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Full text of "Correspondance des réformateurs dans les pays de langue francaise, recueillie et publiée avec d'autres lettres relatives à la réforme et des notes historiques et biographiques"

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SxJÇibris 

PROFESSORJ.S.WILL 


CORRESPONDANCE 


DKS 


RÉFORMATEURS 


UU  LES  PAYS  DE  LANGUE  FRANÇAISE 


R  ECUEILLIE   ET   PUBLIÉE 


D'AUTRES  LETTRES  RELATIVES  A  LA  RÉFORME 


ET    DE*    NOTES    HISTORIQUES    ET    BIOGRAPHIQUES 


A.-L.  HERMIN.ÏARD 


TOME!     1KOISI  E  ME     (1533    à     15  Mi  ) 

WFi:  UN  INDEX  ALPHABÉTIQUE  DES  TROIS  PREMIERS  VOLUMES 


GENEVE 
11.  fiEO.RG,  libraire-éditeur 

1  :  A I  I   ,    HKM  '    MAISON 


PARIS 
MICHEL  LEVY.  frires 

RUE   VIVIENNE,    ibis 


1870 


■y 


CORRESPONDANCE 


DES 


RÉFORMATEURS 


MM  LES  PAVS  DE  LANGUE  FRAKAISE 


GENÈVE.  —  IMPRIMERIE    RAMBOZ    ET    SCHUC'HARDT 


CORRESPONDANCE 


DES 


RÉFORMATEURS 


DANS  LES  PAYS  DE  LANGUE  FRANÇAISE 


RECUEILLIE    ET    PURLIEK 


D'AUTRES  LETTRES  RELATIVES  A  LA  RÉFORME 

ET   DES    NOTES    HISTORIQUES    ET    BIOGRAPHIQUES 


l'Ai, 


A.-L.  HERMINJARI) 


ï  0  M  E    T  R  0  I  S  l  È  M  E 

1533—1536 


GENEVE 

GEORG,  libraire-éditeur 


PARIS 

Il  H,  Il  EL  LEYY.  frères 


J1ALE,    MÊME    MAISON  RUE    VIVtENNE,    gfcis 


1870 


Tons  droits  réserves 


30\ 

V\lffe 


789477 


CORRESPONDANCE 


DES 


RÉFORMATEURS 


SUITE  DE  LA  SECONDE  PÉRIODE 

Depuis  la  publication  du  commentaire  de  Le  Ferre  d'ÉtapIes 
sur  les  IV  Évangiles  jusqu'à  celle  de  l'Institution  Chrétienne  de  Calvin. 

1522  —  1536 


T.  III. 


405 

[pierre  toussain]  à  Guillaume  [Farel,  à  Morat]. 
(De  Bâle,  en  1533  V) 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

.Sommaire.  Les  Bdlois  inoutrent  une  absence  complète  de  charité  à  l'égard  des  pauvres 
étrangers.  Ils  suivent  en  cela  le  mauvais  exemple  de  leurs  pasteurs,  dont  la  vie  ne  ré- 
pond nullement  à  «  la  profession.  »  Carlstadt  et  sa  famille  ont  été  indignement  aban- 
donnés par  eux. 

Toussain  expose  les  motifs  de  conscience  qui  l'empêchent  de  seconder  Farel.  Il  l'ex- 
horte à  «  travailler  tout  seul,  »  et  à  s'abstenir  du  mariage,  afin  qu'il  puisse  librement 
prêcher  la  Parole  de  Dieu. 

Gratia  tibi  et  pax  a  Deo  pâtre  nostro  ! 

Reddidit  mihi  nuper  literas  luas  f rater  Me  noster  Parisiensis, 
qui  tam  fuit  hîc  christianè  exceptas,  ut,  quorumdam  inhumanitate 
gravissimè  offensus,  rectà  Lutetiam  redierit 2.  Nec  precibus  efficere 
potui,  ut  Argentomtum  descenderet,  quôd  vereretur  ne  illic  quoque 
verbis  tuis  et  prsedicationi  meae  responderent  omnia.  Et  certes  je  ne 
suis  point  esmerveillé  si  ce  bon  jeusne  frère  a  esté  icy  merveilleu- 

1  La  date  approximative  de  cette  lettre  non  signée,  mais  qui  est  de  la 
main  de  Pierre  Toussain,  nous  semble  résulter  des  rapprochements  indi- 
qués dans  les  notes  suivantes. 

-  La  lettre  que  «  ce  jeune  Parisien  »  (qui  nous  est  inconnu)  avait  reçue 
de  Farel,  pour  la  remettre  à  Toussain,  n'a  pas  été  conservée. 


4  [PIERRE  TOUSSAIN]  A  GUILLAUME  [FAREL,  A  MORATJ.  1533 

sèment  scandalizé,  veu  que  toute  charité  et  humanité  y  a  moyn  de 
lieu  que  es  cités  des  gentilz  et  infidelz  "°,  et  vaudroit  très-myeulx 
n'avoir  jamais  ouy  parler  de  la  Parolle  de  Dieu,  que  ainsy  la  recep- 
voir  et  prêcher  que  plusieurs  font.  Et  vous  prie  chrestiennement 
que  dorénavant  ne  m'escripvez  par  gens  de  nostre  langue,  meysmes 
par  ceulx  qui  me  congnoissent  ;  car  je  suis  tout  honteux,  quant  ilz 
viennent  par  deçà,  et  suis  contrain  leur  confesser  que  tout  ce  que 
j'ay  dit,  moy  estant  en  France4,  de  la  foy  et  charité  de  ceulx  de 
deçà  n'est  que  menterie,  et  pense  en  vérité  que  Dieu  fait  une 
grande  grâce  aux  papistes  qui,  par  ignorance,  demeurent  en  leur  foy, 
car  à  Padvënement  de  Christ  ilz  seront  moyn  punis  que  nous  autres, 
qui  sçavons  et  prêchons  la  vérité  et  Parolle  de  Dieu  et  vivons  plus 
selone  le  monde  que  ne  firent  jamais  ethnicques  [c.-à-d.  les  Gen- 
tils]. 

Nec  mirum  eslsanè,si  passim  novae  pullulant  haereses,  lumultua- 
tur  plebs,  frigescunt  omnia,  veu  que  ceulx  qui  debveroient  bailler 
exemple  aux  aultres  et  vivre  selone  leur  doctrine,  sont  ceulx  qui 
scandalizent  les  infirmes,  inhumanitate,  ocio,  ambitione  et  cœteris 
virtutibus;  et  certes  plusieurs  cerchent  plus  de  vivre  en  paix  et 
repos,  les  autres  d'a[n]richir  leurs  femmes  et  enffans,  que  ne  firent 
jamais  les  papistes  ;  et  Dieu  sçait  comment  le  peuple  est  édifié,  et 


3  La  terrible  disette  des  années  1530  et  1531,  dont  on  ressentit  les  effets 
jusqu'en  1534  (Voyez  Jean  de  Muller,  X,  447  et  507;  Bidlinger  à  Yadiau, 
3  janvier  1534,  Fùsslin.  Epp.  Reform.  p.  110),  avait  resserré  les  bourses 
et  refroidi  la  charité  des  Bâlois.  Nous  avons  déjà  rencontré  une  plainte 
analogue  dans  la  lettre  de  Thomas  l'Italien,  écrite  de  Bâle  le  9  décembre 
1532.  Mais  l'amertume  excessive  du  langage  de  Toussain,  la  légèreté  avec 
laquelle  il  s'exprime  sur  l'accueil  fait  à  Carlstadt  par  les  pasteurs  bâlois 
(notes  14  et  15),  trahissent  chez  lui  une  préoccupation  d'esprit  et  doivent 
nous  mettre  en  garde  contre  ses  jugements  exagérés.  Aussi  le  tableau  sui- 
vant de  l'église  de  Bâle,  tracé  deux  ans  plus  tard  par  l'un  de  ses  pasteurs, 
nous  paraît-il  plus  rapproché  de  la  vérité  :  «  Xostra  ecclesia  non  habet  pes- 
simè  :  verbum  enim  Domini  habnndè  et  strenuè  pnedicatur,  magna  audi- 
toritm  frequentiâ.  Plura  tamen  sunt  quee  nos  admodum  turbant,  pnecipuè 
quod  videre  sit  pana»  respondere  mores,  conversationem  et  studia  nostra 
tantee  gratiœ  Dei.  Deinde  et  Catabaptistarum  perfidia  négocia  nobis  fa- 
cessit.  Nam  intestina  dissidia  in  ecclesia  semblant,  Verbi  autoritatem  éle- 
vant, et  ministrorum  fidem  suspectam  faciunt.  »  (Lettre  de  Marais  Ber- 
sius  (Bertschij  à  Vadian  du  7  mars  1535.  Orig.  Bibl.  de  la  ville  de  St.-Gall.) 

4  Toussain  habita  la  France,  et  spécialement  Paris,  depuis  1526  jus- 
qu'en 1531  (Voyez  tome  I,  Ncs  181  et  185  ;  t.  II,  N°  190,  fin  de  la  n.  2, 
X°  233,  n.  1,  X"s  247,  257,  351.  356). 


1533  [PIERRE  TOUSSAINJ  A  GUILLAUME  i  FAREL.  A  M0RAT].  5 

crain  que  en  brefz  nous  ne  veons  [1.  voyions]  Tire  de  Dieu  sur 
nous. 

Quant  le  dit  pourteur  de  voz  lettres 5  vint  à  mon  lougïs,  là  où  je 
me  tenoye  avecque  Marc6,  et  que  on  sceut  qu'il  avoit  des  lettres 
de  Farel,  on  pensoit  qu'il  vînt  par  deçà  pour  avoir  quelque  ayde  ; 
et  me  dit  mon  dit  bon  hoste  (incontinant  que  [je]  commence  à  ouvrir 
la  bouche,  disant  qu'il  venoit  d'auprès  de  vous)  :  «  0  iste  Farellus 
nos  multum  gravât  !  »  C'est  pour  ce  qu'il  bailla  unesouppe  avecque 
son  chien  à  ce  povre  frère  de  vostre  quartier  de  Grenoble 7,  à  son 
arrivée  en  ceste  ville  avecque  voz  lettres,  et  qu'ilz  ont  faict  en- 
sembles que  icelluy,  avecque  son  compaignon  qu'avez  icy  depuis 
envoyé s,  ont  lamitié  [l.  la  moitié]  de  leur  soûl  de  pain,  la  sep- 
mainne 9,  et  ne  permettent  point  que  les  povres  enffans  deman- 
dent autre  subside  par  la  ville,  dont  vous  promez  [1.  promets] 
qu'ilz  ont  grand'  nécessité.  Velà  toute  la  charge  que  ces  dieux  ont 
des  povres  estrangiers,  et  tamen  conqueruntur  !  Et  semble,  quant  ilz 
voyent  ung  povre,  qu'ilz  voyent  ung  diable  ou  ung  serpent,  tan- 
tùm  profecerunt  in  christianismo  !  C'est  assés  qu'ilz  ayent  leurs 
maisons,  vignes,  jardins  bien  fournis  et  accoustréz,  qu'ilz  amassent 
pour  leurs  femmes  et  enffans  ;  alii  alios  curent,  si  velint  ! 

Tay  trouvé  ceulx  de  Zurich  beaucop  plus  humains  et  charitables 10, 

5  Voyez  la  note  2. 

6  En  1525  Toussain  avait  logé  à  Bâle  chez  un  certain  Marc,  qu'il  appe- 
lait alors  «  son  très-cher  frère.  »  Nous  avons  dit  que  ce  Marc  était  peut-être 
Bersius,  le  seul  des  pasteurs  bâlois  qui  portait  le  prénom  de  Marc  ( Voy.  N°  140, 
u.  9,  N°  181,  renvoi  de  note  17,  N°  185,  renv.  de  n.  11).  Il  est  probable  que 
c'est  du  même  personnage  que  Toussain  fait  ici  mention.  On  lit  dans  une 
lettre  écrite  par  Farel  à  Ambroise  Blaarer  et  que  nous  publierons  plus  tard  : 
«  Tossanus  egit  diutiùs  cum  %)Cistoribus  qui  doctrinam  Oecolampadii  teuent 
et  sequuntur;  vixit  in  eorum  mensa,  ecclesiœ  Basiliensi  sese  adjunxit,  par- 
ticeps  omnium,  tum  doctrinaa,  tum  sacrameiitorum.  » 

T-s  Ces  personnages  nous  sont  inconnus. 

0  C'est  sans  doute  une  allusion  au  subside  que  les  étudiants  pauvres  re- 
cevaient à  Bâle  du  Conseil  de  l'université  (Voy.  N°  113,  n.  2). 

10  Toussain  était  arrivé  de  France  à  Zurich  au  mois  de  juin  ou  de  juillet 
1531  (N°  351).  Un  passage  de  la  lettre  de  Farel  à  Bullinger  du  16  avril 
1555,  qui  suit  immédiatement  celui  que  nous  en  avons  cité  plus  haut  (X°  356, 
n.  7),  nous  autorise  à  croire  que  le  réfugié  lorrain  quitta  Zurich  pour  Bâle 
dans  le  courant  de  l'année  1532  :  «  Ex  quo  [scil.  Tossano]  nunquam  potui 
iutelligere  quin  rectô  sentiret  de  Zuinglio,  et,  quantum  possum  mente  te- 
nere,  isthic  in  ecclesia  egit  et  vivente  [Zuinglio]  et  post  morte/m  Zuinglii 
[11  octobr.  1531],  fassus  et  pastorem  et  ecclesiam  pietatem  Christi  te- 
nere.  » 


6  [pierre  toussain]  A  GUILLAUME  [farel,  a  morat].         1533 

et  si  le  bon  et  sainct  Carolostade  !1  m'eût  dit  comment  il  avoit  esté 
traicté  en  ceste  ville,  je  ne  pense  point  que  je  y  eusse  jamais  mys  le 
pied  12,  car  cest  homme  me  semble  digne  envers  qui  on  exerce 
les  œuvres  de  charité,  si  quisquam  alius 13.  Et  on  Ta  icy  laissé  long 
temps  à  plus  grande  nécessité  et  famine,  avecque  sa  povre  femme 


11  André  Bodenstein,  appelé  Carlstadt  du  nom  de  la  ville  où  il  naquit 
vers  l'an  1480,  fut  professeur  et  archi-diacre  à  Wittemberg  de  1513  à  1524. 
A  la  suite  de  ses  dissentiments  avec  Luther,  qui  sont  trop  conuus  pour  que 
nous  les  rappelions  ici.  il  vint  à  Bâle  dans  l'automne  de  1524,  pour  y  faire 
publier  quelques  écrits  théologiques  (Voy.  le  N°  130,  n.  10),  puis  il  se  ren- 
dit à  Zurich,  où  il  ne  chercha  pas  même  à  faire  la  connaissance  de  Zwvngli 
(Voy.  l'Épître  adressée  par  ce  réformateur  à  Mathias  Alberus,  le  16  no- 
vembre 1524.  Zuinglii  Opp.  éd.  Schuler  et  Schulthess,  III,  589).  Il  revint  à 
Bâle  en  1530,  après  avoir  été  très-bien  reçu  à  Strasbourg  par  Bucer  et  Ca- 
piton, qui  le  recommandèrent  chaudement  à  Zwingli  dans  leurs  lettres  du 
14  et  du  15  mai  (Ibid.  VIII,  452—453).  Accompagné  de  ses  trois  fils  en 
bas  âge  et  de  leur  mère.  Xoble  Anna  de  Mochau,  il  dut  arriver  à  Bâle  le 
19  mai,  d'où  il  écrivit  le  même  jour  cà  Bucer  :  «  Ludovicus,  hospes  meus  te 
salutat.  Cras  vocabor  ad  conventum  fratrum...  »  (Manuscrit  orig.  Arch.  de 
Zurich).  Un  fragment  de  lettre  que  nous  citerons  plus  loin  montre  qu'il  y 
reçut  ensuite  l'hospitalité  dans  la  maison  de  Grynœus.  (Voyez  la  lettre  de 
Justus  Jonas  à  Capiton,  1er  janvier  1522.  Coll.  Simler.  —  Scultetus.  An- 
nales Evangelh.  Heidelberga?,  161S-20,  Pars  I,  90,  230-35,  252—54.  — 
J.-J.  Hottiuger.  Helvet.  Kirchengeschichte,  III,  147,  213,  274,  497,  538. 
—  Piuchat,  I,  268,  II,  237.  —  Article  Karlstadt,  par  le  Dr  Erbkam,  dans 
la  «  Real-Encyklopâdie  fur  protestantische  Théologie  und  Kirche,  »  publiée 
sous  la  direction  du  Dr  Herzog.) 

12  Ces  relations  personnelles  entre  Carlstadt  et  Toussain  avaient  dû  se 
former,  non  pas  à  Bâle  en  1524,  mais  à  Zurich  pendant  l'été  de  1531 
(Voy.  la  fin  de  la  note  151,  ou  dans  les  premiers  mois  de  l'année  1532, 
époque  où  Carlstadt  quitta  la  paroisse  d'Altstlitten,  pour  reprendre  ses 
fonctions  de  pasteur  à  Zurich  (Voyez  sa  lettre  à  Bullinger  du  16  janvier 
1532.  Arch.  zuricoises).  La  suite  du  récit  montre,  en  effet,  qu'il  s'agit  ici 
de  l'accueil  fait  à  Carlstadt  par  les  pasteurs  bâlois  en  1530,  et,  pour  être 
exact,  Toussain  aurait  du  finir  ainsi  sa  phrase  :  «  je  ne  pense  point  que  je 
y  eusse  jamais  remis  le  pied.  » 

13  Cette  appréciation  est  confirmée  par  Henri  Bullinger,  qui  s'exprimait 
ainsi  sur  le  compte  de  Carlstadt,  après  une  expérience  d'environ  trois  an- 
nées :  «  Quôd  a  nobis  virum  petis  doctum,  prudentem,  cordatum,  exhibe- 
mus  tibi  D.  And.  Carolostadium,  virum  eruditissimum  et  exercitatissimum 
in  sacris,  adde  et  prophanis  literis  ac  disputationibus...  Est  mitissimus,  hu- 
millimus  et  omni  parte  absolutus.  Novit  hominem  Grynœus.  »  (Lettre  à 
Myconius  du  24  avril  1534.  J.-C.  Fueslinus.  Epistolœ  ab  Eccl.  Helvet.  re- 
formatoribus  vel  ad  eos  scripta?.  Tiguri,  1742,  p.  138.) 


1 533        [pierre  toussain]  a  Guillaume  [farel.  a  morat].  7 

et  enffans,  que  ne  furent  jamais  chiens14.  Quant  le  povre  homme 
vit  qu'il  estoit  icy  destitué  et  d'argent  et  d'ayde  et  de  consolation, 
[il]  prent  ung  morseau  de  pain  à  son  sein  et  s'en  va  à  Zurich,  pour 
veoir  s'il  trouveroit  illecque  quelque  condition  pour  nourir  ses 
povres  femme  et  enffans,  qu'ilz  avoit  icy  laissé  sans  heure,  sans 
pain,  sans  argent.  Et  ce  pendant  que  ce  povre  homme  estoit 
illecque,  traitent  [1.  traitant]  ses  affaires  avecque  Zuùigle  et  les 
frères  du  dit  Zurich,  la  povre  femme  avecque  ses  dicts  enffans  feut 
deux  ou  trois  jours  sans  menger,  et,  voyant  que  nul  ne  la  visitoit, 
feut  contrainte  envoyer  ses  trois  povres  petis  enffans  mendier  à  la 
petite  Basle,  et  ainsy  attendre  son  marry15. 

11  Cette  affirmation  de  Toussain  est  en  contradiction  complète  avec  les 
assertions  (TOecolampadc,  que  Toussain  lui-même  appelait  «  son  père  et 
cher  précepteur  »  (Voy.  les  X°*  1S1  et  135).  Celui-ci  écrivait  à  Zwingli,  le 
22  mai  1530:  «  Carlstadius  cum  suis  advenit,  uxore,  inquam,  et  lïberis, 
quibus  hic  relietis,  te  propediem  inviset,  cum  quo  plura.  Xosjubet  calamum 
sistere.  »  —  et  le  3  juin  suivant  :  «  En  et  te  invisit  Andréas  Me,  prse  aliis 
multùm  exercitatus,  homo  longe  alius  quàmvel  a  Melanclithone  vel  Luthero 
descriptus.  Nos  hîc  pauculis  diebus  gustum  morum  ejus  accepimus,  et  si- 
quidem  preces  nostrre  apud  Senatum  nostrum  invaluissent,  jam  prospectum 
illi  esset  in  agro...  Indignos  tanto  hospite  nos  vereor.  Tibi,  oro.  diligenter 
commendatus  sit.  Multis  autem  nominibus  meretur,  non  solùm  quia  bonus 
vir  et  eruditus,  sed  etiam  quia  impressionem  cum  primis  in  adversarios 
Christi  fecit,  jamque  multis  annis  exulat,  in  quo  et  nos  persequutionem  pa- 
timur. . .  Responsiones  ad  Epistolas  Philippi  [Melanchthonis]  heri  absolvi. 
Carlstadius  legit,  judicium  illius  audire  potes.  »  (Zuinglii  Opp.  YIII,  456 
et  460.1 

Les  autres  passages  que  nous  citons  dans  la  note  suivante,  et  qui  n'ont 
certainement  pas  été  écrits  pour  le  besoin  de  la  cause,  éclaireront  également 
le  lecteur  sur  la  question  de  savoir  si  Carlstadt  et  sa  famille  furent,  pen- 
dant leur  séjour  à  Bâle,  «  long  temps  destitués  de  consolation,  et  traités 
plus  mal  que  des  chiens.  » 

13  Carlstadt  partit  pour  Zurich  environ  le  4  juin  1530.  Le  22,  Zivingli 
le  recommandait  à  Henri  Bullinger  à  Bremgarten,  dans  un  billet  dont 
voici  le  post-scriptum  :  «  Carolstadius  ad  nos  transmigrabit,  donec  ei  di- 
vina  bonitas  prospiciat.  Libéras  abit  adductum,  quorum  très  habet,  et 
eos  mares.  »  Le  voyageur  était  de  retour  à  Bâle  le  25.  Pendant  son  ab- 
sence, Oecolampade  écrivait  à  Zwingli  le  17  juin:  «  Gratias  habeo  quôd 
Carolstadium  tam  humanè  foves...  Die  ei  salutem  verbis  meis,  et  significa 
ralere  uxorem  ejus  cum  lïberis.  »  —  et,  dans  une  seconde  lettre  du  même 
jour:  «  Carlstadi  sunt  hre  adjecta?  literae.  Uxor  ejus  desiderio  tenctur.  »  Il 
disait  encore  le  23  juin:  «  Carlstadiobene  precor.  Suiuieunque  valent.  De- 
siderio ejus  lahorant.  »  (Ibid.  p.  402,  470,  471.)  Environ  le  14  juillet,  Si- 
mon Grynœits,  collègue  d'Oecolampade,  témoignait  également  de  son  amitié 


8  [pierre  toussain]  a  Guillaume  [farel;  a  morat].         1 533 

Quid  hîc  clicemus  ?  Ne  sommes-nous  point  pires,  je  ne  dis  point 
que  papistes,  mais  que  chiens,  que  Turques,  que  diables  ?  Et  si 
telz  personnaiges  sont  ainsy  recue[i]lliz,  quelle  espérance  averont 
les  povres  estrjmgïers  incognus  ?  Si  la  vie  ne  respond  à  la  profes- 
sion, je  ne  donroys  point  de  tous  leurs  livres  et  sermons  ung  denier. 
Brefz,  je  treuve  moin  icy  de  foy  et  de  charité,  je  ne  dis  point  entre 
les  populair[e]s  (que  j'entends  estre  du  tout  refroidiz  et  alliénéz 
de  la  Parolle,  voyant  les  meurs  de  leurs  pasteurs),  mais  entre  les 
prélatz,  que  je  ne  trouvay  jamais  entre  paillars  et  ruffians 16.  Et 
nJa[y]  encore  icy  trouvé  ung  seul  qui  m'aye  présenté  ung  petit  disné 
ou  consolé  d'une  seulle  parolle,  combien  que,  tesmoing  Dieu,  n'y 
suis  venus  pour  leur  disner,  ne  pour  les  charger  ;  mais  sy  fait  y 
grand  bien,  quant  on  abandonne  le  sien  pour  cuyder  vivre  avecque 
eulx  selont  Dieu,  et  que  on  y  treuve  du  rnoyn  quelque  amour  et 
consolation,  ce  que  on  trouveroit  entre  les  gentilz  et  payens  ;  mais 
de  tout,  rien.  Mais  comment  consoleroient-ilz  et  aymeroient  [ilz] 

pour  Carlstadt,  dans  les  termes  suivants,  qui  excluent  absolument  l'hypo- 
thèse que  la  famille  du  pauvre  exilé  lui  fût  indifférente  :  «  Satis,  inquies. 
argutus  es,  dum  ableges  hospitem.  Ego  vero...  Muni  esse  apud  me  cupiam 
perpetuo,  nec  dubitarim  hujits  fortunam,  iniquiorem  quàm  malam  [1.  mal- 
lem],  mea  tenuitate  perpetuo  sustinere,  si  vel  hujus  pudor,  vel  tua  benefi- 
centia  et  humanitas  permisisset.  Nunc,  cum  honestè  abs  te  videam  vocatum, 
dimitto  libenier...  »  (Lettre  à  Zwingli,  op.  cit.  p.  462,  463,  480.) 

Ce  fut  vers  le  milieu  de  juillet  que  Carlstadt  alla  se  fixer  à  Zurich,  où  il 
remplit  pendant  une  année  les  fonctions  de  diacre  et  de  prédicateur  de 
l'hôpital.  Il  fut  ensuite  transféré  à  Altstâtten,  dans  le  Rheinthal  (Voy.  la 
n.  12,  et  J.-J.  Hottinger,  op.  cit.  III,  539). 

16  Au  nombre  de  ces  «  prélats,  »  que  Toussain  enveloppe  dans  une  seule 
et  même  réprobation,  se  trouvaient  Osivald  3ïyconius,  Simon  Grynœus, 
Marc  Bertschi,  Wolfgang  Wissenburger,  etc.  Nous  n'avons  absolument  rien 
rencontré,  dans  les  correspondances  de  ce  temps-là,  qui  soit  de  nature  à 
justifier  un  pareil  jugement.  Érasme,  qui  avait  recommandé  Grynœus  d'une 
manière  très-flatteuse  à  ses  amis  d'Angleterre  (18  mars  1531.  Le  Clerc, 
p.  1373—74),  l'accusa  plus  tard,  il  est  vrai,  de  s'être  montré  indiscret  en- 
vers eux  en  prenant  la  défense  de  la  doctrine  réformée,  et  d'avoir  fait  preuve 
d'avidité  en  lui  adressant  la  demande  suivante  :  «  Recte  feceris,  si  tu  jam 
plena  hirudo  mihi  famelico  cesseris  pensionem  Cantuariensem.  »  (C'était 
une  pension  annuelle  de  200  florins,  qu'Érasme  recevait  de  l'archevêque 
de  Cautorbéri.  Voy.  Le  Clerc.  Lettre  du  8  novembre  1533  à  Viglius  Zui- 
chemus,  p.  1760.)  Il  se  plaignait  aussi  de  la  vanité  de  Grynaeus  (Voyez  ses 
Epp.  familiares  ad  Bonif.  Amerbachiuin.  Basiliae,  1779.  Lettres  du  29  nov. 
1532  et  du  22  mars  1535).  Mais  il  ne  l'accusa  jamais,  à  notre  connaissance, 
d'être  dur  et  inhumain. 


1533  [l'IERRE  TOUSSAIN]  A  GUILLAUME  [FAREL,  A  MORAT].  9 

les  estrangiers,  veu  que  entre  eulx-meysme  n'y  a  que  dissenlion 
et  hayne  1T? 

J'ameroye  myeulx  que  l'on  me  tira  les  bras  du  corps  que  d'escripre 
ces  choses  à  autres,  mais  je  vous  escrips  la  vérité  ls,  et  crain,  tes- 
moing  Dieu,  que  telz  gens  ne  soyent  cause  de  la  subversion  de  la 
Parolle  et  plus  grande  captivité  que  jamais.  On  en  voit  desjà  quelque 
commencement;  car  le  peuple  est  icy,  et  dedans  la  ville  et  dehors, 
plus  scandalizé  des  prêcheurs  et  animez  à  rencontre  d'eulx,  qu'il 
ne  feut  jamais  contre  autres,  et  dient  publicquement  qu'ilz  ne 
font  rien  de  tout  ce.  qu'ilz  prêchent,  mais  que  plus  sont  adonnez 
au  monde,  à  toute  avarice,  ambition,  fraude  et  déception,  que  ne 
furent  jamais  les  papistes,  alléguant  plusieurs  exemples  oculair[e]s. 
Et  si  vous  admonestez  quelchun  de  ces  dieux,  tout  est  gasté. 

Je  ne  sçay  comment  auprès  de  vous  19  tout  ce  port[e],  mais  j'en- 
tens  que  tout  n'y  va  pas  selont  sainct  Matthieu,  et  que  aussy  bien  peu 

17  Des  «  dissensions  »  causées  par  les  Anabaptistes  (Voy.  fin  de  la  n.  3) 
ont  pu  exister  à  cette  époque  dans  l'église  de  Baie.  Mais  cette  «  haine  » 
dont  parle  Toussain  ne  se  révèle  nulle  part  dans  les  lettres  intimes  que 
JL/conius,  Bersius  et  Grynœus  adressaient  à  leurs  amis  de  Zurich,  de 
St.-Gall  et  de  Constance. 

,s  Toussain  se  persuadait  sans  doute  qu'il  disait  la  vérité  ;  mais  ce  qu'il 
pouvait  y  avoir  de  fondé  dans  ses  reproches  est  singulièrement  grossi  ou 
défiguré  par  la  passion.  Nous  avons  déjà  relevé,  dans  ses  relations  simul- 
tanées avec  Érasme  et  avec  Farel,  plus  d'un  trait  qui  nous  inspirait  de  la 
défiance  (N°  121 ,  n.  7  et  12,  N°  126,  n.  4—5),  et  nous  venons  de  constater  que 
ses  assertions  relatives  à  l'inhumanité  des  pasteurs  bâlois  envers  Carlstadt 
sont  contredites  par  des  témoignages  dignes  de  confiance  (Voyez  n.  14  et  15). 
Il  nous  reste  à  reproduire  le  passage  où  Farel,  vingt-deux  ans  plus  tard, 
appréciait  ainsi  la  véracité  de  Toussain  :  «  Tossanus  à  puero  mentiri  voîupe 
duxit.  Accessit  Canonicorum  (qui  improbi  sunt  supra  omnes  qui  cis  Alpes 
agunt)  perfidia  inter  quos  egit,  ut  taceam  Romanismum.  »  (Lettre  du  4  juin 
1555,  à  Ambroise  Blaarer.  Autographe.  Bibl.  de  la  ville  de  St.-Gall.  Mscr. 
Epp.  t.  VIII,  p.  32.)  Ces  paroles  ont  dû  coûter  à  Farel,  car  il  nous  ap- 
prend lui-même  que,  de  tous  les  réfugiés  français  qu'il  rencontra  d'abord 
en  Suisse,  Toussain  était  celui  qui  avait  gagné  le  plus  vivement  son  amitié. 
«  De  Tossano  quid  dicam  ?  Mihi  nihil  fuit  charius  viro.  Vix  scio  cum  alio 
pra?sentiora  fuisse  mihi  pericula.  Nullui  unquam  ita  me  permovit  ad 
extrema  subeunda.  Nescio  au  ministerio  alterius  magis  affectum,  et  quia 
inter  Galïos  primum  agnovi  Evangelii  strenuum  sectatorem,  et  ingens  af- 
fectus  qui  me  cogit  Mumpelgardenses  amare  fecit  ut  anima  meâ  mihi  cha- 
rior  esset.  »  (Lettre  à  Simon  Sulcer  du  22  mars  1555.  Ibid.  VIII,  15.) 

i9.«o  Toussain  fait  évidemment  allusion  à  l'un  des  pays  soumis  au  régime 
ecclésiastique  de  Berne,  depuis  que  cette  république  eut  adopté  la  Réforme. 


10  [i'IERRE  TOUSSAIS]  A  GUILLAUME  [FAREL,  A  MORAT].  1333 

y  a  de  charité,  par  laquelle  sont  cogneus  le[s]  vrays  disciple[s]  de 
Christ:  et  m'a-on  dit  que  auchuns  de  vos  principaulx  on[t]  mys 
très-bon  ordre  qu'ilz  soient  bien  nourry  non-seulement  leur  vie 
durant,  mais  aussy  deux  ou  trois  ans  après  leur  mort 20;  mais  cela 
ce  fait  soubz  umbre  de  noz  femmes  et  enffans.  Estienne 21  pensoit 
que  on  le  deùt  ainsy  colloquer.  Je  ne  sçay  quel  prouffit  vous  faictez 
de  telles  gens,  mais  je  sçay  que  si,  à  nostre  quartier,  les  povres 
gens  voyo[i]ent  telz  commencemens  et  entrées  de  morist22,  qu'ilz 
se  ney[e]roient  plustost  que  de  laisser  leur  foy  pour  croire  à  telz 
gallans.  Me  semble  que  feriez  beaucop  plus  de  fruictz  tout  seul,  que 
mectre  uruj  chescun  en  œuvre 23,  et  vous  promez  devant  Dieu,  qu'il 
n'y  a  ne  labeur,  ne  famine,  ne  mort  qui  me  garde  de  vous  secou- 
rir24,  mais  seulement  ma  conscience,  par  laquelle  ne  me  puis  ne 
doibs  ingérer  de  courir  sans  estre  appelle,  comme  j'ais  autresfois 
fait23:  dont  pense  certes,  imô  certô  scio,  que  le  Seigneur  Dieu  m'a 
rejeclé  pour  quelque  temps.  Lequel  ne  me  soit  propice,  si  ne  desire- 
roys  respendre  mon  sang  avecque  vous,  si  mon  heure  est  oit  venue  ! 

Avant  la  Réformation,  Berne  abandonnait  pendant  deux  ans  aux  héritiers 
d'un  curé  défunt  les  revenus  de  sa  prébende.  C'est  ce  qu'on  peut  inférer  du 
passage  suivant  de  la  lettre  de  Zwingli  à  Vadian  datée  du  3  juillet  1526  : 
«  Pro  Evangelio  féliciter  certatum  est  [Bernœ]  26  die  Junii,  Berchtoldoque 
missandi  omis  aderatum,  propterea  quôd  Missam  [in]  Baden  défendent  non 
esse  sacrificium.  Constituti  80  aurei  in  anmvm...  Sacerdotium  eanonieale 
ademtum,  sed  sic,  ut  dudbus  annis  eumfructus  sequantur,  non  aliter  quàm  si 
vitâ  excessisset.  »  iZuinglii  Opp.  VII,  520.)  Il  est  possible  que  ce  règlement 
fût  encore  applicable  à  la  pension  des  pasteurs  bernois. 

21  La  suite  fait  voir  que  ce  personnage,  dont  nous  ignorons  le  nom  de 
famille,  avait  été  envoyé  par  Farel  à  Bâle,  pour  s'y  préparer  au  saint  mi- 
nistère. 

--  Moriste  ou  morisque  doit  être  synonyme  de  bouffon  ou  de  bateleur.  On 
trouve  le  passage  suivant  dans  Bonivard  (Advis  et  devis  de  l'ancienne  et  nou- 
velle Police  de  Genève.  Genève,  1865,  p.  251):  «  Horace  faict  un  conte 
d'un. . .  qui  cuidoit  tousjours  estre  en  un  théâtre  où  il  voioit  dances  morisques, 
farces,  comédies,  »  etc. 

23  Lorsque,  en  1535,  Toussain  attendait  d'un  jour  à  l'autre  d'être  en- 
voyé à  Montbéliard  pour  y  prêcher  la  Réforme,  il  écrivait  de  Bâle  h  Farel, 
le  1er mai:  «  Si  intellexeris  me  illic  esse,  obsecro  te  per Christum, ne quen- 
quain  facile  ad  me  mittas.  Nain  Principi...  author  non  ero.  nec  possum 
bonà  conscientià,  ut  statim  omnes  anguli  repleantur  concionatoribus.  » 

24  Farel  venait  sans  doute  d'engager  Toussain  à  se  rendre  dans  la  Suisse 
romande  pour  y  prêcher  l'Évangile. 

,5  Allusion  aux  deux  voyages  que  fit  Toussain.  en  1525,  pour  évangé- 
liser  la  ville  de  Metz  (Voy.  Tome  I.  N°  140,  n.  5.  Tome  IL  p.  484). 


1533  JEAN  HÛLARD  A  GUILLAUME  FAREL,  A  MORAT.  Il 

Certes,  quant  nous  estions  ensembles26,  tant  sans  [1.  s'en]  fault  que 
congneusse  Christ,  que  ne  congnoissoye  lamitié  [1.  la  moitié]  de 
mon  petit  doit.  Et  maintenant  je  vois  qu'il  n'y  a  rien  plus  perni- 
cieulx  ne  plus  nuysant  à  l'exaltation  de  la  Parolle  que  ung  tat 
[1.  tas]  de  courreux.  Je  ne  vous  sçauroye  dire  autre;  ne  meum  in 
te  amorem  aestimes  ex  officio  literarum. 

Je  scay  que  serez  marri/  que  ne  obtempère  à  voz  lettres,  pour  la- 
quelle chose  estoije  expressément  venu  par  deçà-1,  tesmoing  Dieu. 
Mais  je  ayme  mieulx  vous  desplaire  en  ce,  que  de  faire  chose 
contre  ma  conscience  et  le  vouloir  de  Dieu,  qui,  par  sa  bonté  et 
miséricorde,  vous  doint  tousjours  son  sainct  esperit  et  grâce,  ut  a 
eonjugio  abstineas-*,  affin  qu'il  n'y  a  ny  femme,  ny  enffans  quil 
vous  empêche  de  librement  prêcher  et  avancer  sa  saincte  Parolle  ! 

Bruslez  ces  présentes,  affin  que  personne  n'en  fa  ice  maison  proufftt. 

(Suscription  :)  Fideli  [Jesu  Christi]  ministro  Gulielmo  [Farello] 
fratri  suo  cha[rissimo]. 


404 

JEAN  holard  '  à  Guillaume  Farel,  à  Morat. 
D'Orbe,  11  janvier  1533. 

Autographe.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neuchâtel.  Ruchat,  III,  572. 

Sommaire.  Holard  se  plaint  des  mauvais  procédés  de  son  frère  Christophe.  Il  ex- 
prime le  désir  d'être  nommé  pasteur  à  Meiri,  et  il  donne  à  Farel  des  nouvelles  de 
l'église  d'Orbe. 

26  A  Bàle(1524),  à  Metz  (1525),  à  Grandson  (septembre  1531). 

27  Voyez  les  lettres  de  Farel  du  mois  d'août  et  du  1er  octobre  1531,  aux 
renvois  de  note  2  et  3  du  N°  351  et  à  la  note  7  du  N°  356.  Au  premier 
abord  on  est  porté  à  conclure  de  ce  rapprochement  que  la  présente  lettre 
de  Toussain  fut  écrite  la  même  année,  c'est-à-dire  en  1531  ;  mais  si  l'on 
adoptait  cette  dernière  date,  il  en  résulterait  (pie  c'est  du  vivant  même 
d'Oecolanqxide,  que  Toussain  se  serait  exprimé  avec  autant  de  violence 
contre  tous  les  pasteurs  bàlois  sans  exception,  ce  qui  nous  paraît  incom- 
patible avec  les  sentiments  d'affection  et  de  respect  dont  il  a  toujours  fait 
profession  pour  ce  réformateur  (Voyez le  commencement  delà  note  14). 

2S  Farel  se  maria  le  20  décembre  1558,  à  l'âge  de  69  ans. 
1  Jean  Holard,  natif  d'Orbe,  avait  été  dès  sou  enfance  destiné  à  l'Église. 


12  JEAN  HOLARD  A  GUILLAUME  FAREL,  A  M0RAT.  1533 

La  grâce  et  paix  de  Dieu  nostre  bon  père  par  Nostre  Seigneur 
Jésuchrist  ! 

Très-chier  frère,  je  rend  grâce  à  Dieu  par  Jésuchrist  pour  vostre 
charité  et  soing,  lequel  avés  pour  moy  et  pour  tous  les  frères, 
comme  j'ay  aperceuz  par  mon  frère  Christofel2,  lequel  me  faict 
avoir  douleur  et  tristesse,  à  cause  de  la  povre  vie  qu'il  mayne,  ce 
que  par  icelluy  ne  vous  ay  point  rescript,  pour  éviter  noise  et  sus- 
pition  ;  car,  par  tous  moyens,  moy  parforce  [1.  je  m'efforce]  le  ré- 
duyre  de  son  ordure,  avecque  souspirs  et  gémissemens  en  prières 
à  Nostre  Seigneur,  car  c'est  pitié.  Et  si  prévoit  grands  inconvé- 
niens  qu'en  sortiront,  si  Dieu  n'y  monstre  sa  grâce  en  brieff.  Tou- 
chant moy,  n'est  point  question  de  faire  ma  demeure  avecque  luy; 
si  ne  voullois  bien  tost  espouser  la  besace  et  mendier.  Car  ce  gal- 
lant,  pour  lequel  envestir  me  suys  despouyllé  de  toute  ma  sub- 
stance que  dempuis  ma  jeunesse  ay  amassé,  mayntenant  moy  dé- 
prise et  tient  vill,  là  où  je  avoye  espérance  qu'il  auroit  souvenance 
du  bien  que  luy  ay  faict,  ayant  soing  de  moy,  povre  déchassé  et 
destitué  de  toute  ayde  mondayne.  Pour  quoy,  mon  frère,  ne  me 
sçay  recourir  sinon  à  Nostre  Seigneur  et  m'en  plaindre  à  vous  et 
à  tous  bons  frères  en  Jésuchrist,  au  quel  néaulmoins  ay  ma  entière 
confiance. 

J'ay  entendu  qu'avés  tenuz  propos  de  moy  avecq  MonsT  le  Secré- 
taire de  Berne  3,  pour  moy  fère  estre  à  Mery  \  comme  mon  dicl 
frère  me  l'a  dict 5.  Le  lieu  est  fort  propice  à  ma  complexion,  et, 


Néanmoins  il  suivit  quelque  temps  la  carrière  militaire,  puis  fut  chantre  de 
la  chapelle  du  Duc  de  Savoie  à  Chambéry.  Étant  entré  dans  les  ordres,  il 
devint  chanoine  et  doyen  de  la  collégiale  de  St.-Nieolas  à  Fribourg.  Il  fut 
exilé  de  cette  ville  vers  la  fin  de  1530,  parce  qu'il  entretenait  une  corres- 
pondance avec  les  ministres  de  Berne.  (Voy.  les  Mémoires  de  Pierrefleur. 
Lausanne,  1S56,  p.  15  et  57  ;  le  Manuel  du  Conseil  de  Fribourg,  séance  du 
12  décembre  1530,  et,  dans  notre  tome  II,  le  N°  34S,  u.  2,  et  le  N°  319,  n.  4.) 

C'est  par  erreur  que  Berchtold  (Hist.  de  Fribourg,  II,  157)  attribue  à 
Jean  Holard  une  lettre  du  lundi  28  juillet  1533,  qui  prononce,  au  nom 
du  Cliapitre,  l'excommunication  contre  Termite  de  la  chapelle  de  Cournil- 
lens,  village  voisin  de  Fribourg.  Cette  lettre  sans  millésime  peut  bien  être 
rapportée  àl'an  1533,  mais  on  y  trouve,  au  lieu  de  la  signature  de  «  J.Hou- 
lard,  »  celle  de  «  P.  Bolard.  » 

s  Voyez  le  N°  390,  note  3. 

5  Pierre  Giron. 

4  Meiri,  village  situé  près  de  Morat  (Voy.  le  N°  287,  u.  3). 

3  Christophe  Holard  s'était  rendu  à  Berne  vers  la  fin  de  décembre  1532, 


1533  JEAN  HOLARD  A  GUILLAUME  FAREL,  A  MORAT.  13 

pour  estre  auprès  de  vous,  ancore  plus  agréable,  vous  priant  en 
fère  comme  pour  vostre  povre  fils,  et  m'en  mander  vostre  bon 
advis,  à  ce  que  je  sache  disposé  de  mon  affère  et  en  rescripre  à 
Messieurs  du  Chorgricht G  à  Berne,  lesquieulx  je  me  persuade  estre 
à  ma  faveur,  ensamble  aultres  bons  frères  et  seigneurs.  Car  sy  en 
brieff  ne  me  vient  aullre  seccours,  je  seray  contrainct  de  retirer 
ma  portion  d'avecque  mon  dict  frère,  vendre  tout  et  m'en  aller 
hors  du  païs. 

Dieu  par  sa  grâce  nous  veuylle  garder  de  fère  chose  qui  suit 
contre  son  honneur  et  gloire,  ains  fère  sa  saincte  volunté,  et  que 
son  nom  soit  sanctifié  en  nous,  à  l'avancement  de  son  S.  Évan- 
gile !  Lequel,  maulgré  Sathan,  croist  et  de  plus  en  plus  confund 
les  adversaires,  —  vous  certifiant  que  nostre  bon  frère  Maistre 
Johan  à  Cruce  7  s'en  acquiste  fidèlement,  lequel  n'est  point  sans 
labeur  continuelle,  avecque  bon  fruict  et  bon  lesmognyage  :  lequel 
aussi  dernièrement  a  espousé  ung  mariage  et  baptizé  ung  enfant 
à  Jo.  Cordier 8,  avecque  grand  auditoyre,  et  faict  en  sorte  que  nulz 
ne  povoit  dire  que  cella  ne  feutz  bon  et  cellon  Dieu,  Hz  y  eutz  des 
prestres  et  plusieurs  aultres  grands  adversaires,  mes  il  iïij  eutz  per- 
sonne quffist  rumeur.  Nostre  chastellain  °  fist  bon  debvoir,  plus  que 
par  avant.  Les  petis  enfans  confundent  les  grands,  lesquieulx  prouf- 
fitent  grandement  et  sont  en  bon  nombre  et  assidues  en  Peschole  tout 
le  jour,  comme  bien  avés  entendu  ;  laquelle  chose,  sy  plaict  à 
Nostre  Seigneur  donner  grâce  de  persévérer,  amènera  grand 
fruict.  Dieu  par  sa  bonté  veullie  avoir  pitié  et  illuminer  les  povres 
ignorans  et  aveugles  !  Auquel  prie,  mon  chier  frère,  accomplir  de 
sa  grâce  ce  qu'il  a  commencé  en  vous,  à  son  honneur  et  gloire  et 
au  prouffitz  de  son  Esglise.  Ainsi  soit-ilz  !  D'Orbe,  ce  jour  xi  de 

JanviFejr,  lo33. 

Vostre  frère  en  Jésuchrist  Johan  Houlard. 

pour  se  plaindre  de  ce  qu'on  avait  enlevé  à  son  fils  les  revenus  du  béné- 
fice ecclésiastique  qu'il  possédait  à  Orbe.  (Voyez  les  lettres  de  Berne  à  Fri- 
bourg  du  4  niai  1531  et  du  2  janvier  1533.  Arch.  de  Fribourg.) 

G  C'est-à-dire,  Messieurs  du  Consistoire  (X°  287,  n.  1). 

1  Jean  Lecomte  de  la  Croix,  pasteur  de  Grandson.  Il  remplaçait  à  Orbe 
Pierre  Viret,  qui  était  momentanément  absent  (N°  397,  n.  31 

s  Appelé  aussi  Cordey  (Pierrefleur,  p.  37,  44,  46).  C'était  l'un  des  plus 
anciens  partisans  de  l'Évangile  à  Orbe. 

9  Antoine  Secrestain,  successeur  de  Jacques  Agasse  (N°  335,  n.  4),  qui 
avait  été  déposé  le  23  juin  1531,  «  pource  qu'il  ne  vouloit  tenir  le  party  des 
luthériens  »  (Pierrefleur,  p.  4G-47). 


14  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  BARON  DE  LA  SARRAZ.  1533 

Je  prie  estre  recommandé  à  MonsT  le  commissaire  Lmido  10,  en- 
samble  à  tous  les  frères  de  vostre  esglise,  nom  par  nom,  etc. 

(Suscription  :)  A  mon  très-chier  et  honnoré  frère  en  Nostre  Sei- 
gneur Jésu-Christ,  M.  Guillaume  Farel,  ministre  fidèle  de  la  Parolle 
de  Dieu  en  l'église  de  Morat. 


405 

le  conseil  de  berne  au  Baron  de  La  Sarraz  '. 
De  Berne,  29  janvier  1533. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  MM.  de  Berne  se  plaignent  de  l'arrestation  d'un  Évangélique  français,  qui 
apportait  des  lettres  à  quelques-uns  de  leurs  «  serviteurs.  » 

Noble,  magniftique  seigneur  !  Hz  nous  est  venuz  à  notice  comme, 
ces  jours  passés,  soit  venuz  ung  homme  de  bien,  de  France,  sur 
vostre  jurisdiction 2,  lequel  ayés  prins,  à  cause  de  ce  quHlz  est  de  la 
loy  et  foi)  de  l'Évangile,  et  icelluy  ayés  perséquutéz,  molesté,  et  le 

10  Jean  Landow  ou  Landoz,  ancien  commissaire  des  cantons  suisses  dans 
le  comté  de  Neuchâtel  (N°  216,  n.  4,  N°  367,  n.  4). 

1  Voyez  sur  Michel  Mangerod,  baron  de  La  Sarraz,  le  N°  389. 

2  Ce  fut  sans  doute  par  les  soins  de  Farel  que  MM.  de  Berne  furent  in- 
formés de  l'arrestation  de  ce  Français.  Il  semble,  en  effet,  que  ce  personnage 
est  le  même  que  celui  dont  parle  Érasme  dans  la  lettre  suivante,  qu'il 
adressa  (vers  le  milieu  de  février  1533)  à  Boniface  Amerbach  :  «  Gallus 
ille  tuus,  homo  levissimus,  rogatus  à  me  quantum  accepisset  à  SadoMo. 
fassus  est  accepisse  se  quatuor  capita,  hoc  est  coronam...  Exhibuit  exem- 
pter epistolœ  Sadoleticte.  Epistolam  aiebat  interceptam  ab  eo  à  quo  fuerat 
captus  ettortus,  non  ob  aliud  nisi  quod  suspicaretur  illum  esse  Luteramm. 
Et  tamen  ad  Pharelli  preces  dimissus  est  »  (Erasmi  Epp.  ad  Bonif.  Amer- 
bachium,  n°  45.)  L'évèque  Jacques  Sadolet  résidait  alors  à  Carpvitras.  Le 
messager  auquel  il  avait  remis  une  lettre  pour  Érasme,  et  qui  fut  em- 
prisonné lors  de  son  passage  en  Suisse,  venait  par  conséquent  de  la  Pro- 


vence. 


1533  LES  CONSEILS  DE  FRIBOURG  AUX  CONSEILS  DE  GENÈVE.  15 

voulsuz  constraindre  de  révocquer  la  foy.  Davantaige  ayés  en- 
voyez quer[ir]  le  prieur  de  Romanmonstier 3,  pour  L'enquester.  De 
quoy  nous  mervillions  grandement. 

A  ceste  cause,  vous  admonestons  très-acertes  que  veilliés  dé- 
sister et  vous  dépourter  de  tieulle  perséquution,  et  icelluy  homme 
relâcher  et  laisser  aller  sans  le  molestez,  veuz  et  attenduz  qu'ilz 
az  proposé  de  visiter  nous  pays,  et  que  pourte  tectres  adressantes 
à  certains  nous  soubgects  et  serviteurs,  pareilliement  que  nous  ne 
molestons  persones  estranges,  prestres,  moines,  ne  aultres  que  han- 
tens  [1.  qui  hantent]  nous  pays.  Aultrement.  y  aurons  esgard  néces- 
saire. Sur  ce  vostre  response,  par  présent  pourteur.  sy  le  voulés 
lâcher  au  non,  aftin  que  y  puissons  adviser.  Datum  xxix  Januarii. 
anno  xxxm. 

L'Advoyer  et  Conseil  de  Berne. 

(Suscription  :)  A  nohle.  magniftique  seigneur  Michiel.  Baron  de 
la  Sarra.  nostre  bon  amv. 


406 


les  CONSEILS  de  fribourg  aux  Conseils  de  Genève. 
De  Fribourg,  6  février  1533. 

Manuscrit  original.  Archives  de  Genève. 


Sommaire.  MM.  de  Fribourg  se  plaignent  de  ce  que  le  Conseil  de  Genève  ne  fait  pas 
observer  les  «  statuts  »  relatifs  aux  prêcheurs  luthériens,  et  ils  l'avertissent  des  con- 
séquences qu'entraînerait  l'oubli  de  ses  promesses. 

Nobles,  sayges  et  prudans,  très-chiers,  bons  amys  et  féaulx  com- 
bourgois,  à  vous  nous  noz  recomandons. 

5  Le  couvent  de  Romain/métier,  situé  au  pied  du  Jura,  uon  loin  de  La 
Sarraz  et  à  deux  lieues  environ  au  S.-O.  de  la  ville  d'Orbe,  avait  alors 
pour  prieur  Claude  d'Estavayer,  évêque  de  Belley,  prévôt  du  chapitre  de 
Lausanne,  etc.  (Voyez  Fréd.  de  Gingins.  Annales  de  l'abbaye  du  Lac  de 
Joux.  Lausanne,  1842,  p.   104-109.) 


16  LES  CONSEILS  DE  FRIBOURG  AUX  CONSEILS  DE  GENÈVE.  1533 

Nous  avonns  entenduz  que  non  obstant  vous  estatuz  que  ares 
faictz  par  cy-devant  thouchant  les  prédicateurs  de  la  loy  lutérienne l, 
que  certains  d'entre  vous  soubstiennent  ung  prêdicant  Luttèrien, 
cordellier,  à  prescher  tant  secrètement  comment  publicquement2. 
Et,  avecque  ce  —  certains  gens  doctz  contredisant  au  dit  prêdi- 
cant Cordellier  —  les  dits  sustentateur[s]  sont  allé  à  la  personne 
fayre  o[e]uvre  de  faictz,  de  quoy  nulle  pugnicion  en  est  sortye  3. 

Sommes  grandement  esmervilliés  et  scandallisés,  que  si  peuz 
pensés  à  vous  promesses  :  c'est  que,  quant  nous  serions  Lutériens, 
que  [vous]  ne  le  sériés  pas  de  dix  ans  après  i.  Nous  cognoyssons 
bien  que  n'en  faictes  point  de  compte  ne  d'estime.  Dont  nous  est 
de  besoing  vous  remettre  le  cas,  en  vous  advertissans  que,  si  ne 
mettes  hors  de  vostre  cyté  et  seygnorie  le  dit  prêdicant  Luthérien, 
et  que  ne  fassiés  pugnicions  de  ceulx  qui  ont  bastuz  les  susdits 
gens  doctz  qui  sustiennent  nostre  ancienne  foy,  —  que  soyés  as- 

1  Allusion  aux  arrêtés  du  30  juin  1532  (X°  383,  n.  2),  du  31  décembre 
suivant  et  du  2  janvier  1533.  On  lit  dans  le  Registre  du  Conseil  de  Genève 
au  31  décembre  1532  :  «  Dicitur  illis  [scilicet  C.  Bernardo,  C.  Salomoni, 
A.  Perrino.  Jo.  Goula,  Stepb.  Dada  et  aliis  faventibus  novo  predicanti],  fa- 
ciant  dictum  Antonium  [Fmmentum]  et  ceteros  prcdicanîes  per  clomos  tacere, 
et  deffenduntur  eis  et  suis  opéra  facti.  »  Le  lendemain,  Froment  prêchait 
sur  la  place  du  Molard.  Le  2  janvier  1533,  le  Conseil  des  Deux-Cents  pre- 
nait la  résolution  suivante  :  «  Resolvitur  cpiod  nemo  ab  inde  audeat  in  do- 
mibus  et  locis  privatis,  negue  publias,  nisi  licentiâ  Dominorum  Sindicorum 
et  Vicarii  habita,  predicare.  »  (Voyez  Froment,  Actes  et  Gestes  de  la  cité 
de  Genève,  éd.  Revilliod,  1854,  p.  22-47,  et,  à  la  fin  du  dit  ouvrage,  les 
Extraits  des  Registres  publics  d'après  Flournois,  p.  vn-x.  —  Jeanne  de 
Jussie.  Le  levain  du  Calvinisme,  1865',  éd.  Jullien,  p.  52.) 

2  Ce  moine,  nommé  Christophe  Boccpteti  ou  L'ocquet,  avait  été  appelé  à 
Genève  par  les  Cordeliers  du  couvent  de  Rive,  pour  les  prédications  de 
l'Avent.  «  Il  connaissoit  la  vérité,  »  dit  un  contemporain,  et,  «  incontinent 
après  qu'il  avoit  parachevé  son  sermon,  plusieurs  du  peuple  s'en  alloint 
derechief  ouyr  prescher  Fromment  en  la  salle  qu'il  avoit  louée,  »  pour  y 
tenir  une  école.  (Voyez  Actes  et  Gestes,  p.  21,  le  N°  395,  fin  de  la  n.  14, 
et  le  N°  407.)  MM.  de  Fribourg,  mal  informés  de  ce  qui  se  passait  à  Ge- 
nève, attribuaient  au  cordelier  Bocquet  les  prédications  «secrètes»  de 
Froment. 

3  Cette  assertion  fut  réfutée  par  le  Conseil  de  Genève  le  10  février 
(Voyez  le  N°  407,  renvoi  de  n.  5). 

1  Xous  ne  savons  si  ces  paroles  furent  prononcées  par  celui  des  Syndics 
qui  répondit  aux  doléances  de  l'ambassadeur  fribourgeois,  le  24  juin  1532 
(X°  382,  n.  2),  ou  par  les  députés  de  Genève  qui  se  rendirent  quelques 
jours  plus  tard  à  Fribourg  (NJ"°  383). 


1533      LE  CONSEIL  DE  GENÈVE  Al  CONSEIL  DE  FRIBOURG.        I" 

suré  que  de  nous,  nostre  ayde,  en  serés  du  tout  frustré,  et  que 
totalement  de  nous  serés  abandonné5.  De  quoy  vous  advertissons 
à  ylz  pourvoyr,  s'il  vous  playt,  et  que  nous  gens  qui  yront  à  la 
foyre  yl  voyent  l'expérience  :  lesquieulx  aussy  ayront  charge  con- 
forme à  ces  présentes  [de]  vous  en  déclayrer  plus  avant 6.  Toutes- 
foys  nous  manderés  vostre  responce  par  ce  présent  pourteur. 
Datum  via  Februarii.  Anno  etc.,  xxxm0. 

L'AdVOYÉ,  PETITT  ET  GRAND  CONSEILL  DE 
LA  VILLE  DE  FrYBOURG. 

(Suscription  :)  A  Nobles,  sayges  et  prudans  ouz  petitt,  grandt 
Conseill  et  communaulté  de  Genesvez,  nous  très-chiers;  bons  amys 
et  féaulx  combourgois. 


407 

le  conseil  de  Genève  au  Conseil  de  Fribourg. 
De  Genève,  10  février  1533. 

Minute  originale.  Registre  du  Conseil  de  Genève.  Froment.  Actes 
et  Gestes.  Éd.  Revilliod.  Extraits  des  Registres,  p.  xiv. 

Sommaire.  Le  prédicateur  qui  inspire  des  inquiétudes  à  MM.  de  Fribourg  n'est  point 
luthérien.  Le  Conseil  de  Genève  abandonne  les  affaires  ecclésiastiques  au  Vicaire  de 
i'Érêque,  et  il  n'entend  d'ailleurs  favoriser  aucune  secte,  quelle  qu'elle  soit. 

Magnifficques,  puyssans  et  très-redoubtés  Seigneurs,  nous  nous 
recommandons  très-humblement  à  vostre  bonne  grâce. 

Magnifficques  Seigneurs,  nous  havons  veu  voz  lettres  touchant 
le  prédicateur  que  Pon  ha  donné  entendre  à  Voz  Excellences  estre 

3  Voyez  le  tome  II,  p.  423,  fin  du  deuxième  paragraphe. 
6  Ces  déclarations  plus  complètes  furent  données  par  les  députés  de  Fri- 
bourg le  21  et  le  23  février  (Voy.  le  N°  407,  n.  8). 

T.  III.  - 


18        LE  CONSEIL  DE  GENÈVE  AU  CONSEIL  DE  FR1BOURG.      1533 

luthérien x  :  ce  que  n'entendons  pas  estre,  mais  [vous]  estes  mal 
informés,  car  n'havons  aoys  [1.  ouïj  de  luy  sinon  bonne  doctrine. 
Et  si  est  vray  que  ne  l'havons  pas  faict  venir  en  ceste  ville  pres- 
che[r],  mais  sont  estes  les  Cordelliers  esqueulx  estoit  havoir  le 
prescheur,  l'Advent  passé2,  comment  hauront,  ceste  Karensme 
prochainne,  les  Jacopins  de  Sainct  Dominique  :  c'est  à  sçavoir  à 
chescung  son  tour.  Et  ne  vouldrions,  magnifficques  Seigneurs,  per- 
mettre ny  luthérianne,  ny  anltre  secte  3,  ny  estre  à  vostre  maie  grâce 
pour  ung  cordellier,  d'où  que  il  soit 4.  Gestuy-là  n'estoitpas  d'ycy; 
il  liât  presché  icy  l'Advent,  il  vet  aultre  part  prescher  le  Karensme. 
[Quant]  à  ce  que  escripvent  Voz  Excellences  estre  esté  battus 
certains  gents  doctz  au  dict  prescheur  contredisans,  —  s'il  s'est 
faict  quelque  baterie,  c'est  esté  pour  aultre  occasion  5,  car  n'ha- 


1  Voyez  le  N°  406,  u.  1  et  2.  La  lettre  de  Fribourg  datée  du  G  février 
fut  reçue  à  Genève  le  9. 

2  C'est-à-dire,  depuis  le  dimanche  1er  décembre  1532  jusqu'à  la  fête  de 
Noël. 

5  Les  députés  de  Genève  avaient  déjà  fait  aux  Conseils  de  Fribourg  une 
déclaration  pareille,  le  4  et  le  5  juillet  1532  (N°  382). 

4  Quelques  semaines  plus  tôt  les  magistrats  genevois  ne  faisaient  pas  si 
bon  marché  de  Christophe  Bocquet.  Le  31  décembre  1532,  ils  avaient  pris 
la  décision  suivante  :  «  Resolvitur  quod  fiât  apud  R.  D.  Vicarium  [ut]  re- 
tineatur  Cordigerus  qui  Adventu  lapso  predicavit,  pro  singulis  diebus  fes- 
tivis,  quamdiu  poterit,  saltem  hinc  ad  Quadragesimam.  Advisentur  Domi- 
nicain provideant  sibi  de  evangelico  nuncio  et  predicaute  pro  Quadrage- 
sima  futura.  »  Dans  sa  séance  du  2  janvier  1533,  le  Conseil  des  Deux- 
Cents  se  montra  encore  mieux  disposé  pour  ce  prédicateur  :  «  Quia  multi 
sunt  verbum  Domini  postulantes,  resolvitur  quod  ille  qui,  hoc  proximè 
effluxo  Adventu,  in  Conventu  Predicatorum  Sa  Francisci  Ripse,  predicavit, 
Christoplwrus  Bocqueti,  quem  fermé  omnes  habcnt  gratum,  libentissiinèque, 
ut  dicunt,  audiunt,  retineatur  hinc  ad  Quadragesimam.  »  Mais  après  la  lec- 
ture de  la  lettre  de  Fribourg  du  6  février,  le  Conseil  des  Deux-Cents  dé- 
cida que  le  Cordelier  serait  congédié  et  recevrait  une  gratification  de  trois 
écus  d'or.  «  Et  hoc,  ne  (ut  retroactis  temporibus  visum  est)  dissentio  inter 
auditores  duorum  Predicautium  fiât.  —  Sufficiat  unus,  videlicet  qui  or- 
dinariè  Quadragesimâ  proximâ  predicare  débet.  »  (Registre  du  10  février 
1533.) 

5  C'est  sans  doute  une  allusion  à  l'émeute  du  31  décembre  1532.  Elle 
avait  eu  lieu  à  l'occasion  d'uue  visite  que  certains  partisans  de  l'Évangile 
firent  à  Claude  Pellin,  vicaire  de  la  Madeleine,  pour  l'engager  à  réfuter 
publiquement,  selon  sa  promesse,  «  les  erreurs  d'Antoine  Froment.  »  Le 
passage  suivant  du  Registre  montre  que,  dans  cette  batterie,  les  prêtres 
avaient  été  les  agresseurs  :   «  Alloquatur  R.   D.  Vicarius,  [ut]  castiget  et 


1533  LES  CONSEILS  DE  FRIBOURG  A  L'ÉVÊQUE  DE  LAUSANNE.  19 

vons  en  façon  que  soit  entendu  que  à  sa  parolle  [il]  heu  nulz 
contredisant.  Et  de  ce  les  officiers  de  Monseigneur  nostre  Prince  fi 
dont  print  les  informations  ;  et  nous  liât  promys  Monsieur  le  Vi- 
caire 7  en  faire  bonne  justice.  Ce  sont  affaires  d'Esglise;  nous  luy 
en  laissons  la  charge,  prians  le  Créateur,  magnifiques,  puyssans  et 
très-redoubtés  Seigneurs,  luy  plaise,  de  sa  grâce,  vous  préserver 
et  augmenter.  De  Genève,  ce  dix  de  Febvrier  1533  8. 

Voz  très-humbles  serviteurs,  entiers  amys 

et  féaulx  comborgois 

Les  Sindiques  et  Conseil  de  Genève. 

(Suscription:)  Aux  magnifficques ,  puyssans  et  très-redoubtés 
Seigneurs  Messieurs  l'Advoier  et  Conseil  de  Fribourg,  noz  très- 
honoréz  seigneurs,  entiers  amys  et  très-chiers  comborgois. 


408 

les  conseils  de  fribourg  à  l'Évêque  de  Lausanne  4 . 
De  Fribourg,  24  février  1533. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Fribourg. 

Sommaire.  MM.  de  Fribourg  ont  appris  avec  chagrin  les  entreprises  des  bourgeois  de 
Lausanne  contre  l'autorité  de  l'Évêque.  et  ils  le  prient  de  leur  envoyer  sur  ce  sujet 
un  rapport  détaillé,  dont  ils  s'autoriseront  pour  obtenir  la  rupture  de  leur  couibour- 
geoisie  avec  les  Lausannois. 

corrigat  et  corripiat  sacerdotes  qui  insultum  fecerunt...  curetque  nabea- 
mus  per  singulas  parochias  Verbi  Dominici  pretlicatores,  et  jubeat  per 
Fiscum  suum  sumi  informationes  de  premissis,  cum  cujus  scribâ  scribet 
Secretarius  civitatis.  » 

6  Pierre  de  la  Baume,  prince-évêque  de  Genève. 

7  Ame  de  Cringins,  abbé  de  Bonmont  et  Grand- Vicaire  de  l'Évêché  de 
Genève. 

8  Le  gouvernement  de  Genève  eut  encore  à  répondre,  le  21  février,  aux 
doléances  verbales  des  députés  de  Fribourg.  Ils  furent  entendus,  le  23, 
dans  le  Conseil  des  Deux-Cents.  «Exposuerunt  coram  cunctis,  prout  jam 
pridie,  sicuti  Dni  Friburgenses  audiverant  nos  velle  Lutcranam  sectam  m- 
traire;  sicutique  habemus  Predicantes  et  sustinemus  blaspbemias  in  Missam 
et  Sanctos;  miranturque  [quod]  non  observeraus  promissurn.»  (Registre  du 
Conseil.  Dimanche,  23  février  1533.) 

1  Sébastien  de  Montfaucon  (N°  138,  note  1,  N°  212,  note  6). 


20  LES  CONSEILS  DE  FRIBOURG  A  L'ÉVÈQUE  DE  LAUSANNE.  1533 

Révérend  Père  en  Dieu,  très-honnoré  seigneur,  à  vous  nous 
nous  recommandons. 

Monseigneur  !  Par  nous  féaulx  frères  conseilliours,  lesqueulx 
dernièrement  sont  esté  devers  vous  à  Lausanne,  avons  entendus 
ce  qu'ils  ont  besoingné 2.  Dont,  quant  à  la  bonne  chière  que  at  esté 
faicte  par  vous  aux  dits  nos  commis,  vous  remaniions  grandement. 
Et  quant  à  ce  qu'ils  ont  trouvé  devers  vous  [1.  vos]  gens  de  Lau- 
sanne, nous  combourgeois,  ne  sçavons  bonnement  prendre  plai- 
sir. Et,  depuis  que  vous  leur  avés  dit  et  faict  plusieurs  plaintiffs  et 
chousses  [1.  es  choses]  lesqueulx  vous  dites  gens  de  Lausanne  ont  faict 
et  font  journellement  à  Rencontre  de  vous  droi[t]s,  prééminences  et 
auctorités 3,  mesmement  auxi  [1.  aussi]  à  déshonneur  et  molestation 

-  On  lit  dans  le  Manuel  du  Conseil  de  Lausanne  à  la  date  du  17  février 
1533:  «Fuit  convocatum  Consiliurn  et  Retro-Consiliumadpostulacionera... 
ambassiatorum  Magnif.  Dominorum  Friburgensium...  qui  proposuerunt 
tria  puncta.  Primo...  quod  ad  noticiam  suorum  superiorura  devenit  quo- 
modo  nonnulli  ex  burgensibits  sive  habitatoribus  Lausannœ  adduxerunt 
seu  venire  fecerunt  à  loeo  de  Aïlioz  [c.-à-d.  d'Aigle]  unum  prœdicatorem 
luterianum,  ad  prœdicaudum,  dicentes  si  velimus  deviare  à  lege  et  fide 
nostrà  antiquâ?...  Secundo,  quod  facimus  qitamplures  violencias  et  opéra 
facti,  frangendo  portas  de  nocte  dominorum  cauonicorum  et  presbiterorum, 
et  alias  rebelliones  contra  R.  D.  nostrum  Lausannensem...  Tercio,  quod 
nolumus  solvere  décimas  et  alios  census  debitos  ecclesiasticis,  et  quod  def- 
fendimus  agricolis  ne  solvant.  » 

La  réponse  faite  le  même  jour  par  le  Conseil  des  Deux-Cents  fut  la 
suivante  :  «  Dictus  prœdicator  non  fuit  adductus  per  quemquam  de  Lau- 
sannâ,  licet  fuit  Lausannœ,  sed  tamen  non  prœdicavit  publiée  neque  oc- 
culté, sed  eundem  fecimus  recedere...  Non  intendimus  vivere  nisi prout  pre- 
decessores  nostri.  Super  secundo...  R.  D.  noster  Lausaunensis  est  débiter 
Justicire,  et  si  quis  plan[c]tum  faciat...  dabimus  favorem  et  auxilium  Jus- 
ticiœ.  Super  tercio...  quando  creditores  facient  fidem  debitoribus  de  debî- 
tis,  illud  solvere  [faciemus],  dum  modo  [décimée]  non  sint  nimisantiquse.  » 

3  Xous  avons  déjà  dit  (N°  264,  n.  1)  que  les  Lausannois,  quoique  zélés 
catholiques,  ne  vivaient  pas  en  bons  termes  avec  l'Évêque.  L'abandon  daus 
lequel  il  les  avait  laissés  pendant  son  voj'age  en  Italie  (septembre  1529  — 
septembre  1530),  plusieurs  actes  de  mauvaise  administration,  entre  autres 
la  frappe  d'une  monnaie  inférieure  au  titre  reçu,  avaient  excité  leur  vif 
mécontentement.  Sébastien  de  Montfaucon  put  s'en  apercevoir,  lorsqu'il 
voulut,  vers  la  fin  de  l'année  1531,  imposer  aux  bourgeois  de  Lausanne  un 
nouveau  serment  contre  la  Réformation,  et  leur  faire  accepter  une  ordon- 
nance qui  défendait  de  parler  de  l'Évangile  soit  en  bien,  soit  en  mal, 
«  sous  peine  de  trois  estrapades  de  corde.  »  (Voyez  Ruchat,  II,  318-319, 
III,  52,  53,  55.)  Les  bourgeois  rejetèrent  ses  propositions.  Dans  la  série  des 
plaintes  qu'ils  présentèrent  contre  lui  en  1533,  on  trouve  le  paragraphe 


1533  LES  CONSEILS  DE  FRIBOURG  A  l'ÉVÈQUE  DE  LAUSANNE.  21 

de  Messeigneurs  du  Chapitre  4,  —  vous  voulons  bien  enforiner 
[1.  informer]  que  c'est  nostre  désir  que  vous  vous  enformés  et  en- 
core oiez  bien  de  tout  L'affaire,  et  de  ce  qu'est  passé  et  faict  par 
vous  dites  gens  à  rencontre  de  vostre  jurisdiction,  et,  après  estre 
du  tout  bien  et  seurement  enformé,  que  de  cela  nous  en  soyons 
de  vous  enformés  sans  délation  [1.  dilation].  Car,  estre  adverti[s], 
seummes  du  vouloir  de  incontinent  establyer  journée 5  et  envoyer 
nous  commis  devers  vos  dites  gens,  et  là  besoingner  avec  eulx,  pour 
estre  hors  de  la  bourgeoisie  faicte  avec  eulx 6. 

Pour  laquelle  chousse,  yl  en  advertirons  nous  combourgeois  de 
Berne,  affin,  s'y]  en  veullent,  qu'ils  en  puyssent  pareillement  en- 
voyer leurs  ambassadeurs,  pour  faire  le  semblable  comment  nous  7. 


suivant  :  L'Évêque  avait  menacé  effroyablement  les  Lausannois,  en  disant  : 
«  Je  ferai  tant  que  vous  et  vos  enfans,  et  les  enfans  de  vos  enfans,  en  plo- 
rerez  sur  vos  genoux,  »  et  autres  paroles  fort  mauvaises  (Ruchat,  I,  37, 
ffl,  209). 

4  Messieurs  du  Chapitre  continuaient  à  braver  l'opinion  publique  par 
des  scandales  journaliers  (Voyez  la  liste  des  plaintes  formulées  contre  le 
clergé  par  les  Lausannois,  dans  la  conférence  de  Payerne  du  21  avril  1533, 
Ruchat,  I,  33-36,111,  210).  Les  autres  ecclésiastiques  ne  donnaient  pas  de 
meilleurs  exemples  (Voy.  n°  264,  n.  1).  L'un  d'eux,  qui  avait  dit  en  chaire 
(octobre  1531)  qu'il  souhaitait  la  destruction  complète  des  troupes  que  la 
ville  de  Lausanne  envoyait  au  secours  des  Bernois,  consentit  à  faire  amende 
honorable  devant  le  Conseil  ;  mais  les  chanoines,  en  le  forçant  de  revenir  sur 
cette  démarche,  provoquèrent  les  représailles  de  la  bourgeoisie.  Le  prêcheur 
susdit  fut  (le  24  février  1533,  jour  du  mardi-gras)  saisi  et  garrotté  par  des 
jeunes  gens  masqués,  qui  le  promenèrent  dans  toute  la  ville  en  le  frappant 
de  verges,  et  le  laissèrent  enfin  devant  la  porte  du  bourreau.  (Voyez  le 
Manuel  de  Fribourg  du  5  mars  1533,  celui  de  Berne  du  S  avril  suivant,  et 
Ruchat,  III,  204-205.) 

3  En  vertu  du  traité  de  combourgeoisie  conclu  en  1525  (N°  225,  n.  1), 
les  différends  qui  naissaient  entre  Lausanne  et  ses  alliés  de  Berne  et  de 
Fribourg,  se  jugeaient  devant  un  tribunal  mixte,  nommé  pour  la  circons- 
tance, composé  d'un  ou  deux  conseillers  de  chacune  des  parties,  et  qui  se 
réunissait  à  Payerne.  On  appelait  ces  conférences  des  journées  de  marche. 

6  Cette  résolution  fut  signifiée  à  la  ville  de  Lausanne  dans  une  lettre 
écrite  le  24  février  par  MM.  de  Fribourg.  Aux  députés  lausannois  qui  vin- 
rent, le  5  mars,  demander  qu'on  voulût  bien  leur  nommer  les  personnages 
qui  étaient  accusés  d'avoir  commis  des  désordres  et  leur  communiquer  «  les 
propos  de  l'Évêque,  »  le  Conseil  de  Fribourg  répondit  par  un  refus,  puis 
il  se  plaignit  amèrement  des  scènes  indécentes  qui  s'étaient  passées  à  Lau- 
sanne le  24  février  (Voyez  la  note  4  et  le  Manuel  de  Fribourg  du  5  mars). 

"  Pendant  plus  d'une  année,  MM.  de  Berne  s'efforcèrent  en  vain  de  ré- 


22  GUILLAUME  FAREL  A  BERTHOLD  [HALLER,  A  BERNE].  1533 

Par  ainsi,  yl  pouviez  faire  cela  qu'appartiendra,  affin  que  quelque 
ordre  yl  soit  faict,  pour  bien  de  vous  et  d'aultres.  A  quoy,  de  nostre 
part,  sommes  prest  et  du  bon  vouloir,  pryant  à  ce  le  Créateur  vous 
donner  bonne  vie  et  longue.  Datum  ipso  Mathise  [die],  anno,  etc. 

XXXIII. 

Le  Petit  et  Grant  Conseil  de  la  Ville  de  Fribourg. 

(Suscription  :)  A  Révérend  Père  en  Dieu  Monseigneur  de  Lau- 
sanne, nostre  très-honnoré  Seigneur. 


409 

Guillaume  farel  à  Berthold  [Haller1,  à  Berne]. 
De  Mo  rat,  5  mars  1533. 

Minute  autographe.  Bibl.  des  pasteurs  deNeuchàtel.  Ruchat,  III.  574. 

Sommaire.  Les  excursions  que  j'ai  dû  faire  ne  m'ont  pas  permis  jusqu'ici  de  vous 
écrire  sur  la  question  qui  a  été  l'objet  de  notre  dernier  entretien. 

Tout  en  reconnaissant  que  la  Loi  et  les  Prophètes  sont  des  oracles  divins,  par  con- 
séquent immuables,  il  faut  bien  avouer  que  la  partie  cérémonielle  de  l'Ancien  Testa- 
ment n'oblige  plus  les  Chrétiens.  Mais  cette  opposition  est  plus  apparente  que  réelle. 
Le  fruit  existe  déjà  dans  la  fleur  qui  tombe  ;  de  même  l'esprit,  sous  le  voile  qui  le 

concilier  l'Évêque,  le  Chapitre  de  Lausanne  et  le  gouvernement  de  Fri- 
bourg avec  les  Lausannois.  Au  milieu  de  ces  longues  négociations,  ceux-ci 
s'habituèrent  insensiblement  à  chercher  à  Berne  un  point  d'appui  contre 
leur  prince-évêque. 

1  Voyez  sur  Bertlwld  Haller  le  N°  53,  n.  1  et  le  N°  183,  n°  16.  Ses  re- 
lations personnelles  avec  Guillaume  Farel  dataient  probablement  du  mois 
de  novembre  1526  (N°  184,  n.  15,  et  N°  194,  renv.  de  note  7-8).  Dès  lors 
ils  avaient  entretenu  une  correspondance  très-amicale  (Voy.  le  N°  200, 
n.  2  et  7,  le  X°  256,  renv.  de  note  6  et  8).  Pendant  son  ministère  à  Moral, 
Farel  visita  plusieurs  fois  le  réformateur  de  Berne.  Il  reçut  l'hospitalité 
dans  sa  maison  en  janvier  1532  (N°  367,  renv.  de  n.  5),  et  il  y  revint  quatre 
mois  plus  tard,  comme  cela  résulte  d'une  lettre  écrite  par  Haller  à  Bul- 
linger  le  5  mai  et  qui  renferme  ce  passage  :  «  Bertrami  libeïlus,  ab  initio 
lectus,  Farello  ita  plaçait,  ut  ad  se  receperit.  »  (Mscr.  orig.  Arch.  de  Zu- 
rich.) 


1533  GUILLAUME  FAREL  A  BERTHOLD  [HALLER,  A  BERNE].  23 

cache  à  nos  regards.  L'Évangile  a  fait  succéder  l'accomplissement  à  la  prophétie,  la 
circoncision  du  cœur  à  celle  de  la  chair,  Jésus-Christ  à  Moïse,  le  vrai  sacrifice  ex- 
piatoire aux  sacrifices  imparfaits.  S'ensuit-il  que,  sous  un  Législateur  plus  auguste, 
les  lois  pénales  doivent  être  moins  sévères  envers  les  homicides,  les  adultères  et  les 
corrupteurs  du  peuple?  La  punition  réservée  au  mensonge  n'a-t-elle  pas,  au  contraire, 
été  plus  éclatante  sous  Jésus-Christ  que  sous  Moïse,  comme  le  prouve  le  châtiment 
d'Ananias  et  de  Saphira?  La  difficulté  n'est  pas  là;  elle  est  dans  les  Dix  Commande- 
ments, abrogés  selon  quelques  personnes,  confirmés  selon  d'autres  qui  sont  pourtant 
forcées  de  convenir  que  l'observation  du  Sabbat  ne  peut  pas  être  imposée. 

Ici,  quelle  différence  entre  la  loi  de  Moïse,  gravée  sur  la  pierre,  et  cette  loi  spiri- 
tuelle écrite  dans  nos  cœurs,  et  qui  nous  est  donnée  par  Christ,  révélateur  de  tous 
les  trésors  de  la  miséricorde  divine  !  Comment  ne  pas  s'écrier  :  0  notre  Père,  nous  ne 
voulons,  nous  ne  cherchons  que  toi  ?  L'amour  de  Christ  enfante  la  vraie  piété  qui 
nous  apprend  à  servir  Dieu  et  à  aimer  le  prochain.  C'est  ainsi  que  les  Dix  Comman- 
dements, étant  accomplis,  sont  abrogés  ;  c'est  ainsi  que  les  bénédictions  proposées  au 
peuple  d'Israël  sont  à  nous,  pourvu  que  le  Chrétien,  puissant  par  la  foi,  ferme  dans 
son  espérance,  plein  de  charité,  humble  et  vigilant,  fasse  tout  pour  la  gloire  de  Dieu, 
et  reçoive  tout  comme  venant  de  sa  main.  Menaçons  les  infidèles  de  châtiments  plus 
terribles  encore  que  ceux  qui  étaient  annoncés  par  les  Prophètes,  mais  usons  envers 
eux  de  la  douceur  dont  Christ  nous  a  donné  l'exemple.  —  Après  avoir  obéi  à  votre 
invitation,  j'attends  vos  observations  fraternelles. 

De  Novo  et  Veteri  Testamento  -\ 

Salutem,  gratiam,  pacem  et  misericordiam  à  Deo  pâtre  nostro  per 
Servatorem  et  Dominum  nostrnni  Jesum  ! 

Jam  fidem  meara  libérassent  mi  Bertholde  ter  charissime,  si  per 
ocium  licuisset  non  dicam  evolvere  aliqua  quœ  pluriraùm  expedie- 
bat,  sed  scribere,  ac  quicquid  mens  cogitatioque  nostra  habet,  de 
us  de  quibus  nuper  verba  faciebamus  3,  simpliciter  ac  nude  proferre. 

2  Ce  titre  a  été  plus  tard  ajouté  par  Farel. 

5  L'entretien  que  Haller  eut  avec  Farel,  au  commencement  de  l'année 
1533,  fut  relatif  à  l'importance  plus  ou  moins  grande  que  la  loi  de  Moïse 
doit  conserver  aux  yeux  des  chrétiens.  Deux  circonstances  particulières 
expliquent  l'empressement  que  Haller  mettait  à  s'éclairer  sur  cette  question. 
Certains  membres  du  Conseil  de  Berne,  las  des  troubles  causés  par  les  Ana- 
baptistes, étaient  résolus  à  les  traiter  avec  rigueur  et  à  leur  appliquer  les 
prescriptions  contenues  dans  les  chapitres  XIII  et  XVIII  du  Deutéronome. 
En  outre,  le  gouvernement  bernois  se  demandait  souvent  si  l'on  devait  con- 
server la  coutume  fondée  sur  le  chapitre  XXXV  du  livre  des  Nombres,  et 
en  vertu  de  laquelle  les  parents  d'un  homme  assassiné  avaient  le  droit  de 
prononcer  sur  le  sort  du  meurtrier.  (Voyez  dans  Fùsslin,  Epp.  Reformater. 
p.  97  et  101,  la  lettre  de  Haller  du  9  févr.  1533  (par  erreur  1532)  et  celle 
du  3  août  1533  ou  1534.) 


24  GUILLAUME  FAREL  A  BERTHOLD  [HALLER,  A  BERNE].  1533 

Gurrendum  ac  recurrendum  dura  est,  ocium  tollilur  4.  Boni  con- 
sules  quicquid  indigestum  mittitur.  Admonebis  candide  et  fraterne 
sicubi  ab  Scripturarum  rectitudine  defîectimus. 

Priraùm,  Legem  et  Prophetas  divina  credimus  esse  oracida,  ver- 
bum  Domini,  quod  sancti  homines,  acti  spiritu  divino,  elocuti  sunt5, 
tamque  fixa  et  firma  esse  omnia,  ut  sint  et  cœlum  et  terra,  et  quic- 
quid est,  solvenda  potiùs  ac  peritura,  quàm  vel  apex  unus  cadat, 
aut  secùs  eveniat  quàm  sacra  habent  eloquia  G.  Deus,  cum  sit  locu- 
tus,  sententiam  non  mutât,  mutationis  expers.  Interea  confitemur, 
twnultum  omnem  ceremoniariim,  justificationes  carnis,  multitadi- 
nem  et  oblationum  et  sacrificiorum  evanuisse,  sacerdotium  cum  judi- 
ciorum  severitate  translatum,  lege  lapided,  verbisque  lapidi  inscriptis 
nos  non  amplius  régi  neque  subesse,  quandoquidem  priùs,  sub  isto- 
rum  aliquo,  gentes  nunquam  fuimus  ;  soli  nainque  circumcisi  Legis 
debitores  faciendœ  erant. 

Hœc  dum  carnalis  audit,  pugnantia  maxime  putat,  cum  tamen 
mire  conveniant,  idque  fatemur  in  sensibilibus  :  Nemo  gramen  pe- 
rire  dicit,  quôd  in  spicam  transit,  nec  florem  cui  succedii  fructus. 
Legem  spiritalem  esse  compertum  habemus.  Quod  spiritus  velat,  si 
sublato  velamine  palàm  fiât,  quis  dicet  spiritum  vanum  et  irritum 
esse,  dum,  firmo  manente  proposito,  quicquid  prsedictum  fueral 
plenè  perficitur  ?  Cordis  circumcisio  carnis  circumcisionem  exci- 
pit 7,  —  Mosem  prophetam,  Aaronem  sacerdotem,  Christus  propheta 
et  sacerdoss  —  expiantia  juxta  carnem  sacrificia  qua3que  [1.  et  ea 
quse]  pro  peccatis  negligentiâ  vel  ignorantiâ  mactabantur,  corda 
emundans,  conscientias  purgans  Christisacrificium9  —  ut  taberna- 
culum,  arcam,  aliaque,  tantùm  in  Gbristo  suisque  membris  Ecclesia 
sancla  perfecta  et  consummata,  quEeque  [1.  et  ea  quae]  in  dies  fiunt 
et  consum[m]antur  ascendente  precum  incenso  [et]  oblatione  cor- 
porum  per  jugem  mortificationem  [excipiunt] 10. 

4  Le  manque  de  pasteurs  obligeait  Farel  à  visiter  fréquemment  les 
églises  qu'il  avait  fondées  aux  environs  de  Morat,  dans  le  comté  de  Neu- 
châtel,  et  dans  les  bailliages  de  Grandson  et  d'Orbe. 

s  II  Pierre,  chap.  I,  v.  21. 

6  St.  Matthieu,  chap.  V,  v.  17-18. 

7  Romains,  chap.  II,  v.  28-29. 

s  Hébreux,  chap.  II,  v.  17;  chap.  III,  v.  1-6;  IV,  v.  14;  IX,  v.  11. 
9  Hébreux,  chap.  IX,  v.  12-14. 

10  Hébreux,  chap.  IX.  Colossiens,  chap.  I,  v.  18-22;  II,  10  et  19  ;  Apo- 
calypse, chap.  VIII,  v.  3;  Romains,  chap.  XII,  v.  1. 


1533  GUILLAUME  F.UIEL  A  BERTHOLD  [hALLER,  A  BERNE].  ^ 

Quis  dixerit  censuras  non  magis  vitandas,  judiciaque  multô  ma- 
gis  formidanda,  dum  mors  aeterna  pro  lapidibus  "  et  pro  corporis 
morte  proponitur,  dum  quis  Ghristum  multo  majorem  Mose,  lo- 
quentem  Patris  verba  non  audit?  Quamvis  Mnc non  putare  quis 
débet,  aliud  non  exercendum  judicium  in  scelestos  ;  nam,  ut  trans- 
gressons Legis.  etiam  plexo  corpore,  nisi  resipuissent  iide  ad  Do- 
minum  conversi,  morlem  obibant  seternam,  ita  pestilentes  Christo 
non  audientes,  homicidas,  adulteros  et  id  genus  corruptores  plebis, 
quis  vetet  plecti  etiam  hic  gladio,  qui  Deo  servit  in  bonorum  defen- 
sionem  malor unique  vindictam  12  ?  Adderem,  severiùs  id  fieri  debere 
quàm  Moses  scripserit,  quôd  videam  ultionem  mendacii  graviorem 
in  ipso  etiam  corpore  Ananice  ac  Saphyraï13.  Corruptum  vulgus  ju- 
dicum  emundet  purumque  restituât  Do[minus]  suo  spiritu,  quo  acti 
singula  recte  judicent!  Dices  ista  neminem  movere  ;  in  judiciali- 
bus,  ut  dicunt,  parva  est  difficultas,  in  ceremoniis  nulla  prorsus. 
Decem  Ma  Verba  sunt  in  quibus  est controversia,  quôd  nonnulli abro- 
gata  aiunt,  alii  nihil  minus,  sed  stabilita  magis,  quamvis,  ubide  sab- 
bato  agitur.  cogantur  fateri  non  teneriad  hujus  observationem 14. 

Non  possum  aliter  de  decem  Verbis  pliilosophari  quàm  depriori- 
bus,  et,  nisi  me  fallat  opinio,  idem  reputo  judicium.  Dantur  Verba 
decem  in  monte  Mosi,  dolatis  in  tabulis,  horrore,  strepitu,  fiamma, 
fumo  insolitis.  Terrent  t'ulgura.  concutiunt  tonitrua,  stupefaciunt 
ignis  et  fumus,  et  tantùm  non  examinât  crescens  in  ardenti  monte 
tubse  sonitus  ;  descendit  Moses,  velatus  loquitur,  decem  Verba  in 
tabulis  infert  arcee 15.  Nunc  mihi  vide  quàm  secùs  habeant  omnia  in 
Christo  et  suis,  ut  lex  spiritus  nobis  detur,  palàmque  fiât  ut  alia  sit 
nobis  lex,  vel  potiùs,  ut  perfecta  in  nobis  sit  î  Non  enim  accepimus 
spiritum  servitutis  in  timorem,  sed  adoptionis  filiorum,  in  quo  Pa- 
trem  invocamus 16;  accessum  habemus  ad  Patrem  per  Ghristum17, 


1  '  Allusion  au  supplice  de  la  lapidation.  Lévitique,  chap.  XXIV,  v.  16  ; 
Nombres,  chap.  XV,  v.  35;  Deutéronome,  chap.  XXI,  v.  21;  St.  Jean, 
chap.  VIII,  v.  5. 

12  Romains,  chap.  XIII,  v.  4. 

13  Actes,  chap.  V,  v.  1-11. 

14  Voyez  dans  le  tome  I,  le  X°  139,  et,  dans  le  tome  II,  la  p.  489. 

15  Exode,  chap.  XIX,  v.  9-24;  chap.  XX,  v.  1-22;  chap.  XXXI,  v.  18; 
chap.  XXXIV,  v.  1  et  v.  29-35;  Deutéronome,  chap.  V,  v.  1-27;  chap.  IX, 
v.  9-17;  chap.  X,  v.  1-5  ;  II  Corinth.,  chap.  III,  v.  7-11. 

16  Romains,  chap.  VIII,  v.  15. 
"  Éphésiens,  chap.  II,  v.  1S. 


26  GUILLAUME  FAREL  A  BERTHOLD  [HALLER,  A  BERNE].  1533 

qui  non  velatur  sicut  Moses,  sed  retectà  facie  ihesauros  bonitatis, 
misericordiae  et  gratiae  divinae,  ac  supereminentem  Patris  in  nos 
charitalem  agnoscendam  révélât,  quae  foras  timorem  mittit 1S.  Non 
enim  servi  amplius  dicimur,  sed  filii,  fratres  et  amici 10.  Imprimi- 
tur  nostris  cordibus  lex,  non  in  lapideis  tabulis,  in  arca  fœderis, 
[sed]  in  mente  ac  conscientia  nostra 20,  quam  possidet,  inhabitat- 
que  Deus21.  Jam  non  terret  nos  borrendum  montis  spectaculum, 
ne  novos  quaeramus,  flngamus,  colamusque  deos.  Sed  —  audientes 
Patrem  tam  propenso  in  nos  amore  fuisse,  ut  nostrî  misertus,  filium 
et  eum  unicum  ac  quàm  cbarissimum  dederit 22,  qui  nos  tam  amice 
compellat  [ut]  ad  se  veniamus,  et  qui,  refocilaturus  nos  et  vitam 
elargiturus,  adeô  nos  amavit  ut  mortem  op[p]etierit 23,  —  quis  nunc 
non  dicet  :  «  Alium  prœter  te  Patrem  neque  Deum  nescimus,  ne- 
que  qiuerimus  aut  habere  volumus  ?  Absil  ut  alteri  salutem,  vitam, 
et  quicquid  boni  habemus,  acceptum  feramus  quàm  tibi,  aut  aliô 
confugiamus  quàm  ad  te,  qui,  hostes  cum  essemus,  morte  filii  nos 
tibi  conciliasti 24  !  Quid  conciliati  aliam  implorabimus  opem  quàm 
tuam  ?  »  Quis,  gustatà  Ghristi  doctrinà,  per  tîdem  non  protinùs 
dicat  :  «  Domine,  ad  quem  ibimus  ?  Verba  vitse  œternse  habes 25.  » 
Adeô  agnitus  placet  Cbristus  ut  rejectamenta  reputentur  omnia  prae 
Cbristo  2e,  quem  ut  quis  lucrifaciat,  omnium  lubens  jacturam  fe- 
cerit  pro  Christo 27,  nostrà  justifia,  facile  omnia  sit  abnegaturus 
et  relicturus. 

Utinam  sensitm  horum  plenius  impertiatur  Dominus,  ut  non  tan- 
tùm  voce  hœc  profiteamur,  sed  et  interné  experiamur  !  Chantas 
Christi  ad  veram  rapit  pietatem.  Hac  accensi,  Patrem  amantes  in 
spiritu  colunt  et  veritate,  non  frustra  sanctum  Domini  nomen  su- 
munt,  quiescentes  à  laboribus  in  ecclesia  profitentur  laudem  Pa- 
tris, nec  possunt  non  amare  proximum;  exemplo  Christi  in  hostes 
bene  atfecti,  de  omnibus  bene  merentes  etiam  injuria  quavis  af- 

1S  I  Jean,  chap.  IV,  v.  18. 

19  Romains,  chap.  VIII,  v.  16  et  28;  Hébreux,  chap.  II,  v.  11-12  et  17; 
St.  Jean,  chap.  XV,  v.  14-15. 

20  Hébreux,  chap.  VIII,  v.  10. 

21  St.  Jean,  chap.  XIV,  v.  23;  Éphésiens,  chap.  III,  v.  17. 

23  St.  Jean,  chap.  III,  v.  16. 

-3  St.  Jean,  chap.  X,  v.  11;  Philippiens,  chap.  II,  v.  8. 

24  Romains,  chap.  V,  v.  10:  Colossiens,  chap.  I,  v.  21-22. 

25  St.  Jean,  chap.  VI,  v.  68. 
26.27  p]}iiippjenS;  chap.  III,  v.  8. 


1533  GUILLAUME  FAREL  A  BERTHOLD  [«ALLER,  A  BERNE],  27 

fecti,  quid  non  amarent  fratres  ?  Quid  non  studerent  oflkiis  bene 
meritos  prosequi,  parentes  et  quos  Dominus,  ut  suum  gestent  no- 
men,  delegit  ?  Ut  nno  verbo  dicam,  chantas  Dei  per  Spiritiim  sanc- 
tion infusa  cordibm  nostris 2S  nusquam  cessât,  recte  et  sancte  ince- 
dit,  ut  bene  hujus  officia  descripsit  Paulus  29. 

Sic  omnia  «  translata,  »  omnia  «  adimpleta,  »  evacuata,  abrogata 
repulo,  «  jugum  »  sublatum,  «  exactorem  »  cessasse 30,  ac  id  genus 
[dictorum]  quae  Scriptura  babet  de  luce  Evangelii,  quce  nobis  il- 
luxit.  Sic  quœ  Legis  populo  proponuntur  benedictiones 31,  nostrœ 
erunt,  verùm  si  à  figura  ad  veritatem  fiât  transitas,  à  carne  ad  spi- 
ritum 32.  Nam  sicut  ille  benedictione  implebatur  domi  et  foris,  sic 
pius  in  omnibus  fructum  feret;  quicquid  contigerit,  potens  fide, 
certus  spe,  alacer  cbaritate,  in  gloriam  Dei  excipiet,  boni  consulet, 
inque  bonum  illi  vertetur.  Non  attol[l]etur  prosperis,  sed  glorias 
Dei  studens  proximo  succurret.  Adversis  non  frangetur.  sed  laetus 
persecutiones  feret.  Nullà  via  dimoveri  à  chaiïtate  Cbristi  poterit. 
Quée  piis  contigere  in  Domino  sperantibus  accendent  nos,  ut  qui 
apertam  magis  babeamus  Patris  in  nos  bonam  voluntatem,  poten- 
tiùs  fide  nitamur,  baud  bsesitantes  Eum  qui  pro  nobis  filium  de- 
dit,  non  deserlurum  nos,  sed  faventissimum  adfuturum  33.  Ultiones 
impiorum  commonefacient,  severiorem  manere  ultionem  eos  qui  tan- 
tam  gratiam,  salutem  et  vitam  spemunt,  quanta  nobis  proponitur 3i , 
—  graviùs  desœvituram  iram  in  impios,  incredulos,  non  parentes 
Verbo,  quàm  unquam  in  majores,  —  adeô  ut  majores  sint  inten- 
tandœ  mince  infidelibus,  quàm  uspiam  legantur  in  Prophetis,  sed 
lenitate  et  benignitate  servatd  quam  Christus  ex  se  discendam  jubet, 
nolens  è  cœlo  ignem  immitti,  quod  et  Apostoli  docentes  pos- 
cunt 35. 

Verùm  jam  plus  satis  tibi,  acutiùs  intuenti,  de  eis  locuti  fuimus, 


2S  Romains,  chap.  V,  v.  5. 
a9  I  Corinthiens,  chap,  XIII. 

30  St.  Matthieu,  chap.  V,  v.   17-18;  Hébreux,  chap.  X,  v.  9;  Galates, 
chap.  V,  v.  1  ;  chap.  III,  v.  24-25. 

31  Deutéronome,  chap.  XI,  v.  26-29;  chap.  XXVII,  v.  12-13;   Josué, 
chap.  VIII.  v.  32-35. 

53  Hébreux,  chap.  IX,  v.  8  et  24 ;  St.  Jean,  chap.  IV,  v.  24  ;  chap.  VI,  v.  63  ; 
Romains,  chap.  VIII,  v.  9. 
35  Romains,  chap.  VIII,  v.  31. 

34  Hébreux,  chap.  II,  v.  2-3. 

35  St.  Luc,  chap.  IX,  v.  53-56. 


28      LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  GENÈVE  [AU  CONSEIL  DE  BERNE].    1533 

nec  opus  erat  ut  hcec  posceres  ex  nobis.  Noslrum  erat  te  audire, 
quod  et  te  per  Ghrislum  obtestamur  prœstes,  nempe  quid  sentias 
super  adductis  ;  et,  quod  passim  fit,  ubi  imperitiores  de  re  aliqua 
prolocuti  sunt,  suam  proferunt  qui  plus  valent  et  possunt  in  lit- 
teris  sententiam.  Puderet  sanè  raemet  hcec  voluisse  tibi  vel  per 
quamvis  occasionem  offerre;  sed  postquam  ita  jussisti,  non  puto 
parère  tibi  in  re  hac  volentem  graviùs  peccasse,  cùm  obsequendi 
gratiâ  et,  ut  datur,  studio  glôriae  Christi,  hsec  adnotarim,  tuum  ex- 
pectans  judicium. 

Vale  felix  ut  suos  felices  facit  Dominus.  Cupio  salvere  omnes. 
Salutat  te  qui  tuas  reddidit  litteras  SB.  Murati,  quinto  Martii  lo33. 

Tuus  totus  Farellus  "'. 


410 


les  évangéliques  de  Genève  [au  Conseil  de  Berne]. 
(De  Genève,  vers  le  15  mars  1533  1.) 

Inédite.  Manuscrit  original.  Archives  de  Berne. 

(COMPOSÉE  PAR  PIERRE  VIREX  2.) 

Sommaire.  Les  Évangéliques  de  Genève  signalent  à  MM.  de  Berne  les  actes  d'intolé- 
rance du  gouvernement  genevois,  et  ils  se  recommandent  à  leur  protection. 

3G  Aucune  des  lettres  de  Haller  à  Farel  n'a  été  conservée. 

57  La  minute  de  la  présente  lettre  se  compose  d'une  page  in-folio.  L'autre 
face  du  feuillet  est  couverte  de  notes  de  Farel  relatives  à  la  Cène  de  Notre 
Seigneur  et  à  la  messe  ;  elles  sont  écrites  en  caractères  excessivement  fins 
et  ne  portent  aucune  date. 

1  La  date  et  la  destination  de  cette  lettre  sont  déterminées  par  la  dépo- 
sition que  firent  devant  le  Conseil  de  Genève,  le  25  mars  1533,  Claude 
Salomon  et  Baudichon  de  la  Maison  neuve,  qui  l'avaient  remise  à  MM.  de 
Berne  (Voy.  le  N°  411,  note  8).  Il  est  en  outre  évident  que  le  secrétaire 
bernois  qui  a  rédigé  la  dépêche  du  20  mars  1533  adressée  au  Conseil  de 
Genève,  a  eu  la  présente  lettre  sous  les  yeux. 

2  L'écriture  de  cette  pièce  est  incontestablement  de  la  main  de  Pierre 


1533        LES  ÊVANGÉLIQUES  DE  GENÈVE  [AU  CONSEIL  DE  BERNE].  29 

Vostre  bon  playsir  soit,  ô  très-illustres  Princes  et  nobles  Sei- 
gneurs, considérer  les  articles  qui  ensuyvent,  pour  y  pourvoir  et 
donner  ordre,  selon  vostre  prudence  et  bonté. 

Premièrement,  que  il  soyt  licite  et  loysible  à  vous  fideUes  et  léaux 
bourgoys  de  Genesve  parler  et  vivre  selon  le  sainct  Évangile  de  Jésu- 
cbrist,  sans  estre  molestez  et  aflligéz  ainsy  que  sans  cesser  il[s] 
sont 3,  et  que  ceulx  qui  vouldront  suyvir  la  Parolle  de  Dieu  n'en 
soyent  point  empescbéz. 

Item,  qu'i[l]  soyt  licite  aux  amateurs  de  la  Parolle  résister  publi- 
quement aux  blasphèmes  et  horribles  menteries  que  journellement 
faict  ung  séducteur  Jacopin,  qui  presche  la  Caresme  au  dict  lieu  de 
Genesve  4,  et  que  justice  leur  soyt  ouverte  et  deubvement  [1.  due- 
ment]  administrée. 

Viret.  Ne  pourrait-on  pas  en  conclure  que  ce  réformateur  avait  quitté  mo- 
mentanément le  Pays  de  Vaud  (N°  393,  11.  27,  N°  397,  n.  3),  pour  visiter 
ses  coreligionnaires  de  Genève?  Autrement,  il  faudrait  admettre  une  chose 
invraisemblable,  c'est  que  les  Évangéliques  genevois  étaient  réduits  à  cher- 
cher hors  de  chez  eux  un  personnage  qui  fût  en  état  de  rédiger  l'exposé  de 
leurs  plaintes. 

3  «  Je  laysse...  à  racompter  les  injures  et  oultraiges,  les  mocqueries  et 
derrisions  qu'on  faysoit,  en  allant  parmy  Genève,  à  ceulx  qui  favorisoint  à 
l'Évangile,  et  à  ceulx  qui  le  preschoint  au  commencement,  car  seroit  trop 
fâcheux  à  le  réciter  et  trop  long  à  escripre  »  (Froment.  Les  Actes  et  Gestes, 
p.  45).  Le  même  auteur  dit,  p.  44,  que  les  deux  citoyens  genevois  Perrin 
et  Levet,  qui  lui  donnèrent  successivement  l'hospitalité,  en  janvier  1533, 
furent  l'objet  de  diverses  menaces  et  violences. 

4  On  ne  connaît  pas  le  nom  de  ce  moine,  qui  était  venu  d'Auxerre  et  qui 
prêchait  ordinairement  dans  le  couvent  des  Dominicains,  situé  à  Plain-Pa- 
lais,  aux  portes  de  la  ville  ;  mais  on  sait  que  les  partisans  de  l'Évangile  ne 
tardèrent  pas  à  protester  publiquement  contre  les  «  blasphèmes  »  du  Ja- 
cobin. Le  Carême  venait  à  peine  de  commencer  (2  mars  1533),  lorsque 
Baudichon  fut  cité  le  7  mars  devant  le  Conseil.  «  Quia  nonnulli  conquesti 
sunt  [dit  le  Registre  de  ce  jour-là]  quod  Baudichonus  de  JDomo  nova  inju- 
riatus  fuerit  prœdicanii,  et  multa  verba  iudebitè,  etiam  cum  minîs  multis, 
protulerit,  vocatus  fuit,  eique  factpe  demonstrationes  et  inhibitiones,  ne  ab 
indè  talia  proferre,  nec  illum  offendere  audeat,  sub  pena  castigationis...  » 
Jean  Janyn,  surnommé  le  CoJognier,  assistant  au  sermon  du  même  Jacobin, 
dans  la  cathédrale  de  St.-Pierre  («  le  dimanche  »  6  avril  ou  le  13),  tint  ce 
propos  :  «  Le  prêcheur  ne  sait  ce  qu'il  dit.  »  Une  autre  fois,  il  le  démentit 
devant  toute  l'assemblée  «  clans  l'église  des  Jacopins,  »  à  Plain-Palais. 
(Voyez  Jeanne  de  Jussie,  p.  62  et  64,  et  «  le  Procès  inquisitional  »  intenté 
à  Baudichon  et  à  Janyn,  en  1534,  à  Lyon.  Pages  36  et  37  du  manuscrit 
original.  Arch.  de  Berne.  —  J.  Gaberel.  Hist.  de  l'Église  de  Genève,  1858, 
t.  I.  Pièces  justif.  p.  49.) 


30  LES  ÉVANGELIQUES  DE  GENÈVE  [AU  CONSEIL  DE  BERNE].  1  533 

Item,  considérer  l'injure  et  grande  injustice  que,  ces  derniers 
jours,  a  esté  faicte  à  ung  paovre  frère,  qui  avoit  dict  la  messe  estre 
meschante  et  plaine  d'idolâtrie,  lequel,  pour  ceste  cause,  a  esté 
banny  à  jamais,  sur  pâme  de  mort5,  sans  aultrement  avoir  esté  ouy, 
non  obstant  que  plusieurs  gent[s]  de  bien,  bourgoys  et  habitans  de 
la  ville,  prenoyent  la  cause  à  eulx,  voulans  monstrer  et  faire  vray 
cela  G. 

Item,  admonnester  les  Sindicques  et  Conseil  de  Genesve  de  avoir 
aultre  esgard  aux  lettres  que  de  part  [1.  par]  vous  leur  sont  pré- 
sentées que  par  cy-avant  n'ont  eu  ;  car,  comme  ainsy  fust  que  vous 
eussiez  donné  lettres  à  ung  imprimeur,  pour  debvoir  imprimer  la 
Bible  et  aultres  livres  chrestieiis  \  en  paix  et  sans  vexation,  les- 
quelles lettres  il  leur  a  présentées,  —  de  cela  touteffoys  ilz  n'ont 
tenu  conte  s. 


3  Pierre  Fédy,  serviteur  de  Guérin  Muete,  le  bonnetier  (N°  395,  n.  1), 
fut  banoi  le  11  mars  1533,  comme  nous  l'apprend  le  passage  suivant  du 
Registre  du  Conseil  :  «  Martis  die,  xi  Martii.  Quia  Petrus,  filins  quoiidam 
Jolianneti  Fedy,  de  Crasses  près  Avillana,  servus  magistri  Garini,  bonna- 
terii,  accusatur,  8a  hujus  [mensis]  dixisse  in  carreria  publica,  coram  mul- 
tis,  quod  «  ea  quae  tractât  sacerdos  in  missâ  parvi  momenti  sunt,  et  au- 
dientes  missam  adorantDeumpaneumetsolùmpanem,  etsuntydololatres...,  » 
resolvitur  quod  banniatur,  hîc  in  aulâ,  perpetuo,  sub  pœna  patibuli,  dato 
sibi  termino  ad  exeundum  iufra  sex  horas.  »  (Voyez  dans  le  N°  411,  le 
commencement  de  la  note  8.) 

G  Dans  ses  «  Actes  et  Gestes  de  la  cité  de  Genève,  »  composés  seize  ans 
plus  tard,  Froment  reproduit  ces  détails  et  quelques-uns  de  ceux  que  nous 
avons  indiqués  plus  haut  (notes  4  et  5),  mais  il  les  altère  d'une  étrange 
façon  en  les  rattachant  à  un  autre  personnage,  qui  était  alors,  selon  toutes 
les  probabilités,  absent  de  Genève.  Ce  serait  «  Olivétan  »  qui  aurait  dé- 
menti le  jacobin  de  Plain-Palais,  et  qui,  pour  ce  fait,  aurait  été  «  banni  de 
la  ville,  sans  estre  appelle,  ni  ouy  en  Conseil.  »  (Voy.  Op.  cit.  p.  4S-49,  et 
le  N°  suivant,  à  la  fin  de  la  note  4.)  Les  souvenirs  de  Froment  l'ont  aussi 
induit  en  erreur  sur  la  date  réelle  de  ce  bannissement.  Il  le  place  non  au 
11  mars,  mais  au  milieu  d'avril,  quelques  jours  après  la  première  cène 
distribuée  aux  Réformés  par  Guérin  Muete.  (Voyez  la  lettre  du  5  mai, 
note  26.) 

7  Voyez  le  N°  393,  n.  18,  23  et  26,  le  N°  395,  n.  10,  et  la  lettre  du 
17  octobre  1532.  Cette  lettre  porte  la  note  suivante:  «  R.  martis  21  [1.  18] 
Febr.  1533  per  dictum  Imprimarium.  » 

s  Voici  les  passages  du  Registre  du  Conseil  qui  sont  relatifs  à  Pierre  de 
Wingle  :  «  Die  Martis,  18a  Februarii  1533.  Pierre  Wingless  imprimeur  est 
entré,  exponens  sicut  Dominus  Procurator  fiscalis  prohibuit  ei  ne  à  modo 
imprimeret,  et  jussit  quod  civitatem  evacuaret.  Supplicat  propterea  sibi  de 


1  533       LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.         31 

Item,  il  est  certain,  se  [1.  si]  vostre  playsir  est  [de]  admonnester 
les  habitons  de  Genesve  à  vouloir  vivre  sainctement  selon  le  sainct 
Évangile,  que  vostre  admonition  aura  plaine  vertu  et  efficace; 
car  certes  le  nombre  de  ceulx  qui  désirent  la  Parolle  est  moult 
grand 9. 


411 

le  conseil  de  berne  au  Conseil  de  Genève. 
De  Berne,  20  mars  1533. 

Manuscrit  original.  Arch.  de  Genève.  J.  Gaberel.  Hist.  de  l'Église 
de  Genève,  1858, 1. 1.  Pièces  justificatives,  p.  39. 

Sommaire.  Le  gouvernement  de  Berne  se  plaint  de  la  persécution  exercée  à  Genève 
contre  les  partisans  de  l'Évangile,  et,  après  avoir  demandé  pour  ceux-ci  la  liberté  de 
culte,  il  exprime  l'espoir  que  le  Conseil  de  Genève  ne  refusera  pas  à  l'avenir  de 
lui  complaire  dans  les  «  choses  licites  et  raisonnables.  » 

remedio  provideri...  Fuit  resolutum  quod  ipse  debeat  afferre  exeraplum  rei 
per  ipsuru  imprimendœ  ;  postea  videbitur.  »  —  «  Die  5a  Martii.  Fuit  lec- 
tum  consilium  habitum  super  libro  clicto  Union  [T.  II,  N°  393,  il.  20,  et 
p.  490]  et  Biblia  gallicè  imprimenda.  Et  quia  nobiles  Syndici  dixerunt  se 
adbuc  aliam  expectare  opiuiouem,  negocium  remittitur  ad  Veneris  proxi- 
mam  [diem].  »  —  «  Die  13a  Martii.  Negocium  Bibliopolœ  fuit  propositum. 
Et  quia  Dni  Siudici  proposuerunt  fuisse  iû  Consilio  ordinario  resolutum, 
librura  Unionis  nou  debere  excudi,  et  Bibliam  Gallicam  posse  imprimi,  — 
fuit  resolutum  quod  dictus  Petrus  de  Wingle  possit  Bibliam  imprimere  su- 
per illis  quœ  Antcerpiœ  excussae  fuerunt  [N°  363,  u.  10],  uon  tamen  addere 
aut  miuuere.  Quod  si  secùs  repertum  extiterit,  perdetur  opus.  Et  videat  ne 
quid  aliud  imprimat,  donec  Dnis  Sindicis  ostenso.  »  —  «  Die  27a  Maii.  Ora- 
tores  Bernenses...  [petierunt]  quod  permittatur  quod  Librarius  vendat  suos 
libros  Veteris  et  Novi  Testamenti,  quia  juris  est.  »  De  la  réponse  suivante 
faite  par  Baudichon  à  ses  juges,  en  1534  (Procès  inquisitional  cité,  p.  6-7), 
on  peut  inférer  que  P.  de  Wingle  publia  réellement  à  Genève  en  1533  une 
édition  du  N.  T.  :  «  Interrogué,  respond  avoir  veu  et  cognu  à  Genesve  ung 
imprimeur  nommé  Pierrot  de  Vingles,  qui  imprima  quelque  temps  des  nou- 
veaulx  testamens  ou  dict  lieu  [1.  au  dit  lieu].  Mais  après  la  ville  l'en  envoia, 
et  il  se  retira  à  Neufchastel.  » 
9  Les  prédications  de  Froment,  de  Ghtérin  Muète,  de  Pierre  Masuyer  et 


32  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1533 

Nobles,  magniffiques  Seigneurs,  singuliers  amys  et  très-chiers 
combourgeoys  ! 

Nous  avons  estes  informés  de  la  violence  et  force  que  Von  az 
voulsuz  fayre  par  cy-devant  à  nostre  aymé  Maistre  Guilla[u]me 
Farel,  annunciateurs  de  la  Parolle  de  Dieu  en  vostre  cité  *.  De 
quoy,  à  cause  qu'ilz  a  de  nous  commission  et  lectres  adressantes 
à  tous  nous  alliés  et  bourgeoys,  de  l'avoir  par  [1.  pour]  recommandé, 
et  le  bien  (pour  l'amour  de  nous)  tractier  [1.  traiter] 2,  summes 
estes  mal  contents.  Ce  non  obstant,  ailleurs  [1.  alors]  ne  vous  en 
avons  voulsuz  fayre  remonstrance,  espérant  que  y  mectriés  ordre 
nécessayre,  et  y  fériés  punition  deuë  3.  Piéça  [c.-à-d.  dès  lors] 
summes  advertis  que  non  seulement  n'y  avés  pourveuz,  ains  que 
tousjours  la  persécution  contre  la  loy  évangélicque  est  plus  horrible. 
De  quoy  nous  merveillions  grandement.  A  ceste  cause,  summes 
occasionnés  de  vous  fère  remonstrance  sur  cella. 

Premièrement,  sûmes  esbays  que,  en  vostre  cité,  la  loy  et  foy 
de  Jésu-Christ,  et  ceulx  que  la  veulent  ensuivre,  sont  ainsy  persé- 
quutés  et  molestés,  assavoir,  que  ne  voullés  souffrir  que  la  Parolle 
de  Dieu  soyt  libérallement  annuncée,  ains  déchassés  les  prêcheurs 
d'icelle i.  En  après,  avés  bannis  ung  homme  de  bien  à  jamaix,  sur 


peut-être  de  Pierre  Viret,  avaient  dû  hâter  ce  résultat.  Les  Évangéliques 
faisaient  des  «  assemblées  çà  et  la  par  les  maisons,  les  ungz  avec  les  aultres, 
et  celluy  qui  avoit  plus  de  grâce  entre  eulx  exposoit  l'Escripture.  >  (Actes 
de  la  cité  de  Genève,  p.  47-48.) 

1  II  ne  s'agit  pas  ici,  comme  l'affirme  Ruchat  (nouv.  édit.  Lausanne,  1835- 
1838,  III,  188),  d'une  tentative  toute  récente  de  Farel  à  Genève.  Le  Con- 
seil de  Berne  veut  parler  des  violences  auxquelles  les  prêtres  de  Genève 
s'étaient  portés  contre  ce  réformateur  le  3  et  le  4  octobre  1532  (N[n  395, 
n.  5). 

2  Voyez  le  N°  271,  note  6. 

3  Nous  croyons  plutôt  que  MM.  de  Berne  avaient,  de  propos  délibéré, 
attendu,  pour  se  plaindre,  le  moment  opportun.  C'est  du  moins  la  seule 
explication  qu'on  puisse  donner  des  paroles  suivantes  écrites  par  Farci, 
six  semaines  après  son  expulsion  de  Genève  :  «  Je  ne  puys,  comme  ay 
peu  entendre,  ancores  toucher  l'affaire  des  rasés,  sans  que  la  ville  en  vaille 
pis.  »  (X°  395,  renv.  de  n.  6.) 

4  Allusion  à  Farel  et  à  Froment.  Après  son  sermon  sur  la  place  du  Mo- 
lard  (1er  janvier  1533),  ce  dernier  prédicateur  avait  d'abord  trouvé  un  asile 
chez  Amy  Perrin,  puis  chez  Aimé  Levet  ;  mais  il  avait  dû  à  la  fin  sortir  de 
Genève  pendant  la  nuit  et  retourner  à  Yvonancl.  (Voy.  Actes  et  Gestes  de 
la  cité  de  Genève,  p.  43-44.) 

Selon  Froment,  Scultetus,  Spanheim,  J.-J.  Hottiuger,  Ruchat  et  tous  les 


1533       LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  GENEVE.         33 

poinne  de  mort,  pource  qu'il  az  parlé  contre  la  messe,  sans  avoir 
estre  ouye  sa  rayson,  et  non  obstant  que  plusieurs  gens  de  bien, 
vous  bourgeoys  et  habitans  rière  vous,  ayent  voulsuz  prendre  la 
cause  à  euix,  voulans  vériffier  cella  5. 

Dont  vous  voulons  prier  et  affectueusement  admonester  sur  ce 
avoir  advis  et  y  mettre  ordre,  considérant  que  sy,  en  vostre  ville, 
rÉvangille  de  Dieuz  doyt  estre  ainsy  perséquuté  —  laquelle  par- 
thye  nous,  [qui  sommes]  vous  bourgeoys,  tenons,  —  que  cella 
vous  pourras  [1.  pourroit]  redonder  à  grand  préjudice  et  inconvé- 
niant.  Pourtant,  vuilliés  permettre  que  la  vérité  ayt  lieaz,  et  que 
soyt  licite  et  loysible  que  ceulx  que  en  vostre  ville  veulent  parler 
et  vivre  selon  le  sainct  Évangille  de  Jésu-Chrisl,  que  cella  puissent 
fayre  sans  estre  molestés  ne  affligés,  et  [que]  la  Parolle  de  Dieu 
[soit]  libérallement  annuncée.  Vous  davantaige  admonestans  de 
vivre  sainctement  selon  le  sainct  Évangile,  et  permectre  que  les 
amateurs  de  ta  Parolle  de  Dieuz  puissent  résister  et  publiquement 
contradire  à  iceulx  que,  en  vostre  ville,  prêchent,  quant  y  [1.  ils]  par- 
leront comme  séducteurs 6,  et  que  justice  leur  soyt  ouverte  et  deue- 
ment  administréez,  etc. 

Nous  vous  prions  aussy  que  de  la  lectre  de  recommandation  qu'a- 
vons donnée  à  ung  imprimeur,  et  aux  aultres  que  cy-après  vous 
escriprons,  vuilliés  fayre  plus  grande  estime  que  jusque  icy  avés 
faict 7,  affin  que  puissons  congnoystre  que  avés  désir  de  nous,  en 


historiens  récents  de  la  Kéforme,  il  faudrait  encore  ranger  dans  le  nombre 
des  «  prêcheurs  déchassés  »  de  la  ville  de  Genève,  Pierre-Robert  Olivêtan 
(Voyez  X°  410,  n.  6).  Cette  assertion  nous  semble  être  entièrement  en  désac- 
cord avec  les  faits  suivants  :  Vers  la  fin  d'octobre  1532,  Olivêtan  avait  été 
envoyé  comme  missionnaire  dans  les  Vallées  vaudoises  du  Piémont,  et  d'a- 
près un  témoignage  contemporain,  il  y  prêchait  encore  l'Évangile  au  mois 
d'avril  1533  (Voy.  le  N°  393,  notes  10,  23  et  29,  et  plus  loin  la  lettre  de 
Fortunat  Andronicus,  datée  d'Orbe  le  29  avril  1533).  A  supposer  même 
qu'il  soit  revenu  à  Genève  vers  la  fin  d'avril  et  qu'il  ait  alors  encouru  la 
peine  du  bannissement,  on  ne  s'explique  pas  comment  MM.  de  Berne  au- 
raient négligé  d'intervenir  en  sa  faveur,  eux  qui  protestent  ici  même  contre 
l'exil  du  domestique  de  Guérin  !  (Voy.  la  note  8  et  le  N°  410,  notes  5  et  6.) 
Ils  surent  bien,  en  1534,  réclamer  deux  fois  le  rappel  d'Alexandre  du  Mou- 
lin, évangéliste  qui  avait  été  banni  de  Genève  (Voy.  la  lettre  du  17  dé- 
cembre 1533),  mais  ils  ne  parlèrent  jamais  à'OMvétan. 

5  Voyez  le  N°  410,  note  6. 

fi  Allusion  au  dominicain  qui  prêchait  le  Carême  à  Genève  (N°  410,  n.  4). 

7  Voyez  le  N°  410,  note  8. 

T.  III.  3 


34  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  LAUSANNE.  1533 

choses  licites  et  raysonnables,  complayre.  Et,  affin  que  puissions 
de  vous,  nous  très-chiers  bourgeoys,  entendre  que  ne  voullés  lais- 
ser perséquuter  la  loy  de  Jésu-Christ.  et  nous  tenir  en  plus  grande 
exstimation  que  par  cy-devant  en  cestuy  endroyt  n'avés  faict,  — 
desirons  sur  ce  vostre  response  par  présent  pourteur,  [afin  de]  sur 
ce  nous  scavoir  conduisre  8.  Datum  xxa  Martii.  Anno.  etc.  xxxni°. 

L'Advoyer  et  Conseilz  de  Berne. 

(Suscription  :)  A  Nobles,  magniffiques  Seignieurs,  Sindicques  et 
Conseilz  de  Genesve,  nous  singuliers  amys,  très-chiers  et  féaulx 
comhourgeoys. 


412 

le  conseil  de  berne  au  Conseil  de  Lausanne. 
De  Berne,  21  mars  1533. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 


Sommaire.  MM.  de  Berne  remercient  les  magistrats  de  Lausanne  de  l'accueil  honnête 
qu'ils  ont  fait  au  ministre  Michel  Dobte,  et  ils  les  prient  d'autoriser  à  l'avenir,  dans 
leur  ville,  la  prédication  de  la  Parole  de  Dieu. 

Nobles,  etc.  Hz  nous  az  Maistre  Michiel  Doubte,  prêcheur  de 
l'Évangile  en  nostre mandement  d'Ormont-de[s]sus-la-Jour.  expliqué 

s  Le  Registre  du  Conseil  s'exprime  ainsi  au  sujet  de  la  lettre  des  Ber- 
nois :  «  Die  xxv  Martii.  Quas  heri  Dni  Sindici  receperunt  literas  lecta?  fue- 
runt,  advisamenta  continentes  de  aggressu  facto  Gtiiïïehno  Farello,  et  ejecto 
servo  bonnaterii,  de  repulsis  Evangelii  predicatoribus,  de  literis  in  favorem 
librorum  excusorum  parvifactis,  de  predicatore  moderne- ;  quèd  Domini  per- 
mittere  velint  publicationem  Evangelii  ;  quèd  permittant  reprehendi  seditc- 
tores,  —  et  certos  alios  articulos,  qui  multùm  totum  Consilîura,  ratione  divi- 
sionum  quse.  possent  oriri,  perturbarunt,  indè  quùd  Domini  nescierunt  quid 
resolvere  possent  desuper.  Sed  vocati  fuerunt  Claudius  Salomon  et  Ban- 
dichomis  de  Domo  nova,  qui  dicuntur  dictas  literas  sollicitasse.    Qui...  suc- 


1  533      LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  LAUSANNE.         35 

le  bon  et  honeste  traictéement  que  luy  avés  faict  en  vostre  ville  l, 
et  le  désir  que  aulcims  de  vous  ont  d?ou\jr  la  saincte  Parolte  de 
Dieuz  -.  De  quoy  vous  mercions,  et  louons  Dieuz  que  sa  saincte 
Parolle  a  lieuz  entre  vous,  vous  prians  que  veilliés  persévérer  en 
celluy  bon  propost,  et  davantaige,  quant  [1.  que]  le  dict  Maistre 
Michiel,  ou  aultre  anunceant  purement  l'Évangile,  qu'est  la  consola- 
tion de  nous  âmes,  veilliés  bénignement  ouyr  et  les  garder  que 
force  et  violence  ne  leur  soit  faicte  3.  Ce  faisant,  nous  ferés  grands 


cessivè...  confessi  fueruht  se  fuisse,  à  quinclecim  diebus  titra,  in  Berna  et 
literas  ipsas  apud  Dominos  Bernoises  sollicitasse.  »  —  Le  26  mars  le  Conseil 
fit  écrire  à  MM.  de  Berne  qu'on  ne  pouvait,  pour  le  moment,  leur  faire  une 
réponse  catégorique  (ad  plénum),  mais  que,  sous  peu  de  jours,  ils  rece- 
vraient des  explications  verbales.  Le  2  avril,  après  une  émeute  dont  nous 
parlerons  plus  loin,  le  Conseil  donna  les  instructions  suivantes  aux  députés 
qu'il  envoyait  à  Berne:  «  Oratores...  narrent  Dominis  Bernensibus  quo- 
modo  actum  sit  de  Guillelmo  Farel,  de  bannito  [P.  Fedy]  et  de  Bibliopdla 
[P.  de  Wingle].  Ad  residuum  supplicabunt  [ut]  dimittant  nos  secundùm 
iiostros  îtsus  agere,  et  velint  nobis  esse  fautores.  » 

1  Michel  Dobte  ou  Doubte  (en  latin  Dubitatus)  était  probablement  origi- 
naire de  France.  Nous  ignorons  la  date  précise  de  son  installation  comme 
pasteur  à  Ormont-dessus  (Voy.  le  N°  249,  n.  3,  et  le  N°  361,  n.  3).  Le  Ma- 
nuel de  Berne  du  21  mars  1533  contient,  à  son  sujet,  le  passage  suivant  : 
«  Le  prédicant  d' Ormont-dessus  nous  annonce  que  ceux  de  Lausanne  l'ont 
appelé.  Décidé  de  lui  donner  une  lettre  de  recommandation.  j>  Maître  Michel 
s'était  déjà  rendu  à  Lausanne  vers  le  12  février  (N°  408,  n.  2);  mais,  mal- 
gré l'assertion  des  Bernois  relative  au  bon  accueil  qu'il  y  aurait  reçu,  il 
n'avait  pu  obtenir  du  Conseil  de  cette  ville  l'autorisation  de  prêcher. 

2  Ces  paroles  nous  apprennent  que  les  partisans  de  l'Évangile  ne  for- 
maient encore  à  Lausanne  qu'une  petite  minorité.  Nous  sommes  autorisé 
à  croire  que  les  membres  des  Conseils  étaient  flottants  ou  craignaient  de  se 
compromettre.  Bien  disposés  pour  Farel  en  novembre  1529  (N°  266),  ils 
avaient  promis  aux  Bernois  le  23  janvier  1531  «  de  demeurer,  en  temps  et 
lieu,  du  côté  de  la  Parole  de  Dieu  »  (N°  321).  Ils  n'hésitèrent  pas  cepen- 
dant, deux  ans  plus  tard,  à  déclarer  que  Fribourg  pourrait  compter  sur 
leurs  services,  dès  qu'il  s'agirait  de  défendre  «  la  vraie  religion.  »  (Manuel 
de  Fribourg.  Séance  du  27  janvier  1533.)  Voyez  aussi  la  réponse  qu'ils 
firent  le  17  février  suivant  aux  députés  fribourgeois  (N°  408,  n.  2). 

3  A  la  réception  de  la  présente  lettre,  le  Conseil  de  Lausanne  prit,  le 
26  mars,  cette  décision  :  «  Dictum  predicatorem  esse  adhuc  modicùm  di- 
mictendum  hue  Lausaiinam,  in  hoc  tamen  quod  non  debeat  predicare.  » 
La  délibération  du  Conseil  des  LX  et  des  Deux-Cents  sur  le  même  objet 
eut  le  résultat  suivant  :  «  Die  Martis  la  Aprilis  fuit  renvoyatus  (sic!)  Ma- 
gister  Micliaël,  predicator  lulerianus,  qui  venerat  hue  Lausannam  ad  predi- 
candum,  absque  mandato  et  scitu  communitatis,  sed  suo  bono  velle  et  sua 


36        LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  LAUSANNE.      1  533 

plaisirs,  nous  ouffrant  à  le  déservir,  aydant  Dieuz,  auquel  prions 
vous  donner  grâce  d'accepter  sa  saincte  Parolle  et  de  vivre  selon 
icelle,  pour  l'avancement  de  vostre  salut.  Datum  xxi  Martii,  anno 
xxxm0. 

L'Advoyer  et  Conseilz  de  Berne. 


temerariâ  auctoritate.  Et  fuit  eidem...  prohibitum  ne  regrediatur  amplius, 
nisi  fuerit  ei  mandatum  per  licteram  signatam  per  Secretariura  communi- 
tatis.  Et  ipsum  comitavit,  à  parte  R.  Doiniui  nostri,  Christophorus,  nuncius 
ballivi,  et,  parte  commuuîtatis,  dictus  Bachouz,  et  solvit  expensas  omnes  bor- 
serius  communitatis,  tam  stando  iu  villa  quàm  ipsum  reducendo,  nec  non 
eciam  pro  salario  navateriorum.  »  [«  Trois  florins  es  navatiers  qui  ont  mené 
maistre  Michiel  à  la  Ville  neufve.  »  Comptes  du  Boursier*]. 

Le  2  avril  une  députation  de  chanoines  arrivait  à  Fribourg,  pour  deman- 
der protection  contre  la  ville  de  Lausanne,  au  nom  de  l'Évêque  et  du  Cha- 
pitre. Les  magistrats  fribourgeois  envoyèrent  immédiatement  une  nombreuse 
ambassade,  munie  des  instructions  suivantes:  «  Signifier  à  la  bourgeoisie  de 
Lausanne  que  nous  avons  été  informés. . .  qu'il  s'est  commis,  à  Lausanne,  contre 
l'Évêque  et  les  prêtres  beaucoup  d'actes  inconvenants,  et  qu'en  particulier, 
tout  récemment,  quelques  individus  se  sont  criminellement  introduits  avec 
effraction  dans  l'église  de  St. -Laurent;  qu'ils  ont  emporté  et  détruit  les  images 
des  Saints. . .  Exiger  que  des  actes  aussi  coupables  soient  sévèrement  punis. . . 
et  que  les  magistrats  de  Lausanne  ne  s'opposent  pas  à  ce  que  l'Évêque  en 
châtie  les  auteurs,  comme  l'ont  fait  les  Banmrets,  en  empêchant  les  juges 
de  connaître  de  cette  affaire.  Dans  le  cas  où  ceux  de  Lausanne  persiste- 
raient à  méconnaître  l'autorité  et  la  juridiction  de  l'Évêque,  nous  renon- 
cerons à  la  bourgeoisie  et  nous  demanderons  une  journée  de  droit  à  Payerne 
pour  le  20  avril.  Exiger  aussi  qu'on  tire  vengeance  de  ceux  qui  viennent 
de  dévaster  l'église  de  Polly  [1.  Pully,  près  de  Lausanne],  dont  les  religieux 
de  Payerne  sont  collateurs.  »  (Manuel  du  2  avril.  Protocole  des  Instruc- 
tions, n°  2,  p.  82.  Arch.  de  Fribourg.  Trad.  de  l'allemand.)  Les  ambassa- 
deurs de  Fribourg  se  présentèrent  devant  le  Conseil  de  Lausanne  le  4  et 
le  5  avril,  et,  comme  ils  reçurent  la  même  réponse  que  le  17  février,  ils  assi- 
gnèrent les  Lausannois  à  une  conférence  qui  devait  se  réunir  à  Payerne  le 
20  avril.  (Voyez  Ruchat,  t.  III,  p.  207-208,  et  sur  la  suite  de  ce  différend, 
les  pages  208-213  et  397-398  du  dit  volume.) 


*  Les  extraits  des  Registres  de  Lausanne  cités  dans  les  N03  408  et  412  nous  ont  été 
obligeamment  communiqués  par  notre  ami  M.  le  ministre  Ernest  Chavannes. 


1 533  WOLPGANG-PABRICIUS  CAPITON  [a  GUILLAUME  FAREL,  A  MURAT].       37 


415 

w.-f.  capiton  [à  Guillaume  Farel,  à  Morat]. 
(De  Strasbourg,  au  commencement  d'avril  1533  '.) 

Inédile.  Autographe.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

Sommaire.  Bucer  assistera  sans  moi  au  Synode  de  Berne.  Que  Dieu  affermisse  les  Ge- 
nevois !  Je  vais  réfléchir  à  ce  que  vous  me  demandez,  et  je  répondrai  prochainement 
à  votre  lettre. 

Nescivi  abitum  hujus  boni  viri.  Christophoro*  scribam.  Bucerus 
aderit  Synodo  Bernensi3;  ego  intérim  domesticam  ecclesiam  inimo- 

1  Voyez  les  notes  3  et  5. 

2  II  s'agit  probablement  de  Christophe  Fabri,  pasteur  à  Bole,  clans  le 
comté  de  Neuchâtel  (N°  394,  n.  1  et  2). 

3  Accompagné  de  Bartholomœus  Fontins,  cordelier  vénitien  réfugié  à 
Strasbourg  pour  la  religion,  Bucer  arriva  à  Bâle  vers  le  milieu  d'avril  1533. 
Il  visita  la  plupart  des  églises  de  la  Suisse  allemande,  et  il  assista,  du  12  au 
14  mai,  au  Synode  de  Berne,  où  il  rencontra  Farel  et  Jean  Lecomte.  C'est 
ce  qui  résulte  du  Journal  de  celui-ci  (Extraits  dans  les  manuscrits  de  Ru- 
chat)  et  du  fragment  suivant  de  la  lettre  de  Fontius  à  Vadian,  écrite  de 
Berne  le  17  mai  1533  :  «  Invisimus  Tigurinorum  et  Bernatum  ecclesias. 
Utrique  satis  celebrem  habuerunt  Synodum,  iinde  facta  mihi  facilitas  est 
plerosque  eruditos  etpios  fratres...  Helvetios  agnoscendi...  Vicerunt  multi 
expectationem  meam...  Omnesuno  ore  fatentur  proximè  acceptas  cladesmul- 
tum  serùe  hic  pietati  consul uisse...  Salutantte...  omnes  fratres  Bernâtes,  qui 
nunquam  non  reccrdantur  quantum  tibi  ecclesia  sua,  a  tyrannide  et  impietate 
papistica  liberata,  debeat.  Salutat  te  inprimis  Fareïïu.s  noster,  qui  te  unicè 
colit,  et  apud  Galïos  suos,  pro  incremento  verœ  pietatis,  incessantcr  laborat 
non  sine  fructu.  Christus,  ut  spero,  non  aget  semper  in  angulo  Germaniœ. 
Vitis  hœc  palmites  suos  praetendet  aliquando  ultra  Alpes,  et  orbem  terrœ 
denique  pervagabit.  »  (Manuscrit  orig.  Bibl.  de  la  ville  de  St.-Gall.)  Voyez 
aussi  la  lettre  de  Myconius  à  Bullinger  du  16  avril  et  celle  de  Haller  à 
Bullinger  du  29  mai  1533.  Coll.  Simler.  —  Kirchhofer.  Bertold  Haller 
oder  die  Reformation  von  Bern.  Zurich,  1S28,  p.  199-200. 


•58  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AUX  CONSEILS  DE  GENÈVE.  1533 

rabor.  Tuas 4  hac  hora  accepi,  quibus  significat  [1.  significas]  plu- 
ries  scribere  [1.  scripsisse].  Doleo  quôd  non  omnia  inter  nos  fami- 
liariora  esse  possint. 

Dominus  te  servet  !  Per  mercatores 5  plura.  Gebennenses  Domi- 
nus  conflrmet  !  Nos  hinc  meditabimur  id  quod  per  literas  jubés. 

T.[uus]  Capito. 


414 

le  conseil  de  berne  aux  Conseils  de  Genève. 
De  Berne,  8  avril  1533. 


Manuscrit  original.  Arcbives  de  Genève. 


Sommaire.  MM.  de  Berne  expriment  le  déplaisir  que  leur-  ont  causé  la  réponse  verbale 
faite  à  leur  lettre  du  20  mars  et  les  troubles  de  Genève,  dont  cette  lettre  a  été  l'oc- 
casion. Ils  exhortent  les  Genevois  à  vivre  en  paix  et  à  ne  point  molester  les  parti- 
sans de  l'Évangile.  Enfin  ils  demandent  que  le  prêcheur  qui  offre  de  disputer 
avec  Farel  soit  forcé  d'attendre  l'arrivée  de  celui-ci. 


Nostre  amiable  salutation  devant  mise,  Nobles,  magnifficques 
Seignieurs,  singuliers  amys,  très-chiers  et  féaulx  combourgeoys  ! 

Nous  avons  entenduz  la  response  laquelle  vous  ambassadeurs 
nous  ont  donnée  sur  nous  lectres  que  vous  avions  envoyées,  da- 
tées] xxe  du  moys  de  Mars  dernièrement  passé  l.  Laquelle  res- 
ponse n'atendient  [1.  n'attendions]  pas  de  vous,  et  eussions  bien 
pansé  qu'elle  feust  d'aultre  importance,  et  non  estées  cause  de 


4  Cette  lettre  de  Farel  à  Capiton  n'a  pas  été  conservée. 

s  Capiton  veut  sans  cloute  parler  des  marchands  de  Bàle  qui  devaient  se 
rendre,  en  traversant  la  Suisse,  à  la  foire  de  Lyon.  L'ouverture  de  cette 
foire  eut  lieu,  en  1533,  le  22  avril. 

1  Voyez  le  N°  411,  note  8. 


1533  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AUX  CONSEILS  DE  GENÈVE.  39 

l'émotion,  tumulte  et  trouble  qu'est  esté  entre  vous 2.  Duquel  sûmes 
estes  advertir  par  vous  bourgeoys  Baudichon  et  Salomon,  lesquels, 
en  la  présence  de  vous  dicts  ambassadeurs,  nous  ont  expliqué 
comme  l'affayre  est  passé  3,  —  non  pas  par  mode  de  plaintiff,  ne 
pour  vous  accuser,  ains  pour  nous  advertir  en  vérité  de  l'affayre, 
et  pour  respondre  à  vous  ambassadeurs,  sy  [1.  s'ils]  les  charg[e]oint 
de  quelque  chose,  etc.  Duquel  trouble  summes  estes  très-déplay- 
sants,  et  vouldiïons  bien  que  cella  feust  évité  ;  car  vous  pouvés 
considérer  que  tieulles  civiles  dissensions  redondent  en  ruine  et 
perdition  des  bonnes  villes,  et  désolation  du  bien  commun. 

Dont  nous  summes  ouffert  de  fayre  quelque  amyable  apointe- 
ment  sur  cella,  et  à  vous  dicts  ambassadeurs  [avons]  cella  proposé, 
pour  mectre  paix  entre  vous  et  union.  Sur  quoy  ilz  ont  responduz 
non  avoir  aultre  charge  de  vous  que  icelle  qu'ilz  avoint,  selon  le 
contenuz  de  leur  instruction,  proposé.  Dont  n'y  avons,  pour  le 
présent,  voulsuz  fayre  aultre  instance,  sinon  vous  priant,  reques- 
tant  et  admonestant  que  vuilliés  par  ensemble  vivre  en  bonne  paix, 
union  et  transquillité,  et  les  dicts  Baudichon  et  Salomon,  pource 
qu'ilz  sont  estes  ici,  point  molester  ne  punir  en  sorte  que  soyt. 
Car  vous  pouvés  penser,  sy  eulx  ou  aultres  que  desirrent  la  Pa- 
rolle  de  Dieuz  et  de  vivre  selon  icelle,  deussent  h  cause  d'icelle 
estre  perséquutés,  déchassés,  molestés,  punis  et  troublés,  que  nous 
que  [1.  qui]  tenons  icelle  parthye,  pourroint  bien  panser  en  quelle 
estimation  nous  avés  et  quelle  affection,  voulloir  et  ameur  [1.  amour] 
nous  pourtés.  Pour  autant  y  ayés  esgard,  et  les  dicts  Baudichon, 
Salomon  et  aultres  *  vuilliés  laisser  en  paix  et  vivre  sans  contrainte 
de  leurs  conscienses,  affin  que  puissions  entendre  que,  pour  l 'ameur 

2  Allusion  à  l'émeute  du  vendredi  28  mars.  (Voyez  Froment.  Actes  de 
la  cité  de  Genève,  p.  50-56,  et  les  Notes  du  dit  ouvrage,  p.  xvin-xx.  — 
Jeanne  de  Jussie,  p.  53-58,  et  Notes,  p.  243.)  Il  convient  ici  de  relever 
une  erreur  de  Froment,  d'après  lequel  l'émeute  en  question  aurait  eu  lieu 
le  jour  du  Vendredi  saint,  c'est-à-dire  le  11  avril. 

3  Les  ambassadeurs  de  Genève  d'une  part,  Baudichon  et  Salomon  de 
l'autre,  parurent  ensemble  devant  MM.  de  Berne  le  7  et  le  8  avril.  Les 
premiers  remirent  au  Conseil  leurs  instructions  écrites,  et  les  seconds,  leur 
requête  (Voy.  le  Manuel  de  Berne  aux  dates  sus-mentionnées.  Arch.  de 
Berne). 

4  Parmi  les  «  autres  »  partisans  de  l'Évangile  on  comptait  déjà  plusieurs 
membres  du  Petit  Conseil  (Voy.  le  N°  382,  n.  7,  et  le  N°  395,  n.  14).  On 
lit  en  effet  dans  le  procès-verbal  du  Conseil  des  Soixante,  réuni  le  29  mars  : 
«  Fuerunt  vocati  Nob.  Baudichonus  de  Domo  nova  et  Cl.  Salomon,  et...  in- 


40        LE  CONSEIL  DE  BERNE  AUX  CONSEILS  DE  GENÈVE.       1  533 

de  nous,  vuilliés  plus  fayre  que  à  Vapètit  et  instigation  des  pres- 
tres,  etc.  Et,  affln  que  plus  amplement  soyés  advertis  de  nostre  in- 
tention, summes  délibéré  d'envoyer  incontinant  après  ces  Pasques 5, 
nostre  ambassade  vers  vous.  Pour  autant,  ce  pendant  vuilliés  estre 
et  desmouré  en  bonne  paix  et  civile  union,  comme  bon[s]  bour- 
geoys  debvent  fayre.  Cella  redondera  à  vostre  grand  prouffit  et 
honneur,  et  nous  ferés  grands  playsirs.  Àultrement,  sy  aux  dicts 
vous  bourgeoys,  ou  aultres,  deust  estre  faict  quelque  desplaysir, 
avés  à  considérez  que  en  sarient  [1.  serions]  très-mal  contents,  et 
le  tiendrent  [1.  tiendrions]  comme  sy  feust  faict  à  noz  propres  per- 
sonnes. 

Hz  nous  est  aussy  venuz  à  notice  comme  ayés  ung  moinne,  en 
vostre  ville 6,  que  presche  et  soyt  ouffert  de  disputer  avecq  nous 
prescheurs,  à  poine  du  feuz,  et  nomméement  contre  maistre  Guillame 
Farel 7.  En  quoy  sûmes  fort  blasmé  ;  dont  nous  apertient  et  con- 
vient d'y  faire  instance.  A  ceste  cause,  vous  prions,  et,  en  vigeur 
de  la  bourgeoysie,  admonestons,  icelluy  vostre  prescheur  astraindre 
de  tenir  sa  parolle  et  sattisfayre  à  ce  qu'ilz  s'ouffre,  et  ainsy  tenir 
main  qu'ilz  attende  la  venuez  de  nostre  ambassade,  laquelle  seraz 
accompaignée  du  dict  maystre  Guillame  Farel,  ou  ung  aultre,  pour 
disputer  avecq  luy  s,  etc.  Et,  affin  que  saichens  vostre  voulunté 
sur  les  présentes  proposites,  desirrons  et  attendons  vostre  response 
par  présent  pourteur  °.  Autant  priant  Dieuz  que  vous  doint  sa 
grâce  et  paix.  Datum  vma  Aprilis,  anno,  etc.,  33. 

L'Advoyer  et  Conseilz  de  Berne. 


terrogati  quis  moverit  eos  ad  eundum  Bernam  ?  Nonne  fuerunt  aliqui  de 
Consilio  ordinar io  :  Joh.  Philippi,  Joh.  Lullin,  Michaël  Sept,  Stephanus  de 
Pileo  rubro,  Franciscus  Fabri,  Claudius  Roset,  aut  quis  de  Consilio  ordi- 
nario  ?  » 

5  Pâques  fut  le  13  avril  cette  année-là. 

6  Voyez  sur  ce  religieux  le  N°  410,  n.  4. 

7  Froment  et  la  Sœur  Jeanne  de  Jussie  ne  mentionnent  pas  ce  détail  ca- 
ractéristique. 

s  Cette  dispute  n'eut  pas  lieu,  le  prêcheur  dominicain  ayant  quitté  Ge- 
nève le  14  avril,  lendemain  du  jour  où  la  présente  lettre  parvint  à  sa  des- 
tination. (Voy.  J.  de  Jussie,  p.  64,  et  la  lettre  de  Berne  aux  Genevois  du 
17  déc.  1533.)  Ce  fut  peut-être  à  dessein  que  les  Syndics  attendirent  jus- 
qu'au 15  avril  pour  la  communiquer  au  Conseil.  Quant  à  l'ambassade  an- 
noncée par  MM.  de  Berne,  elle  éprouva  un  retard  dont  nous  ignorons  la 
cause  (Voy.  le  N°  416). 

9  Nous  n'avons  pas  réussi  à  nous  procurer  le  texte  de  la  réponse  des 


1533  F0RTUNAT  [aNDRONICUS]  A  MARTIN  RUCER.  A  BERNE.  41 

(Suscription  :)  Aux  Nobles.  Magnifiques,  Spectables  Seignieurs 
Sindicques,  petit  et,  grand  Conseilz  de  la  ville  de  Genesve,  nous 
singuliers  et  grands  amys,  très-chiers,  féaulx  et  bien-aymés  com- 
bourgeoys. 


415 

fortunat  [andronicus  ']  à  Martin  Bucer,  à  Berne2. 
D'Orbe,  29  avril  1533. 


Inédite.  Autographe.  Archives  du  séminaire  protestant  de  Stras- 
bourg. Copie  moderne  dans  la  Collection  Simler,  à  Zurich. 


Sommaire.  Dieu  veuille  proportionner  à  nos  forces  les  épreuves  qu'il  nous  envoie  et 
nous  accorder  le  secours  nécessaire  pour  amener  ses  ennemis  à  la  vérité  !  Quand  je 


Genevois.  Approuvée  le  15  avril  par  le  Petit  Conseil  et  par  celui  des  Deux- 
Cents,  elle  fut  expédiée  le  môme  jour.  Le  sens  général  de  cette  réponse 
dut  nécessairement  être  conforme  à  l'édit  publié  à  Genève  le  dimanche 
30  mars  et  qui  renfermait  les  articles  suivants  : 

«Que  [nos]  citoyens,  bourgeois  et  habitans...  doibvent  dès  ici  vivre... 
ainsin  que  avons  vescu  par  le  passé,  sans  faire  novellité  quelconque,  ny  de 
parolle,  ny  de  faict,  jusques  à  ce  que  généralement  soit  ordonné  de  vivre 
autrement.  —  Rem,  que  nul  ne  soyt  ousé,  ni  si  bardy,  parler  contre  les 
saincts  Sacrements  de  PEsglise;  mais  en  ceste  chose  soyt  chascung  laissé  en 
sa  liberté,  selon  sa  conscience,  sans  soy  reproucher  l'ung  à  Paultre,  soit 
ecclésiastique  ou  laïc,  chose  que  soyt.  —  Rem,  que  nul  ne  soyt...  si  hardy 
de  prescher  sans  licence  du  supérieur  et  de  MM.  les  Sindicques  et  Conseil, 
et  que  le  Prescheur  ne  doibge  dire  chose  qui  ne  soit  prouvée  par  la  Ste.  Es- 
cripture >  (Reg.  du  Conseil  du  30  mars  1533.) 

1  Voyez  sur  Andronicus  le  N°  322,  note  1,  et  le  N°  359,  note  1.  Les 
Mémoires  de  Pierrefleur  l'appellent  Fortune,  et  les  documents  officiels  éma- 
nés de  Berne,  Fortunatus.  Ruchat  lui  donne,  nous  ignorons  pourquoi,  le 
nom  iïEustachc  André. 

-  La  présente  lettre  fut  envoyée  à  Berne,  parce  que  Bucer  devait  y  arri- 
ver prochainement  (Voy.  le  N°  413,  n.  3). 


42  FORTUNAT  [ANDRONIGUS]  A  MARTIN  BUGER,  A  BERNE.  1533 

songe  à  leur  nombre,  il  leur  puissance,  et  à  notre  froideur,  j'ai  comme  le  pressenti- 
ment que  la  nation  à  laquelle  j'appartiens  sera  rejetée  de  Dieu.  Les  fonctions  de 
pasteur  que  j'avais  acceptées  avec  tant  de  répugnance,  n'étaient  pas  au-dessus  de 
ma  portée  dans  un  village,  mais  aujourd'hui  que  j'habite  au  milieu  des  loups,  tout 
m'est  devenu  plus  difficile.  Priez  Dieu  de  venir  à  mon  aide. 

Je  vous  renvoie  l'écrit  que  vous  aviez  composé  pour  moi  sur  la  manière  d'expli- 
quer au  peuple  L'Écriture  sainte,  et  dont  plusieurs  de  mes  collègues  ont  pris  copie. 
En  le  publiant  vous  feriez  une  chose  utile  à  l'Église. 

A  Genève,  on  médite  depuis  longtemps  un  projet  dont  l'accomplissement  serait  à 
la  gloire  du  Seigneur.  MM.  de  Berne  doivent  y  envoyer  bientôt  des  députés,  pour 
obtenir  la  prédication  de  la  Parole  de  Dieu.  Lausanne  semble  aussi  vouloir  tenter 
quelque  chose.  Mon  beau-père  vous  communiquera  ce  qui  me  reste  à  vous  dire.  Les 
frères  d'Orbe  vous  saluent.  —  P.  S.  Olivétan,  qui  n'est  pas  aimé  de  vous  seulement, 
mais  de. tous,  a  été  envoyé,  il  y  a  déjà  longtemps,  dans  les  vallées  du  Piémont. 


Gratiam  et  pacem  a  Deo  pâtre  nostro  per  Jesum  Christum  Do- 
minum  hostrum,  qui  spiritu  suo  sancto  nobis  perpetuum  animi  ro- 
bur  donet,  que-  hostes  ejus  repulsi,  veritatem,  relicto  mendacio, 
amici  facti  tandem  recipiant,  sectœ  et  Lutherus  resipiscant 3,  quô 
tandem  omnis  gloria  soli  Deo  tribuatur  !  Sin  verô  ita  merit  Domino 
visum,  et  ita  sumus  experiendi,  donet  nobis,  secundùm  promissio- 
nem,  ne  tentemur  supra  vires 4,  neve  nobis  plus  oneris  imponat 
quàm  bumeri  ferre  valeant  !  Scio,  quod  ad  pios  attinet,  Spiritum 
omnia  posse  ;  sed  quum  videam  omnes  in  Christum  et  Evangelium 
conjurasse  impios,  pios  occidisse  %  et,  ut  uno  dicam  verbo,  omnia 
semel  quœcunque  sancta  corruisse,  tantam  hostium  vim  et  poten- 
tiam,  tam  frigida  ad  cœlestem  illum  ignem  omnium  hominum  pec- 
tora,  —  parum  abest  quin  nos  infelicissimos  plané  judicem,  rejec- 
tionem  gentis  nostrœ G  subodoratus. 


3  C'est  une  allusion  aux  Anabaptistes  et  à  l'hostilité  de  Luther  contre  les 
théologiens  de  la  Haute-Allemagne.  (Voyez  J.-H.  Ott.  Annales  anabaptis- 
tici,  p.  54-55,  61-62.  —  Scultetus,  op.  cit.  p.  407-408.  —  Luthers  Briefe, 
éd.  de  Wette,  IV,  348  et  437.  —  J.-J.  Hottinger,  op.  cit.  III,  659,  676.) 

4  I  Corinthiens,  chap.  X,  v.  13. 

3  II  ne  semble  pas  qu'Andronicus  fasse  allusion  à  des  fidèles  qui  auraient 
subi  récemment  la  mort  pour  la  cause  de  l'Évangile.  Nous  ne  pouvons  du 
moins  signaler  aucun  événement  de  ce  genre  qui  ait  eu  lieu  en  France  pen- 
dant les  premiers  mois  de  l'aunée  1533. 

6  Androniciis  aurait  certainement  vu  les  choses  sous  un  aspect  plus  ras- 
surant, s'il  avait  su  que  les  livres  de  Zwingli,  de  Bucer,  etc.,  continuaient  à 
pénétrer  en  France,  malgré  les  censures  de  la  Sorbonne,  et  que  dans  le 


1533  F0RTUXAT  [ANDRONICUS]    V  MARTIN  BUCER,  A  BERNE.  4-'i 

Nosti  quàm  œgrè  passus  sim  me  in  messem  Domini  immitti 7.  Con- 
jectabar  enini  quàm  infracto  pectore  opus,  quàm  continuô  sudan- 
dum.  Hsec  tamen  olim  cum  essent  mihi,  in  pago  8  Verbi  ministro, 
portabilia,  hodie  tamen  facta  sunt  mihi  (postquam  ita  Domino  visum 
est  ut  me,  per  suos  Verbi  ministros,  in  médium  luporum  immit- 
teret)  omnia  portatu  difflcilia 9.  Dominus,  apud  quem  nibil  est  im- 
possibile  10,  et  animum,  et  vires,  imô  et  victoriam,  in  sui  nominis 
gloriam  suppeditet,  utincaussa  Christimihi  féliciter  olim  succedere 
non  frustra  gaudeas.  Quod  si  id  cupis,  Deum  pro  me,  ut  in  aper- 
tione  oris  nostri  sermo  detur  u,  ora. 

Cseterùm,  cum  olim  te  cupidissimum  glorias  Dei  promovendae 
deprehenderim,  teque  tibi  semper  similem  es*e  sciam,  remitto  quœ 
de  Scripturis  tractandis,  non  tam  in  mei  quàm  Chtïsti  Ecclesiae 
ministrorum  gratiam,  annotaras  12,  sed  ea  conditione,  ul  mihi  cum 
fœnore,  nimirum  locupletata  excussaque,  remittas.  Id  si  detrectas, 
non  desunt  qui,  harum  vigiliarum  tuarum  exemplar  habentes,  ty- 
pographo  tradant  excudendum.  Vide  igitur  quàm  familiariter  tua 
eruditione  abutar,  si  tamen  hoc  sit  abuti,  et  non  potius  piè  et 
sanctè,  in  rem  Christi  et  Ecclesiae,  verè  uti.  De  Gebennensibw,  uti- 
nam  quod  diu  partnrit  eorum  animiis  aliquando  pariât  in  gloriam 


temps  même  où  il  écrivait  ces  lignes,  la  doctrine  évangélique  était  prêchée 
publiquement  à  Paris.  (Voyez  le  N°  417,  note  5,  et  la  lettre  de  Sturm  du 
23  août  1533.) 

7  Voyez  les  lettres  de  Farel  à  Andronicns,  t.  II,  N03  322,  324,  333. 

s  Le  village  de  Bevaix,  où  Andronicus  avait  débuté  dans  la  carrière  pasto- 
rale (N°  359). 

9  Les  Catholiques  étaient  beaucoup  plus  nombreux  que  les  Réformés  dans 
la  ville  d'Orbe,  et  ils  comptaient  sur  la  protection  toute  spéciale  de  Fri- 
bourg.  Aussi  Farel  disait-il  plus  tard,  en  faisant  allusion  à  cette  circons- 
tance :  «  Xusquam...  Pontifex  habet  tam  apposita  ad  suam  larvam  compo- 
nendam  et  ad  fucum  faciendum  quàm  habet  illie.  »  (Lettre  à  Bullinger  du 
1er  août  1554.  Arch.  de  Zurich.) 

10  St.  Luc,  chap.  I,  v.  37. 

11  Ézéchiel,  chap.  XXIX,  v.  21. 

12  II  s'agit  d'un  mémoire  que  Bucer  avait  composé  pour  Andronicus  et 
dans  lequel  il  exposait  ses  vues  sur  le  choix  des  textes  de  l'Écriture  sainte, 
la  manière  de  les  traiter  en  chaire  et  les  sentiments  qui  doivent  animer  le 
prédicateur  chrétien.  (Minute  autographe.  Archives  du  séminaire  protestant 
de  Strasbourg.  Copie  moderne  dans  la  Coll.  Simler  à  Zurich.)  Cette  pièce 
étant  assez  longue  et  purement  théologique,  nous  n'avons  pas  cru  devoir  la 
reproduire. 


44  FORTUNAT  [âNDRONIGUS]  A  MARTIN  RUCER,  A  BERNE.  1533 

Domini13  !  Legatos  sunt  propediem  missuri  Bernenses  Domini  pro 
Verbo  14.  Omnia  tentavimus,  sed  frustra,  nisi  intérims  doceat  doctor. 
Lausmna  nescio  quid  tentât1'0:  scis  hominis  naturam:  se  et  sua 
prius  curât  quàm  Ghristum. 

Quae  supersunt  dicet  hic  grammatophorus,  socer  meus 16,  cujus 
fïlium  tibi  commendo.  Poterit  olim  esse  usui  vestne  reipublicse,  si 
per  te  procurator  S.  Thomœ  17  (qui,  ut  puto,  non  detrectabit)  cu- 
raret  ut  ille  in  locum  alicujus  praBbendarii  demortui  sufficeretur, 
unde  posset  literis  operam  dare.  Esset,  ut  mihi  videtur,  optiniè  fac- 
tum.  Id,  spero,  curabitis.  Vërùm  bene  vale.  Saluta  nomine  nostro 
et  uxorem  tuam  1S  et  fratres  omnes  Yerbi  ministros  in  Domino. 
Sunt  nie  non  pauci  qui  te  plurimum  salutant,  tibique  omnia  laeta 
non  semel  precantur.  Cuperem  fieri  certior,  an  aliqua  nuper  cu- 
raris  excudenda  19,  ut  ea  mihi  compararem.  Saluta  etiam  mihiprae- 
ceptorem  meum  nunquam  pœnilendum  D.  Capitonem.  Orbse,  pe- 
nult.[imà]  Aprilis  1533. 

Tuus  discipulus  Fortunatus. 
Olivetanus,  nontam  tuus  quàm  omnium20,  jamdudum  m  Issus  fuit 


13  Voyez  sur  les  Evangéliques  de  Genève  les  Nos  356,  382,  383,  384, 
3S7,  395,  406,  407,  410,  411,  414,  et  la  lettre  de  Farel  à  Bucer  du  22  oc- 
tobre 1533. 

14  Ce  passage  montre  qu'Andronicus  était  assez  bien  renseigné  sur  ce 
qui  se  passait  à  Genève. 

13  Voyez  les  Nos  408  et  412. 

1G  Le  beau-père  d'Audronicus  résidait  à  Strasbourg.  (Voy.  la  lettre  d'An- 
dronicus  du  22  octob.  1533.) 

17  II  s'agit  de  l'église  de  St. -Thomas  à  Strasbourg,  dontles  revenus  avaient 
été  convertis  en  pensions  pour  les  professeurs  et  les  étudiants  pauvres. 

15  Elisabeth  Pallass  (N°  205,  note  10). 

19  Bucer  n'avait  rien  publié  en  1532;  le  seul  ouvrage  latin  qu'il  ait  fait 
imprimer  en  1533  parut  au  mois  de  décembre.  (Voyez  J.-W.  Baum.  Capito 
undButzer.  Elberfeld,  1860,  p.  595-596.) 

20  D  nous  semble  très-difficile  d'expliquer  ces  paroles,  si  l'on  n'admet  pas 
que  des  relations  personnelles  s'étaient  formées  antérieurement  entre  Bucer 
et  Olivétan.  Celui-ci  serait,  dans  notre  opinion,  le  jeune  homme  de  Noyon 
qui  vint  se  réfugier  à  Strasbourg  au  mois  d'avril  1528,  pour  y  étudier  les 
langues,  et  particulièrement  le  grec  et  l'hébreu  (Voy.  la  lettre  de  Bucer  à 
Farel  du  1er  mai  1528,  N°  232).  Sons  des  maîtres  aussi  habiles  que  Bucer 
et  Capiton,  il  dut  faire  des  progrès  qui  le  rendirent  capable  d'entreprendre 
plus  tard  la  traduction  de  la  Bible  en  français. 


1533  FORTUNAT  [ANDRONICUS]  A  MARTIN  BUCER,  A  BERNE.  45 

in   messem  Domini  omnium  pericidosissimam  ",  apud  Pedemon- 
tcmos  22. 

(Inscriptio  :)  Pietate  et  eruditione  insigni  viro  D.  Martino  Bu- 
cero,  Bernse. 


21  La  persécution  qui  sévissait  depuis  quelque  temps  contre  les  Vaudois 
de  Provence  devait  inspirer  de  grandes  inquiétudes  au  sujet  de  leurs  frères 
du  Piémont.  On  lit  dans  la  lettre  que  le  professeur  Jean  Montaigne  (N°  201, 
n.  1)  écrivait  d'Avignon,  le  6  ruai  1533,  à  Boniface  Amerbach  : 

«  Valdenses,  qui  Lutlierii  sectani  jamdiu  sequuntur  istic  maie  tractantur. 
Plures  jam  vivi  combusti  fuerunt,  et  quottidie  capiuntur  aliqui  ;  sunt  enim, 
ut  fertur,  illius  sectse  plus  quàm  sex  milia  hominum.  Impingitur  eis  quod 
non  credant  pu/rgatorium  esse,  quod  non  orent  Sanctos,  imo  dicant  non 
esse  oraudos,  teneant  décimas  non  esse  solvendas  presbitcris,  et  alia  qui- 
dam id  genus  :  propter  quce  sola  vivos  comburant,  bona  publicant.  »  (Mscr. 
autogr.  Arcb.  de  l'église  de  Bâle.) 

22  Voyez,  sur  la  mission  d'Olivétan  dans  les  Vallées  vaudoises,  le  t.  II, 
N°  393,  notes  10,  17,  19,  23,  et  la  page  454,  dernière  ligne  du  texte. 

Selon  un  historien  moderne,  Olivétan  aurait  passé  à  Genève  une  partie 
de  l'hiver  de  1532  à  1533,  «  travaillant  nuit  et  jour  à  la  traduction  des 
saintes  Écritures,  »  et  l'autorisation  d'imprimer  une  Bible  française,  de- 
mandée par  Pierre  de  Wingle  aux  magistrats  genevois  le  13  mars  1533, 
aurait  eu  pour  objet  «  le  travail  d'Olivétan.  »  (Merle  d'Aubigné.  Hist.  de  la 
Kéformat.  en  Europe  au  temps  de  Calvin,  t.  III,  p.  469-472.)  La  première 
de  ces  assertions  ne  peut  se  concilier  avec  le  témoignage  si  précis  d'Andro- 
nicus,  qui,  au  mois  d'avril  1533,  dit  qu'Olivétan  était  depuis  longtemps  dans 
les  Vallées.  Quant  à  la  seconde  affirmation,  elle  est  en  contradiction  com- 
plète soit  avec  la  lettre  de  Saunier  du  5  novembre  1532,  soit  avec  les  pa- 
roles d'Olivétan  lui-même.  Dans  l'une  des  préfaces  de  sa  Bible,  publiée  en 
1535,  il  s'exprime  ainsi,  en  s'adressant  à  Farel,  Viret  et  Saunier  : 

«  A  vous  qui  m'avez  mis  en  œuvre  et  estes  cause  de  tout  cest  affaire,  qui 
m'avez  si  bien  donné  à  entendre  et  faict  accroire  par  vive  raison  que  j'en 
viendroye  à  bout  et  le  feroye  si  bien,  je  viens  maintenant,  après  avoir  tra- 
vaillé toute  Vannée,  rendre  compte  de  la  besongne  faicte...  Quant  est  des... 
déclarations  des  passages  difficiles...  pour  subvenir  au  simple  populaire, 
que  toy  Chlorotes  [1.  Viret]  conseillois  de  faire,  je  m'y  suis  employé,  non 
point  certes  tant  que  la  chose  le  requéroit,  mais  ainsi  que  l'oportunité  s'est 
offerte,  à  cause  du  temps  qui  m'estoit  brief:  pour  lequel  espargner  et  re- 
couvrer, [je]  ni'applicquoye  plus  tost  à  la  translation.  » 


46      LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  GENÈVE  A  GUILLAUME  FAREL  [a  MURAT].     1333 


416 

les  évangéliques  de  genèye  '  à  Guillaume  Farel, 

[à  Morat]. 
De  Genève,  5  mai  1533. 

Inédite.  Copie  contemporaine,  communiquée  par  M.  le  professeur 

L.  Vulliemin. 

Sommaire  .  Récit  des  collisions  qui  ont  eu  lieu  la  veille  à  Genève.  Mort  violente  du 
chanoine  Pierre  Werly.  Nouvelles  des  Évangéliques. 

Maistre  Guillaume,  nostre  chier  amys  et  frère  en  Jésuchrist  ! 

Après  les  salutations  et  humbles  recommendations,  la  présente 
seraz  pour  vous  advertir  tout  premièrement  de  la  réception  de 
vostre  missive  du  28  d'avril*,  laquelle  ontveuz  tous  les  frères,  que 
[1.  qui]  d'icelles  et  des  poënnes  que  prenés  pour  eulx  vous  mer- 
cient  grandement,  prians  Nostre  Seigneur  qu'il  le  vous  rétribue. 

Nous  avons  estes  ung  peuz  esbays  de  ce  que  les  ambassadeurs 
de  Messieurs  3  ne  sont  ici  arrivez  sur  le  jour  qu'il[s]  avoint  donné 
d'entendre  à  nostre  frère  Levet i  [qu'ils]  arriveroint  ;  toutteffoys 
nous  reconfortons  que  Nostre  Seigneur,  à  ce  qu'entendons,  faict 
tout  pour  le  meillieur.  Une  dozaine  des  plus  apparissans  frères 
leur  allarent  au  devant  jusques  à  Nyon  5  à  chevalz  ;  mais,  voyant 
quJil  ne  venoynt,  [ils]  s'en  retournarent,  dont  feusrent  mocqués 

1  Le  style  de  cette  pièce  nous  semble  avoir  quelque  rapport  avec  celui  des 
lettres  écrites  par  l'aucieu  syndic  Ami  Porral. 
-  Cette  lettre  de  Farel  est  perdue. 

3  II  est  question  de  l'ambassade  annoncée  par  MM.  de  Berne  dans  leur 
lettre  du  8  avril,  et  dont  les  Eéformés  genevois  avaient  attendu  l'arrivée 
«  incontinent  après  Pâques.  » 

4  Aimé  Levet,  apothicaire  à  Genève,  l'un  de  ceux  qui  avaient  hébergé 
Froment. 

s  Le  Registre  du  Conseil  mentionne  les  citoyens  suivants  comme  étant 


\  533   LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  GENÈVE  A  GUILLAUME  FAREL  [a  MORAT].   47 

des  papistes,  lesquelz  —  voyans  icelle  retardation,  et  entendans 
que  mes  dits  Seigneurs  ne  soy  socient  de  cestuy  affayre,  ne  des 
frères  —  ont  entreprins  de  plus  belle  nous  fayre  la  guerre  et  jecter 
le  commung  dessus 6;  tellement  que,  quant  ilz  ont  veuz  [que]  les 
plus  principaulz  des  nostres,  comme  Jehan  Philippe'1,  Michal  Sept, 
Bauldic/wn  et  plusieurs  aultres  [se]  sont  absentés  [de]  la  ville,  pour 
aller  à  la  fo>re  de  Lyon s,  [ils]  nous  fisrent  une  allarme,  hier  au 
soyr,  entre  jour  et  nuit,  au  Mollard. 

Toutteffoys,  premier  que  [c.-à-d.  avant  que]  les  prestres  feussent 
illec  arrivés,  et  après  avoir  desgaîné  d'ung  cousté  et  d'aultre  sans 
coup  férir,  nous  adversayres  nous  priarent  d'apointemenl,  lequel 
acceptasmes  très-volentiers 9.  El,  ainsi)  que  nous  démarchions,  pour 


partis  pour  aller  à  la  rencontre  des  députés  bernois  :  Etienne  Dada,  Amy 
Pétrin,  Jean  Goula,  Baudichon,  Jean  Favre  et  Nicolas  Cliamot.  Ils  furent, 
le  18  avril,  cités  devant  le  Conseil,  qui  leur  adressa  des  remontrances. 

c  C'est-à-dire,  exciter  contre  nous  le  commun  peuple.  Le  Registre  du 
Conseil  et  les  pièces  de  l'enquête  ne  confirment  pas  cette  assertion.  Bien 
qu'elle  ait  été  amplifiée  par  Froment,  qui  affirme,  op.  cit.  p.  57,  que  les 
prêtres  avaient  «  consulté  par  ensemble  de  tuer  ce  qui  estoit  deniouré,  dans 
la  ville,  de  ces  Luthériens,  »  les  événements  du  4  mai  ont,  à  nos  yeux, 
tous  les  caractères  d'une  émotion  soudaine,  suscitée  par  les  passions  reli- 
gieuses, et  ils  ne  peuvent,  en  bonne  justice,  être  considérés  comme  le  ré- 
sultat d'un  complot.  (Voy.  les  notes  9,  11,  15  et  23.  —  Enquête  contre  les 
meurtriers  de  Werly.  Procès  criminels.  Arch.  de  Genève.) 

"  Jean  Philippe  était  capitaine  général  des  troupes  de  la  ville.  (Voy. 
Grenus.  Fragm.  hist.  sur  Genève  avant  la  Réformation,  p.  173  et  210.) 

s  La  foire  de  Lyon  avait  commencé  le  22  avril.  Elle  durait  quinze 
jours. 

9  II  ne  paraît  pas  qu'une  «  discussion  touchant  les  dogmes,  s  comme  le 
dit  M.  Gaberel  (op.  cit.  1, 136),  eût  précédé  cette  querelle.  Plusieurs  groupes 
de  Catholiques  et  de  Réformés  se  promenaient  sur  la  place  du  Molard.  Un 
Réformé,  nommé  Jean  Eosetta,  heurta  en  passant  Perceval  de  Pesmes,  l'un 
des  principaux  Catholiques.  Il  s'ensuivit  une  altercation  assez  vive,  et  les 
deux  partis  mirent  l'épée  à  la  main.  Toutefois  l'arrivée  de  Claude  Bernard 
apaisa  le  différend. 

Claude  Permet,  que  les  prêtres  avaient,  selon  Froment,  envoyé  au  Mo- 
lard, «  pour  fayre  l'amorce  et  esmouvoir  le  peuple,  »  n'est  pas  même  men- 
tionné dans  l'enquête  instruite  par  le  procureur  fiscal  ;  mais  sa  participa- 
tion à  l'émeute  est  constatée  par  ce  passage  du  Registre  du  24  mai  :  «  Lo- 
quitur  de  Claudio  Pennet,  novo  carcerum  custode...  Et  quia  dictus  Claudius 
fuit  de  promotoribus  debati,  qui  dicebat  in  Mollario  :  «  Nonne  aliquis  repe- 
rietur  qui  mecum  pugnare  velit?  »  resolvitur  quod  dicatur  Dno  Vicario  quod 
habetur  dictus  Claudius  suspectus.  » 


48       LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  GENÈVE  A  GUILLAUME  FAREL  [â  MORAT].      1533 

aller  boyre  tous  par  ensemble  etd'ung  bon  accord 10,  les  prestres  qiCes- 
toint  tous  en  armes  n,  dont  ne  sçavions  [rien]  de  Ventreprinse,  — 
après  avoir  blessé  troys  des  nostres,  là-hault  devant  l'esglise  Sainct- 
Pierre,  jusques  à  la  mort 12  —  descendirent  au  dit  Mollard  13,  des- 
quelz  le  chanoyne  messire  Verly  de  Frybourg,  qui  vous  cuida  tuer 
ciriez  Monsieur  le  Vicayre1*,  estoyt  capitaine  et  conducteur.  [Il]  se 
vint  jecter  tout  le  premier  entre  nous  et  les  aultres,  au  Mollard, 
avec  une  grand'  espée,  bien  armé,  et  en  disant  :  «  Ceulx  qui  seront 
chrestiens,  qiulz  m'ensuivent 15,  »  —  donnant ung  grand  eop  d'es- 

10  Le  récit  officiel  du  secrétaire  Claude  Boset  et  les  dépositions  de  plu- 
sieurs témoins  confirment  ce  détail.  (Voy.  le  Reg.  du  Conseil  du  4  mai,  cité 
dans  Jeanne  de  Jussîe,  éd.  Jullien,  Notes,  p.  244.  — ■  Froment.  Actes  et 
Gestes.  Notes,  p.  xxiii.) 

11  II  doit  y  avoir  beaucoup  d'exagération  dans  ces  paroles.  Si  les  prêtres 
étaient  tous  en  armes,  comment  peut-on  s'expliquer  le  petit  nombre  de 
ceux  qui  accompagnèrent  Werly  au  Molard?  C'était  là  pourtant  qu'ils  de- 
vaient (le  complot  admis)  porter  le  grand  coup.  Le  Registre  ne  mentionne 
pas  même  les  compagnons  de  Werhj  ;  mais  un  témoin,  qui  les  vit  descendre 
la  rue  du  Perron,  dépose  qu'ils  étaient  cinq  en  tout.  Nous  croyons  qu'on 
peut  accepter  ce  chiffre,  sans  se  laisser  arrêter  par  les  nombreuses  contra- 
dictions que  l'enquête  présente  sur  d'autres  points,  contradictions  qui  frap- 
pèrent les  syndics  à  la  première  lecture  des  actes  du  procès.  «  Quoniam 
testes  in  informationibus  descripti  in  multis  discordant,  resolvitur  quod  Dni 
Sindici,  secum  Nob.  Job.  Balard  et  Amed.  de  Pileo  rubro,  ulteriores  de 
dicto  bomicidio  sumant  informationes,  ut  rectiùs  queat  contra  culpabiles 
procedi  »  (Reg.  du  4  juin). 

12  Ce  fait  est  ainsi  raconté  dans  le  Registre:  «  Duobus  aut tribus  à  Bur- 
goforis  [c.-à-d.  du  Bourg-de-Four]  accurrentibus  obviavit  turba  sacerdotum 
in  claustroSti.-Petri,  ubieos  eadem  turba  cœdit,  unum2S  vidneribusafnixit.» 

13  Voyez  la  note  11. 

14  Le  personnage  subalterne  qui  avait  été  aposté  dans  un  recoin  de  la 
maison  épiscopale  (3  octobre  1532),  avec  l'ordre  de  tirer  un  coup  d'arque- 
buse sur  Fard,  s'appelait  François  Olard  (Voy.  Froment,  op.  cit.  p.  7). 
Ce  fut  au  moment  où  Farel  sortait  de  cbez  le  Grand- Vicaire,  que  «  l'un 
d'iceux  bons  prestres  [c.-à-d.  Pierre  Werly]  le  cuida  transpercer  au  tra- 
vers du  corps  ;  mais  un  des  syndics  le  retira  par  le  bras,  dequoy  plusieurs 
furent  marris  que  le  coup  ne  print  bien  »  (Jeanne  de  Jussie,  op.  cit.  p.  50). 

la  Un  témoin  raconte  dans  les  termes  suivants  l'arrivée  de  Werly  au  Mo- 
lard: «  Supervenit  quoque  Rev.  D.  Peints  Vuerly,  qui,  cùm...  populo... 
obviasset,  ccepit  dicere  :  «  Qu'y  a-t-il  ?  Où  sont  les  Chrestiens  ?  »  Et  tune  qui- 
dam ex  a[d]stantibus  dixit  :  «  Venons-ilz  les  prestres  ?  »  Qui  D.  Vuerly  res- 
pondit  :  «  Oy.  Hz  sont  yci.  »  Et  tune  quidam  dixit  :  «  Toujours  à  cestuy-ci  !  » 
Et,  hiis  dictis,  omnes  astantes  cum  suis  gladiis  evaginatis  insurrexerunt  in 
Dominum  Vuerly,  qui  quantum  poterat  se  defendebat  cum  una  alabarda.  » 


1  533  LES  ÉVÂNGÉLIQUES  DE  GENÈVE  A  GUILLAUME  FAREL  [a  MURAT].   49 

pée  sus  la  teste  de  Pung  des  nostres  16;  qui  de  ce  est  en  danger  de 
mort.  Voyans  cecy,  les  ung  et  les  aultres  fusrent  en  plus  grosse 
erreur  que  paravant,  et  [il  y]  en  eut  de  blessé  six  ou  sept  de  ches- 
que  part 17.  Les  nostres  blessés  sont  :  Glande  Bernard,  Amy  Pier- 
ryn  et  d'aultres  chapelliers  que  vous  ne  congnoissés  pas 18.  Ung 
cbanoyne  nommé  messire  de  Béoléa  19  fut  blessé,  et  le  dict  messire 
Pierre,  capitaine  des  prestres,  il  desmoura  mort 20,  et  se  dict  qu'il 
fut  tué  des  siens  mesmes 21.  L'on  l'az  enterré  aujourd'buy  à  Sainct- 
Pierre  en  grosse  pompe.  Les  femmes  le  lamentoynt  fort,  luy  fay- 
sant  plus  d'honneur  qu'elles  n'eussent  faict  à  quelque  grand  homme 
de  bien,  disans  qu'ilz  estoil  mort  pour  la  foy,  et  entendent  que 
Messieurs  de  Frybourg  en  feront  grosse  poursnitte 22.  De  quoij  ne 
nous  craingnons  gayre,  car  ilz  sont  gens  de  bien,  et  se  contenteront 
de  rayson,  voyans  qu'ilz  cherchoyt  ce  quHlz  az  trouvé.  Saichés  que, 
sans  son  arrivée,  estions  les  ungs  et  les  aultres  de  bon  apointement. 
Dieuz  luy  perdoynt  ! 

16  C'était  Claude  Bernard.  Jean  Rosetta  (note  9)  reçut  également  une 
blessure  de  la  main  de  Werly. 

17  M.  Gaberel  a  été  induit  en  erreur,  lorsqu'il  a  dit  que  vingt-huit  per- 
sonnes furent  grièvement  blessées  de  la  main  de  MM.  les  chanoines  (op.  cit. I, 
p.  138,  à  comparer  avec  la  note  12). 

ls  Dans  le  nombre  de  ces  derniers  il  faut  placer  ceux  qui  furent  assaillis 
par  les  prêtres  sur  la  place  de  St. -Pierre  (Voy.  la  note  12). 

19  Plus  exactement,  Jacques  de  Biollce.  Un  peu  après  8  heures,  il  était 
entré  chez  Werly,  qui  venait  de  sortir  de  son  lit,  sur  les  instances  d'un  autre 
chanoine,  et  il  lui  avait  «  demandé  s'il  était  prêt,  vu  que  tous  les  autres 
étaient  déjà  au  Molard  ?  »  (Déposition  de  la  servante  de  Werly.  Enquête 
du  procureur  fiscal.) 

20  Werly  ne  mourut  pas  sur  la  place  du  Molard.  Il  s'enfuit  par  la  rue  de 
la  Poissonnerie  (Croix-d'Or),  entra  dans  la  première  maison  à  gauche,  celle 
du  Seigneur  de  Brandis,  qu'habitait  Jean  Chautemps,  puis  il  chercha  un 
refuge  au  fond  de  la  cour  de  la  susdite  maison.  C'est  là  qu'il  tomba  expi- 
rant sur  les  premières  marches  de  l'escalier. 

21  S'il  faut  en  croire  le  témoignage  de  quelques  locataires  de  la  maison 
de  Brandis  (Voy.  note  20),  Pierre  Comberet,  surnommé  l'Hoste,  aurait  suivi 
Werly,  au  moment  où  celui-ci,  blessé  et  près  de  succomber  sous  le  nombre, 
entrait  dans  l'allée  de  cette  maison,  et  il  l'aurait  frappé  par  derrière  d'un 
coup  de  poignard.  Il  fut,  pour  ce  fait,  condamné  à  mort  par  le  tribunal  des 
syndics  et  décapité  le  6  août  suivant. 

22  Les  parents  de  Werly  demandèrent  le  9  mai  qu'on  leur  remît  son 
corps,  et,  le  21  du  même  mois,  ils  revinrent  avec  des  députés  de  Fribourg, 
pour  faire  instance  criminelle  contre  tous  ceux  qui  étaient  présents  au  Mo- 
lawl  à  l'heure  du  meurtre  (Voy.  le  Reg.  du  Conseil,  21  et  23  mai). 

t.  m.  4 


50      LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  GENÈVE  A  GUILLAUME  FAREL  [.\  MORAT].       1533 

Silz  nostre  Seignieur  Dieuz  n'y  eusse  bien  ouvré,  nous  estions 
tous  perduz  et  fourrages,  car  ilz  estoynt  tous  bien  armés  et  adver- 
tys,  et  [ils]  entendoynt  que  tout  le  commung  nous  courroyt  au 
dessus,  au  son  de  la  grosse  cloche,  laquelle  fisrent  sonner  bien 
affrieusement 23,  comme  l'aultrefoys;  mais  ilz  feusrent  trompés, 
car  peuz  de  gens  du  commung  ly  courirent 24,  entendans  d'estre 
trompés  comme  Taultre  foys,  avecq  ce  que  ainsy  playt  au  Créateur. 
Nous  sûmes  plus  la  moictié  que  l'aultre  foys,  et  croissons  tous  les 
jours 25.  Sil  Dieuz  veult  inspirer  Messieurs  de  venir  bien  tost  ici  en 
embassade,  avecque  bonne  charge  sus  les  oultraiges  que  l'on  nous 
az  faict  et  faict  l'on  tous  les  jours,  à  leur  barbe,  nous  espérons  que 
la  Parolle  de  Nostre  Seigneur  y  pourra  estre  anuncée  libéralle- 
ment.  Toutteffoys  fiât  voluntas  sua,  etc.  Quelque  lèlres  que  Mes- 
sieurs ayent  mandés  az  nous  Sindicques  et  Conseilz,  nonnobstant 
ilz  ont  tousjours  persécuté  ceulx  que  ont  parlé  de  l'Évangille,  les 
emprisonnant,  et  pour  ce  ne  soy  ouse  monstrer  le  pouvre  maistre 
Guarin 26,  mais  est  entre  deux  de  vous  aller  trouver  en  brieff,  pour 
vous  compter  tout  l'affayre. 

23  Entre  plusieurs  dépositions  qui  attestent  que  le  tocsin  fut  sonné  seule- 
ment après  l'arrivée  de  Werly  au  Molard,  nous  citerons  la  suivante.  L'inci- 
dent qu'elle  fait  connaître  semble  démontrer  que  l'entente  existant  entre  les 
chanoines  n'avait  eu  pour  but  que  de  protéger  au  besoin  la  vie  de  leurs  core- 
ligionnaires :  «  Recessit  ipse  Dominus  de  Biollea  [Voy.  note  19]...  relicto 
eodem  Dn0  Petro  Vuerly,  qui  stetit  in  eadem  [domo  suâ]  usque  ad  adven- 
tum  cujusdam  bominis  layci...  qui,  multum  furibundè  loquendo,  dixit  Do- 
mino Vuerly  :  «  Estes-vous  encore  yci  ?  Les  aultres  sont  desjà  là-bas  au 
Molard,  et  est  desjà  quasi  tout  perdu.  >  Et  cœpit  ipse  bomo  exclamare  cum 
pluribus  aliis  personis...  ut  pulsaretur  magnum  symballum...  Dictus  autem 
D.  Vuerly  illico...  exivit...  Et,  postquam  [testis]  stetisset  foris  ferè  per  spa- 
tium  temporis  quartse  partis  unius  hora3,  audivit  pulsare  magnam  campa- 
nam.  »  (Déposition  de  la  servante  de  P.  Werly.) 

24  L'évaluation  la  plus  forte  que  donne  l'enquête  porte  à  200  le  nombre 
des  personnes  présentes  au  Molard.  Le  cbiffre  de  1500  indiqué  par  Fro- 
ment est  inadmissible. 

25  Le  31  décembre  1533,  Berthold  Haller  disait  que  Genève  comptait 
plus  de  400  adhérents  de  la  Réforme. 

26  C'était  Guérin  Mu'ete  (Voyez  la  lettre  que  Farel  lui  écrivit  le  18  no- 
vembre 1532,  N°  395).  Cet  évangéliste  aurait,  selon  Froment,  distribué, 
pour  la  première  fois,  la  Ste.  Cène  aux  Réformés  de  Genève,  avant  l'é- 
meute qui  éclata  «  le  jour  du  Vendredi  saint,  »  et,  pour  ce  fait,  il  aurait  été 
«  contrainct  de  s'en  aller  de  la  ville  plus  vîtement  que  le  pas  »  (Voy.  Actes 
et  Gestes,  p.  48  et  50-51).  Ces  deux  assertions  ne  sont  pas  exactes.  L'é- 


1533      LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  GENÈVE  A  GUILLAUME  FAREL  [a  MURAT].      51 

Nous  vous  prions,  comme  pour  chose  nécessayre,  de  vous  trans- 
pourter  jusques  az  Berne,  pour  nous  recommander  à  l'excellence 
de  Messieurs,  et  de  tous  ces  affayres  en  advertir  Monsieur  VAd- 
voyer 27  et  tous  les  amys.  Prians  sur  ce  le  Créateur  que  vous  doinl 
bonne  vie  et  longue.  De  Genesve,  ce  Lundi  ve  de  may  1533. 

Vous  frères  Claude  Salomond  28  et  tous  les  aultres. 

(Suscription  :)  A  maistre  Guillaume  Farel,  etc. 


meute  en  question  eut  lieu  le  vendredi  28  mars,  que  Jeanne  de  Jussie,  p.  53, 
nomme  «  le  Vendredy  de  la  Passion,  »  (le  dimanche  suivant,  5e  du  carême,  étant 
appelé  Judica  ou  Dominica  Passionis),  et  non  le  jour  du  Vendredi  saint, 
qui  fut  le  11  avril.  Sauf  cette  erreur  de  chronologie,  Froment  est  d'accord 
avec  le  récit  de  Jeanne  de  Jussie,  p.  64,  d'après  lequel  les  Luthériens  de 
Genève  «  s'assemblèrent...  en  un  jardin,  pour  faire  leur  Cène,»  le  jour  du  Jeudi 
saint  (10  avril).  Guérin  ne  se  hâta  point  de  quitter  Genève,  puisqu'il  y  était 
encore  le  5  mai.  Il  encourut  peut-être,  comme  d'autres,  un  emprisonne- 
ment de  trois  jours,  pour  avoir  violé  l'édit  du  30  mars  (N°  414,  n.  9),  mais 
le  passage  suivant  du  Registre  du  Conseil  n'autorise  point  à  supposer  que 
cet  évangéliste  fut  l'objet  d'une  sévérité  spéciale  :  «  Die  16a  Aprilis  1533. 
Fuerunt  lectae  informationes  contra  Petrum  Pelisseri,  Joh.  Collognier  et 
Garinum,  bonnaterium,  qui  contravenerunt  Edictis...  Quoad  autem  dictum 
Garin,  resolvitur  quod  dicatur  Fisco  [scil.  procuratori  fiscali],  justiciammi- 
nistret,  informationes  sumat.  » 

27  Jean-Jacques  de  Watteville  (Voyez  dans  le  t.  H,  le  N°  275,  n.  1,  la 
p.  269,  au  bas  du  texte,  le  N°  343,  n.  8,  le  N°  347,  n.  5,  et  le  N°  355).  Il 
fut  élu  Avoyer  de  Berne  le  16  avril  1533.  Farel  s'acquitta  certainement  de 
la  commission  dont  il  était  chargé  auprès  de  ce  magistrat  et  lui  donna  com- 
munication de  la  présente  lettre.  Nous  en  trouvons  la  preuve  dans  les  deux 
particularités  suivantes:  Le  manuscrit  qui  renferme  le  texte  de  la  lettre  des 
Genevois  à  Farel  est  une  copie  faite  par  celui  des  secrétaires  bernois  qui 
avait  écrit  la  lettre  du  Conseil  de  Berne  à  celui  de  Genève  du  20  mars  1533. 
En  outre,  au  dos  de  cette  copie,  on  lit  une  note  autographe  du  chancelier 
bernois,  Pierre  Giron,  ainsi  conçue  :  «  Gebennensis  tumultus.  Pétri  Wernli 
interitus.  » 

2S  Claude  Salomon,  surnommé  Poste.  Nous  verrons  plus  tard  Farel  louer 
la  fermeté  de  son  caractère  et  la  vivacité  de  sa  foi  (Lettre  du  5  décembre 
1549). 


52     MARGUERITE  DE  NAVARRE  A  ANNE  DE  MONTMORENCY.       1  533 


417 

marguerite  de  Navarre  à  Anne  de  Montmorency  ' . 
(De  Paris,  vers  la  fin  de  mai  1533 2.) 

Autographe.  Bibl.  Impériale.  Fonds  Béthune,  n°  8550,  fol.  21. 
F.  Génin.  Lettres  de  Marguerite  d'Angouléme,  1841,  p.  298. 

Sommaire.  La  reine  de  Navarre  remercie  Montmorency  de  ses  bons  offices.  Elle 
espère  que,  malgré  le  procès  intenté  par  les  théologiens  de  Paris  d  Gérard  Roussel, 
le  Roi  ne  verra  point  en  lui  un  hérétique. 

A  mon  nepven,  M.  le  Grant-Maistre. 

Mon  nepveu,  j'ay  plus  que  jamais  occasion  de  vous  mercier  de 
la  bonne  despêche  que  par  vostre  moyen  m'a  aporté  Montoze,  la- 
quelle a  esté  très-bien  exécutée,  comme  par  eux-mesmes 3  pourés 
entendre  ;  et  croy  que  jamais  le  Roy  ne  feit  chose  quy  estonnast 
tant  ceux  quy  n'ont  mestier  que  de  mal  parler,  que  ce  quy  a  esté 
faict  \ 


1  Voyez  sur  Anne  de  Montmorency,  le  N°  291,  n.  2. 

2  Génin  croit  que  cette  lettre  a  été  écrite  pendant  l'hiver  de  1534  à  1535, 
après  l'affaire  des  placards.  Mais  François  I  était  alors  trop  irrité  contre  les 
«  Luthériens,  »  pour  qu'il  pût  en  même  temps  se  montrer  hostile  à  leurs  adver- 
saires (Voyez  la  note  4).  D'ailleurs,  à  cette  époque,  Gérard  Roussel  avait 
quitté  Paris.  La  date  de  mars  1534,  adoptée  par  M.  Schmidt  (Mémoire 
sur  Gérard  Roussel,  1845,  p.  106),  ne  nous  semble  pas  non  plus  corres- 
pondre entièrement  à  la  situation  que  suppose  la  présente  lettre.  Nous 
croyons  plutôt,  avec  M.  Graf  (Mém.  sur  Lefèvre  d'Étaples.  Zeitschrift  fur 
d.  hist.  Théologie,  1852),  qu'il  faut  la  placer  au  moment  où  les  premières 
démarches  de  la  Sorhonne  contre  Roussel  échouèrent  complètement,  c.-à-d. 
en  mai  1533  (Voyez  les  notes  5  et  7). 

3  II  s'agit  des  docteurs  de  la  Sorhonne  (Voy.  la  note  suivante). 

4  Par  ces  paroles  «  ceux  quy  n'ont  mestier  que  de  mal  parler,  »  la  reine 
de  Navarre  fait  allusion  aux  chefs  de  la  Sorhonne,  qui  excitaient  les  prédi- 


1  533     MARGUERITE  DE  NAVARRE  A  ANNE  DE  MONTMORENCY.       53 

Von  est  à  ceste  heure  à  parfaire  le  procès  de  maistre  Gérard 5, 
où  j'espère  que,  la  fin  bien  congneue,  le  Roy  trouvera  qu'il  est  digne 
de  mieulx  que  du  feu,  et  qu'il  n'a  jamais  tenu  opinion  pour  le  mé- 
riter, ny  quy  sente  nulle  chose  hérétique.  Il  y  a  cinq  ans  que  je  le 
congnois  6,  et  croyés  que  sy  je  y  eusse  veu  une  chose  doubteuse, 
je  n'eusse  point  voulu  souffrir  sy  longuement  une  telle  poison,  ny 
y  employer  mes  amis.  Je  vous  prie  [que]  ne  craigniés  à  porter  ceste 
parole  pour  moy,  car  j'espère  que  la  chose  sera  sy  bien  prouvée, 
que  vous  et  moy  serons  trouvés  véritaibles 7 — 

Vostre  bonne  tante  et  amye  Marguerite. 

catcurs  de  Paris  à  déclamer  contre  les  «  fauteurs  de  l'hérésie  »  (Voy.  le 
post-scriptum  du  N°  43,  et  la  lettre  de  Sturm  à  Bucer  du  23  août  1533). 
L'acte  du  Roi  qui  les  étonna  si  fort  fut  sans  doute  le  mauvais  accueil  fait 
par  ce  prince  aux  députés  de  la  Sorbonne  chargés  de  lui  présenter  les  ar- 
ticles extraits  des  sermons  de  Boussél,  ou  bien  l'ordre  signifié  le  16  mai 
1533  à  Noël  Beda,  à  François  le  Picart  et  à  un  religieux  mathurin,  de  fixer 
leur  résidence  à  trente  lieues  de  Paris  (Voy.  la  lettre  suivante  et  celle  de 
Sturm  citée  plus  haut). 

5  Gérard  Boussel,  aumônier  de  la  reine  de  Navarre  (N°  190,  note  2, 
K°  227,  renvois  de  note  4  et  5).  Vers  1530  elle  lui  avait  fait  donner  l'abbaye 
de  Clairac  près  d'Agen  (Génin,  I,  267),  et,  au  commencement  de  l'année 
1533,  elle  l'avait  amené  avec  elle  à  Paris.  Pendant  tout  le  carême  il  y  avait 
prêché  la  doctrine  évangélique  devant  un  très-nombreux  auditoire  (Voy.  la 
lettre  suivante),  mais  malgré  la  prudence  dont  il  savait  user  en  pareille  oc- 
casion (N°  102,  à  la  fin),  il  avait  excité  les  défiances  de  la  Sorbonne.  «  Exor- 
tus  est  Lutetiœ  quidam  Gerardus  Buffus  [écrivait  Erasme,  le  14  mai  1533], 
qui  in  Regià,  frequentissimo  auditorio,  magna  libertate  prsedicat  Evange- 
lium,  sed  haudquaquam  absque  stomacho  theologorum.  Ees  ad  tumidtum 
spectare  videtur  »  (Lettre  à  Viglius  Zuichemus.  Le  Clerc,  p.  1758).  On  lit 
dans  le  Registre  de  la  Sorbonne  :  «  Anno  Domini  1533,  die  12  Maii,  multa 
dicta  Gerardi  Boussel,  è  concionibus  gallico  sermone  habitis,  ad  generalia 
comitia  Sacra?  Facultatis  delata  sunt  et  improbata,  propterea  quod  Lutheri 
erroribus  favere  viderentur  »  (D'Argentré,  op.  cit.  II,  120).  Voyez  aussi  la 
lettre  de  Sturm  du  23  août  1533. 

6  S'il  fallait  prendre  ces  paroles  à  la  lettre,  Marguerite  n'aurait  connu 
Boussel,  ou  ne  l'aurait  attaché  à  son  service  qu'en  1528.  Or  la  correspon- 
dance de  cette  princesse  permet  de  croire  qu'elle  avait  pu  le  connaître  à 
Meaux  en  octobre  1521,  et  celle  de  Roussel  lui-même  prouve  qu'il  était 
l'aumônier  de  Marguerite  depuis  le  milieu  de  l'année  1526  (N°  42,  n.  3, 
à  comparer  avec  le  N°  38,  n.  10,  et  N°  182). 

'•  Voyez,  sur  l'insuccès  des  accusations  de  la  Sorbonne,  la  lettre  du  23  août 
suivant. 


54  PIERRE  SIDERANDER  A  JACQUES  BÉDROT,  A  STRASBOURG.         1  53 


o 


418 

pierre  siderander  '  à  Jacques  Bédrot2,  à  Strasbourg. 
De  Paris,  28  mai  1533. 

Autographe.  Archives  du  séminaire  protestant  de  Strasbourg. 
C.  Schmidt.  Mémoire  sur  Gérard  Roussel,  1845,  p.  201-211. 

Sommaire.  François  I  ayant  quitté  Paris,  â  la  fin  de  février,  le  Roi  de  Navarre  y  a 
fait  prêcher  Gérard  Roussel  pendant  tout  le  carême.  Plusieurs  milliers  d'auditeurs 
assistaient  chaque  jour  à  ses  sermons.  La  Sorbonne  a  vainement  essayé  de  lui 
imposer  silence.  Enfin  elle  a  excité  plusieurs  prédicateurs,  qui  ont  accusé  publique- 
ment d'hérésie  le  Roi  de  Navarre  et  qui  ont  cherché  à  soulever  le  peuple.  Ce  prince 
les  a  fait  confiner  dans  leurs  demeures,  et  François  I  vient  de  les  exiler  de  la  ca- 
pitale. 

Beaucoup  de  gens  sont  irrités  de  cette  décision  ;  d'autres  s'en  réjouissent,  et  chaque 
jour  l'on  affiche  de  nouveaux  placards ,  qui  expriment  les  sentiments  les  plus 
opposés.  Je  vous  envoie  la  copie  de  celui  qu'on  a  laissé  intact  pendant  toute  la 
journée  d'hier.  Le  roi  de  Navarre  est  encore  ici,  mais  on  prétend  qu'il  rejoindra 
bientôt  François  I  à  Lyon.  Cependant  Paris  est  très-agité,  et  les  zélateurs  ne  par- 
lent de  rien  moins  que  d'exterminer  complètement  les  hérétiques. 

Audi...  mi  praeceptor,  rem  novam  et  inauditam.  Quatuor  Almœ 
Facultatis  Theologicœ  antistites3  atque  adeô  columina,  totiusque 
Sorbonse  xopu^aToi,  exulare  jam  decreto  Régis  coguntur.  Quid  ais  ? 
inquis,  haud  verisimilia  narras.  Iniô  certissima,  et,  nisi  molestum 
est,  rem  audi  ab  initio. 

1  Jeune  Strasbourgeois,  qui  était  venu  à  Paris  en  1532  pour  y  achever 
ses  études.  Fils  d'un  marchand  de  fer,  Pierre  Schriesheimer  avait  latinisé 
son  nom  de  famille  et  pris  celui  de  Siderander,  qui  rappelait  la  profession 
de  son  père  (Voyez  C.  Schmidt,  op.  cit.  p.  201). 

2  Jacques  Bédrot,  natif  de  Pludentz  dans  le  canton  des  Grisons.  Après 
avoir  enseigné  les  mathématiques  à  Fribourg  en  Brisgau  (ZasiiEpp.  P.  II, 
372),  il  donna  des  leçons  de  grec  à  Strasbourg  (N°  176,  n.  12),  où  il  exerça 
aussi  pendant  deux  ans  les  fonctions  de  diacre  (N°  178,  n.  16).  Il  fut  élu 
professeur  de  grec  et  de  rhétorique  au  mois  d'octobre  1527.  (Voy.  sa  lettre 
à  Ambroise  Blaarer  du  26  octobre  1527.  Coll.  Simler.  —  V.  Rœhrich. 
Gesch.  der  Reform.  im  Elsass,  II,  10.) 

3  Mélanchthon,  dans  sa  lettre  du  22  juillet  1533  (Melanchthonis  Opp.  1835, 


i  533         PIERRE  SIDERANDER  A  JACQUES  BÉDROT,  A  STRASBOURG.  OO 

Hœsit  hic  Rex  aliquot  menses  ante  quadragesimam 4.  Post  Bac- 
chanalia 5,  factis  ante  mullis  verè  regiis  conviviis,  quse  bancketas 
vulgô  vocant,  cum  ab  ipso,  suoque  primogenito  6,  tum  ab  aliis  prin- 
cipibus  ac  cardinalibus  qui  aulam  sequuntur,  concessit  ita  longe  in 
Picardiam  ".  Rex  tamen  Naverrœ,  unà  cum  Regind 8,  in  urbe  hic 
mansit.  Hujus  régis  instinctu,  concionatus  est  in  arce  regid 9  publiée 
Gerartlus  ille  Ru/pus,  quem  scio  tû  Koc-xixan 10  esse  notissimum  ; 
facit  enim  hujus  mentionem  in  Epistola  ad  eandem  Reginam  quee 
in  Hoseam  commentario  praefixa  est  ".  Is,  inquam,  Gerardus  tantd 
hominum  frequentid  Domini  verbum  prœdicavit,  ut  nullafere  concio 
facta  fuerit,  quin  hominum  quatuor  vel  quinque  millia  adfuerint, 
adeô  ut  ter  mutare  locum  coactus  sit.  Vix  enun  locus  inveniebatur 
in  quo  commode  concionari  posset  et  qui  satis  capax  esset.  Concio- 
natus est  autem  quotidie  per  totam  hanc  quadragesimam,  présente 
et  Rege  ipso  et  Regina  I2. 

Jam  facile  collegeris  quoties  consilium  captarint  et  congregati 
fuerint  o\  SeoXoyoj  ipinpoi13,  et  turba  ista  scribarum  et  pharisaeo- 
rum,  ut  illum  compescerent.  Sed  primo  non  facile  contra  Regem 
temerè  ausi  sunt  certamen  suscipere  et  huic  se  opponere.  Tandem 
verô  Picartus lé  cum  aliis,  qui  summi  hic  habentur,  doctoribus  qui- 


II,  658),  ne  parle  que  de  trois  docteurs  exilés.  Sturm,  dans  celle  du  23  août 
suivant,  mentionne  d'abord  trois  Sorbonistes,  mais  il  termine  son  récit  en 
disant  qu'il  y  eut  quatre  personnes  exilées. 

4  Le  carême  de  l'année  1533  commença  le  2  mars. 

5  C'est  le  nom  qu'on  donnait  en  latin  à  la  semaine  du  carnaval. 

6  François,  le  Daupbin,  âgé  de  quinze  ans  (Voyez  le  N°  260,  n.  1). 

7  Le  5  mars  François  I  était  à  Nantouillet,  près  de  Meaux.  Le  28  et  le 
29  du  même  mois,  il  se  trouvait  dans  les  environs  de  Carentan  et  d'Avran- 
ches,  en  Normandie.  Pendant  la  seconde  moitié  d'avril,  il  séjourna  à  Meaux 
(Voy.  Schmidt,  op.  cit.  p.  88),  puis  à  Fontainebleau,  d'où  il  partit  pour 
l'Auvergne.  (Voy.  Pièces  fugitives  pour  servir  à  l'Hist.  de  France.  Paris, 
1759,  t.  I,  P.  I,  p.  104.) 

8  Henri  d'Albret,  roi  de  Navarre,  avait  épousé,  le  30  janvier  1527,  Mar- 
guerite d'Anyouïêyne,  sœur  de  François  I. 

9  Le  cbàteau  du  Louvre. 

10  Wolfgang-Fabricius  Capiton,  l'bôte  de  le  Fèvre,  de  Micbel  d'Arande 
et  de  Gérard  Roussel,  à  Strasbourg,  pendant  l'hiver  de  1525  à  1526. 

11  Voyez  le  N°  227,  renvois  de  note  4  et  5. 

18  II  s'agit  du  roi  et  de  la  reine  de  Navarre  (Voyez  n.  7  et  8). 

13  Les  docteurs  de  Sorbonne,  qu'on  appelait  ordinairement  «  nos  maî- 
tres »  (Voyez  le  N°  98,  n.  8,  et  le  N°  124,  renvoi  de  note  6). 

14  François  le  Picart ,  seigneur  d'Atilly  et  de  Villeron ,  professeur  au 


56  PIERRE  SIDERANDER  A  JACQUES  BÉDROT,  A  STRASBOURG.         1  533 

busclam,  in  concionibus  publiée  in  Regem  invehiet  eum  suggillare  non 
dubitarunt,  insimulantes  intérim  Luther anismi  et  hœreseos  15,  freti 
scilicet  auctoritate  sorbonicà.  Tum  et  tumultum  excitare  conati 
sunt,  populumque  stiïnulare,  ne  hasresim  hanc  pestilentissimam 
radiées  agere  pateretur.  Rex  [scil.  Navarrce],  ut  paucis  absolvam, 
non  ita  multo  post  Pasc[h]am 16,  mandavit  ut  captivi  tenerentur  in 
œdibus,  nec  egrederentur,  nisi  facta  eis  potestas  rursus  fuisset. 
Tum  bonus  noster  Beda  in  Monte  suo  acuto  17  aliquandiu  manere 
coactus  est.  Rursus  tamen  deinde  paulo  post  in  mulo  suo  equi- 
tantem  vidi 

Res  tandem  ad  Regem  ipsum  Galliœ  delata  est18.  Quum  verô  hi 
facti  sui  rationem  dare  non  possent,  nec  ea  probare  qùae  effulie- 
rant,  praeterea  omnino  ab  adversario  19  convincerentur,  decretum 
est  ut  unà  omnes  exularent,  nec  unquam  Parisios  répétèrent  circi- 
ter  viginti  miliaria  (sic  enini  audio),  nisi  a  Rege  permissum  fuis- 
set  20.  Sunt  qui  dicant  eis  perpétué  exulandum.  Hoc  certum  est,  si 
impetraverint  ut  in  urbem  rursus  intromittantur,  grandem  pecu- 
nias  summam  baud  dubie  solvent.  Jam  die  Sabbatbi  et  Solis 2 


5 


collège  de  Navarre  (Voy.  sa  biographie  par  le  P.  Hilarion  de  Coste.  Paris, 
1658).  Il  est  mentionné  en  ces  termes  dans  le  Registre  de  la  Sorbonne  (1534)  : 
«  Quidam  Licentiandus Theologus cognomento  Picard.»  (Bulaeus.  Hist.  Uni- 
versitatis  Parisiensis,  VI,  248.) 

13  Sur  des  rapports  certains,  envoyés  de  Paris,  Mélanchthon  disait  le 
22  juillet  que  ces  prédications  violentes  avaient  commencé  «  après  Pâques.  » 
(Voy.  la  note  suivante.) 

16  Pâques  fut  le  13  avril  en  1533. 

17  Le  collège  de  Monlaigu,  dans  lequel  Beda  exerçait  depuis  l'an  1502 
les  fonctions  de  principal  (Voy.  le  N°  147,  renvoi  de  n.  7). 

1S  Ce  fut  sans  doute  vers  le  commencement  de  mai  que  ce  rapport  par- 
vint à  François  I.  La  lettre  de  ce  prince  qui  fut  lue  à  l'Université  le  22  avril 
ne  parlait  que  de  la  réforme  scolaire.  (Voyez  Bulaeus,  op.  cit.  VI,  236,  et 
la  note  20.) 

19  Cet  adversaire  était-il  le  roi  de  Navarre  ou  Gérard  Roussel? 

-°  Le  16  mai  1533,  Beda,  François  le  Picart  et  un  frère  mathurin  furent 
cités  devant  le  Parlement.  On  ordonna  «  à  chacun  d'eux  de  choisir  un  cer- 
tain lieu  par  forme  d'exil  à  trente  lieues  de  Paris,  et  distant  l'un  de  l'autre, 
et  qu'ils  eussent  à  sortir  de  la  ville  vingt-quatre  heures  après  la  significa- 
tion de  cet  arrêt,  avec  défense  d'enfreindre  leur  ban  sous  peine  de  la  vie  ; 
de  ne  plus  prêcher,  ni  faire  leçons,  ni  aucune  assemblée  ;  de  communiquer 
ensemble  directement  ni  indirectement  en  quelque  sorte  que  ce  fût,  jusqu'à 
ce  que  le  roi  en  aurait  autrement  ordonné  »  (Hilarion  de  Coste,  p.  76, 
cité  par  C.  Schmidt.  Mém.  sur  Gérard  Roussel,  p.  90). 

21  Le  samedi  24  mai,  et  le  dimanche  25. 


1  533         PIERRE  SIDERAXDER  A  JACQUES  BFIdROT,  A  STRASBOURG.  57 

primùm  faraa  haèc  de  Régis  decreto,  quantum  ego  scio,  evulgata 
est.  Die  Lunae22,  cum  ad  Sturmii*3  lectionem  post  meridiem  essem 
iturus,  maximam  turbam  ante  collegium  Montis  acuti  vidi,  quœ  ex- 
pectabat  ut  Bedam  abeuntemvideret.  Omnes  tandem  delusi  domum 
reversi  sunt.  Heri  tamen  discessisse  certô  mihi  quidam  liodie  affir- 
marunt 2i.  OJ  ôsoXoyoi  non  die  non  nocte  unquam  cessant  ab  opère. 
Miseront,  ut  audio,  nuntium  ad  Regem  qui  gratiam  pelât,  ut  de 
pœna  aliquid  remittatur. 

Varias  hominum  sententias  acjudicia  audias.  Illi  miserentur  op- 
timi  Bedœ,  partim  quôd  indignum  putent  qui  tam  gravia  subeat, 
propter  summam  bominis  eruditionem  ac  profundilatem  in  tbeo- 
logia  quam  esse  in  ipso  sibi  persuadent,  partim  quôd  videant  ho- 
minem  tam  grandem  natu  exilium  tam  durum  pati  oportere.  Au- 
dias alios  qui  gaudio  exultent.  Sunt  alii  quibus  omnino  nihil  curae 
est.  Scribet  et  Grynœus 25  fortasse  aliquid  hac  de  re.  Sunt  enim, 
opinor,  qui  Basileam  ad  Petrum  Tusanum 2S  scripturi  sunt,  qui 
apud  Grynœum  aliquandiu  egit  et  forte  etiam  nunc  agit 27. 

Nomina  istorum  quibus  solum  vertendum  est  hgec  sunt  :  Est 
primo  Beda.  deinde  Me  Picartus,  quidam  Franciscanus,  et  quidam 


22  Le  lundi  26  mai. 

23  Jean  Sturm,  habile  professeur  de  rhétorique  et  de  dialectique,  ué  le 
1er  octobre  1507  à  Sleide,  petite  ville  du  duché  de  Luxembourg.  Il  fit  d'abord 
ses  études  daus  sa  ville  natale,  puis  à  Liège  et  à  Louvain  (1524).  En  1529 
il  vint  s'établir  à  Paris,  où  il  commença,  après  la  fondation  du  Collège 
Royal  (1530),  à  donner  des  leçons  publiques,  qui  établirent  sa  réputation. 
Depuis  le  voyage  qu'il  avait  fait  à  Strasbourg  en  1528,  Sturm  était  favo- 
rablement disposé  envers  les  réformateurs  de  l'Allemagne.  La  lecture  des 
ouvrages  de  Bucer  et  les  prédications  de  Gérard  Roussel  achevèrent  de 
conquérir  toutes  ses  sympathies  à  la  cause  de  l'Évangile.  (Voy.  C.  Schmidt. 
Vie  de  Jean  Sturm,  1855.  —  Maittaire.  Annales  typogr.  II,  734.) 

24  Sturm  place  au  lundi  26  mai  le  départ  des  trois  docteurs  exilés  de 
Paris  (Voy.  plus  loin  sa  lettre  du  23  août). 

23  Simon  Grynœus,  professeur  de  grec  à  l'université  de  Bâle. 

26  Plus  exactement  Tossanum. 

27  Voyez  sur  le  deuxième  séjour  que  Pierre  Toussain  fit  à  Bâle,  le 
N°  403,  et  sa  lettre  du  1er  octobre  1533.  Dans  cette  portion  de  l'épître  de 
Siderander  que  nous  supprimons,  on  trouve  encore  le  passage  suivant,  re- 
latif à  Toussain:  «  Si  quid  scribere  velis,  mi  prfeceptor,  ex  Grynœo  explo- 
rabis  an  Pet  rus  ille  Tusanus  brevi  sit  hue  venturus,  et  huic  quicquid  erit 
literarum  trades.  »  Si  Bédrot  adressa  cette  question  à  Grynaeus,  il  ne  put 
recevoir  qu'une  réponse  négative,  car  il  paraît  avéré  que  Toussain  ne  re- 
tourna jamais  à  Paris. 


58  PIERRE  SIDERANDER  A  JACQUES  BÉDROT,  A  STRASBOURG.         1  533 

ex  ordine  Maturinorum 2S.  Quotidie  affiguntur  schedulœ  pro  et  con- 
tra. Die  Solis 29,  antequam  de  Régis  decreto  aliquid  auditum  est, 
non  ita  procul  ab  hospitio  meo  affixa  schedula  fuit  bene  longa, 
literis  italicis  eleganter,  sed  gallicè  et  rhyt[h]mis,  conscripta,  in 
qua  pulcherrimè  suisque  .coloribus  omnes  isti  theologi  depinge- 
bantur,  et,  prseter  istos  quatuor,  alii  etiam  duo,  nempe  qui  theolo- 
giam  profitetur  in  collegio  Naverrse 30,  et  quem  appellant  de  Cor- 
nibus  ".  Mulli  jam  cœperant  scholastici  confluere,  quorum  alii 
subridebant,  alii  autorem  clamabant  esse  heereticum 32.  Tandem 
nescio  quis  zelator  dilaceravit.  Heri  affixa  est  alia,  superiori  longe 
dissimilis  :  maxime  invebitur  in  canes  istos  Luther anos.  Fuerunt 
multi  qui  descripserunt,  quos  cum  viderem,  descripsi  et  ipse,  li- 
betque  hîc  subjicere  ;  habebis,  scio,  qui  tibi  exponant.  Mansit  toto 
die  hsec  intégra,  nec  tam  citô  sublata  fuit  quemadmodum  illa  su- 
perior.  Verba  hœc  sunt  : 

«  Au  feu,  au  feu  cest  hérésie 

Qui  jour  et  nuyt  trop  nous  grève  ! 

Doibz-tu  souffrir  qu'elle  moleste 

Saincte  Escripture  et  ses  édictz  ? 

Yeulx-tu  bannir  science  parfaicte 

Pour  soubslenir  Lutériens  mauldictz  ? 

Crains-tu  point  Dieu  quïl  permette 

Toy  et  les  tiens,  qui  sont  floris,  faire  péril  ? 

«  Paris,  Paris,  fleur  de  noblesse, 
Soubstiens  la  foy  de  Dieu  que  on  blesse, 

2S  L'un  de  ces  deux  personnages  était  probablement  Nicole  le  Clerc 
(Voy.  Bulseus,  VI,  248-249,  le  N°  162,  n.  6-7,  et  le  N°  203,  note  3). 

29  Le  dimanche  25  mai. 

30  C'est  probablement  à  ce  professeur  de  théologie  du  collège  de  Navarre 
qu'Érasme  faisait  allusion,  quand  il  disait,  le  5  mai  1533  :  «  TJieologus  gui- 
dam  e  grege  Navarrœ  profitetur  frequenti  auditorio  Epistolas  Pauli,  subinde 
me  perstringens  ex  indoctis  et  rixosis  collationibus  Titelmanni  Franciscani.  » 
(Erasmi  Epp.  ad  Bon.  Amerbachium,  n°  78.)  Nous  supposons  que  ce  pro- 
fesseur était  Laurel,  docteur  en  théologie  et  grand-maître  du  collège  de 
Navarre. 

51  Pierre  Cornu  (Voyez  le  N°  124,  n.  12). 

32  L'Université  s'occupa  de  cet  incident.  On  lit  dans  son  procès-verbal 
du  31  mai  1533  :  «  Vocata  est  Universitas  ad  Mathurinos,  super  libellis  fa- 
mosis  à  quibusdam,  licentià  maledicendi,  spargi  et  affigi  solitis  »  (Bulœus, 
VI,  238). 


1533         PIERRE  SIDERANDER  A  JACQUES  BÉDROT,  A  STRASBOURG.  59 

Ou  aultrement  fouldre  et  tempeste 
Cherra  sur  toy,  je  t'advertis. 
Prions  tous  le  roy  de  gloire 
Qu'il  confonde  ces  chiens  mauldictz, 
A  fin  qu'il  n'e[n]  soit  plus  mémoire 
Non  plus  que  de  vielz  oz  pourris. 

Au  feu,  au  feu  !  c'est  leur  repère  ! 
Faiz-en  justice  !  Dieu  l'a  permys33.  » 

33  Cette  pièce  de  vers  est  reproduite  sous  le  titre  suivant,  au  folio  127 
d'une  édition  des  Oeuvres  de  Marot  imprimée  en  1535,  et  dont  un  exemplaire 
nous  a  été  communiqué  par  notre  ami  M.  le  professeur  Adert  :  «  Ce  que  aulcuns 
Théologiens  plaquèrent  a  Paris,  quant  Beda  fut  forbanny  voulans  esmouuoir 
le  peuple  a  sédition  contre  le  Roy.  »  Nous  en  indiquerons  les  principales 
variantes.  Première  strophe,  2e  vers  :  «  trop  nous  blesse  »  —  3e  vers  :  «  telle 
moleste  »  —  6e  vers  :  «  Luthériens  mesdictz.  »  La  strophe  finit  ainsi  : 

Crains-tu  dieu  quil  le  permecte 
Toy  et  tes  biens  qui  sont  fleuriz 
Face  périr. 

Seconde  strophe,  2e  vers:  «  la  loy  de  toy  qu'on  blesse  »  —  4e  vers  :  «je 
ten  aduertys  »  —  6e  vers  :  «  ses  hereticques  mauditz  »  —  8e  vers  :  «  Non 
plus  que  des  aux  pourriz  »  —  9e  vers  :  «  cest  le  repaire.  » 

On  lit  au-dessous  les  deux  pièces  suivantes  qui  ont  été  supprimées  dans 
la  plupart  des  éditions  postérieures  : 

Responce  de  Clément  Marot,  a  lescripteau  cy  dessus. 

En  leau.  en  leau,  ces  folz  séditieux 
Lesquelz  en  lieu  de  diuines  parolles 
Preschent  au  peuple  vn  tas  de  monopolles, 
Pour  esmouuoir  debatz  contentieux, 
Le  Roy  leur  est  vn  peu  trop  gracieux 
Que  na  il  mys  a  bas  ces  testes  folles  ? 

En  leau. 
Hz  ayment  tant  les  vins  délicieux, 
Quon  peult  nommer  cabaretz  leurs  escolles, 
Mais  refroydir  fauldroit  leur  chauldes  colles 
Par  le  rebours  de  ce  quilz  ayment  mieulx 

En  leau. 

Dizain  a  ce  propos. 
Au  feu,  en  leau,  en  lair,  ou  en  la  terre 
Soient  prys  et  mys  ces  folz  prédicateurs, 
Qui  vont  preschaut  Sédition  et  Guerre 
Entre  le  peuple  et  les  bons  précepteurs, 
Hz  ont  este  trop  long  temps  séducteurs, 


60  PIERRE  SIDERANDER  A  JACQUES  BÉDROT,  A  STRASBOURG.         1  533 

Rursus  et  alia  hodie  affixa  est  (quam  ego  tamen  non  vidi,  audivi 
tamen  certô  ex  aliis),  in  qua  nominatim  exprimilur  ille  ipse  con- 
cionator 34  cujus  supra  commemini.  Rex  Naverrœ  adhuc  in  urbe 
est,  brevi  tamen  ad  Regem  GaUiœ  se  conferet,  quem  Lugduni  jam 
esse  aiunt35.  Omnia  tumultum  minari  videntur.  Sunt  qui  maximum 
zelum  simulent,  implorantque  justiciam,  ut  supplicium  de  detes- 
tandis  illis  baereticis  sumat  eosque  extirpet  funditùs 36. 

Hcec  sunt,  mi  praeceptor,  quorum  gratiâ  praacipue  ad  te  nunc 
scribere  volui,  importunior  licet  fuerit  nuntius.  Aguntur  et  multa 
alia,  sed  nemo  est  qui  possit  expiscari  omnia.  Multa  in  nostra  re- 
gione  urbis  fiunt  qua3  prorsus  ignorant  ii  qui  sunt  in  alia  ;  multa 
vicissim  in  alia  quae  nos  ignoramus.  Tuum  jam  erit  studiosos  om- 
nes  adhortari,  ut  carmen  scribant  elegiacum  in  miserabilem  istam 


Et  mys  le  monde  en  trouble  et  desarroy, 
Mais  dieu  de  grâce,  a  voulu  que  le  Roy 
Aye  entendu  leur  sophisticq  parler, 
Qui  les  fera  punir  selon  la  loy 
Au  feu,  en  leau,  en  la  terre,  ou  en  lair. 

Le  volume  d'où  nous  avons  tiré  ces  deux  pièces  de  vers  est  intitulé  : 
«  Ladolescence  Clémentine.  Ce  sont  les  œuures  de  Clément  Marot,  nouuel- 
lement  imprimées  auecque  plus  de  soixante  nounelles  compositions.... 
M. D. XXXV.  On  les  vend  a  Lyon,  en  la  maison  de  Francoys  Juste....  » 
In-12  de  132  feuillets,  caractères  gothiques. 

34  Gérard  Roussel. 

35  Tous  les  faits  mentionnés  plus  haut  ayant  eu  lieu  pendant  que  Fran- 
çois I  était  absent  de  Paris,  on  ne  peut  considérer  comme  exacte  l'asser- 
tion suivante  du  «  Journal  d'un  Bourgeois,  »  p.  431  :  «  En  l'année  1533,  en 
may,  le  Roy  partist  de  Paris  pour  s'en  aller  devers  le  pape  Clément  à  Mar- 
seille. » 

30  La  Faculté  de  Théologie  de  Paris  ne  reculait  pas  devant  les  mesures 
les  plus  radicales.  «  Elle  présenta  le  7  juin  1533,  à  François  I,  qui  se 
trouvait  alors  à  Lyon,  une  requête  pressante  au  sujet  des  livres  hérétiques, 
en  exposant  fortement  au  roi  que  s'il  voulait  sauver  la  religion,  attaquée  et 
ébranlée  de  tous  côtés,  il  était  d'une  indispensable  nécessité  d'abolir  pour 
toujours  en  France,  par  un  édit  sévère,  l'art  de  V imprimerie,  qui  enfantait 
tant  de  livres  pernicieux.  Le  projet  de  la  Sorbonne  fut  sur  le  point  d'être 
réalisé  [en  1535],  mais  Jean  du  Bellay,  évêque  de  Paris,  et  Guillaume  Budé 
parèrent  heureusement  le  coup.  »  (A.-F.  Didot.  Essai  sur  la  Typographie, 
t.  XXVI  de  l'Encyclopédie  moderne,  p.  760.)  Voyez  sur  ce  sujet  les  «  Com- 
mentarh  Hnguœ  latinse,  »  d'Etienne  Dolet.  Lyon,  S.  Gryph,  1536,  t.  I, 
p.  266,  morceau  très-intéressant  et  qui  a  été  traduit  en  français  par  Joseph 
Boulmier,  dans  sa  Vie  de  Dolet.  Paris,  1857,  p.  171. 


1  533       LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  PAYERNE.         61 

doctissimorum  theologorum  fortunam.  Quotidie  fere  conveniunt 

nOStri  fAaTocioÀô'yo!. 

Vale.  Parisiis,  28  Maii,  anno  1533. 

Petrus  Siderander  tuus. 

(Inscrtptio  :)  Eruditissimo  simul  ac  integerrimo  viro  Jacobo  Be- 
droto  Pludentino,  grœcce  et  latinœ  linguse  apud  Argentoratenses 
professori,  preeceptori  suo  observandissimo. 

Zu  Strassburg,  uff  S.  Thomansplan. 


419 

le  conseil  de  berne  au  Conseil  de  Payerne. 
De  Berne,  6  juin  1533. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Somuaire.  Les  bourgeois  de  Payerne  ne  doivent  songer  à  renouveler  l'alliance  avec 
Berne,  que  s'ils  veulent  décidément  tenir  la  promesse  qu'ils  ont  faite  d'autoriser 
chez  eux  la  libre  prédication  de  l'Évangile. 

Nostre  amiable  salutation  devant  mise.  Nobles,  prudans,  singu- 
liers amys  et  très-chiers  alliés  ! 

Instant  le  temp  et  jour  de  renoveller  l'alliance  qiCest  entre  nous  et 
vous,  comme  jusque  ycy  est  accoustumé  *,  avonns  délibéré  d'en- 
voyé nostre  ambassade  ver[s]  vous,  et  icelle  déjà  députée  et  or- 
donée.  Et,  pource  que  par  cy-devant  vous  avons  tenuz  propost 
touchant  la  Parolle  de  Dieuz,  d'icelle  laisser  annuncer  libérale- 
ment 2,  et  les  adhérans  d'icelle  non  point  molester  ne  perséquuter 


1  Voyez  le  N°  344,  note  5,  et  le  N°  378,  note  3. 

2  Voyez  les  N09  378  et  388.  Une  démarche  pareille  avait  dû  être  faite 
par  les  Bernois  assez  récemment.  On  lit  dans  le  Manuel  de  Berne  du  8  mars 
1533  :  «  On  décide  d'envoyer  des  députés  en  faveur  des  Évangéliques  de 
Payerne.  »  Depuis  les  prédications  de  Viret  à  Payerne  (janvier  1533,  N°  397, 
n.  3),   les  Réformés  de  cette  ville  n'avaient  pas  non  plus  été  négligés  par 


62         LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  PAYERNE.       1  533 

—  sur  quoy  vous  nous  fictes  promesses,  esquelles  touteffoys  n'avés 
donné  lieuz,  —  à  cesle  cause,  avons  donnez  charge  et  commission  à 
nous  ambassadeurs  de  vous  admonester  de  cella,  par  exprès  com- 
mandement, sy  vous  ne  voulés  tenir  promesses  touchant  l'affaire  de 
l'Évangile,  que  [ils]  ne  vous  doibvent  donner  le  sèrement 3. 

Dont  n'est  de  nécessité  que  vous  envoyés  vostre  ambassade  par 
dever[s]  nous  ;  ains  icelle  retenés  jusque  atant  que  vous  ayés  ré- 
solus sur  les  proposites  que  nous  ambassadeurs  vous  ferons,  et, 
après  que  vous  auriés  condescendus  en  nostre  honeste  et  raiso- 
nable  pétition  et  satisfait  à  vous  promesses,  adoncq  pourrés  en- 
voyer vostre  ambassade  ver  nous,  Dimanche  xv  de  cestuy  moys 4. 
Adoncq  ne  ferons  reffus  de  jurer  l'alliance.  Datum  Venerdi  vi  Ju- 
nii  1533. 

L'Advoyer  et  Conseil  de  Berne. 

(Suscription  :)  Aux  nobles,  pourvéables,  prudans  et  discrectz 
Advoyer  et  Conseil  de  Payerne,  nous  singuliers  amys  et  très-chiers 
alliés. 


les  ministres  d'Orbe,  de  Grandson,  etc.  On  sait  par  une  lettre  du  Conseil 
de  Morat  à  celui  de  Berne,  écrite  le  dimanche  4  mai  1533,  à  huit  heures 
du  soir,  que  Farel  fut,  sur  l'ordre  des  magistrats  fribourgeois,  saisi  le  même 
jour  à  Domdidicr,  au  moment  où  il  revenait  de  Payerne  à  Morat  avec  Tor- 
teri  [1.  Hugues  Turtaz],  prédicant  d'Orbe.  Les  Fribourgeois  excusèrent 
leurs  sujets  en  disant  que  ceux-ci  avaient  cru  mettre  la  main  sur  le  ministre 
d'Orbe,  qui  avait  parlé  et  agi  contre  eux  d'une  manière  offensante.  (Arch.  de 
Morat.  Missives.  —  Manuel  du  Conseil  de  Berne  du  5  mai.  Instructions- 
Buch,  B,  fol.  252  a.  Arch.  de  Berne.  —  Kuchat,  III,  213,  où  la  date  de 
l'arrestation  de  Farel  est  erronée.) 

s  La  lettre  de  Berne  du  24  septembre  1533  nous  apprend  que  le  Con- 
seil de  Payerne  ne  fit  pas  difficulté  de  renouveler  l'alliance,  aux  conditions 
qu'avaient  fixées  les  Bernois. 

4  Ruchat  prétend  (III,  214)  que  Farel  fut,  ce  même  dimanche  15  juin, 
emprisonné  à  Payerne,  où  il  prêchait  sur  le  cimetière.  Cet  historien  a  été 
induit  en  erreur  par  une  fausse  interprétation  de  la  lettre  de  Wildermuth 
du  18  juin  1531  (N°  344). 


\  533  LES  FRÈRES  DE  BOHÈME  ET  DE  MORAVIE  AUX  ÉGLISES  VAUDOISES.  63 


420 

LES  FRÈRES  DE  BOHÊME  ET  DE  MORAVIE  ' 

aux  Eglises  vaudoises. 
De  Bohème,  25  juin  1533. 

Inédite.  Copie  contemporaine2.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

Sommaire.  La  venue  de  Daniel  et  de  Jean,  vos  députés,  et  le  récit  des  délivrances  que  Dieu 
vous  a  accordées,  nous  ont  causé  une  joie  d'autant  plus  vive  que  nous  étions  persuadés 
que  depuis  longtemps  vous  aviez  tous  été  mis  à  mort.  Nous  avons  appris  avec  dou- 
leur que  des  gens  venus  de  la  Suisse  avaient  excité  au  milieu  de  vous  un  schisme 
déplorable,  et  provoqué,  par  là  même,  une  nouvelle  persécution  contre  vos  églises. 
Cet  état  de  choses  réclame  un  prompt  remède,  et  comme  vos  députés,  quoique  dé- 
pourvus de  lettres  de  créance,  nous  ont  convaincus  de  leur  véracité,  en  nous  rappe- 
lant maint  détail  des  relations  que  nous  avons  eues  anciennement  avec  vous,  nous 
n'avons  pas  hésité  à  leur  donner  par  écrit  une  réponse  aux  questions  qu'ils  nous 
posaient  de  votre  part. 

Nous  sommes  très-surpris  de  la  crédulité  et  de  la  précipitation  dont  vous  avez 
fait  preuve  en  vous  laissant  séduire  par  les  vains  discours  de  docteurs  étrangers,  et 
en  abandonnant  si  facilement  les  doctrines  conservées  intactes  par  vos  pères  à  tra- 
vers tant  de  siècles.  Gardez-vous  donc  de  décider  des  réformes,  sans  avoir  duement 
constaté  que  telle  chose  vous  manque,  ou  que  telle  autre  vous  entrave. 


1  Pendant  les  guerres  civiles  qui  désolèrent  la  Bohême  après  la  mort  de 
Jean  Huss  (6  juillet  1415),  les  disciples  de  ce  martyr  s'étaient  divisés  en 
deux  partis  principaux:  les  Calixtins  et  les  Taborites.  Ces  derniers  ayant  été 
complètement  défaits  (1453)  formèrent  dès  lors  des  assemblées  secrètes,  et 
ils  commencèrent  à  s'appeler  les  Frères.  Ils  obtinrent  la  permission  de  s'éta- 
blir dans  un  district  nommé  Litiz,  sur  les  frontières  de  la  Bohême  et  de  la 
Moravie,  et  leur  association  prit  en  1457  le  nom  d'Unité  des  Frères  ou  de 
Frères  de  Y  Unité.  Elle  ne  comptait  pas  moins  de  deux  cents  églises  à  la  fin 
du  quinzième  siècle,  et  depuis  1490  elle  possédait  la  Bible  imprimée  en  langue 
bohémienne.  (Voyez  A.  Bost.  Hist.  de  l'Église  des  Frères  de  Bohême  et  de 
Moravie.  Paris,  1844,  2  vol.,  t.  I,  p.  57-93.) 

2  Cette  copie  incorrecte  semble  avoir  été  écrite  sous  dictée  par  une  per- 
sonne Irès-peu  versée  dans  la  langue  latine.  Pour  en  donner  l'idée,  il  suffit 


64     LES  FRÈRES  DE  BOHÈME  ET  DE  MORAVIE  AUX  ÉGLISES  YALDOISES.    1533 

Dans  notre  pays  aussi,  nous  avons  à  souffrir  de  la  part  des  novateurs,  mais  nous 
leur  résistons  victorieusement  à  l'aide  des  Écritures.  Exhortez  votre  peuple  à  les 
étudier  avec  zèle.  Ce  que  Dieu  demande  aujourd'hui,  c'est  que  tout  le  monde  re- 
vienne aux  sources  mêmes  du  salut,  si  longtemps  obscurcies  par  les  inventions  des 
hommes.  Dans  les  persécutions  et  les  tentations  de  tout  genre,  Jésus-Christ  et  ses 
très-fidèles  promesses  sont  notre  unique  consolation.  Cherchez  en  Lui  votre  force  et 
votre  appui,  et,  si  vous  devez  encore  endurer  la  tyrannie  des  adversaires,  possédez 
vos  âmes  par  la  patience. 


Gratia  Dei  in  Christo  Jesu  maneat  vobiscum,  regat  quoque  vos 
ac  conservet,  et  perducat  per  omnia  tentationum  gênera  in  vitam 
aeternam  !  Amen. 

Pervenerunt  ad  nos  in  Boliemiam 3  fratr.es  vestri,  à  vobis  missi, 
Daniel  et  Joannes 4,  quos  magno  cum  gaudio,  quum  certis  argu- 
mentis  id  docuissent,  perinde  atque  charissimos  fratres  obviis,  ut 
aiunt,  ulnis  excepimus,  vehementer  adventu  illorum  exhilarati, 
maxime  ubi,  vestro  omnium  nomine,  nos  ecclesiamque  nostram 
tam  ardenter  ac  suaviter  salutassent.  Siquidem,  nobis  non  aliter,  ad 
usque  adventum  illorum,  persuadere  potuinius  quàm  vos  omnes  de- 
letos  ac  exterminatos  dudum  fuisse5;  verùm  illi  nos  certiores  de re- 

de  citer  l'orthographe  des  mots  suivants  :  vmmiscuiscent,  is  au  lieu  de  his, 
sufficionivus  au  lieu  de  suspicionibus,  auriatis  au  lieu  de  hauriatis.  Les 
nombreuses  ratures  du  manuscrit  permettraient  même  de  supposer  que 
nous  avons  ici  une  traduction,  et  non  le  texte  original  de  l'épître  des  Frères. 
Ainsi  exhortassent  a  été  remplacé  par  exagitassent ;  le  mot  persecutionem 
(renvoi  de  note  8)  était  suivi  de  prcepostaram  (praeposteram?),  qui  a  été 
biffé.  On  lit,  au  dos  du  manuscrit  :  «  Verbum  Domini  manet  in  seternum,  » 
puis  l'indication  suivante,  qui  est  de  la  main  de  Farel  :  «  Bo'àni  ad  Va[l- 
denses].  » 

3  Le  mot  Boliemiam  a  été  raturé  de  manière  qu'on  dût  lire  Boloniam. 

4  Pierre  Gilles  dit,  au  contraire,  que  «  Daniel  de  Valence  et  Jean  de 
Molines,  venus  de  dehors  des  Vallées,  ne  pouvans  plus  empescher  l'exécu- 
tion des  résolutions  prises  dans  le  synode  d'Angrogne  [septembre  1532, 
N°  393,  n.  1  et  16],  partirent  sans  congé  de  l'assemblée  générale  et  s'en 
allèrent  en  Bohème,  »  pour  se  plaindre  aux  Frères.  (Voy.  Hist.  eccl.  des 
églises  réf.  de  Piedmont.  Genève,  1655,  p.  33.) 

3  De  ces  paroles  on  peut  inférer  que  Martin  Gonin,  envoyé  par  les 
Vaudois  en  Allemagne  sept  ans  plus  tôt  (N°  393,  n.  7),  n'avait  pas  visité 
les  Frères  de  Bohême  et  de  Moravie.  Il  faudrait  donc  remonter  plusieurs 
années  en  arrière  pour  trouver  le  moment  où  ceux-ci  avaient  été  instruits 
de  la  situation  des  Vaudois  du  Piémont  et  de  la  Provence,  et  il  semblerait 
naturel  de  placer  ce  moment  en  1497.  Ce  fut,  en  effet,  dans  cette  année-là 
que  deux  députés  des  Frères  parcoururent  la  France  et  l'Italie  (particuliè- 


1  533    LES  FRÈRES  DE  BOHÈME  ET  DE  MORAVIE  AUX  ÉGLISES  VAUDOISES.    60 

bus  vestris,  quœque  erga  vos  agerentur,  quove  modo  divina  boni- 
tas  vos  servaret  ac  custodiret  reddidere.  Unde  magno  gaudio,  bono- 
rum  omnium  authori  Deo  gralias  agentes,  perfusi  sumus. 

Prfeterea,  declaraverunt  nobis  quatenus  quidam,  Sacrarum  Scrip- 
turarum  doctrinasque  christianss  lusores  dicamus  an  corruptores, 
nescimus,  ab  Helveciis  sese  vobis  immiscuissent 6,  questionibus  va- 
riis  vos  in  eis  rébus  quai  salutem  concernunt  exagitassent,  quin 
etiam  inter  vos  dolendum  schisma,  qui  à  tôt  seculis  unum  fuistis 7, 
fecissent.  quo  mirum  in  modum  turbaremini.  Subinde  in  vos  perse- 
cutionem,  occasione  hujus  novœ  doctrinœ  istorum,  obortam  s,  com- 
memorarmt.  Super  quo  non  potuimus,  commiserali  sortem  hanc 
vestram,  non  plurimùm  indolescere.  Proinde  proposuere  nobis  cer- 
tas  questiones  et  articulos 9,  petentes  nomine  vestro  eorum  declaratio- 
nem,  quidque  nos  in  iis  sentiamus,  ut  etiam  scriptis  nostris  vobis 
significaremus. 

lis  omnibus,  tum  quœ  petalis,  tum  quee  apud  vos  agerentur,  per 
jam  dictos  fratres  vestros  intelleclis,  non  parum  animis  conster- 


rement  le  Piémont),  pour  rechercher  s'il  s'y  trouvait  des  églises  dont  la 
doctrine  fût  conforme  à  la  leur.  Ces  députés  emportèrent  plusieurs  lettres 
des  Vaudois,  écrites  eu  latin  et  adressées  aux  Frères,  qui  purent  ainsi  être 
informés  des  violentes  persécutions  endurées  par  leurs  coreligionnaires  des 
Alpes  eu  1475  et  148S.  (Voyez  dans  la  «  Real-Encyklopadie  >  du  Dr  Herzog 
l'article  que  ce  théologien  a  consacré  aux  Vaudois,  t.  XVII,  p.  520.  — 
Gilles,  op.  cit.  p.  22-28.) 

6  Allusion  à  Farel,  Saunier  et  Olivétan,  qui  étaient  en  effet  venus  «  de 
la  Suisse,  »  mais  sur  la  demande  des  Vaudois.  (Voy.  le  N°  393,  n.  1,  17 
et  29,  et  le  post-scriptum  du  N°  415.) 

7  Les  églises  vaudoises  font  remonter  leur  origine  jusqu'aux  premiers 
siècles  de  l'ère  chrétienne  ;  mais  la  plupart  des  historiens  qui  se  sont  occu- 
pés récemment  de  cette  question  leur  donnent  pour  fondateur  Pierre  Waldo, 
qui  vivait  à  Lyon  dans  la  seconde  moitié  du  douzième  siècle.  (Voy.  Dieck- 
hoff.  Die  Waldenser  im  Mittelalter.  Gôttingen,  1851.  —  J.-J.  Herzog.  Die 
romanischen  Waldenser.  Halle,  1853.  —  Le  même.  Real-Encyclopiidie,  art. 
Waldenser.  —  Clément  de  Faye.  L'Église  de  Lyon,  1859.) 

8  Après  avoir  mentionné  la  persécution  dirigée  contre  les  Vaudois  du 
Piémont  en  1500,  l'historien  P.  Gilles  n'en  cite  pas  d'autre  que  celle  qui 
éclata  en  1534  (op.  cit.  p.  29  et  36).  Il  s'agit  doue  ici  des  rigueurs  exercées 
depuis  le  commencement  de  l'année  1533  contre  les  Vaudois  de  la  Provence 
(Voy.  le  N°  415,  n.  21). 

9  Ce  dut  être  une  exposition  orale,  car  la  suite  montre  que  Daniel  de 
Valence  et  Jean  de  Mohnes  n'avaient  apporté  aucun  écrit  au  nom  des 
Vaudois. 

T.  III.  R 


66  LES  FRÈRES  DE  ROHÈME  ET  DE  MORAVIE  AUX  ÉGLISES  YALDOISES.  1  5H3 

nati  sumus,  facile  conjecturantes  rerum  vestrarum  statum  et  con- 
dilionem,  non  modo  hujus  temporis  sed  etiam  in  futuruni,  nisi 
mature  rébus  vestris  consulueritis.  Et  quanquam  scripta  vestra,  seu 
literœ  multo  nobis  fuissent  gratissimœ,  nïkilominus  Legatis  [h]is  ves- 
tris —  post  ubi  nobis  bona  fide  jam  fratruin  nostrorum  ante  mul- 
tos  annos  ad  vos  professionem,  jam  etiam  vestrorum  vicissim  ad 
nos 10,  atque  id  quidem  ex  nomine  recensuissent,  tum  etiam  itine- 
ris  hujus  tam  longi  intercapedinem  variosque  casus  secum  ipsi  ex- 
pendentes,  —  ftdem  indubitatam  dedimus,  vos  quoque  nobis  suspi- 
cionibus  expurgatos  sive  excusatos  habuimus.  Yolis  denique  vestris 
per  eosdem  nobis  declaratis,  pro  nostra  virili  respondimus  :  de 
quibus  quidem  omnibus  ipsi  vos,  tum  voce  viva,  tum  etiam  scriptis 
nostiïs  oblatis  ",  reddent  certiores.  Intérim  cbarilatem  vestram 
precantes,  ut  quicquid  id  rerum,  sive  voce,  seu  scriptis  nostris,  obla- 
tum  ab  illis  nomine  nostro  fuerit,  boni  œquique  consulalis 12,  at- 
que, ex  animi  candore  ac  dexteritate  quo  et  nos  vestros  habuimus 
excepimusque  (vobis  in  nullo  [eorum]  quai  salutis  vestree  sunt, 
quicquid  sumus  aut  unquam  fuerimus,  defuturi),  suscipiatis  ro- 
gamus. 

Verùm  enimvero  nonparva  tenet  admiratio,  quôd  tam  cita  passiestis 
vobis  ab  iis  imponi  quorum  ne  vel  minimum  fidem  antehac  explora- 
tam  habueritis  13,  tôt  seculis  immobiliter  unà  cum  patribus  vestris 

10  Nous  supposons  qu'il  s'agit  des  communications  qui  avaient  été  échan- 
gées, relativement  à  la  doctrine,  entre  les  Vaudois  et  les  Frères  de  Bohême 
(Voy.  note  5)  ;  à  moins  qu'on  ne  doive  lire  profectionem,  au  lieu  de  profes- 
sionem. 

11  Cette  pièce,  qui  renfermait  une  réponse  détaillée  aux  questions  des 
deux  ministres  vaudois,  n'a  pas  été  conservée. 

12  A  la  réception  de  la  présente  lettre  (dit  Pierre  Gilles,  op.  cit.  p.  35), 
«  l'assemblée  générale  des  pasteurs  et  autres  conducteurs  des  églises  des 
Alpes...  fut  convoquée  au  Val  St.-Martin  pour  le  15  d'Aoust  1533,  où  fut... 
reconu  que  les  dits  de  Bohème,  pour  n'avoir  esté  bien  informés  de  tout, 
les  exhortoyent  de  faire  ce  qu'ils  avoyent  desjà  fait  presque  de  poinct  en 
poinct...  L'assemblée  ayant  derechef  bien  pesé  le  tout,  la  conclusion  faite 
l'année  précédente  en  Angrogne  fut  confirmée,  et  fut  respondu  à  la  Lettre 
des  Pasteurs  de  Bohême  selon  la  vérité  du  faict.  » 

13  Les  Frères  ignoraient  sans  doute  les  conférences  que  Georges  Morel 
(N°  395,  n.  7)  et  Pierre  Masson,  deux  ministres  des  Vaudois  de  Provence, 
avaient  eues  en  1530  avec  Oecolampade  et  JBucer.  Nous  pouvons  ajouter 
qu'ils  s'entretinrent  aussi  avec  Farel  et  Berihold  Halïer,  comme  cela  res- 
sort de  ce  fragment  de  la  lettre  de  Georges  Morel,  écrite  dans  le  dialecte 
des  Vaudois  provençaux  :  «  Donca  nos  sen  vengu  premierament  a  li  teo 


1  533    LES  FRÈRES  DE  BOHEME  ET  DE  MOK.W  IE  AUX  ÉGLISES  \  AUDOISES.    67 

persistentes,  tantumque  liîc  à  vobis  desudatum  fuil  :  et  ecce  ab  eis 
quos  non  probastis,  non  ad  plénum  examinastis  spiritus  illorum, 
tam  repente  discindi  vos  ob  quasdam  illorum  persuasiunculas  per- 
misistis  !  Dispicere  debueratis  quicquid  id  rerum  fuisset,  ipsimet 
inter  vos  unanimiter  modis  omnibus,  velut  Scyllam  et  Cliaribdim 
nautae.  schisma  caventes.  Proinde,  sicubi  quid  vobis  aut  deficeret, 
aut  etiam  quomodo  futurum  esset  aut  immutare  aut  constituere, 
id  concordibus  animis  definire.  soli  inter  vos  ipsos  et  longo  exa- 
mine trutinare  ac  expendere  debueratis,  utrum  prseslaret  altero, 
ac  tandem  eligere  quod.sufficienter  probatum  esset  ac  experimento 
cognitum  bonum  baberetur;  quod  ubi  apparerel,  obviis  ulnis  exci- 
piendum  [fuisset],  siquidem  tempus  et  diligenlia  rébus  pondus  ad- 
dit,  et  primus  gradus  est  ad  cognoscendum  inlelligere  quid  babeas 
aut  non,  deinde  curare  ut  habeas.  id  verô  totumjusto  examine. 
Preeterea  ex  Deo  non  esse,  quœ  longâ  experientià  probata  sunt, 
in  vitaque  persliterunt,  tam  facile,  ob  quasdam  plausibiliter  dicta  in- 
expertaque,  relinquere.  Fuisse  ejusmodi  propbetas  et  Apostolorum 
seculo,  qui  ecclesias  corrumperent,  quasi  essent  veri  apostolli; 
contra  quos  tamen  non  aliter  quàm  in  pseudopropbetas,  in  ange- 
los  lucis  sese  transfigurantes 14,  animadvertebatur  à  piis.  Subeant 
lue  in  mentem  Galatee15!  Quid?  nonnisi  solius  Sathanse  id  opus 
esse,  qui,  quum  plus  satis  negotii  vobis  sit  à  mundi  tyrannide  at- 
que  multiformi  illius  insultu  et  persecutionibus,  etiam  intestinis 
inter  vos  mutuô  dissidiis,  quo  nibil  magis  dolendum  est,  exagite- 
mini,  imô  conficiamini  ? 

Ilaque,  quum  nos  haec  Satbana?  macbinamenta  probe  intelliga- 
mus,  obsecramus  ebaritatem  vestram  per  Cbristum,  ne  vobis  ipsis 
sitis  oneri  ;  quin  potiùs,  in  charitate  vos  supportantes,  quicquid  vo- 
bis. communi  opéra  et  judicio,  seu  déesse  seu  obesse  cognoveritis,  re- 
formate, habito  lum  sui  ipsius,  tum  etiam  aliorum,  respecta.  Sicque 
Deus  non  deerit  tam  salutaribus  conatibus,  modo  vos  fllium  ejus 
justis  passionibus  sequamini  et  comprebendatis ,  populo  illius, 
quantum  in  vobis  est,  non  defuluri. 

Nolumus  etiam  vos  ignorare  quôd  nos,  in  regionibus  nostris, 


fraire  liqual  demoran  a  Noochastcl,  a  Morant  [1.  3Iorat]  e  a  Berna,  de  li- 
qual  sen  ista  manda  aBamlcaa  Colampadio.  »  (Voyez  Herzog.  Dieromau. 
Waldenser,  p.  340,  et  le  N°  303,  n.  1.) 

14  II  Corintliiens,  chap.  XI,  v.  14. 

15  Voyez  l'Épître  de  St.  Paul  aux  Galates,  chap.  III,  v.  1,  3  et  4. 


68   LES  FRÈRES  DE  BOHÈME  ET  DE  MORAVIE  AUX  ÉGLISES  VAUDOISES.    1  533 

cum  hoc  hominum  génère  qui  nova  docraata  (sic)  disséminant 
multum  negocii  habemus,  qui,  peragrantes  regiones,  Scripturasque 
sacras  torquentes,  somnia  sua  iis  obtrudunt,  minusque  cautis  per 
id  imponunt16.  Et,  tametsi  cum  iis  voce  et  scriptis  belligeremur, 
superiores  tamen  omnibus  [h]is  spiritalibus  nequiciis  sumus.  quum 
manibus  pedibusque  innitimur  testibus  sacris  in  quovis  argumento 
fidei,  citra  quantùmcunque  plausibilia  glossematta  hominum.  Qua- 
propter,  et  in  id  vos  commonefacere,  sed  et  consulere  audemus, 
quatenus  textibus  sacris  diligenter  incombatis  (sic),  populum  quo- 
que  vestrum  in  idem  adhortemini,  ut  iis  utroque  pede  insistât  at- 
que  inhsereat.  Quanto  enim  iis  fervidius  incuhuerit,  tanto  superior 
omnium  istorum  sycophantarum  nugamentis  seu  glossematibus, 
sint  etiam  quantumvis  verisimilia,  futurus  est.  Idnunc  Deus  requlrit 
ut  omnes  ad  textus  sacros,  velut  ad  ipsos  salutis  suce  fontes,  redeant17. 
Satls  superque  jam  multls  seculis  cum  ils  lusum  est,  et  quidvis  ex  iis 
nugatum,  atque  adeô  obscura[run]t  eas  suis  commentationibus,  ut 
pree  illis  nihilli  essent,  proque  bullis  haberentur,  sola  humana 
glossematta  regnarint.  Sycophantœ  verô  nunc  non  aliud  moliantur 
[1.  moliuntur]  quàm,  ubi  Scriptura  pro  illis  steterit,  utamplectuntur 
[1.  amplectantur].  Ubi  autem  remurmurat,  hanc  miris  modis  tor- 
quent,  frementesque  suis  deservire  cogunt,  ac  illius  loco  tenebras 
suas  offundun[t].  In  iis  verô  omnibus  persecutionibus,  tribulatio- 
nibus,  tentationibus  à  Demone,  à  pseudoprophetis  atque  mundi 
tyrannide  ssevientibus,  nusquam  quicquam  consolationis  fieri  potest 
quàm  in  solo  Christo  Jesu,  In  llllusque  fidelissimis  promissionlbus  : 
qui  quidem  non  solùm  isthsec  omnia  prœdixerit,  sed  etiam  in  fide 
illius  perseverantibus  ingentia  pollicitus  est,  centuplum  etiam 
accepturos  ac  vitam  seternam  habituros  1S. 

Proinde,  et  vos  quoque,  in  iis  omnibus  quse  vos  pra?[munt]  ma- 
lis,  in  Eum  fidite,  ancoram  figïte  in  Illius  verissimis  promissis.  Po- 


IG  II  s'agit  des  Anabaptistes,  3t  nou  des  Luthériens.  Luther  témoignait 
la  plus  grande  sympathie  pour  les  Frères  de  Bohême,  depuis  qu'il  était 
entré  en  relation  avec  eux  (1522).  En  1533  il  avait  fait  imprimer  à  Wittem- 
berg  leur  Confession  de  foi,  en  y  joignant  une  préface  dans  laquelle  il  di- 
sait que  les  Frères  méritaient  d'être  chéris,  respectés  et  accueillis  de  tous 
les  vrais  Chrétiens.  (Voy.  Bost,  op.  cit.  I,  92.  —  Comenii  Historia  Fratrum 
Bohemorum.  Halse,  1702,  p.  22-23.) 

17  Les  réformateurs  venus  de  la  Suisse  avaient  donné  aux  Vaudois  le 
même  conseil  (N°  393,  n.  19). 

,s  St.  Marc,  chap.  X,  v.  30. 


1 533     LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  l'ÉVÊQUE  DE  GENÈVE  [ET  AU  CONSEIL].      09 

tens  enim  est,  quum  libitum  fuerit  illi,  protinùs  eripere,  atque  tum 
maxime  ubi  omnia  humana  praesidia  defuerint.  Fides  enim  evan- 
gelica  in  tenlationibus  auro  purior  preeciosiorque  redditur  19.  pro 
qua,  jam  omnibus  adversariis  potestatibus  hanc  impetentibus,  de- 
pugnetis.  Ubi  enim  Verbum  Dei  tyrannidem  adversariorum  ves- 
trorum  emollire  non  poterit,  caussà  vestrà  Deo  commendatà,  in 
patientia  animas  possidere20  vos  oportebit.  Deus  autem,  totius 
boni  aiithor  et  funs  (sic)  -1,  eam  sapienliam  eruditionemque  vobis 
adaugeat,  qualenus,  obortis  iis  erroribus,  contristantes  qui  vos 
rectà  petunt,  clariorem  Evangelii  cognitionem  in  dies  [n]auriatis 
per  Jesum  Christum  Dominum  nostrum  !  Datum  ex  Bohemia  pos- 
tridie  divi  Joannis  Baptista3,  Anno  .1.5.3.3. 

FRATRES  PRESBYTERI  PER  BOHEMIAM 
ET  MORAVIA»!  "  EvANGELIUM  DEPREDICANTES. 


421 

le  conseil  de  berne  à  l'Évêque  de  Genève  '  [et  au 

Conseil  ']. 
De  Berne,  8  juillet  1533. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  MM.  de  Berne  se  plaignent  de  ce  que,  sur  les  instances  des  parents  de  fer 

19  I  Pierre,  chap.  I,  v.  7. 

20  St.  Luc,  chap.  XXI,  v.  19. 

21  Jacques,  chap.  I,  v.  17. 

22  Bohemiam  a  été  changé  en  Boloniam.  Les  mots  et  Moraviam  ont  été 
complètement  biffés,  puis  rétablis  au-dessus  par  une  autre  main. 

1  Pierre  de  la  Baume,  prince-évêque  de  Genève  depuis  le  21  janvier 
1521,  est  surtout  connu  par  les  luttes  fréquentes  qu'il  eut  à  soutenir  contre 
ses  sujets  pour  le  maintien  de  son  autorité  temporelle.  Les  intérêts  de  la 
religion  occupent  peu  de  place  dans  les  actes  officiels  de  ce  prélat  jusqu'en 
1533.  Il  avait  quitté  sa  ville  épiscopale  le  1er  août  1527,  et  il  y  rentra  le 
1er  juillet  1533,  à  la  demande  des  Fribourgeois,  mais  pour  deux  semaines 
seulement.  (Voyez  L.  Sordet.  Mém.  sur  les  lettres  de  P.  de  la  Baume,  dans 
les  Docum.  publiés  par  la  Soc.  d'IIist.  de  Genève,  t.  II,  p.  1-20.  —  Journal 
du  syndic  Balard,  p.  126.  —  Lettre  de  Fribourg  à  l'Évêque  du  29  mai  1533, 
dans  les  Arch.  de  la  Soc.  d'Hist.  du  canton  de  Fribourg,  t.  II,  p.  129.) 

1  La  lettre  destinée  au  Conseil  étant  conçue  dans  les  mêmes  termes  que 


70      LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  L'ÉVÊQUE  DE  GENÈVE  [ET  AU  CONSEIL].     1  533 

le  chanoine  Werly,  on  a  emprisonné  plusieurs  personnes,  et  ils  prient  l'Évêque  [et  le 
Conseil]  de  faire  en  sorte  que  ceux-là  seulement  qui  sont  cause  de  la  mort  du  dit 
chanoine  soient  poursuivis  en  justice. 

Révérend  Seigneur  ! 

Nous  summes  par  nous  ambassadeurs,  que  sont  en  vostre  ville 
de  Genesve,  advertis  des  occurrants  que  ces  jours  sont  passés,  à 
cause  de  l'instance  que  les  parents  etamysdefeuz  le  chanoine  Wernlij 
ont  faicte3;  dont  aulcuns,  comme  le  S1  de  Torens*,  N.[oblé]  Wan- 


celle  qui  est  adressée  à  l'Évêque,  il  est  inutile  de  la  reproduire  Elle  se 
trouve  dans  les  Archives  de  Genève  et  porte  la  note  suivante  du  secrétaire  : 
«  Recep.  10  Juillet  1533.  » 

3  Le  procès  auquel  avait  donné  lieu  le  meurtre  de  Werly  (N°  41G,  n.  22) 
n'avait  pas  abouti.  Après  un  emprisonnement  de  quelques  semaines,  le  tri- 
bunal mit  successivement  en  liberté,  du  16  juin  au  1er  juillet,  Claude  de  Ge- 
nève, Claude  Salomon,  Jacques  Fichet,  Henri  Dolen,  Antoine  Darbexj  et 
Jean  Rosetta.  Cependant  l'arrestation  du  principal  accusé,  Pierre  Comberet 
(N°  416,  n.  21),  n'avait  pas  eu  lieu,  bien  qu'elle  eût  été  décrétée  le  16  mai. 
Il  s'était  sans  doute  réfugié  dans  le  couvent  de  Plain-Palais,  où  il  fut  saisi 
seulement  le  17  juillet  (Voy.  le  Reg.  du  Conseil  aux  dates  sus-inentionnées, 
et  au  20  et  23  juin).  L'Évêque  P.  de  la  Baume,  qui  était  revenu  à  Genève 
le  1er  juillet,  se  décida,  sur  la  requête  des  parents  du  chanoine  défunt,  à 
évoquer  l'affaire  à  lui,  et  il  fit  procéder  à  de  nouvelles  arrestations  (Voyez 
notes  4-6).  Mais  son  intervention  fut  repoussée  par  les  Genevois,  dont  les 
franchises  accordaient  aux  Syndics  la  connaissance  des  causes  criminelles  ; 
toutefois  ils  consentirent  à  recommencer  une  enquête  judiciaire.  Les  Ber- 
nois ayant  été  informés  par  les  députés  qu'ils  avaient  à  Genève  de  la  re- 
prise du  procès,  intervinrent  auprès  du  prince-évêque,  comme  auprès  des 
magistrats,  pour  que  ce  procès  fût  conduit  avec  impartialité. 

Affirmer,  comme  l'a  fait  Froment  (Actes  et  Gestes,  p.  61-62),  que  Pierre 
de  la  Baume  voulait  «  extirper  et  arracher  ceste  hérésie  et  secte  luthé- 
rienne, »  ou  comme  M.  Merle  d'Aubigné,  qui  adopte  et  amplifie  cette  thèse 
(Hist.  de  la  Réformât,  au  temps  de  Calvin,  t.  III,  pp.  577,  580  et  600),  qu'il 
voulait  «  se  débarrasser  par  le  glaive  des  principaux  soutiens  de  la  Ré- 
formation et  de  la  liberté,  »  à  l'insçu  de  MM.  de  Berne,  —  c'est  se 
mettre  en  contradiction  avec  les  faits,  tels  qu'ils  ressortent,  soit  des  lettres 
mêmes  écrites  par  les  Bernois  à  l'Évêque  et  aux  magistrats  de  Genève,  soit 
des  procès-verbaux  du  Conseil.  (Voy.  le  Reg.  du  Conseil  du  5  au  12  juillet, 
et  les  notes  2,  6,  8  et  9.) 

4  Philibert  de  Compois,  seigneur  de  Thorens  près  d'Annecy,  était  chaud 
partisan  de  la  Réforme.  Trois  jours  après  l'émeute  du  4  mai,  le  Conseil 
l'avait  prié  de  se  retirer  dans  ses  terres,  jusqu'à  ce  que  la  ville  fût  pacifiée. 
Pendant  qu'il  était  prisonnier  à  Genève  (du  5  juillet  au  8  août),  le  comte  de 
Genevois  s'empara  de  tous  ses  biens,  et  ce  fut  vainement  que  les  Bernois 


1  533     LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  L'ÉVÊQUE  DE  GENÈVE  [ET  AU  CONSEIL].      7 1 

délit 5  et  aultres,  sont  mis  et  détenuz  en  prison  °.  Dont  vous  supplions 
vouloir  bien  considérer  l'affaire,  et  en  cestuy  endroit  user  de  bé- 
nignité, et  non  permettre  que  à  personne  soit  faicte  force,  ains  le 
cours  de  justice  ayt  lieuz,  —  considérant  la  conséquence,  et  que, 
à  nostre  semblant  [c.-à-d.  h  notre  avis],  est  chose  bien  estrange 
que  Ton  doije  emprisonier,  à  l'apétit  des  dits  parens,  ung  ches- 
cungs,  et  procéder  en  tieul  affaire  par  force  d'armes,  comme  les 
dits  parens  font 7. 

Pour  autant  y  veillés  avoir  advis,  que  justice  contre  ceulx  que  sont 
cause  du  dit  homicide  ayt  lieuz,  et  les  innocents  [ne  soient]  point  mo- 
lestez, comme  droit,  raison  et  équité  le  requièrent.  En  quoy  nous, 


requirent  le  duc  de  Savoie  et  le  roi  de  France  de  réparer  cette  injustice. 
(Voy.  Jeanne  de  Jussie,  op.  cit.  p.  71-72.  —  Lettres  de  Berne  du  28  sept, 
et  du  18  déc.  1533.  Weltsche  Missiven-Buch.)  M.  Merle  d'Aubigné,  qui 
place  Philibert  de  Compois  au  nombre  des  Évangéliques  (op.  cit.  III,  579), 
fait  du  même  personnage,  sous  le  nom  du  Sgr.  de  Thorens,  un  des  plus  ar- 
dents ebampions  de  la  cause  catholique  (ibid.  529  et  536). 

;i  Pierre  Wandel,  frère  de  feu  Robert  Wandel,  ancien  secrétaire  du 
Conseil  de  Genève  (Voy.  t.  II,  au  bas  de  la  p.  487). 

6  Voici  les  noms  des  autres  prisonniers  :  Claude  de  Genève,  Jean  Pécolal, 
Amy  Perrin,  Jean  Rosctta,  Jean  Veillard,  Dominique  Darlo  et  Jacques 
Fichet.  La  femme  de  Jean  Cbautemps  était  aussi  détenue,  parce  qu'elle 
avait  assisté  à  l'agonie  du  chanoine  Werly  (Voyez  le  N°  416,  note  20,  à 
comparer  avec  l'enquête),  et  non  point,  comme  on  l'a  prétendu,  pour  tenir 
la  place  de  son  mari  fugitif  (Merle  d'Aubigné,  op.  cit.  III,  582). 

Froment  (loc.  cit.)  place  inexactement  Claude  Salomon,  surnommé  Faste, 
Henri  Dolen,  Anthonin  Darbey  et  Aimé  Levet  au  nombre  des  personnes 
emprisonnées  sur  l'ordre  de  l'Évêque.  Les  trois  premiers,  qui  avaient  été 
libérés  par  les  Syndics  avant  l'arrivée  de  P.  de  la  Baume  (Voy.  n.  3),  n'eu- 
rent pas  à  subir  une  nouvelle  détention.  Quant  à  Aimé  Levet,  ce  fut  unique- 
ment à  l'instance  des  parents  de  Werly  et  des  chanoines,  qu'il  fut  arrêté  au 
commencement  du  mois  d'août,  en  dehors  du  territoire  genevois,  et  retenu 
prisonnier  au  château  de  Gaillard.  (Voyez  le  Registre  du  Conseil,  7  et 
12  juillet,  6,  7,  8  et  12  août.  —  Lettre  de  Berne  du  12  septembre  au  Juge 
de  Chablais.  Weltsche  Miss.  Buch.  Arch.  bernoises.  —  Jeanne  de  Jussie, 
loc.  cit.) 

7  C'est  probablement  une  allusion  aux  actes  de  violence  dont  on  était 
menacé  aux  environs  de  Genève  par  une  troupe  de  SO  Fribourgeois  armés 
et  qui  avaient  pour  chefs  Jacques  et  Gaspard  Werly,  frères  du  défunt  cha- 
noine (Voy.  le  Reg.  du  Conseil,  6  et  7  juillet).  Du  18  au  22  août,  le  Con- 
seil de  Fribourg  leur  fit  écrire  trois  fois,  pour  les  inviter  à  n'user  d'aucune 
voie  de  fait  et  à  consentir  à  ce  que  le  prisonnier  de  Gaillard  [Aimé  Levet. 
Voy.  fin  de  la  note  6]  fût  élargi  sous  caution  (Manuel  de  Fribourg). 


72  JEAN  STURM  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.  1533 

de  nostre  costé,  nous  voulons  employer,  comme  à  nous  dits  am- 
bassadeurs de  ce  avons  donné  charge  8,  et  [comme]  le  debvoir 
qu'avons  à  cause  de  la  bourgeoisie  le  pourte.  Ce  faisant  nous  ferés 
grand  plaisir  à  déservir,  aydant  Dieuz,  auquel  prions  vous  donner 
prospérité.  Datum  vin  Julii..  Anno.  etc..  xxxm  J. 

L'Advoyer  et  Conseil  de  Berne. 

(Suscriplion  :)  A  Révérend  Seigneur  Monsieur  de  Genesve,  nos- 
tre honnoré  Seigneur. 


JEAN  sturm  4  à  Martin  Bucer,  à  Strasbourg. 
(De  Paris)  23  août  1533. 

Autographe.  Archives  du  séminaire  protestant  de  Strasbourg. 
A. -G.  Strobel.  Hist.  du  Gymnase  protestant  de  Strasbourg,  1838, 

p.  106-109. 

Sommaire.  Prédications  de  Gérard  Roussel  à  Paris,  dans  le  palais  du  Roi,  malgré 
l'opposition  des  docteurs  de  la  Sorbonne.  Ceux-ci,  voyant  leurs  plaintes  mal  accueil- 
lies, ont  tonné  en  chaire  contre  les  Luthériens,  le  Roi,  la  reine  de  Navarre  et  l'é- 
vêque  de  Paris.  Le  peuple  a  commencé  à  s'agiter.  Les  théologiens  ont  voulu  intenter 
à  Roussel  un  procès  pour  hérésie  ;  mais  le  Roi  s'en  est  réservé  le  jugement,  et,  après 
s'être  assuré  que  les  prêcheurs  séditieux  étaient  les  instruments  de  Beda,  il  les  a 
exilés  de  Paris  tous  ensemble.  Les  hommes  éclairés  accordent,  pour  la  plupart, 
toutes  leurs  sympathies  à  Roussel. 

....  Hanc  epislolam  vclui  initium  esse  noslrae  conjunctionis.  Ea 
autem  ad  te,  praesertim  hoc  tempore,  scribam  quae  tibi  existimo 

s  Les  députés  bernois  durent  arriver  le  4  juillet  à  Genève,  où  ils  paru- 
rent en  Conseil  le  lendemain. 

9  On  lit  dans  la  lettre  que  MM.  de  Berne  adressèrent  le  1G  juillet  sui- 
vant à  l'Évêque  :  «  Nous  avons  receuz  vostre  response  sur  nous  lectres,  de 
laquelle  nous  contentons.  »  (Minute  orig.  Archives  bernoises.) 

1  Voyez  sur  Jean  Sturrn  le  N°  418,  note  23. 


1533  JEAN  STURM  A  MARTIN  BUCEH.  A  STRASBOURG.  73 

grata  esse  ad  audiendum  et  milii  ad  commemorandum,  el  jam  pri- 
dem  scripsissem,  si  data  fuisset  occasio. 

Beda,  septimo  Kal.  Junias8,  cum  duobus  sui  ordinis  theoiogis. 
in  exiiium  coactus  est  proficisci,  idque  ex  mandalo  regio.  Et,  quo- 
niam  illud  novum  est,  rem  quemadmodum  gesta  est  totam  expo- 
nam 3.  Regina  Navarrœ  jam  per  annos  aliquot  apud  se  liabet  Ge- 
rardum  Rufum.  Is,  cum  Jacobo  Fabro,  non  ita  olim  exulavit  apud 
Argentinos4:  uterque  etiam  ex  intercessione  Reginœ  suntrevocati 
in  patriam 5.  Jam  Faber  est  apud  Aquitanos  n,  ibi  se  tutatur  adver- 
sus  theologorum  tyrannidem.  flM/MsReginamsequitur,etpermen- 
ses  Marlium  et  Aprilem  concionatus  est  apud  populum  in  ipsâ  re- 
giâ  ',  magno  hominum  concursu  et  comprobatione  multorum,  sed 
tbeologorum  calumnià.  Primùm  enim  nomen  ejus  apud  Regem 
deferebant  :  ab  boc  contem[p]ti  sunt  et  rejecti  ad  Cancellarium  8  ; 
ab  illo  peraîque  turpiter  remissi  ad  Episcopum  9  :  hic  apertè  eos 
illusit.  Attentaverunt  etiam  primum  prœsidem  10.  Is.  cum  Régis  con- 
silium  cognoverat,  tametsi  amicus  sil  Sorbonœ,  tamen  deseruit 
caussam. 

Ubi  igilur  isti  Thersitœ  destitua  essent  omnium  auxilio,  et  hi  qui 
possent  nollent,  et  qui  cuperent  non  auderent  adesse,  ccsperunt  vo- 
ciferari  adversùm  hœreticos  et  Luther anos,  Regem  etiam  cumsorore 
et  Episcopum,  quôd  suo  silentio  comprobarent  taies  se  esse  quales 
defenderent,  publiée  taxaverunt  u.  Omnia  baîc  delata  sunt  ad  Epis- 
copum et  Reginam  Navame.  Beda  interea  solicitabat  literis  suos 
oratores,  quasi  ex  scito  tbeologorum,  ne  cessarent  in  suis  deme- 
goriis  concitare  populum.  Ad  extremum  populus  etiam  mussitare 
et  minaiï  cœpit  ;  typographi  in  suis  pegmatis,  scripturâ  et  picturà, 

2  Le  lundi  26  mai  1533. 

3  Comparez  le  récit  de  Sturm  avec  celui  de  Siderander  (N°  418). 

4  Voyez  le  N°  168,  note  1. 

5  Voyez  le  N°  171,  renvois  de  note  5  et  6. 

G  C'est-à-dire  à  Nérac  (N°  291,  n.  5,  et  Nn  363,  n.  2). 

7  C'est-à-dire  au  Louvre,  pendant  l'absence  de  François  I. 

8  Antoine  du  Prai  (N°  202,  n.  1  et  N°  246,  renv.  de  n.  3).  En  1528  il 
était  devenu  évêque  d'Alby,  et  deux  ans  plus  tard  le  pape  l'avait  élu  comme 
son  légat  perpétuel  en  France. 

9  Jean  du  Bellay,  évêque  de  Paris  dès  le  20  septembre  1532. 

10  Pierre  Liset  (N°  104,  renvoi  de  n.  15),  nommé  premier  président  e 
1529. 

11  Ces  prédications  furieuses  commencèrent  «après  Pâques,»  c'est-à- 
dire  après  le  13  avril  (N°  418,  n.  15). 


74  JEAN  STURM  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.  1533 

et  ludo  scenico,  laeserunt  Reginam 12,  et  omnino  res  cœpit  esse 

0O/JUj3û)§>7Ç. 

Interea  collegère  theologi  articnlos 13.  Rex  Navarrœ,  inslinctu 
uxoris,  et  Episcopus  Regem  solicitare,  et  rem  exaggerare,  Berquini 
memoriam  et  eam  crudelitatem  renovare 14,  et  seditionis  crimen  in- 
tendere.  Placuit  Régi  ut  Beda,  cum  suis  oratoribus,  et  Gerardus 
Rufus,  quisque  in  suis  eedibus,  tanquam  privatâ  custodià,  detine- 
retur15,  ut  qusereretur  de  hœresi  et  de  seditione  quae  adversus  Re- 
gem concilata  videretur.  De  hœresi  paruui  est  actum,  propter  pos- 
tulatum  theologorum.  Petebnnt  enim,  ut  suo  more  quœstio  fieret  de 
hœretico,  et  ea  esset  judicii  forma  quâm  ipsi  contra  Berquinum  et 
alios  instituissent,  ita  tamen,  —  ne  accusatores  viderentur,  sed  opi- 
natores  tantùm  et  inquisitores  haereticae  pravitatis  —  ut  immunes 
essent,  quoquo  modo  jndicaretur,  à  pœnà.  Hœc  postulata  Rex 
prorsus  improbavit,  et  judicium  de  hœresi  sibi  reservavit  donec  re- 
diret;  nam  jam  tum  Lugduni  erat18,  venturus  in  collocutionem 
cum  Papa.  De  seditione  quœri  et  animadverti  voluit. 

Eodem  eliam  tempore  theologi  collectos  suos  articulos  Régi  exhi- 
buerunt 1".  Rex,  quoniam  erat  exacerbatus,  irrisit  tanquam  Arcadi- 
corum  pecorum.  Reditum  est  inde  Lntetiam.  Rogati  sunt  illi  qui 
conciones  habuerunt,  cujus  vel  permissu  vel  jussu  populum  com- 
movissent  et  lœsissent  Regem  ;  responderunt  :  «  ex  consensu  et 

12  Ces  pièces  satiriques  composées  contre  Marguerite  de  Navarre  n'ont 
pas  été  conservées. 

13  Ce  fut  sans  doute  dans  le  courant  de  mai  que  la  Sorbonne  réunit  ces 
articles  qui  devaient  servir  de  base  à  l'accusation  d'bérésie  contre  Roussel 
(Voyez  la  note  16  à  comparer  avec  le  N°  417). 

14  Les  juges  de  Louis  de  Berquin  avaient  instruit  son  procès  avec  une 
grande  précipitation,  et  ils  s'étaient  hâtés  de  le  condamner  au  supplice  du 
feu,  pendant  l'absence  du  roi  François  I.  (Voyez  le  N°  254,  X°  259,  notes 
4-7,  et,  dans  Le  Clerc,  p.  1468,  la  lettre  d'Érasme  à  Abel  Colster  du  25  avril 
1533,  que  nous  avons  oublié  de  citer  dans  le  tome  II.) 

13  Siderander  (N°  418)  place  cet  ordre  du  Roi  dans  la  seconde  moitié 
d'avril,  «non  ita  multo  post  Pascbam,  »  cette  fête  tombant  cette  année-là 
sur  le  13  avril. 

,G  François  I  paraît  être  arrivé  à  Lyon  vers  le  milieu  de  mai  (Voy.  la 
fin  du  N°  418).  C'est  dans  cette  ville  qu'il  reçut  le  7  juin  une  requête  de 
la  Sorbonne  (Voy.  N°  418,  n.  36). 

17  On  peut  conclure  de  ce  passage  que  la  lettre  de  Marguerite  de  Na- 
varre relative  au  procès  de  Gérard  Roussel  (N°  417)  fut  écrite  vers  la  même 
époque,  c'est-à-dire  vers  la  fin  de  mai  1533. 


L'1 


1333       JEAN  STURM  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.         75 

placito  Magistrorum  Nostrorum.  »  Theologi,  cum  pericula  animad- 
verterent,  negabant18.  Tandem  compertum  est  omnia  haec  à  Beda 
esse  conflata.  Statim  allatœ  literœ  regiœ  ;  ex  senatusconsulto  confir- 
matum  est,  ut  Beda  atque  très  Mi  reliqui  ■primo  quoque  tempore 
exularent,  ut  interea  dum  Rex  abesset,  dum  non  revocarentur,  bi- 
dui  abessent  à  Lutetià  19.  Ego  ex  certis  hominibus  audivi,  Regem 
ex  eo  esse  animo  ut  nunquam  velit  Bedam  reverti.  Vide  rerum 
comrautationem.  Prêter  senes  Priamos  et  paucos  alios,  nemo  est 
qui  faveat  istis  sacerdotibus  Phrygïis 20.  Juniores  theologi  jam  sa- 
pereincipiunt.  Gerardus  Ru  fus  ed  est  modestid,ut  multo  maxima  pars 
saniorum  judiciorum  in  ipsum  studiasuaetsua  cota  conférant. 
Salve  atque  vale.  Decimo  Kal.  Septembris  anno  M.  D.  XXXIII. 

Joan.  Sturmius. 


18  On  lit  dans  le  Registre  des  Actes  de  la  Sorbonne  à  la  date  dn  23  juin 
1533  :  «  Postulavit  Decanus  Theologiœ  ut,  nomine  publico,  mitterentur  viri 
graves  ad  Episcopi  Parisiensis  vicarios,  quô  signifiearent  per  parœcias  plebi, 
ut  si  quis  ex  prredicatione  aliquà  quadragesiraali  scandalum  aliquod  passus 
esset  ex  malesanâ  aliqiiâ  prœdicatione,  referre  cogeretur  :  quod  concessit 
Universitas.  »  (Bulseus,  op.  cit.  VI,  238.) 

19  Voyez  le  N°  418,  note  20. 

20-21  On  trouve,  dans  la  lettre  de  Bertlwld  Huiler  à  Bullinger  du  25  août 
1533,  les  détails  suivants  sur  la  demi-tolérance  dont  on  jouissait  alors  à 
Paris  et  à  Lyon  :  «  Pellicani  commentant™  publiée  Luteciœ  vendi,  Farelli 
cornes  et  frater  bac  horâ  retulit,  prœsente  Farello,  qui  vos  salvere  jubet. 
Omnia  tua  sed  clanculùm  in  omnibus  piorum  manibm  circumferuntw.  Zitin- 
(jlii  Psalterium  Lugduni,  cum  paraphrasi  Jo.  Campensis,  G[r]ijphius,  sup- 
presso  Zuinglii  nomine,  excussit.  Id  et  venditur  palam  et  imprimitur  Lute- 
ciœ. Venditur  palàm  Buceri  Psalterium  [N°  260]...  Inter  scribendum  refert 
Farellus  aliud,  nempe  Thomam  Caietanum,  Cardinalem  et  ordinîs  praedica- 
torii  generalem,  in  multis  nobis  accessisse,  de  confessione  auriculari,  de 
conjugio  sacerdotum,  de  divortio,  quod  viro  non  mulieri  admittitur,  quod 
in  ecclesiis  non  nisi  linguâ  patriâ  omnia  agantur.  Scripsitin  bpec.  Quod  cum 
Sorbonistœ  Parisienses  vellent  condemnare,  vetuit  Cancellarius  Parisinus 
ne  quid  définirent  sine  Scripturis.  Vetuit  idem  Pontifex  Sorbonistis  sub  ana- 
tbemate.  Caietani  opus  apud  Badium  impressum  est,  et  in  prima  pagina 
subscriptnm  :  «  Visa  et  approbata  per  summum  pontificem.  »  (Manuscrit  au- 
tographe. Arch.  de  Zurich.) 


76         LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  CLAUDE  DE  NEUCHATEL.       1  533 


42Ô 

le  conseil  de  berne  à  Claude  de  Neuchâtel  \ 
De  Berne,  18  septembre  1533. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  MM.  de  Berne  expriment  à  Claude  de  Neuchâtel  leur  déplaisir  de  ce  qu'il 
a  si  facilement  changé  de  croyance,  et  ils  l'exhortent  à  laisser  la  liberté  de  con- 
science à  ses  sujets  de  St. -Aubin. 

Noble,  magniffique  Seigneur,  singulier  aray  et  chier  bourgeoy! 

Vous  sçavés  qu'avons  pourté  et  euz  grands  travauls,  coustes  et 
missions,  sur  vostre  instance  et  requeste,  pour  enduisre  vous  soub- 
gectz  de  Sainct-Aulbin  à  accepter  la  saincte  Parolle  de  Dieuz  -,  — 
ce  qu'avons  très-volentier,  pour  l'avancement  de  l'honneur  de 
Dieuz,  comme  summes  entenuz,  faicl,  en  tant  que  vous  et  les  dicts 
de  Sainct-Aulbin  jusques  icy  estes  desmouré  en  bone  paix  et  tran- 
quillité par  ensemble.  De  quoy  summes  estes  très-joieulx  jusque 
atant  qu'avons  entenduz  que,  ces  jours  passés,  vous  estes  révoltez 3, 
et,  à  ïapétit  d'aulcuns  4,  estes  venu:  à  Sainct-Aulbin,  acompaignié 
du  Secrétayre  de  Frybourg  5  et  ses  complices  armés,  et  [avez]  ouvert 
les  pourtes  de  Vesglise  et  mis  en  possession  le  filz  du  dict  secrétayre 
de  la  dicte  cure,  par  force  et  contre  le  vouloir  des  paroichiens.  De 
quoy  nous  mervillions  grandement  et  en  avons  plus  grand  regrectz 
que  ne  sçauriens  disre. 

'--  Voyez  sur  Claude  de  Neuchâtel  et  sur  la  Réforme  à  St.- Aubin,  les 
Ncs  343  et  350,  et  le  N°  374,  u.  4. 

5  Se  récolter  signifiait  alors  :  retourner  à  l'ancienne  croyance. 

4  C'est  probablement  une  allusion  à  MM.  de  Fribourg,  qui  étaient  venus 
en  aide  à  Claude  de  Neuchâtel  dans  ses  embarras  financiers.  Pendant  le 
1er  semestre  de  l'année  1533,  ils  lui  avaient  prêté  la  somme  de  625  livres, 
et  lui  avaient  accordé  la  bourgeoisie  le  1G  mai  (Comptes  des  trésoriers,  et 
Manuel  du  Conseil  de  Fribourg). 

5  Antoine  Krumenstoll . 


1533         LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  GOUVERNEUR  DE  NEUCHATEL.  77 

[Nous]  eussiens  bien  pensé  que.,  veuz  et  attenduz  le  molestemenl, 
aussy  coustes  et  missions  qu'avons  eues  pour  l'amour  de  vous  au 
dict  affaire,  aussy  en  contemplation  de  l'honneur  de  Dieuz  et  du 
vostre,  vous  eussiés  mieulx  considéré  le  cas  et  non  pas  sy  facilement 
changé  coraige  et  propost.  oins  persévéré,  comme  à  homme  de  bien 
apartient,  non  obstant  les  troubles  que  par  avanture  avés  euz  à 
cause  qu'aviés  prins  l'Évangile,  desquels  Dieuz  vous  eust  bien  re- 
levez en  l'aultre  monde. 

Pour  autant,  comme  ceulx  que  desirrent  avancer  vostre  honneur 
et  prouffit  en  cestuy  et  l'aultre  monde,  vous  prions  et  admones- 
tons très-acertes  et  par  vigeur  de  la  bourgeoysie  en  laquelle  nous 
estes  entenuz,  que  à  vous  promesses  veilliés  satisfaire  et  donner  lieuz, 
et  vous  retourné  sur  le  chemin  de  vérité,  et  vous  soubgectz  de  St.-Anl- 
bin  laisser  en  tieul  estre  que  sont,  sans  le[s]  charger  touchant  la  foy 
en  leur  consciences,  ains  les  préserver  de  force,  comme  estes  en- 
tenuz, affin  que  plus  grands  inconvénients  ne  sourviènent.  Et  sur 
ce  vostre  response,  par  présent  pourteur,  sy  le  voulés  faire  ou  non, 
[pour]  en  après  y  sçavoir  mettre  ordre  nécessaire.  Datum  xvm  Sep- 
tembris,  anno  xxxiii0. 

L'Advover  et  Conseil  de  Berne. 

(Suscription:)  A  Noble,  magnifique  Seigneur  Claude  de  Neuff- 
chastel,  seigneur  de  Vaulmarcuz,  nostre  bon  amy  et  chier  bour- 


geoy. 


424 

le  conseil  de  berne  au  Gouverneur  de  Neuchâtel. 
De  Berne,  18  septembre  1533. 

inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  MM.  de  Berne  communiquent  au  Gouverneur  du  comté  de  Neuchâtel  les 
plaintes  des  Évangéliques  de  St. -Aubin,  en  le  priant  de  les  prendre  sous  sa  pro- 
tection. 

Monsieur  le  Lieutenant,  à  vous  nous  recommandons.  Hz  nous 
ont  les  gouverneurs  et  ceulx  que  Mènent  la  parthye  de  F  Évangile 


78  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  GOUVERNEUR  DE  NEUCHATEL.         1533 

à  Sainct-Aulbin,  comme  la  copie  des  lectres  cy-dedans  enclusez 
contient,  escript1.  De  quoy  vous  avons  bien  voulsuz  advertir, 
affin  que  y  mettes  ordre,  pour  obvier  à  plus  grandes  fâcheries 
et  inconvéniants,  et  nomméement,  tant  comme  lieutenant  de 
Madame  de  LongueviUe 2  vostre  mestresse,  nostre  très-chière  bour- 
geoise, aux  dicts  de  Sainct-Aîdbin  administrer  justice  contre  iceulx 
contre  lesquels  Hz  soy  plai[g]nent,  à  cause  de  la  violence,  force  et 
menasses  que  l'on  leurs  a  faict 3,  —  et  davantaige  les  préserver  et 
garder  que  cy-après  ne  soyent  ainsy  molestés  et  pressés  à  cause 
de  ce  qu'ilz  veulent  tenir  la  parthye  de  l'Évangile,  veuz  et  atten- 
duz  que,  à  l'instance  du  seigneur  de  Yaulmarcuz  nostre  bour- 
geoy,  aux  dicts  de  Sainct-Aulbin  avons  faict  remonstranses,  en 
sourte  qu'ilz  ont  accepté  la  Parolle  de  Dieuz  et  sur  cella  jusque 
icy  euz  ung  prédicant 4.  Dont  nous  mervillions  du  recoulement 
que  le  dict  S*  de  Vaulmarcuz  présentement  a  faict.  Et  à  ceste  cause 
luy  avons  escript  comme  voyés  en  la  copie  d'icelles  lettres  icy  com- 
prise 5,  laquelle  vous  avons  bien  voulsuz  envoyez  pour  y  mettre 
remède  nécessaire,  affin  que  plus  grands  inconvéniants  ne  sour- 
viènent  et  la  souverénité  de  ma  dicte  Dame  soit  gardée.  En  cestuy 
endroit  veilliés  faire  comme  en  vous  nous  confions  et  l'affaire  le 
requiert.  Datum  xvni  Septembris.  anno  xxxin0. 

L^Advover  et  Conseil  de  Berne  c. 


'  Nous  n'avons  pas  retrouvé  la  lettre  des  quatre  gouverneurs  et  des 
Évangéliques  de  St. -Aubin.  MM.  de  Berne  y  répondirent  le  18  septembre 
en  leur  envoyant  la  copie  de  celle-ci  et  de  la  précédente,  pour  les  mettre 
en  état  de  «  sçavoir  tant  mieulx  [se]  conduisre  en  l'affaire,  »  et  les  exborter 
à  «  persévérer  dans  leur  sainte  intention.  »  (Minute  orig.  Arch.  de  Berne.) 

-  Jeanne  de  Hochberg,  ducbesse  de  LongueviUe  et  comtesse  de  Neu- 
cbâtel  (N°  300,  n.  7). 

3-3  Voyez  le  N°  précédent. 

4  Claude  Clerc,  élu  pasteur  en  1531  (N°  343,  n.  7). 

i;  La  minute  a  pour  adresse:  «  Au  Lieutenant  de  Neucbâtel,  »  c'est-à-dire 
à  Georges  de  Bive,  seigneur  de  Praugins,  Grandcour  et  Genollier  (N°  269, 
n.  6).  Il  avait  épousé  Isabelle  de  Vauxmarcus,  sœur  cadette  de  la  première 
femme  de  Claude  de  Neuchâtél,  seigneur  de  Vauxmarcus,  Gorgier  et  Tra- 
vers, dont  il  est  fait  mention  dans  la  présente  lettre,  et  auquel  la  précé- 
dente est  adressée  (Voyez  G. -A.  Matile.  Musée  historique  de  Neuchâtél 
et  Valangin,  1841-1845,  t.  II,  p.  32-33). 


1533       LE  CONSEIL  DE  FRIBOURG  AUX.  ÉVANGÉLIQUES  D'YVONAND.  79 


425 


le  conseil  de  fribourg  aux  Évangéliques  d'Yvonand. 
DeFribourg,  18  septembre  1533. 

Inédite.  Copie  contemporaine.  Arch.  de  Berne. 

Sommaire.  MM.  de  Fribourg  invitent  leurs  sujets  d'Yvonand  à  s'abstenir  de  soumettre 
à  des  amendes  ceux  de  leurs  concitoyens  qui  vont  ouïr  la  messe. 

(La  coppye  des  lettres  envoyées  par  Messieurs  de  Fribourg  à 
ceulx  d'Yvonan  tenans  la  partie  de  rÉvangille  1.) 

L'Advoyé  et  Conseil  de  la  Ville  de  Fribourg.  nostre  salut  ! 

Nous  sonmes  certainement  informez  comment  aulcungz  entre 
vous  il  sont  allez  par  devers  noz  chiers  combourgois  de  Berne,  el 
leur  ont  faict  réquisition  et  demande  qu'ilz  vous  baillent  et  lais- 
sent parvenir  leurs  estatus  et  ordonnances  faictes  sus  et  contre  ceulx 
qui  aUont  ouyr  messe  et  font  contre  leur  réformation  -,  aftin  qu'il 
peulvenl  retirer  les  banc b  ou  parcbasser  le  chastoyement  envers 
les  faillain  [1.  faillants].  De  quoy  somnes  grandement  desplaysant, 
en  regardant  que  c'est  contre  l'ordonnance  et  la  libéralité  laquelle 
par  cy-devant  est  lissite  à  cbascung  :  c'est  que  chascung  il  deheusse, 
en  ces  cboses,  estre  franc 4. 

1  Voyez  sur  Yvonand  le  N"  355,  n.  3,  le  N°  356,  n.  5,  le  N°  367,  u.  3, 
le  N°  371,  n.  5,  le  N°  393,  n.  2,  les  Additions  du  t.  II,  p.  488,  et  Ru- 
chat,  III,  135,  où  l'on  apprend  que  les  Réformes  cV  Yvonand,  accompagnés 
de  Fard,  avaient  renversé  des  autels  et  des  images  dans  les  églises  de 
Grandson,  au  mois  d'août  1532. 

2  Berne  avait  exhorté  plus  d'une  fois  ses  alliés  à  suivre  son  exemple 
sous  ce  rapport  (Voy.  les  X08  253  et  368). 

5  C'est-à-dire,  les  amendes. 

4  L'ordonnance  à  laquelle  fait  allusion  le  Conseil  de  Fribourg  est  sans 
doute  celle  du  30  janvier  1532  (N°  371).  Les  Réformés  d'Yvonand  y  trou- 
vaient cependant  un  paragraphe  (X°  susdit,  renvoi  de  n.  5)  qui  autorisait 
leurs  sentiments  intolérants. 


80         ADAM  [ANTOINE  SAUNIER]  A  GUILLAUME  [FAREL,  A  MORAX].       1533 

Sur  quoy  desirons,  voulons  et  vous  commandons  par  ces  pré- 
sentes, que  il  ostés  et  entre  layssés  cieulx  ordonnances 5,  et  que  ne 
les  usés  point  en  aucune  manière,  mais  que  layssés  à  chascungson 
franc  voulloir.  Ce  faysant  nous  ferés  playsir.  Et  si  d'aventure  vous 
ne  le  vouleriés  faire,  ny  suyvir  et  accomplir,  vous  commandons 
que  venés  icy  comparoir,  par  devant  nous  et  les  ambassadeurs  de 
nous  dicts  combourgoys  de  Berne,  sus  Lu[n]di  prochainement  ve- 
nant e,  ou  que  y  soyés  par  deçà  sus  le  dict  Ludi  au  giette,  affîn  que 
il  preingnés  enformation  de  ce  que  se  pourra  sus  cest  affaire  bes- 
songner.  En  cella  ne  voullés  faire  faulte.  Datum  xvm°  Septembris, 
Anno  xxxm0. 


426 


adam  [antoine  saunier1]  à  Guillaume  [Farel,  à  Moratj. 
(De  Moirans)  22  septembre  (1533  '). 

Inédite.  Autographe.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neuchàtel. 


Sommaire.    Récit  du  voyage  de  Saunier  dans  le  Piémont  et  dans  le  Dauphiné.    Nou- 
velles des  églises  vaudoises  et  de  la  famille  de  Fard. 

Grâce  et  paix,  avecques  transquillité  de  conscience  par  Jésus, 
nostre  seul  Saulveur  ! 


3  C'est-à-dire,  les  ordonnances  renfermées  clans  l'Édit  de  Réformation 
publié  par  MM.  de  Berne  le  7  février  1528. 
6  Le  lundi  22  septembre. 

1  La  présente  lettre  et  celle  du  5  novembre  1532,  signée  du  même  nom 
et  que  nous  avons  attribuée  à  Antoine  Saunier,  ont  été  écrites  par  la  même 
main.  Toutes  les  deux  renferment  des  particularités  qui  ne  conviennent  par- 
faitement qu'à  ce  correspondant  de  Farel  (Voyez  le  renvoi  de  note  8,  et  la 
lettre  du  22  juillet  1535). 

2  Le  millésime  est  déterminé  par  les  détails  consignés  dans  les  notes  4, 
14  et  29. 


1533      ADAM  [ANTOINE  SAUNIER]  A  GUILLAUME  [FAREL,  A  MORAT].         81 

Mon  frère,  Nostre  Seigneur  m'a  conduit  jusques  là  où  sçavés  3. 
Mays  [je]  ne  me  suys  pas  trouvé  à  l'assemblée 4,  pour  ce  que  quand 
despartis  de  vous  estoyt  le  14e  d'a[o]ust 5,  aussi  mon  cheval  ne  pou- 
voit  aller,  et,  quand  fus  à  Turin,  les  estudians  «  me  retindrent  troys 
jours,  là  où  ne  perdîmes  pas  le  temps  ;  et  aussy  Hz  ne  furent  en- 
semble que  quatre  jours  ".  Toutesfoys  quelque  quantité  estoient  encore 
là,  desquieulx  j'ay  heu  des  reproches,  à  cause  de  l'imprimerie  ;  car 
Hz  disent  que  je  suys  le  promoteur  de  l'affaire,  et  que  il  y  a  ung  an 
passé  que  les  deniers  sont  deslivrés,  et  qu'il  n'y  a  rien  defaict 8.  Hz 
seriont  d'advis  de  me  bailler  la  charge  des  affaires,  et  que  je  me 
tins[s]e  au  près  de  Pierre  9,  pour  donner  ordre  aux  livres.  S'il  vous 
semble  que  cela  soit  nécessaire  et  expédiant,  il  vous  playra  leur  en 
rescrire  tout  aplein  10  [1.  à  plein]. 

De  là  m'en  suvs  venu  en  vostre  ville  n,ià  où  y  avoit  ung  mer- 


5  La  suite  du  discours  montre  que  Saunier  veut  parler  des  Vallées  vau- 
doises  du  Piémont,  qu'il  avait  visitées,  après  avoir  passé  par  Turin  et  avant 
de  se  rendre  dans  le  Dauphiné. 

4  II  s'agit  de  l'assemblée  des  pasteurs  vaudois  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut  (N°  420,  n.  12),  et  qui  fut  convoquée  au  Val  St. -Martin  pour  le 
15  août  1533. 

3  Nous  ignorons  quelle  fut  la  durée  du  séjour  de  Saunier  dans  les  Val- 
lées vaudoises,  où  nous  l'avons  laissé  à  la  fin  de  l'année  1532  (N°  393).  Nous 
ne  savons  pas  davantage  ce  que  dura  celui  qu'il  fit  en  Suisse  en  1533. 

6  Ces  étudiants  étaient  sans  doute  des  jeunes  gens  des  Vallées  vaudoises 
qui  faisaient  leurs  premières  études  à  l'université  de  Turin.  Voyez,  dans  le 
N°  393,  le  passage  où  Saunier  dit  :  «  Taurini  non  sunt  jitvenes,  »  et  le 
N°  396,  n.  1. 

7  C'est-à-dire  que  l'assemblée  des  pasteurs  vaudois  avait  pris  fin  le 
18  août  (Voyez  note  4). 

s  Ce  passage  peut  faire  croire  que  ce  n'était  pas  seulement  à  l'impres- 
sion de  la  Bible,  comme  nous  l'avons  dit  ailleurs  (N°  393,  n.  19),  que  de- 
vait être  consacrée  la  somme  de  500  écus  d'or  rassemblée  par  les  Vau- 
dois en  1532.  Il  est  plus  naturel  de  penser  que  cet  argent  devait  favo- 
riser l'établissement  d'une  «  imprimerie  »  destinée  à  publier  divers  ouvrages 
de  religion.  Les  retards  que  cette  entreprise  avait  éprouvés  faisaient  désirer 
que  la  direction  en  fût  confiée  à  Saunier  lui-même. 

9  Saunier  veut  sans  doute  parler  de  Pierre  de  Wingle,  que  déjà  nous 
avons  cru  reconnaître  dans  ce  «  Petrus  bibliopola  »  fixé  dans  le  comté  de 
Neuehâtel  en  1532  (N°  393,  n.  26). 

10  A  notre  connaissance,  on  n'a  conservé  aucune  des  lettres  écrites  par 
Farel  aux  Vaudois. 

11  La  ville  de  Gap,  distante  environ  d'une  lieue  du  hameau  des  Fareaux, 
où  était  né  Farel 

t.  in.  6 


82         ADAM  [ANTOINE  SAUNIEft]  A  GUILLAUME  [FAREL,  A  MORAT].      1533 

veilleux  bruit.  J'ay  parlé  de  nuyt  à  l'amblée  [c.-à-d.  d'emblée],  envi- 
ron deux  heures,  à  vostre  belle-seur,  la  femme  de  Gau.[chier] 12,  la 
quelle  a  fort  bon  cueur  (Dieu  le  luy  veulle  maintenir  et  augmenter!) 
et  m'a  conté  tout  V affaire.  Premièrement,  vostre  frère  est  en  pri- 
son 13  en  vostre  ville,  vous  advertissant  que  les  lettres  que  fistes 
envoyer  par  Messieurs  w  luy  ont  porté  grand  domnaige.  Car  celuy 
au  quel  fistes  escrire  print  les  affaires  tout  au  rebours  de  poil 15. 
Aussi  j'ay  entendu  que  ceulx  de  l'aullre  ville le,  tant  adversaires  ou 
aullres,  rescrirent  tout  au  contraire.  Pour  quoy  il  commanda  que 
l'on  fist  justice,  et  que  dedans  ung  moys  il  voloit  estre  adverty 
cornent  Ton  en  auroit  faict  son  debvoir,  et  nomma  les  deux  frères 
et  la  mère 17.  A  cause  de  quoy  ne  fault  que  Claude  vienne 18.  L'on 
avoit  desjà  trouvé  quatre  vin[gt]s  tesmoingz,  qui  disent  choses  mer- 
veilleuses ;  mays,  la  grâce  Dieu,  il  n'y  a  pas  deux  qui  s'acordent, 
et  il 19  les  a  tous  rejectés  et  a  fort  bon  cueur.  Hz  tâchent  de  luy 
faire  desplaisir  au  corps,  mays  Nostre  Seigneur  en  fera  selon  son 
ordonnance  et  non  point  selon  le  conseil  des  hommes. 
Après,  nr'envins  à  Ville-neuve 20,  où  parlys  à  vostre  seur  et  beau- 

12-13  Gauchier  Fard,  frère  cadet  du  Réformateur,  était  greffier  de  la 
cour  épiscopale  de  Gap.  (Voyez  Ch.  Charronnet.  Guerres  de  religion  dans 
les  Hautes-Alpes.  Gap,  1861,  p.  9.)  Nous  ignorons  l'origine  du  procès  qui 
lui  fut  intenté  par  l'évêque  du  diocèse  (Voy.  les  deux  lettres  de  Guill.  Farel 
du  25  avril  1534). 

14  Le  Manuel  du  Conseil  de  Berne  du  7  juin  1533  renferme  l'article 
suivant  :  «  On  accorde  à  [Guillaume]  Farel,  sur  sa  demande,  des  lettres  de 
recommandation  adressées  au  Boi  et  à  sa  sœur,  la  reine  de  Navarre.  On 
les  fera  transmettre  par  [l'ambassadeur  français  Lambert]  Mégret.  » 

13  Le  roi  François  I  (note  14).  Voyez  la  lettre  du  20  octobre  1533. 

16  La  ville  de  Grenoble,  siège  d'un  parlement. 

17  Les  deux  frères  nommés  par  le  Roi  étaient  sans  doute  Jean-Jacques  et 
Claude  Farel.  Le  premier  était  déjà  très-versé  dans  la  polémique  religieuse, 
puisqu'il  dogmatisait  en  1532  dans  la  ville  de  Gap  sur  la  messe,  le  purga- 
toire, l'eau  bénite,  la  confession,  etc.  (Voyez  le  curieux  procès  dont  l'ana- 
lyse a  été  publiée  par  M.  Cbarronnet,  op.  cit.  p.  10-11.)  Il  paraît  que  leur 
frère  Daniel  ne  se  trouvait  pas  au  pays.  Quant  à  leur  mère,  veuve  depuis 
quelques  années  (Tome  II,  p.  303,  lig.  2-3),  nous  savons  seulement  qu'elle 
avait  été  très-dévouée  au  catholicisme.  (Voy.  Farel.  Du  vray  usage  de  la 
croix  de  Jésus-Christ.  1560,  p.  237.  Réimpression  de  Neuchâtel,  1865, 
p.  149.) 

15  Claude  Farel  était  en  Suisse  depuis  le  mois  d'août  (Voy.  le  N°  422, 
n.  20-21,  et  la  lettre  de  Toussain  du  1er  octobre  1533). 

19  Gauchier  Farel. 

-°  Villeneuve-lès- Avignon,  ville  située  sur  le  Rhône,  en  face  d'Avignon. 


1  533      ADAM  [ANTOINE  SAUNIER]  A  GUILLAUME  [FAREL,  A  MURAT].         89 

frère21,  et  si  [1.  s'y]  trouva  Maistre  Antoine  Aloaty 22  et  sa  femme. 
esquelz  fys  voz  recommandations,  et  leur  baillys  voz  lettres  leur 
recommandant  l'affaire.  De  là  m'en  vins  en  Advignon,  pour  sçavoir 
si  vostre  provision  estoit  venue  de  Rome 2S.  Mays  le  banquier  nous 
dict  qu'il  n'estoit  pas  possible  qu'elles  fussent  si  tost  venues,  et 
quand  vous  les  auriés,  si  ne  si  fauldroit-U  point  fier  2\  Troys  jours 
après,  j'ay  entendu  par  ung  homme  qui  venoit  de  la  dicte  ville 
vostre,  qui  disoil  qu'il  avoit  veu  ung  commissaire  venant  de  la 
cour,  qui  portoit  lettres  pour  la  délivrance  de  vostre  frère 2b.  J'es- 
père en  sçavoir  la  vérité  en  bref;  car  vostre  seur  et  moy  conclûmes 
que  elle  m'avertiroit  de  tout,  et  moy  elle,  ce  que  elle  n'a  faict  en- 
core, de  quoy  suis  marry,  car  je  vous  eusse  peu  escrire  mieulx  à 
la  vérité.  Elle  me  dict,  qu'il  seroit  nécessaire  que  vous  et  Claudon20 
fissiés  une  donnation  que  fust  faicte  il  y  a  dix  ou  douze  ans  en  ça, 
que  fust  avant  vostre  despartie 27,  et  pourries  retenir  devers  vous 
tout  le  contraire 28. 

Je  m'en  yray,  s'il  plaict  à  Dieu,  eô  ubi  fit  conventus  adversus  Do- 
minum  et  Christian  ejus29,  pour  sçavoir  toutes  nouvelles.  Je  vous 
prie  escrire  particulièrement  à  frère  Loys,  le  viens 30,  le  admonestant 


2  '  Une  sœur  de  Farel  avait  épousé  noble  Honorât  Biquetti,  l'un  des  an- 
cêtres de  Mirabeau  (Charronnet,  op.  cit.  p.  17). 

--  Maître  Antoine  Aloaty,  bourgeois  de  la  ville  de  Manosque  (Basses- 
Alpes),  où  il  exerçait  l'office  de  notaire,  avait  épousé  Claudine  Biquetti, 
fille  tf  Honorât  (n.  21)  et  nièce  des  frères  Farel  (Cbarronnet,  op.  cit.  p.  9 
et  17). 

•23.24  Nous  ignorons  s'il  s'agissait  d'une  dette  privée,  ou  d'un  reliquat  dû 
à  Farel  sur  les  revenus  du  bénéfice  ecclésiastique  qui  lui  avait  été  conféré 
en  1517  par  Jules  de  Médicis,  élevé  plus  tard  au  pontificat  sous  le  nom  de 
Clément  VIÏ  (Voy.  le  N°  83,  n.  2),  bénéfice  que  Farel  aurait  conservé 
pendant  quelques  années. 

25  C'était  une  fausse  nouvelle.  Voyez  la  lettre  de  François  I  du  20  oc- 
tobre 1533. 

20  Claude  Farel. 

27  C'est-à-dire  une  donation  qui  fût  antidatée,  de  manière  à  faire  croire 
qu'elle  avait  été  écrite  en  1521  ou  1523,  année  où  Farel  avait  visité  sa  ville 
natale  (N°  83,  fin  de  la  n.  2),  avant  de  quitter  la  France. 

2S  C'est-à-dire  une  contre-lettre,  dans  laquelle  Guillaume  et  Claude  Farel 
auraient  renoncé  à  se  prévaloir  personnellement  de  la  lettre  de  donation. 

29  Ces  paroles,  tirées  du  Psaume  II,  v.  2,  sont  appliquées  par  l'écrivain 
à  l'entrevue  que  François  I  et  le  pape  Clément  VII  devaient  avoir  pro- 
chainement à  Marseille. 

30  Nous  pensons  que  ce  Louis  le  vieux  est  le  premier  des  personnages 


84        ADAM  [ANTOINE  SAUNIER]  A  GUILLAUME  [FAREL,  A  MORAT].       1533 

à  parte  et  de  rimpr[i]merie  ;  car  luy  et  Estève 31  me  veulent  bailler 
la  charge  de  vendre  les  livres  et  me  tenir  au  près  32.  Escrivés  ce 
que  bon  vous  semblera,  sans  faire  semblant  que  je  vous  en  aye 
adverty.  Le  présent  pourteur  vous  dira  de  mes  nouvelles  et  vous 
advertira  des  affaires.  Je  suis  en  possession  de  luy  donner  toujours 
poyne,  —  que  sera  la  fin,  après  m'estre  très-humblement  recom- 
mandé à  voz  bonnes  prières  et  de  tous  ceulx  de  la  religion,  priant 
le  Créateur  qui  vous  doint  grâce  de  toujours  avancer  l'honneur  et 
gloire  du  Seigneur.  De  la  maison  de  mon  père 33,  ce  22e  de  Sep- 
tembre, p^r 

Vostre  frère,  serviteur  et  amy 
Adam. 

(P.-S.)  Des  novelles  de  Rnfus 34,  nostre  frère  vous  en  contera, 
et  d'une  anltre  esmotion  merveilleuse,  qui  a  esté  faicte  à  Paris,  des- 
puys  six  sepmaines  en  ça 35. 

(Suscription  :)  A  maistre  Guilhaume 3e,  mon  bon  frère  et  amy. 

indiqués  par  P.  Gilles  (op.  cit.  p.  38)  dans  le  passage  suivant  :  «  Les  con- 
ducteurs en  leurs  Synodes  [ceux  des  Vaudois]  estoyent  :  Louys,  le  plus 
vieux,  Estienne,  Daniel  et  Luc.  » 

31  La  forme  particulière  de  ce  nom,  dérivé  de  StepJiamis,  donne  à 
penser  que  celui  qui  le  portait  était  piémontais  ou  provençal.  Voyez  la 
note  30. 

32  Voyez  le  renvoi  de  note  9. 

33  Saunier  était  natif  de  Moirans,  bourg  situé  sur  l'Isère,  à  3  lieues  en- 
viron au  N.-O.  de  Grenoble. 

34  Gérard  Boussel,  ancien  professeur  de  Farel.  (Voyez  le  N°  83,  n.  2, 
la  p.  205  du  t.  I,  3e  lig.  du  texte  en  remontant,  le  N°  104,  renvoi  de  n.  38, 
les  N08  417,  418,  422,  et  la  lettre  de  Farel  du  16  avril  1540.) 

55  Quelle  était  cette  «  autre  émotion  merveilleuse,  faite  à  Paris,  »  en- 
viron le  10  août  ?  Les  lettres  contemporaines  que  nous  avons  pu  consulter, 
et,  en  outre,  le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  et  la  Chronique  du  roi 
François  I  (Paris,  1860)  sont  muets  là-dessus.  En  tout  cas,  on  ne  peut 
voir  dans  ces  paroles  de  Saunier  une  allusion  au  fait  suivant,  mentionné  par 
M.  Schmidt  (Mém.  sur  Roussel,  p.  94-95)  comme  ayant  eu  lieu  à  Paris  en 
1533,  pendant  l'absence  de  François  I  :  «  La  haine  contre  Marguerite  de 
Navarre  inspira  aux  moines  et  aux  théologiens  de  la  Sorbonne  les  mesures 
les  plus  extravagantes.  Dans  une  conférence  sur  les  moyens  d'anéantir  l'in- 
fluence de  la  reine,  un  moine,  nommé  Toussaint  Lemand,  proposa  tout  sim- 
plement de  la  mettre  dans  un  sac  et  de  la  jeter  à  la  Seine.  »  Ce  propos, 
qui  doit  être  attribué  au  Cordelier  Toussaint  Eémard,  fut  tenu,  non  en 
1533  mais  vers  l'année  1544,  à  Issoudun  en  Berry.  (Voyez  Bèze.  Hist. 
eccl.  I,  66  et  147.  —  Bayle.  Dict.  hist.  article  Junius,  note  B.) 

36  Saunier  avait  d'abord  écrit  :  «  A  maistre  Loys.  » 


1  533       LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  PAYERNE.         85 


427 

le  conseil  de  berne  au  Conseil  de  Payerne. 
De  Berne,  24  septembre  1533. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  cte  Berne. 

Sommaire.  MM.  de  Berne  se  plaignent  des  amendes  énormes  que  leurs  alliés  de 
Payerne,  contrairement  à  leurs  récentes  promesses,  imposent  aux  partisans  de 
l'Évangile. 

Nobles,  saiges,  etc.  Nous  sûmes  advertis  de  la  molestation  et  fâ- 
cherie que  par  vous  est  faicte  à  ceulx  suivants  et  tenants  nostre  foy 
et  loy  évangèliçque,  et  nomméement,  comme  ayés  ung  qu'avoyt  faict 
baptiser  son  enfant  à  la  loi  de  Dieu  l,  condampné  et  pugnis  à  jm  (un 
mille)  escuz;  ung  aultre,  à  cause  qu'avoyt  contraint  mariage  aussy 
selon  Dieu,  à  ung  cent  escus,  avec  plusieurs  aultres  oultraiges. 
De  quoy  sûmes  très-grandement  desplaysant;  car  tel  [cas]  n'est 
point  consonant  à  vous  promesses,  que  par  vous  ambassadeurs  der- 
nièrement, à  la  renovellation  de  l'alliance  entre  vous  et  nous,  sont 
estées  faictes,  assavoyr  :  qu'estiés  de  bon  voulloir,  tous  et  ung 
chescuns  vuillians  ouyr  et  ensuivre  la  saincte  Parolle  du  Christ, 
iceulx  laisser  faire  sans  empeschement  ny  contredict  quelconque. 
Sans  laquelle  chouse  (comme  sçavés)  ne  vous  eussions  voulsuz  ju- 
rer la  dicte  alliance 2. 

Pour  quoy  vous  prions,  et  en  vigeur  d'icelle  dicte  alliance  admo- 
nestons, voulloir  iceulx  et  tous,  quel  qu'il  soyent,  vuilliants  en- 
suivre nostre  foy  et  sainct  Évangïlle,  laisser  en  paix,  sans  aulcune 


1  C'est-à-dire,  selon  le  rite  réformé. 

2  En  renouvelant  son  alliance  avec  les  Fribourgeois  le  lundi  9  juin  (Ma- 
nuel de  Fribourg),  et  avec  les  Bernois,  six  jours  après  (N°  419),  la  ville  de 
Payerne  s'était  volontairement  placée  dans  une  position  difficile,  puisqu'elle 
avait  dû  faire  aux  uns  et  aux  autres  des  promesses  contradictoires. 


86  L'ÉVÈQUE  DE  GENÈVE  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1533 

persécution,  et  toutellement  donner  lieuz  à  vous  dictes  promesses, 
comme  la  rayson  le  requiert.  En  ce  nous  ferés  playsyr  et  vostre 
grand  honneur.  Priant  Dieu  que  vous  aisse  [1.  aie]  en  sa  tutelle. 
Datum  xxmi  Septembris  1533. 

L'Advoyer  et  Conseilz  de  Berne. 


428 

l'évêque  de  Genève  au  Conseil  de  Genève  '. 
D'Arbois,  25  septembre  1533. 

Manuscrit  original.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  L'Évêque  de  Genève  exprime  l'espoir  que  les  Syndics  se  résoudront  enfin 
à  lui  rendre  sa  juridiction.  C'est  ainsi  qu'ils  témoigneront  de  leur  reconnaissance 
envers  l'Église. 

Très-chiers,  bien-améz  et  féaulx  ! 

Par  l'arrest  prins  avec  vous  à  nostre  partement  de  nostre  cité  de 
Genève 2,  [il]  fut  conclu  que  tost  après  nous  randriés  responce  sur 
le  contenu  aux  articles  que  vous  furent  baillez  touchant  nostre 
auctorité  et  juridicion  3.  Vous  adviserés  de  nous  en  fère  entendre 
vostre  intencion  par  nostre  secrétaire,  présent  porteur,  lequel 
avons  charger  de  vous  en  remanteveoir  et  soliciter.  Et  vous  prions 

1  Nous  publions  cette  lettre,  parce  qu'elle  peut  servir  à  caractériser  la 
position  réciproque  de  l'Évêque  et  des  magistrats  de  Genève  vers  la  fin  de 
l'année  1533.  Les  exhortations  qu'il  leur  adresse  ayant  uniquement  pour 
but  de  sauvegarder  sa  juridiction,  on  peut  en  conclure  qu'il  se  croyait  as- 
suré de  leur  concours  dans  les  questions  religieuses  et  que  la  majorité 
du  Conseil  était,  par  conséquent,  défavorable  à  la  Réforme.  (Voyez  les 
notes  3-5.) 

-  Malgré  les  instances  des  Syndics,  Pierre  de  la  Baume  avait  quitté  Ge- 
nève le  14  juillet,  en  promettant  d'y  revenir  à  la  fin  du  mois  d'août.  L'évé- 
nement qui  accéléra  peut-être  son  départ  fut  la  destruction  d'une  image  de 
la  Ste.  Vierge  que  «  certains  Luthériens  »  avaient  enlevée  de  la  porte  du 
Bourg-de-Four  et  livrée  aux  flammes,  le  12  juillet.  (Voyez  le  Reg.  du  Con- 
seil, 13  et  14  juillet.) 

5  C'était  le  13  juillet  que  l'avocat  du  Priuce-Évèque  avait  remis  au  Con- 
seil ces  articles,  dont  le  contenu  est  indiqué  comme  il  suit  dans  le  Registre 


1533  l'ÉVÈQUB  DE  GENÈVE  AU  CONSEIL  DE  OENÈVE.  87 

y  résouldre  en  si  bonne  sorte  et  avec  tel  effect,  qu'ayons  occasion 
de  persévérer  à  la  bonne  affection  qu'avons  tousjours  eu  à  vous. 
La  gloire  ne  vous  sera  point  moindre  de  laisser  l'Esglise  à  repos, 
qu'à  nous  de  la  bien  garder  et  deffandre.  C'est  rostre  mère,  c'est 
rostre  défenderesse.  Elle  vous  a  protéger  et  secouru  au  besoing. 
Aiant  doncques  receuz  tant  de  biens  d'elle,  ne  vous  seroit-ce  pas  in- 
gratitude et  mescognoissance  de  la  vouloir  maintenant  frustrer  de 
ses  aucteurs  et  préhéminances  4?  Vous  savés  que  cela  est  à  la  charge 
de  nostre  conscience,  avec  tel  serment  et  si  grande  obligation,  que 
(persévérant  à  vostre  propoz),  pour  nous  acquicter  de  debveoir, 
serons  contrain  y  treuver  remède,  à  nostre  très-grant  regret. 
Nous  vous  prions  encoures  une  bonne  fois  y  vouloir  bien  penser, 
vous  disant  sur  ce  adieu,  très-chiers,  bien-améz  et  féaulx,  qui  vous 
ait  à  sa  saincte  garde.  Dez  Arbois,  ce  xxve  de  Septembre  1533. 

L'Évesque  et  Prince  de  Genève. 

Machard. 

(Suscription:)  A  nos  très-chiers,  bien-améz  et  féaulx  les  Sindi- 
ques  et  Conseil  en  nostre  cité  de  Genève 5. 


du  14  juillet:  «  [Dni  Friburgenses]  exposuerunt  sicuti  Dmis  Princeps  sibï 
dixit  se  dédisse  contra  cives  articulos  conquestivos  de  ablata  Justicia,  de 
infracta  ejus  auctoritate,  de  spoliata  ejus  jurisdictione  et  aliis  raultis  defec- 
tibus,  quos  nos  commisisse  asserit.  »  —  «  Fuit  resolutum....  respondeatur 
Dno  Principi,  quod...  non  immoretur  super  eis  sibi  taliter  qualiter  relatis. 
Imô  nobis  de  Vicario  et  aliis  officiariis  Justitiœ  prooideat  sufficientioribm 
quàm  hactenus  feceril,  ut  ab  inde  taies  quœstioues  non  causentur,  qure  pro- 
fecto  per  suorum  oiïiciariorum  deféctum  hue  usque  motœ  sunt.  Quod 
si  non  fecerit,  vix  civitas  pacifica  remanere  poterit.  »  Voyez  aussi  dans  le 
Reg.  du  13  juillet  les  instructions  données  aux  Syndics,  qui  devaient,  le 
lendemain,  prier  instamment  l'Évêque  de  prolonger  son  séjour. 

4  Depuis  plus  de  six  ans  YÉoêque  s'efforçait  de  ressaisir  d'une  main  ce 
qu'il  avait  cédé  de  l'autre.  Le  15  juillet  1527  il  avait  spontanément  octroyé 
au  Conseil  le  droit  de  juger  les  causes  civiles.  Et  bientôt  après  (23  avril 
1528),  il  décrétait  contre  les  Syndics  des  lettres  d'excommunication,  dans 
lesquelles  il  révoquait  la  concession  faite  l'année  précédente.  Les  magistrats 
genevois  refusèrent  de  se  soumettre.  Telle  fut  l'origine  des  plaintes  conti- 
nuelles de  Pierre  de  la  Baume.  Pour  les  réduire  à  leur  juste  valeur,  il 
suffirait  de  rappeler  que,  dès  son  avènement,  les  Syndics  ne  cessèrent 
de  l'engager  à  séjourner  dans  sa  ville  épiscopale.  Or,  comme  Ta  dit 
M.  Sordet  (Mém.  cité,  p.  7),  on  dépouille  un  maître  en  son  absence,  mais 
on  ne  l'appelle  pas  pour  le  rendre  témoin  du  tort  qu'on  lui  fait.  (Voyez 
Fragm.  hist.  sur  Genève  avant  la  Réf.,  p.  143,  144,  151-152,  et  183-185.) 

3  On  lit  la  note  suivante  au  dos  du  manuscrit  :  «  Receptte  7a  Octobris 


88  PIERRE  TOUSSAIN  A  GUILLAUME  FAREL  [a  MURAT].  1533 


429 

pierre  toussain  à  Guillaume  Farel  [à  Morat]. 
De  Bâle,  1er  octobre  1533. 

Inédite.  Autographe.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

Sommaire.  Toussain  adresse  à  Farel  un  Français  qui,  n'ayant  pas  trouvé  d'occupation 
à  Bâle,  s'est  décidé  à  partir  pour  la  Provence  avec  le  frère  du  Réformateur. 

Ce  pourteur  s'en  retorne  vers  vous.  On  ne  lict  icy  les  commence- 
niens  es  langues,  et  aussy,  comme  j'entens,  il  îv'a  ny  argent,  ny 
ayde  pour  y  fournir,  sy  bien  estoit  meysme  pour  endurer  la  penne 
[1.  peine].  Je  luy  a  demandé  pour  quoy  il  ne  poursuyt  l'office  de  pré- 
dication ?  Et  dict  sa  conscience  ad  ce  répugner.  Dont  luy  ay  con- 
seiller prandre  quelque  charge  d'enlïans  et  tenir  escolle,  plus  tost 
que  se  mectre  à  suyvre  évesque,  papiste  ou  merchant.  Et  a  conclu 
s'en  aller  en  Provence  avecque  vostre  frère 1,  que  me  semble  estre 
le  meilleur,  son  cueur  et  affère  bien  considérez.  Nostre  Seigneur 
soit  tousjours  avecque  vous  !  Grynœus  vous  salue  2.  De  Basle,  ce 
premier  d'Octobre  1533,  par 

Vostre  frère  P.  Toussain. 

Je  vous  prie  que  ne  me  oubliez  à  voz  prières. 
(Suscription  :)  Charissimo  fratri  suo  Guilielmo  Farello. 


1533.  »  Les  réclamations  d'argent  faites  par  MM.  de  Berne  devenant  plus 
pressantes  (N°  431,  n.  4),  le  Conseil  députa  le  19  octobre  vers  le  Prince- 
Évêque  deux  ambassadeurs,  auxquels  ce  prélat  déclara  qu'il  ne  ferait  rien 
pour  Genève,  à  moins  que  cette  ville  ne  lui  restituât  sa  juridiction.  Les 
chanoines,  également  sollicités  de  subvenir  aux  embarras  financiers  de  la 
cité,  avaient  répondu,  le  3  octobre,  «  qu'ils  quitteraient  Genève  plutôt  que 
de  prêter  de  l'argent  aux  citoyens.  » 

1  Claude  Farel,  qui  s'était  enfui  de  Gap  et  se  trouvait  en  Suisse  depuis 
quelques  mois  (N°  422,  n.  20-21,  N°  426,  renvoi  de  note  18). 

1  Voyez  le  N°  418,  renvois  de  note  25-27. 


1  533  LE  PAPE  CLÉMENT  VII  AU  CONSEIL  DE  FRIBOURG.  89 


450 

le  pape  clément  yii  au  Conseil  de  Fribourg. 
De  Marseille  ',  3  octobre  1533. 

Inédite.  Manuscrit  orig.  sur  parchemin.  Arch.  de  Fribourg. 

Sommaire.  Le  Pape  félicite  les  magistrats  de  Fribourg  du  zèle  constant  qu'ils  dé- 
ploient pour  protéger  le  clergé  de  Lausanne  et  celui  des  églises  voisines  contre  les 
entreprises  des  Luthériens.  Il  exprime  le  désir  que  l'évêque  de  Lausanne  puisse  être 
reçu  avec  tout  son  clergé  dans  l'alliance  des  cinq  cantons  catholiques. 

Dilectis  flliis  Sculteto  et  Consulibus  civitatis  Friburgi  ecclesias- 
ticae  libertatis  Defensoribus,  Glemens  Papa  vns. 

Dilecti  lilii,  salutem  et  apostolicam  ben.[edictionera]  !  Gratissimas 
habuimus  literas  vestras,  quas  venerabilis  frater  Sebastimms 2,  Epis- 
copus  Lausanensis,  nnbis  attulit 3.  Ex  quibus  ac  sermone  ipsius 
Episcopi  magna  cum  jucunditate  animi  nostri  mtelleximus,  et  quo 
devotionis  zelo  eum  et  dilectos  fîlios  Capitulum  ecclesiœ  Lausanensis 
nobis  pro  pietate  vestrâ  commendetis,  et  qud  virtute  et  constantid. 
impiis  Lutheranis  resistendo,  ipsos  et  Lausanensem  ac  alias  vicinas 
ecclesias,  unàque  sanctam  fidem  catholicam  et  auctoritatem  hujus 
Sanctœ  Sedis,  ab  illius  hostium  impetu  defenderitis  et  defendatis  4. 

1  Clément  VII,  parti  de  Rome  le  5  septembre,  avait  dû  arriver  à  Mar- 
seille avant  le  1er  octobre.  (Voyez  la  lettre  de  Vadian  à  Bucer  du  26  sep- 
tembre 1533.  Bibl.  de  St.-Gall.  —  Jeanne  de  Jussie,  op.  cit.  p.  73.)  C'est 
là  qu'il  eut  avec  François  I  une  entrevue  qui  se  prolongea  jusqu'au  mois 
de  novembre.  Les  confidences  que  Guillaume  du  Bellay  fit  plus  tard  à 
Myconius  sur  les  entretiens  de  ces  deux  monarques  présentent  de  curieux 
détails.  Voy.  la  lettre  de  Myconius  à  Vadian  écrite  en  mai  1534  (N°  469). 

2  Sébastien  de  Montfaucon. 

3  La  minute  de  cette  lettre  des  Fribourgeois  à  Clément  VII  n'a  pas  été 
conservée. 

*  Voyez  les  lettres  de  Fribourg  au  Conseil  de  Genève  et  à  l'Évêque  de 
Lausanne  (N°"  406  et  408),  et  les  notes  duN°412.  L'Évêque  et  le  Chapitre 


90  LE  PAPE  CLÉMENT  VII  AU  CONSEIL  DE  FRIBOURG.  1  533 

Commendamus,  fîlii  dilecti,  vestram  devotionem  ac  fortitudinem 
in  Deo  Domino,  ejusque  rogamus  clementiam,  ul  vos  unà  cum  di- 
lectis  fîliis,  ecclesiasticee  libertatis  defensoribus,  Quinque  Cantonibus 
Catholicis 5,  féliciter  conservet  ac  prosperet  in  sancto  suo  servitio 
et  ad  tulelam  sacrosanctae  relligionis  suae.  Vos  autem,  pro  nostro 
potiùs  officio  quàm  vestrâ  necessitate,  exhortamur  (quod  et  futu- 
rum  certô  confidimus),  ut  in  hoc  sancto  proposito  perseverare, 
fidemque  catholicam  et  apostolicam  auctoritatem,  ipsosque  Episco- 
pum,  Pastorem  vestrum,  et  Capitulum  ecclesiamque  et  Clerum  omnem 
Lausanensis  civitatis  et  diocesis,  sicut  hactenus  fecistis,  tueri  et  de- 
fendere  velitis,  —  Simulque  apud  Quinque  Cantones  predictos,  ad 
quos  nos  eliam  scribimus,  vestrd  auctoritate  et  opéra  procurare,  ut 
ipsos  Episcopum,  Capitulum,  et  Clerum,  bonaque  eorum  universa,  in 
générait  et  speciali  amicitid,  fédère  et  confederatione  sud,  recipere  et 
receptos  fovere  ac  defendere  velint 6.  Nos  enim,  non  solùm  ex  nos- 
tro pastorali  officio,  sed  etiam  ex  speciali  dileclione  nostrâ,  et  vobis 
et  ipsis  Episcopo,  Capilulo  ac  Glero,  quantum  facere  poterimus, 
nunquam  sumus  in  gratià  et  benignitate  nostrâ  demturi.  Dat[um] 
Massiliae  sub  annulo  piscatoris,  Die  tertia  octobris  M.  D.  XXXII f. 
Pont[ificatu]s  nostri  anno  Decimo. 

Blosius. 


de  Lausanne  étaient  en  si  bons  termes  avec  les  Fribourgeois,  qu'ils  leur 
avaient  proposé,  en  avril  1533,  de  leur  vendre  et  remettre  en  gage  plu- 
sieurs places  et  seigneuries.  (Manuel  de  Fribourg  du  18  avril.  Extraits  de 
l'abbé  Fontaine.) 

3  Les  cantons  de  Lucerne,  Zug,  Uri,  Schwitz  et  Unterwald. 

6  Les  cantons  catholiques  ayant  refusé  (4  octobre  1533)  la  proposition 
que  leur  firent  les  députés  du  Pape  et  de  l'Empereur  de  conclure  une 
alliance  avec  toute  la  Chrétienté  pour  la  défense  du  catholicisme  (Arch.  de 
Fribourg.  Recès  des  diètes),  ne  pouvaient  guère  se  lier  par  un  traité 
spécial  avec  l'évêque  de  Lausanne,  qui  était  prince  de  l'Empire.  Il  ne  pa- 
raît pas  du  moins  que  Sébastien  de  Montfaucon  ait  été  compris  dans  l'alliance 
que  Lucerne,  Uri,  Unterwald,  Schwitz,  Zug,  Fribourg  et  Soleure  contrac- 
tèrent, le  17  décembre  1533,  avec  l'évêque  de  Sion  et  le  canton  du  Valais. 
(Voyez  J.-J.  Hottinger,  op.  cit.  III,  675.  —  Ruchat,  III,  160-162.  —  Gallia 
Christiana,  III,  1608.) 


1533  (.(•:  CONSEIL  DE  BERNE  A  SES  DÉPUTÉS  A  GENÈVE.  91 


431 

le  conseil  de  berne  à  ses  députés  à  Genève. 
De  Berne,  11  octobre  1533. 


Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

(traduit  de  l'allemand.) 


Sommaire.  MM.  de  Berne  prescrivent  à  leurs  députés  le  langage  qu'ils  auront  à  tenir 
aux  Genevois,  dans  le  cas  où  ceux-ci  seraient  pressés  par  les  Frïbourgeois  de  jurer 
fidélité  à  l'ancienne  croyance. 


Instructions  données  à  Jean-Frantz  Nâgueli  et  à  Michel  Augsbur- 
guer  sur  ce  qu'ils  ont  à  faire  à  Genève. 


Mes  Seigneurs  ont  été  informés  que  ceux  de  Fribourg  ont  en- 
voyé à  Génère  une  députation,  au  nom  des  Conseils  des  Soixante, 
des  Bourgeois,  de  la  Commune  et  des  paysans, —  pour  traiter 
(outre  l'affaire  de  Jean  Philippe)  ce  qui  concerne  la  religion,  et,  en 
particulier,  pour  obtenir  des  Conseils,  des  Citoyens  et  de  toute  la 
Communauté  de  Genève,  une  lettre  scellée  déclarant  qu'ils  veulent 
demeurer  fidèles  à  l'ancienne  croyance  de  la  messe  *',  etc. 

Vous  devez  y  donner  toute  votre  attention,  et,  si  vous  apprenez 
que  les  députés  de  Fribourg  travaillent  clans  ce  sens  et  se  présen- 
tent à  cet  effet  devant  le  Conseil  Général,  vous  devrez  vous  y  pré- 
senter également  et  leur  rappeler  tout  au  long  et  en  bons  termes, 
comme  vous  saurez  bien  le  faire,  qu'ils  doivent  se  souvenir  de 


1  MM.  de  Berne  étaient  mal  renseignés.  La  seule  affaire  officielle  traitée 
par  les  députés  de  Fribourg  à  Genève  (du  13  au  14  octobre)  fut  la  citation 
en  justice  du  citoyen  genevois  Jean  Philippe,  qu'ils  accusaient  d'avoir  dit  : 
«  Ces  MM.  de  Fribourg  sont  tous  traistres  et  meschans.  » 


92  LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  SES  DÉPUTÉS  A  GENÈVE.  1533 

l'appui  el  des  secours  en  hommes  et  en  argent  qu'ils  ont  reçus  de 
mes  Seigneurs,  quand  ils  se  sont  trouvés  en  péril.  Vous  ajouterez 
que,  tandis  que  ceux  de  Fribourg,  en  les  poussant  à  prendre  l'enga- 
gement de  rester  fidèles  à  la  messe,  veulent  enlacer  leurs  consciences, 
mes  Seigneurs  ne  les  ont,  au  contraire,  jamais  poussés  à  adopter 
telle  ou  telle  croyance,  mais  les  ont  exhortés  amicalement,  chrétien- 
nement et  fraternellement  à  vivre  ensemble  en  bons  concitoyens, 
et  à  laisser  chacun  libre  et  sans  contrainte  en  tout  ce  qui  concerne 
la  foi,  la  religion  et  la  conscience 2  ;  —  qu'en  conséquence,  mes 
Seigneurs  les  exhortent  et  les  invitent  encore  une  fois,  de  la  ma- 
nière la  plus  pressante,  à  considérer  la  chose  sérieusement,  afin 
qu'au  dernier  jour,  devant  le  juste  Juge,  nul  n'ait  à  rendre  compte 
pour  l'autre  de  ce  qu'il  a  cru,  fait  ou  omis,  mais  que  chacun  re- 
présente et  défende  sa  propre  cause,  en  sorte  que  ce  soit  à  lui  que 
s'applique  le  jugement  de  salut  ou  de  condamnation;  —  vous  les 
exhorterez  donc  à  ne  point  contracter,  par  lettres  ou  autrement, 
des  engagements  nouveaux  3,  mais  à  laisser  chacun  bien  convaincu 
qu'il  aura  à  répondre  pour  lui-même  devant  Dieu. 

Vous  leur  demanderez  une  réponse,  et  leur  ferez  savoir  que 
vous  avez  l'ordre  de  discuter  plus  à  fond  la  chose  avec  eux.  D'a- 
près la  teneur  de  leur  réponse  vous  savez  ce  que  vous  aurez  à 
faire,  et  vous  exigerez  le  paiement  de  l'argent  qu'ils  doivent  à  mes 
Seigneurs,  qui  veulent  être  payés  sans  nouveau  délai  et  ne  pas 
attendre  plus  longtemps  *.  Vous  saurez   bien  tout  faire  pour  le 


2  Ces  exhortations  résument  le  discours  prononcé  devant  le  Conseil  de 
Genève,  le  27  mai  1533,  par  les  députés  de  Berne.  (Voy.  Froment,  op.  cit. 
édit.  Revilliod.  Notes,  p.  xxvm.)  Il  est  à  regretter  que  la  conduite  des  ma- 
gistrats bernois  n'ait  pas  toujours  été  d'accord  avec  ces  sages  paroles  ;  mais 
MM.  de  Berne,  pas  plus  que  les  princes  catholiques  de  ce  temps-là,  n'é- 
taient capables  d'un  pareil  acte  de  vertu. 

5  Allusion  à  l'engagement  pris  par  le  Conseil  de  Genève  envers  celui 
de  Fribourg  le  4  juillet  1532  (N°  382). 

4  Les  députés  bernois,  arrivés  à  Genève  le  19  octobre,  apprirent  que  les 
Fribourgeois  n'avaient  présenté  aucune  réclamation  relative  à  la  religion, 
et  ils  se  contentèrent  d'exiger  le  paiement  de  la  somme  due  à  leurs  su- 
périeurs. Les  démarches  faites  auprès  de  l'Évêque  et  de  son  clergé,  pour 
qu'il  voulût  bien  aider  la  ville,  n'ayant  pas  abouti  (NT°  428,  n.  5),  le  Conseil 
de  Genève  remit  le  31  octobre  aux  députés  bernois  une  lettre  dans  laquelle 
il  priait  MM.  de  Berne  de  prendre  patience  pendant  quelque  temps  encore. 
(Yoy.  le  Reg.  du  Conseil,  19,  28  et  31  octobre.) 


1533  JEAN  STURM  A  MARTIN  BUGER,  A  STRASBOURG.  93 

mieux,  suivant  la  tournure  des  aiïaires  et  les  réponses  qui  vous 
seront  données. 
Le  xi  Octobre;  l'an,  etc.,  xxxm. 

Le  Secrétaire  d^État  de  Berne. 


jean  sturm  '  à  Martin  Bucer,  à  Strasbourg. 
De  Paris  (vers  le  milieu  d'octobre  1533 2). 

Autographe.  Archives  du  séminaire  protestant  de  Strasbourg. 
A.-G.  Strobel.  Hist.  du  Gymnase  protestant  de  Strasbourg,  1838, 

p.  109-111. 


Sommaire.  L'entrevue  du  Roi  et  du  Pape  à  Marseille  fait  naître  dans  le  public  des 
sentiments  très-opposés.  La  reine  Marguerite  et  son  aumônier  Roussel  viennent 
d'être  mis  en  scène  dans  une  comédie  représentée  au  collège  de  Navarre,  ce  qui  a 
entraîné  l'emprisonnement  du  Grand-Maître  de  ce  collège. 


Venit  in  collocutionem  Rex  cum  Papa 3  ;  multos  spes  erigit,  mul- 
tos  etiam  dejicit  metus.  Vanissima  hominumstudia,  mirabiles  eorum 
commulationes,  sed  incerti  exitus  !  Recte  divinas  Papam  aut  sub- 
version aut  restitutum  iri  in  suam  et  inveteratam  tyrannidem.  Alte- 
rum  exspecto  magno  cum  desiderio,  alterum  non  mediocriter  ex- 
limesco.  Pelargum4  timni  heri  conveni;  ostendi  illi  tuam  episto- 

1  Voyez  sur  Jean  Sturm  le  N°  418,  note  23. 

2  MM.  Strobel  et  Schmidt  rapportent  cette  lettre  au  mois  de  novembre. 
Comme  elle  a  été  écrite  peu  de  jours  après  la  représentation  de  la  comédie 
du  collège  de  Navarre,  qui  eut  lieu  le  1er  octobre,  il  en  résulte  qu'elle  doit 
être  placée  dans  la  première  moitié  de  ce  mois-là. 

3  Voyez  le  N°  430,  note  1. 

4  Ce  personnage,  qui  devait  s'appeler  en  allemand  Storch,  nous  est  in- 
connu. 


94  JEAN  STURM  A  MARTIN  BUCER.  A  STRASBOURG.  1533 

lam  ;  rogavi  num  quid  certi  haberet  de  hac  Massiliensi  delibera- 
tione,  nam  ibi  est  cum  Rege  ille  J^oTupawoç.  Obscura  consilia  sunt 
et  â^woTEpîCovra  in  utramque  partem.  Quare  nihil  tibi  aut  boni  aut 
mali  de  bac  re  possum  scribere  5.  Taûra  yàp  ™  Qtw  f«Xet. 

Theosophistœ  nostri  non  cessant  9êofxa^£~v.  Nuper  in  Gymnasio  Na- 
varrico  novus  quidam  et  piouao7raTax-ro?  ironrnfe  Reginam G  intro- 
duxit,  quae  se  in  disciplinam  diaboli  traderet,  unà  cum  sacrifico 
quem  Megeram  appellabat,  alludens  ad  nomen  M. [agistri]  Gerardi1. 
Acti  ludi  sunt,  mirabiliter  applaudentibus  tbeologis 8.  Perhoscedies 
praeses  ejus  collegii  et  theologorum  in  custodiam  est  ductus,  bomo 
potens  et  rex  sapientum  9.  Alios  eliam  manet  idem  periculum.  Eô 
res  redit  ut,  etiam  bonis  tacenlibus,  ipsi  se  ultrô  perdant  :  quod  ego 
pro  argumento  babeo  maximarum  et  optimarumrerum  10.  Haec  ego 
dictavi  subito,  et  quia  aliquid  certi  sciam  intra  dies  octo,  idcirco 
brevior  sum.  Proximis  literis  repetam  omnia  ab  initio,  ettotamfa- 


5  Un  catholique  d'Avignon  écrivait  à  Bonif.  Amerbach  le  3  novembre 
1533,  au  sujet  de  l'entrevue  de  Marseille  :  «  Forte...  famâ  cognoveris  ad- 
buc  unà  esse...  Begem  ac  Pontificem...  Quidam  existimabant  ad  Concilium 
générale  rem  tendere  ;  alii,  ad  illud  vitandum...  »  —  et  le  6  décembre  sui- 
vant :  «  Sperabamus  Concilium  brevi  congregatum  iri  pro  universœ  reipu- 
blica?  christianœ  restauratione.  Nunc  vero  nibil  minus  auditur.  Mirum  certè 
quod  tui  Germani  tandiu  dormiant.  Faxit  Deus  ut  Christiani  principes  ali- 
quando  sapiant,  et  ecclesiasticos  ut  abusus  erroresque  suos  intolerabiles 
(quando  ipsi  sponte  nolunt)  emendare  cogant  !  »  (Lettre  du  professeur  Jean 
Montaigne.  Manuscrit  orig.  Bibliothèque  du  Muséum  à  Bâle.) 

G  Marguerite,  reine  de  Navarre. 

'  Gérard  Bousscl,  aumônier  du  roi  et  de  la  reine  de  Navarre. 

s  La  pièce  en  question  avait  été  jouée,  le  1er  octobre,  malgré  la  dé- 
fense répétée  faite  jadis  «  à  ceux  des  collèges  de  Paris  de  jouer  aucune 
farce  contre  l'honneur  du  roi  et  de  ceux  à  l'entour  de  sa  personne.  »  (Voy. 
Bulseus.  Hist.  Universitatis  Parisiensis,  t.  VI,  aux  dates  suivantes  :  6  jan- 
vier 1515,  8  décembre  1525  et  4  janvier  1528.  A  comparer  avec  le  Journal 
d'un  bourgeois  de  Paris,  p.  13,  14,  234.) 

n  II  s'agit  de  Lauret,  grand-maître  du  collège  de  Navarre  (Voy.  le 
N°  438,  renvoi  de  note  13).  Le  personnage  chargé  de  ces  fonctions  était 
toujours  un  Docteur  en  théologie  (Voy.  Bulseus,  op.  cit.  année  1523). 

10  On  lit  dans  la  lettre  écrite  de  Paris  à  Bucer,  le  27  octobre  1533,  par 
Ludovicus  Carinus,  étudiant  lucernois,  le  passage  suivant,  qui  fait  contre- 
poids à  l'optimisme  de  Jean  Sturm  :  «  Coactus  sum  hoc  meum  silentium 
rumpere,  ne...  pristinum  animi  mei  in  religionem  et  omnes  bonos  ac  doctos 
qui  eam  quotidie,  et  iam  capitis  discrimine,  tuentur  ac  propagant,  fervorem 
refrixisse  suspicareris.  »  (Copie  moderne  dans  la  Coll.  Simler,  à  Zurich.) 


1533  FRANÇOIS  I  AU  CONSEIL  DE  BERNE.  95 

buhtm  ad  le  mittam  "... .  Tu  diligentersaluta  meo  nomine  tôv  Ktf*- 
XaTov  xai  H^twva,  el  Bedrotum  '-.  Christus  omnes  vos  cum  veslris 
familiis  salvos  et  incolumes  servel  ! 

JOAN.    STURMIUS. 

(Inscriptio  :)  Yiro  pio  D.  Aretio  Felino  13.  amico  singulari.  Ar- 
gentorati. 


François  i  au  Conseil  de  Berne. 
De  Marseille1,  20  octobre  1533. 


5 


Inédite.  Manuscrit  orig.  sur  parchemin.  Arch.  de  Berne. 


Sommaire.  Le  Roi  informe  MM.  de  Berne  qu'il  a  trouvé  fort  étrange  leur  intercession 
en  faveur  de  la  famille  Farél,  et  il  les  avertit  que  ni  leurs  prières,  ni  celles  d'autres 
personnes  ne  pourront  le  détourner  du  -projet  qu'il  a  formé  d'extirper  entièrement 
les  hérésies. 


Françoys,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roy  de  France, 
Très-chers  et  grans  amys,  alliez,  confédéréz  et  bons  compères 2  ! 
Nous  avons  receu  voz  lettres  du  quatriesme  du  présent 3,  par  les- 


11  Le  prévôt  de  Paris  ayant  fait  écrire,  sous  la  dictée  des  acteurs  (N°  438, 
renvoi  de  note  12),  la  comédie  incriminée,  une  ou  deux  copies  de  cette 
pièce  avaient  pu  se  répandre  dans  le  public.  Il  n'est  donc  pas  nécessaire  de 
croire,  comme  M.  Schmidt  (op.  cit.  p.  95),  que  «  les  auteurs  l'avaient  fait 
imprimer.  j> 
•     12  Capiton,  Hédion  et  Jacques  Bédrot. 

13  Pseudonyme  de  Martin  Bucer  (N°  260,  n.  2). 
'  Voyez  le  N°  430,  note  1. 

2  François  I  donnait  aux  Seigneurs  des  Ligues  suisses  le  nom  de  com- 
pères, parce  qu'ils  avaient  été  parrains  de  son  troisième  fils  Abdénago  (Voy. 
le  N°  196,  note  2,  le  N°  260,  renvoi  de  note  6,  et  Jeanne  de  Jussie,  op.  cit. 
p.  73.) 

3  Les  minutes  de  cette  lettre  et  de  celle  du  7  juin  1533,  adressée  égale- 


96  FRANÇOIS  I  AU  CONSEIL  DE  BERNE.  1533 

quelles  Nous  escripvés  en  faveur  des  frères  et  parens  d'un  nommé 
Guillaume  Farel,  desquelz  les  aucuns  sont  prisonniers  et  les  autres 
fuytifz  pour  cryme  de  hérésye,  ouquel  [1.  auquel]  Pon  prétend  qiCilz 
soyent  encheuz  i,  —  et  Nous  priez  de  ne  adjouster  foy  sur  ce  à  Noz 
procureurs  fiscaulx,  ne  aux  Inquisiteurs  de  la  foy. 

Nous  avons  trouvé  vostre  requeste  si  très-estrange,  qu'il  n'est 
possible  de  plus,  et  ne  vous  povons  respondre  sinon  que  Nous,  dé- 
sirons la  conservation  du  nom  qui  Nous  a  esté  acquiz  par  Noz  pré- 
décesseurs de  Roy  très-chrestien,  n'avons  en  ce  monde  chose  plus  à 
cueur  que  l'extirpation  et  entière  abolition  des  hérésies,  et  que  pour 
riens  ne" les  vouldrions  souffrir  ne  tollérer  prendre  aucune  racine 
en  Nostre  Royaume  5,  —  et  que  de  cela  vous  povez  tenir  pour  ré- 
soluement  asseuréz,  et  vous  rapporter  totallement  à  Nous  d'en 
faire  la  justice,  sans  vous  en  donner  paine.  Car  voz  prières,  ny 
d'aultre,  quel  qu'il  soit 6,  ne  pourroient  de  riens  servir  en  cest  en- 
droit envers  Nous.  Et  à  tant,  très-chers  et  grans  amys,  alliez,  con- 
fédéréz  et  bons  compères,  Nous  prions  le  Créateur  vous  avoir  en 
sa  garde.  Escript  à  Marseilles,  le  xxe  jour  d'Octobre,  l'an  de  grâce 
mil  cinq  cens  trente  troys. 

Françoys. 

Bavard. 

(Suscription  :)  A  nos  très-chers  et  grans  amys,  alliez,  confédéréz 
et  bons  compères,  les  Advoyer  et  Conseil  de  la  ville  de  Berne  7. 


ment  au  Eoi  en  faveur  de  la  famille  Farel,  n'ont  pas  été  conservées  par  le 
chancelier  bernois. 

4  Voyez  le  N°  426,  notes  13,  17  et  18. 

3  Voyez  la  lettre  de  François  I  au  parlement  de  Paris  du  10  décembre 
1533. 

6  N'y  a-t-il  pas  là  une  allusion  aux  prières  de  la  sœur  du  roi,  Marguerite 
de  Navarre,  à  qui  MM.  de  Berne  avaient  recommandé,  le  7  juin  précédent, 
la  famille  de  Farel  ÇS°  426,  n.  14)? 

"  Le  manuscrit  original  porte  l'annotation  suivante  du  chancelier  ber- 
nois :  «  Rude  lettre  du  Roi,  écrite  de  Marseille,  relative  aux  Farel.  > 

MM.  de  Berne  ne  se  laissèrent  pas  décourager  par  le  ton  de  la  présente' 
lettre.  Le  29  novembre  suivant  ils  écrivaient  à  François  I  :  «  Sire,  nous  en- 
voyons par  devers  Vostre  Magesté  nostre  Advoyer  Jehan-Jaque  de  Watten- 
imjl  et  Wolfgang  de  Wingarten...  lesquels  avons  chargé  de  proposer  et  dire 
à  V.  M.  aulcune  chose  de  nostre  part...  »  Ces  deux  députés  furent  munis 
de  lettres  de  recommandation  adressées  à  l'amiral  de  France  (Philippe  de 
Chabot,  sieur  de  Brion),  au  Grand-Maître  (Anne  de  Montmorency),  au  ma- 
réchal de  la  Marche  (Robert  m  de  la  Marck,  seigneur  de  Fleurange)  et  à 


1533  GUILLAUME  FAREL  A  MARTIN  BUGER,  A  STRASBOURG.  97 


434 

Guillaume  farel  à  Martin  Bucer,  à  Strasbourg. 
D'Orbe,  22  octobre  1533. 

Inédile.  Autographe.  Arch.  du  séminaire  protestant  de  Strasbourg. 
Copie  moderne  dans  la  Collection  Simler,  à  Zurich. 

Sommaire.  Vous  avez  raison  de  nous  disculper  de  ce  que  nous  nous  sommes  contentés 
d'écrire,  au  lieu  de  faire  le  voyage  de  Strasbourg.  Efforcez-vous  d'inviter  à  la  Con- 
corde, et  de  combattre  les  préjugés  de  certains  frères  qui  croient  que  votre  opinion 
sur  l'Eucharistie  diffère  de  la  nôtre  et  contredit  vos  précédents  enseignements. 

Les  Genevois  désirent  avec  ardeur  la  prédication  de  la  Parole.  Fortunat  va  se 
rendre  à  Genèv,  mais  non  en  qualité  de  ministre,  les  catholiques  de  cette  ville  avant 
fait  adopter  des  décrets  qui  interdisent  tout  à  la  fois  de  prêcher  la  doctrine  évangé- 
licjue  et  de  la  combattre  dans  les  chaires.  Il  est  permis  néanmoins  de  s'entretenir 
librement  de  Jésus-Christ  dans  les  maisons  et  en  public. 

S.[alutem],  gratiam  et  pacem  a  Deo  Pâtre  per  Dominum  Jesum  ! 

Probe  culpam  nostram  in  te  transfers,  quod  ad  te  non  descen- 
dimus  literis  exponere  conati  quod  tu  longe  feliciùs  verbis  eras  fac- 
turas \  sed  condonabis  quicquid  in  te  peccatum,  quandoquidem 
animus  nihil  maii  excogitabat.  Fratres  aliquot,  nescio  an  faces  di- 


la  reine  de  Navarre.  (Weltsche  Missiv.  Buch.  Arch.  de  Berne.)  Outre  les 
affaires  d'État,  ils  étaient  chargés  d'intercéder  pour  GaucJiier  Farel.  On 
lit  en  effet  dans  la  lettre  de  Haller  à  Bullinger  du  26  février  1534  :  <  Le 
frère  de  Farel  a  été  pris  par  les  gens  du  Roi.  Nos  Seigneurs  ont  présenté 
pour  lui  au  Roi  une  requête  à  laquelle  son  Chancelier  a  répondu  assez  légè- 
rement. Mais  notre  Avoyer  a  été  accueilli  et  congédié  avec  beaucoup  d'hon- 
neur. Son  voyage  s'est  fait  en  18  jours.  »  (Trad.  de  l'ail.  Mscr.  orig.  Arch. 
de  Zurich.  Voyez  aussi  la  lettre  de  Bullinger  à  Vadian  du  3  janvier  1534. 
Fûsslin.  Epistolre,  etc.,  p.  117.) 

1  On  ne  connaît  pas  les  circonstances  qui  avaient  fait  désirer  à  Bucer 
que  Farel  se  rendît  à  Strasbourg.  La  lettre  de  Bucer  à  laquelle  répond 
celle-ci  n'a  pas  été  conservée. 

T.   III.  7 


98  GUILLAUME  FAREL  A  MARTIN  RUCER,  A  STRASBOURG.  1  533 

cam,  (faxit  Dominus  fratres  sint  !)  videntur  oiïensi  tud  de  Eucharistie 
tractatione 2,  ut  aiunt  ;  sed  vereor  ne  ansam  quadrant,  nodumque 
in  scirpo.  Hoc,  mi  Bucere,  nobis  preestabis,  ne  quid  per  nos  stet 
quominus  unanimes  simus,  cùm  in  omnibus,  tum  in  doctrina.  Ad 
Concordiam  invitabis  3,  et  de  Eucharistia  scribes  te  aliud  non  sen- 
tire  quàm  docueris  et  nos  sentiamus *.  Si  tibi  visum  fuerit,  aperies 
ut  se  non  intelligunt  Lutherani.  Attemperabis  omnia,  ut  nosti. 
Ficta  sunt  multa,  syncera  pauca. 

Gebennenses  miro  Verbi  ardore  tenentur 5.  Fortunatus  Mue  iturus 
est,  at  non  ut  minister  6  ;  nam  Pontificiï  ita  conclusere,  ut  nemo  con- 
cionetur  nec  pro  pietate,  nec  contra  \  Intérim,  liberum  est  in  œdibus, 
in  via,  loqui  libère  de  Cliristo,  modo  concionis  ritus  non  servetur. 
Si  aliquot  cives,  dum  illac  iter  babent,  pios  ad  pietatem  hortarentur, 
posset  boc  prodesse.  Gliristus  illi  ecclesiae  auctum  et  incrementum 
det,  faxitque  ut  sanctè  perseveret,  excetris  profligatis  quae  impe- 
diunt!  Vale,  nam  plura  nunc  non  licet,  ut  tabellio  praeter  spem  no- 
bis occurrit.  Orbae,  in  aedibus  Fortunati,  xxii  Octobris  1533. 

2  II  est  ici  question  de  l'ensemble  des  enseignements  de  Bucer  relatifs 
à  l'Eucharistie,  et  non  d'un  ouvrage  qu'il  aurait  publié  récemment  sur  ce 
sujet.  Voyez  la  note  4. 

5  Farel  veut  parler  de  l'accord  qu'il  s'agissait  d'établir  entre  les  Zwin- 
gliens  et  les  Luthériens  sur  la  doctrine  de  la  Ste.  Cène,  et  qui  était  le  but 
des  démarches  incessantes  de  Bucer  depuis  l'année  1528.  (Voyez  Scultetus. 
Annales  Evangelh,  P.  II,  406-411.  —  J.-J.  Hottinger,  op.  cit.  III,  442,  546, 
548,  660,  676.  —  Ruchat,  III,  120-124.  —  J.-W.  Baum.  Capito  undButzer, 
passim.) 

4  La  plupart  des  ministres  de  Zurich  et  de  Berne  croyaient,  avec  Bul- 
linger  et  Haller,  que  Bucer  se  laissait  entraîner  au  delà  de  ses  convictions 
par  le  désir  extrême  qu'il  avait  de  concilier  les  sentiments  opposés  sur  la 
Ste.  Cène.  (Voy.  J.-J.  Hottinger,  III,  661.  —  Ruchat,  III,  123.  —  Ber- 
told  Haller,  von  M.  Kirchhofer,  1828,  p.  184  et  suiv.) 

s  Nous  ne  connaissons  pas  les  renseignements  que  Farel  avait  recueillis 
sur  les  progrès  récents  de  la  Réforme  à  Genève. 

6  Fortunat  Andronicus  était  ministre  dans  la  ville  d'Orbe  (N°  415).  On 
ne  possède  aucune  information  sur  son  séjour  à  Genève,  mais  il  est  permis 
de  conjecturer  qu'il  y  fit  quelques  prédications  (Voyez  le  mandement  de 
P.  de  la  Baume  du  20  novembre  1533.  N°  439,  n.  3). 

7  Ce  doit  être  une  allusion,  —  d'un  côté,  à  l'édit  du  Conseil  de  Genève 
du  30  mars  précédent,  qui  laissait,  il  est  vrai,  «  chascung  en  sa  liberté,  selon 
sa  conscience,  >  mais  qui  défendait  absolument  de  «  prescher  sans  licence 
du  supérieur  et  du  Conseil  >  (N"  414,  n.  9),  —  et,  de  l'autre,  à  celui  du 
30  juin  1532,  qui  prescrivait  aux  curés  de  prêcher  l'évangile  et  l'épître  du 
jour  «  sans  y  ajouter  les  inventions  des  hommes  »  (N°  383,  n.  2). 


1  533       F0RTUNAT  ANDROMCUS  A  MARTIN  RUGER,  A  STRASBOURG.  9D 

Precare,  frater,  pro  nobis  ac  miseris  ecclesiis.  Christus  te  et  tuos 
servet  omnes,  quos  opto  salvere  î 

Tuus  totus  Farellus. 

(Inscriptio  :)  Ghristum  profitenti  Martino  Bucero,  fratri  quàm 
carissimo,  Argentines. 


435 

fortunat  andronicus  à  Martin  Bucer,  à  Strasbourg. 
D'Orbe,  22  octobre  1533. 

Inédite.  Autographe.  Arch.  du  séminaire  protestant  de  Strasbourg. 
Copie  moderne  dans  la  Collection  Simler. 

Sommaire.  Je  vous  renvoie  enfin  votre  mémoire  sur  la  prédication,  et  je  vous  sollicite 
de  le  faire  imprimer  pour  l'instruction  de  ceux  qui  sont  obligés  de  monter  en  chaire. 
Veuillez  aussi  prier  mon  beau-père  de  nous  rejoindre,  et  saluer  de  ma  part  les  frères 
de  Strasbourg,  particulièrement  Capiton,  Sédion,  Matthias  [Zell]  et  Symphorien 
[Pollion]. 

Gratiam  et  pacem  a  Deo,  pâtre  nostro,  et  Domino  nostro  Jesu 
Christo,  qui  suo  spiritu  nos  impleat  !  Amen. 

Mitto  nunc  ad  te,  prseceptor  nunquam  pœnitende,  quae  nuper, 
cum  socer  meus  bine  abibat  ad  vos,  per  oblivionem  non  misi,  nimi- 
rum  quœ  in  concionibm  aggrediendis  sint  observanda  l.  [Ad]  id  me 
impulit  fratrum  solicita  sed  et  justa  petitio,  qua  te  rogalum  cupiunt, 
ut  huic  tam  sancto  operi  manum  admoveas,  curesque  typis  excu- 
dendum,  que  maximus  [perveniat]  fructus  ad  eos  qui,  cum  messis 
multa  sit  et  operaiïi  pauci 2,  cogantur  suggesta  conscendere. 


1  Voyez  le  N°  415,  note  12. 

-  Il  n'y  avait  point  de  pasteurs  dans  les  villages  voisins  de  la  ville  d'Orbe, 
mais  le  nombre  de  ceux  qui  évangélisaient  le  bailliage  de  Grandson  et  le 
comté  de  Neucbâtel  avait  doublé  depuis  deux  ans.  Outre  les  collègues  de 
Farel  que  nous  avons  mentionnés  dans  le  N°  324,  note  2,  nous  pouvons 


100        FORTUNAT  ANDRONICUS  A  MARTIN  RUCER,  A  STRASROURG.       1533 

Praeterea,  curabis  impellere  socerum  meum,  ut  imnc  ad  me  con- 
cédât. Quare  id  fiât,  Farellam  puto  ad  te  scripsisse  3.  Quod  si  non 
scripsit,  Gervasio  Sophero,  S.  Thomae  œconomo  4,  scripsi,  nec  est 
quod  plura  nunc  scribam,  nisi  quod  te  rogo  ut  uxorem  tuam,  meo 
et  meœ  nxoris 5  nomine,  salutes.  Salutabis,  si  non  graveris,  meo  no- 
mine  fratrum  Argentinensium  cœtum,  nominatim  verô  prœcepto- 
rem  meum  D.  Capitonem,  Hedionem 6,  Matthiam 7,  Symphorianum a 
cum  uxore,  ut  omnes  Dominum  pro  me  et  omnibus  nobis  orent. 
Àt  nos  vicissim  pro  vobis  Dominum  oramus.  Sic  vale.  Orba?, 22  Oc- 
tobris  1533. 

Tuus  discipulus  Fortunatus. 

(Inscriptio  :)  Pietate  et  eruditione  insigni  viro  Martino  Bucero, 
Argentine. 

nommer  les  suivants  :  Pierre  Viret,  Georges  Grivat,  Claude  Clerc,  Mare 
Romain,  Pierre  Masuyer,  ChristopJie  Fabri,  Jean  Lecomte,  Jean  Voisin, 
François  Martoret  du  Bivier,  Jean  Droz,  Jean  de  Bétencourt,  Guérin 
Muète  et  Jacques  le  Coq.  Le  bailliage  de  Grandson  comptait  en  1533  deux 
nouveaux  pasteurs  :  Jean  Columbier  et  Mclchior  Laurent ,  qui  avaient 
exercé  la  prêtrise,  le  premier  à  Besançon,  le  second  à  Montpellier  (Journal 
de  Lecomte).  Cette  même  année  Alexandre  Canus,  surnommé  Laurent  de 
la  Croix,  ancien  dominicain,  natif  de  la  Normandie,  était  venu  s'adjoindre 
aux  ministres  du  comté  de  Neuchâtel.  (Voy.  Crespin.  Hist.  des  Martyrs, 
1582,  fol.  99  a.) 

L'église  réformée  de  Payerne,  privée  des  soins  de  Saunier  (Voy.  le 
N°  426,  n.  5),  était  visitée  par  Farel,  Hugues  Turtaz  et  Viret.  Elle  reçut 
pour  pasteur,  l'année  suivante,  le  savant  et  zélé  Jean  de  Tournay,  qui, 
déjà  en  152S,  avait  «  prêché  purement  l'Évangile  en  habit  d'Augustin  dans 
Alençon.  »  (Voy.  la  lettre  de  François  du  Rivier  datée  du  8  octobre  (1534), 
la  préface  de  l'ouvrage  de  Viret  intitulé  «  Du  vray  Ministère  de  la  vraye 
Église,  »  1560,  et  l'Histoire  ecclésiastique  de  Théodore  de  Bèze,  t.  II, 
p.  589.) 

5  Farel  a  omis  cette  affaire  dans  sa  lettre  du  même  jour. 

4  Voyez  le  N°  415,  note  17. 

5  Maria  Birchhammer,  originaire  de  Strasbourg  (N°  359,  n.  4). 
6-7  Voyez  le  N°  183,  notes  25  et  27. 

s  Sympliorien  Pollion,  qui  avait  été  l'hôte  de  Fortunat  Andronicus  à 
Strasbourg  (N°  322,  renvoi  de  note  7). 


1533  PIERRE  MONGLER  A  MARTIN  RUCER,  A  STRASBOURG.  101 


456 

pierre  moncler1  à  Marti  il  Bucer,  à  Strasbourg. 
(De  France)  26  octobre  1533. 

Autographe.  Archives  du  séminaire  protestant  de  Strasbourg. 
C.  Schmidl.  Mémoire  sur  Gérard  Roussel,  p.  216. 

Sommaire.  Ce  n'est  pas  au  manque  d'intérêt  de  ma  part  envers  vous  et  vos  jeunes 
élèves,  que  vous  devez  attribuer  mon  absence  prolongée,  mais  à  l'obligation  où  s'est 
trouvé  mon  maitre  et  seigneur  de  suivre  le  Roi.  Il  n'est  point  encore  revenu,  et  nous 
avons  appris  que  le  Roi  l'a  emmené  dans  le  midi  de  la  France;  c'est  pourquoi  l'é- 
pouse d/u  dit  seigneur  vous  envoie  vingt  écus  d'or,  à  compte  de  la  pension  des  enfants. 
Elle  les  recommande  vivement  à  votre  sollicitude  et  vous  prie,  au  nom  de  Jésus- 
Christ,  de  vous  contenter  de  ce  paiement  incomplet,  en  attendant  le  prochain  re- 
tour de  son  mari. 

S.  P.  D.  Non  maie  habeat  dexteritatem  [tuam],  M.[agisler]  in 
Christo  venerande,  quôd  ad  te,  quo  tempore  promiseram,  non  re- 
dierim.  Neque  enini  id  accidit  aut  incurià,  aut  tui  oblivione,  au! 
puerorum  qui  apud  te  sunt;  sed  sic  habent  ingentia  domùii  mei 
apud  Regem  négocia,  quibus  se  <egrè  explicare  potest,  quôd  eum 
Rex  secum  in  comitatu  habere  velit,  ut  citra  Pascha  domum  non 
révisent 2.  Equidem  eo  temporis  ab  eo  dimissus,  sperabam  ipsum 


1  Pierre  Monder,  originaire  de  France,  avait  résidé  pendant  un  certain 
temps  à  Strasbourg,  où  il  était  précepteur  de  quelques  enfants  qu'un 
seigneur  de  la  cour  de  François  I  avait  placés  en  pension  chez  Bucer.  On 
trouve  dans  le  Journal  de  Jean  Lecomte  le  passage  suivant,  qui  semble  re- 
latif à  l'auteur  de  la  présente  lettre  :  «  Le  10  octobre  1538,  MM.  de  Berne 
et  de  Fribourg  firent  pension  à  M.  Monder,  ministre  de  Yvonand.  »  (Mscr. 
de  Ruchat.)  «  Maistre  Pierre  Monder  »  était  encore  en  1542  pasteur  de  la 
même  paroisse,  comme  nous  l'apprend  «  l'Épistre  (en  vers)  de  M.  Malingre 
envoyée  à  Clément  Marot.  Basle,  1546,  »  réimprimée  en  1808. 

-  C'était  après  Pâques,  c'est-à-dire  après  le  13  avril,  que  le  Roi  s'était 
dirigé  vers  le  midi  de  la  France  (N°  418,  n.  4  et  7). 


102  PIERRE  MO.NGLER  A  MARTIN'  BUCER,  A  STRASBOURG.  1333 

statim  reversurum,  unàque  cum  multà  familià  thermas  jamdiu  de- 
sideratas peliturum,  cum  rumor  increbuerit  Regem  nostrum  Nar- 
bonensem  velle  invisere  Galliam 3,  dominumque  meum  Mue  secum 
deducere,  ubi  supra  omnem  spem  nunc  usque  perstiterunt.  Et, 
quamquam  ipsurn  in  horas  expectemus,  domina  tamen  mea,  bujus- 
modi  expectationum  jam  saspe  falsa  incertitudinibus,  ad  te  viginti 
coronatos  solaris  characteris  mittere  curavit 4,  pro  dictorum  puero- 
rnm  aligna  subductione  pensionis  et  expensarum,  quos  curae  tuas 
unicé  optât  recommendatos,  —  rogans  in  Christo  Jesu  syncerita- 
tem  tuam,  ut  haec  intérim  boni  consulere  velit,  dum  lempestivo  re- 
gressu  domùius  ipse  tibi  pro  voto  plenissimê  satisfaciat 5. 

Vale  in  Christo  Jesu,  et  conthoralem  tuam,  ipsius  dominas  meas 
nomine,  quàm  plurimum  saluta...  Iterum  vale,  etc.  7°  Kal.  Novemb. 
1533. 

Tuus,  si  suus,  Petrus  Monclerus. 

(Inscriptio  :)  Venerando  domino  meo  Martino  Bucero. 


5  Allusion  à  l'entrevue  de  Marseille,  projetée  depuis  plusieurs  mois 
entre  Clément  VII  et  François  I  (N°  422,  renvoi  de  n.  16),  et  qui  eut  lieu 
en  octobre  (N°  430,  n.  1). 

4  En  1530  Vécu  au  soleil  valait  environ  8  francs,  c'est-à-dire,  plus  de 
30  fr.  de  notre  monnaie  actuelle.  (Voy.  Cimber  etDanjou.  Arcbiv.  curieuses 
de  l'Hist.  de  France,  t.  III.  Extraits  des  comptes  de  François  I.  —  H.  Mar- 
tin. Hist.  de  France,  1844,  t.  IX,  p.  271.) 

5  Quel  était  ce  seigneur,  «  chargé  de  grandes  affaires  »  par  François  I, 
et  epu,  à  l'exemple  de  la  reine  de  Navarre,  ne  craignait  pas  de  faire  ins- 
truire ses  jeunes  protégés  dans  une  ville  réformée,  en  les  confiant  aux  soins 
de  Bucer?  Il  faisait  preuve,  comme  on  le  voit,  d'une  certaine  indépen- 
dance ;  aussi  peut-on  supposer  que  ce  personnage  était  Robert  III  de  la 
Marck,  seigneur  de  Fleurange,  commandant  de  la  garde  du  Roi  (Voyez 
N°  184,  n.  7),  ou  le  comte  Guillaume  de  Furstemberg,  bien  connu  à  Stras- 
bourg (N°  286,  renvois  de  note  7-8),  et  qui  jouait  alors  un  rôle  très-impor- 
tant dans  les  négociations  secrètes  du  roi  de  France  avec  les  Protestants 
d'Allemagne  (Voyez  Leopold  Ranke.  Deutsche  Geschichte  im  Zeitalter  der 
Reformation,  2te  Aufl.  III,  470).  Fleurange  avait  épousé  Guillemette  de 
Sarrebruche,  comtesse  de  Braine.  La  femme  du  comte  G.  de  Furstemberg 
s'appelait  Bonne  de  Neuchâtel.  (Voyez  Anselme,  op.  cit.  VII,  164.  —  Ernst 
von  Miinch.  Geschichte  des  Hauses  und  Landes  Fûrstenberg.  Karlsruhe, 
1847,  4  Bde  m  8°.) 


1533  JEAN  CALVIN  A  FRANÇOIS  DANIEL,  A  ORLEANS.  103 


457 

JEAN  calvin'  à  François  Daniel2,  à  Orléans. 
De  Paris,  27  octobre  (1533 3). 

Inédite.  Manuscrit  original  autographe.  Bibl.  de  Berne. 
Vol.  E.  141,  epa  43a. 

Sommaike.  Je  remplis  ma  promesse  en  vous  envoyant  une  épilre  qui  abonde  en  nou- 
velles. Je  la  compléterai  dans  peu  de  jours.  —  P. -S.  La  voici  enfin,  mais  c'est  à  la 
condition  qu'elle  soit  communiquée  à  nos  amis.  Veuillez  les  saluer  affectueusement, 
excepté  Framberge,  dont  le  silence  obstiné  est  affligeant  pour  moi.  Je  vous  recom- 
mande le  procès  de  Michel.  Si  vous  agissez  avec  célérité  pour  le  mener  à  bonne  fin, 
j'en  serai  aussi  reconnaissant  que  si  vous  m'aviez  obligé  moi-même.  Je  vous  envoie 
le  second  Abrégé  de  notre  ami  G.[érard].  Communiquez-le  avec  circonspection.  Je 


1  La  précédente  lettre  de  Calvin  (N°  380)  est  de  la  fin  d'avril  1532. 
Dès  lors  et  pendant  l'espace  de  dix-sept  mois  les  documents  relatifs  à  sa 
personne  manquent  totalement.  Nous  avons,  en  effet,  de  sérieuses  raisons 
pour  ne  pas  accorder  une  entière  confiance  aux  indications  suivantes,  que 
renferme  la  Vie  de  Calvin  par  Th.  de  Bèze  :  «  Ibi  [scil.  Luteticé]  paucis 
mensibus  innotuit  omnibus  purioris  Religionis  studiosis...  Ab  eo  tempore 
sese  Calcinas,  abjectis  reliquis  studiis,  Deo  consecravit,  summâ  piorum  om- 
nium qui  tum  Lutetiœ  occultos  cœtus  babebant  voluntate...  » 

Nous  croyons  qu'après  avoir  fait  à  ses  amis  d'Orléans  la  visite  qu'il  leur 
avait  promise  (N°  380),  Calvin  passa  l'hiver  de  1532-1533  à  Paris,  s'occu- 
pant  de  théologie  plus  que  de  jurisprudence  ;  mais  que,  s'il  entra  en  rela- 
tion, à  cette  époque,  avec  Gérard  Roussel  et  d'autres  partisans  de  la  Ré- 
forme, sa  conversion  n'eut  cependant  lieu  que  plus  tard.  Il  suffit  pour  s'en 
convaincre  de  comparer  ses  lettres  du  mois  d'octobre  1533  avec  celles  qu'il 
écrivit  l'année  suivante.  En  tout  cas,  nous  ne  saurions  admettre,  sans  preuves 
positives,  cette  assertion  de  M.  Schmidt  (op.  cit.  p.  94),  que  Calvin  prê- 
chait «  déjà  [en  1533]  la  réformation  entière  et  décidée  à  un  petit  nombre 
de  zélés  protestants  se  réunissant  en  secret  chez  Etienne  de  la  Forge.  » 

-  La  copie  faite  par  Pierre  Daniel  (Bibl.  de  Berne.  Vol.  E.  450, 
epa  9a)  porte  l'en-tète  suivant,  qui  est  inexact  :  «  Calvinus  Nicolao  Che- 
mino  S.  D.  » 

3  Le  manuscrit  original  n'a  pas  de  millésime,  mais  Pierre  Daniel  a  in- 


104  JEAN  CALVIN  A  FRANÇOIS  DANIEL,  A  ORLÉANS.  1533 

n'ai  pu  y  joindre  ce  qui  manquait  au  précédent  mémoire,  parce  que  le  temps  m'a 
fait  défaut. 


Quod  prioribus  literis 4  promiseram,  fœcundas  rerum  multaruni 
literas,  nunc  scribo,  —  publiée 5  quidem,  sed  mini  fraudi  esse  non 
débet,  quominus  promissi  religione  me  solverim.  Nihil  enira  inte- 
rest  quôd  tibi  cum  multis  hase  communia  sint,  modo  tua  sint.  Intra 
paucos  dies  addam  quœ  quod  nunc  deest  sarclant 6.  Vale,  amice,  et, 
si  quando  tibi  nostri  memoria  succurrerit,  rescribe.  Lutetie,  pridie 
Simonis. 

Tuus  Calvinus  7. 

Mitto  ad  te  rerum  novarum  collectanea,  hac  tamen  lege  ut,  pro 
tua  Me  officioque,  per  manus  tuas  ad  amicos  iranseant,  quos  etiam 
mihi  non  vulgariter  salutabis,  prœter  Frambergum 8,  quem  statui 

troduit  dans  la  copie  qu'il  en  a  faite  la  date  de  1529.  Quoique  cette  date  ait 
été  admise  par  M.  Henry  (Calvins  Leben,  I,  42)  et  par  M.  Merle  d'Au- 
bigné  (op.  cit.  II,  80-81),  elle  nous  semble  erronée.  En  1529  et  1530  Cal- 
vin résidait  à  Bourges  (Voy.  le  K°  310,  n.  2).  A  supposer  même  qu'il  ait, 
en  octobre  1529,  séjourné  momentanément  à  Paris,  il  n'aurait  pas  donné 
le  titre  d'avocat  (Voyez  l'adresse)  à  François  Daniel,  son  correspondant, 
puisqu'un  an  plus  tard  celui-ci  était  encore  simple  étudiant.  C'est  ce  qui 
résulte  de  la  préface  que  Pierre  Daniel  a  mise  en  tête  de  l'Épître  de  Can- 
tiuncula  au  jurisconsulte  Alciat,  qui  est  datée  :  «  E  vico  Austrasiœ,  pridie 
idus  april.  1530  »  (Voy.  le  N°  310,  n.  3).  P.  Daniel  s'exprime  ainsi  dans 
cette  préface  :  «  Cum  nuper  in  schedis  et  adversariis  Franc.  Danielis,  op- 
timi  et  studiorum  nostrorum  studiosissimi  patris,  versarer,  forte  incidi  in 
banc  Cl.  Cantiunculaî  ad  Andr.  Alciatum  epistolam...  Sic.  grata  ac  ju- 
cunda  ipsi  Alciato  reprebensio  fuit,  ut  eam  ostentaret  passim,  miris  lau- 
dibus  extolleret,  communicaret  amicis,  atque  adeo  patri,  qui  tam  ci  Bitu- 
rigis  jlorenti  operam  dabat,  ex  ipsius  Cantiunculœ  autographo  exscriben- 
dam  daret.  » 

4  Calvin  fait  ici  allusion  à  une  lettre  qui  ne  nous  a  pas  été  conservée. 

5  Voyez  la  lettre  suivante,  qui  est  purement  narrative  et  ne  s'adresse  à 
personne  en  particulier. 

6  II  est  probable  qu'au  lieu  d'envoyer  tout  de  suite  ces  lignes  à  Daniel, 
avec  le  récit  qu'il  lui  avait  annoncé,  Calvin  les  garda  encore  pendant  quel- 
ques jours;  puis,  ayant  complété  le  susdit  récit  en  y  ajoutant  les  détails 
relatifs  à  la  séance  tenue  par  l'Université  le  24  octobre  (N°  438),  il  adressa 
le  tout  à  son  correspondant  avec  le  second  billet  d'envoi,  écrit  sur  la  même 
page  que  le  premier. 

7  Ce  qui  suit  est  séparé  de  la  première  partie  de  la  lettre  par  un  blanc 
assez  considérable. 

s  Trois  des  membres  de  la  famille  Framberge  avaient  exercé  à  Or- 


1533  JEAN  CALVIN  A  FRANÇOIS  DANIEL.  A  ORLÉANS.  105 

silentio  meo  emollire,  postquam  nec  blanditiis  elicere,  nec  convi- 
tiis  exprimere  ab  eo  quicquam  potui.  Quod  tamen  omnium  indig- 
nissimum  est,  cum  frater  nuper  hue  veniret,  ne  salutem  quidem 
illi  commisit.  Litem  Michaëlis  velim  tibi  esse  curœ  °,  si  qua  ralione 
explicari  potest.  Sed  celeritale  opus  est,  cui  si  nihil  reliquum  fe- 
ceris,  habebo  gratiam  ac  si  mini  praestiteris  officium.  Fungôris  apud 
sorures  interpretis  vice,  ne  soli  rideafis.  Mitto  Epitomen  altéra  m 
G.  nostri10,  cui  velul  appendicem  assuere  decreveram  quod  ab  illis 
prioribus  Gommentariis n  abruptum  erat,  nisi  me  tempos  defecisset. 
Vale,  frater  et  amice  integerrime. 

Tuu<  frater  Galvinus. 

Ut  non  dicam  haec  esse  tumultuaria,  ipsa  de  se  loquuntur.  Epi- 
tomen cave  temerè  divulges 12. 

(Inscriptio  :)  A  Monsieur  frère  et  bon  amy  Monsieur  Daniel, 
advocat  à  Orléans  13. 


léans  pendant  le  quinzième  siècle  des  fonctions  importantes  (Voy.  Le  Maire. 
Hist.  d'Orléans,  I,  224,  240,  254  et  suiv.)  Polluche  cite  un  personnage  de 
ce  nom.  qui  était  sieur  de  Chilly  et  avocat  du  Roy  en  1577  (Essais  hist.  sur 
Orléans,  1778).  Calvin  témoigna  à  son  ami  Claude  Framberge  un  intérêt 
constant  ;  il  écrivait  à  Fr.  Daniel  le  26  novembre  1559  :  «  Flambergio 
nostro,  quia  non  aliter  considère  possum  œternaî  ejus  saluti,  saniorem  ani- 
mum  precor,  ne  in  sordibus  suis  semper  tabescat.  »  (Copie  contempor. 
Bibl.  de  Berne.) 

9  Nous  ne  savons  s'il  est  ici  question  du  bénédictin  Jean  Michel,  doc- 
teur en  théologie,  qui  prêchait  à  Bourges  vers  l'an  1533,  «  ayant  la  cognois- 
sance  de  la  vérité  autant  que  le  temps  le  portoit.  »  (Bèze.  Hist.  eccl.  I, 
p.  56,  à  comparer  avec  la  p.  19.)  L'auteur  que  nous  venons  de  citer  parle 
aussi  (p.  57)  de  la  sainte  hardiesse  d'un  «  bon  et  ancien  docteur,  nommé 
Michel  Simon,  »  qui  enseignait  alors  la  théologie  dans  l'université  de  Bourges. 

10  Cette  initiale  désigne  Gérard  Roussel  (Voyez  le  N°  432,  renv.  de  n.  7). 
Le  «  second  Abrégé  >  qu'il  avait  composé  était  sans  doute  un  traité  reli- 
gieux du  genre  de  ceux  qu'il  se  proposait  jadis  de  mettre  au  jour  (Voyez 
t.  I,  p.  237,  premier  alinéa).  Nous  savons  qu'il  désirait  déjà  en  1525 
(N°  168,  renv.  de  n.  16)  que  ses  propres  frères  pussent  s'édifier  par  la  lec- 
ture d'un  opuscule  de  Nicolas  le  Sueur,  intitulé  :  «  Compcndium  in  rem 
Christianam.  > 

11  Nous  ignorons  à  quel  genre  de  travail  sorti  de  la  plume  de  Calvin 
se  rapporte  cette  expression. 

12  Dans  la  copie  de  P.  Daniel  on  lit,  à  la  fin  de  cette  phrase,  les  mots 
suivants,  qui  n'existent  pas  dans  l'original  :  «  ne  in  manus  inimicorum  iu- 
cidat.  » 

13  Voyez  le  N°  362,  n.  4.  Calvin  avait  d'abord  écrit,  dans  la  partie  supé- 


106      JEAN  CALVIN  A  FR.  DANIEL  ET  A  SES  AUTRES  AMIS  D'ORLÉANS.      1  533 


458 


[jean  calvin  à  Fr.  Daniel  et  à  ses  autres  amis  d'Orléans1.] 
(De  Paris,  vers  la  fin  d'octobre  1533  "2.) 

Autographe.  Bibl.  de  la  ville  de  Berne.  Vol.  E.  141,  epa  237a. 
J.  Calvini  Episloke  et  Responsa 3.  Genevée,  M.  D.  LXXV,  in-fol.  p.  5. 


Sommaire.  Au  commencement  d'octobre  les  écoliers  du  collège  de  Navarre  ont  joué 
une  comédie,  qui  était  en  réalité  une  satire  dirigée  contre  la  reine  Marguerite  et 
Gérard  Roussel.  Quelques  jours  plus  tard,  on  a  emprisonné  les  chefs  du  collège, 
aussitôt  que  la  Reine  eut  été  informée  de  ce  qui  s'était  passé. 

Certains  théologiens  l'ont  encore  offensée  en  interdisant  le  Miroir  de  V 'dme  péche- 
resse, ouvrage  de  sa  composition.  La  Reine  s'est  plainte  au  Roi,  qui  a  fait  écrire  à 
l'Université,  pour  connaître  le  motif  de  cette  défense.  Dans  une  assemblée  générale, 
présidée  par  le  nouveau  recteur,  Nicolas  Cop,  l'Université  a  désavoué  l'arrêt  de  la 
Sorbonne.  Le  Clerc  seul  s'est  efforcé  de  le  justifier  ;  mais  l'évêque  de  Senlis  ayant 
déclaré  qu'il  trouvait  le  livre  irréprochable,  le  Recteur  a  conclu  en  disant  qu'une 
lettre  d'excuses  serait  adressée  au  Roi.  Depuis  lors,  l'évêque  de  Paris  a  reçu  de 
ce  prince  l'autorisation  de  choisir  lui-même  les  prédicateurs  de  chacune  des  pa- 
roisses. 

Quum  mini  ad  manum  sit  rerum  sylva  4,  quee  argumentum  epis- 
tolce  prœbeat,  temperabo  tamen  styluin,  ut  indices  magis  habeas 


rieure  du  verso,  l'adresse  suivante  :  «  A  Monsieur  et  bon  amy  Monsieur  de 
Thoury.  » 

La  présente  lettre,  tracée  sur  un  simple  feuillet,  qui  a  été  plié,  mais  non 
cacheté,  est  à  notre  connaissance  le  plus  ancien  autographe  de  Calvin.  Son 
écriture,  dont  les  formes  sont  dures  et  précises,  s'est  assouplie  plus  tard, 
mais  en  conservant  les  traits  essentiels  de  sa  physionomie  primitive. 

1  Le  manuscrit  original  ne  porte  aucune  adresse,  parce  qu'il  a  dû  être 
expédié  avec  la  lettre  précédente. 

-  La  date  est  fixée  par  le  contenu  de  la  lettre. 

5  Cette  première  collection  imprimée  des  Lettres  de  Calvin  a  été  publiée, 
comme  on  le  sait,  par  Théodore  de  Bèze.  Elle  commence  par  la  présente 


1533     JEAN  CALVIN  A  FR.  DANIEL  ET  A  SES  AUTRES  AMIS  D'ORLÉANS.      107 

quàm  longam  narra tionem  :  cui  si  indulgerem,  in  justum  volumen 
prope  excresceret. 

Ad  Calendas  Octobres,  quo  anni  tempore  pueri  qui  à  gramma- 
ticis  ad  Dialectica  demigrant  exercere  se  agendis  fabulis  soient, 
acta  est  in  gymnasio  Na  car  ne  fabula  f elle  et  aceto,  ut  ait  ille,  plus- 
quam  mordaci  conspersa 5.  Inductee  sunt  personae  :  Regina 6  mulie- 
briter  nendo  intenta,  et  nibil  aliud  quàm  colum  et  acus  tractans, 
—  tum  Megœra,  quo  nomine  ad  M.[agistrum\  G.[erardum']  allude- 
batur,  illi  faces  admovens,  ut  acus  et  colum  abjiceret.  Illa  aliquan- 
tum  reniti  et  obluctari;  ubi  verô  Furice  cessisset,  Evangelia  in  ma- 
nus  accepit,  ex  quibus  omnia  quibus  antè  assuevisset  et  pœnè 
seipsam  dedisceret.  Demum  extulit  se  in  tyrannidem,  et  omni  gé- 
nère saevitiae  miseros  et  innoxios  vexavit8.  Multa  ejusmodi  figmenta 
addiderunt.  indigna  prorsus  ea  muliere  quam  non  figuratè  nec 
obscure  convitiis  suis  proscindebant. 

Res  in  aliquot  dies  suppressa  est,  postea  verô  (ut  est  Veritas  filia 
Temporis  9)  ad  Reginam  delata.  Yisum  est  stalui  pessimum  exem- 
plum  eorum  libidini  qui  rébus  novis  inbiant10,  si  impunitas  dare- 


lettre,  précédée  de  l'en-tête  suivant,  qui  n'existe  pas  dans  l'original  :  «  Io.  Cal. 
Fr.  Danieli  S.  D,  »  On  voit,  dès  les  premières  lignes,  que  l'éditeur  s'est 
permis  plusieurs  retouches,  destinées  à  rendre  le  style  plus  coulant  et  plus 
correct,  et  quelques  suppressions  de  mots  qu'il  jugeait  inutiles.  Vers  la  fin 
de  la  lettre  il  a  modifié  le  titre  d'un  livre  obscène,  qui  s'y  trouve  mentionné 
avec  réprobation  dans  le  discours  d'un  docteur  de  la  Sorbonne.  En  outre, 
il  a  remplacé  par  des  équivalents  deux  mots  qu'il  n'a  pu  déchiffrer. 

4  Ces  mots  rerum  sylva  correspondent  assez  bien  à  ceux-ci  «  fœcundas 
rerum  multarum  literas,  »  qu'on  trouve  au  commencement  de  la  pièce  pré- 
cédente. 

5  Nous  ne  savons  de  quel  auteur  est  tirée  cette  citation.  Il  se  pourrait 
bien  qu'elle  fut  une  réminiscence  des  deux  passages  suivants  :  «  Aurem  mor- 
daci lotus  aceto  »  (Perse,  V,  86).  —  «  Corda  felle  sunt  lita  atque  acerbo 
aceto  »  (Plaut.  Truc.  I,  2,  77). 

6  Marguerite,  reine  de  Navarre. 

7  C'est-à-dire,  Maître  Gérard  Boussel  (N°  432,  renv.  de  note  7). 

8  L'auteur  de  la  comédie  voulait  sans  doute  insinuer  que  c'était  la  reine 
de  Navarre  qui  avait  sollicité  auprès  du  Roi  le  bannissement  de  quatre  doc- 
teurs de  Sorbonne  (Voy.  les  Nos  417,  418  et  422). 

9  «  Àlius  quidam  veterum  poëtarum,  cujus  nomen  mihi  nunc  memoriœ 
non  est,  veritatem  temporis  filiam  esse  dixit.  >  (Auli  Gellii  Noctes  Atticse  ; 
lib.  XII,  cap.  xi.) 

10  Calvin  se  place  au  point  de  vue  des  magistrats  de  Paris,  qui  voulaient 
tenir  la  balance  égale  entre  les  deux  partis,  afin  que  l'impunité  des  emie- 


108      JEAN  CALVIN  A  FR.  DANIEL  ET  A  SES  AUTRES  AMIS  D'ORLEANS.     1  533 

tur  huic  improbilati.  Prœtoru  stipatus  centum  apparitoribus  gyra- 
nasium  adiit,  el  suis  jussis  domum  circunsidêre,  ne  quis  elaberetur; 
ipse,  cum  paucis  ingressus,  comicum  non  reperit.  Aiunt  eum  mi- 
nime id  consilio  providisse,  sed,  quum  forte  in  amici  cubiculo  esset, 
tumultum  prius  exaudisse  quàm  perspici  posset,  atque  ita  latebras 
qusesisse,  è  quibus  per  occasionem  effugeret.  Praetor  tamen  pueris 
acloribus  manum  injecit  :  cui,  dum  vult  obsistere  Gymmsiarcha, 
inter  eorum  altercationes,  lapides  à  nonnullis  pueris  conjecti  sunt. 
Ille  nibilominus  eos  arripuit,  et  quod  pro  scena  recitassent  jussit 
repetere;  omnia  excepta  sunt12.  Quando  autbor  sceleris  depre- 
bendi  non  potuerat,  proximum  erat  de  iis  inquirere  qui,  cum  pro- 
bibere  possent,  permisissent,  et  tandiu  etiam  dissimulassent.  Aller, 
qui  et  authoritate  prœcellit  et  nomine  (est  enim  magnus  magister 
Loretus  13),  impetravit  ut  baberet  pro  carcere  bonesliorem  custo- 
diam,  domum  cujusdam,  ut  vocant,  Gommissarii.  Alter,  Morùius14, 
ab  illo  secundus,  jussus  se  domi  continere  dum  inquireretur.  Nunc 
quid  compertum  sit,  nescio  :  est  tamen  evocatus  ad  1res  brèves 
dies,  ut  nunc  loquuntur.  Hactenus  de  comœdiis. 

Alterum  facinus  ediderunt  factiosi  quidam  theologi  œquè  malig- 
num,  etsi  non  usque  adeô  audax.  Cum  excuterent  officinas  biblio- 
polarum,  libellum  vernaculum,  cujus  inscriptio  «  Spéculum  animœ 
peccatricis  lb,  »  retulerunt  in  numerum  librorum  à  quorum  lectione 


mis  de  Marguerite  ne  fût  pas  un  encouragement  pour  les  partisans  des  idées 
nouvelles.  Néanmoins  les  expressions  dont  il  se  sert  pour  désigner  «  les 
novateurs  »  causent  quelque  surprise,  si  l'on  admet  qu'il  était  déjà  complè- 
tement engagé  dans  les  voies  de  la  Réforme. 

11  Jean  de  La  Barre.  En  1522  il  fut  créé  bailli-juge,  «  pour  conuaitre  [à 
l'exclusion  du  prévôt  de  Paris]  des  causes  des  privilégiés  de  l'Université.  » 
Dans  les  documents  contemporains  J.  de  La  Barre  est  néanmoins  appelé 
indifféremment  «  prévôt  »  ou  <  bailli  de  Paris.  »  (Voyez  Bulœus,  op.  cit.  VI, 
au  2  avril  1523.  —  Journal  d'un  bourgeois,  p.  125-127,  298,  386,  437.  — 
Génin.  Lettres  de  Marguerite,  t,  I,  p.  217,  -477,  t.  II,  p.  76.) 

,s  Voyez  le  N°  432,  renvois  de  note  8  et  9. 

13  Appelé  aussi  Lauretus  (Voyez  le  N°  432,  n.  9). 

14  Jean  Morin,  ancien  recteur  de  l'Université,  était  principal  (primarius 
Grammaticorum)  du  collège  de  Navarre  (Voyez  Bulreus,  t.  VI,  au  10  oc- 
tobre 1532).  Louis  Lasseré,  ami  de  Josse  Clicntow,  y  remplissait  les  fonc- 
tions de  proviseur. 

15  Poëme  composé  par  la  reine  de  Navarre  et  qui  avait  paru  pour  la 
première  fois  sous  le  titre  suivant  :  «  Le  Miroir  de  lame  pécheresse,  ouquel 
elle  recongnoist  ses  faultes  et  péchez,  aussi  ses  grâces  et  bénéfices  a  elle 


i  533     JEAN  CALVIN  A  FR.  DANIEL  ET  A  SES  AUTRES  AMIS  D'ORLÉANS.       10U 

interdictum  vellent lfi.  Regina,  ubi  rescivit,  questa  est  apud  fratrem, 
Regem,  professa  se  authorem.  Ille  per  literas  magùtris  Academiœ 
Parisiensis  imperavit  [ut]  sibi  significarent,  an  librum  recensuis- 
sent  in  numéro  eorum  quos  juclicassent  improbatae  religionis; 
quod  si  ita  haberet,  sibi  rationem  sui  judicii  redderent ,7. 

De  ea  re  Nicolaus  Copus  medicus,  nunc  Rector 1S,  retulit  ad  qua- 
tuor Artium  collegia,  Medicinse,  Pbilosophiœ,  Theologiaj,  Juris 
canonici.  Apud  magistros  Artium,  inter  quos  locum  dicendi  pri- 
mum  babuit,  longa  et  acerba  oratione  invectus  est  in  eorum  teme- 
ritatem  qui  sibi  id  juris  in  majestatem  Reginœ  usurpassent.  Dis- 
suasit  ne  se  immiscèrent  tanto  discrimini;  ne  Régis  iram  experiri 
vellent;  ne  in  Reginam,  virtutum  omnium  et  bonarum  literarum 
malrem,  arma  sumerent;  postremô,  ne,  banc  culpam  in  se  reci- 
pientes,  improbitatem  eorum  alerent  qui  parati  sunt  quidvis  sem- 
per  aggredi  sub  praBtextu  hujus  nominis,  ut  dicant  Academiam 
fecisse  quod  ipsi,  injussu  Académie,  perpétrant 19.  Omnium  sen- 


faitez  par  Jesuchrist  son  espoux...  A  Alençon,  chez  maistre  Simon  du  bois. 
M.  D.  xxxj,  >  petit  in-4°  de  35  feuillets,  caractères  goth.  Une  autre 
édition,  "publiée  en  1533  chez  Simon  du  Bois,  porte  sur  le  titre  le  nom 
de  l'auteur.  Celle  d'Antoine  Augereau,  Paris,  1533  (1534,  nouv.  style?)  est 
intitulée  :  «  Le  Miroir  de  très  chrestienne  princesse  Marguerite  de  France, 
royne  de  Navarre...  auquel  elle  voit  et  son  néant  et  son  tout.  »  (Brunet. 
Manuel  du  libraire,  5e  édit.  t.  IH,  col.  1413.) 

16  Un  arrêt  du  Parlement  avait  interdit  la  publication  de  tout  livre  de 
religion  qui  n'aurait  pas  été  examiné  par  la  Faculté  de  Théologie  (Nos  102, 
n.  5:  103,  renv.  de  n.  23;  104,  renv;  de  n.  11;  118,  renv.  de  n.  10). 

17  Bulseus  (t.  VI,  p.  238)  s'exprime  ainsi  là-dessus  :  «  Die  Veneris  24  Oc- 
tobris  [1533]  vocata  est  Universitas  à  Rectore  ad  Mathurinos,  pro  audien- 
dis  litcris  Regiis,  quibus  continetur,  ut  Universitas  daret  causas  propter 
quas  reposuisset  libellum...  inscriptum  «  le  Miroir  de  V âme  pécheresse  »  inter 
reprobatos,  deleretque  [1.  deferretque  ?]  propositiones,  si  quœ  essent  has- 
reticœ.  » 

1S  Nicolas  Cop,  fils  de  Guillaume  Cop,  médecin  du  Roi  (N°  3,  n.  6),  avait 
été  élu  recteur  de  l'Université  le  10  octobre  précédent,  n  est  mentionné  en 
ces  termes  dans  le  procès-verbal  de  cette  élection  :  «  Nicolaus  Copus,  Pari- 
sinus,  in  Medicina  Baccalaureus,  in  collegio  San-Barbarano  prœceptor.  » 
Depuis  1530  il  enseignait  la  philosophie  dans  ce  collège  (Bulseus,  op.  cit. 
t.  VI,  Catalogus  illustrium  Academicorum  Universitatis  Parisiensis). 

19  Le  récit  de  Bulreus  relatif  à  la  condamnation  des  Colloques  d'Érasme 
(1528)  permet  de  croire  que,  d'après  l'usage  établi,  la  Faculté  de  Théologie 
ne  pouvait  pas  mettre  un  livre  à  l'index,  sans  en  avertir  les  autres  Facultés, 
et  qu'elle  devait  même,  dans  certains  cas,  demander  leur  approbation.  Voyez 
les  notes  17  et  20. 


110      JEAN  CALVIN  A  FR.  DANIEL  ET  A  SES  AUTRES  AMIS  D'ORLEANS.      1  533 

tentia  fait,  factum  abjurandum20.  Idem  censuerunt  Theologi,  Ca- 
nonici,  Medici.  Rector  renunciavit  ordinis  sui  decretum,  pôst  De- 
canus  Medicinae,  tertius  Canonici  Juris  doctor,  quartus  Theo- 
logus  21. 

Ultimus  verba  fecit  deviens,  parochus  Sancti-Andreœ22,  in  quem 
omnis  culpa  derivabatur,  aliis  à  se  amolientibus.  Primùm  magni- 
ficis  verbis  extulit  Régis  integritatem,  qui  Fidei  se  animosura  pro- 
tectorem  hactenus  gesserit.  Esse  aliquos  sinistros  bomines  qui  hune 
egregium  animum  conentur  pervertere,  qui  etiam  conspiraverint 
in  exitium  sacrae  Facultatis  ;  sibi  tamen  certain  spem  esse  nihil 
obtenturos  adversus  talem  constantiam,  quam  in  Rege  esse  no- 
visset.  Quantum  attineret  ad  negocium  quod  esset  in  manibus,  se 
quidem  fuisse  delegatum  Academiœ  decreto  ad  eam  provinciam 2S  ; 
nihil  tamen  minus  sibi  in  animo  fuisse  quàm  adversus  Reginam 
quippiam  moliri,  fœminam  tum  sanctis  moribus,  tum  pura  reli- 
gione  praeditam  :  cujus  rei  argumente-  esse  poterant  justa  quae 
matris  suœ  manibus  post  mortem  persolvisset 24.  Se  pro  damnatis 
libris  habuisse  obsecenos  iilos  Pantagruelem 25,  Sylvain ,  et  ejus 


20  On  lit  ce  qui  suit,  dans  les  Actes  du  procureur  de  la  Nation  française  : 
«  Scriptura  ad  Eegem,  librum  illum  nunqiiam  ab  Universitate  damnatum 
esse,  neclum  visum;  qui  tamen  si  taxatus  esset  ab  aliquibus,  idque  juste 
aut  injuria,  causam  suam  oportere  eos  tueri  et  defendere  qui  id  fecissent  > 
(Bulaeus,  VI,  238). 

21  La  précision  de  ces  détails  donne  à  penser  qu'ils  avaient  été  commu- 
niqués à  Calvin  par  son  ami  Cop  (Voyez  N°  345,  n.  4,  N°  365,  renv.  de 
n.  4),  ou  par  l'un  des  régents  du  collège  de  Fortet,  dans  lequel  Calvin  avait 
alors  son  domicile  (Voyez  le  N°  440,  note  8  *). 

22  Nicole  le  Clerc,  docteur  de  Sorbonne  (N°  162,  renv.  de  n.  6,  N°  203, 
n.  3),  curé  de  la  paroisse  de  St.-André-des-Arcs,  à  Paris. 

23  Voyez  la  note  16. 

24  Louise  de  Savoie.  Elle  mourut  à  Grez,  en  Gâtinois,  entre  le  22  et  le 
30  septembre  1531.  Elle  fut  ensevelie  pompeusement  à  St. -Denis  le  18  oc- 
tobre, après  qu'un  service  funèbre  eut  été  célébré  la  veille  à  Notre-Dame. 
(Voy.  le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  p.  426.  —  Cronique  du  roy 
Françoys  I,  publiée  par  Georges  Guinrey,  Paris,  1860,  p.  93.  —  Félibien. 
Hist.  de  Paris,  1725,  folio,  t.  II,  p.  991-992.) 

25  Ouvrage  de  François  Rabelais,  publié  d'abord  à  Lyon  en  1532,  et 
qui  avait  eu  déjà  plusieurs  éditions.  La  plus  récente  était  intitulée  :  «  Jésus 
Maria.  Les  borribles  et  espouuentables  faietz  et  prouesses  du  tres-renomme 
Pantagruel...  Augmente  et  corrige  frai chement,  par  maistre  Jehan  Lune! , 
docteur  en  théologie.  MDXXXIII.  Lyon,  Françoys  Juste,  »  in-24  de  95  et 
7  feuillets,  caract.  goth.  (Brunet,  op.  cit.  t.  IV,  col.  1043-46.) 


4  533     JEAN  CALVIN  A  FR.  DANIEL  ET  A  SES  AUTRES  AMIS  D'ORLÉANS.      111 

monetae.  Hune  intérim  inter  suspectos  reposuisse,  quôd  sine  Fa- 
cultatis  consilio  editus  esset,  magna  fraude  aresti  quo  velitum 
erat  inconsulta  Facultate  quicquam  edere  quod  ad  Fidem  specta- 
ret 26.  Denique  sibi  hoc  esse  praesidium,  mandato  Facultalis  factum 
quod  in  quœstionem  vocabatur;  omnes  esse  culpae  affines,  si  qua 
esset,  quantumvis  abnegarent.  Atque  haec  omnia  gallicè,  ut  omnes 
intelligerent  si  verum  prafabatur.  Omnes  tamen  fremebant,  eum 
obtendere  ignorantiae  suas  hanc  speciem.  Aderant  autem  Epis- 
copus  Sylvanectensis 27,  Stella 28,  et  quidam  ex  praefectis  aulae  regiae. 

Ubi  finem  dicendi  fecit  Clericus,  Parviis  dixit  lectum  à  se  librum  ; 
nihilse  dignum  liturà  comperisse,  nisi  oblitus  esset  suae  Tlieologiae29. 
Demum  postulavit,  ut  ederetur  decretum  quo  Régi  satisfieret.  Co- 
pus  Rector  prommciiwit,  Academiam  non  agnoscere  censurant  illam 
qualis  qualis  fuisset  ;  quô[d]  libellus  censitus  esset  in  libris  aut 
damnatis  aut  suspectis,  non  probare  neque  in  se  recipere.  Vidè- 
rent qui  id  fecissent  qua  ratione  se  defensuri  essent  ;  parafas  fore 
tempore  literas  quibus  se  Academia  Régi  excusaret,  ageret  etiam 
gratias,  quôd  se  tam  bénigne  paterno  more  compellasset. 

Allatum  est  regium  diploma,  quo  Parisiensi  Episcopo  30  permit- 
titur  prcefleere  quos  velit  singulis  parocbiis  concionatores,  qui  prius 
pro  libidine  theologorum  eligebantur,  ut  quisque  erat  clamosissi- 
mus  et  stolido  furore  praadilus  quem  illi  zelum  vocant,  quo  nun- 
quam  arsitHelias,  qui  tamen  zelo  zelabatur  super  domum  Dei,  etc. 31 


26  Voyez  la  note  16. 

2"  Guillaume  Parvi  ou  Petit,  aumônier  du  Roi,  et  qui  avait  été  élu  évêque 
de  Senlis  en  1527  (N°20,  n.  11,  N°  43,  n.  10). 

2S  Pierre  de  l'Estoile,  conseiller  au  parlement  de  Paris  (N°  328,  n.  3, 
N°  362,  n.  8*). 

29  Bèze  juge  ainsi  la  condescendance  que  Parvi  témoigna,  dans  une  pré- 
cédente occasion,  à  la  reine  de  Navarre  :  «  Pour  la  gratifier,  et  non  pour 
vray  zèle  qu'il  eust  à  la  Religion,  [il]  feit  imprimer  les  Heures  en  françois 
[Heures  de  la  royne  Marguerite.  Paris,  1533],  après  avoir  rongné  une  par- 
tie de  ce  qui  estoit  le  plus  superstitieux  »  (Hist.  eccl.  I,  13). 

30  Jean  du  Bellay,  élu  évêque  de  Paris  le  20  septembre  1532. 

31  I  Rois,  chap.  XVIII;  chap.  XIX,  v.  1-14.  St.  Luc,  chap.  I,  v.  17; 
ebap.  IX,  v.  54. 

Quoique  la  lettre  se  termine  ici,  Bèze  ajoute  encore  :  «  Vale.  m.  d. 
xxxiii.  »  Il  a  emprunté  cette  date  à  une  note  écrite  d'une  main  qui  n'est 
pas  celle  de  Calvin. 


112      l'ÉVÈijUE  DE  GENÈVE  A  SON  PROCUREUR  FISCAL,  A  GENÈVE.      1S33 


l'évêque  de  genève  à  son  Procureur  fiscal,  à  Genève. 
D'Arbois,  20  novembre  1533. 

Copie  contemporaine l.  Archives  de  Genève.  J.  Gaberel.  Hist.  de 
l'Église  de  Genève,  1858, 1. 1.  Pièces  justif.,  p.  42. 

Sommaire.  Pierre  de  la  Baume,  ayant  appris  que  divers  prêcheurs  arrivent  journelle- 
ment à  Genève  et  y  enseignent  secrètement  «  défausses  doctrines,  »  interdit  à  qui  que 
ce  soit,  sous  peine  de  cent  livres  genevoises,  de  prêcher  ou  faire  prêcher  l'Évangile 
dans  la  ville  ou  clans  le  voisinage,  sans  la  permission  expresse  de  l'Évêque  ou  de 
son  Vicaire.  Le  procureur  fiscal  est  chargé  de  la  publication  des  présentes,  et  il 
exhortera  les  Syndics  à  les  faire  observer. 

Petrus  de  Bauma,  Dei  et  Sanct»  Sedis  Apostolicœ  gratiâ  Epis- 
copus  et  princeps  Gebenn.,  Coadjutor  et  futurus  Electus  Ar- 
chiepiscopatùs  Bisuntinensis,  etc2.  Dilecto  procuratori  fiscali  Ge- 
benn[ensi].  Salutem! 

Dubitamus  civitatem  nostram  Gebenn[ensem]  non  posse  cita  erro- 
ribus  destitui,  nisi  super  prœdicationibus  in  ea  de  cetero  fiendis  op- 
portune provideamus  ;  varios  enim  sermonizantes  indies  Mue  occur- 
rere  intelleximus,  falsa,  clam  et  secrète,  in  aidis  et  [h]ortis  et  alibi 
docentes3,  et  sub  quorum  dissimulatâ  urbanitate  et  inhonesto  tec- 
torio,  grex  nostra  fraudulenter  decipitur  et  à  cultu  Dei  alienatur. 

1  Cette  copie  fut  écrite  par  l'ancien  syndic  Ami  Porràl. 

-  L'énumération  des  titres  de  Pierre  de  la  Baume  étant  ici  incomplète, 
nous  en  donnons  la  fin  d'après  une  procuration  signée  par  ce  prélat  le 
12  janvier  1534  :  «  Inclitorumque  monasteriorum  Sancti  Eugendi  Jurensis, 
Sancti  Justi  de  Secusia,  Beatse  Maria?  de  Pinarolio  ac  Sancti  Johannis  Keo- 
mensis,  Lugdunensis,  Thaurinensis,  nec  non  et  Lingonensis  Diœcesis  perpe- 
tuus  commendatarius.  » 

3  Les  prédicateurs  que  nous  avons  déjà  nommés  (N°  410,  n.  9)  ne  se 
trouvaient  plus  à  Genève  lorsque  Froment  et  Alexandre  Canus  y  arrivèrent 
vers  la  fin  de  juillet,  «  incontinent  après  la  despartie  de  l'Évesque.  »  (Voy. 
Actes  et  Gestes,  p.  66,  et  le  N°  441,  n.  8.)  Il  est  assez  probable  que,  dès 
la  fin  d'octobre,  Fortimat  Andronicus  séjourna  quelque  temps  auprès  de  ces 
deux  derniers  (Voy.  N°  434,  renv.  de  n.  6). 


1533     l'ÉVÊQUE  DE  GENÈVE  A  SON  PROCUREUR  FISCAL,    V  GENÈVE.       113 

Ut  autem  morbo  huic  med[e]atur,  de  nostra  certa  sciencia,  pro- 
cerumque  nostrorum  consilio,  juxta  quoque  nobis  de  jure,  tan- 
quam  antistiti,  créditant  facultatem,  per  ultimum  Lateranense  Con- 
cilium 4  confirmatam,  —  statuimus  et  ordinamus,  neminem  [1.  ne- 
mini],  sub  pœnis  ab  ipso  jure  introductis,  indignationisque  nostrae, 
perpétuas  excommunicationis  et  centum  librarum  gebennensium, 
licere,  in  cantate  nostra  prœdictd  et  ipsius  eonfinibus,  clam,,  palam, 
occulte  vel  publiée,  sacram  paginant,  sacrumve  Erangelium  prœdi- 
care,  exponere,  aut  aliàs  quomodocunque  dicere  vel  instruere,  ins- 
truive,  exponi  aut  prasdicari  facere  per  quemque,  nisi  prius  nostra, 
seu  Vicarii  nostri  generalis,  expressa  interveniat  auctoritas  et  li- 
centia. 

Tibi,  hoc  ideô  expresse  commictendo,  mandantes,  quatenus  ne 
quis  prasmissorum  ignorantiam  simulet,  nostram  prasscriptam  or- 
dinationem  seu  statutum,  sono  tubas  per  carraphos  et  plateas,  loca- 
que  dictas  nostrae  civitatis  assueta,  publicari  facias,  perque  univer- 
sos  et  singulos  subditos  nostros.  et  alios  civitatem  nostram  degen- 
tes,  observari,  prascipi,  facias,  —  sub  pœnis  paribus  prasmissis, 
quas  in  contravenientes  procurabis  declarari,  librasque  sic  decla- 
randas  reparationi  mœniorum  dictas  nostras  civitatis  applicabis  et 
applicari  faciès.  Et,  cum  ordinatio  nostra  hujusmodi  in  expulsum 
cedat  civitatis  nostras  prasdictas  errorum  et  abusuum  ex  quibus  tôt 
orta  jam  sunt  scandalla  et  rixas,  —  benedilectos  Sindicos  dictas  ci- 
vitatis, nostri  parte,  monebis  tibi  taies  favores  in  prasmissis  prass- 
tari,  quôd  nostra  prasscripta  ordinatio,  prassentesque  nostras,  ut.ja- 
cent,  observantiam  ab  omnibus  possint  obtinere 5. 


4  Le  concile  de  Latran,  commencé  à  Rome  le  10  mai  1512  par  Jules  II 
et  terminé  sous  le  pontificat  de  Léon  X,  le  16  mars  1517. 

3  Les  magistrats  de  Genève  avaient  devancé  les  ordres  de  l'Évêque,  en  fai- 
sant publier  à  plusieurs  reprises  l'édit  qui  défendait  de  prêcher  sans  la  per- 
mission du  Grand-Vicaire  et  des  Syndics  (Voyez  les  Xos  406,  n.  1  ;  414,  n.  9  ; 
434,  n.  7).  En  revanche,  ils  avaient  invité  récemment  les  prédicateurs  officiels 
à  ne  rien  avancer  qui  ne  pût  être  prouvé  par  TÉcritureSte.  On  lit,  en  effet,  dans 
le  Registre  du  Conseil,  à  la  date  du  24  octobre  1533  :  «  Frater  Claudius 
Boulant  i  intravit  exhibens  quandam  missivam,  per  quam  Illustriss.  Domi- 
nus  noster  Princeps  eis  scribit  quôd  predicare  habeaut  secundùm  bonos 
usus,  etc.  Petit  sibi  declarari  quid  acturi  sint  :  an  predicare  audeant  vel 
ne?  Resolvitur  quôd  dicaturei,  quôd  procédât  et  predicent  Evangelium,  nihil 
àliud  predicantes  nisi  cptod  proliari  possit  per  Sanctas  Scripiuras  Evan- 
gcîicas.  » 

T.  III.  S 


114  FRANÇOIS  I  AU  PARLEMENT  DE  PARIS.  1533 

Datœ  in  prioratu  nostro  Arbosii,  die  vigesima  mensis  novembris, 
anno  Domini  millesimo  quingentesimo  tricesimo  tercio  6. 

Petrus  Episgopus  et  Princeps  Gebenn[ensis]. 

Per  dictum  Illu.[strissimum]  et  R.[everendissimum]  Dominum 
D.  Gebennensem  Episcopum  el  Principem. 

Machard  7. 


440 

François  i  au  Parlement  de  Paris. 
De  Lvon,  10  décembre  1533. 

J.  Du  Mont.  Corps  universel  diplomatique  du  droit  des  gens.  — 
Suppl.  Amsterdam  et  la  Haye,  1739,  5  vol.  fol.  T.  III,  p.  115. 

Sommaire.  Le  Roi  ordonne  au  Parlement  de  procéder  avec  énergie  et  promptitude 
contre  les  hérétiques,  et  d'élire  deux  conseillers  qui  seront  chargés  des  procès  de  ce 
genre.  Il  lui  envoie  les  deux  bulles  octroyées  par  le  Pape,  pour  l'extirpation  de  la 
secte  luthérienne,  et  lui  enjoint  de  rechercher  et  d'emprisonner  celui  des  conseillers 
qui  a  favorisé  la.  fuite  du  docteur  suspect  [Nicolas  Cop]. 

De  par  le  Roy. 
Nos  améz  et  féaulx  !  Nous  avons  entendu  le  contenu  aux  lettres 

G  Le  Registre  du  Conseil  contient  les  passages  suivants  relatifs  au  pré- 
sent mandement  de  l'Evêque  :  «  30  Novemb.  Literte  Reverendissimi  Dni 
Principis  de  non  predicando  Evangelio  lectae  fuerunt,  cum  criais  super  eis 
confectis.  Quibus  lectis,  nihil  fuit  opinionatum,  quia  totum  Consilium  valdè 
admiraiur  quod  ad  tempora  quibus  Evanyelium  legi  et  publicari  prolii- 
beat/ur,  abiit  et  decessit.  »  [Voy.  le  N°  428,  n.  2].  —  «  2  Deceinb.  Lectœ 
fuerunt  Literie  iterùm  Dui  Principis  de  non  predicando  Evangelium,  et  cridœ 
desuper  petitse.  Et  quia  Literœ...  excessives  apparent,  tam  in  commina- 
tione  penarum  quàm  prohibitione  lectionis  Evàngelicae,  resolvitur  quôd... 
Literae  procuratori  fiscali  restituantur,  dicaturque  ei  quôd  sunt  excessiva?,  et 
neominus  videatur  quôd  conferatur  cum  Dnis  de  Consilio  Episcopali,  si  velint 
quôd  fiant  cridœ,  dictent  ad  dictum  Franchesiarum  et  juxta  Edictum  fac- 
tum  [30a  die]  de  mense  Martii  nuper  lapsi.  » 

7  C'était  le  secrétaire  de  l'Evêque,  dont  il  contresignait  les  actes  ofïi- 


1533  FRANÇOIS  I  AU  PARLEMENT  DE  PARIS.  Ho 

que  par  ce  porteur  avons  acceptez  l.  Nom  sommes  très-marris  et 
desplaisans  de  ce  que  en  nostre  bonne  Ville  de  Paris,  chef  et  capi- 
talle  de  nostre  Royaume,  et  où  y  a  Université  principale  de  la 
Chrestienté,  cette  maudicte  secte  hérétique  Luthérienne  pullulle,  où 
plusieurs  pourront  prendre  exemple  ;  à  quoy  de  tout  nostre  pouvoir 
et  puissance  voulons  y  obvier,  sans  y  espargner  personne  qui  soit. 
Et  pour  ce  voulons  et  entendons  que  telle  et  si  griefve  punition 
en  soit  faicte,  que  ce  soit  correction  aux  maudits  Hérétiques,  et 
exemple  à  tous  autres. 

A  cette  cause,  Nous  vous  mandons  et  très-expressément  enjoi- 
gnons, que  vous  commétez  aulcuns  d'entre  vous,  pour,  toutes 
choses  laissées,  curieusement  et  diligemment  eulx  enquérir  de 
tous  ceulx  qui  tiennent  icelle  secte  Luthérienne,  et  qui  en  sont 
suspects  et  véhémentement  suspectionnéz,  et  qui  y  adhèrent  et  les 
suivent,  afin  que  vous  procédez  contre  eulx,  sans  nul  excepter,  par 
prise  de  corps,  en  quelque  lieu  qu'ils  soyent  trouvez,  et  contre  les 
fugitifs,  [par]  adjournement  à  trois  briefs  jours,  prinse  de  biens  et 
établissement  de  Commissaires.  Et  quand  à  ceulx  que  avez  fait 
constituer  prisonniers,  qui  sont  chargez  de  blasphèmes,  procédez 
à  leur  punition  selon  l'exigence  des  cas 2. 

Et,  au  regard  des  Hérétiques,  Nous  escripvons  à  l'Èvesque  de 
Paris  ou  à  ses  Vicaires,  qu'ils  commettent  deux  de  nos  Conseil- 
lers tels  que  adviserez,  pour  faire  et  parfaire  le  procéz  dHceulx  hé- 
rétiques, sans  préjudice  de  sa  jurisdiction  en  aultres  choses,  ny 
quelque  chose  que  nous  avons  par  cy-devant  escrit 3,  —  d'autant 


ciels.  —  Au  dos  du  manuscrit  on  lit  la  note  suivante  de  Porral  :  «  Copia  lite- 
rarum  patentium  episcopalium  ab  Antichristo  P.  de  Barra[a]  contra  volentes 
Evangelium  in  Civitate  Gebennensi.  » 

1  Cette  lettre,  datée  du  26  novembre,  renfermait  les  doléances  du  Parle- 
ment sur  les  progrès  de  «  l'hérésie  »  à  Paris  et  particulièrement  dans  l'Uni- 
versité. Il  importerait  de  retrouver  cette  pièce,  parce  qu'elle  fournirait  peut- 
être  quelcpies  détails  intéressants  sur  la  personne  de  Nicolas  Cop  (Voyez 
les  notes  8-10). 

2  Nous  n'avons  pas  de  renseignements  sur  ces  prisonniers. 

3  La  lettre  de  François  I  à  l'évêque  de  Paris,  Jean  du  Bellay,  est  datée 
du  10  décembre.  Elle  renferme  le  passage  suivant:  «  Nous  voulons  et  vous 
prions  très-[ac]ertes,  en  vous  mandant  très- expressément,  si  mestier  est, 
que  vous  commettez  deux  de  noz  conseillers  de  nostre  Court  de  Parlement... 
pour  faire  et  parfaire  le  procès  des  hérétiques...  Et  n'y  faites  faulte,  sur 
tant  que  desirez  nous  obeyr.  »  (Bulletin  de  la  Soc.  de  l'Hist.  du  Protestan- 
tisme français,  t.  I.  p.  437.) 


116  FRANÇOIS  I  AU  PARLEMENT  DE  PARIS.  1533 

que,  attendu  que  iceluy  dêlict  pullule,  à  faute  d'avoir  eu  le  soin  et 
cure  de  V extirper  dez  le  commencement,  [il]  e[s]t  besoing  que  tout 
promptement  par  gens  d'autorité  et  nos  Officiers  cela  soit  exécuté, 
qui  vous  pourront  de  jour  à  autre  rapporter  en  quel  estât  seront 
les  matières,  pour  en  avoir  vostre  advis  et  conseil.  Si  voulons  que 
à  ce  que  dessus  soit  par  vous  procédé  réellement  et  de  fait  par 
main  forte  et  armée,  si  mestier  est,  et  [que]  Nous  envoyez  en  dili- 
gence Mémoires  nécessaires  pour  avoir  de  Nous  toutes  provisions 
requises,  tant  par  lettres  missives  que  patentes,  pour  faire  accom- 
plir et  exécuter  ce  que  dessus.  D'autre  part  vous  envoyons,  et  aussi 
au  dit  Ëvesque  de  Paris  ou  à  ses  Vicaires,  le  vidimus  des  Bulles 
qu'il  a  pieu  à  nostre  Saint  Père  le  Pape  Nous  octroyer,  pour  extir- 
per icelle  secte  Luthérienne  de  nostre  Royaulme  4. 

Nous  avons  faict  par  ci-devant  expédier  lettres  patentes  sur  le 
faict  des  Prescheurs,  qui  ont  bien  aijdè  à  augmenter  la  dicte  secte 5  ; 
on  Nous  a  dict  qu'elles  vous  avoient  esté  présentées,  toutesfois  que 
n'y  avez  donné  aucun  ordre.  Pareillement  avons  entendu  que  le 


A  la  réception  des  ordres  du  Roi,  le  19  décembre,  le  Parlement,  toutes 
les  chambres  assemblées,  élut  «  Maistre  Nicole  Quelain,  conseiller,  prési- 
dent es  Enquestes,  et  Jacques  de  la  Barde,  conseiller,  pour  estre  Vicaires 
de  l'évesque  de  Paris,  à  faire  et  parfaire  les  procez  des  Hérétiques.  »  (Du 
Mont,  loc.  cit.) 

4  Le  vidimus  de  ces  deux  bulles  fut  signé  à  Lyon,  le  3  décembre  1533, 
par  Guillaume  [du  Prat],  évèque  élu  de  Clermont  (N°  202,  n.  6).  Quant 
aux  bulles  elles-mêmes,  la  première,  datée  de  Rome,  le  1er  septembre  1533, 
est  écrite  à  tous  les  archevêques,  évèques  et  inquisiteurs  du  royaume  de 
France.  La  seconde  est  adressée  à  François  I  et  porte  la  date  :  «  Massilise, 
anno  1533,  quarto  Idus  Novembris.  »  (Du  Mont,  Suppl.  III,  116-118.)  An- 
dré Verjus,  président  des  enquêtes,  et  Nicole  Brachet,  conseiller  en  Parle- 
ment, reçurent  avec  cette  dernière  bulle  une  lettre  du  chancelier  Antoine 
du  Prat,  où  l'on  remarque  les  passages  suivants  :  *  Messieurs,  le  Roy  con- 
sidérant le  gros  inconvénient,  péril  et  scandalle  que  pourroit  advenir  de 
l'hérésie  Luthérienne  et  autres  sectes  réprouvées  pullulans  en  aulcuns  en- 
droits de  son  Royaulme,  parce...  que  ccidx  qui  estaient  atteints  cl'iceulx 
crimes  n'estoient  punis  selon  leur  démérite...  au  moyen  des  appellations  et 
subterfuges  dont  ils  usoyent...  le  dit  Seigneur  a  obtenu  de  notre  St.  Père... 
une  Bulle  de  la  teneur  que  verrez  par  le  Vidimus  que  de  présent  je  vous 
envoyé...  Le  dit  Seigneur  vous  a  nommé[s]  pour  juger  et  décider  les  appel- 
lations qui  seront  interjettées  des  procez  faicts  et  qui  se  feront  contre  les 
dits  hérétiques...  Lyon,  le  8e  jour  de  Décembre.  »  On  lit  au-dessous:  «Vostre 
frère  et  bon  amy  A.  cardinal  de  Sens.  » 

5  Voyez  les  Nos  418  et  422. 


1533  FRANÇOIS  I  AU  PARLEMENT  DE  PARIS.  1  17 

Docteur  qui  a  presché  certaines  propositions e,  dont  avez  faict  infor- 
mations de  vostre  part,  et  le  Recteur  de  la  sienne  7,  et  que  vous 
aviez  envoyé  quérir  pour  parler  à  vous,  —  quand  fut  à  la  salle  du 
Palais,  quelqu'un  de  nostre  dite  Court  vint  parler  à  luy,  qui  fut 
cause  qu'il  s'enfuyt 8. 

6  C'est  une  allusion  au  discours  latin  que  le  recteur  Nicolas  Cop  (N°  438, 
n,  18)  avait  prononcé,  le  1er  novembre,  devant  l'Université,  réunie  dans 
l'église  des  Mathurins  ;  mais  le  Roi  ignorait  que  «  le  Docteur  »  coupable  et 
«  le  Recteur  »  étaient  une  seule  et  même  personne. 

La  harangue  incriminée  roulait  sur  la  foi  justifiante,  et,  d'après  le  té- 
moignage de  Bèze  (Hist.  eccl.  1580,  I,  14),  elle  <  avoit  esté  bastie  par  Cal- 
vin. »  Bèze  ne  connaissait  peut-être  pas  ce  détail,  quand  il  composa  sa  Vie 
de  Calvin  en  français  (1564  et  1565),  mais  dès  lors,  en  compulsant  les  pa- 
piers du  Réformateur  pour  la  publication  des  «  Calvini  Epistolœ  et  Res- 
ponsa,  »  il  avait  pu  y  trouver  le  manuscrit  autographe  qui  correspondait 
assez  bien  à  ce  que  la  tradition  rapportait  sur  le  discours  de  Cop.  C'est  pour- 
quoi dans  la  Vita  Calvini,  qui  précède  les  Epistolœ  (1575),  on  lit  déjà  ce  pas- 
sage :  «  Suggessit  eam  [scil.  Copi  orationem]  Calvinus,  in  qua  puriùs  et  aper- 
tiùs  quàm  antea  consuevissent,  de  Religione  disserebatur.  »  (Voyez  dans  les 
Additions  ce  discours  de  Calvin.) 

7  Le  Recteur  n'eut  pas  à  faire  une  enquête  sur  les  propositions  qu'il 
avait  prêchées  ;  mais  ayant  appris  que  deux  cordeliers  l'avaient  dénoncé  au 
Parlement  ^Gaillard,  op.  cit.  III,  567),  il  convoqua  l'Université,  le  19  no- 
vembre, et  se  plaignit  de  ce  qu'on  lui  enlevait  le  droit  d'être  jugé  par  ses 
pairs.  Voici  le  récit  de  Bulaeus,  t.  VI,  p.  238:  «Die  Mercurii  19  Kovem- 
bris,  congregata  est  Universités  ad  Mathurinos...  Exposuit  D.  Hector  in- 
jurias sibi  illatas  à  Franciscanis,  quodpropositiones  quasdam  extraxissent  ex 
sermone  quem  habuerat  in  festo  Sanctorum  omnium,  quas  suas  esse  nega- 
vit.  Unam  tamen  ex  omnibus  confessus  Rector.  Siquidem  ad  superiorem  Ju- 
dicem  vocatus  erat,  omisso  medio  et  neglectâ  Universitatis  jurisdictione,  ut 
super  propositionibus  responderet.  Supplicuit  itaque...  ut  vindicem  se  prse- 
beret  Universitas...  Tumultus  sanè  in  ea  congregatione  fuit  horribilis,  hor- 
rescoque  dum  refero  ;  sed  tamen  per  Facultatem  [Artium]  ita  est  conclusum, 
ut  hoc  pacto  referretur  :  «  iEgrè  fert  Facilitas  injuriam  toti  Universitati 
illatam,  quod  tractus  fuerit  ad  superiorem  Judicem...  summus  suus  magis- 
tratus,  et,  eam  ob  rem,  censet  Facilitas  ut  cjus  accusatores  et  qui  suppli- 
cationem  superiori  Judici  porrexerunt,  citentur  in  facie  Universitatis,  causas 
rei  allaturi.  Natioues  pollicitœ  sunt  in  agendis  auxilium  et  favorem,  citra 
omnem  injuriam  et  fraudem.  Nihil  tamen  ausus  est  Rector  concludere,  reni- 
tentibus  quippe  Theologi»  et  Decretorum  Facultatibus,  veritusque  carceres, 
abstinuit  deinde  publico  nec  apud  Senatum  comparuit.  » 

s  «  La  Cour  de  Parlement  l'envoya  quérir  [c.-à-d.  Cop],  et  luy  se  mit 
en  chemin  pour  y  aller  avec  ses  bedeaux  ;  mais,  estant  adverti  que  c'estoit 
pour  l'emprisonner,  n'alla  jusques  au  palais,  ains  s'en  retourna,  et  depuis 
se  absenta  du  Royaume,  se  retirant  à  Basic.. .  Calvin  aussi,  pour  la  fami- 


118  FRANÇOIS  I  AU  PARLEMENT  DE  PARIS.  1533 

Nous,  à  cette  cause,  vous  mandons  et  enjoignons  vous  informer 
de  celluy  qui  est  cause  d'icette  fuitte  et  qui  parla  au  dit  Recteur  9, 
et  le  saisissez  et  constituez  prisonnier,  et  Nous  mandez  qui  il  est, 
afin  que  Nous  vous  mandons  ce  que  en  voulions  estre  faict.  Il  a 
assez  monstre,  en  ce  faisant,  qu'il  est  fort  suspect  d'estre  du 
nombre  des  Hérétiques.  Si  vous  prions  que  à  tout  ce  que  dessus 
vous  marquez  et  entendez  diligemment,  et  vous  Nous  ferez  ser- 
vice, en  ce  faisant,  très-agréable  10.  Donné  à  Lyon,  le  10  jour  de 
Décembre  1533. 

François. 

Bavard. 

(Suscription  :)  A  nos  améz  et  féaulx  les  Gens  tenans  nostre 
Court  de  Parlement  à  Paris. 

liarité  qu'il  avoit  eu  avec  le  dit  Cop,  fut  contreint  de  sortir  de  Paris,  estant 
recerché  jusques  là,  que  le  Bailly  Morin  alla  en  sa  chambre  au  collège  de 
Fortret  [1.  Fortet*],  où  il  se  tenoit,  pensant  le  constituer  prisonnier;  mais 
ne  le  trouvant  pas,  saisit  tout  ce  que  il  peut  de  ses  livres  et  papiers  :  entre 
lesquels  estans  plusieurs  lettres  de  ses  amis,  tant  d'Orléans  que  d'ailleurs, 
on  tascha  de  leur  en  faire  fascherie  ;  toutesfois  Dieu  voulut  que  cela  ne  vînt 
à  effect.  >  (Préface  de  Bèze,  en  tête  des  «  Commentaires  de  M.  Iean  Cal- 
vin sur  le  livre  de  Josué.  »  Genève,  M.  D.  LXV,  in-8°,  fol.  a  vij.) 

9  Le  manuscrit  portait  sans  doute  docteur,  et  non  recteur,  ou  bien  il 
faut  supposer  que  le  passage  qu'on  trouve  plus  baut  (renv.  de  note  6)  a  été 
inexactement  reproduit  par  les  éditeurs  du  Supplément  de  Du  Mont. 

10  Le  Grand-Maître  Anne  de  Montmorency  écrivait  de  Lyon,  le  8  dé- 
cembre, au  Parlement  :  «  J'ay  receu  vos  lettres  du  26  du  mois  passé,  en- 
semble, celles  que  escripvez  au  Roi...  qui  vous  y  fait  très-bonne  response. 
Et,  afin  que  vous  puissiez  mieux  entendre  l'affection  qu'il  a  en  ceste  ma- 
tière, il  m'a  donné  charge  de  la  vous  dire  de  bouche,  ce  que  j'espère  faire 
entre  cy  et  quinze  jours.  Et  ce  pendant  je  vous  puis  asseurer  que  vous  ne 
pouvez  mieux  faire,  ne  service  plus  agréable  au  dit  Sieur,  que  d'exécuter 
vivement,  et  sans  acception  de  personne,  ce  qu'il  vous  mande  par  ses  Let- 
tres... »  (Du  Mont,  tome  cité,  p.  116.) 

*  Le  collège  de  Fortet  était  situé  dans  la  rue  des  Sept- Voies  (non  loin  de  Ste.  Ge- 
neviève) et  tout  près  du  collège  de  Cambrai,  où  Pierre  Danès  enseignait  le  grec  en  qua- 
lité de  professeur  royal.  On  peut  donc  supposer  que  cette  circonstance  avait  déterminé 
Calvin,  dès  1531  (N°  345,  renv.  de  n.  10),  à  fixer  son  domicile  dans  le  premier  de 
ces  établissements.  (Voyez  Lebeuf.  Hist.  de  Paris,  nouv.  édit.  par  Cocheris,  1865, 
t.  II,  p.  703,  714.) 


1533  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AUX  CONSEILS  DE  GENÈVE.  H9 


441 

le  conseil  de  berne  aux  Conseils  de  Genève. 
De  Berne,  17  décembre  1533. 


Missive  originale.  Archives  de  Genève. 


Sommaire.  MM.  de  Berne  exigent  le  paiement  immédiat  de  la  somme  qui  leur  est  due 
par  Genève.  Ils  se  plaignent  de  ce  que  toutes  les  exhortations  qu'ils  ont  adressées 
au  Conseil,  en  faveur  des  Évangéliques,  sont  restées  infructueuses,  et  de  ce  que 
tout  récemment  Froment  et  Alexandre  [du  Moulin]  ont  été  victimes  d'une  criante 
injustice.  Enfin  ils  requièrent  l'arrestation  du  jacobin  [Furbiti],  qui  les  a  injuriés 
eux-mêmes  dans  ses  sermons. 


Nostre  amyable  salutation  devant  mise,  Nobles,  magniffiques, 
saiges,  pourvéables  Seignieurs,  singuliers  amys  et  chiers  combour- 
geoys ! 

Nous  vous  avons  déjà  plusieurs  foys  par  lectres  et  ambassadeurs 
requis,  prié  et  admonestez  de  nous  satisfayre  de  la  somme  d'escus 
que  nous  debvés,  à  cause  du  secourt  que  vous  avons  faict  '  ;  et 
dernièrement,  par  nous  conseilliers  Niic/elli  et  Ougspurger,  avons 
entenduz  la  responce  que  nous  avés  donnéez  sur  cestuy  afïayre2, 
de  laquelle  sûmes  estes  très-mal  contents,  et  eussions  incontinant 
mis  aultre  remède  et  ordre,  sy  ne  nous  feussient  survenues  aultres 
occupations,  esquelles  nous  a  falluz  entendre  3. 


1  Voyez  le  Tome  II,  N°  317,  n.  4,  N°  3*7,  n.  3,  et  la  p.  489  au  bas. 

-  Voyez  le  N°  431,  note  4. 

3  Les  Bernois,  inquiets  des  mouvements  des  cantons  catholiques  (N°  430, 
n.  6),  avaient  dû  prendre  des  mesures  de  défense,  comme  s'ils  eussent  été 
à  la  veille  d'une  guerre,  et,  suivant  l'exemple  de  leurs  voisins  de  Fribourg, 
ils  avaient  demandé  du  secours  à  leurs  alliés.  (Lettre  de  Fribourg  du  31  oc- 
tobre au  Conseil  épiscopal  de  Lausanne.  Réponse  du  Chapitre  du  3  no- 
vembre. Arch.  fribourgeoises.  —  Lettre  de  Berne  du  22  novembre  à  Ge- 
nève, Neuchâtel,  Valangin,  la  Neuveville,  Payerne,  etc.  Weltsche  Missiven- 


120       LE  CONSEIL  DE  BERNE  AUX  CONSEILS  DE  GENÈVE.       1533 

A  ceste  cause,  vous  voulons  ceste  foys  pour  toutes  avoyr  admo- 
nestez de  nous  contenter  de  la  dicte  somme,  sans  plus  dilaier  ;  car 
nous  voulions  estre  payés,  veuz  et  actenduz  qiCavês  déjà  longtemp 
contentez  nous  combourgeoys  de  Fryburg.  A  ce  veilliés  entendre 
à  toute  diligence,  et  considéré  que  vous  avons  secouruz  à  toute 
nostre  puissance,  plus  que  nostre  debvoyr  de  la  bourgeoysie  re- 
quéroyt,  en  vostre  nécessité,vostre  Estât  estant  bien  troublé  et  [vous] 
en  grand  dangier  de  perdre  non-seulement  vous  franchises  et  li- 
bertés, voyre  vous  corps  et  biens.  Pour  autant  y  advisés  et  mettes 
fin  à  cella,  comme  vostre  debvoyr  et  promesses,  desquelles  avons 
vous  lectres  et  seaulx,  le  pourtent.  Aultrement,  nous  y  aurons  es- 
gard  et  y  mettrons  ordre,  serchant  tous  moyants  [1.  moyens]  par 
lesquels  nous  pourrons  avoyr  en  brieff  satisfaction  et  contente- 
ment, cella  soyt  en  nous  tournant  sur  les  biens  que  nous  avés,  à 
cause  de  cella,  obligés,  selon  le  contenuz  de  la  police  qu'avons  de 
vous,  ou  aultrement  ;  car  de  plus  attendre  et  nous  laisser  cy-après 
plus,  comme  jusques  icy,  mousquer,  ne  sçaurions  plus  souffrir.  Pour 
autant  y  ayés  esgard,  et  sour  ce  vostre  response,  par  présent 
pourteur,  sy  le  voullés  sans  toute  dilation  fayre  ou  non. 

Davantaige,  très-chiers  combourgeoys,  avés  ancores  en  bonne 
mémoyre  les  fraternelles  exhortations,  admonitions  et  remons- 
trances  que  vous  avons  faictes  par  plusieurs  lectres,  aussy  nous 
ambassadeurs,  à  cause  de  la  Parolle  de  Dieuz,  et  pour  l'ameur  de 
ceulx  que  tiennent  la  partie  d'icelle,  et  aussy  iceulx  quilz  l'annun- 
cent,  assavoyr  :  de  donner  lieuz  az  icelle,  et  iceulx  que  la  favori- 
sent et  ayment,  pareillement  ceulx  que  la  preschent  point  moles- 
ter, injurier,  ennuyre,  ny  perséq[u]uter 4,  etc.  Sur  quoy  avés 
faictes  raisonnables  ordonances  5,  ains  icelles  n'avés  observées. 
De  quoy  nous  merveillions  très-grandement,  et  en  avons  très- 
grand  regraict:  Premièrement,  de  l'oultraige  et  violence  que  feust 
faicte  à  nostre  serviteur  maislre  Guillame  Farel,  en  vostre  cité  6. 
En  après,  que  n'avés  détenuz  ung  moyne,  lequel,  incontinant 
après  le  déchassement  du  dict  Farel,  vint  à  Genesve,  preschant 
erreurs  manifestes,  nous  blasmant  et  appellant  héréticques,  soy 


Buch,  A.  Arch.  de  Berne.  —  Ruchat,  III,  163-65.  —  Berchtold.  Hist.  de 
Fribourg,  II,  173.) 

4  Voyez  les  Nos  411,  414,  et  le  N°  431,  n.  2. 

5  Allusion  à  l'édit  du  30  mars  1533  (N°  414,  n.  9). 

G  Le  3  et  le  4  octobre  1532  (N°  393,  fin  de  la  n.  2). 


1533  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AUX  CONSEILS  DE  GENÈVE.  121 

ouffranl  de  le  maintenir,  —  lequel  non-seulement,  sur  nostre  re- 
queste,  n'avés  détenuz  pour  nous  respondre  en  justice,  ains,  au 
contrayre,  luy  avés  faict  passaige  pour  s'en  fugir  7. 

De  quoy  ne  vous  estes  contentés,  ains,  comme  maistre  Alexandre H 
et  Froment,  nous  serviteurs,  nous  ont  donné  entendre  et  faict  le 
plaintif!  ces  jours  passés,  avés  donné  lieuz  à  ung  Jacobin  de  près- 
cher  en  vostre  ville9,  lequelz  ne  prêche  que  menteries,  erreurs, 
blasphèmes  contre  Dieuz.  la  i'oy  et  nous,  blessant  nostre  honneur, 
nous  apellant  Juiffs,  Turcs  et  chiens 10.  Ce  non  obstant,  avés  les 
dicts  Alexandre  et  Froment,  pource  que  l'ont  reprins  publicque- 
ment,  l'ung  mis  en  prison,  et  puis  après  banny,  soub  peine  de 
mort,  de  jamaix  soy  trouver  en  vostre  ville,  et  i'aultre,  cherché  de 
mayson  en  mayson  "  :  laquelle  chouse  nous  louche  cy  près,  que 
ne  le  pouvons  ne  voulons  souffrir. 


7  II  ne  s'agit  pas  du  cordelier  Christophe  Bocquet,  qui  était  venu  à  Ge- 
nève à  la  fin  de  novembre  1532  (Xos  406,  n.  2;  407,  n.  4),  mais  du  domi- 
nicain qui  avait  prêché  dans  cette  ville  pendant  le  carême  de  1533  (Xcs410, 
n.  4;  414,  renvois  de  note  6-7,  et  note  S). 

8  Alexandre  Canus,  ex-domiK&ain,  natif  de  Rouen  (selon  d'autres,  d'E- 
vreux  ou  de  Paris),  portait  aussi  le  nom  de  Du  Moulin.  Dans  le  couvent 
de  son  Ordre  à  Paris  il  s'appelait  jadis  Frère  Laurent  de  la  Croix.  Ayant 
embrassé  la  Réforme,  il  se  retira  en  Suisse  vers  le  commencement  de  l'an- 
née 1533  et  résida  quelque  temps  dans  le  comté  de  Neuchâtel.  «  Il  estoit 
meu  d'ung  grand  zelle  (dit  Froment,  op.  cit.  p.  75)  et  sçavaut,  mesme  en 
la  doctrine  soffistique,  car  aussi  y  avoit  bien  profité  et  longuement  estudié 
dans  Paris...  Bien  est  vray  que  quand  il  vint  es  quartiers  de  par  deçà... 
il  u'entendoit  pas  du  Sacrement  [de  la  Cène],  ne  de  plusieurs  aultres 
choses  ;  mais  incontinent  qu'il  eust  entendu  et  esté  vrayment  résollu...  y  ne 
fust  personne  qui  le  peult  jamais  arrester.  »  Alexandre  Canus  prêchait  secrè- 
tement à  Genève  depuis  la  fin  de  juillet  (N°  439,  n.  3). 

9  C'était  le  père  dominicain  Guy  Furbiti,  natif  de  Paris  i?),  docteur  de  Sor- 
bonne  et  religieux  du  couvent  de  Montmélian  près  de  Chambéry.  11  avait 
commencé  à  prêcher  l'Avent  à  Genève  le  dimanche  30  novembre  (Jeanne 
de  Jussie,  p.  74.  —  Froment,  op.  cit.  p.  66-70). 

10  Des  extraits  des  sermons  de  Furbiti  accompagnaient  la  lettre  que  les 
Évangéliques  genevois  adressèrent  à  cette  époque  à  MM.  de  Berne.  (Voyez 
l'Instruction  aux  ambassadeurs  envoyés  à  Genève  le  31  décembre  1533. 
Instructions-Buch,  B,  fol.  332.  Arch.  bernoises.) 

1  '  Ces  événements,  qui  avaient  eu  lieu  le  mardi  2  décembre,  à  l'occasion 
d'un  sermon  de  Furbiti  dans  la  cathédrale  de  St .-Pierre,  sont  rapportés  en 
ces  termes  dans  le  Registre  du  Conseil  du  dit  jour:  «  Quia  hodie,  statim 
post  predicationem  matutinam,  quidam  de  auditoribus  sermonis  surrexerunt 
et  iiredicantem  malè  dixisse  publiée  et  alta  voce  asserucrunt,  inde  ut  eâ 


122        LE  CONSEIL  DE  BERNE  AUX  CONSEILS  DE  GENÈVE.       I  533 

Et,  à  ceste  cause,  en  vigeur  de  la  bourgeoysie  qu'avés  avecq 
nous,  vous  instantement  admonestons,  que  le  dict  caffard,  lequelz 
présentement  est  en  vostre  cité,  vuilliés  sans  nulle  faulte  arresler, 
détenir  et  maintenir,  et  nous  establir  journée  juridicque,  sur 
laquelle  envoyerons  nous  ambassadeurs,  pour  secourir  première- 
ment l'honneur  de  Dieuz,  et  après,  le  nostre,  puis  que  [il]  s'est 
vanté  et  ouffert  publicquement  de  maintenir  cella  qu'ilz  az  pres- 
ché.  Dont  vous  derechieff  admonestons,  icelluy  caffard  détenir  plus 
seurement  que  l'aultre  12,  que  laissastes  aller,  et  en  cestuy  endroyt 
vous  monstrer  comme  vostre  debvoyr  pourte,  et  vostre  sèrement 
que  nous  avés  faict  le  requiert,  assavoir  :  de  maintenir  nostre  hon- 
neur et  avancer  nostre  prouffict.  Aultrement,  sy  laissés  aller  le 
dict  Jacobin,  nous  nous  en  recourrons  sur  vous,  et  vous  prendront 
en  cause,  et  aurons  action  contre  vous,  au  lieuz  du  dict  caffard. 
Pour  autant  advisé  à  vostre  affayre.  Et  sur  cestuy  article  desman- 
dons aussy  vostre  responce  par  présent  pourteur,  [pour]  icelle 
avoir  receue,  nous  sçavoir  puis  après  conduisre  et  entretenir13. 
Datum  xvua  Decembris  u,  Anno  xxxin0. 

L'Advoyer  et  Conseilz  de  Berne. 


causa  magnus  tumultus,  citra  tamen  alicujus  ictus  apparitionem,  ortus  est, 
—  qua  propter  Alexander  de  Molendino,  civis  (ut  clixit)  Parisiensis,  in  rae- 
dio  platea?  Sancti  Pétri,  dictum  predicantem  contra  Sacras  Literas  predi- 
casse  asserens  et  altè  promulgans,  repertus  fuit  per  viggilles,  ad  mandatuni 
Dominorum  Sindicorum,  captus,  et  ad  domum  communem  civitatis  adductus, 
et  posthac  interrogatus.  Ejus  responsione  in  scriptis  redactà,  ex  concor- 
dante Consilii  prescripti  resolutione,  infra  aulam  fuit  per  diffinitivam  sen- 
tentiam  à  civitate  et  limitibus  Gebennarum  perpetuo  sub  pena  capitali  ban- 
nitus,  et  per  vigilles...  statim  extra...  civitatem  conduci  mandatus.  Et  hoc 
quia  talem  insultum  contra  bonos  mores  nostrasque  franchesias  fecit.  Fuit 
item  resolutum  quod  dicamus  Dno  predicanti  Adventus,  quod  debeat  sitam 
cantionem  de  Evangelio  tanthm  facere,  ut  rumores  evitentur.  Item,  quod  An- 
tonius  Froment,  de  quo  loquutus  est  dictas  Alexander,  perquiratur,  et,  si 
reperiatur,  detineatur.  »  (Voy.  aussi  Froment.  Actes,  etc.  p.  71-75.  — 
J.  de  Jussie,  loc.  cit.) 

12  Voyez  la  note  7. 

13  Cette  lettre  parvint  h  Genève  le  21  décembre,  et,  dès  le  lendemain, 
le  Conseil  demanda  au  Grand- Vicaire  d'empêcher  que  le  Père  Furbiti  ne 
sortît  de  la  ville.  Trois  gardes  furent  placés  près  de  la  personne  du  prê- 
cheur ;  trois  autres  durent  l'accompagner  chaque  fois  qu'il  se  rendrait  à 
l'église  de  St. -Pierre.  Le  24,  le  Conseil  Général  décida  ce  qui  suit  :  «  Re- 
solutum quod  predicator...  curiosè  detineatur  in  domo  episcopali,  et  quod 


1533  LE  CONSEIL  DE  FRIBOLRG  AUX  CONSEILS  DE  GENÈVE.  123 


442 


le  conseil  de  fribourg  aux  Conseils  de  Genève. 
De  Fribourg,  24  décembre  1533. 

Missive  originale.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  Le  Conseil  de  Fribourg  exhorte  les  Genevois  à  interdire  complètement 
dans  leur  ville  les  prédications  de  Fard,  et  il  les  avertit  que  s'ils  abandonnaient 
l'ancienne  foi,  Fribourg  renoncerait  à  l'alliance  conclue  avec  eux. 

Nobles,  saiges  et  prudens,  très-chiers,  bons  amys  et  féaulx  com- 
bourgois,  à  vous  nous  nous  recommandons. 

Nous  avons  entendiez  comment  Farel  avecque  aultres  prédicantz 
sont  en  rostre  cytè  \  à  la  postulation  de  certains  vous  cytoyens  par- 

hac  nocte  sibi  dentur  très  custodes  ultra  eos  très  quos  jam  habet  ;  et,  eâ 
occasione,  conveniant  Domini  ordinarii  Consilii,  simul  vadamus  cras  ad 
D.  Vicariwn,  requiramus  adbuc  eum  ut  predicatorem  predictum  sub  sua 
custodia...  custodiat  nobis...  et,  ut  cognoscat  boc  ipsuoi  non  nostro  motu 
actum,  ostendatur  ei  missiva...  Dominorum  Bernensium.  •  Quod  si  dictum 
predicatorem  detinere  neglexerit,  accipiantur  Testimoniales,  manente  nihi- 
lominus  custodia  prescriptà,  et  tandem  Dnis  Bernensibus  quàm  gratiosiùs 
poterit  scribatur.  » 

Néanmoins,  les  magistrats  genevois  prirent  parti  pour  le  moine  dans  une 
réponse  écrite  que  nous  ne  possédons  pas,  et  qui  motiva  l'ambassade  ber- 
noise du  31  décembre  (Voyez  Instructions-Buch,  B,  fol.  332.  Arch.  de 
Berne). 

14  Dans  Ruchat,  21  décembre,  ce  qui  est  inexact.  D'après  M.  Gaberel 
(op.  cit.  I,  pièces  justif.  p.  40),  la  lettre  de  Berne  à  Genève  du  20  mars 
1533  aurait  été  «  répétée  verbalement  à  Noël,  même  année.  »  Cette  asser- 
tion ne  nous  semble  pas  fondée,  car  le  Registre  du  25  décembre  1533  ne 
mentionne  aucune  communication  verbale  faite,  ce  jour-là,  au  Conseil  de 
Genève  par  un  ambassadeur  bernois. 

1  Farel  était  arrivé  à  Genève  le  samedi  20  décembre  et  avait  reçu  l'hos- 
pitalité dans  la  maison  de  Baudichon.  (Voyez  l'ouvrage  intitulé  :  «  Letres 
certaines  d'aucuns  grandz  troubles  et  tumultes  advenuz  à  Genève,  avec  la 


124  LE  CONSEIL  DE  FRIBOURG  AUX  CONSEILS  DE  GENÈVE.  1533 

ticuliers 2.  Messieurs,  vous  sçavés  comment  par  cy-devant  par  plu- 
sieurs fois  vous  avons  adverti,  par  nous  ambassadeurs  et  par  nous 
lettres,  que  la  Bourgoisie  d'entre  vous  et  nous  ne  peult  souffrir 
tieulx  prédicanlz  3.  Et  encore  de  rechieff  vous  pryons  yl  donner 
ordre  que  ne  laissés  le  dit  prédicant  en  rostre  cyté  prêcher,  ny  en 
publicque,  ny  en  particullier  i.  Car  sy  vous  roulés  estre  de  ceste 
novelle  loy  et  annichiller  [1.  annihiler]  nostre  vray  ancienne  foy, 
tous  adver  tissons,  une  foy[s]  pour  touttes,  que  [nous]  vous  quitte- 
rons la  Bourgoisie  ;  de  ce  soyés  certain  ;  dont,  sy  vous  voulés,  yl 
en  pourrés  pourvoir.  Sur  ce  vous  pryant  vostre  bonne  responce 
par  ce  présent  porteur 5,  en  pryant  le  Créateur,  très-chiers  com- 
bourgois,  vous  donner  bonne  et  longue  vie.  Datum  xxmita  Decem- 
bris,  Anno,  etc.,  xxxm°. 

L'Advoyé  et  Co.nseyl  de  la  Ville  de  Frybourg. 


disputation  faite  l'an  1534  par  monsieur  nostre  Maistre  frère  Guy  Fur- 
biti,  etc.  »  (1535)  48  feuillets  in-lG,  caract.  goth.  Réimpression  de  1644, 
avec  traduction  latine,  publiée  par  le  ministre  F.  Manget,  p.  10.  —  Jeanne 
de  Jussie,  p.  75.  —  Actes  et  Gestes,  p.  78  et  suiv.)  Froment  le  rejoignit 
quelques  jours  plus  tard,  et  Yiret,  seulement  le  4  janvier  1534. 

2  Allusion  à  Baudichon  de  la  Maison  neuve.  Il  avait  accompagné  à  Berne 
Froment  et  Canus  (Voy.  N°  441)  et  il  était  rentré  à  Genève  le  20  décembre, 
amenant  avec  lui  Farel. 

3  Voyez  le  N°  382,  n.  2  et  6,  et  le  N°  40G. 

4  Jeanne  de  Jussie  affirme  (loc.  cit.)  que  les  adhérents  de  Farel  s'effor- 
cèrent «  le  4e  Dimanche  des  Advents,  >  c.-à-d.  le  21  décembre,  de  faire 
prêcher  <  leur  idole  >  dans  l'église  de  St. -Pierre,  et  que  «  les  Chrestiens 
respondirent  que  non  feroit,  et  que  plustost  il  leur  cousteroit  la  vie.  »  Le 
lendemain,  après  la  réception  de  la  lettre  de  Berne  du  17  (N°  441),  le  pro- 
cureur fiscal  excita  parmi  les  Catholiques  une  émeute  que  le  Registre  du 
22  décembre  raconte  en  ces  termes  :  «  Hac  die  Lima?,  propter  missivas 
Tjnoiuni  Bernensium,  procurator  fiscalis  congregavit  magnam  partent  populi 
et  sacerdotum  in  platea  Mollarii,  ut  Baudichonnm  de  Domonova  et  Farellum, 
missum  per  Dnos  Bernenses,  aggrederetur,  et  quos  voluit  aggredi.  Quo  tune 
dictus  Baudichonus  et  alii  multi  cives,  timentes  vim  talium  luporum  aggres- 
sorum,  memores  aggressionis  sibi  heri  per  illos  de  Pesmes  et  Ja.  Malbosson 
acta?,  se  adversùm  eosdem  armis  munierunt  in  boiio  numéro.  » 

D'après  Froment  (op.  cit.  p.  79),  «Farel  exortoit  et  preschoit  les 
fidelles  qui  tenoint  la  part  de  l'Évangille,  [lesquelz]  se  mirent  aussi  en 
armes.  >  Le  31  décembre,  Haller  écrivait  à  Bullinger  :  «  Gebennis  nunc  Fa- 
réllus  cum  aliis  ignem  accendit,  sed  non  palam.  Sunt  enim  ultra  400  pii 
in  ea  urbe.  >  (Copie.  Coll.  Simler.) 

5  La  lettre  des  Fribourgeois  fut  lue  dans  le  Conseil  ordinaire  le  27  dé- 


533  LES  CONSEILS  DE  BERNE  A  PIERRE  VIRET,  A  l'AYERNE.  125 


443 

les  conseils  de  berne  à  Pierre  Viret,  à  Payerne. 
De  Berne,  31  décembre  1533. 


Inédite,  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 


Sommaire.  MM.   de  Berne  invitent  Pierre  Viret  à  se  rendre  à  Genève,  pour  prendre 
part  à  la  dispute  qui  aura  lieu  entre  Farel  et  un  prêcheur  catholique. 

L^Advoyer,  Conseil  et  Deux-Cens  de  Berne,  nostre  salut  ! 

Chier  et  féal,  ilz  est  vray  que  ces  jours  passés  avons  escript  à 
nous  combourgeoys  de  Genesre,  à  cause  d'ung  caffard  qui  a  pres- 
ché  au  dit  lieuz,  et,  en  sa  prédication,  non-seulement  blessé  l'hon- 
neur de  Dieuz,  ains  aussy  le  nostre,  —  que  icelluy  deussent  dé- 
tenir i  :  ce  que,  à  nostre  requeste,  comme  ilz  nous  ont  donné  par 
leurs  lectres  entendre,  ont  faict 2.  Sur  quoy  avons  ordonné  am- 
bassade, laquelle  partira  Venerdi  prochain  3,  pour  aller  à  Genesve 
et  besoigner  au  dit  affaire.  Et,  à  cause  que  le  dit  caffard  soy  vante 
et  [s'est]  outïert  de  maintenir  ce  qu'ilz  a  presché,  contre  tous  et 
ung  chescung  que  vouldront  dire  le  contraire,  avons  donné  charge 
à  nous  ambassadeurs  d'y  pourvoir,  et  a  Maistre  Guillaume  Farel, 
qui  de  présent  est  à  Genesve  4,  aussy  à  toy,  de  disputer  contre  luy, 
comme  plus  amplement  entendrés  de  nous  dits  ambassadeurs. 


cembre,  et  communiquée  le  28  au  Conseil  des  Deux-Cents,  qui  détermina 
de  la  manière  suivante  le  sens  de  la  réponse  demandée  :  «  Resolutum  quùd 
scribatur  et  respondeatur  eisdem...  quod  nolumus  vivere  nec  permittere  pre- 
dicari,  nisi  ad  formam  Edictorum  et  resolutionem  Consiliorum  nostrorum 
retroactorum.  »  On  répéta  verbalement  les  mêmes  assurances  aux  députés 
fribourgeois  qui  se  présentèrent  devant  les  Conseils  le  7  et  le  8  janvier  1534. 

1  Voyez  la  lettre  des  Bernois  du  17  décembre  (N°  441). 

-  Voyez  le  N°  441,  note  13. 

3  Vendredi  2  janvier  1534. 

4  Voyez  le  N°  précédent,  note  1. 


126  PIERRE  VIRET  AU  CONSEIL  DE  BERNE.  1534 

Pour  autant  est  nostre  vouloir  et  commandement  que  tu  voyse 
[1.  que  tu  ailles]  et  toy  transpourte  à  Genesve,  que  tu  y  soye  Di- 
menche  prochaine  5  au  soir  sans  faulte.  Datum  Mercerdi  ultima 
Decembris,  anno  à  Christo  nato  1534  6. 

(Suscription  :)  A  nostre  chier  et  féal  soubgect  Pierre  Tiret,  à 
Payerne,  ou  [là]  oùt  ilz  est 7. 


444 

pierre  yiret  au  Conseil  de  Berne. 
De  Payerne,  1er  janvier  1534. 

Copie  moderne  l.  Collection  Simler,  à  Zurich. 

Sommaire.  En  réponse  à  l'ordre  qu'il  a  reçu  des  magistrats  bernois  de  se  rendre  à 
Genève,  Virct  les  informe  qu'il  est  prêt  à  obéir,  et  il  les  prie  de  faire  auparavant 
surseoir  au  jugement  des  procès  qui  lui  sont  intentés  par  les  prêtres  de  Payerne. 

La  grâce,  paix  et  miséricorde  de  Dieu,  par  Nostre  Seigneur 
Jésus-Christ  ! 
Très-redoubtéz  et  magnifiques  Seigneurs,  j'ai  entendu,  par  les 

5  Le  4  janvier  1534,  jour  où  les  ambassadeurs  bernois  devaient  arriver 
à  Genève. 

6  D'après  le  nouveau  style  :  1533.  Dans  la  plus  grande  partie  de  la 
Suisse,  l'année  commençait  à  Noël. 

7  Pierre  Yiret  partageait  sans  doute  ses  soins  entre  l'église  de  Neu- 
châtel  et  celle  de  Payerne.  On  possède  peu  de  renseignements  sur  l'activité 
de  ce  réformateur  pendant  l'année  1533.  (Voyez  les  Nos  397,  n.  3;  402, 
n.  4-5;  410,  n.  2,  et  la  lettre  de  Viret  du  1er  janvier  1534.)  Son  nom  se 
trouve  mentionné,  nous  ne  savons  à  quel  propos,  dans  le  canevas  des  in- 
structions données  par  les  Bernois,  le  9  mai  1533,  aux  députés  qu'ils  en- 
voyaient à  Fribourg  (Manuel  de  Berne,  à  cette  dernière  date). 

1  On  lit  en  tête  de  cette  copie  :  «  Copia  apud  clariss.  Ruchatium.  »  Ru- 
chat  en  donne  un  fragment  dans  son  Histoire  de  la  Réformation  de  la 
Suisse  (nouv.  édit.  III,  216).  Elle  lui  avait  été  communiquée  par  le  pas- 
teur neuchâtelois  Louis  Choupart  (Op.  cit.  I,  12),  mais  le  manuscrit  ori- 
ginal de  Viret  ne  se  trouve  plus  ni  à  Neuchâtel,  ni  à  Berne. 


1534  PIERRE  VIRET  AU  CONSEIL  DE  BERNE.  127 

lettres  lesquelles  vous  a  pieu  me  faire  rescrire,  comme  c'est  vostre 
vouloir  et  commandement  que  je  voise  à  Genève,  pour  disputer 
contre  ce  caphard  qui,  en  ses  prédications,  a  blessé  l'honneur  de 
Dieu  et  aussi  le  vostre,  qui  maintenez  sa  Parole 2.  Sur  quoi,  très- 
redoubtéz  et  magnifiques  Seigneurs,  suis  prest  de  faire  vostre 
commandement  et  obéir  à  vostre  bon  vouloir  en  tout  ce  que  à  moi 
sera  possible,  selon  la  grâce  que  Nostre  Seigneur  m'a  donné.  Mais, 
afin  que  devanture  ne  vienne  aucun  scandale  aux  bonnes  gens  qui 
suivent  F  Évangile  ici  à  Pageme,je  vous  supplie  humblement  qu  il  vous 
plaise  pourvoir  eu  quelque  bonne  manière  aux  causes  lesquelles  les 
Prestres  ont  contre  mog,  —  afin  que,  si  je  n'estois  de  retour  pour 
incontinent  comparoistre  en  la  Justice,  pour  respondre  aux  dicts 
Prestres,  qu'ils  ne  peussent  cela  tourner  au  scandale  de  l'Évan- 
gile. 

De  la  première  cause,  laquelle  est  pour  le  baptesme  des  petits 
enfans 3,  le  raport  en  est  desja  assigné  en  marche  4.  Mais  la  se- 
conde est  encore  par  devant  Messieurs  du  Conseil  de  Payerhe, 
pour  donner  leur  cognoissance  sur  icelle  tantost  à  la  première 
cour  qu'ils  tiendront  après  les  Rois 5,  —  et  cela  à  cause  que  le 
curé  du  dict  Pagerne  me  vint  prendre  en  paroles,  moi  demandant 
«  si  les  Prestres  estoient  larrons 6  ?  »  Auquel  je  respondis  que  tels 

-  Voyez  la  lettre  précédente. 

_>  Dans  une  dédicace  adressée  à  MM.  les  Advoyé,  Conseil  et  peuple  de 
Payerne,  en  date  du  1er  janvier  1560,  Viret  s'exprime  ainsi  relativement  à 
ses  procès  :  «  Je  pense  que  vous  avez  encore  bonne  souvenance  des  allarmes 
lesquelles  j'ay  eu,  et  des  procès  qui  ont  esté  dressez  contre  moy  par  les 
Prestres,  à  cause  que  j'avoye  baptisé  quelques  enfans  et  espousé  quelques 
espous  et  espouses,  selon  la  forme  laquelle  nous  suyvons  au  jourd'bui  en 
l'Eglise...  Et  pource  que  les  procès  de  telle  matière  ont  esté  démenez  en 
vostre  cour  et  conseil,  il  y  a  passé  de  25  à  26  ans,  je  vous  en  ay  bien  voulu 
refreschir  la  mémoire,  et  vous  présenter  par  escrit  la  matière  sur  laquelle 
nostre  procès  a  esté  principalement  fondé.  »  (Du  vray  Ministère  de  la  vraye 
Église  de  Jésus-Christ,  et  des  vrais  Sacremens  d'icelle...  Par  Pierre  Viret. 
Genève,  J.  Rivery,  M.  D.  LX,  petit  in-S°.) 

4  Cette  expression  est  expliquée  plus  haut  (K°  408,  note  5). 

s  C'est-à-dire,  après  le  6  janvier. 

G  On  est  autorisé  à  croire  que  Viret  n'avait  pas  ménagé  dans  ses  pré- 
dications les  prêtres  de  Payerne.  Il  s'exprime  ainsi  à  leur  égard,  dans  la  dé- 
dicace sus-mentionnée  (note  d)  :  «  Quand  à  l'administration  de  la  parole  de 
Dieu,  ne  vos  Prestres,  ne  vos  Moynes,  ne  s'en  mesloyent  point...  mais  fai- 
soyent  cela  par  certains  Caphards,  comme  par  leurs  Vicaires,  lesquels  vous 
preschoyent  comme  vous  savez.  Car  comme  ils  estoyent  non  seulement  mer- 
cenaires,  mais  loups,   pour  ravir  les  brebis  du  Seigneur,  aussi  ils  ne  vous 


128  PIERRE  VIRET  AU  CONSEIL  DE  BERNE.  1534 

les  apelle  la  Parole  de  Dieu,  et  que  tels  sont-ils,  comme  par  la 
Parole  de  Dieu  je  m'offrois  à  le  prouver  et  monstrer  7.  Et  ne  pou- 
vois  autrement  respondre  que  Jésus-Christ  n'enseigne,  sans  dire 
mensonge  et  sans  scandaliser  les  auditeurs,  qui  estaient  en  grand 
nombre.  A  ceste  occasion,  les  Prestres  m'ont  mis  en  droit,  et  me 
suis  offert  devant  la  Justice  publiquement  de  maintenir  et  prouver 
par  la  Parole  de  Dieu  ce  que  j'ai  dict.  Déjà  deux  fois  me  suis  pré- 
senté à  la  Justice  s,  pour  satisfaire  à  ma  cause  :  mais  elle  n'est  pas 
vuidée  encores,  à  cause  que,  le  jour  devant  que  je  devois  respon- 
dre, le  prestre  qui  me  trouva  sur  le  chemin  me  blessa  si  fort  que  je 
ne  pouvois  comparoistre  à  la  Justice  \  Mais  je  suis  certain  qu'in- 
continent que  je  serai  absent,  qu'ils  prendront  passement  contre 
moi 10  et  qu'ils  scandaliseront  les  simples  gens. 

Par  quoi,  si  c'est  vostre  bon  plaisir,  [veuillez]  y  mettre  le  meil- 
leur remède  qui  sera  possible,  pour  servir  à  la  gloire  de  Dieu  et  à 
l'édification  des  simples  gens,  afin  aussi  que  plus  franchement  je 
puisse  satisfaire  à  vostre  commandement11.  De  Payerne,  ce  Jeudi 
premier  de  Janvier.  Anno  à  Christo  nato  1534. 

Vostre  humble  serviteur  et  sujet  Pierre  Virex. 


proposoyent  point  la  vraye  pasture  des  âmes...  mais...  leurs  songes  et  leurs 
inventions,  corrompans  la  parole  de  Dieu  par  icelles.  » 

1  St.  Jean,  ehap.  X,  v.  1  et  8  :  «  Celui  qui  n'entre  point  par  la  porte  dans 
la  bergerie  des  brebis,  mais  y  monte  par  un  autre  endroit,  est  un  larron 
et  un  voleur.  »  —  «  Tous  ceux  qui  sont  venus  avant  moi  sont  des  larrons 
et  des  voleurs  :  mais  les  brebis  ne  les  ont  point  écoutés.  » 

s  Dans  le  Manuel  de  Berne  il  est  déjà  question,  vers  la  fin  de  novembre 
1533,  d'un  procès  de  Viret  à  Payerne. 

9  Viret  faisait  allusion  à  ce  guet-apens,  quand  il  disait  aux  prêtres,  à  la 
dispute  de  Lausanne  (1536)  :  «  Nous  aimerions  beaucoup  mieux  que  vous 
parlassiez  publiquement  à  nous...  que  de  nous  attendre  sur  les  champs  pour 
nous  tuer,  de  quoi  nous  en  portons  le  témoignage  sur  notre  dos.  *  (Ruchat, 
IV,  356)  —  et  dans  sa  dédicace  adressée  au  peuple  de  Payerne  (1560)  :  «  Vous 
savez  quel  tesmoignage  et  quelle  enseigne  de  mon  ministère  je  porte  encore 
en  mon  corps,  et  combien  Dieu  m' a  assisté  en  ce  grand,  danger  de  mort  du- 
quel il  m'a  retiré,  du  glaive  de  ceus  qui  pour  lors  estoyent  de  mes  ennemis, 
et  puis,  par  la  grâce  de  Dieu,  sont  devenus  amis  et  domestiques  en  la  mai- 
son de  Dieu  avec  nous.  >  Selon  Froment  (op.  cit.  p.  104),  Viret  fut  assailli 
par  un  prêtre,  «  en  venant  de  Ncufchastel  pour  aller  prescher  à  Payerne, 
tout  seul.  » 

10  C'est-à-dire:   qu'ils  feront  prononcer  un  arrêt  contre  moi  (Voy.  t.  II, 
p.  276,  ligne  1). 

11  Le  2  janvier  les  Bernois  écrivaient  au  Conseil  de  Payerne:    «  Nous 


1534  MARTIN  BUGER  A  AMBROISE  BLAARER.  A  CONSTANCE.  129 


445 

marttn  bucer  à  Ambroise  Blaarer  ,  à  Constance. 
(De  Strasbourg,  vers  le  13  janvier  1534.) 

Autographe.  Arch.  du  séminaire  protest.  de  Strasbourg.  Copie  mo- 
derne dans  la  Coll.  Simler,  à  Zurich.  C.  Schmidt,  op.  cit.  p.  221. 

Sommaire.  Une  nouvelle  persécution  vient  d'éclater  en  France.  Le  recteur  Cop  a  dû 
s'enfuir  de  Paris,  et  sa  tête  est  mise  à  pris.  Il  suffira  de  deux  témoins  pour  être  con- 
vaincu de  luthéranisme  et  brûlé  vif.  Près  de  trois  cents  personnes  sont  déjà  empri- 
sonnées. 

Rex  Franciœ  gravem  praecepit  persecutionem  in  regno 

suo 2.  Alter  filiorum  Copi 3,  electus  in  Rectorem,  orationem  de  more 

avons  ordonné  Maistre  Pierre  Viret...  pour  aller  avecq  nous  ambassadeurs 
à  Genesve.  Et,  pource  que  à  luy  est  establie  journée  juridique  devant  vous, 
pour  respondre  au  curé  et  aultres  prestres,  ses  complices...  vous  voulons 
bien  prier  de  prolonguer  la  dicte  journée  jusque  à  son  retourt.  »  (Minute 
orig.  Arch.  de  Berne.  Voy.  aussi  la  lettre  du  12  mars  suivant)  Une  autre 
lettre  de  MM.  de  Berne,  datée  du  même  jour  et  adressée  à  Viret,  informait 
celui-ci  des  démarches  faites  en  sa  faveur  auprès  du  Conseil  de  Payerne  et 
l'invitait  de  nouveau  à  partir  pour  Genève  avec  leurs  ambassadeurs. 

1  Ambroise  Blaarer  (en  latin  Blaurerus),  né  à  Constance  le  12  avril  1492, 
s'affilia  jeune  encore  à  l'Ordre  des  Bénédictins.  Après  avoir  fait  de  très- 
bonnes  études  à  Tubingue,  où  il  gagna  l'amitié  de  MclancMlion,  il  rentra 
(1515)  dans  le  couvent  d'Alpirsbach  en  Souabe,  dont  il  devint  le  prieur. 
Destitué  par  son  supérieur,  à  cause  de  ses  croyances  évangéliques,  il  sortit 
du  couvent,  le  3  juillet  1522,  et  se  retira  dans  sa  ville  natale,  qui  l'appela 
deux  ans  plus  tard  aux  fonctions  de  prédicateur.  Caractère  à  la  fois  mo- 
déré et  ferme,  Blaarer  jouissait  d'une  grande  considération  dans  les  églises 
réformées.  Xous  le  trouverons  plus  tard  en  relation  fréquente  avec  Farel, 
Calvin  et  Viret.  (Voy.  le  N°  216,  fin  de  la  n.  4.  —  J.-J.  Hottinger,  op.  cit.  III, 
56,  71,  261.  —  Herzog.  Real-Encyklopadie,  article  Blaarer.  —  Theod. 
Pressel.  Ambrosius  Blaurer's...  Leben  und  Schriften.  Stuttgart,  1861.) 

2  Voyez  la  lettre  de  François  I  du  10  décembre  1533  (N°  440). 

3  Nicolas,  fils  de  Guillaume  Cop.  Le  mot  aller,  employé  par  Bucer,  est 

t.  m.  9 


130  MARTIN  BUCER  A  AMBROISE  BLAARER,  A  CONSTANCE.  1534 

habuit,  in  qua  cum  interspersisset  paucula  de  fide  justificante  i,  in 
taie  discrimen  venit  per  theologos,  ut  mgâ  sibi  consuluerit 5, 
ablato  secum,  forte  per  imprudentiam,  signo  Universitalis.  Fecit 
magnum  illic  Consilium  6  per  prseconem  renunciari,  ccc  coronatos 
constitutos  ei  qui  fugitimm  Rectorem  vivum  vel  mortuumadducat. 
Capti  jam  erant,  quando  is  qui  hoc  ad  nos  attulit  illic  [1.  illinc]  sol- 
vit,  sunl  dies  xvm,  supra  l  7,  lectumque  Edictum  :  «  Ornnem  eum 
qui  duobus  testibus  convinceretur  Lutheranus  statim  exurendum 
esse.  »  Res  eril  non  absimilis  Inquisitioni  Hispanicœ. 

Putat  hic  nunc  circa  trecentos  Parisiis  jam  captos.  Nam  Epis- 
copo 8  illic  favente  pietati  ex  animo,  tum  Rege  etRegind  Navarrœ  9, 
qua3  Régis  Francise  soror  est,  et  aliis  aliquot  magnis  proceribus, 
factum  est  ut,  absente  Rege  Francise  10,  palam  praedicare  Ghristum 
quidam  cceperint,  omnes  loqui  liberiùs.  Hi  notorii  omnes  nunc  in 
summum  discrimen  vocantur.  In  médiocres  enim  tantùni  seevitur 


inexact,  car  il  laisse  croire  que  le  médecin  bàlois  avait  deux  fils  seulement. 
Il  en  avait  quatre  :  Jean,  Luc,  Nicolas  et  Michel.  Le  continuateur  des  No- 
tices généalogiques  sur  les  familles  genevoises,  M.  J.-B.-G.  Galiffe,  est 
tombé  dans  une  autre  erreur,  quand  il  affirme  (t.  IV,  p.  276-277)  que  Ni- 
colas Coj),  le  recteur  de  l'université  de  Paris,  et  Michel  Cop,  ministre  à 
Genève  dès  1546,  «  étaient  un  seul  et  même  individu  du  nom  de  Michel.  » 
(Voy.  le  N°  438,  n.  18,  et  la  lettre  du  5  avril  1534.  —  Sur  Jean,  qui  resta 
en  France,  voyez  le  N°  345,  n.  12.  —  Goujet.  Hist.  du  Collège  Royal, 
p.  34.  —  Bulœus,  op.  cit.  VI,  238,  et,  à  la  fin  du  même  volume,  le  *  Ca- 
talogus  illustrium  Academicorum  Universitatis  Parisiensis,  »  article  Guil- 
laume.) 

4  Voyez  le  N°  440,  note  6. 

5  Érasme  écrivait,  le  19  février  1534,  à  Jean  Cholerus  :  Lutetice,  terri- 
bili  edicto  proposito,  ssevitur  in  Lutlieranos,  aliquot  in  carcerem  conjectis, 
nonnullis  metu  profugis  :  quorum  de  numéro  quidam  suspicantur  essefilium 
Copi,  qui  nunc  agit  Basileœ,  cum  esset  Rector  Academiée  Parisiensis...  Ba- 
silece  esse  certum  est,  nam  ad  Berum  scripsit  è  Basilea.  Bedda  cum  col- 
legis  suis  revocatus  est  ac  triomphât  seriô.  »  (Erasmi  Epp.  Le  Clerc, 
p.  1490.) 

6  C'est-à-dire,  le  parlement  de  Paris,  qui  avait  reçu  les  ordres  du  Roi, 
le  19  décembre  1533  (N°  440,  fin  de  la  n.  3). 

7  Bucer  veut  dire  qu'au  moment  où  le  porteur  de  ces  nouvelles  était 
parti  de  Paris,  dans  les  derniers  jours  de  décembre  1533,  il  y  avait  déjà 
plus  de  cinquante  personnes  incarcérées. 

s  Jean  du  Bellay,  évêque  de  Paris. 
9  Henri  d'Albret  et  Marguerite  d'Angouléme. 

10  François  I  avait  quitté  Paris  dans  les  premiers  jours  de  mars  1533. 
Il  y  rentra  au  commencement  de  février  1534. 


1534  LES  CONSEILS  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  131 


adhuc  u.  Nunc  et  clic  non  vigilantem  Pontificem.  Sic  nuptiis  istis 

■  •  •  • 

Tuus  Bucerus  n. 


Herodianis  12  sanguine  sanctorum  litabimus 


446 

les  conseils  de  berne  au  Conseil  de  Genève. 
De  Berne,  21  janvier  15o4. 

Missive  originale.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  MM.  de  Berne  se  plaignent  de  ce  que  le  Conseil  de  Genève  n'a  pas  voulu 
contraindre  Furbiti  à  leur  faire  la  réparation  d'honneur  qu'ils  exigeaient.  Ils  exhor- 
tent encore  une  fois  les  Genevois  à  se  montrer  «  féaux  bourgeois  et  vrais  amis.  » 

Avoyr  mes  très-redoubtés  Seigneurs  FAdvoyer,  petit  et  grand 
Conseil  de  Berne  ouys  et  entenduz  la  charge  et  instruction  de 
l'ambassadeur  de  Genève ',  soy  sont  sur  cella  résolus  en  sourte 
comme  s'ensuit  : 

Premièrement,  touchant  le  caffard  -,  lequel  a  presché  contre  ï'hon- 

11  Les  intérêts  politiques  de  François  I  ne  lui  permirent  pas  de  déployer 
contre  «  l'hérésie  »  le  zèle  qu'il  manifestait  quelques  semaines  auparavant. 
Bucer  écrivait  déjà  le  3  février  suivant  à  Ambroise  Blaarer  :  «  De  Gallo  mi- 
tiora  intérim  accepimus.  De  Bectore  quidem  habet  ut  scripsi  ;  de  aliis  non 
item.  Eegina  Navarrœ  multum  obstat  malorum  conatibus.  Nunc  est  apud 
Gallwn  Landgravius,  quod  nobis  admodùm  dolet.  Quid  est  hoc  aiiud,  quàm 
in  iEgyptum  concedere?  »  (Manuscrit  autographe.  Arch.  du  séminaire  prot. 
de  Strasbourg.)  Voyez  le  N°  451,  note  6. 

12  Allusion  aux  noces  de  Henri,  duc  d'Orléans,  deuxième  fils  de  Fran- 
çois I.  Il  avait  épousé  à  Marseille  (27  octob.  1533)  Catherine  de  Médias, 
nièce  du  pape  Clément  VII,  qui  avait  célébré  lui-même  la  cérémonie  (Gail- 
lard, op.  cit.  t.  II,  p.  416). 

13  La  lettre  n'est  pas  datée,  mais  une  note  d' 'Ambroise  Blaarer  nous  ap- 
prend qu'il  la  reçut  à  Constance  le  18  janvier. 

*  Claude  Roset,  secrétaire  du  Conseil  de  Genève,  avait  été  député  au- 
près de  MM.  de  Berne  le  13  janvier.  Il  devait  les  prier  de  consentir  à  ce 
que  l'affaire  de  Furbiti  fût  jugée  par  le  tribunal  de  l'Évêque. 

*  Voyez  le  N°  441,  note  9. 


132  LES  CONSEILS  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1534 

neur  de  Dieu,  en  après  blessé  mes  dits  Seigneurs  en  leur  honneur, 
à  cause  de  quoy  ilz  sont  estes  occasionés  d'envoyer  leur  ambas- 
sade, pour  seccourir  par  droict  leur  honneur  et  renommée,  [et] 
parei'.liement  député  maistre  Guillame  Farel3  et  Viret*  d'aller 
conférir  avec  le  dit  caffard  publiquement,  touchant  les  articles 
qu'ilz  a  presché  contre  évangélicque  vérité,  soy  ouffrant  de  les 
maintenir,  ainsin  comme  plus  amplement  l'instruction  des  dits 
Ambassadeurs  de  mes  Seigneurs  de  Berne  sur  les  dits  et  aultres 
articles  contient5;  à  laquelle  honneste  et  raysonnable  pétition  les 
dits  de  Genesve  n'ont  voulsuz  satisfayre  6,  —  dont  mes  dits  Sei- 


r>-4  Voyez  le  N°  442,  note  1,  et  le  N°  443. 

3  L'«  instruction  donnée  le  31  décembre  1533  à  Sébastien  de  Diesbacb, 
George  Schoni,  Jacob  Tribolet  et  Jean-Rod.  de  Graffenried,  sur  ce  qu'ils 
ont  à  faire  à  Genève,  »  est  en  plusieurs  points  la  répétition  de  la  lettre  de 
Berne  du  17  décembre  précédent,  adressée  aux  magistrats  genevois  (Voy. 
Instructions-Buch,  B,  fol.  332.  Arch.  bernoises). 

G  Voici  le  résumé  de  l'affaire  Furbiti  depuis  le  24  décembre  1533  (N°  441, 
n.  13).  Loin  de  consentir  à  garder  sûrement  le  prêcheur  jusqu'à  l'arrivée 
des  ambassadeurs  bernois,  le  Grand- Vicaire  avait  lancé  (31  déc.)  «  un  mo- 
nitoire,  sub  pœnis  rebellionis,  contre  le  syndic  Jean  Coquet  et  ses  com- 
plices, »  et  publié,  le  lendemain,  un  nouveau  mandement  qui  interdisait  la 
lecture  de  la  Bible.  «  Quidam  attulerunt  cridam,  bodie  per  parrochias  pu- 
blicandam,  de  non  legendis  Liieris  Sacris,  nec  sacro  Dei  Evangclio.  Nemo 
eadem  fuit  contentus,  et  nihilominus  nihil  desuper  actum  est  »  (Reg.  du 
1er  janvier  1534).  Le  procès-verbal  de  cette  dernière  séance  n'autorise  pas 
l'assertion  suivante  de  Michel  Roset  (Chronique  mscr.  Liv.  III,  chap.  16)  : 
«  Le  premier  de  Janvier  1534...  le  Vicayre  de  l'Évesque  [ordonna]  qu'on 
deust  brûler  tous  livres  de  la  Ste.  Escriture  en  françois  et  en  alleman.  » 

Les  députés  bernois,  arrivés  à  Genève  le  4  janvier,  exposèrent,  le  5  et 
le  7,  les  réclamations  de  leurs  supérieurs  et  firent  instance  contre  le  prê- 
cheur dominicain.  Les  Syndics  leur  répondirent:  «  Ce  n'est  pas  à  nous  de 
juger  les  procès  des  prêtres.  Nous  avons  un  prince  qui  a  établi  un  officiai, 
un  vicaire,  un  juge  des  excès  et  autres  officiers.  Demandez-leur  justice,  de  la 
part  de  Leurs  Excellences.  »  —  «  Xous  avons  reçu  l'ordre  de  nous  adresser  à 
vous-mêmes,  répliquèient  les  Bernois.  Votre  réponse  fait  voir  que  vous  ne 
cherchez  que  subterfuges  et  délais,  et  que  vous  tenez  peu  à  l'honneur  de 
MM.  de  Berne.  En  conséquence,  voici  la  lettre  de  Bourgeoisie,  dont  vous 
allez  arracher  les  sceaux.  »  On  leur  offrit  alors  de  faire  appeler  le  moine 
devant  le  Conseil,  afin  qu'ils  pussent  s'expliquer  avec  lui.  Ils  acceptèrent, 
mais  sous  condition  que  le  dit  moine  aurait  une  conférence  avec  certains 
serviteurs  de  Berne  savants  dans  les  lettres.  Furbiti  fut  donc  transféré  des 
prisons  de  l'Évèché  dans  celles  de  la  ville  (8  janvier).  Les  parties  étant 
mises  en  présence  le  lendemain,  et  le  prêcheur  ayant  refusé  de  répondre 
ailleurs  que  devant  un  juge  ecclésiastique,  les  magistrats  genevois  firent  de 


1534  LES  CONSEILS  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  133 

gneurs  soy  merveillient  grandement  et  en  ont  très-grand  regraict 
du  refus  que  ceulx  de  Genesve  font,  veuz  et  attenduz  que,  premiè- 
rement (comme  leur  mesme  instruction,  donnée  au  dit  leur  am- 
bassadeur devise),  «  le  dit  caffard  az  esté  admis  de  prescher  en 
aultre  lieuz  que  rfest  accoustumé,  sans  leur  consentement  et  cou- 
loyr,  et  sans  leur  estre  présenté,  ce  qu'est  contre  l'ordonnance  par 
eulx  faicte  et  contre  leurs  anciennes  coustumes 7:  secondement,  que 
les  prestres  font  maintenuz  à  main  forte  et  année  8,  »  dont  n'est 
ràysonnable  que  ceulx  qu'ont  [1.  qui  ont]  faict  parthye  soyent  juges 
en  la  dite  cause,  —  pour  autant  mes  dits  Seigneurs  de  Berne  de 
rechieff  desmandent  que  justice  soyt  faicte  du  dit  caffard,  et  que  [il] 
responde  devant  les  Sindicques  et  Conseilz  de  Genesve,  et  que  iceulx 
en  ayent  la  congnoissance. 

Admonestant  les  dits  Seigneurs  de  Genesve  vouloyr  considérer 
que  mes  dits  Seigneurs  de  Berne  n'ont  point  faict  difficulté  de  les 
secourir  en  leur  nécessité,  et  pour  les  maintenir  de  fayre  contre 
le  Duc  de  Savoye  ;  dont  ilz  ne  doybvent  fayre  refus  d'administrer 
justice  contre  une  singulière  personne,  comme  est  le  dit  caffard. 
Aultrement  pourroint  bien  suspicionner  que  n'ont  pas  affection 
de  soy  monstrer  comme  bons  et  féaulx  bourgeoys  et  vrays  amys, 
et  par  ainsi  donneront  occasion  de  penser  que  sont  bourgeoys  qui 
ne  peulvent  gayre  prouffiter. 

Le  sourplus  entendrés  de  nous  Ambassadeurs 9,  ausquels  avons 

nouvelles  démarches  auprès  du  Vicaire,  pour  qu'il  voulut  bien  nommer  un 
délégué  qui  viendrait  siéger  dans  le  Conseil  ;  mais  après  quatre  jours  de  né- 
gociations l'affaire  n'avait  pas  avancé  d'un  pas.  Ce  fut  alors  que  le  Conseil 
essaya  de  modérer  les  prétentions  de  MM.  de  Berne,  et  qu'il  leur  députa, 
à  cet  effet,  Claude  Boset  (Voy.  note  1).  Celui-ci  fut  de  retour  à  Genève  le 
24  janvier.  11  rendit  compte  de  son  ambassade,  et  il  remit  au  Conseil  la  pré- 
sente lettre. 

7-s  Les  Syndics  avaient  précédemment  adressé  les  mêmes  paroles  aux 
ambassadeurs  bernois  :  «  Ipse  Monachus  nostra  auctoritate  non  predicavit, 
neque  de  nostra  voluntate  talia  contra  eos  [scil.  Dnos  Bernenses]  protulit, 
minùsque  locum  tenuit  solitum,  sed  proprio  Conventu  [celui  de  Plain-Pa- 
lais],  in  quo  concio  fieri  debuit,  dimisso,  per  presbiteros  in  ecclesiam  Sti.  Pé- 
tri, etiam  vi  et  armis  manutentus,  quod  voluit  predicavit;  ubi  nos  profectô, 
tumultum  sacerdotum  et  sibi  berentium  timentes,  remediare  nec  obviare 
potuimus  »  (Reg.  du  10  janvier).  Voy.  aussi  Froment,  op.  cit.  p.  lxxviii. 

9  Ce  «  surplus  »  fut  communiqué  le  25  janvier  au  Conseil  des  Deux-Cents 
par  les  ambassadeurs  bernois  :  MM.  de  Berne  exigeaient  sur  tous  les  points 
satisfaction  complète,  sinon  la  Bourgeoisie  allait  être  rompue,  et  leurs  dé- 
putés persisteraient  également  à  réclamer  le  paiement  de  la  dette  et  la  pu- 


134  l'ÉVÊQUE  DE  GENÈVE  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1534 

escript  nostre  vouloir  et  résolution  touchant  la  Bourgeoysie,  paye- 
ment 10  et  l'affayre  de  l'Évangille  n.  Actum  xxia  Januarii,  Anno,  etc., 


xxxniit0 12. 


Secrétayre  de  Berne. 


447 

l'évêque  de  genève  au  Conseil  de  Genève. 
D'Àrbois,  1er  février  1534. 

Inédite.  Manuscrit  original.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  L'Évêque  se  plaint  de  l'hostilité  du  Conseil  de  Genève.  Il  lui  signale  les 
menées  de  certains  particuliers  qui  «  incitent  »  Messieurs  de  Berne,  et  lui  ordonne 
de  relâcher  le  Père  Furbiti. 

Très-chiers,  bien-améz  et  féaulx  ! 

Le  bon  espoir  que  nous  aviés  donné  par  voz  pénultimes  lettres, 

nition  du  moine.  Cet  ultimatum  causa  un  grand  trouble  dans  l'assemblée. 
Le  Conseil  décida  qu'on  passerait  outre,  malgré  l'opposition  de  l'autorité 
ecclésiastique,  et  le  Conseil  Général  unanime  approuva  cette  résolution 
(ima  voce  conclusit  taliter  esse  providendum  quôd  Borgesia  ipsa  maneat). 
Les  Syndics  l'annoncèrent  immédiatement  au  Grand-Vicaire,  en  l'assurant 
qu'ils  y  étaient  contraints  par  l'intérêt  public,  —  «  protestantes  [dit  le  Re- 
gistre]... quôd  non  intendimus  id  per  nos  actum  animo  Principem,  Clerum, 
franchesias  nec  privilégia  quœvis  offendendi,  infringendi,  vel  aliàs  quomo- 
docunque  eis  prejudicandi;  quôdque  non  intendimus  id  in  consequentiam 
trahi  posse  nec  debere,  imo  pro  liac  vice  solâ,  pro  Reipublicae  utilitate  [nos] 
egisse  potuisse.  » 

10  Le  paiement  des  9000  écus  que  Genève  devait  aux  Bernois. 

M  Les  députés  de  Berne  avaient  prié  le  Conseil,  le  10  janvier,  de  dé- 
signer une.  église  qui  servirait  au  culte  évangélique.  Il  leur  fut  répondu, 
le  11,  qu'on  voulait  s'en  tenir  à  l'édit  du  30  mars  1533;  qu'on  prierait  le 
Vicaire  de  faire  prêcher  «  le  pur  Évangile  »  dans  les  paroisses  ;  que,  s'il 
ne  le  faisait  pas,  on  y  pourvoirait  au  moyen  des  curés  de  la  ville.  Le  Con- 
seil décida  en  outre  (11  janvier)  d'interdire  la  prédication  dans  les  cou- 
vents pendant  une  année  entière. 

12  Le  manuscrit  porte  la  note  suivante  de  Claude  Roset:  «  Response  de 
Berne,  24  Januarii  1534,  à  cause  du  Jacopin  et  des  prescheurs.  » 


1534  L'EVÊQUE  DE  GENÈVE  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  135 

touchant  la  paciffîcation  des  troubles  de  nostre  cité  et  restaurement 
de  nostre  juridicion x,  ne  nous  a  duré  que  jusques  à  ce  jourd'huy 
qu'avons  receu  voz  attitrés  lettres2  par  ce  porteur,  es  quèles 
veoyons  vostre  persévérance  à  nous  fère  du  pis,  et  petite  envie  de 
vous  amender.  Il  n'en  fault  charger  Messieurs  de  Berne  3.  Assés  en- 
tendons que  toutes  ces  mesnéez  viennent  d'aulcungz  particuliers,  noz 
subjectz,  qui  les  incitent  à  ce,  pour  l'affection  qiûilz  ont  de  mectre  à 
fin  leur  maulvais  vouloir  4.  Et  sommes  esbaïs  de  vous  et  vostre  Con- 
seil, qui  voyés  devant  voz  yeulx  vostre  ruyne  et  destruction  et  ne  y 
voulés  remédier  !  Mieulx  ne  vous  sériés  [1.  sauriez]  conduire  au 
grey  de  voz  ennemys  que  ainsi  faisant,  Vous  nous  escripvés  plu- 
sieurs belles  lettres,  et  nous  demandés  conseil  et  aide  pour  vous 
mectre  à  repoz  5,  et  quant  Ton  vous  ouvre  la  porte,  vous  reffusés 
de  y  entrer  ! 

Au  regard  du  religieulx  que  détenés,  nous  vous  dépendons  de  pro- 
céder en  façon  quelcunque  contre  luy,  ains  Payés  à  mectre  en  liberté, 
selon  le  contenu  au  Mandement  que  sur  ce,  de  nostre  part,  vous 
a  esté  intimé 6,  sans  y  fère  faulte,  en  tant  que  crenés  [1.  craignez] 

1  Cette  lettre  du  13  janvier  était  relative  aux  réclamations  des  Bernois. 
La  réponse  de  l'Évêque,  en  date  du  15,  renferme  les  passages  suivants  : 
«  Quant  à  la  poursuyte  que  Messieurs  de  Berne  font  fère  contre  le  pres- 
cheur  de  VAdvent  passé...  bien  au  long  en  escripvons  à  Messieurs  leurs 
ambassadeurs...  lesquelz  estimons  si  raisonnables  et  avoir  si  bonne  affec- 
tion à  l'entretenement  de  nostre  auctorité,  qu'ilz  seront  content  que  l'affère 
se  vuide  par  devant  noz  officiers...  Au  regard  du  conseil  et  confort  que 
nous  demandés  touchant  l'argent  dont  les  dits...  poursuyvent  avoir  paiement, 
nous  ne  vous  y  serions  [1.  saurions]  respondre  que  conforméement  à  la  réso- 
lucion...  par  laquelle  nous  promistes  de  nous  laisser  nostre  auctorité  et  Juri- 
dicion... Dont  n'avés  tenu  compte...  Parquoy...  ne  savons  bonnement  quel 
conseil  vous  y  donner  »  (Manuscrit  orig.  Arcb.  de  Genève).  Voyez  aussi  le 
Registre  du  Conseil  au  19  janvier.  Froment,  op.  cit.  p.  lviii. 

2  Pierre  de  la  Baume  fait  allusion  à  une  lettre  qui  l'informait  de  la 
grave  décision  prise  le  25  janvier  par  les  Conseils  de  Genève  (Voy.  N°  446, 
note  9). 

5  Xous  savons  cependant  que  c'étaient  les  Bernois  qui  avaient  déter- 
miné la  décision  du  25  janvier,  en  menaçant  Genève  de  la  rupture  de  l'al- 
liance. (Voyez  la  pièce  précédente,  notes  6  et  9.) 

4  Allusion  au  parti  des  Évangéliques. 

5  La  lettre  écrite  le  15  janvier  par  l'Évêque  (Voy.  n.  1)  montre  que  le 
Conseil  avait  réclamé  son  appui,  pour  se  soustraire  à  des  embarras  finan- 
ciers, et  non  pour  solliciter  son  intervention  à  propos  des  troubles  de  la  ville. 

6  Ce  mandement  était  parvenu  à  sa  destination  le  25  janvier,  au  plus  tard, 
comme  on  peut  l'inférer  de  cette  réponse  écrite  que  le  Grand- Vicaire  et  les 


136  I/ÉVÈQUE  DE  GENÈVE  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1531 

nous  désobéir  et  décomplaire.  Et  si  au  reste  désirés  ensuyr  [1.  en- 
suivre] vous  dites  pénultimes  lettres,  pourrés  dépêcher  de  voz 
gens  devers  nous  en  ce  lieu,  au  jour  que  vouldrés,  avec  souffisant 
pouvoir  ;  et  vous  nous  treuverés  disposé  à  y  entendre  et  à  fère 
(s'il  ne  tient  à  vous)  tout  ce  que  prince  peult  fère  pour  sez  sub- 
gectz,  —  vous  disant  adieu,  très-chiers,  bien-aniéz  et  féaulx,  qui 
vous  ait  à  sa  saincte  garde.  Dez  Arbois,  ce  premier  jour  de  février 
1534  \ 

L'Évesque  et  Prince  de  Genève. 

(Suscription  :)  A  noz  très-chiers,  bien-améz  et  féaulx  les  Sindi- 
ques  et  Conseil  de  nostre  cité  de  Genève. 


conseillers  épiscopaux  remirent,  le  lendemain  matin,  à  une  nouvelle  dépu- 
tation  du  Conseil  :  «  Messieurs  les  Sindicques,  vous  sçavés  que  Monsieur 
«  de  Genesve  ha  esté  informé  du  mode  de  la  capture  et  détention  du  beaul 
«  père...  et  qu'il  ha  commandé  la  dite  capture  estre  réparée,  par  ses  Let- 
«  très  patentes  qui  vous  sont  esté  intimées,  et  en  estes  assés  informés  ;  et, 
«  ce  estre  faict,  que  nous  ministr[i]ons  bonne  justice...  Auquel  commaiide- 
«  mant  nous  offrons  obéir,  et  vous  admonestons  que  veuilles  havoir  sur  le 
«  tout  bon  advys.  xxvi  Januarii  1534.»  (Reg.  du  Conseil,  20-27  janv.) 

Le  Grand-Vicaire  et  le  Conseil  épiscopal  connaissaient  donc  parfaitement 
le  contenu  de  ces  Lettres  patentes,  et  ils  avaient  dû  en  faire  part  aux  ad- 
hérents qu'ils  comptaient  dans  la  population.  Cette  circonstance  rend  d'au- 
tant plus  significatif  le  vote  unanime  que  le  Conseil  général  avait  prononcé 
le  25  janvier  (Voy.  N°  446,  note  9),  et  elle  réduit  à  sa  juste  valeur  l'un 
des  griefs  formulés  plus  tard  par  l'Évêque.  Celui-ci  accusa,  en  effet,  les 
magistrats  de  Genève  d'avoir  tenu  secrètes  «  les  lettres  de  la  relaxation  du 
beaul  père,  »  et  intercepté  celles  qu'il  adressait  en  même  temps  «  au  Con- 
seil épiscopal,  Chapitre  et  autres  gens  de  bien.  »  (Voy.  dans  les  Additions 
la  pièce  intitulée  :  «  Rebellions  et  excès  commys  par  les  Sindicques,  »  etc., 
rédigée  vers  le  milieu  de  mars  1534.)  On  sait  du  reste  que  le  Père  Furbiti 
ne  fut  point  relâché,  qu'il  consentit  enfin,  le  27  janvier,  à  répondre  devant 
les  Syndics,  aux  articles  d'accusation  dressés  par  MM.  de  Berne,  et  à  dis- 
puter avec  Farel  et  Viret.  (Voy.  Reg.  du  Conseil,  27,  28,  29  et  30  janv. 
—  Froment.  Actes  et  Gestes,  éd.  Revilliod.  Notes,  p.  lx-lxv.  —  Lètres 
certaines  d'aucuns  troubles,  etc.,  éd.  Manget,  p.  28-144.  —  Jeanne  de 
Jussie.  Levain  du  Calvinisme,  éd.  cit.  Notes,  p.  249-250.) 

7  Le  manuscrit  porte  au  dos  la  note  suivante  :  «  Receu  4  de  febvrier 
1534,  du  beaul  père,  »  mais  le  Registre  du  Conseil  ne  dit  mot  de  la  pré- 
sente lettre. 


153-1  NYCOD  DU  PIUT  A  l'ÉVÊQOE  DE  GENÈVE  r\  AHBOIS].  137 


448 

NYCOD  du  praï  '  à  FÉvêque  de  Genève  [à  Arbois]. 
De  Genève,  15  février  (1534). 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Genève. 


Sommaire.  Informations  sur  ce  qui  se  passe  à  Genève.  Procès  de  Jean  Portier.  Cons- 
tance de  Furbiti.  Dangers  des  serviteurs  de  l'Évêque. 

Illustre,  très-révérend  et  mon  très-redoubté  Seignieur,  tant 
humblement  que  fère  puys  me  recommande  à  vostre  bonne 
grâce. 

Mon  Seignieur.  pour  ce  que  par  plusseurs  foys  avés  estez  bien 
au  long  adverty  des  afféres  qui  sont  advenust  en  ceste  vostre  cité 
despuis  dix  ou  douzes  jours  en  ça  -,  me  desporteray  le  vous  réciter, 
pour  non  vous  actédier. 

1  Nycod  de  Prato  ou  du  Prat,  procureur  fiscal  de  l'Évêque  et  l'un  des 
plus  ardents  partisans  du  duc  de  Savoie  (Voyez  J.-A.  Galiffe.  Notices  généa- 
logiques, t.  II,  p.  43).  Il  était  natif  des  environs  de  Thonon  (Froment,  op. 
cit.  p.  226). 

•  La  dispute  commencée  entre  Furbiti,  d'un  côté,  Farel  et  Viret,  de 
l'autre  (N°  447,  fin  de  la  n.  6),  avait  été  reprise,  devant  le  Conseil  des 
Deux-Cents,  le  mardi  3  février.  Dans  l'après-midi  du  même  jour  survinrent 
des  événements  qui,  par  leurs  conséquences  immédiates,  portèrent  une  at- 
teinte très-sérieuse  à  l'autorité  du  prince-évèque.  Deux  partisans  de  la  Ré- 
forme furent  assaillis  à  main  année  sur  la  place  de  St. -Pierre,  et,  bientôt 
après,  l'un  des  agresseurs,  nommé  Claude  Permet,  geôlier  des  prisons  épis- 
copales  (N°  416,  n.  9),  tua  d'un  coup  de  poignard  Nicolas  Bergier,  chape- 
lier demeurant  au  Perron.  Il  s'ensuivit  un  grand  tumulte.  Cinq  cents  ci- 
toyens en  armes  se  présentèrent  à  l'Hôtel  de  Ville,  disant  qu'ils  ne  s'étaient 
assemblés  que  pour  se  mettre  en  garde  contre  une  quatrième  ou  cinquième 
émeute  des  prêtres,  et  pour  prêter  main  forte  aux  magistrats.  Les  perqui- 
sitions dirigées  par  les  Syndics  jusqu'au  milieu  de  la  nuit  amenèrent  l'arres- 
tation de  Claude  Permet  et  du  notaire  Jean  Portier,  qui  s'étaient  cachés  dans 
le  clocher  de  la  cathédrale.  Malgré  les  lettres  de  grâce  présentées  au  nom 


138  NYCOD  DU   PRAT  A  l'ÉVÊQUE  DE  GENÈVE  [a  ARBOIS].  1534 

Mon  Seignieur,  j'ay  présenté  aux  Sindiques,  en  leur  conseil  des 
Deux-Cens,  mardi  dernièrement  passés,  la  grâce  quH[I\  vous  a  pieu 
fère  à  rostre  serviteur,  mon  beau- frère  Portent  3,\es  priant  la  luy 
volloyer  observer.  Il  laz  retirarent  à  eulx,  disant  que  je  me  reti- 
rasse ung  petit,  pour  me  fère  response.  Et  despuys  n'ay  peult  ra- 
voyer  les  dictes  lettres,  ny  response  4,  ains  procèdent  par  inquisi- 
tion en  la  personne  du  dit  Portera,  nonobstant  la  dite  grâce  et 
aussi  aultres  lettres  de  Monsieur  vostre  Vicayère,  qui  le  mandoyt 
et  comandoyt  estre  restitué  dedans  vostre  esglise,  là  où  avoyt  estez 
prins,  et  que  aussi  l'ay  demandé  estre  remis  aux  mains  de  Mon- 
sieur vostre  Juge  des  excès,  pour  ce.  qu'i[l]  est  clerc,  faysant  foy 
de  son  privilège  clérical.  Je  n'ay  peult  obtenir  aultre  response  de 
eulx,  sinon  qu'i[ls]  me  menassent  de  ce  qui  dient  les  garde  de  fère 
justice  [1.  parce  que,  disent-ils,  je  les  empêche  de  faire  justice],  et 
que  je  leurs  hay  entretenust  la  guerre  deux  ans  5,  don[t]  ne  hay 
pas  encores  accordé  avecque  eulx.  Je  suis  adverty  qu'il  sont  déli- 
bérés en  aroyer  à  moij.  pour  induyre  les  aultres  à  plus  grosse  crainte 
que  nul  ne  sog  mêle  de  vouz  affères,  et  fère  ce  qu'il  ont  entrepris  de 
long  temps  sans  contradictions. 

Si  je  les  voyés  procéder  par  voye  de  justice,  [je]  n'aroye  poënt 


de  l'Évêque,  Pennet  fut  condamné  à  mort  et  exécuté  le  5  février.  Jean 
Portier,  «  chez  qui  on  avait  trouvé  (dit  le  Registre)  des  lettres  constituant, 
contre  nos  libertés,  un  Gouverneur  de  Genève  pour  l'Evêque,  et  des  blanc- 
seings  scellés  des  armes  du  Duc,  »  fut  mis  en  accusation,  et  le  Conseil  géné- 
ral décida,  le  8  février,  que  «  lors  même  qu'il  obtiendrait  grâce  du  Prince, 
on  n'y  aurait  pas  égard.  »  (Voy.  le  Re'g.  du  Conseil,  3-G  et  8  février.  — 
Requête  de  François  Pennet  à  l'Évêque,  5  ou  6  févr.  Manuscrit  orig.  Arch. 
de  Genève.  —  Jeanne  de  Jussie,  p.  86-88.  —  Grenus.  Fragmens  hist. 
sur  Genève  avant  la  Réformation,  p.  188-190.  —  Froment,  op.  cit.  Notes, 
p.  lxv-lxx.  —  Lettre  de  Haller  du  14  mars  1534.) 

3  Nycod  de  Prato  avait  épousé  Claudine-Françoise  Braset,  sœur  uté- 
rine de  Jean  Portier  (J.-A.  Galiffe,  loc.  cit.).  Ce  fut  le  mercredi  11  février 
qu'il  remit  au  Conseil  des  Deux-Cents  les  lettres  de  grâce  de  son  beau-frère 
(Reg.  du  Conseil). 

4  Les  Deux-Cents  répondirent  le  13  février  h  Péromtle  Fusier,  Dame 
de  la  Bâtie,  femme  de  J.  Portier,  qu'on  ne  pouvait  lui  restituer  pour  le 
moment  les  lettres  de  grâce  de  son  mari,  parce  qu'on  voulait  d'abord  inter- 
roger celui  qui  les  avait  rédigées  à  Genève  même. 

5  Eu  sa  qualité  de  procureur  fiscal,  Nycod  de  Prato  avait  dû  soutenir 
très-vivement  les  prétentions  de  l'Évêque  au  sujet  de  ses  droits  de  juridic- 
tion (N°  428\  En  outre,  il  avait  été  le  promoteur  de  l'émeute  du  22  dé- 
cembre 1533  (N°  442,  n.  4). 


1534  NYCOD  DU  PRAT  A  l'ÉVÊQUE  DE  GENÈVE  [a  ARBOIS].  139 

de  crainte;  ains,  voyeant  leurs  volluntés  et  le  mode  qu'i[ls]  tien- 
nient,  ne  sçay  homme  si  juste  qui  soyt  asseurer  avecque  eulx. 
Plussieurs  gens  de  biens  m'ont  persuader  me  retirer  d'ici,  ce  que 
n'ay  vollu  fère,  ny  feray  qui  ne  soyt  par  vostre  comandemenl, 
quant  [ils]  me  debvrient  fère  morir,  soyt  par  justice  ou  aultrement, 
rendant  tousjours  le  debvoyer  à  mon  office,  non  pour  prouffit, 
ains  pour  la  maintenence  de  vostre  auctorité. 

Messieurs  de  Fribourg  sont  tousjours  ici 8,  et  le  beau  père  pres- 
cheur,  en  la  mayson  de  la  ville.  L'on  ne  sçayt  [ce]  que  la  fin  serat, 
toutesfoys  qu'il  est  homme  sage  et  constant.  Il  ne  sçavent  quel 
propos  tenir  avecque  luy,  sinon  qu'i[ls]  dient  :  «  Fault  fère  playsirs 
à  Messieurs  de  Berne,  »  qui  sont  tousjours  à  ia  parsuyte  [1.  pour- 
suite], instant  qu'i[l]  soy  dédie  publiquement  d'aulcunnes  choses 
qui  dient  avoyer  dit  contre  leur  honneur  ;  de  quoy  jamés  ne  par- 
lât, Et  ne  le  peuvent  fére  condécendre  à  soy  dédire,  quant  il  le 
debvrient  fère  morir  7.  Et  a  tousjours  estez  en  ce  ferme  propos. 
Dieu  luy  doënt  bonne  pacience  !  Car  je  vous  asseure  que  l'on  luy 


6  Les  députés  fribourgeois  étaient  arrivés  à  Genève  le  6  février.  Le 
lendemain  ils  reçurent  audience  du  Petit  Conseil,  et  le  11,  du  Conseil  des 
Deux-Cents,  qui  leur  répondit  en  ces  termes  :  «  Touchant  nostre  façon  de 
vivre,  en  nostre  foy,  nous  en  havons  faict  des  édys  et  status  entre  nous, 
desqueulx  havons  plusieurs  fois  escript  à  Leurs  Excellences;  et  maintenant 
sûmes  encore  en  ceste  entière  volonté  de  demorer  et  vivre  jouxte  iceulx, 
et  faire  nostre  pouvoir  à  les  maintenir,  prians  LL.  EE.  prendre  les  choses 
à  la  bonne  part.  »  Puis  on  leur  fit  lire  les  lettres  de  l'Evêque  découvertes 
chez  Jean  Portier  (Voy.  note  2),  et  ils  déclarèrent  qu'ils  avaient  ignoré 
l'existence  de  ces  lettres,  et  qu'ils  croyaient  que  leurs  supérieurs  ne  vou- 
draient tolérer  aucune  infraction  aux  libertés  de  Genève  (Reg-  du  7  et  du 
11  février). 

1  Furbiti  ayant  de  nouveau  comparu  devant  le  Conseil  le  11  et  le  ^fé- 
vrier, on  lui  demanda  s'il  était  résolu  à  faire  réparation  à  MM.  de  Berne? 
Il  répondit  affirmativement.  Le  lendemain,  il  avoua  qu'il  ne  pouvait  sou- 
tenir ses  assertions  par  la  Sainte  Ecriture,  mais  seulement  au  moyen  des 
Décrétales  et  des  Œuvres  de  St.  Thomas.  Il  ajouta  que,  s'il  obtenait  la  per- 
mission de  prêcher  le  dimanche  suivant,  il  prêcherait  de  telle  façon  que 
l'honneur  de  Dieu  et  de  MM.  de  Berne  serait  publiquement  réparé.  Mais, 
lorsqu'il  fut  conduit  à  St. -Pierre,  le  dimanche  15  février,  après  midi,  il  ne 
voulut  point  tenir  sa  promesse,  ni  donner  lecture  de  la  rétractation  écrite 
qui  lui  avait  été  remise  par  les  Syndics.  Sur  ce,  il  fut  reconduit  en  prison. 
(Voy.  le  Reg.  du  Conseil  aux  dates  sus-meutionnées.  —  Froment,  op.  cit. 
Notes,  p.  lxx-lxxiv.  —  Lètres  certaines,  etc.,  éd.  cit.  p.  146-152.  — 
Jeanne  de  Jussie,  p.  82-83,  et  Notes,  p.  250.) 


140  LE  CONSEIL  DE  FRIBOURG  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1534 

faict  de  grosses  dérisions  et  moqueries,  que  le  porrient  induyre  à 
fère  faeillement  ce  qui  luy  demandent  et  plus  grosse  chose  mes- 
chante  ou  à  despération,  si  n'estoyt  bien  pacien  et  homme  vir- 
tueux 

Vous  suppliant...  qu,i[l]  vous  playse  considérer  en  quel  dan- 
giers  sont  ici  vous  très-humbles  subgés  et  serviteurs,  et  avoyer 
recordalion  de  eulx  et  donner  seccours  à  leur  grosse  neccessité  le 
plus  briefz  qu'à  vous  serat  possible 8.  Illustre,  très-révérend  et  mon 
très-redoubté  Seigneur,  je  prie  à  Dieu  qui  vous  doënt  bonne  vie  et 
longue.  De  Genève,  le  xv  de  février, 

Par  le  tout  vostre,  très-humble  et  obéissant  subget  et  serviteur 

DE  PRATO. 

(Suscription:)  A  illustre,  très-révérend  et  mon  très-redoubté 
Seignieur  et  Prince,  mon  Seignieur  TÉvesque  et  Prince  de  Ge- 
nève. 


449 

le  conseil  de  fribourg  au  Conseil  de  Genève. 
De  Fribourg,  19  février  1534. 

Missive  originale.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  MM.  de  Fribourg  se  plaignent  de  ce  que  les  Genevois  ne  tiennent  pas  leurs 
promesses  et  ne  respectent  nullement  l'autorité  du  prhice-évêque  de  Genève. 

Nobles,  magnifficques  et  prudens,  très-chiers,  bons  amys  et 
féaulx  combourgois,  à  vous  nous  recomandons. 

Nous  avons  veuz  la  responce  que  avés  donné  par  escript  à  nous 
ambassadeurs  \  [responce]  dont  serions  bien  contens  quant  le  faiclz 

s  La  seule  mesure  que  Pierre  de  la  Baume  semble  avoir  prise  à  cette 
époque,  en  faveur  de  ses  partisans  à  Genève,  fut  de  se  plaindre  aux  Fri- 
bourgeois.  (Voyez  le  N°  449,  et,  dans  les  Additions,  la  pièce  intitulée  : 
«  Rebellions  et  excès  commys  par  les  Sindicques,  pety  et  grand  Conseilz  et 
aultres  soubjectz  de  mon  révérend  Seigneur  Monsieur  et  Prince  de  Ge- 
nève. » 

1  Cette  réponse  écrite  était  la  reproduction  de  celle  qui  fut  faite  verba- 


1  53-i  LE  CONSEIL  DE  FRIBOl'RG  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  141 

seroit  semblable  aux  parrolles  et  aux  escript,  [mais]  dont  trovons 
totalement  le  contraire.  Car  en  observacion  [1.  pour  ce  qui  concerne 
l'observation)  de  Vauctofité  de  Monsieur  de  Genefve  (vostre  prince, 
cornent  avés  confessé),  mésusés  trës-grandement,  veuz  les  mespri- 
sances  que  ares  faictz  à  ses  officiers,  et  les  tenans  aux  prysons, 
sanns  avoyr  à  mérite  le  cas,  cornent  faicles  à  Portèri2, —  [vu] 
aussy  que  parmettés  de  faire  les  espo[u]saisons  et  babtiser  les  en- 
fans  à  la  novelle  Loy,  sanns  ilz  faire  pugnicion  quelcuncque 3,  av[o]yr 
bien  volliés  [1.  tandis  que  vous  voulez]  pugnir  et  juger,  ce  que  ne 
debvés  faire. 

Pourquoy  derrecbielï  vous  pryons  et  advisonns  de  vous  des- 
pourter  d'aggrédir  Tauctorité  de  mon  dit  Seigneur  de  Genefve, 
vostre  prince,  et  [vous  admonestons]  pugnir  les  offendans  son 
auctoricté,  et  ceulx  qui  mesprisent  le  vieuz  estatuz  que  avés  faictz 
pour  la  maintenance  de  vostre  vraye  foy  ancienne  4.  Et  de  cecy 
vostre  bonne  responce,  avecque  l'apparois[s]ance  de  l'effectz,  par 
ce  présent  pourteur 5.  Sur  ce  nous  saicbant  conduyre,  vous  disant 
adieuz.  Datum  xixa  Februarii,  anno,  etc.,  xxxun°. 

L'ÀDVOYÉ  ET  COXSEILL  DE  LA  VlLLE  DE  FrYBOURG. 

lenient  par  le  Conseil  de  Genève  aux  députés  fribourgeois  le  11  février  (Voyez 
le  N°  448,  note  6). 

4  Voyez,  dans  le  X°  448,  les  détails  relatifs  au  procès  de  Jean  Portier. 

3  Le  culte  évangélique  avait  lieu  dans  une  maison  particulière,  et  les 
ambassadeurs  bernois  y  assistaient  (Froment,  op.  cit.  p.  82),  circonstance 
qui  plaçait  leurs  coreligionnaires  de  Genève  à  l'abri  de  toute  punition. 

4  Voyez  le  N°  439,  note  5. 

3  La  présente  lettre  fut  communiquée  au  Conseil  des  Deux-Cents  à  Ge- 
nève le  22  février.  Nous  ne  connaissons  pas  le  texte  de  la  réponse  qui  fut 
immédiatement  adressée  à  MM.  de  Fribourg,  mais  il  est  certain  qu'elle 
leur  déplut  à  un  très-haut  degré.  On  lit  dans  leur  missive  du  4  mars  sui- 
vant :  «  Nous  congnoissons  bien  que,  ne  aux  lectres  concernantes  à  l'affayre 
d'Aymé  Girard,  ne  aux  aultres  touchant  nous  affayres  et  vous  promesses, 
ne  faictes  point  d'estime  ne  observation,  —  dont  ne  serons  estimer  [1.  esti- 
més] —  mais  que  de  tout  nous  mesprisés.  »  (Manuscrit  orig.  Arch.  de  Ge- 
nève.) L'irritation  des  Fribourgeois  fut  poussée  à  l'extrême,  lorsqu' après 
l'exécution  de  Jean  Portier  (10  mars),  ils  reçurent  de  Pierre  de  la  Baume 
l'exposé  complet  de  ses  griefs  contre  les  Genevois.  Aussitôt  ils  envoyèrent 
à  ceux-ci  des  députés  qui,  du  27  au  30  mars,  firent  d'inutiles  efforts  pour 
obtenir  des  Conseils  la  dissolution  du  traité  de  combourgeoisie  (Voy.  N°  191, 
n.  3),  et  qui  déposèrent  en  se  retirant  une  lettre  datée  du  23  mars,  par  la- 
quelle MM.  de  Fribourg  citaient  leurs  alliés  de  Genève  à  une  «journée  de 
marche  »  qui  devait  se  tenir  à  Lausanne  le  12  avril.  La  rupture  définitive 
entre  les  deux  États  fut  consommée  le  14  mai  suivant.  (Voyez  dans  les  Ad- 


142  LOUIS  DANGERANT  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.         1534 


450 

louis  dangerant  '  au  Conseil  de  Genève. 
De  Soleure,  20  février  1534. 

Manuscrit  orig.  Arch.  de  Genève.  Publiée  en  partie  par  E.-H.  Gaul- 
lieur.  Études  sur  la  Typographie  genevoise.  Genève,  18oo,  p.  90. 

Sommaire.  L'ambassadeur  de  France  signale  au  Conseil  un  livre  imprimé  à  Neu- 
châtel  et  faussement  attribué  aw  docteur  Noël  Beda.  Les  magistrats  genevois  sont 
priés  de  faire  emprisonner  l'auteur  et  l'imprimeur,  s'ils  se  retiraient  dans  leur  ville. 
Exhortation  relative  aux  dissensions  religieuses  qui  régnent  à  Genève. 

Magnifficques  Seigneurs  !  Le  Roy  a  esté  adverty  comme  il  a  esté 
imprimé  à  Neufchastel  plusieurs  lyvres,  lesquelz  ont  esté  composez 
par  aucun  de  la  nation  de  France,  et  dont  est  pareillement  l'impri- 
meur 2,  lesquelz  lyvres  sont  intituliez  :  «  la  Confession  de  maistre 

ditions  la  pièce  intitulée  :  «  Les  rebellions  et  excès  commys  par  les  Sin- 
dicques,  »  etc.  —  Froment,  op.  cit.  Extr.  des  Registres,  p.  lxxxiv-xcii. 
—  Lettre  de  Haller  à  Bullinger  du  18  avril  1534.  Arch.  de  Zurich.  —  Ru- 
chat,  III,  286-290.) 

1  Louis  Dangerant,  seigneur  de  Boisrigaud,  était  déjà  ambassadeur  de 
François  I  auprès  des  Ligues  suisses  en  1526  (N°  173,  n.  13).  D'après  l'An- 
nuaire historique  publié  par  la  Soc.  d'Hist.  de  France  (1848,  p.  218),  il  s'ap- 
pelait Louis  Doguereau.  Selon  M.  Galiffe  (Quelques  pages  d'histoire  exacte. 
Genève,  1862,  p.  13),  son  vrai  nom  serait  d'Augeraux.  Nous  le  donnons  tel 
qu'on  le  trouve  en  tête  de  la  dédicace  d'une  traduction  latine  des  Vies  de 
Plutarque.  Bâle,  1542  et  1552,  folio. 

*  L'auteur  du  livre  dénoncé  était-il  Farel^  ou  Antoine  Marcourt,  natif 
de  Lyon,  pasteur  à  Neuchàtel  depuis  1531?  On  sait  que  Froment  (op.  cit. 
p.  248)  attribue  à  ce  dernier  la  composition  des  placards  affichés  à  Paris 
en  octobre  1534. 

L'imprimeur  auquel  M.  de  Boisrigaud  fait  allusion  est  Pierre  de  Wingle, 
originaire  de  Lyon  (N°  391,  n.  1,  N°  410,  fin  de  la  note  8).  Dans  le  nombre 
des  livres  imprimés  par  lui  depuis  qu'il  s'était  établi  à  NeucMiel,  on  peut 
citer  la  Liturgie  de  Farel  (N°  401,  n.  4)  et  le  «  Livre  des  Marchans,  » 
daté  du  30  décembre  1534  (1533,  nouv.  style).  Ce  fut  peut-être  aussi  P.  de 


153-4  LOUIS  DANGERANT  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  143 

Noël  Beda  3,  où  il  y  a  une  Epistre  faicte  au  Roy  par  le  dict  Beda,  — 
vous  avisant,  Messieurs,  pour  certain  que  jamais  le  dit  lycre  ne  fut 
fait  par  le  dit  Beda,  et  ne  vint  oncques  à  la  congnoissence  du  Roy  *. 

A  ceste  cause,  le  dit  Seigneur  nfescript  fère  poursuite  de  par 
deçà  contre  ceuk  qui  ont  fait  telle  meschanseté,  ce  que  je  fais,  et 
en  ay  parlé  à  mes  Seigneurs  des  Ligues  5,  ensemble  leur  ay  monstre 
plusieurs  des  dits  lyvres,  lesquelz  sont  publiez  et  venduz  en  divers 
lyeulx.  Et  sont  les  dits  Seigneurs  délibérez  d'estre  aydans  a  fère 
pugnir  les  meschans,  là  où  ilz  se  pourront  trouver  G,  lesquelz  n'o- 
sent mectre  leur  non  [l.  nom]  dans  leurs  lyvres,  mais  y  mettent 
celluy  d'ung  homme  de  bien,  de  bonne  vye  et  conversacion 7.  [ce] 
qui  donne  bien  à  congnoistre  que  le  contenu  des  dits  lyvres  ne 
vault  ryens.  Et,  ad  ce  que  je  voy,  c'est  unepiperie  et  tromperye  pour 
myeulx  atyrer  le  peuple  à  leur  oppinion,  disons  que  le  dit  Beda,  qui 
est  le  plus  grant  docteur  de  France,  c'est  mys  de  la  leur,  et  que  le 
Roy  y  a  consenti] 8. 

Je  vous  advise,  Messieurs,  que  les  paillars  meschans  ont  faulce- 
ment  et  meschantement  dit  et  escript,  car  l'expérience  est  bien 
contraire,  veu  les  grandes  pugnissions  que  le  dit  Seigneur  fait  fère 
tous  les  jours 9,  en  son  Royaulme,  de  telz  gallans,  abuseurs  de 
peuple  et  sophisticateurs  de  la  Parolle  de  Dieu,  et  dresseurs  de 

Wingle  qui  publia  la  Cène  de  Jésus-Clnist,  la  Vérité  cachée,  et  la  confrérie 
du  St.  Esprit,  ouvrages  que  Baudichon  déclarait,  le  29  avril  1534,  avoir- 
vus  à  Genève  (Procès  de  Baudichon,  p.  6-7). 

3-4  Nous  n'avons  trouvé  nulle  part  la  description  de  cet  ouvrage,  qui 
paraît  aussi  rare  que  les  premiers  opuscules  de  Farel.  La  Bibliothèque 
Françoise  d'Antoine  du  Verdier  (Lyon,  1585,  p.  244)  le  mentionne  en  fai- 
sant observer  qu'il  est  «  faussement  imposé  à  feu  maistre  Noël  Beda.  » 

5  Le  recès  de  la  diète  de  Baden  du  10  février  (Dinstag  vor  Herren- 
Fassiiacht)  1534  relate  les  plaintes  de  l'ambassadeur  du  Roi  à  peu  près 
dans  les  mêmes  termes  que  le  commencement  de  la  présente  lettre  (Ar- 
chives fédérales,  à  Berne). 

6  Sur  la  demande  du  sieur  de  Boisrigaud,  les  cantons  suisses  prièrent 
la  comtesse  de  Neuchâtel  d'ordonner  une  enquête  au  sujet  du  livre  incri- 
miné. D'après  Kirchhofer,  op.  cit.  I,  1G6,  cette  enquête  n'aboutit  pas. 

'  Ce  jugement  n'eût  pas  été  ratifié  sans  réserve  par  tous  les  contempo- 
rains éclairés  (Voy.  Bayle,  art.  Beda,  noie  E).  Au  reste  M.  de  Boisrigaud 
ne  pouvait  pas  se  douter  que  Beda  serait  bientôt  accusé  du  crime  de  lèse- 
majesté  (Voy.  N°  458,  n.  2,  N°  459,  u.  10,  et  Gaillard,  op.  cit.  III,  565-66). 

s  Ce  fut  sans  doute  cette  assertion  qui  blessa  François  I. 

9  Dangerant  ne  savait  pas  que,  depuis  la  rentrée  du  Roi  dans  sa  capitale, 
la  persécution  avait  presque  cessé  (Voy.  N°  451). 


144  LOUIS  DANGERANT  AL'  CONSEIL  DE  GENÈVE.  I  534 

monopolles 10,  pour  ruyner  les  pouvres  Chrestiens,  soubz  ombre 
de  la  Parolle  de  Dieu,  par  leur  grande  mallignité,  et  ne  se  peult 
soustenyr  par  tout  homme  de  bon  entendement,  ne  aussi  ne  se 
trouve  par  escript  en  PÉvangille,  ne  en  aultre  escripture  saincte, 
que  Ton  doyve  tascher  à  faire  ung  chrestien  par  faulceté  et  trom- 
perye  ;  mays  je  croy  bien  que  cella  se  trouvera  bien  aux  escriptures 
et  commandemens  du  diable. 

Et  pource,  Messieurs,  que  j'ay  esté  adverty  que  en  vostre  ville  y 
a  beaucop  de  ses  dits  lyvres,  et  que  par  avanture,  soubz  coulleur 
d'iceulx,  plusieurs  personnes  y  pourroient  prandre  fondement, 
pançans  le  contenu  d'yceulx  estre  véritables,  mais  au  contraire 
est  vraye  menterye,  vous  asseurant.  Messieurs,  que  sy  le  Roy  tenoit 
les  dits  faulsères,  qu'il  en  feroit  fère  telle  pugnission  que  il  en  se- 
roit  mémoyre  et  à  l'exemple  de  tous  autres.  De  quoy  vous  ay  bien 
voullu  advertyr,  affin  qu'il  cous  plaise  le  fère  entendre  à  vostre 
peuple,  et  fère  prandre  et  brasier  les  dits  lyvres  comme  abusifz  et 
secanduleux.  Et,  si  ceulx  qui  les  ont  faiz  et  conposez  se  retiroient 
en  vostre  ville,  vous  playra  les  voulloir  fère  à  rester  [1.  arrester] 
prisonniers,  affin  qu'ilz  respondent  en  Justice,  pour  en  attendre 
le  droit  et  pugnition  sellon  raison.  En  ce  faisant  ferez  grand  plaisir 
et  service  au  Roy,  qui  le  recongnoistra  envers  vous. 

Le  dit  Seigneur  est  adverty  de  quelques  différant[s]  que  cous 
aces  entre  cous  pour  la  foi/,  dont  luy  desplaist  très-fort.  Vous  estes 
bons  et  saiges;  cous  saturez  bien  considérer  toutes  choses  là-dessus 
qui  sont  à  noter,  et  la  disposicion  du  temps,  qui  passe  la  persuasion 
des  hommes.  Il  vous  plaira  me  fère  responce,  affin  de  là  fère  en- 
tendre au  dit  Seigneur  Roy  le  voulloir  que  aurés  à  luy  fère  ser- 
vice ".  Magniffiques  Seigneurs,  je  prye  le  Créateur  qu'il  vous  donne 
très-bonne  et  très-longue  vye.  De  Solleure,  ce  xxme  jour  de  février 
1533,  avant  Pasques  12,  par 

Celluy  qui  de  bon  cueur  vous  vouldroyt 
fère  service  et  plaisir 
Dangerant  dit  Boisrigault. 

(Suseription  :)  A  Magniffiques  Seigneurs,  Messieurs  le  Yidos- 
mez  13,  Zanticques  et  Conseil  de  la  ville  de  Genefve. 

I  °  Clément  Marot  accusait  les  Sorbonistes  de  «  prêcher  au  peuple  un  tas 
de  monopolles  »  (Voy.  N°  418).  Les  Registres  du  Conseil  de  Genève  (4  juin 
1527)  emploient  cette  expression  dans  le  sens  d'intrigues. 

II  On  lit  dans  le  Registre  du  Conseil  de  Genève:  «  Die  Dominico  22a  fe- 


1534  OSWALD  MYCONIUS  A  HENRI  BULLINGER.  A  ZL'RICH.  145 


451 

oswald  MYCONIUS  à  Henri  Bullinger  ' ,  à  Zurich. 
DeBâle,  28  février  1534. 

Autographe.  Arch.  de  Zurich.  J.-C.  Faeslinus,  op.  cit.  p.  119. 

Sommaire.  Kenseignements  fournis  à  Myconius  par  un  gentilhomme  [français?]  sur  les 
dispositions  favorables  du  roi  de  France  à  l'égard  des  Évangéliques  emprisonnés. 
On  parle  d'une  alliance  de  ce  monarque  avec  les  Protestants  d'Allemagne. 

Salutem  !  Duo  sunt  quae  non  potui  diutius  continere,  quantum- 
vis  otium  desit...  Allerum  est  de  Rege  GaUorum.  Pridie  quàm  hsec 
scriberem,  collocutus  sum  cum  viro  nohilitate  generis  et  profes- 
sionis  evangelicœ  prseslante.  In  ter  alia  de  Gallo  fecimus  mentionem. 
ïum  ferè  is  ad  hune  modum  :  «  Quœ  Rex  agit  non  omnes  norunt. 
«  Illud  certum  est  apud  me,  ipsum  non  malè  velle  Evangelio,  et,  hoc 
«  dum  dissimulât,  non  ob  aliud  dissimulare,  quàm  quod  aliter  ne- 
«  quit,  prupter  regni  sui  pontifices.  Sine  verô  ut  obtineat  ltaliœpar- 

bruarii  1534.  Fuerunt  lectse  literse  Domini  de  Beaulx-Rigauîx,  scribeutis 
de  libro  intitulato  :  «  La  Confession  de  Maistre  Noël  Beda.  »  Et  super  eis 
resolutum,  deberi  scribi  sicut  nescimus  quid  sit,  quôdque  si  excussor  ad  nos 
venerit  et  aliquis  insteterit,  providebitur  prout  justitia  suadebit.  »  (Voy.  le 
N°  451,  fin  de  la  n.  3.) 

18  C'est-à-dire,  1534,  nouveau  style  (Voy.  la  note  11). 

13  II  n'y  avait  plus  de  vidomne  (vicedominus)  à  Genève,  et  ce  fonction- 
naire, représentant  du  duc  de  Savoie,  n'avait  jamais  été  le  premier  magis- 
trat de  cette  ville. 

1  Henri  Bullinger,  né  le  18  juillet  1504  à  Bremgarten,  petite  ville  de 
l'Argovie,  avait  eu  d'abord  du  penchant  pour  la  vie  monastique  ;  mais,  pen- 
dant qu'il  étudiait  à  Cologne  (1520-22),  la  lecture  attentive  du  Nouveau 
Testament  lui  fit  abandonner  ce  dessein  et  le  détacha  de  l'église  romaine. 
Nommé  pasteur  à  Bremgarten  (1529),  il  en  fut  expulsé  le  20  novembre 
1531  par  les  cantons  catholiques,  et  se  réfugia  à  Zurich,  où  le  Conseil  des 
Deux-Cents  l'appela  bientôt  à  remplacer  Zwingli.  La  piété,  l'éloquence  et 
le  grand  savoir  de  Bullinger  le  rendaient  digne  de  ce  poste  éminent.  Comme 
théologien,  il  acquit  en  peu  d'années  une  réputation  de  sagesse  et  d'habi- 
leté dont  la  Correspondance  des  Piéformateurs  témoignera  fréquemment. 

T.   III.  10 


146  OSWALD  MYCOMUS  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  1534 

«  tes  quos  cupit,  videbis  quid  amicitiœ  sit  remansurum  cum  Papa  et 
«  papistis.  Quod  dico  probavit  abande  jam  in  quatuor  ils  quos  apud 
«  Parrhisios  captivos  tenuerunt  et  adhuc  tenent  propter  Evangelium  ; 
«  mm  hos  dum  Beda  vellet  incendio  tradere,  hactenus  sercavit 2. 
«  ïum  coëgit  Bedam,  ut  privatisai  cum  eis  congredi  oporteret,  et 
«  insciliam  suam  ostendere,  quod  et  ei  cessit  in  magnam  ignomi- 
«  niam  ;  pessimè  enim  nugas  suas  ad  Scripturas  Dei  adhibuit;  tura 
«  et  Ubelli  quos  pridemmisitadfœderatorumcomiliaRex3,impune 
«  habentur  et  leguntur  in  Galliis  »  —  quod  nudius  tertius  dixit  fa- 
mulus  Conhardi  Restii,  bibliopolse  S  ex  Parhisiis  veniens. 

2  De  ces  quatre  personnages,  prisonniers  à  Paris  pour  la  cause  de  l'Évan- 
gile, nous  n'en  connaissons  positivement  que  trois  :  Gérard  Bousseï,  Êlie  Co- 
rand  et  Bertaut.  D'Argentré  (op.  cit.  1. 1,  Index,  p.  vi-vn)  s'exprime  ainsi  sur 
les  deux  derniers:  «  Anno  1533,  die  26  m.  Novembris  fuit  Sacra  Theologiae 
Facultas congregata...  in qua  coraparuerunt  duo  Religiosî  de  OrdineFF. Ere- 
mitarum  S.  Augustini,  qui  multùm  fuerunt  reprehensi  de  suis  prredicatio- 
nibus,  et  prœcipuè  unus  qui  vocatur  Courau,  de  prœdicationibus  suis  factis 
apud  S.  Salvatorem,  Parisius  [1.  Parisiis].  Et  dati  suut  deputati  ad  infor- 

.  n  mandum  tam  super  illud  [1.  illum]  quàm  super  alios,  videlicet  Clericos 

Proby,  Vaillant,  Ory...  »  D'après  Crespin  (éd.  cit.  fol.  103  a),  «  la  chaire 
leur  fut  défendue,  au  grand  regret  des  fidèles...  Quoy  voyant  Ruffy  et  Cou- 
raud  s'ad visèrent  de  convertir  les  dites  prédications  en  leçons  particulières... 
Mais  les  Sorbonistes...  ne  cessèrent  tant  qu'elles  fussent  pareillement  inter- 
dites... et  que  M.  Gérard  fust  mis  prisonnier,  et  Couraud  détenu  chez 
l'Évesque  de  Paris.  »  Selon  Bèze  (op.  cit.  I,  15),  Bertaut...  se  sauva  quant 
au  corps,  et  depuis  se  perdit  quant  à  l'âme,  estant  mort  apostat  et  cha- 
noine en  l'église  de  Besançon.  »  Le  quatrième  prisonnier  était  peut-être 
Jean  Pointet  (Voy.  le  N°  459,  fin  de  la  n.  1G). 

3  II  ne  peut  être  ici  question  de  manifestes  ou  de  placards  envoyés  par 
le  roi  de  France  aux  princes  de  la  ligue  de  Smalkalden.  Les  engagements 
que  François  I  avait  contractés  (mai  1532)  envers  les  membres  de  cette 
confédération  protestante  devaient  naturellement  rester  secrets,  aussi  long- 
temps que  le  Roi  n'était  pas  en  guerre  avec  l'Empereur  (Voy.  Leopold 
Rauke.  Deutsche  Geschichte  im  Zeitalter  der  Reformation.  Bd.  III,  Seite 
462-463).  Aussi  le  plus  ancien  document  de  ce  genre  qui  ait  été  publié 
immédiatement  par  l'impression  est-il  daté  du  1er  février  1535  (Voyez  à 
cette  date).  Nous  sommes  donc  autorisé  à  croire  que  les  «  fœderatorum 
comitia  »  dont  parle  Myconius  désignent  simplement  la  Diète  des  Ligues 
suisses  réunie  à  Baden  au  commencement  de  février  1534,  et  que  les  «  li- 
belli  »  envoyés  à  la  dite  assemblée  étaient  des  exemplaires  de  «  la  Confes- 
sion de  maistre  Noël  Beda.  »  Ce  livre,  que  l'ambassadeur  du  Roi  avait  dé- 
noncé à  «  Messieurs  des  Ligues,  »  en  demandant  que  les  auteurs  en  fus- 
sent punis  (N°  450,  renvois  de  n.  5  et  6),  circulait  impunément  en  France. 

4  Le  libraire  bâlois  Conrad  Resch  avait  une  maison  à  Paris  (Voy.  le 


1534  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  PAYERNE.  147 

Indica..  mi  amantissime  Bullingere,  quid  hoc  sit,  an  fîdes  rei  sil 
habencla  necne5?  Putant  quidam  hac  de  caussa  Hesseo  et  quïbusdam 
civitatibus,  quœ  hactenus  fovent  Evangelium,  cum  Rege  conuenire 6. 
Nolui  ut  hoc  nescires.  Vale,  et  fratres  omnes  saluta  in  Domino. 
Basileae,  prid.  Kal.  Martii,  anno  1534. 

Osw.  Myconius  tuus. 


le  conseil  de  berne  au  Conseil  de  Payerne. 
De  Berne,  12  mars  1534. 

Inédite.  Minute  originale.  Arch.  de  Berne. 

Sommaire.  Berne  informe  les  magistrats  de  Payerne  du  retour  de  Pierre    Viret  [à 
NeuchdteV\,  et  les  engage  à  «  pacifier  »  les  procès  intentés  à  ce  pasteur. 

Nostre  amiable  salutation  devant  mise.  Nobles,  sages,  pourvéables. 
singuliers  amys,  très-chiers  alliés  et  confédérés  ! 


N°  20,  n.  7,  les  trois  dernières  lignes  du  N°  120,  et  le  N°  173,  n.  18).  Dans 
les  ouvrages  qu'il  a  édités  il  se  qualifie  ainsi  :  «  Alemanus,  Academias  Pa- 
risiensis  Bibliopola  »  (Maittaire,  II,  109,  110). 

5  Bullinger  répondit  à  Myconius,  le  12  mars  :  «  De  Gallo  [rege  scil.], 
liomine  impuro,  prophano  et  ambitioso,  quid  boni  mihi  pollicear,  nescio. 
Si  quid  simulât,  non  Christi  et  veritatis  nomme,  sed  ambitionis  gratiâ  si- 
mulât. Recte  enim  tu  dicis  :  quôd  Italien  cupiat  esse  dominus...  Intérim  ne- 
que  Christum,  neque  Germanium  tanti  facit.  »  (Fueslinus,  op.  cit.  p.  122, 
à  comparer  avec  la  p.  116.)  Voyez  la  note  suivante. 

fi  François  I  venait  à  peine  de  quitter  le  pape  Clément  VII  à  Marseille 
(20  novembre  1533),  qu'il  faisait  délibérer  son  Conseil  à  Avignon  (25  no- 
vembre) sur  l'opportunité  de  conclure  une  alliance  plus  étroite  avec  les 
princes  protestants  d'Allemagne  (Voy.  Mémoires  de  Martin  du  Bellay.  Col- 
lection Petitot,  t.  XVIII,  p.  206,  213,  264).  Après  avoir  séjourné  quelque 
temps  à  Lyon,  il  se  dirigea,  en  passant  par  Dijon,  sur  Bar-le-Due.  C'est 
là  qu'il  eut  une  conférence  avec  Philippe,  landgrave  de  liesse,  et  qu'il  s'en- 
gagea par  un  traité  seci^et  (27  janvier  1534)  à  fournir  aux  princes  protes- 
tants d'Allemagne  les  subsides  nécessaires  pour  enlever  à  la  maison  d'Au- 
triche le  duché  de  Wurtemberg  (Voyez  L.  Rauke,  op.  cit.  III,  471). 


148        LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  PAYERNE.       1534. 

Hz  n'est  besoing  de  vous  réduisre  en  mémoire  ce  que  vous  avons 
par  cy-devant  escript,  à  cause  de  nostre  bien-aymé  serviteur  maistre 
Pierre  Viret,  touchant  aulcuns  process  de  causes  juridiciales,  desme- 
nées devant  vostre  Justice  :  Tune  concernant  guérence  [c.-à-d.  cau- 
tion] que  doit  pourter,  laquelle  ilz  a  provoquez  à  mies  marches, 
l'aultre  qu'est  commencée  par  devant  vous,  cà  l'instance  de  aulcuns 
prestres  quilz  ont  [1.  qui  l'ont]  prins  en  droit,  pour  aulcunes  pa- 
rolles  1.  Lesquelles  deux  causes  sont  estées  suspendues  à  nostre 
requeste 2,  par  raison  que  nous  avons  envoyé  le  dict  Viret  à  Ge- 
nesve.  Or,  luy  esté  retourné 3,  vous  en  avons  bien  voulsuz  advertir, 
et  sur  ce  vous  prier  les  dictes  deux  causes,  pour  l'ameur  de  nous  et 
affin  que  plus  grandes  coustes  soient  évitées,  par  vostre  bon  moyen 
et  conseil  paciffier.  En  ce  nous  ferés  plaisir. 

Toutteffoys,  s'y  cella  ne  cà  vous,  ne  es  parthyes  du  dict  Viret  n'est 
agréable,  vous  plaira  pour  la  première  cause  establir  journée  de 
mies  marches,  et,  pour  l'aultre,  jour  juridique  par  devant  vous,  et 
icelles  notiffté  au  dict  Viret,  pour  les  ensuivre  et  comparoistie. 
Datum  xu  Mardi,  anno  xxxiui0. 

L'Advoyer  et  Conseil  de  Berne. 


*-2  Voyez  le  N°  444,  renvois  de  note  3-6,  et  note  11. 

3  II  faut  sous-entendre  :  à  Neuchâtel,  où  Viret  était  pasteur  ( Voy.  N°  444, 
fin  de  la  note  9,  N°  453,  renvoi  de  note  9,  N"  455,  renvoi  de  note  3).  Il 
avait  quitté  Genève  tout  récemment.  Le  premier  dimanche  du  Carême 
(22  février  1534),  ou  le  mardi  suivant,  il  prêchait  encore  à  Genève,  de- 
vant une  assemblée  de  trois  cents  personnes,  dans  la  maison  de  Baudichon 
(située  sur  l'emplacement  de  celle  qui  porte  aujourd'hui  le  n°  17  de  la 
rue  basse  du  Marché).  Le  même  jour,  il  y  célébrait  un  baptême,  et, 
le  24  février,  il  paraissait  avec  Farel  devant  le  Conseil.  (Voyez  dans 
le  «  Procès  inquisitional  de  Baudichon,  »  les  dépositions  de  Claude  Thé- 
venon  et  d'Henri  Advreillon,  p.  229-236.  Arch.  de  Berne. —  J.  Gaberel, 
op.  cit.  I,  p.  168,  169,  et  p.  55  des  pièces  justif.  —  Froment.  Actes  et 
Gestes.  Notes,  p.  lxxviii.)  Nous  sommes  donc  autorisé  à  croire  que,  vers 
le  commencement  de  mars,  Viret  se  hâta  de  rejoindre  son  église  de  Neu- 
cluîtel,  qu'il  n'avait  pas  revue  depuis  le  mois  de  novembre  ou  de  décembre 
1533. 


1534  BERTHOLI)  HALLER  A  HENRI  BULLINGER.  A  ZURICH.  119 


455 

berthold  haller  à  Henri  Bullinger,  à  Zurich. 
De  Berne,  14  mars  1534. 

Inédite.  Autographe.  Arch.  de  Zurich. 

Sommaire.  Farel  prêche  publiquement  â  Genève.  Complot  de  l'Évêque.  Exécution  de 
Claude  Permet  et  de  Jean  Portier.  Dispute  soutenue  par  Farel  et  Viret  contre  le 
Père  Furbiti.  Protestation  faite  par  ce  moine  dans  le  temple  de  St. -Pierre. 

Gebennis  Farellus  duobus  ferè  men&ibus  in  aida  quadam  libéré 

prœdicavit,  mine  verô  publiée  doeet  in  templo  Minoritarum  K  Magna 

1  Le  26  février,  Haller  écrivait  encore  à  Vadian  :  «  Farellus  illic  [scil. 
Gebennis]  palàm,  secl  in  civium  esdibus,  Evangelium  constantîssimè  docet.  » 
Au  dire  de  Froment  (op.  cit.  p.  82),  Farel  et  ses  collègues  auraient  «  par 
l'espace  de  deux  ou  troys  moys  »  prêché  «  tous  les  jours  en  une  grande 
salle  dans  la  mayson  de  Monsieur  de  Tourens  [1.  de  Tliorens*],  auprès  de  la 
mayson  de  Baudichon...  Mais  le  nombre  croissoit  et  augmentait  si  grande- 
ment ions  les  jours,  qu'on  n'y  pouvoit  plus  entrer,  et  furent  eoutrainetz  les 
Prescheurs  de  s'en  aller...  au  Courent  des  Courdellicrs,  à  Rive,  au  grand 
auditoyre,.,.  auquel  auditoyre  pouvoit  entrer  quatre  ou  cinq  mille  per- 
sonnes... » 

Ce  que  Froment  ne  dit  pas,  c'est  que  les  ambassadeurs  bernois  avaient 
réclamé  mainte  fois,  mais  toujours  en  vain,  une  installation  convenable  pour 
le  culte  évangélique.  (Voy.  Extraits  des  Registres,  au  13,  20  et  22  février 
1534,  p.  lxxiii,  lxxy,  lxxyii  des  Actes  et  Gestes  de  la  cité  de  Genève, 
édit.  Revilliod.)  La  réponse  que  le  Conseil  leur  avait  faite,  le  22  février, 
est  rapportée  en  ces  termes  dans  le  Registre  :  «  Dare..  locum  et  cathedram 
Predicanti  sito  non  est  nostrûm,  sed  Domi ni  Principes  etejus  Vicarii,  qui 

*  Le  Conseil  de  Genève,  répondant  le  30  mars  aux  plaintes  des  députés  de 
Fribôtfrg,  disait  que  les  ministres  avaient  prêché,  pour  les  ambassadeurs  bernois, 
«  en  une  maison  de  l'un  de  MM.  de  Berne.  »  (Actes  et  Gestes,  p.  lxxxvii  des  Notes.) 
M.  de  Thorens  (N°  421,  n.  1)  avait  un  effet  été  reçu  bourgeois  de  Berne  le  26  dé- 
cembre 1533  (Ruchat,  III,  203).  Mais  d'après  d'autres  témoignages  (Voy.  N°  452, 
n.  3),  le  culte  réformé  aurait  eu  lieu  réellement  dans  la  maison  de  Baudichon. 


150  BERTHOLD  HALLER  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  1534 

siquidem  proditio  apud  eos  retecta  est,  quœ  mirum  in  modum  ponti- 
ftcios  dejecit  ;  capto  enim  homicidâ,  episcopi  Gebennensis  œco- 
nomo2,  per  tumultum,  inventée  sunt  literaj  in  œconomiae  episcopalis 
sedibus,  quibus  literis,  et  iis  quidem  miré  prolixis,  senatorem  Fri- 
burgensem  in  Vicarium  spiritualem  subordinaverat,  qui  potesta- 
tem  haberet  propellendi  et  occidendi  pios  quosque,  edictis  item 
plebem  gravare,  ne  Ghristi  nomen  inter  eos  audiatur 3.  Imô  nomi- 
navit  nebulo  ille  cives  quosdam  pios  mox  plectendos  capite,  ubi 
primùm  inaugura  lus  esset  is  officio  suo.  Hoc  itaque  interempto  *, 
superest  alius  ejusdem  farinse  proditor,  quem  suas  jam  luisse  pœ- 
nas  crediderim  5. 

Fuit  interea  monachus  quidam  Parisinus,  insignis  Thraso,  Doctor 
totus  theologaster.  Is  religionem  nostram  et  quotquot  eam  doce- 


rem  spiritualem  regunt.  Verùra  si  ipsi  locum  unum  acceperint,  profectè 
sunt  potentes,  quibus  resistere  nou  possumus,  nec  audemus  ;  propterea  boni 
consulant,  et  ut  sibi  méliùs  videbiturfaciant...  »  Même  réponse  de  la  part  du 
Conseil  des  Deux-Cents,  le  dimanche  1er  mars  :  «  Faciant  ut  sibi placebit.  » 
Les  Évangéliques  usèrent  immédiatement  de  cette  autorisation  indirecte  en 
conduisant  Farel  au  couvent  de  Rive.  (Voy.  le  Reg.  du  2  mars,  Jeanne  de 
Jussie,  p.  86,  et,  dans  les  Additions  le  récit  du  docteur  catholique  François 
Coutelier.) 

2  Claude  Permet,  geôlier  des  prisons  épiscopales  (N°  448,  n .  2). 

3  Dans  ces  lettres  patentes,  datées  :  «  In  prioratu  nostro  Arbosii,  duo- 
decimâ  Januarii,  anno  1534,»  Pierre  de  la  Baume  institue  «inguberna- 
torem  seu  locumtenentem...  quoad  temporalia,  >  un  chevalier  membre  du 
Conseil  de  Fribourg,  et  dont  le  nom  est  en  blanc  (selon  Froment,  op.  cit. 
p.  63,  c'était  Pavillard),  «  cum  plena,  generali  et  omnimoda  potestate... 
quoscunque  criminosos  et  malefactores,  juxta  eorum  démérita,  pugniendi 
et  puniri  faciendi,  dictorumque  subdictorum  nostrorum  discordias  cedandi 
et  pacifficandi,  et...  omnes  et  singulos  ex  ipsis...  de  fi.de  errantes  seu  dubi- 
tanles,  ad  nostram  sanctam,  a/ntiquam,  catholicam  fidem  tenendam  et  obsw- 
vandam,  hortandi,  —  mandata  super  hiis  neccessaria,  sub  tamen  vicarii 
nostri  generalis  nomine,  decernendi...  penas  et  muletas  imponendi...  formis 
tamen  libertatum et  franchesiarum...  dictis  subdictis  nostris...  per  nosfirma- 
tarum...  in  omnibus  et  per  omnia  servatis,  et  illesis  remanentibus...  >  Le  texte 
original  de  ces  lettres  se  trouve  aux  Archives  de  Genève. 

Jeanne  de  Jussie  a  sans  doute  en  vue  ce  document,  quand  elle  dit  :  «  Le 
dixiesme  de  Mars  fut  décapité  le  Secrétaire  de  Portery...  parce  qu'il  avoit 
porté  lettres  de  Monseigneur  de  Génère,  contenant  que  là  où  on  trouveroit 
des  Luthériens,  on  les  pouvoit  prendre,  tuer  ou  pendre  à  un  arbre  sans- 
nulle  difficulté  ny  doute  >  (op.  cit.  p.  88). 

4  Voyez  sur  l'exécution  de  Claude  Pennet,  Jeanne  de  Jussie,  p.  86-87. 

5  Jean  Portier.  Voyez  la  fin  de  la  note  3. 


1S34  BERTHOLD  HALLER  A  HENRI  BULLINT.ER,  A  ZURICH.  loi 

rent.  et  servarent  miré  pro  concionibus  suis  proscindens 6,  ab  urbis 
nostree  legalis  in  jus  vocatus  7  :  quod  cum  mullis  detreclaret  (quia 
judice  ordinario,  Episcopo  scilicet,  careret 8),  tandem  FareUi  et 
collegee  sui  Pétri  Vireti,  ùoc[[ssum\\i\ems,Neocomensisecclesiastœ9, 
industrià  eô  adactus,  ut  rationem  cogeretur  suœ  doctrinee  et  fidei 
reddere,  si  non  coram  totà  Gebennensium  ecclesià,  lamen  coram 
Senatu  et  Diacosiis  10.  Egerunt  primo  de  auctoritate  Pontificis,  num 
liceat  illi  extra,  citra  et  sine  Scriptura,  quippiam  slatuere  et  Eccle- 
sise  Dei  observandum  intrudere,  necne.  Monachus  omnino  asserere 
et  multis  probare  cum  attentasset,  maxime  verô  Eccianis  argu- 
mentis  n,  tandem  ab  his  duobus,  tertia  die,  convictus  est,  ut  jam 
suo  fateretur  ore,  coram  Senatu  et  Diacosiis,  se  Scripturis  probare 
non  posse  ciborum,  dierum,  vestium,  temporum  et  personarum 
delectum,  et  alia  quaecunque  Pontiticum  et  Conciliorum  decretis 
in  Ecclesiam  invecta  essent 12. 

Hinc,  legali[s]  justitiam  dici  petentes  [1.  petentibus]  a  Senatu  et 
Diacosiis,  decretum  est,  cùm  suo  ore  palam  errorem  fateatur,  qua- 
tenus,  ad  pulsum  campanae,  in  summo  templo,  pro  suggeslu  palino- 
diam  cantet 13.  Monachus  cum  aegrè  assentiret,  et  jam  in  templo 
recantandum  esset,  scbedà  sibi  prœscriptâ,  cœpit  multis  conqueri 
de  injuria  sibi  illata.  Quo  indignati  legati  Bemenses,  palam  coram 
plèbe,  juxta  sententiam  Senatus  palinodiam  exegerunt.  Quod  cum 
plebs  intellexisset,  ruit  in  monacbum  magno  impetu  et  clamore,ita 
quod  nisi  legati  Bernenses  miserum  bominem  défendissent,  ab 
illis  in  frusta  caesus  fuisset 14.  Conjectus  itaque  est  in  carcerem  te- 
terrimum,  donec  id  libens  faciat  quod  Senatus  decrevit. 

Aliud  novi  nihil  habeo.  Hoc  supra  omiseram  :  multi  ex  poten- 

6  De  l'aveu  même  de  la  Sœur  Jeanne  de  Jussie,  p.  79,  le  Père  Furbiti 
«  touchant  bien  au  vif  ces  chiens  [de  Luthériens]  »  disait  «  que  tous  ceux 
qui  suivent  ceste  maudite  secte,  ne  sont  que  gens  lubriques,  gourmands, 
paillards,  ambitieux,  homicides  et  larrons,  qui...  vivent  bestialement,  sans 
recognoistre  Lieu,  ni  leurs  Supérieurs.  » 
7-8  Voyez  le  N°  446,  note  6. 

9  Nous  supposons  que  Pierre  Viret  avait  été  élu  pasteur  à  Neucludcl 
lorsque  Fortunat  Andronicus  fut  appelé  à  Orbe,  c'est-à-dire  en  mars  ou  en 
avril  1533.  Comparez  ce  passage  avec  le  N°  402,  n.  4,  le  N°  444,  fin  de 
le  note  9,  et  le  N°  455,  renvoi  de  note  3. 

!0  Le  Petit  Conseil  et  le  Conseil  des  Deux-Cents. 

11  Voyez  le  N°  189,  note  11. 

iî.13  Voyez  le  N°  448,  note  7. 

14  Jeanne  de  Jussie  attribue  ces  voies  de  fait  à  «  un  Bernois.  » 


152        HENRIETTE  BADDICHON  A  JEAN  BAUDICHON,  A  FRANCFORT.       1  534 

tioribus,  item  Canonici,  retecta  proditione,  urbem  deseruerunt1'0. 
lta  sunt  Gebennenses  magna  expositi  periculo.  Nondum  solverunt 
urbi  noslree  9000  coronatos  de  bello  praeterito,  pro  quibus  solven- 
dis  laborarunt  liactenus  Legati,  sed  frustra.  Beliqua  Sultzerus  1G. 
Yale,  carissime  Henrice,  et  me  tibi  comniendatum  unicè  araa. 
...  xiv  Martii,  anno  1534. 

Tuus  B.  Hallerus. 


454 


Henriette  baudichox  à  Jean  Baudichon,  à  Francfort. 
De  Genève,  (vers  le  15  mars  1534). 

Copie  contemporaine.  Arch.  de  Berne.  J.  Gaberel.  Hisl.  de  l'Église 
de  Genève.  1858, 1. 1,  pièces  justif.  p.  48. 

Sommaire.  Nouvelles  de  Genève.  Supplice  de  Jean  Portier-  et  de  Claude  Pennet.  Pro- 
grès de  l'Evangile. 

Baudichon,  je  moy  recommande  bien  à  vous. 

Des  nouvelles  par  deçà,  il  n'y  a  autres  choses  depuis  que  vous 
partîtes1,  synon  que  Ton  a  décapité  Portéri  et  le  barbier2.  El  sai- 
ché  [1.  sachez]  que  maistre  Guilliaume  3  faict  bien  son  devoir  en 


13  Cette  nouvelle  était  inexacte  relativement  aux  Chanoines.  Le  Conseil 
de  Genève  ne  fut  informé  de  leurs  projets  de  départ  cpie  le  3  décembre 
1534  (Voy.  le  Registre  du  dit  jour). 

16  Simon  Sultzer,  jeune  Bernois  natif  d'Interlaken,  qui,  après  avoir  fait 
d'excellentes  études  à  Bâle  et  à  Strasbourg,  était  de  retour  à  Berne  de- 
puis quatre  mois  environ.  (Voy.  les  lettres  de  Haller  à  Bullinger  du  30  oc- 
tobre et  du  23  décembre  1533.  Collect.  Simler.  —  J.-J.  Hottinger,  op. 
•cit.  III,  643.)  Dans  les  passages  de  la  présente  épître  que  nous  supprimons, 
Haller  recommande  Sultzer  à  Bullinger  et  aux  professeurs  de  Zurich. 

1  Baudichon  avait  dû  quitter   Genève  dans  les  premiers  jours  de  mars 
pour  se  rendre  à  Francfort  (Voy.  note  7). 

2  Voyez  sur  Jean  Portier  et  Claude  Pennet  le  N°  448,  n.  2. 

3  Farel. 


J  534   LES  CONSEILS  DE  BERNE  AUX  ÉVANGÉLIQUES  DE  GENÈVE.    153 

anonçant  la  Parolle  de  Dieu,  et  ne  nous  a-on  point  faict  de  def- 
fense  [de  L'entendre].  Il  n'y  a  personne  qui  contredise,  —  vous 
advertissant  que  nostrr  affaire  multiplie  grandement 4.  Je  ne  vous 
seroys  [1.  saurais]  que  rescripre  autre  chose,  synon  que  Dieu  soy[i] 
garde  de  vous  ! 
Esciïpt  à  Genesve,  troys  sepmaines  devant  Pasques 5,  par 

La  toute  vostre  femme  Anrite  Baudichone  6. 

(SUscription:)  A  Baudichon  de  la  Maison  Neufve  ceste  lectre  soy 
donné,  à  Francqueforl  "'. 


455 

les  conseils  de  berne  aux  Évangéliques  de  Genève. 
De  Berne,  1G  mars  1534. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  MM.   de  Berne  exhortent  les  Évangéliques  de  Genève  à  la  patience,  et  ils 
leur  promettent  d'agir  afin  que  Pierre  Viret  leur  soit  accordé  par  Neuchâtel. 

Salut,  grâce  et  paix  de  Dieuz  par  Jésuz-Christ  nostre  Saulveur  ! 
Très-chiers    frères,    nous  avons  receuz  et  bien  entenduz  vous 

4  Les  inquisiteurs  de  Lyon  ayant  demandé  à  Baudichon  ce  que  signi- 
fiaient ces  paroles,  il  répondit:  «  Elles  s'entendent  de  l'Euvangille.  »  (Pro- 
cès inqnisitional  de  Baudichon,  p.  5-6.  Arch.  de  Berne.) 

s  Les  événements  auxquels  Henriette  Baudichon  fait  allusion  appartien- 
nent à  l'année  1534,  et  comme  la  fête  de  Pâques  tomba  cette  année-là  sur 
le  5  avril,  il  en  résulte  que  la  présente  lettre  fut  écrite  vers  le  15  mars. 

G  MM.  Gaberel  et  Merle  d'Aubigné  ont  lu,  par  inadvertance,  ckérite. 
Henriette,  fille  d'honorable  Aymon  Bonne,  conseiller,  avait  épousé  en 
1526  Jean  Baudichon  de  la  Maison  neuve  (Voyez  J.-A.  Galiffe.  Notices 
généalogiques,  t.  I,  p.  387-88). 

7  La  foire  de  Francfort  commença  le  11  mars  en  1534.  Au  retour  de 
cette  foire,  les  marchands  de  Genève  se  rendaient  ordinairement  à  celle  de 
Lyon.  Baudichon,  qui  était  arrivé  dans  cette  ville  le  26  avril,  y  fut  empii- 


154    LES  CONSEILS  DE  BERNE  AUX  ÉVANGÉLIQUES  DE  GENÈVE.    1534 

lectres  datées  8ème  de  ce  moys  l.  Sur  quoy  louons  Dieuz  que  vous 
az  donné  grâce  de  accepter  sa  saincte  Parofle,  le  priant  que  vous 
ve[u]ille  donner  grâce  et  constance  d'y  persévérer,  affin  que  tous- 
jours  son  honneur  soit  augmenté  en  vous.  Vous,  sur  ce,  exhortons 
que  veilliès  tousjours  les  tribulations  que  vous  surviendront  pourter 
et  souffrir  par  pacience,  et  vous  garder  de  user  de  force  contre  ceulx 
que  vous  molesterons  à  cause  de  cella 2,  —  espérant  que  Dieuz  ne 
vous  laisra  point  à  la  tin.  Par  ainsy  veilliès  estre  paciffiques,  mo- 
destes, et  ensuivre  la  doctrine  de  nostre  Rédempteur,  selon  la 
grâce  que  vous  sera  donnée  par  le  Sainct  Esperit. 

Touchant  maistre  Pierre  Viret,  puis  que  vous  est  agréable,  le  vous 
voulons  oultroyé,  et  requestéz  nous  bourgeoys  de  Neuffchastell  de 
consentir  à  cella  3.  Vous  derrecheff  admonestant  de  non  point  faire 
(rouble,  force,  violence,  ne  aullre  ennuys  ou  innovation,  ainsvous 
contenter  de  ce  que  Dieuz  par  sa  grâce  vous  a  communiqué,  Icel- 
luy  priant  vous  avoir  en  sa  saincte  garde  et  protection  !  Datum 
xvia  Martii,  anno  xxxim0. 

L'Advoyer,  petit  et  grand  Conseil  de  Berne. 

(Suscription:)  A  nous  très-chiers  frères  afiectionés  à  la  Parolle 
de  Dieuz,  en  Genesve. 

sonné  le  lendemain,  «  pour  crime  d'hérésie.  »  Il  déclara  le  29  avril  à  ses 
juges,  que  «  aux  pasques  dernières  (5  avril),  il  estoit  à  Francfort,  où  il  se 
confessa  et  receut  le  sainct  sacrement  »  (Page  9  du  procès  sus-mentionné). 
Cela  ne  permet  pas  de  croire  que  la  présente  lettre  lui  fût  parvenue  depuis 
son  arrivée  à  Lyon,  comme  le  prétendaient  ses  juges. 

1  Cette  lettre  des  Évangéliques  genevois  ne  se  trouve  pas  aux  Archives 
de  Berne. 

2  Les  Bernois  renouvelèrent  très-souvent  ces  exhortations.  On  lit  dans 
la  lettre  de  Farci  à  Bullinger  du  1er  août  1554  :  «  iEquitas  causa?,  ubi 
quis  nihil  nisi  ea  qu?e  justissima  sunt  petit,  et  ea  qua  decet  modestia,..  quan- 
tum addit  petenti  et  quantum  aufert  reluctanti!...  Memini  quid  diceretur 
dum  Genevœ  essem.  Semper  admonebamur  ab  Arctopolitams  [i.  e.  Bernen- 
sïbus]  :  «  Date  operam  ne  quid  queri  de  vobis  adversarii  possint,  sed  pro 
vobis  jus  ac  œquum  stet  !  »  Fecit  Dominus,  ut  piisillus  grex,  qui  etiam  doini 
erat  in  longe  majori  luporum  numéro  interseptus,  et  foris  nihil  non  habebat 
adversum,  omnia  ferens  salvus  evaserit.  »  (Manuscrit  orig.  Arch.  de  Zurich.) 

3  Voyez  le  N°  452,  note  3,  et  le  N°  453,  note  9. 


1534  LES  CONSEILS  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  155 


456 

les  conseils  de  berne  au  Conseil  de  Genève. 
De  Berne,  16  mars  1534. 

Missive  originale.  Archives  de  Genève. 

Sommaiee.  Lettre  de  recommandation  en  faveur  de  Fard,  qui  est  devenu  prédicateur 

de  l'Évangile  à  Genève. 

Nobles,  magnifficques,  saiges,  pourvéables  Seigneurs,  singuliers 
amys  et  très-chiers  combourgeoys  ! 

Nous  avons  entenduz  par  nous  ambassadeurs  que  sont  esté  per  de- 
ver  vous1,  comme  maistre  Guillame  Farel,  nostre  serviteur,  soyt  de- 
meuré preschant  la  Parolle  de  Dieuz  en  rostre  ville:  laquelle  chose 
nous  est  très-agréable.  A  ceste  cause,  vous  prions  et  admonestons 
avoir  esgard  que  au  dit  Farel  et  à  ceulx  que  escoutent  ses  ser- 
mons, ne  soyt  faicl  déplaisir,  molestement,  ennuys,  force  ne  trouble 

1  C'étaient  les  ambassadeurs  qui  avaient  résidé  à  Genève  pendant  près 
de  deux  mois.  Le  matin  de  leur  départ  (2  mars,  et  non  le  7,  comme  dit 
M.  Merle  d'Aubigné,  op.  cit.  IV,  363),  le  Conseil  les  pria  d'emmener  avec 
eux  leurs  prédicateurs,  pour  obvier  à  toutes  divisions  dans  la  ville.  «  Res- 
ponderunt  (dit  le  Registre)  quôd  videremus,  in  nostris  negotiis...  facerequôd 
ipsi  eum  quem  habent  nobis  inserviendi  animum  retinere  valeant,  nec  ipsis 
impidernus  quod  locumpro  pi-edicante  acceperint,  quia  id  non  fccerunt  ;  verùm 
sciunt  partem  civium  accepisse,  audiendi  verbi  Dei  gratiâ...  Et  quia  loci 
acceptio  [c.-à-d.  l'installation  des  Évaugéliques  au  couvent  de  Rive]  à  Deo, 
non  ipsis  Oratoribus,  venit,  ipsi  quod  Deus  populo  dédit  aufcrre  nolunt,  nec 
possunt;  sed  rogant  nos  permictamus  quod  Deus  dat,  aut  saltem  tam  dis- 
crète cum  divini  verbi  auditoribus  et  amatoribus  procedamus,  quôd  non  sit 
illis  querimoniœ  occasio  ;  quoniam,  si  eis  quid  dampni  contingeret,  sciunt  eos 
qui  Gebennenses  et  Bernenses  amant,  et  è  contra  ;  et  eos  qui  Bernenses  amant 
nolle  talibus  divini  verbi  cultoribus  contravenire...  »  Les  Bernois  se  mon- 
trèrent, du  reste,  assez  roulants  au  sujet  du  paiement  de  la  dette  gene- 
voise.  (Voy.  le  Registre  du  1er  et  du  2  mars.  —  Froment,  éd.  cit.  Notes, 

p.  LXXIX-LXXXIII.) 


lo6  JEAN  CALVIN  A  FRANÇOIS  DANIEL,  A  ORLÉANS.  1534 

% 

que  soyt,  ains  tenir  main  que  paysiblemenl  [il]  puisse  annuncer 
la  Parolle  de  Dieuz,  et  ceulx  que  la  veulent  ouyr,  à  cause  de  cella 
ne  soyent  point  molesté  2. 

En  ce  nous  ferés  plaisir;  vous  advertissant.  comme  aussy  nous 
ambassadeurs  en  leur  département  ont  faict,  que  sy  quelque  vio- 
lence deust  estre  faicle,  que  l'aurons  à  grand  regraict  et  y  advi- 
serons  comme  y[l]  soy  apertiendra.  Dieuz  soyt  garde  de  vous  ! 
Datum  xvia  marlii,  anno.  etc..  xxxuit*0  3. 

L'Advover.  petit  et  grand  Conseilz  de  Berne. 


457 

[jean  CALVIN  à  François  Daniel,  à  Orléans.] 
(D'Angoulême  ',  vers  le  mois  de  mars  1534.) 

Copie  contemporaine.  Bibl.  de  Berne.  Vol.  E.  4o0,  epa  14ft. 
Catalogus  Codicum  Mss.  Bibliotbecœ  Bernensis,  t.  III.  p.  236. 

Sommaire.  La  seule  chose  qui  puisse  vous  intéresser  pour  le  moment,  c'est  que  je  suis 
content  de  ma  position,  et    que,  malgré  ma  paresse,  j'avance   dans  mes  études.  Au 


2  Cette  recommandation  n'était  pas  inutile.  La  majorité  du  Conseil 
voyait  de  mauvais  œil  la  présence  de  Farel.  Le  6  mars,  plusieurs  ci- 
toyens catholiques  avaient  déclaré  «  que  ce  ne  serait  pas  leur  faute  s'il  lui 
arrivait  quelque  mal.»  Le  17.  un  plus  grand  nombre  encore  signifièrent 
aux  magistrats,  qu'ils  ne  toléreraient  pas  que  Farel,  ni  aucun  autre,  se 
permît  de  critiquer  les  sermons  du  Père  François  Coutelier,  prédicateur  du 
Carême,  —  ce  qui  n'empêcha  pas  le  Conseil  de  rappeler  à  celui-ci,  le  len- 
demain, «  qu'il  devait  prêcher  comme  il  l'avait  promis,  n'avançant  rien  qu'il 
ne  pût  prouver  et  maintenir  par  la  Ste.  Écriture.  »  (Voy.  Actes  et  Gestes. 
Extr.  des  Registres,  aux  dates  citées  et  au  2  mars). 

3  Une  note  écrite  au  dos  du  manuscrit  contient  l'indication  suivante  : 
«  Pour  Farct,  resieu  le  25  jour  de  mars  1534.  »  On  lit  aussi  dans  le  Re- 
gistre du  27  mars  :  «  Fuerunt  lectrc  literae  Dominorum  Bernensium,  pre- 
sentatœ  per  Faréllum,  et  tandem  in  capsa  repositte.  » 

1  Bèze  raconte  qu'après  la  fuite  de  Nicolas  Cop  en  novembre  1533 
(Voy.  N°  440,  n.  8),  Calvin  «  fut  envoyé  en  cour  pourchasser  quelque  pro- 


1534  JEAN  CALVIN  A  FRANÇOIS  DANIEL,  A  ORLÉANS.  157 

reste,  l'extrême  bonté  de  mon  -protecteur  me  stimule  d'autant  plus  au  travail,  qu'elle 
lui  est  inspirée  par  l'amour  des  lettres  et  nullement  par  mon  mérite  personnel. 

Je  m'estimerai  fort  heureux  si  ce  temps  de  retraite  ou  d'exil  se  passe  dans  des 
loisirs  aussi  complets.  Mais  la  providence  du  Seigneur  pourvoira  à  tout.  Je  sais  par 
expérience  que  ce  n'est  pas  à  nous  à  former  des  projets.  Au  moment  où  je  me  pro- 
mettais la  plus  grande  tranquillité,  j'étais  surpris  par  des  événements  imprévus,  et, 
quand  je  m'attendais  ià  un  affreux  séjour,  un  nid  paisible  m'était  préparé.  Et  tout 
cela  m'est  donné  par  la  main  de  Dieu!  Reposons-nous  sxw  Lui  ;  il  aura  soin  de 
nous  ! 


[Joannes  Calvinus  Fr.  Danieli  S.  D. 2] 

Ego  quidem  sine  argumento  possum  apud  te  utcunque  balbu- 
tire  et  paginam  implere,  sed  quid  te  morer  meis  nugis  ?  Hoc  unum 
in  prœsentia,  quod  tibi  cura  esse  arbilror,  significari  satis  est,  me 
et  bene  acjere,  et,  pro  ed  quant  nosti  desidid,  nonnihil  studendo  pro- 
ficere.  Et  sanè  inertissimi  liominis  ignaviam  acuere  possit  patroni 
viei  humanièas3,  quse  tanla  est  utliteris,  non  mini,  impendi  facile 
intelligam.  Quo  magis  mihi  conandum  est  serioque  contendendum, 
ne  tanta  benignitate,  quae  me  premit  acveluli  urget,  obruar.  Quan- 
quam  ne  si  omni  quidem  studio  enitar,  paria  aut  etiam  supparia 
facere  possum,  adeô  mihi  gravis  adversaria  constituta  est.  Quam- 
obrem  hsec  cogitatio  mihi  aurem  vellit,  ut  sludiamutuô  colam  quo- 
rum nomine  mihi  lantum  defertur. 

Si  id  temporis  quod  vel  exilio,  vel  secessui  *,  destination  est,  tanto 
in  ocio  transigere  datur,  prœciaré  mecum  agi  existimabo.  Sed  de 

vision,  là  où  il  fut  connu  et  très-bien  recueilli  de  ceux  qui  avoient  quelque 
droite  affection  et  jugement  en  ces  affaires  »  (Vie  de  Calvin,  1564).  Ailleurs 
il  affirme  que,  dans  cette  circonstance,  la  reine  de  Navarre  l'accueillit  avec 
beaucoup  de  considération,  et  qu'il  se  retira  ensuite  en  Saintonge  chez  un 
ami  (Ibid.  éd.  de  1565.  —  Vita  Calvini,  1575). 

Le  jurisconsulte  Pierre  de  la  Place  nous  apprend  qu'il  avait  entretenu, 
«  à  Angoulême,  »  sa  ville  natale,  des  rapports  très-affectueux  avec  Calvin. 
Il  est  donc  fort  probable  que  c'est  cette  ville  de  Saintonge  qui  est  désignée 
dans  la  date  de  la  présente  lettre  par  le  nom  à'Acropolis.  (Voyez  la  n.  3.) 

2  D'après  une  note  de  Pierre  Daniel,  l'en-tête  manquait  dans  l'original 
(Voy.  le  N°  310,  n.  1). 

3  II  doit  être  ici  question  de  Louis  du  Tillet,  curé  de  Claix  et  chanoine 
d' Angoulême,  cousin  de  Pierre  de  la  Place  (Voy.  la  fin  delan.  1).  La  cor- 
respondance subséquente  de  Calvin  fournira  d'amples  détails  sur  le  premier 
de  ces  personnages. 

4  Les  expressions  d'exil  et  de  retraite  répondent  bien  à  la  situation  de 
Calvin  après  qu'il  eut  quitté  Paris  dans  l'hiver  de  1533  à  1534. 


158  NICOLAS  COP  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.  1534 

iis  viderit  Dominus,  cujus  providentia  omnia  melius  providebit. 
Expertus  sum  quod  non  liceat  nobis  in  longum  prospicere.  Cum 
promitterem  mihi  omnia  tranquitta,  aderat  in  foribus  quod  minime 
sperabam 5.  Rursum,  cum  inamœnam  sedem  meditarer,  nidus  mihi 
in  tranquillo  componebatur  prœter  opinionem.  Et  hœc  omnia  manus 
Domini,  cui  si  nos  commitlimus  ipse  erit  sollicitus  nostrî G. 

Sed  jam  penè  implevi  paginam,  partim  literis,  parlim  lituris. 
Vale.  Saluta  quos  voles.  Ex  Acropoli 7. 


458 

Nicolas  COP  '  à  Martin  Bucer,  à  Strasbourg. 
DeBâle,  5  avril  (1534). 

Autographe.  Archives  du  séminaire  protestant  de  Strasbourg. 
C.  Schmidt.  Mémoire  sur  Roussel,  p.  222.  Copie.  Coll.  Simler. 

Sommaire.  Nouvelles  de  Paris.  Beda  est  en  prison,  Gérard  Roussel  a  été  absous  et 
libéré  par  l'ordre  du  Roi.  Un  Éoangélique  brûlé  à  Paris.  Salutations  adressées  à. 
Capiton  et  à  Carinus. 

Viro  prudentissimo  Mar.  Bucero  S. 
Nolui  te  diutius  latere,  vir  humanissime,  quœ  his  paucis  diebus 
Luteciœ  acta  sunt.  Beda,  doctor  theologus,  ut  nunciis  fidelissimo- 

5  Calvin  veut  parler  sans  doute  des  poursuites  dont  il  fut  l'objet  à  Paris, 
vers  la  fin  de  novembre  1533  (N°  440,  n.  8).  Si  ces  poursuites  avaient  été 
inattendues  pour  lui,  si,  comme  il  le  dit  lui-même,  il  se  promettait  alors 
«  la  plus  grande  tranquillité,  »  peut-on  admettre  avec  ses  modernes  bio- 
graphes, qu'il  fût  déjà  en  1533  un  infatigable  prédicateur  de  l'Évangile  ? 
Nous  ne  le  pensons  pas. 

6  Ces  paroles  révèlent  une  partie  du  changement  qui  s'était  accompli 
dans  l'âme  de  Calvin.  Elles  ont  une  tout  autre  portée  que  celles  qu'il  adres- 
sait, en  juin  1531,  à  la  sœur  de  son  ami  Daniel  (t.  II,  p.  347,  fin  du  1er  pa- 
ragraphe). 

'  Voyez  la  note  1.  Le  traducteur  anglais  des  Lettres  de  Calvin  (Nou- 
velle édition,  Philadelphia,  t.  I,  p.  41)  date  par  inadvertance  la  présente 
épître  de  «  Doxopolis.  » 

1  Voyez  le  N"  445,  note  3. 


1534  NICOLAS  COI'  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.  159 

rum  liominum  accepimus,  conjectus  est  in  earcerem,  accusatus  cri- 
minis  lesœ  majestatis 2.  Gerardus  Ru/fus  prorsùs  liberatus  est  theo- 
logorum  calumniis  ac  decreto  Régis  absolutus  3,  quo  multô  [1.  mul- 
tùm]  commoli  sunt  et  perturbati.  Quidam  Germanns  Qammis  vitam 
finiit,  quôd  vestram  de  Eucharistia  opinionem  tueretur  4.  Episco- 
pus  Parisiensis  5,  bonarum  literarum  patronus,  intégra  est  vale- 
tudine. 

Te  rogo  ne  diu  nos  torqueas  literarum  tuarum  desiderio.  Salu- 
tabis  meo  nomine  Dominum  Capitonem,  cujus  congressu,  per  in- 
firmam  valetudinem,  frui  non  licuit,  quod  nos  miserrimos  babuit. 
Dominum  Carinum  scis  mini  amicissimum  G,  quem  per  literas  sa- 
lutassem,  si  meœ  occupationes  et  temporis  angustia  permisissent; 
sed  tu  epistoke  vice  apud  illum  mini  eris.  Vale.  Basileee,  5  Aprilis 
(1534  7). 

Tuus  ex  animo  Nicolaus  Copus. 

(Itiscriptio  :)  Viro  doctrina  et  pietale  insigni  Mar.  Bucero.  Ar- 
gentorati. 

2  Beda,  exilé  de  Paris  eu  mai  1533  (N°  418),  y  avait  été  rappelé  vers 
la  fin  de  la  même  année  (N°  445,  fin  de  la  n.  5).  Pendant  le  mois  de  février 
ou  de  mars  1534,  il  fut  accusé  de  lèse-majesté,  à  cause  des  propositions 
diffamatoires  contenues  dans  un  libelle  publié  antérieurement  et  qui  avait 
pour  titre  :  «  Oraison  faite  au. roi  de  France  par  les  trois  docteurs  de  Paris 
bannis  et  relégués  requérans  d'estre  rappelés  de  leur  exil  »  (C.  Scbmidt, 
op.  cit.  p.  105-106).  Cette  assertion  est  confirmée  par  la  lettre  de  Jean 
Sturra  du  8  mars  1535,  et  par  le  Journal  d'un  Bourgeois  de  Paris,  p.  453. 
Il  faut  donc  écarter  l'assertion  de  Gaillard  (op.  cit.  III,  566),  qui  prétend 
que  Beda  fut  condamné  à  faire  amende  honorable  (en  1535),  pour  avoir, 
après  son  rappel,  prêché  de  nouveau  contre  le  Roi. 

5  Voyez  le  N°  451,  note  2,  et  le  N"  459,  renvoi  de  note  14. 

4  Myconius  dit,  au  contraire,  dans  sa  lettre  à  Bullinger  du  8  avril,  que 
ce  personnage  était  Genevois  (N°459,  note  16). 

5  Jean  du  Bellay. 

0  Louis  Kiel  (en  latin  Carinus),  natif  de  Lucerne.  Après  avoir  étudié 
quelque  temps  à  Paris,  il  était  revenu  à  Strasbourg  (Voyez  le  N°  432, 
note  10). 

7  L'année  1534  est  indiquée  par  la  comparaison  de  cette  lettre  avec  la 
suivante.  Le  millésime  de  1535,  adopté  par  M.  Merle  d'Aubigné  (op.  cit. 
III,  151),  est  inadmissible,  l'arrestation  de  Beda  pour  crime  de  lèse-ma- 
jesté (Voy.  note  2)  ayant  eu  lieu  non  en  mars  1535,  mais  une  année  plus 
tôt  (Voy.  le  N°459,  n.  15). 


160  OSWALD  MYCONIUS  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  1534 


459 

OSWALD  myconius  à  Henri  Bullinger,  à  Zurich. 
DeBâle,  8  avril  1534. 

Inédite.  Autographe.  Archives  de  Zurich. 

Sommaire.  Nouvelles  de  Paris:  La  persécution  a  cessé  depuis  le  retour  du  Roi.  Des 
prédications  e'vangéliques  ont  lieu  au  Louvre  et  dans  une  église  voisine  ;  plusieurs 
personnages  de  renom  y  assistent  chaque  jour.  La  reine  de  Navarre  gouverne  Ca- 
therine de  Médicis.  Plaintes  de  Picard,  prêcheur  catholique.  Libération  de  Roussel. 
Emprisonnement  de  Bcda.  Supplice  récent  d\in  évangélique  de  Genève. 

—  Apud  Parrhisios,  ut  literee  hue  perlatae  docent,  aguntur  mira. 
Principio  Rex  commotus,  impetralâ  Bullà  Pontificià  contra  Luthe- 
ranos  ',  captivos  duxerat  ultra  quinquaginta,  inter  quos  paralytici 
quidam  in  lectis  gestahantur  in  carcerem  2.  Duravit  haec  coramotio 
usque  dum  ex  Colloquio  eu  m  Principe  Cathorum  Rex  redierat3  ; 
tum  enim  omnia  reddita  sunt  tranquilla,  nec  solùm  hoc,  sed  etiam 
optimae  spei  plena.  Nam  Augustinensis  quidam  Evangeliurh  prœ- 
dicat  ju.xla  arcem  Lujfer 4,  magno  populi  concursu.  In  arce  rerô 
Carmelita  barbatus,  qui  ex  Italia  datus  est  a  Pontifice  nepti  suae  5, 
ut  curet,  docet  liberrimè  Christian.  Regina,  soror  Régis,  Papœ  nep- 

1  Voyez  le  X°  440,  note  4. 

2  Voyez  la  lettre  de  Bucer  écrite  vers  le  13  janvier  (N°  445). 

3  Après  son  entrevue  avec  le  landgrave  de  Hesse  (N°  451,  n.  6),  Fran- 
çois I  était  rentré  à  Paris  pendant  la  première  semaine  de  février  (Journal 
d'un  bourgeois,  p.  436.  —  Cronique  du  roy  Françoys  I,  p.  102). 

4  S'il  s'agit  ici  du  Frère  Augustin  Élie  Corand  (N°  451,  n.  2),  il  faudrait 
admettre  qu'il  avait  été  libéré  clans  le  courant  du  mois  de  mars.  L'église 
dont  parle  Myconius  était  sans  doute  celle  de  St.-Germain  l'Auxerrois, 
voisine  du  Louvre. 

5  Nous  ne  connaissons  pas  le  nom  de  l'aumônier  italien  que  le  Pape 
avait  donné  à  sa  nièce,  Catherine  de  Médicis  (N°  445,  n.  12).  Cette  jeune 
princesse  était  arrivée  h  Paris  au  commencement  de  février  (Chronique  citée, 
p.  101-102). 


1534  OSWALD  MYCONÏUS  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  ICI 

tim  gubemat.  Viri  nominatiss[imi]  conciones  illas  adeunt  quotidie. 
Episcopi  duo,  Pari  siens  is  et  Sanlius*,  nialè  audiunt  propter  Lulhe- 
ranismum.  Rector1  ab  urbe  discessit  propter  Evangelium,  hoc  est, 
propter  odium  contractum  ab  Evangelio.  Salinas,  monachus  ti  i- 
linguis,  extra  synagogam  ejectus  est  Theologorum  s.  Nuper  se  pro- 
diderunt  D.  de  S.  Joatme  Lateranensi9,  Vatablus  10,  Tusanus  n,  Da- 
nesius  ts,  viri  consulares  item  aliquot,  tria  quatuorve  paria  doctis- 
simorum  medicorum,  ut  discipuli  Christi  conciones  audiendo  quo- 
tidie. Clamavit  nuper  Picard  us  13  sophista  pro  concione  :  «  Actum 
est  de  nobis  !  Neminem  pneter  vetulas  mulierculas  circum  me  vi- 
deo ;  viri  eunt  ad  arcem  Lu/fer.  » 

Post  haec  venerunt  literae,  qua3  diximus  adstruentes  ferè  omnia. 
Ferè  dico,  nam  omiserunt  de  Carmelitœ  rébus,  alioqui  cognitiss[i- 
mis]....  Praeterea,  hoc  die  ad  me  venit  per  certum  nuntium,  Ruffum 

6  Jean  du  Bellay,  évêque  de  Paris,  et  Guill.  Petit,  évêque  de  Senlis. 

7  Nicolas  Coi),  ancien  recteur  de  l'Université  (N03  438,  440,  445). 

8  Maître  Jérôme  Sallignas  avait  déjà  été  invité,  le  29  janvier  1534,  à 
s'expliquer  en  Sorbonne  sur  certaines  assertions  «  pernicieuses  »  qu'on  lui 
imputait.  Il  s'était  facilement  justifié  (Voy.  d'Argentré,  op.  cit.  t.  I,  Index, 
p.  vu,  t.  II,  p.  102).  Nous  n'avons  pas  de  renseignements  sur  les  faits  qui 
provoquèrent,  deux  mois  plus  tard,  son  expulsion  de  la  Sorbonne. 

9  II  s'agit  probablement  de  Guillaume  Qui/non,  commandeur  de  l'Ordre 
de  St.  Jeau  de  Jérusalem,  dont  l'hôpital  à  Paris  portait  aussi  le  nom  de 
St.-Jean  de  Latran.  Quynon  remplit  ces  fonctions  de  1525  à  1542  (Voyez 
Lebeuf.  Hist.  de  Paris,  annotée  par  H.  Cocberis,  t.  II,  p.  102,  106.  — 
Journal  d'un  bourgeois,  p.  118).  Les  relations  amicales  qu'il  entretenait 
avec  Érasme  l'avaient  sans  doute  rendu  favorable  à  la  doctrine  évangélique 
(Voy.  Erasmi  Epp.  Lettre  à  Guill.  Quynon  du  6  septembre  1530). 

10  François  Vatable  (N°  6,  n.  2,  ÎST°  20,  n.  19),  élu  professeur  d'hébreu 
au  Collège  Royal  en  1532  (Gaillard.  Hist.  de  François  I,  1819,  t.  IV, 
p.  188-191). 

11  Jacobus  Tusanus  ou  Tussanus  (en  français  Toussain),  natif  de  Troyes. 
Élève  d'Aléandre  et  de  Budé,  célèbres  hellénistes,  il  fut  nommé  profes- 
seur de  grec  au  Collège  PiOyal  en  1532  (Voy.  Maittaire.  Annales,  II,  78, 100. 
—  Gaillard,  op.  cit.  IV,  197-199.— Guill.  Budé  par  D.  Rebitté,  p.  G2-65). 

12  Pierre  Danes  enseignait  le  grec  au  Collège  Royal  depuis  1530  (N°345, 
n.  10).  Le  9  janvier  1533  (1534,  nouv.  st.),  Beda  l'avait  cité  devant  le  Par- 
lement, ainsi  que  Vatable  et  deux  autres  lecteurs  royaux,  pour  qu'il  leur  fût 
interdit  d'interpréter  les  Saintes  Ecritures  sans  la  permission  de  l'Univer- 
sité ;  mais  le  Parlement  s'abstint  de  prononcer  (Voy.  Félibien,  IV,  G82.  — 
Bulaeus.  Hist.  Univ.  Paris.  VI,  238-244.  —  Gaillard,  op.  cit.  IV,  175-178). 

43  François  le  Picart  (Voy.  la  n.  15,  et  le  N°  41S,  n.  14  et  20). 

T.  III.  11 


162  OSWALD  MYCOMUS  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  1534 

qui  hactenus  detentus  fuit  libérât  uni  sententid  li,  Bedam  esse  cap- 
tum15;  ante  dies  aliquot  combustum  qui,  propter  Evangelium,  ante 
menses  quindecim  in  carcerem  ductus  erat,  Gebennensis  patrid 16. 
Cur  nunc  demum  condemnatus  sit,  ignoro...  Basile^,  VIII  Aprilis, 
anno  1534. 

OSVALDUS  MYCOMUS  tUUS. 

14  Voyez  le  N°  458,  renvoi  de  note  3.  Le  journal  de  l'abbaye  de  St. -Vic- 
tor, cité  par  Hilarion  de  Coste  (Vie  de  F.  le  Picart,  p.  46)  renferme  les 
détails  suivants,  relatifs  à  Gérard  Boussel  :  «  Le  Mercredy  premier  jour 
d'Avril  1534,  Gérard  fut  empesché  par  le  peuple  de  prescher  avant  l'ab- 
soute en  l'église  de  Paris,  parce  qu'il  estoit  estimé  Luthérien.  » 

15  Voyez  le  N°  458,  n.  2.  On  lit  dans  Bulaeus,  au  21  novembre  1534  : 
«  Supplicuit  quidam  Doctor  Theologus...  ut  mitterentur  oratores  ad  Regem... 
pro  liberatione  Natalis  Bedœ  et  Nicolai  Clerici...  qui  tune,  ex  mandato  Ré- 
gis, detinebantur  captivi  in  carceribus  D.  Parisiensis  Episcopi,  et  cujusdam 
etiam  Licentiandi  Tlieologi  cognomento  Picard.  —  Clerici  et  Picard  libe- 
rati  sunt  post  aliquot  dies,  sed  Beda  missus  est  in  exilium,  unde  jam  semel 
fuerat  revocatus  [N°  445,  n.  5]...  quôd  multa,  ut  ferebatur,  inconsultè  et 
ausu  nimis  temerario,  contra  Regiam  Majestatem  et  dicto  et  facto  atten- 
tasses »  (Op.  cit.  VI,  247-248.) 

16  Ce  personnage  n'est  point,  comme  il  semble  d'abord,  Alexandre  Ca- 
nus,  prédicateur  exilé  de  Genève  le  3  décembre  1533  (N°  441,  n.  8,  11), 
et  dont  les  députés  de  Berne  avaient  inutilement  réclamé  le  rappel  (20  et 
22  février  1534.  Reg.  du  Conseil  de  Genève).  On  sait,  en  effet,  qu'après 
avoir  évangélisé  la  ville  de  Mâcon  et  la  Bresse,  Canus  séjourna  quelque 
temps  à  Lyon,  où  il  prêchait  encore  le  lendemain  de  Pâques  (6  avril  1534). 
Bientôt  dénoncé,  saisi  et  condamné  à  mort,  il  en  appela.  Il  fut  transféré  à 
Paris  et  brûlé  sur  le  bûcher  de  la  place  Maubert,  le  jeudi  18  juin  sui- 
vant. (Voy.  la  Cronique  de  Françoys  I,  p.  111,  en  note.  —  Félibien.  Hist. 
de  Paris,  1725,  t.  H,  p.  996.  —  Crespin,  op.  cit.  fol.  99.  b.) 

Nous  supposons,  par  conséquent,  que  le  «  Genevois  »  mentionné  dans  la 
présente  lettre  était  Maître  Jean  Pointet,  chirurgien  natif  de  Menthon, 
bourg  situé  dans  la  province  de  Genevois,  à  10  lieues  S.-O.  de  Goiève,  et 
que  la  date  de  son  martyre,  placée  en  1533  par  Crespin  (loc.  cit.),  parce 
qu'il  eut  lieu  avant  le  5  avril,  jour  de  Pâques,  doit  être  rapportée  à  l'année 
1534  (nouveau  style). 


4534  SIMON  GRYNvEUS  A  GUILLAUME  FAREL.  A  GENÈVE.  163 


460 

SIMON  GRYN-aaus  '  à  Guillaume  Farel,  à  Genève. 
De  Baie,  15  avril  1534. 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

Sommaire.  En  réponse  à  vos  questions,  dictées  par  une  sollicitude  chrétienne,  nous 
vous  dirons  volontiers  quel  est  l'ordre  qu'observe  notre  église  dans  la  célébration  des 
mariages  :  Le  cortège  ne  doit  pas  être  trop  nombreux  ;  le  mariage  peut  se  célébrer 
n'importe  à  quelle  époque  de  l'année,  excepté  toutefois  pendant  la  semaine  sainte  ; 
car  la  charité  ne  permet  pas  la  joie  publique  de  quelques-uns,  au  moment  où  toute 
l'Église  mène  deuil.  Le  grand  nombre  de  paysans  qui  afflue  alors  dans  notre  ville 
rendrait  ce  contraste  encore  plus  choquant.  Au  reste,  ce  n'est  pas  la  superstition 
qui  nous  a  dirigés  en  cela,  mais  uniquement  la  charité. 

Salutem  !  Laudamas  quôd  sis  in  omni  Christi  negotio  tam  soli- 
citus,  libenterque  tibi  reddimus  rationem.  De  nuptiis  igitur  sic  pau- 

1  Simon  Grynœus  (en  allemand  Gi'yner  ou  Greiner)  né  à  Vehringen 
(1493),  ville  de  Souabe,  fit  ses  études  à  Pfortzheim  avec  Mélanchllwn,  puis 
à  Vienne,  où  il  obtint  une  cbaire  de  littérature  grecque.  Après  avoir  passé 
quelques  années  à  Bude  et  à  Wittemberg,  il  fut  appelé  à  l'université  d'Hei- 
delberg  (1523)  et  ensuite  à  celle  de  Bâle  (1529)  pour  y  enseigner  le  grec. 
Savant  de  premier  ordre,  très-zélé  partisan  de  l'Évangile,  Grynœus  était 
déjà  célèbre  par  ses  nombreux  travaux  philologiques.  On  lui  doit  la  pre- 
mière publication  de  cinq  Livres  de  Tite-Live  (1531)  et  un  travail  d'en- 
semble sur  les  découvertes  faites  dans  le  Nouveau-Monde  (1532).  (Voyez  le 
N°  403,  n.  16.  —  Herzog.  Athenae  Rauricse.  —  G-.-T.  Streuber.  Simonis 
Grynaei  Epistolae.  Basil.  1847.) 

Nous  ne  saurions  indiquer  l'époque  où  des  relations  personnelles  se  for- 
mèrent entre  Fard  et  Grynœus,  ni  fixer  la  date  du  billet  suivant  écrit  par 
le  professeur  de  Bâle  au  réformateur  français  : 

«  Salve  in  Domino  !  Prœdicant  omnes  mortales  tuam  in  fungendo  munere 
Evangelico  diligentiam.  Age  !  âge  !  miles  Cbristi  fortissime  ;  perge  quod  cœ- 
pisti,  et  non  respice.  0!  quae  te  merces  manebit  servum  Domini  fidelem! 
Vale  et  me  ama. 

Grynœus  tuus. 

«  Gulielmo  suo  Farello  amico  et  fratri  cbarissimo.  »  (Manuscrit  autogra- 
phe. Bibl.  des  pasteurs  de  Neuchâtel.) 


164  SIMON  GRYNyEUS  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.  1534 

cis  habe 2  :  Celebrantur  ut  nosti,  more  veteri  et  perpétué  cum  pompa 
quadam  non  solùm  vestium,  sed  eduliorum,  nimis  magnâ,  et  ferè 
nullum  hîc  faciunt  modum.  Alqui  nihil  esse  infinitum  aut  immode- 
ratum  in  ista  Christi  libertate  decet,  sed  [ut]  circumscripta  et  ordi- 
nata  omnia,  spiritus  et  charitatis  régula,  sint  necesse  est3. 

Primùni  igitur,  constitutum  est  ut  pompa  ne  esset  immensa, 
deinde  ut  quolibet  om[n]ino  tempore  celebrarentur,  eo  tantùm  ex- 
cepto  cui  id  genus  letitire  publicse,  nescio  quo  pacto,  répugnât,  cùm 
Passionis  Dominicœ  memoriam  feslumque,  sicut  cœtera  Resurrec- 
tionis,  Ascensionis,  peragit  Ecclesia.  Nihil  tribuimus  tempori,  ni- 
hil loco,  nec  diem  die  secernimus  ;  sed  tamen,  quia  tum  Ecclesia 
in  communione  et  eodem  studio  facit,  ut  peccata  sua  diligentius  in 
morte  Christi  contempletur,  atque  hoc  festum,  sicut  cœtera  quse 
dixi,  rectè  servat,  non  video  quomodo  non  à  charitate  abhorreat 
si  quis  tum  unus  gaudeat,  cceteris  in  deliclis  suis  cogitandis  occu- 
patis  omnibus,  et  pompam  inférât  leticiamque  in  luctum.  Hœc  una 
est  ratio,  nempo  ut  quod  tum  communiter  ab  omni  Ecclesia  fit,  ici 
etiam  fiât  à  plerisque,  et  vel  hoc  postremum  ocliduum  *  nuptialis 
pompa  cohibeatur,  per  cœtera  sit  quolibet  tempore  libéra.  Altéra 
causa  est,  quôd  in  medio  rudium  agit  nostra  ecclesia,  et  hoc  tem- 
pore vulgus  hominum  in  urbem  maxime  commeat,  Hi,  cùm  tym- 
pana  et  pompam  vident,  mox  templum  ingressi,  cœteros  in  Pas- 
sione  Domini  contemplandà  universos  intentos  animadvertunt,  mi- 
rantur  diversitafem.  Sane  enim  cum  gaudentihus  gaudendum  est, 
cum  flentibus  llendum  B,  et  quia  hoc  agit  in  communione  Ecclesia 
et  receptum  habet,  esse  charitatis  putamus  ut  se  vel  hoc  tempore 
singuli  conforment.  Summa,  non  est  cur  hîc  superstitiosum  <juid- 
dam  esse  suspicêre.  Solius  charitatis  est  habita  ratio.  Concedimus 
etiam  totd  Quadragesimd  nuptias,  modo  sub  hune  Ecclesiœ  relut  luc- 
tum publicum  conforment  sese,  et  pompœ  facessant. 

Vale  et  nos  ama  in  Domino,  sicut  soles,  vir  optime  et  charissime 
nobis.  Basil. [ea3]  15  Aprilis  34. 

Simon  Gryn.eus  tuus. 

-  Farel  avait  déjà  béni  quelques  mariages  à  Genève  (Voyez  le  N°  449, 
renv.  de  n.  3),  et  il  y  avait  sans  doute  remarqué  des  usages  qui  ne  s'accor- 
daient pas  avec  la  simplicité  évangélique  (Voy.  la  lettre  du  29  avril  1536), 
ce  qui  dut  l'engager  à  réclamer  les  conseils  des  ministres  bâlois. 

3  Allusion  à  I  Corinth.  chap.  XIV,  v.  40. 

4  C'est-à-dire,  la  semaine  sainte. 

5  Romains,  chap.  XII,  v.  15. 


tb34  LE  CONSEIL  DE  BERNE  Al  X  ÉVANGÉLIQUES  DE  GENEVE.  163 

(lnscriptio :)   G.  Farello,  suo   fralri  in  Domino  charis.[simo]. 
Genevae  ■. 


401 


le  CONSEIL  de  berxe  aux  Évangéliques  de  Genève. 
De  Berne,  16  avril  1534. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 


■- 


Sommaire.  MM.  de  Berne  exhortent  de  nouveau  les  Évangéliques  de  Genève  à  vivre 
paisiblement  avec  leurs  «  adversaires,  »  et  â  se  contenter  de  la  libre  prédication  de 
la  Parole  de  Dieu,  sans  entreprendre  quoi  que  ce  soit  «  sous  l'ombre  »  du  gouver- 
nement bernois. 

Salut,  grâce  et  paix  de  Dieuz  par  Jésus-Christ,  nostre  seul  ré- 
dempteur ! 

Très-chiers  frères,  nous  vous  avons  par  cy-devant  escript  une 
lectre  exhortatoire,  datée  du  xvie  du  moys  de  Mars  dernièrement 
passé;  après  cella,  donné  charge  à  nous  ambassadeurs  Graffenried 
et  Tribolet  de  vous  tenir  quelque  proposts  en  secret,  ce  [que], 
comme  ilz  nous  ont  rapourté,  ilz  ont  faict.  Lesquelles  admonitions 
vous  voulons  prier,  par  ces  présentes,  de  réduisre  en  mémoire. 
Et  davantaige  vous  prions  et  admonestons  que  veilliés  considéré 
icelles  et  vous  conduisre  sy  paisiblement,  et  vous  affairés  accorder 
avecq  vous  adversaires,  que  tous  troubles  et  esmotions  soyent  évi- 
tées.. —  et  ainsy  vous  contenter  que  Dieuz  voua  a  faict  ceste  grâce 

0  La  Collection  Simler  à  Zurich  reproduit  la  présente  lettre  d'après  une 
copie  communiquée  par  l'historien  Rachat,  et  elle  en  attribue  la  composi- 
tion à  Mycomus.  Outre  quelques  variantes  de  peu  d'importance,  cette  copie 
diffère  en  d<ux  points  du  manuscrit  original  de  Grynccus  :  Elle  n'est  pas 
signée  et  l'adresse  porte  «  Murati,  »  au  lieu  de  Genecœ.  Ne  faut-il  pas  en 
conclure  que  Farci  visitait  parfois  la  ville  de  Moral,  dont  il  restait  pasteur 
titulaire,  et  que  cette  circonstance  détermina  les  pasteurs  bûlois  ù  lui  adres- 
ser une  réponse  en  d  m  exemplaires,  dont  l'un  signé  par  Grynœus  fut  di- 
rigé sur  Genève,  tandis  que  l'autre,  tracé  par  la  main  de  Myconitts,  fut  en- 
voyé ;i  Moral  ? 


166  GUILLAUME  FAREL  [a  ETIENNE  DE  LA  FORGE,  A  LYON.]  1534 

que  la  Parolle  de  Dieuz  vous  est  anuncée,  sans  faire  ne  prétendre 
chose  que  peust  donner  occasion  de  user  de  force  contre  vous.  Car 
certes,  pour  le  présent,  à  cause  des  dangiers  que  crai[g]nons,  ne 
vous  pourriens  en  sourte  que  soit  secourir. 

Pour  autant,  ne  commencé  chose  que  soit,  sous  nostre  umbre,  fa- 
veur ne  ai/de,  ains  (comme  dict  est)  vous  souffrir  et  contenter  de  ce 
que  Dieuz  vous  az  communiqué  sa  saincte  Parolle,  sans  faire  inno- 
vation quelconque.  Autant  priant  Dieuz  que  vous  ayt  en  sa  saincte 
garde.  Datum  xvi  Aprilis,  anno  xxxun0. 

L'Advoyer  et  Conseil  de  Berne. 

(Suscription  :)  A  nous  très-chiers  frères  et  bons  amys  tenans 
la  parthye  de  l'Évangile  à  Genesve. 


Guillaume  farel  [à  Etienne  de  la  Forge  ',  à  Lyon]. 
De  Genève,  25  avril  1534. 

Copie  contempor.  Procès  de  Baudichon2,  p.  10.  Arcli.  de  Berne. 
J.  Gaberel.  Hist.  de  l'Église  de  Genève,  1858, 1. 1,  pièces  juslif.  p.  45. 

Sommaire.  Farel  exhorte  Etienne  de  la  Forge  à  chercher  «  par  vraie  foy  »  son  trésor 
dans  le  Ciel,  et,  après  avoir  déploré  le  peu  de  courage  des  prédicateurs  de  l'Évan- 
gile, et  mis  en  doute  l'exactitude  des  nouvelles  réjouissantes  qui  ont  cours  [à  (7e- 
nève],  il  expose  la  situation  critique  de  Gauchier,  son  frère  cadet.  Le  saint  vaisseau 
élu  de  Dieu  en  sera  informé  par  une  lettre  qu'Etienne  de  la  Forge  est  prié  de  faire 
parvenir  à  sa  destination. 

La  grâce,  paix  et  miséricorde  de  Dieu  nostre  père,  par  nostre 
Seigneur  Jésus,  seul  saulveur  et  rédempteur,  qui  pour  nous  est 

1  Etienne  de  la  Forge,  riche  marchand  natif  de  Tournay,  demeurait  à 
Paris,  rue  St.-Martin,  à  l'enseigne  du  Pélican.  «  Il  était  marié  et  estimé 
homme  de  bien  »  (Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  p.  447).  Calvin,  qui 
l'avait  connu  à  Paris,  disait  de  lui  plus  tard  :  «  Sa  mémoire  doit  estre  bé- 
nite entre  les  fidèles,  comme  d'un  sainct  martyr  de  Jésus-Christ.  »  (Traité 


1  534  GUILLAUME  FAREL  [A  ETIENNE  DE  LA  FORGE,  A  LYON.]  167 

mort,  régnant  en  gloire  es  cieulx,  où  il  le  fault  cercher,  car  Luy 
seul  est  nostre  droict  trésor  célestiel  !  Lequel,  si  par  vraye  foy 
avons,  ne  nous  peult  estre  osté  ne  desrobé,  combien  que  tout  se 
lève  contre  Luy,  comme  de  jour  en  jour  en  avons  l'expérience, 
selon  qu'il  plaist  au  père  éternel  nous  ouvrir  la  porte  pour  ad- 
nuncer  son  filz.  Et  si  Dieu  nous  donnait  plus  de  couraige,  on  verroit 
autres  choses;  mais  nous  avons  tant  de  chevaulx  réti[f]s,  qui  au 
lieu  d'advancer  reculent,  non  seulement  estans  peu  servans,  mais 
empeschans  les  autres,  tellement  qu'il  me  semble  en  telz  estre 
accomply  ce  que  Jésus  disoit  aux  Pharisiens,  qu'i[ls]  prénent  mais 
ostent  la  clef  de  science,  n'entrans  point  et  ne  laissans  entrer  ceulx 
qui  veulent  entrer 3.  Mais,  quelque  croix  qu'il  y  aye  et  tous  les  em- 
peschemens,  Dieu  ne  lairra  [1.  laissera]  point  son  œuvre  qu'il  ne 
perface  sa  saincte  volunté,  et  fera  que  les  meschans  seront  co- 
gneuz. 

L'on  nous  a  récité  beaucoup  de  nouvelles  touchant  le  Royaume  de 
Dieu,  et  n'y  a  personne  qui  ayme  Noslre  Seigneur  qui  ne  désirât 
la  chose  estre  telle  et  daventaige;  mais  l'on  ne  sçait  à  qui  l'on  doit 
croire 4.  Je  pense  bien  que  vous  n'en  oyez  guières  mains  [1.  moins]. 
De  par  deçà  les  batelleurs  ne  cessent  de  controuver  continuelle- 


contre  la  secte  des  Libertins,  1547,  chap.  IV.)  «  Quand  il  parloit  de  ce  per- 
sonnage-là (dit  aussi  Théod.  de  Bèze),  c'estoit  tousjours  en  luy  rendant 
tesmoignage  de  grande  piété,  de  bonne  simplicité,  et  sans  feintise  :  que  c'es- 
toit uu  marchant  bien  prudent  et  diligent,  mais  néantmoins  de  fort  bonne 
conscience  et  vray  Chrestien.  »  Selon  Crespin  (op.  cit.  f.  105.  b),  «E.  delà 
Forge  avoit  en  singulière  recommandation  l'advancement  de  l'Évangile,  jus- 
ques  à  faire  imprimer  à  ses  despens  livres  de  la  Ste  Escripture,  lesquels  il 
mesloit  parmi  les  grandes  aumosnes  qu'il  faisoit...  »  (Voyez  les  n.  2  et  11.) 
*  La  lettre  originale  ayant  été  saisie  sur  la  personne  de  Baudichon  de 
la  Maison  veuve,  emprisonné  à  Lyon  pour  «  cas  d'hérésie,  »  nous  en  re- 
produisons le  texte  d'après  la  copie  qui  est  insérée  dans  les  actes  de  son 
procès.  Ces  actes  s'expriment  ainsi  au  sujet  des  deux  lettres  que  Farci  avait 
remises  à  Baudichon  :  «  Interrogué,  respond  que  Pharellus...  les  luy  bailla, 
pour  les  bailler  à  Estienne  de  la  Forge,  marchant  de  Paris,  chieux  Loyset 
de  Laube,  en  ceste  ville  [de  Lyon]  ;  ensemble  luy  bailla  autres  lectres  adres- 
sées au  sainct  vaisseau  de  Dieu  esleu,...  pour  après  les  envoier  où  elles  sont 
adressées.  Et  ne  cognoit  le  dict  Estienne,  et  dit  qu'il  est  compaignon  du 
dict  de  Laube,  et  tiennent  boutique  près  la  place  de  l'herberie,  en  laquelle 
botique  on  a  dit  au  dict  respondant,  que  le  dit  Estienne  n'est  encores  venu.  » 

3  St.  Matthieu,  chap.  XXIII,  v.  13.  St.  Luc,  chap.  XI,  v.  52. 

4  II  s'agissait  probablement  des  récentes  nouvelles  de  Paris  (N°  459), 
qui  auraient  été  amplifiées  au  point  d'exciter  les  doutes  de  Farel. 


168     GUILLAUME  FAREL  [a  ETIENNE  DE  LA  FORGE,  A  LYON.]    1534 

ment  nouvelles  inventions  et  menteries;  mais  Dieu  faict  que  tout 
revient  à  leur  confusion,  car  mensonge  ne  peut  vaincre  vérité  ". 
Il  fault  que  la  lumière  luyse  et  que  les  ténèbres  aient  fin.  Le  Sei- 
gneur face  que  les  pouvres  aveugles  soient  plainement  illuminés  ! 

Vous  sçavez  comment  Nostre  Seigneur  a  visité  la  maison,  exami- 
nant mes  frères  et  principalement  celluij  qui  est  nay  après  moy,  le- 
quel a  long  temps  qu'il  est  en  prison,  estant  condampné  à  prison  per- 
pétuelle et  ses  biens  confisquez  G.  De  quoy  suys  esbay,  comme  ce 
pouvre  homme  qui  n'entend  comme  rien  et  qui  n'a  rien  déservy 
est  ainsi  démainé,  et  fault  que  plus  endure  que  moy.  Le  Roy  a  esté 
adverty  par  ceulx  qui  ne  l'haïssent  point  et  qui  valent  bien  qu'on 
face  quelque  chose  en  leur  faveur  7,  et  [qui]  seroient  marrys  de  de- 
mander autre  que  chose  honneste  ;  mais  je  ne  sçay  qui  a  tellement 
emprins  [1.  allumé]  le  feu,  et  vous  promectz  que  grandement  me 
desplaist  que  jamais  en  fis  [1.  on  fit?]  aucune  requeste  pour  luV, 
veu  que,  contre  mon  désir,  cela  que  [je]  pensoye  servir  à  charité 
est  venu  au  contraire,  ou  guière  ne  s'en  fault8;  mais  ce  que  y  eusse 
faict  pour  ung  autre  selon  Dieu  n'ay  peu  laisser  envers  mon  frère. 

J'en  rescriptz  au  vaisseau  que  Dieu  a  esleu,  ayant  souvenance  des 
captif z  9.  Sera  vostre  plaisir  rendre  les  lectres  et  vous  employer 
comme  vouldriez  qu'on  fit  pour  vous,  ainsi  que  nostre  bon  maistre 
commande  10,  lequel  par  sa  grâce  vous  conserve  ferme  en  foy,  la 
vous  augmentant,  faisant  que  cheminez  tousjours  purement  selon 
sa  bonne  volunté  !  De  Genesve,  ce  25  d'avril  1534. 

Le  tout  vostre  Farel. 

(Suscription  :)  A  mon  très-chier  frère  et  meilleur  amy  n. 

s  Comparez  ce  passage  avec  le  tome  II,  p.  67,  lignes  9-15. 

6  Gauchier  Farel,  greffier  de  la  cour  épiscopale  de  Gap,  qui  était  em- 
prisonné depuis  près  d'un  an  (N°  426,  n.  12-13). 

7  Allusion  à  Messieurs  de  Berne,  qui  avaient  écrit  au  roi  de  France,  en 
faveur  des  frères  de  Farel,  le  7  juin  et  le  4  octobre  1533  (N°  426,  n.  14, 
N°  433,  renvois  de  n.  3-4). 

8  Voyez  le  X°  426,  renvoi  de  note  15,  et  le  N°  433,  note  7. 

9  Voyez  la  note  2  et  le  N°  463,  note  2. 

10  St.  Matthieu,  chap.  VII,  v.  12.  St.  Luc,  chap.  VI,  v.  31. 

11  Ces  expressions  permettent  de  supposer  que  Farel  avait  connu  Etienne 
de  la  Forge  à  l'époque  où  il  présidait  lui-même  les  assemblées  secrètes  de 
l'église  de  Paris,  c.-à-d.  en  1523  (Voy.  le  N°  105,  renvois  de  note  9  et  11). 


1534  GUILLAUME  FAREL  [A  MARGUERITE  DE  NAVARRE.]  169 


463 

Guillaume  farel1  [à  Marguerite  de  Navarre*]. 
De  Genève,  25  avril  1534. 

Copie  contempor.  Ibid.  p.  lo.  Gaberel,  op.  cit.  I,  pièces  just.  p.  46. 

Sommaire.  Loin  de  perdre  courage  dans  l'adversité,  les  justes  doivent  se  confier  au 
Seigneur  et  non  aux  hommes.  C'est  ce  que  m'a  fait  éprouver  le  triste  résultat  des 
démarches  tentées  en  faveur  de  mon  frère,  qui  est  depuis  longtemps  prisonnier.  Je 
me  soumets  donc  entièrement  à  la  volonté  de  Dieu,  mais  je  ne  cesserai  d'user  aussi 
«  des  autres  moyens,  »  à  l'exemple  de  St.  Paul. 

Veuillez  «  en  parler  là  où  mieux  savez  qu'il  est  expédient,  »  et  donner  à  entendre 
que  le  pauvre  personnage  a  déjà  assez  souffert.  Que  «  la  pauvre  mère  tant  pleine 
d'angoisse,  »  vous  soit  recommandée!  Quel  plaisir  vous  feriez  à  ceux  qui  aiment  Notre 
Seigneur,  si  par  votre  moyen  le  pauvre  prisonnier  était  délivré/ 

La  grâce,  paix  et  miséricorde  de  Dieu  nostre  très-bon  père,  par 
son  seul  filz  Jésus,  nostre  salut  et  vie,  qui  est  la  pierre  de  contra- 

I  La  présente  lettre  n'est  pas  signée,  mais  celle  qui  précède  prouve 
qu'elle  est  de  Fard. 

â  Quelle  est  la  personne  à  laquelle  s'adresse  Farel,  comme  «au  sainct 
vaisseau  de  Dieu  esleu,  »  et  dont  il  parle  dans  la  lettre  à  Etienne  de  la 
Forge  (N°  462,  renv.  de  n.  9)  comme  du  «  vaisseau  que  Dieu  a  esleu,  ayant 
souvenance  des  captifs  ?  »  Ces  paroles  ne  peuvent  s'appliquer,  selon  nous, 
qu'à  Marguerite  de  Navarre,  sœur  de  François  I  (N°  35,  n.  1,  N°  190,  n.  2), 
et  dont  l'influence  sur  son  frère  était  seule  assez  puissante  pour  obtenir  de 
lui  une  grâce  qu'il  avait  jusque-là  refusé  d'octroyer  (Voyez  la  note  8). 

II  s'agit,  en  effet,  dans  la  lettre  de  Farel,  d'un  nouvel  effort  à  tenter  en 
faveur  de  son  frère,  après  plusieurs  démarches  infructueuses.  L'interven- 
tion de  Marguerite  dans  cette  affaire  avait  déjà  été  réclamée  par  les  Ber- 
nois, le  7  juin  1533,  sur  la  demande  de  Farel  lui-même.  Nous  trouvons  donc 
tout  naturel  qu'il  se  soit  décidé  à  écrire  directement  à  cette  princesse,  qui 
avait  pu  le  connaître  personnellement  à  Meaux  en  octobre  1521,  et  qui  dès 
lors  lui  avait  plus  d'un"  fois  témoigné  sa  bienveillance.  (Voyez  dans  le 
tome  I,  le  N°  42,  n.  3,  le  N°  182,  renv.  de  n.  9,  le  N°  184,  renvois  de 
note  2-4,  et  la  p.  459,  lig.  1-5.)  Que  cette  lettre  renferme  des  exhortations 
conçues  en  termes  généraux,  qu'elle  ne  porte  point  de  signature  et  ne  donne 


170  GUILLAUME  FAREL  [A  MARGUERITE  DE  NAVARRE.]  1534 

diction  3  contre  laquelle,  tant  en  elle  comme  aux  siens,  le  monde 
dès  le  commencement  a  bataillé  et  faict  encores  et  fera,  mais  en 
vain  !  Car  n'y  a  conseil,  ne  prudence,  ne  sagesse  contre  Dieu,  et 
ne  fault  que  les  iniques  lèvent  leurs  cornes,  car  elles  seront  rom- 
pues ;  et  quelque  chose  qui  puisse  advenir  aux  justes,  [ils]  ne  doyvent 
perdre  couraige,  mais  avec  le  sainct  prophète,  en  playne  foy  et  asseu- 
rance  doyvent  dire  :  «  Le  Seigneur  est  mon  ayde,  je  ne  craindray 
point  que  r homme  me  face 4.  »  0  !  qu'il  est  heureux  [celui]  à  qui  le 
Seigneur  donne  ceste  grâce  !  Lors  tout  va  noblement,  et  quant  tout 
est  perdu  selon  le  monde,  lors  est  expérimentée  la  vertu  de  Dieu, 
qui  puissamment  ayde  aux  siens,  qui  nJont  fiance  en  autre  qu'en 
Luy.  Mais,  quant  nous  recourons  en  Egypte  5  et  nous  fions  aux 
hommes,  Dieu  se  monstre  véritable,  déchirant  [ce]  que  sont  les 
hommes. 

Je  Pay  expérimenté  en  mon  frère,  qui  a  esté  longuement  détenu 
pour  chose  qui  ne  vault G,  comme  puis  entendre  le  parler.  Car  s'il 
n'a  autrement  faict  mesmes  que  aucuns  de  ses  adversaires  ont  dit, 
—  quant  devant  le  pape  et  à  Romme  l'on  seroit  mainé,  mais  qu'ilz 
ne  fissent  [pas]  plus  que  paravant,  il  passeroit  légièrement.  Mais 
[lui]  voulant  avoir  ayde  (comme  sembloil)  fort  propre,  et  moy  pen- 
sant faire  que  ramifié  fût  plus  grande  entre  ceulx  que  je  désire  [voir 
amis 7],  Dieu  sçait  comment  il  en  est  advenu 8.  J'ay  voulu  plus  con- 
sentir au  jugement  d'autruy  qu'à  ce  que  mon  cueur  jugeroit.  Dieu 
en  soit  loué,  son  bon  plaisir  soit  faict  !  Si  le  bon  Père,  de  sa  bonne 
volunté,  le  veult  délivrer,  il  a  tout  en  sa  main,  il  le  fera.  Si  autrement 


au  destinataire  aucune  qualification,  cela  s'explique  par  le  fait  que  Farel 
voulait  éviter  tout  ce  qui  aurait  risqué  de  compromettre  7a  reine  de  Na- 
varre, dans  le  cas  où  sa  lettre  serait  interceptée. 

Quelle  qu'ait  été  d'ailleurs  la  destination  de  ce  message,  nous  nous  re- 
fusons à  croire,  que  le  saint  vaisseau  élu  de  Dieu  pour  la  délivrance  des 
captifs  fût  «  le  petit  troupeau  de  la  capitale,  »  c'est-à-dire  «  les  frères  de 
Paris,  alors  si  affligés.  »  (Voyez  Merle  d'Aubigné,  op.  cit.  IV,  368.) 

3  St.  Matthieu,  chap.  XXI,  v.  42-44.  Romains,  chap.  IX,  v.  33.  I  Pierre, 
chap.  II,  v.  7. 

4  Psaume  LVI,  v.  11. 

3  Jérémie,  chap.  XLII,  v.  13-18. 

6  Voyez  le  N°  402,  renvoi  de  note  6. 

7  C'est-à-dire,  Messieurs  de  Berne  et  le  roi  de  France. 

8  Voyez  le  N°  420,  renv.  de  n.  15,  et  la  lettre  du  20  octobre  1533,  où 
François  I  déclare  que  ni  les  prières  de  MM.  de  Berne,  ni  celles  «  d'autre, 
quel  qu'il  soit,  »  ne  parviendront  à  changer  sa  résolution. 


1534.  GUILLAUME  FAREL  [A  MARGUERITE  DE  NAVARRE.]  171 

luy  plaist,  ce  que  semblera  bon  devant  ses  yeulx  soit  faict  !  et  ainsi 
sera.  Mais  je  ne  veulx  laisser  de  prier  pour  luy,  comme  faisoient  les 
fidèles  quant  Pierre  estoit  détenu 9,  ne  aussi  d'user  des  autres 
moyens,  comme  Pol  en  a  usé  10. 

Pourtant,  pour  l'honneur  de  Jésus  et  la  charité  fraternelle,  laquelle 
faict  que  si  aucun  membre  souffre,  les  autres  en  ont  compassion, 
je  vous  prie  d'en  parler  là  où  mieulx  savez  qu'il  est  expédient11,  et 
en  faictes  parler,  donnant,  s'il  vous  plaist,  entendre  que  Ton  a 
assez  et  plus  qu'en  toute  rigueur  hostille  et  des  ennemys  à  ung 
autre  ne  fût  esté  faict,  par  longue  prison  et  consumplion  des  biens  ; 
car  PEvesque  12,oultre  ce  qui  a  esté  despendu,  a  tiré  six  cens  escuz. 
Qu'on  soye  content,  et  que  le  pouvre  personnaiye  soit  délivré  !  Et  ay 
espérance  que  de  la  délivrance  en  viendra  du  bien,  ce  que  face  le 
bon  Dieu,  plain  de  toute  miséricorde,  qui  donne  à  tous  vraye  et 
parfaicte  intelligence  et  plaine  cognoissance  de  sa  grande  bonté, 
puissance  et  sagesse,  affin  que  n'ayons  tant  de  craincte  aux  choses 
de  Dieu,  mais  que  tous,  d'ung  noble  et  vraiement  crestien  cueur, 
servons,  honnorons  et  adorons  nostre  Dieu  plus  purement  que 
n'avons  faict  jusques  à  présent,  craignant  plus  ce  très-puissant  Sei- 
gneur que  n'avons  faict,  et  que  la  craincte  humaine  soit  chassée 
loing  de  nous,  aians  peur  de  la  malédiction  de  Dieu  apreslée  sur 
tous  qui  n'ont  leur  confiance  en  Dieu,  et  à  deux  mains  prenons  la 
bénédiction  aprestée  à  ceulx  qui  pour  Jésus  souffrent  ! 

Et  pleut  au  Seigneur  Dieu  que  le  pouvre  prisonnier  bien  en  fût 
adverly,  et  que,  ayant  plaine  intelligence,  il  pous[s]a  oultre  et  dé- 
claira  ce  qu'il  est  de  dire  du  bon  Sauveur  t  Car  tout  ce  que  me 
meut,  c'est  pourtant  qu'il  n'a  esté  guières  instruict,  et  craings  qu'il 
n'entende  rien.  Et  la  pouvre  vefve,  lanière13  tant  plaine  d'angoisse, 
laquelle  vous  soit  recommandée  !  Celuy  qui  tout  peut,  dispose  tout 
comme  il  cognoit  estre  à  sa  gloire,  nous  menant  et  conduisant  par 
son  sainct  esperit,  lequel  il  nous  face  suyvre  et  délaisser  toute  autre 
prudence,  sagesse  et  conduicte,  affin  que  tout  ce  qui  est  en  nous, 
tant  en  pensée,  faictz  et  dictz,  soit  en  l'honneur  et  gloire  de  Dieu 
et  advancement  de  sa  saincte  Parolle  !  Amen. 

0  Actes  des  Apôtres,  chap.  XII,  v.  12. 

10  Allusion  aux  faits  racoDtés  dans  les  Actes  des  Apôtres,  chap.  XXII, 
v.  24-29;  chap.  XXIII,  v.  6-9;  chap.  XXV,  v.  11-12. 

11  C'est-à-dire,  au  Roi  (Voyez  la  note  2). 

12  Gabriel  de  Clermont,  qui  occupa  le  siège  de  Gap  de  1527  à  1572. 
15  La  mère  de  Farel  (Voyez  le  N°  42G,  fin  de  la  note  17). 


172  BERTHOLD  H  ALLER  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  i  5IU 

//  ne  fault  dire  combien  ceulx  qui  ayment  Nostre  Seigneur  dési- 
rent vostre  bien,  et  combien  vous  saluent  en  Nostre  Seigneur,  et  quel 
plaisir  leur  feriez  en  Nostre  Seigneur,  si  par  vostre  moyen  le  pouvre 
soit  délivré,  vous  prians  tous  de  vous  y  employer.  De  Genesve,  ce 
25  d'avril  1534. 

Le  tout  vostre  en  Nostre  Seigneur. 

(Suscription  :)  Au  sainct  vaisseau  de  Dieu  esleu  li. 


464 


berthold  haller  à  Henri  Bullinger,  à  Zurich. 
(De  Berne)  7  mai  1534. 

Autographe.  Arch.  de  Zurich.  Fueslinus,  op.  cit.  p.  139. 

Sommaire.  Haller  informe  Bullinger  des  efforts  inutiles  tentés  par  les  ministres  ber- 
nois pour  ramener  à  l'orthodoxie  un  pasteur  arien,  collègue  de  Farel,  et  il  exprime 
la  crainte  que  Farel  ne  soit  engagé  dans  les  mêmes  erreurs. 

S.  Altéras  paraverara  literas,  dum  per  otium  vacabat  et  nuncii 
Friburgi  sua  agerent,  doctissime  Heinrice.  Intérim  collocuti  sumus 
cum  G  allô  hoc,  qui,  tametsi  mente  compos  non  sit,  natus  tamen 
videtur  ad  pertinaciam  et  contentionem  l. 

Asseruerat  Jesum  Cliristum  nudum  esse  hominem  ;  dein  cum  aper- 
tissimis  à  nobis  urgeretur  Scripturis,  admisit,  Cliristum  naturalem 
Dei  filium,  adeôque  Deum  esse,  sed  non  œternum,  immô  in  lempore 
constitutum  et  factum.  Ait  secundo  :  Atqui  hune,  alioquin  purum 
hominem,  esse  fidei  nostrse  objectum.  Cui  satis  abundè  responsum 
est,  sed  minime  satisfactum,  pertinaci  enim  satisfleri  nequit.  Mo- 
nuimus  hominem,  ut  fidem  hanc  apud  se  habeat  ;  id  verô  minime 

!*  Voyez  la  note  2. 

1  Ce  n'est  pas  d'un  P'rançais  qu'il  s'agissait,  mais  d'un  Savoisien.  Ce  per- 
sonnage, nommé  Claude  Aliodi  ou  d'Aliod  (en  latin  Aliodus),  était  natif  de 
Moûlier  dans  la  Tarentaise.  Les  historiens  de  la  Réforme  nous  semblent 
avoir  ignoré  qu'il  eût  été  collègtie  de  Farel  à  Neuchâtel  (Voy.  la  fin  de  la 
note  3  et  la  note  7). 


1534  BERTHOLD  HALLER  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  173 

facturum  scio  2.  Restât  ut  illiprobemus  Spiritual  Sanctum  esse  Deum 
et  ab  œtenw,  quem  creaturam  asserit.  Negat  Triadem;  personas 
verô,  tam  quoad  vocem  quàm  ad  rem  3. 

Vidi  tua  in  Epistolam  ad  Hebraeos  *,  et  aliis  locis,  quibus  mag- 
nam  mihi  cogitandi  occasionem  dedisti.  lu  hoc  haereo,  ut  non 
plané  intelligam  quid  sibi  velit  vox  persona,  quam  notionem  Zuin- 
giius  vocat  in  Religione  verà  et  falsà  5.  Alii  verô,  nomina  operatio- 
num  ;  alii,  relationes  aut  proprietates.  Vidi  Scholasticos  in  primo 
Sententiarum  6,  sed  ex  illorum  tricis  me  extricare  nescio.  Sic  sem- 
per  et  in  omnibus  le  cogor  perturbare.  Paucis  dabis  occasionem 

2  Claude  d'Aliod  essaya,  en  effet,  de  répandre  ses  opinions,  et  il  fut  banni 
par  le  gouvernement  bernois.  Le  21  mai  1534,  Haller  écrivait  à  Bullinger  : 
«  Proscribetur  Gallus  Claudius,  etiam  Symperto  [Vogt,  pasteur  à  Bienne. 
Voy.  X°  398J  optimè  notus.  Intérim  opus  ut  parati  simus  in  omnibus  ratio- 
nem  reddere  ejus  quae  in  nos  [1.  nobis]  est  spei.  »  (Manuscrit  orig.  Arch. 
de  Zuricb.)  D'Aliod  résida  ensuite  pendant  quelques  mois  à  Constance,  d'où 
il  fut  exilé.  Jean  Zivicl;,  l'un  des  pasteurs  de  cette  ville,  écrivait  à  Vadian 
le  23  août  1534:  «  Conversatus  est  apud  nos  aliquot  mensibus  Sabaudus 
quidam...  bomuncio  calvus,  neglecto  vestitu,  inermis,  religiosa  tamen  specie. 
Hic  sese  nobis  addidit  tanquam  frater  fratribus,  idque  tantâ  innocentià,  ut 
charus  admodum  esse  cœperit  et  populo  et  nobis,  tantaque  simplicitate,  ut 
nulla  in  re  nobis  suspectus  videri  potuerit.  Hic  verô  cœpit  paulatim  sese 
apud  familiam  quae  istum,  Christi  nomine,  hospitio  susceperat,  prodere... 
Convocatus  à  fratribus  symmystis...  impiissimam  fidei  suœ  dédit  rationem.  » 
(Mscrit.  orig.  Bibl.  de  la  ville  de  St.-Gall.  Mscriptae  Epp.  t.  III,  p.  216,  221.) 
Nous  retrouverons  d'Aliod  à  Lausanne,  où  il  abjura  ses  erreurs  en  1537. 

5  Ce  sont  les  mêmes  idées  que  Michel  Servet  avait  émises  dans  l'ouvrage 
intitulé  «  De  Trinitatis  erroribus,  »  publié  à  Bâle  en  1531.  On  les  trouve 
exposées  dans  la  Confession  de  foi  que  d'Aliod  présenta  en  août  1534  aux 
ministres  de  Constance,  et  qui  se  termine  ainsi  :  «  Summariè,  non  credo  très 
personas  esse  unicum  Deum,  sed  scio  esse  très  homines  ;  très  personne  sunt 
très  homines,  non  unus  Deus. 

«  Ego  Claudius  Aliodus  de  Sabaudia,  ex  civitate  Mutier,  Diocœseos  Ta- 
rentasiensis,  olim  concionator  in  nom  Castro,  germanicè  Niïvemburg  [c.-à-d. 
Neuchâtel],  haec  ingénue  fateor  et  christianè.  »  (Copie  insérée  dans  la  lettre 
de  Jean  Zwick  à  Vadian  citée  plus  haut.  Voy.  aussi  la  lettre  de  Martin 
Frecht  à  Ambroise  Blaarer  écrite  d'Ulm  vers  le  28  août  1534.  Même  collec- 
tion, t.  III,  p.  226.  —  Musœum  Helveticum,  Pars  xxyiii,  p.  672,  676.) 

4  «  Commentarii  in  Epistolam  ad  Hebraeos,  »  ouvrage  de  Bullinger  pu- 
blié en  1532. 

5  «  De  vera  et  falsa  Religione,  Huldrychi  Zuinglii  Commentarius.  Ti- 
guri,  M.  I).  XXV,  »  petit  in-8°. 

6  Ouvrage  de  Pierre  Lombard,  évêque  de  Paris  dans  le  douzième  siècle, 
et  qui  est  intitulé  «  Sententiarum  libri  IV.  » 


174  LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  FRANÇOIS  I.  1534 

cogitandi,  dam  modo  rei  summam  depinxeris.  Vereor  ne  et  Fa- 
rellus  in  hoc  implicitus  sit  errore  ''.  Curabis  igitur,  si  quid  respon- 
dere  poteris  ;  potes  verô  per  hune  nunlium,  Funkii  nostri  fllium, 
ut  respondeas8.  Ich  meine  die  Handel  machen  uns  einsd.  Yale,  vu  Maii 
1534. 

Tuus  B.  Haller. 


465 

le  conseil  de  berne  à  François  I. 
De  Berne,  9  mai  1534. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  MM.  de  Berne  intercèdent  auprès  du  Roi  en  faveur  de  deux  citoyens  gene- 
vois, Bav,dichon  et  Janin,  prisonniers  à  Lyon. 

Sire,  à  Vostre  Royale  Majesté  de  bien  bon  cueur  nous  recom- 
mandons. 

Sire!  ces  jours  passés,  summes  estes  par  nous  chiers  combour- 
geoys  de  Genève  advertys,  comme  deux  leur  citoyens  estoint  dé- 
tenus en  vostre  ville  de  Lyon.  Sur  quoy  nous  escripvismes  au  Sei- 
gneur Lieutenant  du  dict  Lyon,  que  feust  de  son  plaisir  les  dits 
citoyens  de  Genève,  nous  bourgeoys,  nomméement  Baudichon  de 

7  Jean  Zioick  écrivait  à  Vadian,  au  sujet  de  Claude  d'Aliod  :  Collegam 
se  habere  testatur  qui  paria  secum  opinctur,  Farellum  scilicet,  si  modo  non 
est  falsus  in  illura.  »  (Lettre  du  23  août  1534.)  Les  ouvrages  théologiques 
de  Farel  montrent  que  cette  imputation  n'avait  aucun  fondement. 

s  Bullinger  ne  se  contenta  pas  de  répondre  à  B.  Haller  sur  ce  sujet.  Il 
composa  un  livre  spécial  intitulé  :  «  Utriusque  in  Christo  naturae...  Assertio 
orthodoxa,  »  publié  à  Zurich  en  octobre  1534,  et  dont  il  raconte  ainsi  l'ori- 
gine, dans  le  catalogue  de  ses  Œuvres  :  «  Claudius  quidam  Allolrox  venie- 
bat  Tigurum,  et  commiscebat  in  Cbristo  divinitatem  cum  humanitate,  imô 
negabat  utramque.  Inde  occasionem  sumsi  scribendi  de  utraque.  »  (Voyez 
J.-H.  Hottinger.  Schola  Tigurinorum,  1664,  p.  77.) 

9  «  J'estime  que  ces  affaires  nous  rendront  tous  bien  unis.  » 


1534  LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  FRANÇOIS  I.  175 

la  maison  neufve  et  Jehan  Janyn  dit  Colonier  relâcher,  pour  l'amour 
de  nous l. 

Sur  ce,  vous  officiers  nous  onl  faict  response,  que  les  dits  pri- 
sonniers n'estoint  détenus  en  leurs  prisons,  ains  aux  prisons  de 
Monsr  l'Archevesque  -  et  entre  les  mains  de  ses  oflîciaulx,  lesquels 
en  ont  prins  la  cognoissance  3;  lesquels,  comme  avons  entenduz. 
en  ont  adverty  Vostre  Royale  Mageslé  et  sont  altendans  vostre  bon 
plaisir  et  commandement  sur  cella. 

A  ceste  cause,  Vostre  Royale  Mageslé  très-humblement  sup- 
plions, que  soit  de  vostre  bénigne  grâce  de  commander  et  pour- 
voir que  les  dits  deux  prisonniers,  nous  bourgeoys,  soyent  relâchés 
et  eslargés,  et,  sy  par  avanture  ilz  avoint  faict  et  parler  contre  voslre 
édict,  cella,  pour  l'amour  de  nous,  leur  pardonner  et  les  nous  re- 
mettre. En  ce  nous  ferés  singulier  plaisir,  nous  ouffrant  à  le  dé- 
servir. Davantaige,  vous  plaise  considéré,  sy  nous,  les  nostres  et 
ceulx  que  sont  nous  bourgeoys  et  alliés,  pareillement  aultres  mar- 
chans  et  personages  que  hantent  et  trafiguent  en  vostre  Royaulme, 
deussent  estre  ainsy  traictées  et  inquieuz  [1.  enquis],  laquelle  con- 
séquence cella  pourroit  avoir, —  et  sy,  touchant  nous  et  les  nostres, 
aussy  nous  bourgeoys  et  alliés,  le  traicté  de  la  paix  entre  Vostre 
Royale  Magesté  et  nous  cella  pourroit  souffrir 4  ?  Aussy,  que  les 
dictz  prisonniers,  nous  bourgeoys,  sont  allez  à  Lyon  soub  le  privi- 

1  A  la  réception  d'une  lettre  des  magistrats  genevois,  datée  du  30  avril 
et  apportée  par  Claude  Salomond,  MM.  de  Berne  avaient  écrit  le  1er  mai  à 
Pomponio  Trivulce,  gouverneur  de  Lyon,  pour  le  prier  de  relâcher  ces  deux 
personnages,  «  détenus...  à  cause  de  quelques  parolles  qu'ilz  ont  dictes  tou- 
chant l'Evangile.  »  —  «  En  ce  (ajoutaient-ils)  nous  ferés  grands  plaisirs,  et 
sans  faulte,  comme  espérons,  à  la  Royale  Magesté  chose  non  déplaisante...  » 
(Reg.  du  Conseil  de  Genève  du  30  avril.  —  Weltsche  Missiven-Buch.  Arch. 
de  Berne.) 

2  François  de  Rohan,  archevêque  de  Lyon  et  primat  de  France.  Il  oc- 
cupa le  siège  de  Lyon  depuis  le  13  février  1501  jusqu'en  1536. 

3  Les  juges-inquisiteurs  avaient,  dès  le  29  avril,  procédé  à  l'interroga- 
toire de  Baudichon  et  de  Janin,  qui  avaient  été  arrêtés  le  27.  (Voyez  le 
N°  454,  n.  7.  —  Procès  de  Baudichon,  p.  1-3.  Arch.  de  Berne.)  Le  9  mai, 
MM.  de  Berne  écrivirent  à  l'archevêque  et  à  ses  officiaux,  pour  les  prier 
«  de  non  procéder  plus  oultre  contre  les  prisonniers,  »  mais  d'attendre  la 
venue  des  deux  ambassadeurs  (George  Schôni  et  Michel  Ougspurger)  qu'ils 
envoyaient  à  Lyon.  (Weltsche  Missiven-Buch.  Arch.  bern.) 

*  Il  est  question  du  traité  de  paix  de  1516  (Voy.  le  N°  153,  n.  12.  — 
J.  de  Muller.  Hist.  de  la  Confédération  suisse,  trad.  par  Ch.  Monnard  et 
L.  Vulliemin,  IX,  492-94.) 


176  LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  FRANÇOIS  I.  1  534 

lége  des  foyres.  Icestes  et  aultres  bones  raisons  Vostre  Royale  Ma- 
gesté  veillez  bien  considéré,  et  pondère  le  regraict  que  V.  M.  au- 
roit  si  nous  deussent  [1.  dussions]  les  rostres  que  viennent  par  deçà 
en  tieulle  sourte  traictéz,  inquirir,  molestez  et  ennuyre. 

Pour  autant,  Vostre  Royale  Magesté  derrechieff  très-affectueuse- 
ment supplions  les  dits  prisonniers  faire  mettre  en  pleine  déli- 
vrance, et  y  mettre  tieulz  bon  ordre  que  non-seulement  les  dits  pri- 
sonniers, ains  aussy  tous  aultres  puissent  entendre  ceste  nostre  humble 
requeste  leur  avoir  bien  prouffitëz  5.  Autant  priant  le  Créateur  que 
Vostre  Magesté  ayt  en  sa  saincte  garde.  Datum  Sambedi  ix  Maii, 
Anno  xxxiiii0  6. 

L'Advoyer  et  Conseil  de  Berne. 

3  En  recommandant  au  Roi  «  tous  autres  prisonniers,  »  MM.  de  Berne 
ne  faisaient  pas  allusion  seulement  à  Alexandre  Canus  (Voy.  le  N°  459, 
n.  16).  Dans  la  missive  qu'ils  adressèrent  à  l'ambassadeur  de  France,  le 
20  juin  suivant,  ils  s'informent  en  effet  de  ce  que  sont  devenues  les  lettres 
qu'ils  l'avaient  prié  de  transmettre  au  Roi,  «  en  faveur  de  Noble  person- 
naige  N.  Xunegg,  qui  est  détenue  prisonnier  à  Paris.  »  (Teutsch  Spruch- 
Buch,  FF,  fol.  566.  Arch.  bern.) 

6  Le  Roi  répondit  le  22  mai.  En  le  remerciant  de  sa  «  bénigne  res- 
ponse,  »  dont  ils  se  disaient  très-contents,  MM.  de  Berne  lui  écrivaient  le 
6  juin  suivant  :  «  Ains,  pource  que  summes  par  nous  ambassadeurs,  que 
sont  à  cause  du  dict  affaire  à  Lyon,  advertis  que  vous  officiers  ne  veulent 
obéyr...  à  vostre  commandement,  summes  occasionés...  vous  informer  en 
vérité  summairement  de  tout  l'affaire...  Les  dicts  deux  prisonniers  sont  mis 
en  captivité  sans  avoir  faict  actes  contre  vostre  Édict,  en  vostre  Royaume. 
Car  y  ne  sont  pas  entrés  en  Lyon  pour  semer  aulcunes  maulvaises  sectes 
ny  hérésies.  Hz  n'ont  aussy  exposé  en  vente  aulcuns  livres  que  soyent  contre 
vostre  Édict  ;  pareilliement  y  n'ont  parlé  chose  ne  pratiquez  contre  vostre 
auctorité.  Dont  nous  semble  que  la  poursuite  que  soy  faict  contre  eulx 
n'ayt  point  raisonable  fundement.  Bien  est  vray  que  l'ung,  apellé  Jehan 
Janyn...  après  qu'ilz  est  mis  en  captivité  et  interrogué  de  sa  foy,  ayt  res- 
ponduz  et  desclairé  sa  foy,  ce  que  n'eust  faict  sy  ne  feust  esté  interrogué. 
...  L'aultre,  nommé  Baudiclion...  n'az  faict  ne  dict  chose,  avant  et  en  sa 
captivité,  que  puisse  servir  à  la  poursuite  que  l'on  faict  contre  luy...  » 
(Weltsche  Missiven-Buch.  Arch.  de  Berne.) 


1534       LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.        177 


466 

LE  conseil  de  berne  au  Conseil  de  Genève. 
De  Berne,  9  mai  1534. 

Missive  orig.  Arch.  de  Genève.  Gaberel,  op.  cit.  I,  pièces  just.  p.  44. 

Sommaire.  MM.  de  Berne  exhortent  les  magistrats  genevois  à  rechercher  si  la  capti- 
vité de  Baudichon  et  de  Janin  à  Lyon  ne  procéderait  pas  des  «  pratiques  d'aucuns 
chanoines  de  Genève.  » 

Nobles,  etc.  Nous  avons  receuz  vous  lettres  touchant  Vaffayre  de 
Baudichon  ',  sur  quoy  avons  faict  dépaiche  nécessaire 2.  El,  pource 
qu'avons  aulcugnement  entenduz  que  la  détention  du  dit  Baudichon 
et  Jehan  Janin  procède  paravanture  des  praticques  d'aulcungs  cha- 
noynes,  moynes  et  prestres  de  vostre  ville 3,  vous  voulons  prier  et 
admonester  de  vous  enquester  de  cella,  et,  sy  le  trouvés  comme 
nous  est  rapourlé,  fayre  tieulle  punition  comme  en  tieul  cas  aper- 
tient.  Et  sy  ne  pouvés  incontinant  fayre  l'inquisition,  que  au  moings 
fassiés  présentement  remonstrances  aux  dicts  prestres,  comme  tielz 

1  Cette  lettre  des  magistrats  de  Genève  avait  été  écrite  la  veille,  sur  la 
requête  des  parents  de  Baudichon  (Reg.  du  Conseil  du  8  mai). 

2  Voyez  le  N°  précédent. 

5  Baudichon  avait  été  arrêté  le  27  avril,  et,  trois  jours  après,  d'an- 
ciens habitants  de  Genève  déposaient  contre  lui  et  l'accusaient  d'être  «  le 
capitaine  des  Luthériens  genevois.  »  Au  nombre  de  ces  témoins  à  charge 
figuraient  Pierre  Pennet,  frère  de  l'ancien  geôlier  des  prisons  de  l'Évêque 
de  Genève  (Voy.  le  N°  448,  n.  2),  et  un  nommé  Philippe  Martin,  lequel 
prétendait  faussement  avoir  vu  sur  la  place  du  Molard,  dans  la  soirée  du 
4  mai  1533,  Baudichon  assaillant  avec  d'autres  Luthériens  le  chanoine 
Weriy  (Voy.  le  N°  416,  renv.  de  n.  8).  La  promptitude  qu'on  avait  mise  à 
réunir  contre  les  deux  captifs  tant  de  charges  accablantes,  ainsi  que  la  ca- 
lomnie imaginée  contre  Baudichon,  pouvait  bien  faire  soupçonner  à  MM. 
de  Berne  l'existence  d'un  complot  tramé  par  les  chanoines  de  Genève,  dans 
le  but  de  venger  le  meurtre  de  leur  collègue  Werly. 

T.  III.  12 


178  JEAN  DE  LA  CROIX  A.  GEORGES  SCHQENI,  A  BERNE.  1534 

cas  nous  soyt  venuz  à  notice  \  Laquelle  chouse  sy  ainsin  est  qu'elle 
soyt  praticquée  par  aulcungs  d'eux,  que  [ils]  y  fassent  réparation 
incontinant,  affin  que  les  prisonniers  détenuz  à  Lyon  soyent  mis 
en  délivrance. 

Aullrement,  nous  y  mettrons  tieul  ordre,  et  y  aurons  tieulz  es- 
gard,  et  ferons  tieulle  instance  et  poursuite  contre  ceulx  que  sont 
en  cause  de  la  dicte  détention,  que  tout  le  monde  voyra  que  l'a- 
vons à  grand  desplaysir,  et  ung  chescun  y  prendra  exemple  de 
soy  dépourter  de  tieulles  trahisons.  Datum  ixa  maii,  anno,  etc., 


xxximt0. 


L'Advoyer  et  Conseilz  de  Berne. 


(Suscription  :)  Aux  Nobles,  magniffiques  Seigneurs  Sindicques 
et  Conseilz  de  Genève,  nous  singuliers  amys  et  très-chiers  com- 


bourgeoys. 


467 

jean  de  LA  croix  '  à  Georges  Schœni *,  à  Berne. 
De  Grandson,  15  mai  1534. 

Inédite.  Autographe.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  Le  pasteur  de  Grandson  se  plaint  du  moine  Hentzmann,  qui  l'a  injurié,  et 
du  châtelain,  qui  tient  le  jeu  de  paume  ■pendant  le  sermon. 

Mon  très-honnoré  Seigneur, 
Nostre  Sauveur  Jésuchrist  vous  soit  tout  salut,  et  son  œuvre  bien 
recommandée  !  Laquelle  veullent  destruyre  ses  ennemis,  qui  icy 

4  Le  Registre  de  Genève  ne  fait  pas  mention  d'une  enquête  ouverte 
contre  les  chanoines.  Mais  on  y  trouve,  à  la  date  du  7  juillet  1534,  le  pas- 
sage suivant  :  «  Revellatum  fuit  sicuti  quidam  in  hac  civitate  actcstarunt 
contra  JBaudiclionum...  in  Lugduno  dctentum,  certain  actestationem  in  ejus 
prejuditium  et  civitatis  dedecus.  Saper  quo  fuit  inquisitum  cum  D.  Joli,  de 
Ulmo,  presbitero  [il  était  chancelier  de  l'Officialité],  qui...  dixit,  verum  esse 
quôd  à  paucis  diebus  citra  ipse  siggiilavit  unam  actestationem  per  quam 
Dominus  Ofiicialis,  testimonio  nonnullorum...  actestatur  dictum  Baudicho- 
niim  saeramentum  eucharisties  non  récépissé  :  quœ  testimonialis  fuit  signata 
per  Yice-Officialem,  nescit  ad  cujus  instantiam  expedita...  » 

1  Jean  Lecomte  de  la  Croix  (N°  385,  n.  7,  N°  402,  n.  9,  N°  404,  renvoi 


1534  JEAN  DE  LA  CROIX  A  GEORGES  SCHOENI,  A  BERNE.  179 

sont  en  grand  nombre  3,  entre  lesquelz  je  me  trouvay  hier  '  fort 
opprimé  d'injures.  Hz  plaingnoient  aucunes  idoles  gastées  et 
vieulx  livres  inutilles,  et  souhaidoient  plusieurs  maulx  et  mor[t]s 
à  ceulx  qui  ce  avoient  faict  et  consenty.  Je  dis  que  je  ne  les  con- 
gnoissoie  ne  vouloie  congnoistre,  mais  qu'il  vauldroit  mieulx  que 
toutes  les  idoles  du  monde,  dressées  contre  le  commandement  de 
Dieu,  fussent  froissées  et  rompues,  que  pour  icelles  quelcun  eust 
mal. 

Ils  respondirent  qu'elles  leur  avoient  beaucoup  cousté.  Je  dis 
que  mieulx  eust  esté  emploie  cest  argent  à  marier  des  pauvres 
filles  qui  ont  esté  gastées  par  pauvreté.  De  quoy  se  sentant  cou- 
pable ung  moyne  nommé  Hansman  5,  me  dict  que  les  Lendres G 

de  note  7.  N°  413,  n.  3).  Les  extraits  de  sou  Journal  qui  se  trouvent  clans 
les  manuscrits  de  Ruchat  (Bibl.  cantonale  à  Lausanne)  fournissent  les  dé- 
tails suivants  sur  son  ministère  pastoral  :  Le  29  décembre  1532,  il  avait, 
pour  la  première  fois,  distribué  la  Ste  Cène  selon  le  rite  réformé  à  70  per- 
sonnes de  Grandson,  sans  compter  la  jeunesse  ;  le  9  février  1533,  il  avait 
administré  le  premier  baptême  évangélique  à  Montagny;  le  16  mars,  béni 
à  Grandson  le  mariage  de  Jean  Cohimbier,  ex-prêtre  de  Besançon  ;  le  31  mars, 
prêché  à  Yvonand  ;  le  25  mai,  béni  le  mariage  de  Melchior  Laurent,  qui 
avait  été  curé  près  de  Montpellier;  le  1er  juin,  donné  la  Ste  Cène  à  8  com- 
muniants dans  le  village  de  Giez  ;  le  19  octobre,  prêché  pour  la  première 
fois  à  St.-Maurice,  près  de  Grandson;  le  3  mai  1534,  fait  «  le  premier  ser- 
mon libre  »  dans  le  temple  d'Échallens. 

-  Georges  Schœni  (en  latin  Formosus),  élu  banneret  de  Berne  en  avril 
1534.  lierthold  Haller  l'appréciait  en  ces  termes  :  «  Vir  et  studiorum  et 
ministrorum  patrouus,  non  indoctus  ètiam.  »  (Lettre  à  Bullinger  du  18  avril 
1534.  Mscrit.  autogr.  Arch.  de  Zurich.  —  Voy.  aussi  Clément.  Biblioth. 
curieuse,  t.  II,  p.  413-414.  —  Ruchat,  III,  293.) 

3  La  Réforme  rencontrait  à  Grandson  trois  classes  d'adversaires  :  les 
bourgeois,  en  majorité  catholiques,  les  autorités  locales,  qui  étaient  toutes 
dévouées  à  MM.  de  Fribourg,  et  15  ou  16  moines  (cordeliers  et  bénédic- 
tins), qui  montraient,  il  est  vrai,  dans  leur  opposition,  plus  de  violence  que 
d'habileté. 

4  Le  14  mai,  jour  de  l'Ascension. 

3  Hentzman  Pêry,  natif  de  Fribourg  (Mém.  de  Pierrefleur,  p.  334), 
avait  suivi  la  carrière  militaire  en  Italie,  avant  de  se  faire  bénédictin.  On 
lit  dans  la  liste  des  objets  de  prix  qui  échurent  à  MM.  de  Fribourg,  lors  du 
«  partage  des  reliquayres  de  Grandson,  »  le  26  novembre  1554  :  «  Mes  Sei- 
gneurs ont  donné  à  messire  Henclieman  Péri,  moyne  du  Prioré,  ung  drap 
damas  rouge,  ouvré  à  iilz  d'or,  lequel  drap  il  avoyt  par  avant  aporté  de  la 
guerre  de  dellà  les  mon[t]s.  >  (Carnets  du  bailliage  de  Grandson.  Arch.  vaud.) 

c'  C'est-à-dire,  les  Petits  Cantons,  qu'on  appelait  en  allemand  Lanâer  et 
qui  étaient  restés  catholiques  (Voyez  le  N°  357,  fin  de  la  note  9)- 


180       JEAN  DE  LA  CROIX  A  GEORGES  SCHOENI,  A  BERNE.      1534 

viendront  icy,  et  qu'il  me  recommande  à  eulx,  qui  sont  plus  gens 
de  bien  que  moy.  Desjà  au  paravant  on  avoit  menasse  à  Phy  le  pré- 
dicant 7.  S'il  vouloit  nier  qu'il  ne  m'eust  menasse  des  dicts  Len- 
dres  publiquement,  réitérant  sa  parolle,  je  le  prouveray  par  les 
gouverneurs  de  la  ville  et  par  plus  de  vingt  personnes  qui  y  es- 
taient, desquelz  je  prins  lesmoignage.  Dont,  monseigneur,  je  vous 
ay  voulu  advertir,  affin  d'en  informer  monseigneur  l'A  voie  et  mes 
très-redoubtéz  Seigneurs,  pour  y  prouvoir. 

Je  vous  supplie  aussy  faire  remonstrer  à  Monsieur  nostre  nouveau 
chastelain 8,  qu'il  ne  tienne  plus  le  jeu  de  paulme  au  meillieu  de  ta 
ville  durant  le  sermon,  comme  il  feit  Dimenche  9.  Lequel  combien 
que  je  priasse  qu'il  s'en  déportasl  jusques  à  ce  que  j'eusse  presché, 
je  luy  trouvay  encore  jouant  avec  les  moines ,0,  quant  j'eux  presché, 
et  par  ce  faillirent  plusieurs  au  sermon;  et  cela  faisoit  contre  les 
ordonnances  des  deux  Villes  ". 

Pour  la  fin,  je  vous  recommande  ce  porteur,  qui  a  très-bon 
cueur  à  l'Évangille  et  l'avance  de  tout  son  povoir.  Je  prie  le  Sei- 
gneur Dieu  vous  donner  très-bonne  vie  et  longue.  De  Granson, 
xve  de  May  1534. 

Vostre  très-humble  et  très-obéissant 

serviteur,  ministre  de  l'Évangille, 

Jehan  de  la  Croix. 

(Suscription  :)  A  mon  très-honnoré  seigneur  Monseigneur  le 
Benderet  de  Berne  Her  Choyne,  juge  du  Consistoire,  à  Berne  12. 


7  Melchior  Laurent  (note  1),  pasteur  du  village  de  Fiez,  près  de  Grandson. 

s  Ce  fonctionnaire  fut  remplacé  en  1535  par  un  Bernois  nommé  Jacob 
Tribolet,  lorsque  MM.  de  Berne  élurent,  à  leur  tour,  les  officiers  de  Grand- 
son  (Voy.  le  N°  335,  n.  1). 

9  Le  10  mai. 

10  Le  nom  de  moines  était  spécialement  donné  à  Grandson  aux  Béné- 
dictins du  Prieuré  de  St. -Jean.  La  spacieuse  place  qui  leur  servait  de  jeu 
de  paume  s'étendait  devant  le  Prieuré  et  l'église  de  St. -Jean  Baptiste,  où 
le  culte  réformé  avait  lieu  alors.  Il  paraît  en  effet  que,  malgré  les  ordon- 
nances du  30  janvier  1532,  V église  des  Cordeliers  était  depuis  quelque  temps 
fermée  aux  Évangéliques  (Voyez  N°  358,  renvois  de  note  5  et  6,  N°  370, 
n.  4,  N°  371,  renv.  de  note  3-4,  N°  489,  et  le  Journal  de  Lecomte  au  13 
avril  1533). 

11  C'est-à-dire,  les  ordonnances  faites  par  MM.  de  Berne  et  de  Fribourg 
le  30  janvier  1532  (N°  371). 

12  Lecomte  ignorait  que  Schœni  venait  d'être  envoyé  à  Lyon  (N°  465, 
note  3). 


<534  HENRI  BULLINGER  A  OSWALD  MYCOMUS,  A  BALE.  181 


henri  bullinger  à  Oswald  Myconius,  à  Bâle. 
De  Zurich,  18  mai  1534. 

Autographe.  Archives  de  Zurich.  Fueslinus,  op.  cit.  p.  141. 

Sommaire.  Bullinger  informe  Myconius  des  ouvertures  que  l'ambassadeur  de  Fran- 
çois I  a  faites  aux  théologiens  suisses  pour  rétablir  la  concorde  entre  les  églises 
chrétiennes. 

Guilielmus  de  Lange1,  orator  Régis  Gallorum,  frater  Lute- 

tiani  Episcopi,  Tigurum  venit,  in  colloquium  nos  evocavit,  atque  ibi 
multa  de  sarcienda  Ecclesiœ  concordia  commentatus  est,  orans,  ut 
si  quod  nobis  esset  consilium  indicaremus,  item  quibus  in  rébus 
aliquid  Pontifions  concedere  et  in  quibus  perstare  vellemus.  Orare 
ergo  se,  ut  Tigurini,  Bernâtes,  Basilienses,  Scaphusii  médium  ali- 
qnod  ostenderent  scriptis  per  quod  Ecclesia  coire  posset,  et  Parliy- 
sios  mitterent'.  Respondimus  nos,  nam  Pellicanus3  mihi  aderat, 

'  Guillaume  du  Bellay,  seigneur  de  Langey,  frère  de  Jean,  évêque  de 
Paris.  Négociateur  très-actif  et  très-habile,  il  avait  rempli  pendant  les  an- 
nées précédentes  les  missions  les  plus  difficiles  en  Angleterre,  à  Rome  et 
■en  Allemagne.  Bullinger  appréciait  ainsi,  dans  sa  lettre  à  Vadian  du  21  mai, 
l'ambassadeur  français  et  le  but  probable  de  ses  démarches  :  «  Vir  est  in- 
genii  amœnissimi,  eloquens,  prudens,  versutus  et  doctus,  et  de  quo  mihi 
optima  quœque  pollicerer,  si  non  suspicio  mihi  fuisset  oborta,  illum  vel 
aliud  Régis  nomine  intendere  quàm  ipsa  hominis  verba  instructissima  sanè 
prse  se  ferant...  Vereor  ego  totum  hoc  negotium  in  hoc  subornation  esse  ab 
Jiominibus  astutissimis,  ut  hac  arte  Germanorum  animas  régi  suo  adornent, 
quo  paratiores  promptioresque  invcniant,  cum  Germanorum  operâ  fuerit 
opus,  etc.  »  (Mscrit.  orig.Arch.  de  Zurich.) 

2  Guillaume  du  Bellay  avait,  dans  le  même  but,  formé  des  relations  avec 
Bucer  à  Strasbourg.  Il  écrivait,  le  20  juin  1534,  à  ce  théologien  :  «  Quod 
scire  vis  quo  in  statu  sint  res  nostrœ,  non  erit  difficile  tibi  explicare,  si  quo 
erant  dum  apud  vos  essem  meministi.  Adhuc  vehementer  laboratur.  Non  est 
tamen  res  inclinata.  Omnes  enim  bene  sperare  jubent,  etiam  Rex  ipsc,  eu- 


182  HENRI  BULL1NGER  A  OSWALD  MYCOMUS,  A  BALE.  1534 

pluribus  ad  singula,  sed  hœc  in  summa  :  Nos  nullum  aliud  habere 
concordiœ  et  pacis  médium,  quàm  quod  rex  pacificus,  Cbristus, 
Aposlolis  commisit,  verbum  Evangelii  et  pacis  ;  id  nos  prsedicare, 
juxta  hujus  regulam  omnia  inslituisse,  ab  eo  vel  latum  unguem 
discedere  non  esse  tutum  ;  amare  tamen  nos  Regem,  qui  concor- 
diam  cupiat  sarcire,  in  cujus  gratiam,  si  cœteris  quoque  videatur 
fratribus,  libenler  nos  paralos  esse  doctrinœ  nostrse  summam  ex- 
ponere,  et  quicquid  salvd  veritate  possemus  intirmis  dare 4. 

Hic  monuit  nihil  esse  nobis  scribendum  priefractius  :  «  In  hoc 
erimus  ;  in  hoc  erravit  Romana  Ecclesia  ;  non  feremus  tyrannidem 
Romani  Pontificis;  Romanus  Pontifex  Antichristus  est,  etc.»  Exqui- 
bus  intellexi  parum  esse  spei,  nisi  plus  œquo  concederemus.  Disces- 
simus  igitur  atque  polliciti  sumus,  nos  cœteris  fratribus  communi- 
caturos  quse  nobis  retulisset. 

Videbar  mihi  videre  intérim  duo  doctissimum  illum  agere  homi- 
nem  :  I.  Ut  Regem  nobis  commendaret,  quô  animos  nostros  magis 
haberet  sibi  propilios  et  devinctos,  ut,  si  quid  ordiretur,  minus  re- 
clamaremus,  sperantes  per  hune  fore  restituendum  Evangelium. 
H.  Quando  Romanus  Pontifex  videt  pêne  actum  esse  de  supersti- 
tione,  quam  nullà  potest  tueri  tyrannide,  conversus  ad  clementiam 
simulatam,  iniquum  (quod  se  attinet)  offert,  ut  sequum,  id  est  opla- 
tum,  auferat.  Gœtera  ex  lileris  Vadiani,  quas  remitlas  oro...  xvm 
Maii  1534. 

Tuus  ille  H.  B. 


jus  animus  erga  meliores  literas  in  dies  magis  ac  magis  augetur.  Una  tamen 
in  re  vehementer  à  Germants  abhorret.  Id  quid  sit,  ex  superioribus  meis 
literis  satis  iatelligîs.  »  (Mscrit.  orig.  Arcb.  du  séminaire  prot.  de  Stras- 
bourg. Copie  dans  la  Coll.  Simler.) 

3  Conrad  Pellican,  professeur  d'bébreu  à  Zuricb  (N°  G2,  n.  4,  N"  176, 
n.  17). 

4  Bullinger  resta  fidèle  à  ce  principe  en  rédigeant  le  mémoire  que  G. 
du  Bellay  lui  fit  demander  par  son  agent  Ulric  Cbelius  (Voy.  Nn  478,  n.  7). 
Ce  mémoire,  daté  du  17  janvier  1535,  renferme  les  passages  suivants: 
«  Concordiam  ego,  mi  Cheli,  nullam  constare  posse  video,  quae  non  sit  ex 
purissimis  Scripturœ  fontibus  petita,  et  ad  exemplum  Apostolicum  primi- 
tivseque  Ecclesiœ  sinceritatem  deformata  ...  Quicquid  euim  pra?ter  Scrip- 
tur?e  autoritatem  statuitur  firmum  esse  non  potest  ...  Nos,  qui  Christum  in 
Helvetiis  prœdicamus,  nihil  quàm  gloriam  Christi,  Ecclesias  salutem  et 
Reipublicre  felicitatem  queerimus.  Quicquid,  istis  salvis,  cura  veritate  in 
concordia  sancta  statui  potest,  mutuam  pollicemur  operam...  »  (Minute  au- 
togr.  Coll.  Hottinger,  t.  X,  p.  8.  Bibl.  de  la  ville  de  Zuricb.) 


1534  [OSWALD  MYCONIUS  A  JOACHIM  VADIAN,  A  ST.-GALLJ.  183 


469 

[oswald  myconius  à  Joachim  Vadian  ',  à  St.-Gall.] 
(De  Baie,  vers  la  fia  de  mai)  1534. 

Inédite.  Manuscrit  original.  Arch.  Je  Zurich. 


Sommaire.  Révélations  de  Guillaume  du  Bellay  sur  son  entretien  avec  le  pape  Clément 
VII,  à  Marseille,  et  sur  la  conférence  du  pape  avec  François  I.  Clément  VII  a  de- 
mandé au  Roi  s'il  ne  fournirait  pas  des  troupes  pour  la  destruction  des  Zwhujliens 
et  des  Luthériens;  mais  le  Roi  s'y  est  absolument  refusé,  et  il  n'a  promis  sa  co- 
opération que  pour  le  cas  où  un  Concile  aurait  déterminé  la  véritable  foi  chrétienne. 
Cette  réponse  doit  être  attribuée  à  l'alliance  de  François  I  avec  les  Protestants  d'Al- 
lemagne. 

S.  Orator  Me  Gallicus 2,  quo  de  ante  ad  te  scripsi,  homo  est  exi- 
miê  doctus,  fautor  puritatis  Christianismi,  sed  qui  tamen  modera- 
tione  aliqud  restaurari  veterem  et  dignam  apostolicd  gravitate  pro- 
fessionem  religionis  cuperet.  Nain  curari  «  morbum  tôt  seculis  in- 
vectum  orbi,  et  qui  corpus  Ecclesiae,  velut  lepra  qusedam,  ut  aiebat, 
occupavit,  »  nonnisi  lente  et  cum  moderatione,  appositis  malag- 
matis,  posse  existimabat. 

Locutum  sese  cum  ipso  Pontifice  aiebat  Massiliœ  3  (fuit  enim  con- 
tinuo  biennio  orator  et  legatus,  sui  régis  nomine,  in  Ponlificis  aula, 
ut  plané  mores  Romanenses  ad  unguem  didicerit)  ac  multa  de  Con- 
cilio,  Concordid  Ecclesiasticd,  deque  abrogandis  quibusdam  quœ  pa- 
rum  circumspectè  longus  abusas  investit.  Papam  aiebat  fateri  in 
Missd  esse  quod  displiceat;  ideô  commode  eam  haud  abrogari 
quidem,  sed  limari  et  accommodam  veteri  usui,adeôque  meliorem 

1  Les  auteurs  de  la  collection  Simler  supposent  que  la  présente  lettre  fut 
adressée  à  Bullinger.  Nous  croyons,  au  contraire,  qu'elle  était  destinée  à 
Vadian,  parce  qu'il  y  est  question  d'un  ouvrage  qu'on  ne  peut  attribuer 
qu'à  lui  (Voyez  la  note  10). 

2  Guillaume  du  Bellay  (Voyez  N°  468,  n.  1). 

3  Cet  entretien  eut  lieu  au  mois  d'octobre  ou  de  novembre  1533. 


184  [OSWALD  MYCONIUS  A  JOACH1M  VADIAN,  A  ST.-GALL].  1534 

reddi  posse,  dixisse.  Ego  quœrebam,  num  de  privatd  missd  cum 
Papd  egerit,  quam  constet  nihil  aliud  esse  quàm  fœdum  et  ad  lu- 
crum  institutum  abusum  Dominiez  Cœnœ  ?  —  Aiebat,  in  génère 
de  Missa  disputatum  esse,  neque  hoc  animo  Pontificem  videri  qui 
sit  abrogationem  admissurus,  sed  ut.  alio  ritu  peragatur  permis- 
surus.  Miser  enim  videt  quantum  huic  debeat,  cui  et  opus  et.  reg- 
num  acceptum  refert  ;  sed  quia  non  habet  quo  defendat  confessuin 
errorem,  fuco  intérim  pergit  vulpinari,  ut.  dalurus  quaedam  videa- 
tur,  quaedam  non  permissurus,  quasi  verô  ex  ejus  nutu,  ac  non 
potiùs  Scripturarum  et  fîdei  praescripto,  de  illa  abominatione  cen- 
sendum  sit.  De  Concilio  adeô  se  difficilem  prœbuit,  ut,  nisi  in  Italid 
suisque  aut  Cœsaris  urbium  aliquâ  celebrandum  recipiatur,  nullo 
pacto  consensurus  sit.  Qua  re  nimirum,  quid  de  se  suisque  parti- 
bus  sibi  pollicealur,  si  ad  lucem  illam  doctrinae  apostolicae  sit  pro- 
deundum,  et  eà  arbitrante  definiendum,  palam  indicavil.  Lucifuga 
enim  est,  pessimè  conscius  sibi. 

Sed  audi  mirum.  Regem*  primo  statim  congressu  adortus.  delibe- 
randum  proposuit:  num  paratis  viribus,  conscribendo  milite,  pa- 
randa  expeditione,  Cœsare  et  selectis  piisque  Germnniœ  principibus 
adjuvantibus,  Zuingliani  Luther anique  opprimendi  reniant,  quô, 
exempli  atrocitate  territi,  reliqui  ad  obedientiam  Romance  Ecclesiœ 
f estaient,  et  rétine rireligio  vera  vetusque  possit?  Nec  obscure  signi- 
ficavit,  ad  hoc  se  mullorum  auxiliis  accinclum,  modo  Gallus  suam 
operam  non  detrectarit. 

Ibi  à  Gallo  responsum  est  :  «  Non  videri  sibi  è  re  pietatis  aut  con- 
«  cordiœ  religionis  futurum  ut,  —  quoniam  è  nata  nuper  dissen- 
«  sione  articulorum  aliquot,  locorumque  Scripturee,  et  Zuingliani 
«  et  Lutherani  Scripturam  appellent,  et  clamilent  nihil  se  magis 
«  cupere  quàm  ut  Scripturà  judice  summa  lilis  decidatur,  —  ab  hoc 
«  medio  (sic  aiebat  ille)  ad  arma,  aut  vim  ullam  capessendam,  de- 
«  clinare[tuf\.  Hac  enim  re  suspecta,  dixit  Rex,  eorum  Religio  fieret 
«  qui  non  Scripturis,  sed  armis,  suam  fidem  tueri  pergerent.  Ea  de 
«  re  optimum  factum  sibi  videri  ut.  Papa,  libero  neque  ulla  suspi- 
«  cione  odibili  Concilio,  primùm  quod  nostrœ  fidei  et  catholicae 
«  Ecclesia3  consonum  sit,  optimorum  et  doctissimorum  consensu 
«  excutiat  et  décernât.  Ubi  id  factum  sit  et  plané  jam  constet  quid 
«  ceu  pium  et  consonum  Ecclesiœ,  in  tantis  dissensionum  jurgiis, 
o  Synodus  légitimé  congregata  receperit,  tum  demùm  paratum  se 

4  C'est-à-dire  François  I. 


1534  [OSWALD  MYCONIUS  A  JOACHIM  VADIAN,  A  ST.-GALL].  185 

«  fore  ad  tuendum  quod  hoc  modo  receptum  decretumque  exti- 
«  terit,  sed  et  ad  coëreendum  rebelles  pari  studio  sese  nullis  sump- 
«  tibus  parsurum.  » 

Id  Papa  responsum  haud  lubens  accepit,  et  aliquorum  sugges- 
tione  ita  actum  negotium  est,  ut  de  Rege  persuadendo  irritandoque 
mullùm  ille  spei,  quanquam  frustra,  conceperit.  Sed  immobilis  Me 
perstitit  :  quod  que  causa  et  quorum  adhibitis  consiliis  factum  sit, 
jam  primùm  liquet,  quum  Gûllum  videmus  Hesso  5  et  Saxoni B  tan- 
topere  fœderatum' ,  pneterea,  sic  attemperatum  negotium,  ut  con- 
scias  etiam  Urbes 8  [illorum]  qui  sunt  à  Christo  rerum  omnium  esse, 
nec  abhorrere  à  Galli  conatibus,  verisimile  pulem.  Tantum  abest, 
ut  quisquam  admodùm  timeatin  nos  conspiratum,  aut  contra  reli- 
gionem  nostram  illos  banc  telam  esse  orsos.  Quanquam  nemo,  in 
re  tantà,  quid  liquide»  animis  Principum  insideat  potest  deprehen- 
dere,  certum  tamen  nibil  Papœ  molestius  esse  quàm  quod  timet  : 

« 

de  gradu  sese  repente  iri  prœcipitatum,  si  ulli  Synodo  libertas  fiât 
ex  vero  decernendi.  Novit  enim  quibus  artibus  res  suce  creverint, 
nec  habet  pauper  quo  sese  defendat,  si  armis  et  factionibus  caupo- 
nari  infelix  aliquod  bellum  non  liceat. 

Hœc  habui  quœ  ex  maximi  illius  viri  propemodum  ove  concepta 
ad  le  scriberem.  Quibus  Massiliensem  illum  triumphum  9  conjunxi, 
quo  te  vel  occupatissimum  oblectarem  etiam  spectro  cathedra  Pé- 
tri digno.  0  tempora,  ô  mores  î  Sed  habe  persuasion  tibi,  Papœ 
apud  Massiliam  egreyia  data  verba  esse,  neque  ulli  seni  magis  ullà 


5  Philippe,  landgrave  de  Hesse. 

6  L'électeur  de  Saxe,  Jean-Frédéric. 

7  C'est  sans  doute  une  allusion  aux  événements  qui  venaient  de  se  passer 
dans  le  midi  de  l'Allemagne.  En  vertu  du  traité  conclu  le  27  janvier  1534 
entre  PhiUppe,  4andgrave  de  Hesse,  et  François  I  (N°  451,  n.  G),  celui-ci 
avait  acheté  d'Ulric  de  Wurtemberg  (N°  109,  n.  6)  le  comté  de  Moutbé- 
liard  ;  puis,  avec  l'argent  de  cette  vente,  le  landgrave  avait  levé  des  troupes, 
battu  (13  mai)  à  Laufen,  près  du  Neckar,  l'armée  du  roi  Ferdinand,  frère 
de  l'Empereur,  et  reconquis  le  duché  de  Wurtemberg,  que  la  Ligue  de 
Souabe  avait  enlevé  à  Ulric  (1519)  et  cédé  à  Ferdinand.  (Voyez  lettre  de 
Myconius  à  Bullinger  du  20  avril  1534.  Fueslinus,  op.  cit.  p.  134 — 136. 
—  Sleidan,  livre  IX.  —Gaillard,  op.  cit.  1819,  II,  422— 429.  —  L.  Ranke, 
op.  cit.  111,463—481.) 

8  Les  villes  impériales  de  l'Allemagne,  dont  la  plupart  avaient  déjà  em- 
brassé la  Réforme. 

9  C'était  sans  doute  un  opuscule  qui  racontait  les  magnificences  de  l'entre- 
vue de  Clément  Vil  et  de  François  I  à  Marseille. 


186  BERTHOLD  HALLER  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  1534 

in  fabula  illusura.  Vale,  et,  si  lubet,  amicis  istheec  concredito,  sed 
fidis  ;  omnia  enim  coricaeis  plena. 

Epitomen  perducam  ad  finem  brevi,  favente  Domino  I0.  Anno 
1534. 


470 

berthold  haller  à  Henri  Bullinger,  à  Zurich. 
(De  Berne)  G  juin  (1534). 

Autographe.  Arch.  de  Zurich.  Copie  dans  la  Coll.  Simler. 

Sommaire.  Un  prêtre  de  Genève  [Louis  Bernard]  vient  d'embrasser  la  Réforme. 

Gebennis,  hac  penlecoste  [24  Maii],  cum  innumeri  ccenam 

peragerent  Dominicam,  accessit  palam  sacrificulus  quidam,  et  ha- 
bitu  chorali  et  almutio  indutus,  qui  quàm  primùm  ad  mensam  per- 
venil,  omnia  in  terram  projecit,  veterem  hominem  exuens  coram 
ecclesiâ,  et  se  in  Evangelio  Domini  captivum  exhibens,  ut  in  mira- 
culum  cunctis  cessent.  Nulla  alioqui  apud  nos  sunt  nova....  (Bernœ) 
VI  Junii,  hora  ix  pomeridiana  (1534). 

Tuum  minimum  numisma 
B.  H. 

10  Cet'e  dernière  phrase,  écrite  de  la  main  de  Myconius,  révèle  l'auteur 
de  la  lettre.  V  «Epitome»  dont  il  parle  ne  peut  se  rapporter  qu'à  l'ouvrage 
suivant  de  Vadian  :  «  Epitome  triura  terrae  partium,  Asiœ,  Africœ  et  Eu- 
ropae,  corapendiariam  locorura  descriptionem  continens,  prœcipue  quidem 
quorum  in  Actis  Lucas,  passim  autem  Evangelistœ  et  apostoli  meminere. 
A'Ijectus  est  in  fronte  libri  Elenchus  regionum,  urbium,  anmium,  insularum, 
quorum  in  Novo  Testamento  fit  mentio.  Tiguri,  1534,  »  in-folio.  (Bibliotheca 
Universalis,  authore  Conrado  Gesnero,  1545,  f.  378  b.)  BulliDger  terminait 
ainsi  la  lettre  qu'il  écrivait  le  24  avril  1534  à  son  ami  Vadian  :  «  Vale  et  in 
Epitome  perge.  »  (Mscrit.  orig.  Arch.  de  Zurich.)  L'impression  de  cet  ou- 
vi  âge  n'avait  pu  être  terminée  pour  la  foire  de  septembre  1533.  (Voy.  la  dé- 
dicace du  Commentaire  de  Bullinger  sur  les  Actes  des  Apôtres,  publié  en 
août  1533.) 


1534  LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  FAREL.  187 


471 

le  conseil  de  berne  à  Farel  et  aux  ministres  de 

Grandson'. 
De  Berne,  13  juin  1534. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  Nous  avons  été  informés  que,  dans  une  récente  congrégation  à  Neuchâtel, 
les  frères  ont  élu  Jean  Martel  comme  pasteur  de  quelques  églises  du  bailliage  de 
Grandson.  Jean  Lecomte  nous  a,  de  son  côté,  proposé  pour  cet  office  Jacques  Leroy; 
mais  nous  estimons  que  les  quatre  pasteurs  actuels  suffisent.  Ne  vous  permettez  pas 
d'en  élire  davantage,  car  c'est  à  nous  que  ce  droit  appartient.  Si  quelques  églises  de 
ce  pays-là  renoncent  à  la  messe,  nous  ne  refuserons  pas  cependant  de  leur  donner 
des  ministres. 

Consul  Senatusque  Bernensis  Guilelmo  Farello  salutem  !  Ex  li- 
teris  Johannis  Comitis,  Christum  Grand iso?ii  yvoixteniis,  etillisquas 
Secretario  nostro 2  missiculasti,  intelleximus,  fralres  qui  nuper  Neo- 
comi  fuerunt 3  Johannem  Martellum  in  ministerium  aliquot  eccle- 
siarum  Grandisonen[sium]  ordinasse;  praeterea,  à  ministro  eccle- 
sia3  Grandisonensis,  Johanne  Comité  prsefato,  Jacobum  Regitim, 
praesentium  latorem,  ad  id  muneris  designatum  iri  desideratum 4, 

1  Le  vendredi  29  mai  1534  Farel  assistait,  avec  Jean  Lecomte,  à  une 
«  générale  congrégation  »  qui  se  tint  à  Neuchâtel  (Journal  de  Lecomte.  — 
Ruchat,  III,  298).  Farel  faisait  sans  cloute  allusion  à  cette  assemblée,  quand 
il  disait:  «  In  primo  cœtu  qui  hîc  habitas  fuit  omnium  fratrum  Linguœ 
Gallicœ,  ubi  aderat  Caspar  Megander,  tune  pastor  Bernensis,  et  Consul 
Muratensis  Johannes  Rudolphus  Erlacensis  (non  euim  datum  erat  tune 
Prœfecto  [scil.  Ncocomensi]  j)rofiteri  Evangelium,  ut  nunc  testatur),  . . .  ab 
omnibus  conclusum  fuit  tam  de  admittendis  in  ministerium,  quàm  de  mu- 
tandis  ...»  (Lettre  datée  de  Neuchâtel  le  25  février  1546.) 

3  Pierre  Giron,  ancien  élève  de  Farel  (N°  192,  n.  1). 

3  Le  29  mai  (Voyez  la  note  1). 

4  Nous  ignorons  quelle  était  la  pa'rie  de  Jacques  Begis  ou  Leroy.  Jean 
Martel  était  natif  d'Orléans  (Voyez  la  note  6). 


188  LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  FAREL.  1K34 

illique  proventus  monachis  Franciscanis  elargitos  adtribuendos 5  : 
quod  nobis  nec  conveniens  nec  necessarium  esse  videtur.  Ob  id, 
nec  prœdictum  Johannem  Martellum,  nec  Jacobum  Regium,  nostris 
sumptibus  nec  Franciscanorum  proventibus  sustentare  delibera- 
vimus  ;  sed  quattuor  illos  désignâtes  divini  Verbi  ministros  Grandi- 
soni  sat  esse,  hac  tempestate,  arbitraimir 6. 

Quocirca,  vos  alios  ultra  numerum  prœdictum  ordinare  ne  prœ- 
sumatis,  nam  id  nostrœ  estautoritalis,  —  id  tamen  non  deneganles, 
si  aliquot  parrocbice  in  jurisdictione  Grandisonensi  missam,  etc., 
amandent,  ministros  illis  ordinaturos 7.  Yalete.  Datum  xra  Junii 

M.  D.  XXXIIII. 

(Inscriptio  :)  Guilelmo  Farello  ciEterisque  fratiïbus  Christum 
Grandisoni  profitentibus 8. 

5  MM.  de  Berne  avaient  décidé  que  l'an  des  quatre  pasteurs  élus  en 
juillet  1532  (N°  385)  recevrait  son  traitement  des  Bénédictins  de  Grandson. 
(Lettre  de  Berne  du  2  décembre  1532  au  bailli  de  Grandson.  Arcb.  de  Fri- 
bourg.  —  Manuel  de  Berne  du  19  février  1533.)  C'est  sans  doute  pour  cela 
que  Jean  Lecomte  demandait  que  la  pension  du  cinquième  pasteur  à  établir 
fût  prise  sur  les  revenus  de  l'autre  couvent  de  Grandson,  celui  des  Fran- 
ciscains. 

6  Jean  Martel  se  retira  à  Génère,  où  il  fut  élu  recteur  des  écoles.  On  lit, 
en  effet,  dans  le  Reg.  du  Conseil  de  Genève  :  «  Décima  Jullii  1534.  Quidam 
magister  scolarum  se  presentavit  in  rectorem  scolarum  hujus  civitatis.  Eo 
audito,  fuit  resolutum  quod  egregius  Porralis  illum  examinet,  de  eo  se  iu- 
formet  et  refferat.  »  —  «  14  Jullii...  Dictus  magister  scholarum,  nomine 
Johannes  Martellus,  Aurelianus,  fuit  in  rectorem  scholarum  . . .  admissus.. . 
cum  pacto  quod  nullibi  extra  magnam  scholam  . .  ..in  qua  sibi  locus  dabitur, 
habebitur  schola  neque  pedagogus  ;  immô  omnes  pedagogi  civitatis  scholares 
suos  ad  dictum  magnum  ginnasium  [1.  gymnasium]  conducent.  »  La  pro- 
fession de  maître  d'école  qu'exerçait  Jean  Martel  et  la  facilité  avec  laquelle 
il  fut  admis  à  Genève  ne  permettent-elles  pas  de  reconnaître  en  lui  le  per- 
sonnage dont  Le  Coq  disait,  le  9  décembre  1532  :  «  Joannem  optarim  diu- 
tius  apud  me  perstare  . . .  nara  admodum  diligens  est  in  instituendis  parvit- 
lis  ...»  (N"  399)  ? 

7  De  nouvelles  nominations  furent  bientôt  nécessaires,  la  plupart  des 
quatre  anciens  pasteurs  ayant  trois  paroisses  à  desservir  (N°  385).  Le  5  sep- 
tembre 1534,  Lecomte  obtint  de  MM.  de  Berne  un  ministre  pour  St.-Mau- 
rice  et  Champagne,  et,  le  29  novembre  1535,  il  en  demanda  un  pour  la  pa- 
roisse de  Gies  (Journal  de  Lecomte). 

s  Les  pasteurs  du  bailliage  de  Grandson  étaient  alors  :  J.  Lecomte,  Jean 
Columbier  (Voyez  le  Manuel  de  Berne  du  7  mai  1533),  Melchior  Laurent, 
et  Pierre  Masuyer,  qui  exerçait  encore  le  saint  ministère  à  Concise  le  23 
août  1534. 


1534  PHILIPPE  MÉLANCHTHON  A  MARGUERITE  DE  NAVARRE.  189 


472 

Philippe  mélanchthon  à  Marguerite  de  Navarre. 
(De  Wittemberg)  13  juin  1534. 

Melanthonis  Opéra.  Édition  Bretschneider,  t.  II,  col.  732. 

Sommaire.  Mélanchthon  recommande  à  la  Reine  Claude  Baduel  de  Nîmes,  qui  étudie 
à  Wittemberg.  Ce  jeune  homme  est  très-bien  doué  et  il  a  déjà  fait  des  progrès  re- 
marquables ;  mais  il  se  plaint  de  ce  que  la  pauvreté  va  prochainement  le  contrain- 
dre à  certains  travaux  qu'il  a  en  horreur.  Aussi  a-t-il  placé  son  espoir  dans  la  libé- 
ralité d'une  reine  que  tous  les  étudiants  français  vénèrent  comme  leur  protectrice. 

Regïnae  Navarrae. 

S.  D.  Elsi  videor  impudenter  facere  quôd,  homo  infimae  sortis 
et  ignoîus,  Celsitudini  Tuœ  quendam  ausim  commendare,  tamen 
fama  tuse  eximite  pietatis,  quas  totum  terrarum  orbem  pervagata 
est,  facit,  ut  hoc  officium  homini  bono  ac  docto  petenli  duxerim 
non  esse  denegandimi.  Non  enim.dubitabam  quin  Celsiludo  Tua, 
tanta  pradita  pietate,  meum  hoc  officium  boni  consultura  esset, 
cum  Christian»  cbarilati,  preesertim  in  isto  summo  loco,  nibil  ma- 
gis  conveniat  quàm  adfici  studiosorum  miseriis,  eosque  respicere 
ac  sublevare,  praeserlim  cum  recta  studia  non  possint  sine  sum- 
moruin  ordinum  ope  ac  liberalitate  conservari. 

Exposuit  autem  mihi  hic  juvenis  Claudius  Baduellus,  Narbonen- 
sis,  e  Nemmtso,  cum  universum  cursum  suorum  studiorum,  tum 
iniquilatem  fortunaî,  qua,  nisi  Celsitudo  Tua  opem  ei  tulerit,  ab 
optimis  artibus  ad  alias  quasdam  opéras,  à  quibus  et  naturâ  et  vo- 
luntale  abborret,  abstralii  se  queritur '.  Etenim  cuinunice  cupiat 
eloquenliae  et  sacraram  lilerarum  studia,  in  qua3  quadam  cum  spe 

1  Claude  Baduel,  né  à  Nîmes  vers  l'an  1505,  étudiait  à  l'université  de 
Louvain  en  1524  (C.  Schmidt.  Vie  de  J.  Sturm,  page  G).  L'histoire  de  sa 
jeunesse  est  très-peu  connue. 


190  PHILIPPE  MÉLANCHTHON  A  MARGUERITE  DE  NAVARRE.  1534 

ingressus  est,  absolvere,  pauperlas  ei  quasi  manus  injicit,  eumque 
a  pulcberrimo  inslituto  avocat.  Sed  priùs  experiri  omnia  decrevit 
quàm  hœc  studia  abjiciat.  Existimat  autem  studiosis  universis  Gal- 
lici  nominis  in  Tua  Celsitudine,  velut  in  quodam  numme.plurimum 
esse  spei  repositum.  Ideo  ad  Tuam  Celsitudinem  confugere  decre- 
vit, et  orat  ut  sua  studia  liberalitate  tua  juventur 2.  Habet  Tua  Gel- 
situdo  quid  petat.  Nec  verô  existimo  pluribus  verbis  in  hac  tanta 
tua  pietate  opus  esse,  nec  me  decet  garrulitas.  Hoc  tantùm  adscri- 
bendum  duxi,  boc  ingenium  videri  mihi  inprimis  dignum  quod 
foveatur,  non  solùm  quia  virtulis  studia  tam  veberaenter  amat,  sed 
etiam  quia  jam  tantos  fecit  progressus,  ut  sit  indignum  eum  quasi 
novi  operis  nunciatione  ab  hoc  instituto  abduci.  In  oratione  ejus 
Latina  non  solùm  mundities  est,  et  elegantia  singularis,  sed  etiam 
quaedam  non  insuavis  copia  3.  Et  mores  sunt  modestissimi. 

Haec  autem  fuerit  eleemosvna  verè  regia  ad  Christianai  Ecclesiœ 
utilitatem  talia  ingénia  fovere  atque  alere.  Sanctissimus  propheta 
Esaias,  laudans  boc  genus  eleemosynarum,  inquil  reginas  futuras. 
nutrices  studiosorum  Evangelii  *.  In  quo  numéro  te  jamdudum  per 
totum  orbem  terrarum  Ecclesia  collocat,  et  recensebit  adposteros 
universa  Ecclesia.  Etenim  cum  caeteras  virlutes  vera  ecclesia  summo 
semper  studio  colit,  tum  prœcipuè  gratitudinem. 

Postremo  peto  ut  has  meas  literas  boni  consulat  Celsiludo  Tua, 
ac  me  quoque  inter  studiosos  bonarum  artium  commendatum  ha- 
beat.  Bene  ac  fœliciter  valeat  Celsitudo  Tua.  Anno  Christi  1534. 
Idibus  Junii. 

-  La  reine  de  Navarre  fournit  àl'étudiant  de  Nîmes  les  secours  qu'il  solli- 
citait de  sa  bonté.  Elle  écrivait  de  Compiègne  aux  consuls  de  Nîmes,  le  S 
octobre  (1539):  «  Messieurs,  j'ay  entendu  par  maistre  Claude  Baduel 
comme  vous  luy  avez  escript  et  prié  qu'il  allast  par  de  là,  pour  vous  aider 
à  faire  l'institucion  d'un  colége  en  vostre  ville ...  Il  s'en  va  maintenant 
devers  vous  pour  cest  effect.  Et,  pour  ce  que  je  Vay  entretenu  aux  estudes, 
je  vous  prie  de  l'avoir  pour  recommandé  ...»  (  Mscrit.  orig.  Arch.  de 
la  mairie  de  Nîmes.  ) 

Marguerite  fit  plus.  Elle  attacha  Baduel  à  sa  maison  dès  le  mois  d'août 
1534.  C'est  ce  que  nous  apprend  la  note  suivante  écrite  par  Guillaume  Budé 
en  tête  d'un  volume  de  notes  philologiques  :  «  Claudius  Baduellus,  Nemau- 
sensis,  invisit  me  die  22°  Augusti  153 1,  veniens  Vitembergâ  et  à  [Ludwico] 
Vice:  domesticus  futurus  reyince  Navarrœ.  »  (Communication  de  M.  Eugène 
de  Budé.) 

"  Il  suffit  de  lire  quelques  pages  au  hasard  dans  les  ouvrages  de  Baduel, 
pour  s'assurer  qu'il  méritait  entièrement  cet  éloge. 

4  Ésaïe,  chap.  XLIX,  v.  23. 


1534  l'ÉVEQUE  DE  GENÈVE  AUX  OFFICIAUX  DE  LYON.  191 


473 

l'éyêque  de  gexëye  aux  Officiaux  de  Lyon. 
De  Chambéry,  13  juillet  1534. 

Copie  contempor.  Procès  de  Baudichon.  Arch.  de  Berne.  J.  Gabe- 
rel.  Hist.  de  l'Église  de  Genève,  1838, 1. 1,  pièces  justif.  p.  57. 

SOMMAIRE.  L'évoque  de  Genève  fournit  aux  Ofliciaux  de  Lyon  des  renseignements  sur 
Baudichon,  et  il  les  prie  de  punir  «  tels  méchants  hérétiques,  »  suivant  le  bon  plai- 
sir du  Roi. 

Messieurs,  je  suis  informé  qu'avez  en  voz  prisons  ung  mien 
subgect  nommé  Baudichon  de  la  maison  neufve,  détenu  pour  la 
secte  et  hérésie  luthérienne  l,  de  laquelle  desjà  aultresfois  se  sen- 
tant entaché  m'en  demanda  marcis  et  pardon,  promectant  jamais 
n'y  retourner,  ains  en  faire  pénitence;  sur  quoy,  cum  nemini gre- 
mium  Ecclesia  claudat.  je  fus  content  luy  pardonner,  en  le  com- 
minant  [c-à-d.  menaçant],  in  casum  resummationis,  d'estre  bruslé 2. 

1  Depuis  la  démarche  qu'ils  avaient  faite  auprès  du  Roi,  le  6  juin  (X°465, 
n.  6),  MM.  de  Berne  lui  avaient  envoyé,  le  26  du  même  mois,  une  nouvelle 
ambassade,  qui  était  munie  de  lettres  de  recommandation  pour  le  grand- 
maitre  de  France,  l'Amiral  et  la  reine  de  Navarre.  De  son  côté,  Baudichon 
avait  remis,  le  1er  juillet,  à  ses  juges  une  déclaration  dans  laquelle  il  se 
plaignait  de  ce  que,  malgré  les  ordres  du  Roi,  il  était  détenu,  «à  la  requête 
de  certains  ses  envyeux  et  malveillans,  »  et  recherché  pour  des  actes  com- 
mis hors  du  Royaume.  R  terminait  en  demandant  «briefve  et  prompte  jus- 
tice, »  suivie  de  libération  ;  faute  de  quoi,  il  en  appellerait  au  Roi  et  inten- 
terait à  ses  juges  un  procès  en  dommages  et  intérêts.  (Weltsche  Missiven- 
Buch,  et  Procès  de  Baudichon.  Arch.  de  Berne.)  On  trouve  de  plus  amples 
détails  dans  l'Hist.  de  la  Réf.  au  temps  de  Calvin  par  M.  Merle  d'Aubigné, 
t.  IV,  p.  381-391,  405-424. 

";  Depuis  dix  ans,  et  peut-être  davantage,  il  n'y  avait  eu  à  Genève  aucune 
condamnation  à  mort  pour  cause  de  religion.  Nous  sommes  du  moins  au- 
torisé à  croire  que  les  trois  femmes  «  hérétiques  »  qui  y  furent  décapitées, 


1 92  l'ÉVÈQUE  DE  GENÈVE  AUX  OFFICIAUX  DE  LYON.  1  534 

Si  d'aventure  n'avez  deslibéré  en  faire  justice,  par  la  présente 
vous  prieray  le  me  vouloir  remectre  comme  à  son  supérieur  et 
juge  ordinaire,  pour  en  faire  justice  selon  le  debvoir,  au  conten- 
tement de  Dieu  et  du  monde  et  entretènement  de  nostre  saincte 
foy.  Et,  à  celle  fin  qu'aiez  meilleur  matière  de  procéder  contre 
luy,  [je]  vous  envoyé  le  beau  père  gardien  du  couvent  de  Sainct- 
François  de  ceste  ville3,  avec  ung  des  religieulx  du  couvent  de 
Genesve,  informez  de  sa  vie,  pour  les  luy  confronter,  ensemble 
aultres  dépositions  faisans  à  la  matière  4.  Et,  de  mon  costé,  je 
vous  advise,  en  foy  de  prélat,  que  c'est  celluy  qui  est  promoteur  de 
la  dicte  secte  dedans  la  ville  du  dict  Genesve,  et  le  premier  qui  y  a 
amené  les  prescheurs  luthériens  et  logez  en  sa  maison  5. 

Par  quoy,  je  vous  prie  avoir  nostre  foy  pour  recommandée  en 
punissant  telz  meschantz  hérétiques  e,  ensuivant  le  bon  plaisir  du 
Roy,  qui  s'est  monstre  à  ce  bien  fort  affectionné  par  les  lectres 
royaulx  qui  en  ont  esté  octroyées  et  publiées 7,  avec  ce  que  ferez 

Fane  en  1527,  les  deux  autres  en  1533,  étaient  accusées  de  sorcellerie 
(Voyez  le  Registre  du  Conseil  de  Genève,  13  mai  1527  et  6  septembre  1533). 
Telle  fut  la  cause  unique  du  supplice  de  plusieurs  malheureux,  que  l'on  con- 
damna vers  la  même  époque,  dans  le  Pays  de  Vaud,  à  être  brûlés  vifs  comme 
«  hérétiques.  »  L'exemple  le  plus  frappant  à  citer  est  celui  d'un  paysan  de 
Démoret,  près  de  Moudon,  qui  fut  saisi  à  Yverdon  le  28  mai  1534  et  em- 
prisonné «  pour  crime  d'hérésie.  »  Ayant  confessé  qu'il  s'était  laissé  con- 
duire «  à  la  secte,  »  et  qu'il  avait  jeté  des  sorts,  il  fut  jugé  à  Grandson,  le 
10  juin  suivant,  «  condamné  au  feu,  selon  le  droit  impérial  et  coutume  du 
pays,  et  adjugé  corps  et  biens  à  MM.  de  Berne.  »  (Sentence  du  tribunal  de 
Grandson.  Arch.  de  Berne.  Voyez  aussi  Pierrefleur,  op.  cit.  p.  123.  —  Do- 
cumens  relatifs  à  l'hist.  du  Pays  de  Vaud.  Genève,  1817,  p.  184-188.) 

3  C'était  le  Père  François  Coutelier,  qui  avait  prêché  à  Genève  pendant 
le  dernier  carême.  Il  fit  sa  déposition  devant  les  officiaux  de  Lyon  le 
17  juillet. 

4  Comparez  ce  passage  avec  la  note  4  du  N°  466. 

5  II  nous  semble  que  P.  de  la  Baume  fait  allusion  à  l'arrivée  de  Farel, 
Froment  et  Viret  à  Genève,  vers  la  fin  de  l'année  1533  (N°  442,  n.  1-2), 
plutôt  qu'à  la  première  venue  de  Farel  et  de  Saunier  en  1532  (Voyez  Fro- 
ment, op.  cit.  p.  3). 

6  La  présente  lettre  parvint  à  sa  destination  le  17  juillet.  Le  lendemain 
le  procureur  fiscal  prononça  son  réquisitoire  contre  Baudiclion,  qui  fut  par 
sentence  du  28  juillet,  «  déclaré  hérétique  et  remis  au  bras  séculier  »  (Pro- 
cès de  Baudichon,  p.  345,  350,  429). 

7  Est-il  question  d'une  lettre  de  François  I  qui  aurait  été  adressée  au 
parlement  de  Grenoble  en  décembre  1533,  c'est-à-dire,  à  la  même  époque 
où  le  Roi  signalait  au  parlement  de  Paris  les  progrès  de  l'hérésie  luthé- 
rienne (N°  440)  ? 


1534  BERTHOLD  HALLER  A  JOACHIM  VADIAN,  A  ST.-GALL.  193 

œuvre  de  grant  mérite  envers  Dieu.  Auquel,  après  me  estre  re- 
commandé à  vous  de  très-bon  cueur,  je  prie  vous  donner,  Mes- 
sieurs, ce  que  desirez.  De  Chambéry  8,  le  tréziesme  de  juillet  xv° 

XXXI1II. 

Le  tout  vostre  frère  et  amys 

L'Évesque  et  Prince  de  Genesve. 

(Siiscription  :)  A  Messieurs  les  officiaulx  de  la  primace  et  ordi- 
naire de  l'Arcevesché  de  Lyon,  mes  bons  frères  et  amys. 


474 

berthold  haller  à  Joachim  Vadian,  à  St.-Gall. 
(De  Berne)  9  août  1534. 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  de  la  ville  de  St.-Gall. 

Sommaire.  Grâce  à  la  ferme  attitude  des  catholiques  et  des  réformés  genevois,  les 
troupes  de  l'évêque  Pierre  de  la  Baume  n'ont  pas  réussi  à  s'emparer  de  Genève;  mais 
nous  devons  nous  attendre  à  voir  bientôt  Berne  entraînée  dans  cette  guerre. 

....  Episcopus  Gebennensis,  cum  suis  (ut  fertur)  cognatis,  aut 
potius  stipendariis,  urbem  Gebennensem,  per  contionem  Evangelii, 
cum  occupare  et  in  templo  forte  (?)  trucidare  pios  tentasset  \  pro- 
didit  Deus  hanc  suam  proditionem,  ut  uno  concursu  omnes  in  urbe, 

s  Le  23  juin ,  le  Conseil  de  Genève  avait  appris  que  Pierre  de  la 
Baume  venait  d'arriver  à  Chambéry,  où  se  trouvait  le  duc  de  Savoie.  Les 
résultats  de  cette  entrevue  ne  tardèrent  pas  à  se  manifester.  Le  24  juillet, 
le  Conseil  de  Genève  était  déjà  informé  des  menaces  qu'on  entendait  de 
toutes  parts  contre  la  ville.  Le  27,  deux  partisans  du  Duc,  abordant  un 
évangélique  nommé  Antoine  Barbey,  lui  disaient  «  qu'il  soy  dépêtrasse  de 
plus  suyvre  ceulx  que  l'on  appelle  Luthériens  ;  car  dedans  peu  de  temps, 
il[s]  hariont  bien  de  l'affaire,  et  que  l'on  verroit  bientost  de  grosses 
choses.  »  (Déposition  de  Darbey,  du  27  août  1534.  Arch.  de  Genève.)  Voyez 
le  N°  474,  n.  1-2. 

1  D'après  la  lettre  de  Haller  à,  Bullinger  du  21  août  suivant,  PÉvêque 
aurait  eu  le  dessein  de  surprendre  la  ville  de  Genève  pendant  une  prédi- 
cation de  Farci. 

t.  m.  13 


194  MORELET  DU  MUSEAU  A  NICOLAS  BÉRAULD.  1534 

eujuscunque  religionis,  portas  occluderent,  et  quod  Episcopus  cœ- 
perat  anteverlerent 2.  Ferunt  hune  multis  copiis.  integroque  exer- 
citu  paralo,  hoc  attentasse;  sed  Dominus  custodiendo  custodivit 
civitalem.  Hic  nobis  hélium  parari  augurantur  omnes.  Cnpil  Dux, 
juxta  sentenliam  Patemiaci  latara,  widunatum  suum  possidere3, 
sic  et  Episcopus  suo  jure  nititur  gaudere,  cui.  ut  audio,  cum  non 
niliii  negalum  sit  quôd  et  antea  prodere  et  trucidare  conatus  sit 
pios 4,  vi  invadere  conatur  quod  jure  prsetenso  non  potest.  Sic 

sumus  undique  tentationibus  circumdati Vale,  9.  Augusti, 

Anno  34. 

Tuus  Bercht.  Hallerus. 


475 

morelet  du  museau  '  à  Nicolas  Bérauld  3. 
DeBâle,  9  août  (1534). 

Inédite.  Autographe.  Bibl.  de  Berne.  Vol.  E.  141.  epa  121*. 

Sommaire.  Un  jour  que  Simon  Grynœus  dînait  chez  moi,  et  qu'il  témoignait  autant  de 
sympathie  pour  votre  personne  que  d'admiration  pour  vos  écrits,  il  m'a  demandé 
quels  sont  vos  sentiments  à  l'égard  de  la  religion  et  des  Suintes  Lettres?  Sur  ma 

2  Le  jeudi  soir  30  juillet,  les  troupes  du  duc  de  Savoie  et  de  Pierre  de  la 
Baume  s'étaient  avancées  jusqu'à  une  lieue  de  Génère.  Les  chefs  de  cette 
petite  armée  comptaient  sur  la  trahison  de  quelques  Genevois,  pour  se  faire 
ouvrir,  pendant  la  nuit  même,  les  portes  de  la  ville  ;  mais  ce  complot  échoua. 
Ils  durent  se  contenter  d'occuper  les  environs  et  de  piller  les  maisons 
foraines.  (Voyez  le  Reg.  du  Conseil  au  24,  28,  31  juillet.  —  Jeanne  de 
Jussie,  p.  97,  253.  —  Froment,  op.  cit.  p.  123-125,  xcvi-xcix,  ccv.  — 
Rachat,  III,  324-32S.  —  Spon.  Hist.  de  Genève,  1730,  t.  I,  p.  24G.  - 
Gaberel,  op.  cit.  I,  pièces  justif.  p.  62-05.) 

5  Les  arbitres  réunis  à  Payer  ne  en  décembre  1530  avaient  décidé,  que 
le  duc  de  Savoie  pourrait  installer  de  nouveau  son  vidomne  à  Genève,  s'il 
s'engageait  d'abord  par  écrit  à  respecter  les  franchises  de  cette  ville.  Le 
duc  s'y  refusa. 

4  Voyez  le  N°  453,  renvoi  de  note  3. 

1  Morelet  du  Museau,  seigneur  de  Marcheferrière  et  ancien  gentilhomme 


1534  MORELET  DU  MUSEAU  A  NICOLAS  BKRAULD.  19o 

réponse,  il  a  exprimé  le  vif  désir  de  vous  écrire  et  de  réclamer  voire  amitié.  J'es- 
père que  vous  ne  repousserez  pas  la  demande  d'un  homme  si  éminent  et  qui  m'est 
si  cher.  J'ai  commencé  avec  lui  l'étude  du  grec,  que  mon  père,  mal  conseillé  par 
d'ignorants  flatteurs,  m'avait  forcé  d'abandonner  lorsque  j'étais  auprès  de  vous, 
et  pour  laquelle  je  vous  prie  de  me  recommander  à  Grynozus.  Veuillez  nous  faire 
savoir  s'il  est  vrai  que  Thomas  Morus  ait  subi  le  dernier  supplice,  par  ordre  du 
roi  d'Angleterre.  Il  faut  qu'il  l'ait  mérité,  car  je  me  refuse  à  croire  que  ce  prince, 
qui  ordonne  de  prêcher  l'Évangile  dans  ses  États  et  de  démasquer  l'Antéchrist,  ait 
pu  tyranniser  des  hommes  savants.  Je  ne  vous  dis  rien  de  mon  départ  de  France, 
puisque  vous  en  connaissez  le  motif. 

Qtmm  in  aedibus  meis,  ad  cœnam  vocatus,  vir  doctissimus  nec 
non  linguarum  peritissimus  Simon  Grinœus  s  adesset,  cœpissetque 
agitari  sermo  de  piis  ac  erudilis  viris,  in  familiari  amicorum  collo- 
quio  et  confabulatione,  te  (cui  tôt  nominibus  debeo)  silentio  prse- 
terire  nullo  modo  esse  mei  officii  duxi,  ut  qui  primas,  omnium  ore 
et  communi  consensu,  apud  Gallos  quantum  ad  eruditionem  et  elo- 
quentiam  atlinet  obtineas.  In  quo  cognovi  illum  mirum  in  modum 
erga  te  affectum.  ac  unicè  tuo  nomini  et  tais  studiis  favere,  quœ 
magno  in  precio  apud  illum  sunt.  Unuiti  tantàm  à  me  audire  cu- 
piebat  (nam  ei  satis  est  cognita  tua  tum  doctrina,  tum  eruditio), 
quid  de  relligione  sentires,  ac  tuum,  erga  Sacras  Literas  et  christia- 
nam  philosophiam  animum 4  ?  Ut  autem  tuae  fidei  sinceritatem,  pie- 

de  la  chambre,  à  la  cour  de  François  I.  Il  avait  depuis  longtemps  embrassé 
la  Réforme  (Voy.  la  lettre  du  31  juillet  1524,  X°  108),  et  ce  furent  sans 
doute  les  persécutions  religieuses  qui  le  contraignirent  (en  janvier  1534?) 
de  quitter  Paris  pour  se  réfugier  à  Bâle  (Voy.  les  Nos  445  et  476). 

2  Voyez  le  N°  14,  n.  1.  Nous  avons  laissé  Bérauldk  Paris  au  commence- 
ment de  l'année  1526  (X°  173,  renv.  de  n.  19),  et  nous  l'avons  retrouvé  en 
1531  à  Chastillon-siir-Loing,  où  il  faisait  l'éducation  des  fils  de  Louise  de 
Montmorency,  veuve  du  maréchal  de  Chastillon.  (Voy.  N°  362,  n.  4.  —  Vie 
de  Gaspard  de  Coligny.  Cologne,  1086,  p.  8-11.)  L'un  de  ses  élèves,  Odet 
de  Chastillon,  ayant  été  créé  cardinal  à  l'âge  de  seize  ans  (7  novembre  1533), 
Béraidd  fit  partie  de  sa  maison  pendant  quelques  années,  quoiqu'il  fût  peu 
satisfait  de  cette  position.  Il  écrivait  d'Orléans,  le  13  octobre  (1534),  à  l'é- 
vêque  de  Tarbes.  Antoine  de  Castelnau  :  «  Non  ignoras  mihi  nunc  tandem 
ad  senectam  esse  parandum  viaticum.  A  patrono  meo,  qnamdiu  alieno  vivet 
arbitrio,  nihil  ausim  omnino  mihi  polliceri.  Quod  si  ejus  ingenium  novi,  tam 
aberit  olim  a  prodigo  quàm  ipse  ab  avaro  semper  abfui  ac  sordido.  » 
(Autogr.  Bibl.  de  Beiiie.  Vol.  E.  141,  epa  117a.) 

3  Voyez  sur  Simon  Grynœus  le  N°  460,  n.  1. 

4  La  réponse  que  Morelct  fit  à  cette  question  nous  est  révélée  par  ces 
passages  de  la  lettre  de  Grynmns  à  Bérauld  :  «  Pidalcm  tuam ,  Beralde 


196  MORELET  DU  MUSEAU  A  NICOLAS  BÉRAULD.  1534- 

talem,  morum  integritatem  ac  vitae  sanctimoniam  ex  me  intellexit, 
cœpit  ardere  illius  animas  ad  te  scribendi  desiderio,  ad  quod  quàm 
potui  diligentissîmè  hortatus  sum  :  in  quo,  ut  est  tui  doctorumque 
omnium  studiosissimus,  ita  se  facilem  mihi  praebuit,  neque  disces- 
sit  quin,  data  dexterà,  ut  Germanorum  mos  est,  promisent  ad  te 
scripturum,  si  quando  fîdelis  tabellarii  facultas  et  copia  esset. 

Itaque,  quum  certior  essem  factus  hune  qui  bas  reddet,  virum 
probum  ac  pium.  in  Gallium  proficisci,  admonui  Grinœum,  ut  me- 
mor  polliciti  redimeret  (idem,  quod  non  denegavit,  cupiens  tecum 
jungi  flrmissimae  amicitiae  vinculo,  idque  sperat  facile  ex  te  impe- 
traturum.  Qua3  ne  spes  eum  fallat  etiam  atque  etiam  te  rogo,  ne- 
que  spernas  tanli  viri  ac  magni  apud  literatos  omneis  nominis.  mihi 
charissimi  ac  tui  amantissimi,  inviolabilem  amicitiam,  sed  constan- 
ter  tueare  et  serves,  ac  tuis  literis  ratam  et  acceptam  primo  quoque 
tempore  confirmes,  id  quod  non  dubito  quin  sis  facturas5.  Cui 
quantum  debeam  dici  non  potest:  illius  ulor  operà  ad  discendas 
literas  grœcas  et  jam  devoravi  rudimenta  ac  ferè  plerasque  moles- 

charissime,  ac  singulare  erga  religionem  veram  studiuin  cum  soepe  jam 
mihi...  Mourus  Musœus...  multis  pra^dicaret,  compulit  ut  vel  ignotus  ad 
te  scriberem...  Perge...  in  istis  densis  tenebris  et  acerbâ  Ecclesiœ  tocius 
dissensione,  certam  operam  patrise  et  Christo  Priucipi...  navare...  Nihil  co- 
nari  majus  meliusve  ac  prœstabilius  in  omni  vita  potes,  quàm  si  lux  aliqua 
veritatis  per  te  Mata  patriœ  tuœ  dicatur.  »  (Lettre  datée  :  «  Basilea;,  Idi- 
bus  .Tuliis  [1.  Augusti?]  1534,  »  publiée  par  Streuber.  S.  Grynai  Epistolae. 
Basiliœ,  1847,  p.  12.) 

Nous  pensons  que  Morelet  et  Grynœus  se  faisaient  illusion,  en  attribuant 
à  Bérauld  l'énergie  de  conviction  et  le  renoncement  qui  auraient  fait  de  lui 
un  propagateur  de  la  doctrine  évangélique.  Il  avait  sans  doute  des  sympa- 
thies pour  cette  doctrine  ;  mais  il  nous  semble  avoir  fait  partie  de  ce  groupe 
de  catholiques  éclairés  et  sincèrement  pieux  qui  n'ont  jamais  rompu  ouver- 
tement avec  l'église  romaine.  Nous  voyons  un  indice  de  ses  opinions  très- 
modérées  dans  la  facilité  avec  laquelle  il  acceptait  pour  son  fils  des  bénéfices 
ecclésiastiques.  «  Francisais  Bcraldus  (écrivait-il  le  2G  juillet  1539)  heri 
novo  donatus  est  sacerdotio.  »  On  lit  aussi  dans  l'une  de  ses  lettres  les  pa- 
roles suivantes,  qui  nous  paraissent  relatives  à  l'affaire  des  placards  (oc- 
tobre 1534)  :  «  Incredibilem  profectô  mihi  mœrorem  atqu^  anxietatem  novi 
isli  tumultus,  pestilentissimseque  factiones  nuper  exorta,  turbulentissimœ- 
que  seditiones  attulerunt.  Pavor  enim  ubique,  ubique  luctus  et  plurima 
mortis  imago.  Facit  impia  quorundam  lemeritas,  id  longé  ab  Evangelio 
pacis  absimus...  Ex  tempore,  cum  ad  sacra  vocarer.  »  (Lettre  sans  date, 
adressée  à  Jacques  Yiart,  qui  habitait  près  d'Orléans.  Manuscrits  de  Berne, 
vol.  E.  141,  epa  118a.) 

5  On  ne  possède  pas  la  réponse  de  Bérauld. 


1534  MORELEJ   01    MUSEAU  A  NICOLAS  BÉRAULD.  197 

lias.  Idem  inilii  erat  animus  literis  graecis  incumbere. ut  scis,  quum 
apud  te  essem,  sed  obfuil  parehtis6  el  indoctorum  adulalorum  \o- 
Uintas:  mine  aulem  ocium  nactus  el  doctum  praeceptorem,  decrevi 
me  tolum  addicere.  Quare  mea  sludia  non  minus  pio  quàm  eru- 
dito  homini  Grinœo  commendes,  quamvis  non  dubitem  me  fore 
commendatissimum,  qui  tanla  linguarum  cognitione  esl  praeditus. 
tanla  valet  eloquentia  et  eruditione.  tanto  pietatis  amore  fervet,  ni 
nihil  prorsus  in  eo  desideres. 

Ille  et  ego  unà  te  obnixè  oramus  ut  si  qua  andieris  de  Thoma 
Moro,  ad  nos  rescribas:  nain  hîc  fama  est  eum,  régis  Britannica 
jussu.  in  plures  parles  dissectum  7.  Caussa  tamen  ignota  est  ac  in- 
certa.  et  oh  id  hîc  malè  audit  apud  literalos  princeps  ille.  Tamen 
facile  adducor  ut  commerilum  esse  credam,  neque  puto  regem 
illûm,  qui  tanta  a  Domino  dona  accepit.  tantoi|ue  thesauro  dona- 
tus  est.  utpote  vera  lïde  ac  verilatis  cognitione.  qui  permittit  acju- 
bet  Evangelium  libéré  at  sine  periculo  in  regno  suo  prœdicari,  ac 
Antichristum  et  filium  perdiUonis  recelai/,  potuisse  lirannidem 
exercere  in  doctos,  quos  unicè  colit  ac  fovet s.  De  meo  è  GaUia 
discêssu  nihil  ad  le  scribendum  puto,  quôd  te  causam  exmultis  sa- 
tis  inlellexisse  arbitror9.  Salmonium  10  jubeo  salvere  meo  nomine 
ac  amicos  reliquos.  Bene  vale.  Basileœ,  quinto  Idus  Augusti. 

Tibi  perpétué  deditissimus  Maurus  Mus.eus. 

6  Le  général  Morelet  (S"  108,  n.  1),  ambassadeur  de  François  I  eu 
Suisse,  était  mort  à  Fribourg  au  mois  de  mai  1529.  Il  y  fut  enseveli  daus 
la  collégiale  de  St. -Nicolas  (Manuel  de  Fribourg,  séance  du  26  mai  1529). 

7  Thomas  Mwus,  chancelier  du  roi  Henri  VIII,  était  prisonnier  à  la 
Tour  de  Londres  depuis  le  commencement  d'avril  1534.  Il  ne  fut  condamné 
à  mort  que  le  1er  juillet  1535.  Le  récit  du  procès  et  du  supplice  de  Morus 
i  été  publié  à  Eâle  en  septembre  1535  par  Érasme,  sous  le  pseudonyme 

de  Gulielmus  Gourinus  Nucerinus.  (Voyez  le  post-scriptum  de  la  lettre 
d'Oporin  à  Thomas  Blaarer  du  13  octobre  1535.  Manuscrit  autographe. 
Bibl.  de  la  ville  de  St.-Gall.  —  Erasmi  Epp.  Le  Clerc,  p.  1763-66.) 

s  Morelet  ignorait  sans  doute  les  causes  de  la  disgrâce  du  chancelier 
Morus.  Celui-ci  s'était  constamment  opposé  au  second  mariage  d'Henri 
VIII.  et  il  avait  refusé  de  prêter  serment  à  la  loi  récente  qui  proclamait 
le  Roi  chef  de  l'église  d'Angleterre. 

0  Voyez  la  note  1. 

10  Le  poète  Salmon  Macrin. 


198  MORELET  DU  MUSEAl    A  MARTIN  BUCER.  A  STRASBOURG.         1531 


476 


morelet  du  museau  à  Martin  Bucer,  à  Strasbourg. 
De  Baie,  27  août  (1534). 

Inédite.  Autographe.  Arch.  du  séminaire  protestant  de  Strasbourg. 
Copie  moderne  dans  La  Collection  Simler. 

[maure.  Votre  ami  Grynœus  ne  s'est   pas  conl  m'exhorte)    .1  voi  3  écri 

il  vienl  de  m'en  fournir  le  sxijet,  en  me  parlant  de  cel  liation  dt  tovs   les 

articles  de  foi  controversés,  qui  pai   Mêla  chthon.  Vous  avez  lu  san*- 

doule  l'ép  celui-ci  adresse  «  à  nu  certain  ami,  «  el  do:  tstination 

connue,  puisque  j'en    ai    pris  la   copie.  Ji  '<>i'>n    de 

Mélanchtlion  n'induise  en  erreur  tout  le  monde.  Il  aura  beau  s'excuser,  son 
témoignera  contre  lui.  Il   devait   m<  \-anlage  son  autorité,  qui   est  grande 

auprès  de  plusieurs  F.  vnç 

Je  souhaite  d'être  compté  au  nombre  de  \ 
voulais  vous  écrire.  Si  le  3eigr  >ui  le  permet,  j'irai  bientôt  vous  confier  verbali 
ce  que  je  n'o  ire  d         me  lettre. 

Maurus  Musaeus  Bucero. 

Gratiam  et  pacem  a  Domino!  Cum  le  literis  salutare  el  meum 
erga  te  animum  exponere  mirum  in  modum  cuperem,  admit  vir 
doctissimus,  nec  non  tui  amantissimus  Simon  Gryncms  (ni  satis 
ex  ejns  familiari  et  amico  collo<|iiio  potui  agnoscere.  non  enim 
cessât  vestram  mutuam  amicitiam  nrrihi  praeSicare),  qui  el  calcar 
addidit,  el  quàm  diligentissimè  hortatus  est  ni  idem  facerem,  affir- 
mans  id  libi  fore  gratissiinum,  ac  le  nieam  temeritatem  boni  con- 
sulturum.  Nec  horlatus  est  modo,  verùm  etiam  argumentum  ad 
te  scribendi  milii  suppeditavit,  quum  narraret  quae  novissirais  li- 
teris fuis  ad  eum  scripsisti.  de  quadam  moderatione  fer ê  omnium 
articulorum  de  quibus  hucusque  inter  Christianos  fuit  controrersia, 
vel  potius  inler  Pontificem.  Reges  el  Christianos.  quam  institua 
facere  Ph.[ilij)jtu>i\  Melanchthon,  vel  n  Pontifice  rt  Regibus  fi^ii  m- 


1534         MORELET.DU  MUSEAU  A  MARTIN  BUCER,   \  STRASBOURG.  199 

y///1,  in  cujus  Epistola2,  imo  in  articulo,  lui  fil  mentio,  in  qua  re- 
fert(utad  Grynœum  scripsisti)  tuam  de  Eucharislia  sententiam, 
ri'l.  ut  ejus  verbis  uiar,  Zuinglianœ  sententiœ  moderationem  ei  non 
displicuisse.  sed  turbulenta  tempora  in  cattssa  fuisse  quominus 
non  potuerit  tibi  adhaerere  aul  tecum  convenire3.  El  ni  me,  dalis 
ad  Grynœum  Literis,  prœvenisses,  eopiosiùs  de  eo  negotioadte 
scripsfesem. 

Sed  puto  te  vidisse  Melanchthonis  epistolam,  cum  nuntius  istac 
transierït  *,  quarn  ad  quendam  •  amicum  »  scribil,  aul  scribere  se 

1  Mélanchthon  n'était  point  l'auteur  de  ce  projet.  L'idée  de  rétablir  la 
concorde  entre  les  églises  chrétiennes  avait  été  suggérée  à  François  /par 
certaines  personnes  de  sa  cour.  C'est  ce  qui  résulte  du  passage  suivant  de 
la  lettre  de  Bucer  adressée  en  1535  à  Thomas  Blaarer  et  à  Jean  Zwick  : 
Sunt  optimi  quidam  et  veris  probati  testimoniis  Christian!  m  aida  Begis. 
qui,  cum  aliis  rationibus  uon  possint  hactenus  Efi^meômitigareinnostram, 
imô  Christi  caussam,  conati  sunt  ut  de  nobis  testificarentur,  nos  nihil  aequè 
atque  caussse  nostrse  judicium  et  quidem  gravissimum  expetere,  tuni  ne- 
quaquam  velle  immutata  semel  omnia,  sed  ea  tantùm  qua3  religio  sit  ferre... 
Ista  Bex  cum  excusasset,  ne  arma  in  nos  Pontifia  polliceretur  [Voy.N0469], 
voluit  postea  eorum  per  mis  ipsos  quoque  certior  reddi.  Misses  itaque 
Cheïius  est  primùm  Wittenbergam,  deinde  et  ad  nos  et  ad  alios.  Dédit 
Philippus  [Mélanchthon]  responsum  quod  vidistis...  »  (Copie  contempor. 
Arcb.de  Baie.)  Bucer  oublie  de  dire  que  le  conducteur  de  cette  négocia- 
tion était  Guïllaumt  du  Bellay,  frère  de  l'évêque  de  Paris  (Voy.  la  note  5 
et  le  N°  468). 

1  Le  document  auquel  Morélet  fait  allusion  est  le  Mémoire  dt  Mélanch- 
thon qui  a  pour  titre  «Ad  quendam  amicum  de  Dissensiohibus  ecclesias- 
tieis.  »  et  que  Jacques- Auguste  de  Thon  a  publié,  d'après  le  manuscrit  de 
l'auteur,  en  tète  île  l'ouvrage  intitulé:  «  Sententiae  Phil.  Melanthonis, 
M.  Buceri,  Casp.  Hedionis  et  aliorum  in  Germania  Theologorum,  de  Pace 
Ecclesiae  :  Ad  virumnobiliss.  Gui.  Bellaium  Langaeum,  anno  1534.  Anteliac 
noneditae.  (Lutetiae)  M  .IX'YII,  »  in-8°  de  62  pages.  Après  qu'il  fut  parvenu 
à  sa  destination,  ce  mémoire  dut  subir,  par  le,  fait  de  l'auteur  ou  à  son 
insu,  des  remaniements  successifs  dont  il  est  résulté  trois  rédactions  dif- 
férentes. (Voy.  Melanthonis  Opéra,  édition  Bretschneider,  1835,  t.  II,  co- 
lonnes 711-775.)  La  rédaction  qui  s'écarte  le  moins  du  texte  publié  en 
!<;<>7  est  celle  que  Bretschneider  reproduit  eu  première  ligne,  d"après 
Schwebel  et  un  manuscrit  de  Munich. 

3  Ces  paroles  se  trouvent  en  effet  dans  le  paragraphe  <lr  Missa  du 
Mémoire  de  Mélanchthon,  à  la  page  12  de  l'édition  de  1607. 

4  Ce  messager  était  peut-être  Claude  Baduel.  L'époque  de  son  arrivée 
à  Paris  (Voy.  le  N°  17.!.  n.  2)  et  la  mission  dont  il  fut  chargé  par  G.  du 
Bellay  Cannée  suivante  (Voy.  la  lettre  de  ,i .  Sturm  à  Bucer  <h\  18  nov. 
1535)  autorisent  cette  conjecture. 


200  MORELET  DU  MUSEAU  A   MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.         1534 

lingiL  ut  mihi  salis  notum  est.  Scio  enim  ad  quem  illani  mittat5, 
cujus  exemplar  apud  me  detinui.  Nec  mihi  lam  displicent  ea  quœ 
in  Epistola  continentur,  qaàm  displicet  ea  scripta  fuisse  a  Meianch- 
thone,  qui,  qaà  magis  publicœ  concordiez  studeL  eà  ovines  in  pejo- 
rem  errorem  adducite.  Sed  vivit  Dominus,  qui  non  patietur  suos 
fa lli  :  negotium  omne  curabit  ac  merum  in  suos  hnperium  obti- 
nebit.  etiamsi  Pontifex  et  Reges  unà  consenserint,  quod  non  pnto. 
Scio  equidem  non  defuturam  Melanchthoni  excusationem,  quum 
scribat  «  ad  amicum.  »  deinde  quum  addal  in  subscriptione  :  Salvo 
meliore  judicio.  »  Verùm  detinebitur  ejus  Epistola,  neque  negare 
poterit  poslhac  se  ejus  fuisse  senlentiae.  Ideo  non  mihi  videtm  sa- 
lis suo  nomini  consuluisse,  quum  non  desint  in  Gallid  qui  multum 
fi  tribuunt. 

De  his  latiùs  quant  par  est  ad  te  scribo,  nec  mihi  is  erat  ani- 
inus,  sed  tanlùm  le  hac  epistola  salutare.  ut  intelligeres  me  niliil 
magis  optare  quàm  firmissimo  ac  arctissimo  tecum  jungi  amicitise 
vincuio,  quant  non  dubito  quin,  pro  tua  in  onines  hunnnitate,  sis 
suscepturus.  Speio.  si  Dominus  dederil.  me  brevi  le  visurum,  et 
lune  apud  le  deponam  quod  non  ausim  literis  committere.  Intérim 
vale.  Basileae,  sexto  Cal.  Septembr.  (1534). 

Tuus  Maurus  .Mrs  i.i  s 

Inscriptio:  )  Non  minus  pio  quàm  dodo  viro  M.  Bucero.  Ar- 
gentinae. 

'  Le  Mémoire  de  Mélanclithon  accompagnait  la  lettre  qu'il  avait  adres- 
sée le  1er  août  1534  à  Guill.  du  Bellay  et  qui  commence  par  ces  mots  : 
«  Gessi  morem  voluntati  tua?,  et  collegi  prsecipuos  articulos  de  quibus  sunt 
controversise,  et  ostendi  quandam  in  lus  modérât ionem...  Mélanchthon 
écrivait  aussi  le  même  jour  à  Bucer  :  Assentior  tilii...  desperandam  esst 
concordiam  cum  Pontifice  Romano.  Ego  tamen,  ut  istis  bonis  viris  morem 
gererem,  qui  pio  studio  rem  tantain  moliuntur,  scripsi  aliquid  quod  exhi- 
hebit  tibi  noster  Ulricus  [Chelius],  »  Voyez  Melanth.  Opp.  éd.  cit.  t.  TI, 
col.  7-iO,  775,  785,  976. 

6  Morelet  ne  se  doutait  pas  que  Bucer  venait  de  composer  pour  G.  du 
Bellay  un  mémoire  qui  finissait  par  ces  mots  :  «  Hsec  tumultuariô  sic  con- 
gessi,  consentientibus  symmystis  meis,  quœ  omnia  iis  qui  valent  meliori  ju- 
dicio arbitranda  offerimus.  lis  porrô  quœ  P.Melanthon  respondit,  per  omnia 
subscribimus  ;  cum  quibus  etiam  congruere  hase  nostra,  qui  utraque  legerit 
satis  videbit.      (Page  35  de  l'ouvrage  sus-mentionné.  publié  en  1607.1 


1534       JEAN  CALVIN  A  MARTIN  BUCER.  A  STRASBOURG.        201 


477 

jeax  calvix  '  à  Martin  Bucer,  à  Strasbourg. 
De  Noyon2,  4  septembre  (1534'). 

Autographe*.  Bibl.  de  Strasbourg.  A.  Crottet.  Petite  Chronique 
protestante  de  France.  1846.  Appendice,  p.  II. 

5IMAIE.E.  Je  n'avais  point  l'intention  de  vous  écrire,  mais    l'affliction  et  la  pitié 
pressent  de  vous  recommander  l'excellent  et  infortune  frère  4111  vous  remettra 

-.  Je  l'ai  connu  jadis,  avant   son  départ  de  F  Quoique  l'estime  générale 

des  lettres  ?t  des  personnes  en  crédit  lui  fût  acquise,  il  refusa  de  se  soumettre  plus 

-temps  à  cette  servitude   volontain   qui     wus  icore,  et  il  se  retira 

aupré     I  dis  esprit  de  retour.  La  pauvreté  l'a  eepi  ndant  contraint  do  reve- 

v    •    de  faire  provisoirement  appel  aux  ress  des   ami-  qu'il  avait   <>J 

1  Avant  de  quitter  AngouUhie  (Voy.  N"  457).  Calcul  avait  t'ait  un  voyagt 
à  Nérac  en  Guyenne,  pour  visiter  Le  Fccre  d'Étapîes  (X°  363,  n.  2.  N°422, 
renv.  de  n.  6).  M.  Merle  d'Aubigné  affirme  (op.  cit.  III,  29)  qu'il  eut  dans 
la  même  ville,  «  probablement  vers  la  fin  de  février,  »  une  conférence  avec 
Gérard  Roussel.  La,  chose  était  matériellement  impossible,  puisque  ce  der- 
nier personnage  passa  tout  l'hiver  à  Paris,  où  il  se  trouvait  encore  le  1er  avril 
(X°  451,  n.  2,  N°  45S.  renv.  de  n.  3,  N°  459.  u.  14).  Xousne  pouvons  pas  in- 
diquer avec  certitude  la  série  des  autre-  pérégrinations  de  Calvin  jusqu'au 
mois  de  septembre  153-1.  On  sait  seulement  que,  le  lundi  4  mai.  il  était  à 
Noyon,  résignant  sa  ebapelie  de  la  Gésine  et  sa  cure  de  Pont-1'Évêque  (Le 
Vasseur,  op.  cit.  p.  1161),  et  qu'il  s'arrêta  plus  ou  moins  longtemps  ; 
Poitiers,  où  Pierre  de  la  Place  (X"  457.  n.  1)  l'entendit  parler  magnifi- 
quement de  la.  connaissance  de  Dieu  »  (Bayle,  art.  La  l 'la ce i.  et  dans  la 
ville  d'OrZéaws,  d'où  est  datée  la  Psychopamiychia,  son  deuxième  ouvrage 
("est  peut-être  à  ce  moment  qu'il  faut  placer  les  prédications  qu'il  aurait 
faites  à  Lignières,  dans  le  voisinage  de  Bourges  (Voy.  Bèze.  Vie  de  Calvin, 
1565).  Toutefois,  si  Calvin  a  réellement  prêché  pendant  l'année  1534,  on 
est  autorisé  à  croire  qu'il  usait  d'une  grande  réserve  en  exposant  la  doc- 
trine de  l'Évangile  et  qu'il  évitait  avec  soin  d'attaquer  les  dogmes  de 
l'église  romaine  (Voy.  la  fin  de  la  note  4). 

-    Voyez  les  notes  10  et  11. 

-  Nous  avons  pu  collationnei  le  texte  de  cette  lettre  sui  une  reproduction  p 

phique  de  l'original,  qui    nous  a  «-té  communiquée  pai    M.  le  professeur  Albert 

Rilliet,  auquel  Messieurs   les    édite!  des  Œuvres  de  Calvin  avaient  eu 

l'obligeance  de  la  trans tl 


202         li:.\N  CALVIN  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.        1534 

autrefois;  mais,  grâce  aux  accusations  plus  que  légères  de  l'un  des  vôtres,  il  n'a 
i  prouvé  que  ries  refus.  On  le  soupçonnait  de  partager  les  erreurs  des  Anabaptistes  ; 
j'ai  pu  m'assurer,  au  contraire,  dans  une  conversation  avec  lui,  que  personne  n'avait 
des  idées  aussi  saines  sur  ce  sujet.  En  attendant  il  est  victime  de  i'es  bruits  calom- 
nieux, qui  ne  tomberont  pas  de  sitôt.  Ayez  égard  à  mes  prières  et  à  mes  larmes: 
<ovez  le  protecteur  de  ce  pauvre  orphelin  et  ne  permettez  pas  qu'il  se  trouve  réduit 
à  l'extrême  misère.  Il  dépend  de  vous  qu'il  n'en  soit  pas  ainsi 

Gratia  et  pax  Domini  lecum  per  misericordiam  Dei  e!  victoriam 
ChristiM 

Scribendi  nec  ocium  erat,nec  argumentum  nequeetiam  consilium, 
iiisi  visum  esset  paucis  apud  te  deplorare  miseram  sortent  optimi 
hujus  fratris5,  quam  milii  per  lileras  signifïcarunt amici  quidam 
fidei  el  probitalis  non  dubise  Sive  lumen  dolori  meo  et  sympa- 
thise indulgeo,  sive  ejus  negocium  procuro,  non  potui  raihi  tem- 
perare  quin  scriberem. 

Noveram  hominis  ingenium  et  mores,  cum  adhuc  ageret  in  nostra 

4  ("est  la  première  fois  que  nous  trouvons  dans  la  correspondance  de 
('aicui  cette  salutation,  qui  était  comme  le  mot  d'ordre  des  Evangéliques. 
Les  sentiments  do  pieuse  confiance  qu'exprime  sa  lettre  d'Angoulême  et 
la  charité  sincère  qui  brille  dans  celle-ci  montrent  que  la  grâce  divine 
-'"tait  enfin  emparée  de  l'âme  do  Calvin.  Presque  tous  ses  biographes,  adop- 
tant sans  réserve  le  récit  do  Th.  de  Bèze,  ont  placé  cette  conversion  cinq 
on  six  ans  plus  tôt;  mais  en  développant  cette  thèse  ils  n'ont  pas  expliqué 
pourquoi  les  élans  religieux  et  le  langage  de  la  charité-  chrétienne  font 
complètement  défaut  dans  les  premières  lettres  du  futur  Réformateur; 
pourquoi,  surtout,  les  lignes  qu'il  traçait  le  14  mai  1531  près  de  son  père 
mourant  ont  si  peu  l'accent  de  la  piété  filiale  (Voyez  le  deuxième  para- 
graphe du  N°  338). 

Nous  ne  pouvons  pas  davantage  admettre  que  le  jeune  néophyte  de 
1534  fût  déjà  un  réformateur,  prêchant  contre  la  messe,  célébrant  la  sainte 
Cène  dans  les  grottes  de  Croutelles,  près  de  Poitiers,  et  envoyant  avec 
autorité'  des  ouvriers  dans  la  moisson  (Yoy.  Florimond  de  Raemond.  Hist. 
de  l'Hérésie,  1623,  p.  890-895,  et  Merle  d'Aubigné,  op.  cit.  III.  55-70). 
Supposé  le  fait  exact,  Calvin  aurait-il,  bientôt  après, abandonné  son  œuvre 
et  quitté  sa  patrie  au  moment  on  ses  prédications  étaient  lopins  nécessaires? 
Est-il  d'ailleurs  légitime  de  préférer  les  assertions  de  Raemond  au  témoi- 
gnage catégorique  de  Louis  du  Tillet,  l'ami,  le  compagnon  de  Calvin  pen- 
dant cette  même  année  1534?  Voici  un  passage  de  la  lettre  que  du  Tillet 
lui  écrivait  le  1"  décembre  1538  :  «  C'est  devant  ceulx  à  la  pins  grand  part 
desquels  vous  sçavez  que  vostre  doctrine  est  agréable,  non  pas  ailleurs,  que 
vous  la  maintenez:  car  vous  are:  abandonné  rostre  nation  pour  ee  que  cous 
ne  l'y  ace:  osé  divulguer  et  maintenir  publiquement.  »  (Voy.  la  Corresp.  île 
Calvin  avec  L.  du  Tillet,  publiée  par  A.  Crottet,  1850,  p.  75.) 

5  Le  nom  de  ee  personnage  est  resté  inconnu. 


1  53  i  JEAN  CALVIN  A   MARTIN  BUCER.    \  STRASROURG.  203 

Gallia.  Eta  se  gessil  ul  gratiosus  essel  apud  ordinis  nostri  homines, 
si  quis  alius.  Eo  numéro  habitus  inter  homines  aliqua  authoritate 
prœditos,  ni  nec  illis  pudori  essel  nec  conteraptui.  Tamen,  mm 
non  posset  submittere  diutius  cervices  ixti  voluntariœ servituti qnam 
adhuc  ferimus",  demigravit  ad  vos  in  nullam  spem  reditus.  Nunc, 
praster  opinionem  ejus,  accidil  utagal  fabulam  motoriam,  nec  sta- 
tam  sedem  nbi  figat,  reperiat.  Hue  etiam,  Qt  audiô,  ob  augustias 
et  inopiara  rei  domestiese,  accurrerat,  ni  opibus  amicorum  quos 
olim  mutuà  operâ  juverat.  paupertatem  suam  lantisper  sustenta- 
ret.  douer  sors  paulo  benignior  offerretur.  Nunc  aecipe  quanto 
potèntior  sit  calumnia  quàm  veritas.  [mportunus  nescio  quis  ex 
vestris,  quem  certe  non  audeo  malevolum  suspicari,  ita  omnium 
aures  suis  delationibus  praeoccupaverat,  ut  omni  purgationi  clans,!' 
fuerint.  Itaque  nullus  fuil  à  quo  assem  exlunderet. 

Forte  non  erat  illi  proposilum,  quisquis  is  fuit  qui  hujusmodi 
tragœdiam  concitavit,  immerentis  nomen  apud  credulos  fratres 7 
proscindere.  Utcunque  tamen,  imprudentiam  excusare  nec  de- 
precari  potest,  quin  magno  hujus  malo  ac  periculo  erraverit.  Haee 
aulem  (ut  aiunt)  contumelia  illi  impingebalur  quôd  incidisset  in 
suspicionem  anabaptismi.  Mirum  nisi  ille  supra  modum  l'nerit  sus- 
picax  qui  hanc  conjecturam  ex  lam  leviculis  indiciis  Iraxit  \  Ex 
professo  adduxi  eum  inter  colloquia  in  sermonem  hujus  sacra- 
menti  ;  ita  disertis  verbis  mecum  illi  conveniebat,  ut  nondura 
viderim  qui  magis  ingénue  veritatem  hac  in  parte  profiteatur.  In- 
térim tamen  patitur.  Nec  spes  est  primo  quoque  tempore  aboleri 
posse  sinistres  islos  rumores,  qui  jara  obtinuerunt  certain  tidem  ". 

Oro  te,  D.  Bucere.  si  quid  praecesmeae,  siquid  lachrymae  valent, 
hu i us  miseriœ  ut  succurras.  Tibi  derelictus  est  pauper;  orphano 

6  On  peut  rapprocher  ces  paroles  de  celles  de  Farel  iX"  351)  :  «  Déli- 
t'uc  Gàllicce  ita  detinent  captivos,  ut  malint...  mnssitabundi  latere  sui  ty- 
rannis  quàm  palam  Christum  profiteri.  ■ 

'  Faut-il  conclure  de  cette  expression  qu'il  existait  déjà  une  église  se- 
crète à  Noyoïi? 

8  Calvin  devait  bien  connaître  les  idées  des  Anabaptistes,  sonlivreinti- 
tulé  Psychopannychia  étant  dirigé  contre  l'une  de  leurs  erreurs  principales 
(Voy.  la  préface  de  Nicolas  îles  Gallars,  en  tête  tics  (alvini  Opuscula). 

9  Si  la  présente  lettre  a  été  réellement  écrite  de  Noyon,  on  ne  comprend 
pas  trop  pourquoi  Calk  :n  ne  réussissait  pas  à  détruire  les  préventions  des 
«frères»  de  cette  ville  contre  le  soi-disant  anabaptiste.  Nous  y  voyons 
l'indice  qu'il  avait  peu  d'autorité  sur  eux,  et  que  son  activité  comme  réfor- 
mateur ne  s'était,  par  conséquent,  pas  encore  produite. 


204  MORELET  DU  MUSEAU  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.         1534 

lu  eris  adjulor.  Ne  patiâris  eô  necessitatis  redigi.  ut  extrema  expe- 
riatur;  potes,  si  vis.aliquà  illi  succurrere.  Verùm  tu  melius  pro  tua 
prudentia.  Non  potui  lamen  manum  ultro  lascivientem  continere, 
quin  aliquid  in  hujus  caussam  scriberem.  Haec  pro  tempore.  Vale. 
erudiliss.[ime]  vir.Xoviod. [uni] ,0.  pridie  nouas  septembres  (153in  ). 

Tuus  ex  animo  Galvinus 

(lnscriptio  : )  D.  Bucero.  Episcopo  Argentoratensi. 


478 

morelet  du  museau  à  Martin  Bucer,  à  Strasbourg. 
De  Baie,  16  septembre  (1534). 

Autographe.  Arch.  du  séminaire  prot.  de  Strasbourg.  Copie.  Col- 
lection Simler.  Publiée  en  partie  par  C.  Schnndt,  op.  cit..  p.  35. 

Sommaire  .1  ai  lu  ai  pour  la  défense  du  M> 

Mélanchthon,  el  je  '  ■  vous  faites:  «  Quand 

lajustific  itior,  etlafoit  li  h  ■        si  >nt  puremei    i  <     s,  il  sera  facili 

toul  danger.  »  Je  crois  -  coi 

ijété  donc  qui  m'empêche  de 

[émoire  qui  so 

'  En  latin  la  ville  de  Noyon  s'appelait  ordinairement  Noviodunum.  Ce 
nom  est  aussi  employé  quelquefois  pour  désigner  la  ville  de  Nevers  et  celle 
de  I)im-lr-i:<>ii.  près  de  Bourges.  Nevers  comptait  alors  parmi  les  pro- 
fesseurs de  son  collège  Mathurm  Cordier,  ancien  maître  de  Calvin  à  Taris, 
i  \  oy.  Catonis  Disticha.  Parisiis,  Rob.  Stephanus,  1533  et  1534,  où  se  trouve 
une  lettre  de  M.  Cordier,  datée  ÎSfovioduni  ad  Ligerim,  postridie  Libera- 
lium  M.D.XXXIII,  c'est-à-dire  le  23  février  1534,  nouveau  style.)  Mais 
1  s'agit  évidemment  de  la  ville  natale  de  Calvin,  où  celui-ci  avait  des  affai- 
res a  régler,  et  dans  laquelle  il  s'était  présenté  publiquement  le  4  mai 
(Voy.  note  1). 

11  La  différence  complète  de  ton  qui  existe  entre  cette  lettre  et  celles 
des  années  précédentes  doit  fixer  le  millésime,  ("est  ce  qui  nous  empêche 
de  la  placer  en  1532,  comme  le  font,  dans  leurs  écrits  sur  Calvin,  M.  Henry 
et  M.  Merle  d'Aubigné,  M.  Crottet,  dans  sa  Chronique  citée  plus  haut, 
et  la  traduction  anglaise  des  Lettre-  de  Calvin,  publiée  par  M.  le  Dr 
.Iules  Bonnet. 


1534         MORELET  DU  MDSEAU  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.  205 

latifs  à  l'invocation  des  Saints,  au  célibat  des  prêtres  et  à  la  puissance  ecclésiasti- 
que; quant  au  pape  et  aux  êvêques,  je  veux  bien  qu'ils  restent  en  possession  de  leur 
pouvoir  temporel,  pourvu  qu'ils  laissent  les  consciences  en  liberté  et  ne  s'opposent 
pas  à  la  prédication  de  l'Évangile.  Je  vous  avouerai  d'ailleurs  ma  défiance  à  l'égard 
de  certains  princes  qui  recherchent  l'amitié  des  Allemands  en  leur  promettant  la 
réunion  prochaine  du  Concile. 

Vous  me  demandez  quelques  détails  sur  Robert  Céneau,  évêque  d'Avranches.  Je 
l'ai  entendu  prêcher  autrefois,  lorsque  j'étais  gentilhomme  de  la  chambre  et  qu'il 
remplissait  les  fonctions  d'aumônier  auprès  de  la  reine-mère.  Dès  lors  il  a  su  ob- 
tenir d'opulents  bénéfices.  Homme  sans  crédit,  il  se  distingue  honorablement  en  un 
point  de  presque  tous  les  évèques  :  sa  vie  n'est  pas  un  sujet  de  scandale. 


Gratiam  et  pacem  a  Domino  !  Quum  certior  essem  factus,  eum 
qui  lia*  reddit  Argentinam  proficisci,  mei  esse  officii  duxi  nonni- 
Ii il  literarum  ad  te  dare,  ne  ingratus  et  tanli  viri  amieitiam  sper- 
nere  viderer,  utque  intelligeres  tuas  mihi  gratissimas  à  biduo  red- 
ditas  esse  literas,  quibus  obiler  respondebo,  non  enim  mihi  licet 
per  subitum  boni  hujus  viri  discessum  (quem  nunc  primùm  scivi 
isluc  ire)  longius  ad  le  scribere. 

Lubens  legi  quœ  ad  me  scripsisti  de  Philippi  consilio,  qui  modis 
omnibus  annilitur  ut  Principes  vos  audiant,  et  in  eo  est  totus, 
omnemque  operam  et  vires  intendit  ut  publicœ  concordiœ  studeal  '. 
Sed  imprimis  mihi  non  parvse  cessit  voluptati,  cum  scribis:  «  Ubi 
de  Justifient ione  pure  docebitur  et  fides  in  Christum,  nihil  futurum 
periculi  quod  non  facile  submoveatur2  ».  In  quo  tibi  assentior,  et 
semper  ita  mihi  visum  est  commodissimum  fore  ut  Evangelium 
pure  doceretur;  nam  si  doctrina  de  Cbristo  semel  inlelligalur, 
omnes  abusus  per  se  ruent,  et  plerœque  ceremoniee  quae  cum  pie- 
tate  pugnant  tollentur.  Ac  parum  nbest  quin  mihi  persuadeas,  ut 
Philippi  consilio  fuvenni,  ni  duo  aut  très  artieuli  qui  in  ejus  conti- 
nentur  Epistola  obstarent. 

Primus  est  de  quo  mentionem  facis  in  tua  epistola.  Alius  est  de 
Invocalione  Sanctorum,  quamvis  purissimè  tractet,  si  inlegrum  ar- 
liculum  expendamus  ;  sed,  cum  ventum  est  ad  moderalionem  quam 
iiistituit,  permittit  ut  fini  aliqua  mentio  intercessionis,  «  quemad- 
modum  finquil)  in  veteribus  Ecclesiœ  oralionibus  3,  »  quod  mihi 

1  Voyez  le  N°  47G,  notes  1  et  2. 

2  Biicer  soutint  très-habilement  cette  thèse  dans  la  lettre  qu'il  adressa 
plus  tard  à  Thomas  Blaarer  et  à  Jean  Ziviclc  (Voy.  N"  476,  n.  1). 

3  On  lit  en  effet  dans  le  Mémoire  de  Mélanchthon  :  «  Deliberare  docti 


206  MORELET  DU  MUSEAU  A  MARTIN  BUGER,  A  STRASBOURG.  1531 

non  satis  arridet,  et  in  hoc  desiderarem  majorem  puritatem.  Ne- 
que  puto  in  veteribus  orationibiis  fieri  aliquam  menlionem  inter- 
cessionis, sed  invilationis,  ut  in  oratione  Stephani,  Dionysii  et  alio- 
rum  légère  est.  Tertius  est  de  Cœlibatu,  ubi  dicit,  ut  ejus  verbis 
ular,  «  iniri  posse  rationem,  si  ad  summas  dignitates  tantùm  cœli- 
bes  admitterentur,  »  ac  si  omnes  cœlibes  liaberent  donum  casti- 
tatis  et  contmentiœ.  Articulum  quo([iie  de  potestate  pontificiâ  et 
ecclesinsticd  oplarem  puriorem.  Quantum  aulem  ad  dominia  atli- 
net.  vellem,  ut  niliil  Pontifie/  et  Episcopis  decederet,  dummodo 
intérim  liberœ  manerent  conscientiae  et  sinerent  Yerbum  et  Evan- 
gelium  ubique  prcedicari  :  sed  ingénue  fatebor  quod  me  moverit 
et  impulerit,  ut  de  iis  priori  epislolà  4  ad  te  scriberem. 

Video  nonnullos  Principes  5  sua  quœrentes,  non  quœ  sunt  Chrisli. 
qui cupiunt  inire  fœdus  et  in  inutuam  recipi  amicitiam  cum  Germu- 
niœ  Principibtis  et  Civitatibus, —  id  quod  sciant  se  non  posse  asse- 
qui,  nisi  promittanl  et  modis  omnibus  dent  operam  ut  liabealur 
Synodus*  inlra  praescriptum  tempus.  Ideô  prius  eolunt  e.rperiri  et 
exploratos  habere  Germanorum  animos,  quantum  ad  religionem  ut- 
tinet,  et  quid  de  en  sentinnt  intelligere,  ut  possint,  eo  nudito,  cum 
Pontift.ee  de  omnibus  conferre7.  Et  id  in  caussa  fuit  ut  tentaverint 


possent,  an  talis  forma  intercessionis  constituenila  esset  in  pnblico,  qure  est 
in  veteribus  Ecclesia^  orationibus,  ubi  invocatio  fit  ad  Deum,  non  ad  Sanctos, 
et  tamen  fit  mentio  alicujus  intercessionis,  videlicet  :  «  Deus,  da  ut  adjuve- 
mur  precibus  Sanctorum  !  »  Certum  est  enim  Sanctos  in  cœlo  orare  pro 
tota  Ecclesia  in  communi,  sicut  et  in  bac  vita  bomines  pii  orant  pro  uni- 
versa  Ecclesia.  »  (Voyez  l'ouvrage  intitulé  «  Sententia-  P.  Melantbonis,  etc.,  >• 
1G07,  p.  16,  et  Melantbonis  Opp.  éd.  citée,  t.  II,  col.  755  et  757.) 

4  Voyez  la  lettre  du  27  août  (X"  470). 

5  Allusion  à  François  I  (Voyez  les  Xos  451,  468,  469). 

G  La  réunion  du  Concile  universel  promis  par  le  Pape  était  soubaitée  par 
un  assez  grand  nombre  de  Réformés,  surtout  dans  les  églises  allemandes.  On 
trouve  l'expression  de  ce  sentiment  dans  les  paroles  suivantes  adressées  par 
Vadian  à  Bucer,  le  26  septembre  1533:  «  Faxit  ...  Deus  ...  ut  Clemenli 
Episcopo  Romano,  qui  primas  sibi  Concilium  indicendi  vendicat,  ca  mens 
taudem  donetur,  ut  non  cum  regibus  et  dynastis,  hoc  est  cum  brachio  car- 
nis,  pro  se  tuendo  pacisci,  sed  cum  eruditissimis  et  integerrimis  quïbusque 
commentari  de  religione,  et,  quoniam  se  Christi  Vicarium  profitetur,  non 
quœ  sua,  sed  quœ  sunt  Christi  quarere  pergat!  Hoc  si  Me  ageret  ex  animo, 
nil  esset  réliqui,  quin  facile  coiremus  et  dissensio  omnis  de  Ecclesia  tollere- 
tur.  »  (Mscr.  orig.  Arch.  du  sémin.  prot.  de  Strasbourg.  Copie.  Coll.  Simler.) 

7  Guillaume  du  Bellay  continuait  à  consulter  les  théologiens  allemands 
sur  la  possibilité   de  réunir  toutes  les  églises.  Le  31  octobre  1534  (après 


1534.         MORELET  DU  MUSEAU  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG;  207 

liane  à  Philippo  epistolam  exlorquere,  qute  mibi  non  disciple!, 
dunimodo  qua;  in  ea  continentur  non  transigantur  per  Synodum. 
Nam  si  ita  esset  (quod  milii  nullo  pacto  possum  persuadere).  lumii 
est  judicare  inquas  syrl.es  éteirores  incideremus.  Seis  enim  quan- 
tum vulgus,  imô  pleriqne  soliti  sint  tribuere  synodis  et  publieis 
conventibus.  yEquius  et  consultais  (ut  mihi  videtur)  fuisset,  ut  Phi- 
lippus  banc  moderalionem  verbis  tnntiim  iis  qui,  Prineipum  no- 
mine,  eum  adierunt,  commisisset,  et  non  scriptis  mandasset;  aul 
si  scriptis,  saltem  nomen  obtieuisset  Yellern  equidem  ut  mihi  li- 
ceret  de  bis  tecum  latius  colloqui. 

Nunc  mibi  ad  posteriorem  epistolae  Une  parlem  respondendiiin 
est,  in  qua  scribis,  ut  te  certiorem  faciam,  an  mihi  sit  cognitus  Ro- 
bertus,  Abrincœus  Episcopus  8  ?  Cum  illo  nulla  unquam  mihi  fuit 
vitse  conversatio,  nulla  t'amiliarilas,  utcunque  tamen  hominem 
novi;  quare  depromam  quod  de  bomine  scio.  Est  doctor  Sorboni- 
cus,  ut  ex  ejus  libri  litulo  poluisti  agnoscere  °,  quem  non  vidi. 
Cœnalis  nomine,  saltem  sic  apud  nos  vocatur.  Illius  unam  aut  al- 
teram  concionem  audivi,  cum  essem  à  cubiculo  Régis  u\  cujus  mater 
illum  in  aulam  vocaverat,  ut  certis  festis  concionaretur:  ubi  non 
Cbristi,  sed  sûiim  egit  negolium  ;  donatus  est  eniin  nonnullis  sa- 
cerdotiis,  tandem  parvo  episcopatu  in  GaUidJSfarbonensi  sito,  quem 

les  placards),  il  écrivait  encore  de  Paris  à  BuUlnger  et  à  Pellican,  pasteurs 
de  Zurich  :  «  Quse  sit  régis  mei  circa  statura  Ecclesia?  componendum  mens, 
sensus,  animus  et  cogitatio,  antea  quidera  ex  me  audivistis.  Pies  ipsa  etiam 
brevi  fidem  est  factura,  neque  non  baud  parvus  illi  stimulus  est  additus, 
aut  spes  potiùs  injecta  conficiendi...  negocii,  quod  ex  verbis  vestris  illum 
docuerim,  multa  tempus,  multa  vestrûm  aliquot  consilium  mollivisse,  qure  ut 
duriora  nostris  videbantur,  ita  sarciendœ  unitati  moram  afferebant...  Inté- 
rim mibi  è  re  ipsa  fore  visum  est,  si  hune  ad  vos  D.  Ulricum  Chœlium  di- 
mitterem,  qui  et  nonnullorum  super  eo  negocio  consilia...  vobis  communicet, 
et  ad  eandem  vos  adbortetur  curam...  »  (Mscrit  orig.  Arcb.  de  Zurich.) 

s  Robert  Céneau,  natif  de  Paris,  était  depuis  1532  évoque  d'Avranches 
en  Normandie.  Aumônier  de  la  reine-mère,  il  avait  reçu  l'évêcbé  de  Vence 
en  1523,  puis  en  1530  celui  de  Riez. 

9  Le  livre  de  Céneau  est  nommé  dans  le  titre  de  l'ouvrage  que  Sucer 
publia  en  septembre  1534  pour  le  réfuter:  «  Defensio  adversus  Axioma 
Cathoïicum,  id  est  eriminationem  li.  P.  Boberti,  Episcopi  Abrincensis,  in 
qua  is  impire  novationis  in  cuuctis  Ecclpsi;c  cùm  dogmatis,  tum  ritibus,  pe- 
culiariter  autem  circa  sacrosanctam  Eucharistiam,  importuné  accusât  quot- 
quot  Cbristi  doctrinam  sectari  student  ...  Argentorati,  per  Matthiam  Apia- 
rium.  Aune  M.  D.  XXXIIII.  »  (Voy.  Willi.  Paum.  Capito  und  lhitzer.) 

10  Voyez  l'en-tètc  de  la  lettre  d'Œcolampade  à  Morelct  (X"  108). 


208  [BERTHOLD  HALLER]  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.         \  534 

augentibus  se  opibus,  mulavit  in   hune  satis  pinguem  cui  nunc 

praeest,  situm  in  civitatula  Normanniœ  maritime.  De  doclrina  niliil 

ad  te  scribo  ;  ex  ejus  operibus  poteris  judicare  quisnam  sit  ;  lamen 

apud  Gallos  nullius  vel  parvi  est  nominis,  nisi  apud  Scholasticos 

doctores  Sorbonicos,  qui  ut  plurimùm  doctrinam  et  eruditionem 

a  dignitate  metiuntur.  Si  quis  exteriora  tanlùm  consideret,  nemo 

posset  <le  homine  malè  sentire  :  ittiùs  enim  rita  non  est  offendi- 

culo,  ni  mnltorum  et  feré  omnium  E/riscoporum. 

Quôd  in  amicorum  album  me  receperis,  habeo  gratiam,  oroque 

ut  tuum  illum  in  me  animum,  cum  per  otium  licebit,  mihi  prodas. 

Itene  vale.  xvi  Calendas  Octobris  (1534). 

Tuus  Maurus  Mus.els  n. 
(Inscriptio:)  Ad  Martinum  Bucerum. 


479 

[berthold  haller]  à  Martin  Bucer,  à  Strasbourg. 
De  Berne,  22  septembre  1534. 

Inédite.  Autographe.  Arch.  du  sémin.  prot.  de  Strasbourg.  Copie 
moderne  dans  la  Collection  Simler. 

Sommaire.  Dangers  de  Genève,  qui  se  croit  perdue,  si  Berne  ne  vient  à  son  secours. 
Un  tiers  seulement  des  citoyens  genevois  suivent  le  parti  des  Bernois  et  de  l'Évan- 
gile. Situation  difficile  de  Berne,  placée  entre  le  désir  de  ne  pas  abandonner  ses 
allies  de  Genève  et  la  crainte  de  voir,  en  cas  de  guerre,  son  territoire  envahi  par 
les  Fribourgeois  et  les  Valaisans. 

S.  Nuntium  adeptus,  qui  et  à  te  referret,  si  quas  scriberes  lite- 
ras,  nolui  te  Iatere  rerum  nostrarum  periculosissimum  statum. 

11  Morélet  adressa  encore  à  Bucer  le  16  octobre  1534  une  lettre  que 
nous  ne  reproduirons  pas.  Elle  renferme  le  passage  suivant,  relatif  au  Lé- 
gat Antoine  du  Prat,  chancelier  de  France,  à  qui  Bucer  avait  dédié  le  26 
août  sa  réfutation  de  l'ouvrage  de  Céneau  (note  9):  «  Quo  ...  consilio  nun- 
cupatoriam  Epistolam  ad  Legatum  Pontifias  scripseris,  facile  conjicio,  tua 
quoqiiH  satis  indicat  epistola.  Sed  apud  illum  vix  aliquid  protides  ...  nisi 
Dominus  immutet  et  illuminet  cor  illius  ...  Ego  hominem  intùs  et  in  ente 
novi.  Est  in  his  prorsùs  cœcus  et  iniquus  judex.  Non  est  tamen  quoà  ve- 
rcare:  tua  enim  legentur  à  doctis  et  piis  viris,  velit  nolit.  »  (Mscr.  orig. 
Arch.  du  sémin.  prot.  de  Strasbourg.  Copie.  Coll.  Simler.) 


1  534  [BERTHOLD  HALLErJ  A  MARTIN  BUGER,  A  STRASBOURG.  209 

Gebennetmum  miles l  sic  turbarunt  urbem  Genevam,  ut  ex  toto 
orbe,  pro  sua  pusillanimitate,  bost.es  eatervalim  conlluxisse  sibi 
viderentur.  Conqueruntur  quotidie  Episcopum,  operâ  Ducis  AHo- 
brogwm.  sic  invasurum  et  oppugnaturum  urbem.  ut  si  Bernâtes 
non  succurrerint,  actum  sit  de  illis  -.  Urgent  Civilitatem  nostram, 
ciii  Frïburgenses  cesserait 3.  Intérim  lamen  sic  divisi  inter  se,  tum 
ob  religionem,  tum  oh  Ducem,  ut  partes  duœ  Pontifîci  ac  Duci,  vix 
tertia  pars  nostrœ  civitati  et  Verbo  faveat. 

Si  derelinquimus  eos,.ab  omnibus  proditores  elmendaces  accu- 
sabimur.  Ubi  exercitum  miserimus,  limendum  ne  Valesiani  cum 
Friburgensibus  bunc  insequantur,  et  si  aliud  non  possint,  vias  ta- 
men  sic  occupent,  ne  nostris  reditus  aut  commeatus  pateat.  Sic 
inter  sacrum  et  saxum  bœrentes,  tantùm  eô  devenimus  ut,  missà 
Legatione  ad  Sabaudum  pacem  Gebennensium  petamus  4,  et  si  quid 


1  C'était  une  partie  des  quarante-quatre  Maméloucs  (ou  Ducaux)  con- 
damnés à  mort  par  contumace  six  ans  auparavant  (Voyez  le  Journal  de 
Balard,  p.  148,  149),  auxquels  s'étaient  joints  les  traîtres  qui  avaient 
tenté  de  livrer  la  ville  dans  la  nuit  du  30-31  juillet  1534  (X°  474,  n.  2). 
Le  procureur  fiscal  Nycod  de  Prato,  Michel  Gtiillet,  seigneur  de  Mpnthoux, 
et  les  frères  de  Claude  Pennet  étaient  du  nombre  de  ces  derniers  fugitifs 
(Voy.  le  Reg.  du  7  et  du  31  août,  dans  Froment,  op.  cit.  p.  xcix,  cvi). 

2  Les  fragments  suivants  de  lettres  écrites  à  MM.  de  Berne  par  les 
magistrats  de  Genève  donnent  le  ton  de  leurs  «  plaintes  »  soi-disant  jour- 
nalières :  Du  31  juillet  «  ...Les  gentilshommes  et  gens  du  pays  de  Savoie 
et  autres  sont  en  grand  nombre...  à  l'entour  de  nostre  ville...  don[t]  à 
présent  sommes  en  grand  trouble.  »  —  Du  3  août...  «  Si  à  cette  bore  ne 
s'y  met  remède,  à  jamés  nous  sommes  povres  gens  gâtés  et  détruits.  »  — 
Du  S  août,  au  secrétaire  bernois  Pierre  G-iron  :  «  Soyés  nostre  père...  et 
qu'il  vous  plaise  nous  guider  en  nos  adversités;  car  sans  vous  sommes  à 
jamais  povres  gens  affolés.  »  (Missives.  Arcb.  de  Genève.)  En  revanche, 
les  mesures  de  défense  prises  par  le  Conseil  et  les  dépêches  qu'il  envoyait 
à  ses  députés  à  Berne  dénotent  beaucoup  de  sang-froid  et  de  fermeté. 

3  Voyez  le  N°  449,  note  3.  Le  18  avril  1534,  Haller  écrivait  à  Bul- 
linger,  au  sujet  de  la  résolution  qu'avaient  prise  les  Fribourgeois  de  rom- 
pre leur  alliance  avec  Genève  :  «  Coguntur  hoc  facere  ;  alioqui  Antronii 
fœdera  ab  iis  exacturi  sunt.  »  (Mscr.  orig.  Arch.  de  Zurich.)  Voyez  la  n.  7. 

4  Les  quatre  ambassadeurs  que  MM.  de  Berne  avaient  envoyés  au  duc 
de  Savoie  s'étaient  présentés  devant  le  Conseil  de  Genève  le  20  septem- 
bre. Us  étaient  chargés,  disaient-ils,  de  parler  au  gouverneur  du  Pays  de 
Vaud,  afin  qu'il  fît  retirer  les  gens  de  guerre,  et  même  d'aller  jusqu'à 
Cliambéry  pour  exhorter  le  Duc  à  terminer  par  voie  amiable  ses  différends 
avec  Genève  (Voy.  Froment,  op.  cit.  Notes,  p.  cix  — ex).  Ce  fut  à  Turin 
qu'ils  s'acquittèrent  de  cette  mission  (Voy.  Chronique  msc.  de  Savion). 

T.  III.  14 


210     LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  GENÈVE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.    1534 

ab  utraque  parte  peccatum  fuerit,  vel  amicabiliter  vel  juridicè  per 
Helvetios,  qui  priorem  belli  calamitatem  coraposuerunt 5,  tran- 
sigi  permittat.  Responsum  expeclamus.  Deinde  delecti  sunt  4000 
pedites,  mit  einem  Fenlùi G.  Hi  expectant,  jam  parati,  ut  Gebemien- 
sibus  succurrant.  Optima  pars  domi  domesticum  et  Antronium  7 
hostem  expeclat...  Vale,  xxn  Septembris,  anno  1534. 

Tuum  minimum  Numisma8. 

(Inscriptio  :)  Martino  Bucero,  ecclesiastae  Argentinensi  doctis- 
sirao,  fratri  suo  omnium  carissimo. 


480 

les  évangéliques  de  gexèye  au  Conseil  de  Berne. 
De  Genève,  28  septembre  1534. 

Inédite.  Mscr.  original1.  Arch.  de  Genève.  Non  envoyée. 

Sommaire.  Les  Évangéliques  de  Genève  remercient  les  magistrats  bernois  de  l'as- 
sistance qu'ils  accordent  à  leurs  frères  persécutés  en  France,  en  Savoie  et  ailleurs, 
et  particulièrement  de  ce  qu'ils  ont  procuré  la  délivrance  de  Baudichon  et  de  Janin. 
Ils  leur  recommandent  l'église  de  Genève  et  les  prisonniers  de  Peney. 

La  grâce,  paix  et  miséricorde  de  Dieu  nostre  père  par  noslre 
Seigneur  Jésus  ! 
Très-puisans  et  magnifiques  Seigneurs,  esleuz  de  Dieu  pour 

5  Allusion  au  traité  de  St.- Julien,  conclu  le  19  octobre  1530,  entre  le 
duc  de  Savoie,  d'un  côté,  les  Genevois  et  les  Suisses,  de  l'autre. 

6  C'est-à-dire,  avec  une  bannière. 

7  Haller  et  Bullinger  se  servent  de  cette  appellation  peu  flatteuse  (Voy. 
Erasmi  Adagia,  art.  Antronius  asinus)  pour  désigner  les  cantons  catholiques. 

8  II  existe  un  certain  nombre  de  lettres  de  Haller  dans  lescpielles  cette 
expression  figurée  sert  également  de  signature. 

1  Cette  lettre  paraît  avoir  été  composée  par  Claude  Bernard,  l'un  des 
principaux  évangéliques  de  Genève.  Il  avait  été  élu  auditeur  des  Comptes 
le  15  février  1534.  (Voy.  la  note  8,  le  N°  395,  renv.  de  note  14,  le  N°  416, 
notes  9  et  16,  et  le  Keg.  du  27  février  et  du  28  septembre  1534.) 


1534    LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  GENÈVE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.     211 

l'advancemenl  de  sa  saincte  Parolle  et  pour  assister  à  ceux  qui 
pour  la  vérité  ont  assousfrir  [I.  à  souffrir],  en  quoy  par  la  grâce  de 
Dieu  vous  employez  continuellement,  comme  tous  peuvent  tesmo- 
gner  et  singulièrement  l'église  laquelle  a  pieu  à  Dieu  planter  icy 
par  vostre  moyen,  ayde  et  assistance,  —  non-seullement  procurant 
le  bien  en  la  ville,  mais  aussi  hors,  tant  en  France,  Savoye,  que 
toutes  pars  !  El  nostre  bon  père,  qui  congnoit  nostre  petitesse, 
pour  [1.  par]  vous  empesche  grandement  noz  ennemys,  qui  ne 
demandent  que  nostre  mort  et  destruction  —  faisant  que  ceux  qui 
estoyent  ayant  la  mort  en  la  gorge  sont  délivré  de  la  main  des 
loupz,  comme  Bdudichon  et  Collongny 2,  par  lesquel  Vous  Excellen- 
ces on[t]  eu  tant  de  peynne  et  d'emnuy.  Mais  Nostre  Seigneur  vous 
a  tellement  touché  les  cueurs  et  donné  tel  couraige,  que  jusques 
h  ce  qu'i[ls]  ont  esté  renduz  à  l'Église,  n^avés  cessé  3  ;  et  bien  sa- 
vons que  si  n'estoit  l'esgard  et  crainte  qu'on  a  de  Vous  Seignouries, 
que  les  pouvres  gens  qui  sont  délenuz  seroyent  grandement  moules- 
ter  et  noz  aussi. 

Mais  Dieu  par  vous  nous  console  et  assiste,  de  quoy  grandement 
le  mercions,  le  priant,  par  son  infinie  bonté,  [que]  il  vous  man- 
tiengne  et  concerve  en  toute  prospérité  d'âme  et  de  corps  et  vous 
et  tous  les  vostres,  estant  obligez  à  Vous  Excellences  beaucop  plus 
que  ne  pourrions  exprimer,  car  en  tout  vous  estez  monstréz  vraye- 
ment  nos  pères  et  protecteurs,  et  telz  vous  réputons;  et  tout  ce 
qu'il  vous  plaira  noz  commander  sommes  prest  de  [le]  tenir  et 
garder,  et  du  tout,  [selon]  ce  qui  vous  plaira  nous  mandé,  nous  con- 
duyre  *,  affin  que  tout  viengne  par  bon  moyen,  comme  aurions  désir 
le  vous  faire  savoir  plus  playnement  par  aulcun  des  nostres  de  ceulx 
qui  ayment  la  vérité;  mais  les  dangiers  qui  sont  sur  les  chemyns5 

2-3  Voyez  sur  la  captivité  de  Baudichon  et  de  Jean  Janin  dit  le  Colo- 
gnier,  les  Nos  454,  n.  7;  465,  466  et  473.  Ils  avaient  été  libérés  vers  le 
milieu  de  septembre,  à  l'instance  des  ambassadeurs  députés  au  roi  Fran- 
çois I  par  MM.  de  Berne  (N°  473,  n.  1).  C'est  ce  que  nous  apprenons  par 
le  Registre  du  Conseil  de  Genève  :  «  Jovis  17a  septembris  1534.  In  domo 
turris  persise.  Nobiles  DniHans  Boclulph  de  Dyesbachet  Georglus  Schœnner, 
oratores  D.  Bernatum,  redierunt  a  Lugduno  et  curiâ  regiâ,  retuleruntque 
se  actentè  relaxationem  Baudiehoni  de  domo  nova  et  Jo.  Collognier  solli- 
citasse, et  tantum  fecisse  quôd,  Deo  dante,  illorum  relaxationem  obtinue- 
runt.  » 

4  Le  Conseil  de  Genève  estima  sans  doute  que  ce  passage  était  trop 
obséquieux  pour  MM.  de  Berne  (Voy.  la  n.  8). 

5-6  Depuis  l'entreprise  du  30-31  juillet  (N°  474,  n.  2),  les  routes  qui 


212  LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  GENÈVE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.  \o'.U 

(pourtant  que  sur  tous  on  nous  cerche,  comme  bien  appert  aux 
prisoniers  de  Penay 6,  lesquel  pour  l'honneur  de  Dieu  aurés  pour 
recommandé)  nous  empeschent  d'aller  par  devant  Vous  Excellences. 
Mais  le  présent  [porteur]  vous  en  pourra  advertir,  et  sera  vostre 
bon  plaisir — pour  l'honneur  de  Dieu  et  de  son  évangille,  pour  Vè- 
diffication  de  l'église  que  Nostre  Seigneur  fait  croislre  de  jour  en 
jour,  et  le  grand  fruict  qui  en  vient  de  tous  coustéz  —  persévé- 
rer et,  tout  ainsi  qu'i[l]  plaira  à  Vous  Nobles  Seignorries  nous 
commandé  et  aydanl  le  Très-Puissant,  congnoistre  le  désir  qu'a- 
vons de  servir  à  Dieu  et  à  Voz  Excellences,  auquelles  humble- 
ment noz  recommandons,  vous  priant  qu'i[l]  vous  plaise  nous  as- 
sister et  empescher  ceux  qui  du  tout  travaillent  [pour]  nous  hostéz 
la  Parolle  de  Dieu;  car  bien  senton[s]  à  ce  tâcher  mesme  ceux 
que  jamais  n'eussions  pensé  7.  Prians  le  Seigneur  des  seigneur[s] 
vous  garder  et  conserver.  De  Genève,  ce  xxvm  de  septembre,  Tan 
[de]  Nostre  Seigneur  1534. 

Par  vous  humbles  et  obéissans  serviteurs 
Ceux  qui  désirent  la  parolle  de  dieu. 


(Suscription  :)  A  Magniffiques,  Puissans  et  très-redoubtés  Sei- 
îeurs  Messeigneui 
nouréz  Seigneurs  8. 


gneurs  Messeigneurs  FAdvoier  et  Conseil  de  Berne,  noz  très-ho- 


aboutissaient  à  Genève  n'offraient  aucune  sécurité.  Les  Ducaux  et  les 
Épiscopaux  pillaient  les  fermes  et  arrêtaient  tous  les  passants.  Les  pro- 
scrits genevois  qui  s'étaient  retirés  dans  le  château  de  Peney.  situé  sur  le 
Rhône,  à  une  lieue  et  demie  de  Genève,  enlevaient  de  préférence  ceux  de 
leurs  concitoyens  qu'ils  savaient  partisans  de  l'Évangile  (Voy.  le  Registre 
au  31  juillet,  17,  28  août,  14  septembre,  et  le  N°  482,  n.  4).  Aussi  les 
magistrats  genevois  écrivaient-ils,  le  10  septembre,  à  leurs  députés  à 
Berne  :  «  L'Évesque  a  donné  lieu  aux  forensiers  [1.  fugitifs]  de  la  ville  au 
chasteaulx  de  Piney...  et  les  entretient  là  à  nous  faire  tous  les  maulx  qu'il 
peuvent  de  heure  en  heure,  et  se  fortiffient  là  de  jour  en  jour,  et  les  vi- 
vres sont  tousjours  deffendu  de  partout.  »  (Missives  du  Conseil.) 

7  Ces  paroles  font-elles  allusion  à  des  membres  du  Conseil  de  Berne 
ou  du  Conseil  de  Genève  ? 

8  Au-dessous  de  l'adresse  on  lit  cette  note  :  «  La  lettre  que  Glaudoz 
Bernard  et  ses  compagnion  récripve  à  Messieurs  de  Berne.  »  Le  Registre 
du  29  septembre  s'exprime  ainsi  au  sujet  de  cette  lettre  :  «  Audito 
Claudio  Bernardi  dicente,  se  et  multos  suos  consortes  velle  scribere 
Dnis  Bernatibus  occurren[tia],  et  rogare  ipsos  de  aliquibus,  visâque  mis- 
sivâ  per  eos  scriptâ,  fuit  resolutum,  ipsam  missivam  debere  retineri,  et 
deffendi  dicto  Claudio  Bernard  et  ceteris,  quod  caveant  scribere  aliquid 
quod  civitati  contrariet.  »   Le  Conseil  se  chargea  de  remercier  lui-même 


1534     LE  CONSEIL  DE  GENEVE  AU  CHAPITRE  DE  ST.-PIERRE.      213 


481 

le  conseil  de  gexèye  au  Chapitre  de  St.-Pierre1. 
De  Genève,  1er  octobre  1534. 

Registre  du  Conseil.  Fragm.  hist.  sur  Genève,  1823,  p.  196. 

Sommaire.  Au  lieu  de  paître  son  troupeau,  le  Pasteur  de  Genève  l'a  complètement  né- 
gligé, et  les  officiers  qu'il  avait  chargés  de  l'administration  de  la  justice  ont  aban- 
donné la  ville  pour  se  joindre  à  ses  ennemis.  Le  siège  [de  la  Justice  épiscopale]  est 
donc  vacant,  et  Messieurs  du  Chapitre  sont  priés  d'élire  un  Grand- Vicaire,  un  Offi- 
ciai, un  «  Juge  des  excès  et  des  appellations.  » 

Révérends  Seigneurs  !  Entre  les  raisons  que  vous  avons  des- 
couvertes sur  les  doléances  de  Genève,  Yoz  Seignories  sçavient 
[l.  savent]  comment  il  y  a  longtemps  que,  pour  les  grands  et  divers 
affaires  occurrans  par  le  monde,  Genève  debvoit  estre  soubvenue  d\mg 
pasteur  vigillant,  quil  heubt'député  gens  de  vertu,  ayons  charge  [de] 
étroitement  parler  en  vérité  et  paistre  les  brebys  spirituellement,  et 
[qui]  davantaige  eurent  le  regard  sur  le  maniement  de  Justice  en- 
tièrement, sans  getter  leur  cueur  aultre  part  que  dans  Genève. 

Ce  néaulmoing,  comment  Yoz  Seignories  sçavient,  /(/  paovre 
ville  a  esté  despourveue  de  tout,  en  sorte  que  sont  survenus  beau- 
coup dïnconvéniens  par  telle  faulte.  Et  n'a  esté  en  Genève,  ny 
ailleurs,  homme  quil  prétendyt  avoir  majesté  quil  aye  faict  aul- 

les  magistrats  bernois  pour  la  délivrance  des  deux  captifs  (Lettre  du  20 
novembre  1534.  Genfer-Buch.  Arcb.  de  Berne). 

1  Cette  pièce  n'est  pas  une  lettre,  mais  le  texte  d'un  discours  adressé 
aux  Chanoines  de  la  part  du  Conseil,  comme  nous  le  savons  d'après  ce 
passage,  qui  précède  le  susdit  texte  dans  le  Registre  :  «  Jovis  [die]  primo 
Octobris  1534.  Nobiles  Domini  Sindici,  associati  majori  parte  sui  Consilii 
ordinarii,  iverunt  ad  Dominos  de  Capitulo  Sancti  Pétri,  die  supb  Kalendaî 
in  loco  suo  capitulari  congregatos,  quibus  subscripta  exposuerunt  et  pe- 
tierunt,  scripto  tamen,  ne,  occasione  longi  propositi,  loquens  aberraret.  » 
Le  conseiller  Jean  Balard,  fervent  catholique,  faisait  partie  de  cette  dé- 
putât ion. 


214  LE  CONSEIL  DE  GENÈVE  AU  CHAPITRE  DE  ST.-PIERRE.  1534 

cung  effort  de  sou[b]venir  à  la  pouvre  cité,  —  ains,  au  lieu  de 
remesde,  et  sans  aultrement  regarder  le  debvoir,  a  esté  getté  et 
attraict  ung  quil  se  disoit  docteur  en  Théologie,  nommé  Furbiti, 
lequel  en  chière,  par  une  arrogance  et  pertinacité,  a  aousé  droic- 
tement  [1.  directement]  parler  contre  l'honneur  de  l'excellence  de 
très-redoubtéz  Seigneurs  Messieurs  de  Berne 2,  quil  sont  et  ont 
esté  entièrement  et  du  tout  protection  de  la  cité  :  [ce]  que  n'es- 
toit  point  faict  comme  apertient  à  pasteur  quil  veult  vrayement 
paistre,  comment  gens  de  vertu  peulvent  sçavoir.  Et,  pour  l'admi- 
nistration de  Justice,  ont  esté  créez  plusieurs  qui  [se]  sont  eulx- 
mesmes  déclairés  non  point  amys  deGenêve,aim,  a  vans  leurs  cueurs 
aultre  part,  sont  esté  faictz  fugitifz,  et  ont  en  temps  neccessaire 
laissé  la  pouvre  ville  en  sa  neccessité,  et  [se]  sont  plusieurs  fois  reti- 
rez avecque  les  ennemys,  comment  transfuges3  ;  don[t]  les  citoyens 
jusques  à  présent  sont  estez  merveilleusement  troublés,  sans  qu'il 
ayent  heubt  homme  quil  [se]  soit  faict  leur  deffenseur  de  conseil, 
ny  de  faict,  saulfz  l'excellence  de  mes  dits  Seigneurs  de  Berne. 

Pourquoy,  sommes  estes  esmeu  vous  en  dire  cecy,  comme  une 
partie  des  doléances  de  la  cité,  affin  que  en  soyés  recordans  et 
veuilles  en  dire  la  vérité,  avecque  [ce]  qu'il  leur  [1.  vous  ?]  plaise 
eslire  officiers,  tant  Vicaire,  Officiai,  Juge  des  excès  et  d'appellation 4, 
veu  que  la  sède  vacque 5. 

2  Voyez  sur  le  Père  Furbiti  les  N°s  441,  n.  9;  446,  n.  6-8;  447,  n.  1 
et  6;  448,  n.  7,  et  453. 

3  Dans  le  nombre  de  ces  transfuges  se  trouvaient  Nycod  du  Prat,  pro- 
cureur fiscal  de  l'Évêque,  et  le  Docteur  Dominique  Suchet,  dont  le  susdit 
procureur  vantait  le  mérite  en  ces  termes  :  «  Ab  infancia  est  imbutus  de 
negociis  concernentibus  juridicionem  vestram  et  jura  Civitatis  »  (Lettre 
du  26  février  1534  à  Pierre  de  la  Baume.  Arcb.  de  Genève). 

4  Les  fonctions  de  Grandir  Vicaire  n'étaient  plus  exercées  par  le  Doyen 
du  Chapitre,  Amé  de  Gingins ,  bien  qu'il  résidât  encore  à  Genève.  Le 
Registre  du  13  octobre  donne  lieu  de  penser  qu'il  avait  été  remplacé  dans 
cette  charge  par  le  Juge  des  excès  Claude  du  Four,  qui,  dès  le  commen- 
cement de  septembre,  s'était  transporté  à  Gex  avec  V Officiai  Guillaume 
de  Vegio,  sur  l'ordre  de  Pierre  de  la  Baume.  Celui-ci  avait,  en  effet,  lancé 
contre  les  Genevois  une  bulle  d'excommunication,  le  22  août,  et  transféré 
dans  la  ville  de  Gex  son  tribunal  épiscopal.  A  cette  mesure  de  l'Évêque 
le  Conseil  de  Genève  avait  répondu  parle  décret  suivant  :  «  QuartâSeptem- 
bris.  Arresté  de  faire  deffense  cà  tous  les  curés  et  vicaires  que  il  ne  doë- 
gent  recepvoir...  ny  tenir  à  bonnes  [1.  pour  bonnes]  quelles  lettres  que  se 
facent  en  la  court  de  Gex,  soit  par  Officiai,  Vicaire  ny  aultre.  »  On  lit  encore 
dans  le  Piegistre  du  25  septembre  :  «  Fuit...  propositum  sicuti  Episcopus 
scripsit  D,  Johanni  de  Ulmo,  siggillifero,  quôd  ipse  se,  cum  siggillis  Of- 


1  534     FRANÇOIS- DU  RIMER  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.      215 


François  du  rivier  '  à  Guillaume  Farel,  à  Genève. 
De  Morat,  8  octobre  (1534 2). 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchàtel. 

Sommaire.  Vous  vous  plaignez  de  ce  que  je  n'ai  répondu  qu'une  seule  fois  à  vos  fré- 
quentes lettres.  Je  vous  avais  cependant  écrit  par  un  marchand  neuchâtelois,  mais  il  a 

fîcialatûs  hujus  civitatis,  debeat  ad  opidum  Gay  transportare,  et  fuit  visa 
ejusdem  Episcopi  litera.  Super  quo  fuit  arrestatum...,  quamvis  ipsi  [Do- 
miui  de  Capitule]  velint  consentire ,  fiant  defensiones  dicto...  Sigillifero, 
uemini  ipsa  sigilla  expédiât  sine  nostro  mandate.  » 

5  II  paraît  qu'au  dernier  moment  le  Conseil  fit  changer  la  rédaction 
de  cette  phrase.  Elle  a,  du  moins,  reçu  la  forme  suivante  dans  le  procès- 
verbal  notarié  de  l'entrevue  du  Chapitre  et  des  députés  du  Conseil  : 
«  ...Veulliés  en  dire  la  vérité.  Et  davantage,  pource  que  le  Siège  de  la 
«  Justice  épiscopale  de  ceste  cité,  et  en  ycelle,  a  vacqué  et  vacque  à  présent 
«  (comme  il  est  à  chescun  notoyre),  et  que  actendu  que,  [le]  Siège  vac- 
«.  quant,  vous  appertient  constituer  les  officiers  épiscopaulx,  —  [nous] 
«  vous  prions  et  requérons,  au  nom  de  toutte  la  communaulté,  vouloir 
•.<  ordonner  et  constituer  vicayre,  officiai  et  juge  des  excès  et  de  appel- 
«  lation.  »  (Lettres  testimoniales  rédigées,  à  la  réquisition  des  Syndics, 
par  le  notaire  André  Viennoys.  Mscrit.  orig.  Arch.  de  Genève.) 

M.  Gaberel  s'est  donc  mépris  sur  la  portée  de  la  déclaration  du  1er 
octobre,  quand  il  dit  (op.  cit.  I,  191)  :  «  Les  Conseils  signifient  aux  cha- 
noines que  l'évèque  est  déposé.  »  La  déclaration  faite  au  Chapitre  ne 
renferme-t-elle  pas,  au  contraire,  une  reconnaissance  tacite  de  l'autorité 
épiscopale,  puisqu'elle  requiert  les  représentants  de  celle-ci  d'élire  les 
officiers  indispensables  à  l'administration  de  la  Justice?  Les  Genevois  vi- 
vaient, il  est  vrai,  en  mauvais  termes  avec  leur  évêque,  mais  ils  ne  son- 
geaient pas  à  le  déposer.  On  ne  trouve  aucun  indice  d'un  pareil  projet 
dans  le  passage  suivant  du  Registre  du  18  septembre  1534,  qui  trahit 
une  grande  irritation  contre  Pierre  de  la  Baume  :  «  Fuit  loquutum  de  ne- 
gotiis  civitatis  et  perpetratis  per  Episcopum,  et  arrestatum  quùd  omnia 
debeant  notari  et  describi,  et  postea  advidebitur  de  experiendo  et  agendo 
contra  eum,  in  vim  per  ipsum  perpetratorum,  quorum  occasione  eastige- 
tur.  »  (Voyez  les  Additions.) 

1  Voyez  sur  Fr.  Martoret  du  Bivier  le  N°  893,  n.  25. 

2  Les  détails  qui  fixent  l'année  sont  indiqués  dans  les  n.  4,  8,  13  et  1G. 


216  FRANÇOIS  DU  RIMER  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.  1534 

été  contraint  de  déchirer  mon  épître  en  revenant  de  Lyon.  Depuis  lors  je  n'ai  pas 
trouvé  de  messagers  sûrs,  et  ceux  à  qui  j'aurais  pu  me  fier  ne  m'ont  pas  averti  à 
temps  de  leur  départ. 

Je  crains  que,  malgré  votre  promesse,  l'un  de  vous  deux  ne  puisse  être  présent  a 
notre  prochain  synode,  et  que  par  conséquent  l'on  n'y  prenne  aucune  mesure  utile. 
Nous  sommes  pourtant  décidés  à  résister  ouvertement  à  nos  rabbins.  J'étais  venu  ici 
pour  m'entendre  avec  notre  ami  Turtaz  sur  le  moyen  d'obtenir  l'appui  de  Gaspard 
[Megander].  Mais  Jean  de  Tournay  m'avait  devancé,  et,  la  veille  de  mon  arrivée  à 
Morat,  il  s'était  rendu  à  Berne.  Gaspard  sera  peut-être  d'avis  qu'il  convient  de  dif- 
férer le  Synode  jusqu'à  ce  que  nous  soyons  certains  de  la  paix  ou  de  la  guerre,  car 
les  députés  [envoyés  à  Cho/inbéry]  ne  sont  pas  encore  de  retour. 

Le  procès  de  Christophe  [Fabri]  est  toujours  en  suspens,  et  le  curé  n'a  pas  encore 
été  cité  en  justice.  Denis  attend  à  Neuchdtel  la  prochaine  congrégation,  pour  y  de- 
mander une  place  de  pasteur. 

Salutem,  gratiam  et  pacem  a  Domino  Deo  per  Jesum  Cliristum  ! 
Accepi  tuas  postremas  literas*,  charissime  frater,  quibus  me  mu- 
nes  ul  fratrem  christianum  decet.  Dicis  te  plurimas  ad  me  misisse 
literas,  à  me  verô  nullas  récépissé  praster  unas.  Sciïpseram  tamen 
per  Amedœum,  mercatorem  Neocomensem,  at  non  pertulerat,  nam 
dicit  mihi  se  fregisse,  ubi  rediit  Lugduno,  cum  videret  non  posse 
transire  Gebend  \  m  ego  jusseram.  Nam  non  audeo  cuivis  commit- 

3  Ces  lettres,  ainsi  que  beaucoup  d'autres  écrites  par  Farel  à  cette 
époque,  sont  perdues. 

*  Aîné  Maréchal  et  son  frère  Claude,  marchands  établis  à  Ncuchâtci, 
étaient  revenus  de  Lyon  par  le  Fort-de-1'Écluse.  En  arrivant  à  Colonges, 
le  mercredi  9  septembre  1534,  ils  y  trouvèrent  un  postillon  à  cheval  qui 
prit  avec  eux  la  route  de  Genève.  Les  trois  voyageurs  avaient  déjà  passé 
«  le  pont  de  Chancy  »  et  atteint  la  Grave,  lorsqu'ils  rencontrèrent  Michel 
de  Gruyère  et  plusieurs  autres  gentilshommes  armés,  qui  les  interrogèrent 
durement.  «  Tu  portes  une  plume  de  Luther?  »  dit  l'un  d'eux  au  postillon. 
«  Non  fais,  répondit-il.  Ëtes-vous  larrons?  Attendez-vous  ainsi  les  gens  sur 
les  chemins?»— «Tu  es  bien  fier,  répliquèrent  les  gentilshommes.  Qui  es- 
tu?  »  —  «  Je  suis  un  homme  comme  vous.  »  —  «  Quelles  sont  les  nou- 
velles? »  —  «  L'on  dit  que  vous  faites  toujours  peur  à  ceux  de  Genève.  » 
—  «  Par  le  sang  !  nous  la  leur  ferons,  avant  qu'il  soit  trois  semaines  ré- 
volues. »  On  laissa  enfin  nos  trois  voyageurs,  quand  ils  eurent  déclaré 
qu'ils  n'étaient  pas  genevois. 

A  cette  occasion  MM.  de  Berne  adressèrent  au  comte  de  Gruyère  une 
lettre  dont  voici  la  fin  :  «  Vous  advertissant,  sy  par  vostre  filz,  ou  aultre 
de  sa  compaignie,  à.  nous  combourgeoys  de  Genesve,  ouaultres  nous  alliés... 
est  faict  quelque  déplaisir,  que  nous  nous  recourrons  sur  vous.  »  (Voy.  la 
déposition  d'Ame  Maréchal  datée  de  Neuchàtel  le  1er  octobre  1534,  la 
lettre  de  Berne  à  Jean  de  Gruyère  du  15  septembre,  et  celle  de  son  fils 


1534  FRANÇOIS  DU  RIV1ER  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.  217 

tere  meas  ad  le  literas,  cum  sint  qui  nihil  aliud  venentur  quàm  ut 
possint  intercipere  literas  et  eolligere  in  fa[s]ciculum,  ut  aliquid 
inde  expiscentur  quo  possint  nobiscum  expostulare,  ne  dicam  nos 
calumniari.  Scripsissera  per  Lupuin,  at  dicebat  se  non  esse  certum 
an  ad  le  proriciscerelur,  nain  ibat  dunlaxat  Garandissonum  5  us- 
que,  quorumdam  suorum  vestimentorum  gratiâ  ;  prœterea  monue- 
rat  me,  an  vellem  ad  te  aliquid  dare  literarum,  cumjam  arripue- 
rat  iter.  Scripsissem  etiam  lubens  per  Alexandrum  et  Petreman- 
dumCornodum*,2Xisthvfi  iVeruut  omnes  me  inscio.  Quare  non 
est  quôd  sis  in  me  irato  animo,  ut  Lupus  mihi  retulil,  quôd  non 
saepius  ad  te  scripserim. 

Casterùm,  rereor  ne  non  possitis  prœstare  quod  dicis,  alterum 
vestrûm1  venturum  adfuturum  nostrum  concilium8,  quodmirum 
in  modum  [cupiunt?]  omnes  pii  fratres;  nam  non  videmus  quo- 
modo  aliquid  frugi  fieri  poterit,  nisi  adsitis.  Sumus  tamen  eo 
animo  nostris  rabinis  resistere  in  faciem  et  non  amplius  dissimu- 
lare 9,  ut  nos  saepe  monuisti  ;  sed  quid  inde,  nisi  clamores  et  voci- 
ferationes  et  tandem  magnum  scandalum?  —  quod  illi  non  ve- 
rentur,  imo  potiùs,  nihil  magis  videntur  habere  in  votis  quàm  ut 
oriatur,  ut  possint  in  nos  totam  rejicere  culpam. 

Michel  datée  d'Orou  le  22  septembre.  Arch.  bernoises.  —  J.-J.  Hisely. 
Hist.  du  comté  de  Gruyère,  II,  341).) 

5  La  ville  de  Grandson. 

6  II  s'agit  peut-être  d'Alexandre  Le  Bel  (N°  349,  n.  1  et  3,  N°  354, 
n.  4),  qui,  vers  cette  époque,  exerçait  le  ministère  à  Corgéniont  dans  le 
Val  St.-Imier  (Voy.  la  lettre  de  Fabri  du  10  mars  1535).  Pétremand  Cor- 
nod  était  vraisemblablement  un  bourgeois  de  Xeucliâtel. 

7  Saunier  ne  résidait  plus  en  Suisse.  Froment,  qui  assistait  encore  au 
culte  des  Evangéliques  genevois  le  22  février  1534  (Voy.  Gaberel,  op. 
cit.  I,  pièces  justif.  p.  55),  passa  une  partie  du  reste  de  l'année  chez  les 
Vaudois  du  Piémont  ou  de  la  Provence.  Sur  les  instances  de  MM.  de 
Berne  (N°  455,  renv.  de  n.  3),  la  ville  de  Neuchâtel  avait  donné  un  nou- 
veau congé  à  Viret,  qui  était  revenu  à  Genève  au  mois  d'avril  ou  de  mai 
(Voy.  le  Reg.  du  Conseil  du  8  juin).  Farel  et  Viret  étaient  donc  en  octo- 
bre les  seuls  prédicateurs  des  réformés  genevois. 

8  Le  Synode  en  question  eut  lieu  à  Grandson  le  mardi  3  novembre 
suivant.  Quarante  ministres,  tant  du  comté  de  Neuchâtel  que  du  pays  de 
Berne,  y  furent  présents  (Journal  de  Lecomte.  Ruchat,  III,  300).  Mais 
nous  croyons  que  ni  Farel,  ni  Viret  ne  purent  y  assister  (Voy.  le  X°  48G,  n.  2) . 

9  II  ne  s'agit  pas  ici  lu  curé  et  des  catholiques  de  Boudry,  que  Fabri 
appelle  Bodriaccnscs  rabini  (Lettre  du  10  mars  1535),  mais  de  certains 
ministres  qui  avaient  la  prétention  de  dominer  dans  les  assemblées  de 
leurs  collègues. 


218  FRANÇOIS  DU  RIMER  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.  1534- 

Quod  scribis  ut  rogemus  Gasparem  Bernatem  10,  ut  nos  non  de- 
serat  in  tanto  negotio,  eâ  causa  veni  Murattum  ut  possem  conferre 
cum  nostro  Turtero  "  quid  facto  opus  esset.  Àt  pridie  quàm  venis- 
sem,  Joannes  noster  Tornassensis 12  se  receperat  Bernam,  cui  Tur- 
terus  injunxerat  ut  conveniret  Gasparem  hac  de  re,  et  rogaret,  no- 
mine  omnium,  propter  Cliristum,  ad  nos  venire  si  fieri  potest,  et 
tandem  certiores  nos  faceret.  Scribendo  lias  literas  expectabamus 
nuncium,  at  non  rediit;  quamobrem  nescimus  quid  responderit. 
Fortasse  videbitur  illi  differendam  esse  hanc  congregationem.  do- 
uée certiores  fiant  de  pace  aut  bello,  nom  Legati  nondum  redierunt13. 
Cuperemus  scire  vestram  sententiam  in  hac  re,  si  liceret  per  tem- 
pus.  Dominus  omnia  prosperet  in  melius  !  Si  fit  et  Gaspard  adve- 
nerit,  faciemus  quod  jubés  :  indicabimus  illi  quomodo  Crux li  misit 
Bernam  qui  datus  fuerat  illi  probandus  et  tandem  certiores  facie- 
mus, quicquid  actum  fuerit. 

Porrô,  de  negotio  Christophori  nihil  actum  est 15.  Prœfectus  pol- 

10  Gaspard  Megander  (en  allemand  Grossmann)  appelé  à  Berne  en  fé- 
vrier 1528.  Il  y  remplissait  les  fonctions  de  pasteur  et  de  professeur  de 
théologie.  Il  avait  publié  des  commentaires  sur  l'Épître  aux  Galates 
(mars  1533)  et  sur  l'Épître  aux  Éphésiens  (avril  1534).  La  préface  de 
ce  dernier  ouvrage  renferme  d'intéressants  détails  sur  le  Collège  de  Berne. 
Megander  était  connu  personnellement  des  pasteurs  de  la  Suisse  romande, 
depuis  le  synode  qui  se  réunit  à  Xeuchâtel  le  29  mai  1534  (N°  471,  n.  1). 

11  Hugues  Turtaz,  pasteur  de  Meiri  et  de  l'église  française  de  Morat. 

12  Jean  de  Tournag,  pasteur  à  Payerne  (X°  435,  fin  de  la  n.  2). 

13  On  doit  inférer  de  cette  phrase,  que  les  députés  auxquels  Fr.  du  Ei- 
vicr  fait  allusion  étaient  absents  depuis  quelque  temps  déjà.  H  s'agit  donc 
ici  de  l'ambassade  qui,  partie  de  Berne  le  16  septembre  1534  pour  aller 
plaider  auprès  du  duc  de  Savoie  (N°  479,  n.  4)  la  cause  de  la  paix,  ne  fut 
de  retour  de  Turin  que  vers  le  milieu  d'octobre  suivant,— et  non  de  celle  que 
MM.  de  Berne  dirigèrent  sur  Xyon  le  G  octobre  1535,  pour  faire  rebrousser 
chemin  aux  gens  de  Xidau,  Bienne,  Xeuchâtel,  etc.,  que  Jacob  Wildermuth 
amenait  au  secours  de  Genève.  Les  deux  conseillers  bernois  chargés  de 
cette  dernière  mission  n'arrivèrent  à  Coppet  que  le  9  au  soir,  la  veille  mê- 
me de  la  bataille  de  Gingins.  Voyez  le  Manuel  de  Berne  du  16  septembre, 
17,  19  octobre  1534,  et  du  6  octobre  1535  (Communication  de  M.  le  chan- 
celier Maurice  de  Stùrler).  —  Registre  du  Conseil  de  Genève,  11  et  12 
octobre  1535.  —  Ruchat,  III,  419. 

14  Jean  Lecomte  de  la  Croix,  pasteur  à  Grandson.  Le  candidat  qu'on 
lui  reprochait  d'avoir,  de  sa  propre  autorité,  envoyé  à  Berne  était  peut- 
être  Jacques  Leroy  (X°  471,  renvoi  de  n.  4). 

15  Cliristoplie  Fabri,  pasteur  à  Bole  dans  le  comté  de  Xeuchâtel.  Voyez, 
sur  ses  démêlés  avec  le  curé  de  Boudry,\e  X°  394,  n.  4  et  renv.  den.  13, 
le  X°  400,  renv.  de  n.  4,  notes  8,  12,  et  le  X°  491. 


1531  GASPARD  DE  COLIGNY  A  NICOLAS  BÉRAULD.  219 

licitus  erat  dicere  diem  raso,  at  nihildum  effeclum  est.  etsi  pluries 
fuerit  rogalus  à  civibus,  adeô  ut  cives  jara  tam  magno  taedio  affi- 
ciantur  ut  nesciant  amplius  quid  facturi  siût  ;  dicunt  tamen  se  non 
derelicturos  hoc  negotium  imperfectum.  Caetera  satis  bene  lia- 
ient. Dionisius1*  Me  insignis  casearius  expectat  Neocomi  futur  mn 
congregationem,  an  poterit  habere  locura  ubi  agere  possit  cum 
uxore  quam  Lupus  illi  adduxit.  Yale.  Salutant  vos  oranes  pii. 
Muratti,  8  octobris  (1534). 

Tuus  ex  animo  Franciscus  Rivius. 

(Inscriptio  :)  Charissimo  fratri  Guillelmo  Farello,  Gebenis. 


483 

Gaspard  de  coligny  à  Nicolas  Bérauld  ' . 
(D'Amboise,  vers  le  8  octobre  1534 2). 

Autographe.  Bibl.  de  la  Ville  de  Berne.  Vol.  E.  141,  epa  14*.  Ca- 
talogus  Godicum  Mss.  Bibliothecee  Bernensis,  t.  III,  p.  184. 

Sommaire.  Sut  le  désir  exprimé  par  Bérauld,  Coligny  l'informe  des  nouvelles  du  jour, 
et  il  lui  fait  connaître  l'emploi  de  son  temps  d  la  coicr  de  François  I. 

Gaspard  Collignius3  Nicolao  Beraldo  S. 
Quoniam,  et  quidem  contra  morem  tuum  (animus  enim  tuus  ab 

16  Entre  les  pasteurs  établis  cà  cette  époque  dans  la  Suisse  romande, 
un  seul,  à  notre  connaissance,  portait  ce  prénom  :  c'était  Denis  Lambert. 
Nous  ne  savons  pourquoi  on  l'appelait  le  Fromager.  Ce  ministre  nouvel- 
lement marié,  n'avait  pas  encore  trouvé  d'emploi.  Le  10  octobre  1535  il 
en  avait  un,  et  même  assez  périlleux ,  puiscpi'il  accompagnait  en  qualité 
d'aumônier  la  petite  armée  qui  battit  les  Savoyards  à  Gingins  (Voy.  la 
n.  13  et  la  lettre  du  9  septembre  1535). 

1  Quoique  cette  pièce  ne  rentre  pas  dans  le  cadre  de  la  Correspon- 
dance, nous  croyons  devoir  la  reproduire,  à  raison  du  rôle  important 
qu'a  joué  plus  tard  Coligny.  C'est  d'ailleurs  l'unique  lettre  qui  nous  reste 
de  sa  première  jeunesse,  et  elle  n'a  pas  même  été  citée  par  ses  modernes 
biographes. 

2  Voyez  les  notes  6,  10  et  11. 

3  Gaspard  de  Coligny,  fils  du  maréchal  de  Chastillon  et  neveu  du 


220  GASPARD  DE  COL1UNÏ  A  NICOLAS  BÉRAULD.  1534 

iis  abhorrere  videtur)  aulicarum  rerum  cerlior  ex  me  lieri  cupis, 
et  si  tam  magnis  atque  arduis  rébus  ingenium  meum  immiscere 
non  fuerim  solitus,  pro  mutua  tamen  in  ter  nos  benevolentia,  ho- 
nestae  tuae  cupid[it]ati  libenter  obtemperans,  quicquid  ex  aliis  au- 
diero  et  edoctus  fuero,  quàm  potero  fidelissimè  ad  te  perscribam. 

Primùm  igitur  Pontifleem  mort[u]um  esse  neino  est  qui  aflîrmet; 
compertum  est  tamen  eum  adeô  graviter  aBgrotasse,  ut  indies 
mors  poliùs  quàm  vita  expectetur 4.  Romœ  viros  passim  armatos 
cerneres,  partim  praedae  imminentes,  partim  ad  tedes  suas  ab  alio- 
rum  insolentià  tuendas.  Sexto  Uns  Septembres 5  é  Massiliensi  portu 
solverunt  Cardinales  nostri*,  atque  Romam  ingressi  Comitiis  jam 
adesse  omneis  arbitrantur.  Sed  maximas  vides  difticultates  :  mare 
aut  communibus  generis  humani  bostibus  teneri,  aut  gallico  no- 
mini  parum  amicis,  agrum  Romanum  bello  flagrare,  atque,  ut 
paucis  absolvam,  omneis  aditus  undique  esse  clauses. 

Nihilominus,  in  tam  ancipiti  et  dubia  rerum  omnium  fortuna, 
Rex  suum  non  dejicit  animum,  imô,  spei  quasi  jam  certissimaj 
plenus,  quotidie  venando  cursu  cervos  fatigat,  aut  venabulo  intra 
plagas  apros  interficit.  Nos  quoque  interdum  pari  tenemur  studio, 
potiorem  tamen  operam  in  Cieeroniana  leclione  et  Ptolemei  tabu- 
lis  Maino 7  daturus,  in  quibus  aliam  ac  Theocrenus 8  secutus  ratio- 

gi-and-maître  Aune  de  Montmorency,  naquit  le  16  février  1519  (1517, 
suivant  quelques  auteurs,  ce  qui  est  impossible ,  son  frère  Odet  étant  né 
le  10  juillet  1517).  La  première  éducation  de  Coligny  fut  confiée  à  Ni- 
colas Bérauld  (X°  475,  n.  2).  En  1534  il  continuait  ses  études  à  la  cour 
de  François  I,  en  assistant  peut-être  aux  leçons  que  ses  nouveaux  pro- 
fesseurs, Theocrenus  et  Guill.  du  Maine,  donnaient  aux  enfants  du  lloi 
(Voy.  notes  7-8). 

4  Voyez  la  note  10. 

5  C'est-à-dire  le  8  septembre. 

6  Au  nombre  de  ces  cardinaux  français,  qui  étaient  partis  pour  Borne, 
se  trouvait  Odet  de  Chastillon,  frère  de  Coligny  (X"  475,  n.  2).  Le  pape 
Clément  VII,  sentant  approcher  sa  fin,  avait  convoqué  le  Conclave  pour 
faire  élire  son  successeur  (Cronique  de  Françoys  I,  p.  110). 

7  Guillaume  du  Maine  (en  latin  Mainus),  savant  helléniste  natif  de 
Loudun  en  Poitou.  11  fit  d'abord  l'éducation  des  fils  de  Guill.  Budé,  son 
professeur  de  grec  (Voy.  G.  Budœi  Epistolae.  Basilese,  1521.  p.  116, 
120),  puis  il  devint  lecteur  de  Marguerite  d'Angoulême,  et  plus  tard  pré- 
cepteur des  enfants  de  France.  Il  avait  participé  à  la  rédaction  d'un  lexi- 
que grec  publié  à  Paris  en  1523.  (Voy.  la  Bibliothèque  franc,  de  La 
Croix  du  Maine.  —  Maittaire,  op.  cit.  II,  106,  III,  686.) 

8  Benoît  Tagliacame  (en  latin  Theocrenus),  poète  latin  natif  de  barzana 


1534  GASPARD  DE  C0L1GNY  A  NICOLAS  BÉRAULD.  221 

nem  cosmographiam  adjunxit,  et  eam  potissimum  qua3  ad  locorum 
longitudinem  et  latitudinem  spectat,  additis  meridianis  et  parellelk 
Habes  res  aulicas  ut  scire  potui.  Tu  vicissim  (si  te  non  piget), 
tum  in  urbe 9,  tum  domi  tuœ  qu;e  agantur  certiorem  me  facias. 
Mainus  te  etiam  atque  etiara  resalutat.  lis  literis  scriptis,  certissi- 
mus  tandem  nuncius  de  Pontifias  obitu  10  Régi  tum  allatus  est, 
cum  omnes  illum  convalescere  arbitrarentur  u. 

dans  le  pays  de  Gênes,  était  alors  précepteur  des  enfants  du  Roi.  Il  fut 
créé  évêque  de  Grasse  en  1534.  Il  est  jugé  en  ces  termes  par  l'un  des 
correspondants  d'Érasme  :  «  Homo  ingentis  ostentationis. . .  at  nullius 
eruditionis,  solus  Grammaticus  Grœcus  et  Latinus...  vir  nullius  judicii, 
Hetrusca  lingua  eruditissimus.  »  Clément  Marot  lui  est  plus  favoralde. 
(Voyez  Erasmi  Epp.  Le  Clerc,  p.  1859.  —  Oeuvres  de  C.  Marot.  La  Haye, 
1731,  t.  II,  p.  378. —  Nicéron.  Mémoires  pour  servir  à  l'Hist.  des  hommes 
illustres,  t.  XXXHI.) 

9  Bêrauld  était  attendu  depuis  plusieurs  mois  par  sa  famille ,  qui  ré- 
sidait alors  à  Paris;  mais  il  n'avait  pas  encore  quitté  Orléans  (Voyez  sa 
lettre  du  13  octobre  à  Antoine  de  Castelnau,  X°  475,  n.  2),  ce  que  son 
ancien  élève  ignorait  sans  doute. 

10  Clément  FIT  mourut  à  Borne  le  26  septembre  1534.  L'élection  de  son 
successeur  Alexandre  Farnèse,  qui  prit  le  nom  de  Paul  III,  eut  lieu  le  6 
octobre  suivant,  mais  elle  était  encore  ignorée  à  Paris  le  19  du  même 
mois  (Journal  d'un  bourgeois,  p.  438.  —  Félibien,  op.  cit.  IV,  685).  Le 
nouveau  pape  est  ainsi  apprécié  dans  la  lettre  de  Gilbert  Cousin  à  Bonif. 
Amerbach  du  4  novembre  1534  :  «  Dicitur  esse  nobilis,  doctus  et  docto- 
rum  hominum  amans,  moribus  sobriis  ac  pbilosopbicis.  Italus  est,  et  scri- 
bunt  eum  Gallis  favere  »  (Erasmi  Epp.  ad  Amerbachium,  n°  93). 

1  x  Le  lieu  et  la  date  ne  sont  pas  indiqués  ;  mais  la  nouvelle  de  la  mort 
du  pape  Clément  Vn  n'ayant  pu  parvenir  au  Roi  qu'une  dizaine  de  jours 
après  l'événement  (Voyez  note  10),  il  faut  en  conclure  que  Gaspard  de 
Coligny  a  dû  écrire  la  présente  lettre  vers  le  8  octobre,  et  par  conséquent 
à  Amboise,  où  était  la  cour.  On  sait  en  effet  que  François  I,  après  avoir 
séjourné  quelque  temps  à  Blois,  d'où  est  datée  sa  lettre  du  21  septembre 
1534  au  Conseil  de  Genève  (Voyez  Merle  d'Aubigné,  op.  cit.  IV,  465), 
se  dirigea  sur  Amboise,  et  qu'il  se  trouvait  le  1er  octobre  au  bourg  de 
Pont-le-Voy,  à  5  lieues  E.  de  cette  dernière  ville  (Pièces  fugitives  pour 
servir  à  l'Hist.  de  France,  Ire  partie,  p.  104).  Il  résidait  encore  au  châ- 
teau d'Amboise  lorsque  les  placards  furent  affichés  à  Paris,  le  18  octobre 
suivant  (X°  485,  notes  4  et  5). 


222  LES  SOEURS  DE  STE.-CLAIRE  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1  534 


484 

les  sœurs  de  ste. -claire  '  au  Conseil  de  Genève. 
De  Genève,  25  octobre  (1534). 

Msc.  original.  Arch.  de  Genève.  Jeanne  de  Jussie,  op.  cit.  p.  257. 

Sommaire.  Les  Clarisses  de  Genève  se  plaignent  de  ce  que  le  service  divin  a  été  troublé 
dans  leur  église,  et  elles  se  recommandent  à  la  protection  du  Conseil. 

Pour  très-humble  salut,  Jhésus  nostre  rédempteur  vous  doint  sa 
saincte  grâce  et  son  amour!  Amen. 

Messieurs,  très-honnorés  Seigneurs,  nous  très-aymées  pères  et 
conservateurs!  Plaise  [à]  vos  ne  tenir  à  présumption  la  fâcherie 
que  vous  donons  par  nous  lettres,  car  il  sommes  contraintes  pour 
vous  advertir  de  nos  indigences  et  doléance.  Nous  nous  sommes 
myses  soubz  vostre  protection  et  sauve  garde,  et  en  vous  et  à  Mes- 
sieurs nous  confions  entièrement.  Il  est  vray  que  hier,  à  heure  de 
vespres,  entrèrent  aulcuns  en  nostre  esglise,  non  par  dévotion, 
mais  faisant  cris  et  brairie  impétueulx,  pour  nous  enpèchés  le 
divin  service,  et  prindrent  une  croix  avecques  aulcuns  ymaiges 
qu'ils]  mirent  par  pièce  viollentement.  Et  ce  jà  la  seconde  fois 
que  avons  enduré  tel  insurte  et  grant  fraieurs 2. 

1  Voyez  la  «  Notice  sur  l'ordre  religieux  de  Ste  Claire  et  sur  la  com- 
munauté des  Clarisses  à  Genève,  »  par  Ad.-C.  Grivel,  notice  placée  à  la 
suite  du  Levain  du  Calvinisme,  édition  Jullien,  Genève,  1865. 

2  Le  couvent  de  Ste. -Claire  était  situé  sur  l'emplacement  actuel  du  Pa- 
lais de  Justice ,  et  très-rapproché  par  eousécpient  de  l'enceinte  fortifiée 
de  la  ville.  Les  gardes  du  rempart  passaient  plusieurs  fois  par  jour  près 
du  couvent.  Cette  circonstance  explique,  sans  les  excuser,  les  «molestes» 
dont  les  Sœurs  eurent  à  souffrir  depuis  que  Genève  fut  sérieusement  me- 
nacée par  les  troupes  de  l'évêque  de  Genève  et  du  duc  de  Savoie,  d'au- 
tant plus  que  ces  religieuses,  comme  la  Sœur  Jeanne  de  Jussie  nous  en 
informe,  tenaient  le  parti  de  ces  deux  princes. 

Au  reste ,  les  dévastations  que  les  Sœurs  dénoncent  ici  n'étaient  pas 


1534  LES  SIEURS  DE  STE.-CLAIRE  AU   CONSEIL  DE  GENÈVE.  ^2-\ 

Nous  n'entendons  pas  que  cela  soil  notice  à  vostre  révérence. 
Si  [1.  cependant]  nous  en  recomandons  à  vostre  seignorie  et  bé- 
gnivolance,  suppliant  en  toutes  révérence,  en  l'honneur  de  Jhésu- 
crist  et  de  ses  doloreuses  soffrances,  qu>i\f\  vous  plaise  donné  ordre 
que  ne  soions  plus  molestée  de  teulles  insolance  contre  Dieu  et  rai- 
sons, et  que  ïong  nous  laisse  en  paix  faire  le  divin  service.  Pour 
quel  faire,  volontairement  nous  sommes  rencluses  et  donné  à  Dieu. 
prian[t]  jours  et  nuyt  pour  la  conservation  de  la  bonne  cité  et  de 
vous,  Messieurs,  —  désirant  continuel  et  de  vivre  et  mory  ycit  en 
vostre  convent,  si  vous  plait  nous  il  mantenir  et  conservés  se[n]s 
molestes.  Et  de  ce  cessit  [1.  ceci]  à  genoulx  et  mains  jointes  vous 
supplions  assurance  et  vostre  noble  volloir,  car  sens  cela  ne  por- 
rions  vivre,  veu  l'espavantement  que  [nous]  nous  donnons  de  ses 
insolance  contre  saincle  Esglise,  et,  pour  la  fin,  nous  recomandons 
très-humblement  et  en  toutes  révérence  à  vos  bonnes  grâces  et 
seignorie,  prian[t]  Dieu  [qu'il]  vous  donne  très-bonne  vie.  Amen. 
Du  povre  covenl  [de]  madame  saincte  Glère,  le  xxv  d'octobre.  Par 
les  toutes  entièrement 

Vous  très-humbles  filles  orateresses 
L'abbesse  et  les  seurs  Religieuses  du  dit  covent. 

(Suscription:)  A  Messieurs  les  Sindicques,  Messieurs  les  gou- 
verneurs et  conseillers  de  ceste  noble  et  inclite  cité  de  Genesve, 
nous  très-honnorés  Seigneur,  pères  et  conservateurs.  Très-hum- 
blement 3. 

un  fait  isolé.  A  plusieurs  reprises,  pendant  l'été  et  l'automne  de  1534,  le 
Conseil  dut  rechercher  et  punir  des  iconoclastes.  (Voyez  Froment.  Actes 
et  Gestes.  Extr.  des  Registres,  au  24  et  26  mai,  12  juin,  26  et  27  juillet, 
14  août,  20  et  25  septembre,  3  décembre.  —  Jeanne  de  Jussie.  Notes, 
p.  251-253).  La  décision  prise  parle  Conseil  le  26  juillet  contre  les 
destructeurs  d'images  renferme  ce  considérant  :  «  Quamvis  talia  simu- 
lacra  et  ymagines,  secundîun  legem  divinam,  amovendre  et  destruendee 
venirent,  dicti  tamen  dirruptores  id  sine  licentia  et  mandato  fecisse  non 
debuerunt,  quia  est  actus  Magistratum  spectans,  et  quia  se  ingesseruntin 
actus  magistrales...  » 

3  Le  Registre  du  Conseil  ne  mentionne  pas  même  la  présente  suppli- 
que. Elle  a  dû  être  écrite  par  la  Samr  Jeanne  de  Jussie ,  qui  avait  déjà 
composé  la  requête  que  les  Sœurs  adressèrent  aux  Syndics,  le  jeudi  6  oc- 
tobre 1530,  avant  l'arrivée  des  Suisses  à  Genève  (Voyez  Albert  Rilliet. 
Notice  sur  Jeanne  de  Jussie.  Genève,  1866,  p.  18,  et  le  Levain  du  Calvi- 
nisme, 1865,  p.  13). 


224  [ANTOINE  DE  MARCOURt]  AUX  BÉNÉVOLES  LECTEURS.  1534 


485 

[antoine  de  marcourt  ']  aux  bénévoles  Lecteurs. 
(De  Neuchâtel,  16  novembre  1534.) 

Petit  traicte  très  utile  et  salutaire  de  la  saincte  eucharistie  de  nostre 
Seigneur  Jesuchrist2.  (Neuchàtel)  1534. 

(  Extraits.  ) 

Sommaire.  L'auteur  du  Traité  de  la  sainte  Eucharistie  expose  les  raisons  qui  l'ont  en- 
gagé  à  composer  et  à  répandre  des  pilacards  contre  la  Messe.  Il  proteste  contre  les 
séducteurs  f|ui  étouffent  la  discussion pxMique  et  qui  interdisent  au  peuple  les  livres 
de  piété  en  langue  vulgaire.  On  a  beau  contredire,  tuer  et  brûler  ;  il  faudra  que  «  la 
vérité  de  Dieu  »  soit  enfin  connue. 

Aux  bénévoles  lecteurs,  Salut, 

....  De  Dieu  et  de  sa  volunté  ne  pouvons  rien  congnoislre  si- 
non par  sa  saincte  Parolle.  Par  quoy  il  fault  que  tout  ce  qui  est 
dict  et  faict  en  l'église  de  Jesuchrist  soit  reiglé,  conduict  et  mons- 
tre par  icelle  saincte  Parolle,  non  pas  par  la  doctrine  ou  invention 
humaine  3.  .  .  . 

A  ceste  cause,  moy  paovre  créature,  considérant  les  grandes  té- 
nèbres qui  sont,  et  jà  de  long  temps  ont  régné  quasi  sur  toute  la 

1  Voyez  la  note  4. 

2  Au-dessous  du  titre  on  lit  ce  passage  :  «  Audiens  sapiens  sapientior 
erit.  Prouerb.  j.  »  L'ouvrage  est  composé  de  39  feuillets  petit  in-8°,  en 
caractères  gothiques  tout  pareils  à  ceux  qu'employait  Pierre  de  Wingle, 
et  il  se  termine  ainsi  :  «  Recte  iudicate  filii  hominum.  Psal.  57.  Acheue 
de  Imprimer  le  xvie  iour  de  Nouembre  1534.  » 

3  Dans  le  passage  que  nous  supprimons  l'auteur  dit  en  résumé  que 
«  sur  peine  de  griefVement  offenser  Dieu,  ung  cbascun  doibt  retirer  d'er- 
reur et  mensonge  son  prochain,  »  et  pour  établir  ce  devoir,  il  cite  Ezé- 
chiel,  chap.  III,  v.  18  :  «  Si  tu  ne  annonce  à  l'inique  qu'i[l]  se  conver- 
tisse de  son  mal,  je  requerray  son  sang  de  ta  main.  » 


1  534     [ANTOINE  DE  MARGOURT]  AUX  BÉNÉVOLES  LECTEURS.      225 

terre,  pay  esté  esmeu  par  bonne  affection  de  composer  et  rédiger  en 
escript  aucuns  Articles  véritables  sur  les  importables  abuz  de  la 
Messe4.  Lesquelz  Articles  je  désire  es tre  publiez  et  attachez  par 

4  Le  personnage  qui  a  composé  le  Petit  Traité  de  la  Ste  Eucharistie 
avoue,  par  conséquent,  qu'il  était  l'auteur  des  placards  affichés  à  Paris 
pendant  la  nuit  du  17  au  18  octobre  1534,  et  qui  portaient  le  titre  sui- 
vant :  «  Articles  véritables  sur  les  horribles ,  grans  et  importables  abuz 
de  la  Messe  papale.  »  Mais  quel  est  le  nom  de  ce  personnage?  —  M.  Merle 
d'Aubigné  affirme  (op.  cit.  t.  HT,  p.  124,  135),  sur  l'autorité  de  Flori- 
mond  de  Eaemond,  que  ce  fut  Guillaume  Farel  qui  *  se  chargea  »  de  ce 
travail.  Cette  assertion  est  en  désaccord  avec  les  témoignages  contem- 
porains. Crespin  nous  apprend  (op.  cit.  1582,  f.  103  a)  que  certains  mem- 
bres de  l'église  réformée  de  Paris,  «  par  un  soudain  mouvement,  et  sans 
autre  advis  de  ceux  qui  les  eussent  mieux  conseillez,  »  résolurent  d'en- 
voyer dans  la  Suisse  romande  un  des  leurs,  nommé  Féret,  «  pour  avoir 
un  sommaire  de  ce  qu'on  donneroit  à  cognoistre  au  peuple  pour  instruc- 
tion de  la  foy  et  religion  Chrestienne.  »  Si  le  député  de  Paris  se  fût 
adressé  à  Farel,  que  des  soins  urgents  retenaient  à  Genève  (N°  482,  n.  8), 
le  Réformateur  ne  lui  aurait-il  pas  simplement  proposé  d'attendre  la  ré- 
impression du  Sommaire  qu'il  avait  publié  en  1524  (N°  107,  n.  4,  N°  109, 
n.  4,  N°  128,  n.  13),  puisque  cet  ouvrage  devait  bientôt  être  remis  sous 
presse  à  Neuchâtel,  où  il  parut  le  23  décembre  1534?  Est-il  à  croire  que 
Farel  eût  conçu  la  malheureuse  idée  de  substituer  à  cet  exposé  complet 
de  la  foi  chrétienne  les  violents  «  Articles  sur  les  abuz  de  la  Messe,  »  sans 
même  se  douter  qu'il  pourrait  ainsi  compromettre  l'œuvre  de  conciliation 
entreprise  par  Mélanchtlion  (Nos  476,  478),  et  à  laquelle  il  attachait  lui- 
même  tant  d'importance  (Yoy.  sa  lettre  à  G.  du  Bellay,  écrite  en  1535)  ? 

L'examen  attentif  du  Petit  Traité  de  l'Eucharistie,  d'où  les  «  Arti- 
cles véritables  »  sont  en  grande  partie  textuellement  extraits,  nous  a 
d'ailleurs  convaincu  que  ce  Traité  n'est  point  l'œuvre  de  Farel.  L'expo- 
sition aisée,  le  style  vif  et  rapide ,  l'usage  même  de  certains  mots  parti- 
culiers à  l'auteur  du  susdit  Traité,  tout  révèle  une  autre  origine.  Ce  n'est 
pas  non  plus  la  manière  facile ,  mais  prolixe  de  Pierre  Viret.  Aussi  ac- 
ceptons-nous sans  réserve  le  témoignage  d'un  collègue,  d'un  ami  intime 
de  Farel  qui  atteste  que  «  ces  placcardz  avoyent  esté  faictz  à  Neufchastel 
en  Suysse  par  ung  Antoine  Marcourd  »  (Froment.  Actes  et  Gestes.  Mscrit 
orig.  autographe,  cahier  33e.  Arch.  de  Genève).  Ce  nom  a  été  transformé 
par  erreur  en  celui  de  Marcotiod  dans  l'édition  de  1854,  p.  248. 

Marcourt  n'en  était  pas  à  ses  débuts  dans  la  carrière  littéraire.  Il 
avait  déjà  publié,  entre  autres  opuscules,  un  livre  intitulé  :  «  La  décla- 
ration de  la  Messe ,  le  fruict  d'icelle,  la  cause  et  le  moyen  pourquoy  et 
comment  on  la  doibt  maintenir...  »  (1533  ou  1534),  48  feuillets  petit 
in-8°,  ouvrage  mentionné  dans  le  Sommaire  de  Farel  (édition  de  1534, 
f.  Diij  verso;  édit.  de  1552,  p.  100),  et  qui  fut  réimprimé  en  1544  avec 
le  nom  de  l'auteur.  (Voy.  le  Catalogue  de  la  Bibl.  de  M.  le  baron  J.  P***** 
Paris,  18G9,  p.  23.  —  Voyez  aussi  les  Additions.)  A  l'arrivée  du  député 
t.  m.  15 


226  [ANTOINE  DE  MARCOURï]  AUX  BÉNÉVOLES  LECTEURS.  1  534 

tous  les  lieux  publicques  de  la  terre,  affin  que  icelle  faulseté,  la- 
quelle par  si  long  temps  a  esté  occulte  et  cachée,  soit  d'ung  chas- 
cun  entendue  et  amplement  congneue,  et  que  par  la  miséricorde 
de  Dieu  on  y  puisse  adviser  et  entièrement  remédier,  —  par  cela 
désirant  faire  en  escript  ce  que  de  bouche  et  en  présence  je  ne 
puis  faire;  car  par  tous  bons  moyens  fault  à  l'œuvre  de  Dieu,  pour 
la  maintenance  et  publication  de  [la]  vérité ,  jusque  à  la  mort  se 
exposer  et  employer.  Lesquelz  Articles  fay  entendu  avoir  esté  mis 
et  attachez  en  plusieurs  lieux  5,  pour  ung  salutaire  advertissement 
à  tout  le  monde  de  avoir  advis  à  cela  et  très-fort  le  considérer. 

Mais  (ainsi  que  de  long  temps  il  a  eslétousjours  expérimenté) 
plusieurs,  lesquelz,  à  cause  de  leur  office,  devroient  inciter  le  paovre 
peuple  à  tout  bien  et  congnoissance  de  vérité,  sont  ceulx  qui  du  tout 
l'en  retirent  et  empesaient,  procurans  et  esmouvans,  selon  leur  or- 
dinaire coustuine,  persécutions,  noises  et  turbations,  pour  empescher 
et  suffoquer  tout  cela  qui  leur  desplaist c.  .  .   De  telles  gens  Isaye 

de  Paris  (août  ou  septembre  1534),  le  bouillant  Marcourt,  qui  était  déjà 
un  personnage  dans  le  comté  de  Neuchâtel,  estima  sans  doute  qu'il  avait 
bien  le  droit,  après  avoir  extrait  de  son  Traité  encore  inédit  sur  l'Eucha- 
ristie les  «  Articles  véritables,  »  de  les  faire  imprimer  sans  consulter  ses 
collègues.  A  notre  avis,  il  est  difficile  d'expliquer  autrement  l'absence 
complète  de  toute  allusion  aux  placards  dans  les  deux  lettres  que  Fr.  du 
Bivier  et  Georges  Grivat  adressèrent  à  Farel  le  8  octobre  et  le  11  dé- 
cembre (1534). 

5  Les  placards  furent  affichés  à  Paris,  à  Orléans ,  à  Amboise,  où  le 
Roi  était  pour  lors,  et  dans  plusieurs  autres  villes  de  France  (  Voyez  le 
N°  488,  u.  11,  le  N°  488,  renv.  de  n.  9,  la  lettre  de  J.  Sturm  du  6  mars 
1535,  et  le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  p.  442  et  449). 

6  Marcourt  ignorait  encore  l'exaspération  que  les  placards  avaient  ex- 
citée contre  les  Luthériens.  Etienne  Dolet  s'exprime  ainsi  à  leur  égard 
dans  la  lettre  qu'il  écrivait  de  Paris  le  9  novembre  1534  à  son  ami  Scève 
à  Lyon  :  «  Jam  Lutetiœ  acta  rumoresque  expectas...  In  vulgi  sermonibus 
aliud  plané  nibil ,  prseter  factas  Christo  à  Lutheranis  injurias.  Dissipavit 
enim  convitiosa  qusedam  in  cultum  Christianum  stulta  ista  et  gloriœ  exi- 
tiosœ  appetens  natio,  quse  invidiam  quâ  bactenus  laboravit  vehementiùs 
commoverunt.  Itaque  cùm  ex  infimâ  plebis  fece,  tum  ex  amplissimo  mer- 
catorum  online,  erroris  Lutberani  suspicione  perstricti,  midti  in  carcerem 
conjecti  sunt.  Istarum  tragœdiarum  spectatorem  me  prœbeo ,  et  aliorum 
partim  vicem  doleo  casumque  miseror,  partim  stultitiam  rideo,  qui  sibi 
capitale  periculum  ridiculâ  quadam  pertinaciâ  et  intolerabili  obstinatione 
confiant...  »  (Dialogus  de  imitatione  Ciceroniana.  Lugduni,  1535.  Mait- 
taire,  op.  cit.  t.  III,  p.  32.) 

Le  lendemain  du  jour  de  l'apparition  des  «  Articles  véritables,  »  c'est- 


1  534     [ANTOINE  DE  MARCOURT]  AUX  BÉNÉVOLES  LECTEURS.      227 

(chap.  lvi)  parle  en  ceste  manière  :  «  Les  conducteurs  du  peuple 
sont  tous  aveugles 7,  auquel  passage  il  est  bien  évident  que  le  sainct 
prophète  ne  parle  point  des  moindres,  mais  de  ceulx  qui  sont  con- 
stituez en  dignité  et  estimez  du  monde  les  plus  grans,  qui  portent 
la  clef  de  science  et  n'y  entrent  point,  et  aussi  n'y  permettent  point 
entrer  ceulx  qui  desyrent  y  entrer8. 

De  cecy  nous  avons  maintenant  manifeste  exemple  en  noz  mais- 
tres  de  Paris  9,  lesquelz  ont  deffendu  que  nul  ne  soit  si  hardy  de 
alléguer  en  leurs  actes  le  Grec  ou  Ébrieu,  sur  grosse  peine  par 
eulx  ordonnée  10,  en  cela  se  monstrans  appertement  ennemys  de 

à-dire  le  lundi  19  octobre,  la  Chambre  des  Vacations  avait  décidé  qu'elle 
irait  en  procession,  le  22,  de  la  Ste. -Chapelle  à  Xotre-Danie,  «  pour  prier 
Dieu  que  correction  fût  faite  des  scandaleux,  hérétiques  placars  et  livres 
attachez  et  plaquez  en  plusieurs  carrefours  et  lieux  de  la  ville  de  Paris.  » 
Une  autre  procession  avait  été  annoncée  dans  toutes  les  paroisses,  pour 
le  dimanche  25.  On  promettait  cent  écus  de  récompense  à  quiconque  ré- 
vélerait avec  certitude  «  celuy  ou  ceulx  qui  avoient  fisché  les  dictz  pla- 
cars. Ceulx  qui  se  trouveroient  les  receler  seroient  hrusléz.  »  Bientôt 
après,  et  grâce  à  la  trahison  d'un  ancien  «  avertisseur  des  assemblées  se- 
crètes, »  le  Châtelet  se  remplit  de  prisonniers.  Le  10  novembre  déjà,  sept 
condamnations  à  mort  étaient  prononcées.  La  première  victime  du  bûcher 
fut  un  paralytique  nommé  Barthélemi  Milon.  Son  supplice  eut  lieu  le  13 
novembre.  (Voy.  le  Journal  cité,  p.  442,  444.  — Bèze.  Hist.  ecclés.  I,  16. 
—  Crespin,  f.  104  b.  —  Félibien,  II,  997,  IV,  685.) 

7  On  lit  ici  à  la  marge  :  s-t<j«-ot. 

8  St.  Luc,  chap.  XI,  v.  52. 

9  A  la  marge ,  le  deuxième  verset  du  chapitre  XVIII  des  Proverbes 
est  reproduit  en  caractères  hébraïques. 

10  Par  cette  défense  la  Sorbonne  s'opposait  à  la  volonté  expresse  du 
Roi,  et  au  vœu  qu'avait  exprimé  la  Faculté  des  Arts,  comme  nous 
l'apprend  l'historien  de  l'Université  :  «  Mense  Augusto  1530...  Nonnul- 
las  obversantes  nugas,...  ex  Régis  decreto,  reformare  statuit  [primus  prse- 
ses  Senatus].  Qua  ex  re...  scripto  obtulerunt  Deputati  Facultatis  Artium 
eidem  D'ao  Prœsidi  :  «  Nostram  hanc  Academiam  Parisioisem  luclibrio  hac- 
tenus  exteris  nationibus  fuisse ,  non  aliam  ob  causam  quàm  quôd,  omissis 
Evangeliis  et  SS.  Ecclesise  doctoribus  Cypriano,  Chrysostomo,  Hierony- 
mo,  Augustino  et  similibus,  Sophisticen  nescio  quam  ac  Dialecticen,  in 
qua  non  placuit  Deo  salvare  suuin  populum,  nostrates  tamen  Theologi 
profit erentur...  »  Paulo  post  vero  Senatus  decrevit,  ut  deinceps  nulli  ad- 
mitterentur  ad  Licentiam  qui  non  audivissent  divinas  Scripturas,  Novum 
et  Vêtus  Testamentum,  interpretationes  Magistri  Sententiarum,  etc.  » 
(Voy.  Bulœus,  VI,  227,  le  N°  17,  n.  7,  et  le  t.  II,  p.  484.) 

La  Faculté  de  Théologie  voulait  interdire  même  aux  Professeurs  Royaux 
la  libre  interprétation  des  Saintes  Écritures.  Elle  demanda  au  Parlement, 


228  [ANTOINE  DE  MARCOURT]  AUX  BÉNÉVOLES  LECTEURS.  1534. 

toutes  bonnes  lettres.  .  .  .  Mesme  en  leurs  disputations  public- 
ques,  ilz  ont  gens  appostéz  pour  frapper  et  faire  bruict,  se  il  ad- 
vient que  le  arguant  suyve  et  presse  le  respondant,  [ce]  qui  est  une 
grande  irrision  et  pure  mocquerie.  Item,  si  quelque  personnage 
sçavant  insiste  fort  à  la  Saincte  Escripture,  ainsi  que  ung  chascun 
devroit  faire,  il  est,  peult-estre,  en  danger  de  sa  personne;  à  tout 
le  moins,  à  force  de  bruict  on  le  fera  taire.  Et  cela  fonl-ilz  affin 
que  vérité  ne  soit  clairement  entendue  des  assistans,  car  autre 
raison  je  n"en  sçauroye  donner. 

Davantage,  je  leur  demanderoye  voluntiers,  de  toutes  leurs 
cryeries  et  disputations  publicques  par  cy-avant  faictes,  quantes 
bonnes  et  chrestiennes  résolutions  en  a-on  veu?  Certes  jamais. 
Toutesfoys  ilz  avoient  esté  premièrement  ordonnez  des  Princes  et 
Roys,  pour  simplement  et  purement  déclairer  la  saincte  Parolle 
de  Dieu,  au  lieu  de  laquelle  ilz  ont  couru  après  leurs  songes,  après 
Aristote  et  autres  payens  pbilosophes,  délaissans  et  abandonnans 
Jésucbrist.  Parquoy  devroienl  estre  totallement  déjectez,  à  cause 
que  ilz  n'ont  point  faict  leur  devoir  et  office. 

Oultre,  quant  à  la  reste  du  peuple,  n'est-ce  pas  trop  empesché  et 
retiré  les  paovres  âmes  rachaplées  du  sang  de  Jésuchrist  de  en- 
trer en  la  congnoissance  de  la  pure  et  saincte  vérité  de  Dieu,  quand 
par  les  supérieurs  il  est  prohibé  et  deffendu  de  ne  avoir  aucuns 
livres  en  langaige  vulgaire  parlans  de  Dieu  et  de  la  foij  ?  Assez  est 
concédé  en  avoir,  mais  qu'ilz  soyent  pleins  de  follies,  de  fables,  de 
mensonges,  et  bien  souvent  d'infection  et  paillardise  n. 

0!  quel  espoventable  et  dur  jugement  sera  faict  sur  telles  gens 
qui  sont  cause  de  cecy!  Car  si  ung  roy  mortel  veult  estre  obéy, 
que  dira-on  du  Roy  éternel?  ....  Ainsi  certes,  en  la  fin,  veullent 
ou  non  les  rebelles,  fauldra-il  que  la  vérité  de  Dieu  soit  congneue? 
On  a  beau  contredire ,  on  a  beau  tuer,  empescher,  meurtrir  et  bras- 
ier 12.  Le  conseil  de  Dieu  est  immuable,  lequel  a  esleu  les  choses 

le  9  janvier  1534  (et  non  vers  1530,  comme  le  disent  quelques  historiens) ,  «  ut 
iisclem  Professoribus...  interdiceretur  ne,  in  suis  interpretationibus  Biblire, 
pro  lege  enuntiarent  :  «  Ita  fertur  in  Hebraicis  litteris,  sive  Grœcis,  »  per- 
inde  quasi  kujusmodi  interpretatio  vulgatœ  editioni  Latinœ,  quam  à  tôt 
abbinc  sseculis  Latina  Ecclesia  retinet,  anteponenda  sit.  »  (Voy.leN°459, 
notes  10-12.) 

11  On  lit  à  la  marge  ;  «  Sapience.  VI.  » 

12  La  même  pensée  est  exprimée  plus  loin  dans  ces  passages  :  «  Pour 
la  mort  d'ung,  ou  deux,  ou  troys  en  quelque  lieu,  voire  de  mille  et  mille, 


1  S34      SIMPRECHT  VOGT  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.       229 

basses  et  infirmes,  pour  confondre  les  choses  haultes  et  fortes,  af- 
fm  que  toute  gloire  soit  à  luy  seul,  et  que  nulle  chair  ne  se  vienne 
glorifier  en  sa  présence  (1  Corinthiens,  I,  27-29). 


486 

simprecht  VOGT  '  à  Guillaume  Farel,  à  Genève. 
De  Bieime,  1er  décembre  1534. 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchàlel. 


Sommaire.  Voilà  bien  longtemps  que  nous  n'avons  plus  de  vos  nouvelles  ;  on  dit  seule- 
ment que  le  nombre  des-  frères  s'augmente  beaucoup  à  Genève,  et  nous  en  rendons 
grâces  à  Dieu.  Ici  rien  n'a  changé  depuis  votre  départ  ;  mais  (chose  déplorable)  les 
efforts  des  papistes  à  Soleure  ont  pleinement  réussi.  Je  vous  recommande  le  porteur 
de  la  présente  :  c'est  un  cordonnier  honnête  et  pieux,  qui  va  faire  des  emplettes  à  Ge- 
nève. Si  vous  pouvez  lui  rendre  quelque  service,  vous  nous  obligerez.  Veuillez  nous 
écrire  et  saluer  de  ma  part  mon  cher  ami  Vint. 

Gratia  tibi  et  pax  a  Deo  pâtre,  per  Dominum  nostrum  Jesum 
Ghristum!  Jamdudum  de  te  nihil  audimus  2,  Yarelle  amanlissime, 

ou  ne  mettra  pas  fin  à  eecy  ;  il  n'est  possible,  et  en  cela  ne  faict-on  que 
provocquer  la  vengeance  et  fureur  de  Dieu...  C'est  chose  admirable  qu'il 
ne  soit  pas  licite  au  peuple  chrestien  de  faire  autant  pour  les  paovres 
âmes  rachetées  du  sang  de  Jésuchrist,  comme  il  est  licite  de  faire  pour 
les  1  testes  brutes.  Si  on  voyoit  ung  loup  aux  champs  près  ung  troppeau, 
il  seroit  licite  de  cryer,  et  de  faict  chascun  cryeroit  après,  sans  aucune 
répréhension.  Hélas  !  on  voit  tant  de  loups,  de  séducteurs  et  abuseurs, 
qui  séduysent  et  tiennent  en  ténèbres  et  damnation  le  paovre  inonde  !  Ne 
oserait-on  donc  cryer  après  et  parler  à  rencontre?...  Et  pourtant  de  ma 
part  (si  Dieu  me  ayde)  je  crieray ,  je  escriray  et  feray  tout  ce  que  je 
pourray,  jusque  à  la  mort,...  et  ainsi  feront,  j'en  suis  seur,  plus  de  cent 
mille  autres  avec  moy. 

1  Voyez  sur  Simprecht  Voyt  et  ses  rapports  antérieurs  avec  Farel  le 
N°  398,  n.  1. 

2  De  ces  paroles  on  peut  inférer  que  Farci  n'était  revenu  ni  à  Morat^ 


230       SIMPRECHT  VOGT  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.      1  534 

quo  scilicet  paclo  et  tecura  et  cum  fratribus  agatur,  nisi  quod  ru- 
mor  apiid  nos  est,  fratrum  Gebennensium  numerum  magis  ac  magis 
augeri 3.  Ea  propter  grates  Deo  nostro  agimus,  qui,  sua  benignis- 
sima  misericordia ,  Verbum  suum  non  solùm  in  Germaniis  voluit 
preedicari,  sed  et  in  Galliœ  urbibus  etiam  celeberrimis. 

Apud  nos  non  possumus  majorem  profectum  sentire  Evangelii, 
quàra  fuerit  cum  adhuc  nobiscum  versareris  4.  Et,  quod  magis  do- 
lendum,  Papistici  conatus  in  urbe  et  agro  Solodurensium  lantum 
valuerunt,  ut  Cliristus  ejusque  veritas  propemodum  in  universum 
exploderetur 5.  Tantam  potest  contentio,  effrenatum  malum,  quee, 
cum  jungeretur  pertinaciae,  maluit  omnia  collabi ,  etiam  veritatem 
ipsam,  quàm  vinci 6  !  Speramus  tamen  Dominum  pro  sua  benigni- 
tate  non  derelicturum  suos,  eosque  qui  jam  prae  rabie  insaniunt 
tandem  cœpto  destituros. 

ni  à  Neuchâtél,  depuis  le  29  mai,  jour  où  tous  les  ministres  de  la  Suisse  ro- 
mande se  réunirent  dans  cette  dernière  ville  (N°  471 ,  n.  1) .  Nous  en  concluons 
aussi  que  Farel  n'avait  pu  se  trouver  à  Grandson ,  le  3  novembre ,  avec 
les  pasteurs  de  Neuchâtél  (N°  482,  n.  8).  Autrement  ceux-ci,  qui  étaient 
en  relation  fréquente  avec  la  ville  de  Bienne ,  auraient  pu  donner  de  ses 
nouvelles  à  Simprecht  Yogi. 

3  Georges  Grivat  dit  à  peu  près  la  même  chose  dans  sa  lettre  du  11 
décembre.  On  pourrait  s'étonner  de  cette  augmentation  du  nombre  des 
Évangéliques  genevois,  s'il  était  vrai,  comme  le  dit  Michel  Roset  (Chro- 
nique. Livre  III,  chap.  xxvni),  que  le  Conseil  leur  eût  «  défendu  (25  sep- 
tembre 1534)  de  prêcher  au  temple  de  Rive,  »  et  qu'il  en  eût  fait  fermer 
les  portes.  Roset  s'est  évidemment  mépris  sur  le  sens  d'un  passage  du 
Registre.  On  y  lit,  non  au  25,  mais  au  28  septembre,  le  paragraphe  sui- 
vant :  «  Fuit  loquutum  quôd  Farellus  et  quidam  ejus  socius,  favore,  ut 
fertur,  et  instinctu  Claudii  Bernardi  et  Claudii  Posta  [c'est-à-dire  Claude 
Salomond],  satagunt  intrare  in  Conventum  Ripae,  et  ibidem  aut  Religio- 
sos  turbare,  aut  Franciscanum  praedicantem  inquietare,  aut  ipsimet  prse- 
dicare.  Super  quo  fuit  resolutum  quôd  dicatur  Religiosis  dicti  conventûs, 
ipsum  conventum  teneant  clausum.  Et  fuerunt  vocati  Claudius  Bernard 
et  Claudius  Pasta,  quibus  fuit  defensum  ne  inducant  dictos  Praadicantes, 
propter  suspicionem  rumorum  et  debatorum  quaa  inde  oriri  possent  ;  et 
committitur  Salterio  quôd  debeat  dicere  Farello  quôd  talia  non  faciat.  » 
Mais  cet  ordre  donné  aux  Cordeliers  de  Rive  «  de  tenir  leur  couvent 
fermé  »  n'empêcha  nullement  Farel  et  Viret  de  continuer  «  au  grand 
auditoire  »  du  susdit  couvent  le  culte  que  les  Réformés  y  avaient  inauguré 
le  1er  mars  (Voyez  le  N°  453,  n.  1,  et  Jeanne  de  Jussie,  p.  108,  112). 

4  Pendant  près  de  quatre  ans  Farel  avait  pu  visiter  fréquemment  les 
églises  de  la  Neuveville,  de  Gléresse,  de  Diesse,  etc.,  qui  étaient  voisines 
de  Bienne.  Il  n'avait  quitté  la  ville  de  Morat  qu'en  décembre  1533. 

5-6  La  ruine  des  vingt-quatre  églises  réformées  du  canton  de  Soleure 


1  534  SIMPRECHT  VOGT  A  GUILLAUME  FAR  EL,  A  GENEVE.  231 

Cseterùm  lator  harum  cujus  sit  fidei  tum  erga  Deum,  tum  homi- 
nes,  non  opus  est  ut  tibi  pluribus  significem,  quippe  qui  tibi  to- 
tus  cognitus  sit.  Exercet  artem  cerdonicam,  jaraque  Gebennù  co- 
natur  mercatorem  ali(|uem  pro  pellibus  ovillis  convenire.  Eum  si 
tu  adjuveris,  et  inihi  et  fratribus  faciès  rem  perquam  gratissimam  ; 
neminem  enim  adbuc  islbic  novit.  Non  enim  dubilamus ,  quin  ea 
quœ  promitleret,  non  Grsecâ  sed  verè  Germanicâ  fide  ex[sjolulurus 
esset.  Habet  prseterea  pecuniae  portionem  non  spernendam  ;  nosti 
tamen  hoc  opificii  egere  sumptu  haud  vulgari.  Quare,  si  cui  mer- 
catori  tam  probe  atque  mibi  tibique  et  fratribus  cognitus  esset, 
non  dubito  quin  suo  cum  commodo  ad  nos  repedaturus  esset. 
Quare  te  rogo,  ut  ipsi  in  hac  re  interpellatorem  apud  fidum  ali- 
quem  fratrem  prsestes.  Deus  conservet  te  diu  Ecclesiee  suœ  inco- 
lumem! 

Salulabis  nomine  meo  Petrnm  nostrum  Viretum fratrera,meique 
amantissimum  7.  Utrumque  anxiè  rogo  ne  dedignemini  ad  nos  scri- 
bere  quomodo  se  habeant  res  et  Gbristi  et  vestrî.  Salutant  le  Ja- 
cobus  tioster s  piique  omnes.  Salutabis  tu  quoque  nomine  nostro 
pios.  Vale,  fràter  dilectissime  in  Christo  nostro.  Bielnis,  Kalendis 
Decembribus,  Anno  ab  orbe  redempto  Millesimo  quingentesimo 
tricesimo  quarto. 

TUUS  SlMPERTUS  YOGTIUS, 

minister  Ecclesiee  Bielnensis. 

(Inscriptio  :  )  Fratri  suo  dilecto  Gulielmo  Varello,  Ecclesiae  Ge- 
bennensis  ministro,  ad  ma  nus.  A  Genefve. 

avait  été  préparée  en  grande  partie  par  l'obstination  de  leurs  pasteurs. 
(Voy.  Ruchat,  II,  136-140,  258-271,  339,  340,  381-386  ;  III,  145-160, 
165-172.  —  J.  de  Muller,  op.  cit.  t.  X,  p.  360,  496-499.) 

7  Les  relations  amicales  qui  existaient  entre  Vogt  et  Viret  s'étaient 
probablement  formées  l'année  précédente,  alors  que  ce  dernier  exerçait 
le  ministère  à  Neuchâtel. 

8  Jacques  Wurb,  pasteur  à  Bienne  depuis  1527  (N°  398,  n.  12). 


232  GEORGES  GMVAT  A  GUILLAUME  FAREL,  A  MORAT.  1534 


487 

GEORGES  grivat  '  à  Guillaume  Farel,  à  Morat  3. 
De  la  Neuveville,  11  décembre  (1534 3). 

Inédile.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

Sommaire.  Votre  lettre  m'a  réjoui,  soit  parce  qu'elle  m'informe  des  progrès  de  l'Évan- 
gile à  Genève,  soit  aussi  parce  que  j'y  retrouve,  même  dans  vos  réprimandes,  le  ton 
amical  et  bienveillant  qui  vous  est  habituel. 

Vous  me  reprochez  de  vous  avoir  laissé  ignorer  les  communications  que  j'ai  faites 
aux  diverses  églises  du  pays  romand,  touchant  une  méthode  d'évangélisation  qui 
pourrait  avoir  pour  conséquence  l'effusion  du  sang.  Mon  silence  ne  devait  pas  vous 
surprendre,  puisque  vous  aviez  été  instruit  de  tout  cela  par  nos  collègues,  il  y  a 
déjà  quelques  mois.  Mais  il  est  faux  que  j'aie  accepté  les  conséquences  sanglantes 
dont  vous  parlez,  et  l'auteur  de  cette  imputation  est  peut-être  celui-là  même  qui  se 
vantait  d'avoir  fait  â  vos  objections  cette  audacieuse  réponse:  «  Mourons  tous,  s'il 
le  faut,  et  que  le  monde  entier  périsse,  pourvu  que  la  vérité  soit  partout  proclamée!  » 
Ne  craignez  donc  plus  que  je  soutienne  de  semblables  idées  devant  un  peuple  ami  de 
la  licence.  Je  sais  trop  bien  où  tendent  ses  désirs.  Tant  que  je  vivrai,  croyez-moi, 
je  ne  prêcherai  qu'une  seule  chose,  c'est  qu'il  faut  «  aimer  et  suivre  le  Christ  avec 
une  invincible  patience.  » 

J'étais  venu  jusqu'à  la  Neuveville  pour  vous  faire  une  visite  et  me  justifier  auprès 
de  vous,  mais  le  mauvais  temps  s'oppose  à  ce  que  je  continue  ma  route.  J'irai  vous 
voir  une  autre  fois,  â  moins  que  nos  montagnes  ne  soient  pas  un  obstacle  qui  vous 
empêche  vous-même  de  venir  jusqu'à  nous. 

S.[alulem],  gratiam  ac  pacem  a  Deo  paire,  per  Dominum  Jesum 
Christum,  qui  suo  spirilu  nos   protegat!  Recepi  tuas  Utérus,  mi 

1  Georges  Grivat,  surnommé  Colleys,  s'appelait  en  latin  Grevattus  ou 
Calesius.  Natif  d'Orbe ,  mais  élevé  à  Lausanne,  où  il  devint  enfant  de 
chœur,  il  fut  élu  chantre  par  le  clergé  de  sa  ville  natale  en  1529.  Après 
avoir  embrassé  la  Réforme,  il  y  prêcha  son  premier  sermon  le  10  mai 
1531.  Au  mois  de  septembre  de  la  même  année,  il  secondait  Farel  à 
Grandson  (Voy.  Pierrefleur ,  p.  40-41,  67,  et  le  N°  355,  n.  1).  Nous  le 
retrouvons  maintenant  pasteur  dans  les  environs  de  la  Neuveville. 

-  Voyez  la  note  14. 

3  Voyez  la  note  13. 


1534  GEORGES  GRIVAT  A  GUILLAUME  FAREL,  A  SIORAT.  233 

frater,  quae  me  multis  nominibus  letum  reddiderunt,  tum  quod  ne- 
gotium  Domiiù  belle  habere  apud  Allobrogas  4  audiain,  tum  quod  in 
Mis  reluceat  totus  meus  FareUus,  suis  lenis  [1.  lenibus]  ac  amicis 
objurgationibus,  imô  mouilionibus,  cum  fratre  agens. 

Conquérais  me  sparsisse  in  singulis  Gulliœ 5  ecclesiis  quidpiam, 
quo  te  participera  reddere  noluerim,  fratrem  illum  qui  inter  sibi 
cbaros  charissimum  me  babuerit,  quippe  qui  mibi  nibil  taie  quic- 
quam  nec  majus  celare  voluisset.  Id  fateor,  at  mirari  non  debes  me 
tibi  non  apperuisse  quse  alii  fratres  me  [1.  te]  docuerunt,  qui  scilicet, 
quum  te  aliquis  proponeret  in  médium,  dicebant  se  de  bis  le  jam- 
dudum  aliquot  menses  convenisse,  pr<ecipuèin  congregationibus6: 
quod  tuis  literis  testari  mibi  videris,  quum  scribis  eos  meminisse 
apud  me  de  sanguine  fundendo  nescio  quœ,  si  scilicet  quisquam  hue 
via  populum  docere  auspicaretur. 

At  quid  est?  Quod  mulli  solemus  :  quœ  nos  premunt  alieno 
imponere  tergo.  Me  forte  —  qui  apud  me  gloriabatur  se  Farello  àu- 
dacissimè  respondisse,  quum  fundendi  sanguinis  mentionem  audiret  : 
«  Quid?  inquit.  Moriamur  omnes ,  commovealur  totus  niundus, 
«  misceatur  cœlum  lerrae,  revelentur  impiorum  acta,  scindantur 
«  lapides,  ac  omnia  vel  médium  fiant  mare,  modo  id  quod  verum 
«  est  omnibus  pateat!  Caetera  nibil  moror 7  »  —  [Me]  non  est  ve- 
ritus  meo  Farello  suadere  me  hœc  dixisse  :  quod  est  minime  verum. 

Porrô  Unies  ne  hœc  proponam  populo  immodestie  libertatis  se- 
qùaci  Non  est  quod  timeas.  Salis  animum  vulgi  novi,  quid  scilicet 
cupiat.  quid  quaerat,  quid  venetur,  quo  lendat.  Quare   non  uliud 


*  Il  est  question  de  Genève,  ancienne  ville  des  Allobroges. 

5  Le  correspondant  de  Farel  ne  veut  pas  mentionner  ici  les  églises  de 
France ,  mais  celles  de  la  Suisse  occidentale  dans  lescpielles  on  parlait  le 
français  (Yoy.  le  N°  480,  fin  du  1er  paragraphe).  A  ce  moment-là,  il 
n'y  avait  d'églises  réformées  qu'autour  du  lac  de  Neucliâtel,  et  dans  les 
villes  de  Payerne  et  d'Orbe,  situées  sur  le  territoire  qui  était  alors  habi- 
tuellement désigné  par  le  nom  général  de  pays  romand  ou  de  pays  de  Sa- 
voie. 

6  II  s'agit  des  assemblées  de  ministres  qui  se  tenaient  ordinairement 
chaque  jeudi  à  Xeuchâtel.  à  Morat  ou  à  Grandson,  assemblées  auxquelles 
Farel  n'avait  pu  assister  depuis  plusieurs  mois  (Voy.  le  commencement 
du  N°  482  et  le  N°  4HG,  n.  2). 

7  Nous  ignorons  le  nom  du  ministre  qui  voulait  que  la  vérité  fût  pro- 
clamée ,  même  au  prix  d'un  bouleversement  universel  et  de  l'effusion  du 
sang.  Nous  ne  savons  pas  davantage  à  quelle  occasion  il  prononça  les  pa- 
roles citées  dans  le  texte. 


234  GEORGES  GRIVAT  A  GUILLAUME  FAREL,  A  MOBAT.  1  534 

docebo,  crede  mihi.  quamduclum  spirilus  hos  reget  artus,  quant 
pertinaci  patientid  Cltrïstum  amandum,  sectandumque.  Dominus 
novit,  et  poteris  fratrum  de  liis  testimonium  recipere8. 

Veneram  Agathopollm  9  usque,  cupiens  te  adiré,  ut  meara  apud 
te  excusationem  audires,  quam  literis  assequi  non  possura;  at  non 
licuit  ultra  progredi,  aëris  intempérie.  Quamobrem  mihi  ne  succen- 
seas,  te  visurus  quum  primùm  dabitur  occasio,  nisi  forte,  quod 
m  agis  cuperem,  ipse  nostris  non  remorareris  (sic)  montibus  10 
quin  venires  ad  nos.  Quôd  pluribus  non  scribitur  parce  bine  inox 
soliitiiro.  Vale.  Salutat  te  Stephanus  noster  ac  Vicinus  n.  Salutabis 
Viretum  nostrum  12.  Vale  iterum.  Agathopoli,  undecima  Decembris 
(1534  13). 

Tuus  Georgius  Grevattus. 

(  Inscriptio  :)  Guilliermo  suo  Farello.  Moreti14. 

8  On  lit  dans  la  lettre  de  Fabri  à  Farel  et  à  Viret  du  4  février  1535 
le  passage  suivant,  qui  nous  semble  relatif  aux  accusations  lancées  con- 
tre Georges  Grivat  :  «  Calesius  noster  in  concione  nostra  nuper  adfuit, 
eorum  gratià  qua?  ad  vos  scripseram,  omniumque  rationem  reddidit,  quam 
(ut  par  erat)  admisimus;  adeô  ut  coràm  objicere  nullus  sit  ausus  quœ 
priclem  in  eum  jactafuere.  »  Voyez  aussi  la  lettre  de  Fabri  du  10  mars 
suivant. 

9  Ce  mot  est  la  traduction  grecque  du  nom  de  la  Bonneville,  appelée 
aussi  la  Neuveville,  qui  est  située  au  bord  du  lac  de  Bienne. 

10  De  la  Neuveville  on  se  rend  par  les  montagnes  dans  le  Val  St.- 
Imier,  où  selon  toutes  les  probabilités  Grivat  remplissait  les  fonctions  de 
pasteur. 

11  Nous  ne  connaissons  pas  le  nom  de  famille  du  premier  de  ces  per- 
sonnages. Jean  Voisin,  que  nous  avons  déjà  rencontré  dans  le  bailliage  de 
Grandson,  prêchait  peut-être  à  la  Neuveville  en  1534. 

12  Ce  détail  montre  que  Viret  et  Farel  vivaient  alors  dans  le  même 
lieu.  C'était  le  cas  en  décembre  1534,  où  ils  se  trouvaient  l'un  et  l'autre 
à  Genève,  tandis  qu'en  décembre  1533  Viret  était  à  NeucMtel  ou  à 
Payerne  (N°  444,  n.  9),  et  qu'en  1535,  il  quitta  Genève  avant  le  mois  de 
décembre. 

13  Ce  millésime  est  indiqué  par  le  passage  où  Grivat  se  félicite  de  la 
situation  prospère  de  l'église  de  Genève  (renvoi  de  note  4),  ce  qui  eût  été 
prématuré  en  décembre  1533  et  superflu  deux  ans  plus  tard,  après  l'ac- 
ceptation de  la  Réforme  dans  cette  ville.  Voyez  aussi  les  notes  8  et  12. 

14  On  pourrait  supposer  que  Farel  s'était  rendu  à  Morat  pour  quel- 
ques jours;  mais  il  est  plus  probable  qu'en  dirigeant  sur  cette  ville  la 
présente  lettre  ,  Grivat  était  assuré  qu'elle  parviendrait  à  sa  destination 
à  Genève  (Voy.  le  t.  II,  p.  4(32,  lignes  2-3). 


lo3i  CONRAD  GESNER  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  235 


488 

CONRAD  gesner  '  à  Henri  Bullinger  à  Zuricli. 
De  Strasbourg,  27  décembre  1534. 

Inédite.  Autographe.  Arch.  de  Zurich.  Copie.  Coll.  Simler. 

SoilMAiKE.  Des  placards  contre  la  Messe  ayant  été  affichés  à  Paris,  trois  ou  quatre 
cents  personnes  ont  été  emprisonnées.  Dix  Évangéliques  ont  déjà  péri  sur  le  bûcher. 
On  fouille  toutes  les  maisons  pour  y  chercher  les  livres  luthériens.  Gesner,  qui  en 
avait  chez  lui,  a  échappé  au  danger  par  les  bons  offices  du  Vicaire  de  VÉvêquc.  Mal- 
gré la  violence  des  persécuteurs ,  l'église  secrète  de  Paris  compte  encore  quelques 
milliers  de  fidèles.  Le  libraire  Weingartner,  une  dame  française,  deux  étudiants  et 
plusieurs  nobles  viennent  de  se  réfugier  à  Strasbourg . 

S.  Argentmam,  reliclis  Parisiis,  quinto  Idus  Septembris  [1.  Decem- 
bris] 2,  veni,  simul  quôd  majorera  sumptum  in  dies  facerem  3,  simul 

1  Conrad  Gesner,  qu'on  a  surnommé  le  Pline  de  l'Allemagne,  naquit  à 
Zurich  le  26  mars  1516.  Il  fut  élevé  avec  soin  par  l'ancien  curé  Jean 
Frick,  son  oncle  maternel ,  qui  lui  inspira  le  goût  de  l'histoire  naturelle, 
et  par  J.-J.  Ammann,  principal  du  collège  de  la  ville.  Ayant  obtenu  des 
scolarques  le  subside  réservé  aux  étudiants  sans  fortune,  Gesner  partit 
pour  la  France  en  février  1533.  Il  ne  s'arrêta  guère  à  Paris  et  se  rendit 
à  Bourges,  où  il  enseigna  pendant  une  année  le  latin  et  le  grec  aux  pen- 
sionnaires de  Melchior  Wohnar.  De  retour  à  Paris  (1534),  il  put  enfin 
satisfaire  son  immense  curiosité,  et  acquérir  par  une  lecture  assidue  des 
auteurs  classiques  cette  variété  de  connaissances  qu'on  admire  dans  ses 
nombreux  ouvrages.  (Voyez  Gesneri  Bibliotb.  Universalis,  1545,  fol.  180  a. 
—  Bezœ  Icônes,  f.  Rj.  —  J.-A.  de  Thon.  Hist.  univ.  année  1565.  — 
Schmiedel.  Icônes  plantarum.  Xorimbergœ,  1747.  —  Conrad  Gessner  von 
J.  Hanhart.  Winterthur,  1824.) 

2  C'est-à-dire  le  9  décembre,  ce  qui  n'est  pas  d'accord  avec  le  pas- 
sage suivant  de  la  lettre  du  même  Gesner  à  Myconius  datée  également  de 
Strasbourg  le  21  décembre  1534:  «Ego,  relictis  Galliis,  Argentinam  pridie 
nonarum  Decembris  veni.  »  (Mscr.  orig.  Bibl.  de  la  ville  de  St.-Gall.) 

3  Gesner  écrivait  de  Paris  à  Bullinger  le  26  août  1534  :   «  Pergimus 


236  CONRAD  GESNER  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  1  534 

etiam  quôd  tantae  tyrannidis  quanlam  vos  pridem  audiisse  credo 4. 
spectator  esse  non  sustinerem  5.  Nam.  quod  ad  lileras,  Germania 
nostra  nihil  Galliis  cedere  videbatur.  Sed  lantos  moins  et  tragœdiae 
initium  si  quidem  jam  audivisti.  hiec  mea  praeterito,  sin  minus, 
perlege. 

Fixi  ab  inconsullis  quibusdam  libelli  gallicê  scripti,  in  Novo  Cas- 
tro r\  ut  rumor  est,  impressi;  plerique  ad  Farellum  et  quendam  Au- 
gastinianum  monachum1  autores  référant.  Theina  erat  contra  Missus 
abusum,  et  praesentiae  corporis  [Dominici]  in  Eucbaristia  negatio8. 
Eadem  autem  nocte  Parisiis,  Aureliœ  sire  Genebi  et  in  Régit  cubi- 
culi  januii 9  affixi  sunt.  Hinc  belli  initium,  capti  innumeri  :  rumor 

in  litteris  pro  virili ,  perrecturi  amplius ,  nisi  hîc  etiam  Musse  pecunia 
flectendse  essent...  Verùm  et  hîc  et  in  aliis  omnibus  argenti  Charybdin 
Parisios  dixeris.  »  (Mscr.  orig.  Arch.  de  Zurich.  Hanhart,  op.  cit.  p.  347). 

4  Le  bruit  des  nouvelles  persécutions  parvint  très-tard  en  Suisse.  Une 
communication  faite,  le  20  novembre,  par  le  gouvernement  bâlois  à  ses 
alliés  de  Zurich ,  Schaffhouse  et  Berne  ,  mentionne  des  calomnies  répan- 
dues à  la  cour  de  François  I  contre  les  IV  cantons  évangéliques  ,  mais 
elle  ne  contient  aucune  allusion  aux  dangers  de  l'église  réformée  de 
Paris. 

5  On  lit  dans  la  lettre  susdite  de  Gesner  à  Myconius  :  «  Causa...  qua 
subitum  abitionis  consilium  cepi  haec  inprimis  est,  ne  in  dies  tantte  tyran- 
nidis... spectator  essem,  non  quôd  mihi  isthic  manere  non  tutum  foret, — 
etsi,  pridie  quant  discederem,  in  divitem  quendam  ac  nobilem  Flandrum 
impia  plebs  caedem  perpétrant,  «  Germanus  est  !  »  acclamando.  «  Indul- 
gentias  occisione  merebimur.  » 

6  A  Neuchâtel  en  Suisse,  chez  Pierre  de  Wingle. 

7  La  même  rumeur  est  mentionnée  dans  la  lettre  que  Gilbert  Cousin, 
secrétaire  d'Érasme,  écrivait  à  Boniface  Amerbach  le  14  janvier  1535: 
«  Imprudens  et  temerarius  fuit  qui  schedis  affixis  tantum  negocii  et  peri- 
culi  multis  bonis  exhibuit.  Id,  ut  audio,  procuravit  Pharellus.  Generosa 
qupedam  matrona  Strausbwgum  confugit.  Fugerunt  et  alii.  »  (Mscr.  orig. 
Arch.  de  l'église  deBâle.)  Nous  avons  déjà  énuméré  les  raisons  qui  nous 
empêchent  d'attribuer  les  placards  à  Farel.  Si  l'on  pouvait  prouver  que 
Marcourt  avait  fait  partie  de  l'Ordre  des  Augustin»,  on  s'expliquerait  fa- 
cilement pourquoi  le  bruit  public  désignait  un  religieux  de  cet  Ordre 
comme  ayant  participé  à  la  composition  des  placards  (V.  le  X°  485,  n.  4). 

8  Voyez  le  N°  485  au  commencement  de  la  note  4.  Les  x>lacards  con- 
tre la  Messe  furent  réimprimés  sous  le  titre  suivant  :  «  Conclusion  de  la 
Messe.  Ite  missa  est.  »  Lyon,  Jean  Saugrain,  1563.  Ils  ont  été  reproduits 
par  Crespin ,  Histoire  des  Martyrs,  année  1534,  ainsi  que  par  Gerdès, 
Historia  Reformationis,  t.  IV,  App.  Monumenta,  etc.,  p.  59-67,  et  par 
MM.  Haag.  France  Protestante.  Pièces  justificatives,  n°  IL 

9  Au  château  d'Amboise,  par  conséquent,  et  non  au  Louvre,  comme 


1534      CONRAD  GES.NER  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.       237 

circiter  trecentos  et  ultra  fert10.  Novis  et  inauditis  modis  torquen- 
tur  longé  miserrimè11  :  coniburuntur,  eruuntur  lingute,  manus 
prœabscinduntur.  Sunt  porrô  in  certas  tabulas  intlnila  capiendoiura 
nomina  relata  12.  Sed  duo  studiosi  hue  ad  nos  nudius  quartus  13  ve- 
nerunt,  fugà  Galliis  elapsi,  et  mulier  quœdam  nobilissima  cum  fa- 
mul[is]  et  nobilibus  14.  X1 1  i  aiiint  decem  tantumraodô  hucusque 
combuslos 15;  Regem  Parisios  venire  16;  hujus  judicium,  cum  tanlus 

l'affirment  plusieurs  historiens  (Voy.  le  N°  4S3,  n.  11,  et  le  Journal  d'un 
bourgeois,  p.  442  et  449). 

10-"  Gesner  disait  dans  sa  lettre  à  Myconius  du  21  décembre  :  «  Capti 
circiter  quadringenti  feruntur,  plurimi  verè  pii ,  aliqui  docti ,  quidam  ex 
suspitionibus  tantùm.  Hîc  tu  indies  videas  manus  prsescindi,  linguas  erui, 
vivos  comburi,  seu  potins  novo  quodam  ignis  génère ,  quem  minorem  vo- 
cant,  quasi  torreri.  »  Ce  passage  prouve  que  l'horrible  potence  au  moyen 
de  laquelle  les  suppliciés  étaient  guindés  au-dessus  du  bûcher,  puis  re- 
plongés dans  le  feu  à  diverses  reprises,  fut  inventée  plusieurs  semaines 
avant  la  procession  générale  du  21  janvier  1535. 

12  La  Chronique  de  François  I,  p.  130,  et  un  document  publié  par  le 
Bulletin  du  Protestantisme  français,  t.  XI,  p.  253,  énumèrent  cinquante- 
deux  personnes  suspectes  qui  s'enfuirent  et  que  le  Parlement  fit  citer  (25 
janvier  1535)  à  comparaître,  sous  peine  d'être  condamnées  au  feu  par 
contumace.  On  trouve  dans  cette  liste  les  noms  suivants,  qui  ont  déjà  figuré 
dans  la  Correspondance  ou  qu'elle  mentionnera  plus  tard  :  Maître  Pierre 
Caroli,  Maître  Jean  Rétif,  prêcheur  en  la  chapelle  de  Bracque,  les  moines 
Augustins  Berthault,  Courauït,  Cartier  et  Richard,  le  poète  Clément  Ma- 
rotf  maître  Jean  Regnault ,  principal  du  collège  de  Tournay ,  le  sieur  de 
Rognac  et  sa  femme,  le  sieur  de  Robertval,  lieutenant  du  maréchal  de  La 
Marck,  la  demoiselle  Françoise  Bayard,  veuve  du  conseiller  André  Porte, 
maître  Pierre  Bu  Val,  trésorier  des  menus  plaisirs,  maître  Mathurin  Cor- 
dier,  maître  Guillaume  Ferret,  les  imprimeurs  Simon  Du  Bois  et  Jérôme 
Denis,  Jacques  le  Fèvre,  dit  le  tailleur  d'histoires  (ne  serait-ce  point  le 
«  Jacobus,  sculptor  imaginum  »  mentionné  dans  les  Nos  108,  renvoi  de 
n.  4,  et  120,  renvoi  de  n.  15?),  le  beau-frère  et  la  sœur  de  feu  Bar- 
thélemi  Milon,  maître  Thomas  Barbarin,  natif  de  la  Coste  en  Dauphiné, 
et  Gaspard  Charnel  [1.  Carmeï]  natif  de  St. -Marcelin  en  Dauphiné. 

13  On  ne  connaît  pas  les  noms  de  ces  deux  étudiants  français  qui  arri- 
vèrent à  Strasbourg  le  24  décembre. 

14  La  Dame  française  réfugiée  à  Strasbourg  était  sans  doute  Françoise 
Bayard  (note  12). 

1o  Voici  les  noms  des  Évangéliques  qui  avaient  péri  récemment  sur  le 
bûcher,  avec  la  date  de  leur  supplice  :  Le  13  novembre,  Barthélemi  Mi- 
lon; le  14,  Jean  Du  Bourg,  riche  marchand  drapier;  le  18,  un  tisserand; 
le  20,  un  libraire;  le  21,  un  maçon  nommé  Barthélemi  Poille;  le  4  dé- 
cembre, un  jeune  clerc  nommé  Hugues  Nyssier;  le  5,  un  jeune  enlumi- 
neur de  Compiègne;    le  24,  l'imprimeur  Antoine  Augereau,  natif  du  Poi- 


238        CONRAD  GESNER  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.       1534 

sit  caplorum  numerus,  Senatum  expectare.  Ego  lam  dira  et  atrocia 
ne  vel  spectarem  vel  audirem,  commode  socios  itineris  nactus,  dis- 
cessi. 

Ante  verô  quàm  haec  exorirentur,  mirum  in  modum  omnes  pii 
tua  scripta  amplectebantur,  sollicité  emebant  175  honoriticentissimè 
te  unum  et  amplissimè  praedicabant;  sed  hac  tempestate,  cum  sin- 
gulae  ferè  domus  perquirerentur,  omnes  piorum  lucubrationes  par- 
timVulcano  datas,  parlim  in  Sequanam  abjecta3.  Ego  et  doctus  qui- 

tou  (N°  438,  n.  15).  Voyez  le  Bulletin  du  Protestantisme,  XI,  255.  Le 
Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  p.  444-446  et  Crespin,  op.  cit.  fol. 
104  b,  ne  sont  pas  d'accord  sur  tous  les  points  avec  le  document  d'où 
nous  avons  tiré  ces  détails. 

16  Au  mois  de  décembre  le  Roi  était  encore  à  Châtellerault  en  Poitou, 
à  77  lieues  de  la  capitale  (Voy.  Journal  d'un  bourgeois,  p.  439,  440). 
A  propos  du  retour  de  François  I  à  Paris .  qui ,  selon  toutes  les  proba- 
bilités, n'eut  lieu  qu'en  janvier  1535,  M.  Merle  d'Aubigné  rapporte  cer- 
tains faits  dont  l'authenticité  nous  paraît  douteuse.  C'est  d'abord  l'au- 
dience que  Roussel,  Couranlt  et  Berthuud  auraient  obtenue  du  Roi,  au 
Louvre ,  après  les  placards  (  assertion  à  comparer  avec  la  note  12  ) ,  puis 
ces  paroles  que  la  reine  de  Navarre  aurait  adressées  à  son  frère ,  en  no- 
vembre ou  décembre  1534  :  «  Monseigneur,  nous  ne  sommes  point  sacre- 
ment aires.  Ces  infâmes  placards  ont  été  inventés  par  des  hommes  qui  veu- 
lent faire  retomber  sur  nous  la  responsabilité  de  leur  abominable  ma- 
nœuvre.» (Voy.  Hist.  de  la  Réf.  au  temps  de  Calvin,  t.  III,  p.  147,  150  et 
153.)  Au  lieu  de  citer  comme  autorité  le  n°  133  du  Supplément  français 
de  la  Bibliothèque  Impériale ,  dans  lequel  on  ne  trouve  rien  de  pareil ,  le 
célèbre  historien  aurait  dû  renvoyer  au  n°  2722  de  la  même  collection, 
manuscrit  qui  renferme  une  partie  des  lettres  de  la  reine  de  Navarre. 
C'est  dans  la  133e  de  ces  lettres,  qui  est  adressée  à  François  I  et  qui  fut 
composée  en  1541  (Voy.  Génin.  Nouv.  lettres,  etc.  1842,  p.  xn,  196, 
197,  198),  qu'on  lit  le  passage  suivant  :  «  Dieu  merci,  Monseigneur,  nul 
des  nostres  n'ont  esté  trouvés  sacramentaires  ,  combien  qu'ils  n'ont 
guères  porté  maindres  peines  ;  et  ne  me  puis  garder  de  vous  dire  qu'il 
vous  souviengne  de  l'opinion  que  j'avois  que  les  vilains  placars  estoient 
faicts  par  ceux  qui  les  cherchent  aux  aultres.  »  (Voyez  les  Additions.) 

17  Comparez  ce  passage  avec  les  notes  20-21  du  N°  422.  A  notre 
connaissance,  depuis  le  martyre  de  Pointet  et  de  Canus  (N°  459,  n.  16), 
il  n'y  avait  pas  eu  de  nouveaux  supplices,  et,  grâce  à  l'alliance  de  Fran- 
çois I  avec  les  Protestants  d'Allemagne,  les  Évangéliques  français  avaient 
joui  pendant  quelques  mois  d'une  certaine  tranquillité.  Le  seul  exemple 
de  rigueur  que  nous  ayons  à  signaler  à  cette  époque  est  la  sentence  pro- 
noncée le  30  août  1534  contre  le  magnifique  Meigret,  qui  fut  banni  pour 
cinq  ans  du  Royaume,  «  parce  qu'il  estoit  luthérien  et  mangeoit  de  la 
chair  en  caresme  »  (Voy.  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  p.  438-439, 
et  le  N°  103,  n.  63). 


1534  CÔNBAD  GESNER  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  239 

dam  Hisparms  cum  multa  et  nos  liaberemus,  tandem  ab  hospite 
deprebensi  sumus,  qui  secùs  ferre  notait,  nisi  ad  ecclesiastem 
aliquem,  qui  nos  absolveret,  res  deferretur  ls.  Nos  effecimus  ut 
apud  Episcopi  fratrem  I9,  ejus  tum  Vicarium  et  Evangelii  fautorem, 
ageretur.  Sic  quidein  evasimus.  Jam  autem  ipse  captus  detinetur;  in 
fratrem  enim.  Episcopum  Parisiensem,  licet  Evangelicum  sciant 20, 
nibildum  audent.  Sic  omnia  in  sectatores  xXayyri  r  èvoirîj  te  21.  Sed 

Clam   aliqUOt  yà.tâ.8a^    twv   rr,;  bfiovoZ'-'XS  È^OfiÉvwv  Giyri  ;j.vjzol  TC-jziwjcxq 

speramus  et  partim  cette  scimus 22.  Budœus  quoque,  non  est  quùd 
dubitem.  noater  est  lotus 23  cum  doctissimis  quibusque.  Sed  lioc  hac- 
tenus 24. 


18  II  paraît  que  Jean  Friess  de  Zurich  et  les  étudiants  bernois  Jean 
Steiger,  Jérôme  Fricker  et  Jérôme  Manuel,  qui  logeaient  à  Paris  chez  un 
ami  de  l'Évangile,  nommé  Martin  Bésard,  n'eurent  pas  de  tracasseries 
à  endurer  à  cause  de  la  religion. 

19  Bené  du  Bellay,  qui  fut  plus  tard  évêque  du  Mans. 

20  II  y  a  beaucoup  à  rabattre  de  l'illusion  du  jeune  Zuricois.  L'évêque 
de  Paris  n'avait  de  la  sympathie  que  pour  une  Réforme  modérée.  Il 
assista  à  la  procession  du  21  janvier  suivant  et  remercia  publiquement  le 
Roi  de  son  zèle  pour  la  foi  catholique. 

21  Iliade,  III,  2.  On  trouve  plus  bas  une  réminiscence  du  huitième 
vers. 

22  En  comparant  ce  témoignage  avec,  la  lettre  de  Jean  Canaye  du  13 
juillet  1524  (N°  105),  on  peut  se  faire  une  idée  des  progrès  qu'avait  ac- 
complis depuis  dix  ans  l'église  secrète  de  Paris. 

83  Nouvelle  illusion  de  Gesner.  Elle  dut  se  dissiper  lorsque  Guillaume 
Budé  publia  (mars  1535)  son  ouvrage  intitulé  «  De  transitu  Hellenismi 
ad  Christianismum  libri  très.  »  Dans  la  dédicace  de  ce  livre ,  qui  est 
adressé  à  François  I,  Budé  loue  ce  monarque  d'avoir  ordouné  une  solen- 
nelle procession  (celle  du  21  janvier  1535)  pour  expier  le  crime  commis 
par  quelques  furieux  contre  le  sacrement  de  l'autel  (Voy.  Maittaire,  op. 
cit.  II,  830).  Son  testament,  daté  du  23  juin  1536,  n'est  pas  moins  ins- 
tructif. Après  avoir  déclaré  qu'il  a  mis  toute  son  espérance  de  salut  en 
la  miséricorde  de  Jésus-Christ,  il  ajoute  :  «  ayant  aussi  grande  confiance 
en  l'intercession  de  la  glorieuse  et  unique  mère  et  vierge  ,  de  St  Pierre 
et  de  St  Paul...  et  de  la  benoicte  Madelaine...  desquels,  en  ma  vie,  j'ay 
eu  la  commémoration  recommandée  par  pneciput...  »  (Copie  du  17°  siè- 
cle, communiquée  par  M.  Eugène  de  Budé).  Nous  voilà  bien  loin  du  noster  est 
totus  de  Gesner.  Mélanchton  n'hésitait  pas,  au  contraire,  à  porter  le  ju- 
gement suivant  :  «  Laceramur  horribiliter  a  Sadoleto  et  Budeo ,  quorum 
uterque  ad  Regem  Galliarum  hostiliter  de  nostris  scripsit  »  (Lettre  du  2 
sept.  1535.  Melanth.  Opp.  éd.  cit.  II,  930,  937). 

24  Les  passages  qui  suivent  sont  consacrés  à  un  règlement  de  compte. 
On  y  trouve  quelques  détails  intéressants  sur  Jean  Friess,  ami  intime  de 


240  LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  GRANDSON  AU  CONSEIL  DE  BERNE.        1534 

Andréas  Weingartner 25  cum  nobili  quadam  Galla  midiere  Ar- 
gentinœ  est.  Resciverunt  eum  libros  Lutheranorum  invexisse;  uxor 
capta  detinetur;  bonorum  et  librorum  confiscatio 2B  pênes  judices 

est,  id  quod  Froschovero  27  indicabitis Argentin*©,  in  œdibus 

Buceri28,  xxvii  Decembris  1534. 

Tuum  mancipium  Conradus  Gesnerus. 

(Inscriptio  :)  Eruditissimo  Sacrarum  Literarum  interpreti  D. 
Henrico  Bullingero,  prseceptori  observando. 


489 


les  évangéliques  de  grandson  au  Conseil  de  Berne. 
De  Grandson  (vers  la  fin  de  l'année  1534). 

Inédile.  Manuscrit  original l.  Arcbives  de  Berne. 


Sommaire.  Procédés  intolérants  du  Conseil  et  des  religieux  de  Grandson.  Violences  du 
châtelain.  Les  Évangéliques  demandent  que  l'exercice  de  leur  culte  ne  soit  plus  trou- 
blé et  entravé. 

Noz  très-redoubtéz,  haultz  et  puissans  Seigneurs! 

Il  vous  plaise  admonester  nos  bourgeoys  de  Granson  de  ne  tenir 
leur  Conseil  à  l'heure  de  nostre  sermon,  comme  jusques  à  présent 
ilz  ont  faict,  mellans  ban  [1.  amende]  à  ceulx  qui  ne  si  trouveront. 

Gesner  et  qui  était  resté  à  Paris ,  et  sur  Pierre  Koly  de  Zug,  maître  de 
grec  dans  la  pension  de  Melchior  Wolmar  à  Bourges. 

25  Libraire  bâlois,  fixé  précédemment  à  Paris. 

26  Déjà  le  2  décembre  1529,  le  Conseil  de  Bâle  avait  intercédé  auprès 
de  François  I,  en  faveur  de  Weingartner,  dont  la  librairie  avait  été  con- 
fisquée à  Paris  par  le  Chapitre  de  St. -Benoît. 

27  Christophe  Froschower,  imprimeur  à  Zurich. 

28  Martin  Bucer  était  alors  absent  de  Strasbourg.  Il  faisait  un  voyage 
dans  la  Hesse,  pour  continuer  les  négociations  relatives  à  la  Concorde 
entre  les  Luthériens  et  les  Zwingliens. 

1  Ce  manuscrit  est  de  la  main  du  pasteur  Jean  Lecomte. 


1534        LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  GRANDSON  AU  CONSEIL  DE  BERNE.  241 

Hz  font  icy  venir  les  processions  à/lrerdun'2  et  vont  là,  et  y  font 
prescher  ung  cordelier,  qui  n'est  mal  allors  qu'il  ne  dise  de  vous. 
Item,  ilz  portent  enseignes  en  leurs  pourpointz  ou  sur  leurs  bon- 
netz  des  fives  3  :  ausqnelz  quand  nous  disons  qu'ilz  font  ce  en 
vous  mesprisant  *,  ilz  respondent  que  nulluy  ne  les  en  gardera,  et 
qu'ilz  ne  vivent  pas  de  vous.  Item,  quand  nous  recevons  la  Cène5, 
ne  povons  avoir  aucun  calice,  et  se  moquent  de  nous;  aussy  [1.  ain- 
si] font  chascun  jour  les  serviteurs  de  Monsieur  le  Prieur6,  durant 
le  sermon.  Item,  comme  les  Cordeliez  ont  rompu  la  chaire,  qu'ilz 
en  facent  refaire  une  autre  pour  y  prescher  "'.  Item,  [nous  deman- 
dons] que  moisnes  et  cordeliez  se  tiennent  en  leurs  abbayes ,  sans 
donner  mauvaise  exemple  par  la  ville,  lesquelz  aussy,  à  l'heure 
du  sermon,  se  mettent  devant  la  porte  du  temple,  se  mocquans  et 
empeschans  ceulx  qui  y  veullent  entrer.  Item,  en  plain  midi  ilz 
nous  ferment  les  portes,  et  n'y  povons  entrer  pour  hacher  [1.  bap- 
tiser] noz  enfanss,  et  à  la  foire  dernière0  n'y  eusmes  prédication. 
Et  quand  demandasmes  la  clef,  ung  moisne  dict  que  allissions  pres- 

2  Ce  fait  spécial  n'a  pu  avoir  lieu  qu'avant  le  25  février  1536,  jour 
de  la  cessation  du  culte  catholique  à  Ycerdon  (Journal  de  Lecointe). 

3-4  Les  fives  étaient  le  nom  populaire  des  jeunes  pousses  de  sapin. 
Après  la  bataille  de  Cappèl,  les  soldats  des  Petits-Cantons  en  avaient 
mis  sur  leurs  coiffures ,  en  signe  de  victoire.  Les  catholiques  de  la  Suisse 
romande  imitaient  cet  exemple,  quand  ils  voulaient  narguer  leurs  adver- 
saires. Un  fait  semblable  qui  s'était  passé  à  Orbe,  le  4  mai  1533,  fut  sé- 
vèrement puni  par  les  Bernois  (Voy.  Pierrefîeur,  op.  cit.  p.  98-100). 

5  La  Ste  Cène  fut  célébrée  pour  la  première  fois  par  les  Évangéliques 
de  Grandson  le  29  décembre  1532. 

6  Nicolas  de  Diesbach  (  X°  360,  n.  7),  qui  gouvernait  le  prieuré  des 
Bénédictins  de  St. -Jean-Baptiste.  L'église  de  ces  moines  servait  aux  deux 
cultes. 

7  D'après  le  Journal  de  Lecomte ,  ce  fut  seulement  le  18  mars  1537 
que  «  la  chaire  fut  [rejmise  au  chœur  des  Cordeliers  de  Grandson,  pour 
y  prêcher  l'Évangile.  »  En  1531,  Farel  et  ses  collègues  avaient  prêché 
plusieurs  fois  dans  l'église  du  couvent  de  St. -François,  qui  fut  affectée 
au  culte  des  Évangéliques  par  les  ordonnances  du  30  janvier  1532  (N° 
371,  renvoi  de  n.  4).  Jean  Lecomte  y  prêchait  encore  le  13  avril  1533 
(Voy.  son  Journal).  Les  Cordeliers  avaient  réussi  à  l'en  expulser,  en 
démolissant  la  chaire. 

8  II  est  ici  question  de  l'église  de  St.-Jean-Baptisie.  Celle  de  St-Fran- 
çois ,  qui  appartenait  aux  Cordeliers ,  ne  fut  ouverte  aux  Réformés  pour 
la  célébration  des  baptêmes  que  le  19  décembre  1535  (Journal  de  Le- 
comte). 

9  L'unique  foire  de  la  ville  de  Grandson  se  tenait  le  28  octobre. 

t.  m.  16 


242       W.-F.  CAPITON  A  MARTIANUS  LUCAMUS  [JEAN  CALVIN,  A  BALEJ.     1  534 

cher  aux  fourches.  Et  en  demandant  justice  à  Monsieur  le  chaste- 
lain,  il  nous  menasse  de  frapper,  et  par  quatre  foys  se  jecta  sur 
l'ung  de  nous  10. 

Par  quoy,  noz  très-honnoréz  Seigneurs,  nous  vous  supplions 
très-humblement  nous  voulloir  fère  délivrer  la  clef  du  dict  temple, 
pour  y  entrer  à  toute  heure  que  ne  leur  ferons  empeschement,  et 
en  liberté  y  bascher  noz  enfans  et  oyr  la  Parolle  de  Dieu,  lequel 
nous  supplions,  très-magnifiques  princes,  vous  donner  très-bonne 
vie  et  longue.  Accomplissez,  s'il  vous  plaict,  les  très-humbles  sup- 
plications de 

Voz  très-humbles  et  très-obéissans  subjectz  et  serviteurs 
évangéliques  de  Granson. 


490 


w.-F.  capiton  à  Martianus  Lucanius  [Jean  Calvin,  à  Bâle1]. 
De  Strasbourg  (vers  la  fin  de  1534 â). 

Autographe.  Bibl.  Publ.  de  Genève.  Vol.  n°  110.  Publiée  en  partie 
dans  les  Calvini  Opp.  Édit.  de  Brunswick,  t.  V,  p.  xxxvi. 

Sommaire.  Votre  livre  me  plaît  beaucoup  ,  mais  nous  vous  conseillons  d'attendre,  poul- 
ie publier,  des  temps  plus  favorables.  Les  Allemands  savent  par  expérience  que  la 
prédication  qui  a  constamment  pour  objet  la  personne  de  Jésus-Christ  est  le  vrai  ré- 

10  Voyez  sur  le  châtelain  de  Grandson  le  N°  467,  renv.  de  n.  8-11. 

1  Le  ton  familier  de  cette  lettre  suppose  des  relations  personnelles  en- 
tre les  correspondants  et  ne  permet  pas  de  croire  qu'elle  ait  été  envoyée 
à  Calvin  pendant  son  séjour  en  France.  On  sait  du  reste  que  celui-ci  ne 
prit  le  pseudonyme  de  Lucanius  (anagramme  de  Calvinus)  que  depuis  son 
arrivée  en  Allemagne. 

2  Pour  établir  cette  date,  nous  devons  rechercher  à  quel  moment 
Calvin  quitta  la  France.  Or  il  nous  apprend  que,  Vannée  même  de  sa  con- 
version, voyant  «  que  tous  ceux  qui  avoyent  quelque  désir  de  la  pure  doc- 
trine se  rangeoyent  à  lui  pour  apprendre ,  »  il  commença  «  à  chercher 
quelque  cachette  et  moyen  de  se  retirer  des  gens...  Et  de  faict  (dit-il)  Je 


1 534    W.-F.  CAPITON  A  MARTIANUS  LUCANIUS  [JEAN  CALVIN.  A  BÀLË].      24o 

mède  aux  maux  de  l'Église,  et  qu'en  attaquant  les  erreurs  des  sectaires  on  leur 
donne  uue  plus  grande  célébrité.  Le  sujet  que  vous  avez  choisi  sera  fécond  en  dis- 
putes ;  je  crains  que  certains  auteurs  qui  réprouvent  maintenant  cette  doctrine  crro- 
née  [du  sommeil  des  âmes  après  la  mort]  ,  ne  soient  irrités  par  de  nouveaux  débats 
et  détournés  de  la  piété.  Je  voudrais  aussi  vous  voir  débuter  en  soutenant  une  vérité 
moins  contestée.  Je  me  suis  abstenu  de  rien  publier  pendant  les  dissensions  [de  ces 
.  dernières  années],  et  je  m'en  félicite  aujourd'hui.  Ne  pensez  pas  que  le  fruit  de  vos 
labeurs  soit  perdu  ;  vous  pourrez  plus  tard  les  faire  valoir  sous  une  autre  forme,  et 
vous  posséderez  alors  une  connaissance  plus  intime  des  Écritures. 

Eu  résumé  ,  la  triste  situation  des  églises  de  France  vous  commande  d'éviter  les 
disputes,  et  votre  livre  troublerait  un  grand  nombre  des  meilleurs  disciples  de  Jésus- 
Christ.  Voilà  mon  opinion,  mais  cependant  vous  demeurez  libre  d'entreprendre  ou 
d'ajourner  la  publication  de  votre  ouvrage. 

S.  Guslus  libri  lui  perplacet3;  penitiùs  cognoscere  de  toto  non 
licuit  propter  minutos  et  mini  illegïbiles  characteres.  De  edendo, 
si  nos  midis,  omninô  profères  consilium  in  tempus  commodius 4.  Jam 
sectis  omnia  perstrepunt,  et  Germant,  magna  calamitate  religïonis, 
experti  sunt  errores  oppugnando  fieri  illustriores 5;  rationem  verô 

veins  en  Allemagne,  de  propos  délibéré,  afin  que  là  je  peusse  vivre  à  re- 
quoy  en  quelque  coin  incognu...  »  Il  ajoute  que  ce  fut  pendant  son  séjour 
à  Bâle,  que  plusieurs  fidèles  furent  brûlés  en  France  (Préf.  du  comment, 
sur  les  Psaumes).  De  ces  détails  ,  rapprochés  de  la  lettre  qu'il  écrivait 
de  Noyon  à  Bucer,  le  4  septembre  (1534),  ne  peut-on  pas  inférer  que  son 
départ  de  France  eut  lieu  au  mois  d'octobre,  même  année?  Le  silence 
complet  qu'il  garde  sur  les  dangers  auxquels  il  aurait  été  exposé ,  ainsi 
que  l'absence  de  son  nom  sur  la  liste  des  suspects  publiée  à  Paris  le  25 
janvier  1535 ,  permet  en  outre  de  penser  que  ce  n'était  pas  pour  fuir  la 
persécution  qu'il  avait  abandonné  son  pays.  Enfin ,  ce  dut  être  de  l'une 
des  provinces  septentrionales  de  la  France ,  qu'il  partit  avec  Louis  du 
Tillet  pour  se  rendre  à  Strasbourg.  La  direction  suivie  par  eux  à  travers 
la  Lorraine  (Voy.  Bèze.  Vie  de  Calvin,  édit.  de  1565)  ne  laisse  aucun 
doute  là-dessus.  D'autre  part,  on  est  autorisé  à  croire,  qu'après  le  mois 
de  février  1535,  Calvin  s'occupa  uniquement  de  son  Institution  Chré- 
tienne et  qu'il  remit  à  d'autres  temps  la  publication  de  son  deuxième  ou- 
vrage (Voy.  n.  11).  De  tout  cela,  nous  concluons  que  la  présente  lettre 
a  dû  être  écrite  vers  la  fin  de  l'année  1534. 

3  II  s'agit  du  livre  de  Calvin  intitulé  Psychopannychia  (Voy.  notes  7 
et  11). 

4  Voyez  la  note  11. 

5  Ces  paroles  s'expliquent  par  la  publication  des  nombreux  ouvrages 
composés  contre  les  Anabaptistes,  et  par  la  notoriété  que  cette  polémique 
avait  donnée  à  leur  doctrine  (Voyez  J.-H.  Ott.  Annales  Anabaptistid. 
Basilese,  1672). 


244      W.-F.  CAPITON  A  MARTIANUS  LUCANIUS  [JEAN  CALVIN,  A  BALE].    1  534 

certissimam  esse  consulendi  afflictis  ecclesiis  accuratissimè  depin- 
gere  Cliristum.  Sed  et  argumentum  illud,  quia  extra  analogiam  fidei 
utrinquetractatur,fœcundissimum  erit  rixarwn.  Deinde  sunt  auto- 
res  splendidi,  quos  dejecit  Dominus  à  pertinacia  istiusmodi  errons 
affirmandi 6,  quorum  studia  vereor  ne  incendantur,  aut  certe  ne 
prorsùs  fidem  quam  hactenus  coluerunt  despondeant,  aversentur- 
que  studia  pietatis,  quœ,  ut  crux  alioqui  fastidiosa,  tenerioribus 
mentibus  facile  exhalant. 

Mattem  etiam  auspicareris  ''  scribendi  industriam  in  argumente 
plausibiliore.  Temperavi  mibi,  nec  penitet,  quô  minus  in  tantis  dis- 
sidiis  stilo  in  publicum  quicqnam  mandarem  (exceptis  commenta- 
nis  in  Hoseam,  quos  amici  Galli  lum  exlorserant 8),  et  sunt  qui 
mallent  mine  ocium  meum  quàm  turbulentum  istum  suum  labo- 
rem  sibi  obligisse  9.  Pntas  perire  sudores  istos?  Non  sanè  periere, 
sed  postera  dies  occasionem  prcebebil  alio  habitu  illos  venditandi. 
Tempus  etiam  docebit  Seripturarum  omnium  penitiorem  intelli- 
gentiam. 

Summa  :  Gallicarum  ecclesiarum  afflicta  conditio  10  efflagitat,  ut 
ab  omnibus  contenlionibus  avocetis  potiùs;  nain  tali  operâ  pluri- 
mos,  eosque  optimos  assectatores  castrorum  Cbristi  conturbabis. 
Et  tamen,  mi  Marciane,  liberum  per  me  fuerit  utrum  velis,  aut 

6  Est-ce  une  allusion  à  Gaspard  Schwenkféld  et  à  Martin  Borrhai  (en 
latin  Cettarius),  qui  avaient  abjuré  depuis  quelque  temps  les  erreurs  des 
Anabaptistes  (Voy.  Ott,  op.  cit.  p.  15,  62,  et  les  Nos  130,  n.  16;  186, 
n.  4;  257,  n.  6)?  Bien  que  l'épithète  de  splendidi  soit  difficile  à  justifier, 
appliquée  à  ces  deux  auteurs,  nous  ne  voyons  pas  à  quels  autres  contem- 
porains ce  passage  pourrait  se  rapporter. 

7  Cette  expression  indique  évidemment  qu'il  s'agissait  du  début  de 
Calvin  dans  la  polémique  religieuse,  et  elle  ne  permet  pas  d'admettre 
que  l'ouvrage  en  question  eût  déjà  été  publié  à  Paris  (Voy.  note  11). 

s  C'étaient  Le  Fevre  d'Étaples,  Michel  d'Arande  et  Gérard  Roussel 
qui  avaient  demandé  à  Capiton  de  dédier  à  la  reine  de  Navarre  son  Com- 
mentaire sur  le  prophète  Osée  (N°  221,  renv.  de  n.  7,  N°  227,  renv.  de  n.  9). 

9  N'est-ce  pas  une  allusion  à  Bucer  et  aux  grands  travaux  qu'il  s'é- 
tait imposés  depuis  quelques  années,  soit  en  publiant  de  nombreux  ouvra- 
ges, soit  en  poursuivant,  avec  un  zèle  que  plusieurs  jugeaient  excessif,  la 
réalisation  de  son  projet  de  concorde  (Voy.  le  N°  434,  n.  3-4.  —  Ruchat, 
ITT,  307-309.  —  Scultetus,  op.  cit.  P.  U,  480,  481.  —  J.-W.  Baum.  Ca- 
pito  und  Butzer)  ? 

10  Ces  expressions  n'ont  pu  avoir  toute  leur  justesse  qu'à  une  époque 
où  les  églises  évangéliques  de  France  étaient  violemment  persécutées ,  ce 
qui  nous  reporte  vers  la  fin  de  l'année  1534. 


1535     CHRISTOPHE  FABRI  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.      245 

edendi  aut  differendi11.  Yolui  tamen  quod  mihi  videretur  obiter 
indicare.  Vale.  Argen.[tinae.] 

W.  Capito. 

(  Inscriptio  : )  Viro  pio  ac  docto  Martiano  Lucanio,  sibi  in  Do- 
mino observa  ndo. 


491 

Christophe  fabri  à  Guillaume  Farel,  à  Genève. 
DeBole,  12  janvier  1535. 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

Sommaire.   Vous  faites  bien,  mon  frère,  de  donner  cours  dans  vos  lettres  aux  sentiments 
qui  vous  animent  toujours  ,  je  veux  dire,  à  votre  zèle  ardent  pour  la  gloire  de  Christ 

11  Nous  sommes  ici  en  désaccord  avec  MM.  Baum,  Cunitz  et  Reuss. 
les  nouveaux  éditeurs  des  Œuvres  de  Calvin.  Dans  leurs  savants  Prolé- 
gomènes sur  les  Opuscules  du  Réformateur  (Calvini  Opéra,  édit.  de  Bruns- 
wick, t.  1H,  p.  xxii,  t.  V,  p.  xxxv — xxxvn),  ils  concluent  de  ce  que  les 
deux  préfaces  placées  en  tête  de  la. Psychopannychia  sont  datées,  l'une 
d'Orléans,  1534,  l'autre  de  Bâle,  1536,  qu'il  a  existé  une  première  édi- 
tion publiée  à  Paris  en  1534  et  une  deuxième  qui  aurait  paru  à  Bâle  en 
1530.  En  soi  l'assertion  nous  paraîtrait  hasardée,  puisqu'on  n'a  jamais 
vu  un  seul  exemplaire  de  l'une  ou  de  l'autre  édition.  Conrad  Gesner, 
qui  possédait  assez  bien  la  bibliographie  de  son  temps ,  ne  mentionne, 
dans  l'article  qu'il  a  consacré  à  Calvin  (Bibliotheca  Univ.  1545,  f.  396  a), 
qu'une  seule  édition  de  la  Psychopannychia,  celle  de  1542,  dont  il  donne 
ainsi  le  titre  :  «  De  statu  animarum  post  mortem  liber,  quo  asseritur  Vi- 
rer* apud  Christum  non  dormire  animis  sanctos,  qui  in  hde  Christi  dece- 
dunt.  Argentorati,  1542,  in-8°.  »  La  question  est  d'ailleurs  tranchée  par 
ces  paroles  de  Calvin,  écrites  de  Strasbourg  le  1er  octobre  1538  et  qui 
montrent  que  les  conseils  de  Capiton  et  de  Bucer  furent  exactement  suivis 
par  le  théologien  français  :  «  Adversùs  veternosos  Jiypiiosophistas  nihil  ha- 
bebis  à  me  in  praesentia,  tum  quia  longior  est  disputatio  quàm  ut  epistolâ 
comprehendi  queat,  tum  quôd  libellum  quem  cuite  triennium  adversùs  eos 
scripseram,  propediem  editum  iri  spero.  Bucer  us  euim  qui  editionem  antè 
dissuaserat,  nunc  est  mihi  hortator  »  (Galvinus  Antonio  Pignseo.  Voy. 
Henry.  Calvins  Leben,  Bd.  I,  Beilagen,  p.  63). 


246  CHRISTOPHE  FABRI  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.  1  535 

et  à  votre  sollicitude  infatigable  envers  les  églises.  Vous  nous  exhortez  sans  cesse  à 
réaliser,  par  notre  prédication  et  notre  conduite,  au  prix  des  plus  grands  labeurs,  la 
paix  et  la  véritable  réconciliation,  signes  certains  des  progrès  du  règne  de  Christ. 
Mais  (je  le  confesse  avec  douleur,  comme  un  fils  à  son  père)  mes  efforts  n'égalent 
point  ma  volonté,  et  le  succès  ne  vient  pas  couronner  mes  entreprises.  Le  curé  et 
quelques-uns  de  ses  partisans  montrent  tous  les  jours  plus  d'animosité  et  d'obstina- 
tion ;  j'ai  cependant  bon  espoir  pour  beaucoup  d'autres,  si  je  parviens  enfin  à  triom- 
pher des  intrigues  qui  m'ont  empêché  jusqu'à  présent  de  me  loger  au  milieu  d'eux  [à 
Boudry]. 

Ces  mortifications  sont  compensées  parles  heureux  fruits  de  mon  ministère  auprès 
des  paysans.  La  plupart  ont  quitté  la  messe  pour  le  sermon,  et  ils  ont  embrassé  la 
vérité  sur  les  points  les  plus  importants  ;  mais  vous  savez  ce  qui  les  retient,  vous  con- 
naissez les  rusés  renards  avec  lesquels  nous  avons  affaire.  Bref,  l'ennemi  a  largement 
semé  l'ivraie.  Barbarin  continue  ses  études  à  Bâle,  et  il  se  tient  prêt  à  répondre  à 
l'appel  du  Seigneur.  La  moisson  n'est  pas  encore  mûre  à  Avenches.  Sur  les  trois  Frères 
Mineurs  nous  n'avons  d'autres  détails  que  ceux  de  votre  lettre.  Saluez  Viret  et  Jean 
Martel 

S[alutem],  G[ratiam]  et  pacem  ab  optimo  Pâtre  nostro  et  Domino 
Jesu  Christo  !  Bene  facis,  mi  frater,  quôd  animum  tuum  literis  talent 
expresseris  qualem  usque  coràm  agnovimus,  nimirum,  omnibus  quae 
à  tergo  sunt  posthabitis,  ad  ea  quœ  nobis  proposita  sunt  \  gloriam 
scilicet  ac  regnum  Ghristi  propaganda,  maxime  attentum.  Idem  et 
nobis  suadere  non  desinis  (quœ  tua  est  ecclesiarum  fratrumque  so- 
licitudo),  ut  eam  animo,  operd  et  verbo  tandem  exeramus  pacem  et 
reconciliationem,quœ,non  torpore  aut  complacentiâ  quadammutuas 
negligentias  offendiculave  praetexere  videatur 2,  sed  quœ  improbis 
laboribus,  assiduis  quoque  afflictionibus,  Christum  latiùs  in  dies  pro- 
pagation demonstret.  Charitas  facit  ut  meliora  semper  ab  aliis, 
imô  etiam  a  nobis  speremus.  Faxit  Ille  qui  solus  velle  clat  ac  per- 
iicere  3,  ut  id  aliquando  gnaviter  prœstemus  omnes! 

Quod  ad  me  attinet  uno  dicam  verbo:  cupio,  non  possum;  ex- 
perior,  non  succedit;  vicisse  videor,  dissipât  omnia  Satan.  Quid? 
Visne  mendatia  et  quœ  non  sunt  ego  scribam?  Dolet  admodùm  hœc 
ad  te,  maximis  alioqui  adllictionibus  exercitatum i,  scribere.  At  non 

1  Philippiens,  chap.  III,  v.  14. 

2  N'y  a-t-il  pas  ici  une  allusion  à  ces  deux  ministres  que  le  clergé  de 
Xeuchâtel  et  celui  de  Bienne  essayèrent  vainement  de  réconcilier  entre 
eux  (Voyez  le  N°  493,  renvois  de  note  3-5,  et  le  N°  500,  renvois  de  note 
11-14)? 

3  Philippiens,  chap.  II,  v.  13. 

4  Le  ministère  de  Farel  à  Genève  dut  être  fort  difficile  pendant  l'hiver 
de  1534  à  1535.   La  démolition  des  faubourgs,  commandée  par  l'intérêt 


1535  CHRISTOPHE  FABRI  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.  247 

possum  quae  video  et  novi,  animumque  meuin  tamdiu  occuparunt, 
apud  te,  ut  tilius  apud  patrem,  non  deponere. 

Sacrifions  et  adversarii  •  quanlo  remissiores  vident  istos  Thra- 
sones  6,  tanto  magis  cristas  erigunt  suas.  Ille  Principis  edictum 7 
tanti  fecit,  ut  preeter  concionem  nihil  oraiserit s;  quin  deterior  ipse, 
et  ni  qui  velut  principes  supra  Principem  euin  substinent,  obstina- 
tiores  quotidie  evadunt.  De  quibusdam  loquor,  siquidem  de  multis 
bona  spes  est,  si  quando  secum  agentem  atque  Imiter  et  prudenter 
refeUentem  quibus  sentent  erroribus,  ac  meliora  instilla  ntem  minis- 
trum  nacti  fiœrint.  Ego  enira  nullatenùs  occasionem  aut  domun- 
culam  aliquam  apud  eos  9  impetrare  potui,  etsi  eorum  multi  desi- 
derarent,  imô  duas  aut  très  railii  pridem  obtulissent  quidam.Verùm 
enimvero  Satan  versutia  suo  secreto  omnia  protinus  dissolvit.  Et 
ni  ex  altéra  parte,  piorum  scilicet  rusticorura  10,  uberiorem  Evan- 
gelii  proventurn  sentirem.  vixdum  heee  tulissem.  Sed  bœc  est  con- 
solatio  qua  repensât  nobis  Dominus  dolorem  :  Pauci  admodiim  Mis- 
sœ,  plurimi  verô  concioni  adsunt.  Agnoscunt  inprœcipuis  veritatem. 
Verùm  quid  detineat  eos  probe  nosti,  nimirum  astutissimas  vulpes, 
quœ,  ut  magis  ac  magis  nullo  earum  labore  partas  atque  congestas 

de  la  défense,  avait  gêné  on  irrité  bien  des  familles  (Voy.  le  Eeg.  du  Con- 
seil. 13,  14,  15,  19  septembre,  et  2  octobre  1534).  Les  alarmes  conti- 
nuelles et  la  rareté  des  vivres  entretenaient  l'agitation  des  esprits.  Farel 
avait  aussi  des  chagrins  personnels.  Il  venait  d'être  injustement  accusé 
d'avoir  affiché  au  couvent  de  Rive  un  placard  injurieux  contre  un  officier 
de  MM.  de  Berne,  le  commissaire  Jacques  Tribolet,  qui  résidait  à  Genève. 
L'implacable  Bernois  lui  en  garda  rancune  pendant  près  de  quinze  ans. 
(Voy.  le  Reg.  du  24  décembre  1534 ,  et  la  lettre  de  Farel  du  28  janvier 
1549.) 

5  II  s'agit  du  curé  et  des  catholiques  de  Boudry  (N°482,  r.  den.  15). 

6  Nous  ignorons  quels  sont  les  «  glorieux  »  auxquels  le  correspondant 
de  Farel  fait  allusion. 

7  C'est-à-dire,  l'arrêt  prononcé  contre  le  curé  de  Boudry  par  le  gou- 
verneur de  Xeuchâtel,  représentant  de  la  duchesse  de  Longueviïïe ,  souve- 
raine du  pays. 

8  Cette  phrase  signifie  sans  doute  que  le  curé  condamné  par  le  Gou- 
verneur s'abstint  seulement  de  prêcher  de  nouveau  contre  son  adversaire, 
Christophe  Fabri  (Voy.  N°  400,  n.  12),  mais  qu'il  ne  négligea  aucun  des 
autres  moyens  qui  pouvaient  servir  à  le  dénigrer. 

9  C'est-à-dire,  à  Boudry,  petite  ville  plus  rapprochée  de  l'église  pa- 
roissiale de  Pontareus.,  où  prêchait  Fabri,  que  le  village  de  Bole,  dans 
lequel  il  était  contraint  de  résider. 

10  Fabri  veut  parler  des  paysans  de  Bole,  des  Grattes  et  de  lîochefort, 
qui  étaient  paroissiens  de  Boudry. 


248  CHRISTOPHE  FABRI  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.  1535 

sibi  asservent  prsedas,  commodiùs  sic  inter  turbatis  aquis  se  piscari 
putant.  Alii  sunt  inter  eos  operarii  subdoli,  quos  nunqnam  adeô 
perspectos  habueram.  Breviter,  zizaniis  ab  inimico  Mo  "  passim 
et  tam  latè  dissemimtis  plena  sunt  omnia.  Haec  sunt  quee  remo- 
rantur  illos.  Tu,  juxta  gratiam  tibi  a  Domino  collatam,  consule,  ar- 
gue, instrue  et  stimula  inexpertum  tov  «y&mffTrîv. 

Barbarinus,  vir  pius  et  doctus,  Basileœ  bonis  dat  operam  literis, 
paratus  gloriœ  Domini  inservire,  si  quando  oportunè  vocatus 
fuerit 12.  Binas  ab  eo  recepi  lileras,  quibus  studii  sut  rationem  ex- 
ponit.  Adventicœ  13  verô  nondum  maturam  potuimus  deprehendere 
messem 14,  quantum  ex  aliquot  vicinis  accipere  potuimus.  De  tribus 
minorilis  nibil  aliud  quàm  quod  scripsisti  audivimus 15.  Salutabis, 
si  placet,  cbarissimum  Viretum  le  et  Martellum  17,  cum  omnibus  piis 
fra tribus.  Gratta  Domini  tecum!  Bolœ,  12  Jan.[uarii]  1535. 

Tuus  Christophorus  LlBERïIN'US. 

(Inscriptïo  :)  Charissimo  fratri  Gulielmo  Farello,  Evangelii  mi- 
nistro  Gebennis. 

11  Allusion  à  la  parabole  de  l'ivraie.  St.  Matthieu,  chap.  XIII,  v.  24-30. 

12  Selon  toutes  les  vraisemblances,  ce  personnage  est  Thomas  Barburi», 
natif  de  la  Coste  en  Dauphiné  (X°  488,  n.  12),  qui  aurait  fui  la  France 
à  l'époque  de  la  publication  des  placards.  Il  exerça  plus  tard  le  ministère 
dans  le  comté  de  Xeuchâtel.  Le  cartulaire  du  clergé  neuchâtelois,  qui 
nous  a  été  obligeamment  communiqué  par  M.  le  doyen  James  Du  Pas- 
quier,  mentionne  Barbarin  comme  étant  natif  de  Tubingue. 

13  La  ville  tVAvenches,  située  au  sud  du  lac  de  Morat. 

14  Voyez  les  X08  282,  331  ,  332,  341  et  la  lettre  de  Berne  à  la  ville 
d'Avencbes  du  14  juin  1535. 

15  Xous  supposons  que  ces  trois  Frères  Mineurs  avaient  fait  annoncer 
kFarel  leur  intention  de  se  réfugier  à  Genève.  Xous  savons,  du  moins,  que 
trois  Conleliers  «  venant  de  France  à  Genève,  »  en  suivant  la  route  de 
Lyon,  furent  arrêtés  le  9  février  1535,  par  les  Peneysans,  près  dos  limites 
du  territoire  genevois  (Voy.  Gaberel,  op.  cit.  I,  pièces  justif.  p.  (36). 

16  II  faut  inférer  de  ce  détail ,  que  Pierre  Viret  résidait  encore  à  Ge- 
nève avec  Farel,  et  que  les  magistrats  de  cette  ville  ne  leur  avaient  point 
imposé  silence,  bien  qu'ils  en  eussent  été  priés  par  les  députés  des  can- 
tons suisses ,  réunis  dans  la  conférence  de  Thonon  (  novembre—  décembre 
1534).  Cette  assemblée  tenue  pour  pacifier  les  différends  qui  existaient  en- 
tre le  duc  de  Savoie  et  l'évêque  de  Genève,  d'un  côté,  et  les  Genevois  et 
les  Bernois,  de  l'autre,  avait  entre  autres  articles  arrêté  le  suivant:  «  Les 
prédicanis  de  la  nouvelle  foy  doibvent  aussy  expressément  [durant  la  trêve 
de  deux  mois],  en  toute  leur  entreprise  et  faction  à  Genève,  du  tout  ces- 
ser et  estre  bas  mis,  occultement  ou  en  apert  »  (Articles  datés  de  Tho- 


1535  FRANÇOIS  I  AUX  ÉTATS  DE  L'EMPIRE.  249 


492 

françols  i  aux  États  de  l'Empire. 
De  Paris,  1er  février  1535. 

Manifeste  imprimé  l.  (Paris.  1535).  Ardi.  de  Zurich. 

(Extraits.) 

Sommaire.  François  I  se  justifie  des  accusations  répandues  par  ses  ennemis  en  Allema- 
gne, et  qui  consistent  à  direque  lesdéputés  du  sultan  Soliman  sont  très-bien  accueillis 
en  France,  dans  le  temps  même  où  les  Allem  mds  y  sont  indistinctement  emprisonnés 
et  mis  à  mort  pour  offense  à  la  religion.  Ce  n'est  point  contre  les  Allemands  qu'il  a 
fallu  sévir,  mais  contre  reflua, s  séditit  ux  qui  se  proposaient  de  bouleverser  la  sociéti  . 
et  dont  les  pareils,  s'ils  existaient  jamais  dans  les  États  de  l'Empire,  seraient  certai- 

non ,  le  mercredi  après  Ste.  Lucie,  soit  le  16  décembre  1534).  Ce  fut  le 
sentiment  de  leurs  droits  et  l'exemple  de  MM.  de  Berne  qui  donnèrent 
aux  Genevois  la  force  de  résister  dans  cette  occasion  à  l'invitation  des 
Suisses.  Il  est  incontestable,  en  effet,  que  les  députés  bernois  première- 
ment, puis  leurs  supérieurs,  refusèrent  de  souscrire  à  tous  ces  Articles  de 
Thoiion  (Voy.  le  Eeg.  de  Genève  du  18  décembre  1534  et  la  lettre  de 
Berne  aux  Genevois  du  22  janvier  1535.  Arcli.  bernoises),  et  Genève  en 
fit  autant,  comme  cela  résulte  soit  des  actes  officiels  de  ses  magistrats, 
soit  du  récit  de  la  Sœur  Jeanne  de  Jussie,  qui  atteste  (p.  103,  110,  111) 
que  les  prédicants  luthériens  continuèrent  leurs  assemblées  pendant  tout 
«  l'advent  »  de  1534  et  après  Noël.  (Voyez  aussi  les  Additions.) 

Froment  s'est  donc  mépris  une  fois  de  plus,  quand  il  affirme  (op.  cit. 
p.  110,  111,  à  comparer  avec  p.  107),  que  les  Bernois  conseillèrent  à  ceux 
de  Genève  de  «  restituer  leur  Evêque  en  son  premier  estât,  de  ne  plus 
faire  prescber,  et  de  vivre  comme  par  le  passé  en  la  Loy  de  nostre  Saincte 
mère  Église.  » 

17  Jean  Martel,  recteur  des  écoles  à  Genève  (X"  471,  n.  6). 
1  Cette  pièce ,  imprimée  sous  forme  de  grand  placard ,  dut  être  en- 
voyée à  tous  les  cantons  suisses.  L'exemplaire  sur  lequel  nous  avons  pris 
notre  copie  porte  au  dos  cette  adresse  manuscrite  «  Suric,  »  et  plus  bas 
«  Zurich,  »  tracée  sans  doute  par  l'un  des  secrétaires  de  l'ambassade  fran- 
çaise à  Soleure. 


250  FRANÇOIS  I  AUX  ÉTATS  DE   1/EMPIRE.  1535 

nernent  pour  ceux-ci  un  objet  d'horreur.  Aucun  Allemand  n'a  perdu  la  liberté  on  la 
vie  :  tous  les  hommes  de  cette  nation  jouissent  en  France  des  mêmes  avantages  que 
les  Français. 

Franciscus,  Dei  gratiâ  Francorum  Rex,  elc,  Reverendissimis,  il- 
luslrissimis,  inclylis,  generosis,  magnificis,  spectabilibus  et  pruden- 
tibus  Sacri  Romani  Imperii  electoribus,  principibus,  civitatibus. 
comitibus,  equitibus,  civium  magistris,  ac  cœteris  Ordinibus,  ami- 
cis,  fœderatis  et  sociis  carissimis,  Salutem! 

Vellera,  amplissimi  Ordines,  eam  haberent  omnes  illustri  et  ex- 
celso  loco  nati  verilatis  et  honesti  rationem,  ut,  quum  aliquem  ne- 
que  verè,  neque  per  se  honestè  accusare  possunt,  indignum  sua 
existimalione  ducerent,  clam  submissis  in  eum  calumniatoribus, 
falsos  et  commentitios  rumores  dissipare.  Profeclô  non  inveniren- 
tur  qui  tam  licenter  apud  vos,  in  circulis  omnibus  et  conviviis  (ut 
nunc  fieri  audio),  meo  nomine  abuterentur  ad  invidiam2.  Qui  si 
rationis  essent  atque  sensus  ullius  participes,  plané  intelligerent 
longé  in  me  aliam  et  majore  artificio  esse  instruendam  accusatio- 
nem,  et  quae  simililudinem  veri  saltem  aliquam  pree  se  ferret,  si 
nos,  modo  jactis  inter[nos]  discordiarum  seminibus,  committere,  si 
communis  inter  nos  originis,  si  tôt  ac  tantorum  invicem  collato- 
rum  et  acceptorum  beneficiorum  memoriam  posse  sperent  ali- 
quando  convellere.  Solimani  legatos,  aiunt,  Turcarum  régis  et 
Christianœ  religionis  hostis,  apud  ChrisUanissîmum  Galliarum  re- 
gem  honorificè  atque  liberaliter  excipi 3  :  Germants  ad  eundem  re- 
gem  aditum  minus  liberaliter  ac  modeste  denegari;  per  bujus  au- 

2  La  lettre  de  Gesner  à  Bullinger  du  27  décembre  1534  est  la  pre- 
mière qui  fasse  mention  des  récentes  persécutions  subies  par  les  Évangé- 
liques  français.  Les  épîtres  des  théologiens  allemands  ne  commencent  à 
en  parler  qu'au  mois  de  janvier  1535.  (Voy.  Bullinger  à  Myconius,  10 
janvier.  Arch.  de  Zurich.  —  Mélanchthon  à  Camerarius,  10  janvier. 
Bretschneider,  il,  col.  822,  *24.  —  Bucer  à  Ambroise  Blaarer,  22  jan- 
vier. Arch.  du  sémin.  prot.  de  Strasbourg.) 

3  Les  premières  relations  politiques  entre  la  France  et  le  sultan  Soli- 
man avaient  été  nouées  par  Louise  de  Savoie  après  le  désastre  de  Pavie 
(1525).  On  ne  sait  pas  au  juste  si  François  I  était  l'allié  des  Turcs  avant 
1532,  mais  il  est  certain  que  «  vers  la  fin  de  décembre  1534,  »  les  ambas- 
sadeurs de  cette  nation  étaient  arrivés  à  Châtellerault,  où  était  le  Roi,  et 
qu'ils  l'avaient  suivi  à  Paris.  (Voy.  Gaillard,  op.  cit.  II,  381-385  ,  394- 
397.  —  Journal  d'un  bourgeois,  p.  440,  et,  page  470  du  même  ouvrage, 
la  note  de  M.  Ludovic  Lalanne  sur  l'ambassade  envoyée  par  François  I  à 
Soliman.  ) 


1535  FRANÇOIS  I  AUX  ÉTATS  DE  L'EMPIRE.  251 

la  m,  per  vicos  et  fora,  per  compila  omnia,  voïitare  homines  cultu 
ac  vestitu  Turcico  :  Germanico  incedere,  llagitii  loco  esse;  Germa- 
nte omnibus  nullo  discrimine  impingi  violatœ  religionis  crimen*,  ut 
hoc  prœtextu  capi,  vapulare,  cœdi  et  ad  omne  supplicium  rapi  pos- 
sint;  plena  esse  in  Galliis  ejusdem  gentis  hominum  ergastula,  qui- 
bus  spei  nihil  sit  reliquum,  nisi  ut  publico  Germaniœ  consilio  com- 
paretur,  ad  eos  vinculis  eximendos,  numerosus  idemque  instruo 
tissimus  exercitus. 

Qusenam  ista  (malùm)  est  hominum  impudentia  qui,  quum  nihil 
habeant  quod  in  me  possint  verè  jacere,  quum  apertè  meam  famam 
atque  dignitatem  oppugnare  non  audeant,  eam  tamen  subvertere 
per  cuniculos  et  fraudem  moliuntur?  Cur  non  igïtur  fingunt  ali- 
quid  ad  eam  rem  vel  aptius  vel  solidius?  Cur  in  istis  haerent  malè 
concinnalis  et  frigidis  calumniis  ?  Adeône  vos  vecordes  arbitran- 
te* ac  stupidos,  ut  temerè  hujusmodirumorum  et  concionum  ven- 
ds agitemini?  ut  consyderare  nesciatis  à  quo,  mox  in  quem,  tum 
quid  vobis  proponatur?  ut  à  suppositiciis  vera,  à  translatitiis  pro- 
pria, tanto  rerum  usu  atque  prudentia  praediti,  secernere  nequea- 
tis 5  ? 

De  restratium  cœde  mit  captivitate,...  res  omnis quomodo  gesta, 
unde  collecti  ramores,  et  ab  istis  calumnice  ansa  quœsita  sit  et  ar- 
repta,  inteliigite  :  Superiore  autumno,  sub  legati  met  à  vobis  redi- 
tum.  quum  is  ab  iisdem  vestris  concionatoribus  quosdam  velut  isa- 
gogicos  libellos  de  sedandis  iis  controversiis 6  attulisset,  et  cur  non 
spe  imbuerer  optima ,  initio ,  nihil  esset 7,  —  ecce  nobis  dissensio- 
num  et  mendacii  parens,  veritatis  et  quietis  hostis,  quosdam  exci- 
tant furiosos  magis  quàm  ameutes ,  qui  omnium  expetendarum  re- 

*  Cette  accusation  n'était  pas  sans  fondement  (Voy.  le  X"  488,  n.  5, 
la  lettre  de  Sturm  du  9  mars  1535  et  celle  de  Barthélemi  Masson  du  29 
jiùn ,  même  année). 

5  Dans  le  morceau  qui  suit  et  que  nous  supprimons,  François  I  se 
justifie  le  mieux  qu'il  peut  de  s'être  allié  avec  les  Turcs,  et  il  expose 
toutes  les  démarches  qu'il  a  faites  auprès  du  pape  pour  obtenir  la  con- 
vocation du  Concile. 

6  Les  réponses  des  théologiens  allemands  adressées  soit  à  G.  du  Bel- 
lay, soit  à  son  agent  Ulric  Clielim,  se  trouvent  dans  l'ouvrage  publié  par 
A.-J.  de  Thou  et  dont  nous  avons  déjà  indiqué  le  titre  (X"  47G,  n.  2). 

7  Treize  jours  après  l'affichage  îles  placards,  Guill.  du  Bell  a  y  assurait 
encore  les  théologiens  de  Zurich  que  le  Itoi  espérait  plus  que  jamais  le 
rétablissement  de  l'unité  religieuse  (Voy.  le  N°  47s,  n.  7). 


2û2  FRANÇOIS  I  AUX  ÉTATS  DE  L'EMPIRE,  i  535 

rum  subversionem  haud  dubie  molirentur  ac  tentarmt*  :  quorum  ego 
paradoxa 9  maîo  iisdem  sepeliri  tenebris  unde  subito  emerserant, 
quàm  apud  vos,  amplissimi  Ordines,  hoc  est  in  orbis  terrarura  luce, 
memorari.  Tantùm  hoc  dico,  si  qui  unquam  inter  vos  eorum  similes, 
aut  longo  etiam  ab  ils  inter oallo  separati,  extiterunt,  abominati  (ut 
debuistis)  illos  atque  execrali  estis  omnes10.  Quie  nimirum  conta- 
giosa  pestis  atque  ad  teterrimam  spectans  seditionem  n,  ne  latiùs 

8  Les  placards  du  18  octobre  1534  protestaient  avec  violence  contre 
la  doctrine  catholique  du  S.  Sacrement,  mais  ils  n'excitaient  point  le  peu- 
ple français  à  «  la  sédition  »  (Yoy.  le  renv.  de  n.  11).  Dans  une  lettre 
destinée  à  la  publicité,  et  qui  est  le  reflet  des  bruits  du  jour,  Etienne  Do- 
let  impute  uniquement  aux  Luthériens  accusés  de  complicité  dans  l'affaire 
des  placards,  une  offense  à  la  religion  nationale  (N°  185,  n.  6).  Arnold 
Fabrice ,  écrivant  de  Paris ,  le  23  janvier  1535 ,  à  son  ami  Duhart  à  Poi- 
tiers, les  appelle  simplement  ainsi  :  «  Zuinglianae,  Oecolampadianaeque 
seetre  homines,  quos  vulgus  Lutheranos  vocat  »  (Joannis  Gelidae  Valentini 
Epistolse.  Rochellae,  1571).  Il  fallait  imaginer  d'autres  accusations  poul- 
ies rendre  odieux  aux  Protestants  d'Allemagne,  et  l'on  n'y  manqua  pas. 
Il  en  est  une  qui  a  eu  cours  jusqu'au  siècle  dernier,  quoique  le  présent 
manifeste  en  eût  déjà  fait  justice,  en  s'abstenant  do  l'exploiter  :  On  pré- 
tendait à  Paris  que  les  Luthériens  avaient  comploté  d'égorger  les  Ca- 
tholiques (le  dimanche  18  octobre)  pendant  le  service  divin,  «le  mettre  le 
feu  aux  églises  et  de  piller  le  Louvre  (Voy.  les  Papiers  d'État  du  cardi- 
nal de  Granvelle.  Paris,  1841,  t.  II,  p.  283.—  Bulaeus,  VI,  248.  — Féli- 
bien,  II,  997). 

9  Les  «  Articles  véritables,  »  que  François  I  désigne  sous  le  nom  de 
Paradoxa,  étaient  déjà  connus  en  Suisse,  et  probablement  aussi  en  Alle- 
magne, par  une  traduction  allemande  dont  nous  avons  vu  plusieurs  exem- 
plaires manuscrits. 

1.0-11  Cette  appréciation,  qui  tendait  à  représenter  les  Évangéliques 
français  comme  de  terribles  séditieux  et  des  gens  exécrables,  ne  dut  pas 
avoir  un  égal  succès  dans  toutes  les  parties  de  l'Allemagne.  A  Strasbourg, 
à  Bâle  et  à  Zurich,  elle  excita  une  indignation  d'autant  plus  vive  que  l'on 
connaissait  de  longue  date  la  doctrine  et  les  mœurs  des  Réformés  français. 
H  n'est  pas  hors  de  propos  de  citer  le  passage  où  Calcin  raconte  com- 
ment il  se  crut  obligé  de  répondre  à  ces  calomnies  en  publiant  son  Insti- 
tution Chrétienne: 

«  Pource  que,  pendant  que  je  demeuroye  à  Bade,  estant  là  comme 
caché  et  cognu  de  peu  de  gens ,  on  brusla  en  France  plusieurs  fidèles  et 
saincts  personnages,  et  que....  ces  bruslemens  furent  trouvez  fort  mau- 
vais par  une  grand'partie  des  Allemans... ,  pour  l'appaiser,  on  feit  courir 
certains  petits  livres  mal-heureux  et  pleins  de  mensonges,  qu'on  ne  trait- 
toit  ainsi  cruellement  autres  qu'Anabaptistes  et  yens  séditieux,  qui...  ren- 
versoyent  non-seulement  la  religion,  mais  aussi  tout  ordre  politique.  Lors... 
il  me  sembla  que  sinon  que  je  m'y  opposasse  vertueusement,...  je  ne  pou- 


1335  "FRANÇOIS  I  ABX  ÉTATS  DE  L'EMPIRE.  %>'-> 

in  Gallia  serperet,  omni  solicitudine,  industria,  opéra  restiti 12. 
In  conscios  omnes,  quicunque  fuere  deprehensi,  uti  more  majo- 
rum  ac  legibns  animadverteretur  efl'eci,  nulli  hominum  generi  par- 
cens  aut  nationi 13.  Quod  si  aliquis  inter  hos  fuisset  Germanici  san- 
guinis  homo  deprehensus,  certè  in  eum  (pace  hoc  esse  dictumves- 
trâ  velim)  eadem  oportuissel  me  lege  uti,  quà  nisi  vicissim  ego  ut 
in  meos  utamini  concedam,  si  (quod  nolim)  ullum  hujusce  genus 
piaculi  apud  vos  aliquando  admiserint,  indignus  sim  et  amicitia 
vestra  et  Christianissimï  principis  cognomento.  Sed  quod  mihiper- 
jucundum  âccîdit,  nemo  vestri  generis  homo  (ntinam  neque  nostri!) 
inter  deprehensos  inventus  est  ad  quem  vel  alla  suspitio,  nedum  af- 
finitas  hujus  culpœ  pertineret.  Igitur,  nisi  (quod  improbè  isti  viden- 
tur  velle)  haeretici  omnes  pro  Germanis  habeantur,  nemo  vestra- 
tium  in  Galliâ  caesus  est,  nemo  ad  ullum  supplicium  raptus,  nemo 
(quod  sciam)  habetur  in  vinculis li.  Patel  aula,  patent  fora,  patent 
omnia  denique  loca  Germanis  in  Gallia  omnibus.  Germanici  nomi- 
nis  aliquot  principes,  multi  équités,  scbolaslici  complures,  merca- 
tores  et  opitices  quàm  plurimi  inter  nos  tuti  agunt15,  quibus  (ut 

voye  m'excuser  qu'en  me  taisant  je  ne  fusse  trouvé  lasche  et  desloyal.  Et 
ce  fut  la  cause  qui  m'incita  à  publier  mon  Institution  de  la  Religion  chres- 
tienne...  »  (Préface  du  Commentaire  sur  les  Psaumes.) 

12.13  pour  réprimer  la  prétendue  «  sédition  »  des  Luthériens,  Fran- 
çois I  avait  eu  recours  aux  moyens  suivants  :  les  supplices,  la  procession 
solennelle  du  21  janvier,  les  condamnations  par  contumace  prononcées 
contre  celles  des  personnes  ajournées  qui  n'avaient  pas  comparu  le  28  du 
même  mois,  enfin  l'édit  du  29  janvier,  qui  menaçait  les  receleurs  des  Lu- 
thériens des  mêmes  peines  qu'eux,  s'ils  ne  les  livraient  à  la  justice,  et  qui 
accordait  aux  dénonciateurs  le  quart  des  confiscations.  A  l'issue  de  la 
susdite  procession,  le  bûcher  avait  dévoré  six  nouvelles  victimes.  (Voy.  le 
Journal  d'un  bourgeois,  p.  442-444.  —  Chronique  de  François  I,  p.  113- 
132. —  Crespin,  fol.  105.  —  Bulletin  de  la  Soc.  d'Hist.  du  Prot.  français, 
XI,  256-257.—  La  France  Protestante,  par  MM.  Haag,  n°  III  des  pièces 
justif.)  Par  lettres  patentes  du  13  janvier,  le  Pioi  avait  défendu  d'impri- 
mer dorénavant  aucun  livre  en  son  royaume.  Il  les  mitigea  le  23  février. 

14  Cette  dernière  assertion  était  trop  absolue  pour  être  exacte.  Voyez 
dans  le  ¥°  488  le  passage  relatif  à  l'emprisonnement  de  la  femme  du  li- 
braire Weingartner,  et  la  lettre  de  Sturm  du  6  mars  (N°  498). 

15  Le  fils  du  duc  Ulric  de  Wurtemberg  vivait  alors  à  la  cour  (Voy. 
la  lettre  de  Pellican  à  Ambroise  Blaarer  du  28  mars  1535.  Bibl.  de  St.- 
Gall).  Les  autres  princes  allemands  qui  séjournaient  en  France  jouissaient 
d'une  parfaite  sécurité,  mais  il  n'en  était  pas  de  même  des  personnes 
d'une  condition  moins  élevée.  Voyez,  dans  la  lettre  de  J.  Sturm  du  9  mars 
suivant,  le  passage  qui  finit  par  ces  mots  :  «  Nemo  tutus  nisi  Papista.  » 


254  CHRISTOPHE  FABRI  A  FAREL  ET  A  YIRET,  A  GENÈVE.  1535 

absolvam)  in  Gallia  liberum  est  quicquid  Gallis,  quicquid  ipsis  meis 
liberis  est  liberum. 

Ego  verô,  amici.  socii  ac  fœderati  veteres,  satis  credo  vos  du- 
dum  illustribus  argumentis  perspexisse,  quàm  insidiosa  sit  et  quô 
tendat  hœc  in  me  perquam  impudens  et  commenticia  criminatio  : 
quâ  me  deferri  qui  volant,  procul  dubio  infensiores  mibi  non  sunt 
quàm  ipsis  vobis,  quàm  ipsi  toti  Germaniœ  16.  Quamdiu  autem  hœc 
duratura  est  Gallogermanorum  et  Germanogattorum  inter  nos  (ita 
enim  loqui  placet)  germanitas,  infirmiores  futuros  sese  perspiciunt. 
quàm  ut  simul  utrosque  possint  opprimere.  Sunt  igitur  in  hoc  toti, 
ut  nos  collidere  inter  nos  faciant,  utricunque  parti  malè  cessent, 
suam  fore  occasionem  rati,  quô,  invalidioribus  utrisque  effectis,  in 
alterutros  majore  compendio  bellum  capessant,  et  minore  negocio 
confîciant. . . . 

Reverendissimi,  illustrissimi, . . .  Deum  Opt.  Max.  deprecor  opes 
ac  dignitales  vestras  ut  tueatur  atque  etiam  augeat.  Datum  Luteciae 
Parisiorum,  Calendis  Feb.  Anno  Domini  M.D.XXXÏIH  1T. 


495 

Christophe  fabri  à  Farel  et  à  Viret,  à  Genève. 
De  Bole,  4  février  (1535). 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

Sommaire.  Georyes  Orivat  a  paru  dans  notre  congrégation,  et  il  s'est  Justine  sur 
tous  les  points.  Alexandre  a  également  repoussé  les  accusations  de  l'É'jlanlier,  qui, 
pour  rester  fidèle  à  son  nom,  ne  ménageait  pas  les  piqûres  à  ses  collègues.  Si  nous 

16  Allusion  à  VEmpereur,  qui  n'est  mentionné  que  par  périphrase  dans 
la  plus  grande  partie  de  cette  pièce.  Charles-Quint  dédaigna  de  répondre 
à  ce  manifeste  «  injurieux  »  (Voy.  Papiers  de  Granvelle,  II,  322,  323). 

17  C'est-à-dire,  1534  avant  Pâques,  ou  1535  d'après  le  style  allemand. 
Bullinger  attribuait  la  composition  du  présent  manifeste  à  Guillaume  du 
Bellay  (Voy.  Calvini  Opp.  édit.  de  Brunswick,  t.  in,  p.  xix  de  l'Intro- 
duction) . 


1  535  CHRISTOPHE  FABRI  A  FAREL  ET  A  Y1RET.  A  GENEVE.  255 

continuons  à  procéder  amicalement,  en  fournissant  à  chacun  l'occasion  de  s'expliquer, 
les  scandales  seront  mis  au  grand  jour,  et,  avec  l'aide  de  Dieu,  ils  finiront  par  dispa- 
raître. Eéjouissez-vous,  mes  chers  frères,  dans  le  Seigneur,  votre  asyle  et  votre  force. 
Laissez  les  ennemis  de  la  vérité  se  vanter  de  leurs  armes  et  de  leur  multitude.  D'un 
seul  mot  notre  Père  peut  réduire  à  néant  l'armée  d'un  Holopherne  ou  d'un  Pharaon. 
Puisqu'il  a  promis  de  combattre  pour  nous,  qu'aurions-nous  à  craindre  ?  Que  cette 
pensée  reste  gravée  au  plus  profond  de  nos  cœurs,  et,  en  même  temps,  ne  négligeons 
aucun  des  moyens  que  le  Seigneur  mettra  à  notre  portée. 

Nous  vous  recommandons  le  frère  qui  s'en  va  à  Genève  pour  y  exercer  la  chirurgie, 
et  auquel  Thomas  rend  un  ban  témoignage.  Implorons  le  secours  de  Dieu  par  d'in- 
fatigables prières,  et  nous  serons  exaucés.  Seulement  que  ce  soit  toujours  la  crainte 
du  Seigneur  et  la  véritable  confiance  en  Lui  qui  inspirent  e:  soutiennent  nos  travaux  ! 

S.[alutem]  et  misericorcliam  ab  optimo  pâtre  misericordiarum. 
per  Dominum  Jesum  !  Calesius  1  noster  in  concione  nostra  nuper 
adfuit,  eorum  gratià  quai  ad  vos  scripseram,  omniumque  rationem 
reddidit,  quam  (ut  par  erat)  admisimus;  adeô  ut  coràm  objicere 
nullus  sit  ausus  quœ  pridem  in  eum  jacta  fuere 2.  Quamobrem  non 
longé  aberrasti  à  scopo,  Petre,  sed  et  meae  suspitioni  respondere 
visa  sunt  omnia,  siquidem  Esglantineus  3  adfuit,  qui,  ut  totus  spi- 
nosus 4,  nilîil  aliud  quàm  pungebat  multos.  Non  falsô  loquor,  cum 
Alexander  5  quoque  inficias  iverit  omnia  quorum  accusatus  fuerat, 
sicut  scripseram.  Si  in  hac  firmi  steterimus  amicitia  et  ordine,  om- 
nes  quidem  audiemus,  et,  auxiliante  Domino,  oftendicula,  quan- 
tumcumque  abscondita,  producentur  in  lucem,  dissipabunturque. 
et  eorum  autores  padore  saltem  sutïiindentur,  nisi  plané  frontis 
perfrictae  fuerint. 

1  Georges  Grivat,  surnommé  Calesius  (X°  487,  n.  1). 

2  II  s'agit  probablement  ici  des  accusations  dont  Grivat  se  justifiait 
auprès  de  Farel,  le  11  décembre  (1534).  Voyez  le  X°  487. 

3  Claude  de  Glantinis  (en  latin  Esglantinœus  ou  Glandinœus) ,  ancien 
compagnon  d'oeuvre  de  Farel  (Voyez,  clans  le  tome  II,  les  Xos  292,  n.  4; 
313,  n.  1-2;  325:  342,  n.  2;  348,  et  la  p.  372,  ligne  6),  était  depuis  en- 
viron trois  ans  pasteur  de  l'une  des  paroisses  françaises  du  territoire  de 
Bienne  (Voy.  ia  lettre  du  10  mars). 

4  Allusion  au  nom  latin  de  Glantinis ,  qui  rappelle  l'églantier  ou  ro- 
sier sauvage. 

5  Alexandre  le  Bel,  ancien  pasteur  de  Moûtier-Grandval  (X"s  349.  n.  1  ; 
354,  n.  4).  Avant  de  quitter  la  France,  il  avait  fait  partie  de  la  maison 
du  sieur  de  Eobertval  (X  '  488,  n.  12),  et,  en  arrivant  à  Xeuchâtel,  il  avait 
présenté  à  Farel  des  lettres  de  recommandation  écrites  par  ce  gentil- 
homme (Voy.  la  lettre  de  Farel  du  21  octobre  1539  et  celle  de  Calvin  du 
6  février  1540). 


256  CHRISTOPHE  FABRI  A  FAREL  ET  A  VIRET,  A  GENÈVE.  1  535 

Quod  superest.  gaudete,  fratres,  in  Domino,  et  in  tam  pium  et 
potentem  Patrem  omnem  fidutiam  et  spem  vestram  conjicite 6.  Ille 
solus  sit  vobis  petra,  scutum,  robur,  prœruptum  remgium,  cornu 
et  asylum.  Psal.  18.  Imô  verbum  Illius,  gladius  utrinque  scindens, 
etc. 7,  et  turris  fortitudinis  adversùs  omnes  quantumvis  furientes 
verilatis  hostes  8.  Supputent  illi  suas  cohortes  et  agraina;  Pater 
optimus  capillos  nostros  omneis  numeratos  habet,  qui  vel  duode- 
cim  angelorum  legïones  exhibere  potest  9,  imô  solo  verbo  aut  uno 
angelo ,  vel  unicà  Judith ,  quemvis  superbum  Holofernem  aut  in- 
duratum  Pharaonem  cum  exercitu  suo  miserè  exterminare  potest. 
Idemque  promisit,  si  quando  opus  fuerit:  cumque  sit  fidelis  ille 
qui  promisit 10,  ac  passim  in  Scripluris  bono  esse  animo  jubeat  et 
ne  multiludinem  aut  sublimitatem  carnis  timeamus,  quin  se  pu- 
gnaturum  pro  nobis  ",  qui  semper  est  omnipotens,  —  quid  est 
quod  timeamus?  Si  Ille  pro  nobis,  qui[s]  contra  nos 12?  Vivamus, 
moriamur,  semper  cum  Domino  sumus13.  Arbitramur  enim  quôd 
neque  mors,  neque  vita,  etc.,  polerunl  nos  separare  ab  inenarra- 
bili  illius  dilectione  quae  est  in  Christo,  qui  totus  est  noster  14.  Quo- 
modo  non  et  omnia  simul  cum  illo  nobis  donarit15?  Hsec  peni- 
fiss[imè]  animis  nostris  infixa  permaneant,  niliil  tandem  omit- 
tentes  aut  négligentes  mediorum  et  auxiliorum  quae  nobis  ipse 
Dominus  ad  manum  obtulerit  lc! 

6  Psaume  XXXIII,  v.  21. 

7  Hébreux,  chap.  IV,  v.  12. 

8  Psaume  LXI,  v.  3.  Par  ces  «  ennemis  de  la  vérité,  »  Fabri  semble 
faire  allusion  soit  au  duc  de  Savoie  et  à  Vévêque  P.  de  la  Baume,  dont  les 
partisans  continuaient  à  menacer  Genève,  soit  aussi  à  l'empereur  Charles- 
Quint,  qui,  par  ses  grands  préparatifs,  donnait  de  sérieuses  inquiétudes 
aux  Réformés  suisses.  (Voy.  la  lettre  de  Conrad  Zwick  à  B.  Haller  du  12 
janvier  1535.  Mscrit  orig.  Arcb.  bernoises.  —  Le  Chroniqueur  de  L. 
Vulliemin,  p.  42-46.  —  Lettre  de  Haller  à  Bullinger  du  9  février  1535. 
Coll.  Simler.) 

9  St.  Matthieu,  chap.  X,  v.  30;  chap.  XXVI,  v.  53. 

10  Hébreux,  chap.  X,  v.  23;  chap.  XI,  v.  11. 

11  Ésaïe,  chap.  XXXV,  v.  4.  St.  Matthieu,  chap.  IX,  v.  2  et  22.  St. 
Jean,  chap.  XVI,  v.  33.  Actes,  chap.  XXIII,  v.  11;  2  Chroniques,  chap. 
XX,  v.  15,  17.  Exode,  chap.  XIV,  v.  14.  Deutéronome,  chap.  I,  v.  30; 
chap.  m,  v.  22.  Néhémie,  chap.  IV,  v.  20. 

12  Piomains,  chap.  Vni,  v.  30. 

13  Romains,  chap.  XIV,  v.  8. 

14  Romains,  chap.  VIII,  v.  37-38. 

15  Romains,  chap.  VIII,  v.  31. 

16  Comparez  ces  paroles  avec  celles  de  Farel,  p.  171,  lig.  2-4. 


1535  CHRISTOPHE  FABRI  A  FAREL  ET  A  VIRET,  A  GENÈVE.  257 

Pium  hune  fratrem  vobis  magnopere  commendamus,  ut  dignum 
arbitramur,  nimirum,  qui  in  promolionem  Evangelii  chirurgicam 
artem  isthic  exercere  valuerit 17,  cum  boni  et  patientis  sit  animi, 
ad  charitatem  (quod  unum  est  Christi  discipulorum  signum  ,8)  sa- 
tis  propensi,  praeter  bonum  Thomœ  19  de  eo  testimonium.  Sed  quid 
opus  multis?  A  fructibus  ipsius  agnoscetis  ipsum20.  Valete,  cha- 
rissimi  fratres,  et  assiduis  prsecibus  pium  illum  Patrem  usque  adeô 
solicitemus,  ut  sancta  importunitate  nobis  adesse  cogatur;  nam  si 
perseverantia  apud  impiùm  judicem  valuit21,  quid  non  impetra- 
bimus  à  tam  propicio  pâtre,  cui  vel  pupillà  oculi  chariores  nos 
esse  certô  scimus  et  in  dies  sentimus 22  ?  Tantùm  pergamus,  in  ti- 
moré et  confidenlia  vera,  ditionem  illius  quàm  latissimè  propa- 
gare.  Ille  tam  fidelis  est,  ut  nunquam  nos  deserere  velit.  Ille  vos 
semper  corroborel!  Salutate  Joannem  Martellum23  cum  piis  om- 
nibus. Bolae,  4  feb.  (153524). 

Vester  Christophorus  Libertinus. 

(Inscriptio  :)  Gharissimis  fra tribus  Gulielmo  Farello  et  Petro 
Vireto,  pro  Evangelica  fide  decertantibus.  Gebennis. 

17  II  ne  peut  être  ici  question  de  François  Cîiappuis,  médecin  lyonnais, 
qui,  selon  Péricaud,  cité  par  M.  Clément  de  Faye  (Église  de  Lyon, 
p.  98),  se  retira  en  1535  à  Genève,  pour  cause  de  religion,  et  qui  bientôt 
y  obtint  la  bourgeoisie  (Reg.  du  Conseil,  11  juin  1535).  L'exercice  de  la 
chirurgie  étant  alors  interdit  aux  médecins  (Voy.  L.  Ladé.  Chronique 
médicale  de  Genève,  1866,  p.  9,  13,  124),  Fabri,  médecin  lui-même,  n'a 
pu  se  tromper  dans  la  qualification  qu'il  donne  au  personnage  recom- 
mandé par  lui. 

1S  St.  Jean,  chap.  XIU,  v.  35. 

19  Nous  ne  savons  si  Fabri  veut  parler  de  Thomas  Barbarin,  qui  étu- 
diait alors  à  Bâle  (N°  491,  n.  12),  ou  de  Thomas  Malingre,  qui  devint 
en  1535  pasteur  à  Neucliâtel  (Voy.  le  Journal  de  Lecomte,  dans  les  ma- 
nuscrits de  Ruchat.  —  Crottet.  Hist.  de  la  ville  d'Yverdon,  1859,  p.  277). 

20  St.  Matthieu,  chap.  VII,  v.  20. 

21  St.  Luc,  chap.  XVin,  v.  1-7. 

22  Deutéronome,  chap.  XXXII,  v.  10.  Zacharie,  chap.  II,  v.  8. 

23  Jean  Martel,  recteur  des  écoles  à  Genève. 

24  L'année  est  fixée  par  les  rapports  étroits  qui  existent  entre  cette 
lettre  et  celle  que  Fabri  adressa  le  10  mars  1535  à  Farel  et  à  Viret.  De 
plus,  au  mois  de  février  1534,  Jean  Martel  habitait  encore  le  comté  de 
Neucliâtel  (N°  471,  n.  6).  En  janvier  et  février  1536,  Pierre  Viret,  au- 
quel la  présente  épître  est  aussi  adressée,  n'était  plus  à  Genève. 

t.  in.  17 


258  LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  PAYERNE  AU  CONSEIL  DE  BERiVE.         1  535 


494 

les  évangéliques  de  payerne  au  Conseil  de  Berne. 
De  Payerne,  17  février  1535. 

Inédite.  Manuscrit  original 1.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  MM.  de  Fribourg  ayant  déclaré  qu'ils  ne  permettront  nullement  l'exercice 
du  culte  évawjelique  dans  l'église  paroissiale  de  Payerne,  les  Réformés  de  cette  ville 
font  connaître  aux  Seigneurs  de  Berne  l'état  réel  des  choses,  et  ils  réclament  leur  pro- 
tection. 

Magnificques,  très-puissantz  et  nos  très-honorés  Seigneurs,  Mes- 
seigneurs  l'Advoyer  et  Conseil  de  la  Ville  de  Berne,  à  voz  excel- 
lentes Seigneuries,  si  humblement  que  fayre  le  povons,  nous  nous 
recommandons. 

Messeigneurs ,  plaise  vous  sçavoir  que  les  Seigneurs  de  Fribourg 
ont  escripl  de  rechief  au  Conseil  de  Payerne,  que  ne  permettront 
en  aulcune  manière  que  on  presche  en  nostre  temple2,  demandant 
justice  de  nous  tous  qui  y  avons  oy  la  Parolle  de  Dieu  en  paix  et 
tranquillité,  Dimenche  et  Mardy  derniers  3,  aux  heures  que  les 
prehstres  ne  font  rien  au  dict  temple  i.  Le  commun  estant  assem- 
blé, à  cause  des  grandes  menaces  de  Fribourg,  a  congneu  tout  d'ung 
accord  que  ne  ont  jamais  consenty,  ne  consentent  encore  de  pré- 

1  Le  style  de  cette  pièce  nous  porte  à  croire  qu'elle  a  été  composée 
par  le  ministre  de  Payerne. 

2  C'est-à-dire,  l'église  paroissiale,  qui  appartenait  à  la  ville.  Les  Evan- 
géliques de  Payerne  avaient  d'abord  célébré  leur  culte  dans  une  maison 
privée  (N°  384,  renvoi  de  n.  7),  et  depuis  quelque  temps  la  chapelle  de 
l'hôpital  était  leur  lieu  de  réunion;  mais  ils  désiraient  que  l'une  des  églises 
servît  aux  deux  cultes,  comme  cela  se  pratiquait  à  Orbe  et  à  Grandson. 

3-4  C'était  le  dimanche  14  février  que  les  Réformés  de  Payerne  s'é- 
taient, pour  la  première  fois,  réunis  dans  l'église  paroissiale.  Ce  que  Berne 
avait  demandé  pour  eux,  le  4  février,  au  Conseil  de  Payerne,  ils  l'avaient 
pris,  sans  avoir  obtenu  l'autorisation  de  leurs  magistrats.  (Voy.  la  lettre 
de  Berne  du  4  février  1535.  Weltsche  Missiven-Buch,  A.  f.  334.) 


1535         LES  ÉV.^NGÉLIQUES  DE  PAYERNE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.  259 

sent  à  la  gardianité  des  moynes 5,  et  principalement  de  l'esglise 
parrochiale 6,  laquelle  est  nostre  et  l'avons  faict  battir  avec  les  aul- 
tres  habitans  de  la  ville,  contre  le  vouloir  des  dictz  moynes,  — 
lesquelz  de  toute  antiquité  et  de  présent  sont  tousjours  contraires 
aux  libertés  et  franchises  de  la  ville,  et  principallement  de  présent 
contre  ceux  qui  oyent  la  Parolle  de  Dieu,  comme  Dimenche  der- 
nier bien  monstrèrent,  en  sonnant  en  leur  monastère  une  grosse 
cloche,  hors  coustume,  en  effroj  ',  pendant  la  prédication  que  se 
l'a  im  >it  au  temple  parrochial.  —  à  cause  de  quoy  fusmes  fort  es- 
meuz,  dont  en  demandons  réparation,  vous  suppliant  en  advertir 
nostre  Conseil. 

Messeigneurs,  nous  n'avons  point  voulu  consentir  (et  si  ne  som- 
mes délibérez  de  ce  faire,  pour  quelque  chose  qui  puisse  advenir) 
de  cessera  faire  prescher  et  annoncer  à  nostre  prédicant  la  Parolle 
de  Dieu  en  nostre  temple;  car  aultrement  ce  seroit  le  trop  grand 
retardement  de  l'Évangile,  au  grand  déshonneur  du  nom  de  Dieu, 
lequel  seroit  trop  grandement  blasphémé  des  adversaires,  pre- 
nants, avec  ce,  cœur  de  plus  cruellement  affliger  ceulx  qui  le 
veullent  servir,  honorer  et  maintenir  en  esperit  et  vérité.  Le  sus 
dict  commun  nous  a  bien  prier  de  ce  fayre  8,  craingnant  les  dicts 
Seigneurs  de  Fribourg,  combien  que  sur  ce  n'a  esté  faicte  quelque 
diffinitive. 


5-6  II  s'agit  des  Bénédictins  de  Payerne,  dont  l'abbaye  avait  été  fondée 
au  dixième  siècle  par  Berthe,  reine  de  la  Bourgogne  cisjurane.  A  la  suite 
de  la  promesse  solennelle  que  ces  religieux  avaient  faite  aux  députés  fil- 
bourgeois,  vers  le  commencement  d'août  1532,  de  vivre  et  mourir  «  dans 
la  bonne  ancienne  loi  et  foi  »  (N°  384,  n.  S),  MM.  de  Fribourg,  renouve- 
lant .  le  14  du  même  mois ,  une  cbarte  de  l'abbaye  de  Payerne  datée  de 
l'an  1225,  s'étaient  engagés  par  un  acte  spécial  à  maintenir  et  défendre 
ce  monastère  et  sa  foi,  et  ils  lui  avaient  donné  dans  ce  but,  comme  avoyer 
ou  protecteur,  le  chevalier  Antoine  Pavillard  (Acte  original.  Arch.  de 
Fribourg).  Ce  droit  de  «  gardianité  »  ou  de  protection  s'étendait-il  éga- 
lement sur  l'église  paroissiale  où  les  Évangéliques  venaient  de  s'établir? 
La  ville  de  Payerne  le  niait.  MM.  de  Fribourg  l'affirmaient  en  ces  ter- 
mes dans  ce  billet  adressé,  le  27  février  :  A  ceulx  de  Payerne  qui  mai- 
nent  le  prédicant...  «  Saichés  que  ne  souffrirons  pas  que  mesnés  les  prê- 
cheurs de  vostre  foy  en  Tesglïesc  parrochéale...  qu'est  de  nostre  garde,  à 
cause  du  pryoré...  sinon  qu'il  soyt  veuz  et  cogneuz  par  justice.  De  quoy 
povés  estre  assuré,  vo.o  disant  adieuz.  »  (Minute  orig.  Arch.  de  Fri- 
bourg. ) 

7  C'est-à-dire,  de  manière  à  donner  l'alarme. 

8  C'est-à-dire,  de  renoncer  à  tenir  le  culte  dans  l'église  paroissiale. 


260  LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  PAYERNE  AU  CONSEIL  DE». BERNE.         1535 

Oultre  plus,  Messeigneurs,  tout  le  commun  a  aultresfoys,  tout  d'un 
accord,  voulu  et  consentit  qu'on  preschast  P  Évangile  purement,  sans 
y  adjouster  ne  diminuer 9,  ce  que  jamais  n'a  esté  faict  par  les  ca- 
phars  qui  y  ont  pr esche  10,  dont  les  ungs  ont  estes  envoyez  par  les 
moynes;  les  aultres,  on  leurs  a  monstre  qu'il[s]  preschoient  faul- 
cement;  toutesfoys  on  ne  en  a  sceu  avoir  justice  ",  combien  que 
on  ayt  faict  clame  criminelle  sur  iceux12.  Or  de  présent  nous  avons 
ung  prédicant  lequel  pr  esche  la  Parolle  de  Dieu  purement 13,  ainsy 
que  le  commun  a  voulu  aultresfoys  et  que  vous  a  esté  promis  en 
vostre  Conseil 14,  prest  et  appareillé  ce  qu'il  pr  esche  maintenir  par 
la  Saincte  Escripture  et  Parolle  de  Dieu. 

Messeigneurs,  nous  vous  supplions  tous  ensemble  maintenant, 
en  l'honneur  de  Dieu,  autant  qu'il  nous  est  possible,  de  mettre  fin 
ad  cecy.  Aultrement,  il  nous  seroit  expédient  plustost  abandonner 
terre  et  biens  que  de  voir  ainsy  blasphémer  le  nom  de  Dieu  de- 
vant noz  yeux,  et  que  son  évangile  fust  de  jour  en  jour  reculée, 
—  ce  que  [1.  qui]  seroit,  si  nous  désistions  de  prescher  en  nostre 
dict  temple.  Messeigneurs,  il  nous  desplaist  grandement  vous  im- 
portuner, mais  la  nécessité  nous  contrainct. 

Les  frères  présentz  porteurs  vous  pourront  advertir  de  bouche 
(Vautres  choses  :  [ce]  qui  sera  la  fin,  Messeigneurs,  priantz  Dieu 
vous  donner  grâce  de  persévérer  en  son  sainct  euvangile,  ainsy 

9  C'est  à  peu  près  la  même  résolution  que  celle  qui  avait  été  prise  à 
Genève,  par  le  Conseil  des  Deux-Cents,  le  30  juin  1532  (N°  383,  n.  2). 

10  Voyez  les  Nos  384,  renvois  de  note  5-6;  444,  n.  6. 

l1-12  Le  sens  de  cette  phrase  s'explique  par  un  passage  de  la  requête 
de  Farel  écrite  vers  le  8  octobre  1531  (Tome  II,  p.  374-375),  et  par  la 
lettre  du  26  décembre  1532  (N°  400,  renv.  de  n.  13). 

13  Ce  prédicant  était  Jean  de  Toumay  (Nos  435,  fin  de  la  n.  2;  482, 
renv.  de  n.  12).  Il  est  mentionné  comme  pasteur  de  Payerne  dans  la  let- 
tre que  le  député  genevois  Ami  Porral  écrivit  de  Berne  à  ses  supérieurs, 
le  30  septembre  1535  (Mscrit  orig.  Arch.  de  Genève),  et  dans  ce  passage 
d'une  Épître  adressée  par  Viret  au  peuple  de  Payerne  :  «  Vous  savez  en 
combien  de  dangers  vous  avez  esté,  et  mes  compagnons  et  moy,  avant 
que  vous  ayez  peu  avoir  l'Évangile  en  paix.  Vous  savez...  combien  ces 
bons  serviteurs  de  Dieu  M.  Guillaume  Farel,  M.  Antoine  Sonnier,  M.  Jean 
de  Toamay  et  plusieurs  autres  semblables  ont  travaillé  en  vostre  Eglise 
les  uns  après  les  autres.  »  (Duvray  Ministère  de  la  vraye  Eglise.  Genève, 
1560.) 

14  II  faut  sous-entendre  :  par  les  députés  de  notre  ville,  La  promesse  en 
question  avait  été  faite  en  1531  et  renouvelée  plusieurs  fois,  entre  autres 
le  15  juin  1533  (Nos  378,  renv.  de  n.  1;  388,  419,  427). 


153b  AYMON  DE  LULLIN  AU  CONSEIL  DE  FRIBOURG.  261 

que  constamment  faictes  de  jour  en  jour.  De  Payerne,  ce  17  Feb. 
1535. 

Verbum  Domini  Par  les  vostres  humbles  serviteurs  et  amys. 

manet  in  eternuin.  LES    FRÈRES    DE    PaYERNE    QUI    DESIRENT 

Isa,  40.  OYR  ET  YIYRE  SELON  LA  PAROLLE  DE  DIEU. 


495 

aymon  de  lullin  *  au  Conseil  de  Fribourg. 
De  Moudon,  17  février  (1535). 

Inédite.  Manuscrit  original.  Archives  de  Fribourg. 

Sommaire.  Aymon  de  Lullin  avise  MSI.  de  Fribourg  qu'il  veut  réunir  les  Étais  du  Pays 
de  Vaud,  pour  pi-endre  des  mesures  contre  les  Luthériens  de  Payerne,  et  il  les  prie. 
en  conséquence,  d'agir  avec  lui  auprès  des  Bernois,  afin  de  les  détourner  d'accorder 
leur  protection  à  ces  sectaires. 

Magnifiques  et  très-puyssanlz  Seigneurs,  je  me  recommande 
bien  humblement  à  vous  bonnes  grâces.  Messieurs,  vous  estes  assés 
adverty  de  l'euvre  voulontaire  que  font  deux  qui  sont  Luthériens  à 
Payerne  °-,  [ce]  qui  me  garde  vous  en  escripre  aultre  chose,  sinon 
et  pource  que  se  sont  affaires  qui  beaucopt  en  emportent]  au  pré- 
judice de  nostre  saincte  foy  et  de  l'auctoriter  de  mon  très-redoub- 
ter  Seigneur,  prince  soverain  au  dict  lieu 3,  lequel  en  ay  adverty. 
Pour  [ce],  sellon  son  commandement,  suys  délibérer  d'assem- 
bler tous  ses  subjectz  de  se  pays  de  ma  charge,  pour  obvier  au  dit 
affaire  et  pugnir  cieux  qui  l'auront  mérité  4. 

1  Aymon  de  Genève,  seigneur  de  Lullin  et  de  Vuilliens,  etc.,  était  de- 
puis 1527  bailli  et  gouverneur  du  Pays  de  Vaud,  pour  le  duc  de  Savoie 
(Voy.  le  N°  148,  n.  1.  —  Ruchat.  Abrégé  de  l'Hist.  ecclés.  du  Pays  de 
Vaud,  édition  de  M.  C.  Du  Mont,  1838,  p.  122). 

2  Voyez  le  N°  précédent,  note  2-4. 

3  Charles  III.  duc  de  Savoie. 

4  M.  de  Lullin  avait  déjà  réuni  les  États,   le  26  juin  1531,  pour  im- 


262  AYMON  DE  LULLIN  AU  CONSEIL  DE  FR1BOURG.  1535 

J'ay  aussy  envoyer  par  devers  Messieurs  de  Berne,  leur  prier 
ne  faire  faveur  au  sudits  Luthériens,  pour  non  préjudicier  à  nostre 
foy  et  sudicte  auctoiïté 5.  Parquoy,  [je]  supplie  à  Vous  Grâces  et 
Seignories  me  voulloir  ayder  à  soustenir  icelles  6,  pour  lesquelles 
suys  délibérer,  ayant  le  mandement  de  mon  dict  Seigneur,  m'en 
acquiter  à  debvoir.  Et,  sans  ce  que  je  prétans  que  le  despar[t]  de  la 
diète  de  Lucherne  soit  faict,  [je]  il  heusse  envoyer  homme  exprest, 
pour  en  adverty  Messieurs  des  aultres  canlhons  7.  Et  de  cestes,  sy 
vous  plait,  me  ferés  vostre  bonne  responce. 

Magniffiques  et  très-puyssantz  Seigneurs,  apprès  vous  ouffrir  le 
povoir  de  mon  service,  [je]  prie  à  Dieu  qui  vous  doint  se  que  plus 
desirez.  De  Modon,  se  xvne  jour  de  février  (1535 8). 

Vostre  bien  humble  serviteur 

L.ULLIN. 

(Snscription  :)  A  magniffiques  et  très-puyssantz  Seigneurs  Mes- 
sieurs l'Advoyer  et  Conseyl  de  Fribourcque. 

poser  silence  au  «  prédicant  luthérien  »  de  Payerne  (N°  3-44,  n.  9).  Il  n'y 
réussit  qu'imparfaitement,  et  lorsqu'il  demanda  aux  Bernois,  de  la  part  de 
son  maître,  de  retirer  leur  protection  aux  Évangéliques  de  Payerne,  MM. 
de  Berne  lui  déclarèrent,  que  bien  loin  de  les  abandonner,  ils  ne  permet- 
traient pas  que  le  duc  de  Savoie  les  persécutât  à  cause  de  la  religion 
(N°  384,  n.  13),  puisqu'ils  ne  portaient  aucune  atteinte  à  l'autorité  tem- 
porelle de  ce  prince. 

5  A  cette  lettre  de  M.  de  Lullin  les  Bernois  répondirent  en  ces  termes 
le  20  février  1535:  «M.  le  Gouverneur,  nous  avons  receuz  vous  lectres... 
touchant  nous  alliés  de  Payerne ,  et  ne  sçavons  croyre  que  icelles  sy  ri- 
geureuses  ayés  escriptes  par  commandement  de  vostre  maistre.  Ce  non 
obstant,  le  garderons  bien,  et  ne  les  mettrons  pas  en  obly.  Eussions  bien 
pensé  que  vous  feussiés  dépourté  de  tieulles  menasses,  assavoir  de  disre, 
que  vous  voulés  advertir  les  aultres  canthotis.  Car  nous  dicts  alliés,  en  re- 
novellant  l'alliance,  nous  ont  faict  promesses  touchant  le  dict  affaire 
[Voy.  N°  427],  lesquelles  comme  raisonables  espérons  que  [ils]  tiendrons.» 
(Minute  orig.  Arch.  de  Berne.) 

6  C'est-à-dire,  à  soutenir  notre  foi  et  l'autorité  du  Duc. 

7  M.  de  Lullin  veut  dire  :  Si  je  ne  pensais  que  le  recès  de  la  Dicte  de 
Lucerne  est  déjà  rédigé,  j'eusse  envoyé  un  message  aux  députés  des  can- 
tons, pour  les  avertir  de  ce  qui  se  passe  à  Payerne  (Voy.  la  n.  5).  Cette 
diète  s'était  réunie  à  Lucerne  dans  les  premiers  jours  de  février  1535. 

8  Pour  la  fixation  de  l'année,  voyez  les  notes  5  et  7. 


1535         LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  PAYERNE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.  263 


496 


les  évaxgéliques  de  payerne  au  Conseil  de  Berne. 
De  Payerne,  26  février  1535. 

Inédite.  Manuscrit  original.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  Les  Réformés  de  Payerne  répondent  aux  plaintes  portées  contre  eux  à  Berne 
par  le  gouvernement  fribourgeois.  Ils  consentent  à  suspendre  l'exercice  de  leurs  droits 
jusqu'à  ce  que  la  Justice  ait  prononcé,  pourvu  que,  dans  l'intervalle,  les  prêtres  ces- 
sent de  «  blasphémer  Dieu.  » 

Magnificques,  très-puissantz  et  noz  très-honorés  Seigneurs, 
Messieurs  l'Advoyer  et  Conseilz  de  la  Ville  de  Berne,  à  voz  excel- 
lentes Seigneuries,  si  humblement  que  faire  le  povons,  nous  re- 
commandons. 

Magnificques  Seigneurs!  Les  Seigneurs  de  Fribourg  nullement 
ne  nous  ont  advertiz  de  ce  que  vous  ont  informés  ',  tellement  que 
avoir  veu  voz  lettres 2,  avons  estez  aucunement  troublés,  car  nous 
sommes  ceux  qui  ne  vous  vouldrions  desplaire.  Messeigneurs,  vous 
plaise  entendre,  ainsy  que  vous  avons  rescript,  que  la  Ville  ne 
commencera  à  fayre  tenir  le  droict,  veu  qu'elle  est  en  possession 
de  si  long  temps,  qu'il  n'est  mémoyre  du  contraire;  et  les  Sei- 
gneurs de  Fribourg  veullent  qu'elle  commence,  et  par  ainsy  povez 

*-2  Les  Réformés  font  allusion  à  la  lettre  suivante,  qui  leur  avait  été 
écrite  par  les  Bernois  le  jour  précédent  :  «  Hz  nous  ont  les  ambassadeurs 
de  Frybourg  faict  plaintiff,  comme,  oultre  ce  que  vous  ont  ouffert  journée 
d'amitié  et  aussy  le  droit,  à  cause  de  ce  que  voulés  entrer  en  la  chapelle... 
—  et  ce  en  vigeur  de  la  garde  [X°  494,  n.  5-6]  —  ne  vous  avés  contentez 
de  cella,  ains  Dimenche  passé  (21  février)  ayés  faict  prescher  en  la  dicte 
chapelle,  et  davantaige,  le  lendemain,  la  dicte  esglise  estant  sarrée,  ayés 
ouvert  les  pourtes  par  force  et  faict  prescher.  Laquelle  chose  nous  des- 
plait...  [Nous]  desirroBS  que  vous  veilliés  dépourter  de  la  dicte  chapelle, 
et  vous  contenter  du  lieuz  oùt  cy-paravant  avés  ouys  l'Évangile,  jusque 
atant  que  le  droit  ayt  euz  sa  course  et  le  temp  soit  plus  convenable...  » 
(Minute  orig.  Arch.  bern.) 


264  LES  ÉV ANGÉLIQUES  DE  PAYERNE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.         1535 

entendre  qu'il  n'y  a  ordre 3.  Quant  ainsy  est  que  sommes  en  bonne 
paix  en  la  ville,  les  Seigneurs  de  Fribourg  nous  debvroyent  laisser 
jouyr  de  nostre  temple,  que  nous  avons  faict  édifier  et  battir  à  nos 
fraiz  et  missions.  Il  y  a  plus  d'ung  an,  sans  les  Seigneurs  de  Fribourg, 
que  en  bonne  paix  l'Évangile  seroit  presché  en  nostre  temple.  Et  si 
les  dicts  Seigneurs  ont  si  bon  droict  contre  nous  et  toute  la  ville, 
comme  ilz  disent ,  que  ne  commencent-il[s]  à  nous  prendre  en 
droict,  ainsi  que  mesmement  la  Ville  les  a  supplié?  Brief,  Messei- 
gneurs,  aultre  chose  ne  povons  entendre  d'iceux,  fors  qu'ilz  pour- 
chassent de  nous  mettre  en  vostre  malle  grâce,  pour  exécuter  ce 
dont  par  cy-devant  nous  ont  menacés. 

De  ce  que  nous  mandez,  que  [nous]  nous  déportions  jusques  à  la 
fin  du  droict, —  pour  l'honneur  de  Voz  Révérences  nous  le  pour- 
rons fayre,  supposé  que  la  chose  soit  briefve,  quant-quant  [1.  pour- 
vu] que  les  prebstres  se  déportent  de  blasphémer  Dieu  pendant  le 
droict.  Aultrement,  Messeigneurs,  se  nous  déportions,  jamais  on 
n'en  verroit  le  droict,  car  les  dicts  Seigneurs  de  Fribourg  avec  les 
prebstres  et  moynes  auroient  ce  qu'il  demandent,  et,  qui  plus  est, 
l'évangile  de  nostre  bon  Sauveur  Jésuchrist  seroit  trop  grande- 
ment vitupéré,  tant  en  la  ville  que  es  lieux  circonvoisins. 

Magnificques  Seigneurs,  les  nouvelles  que  viennent  journelle- 
ment nous  contraingnent  de  vous  importuner,  pareillement  la 
grande  affliction  et  dangier  ausquelz  nous  sommes  de  jour  en 
jour.  Par  quoy,  vous  plaise  nous  avoir  tousjours  pour  recomman- 
dez, sachantz  que  nous  n'avons  faict  ne  voulons  fayre  chose  de  la- 
quelle ne  puissons  rendre  rayson,  en  sorte  que  on  congnoisse  que 
avons  bon  droict  par  tout. 4.  Magnificques  Seigneurs,  nous  prions 
Dieu  vous  tenir  tousjours  en  sa  saincte  garde  et  protection.  De 
Payerne,  ce  26  Feb.  1535. 

VerbumDomini       Par  les  tous  vostres  humbles  serviteurs  et  amys, 

manet  in  eternum.  LES    FRÈRES    DE    PAYERNE    LESQUELZ    DESIRENT 

Isaye.  40.  OUYR  ET  VIVRE  SELON  LA  PAROLLE  DE  DlEU. 

3  C'est-à-dire,  que  c'était  aux  Fribourgeois,  les  premiers,  à  intenter 
une  action  juridique,  puisqu'ils  étaient  les  plaignants. 

4  Dans  leur  réponse  du  27  février,  MM.  de  Berne  exhortèrent  de  nou- 
veau les  Évangéliques  de  Payerne  à  céder,  pour  bien  de  paix,  «  et  non 
point  estre  ainsy  obstinés.  En  ce  (ajoutaient-ils)  nous  ferés  plaisirs,  et 
croyons  que  cella  servira  plus  à  l'advancement  de  l'honneur  de  Dieuz, 
que  sy  vous  persévères  en  vostre  proupost  touchant  le  temple.  »  (Minute 
orig.  Arch.  bern.) 


1535         LE  CONSEIL  DE  BERNE  AUX  É\ 'ANGÉLIQUES  DE  PATERNE.  265 


497 


le  conseil  de  berne  aux  Évaugéliques  de  Payerne. 
De  Berne,  6  mars  1535. 


Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  Le  gouvernement  bernois  regrette  que  les  Réformés  de  Payerne  suivent  si 
mal  ses  conseils,  et  ne  s'avisent  pas  de  ce  qui  arriverait  si  les  cérémonies  catholiques 
étaient  «  empêchées,  »  de  quelque  façon  que  ce  fût. 

Nostre  amiable  salutation  devant  mise.  Combien  que  par  ey- 
devant  souvantesfoys  vous  ayons  voulsuz  admonester,  pour  bien 
de  paix,  vous  dépourter  pour  le  présent  de  fayre  prescher  en  l'esglise 
parrokhialle,  et  vous  contenter  de  la  place  oùt  par  cy-devant  vous 
estes  assemblés  et  ilecques  ouy  la  Parolle  de  Dieu,  —  entendons 
comme  nostre  bon  advis  et  conseilz  ne  ayés  gayre  taxé  [1.  appré- 
cié], ains  tousjours  desmeuré  en  vostre  opinion  touchant  la  dicte 
esglise  et  temple.  Dont  nous  avons  aulcugnement  regrect,  à  cause 
que  par  ce  pourries  commancer  une  erreur  en  vostre  ville  de 
la  quelle  ne  vous  sourviendroyt  pas  gros  prouffit,  à  la  quelle  vou- 
drions voulentier  obvier. 

Dont,  par  icestes,  vous  prions  et  admonestons  fraternellement, 
vuilliés  bien  considérer  le  cas,  aussy  la  conséquence,  et  que  sy 
aulcugnement  empeschiés  les  cérimonies,  quel  trouble  et  émotion  en 
pourroyt  de  toutes  part[s]  suivre,  ce  que  ne  serviroyt  pas  à  l'avan- 
cement de  r Evangille,  —  et  avoyr  ancores  ung  petit  de  patience 
touchant  le  dict  temple,  pour  éviter  noises,  basteries  et  fâcheries. 
Et  vous  ferés  vostre  prouffit  et  à  nous  service.  Désirant  sur  ce 
vostre  responce  par  présent  pourteur.  Datum  via  Martii,  Anno 

XXXV. 

L'Advoyer  et  Conseil  de  Berne  '. 

1  La  suscription  ordinaire  des  lettres  adressées  par  les  Bernois  aux 
Évangéliques  de  Payerne  est  celle-ci  :  «  A  nous  chiers  et  féaulx  alliés  de 
Payerne  tenans  la  parthye  de  l'Évangile,  nous  grands  amys.  » 


260  JEAN1  STURM  A  PHILIPPE  MÉLANCHTHON.  A  WITTEMBERG.        1  535 


498 

jean  sturm  à  Philippe  Mélanchthon,  à  Wittemberg. 
De  Paris,  6  mars  *  1535. 

Camerarii  de  Vita  Melanchthonis  Narratio.  Recensuit  Strobelius. 
Halae,  1777,  p.  416.  Melanthonis  Opp.  Bretschneider,  II,  col.  855. 

Sommaire.  A  l'état  prospère  dont  jouissaient  les  Évangéliques  français  a  succédé  une  si- 
tuation pleine  de  périls  et  d'angoisses.  Les  placards  du  mois  d'octobre  ont  excité  la 
colère  du  Roi  et  provoqué  les  rigueurs  excessives  du  Parlement.  Dix-huit  personnes 
ont  péri  sur  le  bûcher,  et  tous  les  hommes  de  bien  qui  n'étaient  pas  compromis  à  cause 
des  placards  sont  encore  exposés  aux  délations  et  à  la  calomnie.  On  espère  cependant 
que  le  Roi  reviendra  à  des  sentiments  plus  humains.  Déjà  les  frères  du  Bellay  ont  ob- 
tenu de  lui  que  les  prisonniers  allemands  fussent  remis  au  jugement  de  leurs  princes 
respectifs.  Bien  plus,  après  avoir  ouï  les  renseignements  que  Barnabas  de  Vorc  lui 
donnait  sur  votre  religion ,  il  veut  vous  entendre  vous-même  discuter  avec  un  petit 
nombre  de  savants  sur  le  meilleur  moyen  de  mettre  fin  à  ces  troubles.  Jugez  par  là 
des  combats  qui  se  livrent  dans  son  âme,  et  voyez  s'il  vous  est  permis  de  repousser 
son  appel.  Ce  n'est  pas  ma  voix  seule  qui  vous  supplie,  mais  celle  de  tous  les  hommes 
qui  sont  en  danger  pour  la  cause  de  Christ.  Barnabas  de  Voré  vous  donnera  de  plus 
amples  détails  sur  ce  qu'on  attend  de  vous.  Il  mérite  vraiment  votre  amitié  ;  car  sans 
lui,  sans  les  frères  du  Bellay,  vous  verriez  l'Allemagne  se  remplir  de  fugitifs. 

Joannes  Sturmius  Philippo  Melanchthoni. 

Si  in  amicorum  negotiis  tibi  alîquando  lilerae  raeae  fuerunt  gra- 
tse,  si  unquam  bonorum  virorum  res  salvas  esse  cupivisti,  eô  ma- 
jori  curai  lise  tibi  esse  debent,  quô  magis  in  communi  salute  et 
in  tranquillitate  retinenda  versamur.  Ut  enim  in  turbulentissimis 
maximeque  periculosis  tempestatibus,  ita  jactamur  :  ex  optïmo  et 
pulcherrimo  statu  cujus  nobis  viri  prudentes  auctores  fuerunt,  in 
maximas  calamitates  et  in  summas  œrumnas,  ineptissimorum  homi- 
uum  consiliis,  delapsi  fuimus. 

1  Bretschneider  date  la  présente  épître  du  4  mars,  quoiqu'elle  porte 
à  la  lin  :  «  Pridie  Nonas  Martias.  » 


1535       JEAN  STURM  A  PHILIPPE  MÉLANCHTHQN,  A  WITTEMBERG.  2(57 

Scripsi  tibi  superiori  anno%,  quàm  pulchrè  staremus,  quàm  benè 
de  Régis  œquitate  sperandum  esset ;  gratulabamur  tumnobis  inri- 
cem,  sed  eam  occasionem  hommes  furiosi  prope  nobis  abstulei  uni. 
Per  mensem  enim  Octobrem,  —  quôd  non  satis  esse  putarunt  lseta 
fieri  principia,  quôd  meluerunt  parum  multos  fore  suarura  par- 
tium,  nisi  astutis,  ut  ipsis  videbatur,  sed,  ut  res  indicant,  stultissi- 
mis  et  seditiosissimis  rationibus  régna  et  gentes  perturbarent,  — 
libellas  uno  tempofe  de  ordinibus  ecclesiasticis,  de  Missa,  de  Eucha- 
ristia,  per  universam  ferè  Gallium  nocte  in  omnibus  angulis  afpZxe- 
runt,  immanibus  et  tragïcis  exclamationibus,  ante  Régis  etiam  con- 
clave agglutinarunt,  quô  certiora  et  inagis  quoque  perniciosa  péri- 
clita crearentur  3.  Nain  perlurbatus  bac  re  populus,  territae  multo- 
runi  cogitationes,  eoncitali  magistratus,  inflaramatus  Rex,  gravis- 
sima  judicia  instiluerunt,  nec  immerilô,  si  tamen  in  ea  re  modus 
servari  posset.  Ex  consciis  quidam  deprehensi  pœnas  dederunt,  qui- 
dam mature  sibi  consulentes  aufugerunt 4  ;  qui  ad  se  ea  pericula 
spectare  non  putabant,  qui  non  contaminati erant  eo scelere,  hi etiam 
inpartempœnarum  veniunt7-.  Delatores  et  Quadruplatores 6  publiée 
comparantur;  cuilibet  simul  et  testi  et  accusatori  in  hac  causa  esse 
licet. 

Non  vana  surit  qua3  scribo,  et  sic  habeto,  me  nec  omnia  scribere, 
nec  ila  scribere  ut  ipsarum  rerum  luctuosissima  conditio  requirit. 
Octodeeim  ustulati  sunf,  plures  idem  per iculum  expectant8;  ser- 


2  On  ne  possède  pas  la  lettre  de  Sturm  à  laquelle  il  fait  ici  allusion. 
3-4  Voyez  les  notes  du  N°  485  et  les  Nos  488  et  492. 
5  Voyez  le  N°  499,  renvoi  de  note  10. 

0  On  donnait  ce  nom  aux  délateurs,  qui,  en  vertu  de  l'édit  du  29  jan- 
vier précédent,  obtenaient  le  quart  des  biens  des  personnes  dénoncées. 

7  Ce  chiffre  est  d'accord  avec  celui  qui  résulte  des  autres  témoignages 
contemporains.  Il  y  avait  eu  huit  exécutions  en  novembre  et  décembre 
(N"  488,  n.  15),  et  six,  le  jour  de  la  procession  générale  (21  janvier). 
Une  femme  avait  été  brûlée  le  lendemain.  Etienne  de  la  Forge,  ami  de 
Farel  (N°  462,  n.  1),  subit  le  même  supplice  le  16  février;  un  jeune  Ita- 
lien, nommé  Loi/s  de  Médieis,  le  26,  et  bientôt  après,  un  écolier  natif  de 
Grenoble  (Voy.  Journal  d'un  bourgeois,  p.  447,  448). 

8  Le  bûcher  se  dressa  encore,  le  13  mars,  pour  un  chantre  de  la  cha- 
pelle du  Roi,  lequel  «  avoit  attaché  au  chasteau  d'Amboyse,  où  estoit  ice- 
luy  seigneur,  quelques  escripteaux  »  —  le  11  avril,  pour  une  maîtresse 
d'école,  et,  le  5  mai,  pour  trois  Luthériens  de  diverses  professions.  Plu- 
sieurs personnes,  entre  autres  la  veuve  d'Etienne  de  la  Forge  et  cinq  fem- 
mes luthériennes,  eurent  leurs  biens  confisqués  et  furent  bannies  du  royau- 


268  JEAN  STURM  A  PHILIPPE  MÉLANCHTHON,  A  WITTEMBERG.        1535 

punt  quotidie  latius  pericula,  neque  quisquam  est,  qui  bonus  sit,  qui 
neque  extimescat  calumnias  et  judicia,  neque  dolore  indignissimo- 
rum  spectaculorum  conficiatur.  Régnant  adversarii  nosîri,  et  eô  ma- 
gis  quôd  justis  de  causis  obtinuisse  videanlur  ut  in  pacandis  sedi- 
tiosè  concitatis  rébus  régnent. 

In  tôt  tantisque  malis  solùm  naecspes  nos  reficit,  si  immanis  ista 
severitas  populo  displicere  incipiat,  si  Rex  intelligat  nimiùra  sitire 
calamitosorum  hominum  sanguinem,  à  quibus  alienissima  essede- 
beret  vindictae  cupiditas:  odio  enim  magno,  non  œquitate,  agere 
videntur.  Si  videat  f«ai«>ôv»v  horum  mentes,  inclinabit,  ut  speramus, 
ejus  animus,  etmeliora  capiet  consilia  9.  Estboc  exiguum  solatium. 
sed  tamen  non  diflîdimus  Deum  esse,  qui  moderaturus  sit  bas  tem- 
pestates,  et  portum  aliquem  profugiumque  ostendat,  qui  nobis  vi- 
ros  bonos  adhuc  réservât  qui  gratta  et  autoritate  plurimum  va- 
lent, qui  aliquando  libéré  quod  cogitant  audebunt  dicere.  Hujus 
rei  est  istud  nobis  indicium  :  per  Langeos  10,  quorum  familiam  tibi 
notam  esse  credo,  obtinuimus,  quô  in  nos,  qui  Germanici  nommés 
sumus,  minus  odiosé  animadcerteretiir.  Edixit  Rex,  ut  quicunque 
ex  Germanis  coërcerentur  in  re  capitali,  unà  cum  causa  et  actis  in 
Germaniam  quisque  ad  suum  principem  remittatur.  Pra3ter  hsec 
etiam  illud  me  recréât,  quôd  fore  existimem  ut  tu  ad  nos  venias, 
ut  aliquando  in  tuo  conspectu  conquiescamus. 

Barnabas  Vorœus11,  quem  nosti,  qui  lias  tibi  literas  reddidit12. 
quem  ego  tanti  facio,  quanti  eum  cui  vitam  debeo,  cùm  collectis 
rébus  meis  istuc  cogita  rem.  solus  ut  manerem  persuasit.  Cum  Rege 
diu  de  te  locutus  est,  multa  de  tua  integritate,  eruditione  et  mo- 


ine, après  avoir  fait  amende  honorable  (Journal  précité,  p.  448,  449,  450. 
—  Bulletin  du  Protestantisme,  XI,  258). 

9  Ce  ne  fut  ni  l'opinion  publique,  ni  un  sentiment  naturel  d'humanité 
qui  fléchirent  le  cœur  du  Roi  (Voyez  la  lettre  de  Sturm  du  9  juillet). 

10  II  veut  parler  de  Guillaume,  Jean  et  Martin  du  Bellay,  bien  que 
Guillaume  seul  portât  le  nom  de  Langey. 

11  Barnabas  de  Voré,  seigneur  de  la  Fosse,  qui  fut  envoyé  plusieurs 
fois  en  Allemagne,  comme  ambassadeur  de  François  I,  pendant  cette  même 
année  1535. 

12  En  se  rendant  à  Wittemberg  le  seigneur  de  la  Fosse  passa  par  Stras- 
bourg, où  il  dut  séjourner  un  certain  temps,  puisque  la  réponse  de  Mé- 
lanchthon  à  Sturm  ne  fut  écrite  que  le  23  avril.  Nous  ne  savons  à  qui 
était  adressée  la  lettre  sans  date  intitulée  «  Barnabœ  Vorœi  epistola  ad 
N.  N.,  »  qu'on  trouve  dans  l'ouvrage  précité  de  Strobel,  p.  414,  et  dans 
les  Melanthonis  Opéra,  II,  col.  859-860. 


1535        JEAN  STURM  A  PHILIPPE  MÉLANCHTJHON,  A  WITTEMBERU.  269 

destia  pnedicavit,  atque  ita,  ut  te  omnibus  qui  nostris  temporibus 
docti  et  babentur  et  sunt,  prsetulerit.  Non  rogatus  se  discipulum 
timm.  esse  dixit.  Exposuit  omnem  vestrœ  vitœ  et  religionis  rationem. 
Libenter  ea  Rex  audivit,  et,  quasi  non  tune  solùm  tuas  laudes  fa- 
cile admisisset,  ita  constitua,  ut,si  videretur,  si  quo  modo  ventre  vê- 
tis, ut  te  pressentent  audiat13.  Internos  cum  paucis  aliis  constilutus, 
[quierendum  tibi  erit]  qua  ratione  ni  tumultus  componi  possint, 
ut  aliquando  finis  aliquis  sit  sollicitudinum  et  fiammarum. 

Non  licec  scriberem,  si  non  ita  esse  putarem,  neque  quisquam 
me  cogeret  his  temporibus  ut  aliquid  de  nostris  rébus  scriberem, 
nisi  viderem  funestissimam  earum  rerum  faciem  corrigi  posse. 
Cam  enim  flammas  et  incendia  respicio,  cum  considero  multorum 
et  honestissimorum  miserabiles  exilus,  non  possum  communibus 
œrumnis  atque  publico  dolori  lacrymas  non  preebere.  Cum  verô 
Régis  dubitationeni  atque  animi  inclinationem  animadverto  in  ista 
tara  et  singulari severitate ,  sentio  respici  à  Deo  calamitatibus  af- 
fectas et  afflictas  hominum  conditiones.  Cujus  rei  quod  potest  esse 
majus  argumentum,  quàm  tuant  prudentiam  hoc  tempore  requiri, 
quutii  nunguam  magis  quàm  nunc  nostra  causa  oppugnetur?  Credo 
ego,  bonum  natura  et  ingenio  Principem  virum  non  posse  resis- 
tere  consiliis  multorum  iniquorum,  et  commoveri  eorum  quoti- 
dianis  sermonibus ,  et  tamen  dolere  multitudine  et  magnitudine 
suppliciorum,  cupere  etiam  remedium  adbibere,  si  quo  modo  pos- 
sit,  huic  malo.  Ut  enim  irascatur,  justissimas  causas  habet;  ut  verô 
angatur  tantopere,  ratio  ei  et  motuum  dictât.  Videt  in  altéra  causa, 
quœ  vetusta  est,  tamen  milita  esse  vitiali;  in  altéra,  quœ  veritate 

13  La  réponse  que  Mëlanchthon  fit  le  23  avril  à  cette  proposition  se 
trouve  dans  les  Melanthonis  Opp.  II,  col.  874-S77.  (Voy.  N°  515,  n.  1.) 

14  Les  discours  tenus  par  G.  du  Bellay  pendant  son  séjour  à  Smal- 
l'àlden  (décembre  1535)  sont  le  meilleur  commentaire  de  ce  passage.  Ils 
ont  été  résumés  par  Sleidan  (Commentarii  de  statu  religionis  et  reipu- 
blicœ,  livre  IX,  p.  106-109  de  l'édition  de  Bâle,  1556,  in-folio),  et  ils 
nous  donnent  sur  les  opinions  du  Roi  les  renseignements  suivants  :  «  In 
plserisque  [Bellaius]  dicebat  Regem  esse  non  alienum  à  libro  Philippe  quo 
locos  ille  tractât  communes  theologicos  ;  de  Pontifice  verô  placere  dice- 
bat Régi,  non  esse  primum  neque  prsecipuum  jure  divino,  sed  humano... 
Tbeologos  quidem  affirmare,  caput  illum  esse  Ecclesiae,  jure  divino,  sed 
tamen  poscenti  Régi  non  illud  potuisse  demonstrare  ;  vulgatam  quoque  de 
purgatorio  igni  opinionem  ab  eis  defendi  :  nam  ex  eo  fonte  manare  mis- 
sam...  et  quicquid  est  nundinationis,  ...  cumque  Rex  illis  aliquot  esset  lar- 
gitus  menses,  intra  quos  de  purgatorio  sententiam  Scriptural  docerent, 
hoc  demum  respondisse,  adversariis  non  esse  porrigenda  tela...  De  cœna 


270  JEAN  STURM  A  PHILIPPE  MÉLANCHTHON,  A  WITTEMBERG.        1  535 

nititur,  plurimum  periculià  cupidissimis  et  seditiosissimis  hominïbus. 
Ut  igitur  hœc  cofrigantur,  vult  doctissimorum  esse  consilia  et  ju- 
dicia;  qua  in  re  ita  erga  te  affectas  est,  ut  sine  te  isla  negotia  pro- 
poni,  deligi,  constitua,  firmatique  non  posse  existimet.  Itaque  nunctu 
attentâris,  et  si  modo  ad  nos  venire  velis,  Rex  tibi  prospiciet  prae- 
sidiis  et  pignoribus,  ut  tutô  istinc  abeas,  et  securè  tranquilléque  ac 
bonorificè  ad  tuos,  rébus  maximis  et  salutaribus  confectis,  redeas. 

Ilaquesite  praesentem  viderimus,  simul  salutem  nostram  con- 
spiciemus.  Si  in  lus  jactationibus  ac  turbulentissimis  tempestatibus 
te  advolantem  aadiverinias,  non  dubitabimus  nobis  stationem  et  por- 
tum  ostendi.  Sed  si  negligas  et  contemnas  Régis  postulala,  eadera 
spes  quae  nos  bîc  retinuil,  in  ipsis  ustrinis  vinctos  suspensosque 
detinebil.  KpetWwv  yàp  Baclt-ô; ,  et  tu  alioqui  nosti  regum  anhnos. 
Quare  cogita,  te  jam  non  à  me  rogari,  sed  ab  omnibus  bominibus, 
non  solùm  ab  illis  qui  gravissima  supplicia  perpessi  sunt,  neque 
tantùm,  qui  eundem  indignissimum  finem  metuunt,  tuam  prœsen- 
tiam  exoptari,  sed  advocari  te  Dei  Christique  voce.  Ilaque  depone 
Cœsarum  Regumque  nomen.  Ne  respice  utriusque  gentis  aut  amo- 
rem  aut  alienationem.  Cogita  eorum  causam  agi  qui,  in  flammaper- 
niciosissima,  in  incendio  luctuosissimo  jactantur  pro  Christi  gloria: 
quos  etiamsi  mors  ista  non  territat  flagrantes  divino  isto  igni,  ta- 
men  nos  illud  movere  débet,  posse  nos  base  sine  summa  cura,  sol- 
licitudine  et  lacrymis  respicere,  qui  in  eadem  navi  sumus.  qui  auc- 
toribus  harum  rerum  favemus,  qui  eandem  causam  suscipimus  ! 

Quid  à  te  requiratur  aut  quomodo  agendam  sit,  ex  Vorœo 
cognosces,  quem  ob  communem  salutem  complecli  debes.  Nam 
nisi  hic  esset ,  nisi  episcopus  Parisiensis,  nisi  Langeas,  hujus  fra- 
ter,  vir  prudentissimus  atipie  optimus,  nisi  taies  viri  résistèrent, 
videres  repleri  Germaniam  exulibus.  Ilaque  caetera  ex  hoc  cognos- 
ces. Ego  rei  magniludinem,  varietatem,  pericula  et  indignitatem 
explicare  non  possum.  Vale.  Luteliœ,  pridie  Nonas  Martias  1535. 

Domini  ...  sub  utraque  specie,  sermonem  fuisse  Régi  cum  Clémente  VII; 
sperare  etiam  hoc  impetrari  posse  à  Pontifice,  ut,  facto  decreto,  libërum 
permittat  usum  ejus  rei,  pro  cujusque  conscientia...  Li  precatiouibus 
etiam  illis  quotidianis  et  familiaribus  ordini  sacerdotum,  aguoscere  Regem, 
multa  posse  resecari,  quaedam  etiam  esse  prorsùs  tollenda. . .  Regem  in  hoc 
esse  totum,  ut  Ecclesiœ  pax  ...  restituatur  ...  Pergratum  autem  ei  futu- 
rum  si  ...  aliquot  è  pra?cipuis  ipsorum  theologis,  pauci  tamen,  in  Galliam 
mittantur,  qui  cum  Lutecianis  conférant;  ad  ejusmodi  colloquium  Regem 
esse  delecturum  aliquot  pra^fractos  et  acres,  et  bis  additurum  esse  quosdam 
non  alienos  à  puriori  doctrina,  quô  ...  veritas  patefieri  possit  et  elici.  » 


1535  JEAN'STURM  A  MARTIN  BUCER.  A  STRASBOURG.  271 


499 

jean  STURM  à  Martin  Bucer,  à  Strasbourg. 
De  Paris  (10  mars  1535  '). 

Manuscrit  autographe.   Arcb.  du  séminaire  prot.  de  Strasbourg. 
A.-G.  Strobel.  Hist.  du  gymnase  prot.  de  Strasbourg,  1838,  p.  111. 

Sommaire.  Ma  lettre  à  Mélanchthon,  ci-incluse,  vous  dira  ce  que  nous  avons  souffert  et 
ce  que  nous  attendons  de  vous.  Acceptez  l'appel  du  Roi,  qui  réclame  vos  conseils  pour 
réformer  la  religion  dans  ses  Etats.  Cette  réforme  paisible  que  nous  avons  toujours 
et  vainement  souhaitée,  elle  nous  est  offerte  aujourd'hui.  Mais  il  faut  se  hâter.  L'es- 
prit du  Roi  est  flottant.  En  même  temps  qu'il  exile  Beda,  il  laisse  condamner  les  gens 
pieux.  Anabaptistes,  Érasmiens,  Luthériens,  tous  sont  punis  sans  distinction  ;  les 
Papistes  seuls  sont  en  sûreté. Détournez  les  périls  qui  nous  menacent;  je  vous  en  sup- 
plie, au  nom  de  Christ. 

Joannes  Sturmius  Martino  Bucero.  S.  P. 

Quid  causae  sit  quod  per  haec  lempora  nihil  ad  te  scripserim, 
intelligere  te  puto ,  si  in  quibus  calamilatibus  versemur  audivisti. 
Quod  ad  me  attinet,  nunquam  magis  metu  et  dolore  aft'ectus  fui, 
quàm  per  hosce  menses  in  ceede  et  incendio  virorum.  Quam  ob 
rem  orta  sit  ista  tempestas,  intelliges  ex  lileris  meis  quas  ad  Phi- 
lippine mitto  et  in  tuis  inclusi 2,  quô  magis  videas  quid  abs  te  in 
causa  communi  requiramus.  Sed  quum  bas  legis,  cogita  tibi,  non 
Philippo,  scribi:  quanquamnon  dubito  quin  daturus  sis  locum  peti- 
tioni  mese,  si  recte  novi  naturam  et  bonitatem  tuam. 

Summa  nostrorum  votorum  et  desideriorum  haec  est,  ut  utrum- 
que,  si  fieri  possit,  aut  saltem  alterum  complecti  possimus.  In  tua 
et  Philippi  manu  est,  at  aut  vivamus  cum  Evangelio,  aut  pro  eo  cru- 
delissimé  occidamur.  Quocirca  videle,  obsecro,  ne  eum  exacerbetis 

1  Voyez  la  note  7.  Du  fait  qu'elle  mentionne,  rapproché  des  paroles 
de  Starm,  on  doit  conclure  qu'il  écrivit  cette  lettre  trois  jours  après  le 
7  mars. 

2  Sturm  entend  par  ià  sa  lettre  du  (i  mars  (Nn  498). 


272  JEAN  STURM  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.  1535 

qui  ex  vestro  judicio  amplissimum  regnum  vult  informari,  confir- 
raari  et  administrari 3.  Nusquam  magis  intelligere  potui,  cor  Régis 
in  manu  Dei  esse,  quàm  hoc  tempore,  quando  in  ipsis  flammis  cogi- 
tât de  renovanda  religione 4.  Qnod  semper  exoplavimus,  quod  nun- 
quam  obtinere  potuimus,  hoc  jam  ultra  nobis  obfertur  :  tranquilla 
commutatio  eorum  quœ  perperam  in  religione  Chrisliana  fiunt. 
Quaraobrem  abs  te  vebementer  contenclo,  ut  ad  Philippum  scribas, 
eumque  cohorteris,  ne  deserat  communem  causam,  ne  repugnet 
Regiee  petitioni  ;  hoc  plus  apud  eum  ponderis  habiturum  est,  in 
ista  nostra  ôfxovota  et  oblivione  veterum  offensionum  5. 

Signiflcavit  etiam  Philippus,  egisse  se  apud  te,  quô  mihi  conditio 
aliqua  reperiretur  ;  babeo  gratiam  utrique  vestrûm,  sed  tamen 
longé  gratius  erit,  si  aliquem  dolorem  nostro  luctui  prsebere  veli- 
tis,  et  bue  venire.  Si  tu  bos  carceres,  questiones,  flammas,  lachry- 
mas,  metusque  conspiceres,  sentires  me  non  sine  causa  de  una  re 
prolixissimè  scribere.  Opus  omninô  nunc  remedio  est,  dum  niaxi- 
raa  pericula  sunt  propter  adversariorum  importunitatem,  et  dum 
nutat  Régis  animus.  Quid  enim  tam  diversum  est,  condemnari  bo- 
nos  et  ejici  Bedam  in  exilium  6  ?  Nudius  tertins  in  publico  specta- 
culo,  nudis  pedibus,  Deum  Regemque  veniam  deprecatus  est,  quôd 
contra  Regiam  Majestatem  commeruitet  secùs  quàm  veritas  requi- 
rit  literas  libellosque  scripserit 7.  In  ejus  conspectu  ebartée  multae 
sunt  combustee.  Ejtisdem  nohe  Theologus 8  post  triduum  eandem 
pœnam  subibit. 


3-4  Le  plan  du  Roi  semblait  se  préciser  d'une  manière  frappante.  Jus- 
qu'alors il  n'avait  demandé  que  des  mémoires  (Voyez  les  Nos  468,  47G, 
n.  1.  et  le  N°  478,  n.  7).  Maintenant  il  songeait  à  une  réformation. 

5  Allusion  à  l'accord  qui  commençait  à  s'établir  entre  les  théologiens 
de  Strasbourg  et  ceux  de  Wittemberg  sur  le  dogme  de  l'Eucharistie,  à 
propos  duquel  ils  étaient  en  dissentiment  depuis  près  de  dix  ans. 

6  II  s'agit  du  second  exil  de  Noël  Beda.  Le  premier  avait  duré  depuis 
le  26  mai  1533  jusque  vers  la  fin  de  la  même  année. 

7  Ces  détails  sont  confirmés  par  ce  témoignage  contemporain  :  «  Au 
dict  an,  le  dimanche  sixiesme  [1.  septième]  de  mars  avant  Pasques  (1535), 
Beda,  docteur  en  théologie,  fist  amende  honnorable  au  parvis  de  la  grande 
église  Nostre-Dame,  à  cause  de  quelques  lettres  qu'il  avoit  escrites,  les- 
quelles furent  présentées  au  Roy,  qui  les  envoia  à  la  cour  de  Parlement, 
avec  injonction  de  faire  la  justice  du  dict  Beda  »  (Journal  d'un  bourgeois 
de  Paris,  p.  453). 

8  N'était-ce  point  Nicolas  Le  Clerc,  qui  venait  de  passer  une  année  en- 
tière en  prison,  ainsi  que  Beda?  On  lit,  en  effet,  dans  la  lettre  de  Gilbert 


1535  JEAN  STURM  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.  273 

Hœc  judicia  mihi  spem  prœbent,  non  tam  Régis  sententià,  quàm 
iniquissima  adversariorum  interpretatione,  etiam  bonos  in  peri- 
cula  vocari.  Nihil  interest  inter  Anabaptistam,  Erasmianum,  Luthe- 
ranum  9;  omnes  sine  discrimine  coërcentur  et  educnntur;  nemo  tu- 
tus nisi  Papista  10.  Régis  verô  aiïam  sententiam  esse  puto  contra 
seditiosos  et  eos  qui  de  Eucharistia  secùs  sentiunt  quàm  assolet11. 
Idcirco  anniti  te  decet,  quô  illi  ex  carcere  et  flammis  eripiantur  qui, 
fortasse  vestram  doctrinam  secuti .  sibi  perniciem  accersiverunt  ; 
neque  existimes  omnescommeruisse  culpam,  sed  maloruin  et  bo- 
norum  communem  causam  esse  faclam.  Obsecro  te  igitur  per  hos 
ignés  quos  quotidie  nostris  oculis  cernere  cogimur12,  per  luctum 
publicum  optimorum  virorum,  per  Gbristi  gloriam,  (quid  majus  di- 
cere  possum  ?)  per  ejus  nomen  te  obsecro  et  obtestor,  ut  quemad- 
modum  nos  suo  sanguine  liberavit,  sic  vos  quoque  per  eum  nos 
respiciatis,  et  tanta  pericula  à  nostro  capite  abarcete.  Et  ut  rem 
ipsam  bis  cognoscas,  ut  sentias  tibi  curae  esse  debere,  interposui 
tibi  epistolam  Philippi. 

P.-S.  Cura  baec  describi  curassem ,  renunciatum  mibi  est  ab  iis- 
dem  qui  banc  causam  sollicitarunt 13,  quôd  efflcerem  literis,  si  quo 

Cousin  à  Boniface  Amerbach,  du  29  novembre  1534  :  «  Scribunt  è  Lute- 
ciâ,  Bedam  ac  Clerieum  adhuc  esse  in  arctissimo  carcere.  »  (Mscrit  orig. 
Arcli.  de  l'église  de  Bâle.)  Notre  conjecture  est  en  désaccord  avec  le  té- 
moignage de  Bulseus  (  Voy.  la  note  15  du  N°  459) ,  mais  elle  a  pour  elle 
les  vraisemblances,  puisque  Le  Clerc  avait  été  pendant  plusieurs  mois  le 
compagnon  d'infortune  de  Beda. 

9  On  donnait  le  nom  d' Érasmiens  à  ceux  qui,  tout  en  restant  atta- 
chés à  l'église  romaine,  demandaient  qu'elle  fût  réformée  par  son  chef. 
Erasme  voyait  juste  quand  il  disait,  le  25  juillet  1533  :  «  Si  quid,  auctore 
me,  novaretur,  illico  superstitiosi  theologi  qui  nunc  Lutetiœ  magnos  ex- 
citarunt  tumultus  clamitarent  Erasmum  novse  sectse  parentem  esse,  quse 
dicatur  Moderaiorum  «.(Lettre  à  Jean  Ulattenus.  Erasmi  Epp.  Le  Clerc, 
p.  1758). 

10  C'est  ainsi  que  plusieurs  étudiants  peu  compromis,  tels  que  Jacques 
Amyot,  Claude  des  Fosses,  Jacques  Canaye,  durent  s'enfuir  de  Paris  et  se 
retirer  à  Bourges,  où  la  reine  de  Navarre  pouvait  les  couvrir  de  sa  pro- 
tection (Voy.Bèze.  Hist.  ecclés.  I,  1G).  On  ne  possède  qu'un  petit  nombre 
de  renseignements  sur  la  persécution  qui  eut  lieu  dans  les  provinces,  à  la 
suite  de  l'affaire  des  placards.  (Voy.  le  N°  521.— Bèze,  I,  20,  22,  23.  — 
Crespin,  fol.  105  b,  108  a.  —  Afcère.  Hist.  de  la  Rochelle,  1756, 1,  328.) 

11  Dans  son  manifeste  du  1er  février  (N°  492),  François  I  confondait 
cependant  ces  deux  classes  de  gens. 

12  Voyez  le  N°  498,  notes  7  et  8. 

13  Sturm  veut  sans  doute  parler  des  frères  du  Bellay. 

T.  ni.  18 


274  CHRISTOPHE  FABRI  A  FAREL  ET  A  VIRET.  A  GENÈVE.  1  535 

modo  fieri  posset,  ut  tu  venias  :  hoc  Regem  maximopere  cupere. 
Ego  non  puto  pluribus  agendum  esse  qu£e  egi.  Tantùm  illud  dico. 
mi  optatissime  Domine  Bucere,  ne  deseras  Evangelium,  neque  eos 
qui,  ob  Evangelium,  pro  Christi  gloria.  extrema  expectant  suppli- 
cia. Vale  cum  uxore  et  tota  familia.  Salve  atque  vale. 

Joannes  Sturmius.  cupidissimus  tui  nominis. 


Christophe  fabri  à  Farel  et  à  Viret,  à  Genève. 
De  Bole,  10  mars  1535. 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Netichâlel. 

Sommaire.  On  dit  qu'une  armée  française  doit  bientôt  quitter  la  Bourgogne  et  franchir 
les  Alpes,  après  avoir  passé  par  Genève.  Je  crains  donc  qu'après  tant  d'attaques  ou- 
vertes, Satan  ne  menace  aujourd'hui  par  des  moyens  détournés  cette  cité  dont  l'Évan- 
gile vient  de  -prendre possession;  mais  Celui  en  qui  nous  nous  confions  dissipera  ces 
complots.  La  nouvelle  en  question  vient  d'un  homme  très-sûr,  qui  la  tenait  de  l'hy- 
pocrite seigneur  de  la  lèpre. 

Les  rabbins  de  Boudry  ont  réussi  à  effrayer  les  gens  qui  m'avaient  promis  un  lo- 
gement; on  a  lieu  d'espérer  cependant  qu'ils  s'adouciront  bientôt.  En  attendant,  j'ai 
cédé  au  vœu  de  mes  paroissiens  de  Bole  et  j'ai  refusé  la  maison  qu'on  m'offrait  à  Cor- 
taillod.  La  violente  querelle  de  Glantinis  et  d'Alexandre  n'ayant  pu  être  pacifiée  par 
les  ministres  du  territoire  de  Bienne,  le  Conseil  de  cette  ville  a  prononcé  en  der- 
nier ressort.  Glantinis  a  dû  confesser  qu'il  avait  calomnié  son  collègue  et  lui  de- 
mander pardon.  Quant  à  Georges  Grivat,  il  n'a  été  interpelé  que  sur  les  plus  mi- 
nimes des  griefs  formulés  contre  lui. 

S.[alutem]  et  veram  illam  autoreChristo  pacem  etgratiam  vobis 
assidue  precamur,  charissimi  fratres,  quant  qui  semel  assecuti  sunt 
fidèles .  etiamsi  totus  invertatur  mundus ,  si  cœlum  et  terra  tran- 
seant,  cum  verbo  Domini  immobiles  semper  stabunt l.  Consilium 
Domini  stabit  et  omnis  voluntas  ej us  fiet  -. 

1  Romains,  chap.  V,  v.  2. 

2  Proverbes,  chap.  XIX,  v.  21.  Ésaïe,  chap.  XLYI,  v.  10. 


1535  CHRISTOPHE  FADRI  A  FAREL  ET  A  VIRET.  A  GENÈVE.  27S 

Audivimus  Gallorum  ingentes  c[opia]s  trans  Alpes  proximè  con- 
scensuras,  sed  Gebennis  ex  Burgundia  transiluras 3.  Vereor  ne  sic 
per  cuniculos  Satan  moliatur  quaj  adversùs  Evangelio  nuper  insig- 
nitam  civitatem  ista») 4  apertè  loties  tenlavit.  At  is  cui  [1.  in  quo]  niti- 
mur  secretorumscrulatores  dabit  quasi  non  essent:  flabit  in  hujus- 
modi  impios  terrai  judices,  et  continue»  arescent.  et  turbo  quasi  sti- 
pulamauferet  eosWon  inconsullè  tamen  liorum  vos  praemonuisse 
videôr,  cum  ea  à  fideli  et  eximio  quidem  viro  audiverim,  sicut  ab 
obliqua  transversalis  lêprœ  Domino  c,  ul  pro  certo,  acceperat. 

Bodriacenses  rabbini  bactenùs  mihi  obstiterunt  adeô  ut  qui  do- 
mos  suas  mihi  libenter  offerebanl,  minis  aut  nescio  quibus  astutiis 
prohibiti.  pollicitis  stare  non  ausi  fuerunt  [1.  fuerint 7].  Pergo  ta- 
men  doraum  aliquam  perquirere.  Cortaliacenses8  mihi  apud  se  do- 
muin  parafant;  at  Bolemes  cum  Grattensibus 9  non  permiserunt  ut 

3  Cette  indication  était  fausse.  Dans  plusieurs  provinces  de  la  France 
on  rassemblait,  il  est  vrai,  les  nouvelles  «  légions  »  que  le  Roi  devait  pro- 
chainement inspecter  (Voy.  Martin.  Hist.  de  France,  X,  311,  et  les  Mém. 
de  Martin  du  Bellay);  mais  ce  fut  seulement  le  11  février  1536  que  l'ar- 
mée française  envoyée  à  la  conquête  du  Piémont  envahit  la  Bresse  et  la 
Savoie. 

4  Deux  mois  auparavant,  Genève  avait  refusé  d'imposer  silence  aux  pré- 
dicateurs de  l'Évangile  (X°  491,  n.  16),  et  elle  était  devenue  un  asile  poul- 
ies fidèles  persécutés  (Voy.  X°  502,  n.  2-3). 

5  Ésaïe,  chap.  XL,  v.  23-24. 

6  Fabri  avait  d'abord  écrit  :  «  ab  obliquo  transversalis  et  leproso  prin- 
cipe. »  C'est  une  allusion  à  Olivier  de'Hochberg,  à  qui  appartenait  le  prieuré 
de  Motiers,  dans  le  Val  de  Travers  (Vallis  Transversalis).  Les  chanoines 
de  Xeuchâtel,  dont  le  susdit  Olivier  était  le  prévôt,  y  résidaient  depuis 
1531  (Voy.  le  X°  317,  renv.  de  n.  15.  —  Matile.  Musée  historique  de 
Xeuchâtel,  1841-45,  t.  III,  p.  158-159).  On  sait  que  les  chanoines  s'é- 
taient rendus  odieux  au  peuple  neuchâtelois  par  leur  conduite  scanda- 
leuse, qui  avait  nécessité  plus  d'une  fois  l'intervention  de  la  diète  suisse, 
et  qu'ils  n'avaient  pas  rougi,  à  l'époque  de  leur  toute-puissance,  de  ré- 
clamer pour  eux-mêmes  le  produit  des  aumônes  qui  servaient  à  l'entre- 
tien des  lépreux  (Voy.  Fréd.  de  Chambrier.  Hist.  de  Xeuchâtel,  1840,  p. 
279-282).  Ce  fut  probablement  ce  qui  valut  au  Chapitre  et  à  son  chef  le 
surnom  de  lèpre  du  Vaux-Travers.  Le  correspondant  de  Farel  embrouillait 
à  dessein  sa  périphrase  :  Olivier  de  Hochberg  étant  l'oncle  de  la  comtesse 
de  Xeuchâtel,  il  voulait  le  désigner  d'une  manière  détournée. 

7  Voy.  le  X°  491,  renvoi  de  note  9. 

8  Le  village  de  Cortaillod,  situé  près  du  lac  de  Xeuchâtel,  faisait  par- 
tie de  la  paroisse  réformée  de  Boudry,  dont  Fabri  était  le  pasteur. 

9  Les  Grattes  sont  deux  petits  hameaux  voisins  de  Bolc,  où  résidait 
Fabri.  Les  habitants  de  ces  trois  localités  ne  voulaient  pas  que  leur  pas- 


276  CHRISTOPHE  FABRI  A  FAREL  ET  A  VIRET,  A  GENÈVE.  1535 

à  seita  distarem,  multisquerationibus  dissuaserunt.  Spes  est  ut  brevi 
Bodrienses  aliquanto  humiliores  reddantur,  ob  eontumelias  in  Prin- 
cipem  10  totumque  hujus  Comitatûs  magistratuïn  imprudenter  ab 
illis  prolatas,  quse  rebellionem  sonare  videntur.  Si  Dominus  volue- 
rit,  latior  patebit  accessus,  sive  per  occasionem  aut  aliàs,  etc. 

Tragœdia  Esglantinei  et  Alexandri11,  quandoquidem  ad  Sena- 
tum  Biellensem  pervenerat,  ab  eodem  terminata  est.  Ille  falsus  de- 
lator,  hic  verô  innoxius  declaratus  fuit;  quamobrem  reus  ille,  co- 
ram  Senatu,  ab  hoc  veniam  petiit,  idque  prsesentibus  Corgemonen- 
sibus,  quos  in  eundem  commovisse  visus  fuerat 12.  Videte  quœ  in- 
veterata  odia  pariunt  offendicula;  eô  sanè  pervenerunt,  ut  pius  ille 
senatus  omnibus  suœ  ditionis  ministris  congregatis  rem  pacifican- 
dam  permiserit.  Hi  verô  concionis  suse  diem  et  horam  nobis  signi- 
ficarant;  cujus  rei  gratiâ,  ex  Neocomensibus  ministris  sex,  cum 
Turtero13  et  Claudio  Farello14,  huic  interfueramus  cœtui;  sed  à 
fratribus  res  pacari  haiulquaqnam  potuerat. 

De  Calesio  13  autem,  minima  eorum  quae  objecta  illi  fuerantpne- 
senti  aperuerunt,  nec  minus  accidit  ex  omnibus  quàm  quod  in  meis 
praesagiebam  literis,  tu  quoque,  Petre,  prœsentire  videbaris.  Sed 
his  modis  occulta  produntur,  et  nos,  si  sapimus,  prudentiores  eva- 
dimus.  Yale,  salutatis  omnibus  piis  fratribus.  Bolœ,  10  Mart.  1535. 

Christophorus  Lebertinus. 

( Inscriptio : )  Charissimis  fratribus  Gulielmo  Farello  et  Petro  Vi- 
reto,  pro  fïde  Christiana  strenuè  decertanlibus.  Gebennis. 

teur,  en  acceptant  l'offre  des  gens  de  Cortaillod,  allât  fixer  son  domicile 
à  l'extrémité  opposée  de  la  paroisse. 

10  Jeanne  de  Hochberg,  duchesse  de  Longueville  et  souveraine  du  comté 
de  Neucliâtel. 

11  Claude  de  Glantinis  et  Alexandre  le  Bel  (N°  493,  n.  3-5).  Voyez  sur 
les  démêlés  de  ces  deux  pasteurs  indignes  la  requête  du  8  juin  1536  et  la 
lettre  de  Farel  à  Calvin  du  21  octobre  1539. 

13  Le  village  de  Corgémont  est  situé  dans  le  Val  St.-Imier,  que  les  ma- 
gistrats de  Bienne  gouvernaient  sous  la  suzeraineté  de  l'évêque  de  Bâle. 
Le  pasteur  de  Corgémont  était  Alexandre  le  Bel.  La  rédaction  primitive 
de  cette  phrase  porte  en  effet  :  «  praesentibus  Corgemonensibus,  quos  in 
pastorem  suum  commovisse  visus  est.  » 

13  Hugues  Turtaz,  pasteur  de  Meiri  et  de  l'église  française  de  Morat. 

14  Claude  Farel,  frère  du  Réformateur,  s'était  réfugié  en  Suisse  pen- 
dant l'été  de  1533  (N°  422,  n.  20-21;  426,  renv.  de  n.  18).  Il  paraît  s'y 
être  fixé  définitivement  en  1534. 

15  Surnom  de  Georges  Grivat  (N°  487  et  N°  493,  renv.  de  n.  1-2). 


1535         LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  PA VERNE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.  277 


501 


les  évangéliques  de  payerne  au  Conseil  de  Berne. 
De  Payerne,  12  mars  1535. 

Inédite.  Manuscrit  original.  Archives  de  Berne. 


•o 


Sommaire.  Les  Évangéliques  de  Payerne  rendent  compte  aux  magistrats  bernois  d'une 
conférence  qu'ils  ont  eue  avec  les  ambassadeurs  de  Fribourg,  et  ils  les  informent  des 
progrès  de  l'Évangile  autour  d'eux  et  des  périls  auxquels  ses  partisans  sont  exposés. 

Magnificques ,  très-puissantz  et  excellentz  Seigneurs,  Messei- 
gneurs  PAdvoyer  et  Conseilz  de  la  ville  de  Berne,  noz  très-ho- 
noréz  Seigneurs,  à  vos  excellentes  Seigneuries,  si  humblement 
que  fayre  le  povons,  nous  recommandons. . .  De  rechief  le  commun 
de  Payerne,  à  la  requeste  du  Bailly  de  Vaux  S  a  esté  assemblé, 
lequel  commun  n'a  faict  aulcune  congnoissance  que  nous  deub- 
sions  déporter  d'oyr  la  Parolle  de  Dieu  en  nostre  temple. 

Les  Seigneurs  de  Fribourg ,  se  12e  de  Mars,  ont  envoyé  embas- 
sadead  nostre  Conseil,  requérans  que  comparissions.  Cinq  de  nous, 
au  nom  de  tous,  ont  comparu.  Les  dicts  embassadeurs  ont  demandé 
ad  sçavoir  se  nous  voulions  déporter  d'aller  en  nostre  temple  ou 
non?  Ausquelz  noz  frères  ont  respondu  que  ne  pourroyent  sur 
ce  donner  responce  sans  vous  avoir  adverty,  estantz  asseuréz  que 
ne  nous  donnerez  conseil  si  non  ad  l'advencement  de  la  Parolle 
de  Dieu,  et  aussy  sans  le  conseil  de  nous  tous,  qui  n'estions  ad- 
vertiz  de  la  dicte  demande  de  Messieurs  de  Fribourg.  Puis,  les  dicts 
embassadeurs  ont  Met  qiCilz  estaient  en  possession  du  temple  ;  noz 
frères  ont  respondu  que  c'est  la  ville,  laquelle  en  a  jouy  de  long 
temps,  et  n'est  mémoyre  du  contraire,  et  que  l'avons  faict  édifier 
et  baltir  à  nos  despens  et  faict  béneyre,  pour  le  temps  (pie  estions 
papistes,  contre  le  vouloir  de  noz  moynes,  anciens  enneniys  de  la 
ville. 

1  Aymon  de  Lullm,  bailli  et  gouverneur  du  Pays  de  Vaud  (Voyez  le 
N°  495). 


278  LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  PAYERNE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.         1535 

Avoir  prié  les  dicts  ambassadeurs  de  rapporter  à  leurs  seigneurs 
ne  nous  molester  pas  plus  que  ceux  d'Orbe  et  Granson,  où  ne  sont 
le  plus2,  —  remonstrantz  que  nostre  loy  et  foy  n'est  nouvelle,  mais 
ancienne,  meilleure  que  celle  du  pape,  ainsy  que  [nous]  nous  sommes 
présentés  ad  prouver  par  la  Saincte  Escripture,  —  quant  ung  des 
ambassadeurs  a  dict  et  proféré  parolle  de  menaces,  où  noz  frères 
ont  respondu,  que  ne  nous  debvoyent  menasser,  mais  nous  pren- 
dre en  droict,  et  que  s'il[s]  se  vouloient  battre,  qu'ilz  se  debvoient 
prendre  à  quelque  seigneurie  puissante,  car  de  se  prendre  à  nous, 
ne  pourroient  avoir  honneur. 

Magnificques  Seigneurs,  toutes  choses  considérées,  nous  enten- 
dons bien  qu'il  leur  est  importable  de  quoy  tous  les  jours  le  nom- 
bre des  frères  croist,  tant  de  la  ville  que  de  dehors 3.  Les  dicts  am- 
bassadeurs n'ont  receu  nostre  sus-dicte  responce,  mais  s'en  sont 
allez  sans  aucune  deftinitive.  Le  bruit  commun  est  que  les  Grué- 
riens  doibvent  sortir  sur  nous 4.  Ce  non  obstant  nous  persévérerons, 
par  la  grâce  de  Dieu,  d'oyr  sa  Parolle  en  nostre  temple ,  —  vous 
suppliantz  nous  avoir  tousjours  pour  recommandez  et  rescripre 
aux  Seigneurs  de  Fribourg  qu'il  nous  laissent  en  paix,  puis  qu'ilz 
ne  veuillent  commencer  ad  faire  tenir  le  droict.  Excellente  Sei- 
gneurs, vous  estes  aussy  puissantz  ad  nous  maintenir  en  nostre 
bon  droict,  que  les  Seigneurs  de  Fribourg  ad  maintenir  les  moy- 
nes,  lenantz  la  loy  papalle.  Nous  prions  Dieu  de  tout  nostre  cueur 


2  C'est-à-dire,  où  les  Évangéliques  ne  sont  pas  les  plus  nombreux. 

3  Comparez  ce  passage  avec  le  X°  384,  renvois  de  note  4,  8  et  9. 

4  Le  lendemain  Hugues  Turtaz  écrivait  à  MM.  de  Berne  ce  qui  suit  : 
«  Très-lionnorés  et  puissans  Seigneurs,  j'ay  esté  prier  fort  affectueuse- 
ment par  les  lettres  de  nostre  frère,  annunciateur  de  l'Evangile  à  Payerne, 
vous  faire  à  sçavoir  la  teneur  des  siennes  lettres,  aflîn  que  sus  icelle  ayez, 
si  vous  plaist,  de  l'advis.  Ses  lettres  disent  ainsin  :  «  Ceste  nuytz  nous  at- 
tendons l'assault  de  noz  ennemys,  car  les  Papistes  s'en  fuyenttous.  Johan 
Nardim,  officier  de  la  ville,  volant  retorné  de  Fribourg,  a  esté  prins.  Ceulx 
de  Fribourg  sont  convenu  ceste  nuyt  au  chasteau  de  Montaigmje  avec  ar- 
mures, et  nous  avons  veillez  tout  ce  vespre  en  oraysons.  Nostre  Seigneur 
nous  soit  en  ayde.  »  Et  voylà,  très-lionnorés  Seigneurs,  de  quoy  suis  esté 
prier  vous  adverty,  à  cause  que  ses  pouvres  Chrestiens  ne  osent  sortyr  de 
la  vile.  En  vous  disans  :  h  Dieu!  lequel  vous  remplisse  de  sa  grâce.  De 
Morat,  ce  13  de  Mars  1535. 


"■> 


Par  le  tout  vostre  loyal  serviteur  et  subjet 
Hugue  Turte,  Prédicant  de  Morat.  » 


1535  LE^CÔNSEIL  DE  GENÈVE  A  AMI  PORHAL,  A  BERNE.  279 

vous  tenir  tousjours  en  sa  saincte  garde  et  protection.  De  Payerne, 
ce  12  de  Mars  1535 5. 

Par  les  frères  de  Payerne  ,  voz  très-humbles  serviteurs, 
lesquelz  désirent  oyr  et  vivre  selon  la  pure  Parolle  de  Dieu. 


502 

le  coxseil  de  Genève  à  Ami  Porral  ' ,  à  Berne. 
De  Genève,  13  mars  1535. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Genève. 

maire.  Le  Conseil  annonce  à  Porral  que  Pierre  Viret  est  malade  des  suites  du  poi- 
son qui  lui  a  été  donné,  «  à  la  persuasion  de  quelqu'un  des  prêtres.  » 

Très-chier  frère,  nous  nous  recommandons  bien  à  vous.  Nous 
sûmes  tousjours  actendans  havoir  de  vous  nouvelles,  et,  ce  pen- 
dant, nous  est  advenu  l'esclandre  que  maistre  Viret  est  dieu  en 

5  On  lit  dans  la  lettre  de  MM.  de  Berne  aux  Évangéliques  de  Payerne 
datée  du  16  mars  :  «  Avons  prins  à  grand  regraict  que,  puis  que  vous 
dictes  que  voulés  obtempérer  à  nostre  bon  conseil  et  advis,  que  à  cella 
n'avés  donné  lieuz,  assavoir...  que  pour  bon  de  paix  et  avancement  de 
la  Parolle  de  Dieuz,  pareilliement  pour  libération  des  vostres  que  sont  dé- 
tenus prisonniers  à  Frybourg  et  à  Montaignie,  vous  deussiés  dépourter  du 
temple  et  retiré  en  l'hospital,  jusque  a  tant  que  feussiés  seurs  que  la  plus 
part  feust  de  vostrecousté  »  (Minute  orig.  Arch.  de  Berne).  Le  23  mars, 
Berne  les  avertit  encore  que  la  diète  suisse  s'occupait  d'eux,  et  elle  les 
exhorta  à  se  conduire  toujours  de  telle  sorte,  que  le  bon  droit  fût  de  leur 
côté. 

1  La  minute  porte  pour  adresse  :  «  Ad  egregium  A.  Porralis.  »  Ami 
Porral,  citoyen  genevois,  avait  séjourné  quelques  années  en  France,  et 
tenu  une  école  dans  la  ville  de  La  Charité,  près  de  Nevers  (Voy.  Viret. 
Dialogues  du  désordre  qui  est  au  monde.  Genève,  1545,  p.  896).  En  1518 
il  était  de  retour  à  Genève,  où  il  devint  notaire,  puis  secrétaire  du  Conseil 
à  diverses  reprises,  et  syndic  en  1532.  Il  paraît  avoir  embrassé  la  Réforme 
vers  1530  (Voyez  dans  l'Appendice  la  lettre  courroucée  que  l'évêque  de 
Genève  lui  adressa  le  26  octobre  (1531?),  et  le  N°  395,  renv.  de  n.  14). 


280        LE  CONSEIL  DE  GENÈVE  A  AMI  PORRAL,  A  BERNE.       1  535 

■maladie 2.  Et,  comment  Dieu  ha  volsu,  nous  est  cheu  en  main  une 
femme  à  laquelle  ha  esté  trouvé  de  [la]  poison  et  avecque  laquelle 
havons  enquéru;  et,  l'enqueste  faicte,  nous  ha  dict  havoir  donné 
de  la  dicte  poison  au  dict  Viret  sambedi  passé 3,  en  une  soppe  d'es- 
pinoches,  à  la  persuasion  de  quelcung  de  la  part  des  prebstres  *, 
et  estoit  délibérée  en  donner  à  ung  cousturier  de  Lyon  nommé 
Antoënne'0;  et  sil  ha  dict  que  alors  Ton  havoit  faict  de  [la]  soppe 
pour  le  dict  Viret  à  part,  à  cause  de  son  estomach,  et  sil  la  soppe 
de  maistre  Guillaume  Farel  ne  fust  [esté]  clère,  il  en  heubt  heub 
sa  par[t],  combien  qu'il  n'y  en  heubt  guère.  Laquelle  chose  vous 

2-3  Après  avoir  logé  pendant  quelques  mois  avec  les  ambassadeurs  de 
Berne  à  l'hôtellerie  de  la  Tête  Noire,  Farel,  Viret,  et  plus  tard  Fro- 
ment, avaient  accepté  l'hospitalité  chez  Claude  Bernard  (N°  480,  n.  1). 
Une  servante  nommée  Antoina  Vax,  native  de  Bourg  en  Bresse,  et  qui 
se  disait  réfugiée  à  Genève  pour  ses  croyances  religieuses,  prit  du  service 
dans  cette  maison.  Ce  fut  le  samedi  6  mars  qu'elle  essaya  d'empoisonner 
les  trois  prêcheurs.  «  Dès  lors,  selon  Michel  Roset  (Chronique  inscrite, 
liv.  III,  chap.  31),  diminua  fort  la  réputation  des  prestres  dans  Genève, 
où  aussi  se  retiroyent  beaucoup  de  fidèles,  fuyant  les  feux  de  France.  » 
(Voyez  pour  les  détails  la  confession  de  l'empoisonneuse,  reproduite  par 
le  Chroniqueur  de  L.  Vulliemiu,  p.  63,  et  par  J.  Gaberel,  op.  cit.  I, 
pièces  justif.  p.  80,  d'après  la  copie  du  document  original  envoyée  à  Berne 
le  23  mars  1535.  Archives  bernoises.)  Jeanne  de  Jussie  raconte  cette  af- 
faire très-brièvement.  «  Par  fortune  (dit-elle,  op.  cit.  p.  112)  un  prédicant 
nommé  Pierre  Viret  tomba  malade,  et  un  homme  et  une  femme  furent  ac- 
cusés de  l'avoir  empoisonné,  »  etc.  Plus  loin,  p.  115,  quand  elle  parle  de 
l'arrestation  du  chanoine  Gonin  d'Orsières  (Voy.  n.  G),  elle  n'en  fait  pas 
connaître  la  cause. 

4  Voyez  la  note  6. 

5  Le  secrétaire  du  Conseil  reproduit  purement  et  simplement  la  con- 
fession de  l'accusée,  car  il  ne  pouvait  pas  ignorer  qu'elle  parlait  d'Antoine 
Froment.  Ce  prédicateur  était  depuis  peu  de  temps  de  retour  à  Genève.  Il 
y  avait  été  rejoint  par  sa  famille,  qui  l'avait  peut-être  accompagné  en  1534 
chez  les  Vaudois  (N°  482,  n.  7),  ou  qui  avait  passé  l'hiver  à  Tries  (près  de 
Grenoble),  lieu  natal  de  Froment.  Cette  conjecture  semble  autorisée  par 
le  récit  suivant,  dont  il  est  l'auteur  :  «  Icelle  femme,  non  contente  d'avoir 
empoysonné  sa  maytresse...  s'est  eiïourcée  d'empoysonner  les  troys  pres- 
cheurs  Farel,  Viret  et  Fromment...  Mais  tu  diras  comment  peut-il  estre 
faict  cela,  que  ung  seul  receut  la  poyson...?  C'est  que  Farel  ne  voullut 
point  manger  allors  de  poutaige;  et  Fromment,  en  voullant  manger  sa 
souppe,  on  luy  appourta  nouvelles  que  sa  femme  et  ses  enfans  estoynt  ar- 
rivés dans  Genève  à  celle  heure;  lequel  layssa  le  tout  et  s'en  va  pour  les 
retirer.  Mais  ce  pendant  le  povre  Viret  mangeoit  la  menestre,  et  la  misé- 
rable le  voyant  manger  plouroit  amèrement...  »  (Actes  et  Gestes,  p.  102). 


1535  L'ÉVÊQUE  DE  LAUSANNE  A  M.  DE  DISIMYNS.  281 

havons  volentier  escript,  affin  que  sil  soy  parloit  de  cela,  en  sceus- 
siés  respondre. .  .6.  Prians  Nostre  Seigneur  qu'il  vous  donne  bonne 
vie.  Datum  13  Marlii  1535. 


505 

l'évêque  de  Lausanne  à  M.  de  Disinmis  ' . 
De  Fribourg,  25  mars  1535. 

Inédite.  Copie.  Manuscrits  de  Ruchat.  Bibl.  de  Lausanne. 

Sommaire.  L'évêque  de  Lausanne  conseille  à  son  neveu  de  se  faire  adjuger  une  partie 
des  biens  confisqués  aux  Luthériens  [de  France}.  Il  l'informe  des  bonnes  dispositions 
de  MM.  de  Fribourg. 

Mon  nepveus je  vous  mercye  de  toutes  vos  nouvelles,  et  puis 

[que]  ainsi  est  [que]  Ton  fait  si  grande  exéquution  des  Luthériens, 

6  Le  Conseil  écrivait  encore  à  Porral  le  14  avril  :  «  Très-chier  frère, 
nous  havions  oblié  vos  escripre  de  la  femme  vênifficque  que  détenons.  Nous 
l'havons  par  plusieurs  foys  répétie,  et  n'havons  aultre  d'elle,  sinon  qu'elle 
continue  que  c'est  celluy  Hiérosme,  serviteur  en  la  maison  de  Mons*  de  Mau- 
riane*,  duquel  vous  havons  escript,  et  que  le  chanoënne  Gonet  [1.  Kugonin 
tl'Orsières]  luy  debvoit  estre  en  ayde,  s'il  lui  venoit  de  l'affaire,  et  aussi 
que  elle  en  ha  parlé  au  dit  chanoënne,  lequel  luy  ha  dict  :  «  Faictz  ardi- 
nient,  ne  te  soucie  !  »  Et  quand  elle  disoit  :  «  Sil  j'estoye  prise?  »  il  luy  res- 
pondoit  :  «  N'aye  peur,  faict  hardiment  !  »  Elle  nous  ha  bien  nommé  la 
femme  d'icelluy  quil  ha  les  beaux  chevaulx,  vous  sçavés,  d'où  sortissent 
les  krémoises  contre  nos  murailles.  Nous  sommes  quasi  après  à  faire 
justice,  pour  ce  que  ne  pouvons  havoir  aultre.  »  (Minute  orig.  Missives. 
Arch.  de  Genève.)  Antoina  Vax  fut  condamnée  à  mort  le  13  avril,  et 
exécutée  le  14  juillet  suivant  (Reg.  du  Conseil). 

1  Nous  ne  savons  s'il  faut  identifier  ce  personnage  avec  Antoine  de 
Dysimieu,  qui,  passant  par  Genève,  en  juin  1534,  y  recueillit  des  rensei- 
gnements contre  Baudichon  de  la  Maisonneuve  (Voyez  le  Procès  cité,  p. 
193-202.  —  Gaberel,  op.  cit.  I,  pièces justif.  p.  52.  —Froment.  Actes  et 
Gestes,  p.  242-44).  Le  susdit  gentilhomme  était  parent  de  certains  cha- 
noines de  St. -Jean  de  Lyon. 

*  Louis  de  Gorrevod,  évèque  de  Saint-Jean-de-Maurienne,  créé  cardinal  en   1530 
(Voy.  le  Dictionnaire  bist.  de  Moréry). 


282  LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  PAYERNE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.         1  535 

et  que  le  Roy  donne  les  confiscations3,  pansez  veoyr  si,  au  moien 
de  Monsieur  de  Sainct-Paul 3,  en  pourriez  avoir  aulcune.  Je  vous 
mercye  aussi  les  bons  ouffres  que  faictes  à  mon  nepveu  le  cha- 
noyne. 

Je  suis  venu  icy  à  Fribourg  fère  l'ouffice,  et  vous  promets  que 
Messieurs  m'ont  receu  de  bon  cueur  et  faict  de  grand  chière,  et 
m'ont  faict  de  bons  ouffres,  que  si  j'avoye  faulte  de  deux  mille 
hommes,  j'en  finiroye,  et  de  la  bann[i]ère  aussi 4.  Monsieur  de  Di- 
symins,  mon  nepveu,  je  [ne]  sçauroy  quoy  aultre  chouse  vous  es- 
cripre,  sinon  que  je  vous  prie  au  plus  toust  que  vous  sera  possible, 
pour  fère  playsir  à  vos  amys,  vous  en  revenir  deçà  :  que  sera  pour 
la  fin,  après  m'estre  recommandé  à  vous  de  bon  cueur,  priant  à 
Noslre  Seigneur  qui  vous  doint  l'entier  de  vos  désirs.  A  Fribourg, 
ce  25  de  Mars  1535. 

Vostre  oncle,  l'Évesque  de  Lauzanne. 

(Suscription  :)  A  Mons1  de  Dysimyns,  mon  nepveus,  en  court 
du  Rov. 


504 


les  évangéliques  de  payerne  au  Conseil  de  Berne. 
De  Payerne,  28  mars  1535. 

Inédite.  Manuscrit  original.  Arcbivès  de  Berne. 

Sommaire.  Informations  données  par  les  Évangéliques  de  Payerne  sur  les  mouvements 
de  Fribourg  et  sur  les  progrès  de  leur  église. 

Magniticques  Seigneurs,  secretleinent  avons  estes  adverty 

que  quantité  de  pouldre  de  artillerie  bien  bref  doibt  estre  envoyée 

2  Voyez  sur  les  confiscations  ordonnées  par  Erançois  I  les  Nos  492, 
n.  12-13;  498,  n.  6. 

3  François  de  Bourbon,  comte  de  Saint-Paul  (Voy.  Génin,  op.  cit.  I, 
285,  297). 

4  Ces  offres  de   secours    faites  à  l'évêque  Sébastien  de  Montfaucon 


1535         LES  É\  ANGÉLIQUES  DE  PAYERNE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.  283 

en  Valoys,  conduicte  par  aucuns  de Fribourg.Vav  quoy,  très-hono- 
rés  Seigneurs,  vous  aurés  advis  et  regard  sur  ce  cas. 

Excellentz  Seigneurs,  ce  jour  de  Pasques  et  les  jours  précédente, 
Dieu  a  donné  telle  constance  à  noz  frères  qui  ont  estez  prison- 
niers \  qu'ilz  persévèrent  en  la  Parolle  de  Dieu  plus  que  jamais. 
Et,  avecques  ce,  plusieurs  que  jamais  n'avoient  oy  sont  venuz.  pre- 
nant la  Cène  avec  nous,  en  sorte  que  beaucoup  n'avoient  lieu  ne 
place  au  lieu  où  nous  assemblons 2.  Et  pour  ce  les  frères  désirent 
grandement  retourner  en  nostre  temple,  s'il  n'y  a  fin  dedans  quinze 
jours  3,  ainsi  que  nous  avons  accordé  pour  la  délivrance  de  noz 
frères  prisonniers.  Qui  sera  la  fin,  Messieurs,  après  avoir  prié  Dieu 
vous  tenir  en  sa  garde  et  protection.  De  Payerne,  ce  28  Mars 
1533  *. 

Par  les  Frères  de  Payerne,  vos  humbles  serviteurs  et  amys, 
qui  désirent  oyr  et  vivre  selon  la  pure  Parolle  de  Dieu. 


donnent  lieu  de  penser  qu'il  n'avait  pas  abandonné  ses  projets  sur  la  ville 
de  Lausanne,  avec  laquelle  il  était  eu  différend  depuis  1533  (Voyez  le 
N°  408,  n.  (3-7,  et  le  N°  412,  fin  de  la  n.  3).  Au  mois  de  juillet  1534, 
l'un  de  ses  neveux  avait  enrôlé  des  gens  en  Savoie  et  dans  la  Gruyère, 
sous  le  prétexte  que  «  ceux  de  Lausanne  étaient  tous  Luthériens,  et  que 
l'Évêque  n'osait  pas  sortir  de  son  château.  »  Mais  les  Lausannois  et  les 
Bernois  se  tinrent  sur  leurs  gardes  (Voy.  Ruchat,  III,  296). 
l-2  Voyez  le  N°  501,  renvoi  de  note  3,  et  note  4. 

3  C'est-à-dire,  si  notre  différend  avec  Fribourg  n'est  pas  terminé  par 
la  voie  du  droit.  L'ensemble  de  la  phrase  s'explique  par  le  fragment  sui- 
vant de  la  lettre  des  Réformés  de  Payerne  du  24  mars,  lettre  que  nous 
avons  supprimée  :  «  Faictes,  Messieurs,  que  ce  qu'on  vous  a  promis,  en 
vostre  Conseil,  au  nom  de  nostre  ville,  ayt  lieu.  Nous  expérimentons  que  on 
abuse  de  vostre  doulceur.  Les  seigneurs  de  Fribourg  ont  tousjours  ce  qu'il 
demandent,  et  rien  on  ne  vous  octroyé.  Nous  attendrons  le  terme  qu'a- 
vons donné,  c'est  assavoir,  quinze  jours  après  Pasques,  et,  s'il  n'y  a  fin, 
nous  espérons  de  rechief  aller  en  nostre  temple.  »  (Mscrit  orig.  Arch.  de 
Berne.) 

4  Le  30  mars,  les  Bernois  engagèrent  le  Conseil  de  Payerne  à  accé- 
lérer la  marche  du  procès  relatif  à  «  la  garde  du  monastère,  »  les  Évan- 
géliques  s'étant  «  déportés  »  du  temple  paroissial,  «  par  condition  que  le 
dict  différent  deust  estre  vuidé  dans  trois  sepmaines  par  voye  d'amitié 
ou  par  droit.  »  Ils  écrivirent  le  même  jour  aux  Réformés  de  Payerne, 
pour  leur  recommander  la  patience  et  la  modération,  et  les  exhorter  à 
«  se  déporter  de  force  et  de  violence,  puis  que  (disaient-ils)  vous  voyés 
que  vostre  nombre  accroist.  »  (Min.  orig.  Ibid.) 


284  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  DUC  DE  SAVOIE.         1535 


505 

le  conseil  de  berne  au  duc  de  Savoie. 
De  Berne,  29  avril  1535. 

Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  MM.  de  Berne,  s'assoeiant  aux  prières  du  Conseil  de  Bâle,  demandent  au 
duc  de  Savoie  la  libération  de  trois  Evangéliques.  emprisonnés  dans  ses  États. 

Illustrissime,  etc.  Hz  nous  ont  nous  très-chiers  alliés  de  Basle  ail- 
verlis,  comme  leur  soit  venuz  à  notice  que  détenés  prisonniers  à 
Bourg  en  Bresse,  Jehan  et  Bertrand  Diguet,  marchons  demourant 
au  Pont  de  Vésie  en  Bresse  l,  et  maistre  Claude  Diguet,  leur  frère, 
en  la  ville  de  Chambêry,  à  cause  de  PEvangille.  Dont  vous  font  re- 
queste  par  lectres,  lesquelles  nous  ont  prié  vous  envoyer,  et  pareil- 
liement  vous  suppliez,  à  cause  des  dicts  trois  prisonniers  :  laquelle 
chose  aux  dicts  nous  très-chiers  alliés  de  Basle  ne  pouvons  dényé. 
Et,  pource  aussy  que  summes  entenuz  de  intercéder  pour  tieuls 
personaiges,  et  nous  tenons  asseurés  que  nostre  requeste  aura 
lieuz,  vous  très-affectueusement  prions  et  supplions  les  dicts  pri- 
sonniers, sy  n'ont  perpétré  aultre  chose,  pour  l'amour  de  nous 
mettre  en  liberté2.  Ce  faisant  nous  obligerez  à  récompense.  Autant 
priant  Dieuz  que  vous  ayt  en  sa  saincte  garde.  Datum  pénultime 
d'Avril,  anno  xxxv. 

L/Advoyer  et  Conseil  de  Berne. 


1  Plus  correctement ,  Pont-de-  Vegïe,  petite  ville  où  la  famille  Diguet 
était  établie. 

2  Nous  n'avons  pas  trouvé  d'autre  lettre  de  Berne  relative  à  la  cap- 
tivité des  frères  Diguet.  Cette  circonstance  permet  de  penser  que  les  dé- 
marches faites  en  leur  faveur  furent  couronnées  de  succès. 


153o  PIERRE  T0USSAIN  A  GUILLAUME  FAREL.  A  GENÈVE.  285 


pierre  toussain  ii  Guillaume  Farel,  à  Genève. 
DeBâle,  1er  mai  1535. 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

Sommaire.  Le  duc  de  Wurtemberg  m'avait  envoyé  à  Montbéliard  [pour  y  prêcher  la 
Réforme],  mais  je  dois  attendre  que  le  comté  lui  ait  été  rétrocédé  par  les  Fran- 
çais. A  ce  moment-là,  ne  soyez  pas  trop  prompt  à  m' adresser  des  prédicateurs,  car 
je  ne  saurais  conseiller  au  Prince  d'en  établir  partout.  Je  n'obéis  pas,  en  cela,  au 
désir  de  dominer,  mais  aux  leçons  de  l'expérience.  Je  n'ai  nullement  brigué  ou  espéré 
cette  charge  :  elle  m'a  été  imposée  par  le  Prince,  quand  il  a  su  que  je  me  trouvais  à 
Tubingue,  et  que  le  Montbéliard  allait  rentrer  en  sa  possession.  Plût  à  Dieu  qu'un 
homme  capable  et  vraiment  chrétien  eût  été  nommé  à  la  place  d'un  indigne  tel  que 
moi  !  Pensez  à  mes  angoisses  et  ne  m'oubliez  pas  dans  vos  prières. 

S.  Charissime  et  observande  frater,  miserat  me  Princeps  Wit- 
tembergensis  1-  Montempeligardum,  putans  Comitatum  jam  suis  esse 
redditum;  sed  Galli  adliuc  occupant2.  Spero  tamen  fore  ut  brevi 
reddatur3;  hic  expectabo  tantisper.  Si  intellexeris  me  illic  esse, 
olisecro  te  per  Christum,  ne  quenquam  facile  ad  me  mittas.  Nam 
Principi  aut  suis  author  non  ero,  nec  possum  bonà  conscientià,  ut 
statim  onmes  anguli  replèantur  concionatoribus  :  non  quôd  illic 

1   Ulric  de  Wurtemberg,  comte  de  Montbéliard. 

2-3  Le  23  mars  1534,  le  duc  Ulric  avait  vendu  à  François  I  le  comté 
de  Montbéliard  et  la  seigneurie  de  Blamont,  pour  le  prix  de  120,000  cou- 
ronnes, et,  le  même  jour,  il  avait  cédé  à  l'amiral  Philippe  de  Chabot,  trois 
autres  seigneuries  pour  la  somme  de  G2,000  écus  d'or  au  soleil.  Ces  ven- 
tes diverses  avaient  eu  lieu  sous  réserve  de  radiât.  La  rétrocession  des 
domaines  rachetés  par  Ulric  se  fit  le  26  avril  1535;  mais  les  bourgeois 
de  la  ville  de  Montbéliard  ne  furent  relevés  que  le  22  juin  suivant  du  ser- 
ment de  fidélité  qu'ils  avaient  prêté  au  roi  de  France  (Voy.  le  N°  469, 
n.  7,  et  Duvernoy.  Epliéméritles  du  comté  de  Montbéliard,  1832,  p.  100, 
144,  231). 


286         CHRISTOPHE  FABRI  A  G.  FAREL  ET  A  I>.  VIRET,  A  GEXÈVE.       1535 

solus  regnare  cupiam,  sed  quôd  videam  hanc  rem  professionem 
Christi  ac  Dei  gloriam  plurimùm  obscurare  4.  Novit  Dominus  Deus 
me  provintiam  hanc  nec  ambivisse  unquam,  nec  expectasse.  sed 
Principem  ipsum  obtrusisse,  cum  sciret  me  agere  Tubingœ  \  et  in- 
tellexisset  à  suis,  Comitatum  illum  redemptum  esse;  nam  ejus  rei 
gratià  clam  miserat  aliquos  in  Galliam,  nemine  hoc  tempore  quic- 
quam  taie  expectante. 

Utinam  mihi  sit  hodie  discenda  sutoria,  et  illic  sit  unus  aliquis. 
loco  mei,  ad  res  tantas  nihil  idonei,  verras  gloriam  Dei  sitiens,  ac 
tanto  Dei  timoré  prœditus,  ut  non  linguà  solùm,  sed  et  animo  quo- 
que  et  universâ  vità  Christum  exprimat!  Cseterùm,  mi  frater  cha- 
rissime,  ora  Dominum  diligenter  pro  me,  multùm  anxio  et  solli- 
cito,  ne  tam  peccata  mea  respiciat  quàm  suam  gloriam.  Et  saluta 
Viretum  et  fratres  meis  verbis.  Basileae,  Galen.[dis]  Maii  35. 

Tuus  Tossamjs. 

( lnscriptio  : )  Fideli  Verbi  Dei  ministro  D.  Guilielmo  Farello. 
fratri  suo  charissimo.  Gebenna*. 


507 


Christophe  fabri  à  G.  Farel  et  à  P.  Viret,  à  Genève. 
De  Bole,  6  mai  1535. 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

Sommaire.  Nous  rendons  grâce  à  Celui  qui  opère  au  milieu  de  vous  des  choses  si  admi- 
rables, que  nos  adversaires  même  sont  forcés  de  dire  :  Dieu  le  veut  !  Les  traits  lancés 
contre  vous  par  Satan  vous  ont  enseigné  la  patience  et  la  prudence  qui  vous  feront 

4  Comparez  ce  passage  avec  le  N°  404,  renvoi  de  n.  23. 

6  Toussain,  qui  était  encore  à  Bâle  le  1er  octobre  1533  (N°  429) ,  vi- 
sita dès  lors  les  principales  villes  réformées  de  l'Allemagne,  entre  au- 
tres, Nuremberg  et  Wittemberg  (Voy.  la  lettre  du  26  mai  1539  et  celle 
du  29  juillet  1543).  Il  se  trouvait  à  Tubingue  dans  les  premiers  mois  de 
l'année  1535  (Voyez  sa  lettre  à  Blaarer  du  13  mai  suivant). 


1535      CHRISTOPHE  FABRI  A  G.  FAREL  ET  A  P.  VIRET,  A  GENÈVE.         287 

subsister  jusqu'à  l'iieureuse  issue  de  votre  entreprise.  Bien  des  fois  déjà  le  Seigneur 
vous  a  arrachés  à  la  mort;  il  exaucera  nos  prières  en  vous  conservant  à  son  E 
qu'il  a  élue  dans  le  ciel  et  au  milieu  de  laquelle  il  se  révèle  par  de  significatifs  prodiges. 

Le  comte  de  Montbéliard  vient  de  rentrer  en  possession  de  son  territoire,  et  il  y  a 
établi  comme  prédicateur  Pierre  Toussain.  C'est  le  25  mai,  à  la  Neuvevïlle,  que  se 
tiendra  notre  synode  général.  Nous  voudrions  vous  y  voir  tous,  après  une  si  longue 
séparation  ;  mais  vous  êtes  retenus  à  Genève  par  de  sérieux  motifs,  comme  nous  l'a 
dit  Saunier,  qui  est  arrivé  sain  et  sauf  et  s'occupe  activement  de  l'affaire  qui  néces- 
sitait sa  présence.  La  traduction  des  noms  hébraïques  et  les  Tables  [de  la  Bible]  s'im- 
priment  dons  ce  moment. 

Nos  congrégations  ont  lieu,  de  deux  mardis  l'un,  dans  chaque  village  successive- 
ment. Saunier  et  Froment  pourront  vous  en  dire  le  succès  à  leur  retour  :  ils  se  trou- 
vaient mardi  dernier  -avec  nous  à  St. -Biaise,  chez  notre  ami  François  [du  Bivier]. 
Saunier  nous  a  fait  connaître  les  fruits  [de  sa  mission]  et  les  dangers  qu'il  a  courus. 
Louis  [c'est-à-dire  Olivétan]  et  ses  compagnons  se  recommandent  à  vos  prières  et  à 
vos  conseils. 


Salutem  a  Domino!  Quandoquidem  vobis  nonnisi  praecatione 
congratulationeque  adjuinenlo  esse  possumus,  agimus  grattas  Deo, 
qui  sic  per  suos  semper  triumphat,vaannm  suam  pr[otendit]  in  hoc, 
ut  signa  et  prodigia  quotidie  admiranda  fiant,  quorum  [ope?]  mul- 
tos  infirmos  confortât,  et  fortes  exhilarat,  extimulatque  ad  perse- 
verantiam,  [ac  etiam  ex]  infidelibus  plurimos  in  eam  admirationem 
perducit,  ut  fateri  cogantur  proposition  Dei  esse  '. 

Sed  intérim  Satan  ille  non  cessât  vos  expetere,  ac  s[ua  tela  vfj- 
brare.  Yerùm  ex  frequentibus  ipsius  jaculis,  à  vobis  per  Spiritum 
[Sanctum]  potentissimè  in  hostem  ipsum  et  angelos  ejus  retortis. 
didicistis  non  solùm  patientiam,  verùm  etiam  illam  serpentis  pru- 
dentiam  quà  possitis,  eadem  virtute  vobis  affatim  subministratâ. 
semper  stare  usquead  felicem  eorum  omnium  exitum.  Nammortis 
causam  è  medio  tollere  est  resuscitare,  et  ex  morte  eripere.  [Do- 
minus  suo  brach]io  ex  multis  mort  Unis  jam  vos  eripuit,  eripietque2, 

1  N'est-ce  pas  nue  allusion  aux  dispositions  favorables  que  la  majorité 
des  magistrats  genevois  venait  de  manifester  relativement  à  la  Réforme? 
Le  2  avril,  ils  avaient  décidé  que  Farci  et  Viret  recevraient  un  logement 
au  couvent  de  Rive,  et,  le  23  du  même  mois,  ils  avaient  agréé  la  re- 
quête du  gardien  des  Cordeliers,  Jacques  Bernard,  qui  demandait  la  per- 
mission de  soutenir  publiquement  des  Thèses  évangêliques.  Ce  fait  important 
est  consigné  dans  le  Registre  du  Conseil  du  23  avril  1535.  Yoy.le  X"  509, 
n.  9,  Froment,  op.  cit.  p.  cxxiv,  et  les  Fragm.  hist.  sur  Genève,  I,  201. 

2  Ce  passage  renferme  une  allusion  au  danger  de  mort  que  Farci,  Vi- 
ret et  Froment  avaient  couru  le  G  mars  précédent  (Voy.  X"  502). 


288         CHRISTOPHE  FABRI  A  G.  FAREL  ET  A  P.  VIRET,  A  GENÈVE.       1535 

pr 'opter  gregem  suum,  cui  ad  hue  plurimum  necessarii  estis,  idque 
coadjuvantibus  fratrum  vestrorum  assiduis  precationibus,  quô  ne 
vestri  usquam  oblitos  arbitremini.  Mirum  quàm  sancta  Deiecclesia 
ista  tam  féliciter  instituatur!  Née,  omnibus  arguments  Dei  electa 
in  c[œlo]  comprobalur,  in  qua  decrevit  regnare  etmagnifica,prop- 
ter  se  ipsum,  exerere,  sicut  prognostica  portendunt  signa,  adeô 
stupenda  ut  quibusvis  Evangelii  saevis  tyrannis  horrorem  incu- 
tiarit  ! 

Cornes  Me  Montis  Belial3,  redditâ  pecunià,  dominio  nunc,  bonis 
auspiciis,  potitur 4,  illbicque  prudentem  reliquit  praefectura  5,  qui 
secum  jam  habet  Toussanum,  quotidie  (ul  aiunt)  concionantem e, 
et  legatos  Gallicos  secum  pnecibus  et  conviviis  in  aliquot  menses 
retinuit,  rege  eorum  consentiente 7. 

Dies  proximœ  generalis  Synodi  nobis  ind ictus  est  25.  Maii.  Do- 
minus  vos  in  eum  diem  Agathopolim  nsque  impellet 8,  si  non  om- 
nes  9,  saltem  duos  aut  certè  unum,  si  ita  visum  fuerit  Ei  qui  vos  à 
nobis  tanto  temporis  spatio  segregavit,  paratus  ac  potens,  si  quando 
opus  fuerit,  nos  in  unum  ovile  reducere.  Verùm  tamen,  ut  nunc  res 
habet,  isthic  mugis  necessarii  estis,  idque  multis  rationibus  quas  ex 
Sonerio  nostro  rescivimus,  qui  hue  salvus  appulit 10,  eaque  pro  viri- 
ons curât  quorum  gratid  advenif11.  Interpretationes  hebraicarum 
dictionum,  cum  Tabulis,  nunc  excuduntur  12. 

3  Ulric,  duc  de  Wurtemberg  et  comte  de  Montbéliard. 

4  Voyez  le  N°  506,  notes  2-3. 

5  Le  comte  Georges  de  Wurtemberg,  frère  d'Ulric  (Voyez  J.-J.  Hot- 
tinger,  op.  cit.  III,  698.  —  Duvernoy,  op.  cit.  p.  66,  68,  306). 

6  Cette  nouvelle  était  prématurée. 

7  Voyez  le  X°  506,  notes  2-3. 

s  Farel  et  Viret  ne  purent  assister  au  sgnode  de  la  Neuveville  (Voyez 
N°  509,  renv.  de  n.  7-8). 

9  De  ces  paroles  il  ne  faudrait  pas  inférer  que  Farel  et  Viret  eussent 
un  nouveau  collègue.  La  lettre  de  Farel  du  22  mai  nous  apprend,  au  con- 
traire, qu'ils  étaient  encore  les  deux  seuls  prédicateurs  de  l'église  de  Ge- 
nève. 

10  Antoine  Saunier  devait  être  arrivé  récemment  du  Piémont  ou  de  la 
Provence  (Voy.  la  lettre  des  Évangéliques  de  Payerne  du  28  septembre 
1535).  Tout  annonce  qu'il  n'avait  pas  reparu  en  Suisse  depuis  le  mois 
d'août  1533  (Voy.  N°  426,  renv.  de  n.  5). 

11  En  rapprochant  cette  phrase  de  la  suivante  et  de  la  lettre  de  Sau- 
nier du  22  septembre  1533  (N°  426,  renvoi  de  note  8-9),  on  comprend 
aisément  que  Saunier  était  revenu  en  Suisse  à  cause  de  la  Bible  française 
d'OUvétan,  dont  l'impression  touchait  à  son  terme.  On  lit,  en  effet,  h  la 


1533  CHRISTOPHE  F  ABRI  A  G.  FAREL  ET  A  P.  VIRET,  A  GENÈVE.      289 

Superest  nonnulla  de  ordine  nostro  ad  vos,  ut  participes  sitis 
consolationis  et  afflictionis  omnium,  scribere.  Congregationes  bino 
quoque  Marlis  die  per  singulos  habemus  pagos 13,  quo  ordine,  quan- 
toque  fructu,  Sonerius  et  Frumentus1*,  si  Dominus  voluerit,  ad  vos 
reversi,  vobis  narrabunt.  Illi  enim  apud  Sanctum-Blasium,  supe- 
riori  die  Martis  15,  nobiscum  venerunt,  et  consolationem  recepe- 
runt,  tum  ex  ea  congregatione,  tum  ex  Francise/  nostriu  fausto 
[exajmine,  benedictione  et  multiplicatione,  siquidem  uxor  illius,  se- 
quente  nocte,  elegantem  puerum  satis  expeditè  peperit.  Sonerius 
nobis  f inclus  et  pericula  enarravit11,  atque  statum  eorum  quœ  is- 
thic  aguntur.  Ille  ad  vos  scripsisset,  nisi  bas  vobis  suffîcere  putas- 
set,  Salutant  vos  Franchisais] ,  Fatonus 1S,  Jacobus  "  et  reliqui 
fratres.  Gralia  Domini  vobiscum  !  Bola3, 6  Maii  1535. 

Tester  in  Cbristo  fraler  Christophorus  Libertinus. 


dernière  page  de  cette  version  :  «  Acheue  dimprimer  en  la  Ville  et  Conte 
de  Xeufehastel,  par  Pierre  de  wingle,  dict  Pirot  picard.  Lan.  M.  D.  xxxv. 
le.  iiije  iour  de  Jning.  » 

12  On  trouve  à  la  fin  de  la  Bible  d'Olivétan  deux  Tables  formant  27 
feuillets  grand  in-folio.  La  première  est  intitulée  :  «  Table  de  tous  les 
motz  Ebrieux,  Chaldees,  Gréez  et  Latins,  tant  dhommes,  que  de  femmes, 
de  peuples...  lesquelz  sont  contenus  au  vieil  et  nouueau  testament...  » 
Les  noms  de  H.  Bosa  et  d' Eutyclms  Deper .[ius],  qui  l'ont  composée,  sont 
indiqués  au-dessous  de  ce  titre.  La  seconde  Table,  dont  Matthieu  Grame- 
lin  avait  été  l'auteur,  a  pour  titre  :  «  Indice  des  principales  matières  con- 
tenues en  la  Bible...  » 

13  Les  congrégations,  instituées  par  Farel  à  une  époque  où  les  pasteurs 
étaient  en  petit  nombre,  se  tinrent  d'abord  le  jeudi,  dans  l'une  ou  l'autre 
de  ces  trois  villes  :  Xeucbâtel,  Grandson  et  Morat.  Boyve,  dans  ses  An- 
nales historiques  du  comté  de  Xeucbâtel  et  Yalangin  (1854-1855,  t.  H, 
p.  352).  applique  à  tort  au  mois  de  mars  ce  qui  est  dit  ici  du  mardi 
(Martis  dies). 

14  Froment  était  revenu  à  Genève  avant  Saunier  (Voy.  X°  502,  n.  5). 

15  C'est-à-dire,  le  mardi  4  mai. 

16  II  s'agit  de  François  du  Bivier,  qui  était  pasteur  dans  les  environs 
de  Xeucbâtel  (Voy.  X°  393,  renv.  de  n.  25-26,  X°  482),  et  que  des  docu- 
ments d'une  date  postérieure  signalent  comme  ayant  desservi  la  paroisse 
de  St.-Blaise  depuis  que  la  Réforme  y  fut  établie. 

17  II  est  question  ici  des  fruits  de  la  mission  évangélique  accomplie  par 
Saunier  dans  le  Piémont,  où  nous  le  retrouverons  bientôt,  et  dans  la  Pro- 
vence. 

18  Jean  Fatlion,  pasteur  à  Colombier,  près  de  Bole  (X°  399,  n.  11). 

19  C'était  sans  doute  Jacques  le  Coq  (Voy.  sa  lettre  écrite  de  Corcelles, 
X°  399). 

t.  m.  19 


290  CHRISTOPHE  FABRI  A  G.  FAREL  ET  A  P.  VIRET,  A  GENEVE.       1535 

(P.-S.)  Lodovicus20  etiam  cum  sociis  suis21  vos  accuratè  salutat, 
seque  precibus  et  consiliis  restris  commendat. 

(Inscriptio  :)  Chariss.  fratribus  Gulielmo  Farello  et  Petro  Vireto, 
Evangelii  ministris  Gebennis. 

20  C'était  Pierre-Bobert  Olivétan,  que  Fabri,  son  ami  intime,  appelle 
parfois  Ludovicus,  et  dont  la  présence  à  Neuchâteï  au  printemps  de  l'an- 
née 1535  est  constatée  par  la  lettre  de  Calvin  du  11  septembre  suivant. 
L'histoire  d'Olivétan  depuis  son  départ  pour  les  Vallées  du  Piémont  (oc- 
tobre 1532,  N°  393)  jusqu'à  son  retour  en  Suisse  (mars  ou  avril  1535) 
reste  couverte  d'une  obscurité  presque  impénétrable.  Au  mois  d'avril  1533 
il  remplissait  encore,  chez  les  Vaudois,  les  périlleuses  fonctions  d'évangé- 
liste  ou  de  maître  d'école  (Voy.  le  N°  415,  renv.  de  n.  20,  21,  22,  à  com- 
parer avec  le  t.  II,  p.  452).  Ce  fut  sans  doute  quelques  mois  plus  tard 
qu'il  se  chargea  de  traduire  toute  la  Bible  (N°  393,  n.  23,  à  comparer 
avec  le  N°  415,  fin  de  la  n.  22).  Si  nous  comprenons  bien  ce  qu'il  dit  de  ce 
travail,  il  l'aurait  exécuté  en  une  seule  année,  et  pendant  sou  séjour  chez 
les  Vaudois  du  Piémont.  En  effet,  la  dédicace  de  sa  Bible,  adressée  à 
l'Église  de  Jésus-Christ,  est  datée  :  «  Des  Alpes,  ce  xije  de  Febvrier  1535,  » 
et  dans  son  Épître  à  Hilerme  Cusemeth,  Céphas  Chlorotes  et  Antoine 
Almeutes  [c'est-à-dire,  Farél,  Viret  et  Saunier], il  s'exprime  ainsi  :  «Ayant 
jà  longuement  traîné  ce  joug  tout  seul,  ay  esté  contreinct,  entre  ces  mon- 
taignes  et  solitudes,  user  tant  seullement  de  maistres  muetz,  c'est  à  dire 
livres,  veu  que  ceulx  de  vive  voix  par  vostre  moyen  me  défailloient.  » 

21  Fabri  veut  designer  sans  doute  Bosa,  Deperius  et  Gramelinus  (Voy. 
la  note  12).  Les  noms  de  ces  deux  premiers  personnages  ne  figurent  ja- 
mais dans  la  correspondance  des  Réformateurs.  Deperius  se  nomme  lui- 
même  Joannes  Eutychus  Deperius  amanuensis  interpres,  dans  une  pièce  de 
24  vers  latins  placée  à  la  suite  des  préfaces  de  la  Bible.  Il  semble  diffi- 
cile au  premier  abord  d'identifier  ce  personnage  avec  le  poëte  français 
Jean-Bonaveniure  Despériers,  auteur  de  l'ouvrage  intitulé  Cymbalum 
Mundi,  dans  lequel  percent  les  sentiments  les  plus  irréligieux.  Mais  Cal- 
vin nous  apprend  que  «  Deperius,  après  avoir  gousté  l'Évangile,  a  esté 
frappé  d'aveuglement  »  (Traité  des  Scandales,  dans  les  Opuscules,  édit. 
de  1566,  p.  1182).  Or,  un  passage  des  Commentaires  d' Etienne  Dolet  sur 
la  langue  latine  nous  fait  connaître  les  prénoms  de  Deperius,  qui  sont 
les  mêmes  que  ceux  du  collaborateur  d'Olivétan.  Ce  passage  est  résumé 
comme  il  suit  dans  Maittaire  (op.  cit.  III,  57)  :  «  Poëtis illius  setatîs  adnu- 
merat  [Doletus]  Joanncm  Eutychum  Deperium,  Heduum,  cujus  operâ 
fideli  et  accuratâ  in  primo  Commentariorum  suorum  tomo  usus  est.  »  Le 
premier  volume  de  ces  Commentaires  parut  vers  la  fin  de  mai  1536,  chez 
l'imprimeur  lyonnais  Sébastien  Gryphe.  Rien  par  conséquent  n'empêche 
d'admettre  que  Despériers,  après  avoir  terminé  son  travail  à  Neucluîtcl 
(Voy.  n.  11),  ait  collaboré  avec  Dolet,  à  Paris  ou  à  Lyon,  pendant  la  se- 
conde moitié  de  l'année  1535  et  les  premiers  mois  de  la  suivante. 

Malingre,  le  troisième  auxiliaire  d'Olivétan,  cachait  son  vrai  nom  sous 
l'anagramme  de  Gramelin  (Voyez  les  Additions). 


1535  PIERRE  TOUSSAIN  A  AMBROISE  BLAARER.  A  TUBIXGUE.  291 


pierre  toussain  à  Ambroise  Blaarer,  à  Tubingue1. 
De  Bâle,  13  mai  1535. 


'» 


Inédile.  Autographe.  Bibliothèque  de  la  Ville  de  St.-Gall. 

Sommaire.  Depuis  mon  départ  de  Tubingue,  j'ai  souvent  réfléchi  aux  engagements  re- 
doutables que  j'ai  contractés  et  à  mon  indignité  devant  Dieu  ;  mais  puisqu'il  daigne 
se  servir  de  moi,  malgré  mes  péchés,  et  que  c'est  sa  main  qui  m'a  forcé  d'entrer  dans 
la  carrière,  je  mets  tout  mon  espoir  en  sa  miséricorde.  Sile  désir  du  Prince  est  que  l'E- 
vangile soit  prêché  en  divers  lieux  du  comté  de  Montbêliard,  je  souhaite  qu'on  y  pro- 
cède avec  circonspection,  en  n'appelant  d'abord  qu'un  petit  nombre  de  prédicateurs. 
Plusieurs  sont  accourus  avec  des  lettres  de  recommandation,  et  il  en  viendra  bien 
d'autres  encore,  qui  ne  songent  guères  à  la  gloire  de  Dieu.  Veuillez  prendre  vos  me- 
sures en  conséquence.  Quand  je  serai  à  mon  poste,  je  choisirai  deux  ou  trois  hommes 
vraiment  pieux  et  qui  auront  fait  leurs  preuves  dans  le  ministère  de  la  Parole. 

Gratia  tibi  et  pax  a  Deo  pâtre  et  Domino  nostro  Jesu  Ghristol 
Ego,  à  meo  istinc  discessu 2,  cogitavi  sœpe  quam  arduam  provin- 
tiam  susceperim,  homo  miserabilis  et  omni  vitiorum  génère  conta- 
minalus.  Caeterùm,  quoniam  benignus  est  Dominus,  nec  tam  res- 
picit  peccata  nostra,  quàm  suam  gloriam,  quoties  nobis  miseris 
uli  dignatur  ad  eam  propagandam,  adeô  non  despondeo  ani- 
mum,  ut  in  mediis  etiam  solicitudinum  fluctibus  optimè  sperem, 
ac  optima  quaeque  raihi  proraittam  de  bonitate  et  misericordia  pa- 
tris  nostri  cœlestis,  quando  me  nolenlem  aut  certè,  ut  scis,  nihil 
taie  cogitantem  semel  pertraxit  ad  banc  arenam.  Tametsi  Comi- 
tatus  nondum  est  reddilus,  et  Georgius  Me  prœfectus,  homo  pius 
ac  lui  studiosus,  mox  lectis  tuis  et  Principis  literis 3,  rogavit,  ut  hue 

1  Voyez  sur  Ambroise  Blaarer  le  N°  445,  n.  1.  Pendant  l'automne  de 
l'année  1534,  le  duc  Ulric  de  Wurtemberg  l'avait  appelé  dans  ses  États, 
ainsi  que  Simon  Grynœus,  pour  y  établir  la  Réformation. 

2  Voyez  le  1ST0  506,  note  5. 

3  C'était  à  Montbëliard.  où  Toussain  s'était  rendu  tout  d'abord,  qu'il 
avait  remis  ces  lettres  au  comte  Georges  (N°  506,  renv.  de  n.  1,  N°  507, 
renv.  de  note  5). 


292  PIERRE  TOUSSAIN  A  AMBROISE  BLAARER,  A  TUBINGUE.  \  535 

concederem,  donec  imperio  potiatur;  quare  hîc  hsereo,  illius  lite- 
ras  aut  nuntium  expeclans. 

Provintia  ipsa  sita  est  in  finibus  Lotharingiœ  et  Burgundiœ,  et, 
prseter  pagos  multos,  oppida  habet  tria  aut  quatuor;  nec  dubito 
quin  ejus  sit  Princeps  animi,  et  tu  quoque,  ut  illic  passim  prœdice- 
tur  Evangelium 4.  Id  si  fiât  circumspectè,  et  ea  res  committatur 
paucis,  timoré  Dei  prœditis,  magna  mihi  spes  est,  ut  ipsa  etiam 
vicinia  brevi  Ghristonomen  det;  sin  praecipitanter,  acper  homines 
novarum  rerum  ac  dissidiorum  studiosiores,  quàm  verse  pietatis 
plantandœ,  tractetur  hoc  negotium,  scio  nos  nec  Comitatui,  nec 
vicinis,  nec  gloriae  Dei  consulturos.  Quod  ad  te  scribo,  ut  qui  nos- 
[rorum  hominum  ingénia  norim,  et  magnam  videam  illic  confu- 
sionem  fuluram,  si  cuivis  ad  id  muneris  paleat  aditus,  et  omnes 
statim  anguli  repleantur  concionatoribus.  Nam  jam  hue  advolarunt 
nonnulli,  qui  literis  ac  commendatione  quorundam  aspirant  ad  hœc 
mimia,  ex  quibus  unum  tantùm  novi,  cui  certè  non  possem  bonâ 
conscientià  credere  oves  Christi.  El  accurrent,  scio,  infuiiti,  prius- 
quam  vocentur,  nec  gloriam  Dei  quœrentes  5,  ubi  semel  sparsum  f tie- 
nt, Comitatum  esse  redditum.  Quare  obsecro  te,  per  Dominum  Je- 
sum,  ut  tuis  ac  Principis  ad  Prœfectum  literis  occurras  his  malis, 
priusquam  serô  medicina  parelur.  Ubi  Mue  venero,  vocabo  viros 
duos  aut  très  verê  pios,  mihique  familiariter  notos,  et  qui  jam  antea 
sœpe  in  cruce  ac  Yerbi  ministerio  spécimen  dederunl  suce  pietatis  : 
nec  dubito  quin  Dominus  aspiraturus  sit  conalibus  nostris  e.  Vaie 
in  Chrislo  Jesu,  qui  te  Ecclesia1  suœ  servet  incolumem.  Basileae, 
13  3Iaii  lo3o. 

Si  tibi  mea  salus  chara  est,  ut  charam  esse  scio,  ora  pro  me  Do- 
minum diligenter. 

Taus  P.  Tossanus. 

(Inscriptio  :)  D.  Ambrosio  Blaurero.  suo  in  Christo  colendiss. 
Domino.  Tubingae. 


'ol 


4  L'Évangile  avait  déjà  été  prêché  dans  le  comté  de  Âloutbéliard  en 
1524,  par  Jean  Gayling,  Fard  et  Boniface  Wolfhard.  L'histoire  de  l'église 
réformée  de  ce  pays  pendant  les  années  suivantes  est  fort  peu  connue.  On 
sait  seulement  que  la  ville  de  Montbéliard,  h  la  suite  d'un  mandement  de 
l'archevêque  de  Besançon,  fut.  dès  les  premiers  mois  de  1527  jusqu'au  6 
mai  1529,  mise  «  en  interdit  à  cause  de  la  hetherrie  »  (Duvernoy,  op.  cit. 
p.  163). 

5  Comparez  ce  passage  avec  la  fin  du  X°  403,  p.  11,  lignes  3-5. 

6  Voyez  la  lettre  de  Toussain  du  28  juillet  suivant. 


1535  GUILLAUME  FAREL  A  CHRISTOPHE  FABRI.  A  BOLE.  293 


509 

Guillaume  farel  à  Christophe  Fabri,  à  Bole. 
De  Genève,  22  mai  1535. 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchàtel. 


Sommaire.  Beaucoup  de  personnes  réclamant  la  publication  de  la  Dis-pute  de  Furbiti, 
je  vous  charge  de  la  faire  imprimer  à  Neuchàtel.  On  pourrait,  non  sans  raison,  an- 
noncer sur  le  titre  que  c'est  un  récit  adressé  «  à  un  ami  de  Vienne.  »  L'imprimeur  de- 
vra, dans  la  Préface,  faire  ressortir  le  soin  qu'a  mis  l'auteur  à  s'abstenir  de  nommer 
«  les  prédicants ,  »  tandis  qu'il  parle  si  honorablement  de  Furbiti,  ce  qui  fera  conclure 
à  chacun  qu'il  est  du  parti  de  ce  dernier.  Arrangez  pour  le  mieux,  entre  vous,  cette 
préface. 

Je  voudrais  bien  pouvoir  assister  avec  Viret  à  votre  Synode;  mais  sa  santé  ne 
lui  permet  pas  de  faire  ce  voyage,  et  je  n'oserais  le  laisser  seul  ici.  En  outre,  le 
jour  de  la  Dispute  de  Genève  est  fixé,  les  Thèses  sont  affichées  ;  si  nous  étions  ab- 
sents, les  adversaires  s'écrieraient  que  nous  avons  refusé  le  combat.  Veuillez  vous  en- 
tretenir avec  Froment,  Marcourt  et  Saunier  au  sujet  du  livre  à  publier  ;  il  serait  bon 
qu'il  fût  imprimé  et  envoyé  ici  vers  la  fin  du  mois. 

S.[alutem],  gratiam  et  pacem  a  Ueo  per  Dominum  Jesum!  Multi 
flagitant  disputationem  quœ  cum  Cuculione,  qui  hic  detinetur,  ha- 
bita fuit1.  Non  habemus  qui  imprimât  nobis  prelo  intentas*;  quare 
ristim  fuit  Neocomitm  miltere,  cumque  tu  sis  ille  qui  es,  fiet  ut  non 
malè  inscribatur  :  «  missa  Viennensi 3.  »  Curabis  igitur  rectè  cudi. 

1  II  s'agit  de  la  dispute  qui  avait  eu  lieu  à  Genève,  en  janvier  et  février 
1534,  entre  Guy  Furbiti  d'un  côté,  Farel  et  Viret  de  l'autre  (Voy.  les 
Nos  446^  448j  453). 

2  La  ville  de  Genève  renfermait  deux  ou  trois  imprimeries:  mais  les 
propriétaires  de  ces  établissements  éditaient  surtout  des  livres  destinés  au 
culte  catholique. 

3  Farel  s'exprime  ainsi  parce  que  Fabri  était  natif  de  Vienne  en  Dau- 
pliiné. 


294  GUILLAUME  FAREL  A  CHRISTOPHE  FABRI,  A  BOLE.  1535 

Poterit  typographus 4  prsefari,  quàm  abhorruerit  scribens  à  nomine 
concionatoriim 5,  interea  tam  honorificè  de  Furbito  cum  scribat  :  in 
quo  deprebendat  unusquisque  id  curasse,  ut  Furbitus  potior  vide- 
retur.  Sed  interea  laudet,  quôd  affectus  in  Furbitum  non  avocarit 
à  veritate  scribendà,  quod  utinara  facianl  omnes,  ut  nullo  favore 
vel  odio  adducantur  ut  contra  veritatem  loquantur!  Inter  vos  dis- 
picite,  quid  aptius  in  Prœfatione  proponi  poterit e,  ut  fructus  uberior 
ad  omnes  recleat,  quod  nobis  est  in  votis. 

Utinam  possemus  omnes  sanctœ  concioni1  interesse!  Viretus non 
satis  est  firma  valetudine,  adeô  ut  facile  non  putem  nuncviee  com- 
mittendum,  et  multo  minus  solum  bîc  esse  relinquendum 8.  Prœte- 
rea  puto  vos  nosse,  diem  dictam  esse  Disputationi9,  axiomatis  jam 

4  Pierre  de  Wingle,  imprimeur  à  Neuchâtel,  où  il  s'était  fixé  vers  le 
milieu  de  l'année  1533  et  avait  obtenu  la  bourgeoisie.  Nous  ne  pouvons 
pas  accorder  une  grande  confiance  à  la  tradition  d'après  laquelle  son  im- 
primerie aurait  été  installée  dans  le  petit  village  de  Serrières.  L'indica- 
tion finale  de  la  Bible  cVOlivétan  porte  qu'elle  a  été  imprimée  «  dans  la 
■ville  et  conté  de  Neufchastel.  »  Dix-buit  ans  plus  tard,  un  savant  français 
qui  habitait  Neuchâtel  écrivait  à  l'un  de  ses  amis  :  «  Olim  Me  fuerunt  ty- 
pograplii,  nunc  magna  vis  papyri  Me  efficitur,  et  locus  est  typographis  op- 
portunissimus  »  (Voy.  la  lettre  du  9  mai  1553). 

5  Voyez  le  N°  510,  note  6. 

6  Nous  reproduisons  cette  préface  dans  le  N°  suivant. 

7  C'est-à-dire,  le  synode  général  qui  devait  se  tenir  à  la  Neuveviîle  le 
25  mai. 

8  Huit  mois  plus  tard,  Viret  n'était  pas  encore  complètement  remis  de 
sa  maladie  (Voyez  la  lettre  du  18  février  1536). 

9  L'ouverture  de  la  Dispute  de  Beligion  (N°  507,  n.  1)  avait  été  fixée 
au  30  mai.  On  lit  dans  le  Kegistre  du  Conseil  de  Genève  :  «  Die  26  Maii. 
In  Consilio  Ducentenario  fuit  loquutum  de  Disputatione  super  conclu- 
sionibus  per  Fratrem  Jacobum  Bernardi  publicatis.  Et  super  eis  resolu- 
tum  quôd,  sive  veniant  forenses  disputaturi,  sive  non,  tamen  Disputatio 
ipsa  per  eos  qui  adfuerint  fiât  et  non  impediatur,  —  cum  finis  ad  quem 
tendit  sit  ut  corda  audientium  ab  eadem  magis  de  propositis  clarificata 
redeant,  et  inde  Reipublicœ  tranquilitas  oriri  valeat.  Et,  ut  hujusmodi 
disputatio  commodiùs  et  quietiùs  fieri  valeat,  fuit  resolutum  quod  debeant 
fieri  cridaa,  voce  preconis,  de  non  fiendo  tumultu,  questione,  nec  injuria; 
quôdque  omnes,  sive  forenses,  sive  domestici,  libéré  disputare  valeant, 
additâ  solitâ  pœnâ;  quôd  premissa  Dni  Syndici  presbiteris  et  religiosis  nun- 
cient  et  notificent....Dicatur  [Dno  Bonimontis,  decano  Canonicorum]  quôd 
notificet  suis  Dn!s  Capitularibus,  [ut]  veniant  ad  disputandum,  et  omnes 
presbiteri;  et  similiter  fiât  omnibus  presbiteris  et  monachis,  per  parro- 
chias  et  conventus  hujus  civitatis.  »  Le  29  mai  le  Conseil  Ordinaire  élut 
quatre  secrétaires  pour  recueillir  les  procès-verbaux  de  la  Dispute,  et  huit 
assesseurs  pour  y  maintenir  l'ordre. 


1535  GUILLAUME  FAREL  A  CHRISTOPHE  FABRI,  A  BOLE.  295 

mdgatis 10;  et  si  non  frequentem  speramus  n,  tamen  si  pedem  mo- 
veremus,  clamarent  oranes,  nos  fugâ  nobis  consultasse,  causse  dif- 
fisos  ;  et  non  secùs  contingeret,  quàm  dum  Lausannœ  nobis  eral 
dicta  dies12.  Àderat  Provincialis  I3;  si  non  comparuissemus,  quos 
triumphos  egissent  hostes!  Spero  fratres  boni  consulluros,  quod 
optaraus  ac  poscimus. 

Anto.[ninm  "],  Marcur.[tium15]  et  Sone.[rium 1B]  converties  super 
Disputatione.  Utile  esset  circa  finem  hujus  mensis  absolutam  esse,  et 
hue  missam.  Pluribus  tecum  non  agam  ;  saluta  omnes  fratres  quàm 
potes  officiosè.  Claudium 17  apud  Albinum  admonebis,  me  non  con- 

10  D'après  Jeanne  de  Jussie,  op.  cit.  p.  118,  Jacques  Bernard  aurait 
porté  lui-même  ses  Thèses,  le  30  avril,  dans  tous  les  couvents  de  Genève. 
Selon  la  chronique  manuscrite  de  Savion,  il  les  aurait  fait  afficher  le  1er 
mai.  Michel  Eoset  (Chronique,  livre  III,  chap.  35)  dit  qu'elles  furent 
«  imprimées  et  notifiées  aux  prestres  et  chanoines  de  Genève  et  lieux  cir- 
convoisins,  comme  de  Grenoble,  Lyon,  etc.,  avec  sauf-conduit  pour  tous 
les  opposants.  »  Le  texte  abrégé  qu'il  donne  des  cinq  Thèses  de  Bernard 
est  reproduit  avec  quelques  variantes  dans  Ruchat,  t.  III,  p.  357,  et  dans 
le  Chroniqueur  de  M.  Louis  Vulliemin,  p.  7S.  Voyez  aussi  Sculteti  An- 
nales, 1618,  Pars  II,  p.  468-470. 

11  Le  26  mai  le  Conseil  écrivait  à  Porral,  son  député  à  Berne  :  «  Nous 
sommes  après  pour  faire  la  Dispute,  mais  nous  ne  sçavons  bonnement  les 
gens  quilz  se  porront  trouver  [à  icelle],  à  cause  des  empesches  par  VE- 
vesque  faietz,  quilz  journellement  faict  Lettres  contre  tous,  que  nulz  ne 
doibge  à  icelle  venir.  Nous  vous  envoyons  ung  double  des  Lettres...  Non 
seulement  en  ceste  ville  de  Gex,  mais-  aussi  à  St.-Claude  et  aultre  part,  il 
détornent  les  gens  de  venir  icy  »  (Missives.  Arch.  de  Genève).  Un  cé- 
lèbre docteur,  Pierre  Caroli,  était  cependant  arrivé  à  Genève.  Le  17  mai, 
eu  compagnie  de  Farel  et  de  Viret,  il  avait  visité  le  Père  Furbiti  dans  sa 
prison  (Voy.  Jeanne  de  Jussie,  p.  84-85).  Mais  Farel  désirait  rencontrer 
des  adversaires  sérieux,  et  nous  savons  par  l'une  de  ses  lettres  (Calvini 
Epp.  et  Resp.  Lausannae,  1576,  epa  49a),  que  le  Conseil  de  Genève  avait 
essayé  d'inviter  à  la  Dispute  le  fameux  Sorboniste  Pierre  Cornu,  qui  se  trou- 
vait alors  à  Grenoble.  On  lit  dans  la  même  lettre  ce  passage  relatif  à  Le 
Fèvre  d'Étaples  :  «  Alios  ...  cupiebamus  habere,  ut  pium  Stapulensem, 
qui  non  sine  lacrymis  audiebat,  gratias  agens  Deo,  ordinem  ecclesiarum, 
et  cupiebat,  ut  erat  amans  Galliœ,  ita  videre  compositas  ecclesias.  » 

12  Allusion  à  la  comparution  de  Farel  devant  le  Conseil  épiscopal  de 
Lausanne,  le  15  juin  1530  (N°  296,  n.  1). 

13  Conrad  Treyer  de  Fribourg  (N°  295,  renv.  de  n.  1). 

U.16  Antoine  Froment,  Antoine  Marcourt,  pasteur  à  Neuchâtel,  et  An- 
toine Saunier,  qui,  avec  Fabri,  prirent  les  arrangements  nécessaires  pour 
la  publication  projetée. 

17  Claude  Clerc,  pasteur  à  St.-Aubin,  dans  le  comté  de  Neuchâtel. 


296  l'imprimeur  [pierre  de  wingle]  au  lecteur.  1535 

venisse  PhMippum 18,  quia  nec  laboret,  nec  potuisse 19.  Salu- 

tanl  te  pii  omnes,  inter  quos  Viretus.  Geben.[nis],  22Maii  1535  2". 

Tuus  Farellus. 

( Inscriptio  : )  Suo  Ghristophoro,  Bolie. 


510 

l'imprimeur  [pierre  de  wingle  4]  au  Lecteur. 
(De  NeucMtel,  vers  la  fin  de  mai  1535). 

Letres  certaines  daucunsgrandz  troubles...2  (Xeucbâlel.  1535).  In-8°. 

Sommaire.  L'imprimeur  P.  de  Wingle  expose  les  raisons  qui  l'ont  engagé  à  publier  le 
récit  des  troubles  de  Genève  et  la  Dispute  avec  Furbiti. 

L'imprimeur  au  lecteur. 

Ung  notaire  demeurant  à  Genève,  après  avoir  bien  et  entièrement 
veu,  ouy  et  selon  la  pure  vérité  rédigé  par  escript  aucuns  tumultes, 
contradictions,  et  les  disputations  qui  sont  ensuy  vies,  à  cause  d'au- 
cuns articles  publicquement  preschéz  par  nostre  Maistre  Furbiti, 
qui  prescboit  alors  les  adventz  en  la  dicte  cité.  —  il  envoya  icelles 


18  Ce  personnage  nous  est  inconnu. 

19  II  y  a  ici  un  mot  presque  entièrement  effacé. 


20  M.  Louis  Yulliemin,  qui,  le  premier,  a  signalé  la  fraude  pieuse  com- 
mise par  Farel  (Voy.  le  Chroniqueur,  p.  50,  et  la  nouv.  éclit.  de  Ruchat, 
III,  2G0),  n'a-t-il  pas  été  induit  en  erreur,  lorsqu'il  a  dit  à  cette  occasion, 
que,  outre  la  lettre  à  Fabri,  Farel  en  adressa  une,  le  même  jour,  au  ty- 
pographe neuchâtelois?  Nous  n'avons  pu  la  retrouver,  et  nous  doutons 
même  de  son  existence. 

1  II  avait  prêté  son  nom  pour  cette  préface,  rédigée  en  commun  par 
Fabri,  Saunier,  Froment  et  Marcourt  (Voyez  le  X°  509,  renv.  de  n.  6). 

2  Voici  le  titre  complet  de  cet  opuscule  :  «  Letres  certaines  dau|cuns 
grandz  troubles  et  tumultes  aduejnuz  a  Geneue,  auec  la  disputation  faicte  | 
lan.  1534.  Par  monsieur  nostre  Maistre  [  frère  Guy  Furbiti,  docteur  de 


1535  l'imprimeur  [pierre  de  wingle]  au  lecteur.  297 

lettres  à  ung  sien  amy  et  çompaignon  de  Vienne 3.  Lequel,  comme 
mon  familier  amy.  me  les  communiqua  4.  Et  moy,  voyant  la  chose 
estre  d'importance,  veu  et  considéré  le  gros  bruyt  qui  couroit  par 
tout  de  Genève,  comme  nostre  dict  Maistre  Furbiti  Iriumphoit  de 
prescher,  disputer,  et  en  grande  hardiesse  résister  aux  Luthériens. 
[je]  trouva  y  le  moyen  d'avoir  les  dictes  lettres  missives.  Lesquelles 
saschans  estre  certaines  et  véritables,  accordantes  avec  le  tesmoin- 
gnage  de  plusieurs  gens  de  bien  qui  avoyentesté  présentzà  toutes 
les  choses  contenues  en  icelles,  les  ay  voulu  fidellement  imprimer5, 
sans  y  adjouster,  ne  diminuer  aucunement.  —  à  celle  fin  que  tous 

Paris  en  |  la  faculté  de  Théologie,  de  lordre  de  S.  |  Dominicque,  du  con- 
uent  des  frères  |  prescheurs  de  Montmellian.  Alencontre  daucuns  quon 
appelle  |  predicantz,  qui  estoyent  |  auec  les  Ambassadeurs  de  la  seigneurie 
de  |  Berne.  |  Ephesiens.  vj.  Testez  vous  de  larmeure  de  Dieu  :  |  affin  que 
puissiez  estre  fermes  |  contre  les  embusches  |  du  diable.  »  Petit  in-8  de 
48  feuillets,  en  caractères  gothiques,  sans  date,  ni  lieu  d'impression.  Le 
ministre  François  Manget  a  fait  réimprimer  cet  ouvrage  à  Genève  en  1644, 
avec  une  traduction  latine  placée  en  regard  du  texte  français. 

3  Cette  lettre,  qui  forme  le  corps  de  l'ouvrage,  est  datée  :  «  De  Ge- 
neue,  ce  premier  Dauril.  1534.  »  Elle  renferme  le  récit  très-détaillé  de  la 
Dispute  de  Furbiti  et  des  événements  qui  l'avaient  provoquée.  On  a  cru 
longtemps  cpie  c'était  l'œuvre  d'un  catholique  impartial  (Voyez,  dans  la 
réimpression  de  Genève,  la  dédicace  adressée  par  F.  Manget  à  MM.  de 
Berne.  —  Haller.  Biblioth.  de  l'Hist.  suisse,  III,  n°  373).  Mais  il  est  au- 
jourd'hui avéré  que  la  publication  en  est  due  à  Fard,  qui  nous  fait  con- 
naître lui-même  les  mesures  qui  avaient  été  prises  pour  donner  le  change 
sur  le  caractère  de  l'auteur.  Il  s'est  donc  rendu  coupable  d'une  «  fraude 
pieuse.  »  Cependant  tout  n'est  pas  fictif  dans  la  mise  en  scène  de  la  nar- 
ration. Le  «  notaire  demeurant  à  Genève  »  qui  avait  «  vu,  ouï  et  selon 
la  pure  vérité  rédigé  par  écrit  la  disputation  du  docteur  de  Sorbonne,  » 
existait  réellement  dans  la  personne  de  Claude  Boset,  notaire  et  secrétaire 
du  Conseil  de  Genève.  Lui  seul  a  pu  disposer  des  procès-verbaux  du  Con- 
seil. Quant  à  «  l'ami  de  Vienne  »  auquel  la  relation  est  censée  envoyée, 
on  a  vu  dans  le  N°  509,  note  3,  que  cette  désignation  pouvait  avec  vérité 
s'appliquer  à  Fàbri.  Toutefois  l'éditeur  trompait  le  public,  en  laissant 
croire  que  le  susdit  notaire  était  catholique  et  qu'il  avait  adressé  les 
«  Lètres  certaines  »  à  un  habitant  de  Vienne.  Après  avoir  constaté  la 
faute  de  Farel,  nous  devons  ajouter  que,  sauf  une  ou  deux  modification- 
sans  importance,  le  récit  imprimé  à  Neuchâtel  est  conforme  aux  procès- 
verbaux  de  «  la  disputation.  » 

4  C'est  une  nouvelle  fiction.  Pierre  de  Wingle  eut  communication  des 
«  Lètres  certaines,  »  parce  qu'il  devait  les  imprimer,  et  non  parce  qu'il 
était  l'ami  de  Christophe  Fabri  (Voy.  le  N°  509,  renv.  de  n.  2). 

5  11  les  imprima,  sur  la  commande  qui  lui  en  fut  faite. 


298  l'imprimeur  [pierre  de  wingle]  au  lecteur.  1 5H5 

puissent  veoir  et  congnoistre  (comme  s'ilz  eussent  esté  présente) 
toutes  ces  grandz  nouvelles  de  Genève,  que  tant  on  désire  sçavoir,  et 
que  ung  chascun  face  son  bon  proffit  des  dictes  disputations,  et 
soit  mieulx  advisé  cy-après:  car  plus  facilement  se  peult-on  garder 
des  coupz  que  Ton  voit  venir  de  loing,  que  de  ceulx  desquelz  l'on 
ne  s'en  donne  garde. 

Quant  aux  noms  du  dict  escrivain  et  de  sou  compaignon,  auquel  il 
escrivoit,je  ne  les  ay  icy  voulu  mettre,  pour  bon  respect.  Car  je  ne 
désire  point  nuyre,  fasclier,  ou  porter  dommage  à  aucun,  mais 
proffiter  à  tous.  Peult  estre  que  iceulx  n'auroyent  à  gré  que  leur 
amitié  et  familiarité  privée,  ensemble  leurs  noms,  fust  ainsi  publiée. 
Touchant  les  noms  des  prédicantz  contre  lesquelz  disputait  le  dict 
docteur e,  il  semble  que  l'escrivain,  par  aucun  respect,  ne  les  a 
voulu  nommer,  favorisant  aucunement  au  dict  docteur,  combien 
que  icelle  faveur  ne  L'a  point  empesché  de  escrire  la  pure  vérité 
de  tout  ce  qu'il  avoit  veu  et  ouy,  tant  d'une  part  que  d'autre,  ainsi 
qu'est  advenu 7.  En  quoy  s'est  démonstré  homme  de  bien.  Et  pleust 
à  Dieu  que  ung  chascun  escrivist  et  racomptast  ainsi  toutes  choses 
selon  la  vérité,  sans  pendre  d'ung  costé  plus  que  de  l'autre,  affin 
que  la  partie  qui  auroit  tort  ne  sepeust  excuser,  disant,  qu'on  eust 
caché  une  partie  ou  la  moitié  de  ses  droictz  et  allégations,  et  que, 
par  faulx  rapporte,  l'on  ne  vinst  à  juger  d'ung  injuste  jugement,  le 
bien  estre  mal,  et  le  mal  estre  bien,  le  droict  estre  tort,  et  le  tort 
estre  droict,  —  mais  [que],  par  fidèles  et  entières  relations  de  tou- 
tes les  raisons,  défenses  et  allégations  produictes  parles  deux  parties, 
ung  chascun  peust  congnoistre  et  discerner  le  bien  pour  l'ensuy- 
vre  et  enseigner  à  tous,  et  le  mal  pour  l'éviter  et  en  destourner 
les  autres  !  Ainsi  faisant  tout  se  porteroit  très-bien,  et  ne  cour- 
royent  point  tant  de  mensonges  et  menteurs  de  tous  costéz  entre 
le  peuple,  qui  portent  moult  grand  dommage  et  peuvent  estre  oc- 
casion de  une  grande  ruyne  à  la  chose  publicque. 

Toy  donc,  amyable  lecteur,  je  te  prie  de  bien  entendre  et  exa- 
miner toutes  choses,  avant  que  juger  soubdainement.  Et  tu  con- 
gnoistras  que  je  n'ay  point  tasché  à  mon  gaing  et  proftil  temporel, 
mais  à  te  faire  plaisir  et  service  de  tout  mon  pouvoir,  —  te  disant 
à  Dieu,  auquel  je  prie  te  donner  entendement,  constance  et  vertu 
de  bien  maintenir  sa  saincte  fog  catholicque  jusques  à  la  lin,  pour 
parvenir  ensemble  en  la  gloire  de  paradis.  Amen. 

6  Furbiti  avait  eu  pour  antagonistes  Farel  et  Viret.  On  ne  voit  pas 
que  Froment,  quoique  présent  à  la  Dispute,  ait  été  appelé  à  y  prendre  part. 

7  Cette  observation  fut  insérée  sur  la  demande  de  Farel  (Voy .  le  N°  509) . 


1535  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  CONSEIL  d'aVENCHES. 


511 

le  conseil  de  berne  au  Conseil  d'Avenclies. 
De  Berne,  14  juin  1535. 

Minute  originale.  Arch.  de  Berne.  Ruchat,  t.  III,  p.  399. 

Sommaire.  Berne  rappelle  aux  magistrats  d'Avenches  l'engagement  qu'ils  ont  pris  re- 
lativement à  ceux  de  leurs  concitovens  qui  ont  embrassé  la  doctrine  évangélique. 

Nostre  amiable  salutation  devant  mise.  Nobles,  etc.  Nous  vous 
avons  par  cy-devant  pluseurs  foys,  par  lectres  et  nous  ambassa- 
deurs, requis,  admonesté  et  prié  de  donner  lieuz  à  vous  promesses 
que  nous  avés  faictes,  de  non  persèquuter  les  rostres  que  suivent  la 
Parolle  de  Dieuz  \  —  ce  que  toutteffoys  n'az  tant  prouffitéz  que 
tousjours  la  persécution  soit  allée,  principalement  contre  Anthoine 
Bonjour  et  son  compagnion 2,  esquels  avés  deffendus  les  bois,  com- 
munances:  et  de  ce  ne  vous  contentés,  ains  puis  naguaire  à  eulx 
aussy  faict  deffence  du  foin.  De  quoy  nous  mervillions  grandement 
et  en  avons  gross  regraict. 

A  ceste  cause  voulons,  ceste  fois  pour  toutes,  sçavoir  de  vous  sy 

1  Voyez  le  N°  332,  renv.  de  note  1,  et  le  N°  341,  renv.  de  n.  1. 

2  Antoine  Bonjour  avait  embrassé  la  Réforme  depuis  quatre  ou  cinq 
ans  (Voy.  N°  282).  «Son  compagnon  »  s'appelait  Antoine  Pouthauz.  Ils 
étaient  les  seuls  partisans  avoués  de  la  Réforme  à  Avenches,  comme  on 
peut  l'inférer  de  la  lettre  suivante  adressée  au  Conseil  de  cette  ville  par 
MM.  de  Fribourg  :  «  Nous  avons  entendu  ce  cpie  de  vostre  part  a  esté 
dict  et  déclairé  à  nostre...  Advoyer,  principallement  en  tant  que  touche 
l'affaire  duquel  en  avés  fâcherie  des  deux  qui  sont  contraires  à  vous  ordon- 
nances. Dont  considérant  que  vous  avés  très-bon  pouvoir  à  faire  tout  ce 
que,  à  l'honneur  de  vous  aultres,  yl  peut  servir,  —  ne  vous  sçavons  en- 
duyre  ny  conseillier  de  faire  aultre  chouse,  sinon  que...  persister  ferme- 
ment en  vostre  bon  commencement;  car,  de  nostre  part, pouvés  estre  sûrs 
que  nous  tiendrons  nostre  promesse  sans  faulte...  Vigiliâ  Michaèlis  (28 
septembre)  1535.  »  (Minute  orig.  Arch.  de  Fribourg.) 


300  FRANÇOIS  I  A  PHILIPPE  MÉLANCHTHON,  A  WITTEMBERU.         1535 

voulés  satisfaire  à  vous  promesses,  desquelles  avons  vous  leclres  et 
séaulx,  lesquelles  nous  gardons  bien,  ou  non?  Et  sur  ce.  vostre 
response  par  présent  pourteur,  pour  y  adviser  et  mettre  ordre  né- 
cessaire. Datum  xiiii  Junii,  anno  xxxv  3. 

L'Advoyer  et  Conseil  de  Berne. 

(Suscription:)  Aux  nobles,  pourvéables  etdiscrectz  Cliastellain. 
Gouverneur,  Conseil  et  Communaulté  d'Avenche,  nous  singuliers 
amvs  et  bons  voisins. 


512 

fkançois  i  à  Philippe  Mélanchthon,  à  Wittemberg. 
De  Guise,  23  juin  1535. 

Melanthonis  Opéra.  Édit.  Bretscbneider,  t.  II,  col.  879. 

Sommaire.  Le  Roi  remercie  Mélanchthon  de  ce  qu'il  consent  à  faire  le  voyage  de  France, 
pour  y  travailler  au  rétablissement  de  la  paix  dans  l'Église,  et  il  l'assure  qu'il  sera 
le  très-bienvenu. 

Franciscus,  Dei  gralià  Francorum  Rex,  dilecto  nostro  Philippo 
Melanchthoni  S.  D. 

Singulare  tuum,  ad  sedandas  eas  quae  in  doctrinam  Christianam 
invectse  sunt  altercationes,  studium  intellexeram  anlea  quidem  ex 

3  Le  3  septembre  1535,  MM.  de  Berne  écrivaient  encore  aux  magis- 
trats d'Avenclies  :  «  Nous  nous  mervillions  grandement  de  la  response  que 
nous  avés  faicte  par  vous  lectres  dattées  du  xvime  de  Juing...  touchant 
Anthoine  Bonjour  et  Antoine  Potithauz,  son  compaignion...  Sur  ce  vous 
admonestons  ancore  une  bone  foy  de  réduisre  en  mémoire  vous  promes- 
ses... et  par  ainsy  les  dicts  Bonjour  et  Poutliauz,  ensemble  aultres  que 
desirrent  ensuivre  l'Évangile,  laissé  en  paix,  sans  les  molester...  en  sourte 
que  soit,  en  leur  conscience  ne  jouisance  des  communes,  —  vous  asseu- 
rans  que  les  plaisirs  et  déplaisirs  que  leurs  ferés  répouterons  estre  faicts 
à  nous.  Pour  autant  y  advisés...  Priant  Dieuz,  que  vous  doint  grâce  de 
obéir  à  sa  saincte  voulenté,  et  de  vivre  selon  ses  commandements,  mes- 
prisées  toutes  traditions  humaines  à  sa  saincte  Parolle  contraires  »  (Mi- 
nute orig.  Arch.  de  Berne). 


1535         FRANÇOIS  1  A  PHILIPPE  MÉLANCHTHON,  A  WITTEMBERG.  301 

Guilelmo  Bellaio  Langio,  cubiculario  atque  consiliario  noslro,  quo 
ego  prœcipuè  sum  usus  ad  eam  rem  administro  atque  interprète  *. 
Nunc  verô  ex  literis  ad  eum  tuis â,  et  sermone  fedeuntis  à  te  Bar- 
itabœ  Vorrœi  Fossœ  '■'■,  intellexi  te  etiam  hoc  laboris  perlibenti  ani- 
rao  suscepturum,  ut  ad  nos  primo  quoque  tempore  te  conféras,  deque 
unione  doctrinarum  cum  selectis  aliquot  nostratibus  Docloribus  hic 
apud  nos  coram  (lisseras,  atque  rationes  ineas  quô  resarciri  possit 
pulcherrima  illa  Ecclesiasticse  politiœ  harmonia  4.  Qua  una  re  cum 
ego  mihi  nihil  unqua'm  quicquam  majori  cura,  studio  et  sollicitu- 
dine  animi  complectendum  esse  duxerim,  committere  nolui,  quin 
hune  statim  Vorrœum  Fossam  ad  te  dimitterem  cum  his  velut  pu- 
blics fidei  obsidibus  literis,  —  obtestarer  etiam  abduci  te  ullius 
persuasione  ut  ne  sinas  ab  hoc  pio  sanctoque  instituto 5. 

Venies  omnino  mihi  gratissimus,  seu  privato  tuo,  seu  publico 
vestrorum  nomine  adveneris  ;  meque  re  ipsa  experieris,  et  priva- 
tim  vestrœ  Germaniœ  dignitatis  et  publiese  in  universum  quietis 
ante  omnia  esse,  ut  adhuc  semper  fui,  studiosissimum.  Vale.  Ex 
oppido  Guyse,  die  23  Junii,  Anno  1535. 

Bayard. 

!  Voyez,  sur  la  mission  de  Guïïl.  du  Bellay  en  Allemagne,  les  N08  468, 
469,  476,  notes  1-5;  478,  n.  7;  492,  renv.  de  n.  6-7. 

2  C'était  proprement  la  réponse  que  Mélanchthon  avait  faite  (le  23 
avril)  à  la  lettre  de  Jean  Sturm  du  6  mars  (X°  498),  réponse  qui,  avant 
de  parvenir  à  celui-ci,  avait  été  mise  sous  les  yeux  de  Chiillaume  et  de 
Jean  du  Bellay  (Voy.  le  commencement  du  N°  515). 

3  Voyez  le  N»  498,  n.  11. 

4  Mélanchtlion  écrivait  à  Sturm  (le  23  avril)  :  «  Nulla  mihi  res  hu- 
mana  proponi  tanta  potest,  cui  non  anteferam  gloriam  Christi,  salutem 
tôt  piormn  et  tranquillitatem  Ecclesiœ.  Sed  una  cura  me  non  tantùm  exer- 
cet,  sed  plane  excruciat  :  dubito  enim,  an  aliquid  proficere  possim.  Hase 
me  vel  dubitatio  vel  desperatio  deterret  :  quam  si  milii  eximere  potestis, 
libenter  istuc  statim  advolabo  »  (Mel.  Opp.  II,  875). 

5  L'évêque  de  Paris,  Jean  du  Bellay,  s'associant  aux  désirs  du  Koi, 
écrivait  de  St.-Quentin  à  Mélanchthon,  le  27  juin  1535  :  «  Nihil  est... 
quod  tam  vebementer  cupiam,  quàm  ut  illa  dissidia  per  quœ  jam  diu  la- 
befactari  Christi  ecclesia  cœpit,  aliquando  rectè  componantur.  In  banc  pa- 
cificationem,  mi  Melanehthon,  per  Deum  quantum  potes  incumbe.  Habe- 
bis  consentientes  omnes  bonos;  in  his...  hune  Franciscum  regein...  cum 
quo  si  semel  vestra  consilia  mature  contuleritis,  quod  brevi  fore  video, 
nihil  est  quod  de  vestro  congressu  non  sperem.  Faciat  Deus,  ut  quam 
Bomce  intérim,  quo  nunc  ego  %)ropero,  operam  cogito,  eandem  utrobique 
prsestare  possim!...  Reliqua  ex  hoc  Fossa,  eodem  tuo  et  eodem  nostro, 
cognosces  »  (Mel.  Opp.  II,  881). 


302       LE  CONSEIL  DE  GENÈVE  A  AMI  PORRAL.  A  BERNE.      1535 


515 

le  conseil  de  Genève  à  Ami  Porral,  à  Berne  '. 
De  Genève,  29  juin  1535. 

Minute  originale.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  Nouvelles  violences  des  Peneysans.  Ils  ont  fait  mourir  par  le  feu  Pierre 
Gaudet  de  Paris,  établi  à  Genève  comme  évangéliste.  Conseils  et  secours  demandés 
à  Messieurs  de  Berne. 

Très-chier  frère,  Nous  sûmes  tous  les  jours  tant  affligés  de  ces 
fugitiffz  quil  sont  à  Pùiey 2,  que  c'est  une  chose  impossible  à  ra- 
compté.  Il  pleut  à  Leurs  Excellences,  tantost  après  TAscention 
nous  rescripre,  [que]  nous  ne  deuhssions  point  sortir 3  ;  et  pour  ce 
n'havons  jamais  dempuys  bougés,  mais  sûmes  demouréz,  ainsin 

1  On  lit  en  tête  :  «  Ad  A.  Porral.  »  Cette  pièce  a  été  publiée  pour  la 
première  fois  dans  notre  Spécimen  de  la  Correspondance  des  Réformateurs. 
Genève.  Mai  1864,  p.  7. 

2  Les  Genevois  fugitifs  qui  se  tenaient  au  château  de  Peney  (Voyez 
N°  480,  n.  5-6)  avaient  été  autorisés  publiquement  par  Vévêque  de  Genève 
et  par  le  duc  de  Savoie  à  faire  tout  le  mal  possible  à  leurs  concitoyens.  Le 
mercredi  5  mai  1535,  le  Conseil  écrivait  à  Porral  :  «  Sambedy  passé  fu- 
rent faictes  grosses  cries  à  Gex,  sus  poënne  d'estre  pendu,  de  ne  debvoir 
point  faire  ayde  ny  confort  à  ceulx  de  Genève,  mais  chescung  doibge  es- 
tre  prest  et  sonner  les  douches,  pour  mettre  bas  ces  Luthériens  »  (Missives. 
Arch.  de  Genève).  Voyez  aussi  la  note  8. 

3  Les  Bernois  avaient  écrit  le  14  mai  aux  Genevois,  pour  leur  repro- 
cher l'expédition  malheureuse  qu'ils  avaient  faite  le  6,  jour  de  l'Ascen- 
sion, contre  le  château  de  Peney.  «  Nous  nous  mervillions  fort  (disaient 
MM.  de  Berne),  comment  estes  sy  osés  entreprendre  tel  cas,  veuz  que  tous 
nous  alliés  et  nous  prenons  sy  grande  poënne  à  trouver  et  mettre  quelque 
bon  ordre  en  vostre  affayre...  Et  vous,  sans  aulcune  considération,  allés 
commancer  telle  esmotion  !  Nous  eussions  bien  pensés  que  eussiez  euz  mil- 
lieur  advis  que  de  inciter  tousjours  vous  ennemis....  Si  ne  nous  voulés  en 
cecy  croire,  vous  certifiions  que  retirerons  les  mains  d'avecq  vous,  et  ne 
nous  meslerons  plus  de  vostre  affayre,  et  sy  avés  cecy  entreprins  sans 


1535      LE  CONSEIL  DE  GENÈVE  A  AMI  PORRAL,  A  BERNE.       303 

qu'il  leur  a  pieu  nous  rescripre.  Dempuys,  les  ditz  de  Piney  n'hont 
jamais  cessez  de  nous  faire  mal  et  beaucoup  pire  que  paravant. 
prys  de  nouz  gens,  de  nouz  biens,  les  vaches  de  noz  borgois  aux 
montaignes,  pryz  nouz  chevaulx,  battu  les  femmes  et  tué  à  Signy, 
prest  Gex,  une  p ouvre  femme  4. 

Ung  homme  de  bien.  Parrisiens,  nommé  Pierre  Gauldetz,  estoit 
venu  en  Genève,  luy.  sa  femme  et  son  mennaige,  deme[u]rant  en 
icelle.  [Il]  heubt  quelques  nouvelles  de  Parys5;  pourquoy  pour 
ses  affaires  volu[t]  aller  jusques  là,  et  se  party[t]  le  vingt  et  deux  de 
ce  moy  de  Juing.  Quant  il  fust  au  sortir  de  Gex,  il  fusl  prys  et  mené  à 
Piney  hier,  que  fust  28  du  dit  Juing.  Tanviron  cinq  heures  après  midy. 
Les  dicts  de  Piney, pourmonstrér  leur  maulvaise  volonté  et  inhuma- 
nité, firent  icelluy  homme  de  bien  morir  au  fetiz,  et  le  bruslarent  pour 
ce  qu'il  se  tenoit  en  Genève  et  aloit  au  sermon  oyr  l'Evangille c  ; 
où  se  peult  entendre  comment  il  feriont  à  ceulx  qui  sont  de  Ge- 
nève. Nous  sûmes  informé  que  le  pouvre  patient  fust  constant  en  la, 
foy  et  endura  volenlier,  et  pria  Dieu  quïl  leur  pardonnasse,  disant  : 
«  Vous  me  faictes  morir,  pour  ce  que  y  au  presché  la  Parole  de  Diea. 
et  m'avés  contrainct  à  renuncer  la  pure  Parole  de  Dieu.  Je  crie  à 

nous,  le  finisses  aussy.  »  Il  est  juste  de  rappeler  que  ces  bienfaiteurs  exi- 
geants écrivaient,  le  même  jour,  au  duc  de  Savoie,  pour  excuser  les  Ge- 
nevois, à  qui  c'était  «  chose  fort  intolérable,  souffrir  de  leurs  propres 
soubgects  fugitiffs  qu'ils  les  doigent  continuellement  ainsin  affliger  et  mo- 
lester. »  (Minutes  orig.  Arch.  de  Berne.)  Voyez  aussi  Froment,  op.  cit. 
p.  176,  et  J.  de  Jussie,  p.  119. 

4  Après  avoir  annoncé  à  Porral  (samedi  19  juin)  le  meurtre  commis  par 
les  Peneysans  sur  la  personne  du  «  pouvre  Don  Bonin  »  de  Neuchâtel,  le 
Conseil  ajoutait  :  «  Une  pouvre  femme  de  Genève,  venant  Lundi  passé  de 
Gex,  quant  il  luy  eurent  osté  son  argent  et  marchandise,  il  luy  coupa- 
rent  une  main,  et,  après  la  main,  pour  ce  qu'elle  s'en  plennoit,  luy  mi- 
rent ung  costel  au  col,  [et]  la  laissarent  morir  au  milieu  du  chemin.  Ceulx 
du  villaige  de  Sigrrie  l'enterrarent.  » 

5  Selon  Crespin  (op.  cit.  f.  106  a),  «Pierre  Gaadet,  natif  du  Val-de- 
Gallie,  près  de  Sainct-Clou  lez  Paris,...  s'estoit  retiré  du  pays  de  France 
en  Genève,  avec  sa  femme,  l'an  1534,  ayant  quitté  l'Ordre  de  ceux  qui  se 
disent  chevaliers  de  Rhodes.  »  D'après  Froment  (op.  cit.  p.  173),  un  on- 
cle de  Gaudet.  nommé  Frère  Loys  Brunis,  commandeur  de  Compesières, 
non  loin  de  Genève,  «  luy  envoya  les  lettres  de  trayson  pour  retourner 
en  France.  » 

6  On  lit  dans  la  première  rédaction  de  ce  récit  :  «  Us  firent  mourir 
par  feuz  un  homme  de  bien...  sans  sçavoir  aultre  occasion,  sinon  qu'il 
hont  intitulé  qu'il  fust  luthériens,  pource  qu'il  se  tenoit  en  Genève  et  aloit 
oyr  l'Evangille.  » 


304       LE  CONSEIL  DE  GENÈVE  A  AMI  PORRAL,  A  BERNE.      1535 

Dieu  mersy,  et  luy  prie  qu'il  vous  pardonne  la  tirannie  que  vous 
faictes  en  moy.  » 

Voyés  doncques  comment  cela  est!  Empereur  ny  roy,  ny  aultre, 
n'ha  osé  faire  morir  des  estrangier,  et  ces  traictres  le  font,  en  des- 
pyt  et  contemption  des  excellences  de  Messeigneurs  !  La  sepmaine 
passé,  il  hont  prys  par  les  montaignes  les  vaches  de  Chappeaulx- 
rouge  et  de  Jehan  Taccon.  Il  sont  venu  à  Rod  7  et  tiennent  le 
bien  de  Françoy  Favre.  Hz  sont  passé  six  vingtz  quil  sont  à  Jus- 
sier-VÊvesque,  pour  recuillir  cest  qu'est  de  celle  part 8.  Au  pont. 
d'Alve  [1.  d'Arve]  est  le  chastellain  Maulaz,  détenant  que  nulz  ne 
vienne  icy  des  païsans,  sus  grosses  poënnes,  et  escript  ceux  qu'il 
,voit  quil  approchent  le  pont.  Nulz  ne  vient  en  la  ville.  Nous  ne 
pouvons  sçavoir  s'il  y  ha  beaucoup  de  gens  à  l'entour,  car  il  n'y 
a  plus  espye  quil  ose  sortir.  Celluy  quil  nous  ha  dict  du  pouvre 
bruslé  est  estrangier,  qu'est  venu  à  faulses  enseignes. 

Pourtant  recorrés  à  l'excellence  de  Messeigneurs,  leur  remons- 
trerés  le  cas  et  les  supplierés  [qu'il]  leurs  plaise  nous  escripre, 
qu'est  ce  qu'il  leur  plaid  que  nous  faisons.  La  chose  est  tant 
dure  à  porter,  que  c'est  pitoyables,  et  nous  ne  sçavons  plus  que 
faire,  mais  sûmes  en  grosse  désolation.  Pourtant,  en  Grand  et  Pety 
Conseil,  suppliez-les,  qu'il  leur  plaise  nous  ayder  à  ceste  heure, 
car  il  nous  est  besoing.  Prians  Dieu  [qu'il  lui  plaise  vous  donner 
bonne  prospérité].  Datum  29  Juing  1535. 

[Les  Scindiques  et  Conseil  de  Genève.] 

(P.-S.)  Celluy  homme  estoit  un  grand  jeune  homme,  qui  ha  sa 
femme  qui  enseigne  les  filles  à  lire,  et  estoint  de  long  temps  icy. 


7  ("est  le  hameau  nommé  Ruth,  dans  la  commune  de  Cologny. 

s  Des  renforts  qui  étaient  arrivés  de  la  Bourgogne,  vers  le  milieu  de 
mai,  permettaient  aux  gens  de  Peney  d'enlever  impunément  les  récoltes 
sur  toutes  les  parties  du  territoire  genevois.  Ces  nouveaux  champions  de 
l'autorité  épiscopale  étaient  soudoyés  par  Pierre  de  la  Baume.  On  lit  en 
effet  dans  une  lettre  qu'il  adressait  d'Arbois  le  30  mai  à  Michel  Guillet, 
seigneur  de  Monthoux,  et  qui  fut  interceptée  :  «  J'ay. ..  escript  à  Monsei- 
gneur [le  duc  de  Savoie],  pour  havoir  ayde  de  vivres  des  seigneurs  d'es- 
glise  circunvoisins.  Je  panse  que  Son  Excellence  y  pourveyra,  cognois- 
cant  la  charge  que  ce  m'est  de  tant  entretenir  et  souldoyer  de  gens  » 
(Copie  contemporaine.  Arch.  genevoises).  Aussi  MM.  de  Genève  avaient- 
ils  sujet  d'écrire  à  Porral,  le  3  juin,  en  lui  envoyant  une  copie  de  l'épître 
interceptée  :  «  Vous  verres  la  teneur  de  la  lettre  et  trouvères  comment 
ce  bon  évesque  et  Monsieur  de  Savoye  se  accorde[nt].  » 


1535      BARTHÉLEMI  MASSON  A  ÉRASME,  A  FRIBOURG  EN  BRISGAU.         305 


514 


barthélemi  masson  à  Érasme,  à  Fribourg  en  Brisgau. 
De  Paris,  29  juin  1535. 

Erasmi  Roterodami  Epistolae.  Éd.  Le  Clerc,  p.  1505. 

.Sommaire.  Tous  les  Allemands  qui  habitaient  Paris  ont  été  exposés  à  de  grands  dan- 
gers, après  la  publication  des  placards  [contre  la  Messe].  Mais  parmi  les  vingt-quatre 
personnes  qui  ont  perdu  la  vie  dans  de  cruels  supplices,  il  ne  s'est  trouvé  que  des 
Français.  Beda  a  fait  amende  honorable,  et  il  ne  sortira  de  prison  que  pour  être  re- 
légué dans  un  couvent.  Maintenant  la  tranquillité  est  rétablie  ;  on  dit  que  les  fugitifs 
reviendront  et  rentreront  en  possession  de  leurs  biens.  Tous  les  hommes  pieux  dési- 
rent vivement  la  convocation  du  Concile. 

Bartholomseus  Latomus  l,  Trevir,  Erasmo  Roterodamo  S.  D. 

—  De  noslris  concionatoribus,  vel  potius  de  tota  turbulenta 
concione,  nihil  opinor  opus  esse  ad  te  scribere,  quum  non  solùm 
omnia  ex  aliorum  literis  qui  ad  te  scribere  soient,  sed  etiam  ex 
fama  ipsa  cognoveris.  Fuimus,  prœteritd  hyeme,  in  magno  periculo 
et  invidia  Germant  omnes  in  hac  urbe,  propter  quorundam  temeri- 
tatem,  qui  libellos  seditiosos  non  solùm  tota  urbe  Parisiorum,  sed 
etiam  in  aula  Régis  fixeront  Dederunt  tamen  Mi  pœnas,  atque  uti- 
nam  omnes  dédissent  !  Sed  intérim  et  alii  complures  eadem  tem- 
pestate  abrepti  sunt.  Magnus  terror  erat  et  formidolosa  rerum  fa- 
ciès apud  omnes,  vincula,  carceres,  tormenta,  flammae.  Vidisses  ho- 
mines  in  altum  suspensos  subjectis  ignibus  vivos  cremari;  audisses 
roces  insultantis  vulgi  et  increpantis  damnatos  inter  ipsa  supplicia, 

1  Barthélemi  Masson  ou  Le  Masson  (en  latin  Latomus),  né  en  1485  à 
Arlon,  dans  le  duché  de  Luxembourg.  Après  avoir  enseigné  la  rhétorique 
à  Trêves,  à  Cologne  et  à  Fribourg  en  Brisgau,  il  occupa  la  chaire  de  lan- 
gue latine  qui  fut  créée  pour  lui  au  Collège  Royal  en  1534  (Voy.  Goujet. 
Mémoire  hist.  et  littéraire  sur  le  Collège  Royal  de  France,  P.  II,  p.  116. 
—  Gaillard,  op.  cit.  IV,  201). 

t.  m.  20 


306  JEAN  STURM  A  PHILIPPE  MÉLANCHTHON,  A  WITTEMBERG.         1  535 

cum  magna  atrocitate.  Ita  supra  quatuor  et  viginti  homines  ab- 
sumpti  sunt2,  Gallici  nominis  omnes;  nec  quisquam  Germanus  de 
capite  periclitatus  est. 

Bedda  Unis  fecit  amendant,  ut  vocant,  honorabilem,  cum  hac  con- 
fessione,  quôd  contra  veritatem  et  Regem  locutus  esset  :  quae  verba 
ante  eedem  Divee  Virginis,  raagno  populi  concursu,  prœeunte  prae- 
cone,  palam  pronunciavit 3,  ne  forte  Lulheranum  illum  fuisse  pu- 
tes. Sed  tamen  detinetur  adhuc  in  carcere,  detrudendus  in  monas- 
terium  aliquod  4,  ut  ferunl,  ubi  et  quando  Régi  visum  fuerit.  Ce- 
tera jam  tranquilla  sunt  omnia,  estqne  fama  exsuies  qui  metu  pro- 
fugerunt,  redituros  esse,  restitutis  etiam  bonis  quœ  fuerant  à  fisco 
occupata 5.  Vehemenler  desideratur  Concilium  à  bonis  viris  omni- 
bus, quod  nisi  aliquando  habitum  fuerit,  verendum  est  quô  tandem 

hse  turbae  sint  abiturœ Vale.  Datum  Lutetiâ,  29  Junii,  Anno 

1535. 


515 

jean  sturm  à  Philippe  Mélaiiclithon,  à  Wittemberg. 
De  Paris,  9  juillet  1535. 

Melanthonis  Opéra.  Édition  Bretschneider.  t.  IV,  col.  1029. 

Sommaire.  Sturm  n'a  reçu  que  le  6  juillet  la  lettre  de  Mélanchthou  du  23  avril,  parce 
qu'elle  a  dû  être  d'abord  communiquée  aux  deux  frères  Guillaume  et  Jean  du  Bellay. 

2  En  ajoutant  aux  martyrs  énumérés  plus  liant  (N°  498,  n.  7-8)  le 
Flamand  qui  fut  massacré  par  le  peuple  de  Paris  (N°  488,  n.  5),  on  ar- 
rive au  chiffre  de  vingt-quatre  victimes. 

3  Voyez  le  N°  499,  note  7. 

4  Beda  fut  en  effet  relégué  au  Mont-St. -Michel,  abbaye  et  ville  forte 
sur  un  rocher,  près  des  côtes  de  la  Normandie.  C'était  le  lieu  natal  de 
ce  théologien.  Il  y  mourut  le  8  janvier  1537  (Voyez,  dans  le  Journal  intitulé 
«  Zeitschrift  fur  die  hist.  Théologie,  »  année  1852,  le  Mémoire  de  M.  C.-H. 
Graf  sur  Le  Fèvre  d'Étaples,  p.  204  du  dit  volume). 

5  Ces  détails  sont  conformes  à  l'édit  que  François  I  fit  publier  le  16 
juillet  suivant,  et  qu'on  a  nommé  l'édit  de  tolérance  de  Concy,  du  lieu  d'où 
il  est  daté  (Voyez  le  N°  518,  note  32). 


1535       JEAN  STURM  A  PHILIPPE  MÉLANCHTHGN,  A  WITTEMBERG.  .'i07 

Celui-ci  a  pris  également  connaissance  de  la  lettre  d'invitation  adressée  à  Mélanch- 
thon  [le  6  mars],  et  il  s'est  assuré  qu'elle  n'exprimait  rien  de  contraire  à  la  volonté 
du  Eoi. 

Sturrn  s'efforce,  d'après  le  conseil  de  ses  amis,  de  lever  les  scrupules  qui  détourne- 
raient Mélanchthon  d'accepter  l'appel  de  François  I,  et  il  énumère  tous  les  résultats 
heureux  que  pourrait  avoir  son  entrevue  avec  ce  monarque.  On  dit  que  le  Pape  a  écrit 
au  Roi,  pour  désapprouver  formellement  les  supplices  infligés  aux  Luthériens  de 
Paris. 

Pbilippo  Melanchthoni  S.  D.  P. 

Serô  mihi  epistola  tua  reddita  est,  quam  nono  Kalendas  Maias 
dedisti 1  ;  scripsi  enim  haec  septimo  Idus  Julii,  cùm  triduo  antè 
tuam  accepissem.  Gujus  rei  ista  est  causa  :  Rex  in  Normannia  et 
Picardia  per  hosce  menses  deleclum  habuit 2.  Vorrœus,  quôd  fes- 
tinaret,  confestim  eô  profectus  est,  et  quia  literœ  titœ  non  obsig- 
natae  erant,  nemini  potuit  tutô  committere:  et  è  re  tua  et  usu 
Ecclesice  est,  antè  eas  a  Langio  et  Cardinali  fratre 3  lectas  esse, 
qui  tum  cum  Rege  erant.  Quare  nec  omnia  scribere  possum  quaa 
vos  requiritis.  nec  tam  prudenter  deliberare  quàm  res  ipsa  desi- 
derat.  Diffîcilis  quidem  deliberalio  est,  sed  tamen  necessaria  reli- 
gioni  et  Evangelii  incremento.  Itaque  breviter  tuœ  epistolas  res- 
pondeo. 

Caput  tu-arum  curarum  id  est,  quôd  metuis  ut  huic  genti  et  Eccle- 
sice prodesse  possis,  rébus  tam  periculosë  concitatis.  Primùm  enim 
homines  Me  permultos  esse  projectae  temeritatis,  qui  aut  repen- 
tinis  autpericulosis  consiliis  utuntur,  aut  fanatico  spiritu  agitantur4; 

1  C'est-à-dire  que  la  réponse  de  Mélanehthon  à  la  lettre  de  Sturm  du  6 
mars  (N°  498),  réponse  qui  ne  parvint  à  sa  destination  que  le  6  juillet,  était 
datée  du  23  avril,  jour  de  la  fête  St.  Georges.  La  date  du  9  mai,  que 
Bretschneider  assigne  à  la  susdite  réponse  (Mel.  Opp.  II,  col.  874),  serait 
donc  fautive,  et  le  manuscrit  qu'il  a  suivi  porterait  par  erreur  «  die  Gre- 
gorii,  »  au  lieu  de  Gcorgii. 

B  Au  mois  de  mai  1535,  François  I  passa  en  revue  à  Rouen  la  légion 
de  Normandie,  et,  environ  le  20  juin,  celle  de  Picardie,  à  Amiens.  Le  23, 
il  était  à  Gtiise,  d'où  il  adressait  le  même  jour  à  Mélanchthon  la  lettre  que 
nous  avons  reproduite  plus  haut.  Il  se  rendit  ensuite  à  Bheims  en  Cham- 
pagne (Voyez  les  Mém.  de  Martin  du  Bellay  et  les  Pièces  fugitives  pour 
servir  à  l'Hist.  de  France,  p.  104). 

3  Jean  du  Bellay,  éuque  de  Paris,  fut  créé  cardinal  le  21  mai  1535. 

4  Voici  le  passage  de  la  lettre  de  Mélanchthon  qui  est  ici  résumé  par 
Sturm  :  «  Existimo  magnam  esse  varietatem  opinionum  in  Gallia,  et  mul- 
tos  esse  fanaticos  spiritus,  qui  serunt  absurdas  et  perniciosas  opiniones. 


308  JEAN  STURM  A  PHILIPPE  MÉLANGHTHO.N,  A  WITTEMBERG.         1  535 

id  vos  re  ipsa  nuper  in  uno  Gallo  comperisse  5  ;  deinde  fore,  ut 
minora  quidem  vobis  condonentur,  graviora  autem  vel  promissis 
meliorum  rerum  vel  importunitate  aliqua  opprimantur;  et,  quan- 
quam  ista  summa  sint,  tamen  [afjfuturum  te,  si  spes  esset  posse  Re- 
gem  prœmolliri  hac  congressione,  ut  œquior  esset  in  maturanda  et 
conficienda  publica  Synodo. 

Exposuihœc  amicis  mets,  quorum  communis  causa  agitur;  lite- 
ras etiam  tuas  atque  Buceri6  dedi,  ut  legerent.  Video  enim  hoc  pe- 
riculum  etiam  ad  me  spectare,  nec  quidquam  velim  accidere  quod 
le  indignum  esset,  et  quod  Evangelii  causam  et  Christi  gloriam 
perturbaret.  Itaque  priores  etiam  Mas  literas  quas  accepisti  '  Lan- 
gius  vidit,  antequam  mitterentur,  ut  ne  quid  scriberem  quod  non 
probaretur  et  alienum  esset  a  Régis  vohintate.  Quod  verô  t«  èxst'vou 
où  7râvu  toT;  luoiq  o-upp&mT8,  tu  ne  secùs  intelligas  atque  ille  scrip- 

Xarn  Me  qiioque  nuper  expuîimus  Gallum,  qui  de  divinitatc  Christi  scélérate 
disputàbat.  Sunt  et  alii  seclitiosi,  qui  stolidè  tumultuantur  uhi  nibil  opus 
est.  Utrosque  et  ipse  judico  severè  coërcendos  esse,  et  facile  est  de  his 
dare  consilium.  Sed  sunt  alii  quidam,  qui  neque  impias  opiniones  habent 
neque  seditiosi  sunt,  sed,  dicam  enim  plané,  qui  modeste  probant  ea  quœà 
nostris  pie  patefacta  sunt.  Jam  si  id  agatur,  ut,  etiamsi  leviores  quidam 
articuli  nobis  donentur.  tamen  reliqui  graviores  obruantur  et  deleantur, 
ego  neque  causée  publica?  neque  Ecclesise  profuero.  » 

5  Le  personnage  que  mentionne  Sturm  avait  été  expulsé  de  Wïttem- 
berg  pour  ses  doctrines  hétérodoxes  (Voy.  n.  4).  C'était  probablement  le 
Savoisien  Claude  d'Aliod  (N°  464,  n.  1-2).  Chassé  de  Comtance  vers  la  fin 
du  mois  d'août  1534,  il  l'avait  été  également  de  Strasbourg  quelques  se- 
maines après  (Lettre  de  J.  Zwick  à  Vadian,  écrite  en  septembre  1534. 
Bibl.  de  la  ville  de  St.-Gall.  Mscriptse  Epp,  XI,  55). 

6  La  réponse  de  Bticer  à  la  lettre  de  Sturm  du  10  mars  (N°499j  avait 
été  écrite  d'Augsbourg,  vers  la  fin  d'avril.  Nous  en  extrayons  les  pas- 
sages suivants  :  «  Tametsi  tuas  literas  nondum  vidissem,  reliquerat  enim 
illas  Barnabas  [Vorœus]  Argentorati,  scripsi  tamen  ad  Philippum,  ut  sui 
copiam  vobis  minime  negaret,  meque  obtuli  ad  omnia  ea  quibus  ille  puta- 
ret  me  ad  sanctificandum  nomen  Christi  aliquid  conferre  posse...  Et  si 
audire  Bcx  doctrinam  Christi  se rio  expetit,  quanta  hujus  offertur  occasio! 
Porrô  Argentorato  tandem  accepi  qure  ad  Philippum  et  me  scripsisti  de 
luctuosissima  illic  sanctorum  conditione...  Si  hoc  agitur,  ut  in  Galliis  re- 
gnum  Christi  sensim  sed  verè  admittatur...  semper  tamen  monendus  Bex 
erit,  ad  quam  metam  hoc  studium  currat,  quse  sit  ratio  regni  Christi, 
Evangelium  oportere  pure  à  puris  annuntiari. . . .  »  (Copie  contemporaine. 
Arch.  de  Bâle). 

7  C'est-à-dire,  la  lettre  de  Sturm  du  6  mars. 

8  Le  texte  de  Bretschneider  porte  ici  :  aûu.<pwva.  Nous  préférons  ffup.- 
-".vcT,  qu'on  trouve  dans  un  fragment  de  la  présente  pièce,  t.  II,  col.  887. 


1535       JEAN  STURM'A  PHILIPPE  MÉLANCHTHON3  A  WITTEMBERG.  309 

serit  °.  Scripsi  tamen  ego  tum  ex  ejus  voluntate  et  consensu;  sed 

ita  esse  interprelor.  Langium  wzpi  roZ  tvjç  auvôSov  tottou  yzypaupivau  10, 

ut  ostenderet,  Regem  ad  caetera  prope  omnia  facile  consensurum 
quee  à  vobis  proponuntur,  de  loco  autern  Concilii  posse  oriri  con- 
troversiam,  propter  varietatem  et  longinquitatem  regïonum,  —  ut 
intelligeres,  Regem  neque  à  te  neque  à  vestris  dogmatibas  magno- 
pere  esse  alienum.  Nam  eadem  tum  mihi  Languis  constanter  affir- 
mabat.  Sed  jam  cura  Rege  est;  quare  ad  postremam  illam  partem 
preeter  hœc  nibil  habeo  q'uod  respondeam.  Et  semper  credidi,  se- 
cretam  fore  liane  consultationem,  ut  Rex  suo  regno  consuleret,  et 
minore  cura  periculo  statum  ecclesiasticum  corrigeret,  et  Ma  sup- 
plicia conslituta  fuisse  non  in  pios,  sed  adversùm  eos  quos  etiam 
ipse  censés  coërcendos  u. 

Quos  autern  mine  in  consUiummihi  adhibui 12,  qui  non  raulti  sunt 
(nam  haud  satis  temporis  ad  consulendum  habui,  et  pauci  sunt 
quorum  fides  sit  explorata),  hi  omnesmecum  sentiunt,  ut  venias,  idque 
necessarium  esse  in  hoc  rernm  statu.  Nam  quod  dubitatis,  posse  hac 
ratione  adjuraenti  aliquid  adferri,  facitis  id  quidem  prudenter,  ob 
diversa  hominum  sludia,  multiplicemvoluntatem  et  adversariorum 
potentiam;  sed,  ut  concédèrent  nihilproftci  (quod  non  confido),  Rex 
tamen  ipse  non  est  exacerbandus,  cujus  favor,  ut  fateris,  necessarius 
est13.  Nam  quod  bucusque  banc  causam  soliti  sunt  ante  cognitio- 
nem  itpàxaTaytwcxsa  I4,  eo  venit,  quôd  pauci  reges  sunt  qui  adju- 
tores  extiterunt.  Quamobrem  recte  illud  ad  extremum  adjecisti. 
unde  conjiciam  praemolliendum  esse  Régis  animum,  cujus  bene- 


9  Allusion  à  une  lettre  de  Guill.  du  Bellay  à  Mélanchthon  qui  n'a  pas 
été  conservée. 

10  L'une  des  copies  de  cette  lettre  a  remplacé  les  mots  grecs  par  ceux- 
ci  :  «  de  loco  synodi  scripsisse  »  (Note  de  Bretsclineider). 

11  Voyez  la  note  4. 

12  En  s'éclairant  des  conseils  d'autrui,  Sturm  obéissait  à  ce  vœu  de 
Mélanchthon  :  «Hsec.ad  te  scribo...  ut  vos  quibus  Gàllia  nota  est,  cogi- 
tetis,  an  expédiât  me  suscipere  iter  »  (Lettre  du  23  avril). 

13  Allusion  à  ces  paroles  de  Mélanchthon,  dans  sa  lettre  du  23  avril  : 
«  Disputabitis  hoc  quocpie  an,  etiamsi  non  possint  obtineri  ea  quœ  volu- 
mus,  prosit  jam  meo  congressu  quasi  praemolliri  animum  Begis  ad  cogni- 
tionem  in  Synodo?  Tantum  est  enim  odium  nominis  nostri  apud  adver- 
sarios,  ut,nisi  aliqua  reg  i  sludia  habuerimus,  ne  cognitio  quidem  caus» 
nobis  speranda  sit.  » 

14  Au  lieu  de  ce  mot,  on  lit  pradamnare  dans  l'une  des  copies  (Note 
de  Bretsclineider). 


310  JEAN  STURM  A  PHILIPPE  MÉLANCHTHON,  A  WITTEMBERG.        1535 

volentia  plurimum  sit  adjutura.  Verùm  si  nunc  non  venias,  post- 
quam  aliquo  modo  consensisti,  postquam  et  Me  literas  sua  manu 
notavit15,  ad  te  misit,  et  legatos16  addidit,  cum  quibus  tutô  venire 
liceat,  vehementer  metuo,  si  negares,  ut  id  œquo  animo  ferat.  Ego 
ita  existimo  :  si  haec  occasio  ante  annos  decem  oblata  esset,  liben- 
ter  arripuisses.  Multum  est  enim  ultrô  vocari,  favere,  adjuvare 
quantum  licet,  nondum  cognità  causa;  nam  si  cognovit,  minus  est 
periculi.  Quare  obfuturum  est  plwimum,  si  Rex  credat,  aut  sibi 
fidem  non  fiaberi,  mit  vos  veslrœ  doctrinœ  parum  fidere.  Nam  in  eam 
partem  interpretaturi  sunt  adversarii,  quanquam  in  ea  sum  sen- 
tentia,  ut  existimem,  utilissimum  et  prope  necessarium  esse  reli- 
gioni  et  Galliœ,  ut  regiœ  expectationi  satisfacias. 

Non  enim  est  quôd  metuas  iniquorum  hominum  potentiam,  qui 
pro  Christi  gloria  quicquam  sibi  detrahi  inviti  patientur.  Rex  in- 
genio  est  per  se  acuto  et  prudenti,  et  naturd  facilis,  et  libenter  ad- 
mitlit  rationes,  et  hi  ipsi,  ut  ex  Langio  audivi,  tuos  articulos,  quos 
misîsti17,  prope  magno  consensu  comprobarunt,  et  pauca  quœdam 
exceperunt 1S.  Credo,  si  adesses,  si  prœsens  Régi  per  interprètent  lo- 
quereris,  et  rationes  vestras  exponeres,  mirabiliter  eum  inflammares. 
Multum  valet  bona  de  aliquo  existimatio,  antequam  causa  optima 
cognoscatur.  Prsesens  verô  collocutio  et  rerum  difticilium  expli- 
catio,  et  interrogatio  et  responsio  eô  plus  habitura  est  ponderis, 
quô  res  ipsa  meliùs  cognoscetur,  et  magis  ad  Christum  intelligetur 
pertinere.  Neque  enim  sic  debes  cogitare,  dissimulanda  esse  qua3- 
dam  in  hoc  principio,  et  qusedam  concedenda  adversariorum  im- 
portunitati.  Libéra  tibi  apud  Regem  responsio  erit,  libéra  interro- 
gatio, libernm  utrique  suum  judicium,  et  Rex  constantiam  magis 
laudaturus  est  in  rebits  magnis  quàm  declinationem. 

Videt  ab  altéra  parte  vehementer  violatam  religionem  VJ;  in  ves- 
trâ  multa  metuit  priasquam  omnem  cognovit,  propter  eos  tumultus 

15  Sturm  fait  allusion  à  la  lettre  de  François  I  du  23  juin  (N°  512). 

16  Barnabas  de  Voré,  député  du  Roi  auprès  de  Mélanchthon,  avait-il 
un  collègue  d'ambassade  (Voy.  le  N°  525,  n.  8)  ? 

17  Allusion  au  Mémoire  envoyé  par  Mélanchthon  h  Guill.  du  Bellay,  le 
1er  août  1534  (Voyez  le  N°  476,  notes  2  et  5). 

18  Ces  modifications  apportées  au  Mémoire  de  Mélanchthon,  sur  l'or- 
dre du  Roi,  sont  faciles  à  constater,  en  comparant  le  texte  du  susdit  mé- 
moire publié  par  de  Thou  avec  celui  que  d'Argentré  (Collectio  Judicio- 
rum,  t.  I,  pars  II,  p.  387-393)  a  reproduit  d'après  le  Registre  de  la 
Sorbonne.  Voyez  aussi  les  Melanthonis  Opéra,  t.  II,  col.  765  et  suivantes. 

19  Voyez  le  N°  498,  note  14. 


1535        JEAN  STHVM  A  PHILIPPE  MÉLANCHTHON,  A  WITTEMBER6.  3H 

qitos  Germam'a  jam  crebros  in  multis  locis  est  passa 20.  Raque,  ne 


q 


juid  simile  Galliœ  eveniat,  mature  consulit,  et  quoniam  apud  vos 
tranquilliorem  esse  rempublicam  audit,  et  te  earum  rerum  magna 
ex  parte  authorem,  cupit  coram  tecum  collo/jui  Hoc  ego  credo  Ré- 
gis esse  consilium,  et  eum  monitum  esse  à  prudentibus,  et  jam  ali- 
ijiiid  intelligere:  nam  si  nihil  intelligeret,  negligeret  ut  ante,  et 
suppliciis  regnum  suum  conlirmaret,  quae  jam  omnino  sunt  sub- 
lata  21.  Quôd  verô  phalangas  Monachorum  metuisti82,  non  eô  res 
est  deventura.  Tecum  Rex,  paucis  adhibilis,  iisque  viris  bonis, 
amicè  decidet,  ut  si  quid  novi  moverent  Monachi,  id  plurimum  es- 
set  profuturum,  ut  ex  Cardinalibus.  Episcopis  et  Doctoribus  nemo 
admitteretur,  nisi  doctus,  pius  et  liberali  ingenio.  Sic  ego  audio,  et 
confido  verum  esse.  ltaque  homines  metuere  nullos  debes ;  nam 
qui  sunt  iniquo  [animo]  nihil  conabuntur,  si  qui  sunt;  imô,  si  qui 
exorituri  sunt.  eô  diligentiùs  obviam  occurrendum  est,  et  prospi- 
ciendum  Ecclesiae.  Haec  est  mea  et  amicorum  sententia,  cor  régis 
in  manu  Dei  esse,  et  omnia  signa  esse  tranquillioris  Ecclesice,  hanc 
congressionem  nihil  mali  praejudicii  tibi  in  futura  Synodo  paritu- 
ram  23,  si  prudenter  et  graviter  agatur,  neque  solùm  non  pericu- 
losam,  sed  etiam  necessariam,  ne  Rex  alienetur,  ut  magis  conci- 
lietur,  ut  doceatur,  ut  illuminetur  evangeîio  veritatis.  Hoc  rerum 
difficultates  exigunt,  et  fert  temporum  ratio,  dum  homines  sinunt. 
Pontifîcem  etiam  aiunt  œquiorem  esse,  et  haud  paulo  meliorem 
quàm fuerunt  cœteri**.  Omnino  improbat  illam  suppliciorum  crude- 
litatem.  et  de  hac  re  dicitur  misisse  [literas  ad  Regem 25].  Gnecè  et 

20  Allusion  à  la  guerre  des  paysans  (1525)  et  aux  excès  commis  par  les 
Anabaptistes,  qui  venaient  d'être  défaits  dans  la  ville  de  Munster  (25  juin). 

21  Les  supplices  avaient  cessé  depuis  le  5  mai. 

22  «  Jam  cogita  illas  phalangas  monachorum!  et  scis  quàm  sint  0-îit.- 
tpavoi,  et  quibus  artificiis  teneant  fascinatos  nobilium  animos  »  (Lettre  de 
Mél.  du  23  avril). 

23  Allusion  à  ce  passage  de  la  lettre  de  Mélanchthon  du  23  avril  :  «  Fac, 
me  impetrasse  ut  nemo  afficiatur  supplicio  qui  exuit  cucullum  ;  quid  fiet 
in  c»teris  durioribus  articulis  ?  Num  jubebo  interfici  eos  qui  non  probant 
manifestos  abusus  -wv  XeiToup-^twv  aut  cultus  divorum?...  Jam  in  his  ubi 
nihil  impetravero,  tamen  plectentur  boni,  et  ego  videbor  suffragator  et 
approbator  talium  suppliciorum...  Quôd  si  quœdam  lue  pro  tempore  lar- 
guer, ad  prœjvdicium  qfferent  in  Synodum.  » 

24  Voyez  sur  Paul  III  le  X"  483,  note  10. 

25  Ce  témoignage  de  Stunn  rendu  au  Pape  est  confirmé  par  Erasme 
(Voyez  Erasmi  Epp.  Le  Clerc,  p.  1513).  Le  Journal  d'un  bourgeois  de 


312  JEAN  STURM  A  PHILIPPE  MÉLANCHTHON,  A  WITTEMBERG.        1535 

latine  [loquitur],  et,  ut  ex  Camillo  2G  audio,  bene  doctus  est.  Delec- 
tatur  prsedicatione  Evangelii,  aut  saltem  astutè  et  impie  simulât. 
Cum  Reginâ  Navarrœ  Monachus  quidam  fuit,  Gerhardi  Rufi  dis- 
cipulus27,  bonus  et  doctus,  utmihi  videbatur.  Hune  Regina  Romam 
misit,  et  Pontifex  eum  retinuit,  et  stipendium  dédit  quadringen- 
torum  ducatorum,  quô  publiée  Ronue  sacra  doceret.  Humana  qui- 
dem  ista  sunt,  sed  divinitùs,  spero,  fiunt,  et  occasionem  secum  af- 
ferunt  rébus  corrigendis.  Tu,  pro  tua  prudentia,  vide  quid  Cliris- 
tus,  quid  Ecclesia,  quid  pii,  quid  bominum  nécessitas  exigat.  Ego 
Cbristum  Dominum  et  Deum  nostrum  oro,  ut  baec  deliberatio  et 
profectio  tibi  omnibusque  sit  salutaris. 

JOANN.    STURMIUS. 


Paris,  p.  458,  est  plus  affirmatif  encore  :  «  Le  bruit  fut  en  juing  1535, 
que  le  pape  Paul,  adverty  de  l'exécrable  justice  et  horrible  que  le  Roy 
faisoit  en  son  royaume  sur  les  Luthériens,  on  dit  qu'il  manda  au  roy  de 
France...  qu'il  pensoit  bien  qu'il  le  fist  en  bonne  part...  Néantmoins 
Dieu  le  créateur,  luy  estant  en  ce  monde,  a  plus  usé  de  miséricorde  que 
de  rigoureuse  justice,  et  qu'il  ne  faut  aucunes  fois  user  de  rigueur,  et  que 
c'est  une  cruelle  mort  de  faire  brusler  vif  un  homme,  dont  par  ce  il  pour- 
rait plus  qu'autrement  renoncer  la  foy  et  la  loy.  Parquoy  le  Pape  prioit 
et  requéroit  le  Roy  par  ses  lettres,  vouloir  appaiser  sa  fureur  et  rigueur 
de  justice  en  leur  faisant  grâce  et  pardon.  Parquoy...  [le  Roy]  se  mo- 
déra et  manda  à  la  cour  de  Parlement  de  non  plus  y  procéder  en  telle 
rigueur,...  tellement  que  plusieurs  qui  estoient  prisonniers,  tant  en  la 
Conciergerie  que  en  Chastelet,  [furent  délivrez],  et  n'y  fust  plus  procédé 
rigoureusement  par  justice.  » 

25  Julius  Camillus,  savant  italien  natif  de  Forli,  que  François  I  avait 
appelé  à  Paris  en  1530,  et  qui  était  l'ami  de  Sturm  (Voy.  la  lettre  d'Al- 
ciat  à  Fr.  Calvus,  datée  de  Bourges,  3  septembre  1530.  Gudii  et  Sarravii 
Epp.  Pars  I,  p.  109.  —  F. -G.  Freytag.  Adparatus  litterarius,  t.  III,  p. 
132.  —  C.  Schmidt.  Mém.  sur  Roussel,  p.  219,  220). 

27  On  ne  connaît  pas  le  nom  de  ce  disciple  de  Gérard  Roussel.  Quant 
à  Roussel  lui-même,  il  était  encore  aumônier  ordinaire  du  roi  et  de  la  reine 
de  Navarre,  qui,  deux  mois  plus  tard,  le  recommandèrent  chaudement  à  la 
cour  de  Rome,  pour  qu'il  fût  nommé  à  l'évêché  d'Oléron.  C'est  ce  que  nous 
apprend  un  mémoire  sans  date  émané  du  roi  Henri  de  Navarre,  et  que 
Génin  (op.  cit.  I,  300)  attribue  à  l'année  1540,  bien  qu'il  doive  être  rap- 
porté au  mois  de  septembre  1535.  Ce  document  parle,  en  effet,  de  Pierre 
d'Alhret,  évêque  d'Oléron,  mort  empoisonné  «  le  lundi  6  du  présent  mois 
de  septembre,  »  date  qui  exige  le  millésime  de  1535,  et  il  fut  expédié  de 
Fontaine- Française,  où  la  cour  de  François  I  se  trouvait  en  septembre 
1535.  D'autre  part,  Roussel  dut  être  créé  évêque  d'Oléron  vers  la  fin  de 
la  même  année,  puisque  le  poète  Jean  Voidté  (Vulteius)  lui  donne  ce  titre 
dans  ses  Epigrammata  (Lugduni,  mense  Augusto,  1536,  p.  13, 113, 168). 


1535  AMI  PORRAL  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  313 


516 

ami  porral  au  Conseil  de  Genève. 
De  Berne,  10  juillet  1535. 

Inédite.  Autographe.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  Vive  sympathie  des  bourgeois  de  Berne  pour  les  Genevois  opprimés  à  cause 
de  l'Évangile.  Ami  Porral  exhorte  les  magistrats  de  Genève  à  gouverner  avec  sa^e-- 
et  énergie,  et  à  détruire,  sans  plus  tarder,  les  cavernes  de  larrons. 

Très-honnorés  Seigneurs  !  Hier,  9me  du  présent,  après  disner, 
partit  d'ici  Pëtre,  le  serviteur  du  seigneur  Franceij  Faire...  Je 
vous  ay  escript,  par  le  dit  Pètre,  la  response  de  Messeigneurs  '  et 
mandé  ce  que  me  semhloit  de  non  pour  le  commencement, 
sil  Mess"  me  heussent  demandés  mon  advis,  comme  j'enten- 
dois2.  Je  vous  ay  aussy  envoyé  ce  que  je  propos[a]y  par  escript 

1  Le  vendredi  9  juillet,  la  séance  du  Conseil  des  Deux-Cents,  à  Berne, 
avait  été  consacrée  uniquement  aux  affaires  de  Gemve.  Ami  Porral,  in- 
troduit dans  l'assemblée,  avait  reçu  cette  réponse  verbale  de  l'Avoyer  * 
«  Mes  seigneurs  hont  ouy  ce  que  leur  avés  proposés  de  la  part  de  voz 
supérieurs,  et  sont  marris  des  extortions  et  violences  que  l'on  [vous]  faict. 
Et,  sur  ce  que  vous  leur  avés  tousjours  dict  qu'ilz  vous  veuillent  aider  et 
secourir,  vouldroient  bien  sçavoir  de  vous  comme[nt]  et  en  quelle  sorte' 
vous  voulés  qu'ilz  vous  aident  V  »  —  «  Ainsy  que  mes  supérieurs  m'hont 
toujours  escript  (répondit  Porral),  que  je  vous  dheusse  prier  que...  les 
beubssiés  pour  recommandez  en  leurs  adversitéz,  leur  vueuillans  donner 
ayde  et  confort.  Car  ils  n'avoient  autre  recours  que  à  Dieu  et  à  Voz  Excel- 
lences. »  Comme  on  ne  put  pas  tirer  de  lui  une  réponse  plus  précise,  il 
fut  prié  de  la  demander  au  Conseil  de  Genève  (Yoy.  la  lettre  de  Porral 
du  9  juillet  1535.  Arch.  de  Genève). 

2  Cet  «  advis  »  de  Porral  est  annexé  à  sa  lettre  du  9  juillet  au  Conseil 
de  Genève.  Il  se  résume  dans  une  sommation  qui  devait  être  adressée  par 
les  Bernois  «  au  Juge,  Châtelain  et  officiers  de  Gex,  Gaillard,  Ternier  et 
Peney,  »  pour  qu'ils  eussent  à  réprimer  efficacement  tout  acte  de  violence 
commis  sur  leur  territoire  contre  les  Genevois. 


314  AMI  PORRAL  AU  CONSEIL  DE  GENEVE.  1535 

en  alemant 3.  Je  vous  envoyé  encoures  une  minute  de  response, 
affin  que  cuyllés  le  miel  sus  les  flours  et  que  faictez  bonne  res- 
ponse à  Messrs  4;  car  là  gict  le  lièvre 

Toutes  les  lettres  du  commis  Bichoff5,  et  celle  de  la  relaissée  du 
Parisien 6  que  les  murtriés  de  Pigney  brûlarent,  translatée  en  ale- 
mant, par  le  commandement  de  Messrs,  fusrent  lisues  en  Grand 
Conseil 7,  et  Her  Bertol»,  le  prédicant,  nous  avoit  recommandé  en 
son  sermon  ce  jour  mesme,  tellement  que  le  cueur  du  comeung 
estoit  fort  esmeu  à  pitié;  mais  Nostre  Seigneur  n'a  voit  pas  encou- 
res humilié  le  cueur  des  esperviers  9.  Ce  sera  quant  il  Luy  plaira  10. 

Plusieurs  des  bourgois,  hier  mesmes,  après  avoir  suppé  en 
l'abbaye  des  affaicteurs  n  où  ilz  estoient  encoures,  mandarent 
querre  [1.  quérir]  Hugue  Vandel 12,  ainsy  que  luy  et  moy  passions 
par  là-devant,  là  où  luy  fusrent  tenuz  plusieurs  propostz  de  nostre 
affère.  Les  ung  disoient  qu'ilz  vouloient  nous  aller  secourir  à  leurs 
despens.  Les  aultres,  qu'ilz  failloit  attendre  vostre  response. 
Les  aultres  disoient  qu'ilz  failloit  premièrement  estre  poiés,  à  la 

3  C'est-à-dire,  le  discours  qu'il  avait  prouoncé  devant  les  Deux-Cents 
de  Berne  (note  1). 

4  La  lettre  de  Genève  du  14  juillet  (N°  517)  est  peut-être  la  repro- 
duction pure  et  simple  de  cette  minute  de  Porral. 

5  Antoni  Bischoff,  commissaire  de  MM.  de  Berne  à  Genève,  depuis  le 
19  septembre  1534  (Voy.  Froment,  op.  cit.  Extr.  des  Reg.  p.  cvni,  cix, 
cxvi,  cxix,  cxxv,  cxxvii).  Après  une  absence  de  quelques  semaines,  il 
était  revenu  à  Genève  vers  le  21  juin. 

6  C'est-à-dire,  la  veuve  de  Pierre  Gaudet  (Voyez  le  N°  513). 

7  Le  vendredi  9  juillet. 

s  C'est-à-dire,  Monsieur  Berthold  Haller. 

9  Porral  veut  parler  sans  doute  de  certains  magistrats  de  Berne,  qui, 
par  une  prudence  un  peu  égoïste,  dissuadaient  le  Conseil  de  secourir  Genève 
(Voyez  le  Chroniqueur  par  L.  Vulliemin,  p.  64  et  111). 

10  Les  lettres  de  Porral  expriment  souvent  ces  sentiments  de  pieuse 
soumission.  Ainsi  il  écrivait  le  22  juin  à  ses  supérieurs  :  «  Je  sçay  bien 
que  vous  vouldriés  aultre  que  parolles  :  mais  il  nous  fault  contenter  de 
ce  que  plaict  à  Dieu  nous  donner  par  les  hommes,  ses  instrumens.  11  a 
tout  en  sa  main  pour  nous  donner  ce  qu'il  sçait  nous  estre  neccessaire,  à 
sa  volunté,  non  pas  à  la  nostre  ;  à  cela  nous  fault  arrester,  sil  nous  sum- 
mes  crestiens...  Post  tenebras  spero  lucem.  Sil  la  tempeste  nous  avoit  tout 
gasté,  comme  elle  a  fait  à  ceulx  de  Disjon,  sil  nous  fauldroit-il  avoir  pa- 
tience. » 

11  C'est-à-dire,  l'abbaye  des  tanneurs. 

12  Citoyen  genevois,  fixé  à  Berne  depuis  plusieurs  années  (Voy.  le  t.  II, 
p.  487.  au  bas). 


1535  AMI  PORRAL  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  315 

forme  de  la  bourgoisie,  et  avoir  du  moing  2000  escus  13.  Les  atti- 
trés disoient  qu'il:  y  failloit  aller  pur  charité,  sans  avoir  regard  à 
la  bourgoisie,  veu  que  le  mal  que  ceulx  de  Génère  hont  est  à  cause 
de  l'Évangille,  lequel  ilz  lhont  pris  sur  ce  que,  aultrement,  leurs 
ambassadeurs  avoient  charche  [1.  charge  de]  rendre  et  quicter  la 
bourgoisie  à  ceux  de  Genève14.  Et  ceste  opinion  fusl  la  plus  aggréa- 
ble  à  la  compaignye  13. . . . 

Je  vous  escris  beaucopt,  affin  que,  bien  adverlis,  en  prenés  ce 
que  vous  pourra  profiter  ou  édiffier,  et  non  pas  pour  vous  confon- 
dre; car  il  fauit  en  temps  de  tribulations  eslre  saiges  et  de  milieur 
cueur  que  jamais,  et  Jésuchrist,  nostre  Rédempteur  et  seul  advo- 
cat,  ne  nous  lairra  pas  suffrir  plus  que  ne  pourrons  pourter.  Au- 
quel seul  honneur  et  gloire,  et  à  vous  sa  paix  et  sa  grâce!  De 
Berne,  ce  Samedi  au  soir,  10mc  de  Juillet  1535. 

Vostre  humble  serviteur  A.  Porral. 

(P.-S.)  Faictes  bonne  justice,  et  buttés  bas  ces  spélunques  de  lar- 
rons ls,  et  ne  vous  souciés  des  hommes,  et  le  plus  tost  le  milieur. 

(Suscription  :)  A  Mess"  les  Sindicques  et  Conseil  de  Genève, 
mes  très-honnorés  Seigneurs. 

13  Genève  devait  encore  aux  Bernois  la  majeure  partie  des  frais  de 
l'expédition  de  1530  (Voy.  la  p.  152,  lignes  3-4). 
11  Voyez  le  N°  446,  note  9. 

15  On  lit  à  la  fin  de  la  lettre  de  Porral  du  9  juillet  :  «  Sur  ce  que  Mons1' 
l'Advoier  me  dit  l'aultre  jour,  que' Mess"  estoient  de  bon  voloir,  mais 
que  leurs  païsans  vouloient  estre  poyés  du  passé,  —  je  luy  respondys  : 
«  Monsieur,  je  suis  adverty  par  les  prédicans  qui  fusrent  icy  dernière- 
ment assemblés,  que  voz  dits  païsans  nous  vouldroient  faire  plaisir  de 
corps  et  de  biens,  pour  ce  qu'ilz  sçavent  que  nous  ne  suffrons  synon  pour 
l'Évangille.  »  Et  atant  luy  ay  clo[s]  la  bouche  et  à  d'aultres,  tellement 
qu'il  n'est  plus  question  de  nous  faire  celle  réplicque  excusative.  » 

16  Par  ces  cavernes  de  larrons  faut-il  entendre  les  châteaux  qui  ser- 
vaient de  retraite  aux  partisans  de  l'Évêque?  Est-ce  que  Porral  conseil- 
lait de  les  détruire  au  plus  tôt,  sans  tenir  compte  des  trois  choses  sui- 
vantes :  l'issue  malheureuse  de  l'expédition  du  0  mai  contre  le  château 
de  Peney  (Voy.  Froment,  op.  cit.  p.  176),  la  verte  réprimande  des  Ber- 
nois (N°  513,  n.  3)  et  la  promesse  de  «  patienter  encore  »  faite  à  ceux-ci 
par  les  Genevois  (Lettre  du  19  mai  à  MM.  de  Berne)?  Ou  bien  faut-il 
voir  dans  le  passage  en  question  une  allusion  aux  couvents  et  au  Chapi- 
tre de  Genève? 

Ce  qui  pourrait  rendre  plausible  la  seconde  interprétation,  c'est  d'a- 
bord le  mépris  très-légitime  que  la  plupart  des  prêtres  et  des  moines  de 
Genève  avaient  excité  par  leur  égoïsme  (Voy.  le  N°  428,  n.  5),  leur  im- 


316         LE  CONSEIL  DE  GENEVE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.        1535 


517 

le  conseil  de  GENEVE  au  Conseil  de  Berne. 
De  Genève,  14  juillet  1535. 

Inédite.  Minute  originale.  Arch.  Je  Genève. 


.Sommaire.  Malgré  les  maux  qui  les  assiègent  depuis  qu'ils  ont  permis  la  prédication  de 
l'Évangile,  les  Genevois  témoignent  de  leur  confiance  en  Dieu  et  en  Messieurs  de 
Berne. 


Magnifficques  Seigneurs!  Il  est  vray  que,  sus  tant  d'afflictions 
qu'avons  souffert,  depuis  mesmement  qu'avons  laissé  PÈvangille 
franc  en  nostre  ville l,  par  rostre  bon  conseil  et  charitable  persuasion, 
et  à  icelle  occasion  (comme  avés  peu  cognoislre  par  les  mande- 
mens  et  défenses  de  CÈvesque2), —  [nous]  avons,  par  l'espace 
quasy  d'ung  an,  tant  par  lètres  que  par  nous  ambassadeurs,  prié 
et  supplié  Vous  Excellences,  [que  ce]  feust  leur  bon  playsir,  en 
charité  et  pour  l'honneur  de  Dieu,  nous  avoyr  pour  recommandez 

moralité  et  leurs  faux  miracles  (Voy.  Froment.  Extr.  des  Registres,  p.  <  i. 
cm,  civ,  cxxvi).  C'est  ensuite  l'hostilité  déclarée  de  Porral  et  de  presque 
tous  ses  collègues  contre  l'église  romaine,  hostilité  dont  il  existe  des  tra- 
ces dans  la  correspondance  de  Porral,  et  qui  se  révèle  plus  clairement 
encore  par  les  témoignages  de  confiance  que  les  magistrats  genevois  don- 
naient depuis  quelque  temps  h  Guillaume  Farel,  ainsi  que  cela  résulte  d'un 
passage  de  la  lettre  de  Porral  du  9  juillet.  Après  avoir  recommandé  à 
ses  collègues  de  répondre  à  la  question  posée  par  MM.  de  Berne  (Voy. 
note  1),  il  ajoute  :  «  Advisés  bien  entre  vous  et  en  parles  à  Maistre  Guil- 
laume et  à  vos  secretz  amys,  qui  hont  espritz  et  sçavoir.  Le  seigneur  Johan 
Balard  est  bien  digne  d'estre  appelle.  » 

1  Cette  permission  fut  donnée  le  1er  mars  1534  (N°  453,  n.  1). 

2  Entre  autres,  la  bulle  d'excommunication  du  22  août  1534  et  le 
mandement  du  13  juin  1535,  qui  interdisait  toute  relation  avec  les  syn- 
dics, prêcheurs,  citoyens,  bourgeois  et  habitants  en  la  cité  de  Genève, 
tenant  la  secte  luthérienne  (Voy.  Froment,  p.  cciv.  —  J.  Gaberel,  op. 
cit.  I,  pièces  justif.  p.  40). 


IS3o       LE  CONSEIL  DE  GENÈVE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.        317 

et  nous  donner  quelque  ayde  et  confort,  comme  nous  bons  sei- 
gneurs et  protecteurs  suivans  l'Évangile,  aflin  que  de  cousté  [d']i- 
celluy  paysiblement  desmourans,  et  deslivrés  de  telles  tyrannies 
que  par  plusieurs  foys  vous  ont  estées  proposées,  puissions  servir 
à  Dieu,  et  satisfayre  à  Vous  Excellences  de  ce  que  leur  sûmes  tant 
tenus  et  obligés.  Pourquoy  maintenant,  sur  ce  que  vous  a  pieu 
nous  fayre  escripre  par  nostre  ambassadeur s,  ne  vous  scerions 
[1.  saunons]  donner  aultre  ny  meillieur  déclaration  de  nostre  sup- 
plication, sinon  que  de  tousjours  vous  prier,  comme  l'enfant  bien 
apris,  qui,  quant  son  père  luy  demande:  «  Comme  le  veulx-tu?  » 
respond  :  <•  Ainsy  qu'il  vous  plaira,  »  —  assavoyr  de  nous  estre 
bénignement  en  ayde,  selon  vostre  bon  playsir  et  discrétion,  com- 
me ceulx  que  mieulx  sçaivent  ce  que  au  patient  est  nécessaire,  que 
te  patient  mesme.  De  quoy  derechieff  affectueusement  vous  sup- 
plions, pour  Tbonneur  de  Dieu  et  par  charité,  affin  que  ne  soyons 
toutellement  destruyts  et  constrainctz  d'abandonner  le  lieu,  et  no: 
pauvres  frères  crestiens  ne  meurent  en  la  prison  4. 

Néansmoings  soyt  faicte  la  volunté  de  Dieu  nostre  Père,  lequel 
prions  nous  donner  bonne  patience  aux  afflictions  que  d'heure  en 
heure  nous  croissent,  et  à  Vous  Excellences  pouvoyr  et  vouloyr  de 
assister  à  tous  povres  affligés  pour  PÉrangile,  en  leur  bon  droict, 
de  bonne  heure!  Il  vous  plaira  oyr  nostre  ambassadeur,  auquel 
bavons  donné  charge  vous  dire  encore  la  prise  5  et  les  maulx  [qui] 
nous  hont  esté  faictz  dès  huyt  jours  en  ça.  Prians  tousjours  le 
Créateur  [qu'il  luy  plaise  maintenir  Vous  Excellences  en  bonne 
prospérité].  Datum  14  Jullii  1535. 

[Les  Sindicoues  et  Conseil  de  Genève.] 

3  Voyez  le  N°  516,  note  1. 

4  Les  huit  Genevois  emprisonnés  à  Peney  (Voyez  leurs  noms  dans  Fro- 
ment, op.  cit.  p.  cxxxn). 

8  Le  même  jour,  le  Conseil  écrivait  à  Porral  :  «  Nous  vous  envoyons 
le  double  des  Lettres  Ducales  [défendant  toute  violence].  Vous  verres 
comment  ne  sûmes  en  icelles  point  nommés.  Aussi  est-il  vray  cpie  nulz  ne 
vient  en  la  ville,  que  l'on  n'apporte  vivre  que  soit,  et  ne  laisse-1'on  pour- 
tant de  piller,  battre,  prendre  nouz  biens  et  nouz  gens.  Hier,  ilz  prirent, 
delà  et  au  prest  du  pont  d'Alve,  Johann  de  Genève,  pâtissier  de  la  Cor- 
raterie,  nostre  bourgois.  Nous  leur  corismes  après;  touteffoys  ce  fust  à 
tard.  Lungdi  passé,  ilz  prirent  ung  compaignon  Françoys,  de  Poytouz, 
nommé  Eennat  de  Villicz,  lequel  ilz  détenirent,  et  luy  ostarent  trois  es- 
cus  d'or.  Le  lendemain,  ilz  prirent  et  battirent  Johann  de  Gex,  bochier, 
habitant  de  Genève,  luy  ostarent  sa  marchandise...   Sambedi  passé,  ung 


318  CLAUDE  DUBÉRON  A  DOMEINjE  FRANC,  A  GENÈVE.  1535 


518 


Claude  dubéron  [claude  farel]  à  Domeine  Franc 

[Guillaume  Farel],  à  Genève  '. 

De  Turin,  22  juillet  1535. 

Inédite.  Copie  contemporaine.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  Récit  de  Y  arrestation  de  Claude  Farel  et  de  ses  compagnons  à  Faverges. 
Évasion  d'Antoine  Saunier;  ses  amis  [de  Turin  et  des  Vallées  vaudoises]  envoient 
un  messager  à  Genève,  pour  s'informer  de  son  sort.  Les  voyageurs  ont  rencontré  en 
chemin  Jean  du  Bellay  et  ont  recueilli  auprès  de  ses  gens  diverses  nouvelles  de  France. 

Salut,  grâce  et  paix  de  Dieu  nostre  Père,  par  le  seul  Jésucrist 
son  filz,  Nostre  Seigneur!  Chier  frère,  despuis  nostre  département, 
le  Seigneur  Dieu  nous  a  bégninement  visité  :  lequel,  considérant 
l'infirmité  de  nostre  chair,  laquelle  répugnoit  grandement  à  la  pro- 
hation  et  confession  de  Jésuchrist,  n'a  permis  qu'on  nous  ave  en- 
quys  de  nostre  foy,  principalement  mon  frère  et  moy,  dernier  exa- 
miné. Et,  congnoissant  nostre  heure  non  estre  venue,  nouz  sum- 
mes  dict  marchands]  de  layne,  combien  que,  devant  l'enqueste, 
ne  pensois  jamais  évader  leurs  mains. 

Et,  affin  que  entendes  plainement  l'affaire,  ceux  de  Pigneg  -,  es- 

païsant  nommé  Charot  vint  en  ceste  ville  vendre  une  vache,  et  la  vendyt 
pour  vuyt  florins,  puys  s'en  r'ala.  Quant  il  fust  de  retour  au  pont  d'Alve, 
le  cliastellain  de  Ternier,  Faulcon,  le  prist,  et  l'a  composé  à  vingt  florins, 
pource  qu'il  havoit  esté  en  Genève.  Voyés  doncque  comment  les  cries  et 
les  Lettres  sont  !  Comptés  le  cas  devant  Messieurs,  Pety  et  Grand  Con- 
seilz.  Suppliez-les  qu'il  leur  plaise  nous  estre  en  ayde  »  (Missive  orig. 
Arch.  de  Genève).  Voyez,  dans  l'ouvrage  précité  de  M.  Gaberel,  tome 
I,  pièces  justificatives,  p.  65-73,  l'énumération  des  violences  des  Peney- 
sans  depuis  le  mois  de  décembre  1534,  et,  p.  73-77  des  dites  pièces,  trois 
lettres  que  ceux-ci  écrivirent  pour  leur  justification. 

1  Voyez  les  notes  3,  19,  25,  35  et  36. 

2  Voyez  le  N°  480,  notes  5-6. 


1535  CLAUDE  DUBÉRON  A  DOMEINE  FRANC.  A  GENÈVE.  319 

tant  advertir  (comme  ay  peult  entendre  par  aulcung[s]  de  nostre 
compaignie  3,  que  [1.  qui]  le  virent  quant  nous  sortions  de  la  ville  ) 
par  ung  Rosseau,  papiste,  lequel  avoit  soupper  le  soir  devant  avec- 
que  Johan  Gaulaz  *,  qu'estoit  le  mescredi  quatorziensme  de  cesi 
moy[s],  —  incontinant,  une  heure  après  que  sûmes  partir,  ilz  fu- 
rent aduertir,  comme  nous  ont  dict,  et  vindrent  après  noz  le  pro- 
cureur de  FÉvesque  de  Genève  -\  le  prévost  ''■  et  ung  grant  mer- 
cier, duquel  son  frère  est  cappilaine  de  Pigney  7.  Lesquel  passa- 
rent  à  Nissi  [1.  Annecy]',  et  prindrent  certaine  commission  à  eux 
adressante,  pour  faire  inquisition  de  ceulx  qu'i[ls]  trouveriont  lu- 
thériens, et  avecque  icelles  vindrent  toute  la  nuyt  à  Fauverge  8.  El 
ainsi  que  voulions  partir,  le  matin1',  soubdainement  on  sonna 
l'effrey,  comme  sil  la  ville  fût  en  dangier,  et  tout  fust  mis  en  ar- 
mes; et  ainsi  qu'i[ls]  enlroyenl  à  nostre  logis,  noz  mismes  en  def- 
fence,  jusques  à  ce  que  Ton  noz  dict  que  c'estoit/r/  Justice,  et  alors 
rendîmes  nos  bastons,  et  noz  burses  furent  inventerizées. 

Et  ce  pendant  qu'i[ls]  estiont  sur  noz,  nostre  frère  Adam  10  se 
saulva  et  guaigna  la  porte,  tellement  que  par  la  volenté  de  Dieu 
ils  demourarent  despuis  le  point  du  jour  jusques  à  une  après 
mydy,  et  s'ent  estoint  retornés  en  espérance  de  ne  le  trover,  etson 

3  Cette  compagnie  se  composait  de  dix  voyageurs,  comme  nous  l'ap- 
prend ce  passage  de  la  lettre  des  Genevois  adressée  à  Ami  Porral  le  20 
ou  le  21  juillet  :  «  Nous  souportous  tout,  mais  c'est  grosse  soufferte.  Van- 
dredi  passé  [16  juillet],  les  deux  frères  deMaistre  Gidlliaidme  Farel  et  vuyt 
aultres  notables  personnaiges  françoys,  soy  fiant  que  l'on  ne  leur  feroit 
rien,  à  cause  des  dites  cries  [du  duc  de  Savoie],  prirent  leur  chemin  pour 
passer  les  monts.  Quant  il  furent  à  Faverges,  ilz  furent  prys.  Maistre  An- 
toënne  Saunier  eschappa...  »  Le  Conseil  de  Genève  écrivait  encore  le  24 
juillet  à  François  de  Luxembourg,  vicomte  de  Martigues  :  «  Le  Vendredi  16 
de  ce  mois,  furent  prys,  par  voz  officiers  et  aultres  gens  de  Faverges,  aid- 
cungs  François,  serviteurs  de  la  Boyne  de  Navarre,  [qui]  havoyent  icy  esté 
par  aulcungs  jours...  D'yceulx  eschappa  ung  quil  revint  icy  à  pied,  laissa 
son  cheval  et  son  pacquet...  »  (Minutes  orig.  Arch.  de  Genève.) 

4  Citoyen  genevois  et  ancien  partisan  de  la  Réforme. 

5  Le  procureur  fiscal  Nycod  du  Prat  (N°  448). 

0  C'est-à-dire,  le  prévôt  du  Chapitre  de  Genève. 

7  Le  capitaine  du  château  de  Peney  était  Jean  du  Crest. 

8  Faverges,  petite  ville  située  au  S.-E.  du  lac  d'Annecy,  "tout  elle  est 
distante  d'environ  2  lit 

9  Le  vendredi  matin  16  juillet. 

10  Pseudonyme  à7 Antoine  Saunier  (Voyez  la  note  :;,  et  le  X"  528,  ren- 
voi de  note  3,  à  comparer  avec  le  X"  393,  notes  17  et  29). 


320  CLAUDE  DUBÉRON     A  DOMEINE  FRANC,  A  GENÈVE.  1  535 

cheval  demeura  ex  mains  de  la  Justice  de  Fauverge11.  De  luy  ne 
sçavont  où  il  est  et  n'y  avons  peu  donner  ordre;  car  incontinant 
que  fûmes  délivrés,  moyennans  trèze  ou  quatorze  escus,  fûmes  ad- 
vertir  nous  retiré  soudainement,  à  cause  qu'il  [y]  avoit  gens  à  la 
T[h]uez  12  pour  nous  avoir.  Et  sy  fussions  esté  recongneu  par  les 
traistres  dernier  partis13,  nostre  cas  estoit  despeschéz;  mais  mon 
frère  et  moy  estions  marchant  de  Digne 14  :  luy  estoit  Meynier,  et 
l'aultre,  Riquet 15,  et  avyons  vendu  au  Daufin  16  et  Claude  Savoy e11 
à  créanse.  Mais  dedans  ma  maie  se  trouva  marchandi[s]e  :  fines  bi- 
bles, testaments]  nouveaulxls,  Zuïngle  De  ver  a  etfalsa  Religione  et 
aultres  livres,  avecque  tablétez-mémorials  pour  le  frère  de  Maistre 

11  Le  Conseil  de  Genève  écrivait  le  22  juillet  au  Président  d'Annecy  : 
«  Les  officiers...  de  Faverges  hont  prys  et  détenu  ung  nombre  de  Fran- 
<;oys,  don[t]  les  ung  estoient  de  longtanne  résidence  à  Murât  [1.  Morat], 
les  aultres  icy  en  Genève  par  aulcungs  jours...  Nous  havons  entendu  ne 
soit  le  cas  esté  faict  de  vostre  commandement,  et  comment  ilz  sont  lai- 
chés.  Et  pource...  que  le  cheval  d'ung,  quil  de  là  eschappa...  est  demoré 
es  mains  de4M.  le  chastellain  de  Faverges,  qu'est  ung  cheval  grison,  avec- 
ques  son  pacquet  en  ung  sach  de  cuyer,  où  est  une  Bible  et  certaines  con- 
cordances,... vous  prions  qu'il  vous  plaise...  le  voloir  faire  restituir...  » 
(Minute  orig.  Arch.  de  Genève.) 

12  C'est  probablement  le  nom  altéré  de  la  Thuille,  village  situé  près 
de  Duing,  sur  la  route  qui  conduit  d'Annecy  à  Faverges. 

13  Allusion  à  une  seconde  bande  de  Peneysans  qui  devait  rejoindre  la 
première. 

14  C'est-à-dire,  nous  nous  faisions  passer  pour  des  marchands  de  Digne 
(Dép.  des  Basses- Alpes). 

15  Vautre  était  l'auteur  même  de  la  présente  lettre.  Il  avait  pris  le 
nom  de  famille  de  son  beau-frère  Honorât  Riquetti,  qui  habitait  Villeneuve- 
lès-Avignon  (Voy.  le  X"  426,  n.  21).  Le  Conseil  de  Genève  faisait  allu- 
sion à  ces  pseudonymes-là,  aussi  bien  qu'à  ceux  de  la  lettre  suivante, 
lorsqu'il  écrivait,  le  31  juillet,  à  Porral  et  à  Claude  Bernard,  ses  députés 
à  Berne  :  «  Nous  avons  receu  des  lettres  de  ceulx  qui  furent  prys  à  Fa- 
verges. Nous  les  vous  envoyons.  Ne  perdez  les  lettres.  Ne  votes  arrestes 
aux  noms  »  (Minute  orig.  Arch.  de  Genève). 

16  Surnom  d' Etienne  de  Chapeaurouge,  conseiller  d'État  à  Genève  (Voy. 
le  Reg.  du  Conseil  au  4  février  1536). 

17  Conseiller  d'État  à  Genève,  syndic  en  1532. 

18  Pour  être  placées  dans  une  malle,  ces  «  fines  Bibles  »  et  «  Testa- 
ments nouveaux  »  devaient  être  de  petit  format.  On  peut  donc  se  de- 
mander si  Pierre  de  Wingle  avait  édité  à  Neuchâtel,  outre  la  Bible  d'Oli- 
vétan,  in-folio,  une  autre  édition  plus  portative,  —  ou  s'il  continuait  à 
écouler  ses  petites  Bibles  in-16  publiées  à  Lyon  avant  1533?  (Voy.  leN° 
391  et  les  Additions.) 


153o  CLAUDE  DTJBÉRON  A  DOMEINE  FRANC,  A  GENÈVE.  321 

Guillaume13,  lesquel  lurent  visiter;  mais  celluy  qu'estait  fatiste20 
les  avoitmis  dedans, et  tiengnenlpour  vray  qu'i[l]  est  vostre  frère2'. 
Noz  summes  arrivés  entre  les  amys22,  lesquelz  ont  esté  marris 
de  la  fâcheriez  et  principalement  de  celuy  qui  est  demeurer-'';  à 
cause  de  quoy  vous  avons  vouluz  advertir  entre  toutz,  que  vous 
informés  si,  par  après,  ouroit  esté  prins  ou  retorné,  affin  qu'y  don- 
ne[z]  entre  tout  quelque  ordre,  et  que  noz  certiffiez,  par  le  pré- 
sent [porteur], sil  en  avés  aulcunes  nouvelles2*,  —  ce  que  nous  amys 
désirent  fort  sçavoir,  lesquelz,  incontinant  esté  advertir,  n'ont  failiy 
vous  envoyer  [le]  présent  en  déligence.  Touchant  à  nostre  af- 
faire2', n'avons  encoures  rien  faict,  pource  que  ne  cJest  enquores 
trouver  hommes  propice  icy. .  .2e.  Ils  sont  demourer  près  de  sine 
escus  pour  les  esportules 27  aux  officiers. 

19  C'est-à-dire,  pour  Claude  Farel  lui-même. 

20  II  n'est  pas  probable  que  l'auteur  de  la  lettre  ait  écrit  fugiste  pour 
fugtif,  en  faisant  ainsi  allusion  à  Saunier,  qui  s'était  enfui.  Le  copiste  a 
réellement  écrit  futiste,  altération  du  mot  fatiste,  qui  était  synonyme  depoëte, 
et  toute  la  phrase  pourrait  bien  se  rapporter  au  poëte  français  Bonaven- 
ture  Despcriers  (Voyez  le  N°  507,  n.  21,  et  les  Additions). 

21  Comparez  ce  passage  avec  le  fragment  d'une  lettre  de  Thybaud, 
compagnon  des  frères  Farel  (Voy.  les  Additions). 

22  Le  correspondant  de  Farel  veut  parler  des  Vaudois  établis  à  Turin, 
et  sans  doute  aussi  de  quelques  frères  qui  y  étaient  venus  des  Vallées  vau- 
doises,  pour  attendre  l'arrivée  des  nouvelles  de  Neuchâtel  (Voy.  la  n.  23). 

Allusion  au  ministre  Antoine  Saunier.  Selon  des  probabilités  équi- 
valant à  la  certitude,  il  avait  entrepris  le  voyage  d'Italie  pour  rendre 
compte  aux  Vaudois  de  la  publication  de  la  Bible  d'Olivétan,  que  Pierre 
de  Wingle  avait  achevé  d'imprimer  h  Neuchâtel  le  4  juin  précédent  (Voyez 
le  N°  507,  renv.  de  n.  11,  à  comparer  avec  le  N°  426,  renv.  de  n.  8-9). 

Saunier  avait  échappé  aux  perquisitions  des  officiers  de  Faverges  en 
se  tenant  caché  «  dans  un  champ  semé  d'avoine,  »  et  il  était  rentré  à, 
Genève  le  17  ou  le  18  juillet  (Voy.  le  Registre  du  lundi  19  juillet.  Fro- 
ment, op.  cit.  p.  cxxxin). 

25  Cette  «  affaire  »  concernait-elle  la  famille  Farel?  Nous  pen- 
sons plutôt  qu'il  s'agissait,  d'un  côté,  de  prévenir  les  mesures  qui  se 
préparaient  à  Turin  contre  les  Vaudois  du  Piémont  (Voy.  Pierre  Gilles, 
op.  cit.  p.  36-38),  et,  de  l'autre,  d'intercéder  en  faveur  de  leurs  frères 
violemment  persécutés  dans  leDauphinéet  la  Provence  (Voyez  le  renvoi  de 
note  35,  les  Nos  521,  523,  528,  et  la  lettre  de  Farel  à  Guillaume  du  Bellay 
écrite  vers  la  fin  de  septembre  1535). 

26  Les  mots  qui  suivent  dans  la  copie  n'offrent  aucun  sens  intelligible. 
.Nous  les  citons  textuellement  :  «  et  d'aultro  part  Les  les  eaues  (sic)  sont 
maïs  les  cheval  feront  l'office.  » 

27  Du  latin  sportula,  largesses,  cadeaux. 

T.  III.  21 


322  CLAUDE  DUBÉRON  A  DOMEINE  FRANC,  A  GENÈVE.  1535 

Noz  avons  trouver  en  chemyn  Monsieur  de  Paris,  lequel  s'eut 
va  prendre  le  chappeau  rouge28,  et  [qui  sera],  comme  je  croyt, 
légat  en  France,  à  cause  [que]  les  pous  ont  tué  Paultre 29.  Véves- 
que  de  Magalone  luy  fait  compaignie 3tl.  Leurs  gens  m'ont  dict  que 
Monsieur  de  Langé  doit  partir  pour  aller  en  Allemaigne 31,  et  font 
leur  conte  qu'il  l'est  desjà,  et  liatendoit  [qu'une  chose,]  que  le  Rot/ 
acorda  [que]  ceux  qui  sont  bainpnis  retornent  touz,  tant  sacre- 
mentayres  que  dultres,  sens  aulcune  adjuration  [/.  abjuration]  etquy 
n'y  âge  point  de  réserve 32.  et,  avoir  heu  cela,  s'ent  doit  partir.  Il 
n'est  point  de  nouvelles  de  Monsieur  de  Benoys  :;3  à  la  Court  que 
ceulx  icy  sasclienl.  Si  entendes  qu'il  y  aye  quelque  aultre  moyen 

28  Jean  du  Bellay,  évêque  de  Paris,  et  récemment  créé  cardinal,  an- 
nonçait à  Mélanchthon  le  27  juin  qu'il  devait  bientôt  faire  un  voyage  à 
Borne  (N°  512,  note  5). 

29  Le  chancelier  Antoine  du  Prat,  légat  du  pape  en  France,  était  mort 
dans  sa  terre  de  Nantouillet,  près  de  Paris,  le  vendredi  9  juillet  (Journal 
d'un  bourgeois,  p.  460). 

30  Guillaume  Pellissier.  évêque  de  Maguelonne  depuis  1529. 

31  Guillaume  du  Bellay,  seigneur  de  Lanyey,  écrivait  en  effet  à  Mélanch- 
thon le  16  juillet  :  «  Barnàbas  Vorrœus,  quinuncad  te  c uni  literis  et  man- 
datis  regiis  revertitur.  sic  est  de  rébus  omnibus  quse  adsusceptam  abstepa- 
cificationem  attinent,  amplissimè  edoctus,  mihi  ut  supervacaneum  videatur 
aliquid  scribere,  prsesertim  eum  propediem  consecuturo...  Vale.  Ex  Core- 
bellorum  oppido,  die  16  Julii,  aniio  m.d.xxxv.  »  (Voyez  Melantbonis  Opp. 
édit.  citée,  t.  IV,  col.  1033,  où  ce  billet  est  attribué  par  erreur  à  l'évè- 
que  de  Paris,  Jean  du  Bellay,  et  daté  de  Corbeil,  tandis  qu'il  devrait  rétro 
de  Coucy  (ex  Cocceio  oppido),  où  se  trouvait  alors  le  Roi.) 

32  L'édit  de  François  I  daté  de  Coucy  le  16  juillet  1535  contient 
les  dispositions  suivantes  :  Nous  voulons  «  que  tant  ceux  qui  sont  accusés 
des  dites  erreurs  [contraires  à  la  foy]  que  les  suspects  et  non  accusés 
encore...  ne  soient  poursuivis  ni  inquiétés...  ains  s'ils  étoient  détenus  pri- 
sonniers, ou  leurs  biens  pris...  voulons  qu'ils  soient  mis  en  liberté  et  leurs 
biens  mis  à  pleine  délivrance.  Et  aux  absents  et  fugitifs  permettons  de 
retourner  en  nos  dits  royaume,  pays...  et  y  demeurer  en  telle  seureté  et 
liberté,  comme  ils  ont  fait  par  cy-devant...  pourveu  qu'ils  seront  tenus 
de  vivre  comme  bons  cbrestiens  catholiques  ...  et  se  désister  de  leurs 
dites  erreurs,  qu'ils  seront  tenus  abjurer  canoniquement  dedans  six 
mois,..  Et  n'entendons  les  sacramentaires . . .  estre compris  en  ces  présentes, 
mais  estre  punis  selon  leurs  démérites;  et  en  outre  est  prohibé...  à  tous, 
sur  peine  de  la  hart...  de  ne  lire,  dogmatiser...  soit  en  public  ou  en  privé, 
aucune  doctrine  contrariant  à  la  foy  cbrestienne...  »  (Voyez  la  France 
Protestante  par  MM.  Haag.  Pièces  justif.  n°  IV.) 

33  Nous  ne  savons  si  ce  personnage  appartenait  à  la  famille  de  Benoît 
(en  latin  de  Bcnedictis),  originaire  du  Pays  de  Vaud. 


1535  LA  GROÇOMÈRE  A  CHARLES  d'aSPREMONT,  A  GENÈVE.  323 

pour  nostre  affaire,  le  nous  ferés  savoir.  Priant  le  Seigneur  Dieu 
vous  avoir  eo  sa  garde.  A  Thurin,  ce  22  de  Juillet  1535. 

Par  le  tout  vostre  frère  Claude  Duréron. 

(P. -S.)  Les  amys  vous  saluent.  Sy  entendes  que  Monsieur  de  Langé 
soit  à  Estrabourg  ".  luy  porrés  escripre  de  nostre  affaire ;;\ 

I  Susoription:    Au  sire  Dommenne  Franc36,  marchand  de  Ge- 
nève. 


519 


LA  GROSONÏÈRE  [GAUCHIER  FAREL  l]  à  Charles  d'Aspre- 

mont  [Guillaume  Farel]  à  Genève. 

De   Turin,    24  juillet  1535. 

inédite.  Copie  contemporaine.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  Renseignements  sur  l'espion  des  Peneysans.  C'est  en  prenant  de  faux  noms 
que  les  frères  de  Farel  ont  pu  échapper  de  leurs  mains.  Les  frères  [du  Piémont]  de- 
mandent une  copie  de  la  Dispute  [de  Genève}.  Gauchier  Farel  déclare  à  son  frère 
[Guillaume]  qu'il  ne  rentrera  en  France  qu'avec  sa  permission,  et  il  lui  annonce  qu'il 
peut  écrire  à  Monsieur  dé  Langey. 

Salut,  grâce  et  paix  de  Dieu,  nostre  miséricordieux  et  seul  bon 
père,  par  Jésus-Christ,  son  bienaymé  filz,  nostre  seul  ayde  et  tout, 

34  Deux  mois  plus  tard  ou  attendait,  en  effet,  le  seigneur  de  Langey  à 
Strasbourg  (Voyez  le  N°  530,  note  17). 

'  Voyez  la  lettre  de  Farel  à  G.  du  Bellay  (N°  530). 

36  Un  renseignement  cité  plus  haut  (note  15)  nous  autorise  à  ne  voir 
dans  ce  nom  qu'un  pseudonyme.  De  plus,  il  résulte  du  rapprochement  de 
cette  lettre  et  de  la  suivante,  que  ceux  qui  les  ont  écrites  étaient  frères, 
qu'ils  s'adressaient  à  un  seul  et  même  personnage,  habitant  Genève,  ami 
de  Viret  et  de  Saunier,  et  auquel  ils  rendaient  compte  de  leurs  affaires 
d'une  manière  qui  suppose  la  plus  grande  intimité.  Or  tous  ces  détails 
correspondent  exactement  à  la  situation  respective  des  deux  frères  Farel 
«  pris  à  Faverges  »  le  16  juillet  (Voy.  note  3)  et  de  Guillaume  Farel  le 
réformateur.  C'est  donc  lui  qui  est  ici  désigné  sous  le  pseudonyme  de  Do- 
meinc  Franc,  et,  dans  la  lettre  suivante,  sous  celui  de  Charles  d'Aspre- 
mont . 

1  Les  sentiments  de  respect  et  d'obéissance  exprimés  dans  la  présente 


o2i  LA  GROSONIÈRE  A  CHARLES  d'ASPREMONT,  A  GENÈVE.  1535 

soit  avec  vous,  nouz  augmentant  la  foy  avec  charité  et  faisant  que 
Luy  soyons  fidelles,  sens  décliner  fins  a  la  fin! 

Très-chair  frère,  le  Roceau  des  lètres  de  mon  frère  -  qui  adver- 
fist  cealx  de  Peynei,  le  matin  que  sorlismes  de  Génefve,  est  ung 
papiste,  lequel  disnet  cheux  Joli)  Clerc,  quant  vous  et  le  cher  P. 
Viret  allastes  visiter  la  femme  du  dict  Clerc,  ensemble  Adam  s,  au- 
quel parlarent  les  dictz  Adam  et  cher  frère,  disputant  en  la  table  : 
car  [i]celluy  nous  fust  au  rencontre  à  la  porte,  quant  sortions,  et 
tint  la  bride  de  mon  cheval,  dont  en  estez  [1.  estois]  marri.  Mais  il 
fust  ainsin.  et  ceulx  de  Peyney  ne  me  l'ont  point  celle,  que  il  estet 
leur  espion  et  les  advertissoit  du  tout,  et  aussi  d'aullres. 

Je  me  déclairi  Anthoyne  Munyer,  marchant  de  Digne,  et  l'aui- 
tre  Bonti  Riquet,  marchant  du  dit  lieu  4.  Meynier  havoit  affaire 
avecque  le  sire  Claude  Savoye,  et  Ricquet  avec  Daulphin,  avec  dé- 
clarations et  protestes  que  estions  crestiens  et  non  luthériens,  et 
marchans;  et  puys  que  ainsin  estet  que,  par  ce  que  trafiquons  à 
Genefve  et  on  nous  faschet,  n'y  lornerions  [dus,  à  cause  que  on 
n'est  pas  sour  [l.  sûr]  au  pays  du  Duc.  Les  frères7'  m'on[t]  dict  es- 
Ire  vostre  bon  plaisir,  par  ce  pourteur,  envoyer  ung  double  des  dis- 
putes G. 

Nous  l'avons  [1.  n'avons]  donné  nul  ayde  à  nouz  affaires;  aussi 
Monsieur  de  Langé  7  ne  despartira  de  France,  que  n'aye  playne 

lettre  nous  permettent  de  l'attribuer  à  Gauchier  Farel,  frère  cadet  du 
Réformateur  (Voyez  le  N°  420.  n.  12-13,  et  le  N°  462,  renv.  de  n.  <i). 
Nous  savons,  en  effet,  que  la  requête  de  Guillaume  Farci  à  la  reine  <h 
Navarre  (N°  463)  n'avait  pas  été  sans  résultat.  Gauchier  Farci,  con- 
damné à  la  prison  perpétuelle  et  à  la  confiscation  de  ses  biens,  avait  été 
mis  en  liberté  par  l'ordre  du  Roi.  Mais  le  parlement  de  Grenoble  lui  avait 
injustement  retenu  son  patrimoine  (Voy.  la  lettre  du  12  sept.  1545). 

2  Gauchier  Farel  veut  dire  :  le  nommé  Rousseau  qui  est  mentionné 
dans  la  lettre  de  mon  frère  (Voy.  le  X°  518,  renv.  de  n.  4). 

3  Pseudonyme  d' Antoine  Saunier. 

i  C'est-à-dire,  je  me  fis  passer  pour  Antoine  Munier.  Le  prénom  Bonti 
doit  être  une  altération  de  Honorati  (Voy.  le  N°  518,  n.  15). 

5  Ce  sont  les  mêmes  personnages  que  Claude  Farel  appelle  les  amis 
(N°  518,  n.  22). 

6  Ce  n'est  pas  une  allusion  à  la  Dispute  de  Furbiti  récemment  publiée 
à  Neuchàtel  (X°  510).  Le  correspondant  de  Farel  veut  parler  des  pro- 
cès-verbaux de  la  Dispute  de  Genève,  qui  s'était  terminée  le  24  juin 
(Voy.  Froment,  op.  cit.  p.  139-142,  cxxix— cxxxi.  —  Jeanne  de  Jussie. 
op.  cit.  p.  124-134,  262.  —  Rucliat.  III,  359-361). 

7  Voyez  le  N°518,  note  31. 


15oo  PIERRE  TOUSSAIN  A  AMRROISE  BLAARER.  A  TUBINGUE.  325 

abolition  par  [1.  pour]  les  bannys,  sans  abjuration s.  Et,  quant  il  y 
aurest  [1.  auroil]  de  biens  lerriens  dix  foys  plus  <jue  n'en  avés 
[1.  avois]  '•'.  n'en  fairey  fors  que  einsin  que  me  commandarés,  tant 
quevivrey,  a\ant  délibéré  vous  obéyr  par  l'honneur  de  Cellu;  qui 
le  coraande.  En  pouvez  rescripre  au  dict  seigneur10,  venu  </ue  il 
soyt,  iintj  mot.  Le  porteur  vouz  adverlira  plus  à  pleyn.  Vous  prie 
que  affectu[e]usement  vostre  bienaymé  compaignon11,  ensemble  la 
tante  u\  ayent  mon  salut  en  Nostre  Seigneur,  lequel  nous  gard  el 
conduyse  tous  tins  à  la  fin!  De  Thurin.  ce  24  de  Julliet  (1535). 

Par  vostre  entier  frère  La  Grosonière  13. 

(Suscription  :  )  A  mon  cher  frère  et  bon  amy  Charles  d'Aspre- 
mont14. 


pierre  toussain  à  Ambroise  Blaarer,  à  Tubingue. 
De  Montbéliard1,  28  juillet  1535. 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  de  la  ville  de  St.-Gall. 

Sommaieb.  Voi  ombieu  il  importe  que  Grynœus  soit  chargé  du  soind'org 

du  comté  dt   Montbéliard.  Il  faut  que  l'église  soit  dirigée  par  un  homme 

v  Voyez  le  N°'518,  note  32. 

s  Celui  qui  s'exprimait  ainsi  avait  donc  perdu  ses  biens.  Comme  pa- 
reille chose  était  arrivée  à  Gauclùer  Fard,  par  suite  de  son  emprisonne- 
ment et  de  la  confiscation  qu'il  avait  soufferte  (Voy.  le  N°  462,  renv.  de 
n.  6,  et  la  p.  171,  ligne  10),  nous  trouvons  clans  ce  passage  une  nouvelle 
raison  de  lui  attribuer  la  présente  lettre. 

10  C'est-à-dire,  à  Guillaume  du  Bellay,  seigneur  de  Langey. 

11  Allusion  au  «  cher  Pierre  Viret,  »  nommé  plus  haut. 

12  C'était  probablement  la  tante  maternelle  dcViret,  qui  serait  venue  à 
Genève  pour  le  soigner  pendant  sa  maladie.  Elle  vécut  chez  lui  à  Lau- 
sanne pendant  plusieurs  années,  et  elle  y  mourut. 

13-14  Voyez  la  note  1  et  le  N°  518,  note  36. 

1  Toussain  n'était  probablement  venu  à  Montbéliard  qu'à  la  tin  du 
mois  de  juin,  après  la  sortie  des  Français  qui  occupaient  ce  pays  pour  le 
roi  de  France  (N°  506,  n.  2-3). 


326  PIERRE  TOUSSAIN  A  AMBROISE  BLAARER,  A  TUBINGUE.  1535 

pieux  et  savant  ;  autrement,  elle  ne  trouvera  aucun  pasteur  qui  veuille  se  consacrer  à 
son  service.  Je  vous  prie  d'apporter  à  l'examen  de  cette  affaire  un  soin  vigilant.  De 
cette  manière,  le  gouverneur  du  comté  cessera  d'être  l'objet  des  critiques ,  les  adver- 
saires seront  effrayés,  et  les  pasteurs,  ainsi  que  les  gens  de  bien,  prendront  courage. 


S.  Intelliges  ex  literis  quas  Grynœo  scripsi 2,  quid  hic  agatur. 
Video  vehemenler  esse  necessarium  ut  Princeps 3  Inde  scribat,  tit  hue 
reniât,  ne  prospiciat  rébus  hujus  ecclesiœ;  ac  de  hac  eliam  re  Co- 
miti*,  fratri  suo,  scribat,  ut  sit  qui  et  ecclesiam  verê  instituât,  hoc 
est,  Verbi  ministros  examinet  et  prœficiat,  quod  ei,  Basileœ  etiam 
agenti 5,  facile  fuerit,  et  habeamus  in  hac  vicinià  ad  quem  recur- 
ramus,  quoties  aliquid  incident,  dum  lu  de  rébus  omnibus  certior 
reddi  possis.  Alioqui  non  video,  quomodo  aut  per  quem  hic  pro- 
pagetur  gloria  Christi.  Si  res  seriô  ac  verè  agatur,  ac  rébus  tantis 
prasficiatur  vir  pius  ac  doctus,  nihil  mihi  fuerit  jucundius  quàm  in 
hoc  negolio  versari.  et  animam,  si  opus  fuerit,  effundere.  Sin  mi- 
nus, non  puto  futurum  ut  hîc  quisquam  consistât. 

Quare  obsecro  te.  per  Deum,  ut  ad  banc  rem  advigiles,  quando 
pauci  sunt  qui  verè  quaarant  gloriam  Dei.  Hac  ratione  sublevabitur 
Cornes  magnâ  invidiâ,  et  lerrebuntur  adversarii,  et  animabuntur 
Verbi  ministri  ac  optimi  quique  ad  gloriam  Chrisli  propagandam: 
quod  faxit  Dominus  Deus,  qui  te  servet  Ecclesiae  sua?.  sanctϔYale 
in  Domino,  et  saluta  D.  Paulum  Phrygionem  fi  nostris  verbis.  Ex 
Monte  Belliganli.  xxviu  Julii  1535. 

Tuus  P.  Tossams. 

(Inscriptio:  )  Glariss.  viro  Dno  Ambrosio  Blaurero.  Tubingae. 


2  Cette  lettre  ne  paraît  pas  avoir  été  conservée. 

3  Ulric  de  Wurtemberg,  comte  de  Montbéliard. 

4  Le  comte  Georges  de  Wurtemberg,  gouverneur  du  comté.  Il  était  re- 
venu à  Montbéliard  vers  le  milieu  de  juin  (Voy.  la  lettre  d'AmbroiseBlaa- 
rer  à  son  frère  Thomas,  datée  du  10  juin.  Bibl.  de  la  ville  de  St.-Gall). 

5  Simon  Grynœus  avait  quitté  Tubingue,  pour  revenir  à  Baie.  Il  était 
arrivé  à  Strasbourg  le  3  juillet,  et  rentré  à  Bàle  le  7  du  même  mois  (Voy. 
la  lettre  de  P.  Dasypodius  à  Bullinger,  du  14  juillet,  Arcli.  de  Zurich,  et 
celle  de  Grynœus  à  Amhroise  Blaarer  du  15  juillet.  Bibl.  de  St.-Gall). 

6  Paul  Constantin  Phrygion,  natif  de  Schelestadt,  d'abord  pasteur 
à  Bâle  (1529),  puis  professeur  de  théologie  à  l'université  de  cette  ville 
(1532),  avait  été  appelé  en  1535  à  Tubingue,  pour  y  remplir  les  mêmes 
fonctions  (Voyez  Herzog.  Athenae  Rauricse,  p.  18). 


153o  FAREL  ET  VIRET   UJX  ÉVANGÉLIQUES  ALLEMANDS.  327 


521 


farel  et  VIREX  aux  Évangéliques  de  la  Suisse  allemande 

et  de  l'Allemagne. 
De  Genève,  4  août  1535. 

Copie  contemporaine.  Archives  du  séminaire  protestant  de  Stras- 
bourg. Zeitschrift  fur  die  historische  Théologie,  1852,  p.  252. 

Sommaire.  Après  les  supplices  et  les  malheurs  de  tout  genre  endurés  par  les  Évangé- 
liques  français,  rien  ne  pouvait  être  plus  douloureux  pour  nous  que  la  cruelle  persé- 
rHfion  qui  sévit  contre  les  Vaudois  de  la  Provence.  Ce  peuple  laborieux,  charitable,  si 
opiniâtrement  attaché  à  l'antique  religion  chrétienne,  est  de  nouveau  l'objet  des  atta- 
quer de  l'Antéchrist.  Rançonnés  d'abord  et  appauvris  par  la  cupidité  des  Papistes, 
les  Vaudois  ont  été  récemment  assaillis  par  une  troupe  de  gens  armés,  qui  ont  pillé 
on  incendié  quelques-uns  de  leurs  villages.  Nous  passons  sous  silence  les  traitements 
barbares  qu'on  leur  a  infligés,  pour  leur  extorquer  des  aveux  impies.  Les  voilà  main- 
tenant réduits  à  la  dernière  extrémité,  traqués  de  toutes  parts,  et  contraints  d'errer 
avec  leurs  familles  dans  les  lieux  déserts,  où  les  bêtes  féroces  sont  moins  redou- 
tables que  les  hommes. 

Ils  nous  ont  informés  plusieurs  fois  déjà  de  leur  détresse;  mais  comme  tous  nos 
efforts  n'ont  pu  aboutir  à  leur  porter  secours,  nous  avons  décidé  de  vous  envoyer  un 
frère  qui  prêchait  l'Evangile  au  milieu  d'eux,  et  qui  vous  renseignera  sur  leur 
situation  actuelle.  La  cause  des  Vaudois  est  la  nôtre  à  tous.  Voyez  s'il  serait  pos- 
sible de  leur  procurer  un  asile  dans  le  pays  d'un  prince  pieux,  où  il  y  ait  des  terres 
;i  défricher.  Il  ne  leur  reste  plus  d'autre  chance  de  salut  que  d'érnigrer,  sous  la 
de  de  Dieu,  en  affrontant  tous  les  périls.  Nous  vous  conjurons,  au  nom  de  Christ, 
de  vous  souvenir  de  ces  malheureux  frères,  de  les  assister  de  vos  conseils  et  de  vos 
prières,  et  de  nous  communiquer  vos  idées  sur  les  moyens  de  leur  venir  en  aide. 

Piis  fratribus  Christum  pure  profitentibus Verbi  ministris,  et  aliis 
pietatis  studiosis. 

S.[alus]  gratia  et  paxl  AudijTJmus  non  sine  animi  gravissimo 
cruciatu  afllictiones,  honorum  direptiones,  exilia,  carceres,  exqui- 
sita  tormenla  et  inaudita  supplicia  quibus  sparsim  per  Gallias  pii 
fralres  opprimebatftur  supra  vires  dilaniabanturque *.  Secl  niliil  est 

1  Allusion  à  la  violente  persécution  que  les  placards  du  mois  d'octobre 
1534  avaient  suscitée  contre  les  Evangéliques  français. 


FAREL  ET  VIREX  AUX  ÉVANGELIQUES  ALLEMANDS.  1535 

quod  nobis  plus  atlulerit  mœroris,  quàm  cruenta  ûla  in  fratres  qui 
incolmt  eam  Galliœ  partent  quam  vulgus  Provinciam  appellat,  et 
sœva  persecutio2,  quam  sine  lachrymis  nec  audire,  née  commemo- 
rare  possuraus. 

Populus  est  ingens,  sed  simplicissimus  et  verse  ac  christianae  fe- 
ligionis  pertinax  imitator,  quamlibet  bactenus  multis  nominibus 
infamatus,  quôd  puriorem  Çhristianismum  profiteri  maluerit,  quàm 
se  pontifïciis  execrandis  sacris  et  receptœ  consuetudini  atque  su- 
perstitioni  adstringere.  Semper  patuit  impiorum  injuriis  et  ponti- 
ficice  tyrannidi,  adeô  ut  saepe  factus  sit  veritatis  hostibus  praeda,  et 
variis  fuerit  suppliciis  aiïectus.  Sed  quamvis  conatus  sit  Antichris- 
tus  morf/s  omnibus  eorum  labefactare  fidem,  coëgeritque  nonnunquam 
simulare  multa  3.  non  potuit  tamen  efficere  quin  etiamnum  appa- 
reant  in  simplici  populo  antiquœ  religionis  vestigia,  reluceatque  illa 
Christi  simplicitas,  modestia  et  a  Christo  loties  inculcata  charitas. 

2  La  persécution  avait  commencé  dans  la  Provence  en  1528  (Voy. 
N°  246).  Au  commencement  de  l'année  1533,  Guillaume  Serre  et  six  au- 
tres Vaudois  y  furent  condamnés  au  bûcher  (Voy.  le  N°  415,  n.  21,  et 
l'Hist.  de  l'exécution  de  Cabrières  et  de  Mérindol.  Paris,  1645,  p.  18,  19, 
20).  En  1534,  les  évoques  de  Cisteron,  Apt  et  Cavaillon,  et  autres,  firent 
rechercher  les  Vaudois,  «  chacun  en  son  diocèse,  »  et  en  remplirent  leurs 
prisons.  Au  mois  de  mars  1535,  treize  de  ces  malheureux  furent  livrés  au 
bras  séculier,  pour  être  exécutés  le  5  avril  (P.  Gilles,  op.  cit.  p.  36,  37). 
On  lit  dans  la  requête  adressée  par  les  Vaudois  de  Provence  aux  Protes- 
tants d'Allemagne,  en  juillet,  même  année,  et  qui  accompagnait  la  pré- 
sente lettre  :  «  Immissi..  sunt  in  eos  inquisitores ;  quale  hominum  genus, 
nostis...  Ab  iis  sceleratissimè  acceptï  tractatique  sunt,  conspirantibus.Epis- 
copis  et  velut  commune  negotium  agentibus,  ut  Bex  ipse,  rei  tandem  indig- 
nitate motus,  diploma  decreverit  quo  munumex  inquisitoribus [le  Jacobin  de 
Borna.  Voy.  note  6]  inquiri  jubebat.  Compertum  est.  insignibus  injuriis 
affectos  fuisse.  Illi  inquisitori  interdicta  cognitio.  Verùm  hi  nihilominus 
iotum  quadriennnim  bonorum  direptionibus,  exactionibus,  mulctis,  vinculis 
miserè  vexati  sunt.  Capitc  mulctati  octo  et  rigiiiii.  quorum  alii  in  carcere 
crudeliter  necati,  alii  variis  suppliciorum  generibus  perempti.  »  (Zeit- 
schrift  fur  die  liist.  Théologie,  1852,  p.  250,  251.) 

3  On  lit  dans  la  lettre  remise  à  Œcolampade  (octobre  1530)  par  Geor- 
ges Morel,  député  des  Vaudois  de  la  Provence  :  «  Sacramentorum  signa 
plebeculen  nostree  non  nos,  sed  Antichristi  membra  administrant.  Verunta- 
men  nos  eis  quid  significent  Sacramenta  spiritualité!'...  reseramus  :  et  ne 
ullo  modo  ceremoniis  antichristianis  confidant  :  orentque,  ne  illis  impu- 
tetur  peccatum,  quôd  ad  abominationes  Antichristi  audiendas  et  viden- 
das  ire  coguntur...»  (Sculteti  Annales,  P.  II,  p.  300).  Voyez  aussi  Pierre 
Gilles,  op.  cit.  p.  28.  —  J.-J.  Herzog.  Die  romanischen  Waldenser. Halle, 
1853,  p.  333-380. 


153  ;  »  FAREL  ET  VIRET  AUX  ÉVANGÉLIQUES  ALLEMANDS.  oii) 

Waldenses  vulgô  vocantur,  quorum  famam  ad  aures  vestras  per- 
venisse  non  dubitamus.  Agriculture  semper  fuerunt  studiosissimi3 
labore  manuum  et  simplicissimis  artibus  sibi  ac  familiae  victum 
parantes,  sed  tam  diuturnis  variisque  pressi  afflictionibus,  ut  \i\ 
respirare  queant.  Remiserai  se  aliqmmdiu  furor  hostilis,  cessarat- 
que  persequutio,  priusquam  orbi  innotesceret  nomen  Lutheri 4.  Ve- 
rùm  simulatque  animadvert.it  Antichristus,  se  aliunde  impeti  et  un- 
dique  emergere  Evangelii  professores,  qui  suo  regno  ruinam  mi- 
narentur,  ita  recruduit  pugna,  utsimul  cum  piis  reliquos  [1.  reliquis] 
quos  Lutheranititulo  famosos  haberi  volunl,  conatus  sit  evolvere 
et  penitùs  delere  bonos  illos  viros,  in  quos  velul  totius  belli  pondus 
decumbit.  Nain  postquam  non  licet  sanguinis  sitientissimo  hosti  alios 
omnes  tollere  de  medio,  illic,  quasi  lupus  rapacissimus  in  medio 
innoxii  gregis,  rabiem  suam  exsaturat,  suae  permittit  omnia  libi- 
dini,  et  in  Cbristi  oviculas  suam  exercet  lanienam. 

Jam  unnis  aliquot  ita  expositi  fuerunt  impiorum  libidini.  ut  quà 
se  verterent  nullus  pateret  locus.  Nam  cum  ditiorès  vidèrent  non- 
nullos.  abundè  oblalum  est  pontificiœ  rapacitati  el  inexplebili  ava- 
ritiae  alimentum.  Quamdiu  itaque  bonis  viris  fuit  quod  injicerent 
in  latrantia  rabidorum  canum  ora.  paulô  clementiùs  cum  illis  ac- 
tum  est.  Nunc  autem.  postquam  insatiabiles  tyranni  rapinis  paupe- 
rum  domum  rediissent  onusti,  intelligerèntque  nihil  esse  pêne  re- 
liqui.  non  soiùm  in  facilitâtes,  sed  in  multa  hominum  milia  ita 
desaevire  cceperun!,  ui  non  jam  aliquo  justitiœ  prœtexlu,  sed  ar- 
mata  manu,  collecta  bominum  scéleratorum  turbâ,  irruerint  in  pa- 
gos  aliquot.   occisuri  quotquot  forte   deprebendissent 5.  Domos 

4  Les  Validai*  de  la  Provence  avaient  trouvé  un  protecteur  clans  le  roi 
Louis  XII  (1493-15 15).  Les  cardinaux  et  les  évêques  essayèrent  en  vain 
de  les  accuser  auprès  de  lui,  et  ce  prince,  après  s'être  informé  exacte- 
ment de  la  religion  et  des  mœurs  des  Yaudois,  témoigna  pour  eux  la  plus 
grande  estime.  (Voy.  CarolusMolinseus.  De  origine  monarchiae  Francorum, 
1564,  num.  155,  cité  par  Gentillet.  Commentarii  de  Regno...  rectè  admi- 
nistrando,  1578,  p.  355.) 

5  Ce  fait,  qui  était  tout  récent,  est  raconté  en  ces  termes  dans  la  re- 
quête des  Vaudois  mentionnée  plus  haut  :  «  Nuper,  Caria;  Aquensis  dé- 
cret© ,  armata  manus  militum,  communibus  tum  Legati  Avenionensis . 
tum  Curise  praesidiis  instructa,  in  aliquot  eorum  pagos  violenter,  novo  ac 
antea  inaudito  exemplo,  irruit,  domos  spolia  vit,  armenta  abegit,  supel- 
lectilem  omnem  abstulit.  Et  quia  viri  omnes  aufugerant,  reliquum  supelr 
lectilis,  quod  tolli  facile  non  poterat,  disperdidit,  domos  aliquot  incen- 
diis  absumpsit.   Id  perpetratmn  10  Julii  anno  1535.  -    D'après  un  docu- 


330  FAREL  ET  VIRET  AUX  ÉVANGÉLIQUES  ALLEMANDS.  1535 

aliquot  incenderunt.  reliqua  omnia  ila  deprasdati  sunt,  ut  nihil 
reliqui  fecerint,  et  si  quae  forte  occurrebat  pavida  millier,  vim  in- 
ferre parabant.  Optimè  viris  consultum  est.  quôd  cesserint  venienti 
furori.  Tacemus  calumnias  quibus  hactenus  obruti sunt,  ettormenta 
quibus  cogebant  invitos  confiteri  quod  nunquam  cogitatum  fuerat, 
adeô  ut  non  defuerint  fidei  inquîsitores  qui,  crura  piorum  torrentes, 
minati  sint  extremum  exitium  fi,  nisi  Ckristum  negarent  natum  ex 
virgine,  ut  eadeni  operd  suce  servirent  avaritiœ,  et  majore  gravarent 
invidid  et  infmniâ  apud  imperitam  multitudinem  ;  atque  ad  hune 
modum  proximis  annis  examinati  sunt. 

Nunc  verô  graviiis  adhuc  premuntur,  cum  omnibus  à  tergo  im- 
pendens  hostis  crudelissimus  quœque  minetur;  neque  jam  audent 
in  suis  habitare  tuguriolis .  et  (Vumenta  quae  sufficiant  alendae 
familiae  domum  convehere  :  sed  per  avia  loca  cura  uxoribus  et  li- 
beris  vagantur,  aut  in  abditissirais  speluncis  delitescunt,  tutiùs 
cum  feris  vitam  agentes.  quàm  cum  hujusmodi  hominibus.  Porrô 
calarnilatem  magis  auget  rerum  omnium  penuria,  et  quôd  hostis 
metat  quod  ipsi  seminarunt.  Quocunque  se  vertant,  in  tara  arctas 
redacli  sunt  angustias,  ul  nusquam  pateat  rima  quâ  elabantur;  nec 
bauere  loco  possunt,  neque  tutô  egredi,  propter  hostium  ubique 
parafas  insidias.  Plebecida  est  consilii  et  auxilii  inops,  nisi  quôd 
frequentibus  nuntiis,  si  fort/'  hostiles  manus  queant  evadere,  nobis 
suam  calamitatem  denunciat,  efflagitans,  si  qua  ratione  liceat  mi- 
seriset  varié  periclitantibus  succurrere,  saltem  precibus  et  consilio. 

Studemus  pro  viribus  adesse,  et  cum  aliud  non  suppetat  quoju- 
vare  possimus.  precibus  commendamus  Ecclesiœ,  et  affiietos,  pro 
ratione  nobis  commissi  lalenti,  consolari  conamur.  Aliud  non  pos- 
sumus.  quàm  ut  fratribus  et  Christi  membris  condolere.  atque  eô 
magis  quô  minus  subvenire  datum  est.  Nihilnon  tentavimus  ut  viam 
inveniremus,  quâ  et  gloriam  Dei  proveheremus,  simulque  fratribus 
consuleretur.  Sed  consilii  et  auxilii  tam  sumus  expertes,  ut  nec  nobis 


ment  de  l'année  1541,  cette  expédition  contre  les  Vaudois  aurait  eu  lieu 
le  19  juin  1535. 

6  C'est  une  allusion  au  Jacobin  Jean  de  Borna  (Voy.  le  1. 1,  p.  483).  Cet 
inquisiteur  de  la  foi  en  Provence  «  faisoit  emplir  des  bottines  de  graisse 
toute  bouillante,  qu'il  faisoit  chausser  à  ceux  qu'il  vouloit  tourmenter  : 
de  quoy  adverti  le  Boy,  quelque  adversaire  qu'il  fust  de  ceux  qui  tenoient 
autre  religion  que  luy.  commanda  qu'en  toute  diligence  il  fust  appréhendé. 
Mais  le  moine,  adverty  de  bonne  heure,  se  sauva  dans  Avignon.  »  (Bèze, 
op.  cit.  I,  36.)  Voyez  aussi  l'Histoire  de  l'exécution  de  Cabrières,  p.  45,  46. 


1535  FAREL  ET  VIRET  AUX  ÉVANGÉLIQUES   ALLEMANDS.  331 

nec  Mis  possimus  prospicere,  nisi  quôd  nobis  visum  est  consultius, 
si  pius  hic  frater,  qui  exacte  novit  omnia  et  pars  maxima  fuit7, 
/stuc  ad  vos  mitteretur,  à  quo  latiùs  audietis  omnia  quœ  Mis  conti- 
gerunt,  simulque  consuletis  quid  vobis  facto  opus  esse  videatur.  Nam 
pure  Christum  Me  annunciavit*,  et  tragœdiarum  (/uns  impii  excita- 
runt  non  est  inscius,  utpote  qui  toties  màrtis  periculis  fuerit  vicinus9, 
nisi  Dorriinus  suœ  adhuc  Ecclesiœ  necessarium  salvum  esse  voluisset. 
Quotl  vidit  et  audivit  ipse  bona  fide  narrabit,  et  quid  habeamus 
consilii  ;  nam  scripto  vix  possemus  exprimere  incredibilem  tyran- 
nidem,  quà  assidue  gravatur  populus  ille. 

Praestilinms  quod  potuimus,  speramusque  futurum,  ut  illis  ves- 
tram  opem  non  denegetis,  et  si  quid  re  aul  consilio  juvare  liceat, 
non  dubitamus  quin  vos  Chrïstianos  testemini.  Communis  est  om- 
nium ni  usa  qui  eadem  fide,  eodem  et  spiritu  et  charitatis  vinculo, 
uni  Christo  sumus  copulati.  Dispicite  quid  magis  expédiât,  quid  fa- 
cial in  gloriam  Christi  et  fratrum  utilitatem.  Populus  extenuatus 
est,  el  gravissima  pauperie  pressus.  Quielem  non  potest  à  tyrannis 
impetrare,  et.  ut  aliô  se  conférât,  nusquam  per  medios  hostes  tu- 
tus patet  accessus;  nam  uxoribus  et  liberis  onustus.  pecuniâ  verô 
exoneratus,  non  habet  quo  confugiat. 

In  rebas  tamen  déplorât)'*  oportet  etiam  extrema  experiri,  et. 
Abrahamum  imitantes,  inspem  sperare  contra  spem.  Operœpretium 
itaque  nobis  videbatur,  si  apud  pium  quempiam  Principem  locus  ali- 
<inis  incultus  Mi  genti,  rei  rusticœ  peritissimœ,  tradéretur  colendus; 
nam  labori  assuevit,  et  eadem  operà  calamitoso  populo  succurre- 
retur,  et  aliquid  inde  utilitatis  etiam  rediret  ad  proximos.  Alioqui, 
si  se  non  remittat  effrenata  adversariorom  audacia  et  rabies,  ut 
tutô  in  suis  aedibus  degere  possintet  suis  uli  rébus,  niliil  aliud  su- 
perest  nisi  ut  se  vise  committant,  et  quocunque  dirigat  Dominus, 
illic  llgant  pedem;  quandoquidem  semel  mori  saliùs  est,  quà  m  aut 
in  tam  dura  servitute  ad  ydololatriam  et  superstilionem  adigi,  aut 
tam  variis  el  assiduis  suppliciis  excarnificari  ac  dilaniari.  Nullura 
non  movit  lapidem  liostis  ad  profligandam  pietatem  ;  nunc  nulla 
spes  est;  ad  vasa  conclamatum  est,  nisi  repente  Dominus.  prœter 
omnium  expectalionem,  suos  tyrannide  liberet  eripiatque  ex  ini- 
micorum  faucibus. 

7-s-°  Ces  traits  divers  pourraient  s'appliquer  à  Antoine  Saunier,  cpii 
avait  évangélisé  les  Vaudois,  en  exposant  «  de  jour  en  jour  sa  vie.  »  Mais 
on  ignore  s'il  se  trouvait  encore  à,  Genève,  ou  s'il  était  déjà  parti  poul- 
ie Piémont  (Voy.  les  Xos  507,  renv.  de  n.  17;  518,  n.  24;  528,  n.  1-2). 


332       LES  CONSEILS  DE  GENÈVE  A  AMI  PORRAL,  A  BERNE.      1535 

Proinde,  vos  oranes  quotquot  estis  pietalis  candidati,  et  purioris 
Christianismi  professores,.  per  Christum  obtestamur,  ut  fratrum 
vestrorum  sitis  memores,  illorum  personam  induatis,  et  quomodo- 
cunque  dabitur,  sive  consilio,  sive  re,  saltem  precibus  fratres  ju- 
vetis  cum  immanissimo  hoste  conlliclantes.  Plus  hicfrater  hac  gra- 
tta vos  adit,  guem,  obsecramus.  utfidum  Verbi  ministrum  et  variis 
exploration  afflictionibus  éxcipite  10.  et  quod  vos  consultius  fore  ,ju- 
dicaverilis,  pro  vestro  candore  exponere  non  gravemini.  Valete 
bene.  Genevae,  4.  Augusti  1535. 

Fratres  vestri  Guilhelmus  Farellus  et  Petrus  Viretus. 

Verbis  nemo  posset  assequi,  fratres  quàm  charissimi,  quanta  sii 
piorum  calamitas:  ideô  propter  Christum  vos  obteslor,  quidquid 
vel  per  vos,  vel  per  alios  potestis,  id  efficite,  ut  piis  consulatur11. 

Vester  Farellus. 


522 

les  conseils  de  GENÈVE  à  Ami  Porral,  à  Bern« 
De  Genève,  10  août  153"). 


Inédite.  Minute  originale.  Archives  de  Genève. 


Sommaire.  Le  Conseil  de  Genève  fait  connaître  de  nouveau  à  Porral  la  tristi  situation 
de  la  ville,  et,  après  lui  avoir  annoncé  l'abolition  des  images  et  de  la  messe  à  Genève, 

il  l'invite  a  requérir  auprès  des  Bernois  «  aide  et  secours.  » 

Très-chier  frère!  Nous  receumes  le  dix  de  ce  moy[s]  vouz  let- 
tres ]  par  le  présenl  porteur,  et  pour  vérité  sûmes  en  grand  travail 

10  Voyez  le  commencement  de  la  lettre  de  Capiton  (N°  523). 

11  Dès  le  30  juillet,  Tard  et  Viret  savaient  que  François  /devait pro- 
chainement publier  un  édit  d'amnistie  en  faveur  des  Évangéliques  de 
ses  États  (Voyez  le  N°  518,  fin  de  la  n.  15,  et  n.  32).  De  la  présente  let- 
tre, et  de  celte  qui  fut  adressée  par  Farel  à  Guillaume  du  Bellay  (N°  530), 
on  peut  cependant  inférer  que  les  deux  pasteurs  de  Genève  n'accordèrent 
pas  de  confiance  aux  promesses  faites  par  le  Roi  dans  l'éàit  de  Conçu . 

1  C'était  probablement  la  lettre  de  l'orrai  du  5  août,  qui  est  conservée 


1535  LES  CONSEILS  L)K  GENÈVE  A  AMI  PORRAL,  A  BERNE.  333 

et  fâcheries,  et  ne  sçavons  plus  comment  faire,  veu  que  havons  si 
longtemps  entretenu  nostre  peuple  à  paroles,  sus  l'espérance  que 
bavions  de  liavoir  aytle2;  et  maintenant,  [il]  est  plus  esbays  que 
jamais,  voyant  nostre  prise 3  estre  séquestré  et  mise  entièrement  à 
la  main  de  Monsieur  de  Savoye  par  ses  chastellains  *,  et  les  vivres 
ainsin  estroictement  deffendus,  comment  escripvons  à  l'excellence 
de  Messeigneurs  (comment  verres  par  le  double),  voyans  aussi  les 
vendenges  qui  sont  si  prest. 

Don[t]  pouvés  panser  le  damnaige  et  la  désolation.  Nonobstant 
laquelle,  ceulx  quil  sont  de  loisir'-'  se  sont  allé  battre  aux  ymaiges, 
etn'hont  rien  laissé  à  Sainct-Pierre,  ny  aux  parroches  et  convenus], 
à  mettre  bas  s,  excepté  la  chappelle  de  Rire  et  de  Nostre-Dame-de- 
Grdce1  ;  et  est  partout  serré  [1.  fermé],  tant  que  ne  soy  dict  point  de 
messe8.  Toutesfois  (loër  soit  Dieu!)  c'est  esté  sans  débat  ny  émo- 

aux  Archives  de  Genève.  Elle  ne  renferme  aucun  trait  relatif  à  la  crise 
religieuse. 

:  "N'oyez  la  lettre  de  Genève  à  MM.  de  Berne  datée  du  14  juillet 
(N°  517). 

3  C'est-à-dire,  nos  récoltes. 

4  Les  châtelains  de  Gex,  Peney,  Gaillard  et  Ternier. 

5  La  rédaction  primitive  de  ce  passage  porte  ce  qui  suit  :  «  Nonobstant 
laquelle,  ce  peuple,  comment  celluy  quil  est  de  loisir  et  n'ha  aultre  af- 
faire... » 

6-7  Depuis  la  démolition  des  faubourgs  de  St. -Victor  et  de  St. -Léger, 
Genève  ne  comptait  plus  que  cinq  paroisses  :  celles  de  Ste. -Croix  ou  de  la 
cathédrale,  de  Ste.-Marie-la-Neuve  (aujourd'hui  l'Auditoire),  de  Ste. -Ma- 
rie-Madeleine, de  St. -Germain  et  de  St.-Gervais.  Les  couvents,  au  nom- 
bre de  cinq,  étaient  occupés  par  les  Sœurs  de  Ste. -Claire,  les  Cordeliers, 
les  Bénédictins  (prieuré  de  St.-Jean),  les  Dominicains  et  les  Augustins.  Ces 
derniers  habitaient  le  couvent  de  Notre-Bame-des- Grâces,  situé  près  de 
l'Arve  (Voy.  André  Archinard.  Les  édifices  religieux  de  la  vieille  Genève, 
1864). 

Le  dimanche  S  août,  Farci  avait  prêché  pour  la  première  fois  à  St.- 
Pierre.  Le  soir  du  même  jour,  à  l'heure  des  vêpres,  les  Évangéliques  com- 
mencèrent à  détruire  les  images  dans  cette  église,  et,  le  lendemain  matin, 
l'œuvre  de  dévastation  s'étendit  aux  autres  édifices  religieux  et  aux  cou- 
vents. La  chapelle  de  Rive  mentionnée  ici  était  peut-être  l'église  des  Sœurs 
de  Ste. -Claire,  qui  fut  épargnée  jusqu'au  24  août.  Ces  religieuses  parti- 
rent de  Genève  six  jours  plus  tard,"  et  elles  se  retirèrent  à  Annecy  (Voyez 
les  Additions.  —  Froment,  op.  cit.  p.  142-154,  162-104.  —  Jeanne  de 
Jussie,  p.  150-153,  202--.00,  et,  à  la  fin  du  dit  ouvrage,  la  Notice  sur  la 
communauté  des  Clarisses  de  Genève,  par  Ad.-C.  Grivel). 

3  On  lit  dans  la  rédaction  primitive  :  «  tant  que,  dès  lungdi  matin, 
n'est  point  esté  dicte  de  messe.  » 


334  LES  CONSEILS  DE  GENÈVE  A  AMI  PORRAL,  A   BERNE.  1535 

tion  ;'.  Ce  néaulmoings,  ne  reste  que  nouz  ennemys  ne  soyenl  tous- 
jours  plus  affectionés  [1.  irrités10]. 

Pourtant,  vous  irés  devant  l'excellence  de  Messeigneurs,  et  leurs 
présenlerés  la  lettre11;  en  après,  selon  ce  que  mieulx  sçaurés 
faire,  leur  exposerés  nostre  griefz  et  leur  requerré  ayde  et  secour. 
pour  l'honneur  de  Dieu,  en  bonne  charité.  Datum  10  Augusti  1535. 

Petv  et  Grand  Conseil  [de  Genève]. 

(P.-S.)  Vous  adviserés  s'il  sera  expédient  de  compter  Vaffairede 
ces  ymaiges  devant  Messeigneurs.  et  de  la  messe 12.  à  cause  (com- 
ment scavés)  que  beaucoupt  de  gens  la  veulent",  et  ferés  com- 
ment ha[u]rés  meilleur  advys14. 

9  Après  cette  phrase,  le  secrétaire  avait  d'abord  écrit  les  mots  sui- 
vants, (prit  a  biffés  :  «  Et  sus  ce  bavons  assemblé...  »  Le  Conseil  des  Deux- 
Cents  fut  en  effet  assemblé  le  10  août,  et  il  décida  que  les  prêtres  seraient 
admis  à  défendre  par  l'Écriture  la  messe  et  le  culte  des  Saints,  et  que 
provisoirement  on  ne  dirait  plus  de  messe  (Voyez  les  Additions). 

10  Selon  Froment  (op.  cit.  p.  142  —  144),  c'était  surtout  cette  considé- 
ration qui  avait  empêché  les  magistrats  genevois  de  faire  abattre  les  ima- 
ges après  la  Dispute  de  Religion.  «  Ils  avoynt  une  grande  prudence  hu- 
mayne...  et  disoynt  :  «  Si  vous  mettes  bas  les  images,  les  messes  et  toute 
la  Papauté,  comme  ces  Prescheurs  et  ceulx  qui  leur  favorisent  veullent, 
certes,  pour  ung  ennemy  (pic  vos  avés,  vos  en  aurés  cent...  »  Mesme  les 
Ministres  n'entendoynt  le  fayre  sans  le  voulloyr  et  conseil  du  Magistrat, 
lequel  souventeffoys  ils  en  avoynt  priés.  » 

11  II  s'agit  de  la  lettre  adressée  le  même  jour  par  les  Conseils  à  MM.  de 
Berne,  et  dont  voici  un  fragment  :  «  Si  Vouz  Excellences  scavoyent...  elles 
hauroient  pityé  de  nous,  nous  voyans  en  telle  extrémité,  nostre  peuple 
espérant  atant  de  jour  en  jour,  suspirant  à  Dieu  miséricorde,  de  ce  que, 
pour  voloir  vicre  selon  les  commandemans  de  Dieu,  sûmes  ainsin  affligés...  » 

12  Ces  paroles  permettent  de  croire  que  l'abolition  définitive  du  catho- 
licisme à  Genève  s'était  accomplie  en  dehors  de  l'intervention  deMM.de 
Berne. 

13  AToyez  les  Extraits  du  Registre  du  16  août  (Froment,  p.  cxl). 

14  Porral  fut  sans  doute  d'avis  qu'il  valait  mieux  garder  le  silence.  On 
trouve,  en  effet,  le  passage  suivant  dans  la  lettre  que  le  Conseil  adressa, 
le  mercredi  25  août,  à  lui  et  à  Claude  Savoy  e,  son  collègue  :  «  Sus  V af- 
faire de  la  messe  et  des  ymaiges,  comment  havés  entendus,  nous  n'en  ba- 
vons heubt  point  de  responce  de  Porralis.  Pour  tant  sûmes  de  advis  que 
sentes  voir  de  Messieurs  [de  Berne],  comment  leur  semble  myeulx,  et  que 
leur  comptés  tout  l'affaire,  pour  pouvoir  chescung  contenter.  »  Sur  cette 
communication  verbale  de  Porral,  Berne  adressa  aux  Genevois  la  lettre 
du  28  août  (X"  524). 


153b  W.-F.  CAPITON  A  GUILLAUME  FAREL.  335 


523 

w.-F.  capiton  à  Guillaume  Farel. 
De  Baie,  23  (août  1535'). 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchàtel. 

aire.  Quelle  horrible  persécution  nous  a  racontée  le  porteur  de  votre  lettre  !  Il 
est  arrivé  ici  la  veille  du  jour  où  Bucer  et  moi  nous  devions  nous  séparer  pour  con- 
tinuer notre  voyage.  Nous  avons  décidé  de  solliciter  auprès  du  duc  de  Wurtemberg , 
du  landgrave  de  Messe  et  des  Villes  •  ,  ues  de  la  Suisse  des  le 

au  Roi,  en  faveur  de  nos  frères  [les  Vt  Bucer  tentera  la  même  démarche  au- 

près de  la  diète  des  Villes  Iw/p  tant  averti  le  frère  [que  vous  avez 

envoyé]  qu'il  fallait  être  prudents,  ne  concevoir  que  des  e  ées,  e; 

graver  si  vivemenl  de  Christ  dans  le  cœur  des  Vaudois,  qu'ils  fussent  tou- 

jours en  état  de  légitimer  leur  a  pour  les  abus  du  papisme. 

Je  vous  remercie  du  récit  de  la  Dispute  [de  Genève].  Vous  avez  repoussé  â  ji 
titre  les  arguments  que  Pierre  Garoli  empruntait,  aux  Pères  pour  défendre  la  m 
Reconnaissons  toutefois  que,  malgré  de  nombreuses  superfluités  et  lacunes,  les  écrits 
des  Pères  sont  pleins  d'édification.  Ceux  d'entre  nous  qui  les  dédaignaient  ont  ainsi 
causé  un  dommage  trop  réel  à  nos  églises. 

Luther  vient  de  faire  une  réponse  très-cordiale  au  député  de  l'e  .  »/rg. 

Aucun  sacrifice  ne  lui  coûtera,  dit-il,  pour  réaliser  cette  coin  ...  il  pro- 

met de  veiller  à  ce  que  les  ministres  peu  instruits  soient  convenablement  préparés 
pour  le  Concile  qui  est  attendu. 

Salve  in  Domino,  charissime  Ira  ter.  Qui  tuas  pertulit  eximiè  pins 
nobis  videtur*.  Quant  horrendam  persecutionem  narravit!  Venit 
sul>  noctem  ad  nos,  ubi  Bucerus  ad  Suevos,  et  ego  ad  Elvetios  et 
Algoœœ  ecclesias  crastino  ejus  diei,eramus  abituri3.  Deliberavimus 


1  Voyez  la  note  18. 

-'  C'était  le  ministre  que  Farel  el  Viret  avaient  envoyé  vers  les  Évan- 
géliques  de  l'Allemagne,  pour  réclamer  leur  assistance  en  faveur  des  Vau- 
dois persécutés  (Voyez  la  lettre  du  -1  août,  renvois  de  note  7-9). 

3  Ce  voyage  des  deux  réformateurs  de  Strasbourg  eut  lieu  dans  la  se- 
conde moitié  d'août  1535.  11  s'agissait  pour  eux  de  gagner  de  nouveaux 


336  W-rF.  CAPITOJN  A  GUILLAUME  FAREL.  1  535 

à  cœna,  invocato  tacitis  volis  Domino.  Sic  tandem  visum  est.  ut 
Duels  Wirtembergensù  literas  et  Landtgravii  Hessi  ad  Regem  pro 
illis  *,  unà  cum  Christianarum  Givitatum  inter  Elvetios6,  quàm  fieri 
posset  citissimè  curaremus.  Bucerus  Imperiaiium  Givitatum  addere 
voluit  :  quas  an  sit  impetraturus,  nescio  :  aderit  {sic)  enim  illarum 
conventum6.  Equidemsanè  non  putabam  lentandum;  nam  Rex  in 
Cesarem  nos  irrilare  satagit 7.  quod  nos  scimus  fore  in  maximam 
ignominiam  Cliristi. 

partisans  au  projet  de  réunion  entre  les  Luthériens  et  les  Zwingliens. 
Buccr  se  rendait  à  Stuttgart  (Voy.  J.-W.  Baum,  op.  cit.  p.  503).  Capiton 
allait  à  Zurich  et  à  Constance ,  comme  nous  le  savons  par  ces  fragments 
de  la  lettre  de  Jean  Zwick  à  Vadian,  datée  de  cette  dernière  ville,  le  1er 
septembre  (1535)  :  «  Fuit...  apud  nos  his  diebus  venerandus  ille  vir  Ca- 
l>ito...  Ne  quis  inauspicatô  forte  Luthcrum  tam  propitium  nobis  factum 
irritaret,  salutavit  Capito  Basilienses  et  Tigurinos  ministros,  obsecrans  ne 
quid  sedendo  posthac  misceant  de  sacramentaria  controversia ,  id  quod 
eatenus  sunt  polliciti  quatenus  intelligant  Luthcranos  placabiliores  »  (Au- 
togr.  Bibl.  de  St.-Gall.  Epp.  inscriptse  XI,  52). 

4  C'est-à-dire,  pour  les  Vaudois  de  la  Provence  (Voy.  n.  2). 
11  faut  sous-entendre  literis.  Le  messager  de  Farel  et  de  Viret  avait 
dû  partir  de  Genève  le  4  ou  le  5  août,  et  il  n'était  arrivé  à  Bâle  que  le  22. 
On  peut  donc  supposer  que,  pendant  ce  voyage,  il  avait  sollicité,  auprès 
des  magistrats  de  Berne,  Zurich,  St.-Gall  et  Schaffhon.se  des  lettres  adres- 
sées à  François  I,  en  faveur  des  Vaudois. 

6  Quoiqu'il  existe  une  lettre  de  François  I  adressée  le  10  septembre 
1535,  à  la  Diète  de  l'Empire  à  Eslingen  en  Souabe  (Voy.  Freherus.  Thea- 
trum  rerum  germanicarum,  III,  300),  nous  pensons  que  Capiton  veut  parler 
l'une  assemblée  qui  devait  se  tenir  à  Smalkalden.  Nous  ne  savons  pas  si 
Buccr  sollicita  réellement  l'appui  des  Villes  impériales  en  faveur  des  Vau- 
dois; mais  ce  fut  lui  sans  doute  qui  les  recommanda  à  Luther.  On  lit,  dans 
la  lettre  de  ce  réformateur  à  Géryon  Sailer,  datée  du  5  octobre  1535  : 

Me...  miseretur  vehemeuter  illorum  agricolarum  in  Provincia  Galliœ 
calamitatis  et  pressura?,  et  utinam  possem  hîc  considère,  sicut  rogatus 
sum  !  Forte  si  effugerent,  invenirent  alicubi  loca  in  quibus  viverent.  Chris- 
tus  misereatur  eorum,  et  liberet  eos,  visitans  eos  aliquando  omnes  qui 
operantur  iniquitatem!  Amen.  »  (Luthers  Briet'e.  éd.  de  Wette,  IV,  641.) 

7  François  I  avait  déjà  essayé  plusieurs  fois  d'inspirer  aux  Protestants 
allemands  de  la  défiance  envers  Charlcs-Qnint.  Le  22  mars  (1534)  il  écri- 
vait aux  Bâlois  :  «  Vous  povez  estre  seurs  qu'il  n'y  aura  jamais  personne 
au  dit  Empire  qui  soit  tant  vostre  amy  que  feriez  de  nous...  Ceulx  qui 
pourchassent  au  contraire...  vous  les  congnoissez  assez,  et  quel  amour 
vous  ont  porté  par  cy-devant,  et  quelles  querelles  prétendent  avoir  contre 
vous,  et  de  combien  leur  cueur  se  haulseroit ...  s'ilz  parvenoient  à  leurs 
actaintes  »  (Mscrit  orig.  Arch.  de  Bâle.  Voy.  aussi  le  N°  492,  renv.  de 
n.  2.  5,  16).  Cela  n'empêcha  pas  les  magistrats  de  Bâle  d'ordonner,  en 


1535  w.-f.  capiton  a  Guillaume  farel.  337 

Son  quiescemus  donec  pro  fratribus  aliquid  impetraverimus;  ec- 
clesias  ad  preees  cohortabimur  diligenter.  Monui  tamen  fratrem s  ut 
opéra  daretur,  ne  quid  intempestive  admolirentur  praeter  vocatio- 
nem,  et  plusquam  crederenl  animo.  Porrô,  ut  agricolis  vivum  Chris- 
tum  assidue  inculcarent,  ex  cujus  intelligentià  Huerel  responsum 
super  papisticis  abominationibus  constans  et  gravis  [1.  grave]. 

Quôd  ad  nos  Disputaîionem  perscripseris 9,  habeo  gratiam,  nain 
incerla  multa  rumor  anteliac  sparserat.  Ecquidpro  missa  ex  Patri- 
bus  Carolus10?  Augurqr  protulisse  quœ  cœnam  dominicain  ;\pla- 
nent  juxta  ritum  prise»  Ecclesiaa,  aut  eos  qui  missam  pro  cœnaj 
dominicaB  vocabulo  non  adeo  absurde  occuparant.  Ecquid  novam 
propterea  missam  ille?  Tametsi  ritus  Cœna3  a[d]scisci  possent  pro 
cujusque  ecclesise  aedifleatione,  an  propterea  opus  opéra tum?  an 
sâeerdotis  actio.  applicatio,  satisfaclio?  Robuste  colligitis  n;  assen- 
lior,  simulque  prebor  ut  nos  Christum  et  quœ  [sunt]  Christi  pu- 
riùs  traetemus.  Yotum  piura  est. 

Patrum  observantia  non  video  qui  obstet,  nisi  illos  Scripturve  pa- 
res autoritate  fecerimus.  Praeterea,  mi  Farelle,  quœ  Scripturis  pa- 
ient, aut  apertè  affîrmantur.  aut  juxta  analogiam  fidei  colliguntur, 

noùt  1535,  des  prières  publiques  pour  la  prospérité  de  l'Empereur,  qui 
taisait  une  expédition  contre  Tunis  (Voy.  Uldrici  Zasii  Epp.,  p.  244). 

8  11  s'agit  vraisemblablement,  non  d'un  frère  de  Farel.  mais  du  mes- 
sager mentionné  plus  haut  (Voy.  la  n.  2). 

9  C'est  une  allusion  à  la  Dispute  de  Genève  (30  mai— 24  juin  1535). 
Farel  en  avait  inséré  un  résumé  dans  la  lettre  particulière  qu'il  adressait 
à  Capiton  le  4  août,  et  qui  ne  semble  pas  avoir  été  conservée.  Lés  procès- 
verbaux  de  cette  dispute  ne  se  trouvent  plus  à  Genève.  Selon  une  note 
marginale  de  la  Vie  manuscrite  de  Farel  par  Olivier  Perret,  p.  28,  il  en 
existait     une  copie,  parmi  les  escritz  [de  Neuchâtel].  » 

10  Pierre  Caroli,  expulsé  de  la  Sorbonne  en  1525,  à  cause  de  ses  pré- 
dications, et  bientôt  ajourné  pour  crime  d'hérésie  (N08  124,  n.  G  ;  158, 
ii.  2;  165,  n.  1),  s'était  retiré  dans  la  ville  (VAlcnroii.  où  Marguerite 
d'Angoulême  le  nomma  son  aumônier  (Voy.  Génin.  op.  cit.  I,  p.  411). 
Vers  ce  temps-là,  il  fit  preuve  de  la  plus  cruelle  légèreté,  en  dénonçant 
aux  juges  de  l'Inquisition  deux  jeunes  hommes,  qui  périrent  du  dernier 
supplice  (Voy.  l'ouvrage  de  Calvin,  intitulé  «  Pro  G.  Farello  et  collegis 
cjus...  Defensio  Xicolai  Gallasii,  L545,  p.  09,  70).  Cité  comme  suspect. 
en  janvier  1Ô34,  il  se  réfugia  à  Genève  (Nos  488,  n.  12;  509,  n.  11).  Les 
catholiques  n'ayant  envoyé  qu'un  seul  champion  à  la  Dispute,  Caroli 
vint  à  son  secours,  et  il  essaya  d'établir,  par  le  témoignage  des  Pères,  la 
messe,  le  purgatoire  et  l'invocation  des  Saints  (Voyez  la  lettre  de  Farel 
sur  Caroli.  Calvini  Epp.  Lausanne,  1570,  p.  94). 

11  II  veut  dire  :  Vous  concluez  vigoureusement  [par  la  négative]. 

t.  ni.  22 


338  W.-F.  CAPITON  A  GUILLAUME  FAR  EL.  1535 

ulraque  Ecclesiam  Dei  aedifîcant,  plena  solid»  pietatis.  Jam  in  Pa- 
tribus  mulla  redundant,  plura  desunf.  Aliquis  tamen  ductus  Spiritûs 
ex  eis  eminet,  cujus  gratiâ  non  sine  fructu  iegunlur.  Nec  offendal 
Patruin  defensio.  si  motlerata,  et  quatenus  agunt  ex  verbo  Domini. 
Nam  indicibile  est,  quantum  damni  dederit  fastidium  Patruin.  qui 
sibi  nonien  apud  posteritatem  coronà  intérim  martyrii  pepererunt. 
Vix  tandem  accèdent  animi  rudiores.  rel  arctissimè  nobis  cum  Pu- 
tribus  facientibus,  quôd  suspicione  novandarum  rerum  vulgô  gra- 
vemur. 

Ora  pro  me  aç  nostris  ecclesiis  Dominum.  Bucerw  Le.  Viretum, 
[et]  ecclesiam  Dei  qme  istic  est,  salulat  plurimùm,  —  qui  in  dies 
major  animo  meo  prodit.  quia  rainor  sibi  videtur. 

Aufjuslana  ecclesia  misit  ad  Lutherum  12,  qui  literis  suis  quosdam 
cives  persuasit,  ut  cum  papistis  mallent  quàm  cum  nostra  ecclesia 
communicare 13.  Exposuit  legatus14  ejus  tidem,  et  quid  quoque 
tempore  Magistratus  egisset,  etc.  Respondit  etiam  per  Utérus  ami- 
cissime.  sibiademptam  de  nobis  suspiciowm;  nihil  posse  imponi  unod 
non  sitpro  concord /a  hilariter  facturus.  «  Nam  firmatà.  inquit,  istà 
concordià.  gaudens  et  lachrymans  suaviter  cantabo:  Nunc  dimittis 
servuni  luum  in  pace.  etc.15.  »  Prorsùs  videtur  in  hoc  esse,  ul  pa- 
cem  stabiliat  ecclesiarum.  Deinde.  ut  vulgares  ministri  ad  agendum 

12  La  messe  avait  été  abolie  à  Augsbourg  le  22  juillet  1534,  par  une 
décision  des  magistrats  (Voy.  L.  Ranke,  op.  cit.  2U  éd.  III.  505,  506). 
Bncer  y  séjourna  près  de  cinq  mois,  au  commencement  de  l'année  sui- 
vante, pour  y  consolider  la  Réforme  (Voy.  Gilberti  Cognati  in  concordià' 
commendationem  oratio  (s.  a.),  p.  45).  Ce  fut  le  21  juin  1535  que  le  Con- 
seil d'Augsbourg  envoya  ses  députés  à  Luther  (Melanth.  Opp.  éd.  cit. 
t.  II,  p.  xin.  —  Scultetus,  op.  cit.  Pars  II.  484). 

13  Ces  lettres  de  Luther  à  certains  bourgeois  d'Augsbourg  avaient  sans 
doute  été  écrites  en  1533.  époque  où  le  réformateur  saxon  était  encore 
très-hostile  aux  Sacramentaires  (Voyez  ses  lettres  du  S  août  et  du  29  oc- 
tobre 1533  au  Conseil  d'Augsbourg.  Luthers  Briefe,  éd.  de  Wette,  IV. 
472,  490). 

14  C'est-à-dire,  Géruoit  Sailcr,  principal  député  de  la  ville  d'Augsbourg. 
Jean  Zwick  s'exprimait  ainsi  à  son  sujet,  le  Ie'"  septembre  153."!  :  «  Quod 
ad  Concordiam  nostrorum  cum  Luthero  adtinet ,  scripserunt  Augustaui 
fratres  Luthero,  misso  ad  illum  legato,  doctore  Geri/onc...  niedico.  sed 
qui  ad  res  quaslibet  gerendas  sit  instructissimus.  » 

15  Ces  paroles  sont  extraites  de  la  lettre  de  Luther  du  20  juillet  1535 
adressée  aux  ministres  de  l'église  d'Augsbourg.  On  retrouve  l'expression 
de  sa  joie  profonde  dans  plusieurs  autres  lettres  qu'il  écrivit  à  cette  épo- 
que (Voy.  Luthers  Briefe,  éd.  cit.  IV.  G13.  623.  036,  638.  653,  c~>4). 


1535  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AUX  CONSEILS  DE  GENÈVE.  339 

in  Goncilio  quod  expectatur ls  sinl  insirucliores,  pollicelur  suam 
operam,  et  conventum  meditalur  17.Vale  el  ora  pro  me  in  Domino. 
[Augusti]  23,  Basileae  (1535  l8). 

Y.  Capito. 

(ImcripHo  :    Wilhelmo  Farello,  \ero  fratri  in  Ghristo,  s i b i  cha- 
rissimo. 


524 

le  conseil  de  berne  aux  Conseils  de  Genève  *. 
De  Berne,  28  août  1535. 

.Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  Berne  félicite  les  Genevois  de  ce  qu'ils  ont  aboli  la  messe,  et  les  exhorte  à 
persévérer  dans  la  vérité,  l'union  et  la  charité. 

Nobles,  etc.  Nous  summes  advertis,  comme  par  le  moyen  de 
l'annuntiaiion  de  la  saincte  Parolle  de  Dieuz,  par  maistre  Guillaume 
Farel  et  aullres  jusque  icy,  par  bon  espace  de  temp,  en  vostre  ville 

16  Dans  son  consistoire  du  16  janvier  1535,  Paul  III  avait  formelle- 
ment décidé  la  réunion  du  Concile. 

17  II  s'agissait  d'une  conférence  entre  les  théologiens  saxons  et  ceux 
de  la  Haute-Allemagne.  Elle  eut  lieu  au  mois  de  mai  1536,  à  Eisenach, 
où  fut  rédigée  la  formule  de  Concorde  dite  de  Wittemberg. 

18  Le  millésime  est  déterminé  par  les  détails  renfermés  dans  les  notes 
3,  9,  12  et  15.  L'indication  du  mois  manque  dans  le  texte,  mais  elle  nous 
est  fournie  par  une  lettre  de  Capiton  à  Yadian,  qui  appartient  certaine- 
ment à  l'année  1535  et  qui  est  datée:  «  24  Augusti.  Basileae.» On  y  trouve 
les  passages  suivants  :  «  Lutherus  concordiam  Buceranam,  cui  equidem 
per  hos  quinque  annos  diligenter  assedi...  toio  pectore  amjJÏectitur...  Scrm- 
sit  ad  Augustanos  publiée,  ad  Senatum  et  ministros  Verbi...  Meditamur 
brevi  inter  nos  conventum.  Concilium  etiam  Pontifex  Romanus  inédit atur. 
ad  quod  nos,  prsesidio  Christi,  cum  gaudio  sistemus,  in  Christo  posthac 
concordes.  Buceri  nomme  te  salvere  jubeo  »  (Mscrit  orig.  Bibl.  de  la  ville 
de  St.-Gall,  collect.  cit.  XI,  173). 

1  Cette  pièce  a  été  publiée  pour  la  première  fois  dans  notre  Spécimen 
île  la  Correspondance  des  Réformateurs.  Genève,  mai  1864,  p.  9. 


340  FRIDOLIN  BRUNNER  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  1535 

purement  faicte,  Dieuz  vous  ayt  par  sa  grâce  touché  de  la  lumière 
de  vérité,  sur  quoy  ayés  mis  quelque  ordre  es  cérimonies  papales. 
Dont  [nous]  louont  Dieuz,  vous  sur  ce  prians  et  exhortans,  puis 
que  avés  cogneuz  la  vérité,  que  veilliés  en  icelle  fermement  per- 
sévérer, et,  affin  que  cella  puisses  faire,  vivre  par  ensemble  en 
bone  et  fraternelle  union,  charité  et  paix,  comme  bons  vrays  frères 
chrestiens  sont  entenus  de  faire. 

Ce  faisant  ne  doubtés  point  que  Dieuz  lînablement  vous  laisse 
ruiner,  lequel  prions  vous  donner  grâce  de  vivre  selon  sa  voulenté. 
Datuui  xxviii  Augusti,  anno  xxxv. 

L'Advoyer  et  Consf.il  ok  Berne. 

(Suscription  :  »  Aux  Sindicques.  petit  el  grand  Conseil  de  Genèse  e. 


525 


FRIDOLIN  BRUNNER1  à  Henri  Bullinger,  h  Zurich 
De  Glaris,  31  août  1535. 


Inédite.  Autographe.  Arch.  de  Zurich.  Copie  dans  la  Coll.  Simler. 

Sommaire.  Unelettrt  écrih  <l<  Pans,  le  18  août,  nousretrace  l'impression  très-fâcheuse 
qu'ont  produite  sur  les  frères  de  cette  ville  les  projets  de  Bueer  et  de  Mélanchlhon 
Ces  deux  théologiens  ont  sollicite  auprès  du  Roi  la  permission  de  disputer  avec  les 
docteurs  de  la  Sorbonne  sur  les  principaux  points  de  notre  religion,  et  ils  se  sont  pro- 
cure, à  cet  effet,,  un  sauf-conduit  qui  les  astreint  â  ne  pas  prononcer  un  seul  mol  ''ou- 
tre le  pape  et  les  cérémonies  de  l'Eglise.  <  les  conditions  désavantageuses  ne  présagent 
que  «les  intrigues  et  îles  embûches.  Quel  bon  résultat  pourrait- avoir  une  dispute  dans 
laquelle  il  serait  interdit  de  confondre,  par  l'autorité  de  l'Écriture  sainte,  le  pape  et 
les  incrédules  ?  Aussi  beaucoup  d'hommes  de  bien  à  Paris  se  plaignent-ils  eu  disant  : 
k  Si  JBucer  et  Mélanchthon  ne  viennent  ici  que  pour  soutenir  In  messe  luthérienne,  et 
non  pour  combattre  les  superstitions,  ils  feraient  mieux  de  renoncer  à  leur  voyage.  » 
Je  vous  prie,  pour  ma  part,  de  vous  opposer  énergiquemenl  â  leur  entreprise. 

Gratiam  et  pacem  a  Domino,  candide  atque  ornatissime  vir. Nova 
quœdam  et  haud  quidem  commenticia,  sedfortassis  inauspicatissima, 

1  Fridolin  Brunner  (en  latin  Fonteins),  né  en  1499,  ancien  élève  ilo 


1535  FRIDOLÎN  BRUNNER  À  HENRI  BULLINGER.  A  ZURICH.  341 

nobis  è  Lutetia,  Aug.  die  18,  per  virum  pium  syncerumqiie  signi- 
fècata,  eadem  aequè  Uiœ  humanitati  transmittenda  operae  precium 
fore  duxi.  Hisce  nempe  cognitis,  impios  quorundam  conatus,  con- 
siliaque  intempestiva,  eô  inaluriùs  feliciùsque  propugnare  potes. 
quum  equidem  omnes  pii,  boni  atque  docti  liane  tibi  provinciam 
delegarint,  ul  lu.  quœ  dogmata  in  Eteipublicae  Christianae  perni- 
ciem  damnumve  excogitata  erectaque  praesenliens,  tanquam  veri- 
tatis  strenuus  propugnator,  ea  impugnare  eliminareque  obnixè  in- 
cumbas  :  quo  quïdem  ôfficio  liactenus  salis  dextrè  bonisque  aus- 
piciis  funetus  es. 

Sed  (ut  rein  aggrediar)  summa  itaque  novarum  quœ  inter  alia 
tristitiâ  digna  resciveram,  litec  eliam  sunl  :  Jampridem  Bucerum  et 
MeiancMwnem,  diversd  rià.  Gallorum  régis  favorem  eblanditos,  ni 
prœcipuêgràtid,quô  dereligionisnostrœsumma,cumParisiens.[ibus 
Rabbinis  Theologisque  conflictari  disserereque  copia  daretur2  (hac 

Glareanus,  fut  avec  Valentin  Tschudi  (N°  12,  n.  4|  l'un  des  réformateurs 
du  canton  de  Glaris.  Il  exerça  d'abord  les  fonctions  de  pasteur  à  Matt, 
puis  dans  la  ville  de  Glaris  (Voy.  J.-H.  Hottinger.  Hist.  Eccles.  Novi 
Testamenti,  VI,  292.  —  J.-J.  Hottinger,  op.  cit.  III,  13,  132,  376,648). 
'-'  Bucer  et  Mélanchihon  n'avaient  nullement  brigué  la  faveur  du  Roi. 
et  ils  ne  lui  avaient  pas  demandé  la  permission  de  disputer  avec  les  Sor- 
bonistes.  Le  Roi  les  avait  consultés  sur  les  questions  religieuses,  par  l'inter- 
médiaire de  (i.  du  Bellay,  et  il  les  avait  priés  de  venir  à  Paris,  pour  con- 
férer  en  sa  présence  avec  un  petit  nombre  de  théologiens  (Nos476,  n.  1  et 
5;  478,  n.  7;  498,  499,  512.  515).  Mais  les  docteurs  de  la  Sorbonne,  mal 
renseignés  sur  les  actes  de  ce  monarcpie,  s'étaient  imaginé,  comme  on  le 
voit  par  leur  Registre,  «  que  Mélanchthon  et  aucuns  Allemans  avoient 
sollicité  le  Boij  pour  estre  remis  eu  l'Église,  de  laquelle  il  se  estoient  sé- 
parez par  nouvelles  doctrines.  »  x\ussi  écrivaient-ils  de  Paris  à  Fran- 
çois I.  le  20  juillet  1535  :  «  Sire,  nous  avons  esté  par  plusieurs  fois 
assemblez  sur  le  contenu  des  lettres  que  Y.  M.  a  escrit  à  M.  de  Senlis, 
vostre  confesseur,  faisant  mention  aucuns  Allemans  venir  par  deçà,  pré- 
tendants estre  oys  sur  certains  Articles  concernants  la  Foy  et  bonnes 
mœurs...  Xous  semble...  Sire,  qu'il  sera  expédient  et  nécessaire,  que  les 
susdits  Allemans  ayent  à  vous  envoyer  par  escrit  et  sous  leur  seing,  tous 
et  chacun,  les  doubtes  et  Articles  desquels  ils  veulent  estre  instruits...  »  Le 
Roi  leur  répondit,  de  Villers-Cotterets,  le  26  juillet  :  «  Vostre  advis  sur 
la  venue  de  Mélanchthon  et  autres  Docteurs  d'Allemagne  nous  a  semblé 
très-bon  et  très-prudent  »  (Voy.  d'Argentré,  op.  cit.  I,  Pars  II,  p.  383, 
387).  Telle  fut  l'origine  du  bruit  erroné  qui  mécontentait  si  fort  les  iL'ccm- 
fjéliques  de  Paris.  Au  reste,  le  Roi  ne  songeait  plus  à  appeler  Bucer.  mais 
bien  Hédion.  On  lit  en  effet  dans  la  lettre  de  Capiton  à  Ambroise  Blaarer 
«lu  30  juillet  1535  :   «.  Quis  status  ecclesiarum  Gcdlitc.  quas  occultas  ali- 


342  FRIDOLIN  BRUNNER  A  HENRI  BULLINGER.  A  ZURICH.  1535 

verô  impetralâ,  sibi  polliciti  simt,  altercationes,  convitia  contentio- 
nesque  pro  rébus  sacris,  non  alià  via  remedioque  meliùs  atque  fa- 
ciliùs  terminari  posse).  Jam  animi  factos  compotes,  conductitiasque 
adeptos  esseliteras 3,  quibus  probe  certificati,  tutttm  juin  illîs  liberum- 
que  patere  aditum,  ea  tamen  lege,  ut  Pontificem  Rom.[anum\  ctim 
impietatis  sede,  cœremoniarum  mendacioi unique  sentind,  intactum 
sïnant,  imô  neverbulo  quidem  damnare  oppugnareque  Iiceat\  Super 
bac  re  dilatione  sumpta,  intérim  ad  Sturmium,  virum.  nt  aiunt, 
bonum,  consilii  ab  eo  captandi  gratiâ,  scripsisse  \anxiè  Bagitantes, 
in  boc  negotio  amicè  syncereque  consulat,  suique  consilii  quàm 
primùm  certiores  reddat. 

Quid  ad  baec  Sturmius  illis  consuluerit  aut  scripserit,  non  mibi 
patefactum  est6.  Sed,  meo  judicio,  perpensiculalis  probe  conditio- 
nibus,  bac  in  re  non  multà  délibéra lione  consultalioneque  opus 
fuisse  conjectassem,  quum  aut  [I.  vel]  parum  prudens  liac  in  re 
quid  facinndum  foret,  sibi  certè,  inspectis  perpensitatisque  condi- 
lionibus  et  conducti  exceptionibus,  considère  posset. 

Indicarunt  <id  hœc  literœ1  idfacti  apud  Parisienses  paucis  piis 
placere,  eam  profectô  ob  causam..  quôri  timeant  clandestinas  pnicti- 
cationes  et  insidias s.  [«tentes  enim  id  negotii  haud  suspicione  ca- 

quot  illic  Dominus  habet,  et  de  Bege  quœ  sit  spes  bonorum,  per  literas 
Buceri  abundè  intelligis.  Advocatur  enim  ad  colloquium  regium  hones- 
tissimè  PMlippus  unà  cum  Hedione.  Et  tamen  nos  maluissemus  Bueerum 
fuisse  ejus  itineris  comitem  »  (Mscrit  orig.  Bibl.  de  St.-Gall.  Collect.  cit. 
III,  355). 

3  Allusion  à  la  lettre  de  François  I  à  Mélanchthon  du  23  juin  (N°  512), 
qui  devait  lui  servir  de  sauf-conduit. 

4  La  lettre  sus-mentionnée  du  23  juin  ne  formulait  aucune  condition  ; 
mais  il  faut  reconnaître  que  G.  du  Bellay,  dans  son  entrevue  avec  les 
pasteurs  de  Zurich  (mai  1534.  Voy.  N°  468),  leur  avait  dît  :  Abstenez- 
vous  d'employer  dans  vos  mémoires  des  expressions  comme  celles-ci  :  «  In 
boc  erravit  Romana  Ecclesia.  Non feremus  tyrannidem Romani  Pontiticis. 
Romanus  Pontifex  Anticbristus  est,  etc.  » 

5  Allusion  à  la  lettre  de  MélancMhon  à  Sturm  du  23  avril,  et  à  celle 
que  Bucer  adressa  également  à  Sturm,  vers  la  fin  du  même  mois  (Voy.  le 
X"  512,  n.  4,  et  le  N°  515,  n.  1,  4,  6,  12,  13,  22,  23). 

6  Sturm  avait  répondu  à  Mélancbthon  le  9  juillet  (N"  515). 

7  C'est-à-dire,  la  lettre  écrite  de  Paris  le  18  août. 

8  Les  Évangéliques  de  Paris  n'avaient  pas  été  les  seuls  à  craindre 
qu'un  piège  ne  fût  caché  sous  l'appel  adressé  à  Mélancbthon  et  à  Bucer. 
Capiton  écrivait  à  Myconius  vers  la  fin  de  mars  1535  :  «  Legatus  hue  mis- 
sus,  et  bine  Wittenbergam,  et  Status  Imperii  aditurus,  pollicetur  commi- 


1535  KUlhoi.IN  BRUNNER  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  343 

rere,  quôd  disputatio,prœ$criptis  iniques  legibus,  sit  admissa  et  con- 
ductum  regium  conditionibus  sit  sancitum9,  nempe  quôd  Po/iacum 
suis  naeniis,  decretis  mendaciisque  protrahere,  explodere,  de  falsi- 
tateque  convincere  non  sit  concessuin. 

Quis  hic  çongressus  est  futurus,  qiiuni  non  libéré  oinni  ex  parte 
veritati  patrocinari  liceal  ?  Fortassis  de  lana  caprina  dissertatio  cum 
Rabbinïs  futura  est,  Nihil  enim  hac  lempestate  magis  necessarium 
.■rit.  quà.m  déplorât»  malignilatis  PonLificem,  hcereticorum  incre- 
dulorumque  pertinaciam,  erroremque  devincere  alque  confutare. 
\am  Ecclesia  nullos  cequè  palitur  hostes  atque  Pontifïcios,  qui  (sic) 
veritali  semper  adversantes,  e  jusque  casum  noctu  dieque  médi- 
tantes :  quos  si  Scripturœ  Sacrai'  armis  propugnare  atque  vincere. 
deque  omnibus  fidei  nostrœ  articulis  disputare  liberum  non  erit, 
meo  quidem  judicio  affirmarim,  Imncce  conventum  sophistarum 
rei  Christ ianœ  plus  dispendii  quàm  commodi  allaturum  fore; 
Ecclesise  etiam  tam  frugiferum  ut  olim  Papistica  fuere  Con- 
cilia, quae  semper  (ut  omnibus  liquel)  pnemissis  transacta  sunt 
hisce  legibus.  quô  Papatus.  cum  suis  decretis  atque  commenlitiis, 
in  vigore  inviolatus  permaneret,  et  nulli  unquam  libéré  concre- 
ditum.  impietatem  jam  manifestam  absquè  ejaeulalione  obpugnare. 
et  imposturis  obluctari. 

Quare,  si  Martinus10  e!  Melanchthon,  pradectis  priùs  conducli 
legibus,  nihilominus  pi'ofectionem  promoverinl,  fateor  ingénue, 
boruiu  stultum  institutum  haudquaquam  placere,  propterea  quôd 

tigatum  Régis  Gallorum  animum,  qui  tandem  inflammationibus  et  ustula- 
tionibus  piorum  modum  posuerit.  Germants  Concilium,  vel  invito  Cœsare, 
pollicetur,  nomine  Regio.  Fetit  Phîlippum  et  Bucerum.  Teclmas  quis  non 
videt?  Habet  intérim  apud  se  Episcopum  Faventinum,  legatum  Romani 
Pontificis  !  »  En  communiquant  ces  nouvelles  à  Bullinger,  le  30  mars,  My- 
conius  y  ajoutait  cette  réflexion  :  «  Illud  repeto,  quôd  Philippum  et  Buce- 
înm  vocat  Bex.  Unde  ansam  huic  datam  existimas,  quàm  quôd  tantum 
])ermittunt  Papismo?  Si  ibunt  igitur,  vel  eos  corrumpet,  vel  intoxieabit... 
Scis  îiimirum,  Gebcnnœ  Petrum  Vireium...  intoxicatum...  »  (Mscrit  orig. 
Arch.  de  Zurich).  Haller  écrivait  aussi  à  Bucer  le  22  juin  suivant  :  «  Au- 
dio te...  vocari  in  Galliam.  Quid  tibi  cum  Gallis?  . . .  Dissuadet  omnibus 
modis  Consul  noster  à  Wattenwil,  et  quotquot  unquam  apud  nos  Gallo- 
rum ingénia  et  fraudes  noverunt.  Nec  ullum  sperant  vestrse  peregrina- 
tionis  fructum,  etiamsi  animas  vestras  effuderitis  »  (Copie.  Coll.  Simler). 
Voyez  aussi  les  Lettres  de  Luther,  édit.  cit.  IV.  028,  029. 

0  Voyez  la  note  4. 

10  Martin  Bucer. 


oil  FRIDOLIN  BRUNNER  A  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  1535 

ne  pius  (sic)  in  spem  duci  possit,  ea  ex  re  quid  boni  fructus  pro- 
venturum.Timeo  non  parum,  eos  fortassis  plus  laudis  commodique 
proprii  studiosiores  quàm  Ghristi :  eà  eliam  imprudentiâ  futuros 
ut;  talpis  Cceciores,  in  Sophistarum  Pontificiorumque  sentenliam. 
postposita  veritate,  pedibus  eant. 

Id  nec  non  multi  Parisiis  spectatœ  integritatis  viri  formidant  et 
conqueruntur  hisce  verbis  :  «  Si  Melanchthon  et  Bucerus  non  aliam 
<•  ob  causant  hue  se  conferre  in  animo  liaient,  quàm  ut  missam  Lu- 
c  theranam,  cum  suis  fictis  cœremoniis  fundare  adnitantur,  et  non 
«  juxta  Verbi  De/  veritatem  et  régulant,  absque  omni  exceptions, 
«  prœscriptisque  legibus  humants .  singula  tracta  re.  omnemque  su- 
it, perstitionem  et  errorem,  sire  Papœ  aut  aliorum  superciliosorum, 
<  reformate  eliminareque  in  rôtis  non  liaient,  imô  conditionibus 
«  prœdictis  acquiescere,  —  prœstare  et  melius  fore  fatentur,  ut,  ser- 
»  ratii  papisticâ  Misse  cum  sais  cœremoniis,  ilomi.  prolongaprofec- 
«  tione,  stertant tl.  » 

Cum  i  ta  que  clarè  videamus,  hoc  negocii  in  Evangelii  et  veritatis 
periculum  vergere3  facideo,  vie  tiumanissime,  ut  pro  \irili  huic 
conatui  reclames,  liorumque  inslitutum  verbo  ei  opei'e  remore- 
ris12.  Semper  etiara  cura,  ut  non  commUtas,  quô  usquam  tuo  of- 

11  Bullinger  avait  déjà  critiqué  très-vivement  les  mémoires  adressés  en 
1534  à  G.  du  Bellay  par  Melanchthon  et  Buccr  (Voy.  N°  476,  n.  2,  n.  6), 
et  qui  donnaient  la  mesure  des  concessions  qu'ils  pourraient  faire  au  pa- 
pisme. «Quid  Gallos  credis  dicere  (écrivait-il  à  Bucer  le  28  mars  1535), 
qui  priùs  Melanchthonis  légère  scripta,  nunc  verô  diversum  ab  eo  as- 
seri  vident  V  Inconstantise  summse  tum  illum.  tum  nos  omnes,  accusa- 
Imnt...  Certè  nihil  hactenus  actum  à  vobis  quod  perinde  invidiam  mul- 
torum  in  vos  concitavit  atque  hoc  consilium...  Illud  non  displicere  non 
potest  etiam  mini,  quôd  tu  Melanchthonis  consilium  probas,  quôdnimiùm 
monarchise  Pontifias  tribuere  videris.  Frustra enim  semper  objicitur:  Quid. 
si  animummutarent  ?  —  Quid,  si  lupus  lupinum  poneret  ingenium  ?»  (Copie. 
Coll.  Simler.)  La  réponse  que  Bucer  fit  (en  juillet)  à  ces  reproches  se 
trouve  dans  les  Melanthonis  Opéra,  édit.  citée,  t.  X,  colonnes  139—142. 

12  A  l'heure  où  le  correspondant  de  Bullinger  le  suppliait  de  s'op- 
poser à  la  conférence  projetée  entre  Melanchthon  et  les  Sorbonistes,  cette 
conférence  était  devenue  impossible.  Voici  ce  qui  s'était  passé,  soit  à 
Wittemberg,  soit  à  Paris  : 

Melanchthon  ayant  reçu  le  4  août  la  lettre  de  François  1  et  celle  de 
Sturm  (Nos  ûl2.  515),  avait  demandé  à  l'électeur  de  Saxe,  Jean-Frédéric, 
la  permission  de  se  rendre  en  France;  il  éprouva  un  refus  (Voyez  la  let- 
tre de  l'Électeur  à  François  1  du  18  août,  et  celle  qu'il  fit  écrire  à  Me- 
lanchthon. le  24  du  même   mois.  Melanth.  Opp.  II,  col.  903,  905,  i)10). 


1535  FRIDOLIN  BRUNNEH    \  HENRI  BULLINGER,  A  ZURICH.  34S 

iicio  defuisse  videaris.  Sed  quid  in  hac  re  faciundum  siet.  tibi  salis 
superque  perspectum  arbilror.  Nam  sic  meus  stat  animus  :  quisquis 
eliain  fidelibus  adversari  praesumpserit,  poteiiti  Dei  manu  compri- 
metur;  etiamsi  potentissima  régna  contra  verbum  Dei  se  erexerint. 
veritatis  et  virtutis  divinae  fortitudine  prosternentur.  Vale  bene. 
Glarïanse,  ultimo  die  Augusti  153S. 

Deus  Optimus  Maximusque  faxil,  ut  le  nobis  in  Reipublicœ  Chris- 
tianae  eommodum  diu  prseservet!  Iterum  vale,  et  Fridqlinum  tuum 
inter  tuos  ascribito  clientulos,  amore.  studio,  officio  nemini  ces- 
surum. 

Literœ  ex  Lutetia  missœ  Gallico  sermone  scriptœ  suni;  sed  3a- 
cobus  Avienus 13,  oplimae  spei  vir.  qui  gallicum  sermonem  callens 
[1.  caliet],  ntiltl  cas  interpretatus  est.  Si  itaque  optares  literulas  ip- 
sas.  transmitterentur  14.  Diulius  etiam  scripsisseui,  si  senq>er  tabel- 

Celui-ci  informa  bientôt  après  le  roi  de  France,  G.  du  Bellay  et  Jean 
Sturm  des  obstacles  qui  s'opposaient  à  son  départ  (Lettres  du  28  août. 
Met.  Opp.  II.  eol.  913,  915,  917). 

A  Paris,  les  conditions  posées  par  les  docteurs  de  Horbonne  excluaient 
toute  discussion  (Voyez  leur  consultation  du  20  juillet  1535.  intitulée  :  «Co- 
dicillus  quo  ostenditur  non  esse  disputandum  cum  Hasreticis.  »  D'Argen- 
tré op.  cit.  I,  P.  II,  384-3S6).  Après  avoir  examiné  les  XII  Articles  «  ex- 
traits îles  mémoires  des  théologiens  allemands,  articles  qu'ils  avaient  reçus 
des  mains  île  G.  du  Bellay,  le  7  août  (Voy.  d'Argentré,  I,  P.  II.  387— 
393.  ;i;»ô).  Les  Sorbonistes  écrivaient  au  Roi,  le  30  août,  une  lettre  qui 
renferme  ces  passages  significatifs  :  «.Comme  il  apert  parle  coinmenci- 
ment  des  dicts  Articles,  les  dicts  Germains  ne  demandent  seulement  le  con-. 
tenu  d'iceux  leur  estre  condonné,  mais  aussi  veulent...  que  en  ce  leur 
cédions,  en  nous  retranchants,  comme  S.  Augustin,  d'aucunes  cérimonies 
et  ordonnances  que  l'Église  a  jusqu'ici  observées  :  Qui  est,  Sire,  deman- 
der de  nous  retirer  à  eux,  plus  qu'eux  se  convertir  à  l'Église  ...  Ces  cho- 
ses considérées,  nous  semble  ...  qu'il  est  à  craindre,  que  les  aucteurs  des 
dicts  Articles,  sous  ombre  de  se  réduire,  ne  machinent  séduire  vostre  peu- 
ple... Toutefois,  s'il  plaisoit  à  V.  M.  leur  faire  envoyer  les  questions  qui 
s'ensuivent,  on  pourroit  par  leur  response  connoistre  s'il  y  avoit  en  eux 
aucune  espérance  de  réduction...  »  Inutile  d'ajouter  que  ces  questions  se 
résumaient  a  leur  demander  s'ils  voulaient  confesser  tous  les  points  de  la 
doctrine  catholique  (Voy.  d'Argentré,  I,  P.  II.  395—397,  et.  p.  3!)7- 
400  du  même  volume,  la  Censure  des  Articles  envoyés  par  Mélanchthon) . 

13  Jacob  Vogel  (en  latin  Avienus),  ancien  élève  de  Glareanus.  et  l'un 
des  réformateurs  de  Claris  (Voy.  J.-II.  Hottinger.  llist.  eccl.  Novi  Tes- 
tamenti,  VI.  928.  —  J.-J.  Hottinger,  op.  cit.  III,  13). 

14  Cette  lettre  française,  écrite  de  Paris  le  18  août  1535,  ne  se  trouv» 
pas  dans  les  papiers  de  Bullinger  conservés  à  Zurich. 


3i6         le  conseil  de  berne  aux  paroissiens  de  sornetan.       1535 

lionem  invenire  fidelem  concederelur.  quem  absque  periculo  literis 
onerare  liceret. 

Fridolinus  Fonteius,  Glareanus. 


526 


le  conseil  de  berne  aux  paroissiens  de  Sornetan  et  de 

St. -Léonard  '. 
De  Berne,  9  septembre  1535. 

fnédite.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.    Berne  annonce  aux  paroissiens  de  Sornetan  qu'elle  leur  envoie  un  pasteur. 

Nostre  amicale  salutation  devanl  mise,  saiges,  pourvéables,  sin- 
guliers amys  et  Lrès-chiers  bourgeoys  !  Nous  summes  a dvertis  com- 
me, par  long  espace  de  temp,  n'ayés  euz  prédicants  que  vous  anun- 
cent  la  Parolle  de  Dieuz2.  De  quoy  nous  mervillions  grandement. 
A  ceste  cause,  vous  admonestons  de  retourné  sur  le  chemin  de 
vérité,  et  par  ainsy  [le]  présent  pointeur.  Maistre  Denis  Lambert 
accepter  pour  vostre  pasteur s,  lu\  laissant  Ions  les  revenus  que 

1  Le  village  de  Sornetan  (en  allemand  Sorneihal)  est  situé  dans  la 
Prévôté,  pays  dépendant  alors  de  l'évêque  de  Bâle,  mais  uni  aux  Bernois 
par  un  traité  de  combourgeoisie  (N°  290,  n.  1).  St.-Léonard  n'existe  pas 
sur  les  cartes  du  Jura  bernois,  et  nous  supposons  que  ce  nom  a  été  substi- 
tué par  erreur  à  celui  de  Bévillard,  village  qui  se  trouve  entre  Tavanne 
et  Court. 

-  En  1531,  la  paroisse  de  Sornetan  avait  eu  provisoirement  pour  pas- 
teur Alexandre  le  Bel  (N°s  320;  325.  n.  1  :  354,  n.  2  et  4) .  puis  en  1532 
Guillaume  ***  (Voyez  C.-F.-G.  Donner.  Die  reformirten  Kirchen  und  ilire 
Yorsteher  im  Freistaate  Bern,  p.  695). 

3  Nous  avons  dit  plus  haut  (N°  482,  n.  13  et  16)  que  Denis  Lambert 
accompagnait,  le  10  octobre  1535,  en  qualité  d'aumônier,  les  gens  de  la 
Prévôté,  deBienne  et  de  Neuchâtel  qui  battirent  ce  jour-là  les  Savoyards  à 
Gingins.  Ce  fait  résulte  d'un  certificat  du  Conseil  de  Genève  daté  du  30  avril 
1538,  et  qui  déclare  que  «  le  seigneur  Jaques  Vidremaut  [1.  Wiklermuth] 


1535       MARTIANUS  LDCANIUS  [jE\N  CALVIN]  A  G.  FARRI,  A  BOLE.  347 

apartiènent  es  cures.  En  ce  nous  ferés  plaisir.  Datum  ix  Septem- 
bris,  anno  xxxv. 

L'Advoyer  et  Conseil  de  Berne. 

(Suscription:)  Aux  saiges.  pourvéables  etcliscrects  parroichiens 
«le  Sornetal  et  Sainct-Liênard ,  nous  singuliers  aniys  el  très-chiers 
bourgeovs 4. 


527 


MÀRTiAisrus  lttanius  [jean  Calvin]  à  C.  Fabri  ' ,  à  Bole. 
De  Baie,  11  septembre  (1535  a). 

Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchàtel.  Publiée  en 
partie  dans  les  Calvini  Opéra,  édit.  de  Brunswick,  t.  V,  p.  xxxvi. 

Rommajse.  Avant  son  départ  [de  Neuchàtel],  Olivétan  m'a  écrit  qu'il  remettait  à  un 
autre  temps  la  publication  du  Nouveau  Testament  ;  je  ne  me  suis  donc  pas  occupé  de 
la  révision  que  je  lui  avais  promise.  D'ailleurs,  un  cahier  manquait  au  volume  qu'on 
m'a  envoyé,  à  cet  effet,  il  y  a  trois  mois,  et  le  travail  du  relieur  n'est  pas  même  ter- 

Verrier,  cappitaine  pour  allors  de  laz  bende  de  Neufchâtel,  »  a  été  payé 
pour  ses  services,  et  que  Maysire  Dcuys  Lambert  était  «  prédicant  de  la 
dicte  bende  »  (Mscrit  orig.  Bibl.  des  pasteurs  de  NeucMtel).  Le  Kegistre 
du  Conseil  du  dit  jour  nous  apprend  de  plus,  que  Lambert  fut  «  élu  pré- 
dicant »  par  le  capitaine  Wildermuth.  \royez  aussi  la  lettre  du  G  décem- 
bre 1536. 

4  Au-dessous  de  l'adresse,  le  secrétaire  bernois  a  écrit  les  mots  sui- 
vants :  «  Glaudius  de  Glantinis,  Tavanes.  »  Ce  dernier  n'était  plus  pas- 
tour  à  Tavanne  (Voy.  les  N"08  493,  n.  3;  500,  renv.  de  n.  11).  Il  y  avait 
été  remplacé  en  1531  par  Jacques  Môsclûcr,  ancien  conventuel  deBellelay, 
qui  desservit  cette  paroisse  pendant  près  de  quarante  ans  (Voy.  Lohner. 
op.  cit.  p.  096). 

1  Nous  ignorons  si  les  relations  de  Jean  Calvin  avec  Fabri  s'étaient 
formées  en  France,  à  l'époque  de  leurs  études  universitaires,  ou  en  Suisse, 
c'est-à-dire  après  l'arrivée  de  Calvin  à  Bah  (Voy.  les  notes  du  X"  490), 
et  à  l'occasion  d'une  visite  qu'il  aurait  faite  à  Olivétan,  pendant  que  ce- 
lui-ci séjournait  à  Neiuhâtel.  L'intérêt  spécial  que  témoignait  Calvin  poul- 
ies éidises  neuchâteloises  (Voy.  le  renv.  de  n.  14)  nous  semble  autoriser 
cette  conjecture. 

2  Voyez  la  note  13. 


3i8  MARTIANUS  LUCANIUS  [JEAN  CALVIN]  A  C.  FABRI.  A  BOLE.        1535 

miné.  Mais  je  me  propose  de  consacrer  une  heure  par  jour  à  cette  révision,  et  de  vous 
confier  mes  notes  jusqu'au  retour  d'Olioétan. 

Quelqu'un  m'avait  dit  que  vous  n'approuviez  pas  certaines  choses  dans  mon  livre 
sur  l'immortalité  de  l'âme.  Cette  critique,  bien  loin  de  me  déplaire,  m'a  enchanté,  i  i 
je  n'entends  pas  dénier  aux  autres  la  liberté  de  jugement  dont  j'use  moi-même.  Sa- 
chez que  j'ai  presque  entièrement  refait  mon  livre.  Ce  n'est  plus  le  brouillon  que  j'a- 
vais donné  à  lire  à  Olivétan,  et  qui  se  composait  de  notes  dont  l'ordre  n'était  pas  ri- 
goureusement fixé  : -c'est  un  livre  nouveau,  que  je  vous  aurais  envoyé,  si  j'avais  relu 
la  copie  qu'en  a  faite  Gaspard. 

Je  vous  exhorte  vivement,  ainsi  que  les  autres  frères,  a  rechercher  la  paix,  ce  bien 
d'autant  plus  désirable,  que  Satan  fait  tous  ses  efforts  pour  nous  le  ravir.  J'ai  été  saisi 
d'indignation  en  apprenant  les  nouveaux  troubles  suscités,  à  l'occasion  des  lépreux, 
par  un  personnage  que  je  n'aurais  jamais  soupçonné  d'une  pareille  chose.  L'hypocrite 
s'est  enfin  démasqué  avant  de  s'enfuir.  Quant  à  vous,  je  m'assure  que  vous  ferez  votre 
devoir. 

Cum  per  literas  quas  sub  suum  abittim  •  ad  nie  scripsit,  mihisig- 
nificasset  Olivetanus  noster*,  se edendi  Novi  Testamenti  eonsilium 
in  aliud  tempus  rejecisse  5,  —  recognitionem  qiiam  eram  pollicitw 
videbar  raihi  alio  tempore  per  ocium  praestare  posse  ,;.  Intérim  aliis 

:;-4  L'absence  de  tout  détail  sur  le  lieu  qu'habitait  précédemment  Oli- 
vétan, et  sur  le  but  de  sou  voyage,  montre  que  les  faits  et  gestes  de  ce- 
lui-ci étaient  fort  bien  connus  de  Fabri.  l>ès  lors  il  est  naturel  dépenser 
que  c'était  la  ville  de  Neuchâtél  qulOlivétan  avait  quittée  pour  entre- 
prendre le  voyage  en  question  (Voy.  le  n"  007,  n.  20),  et  qu'il  avait  re- 
pris le  chemin  des  Vallées  vaudoises,  dans  la  compagnie  de  Sa/mier  et  des 
frères  de  Farel  (Voy.  le  N°  518,  n.  3). 

6  Dans  une  étude  approfondie  sur  la  Bible  d'Olivétan,  M,  le  profes- 
seur Reuss  a  démontré  (Revue  de  Strasbourg,  nouv.  série,  t.  IlI-lV),que 
ce  traducteur  «  avait  rédigé  son  Nouveau  Testament  très  à  la  hâte  et  y 
avait  mis  bien  peu  du  sien.  Il  sentait  sans  doute  les  imperfections  de  son 
travail,  ce  qui  lui  avait  inspiré  le  dessein  de  publier  une  version  revue  du 
Nouveau  Testament. 

6  La  traduction  du  Nouveau  Testament  parut  de  nouveau  à  Genève. 
en  1536  et  1538,  format  petit  in-8°.  On  y  trouve  plusieurs  corrections  heu- 
reuses, mais  nous  ignorons  s'il  faut  les  attribuer  à  Calvin.  L'édition 
de  1538,  dont  un  exemplaire  nous  a  été  communiqué  par  M.  Henri 
Bordier .  paraît  avoir  été  imprimée  citez  Jean  Michel  .  typographe 
qui  demeurait  «  en  la  place  Sainct-Pierre,  devant  la  grand  Eglise,  > 
comme  nous  le  savons  par  un  autre  ouvrage  sorti  de  ses  presses.  C'est 
probablement  à  cette  édition  de  1538  que  Fabri  faisait  allusion,  dans  sa 
lettre  à  Calvin  du  21  février  1540,  où  il  s'exprime  ainsi  au  sujet  d'un 
exemplaire  du  N.  T.  qui  portait  des  notes  manuscrites  d'Olivétan:  «  De 
exemplari  Novi   Testamenti  .   Joannes   Grirardus   et    Antorrius  Vellensïs 


1535       HARTIANCS  LUGANIUS  [JEAN  CALVIN]  A  G.  FABRI,  A  BOLE.  349 

studiis  me  dedi7,  ejus  cogitationis  securus,  vel  potiùs,  acquievi  in 
solitamea  desidia;  utcunque  operi  nondum  manum  adinovi.  Et 
sanè  volumen  quod  mihi  in  collatione[ra]  necessarium  eril,  tamelsi 
ante  très  menses  allalum  fuit8,  nondum  lamen  concinnatum  est. 
Quod  non  uoslro  contemptu  factum  est.  sed  partim  compactons 
ipsius  ignaviâ,  quem  lamen  quotidie  appellare  non  desivimus,  par- 
tim quod,  cum  allatuin  est  priraùm,  deerat  chartarum  senio,  qui 
suffici  non  statim  pqtuit.  Postac  verô  aliquam  è  singulis  diebus  ho- 
ram  decidere  mihi  cur.œ  eril,  qua3  Uuic  operœ  impendatur.  Ani- 
madversiones  etiam,  si  quas  reposuero,  apud  alterum  non  depo- 
nam  quàm  le,  nisi  Olivetanus  ipse  suo  reditu8  anteverlerit. 

Jam  mihi  à  nescio  quo  sermo,  tuo  mandata,  injectus  ("itérai,  in 
lïbello  nostro  de  animarum  immortalitate  10  non  satis  tibi  probari 
quaedam.  Ego  verô  lantum  abest  ut  tuo  judicio  offensus  merim,  ut 
hac  ingenua  simplicitate  miré  sim  delectatus.  Neque  enim  ea  est. 
mea  morositas  ut,  quam  mihi  permit[t]ojudicii  libertatem,  ademp- 
tam  aliis  vèlim.  Ne  tamen  rein  actam  agendo  te  frustra  torqueas, 
librum  ipsum  pœnè  ex  integro  scito  à  me  relextuni.  non  multis 
quidem  aut  additis  aut  expunctis,  sed  prorsùs  inverso  ordine,  quan- 


ilixerunt,  pauca  esse  in  eo  prseter  Jo.[annis]  Michaëlis  editionem,  cujus 
in-ototypum  esse  affirmant  »  (Mscrit  orig.  Bibl.  Publ.  de  Genève). 

7  Calvin  entend  sans  doute  par  ces  mots  la  révision  de  sa  Psychopan- 
nychia  (Voy.  N"  490)  et  l'achèvement  de  son  Institution  Chrétienne,  dont 
la  dédicace,  adressée  à  François  I,  est  datée  :  «  Basilepe,  X  Cal.  Sept.  > 
c'est-à-dire,  «  le  xxm  d'aoust  m.d.xxxv,  »  ainsi  qu'on  lit  dans  les  deux 
premières  éditions  françaises  de  cet  ouvrage. 

8  Ce  détail,  comme  l'a  fait  observer  M.  P»enss  (Eev.  dé  Théol.  t.  IV, 
1866,  p.  322),  nous  reporto  à  l'époque  de  la  publication  de  la  Bible  d'O- 
livétan,  qui  était  sortie  de  dessous  la  presse  le  4  juin  1535.  Les  historiens 
qui  datent  la  présente  lettre  de  l'année  1534  sont  forcés  d'admettre  que 
le  volume  envoyé'  à  Calvin  était  le  Nouveau  Testament  français  publié  à 
Neuchâtel  par  «  Pierre  de  Vingle,  le  27  mars  de  la  même  année.  Or 
cette  version  est  purement  et  simplement  la  reproduction  de  celle  de  Le 
lù'nr  (VÉtaplcs.  Olivétan  n'y  était  pour  rien  et  ne  pouvait  par  consé- 
quent la  présenter  comme  étant  son  propre  travail,  tandis  qu'il  a  pu,  en 
juin  1535,  détacher  de  sa  Bible  française  le  X.  T..  traduit  un  peu  à  la 
hâte,  et  le  soumettre  à  la  révision  de  Calvin. 

9  Olivétan  ne  revint  en  Suisse  qu'au  mois  de  mai  1536  (Voyez  les  let- 
tres du  29  avril  et  du  24  mai  1536). 

l"  Calvin  vent  parler  de  la  Psychopannychia,  son  deuxième  ouvrage 
(Voy.  N°  490),  dont  il  avait  remis  le  manuscrit  à  Olivétan  (Voy  renvoi 
de  n.  il).  Celui-ci  l'avait  communiqué  à  Fàbri. 


350  MARTIANUS  LUCàMUS  [jKAN  CALVIN]  A  C.  FABRI.  À  BOLE.       153r> 

quam  pauca  qutedani  sustuli,  alia  addidi.  mutavi  etiam  nonnulla. 
Eu  eirim  commentatio  quam  Olivetano  legendam  dederam  "  cogi- 
tationes  meas  continebat  magis  in  adversaria  congestas.  quam  cerlo 
distinctoque  ordine  digestas,  eliamsi  forma  quaedam  esset  ordinis. 
Eum  novum  librum  (sic  enim  appellare  libet)  ad  le  niisissem,  si 
relectus  à  me  esset.  Sed  ex  quo  à  Gaspare1*  descriptus  non  inspexi. 
Vale.  Dominus  te  conserve!  a[c]  sui  spiritus  donis  locupletet!  Ba- 
sil^ae,  3  eid.  Septembr.  (1535  13). 

Martianus  Lucamus  luus. 

Nescio  quomodo  inler  scribendum  exciderat  quod  minime  prae- 
terire  statueram.  Id  autem  est  ut  te,  aliosque  fratres,  paiicis  qui- 
dem  verbis,  sed  toto  animo,  ad  seclandam  pacem  horter  I4.  In  quam 
retinendam  nunc  eo  magis  strennuè  vobis  omnibus  adnitendum 
est.  quô  magis  sedulô  ad  eam  subvertendam  Sathan  advigilat.  Vix 
persuaderi  possis  quanta  animi  indignitate  audierim  tumultum  is- 
tum  novum  de  leprosis  excitatum  ab  eo  de  quo  nihil  unquam  taie 
fuissem  suspicatus  15.  Sed  tandem  scilicet  venenum  quo  diuturna 
dissimulatione  turgebat  evomu.it  ei  infixo  aculeo  fugil  ";.  Tu  verô 

11  Les  nouveaux  éditeurs  des  Œuvres  de  Calvin  pensent  qu'il  s'agit 
ici  de  l'édition  de  la  Psychopannychia  publiée  à  Paris  en  1534  (Voy.  Cal- 
vini  Opp.  Brunswick,  t.  V,  Prolegomena,  p.  xxxvi).  Comme  nous  avons 
montré  plus  haut  (N°  490,  n.  11)  que  cette  édition  n'a  jamais  existé, 
nous  croyons  que  le  travail  communiqué  par  Calvin  à  Olivétan  était  sim- 
plement le  manuscrit  de  la  Psychopannychia  mentionné  dans  la  lettre  de 
Capiton  (N°  490). 

12  Nous  supposons  que  ce  personnage  était  Gaspard  Carmel  iX"  48b, 
n.  12),  qui  étudiait  alors  à  Bâle,  où  il  s'était  fait  inscrire  au  mois  de  mai 
1535  dans  le  Registre  de  l'Université. 

13  Voyez,  pour  la  détermination  de  l'année,  les  notes  3-4,  5  et  8. 

14  Nous  n'avons  pas  de  renseignements  précis  sur  les  divisions  qui  ré- 
gnaient à  cette  époque  dans  le  clergé  neuchâtelois  ;  mais  leur  existence 
est  constatée  par  plusieurs  passages  des  lettres  adressées  à  Farci  (N08  482, 
renvoi  de  note  9:  487;  491,  renv.  de  n.  2  et  6;  493,  renv.  de  n.  4:  500. 
renv.  de  n.  11  —  15). 

15-16  Les  lépreux  étaient  soumis  à  une  séquestration  rigoureuse  qui  les 
exposait  parfois  à  manquer  non-seulement  des  choses  les  plus  nécessaires 
à  la  vie,  mais  encore  de  tout  secours  spirituel  (Voy.  la  lettre  du  18  avril 
1536.  —  Samuel  de  Chambrier.  Description  de  la  Mairie  de  Neuclnitel, 
1840.  p.  29-31,  478.  —  Matile,  op.  cit.  I,  93-99).  Nous  ne  possédons  au- 
cun détail  sur  les  troubles  mentionnés  par  Calvin,  et  dont  les  lépreux 
avaient  été  l'occasion;  mais  nous  supposons  que  ce  qui  arriva  en  1544  ^> 
Neuchâtel  s'était  déjà  produit  en  1535,  c'est-à-dire,  qu'un  pasteur,  en 


1535         LES  ÉVANGÉLIQUES  DE  PAYERNE  AU  CONSEIL  DE  BERNE.  351 

ne  nie  partibus  luis  desis.  quod  te  tua  sponte  facturum  confide- 
bam:  sed  meas  etiam  preces  intercedere  volui. 

( lnscript io  :  )  Oplimo  fratri  Christophoro  Libertino  Verbi  Dei 
ministre  Boue 1T. 


528 


LES  évaxgéliques  de  payerxe  au  Conseil  de  Berne. 
De  Payerne,  28  septembre  1535. 

Manuscrit  original.  Archives  de  Berne.  Publiée  en  partie  dans  le 
Chroniqueur  de  L.  Yulliemin.  1836.  p.  169. 

Sommaire.   Les  Évangéliques  de  Payerne  prient  MM.  de  Berne  d'intercéder  auprès  du 
due  de  Savoie  en  laveur  d'Antoine  Savmier,  emprisonm  à  Fignerol  avec  o  un  sien 

compagnon.  » 

Magnificques,  très-puissans  et  excellente  Seigneurs.  Messieurs 
l'Advoyer  et  Conseil  de  la  ville  de  Berne,  ad  voz  excellentes  Sei- 
gneuries tant  que  f'ayre  povons  nous  recommandons. 

Magnificques  Seigneurs,  nous  sommes  deubvement  informez 
que  nostre  bon  frère  Anthoine  Sonier,  allant  visiter  les  frères  tant 
de  la  Provence  une  du  Piedmont,  est  prisonnier  détenu  en  la  ville  de 
Pignerolle  l.  laquelle  est  à  Monsieur  le  Duc  de  Savoye.  Parquoy  nous 

distribuant  la  Ste  Cène  aux  malheureux  atteints  de  la  lèpre,  avait  pro- 
voqué la  résistance  d'un  de  ses  collègues,  et  que  celui-ci  avait  exploité 
cette  affaire,  pour  susciter  de  l'agitation  parmi  le  peuple  (Voyez  les  let- 
tres de  Farel  du  23  février  et  du  21  avril  1544).  Le  nom  du  personnage 
qui  fomenta  les  troubles  de  1535  nous  est  inconnu. 

17  Puisque  Fàbri  résidait  encore  à  Boîe  en  septembre  1535,  il  doit  y 
avoir  une  erreur  dans  le  passage  suivant  des  Annales  de  Boyve,  t.  II,  p. 
352,  année  1535  :  «  Après  la  tenue  du  synode  [du  25  mai]  à  Neuehâtel 
[1.  à  la  Nèuvevïllé],  Fàbry  quitta  l'église  de  Ponthareuse.  La  ville  de  Bou- 
dry  s'étant  entièrement  réformée,  il  y  établit  pour  pasteur  en  sa  place  un 
certain  nommé  Thomas  Barbarin,  de  Tubingen,  et  il  continua  son  minis- 
tère à  NeucMtel.  » 

1  Nous  ne  savons  pas  si.  après  son  évasion  de  Faverges  et  son  retour 
à  Genève  (N"  518,  n.  24),  Antoine  Saunier  s'était  rendu  à  Baie  (N°  523, 


■  >ïr2  LES   ÉVANGÉLIQUES  DE  PAYERNE  AL   CONSEIL  DE  BERNE.  \o3S 

nous  vous  prions  et  humblement  requérons,  qu'il  vous  plaise  en- 
voyer vers  Monsieur,  ad  ce  qu'il  soit  délivré  avec  ung  sien  compai- 
gnon2  duquel  ne  sçavons  le  nom.  et  que  tout  son  bien  lu>  soit 

reiiy.  de  n.  2,  8),  ou  s'il  avait  repris  immédiatement  le  chemin  du  Piémont. 
Mais  nous  avons  tout  lieu  de  croire  qu'il  assista  au  Synode  des  Vaudois, 
assemblé  vers  le  milieu  de  septembre  suivant,  et  qu'il  fut  pris  à  cette  oc- 
casion par  le  sieur  Pantaléon  Bersour,  commissaire  élu  en  1534  par  le  duc 
de  Savoie,  pour  rechercher  les  hérétiques.  Le  Conseil  de  Genève  écrivait, 
en  effet,  le  20  septembre  1535,  à  ses  ambassadeurs  à  Berne  :  «  Nouv  [1. 
nos]  prescheurs  nous  bout  advertys  comment  il  hont  homme  esprès  de  Pied- 
mont,  et  advertissement  que  Maistre  Antoënnc  Saulnier  est  esté  prys  au 
prest  Pcncyrol  par  ung  gentilhomme  de  Monsr  de  Savoye,  lequel  l'a  par 
certain  temps,  détenu  en  sa  maison,  puys...  l'a  mené  à  Pineyrol,  là  oùt  ils 
entendent  que  l'on  procède  contre  luy  »  (Missives.  Avch.  de  Genève.  Voyez 
la  n.  10). 

Or,  ces  détails  concordent  parfaitement  avec  le  récit  de  Pierre  Gilles 
(op.  cit.  p.  36-42).  Il  nous  apprend  que  le  commissaire  Bersour,  après 
avoir  recueilli  en  Provence  (juin-juillet  1535)  les  procès  des  Vaudois  exa- 
minés par  le  parlement  d'Aix,  dressa  deux  rôles  de  tous  leurs  frères  de 
Piémont  suspects  d'hérésie  et  des  étrangers  qui  les  avaient  assistés,  et 
qu'il  fut  autorisé,  par  lettres  patentes  de  Charles  III  du  28  août  1535,  à 
se  saisir  de  leurs  personnes.  Puis  l'historien  ajoute  :  «  Bersour  alors  se 
fortifia  d'environ  500  hommes  choisis...  et  se  jetta...  sur  les  frontières 
à'Angrongne,  xcrsEocheplate,  et  y  surprit  quelques  hommes  qui  y  faisaient 
la  garde  ..  Il  continua  avec  sa  troupe  de  courir  es  lieux  plus  bas. . .  où  les 
nommez  en  ses  rooles  se  trouvoyent  foibles...  Il  en  print  si  grandnombre 
qu'il  en  remplit  son  chasteau  de  Miradol,  les  prisons  et  Couvens  de  Pi- 
nerol,  et  l'Inquisition  de  Thurin,  où  Benoit  de  Solariis,  Vicaire  de  l'Inqui- 
sition... leur  faisoit  leur  procèz...  » 

-  Saunier  était  arrivé  au  Synode  avec  deux  compagnons.  Nous  devons 
citer  à  ce  propos  un  passage  de  P.  Gilles  que  les  historiens  de  la  Ré- 
forme nous  semblent  avoir  mal  interprété,  en  le  rapportant  au  Synode 
vaudois  de  1532  : 

«  Jeanet  Pëiret  d'Angrongne,  l'un  des  surpris  par  Bersour  faisant  la 
garde  [Voyez  la  tin  de  la  note  1],  déposa  le  22  de  Septembre  (1535), 
qu'ils  faisoyent  la  garde  pour  les  Ministres  qui  enseignent  la  bonne  loy, 
qui  estoyent  assemblez  en  la  bourgade  des  Chanforans  au  milieu  d'An- 
grongne, et  dit  qu'entre  les  autres  il  y  en  avoit  un  qui  s'appeloit  M.  Fa- 
rel,  qui  avoit  la  barbe  rouge,  et  unbeau  cheval  blanc,  et  deux  autres  en 
sa  compagnie,  desquels  l'un  avoit  un  cheval  quasi  noir,  et  l'autre  estoit 
de  grande  stature,  un  peu  boiteux.  C'estoyent  des  Pasteurs  qui  conti- 
uuoyent  de  venir  des  quartiers  de  Suisse...  Un  autre  prisonnier  confessa 
que  les  Barbes  avoyent  tenu  alors  leur  Synode,  qui  avoit  duré  six  jours.» 

Les  deux  derniers  personnages  mentionnés  par  Gilles  étaient  peut-être 
Saunier  et  Olirêtan.  Le  troisième  était  sans  doute  Gaucliier  ou  Claude 
Fard  (Voyez  les  deux  lettres  écrites  de  Turin  à  la  fin  de  juillet,  X"- 518, 


1535        LES  ÉV  ANGÉLIQUES  DE  PAYERNE  AU  CONSEIL  l>K  BERNE.  353 

rendu,  tant,  de  cesle  prinse-cy,  que  de  l'autre  que  fut  laide  à  Fau- 
oerge 3. 

Messieurs,  autresfoys  lu\  avez  donné  lectres  pour  prescher  par 
vostre  terre*;  avec  ce  a  espousé  sa  femme  à  Genefve  et  lia  sa  ré- 
sidence 5.  Pourtant,  si  c'est  vostre  bon  plaisir,  le  pourrés  demander 
comme  vostre  subject,  et  tel  se  répute.  C'est  celuy,  Messieurs,  par 
lequel  Dieu  premièrement  nous  a  adnoncé  sa  voluntê  \  par  lequel 
tant  en  France  \  Provence,  Piedmont s  que  par  de  ça,  et  mesmes  en 
voz  terres  et  seigneuries  ''.  l'Évangile  grandement  a  esté  advancé. 
C'est  celuy  lequel,  de  jour  en  jour,  ainsi  que  Paul,  non  seulement 

y  19),  et  non  leur  frère  Guillaume,  le  Réformateur.  Celui-ci  n'aurait  pu, 
en  effet,  s'éloigner  de  Genève  au  moment  où  il  s'agissait  d'y  organiser  la 
Réforme,  adoptée  le  10  août  précédent.  De  plus,  à  l'époque  où  se  ré- 
unissait le  Synode  vaudois  de  1535,  Pierre  Viret  était  à  Berne,  comme 
nous  l'apprend  ce  passage  de  la  lettre  de  Bertholcl  Haller  à  Bullinger, 
datée  du  10  septembre,  même  année  :  «  Viretus,  Gebennensium  cum  Fa- 
rello  ecclesiastes,  nobiscum  est,  juvenis  doctissimus,  sed  toxico  adhuc  vale- 
tudinarius  »  (Mscr.  orig.  Arch.  de  Zurich).  On  ne  peut,  par  conséquent, 
admettre  que  les  deux  réformateurs  de  Genève  aient  en  même  temps 
quitté  leur  poste,  l'un  pour  se  rendre  à  Berne,  l'autre  pour  visiter  les 
Vallées  vaudoises. 

3  Voyez  les  Nos  518  et  519. 

4  Ces  lettres  étaient  sans  doute  conçues  dans  les  mêmes  termes  que 
celles  qui  furent  données  à  Farci  par  le  gouvernement  bernois,  le  20  octo- 
bre 1529  (N°  271,  n.  6). 

T'  Il  ne  paraît  pas  que  Saunier  ait  résidé  à  Genève  avant  l'année  1535 
(Voy.  les  N08  507,  n.  10  et  11  ;  518,  n.  3  et  11). 

6  Saunier  fut  le  premier  pasteur  évangélique  domicilié  à  Payerne 
(N°  384,  renv.  de  n.  7,  notes  13  et  14).  Farel  y  avait  tout  au  plus  passé 
quelques  jours  en  1531  (Voy.  le  N"344). 

7  Par  ce  mot  il  faut  entendre  la  province  nommée  Vile  de  France,  et 
spécialement  Paris,  où  Saunier  avait  été  emprisonné,  probablement  pour 
avoir  prêché  les  idées  nouvelles.  On  lit  en  effet  dans  les  Registres  du  par- 
lement de  Paris  que  l'ordre  fut  donné,  le  28  février  1529  (1530,  nouveau 
style),  d'arrêter  Anthoine  Sonnier,  accusé  d'hérésie  et  de  suivre  les  erreurs 
de  Luther.  On  décida  plus  tard,  qu'il  serait  conduit  à  l'église  «  pour  soi 
confesser  et  recevoir  son  créateur  »  (Vol.  coté  X  1533,  f.  130  b.  et  191  a. 
Communication  de  notre  ami  M.  Henri  Bordier).  Voyez  aussi  la  lettre  des 
Bernois  du  30  avril  1531  au  contrôleur  général  Lambert  Maigret,  ambas- 
sadeur de  France  auprès  des  Suisses  iX"  336). 

8  On  ne  possède  pas  de  renseignements  sur  la  mission  de  Saunier  dans 
ces  ileux  pays. 

9  De  ces  paroles  il  faut  inférer,  que  Saunier  avait  prêché  l'Évangile 
dans  le  pays  (V Aigle  ou  dans  les  bailliages  mixtes  d'Or&eetde  Grandsan. 
Les  autres  documents  contemporains  ne  nous  apprennent  rien  sur  ce  sujet. 

t.  m.  23 


354  LE  CONSEIL  DE  BERNE  AU  DUC  DE  SAVOIE.         1535 

ses  biens,  mais  aussy  sa  vie  expose  pour  la  gloire  de  Dieu.  Pour 
ce,  Messieurs,  pour  Phonneur  de  Dieu,  ayez -y  regard  10.  Priant 
Dieu  vous  tenir  tousjours  en  sa  saincte  garde.  De  Payerne.  ce  28 
Septembre  1535  ". 

Les  vostres  humbles  serviteurs  et  féaulx  alliez. 
les  Frères  de  Payerne  tenant  le  party  de  l'Évangile. 

( Suscription  : )  Aux  magnificques.  très-puissans  et  excellentz 
Seigneurs.  Messieurs  l'Advoyer  et  Conseil  de  la  Ville  de  Berne, 
noz  trés-honoréz  Seigneurs. 


529 

LE  CONSEIL  DE  BEKNE  au  Due  de  Savoie. 
De  Berne,  30  septembre  1535. 

Inédile.  Minute  originale.  Archives  de  Berne. 

Sommaire.  MM.  de  Berne  prient  le  duc  de  Savoie  de  faire  mettre  en  liberté  Antoine 
Saunier  et  son  compagnon,  emprisonnés  à  Pignerol,  et  ils  l'avertissent  que,  si  leur 
requête  est  repoussée,  ils  useront  de  «  pareille  rigueur  contre  ses  sujets.  » 


Illustrissime  Seigneur!   Nous  summes  véritablement  advertis 
comme,  ces  jours  passés,  maistre  Anthoine  Soûnier,  nostre  îrès- 


10  Les  magistrats  de  Genève  écrivaient  aussi,  le  26  septembre,  à  leurs 
ambassadeurs  à  Berne  :  «  [Nous]  sûmes  de  advys  que  doibgés  proposer  le 
cas  devant  Mess1'8,  et  dire  qu'il  [Saunier]  s'est  nommé  pour  prescheur,  tant 
de  leurs  pays  que  de  Genève,  là  oùt  il  ba  prescbé,  et  qu'il  [est]  besoins 
que  par  bonne  diligence  l'on  il  haye  de  l'advys,  car  vous  sçavés  comment 
le  pays  de  là  porte  de  faire.  maxi[mé]ment  à  ceulx  de  Genève.  » 

11  Jean  de  Tournay,  pasteur  à  Payerne,  se  rendit  à  Berne  avec  le  por- 
teur de  la  présente  lettre.  C'est  ce  que  nous  apprend  la  lettre  de  Porràl 
du  30  septembre  au  Conseil  de  Genève,  où  l'on  trouve  le  passage  sui- 
vant :  «  J'ay  receu  voz  lettres  [du  26]...  ce  mesme  jour  au  soir,  toucbant 
la  prise  de  Me  Anthoine  Saulnier.  Maistre  Jehan  de  Tournay  a  esté  icy 
pour  cela,  et  ung  homme  avec  lettres  de  MM.  de  Payerne;  pour  quoy 
n'ha  esté  mestier  que  soye  allé  devant  Messvs  pour  cela,  combien  que  paye 


1535  LE  CONSEIL  l>K  BERNE  AU  DUC  DÉ  SAVOIE.  355 

aimé  serviteur  et  tant  comme  nostre  soubgecl  (car  lell  le  repli- 
ions), soit  estes  prins  en  vostre  pays  de  Piedmont  et  mené  pri- 
sonnier à  Pignerolle.  et  illecq  délenuz  et  avecq  luj  son  compaignion, 
—  et  ce  à  cause  qu'ilz  est  ministre  de  la  Parolle  de  Dieuz.  Dont  ilz 
est  interrogué  par  l'inquisiteur  \  sur  quoy  a  faicl  responses,  comme 
entendons,  raisonables  et  honestés. 

Par  ainsy,  illustrissime  Seigneur,  vous  prions  et  supplions  très- 
affectueusement  icellUA  et  son  compaignion.  pour  l'amour  de  nous, 
mettre  en  liberté,  et  leur  faire  rendre  leurs  I tiens  :  en  ce  nous  ferés 
singulier  plaisir.  Car  sy  cella  ne  deust  avoir  lieuz.  ains  que  tous- 
jours  ceulx  que  sont  nous  serviteurs,  soubgectz  et  bons  amys  deus- 
senl  souffrir  persécution,  et  estre  ainsy  molestés,  mis  en  prison  et 
oultraigés  en  vous  pays  par  lesvostres  ou  aultresgens2,  —  n'y  sçau- 
rient  faire  aultre  ciiose  sinon  d'aviser  et  pourvoir  de  remède,  et 
d'user  de  pareille  rigeureusité  contre  lesvostres3.  Et,  affin  que  sçai- 
cbons  comme  en  ce  nous  debvons  cy-après  conduisre,  desirrons 
vostre  response  par  présent  pourteur4.  Datum  ultima  Septembris, 
anno  xxxv. 

L'Advoyer  et  Conseil  de  Berne. 


monstre  voz  lettres  à  Monsr  le  Secrétaire,  devant  que  aller  en  Consceil» 
(Mscr.  orig.  Arch.  de  Genève).  Portai  avait  reçu  la  lettre  sus-raentionnée 
de  ses  supérieurs  par  un  écolier  provençal,  député  des  Vaudois  (Voy.  le 
N°  529,  note  4). 

1  Benoit  de  Solariis,  vicaire  de  L'Inquisition  (Voy.  N°.  528,  fin  delà 
n.  2). 

-  Allusion  aux  Peneysam,  qui  avaient  poursuivi  les  frères  de  Farel  et 
leurs  compagnons  de  voyage  jusque  sur  les  terres  du  duc  de  Savoie  (Voy. 
les  Nos  518,  519). 

3  Les  Bernois  écrivaient  déjà  au  Duc,  le  12  juin,  à  propos  des  vio- 
lences des  Peneysaus  :  Nous  vous  prions  «  d'y  mettre  ordre  et  remède... 
Car  de  longuement  endurrer  cella  ne  nous  est  bonnement  possible  »  (Mi- 
nute originale.  Archives  de  Berne). 

4  On  lit  dans  la  lettre  de  Porral  du  18  octobre  1535  adressée  au  Con- 
seil de  Genève  :  «  Le  Duc  [de  Savoie]  a  respondu  à  Messrs  [de  Berne]  que 
M.  Antlioine  Saulnier  estoit  es  mains  du  commissaire  de  nostre  Sainct- 
Père,  et  qu'il  n'y  pouvoit  riens.  L'escollierprovinceat qui  allast  avec  Phay- 
rauld  [c'est-à-dire  le  héraut,  porteur  de  la  lettre  du  30  septembre  adres- 
sée au  Duel,  pst  a-Ué  à  Pigneyrol  vers  le  dict  Me  Anthoine.  auquel  Nostre 
Seigneur  soit  en  ayde  et  à  tous  aultres  prisonniers  tutelles  !  »  (Mscr.  orig. 
Arch.  de  Genève.)  Porral  écrivait  encore  à  ses  supérieurs  le  20  octobre  : 
«  Le  gentilhomme  [de  Piémont  arrivé  à  Berne  le  27]  s'en  retourne  en 
poste.  L'on  luy  a  baillé  une  lettre  en  faveur  de  maistre  Anthoine  Saulnier.  » 


356  [GUILLAUME  FAREL  A  GUILLAUME  DU  BELLAY    .  1335 


530 

[Guillaume  faeel  à  Guillaume  du  Bellay  ']. 
(De   Genève,    vers  la   tin   île  septembre    1535  -). 

Inédite.  Autographe.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neuchàlel. 

Sommaire.  Je  vous  illicite  île  votre  zèle  à  demander  que  les  faux-prophètes  entrent  en 
lice  avec  les  serviteurs  de  Dieu.  Vous  ne  craignez  pas  pour  ceux-ci  une  défaite,  mal- 
gré la  haine  et  les  persécutions  auxquelles  ils  sont  exposés,  malgré  la  puissance  et  la 
renommée  de  leurs  adversaires.  Vous  témoignez  ainsi  de  votre  confiance  aux  promesses 
de  Christ,  puisque  rien  ne  vous  détourne  ■  entreprise. 

Je  l'ai  favorisée  de  toutes  mes  forces  en  faisant   sollii  itei  les  frères  d'AUenh 
d'accueillir  l'appel  du  lioi,  leur  conférence  avec  les  docteurs  [de  Pari*]  ne  pouvant 
être  suivie  que  des  plus  heureux  résultats.  Ici  même,  j'ai  dit  aux  ambassadeurs 
de  France  :  «  Je  descendrai  dans  l'arène,  s'il  le  faut,  malgré  ma  faiblesse,  prôl 
mourir,  si  je  suis  vaincu  ;  vainqueur,  je  ne  demanderai  qu'une  chose  :  le  rétablisse- 
ment du  vrai  culte  divin.  Je  ne  souhaite  que  le  bonheur  du  Roi,  et  j'exhorte  toujours 
nu  s  auditeurs  à  prier  pour  lui.  »  Et  cependant  l'on  m'accuse  de  contrarier  se<  projets 
d'être  un  adversaire  de  la  Conférence,  un  destructeur  de  la  foi  chrétienne  '  On  n'a  pas 
mieux  interprété  les  démarches  que  j'ai  fait  faire  auprès  du  Roi,  afin  qu'il  réprimât 
l'audace  des  persécuteurs.  L'un  île  nos  frères,  touche  du  triste  sort  des  chu  tien 
vécûtes  en  Provence,  a  visite  les  Protestants  d'Allemagne,  pour  réclamer  leur  interces- 
sion. Je  vous  envoie  le  mémoire  qu'il  leur  a  présente  et  la  requête  que  ceux-ci  : 
sent  au  Roi.  Vous  pourrez  vous  assurer  que  ces  pièces  ne  contiennent  rien  de  contraire 
à  la  piété  et  aux  intérêts  du  Royaume.  Plût  à  Dieu  que  les  persécuteurs  des  fidèles 
fussent  aussi  dévoués  au  Roi  que  nous  le  sommes,  nous  qui  voudrions,  au  prix  de  tons 
les  sacrifices,   obtenir  pour  ce  prince  et  pour  son  peuple  les  grâces  divines  les  plus 
précieuses  ! 

L'article  relatif  à  la  Sainte  Cène  exprime,  selon  moi,  la  doctrine  évangélique  d  a 
toute  sa  pureté.  Une  préoccupation  d'esprit  était  le  seul  obstacle   i  la  concorde  entre 
des  sens  qui  avaient  au  fond  les  mêmes  sentiments.  Dieu  veuille  que  cette  concorde 
soi!  durable  et  que  tous  comprennent  la  Sainte  Cène  de  la  même  manière  que  les  Apô- 
tres l'ont  comprise  !  FJle  a  été  instituée  pour  ceux-là  seulement  qui  croient  en  Christ, 

1  Voyez  les  notes  3,  4,  17.  et  le  renvoi  de  note  23. 

2  L'année  est.  fixée  par  les  événements  contemporains  mentionnés  dans 
les  notes  6.  9,  14,  16,  17. 


153r>  [GUILLAUME  FAREL  A  GUILLAUME  DU  BELLAY].  357 

et  comme  ils  ne  loiment  qu'un  seul  corps,  voua  vous  efforcerez  certainement   à 

•:  les  lirelis  du  Seigneiu  :i  la  gueule  des  luii]>.~ 

S.  Gratiam  ei  pacem  a  Deo  paire  nostro  per  Doniinuin  Je- 
suin.  unicam  omnium  salulem!  Congratulor  tibi  mentem  istam, 
qua  studes  quod  Délias  ille  peliit.  ut  s;icerdoles  congregentur  tara 
Baalis  quàm  excelsorum.  cum  servo  Dei  deceitaturi 3  :  quod  uti- 
nain  fiai,  convocato  ïsraële,  omnibus  qui  censentur  esse  populus 
Dei!  Plané  déclaras  te  fidem  habere  Christi  verbis,  cum  metus  non 
te  abvocet  à  tam  sancto  i>ropo*ito.  ne  sdlicet  ingens  turba  rai  favet 
cœcutiens  ac  dementata  plebs,  pro  Numine  monstra  colens  ac  fovens 
multo  el  laboré  et  sudore.  ne  tam  docti.  hominum  estimatione,pau- 
cos  vincant  pressos  multâ  tnvidiâ,  ut  rejectamentd  mundi  habitos. 
</uos  detestatiir,  odit  pessimë  ac  crudeliter  persequitur  et  insectatur 
orbis,  ac  pro  cœcutientibus  et  toto  errantibus  cœloliabet4.  Satis  com- 
pertum  lûmes,  bellum  Christianum  non  confici  iis  quœ  magna  re- 
pulal  mundus,  ^ed  viilute  Dei  per  slulta  mundi  confundenlis  sa- 
pientia.  Nam  quod  recepit.  praestal  :  os  nimirum  et  sapientiam  cui 
omnes  adversarii  non  possunl  resisiere.  Faxil  Ghristus  te  voti  com- 
] totem  ! 

Nos  pro  l'irili  sluduimus  fratres'3  impellere,  ut  modis  omnibus 

3  En  rappelant  ce  défi  adressé  par  le  prophète  Élie  aux  prêtres  de 
Baal  (I  Rois,  XVIII,  17-40),  Farel  l'ait  allusion  à  la  conférence  projetée 
entre  les  théologiens  allemands  et  les  Sorbonistes.  François  I  en  avait 
eu  peut-être  la  première  idée ,  mais  c'était  Guillaume  du  Bellay,  sei- 
gneur de  Langey,  qui,  par  ses  démarches  en  Allemagne,  avait  préparé 
les  voies  à  l'exécution  de  ce  dessein.  Il  était  le  directeur  des  négociations, 
tandis  que  Barnabas  deVoré,  Ulric  Chelius  et  Jean  Sturm jouaient  les  rôles 
secondaires. 

4  Farel  était  convaincu  que  son  correspondant,  appuyé  sur  les  pro- 
messes du  Christ  (Luc,  XXI,  14-15),  ne  doutait  pas  du  triomphe  des 
théologiens  évangéliques,  malgré  leur  petit  nomhre  et  la  puissance  des 
Sorbonistes,  leurs  adversaires.  Ce  jugement  de  Farel  sur  Guillaume  du 
Bellay  peut  sembler  trop  favorable  (Yoy.  Nos468,  n.  1 :  531,  n.  23) ,  mais  il  est 
confirmé  par  ces  paroles  de  Sturm  adressées  à  Buccr  :  «  Si  Langœus  isthuc 
veniat,  obsecro,  habe  eum  in  numéro  eorum  qui  quidvis  pati  volunt  pro 
Christo.  Concitavit  plurimorum  odia  adversùs  se,  propter  liane  causam. 
et  nisi  Regcm  haberet.  parum  ei  tutum  esset  versari  in  Gallkt  »  (Voyez  la 
lettre  du  18  novembre  1535). 

5  C'est-à-dire,  les  théologiens  de  la  Suisse  allemande  et  de  l'Allema- 
gne. Il  ne  reste  aucune  autre  trace  des  démarches  faites  auprès  d'eux  par 
Farel,  afin  de  les  exhorter  à  répondre  aux  avances  de  Guill.  du  Bellay. 


358  [GUILLAUME  FAREL  A  GUILLAUME  DU  BELLAY    .  1535 

contendant,  ut  vocati  à  Rege  (ita  enim  audieramus  çum  nmlto  gau- 
dio,  Regem  à  Domino  tactum,  ut  vocarit.  è  Germania  aliquot  cum 
theologis  collaturos 6)  non  tantùm  non  respuerent  quod  offertur. 
vwùm  trftro  ambirent,  quandoquidem  fructus  quàm  copiosissimus 
sequeretur 1 .  Si  unusquisque  tenetur  pro  proximo  vilain  et  omnia 
iinpendere,  multô  magis  pro  salute  tam  multorum,  quai  sequetur 
milita,  Rege  plenè  in  Ghristo  edocto8.  Quod  mini  tam  est  in  votis, 
ut  nihil  magis.  Si  rera  loqui  volunt  qui  hue  e  Galliis  réitère  legati  '. 
quibuscum  verbafeci,  audierunt  me  sœpius  dicentem:  «  Etsi  nullius 
plané  sum  literatitrœ,  ut  pote  à  praeceptoribus,  praacipuè  in  lin- 

6  Ce  passage  se  rapporte  évidemment  à  l'invitation  de  se  rendre  à 
Paris  que  François  I  Ht  adresser  en  1535  à  plusieurs  théologiens  alle- 
mands. Voyez  les  lettres  du  6  et  10  mars  et  du  23  juin  (Noa  498,  499. 
512).  et  le  N°  531,  note  23. 

7  On  voit  que  Fard  partageait  complètement  les  espérances  que  Jean 
Sturm  et  les  théologiens  de  Strasbourg  fondaient  sur  la  conférence  pro- 
jetée. En  cela  il  se  séparait  de  presque  tous  ses  amis  de  la  Suisse  alle- 
mande, et  particulièrement  de  HaUer,  qui  écrivait  à  Bullvnger  le  5  juillet 
1535  :  «  Àlecum  sentis  de  consilio  Melanthonis  et  Bueeri  ad  Regem  Gal- 
lorum...  Tihi  ego  suhscripseram,  Chelio  sic  volonté  [Voy.  N°  468,  n.  4], 
sed  certè  sine  periculo,  quandoquidem  nihil  consulis,  nisi  quod  spiritus 
Dei  jamdudum  in  Scripturis  jubet  et  admittit  (Viser,  orig.  Arch.  de 
Zurich).  Voyez  le  N°  525,  note  8. 

8  Voyez  le  N°  515,  renvoi  de  note  21. 

9  Ces  personnages  étaient  sans  doute  M.  de  Vereij  et  le  baron  de  Flac- 
cieu,  tous  deux  Savoisiens,  mais  officiers  du  roi  de  France.  «  Huict  jours 
après  que  les  messes  et  ymages  furent  abbatues,  »  c'est-à-dire  le  15  août 
1535,  ils  arrivèrent  à  Genève  pour  «  parlementer  »  avec  le  réfugié  fran- 
çais Mai gret-le- Magnifique  »  (Voy.  Froment,  op.  cit.  p.  188),  et  comme 
celui-ci  était  l'ami  de  Farel,  on  comprend  facilement  que  le  Réformateur 
lut  avoir  plus  d'une  occasion  de  s'entretenir  avec  les  ambassadeurs  sus- 
mentionnés, pendant  leur  séjour  à  Genève. 

Le  récit  de  Froment  est  confirmé  par  les  passages  suivants  de  la  lettre 
des  magistrats  genevois  du  28  décembre  1535  à  leur  député  Ami  Porral  : 

Après  les  journées  que  Ton  remys  nostre  affaire  à  Dieu,  passa  en  ceste 
ville  M.  de  Verey.  Sil  fust  luy  quil  emmena  Karoli.  A  ce  voyage,  il  de- 
visa avecque  Laurent  Mesgret,  qui  dès  long  temps  est  icy  pour  oyr  le  ser- 
mon de  PÉvangille,  et  de  lui  entend;  nouz  afflictions.  De  pityé,  et  par 
crestienne  charité  esmeu,  [il]  luy  dict  que,  sil  nous  volions  ayde,  de  sa  part 
il  taicheroit  la  nous  faire.  Ung  peult  après  le  dict  Mesgret  nous  eu  parla.  > 
On  lit  aussi  dans  la  minute  d'une  lettre  du  Conseil  adressée  à  François  I 
et  datée  du  23  décembre  1535  :  «  Sire!  De  quatre  mois  en  ça  passa  en 
ceste  ville  le  seigneur  de  Verey,  qui  de  son  mouvement  proposa  à  L.  Mei- 
gret  qu'il  desiroit  nous  ayder,  etc.  >  (Missives.  Arch.  de  Genève). 


looo  Gl  ILLAÏ  Ml.  FAREL  A  GUILLAUME  DL"  BELLAY    .  359 

-iia  laiina,  ineptissimis  institutus  10,  ut  de  tantillo  ingenio  ta- 
ceam.  nullusque  habeor  inter  tlieologos,  —  tamen  solus,  si  Régi  ri- 
■  sum  fuerit,  cum  doctissimis  omnibus  theologis  lubens  in  harenam 
descendant.  Si  vincar,  mori  non  recuso;  si  vincam,  aliud  non 
quaero,  quàm  ut  iratum  Deum,  pura  lide  in  Christian,  patrem  e\- 
periamur  propitium,  vilà  immutatâ,  relicta  superstitione,  puro 
«  cultu  excepto.  Christus  plené  novit  quàm  ex  animo  Régi  ne  regno 
benè  velim,  ut  nullam  concionem  habeam,  in  qua  precationem  non 
petam  pro  Rege  fieri.  < 

Interea  audio  spargi  de  me,  quôd  tanto  Régi  homuncio  coner  in- 
cammodare,  ne  négocia  regia  impedire,  prœcipuè  tam  sanctum  insti- 
£ti.ftu»n.Non  rairor  ita  loqui  tam  apertè  in  veritalem,  quando  video 
mini  palàm  objici,  quôd  cultum  Dei  ac  fidem  Christi  destruere  con- 
tendam,  ubi  totus  sum  ut  pure  colatur  Deus,  spirilu  sanè  ac  veri- 
tate,  tota  in  Ghristum  collocetur  fiducia,  prout  Christus  ipse  docuit. 
Si  in  gratiam  fratrum  et  afflictorum,  ({nos  novi  pion  rogavi  ut  Re- 
gem  ■nuire  obsecrarent  ne  pietatis  hostibus,  qui  cum  adores  siht 
-uni  etjudices,  tantum  sinerent  [1.  sinerei]  in  pios,  quihostes  non 
habent  iniquiores,  quàm  eos  coram  quibus  causam  dicunt;  rem  om- 
nem  ita  attemperaret,  ne  quid  in  Deum  fieret,  unrfe  ira  D<i  inflam- 
maretur,  —  Deus  novit  me  aliud  non  quœsivisse  quàm  ut  Rex  quàm 
optimê  secundùm  voluntatem  Dei  ageret  omnia,  et  fratribus  consu- 
leretur12.  Frater13,  qui  cum  lachrymis  audiebat  quant  miserè  in 
Provincia  divexarentur  pii  14,  cum  aliud  non  posset,  post  sanctas 
preces  ac  pias  literas  ad  afllictos,  ut  patienter  ferrent  omnia,  alieni 
ab  omni  alïectu  vindictae,  precarentur  pro  hostibus,  gladio  et  po- 
testati  essent  morigeri.  tantùm  Chrislum  et  Evangelium  non  ne- 

10  Farel  dit,  en  parlant  de  ses  premières  études,  que  «  le  plus  savant 
qui  avoit  la  charge  de  l'escole,  estoit  aussi  habile  comme  Reiolis  »  (Voyez 
l'ouvrage  de  Farel  intitulé  :  Du  vray  usage  de  la  croix  de  Jésus-Christ... 
1560,  p.  237). 

11  C'est-à-dire,  la  conférence  projetée  entre  les  théologiens  protestants 
et  les  docteurs  catholiques. 

12  II  n'existe  pas  d'autre  renseignement  contemporain  sur  les  démar- 
ches faites  par  Farel  auprès  de  quelques  nobles  français,  atin  d'alléger  le 
soi't  des  Évangéliques  persécutés. 

13  Était-ce  l'un  des  frères  du  Réformateur,  ou  bien  un  pasteur  de  la 
Suisse  romande,  Pierre  Viret,  par  exemple,  qui  était  à  Berne  le  10  sep- 
tembre 1535  (Toy.  le  N°  528,  n.  2)V 

14  Voyez  la  lettre  de  Farel  et  de  Viret  du  4  août  1535  (N°  521),  où 
est  racontée  la  persécution  qui  -existait  contre  les  Vaudoisde  la  Provence. 


360  [GUILLAUME  FAR  EL  A  GUILLAUME  DE  BELLAY].  1535 

garent,  Germanos  fratres  invisit15,  si  quà  posset  miseris  commode 
adesse.  Quœ  proposuerit  ad  te  mitlo.Quîd  à  Germants petierit,  libel- 
lum  supplicem  Régi  (ut  convenerant)  per  Germanos  porrigendum 
unà  videre  potes  si  aliquid  sit  quod  non  sit  piuni l6,  et  si  conten- 
datur  in  re  aliqua  ul  Régi  vel  regno  aliquid  detrimenti  contingat 1T. 
Utinam  qui  aliud  non  cupiunt  quàm  opes  congerere,  quique.  ul 
damnatorum  substantias  occupent,  inique  pios  deferunt18,  praeter 
mortes  et  ignés  aliud  non  habentes  in  ore.  tam  faverent  commodis 
regiis,  tam  ex  animo  Régi  ac  regno  benè  velleni.  quàm  nos.  qui 
dispendio  omnium  cuperemus  id  quod  est  optimum  Regem  possi- 
dere,  ac  Deum  pro  Galiis,  Rege  ac  regno  stare!  Quo  proteclore. 
nullus  hostis  neque  domi  neque  (bris  quicquam  posset.  verùm  sa- 
pientia  Dei  Regem  agens  verè  regem  ac  regnare  faceret  1'1  :  nain 

15  II  ne  faut  pas  confondre  ce  personnage  avec  celui  qui  avait  été  chargé 
de  remettre  à  Bucer  et  à  Capiton  la  lettre  écrite  le  4  août  par  Farel  et 
Viret  (N°  523,  renvois  de  note  2  et  S). 

16  Des  deux  pièces  mentionnées  ici,  et  que  Farel  envoyait  à  Guill.  du 
Bellay,  nous  n'en  possédons  qu'une,  savoir  :  la  lettre  du  4  août  1535. 
Quant  à  la  seconde  pièce,  c'est-à-dire  la  supplique  des  Allemands  au  Roi. 
elle  n'est  pas  parvenue  à  notre  connaissance.  Farel  ne  put  la  recevoir 
qu'après  le  milieu  de  septembre  1535,  les  démarches  faites  par  Capiton 
et  Bucer  dès  le  23  août  (N°  523,  renv.  de  n.  3-6)  exigeant.,  pour  aboutir, 
au  moins  trois  ou  quatre  semaines.  C'est  surtout  cette  considération  qui 
doit  fixer  la  date  de  la  présente  épître. 

17  On  voit  bien  par  ce  nouveau  trait  de  l'apologie  de  Farel,  qu'il  s'a- 
dressait à  un  homme  influent,  qui  pouvait  le  disculper  auprès  du  Eoi.  Nul 
n'était  mieux  en  position  de  lui  rendre  ces  bons  offices,  que  Guillaume  du 
Bellay.  Cela  nous  parait  d'autant  plus  probable,  que  les  frères  de  Farel 
lui  écrivaient  le  22  et  le  24  juillet  :  «  Si  entendez  que  Monsieur  de  Langey 
soit  à  Strasbourg,  lui  pourrez  écrire  de  notre  affaire.  »  Or,  nous  savons 
que  cet  ambassadeur  du  Roi  était  réellement  attendu  à  Strasbourg  vers 
la  fin  de  septembre  1535.  On  lit,  en  effet,  les  passages  suivants  dans  la 
lettre  de  Bidlinger  à  Vadian  du  16  octobre,  même  année  :  «  Expectatur 
Argentorati  D.  a  Lange,  eloquens  ille  et  versutus  Galli  legatus,  cum  quo 
priore  anno  colloquebaris  Sangalli.  Capito ,  ultimâ  Septembris,  «  Agitur 
de  consilio,  »  scribit.  «  Gallus  artibus  subvert  ère  aliorum  consilia  tentât. 
Ambit  quosdam.  Honesta  legatio  expectatur.  Mira  molitur  :  Pontificem, 
opinor,  Bomanum  contra  Ccesarcm  nobis  Germanis  qui  renatam  Cliristi 
doctrinam  amplectimur,  conjungere.  »  Hœc  Capito.  Sed  facile  judicas,  mi 
Vadiane,  quid  mali  sub  hoc  lateat  praetextu  »  (Mscrit  orig.  Bibl.  de  la 
ville  de  St.-Gall). 

18  Allusion  aux  délateurs  et  quadntplateurs  stigmatisés  par  Jean  Sturm 
(Lettre  du  6  mars  1535.  N°  498,  renv.  de  n.  6). 

19  Cette  pensée  est  déjà  exprimée  dans  une  dédicace  de  François  Lam- 


1535  [GUILLAUME  FAREL  A  GUILLAUME  DU  BELLAY].  36! 

ubi  sapientia  cœlestis  non  régit  omnia.  non  potest  non  turbulen- 
tum  et  miserum  esse  regniun.  Qui  Solomoni  sapientiam  dédit,  qua 
regnavit  splendore,  magnificentia,  pace  et  aequitate  supra  caBteros, 
Is  Régi  hanc  largiatur  cum  pielate  Davidis,  aequitate  Josaphat. 
sancto  aiïectu  Ezechiae  ac  pectore  Josiae,  sic  ut  pietate  nulli  cédai, 
sed  sit.  posteris  verum  pietalis  et  asquitatis  exemplum,  pure  ac 
sanctè  vivens  cum  populo  sibi  credito! 

Articulas  de  Cœna  placet20.  nec  aliter  sensiit  nul  docuit  syncerus 
Verbi  adnunciator.  (Jais  sanœ  mentis  unquam  negavit  Christum 
prœsentem  esse,  dum  Cœna  peragitur  à  piis?  Quum  nusquam  con- 
veniant  in  nomine  Jesu  credenles,  quin  médius  sit  Christus,  ad 
quem  perPatrem  traliimur,  fide  conversationem  in  cœlis  habentes, 
—  ubi  Christum  credimus  et  quaerimus  dexlrum  assidentem  Palri. 
carne  saginamur  ac  lautissimo  potu  sanguinis  Christi  ;  mens  laeta 
gestit,  dum  firma  fide  Verbum  Domini  audit,  et  crédit  Christum 
in  mortem  pro  nobis  tradition,  ac  in  memoriam  revocat  tam 
immensum  benelicium.  Christi  Cœna  m  celebrando .  non  ignari 
qua  ratione  quod  auditur.  oreque  hominis  profertur,  verbum 
Domini  dicalur,  ac  libellus  corruptioni  obnoxius  Sancta  Serip- 
tura  :  sed  affectas  j'ecit.  ut  qui  idem  sentiebant  se  non  intellige- 
rent21  :  altero22  plus  satis  visibilibus  quœpereunt,  per  œstum  mentis 
tribuenle. 

Semper  noxiee  fuerunl  verborum  pugnae,  dum  syllabas  ac  voces 
non  secùs  quàm  praestigiatores  observamus,  et  non  mentem  ac 


bert,  adressée  au  roi  de  France  (t.  I.  p.  258,  troisième  paragraphe).  Voy. 
aussi  le  N°  146. 

20  II  s'agissait  peut-être  d'une  Confession  de  Foi  des  Vaudois  qui  ac- 
compagnait leur  requête  (Voy.  le  renv.  de  n.  10).  Le  texte  de  cette  Con- 
fession de  1535  n'a  pas  été  conservé;  mais  nous  possédons  celle  de  1541. 
reproduite  par  Bèze  (Hist.  ecclés.  I,  39-41),  et  dans  laquelle  l'article  re- 
latif à  la  Sainte  Cène  est  rédigé  en  ces  termes  :  «  Nous  avons  les  Sacre- 
meus  en  honneur,  et  croions  qu'ils  sont  tesmoignages  et  signes,  par  les- 
quels la  grâce  de  Dieu  est  confermée  et  asseurée  en  nos  consciences...  La 
Cène  du  Seigneur  Jésus  est  le  signe  sous  lequel  la  vraie  communion  du 
corps  et  du  sang  de  Jésus-Christ  nous  est  baillée.  »  Ce  même  article  est 
un  peu  plus  développé  dans  une  autre  Confession  des  Vaudois  qui  porte 
la  date  de  1543,  et  qu'a  publiée  le  Journal  intitulé  <-  Zeitschrift  fur  die 
historische  Théologie      (Année  1852,  p.  250-258). 

21  Allusion  aux  Luthériens  et  aux  Ziringiicns.  qui,  après  une  polémique 
de  dix  ans,  commençaient  enfin  à  être  d'accord. 

22  Allusion  à  Luther. 


362  JEAN  STURM  A  MARTIN  BUCER,  A   STRASBOURG.  1535 

sensum  Domini,  qui  faxit  ut  lirma  sit  cum  omnibus  concordia, 
nec  aliam  Cœnam  pii  reeipianl,  aut  aliam  in  pane  Ghristi  aut  pras- 
sentiam,  aut  existentiam,  quàm  dum  ab  Apostolis  sumeretur  por- 
rigente  Christo!  Cessentque  omnia  quœ  invertunt  et  obscurant 
tam  rectam  et  claram  inslitutionem,  qua?  impiis.  nihil  minus  quàm 
Christi  Cœna  ;  nihil  minus  babent  quàm  Christum,  tantùm  babent 
et  sumunt  judicium  pro  spiritu  vivificante,  sanctaque  manducatione 
■  amis  Ghristi;  qiue,  ut  fide  tantùm  sit,  sic  solis  contingit  creden- 
tibus,  qui  unum  corpus  sunt.  Proinde,  neminem  hujus  cœnœ  parti- 
cipem  contemnere,  vel  aine  officio  prœterire,  debent  qui  Christ'  sunt. 
Ideo,  Ghristi  oviculas  luporum  faucibus  expositas,)ux[a  gratiam  tibi 
à  Domino  datam,  dabis  operam  nec  [l.  né]  sic  diripiantur  ac  de- 
coreittm-'. 

Christus  te  suo  agat  spiritu.  tara  insigni  te  donans  fide,  ut  mé- 
rité cum  centurionis  commendetur,  quôd  tanta  ne  in  Israël  qu'i- 
dem sit  inventa  ! 


531 

JEAN  STURM  à  Martin  Bucer,  à  Strasbourg. 
De  Paris,  18  novembre  1535. 

Autographe.  Archives  du  séminaire  protestant  de  Strasbourg. 
A.-G.  Slrobel.  Hist.  du  gymnase  prdt.  île  Strasbourg,  1838,  p.  114. 

Sommaire.  Nouvelles  de  laeour,  qui  est  à  Dijon.  L<  Roi  a  très-bien  accueilli  les  let- 
tres dt  Mélanchlhon  et  de  Bucer,  dans  lesquelles  ils  expliquaient  les  raisons  qui  les 
empêchent  de  venir  à  Paris,  et  il  a  décidé  que  M.  de  Lanaey  se  rendrait  à  la  Diète 
des  Protestants.  Jamais  la  cause  de  l'Évangile  n'a  été  dans  v,ie  situation  aussi  favo- 
rable. Siurin  supplie  Bucer  de  concourir  à  l'union  religieuse  que  le  Roi  cherche  à 
réaliser,  et  en  vue  de  laquelle  il  fera  aux  Protestants  allemands  les  propositions  les 
plus  équitables,  par  l'organe  de  M.  de  Langey.  On  dit  que  l'évêque  d'Avr anches  a 


23  Nouvel  indice  que  le  personnage  à  qui  Farel  t'ait  cette  recomman- 
dation jouissait  d'un  grand  crédit  auprès  du  Eoi  (Voy.  la  note  17). 


1535  JEAN  SITUAI  A  MARTIN  BUGEB,  A  STRASBOURG.  363 

composé  une  aux  Articles  à\    M  ton,  et  que  les  Protestants  d'Alle- 

M  ■  comme  siège  du  futur  Concile. 

Sturm  que  M.  à\  Langey  est  résolu  a  tout  souffrir  pour  la  cai 

Salve,  vir  sanctissime.  Literas  (uns  ',  ubi  mihi  redditae  erant,  con- 
tinuel ad  Langœum  misi,  qui  lune  cum  Rege  erai  Divione2,  quod 
opidulum  est  caput Burgundiœ.  Claudius  Badueïlus5,  quem  Philip- 
pus  Mel.[anchthon]  novit,  ei  hac  de  causa  est  profectus,  et,  ni  audio, 
mortuus  in  itinere 4.  Sed  tanien  accepi  unas  literas  ab  eo  et  a  Lan- 
<iœo,  quibus  mihi  significabant,  epistolœ  tuœ  sententiam'3  vehementer 
placuisse  Régi*.  Et  cum  eodem  die  vénal um  profecturus  esset,  ta- 
nien distulit,  ni,  de  hac  re  consultaret.  Itaque  constitutum  est,  ut 
Langœus  legatus  mittatur  ad  eum  locum  ubi  conventus  esl  futurus 7. 

1  Cette  lettre  de  Bucer  à  Jean  Sturm  fut  écrite  vers  le  milieu  du  mois 
•le  septembre. 

'-'  Pendant  la  seconde  moitié  de  septembre  et  une  partie  du  mois  d'oc- 
tobre 1535,  François  I  séjourna  d'abord  à  Fontaine-Française,  puis  à  Is- 
>nr-7ïïïe,  bourgs  situés  à  quelques  lieues  au  nord  de  Dijon.  Il  se  trouvait 
dans  cette  ville  le  14  novembre. 

3  Le  texte  de  Strobel  porte  par  erreur  Bodvellus  au  lieu  de  Badueïlus 
(Voy.  Nos  172.  n.  1-2;  476,  n.  -1).  Claude  Baduel  était  au  mois  d'août  pré- 
cédent à  Paris,  où  il  avait  fait  une  visite  à  Guillaume  Budé,  comme  nous 
l'apprend  la  note  suivante  du  célèbre  helléniste  :  «  Claudius  Badueïlus 
Nemausensis,  contubernalis  Strwnii  [1.  Stitrmii],  ostendit  mihi  epistolam 
Philippi  Melanch.[thonis]  mense  Aug.  1535  »  (Communication  de  M.  Eu- 
gène de  Budé). 

4  La  nouvelle  était  fausse. 

5  Bucer  exposait  sans  doute  dans  cette  lettre  les  raisons  qui  le  dissua- 
daient de  se  rendre  à  Paris  (Voyez  le  renv.  de  n.  10). 

François  1  dut  être  au  fond  très-satisfait  de  ce  que  ni  Bucer,  niMé- 
lanchthon  ne  pouvaient  venir  en  France.  D'un  côté,  le  Koi  se  voyait  ainsi 
délivré  des  embarras  qu'auraient  pu  lui  susciter  les  docteurs  de  la  Sor- 
bonne,  très-hostiles,  comme  nous  le  savons,  à  la  conférence  projetée  (Voy. 
le  X"  525,  notes  2,  12),  et,  de  l'autre,  il  pouvait  continuera  se  prévaloir 
de  ses  intentions  conciliantes  auprès  des  Protestants  allemands,  pour  les 
rendre  favorables  à  ses  desseins  politiques. 

7  C'est-à-dire,  à  la  diète  de  Smalkalden,  qui  se  tint  au  mois  de  dé- 
cembre suivant ,  et  dans  laquelle  le  seigneur  de  Langey  lit  connaître 
aux  Protestants  allemands  les  idées  de  François  I  sur  la  Réforme.  Il 
parla  de  nouveau  d'une  conférence  entre  leurs  principaux  théologiens 
et  quelques  docteurs  de  Paris.  Puis  il  leur  proposa,  mais  inutilement,  de 
conclure  une  alliance  avec  son  maître,  ce  qui  était  le  but  essentiel  de  son 
ambassade.  (Voyez  le  N°  198,  note  1  l.  —  Sleidan.  op.  cit.  Basile»,  1556, 
1>.  106-109.  —  Le  Mémoire  de  M.  Charles  Schmidt  intitulé  <  Die  (nions- 


364  JEAN  STURM  A  MARTIN  BUCER,  A  STRASBOURG.  1535 

Sed  iioc  ad  me  scripsit  Langœus  jam  undecimo  die  Octobris,  el 
adliuc  esse  apud  ftegem  dicitur s.  Ego,  si  id  verum  est,  suspicor 
morbum  Régis  in  causa  esse,  qui  post  illud  tempus  cœpit  laborare 
gravissimè  et  adliuc  ex  ea  valetudineest  imbecillus.  Paulo  ante  tuas 
literas  Philippi  epistola 9  Régi  reddita  est.  Eam  Langœus  gallicàm 
t'ecit.  Rex  vehementissimè  approbavit  vestram  excumtionem  l0. 

Nunquam  in  meliori  loco  fuit  res  Evangelii  quàm  sit  hoc  tempore 
in  Gallia,  si  modo  nos  liac  occasione  uti  possimus.  Veniunl  frequen- 
tissimè  novae  legationes  ex  Anglia.  Per  hosce  dies  etiam  Episcopus 
Wintoniensis11  legatus  ad  Regem  venit  magno  salellitio.  Ego  e\ 
cerlo  homine  audivi,  agi  de  matrimonio  Ducis  Engolismmsis  12,  qui 
minimus  est  inter  filios  Régis,  et  liliam  [1.  filial']  Annœ  Reginœ 1S.  Hsec 
affinitas  ea  lege  solùm  coibit,  ut  Rex  Galliœ  etiam  suscipiat  defen- 
sionem  Evangelii,  et  jam  dicitur  assensisse,  et  deliberari  ut  id  fiai 
sine  aliquo  tumultu14.  CardinaJis  Lotaringus15  in  liis  omnibus 

Versuche  Franz  des  I.  zwischen  katolischer  und  protestantischer  Kirche.  ■ 
Zeitschrift  fur  die  historische  Théologie,  1850,  p.  65-69.) 

8  Le  1G  juillet  précédent,  Guillaume  du  Bellay  annonçait  à  Mélanch- 
thon  son  arrivée  prochaine  en  Allemagne  (N°  51S,  n.  31).  Mais  ce  voyage 
fut  différé,  sur  la  nouvelle  que  les  théologiens  allemands  ne  viendraient 
pas  à  Paris. 

'•'  C'était  la  lettre'  de  Mélanchthon  à  François  I  datée  du  28  août  (Voy. 
N°  525,  n.  12). 

10  Voyez  la  note  6. 

11  Etienne  Gardiner,  évéque  de  Winchester,  ennemi  prononcé  de  la  Ré- 
forme. Il  avait  déjà  représenté  Henri  VIII,  lors  de  l'entrevue  de  Clé- 
ment VII  et  de  François  I  à  Marseille  (octobre  1533). 

12  Charles,  duc  d'Angouléme,  troisième  fils  de  François  I  et  ancien 
élève  de  Le  Fèvre  d'Étaples.  Il  était  né  le  22  janvier  1522,  et  ses  par- 
rains, les  députés  des  Cantons  suisses,  lui  avaient  donné  le  nom  à'Abdcnago. 
qu'il  ne  conserva  pas  longtemps,  mais  sous  lequel  il  était  connu  en  Alle- 
magne et  en  Suisse  (Voy.  le  N°  260.  n.  6-8,  et  Jeanne  de  Jussie,  op.  cit. 
p.  73).^ 

13  Elisabeth,  fille  de  la  reine  Anne  de  Boleyn.  était  née  le  7  septembre 

looo. 

14  Ce  bruit  ne  devait  pas  être  fondé.  Le  roi  Henri  VIII  avait,  il  est 
vrai,  définitivement  rompu  avec  le  Pape,  en  se  proclamant  chef  suprême 
de  l'Église  d'Angleterre  (9  juin  1534).  et  il  venait  d'ordonner  (septem- 
bre 1535)  une  inspection  sévère  de  tous  les  couvents  de  son  royaume: 
mais  il  n'en  était  pas  moins  très-hostile  encore  à  la  doctrine  évangélique 
(Voy.  Burnet.  Hist.  de  la  Piéformation  de  l'Église  d'Angleterre,  trad.  par 
de  Rosemond.  Londres,  1683-85,  P.  I,  p.  232-239,  247-251.  —  Merle 
d'Aubigné,  op.  cit.  V,  30,  106). 

18  Jean  de  Lorraine,  fils  de  René  II,  duc  de  Lorraine.  Né  en  1498,  créé 


153")  JEAN  STURM  A  MARTLN  BUCER,  A  STRASBOURG.  ;î<>-> 

Regem  sequitur.  Regina  Navarrœ  eliam  apud  Regem  est,  et  iu  hoc 
raprbo  nunquam dicitur  ab  ejus  leclo  diseessisse.  Magnus Magister, 
inaximus  et  potenlissimus  adversarius,  non  adest1B.  Admiralius11 
adest,  qui  unicè  nobis  favet.  Certain  est,  hœc  divinitùs  convenire  et 
insperatus  est  exitus.  Sed  prudentium  et  bonorum  virorum  est 
oblatam  occasionem  non  spernere. 

Quare  te  etiam  et  etiam  rogo,  mi  optatissime  et  sanctissime  Bucere, 
ut  in  id  diligentissimè  incumbas,  quô  Rex  vestrae  doctrinse  conjun- 
gatur,  quô  multi  boni-viri  in  Gallia  sine  metu  vivere  possint,  ut 
tandem  Unis  aliquis  sit  flammarum  et  Theologicae  crudelitatis 18. 
Sed  quœ  sit  Régis  sententia  et  quàm  œqua  postulatio  cognosces  ex 
Langœo  1!.  Nisi  enim  honesta  causa  esset,  et  nisi  spem  cmcepissem 
tranquûlioris  status,  finition  abest  ut  unquam  de  lus  rébus  scribe- 
rem,  sed  ne  triduum  quidem  manerem  in  Gallia.  Itaque  testis  est 
mini  Deus  noster  nihil  aliud  me  spectare  quàm  Evangelii  progrès- 
cardinal  et  évêque  de  Metz  en  1513,  il  posséda  en  même  temps  plusieurs 
archevêchés,  évêchés  et  abbayes.  Il  était  «  célèbre  par  son  esprit,  ses  ta- 
lents diplomatiques  et  l'effronterie  de  ses  mœurs  »  (Voy.  le  Dict.  hist.  de 
Moréry.  —  Martin.  Hist.  de  France,  IX,  274). 

16  Anne  de  Montmorency,  grand-maître  de  la  maison  du  Roi,  était  alors 
en  Provence,  comme  nous  l'apprenons  par  ce  fragment  de  la  lettre  de 
Jean  Montaigne  à  Bonïface  Amerbach  datée  d'Avignon,  le  15  novembre 
1535  :  «  Hîc  nuper  applicuit  Magnus  Magister  Galliœ;  nihil  tamen  audivi 
adhuc  quid  facturas  venerit  »  (Mscr.  orig.  Bibl.  du  Muséum  à  Bàïe). 

17  Philippe  Chabot,  comte  de  Charny  et  seigneur  de  Brion,  avait  été 
nommé  en  152(3  amiral  de  France  et  gouverneur  de  la  Bourgogne.  Nous 
ne  connaissons  pas  d'autre  document  contemporain  qui  témoigne  de  la  vive 
sympathie  du  seigneur  de  Brion  pour  la  cause  évangélique. 

18  Ce  souhait  n'était  que  trop  justifié.  Le  18  septembre  1535  (si  le  Jour- 
nal d'un  bourgeois,  p.  451,  ne  renferme  pas  une  erreur  de  date),  deux 
jeunes  rubaniers  natifs  de  Tours.  «  nouvellement  revenuz  des  Allemaignes 
et  de  Flandres  en  Paris...  eurent  la  langue  couppéeet  furent  brusléz  tout 
vifs  et  obstinez,  parce  qu'ils  avoient  donné  à  leur  hôte  quelque  livre  lu- 
thérien à  garder.  «  Hz  avoient  autrefoys  servy  à  Paris  (ajoute  le  Journal 
cité),  et  fut  trouvé  qu'ilz  avoient  apporté  des  livres  d'Allemaigne  qu'il/ 
vouloient  faire  relier  et  vendre  à  Paris,  et  si  vouloient  secrettement  atta- 
cher des  placars  par  la  ville.  » 

19  Les  desiderata  de  François  I,  divisés  en  XI  Articles,  atténuaient  sur 
quelques  points  le  Mémoire  de  Mélanchthon  du  1er  août  1534  (Voy.  le 
N°  47G,  n.  2).  Le  Boi  adoptait  l'opinion  de  ce  théologien  sur  la  justifica- 
tion, le  libre  arbitre,  l'invocation  des  Saints  et  la  primante  du  Pape,  Ces 
desiderata  sont  imprimés  tout  au  long  dans  les  Melantbonis  Opéra,  édition 
citée,  tome  II,  colonnes  1014-1017. 


3(56  JEAN  STURM  A  MARTIN  BUCER.  A  STRASBOURG.  1535 

sus.  Video  in  maxima  mullitudine  et  potentia  adversariorum,  opus 
esse  consilio  sancto  in  concîliandis  principibus20,  qui  haetenusCar- 
dinalium  et  Episcoporum  nimiùm  fuerunl  studiosi. 

Abrincensis  libellum 21  nondum  vidi.  propter  occupationes.  Sa- 
lins est  illos  homines  silentio  contemnere,  aut  ita  respondere  ui 
non  magis  alienentur,  et  ut  satisflaî  piis.  Audivi  ex  Typographo 
qui  aliquid  impressit  ah  eo  composition  de  mensuiïs  et  ponderi- 
bus22,  scripsisse  eum  jam  responsionem  ad  articulos  vestros.  quos 
Langœus  ex  vestris  excerptos  ostendit  Theologis 2S.  Ego  enitar  ul 
habeam.  ul  dum  vi.\  impressa  sil.  vestra  oriatur  defensiu  :  quan- 
quam  non  audel  omnino  dare  Typographus,  inscio  Rege;  si  dat. 
fiel  milti  continué  ejus  copia. 

Fama  hic  est.  principes  et  civitates  Germaniœ  consentire  Cœsari 
et  Pontifici  ut  Synodus  cogatur  Mantuœ**.  Si  id  verum  est.  rogo 
scribiad  me  qua  id  spe  permiltant.  Deinde.  civitatem  vestram  sese 


20  Voyez  le  N°  515,  note  13. 

21  Nous  supposons  qu'il  s'agissait  de  Y  Axioma  Catholicum ,  ce  livre  de 
Bobert  Cèneau,  évêque  à'Avranches,  «auquel  Bttcer  avait  répondu  en  sep- 
tembre 1534  (N°  478,  n.  9). 

22  L'ouvrage  intitulé  «  Roberti  Senalis...  De  vera  mensurarum  ponde- 
rumque  ratione,  »  parut  en  1535  cbez  Jean  de  Roigny,  rue  St. -Jacques  à 
Paris.  La  préface  est  suivie  d'un  Panégyrique  de  François  I  (Voy.  G-es- 
neri  Bibl.  Univ.  1545). 

23  Eu  remettant  anx  docteurs  de  la  Sorbonne  ces  extraits  des  mémoires 
de  Mélanchthon,  Bucer,  Hédion,  etc.,  Guillaume  du  Bellay  avait  signé  le 
7  août  1535  la  déclaration  suivante  :  «  Je...  certifie  que  les  Articles  cy- 
dessus  escrits  sont  extraits  de  plusieurs  cabiers  et  lettres  qui  m'ont  esté 
à  diverses  fois  envoyés  d'Allemagne,  par  ceux  ausquels.iem'estois  par  or* 
donuance  du  dict  Seigneur  [c'est-à-dire  le  Roi]  adressé,  pour  attirer  les 
Églises  d'Allemagne  à  modérer  leurs  opinions  et  doctrines...  Lesquels  Ar- 
ticles j'ay...  baillé  à  MM.  les  députés  de  la  sacrée  Faculté  de  Tbéologie, 
pour  en  avoir  leur  advis,  et  prendre  d'eux  instruction  de  ce  que  j'auray 
à  dire  aux  dicts  personnages  au  pays  d'Allemagne...  pour  les  attirer...  à 
suffisante  modération  ...  et  à  vraye  union  et  submission  à  la  dicte  Église 
Romaine  »  (Voyez  d'Argentré,  op.  cit.  I,  P.  II,  395,  et  Mel.  Opp.  II,  94!». 
976).  Le  titre  du  livre  où  Bobert  Céneau  répondit  à  ces  Articles  ne  se 
trouve  pas  dans  la  liste  de  ses  ouvrages  donnée  par  Flenry  (Hist.  ecclés. 
t.  XXXI). 

24  Cette  nouvelle  était  inexacte.  Le  21  décembre  suivant,  les  États  pro- 
testants de  l'Allemagne  déclarèrent  hautement  à  Vergerius,  nonce  du 
pape,  qu'ils  ne  consentaient  pas  à  ce  que  le  Concile  fût  réuni  hors  des  li- 
mites de  l'Empire  (Voy.  Sleidan,  liv.  IX.  éd.  cit.  p.  105,  106.  —  Melan- 
t bonis  Opp.  II,  985,  1020). 


1535  JEAN  STURM  A  MARTIN  BUCER.  A  STRASBOURG.  367 

defendere  vestra  praedicatione,  ut  si  quid  sil  periculi,  id  mis  debere 
prsestare,  qui  ita  docuistis,  atque  hac  de  causa  vos  teneri  in  id  tem- 
pus25.  Quicquid  id  sit,  si  vacat  et  si  vis,  ad  me  scribe.  Xisi  pruden- 
ter  et  constanter  à  vestra  parte  agalur///  Synodo,  nihil  futurumesl 
boni-''.  Nui  consensus  idem  sit,  minus poteritis*1.  Hocscribo  prop- 
ter  Tigurinos  et  reliquos  qui  sua  defendunt.  Ego  nunquam  potui 
aliquid  certi  scire  de  vestra  b^ovot»,  tune  Luthero,  an  ille  tibi  con- 
cesseiït 2S. 

Si  Langœus  istkuc  ventât,  obsecro,  habe  eum  in  numéro  eorum 
qui  quidvis  pati  volunt  pro  Christo.  Concitavit  plurimorum  odia  ad- 
versùs  se,  proptêr  hune  causam,  et  nisiRegem  haberet,  parum  ci  tu- 
tum  esset  versari  in  Gattia.  Bene  vale.  Luteliœ.  decimo  quarto  Cal. 
Deceml).  Anno  1535. 

Joannes  Stbrmius  niea  manu. 

Ignosce,  non  vacabat  resçribere  et  vix  relegere.  Andréas  Biblio- 
pola  Z9  si  adesset,  jam.  credo,  recuperaret  bona  sua.  Sic  enim  audio 
ex  illis  qui  norunt.  Si  eum  videas,  die.  ut  per  literas  aliquem  bic 
constituât,  qui  suo  nomine  répétât.  Hoc  satins  erit  quàm  ipsum  ve- 
nire. 

25--7  Les  pasteurs  de  Strasbourg  ne  redoutaient  nullement  de  paraître 
devant  le  Concile  (Voy.  le  N°  523,  fin  de  la  note  18).  Quant  à  Luther,  il 
avait  dit  à  Vergcrius,  en  recevant  sa  visite  le  7  novembre  :  «  Ego  exis- 
timo  concilium  générale,  liberum,  christianum,  quale  Pontifex  pollicetur, 
omnibus  modis  utile  ac,  necessarium'fore.  idque  unicè  opto  et  expeto  — 
non  quidem  propter  nostros,  quibus  (Dei  gratia)  non  opus  est  Concilio. 
eum  habeamus  puram  et  sinceram  doctrinam  ac  ecclesias  cerimoniis  eum 
scripturis  divinis  consentientibus  constitutas,  sed  propter  exteras  nationes, 
ut  ea  occasione  ad  eos  quoque  nostra  perveniat  doctrina.  »  (Voy.  Melan- 
tbonis  Opp.  II,  073,  987,  et  Seckendorf.  Commentarius  de  Luther anismo, 
lib.  III,  p.  94  et  suiv.) 

28  La  formule  de  Concorde  entre  les  Luthériens  et  les  Zwingliens  ne 
fut  signée  qu'au  meis  de  mai  1536. 

29  II  s'agit  ici  du  libraire  bâlois  André  Weingartner,  qui  avait  du  s'en- 
fuir de  Paris,  où  ses  liions  avaient  été  confisqués  (Voy.  le  N°  488,  renvoi 
de  note  25-26). 


36K  AMI  PORRAL  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1535 


552 

ami  pokral  au  Conseil  de  Genève. 
De  Berne,  23  novembre  1535. 

Inédite.  Autographe.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  Porral  fait  connaître  à  ses  supérieurs  les  demandes  que  les  députés  bernois 
présenteront  à  la  conférence  d'Aoste,  en  faveur  de  Genève.  Complot  contre  Baudi- 
chou.  Délivrance  miraculeusede  Claude  Savoie.  Le  gouverneur  du  Pays  de  Vaud  a  dé- 
claré qu'il  ne  fallait  pas  «  observer  la  foi  »  aux  Luthériens.  Représentations  adres- 
sées par  Ami  Porral  au  Conseil  des  Deux-Cents  de  Berne. 

Très-honnorés  Seigneurs!  Je  vous  ay  dernièrement  escript  par 
Jehan  l'hayrauld,  du  xve,  et  le  lendemain  par  ung  aultre  hayrauld, 
nommé  Peter,  quil  s'en  vad  à  Lyon1. 

Piochet 2  arriva  icy  le  wie,  pour  conduyre  (avec  Monsieur  <PEs- 
taveiey  et  Mest[è]re5,  qui  arriva  le  18)  les  ambassadeurs,  videlicet  : 
le  borsier  N aiguille,  le  Secrétaire  '.  Hans-Rodulph  de  Diesbat  et  Hans 
Rodulph  iPErlnt.  qui  vont  sur  ceste  journée  en  Augste  [1.  Aoste5], 

1  Le  15  novembre,  Porral  écrivait,  entre  autres  choses,  à  ses  supé- 
rieurs :  «  Messieurs  hont  estes  aclvertis  de  la  mort  du  duc  de  Milan  [Fran- 
çois Sforcé],  que  nous  pourroit  proufiter,  etc.  Dieu  nous  aidera  s'il  luy 
plaict...  Le  comeung  et  les  bourgois  [de  Berne]  sont  de  bon  vouloir...  » 
—  et,  le  16  novembre  :  «  Monsieur  de  Lau[sanne]  a  bien  cuydé  avoir  des 
Gruy[ê]riens  ses  subjectz,  mais  ilz  luy  hont  donné  Befutatorios  [articulos]. 
Le  bruyt  est  que  l'évesque  de  Genève  veult  admodier  Genève  à  Messieurs 
de  Fribourg  »  (Mscr.  orig.  Archives  genevoises). 

2  Écuyer  du  duc  de  Savoie. 

3  Jean  d'Estavayer,  fils  de  Philippe  d'Estavayer,  seigneur  de  Méziè- 
res,  et  de  Charlotte  de  Luxembourg  (Voyez,  dans  les  Mémoires  de  Pier- 
refleur,  les  Notes  de  M.  Ch.  Du  Mont,  p.  398). 

4  Le  secrétaire  d'État  Pierre  Giron,  au  sujet  duquel  Ami  Porral  écri- 
vait à  son  frère  Nicolas,  le  Ie1'  avril  1535  :  «  Le  secrétaire.. .^est  recon- 
fermé  en  l'office...  C'est  nostre  droit  pilier  à  l'occasion  de  l'Evangille  » 
(Msc.  orig.  Arch.  de  Genève). 

5  Immédiatement  après  la  défaite  essuyée  par  ses  troupes  à  Ginçjw* 


1535  AMI  PORRAL  Al  CONSEIL  DE  GENÈVE.  369 

qui  son!  partis  d'icj  ce  samedi  20"  de  novembre  après  disné.  J'en- 
lens  que  les  ambassadeurs  de  Savoye  leur  lionl  présenté  de  les 
deffroier  par  tout;  mais  Messieurs  [de  Berne]  ne  fbont  pas  voulsn 
accepter. 

Ils  lliont  charge  de  s'en  retourner  dès  là  où  ilz  seront,  quant 
Messieurs  Leur  rescripronl  qu'ilz  sont  adverlisque  ceulx de Pigney, 
ne  les  gensdarmes  de  Savoye  ne  sont  retirés,  et  que  les  vivres  ne 
sont  laichéz,  ne  les  chemyns  i'aiclz  seurs,  comme  les  trièves  pour- 
tent8.  Item,  [ils]  hont  charge  de  s'en  retourner,  quant,  devant  toutes 
choses,  ne  leur  sera  accordé  que  l'Evangillë  demeure  'purement  en 
Genève  comme  il  y  est.  Et  sil  le  Duc  veult  cela  accorder,  que  adonc 
[I.  alors]  debgent  demander  la  sentence  [de  Payerne]  et  absceid 
de  Sainct-Jullyn  estre  observées  et  demeurer  en  leur  eslre  7,  —  en 
condition  toutesfois  que,  sil  le  Duc  se  sent  grevé  en  quelque  pas- 
saige  d'icelles,  comme  de  la  peyne  de  perdre  sou  Ptiis  de  Vaulx. 
que  en  cela  la  veulent  bien  revoir,  pour  en  faire  du  m[e]ilieur8. 

(10  octobre  1035.  Voy.  N°  482,  n.  13  et  1G),  te  duc  de  Savoie  avait  fait 
proposer  aux  Bernois  de  traiter,  avec  eux  seuls,  des  conditions  auxquelles 
la  paix  pourrait  être  conclue  entre  lui  et  les  Peneysans,  d'un  côté,  et  les 
Genevois,  de  l'autre.  Ceux-ci  acceptèrent  cette  proposition  le  2  novembre, 
et  la  ville  d'Aoste  en  Piémont  fut  le  lieu  choisi  pour  la  conférence  pro- 
jetée, qui  devait  s'ouvrir  le  21  du  même  mois  (Voy.  les  Fragments  hist. 
sur  Genève,  I,  210-215.  —  Froment,  op.  cit.  p.  cl,  cli). 

6  La  trêve  devait  durer  trois  semaines;  mais  le  Conseil  de  Genève  écri- 
vait déjà  le  G  novembre  à  Porral,  son. député  à  Berne  :  «  Hier  et  aujours- 
duys  que  nous  pansions  la  triefve  fust  crié,  les  Sçavoyens  hont  forraigé 
ceulx  qui  pansoient  estre  saulves  [1.  saufs]...  à  Vyry,  à  Vésena,  à  Es- 
peysse,  à  Poplinge,  etc.  Cela  sont  les  trièves!  »  (Minute  orig.  Arch.  de 
Genève.) 

7  L'arrêt  ou  traite  de  St. -Julien  avait  été  conclu  le  19  octobre  1530. 
La  sentence  de  Payerne  était  datée  du  31  décembre  de  la  même  année 
(Voyez  le  Journal  du  syndic  Jean  Balard,  1854,  p.  296-302,  310-314). 
Ces  deux  actes  sont  résumés  dans  l'ouvrage  de  M.  Amédée  Roget  intitulé: 
«  Les  Suisses  et  Genève,  ou  l'émancipation  de  la  communauté  genevoise,  » 
1864,  I,  359,  362-365. 

3  L'arrêt  de  St. -Julien,  confirmé  à  Payerne  et  à  la  diète  île  Baden  du 
2  février  1531,  spécifiait  que  si  le  Due  laissait  attaquer  Genève  par  ses 
propres  sujets,  sans  les  punir,  Berne  el  Fribourg  seraient  autorisées  à  se 
mettre  en  possession  du  Pays  de  Vaud.  Les  Genevois  désiraient  vivement 
li'  maintien  de  cet  article,  aussi  écrivaient-ils  à  Porral  le  27  novembre  1535  : 
I'ouvés  entendre  comment  le  Duc  tiendroit  promesse,  quant  l'obligation 
et  ypothecque  seroit  moindre;  car  quant  elle  est  d'ung  païs  |le  Pays  de 
Vaud],  il  n'en  tient  rien  >  (Minute  orig.  Arch.  de  Genève). 

T.    III.  2  1 


370  AMI  PORRAL  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1535 

Et  que  s'il  ne  veult  cela,  qu'ilz  s'en  retournent.  Et  s'il  se  veult 
à  cela  accorder,  qu'ilz  le  mandent  et  rescrivent  icy  à  leurs  supé- 
rieurs; et  adonc  leur  envoira  -  l'on  charge  de  procéder  sur  les 
aultres  articles  des  oultraiges  faictz  despuis  la  dicte  sentence,  etc. 
Et  ce  pendant  de  tâcher  à  la  relaxation  des  prisonniers  9.  Ils  lhont 
aussy  expresse  charge  [au  sujet]  de  Monsieur  de  Tkorem  10  et  de 
Maistre  Anthoine  Saulnier,  qui  est  à  Thorin  prisonnier11.  El.  pour- 
ce  qu'il  est  plus  à  craindre  qu'ilz  ne  facent  riens,  que  aultrement. 
sera  non  que  soyés  sur  vostre  gaict  [1.  guet],  et  que  faictez  pro- 
vision de  vivres  et  de  batteaux.  etc. 

Messieurs  [de  Berne]  ne  fussent  pas  démarchez  d'ici  pour  aller 
sur  la  dicte  Journée,  que  premièrement  ne  heussent  sceu  les  vi- 
vres relâchés  et  les  chemyns  seurs,  etc.,  à  la  forme  des  trièves: 
mais  ilz  veulent  avoir  sobre  de  droit 12,  etc.,  et  que  chescun  co- 
gnoisse  qu'il  ne  tient  à  eulx  que  la  paix  ne  se  faicl. 

Baiddichon  fust  hier  advertv  icy.  qu'il  se  garde  de  tomber  en 
leurs  mains 13;  car  ilz  sont  délibérés,  s'il  le  peuvent  tenir,  de  soub- 
dainement  le  faire  mourir  cruellement,  comme  ilz  l'heussent  bien 
fait  à  (rluude  Savoye,  s'il  l'heussent  peult  tenir  lé.  Piochet  disoit 
l'aultre  jour  au  Secrétaire,  qu'ilz  l'heussent  bien  pris  sur  l'eau  avec 
sa  compaignye,  s'il  l'heussent  voulsu.  J'ai  proposé  ces  jours  passés 
en  Petit  et  Grand  Conseil,  comme  miraculeusement  ilz  estoient 
passés  par  de  cousté  la  barque  15;  et  aussy.  comme  les  trois  prison- 

9  II  Vagissait  des  Genevois  emprisonnés  à  Peney  (Voy.  les  Nos  480, 
n.  5-6;  517,  renv.  de  n.  4),  et  de  trois  autres  qui  avaient  été  pris  par  tra- 
hison à  Coppet,  le  11  octobre,  et  emmenés  à  Chillon  (Voy.  Froment,  op. 
cit.  p.  198,  cxlvi). 

10  Philibert  de  Comtois,  seigneur  de  Thorens  (N°  421,  n.  4). 

11  Voyez  le  N°  528,  note  1,  et  le  N°  529,  note  4. 

12  C'est-à-dire,  être  sobres  de  plaidoieries. 

13  Jean  Baudichon  de  la  Maison  neuve  était  particulièrement  haï  des 
partisans  du  Duc  et  de  l'Évêque;  à  cause  de  son  zèle  pour  la  Réformation 
(Voy.  les  Nos  466,  n.  1;  473,  renv.  de  n.  5;  534)  et  du  mouvement  qu'il 
se  donnait,  depuis  la  bataille  de  Gingim,  pour  procurer  de  nouveaux  se- 
cours aux  Genevois. 

14  Claude  Savoie,  l'un  des  plus  anciens  partisans  de  la  Réforme  à  Ge- 
nève. C'était  lui  qui  avait  engagé,  vers  la  fin  de  septembre  1535,  quel- 
ques centaines  d'hommes  de  Bienne,  de  Nidau,  de  la  Prévôté  et  de  Neu- 
châtel  à  venir  en  armes  au  secours  de  ses  concitoyens  (Voy.  Froment,  op. 
cit.  p.  191,  192,  cxlv,  et  le  Jsr°  482.  n.  13). 

15  On  lit  dans  le  Registre  du  Conseil  de  Genève  à  la  date  du  12  no- 
vembre :  <■■  Hodie  fuit  miraculosus  reditus  Claudii  Satoye,  qui,  duodecim  ho- 


1535  .UII  PORRAL  AL"  CONSEIL  DE  GENÈVE.  371 

niers  sortirent  de  Pigney lc.  —  avec  les  remonstrances  des  maulx 
que  suffrés  tousjours,  non  obstant  les  dernières  trièves,  ainsy  que 
te  messaigier  de  Nuremberg  me  dit17.  Auquel  Monsieur  le  gouver- 
neur de  Vaulx 1S  retint  la  lettre  du  Duc,  en  foy  et  fiance  qu'il  pour- 
toit  au  capitaine  de  Chillon  1;'.  disant  le  dit  gouverneur,  qu'il  ne  fail- 
loit  point  tenir  ny  observer  de  foy  à  ces  Lutériens,  infidelles,  hors  de 
la  foy,  et  que,  s'il  ne  se  retiroit  bien  tost,  qu'il  le  feroil  gecter  en 
la  rivière. 

Lesquelles  choses  m'estre  ainsy  dites,  en  la  présence  d'aulcuns 
des  seigneurs  bourgois.  aj  rapourté  en  Petit  et  Grand  Conseil.  Et 
davantaige,  leur  ay  dit,  sur  ce  qu'ilz  eslisoieni  ce  jour-là  leurs  am- 
bassadeurs, pour  [les]  envoyer  en  Augste,  que  les  papistes  qui  tai- 
chent  de  trahyr  et  d\ibolyr  CÊvangille  par  ceulx-mesmes  qui  suyvent 
rÉvangille  font  ainsy  que  fesoient  leurs  prédécesseurs  Anne  et 
Cayphe  et  les  Pharisiens,  qui  fisrenl  trahir  Jésuschrist  par  lesienmes- 
me,  et  puis  Iuy  dirent  :  Les  tiens  t'hont  livré  à  nous,  etc.  Les  prians 
de  cela  avoir  inémoyre,  et  que  plustostnous  donnassent  semblable 
response  qui  nous  fust  donnée  à  Lueherne.  nous  remettans  à 
Dieu,  etc.20.  Ce  qu'ilz  lhont  bien  noté,  et  crois  qu'il  nous  pourra 
proufiter.  crégnans  leur  honneur21,  etc....  De  Berne,  ce  23e  de 
novembre  1535. 

Vostre  humble  serviteur  A.  Porral. 

minibus  sociatus.  armatam  Ditcalem  per  lacum  expectantem,  nocte  imper 
lapsa,  a  Lausamia  ad  liane  [civitatem],  Borea  agitante,  fideliter  preteriit.  » 
6  Nous  n'avons  pas  de  renseignements  sur  cette  affaire. 

17  Ce  messager  avait  été  envoyé  vers  le  duc  de  Savoie  par  la  famille 
Thocker  de  Nuremberg,  pour  réclamer  la  libération  de  Thêobàld  Thocker, 
négociant  établi  à  Genève,  et  que  les  Savoisiens  avaient  pris  à  Coppet  le 
11  octobre  (Voy.  la  n.  9). 

18  Aymon  de  Lidlin,  gouverneur  du  Pays  de  Vaud  pour  le  duc  de  Sa- 
voie. 

19  Antoine  de  Beaufort  (Voyez  le  N°  228). 

0  Les  députés  des  cantons  suisses  réunis  à  Lucerne  (janvier— février 
1535)  avaient  déclaré  aux  ambassadeurs  genevois  que,  sur  leur  refus  d'ac- 
cepter l'arrêt  de  la  diète,  ils  remettaient  à  Dieu  les  affaires  de  Genève 
(Voy.  Froment,  op.  cit.  exix,  cxxi). 

21  Comparez  ce  passage  avec  la  page  209,  ligne  9.  MM.  de  Berne  crai- 
gnaient sans  doute  que  leur  honneur  ne  fût  compromis,  s'ils  abandonnaient 
Genève;  mais  une  nouvelle  imprévue  contribua  considérablement  à  les  faire 
sortir  de  leur  attitude  expectante.  Porral  écrivait  à  ses  supérieurs  le  di- 
manche 21  novembre  :  «  Le  bruict  qui  court  [de  Y  arrivée]  des  François  ne 
nous  pourroit  pourter  dommaige,  à  mon  advis.  Messieurs  [de  Berne]  cuy- 


372  SIMON  (iRY.XELS  A  GUILLAUME  FAREL.  A  GENÈVE.  1535 


555 

Simon  GKYNiEUS  à  Guillaume  Farel,  à  Genève. 
(De  Bâle.  vers  la  lin  de  novembre  1535 '). 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

-  .'.maire.  J'ai  vu  avec  plaisir  Viret,  niais  les  affaires  de  Genève  nie  causent  encore  de 
l'inquiétude.  Si  elles  peuvent  s'arranger,  sans  détriment  pour  la  religion,  acceptez 
toutes  les  conditions  et  ne  refusez  point  la  paix.  Je  crains  que  vous  n'ayez  bien  peu 
de  soulagement  à  attendre  de  vos  alliés;  s'il  faut  recourir  aux  armes,  le  Seigneur  est 
votre  unique  secours.  Veillez  seulement  à  ce  que  votre  cause  soit  toujours  juste,  el 
vous  ne  serez  pas  abandonnés  de  Lui. 

Je  vous  prie  de  vous  réconcilier  avec  Caroli.  Il  s'esl  laissé  entraîner  par  l'amon 
la  vaine  gloire;  pardonnez-lui  cette  faiblesse.  Il  se  plaint  de  vous  en  secret  :   l'un  de 
vos  ouvrages  lui  a  donné  lien  de  craindre  (dit-il)  que  votre  foi  à  la  divinité  de  J    > 
■I  ne  soit  pas  assez  ferme.  D'un  mot  vous  pouvez  le  rassurer. 
Encore  une  exhortation  :  Dans  les  extrêmes  périls  qui  vous  environnent,  donnez  le 
pins  grand  soin  à  ce  que  tontes  les  résolutions   de  votre  républiqut   s  lient  prises 
le  regard  de  Dieu,  afin  que  vous  puissiez  en  rendre  compte  devant  Lui  et  devant 
les  hommes,  et  que  l'Evangile  ne  subisse  aucun  déshonneur  par  notre  fi 

S.  Libenter  Viretum  vidi2.  De  vestris  rébus,  quamquam  multa 
secunda  feruntur,  tamen  non  possum  non  sollicitus  esse.  Scio  eniiu 

dent  que  ce  soit  contre  nous.  »  On  lit  encore  dans  la  seconde  moitié  de  la 
présente  lettre  :  «  Messieurs  envoyent  ung  hérauld  après  leurs  ambassa- 
deurs qui  vont  en  Augsta,  pour  les  advertir  comme  les  vivres  ne  sont  point 
laichéz,  etc.,  et  que  les  François  sont  venu  jusques  à  Bemilly  contre  Ge- 
nève... »  C'était  M.  de  Verey  qui  amenait  700  hommes  au  secours  des  Ge- 
nevois  (Voy.  le  N°  530.  n.  9.  et  Froment,  op.  cit.  p.  cliii). 

1  La  date  est  fixée  par  les  détails  mentionnés  dans  les  notes  2.  3  et  6. 

2  Nous  ne  savons  pas  si,  après  son  voyage  de  Berne,  qui  eut  lieu  au 
commencement  de  septembre  (N°  528.  u.  2),  Pierre  Viret  était  retourné  à 
Genève,  ou  s'il  avait  repris  ses  fonctions  pastorales  à  Neuchâtel.  Ce  fut 
dans  la  première  moitié  de  novembre  qu'il  se  rendit  à  Bâle.  Ami  Porral 
écrivait  de  Berne  au  Conseil  de  Genève,  le  15  du  même  mois  :  «  Maistre 
Pierre  Viret  est  à  Basic.    Il   vouloit  aller  à  Stràbourg;  mais  y  s'y  meurt 


1535  SIMON  GRYN.EUS  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.  37 ' -\ 

[idem  liominum.  Si  componi  quomodocunque,  illesa  religione,  pos- 
sini.  censeo  omnes  conditiones  ferendas  ■'■.  nec  temerè  pacem  de- 
trectandam.  A  Sociis 4  vereor  ut  muliiim  solacii  fulurum  sit;  \  ides 
enim  quales  sinl  liactenus5.  Praesidium  unum  summumque  in  Do- 
mino  est,  si  hoc  negolium  defendi  armis  ille  patiatur.  Fac  solùm 
hoc  ùt  eures,  ut  recta  justaque  ubique  causa  sit,  nequid  mérita  extra 
pietatis  metam  agressi  videamini.  Sic  enim  spero  Dominum  à  nobis 
futurum,  nec  arma  nostra  rejecturum  esse. 

Offensa  quœ  tibi  incidit  cum  Carolo,  ai  tolli  potest,  fac  ut  illi  cul- 
pam  hanc  remittas6.  Evectus  longiùs  ambitionis,  arbitror, studio esl 

[1.  on  y  meurt]  bien  fort  et  aussi  à  Zerich  »  (Mscr.  orig.  Arch.  genevoises). 
Nous  avons  lieu  de  croire  que  les  relations  de  Pierre  Viret  avec  Jean  Cal- 
vin datent  de  cette  époque.  D'un  côté,  il  est  certain  que  l'auteur  de  l'In- 
stitution Chrétienne  résidait  à  Bâle  vers  la  tin  de  l'année  1535  (Voy.  la 
note  8),  et,  de  l'autre,  c'est  évidemment  au  séjour  sus-mentionné  de  Vi- 
ret à  Bâle  que  Calvin  faisait  allusion,  quand  il  lui  écrivait  le  1er  mars 
1541  :  Claudio  Ferrœo,  quem  mecum  vidisti  Basilcœ,  et  fratri  meo,  man- 
davi  ut  Farello  rescriberent  »  (Calvini  Epp.  et  Responsa).  Ou  sait,  en 
effet,  qu'au  printemps  de  l'année  1538  Viret  ne  put  pas  accompagner 
jusqu'à  Bâle  son  ami  Calvin,  qui  venait  d'être  exilé  de  Genève. 

3  C'est  une  allusion  aux  négociations  qui  se  poursuivaient  dans  la  ville 
d'Aoste  (fin  de  novembre  1535),  pour  pacifier  les  différends  entre  le  duc 
de  Savoie  et  les  Genevois  (Voy.  le  N°  532). 

4-5  II  est  question  des  Seigneurs  de  Berne,  dont  la  politique  excessive- 
ment prudente  allait  parfois  jusqu'à  l'égoïsme.  On  en  jugera  par  ces  li- 
gnes, qu'ils  adressaient  le  12  décembre  aux  Genevois,  en  leur  faisant 
connaître  le  résultat  infructueux  de  la  conférence  d'Aoste  :  «  Comme  pa- 
ravant  par  plusieurs  foys,  vous  voulons  bien  advertir  que.  sy  le  cas  vient 
à  faict  de  guerre,  ainsi  qu'est  à  doubter,  que  bonnement  ne  vous  sceryons 
[1.  saurions]  secourir...  voyre  sy  vous  nous  admonestiés  de  vous  secourir 
en  vigueur  de  la  bourgeoysie,  ce  que  par  cy-devant  n'avés  faict...  Carde 
métré  nous  propres  affayres  en  hasart,  et  les  vostres  prendre  à  nous,  ne 
nous  est  convenable  »  (Mscr.  orig.  Arch.  de  Genève). 

"  Pierre  Caroli  partit  de  Genève,  avec  M.  de  Vereij,  vers  la  fin  du 
mois  d'août  1535  (Voy.  N°  530,  n.  9),  et  il  se  rendit  à  Bâle,  où  il  se  fit 
inscrire  au  nombre  des  auditeurs  de  l'Université.  Les  causes  de  la  brouil- 
lerie  de  Caroli  et  de  Fard  sont  indiquées  en  ces  termes  par  Calvin  :«  Ad- 
moneo  [scil.  Carolum]  ut  recordetur,  quo  nomine  pecuniam  corrogaverit 
à  primarise  dignitatis  hominibus,  ut  eam  solus  ingurgitaret.  Atqui  paupe- 
ribus  eam  rogabat,  nos  sibi.  Atque  bas  fuisse  primas  offensionum  causas 
inter  ipsum  et  Farellum  cert o  certius  est  :  quôd  Farellus  primo  congressu  illi 
adulari  uon  sustinuerit  ;  quôd  deinde  liberiùs  cura  increpuerit  de  impudi- 
citia  ;  quôd  postremù  hoc  ejus  sacrilegium  fortiter  insectatus  sit,  ut  debe- 
bat...  »  (Pru  (r.  farello  et  collegis  ejus  adversùs  P.  Caroli  theologastri 


* 


374  SIMON  GRYN.EUS  A  GUILLAUME  FAREL.  A  GENEVE.  I  535 

et  gloriee,  quam  qualitercunque  putarim  aucupandam  7.  Lapsus  hu- 
manus  est;  ignoscere  convenit.  Queritur  iste,  quamquam  clam,  et 
apud  me  fortasse  unum  s,  vereri  se,  ne  tu  mp\  t^ç  toS  awr-ôpoç 
XptffToû  0cô-rr/To;  firme  satis  sentias y  :  quaî  suspilio  ex  aliquo  tuo  U- 
bello  10  illi  insedit.  Uno  verbo  etiam  hanc  tollere  licet.  Nihil  abs  te 
peto  hic,  mi  frater,  quàm  quod  te  Ghristi  spiritus  bonus  nltro  hor- 
tatur,  nec  ita  me  interpono,  qui  te  sequi  me  velim,  te  vel  hoc  vel 
illud  jubeam.  Rem  tu  tenes. 

Hoc  hortabor  diligenler,  ut  cures  summo  studio,  quô  in  isto  cer- 
l.iss.[imo]  rerum  omnium  periculo  u,  Bespublica  vestra  reclè  el  co- 

calumnias,  Defensio  N.  Galasii  (Genevse),  1545,  p.  22).  Voyez  aussi  la 
lettre  de  Farel  du  11  juin  1545. 

7  C'était  surtout  pendant  la  Dispute  de  Genève,  dont  il  espérait  d'a- 
bord être  le  président  et  l'arbitre,  que  Pierre  Caroli  avait  fait  paraître 
sa  vanité  et  son  amour  de  la  gloriole.  Viret  disait  plus  tard  en  parlant  de 
Caroli:  «  Ita  disputabat  nobiscum,  ut  nollet  hostis  haberi  veritatis;  sed 
tamen  nervos  onmes  intendebat  ut  vinceret  ac  ora  nobis  obstrueret,  quô 
gloriari  posset  de  Victoria  »  (Lettre  du  14  juillet  1545.  Mscr.  orig.  Bibl. 
Publ.  de  Genève). 

8  Calvin  et  beaucoup  d'autres  habitants  de  Bâk  purent  entendre  les 
plaintes  de  Caroli  contre  Farel.  On  lit  en  effet,  pages  27-28  de  l'ouvrage 
pseudonyme  de  Calvin  cité  plus  haut  (note  6)  :  «  Vivunt...  hodie  complu  - 
res  graves  et  honesti  viri  qui  Basilece  tune  erant,  cum  venit  Carolus.  Cau- 
sam  relictse  Genevœ  non  aliam  adduxit,  nisi  quôd  tune  à  latronibus  obsi- 
debatur,  et  periculum  in  dies  crescebat...  Subsecutae  sunt  aliquanto  pôst 
Farelli  literae  quibus  Carolus  depictus  erat  veris  elogiis...  De  bis  literis 
admonitus  a  Carohtadio,  tantâ  furiâ  extemplo  correptus  fuit,  ut  per  ur- 
bem  instar  fanatici  diseur  saret,  Farello,  in  querneunque  incidisset,  fero- 
citer  minitans . . .  Recordetur  quibus  tum  verbis  ejus  intemperiem  cohi- 
buerit  Calvinus,  cum  ad  eum,  accusandi  Farelli  causa,  venisset.  » 

9  La  divinité  du  Christ  est  proclamée  aussi  explicitement  que  possibb 
dans  le  Sommaire  de  Farel. 

10  11  s'agit  sans  doute  de  la  deuxième  édition  du  Sommaire  de  Farel, 
qui  avait  paru  à  Neuchâtel  le  23  décembre  1534.  Le  chapitre  III,  intitulé 
«  De  Jesuchrist,  »  a  été,  sauf  une  modification  peu  importante,  reproduit 
textuellement  dans  l'édition  du  même  livre  publiée  à  Genève  en  1552.  Ce 
morceau  a  été  réimprimé  dans  l'ouvrage  qui  a  pour  titre  :  «  Du  vray 
usage  de  la  croix  de  Iesus-Christ,  par  G.  Farel,  suivi  de  divers  écrits  du 
même  auteur.  »  Neuchâtel,  Genève,  1865,  p.  212-213. 

11  Le  Conseil  de  Genève  écrivait  à  Porral  le  14  décembre  1535  :  «L'on 
ne  nous  apporte,  ny  laisse-1'on  venir  le  vailliant  d'ung  denier,  soit  boys, 
(herbon,  bled,  vin,  b[e]urre  ny  froumaige...  [Nos  ennemis]  hont  faict 
cryer  par  les  chastellanies  icy  près,  que  nulz  ne  soit  ausé  venir  en  Genève, 
sus  poënne  de  confiscation  de  corps  et  de  biens...  Item,  que  tous  ceulx 


1535  JEAN  BAUDICHON  Al   CONSEIL  DE  ÔENÈVE.  375 

ram  Domino  omnia  admiiiistrel 12,  ut  respondere,  in  oculis  Domini, 
omnibus  hominibus  liceat  de  omnibus  reluis  gestis,  ne  malè  Evan- 
gelium  propter  nos  audiat.  Per  caetera  fac  per  amorem  Gbrisli,  ut 
pronobis  oretis,  quos  scio  Dominum  in  necessilale  iluminalos  dili- 
genter  audire.  Vale. 

Gkyn.eus  tuus. 
(  lnscriptio:)  Domino  Farello.  fratri  e!  amico  chariss.  in  Domino. 


riri 

oo4 


jeax  baudichon1  au  Conseil  de  Genève. 
De  Morat,  9  décembre  1535. 

Inédite.  Autographe.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  Baudichon  se  plaint  du  silence  de  ses  supérieurs.  Il  les  informe  des  dispo- 
sitions favorables  que  les  bourgeois  de  Berne  et  de  quelques  autres  cantons  manifes- 
tent à  l'égard  de  Genève,  et  il  les  exhorte  à  n'accepter  aucun  «  appointeraient  »  qui 
ne  soit  à  l'honneur  du  Saint  Évangile.  Sj  l'on  ne  parvenait  pas  à  conclure  un  arrange- 
ment avec  le  duc  de  Savoie,  il  faudrait  avoir  recours  aux  «  compagnons  »  du  capi- 
taine Wildermuth. 

La  paix  [et]  grâce  de  Dieu  vous  soit  donné  par  Nostre  Seigneur 
Jhésucrist!  Amen. 

Mes  très-honnorés  Seigneurs,  humblemant  à  vostre  bonne  grâce 
me  recomande.  Saches  que  par  Monsieur  le  anbassadeur  Naygli 
vous  escripvi 2,  et  par  ung  mercbant  de  Sainct-Galle.  et  par  le  ser- 

cnie  l'on  trouveroit  de  Genève,  que  l'on  les  doibge  mettre  à  mort  et  pen- 
dre au[x]  premiers  arbres,  soyent  hommes,  femmes  au  [1.  ou]  enfans...  » 
(Minute  orig.  Arch.  de  Genève.) 

12  Ces  paroles,  rapprochées  des  communications  que  Viret  avait  faites 
à  Gri/narus,  donnent  lieu  de  penser  que  Farci  jouissait  d'une  certaine  in- 
fluence auprès  des  magistrats  genevois  (Voy.  le  N°  51G,  fin  de  la  note  1G). 

1  Voyez  sur  ce  personnage  les  N0B  465,  466,  473,  480,  n.  2-3. 

2  Jean-Bodoïphe  Nceguéli  était  parti  pour  Gmhve  le  24  novembre.  Il 


:37b'  JEAN  BAUDICHdN  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1535 

viteur  de  Guydo  et  par  plusieurs  aultres.  Mays  oncques  de  vous,  ne 
du  maindre  de  Genesve,  n'a  y  eu  novelles.  non  plus  que  se  j'estoye 
ung  Juif  on  [1.  ou]  sarrazin.  Je  n'en  m'en  puis  assés  esbayr  que  cella 
veult  dire3.  Je  n'en  m'en  suis  pas  venuz  par  dessa  pour  m'en  fuir 
de  Genève.  Je  croy  que  l'on  scetbien  la  cause  de  mon  départemanl 
et  les  dangiers  ont  [1.  où]  je  me  mys  pour  vous  mener  secours 4.  et, 
corne  Monsieur  leMaislre  Savoyeet  le  seigneur  Estienne  Dada  vous 
pourront  bien  dire5,  la  déligence  que  je  nay  faict.  corne  chascun 
scet  bien.  Et  sacbés  que  je  ne  suys  pas  bon  gré  moy  hors  de  la 
ville,  et.  se  je  povoye  passer  en  sorle  du  monde,  que  je  ne  demo- 
reroye  pas  pardessa.  Mes  je  suis  bien  averti  corne,  de  tous  coustés, 
je  suis  veillié  corne  le  chat  veillie  la  rate;  el  aussi  Messieurs  <!<• 
Berne  m'en  boni  averti,  que  je  ne  me  misse  point  encore  en  che- 
min, par. bon  respect f. 

Vous  avertissant  corne  je  suis  tousjours  issi,  Jehan  Sourd  et  mon. 
actandant  novelles  des  anbassadeurs  qui  sont  allés  en  Hoste  [1. 
Aoste]  '.  Mays,  corne  je  croy,  ne  n'aurons  pas  lantost  novelles.  car 
j'enlens  (jue  les  dict  enbassadeurs  sont  allés  à  Thurin  s:  car  ainssi 
le  leur  ont  mandé  leurs  supérieurs,  aflin  que  le  Duc  ne  puisse  dire 
qu'il  tienne  à  euh  de  fère  bonne  paix.  Et  saches  que  oncques 

devait  informer  les  Bernois  dé1  toute  violence  qui  serait  commise  par  les 
Savoisiens  contre  les  citoyens  de  cette  ville  (Yoy.  Froment,  op.  cit.  p. 
clv)  . 

3  Tl  est  probable  que  l'absence  prolongée  de  Baudichon,  qui  était  ca- 
pitaine-général depuis  le  29  septembre  précédent,  indisposait,  contre  lui 
ses  supérieurs.  Le  S  décembre  ils  avaient  élu  à  sa  place  Pierre  Wandél 
(Voy.  Fragm.  hist.  sur  Genève,  I.  210, 219.— Froment,  op.  cit.  p.  clxxxvi). 

4  Voyez  le  N°  532,  note  13. 

5  Voyez  le  N°  532,  note  14-15,  la  lettre  écrite  de  Lausanne  le  31  oc- 
tobre 1535  par  Claude  Savoie  et  Etienne  Dada,  et  celle  de  Baudichon  qui  est 
datée  de  Payerne  le  1er  novembre,  même  année  (Arcb.  de  Genève). 

6  Porràl  écrivait  de  Berne  à  ses  supérieurs  le  12  décembre  :  «  Je  leur 
ay  dit  [en  Conseil  des  Deux-Cents],  sil  Baiddiclion  et  les  aultres  oseroient 
passer  à  Genève  avec  leur  bayrauld  seurement  ?  Surquoyne  m'hontriens 
voulsu  respondre;  mais  le  Secrétaire  m'a  bien  dit  à  part,  qu'il  ne  le  con- 
seilleit  pas  »  (Mscr.  orig.  Arcb.  genevoises). 

7  Voyez  le  N0  532,  note  5. 

8  Le  duc  de  Savoie  avait  informé  les  ambassadeurs  bernois,  à  Aoste, 
«  qu'il  estoit  ung  peu  malade  et  occupé  pour  mander  son  ambassade  à 
l'Empereur,  sur  ce  que  les  François  estoient  entrez  en  son  pais  pour  pren- 
dre Genève  [Voy.  X°  532,  n.  21]...  Pourquoy  les  prioit  de  le  aller  trou- 
ver à  Turyn,  ou  du  moing  Yrrée  »  (Lettre  de  Porral  du  10  décembre). 


1535  JEAN  BAUDICHON  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  -J77 

en  ma  vie  je  ne  veys  les  bourgeoys  et  comunaulté  de  Berne  de  sci 
bon  vollôir  pour  une  ville  de  Genève,  come  il  sont  maintenant;  el 
murmurent  fort  le  comun  contre  les  gros,  île  ce  qu'il  nous  l'uni 
tant  journ[o]ier,  en  nous  faisant  malfondre  [1.  morfondre],  et  sont 
fort  desirans  que  leurs  ambassadeurs  raporlent  maulvaises  novelles 
du  Duc1'.  Et  saches  que  ceulx  de  Balle  [et]  aultres  cantons  qui  sont 
à  l'Évangile,  ensenbledes  villes  franches10,  ont  mandé  à  Berne,pour 
veoir  corne  les  afféresde  Genesve sepourtoit,  etnous  ont grandemant 
recomandé  ans  dict  Seigneurs  de  Berne,  et  que,  ce  il  vient  atant. 
qu'il  s'en  vendent  empl[o]ier  de  tout  leur  povoir  à  les  ayder  à  nous 
maintenir11.  Et  croy.  combien  qu'il  soit  ung  peu  long,  que  Dieu 
nous  délivrera  de  la  main  de  nous  adversayres.  El  ne  soyés  point 
esbay  de  la  longue  actente.  Vous  verres  merveilles  ru  brief,et  corne 
Dieu  besognera. 

[C'est]  pourquoy,  soyés  tousjours  sus  vcstre  garde,  et  ne  con- 
sentes à  nul  apointemant  quil  ne  soit  premièrement  à  l'honedr  de 
Dieu  et  de  son  sainct  Evangile;  et  que  la  Parole  île  Dieu  ne  soit 
point  lyé;  que.  quant  Fou  nous  demandera  rayson  île  nostre  foy, 
arière  le  pais  île  Savoie,  que  n'en  [1.  nous  en]  puissions  respondre  '-. 

9  On  lit  dans  la  lettre  de  Porral  du  12  décembre  adressée  au  Conseil 
de  Genève  :  «  Vendredi  passé  10e...  au  soir.,  arrivarent  icy  les  ambassa- 
deurs de  Messieurs  qui  parlementèrent  avec  Je  Duc,  qui  estoit  là  venu 
à.  trois  ou  quatre  xx  chevaulx,  sans  point  d'évesque:  car  l'écesque  dHosta 
[1.  d '  Aoste]  est  en  grosse  question  avec  ses  diocésains,  à  cause  des  exeom- 
muniementz.  qu*ilz  ne  veulent  plus  suffrir.  »  Les  ambassadeurs  bernois 
n'avaient  pu  réaliser  la  partie  essentielle  de  leur  mission,  celle  qui  con- 
sistait à  faire  garantir  aux  Genevois,  «  avant  toutes  eboses,  »  la  possession 
de  l'Évangile  purement  annoncé  (Voyez  la  note  12). 

10  C'est-à-dire,  les  Villes  Impériales. 

11  On  trouve  le  passage  suivant  dans  la  lettre  de  Porral  au  Conseil  de 
Genève  datée  de  Berne,  vendredi  10  décembre  :  <  Messieurs  de  Baslehont 
escript  la  sepmaine  passée  à  Messieurs  d'icy,  qu'ilz  leur  voulissent  escripre 
comme  les  affaires  de  Genève  passoient...  Cinq  ou  six  jours  après,  les  dits 
Seigneurs  de  Basle  leur  hont  escript.  que  le  trésorier  Perret  et  le  secré- 
taire Joaehyn  [1.  Joachim  Zasius.  Voy.  le  N°  285,  n.  4|  avoyent  estez 
par  devant  eulx,  de  la  part  du  Duc.  pour  sçavoir...  sil  ne  vouldroient 
donner  aide  et  secours  au  Duc  contre  Génère,  sil  l'apointement  ne  se  fai- 
soit  [h  Aoste].  Sur  quoy  [ils|  n'avoient  donnez  aulcune  response,  mais  que 
décela  estoient  fort  esbaïs....  Pieût  à  Dieu  qu'il  n'ha  faicl  [\.  (prit  eût 
fait]  aussi/  charitables  les  auîlres  envers  nous  que  ceulx  de  Basle!  »  Ces  dis- 
positions bienveillantes  des  Bâlois  envers  les  Genevois  dataient  de  plu- 
sieurs années  (Voyez  le  \  •  395,  note  1). 

12  La  lettre  de  Berne  à  Genève  du  12  décembre   nous  fait  connaître 


378  JEAN  BAUDICHON  Al    CONSEIL  DE  GENÈVE.  1535 

Et  aussi  qu'on  nous  rende  tous  nous  gens  qu'il  tiennent  en  leurs 
prisons  13,  et  [que]  le  chasteau  de  Pyney  [soit]  abatu,  corne  Grant 
et  Petit  Conseil  ont  ordonné  à  Berne,  avant  que  de  parler  de  nul 
apointemant li.  Et  aussi  que  tous  domages  et  inlérestnous  soit  ré- 
compencé.  Et  principalemant  fault  que,  avant  toutes  choses,  que  le 
Duc  ratiffie  le  acept  de  Payerne  et  Parest  de  Sainct-GeUn15,  elle 
Évangile  demorer  corne  dessus  est  dict I0. 

Et.  se  ainssi  est  qu'il  ne  ly  ave  apoinctemant,  il  me  senble  que 
vous  fériés  bien  de  venir  l'ung  de  vous,  celluy  qui  vous  senblera 
de  bon,  et  qu'il  aportast  7  ou  8  cens  v  [1.  escus].  Car  ainssi,  corne 
les  capitaines  m'ont  promis,  ensemble  les  compagnons,  que  en 
leurs  balliant  à  ung  cbescung  ung  teston  jusques  à  Génère,  qu'il 
se  tiendront  comtent  [1.  contents 17].  Pourquoy  à  cella  ne  ferés 
faulte,  et  que,  s'il  vous  plaist,  ne  oblierés  de  me  mander  toutes 
novelles  par  le  présent  pourteur,  et  sus  tout  de  la  fine  marchan- 
dise, en  me  recomandanl  tousjours  à  vostre  bonne  grâce  et  à  Mon- 

la  réponse  du  duc  de  Savoie  sur  ces  deux  points  :  «  Son  Excellence  (di- 
saient les  Bernois)  ne  s'a  peu  résouldre  sur  le  premier  article  touchant  la 
foy,  sans  avoyr  conseil  avecq  l'Empereur,...  [et]  a  désiré  cpie  l'on  mis 
tout  en  sourséance  ung  moys,  quatres  ou  cincq,  par  tieulles  conditions  : 
que  ce  pendant  vous  ne  faciès  point  d'innovations,...  point  de  sourtie; 
pareillement,  que  ne  praticqu[i]és  sur  ses  pays  chose  que  peust  estre  contre 
la  foy  et  son  auctorité.  Ce  faysant,  vous  veult  lâcher  les  vivres...  —  item, 
ceulx  de  Pigney  contregarder  que  ne  vous  fassent  aulcung  desplaysir,  »  etc. 

13  Voyez  le  N°  532,  note  9,  et  renvoi  de  note  1 1 . 

14  Voyez  le  N°  532,  renvoi  de  note  6. 

15-16  Dans  sa  lettre  du  12  décembre  au  Conseil  de  Genève,  Ami  Por- 
raï  s'exprime  sur  ce  point  avec  la  même  énergie  :  «  Ne  vous  hastez  pas 
de  faire  response  [aux  propositions  du  Duc],  synon  par  bon  conseil.  Et  sil, 
par  l'adventure,  vostre  conseil  aportoit  de  accepter  triêves,  couchés-les 
en  sorte  qu'elles  vous  soient  observées...  Raclés  ces  deux  ou  trois  pointfs]  : 
de  non  parler  de  VÉvangille;  des  vivres,  qu'ilz  ne  vouloient  lâcher  que  à 
mesure,  et  de  mettre  ung  gentilhomme  au  chasteau  de  Pigney.  Et  faictes 
que  VÉvesque  les  ratiffie,  et  qu'ilz  baillent  hustaige  [1.  otage],  seaulx  et 
lettres,  réservants  tousjours  la  sentence  de  Payerne  et  la  loy  de  VEvangille 
comme  vous  Vavés.  » 

17  Baudichon  veut  parler  des  compagnons  que  le  capitaine  Wildermuth 
et  son  lieutenant  avaient  amenés  jusque  près  de  Genève,  le  10  octobre,  et 
qui  étaient  retournés  chez  eux,  à  la  persuasion  des  ambassadeurs  bernois 
(N°  482,  n.  13).  C'est  des  mêmes  compagnons  qu'il  s'agit  clans  cette  phrase 
de  Porral  :  «  Ceulx  de  la  guerre  de  Nocliastcl  ne  font  plus  tant  de  bruyct 
[à  cause  de  leur  solde],  actendans  de  marcher  quelque  jour,  quant  Dieu 
vouldra  réveiller  Tours  »  (Lettre  du  10  décembre  1535.  Arch.  de  Genève). 


1535  LES  CONSEILS  DE  BERNE  AU  BAILLI  DE  YAUD.  379 

sieur  le  Manifique ,8.  Et  ainssi  qu'il  vous  playra  me  comander,  de 
tout  mon  povoir  l'aconpliray,  aydant  Nostre  Seigneur,  auquel  je 
prie  qu'il  vous  ave  en  sa  saincte  garde.  De  Morat,  ce  ixu  de  décen- 
bre  1535. 

Le  tout  vostre  liuuble  serviteur  Baudichon. 

( Suscription  :)  A  Messieurs  les  Sindiques  de  Genesve.  mes  très- 
honnorés  Seigneurs,  à  Genesve. 


535 

les  conseils  de  berne  au  Bailli  de  Yaud. 
De  Berne,  17  décembre  1535. 

Inédite.  Minute  originale.  Arch.  de  Berne. 

Sommaire.  Mil.  de  Berne  déclarent  au  gouverneur  du  Pays  de  Yaud  que,  s'il  trouve 
moyen  de  faire  garantir  aux  Genevois  la  possession  de  l'Évangile  et  de  leurs  libertés, 
ils  s'efforceront,  de  leur  cote,  d'empêcher  l'entrée  des  Français  à  Genève. 

Noble,  etc.  Nous  avons  receuz  vous  lectres  par  présent  pourteur 
datées  du  xraie de  cestuy  moys,  faisantes  mention  de  certains  gens  de 
guerre  Fransois  que  renient  entrer  en  Genève1.  Sur  quoy  vous  res- 

18  Laurent  Maigret,  dit  le  Magnifique  (Voyez  Nu  530,  u.  9). 
1  Dans  cette  lettre,  datée  de  Morges,  Agmon  de  Lullin  s'exprimait  avec 
une  certaine  ironie  :  Vos  bons  amis,  qui  étaient  si  confiants  en  votre 
aide  (disait-il),  vont  recevoir  de  France  deux  cents  chevaux  et  des  ar- 
quebusiers, qui  sout  à  la  frontière  et  entreront  demain  à  Genève  (Mscr. 
orig.  Arch.  de  Berne).  Le  15  décembre,  le  Conseil  de  Genève  écrivait  à 
son  ambassadeur  à  Berne  :  «  Il  se  parlera  par  avanture  que  hayons  des 
François  en  nostre  secours.  Il  est  vray  que  est  venu  ung  gentilhomme  de 
France  [François  de  Montbel,  seigneur  de  Vereg],  qu'est  en  la  ville,  quil 
attend  d'heure  en  heure  ses  gens,  comment  ha  bien  entendu  le  seigneur 
Neggelg  »  (Minute  orig.  Arch.  de  Genève).  Le  gentilhomme  français  sus- 
mentionné était  arrivé  presque  seul  à  Genève  le  14  décembre,  environ  midi. 
Ses  gens  avaient  été  pris  ou  dispersés,  près  de  la  ville  de  Gea;  par  le  ba- 
ron de  La  Sarraz.  (Voy.  Froment,  op.  cit.  p.  200,201,  clx-clxiii.  —  Mé- 


380  LES  CONSEILS  DE  BERNE  AU  BAILLI  DE  VAUD.  1535 

[tondons  que  à  nous  n'az  tenuz  que  les  affaires  ne  soient  venus  à 
bone  lin;  pouvons  aussy  bien  panser,  sy  les  Fransois  entrent  en 
Genève,  que  cella  pourroit  nuvre  à  illustrissime  Seigneur  Monsieur 
de  Savoye2.  Pour  autant,  sy  vous  pouvés  trouver  moyant  et  tant 
faire,  que  nous  combourgeoys  de  Genève  puissent  desmourer  en  leur 
entier  touchant  la  foys  et  leurs  franchises,  libertés  et  privilèges,  et  les 
sentences  obtenues  à  Payerm 3.  -  -  sommes  très-contans  de  nous  em- 
ployer en  bone  sourie  que  les  choses  prennent  quelque  bone  paci- 
fique résolution,  pour  obvier  aux  sus-dicles  entreprinses.  Sur  ce 
pouvés  adviser,  et  y  mettre  ordre  très-requis4.  Dalum  xvn  Decem- 
bris  1535. 

L'Advoyer,  petit  et  grand  Conseil  de  Berne. 

moires  de  Pierrefleur,  p.  118,  119,  397.  —  Lettre  de  Jean  Rodolphe  Nae- 

guely  à  MM.  de  Berne,  datée  de  Lausanne  le  17  décembre  1535,  impri- 
mée dans  Stettler.  Schweitzer-Chronic,  II.  73.  —  Le  Chroniqueur  de  L. 
Vulliemin,  p.  211.) 

-  François  I  était  sur  le  point  de  déclarer  la  guerre  au  duc  de  Savoie 
(Voyez  l'énumération  de  ses  griefs  dans  l'ouvrage  précité  de  L.  Vullie- 
min, p.  206—208).  «  Le  Roy  avoit  aussi  pour  ceste  cause  esté  content  de 
donner  au  Duc  quelque  empeschement  à  son  entreprise  de  Genève...  Et 
bien  estoit  à  penser  que  le  Duc  ne  pouvoit  ignorer  aucunement  que  le  sei- 
gneur de  Verets  [1.  de  Verey],  né  son  subject,  mais  domestique  et  de  la 
chambre  du  Roy,  ne  se  fust  ingéré  si  avant...  que  de  favoriser,  sans  le 
sceu  et  consentement...  du  Roy.  les  habitants  de  la  ville  de  Genève  con- 
tre luy  »  (Mémoires  de  Martin  du  Bellay). 

3  Dans  la  dernière  conférence  du  duc  de  Savoie  avec  les  ambassadeurs 
de  Berne,  cette  question  n'avait  pas  été  résolue. 

4  Le  Duc  ne  s'attendait  pas  à  la  guerre,  et  le  gouverneur  dû  Pays  de 
Vaud  n'avait  reçu  ni  ordres,  ni  pleins-pouvoirs  pour  aviser  à  la  gravité 
des  circonstances.  Le  29  décembre,  Berne  adressait  à  tous  ses  sujets  un 
manifeste  qui  rappelle  d'abord  que,  malgré  la  sentence  de  Payerne,  le  Bue 
n'a  pas  cessé  d'opprimer  et  de  tourmenter  les  Genevois.  «  Ils  ont  donc  été 
contraints  (dit  le  document  précité)  de  nous  appeler  à  leur  secours,  à  for- 
me du  droit  de  combourgeoisie...  Nous  étions  retenus  de  les  secourir  par 
les  circonstances  du  temps  et  les  pratiques  dangereuses  de  nos  ennemis... 
Mais  une  raison  plus  forte  nous  a  paru  devoir  l'emporter...  C'est  que 
ceux  de  Genève  se  trouvent  opprimés,  parce  qu'ils  out,  comme  nous,  em- 
brassé le  saint  Évangile  et  la  pure  Parole  de  Dieu...  Nous  avons  donc 
bien  voulu  vous...  faire  savoir  que...  nous  avons  résolu  de  renoncer  à 
l'alliance  que  nous  avons  avec  le  Duc  de  Savoie...  puis  ensuite...  agir  se- 
lon qu'il  sera  séant  et  convenable  de  faire,  tant  pour  notre  honneur  (pie 
pour  notre  sûreté...  »  (Traduit  de  l'allemand.  Voyez  le  Chroniqueur,  p. 
213,  217,  233,  et  Gaberel,  op.  cit.  I,  pièces  justif.  p.  90). 


1533  LE  CONSEIL  DE  GENÈVE  A  LA  REINE  I>H  NAVARRE.  381 


536 

le  CONSEIL  DE  Genève  à  la  Heine  de  Navarre. 
De  Genève,  23  décembre  1535. 

Inédite.  Minute  originale1.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  Le  Conseil  remercie  ht  reine  de  Navarre  de  sa  grande  charité  envers  tous 
les  affligés,  et  i!  lui  recommande  la  cause  de  la  ville  de  Genève. 

A  la  Moyenne  de  Navarre. 

Madame!  Le  Seigneurie  Verey2  nous  a  dit  ce  que  de  piéça 
nous  sçavions  non  seullement  en  nous,  mais  en  qui  se  veueille  : 
rostre  grande  charité  en  tous  affligez.  Desquels  il  plaist  à  Dieu  que 
présentement  et  de  piéça  nous  soyons,  toutesfoys  en  rien  délaissez 
de  Luy,  mais  en  sa  miséricorde  visitez;  tellement  que,  soufïrans. 
nous  ne  sommes  vainequz,  mais  par  Luy,  par  foy  tousjours  plus 
fortz.  et  telz  tant  vostres  et  à  jamais,  que  certaynement  vous  pou- 
vez faire  de  nous  en  toute  vostré  volunté. 

Nous  escripvons  au  Roy3 ;  nous  ne  dobtons  en  rien  que  le  tout  ne 

1  Cette  minute  est  de  la  main  de  Laurent  Maigret  dit  le  Magnifique. 
L' en-tête  seul  a  été  écrit  par  Claude  Boset,  secrétaire  du  Conseil. 

2  Voyez  le  N°  535,  note  1. 

3  La  minute  de  cette  lettre  au  Roi,  datée  également  du  23  décembre, 
est  de  la  main  de  Laurent  Maigret,  qui  n'avait  pas  craint  d'y  insérer  le 
passage  suivant  :  «  Pour  ce  que...  sans  lettres  de  créance  de  vous  à  luy 
[c'est-à-dire,  à  M.  de  Verey],  nous  ne  pouvons  mectre  en  avant  à  nostre 
peuple  le  commun  bien  de  vostre  affection,  s'il  vous  plaist,  vous  les  luy 
envoyerez,  et.  arrivez  de  par  deçà,  nous  espérons  arec  l'agile  de  Dieu,  que 
ainsi  qiCil  Lug' a  pieu  chasser  d' icg  VAntecrist  pour  le  règne  de  Jésus-Crist, 
que  ainsy  il  citassent  Grolias,  pour  g  mectre  David,  —  des  successeurs  du- 
quel nous  vous  envoyons  médailles,  trouvées  près  les  murailles  de  nostre 
ville...  »  Le  passage  que  nous  avons  reproduit  en  lettres  italiques  fut  sup- 
primé et  remplacé  par  celui-ci,  qui  était  moins  compromettant  :  «  nous 
espérons  vous  satisfaire  de  tout  ce  qu'il  nous  sera  possible.  Nous  vous  en- 


382  AMI  PORRAL  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1535 

vous  soit  communiqué.  Nous  vous  en  laisserons  faire,  car  qui  vous 
conduict  [c'est]  Dieu,  et  vous  sçavez  myeulx  [ce]  qu'il  nous  fault, 
que  nous-mesmes.  Et  pour  tant,  en  vous  remercyans  très-humble- 
ment et  nous  recommandans  à  vostre  grande  charité,  nous  le  sup- 
plyoris  de  très-bon  cueur  vous  donner,  et  à  nous,  grâce  qu'en  tout 
et  par  tout  nous  Luy  soyons  vrays  bon[s]  fidelles  en  Nostre  Sei- 
gneur Jésus-Crist.  [Genève]  23  Decembr.  1535  \ 

Les  Sïndj<:qlf.s  et  Conseil  de  Genève. 


537 

ami  porral  au  Conseil  de  Genève. 
De  Berne,  23  décembre  1535. 

Inédite.  Autographe.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  Avis  de  Porral  sur  la  déclaration  qu'il  conviendrait  de  demander  à  M.  de 
Yerey,  pour  rassurer  les  Bernois.  Discours  du  député  genevois  devant  le  Conseil  des 
Deux-Cents  à  Berne. 

Très-honnorés  Seigneurs!  Après  les  recommandations,  j'ay  re- 
ceu  voz  lettres  par  les  hayraulx,  l'une  du  14  et  les  deux  du  15  S 

voyons...  quelques  médailles...  des  premiers  deffeudeurs  de  la  liberté  de 
noz  prédécesseurs,  pryans  Dieu  que,  ainsy  que  jà  il  vous  a  appelle  leur 
imitateur,  que  ainsi  la  fin  ensuyve  »  (Minute  orig.  Arch.  de  Genève). 

4  A  la  même  date,  le  Conseil  adressa  à  l'amiral  de  France  une  lettre 
de  remerciements  pour  sa  «  grande  bonne  affection  »  envers  Genève.  Ré- 
digée par  Laurent  Maigret,  cette  lettre  fut  expédiée  pendant  la  nuit  du 
23  au  24  décembre,  en  même  temps  que  les  deux  missives  destinées  à 
François  I  et  à  la  reine  de  Navarre  (Voyez  dans  Froment,  op.  cit.,  les 
Extraits  des  Registres,  p.  clxiii,  clxyii). 

1  Le  14  décembre,  le  Conseil  écrivait  à  Porral  :  «  Messieurs  [de  Berne] 
hont...  veu  comment  dix  et  vuyt  moys  nous  bavons  endurez...  espérans 
tousjours  une  fin,  et  maintenant,  estans  cbeute  celle  dernière  Journée 
VOuste  [1.  à'Aoste],  en  laquelle  debvoit  estre  faict  fin,  Ton  nous  mande  de 
encore  endurer!  »  —  et,  le  15  :  «  Sur  ce  que  M.  de  Savoye  demande  aul- 


1535  AMI  PORRAL  AL  CONSEIL  DE  GENÈVE.  383 

le  samedi  18.  Le  Seigneur  Naiguilte  n'est  pas  arrive  icy.  mes  s'en 
est  allé  en  Aillo,  combien  qu'il  ayl  tout,  mandé  et  escript,  mesme- 
ment  comme  il  avoit  entendu  à  Nyon  la  prise  des  François  à  Gay, 
en  nombre  plus  de  40  -.  De  laquelle  prise  les  ungz  bout  estes  mar- 
i\s.  entendans  qu'ilz  ne  venoienl  à  vostre  secours  synon  pour 
charité,  comme  fidelles  et  à  L'Évangille,  ainsy  que  j'entendz  et  que 
je  leur  'a y  donné  d'entendre.  Pourquoy  seroit  expédiant  et  fort 
neccessaire  et  utile  que  le  capitaine  Seigneur  de  Varay  escrivisse 
une  lettre  dessoubz  son.caicbetà  Messieurs  d'icy,  que  luy  ne  ses 
nens  ne  viennent  à  Genève  synon  pour  donner  ayde  et  secours  en 
charité  à  celle  pauvre  ville  affligée  pour  l'Évangille,  etc.  Et  s'il  ne 
veult  cela  faire,  vous  pourrés  cognoistre,  etc.,  et  vous  gardés,  etc. s. 
Londi  20e,  après  avoir  faict  lire  la  lettre  dernière  que  m'avés  en- 
voyé,  par  devant  Messieurs  les  bourgois,  je  les  ay  prié,  tant  pour 
l'honneur  de  Dieu  et  charité  que  par  la  vertu  de  la  bourgoisie.  à 
la  forme  de  ma  dite  lettre ,  de  vous  vouloir  donner  aide  et  se- 
cours4, —  leur  réduysant  en  mémoyre  et  non  pas  pour  reprouche, 
comme,  à  leur  persuasion,  rueillans  plustost  perdre  la  bourgoisie 
de  Fribourg,  incourir  l'indignation  de  PÉvesque,  du  Duc,  du  pais  et 
de  tout  le  monde,  avions  receu  PEvangille,  désirons  plustost  vivre  et 
mourir  avec  Leurs  Excellences  en  icelluij,  comme  vrayz  Crestiens  e! 
gens  de  bien  doibvent  faire,  que  avec  point  d'aultres'%  etc.;  et  que. 
sur  la  parolle  de  leurs  ambassadeurs  Tribollet  et  Bichojf6,  avions 
desrouché  plus  de  cinq  cents  tant  maisons  que  granges,  fondu  ar- 
tillerie, fait  murailles,  rampars,  et  entretenu  gens  de.  guerre  sans 
leurs  commis  :  que  [1.  ce  qui]  nous  coustoit  plus  de  2000  escus. 
oultre  les  dits  desrouchementz  et  aultres  pertes  innumérables. 
Item,  que  par  leur  conseil  avions  enduré  que  noz  ennemys  nous 
bussent  pris  noz  gens,  tous  noz  biens  et  toute  nostre  prise,  nous 

tre  trêve...  sumes  esbays,  comment  L.  E.  [de  Berne]  ne  peult  panser,  que 

mal  tiendra-il  une  trêve  de  cinq  nioys,  quant  il  ne  la  peult  tenir  de  vingt 
et  ung  jours,  mais  encore  non  pas  tl'ung  »  (Minutes  orig.  Arcli.  de  Genève). 
-  Voyez  le  N°  535,  note  1. 

3  On  voit  dans  le  Registre  des  17,  18  et  20  décembre  (Froment,  op. 
cit.  p.  clx-ci.xiii)  que  le  Conseil  de  Genève  avait  pris  ses  précautions,  en 
n'acceptant  qu'avec  réserve  les  propositions  de  M.  de  Verey. 

4  Dans  leur  lettre  du  12  décembre,  les  Bernois  affirmaient  que  Genève 
n'avait  pas  encore  requi  leur  secours,  en  se  réclamant  du  traité  de  com- 
bourgeoisie  (Voy.  le  N°  533,  n.  4-5). 

5  Comparez  ce  passage  avec  le  N°  510,  renvoi  de  note  14. 

6  Voyez  Froment,  op.  cit.  p.  cviu,  cix. 


.'Î84  AMI  PORRAL  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1535 

disans  :  «  Actendés,  actendés  !  Allés  demandé  le  droict  par  devant 
.Messieurs  des  Ligues,  »  ce  que  avons  fait;  mais  tout  ne  nous  a  riens 
vallii.  Item,  leur  a  y  dit,  que  je  n'entend  y  jamais  que  vous  ayés  mandé 
ambassadeurs  au  Roy,  ny  donné  seaulx  ou  lettres  pour  avoir  ce  se- 
cours 7;  mais  entendois  qu'il  venoit  à  la  poursuyte  des  François  qui 
demeuroient  à  Genève  pour  rÉvangille s  :  et  que  sil,  toutesfois,  Leurs 
Excellences  pouvoient  entendre  que  l'on  nous  mennasse  quelque 
trahison,  qu'il  leur  pleut  le  vous  faire  sçavoir,  afyn  de  s'en  garder, 
car  vous  estiés  là  enserrés  comme  pouvres  prisonniers,  sans  pou- 
voir sçavoir  quelles  practiques  se  mainent  dehors  contre  vous,  etc.  '. 
I'em,  leur  ay  dit  que  vous  n'aviés  paiches  ne  traiclement  avec  pais 
ny  prince  du  monde10,  que  avec  eulx  la  bourgoisie,  et  que  vous 
vouldriés  pliislosl  vivre  et  mourir  avec  eulx  que  avec  les  aultres, 
comme  j'entens.  Et  qu'ilz  nliont  subjectz  quilz  voulsissent  plus 
taire  pour  Leurs  Excellences  que  vous. 

Sur  quoy  m'hont  fait  donner  response  par  Monsieur  l'Advoier 
(combien  que  de  cela  leur  heusse  demandé  briefve  response),  qu'il 

7  Porral,  qui  était  absent  de  Genève  depuis  plusieurs  mois,  ignorait 
sans  doute  que  la  négociation  secrète  entre  Laurent  Maigret  et  M.  de  Verey 
avait  reçu  de  quelques-uns  des  conseillers  genevois  une  autorisation  ofri- 
cielle.  Il  existe,  en  effet,  une  minute  de  lettre  rédigée  par  Laurent  Mai- 
gret ,  et  dans  laquelle  on  invite  M.  de  Verey,  à  Lyon,  sous  le  pseudo- 
nyme de  Loys  Crocquet,  à  assembler  sa  marchandise  [c'est-à-dire,  ses  gens]. 
«  Vous  pryant,  lui  disait-on,  qu'en  la  plus  grande  dilligence...  vous  la 
faictes  marcher  et  valoir,  soubz  nostre  nom,  par  tous  les  marchez  que 
vous  verrez  à  nostre  commung  adventaigf...  Et  à  ceste  lin,  et  pour  vous 
asseurer,  nous  vous  avons  escript  les  présentes,  signées  de  nostre  secré- 
taire  et  scellées  du  séel  de  nostre  compagnye...  Faict  à  Genesve,  le  1!) 
d'octobre  1535.  »  Au  verso  de  cette  pièce,  le  secrétaire  Roset  a  écrit  ce 
qui  suit  :  «  19  octobre  1535.  En  la  maison  du  sindicque  Bandire,  présent 
luy  et  Hudriol  du  Mollard,  sindicques,  Michiel  Sept,  Johann  Lullin,  Amy 
Chapeauroge,  Estienne  Chapeauroge,  George  des  Clefz  et  P.  Vandelli, 
h  ont  parlé  avecque  le  Magnifficque  et  hont  passé  la  dernier  escripte  »  (Mi- 
nute orig.  Arch.  de  Genève).  Voyez  Froment,  op.  cit.  p.  188. 

8  Voyez  le  N°  530,  note  9. 

9  Les  Genevois  écrivaient  à  Porral  le  2  novembre  précédent  :  «  Nous 
cognoissons  bien  que  l'on  informe  Messieurs  [de  Berne]  aultrement,  et 
nous  ne  pouvons  bavoir  passaige  pour  aller  respondre  ;  mais  sûmes  icy  en- 
clos, comment  pouvres  prisonniers  es  queulx  l'on  ne  donne  parole  qui] 
soit  confortative...  »  (Minute  orig.  Reg.  des  Missives.) 

10  C'était  la  vérité  :  l'accord  dont  nous  avons  parlé  plus  haut  (note  7) 
n'engageant  le  Conseil  de  Genève  qu'envers  M.  de  Verey. 


lo3S  SIMON  UKYN.KUS  A  GUILLAUME  PAREL  [a  GENÈVE].  385 

me  failloit  actendre  jusques  à  mescredi  n.  Et.  je  me  pensois  bien 
qu'ilz  me  donrroient  celle  response.  Car  il  lhonl  leur  ambassadeur 
Auspurg  à  Basle,  pour  avoir  conseil  sur  ces  affaires  12,  creignaus 
d'avoir  ung  tel  voisyn ls,  etc.  J'entendz  que  ceulx  de  Fribourg  aussy 
en  doibvent  estre  ung  peu  troublés  14.  Dieu  fait  tout  pour  le  mieulx, 

affin  de  les  réveiller l5.  Sil  milieur  avoys  et  milieur  vous  donr- 

rois.  Tout  "est  bon  aux.  bons.  Dieu  vous  doint  sa  paix  et  sa  grâce! 
De  Berne,  ce  Jeudi  23e  de  Décembre  1535. 

Vostre  humble  serviteur  A.  Por.[ral]. 


simon  grynjeus  à  Guillaume  Farel  [à  Genève]. 
(De  Baie,  vers  la  fin  de  l'année  1535  '). 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchâtel. 

Sommaire.  Le  retour  de  Nemric  [à  Bâ le]  a  rendu  inutile  la  lettre  que  nous  lui  avions 
fait  adresser,  selon  votre  demande;   au  reste,  il  est  a  désirer  que  l'affaire  soit  con- 

11  C'est-à-dire,  jusqu'au  22  décembre. 

12  Voyez  le  N"  534,  note  11. 

13  11  faut  sous-eutendre  :  que  le  roi  de  France. 

14  Lorsque  l'armée  bernoise  vint  au  secours  des  Genevois  (janvier  1536), 
MM.  de  Fribourg  lui  accordèrent  le  passage,  malgré  les  représentations 
de  l'ambassadeur  français,  qui  leur  assurait  «  que  jamais  son  maître  ne 
consentirait  au  dessein  des  Bernois,  et  qu'il  s'y  opposerait  de  toutes  ses 
forces  »  (Voy.  le  Chroniqueur  de  L.  Vulliemin,  p.  219). 

15  Plus  loin,  Porral  donne  à  ses  supérieurs  les  nouvelles  suivantes  : 
«  L'Évesque  de  Lausanne  escripvit  l'aultre  jour  à  MM.  de  Fribourg,  que 
la  bende  du  baron  de  la  Serra  avoit  que  pris  que  tué  plus  de  nnc  Fran- 
çois. Jaques  May  nous  disoit  que  l'on  ouyt  dès  Avenche  tirer  l'artillerie 
d' Yverdon  de  resjoyssance ,  quant  ilz  sceurent  la  dite  prise.  Naiguille 
a  escript  qu'il  avoit  ouy  dire  l'aultre  jour,  en  venant  de  Genève,  à  plu- 
sieurs païsans,  [tant]  par  le  chemyn  que  par  les  lougys,  que  sil  Messieurs 
descendoient,  qu'ilz  se  rendroient  à  eulx,  creignans  les  François...  L'on 
a  dit  icy  que  l'ambassadeur  de  l'Empereur  qui  se  tient  à  Lucerne,  officiai 
de  Bezaiison,  poyoit  ceulx  qui  vouloient  aller  contre  Genève  pour  le  Duc, 
et  qu'on  les  poyoit  aussy  à  Marges  en  escus  de  Gennes.  » 

1  Voyez  les  notes  3,  5  et  fi. 

t.  m.  25 


386  SIMON  GRYNjEUS  A  GUILLAUME  FAREL  [a  GENÈVE].  1535 

fiée  à  d'autres  qu'à  ceux  qui  vivent  dans  les  camps.  Sur  ces  entrefaites,  V ambassade 
qui  doit  traiter  de  la  chose  en  question  est  partie,  afin  de  se  rendre  auprès  du  Roi  [de 
France],  et  nous  recevrons  bientôt  la  réponse  de  celui-ci. 

J'ai  entendu  dire  que  vous  auriez  formé  le  projet  d'annoncer  l'Évangile  à  Lynn. 
C'est  une  belle  entreprise,  digne  de  vous,  mais  qui  réclame  beaucoup  de  prudence.  .Te 
m'assure  que  vous  aurez  pour  guide  Celui  qui  a  jusqu'ici  dirigé  tous  vos  pas.  Gardez- 
vous  de  la  précipitation  :  il  faut,  dans  la  carrière  du  saint  ministère,  viser  non  pas 
seulement  à  gagner  des  adhérents  nombreux,  mais  surtout  des  adhérents  fidèles.  Les 
conversions  véritables  ne  s'opèrent  que  lentement.  Si  vous  me  permettiez  un  conseil 
d'ami,  je  vous  dirais  :  Continuez  à  évangéliser  avec  zèle  le  pays  que  le  Seigneur  a 
remis  à  vos  soins,  et  attendez  que  votre  œuvre  ait  porté  ses  fruits,  avant  de  la  pour- 
suivre ailleurs.  Saluez  tous  les  frères  et  surtout  Viret. 

S.  Litteras  ad  Nemricum  Nobilem  -.  sic  ul  volebatis,  impetrave- 
ramus  ac  etiam  miseramus.  Rediit  Me  interea,  priusquam  eô  per- 
lata>  litlerce  fuere.  Negotium  igitur  impeditum  vides,  quod  fortasse 
peu  alios  boulines  promoveri  prestat,  quàm  peu  armatos.  Dominus 
ipse  viam  inveniat,  ut  ne  horum  operà  qui  in  castris  sunl  habea- 
nms  opusî  Legatio  interea  ad  Regem  eadem  de  re  abiit*,  puto,  ac 
inox,  nisi  fallor,  responsum  audiemus. 

Te  audio  Lugdunum  inferre  Evangelium  instituisse*.  Praeclarum 
dignumque  magnanimo  Ghristi  minislro  propositum,  sed  quod 
opus  bona  circumspectione  babet.  Sed  confido.  certo  te  duce  itu- 
rum,  si  modo  ibis.  eo.  inquam,  qui  tuos  conatus  juxta  voluntatem 
suam  gubernavit  hactenus.  Ego  cum  hsec  audio.  nibil  aliud  pos- 
sum  quàm  hortari,  ut  non  tam  hoc  considères  quàm  multos,  sed 
quàm  certos  adducas  Christo.  aut,  ut  rectè  dicam,  quàm  multos  bo- 

2  Ce  personnage,  qui  servait  dans  l'armée  française,  nous  est  inconnu. 
C'était  sur  la  demande  des  pasteurs  de  Cenève,  que  le  Conseil  de  Bâle  lui 
avait  écrit  pour  lui  recommander  leur  requête  (Voy.  la  note  3). 

3  Cette  ambassade  envoyée  à  François  I  par  les  cantons  réformés  de 
la  Suisse,  avait  très-probablement  pour  objet  d'intercéder  en  faveur  des 
Évangéliques  français.  On  voit  par  ce  qui  suit  qu'elle  eut  lieu  pendant 
que  Viret  était  le  collègue  de  yard  à  Genève ,  ce  qui  exclut  l'année 
1536.  Nous  savons,  d'autre  part,  que  ces  deux  réformateurs  avaient 
fait  d'activés  démarches,  dès  le  mois  d'août  1535,  pour  intéresser  les  égli- 
ses allemandes  à  la  triste  position  des  Vaudois  (Noa  521,  523,  530).  Il  est 
donc  naturel  de  penser  que  la  présente  lettre  a  été  écrite  pendant  l'au- 
tomne de  la  même  année  (Voyez  les  notes  5,  6). 

4  Nous  ignorons  si  Farél  conçut  réellement  le  projet  d' évangéliser  la 
ville  de  Lyon.  Il  n'aurait  pu,  en  tout  cas,  le  réaliser  qu'après  l'accep- 
tation de  la  Réforme  à  Genève,  et  avant  le  départ  de  son  collègue  Pierre 

Viret,  c'est-à-dire,  pendant  l'automne  de  l'année  1535. 


1536  GUHAAUME  PAREL  A  SON  FRÈRE  GAUCHIER.  387 

nos  ac  certos.  Video  etiani  liane  culturam  non  pati  festinationem. 
sed  amare  diligentiam.  Gertè  in  discendis  rébus  CcCleris  homines 
nil  subito  proflciunt,  et  Dominas  ipse  diu  suos  suspendere  solet. 
antequam  in  inleriora  philosophie  suée  admittat.  Ilaque,  si  non 
contemnis  ex  animo  simplici  profectum  consilium,  rogabo  ut  hanc 
oram  oui  te  œdificandœ  Dominus  prœfecit,  diligenter  perdoceas,  et 
non.  antè  festines  alto,  quàm  certus  tuorum  [laborum]  fructits  spem 
tibi  facial,  aliud  novale  posse  teaggredi*.  Scribo  h  sec  in  animo  sim- 
plici et  amante  lui,  magis  amici  officio  fungï  apud  te  quàm  moni- 
toris  cupiens.  Yale  in  Domino  Christo.  Amen.  Saluta  fratres  om- 
nes,  Virretum  praesertim6. 

Gry.yeus  tuus. 

(lnscriptio  :)  Clarissimo  viro  Domino  Guliel.[mo]  Farello,  fratri 
in  Domino  colendissimo. 


539 

Guillaume  farel  à  son  frère  Gauchier. 
De  Genève,  4  janvier  1536. 

inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neucliâtel. 

Sommaire.  Farci  prie  son  frère  de  lui  donner  des  nouvelles  de  leur  famille  et  des  frères 
de  Grenoble.  Il  l'exhorte  à  s'employer  cordialement  auprès  du  comte  Guillaume  [de 
Furstemberg],  afin  qu'il  recommande  à  François  I  la  ville  de  Genève,  qui  est  privée 
des  revenus  destinés  aux  pauvres.  Gauchier  doit  aussi  remercier  le  comte  Guillaume 

''  De  rette  phrase  on  doit  conclure,  que  la  Réforme  avait  été  tout  ré- 
cemment adoptée  dans  la  ville  où  Farel  et  Viret  prêchaient  ensemble  l'É- 
vangile. Il  s'agit  par  conséquent  de  Genève,  où  le  catholicisme  fut  aboli 
le  10  août  1535. 

6  Après  son  voyage  de  Bûlc,  qui  eut  lieu  en  novembre  1535,  Viret  ne 
revint  à  Genève  qu'au  mois  de  juin  1536,  et  pour  quelques  semaines  seu- 
lement. Autre  indice  à  noter:  Grynceus  ne  mentionne  pas  Calvin,  son  ami 
intime.  La  lettre  est  donc  antérieure  à  l'époque  où  celui-ci  fixa  sa  rési- 
dence à  Genève. 


388  GUILLAUME  FAREL  A  SON  FRÈRE  GAUGHtER.  1536 

nom-  la  délivrance  des  prisonniers  de  Lyon.  Le  Flamand  a  été  détourné  de  la  vérité 
par  l'influence  de  Caroli. 

La  grâce,  paix  et  miséricorde  de  Dieu  nostre  père  par  nostre 
Seigneur  Jésus!  Claude1  et  moy  sommes  esbahys  que  n'avons  de 
voz  novelles,  tant  pour  la  maison,  [que]  pource  que  à  bon  droict. 
il  désire  que  sa  femme  soit  avec  luy 2,  ce  que  je  voudroye,  affin  que 
tout  allast  selon  Dieu,  et  ainsi  comme  il  va  à  ceux  qui  aymenl  la 
parolle  de  nostre  Seigneur,  lesquels  [je]  vous  recommande. 

Messieurs  de  reste  ville  ont  aulcune  affère  envers  le  Roij\  et  ont 
espérance  que  Monseigneur  le  Conte  *  leur  aydera,  affin  qu'ilz  puys- 
sent  mieulx  secourir  aulx  povres  et  pourvoir  à  ce  qui  est  néces- 
saire selon  Dieu5;  parquoy  voudroyent  bien  savoir  quant  Monsei- 
gneur le  Conte  se  trovera  avec  le  Roye,  et  où  il  tyre;  car  aucuns 
disent  qu'il  doit  aller  à  Basle\  les  aultres,  en  aultre  part.  Vous  en 
adverlirez  au  certain  de  tout,  en  parlant  à  .Monseigneur  et  luy  re- 
coramendant  très-affectueusement  les  bonnes  gens  deceste  ville,  que 
pour  l'honneur  de  Dieu  il  leur  ayde;  car  grandement  sont  chargez 
de  povres.  lesquelz  ont  eu  de  la  nécessité  et  indigence,  pource  que 
le  revenu  qui  devoit  estre  rendu  pour  les  povres  a  esté  détenu  \ 


i-i 


Claude  Farel  était  alors  en  Suisse.  Le  Roi  l'avait  délié  de  son  ser- 
ment de  fidélité,  ainsi  que  son  frère  Gauchi&r,  et  il  leur  avait  «  permis  d'aller 
résider,  avec  leurs  femmes  et  eni'ans,  au  pays  de  MM.  de  Berne.  »  Tou- 
tefois, une  partie  de  la  famille  était  restée  dans  la  ville  de  Gap,  atten- 
dant peut-être  la  restitution  de  ses  biens,  que  le  parlement  île  Grenoble 
avait  confisqués  (Voy.  la  lettre  du  12  septembre  1545). 

3  Les  magistrats  de  Genève  venaient  d'écrire  le  1". janvier  au  roi  de 
France,  pour  l'informer  du  bon  accueil  qu'ils  avaient  fait  à  M.  de  Verey, 
et  de  l'intention  où  ils  étaient  de  servir  le  Roi  «  en  tout  ce  qui  tomberait 
en  leur  puissance  »  (Minute  orig.  Arcb.  de  Genève).  Cette  lettre,  qui  tut 
remise  à  un  officier  du  Roi,  ne  fait  allusion  à  aucune  autre  «  affaire.  > 

4  Le  comte  Guillaume  de  Fur.stemberg  (N*  436,  n.  5).  Depuis  quelque 
temps,  Gauchier  Farel  faisait  partie  de  sa  maison. 

5  Voyez  la  note  8. 

li  Le  20  décembre,  François  I  envoyait  à  M.  de  Verey  Tordre  de  s'ex- 
pliquer sur  l'entreprise  tentée  par  lui  en  faveur  de  Genève.  La  lettre  qui 
renferme  cet  ordre  est  datée  de  Pagny,  à  7  lieues  de  Beaune  (Copie  contemp . 
Arcb..  de  Genève).  Le  17  janvier  1536,  le  Roi  se  trouvait  à  Lyon. 

7  En  1535,  Guillaume  de  Furstemberg  avait  été  chargé  par  le  Roi  de 
lever  en  Allemagne  vingt  enseignes  de  lansquenets  (Mém.  de  Martin  du 
Beïïay).  C'est  ce  qui  explique  le  projet  de  voyage  attribué  au  comte  Guil- 


laume. 


s  II  s'agissait  des  redevances  dues  aux  églises  et  au  Chapitre  de  Genève 


l'»36  GUILLAUME  FAREL  A  SON  FRÈRE  GAUCHIER.  389 

et.  s'enployant  pour  la  ville,  faira  une  bonne  œuvre  et  grandement 
en  L'honneur  de  Dieu,  et  tous  luy  en  sauront  tant  de  gré,  et  plus 
s'extimeront  estre  obligez  et  attenuz  à  luy  que  s'il  avoil  fait  grosse 
cbose.  voyre  plus  grande  que  telle  pour  le  bien  d'ung cbascun 
particulier''.  Ayez  donc  l'alïère  en  singulière  recommendalion  h 
y  travaillez  de  tout  vostre  povoir,  de  ce  je  vous  prie,  et  n'oubliez 
d'assister  à  tous  ceux  qui  aymenf  Nostre  Seigneur. 

Remercie:  aussi/  grandement  Monseigneur  pour  lu  délyvrance  de 
ceux  de  Lijon  qui  sont  icy  '".  traitement  bons  personnaiges,  et  qui 
voluntiers  viendroyent  pour  remercier  Monseigneur  le  Conte:  mais 
leur  délivrance  a  esté  telle,  qu'ilz  ont  estes  bannis  du  Royaume  de 
France'*1.  En  quoy  l'on  congnoit  la  bonne  affection  de  ceulx  qui 
les  avoyent  es  mains  I25  que  la  grâce  que  le  Rotj  a  fait  aux  prison- 
niers, ou  plus  tost  la  justice  (c'est  de  commender  que  les  inno- 
cents fussent  délyvréz  de  prison  13).  ont  ce  changé  en  bannisse- 
ment. 

Curoli/  s'est  bien  employé  à  servir  contre  Dieu,  pour  retyrer 
de  vérité  le  Flament  I4.  S'il  pècbe  par  certaine  malice,  Dieu  luy 
rende  selon  son  iniquité,  et  face  que  sa  main  soit  congneue.  aflîn 
que  tous  craignent  de  venir  contre  Dieu,  et,  sentans  la  bonté  et 
miséricorde  de  Dieu  sur  les  siens,  tous  se  fient  en  Dieu,  l'ayment 
le  servent  !  Vous  nous  udrertirez  des  frères  de  Grenoble.  Dieu  par 
sa  grâce  ayde  aux  siens  et  envoyé  à  tous  tout  ce  qui  est  nécessaire  ! 

Je  vous  prie  de  cbeminer  sainctement.  selon  la  volonté  saincte 


en  divers  lieux  du  Faucigny  et  du  comté  de  Genevois,  et  dont  le  produit 
était  en  partie  appliqué  à  l'entretien  des  hôpitaux  de  Genève.  Depuis  que 
les  Ducaux  et  les  Épiscopaux  avaient  recommencé  les  hostilités,  ces  rede- 
vances étaient  séquestrées.  MM.  de  Genève  espéraient  (pie  l'intervention 
de  François  1  auprès  de  la  comtesse  de  Genevois,  sa  parente,  pourrait 
améliorer  cet  état  de  choses  (Voy.  la  lettre  du  25  juin  1537). 

9  Nous  aurons  plus  tard  l'occasion  de  citer  une  lettre  où  les  magis- 
trats genevois  expriment  au  comte  de  Fnrstemberg  la  plus  vive  reconnais- 
sance pour  les  services  qu'il  avait  rendus  à  la  ville  de  Genève, 

io.li  i]  ne  peut  etre  qUestioii  des  Genevois  précédemment  établis  à 
Lyon,  et  qui,  selon  Péricaud.  cité  par  M.  Clément  de  Faye  (Hist.  de  l'é- 
glise de  Lyon,  p.  98)  seraient  rentrés  à  Genève  (1535)  au  nombre  de  six 
cents.  Farel  t'ait  allusion  à  Baudichon  de  la  liaison  neuve  et  à  Jean  Janin 
(Voy.  le  N°  480,  n.  2-.    . 

12-13  Les  deux  Genevois  mentionnés  plus  liant  avaient  été  incarcérés 
dans  les  prisons  de  l'archevêque  de  Lyon  et  jugés  par  ses  offieiaux. 

14  Le  nom  de  ce  personnage  nous  est  inconnu. 


390  PIERRE  VIRET  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  1  536 

de  Dieu,  de  quoy  Nostre  Seigneur  vous  en  doint  la  grâce  !  Saluez 
Monseigneur  le  Conte  grandement  en  Nostre  Seigneur,  et  luy  re- 
commendez  grandement  la  gloire  de  Dieu  et  l'ayde  des  fidèles.  De 
Genève,  ce  4  de  janvier  1536. 

Vostre  frère  Farel. 

(Suscription:)  A  mon  très-cher  frère  Gauchier  Farel.  chez  Mon- 
seigneur le  Conte  Guillaume. 


540 

pierre  viRET  au  Conseil  de  Genève. 
De  Neuchâtel,  18  février  1536. 

Inédite.  Autographe.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  Viret  félicite  le  Conseil,  au  sujet  de  la  délivrance  des  Genevois,  et  proteste 
du  dévouement  inaltérable  qu'il  conserve  pour  eux.  Il  se  rendra  a  leur  appel,  aussitùi 
que  Neuchâtel  le  lui  aura  permis. 

3Ies  très-chiers  et  honnorés  Seigneurs!  Je  ne  pourroye  assés 
exprimer  la  grand'  joie  et  consolation  que  j'ay  en  mon  cueur,  de 
la  grâce  et  miséricorde  que  nostre  bon  Dieu  et  Père  a  faict  non 
pas  à  vous  seulement,  mais  à  tous  ceulx  qui  l'ayment,  qui  estiment 
vostre  bien  et  salut  estre  le  leur,  comme  bien  l'ay  expérimenté, 
tant  en  Allemagne  que  aux  aullres  lieux  où  j'ay  esté  ',  qui  estoient 
tous  en  grand'  solicitude  pour  vostre  délivrance  des  iniques  qui  si 

1  Pendant  le  voyage  qu'il  lit  à  Baie  et  peut-être  à  Strasbourg,  eu  no- 
vembre 1535  (N°  533,  u.  2),  Viret  dut  recueillir  Je  nombreuses  marques 
de  sympathie  pour  Genève.  On  lit  dans  la  lettre  de  Porral  adressée  le  22 
janvier  à.  ses  supérieurs  :  «  Je  ne  heusse  jamais  pensé  que  Nostre  Seigneur 
heust  ainssy  touché  le  cueur  de  noz  amys,  bons  seigneurs  et  combourgeois 
[de  Berne),  à  la  persuasion  de  leurs  amys  mesmement  de  Baie  et  de  leurs 
paisans.  Dieu  le  leur  rétribue  par  sa  grâce!  »  (Mscr.  orig.  Arch.  de  Ge- 
nève i.  Voyez  aussi  la  lettre  de  Gryneeus  du  20  mars  suivant. 


1336  PIERRE  VIRET  AL  CONSEIL  DE  GENÈVE.  391 

longuement  roua  ont  affligé3.  Et  maintenant  je  cognois  que  nostre 
bon  Père  a  ouy  les  prières  et  souspirs  de  ses  enfans,  en  sorte  qu'il 
a  délivré  et  vous  et  vous  [1.  vos]  voysins  3  de  captivité  et  corpo- 
relle et  spirituelle. 

Et  touchant  ce  qu'i[l]  vous  a  pleut  me  faire  escripre  4,  soyez  as- 
seuréz  en  cella  de  mon  cueur,  qu'il  n'y  a  personne  sus  la  terre 
pour  qui  je  misse  plustost  ma  vie  et  mon  sang,  s'il  estoit  possible, 
Hue  pour  vous,  en  tout  cella  que  je  vous  pourra  \  faire  ne  playsir 
ne  service,  en  l'honneur  de  Dieu,  selon  la  grâce  qu'il  lui  a  pleut 
me  donné.  Et  fera  y  la  meilleur'  diligence  qu'il  sera  possible,  pour 
satisfaire  à  vostre  vouloir,  lequel  je  cognois  bien  estre  saincl  et  de 
Dieu,  et  ne  pourray  ne  vauldray  aussi  faire  autrement.  Toutefois, 
si  vous  plaît,  vous  ne  serez  point  mal  édifié,  si  je  ne  me  suis  soub- 
dainement  mis  en  chemin  avec  vostre  serviteur 5:  car  je  ne  pouvoye 
facilement  si  toust,  pour  beaucop  de  causes  raysonables,  comme 
plus  amplement  j'en  ay  rescript  à  nostre  frère  M.  Guillaume6,  le- 
luel  [je]  sçait  bien  estre  chargé  oultre  messure7.  Mais  j'espère  en 
brief,  et  le  plustosl  qu'il  me  sera  possible,  d'estre  par  devers  vous  s. 


i 


-  Le  16  janvier  précédent,  MM.  de  Berne  avaient  envoyé  leur  décla- 
ration de  guerre  au  duc  de  Savoie.  Le  22  janvier,  l'armée  bernoise  s'était 
mise  en  marche,  pour  aller  secourir  Genève;  elle  avait  conquis  la  majeure 
partie  du  Pays  de  Vaud,  sans  coup  férir,  et,  à  son  approche,  les  troupes 
du  duc  de  Savoie  et  de  l'évëque  de  Genève  s'étaient  dispersées  (Voyez  les 
Fragments  hist.  sur  Genève,  I,  222.  —  Froment,  op.  cit.  p.  207-217, 
clxix— clxxix.  —  Ruchat,  IV.  7-38.  —  Le  Chroniqueur  de  L.  Vulliemin, 
p.  213-240). 
.  3  Les  habitants  du  Pays  de  Vaud  et  d'une  partie  du  Chablais. 

4  Cette  lettre,  datée  du  15  février,  contenait  ce  qui  suit  :  «Très-chier 
frère,  [après]  nous  estre  recommandé  à  vous.  Vous  havés  entendu  com- 
ment il  a  pieu  à  Dieu  ouvrer  par  deçà  en  tieule  sorte,  que  est  besoing 
de  havoir  des  ouvriers.  A  ceste  cause,  vous  prions  ne  veuilles  fallir  de  vous 
en  venir  par  deçà  à  l'œuvre  de  Xostre  Seigneur.  Et  nous  luy  prierons 
qu'il  luy  plaise  vous  donner  lionne  santé  et  longue  vie  >  (Minute  orig. 
Arch.  de  Genève). 

5  Ami  Plongeon,  citoyen  de  Genève.  Selon  le  Chroniqueur  de  L.  Vul- 
liemin, p.  252,  il  avait  été  envoyé  à  Neuchâtel  pour  «  demander  à  la  Classe 
[des  pasteurs]  de  leur  céder  Pierre  Viret  et  Christophe  Fàbry.  » 

6  Farel.  La  lettre  qui  lui  fut  écrite  par  Viret  n'a  pas  été  conservée. 

7  Selon  Olivier  Perrot  (Vie  inscrite  de  Farel)  et  Ruchat  (IV.  136),  Fa- 
rel n'avait  alors  pour  collègue  qu'un  certain  Jean  Bheti  (en  latin  JRheti- 
tius).  Les  antécédents  de  ce  dernier  personnage  nous  sont  inconnus,  et 
nous  ne  savons  s'il  doit  être  identifié  avec  ce  Jean  Rétif  ajourné  ;i  Paris 
comme  suspect  le  25  janvier  1535  (N°  188,  n.  12). 

8  Voyez  le  X'  541,  note  7. 


131)2  LE  CONSUL  DE  NEUCHATEL  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.  153(> 

si  plaît  à  Nostre  Seigneur,  auquel  je  prie  qu'il  vous  assiste  Gomme 
il  a  commencé,  affin  que  persévérez  de  servir  à  son  honneur  el 
gloire.  La  grâce  de  Dieu  soit  avec  vous!  De  Neufchastel.  ce  18  de 
Febvrier  1536. 

Vostre  petit  el  humble  serviteur. 
presl  à  vous  hure  plaisir  et  service, 

Pierre  Viret. 

( Smcription : )  A  mes  très-honnorés  Seigneurs  Messieurs  les 
Syndiques  el  Conseil  de  Genève. 


541 

LE  CONSEIL  DE  NEUCHATEL  ail  Conseil  (le  Genève. 

De  Neuchâtel,  19  février  1536. 
inédite.  Manuscril  original.  Arch.  de  Genève. 


Sommaiee.    Le   Conseil  de  Neuchâtel  expose  Les  raisons  qui   l'empêchenl   de  ci 

Pierx   Vird  aux  Genevois. 


La  grâce  de  Dieu,  par  noslre  bon  Sauveur  et  Rédempteur  Jésus- 
Christ,  lequel  par  sa  seulle  miséricorde  nous  a  appeliez  à  sa  saincte 
cognoissance  !  Icellin  soif  à  jamais  par  les  siens  exaltez,  glorifiiez 
et  magnifiiez  éternellement! 

Magnifficques  et  très-honnoCés  Seigneurs.  Nous  avons  par  ce 
présent  vostre  porteur  receuz  la  lettre  que  nous  avés  transmise. 
par  laquelle  nous  priez  de  permettre  que  Maistre  Pierre  Viret  s'en 
voyse  par  devers  vous,  affin  de  remectre  les  affayres  de  Dieu  en 
bon  terme  '. 


1  MM.  de  Genève  avaient  écrit  le  15  février  au  Conseil  de  Neuchâtel  : 
«  Très-honnorés  Seigneurs,  Nous  bavons  entendu  comment  maistre  Pierre 
Viret  est  par  devers  vous,  duquel  maintenant,  à  cause  des  occurans,  ba- 
vons besoing.  A  ceste  cause,  vous  prions  il  vous  plaise  luy  permettre  que 


1536     LE  CONSEIL  DE  NEUCHATEL  AU  CONSEIL  DE  GENÈVE.      393 

Magnifflcques  Seignieurs!  Quant  nous  avons  bien  Iteuz  sur  re- 
considérez ancor  les  répugnans  el  adversaires  du  Saincl  Évan- 
gille.  que  journelment  habondent  el  viengnenten  ceste  ville1'.  — 
pour  contretenir  à  ihieulx  malings,  il  nous  est  requis  que  ayons 
gens  qui  soyent  instruys  en  la  Parolle  de  Dieu.  A  ceste  cause, 
vous  prions  que  n'ayés  à  desplaisir  pour  tanl  que  ne  permettons 
maintenant  icelluj  Pierre  Viret  aller  par  devers  Voz  Seignories. 
actendus  les  lieux  dangereux  que  \  sont,  aussi  les  calamitéz  ifiie  il 
a  souffertes  tant  à  Pctverne  que  ailleurs9.  —  de  quoy,  comme  sçavez, 
est  fort  débilitez  de  sa  personne;  car  s'il  vous  assistoit.  serions  en 
trop  grande  indigence  de  thieulx  ouvriers 4. 

Mais  quant  les  prédicans  qui  sont  avec  noz  gens  sur  les  champs3 
seront  de  retour",  el  que  d'iceulx  vous  en  puyssiés  servir,  pour 
l'honneur  el  gloyre  de  Dieu,  nous  sommes  ceulx  qui  volontayre- 
menl  \  vouldrions  adviser  en  cela7.  Et.  du  surplus,  si  en  aultres 

il  s'en  revienne  icy  avecqne  le  serviteur  que  luy  envoyons,  affîn  que  les 
affaires  puyssent  estre  en  bon  terme  remys  selon  Dieu,  lequel  prions  qu'il 
luy  plaise  vous  donner  bonne  prospérité  ■»  (Minute  orig.  Arch.  de  Genève). 

2  La  Réforme  n'avait  pas  triomphé  dans  tout  le  pays.  Les  chanoines 
de  Neuchâtel,  avec  les  Bénédictins  qui  leur  avaient  donné  un  asile  à  Mé- 
tiers, célébraient  encore  le  culte  catholique  dans  quelques  églises  du  Val 
de  Travers.  Ce  fut  seulement  le  25  mars  153G  que  le  respectable  Etienne 
Besancenet  dit  la  dernière  messe  au  Locle.  Le  eatbolicisme  ne  fut  aboli 
à  Lignières  qu'en  1553.  Il  a  persisté  au  Landeron  et  à  Cressier,  grâce  à 
l'appui  de  Soleure.  (Voyez  Matile.  Musée  hist.  III,  159,  160.  —  I'.  Go- 
det. Hist.  de  la  Réformation  et  du  Bct'utre  dans  le  pays  de  Neuchâtel. 
1859,  p.  139,  142,  143,  146.) 

3  Ce  dernier  mot  est  une  allusion  délicate  à  la  tentative  d'empoison- 
nement dont  Viret  avait  failli  être  victime  à  Genève  (mars  1535). 

4  La  ville  de  Neuchâtel  n'avait  alors,  selon  toutes  les  vraisemblances, 
que  deux  pasteurs  :  Antoine  Marcourt  et  Viret. 

5  C'est-à-dire,  en  campagne,  avec  l'armée  bernoise  qui  avait  délivré 
Genève.  L'un  des  prédicants  des  auxiliaires  neuchâtelois  était  Denis  Lam- 
bert. Il  avait  probablement  pour  collègue  Einer  Beynon,  pasteur  de  Ser- 
rière,  et  que  Farel  caractérisait  en  ces  termes  :  «  Hemcrius...  vir  sine  fuco, 
pectore  et  manu  valens  »  (Lettre  du  23  décembre  1536). 

c  Les  auxiliaires  de  Neuchâtel,  de  Valaugin  et  de  la  Neuveville  furent 
congédiés  à  Yverdon,  le  samedi  2(1  février  (Voyez  l'Histoire  curieuse  du 
Pays  de  Vaud.  Lausanne,  1672,  p.  85). 

7  II  paraît  cependant  que  Viret  obtint  bientôt  après  la  permission  de 
partir.  Il  se  mit  en  route  avec  Christophe  Fahri.  dans  le  temps  même  que 
l'armée  bernoise  assiégeait  Yverdon.  >  Les  deux  évangélistes,  passant  au- 
près de  cette  ville,  rencontrèrent  dans  Tannée  les  arquebusiers  lausannois. 


391  SIMON  GRYN.EUS  A  GUILLAUME  FAREL,  A  GENÈVE.  1536 

plus  grandes  alïavres  vous  puyssions  faire  service,  en  nous  man- 
dans,  nous  trouvères  prest  pour  l'accomplir,  [le]  sçayt  Nostre  Sei- 
gneur, auquel  prions  que  vous  ayt  en  sa  garde.  De  ceste  ville,  le 
19*  jour  de  febvrier  1536. 

Les  quatre  ministraulx,  Conseil 
et  communaultey  de  la  ville  de  neufchastel. 
prest  à  voz  servir. 

( Suscription  : )  A  magnifficques  et  très-honnoréz  Seigneurs, 
Messeigneurs  les  Sindicques  et  Conseil  de  la  cité  de  Genesve,  noz 
singuliers  bons  Seigneurs  et  parfaictz  amys. 


542 

simon  gkyn^eus  à  Guillaume  Farel,  ta  Genève. 
DeBâle,  20  mars  (1536  '). 

Inédite.  Autographe.  Bibliothèque  des  pasteurs  de  Neuchàtel. 

Sommaire.  Tous  les  gens  pieux  félicitent  Genève  an  sujet  de  sa  délivrance  et  prient 
pour  sa  conservation.  ATais  il  est  une  chose  qui  nous  trouble  :  on  dit  que  vous  êtes 
implacables  envers  certains  citoyens,  accuses  de  mauvais  vouloir,  bien  qu'ils  aient 
partagé  tous  vos  dangers.  Je  pense  que  vous  devez  pardonner  à  tous  ceux  qxd  n'ont 
pas  conspiré  ouvertement  oindre  la  république.  A  qui  siérait-il  mieux  qu'à  vous  ce 
pardon  des  offenses,  vous  qui  avez  été  délivrés  par  une  grâce  manifeste  de  la  bonté 
divine?  Ainsi  donc  vous  no  bannirez  aucun  des  citoyens  qui  veulent  rentrer  dans  la 
ville,  et  vous  vous  efforcerez  plutôt  dé  les  ramener  tous.  Je  sais  bien,  mon  cher  Fa- 
rel, que  vous  n'avez  pas  besoin  de  cette  exhortation  ;   mais  je  devais  vous  informer 

dont  les  officiers  les  abordèrent  et  prièrent  Viret  de  venir  kLamanne,  où 
ils  promettaient  de  lui  donner  lion  appui.  Viret  se  rendit  à  leurs  vœux. 
11  laissa  Fabri  poursuivre  seul  son  chemin,  et  il  alla  chez  son  père,  à 
Orbe,  attendre  qu'Yverdon  fût  prise,  et  que  les  Lausannois  vinssent  l'em- 
mener pour  leur  annoncer  la  vérité  »  (Le  Chroniqueur,  par  L.  Vulliemin, 
p.  252). 

1  L'année  est  indiquée  par  les  trois  passages  de  cette  lettre  qui  sont 
relatifs  à  la  délivrance  de  Genècc. 


t5:HJ  SIMON  GRYN.EUS  v  GUILLAUME  FAREL,   \  GENÈVE.  395 

des  bruits  qui  courent  sur  Genève.  Conservez-moi  votre  amitié  :  elle  est  mon  trésoi 

le  plus  précieux. 

S.  Sit  tecum  sapienlia  et  fortitudo  Domini  Dei  nostri,  et  servare 
nos  è  medio  discrimine  possit,  liostibus  omnibus  profligatisl  Huic 
sit  laus  in  secula  !  Tibi  verô  robur  addat  et  spirilum  ut  consistas  in 
finem!  Amen.  Cetera  igitur  rectê  et  fœliciter  liabent,  ac  apud  pios 
magna  ubique  gentium  pro  sainte  vestra  cùm  gratulalio,  cùm  de- 
praeeatio  ad  Dominum*  assidue  est. 

Ùna  res  est  cujus  fama  nonnihil  sollicitât  nos  :  sic  enim  ferlur, 
vos  erga  cives  eos  qui  habiti  sint  quomodocùnque  alieni,  in  eodem 
licet  discrimine  fuerint  cum  rébus  et  facultatibus  omnibus,  nunc, 
parla  sainte,  esse  implacabiles,  et  nolle  cu.jusquam  babere  ratio- 
nem2.  Ego  sic  mibi,  Farelle,  censeo,  partâ  fœliciter  salute,  ignos- 
cendum  omnibus  esse,  quicunque  in  exitium  Reipublicae  et  in  ur- 
bem  ipsam  diu  paiera  non  sint  machinati 3.  Quos  enim  ignoscere 
promptiiis  vel  peccatis,  vel  erroribus,  vel  imbecilUtati  fratrum  cui- 
cunque  decet,  quàm  vos,  qui  certo  recens  Domini  beneficio  estis  ser- 
vati,  quique  mansuetudinem  profitemini  Cluiati?  Rogo,  neminem 
ejicietis,  qui  esse  apud  vos,  etreconciliari  studet*.  A dducetis  omnes 

-  Grynseus  fait  allusion  an  décret  suivant,  rendu  par  le  Conseil  Gé- 
néral du  <!  février  1536,  pt  dont  le  sens  lui  avait  été  rapporté  inexacte- 
ment : 

<  Fuit  iocjuutum  et  statum,  quôd  omnes  differentise  dilabantur,  omnes- 
411e  cives  sub  uno  concordio  vivant,  et  à  modo  res  jam  actse,  illis  exceptis 
([K03  publicam  proditionem  respiiiunt,  extinctaa  sint  ;  née.  sit  opprobrium 
de  forragiis,  de  domibus  dirruptis,  de  injuriis  actis,  et  aliis  bujusmodi 
propter  bella  patratis  ;  omniaque  offensata  censeantur  dimissa,  prseter 
illa  quae  contra  bonum  commune  acta  sunt.  —  Item,  fuit  edictum,  quôd 
si  quis  pro  Mis  qui  civitati  contrariarunt,  aut  pro  hiis  qui  civitatem  in  nec- 
cessitate  dereliquerunt  et  illam  absentarunt,  deprecetur,  is  babeatur  pro 
non  amico  civitatis,  immô  et  inimico  ac  productore.  Fuitipie  dictum  quôd 
nunquam  loquatur  de  recipiendis  condeinpnatis  et  sibi  adberentibus  de 
nova  benda  fugitivorum.  —  Item  fuit  arrestatum  quôd,  ;'i  modo,  nemo 
alium  objurget  :  «  Tu  es  vel  fuisti  Papista,  aut  Lutheranus;  imô  omnes 
.-ni)  sancto  Dei  Evangellio  vivant  »  (Registre  du  Conseil  de  Genève). 

3  Ce  vœu  de  Grynœus  était  déjà  réalisé  en  partie  (Voyez  la  tin  de  la 
note  4). 

4  Le  28  février,  le  Conseil  des  Deux-Cents  avait  pris  la  décision  sui- 
vante contre  les  citoyens  fugitifs  et  ceux  qui,  «  dès  la  fuite  des  Savoyens,  » 
étaient  revenus  à  Genève:  «  Résolu...  que  nulz  ne  soit  permys  dès  icy  en 
là  revenir  en  la  ville,  ny  résider  en  icelle,  et  que  leurs  femmes  leurs  soyenl 
envoyées;  et  eeulx  quil  seront  revenus  et  ilz  sont  esté  du  ebasteaulx  de 


:j*)t>  LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  FRANÇOIS  L  1536 

pro  virili.  Hoc  non  [au]  eo  fratre  quaeritur,  qui  te  discedere  à  rec- 
titudine  oftîcii  Christian!  credam,  sed  et  ne  imperitus  famae  quse 
ad  nosusque  emanavit,  et  rerurn  quœ  apud  vos  geri  dicuntur,  esses. 
Vale  in  Domino,  et  me  ama,  cujus  mihi  amicitia  est  loco  pretiosis- 
simi  tliesauri.  Basileae,  20  Marci  (1536). 

Simon  Gryn.eus  tuus. 

(Inscriptio:)  Praeslantissimo  viro  1).  Gulielmo  Farello,  amico  et 
fralri  in  Domino  colendissimo. 


545 

LE  CONSEIL  DE  BERNE  à  FrailÇOÏS  I. 

De  Berne,  28  mars  1536. 
Inédite.  Minute  originale.  Arch.  de  Berne. 

Sommaire.  MM.  de  Berne  consentent,  pour  leur  part,  à  ce  que  le  docteiu  Furbiii,em- 
prisonné  à  Genève,  soit  libéré,  et  ils  intercèdent  auprès  du  Roi  en  laveur  i' Antoine 
Saunier  et  des  Éeangéliques  de  Frana 

Syre,  à  Vostre  Royale  Seignorie  affectueusement  nous  recom- 
mandons. Syre.  nous  somes  desjà  souventes  fois  par  vous  lettres 
esté  requis  pour  la  libération  du  frère  Guy  Furbitz  '.  qu'est  détenu 
es  prisons  de  Genève,  ad  cause  d'aulcungnes  parolles  mal  son- 
nantes, que  en  prêchant  la  Parolle  de  Dieu  il  ha  dict  contre  nous1. 

l'iney,  que  justice  eu  soit  briefvement  i'aicte  et  soyeut  exéquutés.  S'il  ne 
sont  pas  esté  du  diet  chasteaulx,  mais  seulement  sont  esté  dehors,  que 
l'on  les  prenne,  et  leur  soyent  donnez  trois  traietz  de  corde;  puys,  qu'il 
soyeni  mys  dehors  la  ville,  eulx  et  leur  famille,  pour  monstrer  à  ung  ches- 
cung  le  debvoir  [que]  il  ha  à  la  ville  don  [1.  d'où]  il  est  »  (Registre  du  12 
et  du  28  février).  Le  1S  mars  suivant,  le  Conseil  décida  que  les  femmes 
et  les  enfants  des  citoyens  fugitifs  ne  seraient  pas  expulsés  de  la  ville. 
On  fit  grâce  plus  tard  à  quelques  bannis,  mais  en  les  condamnant  à  une 
forte  amende. 

1  A  la  date  du  21  septembre  15H4.  François  I  avait  prié  Berne  et  Gé- 
nère de  relâcher  Guy  Furbiti ,  eu  considération  de  ce  qu'il  venait  lui- 
même  de  faire  grâce  aux  deux  Genevois  condamnés  à  mort  à  Lyon  (Voyez 


!536  LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  FRANÇOIS  I.  oi>7 

Et  ira  tenuz  en  nous  de  le  relâcher  pour  l'amour  de  vous,  sj  ne 
fus t  que  nous  combourgeois  de  Genève  n'estiont  récompensés  des 
costes  et  Trais  sustenus  à  l'occasion  de  sa  détention2.  Ce  non  ob- 
stant,  sus  la  requeste  que  de  rechieiï  parle  frère  du  dict  prisonnier 
nous  havés  faicte  :î,  somes,  pour  vous  gratiffier,  Irès-contant  que 
le  dict  Furbitz  soit  relâché,  sans  nous  arrester  sur  la  réparation 
des  parolles  injurieuses  que  nous  touchent,  —  icelles  remeclant 
au  jugement  et  cognoissance  de  Dieu,  nostre  Créateur.  Et.  pour 
ce  mectre  en  effect,  hàvons  rescripl  ad  nous  comhourgeois  sus- 
dicts  que,  quant  ad  nous,  el  tant  qu'il  nous  louche,  ne  doihvent 
taire  faulle  ne  difficulté  de  libérer  ycelluy  Furbitz,  non  obstanl 
les  desmandes  et  questions  qu'avions  à  rencontre  de  luy,  espérant 

les  Nos  4.">:j,  480,  et  Merle  d'Aubigné,  op.  cit.  IV,  465).  Cette  démarche 
n'eut  pas  de  succès,  parce  que  le  moine  prisonnier  refusait  de  rétracter 
les  injures  qu'il  avait  prononcées  publiquement  contre  les  Bernois. 

2  Ces  explications  se  rapportent  proprement  à  la  démarche  que  le  duc 
iic  Savoie  fit  au  mois  de  décembre  1535,  en  faveur  de  Furbiti.  On  lit  en 
effet  dans  la  lettre  de  Berne  à  Genève  du  24  décembre,  même  année  : 
s  Nous  ambassadeurs  qui  feusrent  dernièrement  à  Ougsta  [1.  Aoste]... 
firent  tenir  propos  à  Monsieur  de  Savoye,  par  la  voye  du  sieur  Piocbet, 
touchant  la  détention  de  M.  Antboyne  Sonnier,  et  la  libération  d'icelluy. 
Et  estant  de  retour  par  devers  nous  le  dit  Piochet  nous  a  laissé  dire,  par 
nostre  Secrétaire,  que  M.  de  Savoye  sera  contant  de  mettre  en  liberté  le 
dit  Sonnier,  par  condition  que  somblablement  soyt  libéré  le  moënne  Furbiti, 
qu'est  détenuz  en  vostre  ville...  Sur  ce,  vous  avons  bien,  voulsu  de  cela 
advertir,  affin  que  advisiés  que  sera  de  fayre...  »  (Mscr.  orig.  Arcb.  de 
Genève.)  Les  Genevois  furent  très-peu  satisfaits  de  cette  proposition.  Ils 
('■(•rivaient  à  Porral  le  2s  décembre  :  «  Havons  respondu  à  Messieurs,  sus 
l'affaire  de  Furbiti,  que,  poyant  les  despens  qui  sont  gros...  voyëre  plus  de 
mille  escus,  nous  ferons  comment  leur  pleut  nous  escripre,  à  la  requeste  du 
Boy.  Combien  que,  s'il  [leur]  plaisoit,  il  pourriont  bien  bavoir  M.  Saul- 
nier  leur  serviteur,  pris  avec  leurs  lettres,  sans  cela»  (Minute  orig.  Arcb. 
de  Genève).  Les  Bernois  revinrent  à  la  charge,  le  13  janvier  153fi;  mais 
c'était  pour  la  forme  (Voy.  Froment,  op.  cit.  p.  208,  201)). 

3  On  lit  dans  la  lettre  de  M.  île  Verey  au  Conseil  de  Genève  datée  de 
Crémieu,  le  13  mars  1536  :  <  Frère,  Furbity  a  ung  sien  frère  qui,  avec  le 
congé  du  Boy,  s'en  va  vers  vous,  pour  adviser  de  faire  du  mieulx.  A  ce 
que  j'ay  entendu,  ce  dit  pourteur  c'est  monstre  de  voz  amis  où  il  a  peu, 
mesmement  à  poursuivre  la  délivrance  de  aulcuns  Allemans  ch/restiens  pri- 
sonniers à  Paris.  Je  voœ  prie  luy  faire  bonne  cbière  [c'est-à-dire,  bon  ac- 
cueil] et  le  trester  selon  vostre  humanité acoustumée  »  (Mscr.  orig.  Arcb. 
de  Genève).  Voyez  aussi  les  Extraits  du  Registre  du  Conseil,  aux  14  et 
17  mars,  même  année  (Froment,  op.  cit.  p.  cxciv,  excv). 


398  LE  CONSEIL  DE  BERNE  A  FRANÇOIS  I.  1  536 

que  \  celle  nostre  rescription  luy  sera  fort  favorable  et  cause  de  sa 
libération  4. 

Semblablement  vous  supplions  voulloir  hayoir  par  recomandé 
ung  de  nous  prédicans  dict  maistre  Anthoine  Sonnier,  homme  de 
bon  exemple  et  amy  de  Dieu,  qu'est  prisonnier  hère  le  Duc  de  Sa- 
roije  \  et  pensons  que  voslre  favorable  litléralle  requeste  envers 
Monsieur  le  Duc  d'Albaine  et  Monsieur  l'Evescjue  de  Boloingne6, 
pour  sa  libération  luy  seroit  fort  profictable  "'. 

Pareillement,  touchant  ceulx  que  tiènenl  la  cognoissance  de  l'È- 
vangille  de  Dieu,  en  vous  seigneuries  du  Daulphinoix  et  aultreparP, 
vous  supplions  du  bon  du  cueur  yceulx  voulloir  bénignement  sup- 
porter ;|,  pour  riionneur  de  Dieu,  qui  sçait  les  siens  et  jugera  le  monde 
île  ses  o[e]uvres.  Et  sy  en  après,  cornent  au  cas  présent  de  Furbiti, 
les  affaires  viènent  à  recognoistre  10,  nous  ne  serons  ingratz,  avec 
Paide  de  Dieu,  auquel  prions,  Syre.  [qu'il]  vous  doinct  entière 
prospérité.  De  Berne,  ce  28  Mars  1536. 

L'Advoyer  et  Conseil  de  la  ville  de  Berne. 

4  Voyez  la  lettre  du  Conseil  de  Genève  datée  du  5  avril  suivant. 

5  A  cette  heure,  Cliarles  III  était  dépouillé  de  ses  États.  François  I, 
donnant  suite  à  ses  projets  sur  le  Milanais,  avait  fait  envahir  la  Savoie  dans 
le  temps  même  où  les  Bernois  venaient  délivrer  Genève  (Voy.lesNos532, 
n.  1  ;  535,  n.  2,  et  les  Papiers  d'État  du  cardinal  de  Grandvelle,  II,  43'J. 
446).  La  ville  de  Turin  avait  été  occupée  le  24  mars  par  l'armée  fran- 
çaise. C'est  pour  cela  que  MM.  de  Berne  demandaient  au  roi  de  France, 
et  non  plus  au  duc  de  Savoie,  la  libération  de  Saunier. 

G  Jean  Stnart,  duc  d'Albany,  avait  un  commandement  dans  l'armée 
française  et  se  trouvait  alors  en  Italie  (Voyez  les  Lettres  de  Rabelais. 
Paris,  1710.  Notes,  p.  117).  Sa  parenté  avec  Catherine  de  Médicis,  femme 
du  jeune  duc  d'Orléans,  lui  donnait  une  grande  influence  auprès  du  Roi. 
—  L'évêque  de  Boloingne  mentionné  par  les  Bernois  était  probablement  le 
cardinal  Jean  de  Lorraine,  qui  posséda  Pévêché  de  Térouane  et  de  Bou- 
logne jusqu'en  1535,  et  qui  venait  d'être  envoyé  en  Italie,  pour  négocier 
avec  l'Empereur  (Voy.  le  N°  531,  renvoi  de  n.  15,  et  les  Papiers  de  Gran- 
velle,  II,  454,  457). 

7  Voyez  la  note  5. 

8  Spécialement  dans  la  Provence. 

9  Ce  n'était  pas  la  première  fois  que  MM.  de  Berne  adressaient  au  Roi 
cette  requête.  Déjà  «  avant  la  guerre,  »  c'est-à-dire,  vers  la  fin  de  l'an- 
née 1535,  ils  lui  avaient  fait  recommander  la  cause  des  Évangéliques 
français.  C'est  ce  qu'on  peut  inférer  du  texte  des  instructions  qu'ils  don- 
nèrent à  leurs  députés  envoyés  en  France,  au  mois  de  janvier  1537. 

10  C'est-à-dire,  si  nous  avons  l'occasion  de  reconnaître  ce  bienfait. 


1536  MICHEL  d'aRANDE  A  GUILLAUME  FAREL.  399 


544 


michel  d'arande  '  à  Guillaume  Farel. 
(De  St.-Paul-Trois-Châteaux?  vers  le  mois  de  marsl5362). 

Manuscrit  original3.  Bîbl.  Publ.  de  Genève.  Vol.  113.  Bulletin  delà 
Soc.  de  l'Histoire  du  Protestantisme  français,  t.  XI.  p.  214. 

Sommaire.  L'accablement  dont  vous  avez  été  frappé,  à  la  nouvelle  de  la  mort  de  Le 
Fèvre,  n'a  pu  égaler  l'épouvante  qui  m'a  saisi  en  lisant  et  relisant  votre  lettre.  Elle 
a  transpercé  mon  àme  par  le  glaive  de  l'Esprit  :  vous  m'adressez,  au  nom  de  Jésus- 
Christ,  des  exhortations  si  vives,  et  des  reproches  si  justes,  que  je  n'ai  rien  a  ré- 
pondre, ("est  pourquoi  je  vous  supplie  de  m'assistér  de  vos  prières  et  de  m'exhorter 
sans  relâche,  afin  que  je  puisse  parvenir  à  m'arracher  de  ce  bourbier.  Je  vous  salue 
tous  en  Celui  qui  est  notre  unique  espérance  de  salut. 

Acerrimo  militi  Gaio  \  Regiis  negociis  occupato,  Salutem.  gra- 
tiam  et  pacem! 
Vix  puto  transitum  pii  illius  senis  Stapuiensis5  tam  vehementer 

1  Voyez,  sur  Michel  d'Arandc,  le  N°  1G4,  n.  4,  et  les  Nos  188,  227. 
L'histoire  de  sa  vie,  depuis  le  moment  où  il  futévêque  de  St.-Paul-Trois- 
Châteaux  en  Dauphiné,  est  très-peu  connue. 

2  Voyez  la  note  5. 

3  Ce  manuscrit  n'est  pas  de  la  même  main  que  la  lettre  de  Michel 
d'Arande  reproduite  plus  haut  (N°  188). 

*  Ce  pseudonyme,  emprunté  à  la  troisième  épître  de  St.  Jean  (versets 
1-6),  est  sans  doute  une  allusion  à  la  fidélité  chrétienne  de  Farel. 

5  Jacques  Le  Fèvre  (VÉtaples  mourut  à  Nérac  dans  les  premiers  mois 
de  l'année  1536,  et  non  en  1537,  comme  l'ont  dit  quelques-uns  de  ses  bio- 
graphes. On  trouve  déjà,  dans  les  Epigrammata  de  Jean  Voulté,  impri- 
més à  Lyon  au  mois  d'août  1536,  le  distique  suivant,  intitulé  Testamentum 
Jacobi  Fabri  Stapuiensis  : 

Corpus  humo.  mentemque  Deo,  hona  cuncta  relinquo 
Pauperibus,  Faber  hnec,  cùm  moreretur,  ait. 

De  plus,  la  date  approximative  de  la  mort  de  Le  Fèvre  nous  est  donnée 
par  ce  fragment  de  la  lettre  de  Jacques  Bédrot  à  Vadian  datée  de  stras- 


iUO  MICHEL  d'aRANDE  A  GUILLAUME  FAREL.  1536 

animum  tuum  percelluisse e,  quàm  me  totum  perterruerunt  literœ 
iuœ1  et  pise  et  christianse,  dum  eas  lectitarem,  —  non  solùm  stilo 
([iiodam  hnmano,  sed  gladio  etiam  Spiritus,  spiritum  atque  ani- 
mam  proscindentes  ac  pertranseuntes.,  presertim  cum  depingunt 

bourg,  le  25  juillet  (Jacobi  festo),  et  qui  appartient  certainement  à  l'an- 
née 1530  :  «  Erasmum  [Roterodamum]  11  mensis  liujus  in  Domino  obdor- 
miisse,  forsan  nosti.  Stapulensem  item,  ante  semestre  opinor  »  (Mscr.  orig. 
Bibl.  de  la  ville  de  St.-Gall.  Collection  citée,  t.  XI,  p.  37). 

6-7  Michel  d'Arande  fait  ici  allusion  à  une  épître  de  Farci  qui  n'a  pas 
été  conservée.  Nous  ne  pouvons,  du  moins,  partager  l'opinion  de  M.  Jules 
Bonnet,  qui  croit  avoir  retrouvé  un  fragment  de  la  susdite  épître  dans 
cette  note  autographe  tir  Farci,  écrite  au  dos  de  la  présente  lettre  :  «  Ja- 
eobus  Faber  Stapulensis ,  laborans  morbo  quo  decessit,  per  aliquot  dies 
ita  perterritus  fuit  judicio  Dei,  ut  actum  de  se  vociferaretur,  dicens  se 
eeternùm  periisse,  quod  veritatem  Dei,  non  aperte  professas  fuerit,  idque  dies 
et  noctes  vociferando  querebatur.  Et  cum  à  Gerardo  Ruffo  admoneretur 
ut  bono  esset  animo,  Christo  quoque  fideret,  is  respondit  :  «  Nos  damnati 
sumiis;  veritatem  celaoimus  quant  profiteri  et  testari  palàm  d''behamus.  » 
Horrendum  erat,  tam  pium  senem  ita  angi  animo,  et  tanto  horrore  judi- 
<-ii  Dei  concuti;  licet,  tandem  liberatus,  bene  sperare  cœperit  et  perrexerit 
de  Christo.  Hic  admonitus  seriô  Michaël  Arandius.  episcopus  Sanpaulinus, 
ita  respondet  ad  literas  (pias  accepit.  » 

Comme  l'a  fait  observer  le  Bulletin  du  Protestantisme  français  (t.  XI, 
p.  214),  ce  récit  de  Farel  confirme  les  renseignements  que  Hubert  Thomas, 
conseiller  de  l'Électeur  Palatin,  a  donnés  sur  les  derniers  jours  de  Le  Fè- 
vre  d'Étaples,  et  qu'il  tenait  de  la  reine  de  Navarre  elle-même.  Ces  ren- 
seignements se  trouvent  dans  l'ouvrage  intitulé  :  «  Huberti  Thomas  Leodii 
Annales  Palatini  libris  XVI  continentes  vitam  et  res  gestas,  etc.  Fride- 
rici  Comitis  Palatini  Rheni.  Francof.  1665.  »  Nous  en  reproduisons  les  pas- 
sages suivants,  traduits  par  Colomiès  : 

«  Un  jour  que  Le  Fèvre  dînait  chez  la  reine  de  Navarre,  il  parut  fort 
triste  et  versoit  même  par  fois  des  larmes.  La  Reine...  lui  en  demanda  le 
sujet...  '<  Hélas!  Madame,  répondit-il,  comment  pourrois-je  avoir  de  la 
joye...  étant  le  plus  méchant  homme  qui  soit  sur  la  terre?...  Comment 
pourrai-je  subsister  devant  le  tribunal  de  Dieu,  moi  qui,  ayant  enseigné  en 
toute  pureté  l'Évangile  de  son  Fils  à  tant  de  personnes  qui  ont  souffert 
la  mort  pour  cela,  l'ai  cependant  toujours  évitée,  dans  un  âge  même  où, 
bien  loin  de  la  devoir  craindre,  je  la  devois  plutôt  désirer?  »  La  Reine  .. 
lui  fit  là-dessus  un  fort  beau  discours...  et  ajouta,  que  quelque  grand  pé- 
cheur que  l'on  se  trouvât,  il  ne  faloit  jamais  desespérer  de  la  miséricorde 
et  de  la  bonté  de  Dieu...  «  Il  ne  me  reste  donc  plus,  dit-il,  après  avoir 
fait  mon  testament,  que  de  m'en  aller  à  Dieu,  car  je  sens  qu'il  m'ap- 
pelle... »  (Voyez  Colomesii  Opéra,  liamburgi,  1709,  p.  810.  —  Bayle,  ar- 
ticle Le  Fèvre,  note  A.  —  Biographie  de  lie  Fèvre,  par  M.  C.-H.  Graff. 
Zeitschrift  fur  die  historische  Théologie  1852,  p.  20G-209.) 


1536  MICHEL  D'ARANUE  A  GUILLAUME  FAREL.  401 

mihi  ac  proponunt  Ghristum  Jesum,  ita  me  cohortantem  ac  me- 
cum  lam  juste  expostulantem,  ut  nibil  omnino  mihi  relinquatnr 
aliud  quod  opponam,  nisi  quôd  me  modis  omnibus  reum  ac  con- 
victum  il lî  dedam.  Quare,  ne  te  diutiùs  impediam,  rogo  te  atque 
obtest&r  per  eundem  Dominum  nostrum  Jesum,  ut  me  continuis  ves- 
tris  precibus  adjuvetis,  atque  intérim  vestris  exhortationibus  semper 
sollicitare  non  désistâtes,  quô  tandem  ex  hoc  profundo  limo,  in  quo 
non  est  substantia,  eripi  queam.  Prsesens  tabellarius  cetera  tibi 
tuisque  referet,  vosque  onines  nomine  Illius  salutabit  sine  quo 
nulla  licet  expeti  salus.  Regins  tuus  8  te  Christo  ac  verbo  gratiœ 
ejus  plurimùin  commendat. 

Tuus  frater  Gor[neuus  ']  tardivus. 

(InscriptiG  :  )  Amico  ac  fratri  Gaio  Falconi 10. 

3  Nous  n'avons  pas  de  renseignements  sur  ce  personnage.  Il  faisait 
sans  doute  partie  de  la  maison  de  Michel  d'Arande. 

'  Les  deux  traits  obliques  placés  dans  l'original  après  la  syllabe  Car 
semblent  indiquer  que  c'est  une  abréviation  de  Cornélius,  pseudonyme  ha- 
bituel de  Michel  d'Arande  (Voy.  les  Nos  182,  n.  8;  221,  renv.  de  n.  7). 
En  y  ajoutant  l'épithète  Tardivus,  l'évêque  de  St.-Paul-Trois-Châteaux 
taisait  l'aveu  de  sa  lenteur  à  obéir  à  la  vérité.  A  la  suite  de  la  signature, 
on  lit  ces  deux  mots  de  la  main  de  Farel  ;  «  Michaël  Arcmdius.  » 

10  An-dessous  de  Gaio  Falconi,  Farel  a  écrit  :  «  Guillelmo  Farello.  » 


t.  m.  26 


APPENDICE 

DES    TOMES     11    ET    III 


216a 

Guillaume  farel  à  Hugues  de  Loës,  à  Aigle  '. 
De  Berne,  11  janvier  1528. 

inédite.  Copie2.  Communiquée  par  M.  Charles  de  Loës,  ingénieur 

à  Lausanne. 

Sommaire.  Les  commencements  de  la  Dispute  annoncent  déjà  qu'elle  amènera  la  chute 
de  l'Antéchrist,  si  faibles  sont  les  défenseurs  du  Papisme/  Les  plus  habiles  d'entre 
eux  refusent  de  descendre  dans  l'arène,  et  ils  s'efforcent  de  se  faire  interdire  par- 
leurs supérieurs  toute  participation  aux  débats.  Il  importe,  par  conséquent,  de  faire 
venir  nos  curés.  Envoyez-moi  tous  leurs  noms  et  ceux  de  leurs  vicaires,  avec  la  liste 
des  bénéfices  qu'ils  possèdent. 

On  nous  a  dit  que  quelques-uns  [des  nôtres]  ont  enlevé  les  images,  et  nous  le  re- 
grettons, à  cause  du  scandale  qu'ils  ont  ainsi  donne.  Exhortez  le  Lieutenant  à  ne  pas 
être  trop  sévère  pour  eux,  de  peur  que  le  Grand  Conseil  ne  trouve  qu'on  les  a,  mal 
à  propos,  punis  plus  rigoureusement  que  le  Syndic.  Les  nôtres  feront  bien  de  cesser 
toute  polémique  contre  des  institutions  que  le  Conseil  lui-même  se  propose  de  ren- 
verser prochainement.  Il  faut  que  la  balance  soit  égale  pour  les  deux  partis.  Je  salue 
la  mère  du  Gouverneur.  Dieu  veuille  lui  accorder  la  réalisation  de  ses  pieux  désirs! 

Gratia  et  pax  a  Deo!  Quis  sil  Disputationis  futurus  exilus,  jam 
ipsa  indicant  primordia 3,  nempe  casurum  cum  suis  Antichristum, 

1  Voyez,  sur  ce  personnage  et  ses  rapports  avec  Farel,  le  N°  214,  n.  4. 

2  Cette  copie  fut  levée  au  dernier  siècle  par  un  pasteur  de  la  ville 
d'Aigle.  Le  manuscrit  autographe ,  qui  lui  avait  été  communiqué  par 
les  descendants  de  Hugues  de  Loës,  n'existe  plus  aujourd'hui  (Communi- 
cation de  M.  Charles  de  Loës). 

3  La  Dispute  de  Religion  avait  commencé  le  lundi  (i  janvier. 


404  GUILLAUME  FARIiL  A  HUGUES  UK  LOES,  A  AIGLE.  1528 

—  ita  omnibus  destituta  est  Papistica  cohors  armis  quibus  polentes 
suos  facit  Christus,  ad  omnem  dejiciendam  quœ  sese  adversùs  Deum 
erigit  celsitudinem  et  potentiam!  Futilia  et  nullius  pêne  momenli 
adferunt  argumenta;  sed  quis  ali[a]  in  veritatem  atulerit? 

Proinde  tu,  cum  fratribus,  bono  eslo  animo  :  impiœ  Antichfisti 
patebunl  fraudes.  Papistarum  revelabitur  iniquitas  et  impostura. 
Qui  videntur  inter  Papistas  pot/ores  et  argutiores,  plus  in  arenam 
descendere  refugiunt,  ac  sibi  variis,  al  omnibus  notis,  adnùuntur 
moilis  prohiberi,  ne  se  in  Disputationem  conférant  mit  in  en  dispu- 
tent4. Quod  quantum  suum  promoveat  negotium,  dum  lucem  re- 
fugiunt, nemo  non  videt;  cumque  illi  se  subducant,  nostros5  evo- 
care  opérai  pretium  fuerit.  Nobis  igitur  omnium  perscripta  fi  mit- 
tas  sacrificulorum  nomina  et  cognomina,  potissimùm  plebanorum, 
vicariorum  ac  sacellariorum,  cum  nominibus  suorum  (ut  vocant) 
benefîciorum ;  nemo  omittatur  cujus  nomen  non  remittas7. 

Gseterùm  audivimus  nonnullos  idola  disjecisse s,  quod  offendiculo 
nonnullis  dolemus.  Commonefacies  Vicegerentem  D.  Jéhannem  a 
Bassio9  mitiûs  cum  accusalis  agere,  Major  ne  Senatus  molesté 
ferat  insontes  plexos  graviùs,  si  negotium  factaque  eorum10  çom- 

4  Allusion  aux  quatre  théologiens  envoyés  à  la  Dispute  par  l'évêque 
île  Lausanne,  et  qui,  sur  l'ordre  de  ce  prélat,  avaient  quitté  Berne,  le 
matin  même  du  jour  où  Farel  écrivait  la  présente  lettre  (Voy.  lesN0S217, 
n.  5-6;  218,  n.  2  et  S). 

5  II  s'agit  des  prêtres  du  pays  d'Aigle,  comme  l'indique  la  suite  du 
discours. 

6  Dans  la  copie  :  praescripta. 

7  Un  curé  et  quatre  vicaires  du  pays  d'Aigle  assistaient  à  la  Dispute 
(Voy.  le  t.  I,  p.  482).  Il  ne  paraît  pas  qu'il  en  soit  venu  d'autres  (Voyez 
l'ouvrage  de  M.  Maurice  de  Stûrler  intitulé  :  «  Quellen  fur  Geschichte der 
Kirchenreform  in  Bern,  »  p.  77.  543,  553). 

8  Le  9  janvier,  MM.  de  Berne  demandaient  au  Lieutenant  d'Aigle  s'il 
était  vrai  que  certains  individus  eussent  emporté  et  caché  les  images  de 
l'église,  en  proférant  des  paroles  injurieuses  contre  le  Sacrement  (Voy. 
Maurice  de  Stûrler,  op.  cit.  p.  76).  Les  Évangéliques  d'Aigle  repous- 
sèrent ces  accusations.  Ils  affirmèrent  que  les  prêtres  seuls  avaient  les 
clefs  de  l'église;  que  c'était  le  sacristain  qui  avait  caché  les  images,  et 
qu'on  savait  bien  à  l'occasion  les  placer  sur  la  chaire,  pour  troubler  le 
sermon  (Voy.  le  document  dont  nous  avons  déjà  donné  des  extraits,  N° 
220,  n.  5,  13,  14). 

0  Le  copiste  a  lu  par  erreur  Johannem  a  Batfro.  Il  s'agissait  de  Jean 
de  Bcx,  l'un  des  lieutenants  du  gouverneur  d'Aigle  depuis  le  3  juillet 
1527  (Nos  195,  n.  1;  220.  n.  1). 

1n  Dans  la  copie  :  non. 


1  528  GUILLAUME  FAREL  A  HUGUES  DE   LOES.  A  AIGLE.  403 

ponas  cum  factis  Sindici11,  qui  sibi  malos  quaerit  dies 18.  Praeterea, 
si  adversarii  velirit  nostros  lacère  de  sacramentis,  taceant  et  désis- 
tant contra  mox  casura  defendere;  jnsta  sit  utrisque  conditio.  Ne 
reputa  Senatum  ea  relie  tutari  quœ  mox  everteP,  sed  lumultum  sa- 
tagit  fugere  a[c]  popnli  molum  ''.•  id  quod  facile  i'uerit,  si  non  una 
plus  quàm  altéra  gravetur  pars,  secl  utrique  aequa  ponalur  lex.  Si 
quid  amplius  obtigerit,  plusque  otii  nactus  fuero,  non  le  latere  pa- 
liar.  ïnterea  polentiùs  Verbo  adsta,  el  sanguinis  pro  le  a  Christu 
elïusi  memor  esto. 

Salvam  semper  jubé  Dominam  Gubernatoris  matrem  li,cui  Domi- 
nus  sancta  prœstet  et  per/iciat  rota!  Timeo  ne  Vicegerens  Félix1'3 
non  salis  féliciter  consulat  Domino  Gubernatori  :  non  paucis  enim 
hic  de  eo  queritur16.  Salutabis  D.  Vicegerentem,  D.  Joannem  1T  ac 
li  aires,  quos  sedulos  opto  in  Evangelio  amliendo  ac  opère  perfi- 
ciendo.  Gralia  Domini  Jesu  in  omnibus  vobis!  Berna1,  ocyùs,  11 
Januarii  1528. 

Tu  us  in  Domino  Gulielmus  Farellus. 

(Inscriptio:)  \)\\\\\\  verbi  amatori  Hugoni  de  Loës.  Scribée 
Aquileiensi.  Aquileise. 


11  Le  syndic  d'Aigle  (Voy.  le  N°  220,  n.  5,  et  Rachat,  I,  356). 

12  Les  instructions  que  MM.  de  Berne  donnèrent  le  12  mars  1528  à 
leurs  députés  envoyés  à  Aigle  ne  font  aucune  mention  du  syndic  de  cette 
localité. 

13  Cette  assertion  de  Farel  est  confirmée  parla  teneur  des  instructions 
que  MM.  de  Berne  donnèrent  aux  Lieutenants  d'Aigle  le  9  et  le  21  jan- 
vier, même  année  (Aroy.  M.  de  Stiirler,  op.  cit.  p.  76,  79). 

14  Madame  de  Orest,  mère  de  Jacques  de  Bovéréa,  seigneur  de  C'rest  et 
gouverneur  titulaire  du  Mandement  d'Aigle.  Le  vœu  que  Farel  formait 
pour  cette  dame  montre  qu'elle  désirait  le  triomphe  de  l'Évangile.  Dès 
lors  il  est  permis  de  penser  que.  son  influence  n'avait  pas  été  étrangère 
aux  bons  procédés  que  le  Gouverneur  avait  eus  pour  Guillaume  Farci 
(Voy.  les  Nos  198,  renvoi  de  n.  6;  234,  n.  4). 

15  Félix  de  Diesbach,  ennemi  de  la  Réforme  (N°  220,  n.  1). 

16  Jacques  de  Bovéréa,  gouverneur  d'Aigle,  commandait  alors  les  trou- 
pes bernoises  qui  étaient  au  service  de  François  I  en  Italie.  Félix  de  Dies- 
bach  avait  donc  beau  jeu  pour  le  desservir  à  Berne  (Voy.  Stettler,  op. 
cit.  II,  19,  20.  —  Jean  de  Muller.  Hist.  de  la  Confédér.  suisse.  X,  507). 

17  Jean  de  Bex,  collègue  de  Félix  de  Diesbach. 


406  L'ÉVÊQUE  DE  GENÈVE  A  AMI  PORRAL.  A  GENÈVE.  1532 


391a 

l'évêque  de  Genève  à  Ami  Porral,  à  Genève. 
De  la  Tour  de  May,  2fi  octobre  (1532). 

Inédite.  Autographe.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  L'Évêque  annonce  à  Porral  et  à  ses  adhérents  luthériens,  que  Dieu  les 
punira,  s'ils  ne  veulent  «  mieux  faire.  » 

Traictre  Leuthérien  Porralis,  qui  gouvernés  à  présent  la  plume 
deans  le  Conseil  de  la  ville  de  Genève1!  .Pay  venu  la  lectre  que 
avés  escript*.  Meschant,  vous  avez  menty,  vous  et  voz  adhérens, 
et  Dieu  vous  pugnira,  soyés  asseurer.  Et  atant  Noslre  Seigneur 
vous  doint  myeulx  fère  et  illuminer!  De  [la  Tour  de]  May3,  ce 
xxvie  d'octobre  xv[cxxxu  4]. 

Monstres  hardiment  [icestes  à  voz]  adhérens  en  ceste  meschan- 
cetté  en  la  mey[son  de  l]a  ville,  car  je  ne  vous  veulx  point  [es* 
parg]ner  à  dire  vérité.  Les  etïectz  ensuyvront  après,  au  plaisir  de 
Dieu. 

L'Évesque  et  Prince  de  Genève. 

(Suscription : )  A  Po[rral]  en  la  v[ille  de  Genève]. 

1  Depuis  1528,  Ami  Porral  n'exerçait  plus  la  charge  de  secrétaire. 
En  1532  il  était  syndic,  et  il  avait  à  ce  titre  la  surveillance  de  la  chan- 
cellerie. C'est  sans  doute  pour  cela  que  l'Evêque  le  rendait  responsable 
de  la  lettre  qui  avait  excité  sa  colère. 

2  La  minute  de  cette  lettre  n'a  pas  été  conservée. 

3  L'une  des  résidences  que  Pierre  de  la  Baume  possédait  en  Bour- 
gogne. 

4  Les  derniers  chiffres  du  millésime,  ainsi  que  plusieurs  mots  détruits, 
ont  été  restitués  par  le  secrétaire  Claude  Boset.  Cette  circonstance  nous 
autorise  à  accepter  la  date  indiquée  par  lui,  plutôt  que  celle  que  nous 
avions  donnée  plus  haut  à  la  présente  lettre  (N°  502,  n.  1). 


1333      LK  CONSEIL  DE  GENÈVE  AU  CONSEIL  DE  FMBOIKG.       407 


416a 

le  conseil  de.  genève  au  Conseil  de  Fribourg. 
De  Genève,  26  [mai  1533  'J. 

Inédile.  Minute  originale.  Archives  de  Genève. 

Sommaire.  Le  Conseil  de  Genève  remercie  MM.  de  Fribourg  pour  l'accueil  bienveil- 
lant qu'ils  ont  fait  à  sa  députation.  Les  Genevois  verraient  comme  eux  avec  plaisir 
le  retour  de  leur  évéque,  parce  qu'ils  désirent  être  «  vertueusement  guides  par  leur 
prince,  pasteur  et  bon  prélat.  » 

Magnificques,  puissans  et  très-redoubtéz  Seigneurs! 

La  présente  sera  pour  tout  premièrement  prier  Voz  Excellences, 
qu'il  leur  plaise  nous  pardonner  de  ce  que  plustosl,  sus  le  rapport 
de  noz  derniers  ambassadeurs,  ne  vous  avons  fait  les  humbles  re- 
commandations et  dheues  remercialions  que  à  présent  faisons,  du 
bon  recueil,  singuliers  plaisirs,  bons  services,  beningz  et  paternelz 
advisementz  que  vous  ha  pieu  nous  faire  en  leurs  personnes2: 
don[t]  vous  sûmes  grandement  et  toujours  de  plus  en  plus  fort  te- 
nus et  obligés. 

Le  dangier  de  la  peste  a  esté  cause  que  n'avons  peull  plustost 
assembler  nostre  Grand  Conseil,  pour  l'informer  de  voslre  dit  bon 
et  paternel  traictement,  aussi  pour  vous  donner  response  sur  ce 

1  La  date  et  le  nom  des  destinataires  sont  clairement  indiqués  par 
l'histoire  des  relations  de  Genève  avec  Fribourg. 

2  Claude  Savoye,  François  Favre  et  Matthieu  Carrier  turent  envoyés 
à  Berne  le  6  mai  1533,  pour  s'opposer  à  tout  changement  qu'on  voudrait 
apporter  au  traité  de  St. -Julien  (Voy.  les  Extraits  des  Registres,  dans 
Froment,  op.  cit.  p.  xxiv,  xxv,  xxvn).Ils  devaient  ensuite,  dans  le  même 
but,  assister  à  la  conférence  qui  se  tint  le  12  mai  à  Fribourg  entre 
les  ambassadeurs  du  duc  de  Savoie  et  ceux  des  Bernois  et  des  Fribour- 
geois  (Voy.  Ruchat,  III,  229).  Ce  fut  le  25  mai  que  les  députés  de  Ge- 
nève rentrèrent  chez  eux  et  rirent  leur  rapport  au  Conseil. 


408  LE  CONSEIL  DE  GENÈVE  AU  CONSEIL  DE  FRIBOURG.  1533 

que  vous  a  pieu  charger  nos  dits  ambassadeurs  nous  dire  que  de- 
siriés,  pour  nostre  bien  et  gros  proufit,  le  reto[u]rt  de  Monseigneur. 
de  Révérend  Père  Monsieur  de  Genève,  nostre  Prince z,  don  vous 
mercions  de  bien  bon  cueur.  Et  ne  doublés  que  aussy  ferions  bien 
no[u]s,  tant  en  général  que  particulier,  comme  ceulx  quilz  désirent, 
avec  dheue  obéissance,  estre  vertueusement  guydés  par  leur  prince, 
pasteur  et  bon  prélat.—  nous  esmerveiUans  bien  fort  de  ce  qu'il  nous 
a  laissé  si/  longuement,  et  qu'il  ne  vient*,  ainsy  que  par  debvoir  pour- 
roit  bien  faire.  A  nous  n'est  lu\  commander  de  venir  ou  de  de- 
meurer, veu  qu'il  est  nostre  prince5.  Son  bon  plaisir  soit  fait6! 

Nous  vous  escriprions  encore  voluntiers  de  quelque  autre  chose7, 
mais  ce  sera  pour  une  aultre  fois,  creignans  par  trop  longue  lettre 
fâcher  Voz  Excellences,  lesquelles,  Magnificques  Seigneurs,  vueille 

3  Depuis  près  de  six  ans  Pierre  de  la  Baume  n'était  pas  revenu  dans 
sa  ville  épiscopale  (Voy.  N°  421,  n.  1).  Les  Friboiirgeois,  qui  observaient 
avec  inquiétude  le  progrès  des  idées  nouvelles  à  Genève,  croyaient  que 
la  présence  de  l'Évêque  y  maintiendrait  la  paix  civile  et  l'intégrité  de  la 
foi  catholique.  On  lit  dans  le  Registre  du  Conseil  de  Genève,  à  la  date  du 
19  mai  1533  :  «  Oratores  de  Friburgo...  exposuerunt...  quôd ipse Princeps 
cupiat  hue  venire,ut  negotia  componcre  possit  :  quod  non  audet,  eo  quôd 
sibi  relatum  fuerit,  multas  minas  per  cives  in  eum  latas.  Propterea  vellet 
primùm  scirc  si  tutè  possit  venire,  et  super  bis  responsum  postulant.  »  — 
La  réponse  du  Conseil  des  LX  est  relatée  en  ces  termes  :  «  Miramur  Prin- 
cipe™ à  subditis  salvum  conductum  postulare...  Si  sciremus...  aliquem 
Suœ  Dominatioui  minantem,  aut  contra  eam  garrulantem,  eum  tanto  pu- 
niremus  affectu  ut  meritô  de  justicia  contentari  posset.  »  Le  22  mai,  qua- 
tre députés  genevois  furent  envoyés  vers  l'Évêque,  pour  l'assurer  que  ses 
sujets  désiraient  vivre  sous  sa  protection  (sub  suo  praesidio).  Voyez  Fro- 
ment, p.  xxvi,  et  le  N°  488  a,  note  16. 

4  A  la  suite  de  ce  mot.  le  Secrétaire  avait  d'abord  écrit  :  «  comme 
son  debvoir  y  est.  » 

5  Dans  la  première  rédaction,  cette  phrase  se  termine  comme  il  suit  : 
«  qu'il  peult  venir,  antrer  et  saillir  commant  il  luy  plaira.  » 

6  L'Évêque  parut  enchanté  des  protestations  de  fidélité  que  lui  appor- 
tèrent les  députés  du  Conseil  (Voy.  n.  3).  «  Retulerunt  (est-il  dit  dans  le 
procès-verbal  du  2  juin) . . .  audiisse  ab  eodem  [scil.  Episcopo],  quôd  sit  boni 
animi  venire...  Item,  quôd  nunquam  dixit  quôd  sibi  comminatum  fuisset, 
et  quôd  non  institit  apud  Duos  Friburgenses  [ut]  loquerentur  pro  eo...  Ipse 
enim  semper  fuit  boni  animi  venire...  Quôdque  essemus  bono  animo  in  eum, 
sicut  est  ipse,  qui  nos  habet  ut  bonos  subditos  bene  dilectos,  et  optât  se 
verum  bonum  Principem  ostendere.  » 

7  II  s'agissait  probablement  d'obtenir  un  sursis  pour  le  paiement  de  la 
somme  que  Genève  devait  à  MM.  de  Fribourg,  à  cause  de  l'expédition 
d'octobre  1530. 


1534  LE  CONSEIL  DE  GENÈVE   \  CLAUDE  SAVOYE3  A  BERNE.  400 

le  Créateur  avoir  en  sa  saincte  garde!  De  Genève,  ce  2<>e  [de  Maj 
1533]. 

[Les  Sindicques  et  Conseil  de  Genève.] 


488. 


[le  conseil  de  genève  à  Claude  Savoy  e,  à  Renie  ']. 
(De  Genève,  29  décembre  1534"). 

Inédile.  Minute.  Communiquée  par  M.  le  docteur  Coindet. 

Sommaire.    Réponse  du  Conseil  de  Genève  aux  articles  de  lu  conférenc<  dt  Thonon. 

Au  premier  article  (du  recès  de  Thonon3)  «  que  toutes  parties 
debgent  demeurer  quoy  [1.  tranquilles]  et  rien  entreprendre.  »  — 
nous  ne  demandons  que  paix  et  amour  à  tout  le  monde. 

'--  Le  manuscrit  a  été  plié  et  cacheté  comme  une  lettre.  La  sus- 
cription  est  en  partie  déchirée  :  il  n'en  reste  que  ces  deux  mots  «  à 
Berne.  »  Les  passages  suivants  du  Registre  du  Conseil  nous  autorisent  à 
croire  cpie  le  présent  document  fut  adressé  à  Claude  Savoyc  le  jour  même 
où  les  magistrats  genevois  reçurent  de  Berne  une  copie  des  Articles  de 
Thonon,  c'est-à-dire,  le  29  décembre  1534  :  «  Résolu tum...  esse  scriben- 
dum  ad  Noh.  Claudium  Savoye,  oratorem  in  Berna,  quùd...  respondeat, 
nos  nolle  consentire  articulis  contra  Deum  et  pacem  perpétuant  per  sen- 
tentiam  Paterni[ac]ensem...  stabilitam  formatas.  Etiam.  quùd  nescimus 
quid  sit  «  irîve  de  deux  moys,  »  cum  nulli  hélium  fecerimus.  Et  sic  non 
intendimus...  Articulis...  modo  aliquo  consentire...  Et  sic  fuit  eut  cm  Noh. 
Savoye  missum,  per  Stephanum,  postam  Regium,  ...  cui  propterea  dati 
fuerunt  octo  senti  auri...  » 

::  La  conférence  de  Thonon  se  tint  en  novembre  et  décembre  1534  (Voy. 
le  N"  491,  note  1G).  On  lit  dans  le  Registre  du  Conseil  de  Genève,  au  18 
décembre,  même  année:  <  Oratores  Elvechiorum  [l.Helvetiorum)redierunt 
a  Jornata  Thononii,  in  qua  nihil  fuit  actum,  nisi  quùd  data  fuit  Jornata 
una,  ad  Dominicain  pest  Epiphaniam,  tenenda  à  Luczerne,  que  intérim 
non  debeant  ulteriùs  rui  suburbia,  nec  aliquid  innovari...  Quod  arrestum 
I)ni  Bernenses  noluerunt  acceptare,  sed  fuit  eis  datus  terminus  quattuor- 
decim  dierum  ad  acceptandum,  nut  reffutandum...  Quia  D"'  Oratores  Ber- 


iiO      LE  CONSEIL  DE  GENÈVE  A  CLAUDE  SAVOYE,  A  BERNE.     i  535 

Au  second,  «  que  les  prédicans  de  la  nouvelle  foy  doibvent  ex- 
pressément, en  toutes  leurs  entreprises  et  faction  au  dit  Genève, 
du  tout  cesser  et  estre  bas  mis,  occullement  ou  en  apert4,  »  — 
Nous  n'avons  plus  en  Génère  de  prédicantz  de  novelle  foy  </ue  ne 
soit  bas  mis.  Car  des  deux  qui  y  estoyent  Vannée  passée,  l'ony  estem- 
prison  \  pour  non  vouloir  se  'desdire  de  ce  qu'il  avoit  presché  sel- 
lond  la  novelle  loy.  contre  l'ancienne  foy  et  doctrine  de  Jésucrisl  : 
«  Que  personne  n'entreroit  en  paradis,  sinon  que  le  pape,  en  l'ung 
de  ses  prebslres,  l'y  misse;  et  que  de  manger  chair,  aux  jours  dé- 
fendus du  pape  et  de  son  église,  estoit  aussi  mal  fait  que  de  tuer 
ung  homme  ou  d'estre  larron  ou  brigant.  »  lit  tout  plain  d'aultres 
semblables  proposte  qu'ilz  n  na  peu  prover  par  la  Saincle  Escrip- 
ture  de  rancienne  loy  de  Jésucrisl".  ouy  bien  par  l'escripture 
des  noveaulx  docteurs,  comme  Thomas  et  aultres,  qui  sont  venus 
despuis  imcans  en  ça7:  lesquelz  en  la  Saincle  Escriplure  sont  ap- 
pelles Anlecrisl,  pource  qu'ilz  enseignent  aullrementque  Cristn'ha 
enseigné.  L'aultre  prédira  ni  z  estoit  ung  prebstre  vicaire  de  Sairirt- 
Gervais  \  lequel,  voyant  ne  povôir  maintenir  par  rancienne  et 
Saincle  Escripture  plusseurs  articles  que  [il]  preschoit9,  sans  fuyt 
[1.  s'enfuil]  sans  estre  chassé,  et  c'est  retiré  à  Pigney  avec  le[s] 
traielre  et  fugitifz  de  Genève10.  Ainsi  n'avons  plus  naître  prescheur 

nenses  dixerimt  quôd  esset  bonum  mittamus  oratores  ad  Bernuin,  ...  fuit 
advisum  quôd  debeant  eligi  oratores,  quibus  debeant  formari  instructioues, 
praesertim  de  detentis  in  Pinelo,  qui  detinentur  dumtaxal  raiione  Legis  Eoan- 
yelicœ,  et  nonpropter  delicta.  »  Voyez  aussi  Froment,  op.  cit.  p.  cxv — cxvn. 

4  C'est-à-dire,  à  découvert,  publiquement. 

5  Allusion  au  Père  Guy  Furbiti  ("Voy.  X°  441,  notes  9  et  13). 

6  Voyez  la  note  1 1 . 

7  Voyez  le  Xu  448,  note  7. 

8  II  se  nommait  Boni  Jean  Éverard. 

9  Allusion  à  la  dispute  qu'il  avait  soutenue,  le  24  juillet  1534,  contre 
Farelet  Viret,  en  présence  du  Conseil.  Éverard,  convaincu  d'erreur,  avait 
demandé  si  on  lui  défendait  de  prêcher  à  l'avenir.  Le  Conseil  répondit 
<  qu'on  ne  lui  défendait  rien,  sinon  les  mensonges,  et  qu'on  lui  commandait 
de  prêcher  l'Evangile  selon  la  vérité  »  (Voy.  Froment,  op.  cit.  Extraits 
des  Registres,  p.  xcv,  xcvi). 

10  Le  vicaire  de  St.-Gervais  s'était  enfui  après  l'insuccès  de  la  conspi- 
ration du  30  juillet  1534  (Voyez  le  Registre  du  22  septembre ,  même  an- 
née, et  les  Nos  474,  n.  2;  479,  n.  1).  Les  Peneysans  eu  avaient  fait  leur 
confesseur.  Il  fut  pris  à  Bernex  le  22  avril  1535,  et  emprisonné  à  Genève. 
Le  Conseil  le  bannit  à  perpétuité  (28  février  1536),  «  ayant  sur  lui  misé- 
ricorde, à  cause  de  sa  longue  détention.  » 


1534  LE  CONSEIL  T>K  GENÈVE  A  CLAUDE  SAVOYE,  A  BERNE.  'il  1 

en  Genève  de  la  novellefoy;  car  aussi  noz  esdietz  portent  de  non  y 
pretcher  nue  CEvangille  et  ^ancienne  dort  ri  m'  de  Jésucrist  ". 

Au  lier  [article],  «  que  toutes  parties,  pendant  le  terme  des  (neu- 
ves de  deux  moys, soyent  seurs,  corps  et  biens,  sur  les  terres  l'ung 
de  l'aultre,  »  -  -  Nous  n'avons  jamais  empêché  personne  de  venir, 
ny  faict  guerre  pour  eslre  en  Iriefves  [1.  trêve]. 

Au  quart  [l.  au  quatrième  article],  «  que  l'une  des  parties  ne  re- 
fuse point  à  l'aultre  vivres  pour  son  argent,  ei  nVmpescher  point 
les  vivres.  »  —  Aussi  ne  avons-nous  reffusé  ne  empesché,  comme 
aussi  ne  relïusons  ny  empeschons,  mais  bien  le  Duc  h  nous,  contre 
la  sentence  de  Messieurs  des  Ligues  faicte  à  Payerne. 

Au  cinquième.  «  que  sil,  pendant  le  terme  des  tiïefves,  sefaisoit 
quelque  offence  contre  les  dites  triefves,  quïlz  soyent  chastiés  qui 
le  feront,  »  —  Nous  n'avons  prisonnier  détenuz,  sinon  pour  larre- 
cin,  pour  trahison  ou  pour  dehte.  ny  [n'en]  havons  heu  par  cy- 
devant.  Mais  le  Dur  nous  détient  sir  prisonniers  '-',  troys  enfans  et 
troys  \  ieulx  hommes  pour  avoir  oui/  le  presche  de  l'Évangille  et  rou- 
loir  icelluy  ensuyvre,  et  non  pour  aultre:  qu'est  contre  la  sentence 
de  Payerne,  en  laquelle  l'êvesque  de  Genève  n'est  poyënî  compris 
comme  avec  l'une  des  parties l3. 

Si!  le  Due  n'haz  ce  qu'il  demande  du  vidompnal  u,  il  ne  tient  que 
à  luy,  qui  n'ha  pas  voulsu  premièrement  donner  seaulx  et  lectres 
à  ceuh:  de  Génère  sur  le  besoigne  de  Payerne  '  \ 

Touschant  PÉvesque,  c'est  uni/  aultre  affaire  à  part.  Il  s'est  chassé 

11  L'édit  du  30  juin  1532  ordonnait  aux  ecclésiastiques  de  prêcher  l'é- 
vangile et  l'épître  du  jour  selon  la  vérité,  sans  y  ajouter  ni  tables,  ni  in- 
ventions humaines  (Voy.  le  N°  383,  n.  2,  et  le  X°  439,  n.  5). 

12  tls  étaient  emprisonnés  au  château  de  Peney,  qui  dépendait  de  l'é- 
vêque  de  Genève.  C'est  pour  cela  que  les  mots  suivants  «  sus  ses  pays  » 
ont  été  biffés. 

13  C'est-à-dire  que  le  Duc  ne  pouvait  en  aucune  façon  se  prévaloir  de 
la  sentence  de  Payerne,  pour  prêter  main-forte  à  l'Évêque. 

14  C'est-à-dire,  le  droit  de  réintégrer  son  vidomne  à  Genève.  Ce  fonc- 
tionnaire, nommé  par  le  Duc,  dépendait  de  l'Evêque  sous  quelques  rap- 
ports, et  il  jugeait  les  causes  civiles  en  première  instance. 

15  Le  25  février  1535,  le  Conseil  de  Genève  écrivait  encore  aux  can- 
tons suisses  :  «  Nous  ne  havons  en  quelque  façon  que  soit  déserté  au  Duc 
la  sentence  de  Payerai  .  en  la  vigueur  de  laquelle,  hayant  donné  (1.  s'il 
avait  donné]  bonne  seurté...  et  icelle  seelée  et  ratiffiée,  il  pouvoit  bavoir 
la  possession  de  l'office  du  vydompnal...  (Minute  orig.  Arch.  de  Ge- 
nève). 


412  LE  CONSEIL  DE  GENÈVE  A  CLAUDE  SAVOYE,  A  BERNE.  1534 

luy-mesmes  u\  et,  de  évesque  et  pasteur,  s'est  fait  loup  à  ses  brebis. 
comme  Pom  lu\  monslrera  en  temps  el  lieu,  avec  ce  que  cbescun.L! 
le  scaisi  bien.  Ce  sont  les  loupz  qui  demandent  trièves  aux  bergiers 
et  à  leurs  brebis. 

Nous  avons  testimoniales  et  instrument  receuz  par  le  secrétaire 
Curteti  en  Conseil  Général  comme  le  /lit  évesque  est  rtostre  bour- 
(jojis11,  et  qu'il  a  contracté  avec  la  communaulté  de  Genesve  pour 
cheanger  et  mettre  tous  officiers  en  Genève,  et  que  luy. .  ny  son 
Conseil  Épiscopal  ne  puisse  riens  faire  sans  celluy  de  la  ville  ,s. 

16  Nous  n'avons  point  détourné  «  Monsieur  VÉoesqueàeàemoxirermec- 
que  nous  (disaient  plus  tard  les  Genevois),  ains  le  avons  souvent  effois. 
par  pluseurs  ambassades,  requys,  comment  voulons  bien  sur  nostre  hon- 
neur maintenir  »  (Lettre  précitée  du  25  lévrier  1535). 

17  C'était  le  15  juillet  1527  que  Pierre  de  la  Baume  s'était  présenté  de- 
vant le  Conseil  Général  pour  demander  la  bourgeoisie.  Il  voulait  par  là 
se  mettre  au  bénéfice  de  l'alliance  qui  existait  entre  Genève  et  les  villes 
de  Berne  et  de  Fribourg.  Sa  demande  fut  très-bien  accueillie.  Il  promit 
«  par  sa  foy  et  son  serment...  de  procurer  de  tout  son  pouvoir  le  bien, 
honneur,  utilité  et  profit  de  la  cité  de  Genève,  d'éviter  le  dommage  d'i- 
cetle...  et  d'estre  perpétuellement  à  la  dite  Cité  féable  en  tout  et  par 
tout,  et  de  tout  son  pouvoir  aider  comme  bon  seigneur  et  bourgeoys»  (Voy. 
le  Citadin  de  Genève,  1606,  p.  64-66.  et  les  Fragments  hist.  sur  Genève 
I.  p.  143,  144).  Mais  dans  ces  lettres  «  testimoniales  »  il  n'est  fait  nulle 
mention  de  l'engagement  qu'aurait  pris  l'Évêque  relativement  à  la  nomi- 
nation des  fonctionnaires  publics. 

18  On  lit  au-dessous  les  annotations  suivantes,  qui  sont  de  la  main 
à?  Ami  Porral  : 

«  Fiant  dies  ejus  pauci,  et  episcopatum  ejus  accipiat  alter.  Psal.  108. 
lu  avaricia  fictis  verbis  de  vobis  negotiabuntur.  2  Pc.  2. 

Pour  l'aprobation 
de  la  foyre  de  Thonon. 

«  Pecunia  tua  tecum  sit  in  perdit ionem.  Act.  vin0. 

«  Les  brebis  n'bont  de  quoy  satisfaire  à  leurs  bergiers:  mais  le  maistre 
de  la  bergerie,  qui  a  envoyé  et  ordonné  les  bergiers  pour  défendre  ses 
brebis  des  loupz,  est  fidelle  et  puissant,  qui  poyra  tout.  Et  Dieu  leur  doint 
la  grâce,  vertu  et  puissance  de  résister  aux  loupz  et  de  bien  y  percep- 
vérer  à  son  honneur  et  gloire  !  » 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS 

DES     TOMES     I ,     II    ET     III 


TOME  I 

Page  15,  note  1,  ligne  sixième,  lisez  :  Les  théologiens  de  Cologne,  qui, 
même  avant  la  sentence  du  14  avril,  avaient  brûlé  publiquement  le  livre 
de  Reuchlin,  comme  hérétique,  sollicitèrent  l'approbation,  etc. 

P.  101,  à  la  fin  de  la  note  1,  ajoutez  :  à  moins  que  les  paroles  suivan- 
tes, écrites  de  Berne  en  1535  parmi  Genevois,  n'autorisent  l'opinion  con- 
traire :  «  J'ay  sceu  ces  jours  passés,  par  ung  qui  a  esté  serviteur  d'yl- 
grippa,  lequel  venoit  de  pourter  des  lettres  aux  ambassadeurs  du  duc  [de 
Savoie]  à  Fribourg,  directes  [c'est-à-dire  adressées]  au  dit  Agrippa  pour 
luy  faire  tenir,  qui  venoient  du  pais  des  lansquenetz,  —  comme  le  dit 
Agrippa  avoit  esté  mandé  du  Duc,  il  y  a  plus  d'ung  an,  pour  venir  à  son 
service,  mesmement  pour  se  mesler  des  afferes  contre  Genève,  pour  ce  qu'il 
sçavoit,  etc.  Et  dit  qu'il  est  avec  le  conte  de  Chaland  pour  cela.  Or  pen- 
sés comme  Dieu  le  vous  a  osté  miraculeusement  de  la  ville  !  Celluy  mes- 
saigier  parle  latin  et  se  tient  à  Basic  II  cuydoit,  estant  longé  icy  au 
Lyon,  que  je  fusse  savoisien  »  (Lettre  d'Ami  Porral  du  10  décembre  1535 
au  Conseil  de  Genève.  Mscr.  autogr.  Arch.  de  Genève).  Il  n'est  pas  in- 
utile de  rappeler  ici  que  Henri-Cornelius  Agrippa  avait  été  reçu  bourgeois 
de  Genève  le  11  juillet  1522,  et  qu'il  avait  épousé  en  secondes  noces  une 
Genevoise. 

P.  113,  à  la  fin  de  la  note  5,  ajoutez  :  D'après  Grœsse  (Nouveau  Dict. 
bibliographique),  la  première  édition  de  cet  ouvrage  parut  à  Wittemberg, 
vers  la  fin  de  l'année  1523. 

P.  159,  note  1,  ligne  7,  au  lieu  de  :  Nous  la  réimprimons,  lisez  :  Nous 
en  réimprimons  la  préface,  etc. 

P.  209,  ligne  3,  au  lieu  de  salutat,  lisez  :  salutant. 

P.  214,  à  la  fin  de  la  note  23,  ajoutez  :  Voici  les  renseignements  que 
nous  avons  recueillis  sur  la  carrière  subséquente  (VHilaire  Bertholph:  Vers 
la  fin  de  l'année  1524  il  était  au  service  de  la  duchesse  d'Alençon  et  il 
se  trouvait  à  Avignon  (Voyez  dans  les  Œuvres  d'Henri-Cornclius  Agrippa, 
éd.  cit.  Pars  II,  p.  S25,  deux  lettres  de  Bertolpli,  datées  inexactement  de 
1525).  Plus  tard,  il  habita  Lyon,  comme  nous  le  savons  par  ces  passages 


ili  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS  DU  TOME  I. 

de  la  lettre  de  François  Rabelais  datée  :  Lugduni,  pridie  Cal.  Decembr. 
1532,  et  adressée  à  Érasme:  «  ...Me  tibi  de  facie  ignotum,  nomine  etiam 
ignobilem,  sic  educasti,  sic  castissimis  divin*  tua?  doctrinal  uberibus  us- 
que  aluisti,  ut  quicquid  sum  et  valeu,  tibi  id  uni  acceptuni...  feram... 
Salve  itaque  etiam  atque  etiam,  pater  amantissime,  pater  decusque  pa- 
trise,  literarum  assertor  xâëI^xxkg;,  veritatis  propugnator  invictissime  ! 
Nuper  rescivi  ex  Hilario  Bertulpho .  quo  hîc  utor  familiarissimè ,  te 
nescio  quid  moliri  adversùm  calumnias  Hier.  Aleandri.  quem  suspicaris 
sub  persona  factitii  cujusdam  Scaligeri  adversùm  te  scripsisse . . .  »  (Copie 
contempor.  Bibl.  de  la  ville  de  Zurich).  Le  31  août  1533,  Érasme  écri- 
vait à  Boniface  Amerbacb  :  «  Lugduni  Hilarius  Bertulphus  peste  funditus 
periit,  hoc  est,  ipse  cum  uxore  ac  tribus  liberis  »  (Erasmi  Epp.  ad  Amer- 
bachium,  n°  82). 

P.  218,  note  3,  ajoutez  :  Il  écrivait  en  effet,  le  7  septembre  1521),  à 
Pierre  du  Cliâtel  à  Bourges  :  «  Quid  apud  Reginam  Naoarne  possim  nes- 
cio, neque  enim  mibi  quicquam  cum  illa  commercii  est,  nisi  quùd  illam, 
quorundam  instinctu,  semel  aut  iterum  appellavi  literis.  Illa  praeter  salu- 
tationem  nibil  remisit  »  (Catalogus  codicum  Mss.  Bïbliothecae  Bernensis, 
t.  III,  p.  248). 

P.  219.  La  lettre  de  Le  Fèvre  du  (3  juillet  1524  n'était  pas  complète- 
ment inédite,  comme  nous  le  pensions.  Le  Bulletin  du  Protestantisme 
fiançais  en  avait  déjà  publié  un  fragment  en  1802  (t.  XI,  p.  212—213). 

P.  221,  à  la  fin  de  la  note  11,  ajoutez  :  N'est-ce  pas  à  Guillaume  Bri- 
çonnet  que  fait  allusion  le  passage  suivant  d'un  petit  livre  intitulé  :  «  Qua- 
tre instructions  fidèles  pour  les  simples  et  les  rudes,  »  et  qui  paraît  avoir 
été  imprimé  à  Paris  vers  l'an  1524  : 

Ung  évesque  fidèle,  depuis  peu  de  jours  illuminé  de  la  doctrine  Chres- 
tienue,  visitant  plusieurs  lieux  de  ses  parroiclies,  veit  une  grande  cala- 
mité, principalement  des  peuples  vivans  es  champs,  et  des  vicaires.  Des- 
quelz  plusieurs  estoient  tant  ignorans,  qu'ilz  n'avoient  aulcune  congnois- 
sance  de  la  doctrine  Clirestienne,  tant  que  on  auroit  honte  de  le  réciter.... 
Et,  ce  voiant,  commencea  à  gémir,  disant  :  «  0!  que  responderay-je  à 
Christ.,  [moi]  qui  suis  évesque,  auquel  ce  soing,  ceste  cure  et  garde  est 
commandée  de  Dieu  V  Je  suis  celluy,  jusques  à  maintenant,  et  ceulx  qui 
ont  esté  devant  moy,  auxquelz  est  deue  ceste  calamité,  qui  avons  permis 
les  hommes  errer  très-laidement.  C'est  nostre  coulpe,  c'est  nostre  faulte, 
que  n'avons  jamais  riens  moins  faict  que  ce  que  debvions  faire  de  nostre 
office...  Et  encores,  que  contemnons  et  ne  nous  chault  si  ceulx  qui  sont 
commis  à  nostre  foy...  ne  sçaivent  ne  l'Oraison  de  Jésuchrist,  ne  le  Sym- 
bole des  Apostres...  ne  le  Décalogue,  c'est-à-dire  les  dix  commandemens 
de  la  loy.  0  nous  maleureux! 

«  Pourtant  il  obteste  et  prie  par  Jésuchrist  tous  évesques  et  vicaires, 
ministres,  prescheurs  auxquelz  la  charge  et  soing  spirituelle  divinement 
est  commandée,  de  faire  diligentement  avec  sa  grâce  leur  office.  A  la- 
quelle cause  a,  par  la  grâce  de  Dieu,  composé  ce  catéchisme,  c'est-à-dire 
instruction  pour  invulguer  aux  plus  jeunes  et  plus  rudes  peuples.  » 

Grâce  à  l'obligeance  d'un  bibliophile  français,  M.  Adolphe  Gaiffe,  nous 


AUDITIONS  ET  CORRECTIONS  DO  TOME  I.  'l  I  5 

avons  pu  examiner  un  exemplaire  de  cet  opuscule.  II  se  compose  de  47 

feuillets  petit  in-8".  en  caractères  gothiques  pareils  à  ceux  du  Nouveau 
Testament  de  Le  Fèvre  imprimé  en  1525  chez  Simon  du  Bois,  à  Paris.  I  e 
n'est  pas  un  catéchisme  par  demandes  et  réponses,  mais  plutôt  un  guide 
pour  les  ecclésiastiques.  Le  signe  de  la  croix  y  est  recommandé;  mais  les 
chapitres  qui  traitent  du  «  sacrement  de  la  cène  et  des  cérémonies 
(feuillets  xxn  et  xxxim)  ne  nous  permettent  pas  cependant  de  croire  que 
ce  petit  livre  ait  pu  être  approuvé  par  l'évêque  Briçonnet. 

P.  272,  ligne  7.  Le  texte  original  porte  dimissum,  et.  deux  lignes  plus 
bas,  admirantïbus  vobis. 

P.  273,  ligne  4.  Au  lieu  de  non  esse,  on  lit  ne  esse  dans  L'original,  et. 
à  la  ligne  neuvième,  pluraque  au  lieu  de  plura. 

P.  290,  à  la  fin  de  la  note  7,  ajoutez  :  Mélanchthon,  qui  ne  connaissait 
pas  encore  Farél  personnellement,  semble  avoir  accueilli  en  grande  partie 
les  rapports  d'Érasme  sur  le  compte  du  réformateur  français.  C'est  ainsi  du 
moins  que  nous  interprétons  la  phrase  suivante,  qui  se  trouve  dans  une 
lettre  de  Mélanchthon  à  Œcolampade  écrite  vers  la  fin  de  septembre 
1524  :  «  Dispîieent  mihi  quse  audio  meditari  VareUum  mxpà  :w  y.rta-rrt  [c'est- 
à-dire  Ulric  (h  Wurtemberg]  ad  quem  se  contnlit  »  (Voyez  J.-J.  Herzog. 
Das  Lehen  J.  Œkolampads,  1S43,  t.  II,  p.  279). 

P.  290.  à  la  fin  de  la  note  8,  ajoutez  :  Érasme  formula  un  nouveau 
grief  contre  Farci  dans  Tune  des  lettres  qu'il  adressa  en  1526  à  Conrad 
Pellican  :  «  Apostoli  persuadebant,  et  vos  vultis  cogère  ad  evangelium 
vestrum!  Jam  finge  nihil  me  velle  scribere:  non  poteras  efficaciùs  hue 
impellere,  quàm  spargendo  rumorem  tne  vobiscum  sentire,  et  interminando 
ne  scriham.  Vester  Phareïlus  simile  mendacium  instillavit  in  aurem  An- 
glo  nostro  [c'est-à-dire,  à  Thomas  Gfrey],  me  rectè  sentire,  sed  non  au- 
dere  profiteri.  Et  haac  audet  instillare  auribus  hominum.  conscius  quàm 
aeiïs  mihi  fuerit,  de  omnibus  ferè  Luiheri  dogmatibus,  cum  ipso  contentio. 
Atqui  quod  Phareïlus  vocat  rectè  sentire,  Caesares  et  Pontifices  vocant 
hœreticum  esse  »  (Voyez  le  N°  6  et  le  N°  99,  n.  12.  —  Erasmi  Epp  Ba- 
silese,  1558,  p.  574,  677). 

P.  305.  La  note  8  doit  être  ainsi  conçue  :  Voici  le  titre  complet  de  cet 
ouvrage  :  «  Modus  orandi  Deum,  per  Des.  Erasmum  Roterodamum.  Opus 
nunc  primum  et  natum,  et  excusum  typis.  Basilese  apud  Ioannem  Frob. 
Anno  M.D.XXIIII.  Mense  Octobri,  »  in-8°  de  46  feuillets. 

P.  352.  Lettre  de  Beda  à  Érasme  du  21  mai  1525.  D'Argentré  (op.  cit. 
III,  Pars  IL  71)  a  donné  de  cette  lettre  un  texte  qui  est  plus  correct  que 
celui  de  Le  Clerc. 

P.  372,  à  la  fin  du  deuxième  paragraphe,  nous  aurions  dû  renvoyer  à 
la  note  suivante  :  D'après  l'ouvrage  du  Père  Meurisse  (Hist.  de  la  nais- 
sance de  l'Hérésie  dans  la  ville  de  Metz.  édit.  de  1670,  p.  21).  le  sup- 
plice de  Jean  le  Clerc  aurait  eu  lieu  le  samedi  25  juillet  1525.  et  non  le 
22,  comme  le  dit  François  Lambert. 

P.  375,  remplacez  la  note  2  par  celle-ci  :  Toussain  fait  allusion  au  sup- 
plice de  Jean  le  Clerc  (Voyez  le  N°  155).  qui  eut  lieu  le  même  jour  que 
celui  de  l'imprimeur  Jacques,  dont  il  parle  immédiatement  après. 


416  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS  1)1    TOME  II. 

P.  375,  dernière  ligne  des  notes,  lisez  :  Pierre  Guérard,  que  le  P.  Meu- 
risse  (loc.  cit.)  nomme  Pierson  Guelrard,  était  clerc  du  Palais  de  Metz. 
On  l'accusait,  ainsi  que  l'imprimeur  Jacques,  d'avoir  accompagné  Jean  le 
Clerc  le  jour  où  celui-ci  avait  mutilé  quelques  images.  Guérard,  averti  à 
temps,  «  prit  la  fuite  et  se  retira  à  Thionville,  où  il  demeura  douze  ans.  » 

P.  376,  fin  de  la  note  6,  ajoutez  :  ou  Gaspard  Gamaut. 

P.  434,  ligne  deuxième,  lisez  :  continuent  à  donner  trois  leçons.  — 
Même  page,  supprimez  la  seconde  phrase  de  la  note  13. 

P.  45(3,  remplacez  la  note  30  par  celle-ci  :  Antoine  Engelbrecht  (en  la- 
tin Engentinus) ,  ancien  suffragant  de  l'évêque  de  Spire,  s'était  réfugié  à 
Strasbourg  chez  Capiton,  et  il  avait  été  nommé  pasteur  de  la  paroisse  de 
St. -Etienne  (1525).  Voyez  Rœhrich  (Gesch.  der  Réf.  ini  Elsass,  I,  195,11, 
S5-88)  et  la  lettre  de  Bucer  à  Amhroise  Blaarer  du  3  février  1534.  Coll. 
Simler. 

P.  474,  note  10,  ligne  4,  lisez  :  publiés  le  18  mai  1526.  Nous  devons 
cette  rectification  à  notre  ami  M.  Rodolphe  Delay,  libraire  à  Genève,  qui 
;i  bien  voulu  nous  communiquer  un  exemplaire  des  Actes  de  la  Dispute 
de  Baden,  ainsi  que  plusieurs  autres  ouvrages  précieux  relatifs  à  la  Ré- 
forme. 


TOME  II 


P.  14,  à  la  fin  de  la  note  4,  ajoutez  :  Il  avait  été  lancé  à  l'occasion  du 
monitoire  suivant,  adressé  au  Chapitre  de  Sion  par  le  pape  Clément  VII, 
en  date  du  16  novembre  1526  : 

«■  Dilectis  filiis...  Apostolieam  benedictionem  !  Accepimus  quod,  in  non- 
nullis  locis  patriee  Vallesii  diocesis  Sedunensis ,  nonnullse  superstitiones 
hseresim  sapientes  sunt  ortse,  et  aliquihus  pestis  Luthcrana  placet.  Nos 
igitur  vobis  ac  vestrorum  cuilibet  inquirendi  contra  pithonissas  et  malé- 
fices, ac  alios  superstitiosos,  nec  non  Lufheranos  et  hrereticos  complices 
fautores  et  sequaces,  procedendique  et  puniendi,  nec  non  omnia  faciendi 
et  exequendi  plenam  et  liberam  concedimus  facultatem.  Et  nihilominus 
universis  committimus  et  mandamus,  quatenus  eoruin  quilibet,  quoties 
pro  parte  nostra  fuerit  requisitus,  prsesidio  assistât.  »  (Voyez  P. -S.  Fur- 
rer.  Urkunden  welche  Bezug  haben  auf  Wallis.  Sitten,  1850,  p.  313.) 

P.  131,  à  la  fin  de  la  note  4,  ajoutez  :  Le  Vasseur  (Annales  de  l'Église 
de  Noyon,  1633,  p.  1172)  cite  en  outre  «  ses  résignataires»  Antoine  delà 
Marlibre  et  Caim.  Le  4  mai  1534,  d'après  le  même  auteur  (p.  1161),  Jean 
Calvin  résigna  au  dit  la  Marliere  la  chapelle  de  la  Gésine,  que  son  frère 
Cauvin  lui  avait  rétrocédée  le  mercredi  26  février  [1.  le  28]  1531  (1532, 
nouv.  style),  et  ce  même  4  mai  1534,  il  céda  sa  cure  du  Pont-1'Évesque 
:"i  Caim,  au  lieu  duquel  Papire  Masson  nomme  par  erreur  Guilielmus  Bosius. 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS  DU  TOME  II.  117 

P.  210,  nut(!  8-!J.  Après  les  mots  sauf  Ruchat,  ajoutez  :  Histoire  de  la 
Réformation  de  la  Suisse,  nouvelle  édition,  t.  II,  p.  12o. 

P.  201,  note  5,  ligne  4,  lisez  :  que  les  prêtres  de  cette  vallée  ne  conti- 
nuaient à  dire  La  messe  que  pour  rester  en  possession  de  leurs  revenus, 
ils  y  avaient  établi  la  Réformation,  etc.  —  A  la  fin  de  la  même  note,  p. 
2ii2,  ajoutez  :  J.-C.  Appenzeller.  Die  Reformation  zu  Biel,  p.  4:5-48. 

P.  263,  à  la  fin  de  la  note  10,  ajoutez  :  et  Ruchat,  t.  III,  p.  200-2(12. 

P.  27!»,  à  la  fin  de  la  note  2,  ajoutez  :  Selon  Le  Maire  (Hist.  d'Orléans, 
I,  204,  à  comparer  avec  les  pp.  385-386  du  même  ouvrage),  «  Calcul  fai- 
soit  [encore]  profession  de  la  religion  catholique,  apostolique  et  romaine, 
puis  qu'en  l'année  1530",  comme  escollier  de  la  Nation  de  Picardie  dans 
l'université  [d'Orléans],  il  alla,  avec  le  Procureur  d'icelle  et  autres  es- 
colliers,  demander  la  Maille  d'or  à  Baugency,  qui  n'avoit  esté  présentée 
à  la  Messe  dans  l'Église  de  S.-Pierre-le-Puellier,  le  jour  de  l'Invention 
de  S.  Firmin,  13  Janvier  1530.  » 

P.  282,  note  13,  ligne  4,  ajoutez  :  La  terre  de  Meillant,  appelée  Me- 
lianum  par  Jacques-Auguste  de  Thon,  appartenait  depuis  1525  à  l'un  des 
héritiers  de  Georges  d'Amboise,  c'est-à-dire,  à  Philibert  de  Beaujeu,  «sei- 
gneur de  Lignières,  de  Meillant,  etc.,  »  qui  avait  épousé  la  tante  pater- 
nelle du  susdit  George-.  (Voyez  l'ouvrage  intitulé  :  «  Xominum  proprio- 
runi...  quaa  in  J.  A.  Thuani  Historiis  leguntur  Index,  cum  vernaculâ  sin- 
gularuin  vocum  expositidne.  »  Genevae,  1G34.  —  LeDict.hist.de  Moréry, 
article  Amboise.  —  Le  P.  Anselme.  Hist.  généalog.  etc.  IV,  438,  VI,  735, 
736,  VII,  125,  126.  —  Martin.  Hist.  de  France,  IX,  255.) 

P.  292.  Le  texte  de  la  lettre  de  Georges  de  Rive  à  la  comtesse  de  Neu- 
chàtel  qui  a  été  publié  en  1S41  par  M.  G. -A.  Matile  (Musée  hist.  t.  I, 
]>.  117-123)  diffère  en  plusieurs  points  de  celui  de  Choupard. 

P.  364,  deuxième  ligne  du  texte  en  remontant,  placez  après  Ecangeliiuu 
un  renvoi  à  la  note  suivante  :  Pendant  le  séjour  de  l'armée  bernoise  à 
Genève  (10-20  octobre  1530),  l'Évangile  y  avait  été  prêché  tous  les  jours 
en  allemand  dans  la  cathédrale  de  St. -Pierre,  par  l'aumônier  bernois  Gas- 
pard Megander  (et  non  par  «  Maistre  Guillaume  Foret,  »  comme  le  dit 
Jeanne  de  Jussie,  op.  cit.  p.  20).  Ce  détail,  qui  nous  a  été  communiqué 
par  un  bibliophile  genevois,  M.  Théophile  Dufour,  se  trouve  dans  une 
brochure  contemporaine  de  8  feuillets  in-4°,  intitulée  :  «  Inhalt  des  Jenf- 
fischen  Berichts.  so  zu  Sant  Julio...  durcli  ettlich  ôrtt  der  Aydgnoss- 
schafft  volzogen  und  auffgericht  mitwoehen  nach  Sant  Gallon  tag.  im 
1530  jar.  » 

On  comprend  dès  lors  pourquoi  Zwingli  écrivait  à .  Berthold  Ilalleretà 
Megander  le  30  novembre  1530:  «  Accurare  debetis,  ut  Evangèlium  stre- 
nuè  priedieetur  Gcbcnnœ  »  (J.-J.  Hottinger,  op.  cit.  III,  514). 

Pages  366  et  370.  La  requête  des  Catholiques  de  Grandson  et  celle  de 
Farel  doivent  être  datées  du  2  ou  du  3  octobre  1531,  comme  nous  l'ap- 
prend le  recès  de  la  conférence  dans  laquelle  les  députés  de  Berne  et  de 
Fribourg  examinèrent  les  griefs  des  deux  parties.  Cet  acte  est  daté  de 
Grandson,  le  5  octobre  1531,  et  il  renferme  le  paragraphe  suivant  : 

<  Sus  la  Supplication  par  les  nobles  et  babitans  de  la  ville  de  Grandson 
t.  m.  27 


418  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS  DU  TOME  III. 

faicte  à  mes  dits  Seigneurs  les  ambassadeurs  et...  par  escript donnée,  —  et 
sur  les  Besponccs  faicte[s]  sur  icelle  par  maistre  Guillaume  Farel,  lesquelles 
sont  aussi  par  escript, ...  a  esté  dit  par  mes  dits  Seigneurs  ambassadeurs 
(pie,  vehues  les  chouses,  lesquelles  sont  de  grande  importance . . .  ont  re- 
mect. . .  par  devant  l'audiance  de. . .  Messeigneurs  des  deux  Villes,  pour 
en  debvoir  faire  conclusion  totalle ...»  (Mscrit  orig.  Arcli.  de  Berne.) 

P.  377,  note  2.  Les  trois  dernières  lignes  de  cette  note  doivent  être 
corrigées  comme  il  suit .  Ce  passage,  rapproché  de  la  lettre  d'Andronicus 
du  29  avril  1533  (N°  415,  renvoi  de  note  20),  nous  autorise  à  croire  que 
ce  Lvtlovicti*  n'était  autre  qu'  Olivétan. 

P.  451,  à  la  fin  de  la  note  10,  ajoutez  :  car  le  premier  de  ces  prédi- 
cateurs n'ayant  assisté  au  synode  vaudois  qu'en  septembre  1532,  il  ressort 
du  passage  suivant  qu.'' Olivétan  s'y  trouvait  alors  avec  lui  :  «  Priori...  tes- 
tamento,  quod,  dum  Valdenses  tecum  aditurus  esset,  conscripserat  [Olive- 
1anns],  medietatem  omnium  Joannae  legarat  »  (Lettre  de  Fabri  à  Farel, 
datée  du  8  mai  1539.  Mscrit  orig.  Bibl.  des  pasteurs  de  Neuchâtel).  Voyez 
aussi  le  N°  507,  note  20,  et  le  N°  528,  note  2. 


TOME  III 


Page  117,  à  la  fin  de  la  note  6,  ajoutez  : 
Discours  composé  par  Calvin  et  prononcé  par  le  recteur  Nicolas  Cop 

LE    Ier    NOVEMBRE    MDXXXIII  *. 

Magna  qusedain  res  est  ac  longé  prsestantior  quàm  dici  aut  animo  et 
cogitatione  comprebendi  possit  :  Christiana  philosophia.  Uni  hœc  bomini 
divinitus  a  Christo  data  est,  quse  veram  et  certissimam  fœlicitatem  expli- 
caret.  Hac  una  nos  esse  Dei  filios  intelligimus  et  credimus.  Haec  suosplen- 
dore  et  praestantia  universam  mundi  sapientiam  obscuravit.  Hac  qui  ex- 
cellunt  tantum  prope  reliquse  bominum  multitudini  praestare  mibi  videntur, 
quantum  hommes  beluis  antecellunt  :  nimirum  cum  ni  majora  longe  et 
praestantiora  quàm  reliqui  mente  complectantur.  Admirabile  enim  et  sanc- 
tum  genus  illud  philosophie  esse  oportet,  quod  ut  hominibus  traderet 
Deus,  homo  fieri  voluit,  cum  immortalis  esset,  mortalis. 

Verè  profectè-  hoc  mihi  videor  esse  dicturus,  nulla  re  magis  amorem 
Dei  erga  nos  innotescere  posse,  quàm  quod  Verbum  suum  nobisreliquerit. 
Quse  enim  propior  aut  certior  cognatio  esse  potuerit?  Quod  si  reliquas 
artes,  disserendi  artem,  naturse  scientiam,  atque  eam  qua?  de  moribus 

*  En  tête  du  manuscrit  on  lit  la  note  suivante,  écrite  vers  1570  par  X.  Colladon, 
et  qui  renferme  une  erreur  de  date  :  «  Concio  nomine  rectoris  Nie.  Copi  scripta  Cal. 
Novemb.  M. D. XXXIV.  » 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS  DU  TOME  III.  419 

est,  propter  utilitatem  et  miramur  et  laudamus,  —  quae  potest  cum  hoc 
génère  philosophie  conferri,  quod  voluntatem  Dei,  omnibus  philosophis 
diu  quaesitam,  nunquam  inventant,  exponit?  quod  soîâ  Dei  gratiâ  peccata 
remittit?  Spiritum  Sanctum,  qui  corda  omnium  sanctificat  et  vitam  seter- 
nam  adfert,  omnibus  Christianis  pollicetur?  Hoc  studium  qui  non  lauda- 
verit  haud  sanè  scio  quid  laudandum  putet.  Si  enim  oblectatio  animi  re- 
quiesque  curarum  quaeritur.  quae  spectent  ad  bene  beateque  vivendum 
Christiana  philosophia  abunde  suppeditat;  motus  animi  turbulentes  quasi 
babenis  quibusdam  coërcet. 

Cum  igitur  tanta  sit  Ev;mgelii  laus  et  dignitas,  non  parum  gaudeo,  nrihi 
datam  occasionem  illius  explicandi,  meque  in  eo  esse  magistratu  qui  id 
muneris  necessitate  quadam  a  me  requirat.  Sed  in  tam  ubere,  tamqueim- 
mensa  rerum  copia,  unde  principium  aut  ubi  finem  nostra  sumet  oratio? 
Sanè  quia  amplior  est  dicendi  campus  quàm  oratione  complecti  possim, 
eum  Evangelii  locum  potissimùm  explicabo  qui  in  hodierno  die  in  ecclesia 
legi  solet.  Verùm  priusquam  rem  aggrediar,  illud  ardentibus  votis  me- 
cum  impetretis  velim  a  Cbristo  optimo  maximo,  qui  verus  est  et  unus 
apud  Patreni  intercessor,  ut  fœcundo  illo  suo  spiritu  mentes  nostras  illus- 
trât,  ut,  quemadmodum  ipse  est  gloria  Patris,  ita  nostra  oratio  illum 
laudet,  illum  sapiat,  illum  spiret,  illum  référât.  Kogabimus  ut  in  mentes 
nostras  illabatur,  nosque  gratia?  cœlestis  succo  îrrigare  dignetur.  Quod 
nos  consecuturos  spero,  si  beatissimam  Virginem  solenni  illo  praeconio 
longé  omnium  pulcherrhuo  salutaverimus  :  Ave  gratiâ  plena  *  ! 
Beati  pauperes  spiritu.  Matth.  5. 

Principio  quis  sit  bujus  partis  Evangelii  scopus,  ac  q[uô]  omuia  re- 
ferri  debeant,  diligenter  nobis  est  investigandum,  quod  ex  Evangelii  ac 
Legis  descriptione,  deinde  utriusque  inter  secollatione,  facile  intelligetur. 
Ergo  Evangelium  est  nuncium  et  salutifera  de  Cbristo  praedicatio  :  quod 
a  Dec  pâtre  missus  sit,  ut  omnibus  opem  ferat,  vitamque  aeternam  con- 
ciliet.  Lex  praeceptis  agit,  minatur,  urget,  nullam  pollicetur  benevolen- 
tiam.  Evangelium  nullis  minis  agit,  non  impellit  praeceptis,  summam  Dei 
erga  nos  benevolentiam  docet.  Qui  igitur  pure  et  sincère  Evangelium  in- 
terpretari  volet,  omnia  ad  Legis  et  Evangelii  descriptiones  exigat.  Quam 
tractandi  rationem  qui  non  sequuntur,  nunquam  satis  fœliciter  in  Chris- 
tiana philosophia  versabuntur.  Hoc  vitium  perditissimi  sophistae  incurre- 
runt,  qui  de  lana  caprina  perpetuô  contenduilt,  rixantur,  altercantur.  Ni- 
hil  de  fide,  nihil  de  amore  Dei,  nihil  de  remissione  peccatorum,  nihil  de 
gratia,  nihil  de  justificatione,  nihil  de  veris  operibus  disserunt;  aut  sicertè 
disserunt,  omuia  calumniantur,  omnia  labefactant,  omnia  suis  legibus,  hoc 
est  sophisticis,  coërcent.  Vos  rogo,  quotquot  hîc  adestis,  ut  lias  haereses, 
bas  in  Deuin  contumelias,  nunquam  aequo  animo  feratis. 

Sed  unde  digressa  est  eô  redeat  nostra  oratio.  Yidendum  nobis  [est] 
ne  Christum  hoc  loco  ab  Evangelii  rationc  aberrasse  existimemus;  nam 
praeceptis  agere  videtur,  ut  pauperes  simus  spiritu,  mundo  corde,  mites, 

■:  On  lit  à  la  marge  cette  note,  qui  est  de  la  main  de  Nicolas  Colladon,  l'un  des 
collègues  de  Théodore  de  Bèze  :  «  Hœc,  quia  illis  temporibus  danda  sunt,  ne  suppri- 
menda  quidem  putavimus.  » 


120  VDDITIONS  ET  CORRECTIONS  I)L  TOME  III. 

pacifici,  pnecipere.  Quin  etiam  mercedem  nobis  promittit,  cum  prsemiis 
duci  nemo  debeat,  sed  gratis  operam  dare  Christo,  solam  Dei  gloriam 
quaerere,  nib.il  formidine  prenre  aut  geennse  agere.  Sed  hsec  apud  se  co- 
gitant qui  divinam  philosophiam  per  transennam  legerunt,  qui  supremis 
labris  illam  degustarunt,  qui  in  Evangelio  nihil  promoverunt,  qui.  ut  cum 
Paulo  dicam,  putantes  se  sapientes,  stulti  facti  sunt.  Quin  potiùs  densis- 
simam  fugat  caliginem,  nos  tenebris  libérât,  ut  qui  aliquando  corporis 
oculos  aperuit,  nunc  mentis  oculos  aperiat.  Nam  quse  prsecepta  non  satis 
explicatè  Mosi  scripta  sunt  hoc  loco  explicatiùs  docet.  Raque  hoc  evan- 
gelium  nihil  praecipit,  sed  solam  Dei  bonitatem,  misericordiam  et  béné- 
ficia exponit,  ac,  ne  quis  mlretur  quod...  *. 

P.  136,  douzième  ligne  des  Notes  en  remontant,  au  lieu  de  Voyesdans 
le.-;  Additions,  lisez  :  Voyez,  dans  l'Histoire  de  l'Église  de  Genève  par 
M,  J.  Gaberel,  t.  I,  pièces  justificatives,  p.  77,  la  pièce  intitulée,  etc. 

P.  140,  note  8,  troisième  ligne,  même  correction  qu'à  la  page  136. 

P.  141,  dernière  ligne  des  Notes,  corrigez  comme  à  la  page  136. 

P.  142,  dernière  ligne  des  Notes,  lisez  :  qui  parut  le  22  août  1533  et 
fut  publié  de  nouveau  le  30  décembre  1534.  Supprimez  1533,  nouveau  style. 

P.  143,  dernière  ligne  de  la  note  7,  au  lieu  de  note  16,  lisez  note  15. 

P.  150,  à  la  fin  de  la  note  1,  ajoutez  :  Voici  un  fragment  do  la  dépo- 
sition faite  le  vendredi  17  juillet  1534  par  le  Père  François  Coutelier,  de- 
vant les  Officiaux  de  Lyon,  et  qui  est  relative  aux  événements  du  1er  mars 
précédent  : 

«  Un  g  jour,  que  fut  (comme  luy  semble)  le  second  dymenche  de  cares- 
mo.  après  ce  que  le  dict  déposant  eust  faict  la  prédicacion  au  dict  cou- 
vent des  Frères  Mineurs  [à  Genève],  en  présence  et  audience  de  très- 
grand'  multitude  de  peuple,  —  incontinant,  à.  l'yssue  d'icelle  prédicacion 
[commencée  à.  7  heures  du  matin],  survint  le  dict  Baudichon  avec  certains 
ses  complices.  Lesquelz.  de  leur  auctorité  privée,  commençarent  à  décla- 
rer aux  gens  qu'ilz  feroient  prescher  publiquement  le  dict  Farelhis  le  jour 
mesmes,  et  pour  ce  feroient  sonner  et  convoquer  le  peuple  à  la  cloche.. 
comme  il  est  de  co[u]stume.  Et.  de  faict.  à  l'heure  mesmes.  allarent  son- 
ner la  dicte  cloche,  laquelle  ilz  sonnarent  par  troys  coups. 

«  Et  tantoust  après,  le  dict  jour,  en  la  mesme  église  et  chaire  en  la- 
quelle avoit  presché  le  dict  déposant,  le  dict  Farelhis  fit  son  sermon  pu- 
bliquement, semant  sa  mauldicte  doctrine.  Et  despuis,  tous  les  jours  du 
dict  caresme  le  dict  Farelhis  fit  ses  sermons  en  la  dicte  église  et  chaire 
les  après-disnées  publiquement  et  au  son  de  la  cloche,  estant  le  dict  Fa- 
rellus  vestu  en  homme  séculier,  avec  une  cappe  à  l'espaignolle  et  ung  bon- 
net à  rebras.  Es  quelz  sermons  assistoit  tousjours  entre  aultres  le  dict 
Baudichon,  comme  capitaine  et  directeur,  faisant  faire  silence  et  donnant 
ordre  à  faire. renger  les  gens....  »  (Procès  de  Baudichon,  p.  321—324. 
Mscrit  orig.  Arch.  de  Berne.) 

P.  207,  première  ligne,  au  lieu  de  disciplet,  lisez  displicet. 


*  La  suite  du  discours  manque.  Nous  i»n  avons  reproduit  le  commencement  d'après 
îe  manuscrit  a'itographe  (Bibl.  Publ.  de  Genève,  vol.  n°  145). 


ADDITIONS  II   CORRECTIONS  DL   TOME  III.  121 

P.  225.  deuxième  ligne  en  remontant,  ajoutez  avant  la  parenthèse  :  Un 

■examen  attentif  du  Livre  des  Marchons,  publié  en  153::'»  chez  Pierre  de 
Wingle,  nous  a  donné  lieu  de  penser  qu'il  peut  être  attribué  à  Marcourt. 
(Voyez  un  extrait  de  cet  ouvrage  dans  les  Commentaires  de  Sleidan, 
traduction  française.  Genève,  1551»,  f.  137-39.) 

1'.  238,  à  la  tin  de  la  note  l(i.  ajoutez  :  Les  paroles  (pie  le  cardinal  de 
Tournon  aurait,  selon  .M.  Merle  d'Aubigné  (op.  cit.  111,  139,  140,  148), 
adressées  à  François  I,  en  octobre  et  novembre  1534,  pour  l'excitera  sévir 
contre  les  Réformés,  n'ont  pu  être  prononcées  dans  cette  circonstance. 
Le  cardinal  de  Tournon  n'était  pas  encore  de  retour  de  Rome,  où  il  s'é- 
tait rendu  pour  le  Conclave  (Voy.  la  Cronique  de  Françoys  I,  p.  110,  et 
les  Papiers  de  Granvelle.  II,  244,  290).  Quant  ;  Pierre  du  Châtel,  «  évé- 
que  de  Tulle,  »  qui  aurait,  dans  cette  occasion,  combattu  les  mesures 
sanguinaires,  il  était  également  hors  de  France  (Voy.  Bayle.  article  (  ns- 
tellan),  et  il  n'obtint  (pie  cinq  ans  plus  tard  la  dignité  épiscopale. 

P.  249,  ligne  onzième  des  Notes,  lisez  :  Voyez  l'Appendice,  p.  410. 

P.  252,  note  8,  ligne  4e,  lisez  :  qui  est  l'écho  des  bruits  du  joui',  etc. 

P.  254,  note  16,  lisez  :  C'est  une  allusion  a  l'Empereur  et  à  son  frère, 
le  roi  Ferdinand.  Ces  princes  ne  sont  mentionnés,  etc. 

P.  254.  à  la  tin  de  la  note  17.  ajoutez  :  Bullimjcr  écrivait  de  Zurich  à 
Bucer,  le  jour  de  Pâques  (28  mars)  1535  :  «  Quid  Galliis  in  regno  suo  in 
reritatem  Evangelicam  profitentes  exerceat,  cœlum  et  terra  clamant,  et 
sanguis  innoxius  effusus  è  terra  vociferatur...  Imposuit  hic  Rex  Germaniœ 
Principïbus,  et  te  quoque,  Encore,  impulit  ut  consilium  scriberes  perfido, 
id  quod  jam  rapit  in  defensionem  tyrannidis  sua?.  Quasi  il  1  i  quos  capitis 
supplicio  afticit.  secus  sentiant  de  religion©,  quàm  Germanorum  docti  isa- 
gogicis  quibusdam  libellis  ad  sarciendam  concordiam  scriptis!  Non  te 
latet.  (piid  scripserit  ad  Germanise  proceres  Eex.  Guïllielmus  Eellaius  ejus 
Apologise  cfeditur  autor.  At  os  impudens,  ingeniumque  perversissimum, 
pravum  et  Regia  indignum  Majestate,  altéra  ex  parte  et  in  graciam 
Pauli  [III }-  Francica  lingua  edidit  Decretum,  quo  omnes  Lutheranos  no- 
minatim  proscripsit.  Missus  est  libellas  Senatui  nostro.  ut  \ideret,  quàm 
sibi  impudens  pugnaret.  LaUnavi  apologiam  Germanis  niittit.  Francicum 
edictitm  apud  hostes  religionis  nostrse  vulgatur.  Ita  duabus  sellis  sedet  » 
(Minute  orig.  Bibl.  de  Zurich.  Copie  dans  la  Coll.  Simler). 

P.  280.  à  la  fin  de  la  note  5.  ajoutez  :  La  pièce  suivante  renferme  le 
récit  des  dangers  que  Michel  Dobte  courut  à  la  même  époque,  dans  le 
Pays  de  Vaud.  Elle  a  été  résumée  par  L.  Vulliemin  (Voyez  le  Chroni- 
queur, p.  59).  Nous  la  reproduisons  d'après  le  manuscrit  original,  qui  est 
conservé  aux  Archives  de  Berne  : 

«  Le  xvne  jour  du  movs  de  mars,  du  commandement  de  Mous''  le  gou- 
verneur d'Aigle  a  esté  interrogué  par  nous  notaires  subsignés  Maistre  Mi- 
chiel  Dobtc  prédicant  d'Ormant,  de  ce  que  luy  a  esté  faict  en  venant  de 
Geneste. 

«  Le  quel  a  raporté  estre  vérité  que  luy.  venant  de  Gencsve,  passa  par 
Lulric  et  alla  boyre  à  l'hoste  de  la  croy  blanche,  et  là  trouva  une  multi- 
tude  de  prestres  et  nioynes,  entre  lesquieulx  l'un    diceulx  l'interrogat 


422  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS  DU  TOME  III. 

qu'il  estoit?  Respondit  qu'i[l]  estoit  des  subjectz  et  serviteurs  de  Mes- 
sieurs de  Berne.  Et  incontinent  qu'il  l'eut  interrogué,  s'en  sortit  dehors. 
Et  voylà  venir  Monsieur  de  Lutrie,  une  barbe  rosse,  qui  l'interrogua  quel 
il  estoit?  oùt  il  alloit?  et  de  sa  foy,  et  s'i[l]  vouloit  prescher?  Respondit 
le  dict  niaistre  Michiel  qu'il  estoit  chrestien,  sans  avoir  point  d'aultre 
dispute  avesque  eulx,  requirant  que  luy  laysa  passer  son  clieniyn.  Adoncq 
le  dict  seigneur  luy  dict  :  «  Vattain  [1.  va-t'en],  je  toy  ballie  mon  servi- 
teur, qui  toy  tindra  sort  et  seur.  » 

«  Et  incontinant  qui  feut  à  la  porte  de  Lutrie,  en  sortant,  il  racontra 
ung  prestre  qui  le  frappa  d'ung  grand  cop  de  poing  en  l'estomach,  luy  di- 
sant qu'il  ne  seroit  pas  seur,  car  ly  avoit  tout  plain  de  gens  sus  le  che- 
rnyn  qui  l'atendoient.  Et  le  dict  homme  quil  le  conduysoit,  le  laysa.  Adoncq 
le  dict  maistre  Michiel  s'en  vient,  fouyant  par  les  vignies,  et  les  prestres 
et  moynes  criant  après  luy  aulx  vigniolans  qui  estoënt  par  les  vignies  : 
«  aut  larron  !  aut  larron  !  »  Et  le  suyvirent  tellement,  qu'il  feut  contrainct 
de  choër  es  fossés  de  la  dicte  ville  de  Lutrie.  Et  là  le  battirent  à  pierres 
et  atout  [1.  avec]  ung  sac  du  dict  maistre  Michiel,  au  quel  il  portoit  deux 
novyaux  Testament.  Et,  entre  les  aultres,  ly  avoit  ung  moyne  qui  vouloit 
estre  le  burriaux  [1.  bourreau]  du  dict  maistre  Michiel,  et  luy  vouloit  coppé 
la  teste  de  sa  propre  espée,  la  quelle  luy  avoit  hosté.  Et  puys  feû[t]  con- 
traint de  reintré  en  la  dicte  ville.  Et  là  f eurent  boutez  les  dicts  deux  no- 
vyaux Testaments  qui  portoit  au  feu  pour  brûler,  mais  l'on  feu  [1.  l'un  fut] 
retiré  du  feu  par  quelque  homme  de  bien  qui  le  guardazpour  luy,  et  l'au- 
tre feu[t]  brûler.  Et  en  fuyant  couroënt  après  luy  tous  petis  et  grandz, 
gettans  pierres  et  fosseux  [1.  fossoirs?],  le  poursuyvant  jusque  à  fouyr  en- 
core mes  [1.  davantage]  par  les  vignyes. 

«  Et  entre  Cullier  et  G-ra[n]vaid  feu[t]  concepu  [1.  aperçu]  de  deux  des- 
guisés,  l'on  ad  mode  de  Sallaques,  et  l'autre  de  coquyn  mal  vestu.  Le- 
quel Sallaques,  jurant  le  saing-Dieu,  dict  au  dict  maistre  Michiel  :  «  Tu 
es  ung  luthérien.  »  Et  le  frappa  de  son  espée  en  la  teste  une  playe  si 
grosse,  que  ly  a  fallieu  mettre  cinq  point  d'aguillée.  Et  l'eussent  du  tout 
extermyné,  sy  ce  n'eu  esté  ung  homme  qui  arriva  là,  disant  qu'il  façoënt 
mal.  Et  luy  hostèrent  sa  robbe,  son  chapiau  et  son  bonet.  Adoncq  le  dict 
maistre  Michiel  s'en  fouyt  par  les  vignies  en  ung  vilage  nommé  à  Byé.  Et 
trouva  là  ung  bon  gentil  homme  nommé  Messire  Glaudoz  Forestey,  qui  le 
receput  et  logaz  honestement  et  le  revestit  d'une  bonne  robe  forrée.  Puys 
envoya  querre  ung  médicin  qui  luy  benda  ses  playes,  soy  aydant  luy-mes- 
me.  Et  vouleut  poyé  le  médicyn.  Et  le  lendemain  luy  ballia  son  cheval 
avesque  ung  homme  jusque  à  Vyvey,  et  lui  presta  une  robe  qu'i[l]  hat  en- 
core de  présent. 

«  Puys,  à  Vivey,  trouva  le  chastellain  Hugonini,  accompaignié  de  cer- 
tains prestres  et  d'aultres  gens  de  la  Justice,  quil  le  voulurent  prengdre, 
disant  qu'il  avoient  icelle  charge  de  Monsieur  de  Lausanne.  Etpuyicelluy 
chastellain  interroguat  le  dict  maistre  Michiel  s'il  estoit  pas  celluy  que 
l'on  nommoit  Froment?  Respondit  que  non.  L'interroguat  si  avoit  point 
presché  à  Qenesve?  Respondit  que  non.  Laquelle  responce  faicte,  incon- 
tinant quelcung  qui  là  estoit  dict  qu'il  mentoit  par  la  gorge,  et  qu'il  avoit 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS  DU  TOME  III.  123 

esté  présent  quand  il  avoit  presché  à  Genesvc.  Surviendront  ausy  en  icelle 
plasse  qui  se  disoënt  tesmoings  qui  le  avoënt  vieu  prescher.  Et  comme 
le  dict  maistre  Michiél  estoit  à  l'hoste,  luy  dirent  que  sy  c'eust  esté  Fro- 
ment, Pharcî  ou  Viret,  que  il  les  eussent  tuez.  Et,  en  passant  par  dessus 
le  pont  vers  le  bourg-ès-favres,  le  vouleurent  desroché  de  dessus  son  che- 
val. Et  le  protlionotairc  là  battit  le  médian  du  dict  maistre  Michiél  d'un 
cop  de  poing  jusque  à  effusion  de  saing  par  les  dens,  en  luy  disant  : 
x  meschant  homme  !  »  Puys  après  il  louèrent  une  nagelle,  pour  venir  par 
dessus  le  lac;  mais  quand  cuydèrent  entré  dedans,  elle  soy  trouva  persée. 
«  Et  ainsi  a  raporté  le  dict  maistre  Michiél  à  nous  notaires  subsignés, 
estre  vérité,  Je  jour  dessus  escript,  l'an  mille  cinq  centz  trente  cinq. 

H.    DE  LoES,   110t.,   Jn   CoRXYOLLIER,    110t.  » 

P.  290,  à  la  fin  de  la  note  21,  ajoutez  :  M.  Henri  Bordier  nous  a  si- 
gnalé deux  opuscules  de  l'année  1533  qui  paraissent  avoir  été  imprimés 
chez  Pierre  de  Wingle  àNeuchâtel,  et  qui  portent  cet  anagramme  :  «  y  me 
vint  mal  a  gre.  »  On  y  retrouve  facilement  le  nom  de  Mathieu  Gra- 
melin.  L'un  de  ces  opuscules  a  pour  titre  :  «  Sensuyuent  plusieurs  belles 
et  bonnes  chansons,  »  etc.  (Voy.  le  t.  II,  p.  489.)  L'autre  est  intitulé  : 
«  Moralité  de  la  maladie  de  Chrestiente  a  xiij  personnages.  » 

P.  296.  La  note  20  doit  commencer  ainsi  :  M.  Louis  Vulliemin,  qui  a 
signalé,  après  Kirchhofer,  la  fraude  commise  par  Farél  (Voyez  Melchior 
Kirchhofer.  Farels  Leben,  1831,  t.  I,  p.  1S2.  —  Le  Chroniqueur,  1836, 
p.  50.  —  Ruchat,  nouv.  édition,  III,  260),  etc. 

P.  316,  ligne  3,  supprimez  inédite,  et,  après  Genève,  lisez  :  Imprimée 
en  partie  dans  l'ouvrage  de  M.  Amédée  Roget  intitulé  :  Les  Suisses  et 
Genève,  1864,  t.  II,  p.  151. 

P.  320,  à  la  fin  de  la  note  18,  ajoutez  :  M.  Adolphe  Gaiffe  a  eu  l'obli- 
geance de  nous  communiquer  un  Nouveau  Testament  imprimé  en  carac- 
tères gothiques,  et  qui  se  compose  de  158  feuillets  très-petit  in-8°.  Au 
verso  du  158e  se  trouve  la  marque  de  Pierre  de  Wingle.  Elle  ressemble 
beaucoup  à  celle  qu'il  employait  à  Neuchâtel,  mais  elle  a  de  plus  quatre 
Heurs  de  lys  et  un  lion.  On  trouve  ensuite  une  table  de  7  feuillets,  avec 
ce  titre  :  «  Table  pour  trouuer  les  epistres  et  euangiles  des  dimenches  et 
festes  de  lan,  a  lusaige  de  Rome,  Paris  et  Meaulx,  »  —  ce  qui  permet  de 
croire  que  ce  N.  T.  fut  imprimé  à  Lyon,  avant  l'année  1532,  ou  à  Genève 
pendant  l'hiver  de  1532—1533  (Voy.  le  t.  I,  p.  446). 

P.  321,  à  la  fin  de  la  note  20,  ajoutez  :  On  a  la  preuve  certaine  qu'a- 
près avoir  collaboré  à  l'édition  de  la  Bible  française  publiée  à  Neuchâtel 
le  4  juin  1535  par  l'imprimeur  Pierre  de  Wingle,  il  vécut  à  Lyon  ou  à 
Paris  pendant  la  seconde  moitié  de  la  même  année  et  les  premiers  mois 
de  la  suivante  (Voy.  le  N°  507,  n.  21).  D'après  l'un  de  ses  récents  bio- 
graphes, il  devint,  probablement  vers  1535,  secrétaire  et  valet  de  cham- 
bre de  Marguerite  de  Navarre  (Voy.  les  Œuvres  de  Despériers,  édition 
du  bibliophile  Jacob,  1841,  p.  xi,  xn,  165,210,239).  Or  nous  savons  qu'il 
y  avait  des  «  serviteurs  de  la  reine  de  Navarre  »  parmi  les  Français  pris 
à  Faverges  le  16  juillet  1535  (Voy.  p.  319,  n.  3).  Le  voyage  de  Despériers 
à  Turin  n'est  donc  pas  invraisemblable. 


Ï24  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS  DU  TOME  III. 

P.  321 .  à  la  fin  de  la  note  21,  ajoutez  :  On  lit  dans  la  lettre  signée  <^  le 
seigneur  Thybaud,  »  adressée  «  à  Monsieur  et  frère,  Monsieur  des  Planches 
magnificques,  »  —  ce  qui  doit  être  un  nouveau  pseudonyme  de  Guillaume 
Farel  :  «  Nous  euydions  estre  en  saulveté  à  dix  ou  douze  lieues  de  Ge- 
nève;  mais  sus  le  matin,  advant  jour,  nouz  eusmes  une  allarme  chaulde 
de  ceux  de  Pygney..  Et,  après  qu'il  nous  heurent  tous  saisiz,  au  reste 
|1.  à  l'exception]  de  Moàstre  Anth.[oine],  qui  s'en  alla,  il  nous  firent  no- 
tre procès,  pensons  de  moy  qu'i\l]  fust  vous...  Il  n'y  eut  pas  mon  pety 
bonnet  de  velloux  cpie  le  prévost  voulluz  avoir,  et  noz  javellines,  et  plus- 
sieurs  aultres  eboses  aussi  meschantes  que  furent  jamais  faictes  en  la  fo- 
rest  de  Toufre  [1.  TourfouJ.  »  (Copie  contempor.  Arch.  de  Genève.) 

P.  334,  à  la  fin  de  la  note  9,  ajoutez  :  On  lit  dans  le  Registre  du  Con- 
seil de  Genève  :  «  Die  Dominico  8aAugusti  1535.  Ibidem  fuit  petitus  Ma- 
gister  Guillelmus  Faréllus  et  interrogatus,  quare  ipse  bodie  prsedicaverit 
in  cathedrali  Sancti  Pétri,  cura  jam  fuerit  sibi  vetitum  ne  praedicaret  aiil)i 
quàm  in  locis  sibi  solitis?  Qui  respondit  quôd  miratur  quare  inquiratur 
de  tali  re,  cum  sit  sancta  et  secundùm  Deum  et  Sanctum  Evangelium... 

«  Eadem  die.  post  cenam,  Consilium  fuit  petitum  propter  hoc  quôd 
nonnulli  ex  civibus  ymagines  de  Sancto  Petro  fregerunt.  (Le  secrétaire 
Claude  Iîoset  a  écrit  au-dessous  la  réflexion  suivante  :  Ces  ymaiges  furent 
mises  par  terre,  pource  ipie  les  prebstres  se  moccoint  de  Dieu  et  des  gens.) 
Super  quo  fuit  advisum  quôd  cras  manè  debeat  congregari  Consilium. 

«  Die  Martis  10a  Augusti.  Juxta  berinnm  arrestum,  et  etiam  ad  requi- 
sitionem  G.  FarelU,  fuit  congregatum  Consilium  Ducentenarium. 

«  In  quo  primo  intravit  dictus  Faréllus,  cum  Petro  Vireto,  Jacobo  Ber- 

nardo  et  Fratre  Jacobo Cordigero.  [Faréllus],  magna  oratione  facta, 

proposuit,  sicut  fuit  farta  publica  Disputa,  ad  quam  fuerunt  vocati  sa- 
cerdotes,  ut  audirent,  et  sua  farta  substinerent.  fpseque,  et  (jus  socii 
cum  eo  se  paratos  obtulerunt  sustinere  omnia  quœ  prsedicarunt,  etiam 
usque  ad  mortem,  prout  et  de  prsesenti  se  offerunt  paratos  subire  mor- 
tem,  quatenus  contra  Sacras  Scripturas  aliquid  dixerint,  et  per  presbiteros 
convicti  fuerint:  nibil  de  presbiteris  requirentes,  nisi  quôd  ad  Deum  conver- 
tantur;  supplicantes  insuper  judicari  super  Disputa  priùs  facta. 

«  Super  Mis  omnibus  diu  disceptato,  fuit  advisum  et  majori  voce  reso- 
lutum.  quôd  teneantur  Consilia  diebus  extraordinariis,  ad  quse  vocentur 
sacerdotes,  et  coram  eis  proponatur  si  velint  substinere  missas  et  ymagines, 
et  res  bene  videatur.  Et  si  compertum  fuerit  fuisse  malè  actum  dirrum- 
pisse  ymagines,  tune  advideatur  et  reflferatur.  Intérim  verô  ultériùs  non 
dirmahir.  née  celébretur  missa,  donec  cognito.  Et  quôd  scribantur  Domi- 
nis  Bernatibus  prsemissa,  ut  super  eorum  responsione  nos  tutiùs  condu- 
cere  valeamus.  »  (Voyez  aussi  Froment,  op.  cit.  Extr.  des  Registres,  p. 

cxxxv  —  CXL,  cr.vi — CLVIII.) 

P.  375,  ligne  10,  supprimez  inédite.  Quelques  fragments  de  cette  lettre 
ont  été  publiés  par  M.  Iîoget.  op.  cit.  II,  182,  1S3. 
P.  4Hi,  ligne  15,  au  lieu  de  152G,  lisez  1527. 


TABLETTES  CHRONOLOGIQUES.  Ï25 


TABLETTES  CHRONOLOGIQUES 

1533.  Mars.  Berne  prend  la  défense  des  partisans  de  la  Réforme  à 
Genève. 

1533.  Mars-Avril.  Prédications  évangéliques  de  Roussel  à  Paris. 
1533,  14  juillet.  L'évêque  de  Genève  quitte poui  toujours  sa  ville  épi: — 

copale. 
1533.  Août-Septembre.  Antoine  Saunier  visite  les  Vaudois  du  Piémont 

et  de  la  France. 
1533.  Octobre-Novembre     Conférence  entre  le  pape  Clément  VII   et 

François  I  à  Marseille. 
1533,    1er  novembre.  Nicolas  Cop  prononce  devant  l'université  de  Paris 

un  discours  composé  par  Calvin;  peu  de  temps  après,  celui-ci 

quitte  Paris  et  se  réfugie  a  Angoulême. 

1533,  10  décembre.  François  l  ordonne  aux  parlements  de  procéder 
énergiquement  contre  les  hérétiques. 

1534.  Premiers  jours  de  janvier.  Farel  et  Viret  prêchent  la  Réforme  à 
Genève  dans  les  maisons  de  quelques  citoyens. 

1534,  il  janvier.  François  I  conclut  un  traité  secret  avec  les  Protes- 
tants d'Allemagne. 

1534,  27  janvier —  13  février.  Dispute  à  Genève  sur  la  religion  entre 
Farel  et  le  dominicain  Furbiti. 

1534,  1er  mars.  Le  culte  réformé  est  pour  la  première  fois  célébré  pu- 
bliquement à  Genève. 

1534.  Mars-Avril.  Alexandre  Canus  prêche  la  Réforme  à  Lyon. 

1534,  14  mai.  Les  Fribourgeois  renoncent  à  leur  alliance  avec  Genève, 
à  cause  des  progrès  de  la  Réforme  dans  cette  ville. 

1 534.  Mai-Juillet.  François  I  fait  consulter  les  théologiens  de  la  Suisse  et 
de  l'Allemagne  sur  la  possibilité  d'une  réunion  des  deux  Eglises. 

1534,  Ie1'  août.  Mémoire  de  Mélanchthon  sur  la  réunion  des  deux 
Eelises. 

1534.  Septembre  ou  octobre.  Jean  Calvin  quitte  la  France  et  se  retire 
d'abord  à  Strasbourg,  puis  à  Râle. 

1534,  18  octobre.  Placards  contre  la  messe  allichés  dans  Paris,  Orléans, 
etc.  Ils  provoquent  une  persécution  sanglante  contre  les  Évangé- 
liques français. 

1535,  rr  février.  François  I  justifie  auprès  des  princes  d'Allemagne  les 
supplices  infligés  en  France  aux  partisans  des  idées  nouvelles. 


i2()  TABLETTES  CHRONOLOGIQUES. 

1535,  31  mai.  Discussion  publique  à  Genève  entre  les  partisans  de  la 

Réforme  et  ceux  du  Catholicisme. 
1535,  4  juin.  La  Bible  française  d'Olivétan  parait  à  Neuchâtel. 
1535,  23  juin.  François  I  invite  Mélanchthon  à  se  rendre  à  Paris  pour 

discuter  avec  les  théologiens  catholiques. 
1535.  Juillet.  La  Réforme  est  de  nouveau  prêchée  dans  le  comté  de 

Montbéliard. 
1535,   10  août.  Les  Conseils  de  Genève  décrètent  l'abolition  provisoire 

de  la  messe. 
1535,  23  août.  Calvin  achève  à  Bàle  son  Institution  Chrétienne. 
1535.  Septembre.  Persécution  du  duc  de  Savoie  contre  les  Vaudois  des 

Vallées  du  Piémont. 
1 535,  29  novembre.  Les  Conseils  de  Genève,  après  avoir  oui  les  prêtres, 

décrètent  l'abolition  définitive  de  la  messe. 

1535.  Fin  de  décembre.  A  la  diète  de  Smalkalden,  Guillaume  du  Bellay 
fait  connaître  aux  Protestants  d'Allemagne  les  idées  de  François  I 
sur  la  Réforme. 

1536.  Janvier  — ■  Février.  L'armée  bernoise  enlève  au  duc  de  Savoie  le 
Pays  de  Vaud  et  occupe  Genève. 

1 536.  Fin  de  mars.  Les  Bernois  expulsent  de  Lausanne  l'évêque  Sébastien 
de  Montfaucon,  et  Pierre  Viret  prêche  la  Réforme  dans  cette  ville. 
1536.  Mars?  Mort  de  Le  Fèvre  d'Étaples  à  Nérac. 


LISTE  CHRONOLOGIQUE  DES  PIÈCES  1)1    VOLUME.  427 


LISTE  CHRONOLOGIQUE 

DES    PIÈCES    CONTENUES    DANS   LE   TROISIÈME   VOLUME 

Les  lettres  inédites  son!  distinguées  par  un  astérisque  placé  avant  le  Numéro. 

NUMÉROS                                                                       ANNÉE  PAGES 

1333 

*403.  [Pierre  Toussain]  à  Guillaume  [Farel] 3 

404.  Jean  Holard  à  Guillaume  Farel,  1 1  janvier 11 

*405.  Le  Conseil  de  Berne  au  Baron  de  La  Sarraz,  "20  janvier    .  I  4 

406.  Les  Conseils  de  Fribourg  aux  Conseils  de  Genève,  6  février.  \r> 

407.  Le  Conseil  de  Genève  au  Conseil  de  Fribourg,  10  février  .  17 
*408.  Les  Conseils  de  Fribourg  à  l'Evêque  de  Lausanne,  24  févr.  19 

109.  Guillaume  Farel  à  Berthold  [Haller],  5  mars     ....  22 
*410.  Les  Évangéiiques  de  Genève  [au  Conseil  de  Berne],  vers  le 

15  mars 28 

411.  Le  Conseil  de  Berne  au  Conseil  de  Genève,  20  mars    .     .  31 

*i-12.  Le  Conseil  de  Berne  au  Conseil  de  Lausanne,  21  mars.     .  34 

::4I3.  YV.-F.  Capiton  à   Guillaume  Farel],  commenc.  d'avril.     .  37 

414.  Le  Conseil  de  Berne  aux  Conseils  de  Genève,  8  avril    .     .  38 

*415.  Fortunat  ;  Andronicus]  à  Martin  Bucer,  29  avril .     ...  41 

*41t).  Les  Évangéiiques  de  Genève  à  Guillaume  Farel,  5  mai .     .  46 

*416a.Le  Conseil  de  Genève  au  Conseil  de  Friboure,  26  mai .     .  407 

il  7.  Marguerite  de  Navarre  à  Anne  de  Montmorency,  vers  la  fin 

de  mai 52 

418.  Pierre  Siderander  à  Jacques  Bédrot,  28  mai 54 

*419.  Le  Conseil  de  Berne  au  Conseil  de  Payerne,  6  juin.     .     .  61 
::  120.  Les  Frères  de  Bohème  et  de  Moravie  aux  Églises  vaudoises, 

25  juin.  63 
*421.  Le  Conseil  de  Berne  à  l'Evêque  de  Genève  [et  au  Conseil], 

N  juillet 69 

422.  Jean  Sturm  à  Martin  Bucer,  23  août 72 

*423.  Le  Conseil  de  Berne  à  Claude  de  Neucbâtel,  18  septembre.  76 

*424.  Le  Conseil  de  Berne  au  Gouverneur  de  Neuchâtel,  18  sept.  77 

*425.  Le  Conseil  de  Fribourg  aux  Évangéiiques  d'Yvonand,  18  sept.  79 

*426.  Adam  'Antoine  Saunier]  à  Guillaume  [Farel],  22  septembre.  80 


128 


LISTE  CHRONOLOGIQUE  DES  PIECES  DU  VOLUME. 


STUMÉEOS 

*427.  Le  Conseil  de  Berne  au  Conseil  de  Payerne,  24  septembre 
428.  L'Évêque  de  Genève  au  Conseil  de  Genève,  25  septembre 

*s.29.  Pierre  Toussain  à  Guillaume  Farel,  1er  octobre  .     .     . 

*430.  Le  pape  Clément  Vil  au  Conseil  de  Fribourg,  3  octobre 

*431 .  Le  Conseil  de  Berne  à  ses  députés  à  Genève,  1 1  octobre 
432.  Jean  Sturm  à  Martin  Bucer,  vers  le  milieu  d'octobre    . 

*433.  François  l  au  Conseil  de  Berne.  20  octobre  .... 

*434.  Guillaume  Farel  à  Martin  Bucer,  22  octobre.     .     .     . 

*435.  Fortunat  Andronicus  à  Martin  Bucer,  22  octobre     .     . 
436.  Pierre  Monder  à  Martin  Bucer,  26  octobre  .... 

*437.  Jean  Calvin  à  François  Daniel,  27  octobre    .... 

438.  [Jean  Calvin  à  F.  Daniel  et  à  ses  autres  amis  d'Orléans], 
vers  la  lin  d'octobre 

439.  L'Évêque  de  Genève  à  son  Procureur  fiscal,  20  novembre. 

440.  François  I  au  Parlement  de  Paris,  10  décembre.  .  .  . 
4  41 .  Le  Conseil  de  Beine  aux  Conseils  de  Genève,  17  décembre. 
442.  Le  Conseil  de  Fribourg  aux  Conseils  de  Genève,  24  décemb. 

*443.  Les  Conseils  de  Berne  à  Pierre  Viret,  31  décembre     .     . 


PAGES 

85 
86 

S, s 
89 
91 
93 
95 
97 
99 
101 
103 

lOli 
1  12 
1  14 
119 
123 
12  M 


I53'j 


4  44. 

445. 

446. 
*447. 
*448. 

449. 

150. 

451. 
*452. 
*453. 

454. 
*455. 

456. 

457. 

458. 
*459. 
*460. 
*46  I . 

462. 

463. 


464, 


Pierre  Viret  au  Conseil  de  Bei ne,  l(r  janvier     ....  126 

Martin  Bucer  à  Ambroise  Blaarer,  vers  le  13  janvier    .     .  129 

Les  Conseils  de  Berne  au  Conseil  de  Genève,  21  janvier    .  13! 

L'Évêque  de  Genève  au  Conseil  de  Genève,  1er  février.     .  134 

Nycod  du  Prat  à  l'Évêque  de  Genève,  15  février     .     .     .  137 

Le  Conseil  de  Fribourg  au  Conseil  de  Genève,  19  février.  140 

Louis  Dan^erant  au  Conseil  de  Genève,  20  février  .     .     .  142 

Oswald  Mycooius  à  Henri  Bullinger.  28  février.     .     .     .  145 

Le  Conseil  de  Berne  au  Conseil  de  Payerne,  12  mars  .     .  147 

Berthold  Haller  à  Henri  Bullinger,  14  mars 149 

Henriette  Baudickon  à  Jean  Baudiclion,  vers  le  15  mars    .  152 

Les  Conseils  de  Berne  aux  Évangéliques  de  Genève,  1 6  mars.  1 53 

Les  Conseils  de  Berne  au  Conseil  de  Genève,  1 6  mars    .     .  155 

Jean  Calvin  à  François  Daniel,  vers  le  mois  de  mars     .     .  156 

Nicolas  Cop  à  Martin  Bucer,  5  avril 158 

Osvvald  Myconius  à  Henri  Bullinger,  8  avril 160 

Simon  Grvmeus  à  Guillaume  Farel,  15  avril 163 

Le  Conseil  de  Berne  aux  Évangéliques  de  Genève,  16  avril.  165 

Guillaume  Farel  [à  Etienne  de  la  Forge],  25  avril  .     .     .  166 

Guillaume  Farel  [à  Marguerite  de  Navarre],  25  avril   .     .  169 

Berthold  Haller  à  Henri  Bullinger,  7  mai 172 


LISTE  CHRONOLOGIQUE  DES  PIECES  Dl    VOLUME 


'.  -. 


i29 


NUMÉROS 

*465.  Le  Conseil  de  Berne  à  François  I,  Ornai 

466.  Le  Conseil  de  Berne  au  Conseil  de  Genève,  9  mai    .     . 

*467.  Jean  de  la  Croix  à  Georges  Schœni,  15  mai.     .     .     . 

468.  Fleuri  Bullinçer  à  Oswald  Myconius,  l  s  mai     .     .     . 

*i69.  [Oswald  Myconius  à  Joachim  Vadian],  vers  la  lin  de  mai 

+  70.  Berthold  Hallerà  Henri  Bullinger,  6  juin     .... 

*471.  Le  Conseil  de  Renie  à  Farel  et  aux  ministres  de  Grandson, 

1 3  juin 

172.  Philippe  Mélanehthon  à  Marguerite  de  Navarre,  13  ju'.u 

473.  L'Êvêqué  de  Genève  aux  Officiaux  de  Lyon.  I  3  juillet . 

*474.  Berthold  Halier  à  Joachim  Vadian,  9  août     .... 

*475.  Morelet  du  Museau  à  Nicolas  Bérauld,  9  août     .     .     .     , 

*476.  Morelet  du  Museau  à  Martin  Bucer,  27  août  .... 

477.  Jean  Calvin  à  Martin  Bucer,  4  septembre      .... 

478.  Morelet  du  Museau  à  Martin  Bucer,  16  septembre  .  . 
*479.  [Berthold  Halier]  à  Martin  Bucer,  22  septembre  .  . 
*480.  Les  Évahgéliques  de  Genève  au  Conseil  de  Berne.  28  sept 

481 .  Le  Conseil  de  Genève  au  Chapitre  de  St. -Pierre,  1er  octobr 

*482.  François  du  Bivier  à  Guillaume  Farel,  8  octobre     .     . 

483.  Gaspard  de  Coligny  à  Nicolas  Bérauld,  vers  le  8  octobre 

484.  Les  Sœurs  de  Ste.  Claire  au  Conseil  de  Genève,  25  octobr 

485.  [Antoine  de  Marcourt]  aux  bénévoles  Lecteurs,  16  novembr 
*486.  Simpreclit  Vogt  à  Guillaume  Farel,  lPr  décembre    .     . 
*487.  Georges  Grivat  à  Guillaume  Farel,  I  1  décembre 

*488.  Conrad  Gesner  à  Henri  Bullinger,  27  décembre.     . 
*488a.  [Le  Conseil  de  Genève  à  Claude  Savoye],  29  décembre. 
*489.  Les  Evangéliques  de  Grandson  au  Conseil  de  Berne,  vers  la 

fin  de  l'année 

490.  W.-F.  Capiton  à  Martianns  Lucanius  [J.  Calvin],  vers  la 

fin  de  l'année .     . 


PAGES 

174 
177 
178 
181 
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186 

187 
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224 
229 
232 
235 
409 

240 

242 


«.*»)« 

.).).) 


*491. 

492. 
*493. 
*494. 
*495. 
*496. 
*497. 

498. 

499. 


Christophe  Fabri  à  Guillaume  Farel,  12  janvier.     .     . 
François  1  aux  États  de  l'Empire,  1er  février     .     .     . 
Christophe  Fabri  à  Farel  et  à  Viret,  4  février    .     .     . 
Les  Evangéliques  de  Payerneau  Conseil  de  Berne,  17  févi 
Avmon  de  Lullin  au  Conseil  de  Fribourff,  1 7  février    . 
Les  Evangéliques  de  Payerne  au  Conseil  de  Berne,  26  févr 
Le  Conseil  de  Berne  aux  Evangéliques  de  Payerne,  6  mars 
Jean  Sturm  à  Philippe  Mélanehthon,  6  mars.     .     .     . 
Jean  Sturm  à  Martin  Bucer,  10  mars 


245 
249 
254 
25* 
261 
263 
265 
266 
271 


430  LISTE  CHRONOLOGIQUE  DES  PIÈCES  DU  VOLUME. 

NTJMÉEOS  PAGES 

*500.  Christophe  Fabri  à  Farel  et  à  Viret,  1 0  mars     ....  274 

*501 .  Les  Évangéliques  de  Payerne  au  Conseil  de  Berne,  12  mars.  277 

*502.  Le  Conseil  de  Genève  à  Ami  Porral,  13  mars     ....  279 

*503.  L'Évêque  de  Lausanne  à  M.  de  Disimyns,  25  mars.     .     .  281 

*504.  Les  Évangéliques  de  Payerne  au  Conseil  de  Berne,  28  mars.  282 

*505.  Le  Conseil  de  Berne  au  Duc  de  Savoie,  29  avril.     ...  284 

*506.  Pierre  Toussain  à  Guillaume  Farel,  1er  mai 285 

*507.  Christophe  Fabri  à  G.  Farel  et  à  P.  Viret,  6  mai    .     .     .  28H 

*508.  Pierre  Toussain  à  Ambroise  Blaarer,  1 3  mai     ....  291 

*509.  Guillaume  Farel  à  Christophe  Fabri.  22  mai 293 

510.  L'Imprimeur  [Pierre  deWingle]  au  Lecteur,verslafm  de  mai.  296 

511.  Le  Conseil  de  Berne  au  Conseil  d'Avenches,  1  4  juin    .     .  299 

512.  François  I  à  Philippe  Mélanchthon,  23  juin 300 

513.  Le  Conseil  de  Genève  à  Ami  Porral,  29  juin     ....  302 

514.  Barthélemi  Masson  à  Érasme,  29  juin 305 

515.  Jean  Sturm  à  Philippe  Mélanchthon,  9  juillet  ....  306 
*516.  Ami  Porral  au  Conseil  de  Genève,  10  juillet 313 

517.  Le  Conseil  de  Genève  au  Conseil  de  Berne,  14  juillet  .  .316 
*51 8.  Claude  Dubéron  [Claude  Farel]  à  Domeine  Franc  [Guillaume 

Farel],  22  juillet .318 

*519.  La  Grosonière   [Gauchier   Farel]  à  Charles  d'Aspremont 

[Guillaume  Farel],  21  juillet 323 

*520.  Pierre  Toussain  à  Ambroise  Blaarer,  28  juillet  ....  325 

521.  Farel  et  Viret  aux  Évangéliques  allemands,  4  août  .     .     .  327 

*522.  Les  Conseils  de  Genève  à  Ami  Porral,  10  août  .     ...  332 

*523.  W.-F.  Capiton  à  Guillaume  Farel,  23  août 335 

524.  Le  Conseil  de  Berne  aux  Conseils  de  Genève,  28  août  .     .  339 

*525.  Fridolin  Brunner  à  Henri  Bullinger,  31  août     ....  340 

*526.  Le  Conseil  de  Berne  aux  paroissiens  de  Sornetan,  9  sept.  346 

527.  Martianus  Lucanius  [J.  Calvin]  à  C.  Fabri,  11  septembre.  347 

528.  Les  Évangéliques  de  Payerne  au  Conseil  de  Berne,  28  sept.  351 
*529.  Le  Conseil  de  Berne  au  Duc  de  Savoie,  30  septembre  .  .  354 
*530.  [Guillaume  Farel  à  Guillaume  du  Bellay],  vers  la  fin  de 

septembre 356 

531    Jean  Sturm  à  Martin  Bucer,  18  novembre 362 

*532.  Ami  Porral  au  Conseil  de  Genève,  23  novembre.     .     .     .  368 

*533.  Simon  Grymeus  à  Guillaume  Farel,  vers  la  fin  de  novembre  372 

534.  Jean  Baudichon  au  Conseil  de  Genève,  9  décembre.     .     .  375 

*535.  Les  Conseils  de  Berne  au  Bailli  de  Vaud,  17  décembre.     .  379 

*536.  Le  Conseil  de  Genève  à  la  Beine  de  Navarre,  23  déc.  .     .  381 

*537.  Ami  Porral  au  Conseil  de  Genève,  23  décembre.     .     .     .  382 

*538.  Simon  Grynaeus  à  Guillaume  Farel,  vers  la  fin  de  l'année.  385 


LISTE- CHRONOLOGIQUE  DES  PIÈCES  DU  VOL1  HE.  431 

NUMÉRO-  ANUÉE  PAGES 

1536 


*539.  Guillaume  Farel  à  son  frère  Gauchier,  4  janvier.  .  . 
*540.  Pierre  "Viret  au  Conseil  de  Genève,  1 8  février  .  .  . 
*541.  Le  Conseil  de  Neuchâtel  au  Conseil  de  Genève,  19  février 
*542.  Simon  Grynaeus  à  Guillaume  Farel,  20  mars.  .  .  . 
*543.  Le  Conseil  de  Berne  à  François  I,  28  mars  .... 
544.  Michel  d'Arande  à  Guillaume  Farel,  vers  le  mois  de  mars 


387 
390 
392 
394 
396 
399 


APPENDICE  DU  TOME  II 


1528 


*216a.  Guillaume  Farel  à  Hugues  de  Loës,  11  janvier.     . 


403 


1532 


*391a.  L'Évêque  de  Genève  à  Ami  Porral,  26  octobre. 


406 


432  LISTE  ALPHABÉTIQUE  DES  CORRESPONDAN  l'S. 


LISTE  ALPHABETIQUE 

DES      CORRESPONDANTS 

(Les  chilFres  arabet  ordinaires  indiquent  les  N"s  des  lettres  écrites  par  les  correspon- 
dants, et  les  chiffres  en  italique,  celles  qui  leur  oui  été  adressées 

Adam.  Voyez  Saunier. 

Allemagne  (Les  Evangéliques  de  1').  521. 

Andronicus  (Fortunat).  415,  435. 

Arande  (Michel  d*).  544. 

Aspremont  (Charles  d').  Voyez,  Farel  (Guillaume). 

Avenches  (Le  Conseil  d').  511. 

Baudichon  (Henriette).  454. 

Baudichon  (Jean).  534.  —  454. 

Bédrot  (Jacques).  418. 

Bellay  (Guillaume  du).  530. 

Bérauld  (Nicolas).  415,  483. 

Berne  (Le  Conseil  de).  405,  411,  412,  414,  419,  421,  423,  424,  427, 
431.  441,  452,  461,  465,  466,  471,  497,  505,  511,  524,  526, 
529,  543.  —  410,  433,  444.  480.  489.  404.  496.  501,  504. 
517.528. 

Berne  (Les  Conseils  de).  443,  446,  455,  456,  535. 

Berne  (Les  députés  de).  431. 

Blaarer  (Ambroisej.  —  445,  508.  520. 

Bohême  et  de  Moravie  (Les  Frères  de).  420. 

Brunner  (Fridolin).  525. 

Bucer  (Martin).  445.  —  415,  422.  432.  434.  435.  436,  458,  476, 

477.  478.  47 U.  49!).  531. 
Bullinger  (Henri).  468.  —  451,  453,  459,  464,  470,  488.  525. 
Calvin  (Jean).  437,  438,  457,  477,  527.  —  490. 
Capiton  (Wolfgang-Fabricius).  413,  490,  523. 
Charles  111,  duc  de  Savoie.  505.  529. 
Clarisses  de  Genève  (Les).  484. 
Clément  Vil  (Le  pape).  430. 
Coligny  (Gaspard  de).  483. 
Cop  (Nicolas).  458. 
Croix  (Jean  de  la).  467. 


LISTE  ALPHABÉTIQUE  DES  CORRESPONDANTS,  W3 

Dangerant,  ambassadeur  de  France  (Louis).  150. 

Daniel  (François).  437,  438,  457. 

Disimyns  (M.  de).  503. 

Dubéron  (Claude).  Voyez  Farel  (Claude). 

Empire  (Les  États  de  I').  492. 

Érasme  de  Rotterdam.  514. 

Fabri  (Christophe).  491,  403,  500,  507.  —509.  527. 

Farel  (Claude).  518. 

Farel  (Gauchier),  519.  —  539. 

Farel  (Guillaume).  409,  434,  462,  463,   509,  521,  530,  539,  216a. 

—  403,  404.  413.  416,  426,  429.  W0,471,  4*2.  486. 
t87,  491,  493,  500,  506,  507,  518.  519,  523,  533,538. 
■',4-2.  544. 

Forge  (Ftienne  de  la).  462. 

Franc  (Domeine).  Voyez  Farel  (Guillaume). 

François  1.  533,  440.  492,  512.  —  4115.  543. 

Fribour^'  (Le  Conseil  de).  425,  442,  449.  —  4<>1.  416%  430,  495. 

Fribourg  (Les  Conseils  de).  406,  408. 

Genève  (Le  Chapitre  de).  481. 

Genève  (Le  Conseil  de).  407,  HO  a,  481,  488  a.  502,  513,  517,  536. 

—  411.  421.  428,  446,  447.449.  450,456    UUi.  4M. 
516,  r,:^.  r>:>,4.  537.  54<>.  541. 

Genève  (Les  Conseils  de).  522.  —  406,  414.  441.  442.  524. 
Genève  (Les  Évangéliques  de).  410,  416,  480.  —  455,  461. 
Genève  (L'Évêque  dei.  428,  139,   447,  473.  391  a.  -     421.  448. 
Genève  (Le  Procureur  fiscal  de).  Voyez  Prat  (Nycod  du). 
Gesner  (Conrad).  488. 
Grandson  (Les  Evangéliques  de).  489. 
Grandson  (Les  ministres  de).  471. 
Grivat  (Georges).  487. 
Grynaeus  (Simon).  160,  533,  538,  542. 
llaller  (P.erthold).  453,  464,  470,  474,  479.  -  409. 
Ilolard  (Jean)  404. 

La  Grosonière.  Voyez  Farel  (Gauchier). 
La  Sarfaz  (Le  Baron  de).  405. 
Lausanne  (L'Evêque  de).  503.  —  408. 
Lecomte  de  la  Croix  (.lean).  Voyez  Croix  (de  la). 
Loës  (Hugues  de).  216  a. 
Lucanius  (Martianus).  Voyez  Calvin. 
Lullin  (Aymon  de).  4§5.  —  535. 
Lyon  (Les  Officiaux  de).  473. 
Marcourt  (Antoine  de).  485. 
Martoret  du  Rivier  (François).  Voyez  divin. 
r.  m 


5,34  LISTE  ALPHABÉTIQUE  DES  CORRESPONDANTS. 

Masson  (Barthélemi).  514. 

Mélanchthon  (Philippe).  472.  -  498.  512,  516. 

Monder  (Pierre).  436. 

Montmorency  (Anne  de).  417. 

Morelet  du  Museau.  475,  476,  478. 

Myconius  (Oswald).  451,  459,  469.  —  468. 

Navarre  (Marguerite  de).  417.    -403.  472,  536. 

Neuchâtel  (Claude  de).  423. 

Neuchâtel  (Le  Conseil  de).  541 . 

Neuchâtel  (Le  Gouverneur  de).  Voyez  Rive  (Georges  de). 

Paris  (Le  Parlement  de).  440. 

Payerne  (Le  Conseil  de).  419,  427.  462. 

Payerne  (Les  Évangéliques  de).  494,  496,  SOI,  504,  528.  —497. 

Porral  (Ami).  516,  532,  537.--  502,  513,  522.  391a. 

Prat  (Nycod  du).  448.  —  439. 

Rive  (Georges  de).  424. 

Rivier  (François  du).  482. 

Ste-Claire  (Les  Sœurs  de).  Voyez  Clarisses. 

St. -Pierre  (Le  Chapitre  de).  Voyez  Genève  (Chapitre  de). 

Saunier  (Antoine).  426. 

Savoye  (Claude).  488  a. 

Savoie  (Le  Duc  de).  Voyez  Charles  III. 

Schœni  (Georges).  467. 

Siderander  (Pierre).  418. 

Sornetan  (Les  paroissiens  de).  526. 

Sturm  (Jean).  422,  432,  498,  499,  515,  531. 

Suisse  allemande  (Les  Evangéliques  de  la).  521. 

Toussain  (Pierre).  403,  429,  506,  508,  520. 

Vadian  (Joaehim).  469,  474. 

Vallées  Vaudoises  (Les  Églises  des).  420. 

Vaud  (Le  Bailli  du  Pays  de).  Voyez  Lullin. 

Viret  (Pierre).  444,  521,  540.  -■    143,  i93,  500,  507. 

Vogt  (Simprecht).  4X6. 

Wingle  (L'imprimeur  Pierre  de).  510. 

Yvonand  (Les  Évangéliques  d').  425. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


DES 


NOMS  DE  PERSONNES 


QUI  SE  TROUVENT  DANS  LES  TROIS  PREMIERS  VOLUMES 


Les  noms  imprimés  en  petites  capitales  désignent  les  auteurs  des  Lettres. 
et  ils  sont  suivis  des  Numéros  d'ordre  de  celles-ci.  Lorsque  dans  un  ar- 
ticle le  chiffre  de  la  page  est  seul  indiqué,  la  personne  à  laquelle  il  se 
rapporte  figure  seulement  dans  le  texte:  s'il  est  suivi  de  la  lettre  n.,  la  per- 
sonne n'est  mentionnée  que  dans  les  notes.  L'abréviation  et  ra.,  après  le 
chiffre  d'une  page,  signifie  que  le  nom  propre  se  rencontre  à  la  fois  dans 
le  texte  et  dans  les  notes. 

Les  noms  de  lieux  ne  sont  reproduits  que  lorsqu'ils  servent  à  désigner 
un  individu  ou  des  collections  de  personnes. 

Cet  Index  a  été  rédigé  par  M.  le  ministre  Ernest  Chavannes.  Nous  lui 
adressons  nos  vifs  remerciements  pour  le  service  qu'il  nous  a  rendu,  en 
se  chargeant  spontanément  d'un  travail  dont  l'utilité  sera  appréciée  par 
tous  les  amis  des  études  historiques. 


Abdénago,  voyez  Orléans  (Charles  d'). 

Abensberg  (Jean  d'),  I,  20  n. 

Abria  (Didier),  I,  252  et  n.,  287,  337  et 
n.,  338  et  n.,  357,  365,  375  n.,  376  et 
n.,  163. 

Adamus,  voyez  Saunier  (Antoine). 

Adrien  VI,  pape,  I,  290  et  n.,  301,42 1  et  n. 

Agasse  (Jacques),  châtelain  d'Orbe,  III, 
13  n.,  328  n. 

Agnet,  II,  417  et  i.      U9  el  u.,   120. 

Ai.iuppa  de Nettesheim (Henri-Cornélius  \, 
Nos  21,  21,  29,  1.".,  16,  52,  L74,  -  I, 
16,  19,50  et  n.,  51  n.,  52  el  n.,  58  a., 
511  et  n.,  02  n.,  68,  69  n.,  72  et  u.,  73, 
7  1   n.,  98,  99  n.,  100,  102  n.,  100  n., 


259   n.,   316  et  n.,   317   u.,    318    n., 

330  n„  365  n.,  12'i.u.,  ll'l  n.  Il,  lUn., 

120  n.  III,  413. 
Agrippa  (ïliéodoric),  I,  73  n. 
Aigle  (Évangéliques  d'),  II,  17b,  180,  150. 

III,  404  n. 
Aigle  (Lieutenants d')s  II,  135.  III,  105  n. 
Aigle  (Paroisse  d'),  U,  137. 
Albany  (Duc  d'),  III,  398  et  n. 
Albucius,  II,  315,  316. 
Aleiat  (André),  I,  33  n.  11,  279  n.,  281  n.. 

316  et  n.,  317  et  n.,    185. 
Alêandre  (Jérôme),  N"  363.  —  I,  65  et 

n.  II,   151,  386,  387  n.  III,.  41  I. 
Alençon  (Charles,  duc  d'),  I.  66  n  n, 
Alençon  (Duchesse  d'),   voyez  Marguerii 

de  Navarre. 


i3(3 


INDEX  ALPHABETIQUE  DES  NOMS. 


Alexandre,  secrétaire  du  due  de  Nassau, 

I,  63. 

Aliodi  ou  d'Aliod  (Claude),   III,   17:!  n., 

173  u.,  171  n.,  308  n. 
Allemands,  prisonniers  à  Paris,  III,  397  n. 
Aloatj  (Antoine),  III,  83  et  n. 
Althiesseï  (S.),  voy.  Pollion  (Symphorien) 
Amboise  (Georges  d'),  III,  117. 
Amerbach  (Basile),   I.   106  n.,  110  n. 
Amerbaeh  (Boniface),  I,  60  u..    118  et  u. 

II,  3:!  ei  n. 

Aiiiinaini  (Jean-Jacques),  II,  21  n. 

Ammianus  (Joaunes),  voy.  Ammann  (J.-J 

Amy  (Pierre),  1,  225  el  n. 

Amyol  (Jacques),  III,  273  n. 

Anchselis  (Joaunes),  voy.  Michajlis. 

André  (Eustacbe),  voyez  Andronicus  (For- 
tunai  l. 

Andsonicus  (Fortunat),  Xv  359 ,  115, 
135.  —  II.  302  ei  n..  3ii  1,  307,  323, 
325,  ';7(>  n.,  377  el  n.,  481  u.  IIP 
II  n.,  98  el  ri.,  1 12  n  .  151  u. 

Angélus  (Jo  innés     \  0]  e?  Lange  (Jean  l. 

Aii'juiileme  (Marguerite  d'),  voyez  Mar- 
gueril i'  3>'  Na\ arre. 

Antonius,  proi  ù  Strasbourg,  I,  370el  n  , 
133  n. 

Antonius,  voyez  Fèvre  d'Etaples  i  Le 

Aqueusis (Nicolaus),  voj    Escli  (Nicolasd'). 

Arandb  (Michel  d'),  N08    L88,    544.    — 

I,  66  et  il,  37.  7.3,  76,84,  105,  158  n., 
172  n..  191  u..  192  ii,  L99  el  n.,  201 
el  il,  205  '-I  u.,  222  et  n.,  235  et  u.. 
273  n.,  297,  310,  311,  315,  391  u. 
399  el  n.,  LOI  n.,  106  n  .  108  n.,  109 
n.,  115  n..   I L9  .-i  u..    128,   137  el   n., 

139  el  n.,  150,  ttO  el  a.,   176,  179.  II. 
110,  120  et  n..  387  n.  IIP  21  lu.,  101  u 
Abbaleste  (Christophe)    X1"  2  11,  245.— 

II,  145  et  u.,  I  19  ei  n.,  150  n.,  174  et 
n.,  178  ei  n.,  208  n. 

Arberg  o  Uaude  d'),  II,  305  el  u.,  311. 

Archer  (Bitzius  ou  Sulpicius),  11,  265, 
268  u     29  I  n. 

Argyropoulos,  I,  10  el  u. 

Arnex  (Hugonin  d'),  II,  111  n. 

Arsent  (Pierre),  II,  328  n..   100. 

Aspremont  (Charles  d'),  voyez  Farel  (Guil- 
laume). 

Augeraux  (Louis  d'),  voyez  Dangerant. 

Augereau  (Antoine),  III,   109  n.,   237   n. 

Augsboui'g  (Évangéliques  d'),  III,  338  et  n. 

Augsburger  (Jacob),  I,  153  et  u.,  151.  II, 

95  n. 
augsburger  (Michel),  III,  91,  119,  175  n., 


385. 
Avenelies  (Conseil  d'),  II,  321  el  n.,  322, 

323  u .,  339  et  n.  III,  299,  300  n. 
Avenches  (Évangéliques  d'),  III,   299  a. 
Aventinus,  voyez  Abensberg  (d1). 
Avienus  (Jacobus),  voyez  Vogel  (Jacob) 
Aviuo  (Dom),  II,  233. 


K 


Badius  (Josse),  II,  156  n. 

Baduel  (Claude),  III,  189  et  n.,  190  et  n. 
L99  n  ,  363  et  n. 

Balard  (Jean),  Il   32n.  III,  213  n.,  316n 

Balb  (Le  Consei]  de).  N°92.  — I,  193  n 
L95,  21  1    287  ,,.,  300  el  n.,  358,  359 
360,  361,  362,  36  :     364,    370     377 
et  n,,   156.  IIP  336  n.,  377  et  n. 

Baie  i  Eglise  frai  de),  ]    2  11    et  n.. 

360  el 

Baie  (Église  évangélique  de),  III,  1  a. 

n.vi.i   (L'Évêq le).  N"-   271,  298,  307. 

—  II,  55  .-i  n.,  21  1   el  a     252  el    n. 
267,  268,  27::,  277,  358,    L06. 

Bâle  :  L'Universitt  de),  1.  193  n.,  L96  el  u 
197  h  n..  359.  111,  5  n. 

Ballista  i  <  !hr.  I,  voyez  Arbaleste. 

Banderon  i  <  lemenl  ),  1,  325. 

Barbarin  (Thomas),  lli   2  17  n     2  18  et  n., 
257  u..  35  1  n. 

Lard.'  (Jai  ques   de  la)     I.   391  el    n.  III, 
lli.... 

Lan-'  (Ji    !    di    la),  IIP  108  •■!  n. 

Barrhatramus,  II,  119. 

io  (Johannes  a),  voyez  Bex  (Jean 

Bastiar,  .11  uxs     II.   168  et  n.,   169 

Batjdichob  (Henriette),   X,J   151.  — III, 
1 53  'a  n 

ii  hou  de  la  Maisonneuve  (Jean), 
N°  53  1.  —  II,  UU  et  n.,  III,  28  n., 
29  n..  ">I  n.,  5  1  n.  39  et  n.,  17  et  n., 
125  n.,  124  n.,  118  n.,  149  n.,  152  et 
n  ,  153  ei  n.,  li'û  n..  171,  175  n.,  176 
u.,  177  el  n.,  191  et  n.,  192  et  n.,  211 
et  n..  570,  376  n..  389  n.,  420. 

Baume    (Pierre  de    la),    voyez    Genève 
(Évêque  de). 

.1  (15  auçoise),  IIP  237  et  n. 

Beauforl  (Antoine  de),  voyez  Chillon  (Ca- 
pitaine de). 

Beaune  (Jacques  de),  I,  192  n. 

BedA  (Noël),  N"  147.  —  I,  65,  66  n.,  70 
et  n.,  78  n.,  81  n.,  323,  353,  125. 
126,  15t.  et  n.,  137,  138,  150  et  n., 
181,    18  1     11,   17,  30  et  n.,    10.    157  el 


IM)i:\  AI.I'IIAlil.lloUK   DES  MOIS. 


437 


n.,  160,  183  h  L81n.,  188,  190,  191, 
III,  53  n.,  56  'M  ii..  57,  ~'>.  7  1,  75, 
i  10  a  .  1  I-;  el  i...  1  16  et  n.,  158,  159 
n.,  161  n.,  162  ei  n..  272  .-i  n  .  306 
■i  i;. ,  115. 

Bédier  (Noël),  \  oj  ez  Beda, 

Bédrôt  (Jacques),  I.     133  n.,  16  1   u.,   1  lu 
i   n.,  156  el  n.  II,    Lu  i    n.  III,  54  el 
u.,  61,  95,  399  n. 
ain  (François),  II,  161. 

Bel  (Alexandre  le).  X"  349.  --  II,   307 
n.,  308  n.,  353  n  ,  35  I  ri.,  360  et  a., 
361,   124  ri.    111.  217  el  u ..  255  el  a 
276  ej  n..  3  lu  n. 

Bellay  (Guillaume  du),  111,  89,  111,  181 
ei  n..  183,  199  a  .  200  u.,  206  n.,  251 
n.,  254  n.,  268  el  a.,  269  n.  270, 
301  et  n.,  307,  308,  109,  310,  122  ei 
ii.,  323  et  n..  324,  325  et  n.,  341  n., 
342  n.,  345  u.,  356,  657  n.,  360  n., 
363  et  il,  364  e<  n.,  365.  366  el  n.,  367, 
121. 

Bellay  (Jean  du),  III,  60  n.,  73,  7  1.  115 
et  n..  116,  130,  159,  161  239  et  n., 
268  el  n  .  270,  301  n  ,  307  el  a.,  322 
et  n. 

Bellay  (Martin  du),  111,  268  el  a 

Bellay  (René  du),  III,  239  el  n. 

Bellegarde  (Claude  de),  II,  284  el  d  .  305 
et  n.,  312  n..  34  i  et  n.,  171  et  n     177. 

Bely  iJe,mdei,  II,  3ûi    m  .    172  n. 

Benoît  ('Rodolphe  de),  prieui  de  Corcelles, 
II,  ±15  et  n 

Benoys  (Mr  de),  III,  322  et  a. 

Bentix  (Michel).  N°  164.  —  I,  224  et  u., 
225  n.,  282,  283,  306,  364,  367,  368, 
398  n..  399  n.,  100  n.,  115  n.,  117, 
149,   156  et  n.,   161,  163,  164.  II,  61 

et  n. 

Bérauld  (Nicolas),  Nos  14,  26.  —  I,  33 
et  n.,  48  et  n.,  55  et  n.,  218  n.,  375  n., 
127.  II,  281  n.,  384  u.  III,  195,  196 
n.,  219,  220  n.,  221  n. 

Bèrgier  (Nicolas),  III,  137  n. 

Bernard  (Claude),  II,  161.  III,  lu  n.,  17 
n.,  49  et  n.,  210  n.,  212  n.,  230  n., 
280  n. 

Bernard  (Jacques),  111.  287  n  .  294  n., 
295  n..  124. 

Bernard  (Louis),  III,  186 

Berne  (Le  Conseil  de)  X"  L92,  L95, 
l')M,  206,  208,  21  1.  213,  216,  217, 
220,  222.  224,  225,  228,  229,  231, 
234,  235,  236,  237,  238,  239,  240, 
242,  243    249    253,    261,  262,   263, 


26  I.   265,  266,   270, 


573,  275, 


-177.  278,  280    21  i    282,   283,  284 
293,  295,   299    300,  301,    302,  30  ; 
304,309,311,313,  31  1,315  319,320 
323,   327,  32  l,    !  12,  335,    336,  337 
341     342,  346,  347,  350,    152,   353 
154     361,   368,  371,   372,  373,    :    - 
385,   388,    389,  391,  392,    lui,   105, 
111.   U2,    111,    116     121,    123,    124, 
127.  131,  111,1  13,  I  h.,  152,  155,  156 
161,    165,    166,    171,    497,   505,  511. 
524,  526,529,535  543    -I,  101,  310 
n..  335.   I  34  n.  11,  7  el  u.,  10,  15  n.,  20 
i..,  22  el  ,  .,  23   n.,  26  et  n.,  29  n,  30 
n.,  5  1 .  55,  56  n    58  m.,  66  n  .  71,  71, 
76.  89,  93,  94   n..  95  el  n.,  67  n..  99 
et  n..  loo  n  .  102  et  n..  106  et  n.,  108 
u.,    111   n.,    115,    116  et  n.,    125  n., 
126  n .,  129  h,  130  n.,  111  il,  118  n., 
159  n..  182,  199,  200,  201  et  n..  211, 
212  et  n.,  215,  217.    218,    232   et  n. 
246.  2  17   n.,  251,   252    u.,  253  et  n. 
257     259,   260  n.,   266.    266  il,  272. 
274,   275.   276,    283    293  el    n.,  294 
295,  299   i...   301,  309,    310,  312  n., 
314  n.,  616,   321  ,    334,    337,  611. 
343,  349  ei  n.,  353  el  n.,  360  il.  661, 
365  et  n.,  369,  671.  676  il,  678,  380. 
381   et  il,   389,    390,    107,   126,    160, 
131   et  n.,   162  il,    133,    16  1.    166  n., 
136  il.    17:;.    190.  111,  21  et  il,  23  n., 
28,  62  n..  39    il.  61  u..  70  a..  72  n., 
82  et  n..  92  n..  95,  96,  120,  135  et  u.. 
168  n.,  170  n.,  175  u.,  17(.  il,  191  u 
209  et  n.,  210,  211,  211,  216  il,  210, 
258,  262  .-i  n  .   263,  264  n..  277,  279 
il,  282,    283  n.,   300  il,  302  il.  613, 
6  16,  334  et  n.,  351,  368  n.,  366,  370, 
371  et  h.,  372  et  n.,  376   et  n.,  377  el 
il,    378,    662    n.,    383   et  il,    361  et  n. 
391  n..  367  n.,  368  il,  105  et  n. 

Berne  (Le  Consistoire  de),  X"  287.  — 
II,  215  et  n.  III,  13  et  il 

Berne  (Députés  de),  11,  366,  370  et  il. 
38!»  et  n.,  391  il.  399  et  il.  100,  11  1 
n  n.  III,  61  i,.,  1  1,  H,  et  il,  70,  72 
el  il,  91,  92  il,  125,  132  el  il,  136 
et  n ..  1  19  n.,  151,  155  et  n.,  156,  165, 
175  n..  L76  il,  21  I  il,  218  et  n.,  176 
il,  677  il,  680  il,  383,    109  n. 

Berne    (le    Secrétaire  de),    royez    Giron 
P  erre). 

Bekqtjih  (Louis  de),  X"  176.  —  I,  33, 
et  n.,   217  n.,   352  n  ,  353  el  n.,    I 


1 ,  388 


122  et  il,   123  n. 


438 


INDEX  ALPHABETIQUE  DES  NOMS. 


121  et  n.,    425  et   n.,  126  et  n..  187. 

II,  1  et.  n.,  16,  17  n.,  39  et  u.,  10  u.. 

154,  156  et  n.,  150  et  a.,  168,  169  et 
n.,  183  et  n.,  181  el  n.,  185, 186  et  n., 
187  et  n.,  188,  189  et  n.,  190,  191, 
192,  193  et  n.  III.  7  1  et  n. 

Bersins  (Marons),  voyez  Bertsehi  (Marc). 

Bersour  (Pantaléon),  III,  352  n. 

Berfcauf  on  Berthault,  III,  146  n.,  237  n., 

238  n. 
Bertolph  (Hilaire).  Nc  99.  —  I,  213  et 

n.,  214  n.,  317  n.  III.  113,  111. 
Bertsehi  (Marc),   I,  339  et  n..  377,   117, 

155,  163,  461.  II,  61  n.,  95  a.  III,  5 
et  n.,  8  il.  'i  a. 

Berïis  (Louis),   I,  30   u.,  197  n.,   202  n. 
Besançon  (Le  Sénat  de),  I,  371. 
Bésard  (Mutin),  III,  239  n. 
Beseiieenet  (Etienne),  II,  315  n.  111,  393  a. 
Botenoourt   (Jean   de),   II,  456   n.    III, 

100  n. 
Bex  (Jean  de),  II,  Il   et  n.,    15,    25.  27. 

63  n.,  105n.,  106  n ..  136n.,  140,  142. 

III,  404  et  n.,  105  et  n. 
Bex  (La  Paroisse  de),  II,  112. 
Beynon  (Eymer),  II,  307  n.  III,  393  n. 
Bèze  (Théodore  de),  I,  28  n  .  66  n.    [II, 

106  n.,  117  n. 
Bienxe  (Le  Conseil   de),   N°  297.  —  II, 

261  et  n.,  262,  311  n. 
Bienne  (Les  Evangéliques  de),  II,  312  n. 
Bigothier  ou  Bigottéry  (Claude),  II,  298 
et  n.,  307  n..    121    n.,    125  n.,   110  n.  . 
189. 
Billicanua  (Theobaldus),  IL  19  et  n. 
Binder  (Otto),  I,  154  et  n. 
Biollée  (Jacques  de),  III,  49  et  n.,  50  n 
Birehhamer  (Maria),  IL  301  et  n.,  377  et 

n.,  III,  100. 
Bischof  (Antoni),  III,  314  et  n..  383 
Blaarer  (Ambroise),  I.   289   et  n.    11,  95 
n.111,129  et  n.,  131  n.,  291  et  n..  325 
Blet.  (Antoine  du),  I,  207  et  u.,  211  ei  n 
215  et  n.,  226  et  n..  236,  239,  290  n., 
295,   297,  299,  315,  327,  366,    104, 
132,  137,  469  et  n. 
Blet  (Pierre  du),  I,  133  el  n. 
Bocquei  ou  Bocqueti  (Christophe),  III,  16 

et  n.,  17,  18  n.,  121  n. 
Bodenslein  (Audré),  voyez  Carlstadl  (An- 
dré). 
Bois  (François  du),  I,  37  1  n.  II,   121  et  n. 
Bois  (Simon  du),  III,  109  n.,  237  n. 
BoiiB  (Les  Évangéliqnes  de),  N°   400.  — 
III,  217  et  n..  275  el  n, 


Bon  disciple  (Le),  I,  371  n. 

Boniii  (Dora),  III,  303  n. 

Bonivard  (François),  II,  7  et  n.,   8  et  n., 

69  n.,  188. 
Bonjour  (Antoine),  II,  232  et  u.  III,  299 

et  n.,  300  n. 
Bonne  (Ayinon),  III,  153  n. 
Bornet  (Doin   Antoine),    II,  234    et    u., 

382 
Borrhaï  (Martin),  voyez    Cellarius  (Mar- 

tinus). 
Bosins  (Guilielmus),  III,  U6. 
Bosset  (Jean).  N°  316.  —  II,  289  et  n.. 

291  et  n.,  307  n.,  358  et  n. 
Boubenberg  (Adrien  de),  II,  201  n. 
Boudet  (Michel  de),  I,  118  u. 
Boudry  (Le   Châtelain  de),   IL  171,  175, 

176'. 
Boudry  (Les  Evangéliques  de),  II,  158, 
Boulardi  (Claudius),  III,  113  n. 
Bourbon  (François  de),  voyez   Saint-Paul 

ii  omte  de). 
Bourdigné  (Pierre  de),  II,  109  et  n. 
Bourg  (Jean  du),  III,  237  n. 
Bourges  (L'Archevêque  de),   voyez   Bueil 

(Fr  d< 
Bourges  (Le  procureur  du  roi  à),  I,  l''l 

n.,  192  et  n. 
Bourgesy    ou    Bourgeois    (François),    II, 

37  1  el  n.,  :!73. 
Bouss;  rd  (l  iodefroi),  I.  16  n. 
Boveto  (Claude  de),  II,  310  n. 
Bovey  (Dom  Pierre),  IL  111  q. 
Boville  (Henri),  N«  7.  —  I,  21. 
Bovin  ou  Boyvin  (Jacques),  II,   227  et  n, 
Boyve  (Antoine),  voy.  Froment  (Antoine). 
Brachet  (Nicole),  III,  116  n. 
Breimoii  (Jean-Roger),  1.259  u.,  361  et  n. 
Brice  (Germain),  II,  157  et  n. 
Briçonnet  (Denis),  I.  78etn.,  156  u.,   Il  I 

et  n. 
Briçonnet  (François),  1,111  et  a. 
Briçonnet  (Guillaume),  NM  I0b,  L0C,  14, 
17»,    18,  54,  59,  77.  78,  81,  84,  87, 
s;».   93,  94,   135.  —  I,  3  et  n..  9  n„ 
L6  n.,  19  n..   39  n.,   43  et  n.,   15  n., 
65,  67  et  n.,  68,  71  n..  75.  76,   77.   79 
n..  83    85  n.,  105  et  n.,  108  et  n.,  111 
n.:  154  n.,  156  et  n..   157  n.,   158  a., 
172  n.,  179  n.,  183  n.,  186  n.,   187  n., 
189  et  u  ,  190  n.,  191,  192  n.,  201  n., 
205  n.,   207  et  n.,  220  n.,    221  et  n., 
222,  22  1.  235,  21!'  n.,  273,  315  el   i, 
32]  n  ,  322  n.,  352  et  n.,  390  n..  391 
„.,    104,    105   n.,    HO,    116  et  u..   175, 


INDEX  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS. 


439 


116,  179,  182.  JI  17  ii..  122  h..  L53 
i..,  185,282n  ,387,  133.  III.  III.  I  L5. 

Briçonnel  (Marie),  I.  2  I'1  n. 

Brinon  (Jean  de),  1 ,  200  el  n. 

Brosse  (Mathurin  de  la),  II,  109  el  n., 
113,  419. 

Tinieknei  (Nicolas),  1.   154  n. 

Brugnare  (Antoine),  I.  298. 

Brunfeïsius  (Otto),  1.  208  el  n.,  224  etn., 
289  et  n.,  361  n. 

Brunis  (Loys),  III,  303  a. 

Brtjnheb  (Fridolin),  X"  525:  —  III  3  10 
il,  3  15. 

Bucer (Elisabeth),  II.  53  el  n„  95 n.,  t28. 

Bucer  (Martin),  X™  134,  L36,  205,  223, 
230,  232,  260,  305,  I  15.  -  I.  318  n.. 
319  n.,  330  el  a.,  331  n.,  365,  368, 
376,  377,  383,  386,  387,  388,  111  n, 
133  n.,  134,  151,  154,  157,  166  el  n., 
171.  II,  52  il,  53  n.,  L03  el  n.,  104, 
110,  113  n.,  128  el  il.  172.  L73,  17  1 
et  n.,  178  n.  191  el  n,  240,  211  2  11. 
248,  272  el  n  .  303,  377,   i  19  n.  III, 


6  n.,  -".7  et  n.,    11  et  n.,   I: 


I  1  n. 


57  n.,  66  il.  72.  77.  n.,  93,  97,  98  el 
m.,  99,  101  et  n.,  158,  181  „,  198, 
200  n.,  204,  207»  n.,  208,  240  el  n, 
211  n,  215  n,  271,  308  et  n,  335  el 
n,  336  et  n,  338  el  a.,  339  ri,  341  el 
n,  312  n,  343  el  a,  34  I  el  n  ,  358  n. 
360  n,  362,  363  v 

Buchanan  (Georges),  I.  10  n 

Budseus,  voyez  Budé  (Guillaui 

Budé  (Guillaume),  X"  9,  Il  —  J.  17  a.; 
23  n,  21  n..  27  n.,31,33  el  n.,  38  a., 
Il  n..  il  n,  18  et  n,  181  etn.,  118 n, 
132  et  n.  II,  156  n.  III,  60n.,  220  n 
239  el  n,  363  n. 

Bueil  (François  de),  I,  11/ 1  n,  192  n, 
198  et  n,  199  n,  201  n..  206,  27:*,  n. 

Bugenhagen  (Jean),  voyez  Pomeranus, 

Bûhl  (Rodolphe  am),  II,  21  el  n. 

BuLLINGER  (Henri i.  X"  168.  —  I,  32  n. 
[II,  6  n..  75  n,  98  n,  1  15  el  n,  1  19, 
160  172.  17  1  n.,  I82n.,  183  n,  186, 
235,  310,  3|  |  „,  358  n,  121. 

Bmiel  (Pierre i,  II.  164  n. 

Buschius  (Hermann),  II,  2  I  I  el  n. 


CffiSARlTIS  (Jean),  X"  13.  -     I.  32  n 

Caïm,  111,416. 

Cajetan  (Thomas),  III,  75  n. 


1  lalame  ou  I  lai ti   (Pierre),  II,  366  a. 

389  n. 
Calesius,  voyez  Grival  (Georges). 
Calvin  (Antoine),  II.  393  n  ,  39  1  n. 
Calvin  (Charles),  II,  393  n.,  394  n. 
Calvin  (Gérard),   11,  332,  333  et  n,  186, 
Calvin  (Jean);  N°«  310,  328,  338,  345 

Î65,  366.   369,  376,  379,  3S0,    137 

138,  157,  177,  527.— II,  132  n,  27'' 
et  n,  315  n,  317  et  n,  332  n,  333  n, 
317  et  n,  383  el  n,  384  n,  385  n., 
394  n  .  108  109 et  n  ,  110  n,  113  n, 
120  et  n,  151  ii.  III,  103  n.,  101  n, 
106  n..  H  7  n,  I  17  n,  120  n,  156  n, 
157  il,  158  n,  164  n,  201  n,  202  n, 
203  n..  242  el  n,  2  1  I  n.,  215  n.,  252 
n.  347  ii..  348  n,  31m, i..  350 n,  37:: 
n,  374  n,  387  n„   116,  417.  118. 

Calvin  (Fragraenl  d'un  discours  composé 
par  Jean),  III.  118-420. 

Calvin  (Marie),  II.  398  et  n. 

Camillus  (Julius),  III,  312  et  n. 

Cambol  (Jacques),  X'  258  —  II,  140 n., 
176  n..  181  n,  :'.82  n. 

(  lanseus,  voyez  (  lanaye. 

C'anaye  (Jacques),  III,  27:;  n. 

Canaye (Jean),  X"  105.  —  I,  181  et  n.. 
227  n,  211  et  n.  II,  KjG  et  n,  210  n. 

Cantiuncula,  I,  99  n..  1 01  n..  102  n.. 
202  n..  318  n. 

Cantons  catholiques  i  LaDiôtedes),N°129. 

Canus  (Alexandre),  III,  33  n,  100  n, 
112  n,  121  el  „  .  li'i'  ,i ,  12  1  n,  162 
n,  176  n  ,  238  n. 

Capellanus,  voyez  Chapelain  (Jean;. 

Capiton  (Wolfgang-Fabricius),  X0i  50, 
190,  221.  227  113,  190,  523.  —  I, 
21  n,  29  ei  n,  15  ei  u,  91  n,  09  et 
n,  100  n,  101,  102  n,106  ii,117n, 
130  et  n,  113  n,  180  n,  208  n,  214, 
21  (i  n,  311  n,  317,  330  et  n,  365, 
368,  370,  376,  377,  383,  385,  386, 
388   389,  109  n  .   115  n,  133  u,  131. 

139,  I  lo,  151.  151  el  n,  155,  157, 
162,  Oi7,  170  n  n,  171.  II.  95  n, 
103  n,  loi,  113  ei  n  .  1  19  el  u  .  128 
n,  133,  172,  177  et  n,  178  et  n,  180 
et  n,  21:;.  24  1.  248,  302,  395  et  n 
III,  6  n,  I  I.  55  el  n,  05,  100,  150, 
215  „,  335  et  n,  339  n,  312  n, 
360  n 

Capnion,  voyez  Renchlin  (Jean). 
Carinus  (Ludovicus),  III,  94  n,  150  et  n 
Carlstadl  (André),  I.  278  n,  310  n,  311 
et,  n.  II,    168  u.  III,  1  n,  6  et  n,  7 


440 


INDEX  ALPHABETIQUE  DES  NOMS. 


et  n,  8,  374  h. 

Carmagnole  (L'Arehiprêtre  de),  II.  165  n. 

Çarmel  (Gaspard),  III,  237  n,  350  el  n. 

Caroli  (Pierre),  I,  172  n.,  222  n.,  227  el 
n.,  235  et  n.,  2  lu,  292  el  n.,  378  et  n., 
379  el  n.  391  n.,  101  n.,  403  n.  III, 
237  il,  295  i...  337  et  n.,  358  n..  :;72 
et  n.,  374  n.,  389. 

Carquaniole  (Jean),  II,  21-".. 

Carrier  (Matthieu),  III,  107  n. 

Cartier,  moine  augustin,  III.  237  n. 

Caselius  (Grégoire),  I  133  n.,  13  1  n., 
173  n.   II,  lui. 

Castalius  (G.),  voyrz  Chaste]  (G.). 

Castelnau  (Antoine  de),  III.  L95  n. 

Catherine  de  Médicis,  III.  131  n..  L60 
et  n.,  398  n. 

<  'attirée  (Jean  de),  II,    136  n. 

Cellarius  (Martinus),  1,  -311  et  a,  166  el 
n.  II,  178  et  n.,  180.  III.  2  1  I  n. 

Céneau  (Robert).  1.  L29  ei  n.  III.  207  el 
n..  366  et  n. 

Ceporinus,  voyez  Wiesendai      i    I     ob) 

chabot  (Philippe  de),  III,  96  ;  285  n.. 
365  et  n> 

Challant  (René.  Comte  de),  II,  262  el  n., 
275,   281,    171  et  „.,   178.  III.   113. 

Chambre  (Louis,  comte  de  lai.  1.111  el  n. 

Chamot  (Nicolas),  III,  47  n. 

Chansonnette  (Claude),  voyez  Cantiuncula. 

Chapeaurouge  (Etienne  de),  II,  161.  III, 
10  n..  301,  320  -i  n  .  324 

Chapelain  (Jean),  1    L28 el  n.,  I  l"n  ,   170. 

Chapelle!  (Pierre),  11,  182  n 

Chappuis  (François),  111,  257  n. 

Chapuis  (Eustache),  1,    73  et   n..  71.. s:;. 

Charles  III,  duc  de  Savoie,  I,  101  el  n., 
151,  152,  177  n.,  L85.  11,  228,  229 n., 
237.  286,  293  el  n,  122  n.,  12:;  „.. 
130  et  n.,  1  12.  III.  194  el  n  ,  209  el 
n.,  250  n,  261  el  n..  2t.2  n,  281.  302 
n,  301  n,  3::::.  351,  352  n..  354,  155 
n.,  369  et  n.,  376  el  n..  377  et  n..  378 
et  n,  380  et  n,  382  n,  301  n,  397  n., 
398  et  n,   107  n,  112  et  i,  ,   113. 

Charles  VIII,  roi  de  France,  I,  160  et  n. 

Charles  Quint,  empereur,  I.  18  et  n  ,  65 
et  n..  70  n.,  301  el  n,,  367,  387  n., 
388.  II,  5i,  n..  100  et  n,  110,  L32, 
133  n.,  21()  el  n,  228,  212,  271.  165 
et  n.  III,  25  1  ,, ,  256  n.  336  el  n., 
3;;7  n..  343  n..  366. 

Charot,  III,  318  ,, 

bhastellain  (Jean),  1.  260  n  338  el  n.. 
;;i  1,  3  15  et  n..  346. 


Chastellard  (Anémond  du),  voyez  Coct. 
Chastillon  (Odet  de),  III,  195  n,  220  n. 
Chastonay  (Loys  de),  II,  183. 
Château  d'Oëx  (commune  de),  II.  382. 

Châtel  (Pierre  du),  III,   121. 
Châteauroux  (S1'  de),  I,  160  el  n. 
Chautemps (Jean), II,  loi.  Il],  l!m,71n. 
Chelius  (Ulric),  III,   199  n.,  207  n,  251 

n.,  357  n..  358  a 
Chemynus    (Nicolas),     voyez    Duchemin 

Nicolas). 
Chillon  (Le  capitaine  de),  11.  12::  et  n.. 

121    III.  371. 
Chollet  (Antoine,  Il     III  et  n. 
Christina,  I,  1  13;  1  15,  1  18,  317  n,  349. 
Claeisses  <1.'  Genève  (Les),   X"  184.- — 

III,  222  n.,  333  n. 
datasses  d'Orbe  (Les),  il    348,  349  n. 
Clarisses  de   Vevej     Les)    Il     64  el  n., 

72  n. 
('lande,  reine  de  France,  II,  L95  el  n. 
Clémeni    VII,   pape,   A'"    130.  -  I,  286 

et  n,  301etn,307  n,  388   B91  et  n.. 
12  1.  II,  7.  9,  15  1   et   n,   150  n..  228 

271,    10  1   et    n.,    105  el    n.,    III,  75   n., 

S:;  n..  89  n,.  ''3,  94  n.,  116  et  n..   131 

et  n.,  1  17  n.,  182,  183,  18  1,  I85etn, 

199    n..    220  et  n  ,    221    el    n..  270  n.. 

H6. 
Clerc  (Claude),    11,   312  n,    L07.  III.  78 

el  n  .  100  n,  295  ei  n. 
Clerc  (Joly),  III.  324. 
i  llerc  ou  '  leri  (Piei  re),  11.  253  el  n,  25  1. 

255.  257  n. 
i  1ère  (Jean    Le),  I,  321  n,  368  n,  372 

375  n.J590  et  n.  II,  111  el    n,  116  et 

n,  138^15,   Iio. 
Clerc  (Nielle  Le),  I,  3.91    el   n.  Il    38  n 

III,  58  n,  110  et  n,  L62  a  ,  272  n 
Clermoni  (Gabriel  de),  III,  171  et  n. 
Clichtow  (Josse),  N°5.~  -ï,  20n,21  n.. 

22  n..    12  n..    19  n,  'M   n..    120  n..   180 
et  n,  238  n.  II,  386  n. 
Clictou,  voyez  Clichtow  (Josse). 

mi  I  Ihastelai  d  |  A.némond  de  I, 
X-  75,  86,  120,  128,  130,  137.  —  I, 
L23  n  L28  el  ti.  L29  t.,,  130  et  n, 
132,  111  et  n,  111.  115,  117,  118 
149,  151  n,  152,  173.  etn,  177  et  n, 
185  et  n,  203  et  n,  22:;  e|  n,  228. 
251  et  n,  252.  25  1  el  n,  205  n..  279 
et  n..  281  n,  28  1,  285,  311  n,  312 
313,  316,  319  n.,  327  n,  328,  337  et 
n,  339.  341,  342  el  n,  343  ei  n..  34  I. 
OU,   1  12,   183. 


'/UM^ 


1  .\(ç 


INDEX  ALPHABETIQUE  DES  NOMS. 


'.'il 


(  ocl  (Guigo  de),   i.  3  1-  el  ti.,    142,    i  13. 

II,  12  et  ii. 

Coct  (Laurent),   N°   180. —  1,  284,  327 
el  il,  343  et  u.,  344,   I  13,  II,  12,  13. 
nal  Ji    Bellefonl    -I  ian),  II.  273    - 
Coiffart,  U.  347  el  a.,  348,  119. 
Coire         Coris  il  de),  II,  <i  el  □ 

■  i  iGna    (<  laspard  de),    X"    183.  —  III. 
219  u  ,  221  n. 

Colines  (Simon  de),   I,  98  n.    226  "i  n., 

227  ii.  II,  39,    15  I  et  a. 
Colladôn  (Nicolas),  III,   118,  "419. 
Collinus    voyez  Biiltl  (Rodolph  am). 
Golumbi    J   cques),  II.  11  et  n.,  135,  136 

n.,  111.  M:',,    182. 
i  loluinbier  (Jean),    III,    100   n.,   179  n., 

1  88  n. 
Comberet  dit  l'Hoste  (Pierre)  III,    19    n., 

70  n. 
l 'ami  voyez  Croix  (Jean  le  <  'omte 

de  la). 
Compois  (]  de),  Srdé  Thorens,  III, 

70  et  n,,  1  19  n.,370  et  n. 
l  lompte  (François),  II.  461 , 
l  'ongy  (Jean  de     I     >90  n. 
i  onnan  (François  de),  II,  315  et  n..  394 

et  n.,  111. 
Constance  (L'Évêque  de),  1,    245  et  n.  II, 

j.j  et  n. 
I  lop  (Guillaume),  I,    16    n.,    il  1     n.,   28, 

Ml,    11!)  n. 

Cop(Jean),  II,  348  et  n.,  109.  III.  130  d 
t'oi>  (Luc),  III,  130  n. 
Cop  (Michel),  II,  346  n..  393, 111,  130  n. 
-  .  X"  158.  — II,  346n.,    :  l 

III.  109  et  n.,  110  n.,  111,  115  n.,  117 
et  il,  US  et  n.,  L29  ei  n.,  131  n.,  156 
n.,  161  ,  n^. 

Coq  (Jacques  le),  N°  3mm.  —  II,  170  n. 

III.  100  n.,  188  n.,  289  et  n. 
i  toracinus,  voyez  Fèvre  d'Étaples  (Jai 

Le) 
Coraud    ou       turault  (Éliej,  III,    1  16  n., 

160 n.,  237  n.,  238  n. 
i  orcelle  (Pierre),  II.  306 

■  ordey  ou  Cordier  (Jean),  III,  13  et  n. 
(  lordier  (Mathurin),  III,  201  n.,  237  n. 
Cornélius,  voyez  Arande  (Michel  d'). 

i  ornod  (Pétremand),  III.  217  et  n. 
Cornu  (Pierre),  I   29  I  el  n.  III,  58  el  n., 

295  ii. 
i  m  nyollier  (Jea  i  ,  [II,   123. 
Cortaillod  (Les  Évangéliqucs  de),  III,  27."> 

■  ■i  n 
i  'ourl  (Etienne  le),  1 1,  185. 


N 


i'.  in 


Coutelier  (François),  111.  L56n  .  192  et  n., 

120. 
i  îouturiet     Piei  re   le),    I     136  et  n.,    137, 

I3S. 
Cracovise  (Johannes),  voyez  Solidus. 
Cratander  (André), I,  Jiil  et  n. 
Cré  (M.  de),  voyez  Rovéréa  (Jacques 
Cré  ou  de  Crest  (Madame  'le),  II,  136  n. 

III,   105  et  n. 
Crest  (Jean  du),  III,  319  et  n. 
Croix  (Jean  Lecomte  de  la),  X"   107.  — 

II,  132  a  ,   181  n.  III,  13  et  n.,    u   a. 

100  n.,    187  et  n..   188  u.,  218  et  n., 

210  n.,  241  n. 
Cronberg  (Hartmund  de),  I,  156  et  n. 
Curion  (Valentin),  1,  282  el  n.,  100  n 
Curteti  (Le  secrétaire),  III,  112. 
Cutraeus  (Johannes),  II,   172  u. 


I» 


Dada  (Besançon),  II,  161. 

Dada  (Etienne),  III,  16  n.,  47  n.,  376  et  h. 

Danês  (Pierre),  II,  348  et  n.  III,  Ils  ,,.. 

1  »  il  et  n. 
Dangerant   (Louis),  N°  150.  ■—  III,    1  12, 

113  n.,  385  n. 
Daniel  ***  N°  375. 
Daniel  (François),  Xos    !62,   381.  —  il, 

279  et   n.,  281  u.   333  et  n.,  346,  384 

n.,  385  n.,  394,  397,  108 n.,  117.  lis. 

119.  III,  103,  104  el  n.,  105,  106. 
Daniel  (frère  Je  François),  II,  398  et  n. 
Darbey  ['Antoine),  III,  70  n.,  71  n.,  193  n 
Darlo  (Dominique),  II.    161. III,  71  n. 
Dautin,  voyez  Chapeaurouge  ('Etienne  de). 
Dauvet  (Louis),  1,111  n. 
Delplmi  (Dominicus),  I,  51  et  n. 
Denck  (Jean),  I,  167  et  n. 
Denis  (Jérôme),  III,  237  n. 
Deodat,  voyez  Dieudonné. 
Deperius  (Johannes  Eutichus),  voyez  Des- 

périers  (J.-B.). 
Despériers  (Jean-Bonaventure),   III.   289 

n.,  290  n.,  321  n.,   12:;. 
Desus  (François),  II,  136  n. 
Desyderius,  voyez  Abria  (Didier). 
Dex  (Nicolas),  voyez  Esch  (Chevalier  d'). 
Diesbach  (Félix  de),  II,  63  el  n.,  105  etn., 

111,  125,  129.  III,  105  etn. 
Diesbach  (Jean-Rodolphe  de),  III,  211  n., 

368 
Diesbach  (Nicolas  de),  I,  211  et  n.,  245. 

II,  95  n.,  137,  1  10  n.,    1  13  el  n.,  211 

et  u.,  380  -i  n. 

28* 


142 


INDEX  ALPHABETIQUE  DES  NOMS. 


Diesse  (La  Paroisse  de),   II,  220,  227  a., 

228. 
Dieudonné  (Claude),  N08  37,  39,  10.  — 

I,  17,  19,  50,  51  n,  52  et  n.,  53,  59 

et  n..  68  n.,  72  n.,  73  n.,  71  n.,  82.  II, 

117  n.,  123,  124  et  n.,  135  et  n.,  136 

n.:  111  n.,  150  et  n.,  151,  176  et  n., 

180,  181,  151  et  n. 
Diguet   (Bertrand,    Jean  et    Claude),   III, 

284. 
Disimyns  (De),  III,  281  et  n.,  282. 
Dobte  ou  Doubte  (Michel),  II,  382  n.  III, 

20  n.,  31,  35  et  n.,  121,  122,  123. 
Doguereau,  voyez  Dangerant. 
Dôle(Le  Parlement  de),  II.  330,  331. 
Dulen  (Henry),  II,   161.  III,  70  n,  71  n. 
Dolet  (Etienne),  III,  226  n.,252  n.,  290  n. 
Dooss  (Oswald),  II,  210  et  n. 
Droz  (Jean),  II,   172  n.  III,  100  n. 
Dubéron  (Claude),  voyez  Farel  (Claude). 
Dnchemin  (Nicolas),  II,  315  et  n.,  316  et 

n..  318,  332  .n  „.,  333  n     385  a.    :!>  ; 

el  n.,  109,  112  11.,   120  et  n. 
Dnchêne  (Guillaume),  I,  'il  n..  70  et  n., 

71,  391.  II,  187,  188. 
Dugué  (François),  II,  155  n. 
Dunesy  (Michel',  II.  -335  n,    138 
Dûrr  (Melchior),  voyez.  Macrinus. 
Dvsimieu  (Antoine  de),  III,  281  a. 


E 


Eck  ou  Eckius  (Jean),  I,  63,  370  ei  n., 
139  n.     17  1  et  n.  IL  19  et  n. 

Egmond  (Nicolas  d'),  II.  L86  et  n. 

Elisabeth  d'Angleterre,  III,  364  et  n. 

Engelbreeht  ou  Engentinus  i  Antoine),  III, 
416. 
entinus   ou    Egentinus    (Philippe),    [, 
1  56  et  n. 

Englisperg  (Bastiau  d'),  II,  3  11  et  n. 

Ennius  (Pbilonardus),  II,  165 et  n. 

Eutr:  nne  de  Graville,  baronne 

I,   1 15  et  n. 

Episcbpius  (Nicolas  .  1   365  n. 

SME  de  Rotterdam, N0"  7,  10,  18,  27, 
28,  3::.  34,  122.  123,  126,  156,  177, 
196,  203,246,  217  248,250,259.-1, 
17  u.,  18  et  n.,  19,  23  n.,  21  n.,  26, 
^7  et  n.,  30  u.,  31  et  n.,  32  et  u 
el  n.,  34,  Il  ....  12  n.,  43  n.,  11  n.,  48 
n..  54  et  u..  55  u..  58n.,  60  n.,  'il  et  n., 
65  u..  69,  71,  72,  71  n.,95n.,  96n.,99 
n  .  10!  n  127  n.,  119  n.,  202  n.,  211 
n  .  212  et  n.,  21:;  el  n.,  211  n  .  218,,., 


220  n.,  221  et  n.,  233  n.,  238  et  n., 
217  n.,  281,  283  et  n.,  286  et  n.,  289 
et  n.,  299  n,  300  et  n,  305  n,  311  n,. 
348  et  n,  352  et  n,  361  n,  370,  374 
et  u,  377  n,  385  et  n,  123,  121,  125 
126,  132,  136n.,  438,  482.  II,  l,.in, 
1H  et  n,  21  et  n,  38,  10  n,.  152  u 
155  n,  156  n,  160  et  n,  188  n,  1S9 
etn,  191,  192,  193  n,  111  et  n,  482. 
III,  8  n,  9  n,  11  i,.,  161  n,  400  n, 
111,  115. 

Erlach  (L'Avoyer  d'),  11.  335.  338. 

Erlaeh  (Jean-Rodolphe  d'),  III.  I87n,  368 

Esch  (Jean),  I,  149  n. 

Eseh  (Le  Chevalier  Nicolas  d'), 1, 252  et  n.. 
251  et  n,  256,  266,  283,  306,  309, 
312,  328,  335.  :;;:^7  el  n..  339  n,  365 
et  n,   368,  385. 

Estavayer  (Claude  d'),  III,  15  et  n. 
ayer  (Jean  d'),  III,  368  et  n. 

Estienne  (Henri),  I,  9. 

Estienne  (Robert),  I,  226  el  n,  227,  228 

II,  298  et  n,  118  n. 

Estoile  (Piene  Taisati  de  1'),  I,  3:1  n.   Il 
279   n,  315  et  n,  316,  317,    385  n. 

III,  111  et  n. 

Etats  de  l'Empire,  III,  21". 

Etienne  **  hôte  de  Farel,  II,  199  et  n. 

Etienne  ffi«  III,  10  et  n. 

Etienne,  courrier  île  la  poste  du  Roi,  III, 

1"'»  n. 
Éverard  (Jean),  III,  Uo  el  n 
Everard  (Nicolas  \  1.  64 


Faber  (Jean),  1.   17  1  et  u.  II.  L9  et  n. 
Faber  Libertinus    Cristophe  .  voyez  Fabri 

(Christophe). 
Faber  Stapulensis,  voyez  Fèvre  d'Ètaples 

Jacques  Le). 
Fabri.  voyez  Fèvre  d'Etaples  (Jacques  Le) 
Fabri  (Christophe  .   N0!  394,   191. 

50(i,  .507. —  II,  395  et  n  ,  396,   156  n.. 

173  n,  17  1  et  n,  175  et  n,   177  et  n.. 

III,  37  et  n..  100  n,  218  el  n  .  2  17  n. 

257  u..  293  et  n.  295  n.,  297  n.,  317 

et  u,  348n.,  349  a,  351  el  n.,  391  n, 

393  n. 
F, il. ri   François  ,  111.   1'»  n. 
Fabrice  (Arnold),III,  252  n. 
Falco  (Gaius),  III,    101  et  n. 
Farel  (Claude),  N«  518    --  1.  281  n.  II, 

160.111.  82  e:  n.    33,  38  el  n.    27-  el 


INDEX  ALPHABETIQUE  I>KS  NOMS. 


443 


n.,  318,  319  a      120  el    n     321  et  n., 

323  u.,  352  n..  388  et  n. 

Farel    (Daniel),   I,   281   n.,  II,    160.  III, 
82  n. 

Farel  (Gauchier     X"  519.  —   I,  281    a. 
II,  160.  III,  82  et  n.,  83,  97  n.,  168  et 
n.,  170,  171.  318,  319  a.,  320,  321  n., 
125  a.,  352  n.,  387,  388  i 

Farel  (Guillaume),  N0'  91,  97,  107.  127, 
151,  159,  163,  176,  L83,  L97,  198, 
204  209,  210,  211  2  11.  251.  256, 
257,  274,  276  122  324,  333,  351, 
355,  356,  35s  360  367,  387,  395, 
102,  109,  131,  462,  163,  509,  521, 
530,  539,  216».—  I,  128 n.,  I58n.,177 
n.,  178  et  n.,  179  n.,  180  n.,  183,  184, 
193  n,  196  et  n.,  197  et  n.  202  et  n., 
203  n.  206  et  n.,  2U7  et  n.,  209  et  n., 
210,211  etn.,212et  n.,  213  u.,  214  et 
n.  215,  216  et  ii  .  219  220  et  n.,  223 
n.,  221  n.,  225  n..  226,  228,  231,  232 
et  n.,  233  n.,  237  n.,  239  n  ,  210  et  n  , 
211  et  n..  212  ii.,  243,  244  n  ,  245, 
217  n.,  250,  253  et  n  ,  251  n.,  255  et 
n.,  262,  263  n  .  264  et  n.,  265  et  n., 
268,  269,  270.  271,  27:;  275  n..  276, 
h.,  279  et  n.,  280  et  n.,  283,  284,  286 
n.,  287,  2N8,  289  et  n..  290  et  a.,  291, 
293  el  a.,  29  1  ti.  298  et  a.,  299  et  n.. 
100  et  n.,  301  et  il,  302,  303,  304, 
305  :i  306  n.  !07  a.  308,  309,  311, 
312,  313,  126  et  n.,  327,  ;  15  !  16  n., 
•'  I  !8  î,  .  340,  341,  342  et  n.,  343, 
344,  356  et  n.,  357  et  u..  359  et  n., 
360  n.,  361  et  n.,  364,  366  167,  368 
et  i  169  et  i..  372  u  375,  377,  383, 
386  -  190  n.,  393  n.,  103,  101  u., 
111  il,  115  n..  lis.  ll'i.  131  u.,  138, 
139  n.,  110,  112,  1  18,  149  n.,  151, 
151  et  n.,  155  n,.  157  158  et  a.,  160 
et  n.,  161  et  n.,  162,  165  et  n.,  167  et 
n.,  168  169,  L82,  183.11,  7n.,  lleln., 
13,  15  et  n.,  20  n.,  22  et  n,  23  et  n., 
2e»  et  n.,  31  et  n.,  13  u.,  17  n.,  18  n., 
51,  53  et  n.,  54,  60,  63  a.,  72  n., 
05  .,  .  96  n.,  99  n.  102,  103  et  n., 
104,  105  et  n.,  106  et  n.,  107  et  n. 
109,  110,  112,  111,  115  n..  117..  123 
n.,  121  et  n.,  125,  126  et  n.,  12,',  130 
et  n.,  131,  133,  134,  135  et  n.,  136  et 
n,  137,  138,  141  et  n.,  144,  151, 
163  n.,  161  et  n  ,  166,  168  et  n.,  170, 
171  et  n.,  172,  173,  17  1  n.,  108,  199 
et  n.,  201,  202  el  n..  203,  204  205  el 
n.,  206  et  n.,  207,  208 n.,  211  n  ,  212, 


215  n.,  216,  2lo  et  n.,  220.  ^25  n., 
227  n.,  230,  231  et  n.,  233,  231.  _ 
et  n.,  236,  2  19  245  et  n.,  210,  217  el 
H.,  249  et  u. ,  251  et  n. ,  252  et  n.,  25.;  et 
n.,  251  et  n.,  255,  256  et  n.,  257  et  n., 
259,  200  el  n.,  202  et  n.,  261  et  n.,  265, 
206  et  n..  207.  268,  269  et  n.,  270  et 
n.,  271.  282,  2-  1  284  286  287  et  n., 
288  et  n.,  289,  295  n.,  297,  300,  30  ! 
n.,  305  et  n.,  307  n.,  311  et  n.,  312. 
321  n..  323,  324  n.,  326  n.,  327  et  n., 
328  et  n.  329,  330.  330  ;  10  t-i  n.. 
343  et  n.,  350  et  n.,  351  et  n.,  350  n., 
362  n.,  365  n.,  366  i;  .  167,  368,  369, 
370,  371  n.,  372  n.,  374  n.,  376,  370 
n.,381  n.,  387  n.,  389,  395  n.,  105  et 
n.,  124  n.,  132,  433  et  n.,  149  n.,  150 
n.,  154  n.,  155,  156,  158,  460  n.,  162, 
465  et  n.,  170,  172  n  ,  177  n..  178  n., 
.  482,  484,  186,  487,  488.  III,  3,  5,  9 
n.,  10  n.,  11  et  n.,  11  n.,  22  n.,  23  n, 
21  n.  32  et  n.,  34  n.,  35  n..  37  et  n., 
40,  13  „..  16,  IN  a.,  51  n.,  02  n 
n..  6o  n.,  75  n.,  81  n.,  82  n.,  83  n., 
88  96,  100  et  n.,  120,  123  et  n.,  121 
et  n.,  12.",,  129  n.,  132,  137  n.,  142  n, 
118  n.,  149  et  n.,  150  n.,  151,  152, 
155,  156  n.,  163  et  n.,  164  n.,  165  n., 
167  n.,  168  n.,  169  n,,  172  n.,  171  et 
n.,  187  et  n.,  192  n.,  193  n.,  203  n., 
217  n.,  225  n..  220  et  n.,  230  n.,  2  12 
et  n.,  23:.  et  n..  23  1  n  .  230  „.,  211  n., 
245  et  n.,  248  u.,  254,  255  u.,  260  n., 
274,  280  et  n.,  285.  286  et  n.,  287  u., 

288  i,  ,  202  n.,  203  n.,  295  n.,  296  n., 
297,  298  n.,  316  n.,  318,  323  et  u., 
324  n.,  332  n..  333  n.,  335  et  n.,  337 
n.,  339,  353  n.,  357  n.,  358  n.,  351'  n., 
360  i!.,  372,  373  „,,  371  et  a.,  375  il., 
385,  380  ,,..  391,  30  1,  399,  400  11., 
101  n.,  110  n.,  115,  117,  US,  120 
423,  124. 

Farel  (Jean-Jacques      I    281    n.  111.  82 

et  n. 
Farel  (Veuve,   mère  'le  Guillaume),   III, 

82  n.,  171, 
Fathon  (Jean),    11,    307   u.,    172  n.  III. 

289  et  n. 

Faulc], e   Jean)    11.  331 
Faulcon,  châtelain,  III,  318  n. 
Faustus  (Andrelinus),  1.  2  1  n. 
Favre  (François),  III,  304,  313,  107  n. 
Favre  (Jean),  III,  47  n, 
Fédy  (Pierre),   III    30   el   n     33.  34   n., 
35  n. 


5  \  \ 


INDEX  ALPHABETIQUE  DES  NOMS. 


Felimis  (Aretius),  voyez  Bucer  (Martin). 
Ferdinand,  roi  de  Bohême,   II,    183.  III, 

185  n. 
Féret,  III,  225  n. 
Ferrel  (Guillaume),  III,  237  n. 
Fèvre  d'Ftaples  (Jacques  Le),  N°3  i,  3, 

I.  20,  23,  25,  30,  49,  69  79,  85  9î 
103,  202.  —  I,  3  et  n.,  9  et  n.,  10  et 
n.,  11  n.,  16  n..  1S,  1!)  n.,  20  n.,  23 
et  n.,  21  el  n.,  25,  26,  27  et  n..  29, 
31,  32  -i  n.,  33  n.,  11,  12  n.,  43  n., 
15  etn.,  16,  19  et  n.,  50  et  n.,  51  n.,  53 
n., 57,  58  n.,  59  n.,  62,  fit,  66  n.,  70  n., 
ri  et  n.,  72,  7  1  n.,  7.s  ,,..  79  u.,  s:,  n.. 
92  n.,  95  n.,  96  n.,  99  u.,  105  et  il. 
110  u.,  111  u.,  132  n.,  140  n.,  157  n., 
158  n.,  160  n.,  178  n.,  179  n.,  180, 
181  et  n.,  18  1.  189,  205.  206,  207  n., 
208  ii.,  209etn.:220n..  221  n.,226n., 
227.  228  232  el  n.,  235,  239  n.,  240 
n.,  242,  271  n..  273  277 n.,  278,  280 
n.,  282,  291,  293,  306  et  n.,  310,  315, 
352,  353  et  u..  368  n.,  401  et  n.  9)2 
etn.,  403  n.,  H  M  el  n..  Ion  et  n.,  408, 
109  u.,  110  et  u.,  111  n.,  415  et  n., 
118  n.,  419  et  n..  421  n.,  125,  131  n., 
136  el  n  137,  i  LO  et  n..  1  17.  I  19  n., 
150,  461,  463,  195  a.,  181,   182,  484. 

II,  16  etn.,  17  n.,  37  u.,  39  n.,  43, 
n.,  120  el  n..  122  r,  ,  132  er  n.,  160  et 
n.,  191,  196  el  p..,  249,  250  etn.,  251 
ef  n..  264  n.,  372  il.  386  et  n.,  387  et 
n.,  388  et  n.,  433,  484.  III,  73,  201  n., 
211  n,  295  n..  349  n.,  399  n.,  100  n  , 
111. 

Fêvre  (Jacques  le),  voy.  Jacobus,  sculptoi . 
Fichet  (Jacques),  III,  70  n.,  71  n. 
Fine  (Oronce),  I,  37  n.,  180  et  n. 
Fisher  (Jean),  I,  30  n.,  60  n.,   207 

288,  370  et  n. 
Flaccieu  (Bai  on  de),  111    358  n. 
Fleurange  1 1  tenri-Roberl  S1  de),  ! ,   159  n. 
Fleurange  i  Robert  8r  de),  I,  159  • 
Focceus  (Petrus),  I,  209. 
Fonteius,  voyez  Brunner  (Fridolin). 
Fontius  (Bartbolomeus),  III,  37  n. 
Forestey  (Claude),  III,   122. 
Foret  (Guillaume),  III,  417. 
Forge  (Etienne  de  la),  III.  166  el  n.,  167 

n.,  168  n.,  267  n 
Fortis  (Johannes),  I,   10  n. 
Fosses  (Claude  des),  III.  273  n. 
Four  (Claude  du),  III,  214  n. 
Framberge  (Claude),  III,  101  et  n. 
Franc  (Domeine)    voy.  Farel  (Guillaume). 


Franc  (Dominique),  II,    121. 

France  (Ambassadeur  de),  voyez  Maigi  il 
(Laurent)  et  Dangerant. 

Français?  (Un),  Noa  268,  269. 

François   I",    roi    de    France,   N"   U 
133,  440,   192.  512.  —  I,  27,   28   n., 
31  n.,  35  et  n.,  37  et  n.,  41,  13  n.,  57, 
64,  65  n.,  66   n  ,   78,  84,  85  el  n.,  36 
el    n.,   105  n.,    106,  113  n.,  132,  143 
n.,    158  n.,  ISO,  1S2  et  n.,    183  et  n  . 
190,  M92  et   i...    199  et  n.,  201,  20i 
221   n.,    225  n.,    257,   296,   31  i  el  n., 
350,  351,   353  n.,  367.   390,   101  n., 
102  ii  .   103,   120,   121  n.,  122,  125   •! 
n..  126  et  n.,   127.    132,   135,  111  el  n. 
1  15  n..   146  el  n.,   117    178;  II,    1.  16 
n..  17,  36,  37,  10  et  n.,  110,  153,  157 
n.,  168,  169  el  n.,  17f.  190,  191,  190, 
212,  248,   249,  271,  388,   464  el 
III,  52  56  et  n.,  60  et  n., 

7.;,  7 1  el  d  .  75,  82  el  n.,  s:;  ,,..  89 
n.,  93,  94  n.,  101  et  n.,  102  et  n.,  109 
et  n.,  110,  111.  130  et  n.,  131  n., 
i  12,  1  13  et  il.  1  15,  146  el  n.,  1  17  el 
n.,  160  et  n.,  168  et  n.,  170  n.,  17  l. 
176  n.,  181  n.,  182,  184,  185  et  n., 
192  el  n.,  199  n.,  206  n.,  220,  221  et 
n.,  237,  2:;s  n.,  250  et  n.,  251  n.,  253 
n.,   267,   268  el    il.  269  el   n.,  270  ei 


!72  el  n., 


274,   282  el 


n.,  285  et  n.,  288,  301  n.,  306  et  n., 
307  el  il,  308  el  i       109  el  n.,  310  et 

n.,  311,  312  i:..  322  et  n„  328  n., 
330  n.,  332  n.  336  el  n..  341  et  u., 
342  n.,  343  n  .  345  n.,  357  n.,  358  et 
n.,  359,  360  et  n.,  361,  363  et  n.,  364 
-i  u.,  r,i\rj  et  u..  367,  380  n.,  3S1  el 
n.,  386  etn.,  388  etn.,  389  èl  a.   396, 

^    IL,    121. 

François,  le  daupbin,  I,  315 etn.  II.  194, 
196  et  n.  III,  55  el  n. 

(] li'in  il  1    376  el   n..  388. 

Frédéric,   Électeui  di   Saxe,  I,  112,  111. 
115     132,    139,    141,    142,  143,   1  1  1 
145,   !  16  el   n..  117,   lis.   171,  311, 
347,  348,  349,  350. 

Frédéric,  prince  d  ■  Bade,  I,  13. 

Fn  gose  (Frédéric),  1.   399  et  n.,   100. 
is  (Henri  des),  II,  246  et  n. 

Frères  de  Bobême  el  Moravie,  X"  120. 
—  III,  63  n. 

Fribourg  (Le  Conseil  de),  N°"  288  294, 
371,  106,  108,  125,  1  12,  1  19.  —  II, 
10,  115  n..  232  et  u.,  235,  256,  293 
n.,  349  el  n.,  350,   351  n.,  354,  362, 


LNDK.X   ALPHABETIQUE  DES  NOMS. 


145 


364,  365  ri  h..  369,  380  el  a..,  381  el 
n.,  389,  390,  399,   100,  121  el  n.,  122 

123  e!  n.    130  n..   1:32  n.,  139  a.,  115 
))..    I  17,   1  18  n.  III.   17,  l'I  n..  36  m. 
71  n..  7tl  il,  s1'.  91,    258,   259  et  n., 
261,  262  o!    n..  264,  277.   278  et  n., 
368  il,  385  el  n.,  107,   108  m. 

Friboutg  (Les  députés  de),  II,  366,  370 
n  n..  391  n.,  399  n.,  III  et  il.  188. 
III.  17  D  !'•  n..  19  n..  91  et  n..  139 
et   n.,   1  lu,-;  ,i.,  1  H  n.;  171'.  277,  278. 

Fribourg  (Le  Secrétaire  di  -voye;  Kru- 
menstoll. 

Fricker  (Jérôme),  111,  239  n. 

Friess  ($ean),  II],  239  n. 

Frigida   \  ni! ;   Fi  idevallis  i  Hugo  a),  I, 

11   I    el    ,1..     140. 

Frigius  (Félix)    !     U. 

Frisius  [Laureùtius),  II.  280  et  n. 

Froben  (Jean),  I.  33,  13  u.,  1  1  n.,  17  n  , 
211  et  n..  237.- 

Froben  (Jérôme),  I    250  n. 

Froment  (Antoine),  I,  158  n.  II,  132  n., 
251  n.,  264  n.,  270  n.,  307  n.,  330, 
362  ....  365  n..  379  n..  390  n.,  395  el 
n.,  105  et  n.,  150  ,...  153,  Mil  n.,  177 
n.  III,  16  n..  18  n..  30  n..  31  n.,  32  n., 
39  u.,  17  n..  50  n.,  112  n.,  121,  122 
il.  124  n..  L92  i...  217  n.,  280  et  n., 
287  u.,  289  el  n.  295  n.,  296  n..  298 
n.  III,  122,  123 

1  roschovi  r  (I  Uiristophe),  III,  2  10  et  n.' 

Fumulus,  voyez  Reuchlin   Jean 

Furbiti  (Guy), III,  121  etn.,  122  et  n.,  125, 
131  el  n  .  132  n..  L33  et  n..  135  et  n., 
136  n..  137  n.,  139  et  n.,  150,  151  et 
n.,  21  I,  293  n..  294,  295  a.  296,  297, 
298  n.,  396  el  n  .  397  et  n.,   110  et  n. 

Furstemberg  (Guillaume,  émut"  de),  II, 
241  et  n.  III,  102  il.  388  el  n.,  389 
el  ii. 

Fusiei  (P  III,  138  n. 

Fusius,  voyez  Frisius. 


I  ■  tcebus  (Jobannes),  II,  39  n. 
Gadon  (Jean),  I,  222  et  u. 
I  raguin  (Robert),  I,  13  el  n 
(  ralbei  tus  (Amedeus),  1.  315. 
Galéol  ou  i  ralliol  (Noël     M     U,  42  et  n., 
'"1    n-.    L61    n..    L63  ....  222  n.,  482. 
GaIIus  (Jacobus),  voyez  Coq  i  racques  le). 
1  ramaul  (<  iaspard),  [II,    1 L6 
'  I  irdinei   i  Etienne),  III,  361 


Gaudel  |  Pii  rre),  III,  303  "t   n. 

1  raudel  (La  veuve  de  Piei  ie),  III.  31 1. 

Gayling  (Jean),  X"  1-7.  —  I,  266  el 
304,  305  n.,  300.    307    n.,   308  el    i 
309  et  u.  III,  292  n. 

Gayo  ou  Giro,  voyez  Jajod. 

Geisshàusslei  (Oswald),   voyez  Myeonius 

Genève  (Aj'tnoii  de),  voyez  Lullin  (Aym 
de) 

i  leiie\  e  Les  <  banoines  de),  III,  152  i 
177  et  n.,   213  et  n.,  215  n 

Genève  ((  Uaude  de),  II,  161  n.  III,  70 
71   n. 

Genève   (Le  Conseil  de),  Xoi   107,  181, 
502,513,517,522,536,    116",    188" 
—  II,  421   et    e,..    123    n..  12!   et   n., 
1:25  n..    127  et  n.,  146.  III,  15,  16    •' 
n.,  28  u.,  29  n..  31.  31  n.,  35  i 
10  n.,  11  n.,  17  n.,  69,  70  il.  86  et  n 
87  et  n.,  88  n.,  91,  92  n.,    08  n.,   113- 
n.,    111  n.,    119,  121  n  .   122  u.,  123, 
121  ,..,  131,  132  n.,  133  et  il,   131  et 
il,  130  n.,  138  et  n.,  130  n.,   110,  111 
n.,  112,  144 n.,  149  il,  151,  151  et  n. 
156  n.,  177,  103.   209  il.  L'I  1   il.  215 
n..  222,  223  et  n..  230  n.,  2N7  a.,  291 
n.,  303  n.,  313,  31(1  el  u  .  317  il.   : 
il.  3:;!',  351  ,l.  368,  37  1  u,  375,  37:' 
n.,  382  etn.,  383  et  n.,  -".SI  n..  388  ei 
n.,  380  n.,  390,  391   n.,  392,   395  n.. 
397  n..   121. 

Genève  ('Les  députés   de),   X"   382. 

II,     121'    el     M.    III.    16   IL.    18  IL,    35   ,1. 

30  n.,  371  n.,  407  et  n. 

Genève  (Les  Évangéliques  de),  X"'   lin. 
116,  180.  —  II,  10  et  n..  361,   121  e 
n.,  127,   135  et  n..  13»i  n.,  137  n.,   t3& 
n.,  440  n.,   159  n.,  161  et  n.  III.  29 
n.,  31,  32  n.,  38,  30  et  n.,   13,  50  et  il. 
98  et  n.,  121  n.,  12  1  n.,    135,  137  il. 
141  n.,  118  n.,  149  n..  150  et  n.,  153, 
151   el    n.,    156,    165,    194,    20!),  211 
212,  217  h.,  230  et  n..  233,  217  et 
302  etn.,  316,  317. 

Genève  (L'Évêque  de),  N"a  128,  L39, 
447,  173,  301».  —  I,  73  n.  III,  19,  69, 
70  n.,  72  il,  86  il,  87  il.  88  il,  1  11' 
el  n.,  135  et  il,  130  n.,  137  el  n.,  1  1" 
n.,  150  et  n.,  193  et  n.,  10  1  el  n.,  20  I, 
212  n.,  213,  211  n.,  250  n..  295  il. 
302  n.,  304  i...  316  et  n.,  368  n..  108 
e;  n.,   111  et  n.,  112  et  n. 

Genève  (Le  grand-vicaire  de),  III.  I1 
n..  122  n.    132  n..  131  n.,  135  i...  1  16 

IL.   21  I    e.    Il 


446 


[NDEX    VLPHABETIQUE  l)i-:s  NOMS. 


Genève  (Jean  de),  III,  317  n. 
Genève  (Le  prévôt  de),  III,  319. 
Genève  (Le  vidonme  de),  III,  1 94  et  n. 
Genevois  (La  comtesse  de),  III,  389  n. 
Georges,  I,  312  et  n.,  311,  384 
Gerbe-!  (Guillaume),  II,  415  n. 
Gerber  (Nicolas),  I,  170  et  n. 
Gesner  (Conrad),  X"  188.—  III,  235  n., 

215  n. 
i  rex    Jean  de),  III.  317  n. 
Geyerfalck   (Thomas),   I,  00   n.,    320  n, 

370  et  i..  II,  115  n. 
Giberl  (Jean-Matthieu),  I,  287  et  n. 
Gignilial  (Jean),  I,  109  et  n. 
Gingins   (Ame   de),    voyez    Genève      Le 

grand-vicaire  de). 
Giron  (Pierre),   II,    7   n.,   63,    199,    203, 

201  et  n.,  207,  209,  210,  211  n.,  22''. 

236,  238,  239,  309,  352.  III.  12   28 

n.,  51  n.,  187.  200  n.,  368  et  n.,  376  n. 
Glantinis  (Claude  de),  V-  325,  348.  — 

II,  251  il,  252  u..  272,  285  et  n  .  307 
n.,  310  et  n.,  351,  372,389,  186    187. 

III,  255  et  m..  276  et  n     347  n. 
Glareaxo-  (Henri),  N0!    12.  19,  32      • 

—  I,  21  n.,  31  n.,  32  n.,   38  n.,  3! 

n.,  45  n.,   48  n.,  63  n.,  70  n.,  203.  a., 

210  et  n.,   200  n.  II.    103  „..    280  n, 

III,  341  n. 
Gole  l'Jean),  voyez  Goula  (Jean). 
Goliosi  ou  Gollionx  (Pierre),  II,  110  <■>  i    . 

111,   182. 
Gonin   (Martin),  II,   150  et  n.,    151     152 

n.,  153,   161,  163  et  n.  III,  ni  „. 
Gorrseiis,  voyez  Gorris. 
Gorrevod  (Louis  de),  III,  281  n. 
Gorris  (Pierre  de),  I,  200  et  n. 
Gos.sonens  (Jean),  II,  115  n. 
Goula  (Jean),  II,    161.  lit,    16  n,    17  n., 

310  et  n. 
Gozthon  (Jean),  I,  20. 
Grafenried  (Nk-olas  de),  II,  71  et  n.,  L05, 

107,  108  i,.  III,  165. 
Gramelin  (Matthieu),  voyez  Malingre  Tho- 
mas). 
Grandis  (Joannes),  II,  101  n.,  130,  114. 
Grandson  (Les  Bénédictins  de),  N°  370. 
Grandson  (Les  Catiioliques  de),  N0'  357, 

361,  370.  —  III,   117. 
Grandson  (Le    Châtelain   de),    voir  Reyf 

(Huns). 
Grandson  (Le  Conseil  de),  II,  310,  101. 
Grandson  (Les  ÉvangtTiques  de),  N"  189. 
_  n,  363,   3i,7.  368,  369,  370,  371, 
379  et    n.,   390,    391,   300  et  n.,    10] 


102..    103,   101.  III,  180  et  n..  211  et  n. 
Grattes  (Les),  voyez  Bole. 
Grebel  (Conrad),  I,  250  n.,  278  n.,  327 

et   n.,    328,    336    n.,   337,   311  et   n., 

3  1:1  n. 
Greii   (Sebastien),  voyez  Gryphe  (Séb  s- 

tien). 
Grenoble  (Le  parlement  de),  I,  110,  111. 

III,  192  n.,  388  n. 
Grenoble  (Les  frères  de),  III,  389. 
Grey  (Thomas),  N"  6.  —  I,    149   n    III, 

il  5. 
G rivât  (Georges),  dit  Calleys,  N°  487. — 

II,  362  n.,  300  n.,    105  n.  III,  100  n., 
226  il,  230  n.,  232  n,  234  n.,  25£ 
n..  27i. 

sonière  (La),  voyez  Farel  (Gauchier). 

Grossmann  (Gaspard),  voyez  Megander. 

Groslol  (Jacques),  I,  158  et  n. 

Grus  (Jean  Le),  II,  133  u. 

Gruyère  (Jean,  Comte  de),  II,   225  et  u. 

22!'.  233. 
I  rruyère (Léonard  de),  officiai  3e  Besancon, 

III,  385  n. 

ère  (Michel  de),  III,  216  n. 
GRYNiEUS  (Simon),    NM    160,  533,    538, 

5  12.  —  III,  6  n.,  7  n„  S  n.,  0  n.,   57 

et  n.,  88,  163  n.,  165  n.,  195etn.,  196 

et  u,,  107,  108,  199,  201  n.,  326  et  n  . 

375  n. 
Gryphe  (Sébastien),   N°  318.  —  II,   297 

et  n     298. 
G  lérard  (Pierre,.  I,  375    IIP  U6. 

in,  II.   12 1  n. 
Guibert  (Pierre),  I,  355  n.,  '■'<'■> 
Guido,  II.  loi  et  n.,  152  n.,   163  n. 
Guillard  (Charles),  I,  180  n 
Guillard  d'Espichellière   (Louis),  1,64  n., 

180  n. 
Guillaume  ***,  III,  3  16  n. 
Guillaume  (Louis),  II,  377  n.,    172  et  n. 
Guillet  (Michel),  III,  209. 
Gundelsheim  (Philippe  de),  voyez    Pâle 

(L'Évêque  de). 
Gynoreus  (Petrus),  II,  19  n. 


IIaller  (Berthold),NM53,200,  153,  464, 

.170,  470.— 1,102  n.,  103  n.,  151  et  n. 
II,    12  et  n.,   31   n.,  59  et  n.  63,  113, 
150  et  n.,  151,  174  et  n.,  175  et  n.,  .. 
n.,  280  n.,  306  n.  IIP  22  et  n. ,23  e: 
66  n.,  75n    98  u  ,  31  1.  343n  ,358^ 
Hamilton  (Patrice),  II,  211  n. 


IM)K\  ALPHABETIQUE  M-.S  NOMS. 


147 


Hangest (Claude de),  II,  110  etn.,  U2etn. 
Hangesl    (Jean   de)    II,  1  * > •  l  n.,  316   n., 

-I  h. 
B  mgi  si  (Joachim  de),  II,  112  n. 
Hangest  (Luu.ï-    i        S*  de  Mommor,  II, 

U2  n. 
Hangesl  (Yves  de  .  II.  112  n. 
Hanoîer  (Martin),   II,  78  et  n.,  79  et  n., 

80  n.,  161,  163  n.,221,  222  n  .  223  n, 

-21  n. 
I  lardi  (Jean),  II,  331  et  n. 
Heberling  de  Gemund,  I,  16.n. 

ebolt  (Pierre),  I,  245  n. 

ion  (Gaspard),   I,    133  n.,    155    et  n. 

III,  95,  100.  341  n.,  342  n. 
Heigerlin  (Jean),  voyez  Faber  (Je:  i 
Heitzmanx  (Henri),  N    113.—  I,  262  n. 
Hemard  (Toussaint),  III,  84  n. 
Hemerius,  voyez  Beynon. 

ri  VIII,  roi  d'Angleterre,  I,  30  n..  57. 

II,  101  et  n.  III,  197  et  n.,  364  n. 
Henri  d'Albret,  roi  de  Navarre,  III,  55  et 

n,  50,  60,  74,  130. 
Henri  d'Orléans,  II,  196  et  n.  III,  131  n. 
Henry  (Guillaume),  II,  172  e 
Herlin  (Christian),  1    133  n. 
Herrnolaus  Barbarus,  I,  10. 
Hermonyme  (Georges),  I,  13,  12  n. 
Herrmann  (Conrad),  II.  245 n.,  176  et  n., 

168  et  n. 
Hesius  (Theodoric),  I,  288. 
H—  (Jean),  I,  226  n.,  228  et  n. 
Hesse  (Philippe  de),  II,   132,  133  et  n., 

210,  211.  III,  HT  et  n.,  160  et  n.,  185 

et  n.,  330. 
Hessus  (Simon),  I,  207  et  n. 

(Nicolas  de),  I,  259 
Heynlin  (Jean),  I,  13  el  n. 
Hieronimns,  I,  282. 
Hierosme,  III,  281  n. 
Hilarius,  voyez  Bertolph  (Hilaire). 
Hiineli  (Jacob),  I,  335  et  n..  338,  357  et 

n.,  308,  383,  118.  II,  01,  n.,  95  n. 
Hochberg  (Jeanne  de),  II,  212  n.  II,   265 

et  n.,  292.   III.   78  et  n..    113   n..  247 

-i  n.,  275  n.,  276  et  n. 
Hochberg  (Olivier  de),  II,  21"  et  n.    III. 

27.-.. 
Hochstratten,  I,  11  n..  15  n. 
Hofeh  (Thomas  de),    X"  193.  —  II,  5  et 

n.,  6  et  n.,  10. 
Hoffischer  (Boniface),  II,  124. 
IIofmeister  (Sebastien),  N°  1 12.  —  I,  Mil 

et  n.  II,  95  n. 
Hohenlandenberg  (Hugo  de    voyez  Cons- 


de 
Hohenlohe  (Le  comte   Sigismond  de     I, 

348    el    n.,    310   et    n.,    119  e!  n.     130 

111  el  n.  II,  3  n. 
Holard  (Christophe),  II,   1  1  1  el  n  .  I  15  et 

n.  III,    12  et  n. 
Holard  (Jean),  X"   104.   —  II,  307  n., 

352  n.     354  n.,    111  n.   III,   11    et    n. 
Honius  (Cornélius),  I,  38  1  n, 
Hortin  (Vincent),  II,  219  et  n. 
Huant    Philippe),  II,   130  n. 
Hubmeier (Balthazar),  I,  336,  n.,  11,  20,n. 
Hue  (Guillaume),  I,  10. 
Hugaldus,  voyez  Hugobaldus. 
Hugobaldus  (Udalricus),  I,  209  et  n.,  220 

a  .  223,  227,  293. 
Hugonini  (Le  châtelain),  III,  122. 
Hugwald  (Huldrieh),  voyez  Hugobaldus 
Humaz  (Jean),  II,  309,  310 
Humelberg  (Michel),  I,   15. 
Huss  (Jean),  I,  119. 
Hutten   (Ulrich  de),   I,   69   u.,   221  et  n., 

301  i,. 


Iuieli,  voyez  Himeli  (Jacob). 

Irmen  (Damianus),  I,  168    II.   13  et  n. 


Jacohus,   sculptor,  I,  21''  et  n.,  300.  III, 

237  n. 
Jacques  (Dom),  II,  380. 
i  a    [ues,  libraire  et  imprimeur,  1,  200  n., 

309  et  n.,  375  et  n.  III,   115,   116. 
Jajod  ou  Gayu  ou   Giro  (Guillaume),  II, 

125  et  ii. 
Jametz  (Guillaume  de  la  Marck,  seigneui 

de),  I,  15!',   100  et  n. 
Janin  (Jean)  dit  le  Colognier,  III,  '2''  n. 

175  et  n.,  170  n.,  177,  211  et  n.,  389  n. 
Jean-Frédéric,  Électeur  de  Saxe,  III.  185 

et  n.,  311  n. 
Jean,  serviteur  de  C 1     327  el  n  .  337 

et  n.,  387. 
Joanna  **,  III,  118. 
Joffreyry  Ole),  II,  213. 
Joham  (Conrad),  II,  133,  211. 
Jonas  (Justus),  I,  02  n.,  1 13  n. 
Joseph,  II,   161  et  n. 
Juda  (Léo),    I,    207  et  n..    :!77.  383,    13  1. 

II,  21. 
Juliani  (Michel),  III,  -''.28  et  n.,  329  et  n. 
.lussie  (Jeanne  dej,   II,   H)  n.    III.  51  n., 

223  n. 
Justiniam  si  tu  ts     12  11  n. 


148 


INDEX  ALPHABETIQUE  DES  NOMS. 


U 


Kalbermatber  (Georges),  I,  245  n. 

Kiel  (Louis),  voyez  Carinus  (L.). 

Knybs  (Nicolas),  II,  244  et- n. 

Kolb  (François),  II,  31  n.,  59,  63. 

Koly  (Pierre),  III,  240  n. 

Kôpflein  (Woif),  voyez  Capiton  (W.-F.). 

Kotther  (Jean),  I,  329. 

Kraffi  (Adam),  II,  240  et  n..  241. 

Krumenstoll  (Antoine),   II,  111  et  n.  III, 

76. 
Krumm  (Martin),  II,  62,  63. 
Kûrschner  (Conrad),  voyez  Pellieanus. 
Kymo  (Jean i,  II.  115  n. 


Lacune]  (Anna),  1.  300  ef  n. 

Lachner  (Gertrude),  I,  300  et  n. 

Lambert,  1,  11"  n. 

Lambert  (Denis),  III.  219  et  u.,  346etn., 

347  n.,  393  n. 

Lambert  d'Avignon  (François),  Nos  60, 
61,  fil,  05,  68,  70,  71,  72,  71,  112, 
L33,  L38,  111,  115,  155,  169,  286. 
—  I,  100  et  n.,  101  et  n.,  102  et  n., 
103  et  n.,  101  n.,  106  et  n.,  107  et  n., 
113  n.,  111,  115  n.,  116  et  n.,  117, 
118  et  n.,  122  n.,  123  et  n.,  128  n., 
12!»  n.,  130  et  n.,  13!»  n.,  110  n.,  141 
n.,  113  n.,  1  15.  1  16  n..  117  n.,  150, 
151  n.,  170  et  n.,  171  n.,  177  n.,  238 
et  n.,  257  et  n.,  259  n.,  303  n.,  312  et 
u.,  313  n.,  311  n.,  310  et  n.,  318  n., 
:;i(»  et  n..  328,  350,  367  et  n..  373  et 
n.,  383  etn.,  384  etn.,  116  n.,  117  et  n., 
150  et  n.  —  II,  10  n.,  127  et  n.,  21  i 
et  n.  III,  360  ii. 

Lambert  (Isaac),  I,  317. 

Lambert  (Jean),  II,   L'  I 

Lance  (Le  Prieur  de  La),  N°  3 10. 

Landow  (Henri),  11,  396  el  n. 

Landow  on  Landoz  (Jean),  III,  11  et  n. 

Landré  ou  Land bristophe),  II.  11!» 

et    li. 

LanduE  (Hortensius),  IL  209  n 

Lang  (Jean  I,  1.  26. 

Lange  (Jean),  N°  83.  —  I,  71  n.,  178  et 

n.  II,   164  n. 
Lapidanus  "u  a    Lapide  (Joaimesi,  voyez 

Heynlin  (Jean). 
Lasco (Joannes  a),  I,  388  n.  II,  16  et  n. 
Lasky  (Jean  de),  voyez  Lasco  (Joannes  a). 
Lasseiv  (Louis),  III,  108  n. 


Latomus  (Jacobus),  L  370  et  n.,   155  el  m 
Latomus,  voyez.  Masson  (Barthélemi 
Laurent   (Melehior),  III,  100  n.,    17"  n 

lso  et  n.,  18S  n. 
Laurent  de  la  Croix,  voyez  <  lanus  I  Alezan 

dre). 
Laurel,  III,  58  ei  n..  94  et  n.,  108. 
Laurier  (Philippe  du),  II,  333  et  n.,    120 
Lausanne  (Le  Chapitre  de),  II,  199,  20  - 

2(»l  -lu.,  202  et  n.,   183.  III.  21  et  n., 

36  il.,  S!»  el   n.,   90. 

Lausanne  (Le  Cons  al  de),  N03  296,  321. 

—  II,  110,  117  et  n.,  198,  200,  20J 
et  n.,  203.  201,  205  et  n.,  206,  255, 
III.    20   et    n..  21  n..    M 


256  n.,    257 
35  n.,  36  n. 


Lausanne  |  Députés  de'.  III,  21  n. 
Lausanne  i  Les    Evangéliques  de),   III    35 

et    n. 

Lausanne  (L'Évêque  de),   N0i  212.  215, 
218,  331,  503. —  1,102  n.,  103 n.,  318 

n.,  328,  329  et  n..  330,331,  3  12 
354.  U,  42,  55  et  n.,  61,  '.2,  71  n., 
75  n.,  76,  90,  92  n.,  94,  96,  97  et  u., 
100  n.,  102  et  n.,  111,  115  n.,  IL;  el 
n.,  138,  139  ei  n.,  110  et  n.,  199  etn., 
201  et  n.,  203,  206  n.,  212,  253,  25  1, 
255,  322,  323  n.  III,  19,  20,  36  n., 
89  ei  q.,  90  et  n.,  368  n.,  385  n..   122. 

Le  ('1ère  (Philippe),  I,  53  n.,  63  n. 

Lecomte  de  la  Croix  (Jean),  voyez  Croix 
(de  la). 

Lect  (Antoine),  II,  121. 

Ledeni  (Petrus),  III,  182. 

Léon  X,    pape,  1,  15  n.,  17  n.,  25  n.,  "'7. 
13  n.,  55,  65,   121  et  n. 

Lermite  (Jean),  I,  153  n.,  156  n.,  172. 

Leroy  (Jacques),  II,  132  n.  III,  187  et  n.. 
188,  218  n. 

Leu  (Félix),  II,  115  n. 

Levet.  (Aimé),   III,   29  n.,   16  et  n.,  71  n. 

Libertinus  (Christophorus),    voyez   Fabri 
(Christophe). 

Lichtenfels  (Cornélius  von),  III,  351  et  n. 

Lilianus  (J.-J.),  L  18  et  n. 

Limpui  _  i     Delamonius     1.    10<>  n.,  1 1  < '» 
et  n. 

Lizet  (Pierre),  I,  235  et  n.  III,  73  et  n. 

Loës  (Hugues  de),  II,  78  n.,  80  et  n..  87 
n.,   163  il,  222  et  n.    III,    103,    10 
12::. 

Lonicerus  (Joannes),    I.   207  et  n.,    232, 
305  n. 

Lorit  (Henri),  voyez  Glareanus. 

LoRRAiN?(Un),  N"  L89, 


INDEX  ALPHABETIQUE  l»KS  NOMS. 


449 


Lorraine   (Antoine,   duc   de),    I,    345   n., 
463. 

Loi, aine  (Jean,  cardinal  de),  I,  365  et  n., 

366,    164.  II.  I.  III,  364  el  n.,  398  n 

Louis*-*,  II,  114,  171   et  n.,  172  et  n., 

176  et  n.,  :;77  ••!  n.,   155  et  n.,   i •  > : '■  el 
n.,  466  ei   n.  III,  290  et  n„  118. 

Louis  XII,  roi  de   France,  I,  I  * >  n.,  66  n 
III,  329  n. 

Longue  ville  (La  duchesse  de),  voy.  Hoch- 
berg  (Jeanne  de). 

Loyn  ou  Loynes  (François  de),  I,  34  etn., 
54,  374  etn. 

Lucanius  (Martianns),  voyez  Calvin  (Jean). 

Luisandy  (Henri),  11,  312  et  n. 

LuLUK  (Aymon  de),  X"    195.  —  III,  26] 
n.,  277  et  n.,  :»71  et  n.,  379  et  n. 

Lullin  (Jean),  II.  121.  III,  10  ,,. 

Luthard  (Jean),  I,  370  et  n.,  385  n. 

Luther  (Martini.  N""  s,  56,  57,  62,  63, 
66,  7::,  TH.  80.  —  I,  29  n..  37  n.,  43 
n.,  15  n.,  17  et  n.,  48  n.,  61,  62,  63 
et  n.,  64,  65  et  n.,  69  et  n.,  70  et  n., 
71,  72,  9.s,  99  n.,  101  n.,  106  n.,  107 
'  n.,  113  et  n.,  115  et  11.,  118  n.,  121, 
126  et  11.,  129  n.,  130  etn.,  J31,  132, 
110,  113,  116  11..  117,  151  n.,  152  n.. 
15  1,  155  et  n.,  157  11.,  170  n.,  171  n., 

177  11.,  188  et  11.,  208  n.,  213  et  n., 
215,216  n.,  221  n.,  238  et  11.,  239  n., 
259  n.,  280  et  n.,  282  n.,  283,  287  n., 
288,  290  et  n.,  293  et  n.,  301  et  n., 
305  n.,  319  etn.,  331,  336  et.  n.,  3  15. 
:i55  et  n.,  361  n.,  367,  381,  387,  388,- 
393  n.,  396,  197  et.  n.,  155,  165,  L66 
n.,  172  etn.,  173  etn.  II,  18,  19  etn., 
38,  86,  128,  132,  160,  187  el  n.,  204, 
241,  271.  III,  H  n.,  12  et  n.,  68  n., 
:;:iii  n.,  338  et  11.  361  et  n..  367  et  n., 
115. 

Lutry  (M.  de),  III,  122. 
Luxembourg  (Philiberte  de),  II,  349  n. 
Luynes  (de),  voyez  Loyn  (de). 
Lycosthenes,  voyez  Wblfhard   (Boniface). 
Lyon  (L'archevêque  île;,  I,  35  11.,  325  el 

n.  III,  175  ci   „..  389  n. 
Lyon   (Le   Conseil   de   l'archevêque   de), 

N°  136. 
Lyon  'Les  1  (fficiaux  de),  III,  191,  389  n. 

in 

Machard,  III,  111  et  n. 
Macrin  (Salmon),  111.   197  el  n. 
Macrinus  (M.),  1,211  n.,  2  15  el  n. 

T.    III. 


Madelaine,  tille  de  François  I",  II,  17  n. 
MiE8SGEB  (Gaspard).  N°  106.  —  I,  243 n., 

327  et  u. 
Magninus  (L'hilippus),  I,  328  ei  n. 
Vlaigrel  (Aimé),  I,  206  et  n.,  228,  250  et 

n.,  281  et  n,  309,  310,  317  et  n.,  M2:; 

et  n.,  324,  325  el   11.,  390  n.,   392.  II, 

1  et  11. 
.Maigret,  conseiller,  I.  228  n. 
Maigret  (Lambert),  I,  228  n.  IL  329,  330 

et  n. 
Maigret  (Laurent),  dil    le  Magnifique,   I 

22S  „.  III,   238  n.,  358  n..  :',79  et  n., 

381  n.,  382  n.,  381  n. 
Mainard  (Augustin),  II,  364  el   n.,  187. 
Maine  (Guillaume  du),  III,  220  et  n. 
Mairal  ou  Mairard,  II,  381  n. 
Malbosson  (Jacques),  111,  121  u. 
Malingre  (Matthieu  ou  Thomas),  III,  257 

n.,  289  n.,  290  n.,   123. 
Mally  ou  Malliz  (Pierre),  II,   117,  418. 
Mangerod  (Michel),  voyez  Sarraz  (Baron 

de  La). 
Maugin  (Nicolas),  1,  222  et  n.,   101  n. 
Manuel  (Jérôme),  II,  239  n. 
Manz  (Félix),  1,  3:;k  n. 
Marchepallu  (Jacques  de),  II,  95  n. 
Marck  (Robert,  comle  fie  la),  I,  459  et  11. 
Marck  (Robert  111  de  lai,  III,  96  11. ,  102 n. 
Marcourt  (Antoine),  X"  185.  — ■  II,  -loi 

n.,   307  n.,   324   n.,  325  n.,  113,   415 

et  n.,   133  11.,  156  n.,  177n.,  478  etn., 

185,   188.  III,  112    11.,   225  n..  226  11., 

236  n..  295  n.,  296-n.,  393  n.,   121. 
Maréchal  (Amé),  III,  216  et  n. 
Maréchal  (Claude),  III,  216  n. 
Marguerite***,  1,  155,  167.  II,  17:i  et  11. 
Marguerite,  tille  de  François  Ier,  II,  17  n. 
Marguerite  d'Angoulême,  d'Alençon  ou 

de  Xavarre,  N05   35,    35»,   36,  40",  il, 

12,  l::,   17,  55,  58,  88,    90,  171,  172, 

175,  L79,  25  1,  2!H,  117.  —  l,  66  n., 
67,  76  11.,  78,  79  et  11.,  80,  si  el  n  , 
86,  loi,  lo:i,  110  n.,  111  n.,  113  n.. 
160  et  n.,  181,  182  el  n.,  183  n.,  186, 
187  n.,  190,  L91  n.,  198,  199  et  n., 
2oo,  205  n.,  206  n.,  218  ei  n.,  235, 
27;;  u..  297,  309,  313,  315,  367  et  n.. 

'.7  1  et  u.,  101  n.,  102  et  n.,  120  et  11., 
121.  128,  129,  LU,  139,  112,  115  u., 
I  19,   I  17,   119  n.,   150,   158,  159,    |,,; 

176,  177,  478,  179.  U,  :',  et  n.,  17  n., 
10  n.,  llo,  119,  155,  169  et  n..  196 
251  et  n.,  261  n.,  271,  272,  387  et  n. 
III,  53  n.,  55  et  n.,  73,  7  1  cl  n..  82  n.. 

29 


450 


INDEX  ALPHABETIQUE  DES  NOMS. 


84  11.,  94,  96  m,  107  et  n.,  108  n.,  109, 
110,  111  n.,  130,  131  n.,  157  n.,  160, 
167  n.,  168,  169  et  n.,  189,  190  et  n., 
220  n.,  288  n.,  312  et  n.,  321  n.,  365, 
381,  400  n.,  113,  411,  423. 
Marlière  (Antoine  fie  la),  III,  416. 
Marmoud  (Pierre),  II,  276  et  n.,  305  et 

n.,  306,  307  n. 
Marot  (Clément),  III,  59  n.,  237  n. 
Martel  (Jean),  II,    132  n.  III,   187  et  n., 

188  et  n.,  248  et  n.,  257  el  n. 
Martellus  (Brac),  voyez  Nonce  du  pape. 
Martin  (Philippe),  III,  177  n. 
Masson    (Barthelemi),    N"    514.   —   III, 

305  n. 
Masson  (Pierre),  III,  66. 
Masuyer  (Pierre),  II,  375  n  .  379  n..  380 
n.,  105  n.,    132  n.   III,  .".1    n..    HKi  il. 
188  n. 
Matthseus  (Adrianus),  I,  17  et  n. 
Maulaz,  III,  301. 
Mauléon  (Jean  de),  I,  71  n.,  178. 
Maurus   Musœus,  voyez  Morelel   du   .Mu- 
seau. 
Maximilien  Ier,  empereur,  1,  10,  11  n.,  31 

n.,  46  n.,    18  n. 
May  (Jacques),  385  n. 
Mayor  (Pierre),  II.  379  et  n. 
Mazurier  (Martial),  I,   16  n.,  172  n.,  235 

ei  n.,     293  n..  391  n.,  401  n. 
Meaux    (Les  Evangéliques    rie).     I,    392, 

401  n. 
Médicis  (Catherine  de),  voyez  Catherine. 
Médicis  (Julien  de),  I,  6(i  n. 
Médicis  (Jules  de),  I,  179  n. 
Médicis  (Loys  de),  III,  267  u. 
Megander  (Gaspard),  I,  250  n.,  377.  383, 

431.  III,  187  n.,  218  et  n.,   117. 
Meillant  (Le  seigneur  de),  voyez  Ambois  ■ 

(Georges  d'). 
Mélanchthon  (Philippe),  N"    172.  —  I, 
69  n.,  70  n.,  102  n..  129,  147,  170  el 
n.,  207  et  n.,  213  et  n.,  25m  n.,  289.  III, 
129,  163  n.,  198,  199  et  n.,  200  et  n., 
205  et  n.,  207,225  n.,  266,  269  et  n., 
271,  272,  273,  300,   301  n.,  306,  307 
et  n.,  308  n.,  341  et  n,  342  n.,  313  et 
n.,  344  et  n.,  363  et  n.,  361  et  n.,   115. 
Meltinger  (Henri),  I,  256  et  n. 
Mervelier  (Les  Evangéliques  de),  II,  353. 
Mesnil  (Jean  du),  I,  222,  235  n.  II,  29  u. 
Mésnillius  (Joaimes),  voyez  Mesnil  (du). 
Mett  (Jean  de),  H,  216  et  n.,  289  et  n., 

290,  2H1  et  n. 
Metz  (Le  Conseil    de),  I,  259  et    n.,  260, 


303  n,,  372. 
Metz  (Les  Evangéliques  de),  I,  3  15,  471  n. 
Meyer  (Adelberg),  I,  195,  256  n.,  36::  n. 
Meyer (Jacob),  I,  358  n. 
Meyer  (Sébastien),  I,    103  n.,   306  et  n.. 

310  n.,  456  et  n. 
Meynier,  voyez  Farel  (Gauchier). 
Michaelis,  notaire  (Joannes),  II,  368  n. 
Michel  (Jean),  III,  105  n. 
Milans  ou  Milo,  voyez  Perrot  (Emile,). 
Milon  (Barthelemi).  III,  227  n.,  237  n. 
Mirandula,  I,  10. 
Mochau  (Anna  de),  III,  6  n. 
Moine  d'Annecy  (Un),    voyez  Dieudomie 
Molinius  (Francisons),  I,  433  n.,  137. 
Molines  (Jean  de),  III,  64  et  n.,  65  n. 
MoNCLER  (Pierre),  N°  436.  —  III,  101  n. 
Mon!  (Philippe  du),  II,  185  et  u. 
Montaigne  (Jean),  N"  201.  —  n,  ;i2  et 

n.,  33  n. 
Montaigne  (Jean  de  la),  II,   161  et  n. 
Montbéliard  (Le  Conseil  de),  1,  303. 
Mimibéliard  (Les   Evangéliques    de),    1. 

306   309,  328. 
Montfaucon   (Sebastien  de),   voyez    Lau- 
sanne (L'Évêque  de). 
Montmorency  (Anne  de),  II,  250  et  n.  III, 

52,  96  n.,  118  n.,  365  et  n. 
Montmorency   (Guillaume  de),  I,  76  n. 
Montmorency  (Louise  de),  III,  195  n. 
Morat  (Le  Conseil  de),  II,  245. 
Morat  (Les  Evangéliques  de),  III,  U. 
.Moral  (La  paroisse  de),  II,  230 et  n.,  231  n. 
More!  (Georges),  IL  160  et  n,  III,  66  n., 

328  n 
Morelet  (Le  général),  III,  197  et  n. 
Morelet  du  Museau,  Noa  475,  17<>.  178. 
—  1,  218  et  n.  III,  19  1  n.,  195  n.,  L96 
n.,  208  n. 
Morin  (Jean),  III,  108  et  n.,  118  n. 
Morus  (Thomas),  III,  197  et  n. 
Mosager  (Gaspard),  I,  213  n.  II,  5  n. 
Moschler  (Jacques),  III,  3,17  n. 
Môtiers  (Les  Bénédictins  de).  III,  393  n 
Moulin  (Alexandre  du),  voyez  Canus  (Ale- 
xandre). 
Moulin  (François  du),   I,  224  et  n.,  225 

et  n.,  433  n. 
Moulin  (Guillaume  du),  II,  29  n.,  168  el 

n.,  176  et  n.,  179  et  n.,  218,  219. 
Moulins  (Guyarl  des),  I.  160  u. 
Moutier-Grandval  (Les  Chanoines  de),  11, 

359,  360,  361. 
Moutier-Grandval  (Les  communes  de),  II. 
300. 


index  Ai.ni  \i;i:ii«iii.  i>i •>  noms. 


'i.'.I 


Moutier-Gbamdval  (Les  paroissiens  de), 
X"  330.  —  II,  320  n.,  357,  360. 

Moysi,  voyez  Arando  (Michel  d'). 

Mueg  ou  Muh  (Daniel),  II,  244  el   n 

Muète  (Guérin),  II,  159  el  a.,  162.  III, 
30  n.,  31  n.,  50  et  n.,  51  n.,  100  n. 

Millier,  voyez   Ethellicanus. 

Munier  (Antoine),  III,  324. 

Mûnsier  (Sebastien),  II,  248  et  n. 

Munzer  (Thomas),  I,  278  a. 

Murner  (Thomas),  I,  327  n.,  171  et  n. 

Musseus  (Maurus),  voyez  Morelel  du  Mu- 
seau. 

Mtconius  (Oswald),  Noa  111,  113,  151, 
159,  169.  —  I.  63  n.,  223  et  n.,  290 
n.,  297  et  n.,  311,  011,  382,  383,  131, 
434.  II,  21,  163  et  n.,  464.  III..  8  n., 
9  u.,  89  n.,  165  n.,  181,  186  n.,  3  13  n. 


X 


Nœgueli    (Jean-Frantz),  II.  265,    268   n 

111,91,  119,  368. 
Naegueli   (Jean-Rodolphe),   II,    1  11',    117, 

L67,  182,  197.    III,  375  et  n  ,  379  n., 

383,  385  n. 
Nardin  (Jean),  III,  278  n. 
Navarre  (Marguerite  de),  voy.  Marguerite 

de  Navarre. 
Nemours  (Philiberte  de),  I,  66  et  n.,  175. 
Neniric,  III,  386. 
Nesen  (Guillaume),  I,  33  et  u.,  37  n.,  12. 

1 1  et  u. 
Neuchâtel  (Bonne  de),  III,  102  n. 
Neuchâtel  (Les  Chanoines  de),  III,  275  n., 

393  n. 
Neuchâtel  (Claude  de),  N"  313.  — .II, 

341  n.,  342  et  n.,  354  et  n.,  355.  III, 

76  et  n.,  78. 
Neuchâtel  (Comtesse  de),  voyez  Hochberg 

(Jeanne  de). 
Neuchâtel  (Les  Evangéliques  de),  II,  265, 

293,  294  n.,  296,  299,  334  n.,  335  n., 

414,  415. 
Neuchâtel  (Le  gouverneur  de),  N°  317. — 

II,  212  et  n.,  263,  265,  266,  282,  283, 

287  et  n.,  288,   294,   299,   319,    113, 

157,    174,    175,    176.    III,  77,    78  n., 

247  et  u.,  417. 
Nedchatel  (Les  Ministraux  ou  le  Conseil 

de),  N°  541.  —  II,  7:'  el  n,  217,  269, 

294  n.,  319,  334. 
Neuenar  (Le  comte  de),  II,  152. 
Neufchasteaiv(Nicolas  de),  I,  222  et  n. 
Neuveville  (Le  Conseil  de  la),  II,  216,  253, 


258,  266,  358,  396. 
Neuveville  (Les  Evangéliques  de  la),   II. 

291  u. 
Nicolas    enfant  adoptil  de  Coct,  1.  :'27  •■! 

n..  340,  343,  311. 
Nicolas   êlèvi   de  Farel,  1 1    165. 
Nicolas  (Jean),  1,  63  n. 
Nidau  (Le  bailli  ou  châtelain  de),  N"  306. 

—  II,  227  et  n.,  273,  289    291,  301 

308,  351. 
Niesly,  I,    11. 

Nigri  (Théobald),  voyez  Schwarz. 
Noll  (Antoine),  II,  291  u. 
Nonce  du  \  ipe  (Le),  N°  383. 
Novalles  (Les  Evangéliques  de),  II,  102  n. 
Noyon   (Les    Evangéliques   de)?    II,    203 

et  n. 
Nunegg  (N.),  III,  176  n. 
Nyssier  (Hugues),  III.  237  n. 


4» 


<  lv  ■  .lampadk  (Jean),  N0<  95,  96,  100,  101 . 
108,  110,  111,  115,  139,  150,  154, 
170.  187,  207,  226,  233,  290,  331.— 

I,  19  u.,  157  n.,  193  n.,  196  n.,  202 
et  n.,  203,  209,  212  et  n.,  218,  220  et 
n.,  221  et  u.,  222  et  n.,  226,227,  2:;.; 
234  n.,  238  et  n.,  2  15.  2  17  n..  219  et 
n.,  250  et  n.,  251  n.,  252,  253,  266  n., 
271,  272,  271,  275  n.,  278,  283,  286, 
293,  299  et  n..  309,  310  n.,  311  n.. 
336  et  n.,  337,  338,  341,  343,  360 n., 
368,  369  et  n.,  370  n.,  376,  377  et  n., 
383,  387,  398,  399  n.,  400  et  n.,  121, 
131  n.,  439  n.,  441,  147,  153,  454, 
155,  161,  163,  461,  171.  II,  3,  53,  60, 
61  n.,  95  n.,  118  n.,  132,  134,  326  n., 
356,  119  n.  III,  7  n.,  11  n.,  66  n. 

Olard  (François),  III,  48  n. 

Olivétan  (Pierre-Robert),  II,  125  n.,  U" 
n.,  450  n.,  151  et  n.,  452  n.,  453  n., 
454  et  n.,  463,  483.  III,  30  n.,  33  n., 
44  et  n.,  15  n„  65  n.,  288  n.,  289  n., 
290  et  n.,  321  n.,  317  n.,  348  et  n.. 
349  et  n.,  350  et  n.,  352  n.,  118. 

Ollon  (Les  communes  du  mandement  d'), 

II,  146. 

Orbe  (Les  Catholiques  d'),  N"  390. 
Orbe  (Le  Conseil  d'),  II,  327  et  n. 
Orbe  (Les  Evangéliques  d'),  II,  328  n., 
111  n.,  179.  III,  13  et  n,  41.  278  et  n. 
Orici  (Nicolaus),  I,  51. 
Orléans  (Les  Etats  d'),  1,  37  n. 
(  irleans  (<  'harles  d'),  dur  d'Angoulême,  II, 


452 


17  n.,  L32  n.,  195, 
364  et  n. 
«  Irléans  (François  d'),  marquis  de  Rothelin, 

II,  296  et  n.,  297. 
1  (bléans  (Louis  d'),  N"  339.  —  I    '■'>$-  n. 

II,  296,  297  n.,  319  ei  n. 
Ormonts  (La  paroisse  des),  II,  137,  141. 

147,  148,  158. 
Orsinieri (Guillaume),  II,  Il  n.,  137  el  n. 

138,  482. 
Ortiz  (Pierre),  II,  387  et  n..  388 
Ostein  (Heinricb  von),  II,  326e(  n. 


I» 


INDEX  ALPHABETIQUE  DES  NOMS. 

1!»H  n.  III,  95  n 


1: 


111, 


-  I    209  el 
37  1    et  11.. 


Pagninus  (Xantes),  J.    105  d. 
Pallass  (Elisabeth),  II,  5:;  el  n 

11. 

Papilion  (Antoine).  X"  125  - 
n.,  311,  315  n,.  316  ei  n., 
382,  437. 

Paris  (Le  Chapitre  de  l'Église  de),  N°  15. 

Paris  (Les  Évangéliques  de),  1,  209  el  n., 
L'12et  n..  136  n.  III,  53  n.,  55,  115 
et  n.,  116  ei  n.,  130  el  n.,  1  16  el  a 
160,  161,  170  n.,  2i'7  n..  236  el  a., 
237  et  n.,  238  et  n.,  2:;''  .'I  tl.,  267  el 
n.,  270  n  n.  305,  3  1 1  n,,  3  12  ri  n., 
;i  i 

Paris  (La  Faculté  île  théologie  de),  voyez 
Soi-bonne  (Lai. 

Paris  (Le  Parlement  dej,  I,  31,  36,  70  n.. 
78  n.,  218  et  n.,  221  n.,  223  e(  n.,  234, 
235,  236,  237.  277  et  n.,  278,  326  n.. 
378  et  n,,  391,  101  et,  n.,  402  n.,  103 
et  n.,  423  n.,  126,  159.  II,  40,  180  n., 
L83  u  185  189,  Phi.  III,  109  n. 
114,  118  n.,  130  et  n. 

Paris  (L'université  de),  N"   1*3.  — ■  I    62 
63  n.,  70,  180  n.,  241  n.  II,  155  et  n. 
157.  III,  109  et  n.,  110  et  n.,  111,  117 
n.,  227  n. 

Parvi,  voyez  Petit. 

Pâte  (Claude),  II,  461.  111,  51  n. 

Paul  III,  pape,  III,  221  n.,  311,  312  et 
n.,  339  n.,  366,  367  n. 

Pauvan  (Jacques),  N°  121.— I,  235,  291 
etn.,  293  et  n.,  294  n.,  390  n  ,  391  n. 
II,  186  u. 

Pavillard  (Antoine),  II,  111  et  u.  III,  150 
et  n.,  259  n. 

Payerne  (Le  Conseil  de),  II,  344  n..  416, 
434  et  n.,  441,  442,  147,  418  n.  III, 
61,  85  etn.,  127  et  n.,  128  n.,  129  n., 
147,  258  et  n.,  259  n.,  283   n. 


Payerxe  (Les  Evangéliques  de),  X""  384, 
386,  491,  496,  501,  501,  528.  —  II, 
410  n.,  426,  431  et  n.,  431,  136  n.. 
I  10  n.,  155.  III,  61  n.,  85,  100  n., 
115,  127,  128,  258  et  n.,  259  et  n., 
260,  261,  262  et  n.,  261  et  n..  265  el 
n.,  277,  278  el  n.,  279  el  n  ,  283  etn. 

Pécolal  (Jean),  III,  71  n. 

Pèlerin  (Antoine),  voyez  Fèvre  d'Etâplef 
(Jacques  Le). 

PELLICANUS?  X"  31.—  J,  106  n. .  117  el 
n.,  193  n.,  202  n.,  220  el  n..  225  et  n., 
227,  28:;,  293,  299  et  n  .  305,  306, 
336,  367,  369  et  n.,  376,  377,  385  u. 
397,  134  et  u.,  482.  II,  21,  95  n.  III 
75  il.  181  et  n.,  115, 

Pellin  (Claudel,  III.  18  n. 

Pellissier  (Guillaume),  111.  322  et  n. 

Pennet  (Claude),  III.  17  n.,  137  n.,  150 
et  n.,  152. 

Pennet  (Pierre),  III.  177  n. 

Perret,  trésorier,  III,  377  u. 

IVnin  (Amy).    II,   1"U.   III.   1"  n  .  32  u 
17  n.,   I!»..  71  n. 

Peeroi  (Emile),  X1'  252,  267,  285  —1, 
181  et  n.,  208  el  n.,  242.  II.  164  il 
165  n.,  166  n.,  207  el  n.,  208  n.,  209 
,  ,,  211  n. 

Péry  (Hent/iii  mu,  III.  171'  et  n. 

Pesmes  (Pereeval  de),  III.    17  n,,    121   n 

Petit  (Guillaume),  I,  16  n.,  I  1  et  n.,  78 
n.  III,    111  et  n.,  161. 

Petit  (Jean),  I,  226  et  n. 

Peutingeb  (Claude-Pius),  X"  111. 

Pfefferkorn  (Jean),  I,  11  n. 

Philippe,  landgrave  de  Hesse.  voy.  liesse 
(Philippe  de). 

Philippe  (Jean),  III,  10  n  17  et  n.,  91 
el  ii. 

Phrygion  (Paul-Constantin),  111,  326  el  n 

Picard  ou  Pirot  Picard,  voyez  \Vin<ile 
(Pierre  de). 

Picart  (François  le),  III,  53  u.,  55  et  n., 
56  n.,  57,  161,  162  n. 

Pillioue,  II,  375 

Pinet  (Antoine  du),  II,  281  etn..  118, 
119. 

Piochel,  III,  368,  370,  397  n. 

Place  (Pierre  de  la),  II,  157  n..  201  n. 

Pialea  (Jean  de),  II,  483. 

Platea  (Philippe  de),  voyez  Sion  (Évêque 
de). 

Platter  (Thomasj,  I,  45  n. 

Plongeon  (Ami),  III,  391  n. 

Poille  (Barthélemi),  III,  237  u. 


INDEX    ALPHABETIQUE  DES  NOMS. 


'.:»:! 


Pomtet,  III,  1 10  n.,  162  a.,  238  n. 
Pollion  (Symphorien),  I,  455  et  n.  II,    iO  I 

et  n.,  307.  III,  100  et  n. 
Pomel  (Louis),  1,  354. 

l'omeranus  (Joannes),  1,  148  et  n.,  170  et 

n..  208  et  n.,  222  a  ,  223  et  a.,  238  el 

n.,  336  et  n.,  393  et  n. 
Poneher  (Etienne  de),  I,  16  n.,  28,  31  et 

n..  34  et  n.,  41,   48  n.,  54  n.,  55  n., 

325  et  n. 
Poneher  (François  de),  I,  325  et  n. 
Pontareuse  (Jacques  de),  II,  293. 
l'uRRAL  (Ami).  Nu=  516,  532,  537.  —  II, 

123  n.,   loi    III,   16  n..  112  n.,  115  n., 

188  n.,  260  n.,  279  et  n.,  302,  311  n., 

315  n.,  33J,  331    n.,   351    n.,  368   n., 

371  n.,  372  n.,  376  n.,  377  n.,  378  u., 

384  n.,  385  n.,  390  n.,  106  et  n.,  112 

n.,  113. 
Portier  (Jean),  III,  137  n.,  138  et  n,  111 

et  n.,  150  n.,  152. 
Put,  président,  I,  321. 
Pourcellet  (Henri),    II,    273  et   n.,    271, 

277,  J78  n.,  307  n. 
Pouthauz  (Antoine).  III,  29!)  n.,  300  u. 
Praspositus  (Joannes),  voy.  Prévost  (Jean). 
Prague  (Jérôme  de),  I,  149. 
Prat  (Antoine   du),  chancelier,    J,   323  et 

n.,  321.  II,  33  et  n.,  153,  151.  III,  73 

et  n.,    75   n.,    116  n.,   208  n.,  209  n., 

322  et  n. 
Prat  (Guillaume  du),    II,    3  7   et  u.  III, 

116  n. 
Prat  (Antoine  du),  prevot,  II,  37  et  n. 
Prat  ou  de  Prato  (Nycod  du),  N"  118.  — 

III,  112,  121  n.,   137  n.,  138  n.,   211 

n.,  319. 
l'ratensis  (Félix),  I,  25  et  n. 
Presles  (Raoul  de),  I,  160  n. 
Prévost  (Jean),   I,    366  et  n.,  367  et  n., 

37  7,  386,  388,  401  n. 
Provence  (Les  Evangeliques  du  village 

de),  N°  374.— II,  380  etn.,  107  et  n., 

108. 
Pylades  (Petrus?),  II,  3  17  et  n. 


V 


Quélain  (Nicole),  III,  116  n. 
Quercu  (A.)  ou  Quercinus,  »oy.  Duchene. 
Quicquan  (Bernard),  II,  380  et  n. 
Quiquot    (Jean),    II,     11   et  n.,    111    n., 

182. 
Quynon  (Guillaume),  111,  161  el  n. 


K 


Rabani  (Frère),  II,  180  el  n. 

Rabelais  (François),  III,  110  n.,  111. 

Raoulin,  I,  35. 

Ravennas  (Petrus),  I,  12  et  n. 

Régis  (Guy),  II,  211,212  etn.,  217,  220 

etn.,  340  n.,  373  etn. 
Reais  (Jacques),  voyez  Lei" 
Regius  (Jacobus?),  III,  101. 
Regnault  (Jean),  III,  237  n. 
Reischa-eli  (Éverard  de),  I,  307  et  u. 
Rély  (Jean  de),  I,  160  et  n. 
Rennel  (Bona<  enture),  I,  315. 
Resch  (Conrad),   I,    44  et  n.,  225  et  n., 

228,  236,  252  n.,  279,  281,  284,  306, 

309,  366,    101,  127  n.,  410,  115,  117 

n.,   164.  II,  39  n.  III,  116  etn. 
Rétif  (Jean),  III,  237  n.,  391  n. 
RE0CHLIN  (Jean),  N°  2.  — I,  10  et  n.,  11 

n.,   13  u.,    15   et  u.,   16  n.,  17  n.,  18, 

16  n.,  59  et  n.,  64,  72,  94,  117  n. 
Reyf  (Hans),  II,  337,  341  n.,  373,  37  1 

379  et  n.,  381  n. 
Rhaïtus  (Thomas),  I,  209,  210  n. 
Rhegius  (Urbanus),  I,  207  n. 
Ehellican  (Jean),  N"  67.—  I,  12!'  et  n. 

131  n. 
Rhenanus  (Beatus),  I,  10,  31   et  n.,  12  et 

n.,  15  et  n.,  47. 
Rheti  (Jean),  III,  391  n. 
Rhieger,  voyez  Rhegius. 
Richard,  III,  237  n. 
Rieux  (Denis  de),  II,  153  n. 
Riquet,  voyez  Farel  (Claude). 
Riquetti  (Claudine),  III,  83  et  n. 
Riquetti  (Honorât),  III,  83  et  n.,  311  et  n. 
Rive  (Georges  de),   voyez  Neuchâtel  (Le 

gouverneur  de). 
Rivier  (François  Martoret  du),  N"  482. — 

II,  451  et  n.  III,   100  n.,  206  n.,  289 

et  n. 
Rivius  ou  a  Rivo  (Franciscus),  voy.  Rivier 

(F.  Martoret  du). 
Robert  (Simon),  I,    150  et  n.,  157  el  n., 

158,  167.  II,  53  et  n.,  127  et  n.,  128. 

130  n.,  131  et  n.,  134  et  n.,  135  n. 

136  n.,  141,  143  et  n.,  149  et  n.,  173. 

176  n.,  243  et  n.,  249,  454  et  n. 
Robertval  (Sr  de),  III,  237  n.,  255  n. 
Rochester   (L'Evêque   de),    voyez  Fishei 

(Jean). 
Rœttel  (Agnès),  II,  180  et  n. 
Rognac  (Sr  de),  III,  237  n. 
Rohan  (François  de),  voyez  Lyon  (L'arche- 


Wi 


INDEX  AI.I'HARETIOUE  DES  NOMS. 


vêque  de). 

Roma  (Jean  de),  I,  179  n.,  183.  III.  328 
n  ,  330  n. 

Romain  (Marc),  II,  328  n.,  362  n.,  390  n., 
V-Vl  n.,  187,  188.  III.  100  n. 

Rosa  (Henri),  III,  289  n.,  290  n. 

Rosenblatt  (Wibrandis),  II,  118  et  n., 
131,  135  et  n. 

Roset  (Claude),  II,  423  n.,  161  et  n.  III, 
10  n.,  18  n.,  132  n.,  133  n.,  297  n., 
381  n.,  384  n.,  406  et  n.,  124. 

Rosetia  (Jean),  III,  47  n.,  70  n.,  71  n. 

Rosseau,  III,  319,  324  et  n. 

Rost,  II,  11. 

Rouf  (Girard),  voyez  Roussel  (Gérard). 

Roussel  (Arnaud),  I,  172  n. 

Roussel  (Gérard),  N"  104,  117,  lis, 
162.  167,  168,  178,  182,  184.  —  I, 
71  n.,  79  n.,  110  et  n.,  158  n.,  179  n.. 
180,  181  et  n.,  205,  209  et  n.,  218  et 
n.,  222  et  n.,  226,  232  n.,  233  n.,  237 
n.,  239  n.,  242,  271  n.,  275  a.,  277  n., 
291,  292,  293,  368  n.,  391  n.,  192, 
401  et  n.,  103  n.,  105  n.,  108  n..  109 
n.,  411  n.,  115  n.,  447,  463  et  n.,  184. 
II,  3,  lu.,  16  n.,  17n..  L20et  n.,  249, 
387  n.,  388.  III,  52  n.,  53  et  n.,  55, 
57,  60  et  n.,  73,  71  et  n.,  75,  84  etn., 
94,  103n.,  105  et  n.,  107,  146  n.,  L59, 
161,  162  n.,  201  n.,  238  n.,  244  n.. 
312  etn.,  100  n. 

Roussel  (Michel),  I,  172  a. 

Rovéréa  (Jacques  de),  II,  8  et  n.,  22  et  n., 
25,  27,  28  et  n.,  31  n.,  105  n.,  136  n., 
1  12  n.  III,  405  et  n. 

Roy  (Nicolas  le),  II,  409  etn.,  118,419, 
420. 

Ruel  (Jean),  I,  3 1  et  n. 

Ruellius,  voyez  Ruel  (Jean). 

Rutfus,  voyez  Roussel  (Gérard). 

Riuseus,  voyez  Ruzé  (Louis  de). 

Ruzé  (Louis  de),  I,  34  etn.,   Il  n.,  54, 


Sadolet  (Jacques),   I,    127    n.  III,   11  il, 

239  n. 
Sailer  (Géryon),  III,  338  et  n. 
Saint- Aubin  (Les   Évangéliques   de),    II, 

342,  407.  III,  76,  77,  78  et  n. 
Saint-Chamond  (Théodore  de),  I,   311  et 

n.,  346,  445  et  n.,  447,  463. 
Saint-Gall  (Le  Conseil  de),  II,  6  et  n. 
Saint-Léonard?  (Paroisse  de),  III,  346  et  n. 
Saint-Martin  (M.  de),  T.  78. 


Saint-Paul  (Le  comte  de),  III,  282  et  n. 
Saint-Paul-Trois-Chàteaux  (L'Évêque  de), 

voyez  Arande  (Michel  d'). 
Salin  (Claude),  I,  51,  53  n.,  58,  74   et  n. 
Sallignas  (Jérôme),  III,  161  et  n. 
Salomon  (Claude),  dit  Paste,  III,  16  n.,  28, 

34  n.,  39  et  n.,  51  et  n.,  70  n.,  71  n., 

175  n.,  230  n. 
Sanga,  II,  386. 
Sapidus  (Jean),  I,  45  n. 
Sarraz  (Le  Baron  de  La),  II,  443  et  n.  III. 

11,  379  n.,  385  n. 
Sarrebruche  (Guillemette  de),  III,  102  n. 
Sauley  (Jean  de  la  Marck,  Sr  de),  I,  459, 

460  et  n. 
Satjhieb  (Antoine),  Nos  393,  426.  —  II. 

249,  325  n.,  330  et  n.,  427  n.,  429, 

131  et  n.,  4  12,  448  n.,  449  n.,  452  n., 

153  n.,   163  n.  III,   15  n.,  65  n.,  80  n.. 

81    n.,    84    n.,    100  n.,  192  n.,  217  n., 

260  n.,  288  et  n.,  289   et  n.,   295   n.. 

296   n.,    319   et  n.,   321  n.,  324  et  n., 

331  etn.,  332,  351.  352  et  n.,  353  et  n.. 

:;5leln..  355  n.,  370,  397  n.,  398  etn., 

121. 
Saunier  (Matthieu),  I,  209  et  n.,    294   n., 

390  n.,  391  n. 
Savini  ou  Savin  (Nicolas),  I,  58  n.,  346 

et  n. 
Savoie  (Le  Duc.  de),  voyez  Charles  III. 
Savoie  (Louis  de),  voyez  Genève  (L'Évêque 

de). 
Savoie  (Louise  de),   I,  75  et  n.,  70  el  n.. 

78,  .SI,  85  et  n.,  86,  105  n.,  106,   160 

et  n.,  182,  190,  192  et   n..   199,  201, 

297,  307  n.,  323  et  n.,  324,  325  et  n., 

351,  391  n.,  399  n.,  401  n.,  420  et  n.. 

122.    123  n.,   425,  126,  430  n.,  445  n., 

146,   178.  II,   40,  120  et  n.,  152,  190. 

L96.  111,  lin  ,m  ii..  207. 
Savoie    (Philiberte    de),    voyez    Nemours 

(Philiberte  de). 
Savoye  (Claude),  IL  123  n.,    161   n.    III. 

320  et  n.,  324,  334  n..  370  et  n.,  376 

et  n..    107  n.,    109  et  n. 
Scaliger,  III,  14  L 
Schaller  (Gaspard),  1,  198. 
Schazgerus  (Gaspard),  I,  128. 
Schetfer  (Corneille),  I,  205  et  n.,  206. 
Schieser  (Bernhard)  I,  382  et  n. 
Schleiff  (Jean),  voyez  Nidau  (le  châtelain 

de). 
Schruid  (Bartheleuii),  II,  115  n. 
Schnell  (Nicolas),  II,  252  et  n. 
Schnep]  -  Edouard),  II.  240  el  n..  2  11. 


INDEX  AUMHUirriorK  DES  NOMS. 


i5a 


Schœni  on  Schœnner  (Georges),  III,   175 

a.,  178,  179   n.,  180  n.,  211  n. 
Schonow  (Henri  de;,  I,  ll'T. 
Schriesheimer  (Pierre),  vovez  Siderander 

(Pierre). 
Schuch  (Wolfgang),  I,  375  et  n. 
Schurff  (Jérôme),  I,  141  et  n. 
Schûtz  (Catherine),  I,  455  n. 
Sehwarz  (Théobald),  I,  456  ei  n. 
Schwenkfeld  (Gaspard),  III,  211  n. 
Scudus  (Petrus),  voyez  Tschudi. 
.Sékiville  (Pierre  de),  N°  132.  —  1,  173 

et  n.,  185  et  n.,  203,  282,  309,  313  n., 

•  114  n.,  316,  333  n. 
Seorestaïn  (Antoine),  III,  13  et  n. 
Selve  (Jean  de),  I,  223  n.  II,  181  n. 
Semay,  II,  309. 
Sept  (Michel),  III,  10  n.,  17. 
Serranus  (Johannes),  voyez  Lambert. 
Serre  (Guillaume),  III.  328  n. 
Servet  (Michel),  III,  173  n. 
Sforee  (François),  III,  368  n. 
Sichardus,  I,  202  n. 
Siderander    (Pierre),    X"    Us.    —   III, 

54  n. 
•Simon  (Michel),  III,  105  n. 
Simonin  ou  Symonin,  ou  Symonier  (Pierre), 

II,  275  n.,  307  n.,  478  et  n. 
Sinevey  (Jean),  II,  213. 

Sion  (Le  Chapitre  de),  III,  416. 

Sion  (L'Evêque  de),  II,  11  et  n.,  55  et  n., 
145  n. 

Solariis   (Benoit    de),   III,  352  n.,  355  n. 

Soleure  (Les  Evangéliques  de),  III,  230 
et  n. 

Solidus  (Jean),  I.   15  n 

Soliman,  le  Sultan,  III,  250  et  n. 

Sonet  (Jean),  II.  lt.il  n. 

Sopher  (Gervasius),  III,  4  4  et  n.,  100. 

Sorbonne  (La),  N°  158.  —  I,  93  n.,  158 
n.,  215,  218,  220  et  n.,  234  et  n.,  239 
n.,  217  n.,  276  et  n.,  277  et  n.,  292 
n.,  291  n.,  315  et  n.,  323  n.,  321,  326 
n.,  350,  353  et  n.,  378  etn.,  379  et  n., 
391  et  n.,  402  et  n.,  426  n.,  427,  437, 
I  L6  ei  u.  II,  39  »t  n,  40,  157  etn., 
189  n,  100,  191,  192,  388  etn.,  484, 
185.  111,  52  et  n.,  5  1,  55,  57,  60  n., 
74  et  n,  75  et  n.,   81  n.,  109   „.,  lit), 

III,  lKi  il,  ICI  et   n,  227  et  n.,  -",1  1 
n.,  315  n,  363  i.. 

Sornetan   (Lu   paroisse  de).   II    360  et  n. 

III,  316  et  n. 
Sonrd  (Jean),  III,  376. 
Spalatin  (Georges),  1,  26.  106  et  n.,  107 


etn,  108,  113  n,  114,  116,  117,  118 

n,    128,    12!'    n,   131,  132,  138,  142, 

143  n,  11  1,  145,  146  et  n,  148,   349 

et  n. 
Stàhelin  (Georges),  II,  258. 
Steiger  (Jean),  III,  239  n. 
Steinlin,  voyez  Latomus. 
Steinwort  (Jean  de),  N°  194.  —  II,  11 

et  n. 
Stithion  ou  Struthion,  voyez  Strauss. 
Stoll  (Hans),  I,  245  et  n. 
Stôr  (Etienne),  I,  193  n,  196  n,   339   et 

n,  448  et  n.  II,  103  et  n. 
Strasbourg  (le  Conseil  de),  I,  287  n,  407, 

416,  417  n.  II,  171  et  n. 
Strasbourg  (Les  écoles  de),   I,   407,  433 

et  n. 
Strasbourg  (Les  Évangéliques  de),  I,  311 

etn,  349,  358,  392,  406,  411,  412, 

113,  461.  II,  109  et  n..  244.  III,  100, 

367n. 
Strauss,  I,  256  et  n. 
Strauss  (Jacob),  I,  256  n. 
Stuart  (Jean),  voyez  Albanv  (Duc  d'). 
Sturm  (Jacob),  II,  52  et  n. 
Sturm  (Jean),  Nos  422,    432,    498,    499, 

515,  531.—  III,  57  etn,  307  n,  308 

n,  311  n,  342  et  n,  345  n,  357  n. 
Suchet  (Dominique),  III,  214  n. 
Sucquet  on  Socket  (Charles),   II,    281   et 

n,  282  et  n. 
Suecr  (Nicolas  Le)  N°  102.  —  I,  209  et 

n,  219,  273,  406   et   n,    108,    111    n. 

III,  105  n. 
Sueur,  père  (Le),  I,  218. 
Sultzer  (Simon),  III.  152  et  n. 
Symon,  I,   111  u. 


Taccon  (Jean),  III,  30  I 

Tâgerfeld  (Apollinarius),  II,  468  n. 

Tagliacarne  (Benoît),  III,  220  et  n. 

Tain  (Pierre),  II,  403  n. 

Tardif  (Guillaume),  I,  13  et  n. 

Tauro  (Claudius  a)  I,    129    n.,   131,   140, 

132  et  n. 
ÏAVANNBS  (Les  paroissiens  de),   N°    292. 

—  II,  251  n,  285  et  n. 
Theocrenus,  voyez  Tagliacarne  (Benoît). 
Thomas  *#*,  N"  396,  397.  —  II,  307  n, 

308  n..   Un..   162  n.   163  n.  III,  4  n. 
Thorens  (S*  de),  voyez  Compois  (Philibert 


de). 
Thyband  (Le  S»),  III.  321,  I: 


m 


INDEX  ALPHABETIQUE  DES  .NOMS. 


Tillet  (Louis  du),  III,  157  et  n.,  202  n., 
243  n. 

Tilmaun,  I,  260  n. 

Tiphernas  (Georges),  I,  43. 

Tipherne  (Grégoire  de),  I,  12  et  n. 

Tiphernas  (L.  A.  L.),  I,  43  n. 

Tissie  ou  Tyssié    (Jane-Louise),    I,  82  n., 
317  et  n. 

Tissot  (Claude),  II,  34!»  n. 

Tocker  (Theobald),  III,  371  n. 

Tohiinus  (Jean),   voyez  Roussel  (Gérard). 

Tongres  (Arnold  de),  I,  11  n. 

Tonstall  (Cuthbert),  I,  30  et  n.,  96  n. 

Tornabons  (Léonard  de),  II,  8. 

Tornare,  voyez  Treyer. 

Tossanus,  voyez  Toussain  (Pierre). 

Tournay  (Jean  de),  III,  100  n.,  218  etn., 
260  et  n.,  354  n. 

Tournon  (Le  cardinal  de),  III,  421. 

Toussain  (Jacques),  III,  161  et  n. 

Toussain  (Nicolas),  I,  252,  285  etn.,  365. 

Toussain  (Pierre),  N'JS  109,  121,  131, 
140,  149,  152,  153,  157,  160,  161, 
181,  185,  403,  129,  5Q6,  508,  520.— 
I,  250  et  n.,  252,  277  a.,  282  et  n 
285  n.,  286  n.,  299  n.,  338  n.,  356  n., 
3  72  n.,  386,  387  n.,  393  n.,  118  n.. 
440  et  n.,  145  et  u.,  448,  465  et  u., 
472  n.  II,  120,  132,  131,  151,  155, 
176  n.,  179  et  n.,  356,  365  et  u.,  366 
u.,  181.  III,  3  n.,  4  n.,  5  n.,  6  n.,  9  n., 
10  n.,  11  n.,  57  et  n.,  286  n.,  288,  291 
n.,  325  n. 

Treyer  ou  Treguer  (Conrad),  1,  830  et  n., 
331  et  n.,  332,  334.  II,  256,  III.  295 
et  n. 

Tribolet  (Jacques),  II,  294  n.,  371  n.  III, 

165,  180  et  n.,  242,  247  n.,  383. 
Trivulce  (Pomponio),  III,  175  a. 
Tschudi  (iEgidius),  I,  32  n. 
Tschudi  (Louis),  I,  32  n. 
Tschudi  (Pierre),  N"  22.  —  I,  32  et  n. 
Tschudi  (Valentin),  N°  17.  —  1,   32  u., 

38  n.,  70  etn.,  71.  III,  341  n. 
Turtaz  (Hugues),   II,   80  n.,   245  n.,  307 
n.,  405  n.  III,  62  n  ,  100  n.,  218  etn., 
276  et  n.,  278  n. 
Tusanus    ou    Tussanus    (Jacobus),    voyez 
Toussain  (Jacques). 

V 

Ulnc  ***,  I,  330. 

Ulric,  II,  469  et  n. 

Uisinus,  voyez  Farel  (Guillaume). 


Utenhove   (Charles),   1,  388  et  n.  II,  183 

et  n. 
Uttenheim  (Christophe  de),  I,  21  n.,  2'.'  n. 
Uttinger  (Henri).  I,  11. 


Vadian  (Joachim),  I,  18  n.  II,  30  et  n.  III, 
182,  183  et  n.,  186  n.,  206  n. 

Vaillant  de  la  Guesle  (Jean),  II,  421  et  n. 

Val  (Pierre  du),  III,  237  n. 

Valangin  (La  Dame  de),  N08  308,  312, 
326,  377.  —  II,  261  et  n.,  262,  263 
et  n.,  269,  270  et  n.,  286,  305,  306, 
311  etn.,  313  etn.,  311  et  n,  171  et 
n.,  472  n.,  488. 

Valangin  (Les  Évangéliques  de),  II,  345  n. 

Valence  (Daniel  de),  III,  64  et  n.,  65  n. 

Valens,  voyez  Vaillant. 

Vandel  (Robert),  voyez  Wandel. 

Vannol  (Pierre),  II,  349  n. 

Vatable  (François),  I,  23  et  n.,  15  n.,  71 
n.,  110  et  n.,  181  et  n.,  271  n.  III,  161 
et  n. 

Vaud  (Le  Bailli  de),  voyez  Lullin  (Ayinon 

Vaud  (Les  Etats  du  Pays  de),  N°  148.  — 
II,  225,  226  et  n.,  230. 

Vaudois  (Les)  de  Piémont  et  de  Provence, 
U,  119  n.,  152  et  n.,  153  etn.,  455  n., 
162  n.,  163  n.  III,  45  et  n.,  63,  64  n., 
65  et  n.,  321  n.,  328  et  n.,  329  et  n., 
330  et  n.,  331,  335,  336  et  n.,  351, 
352  n.,  359  et  n.,  361  n.,  386  n.,  418. 

Vaugris  (Jean),  Noa  119,  166.  —  I,  252 
et  n.,  282,  309,  313,  366,  367,  375  et 
n.,  385,  101.   118,  163.  II,  13. 

Vauxmarcus  (Le  seigneur  de),  voyez  Neu- 
. -lin tel  (Claude  de). 

Vax  (Antoina),  III,  28Un.,  281  n. 

Védaste  (Jean),  I,  347  et  n.,  365,  368, 
370,  371,  377,  381,  383,  386,  388, 
111  n.,  415  n. 

Vegio  (Guillaume  de),  111,  214  n. 

Veillard  (Jean),  III,  71  n. 

Venner  ou  Wannmacher  (Jean),  I,  329  n. 

Verey  (François  de  Montbel,  Sr  de),  III, 
358  n.,  372  n.,  373  n.;  379  n.,  380  n., 
381  et  n,  383  et  n.,  384  n.,  388  n., 
397  n. 

Vergara  (Jean),  II,  38  et  n. 

Vergerius,  III,  366  n.,  367  n. 

Vergy  (Guillemette  de),  voyez  Valangin 
iLa  Dame  de). 


INDEX    \I.I'II\I;I.TIhU:  DES  NOM* 


40  i 


Verjus  |  André     I.  66  n..  32  1  el  a.,  391 

et  n.  III,  116  n. 
Verrier  (Pierre),  I,  309,  382  n. 
V'evey  (Le  châtelain  de |,  II.  213. 
Viermseus,  II.  3  18. 
Villiez  (Hennat  de),  111,  317  u. 
Vibbt  (Pierre),  N"s  144,  521,  540.  —  II, 

372  ei  n.,  373,390  n.,  105 n.,  150,455 
■i  n  163,  166  etn.,  179  et  n.,  180et  a., 
181.  III,  28  ei  n.,  32  n.,  61  n..  100  n., 
L24  n.  125,  126  et  n.,  UT  n.,  128  n., 
129  n.,  132,  137  n.,  116  et  n.,  loi  el 
n.,  154,  192  n..  217ii.,  225  n.,  230 n., 
231  et  n.,  234  et  n.,  248  n.,  251,  260 
n.,  274,  279,  280  et  n.,  286,  287  n.. 
288  il.,  293  n.,  291  etn.,  295  n.,  296 
298  n.,  324,  325  et  n.,  332  n.,  335  n., 
338,  343  n.,  353  n.,  059  n.,  372  et  n., 

373  u.,  374  n.,  375   n.,  386  n.,  387 
et  n.,  392,  393  et  n.,  410  n.,  423,   121 

Vitier  (Pierre),  I,  119  et  n. 

Vives  (Louis),  I,  10  n.,  2 1  3  a. 

Voes  (Henri),  I,  149. 

Vogel  (Jacob),  III,  3  L5  el  n. 

Voei   (Simprecht),  N08  398,   186.  — II, 

258  u.,  167  n.  III,  173  n.,  231  n. 
Voisin  un  Vieim  (Jean),  II,  105  n.,  132  a. 

[II,  100  n.,  234  et  n. 
Voré  (Barnabas  de),  III,  268  et  n.,  270, 

30J  et  n..  307,  308  n.,  310  n.,   322  n., 

357  n. 
Vouga  (Henri),  11,  157. 
Vuaser  (Laurentius  Agricola),  I,  L30. 
Vuillame  (Claude),  II,  306. 

Vk 

Wandel  (Hugues),  III,  314. 

Wandel  i Pierre),  III,  71  et  n.,  376  n. 
Wandel   (Robert),  IL    123  n.,    161.    III, 

71  n. 
Wagner  (Sébastien),  voyez  Hoiuieister. 
Watt  (Joachim  von),  voyez  Vadian 
Wattensclinee  (Jean),I,  211  et  n.,  252  et 

n.,  280  n.,  281,  loi.   118,  143. 
Watteviile  (Jean-Jacques  de),  II,  220  n., 

221,  269,  362,  363  etn.  III,  51  et  n., 

96  n.,  3  l-'ï  n. 
Wecbel  (Christian),  1,  117  et  n. 
Weingartner  (André),  III    240  el  n..  253 

n.,  367  et  n. 
Werly  (Gaspard),  III,  71  u. 
Werly  (Jacques),  III,  71  n. 
Werly  (Pierre).  III,  48  et  n..  19  et  n.,  50 

n.,  70,  177  n. 


Wiesendanger  (Jacob),   I.  382  et  n.,  133 

n.,  134  n. 
Wildeemuth   (Jacob),  N"  269,   344.   — 

II,  211  n..  212  et  n.,  341  n.  IIP  218 
n..  3  16  u.,  378  n. 
!  Wingarten  (Wolfgang  de),  III,  96  n. 

W'iNui.i:  (Pierre  de),  N°  510.  —H,  146 
et  n.,  453  n  ,  151  n.,  155  et  u.,  460  et 
n.,  462,  489.  III,  30  n.,  31  n.,  33,  35 
n.,  15  n.,  81  et  n.,  112  el  n.,  224  n., 
289  n.,  294  et  n.,  296  n.,  297  n.,  320 
u.,  321  n..  121,  123. 

Wimam  (Gilbert),  II,  244  et  u. 

Wissenburger  (  Wolfgang),  I,  338  et  n., 
377,  384  et  n.,  385  n.,  388,  397,  154 
et  n.  II,  61  n.,  95  n.  III,  8  n. 

Wittembach  (Thomas),  II,  258  n. 

Witz  (Jean),  voyez  Sapidus. 

Wolfhard  (Boniface),  Noe  95,  2iy,  255, 
289.  —  I,  202  et  n.,  252  et  n.,  254, 
256,  264  et  n.,  207,  287  et  n.,  360  n„ 
363  el  n.,  119  et  n.,  154.  II,  102  n., 
104  et  u.,  172  n.,  176.  III,  292  n. 

Wolfhard  (B.),  (La  femme  de),  IL  249. 

Wolmar  (Melchior),  II,  280  et  n.,  281  n., 
333  n.  III,  235n.,  210  n. 

Wurb  (Jacob),  II,  258  n.,  469  et  n.  III, 
231  n. 

Wurtemberg  (Georges  de),  III,  288  n., 
291,  326  et  n. 

Wurtemberg  (Dlric,  duc  de),  N°  116. — 
I,  15  n.,  251  et  n.,  266  et  n.,  267  et 
n.,  302,  307.  310  et  n.,  358.  IJI,  185 
n.,  253  n.,  285  et  n.,  286,  288,  291  et 
n.,  292,  326  etn.,  336,   115. 


Ybach  (Hartmann),  11,  211  et  n. 
Yvonand  (Les  Evangéliques  d'),  II,     >6 
n.,  365  n..  103  n  ,  488.  III,  79  et  n. 

W. 

Zaseu  ou  Zasius  (Joachim),  I,   152  n.  IL 

237  et  n.,  316  et  u. 
Zaseu   un  Zasius  (Dlric),   II,  237  u.,  316 

et  n.  III,  377  n. 
Zell  (Matthias),  I,  155  et  n.  III,  100. 
Zicardus,  voyez  Sichardus. 
Ziegler  (Lucas),   I,  256  et  n.,  058  et  n.. 

370. 
Zimi  Stein,  voyez  Heynlin  (Jean). 
Znr  Gilgen,  voyez  Lilianus. 
Zurich  (Le  Conseil  de),   I,  295  n..  olo  n. 


i58 


IM)K\  ALI'MAIii:  I  ll.Ht.  DES  NOMS. 


Zwick  (Jean),  III,  173  n.,  171  n. 
Zwihgli  (Dlric),  N°s  82,  146,  191.  —  I, 

24  n.,  29  n.,  31  n.,  33  n..,  37  n.,  38  et 
n.,  11,  15  n.,  62,  63  n.,  69,  102,  103 
n.,  101  n.,  177  n.,  185  et  n.,  202,  203 
n.,  207,  208  et  n.,  209  ei  n.,  213  n., 
215  n.,  216  n.,  221  n.,  226  el  n.,  232, 
236,  239,  271,  272,  283  n.,  293,  204, 


295  et  n.,  298  et  n.,  311  n.,  314,  327 
n.,  336  n.,  367  et  n.,  377,  380,  381  a., 
383,  387,  131,  171.  II,  3,  9,  10,  18 
et  n.,  19  u.,  21,  13  n.,  95  n.,  132,  116. 
149,  150,  151,  249,  356,  361,  365  n., 
366  n.  III,  5  n.,  6  n.,  7  et  n.,  75  n.. 
173,  320, 417. 


ERRATA  DE  L'INDEX 

Page  135,  lr'  colonne,  ligne  8  en  remontant,  lisez:  II,  328  n.  III,  13  n. 
Page  440,  2me  colonne,  article  Jean  Le  Clerc,  placez  avant  les  deux  derniers  chiffres 
l'indication  du  tome  III. 


Ki.N    HU    TOME    TROISIEME 


CHEZ  LE  MÊME  ÉDITEUR 


CORRESPONDANCE  DES  RÉFORMATEURS 

DANS  LES  PAYS  DE  LANGUE  FRANÇAISE 

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Collaborateurs  :  MM.  Arniel.  Astié,  Bouvier,  Buisson.  Chastel,  Vancher  et  antres. 

Cette  revue,  uniquement  scientifique,  a  pour  bul  de  faire  connaître  a«  public  fran- 
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contient  les  analyses  détaillées  des  livres  les  pins  importants  et  un  bulletin  bibliogra- 
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faite  à  Genève  le  4  mars  1869,  en  réponse  à  M  le  professeur  Buisson. 
In-8.  1869.  —  40 


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DUE    DATE: 

June6,  1992 


BR 
301 

t.3 


Herminjard,  Aime  Louis  (éd.) 

Correspondance  des 
reformateurs