom'niAi  Antoninm  Fereyrimtm,  et  Eiifits,  Tohihiinn  ; 
nam  latcre  cupiunt,  et  tamen  imeris  noti  sunt.  Ejecit  eos  è  Gallia  tyraunis 
Theologorum.  »  (Zuinglii  0pp.  VIT,  439.) 


M2  [GÉRARD  IKKJSStL  A  NICOLAS  LIi  SLE.LU,  A  MEAUX.J  1525 

in  idem  templuiii  lit  concursus  populi.  et  pari  lenore  negociuin 
Clii'isti  penigitui-.  Jii  caiilionibiis  illis  tam  assonant  mulieres  viris, 
ni  jucuiiduni  sit  audire,  indeque  plare.s,  niliil  liesito.  provocaiitur 
ac  pelliciiinlur  in  Chrisli  ardorem.  In  conrentuimpiili  nihil  dicitui 
mitcanitur  quod  non  intdlUjiUur  ah  omnihua;  niliil  fit  pro  ostenta- 
tione  ingeniorum,  ut  liactenus  fieri  solituni:  si  quando  coiitingil 
Scriptiiraui  per  alias  Scriptiirasmunire,  ut  nnllo  non  loco  Ht,  niliil 
a;d]niiscetur  peregiini  idioniatis.  Scriiitnrn siinjiUcisiiùne  tmctutur. 
rejectis  frigidissiniis  alIegoriis,fl^  in  totuin  lUiern  est  nh  hummiis  iu- 
rentionihus.  Purum  IVumenlum  et  nuUis  perniistuiu  paleis  porri- 
gitur  plebi,  et  tam  crebrô,  ut  nulli  excusationi  locus  relictussil  <iuo- 
niinus  unà  diei  liorà  non  intersit.  In  Ikh-  i[isum  delegatisunt  sep- 
lem  viri  potentes  opère  et  sermone.  inter  tjuos  mire  convenit.  ipii 
sic  appai'ati  super  Script uram  ut  nuUus  pêne  Scriptune  lilitT  in- 
lactiis  ix'linijualur.  Intérim  abstinent  a  libiis  quos  canon  hebru.'us 
non  rt'cipil.  FeUx  nlniihni  jiopulus.  si  modo  non  ifjnorat  diritins 
((uns  .sjtiiitus  Christi  iinjinrtittir,  ut  niibi  persuadeo  non  ignorare, 
\el  ex  eo  quod  lani  crebris  continniltus  accin-iit  froipions  el  Verbi 
avidus  ! 

Doniiniro  dii'.  (|UL'Ui  suluni  fesluin  reliipierunt.  adliuc  aulem  ut 
liberuni  sit  in  eo  operari  (sed  sei"\i  et  ancilliu  ad  opus  cogi  non 
l)ossimt).  celehrnnt  cœnani  doinini[nnn^.  et  bac  quidem  forma  : 
Mrnsd  prostat  in  palenti  loco  templi.  ut  ab  (unnibiis  conspici  possil  : 
(iltdir  non  vocant.  (juod  non  nisi  illis  laie  quiddani  pulelur  qui  ex 
(Ibristi  cœna  sacrilicium  fecerunt:  tanien  niliil  dislat  a  viilgalis  al- 
laribiis.  Ad  iiicns.iiii  illaui  adcedit  niinisti'v.  sic  lamen  ut  facieni 
c(uiversam  ad  plcbein  liabeat  et  non  posleriora.  qui  mos  liactenus 
servaliis  luit  à  sacerdolibus  sacrillcis.  qui.  xcluli  qiiaiidain  I)ei 
specif'in  [trie  se  ferentes,  sua  populo  posleriora  conspicienda,  non 
etiaiii  faciem.  opene  precium  diicebanl.  Assidens  iuens;e,  facie 
\ersa  ad  populuin.  in  qiicm  lolius  p(qnili  oculi  concurrani,  primùm 
qiiasdam  preces  e\  Scriplura  deproiuplas  |)romit .  idcjne  paucis; 
ib'indf  ps:dnius  ipiiilam  ab  omnibus  canilur:  (pio  absoliilo.  et  n(ui- 
niillis  .idliiic  precibus  jh'I'  minislriim  fiisis.  conscendil  catliedram. 
<•!  priiiirim  legil  Scriplurani.cunctis  inlelligentibiis.  ipiam  explicare 
Milt.  Dt'inde  eandem  fusius  explical.  ascilis  aliis  Scriplura;  locis 
in  banc  rom  facicnlibus.  sic  tamen  ut  analo.i^ia  lidei  servelur,  et  ni- 
liil adfiM'al  qiioil  non  ad  lideui  et  assedam  rbaritateiu  dirigalur. 
Alooliito  sermone.  ad  mensam  redit,  caniliii'  syiubolum  ab  ounii- 
bus:  qiio  peraclo.  jialefacit  plebi,  in  (piem  usum  Cbristus  suam  no- 


1îi2L>  [GÉRAUD  IIOLSSKL  A   MCdl.AS  I.K  SUEL'R,  A  AlblALX.]  41:) 

liis  reliquerit  cœnaiii,  paucis  relei^^ens  benelkinni  morlis  Cliristi  el 
elTusi  in  cruce  sanguiiiis  :  (leiiide  veiiia  Clirisli  recenset.  lUiscripla 
suiU  ab  evangelislis  vel  Panlo:  deinde  iiniiarlil  iis  qui  accedere 
volunt  (nam  nemo  cogilur,  invilanlur  lamen  omnes)  ixinem  et  ri- 
innv,  l'era  corpotia  et  .snngtiiNis  Cliràti  nfi^nliobt.  in  snœ  inortis  re- 
coidittionetn,  a  se  relicta  suis  aposlolis.  Duni  lil  comniunio  et  suani 
quisque  cœnœ  porlionem  accipit.  canilur  ab  omnibus  hijrie  eleeson, 
boc  veluti  bymno  agentibus  gralias  pro  acceplo  beneficio.  Sic  ta- 
men  communie  liL  ul  poslremus  sumat  minisler,  adeôque  quod 
supeifuerit.  Hoc  peraclo.  in  suam  quisque  domum  se  recipit,  à 
prandio  re(Hlurus  in  ma.jus  tempbim,  in  quo.  circiter  12=*™  borani, 
per  unum  ex  minislris  lit  sermo  ad  populum''. 

Et  ne  credas.  sine  friictu  hactemis  fuisse  Verhuni.  Pauperes  ita 
susceptisunt,  ut  ex  œre  communi  alantur.  et  nuUus  negligatur  qui 
agnitus  fueril  indigens.  Sictamen  negocium  geritur,  utvalidis  non 
liceat  ociosis  esse,  nec  ulli  liceat  per  domos  stipem  qua'rere:  qui 
vere  pauperes  sunt  adeoque  alendi  communibus  sumptibus  suum 
habent  signum,  quo  internosci  queant.  In  iiunc  usum  designataî 
sunt  per  singula  templa  arcula",  in  quas  suum  quisque  pro  arbitrio 
congerat  symbohnn;  faciès  qua-dam  videtur  esse  apostolicorum  in- 
stiluforum:  ulinam  tam  efticaciler  assequalur  quàm  exprimil! 
Nec  desunt  persecutiones,  qua>  assectantur  Yerbum.  veluti  individui 
comités;  sedhiscenou  franymitur  V&hi ministri.  non  frnngitin'  po- 
piiliis,  sed  roboratur,  accenditur  inde  ardor  spiritu[s]  et  pervadit 
l'iectorum  corda.  Sunt  plerique  e  Senatorihus  qui  réclamant,  sed 
qui  cordaliores  infer  eos  babentur  moidicus  amplexantur  Gbrisli 
negocium  et  urgent,  adeo  ut  urbs  omnibus  pêne  vicinis  invisa  sit. 
Sunt  alia  pleraque  relatu  non  indigna,  q\nv  in  oporlunius  tempus 
dilïeram.  Nunc  dd  rou  quœ  me  propins  nttinet  redeo. 

Scripsisti.  lleri  vix  posse,  ut  commuteni  heneflvium  cuni  libeiioir : 
alioqui  posse  me  oblinere  curatum  benelicium'^  Quod  per  abseii- 
liam  non  video  cpiî  possim  citra  salulis  dispendium  suscipere; 
([uinetiam  nec  pnesens  apud  vos  potui  baclenus,  quôd  robur  spi- 
rilus  déesse  milii  senlirem,  qui  exigilur  diradeniMs  el  in  moUus 


■'  Voyez  sur  les  changements  que  le  culte  subit  à  cette  époque  dans 
l'église  de  Strasbourg,  Kœhrich,  op.  cit.  Tb.  I,  197-210,  tt  350.  —  Rœli- 
ricb.  Mittheiluugeu  ans  der  Gescbichte  der  Evangeliscbtn  Kiichc  des  El- 
sasses,  1855,  Bd.  I. 
*"  Voyez  le  N°  précédent,  note  G. 


414  [(iÉHARU  KOLSSEL  A  NICOLAS  LK  SlRl  U.  A  MEAUX.]  1525 

redigendis  iis  qna;  liiulca  (sic) et  perpeiam  iiivecla. per  avaritiam  et 
niiniaiii  ventris  curam,  fueruiil.  nec  non  per  eos  (7ui  hoc  sihi  liellè 
sancti  probalianlur.  si  quam  speciem  sanctitatis  externis  ceremo- 
niolis  lestarentur.  Frater  Doinini^^  njultos  liabet  prioratns:  liahet 
et  ncpos^^  (|ui  prope  Avenionem  degit.  Si  hoc  curarit  Z)o/;?///«.s-,  fa- 
cile impelraluruni  nie  polliceor,  qui  alioqui  non  sim  omnino  suo 
fnitii  ingratus.  Quôd  si  minus  lioc  possit  lieri.  ijuod  minus  spei'o, 
paiatus  sum  cedere  fruUi  juiiiori,  qui  in  collegio  degil.  qui  suf- 
liciet  mihi  in  annuni  quod  ad  vitam  necessarium  :  non  «piùd  non 
luagis  optarini  pi'oventus  illos  ad  panperes  redire  vel  ad  eos  unde 
prodierunf,  etnosnostrisvivere  laborihus,  prout  verhumDei  pra;- 
sciihil:  sed  video  nondum  instare  tempus.  (juo  minus,  si  iiherè 
cessero.  non  succédât  alius  aliquis  qui  plenius  ahusurus  sit,  etc. 
Fac  ni  censuerit  Dominm  et  tibi  commo(hnn  ^  idel»itur.  nam  siuii- 
iiiam  reituœ  credo  fidei^^,  et  (|uod  feceris  i-alum  haltebo  etnuiltis 
prosequar  gratiis. 

Optarini  tibi  et  amicis  conimendatnm  Joanneui  Friderallem  '^  qui 
Itroxinie  assumemhis  est  ad  ordinem  medicorum.  Nosli  virum 
christiame  pietati  natuni.  quem  optarim  Dnni/iin  quoque  commen- 
(lalum.  etc.  Si  quando  in'ti/'iis  Ihirisios.  soin iv  fin frcs  iiipoa.  et  cura 
sint  bono  aninio  et  christiano,  et  consolatoiiaa  lilcnis  nieo  nomine 
(lirif/iint  ad  parentes*^,  ut  non  iniqne  fernnt  (juod  pro  Cluislo  ncci- 
dorit,  sed  mullis  gratiis  prosequanlur  Dei  volunlalem.  Bene  feceris 
si  Coinpendiunt  tutini  in  rem  Christinmuu^''  ad  illos  niiseris.  nieà 

"  Denis  Briçonnet,  évoque  de  St.-Malo. 

'-'  Panni  tous  les  lu-vcux  et  petits-novoux  do  ]'évé(iue  do  Moaux,  nous 
n'en  connaissons  que  deux  qui  fussent  ecclésiastiques  :  François  Jiriçonnet, 
fils  de  Jean,  et  Louift  Dauvcl,  petit-fils  de  ce  dernier. 

'  '•  l'ji  rapprochant  ce  passage  de  celui  où  Roussel  désire  que  le  résultat 
de  sa  recpiête  lui  soit  communiqué  ' per  Siulorium  ekctinn  »  (N°  1G7,  note  7), 
on  se  convainc  aisément  que  la  présente  lettre  fut  adressée  à  TElu  de  Meaox, 
Nicolas  Le  Stteiir.  V(jyoz  les  notes  (j  et  IG. 

'*  Fridcvaîlis,  appelé  aussi  Hugo  à  Frigida  Valîe,  natif  de  St.-Paul  en 
Artois,  savant  médecin,  philologue  et  poëte.  (Note  de  M.  C.  Schinidt,  op. 
cit.  p.  102.) 

'■'  C'est  le  seul  jjassago  de  la  correspondance  de  lîousscl  où  il  soit  t'ait 
mention  de  ses  jtaraUs.  Nous  avons  vu  plus  haut  que  son  frère  cadet  était 
alors  étiuliant  dans  l'un  des  collèges  de  Paris. 

'"  L'ouM-age  mentionné  par  Roussel  était  sans  doute  un  Ahrcgé  de  la 
(ItKtrine  chrctiemie  et  l'un  des  âritft  jtopulairo:  que  Nicolas  Le  Sueur  avait 
dédiés,  comme  il  nous  l'apprend  lui-même,  à  la  duchesse  d'.Monçon  (Voyez 
le  N°  102). 


1525         [gkraud  rousskl  a  .\(COL\s  le  suklh.  a  ufciAUX.]  M^i 

causa,  pro  illonmi  instruclione.  Si  nohis  lue  muncndum  ih'uttiis 
fiieiit,  hoc  vellem  abs  te  et  amicis  impetraliini,  ut  hir  ofjiriumii 
erigeremm^\  c  qua  prodimit  lihri  magna  ex  jtarle  in  vestraui  lin- 
guam  ti'ansfiisi.^/^/  populi  /ustilutioiicin.  ntjns  i/nicils  sinif  ijims  tilii 
suggessit  Doniinus  "*. 

Deinde  hic  occupomur  nliquol.  ul  iutrgra  liililin,  non  e\  \  ulLrat.i 
editione,  sed  consultis  liehneis.  grœcis.  et  iis  qu;e  in  yernianicaui 
linguam  tralata  sunt.  in  rpstvam  transfuniliinlur  lingiinm,^'  :  quoil 
opus,  ut  magni  lajjoris,  ita  puto  magnct-  fuluruui  ledilkationi-".  Co- 
racinus  suo  more  pergit,  volens  id  prœstare  in  Veteri  quod  inNoro. 
me  a  nohis  terrevi  potuit.  ob  i-ei  diflicultaleni  et  linguaruni  impe- 
riliam,  ut  desisteret,  et  curaret  qu»  suae  essent  barenaEj-',  —  prœ- 
sertim  cuni  iiîc  essent  qui  melius  id  pnestare  possent,  nec  esse  (sic) 
in  Veteri  perinde  ac  in  Jure  Novo.  nec  tamen  deess[e]  quos  niak* 
hal)eret  t^ersio  Hla  ■^ua-'-.  ut  non  adniodum  tersa,  ita  graecae  lidei 
pleruniquo  dissentiens  -  ' 


'"  L'année  précédente,  Roussel  avait  déjà  formé  un  projet  semblable. 
(Voyez  p.  237.) 

'*■  Voyez  la  note  16. 

'^  En  disant  <rnous  sommes  ici  plusieurs,  occupés  à  traduire  toute  la 
Bible  dans  votre  langue,  »  Roussel  voulait  peut-être  dérouter  les  lecteurs, 
pour  le  cas  où  sa  lettre  serait  interceptée.  Sa  langue  maternelle  était  le 
français,  puisqu'il  était  natif  des  environs  d'Amiens. 

^°  Cette  entreprise  paraît  n'avoir  pas  eu  de  suites,  cai*  il  n'existe  aucune 
traduction  française  de  la  Bible  dont  on  puisse  citer  pour  auteurs  Roussel, 
Michel  (VArande  et  les  autres  réfugiés  français  Farel  et  Védasie,  qui 
étaient  comme  eux  les  hôtes  de  Capiton.  Mais  il  est  possible  que  Le  Fè\Te 
ait  utilisé  les  travaux  de  Roussel  pour  sa  version  de  la  Bible  publiée  à  An- 
vers, le  28  septembre  1528,  chez  Martin  Lempereur.  (Voyez  Graf,  op.  cit. 
p.  122.  —  Maittaire,  Annales  typographici,  II,  G98.)  Nous  savons  en  effet 
que  Roussel,  après  son  retour  en  France,  continua  à  s'occuper  de  la  tra- 
duction qu'il  avait  entreprise  à  Strasl)ourg.  II  écrivait  à  Farel,  le  17  juin 
1.526:  «  Si  hîc  mihi  manendum,  Concordantiis  non  lubcns  caruerim....  » 
Nous  lisons  encore  dans  sa  lettre  du  27  août  suivant  :  «  Obtuli  Duci  partait 
nostri  lahoris...  Hoc  ago  ut  exscribatur  et  demum  prelo  maiidotur,...  si  quo 
modo  possim  hoc  ipsum  consequi.  Optarim  quàm  primum  ad  nos  dimitti 
Genesim  quam  habet  noster  Bcntinius.  Si  tu  cum  fratro  nostro  Slnio)u:  per- 
geres  in  cœpto  opère,  hac  parte  publicœ  utilitati  consultum  arbitrarer...  [et] 
apud  meos  similem  subibo  laboretn...  Fac  ut  liber  Getieseos  ad  nos  cito 
redeat.  » 

21  —  ji  Allusion  au  Nouveau  Testament  français  de  Le  Fèvre. 

-'  Le  manuscrit  original  de  cette  lettre  se  composait  de  deux  feuillets, 
dont  le  second  a  été  enlevé. 


410  FRANÇOIS  LAMBERT  AU  CONSEIL  DE  STRASBOURG.  1526 


169 

FRANÇOIS  LAMBERT  au  Coiiseil  de  Strasbourg. 
De  Strasbourg,  13  janvier  1526. 

F.  W.  Uassencaiiifi.  Franciscus  Lambert  von  Avignon.  Elberfeld, 

1860,   in-8%  p.  26. 

(traduit  de  l'allemand.) 

Sommaire.  Lambert  dédie  l'un  de  ses  ouvrages  à  MM.  du  Conseil,  et  il  se  recommande 

à  eux  dans  son  extrême  pauvreté. 

Nobles,  sages  et  gracieux  Seigneurs! 

L'année  dernière,  environ  à  cette  époque,  j'ai  fait  connaître  à 
Vos  Excellences  ma  grande  pauvreté,  et  Dieu  a  permis  que  dès 
lors,  toutes  les  semaines,  j'aie  reçu  quelque  secours  gratuit.  J'en 
éprouve  une  vive  reconnaissance  envers  Vos  Excellences,  et,  pour 
mieux  vous  le  témoigner,  j'ai  pul)li(iuement  interprété  tout  le  pro- 
phète Ezécliiel  et  les  trois  premières  Épîtres  de  Paul,  et  maintenant 
je  m'occupe  du  prophète  Daniel  et  de  l'explication  du  livre  appelé 
La  rérélation  secrète.  En  outre  j'ai  publié  dans  votre  ville  par  la  voie 
de  l'impression  plusieurs  commentaires  sur  l'Écriture  Sainte.  Dé- 
siranl  cnlin  vous  olïrir  un  faible  témoi.cfna^^e  de  mon  dévouement, 
j'ai  fait  iuipi-imer  les  quatre  derniers  des  douze  petits  prophètes. 
Sophnnie.  A()(jée.  Zachane.  Mnlarliie,  et  je  les  ai  dédiés  à  VV.  EE. 
l)()ur  servir  à  Tinslruction  de  toute  la  Chrétienté',  .l'espère  que 
VV.  EE.  daigneront  agréer  cet  hommage  d'un  pauvre  serviteur  de 
Chris!,  iiourgeois  de  votre  ville-. 

Mais,  comme  mon  i.Lrnorance  de  la  langue  allemande  m'empéchr 
de  prêcher  au  peuple  %  j'ai  le  projet  de  prêcher  et  d'enseigner  en 
latin,  de  vive  voix  dans  cette  ville,  et  par  mes  écrits  dans  la  Chré- 
lienlé  tout  entière.  Cependant  je  me  trouve  ici  dans  une  .si  grande 

'  Fr.  Lamborti  cornmontarii  in  Soplioniam,  Aggcum,  Zacliariam  et  Ma- 
lachiam.  Aif^riitorati,  1.020. 

=  Lainlnit  avait  ri-^u  en  novembre  1524  la  bourgeoisie  de  Strasl)oiirg. 

^  €  Utinam  niihi  liceret  venire  in  (iaWia?, ne semper  vwtmesseml  »  disait 
Lambert  en  1524  (N"  133). 


1326  OKCOLAMI'ADK  A  (lUlLLAL'MK  FAHKL,  A  STllASBOLRG.  417 

misère,  (lue  j'ose  iniploi-ei-  avec  conliance  VV.  EE..  afin  que,  dans 
leur  miséricorde  el  leur  bonté,  Elles  daignent  pi-endre  pitié  de 
moi  à  cause  de  .lésus-Cluisl.  et  que  je  puisse,  tout  en  m'occupanl 
jour  et  nuit  de  Tétude  de  la  Sainte  Écriture,  avoir  de  (|uoi  me 
nourrir  ainsi  que  ma  famille  ^  Nous  contracterons  ainsi  Tobli- 
gation  de  prier  éternellement,  comme  de  fidèles  sujets  de  VV.EE., 
pour  la  paix  et  la  prospérité  de  votre  respectable  cité,  que  nous 
recommandons  à  i'espril  et  à  la  grâce  de  Dieu.  Amen  1  Le  sa- 
medi de  l'octave  des  trois  Rois,  l'an  1520. 
De  VV.  EE.  le  très-humble  serviteur  et  bourgeois 

FuANGors  Lambkrt  d^Avignon. 


J70 

ŒCOLAMPADE  à  Guillaume  Farel,  à  Strasbourg. 
De  Baie,  9  mars  (1526). 

(Ecolampadii  et  Zuinglii  Epislolse.  Éd.  cit.  fol.  201a. 

Sommaire.  Trompé  par  ce  qu'on  vous  a  dit  île  ma  grande  pauvreté,  vous  m'avez  en- 
voyé trois  couronnes.  Je  suis  bien  prés  de  vous  les  rendre  ou  de  les  distribuer  aux 
pauvres.  De  grâce,  ne  vous  mettez  pas  dans  la  gêne  pour  un  ami  qui  est  satisfait  de 
sa  position  ;  et  si  vous  aviez  besoin  d'argent,  empruntez-en  de  Jean  Wattenschnee , 
à  qui  je  le  rendrais.  Nous  avons  obtenu  en  votre  laveur  une  lettre  du  recteur  de  V  U- 
niversité.  Notre  ami  N.  [Pieri-e  Toussain]  est  prisonnier  à  Pont- à- Mousson.  Je  con- 


*  On  lit  dans  les  Registres  du  Conseil  de  Strasbourg  (Post  Erhardi  1526): 
«  Le  D'  Franciscus  Lampertus  présente  un  livre  qu'il  a  composé  sur  les 
quatre  derniers  prophètes  et  qu'il  offre  à  Messeigneurs  comme  un  petit 
cadeau  en  reconnaissance  des  bienfaits  de  MM.,  eu  implorant  de  nouveaux 
secours.  Arrêté  :  que  les  deux  seigneurs  qui  ont  déjà  traité  avec  ceux  de 
St.-Jean  et  des  Chartreux  les  engageront  amicalement  à  l'entrotcnir  encore 
un  an,  et  informeront  le  D'  Franciscus  qu'il  ait  à  s'arranger  en  consé- 
quence; s'il  ne  veut  ou  ne  peut  pas  le  faire,  on  ne  devra  pas  le  laisser  mourir 
de  faim,  mais  il  faudra  le  nourrir  aux  dépens  des  cloîtres,  afin  de  l'avoir  sous 
la  main,  si  l'on  avait  besoin  de  lui  pour  l'établissement  des  écoles.  Ils  ajou- 
teront qu'il  ne  doit  rien  imprimer  ni  pubher,  avant  d'en  avoir  reçu  l'autori- 
sation et  de  l'avoir  fait  examiner.» 

T.  1.  27 


418  (JECOLAMPADE  A  GUILLAUME  FAREL,  A  STRASBOURG.  1526 

seille  a  nos  chers  seigneurs,  les  Français  exilés,  de  ne  point  se  bâter   de  regagner 
leur  patrie.  Saluez  Pomelius  [d'Arande],  Antoine  [Le  Fèvre]  et   Wolfhard. 

Joannes  (Ecolaiiipadius  Giilielmo  Farello  fratri  ineo  in  Cliristo 
charissirao. 

Pacem  Ghrisli!  Gharissime  Gulielme;  erubescere  me  fecisti  rubro 
luto,  iiualuor  coronatis,  pan^am  corollam,  aniici  pectoris  tibique 
plane  addicii  s\ mboluni.  retradendo.  Decepit  te  ntmor.  quôd  magna 
ffjestalplaborctu  :  non  ita  est.  Doniinus  hactenus  pièces  meas  exau- 
divit,  et  nec  divilias,  nec  paupeitatem  dédit.  Nobis  eliam  tenuitas 
pro  magnilîcentia  fiieiit.  At  ego  in  causa  fui.  rjui  nuper  scripsi, 
crumenain  nieain  non  oneratam.  Verùm  num  putas  propterea  ex- 
haustam,  ita  ut  tu  gravandus  sis?  aTropô?  hpe,  nescio  an  tibi  remit- 
tain,  vel  liicpauperibus  dispensera.  Oro  te  per  misericordiam  Gbrisli, 
si  opus  est  tibi  pecunia.  ut  illam  kJoanne  Vuatensclme^  recipias,  et 
ego  illi  reddara  :  imô  accipe  duplam.  et  ego  restituaui.  Tarn  nihil 
est  in  meo  penu,  quod  non  tuissimum.  Nonduni  ita  pauper  fui. 
quin  si  bodie  morienilum,  pauperiorem  voluissem. 

Impetrarimm  literas  à  Redore  imiversitatis,  tuo  noniine^  :  qui- 
bus  artibus,  cognosces  à  Vuatenschne.  N.  noster^  captus  detinetur 
in  BumUuaosa  *,  ipiimpie  niillibus  à  Métis,  sub  Lotharimjo.  Gonlido 
in  Domino,  (piôd  illum  nobis  vel  vivnm  confessorem.  vel  mortuum 
martyrem  servabit.  0  peclus  innocens  !  at  quàm  lenlis  vestigiis 
ego  à  longe.  Nollem  clian'<isimos  doiiiiuos  nieos  GnUos  ^  proporare 
in  Gnilitun.  nisi  rébus  hene  explorât is.   rbi(|ue  daimonis  lecbna-. 

'  Libraire  à  Bâie  (V.  les  N»'  109  et  120). 

*  Le  recteur  de  l'Université  était  alors  le  professeur  de  droit  Boni- 
face  Amerbach.  La  lettre  qu'il  consentit  à  écrire  était  peut-être  un  certificat 
relatif  à  la  conduite  de  Farel  à  Bâle  et  à  ses  rapports  avec  l'Université, 

*  L'exemplaire  de  Farel  (N"  111,  note  8)  présente  les  mots  *  Petrus 
Tossanus  »  écrits  par  le  réformateur  à  côté  de  ce  passage.  Nous  avons  vu 
plus  haut  (X»  121,  note?)  que  Pierre  Toussain  dut  quitter  Bàle  dans  les 
premiers  jours  d'octobre  1525,  muni  d'une  lettre  pour  Guillaume  Budé,  qui 
résidait  à  Pariai.  Érasme  l'avait  également  recommamlé  à  Mifliel  de  Baudet, 
évêque  de  Langres  (Erasmi  F]pp.  Le  Clerc,  891).  Ou  ignore  quelle  fut  la 
destinée  de  Toussain  depuis  son  départ  de  Bâle  jusqu'au  moment  où, 
comme  il  nous  l'apprend  lui-même  dans  sa  lettre  du  26  juillet  1526,  il  fut 
livré  par  les  chanoines  de  Metz  à  l'inquisiteur  du  saint-siége. 

*  Pont-à-Mousson. 

*  Il  veut  parler  de  Le  Fèvre  et  de  ses  compagnons  réfugiés  à  Stras- 
bourg (N"  168,  note  1).  Le  prochain  retour  de  François  I"  inspirait  quelques 
espérances  aux  amis  de  l'Évangile.  Capiton  écrivait  à  Zwingli,  le  7  mars  : 


1526        MAROIEHITK  d'aNGOUI.È.MK  AU  COMTK  S.  DK  HOHKM.OUK.         419 

Venim  obtempèrent  spiriliii  Cliristi.  (|iii  illos  niiiKiiiain  (léserai  f 
Mi  Farelle,  spero  Doininiiin  coriservatunim  ainicitiam  nostram  im- 
morfalem;  et  si  hîc  conjiinj,à  ne(piiiiiiis.  l.iiito  heatius  alil)i  apud 
Christiim  erit  conluberninm.  Sahila  ConieliumHerqnG  qiiaterijue, 
Antonium  '  non  minus,  sed  et  alios  fratres,  ac  Bonifacium  *  quo- 
que.  Vale.  et  Ghristum  pro  me  ora.  9.  Marlii,  Basileai  (1526) ^ 


171 


MARGUERITE  d'angoulême  au  comte  Sigismond  de  Hohen- 

lohe  * ,  à  Strasbourg. 
(De  .  .  .  .  )  9  mars  1526. 

Joli.  Christian  Wibel.  Merckwùrdige  Lel)ens-Geschicbte  des  Grafen 
Sigraunds  von  Hobenlobe.  Franckfurt  u.  Leipzig,  il\S.  in-i".  p.  62. 

(TRAnUIT    DE    l'allemand  *.) 

.Sommaire.  Elle  remercie  le  comte  des  lettres  de  consolation  qu'il  lui  a  écrites  et  de  la 
charité  qu'il  a  témoignée  aux  Français  réfugiés.  Dès  que  le  Roi  sera  de  retour,  il 

«  Gain  jjiisshni  ad  iter  se  accingimt  obviam  itiui  Bcgi,  et  nomim  ejeciorum 
Christianorum  sequissimas  couditioues  postulaturi.  »  (Zuinglii  0pp.  Vil,  480.) 

^  Ou  lit  à  la  marge  de  l'exemplaire  de  Farel  :  «  MkJtaeîem  Arandiwn, 
^piscopum  Tricastrorum.  » 

'  Note  de  Farel:  «  Jacobum  Fabrum  Stapiihnsein,  qui  Antoniiis  dico- 
batur  »  (Ibidem). 

**  Boniface  Wolfltard  (N"  95,  note  2,  et  N°  151,  note  15).  Nous  iguo- 
rons  les  circonstances  qui  le  contraignirent  à  se  retirer  à  Strasbourg,  au 
commencement  de  l'année  1525  (Voyez  Herzog.  Vie  d'Œcolampade,  éd. 
ail.  I,  353).  Œcolampade  lui  adressait  le  18  octobre  de  la  même  année  une 
lettre  où  l'on  remarque  les  passages  suivants:  «  Non  dubito,  mi  frutor,  quin 
te  Christus  consoletur  abuude  in  tribulatiouibus . . .  Scripsi  Claudio  l'cutin- 
gero  [V.  N"  114],  sicubi  posses  J^i/^f?/*^  commodius  agere,  sed  nihil  spero... 
Saluta  Capiionem,  Fardhim,  fratresque  reliques,  et  ora  Domiiuim  pro 
me.  »  (Collection  Simler  à  Zuricb.) 

^  Le  millésime  est  écrit  de  la  main  de  Farel  dans  l'exi-mplaire  cité  N"  1 1 1 . 

*  Voyez  le  N°  145,  note  5.  C'était  à  l'occasion  de  la  captivité  de  Fran- 
çois I  et  de  la  mort  de  Charles  d'Alençon  (N"  153,  note  U)  que  Sigisn/tond 


420         MARGUKRITE  D WGOULEME  AU  COMTE  S.  DE  HOHENLOHE.        1526 

les  rappellera,  et  c'est  à  ce  moment  que  le  comte  devrait  venir  en   France  pour  \ 
faire  entenfîre  la  Parole  de  vérité. 


y-M  reçu  en  Espdtjnf  Tune  de  vos  lettres,  et  Tautre  quand  je  me 
suis  de  nouveau  retrouvée  auprès  de  ma  uiére^ ;  elles  ne  m'ont  pas 
apporté  peu  de  consolation,  et  elles  sont  pour  moi  un  puissant 
motif  de  suivre  le  chemin  de  la  rérité,  dans  lequel  vous  me  croyez 
plus  nruncée  que  je  ne  le  suis.  Mais  j'espère  que  Celui  qui.  sans  que 
je  possède  aucun  mérite,  vous  a  donné  de  moi  celte  opinion  dai- 
gnera aussi  commencer  son  œuvre  en  moi.  Vous  ne  me  refuserez 
pas  pour  cela  le  concours  de  vos  fidèles  prières. 

Quant  à  votre  désir  de  venir  en  France,  le  porteur  de  cette  lettre 
vous  communi(|uera  les  heureuses  nouvelles  que  je  viens  de  rece- 
voir aujourd'hui  même.  Et ,  puisque  vous  voulez  voir  le  pauvre 
prisonnier*  que  le  Seifj?ieur  a  voulu  délivrer  après  l'avoir  humilié. 
je  vous  conseille,  si  cela  s'accorde  avec  vos  convenances,  de  venir 
à  la  fin  de  mars,  ou  plutôt  au  milieu  d'avril,  ce  (jui  serait  un  meil- 
leur moment,  car  nous  espérons  que  vous  trouverez  alors  tous 
vos  amis  réunis. 

Je  ne  veux  point  vous  remercici^  du  secours  que  Dieu,  par  votre 
moijeu.  accorde  à  tous  ses  sei'viteurs  *,  car  vous  en  recevez  déjà  une 
récompense  hien  supérieure  à  mes  remerciements  ou  à  mes  louan- 
ges, et  je  suis  certaine  que  l'esprit  qui,  par  voire  foi  vivante,  vous 
unit  à  votre  seul  chef,  vous  inspire  une  vive  satisfaction  de  pouvoir 
prêter  votre  assistance  à  tous  ceux  qui  sont  dans  la  souffrance. 

de  Hohetiloh/;  était  entré  en  correspondance  avec  Marguerite.  La  duchesse 
lui  avait  répondu  le  24  juin  1525,  en  le  remerciant  de  ses  consolations. 
«  Votre  lettre  fait  voir  de  quel  esprit  vous  êtes  animé,  lui  disait-elle.  Aussi 
avons-nous  résolu  de  suivre  votre  conseil,  pour  autant  que  le  véritable 
père  de  tous  les  hommes  nous  le  permettra;  car  votre  opinion  et  jugement 
sont  justes  et  saints,  et  celui  qui  s'y  oppose  est  déjà  condamné...  Il  y  a  beau- 
coup d'amis  selon  le  monde  et  l'apparence,  mais  peu  qui  souliaitent  à 
leurs  amis  le  Seigneur  Dieu.  »  (Wibel,  op.  cit.  p.  61.) 

^  Sigismond  de  Ilohenlohc  avait  traduit  en  allemand  les  lettres  de  Mar- 
guerite, à  mesure  (m'il  les  recevait.  La  présente  lettre  porte  cette  note  du 
comte  :  «  Dieser  brittl  i>t  libi'i  mitwort  U  Martii  152G,  mir  Sigmunden  Graffen 
zu  Ilohenlohc.  » 

*  La  duchesse  d'Alençon  était  arrivée  à  Madrid  à  la  fin  de  septembre 
1525.  Elle  rentra  en  France  vers  le  15  décembre  et  revit  la  reine-mère  à 
Uoussillon. 

*  François  I"  (Voyez  le  N"  173,  note  13). 

*  Allusion  aux  Français  réfugiés  à  Strasbourg  (V.  le  N"  168,  n.  1  et  8). 


1526  MARGUKTUTE  l)A.\(i(tULKMK  A  FRANÇOIS  I.  421 

inina'jinicment  à  ceux  qu'unissent  un  même  e.siuit  et  une  même  foi. 
Mais  fies  que  le  Roi  sera  revenu  en  France,  il  eniurm  rers  eux  et 
les  mpiielleru^. 

J'esiirre  aussi  de  l'iulinie  niiséricoi'de  de  Dieu,  qu'aeec  rotre  se- 
cours la  Parole  de  vérité  sera  entendue  '.  Au  coimiiencemenl.  cdinnie 
vous  pouvez  penser,  il  y  aura  l»ien  (pioUpie  difliculté.  Mais  Dieu 
est  Dieu,  el  il  est  ce  qu'il  est.  quoitiu'il  soil  aussi  invisible  qu'in- 
compréhensible: sa  gloire  et  sa  victoire  sont  choses  toutes  spiri- 
tuelles, en  sorte  que  celui-là  est  vainqueur  que  le  monde  croit 
vaincu,  comme  vous  le  savez  mieux  que  moi  :  aussi  vaut-il  mieux 
me  taire  que  de  parler.  Je  désire  vous  voii*  pour  recevoir  de  vous 
instruction. 


Votre  bonne  cousine 

MAlUilKHITK. 


fSiuscriptïou:)  A  mon  cousin. 


172 

MARGUERITE  d'angouléme  à  Françols  I. 
(De vers  le  commencement  cV avril  1526  *.) 

V.  Génin.  Nouvelles  Lettres  de  la  reine  de  Navarre.  Paris,  1842. 
p.  77.  Autographe,  liibl.  Impér.  Suppl.  franc,  n"  2722.  lettre  73. 

SoMMAïKK.   Kilo  remercie  le  Roi  de  la  protection  qu'il  a  accordée  «  pour  l'honneur  de 

Dieu  11  à  Louis  de  -Berquin. 

Monseigneur,  le  désir  que  j'avois  d"obéir  à  vostre  coumande- 
raent  estoit  a.ssez  grant.  sans  Tavoir  redoublé  pai'  la  cherité  qu'il 

•*  Érasme  se  sert  d'une  expression  plus  significative  eu  parlant  du  re- 
tour de  Le  Fèvre  en  France  :  «  Jacohics  Fubcr,  qui  inetu  profiigerat,  non 
ob  aliud,  nisi  quod  verterat  Evangelia  gallicè,  revotât  us  est  in  aulam.  » 
(Lettre  à  Pircklieimer  du  6  juin  1526.  Le  Clerc,  p.  940.) 

"  Voyez  la  note  1,  et  les  lettres  de  Marguerite  du  11  mai  et  du  5  juillet 
suivant. 

'  Le  jour  même  de  sa  rentrée  en  France  ^K  mars),  Fran(;ois  1*'  avait 
écrit  au  Parlement  de  Paris  pour  lui  ordonner  de  suspendre  la  procédure 
de  Berquin  (N*  173,  n.  13).  Selon  Chevillier  (Origine  de  Timprimerie  de 


422         LOUIS  DE  BERQUl.N  A  ÉRASME  DE  ROTTERDAM.        1526 

roim  a  \ileu  faire  nu  fiouvre  Bevquin.  selon  vostre  proumesse^  ;  dont 
je  suis  seure  que  Celuy  pour  qui  je  croy  qu'il  a  souffei't  aura 
agréable  la  miséricorde  (|ue,  pour  son  honneur,  avez  fail  à  son 
serviteur  et  au  vostre.  VA  ccu.v  qui.  en  vostre  trihulacion.  ont  oublie 
et  Dieu  et  vous  ^  connoislronl  leur  malice  lîaxoir  seu  faire  ingnorer 
vérité  à  Pesperit  que  le  Tout-Puissanlvous  a  donné;  dont  inaindre 
ne  sera  lenr  confusioji  que  la  gloire  perpétuelle  que  vous  en  ren- 
dra Celui  qui  par  vous  augmente  la  louange  de  son  nom:  dont  II 
fera  le  vostre  immortel  en  ce  monde  et  en  l'aultre.  Et  de  cete 
grâce  me  sens  tant  obligée,  que  j'ay  supplié  Madame*  faire  poui- 
moy  ce  que  je  confesse  m'estre  impossible.  Et  ne  vous  .saicliant 
rendre  aultre  grant  mercy  que  d'obéissance,  ne  fauldra  d'ung  seul 
jour  à  vostre  coumandement 

Vostre  trôs-liumble  et  très-obéissante  subjecte  et  mignonne 

Marcueritk. 


173 

LOl'ls  DE  berquin'  à  Érasme  de  llotterdani,  à  Bâle. 
De  Paris,  17  avril  1526. 

Erasmi  EpistoUe.  Éd.  Le  Clerc,  p.  H 12. 

80MMAIRK.  Les  Sorboniste.i  m'ont  de  nouveau  accusé  d'hérésie,  parce  que  j'avais  tra- 
duit en  franvais  quelques-uns  de  vos  ouvrages.  J'ai  tout  de  suite  entrevu  quel  était 
leiu'  dessein  :  faire  brûler  imx  livres,  puis  le  tradrielew,  s'il  ne  voulait  pas  abjurer  les 

Paris.  Paris,  1694,  in-4'',  p.  177),  le  roi  aurait  renouvelé  cet  ordre  le  premier 
avril  1526. 

*  Voyez  la  note  1  ot  le  N°  suivant.  On  lit  dans  une  lettre  di'  Marguerite 
adressée  «  au  grant- niaistre  de  France  »  {Anne  de  Montmorency,  que  le  roi 
avait  élevé  à  cette  charge  le  2.3  mars  152G):  «  Mon  fils,  depuis  la  lettre  de 
vous  par  ce  porteur,  j'ay  receu  celle  du  bailUf  d'Orléans  [Jacques  Groslot], 
vous  mcrciant  du  plaisir  que  m'avés  fait  pour  k  jxnivrc  Berquin,  que  j'es- 
time anltanf  que  si  r'ostoit  moy-mesmcs,  et  par  cela  pouvés  vous  dire  que 
vous  vùivcs  tirée  de  jnison,  puisque  j'estime  le  plaisir  fait  à  moy.  »  (Génin. 
Lettres  de  Marguerite,  1841,  p.  219.) 

^  Voyez,  p.  390,  le  passage  commen(;ant  par  ces  mots  :  <  Régis  nostri 
vintula  advcrsariis  adeo  erexerunt  cristas,  ut  jam  sihi  persuadeant 
triuiiiphum.  > 

*  La  roino-mère. 

'   Vovc/  les  N"  147  et  156. 


1526  LOUIS  DR  BKRQUIN  A  ÉRASMK  DR  ROTTEFIDVM.  V2'{ 

îibominables  hérésies  qu'ils  vous  attribuent.  Mais  je  n'ai  rien  abjuré  et  j'ai  soutenu 
au  contraire  que,  pour  un  homme  bienveillant  et  de  bonne  foi,  il  n'y  a  pas  l'ombre 
d'une  hérésie  dans  vos  ouvrages  ;  j'ai  rappelé  toutes  les  marques  d'approbation  que 
pliisieiu'S  papes  et  un  grand  nombre  de  cardinaux  et  de  princes  vous  ont  accordées  ; 
enfin  j'ai  fourni  la  preuve  que  la  traduction  incnminée  différait  entièrement  de  ma 
t.iodtiction  manuscfite.  Sur  ces  entrefaites  les  délégués  du  pape  ont  reçu  de  la  reine- 
mère  deux  lettres  qui  les  invitaient  à  suspendre  mon  procès  jusqu'à  l'arrivée  du  roi; 
ils  n'en  ont  pas  moins  continué  à  m'interroger  sur  les  articles  «  scandaleux  et  sen- 
tant l'hérésie  »  que  les  théologiens  [de  la  Sorbonne]  avaient  extraits  de  vos  livres. 
C'est  en  vain  que  je  me  suis  efforcé  d'en  rétablir  le  véritable  sens  Après  s'être  ad- 
joint trois  religieux  que  j'avais  cependant  récusés,  les  juges-inquisiteurs  m'ont  dé- 
claré hérétique.  Peu  satisfait  de  cette  précipitation,  le  Parlement  allait  reviser  tout 
le  procès,  lorsque  le  Roi  lui  a  ordonné  d'attendre  son  arrivée. 

Je  vous  envoie  la  liste  des  passages  incriminés  par  mes  juges.  Fai/es-h'n-  um-  ré- 
ponse directe,  développée  et  munie  d'arguments  puisé'!  dans  l'Écriture  sainte,  afin  que 
le  Roi,  votre  constant  admirateur,  puisse  dire  après  l'avoir  lue,  que  nos  Théologiens 
n'ont  pas  été  heureux  en  s'attaquant  à  vous.  Envoyez-lui  aussi  une  lettre  de  félici- 
tation  au  sujet  de  son  retour  en  France.  V^otre  messager  pouiTa  être  informé  â  l'Éeu 
de  BdU  ou  chez  BéravXd  du  lieu  de  ma  résidence. 

Ludovicus  Bei(|uinns  Erasmo  Rolerotlaiiio. 

Rursum  crabrones  inilali.  Hœreseos  me  accusarimt  apud  Sena- 

tum  ac  (klefjdtos  Papœ-,  non  ob  aliiid.  quam  quôrl  hiculmitiones  tuas 

aliquot  in  rcmaculam  verterùti  IfnywiDL  in  iiuibu.s  bœreses  im- 

piissimas  aiisi  s^lnta^irmaI•e^  Olfeci  protiniis.  ({uidnani  illimoliren- 

2  Voyez  le  N°  162,  note  8. 

^  Berquin  passe  entièrement  sous  silence  son  arrestation  et  son  empri- 
sonnement à  Paris.  Nous  suppléerons  à  cette  lacune  par  le  fragment  suivant 
d'un  chroniqueur  contemporain  : 

«  Au  dict  flH  (1526;i,  au  mois  de  jancier,  fut  envoie  quérir  prisonnier,  de 
par  la  cour  de  Parlement,  un  gentillwmme  qui  estait  à  AbbeviUe,  nommé 
Barquin,  qui  fut  amené  en  la  Conciergerie  du  Palais  à  Paris,  par  l'huissier 
Mailly  ;  et  fut  ce  faict  à  cause  qu'il  estoit  luthérien,  et  avoit  autrefois  esté 
reprins  par  la  dicte  cour,  de  ce  qu'il  tenoit  la  doctrine  de  Luth-r  :  et  en 
fut  prisonnier  en  la  dicte  fJonciergerie  [en  1523,  V.  le  N"  147,  note  5j,  mais 
en  cschappa,  parceque  madame  la  Régente  en  avoit  évocqué  la  cause  au 
Grand  Conseil,  et  l'envoia  quérir,  et  en  vouloit  avoir  la  congnoissance,  affin 
de  le  saulver  ;  mais  il  luy  fut  envoie  par  la  dicte  cour,  chargé  du  cas,  et 
iiéantmoins  quelque  temps  après,  il  avoit  esté  élargi  par  le  dict  Grand  Con- 
seil, sans  en  avoir  esté  aucunement  absoulz,  où  il  persévéra  encore  en  son 
propos.  Dont  à  ceste  cause,  la  dicte  cour  le  renvoia  quérir  [en  janvier  1526], 
comme  dit  est  devant,  et  environ  huici  jours  après  son  arrivenient  à  Paris, 
le  dict  Mailly,  huissier,  fut  renvoie  au  dict  lieu  à' AbbeviUe,  et  es  environs, 
de  par  la  dicte  cour,  pour  informer  de  la  vie  du  dict  Barquin,  pour  y  pour- 
voir par  justice.  FA  depuis,  la  dicte  cour  fat  son  procez,  tellement  qu'il  fut 


424  LOUIS  DE  lîEHQUlN  A  É15ASME  DE  ROTTERDAM.  1326 

tur.  iil  vidc'liL-el  libri  Enismi,  si  diis  placet,  velul  licL'ielici  crema- 
renlur,  el  una  cum  eis  Beiquinm,  ni  taiiquam  laies  aljjurarel.  Quod 
si  abjiiraret,  satis  illis  hoc  esse  vindicljfi,  si  Berqainum  insigni  el 
lierpelua  notassent  infauiia. 

Ego  qui  milii  consciiis  erani,  niliil  e\lare  in  iii)ris  luis.  (|uod  ve- 
lul liaîrelicum  essel  alijurandum,  cum  milii  fama  (|iiàni  vita  cha- 
rior  essel,  iwine  abjuravi  qnicqiinin  et  le  eum  esse  nffniiitiri.  de  quo 
ne  minium  quidcnt  esset  luibeiula  liœreseos  suspicio  :  lucuhrationes 
tuas  à  INinlif.jice]  Leone  A' comprobatas-*.  Adrianuiii  Ponlilicem  le 
ipiam  benignissimè  non  solum  lileris  unis  el  alleris  propria  sua 
manu  scriptis,  sed  el  per  Legalum  Romain  advocasse*:  toi  Cardi- 
nales, toi  Principes  egregiè  de  le  el  sentire  et  loqui:  quin  et  Cle- 
mentein  Ponlilicem  lileris  suis  el  amplissimo  mtinere.  ipiasi  jndicii 
sui  pignore,  salis  déclarasse,  quàm  illi  placuerit  paraplirasis  tua  in 
Acta  Apostolorum''.  Erasmumque  solum  illi  visuiu  idoneum,  qui 
Jo.  ORcoloiiipadii  dogma  de  Eucharistia  refellerel.  nam  id  lum  forte 
à  nescio  quo  resciveram.  quod  an  verum  sit,  scribe  quiuso.  Adjeci. 
me,  cum  verlerem  lucuhrationes  tuas,  nihil  illic  ollendisse  indig- 
num  homine  Ghrisliano,  si  modo  onniia  simul  leganlui'.  non  ca- 
lumniandi  animo.  sed  candido  et  sincero.  Quod  si  quid  ollendere- 
tur  in  libris  luis  diversum  à  doclrina  Chrisliana,  nihil  aliud  exisli- 
maiidum  quàm  aut  lihrumessedepravalum.  aul  essesupposilicium. 
de  quo  lu  non  semcl  conquestiis  esses,  alqne  ndeo  firnr/niis  his 

hruit  qu'il  estoit  conclud  à  mourir,  après  que  les  coiuinissaires  qui  estoient 
déléguez  le  rendirent  à  la  justice  laye,  en  le  déclarant  hérétique  [12  mars 
1525,  avant  Piques,  1526,  d'après  le  nouv.  style]  ;  mais  Madame  la  Régente 
manda  à  la  dicte  cour  que  Von  îiurcénst  Vexéeution  jusques  à  In  venue  du 
Roy.  Et  depuis,  le  Roy  arrivé  manda  à  la  dicte  cour  qu'on  ne  le  fist  mourir 
et  qu'on  le  gardast  tant  qu'il  fut  en  France.»  (Journal  d'un  bourgeois  de  Paris, 
p.  277.)  Voyez  aussi  la  lettre  d'Érasme  du  G  juin  1526  adressée  àPirckhei- 
mcr:  «  Lndovicum  Ikrqu'nunn  pra^fectum  et  consiliarium  regium,  itentm 
ronjecenmt  in  larcerrm,  mm  oli  aliud  nisi  quôd  libellos  quosdam  meos  ver- 
tisset  gallicè.  »  Érasme  écrivait  encore  le  27  août  à  Guillaume  Cop  : 
«  lierquinm  in  cnrcere  disputât  cum  Theologis.  Rcr  satagit  rerum  suarum. 
Precor  ut  Deus  omnia  vcrtat  in  lœtos  exitus.  »  (Erasmi  Epistolaî.  Éd.  Le 
Clorr,  p.  «MO  et  04 G.) 

*  Voyez  la  lettre  de  Léon  X  à  Érasme  datée  du  2G  jamier  1516  (Le 
Clore,  1G6\  et  le  bref  papal  du  10  septembre  1518,  placé  en  tète  de  la  se- 
conde édition  du  X.  T.  d'Érasme. 

*  Voyez  les  doux  lettres  d'Adrien  VI  à  Érasme,  datées  du  1"  décembre 
1622,  et  du  23  janvier  1523  (Le  Clerc,  p.  7.35  et  744). 

*  Voyez  le  N"  121,  notes  11  et  12. 


1526  \A)VIS  UK  BKRyUIN  A  ÉIIASMK  l)K  HOTTKHDAM.  425 

diebua  lileris  ad  Bciltiin  datis".  no  piilaivnl  lioc  à  me  conlingi. 
Qaod  ad  traduclioiieiu  allinehat.  oslendi  illis  niaiiifcslis.siinas  ca- 
liimnias:  lanlum  iiileresse  inler  sliluin  ineuni  ol  illIiH  ciiitis  pro- 
ferebanl  versionein,  (iiianUiin  inleresl  inler  vnipem  et  cameliiin  : 
suppositicium  esse  tiluhnn.  supposilkiiini  esse  nonieii.  addita  esse 
niulla.  iikiia  oniissa.  pliirinia  ab  inlerprele  indocio  dep^a\ala^  A(- 
que.  ne  putai-ent  liis  me  iliclis  eHugiiim  [)arare.  ohiitli  l'.r  (iHtogra- 
liliis  nieis  fuletn  me facturuni,  renine  anfulsa  diccreni. 

Al  delegali,  quan(iuani  binis  lileris  Hef/iœ  nmfri.s  jussi  fuissi-nl  in 
hoc  negocio  supersedere  ad  reginm  usque  adventnm.  proplerea 
quod  lier  Christianiss.[imus]  in  animo  hal)eret,  de  Fabri,  de  iiieo,  de 
aliovum  quonnuhnii  siiiiili  negocio,  cunsulereviros  egregios.  doclos 
et  curdalos.  eosque  constiluere  judices-',  tanien  aut  impolenliâ 
odii  aut  in  graliam  Theologoriim,  aut  denique  suas  timenles  tvran- 
nidi,  posteaquam  in  Evasmi  nomen  satis  essent  debacchati.  ilUim 
hœrelicum  el  aposlalam  subinde  damantes,  et  Berquinum  illius 
faulorem.  prodiiveruntarticulos  à  Iheologis  ex  libris  tuis  decerptos. 
ut  aiebant.  truncatos  lamen  ac  mutilos,  quos  liœreticos,  scliis^malicos. 
scandalosos,  olentes  iiaresin,  lioc  est,  ipsis  displicentes,  asserebant. 

Longum  esset,  Erasme  doclissime,  recensere  qnid  ego  responde- 
rim.  Hoc  soluni  nunc  babe.  mibi  ne  in  unico  quidem  arlicub)  cum 
illis  convenisse.  neque  lamen  quicquam  à  me  diclum  est  perlina- 
citer,  sed  vel  sentenliam  sum  interpretatus,  vel  ex  prœcedenlibus 
dixi  articulum  declaratura,  vel  aliam  esse  menlem  tuam,  (luàm 
verba  sonare  viderenlui\  vel  aliquid  déesse,  vel  exeinplar  coi"i"up- 
tum  esse.  deni(|ue  modis  omnibus  cavi,  ut  neque  malevolo  illorum 
animo  obscijuerer,  neque  illi  juslam  causam  baberenl,  sieviendi 
in  me,  aut  in  libios  luos.  Nec  omisi  proleslaliones.  quas  vocani. 
innumeras.  At  illi.  sprelis  prolestationibus.  spreto  regiœ  iinitris 
edicto.  cum  ne  verbuin  (juidem  dixissem  alienum  à  Dde  calbolica. 
tamen  adliibitis  tribus Monachis,  quos  lamen  prius  ut  suspectos  recu- 
saram  (pnecipuè  Carthusianum  priorem  '").  velut  non  omnino  bené 
volentes  Erasme,  el  qua'  ille  in  ipiosdam  ineplos.  ul  pôle  siitores, 

'  Cette  lettre  à  Beda  manque  dans  la  collection  des  Lettres  d'Erasme. 

*  A  notre  connaissance  il  n'existe  pas  d'oxomphiire  de  cotte  traduction. 
dont  le  titre  portait  faussement  le  nom  de  IJerquin. 

^  En  1523  François  I"  avait  nommé  une  commission  pareille,  pour  exa- 
miner les  ouvrages  de  Le  Fèvre  (V.  le  N°  165,  note  3). 

'"  Dans  sa  lettre  du  1"  juillet  1529,  Érasme  dit  que  le  second  de  ces 
moines  était  le  prieur  des  Célestins. 


420  LOL'IS  DK  BERQUIN  A  ÉRASME  DE  ROTTERDAM.  1526 

scripsis.sel,ad  lotum  ordinom  trahentes.  «oa?  reriti  sunl  meprotiun- 
liaro  ha'ii'ticinii  et  hœreticorum  fautorem  ". 

Senntus  quani|uani  aliàs  satis  prieceps  ad  liujusmodi  négocia  '-, 
tanien  vel  hoc  uno  ahunde  testaUis  est.  non  placere  sibi  tam  praeco- 
cem,  et  iil  il;i  dicani.  pru'cipitatani  sentenliam,  quod  me  ab  ovo  us- 
que  ad  niala  aiidire  decreveiil.  frendenfibiis  (am  delegatis.  quani 
fboologi>. 

Hex  Cbrislianiss.[inins]  eo  dip.  qiio  patriam  est  intrres>us  '%  edoc- 
tiis  de  re  omni  per  Matreni.  piolinus  faducoaforeni  misit  ad  Se- 
iialiim  cum  literis  suis:  jubet  expectari  advenlum  in  liac  re  suuni. 
Pru'sidibiis  Senatiis  prapcipit  per  alias  literas.  BenjutH/  curam  sus- 
cipiaiit.  illiiis  aut  vitani  auf  morleni  ab  illis  reposturum. 

Habes  paucisTragœdiain />/-^?/mL  Unum  hoc  inprimis  non  erat 
(iniilteiidiini,  quod  in  Paraphrnsi  tua  ReyidiraUO*  (cujus  exemplar 
à  me  versum  cuni  nonnullis  aliis  libris  à  me  abstulerant)  nihil  de- 
signarinl.  id  (jiiam  ob  rem  satis  conjectare  potes.  Yisumesf  aulem 
intérim,  dnm  Regiam  iMaJestatem  expectamus'^  articulos  ab  illis 
designalos  ad  te  miltere.  Mitto  quidem  omnes.  (juotquot  designa- 
runl.  sed  «pii  sunl  pra'cipui.  id  est.  quos  maxime  urgebant.  eos  no- 
taAÎ  digito  in  niargine.  Tuœ  fuen't  huninnitatis  resiiondere  iUorum 
<(ili(iiinia'.  idque  non  obiter.  quein  ad  modum  resjiondisti  Iip(l(p. 
sed  ('(qiiosi'.  ari/ioiicntis  et  diitlioritale  Scn'pturœ.  Rex  hoc  honoris 
habel  lùastiio.  iil  dicat:  -•  Thecdogos  istos.  nim  neminem  non  im- 
pelant,  audaces,  ab  Evasino  lamen  senqter  tiiuidus  abstinuisse.  ^ 
Fac.  ul  idem  cognoscat.  (pi;uu  non  féliciter  nunc  primuui  banc 
rem  sint  aggre.ssi.  Magnus  semper  admirator  fuit  tua'  doclrinai,  ma- 

"  La  coiulamnation  de  Berquin  eut  lieu  après  la  censure  détaillée  que 
pronou(,-a  la  Sorbonne  le  12  mars  1525  (1526,  nouv.  st}le\  à  la  demande 
des  juges-inquisiteurs  institués  par  la  cour  de  Rome  (Voyez  d'Arpcntré, 
I1,42-4G). 

'2  Voyez  le  N"  118,  note  8. 

'^  C'est-à-dire  le  17  mars  1526.  Ce  jour  même  François  I  écrivait  ù  ses 
ambassadeurs  en  Suisse  une  lettre  datée  de  Bayonne,  dans  laquelle  il  leur 
disait  :  «  Vous  le  général  Morrlei  vi  lioijuriynuJt,  je  vous  advise  que,  grâces 
à  Dieu,  je  suis  inhentemcnt  arrivé  en  ccste  ville  de  Bayonne  délivTé  de 
toute  prison,  dont  vous  advertirez  mes  bons  amys  les  seigneurs  des 
Ligues...  > 

'*  Le  1"  décenil)re  1523,  Ér;isme  avait  dédié  au  roi  de  P'rance  sa  Pa- 
rajihra.sf  nur  rhatfgile  de  St.  Marc. 

'•■  Fran(,oi,s  I"  ne  lit  son  entrée  publique  à  Paris  que  le  14  avril  1527 
(.Journal  d'un  bourgeois,  p.  318). 


I 


1526  H.-C.  AGRIPPA  A  MICHKL  d'aRANDE  [a  COGNAC].  427 

jor  futurus  esl.  iilii  tlieolofjroruni  ineptias  pleniiis  co/ïnorit.  Tunr 
liîc  vulgo  jactalur.  TItcologos  Sorf/oniros  lof  (itinis  nilul  ùitellexissp 
in  Ërnsnii  Ubris,  nec  inajutim  (/ui(<jii<ini  intclh'rturos  esse,  si  non 
adsit,  qui  illos  i)i  lin<iuuw  rertnt  yallicam. 

Responde.  qiueso.  copiose.  nani  (|iii<ipikl  actum  fuefil  ad  Heijern 
perfereliir.  Expectabit  laltellaiius,  (]iiaiiidiii  voles.  iie([ue  clamila- 
t)il.  spej'o,  eflhixisse  vialicuni.  Qiiod  si  voles  siniul  iiiiltere  Pnne- 
gfl)ici(ni  (jiatulatoriuHi  nostro  Prinripiinpatridiii  reduri^^.  qiiem- 
admoduin  jam  prideiii  adnionueram '",  âge,  pru'stolabitui-.  Aiitsi 
niavoles  liiinc,  post  ailiculos  à  le  receplos.  ad  me  redire,  et  Pane- 
gyriciim  per  alium  ad  nos  iniltere,  fac  ut  voles:  non  redibit  tabel- 
larius  quem  milles,  vacuiis  munere  honoridco  :  ejus  rei  libi  lidem 
do.  Apud  scutum  Bnsileense^^  aiit  apiid  Bnaklum  *''  sciel  tabella- 
rius.  ubinam  fueio.  (]iianqiiam  UoiabJus  nunc  jiliuimuni  abest  ab 
urbe.  Vale,  doclissinie  Era.sme,  et  Ludovicum  luum  perge  inter  tui 
observanlissinios  numerare.  Lulelia',  17  Âpril.  1526. 

Ignosce.  (juceso.  inepliie  nolularuni  niearuni,  pncserlim  in  des- 
criptione  articuloriini.  nam  et  cegrotabam.  nec  volui  rein  banc  cui- 
quam  patefacere. 


174 

HENEi- CORNELIUS  AGRIPPA  à  Mlchcl  d'Araiidc  [à  Cognac]. 
De  Lyon,  7  mai  1526. 

.\grippa'  Opéra.  Éd.  cit.  Pars  11.  Lib.  IV.  ep^  7».  p.  835. 

iSoMM.MKE.  Notre  ami  Jean  Chapelain  m'a  fait  savoir  que  mon  traite  sur  le  Hanaçc 
est  blâmé  par  certains  savants  de  la  cour,  qui  voient  peut-être  dans  cet  torit  la  con- 
damnation de  leiu-  vie  dissolue.  Ils  agiraient  plus  loyalement  s'ils  me  reprochaient 
en   face  mes  erreurs,  comme  l'a  fait  le  Père  Céneau.  Veuillez  prendre  ma  défense 

»^  Érasme  écrivait  le  15  mai  à  son  ancien  secrétaire  lUlaire  Bcrtolph, 
qui  habitait  la  France:  «  Instrue  nos  quomodo  gratiilanduni  sit  FranciscOy 
regum  optimo,  ad  suos  reduci,  idque  qiiàm  primum.  »  (Le  Clerc,  p.  937.) 

'"  Cette  lettre  de  Berquin  est  perdue. 

>8  C'est-à-dire  à  Paris,  à  la  librairie  de  Conrad  Jiesch,  qui  avait  les  ai- 
moirics  de  Bâle  pour  enseigne.  fV^oyez  aussi  le  N"  181,  n.  19.) 

'S  Nicolas  BérauU.  V.  le  N"  14,  note  1. 


MH  ii.-f;.  AiiRipPA  A  MinHFx  d'arande  [a  cognac].  i526 

contre  ces  gens-la  et  recommander  mon  ouvrage  à  voire  tUtutre  Pnncesse.  à  qui  je 
l'ai  dédié. 

Siio  Micliaeli  de  Ai-ando.  Episcopo  Sancti  Pauli  in  Delphinalu'. 
pio  ac  verè  ïlieologo.  Domino  suo  observandissimo.  Henricus 
Cornélius  Agrippa  S.  I).  in  omnium  sainte  Iesl  Christo. 

.Miilla  (juondain  de  conjugio  doctissimè  scripsit  gravis  aulor 
ïheophraslus.  Qua  occasione  merelrices  onnies  in  se  concilavit. 
è  (juihus  prosiliil  LeontiumMetrodori  scortum,  quie  contra  tantuni 
virum  etiani  librum  ederet;  unde  tandem  proverbium  natum  est. 
Arborem  suspendio  eligendam.  Sic  scripsi  ego,  pra-terilis  diebus. 
(ledit mntimiculit III  de  Sacramento  Mntrimonii ,  qunm  Ilhistrisshiiœ 
l^rincipi-  (h'iliciiii.  cujus  sermo,  ut  scripsit  ad  me  CniicUnnus 
nostevK  nonnuUos.  ipii  tanien  de  enidilonim  numéro  censeri  vo- 
lunt,  oITendit. 

Verùm  ego  udu  sideo  (lorlè.  ut  liei'i  solet.  in  re  projiria  ca'cu- 
liens)  (piid  illi  in  libéra  declamatione  tantopere  criminari  valeant. 
Quôd  si  Mdtiiiiionil  Sacranicntuiii  illi.s  nimiùm  extulisse  videur. 
oifdNt  ijisi  fiarfes  mstitatis  suœ,  et  facile  concedani  illis  banc,  licel 
inler  Sacramenta  uoii  numeretur.  lamen  esse  buic  Sacramento 
longé  [MU'ferendam.  Si  (juid  aliud  est  {|uod  illos  malè  babet,  de- 
berenl  niibi  errata  niea.  luodo  j>ul»lica  siul.  iii  faciem  prostituere 
polius.  quàm  posl  terga  apud  aliquot  aulicas  midiercnlas, sive  etiam 
diiininas.  in  cabnnniam  trabere*:  sic  nauKpie  illoruui  monita,  t|ua 

'  Voyez  l(!  N"  104,  note  4. 

-'  Marguerite  d'AnyouUine.  La  lettre  dédicatoire  du  traité  d'Agrippa  di 
Matrhnonin  se  trouve  dans  ses  (Kuvrcs,  P.  II,  p.  831. 

^  deun  Chapelnin,  médecin  de  Louise  de  Savoie. 

*  Agrippa  répondant  à  inic  lettre  de  Chapelain,  datée  de  Bordeaux  le 
2  avril,  lui  écrivait  le  1"  mai:  «  Scribis  ad  rae.  esse  in  aula  nonnullos.... 
qui  declainationem  ineam  de  Matrimonio  parum  probant ....  Audi  nune  sen- 
tentiam  meani.  Inter  aulicos  Magistros  sunt  qui  fu'das  et  spurcas  scribnnt 
facetias,  et  de  arte  leuonica  comiedias...  At  liiijusniodi  lihri  sine  offensa, 
sine  repreliensione  offeruntur  doniinabus,  et  leguntur  avide  etiam  a  pnellis 
Novella^  Hocatii,  Facetiaî  Pogii,  adulteria  Euryali  cum  Lucretia,  bella  et 
ainore.s  Tristanni,  et  Lancelnti,  et  similiu...  Que  miror,  cordatos  istos  ac 
nasutissimos  censoros,  q)ii  res  |)arvas  tantis  sn-pc  tragiediis  exagitant,  circa 
linjusHKidi  non  modo  siniulutt',  .sed  et  in  illis  perlegoudis,  traducendis.  ex- 
ponendis  plurimum  occupari,  idque  etiam  capita  religionis,  Kpiscopos,  qualLs 
illc  Antjohnncnsis,  qui  amatorias  Ovidii  Ileroum  epistolas  iu  gallicum  ser- 
monem  convertit...  Tu  iffitur  nunc  libcVns  illos  audf nier offcrlo,  uec  putes 
Agrippam  tiium  ...  adco  podagricum,  qui  non  audcat  cum  illis  cord.itis  au - 
licis  censoribus  iu  arenara  desccndere.  >  (0pp.  P.  II,  p.  8:^2.) 


1526  n.-c.  vr.uirTv  \  micmki,  d'arande  [a  cognac].  'j29 

decet  reverenlia.  I»enij»nt'  oxcipeioin.  meiiiie  illis  vel  exiM)nerein, 
vel  piirgarem.  vel  emendareni,  agertMiiqn»'  admoriiloniin  co^(Ji^^- 


nas  gralias. 


Scio  aiiteni.  (|ii(i(l  ilao  siiiil  in  declanialione  nosli-a  iwdi.  ([iiorurn 
ine  inodeslissiniè  coninioiiuil  Reverendissiinus  Paler  CœnnUs\ 
Eins/'opus  Vinr/('nsà,\'\r  admodimi  sorltonicè  doclus  :  Umnn.  (|ii(')d 
videai'  asserei"e,  coiijiujcs  iiropter  (ididlrriioii  .separato.-;.  passa  contra- 
hère  am  aliis.  Respondi  illi.  me  illiid  non  intender-e,  $ed  quod 
ejus  loci  prcPcedens  sequensque  sermo  ostendit,  agere  me  illic  de 
Matrimonii  unitate,  qii3e.jiixta  verba  Domini  individtia  carnis  unione 
consistil  :  ([uam  iinilatem  ego  niilla  alla  divortii  causa  posse  dis- 
solvi  aio,  nisi  sola  fornicalione,  ubi  caro  jamin  pluies  dividitur 

Altcrum  verô,  quod  adnolat  dictus  Episcopus,  id  eraf,  quôd  inter 
eos  quos  à  Matrimonii  lege  exemptas  dixi,  aiebam,  qui  acti  spiritn 
Dei,  perpetmm  castitateni  delegerunl.  Urgebat  eum  hoc  verbum 
«  perpeluam ').  Ian(iuam  rigidum  nimis  el  asperum  bis  qui.  pru 
tempore.  experiuntur  in  se  vires  caslitatis,  nolentes  iiiflrmilalem 
.suam  adligare  perpetuitali.  Respondi  me  idcirco  non  scripsisse, 
«  qni  rorerunt^y.  sed  «  qui  delegerunt  »,  aliquo  videlicet  bono  pro- 
posito.  quo  slante  el  durante  exempli  sunt  à  lege  Matrimonii,  nec 
prius  incipiunt  obligari  conuubio,  donec  incipiant  uri,  ni  forte  au- 
lici  illi  mysla?  putent  melius  esse  scortari  quàm  nubere.  His  au- 
ditis.  Reverendus  Pater  ille  acquievit  sententiae,  oravitque  et  con- 
suluit  sic  per  epistolam  declarari,  ut  auferretur  otlendiculum; 
tandem  Cct'tera  omnia  laudavit. 

Nec  cogitare  possum.  quos  otTendere  possunt  reliipia.  ni  forte 
aliquos  aulicarum  nuitliarum  consultores,  ne  dicam  lenones.  qui- 
bus  ha^c  declaniatio  ollam  eripere  videatur,  aut  forte  qui  Iasci\ia 
perditi.  tanquam  insanientes  equi.  ut  ait  Hieremias.  ad  uxores 
proximi  libenteradhinniunt.  et  adprobari  cuperent  suavitia  mulli- 
tudine  peccantium.  Tuœ  autem  fortitudini  liane  derlamatiunculam, 
Ilhistrissimœ  Principi  tuœ^  dicatam,  nunc  insuper  turudam  com- 
mendo;  teque  ad  hoc  certamen  provoco  conira  ejusnuxb  Cei'beros 
Herculis  instar,  pro  bujus  sacramenti  gloria,pro  ai)sentis  mei^  de- 
fensione.  pro  veritate  ipsa  iceliciter  valitbssinie(|ue  cerlalurum. 
Vale  fœlicissime.  E  Lugduno,  7  Maii,  Anno  132(). 

5  Robert  Céneau,  qui  fut  évoque  de  Vence  depuis  le  7  mai  1523  jusqu'en 
1530.  Le  3  juin  1525,  il  avait  été  élu  trésorier  do  la  Saintc-Cbapolle. 
«  Marguerite  d'Angoidême,  dont  Michel  d'Arandc  était  encore  raumôuicr. 
"  Agrippa  était  eu  disgrâce,  depuis  qu'il  avait  prédit  l'issue  désastreuse 


4.'W)         MARGUERITE  d'aNGOULÊME  AU  COMTE  S.  DE  HOHENLOHE.        1  526 


175 

MARGUERITE  d'anctOULême  au  comte  Sigismond  de  Hohen- 

lohe'j  ù  Strasbourg. 
(De  Cognac),  11  mai  1520. 

Joh.  Clirislian  Wibel.  Op.  cil.  p.  «'*. 

(trauuit  de  l'at,lema.nd.) 

Sommaire.  Le  voyage  du  comte  en   France  doit  être  encore  différé  jusqu'au  inomenl 
où  Tceuvre  dont  Marguerite  s'occupe  «  pour  riionnenr  de  Dieu  »  sera  réalisée. 

Le  11  mai  lo26. 

Que  la  paix  de  Dieu,  qui  surpasse  toute  intelligence  et  que  le 
monde  ne  connaît  pas,  puisse  èlre  si  abondamuient  répandue  dans 
voire  coeur,  que  nulle  contrariété  ne  parvienne  à  le  troubler! 

Je  rends  grâce  à  Celui,  (jui,  par  sa  pure  bonté,  et  .sans  aucun 
mérite  de  noire  pari,  accorde  sa  paix  à  qui  il  veut,  pour  la  nou- 
velle (pie  vous  me  transmellez.  pour  voire  vertu  e!  pour  la  persé- 
vérance en  vous  des  grâces  divines,  comme. j'en  suis  bien  informée. 
Aussi  mon  désir  s'est-il  encore  accru  par  tout  ce  que  j'ai  oui  dire-'. 
Mais,  mon  cher  cousin,  pour  certaine  raison,  selon  le  jugement  de 
tous  ros  iiiiiis,  ce  n'est  pas  encore  le  moment  de  tenir  ici.  Dès  que 
ce  dont  nous  nous  occupons  pour  l'honneur  de  Dieu  ^  se  sera  réalisa, 
je  iireiiipre.sserai  de  vous  en  instruire*,  .fespére,  si  le  Toul-Puis- 

de  la  campagne  du  Milanais.  La  reine-mère,  dont  il  était  le  conseiller  et 
l'astrologue,  lui  avait  promis  en  quittant  Lyon  (février  152G)  qu'elle  l'ap- 
pellerait bientôt  à  la  cour  ;  mais  elle  songea  si  peu  à  remplir  sa  promesse, 
qu'il  resta  près  de  deux  ans  à  Lyon,  attendant  toujours  les  ordres  de  cette 
princesse  et  ne  recevant  pas  même  la  pension  qu'elle  lui  avait  assignée. 

'   Voyez  le  N"  171,  note  1. 

^  Les  réfugiés  français  rappelés  à  la  cour  avaient  sans  doute  fait  de 
grands  éloges  du  comte  S.  de  Ilohenlohe. 

^  Elle  veut  parler  de  ses  efforts  pour  favoriser  en  France  la  libre  pré- 
dication de  l'Évangile.  Roussel  écrivait  à  Farel  le  27  août  suivant  :  «  Non- 
niliil  spei  accre.scit...  sed  hactenus  ohstiterunt  négocia  a  quibus  vixtlum  ex- 
l)licari  (juciuit  qui  nohis  prtc  cckris  faicre  vidcntur.  > 

*  Voyez  la  lettre  de  Marguerite  du  5  juillet  suivant. 


1526  r.UILLAUME  FAHKI,   \  OSWM.O  MVr.ONIlIS,  A  ZURICH.  431 

sant  nous  en  rend  dignes,  (jue  nous  pourrons  achever  ce  qu'il 
nous  a  permis  de  commencer.  Vous  trouverez  ainsi  voti'e  conso- 
lation dans  cette  société  où  vous  êtes  présent,  ipioiciue  ce  ne  soit 
pas  de  votre  personne.  Et,  en  attendant  (jue  nous  nous  voyions 
run  l'autre,  si  vous  pensez  (pi'il  y  ait  ([uelipie  chose  où  je  puisse 
vous  témoigner  mon  atlacliemenl,  j'agirai  comme  jiour  moi-même, 
en  mettant  ma  conllance  en  Celui  par  leijuel  toutes  choses  sont 
possibles.  Je  me  recommande  à  vos  pieuses  prières. 

Votre  bonne  cousine,  entiéremiMil  inutile 
en  Celui  qui  est  toutes  choses, 
Margukiute. 
(Suscription  :)  A  Monsieur  mon  cousin. 


176 

GUILLAUME  FAREL  à  Oswald  Myconius,  à  Zurich. 
De  Strasbourg,  4  juin  152G. 

Inédite.  Traduction  allemande  contemporaine.  Bibliotlié(|ue  des 

pasteurs  de  Neuchàtel. 

(traduit  de  l'allemand  >.) 

Sommaire.  Farei  recommande  â  Myconius  un  ancien  serviteur  de  Claudius  [de  Taurvf], 
qui  voudrait  étudier  à  Witte7nberg.  Les  réfugiés  ont  été  rappelés  en  France  par  le 

'  Quelques  passages  d'un  opuscule  de  Capiton  expliquent  très-bien  les 
circonstances  auxquelles  on  doit  la  perte  du  texte  original  de  la  lettre  de 
Fard.  Cet  opuscule  porte  le  titre  suivant  :  «  Epistola  V.  Fabritii  Capitonis 
ad  Huld.  Ziiinglium,  quam  ab  Helvetiis  forte  interceptain,  D.  Joau.  Faber 
Constautiensis  in  Germaniciim  versam  depravavit,  una  cum  duabus  Epis- 
tolis  quibus  illum  concionatores  Argentinenses  ad  coilationem  scripturaruin 
provocarunt.  >  (A  la  fin  :  «  Argentinse  12  Aiig.  1526.  ")  Ou  lit  au  verso  du 
titre  :  «  Bone  lector,  si  quid  vacat  ex  nugis,  audi  seriam  prupe  tragd-diani. 
Cephalaeo  [typographo]  peteute,  Zuingliwn  literis  oravi  [11  Juuii],  di^pn- 
tationis  Badensis  exitum  nobis  describeret...  Atqui,  volente  Domino,  nun- 
cius  ad  hoc  conductus  abiit,  forte  interceptus  prope  Baden  lileras  omnes 
prodidit:  adjunxerat  enim  FarcUm  et  Œcolampadi us  suas.  Faber,  ti\nquam 
vir  bonus,  eas  obsignatas  in  manu  habuit...  Argeiitiujo,  2  .\ugusti  1526.  » 
(Voyez  Zuinglii  0pp.  VII,  515-517.) 


4.'{2  GUILLAUMK  FARKL  A  OSWALD  MYCOMUS,  A  ZURICH.  1526 

roi.  On  annonce  la  mort  d'Antoine  du  Blet,  de  Budè  et  d'un  conseiller  influent  de 
la  cour  :  le  premier  et  le  dernier  auraient  succombé  au  poison.  Les  Strasbourgeois 
s'occupent  de  la  création  d'une  école  supérieure.  Farel  fait  des  vœux  pour  l'heureuse 
issue  de  Ist  dispute  de  Baden;  il  félicite  et  salue  ses  amis  df>  Zurich. 

Grâce  et  paix  de  la  part  de  Dieu! 

Je  t'ai  écrit,  il  y  a  un  mois,  au  sujet  du  petit  avoir  de  Claude' 
dont  le  .serviteur  a  été  ici,  pour  te  prier  de  le  vendre  et  d'en  en- 
voyer l'argent  à  Wittemberrj,  avec  une  lettre  qui  atteste  que  le 
porteur  est  bien  son  serviteur,  qui  a  voyagé  avec  lui  en  divers 
lieux.  Il  écrit  en  effet,  qu'on  use  envers  lui  d'un  procédé  peu 
bienveillant  et  qu'on  ne  veut  pas  l'admettre  à  Wittembery,  bien 
que  le  frère  [de  son  maître]  soit  trè.^^-disposé  à  le  faire  étudier, 
tout  ignorant  qu'il  est^ 

Je  ne  doute  point  que  tu  ne  saches  de  (luelle  manière  les  nôtres 
ont  été  rappelés  par  le  roi'.  Veuille  Cin^ist  leur  donner  un  cœur  et 
un  esprit  chrétiens,  ce  que  nous  demandons  pour  eux  au  Père, 
afin  que  la  gloire  de  Christ  en  soit  accrue!  Antoine  du  Blet  est  allé 
à  Christ,  non  sans  soupçon  d'empoisonnement  ^  et,  avant  que  nous 
eussions  pu  être  airivés  chez  lui",  on  a  estimé  qu'il  n'était  déjà 
plus.  On  dit  que  Buflœiis  est  au.ssi  mort\.  ainsi  qu'un  autre  (jui  avait 
beaucoup  d'influence  sur  le  roi,  en  matière  de  finances,  et  auquel 
Érasme  a  dédié  son  aimable  opuscule  de  la  Confession^;  le  poison 


-  Nous  supposons  que  ce  personnage  était  Claudins  de  Tauro,  qui  avait 
étudié  à  Wittemborg  on  1523  (V.  les  K"'  66,  68  et  70). 

'•  Voici  le  texte  allemand  :  «  Dann  wie  er  gescbri])en,  wijilcud  inn  ctt- 
lich  zu  Wittenberg  absetzen,  wie  wol  ess  uitt  ein  treflenlicbe  sadi  ist,  nocb 
denost  wollt  inn  der  bruder,  wie  unwiss  er  ist,  gern  leren  lassen.  » 

*  Voyez  le  N"  168,  note  1,  et  le  N»  171,  note  6. 

*  Voyez  le  N»  08,  note  3,  et  les  N"'  125,  132  et  166. 

"  Te.xte  allemand  :  «  Und  ee  wir  zu  ùcb  konien  sygeu,  bat  mau  geachtet 
or  [Antbonius  Bletus]  wër  scbon  bindurch.  »  'Nous  croyons  que  Je  texte 
latin  a  été  mal  compris  par  le  traducteur  et  que,  lisant  isthuc  au  beu  de 
illuc,  il  a  écrit  «  zu  iich  »  au  lieu  de  zu  ihm. 

'  Guillaume  Builc,  rbelléniste.  Érasme  écrivait  de  Bâie,  le  16  mai 
1526,  au  professeur  Jacques  Tussanus,  à  Paris:  <  Fabcr  Stajmlensis,  bac 
itcr  faciens,  consternavit  animum  meum,  nuncians  Budaum,  Galliai-ura  dé- 
çus et  studiosorum  delicias  faio  functum  esse:  quem  ruraorem  esse  vanum 
vel  bine  conjicio,  quod  Nicolaus  Ejjiacojnus  in  literis  ad  me  sius  bujus  men- 
tioneni  faciens,  de  morte  non  meminit.  »  (Le  Clerc,  p.  9S8.) 

*  «  Und  einer  der  nitt  wenig  by  dem  Kiing  vermdgt  in  der  ussgab,  wô- 
licbem  dises  lieplicb  biicblin  ton  der  bicht  von  Erasmo  zugescbriben.  »  Le 


lo"26  GUILLAUME  FAREL  A  OSWALD  MVCO.MUS,  A  ZURICH.  431) 

raurait  également  fait  périr,  ce  (|ui  se  voit  aujounTIuii  fréciuem- 
ment.  Que  le  Seigneur  Dieu  daigne  rendre  impuissants  ces  ser- 
pents et  ces  vipères  domestiques,  (jui  jettent  lant  de  venin,  afin 
que  nous  puissions,  comme  ses  libres  enfants,  jouer  même  avec 
la  peau  des  serpents  '••. 

Je  tlésirerais  beaucoup  savoir  ce  qui  en  est  de  notre  Pien'e^°, 
s'il  est  malheureusement  retourné  dans  son  pays,  ou  s'il  vit  lieu- 
l'eux  près  de  toi.  Ou  a  commencé  à  s'occujier  ici  de  la  création  d'une 
école  supérieure  ^\  comme  tu  dois  le  savoir,  et  Ton  a  nommé 

personnage  auquel  l'écrivain  fait  allusion  doit  être  François  du  Moulin,  ap- 
pelé aussi  des  Moidim,  grand  aumônier  du  roi  (N»  103,  notes  32  et  33). 
Érasme  lui  avait  écrit,  le  16  mai,  eu  le  félicitant  du  retour  de  François  I": 
«  Gaudeo  velut  à-i  ar./,xvr;;  di'vi  extitisse,  qui  fitriis  quibusdam  in  exitium 
bonanon  literarum  ac  vigoris  evangelici  i:ierniciem  conspiraiis  frenos  in- 
jiciat.  Xam  Pharisceis  i-stis  ac  Eomanensibus  nulla  crudelitas  satis  esse 
potest»  (Le  Clerc,  p.  937).  Ces  paroles  permettent  de  croire  que  François 
du  Moulin  aimait  la  tolérance,  et  elles  expliquent  comment  le  bruit  de  sa 
mort  violente  a  pu  être  accueilli  sans  incrédulité.  Mais  ce  bruit  était  faux. 
Les  auteurs  de  la  Xova  Gallia  Christiana  nous  apprennent  en  effet,  t.  VIII, 
p.  1536,  que  <  D-ançois  de  3ïoulins,  »  le  grand  aumônier,  posséda  l'abbaye 
de  St.-Mesmin  (N»  103,  note  43)  jusqu'à  Tan  1534. 

Qui  était  donc  cet  autre  Franciscus  Jlolimus  dont  Érasme  déplore  la  mort 
le  16  juin  (V.  le  N^  suivant),  et  qu'il  mentionne  encore  dans  ce  passage  de  sa 
lettre  à  Guillaume  Cop  du  27  août  1526  :  «  Papilio  et  Molinius  periii.  Ber- 
quiuus  in  carcere  disputât  cum  Theologis?  »  Nos  recherches  pour  éclaircir 
cette  question  sont  restées  infi'uctueuses,  et  nous  sommes  réduit  à  citer 
l'opinion  de  quelques  auteurs  modernes  qui  affirment,  sans  en  donner  de 
preuves,  que  <  François  Moulin  »  était  «  un  savant  réformé.  » 

^  Il  y  a  dans  le  texte  allemand:  «  darmitt  fi-y  kinder  in  der  schlangen 
hiilly  ouch  schértzen  môgend.  > 

'"  Nous  supposons  que  Farel  veut  parler  du  jeune  «  Pierre,  neveu  d'An- 
toine du  Blet,  »  qui  étudiait  à  Zurich  sous  Ceporinus,  en  septembre  1525 
(N'  159,  note  8). 

^'  La  lettre  de  Roussel  à  l'évêque  de  Meaux  nous  apprend  (p.  407)  que 
renseignement  supérieur  existait  déjà  à  Strasbourg.  En  effet,  dès  le  com- 
mencement de  l'année  1524,  quelques-uns  des  pasteurs  donnaient  dans  le 
couvent  des  Dominicains,  avec  quelques  autres  professeurs,  des  cours 
publics  libres.  Capiton  expliquait  les  livres  de  l'Ancien  Testament  ;  Buccr, 
ceux  du  Nouveau.  Gaspard  Hcdion  traitait  des  questions  d'histoire  et  de 
théologie.  Grégoire  Casclius  et  le  Juif  converti  Antonius  enseignaient  l'hé- 
breu ;  Jacques  Bédrot,  le  grec,  et  Christian  Herîin,  les  mathématiques.  Il 
paraîtrait,  d'après  ce  que  dit  ici  Farel,  que  le  sénat  de  Strasbourg  voulut, 
en  exécution  d'un  arrêté  pris  l'année  précédente,  donner  à  cet  enseigne- 
ment un  caractère  officiel.  Ce  fut  là  l'origine  de  l'Institut  théologique  ou 
Haute-École,  qui  forma  dès  1538  la  division  supérieure  du  Gymnase  de 
T.  I.  28 


43i  GUILLAUME  FAREL  A  OSWALD  MYCO.MUS,  A  ZURICH.  1526 

un  professeur  pour  le  grec  et  un  autre  pour  l'hébreu  *'- :  en  atten- 
dant Cninton  et  Bucer  continuent  avec  les  trois  derniers  '*. 

Ce  qui  se  passe  à  Berne  ne  nous  plaît  point  '*.  Dieu  veuille  qu'il 
n'en  résulte  aucun  mal  pour  les  savants  qui  sont  à  Ba(1en^^\  On  ne 
saurait  redire  tous  les  bruits  qui  courent  sur  cette  dispute,  dont 
Dieu  veuille  faire  tourner  l'issue  à  la  gloire  de  Christ. 

Salue  en  Christ,  notre  conserxâieur.  Zninfjli,  Léon  et  Gnaixird^^. 
Il  n'est  ici  personne  qui  ne  se  réjouisse  de  ce  qu'ils  sont  restés 
chez  eux,  car  c^est  leur  avantage  et  celui  des  frères.  Salue  aussi 
mon  cher  Pellîcun  ^\  Les  frères  qui  sont  ici  le  saluent.  Que  la  grâce 
de  Christ  soit  avec  toi  !  De  Strasbourg,  le  4  Juin  lo26. 

Ton  Farel. 
(Suscription :)  Au  très-cher  frère  Oswald  Myconius  à  Zurich. 

Strasbourg,  et  prit  le  nom  d'Académie  en  156G.  (V.  Rœhrich.  Gesch,  der 
Reform.  im  Elsass,  I,  253,  261-264.  —  A.  G.  Strobel.  Histoire  du  Gymnase 
protestant  de  Sti-asbourg.  Strasb.  183S,  in-8°,  p.  4,  16  et  117.  —  Charles 
Schmidt.  La  vie  et  les  travaux  de  Jean  Sturm.  Strasbourg,  1855,  in-8°, 
p.  25,  36-37,  et  146.) 

'^  Jacohus  Beârotiis,  natif  de  Pludeiiz  dans  le  canton  des  Grisons  (Voyez 
le  X"  178,  note  16),  et  probablement  Gngoirc  Caselius. 

'''  Dans  la  traduction  allemande:  «hiezwùschen  der  Capito  und  der 
Buizer  farend  fiir  miit  dren  letzgen.  »  Nous  ne  savons  pas  quels  étaient  ces 
trois  autres  professeurs. 

'^  Les  deux  Conseils  de  Berne,  réunis  le  21  mai  avec  les  députés  des 
communes  bernoises  et  ceux  des  sept  cantons  catholiques,  avaient  décidé  à 
la  pluralité  des  suffrages  de  ne  permettre  aucune  innovation  en  matière  de 
religion  (Voyez  Ruchat,  I,  291  et  292). 

'•'  Il  veut  parler  des  théologiens  envoyés  par  les  cantons  évangéliques  à 
la  fUsjmte  de  JSndcn  en  Argovie  (S"  178,  n.  10).  Cette  dispute  proposée  par 
les  cantons  catholiques,  dans  l'intention  avouée  d'y  «  faii'e  condamner  les 
doctrines  pernicieuses  de  Zwingli,  »  se  tint  depuis  le  21  mai  au  7.iuin  1526. 
Voyez  Ruchat,  T,  274  et  282.  —  Hottinger.  Zwingli  et  son  époque,  p.  256. 

"^  Lmn  Jud  et  Goftpnrd  Gmssmnnn  (Voyez  le  X"  125,  note  10,  et  le 
N«  157,  note  16\  TI*  n'assistèrent  point  à  la  dispute  de  Baden,  non  plus 
que  Zwingli, 

'"  Depuis  environ  quatre  mois  Conrad  Pellican  habitait  Zurich,  où  il  avait 
succédé  à  Ccporinm  dans  la  chaire  d'hébreu  (V.  le  N*  150,  n.  9,  et  Zuinglii 
Opp.  VII,  454,  475  et  478V 


^^'2fi  KRASME  DE  ROTTERDAM  A  FRANCOFS  ].    .  435 


177 

ÉRASME  DE  ROTTERDAM  à  François  I. 
DeBâle,  16. juin  \rr2C^. 

Erasmi  EpistolcC.  Le  Clerc,  p.  1)43. 

-?'  iMMAiRE.  Érasme  félicite  François  I"  au  sujet  de  son  retour  en  France.  II  espère  qne 
le  rétablissement  de  la  paix  permettra  aux  deux  grands  monarques  de  la  Chrétienté 
de  favoriser  les  bonnes  études  et  de  guérir  les  mavx  de  l'Église.  Parmi  les  ennemis 

.  de  la  tranquillité  publique,  à  Paris,  on  peut  citer  £eda  et  le  Couturier,  qui  ont 
publié  contre  .ÉrasOTe  et  Le  Fèvre  des  livres  pleins  d'ignorance  et  de  mauvaise  foi. 
Ce  sont  pourtant  des  pharisiens  comme  Beda  et  Le  Couturier  qui  prononcent  sw- 
l'hérésie,  et  font  ainsi  emprisonner  et  brûler  des  gens  de  bien!  Sous  prétexte  de  dé- 
fendre la  foi,  ils  visent  en  réalité  à  la  tyrannie.  On  leur  attribue  la  mort  violente  de 
Papilion,  de  Franciscus  Molinius  et  à' Antoine  Du  Blet.  La  vie  de  Michel  d'Arande 
a  été  menacée.  Berquin  est  encore  en  danger.  A  leur  tour  Érasme  et  Le  Fèvre  sont 
mis  en  cause.  Erasme  prie  le  roi  d'imposer  silence  aux  Le  Coutui-ier  et  aux  Beda,  ou 
de  permettre  que  les  Réponses  à  leurs  calomnies  puissent  être  imprimées  et  lues 
à  Paris. 

ErcL-^miLS  Roterod.  Franci.sco  Galliarum  Régi  lui,ju.s  nomini.s  primo. 

S.  Quo  graviiis  diutiusque  nos  discruciavit  superiorum  teiiipo- 
ruin  calamitas.  Francisce  regum  Cliristianissime,  lioc  magis  exliila- 
ravit  nos  tandem  reddita  serenitas.  Meum  quidem  animiiiii  non 
.<implex  habebat  molestia  :  nam  et  pulilice  dolebat.  duos  privcipiios 
CbristiancG  ditionis  monarciias  inter  sese  commissos  e.sse.  non  sine 
gravissimo  totius  orbis  malo.  baud  aliter  quam  nl)i.  Innn  cum  solo 
oommissa.periclitatur  genus  mortaliiim:  et  privatim  angebnr.  ejns 
régis  cujus  propensum  in  me  studium  multis  argumentis  rogniînm 
ac  per.specium  liaberem.  animo  summis(|ue  virtutibiis  lorliinam 
non  satis  respondisse.  Ita  quemadmodum  erat  non  siniplex  doloi-, 
ita  nunc  multiplici  perfundor  naud/'o.  quôd  divino  favoi'e  vercjurit 
Gallia  refje))i\  orbis,  tranquillilalem.  oruditoriiw  ac  hoiiornni  cho- 
rus, patronuw  -.   Merebatur  quidem  ista  tu;i'  natura'  beniirnilas, 

'  Voyez  le  X»  173,  note  13. 

-  Voyez  le  N"  9,   note  3,  et  clans  le  'S"  17G,  note  S,  un  passage  de  la 
lettre  qu'Érasme  écrivait  à  François  du  Moulin  le  IG  mai. 


't36  ÉRASME  DE  ROTTERDAM  A  FRANÇOIS  I.  1526 

ingenii  siinplicitas,  et  animi  vere  regia  celsitudo  perpetuam  in  om- 
nibus felicitatem  :  nam  TutC  Majestatis  félicitas  cimi  orbi  publiée, 
luiii  privatim  multis  eruditis  et  optimis  viris  felicitatem  attulisset. 
Ouanquam  autem  nonnuUis  pax  ista  severis,  ne  dicam  iniquis,  con- 
ditionibus  videtur  coisse,  tamen  confido  futurum.  ut  summus  ille 
lerum  humanarum  moderator,  suis  arcanis  et  inscrutabilibus  con- 
siliis  omnia  verfat  in  lœtum  exitum.  Xovit  ille,  et  solus  novit.  quid 
nobis  expédiât  :  solus  artificio  suo  divino  et  potest  et  solet  homi- 
num  inconsulta  consilia  in  eventus  lœtos  ac  bonos  perducere.  S/ 
Cltràtianos  monarclias  finna  junget  concordin,  minus  amlebiint 
Ttucœ,  et  in  ordineni  cogentur,  qui  nunc  huic  régi,  nunc  illi,  ut- 
cunque  commodum  fuerit.  blandientes,  non  alia  re  magis  quam 
vestro  dissidio  potentes  sunt.  Hue  ratlone  simul  et  optimis  studiis 
et  Ecclesiœ,  jamdndiim  malis  intolembilibus  Inboranti,  poteritis  mc- 
deri^.  Nunc  utraque  pars  habet  aliquot  cerebrosos,  ac  nullius  ju- 
dicii  rabulas,  qui  clamoribus  et  furiosis  libellis  incendium  hoc 
exagitant. 

Sunt  Parisiis  aliquot  inauspicata  inf/enia,  nata  in  odium  bonarum 
literarum  ac  public»  tranquillitatis.  quorum  prœcipui  sunt  Natalis 
Bedda  *,  et  Petrus  Siitor  ^  monachus  Cartusianus.  Hi,  scriptis  non 
minus  indoctis  quàm  virulentis,  propinant  seipsos  mundo  deri- 
ilondos,  plusquam  scurrilibus  conviciis  debacehuntes  in  Jacobum 
Fdbrum  et  inc\  Ridentur  à  doctis  et  cordatis,  sed  intérim  et  aputl 

^  Quatre  mois  plus  tôt  Érasme  u'atteudait  pas  d'aussi  bons  résultats  du  ré- 
tablissement de  la  paix  entre  les  deux  monarques.  Il  écrivait  alors  à  Pelli- 
can  :  «///  HoUindia  mire  fervet  carnificina  pcr  quosdam  magis  instructos  ad 
cxurcndum  quàm  disputaudum,  ombambulatura  pcr  cioteras  regioucs.  Et 
hcic  tcDitum  pmludia  simt  malorum.  Casari  pax  orit  cum  Gnllis.  Xcc  uUa 
princijmm  coïbit  amicitia  nisi  hac  conditione,  ut  c.vtinguatur  faciio  Liitht- 
rana,  et  Cœsar  sibi  non  videtur  esse  Cîesar,  ni  id  perficiat.»  (Le  Clerc, p.  963. 

'  Voyez  le  N°  147,  note  G. 

'  Pierre  Le  Couturier,  natif  du  Mans,  docteur  de  Sorbonne.  Érasnn 
ignorait  qu'il  s'était  retire  en  Champagne  dans  un  couvent  de  Chartreux. 

"  Voyez  dans  le  N"  165,  note  2,  le  titre  de  l'ouvrage  que  Bcda  venait 
du  publier  contre  Érasme  et  contre  Le  Fivrc.  On  lit  dans  la  lettre  d'Érasme 
ùla  Sorbonne  du  23  juin  152G:  «  In  Fabrwn  habi'bat  [Beda]  ex  re  justio- 
rcm  dc'bachandi  caussam,  et  tamen  in  illum  mitiortst;  ad  me  cum  veutum 
est,  fit  Censor,  et  nihil  crcpat  nisi  blasphomias  et  h:creses...  >  Zicingli  écri- 
vait à  Ilaller,  en  lui  envoyant  la  copie  de  cette  lettre  d'Érasme:  «  Remitto. 
si  habcs  aiiianueusem  qui  describat;  sin  minus,  rétine  hoc  exemplum,  nam 
fratreu  qui  Parisiis  sunt  multo  labore  penetrarunt  ad  eam  atque  ad  nos  mi- 
serujQt.  »  (^J.  C.  Fuesliuus.  Epistolie  ab  Eccl.  IIclv.  ret'ormatoribus  script». 


Î526  ÉRASME  DE  ROTTERDAM  A  FRANÇOIS  I.  437 

iraperilos  ac  simplices  liedunt  famam  nostram.  et  studioruin  fiuc- 
tiim  à  nobis  tôt  vigiliis  expetitum  inlervertunl.  Faher  pro  se  res- 
pondebit.  Qiwd  ad  me  pertinet,  in  censuria  Ikddœ  possum  ostcn- 
dere  centum  manifesta  mendacia,  caluinniasqiic  lam  insignes,  ul  si 
res  esset  lingiia  populari  prodita,  olilores  et  calcearii  possint  Judi- 
care.iiomineni  non  esse sani  cerebri.  Mittolocaalit}uolpaucis  notata. 

Et  isti  sunt  qui  pvonunciant  de  hœresi,  ad  quorum  dclationetn 
boni  viri  pertrahuntur  in  carcerem,  et  in  if/nem  conjiciuntur,  quos 
quocunque  modo  malunl  exlinctos,  quàm  ipsos  convinci  de  caluni- 
nia!  Si  licebit  illis  lam  manifeste  mentiri  de  nobis,  id(jue  libris 
editis,  contra  nobis  non  licebit  depellere  calumniam,  quid  erit  iUa 
quondam  celebris  academia,  nisi  spehmca  latronum?  Ha^c  audacia 
si  pharisœis  illis  cedat  impune.  nullus  bonorum  virorum  futurus  est 
in  tuto.  Prœtexunt  fidei  titulum,  sed  re  vera  aliud  agunt:  moliun- 
tur  tiirannidem,  etiam  in  capita  principum,  hue  tendunt  per  cuni- 
€ulos.  Nisi  princeps  ipsorum  voluntali  per  omnia  paruerit,  dicetur 
faut  or  hajreticorum,  et  destitui  poterit  per  Ecclesiam,  hoc  est,  per 
ahquot  conjuratos  pseudomonachos  ac  pseudotheologos.  Hoc  illos 
moliri  per  cuniculos  ipsorum  scripta  déclarant.  Proinde  consul- 
tum  fuerit  initiis  succurrere. 

Non  loquor  de  omnibus  monachis  ac  Theologis.  sed  de  «luibus- 
dam,  quorum  indocta  improbitas  plus  valet,  quam  aliorum  docta 
modestia.  Missi  sunt  ad  me  articuli,  per  nescio  quos  delegatos' 
ex  libris  meis  decerpti,  quos  verterat  Lodovicus  Berquinus^,  non 
ita  multo  saniores  quam  sint  censurœ  Natalis  Beddœ.  Ob  hos  vir 
optimus  périclitât  ur.  Per  Ht  Papilio,  non  sine  gravi  suspicione  ve- 
neni^;  periit  Franciscus  Molinus  '°  ac  Dubletus  "  :  pericUtatus  est 
Micliaël  Arantius^- ;  bis  impetierunt  Berquinum^^.  Nunc  Fabrum 

p.  41  et  43.)  —  Quant  au  livre  de  Couturier,  il  était  relatif  au.K  traductions 
de  la  Bible  et  renfermait  des  assertions  comme  celles-ci  :  «  Toutes  les  nou- 
velles paraphi-ases  de  l'Écriture  sont  hérétiques  et  blasphématoires  ;  l'étude 
des  langues  et  des  humanités  est  la  source  de  tous  les  maux.  Érasme  n'est 
<iu'un  théologastre,  etc.»  (V.  De  Burigni.  Vie  d'Érasme,  H,  405.) 

•  Voyez  le  N"  1G2,  notes  5,  6,  7  et  8. 

s  Voyez  le  N°  173. 

9  Voyez  le  N"  156,  note  3. 

"  Érasme  l'appelle  ailleurs  MoUnius.  Voyez  le  N"  précédent,  note  8. 

"  Voyez  le  N°  précédent,  note  5. 

*2  On  n'a  pas  de  renseignements  sur  les  dangers  qu'avait  courus  Michel 
^Arande  pendant  la  captivité  de  François  I"  ou  depuis  son  retour. 

*'  Voyez  leN"  173,  note  3. 


'l'.ië  (iÉRAHD  ROUSSEL  A  GLILLALME  FAREL,  A  STRASBOURG.  l6"2Ù 

et  Eraainulu  aygredàmtnr.  la  libris  iiieis  colligunt  suspiciones  et 
calumiiias  ;  nuUum  adliuc  locum  osteiulere  poluerunt  qui  dogniu 
liabeat  pugnans  cuiii  fide  Cliristiana.  Piiim  est  seditiones  et  impia 
dogmata  ab  Ecclesia  secludere.  S.ed  impiuni  est  hos  in  impietatis 
vocare  crinien  qui  pugnant  pro  pietate  evaiigelica.  et  eos  in  castra 
liostium  luopellere.  «pios  vident  [iro  ipsis adversus  hostes dimicare. 
Sed  isloruui  lyrannis  (luomodo  coherceri  polerit  allas  demonstrabo, 
si  Tua  Cbiistianissima  Majestas  id  clàm  lleri  volet.  Naui  ila  res 
.succedet  felicius. 

liiteiini  illud  rogo,  ut  Tuœ Majestatà  aatoiitas  mit  coherceat  fn- 
riosos  Sutores  et  Beddas,  ne  talibus  mendaciis  infament  bonos,  aut 
efficiat  ut  patiantur  matras  defeasioiies  excudi  legique  Purisiis. 
Ini<iuissiniuui  enim  fuerit,  illis  licere  venena  sua  spargere,  nobis 
non  licere  admovere  antidota.  Scripsi  iiberius,  eiloctus  à  multis  Re- 
giaui  Celsiludineiu  Tuani  simiilicibus  niinimeque  fucatis  delectari. 
Quod  scripsi  docebo  verissimum  esse,  ac  me  quo(iue  tacente  res 
ipsa  loipiitur.  Ciirislianissimam  Majestaléiu  Tuam  incoluuiem  ac 
llurenlem  servet  omnipotensl  Datum  Basileie,  decinio  sexto  Ca- 
lendas  .Fidias.  Anno  niillesimo  quingentesinio  vigesimo  sexto. 


178 


GÉRARD  ROUSSEL  il  Guillaume  Farel,  à  î<trabbourg. 
De  Bluis,  17  juin  (152G). 

Aiiin-raph.'.  liiblioibrque  Publiijue  de  Genève.  Vol.  n"  lil  a. 
C.  Scbniidl.  op.  cit.  p.  192. 

yoMMAiRE.  Ma  lettre  il  Capiton  vous  dira  notre  position  actuelle  ei  pourra  vous  ras- 
surer au  sujet  de  la  possibilité  de  votre  retour  tn  Fiance.  J'ai  contié  i  quelques  amis 
•le  Pari9  1a  tractation  de  l'atTaire  dont  vous  m'aviez  cLarKé.  Quant  d  la  translation 
[de  la  £Me  f],  je  chercherai  une  occasion  d'en  parler  il  la  Duehesst,  quoique  l'absence 
de  Conulùu  ^JUichcl  d'Aramlc]  nous  ait  prives  de  pres^que  tous  nos  avantnges.  Le  bmit 
qui  a  couru  d'un  nouveau  souluvement  des  paysans  rue  parait  aussi  faux  que  ce  qu'on 
dit  de  la  défaite  des  Évangeliques  a  la  dispuU  de  £adtn.  Envoyez-moi  des  C'oîicor- 
danee»,  pour  le  cas  où  je  resterais  ici  malgré  toutes  les  difticultes  de  notre  position,  et. 


1  526        GÉRARD  ROUSSEL  A  GUILLAUME  FAREL.  A  STRASBOURG.  43î> 

si  vous  m'écrive?,  soyez  prudent.  Feregrinus  [Le  Fèvre]  vous  salue.  Saluez  Jacques 
[Fédrot],  le  piolesseur  de  grec,  et  les  autres  frères. 

Gi'alia  et  pax  Christi  tecum!  Ouitl  rci  a.yatiir  iiolii.>ciiin  facile 
disces  ex  literis  quas  scripsi  ad  nostnun  Ceiihaleum  ',  ne  (juicquam 
sis  sollicitiis  de  tiio  ad  nos  adcessu  -.  Egi  per  literas  cuni  aiiiicis  su- 
per re  quam  inilii  commiseras',  quod  non  niilii  liceret  Pnrisium 
concedere.  Qiiiil  egerint  amici  nondum  polui  rescire.  Si  niilii  coii- 
tigerit  iUuc*  prolîcisci,  quod  brevi  spero  fulurum,  in  rem  Evan- 
gelii,  (/e  Uns  rébus  agampro  viribus.  De  trahittone^  nondum  opor- 
tunus  oblatus  est  locus  agendi  cum  Duce''.  Defulurus  non  sum 
occasioni,  si  quando  contigerit.  Conwlir  absentia  omnia  ferme  no- 
bis  cum  illo  ademit  ;  pra^sentem  nullo  die  non  opiamus. 

Sparsus  est  Jiîc  rumor  rusù'cos  denuô  excitasse  tuinullus.  supe- 
rioresque  evasisse  ac  inaudilis  tormentis  cruciasse  nobiles*;  sed 
puto  vanum  esse,  neipie  dissimile  arbitror  quod  ferunt  de  dis]mta- 
tt'oiie  Badensi^,  cessisse  scilicet  loco  et  rei  qui  a  parte  Evangelii 
stabant  '".  Tôt  multa  jactanlur  per  illos,  opinor,  qui  cupiant  ex- 
tinctum  Evangelium. 

'  Capiion,  l'ancien- hôte  de  Roussel  (N"  168,  note  8). 

-  Farel  avait  sans  Joute  chargé  Roussel  de  faire  des  démarches,  pour 
lui  procurer  les  moyens  de  reutrer  en  France. 

^  Il  est  peut-être  question  de  l'argent  dont  parle  Roussel  dans  ses  lettres 
du  27  août  et  du  7  décembre. 

■*  C'est-à-dire  à  T'aris.  Roussel  avait  d'abord  écrit  istuc. 

■^  Roussel  veut-il  parler  de  la  traduction  française  de  la  Bible  qu'il  avait 
entreprise  à  Strasbourg  avec  ses  compagnons  (N"  168,  n.  19  et  20),  ou  du 
transfert  de  la  somme  léguée  à  Farel  (N°  184,  note  3)  ? 

^  Marguerite,  duchesse  d'Alençon. 

■"  On  lit  au-dessus  de  ce  nom  les  deux  mots  «  Micliaclis  Arandii,  »  écrits 
de  la  main  de  Farel.  Michel  d'Araude  faisait  son  entrée  solennelle  dana 
l'évêché  de  St.-Paul-Trois-Châteaux,  on  Dauphiué,  le  jour  mémo  où  lîoussel 
écrivait  la  présente  lettre  (V.  le  N»  164,  u.  4,  et  le  N"  170,  n.  6). 

'^  Un  ami  d'Agrippa,  Jean  Chapelain,  lui  écrivait  d'Angoulème,  le 
29  juin  :  «  Audivimus  conflictum  fuisse  inter  archiducem  [Fordinandum]  et 
statum  popularem  ;  sed,  superato  archiducis  exercitu,  quiufientos  ex  uobi- 
libus  suspenses  vitam  finivisse.  »  (Agrippai  0pp.  Pars  II,  848.)  Nous  igno- 
rons le  fait  qui  avait  donné  heu  à  cette  rumeur. 

9  _  10  Voyez  le  X»  176,  notes  15  et  16.  A  la  fin  de  la  dispute  les  dé- 
putés des  Cantons  avaient  invité  les  savants  qui  y  avaient  pris  jiart  à  signer 
l'adoption  ou  le  rejet  des  propositions  rédigées  et  tléfenducs  par  le  docteur 
JEclc  (N"  154,  note  11).  Œcolampade  n'eut  pour  lui  que  les  pasteurs  de 
Bàle  et  cinq  autres  ecclésiastiques  d'Appeuzell  et  de  Schaft'house.  Quatre- 


440  GÉRARD  ROUSSLL  A  GUILLAUME  FAREL.  A  STRASBOURG.  lo26 

Fritlerallis*^  doctor  inedicus  evasit  non  sine  mullo  honoris  oom- 
jiendio,  cujus  proniotioni  congratulor.  Si  res  non  œsserit  prout 
sub  Deo  siummus.  moi  ad  vos  convohiho.  rel  petam  Venetias.  Si 
liîc  milii  manendum.  Concordantiis^-  non  lubens  caruerim  ;  tu  fac 
ut,  nacta  oporiunitate.  ad  me  mittantur.  aul.  si  probas,  ita  agas 
ciim  Conmvdo^^  ut  vel  Pnrisiis  vel  Luijduni mn\  comiiaclas  recipere 
possira.  Siquando  scrtpseris.  id  quod  plurimum  cupimus,  pare  tem- 
pori,  id  quod  hactenus  fecisti.  Phin'mn  nabis  deco(juenda  ftterunt. 
ni'c  pauciora  snpersunt;  ora  Deum  cum  fratribus.  ut  Dominus  pium 
pectus  et  se  dignum  suggérât.  Bene  vale.  Pcreyrinus  '*  te  salutai 
in  Cliristo,  qui  sit  tua  salus.  Blesis,  xvij  Junii  1520.  Toussanus  ad 
te  scribit'5  quid  rei  sibi  contigerit.  Saluta  niibi  Jacolnnn  fjrœcum 
Icctorem  "=  et  alios  fratres.  Vale. 

TUUS  JOHAN.NES  TOLMNUS. 

(Insrriptio:)  Charissimo  IValn  et  aniico  magisiro  Guilleimo.  apud 
Cepluileuni  ' '.  Arg.[enlorati]. 


viiigt-deu-x  personnes  signèrent  les  propositions  de  son  adversaire.  Zwingli 
et  tous  ses  adhérents  furent  condamnés  comme  hérétiques.  (Voyez  Jean  de 
Muller,  op.  cit.  X,  321.  —  J.-J.  Herzog,  op.  cit.  207.) 

"  Voyez  le  N- 168,  note  14. 

'^  Roussel  veut  parler  des  concordances  de  la  Biltle,  dont  il  s'était  servi 
à  Strasbourg  pour  commencer  la  traduction  de  l'A.  T.  (V.  la  page  415.) 

'^  Conrad  BeschjXihvdlva  de  Bâle,  qui  avait  une  maison  à  Paris  (X"  173, 
note  18). 

'*  Le  Fèvre,  qui  résidait  alors  à  Augouléme.  L'auteur  de  la  lettre  que 
nous  avons  citée  plus  haut  (note  8)  disait  en  la  terminant  :  «  Xostcr  Fabcr 
Slajndcmiî  hodie  hinc  discedens  Blesios  petit,  ubi  dcputatum  est  ei  domi- 
cilium.  » 

"  Cette  lettre  de  Pierre  Toussain  est  perdue.  Son  épître  du  2G  juillet 
suivant  mentionne  l'entrevue  qu'il  avait  eue  avec  Le  Fè\Te  et  Roussel. 

'"  Farci  a  écrit  au-dessous  de  ce  mot  :  <f  Bcdroium  r  (V.  le  X"  176,  u.  11 
et  12).  Capiton  s'exprimait  ainsi  au  sujet  de  Bédrot  dans  une  lettre  adressée 
à  Ambroise  Dlaarer,  le  26  novembre  1525:  «  Jacobus  Bedrotus  in  nostro 
modo  ordine  est.  Nostr»  ser\it  Reip.  couditione  licet  infirma,  propediem 
moliori  admoveudus ...  Gratiam  haljco  quod  ojus  viri  memineris.  Diguus  est 
ccrte  couditione  amj)lissima,  cui  candore  ingenii,  eruditione,  fide,  ac  in- 
dustria  facile  satisfaceret.  »  (Bibl.  de  la  ville  de  St.-Gall.  Epistolœ  manu- 
scriptae,  II,  246.) 

'"  Farci  a  écrit  au-dessous  de  ce  mot:  «  Capiton.  Argentorati.»  Le  mil- 
lésime est  de  la  mémo  main. 


I 


1526   MARGUERITE  d"aNGOLLÈME  AU  COMTE  S.  DE  HOHENLOHE.    441 


179 

MARGUERITE  d'angoulême  au  comte  Sigisiiioud  de  Holieii- 

lohe,  à  Strasbourg. 
(De )  5  juillet  1526. 

Johann  Christian  Wibel.  Op.  cit.  p.  60. 

(tr.\dcit  pe  l'allemand.) 

Sommaire.  Les  négociations  relatives  à  la  libération  des  enfants  du  Roi  retarderont 
encore  «  le  moment  propice  »  pour  l'arrivée  de  S.  de  Hohenlohe  en  France. 

Le  5  Juillet  1520. 

Que  le  seul  dispensateur  de  tout  Jjien  vous  remplisse  de  son 
Saint  Esprit!  31on  ami,  je  ne  puis  vous  exprimer  tout  le  chagrin 
que  je  ressens;  car  les  circonstances  me  paraissent  encore  telles,  que 
votre  venue  ici  ne  pourrait  vous  procurer  la  consolation  que  vous  dési- 
rez '.  Ce  n'est  pas  que  le  Roi  ne  vous  vît  volontiers  ;  mais  l'on  ne 
s'entend  pas  encore  complètement  au  sujet  de  la  libération  de  ses  en- 
fants-, à  laquelle  il  tient  autant  qu'à  celle  de  sa  propre  personne, 
comme  je  Tai  expliqué  au  présent  porteur,  duquel  vous  pourrez 
apprendre  toute  la  vérité;  aussi  m'en  suis-je  volontiers  entretenue 
avec  lui.  Mais  dès  que  je  croirai  le  temps  propice  ^  j'espère  en  Dieu 
que  je  ne  vous  ferai  pas  languir. 

Priez  Dieu,  mon  cousin,  de  m'enseigner  à  croire  fermement  que 
je  ne  suis  rien  et  qu'il  est  tout.  Si  vous  pensez  qu'il  y  ail  (jueliiue 
affaire  où  je  puisse  vous  être  utile,  soyez  convaincu  (jue  Dieu  m'a 
départi  la  volonté  de  m'y  employer  sans  négligence  ni  retard.  J'ai 
pour  vous  tous  les  sentiments  d'atïection  (|u'il  est  possible  d'éprou- 

'  Voyez  les  N<"  171  et  175. 

-  Pour  assurer  l'exécutiou  du  traité  de  Madrid  (14  janvier  1526),  Fran- 
çois I"  avait  dû  livrer  comme  otages  ses  deux  fils  aîués  :  François,  le  Daui)hiu , 
et  Henri.  L'échange  s'était  oi)éré  sur  la  rivière  de  la  Bidassoa,  à  riustant  où 
le  roi  fut  remis  eu  liberté.  Il  ne  revit  ses  enfants  qu'eu  juillet  1530. 

^  «  Le  temps  propice  »  ne  vint  jamais.  On  n'a  du  moins  aucune  raison 
de  croire  qixe  le  comte  de  Hohenlohe  ait  pu  réaliser  sou  projet  de  voyage. 


442  LAURENT  COCT  A  GUILLAUME  FAREL.  1326 

ver  pour  un  parent,  moins  encore  en  raison  des  liens  périssables 
.|ue  forment  la  chair  et  le  sang,  quà  cause  de  Tamour  fraternel; 
car  celui-ci  résulte  de  la  nouvelle  naissance  qui  forme  une  union 
véritable,  dans  laquelle  désire  aussi  s'unir  à  vous 

votre  bonne  cousine,  entièrement  inutile, 
en  Celui  qui  est  toutes  choses, 

MARGUERrrE. 

(Suscrqttioii  :J  A  mon  cousin. 


o 


LAUKENT  COCT  à  [Guillaume  Farel]. 
De  Lyon,  25  juillet  152G. 

Inédite.  Autographe.  liihl.  îles  pasteurs  de  Neuchâtel. 

tiOMMAiRE.  Exposé  (les  circonstances  qui  s'opposent,  pour  le  moment,  a  ce  que  Laurent 
Cocl,  frère  cadet  A'Anémond  et  son  héritier,  puisse  acquitter  la  dette  de  cinquante 
e'cus  que  feu  le  chevalier  Coct  avait  contractée  envers  son  ami  Farel. 

Monsieur.  Dieu  vous  doint  sa" paix  et  sa  grâce!  Amen. 

.Mnii.Niciir.  il  estvray  que  mon  frère  Annémond  Coct,  chevalliei", 
tjue  Dieu  peidoint.  avant  son  partement  de  ce  pays,  il  me  feist  son 
liérétier.  ainsy  (jue  par  le  teslement  qu'il  feist  appert  et  lequel  j*ay 
rière  muv.  La  mort  du(|uel  jammays  n'a  esté  certifliépar  personne 
vivante  ipie  par  vous  '.  Ur.  .Moiisifur,  ponrce  que  par  mu  lettres  que 
avez  escript  à  mon  frère.  Monsieur^///  Clidslclldit-,  appert  que  mon 
dicl  feu  frère,  chevallier,  vous  estoit  teim  en  la  somme  de  ciuiiuante 
escuz.  la(pielle  luy  aviez  prestée,  et.  comme  je  sçay,  n'avez  esté 
iiuUement  satisfait,  —  à  ceste  cause,  Monsieur,  désirant  vous  satis- 
faire comme  hérélier  sien  que  jesuys,  vous  ay  bien  volu  escripre, 

'  Laurent  Coct  omet  le  témoignage  du  jeune  homme  qui  avait  soigné 
1«;  chevalier  jiondaut  sa  dernière  maladie  et  qui  fut  le  porteur  de  la  nou- 
velle de  sa  mort  (Voyez  les  .\dditions). 

*  Guùjo  Coct,  frère  aine  d'Anémond. 


1526  LAURENT  COCr   V  HLILLALME  F.VKliL.  443 

à  celle  fin  que  pai-  \oiis  feusse  et  soye  certiflié  à  plain  de  la  vérité 
par  main  de  notaire  ou  aullrenient,  en  la  iiieiLlit-nr  forme  et  sorte 
que  possible  cera  [1.  sera],  aflin  que  je,  qui  ne  liens  riens  des  biens, 
puysse  plus  asseurément  demander  à  uion  dicl  frère  (///  Clidslelbut. 
lequel  tient  tout,  ce  que  peult  et  doibt  venir  pour  la  part  et  poi'cion 
que  mon  dict  feu  frère  le  clievallier  avoyt  es  biens.  Ce  que  je  ne  puys 
nullement  ne  bonnement  faire  sans  premier  avoir  ample  certiflka- 
tion  de  la  mort  de  mon  dict  frère  le  clievallier. 

Par  quoy,  Monsieur,  si  vostre  bon  plaisir  est,  [irandrès,  si  vous 
plait,  la  poyne  de  m'envoier  ample  certiffication  de  la  dicte  mort^ 
et  je  feray  mon  debvoir  vous  payer  et  rendre  vos  dicts  cinquante 
escuz,  comme  la  rayson  le  veult.  Car  de  moy  je  suys  tout  seur  que 
mon  dict  feu  frère  vous  estoit  grandement  tenu  et  obligé  pour  la 
multitude  des  plaisirs  et  services  que  luy  avez  failz  jusques  à  la 
mort,  lesquelz  vous  est  impossible  randre  ;  sed  qui  potens  est  ipse 
retribuet. 

Vous  me  randrez  responce  le  plustost  que  possible  vous  sera,  af- 
tin  que  vous  et  moy  puyssions  avoir  ce  qui  nous  esl  deu,  mais  à 
grant  poyne  sans  figure  de  plait  [1.  plaid]*.  Toutesfoys  je  feray  mon 
debvoir  de  retirer  le  mien  le  plus  gracieusement  que  faire  me  sera 
possible  et  le  plus  amialjlement.  Je  me  suys  addressé  au  libraire 
demeurant  à  l'escu  de  Balle'%  en  ceste  ville  de  Lyon,  lequel  m'a 
promis  vous  faire  tenir  ces  lettres  et  me  randre  responce  de  vous. 
Parquoy,  Monsieur,  prandrés,  si  vous  plait,  ung  peu  de  poyne  me 
randre  en  bref  responce  et  ample  certiffication  de  la  mort  defratre. 
et  si  vous  y  despendés  du  vostre,  le  tout  vous  sera  satisfait".  Et 
apprès  me  estre  recommandé  du  bon  du  c[o]eur  à  vostre  bonne 
grâce,  le  doulx  Jliésus  sera  par  moy  prié  vous  donnei-  bonne  et 
longue  vie.  De  Lyon,  ce  jour  Sainct  Jacques,  x\v"  Juilliel  L'):20. 

Vostre  bon  frère  et  amy  à  jammays 
Laurens  Coct. 


'  Farel  se  contorma  strictement  au  vœu  exprimé  ici  par  Laureut  Coct 
(Voyez  la  lettre  du  11  février  1527). 

*  C'est-à-dire,  nous  aurons  bien  de  la  peine  à  nous  faire  rendre  justice 
sans  entamer  un  procès. 

^  Jeun  W(ittcit.^chnce  Qs"  lO'J,  note  10). 

•^  Une  apostille  de  Farel  reproduite  plus  haut  (jp.  284)  nous  apprend  ce 
qui  advint  de  cette  promesse. 


444  PIERRE  TOUSSAIN  A  JEAN  OECOLaMPaDE,  A  BALE.  1326 


181 

PIERRE  TOUSSAIN  à  Jean  Œcolampade.  à  Bâle. 
De  :\Ialeslierbes,  2 G  juillet  (1526). 

Autographe.  Archives  d'État  de  Zurich.  J.  J.  Herzog.  Das  Leben 

Joannes  CEkolampads  und  die  Reformation  der  Kirche  zu  Basel. 

Basel,  1843.  in-8'\  IL  28(3. 

Sommaire.  Livré  par  trahison  à  l'abbé  de  St. -Antoine  et  torturé  dans  un  cachot  infect 
[à  Pont-à-Mousson],  j'ai  souvent  désespéré  de  la  vie.  Gloire  à  Dieu  qui  m'a  délivré 
de  la  main  des  tyrans  !  Que  d'événements  hem-eux  ou  tristes  j'aurais  à  vous  raconter, 
si  le  départ  du  messager  ne  me  contraignait  pas  d'écrire  en  toute  hâte  ' 

J'ai  enfin  trouve  un  asile  dans  le  château  de  Madame  d'Entraigues,  la  protectrice 
des  exilés  de  Christ,  et  j'attends  l'arrivée  du  roi,  de  qui  j'espère  obtenir  la  permission 
de  vivre  en  France,  malgré  la  sentence  que  la  Sorbonne  a  prononcée  contre  moi.  Je 
crois,  en  effet,  au  prochai7i  tnoinphe  de  l'Évangile.  Les  frères  m'ayant  chargé  de 
m'informer  des  sentiments  de  la  cour,  j'ai  été  accueilli  avec  une  extrême  bonté  par 
la  Duchesse  d'Alençon,  qui  m'a  souvent  entretenu  de  son  vif  désir  défavoriser  les  pro- 
grès de  l'Évangile,  désir  que  partagent  le  roi  et  sa  mère.  C'est  pour  travailler  Â  cette 
œune  que  le  roi  vient  à  Paris.  Si  ma  requête  est  rejetée,  je  retoamerai  en  Allemagne, 
sans  regretter  les  avantages  que  pourrait  m'olfrir  une  cour  pleine  de  faux  prophètes, 
tels  que  l'évique  de  Meaux,  et  de  soi-disant  Chrétiens  recherchant  surtout  les  béné- 
fices et  les  évéchés.  J'ai  conversé  avec  Le  Fèvre  et  Roussel.  «  L'heure  n'est  pas  encore 
venue,  »  disent-ils,  dans  leur  aveuglement.  Que  ne  feriez-vous  pas  en  Allemagne,  si 
l'Empereur  et  Ferdinand  favorisaient  la  prédication  de  l'Évangile  comme  le  Eoi  et 
la  Duchesse  f  Demandez  à  Dieu  que  la  France  devienne  euàn  digne  de  la  Parole  ! 

Je  sais  tout  ce  que  vous  avez  enduré  à  la  dispute  de  Baden,  et  j'ai  démenti,  â  la 
cour,  un  faux  bruit  d'après  lequel  vous  auriez  changé  d'opinion  sur  l'Eucharistie.  Je 
remercie  Mare  de  ce  qu'il  a  refusé  de  m'envoyer  mes  livres  pendant  que  j'étais  en 
prison.  Saluez  Benlin  et  les  frères.  Quand  vous  m'écrirez,  n'adressez  plus  vos  lettres 
â  S.  S.,  mais  à  Pierre  Toussain  ouvertement. 

Gratia  et  pax  à  Deo  ! 

ŒrnlainiKidi.  paler  et  priTceptor  charis.sime.  ijuod  jam  iliu  nihil 
literarum  ad  te  dederini,  non  est  ut  me  excusem.  (piando  non  ig- 
noras, quihus  et  quantis  cdliimitutibiis  fuerim  oppressas,  a  nieo  ist- 


1526  l'IERHE  TOUSSAIN  A  JEAN  OECOLAMPADE,  A  BALE.  44o 

hinc  discessK^,  non  solùm  per  valetiulinem  iiarum  prosperam,  ve- 
runi  etiam  per  carceres  et  tonneuta  (fitihus  me  (gratia  Christo)  ad- 
fecerunt  Lotharingi,  adeô  ut  sape  desperarim  de  vila..  Theodoro  de 
Sancto  Chdinondo,  sancti  Ant[onii]  Abbati.  crndelissinK»  Evangelii 
liosti-,  prodiderant  me  olim  confratres  mei^,  existinianles  nie  per- 
(lituni.  si  in  tam  crudeiissimi  latronis  manus  incidisseni.  Sed  Deus 
et  pater  noster  cœlestis.  qui  constiluil  terminus  hominis.  admira- 
bili  quodam  modo  liberavit  me  de  maniltus  Tyrannorum,  cui  soli 
lionor  et  gloria,  quantumvis  insaniat  mundus.  et  insultet  advorsus 
renascens  Cliristi  Evangelium  ! 

Multa  tibi  scriberem,  si  suppeditarel  otium.  et  Ifeta  et  tristia  ;  sed 
(juoniamincertis  sedibus  vagor,ob  tyrannidem  adversariorum,  qui 
non  alio  pliarmaco  sedari  posse  videntur  quàm  meo  sanguine,  boni 
consules.  si  pauca  tibi  scripsero  tumultuanter.  Nam  sum  bic,  in  bac 
arce  generosissimie  mulieris  Domùiœ  d'Entraiffiies*,  exulum  Cliristi 
sKsceptricis,  et  est  hîc  hodie  qui  proficiscatur  Luteciam.  cui  bas  li- 
teras  daturussum  ad  Conraduni^,  ut  tibi  reddantur,  ne  non  intel- 
ligas,  Tossanum  tmim  adhuc  in  humanis  agere.  Et  certe  Genmt- 
uiam  vepeterem,  nisi sperarem  hrevi  regnatunim  Christi  Evangelium 
fjer  Galliam. 

Mis.'ius  fui  a  fmtribus  in  aulam  «.  ut  explorarem.  quid  illic  cape- 

'  Toî/ssam  avait  quitté  5«7e  au  commencement  d'octobre  1525  (N°  121,  n.  7). 

■''  Voyez  le  N"  144,  note  3.  Ce  «  cruel  abbé  (.le  St.-Antoiue  »  savait  par- 
fois montrer  de  la  bienveillance  aux  savants.  Xous  lisons  dans  une  lettre 
adressée  de  Xeufchasteau,  le  2  novembre  1526,  au  philosophe  Agrippa  : 
<r  Tui  observantissimus,  Abbas  S.  Antonii....  omnes  studiosos,  ut  mihi 
dictum  est,  snmma  humanitate  complectitur.  Scio...  quemcunque  illi  com- 
mendaveris,  fore  illi  commendatissimum.  »  Agrippa  répondit  au  solliciteur: 
«  Apud  Abbatem  S.  Antonii  non  est  mihi  tanta  familiaritas.  >  (Agrippai 
0pp.  Pars  II,  p.  884  et  887.) 

"  Les  chanoines  de  Metz.  Voj-ez  la  signature  de  la  présente  lettre. 

*  C'était  Anne  Malet  de  Graville,  femme  de  Pierre  de  Balzac,  baron 
d'Eutragues,  seigneur  de  Dunes  et  gouverneur  de  la  Marche  ;  elle  avait 
vécu  dans  l'entourage  de  la  reine  Claude,  première  femme  de  François  I", 
morte  en  juillet  1524.  (Voyez  Anselme  de  Stc.-MiU-ie.  Hist.  géuéalog.  de 
la  maison  royale  de  France,  etc.  Paiùs,  1726-1733,  9  vol.  iu-fol.,  t.  II, 
438,  t.  VII,  871.  —  Moréri.  Dict.  hist.  article  Balzac,  et  ci-dessous  la  n.  18.) 

*  Conrad  Besch,  qui  avait  une  librairie  à  Paris. 

•*  Après  avoir  séjourné  quelque  temps  à  BordeaiLx,  puis  à  Cognac,  Fran- 
çois I"  s'était  rendu  à  Angoulème,  où  il  passa  lo  mois  de  juin  avec  la  reine- 
mère  et  la  duchesse  d'Aleuçou  (Agrippa;  Upp.  Pars  II,  848).  Ce  fut  sans 
doute  à  Angoulème  que  Toussain  vit  la  sœur  du  roi  (N»  178,  n.  14  et  16j- 


440  CIFRRE  TOUSSUN  A  JEW  (CCOLAMPADE,  A  BALE.  1  o2ft 

retur  consilii,  et  quoniam  adliiic  persequor  (skp  ab  adversariis,  et 
(irlrersiis  me  prominrinnmt  sentehtiam  Magistri  fwstri^,  cupiebam 
ut  autoritate  regia  tutus  viverem  in  Francia.  CkirlssimnmAlenconUp 
Ducemr>  sum  sœpe  nUoquutus.  et  me  tanta  humanitate  e\cepit. 
quanta  potnissel  vel  principem  aliquem  vel  hominem  sibi  charissi- 
muni.  Obtulit  conditionos  nuiltas  non  aspernendas  [1.  a.>pernanda;?\ 
Multum  sunius  confaltulati  fie  promoven/lo  CItmti  Eranr/elio,  quod 
solum  est  illi  in  votis,  nec  Ull  solmn.  renim  etinin  Régi  ipsi,  nec  ho- 
rinn  ronntihus  refrogdtur  mater*".  Et  eau)  oh  caussam  Rexconten- 
(lit  Ltiteciam^^,  si  negotia  belli  non  remorabunlur  bominem.  Hie 
Intito,  hiijus  ndrentum  e.vspedans,  quandoquideni  Dur  recepit,  se 
tum  facturam  in  graliam  mei  quicquid  cupereni.  Si  bîc  manere 
potero  tutus,  bene  quidem  :  sin  minus,  redibo  ad  vos.  Expédition 
sum  ad  iter  quàm  tum  cùm  mullis  sacerdotiis  onerabar'-,  et  sane 
majora  mihi  offeruntur,  quàm  perdiderim  pro  Cbristi  gloria;sed 
nemo  me  facile  in  aulam  protrmlat,  quôd  illic  nibil  videnm 
synceritatis,  et  omnes  qu<erunt  qu»  sua  sunl.  non  quée  Jesu 
Cbristi.  Episcopm  Mel(len[sis]  dicitur  illic  parum  syncere  tractasse 
Verbum  diebus  superioribus,  plus  studens  iiominibusplacerequam 
Deo'^  Et  babet  Aula  multos  taies  pseudoprophetas.  Sed  si  Deu> 
pro  nnbis,  quis  contra  nos?  Cerfe  Dfir  Alenconiœ  sic  est  edocta  a 
iJoniino.  sic  exercitata  in  lileris  sacris,  uf  a  Cbristo  avelli  non  po- 
terit.  Sunt  iu  Aula  qui  existimantur  Cliristiani,  et  mule  etiam  au- 
âiunt  ah  adrersariis  ;  cum  bene  loquentibus  bene  loquunlur  de 
Cbristo.  cum  blaspbemanlilius  blaspliemant.  SefI  quid  aijuut  tan- 
dem? Certe,  sub  specie  religionis.  cum  suis  longis  tunicis  et  capi- 
tibus  rasis  renantur  sacevdotia  et  episcopatus  aputi  liegem  et  Dnrein: 
quos  quum  sunt  assequuti,  ipsi  velprimi  slant  in  acie  adversus  eos 
quos  mundus  vocal  Lutheranos.  et  nibil  lam  fiiLqunt.  quàm  ctmsue- 

*  Erreur  de  plume,  au  lieu  tïo  pcrseciiiio)icm  j^ntinr. 

*  D'Argentré  ne  fait  pas  mention  d'une  censure  ])rononcée  contre  Tous- 
sain  jiar  la  Sorboune. 

"  Voyez  la  note  G. 

'"  Voyez  le  N"  125,  vers  la  fin. 

'  '  On  croyait  en  effet  que  François  I"  se  rendait  à  Paris.  L'évêque  de 
lîazas  écrivait  ;\  Api-ippa  le  5  juillet:  «  Ex  itinere,  ex  oppido  de  Maule... 
liex  enim  continuât  iter  versus  Pai-isios.»  (0pp.  p.  848.)  Mais  le  roi  n*- 
tit  sa  rentrée  à  Paris  qu'au  mois  d'avril  1527. 

"  f'omitarez  ce  passage  avec  le  commencement  du  N"  161. 

'  Les  documents  contemporains  ne  fournissent  aucun  détail  sur  ces 
prédications  de  Jiriçomiet. 


1526  PIERRE  TOUSSAIN  A  JEAN  OECOI.  \MI' VUE.  A  BALE.  447 

tudinem  eonim  qui  labe  aliqua  aspersi  smii  pn»  Cliristi  iioiiiiiie. 
Sed  qniil  aliud  expeclares  ab  aula,  meretrice  periciilosis.'^inin  ?  Hm- 
gate  Dominuni.  ut  hîc  nobis  suscilel  piophetas,  qui  spiritum  ba- 
beanl  foilitudinis.  non  timoris. 

Fahnim  }>u)ii  nfloqitutus,  et  Ruffuni^*,  sed  cevte  Fulnr  niliil  li<ihrt 
animi.  Deus  confirniet  eum  et  corrolioretî.  Sint  sapientts<pianluni 
velint,  expectenl,  ditïerant  et  dissimulent  :  non  iioteril  priedicari 
Evanûelium  absque  cruce.  Hfec  cum  video,  mi  OEcolampadi.  cnin 
video  aninunn  Régis,  animuni  Ducis  sic  propension  ad  promorendiini 
Christi  Erangelium,  ut  nibil  magis.  et  eos  qui  soli  negocium  hoc 
promorere  deherent,  secundùm  gratiam  illis  datam,  iUorum  inslitn- 
tiini  remorari,  certe  continere  me  non  possuni  a  lucliriimi^s.  Dicunt 
certe  :  c  Nondum  est  tempus,  nondum  venit  bora!  »  Et  bîc  tamen 
non  babemus  diem  neque  boram.  Si  xoiCœsareni  et  Ferdinnndiini 
conatibus  vestris  faventes  baberetis,  quid  non  faceretis  "?  Rogate 
igitur  Dominum  pro  Gallia,  ut  ipsa  tandem  sit  digna  Verboî 

Scio  niultum  tibi  fuisse  negotii  exbibitum  ab  adrersariis  Baden. 
\sibiisy'-' ;  ceterùm  regnabit  veritas.  Cum  eram  in  Aula.  Hehefins 
quidam  rumorem  sparserat.revocasse  te  sentenliam  tuam  deEucba- 
l'istia  :  quod  spiritus  meus  judicat  esse  mendacium,  quare  fortiter 
illi  restiti  in  faciem.  Cum  eram  in  carcere,  pleno  aqua  et  sordibus  " . 
Alibas  Sancti  Antonii  coègevâime.  ut  Marco^'  scriberem..  ut  libri 
mei  ad  me  mitterentur  ;  sed  sapienter  egit.  Huic  babelo  gratias. 
et  dicito  salutem  Bentino  et  fratribus  omnibus.  Relegerem  lias  li- 
teras,  sed  certe  non  vacat.  Boni  consule.  et  bene  vale.  carissime 
OEcolampadi.  Ex  arce  quod  vocat  [1.  quam  vocant]  nemus  niala- 
rum  berbarum'S  die  Anna?  (1526). 

Si  scribere  voluerisad  me.  mitte  literas  tuas  Christiano^^  hiblin- 

>*  Voyez  le  N"  17S,  à  la  fin. 

'=>  Voyez  le  N°  176,  note  15. 

»6  A  Pont-à-Moussou  (V.  le  N"  170) 

»"  Voyez  leN»  140,  note  9. 

ï^  Le  château  appelé  par  Toussain  «  le  Bois  de  3Ialeslierhes  "  est  situé  sur 
une  colline,  près  de  la  petite  viWe  de  il/rt?f.s/M'»-?;c.*  (département  du  Loiret\ 
à  17  kilomètres  de  Pitliiviers.  Cette  seigneurie,  qui  a  donné  sou  nom  à 
une  branche  de  la  famille  des  Lamoisnon,  était  entrée  dans  celle  des 
Balzac  par  Aune  Malet  de  Graville,  «  dame  du  Bois  de  Malesherhes.  » 
(Voyez  Anselme,  VII,  871  et  890,  et  la  note  4.) 

>9  Christian  Wechel,  imprimeur  à  Paris  depuis  1522.  Ses  armes  fiu-ent  d'a- 
bord rÉcu  (le  Baie,  ce  qui  pourrait  faire  supposer  qu'il  avait  formé  une  asso- 
ciation avec  Conrad  Eesch  (N"  20,  n.7  et  N»  173,  n.  18).  Il  prit  ensuite  la 


M8  GÉRARD  ROUSSEL  A  GUILLAUME  FAREL.  A  STRASBOURG.         1526 

(lo/œ  Pnrisiensi,  vel  committe  eas  Jo[anm]  Vaugtis,  quem  salutabis 
nomine  meo,  et  Imelium.  Vobis  omnibus  commendo  Stcplianum 
Storum  -°,  quantum  possum.  Aliàs  cum  ad  te  scribebam.  ba?c  erat 
nota  mea  :  S.  S.  -•  Sed  nunc  non  timeo  vocari,  sratia  Christo, 
Petrus  Tossa.nus,  olim  canonicus  Metensis, 
nunc  seiTus  Christi  humillimus. 
(Inscniitto  :j  Joanni  Œcolampadio.  patri  suo  in  Christo. 


t82 

GÉRARD  ROUSSEL  à  Guillaume  Farel,  à  Strasboui'g. 
D'Amboise,  27  août  (1526). 

Autographe.  Bibliothèque  Publi(iue  de  Genève.  Vol.  n"  111a. 
C.  Scbmidt,  op.  cit.  p.  197. 

Sommaire.  J'ai  écrit  plusieurs  fois  à  Maître  Pierre,  qui  a  promis  de  s'employer  en 
votre  faveur.  On  nous  traite  avec  un  peu  plus  de  ménagements  qu'autrefois,  et  nous 
pouvons  espérer  plus  de  liberté  pour  l'époque  où  nos  protecteurs  réussiront  â  régler 
les  affaires  qu'ils  ont  encore  sur  les  bras.  J'ai  présenté  à  la  Duchesse  [d'AUnçon]  une 
partie  de  mon  travail,  que  je  me  propose  de  publier.  Continuez  celui  que  vous  avez 
commencé  avec  Simon  [Robert]  :  vous  ferez  là  une  œuvre  utile,  et  je  m'efforcerai  de 
vous  imiter.  Pendant  le  séjour  que  fera  ici  Cornélius  [Michel  d'Arande]  nous  deman- 
derons il  la  Duchesse  de  faire  li\Ter  un  peu  d'argent  à  vous  et  A  Simon.  Les  frér 
en  feront  aussi  pan-enir  à  L[ambert].  Dieu  veuille  lui  donner  d'autres  sentiments  ! 
Aumônier  de  la  Duchesse,  je  suis  en  butte  à,  l'envie,  entouré  de  périls,  contraint 
dissimuler  beaucoup  de  choses,  et  affligé  de  vos  discordes  qu'on  exploite  ici  cont 
nous.  Si  j'avais  voulu  écouter  mes  amis,  je  serais  reparti  tout  de  suite  pour  l'Ai 
viagne.   Ayez  ces  circonstances  présentes  à  l'esprit  quand  vous  m'écrivez.  J'espt  : 
me  rendre  sous  peu  de  jours  A  Paris.  Veuillez  donc  me  renvoyer  au  plus  tôt  le  Hi. 

la  devise  «  siib  Pcr/aso.  »  Voyez  dans  le  t.  xxvi  de  l'Encyclopédie  moderne 
l'Essai  sur  la  T>pograpbie  par  A.  F.  Didot. 

'"  Etienne  Stœr,  ancien  pasteur  de  Liestal  (N"  91,  n.  1).  S'étant  fait 
l'organe  des  paysans  b;\lois  qui  s'insurgèrent  au  printemps  de  1525,  il  fut 
oxilé  et  se  réfugia  à  Strasbourg.  Les  magistrats  de  cette  ville  le  retinrent 
même  quclcpie  temps  en  prison,  à  la  demande  du  Sénat  de  Bùle  (Voyez 
J.  J.  Ikrzog,  op.  cit.  1G5.  —  Zuinglii  0pp.  VII,  4G5  et  480). 

^'  Ce  sont  les  initiales  de  l'anagramme  Sunassot  Siirtep  (V.  p.  386). 


15^6    GÉRARD  ROUSSEL  V  (JUII.LALI.MK  l'ARKI,,  A  STRASBOURG.     'l'i'.t 

de  la  Genèse,  qui  est  entre  les  mains  do  Bentin,  et  me  donner  vos  instructions  à  ce 
sujet.  Peregrinus  [Le  Fèvre]  est  tout  occupé  de  sa  réponse  X  Bcda.  Saluez  nos  luurs  et 
la  faviillc  de  Capiton. 

Gratia  et  pax  à  Deo  pâtre  et  Domino  Jesii  Clirislo! 

E(ji phtribus  literis  cum  mrujistro  Petro  de  tids  rébus  ^:  polliciliis 
est  omnem  operani.  Vellem  a  pollicilis  absolutuni  in  liiiiin  ((iiii- 
moduiii.  quod  promotum  tara  ciipio,  ut  nemo  magis.  Mifiùs  nli- 
quantuiii  nobiscum  axjitur  quàm  prlm,  et  noniiiliil  spei  accrescit 
futiiium  ut  adversariorum  furor  frenetur  et  ali(piantuni  liherlalis 
noliis  restitualui'-.  Sed  liactenus  obsliterunt  négocia  a  quilius  vix- 
dum  explicari  queant  qui  nobis  prie  céleris  lavere  videntur.  Bien 
fiel  conveiitiiH  de  quo  scripsi  ad  te  Utérus  uliquot^;  fruclùm  inile 
(piempiam  capienius,  opinor. 

Obtuli  Duci  jjurteni  nostri  luboris,  quam  hilari  vultu  acccpit*: 
Iioc  ago  ut  exsci'ibalur,  et  demum  prelo  mandetur,  si  quo  modo 
possim  hoc  ipsuni  consequi  \  Opturm  quam  prùnum  ad  nos  di- 
mitti  Genesim  quam  habet  noster  Bentinius.  Si  lu  cum  fratre  noslro 


'  Voj-ez  le  N°  178,  note  3.  Nous  supposons  qu'il  veut  parler  de  Pierre 
Vitier  (en  latin  Vitçrius),  professeui-  au  collège  de  Navarre  à  Paris,  ami 
intime  de  Thomas  Grey  (N»  6),  qui  lui-même  avait  eu  des  relations  avec 
Farel  à  Bâle  (Voyez  Erasmi  Epp.)- 

-  Tous  les  amis  de  l'Évangile  ne  partageaient  pas  les  espérances  de 
Roussel.  Agrippa,  répondant  à  une  lettre  que  Chapelain  lui  avait  adressée 
de  Bloisle  29  août  1526,  en  le  saluant  de  la  part  de  Le  Fèvre  et  de  Guil- 
laume Cop,  écrivait  le  18  septembre  les  réflexions  suivantes:  «  Quod  ad- 
moncs,  tramferendum  aïiquid  de  Ckristianismo  ad  Christianissimum  Ecjem, 
res  hrec  non  modicam  considerationem  requirit...- Utrum  conveuiat  magis, 
vel  aliéna  traducere,  vel  propria  meditata  proferre,  adhuchaîreo:  honestura 
est  propriis  armis  dccertare,  aut  tutius  forte  sub  alieno  clypeo  delitescere, 
tutissimum  autem  tacere.  Nam  hodie,  ut  vides,  Christiana  ceritas  mdlo  secu- 
riori  modo  colitur  quàm  stnpore  et  silentio,  ne  forte  corripiamur  à  pra'dica- 
torum  htorcticorum  inquisitoribus,  ac  Sorbonicis  illis  in  Lege,  non  quideui 
Mosaica,  nec  itidem  Christiana,  sed  Aristotelica,  doctissimis  Scribis  ac 
PharistX'is,  qui  nos  fasciculorum  meiu  cogaut  ad  paliuodias.  »  (Agrippa- 
0pp.  P.  II,  8G2.)  —  Le  bûcher  qui  s'était  de  nouveau  allumé  à  Paris,  le 
28  août  (X°  124,  n.  11),  explique  trop  bien  les  paroles  d'Agrippa. 

^  En  l'absence  de  ces  lettres,  nuus  n'avons  pu  découvrir  quelle  est 
«  la  conférence  »  dont  parle  Roussel. 

*  Voyez  le  N»  178,  notes  5  et  6. 

^  Voyez  la  page  278,  et  le  N"  102,  note  5. 

T.  I.  -29 


4o0  iitKAKU  ROUSSKL  A  GUILLAUMl::  FAUEL,  A  STRASBOURG.  1  526 

Simone''  pergeres  in  cepto  opère',  hac  parle  publicee  utilitati  con- 
sulliim  arbilrarer;  nec  meo  defutiirus  sum  ea  in  re  officio,  sed 
apnil  meus  similem  subibo  laborem.  Rediturus  est  ad  paucos  dies 
nosler  Cornelim  ^  cum  quo  apud  Ducem  de  te  et  fratre  nostro 
Simone  agani  amicè,  et  in  hoc  incumbam,  ut  vobis  aliquanlum  pe- 
cuniie  assignetur,  quousque  Dominas  ingressum  aperueril'^  Bono 
estote  animo,  et  noslri  silis  memores  in  veslris  oralionibus! 

In  (inla  Ducis  concionaloris  fnngor  munere,  non  sine  invidia  et 
jnagno  viltC  periculo,  sed  Doniinus  est  qui  roborat.  Dissiniulanda 
nobis  sunt  plurima,  et  toi  decoquenda  ut,  nisi  adsit  Dominus  mul- 
tuni  fervoris  subrainistrans,  fieri  nequeat  quin  sim  multo  inferior. 
Discordin  inter  vos  nos  turbat  plurimum  '".  et  inde  adversarii  an- 
•sani  sumpsere  debaccbandi  in  nos  et  commovendi  universos.  ut, 
nisi  Dominus  de  aliquot  viris  nobis  providisset,  non  liceret  nobis 
tutis  esse.  Probe  feceris,  si  pro  tuo  officio  sarciendte  concordiae 
studuei-is.  Non  scribo  ad  fratrem  nostrum  Simonem,  quôd  sperem 
propediem  oportunius  scribere;  nam  quod  scribam  nihildum  lia- 
1)60,  nisi  ijuod  Ijono  sum  animo  bene  cessurum,  modo  CorncUi  non 
desil  piu'sentia.  Audio  fralresaliquanlam  pecuniammissuros  L.  ", 
id  fjuod  gratulor,  sed  immutatum  illius  animum  per  Dei  gratiam 
cupiara  [1.  cupio]. 

Ne  mireris  si  bactenus  nihil  egerim,  sed  potius  mirare  cur  ad 
vos  protinus  non  remearim.  Nam  si  amicis  credidissem,  mihi  crede, 
vix  integi-am  septimanam  apud  nostros  vixissem.  Scis  temponi  : 
hisce,  si  quid  scripseris,  attempem  tiunn  stilum.  Nondum  pelii  Pit- 
m/MWi.  sed  petam,opinor,  propediem,  ni  Deus  alia  invexerit  négo- 
cia. Flic  lit  liber  Geneseos  ad  nos  citô  redent,  et  (|uod  [à]  me  factum 
vobierilis  scribite,  et  me  obtemperati.ii-um  pro  virili  poiliceor.  Sa- 
hilal  V(»s  Peref/riniia,  (|ui  tolus  in  Iractando  Beda  occupatur,  sed 

"  Simon  Robert  de  Tournay,  réfugié  à  Strasbourg  pour  la  religion.  Il 
était  riiote  de  Capiton,  comme  Farel. 

•  Il  doit  être  question  de  l'œuvre  commencée  par  les  réfugiés  français 
il  Strasbourg,  c'est-à-dire  d'une  traduction  française  de  la  Bible  (N"  168, 
notfs  19  et  20). 

"*  MicM  d'Arande  (N»  178,  n.  7),  dont  Farel  a  écrit  le  nom  au-dessus 
de  cclid  de  CorncUu-s. 

"  Voyez  le  N»  178,  n.  2. 

'"  Allusion  aux  dissentiments  sur  l'eucharistie  (V.  le  N°  163). 

"  C'est-à-dire  à  Lambert,  qui  avait  déjà  reçu  un  envoi  pareil,  à  la  fin  de 
l'annét  1524  (V.  le  N»  133). 


1526  GUILLAUME  FARRL  A  CAPITON  ET  A  BUCER,  A  STRASBOURG.   4oI 

modestiiis  qiiàm  pleriiiue  vellent'-.  Saluta  iviilii  sorores^^  el  tolam 
liospilis  fainiliam*^  Amhosia',  27  Augiisli  (lo20)  '*. 

TaUS  JOAN.NES  TOLMNUS  '«. 

(Iiiscn'j)tio :)  Guilelmo  VVappicensi  '".  IVaiii  el  aniico. 


185 

GUILLAUME  FAREL  à  Capitou  et  à  Bucer,  à  Strasbourg. 
De  Baie,  25  octobre  1526. 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

"^OJIMAIRE.  Les  mésaventures  du  voyage  m'ont  fourni  l'occasion  de  reconnaître  la  me- 
sure des  forces  du  libre  arbitre.  Je  me  croyais  assez  intelligent  pour  savoir  discerner 
ma  route,  assez  alerte  pour  suivre  un  guide  vigoureux.  Dieu  m'a  fait  voir,  par  ma 
faiblesse  dans  les  petites  choses,  à  quoi  se  réduit  le  pouvoir  de  l'homme  dans  les 
circonstances  difficiles.  J'ai  erré  jadis  au  milieu  des  forêts  et  des  eaux,  mais  sans 
être  exposé  jamais  à  un  danger  aussi  pressant.  Le  jour  de  mon  départ  [de  Strasbourg], 
après  une  longue  marche  de  nuit,  sous  des  torrents  de  pluie,  j'atteignis  à  grand'peine 
Benfeld.  Le  lendemain,  à  trois  heures,  pendant  que  Thomas  payait  notre  dépense, 
je  pris  les  devants,  mais  pour  m'égarer  jusqu'au  jour  dans  des  marais  où  l'eau  était 
si  profonde  que  je  désespérais  d'en  sortir;  le  soir  je  fus  de  nouveau  séparé  de  mon 
guide.  Le  matin  suivant,  j'errai  encore  pendant  trois  heures  à  travers  champs,  en 
m'eloignant  du  but,  et  ce  fut  seulement  après  une  nouvelle  marche  de  quatre  heures 
que  j'arrivai  à  Colmar,  où  j'attendis  Thomas.  De  là,  chevauchant  tour  à  tour,  nous 
atteignîmes  Mulhoiise.  J'y  eus  un  entretien  avec  le  secrétaire  de  la  ville  [Jean  Osicald 
de  Ga)iKharst]  et  le  prédicateur  Jacques  [Augshurgcr],  que  j'exhortai  tous  deux  à 

'2  Voyez  le  N"  165,  note  2,  et  le  N°  177,  n.  6.  L'ouvrage  de  Beâa  contre 
Érasme  et  Le  Fèvre  avait  paru  avec  une  approbation  de  la  Sorbonne,  mais 
sans  le  privilège  du  Parlement  qui  était  alors  nécessaire  pour  autoriser 
l'impression  et  la  publication  des  livres.  (Voyez  De  Sainjore,  op.  cit.  II, 
379  et  suiv.) 

*^  Les  femmes  des  pasteurs  de  Strasbourg. 

**  La  famille  de  Capiton. 

*^  Le  millésime  est  de  la  main  de  Farel. 

^•^  Au-dessous  de  la  signature,  on  lit  ces  mots  de  la  main  de  Farel: 
<  Géra.  Bufus.  » 

*'  Farel  était  originaire  dç  Gap. 


452   GUILLAUME  FAUKL  A  CAPITON  ET  A  BUCER,  A  STRASBOURG.   1S2& 

donner  l'exemple  du  support  fraternel.  Jacques  m'ayaut  dit  que  son  collègue  [Nito- 
las  Bruckner]  avait  dû  quitter  la  ville,  j'en  ai  averti  CEcolampade,  et  je  vous  pro- 
pose d'envoyer  Boni/ace  [  Woljhaid]  pour  occuper  cette  place  Vacante.  J'essaierai 
également  à  Berne  de  faire  donner  un  collègue  à  Berthold  HaUer. 

J'ai  exhorté  aujourd'hui,  de  votre  part,  Wolj'gang  [  Whsenburger]  à  édifier  l'église 
en  enseignant  le  wai  but  de  la  Sainte  Cène  ;  il  a  très-bien  accueilli  mes  représenta- 
tions. Ecrivez-lui  souvent,  ainsi  qu'à  Marcus  [£ersius\  Saluez  pour  moi  Sympho- 
rien,  Latomus,  Hédion,_  Théobald,  Egentinus,  Jacqites  [Bédrot],  Kronherg  et  Simon. 
La  crainte  du  Sénat  et  de  la  peste  m'a  empêché  de  remettre  moi-même  la  lettre  de 
Bentin  à  sa  femme. 

Gratia  et  pax  à  Deo  paire  no.stro  et  Do.  Jesu! 

Nostis  Servatorem  lachrymanlibus  dixi.s.se  miilierculis  :  «  Si  iu 
viridi  lioc  faciunt,  quid  in  sicco?  »  [Luc.  XXIII,  31.j  Quodapiid  me 
ipsum  recogitans,  inr/entes  scilicet  ngnovi  arhitrii  vires,  quantum 
possinl  iii  ils  quae  Dei  sunt.  quàm(|ue  Deum  ipsum  sequi  et  suas 
ininiitabiles,  nisi  Ipse  dederit,  [po.ssint]  sequi  vias!  Cum  enim 
compertum  liabeam,  me  collatum  homini  cuicunque,  utcunque  ille 
valeat;  longe  magis  illi  adsimilari  modis  onmilius,  quàm  quivis 
Deo  collatus,  attanien  non  fuit  tanta  vis  prmientiœ  nec  tanta  pedum 
peniicitas,  tit  rectam  tcnere  potuerim  viam,  aut,  si  quando  in  ea 
paiiluni  liiesissem,  ductorem  assequerer.  Ipsi  noslis  me  non  pror- 
sus  slupidum,  ut  de  viarum  discrimine  utcunque  discernere  possini. 
nec  prorsus  ignavum  et  lentum,  ut  etiam  non  ignavum  comitari 
possiiii  :  si'd  roluit  Dominus  pir  itiprnui  liœc  iJocovc  (piid  possit  homo 
in  niajorihus. 

Res  est  levis.  faloor,  à  via  aberrare,  sed  ut  mihi  conligil  non 
adeo.  Olini  err^buiidits  in  sylvis,  in  nemorihus,  in  aqiiis  vagutus 
sinii.  st'd  niinqufnn  tanto  in  discrimine;  nibil  alioruin  (sic)  letigit  me. 
H<ir  proft'ctione  ac  ipso  die  quo  egressus  sum',  ita  à  Domino  fui 
visitai  IIS.  ut  iirorsus  de.sperarem  in  diversorium  posse  concedere. 
(Iravabal  iiox,  op[irimebal  pluvia;  ligi  pes  non  polei-at,  destitutu- 
liuclore  oculo.  Elsi  supra  vires  pergendum  erat,  coegit  lamenviii 
(lifticiiltas  in  média  .sedere  via  sub  pluvia.  Tandem  post  lapsus  el 
nulaliones  diversorium  altigi..  ubi  Itospes  damimm  (piod  Gal/i  olim 
iili  iiilulerunt.  in  me  resarcire  conlendit.  Hujus  gralijî  cras  ad  ter- 
tiam  lioram  egredior,  dum  TIiohkis-  cum  liospite  agit;  pergorecte 
sed  MOU  diu.  abduclus  à  via  iler  sc(iuor  ad  paludes.  Ibi  nato  lon- 
guiii  Icnipiis.  il.i  iiilcrihim  jiiofiindam  ollendens  aipiam,  ut  nuUa 


'  Il  faut  soiis-entendre  Argcnioralo. 
'  Ce  personnage  nous  est  inconnu. 


4  52G       GUILLAUMK  FAHEL  A  CAPITON  ET  A  BUCER,  A  STHASBOUIU;.       4o3 

esset  spes  egrediendi.  Elabor  tandem  et  longius  à  via  erro,  donec, 
illucente  die,  non  niulliim  abesse  a  Benvell^  inlelligo,  <|iji  proxi- 
mus  Selestadi[o]  *  esse  debebam. 

Haec  si  mihi  Iristissima  essent.  ita  iil  orarem  IJoniiniini.  si  sua 
volunlas  esset  me  aliô  non  migrare,  non  paterelur  pi-[ogredi?],non 
fiiere  la,'ta  Tlioniœ,  ut  ex  Tribuno  pliéis^  non  diibito  vos  intellexisse, 
quem  [saliitatum]  cum  Scriba'^  [oplarim]  in  Domino.  Sed  non  sa- 
lis erat  eo  die  erratum,  nisi  sub  noctem  disjungeremur:  Tliomn 
secedente  ad  iclum  lapidis  in  pagum  à  via  remotnm.  ego  mhô  in 
alterum  in  via  situm  diverti.  At  volens  diligentior  esse,  anle  ter- 
tiam  surgo,  Çolman'am  petiliirus  ac  Thomam  illic  expectaturus;  et, 
<:um  via  planior  esset  et  iter  brevissimum,  tamen  per  montes,  syl- 
vas  acvalles,  vineas  ac  agros  erravi  usque  ad  sextam  boram.  Inter 
sextam  et  septimam  longe  remot[ior]  fui  à  Colmarin  quàm  quum 
<liversorium  egressus  sum  ;  vix  tandem  ad  decimam  perveni  in  lo- 
cum  pnolixuiu  '.  Ita  erratum  fuit,  ut  si  dedità  operâ  aberrare  voluis- 
sem,  non  ita  potuissem.  Secunda  die  paulo  [melius]  actum  est: 
non  discessi  ab  illo^  nec  ipse  à  me;  œquitantes  alternatim  deveni- 
mus  Mellusmn. 

Ilbc  Scribmn  offendi  unacum   concionatore  Ja- 

cobo\  quem  illuc  pi-omovit  OEcol(tmi)afU'iis,e[ '"  quem 

Lutheri  partibus  additum  verebar:  sed  longe  aliter  rem  babere 

comperi.  Narravit  [ille non  fuisse]  aliàs  Evangelio  faven- 

tem,  qui  totus  repugnaret  super  bac  re.  Rogavi  ".  ut  partes  [pas- 
toris]  agere[t],  et  loqueretur  ne  illum'-  oll'enderet,  purissime  trac- 
lans  Cbristum,  ut  eswn  spiritalem  [doceret,  atque,  bis]  diligenter 

3  _  i  Benféld  et  ScMestadt,  petites  villes  du  département  du  Bas-Rhin, 
éloignées  l'une  de  l'autre  de  17  kilomètres. 

^  Le  grand-maître  des  tribus  de  Strasbourg. 

^  Le  secrétaire  du  sénat  de  Strasbourg. 

■  C'est-à-dire  à  Colmar,  où  il  avait  donné  rendez-vous  à  son  compagnon 
de  voyage. 

^  Thomas. 

3  Jacob  Augsbiirger,  pasteur  à  Mulhouse.  (V.  Œcolampadii  Epp.  éd. 
cit.  fol.  205  a  et  207  a.  —  Rœhrich,  op.  cit.  II,  236.) 

»°  Ici  commence,  dans  le  manuscrit  original,  une  mouillure  profonde,  qui 
s'étend  sur  la  plupart  des  mots  voisins  de  la  marge  droite.  Une  main  in- 
discrète a  essayé  anciennement  d'en  restaurer  quelques-uns,  ce  qui  rend 
fort  difficile  la  vérification  du  texte  de  plusieurs  passages. 

'1  II  faut  sous-entendre  Jacobum. 

'-  C'est  le  personnage  dont  le  nom  a  disparu  plus  haut  après  mrravU. 


454   GUILLAUME  FAREL  A  CAPITON  ET  A  BUGER,  A  STRASBOURG.   1526 

inciikalis,  impanntio  rueret.  Scribam  dixit  non  sentire  hosteni  imo 

ainicuni, oITendi;  nam  primo  colloquio  agebam  de  iis 

qui  toli  erant  in  contentionibus  et  pugnis  [verboram],  neglecla 
charitate,  nibil  déférentes  inCirmilali  fratruni,  sed  mox  omnes 
Iradentes  Salan.'e,  [et  optabam  ut]  illos  Cbrisli  apostolos  iniilarentur, 

qui  ila  inliniios  ferre  norant,  non  mox  tradentes  Salanio lUo 

assentiebatur,  duin  commendarem  reslnuii  pucia  studiuin. 

Pelii  a  Jncobo,  ali(iuemne  baberet  adjutorem?  [Respondit,] 
paulo  ante  migrasse  quem  babebat  optimum.  Gonveni  de  re  hac 
(Mcoluiiipadium,  subindicans /^o/i//</c/«m'*  aplura  ad  id  muneris, 
ac  recepit  se  tenlaturum  an  illic  esse  possit.  Non  maie  ageretis  si 
illuc  Bonifaciiim  mitleretis,  ut  tentaret;  liaec  non  negligenda  est 
occasio.  Bucere  mi,  alium  tibi  facile  poteris  parare  ministrum: 
nam  veslrum  est  taies  vos  eligere  quos  aliô  facile  mittere  possitis, 
probatos  in  omnibus.  Si  Dominus  dederit.  apud  Bernum  tentabo  '^ 
si  (jua  possit  lleii  ut  Ollo  qui  apud  Wolfthnufjum  agit'%  adjungatur 
Bcrtltoldo^^.  Bonifacius,  si  illuc''  concédât,  ut  non  tanlum  urbis 
curam  gerat,  sed  et  viciniœ  nonnunquam,  vicina  invisens  loca  et 
passim  proîdicans  Verbum,  cui  det  Dominus  vos  constant issime 
liœrere,  ut  opinioni  ijuam  omnes  passim  babent  et  expectationi  de 
vobis  facta  respondeaiit  vestra  'M 

Conveni  hodie  nomine  vestro  Wolidumgum  ac  salutavi  ofliciosius. 
addens,  vos  orare  ut  sanctam  Cbristi  cum  fratribus  servaret  pacem, 
œdilicationi  ecclesiai  tolus  incumbens,  et  si  de  cœna  Domini  non- 

'*  Boniface  Wolfhard,  qui  résidait  alors  à  Strasbourg  (N»  170,  n.  8). 

'*  D'après  l'opinion  g(''néralemcut  accréditée  et  qui  semble  confirmée  par 
ce  passage,  ce  serait  seulement  à  cette  époque  que  Fard  aurait  formé  le  des- 
sein d'évangéliser  les  pays  sujets  de  Berne  où  l'on  parlait  la  langue  française. 
Mais  nous  avons  vu  que,  déjà  l'année  précédente,  il  était  préoccupé  de 
faire  annoncer  l'Évangile  à  NctœMtel  (V.  le  N"  159  et  le  N°  184,  note  15). 

"*  Est-il  (luostion  de  Wolfrjauff  Wisseuburycr  (N"  140,  n.  8)  ou  de 
Wulfijang  Capitun;'  Le  persoiniage  que  Farel  appelle  Otto  était  peut-être 
Othon  Bimlcr,  qui  vint  occuper  à  Mulhouse  la  place  do  pasteur  laissée  va- 
cante en  février  152G  par  le  départ  de  Nicolas  Bruckner.  (V.  Rœhrich,  op. 
cit  I,  a84.  —  Zuinglii  0pp.  VII,  475.) 

'"  BertltoUl  Huiler  (N"  53,  n.  1),  dont  la  position  à  Berne  était  devenue 
très-difficile  depuis  la  dispute  de  Haden.  Le  25  juin  il  avait  reçu  Tordre  de 
dire  de  nouveau  la  messe  et  n'avait  obtenu  qu'avec  beaucoup  de  peine  d'en 
être  dispensé.  (Voyez  Kuchat,  I,  293.  —  Jean  de  Muller,  X,  325.  —  Ber- 
nerisches  Mausoleum,  I,  403,  en  note.) 

"  C'est-à-dire  à  Mullunuic.  Le  v(eu  de  Farel  ne  fut  pas  réalisé. 

"  Voyez  leN"  189,  qui  renferme  uu  éloge  des  pasteurs  strasbourgeois. 


152G      GUILLAL'MK  FAUKf.  A  CAI'ITdN  ET  A  BUCEH,   A  STIlASROrUG.       415.^) 

(lum  constarct^-',  habita  ecclesùiî  ralione  ac  adversaridniiii  jiolen- 
tiae,  totus  esset  in  iisu  cœnœ  docemlo;  tut  m  orca  plcne  Clirislum  Itu- 
berent  ac  eo  fuie  pnacermtur,  si  in  memoriam  mortis  pane  rence- 
rentar-\  Respoiulit  olini  se  id  egisse  acniagis  aciuriiin  coiiimone- 
faclis  suis,  ut  toti  sint  in  recogilanda  Clirisli  ukii'Il'.  Hiipio  aindes 
pane,  sire  illic  Cliristm  lateat,  sire  non.  Aildeliat.  seiitcnliam  non 
adeô  videri  a  vero  alienani,  de  ffua  expectaret  iilenioroin  à  Deo 
eruditionem;  cumque  referreni  fructus  unionis  etcliaritatis  vestne. 
subintulit,  se  pridem  exoplasse,  ut  communibus  votis  idem  omnes 
susciperent  traclandum  quod  promolum  vel  amotum  velleni:  et  ex 
alloquio  non  potui  aliud  agnosse  nisi  eum  bene  velle  negocio 
Ghristi,  ac  penncaciam  Martini'-^  illi  displicere.  Scripsit  ad  le,  mi 
Capilo,  binas  literas  pro  quadam  Margarita.  (jdibus  nibil  i-espori- 
sum  fuisse  dixit;  ego  te  non  accepisse  literas  causatus  sum.  .Mulii 
estis;  si  unus  vestrum  modo  ^d  Marcuni^-,  aller  ad  Volplianfjum. 
scriberet,  et  sic  aliis  alii.  sperarem  non  cariluras  fructu  vestras 
literas.  Sed  consilium  OEcolanipaclii  vobis  sequendum  erll.  non 
meum:  magis  enim  novit  (piid  expédiât  quàm  ego. 

Salutate  mihi,  qua^so,  fratres,  Simphorianum-^  cum  Latomo^K 
qui  meâ  causa  multum  sudavit,  Hedionem~-\  oratorem  nostrum. 
cui  Dominus  det  ita  in  omnibus  quœ  Ghristi  sunt  persuailere  et 
obtinere  ut  in  causa  mea-".  Matthiam-'  etiam  salvere  opfo.  Se- 

^3  Voyez  le  N°  140,  note  S. 

-"  Voyez  leN°  163,  où  Farel  expose  ses  idées  sur  la  sainte  Cène. 

2'  Luther. 

"  Mardis  Bersius  (N°  140,  n.  9). 

-^  Symphorien  Pollion  (en  allemand  AltJiiesser),  auteur  de  plusieurs 
chants  d'église  et  pasteur  à  Strasbourg,  sa  ville  natale  (Rœhrich,  op.  cit.  I, 
148  et  211). 

-*  C'est  probablement  Jolumnes  Laiomus  (en  allemand  SteinJw),  prédica- 
teur à  Strasbourg  (Ibid.  I,  194). 

2^  Gaspard  Héclion,  natif  de  Ettlingen,  dans  le  margraviat  de  liade,  col- 
lègue de  Capiton  et  de  Bucer  (V.  le  N°  176,  n.  11). 

2^  Nous  ne  savons  pas  dans  quelles  circonstances  Hédion  fut  «l'orocat 
de  Farel.  »  Ce  fut  peut-être  à  cette  occasion  que  les  amis  de  Farel  ù  BAlo 
obtinrent  du  recteur  la  lettre  mentionnée  p.  418. 

-''  C'est  probablement  3Iatthias  Zcll,  né  à  Kaisersberg  en  Alsace  il  477). 
Après  avoir  enseigné  pendant  plusieurs  années  dans  l'université  do  Fri- 
bourg,  il  devint  pasteur  à  Strasbourg  en  1518.  Il  y  épousa  (152oi  Catherine 
ScJiiitz,  femme  d'un  esprit  très-cultivé  et  qui  mérita  par  sou  dévouement 
envers  les  réfugiés  le  surnom  de  <  vière  des  Ticformatcurs.  »  (V.  lîœlu-ich, 
op.  cit.,  passim,  et,  dans  les  «  Mitthciluugeu  j>  du  même  auteur,  l'article 
consacré  à  Catherine  Zell.) 


4.')0      (;UILLAUMK  FAREL  A  CAPITON  ET  A  BUCER,  A  STRASBOURG.       1526 

hitstinnum-'^  ac  Theohnldum-'^  cum  Efjenlitio'^'*,  quem  Doniinus  veris 
.•idoinet  episcopi  doiibiis.  J(irohum^\  quem  non  convenisse  me 
niale  liahet,  etsi  id  destinaram  animo.  Cronobergium^-  nolite  ne- 
Sligece.  Bcntini  lileras  iixori  reddi  ciiravi'^  quas  ipse  reddidissem, 
)ii-;i  inclus  cnm  SmatiiH-'"  liim  pc.sfis^''  domi  ino  detinuisset.  Ipsum 

"  Schastim  Mojer  fX»  128,  n.  15),  diacre  de  l'église  de  St. -Thomas  à 
Strasbourg.  Pendant  son  récent  séjour  à  Bâle  il  avait  été  menacé  du  même 
sort  que  Farel.  Voyez  les  lettres  d'Œcolampade  du  4  et  du  11  novembre 
1525  :  «  Seh.  Mcyer.  hodie  sistitur  Senatui ...  Prœsagit  animus  meus  nescio 
qiiid  sinistri.  Omnem  cnini  lapideni  movont  éV/J?-'-,  et  quacunque  possunt 
nocent.»  —  «  Sebcisliano  Maier...  nihil  accidit  in  judicio,  tametsi  Satanas 
tentarit  quippiam,  ut  hinc  ejiccrctur,  quemadmodum  FareUns;  adeo  hospi- 
tuni  habemus  rationem,  veri  Sodomitfe  !  »  (Zuinglii  0pp.  VII,  433  et  434.) 
-"  Théohald  Schwarz  ou  Nigri,  ancien  moine  natif  de  Haguenau,  diacre 
de  Matthias  Zell  depuis  1524  (Rœhrich,  op.  cit.  I,  192). 

■•"  Est-ce  le  personnage  mentionné  en  ces  termes  dans  la  Bibl.  Univ.  de 
C.  Gessner:  «  PhiUijpus  Engenlinus,  poeta  Germanus,  fertur  scripsisse  de 
vita  Lamberti,  et  carmcn  in  laudem  Friburgi  Brisgoiae,  cujus  universitatis 
magna  cum  laude  professer  poetica-  fuit  annis  aliquot?»  Nous  sommes  peu 
disposé  à  le  croire.  Bien  que  Philippus  Engentinus  eût  embrassé  la  doctrine 
réformée,  comme  le  prouvent  ses  lettres  du  17  décembre  1522,  du  18  juin 
1523  et  du  10  mars  152C,  qui  sont  datées  de  Fribourg  (Col.  Simler),  il  ne 
parait  pas  avoir  exercé  le  ministère  évangélique,  et  nous  savons  d'ailleurs 
que  deux  ans  plus  tard  il  habitait  encore  la  ville  très-catholique  do  Fri- 
bourg. Un  professeur  de  cette  université  écrivait  le  12  septembre  1528  à 
Boniface  Amerbach:  « FhiUppus  poeta...  novmimc  Argentinam  lectica  et 
navigio  vcctus,  se  exscindi  vel  secari  passus  est.  Qua  sectura  in  fata  conces- 
sit....  Miseriarum  silva  obrutus  fuit  vir  optimus.  Luiheranus  tamen  erat,  sed 
de  eo  génère  qui  Christum  sapiunt.  »  (Udalrici  Zasii  Epistolœ.  Ulmae,  1774, 
in-8",  p.  199.) 

''  C'est  vraisemblablement  le  professeur  de  grec  Jacques  Bcdroi,  qui 
était  en  relation  avec  Fnrel. 

'■*  Hnrtiiiit)7fï  (k  Cronherg,  gentilhomme  qui,  trois  ans  auparavant,  avait 
é(é  chassé  de  son  château,  situé  près  de  Francfort.  Il  se  réfugia  d'abord  à 
Bille,  où  il  prit  part  à  la  dispute  d'CFcolampade  (oO  août  152.3j.  En  152G 
il  biibitait  Strasbourg,  comme  nous  l'apprend  Capiton  dans  une  lettre  adres- 
sée à  Zwingli,  le  15  janvier  de  la  môme  année:  <  Harimunâius  de  Kron- 
hrrg  hic  est,  exul  ob  Christum,  amplissimis  exclusus  possessionilms,  cui  Do- 
minus  constantiam  ac  longanimitatem  donct,  qua  oi  inprimis  opus  esse  vi- 
detur.  »  (Voyez  J.  .T.  Ilerzog,  op.  cit.  142.  —  Rohrich,  Gescli.  der  Réf.  im 
Klsass,  I,  139.  —  Zuiiigh'i  Oji.  VU,  464.) 

^*  Ce  détail  montr(>  que  Michel  Bentin  vivait  alors  à  Strasbourg. 

•  *  I.f  Sàmt  de  lii'dr  n'avait  pas  encore  abrogé  la  sentence  d'exil  pronon- 
cée contre  Farel  en  1521  (V.  le  K"  151). 

^■'  La  peste  régnait  à  Baie  depuis  le  milieu  de  l'été. 


1526        GliRARD  ROUSSEL  A  GUILLAUME  FAREL,  A  STRASBOURG.  457 

esse  salvum  jubete  ac  Sùiionem^':  Gralia  Do.  Jesii  cum  omnibus 
vobis!  Basileœ,  25  Oclobris  1526. 

V.[esler]  Guil.  Fahellls. 

(Inscn'ptio  :)  Volphango  Capiloni  el  Marliiio  Hiifcn».  Chi'isli 
minislris  (idiss..  pra3cept.[onbus],  liospilibus,  fralribiis  in  IJoinino 
chariss. 

ArgentliKL'. 


r»" 


184 

GÉRARD  ROUSSEL  à  Guillaume  Farel,  à  Strasbourg 
(De  St.-Germain  en  Laye)  7  décembre  (152G). 

Autographe.  Bibl.  Piibl.  de  Genève.  Vol.  n"  111  a.  C.  Scbmidl. 

op.  cit.  p.  199. 

Sommaire.  Malgré  le  désir  que  vous  exprimez  dans  votre  dernière  lettre,  si  consolante 
pour  moi  et  pour  les  frères  [de  Paris?],  je  ne  peux  pas  vous  donner  de  longs  détails 
sur  notre  position  et  sur  vos  affaires.  Nous  sommes  toujours  dans  la  même  incerti- 
tude ;  de  grands  dangers  menacent  nos  vies,  et  le  nombre  de  mes  ennemis  s'accroît 
journellement  ;  mais  le  Seigneur  se  tient  près  de  moi.  J'ai  demande  à  la  Duchesse  de 
vous  faire  délivrer  la  somme  dont  vous  êtes  légataire;  c'est  dans  ce  but  qu'elle  en- 
verra prochainement  à  Paris  le  bailli  d'Orléans. 

Vous"  avez  longtemps  souhaité,  une  occasion  de  travailler  à  l'avancement  du  règne 
de  Christ.  Dieu  vous  l'offre  aujourd'hui.  Ayant  rencontré  à  Fai-is  les  seigneurs  de 
Saulcy  et  de  Javietz,  fils  du  prince  Robert  de.  la  Marck,  je  leur  ai  persuadé  de  faire 
connaître  à  leurs  sujets  la  doctrine  de  Christ,  qu'ils  ont  eux-mêmes  embrassée.  Je 
vous  ai  proposé  pour  prédicateur  et  ils  vous  ont  accepté  avec  le  plus  vif  empresse- 
ment; ils  consentent  même  â  établir  chez  eux  une  imprimerie  qui  sera  à  votre  dis- 
position. Vous  logerez  dans  la  maison  de  leur  père  [à,  Sedan].  Presque  tous  les  mem- 
bres de  la  famille  favorisent  la  doctrine  de  Christ.  D'autres  encore  ont  les  mêmes 
sentiments  et  seront  heureux  de  vivre  avec  vous;. ce  sont  :  Henri,  médecin  du  prince, 
le  fils  du  feu  comte  François  qui  voulait  déjà  vous  envoyer  là-bas,  enfin  M.  de  Ch<i- 
teauroux,  qui  accompagne  MM.  de  Saulcy  et  de  Janietz.  J'ai  promis  que  vous  arri- 
veriez avant  le  carême  prochain.  La  Duchesse,  qui  désire  par-dessus  toutes  choses 

'"  Simon  Rohcrt,  mentionné  sous  le  nom  de  «  Simon  Tortmccn.fi.'^  f  dans 
le  post-scriptum  d'une  lettre  de  Capiton  àZwingli,  du  15  janvier  1526  (Col- 
lection Siraler). 


458  GÉHAKD  UOUSSEL  A  GUILLAUME  FAREL,  A  STRASBOURG.         1326 

l'avancemenl  de  l'Évangile,  pense  comme  moi  que  cet  appel  vient  de  Dieu.  Mais 
vous  n'ignorez  pas  ce  que  nous  attendons  de  vous:  c'est  que,  vous  abstenant  de  toute 
parole  qui  ferait  naître  des  dissentiments  [sur  le  dogme  de  l'Eucharistie],  vous  vous 
contentiez  de  prêcher  Christ  et  le  vrai  usage  des  sacrements.  LeFèvre  réside  àBlois. 
Si  vous  voyez  Œcolampade  en  passant  [à  £dle],  saluez-le  ainsi  que  £entinus. 

Gralia  etpax  Cliristi  tecum! 

Pluiibu.s  tecum  non  agani,  frater  in  Cliristo  carissime,  quam- 
quain  hoc  tuie  requirunt  lilerije,  quae  me,  fralresque  cum  quibus 
lum  degebam  cum  eas  recepi  ',  magnopere  recrearunt.  quibus  ni- 
hil  sit  perinde  gratum  ac  audire,  regnum  Christi  promoveri  et  sen- 
sim  conteri  serpenlis  caput.  Et  alia  me  urgent,  et  res  nostrœ  in  eo 
statu  ut  nihil  ceiti  babeam  quod  proferam;  nibil  adbuc  gestum 
est  quod  te  nosse  référât.  In  magno  ritœ  discrimine  versamur; 
quotidie  audio  inimicos  accrescere  mibi,  sed  mibi  adest  Dominus, 
qui  me  consolatur,  cui  sint  gratiœ.  Tuas  et  fratrum  requiro  preces, 
ut  Douiinus  nos  captivitate  eximat  qua  premimur. 

Tui  non  dememini,  sed  egi  cum  Duce^,  ut  pecunia  dono  tibi  re- 
lictasulnitinistrctur^.  Brevi  aditurus  est  Pnrisios  Balivus  Aurelia- 
nemis*,  cui  boc  negocii  demandavit  Ditx,  ac  spero  intra  paucos 
dies  exilum,  ni  Dominus  secùs  ordinarit.  Omnes  vias  lentabimus.  ne 
dubites.  quo  lilji  (un  suggeratur  perunia,  nam  tuœ  res  perinde  mibi 
cordi  surit  at{pie  Iratris;  experienlia  disces.  opinor,  brevi.  Intérim 
est  (piod  le  rogem,  ut  Cbristo  non  desis.  adbuc  autem  et  tibi.  Du- 
dum  oplnsti  ostiunt  tihi  uperiri,  quo  creiblum  libi  talentum  exer- 
ceres  in  Christi  gloriam  et  proximi  teiHllcationem^  En  tibi  offero 
pimitissiminn  magna  Dei  in  nos  benignitate. 

'  C'était  sans  doute  la  réponse  à  la  lettre  de  Roussel  du  27  août.  Farel 
dut  l'écrire  vers  la  fin  de  sopteiiil)re,  dans  un  moment  où  il  ne  songeait  pas 
encore  à  quitter  Strasbourg.  La  jjrésontp  lettre,  qui  lui  fut  adressée  dans 
cette  ville,  implique  en  efîet  chez  l'écrivain  l'ignorance  du  voyage  de  Farel 
en  Suisse. 

^  La  duchesse  d'Alençon. 

^  Il  n'est  pas  question  de  la  somme  qu'on  voulait  demander  à  la  Duchesse 
pour  Farci  et  Simon  (N"  182,  note  !•)•  Les  expressions  employées  ici  par 
l'écrivain  permettent  de  croire  qu'il  s'agissait  d'un  legs  dont  Farel  n'avait 
pu  être  mis  en  possession  jusqu'alors. 

*  Jacques  Groslot,  seigneur  de  Chambaudouin,  bailli  d'Orléans.  (Voyez 
Génin.  Nouv.  Lettres  de  la  reine  de  Navan-e,  1842,  p.  212,  en  note.  — 
Journal  d'un  bourgeois,  p.  253.) 

'  C'est  une  allusion  au  désir  ardent  que  Farel  éprouvait  de  rentrer  en 
France  (N"  178,  n.  2). 


1526         C.KRARD  nOUSSKI,  A  (;ill,l,\rMF.  FAUKL.  A  STnASIKUllO.  4;JD 

Cum  iissem  incuriam"  (naiii  atllïii,  t'ijiissu  Diicis  et  coiisilio 
amicorum.  sesquimenseni),  inciill  in  ffeiwrosos  principes,  (ilios  l{n- 
bevti  à  Marcia  piiiiripis''.  Hoc  inlerprelor  a  Domino  facliiiii,  itk'iii- 
que  Dui\  qme  nihil  lain  liabcl  cordi  alqueEvanyelii  iiroiiioliuiieni, 
eliamsi  suis  volis  exclusa  sit  aliquolies.  nec  cesseril  (|iio(l  volehal. 
Viilebar  mihi  occasionem  nacliis  de  Clirisli  negocio  ayeiuli.  Ciua 
Itos  reperirem  ex  animo  favere,  cœpi  libère  animuin  explicare 
meimij  et  quid  in  illis  desyderem  non  taceo  :  sibi  non  natos  esse, 
sed  Cliristi  menibris  ;  moiieo  pro  o/ficio,  non  sutis  qnàd  Clivistum 
amplexantur,  sed  hoc  impartianlur  beneficinm  in  stios  siibdilos,  opus 
esse,  si  velint  Chrisli  discipuli  haberi.  Audiunt,  assentiiinkir;  tiiiii 
subjicio,  te  unum  ei  negocio  fore  non  parum  idoneum,  cœpi  lalenla 
libi  crédita  in  Gbristi  gloriam  prœdicare,  et  demum  ita  direxit 
sermonem  Cliristiis,  ut  plus  quàm  ego  te  cupiunt,  le  perinde  ac 
filiuni  et  fratrem,  iniô  si  vis  patrem,  habituri. 

Non  est  quod  tibi  quicquam  nietuas,  cum  in  tota  domo  nullus 
prope  sit  qui  Cbristo  non  faveat;  commune  cum  principe  ei  filiis 
babilurus  es  domicilium,  et,  ne  arliilreris  me  in  auras  loqui,  duo 


•'  Le  Parlement.  Voj-ez  la  lettre  du  27  août,  dans  laquelle  Roussel  an- 
nonçait son  prochain  voyage  à  Paris. 

'  La  Hardie,  située  au  centre  de  la  France,  ne  formait  jjas  une  princi- 
pauté, mais  un  comté.  Le  connétable  de  Bourbon,  qui  avait  possédé  cette 
province  jusqu'au  moment  où  elle  fut  revendiquée  par  Louise  de  Savoie 
(1522),  s'appelait  C/tarZes  et  il  n'avait  pas  d'enfants  (Journal  d'un  bourgeois 
de  Paris,  150-15L  —  Gaillard,  op.  cit.  II,  14-22).  Il  ne  s'agit  donc  nulle- 
ment ici  d'un  «  Robert,  prince  de  la  Marche,  »  comme  l'ont  avancé  récen»- 
nient  quelques  historiens  de  la  Réforme,  mais  de  Bohert  II,  comte  de  la 
Mardi,  prince  de  Sedan,  duc  de  Bouillon,  seigneur  de  Flenrange  (dép.  de 
la  Moselle),  de  Jaraetz  (dép.  de  la  Meuse)  et  de  Saulcy  (dép.  de  l'Aube). 
Bohert  vivait  alors  à  Sedan.  Il  avait  épousé  (1491)  Catherine  de  Croy,  com- 
tesse de  Chimay,  et  il  en  eut  six  fils.  Les  trois  cadets  Antoine,  Philippe  et 
Jacques  furent  ecclésiastiques.  Les  autres  embrassèrent  la  carrière  des 
armes  et  se  distinguèrent  au  service  de  la  France.  (V.  le  P.  Anselme,  op. 
cit.  VII,  164,  1G7  et  193,  et  la  note  suivante.)  L'ainé,  Bohert  III,  seigneur 
de  Flenrange,  créé  maréchal  en  152G,  s'est  rendu  célèbre  par  ses  Mémoires, 
et  son  petit-fils  Henri-Bohert  (15o9-1573)  montra  qu'il  avait  hérité  des 
sentiments  que  la  présente  lettre  attribue  à  la  famille  de  Robert  II  de 
la  Marck.  «Il  s'estoit  mis  Huguenot,  comme  plusieurs  autres  de  France; 
mais  il  fut  si  bon  François,  que  jamais  il  ne  s'arma  contre  ses  Roys.  Bien 
est-il  vray  qu'il  retiroit  en  ses  terres  force  Huguenots  exilez  de  France,  et 
ce  pour  charité  bonne  qui  estoit  eu  luy,  mais  non  pour  faire  offense  à  son 
Roy.  »  (Œuvres  de  Brantôme.  Londres,  1779,  t.  VII,  p.  38G.) 


4G0  GIÎRAUn  KOLSSEL  A  GUILLAUME  FAREL,  À  STRASBOURG.         1  526 

filii  cum  quibus  egi  sunt  Monsieur  de  Saustj,  Monsieur  Gemmetz^. 
quorum  consuetudine  delectaberis  indubie.  Est  prcCterea  medicus 
patris,  Henricus,  vir  vere  Ciiristianiis,.  qui  a  nobis  jam  recessit  et 
ad  patreni,  Marciœ  principeni,  profeclus  est.  te  suscepturus  obviis 
inaiiiljus.  Aderunt,.ut  spero,  filii  sub  tuum  adventum,  qiieni  spero 
aille  qiiadragesiniam  proximain  fore,  et  hoc  illissum  pollicitus:  fac 
ne  nientiar.  Filius  comitis  Frnncisci  pice  memoria;,  qui  olini,  cum 
tecuni  arjeremus".  volebat  illô  te  dimiltere,  nimc  agit,  ul  audivi  ex 
filiis  illis,  cum  pâtre  eorum,  mansurus  inibi  ad  adventum  luuni,  qui 
tihi  ludfjnopere  conf/nttulabilur.  Hoc  i)lurimum  (pioque  optât  alius 
dominus  (jui  cum  filiis  illis  est  apud  nos.  qui  vocatur  dominus  n 
Castro  ruheo^",  qui  tuo  fervori  probe  respondet;  delectaberis  viri 
consuetudine. 

Sed  quid  optemus  probe  nosti,  ne  scilicet  spargatur  per  quod 
dcmum  suboriatur  dissidium.  Quantum  mibi  displiceal  dissentio 
nuper  ortft,\i\  efiari  possum".  Absline,  oro.  ab  ea.sed  conlentus 
esto  docere  Cbristum  et  verum  usum  operum  illiiis.  Et  (juà  alTec- 
tanlius  properes.  ohtinuiab  çisdciu  u(  tipud  ne  liaheunt  iinpressorein. 
et  boc  curabo  peractura,  si  Dominus  voluerit.  ut  possis  non  illis  so- 
lum.  sed  nobis  prodesse.  Alla  sunt  qua:^  tempore  oportuno  signi- 


**  Guillaume  de  La  Marck,  seigneur  de  Jametz,  assista  avec  Eohcrt  III, 
son  frère  aine  (n.  7)  à  la  bataille  de  Xovare  (1513),  où  ils  durent  la  vie  à  la 
bravoure  de  leur  père  (Brantôme,  VII,  384).  En  juin  1521,  Guillaume  dé- 
fendait la  ville  de  Fleurange,  lorsqu'il  fut  livré  par  ses  propres  soldats  au 
comte  de  Nassau,  général  de  l'Empereur,  et  einmené  prisonnier  à  Xamur. 
Il  ne  recouvra  la  ]il)erté  qu'après  le  retour  de  François  1"  (152G).  Il  mou- 
rut en  1520  sans  laisser  de  postérité.  (V.  les  Mémoires  de  Fleurange.  Col- 
lection Petitot,  t.  XVI,  p.  874.  —  Agrippai  Opj).  V.  II,  785-78G.  —  Journal 
d'un  bourgeois  de  Paris,  102  et  283.) 

Le  porsonnaïre  que  Roussel  nomme  «  Monsieur  de  Sausij*  (plus  correc- 
tement de  Saulcy)  prit  part,  selon  Petitot,  au.x  guerres  d'Italie.  Ce  doit  être 
Jean,  troisième  Hls  de  Robert  II  de  La  Marck.  Le  P.  Anselme  le  fait  sei- 
gneur de  .Tametz  ;  mais  il  est  probable  que  ce  titre  ne  lui  appartint  qu'après 
la  mort  de  son  frère  Guillaume. 

"  Roussel  veut  parler  de  l'époque  antérieure  à  1523,  année  dans  la- 
quelle Farel  se  retira  de  Meaux.  Xous  n'avons  pu  découvrir  quel  était  ce 
«  comte  François,  »  qui  voulait  jadis  envoyer  Farel  dans  la  principauté  de 
Sedan. 

'"  C'était  peut-être  un  membre  de  \a,  famille  de  Chauvigmi,  qui  possé- 
dait la  seigneurie  de  Cliateaurou.x  au  commencement  du  seizième  siècle 
(Anselme,  III,  G.S2). 

"  Il  veut  parler  des  dissentiments  sur  la  sainte  Cène  (X*  182,  n.  10). 


1320         Gi:il.\IlI)  ROUSSEL  A  GUILLAUME  FAUEL,  A  STRASBOUIU'..  461 

(icaho.  Peregrùms^-  agit  Dlesis.  Salula  milii  liatrcs  (|ui  a|iiiil  vos 
sunt.  Si  transiens  \ideYis  (Ecolaiiiixidium,  salula  meis  verbis,  nec- 
non  Bcntiniini,  ad  quos  scribaiii  brevi.  7  Decembi'is  (l^)2())'^ 
Haptim.  iil  vides. 

TuilS  JOHANNES  TOLNINUS'V 

(Inscrqitio  :)  Guillicliiio  Faiello,  IValii  et  aiiiico  '^ 

'-  Farel  a  écrit  au-dessous  de  ce  mot;  «  Jacohtis  Faber.  »  (V.  N"  178, 
n.  14.  et  N»  182,  n.  12.) 

'^  Le  millésime  est  de  iamaiu  de  l'arel. 

'*  Farel  a  écrit  au-dessus  de  la  signature:  «  Gerardus  Biiffus.  » 

^^  Au-dessous  de  l'adresse,  Farel  a  placé  la  note  suivante  :  <  Agebara 
Aquilciœ  ac  illic  incipicbam  conciouavi  dum  hœ  [scil.  literaî]  scriberentur, 
siquidem  die  dici  Andreec  [SOXovembris],  ut  t\\Qxmt,  primam  hahui  concio- 
nem,  et  sub  iuitium  anni  1528abrogata  fuere  omnia  pontiticia,  post  dispu- 
tationem  Bernensem.  »  Après  avoir  passé  à  Berne  (V.  la  lettre  du  11  fé- 
vrier 1527),  Farel  était  arrivé  à  Aigle  vers  le  milieu  de  novembre,  et  il  y 
avait  ouvert  une  école  sous  le  nom  d' Ursinus.  En  réalité,  il  venait  pour  y 
prêcher  l'Évangile.  Quelques  semaines  plus  tard  le  réformateur  de  Zurich 
lui  adressait  à  Aigle  un  exemplaire  de  son  «  Epistola  ad  Petrum  Gyno- 
raeum...  missa  in  Auguste  M.D.XXVI  anno,  »  avec  cet  envoi  autographe: 
«  Ursino  JElce  Episcopo.  »  * 

Entre  la  lettre  du  25  octobre  1526  (N»  183)  et  l'arrivée  de  Farel  à  Aigle  il 
faut  peut-être  placer  son  essai  d'écanyélisaiion  à  Neuchàlel.  L'auteur  de  la 
chronique  citée  plus  haut  (p.  180,  en  note)  rapporte  qa^Farel  partit  de  Stras- 
bourg en  1527  (ce  qui  est  une  erreur  évidente)  et  qu'il  entreprit  alors,  pour 
la  première  fois,  de  prêcher  à  Moutbéliard.  Puis  il  ajoute  :  «  Finalement 
Farel  fut  contrainct  de  s'en  aller  de  MonthéUard,  et  s'en  vint  incogneu 
au  Comté  de  Neufchastel,  et  de  premier  abord  luy  fut  donné  licence  de 
prescher  dans  la  ville  de  Neufchastel.  Il  fut  contrainct  se  revestir  d'un  sur- 
plis de  prostré,  d'autant  que  sans  cela  n'eust  esté  ouy  ;  aussy  il  se  transfigu- 
roit  au  commencement  sans  idolâtrie,  eu  plusieurs  manières,  pour  avoir 
entrée  de  prescher  en  la  langue  franceoise.  Mais,  voulant  entrer  en  chaire 
dans  leur  Temple,  [il]  fut  cogneu  d'aucuns  et  fust  empesché  de  prescher 
pour  lors,  parce  qu'ils  disoyeut  aux  autres  qu'il  avait  troublé  Basle  pai*  ses 
disputes,  et  Monthéliard  par  ses  prédications.  YA  finallement  firent  tant 
qu'il  fust  contrainct  de  s'en  aller.  Partant  de  Ncitfcha^lcl,  il  alla  à  deux 
journées  de  là  en  une  bourgade  auprès  des  Valtysaus  appellée  Aigle  (ou 
comme  on  prononce  Aille),  qui  est  sous  la  seigneurie  de  Berne,  en  laquelle 
on  parle  Savoisin.  Estant  là  arrivé  il  luy  fust  besoin  d'user  de  subtils  moyens 
pour  avoir  entrée  à  prescher,  et  entre  autres  il  se  fist  maislre  d'écolle  et 
apprenoit  les  petits  enfans  à  ses  propres  despens.  » 

*  Nous  devons  à  l'un  de  nos  cam.irades  d'études  M.  Louis  Vcrnus,  luumtcnaBt  pas- 
teur à  Paris,  la  possession  de  cet  exemplaire,  auquel  est  joint  le  traité  de  Zwingli 
«De  vera  et  falsa  religioue  (m.  Martio  1525),  »  qui  porte  aussi  l'envoi  autographe 
suivant  :  «  Faréllo  Zuinglius.  » 


462  PIKUUfi;  TOUSSAIN  a  guillaumk  farel.  a  bale.  1 520 


185 

PIERRE  TOUSSAIN  à  Guillaume  Farel.  ù  Bâle. 
De  Paris,  9  décembre  (152G). 

Autographe.  Bildiollièque  des  pasteurs  de  Neucliàtel. 
Crottel,  op.  cit.  Appendice,  n°  4. 

Sommaire.  Ayant  appris  que  vous  êtes  à  £dle,  je  vous  écris,  afin  de  vous  féliciter  de 
rappel  qui  vient  de  vous  être  adressé  pour  prêcher  rÉvangile.  J'ai  eu  beaucoup  de 
traverses  depuis  ma  .sortie  de  prison,  mais  à  présent  tout  va  bien.  Le  Dite  [de  Lor- 
raine] et  l'abbé  [de  St. -Antoine]  ont  promis  de  me  laisser  tranquille.  Je  dois  aussi  à 
la  duchesse  d'Alençon  d'avoir  pu  me  remettre  à  l'étude.  Enfin  le  cardinal  de  T^n-aine 
s'est  montré  plein  de  bienveillance  pour  moi. 

Didiei-  [Abria]  est  ici,  mais  il  me  fuit.  Le  Fèvre  est  au-dessous  de  sa  tâche,  mai> 
Roussel  donne  de  grandes  espérances  pour  l'avenir.  Arrivez  donc  en  toute  hftte.  Sa- 
luez Œcolam-pade,  Marc,  JBentin  et  Vaugris,  en  les  remerciant  de  l'affection  et  de  la 
sollicitude  qu'ils  m'ont  témoignées.  La  pauvreté  m'empêche  de  leur  payer  ma  dette. 
N'oubliez  pas  non  plus  de  saluer  les  frères  de  Zunch.  Ceux  qui  sont  ici  avec  moi 
au  collège  Le  Moine  vous  saluent.  On  désirerait  beaucouji  en  France  posséder  de- 
Bibles  lalines  traduites  exactement  de  l'hébreu. 

Soli  Deo  lionor  et  gluria  ! 

(^liarissiine  Tai-elle,  scripseram  Oiiiitoui  nosliû  liteias  salis  pi-o- 
lixas.  iiiliil  iiiimis  susplcans  rpiam  alias  ad  te  scriiiere.  CcCtenini. 
(|ii()ni;im  niiucialuni  est  iiiilii  te  nuHc  estie  BnaUcœ.  facere  non 
|)()lui  (juin  ad  te  scriberem,  rogarenique  etiam  alque  etiani.  ut 
amicos  (jui  istliic  sunt  et  fratres  in  Clirislo  noniine  meo  salutares. 
sed  inpriniis  cbaris.siminn  paliein  noslnmi  cl  pra-ceplorem  (Eco- 
litmiiiiiliinn.  (KJiis  nos  ojiiis  suniiis  in  Domino. 

Au(bo  II'  roniri  ail  jirnjHif/itnduni  Cliristi  rcffnnnt  '  :  (Ju;l'  res  sic 
aniniiiin  mcuni  cxhilaravil  ni  niilla  niagis.  nec  dubito,  (pia'  tua  e.4 
syncerila.s,  «piin  inuNiiici.uii  li.nic  sis  suscepturus.  (|uod  ni  facias 
te  eliani  al(|ue  etiam  liortor.  Nunc,  gratia  Cliristo.  hene  habent 
nnini;i.  et  licnc  vaU'o.  lainclsi  lifr  siiiii  unilta  pa.ssNn  pont  liber ationem 

'  Allusion  à  l'appel  que  les  fils  de  Bobcrt  de  la  Marck  venaient  d'a- 
dresser à  Farel.  Voyez  le  N°  précédent. 


1  526  PIEURK  ÏOUSSAIN  A  GUILLAUME  FARKL,  A  lîALK.  463 

meam,  et  propemodniii  majora  quam  in  ipsis  vinculis",  i|ium1  vix 
haberem  ubi  tuto  redinarem  capiit.  ob  meluin  ailversarioi-uiii. 
nisi  forlasse  in  Aula,  à  quâ  sic  abJiorreo  ut  nemn  inagis  '\  Ca*- 
terùm  Du.r*  et  Abhas'"  polUciti  sunt,  se  non  exhibiluros  niilii  posl- 
hac  ncgotiuni,  quod  tamen  vix  impeirare  potuit  illuslrissima  Prin- 
ceps  Alanconiœ,  et  magnis  profectô  argnraentis  declararunl  iUi, 
cujus  erant  in  me  animi.  si  non  posuissel  nobis  terminiim  Domi- 
niis  qui  pra'leriri  non  poterit.  Régnante  Iiîc  lyrannide  ('onnnissa- 
riorum  et  Tbeologorum  •"■.  qui  me  declararant  hicrelicum  \  tutus 
esse  non  potuissem  ;  sed  quoniani  borum  niabgnilas  innolescil 
orbi,  beneikio  lUustrissimœ  Ducis  Alanconiœ  reslilutus  sum  Hleris 
simul  et  Sacrarum  Literarum  meditationi. 

De  Desijderio  ^  nibil  babeo  quod  scribam.  Fuit  in  ])atna  diu,  nec 
quemquam  ex  fratribus  est  alloquutus.  IIuc  reversus  nunquam  me 
invisit.  In  summa,  hune  pudet  mearum  afiliclionum,  et  sic  pudet 
ut  mecum  ire  in  via  non  auderet.  Nec  est  opera^precium  ut  quic- 
quam  de  bis  ad  eum  scribas  :  satis  est  hîc  admonitus  à  mubis.  Ro- 
gemus  Dominum,  ne  spiritum  suum  a  nobis  auferat  :  aboijui  nibil 
abud  sumus  quam  caro  et  sentina  pe[c]cati.  Faber  impar  est  oneri 
Evangelico  ferendo.Per  Ruffum  magna  operahitur  Dominus  \  qneni 
spero  etiam  non  (lefutnrnm  tuis  conalibas.  Proinde  adrola.  Scribe- 
rem  ad  vos  muUa,  sed  scio  Ruffum  nibil  omisisse  quod  ad  boc  per- 
lineat  "". 

Salulabis  ilerum  cbarissimum  fratrem  nostrum  in  Cbrislo  Œco- 
lampadium,  f).  Marcum  ^\  bospitem  meum,  et  Bentinum  '-,  miiii 
cbarissimos,  quos  ego  scio  sœpe  muUumque  solicitos  fuisse  mea 
causa.  Et  nmVio  Joannem  Vaugris  fidelissinii  fratris  officio  functum, 
postquam  inlellexisset  me  periclitari  de  vita,  cui  ego  sane  mullis 
nominibus  plurimum  debeo  ;  buic  gratias  babcio  meis  verbis  el 


2_3  Voyez  le  N"  181. 
*  Antoine,  duc  de  Lorraine, 
s  Théodore  de  St.-Chamond  (V.  le  N"  181,  n.  2). 
«  Voyez  les  pages  390  et  391. 
'  Voyez  le  N»  181,  note  S. 
s  Didier  Ahria  ÇS"  157,  note  4). 

9  Comparez  ce  passage  avec  celui  du  N»  181  qui  est  relatif  à  Le  Fcvre 
et  à  Rotisscl. 

^°  Voyez  la  lettre  de  Roussel  du  7  décembre  (N"  184). 
"  Voyez  le  N«  140,  note  9. 
»2  Voyez  le  N»  183,  note  33. 


> 


401  l'IERRE  TOUSSAIN  A  GUILLAUME  FAREL,  A  BALE.  1S26 

salulem  dicilb  simul  et  Conmdo  Rech  '^  Et  roga  Marcum  et  Ben- 
tnntm,  creditores  meos,  ne  a.'grè  ferant  ([uôd  pecunias  non  mise- 
riiii  liactenus  '*.  Salis  sciunt  quid  in  causa  fuerit.  Si  indigent,  ven- 
dant qiiiL'  istliic  habeo  '*.  Ego  minus  abundo  in  prsesenlia,  gratia 
Ciirislo,  quàm  qui  œs  creditum  exolvere  possim.  OITerebantur  hîc 
milii  conditiones  amplissimaB  ^^  quas  ego  sprevi,  certe  sciens  quôd 
me  tentabat  Dominus.  Sed  malo  esurire  et  abjectus  esse  in  domo 
Doinini  (juam  cum  divitiis  multis  habitare  in  tabernaculis  impio- 
iiim.  Cardiiialeni  Lotliarinijiœ  siiin  sœpe  ùiAula  allo(jHutus,  et  ccrte 
non  est  imqiius  Evanrjelio  '^  Hic  videns  quô  redactus  essem,  nltio 
lioUiœbatur  se  studiis  mets  siunptuni  .siipjjedifaturtDn.  Cœterùm 
scio,  quorum  causa  factum  est  ut  nihil  sit  hactenus  praistilum. 
Scio  me  non  minus  amari  a  Cardinale  quam  me  persequuntur 
odio  illius  domestici  et  familiares. 

Pulabam  me  solùm  duo  verba  in  pra^sentia  ad  te  scribere,  quôd 
■iit  bic  qui  meas  lilteras  ad  te  expeclat,  sed  non  sum  mei  juris.  Et 
lilientor  scriberem  OEcolumpadio  nostvo  et  aliis  omnibus.  Giélerùm, 
quum  libi  scribo,  frali'ibus  omnibus  qui  islbic  sunt  scribo,  quorum 
ego  sanè  faciès  videre  cupio.  Si  scripseris  Ti/rjurinis,  vel  Œcolam- 
padùis,  salutate  fratres  meis  verbis.  B/hlia  lalina,  ad  veritateiu  hœ- 
braicam  rersa,  à  multis  desijdevantur  in  Francia.  Namque  quiu 
superioribus  diebus,  Cratandri  fonnulis,  excusa  sunt.  minus  satis- 
faciunl,  quùd  nimium  illic  gra.'cetur  interpres  '^  Commendo  me 
vesiris  precibus,  ne  succumbam  in  bac  mililia.  Vale.  Gratia  et  pax 
Domini  nostii  Jesu  Clirisli  sit  cum  omnibus  vobis  !  Fratres  qui  in 
kor  Collegio  sunt.  hoc  est  Cardimdis  Mouachi.  in  quo  ago  in  prœ- 
sentin.  ti'  siilutant  ^'\  Parisiis  IX-"*  l)ecemt)ris  (1520). 


'"'  Conrad  Eesch,  le  libraire,  qui  résidait  ordiuaircmcut  àKâle. 

'*  Toussain  avait  d'abord  écrit:  «  quôd  ad  dicin  i)r;vstituin  pecunias  non 
miscriin.  » 

"  Vai  quittant  Jiâk,  au  mois  d'octobre  1525,  Toussain  y  avait  laissé  ses 
livres  (N"  181,  vers  la  tin). 

"^  Ces  i)roi)Ositions  brillantes  lui  avaient  été  faites  par  la  duchesse  d'A- 
Icuçon  (N°  181). 

'''  Voyez  le  N"  152,  notes  5  et  7. 

'"  «  liibliu  Latina  ad  LXX  Interpretuni  fidem  diligcntissimè  tralata,  et  ex 
versione  Complu tonsi  édita  cum  Pra'fatioue  Andreie  Cratandi'i.  Apud  An- 
dream  C'ratandrnm.  liasiicu-,  1520.»  In-4".  (V.  Maittaire,  op.  cit.  II,  671, 
etliC  Long.  Hiiiliolluca Sacra.) 

'"  Nous  avons  vu  par  les  lettres  iVAngclus  et  de  Canaye  (N"'  83  et  105), 
qu'il  régnait  mie  certaine  fraternité  entre  les  anciens  élèves  du  collège  Le 


1?>26         m.[artin]  b.[uger]  a  gl'illaumk  fahkl  [a  aiclk].  405 

Salutcni  ilicito  Conrado,  OEcoldiiipadii  finnulo,  meis  verhis,  (luem 
velim  esse  mei  memorem  in  suis  precibus.  El  ileruiii  vale.  Ciim 
scribis  ad  me,  scribis  «  Sunioni  Pnnar/io  »,  elvix.  siint  niihi  rcdditcu 
literae  tua3.  Scribite  «  Petro  Tossuno  »  audacissime,  (iiiandoiiuidem 
me  non  pudet  veslraruni  lilterarum,  et  qui  nibil  habet  nihil  potesl 
pei'derc.  Hœr,  hœc  fjlon'a  mea,  quôd  haheov  hœreticm  nb  liis  (jnorinn 
ritam  et  doctrimnu  rideo  pugnare  cum  Cliristo,  et  caetera. 

P.  TossANUS,  indignas  (pii  vocetur  Christinnus. 

(P.  S.)  OEcolnmpadl,  pater  et  pra^ceptor  charissime,  te  salulo  in 
Domino,  simul  ac  te,  Marce,  et  Bentine,  meque  vestris  precibus^ 
commendo.  Valete. 

(Inscriptio  :)  Cliarissimo  IValri  Guilielmo  Farello.  Basilese. 


186 

m.[artin]  b.[uger]  à  Guillaume  Farci  (à  Aigle). 
(De  Strasbourg),  13  décembre  (1526). 

Inédite.  Autograpbe.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neucbàlel. 

Sommaire.  Rien  de  changé  dans  notre  situation.  Luther  vient  de  publier  contre  moi 
une  Épitre  très-acerbe,  dans  laquelle  il  dit  que  nous  nous  jouons  de  Christ.  Ma  ré- 
ponse n'imitera  point  la  violence  habituelle  de  mon  adversaire.  M.[artin]  CtUarius, 
que  j'ai  vu  hier,  me  paraît  un  homme  fort  pieux  et  bien  diUerent  de  l'anabaptiste 
Denckius,  qui  cherche  à  troubler  notre  église.  Le  départ  subit  du  porteur  m'a  em- 
pêche d'avertir  Capiton  ou  Simon  [Eobert],  qui  voulait  vous  écrire.  J'ai  assiste  aux 
noces  de  Marguerite.  Faites-nous  savoir  au  plus  tôt  quel  est  le  succès  de  votre  entre- 
prise. 

Gratia  et  pax  !  Nostra  eodem  fere  statu  persévérant.  Lidlurus 
durissimani  epislolam  confia  me   odidil.  nure   mea  calumnians. 

Moiue,  qui  couservaient  nue  gnuule  aflfectiou  pour  Le  Fèvreet  Ford,  dont 
ils  avaieut  enteudu  les  leçons.  Il  est  assez  probable  que  Toussain  lui-même 
avait  étudié  dans  cette  institution. 

ï.  1.  30 


466  m.[artin]  b.[uger]  a  guillaumr  farel  [a  aigle].        1526 

Persancte  affirmât,  nos  hereticos  sacrameiitarios  Ghristum  pro  ludo 
liahertv  neqiie  uiiquam  serio  a  nobis  cognitum  aut  docluin'.  Hoc 
ex  eo  coUigit.  quod  iiutonus  non  tnm  periculomm  hanc  dklinclio- 
nern^,  si  cwtera  fidei  et  cliiiritatis  constent,  —  quia  illi  Christ  us 
blaspliemalur,  quoties  non  datur  sensus  proprius  verhis  Ipsius. 
Tolus  miser  est.  Respondebo  liomini,  sed  non  suo  more  ^  ;  alio(iui 
recte  Cbristiani  dicerent  me  furere. 
Fuit  heri  mecum  M.  Cellarius  *.  Bone  JJeus,  quantum  et  quàm 

»  Cette  Épître,  dont  Bucer  avait  eu  connaissance  par  la  copie  que 
lAither  avait  destinée  à  être  imprimée  à  Strasbourg,  ne  fut  effectivement 
publiée  qu'en  mars  1527  (V.  la  note  3).  Ce  qui  concerne  l'origine  et  la 
publication  de  cet  écrit  est  raconté  dans  le  passage  suivant  de  la  lettre 
adressée  par  Œcolampade  à  Zwingli  le  1"  décembre  1526:  «  A  Witten- 
hergA  Argentinensibus  nihil  aliud  allatum  est,  prœter  inhumamssmam 
illam  epistolam  qua  Bucerim,  sincerissime  et  optinie  meritum,  injïratissi- 
mus  [scil.  Liitherus]  flagellât.  Prœmiserat  bic  noster  [scil.  Bucenu;]  in 
tomum  quartum  Lucubrationum  LutJicri,  quas  latinitate  douarat,  prœfatio- 
nem,  christiana  mansuetudine  et  pietate  renitentem,  eruditionisque  plenam, 
et  in  ea  submonuit  et  de  Eucharistia,  cum  honesta  tui  ac  mei  memoria.  Id 
tam  indigne  fort  bomo  ille  miser,  ut  furoris  sui  nullum  esse  sinat  finem. 
Misit  eam  epistolam  Seccrio,  typograpbo  Hagenoiensi,  ut,  si  illam  Hercagius 
nolit  imprimere,  ipse  imprimat.  Visum  autem  Bucero,  ut  Hercagius  excu- 
dat,  sed  antidoto  Buceri  adjecto,  nempe  apologia,  qua  et  Pomerani  crimi- 
nationi  respondebit.  >  —  Œcolampade  fait  encore  allusion  à  l'Epîlre  dr 
Luther  dans  sa  lettre  du  23  décembre  1526,  adressée  au  même  correspon- 
dant :  «  Fratres  Aryentinenses  sfepe  scribunt,  ut  moneam  amicè,  ne  Lv- 
therum,  ut  raeretur,  tractes...  Moderaberis  ipse  stylum.  Quid  gravius  di- 
cere  poterit  Lutherus,  quàm  quod  nunquam  serio  Christum  vel  coijnoveri- 
mus,  vel  docucrbnm?  Non  licet  igitur  tacero,  sed  minus  cxpedit  injuriam 
retaliare.  *  (Voyez  Zuinglii  0pp.  VII,  5G6  et  578.) 

''  C'est-à-dire  les  dissentiments  sur  le  dogme  de  TEucbaristie. 

'•  La  Réponse  de  Bucer  fut  imprimée  en  même  temps  que  TEpître  du 
réformateur  saxon  (V.  la  note  1),  dans  un  volume  qui  portait  le  titre  sui- 
vant :  <  Pr.'t^fatio  M.  Buceri  in  quartum  Tonunn  Postilhi'  Lutlierana»,  con- 
tiuens  sunimam  Christiana;  doctrina;.  —  Ejusdem  Kpistola  cxplicans  locuni 

I.  Cor.  10  [1.  9].  Anne  scitis  qui  in  stadio  currunt Cum  annotationibus 

in  quwdam  pauculis  LuUieri.  —  Epistola  M.  Luthcri  ad  JoJuinnem  Jler- 
xuujium  superiora  criminans.  —  Bespotisio  a.i\  banc  M.  Buceri,  Item  ad  l'u- 
nieranum  satisfactio  de  versione  Psalterii.  —  Probatc  umnia,  quod  bonuiii 
est  tenete.  1.  Thcssalon.  5.  Anno  M.D.XXVII.  »  (.\  la  fin:  <  Argent.  25  Mar- 
tii.»)  In-8°.  (Voyez  Zuinglii  0pp.  VIII,  35,  et  la  Biographie  de  Capiton  et 
de  Bucor  par  .T.  W.  Baum.  Elberfold,  1800,  j).  591.) 

*  Martin  G-Uariu.s  (N°  130,  n.  16),  au  sujet  duquel  Capiton  écrivait  à 
Zwingli,  le  14  novembre  1520:  —  «  Tuum  nomon,  ob  Cbristi  gloriam,  acer- 
rimo  asserit  [Cellarius].  Ilabct  tamen  sua  dogmata...  Intérim  ad  caritatem 


tri26  M.[AnTIN]  B.[uCKn]  A  GUILI.AUMK  FAHKI,   \\   AIGLk].  467 

l)iiini  in^^enimn.  ul  milii  qiiidtMii  Nidcliir.  Imii:,.  ;,iiu,|  in^N'iiiiiiii 
4juàm  Denckii!  Deuckius'-'  \eve  ecclesiaiii  noslniiii  lil)t'iiler  lui- 
harel.  Vale.  Feslinanlissimè.  Nuncii  fesiina  aliilio  cllVcii  m  non 
potueriin  indicai-e  vel  C(iii.[ftoni]  vel  Sipnon/",  i|in  peliil  lainen 
sibi  iiidicari,  ul  tibi  scriberet.  Marr/anta  '  niipsil  nionacbo  (|iii 
WiUciilit'irja  advenit.  Duxiinus  cliorum  iii  nui»lii>  ejus.  Vale.  Redde 
ijuàm  priimiiii  nos  de  luo  successu^  cerliores.  i;{  DecemI».  (jri^O)'. 

M.  H. 

(Inscriptio:)  Ghariss.  Guillelmo  suo  '^. 

appositissimus  est.  Totus  hue  spectai,  tit,  suinmâ  OirLsti  salvâ.  inutito  nos 
fcramus;  daturum  Domiunin  in  posterum  majorem  lucein.  »  —  et  le  2G  dé- 
cembre suivant  :  —  «  Blariinus  Cellariiis  hîc  fuit,  quem  bactcuus  tibi  anii- 
€um  semper  putavi;  verùm  sic  se  gessit,  ut  boniinera  vebementer  amplec- 
tar.  »  (Voyez  Zuinglii  0pp.  VU,  563  et  580,  et  une  lettre  de  Cellarius 
l)ubliée  par  M.  Hei'zog.  Vie  d'Œcolainpade,  éd.  ail.  II,  303.) 

•''  Jean  Denclc,  né  en  Bavière,  l'un  des  plus  célèbres  entre  les  docteurs 
des  Anabaptistes.  Après  avoir  étudié  à  Bâle,  où  il  remplit  les  fonctions  de 
correcteur  chez  Cratander  et  Curiou,  il  obtint  une  place  de  maître  d'école  à 
Nuremberg  (1524).  Il  fut  expulsé  de  cette  ville  à  cause  de  ses  croyances 
religieuses  et  se  retira  à  Mulhausen  en  Thuringe,  puisa  Augsbourg  (152G). 
Capiton  parle  en  ces  termes  de  la  conduite  de  i)(?nc/ùJMS  à  Strasbourg  :  «Cum 
Johanne  Denclcio,  die  22  hujus  mensis,  nobis  colloquium  fuit...  f'atebaturin 
prîecipuis  rébus  nihil  à  nobis  dissentire  se,  cum  tamen  rêvera  longissime 
dissentiat.  Nostram  certe  ecclcsiam  conturbavit  vebementer.  Vita  in  speciem 
castigata,  dexteritasingenii,  babitudo  in  agendo  decens  mirifice  vulgumper- 
stringunt....  Jussus  est  bine  discedere.  Discessit  beri.  »  (Lettre  du  20  dé- 
cembre 1526.  Zuinglii  0pp.  VII,  579.)  Vadian,  qui  paraît  l'avoir  connu 
l)ersonuellement,  disait  de  lui  plus  tard:  «  In  Benggio  illo,  ornatissimo 
juvone,  omnia  profecto  ita  erant  eximia,  ut  fetatem  etiam  vinceret  et  ipso 
etiam  major  videretur.  Verîim...  abusus  est  ingcnio.  »  Voyez  aussi  (Kcolam- 
padii  et  Zuinglii  Epp.  fol.  197.  —  Zuingbi  0pp.  t.  VII,  531  et  572,  t.  VIII, 
Ô9  et  75.  —  J.  J.  llerzog,  op.  cit.,  II,  272  et  273.  —  J.  C.  Fiisslin.  Bey- 
triigc,  V,  371  et  397. 

"  Sivwn  Robert  de  Tournay  (N°  168,  u.  8). 

'  Il  est  déjà  question  de  cette  personne  dans  la  lettre  de  Farel  du 
25  octobre. 

'^  Ce  détail  montre  que  Farel  était  entré  récemment  dans  un  nouveau 
champ  d'activité,  et  qu'il  n'avait  pas  encore  donné  de  ses  nouvelles  à  Hucer 
depuis  sou  départ  de  Bâle. 

"  L'année  est  fixée  par  les  détails  mentionnés  dans  les  notes  1,  3  et  8. 
'"  Bucer  avait  d'abord  écrit  Qiariss.  Farello.  Ce  dernier  mot  a  été  biflé 
par  prudence. 


468  œCOF.AMPAnE  A  GUILLAUME  FAREL  [a  aigle].  1525 


187 

(ECOLAMPADp:  à  Guillaume  Farel  (ù  Aigle). 
De  Bâle  ,  27  décembre  1526. 

OEcolaiiipadii  et  Zuinglii  Epistolai.  Éd.  cit.  fol.  207  a. 

.Sommaire.  .T'ai  éprouvé  une  grande  joie  à  la  nouvelle  que  vous  avez  trouvé  pour  la  se- 
conde fois  l'occasion  de  prêcher  la  Parole.  En  attendant  que  la  porte  vous  soit 
ouverte,  agissez  avec  beaucoup  de  prudence,  et  prenez  toujours  conseil  de  Christ, 
selon  votre  habitude.  Damien,  le  porteur  de  ma  lettre,  vous  dira  l'état  de  nos 
affaires. 

Joann.  UEcolampadius  Gulielmo  Farello  in  Aelin  ',  Cliristiann 
Ira  tri. 

Saliik'in  in  Clirislo.  Gaiidio  niagno  i)L'rceiti.  te  iteruni-  annun- 
ciandi  Verhi  locuin  invenisse.  Gratia  sit  Clirislo  !  Tu  autem,  nii 
Karelle,  forfifer,  obsecro,  et  jmiflenter  agito  ;  serpens  enim  anli- 
tiuii.s  sua  calliditale  mirum  in  modum  in.^idiatiir.  Piis  artibus,  et 
apostolicis  versuliis  ad  circunivenienduni  illuin  opus  est.  Ubi 
ostiuni  iKituerit,  tune  adversariis  libérais  obsistetur.  At  Christus 
foiitor,  (lorchit  qun  via  eunclum  :  illum,  ut  soles,  fiabe  mitfjialrniti. 
Ut  se  res  nostra;  liic  iiabeanl  Dnminnus  iwster^  narrabil,  (jui  bori 
insi,i(niliis  est  colapiio  propler  Chrislum.queni  lii)i  non  opus  fueril 
connnendare.  Nosli  eniin.  niliil  eo  es.se  sincerius.  I)a(a)  liasileiu, 
in  die  .lo.iniiis  Evangelislu.'.  Anno  1527  (1526)  \ 

'  Kn  (lôccmbre  1526,  Zwingli  écrivait  aux  pasteurs  de  Strasbourg  :  <Fa- 
rdlm  afîit  in  Aclin,  aiinuuciat  v(rl)uin  Domiiii.  »  (Zuii)glii  Opp.  VII,  579.) 

'■'  Dans  la  pensée  d"(i-;colainpa(Je,  la  première  église  desservie  par  Farel 
avait  été  celle  de  Montbéliard. 

'  Nous  supposons  qu'il  veut  parler  de  Damianus  Irinen,  libraire  à 
Uàle. 

*  La  fête  de  St.  .lean  rÉvangélistc  ayant  lieu  le  27  décembre,  la  lettre 
est  datée  de  l'an  1527,  d'après  le  style  allemand,  qui  faisait  commencer 
l'année  à  Noël. 


1520      MrClIEL  D'aRANDE  a  (IUIM-AUMK  fahkl  [a  stuashouiig].        4(»1) 


188 


MICHEL  d'arande  à  Guillaume  Farel,  (à  Strasbourg). 
(De  France,  pendant  l'été  de  l'année  152(1)'. 

Inédile.  AutocTaplie.  Bibl.  Piil)l.  de  PTenève.  Vol.  n"  li;J. 

.  SoMMAiRK.  Vous  m'avez  jadis  exhorté  à  me  conduire  comme  un  Chrétien.  Maintenant 
c'est  à  vous  que  le  devoir  est  imposé  non-seulement  d'agir  en  Chrétien,  mais  encore 
de  vous  consacrer  entièrement  à  Christ.  Ses  dispensations  à  notre  égard  vous  seront 
annoncées  par  les  hommes  pieux  qui  sont  porteurs  de  ma  lettre.  Au  nom  de  tous 
ceux  qui,  dans  ce  pays,  ont  goûté  Christ  et  sa  sainte  Parole,  redoublez  vos  priètrs 
pour  votre  chère  France;  demandez  à  Dieu  que  son  Nom  soit  connu  de  tous,  et  sa 
Parole  répandue  en  tous  lieux.  Saluez  tous  les  saints  qui  sont  parmi  vous  et  par- 
ticulièrement votre  hôte,  ce  vrai  Chrétien  [Capiton].  Vous  lui  direz  que  j'ai  été  le 
fidèle  interprète  de  sa  lettre  [à  la  Duchesse];  elle  en  a  été  reconnaissante,  et  elle 
le  prie  de  la  consoler  parfois  en  lui  envoyant  des  épîtres  aussi  édifiantes  que 
«celle-là.  Jean  Chapelain,  le  médecin,  vous  salue  en  (Christ. 

.lesiLsclirislus. 
Tu  me  aliàs  monuisli  per  litleras  quasdani  ad  liletum-.  fratreiu 
iioslrum  carissimum,  ut  me  chrislianum  preslarem.  Nunc  vero 
fiie  partis erit,  ut  tenon  solùm  prestes  clén'stianuni,  sed  ut  te  totmn 
in  Cristum  conpcins  et  tiansformes,  quando  maxime  sir  noliisram 
factum  est  a  Domino^,  ut  audies  ex  liis  chri.sfianissimi.s  lioiuiuiliiis, 
ijuos  nosti.  Rogamus  igilur  te,  quotquot  hic  de  Clu'i.^to  et  saucto 
ejus  verbo  aliquid  degustavimus,  ul  tandem  pro  Gallia  tua  sollicitas 
dic  vigilantissimus  modis  omnibus  apud  Peam  officias  cl   ipsiini 


'  La  présente  lettre  a  dû  être  écrite  i)eiulant  le  séjour  de  Farel  à 
Strashourg  et  postérieurement  à  la  rentrée  en  France  de  Le  Fèire  et  de  ses 
compagnons  (V.  le  N°  168,  n.  11. 

^  Antoine  Du  Blet  de  Lyon,  mort  au  mois  d'avril  ou  de  mai  1526 
<N<>  17G). 

^  Michel  d'Arande  veut-il  parler  de  sa  nomination  à  l'évêché  de  Saint- 
Paul-Trois-Châteaux,  ou  des  dispositions  religieuses  du  Roi  et  de  sa  famille 
(p.  446)? 


470  [un  lorrain?]  a  martin  bucer,  a  Strasbourg.  1526 

interpellas  [1.  interpelles],  quô  sanctum  ejus  nomen  cognoscatur  ab 
omnibus  et  verbum  ejm  ubique  currat,  id  ipiod  non  diibito  te  in 
volis  ardenlissimis  liabere. 

Propterea,  litteris  parcentes,  salutmnus  snnctos  oinnes  qui  apnd 
ros  sunt,  imprimis  tnum illuni patreiti et  veré cliristifinum. hospitem*. 
oui  negociura  omne  coram  Deo  et  liominibus  comniiltitui-.  Dices 
eidem,  me  fuisse  fidelem  interpretem  litterarnm  suarum  ^  pi-o 
quibus  gratias  omnis  [1.  omnes]  quas  potest  reddit  ".  Rogatque,  ut. 
cum  potest,  scriptis  tani  cliiislianis  visite!  eam  et  consoletiu-. 
Gratia  Jesu  Cbiisti  Domini  nostri  cum  spiritu  tuo! 

Johdunes  Capellunns'',  medicus  vere  Ghristianus,  te  in  Ghrisio 
salulat  plurimum,  cupiens  ut  gratia  et  pax  omnis  a  Domino  tecum 
sit  semper. 

Tuus  ex  animo  quem  nosli  *. 

(Inscriptio :)  A  mon  fière  et  amy  G.  F. 


189 


[un  lorrain  ?]  '  à  Martin  Bucer,  à  Strasbourg. 
(De  Metz?  vers  la  tin  de  l'année  152G,  ou  vers  le  milieu 

de  l'année  suivante.) 

Inédite.  iManuscrit  original.  Arcbives  de  Zurich. 

SoMMAiRK.  I-ii  lecture  fie  ros  livres  et  le  bniit  public  nous  ayant  fait  connaître  la  foi 
et  les  œuvres  de  voire  église,  nous  désirions  depuis  longtemps  vous  écrire  ;  mais  cela 
n'était  pas  facile,  entourés  comme  nous  le  sommes  d'embûches  et  d'espions.  Aussi 

*  Wolfgamj  Cajnton,  comme  Farci  l'a  noté  plus  bas  sur  le  manuscrit 
oripinal. 

*  Farci  a  écrit  à  la  marge  :   «  Literce  sunt  Capitonis  ad  Reyinam  Na- 
varrœ.  » 

•*  n  faut  sous-entcndre  Begina. 

'  Jean  Chapelain,  mcdociu  do  la  roinr-ni<''ro. 

*  A  coté  de  ces  mots  on  lit  les  suivants  do  la  main  de  Farel  :  <  Michaët 
ArnmUus.  » 

'  Notre  hypothèse  peut  se  défendre  par  les  considérations  suivantes  : 


1526  [un  loruain?]  a  mautin  buckh,  a  sthashouko.  471 

vous  estimons-nous  heureux,  à  cause  de  la  liberté  de  prédication  que  vos  magistraU 
vous  ont  accordée.  Dieu  veuille  éclairer  nos  Juges,  plongés  dans  les  superstitions  et 
si  cruels  pour  ceux  qui  s'écartent  de  la  doctrine  «le  leurs  ancêtres  !  Mallioureusement 
ils  ne  sont  pas  seuls  à  manifester  de  l'aversion  pour7«  dogme  de  l'Eucharistie,  tel 
qu'il  est  enseigné  par  les  anciens  docteurs  :  on  rencontre  parmi  nos  Évangéliqxus  des 
gens  obstinément  attachés  aux  idées  de  Luther  sur  ce  point.  Notis  reconnaissons 
volontiers  que  Luther  a  été  un  admirable  instrument  entre  les  mains  de  Dieu,  mais 
nous  savons  aussi  qu'il  est  honmie  et  par  conséquent  faillible,  ce  qui  est  d'ailleurs 
démontré  par  la  violence  de  son  langage.  Aussi,  après  avoir  pesé  toutes  choses  dans 
la  balance  de  la  raison,  nous  avons  goûté  votre  douceur,  et,  recherchant  attentive- 
ment la  vérité,  nous  avons  été  conduits  à  admettre  la  doctrine  sur  laquelle  vous  pro- 
voquiez le  libre  jugement  de  chacun,  bien  qu'elle  nous  parût  d'abord  fort  étrange. 
Nous  rendons  grâces  à  Dieu  de  tous  les  bienfaits  qu'il  nous  a  départis  par  votre 
moyen.  Répandez  au  loin  la  gloire  de  Christ,  sans  vous  inquiéter  de  vos  putssants 
adversaires.  Ce  qui  s'est  passé  récemment,  à  la  suite  de  la  Dispute  de  Baden,  nous 
a  prouvé  que  Christ  n'abandonne  point  ses  serviteurs. 

Enulitissimo  jiixta  ac  humanissinio  Doctori  Martino  Bucero 
Jesu  Christi  apud  Argentoratcmes  in  verbo  ininisiro,  gi'atiam  et 
pacem  per  eundem  Jesiim  Ghristum  Dominuin  nostriini  ! 

Qiium  Huperiorihus  annis,  tumlibris  per  te,  UlricliKm  ZuinçiUum, 
Joan.  Œcohwipadiiwi,  Fahricium  Capi(o?iem  ac  alios  noniiuUos 
aeditis,  tum  aliorum  rektn,  vestram  in  Christiini  fidem  ac  dccentis- 
smmm  ordinem  -  conversationenKpie  didicissenius.  inullis  modis 
gavisi  siimus.  D.  Bucere  in  Chri.^^to  Jesu  observandissinie.  Sed  et 
antehnc  ad  te  scribere  siepenuniero  in  volis  fuit,  si  cui  tutô  literas 
commisissemus,  facile  licuisset  invenire.  Nani  conjcœis  et  explora- 
La  physionomie  de  l'écriture  est  essentiellement  française  ;  c'est  une  belle 
gothique  mi-cursive,  qui  n'a  pas  de  rapport  avec  les  caractères  usités  à  cette 
époque  dans  les  lettres  latines  écrites  par  des  Allemands.  Plusieurs  détails 
de  cette  épître  adressée  à  Bucer  autorisent  à  croire  que  la  communauté 
religieuse  à  laquelle  appartenait  l'écrivain  avait  été  fréquemment  l'objet 
de  la  sollicitude  des  pasteurs  strasbourgeois.  En  outre,  la  situation  politique 
et  religieuse  indiquée  dans  la  présente  lettre  révèle  une  absence  de  liberté 
qui  n'existait  pas  au  même  degré  en  Allemagne.  Le  pays  où  se  passent 
ces  choses  n'est  pas  la  France,  car  il  serait  question  d'un  Parlement  per- 
sécuteur. L'écrivain  dit  «  nos  Juges,  »  ce  qui  semble  se  rapporter  à  la  Lor-- 
raine  et  aux  XIII  Juyes  de  Mets.  Il  est  même  possible  que  nous  ayons  ici 
une  lettre  écrite  au  nom  de  l'église  évangélique  de  Metz,  qui  comptait 
environ  cinq  cents  membres  en  1525  (Voyez  Olry,  op.  cit.  Préface  de  M. 
Cuvier). 

2  Voyez  les  lettres  de  Roussel  à  Briçonnet  et  à  Nicolas  Le  Sueur 

(N"  167  et  168). 


472  [un  lorrain?]  a  Martin  ijucer,  a  Strasbourg.  1526 

torilms,  qui  oinnia  oniniuiu  coiisilia  tam  curiose  observant,  plemi 
stint  npnil  nos  o»mia,  sic  ut  ab  illorum  insidiis  vix  quicqiiain  tutum 
siL*.  Sanè  felices  vos  judicavinius,  quos  Dominiis  tanta  gralùb  suae 
exhuberanlia  dignatus  sit,  ut  jam  (juicquid  Gliristi  gloriam  fratrum- 
que  salutem  promcvere  visum  fuerit,  libère  etiam  per  magistratum 
concessuiu  sit  in  jniblicum  adferre  *.  Faxit  Deiis  ut  vel  tandem 
mstros  indices  ■'  sua  claritate  ac  veritate  dignetur  illuslrare,  à  qua 
(nisi  vebenienter  fallor)  plerosque  est  cernere  tam  longe  abesse, 
ut  non  immerito  quis  atlieos  atque  à  veri  Israëlis  repub.[licà]  alie- 
nos  dixerit  I  Qiiœ  enim  désignant  supra  modum  indigna,  ne  dicani, 
impia,  si  quisqunm  ad  ea  vel  hiscere  amJeat,  jam  aclum  est  de  Hlius 
salute,nei\ue  idla  gebenna  salis  digna  judicabiliir  in  (piam  dam- 
net  iir".  Missarum  superstitionem,  œremonias  iiiiiiiodicas.  diconint 
idolola triant,  et,  qiiod  gravissimum  est,  indignum  mrharistiœ  nsunt. 
sic  tnentur,  tanquampro aris focisque, ut  nuUo  pacto adduci  queanl. 
nti  majores  suas  credant  tôt  seculis  bac  in  re  pofuisse  errare:  ac 
proindo  illos  sese  nolle  deserere.  Verùm  si  vel  leviter  quis  vi- 
dealur  ex  velerum  aulorum  mente  de  eucbaristia  secus  attpie  ipsi 
adsueverunt  et  a  majoribus  acceperunl,  velle  disserere.  sic  abbor- 
rent  indignanlurque,  tan(|uam  a  scorpio  icii,  (|uum  lamen  nnlla 
alia  in  re  fœdius  sit  plurimis  jam  aiinis  aberralum,  id  (jiiod  negare 
non  possent,  si  se  doceri,  et  quœ  a  priscis  doctoribus  dicuntur  iii 
fianc  rem.  in  consideralionem  aibiiitlere  paterenlur. 

Siiiil  pi'ielerea  nonnnlli,  qui,  (}uum  velint  videri  erangcliri,  sir 
uni  Lafliero  sunt  addicti,  ut  ne  latuui  (juidem  se  unguem  ab  illius 
placitis  moveri  sinant  ',  (pianquàm  nibil  babent,  (|uod  iis  quie  vos 
baud  (lubie  à  Deo  docti  adfertis,  possini  opponere,  hune  nibilomi- 
nus    ///  iiiodmn  seinpcr  roriferantes  :   «  Yeiita  sunt  clara.  plana. 

''  Ce  trait  nous  fait  eouvonir  des  plaintes  de  Tonssain  (p.  376\  et  il 
s'accorde  assez  bien  avec  ce  que  nous  savons  des  embûches  dont  Jean 
Cluistdhiin  et  Tnussain  lui-même  furent  les  victimes  (^N°  144,  note  5,  et 
N"  lai,  note  3). 

*  Nous  avons  vu  que  diverses  tentatives  d'évangélisation  avaient  com- 
plètement échoué  à  Metz  en  1524  et  1525  (N"  112,  127,  note  4,  N"  140, 
note  5,  N°  144  et  155). 

"  Comparez  ce  passage  avec  le  N"  140,  note  5,  et  le  N"  152,  note  8. 

"  Voyez  le  récit  du  procès  de  Chaslellain  et  (\e  Jean  le  Cterc(N**  144  et 
155),  et  les  détails  relatifs  aux  persécutions  subséquentes  (N"  157,  notes  3, 
5,  6  et  7). 

■"  C'étaient  les  écrits  de  Lutlier  et  les  entretiens  d'Agripiia  qui  avaient 
jeté  à  Metz  les  premières  semences  de  la  Réforme  (N"  40). 


1526  [un  lorrain?]  a  martin  mih.kw,  a  strasiioi  iu;.  'tl'l 

manifesla.  Iioc  esl  corpus  ineiini.  f'i.  hic  es[  calix  sangiiinis  moi. 
iiis  simpliciler  lidem  liahemtis,  »  cii-teraqne  oiiiiii.i  .nl  plaiiiortMii 
lioniin  Ghristi  verboriun  inlelliiTcnliam  facicnlia,  laiii  per  evange- 
listas  (piàiii  reliquos  orllioduxos  passiiu  scripla  l'orliler  coiilein- 
neiiles.  Ita  plané  à  nuo  illo  untesifjnano  edocii  siint  tiiiUi  codere. 
mdliim  aiidiiv.  omnes  satanœ  tradere  qui  diversam  senlenliam 
aiideaid  prolileri  "!  (jiiis  non  molestissiine  ferai  uni  liominitnnlum 
tvihui  (lutiutiim  nulli  uiortul/'ian  mitclmc  trihatum  sit\t'[.  quod 
amplius  est,  f|iianliiui  nemo  iinquam  aiisiis  fiieril  arroKare?  El 
lioc  (luidem  eo  faciuntconridenliiis.  qiiôd  falsara  ([uaiidain  (h'  rno 
hoc  persuasionem  induerini,  numpiam  videlicel  laleni  al»  Aposlo- 
loruni  temporibiis  extitisse,  tanqiiam  svncere  Scripluras  neminem 
atque  ipsuni  traclavisse.  Magmini  profecto  rlrum.  Uhentev  f<itemm\ 
per  (luem  Dominus  mirabilia  operatus  sil,  reriim  homiuem  esse, 
atque  ita  posse  labi  negare  non  possumus.  id  quod  abunde  .satis 
Hlius  rhunorpH,  conricia.  rf.xœ.  mnnœ,  et  id  genus  plurinia  liiJ>ili< 

homùm  indicin  testnnlur 

Nobis  auteni,  omnibus  in  rationis  iequilibrio  examinatis,  vestra 
semperel  placuit  et  placebit  (ut  conlldimus)  mansueludo.  qua  im- 
petrastis,  ut  eliarasi  initio  dura  admodum  viderelur  opinio,  lauien 
vei'i  indagandi  studio  allentius  inspicereinus,  qui  fieri  possel.ipiod 
non  dico  adserebatis.  sed  cum  judicio  friitrihiis  expendeiuhnu  pro- 
posueratis.  Sicque  pnulatiiii  magis  ac  magis  in  dies  ucfjociuiu  hoc 
iidrisit.  ut  hodic  nihil  sil  nohis  magis  persuasum,  ac  de  quo  magis 
Juvet  audire. 

"  On  connaît  la  répo)ise  que  fit  Luther  aux  avances  des  pasteurs  de 
Strasbourg  (N"  163,  n.  2\  par  l'intermédiaire  de  leur  député  Grégoire  Ca- 
selius:  «  Summa  alterutros  oportet  esse  Satanœ  ministros,  vel  ipsos  vel  nos  : 
ideo  liîc  nulli  consilio  aut  medio  locus,  confiteri  oportet  alterutram  partem 
quod  crédit.  Atque  hîc  oraraus,  quando  ila  certi  sunt,  ne  dissimulent  apud 
vulguni  sese  nobis  disseutire...  Quod  si  ipsi  pergant  dissimulare,  nobis  in- 
cunibit,  ut  confiteannir  esse  nos  alienos  ab  invicem...  Quie  enim  couventio 
Christi  etBelial?»  (Voyez  Lutheri  Epp.  éd.  de  Wette,  III,  44.) 

"  En  regard  de  ces  mots  on  lit  dans  l'original  la  note  suivante,  qui  est 
de  la  main  de  Bucer:  «  Luthero  tribuuntur  omnia.  »  Capiton  écrivait  a 
Zwingli  le  14  novembre  1526:  «  Cmn  LuHicro....  (Je  Eu('hnri!itia  contiilit 
[Martinus  Cellarim],  ned  rejedm  est  repente,  tanquam  cuui  t'a^tidio,  sed 
citra  contumeliam  tanion.  Lihri  tui  et  ŒcolampaJii  prostant  Wittcnbergœ, 
et  sunt  qui  lectis  subscribunt...  Plerique  certuni  habent,  organum  Dei  esse 
[Lidhenm],  et  bac  in  caussa  desipere,  ut  sic  uni  Dengeatorum  glnriaonmis 
tribuatur,  qui  cum  talibus  affectibus  tantum  spiritus  sui  donnm  commiscuf- 
rit.  »  (Zuinglii  0pp.  VII,  564.) 


474  [un  lorrain  ?]  v  martin  blcer,  a  Strasbourg.  1 526 

Proinde  maximas  Clirinto  grattas  agimus.  qui  nos  tanta  per  vos 
henif/nitate  veluti  ndobruit.  Macli  igilur  virtute,  pergite  per 
Chrisluin,  quo  cœpistis  (ramite,  de  omnibus  optinie  mereri,  et 
Chrisli  gloriam  juxta  concreditum  vobis  talenlum  propagare, 
magnam  olim  ab  ipso  gratiam  relaturi.  Neque  vero  lioc  vos  fran- 
gat,  quôd  undique  robusli  vos  gigantes  impetanl.  vestram  imô 
Cbristi  causam,  supra  quàni  credi  possit,  promoturi.  Non  deerit 
sanè  Christus  suam  gloriam  Scripturarumque  integritalem  à  de- 
pravatoruni  injuria  gnaviler  vindicanlibus,  ut  runipantur  intérim 
ponlificii.  Vidimus  enim  non  ita  dudum  Badensein  disputationem  '* 
per  Joa?i.  Eckium  ",  Jomi.  Fabrum  '^  el  Thoniam  Marner  ^^  .... 


'"  L'interruption  du  manuscrit  ne  permet  pas  de  savoir,  si  l'écrivain  veut 
parler  de  la  Dispute  de  Baden,  qui  eut  lieu  du  21  mai  au  7  juin  1526 
(N"  176,  n.  15),  ou  des  Actes  de  cette  Dispute  imprimés  à  Luccrne  par  les 
soins  de  Thomas  Murner  et  publiés  le  28  mai  1527  (Voyez  Zuinglii  0pp. 
Vn,  561). 

"  Johann  Meyer  von  Eck  (en  latin  Ecdits),  bien  connu  par  la  dispute 
qu'il  soutint  contre  Luther  et  Carlstadt  à  Leipsic  en  1519  (X°32,  n.  1  et  2). 
Il  fut  le  principal  champion  des  catholiques  à  la  dispute  de  Baden,  où  Faber 
et  Murner  signalèrent  aussi  leur  zèle  pour  la  défense  de  l'ancienne  foi. 

'^  Jean  Heigerlin  (en  latin  Faber),  vicaire  général  de  l'évêque  de  Con- 
stance (Voyez  Hottinger.  Zwingli  et  son  époque,  p.  119). 

"  Thomas  Murner,  docteur  en  théologie  et  prédicateur  des  Capucins 
à  Lucerne  (V.  le  N"  137,  n.  2,  à  la  fin). 


1521  MARGllEUITE  d'aNGOULKMK  A  GUILLAUME  BRIQONNET.  'tT* 


APPENDICE 

Depuis  l'impression  des  lettres  de  Briçonnet  et  de  Marguerite  (ÏAngmt- 
lême  que  renferme  ce  volume,  nous  avons  pu  consulter  le  manuscrit  qui 
contient  leur  correspondance,  et  nous  en  avons  tiré  les  lettres  reproduites 
dans  cet  Appendice  ;  elles  achèveront  de  faire  connaître  les  sentiments  de 
l'évêquc  de  Meaux. 

L'examen  de  ce  manuscrit  nous  a  également  permis  de  constater  que  la 
lettre  du  22  novembre  1521  (N"  44),  sur  l'auteur  de  laquelle  nous  avons 
exprimé  des  doutes,  ne  devait  pas  être  attribuée  à  Gérard  lîoiissel,  comme 
nous  l'avions  supposé,  mais  qu'elle  appartient  incontestablement  à  Guil- 
laume Briçonnet. 


MARGUERITE  d'angoulême  à  Guillauinc  Briçoniiet. 
(De  Bourgogne?  au  commencement  de  juillet   1521.) 

Bibliothèque  Impériale.  Suppl.  franc.  n°  337,  fol.  3b-4a. 

Geluy  qui  m'a  faicte  participante  de  sa  ParoUe  par  voz  e^crip- 
lures  me  face  la  grâce  de  sy  bien  les  entendre  et  m'y  conformer, 
que  ce  soit  à  sa  louenge  et  à  la  consolacion  que  desirez  du  fruicl 
de  mon  amendement,  et  vous  vueille  rendre  charité  pour  charité, 
selon  sa  libéralité  !...  Or  puis  que  vous  avez  commencé  à  me  donner 
désir  d'entendre  à  désirer,  je  vous  prie  ne  vous  ennuyer.  Cur  fa ij 
receu  tous  les  tmictz  [1.  traités]  que  tu  avez  enioiez,  dcsqnelz  ma 
tante  de  Nemours  a  eu  sa  part,  et  encoires  lui  envoie  les  derniers, 
car  elle  est  en  Savoie,  aux  nopces  de  son  frère,  (jui  ne  m'est  petite 
perte.  Parquoy  vous  prie  avoir  pitié  de  me  veoir  sy  seulle  ;  et, 
puis  que  le  temps,  le  pays  et  les  propos  ne  sont  propres  pour  la  venue 


476  MARGUERITE  d'aNGOULÈME  A  GUILLAUME  BRICONNET.  1521 

de  mnistre  Michel,  à  quoy  je  m'accorde,  pensant  que  voz  oppinions 
procèdent  du  Sainct  Esperit,  au  moings  je  vous  prie  que  par  es- 
cripl  vueillez  visiter  et  exciter  à  l'amour  de  Dieu  mon  cueur,  pour 
luy  faire  à  la  fin  chanter  :  "  Benedictus  Dominus  !  »  Le  commen- 
cement duquel  [je]  trouve  sy  l)on  que  par  aulmosne  j'en  retjuiers 
la  fin,  vous  priant  monsfrer  ceste  lettre  au  bon  père,  et  qu'elle  a 
(sic)  la  responce  de  voz  deux  lettres,  comme  aux  deux  précé- 
dentes d'ung  seul  Bien  neccessaire,  auquel  vous  soit  donnée  sa 
paix  éternelle,  après  les  longues  guerres  que  portez  pour  In  fog  et 
l'amour  de  Dieu.  En  laquelle  bataille  désire  mourir  en  vostre 
bande 

la  toute  vostre  fille  Marguerite. 


40 


MARGUERITE  d'angoulême  à  Guillaiinic  Briçonnet. 
(Vers  le  milieu  d'octobre  1521.) 

Siippl.  IVaiiç.  n"  337,  fcil.  8b-9a. 

Ainsy  que  la  brebis  en  pais  estrange  errant,  ignorant  sa  pasture 
par  inescognoissance  des  nouveaulx  pasteurs,  liève  naturellement 
la  teste  pour  prandre  l'air  (jui  vient  du  lieu  où  le  grand  berger,  par 
ses  bons  minisires,  luy  a  acoustumé  donner  doulce  nourriture,  — 
en  ceste  sorte,  comme  trop  indigente  par  faulle  d'avoir  bien  mis 
à  proiil'licl  la  vt'jji'rtion  spir/tuclle  que  farois  prinse  en  rostre  dérote 
rmiipaignie^  suis  contraincle  de  [irier  vostre  charité. . . .  exercer 
par  lettres  sou  rlfrrf  rommencè  pur  parollcs,  espérant  avec  l'aide  de 
l'e.rpositeur  que  ui'urez  laissé^,  dont  tant  mon  àme  vous  est  tenue. 
(Tesludier  vostre  Icsson,  en  sorte  (|ue  le  chemin  de  la  grant  ber- 
trerie  me  sera  monstre  avec /'^///^/('r/^?  voz  prières  et  de  ceulx  et  cel- 
les que  mf/uoissez  bien  avant  en  la  roj/e  où  de  bien  foèble  désir  [jej 


'  Voyo/  le  N"  42,  note  3. 

*  Allusion  à  Michel  d'Arande  (Voyez  le  commencement  du  N"  42). 


i 


1521  (JUILLAUMK  BRIÇON.NKT  A   MAlUiUKIUTK  I)'aN(;()III.KMK.  477 

désire  entrer;  et,  sy  par  ce  moyen  puis  estre  conduicte  et  colloc- 
(juée  au  lieu  de  sy  gracieuse  paslure,  pensez  la  consolation  (|ue 
vous  aurez,  par  la  grâce  du  toul-hon  et  puissant,  d'avoir  esté  mi- 
nistre de  ramener  à  sa  tant  seure  et  éternelle  demeure  la  pauvi-e 

ouaille  cpii  estoit  périe Par(|uoy,  mon  père,  je  vous  reipiiors 

que,  par  lettres,  descendez  de  la  liaulle  montaigne,  et  en  pitit' 
regardez,  entre  ce  peuple  esloingné  de  clarté,  la  plus  aveuglée 
de  toutz,  et  vueillez  ayder,  par  escriptiiro.  priôro  et  souvenance, 
à  tirer  hors  de  ses  tristes  ténèbres 

la  toute  voslre  Mauguki\iti-:. 


40b 

GUILLAUME  BRIÇONNET  à  Marguci^tc  d'Angoulêmc. 
De  Meaux,  24  octobre  1521. 

Suppl.  franc,  n"  337,  fol.  lOa-lOb. 

Le  doulx  et  débonnaire  Jésus  tant  s'est  anéanty  et  apovry,  qu'il 
luy  a  pieu  se  fère...  la  vraie  brebis  innocente  et  sans  macule,  et  ce 
pour  les  brebis  errantes  réduire  à  la  voye,  et,  en  icelle  ciieminanl, 
par  ardant  désir  et  amour  viscéralle  c'est  [l.  s'est]  voluntairement  et 
en  vérité  faict  victime  pour  les  purger,  nectoier  et  laver,  ou,  pour 
mieulx  parler,  innover  en  soy  la  masse  de  nature  humaine,  qui 
estoit  tout  pécliè, . ..  et,  pour  ce  faire,  [IlJ  a,  par  patience  indicible, 
couru  en  la  voye  et  beu  le  torrent  de  la  doloreuse  passion,  sans 
se  plaindre  et  ouvrir  sa  sacrée  et  digne  bouche,  fors  que  pour 
nous  inviter  à  suivre  le  trac  de  son  précieulx  et  très-digne  sang... 
Les  pauvres  brebis  errantes  sont  en  Luy,  par  Luy  et  pour  Lu\, 
innovées  et  entièrement  dellivrées  de  corruption,  mort  et  ténèbres, 
renouvellées  au  vray  chemin  de  vérité,  en  incorruplion,  immor- 
talité, vie  et  lumière.  0  singulière,  très-ditjne  et  peu  par  mes  sem- 
blables savourée  innovation/  L'odeur  du  sacrilice  lire  les  bons  et 
leur  est  odeur  de  vie,  en  vie,  et  aux  mauvais  odeur  de  mort,  à 
mort 


478  GUILLAUMK  BHICONNET  A  MARGUERITE  d'aNGOULÊME.  1521 


40 


GUILLAUME  BRiçoNNET  à  Marguerite  d'Angoulème. 
De  Meaux,  11  novembre  (1521). 

[nédite.  Siii)pl.  IVanç.  n"  337,  fol.  31  b-33b. 

Par  foy  bienlost  sei-ez  vraie  perle,  et  marguerite  par  charité 

et  amour,  vraieuient  une  avec  la  seulle  supercélesle,  superexcel- 
lenle,  incompréhensible,  vraie  marguerite,  le  donii;  Jésus,  que  vous 
supiilie  de  rechef  aimer . . . . .  île  toute  rostre  jmissnnce  quant  un 
monde.  Ce  ne  seroit  assez  à  la  grâce  ipf  11  vous  a  donnée,  en  con- 
sidérant le  lieu  où  vous  estes,  vous  acquicter  seullement  de  Tai- 
mer  de  vous  et  en  vous,  et  ne  luy  présenter  que  des  raisins  de 
vostre  vigne,  sy  ne  pourchassez  vertueusement  qui!  soit  aymè, 
servi)  et  honnorê  partout  oii  il  vous  donne  pouvoir  et  occasion  de  ce 
fère.  Vous  n'estes  que  ung  raisin  de  sa  grant  vigne,  de  rEr/lise. 
qui  est  en  tel  désordre  que  chacun  voit.  Il  nVst  nouvelles  (fy 
cuellir  que  des  la[m]bnisques  — 

Je  sçay  que  aymez,  après  Dieu,  le  Hoij  et  Madame,  comme  estes 
tenue  par  tout  debvoir,  et  n'est  peine  que  ne  voulsissiez  piandre 
IKUir  la  conservation  et  accroissement  de  leur  honneur. . . .  Soiez 
lii  lionne  saincte  Cécile,  quiijaifinn  mary.  frrres.  et  plusieurs  uultres. 
NOiis  aurez  à  faire  au  Uoy  et  à  Madame,  que  Dieu  par  sa  bonté  a 
louchez  de  ^^•andes  et  excellentes  grâces,  et  jà  sont  navrez  au 
cœur  pour  ritonneur  de  Dieu.  Il  smi  facille  d'allumer  uiuj  ijrand 
frii.  quant  les  trois  cwurs  seront  à  ce  uniz.  Les  occiqiations  ipi'ilz 
•  ml  les  (hstraictent,  et  [je  lesj  croy  mi.ses  en  avant  i>ar  Pen- 
neniy.  pdur  emi)escher  ce  (pril  peull  prévoir  (jui  se  l'eroil  à  l'hon- 
neur de  Diru.  D'autant  (jue  en  a^ez  moings.  cond)ien  (pie  les 
leur[s]  sont  les  voslres.  debvez  plus  songneusement  prier  Dieu 
|)our  eulx.  comme  sçay  (jue  faictes.  Et  (piant  verrez  Topportunilé, 
procurez  l'affaire  de  Dieu,  à  ce  qu'il  suit  aullremenl  servif  et  hon- 
norê qu'il  n'est  en  se  [\.  cs]  Hoijaulme,  au(pud  le  Uoy  est  son  lieu- 
tenant-général, et  à  ceste  tin  a  le  glaive  en  sa  main,  qui  est  la 


i 


1521  GUILI.AUMK  BRIÇONNKT  A  MAUGUKRITK  I)'aN(ÎOUMÎ!WE.  470 

puissance  de  Dieu,  pour  le  faire  honnorer  el  ayiner.  Les  grâces 
que  Dieu  vous  a  donnéez  à  lous  trois  sont  Irop  .yraudes  pour  estre 
oisives.  Il  fanlt  régner  iiillcurs  que  icy,  et,  comme  vous  estes  en  ce 
monde  une  trinité  de  personnes  en  unilé  d'araom-s,  que  aussy 
.soiez  en  Taultre  iiniz  avec  la  supercelleste  trinité  en  unité,  ce  que 
Luy  supplie  très-humblement  et  de  tout  mon  cœur. 

Madame,  je  ne  sçaurois  respondre  à  vosfre  bonté  et  béni- 
gnité. Le  doulx  Jésus  y  salisface  poui-  moy  et  parcroisse  en  vous 
sa  grâce. paix  et  amour!  A  Meaulx,  le  xj""  Novembre  (15^1). 

Madame,  sachant  que  avez  Maistre  Michel,  ay  passé  légèrement 
en  quelque  endroit.  Il  est  vostre  et  le  surplus,  qui  est  pour  à 
vostre  plaisir  en  disposer,  vous  snitpliant  nie  le  prester  pour  Vadve- 
nir,  car  je  mys  [l.  m'y]  suis  actendu,  et  après  le  vous  renvoiray,  s^il 
vous  plaist.  Commandez-luij  qwil  vous  mectepar  escript  les  mister  es 
du  baptesme,  tant  de  la  primitive  église,  que  ce  [que]  de  présent  ou 
faict.  Vous  le  trouverez  bon  et  fructueulx.  Monsieur  Fahrg  se  re- 
commande très-humblement  à  vostre  bonne  grâce. 

Vostre  très-humble  et  très-obéissant  G.  15.  * 
indigne  ministre  de  M[eaulx]. 

Jésus  Maria. 


47 


GUILLAUME  BRIÇONNET  à  Marguerite  d'Angoulônie. 
De  Meaux,  22  décembre  1521. 

Inédite.  Suppl.  franc,  n"  337,  fol.  47b-(3'ia. 

Madame,  vous  escripvez,  et  par  amoureulx  et  cordial  sou- 
hait desiriez,  que  le  seul  Feu  bon  el  nécessaire,  qui  tout  brusle 
jusques  à  la  consumation  des  plus  petites  rachines,  par  inqiortable 

amour  et  ravissement  vous  unisse  à  Luy Et  après,  demandez 

trouver  la  fontaine  du  grand  Moïse,  qui  ne  se  tarist,  poui-  on  avoir 

de  Teaue Hélas  !  Madame,  moult  en  y  a  (pii  ont  délaissé  la 

fontaine  et  la  vaine  de  eaue  vive,  et  par  conleuqmemenl  ont  faict 
des  citernes  qui  ne  peuvent  retenir  les  eaues Les  aultres  sont 


480  GUILLAUME  BRICONNET  A  MARGUERITE  d'aNGOLLÈME.  15:21 

qui  tiennent  les  clefz  de  l'ahissalle  source  de  fontaine  de  rie.  les- 
quelz,  par  cécité  et  ygnorance  n'y  peuvent  ou  ne  veullenl,  et  sy 
[1.  et  cependant]  ne  permeetent  nultres  y  entrer.  Dont  procède  la 
sécheresse  des  pauvres  hrehis,  qui  demandent  de  Peaue  de  pasture 
et  doctrine  spirituelle  ;  leur  langue  est  sèche  par  ai'dant  désir,  et 
n'y  a  pasieur  qui  la  conimunicque  ou  qui  leur  ouvre  la  porte  pour 
en  prandre  :  et  si/  /jeu  que  l'on  leur  en  départ,  ce  n'est  sans  deslier 
lu  bourse,  tellenieiil  (lu'il  est  aujourd'huy  vérifié  ce  qui  est  dict 
par  ung  des  prophètes  :  "  Aquam  nostram  pecunià  hihinius.  » 

ilt'las.  ftladame,  quant  viendra  le  temps  que  l'eaue  vive  sortira 
de  Jérusalem  et  courra  par  charité  et  amour  de  Jésus,  arrousant 
les  arbres  plantez  à  la  ligne  et  rectitude  divine,  ad  ce  qu'ilz  puis- 
sent apporter  fruit  plaisant  et  agréable  au  bon  Seigneur?  Certes, 
nous  pouvons  dire  avec  le  prophète:  «  Facti  sumus  sicut  torrens 
in  austro.  »  L'Eglise  est  de  présent  aride  et  sèche  comme  le  torrent 
en  la  grande  challeur  austi'ale.  La  challeur  d'avarice,  anihicion  et 
voluptueuse  vie  a  dèséché  son  eau  de  vie,  doctrine  et  exemplarité. 
Tel  vent  est  dissipalif  et  désiccatif  de  toute  grâce.  Ung  chacun 
serclie  son  prouffict  et  honneur.  Il  n'est  plus  (juestion  de  celuy  d».' 

Dieu jSous  sommes  tous  terrestres,  qui  dehvrions  estre  toul 

esperil,  et  ce  procède  par  faulte  d'eaue  de  sapience  et  de  doctrine 
êvanf/élicque,  qui  ne  court  et  ?i' est  distribuée  comme  elle  deveroit. 
Chacun  le  congnoit.  Pou  s'en  souvient,  qui  est  signe  de  faulte  d'a- 
mour divine. 

...  Il  n'est  ((ue  une  doctrine  évangélicque,  (|ui  .se  communicquc 
aux  ungs  comme  viande  solide  et  aux  aultres  en  sulihmilé  de  doc- 
trine, selon  (pi'ilz  sont  capaiilcs  ou  de  eaue  de  purgacion,  ou  do 
ilhiniinacion.  ou  de  perfection.  Toulesfois  il  n'est  (jue  ung  Seigneur 
qui  envoie  en  eniba.ssade,  par  la  voix  duiiucl  elle  se  distrihue;  et 
(|ui  Tanonce  aultrement  que  par  la  voix  (h\ine  et  pour  son  hon- 
neur, il  est  adultérant  la  jiarolle  évanip'liique.  Car  il  n'}  a  que  la 
\oix(lu  Seigneur. . .  qui  parle  en  la  disliihucion  de  Teaue  évan- 
gélic(|ue,  et  par  ce  [nous]  la  dehvons  prandre  de  celuy  (|ui  Ta- 
nonce  en  vérité,  ntui  connue  parollo  d'homme,  mais  comme  vifve 
paroUe  de  Dieu  ....  Toutes  aultres  doctrines  et  sciences  péréyrines 
sont  ameures  [1.  anières],  et  ne  sont  dignes  de  nom  chrestien  \ceu.x 
qui  en  font  leur  ])nsteur[e] 

(La  fin  lie  cette  lettre  forme  notre  iS'''48.) 


ADDITIONS    KT    COHHKCTIO.N'S.  481 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

Page  4,  note  2,  second  paragraphe.  Voici  le  texte  latin  plus  complet  du 
passage  tiré  du  commentaire  de  Le  Fèvre  sur  les  Psaumes,  que  nous  avons 
cité  partiellement  en  français: 

«  . . . .  Longo  equidem  temporis  intervallo  humana  simi  secutus  [scil.  stu- 
dià\,  et  divinis  vix  prima  (ut  aiunt)  admovi  îahrn;  augnsta  enim  suut  et  non 
temere  adeuuda.  At  ex  illa  quamvis  remota  delihatione  tanta  lux  atiidgere 
visa  est,  ut,  ejus  comparatione,  disciplince  humanœ  michi  visœ  sint  tenebrœ, 
—  tanta  spirare  û-agrantia,  ut  illi  suaviolentise  nichil  inveniatur  in  terris 
simile,  neque  aliam  crediderim  terrenam  paradisum,  cujus  odore  in  vitœ 
immortalitatem  foveautur  animse. 

Frequens  c(enobia  subii  ;  at  qui  hanc  ignorarent  dulcedinem,  veros  ani- 
morum  cibos  nescire  prorsus  existimavi.  Vivimt  enim  spiritus  ex  omni  verho 
qiiod  procéda  de  ore  Dei  ;  et  quœnam  vcrba  illa,  nisi  sacra  eloqiiia  ?  Mo  r- 
tuos  igitur,  qui  ojusmodi  sunt,  spiritus  habont.  Et  ah  eo  tempore  qito  eapie- 
tatis  desierc  stiuUa,  cœnohia  perierc,  devotio  interiit,  et  extincta  est  religio, 
et  spiritualia  pro  terrenis  sunt  commutata,  oœlum  dimissum  et  accepta  terra  : 
infœlicissimum  sane  commercii  genus  ! . . ..  Anno  Christi  M. D. VIII.» 

P.  5,  même  note.  C'est  dans  une  lettre  adressée  par  Farelh  Pcllican  en 
1556  que  se  trouvent  les  paroles  prononcées  par  Le  Fèvre.  Ce  passage  est 
ainsi  conçu  : 

«...  Pius  senex,  Jacobus  Faber,  quem  tu  novisti,  ante  annos  plus  minus 
quadraginta  me  manu  apprehensum  ita  alloquebatur  :  «  Guilclme,  oportet 
orbein  immidari,  et  tu  videbis,  »  dicebat.  Ego  tune  charus  eram  seni,  et  pcr- 
rexit  mihi  ut  pater  esse.  Sed  nihil  erat  nisi  ipsa  superstitio,  in  qua  seni  ad- 
nitebar  accedere  aliquantum.  Nam  fequare  vix  poterat  quisquam ,  tantîim 
abest  ut  viiicoret.  Sanè  stupesco,  quando  cogito  insanam  tanti  viri  supcr- 
stitionem,  qui  vel  floribus  jubebat  Marianum  idohim,  dum  unà  soli  murmu- 
raremus  procès  Marianas  ad  idolum,  ornari.  In  Missa  omnes  vinccbat.  Tan- 
dem aliquid  lucis  cœpit  intucri;  sed  quanta  caligu  adlmc  rcstabat.  Demum 
coactus  Galliam  deserere,  Argentoratum  descendit,  ubi  virum  commone- 
feci  eornm  quse  olim  prsedixerat,  et  jam  temptts  instare  dicebam,  quod  et 
jyiiis  senex  fatebatur,  meque  hortabatur,  pergerem  in  annuntiatione  sacri 
Evangelii.»  (Joh.  Ilenric.  Ilottingerus.  Historia  ecclesiastica  Novi  ïesta- 
menti.Tiguri,  1GG5,  iu-8°.  Pars  VI,  p.  18.) 

Page  5,  à  la  fin  de  la  note  2,  ajoutez:  M.  Graf  a  repris  ce  travail  et  l'a 
entièrement  refondu  dans  une  étude  biographique  approfondie,  qu'a  publiée 
le  recueil  intitulé:  «  Zeitschrift fiir  die  historische  Théologie.»  Année  1852 

P.  31,  note  2,  lisez:  Voyez  le  N"  2,  note  2. 

P.  51,  dernière  ligne,  ajoutez:  Beda  dans  un  ouvnigr  dirigé  tout  entier 

contre  Érasme  et  Le  Fèvre  expliquait  de  la  manière  suivante  l'orgueil  dont 

il  les  accusait:    «  quum  quis  (divait-il)  (luavis  in  arto  magi'<tnim  agrrc  pnc- 

sumat,  sub  cujus  magistris  unncpiani  fuerit  discipulus.  »  Eu  151'.',  Clichtow 

r     ,  31 


482  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

avait  défendu  Le  Fèvre  du  même  reproche  :  «Mirandum  est  quod  nullum  pa- 
tent Theologum  esse  posse,  nisi  in  theologici  ludi  pulvere  desudarit,  atque 
in  co  magisterii  inunere  doiiatus  sit»  (Graf.  Zeitsclirift,  1852,  p.  8,  n.  7). 

P.  GO,  ajoutez  à  la  note  8:  Il  résulte  toutefois  de  la  préface  placée  par 
Badius  en  tête  dea  Œuvres  de  Basile  le  Grand  et  datée  du  17  novembre 
1520,  que  Le  Fèvre  venait  de  quitter  Paris,  après  y  avoir  fait  un  séjour 

dont  la  durée  est  inconnue:  «Nitper ...  D.  Basilii  monumenta hine  ad 

negoiia  sua  profecturus  prelo  nostro  commisit  [Faher]»  (Graf.  Zeit- 
schrift,  1852,  p.  62). 

P.  Gl,  N"  31.  Selon  Louis  Lavater,  cité  par  Freytag  (Adparatus  litte- 
rarius.  Lipsiœ,  1755,  III,  189),  l'auteur  de  cette  Préface  des  Œuvres  de 
Luther  serait  Conrad  PeUican,  et  dans  ce  cas  elle  aurait  été  écrite,  non  à 
Wittemberg,  mais  à  Bâle. 

P.  66,  ligne  7,  lisez  :  le  secours  spirituel. 

P.  67,  ligne  5,  lisez:  après  le  10  juillet  1521. 

P.  75,  N»  41,  au  commencement,  lisez  pariement.  —  Les  quatre  premières 
lignes  de  ce  N"  sont  le  post-scriptum  d'une  lettre  de  Briçonnet  du  17  no- 
vembre, qui  a  été  placée  par  erreur,  daus  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
impériale,  immédiatement  avant  le  billet  de  Marguerite  auquel  elle  répond 
et  qui  se  trouve  à  la  suite  de  ce  post-scriptum  dans  notre  N"  41. 

P.  76,  ligue  12,  en  remontant,  lisez  :  estranges  ou  domestiques. 

P.  78,  première  ligne  du  post-scriptum,  lisez  :  d'estre  eslimé[e]  du 
nombre  de  ceulx  à  qui  [je]  désire  de  ressembler. 

P.  80,  ligne  3.  Les  mots  de  telle  doivent  être  placés  entre  crochets. 

P.  80,  ligne  8,  en  remontant,  nous  avons  remplacé  par  n'est  les  mots 
qu'il  est  du  maïuiscrit. 

P.  83.  En  tète  du  N"  47,  au  lieu  de  fol.  46  a,  lisez:  fol.  45  b. 

P.  84,  ligne  4,  lisez:  dont  le  prouitict  de  contre  escript  ne  l'estiendray, 

P.  84,  ligne  9,  lisez:  recepvoir  son  escript,  et  entendre  vérité,  comme  il 
vous  dira. 

P.  85,  première  ligne,  lisez:  lonij  knips  a  t-ii  \ostre  caur. 

P.  93,  note  3,  lisez:  Voyez  daus  le  N"  25,  note  8,  etc. 

P.  103,  note  6,  Hsez:  un  prêtre  hadois. 

P.  105,  note  2,  deuxième  ligue,  après  l'Évangile^  lisez  :  ces  mots  d'Érasme 
écrivant  à  Goclenius  en  1523  :  «  Subodoror  regiam  aulam  •J-oACjOîpiî^siv,  >  et 
le  fragmeiit  etc.  —  Ce  passage  d'Érasme  est  tiré  de  l'ouvrage  de  Clievillier 
sur  l'origine  de  l'iiupriinerie  de  Paris,  où  il  est  cité  p.  174,  d'après  la  Vila 
Erasmi.  Leyden,  1642,  in-16,  p.  174. 

P.  108,  ligne  11,  eu  remontant,  au  lieu  de  «mendiante,*  lisez:  men- 
dicité. 

P.  110,  ligne  9,  lisez:  dont  ce  peuvent  esclarcir. 

P.  111,  note  10,  lisez:  voz  inutilles  enfans. 

P.  17!>,  note,  ligne  4,  en  remontant,  lisez:  Au  reste,  le  seul  renseignement 
<M'rtain  (ju^on  possède  sur  le  séjour  de  Farci  à  Meaux,  c'cst^ l'assurance  que 
lui  donne  G.  Roussel,  etc.| 

Quant  à  l'enlrctien  de  Farel  avec  le  Jacobin  de  Boum,  dont  il  est  question 
dans  cotte  note,  on  ignore  l'endroit  où  il  eut  lieu,  mais  la  date  en  est  pré- 
cisée par  la  mention  du  N.  T.  français  de  Le  Fèvre,  qui  venait  de  paraître 


AUDITIONS  KT  COUKKGTIONS.  Mi',i 

(juin  —  novembre  1523).  C'est  ce  qui  résulte  du  passage  même  où  l-'arcl 
raconte  cet  incident  : 

«  Le  Pape  quicte  et  remet  le  serment  aux  suliject/,  pour  n'obeyr  plus,  et 
u'cstre  plus  obligez  à  leur  seigneur....  Et  non  seulement  le  Pape  ose  ainsi 
jtarler  et  faire ....  mais  je  Va>j  oui/  d'un  Jacobin  nommé  de  Borna.  Auquel 
quand  propos  estoit  tenu  de  l'Évangile,  et  ce,  quand  premièrement  le  nou- 
veau Testament  fut  imprimé  en  J'ranço//s ,  où  monsieur  Fahrif  avoit  besongué, 
et  [où  il]  estoit  dict,  que  l'Évangile  auroit  lieu  au  Royaume  de  France,  et 
qu'on  ne  prescheroit  plus  les  songes  des  hommes,  — .  de  Borna  respondit: 
«  ]Moy  et  autres  comme  moy,  lèverons  une  cruciade  de  gens,  et  ferons 
chasser  le  Roy  de  son  Royaume  par  ses  bubjectz  propres,  s'il  permet  que 
l'Évangile  soit  presché.»  Mais  ce  Moyne  ne  s'en  alla  sans  responce,  telle 
que  doit  donner  un  qui  craint  Dieu,  et  qui  est  bon  et  loyal,  et  qui  ayme 
son  Prince.  »  vEpistre  envoyée  au  Duc  de  Lorraine  par  Guillaume  Farel, 
Prescheur  du  S.  Evangile.  Genève,  1543,  petit  in-8°,  p.  43-44.) 

P.  181,  note   7.    Selon  A.   F.    Didot  (Essai  sur  la  Typographie;,  cet 
ouvrage  de  IJudé  fut  publié  en  1520,  à  Paris,  chez  Josse  Bade. 
P.  182,  ligne  20,  lisez:  7ii/  abismez. 

P.  187,  ligne  10,  lisez:  soit  réduicte  à  sa  vérité,  cow??i€  [je]  sçay.  etc. 
P.  187,  ligne  11,  lisez:  sçavoir  e;i  pouvoir,  pourvoiez,  etc. 
P.  190,  ligne  7,  eu  remontant,  lisez:  Il  se  veult  sercher. 
P.  200,  à  la  lin  de  la  note  4,  lisez:  8  octobre  1525. 
P.  223,  note  24.  Supprimez  ce  qui  suit  le  — . 
P.  224,  à  la  fin  de  la  note  30,  lisez:  Jean  Schoti. 

P.  225.  à  la  fin  de  la  note  37,  lisez:  la  lettre  de  Bentin  à  Œcolampadc 
du  8  octobre  (1525)  et  celle  de  ('oct  à  Farel  du  2  septembre  1524. 
P.  225,  note  45,  hsez:  Papilion. 
P.  246,  ligne  3,  supprimez  le  mot  inédite. 

P.  247,  note  3,  première  ligne,  lisez:  le  12  mars  1525  ^^1526,  nouveau 
style). 

P.  251,  note  5.  Supprimez,  à  la  première  ligne,  les  mots  ci  à  Meaux,  et 
-à  la  troisième,  les  mots  écrite  à  Meau  < .  Le  chevalier  Coct  n'était  pas  encore 
arrivé  dans  cette  ville  à  la  date  du  6  juillet;  mais  ses  relations  familières 
avec  Farel  l'autorisaient  à  ouvrir  la  lettre  de  Le  Fcvre,  qui  put  lui  être 
communiquée  à  Paria  par  Conrad  Becch. 

P.  252,  note  11.  Après  i.l525>  ajoutez:  et  le  ^''  140,  note  7. 
P,  288,  au  conunencemeut  de  la  note  1,  supprimez  le  renvoi. 
P.  303,   ajoutez  à  la  tin  de  la  note  4:  Ces  passages  des  t  broniques  de 
]Metz  et  ceux  que  nous  citerons  plus  loin,  sont  extraits  de  la  Biographie  de 
François  Lambert  d'Avignon,    publiée  en  allemand   par   M.  le  ju-ofesseur 
Baum  de  Strasbourg. 

P.  307,  avant  le  sommaire,  ujoutez:  traduit  dk  l'allk.manu.  A  la  fin 
de  la  note  2,  ajoutez:  à  Berne.  i^Cummuniqué  par  M.  l'arciiiviste  Knitli.) 

P.  310,  ajoutez  à  la  tiu  de  la  note  10:  Lutlmr  écrivait  de  son  coté  le 
13  janvier  1525:  ^  Amtemundus  minatur  mihi,  nisi  cedani  mea  opinione, 
sose  adversus  me  scripluium.  >  (Voyez  Luthers  Biicle.  Ed.  de  Wette, 
II,  613.) 

P.  338,  note  7,  ligne  2,  lisez:  de  6t.-Gorgonnc. 


484  AIHHTIO.NS  KT  COURECTIONS. 

P.  352,  note  3,  après  42  ajoutez:  et  46,  et,  à  l'avant-dernière  ligne,  lisez: 
le  12  mars  1525  (1526,  nouveau  style). 

P.  395,  ligne  7,  en  remontant,  lisez  d'après  Choupard:  ductu  gratùe 
Christi. 

P.  400,  dernière  ligne,  lisez:  Nonii. 

P.  409,  Sommaire,  ligne  G,  au  lieu  de:  lui  éviter,  lisez:  lui  épargner. 

P.  417,  première  ligne  du  Sommaire,  lisez:  vous  m'avez  rendu  quatre 
couronnes  pour  une  que  je  vous  devais.  Je  suis  bien  près  de  vous  les  ren- 
voyer, etc. 

P.  419,  ajoutez  à  la  fin  de  la  note  5:  Les  Français  réfugiés  à  Strasbourg 
ne  quittèrent  cette  ville  qu'après  le  20  mars,  puisque  le  19  Bédrot  écrivait  à 
Ambroise  Blaarer  :  «  Siapulensis  adhuc  hcerct  hîc  in  aedibus  Capitonis,  alii 
item  Gain  eruditissimi.  »  'Coll.  Simler.)  On  devrait  même  reporter  leur  dé- 
part après  le  16  avril,  si  le  passage  suivant,  relatif  à  Roussel,  peut  s'appli- 
quer également  aux  autres  exilés:  «  Bucerus  et  religionis  fratres  te  salu- 
tant,  cumprimis  Farellus  et  Gerardits  Bu/us,  quem  nos  Tolninum  nomi- 
namus:  latere  euim  voluit.  »  (Capiton  à  Zwingli,  16  avril  1526.  Zuinglii 
0pp.  VII,  492.) 

P.  436,  ajoutez  à  la  fin  de  la  note  4,  relative  à  Beda:  Dans  une  lettre 
adressée  à  Jean  Fabcr,  Érasme  se  plaignait  déjà  (le  16  avril  1526^1  du 
zèle  persécuteur  de  Beda  et  de  la  Sorbonne  :  «In  Gallia  (,disait-il)  gnaviter 
insaniunt  Beddaici  quidam  censuris,  articulis,  carceribtts,  incendiis,  libellis. 
Optarim  vel  sic  posse  cohiberi  pestem;  sed  exitus  rei  docebit,  his  modis 
nihil  aliud  quàm  exa<;perari  malum.  »  (Erasmi  Epp.) 

P.  442,  ajoutez  à  la  tin  de  la  note  1  :  On  lit  dans  une  lettre  de  Laurent. 
Coct  à  Farel,  datée  du  4  juillet  (1525): 

€  Mon  frère  aisné.  Seigneur  du  Chastelard . . .  ne  volant  me  faire  ma  rayson 
[1.  régler  son  compte  avec  moi],  ....  m'a  totalement  respondu,  que  à  jam- 
mays  de  luy  ne  auray  riens,  que  premier  ne  l'aye  bien  et  deuement  informé 
de  la  mort  de  mon  dict  frère  le  cbevaiier,  —  combien  que,  par  voz  lettres, 
le  ayez  informé  de  la  vraye  vérité  . .  .  Car  nioy-mesmes  veiz  les  dictes  lettres 
es  mains  d'ung  nommé  George  (\e  surnom  ne  me  recordc)  que  par  vous  fut 
envoyé  à  mon  dict  frère  du  Chustellari,  bien  tost  apprès  sa  mort  [1.  après 
la  mort  du  cbevaiier].  Car,  comme  escripviez,  le  dict  George  l'avoit  scrvy 
durant  sa  malladie,  et,  pour  récompence,  par  le  commandement  de  mon 
dict  frère  du  Chastellart,  balliay  au  dict  George  viij  escus.  Mays  tout  cecy 
ne  me  sert  en  riens,  car  mon  dict  frère  du  ( 'hastellart,  n'a  nulle  voulunté 
me  fèrc  ma  rayson,  fors  qu'il  dit,  comme  Sainct  Tliomas:  ><  Nisi  videro, 
non  credani.»  (Inédite.  Autograpbc.  Bibliotlièque  des  pasteurs  de  Ncuchàtel.) 

P.  456,  note  27,  ligne  4,  lisez  :  et  qui  a  mérité. 

P.  460,  dernière  ligne,  ajoutez  à  la  note  1 1  :  Capiton  écrivait  à  Zwingli, 
le  3  février  1526,  au  sujet  de  la  doctrine  réformée  sur  l'Kucliaristie  :  *  Scntio 
Gallium  omnium  maxime  illum  unicum  articuliun  dctestari.  »  (Zuinglii  0pp. 
\  II,  466.) 


TABLKTTKS    CHRONOLOCigilKS.  48." 


TABLETTES  CIIROAULOGIQUES. 


1508.  Luther  est  appelé  à  Wiltemberg  comme  professeur. 

1509.  Publication  du  Psallenmn  qn'uwvplex  de  Le  Fèvre. 

1512,  15  décembre.  Le  Fèvre  publie  son  Commentaire  mr  St.  Puni. 

1515,  1"  janvier.  Fiançois  I  succède  à  Louis  XII. 

15t6.  Mars.  Première  édition  du  Nouveau  Testament  d'Érasme. 

1516  Ulrich  Zwingli  prêche  l'Évangile  à  Einsiedeln. 

1516,  16  août.  Signature  du  Concordat  entre  Loon  X  et  François  l. 

1517  Farel  est  appelé  à  enseigner  à  Paris  au  collège  Le  Moine, 

1517,  31  octobre.  Luther  alTiche  ses  Thèses  à  Wiltemberg. 

1518,  Mars.  Prote>talion  de  l'Université  de  Paris  contre  le  Concordat. 
1518,  fin  d'avril.  Troubles  à  i'aris,  à  la  suite  du  Concordat. 

1518,  28  novembre.  Luther  en  appelle  du  Pape  à  un  concile  général. 

1519.  Les  ouvrages  de  Luther  se  répandent  en  France  et  en  Suisse. 

1519,  28  juin.  Charles-Quint  est  élu  empereur  d'Allemagne. 

1520,  15  juin   lUille  du  pape  Léon  X,  e.xcommuniant  Luther. 

1520,  6  octobre.  Luther  publie  «  la  Captivité  de  Habylone.  » 

1521.  Guillaume  Briconnet,  évêque  de  Mcaux,  réunit  autour  de  lui  Le 
Fèvre,  Gérard  Roussel,  Michel  d'Araiide,  François  Valable  et  Farel. 

1521,  15  avril.  La  Sorbonne  condamne  la  doctrine  de  Luther. 

1521.  Juin.  Commencement  de  la   correspondance  entre  Briconnet  et 

Marguerite  d'Angoulênie. 
1521.  Octobre.  Marguerite  d'Angoulênie  et  sa  mère,  Louise  de  Savoie, 

font  un  séjour  à  Meaux. 
1521.  Vers  la  tin  de  l'année  Érasme  se  fixe  à  liàle. 

1521.  Décembre.  Introduction  définitive  de  la  Rètbrme  à  Witlemberg. 
4522.  Juin.  Le  F'èvre  publie  son  Commeulaire  >ur  le/;  IV  Evangiles. 

1522.  Septembre.  Luther  publie  sAtiaduction  allemande  du  A'.  T. 

1522,  16  novembre.  Œcolampade  vient  se  fixer  à  Bile. 

1523.  Pierre  de  Sébiville  prêche  l'Évangile  à  Grenoble. 
1523,  29  janvier.  Première  dispute  de  religion  à  Zurich. 

1523,  8  juin.  Le  Fèvre  publie  sa //arf»'-/?»/!  française  des  IV  Evangiles. 
1523,  15  juin.  Le  Conseil  de  Berne  enjoint  à  tous  les  prêtres  de  n'en- 
seigner que  le  pur  Évangile. 
1523,  Août,  Découverte  de  la  conspiration  du  connétable  de  Bourbon. 
1523,  30  août.  Première  dispute  de  religion  â  riàle. 


480  l  ABI-hyi'TKS  CHRONOI.OGIQLKS. 

1523,  7  octobre.    La  Sorbonne   adresse  à  la  reine-mère,  sur   sa  de- 
mande, un  mémoire  contre  l'hérésie. 
1523.  Odobre.  Mandements  de  Briçonnet  contre  les  Luthériens. 
1523,  26-28  octobre.  Seconde  dispute  de  religion  à  Zurich. 
1523,  6  novembre.-  Le  Févre  achève  de  publier  sa  traduction  du  N.  T, 
1523.  Décembre.  Farel  arrive  à  Bâle. 

1523.  Décembre.  Michel  d'Arande  prêche  l'Évangile  à  Bourges,  et  Jean 
Chastellain,  à  Metz. 

1524.  La  Réforme  s'établit  définitivement  à  Strasbourg. 

1524.  Février.  Maigret  prêche  l'Évangile  à  Lyon,  et  ensuite  à  Grenoble. 
152i.  Premiers  jours  de  mars.  Farel  dispute  sur  la  religion  à  Bâle. 
1524,  21  mars.   Une   partie  des  cantons  suisses  se  plaignent  des  in- 
novations religieuses  introduites  à  Zurich. 
1524,  fin  de  mars.  Pierre  Caroli  prêche  l'Évangile  à  Paris. 
1524.  Juin.  Persécution  à  Meaux. 
152i.  Juillet.  Farel  exilé  de  BAle  prêche  à  Montbéliard. 
152i.  Septembre.  François  I  part  pour  l'Italie. 
1524.  Décembre.  Michel  d'Arande  prêche  à  Màcon. 

1524.  Décembre.  Commencement  des  divisions  sur  l'Kucharistie. 

1525.  Soulèvement  des  paysans  en  Allemagne. 

15'i5,  24  février.  François  I  est  défait  à  Pavie.  Il  est  emmené  plus  tard 
en  Espagne  comme  prisonnier  de  Cliarles-Quinl. 

1525.  Farel  séjourne  à  Strasbourg. 

1525,  8  aoiH.  Départ  de  Marguerite  d'Angoulême  pour  Madrid. 

1525.  Septembre.  Nouvelle  persécution  à  Meaux. 

1525.  Octobre.  Le  Fèvre,  Gérard  Roussel  et  Michel  d'Arande  se  réfu- 
gient à  Strasbourg. 

1525,  12  novembre.  François  1  écrit  an  Parlement  en  faveur  de  Le 
Févre,  Caroli  et  Roussel. 

1525,  9  décembre.  Condamnation  de  Jacques  Pauvanetde  Matthieu  Sau- 
nier par  la  Sorbonne. 

1;i2().  Janvier.  Emprisonnement  de  Louis  de  Ber(|uin  à  Paris. 
152(),  14  janvier.  Traité  de  .Madrid  entre  Charles-Quint  et  François  I. 

1526,  17  mars.  François  I  rentre  en  France. 

1526,  i'"'"  avril.  Lettre  de  François  1  au  Parlement,  en  faveur  de  Berijuin. 
1526,  fin  d'avril.  Les  Français  réfugiés  à  Strasbourg  rentrent  en  France. 
1526,  27  mai.  Ouverture  de  la  dispute  de  Baden  en  Argovie. 
1526.  Novembre.  Farel  vient  prêcher  l'Évangile  à  Aigle. 


LISTF.  CIlUdNOI/KilOl'K  llKS  l'IKCKS  1)1!  VOI.llMK.  487 


LISTE  CIIIIOXOLOGIQIIE 

DES  PIÈCES   CONTENUES   DANS    LE   PUEMIER   VOLUME. 

I  .es  lettres  inédites  sont  distinguées  par  un  astérisque  placé  avant  le  Numéro. 

KIIMKROK  ANNÉE  PAGES 

1.  Jacques  Le  Eévre  d'Étaples  à  Guillaume  Briçonnet,  15  dé- 
cembre   3 

1513 

2.  Jean  Rcuchlin  à  Le  Fèvrc,  31  août. 9 

1514 

3.  Le  Févre  à  Rcuchlin,  30  août 15 

4.  Le  Févre  à  Érasme  de  Rotterdam,  23  octobre 18 

1515 

5.  Josse  Clichtow  à  l'évéque  Gozthon 20 

1516 

6.  Thomas  Grey  à  Érasme,  5  août 23 

7.  Érasme  à  Henri  Roville,  3!  août 24 

8'  Luther  à  Spalatin,  19  octobre 26 

1517 

9.  Guillaume  Budé  à  Érasme,  5  février '^7 

10.  Érasme  à  Wohgang  Fabritius  Capiton,  26  février   ...         29 

8=  Luther  à  Jean  Lnng.  r'"  mars  .  _ 26 

11.  Guillaume  Budé  à  Tonstall,  19  mai 30 

12.  Glareanus  à  Érasme,  5  août "* 

13.  Jean  Cœsarius  à  Érasme,  22  septembre 32 

1518 

14.  Nicolas  Bérauld  à  Érasme,  16  mars 33 

15.  Requête  de  l'Église  de  Paris  au  Parlement,  20  mars    .    .         34 


488  LISTE  GHHONOLOGiyiJK  DKS  PIÈCES  DU  VOLUME. 

NDMi.ROS  PAGES 

16.  L'Université  de  Paris  au  Parlement,  28  mars 36 

17.  Valentin  Tschudi  à  Ulrich  Zwiiigli,  22  juin 38 

18.  Érasme  à  Guillaume  Huë,  9  août 40 

1519 

19.  Glareanus  à  Zwingli,  13  janvier 41 

*20.  Le  P'èvre  à  Beatus  Rhenanus,  9  avril 42 

21.  Ilcnri-Cornelius  Agrippa  de  Nettesheim  à  Le  Févre,  à  la 

fin  d'avril 46 

*22.  Pierre  ïschudi  à  Beatus  Rhenanus,  17  mai 47 

23.  Le  Févre  à  H.-C.  Agrippa,  20  mai 48 

24.  II. -G.  Agrippa  à  Le  Févre,  22  mai 50 

23.  Le  Févre  à  H.-C.  Agrippa,  20  juin 52 

26.  Nicolas  Bérauld  à  Érasme,  1«'- juillet 54 

27.  Érasme  à  Nicolas  Bérauld,  9  août 55 

28.  Érasme  à  Léon  X,  1 3  août 55 

29.  H.-C.  Agrippa  à  Le  Févre  (octobre) 57 

30.  Le  Févre  à  H.-C.  Agrippa,  14  novembre 59 

1520 

31.  N.  N.  |Pellican?|  aux  Théologiens  de  bonne  foi.  Fn  mars  61 

32.  Glareanus  à  Zwingli,  1er  novembre 65 

33.  Érasme  au  secrétaire  du  comte  de  Nassau,  13  mai  ...  63 

34.  Érasme  à  Nicolas  Éverard  (en  mai) 64 

35.  Marguerite  d'Angouléme  à  Guillaume  Briçonnet  (avant  le 

10  juin) 65 

35a  Marguerite  à  Briçonnet  (au  commencement  de  juillet)  .    .  475 

* 36.  Marguerite  à  Briçonnet  (après  le  10  juillet) 67 

37.  Un  Moine  à  H.-C.  Agrippa,  26  juin 68 

38.  Glareanus  à  Zwingli,  4  juillet 69 

39.  Un  .Moine  à  H.-C.  Agrippa,  10  septembre 72 

40.  Un  Moine  à  H.-C.  Agrippa,  2  oclobre 73 

40a  Marguerite  à  Briçonnet  (vers  le  milieu  d'octobre).    .    .    .  476 

iOb  Briçonnet  à  Marguerite,  24  octobre 477 

*40c  Briçonnet  à  Marguerite,  11  novembre 478 

*  41.  Marguerite  à  Briçonnet  (avant  le  17  novembre)    ....  75 

♦42.  Marguerite  à  Briçonnet  (avant  le  17  novembre)    ....  76 

♦43.  Marguerite  à  Briçonnet  (avant  le  22  novembre)    ....  77 


LISTE  CHUONOLOGIQUK  DES  PIÈCES  1)U  VOLUME.  489 

Sl-MÉROS  PAGES 

*ii.  [Guillaume  Briçonnet]  à  Marguerite,  22  novembre  ...  79 

45.  Agrippa  à  un  moine  d'Annecy,  25  novembre 82 

46.  Agrippa  à  un  moine  d'Annecy Si 

47.  Marguerite  à  Briçonnet  (en  décembre) 83 

*47  a  Briçonnet  à  Marguerite,  22  décembre 479 

48.  Briçonnet  à  Marguerite,  22  décembre 84 

49.  Le  Févre  aux  Lecteurs  Chrétiens,  avant  le  20  avril  ...  89 

oO.  Capiton  à  II. -C.  Agrippa,  23  avril 98 

5t.  N.  N.  à  II.-C.  Agrippa,  5  juin 100 

52.  Agrippa  à  Capiton,  17  juin iOI 

53.  Berthold  Ilaller  à  Zwingli,  8  juillet 102 

54.  [Briçonnet]  à  Marguerite  (fin  de  septembre  ou  commence- 
ment d'octobre)     i04 

55.  Marguerite  à  Briçonnet  (fin  de  septembre  ou  commence- 
ment d'octobre)    105 

56.  Luther  à  Spalatin,  environ  le  15  décembre 106 

57.  Luther  à  Spalatin,  26  décembre 107 

1323 

58.  Marguerite  à  Briçonnet  (avant  le  16  janvier) iOS 

*59.  Briçonnet  à  Marguerite,  16  janvier -    109 

60.  François  Lambert  d'Avignon  à  l'Électeur  de  Saxe,  20janv.  112 

61.  François  Lambert  à  George  Spalatin,  20  janvier  .    ...  114 

62.  Luther  à  Spalatin,  25  janvier 116 

63.  Luther  à  Spalatin,  25  février 117 

64.  François  Lambert  au  pieux  Lecteur  (en  février)    ....  118 

65.  François  Lambert  à  tous  les  Frères.Mineurs,  en  mars  .    .  123 

66.  Luther  à  George  Spalatin,  environ  le  20  mai 128 

67.  Jean  Rhellican  à  son  cousin  Jacob,  22  mai 129 

68.  François  Lambert  à  Spalatin,  28  mai 131 

69.  [Le  Févre]  à  tous  Chrétiens  et  Chrétiennes  (8  juin)  .    .    .  132 

70.  François  Lambert  à  Spalatin,  14  juin 138 

71.  François  Lambert  à  Spalatin,  24  juin 142 

72.  François  Lambert  à  Spalatin,  4  juillet 144 

73.  Luther  à  Spalatin,  14  août 145 

74.  François  Lambert  à  Spalatin,  16  août 14(i 

75.  Anémond  de  Coct  au  Lecteur  (au  mois  d'août) 148 

76.  Luther  au  Duc  de  Savoie.  7  septembre 151 

77.  Briçonnet  aux  Fidèles  de  son  Diocèse,  15  octobre    ...  153 


490  LISTE  CHRONOLOOIQUK  DKS  PIÈCES  DU  VOLUME. 

NUMKRO.S  PAGE^i 

78.  Briçonnetau  Clergé  de  son  Diocèse,  15  octobre  .    .    . 


156 

159 
170 
171 
173 


79.  [Le  FévreJ  à  tous  Chrétiens  et  Chrétiennes  (6  novembre) 

80.  Luther  à  Nicolas  Gerbel,  4  décembre 

81.  Briçonnet  au  Clergé  de  son  Diocèse,  13  décembre  .    . 

82.  Ulrich  Zwingli  à  Pierre  de  Sebville,  13  décembre  .    . 

*83.  Lange  à  Guillaume  Farel,  1*^'"  janvier 178 

*HA.  Briçonnet  à  Marguerite,  10  janvier 181 

85.  Le  Fèvre  à  Farel,  13  janvier 183 

86.  Anémond  de  Coct  au  pieux  Lecteur,  24  janvier    ....  184 
*87.  [Briçonnet]  à  Marguerite,  31  janvier 186 

88.  Marguerite  à  Briçonnet,  9  février 189 

*89.  Briçonnet  à  Marguerite,  12  février 190 

*90.  Marguerite  à  Briçonnet  (entre  le  12  et  le  24  février)     .    .  191 

91.  Farel  aux  Lecteurs  chrétiens,  environ  le  20  février.    .    .  193 

92.  Le  Conseil  de  Bâle  à  tous  ecclésiastiques  et  laïque», 

27  février 195 

*93.  Briçonnet  à  Marguerite,  24  février 198 

*94.  [Briçonnet]  à  Marguerite,  25  février 200 

95.  Œcolampade  et  Wolfhard  à  Zwingli  (Ic" jours  de  mars).  202 

96.  Œcolampade  [à  Pierre  de  Sebville?],  9  mars 203 

97.  Farel  à  Corneille  Schefi'er,  2  avril 205 

*98.  Le  Fèvre  à  Farel,  20  avril 206 

*99.  Hilaire  [Bertolph]  à  Farel  (vers  la  fin  d'avril) 210 

100.  Œcolampade  à  Capiton,  14  mai 214 

101.  Q^lcolampade  à  Luther,  15  mai 215 

102.  Nicolas  Le  Sueur  à  Farel,  15  mai 216 

*  103.  Le  Fèvre  à  Farel,  6  juillet 219 

104.  Gérard  Boussel  à  Farel,  6  juillet 231 

*  105.  Jean  Canaye  à  Farel,  13  juillet 240 

*106.  Gaspard  Maîssger  à  Farel  (environ  le  20  juillet)   ....  243 

107.  Farel  aux  Lecteurs  (vers  la  fin  de  juillet) •    .  246 

108.  Œcolampade  à  Morelet  du  Museau,  31  juillet 248 

♦109.  Pierre  Toussain  à  Farel,  2  aoilt 250 

110.  Œcolampade  à  Farel,  2  août 253 

111.  Œcolampade  à  Farel,  3  août 255 

1 12.  François  Lambert  au  Roi  de  France  (vers  le  milieu  d')aoùt  257 

*113.  Henri  Ileilzmann  à  Farel,  17  août 262 

*11l.  Claude-Pius  Pcutinger  à  Farel,  17  août 264 

115.  Œcolampade  à  [Farel],  19  août 265 


LISTE  CIIRONOLO(Jiyi!K  DKS  l'IKCKS  DU  VOI,l!MK.  491 

NUMliROS                                                     *  l'AGl.S 

il6,  Ulric  de  Wurtemberg  aux  gouverneurs  de  Besançon, 

20  août 267 

*I  17.  Gérard  Roussel  à  Farel,  "^i  août 270 

118.  Gérard  Roussel  à  Œcolampnde,  2-4  août 27-i 

*1 19.  Jean  Vaiigris  à  Farel,  29  août 279 

*  120.  .\némond  de  Coct  à  Farel,  2  septembre 280 

*12i.  Pierre  Toussain  à  Farel,  2  septembre 28-1 

122.  Érasme  à  Théodoric  Hesius,  2  septembre 288 

—     Érasme  à  l'évèque  de  Rochester,  4  septembre 288 

123.  Érasme  à  Mélancbthon,  6  septembre 289 

*  124.  Jacques  [Pauvan]  à  Farel,  5  octobre 291 

125.  Antoine  Papillon  à  Zwingii,  7  octobre 29 i 

126.  Érasme  à  Antoine  Brugnare,  27  octobre 29s 

127.  Farel  et  Gayling  au  Duc  de  Wurtemberg,  1 1  novembre  .  302 

*  128.  Anémond  du  Chastclard  à  Farel,  18  novembre    ...  301 

129.  La  Diète  des  cantons  catboliques  au  duc  de  Wurtemberg, 

1 G  décembre 307 

130.  Anémond  de  Coct  ta  Farel,  17  décembre 308 

131.  Pierre  Toussain  à  Farci,  17  décembre 312 

132.  Pierre  de  Sébiville  au  chevalier  Coct,  28  décembre  .    .    .  313 

133.  [François  Lambert  à  H. -G.  Agrippa],  31  décembre  .    .    .  316 

lo2o 

13-i.  Martin  Bucer  aux  frères  dispersés  en  France,  13  janvier  .  318 

133.  Biiçonnet  au  Clergé  de  son  Diocèse,  21  janvier  ....  320 

136.  Le  Conseil  de  l'archevêque  de  Lyon  à  Noël  Beda,  23janv.  323 

*  137,  Anémond  de  Coct  à  Farel,  2;i  janvier 32(i 

138.  François  Lambert  au  Prince-Évêque  de  Lausanne  (fin  de 
janvier) • "^28 

139.  Œcolampadc  à  P'arel,  6  février 33.-; 

*I40.  Pierre  Toussain  à  Farel,  1 1  février 337 

*  14 1 .  Oswald  Myconius  à  Anémond  de  Coct  (avant  le  20  février)  339 

*  142.  Sébastien  Hofmeister  à  Farel  (milieu  de  mars) 341 

*  143.  Oswald  Myconius  à  Farel,  23  mars 343 

144.  François  Lambert  à  l'Électeur  de  Saxe,  en  mars  .    .    .    .  344 

*  145.  François  Lambert  à  l'Électeur  de  Saxe,  23  mars.    ...  347 

146.  Ulric  Zwingii  au  Roi  de  France  (en  marsl 330 

147.  Noël  Beda  à  Érasme,  21  mai ^^'- 

1 48.  Les  États  du  Pays  de  Vaud  à  leurs  ressortissants,  23  mai .  334 

149.  Pierre  Toussain  à  Farel,  3  juin 336 

130.  Œcolampade  à  Farel,  l«Muillet 337 


492  LISTE  CHHONOLOGigUE  DES  PIÈGES  DU  VOLUME. 

NOMJÈKOS  PAGKS 

*]5l.  Farel  au  Sénat  et  aux  Citoyens  de  la  ville  de  B;\le.  6  juillet  35^ 

*152.  i'ierre  Toussain  à  Farel  (vers  le  9)  juillet 36-i 

*153.  Pierre  Toussain  à  Farel,  14  juillet 366 

1^4.  Œcolampade  à  Farel,  25  juillet 369 

155.  François  Lambert  au  Sénat  de  Besançon,  15  août  ...  371 

156.  Erasme  à  Louis  de  Berquin, -2n  août 373 

*157.  Pierre  Toussain  à  Farel,  i  septembre 375 

158.  La  Sorbonne  au  Parlement  de  Paris,  7  septembre  ...  378 

159.  Farel  à  Zwingli,  12  scjitembre 380 

*160.  Pierre  Toussain  à  Farel,  18  septembre 383 

*161.  Pierre  Toussain  à  Farel,  21  septembre 386 

162    Gérard  Boussel  ;l  Farel,  25  septembre 389 

*  163.  Farci  à  Jean  Pomeranus  (environ  le  8  octobre)    ....  393 

*  164.  Michel  Benlin  à  Œcolampade,  8  octobre 398 

165.  François  1  au  Pailenient  de  Paris,  12  novembre  ....  401 

*  166.  Jean  Vaugris  à  Farel,  15  décembre 403 

167.  [Gérard  Roussel  à  rÉvê(|ue  de  Meaux,  en  décembre]   .    .  404 

*168.  [Gérard  Roussel  à  Nicolas  Le  Sueur,  en  décembre]  ...  408 

169.  François  Lambert  an  Conseil  de  Strasbouriî,  1 3  janvier  .  416 

170.  (Fcolampade  à  Farel,  9  mars 417 

171.  Marguerite  au  comte  Sigismond  de  Hobenlohc,  9  mars  .  419 

172.  Marguerite  à  François!  (vers le  commencement  d'avril)  .  421 

173.  Louis  de  Berquinà  Frasme,  17  avril 422 

174.  Agrippa  à  Michel  d'Arande,  7  mai 427 

175.  Marguerite  à  S.  de  llohenlohc,  1 1  mai 430 

170.  Farel  à  Oswald  Myconius,  4  juin  .    . 431 

177.  Érasme  à  François  I,  16  juin 435 

178.  G.  rard  Roussel  à  Farel,  17  juin 438 

179.  Marguerite  à  S.  de  llohcnlohe,  5  juillet 441 

180.  Laurent  Coct  à  Farel,  25  juillet 442 

181.  Pierre  Toussain  à  Œcolampade,  26  juillet 444 

182.  Gérard  Roussel  à  Farel,  27  août 448 

*  183.  Farel  à  Capiton  et  à  Bucer,  25  octobre 451 

184.  Gérard  Roussel  à  Farci,  7  décembre 457 

185.  Pierre  Toussain  à  Farel,  9  décembre 462 

*  186.  M. jartinl  B.|ucer]  à  Farci,  13  décembre 465 

187.  (Fc()lamp;i(le  à  Farel,  27  décembre 468 

188.  Michel  d'AramIe  à  Farel  (pendant  l'été  de  1526)  .    ...  469 
*189.  [Un  Lorrain?)  à  Martin  Bucer  (1526  ou  1527)    .    ...  470 


* 


* 


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LISTE  ALI'MABKTIQUK  DES  COUUKSI'OND  VNTS.  \*X\ 


LISTE  ALPIIABÉTKIUE 

DES     CORRESPONDANTS. 

(TiCS  chiffres  arabes  ordinaires  indiquent  les  N""  des  lettres  écrites  par  les  correspon- 
dants, et  les  chiffrer  en  ilaliqve,  celles  qui   le'ir  ont  été   adressées.) 

Agrippa  (Henri-Cornelius).  N^^  21,  U,  29,  45,  46,  52,  174.  —  Nos25, 

20.  30.  37.  39.  40.  50.  51. 133. 
Alexandre,  secrétaire  du  comte  de  Nassau.  55. 
Arii^elus.  Voyez  Lange. 
Angouléme  (Marguerite  d').  35,  35a,  36,  40a,  41,  42,  43,  47,  55.  58, 

88,90,  171,  172,  175,  179.  —40b,  40c,  44,  47 a,  48,  54, 

59,  87,  84,  89, 93,  94. 
Arande  (Michel  d').   188.  —  174. 
Râle  (Le  Conseil  de).  92.  —  151. 
Beda  (Noël).   147.  —136. 
Bentin  (Michel).   164. 
Bérauld  (Nicolas).  14,  26.  —27. 
Berquin  (Louis  de).  173.  —  156. 
Bertolph  (Hilaire).  99. 
Besançon  (Le  Sénat  de).  116.  155. 
Boville  (Henri).   7. 
Briçonnet  (Guillaume).   40b,  40c,  44,  47a,  48,  54,  59,  77,  78,  81, 

84,  87,  89,  93,  94,  135.  —  35,  35a,  36,  40a,  41,  42,  43, 

47.  55,  58,  88,  90, 167. 
Brugnarc  (Antoine).  126. 
Buc'er  (Martin).   134,  186.  —183,189. 
Budé  (Guillaume).  9,  1 1 . 
Ganaye  (Jean).  105. 

Gantons  catholiques  (La  Dicte  des).   129. 
Gaesarius^Jean).  13. 

Capiton  (Wolfgang  Fabricius).  50.  —  10,  52,  100,  183. 
Charles  111,  duc  de  Savoie.   76. 
Clichtow  (Josse).  5. 
Coct  ou  (le  Chastelard  (Anémond  dej.  75,  86,  120,  12S,  130.  137.  — 

132.  141. 
Coct  (Laurent).  18ii. 
Érasme  de  Rotterdam.  7,  10,  18,  27,  28,  33,  34,   122,   123,   126. 

156,  m.  —  4,  6,  9,  12,  13,14,26,147,  173. 


Wl  LISTK  ALI'llABKliyiJK  DKS  COlUtKSPONI) AN TS. 

Kverard  (Nicolas).  34. 

Farel  (Guillaume).  91,  97,   107,  1-27,   151,  ir>9.  1G3,   176,  183.—      ^ 
K^.  ^.-7.  98.  99.  102. 103. 104,  lOô,  100,  109, 110,  111.  113,     I 
114,  115. 117,  119,  120, 121.  124, 130, 131, 137, 139, 140,     I 
U2, 143, 149, 150, 152, 153, 154, 157, 160, 161. 162. 166, 
170. 178,  180,  182,  184, 185. 186, 187, 188. 

Févre  (Jacques  Le).   1,  3,  4,  20,  23,  2:>,  30.   49,  (i9,   79,  85,  98, 
103.  —21,  24.  29. 

Kisher  (Jean),  évêque  de  Rocliester.   122. 

François  I.   16S.  —  J12,  146.  172.  177. 

Frédéric,  Electeur  de  Saxe.  60. 144.  145. 

Gayling  (Jean).   127. 

Gerbel^Nicolas).  80. 

Glareanus  (Henri).   12,  19.  32,  38. 

(îozllinn.  5. 

Grey  (Tiiomas).  6. 

Haller  (P.erlhold).  33. 

Ileitzmann  (Henri).  1 13. 

Hesius  (Tliéodoric).  122. 

Hofmeister  (Sébastien).  112. 

Hohenlolie  (Sigismond  de).  171,  175.  179. 

Huë  (Guillaume).  18. 

I-.imbcrt  d'Avignon  (François).    60,  01,  (34,  Gu,  G8,  70,  71,  72,  74, 
112,  133,  138,  144,  14.^3,  135,  1G9. 

l>ang  (Jean;.  <S'"-. 

I.ange  (Jean).  83. 

Lausanne  (L'Fvéque  de).  138. 

Léon  X .  28. 

[Lorrain]  ?(Un).  189. 

Lulber  (Martin).  8,  50,  57,  02,  03,  00,  73,  76,  80.  --  101. 

Lyon  (Le  Conseil  de  rarchevéijue  de).   130. 

Miiîssg'-r  ((îaspard).   106. 

Mélanclillion.   123. 

Moine  d'.Annecy  (Un).   37,  39,  40.  -  -^.'7.  46. 

Morciet  du  Museau.  lOS. 

Myconius(U^\vald).   141,  r.3.  —  170. 

«Kcnhimpade  (Jean).  95,90,  100,  101,108,110,  ill,  115.  139,  150, 
154,  170,  187.  —  //.V.  164.  /SI. 

l*apilion  (Antoine).   125. 

Paris  (Le  Chapitre  de  l'église  de).    15. 

Paris  (L'Université  de).  16. 

Parlement  de  Paris  (Le).    15.  10.  158.  165. 

Pauvan  (Jac(|ues).   124. 


LISTK  ALPHABÉTIQUE  UKS  CORHKSPONDANTS.  'iO.') 

IPellican?].  31. 

Peufmger  (Claude-Pius).   1  M. 

Pomeranus  (Jean).  KJS. 

Reuclilin  (Jean).  2.  —  S. 

Rhellican  ^Jean),  67. 

Rhenanus  (Beatus).  20,  22. 

Roussel  ^Gérard).  104,  117,  U8,  162,  167,  168,  178,  182.  184. 

Schelier  (Corneille).  .97. 

Sébiville  (Pierre  de).  132.  -  82. 56*. 

Sorbonne  (La).  158. 

Spalatin  (Georges).  8\o6,  57.  (Jl.  62.  63.  66,  68.  70,   71,  72, 

73.  74. 
Strasbourg  (Le  Conseil  de).  169. 
Sueur  (Nicolas  Le).  102.  —  168. 
Toussain  (Pierre).  109,  121,  131,    UO,  149,    152,  153,   157,160, 

161,  181,  185. 
Tonslall  (Culhberl).  11. 
Tschudi  (Pierre).  22. 
Tsclmdi  (Valentin).  17. 
Vaud  (Les  États  du  Pays  de).  148. 
Yaugris  (Jean).  119,  166. 
Woffhard  (Boniface).  95. 
Wurtemberg  lUlric  de).  116.  —  127,  129. 
Zwingli  (Ulric).  82,  146.  -  17.  19,  32,  38,  53,  95, 125,  159. 


FIN  DU  TOMK  PRKMiKR. 


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BK  Herminjard,   Aimé 'Louis      (éd.) 
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