SxJÇibris
PROFESSORJ.S.WILL
CORRESPONDANCE
DKS
RÉFORMATEURS
UU LES PAYS DE LANGUE FRANÇAISE
R ECUEILLIE ET PUBLIÉE
D'AUTRES LETTRES RELATIVES A LA RÉFORME
ET DE* NOTES HISTORIQUES ET BIOGRAPHIQUES
A.-L. HERMIN.ÏARD
TOME! 1KOISI E ME (1533 à 15 Mi )
WFi: UN INDEX ALPHABÉTIQUE DES TROIS PREMIERS VOLUMES
GENEVE
11. fiEO.RG, libraire-éditeur
1 : A I I , HKM ' MAISON
PARIS
MICHEL LEVY. frires
RUE VIVIENNE, ibis
1870
■y
CORRESPONDANCE
DES
RÉFORMATEURS
MM LES PAVS DE LANGUE FRAKAISE
GENÈVE. — IMPRIMERIE RAMBOZ ET SCHUC'HARDT
CORRESPONDANCE
DES
RÉFORMATEURS
DANS LES PAYS DE LANGUE FRANÇAISE
RECUEILLIE ET PURLIEK
D'AUTRES LETTRES RELATIVES A LA RÉFORME
ET DES NOTES HISTORIQUES ET BIOGRAPHIQUES
l'Ai,
A.-L. HERMINJARI)
ï 0 M E T R 0 I S l È M E
1533—1536
GENEVE
GEORG, libraire-éditeur
PARIS
Il H, Il EL LEYY. frères
J1ALE, MÊME MAISON RUE VIVtENNE, gfcis
1870
Tons droits réserves
30\
V\lffe
789477
CORRESPONDANCE
DES
RÉFORMATEURS
SUITE DE LA SECONDE PÉRIODE
Depuis la publication du commentaire de Le Ferre d'ÉtapIes
sur les IV Évangiles jusqu'à celle de l'Institution Chrétienne de Calvin.
1522 — 1536
T. III.
405
[pierre toussain] à Guillaume [Farel, à Morat].
(De Bâle, en 1533 V)
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel.
.Sommaire. Les Bdlois inoutrent une absence complète de charité à l'égard des pauvres
étrangers. Ils suivent en cela le mauvais exemple de leurs pasteurs, dont la vie ne ré-
pond nullement à « la profession. » Carlstadt et sa famille ont été indignement aban-
donnés par eux.
Toussain expose les motifs de conscience qui l'empêchent de seconder Farel. Il l'ex-
horte à « travailler tout seul, » et à s'abstenir du mariage, afin qu'il puisse librement
prêcher la Parole de Dieu.
Gratia tibi et pax a Deo pâtre nostro !
Reddidit mihi nuper literas luas f rater Me noster Parisiensis,
qui tam fuit hîc christianè exceptas, ut, quorumdam inhumanitate
gravissimè offensus, rectà Lutetiam redierit 2. Nec precibus efficere
potui, ut Argentomtum descenderet, quôd vereretur ne illic quoque
verbis tuis et prsedicationi meae responderent omnia. Et certes je ne
suis point esmerveillé si ce bon jeusne frère a esté icy merveilleu-
1 La date approximative de cette lettre non signée, mais qui est de la
main de Pierre Toussain, nous semble résulter des rapprochements indi-
qués dans les notes suivantes.
- La lettre que « ce jeune Parisien » (qui nous est inconnu) avait reçue
de Farel, pour la remettre à Toussain, n'a pas été conservée.
4 [PIERRE TOUSSAIN] A GUILLAUME [FAREL, A MORATJ. 1533
sèment scandalizé, veu que toute charité et humanité y a moyn de
lieu que es cités des gentilz et infidelz "°, et vaudroit très-myeulx
n'avoir jamais ouy parler de la Parolle de Dieu, que ainsy la recep-
voir et prêcher que plusieurs font. Et vous prie chrestiennement
que dorénavant ne m'escripvez par gens de nostre langue, meysmes
par ceulx qui me congnoissent ; car je suis tout honteux, quant ilz
viennent par deçà, et suis contrain leur confesser que tout ce que
j'ay dit, moy estant en France4, de la foy et charité de ceulx de
deçà n'est que menterie, et pense en vérité que Dieu fait une
grande grâce aux papistes qui, par ignorance, demeurent en leur foy,
car à Padvënement de Christ ilz seront moyn punis que nous autres,
qui sçavons et prêchons la vérité et Parolle de Dieu et vivons plus
selone le monde que ne firent jamais ethnicques [c.-à-d. les Gen-
tils].
Nec mirum eslsanè,si passim novae pullulant haereses, lumultua-
tur plebs, frigescunt omnia, veu que ceulx qui debveroient bailler
exemple aux aultres et vivre selone leur doctrine, sont ceulx qui
scandalizent les infirmes, inhumanitate, ocio, ambitione et cœteris
virtutibus; et certes plusieurs cerchent plus de vivre en paix et
repos, les autres d'a[n]richir leurs femmes et enffans, que ne firent
jamais les papistes ; et Dieu sçait comment le peuple est édifié, et
3 La terrible disette des années 1530 et 1531, dont on ressentit les effets
jusqu'en 1534 (Voyez Jean de Muller, X, 447 et 507; Bidlinger à Yadiau,
3 janvier 1534, Fùsslin. Epp. Reform. p. 110), avait resserré les bourses
et refroidi la charité des Bâlois. Nous avons déjà rencontré une plainte
analogue dans la lettre de Thomas l'Italien, écrite de Bâle le 9 décembre
1532. Mais l'amertume excessive du langage de Toussain, la légèreté avec
laquelle il s'exprime sur l'accueil fait à Carlstadt par les pasteurs bâlois
(notes 14 et 15), trahissent chez lui une préoccupation d'esprit et doivent
nous mettre en garde contre ses jugements exagérés. Aussi le tableau sui-
vant de l'église de Bâle, tracé deux ans plus tard par l'un de ses pasteurs,
nous paraît-il plus rapproché de la vérité : « Xostra ecclesia non habet pes-
simè : verbum enim Domini habnndè et strenuè pnedicatur, magna audi-
toritm frequentiâ. Plura tamen sunt quee nos admodum turbant, pnecipuè
quod videre sit pana» respondere mores, conversationem et studia nostra
tantee gratiœ Dei. Deinde et Catabaptistarum perfidia négocia nobis fa-
cessit. Nam intestina dissidia in ecclesia semblant, Verbi autoritatem éle-
vant, et ministrorum fidem suspectam faciunt. » (Lettre de Marais Ber-
sius (Bertschij à Vadian du 7 mars 1535. Orig. Bibl. de la ville de St.-Gall.)
4 Toussain habita la France, et spécialement Paris, depuis 1526 jus-
qu'en 1531 (Voyez tome I, Ncs 181 et 185 ; t. II, N° 190, fin de la n. 2,
X° 233, n. 1, X"s 247, 257, 351. 356).
1533 [PIERRE TOUSSAINJ A GUILLAUME i FAREL. A M0RAT]. 5
crain que en brefz nous ne veons [1. voyions] Tire de Dieu sur
nous.
Quant le dit pourteur de voz lettres 5 vint à mon lougïs, là où je
me tenoye avecque Marc6, et que on sceut qu'il avoit des lettres
de Farel, on pensoit qu'il vînt par deçà pour avoir quelque ayde ;
et me dit mon dit bon hoste (incontinant que [je] commence à ouvrir
la bouche, disant qu'il venoit d'auprès de vous) : « 0 iste Farellus
nos multum gravât ! » C'est pour ce qu'il bailla unesouppe avecque
son chien à ce povre frère de vostre quartier de Grenoble 7, à son
arrivée en ceste ville avecque voz lettres, et qu'ilz ont faict en-
sembles que icelluy, avecque son compaignon qu'avez icy depuis
envoyé s, ont lamitié [l. la moitié] de leur soûl de pain, la sep-
mainne 9, et ne permettent point que les povres enffans deman-
dent autre subside par la ville, dont vous promez [1. promets]
qu'ilz ont grand' nécessité. Velà toute la charge que ces dieux ont
des povres estrangiers, et tamen conqueruntur ! Et semble, quant ilz
voyent ung povre, qu'ilz voyent ung diable ou ung serpent, tan-
tùm profecerunt in christianismo ! C'est assés qu'ilz ayent leurs
maisons, vignes, jardins bien fournis et accoustréz, qu'ilz amassent
pour leurs femmes et enffans ; alii alios curent, si velint !
Tay trouvé ceulx de Zurich beaucop plus humains et charitables 10,
5 Voyez la note 2.
6 En 1525 Toussain avait logé à Bâle chez un certain Marc, qu'il appe-
lait alors « son très-cher frère. » Nous avons dit que ce Marc était peut-être
Bersius, le seul des pasteurs bâlois qui portait le prénom de Marc ( Voy. N° 140,
u. 9, N° 181, renvoi de note 17, N° 185, renv. de n. 11). Il est probable que
c'est du même personnage que Toussain fait ici mention. On lit dans une
lettre écrite par Farel à Ambroise Blaarer et que nous publierons plus tard :
« Tossanus egit diutiùs cum %)Cistoribus qui doctrinam Oecolampadii teuent
et sequuntur; vixit in eorum mensa, ecclesiœ Basiliensi sese adjunxit, par-
ticeps omnium, tum doctrinaa, tum sacrameiitorum. »
T-s Ces personnages nous sont inconnus.
0 C'est sans doute une allusion au subside que les étudiants pauvres re-
cevaient à Bâle du Conseil de l'université (Voy. N° 113, n. 2).
10 Toussain était arrivé de France à Zurich au mois de juin ou de juillet
1531 (N° 351). Un passage de la lettre de Farel à Bullinger du 16 avril
1555, qui suit immédiatement celui que nous en avons cité plus haut (X° 356,
n. 7), nous autorise à croire que le réfugié lorrain quitta Zurich pour Bâle
dans le courant de l'année 1532 : « Ex quo [scil. Tossano] nunquam potui
iutelligere quin rectô sentiret de Zuinglio, et, quantum possum mente te-
nere, isthic in ecclesia egit et vivente [Zuinglio] et post morte/m Zuinglii
[11 octobr. 1531], fassus et pastorem et ecclesiam pietatem Christi te-
nere. »
6 [pierre toussain] A GUILLAUME [farel, a morat]. 1533
et si le bon et sainct Carolostade !1 m'eût dit comment il avoit esté
traicté en ceste ville, je ne pense point que je y eusse jamais mys le
pied 12, car cest homme me semble digne envers qui on exerce
les œuvres de charité, si quisquam alius 13. Et on Ta icy laissé long
temps à plus grande nécessité et famine, avecque sa povre femme
11 André Bodenstein, appelé Carlstadt du nom de la ville où il naquit
vers l'an 1480, fut professeur et archi-diacre à Wittemberg de 1513 à 1524.
A la suite de ses dissentiments avec Luther, qui sont trop conuus pour que
nous les rappelions ici. il vint à Bâle dans l'automne de 1524, pour y faire
publier quelques écrits théologiques (Voy. le N° 130, n. 10), puis il se ren-
dit à Zurich, où il ne chercha pas même à faire la connaissance de Zwvngli
(Voy. l'Épître adressée par ce réformateur à Mathias Alberus, le 16 no-
vembre 1524. Zuinglii Opp. éd. Schuler et Schulthess, III, 589). Il revint à
Bâle en 1530, après avoir été très-bien reçu à Strasbourg par Bucer et Ca-
piton, qui le recommandèrent chaudement à Zwingli dans leurs lettres du
14 et du 15 mai (Ibid. VIII, 452—453). Accompagné de ses trois fils en
bas âge et de leur mère. Xoble Anna de Mochau, il dut arriver à Bâle le
19 mai, d'où il écrivit le même jour cà Bucer : « Ludovicus, hospes meus te
salutat. Cras vocabor ad conventum fratrum... » (Manuscrit orig. Arch. de
Zurich). Un fragment de lettre que nous citerons plus loin montre qu'il y
reçut ensuite l'hospitalité dans la maison de Grynœus. (Voyez la lettre de
Justus Jonas à Capiton, 1er janvier 1522. Coll. Simler. — Scultetus. An-
nales Evangelh. Heidelberga?, 161S-20, Pars I, 90, 230-35, 252—54. —
J.-J. Hottiuger. Helvet. Kirchengeschichte, III, 147, 213, 274, 497, 538.
— Piuchat, I, 268, II, 237. — Article Karlstadt, par le Dr Erbkam, dans
la « Real-Encyklopâdie fur protestantische Théologie und Kirche, » publiée
sous la direction du Dr Herzog.)
12 Ces relations personnelles entre Carlstadt et Toussain avaient dû se
former, non pas à Bâle en 1524, mais à Zurich pendant l'été de 1531
(Voy. la fin de la note 151, ou dans les premiers mois de l'année 1532,
époque où Carlstadt quitta la paroisse d'Altstlitten, pour reprendre ses
fonctions de pasteur à Zurich (Voyez sa lettre à Bullinger du 16 janvier
1532. Arch. zuricoises). La suite du récit montre, en effet, qu'il s'agit ici
de l'accueil fait à Carlstadt par les pasteurs bâlois en 1530, et, pour être
exact, Toussain aurait du finir ainsi sa phrase : « je ne pense point que je
y eusse jamais remis le pied. »
13 Cette appréciation est confirmée par Henri Bullinger, qui s'exprimait
ainsi sur le compte de Carlstadt, après une expérience d'environ trois an-
nées : « Quôd a nobis virum petis doctum, prudentem, cordatum, exhibe-
mus tibi D. And. Carolostadium, virum eruditissimum et exercitatissimum
in sacris, adde et prophanis literis ac disputationibus... Est mitissimus, hu-
millimus et omni parte absolutus. Novit hominem Grynœus. » (Lettre à
Myconius du 24 avril 1534. J.-C. Fueslinus. Epistolœ ab Eccl. Helvet. re-
formatoribus vel ad eos scripta?. Tiguri, 1742, p. 138.)
1 533 [pierre toussain] a Guillaume [farel. a morat]. 7
et enffans, que ne furent jamais chiens14. Quant le povre homme
vit qu'il estoit icy destitué et d'argent et d'ayde et de consolation,
[il] prent ung morseau de pain à son sein et s'en va à Zurich, pour
veoir s'il trouveroit illecque quelque condition pour nourir ses
povres femme et enffans, qu'ilz avoit icy laissé sans heure, sans
pain, sans argent. Et ce pendant que ce povre homme estoit
illecque, traitent [1. traitant] ses affaires avecque Zuùigle et les
frères du dit Zurich, la povre femme avecque ses dicts enffans feut
deux ou trois jours sans menger, et, voyant que nul ne la visitoit,
feut contrainte envoyer ses trois povres petis enffans mendier à la
petite Basle, et ainsy attendre son marry15.
11 Cette affirmation de Toussain est en contradiction complète avec les
assertions (TOecolampadc, que Toussain lui-même appelait « son père et
cher précepteur » (Voy. les X°* 1S1 et 135). Celui-ci écrivait à Zwingli, le
22 mai 1530: « Carlstadius cum suis advenit, uxore, inquam, et lïberis,
quibus hic relietis, te propediem inviset, cum quo plura. Xosjubet calamum
sistere. » — et le 3 juin suivant : « En et te invisit Andréas Me, prse aliis
multùm exercitatus, homo longe alius quàmvel a Melanclithone vel Luthero
descriptus. Nos hîc pauculis diebus gustum morum ejus accepimus, et si-
quidem preces nostrre apud Senatum nostrum invaluissent, jam prospectum
illi esset in agro... Indignos tanto hospite nos vereor. Tibi, oro. diligenter
commendatus sit. Multis autem nominibus meretur, non solùm quia bonus
vir et eruditus, sed etiam quia impressionem cum primis in adversarios
Christi fecit, jamque multis annis exulat, in quo et nos persequutionem pa-
timur. . . Responsiones ad Epistolas Philippi [Melanchthonis] heri absolvi.
Carlstadius legit, judicium illius audire potes. » (Zuinglii Opp. YIII, 456
et 460.1
Les autres passages que nous citons dans la note suivante, et qui n'ont
certainement pas été écrits pour le besoin de la cause, éclaireront également
le lecteur sur la question de savoir si Carlstadt et sa famille furent, pen-
dant leur séjour à Bâle, « long temps destitués de consolation, et traités
plus mal que des chiens. »
13 Carlstadt partit pour Zurich environ le 4 juin 1530. Le 22, Zivingli
le recommandait à Henri Bullinger à Bremgarten, dans un billet dont
voici le post-scriptum : « Carolstadius ad nos transmigrabit, donec ei di-
vina bonitas prospiciat. Libéras abit adductum, quorum très habet, et
eos mares. » Le voyageur était de retour à Bâle le 25. Pendant son ab-
sence, Oecolampade écrivait à Zwingli le 17 juin: « Gratias habeo quôd
Carolstadium tam humanè foves... Die ei salutem verbis meis, et significa
ralere uxorem ejus cum lïberis. » — et, dans une seconde lettre du même
jour: « Carlstadi sunt hre adjecta? literae. Uxor ejus desiderio tenctur. » Il
disait encore le 23 juin: « Carlstadiobene precor. Suiuieunque valent. De-
siderio ejus lahorant. » (Ibid. p. 402, 470, 471.) Environ le 14 juillet, Si-
mon Grynœits, collègue d'Oecolampade, témoignait également de son amitié
8 [pierre toussain] a Guillaume [farel; a morat]. 1 533
Quid hîc clicemus ? Ne sommes-nous point pires, je ne dis point
que papistes, mais que chiens, que Turques, que diables ? Et si
telz personnaiges sont ainsy recue[i]lliz, quelle espérance averont
les povres estrjmgïers incognus ? Si la vie ne respond à la profes-
sion, je ne donroys point de tous leurs livres et sermons ung denier.
Brefz, je treuve moin icy de foy et de charité, je ne dis point entre
les populair[e]s (que j'entends estre du tout refroidiz et alliénéz
de la Parolle, voyant les meurs de leurs pasteurs), mais entre les
prélatz, que je ne trouvay jamais entre paillars et ruffians 16. Et
nJa[y] encore icy trouvé ung seul qui m'aye présenté ung petit disné
ou consolé d'une seulle parolle, combien que, tesmoing Dieu, n'y
suis venus pour leur disner, ne pour les charger ; mais sy fait y
grand bien, quant on abandonne le sien pour cuyder vivre avecque
eulx selont Dieu, et que on y treuve du rnoyn quelque amour et
consolation, ce que on trouveroit entre les gentilz et payens ; mais
de tout, rien. Mais comment consoleroient-ilz et aymeroient [ilz]
pour Carlstadt, dans les termes suivants, qui excluent absolument l'hypo-
thèse que la famille du pauvre exilé lui fût indifférente : « Satis, inquies.
argutus es, dum ableges hospitem. Ego vero... Muni esse apud me cupiam
perpetuo, nec dubitarim hujits fortunam, iniquiorem quàm malam [1. mal-
lem], mea tenuitate perpetuo sustinere, si vel hujus pudor, vel tua benefi-
centia et humanitas permisisset. Nunc, cum honestè abs te videam vocatum,
dimitto libenier... » (Lettre à Zwingli, op. cit. p. 462, 463, 480.)
Ce fut vers le milieu de juillet que Carlstadt alla se fixer à Zurich, où il
remplit pendant une année les fonctions de diacre et de prédicateur de
l'hôpital. Il fut ensuite transféré à Altstâtten, dans le Rheinthal (Voy. la
n. 12, et J.-J. Hottinger, op. cit. III, 539).
16 Au nombre de ces « prélats, » que Toussain enveloppe dans une seule
et même réprobation, se trouvaient Osivald 3ïyconius, Simon Grynœus,
Marc Bertschi, Wolfgang Wissenburger, etc. Nous n'avons absolument rien
rencontré, dans les correspondances de ce temps-là, qui soit de nature à
justifier un pareil jugement. Érasme, qui avait recommandé Grynœus d'une
manière très-flatteuse à ses amis d'Angleterre (18 mars 1531. Le Clerc,
p. 1373—74), l'accusa plus tard, il est vrai, de s'être montré indiscret en-
vers eux en prenant la défense de la doctrine réformée, et d'avoir fait preuve
d'avidité en lui adressant la demande suivante : « Recte feceris, si tu jam
plena hirudo mihi famelico cesseris pensionem Cantuariensem. » (C'était
une pension annuelle de 200 florins, qu'Érasme recevait de l'archevêque
de Cautorbéri. Voy. Le Clerc. Lettre du 8 novembre 1533 à Viglius Zui-
chemus, p. 1760.) Il se plaignait aussi de la vanité de Grynaeus (Voyez ses
Epp. familiares ad Bonif. Amerbachiuin. Basiliae, 1779. Lettres du 29 nov.
1532 et du 22 mars 1535). Mais il ne l'accusa jamais, à notre connaissance,
d'être dur et inhumain.
1533 [l'IERRE TOUSSAIN] A GUILLAUME [FAREL, A MORAT]. 9
les estrangiers, veu que entre eulx-meysme n'y a que dissenlion
et hayne 1T?
J'ameroye myeulx que l'on me tira les bras du corps que d'escripre
ces choses à autres, mais je vous escrips la vérité ls, et crain, tes-
moing Dieu, que telz gens ne soyent cause de la subversion de la
Parolle et plus grande captivité que jamais. On en voit desjà quelque
commencement; car le peuple est icy, et dedans la ville et dehors,
plus scandalizé des prêcheurs et animez à rencontre d'eulx, qu'il
ne feut jamais contre autres, et dient publicquement qu'ilz ne
font rien de tout ce. qu'ilz prêchent, mais que plus sont adonnez
au monde, à toute avarice, ambition, fraude et déception, que ne
furent jamais les papistes, alléguant plusieurs exemples oculair[e]s.
Et si vous admonestez quelchun de ces dieux, tout est gasté.
Je ne sçay comment auprès de vous 19 tout ce port[e], mais j'en-
tens que tout n'y va pas selont sainct Matthieu, et que aussy bien peu
17 Des « dissensions » causées par les Anabaptistes (Voy. fin de la n. 3)
ont pu exister à cette époque dans l'église de Baie. Mais cette « haine »
dont parle Toussain ne se révèle nulle part dans les lettres intimes que
JL/conius, Bersius et Grynœus adressaient à leurs amis de Zurich, de
St.-Gall et de Constance.
,s Toussain se persuadait sans doute qu'il disait la vérité ; mais ce qu'il
pouvait y avoir de fondé dans ses reproches est singulièrement grossi ou
défiguré par la passion. Nous avons déjà relevé, dans ses relations simul-
tanées avec Érasme et avec Farel, plus d'un trait qui nous inspirait de la
défiance (N° 121 , n. 7 et 12, N° 126, n. 4—5), et nous venons de constater que
ses assertions relatives à l'inhumanité des pasteurs bâlois envers Carlstadt
sont contredites par des témoignages dignes de confiance (Voyez n. 14 et 15).
Il nous reste à reproduire le passage où Farel, vingt-deux ans plus tard,
appréciait ainsi la véracité de Toussain : « Tossanus à puero mentiri voîupe
duxit. Accessit Canonicorum (qui improbi sunt supra omnes qui cis Alpes
agunt) perfidia inter quos egit, ut taceam Romanismum. » (Lettre du 4 juin
1555, à Ambroise Blaarer. Autographe. Bibl. de la ville de St.-Gall. Mscr.
Epp. t. VIII, p. 32.) Ces paroles ont dû coûter à Farel, car il nous ap-
prend lui-même que, de tous les réfugiés français qu'il rencontra d'abord
en Suisse, Toussain était celui qui avait gagné le plus vivement son amitié.
« De Tossano quid dicam ? Mihi nihil fuit charius viro. Vix scio cum alio
pra?sentiora fuisse mihi pericula. Nullui unquam ita me permovit ad
extrema subeunda. Nescio au ministerio alterius magis affectum, et quia
inter Galïos primum agnovi Evangelii strenuum sectatorem, et ingens af-
fectus qui me cogit Mumpelgardenses amare fecit ut anima meâ mihi cha-
rior esset. » (Lettre à Simon Sulcer du 22 mars 1555. Ibid. VIII, 15.)
i9.«o Toussain fait évidemment allusion à l'un des pays soumis au régime
ecclésiastique de Berne, depuis que cette république eut adopté la Réforme.
10 [i'IERRE TOUSSAIS] A GUILLAUME [FAREL, A MORAT]. 1333
y a de charité, par laquelle sont cogneus le[s] vrays disciple[s] de
Christ: et m'a-on dit que auchuns de vos principaulx on[t] mys
très-bon ordre qu'ilz soient bien nourry non-seulement leur vie
durant, mais aussy deux ou trois ans après leur mort 20; mais cela
ce fait soubz umbre de noz femmes et enffans. Estienne 21 pensoit
que on le deùt ainsy colloquer. Je ne sçay quel prouffit vous faictez
de telles gens, mais je sçay que si, à nostre quartier, les povres
gens voyo[i]ent telz commencemens et entrées de morist22, qu'ilz
se ney[e]roient plustost que de laisser leur foy pour croire à telz
gallans. Me semble que feriez beaucop plus de fruictz tout seul, que
mectre uruj chescun en œuvre 23, et vous promez devant Dieu, qu'il
n'y a ne labeur, ne famine, ne mort qui me garde de vous secou-
rir24, mais seulement ma conscience, par laquelle ne me puis ne
doibs ingérer de courir sans estre appelle, comme j'ais autresfois
fait23: dont pense certes, imô certô scio, que le Seigneur Dieu m'a
rejeclé pour quelque temps. Lequel ne me soit propice, si ne desire-
roys respendre mon sang avecque vous, si mon heure est oit venue !
Avant la Réformation, Berne abandonnait pendant deux ans aux héritiers
d'un curé défunt les revenus de sa prébende. C'est ce qu'on peut inférer du
passage suivant de la lettre de Zwingli à Vadian datée du 3 juillet 1526 :
« Pro Evangelio féliciter certatum est [Bernœ] 26 die Junii, Berchtoldoque
missandi omis aderatum, propterea quôd Missam [in] Baden défendent non
esse sacrificium. Constituti 80 aurei in anmvm... Sacerdotium eanonieale
ademtum, sed sic, ut dudbus annis eumfructus sequantur, non aliter quàm si
vitâ excessisset. » iZuinglii Opp. VII, 520.) Il est possible que ce règlement
fût encore applicable à la pension des pasteurs bernois.
21 La suite fait voir que ce personnage, dont nous ignorons le nom de
famille, avait été envoyé par Farel à Bâle, pour s'y préparer au saint mi-
nistère.
-- Moriste ou morisque doit être synonyme de bouffon ou de bateleur. On
trouve le passage suivant dans Bonivard (Advis et devis de l'ancienne et nou-
velle Police de Genève. Genève, 1865, p. 251): « Horace faict un conte
d'un. . . qui cuidoit tousjours estre en un théâtre où il voioit dances morisques,
farces, comédies, » etc.
23 Lorsque, en 1535, Toussain attendait d'un jour à l'autre d'être en-
voyé à Montbéliard pour y prêcher la Réforme, il écrivait de Bâle h Farel,
le 1er mai: « Si intellexeris me illic esse, obsecro te per Christum, ne quen-
quain facile ad me mittas. Nain Principi... author non ero. nec possum
bonà conscientià, ut statim omnes anguli repleantur concionatoribus. »
24 Farel venait sans doute d'engager Toussain à se rendre dans la Suisse
romande pour y prêcher l'Évangile.
,5 Allusion aux deux voyages que fit Toussain. en 1525, pour évangé-
liser la ville de Metz (Voy. Tome I. N° 140, n. 5. Tome IL p. 484).
1533 JEAN HÛLARD A GUILLAUME FAREL, A MORAT. Il
Certes, quant nous estions ensembles26, tant sans [1. s'en] fault que
congneusse Christ, que ne congnoissoye lamitié [1. la moitié] de
mon petit doit. Et maintenant je vois qu'il n'y a rien plus perni-
cieulx ne plus nuysant à l'exaltation de la Parolle que ung tat
[1. tas] de courreux. Je ne vous sçauroye dire autre; ne meum in
te amorem aestimes ex officio literarum.
Je scay que serez marri/ que ne obtempère à voz lettres, pour la-
quelle chose estoije expressément venu par deçà-1, tesmoing Dieu.
Mais je ayme mieulx vous desplaire en ce, que de faire chose
contre ma conscience et le vouloir de Dieu, qui, par sa bonté et
miséricorde, vous doint tousjours son sainct esperit et grâce, ut a
eonjugio abstineas-*, affin qu'il n'y a ny femme, ny enffans quil
vous empêche de librement prêcher et avancer sa saincte Parolle !
Bruslez ces présentes, affin que personne n'en fa ice maison proufftt.
(Suscription :) Fideli [Jesu Christi] ministro Gulielmo [Farello]
fratri suo cha[rissimo].
404
JEAN holard ' à Guillaume Farel, à Morat.
D'Orbe, 11 janvier 1533.
Autographe. Bibl. des pasteurs de Neuchâtel. Ruchat, III, 572.
Sommaire. Holard se plaint des mauvais procédés de son frère Christophe. Il ex-
prime le désir d'être nommé pasteur à Meiri, et il donne à Farel des nouvelles de
l'église d'Orbe.
26 A Bàle(1524), à Metz (1525), à Grandson (septembre 1531).
27 Voyez les lettres de Farel du mois d'août et du 1er octobre 1531, aux
renvois de note 2 et 3 du N° 351 et à la note 7 du N° 356. Au premier
abord on est porté à conclure de ce rapprochement que la présente lettre
de Toussain fut écrite la même année, c'est-à-dire en 1531 ; mais si l'on
adoptait cette dernière date, il en résulterait (pie c'est du vivant même
d'Oecolanqxide, que Toussain se serait exprimé avec autant de violence
contre tous les pasteurs bàlois sans exception, ce qui nous paraît incom-
patible avec les sentiments d'affection et de respect dont il a toujours fait
profession pour ce réformateur (Voyez le commencement delà note 14).
2S Farel se maria le 20 décembre 1558, à l'âge de 69 ans.
1 Jean Holard, natif d'Orbe, avait été dès sou enfance destiné à l'Église.
12 JEAN HOLARD A GUILLAUME FAREL, A M0RAT. 1533
La grâce et paix de Dieu nostre bon père par Nostre Seigneur
Jésuchrist !
Très-chier frère, je rend grâce à Dieu par Jésuchrist pour vostre
charité et soing, lequel avés pour moy et pour tous les frères,
comme j'ay aperceuz par mon frère Christofel2, lequel me faict
avoir douleur et tristesse, à cause de la povre vie qu'il mayne, ce
que par icelluy ne vous ay point rescript, pour éviter noise et sus-
pition ; car, par tous moyens, moy parforce [1. je m'efforce] le ré-
duyre de son ordure, avecque souspirs et gémissemens en prières
à Nostre Seigneur, car c'est pitié. Et si prévoit grands inconvé-
niens qu'en sortiront, si Dieu n'y monstre sa grâce en brieff. Tou-
chant moy, n'est point question de faire ma demeure avecque luy;
si ne voullois bien tost espouser la besace et mendier. Car ce gal-
lant, pour lequel envestir me suys despouyllé de toute ma sub-
stance que dempuis ma jeunesse ay amassé, mayntenant moy dé-
prise et tient vill, là où je avoye espérance qu'il auroit souvenance
du bien que luy ay faict, ayant soing de moy, povre déchassé et
destitué de toute ayde mondayne. Pour quoy, mon frère, ne me
sçay recourir sinon à Nostre Seigneur et m'en plaindre à vous et
à tous bons frères en Jésuchrist, au quel néaulmoins ay ma entière
confiance.
J'ay entendu qu'avés tenuz propos de moy avecq MonsT le Secré-
taire de Berne 3, pour moy fère estre à Mery \ comme mon dicl
frère me l'a dict 5. Le lieu est fort propice à ma complexion, et,
Néanmoins il suivit quelque temps la carrière militaire, puis fut chantre de
la chapelle du Duc de Savoie à Chambéry. Étant entré dans les ordres, il
devint chanoine et doyen de la collégiale de St.-Nieolas à Fribourg. Il fut
exilé de cette ville vers la fin de 1530, parce qu'il entretenait une corres-
pondance avec les ministres de Berne. (Voy. les Mémoires de Pierrefleur.
Lausanne, 1S56, p. 15 et 57 ; le Manuel du Conseil de Fribourg, séance du
12 décembre 1530, et, dans notre tome II, le N° 34S, u. 2, et le N° 319, n. 4.)
C'est par erreur que Berchtold (Hist. de Fribourg, II, 157) attribue à
Jean Holard une lettre du lundi 28 juillet 1533, qui prononce, au nom
du Cliapitre, l'excommunication contre Termite de la chapelle de Cournil-
lens, village voisin de Fribourg. Cette lettre sans millésime peut bien être
rapportée àl'an 1533, mais on y trouve, au lieu de la signature de « J.Hou-
lard, » celle de « P. Bolard. »
s Voyez le N° 390, note 3.
5 Pierre Giron.
4 Meiri, village situé près de Morat (Voy. le N° 287, u. 3).
3 Christophe Holard s'était rendu à Berne vers la fin de décembre 1532,
1533 JEAN HOLARD A GUILLAUME FAREL, A MORAT. 13
pour estre auprès de vous, ancore plus agréable, vous priant en
fère comme pour vostre povre fils, et m'en mander vostre bon
advis, à ce que je sache disposé de mon affère et en rescripre à
Messieurs du Chorgricht G à Berne, lesquieulx je me persuade estre
à ma faveur, ensamble aultres bons frères et seigneurs. Car sy en
brieff ne me vient aullre seccours, je seray contrainct de retirer
ma portion d'avecque mon dict frère, vendre tout et m'en aller
hors du païs.
Dieu par sa grâce nous veuylle garder de fère chose qui suit
contre son honneur et gloire, ains fère sa saincte volunté, et que
son nom soit sanctifié en nous, à l'avancement de son S. Évan-
gile ! Lequel, maulgré Sathan, croist et de plus en plus confund
les adversaires, — vous certifiant que nostre bon frère Maistre
Johan à Cruce 7 s'en acquiste fidèlement, lequel n'est point sans
labeur continuelle, avecque bon fruict et bon lesmognyage : lequel
aussi dernièrement a espousé ung mariage et baptizé ung enfant
à Jo. Cordier 8, avecque grand auditoyre, et faict en sorte que nulz
ne povoit dire que cella ne feutz bon et cellon Dieu, Hz y eutz des
prestres et plusieurs aultres grands adversaires, mes il iïij eutz per-
sonne quffist rumeur. Nostre chastellain ° fist bon debvoir, plus que
par avant. Les petis enfans confundent les grands, lesquieulx prouf-
fitent grandement et sont en bon nombre et assidues en Peschole tout
le jour, comme bien avés entendu ; laquelle chose, sy plaict à
Nostre Seigneur donner grâce de persévérer, amènera grand
fruict. Dieu par sa bonté veullie avoir pitié et illuminer les povres
ignorans et aveugles ! Auquel prie, mon chier frère, accomplir de
sa grâce ce qu'il a commencé en vous, à son honneur et gloire et
au prouffitz de son Esglise. Ainsi soit-ilz ! D'Orbe, ce jour xi de
JanviFejr, lo33.
Vostre frère en Jésuchrist Johan Houlard.
pour se plaindre de ce qu'on avait enlevé à son fils les revenus du béné-
fice ecclésiastique qu'il possédait à Orbe. (Voyez les lettres de Berne à Fri-
bourg du 4 niai 1531 et du 2 janvier 1533. Arch. de Fribourg.)
G C'est-à-dire, Messieurs du Consistoire (X° 287, n. 1).
1 Jean Lecomte de la Croix, pasteur de Grandson. Il remplaçait à Orbe
Pierre Viret, qui était momentanément absent (N° 397, n. 31
s Appelé aussi Cordey (Pierrefleur, p. 37, 44, 46). C'était l'un des plus
anciens partisans de l'Évangile à Orbe.
9 Antoine Secrestain, successeur de Jacques Agasse (N° 335, n. 4), qui
avait été déposé le 23 juin 1531, « pource qu'il ne vouloit tenir le party des
luthériens » (Pierrefleur, p. 4G-47).
14 LE CONSEIL DE BERNE AU BARON DE LA SARRAZ. 1533
Je prie estre recommandé à MonsT le commissaire Lmido 10, en-
samble à tous les frères de vostre esglise, nom par nom, etc.
(Suscription :) A mon très-chier et honnoré frère en Nostre Sei-
gneur Jésu-Christ, M. Guillaume Farel, ministre fidèle de la Parolle
de Dieu en l'église de Morat.
405
le conseil de berne au Baron de La Sarraz '.
De Berne, 29 janvier 1533.
Inédite. Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. MM. de Berne se plaignent de l'arrestation d'un Évangélique français, qui
apportait des lettres à quelques-uns de leurs « serviteurs. »
Noble, magniftique seigneur ! Hz nous est venuz à notice comme,
ces jours passés, soit venuz ung homme de bien, de France, sur
vostre jurisdiction 2, lequel ayés prins, à cause de ce quHlz est de la
loy et foi) de l'Évangile, et icelluy ayés perséquutéz, molesté, et le
10 Jean Landow ou Landoz, ancien commissaire des cantons suisses dans
le comté de Neuchâtel (N° 216, n. 4, N° 367, n. 4).
1 Voyez sur Michel Mangerod, baron de La Sarraz, le N° 389.
2 Ce fut sans doute par les soins de Farel que MM. de Berne furent in-
formés de l'arrestation de ce Français. Il semble, en effet, que ce personnage
est le même que celui dont parle Érasme dans la lettre suivante, qu'il
adressa (vers le milieu de février 1533) à Boniface Amerbach : « Gallus
ille tuus, homo levissimus, rogatus à me quantum accepisset à SadoMo.
fassus est accepisse se quatuor capita, hoc est coronam... Exhibuit exem-
pter epistolœ Sadoleticte. Epistolam aiebat interceptam ab eo à quo fuerat
captus ettortus, non ob aliud nisi quod suspicaretur illum esse Luteramm.
Et tamen ad Pharelli preces dimissus est » (Erasmi Epp. ad Bonif. Amer-
bachium, n° 45.) L'évèque Jacques Sadolet résidait alors à Carpvitras. Le
messager auquel il avait remis une lettre pour Érasme, et qui fut em-
prisonné lors de son passage en Suisse, venait par conséquent de la Pro-
vence.
1533 LES CONSEILS DE FRIBOURG AUX CONSEILS DE GENÈVE. 15
voulsuz constraindre de révocquer la foy. Davantaige ayés en-
voyez quer[ir] le prieur de Romanmonstier 3, pour L'enquester. De
quoy nous mervillions grandement.
A ceste cause, vous admonestons très-acertes que veilliés dé-
sister et vous dépourter de tieulle perséquution, et icelluy homme
relâcher et laisser aller sans le molestez, veuz et attenduz qu'ilz
az proposé de visiter nous pays, et que pourte tectres adressantes
à certains nous soubgects et serviteurs, pareilliement que nous ne
molestons persones estranges, prestres, moines, ne aultres que han-
tens [1. qui hantent] nous pays. Aultrement. y aurons esgard néces-
saire. Sur ce vostre response, par présent pourteur. sy le voulés
lâcher au non, aftin que y puissons adviser. Datum xxix Januarii.
anno xxxm.
L'Advoyer et Conseil de Berne.
(Suscription :) A nohle. magniftique seigneur Michiel. Baron de
la Sarra. nostre bon amv.
406
les CONSEILS de fribourg aux Conseils de Genève.
De Fribourg, 6 février 1533.
Manuscrit original. Archives de Genève.
Sommaire. MM. de Fribourg se plaignent de ce que le Conseil de Genève ne fait pas
observer les « statuts » relatifs aux prêcheurs luthériens, et ils l'avertissent des con-
séquences qu'entraînerait l'oubli de ses promesses.
Nobles, sayges et prudans, très-chiers, bons amys et féaulx com-
bourgois, à vous nous noz recomandons.
5 Le couvent de Romain/métier, situé au pied du Jura, uon loin de La
Sarraz et à deux lieues environ au S.-O. de la ville d'Orbe, avait alors
pour prieur Claude d'Estavayer, évêque de Belley, prévôt du chapitre de
Lausanne, etc. (Voyez Fréd. de Gingins. Annales de l'abbaye du Lac de
Joux. Lausanne, 1842, p. 104-109.)
16 LES CONSEILS DE FRIBOURG AUX CONSEILS DE GENÈVE. 1533
Nous avonns entenduz que non obstant vous estatuz que ares
faictz par cy-devant thouchant les prédicateurs de la loy lutérienne l,
que certains d'entre vous soubstiennent ung prêdicant Luttèrien,
cordellier, à prescher tant secrètement comment publicquement2.
Et, avecque ce — certains gens doctz contredisant au dit prêdi-
cant Cordellier — les dits sustentateur[s] sont allé à la personne
fayre o[e]uvre de faictz, de quoy nulle pugnicion en est sortye 3.
Sommes grandement esmervilliés et scandallisés, que si peuz
pensés à vous promesses : c'est que, quant nous serions Lutériens,
que [vous] ne le sériés pas de dix ans après i. Nous cognoyssons
bien que n'en faictes point de compte ne d'estime. Dont nous est
de besoing vous remettre le cas, en vous advertissans que, si ne
mettes hors de vostre cyté et seygnorie le dit prêdicant Luthérien,
et que ne fassiés pugnicions de ceulx qui ont bastuz les susdits
gens doctz qui sustiennent nostre ancienne foy, — que soyés as-
1 Allusion aux arrêtés du 30 juin 1532 (X° 383, n. 2), du 31 décembre
suivant et du 2 janvier 1533. On lit dans le Registre du Conseil de Genève
au 31 décembre 1532 : « Dicitur illis [scilicet C. Bernardo, C. Salomoni,
A. Perrino. Jo. Goula, Stepb. Dada et aliis faventibus novo predicanti], fa-
ciant dictum Antonium [Fmmentum] et ceteros prcdicanîes per clomos tacere,
et deffenduntur eis et suis opéra facti. » Le lendemain, Froment prêchait
sur la place du Molard. Le 2 janvier 1533, le Conseil des Deux-Cents pre-
nait la résolution suivante : « Resolvitur cpiod nemo ab inde audeat in do-
mibus et locis privatis, negue publias, nisi licentiâ Dominorum Sindicorum
et Vicarii habita, predicare. » (Voyez Froment, Actes et Gestes de la cité
de Genève, éd. Revilliod, 1854, p. 22-47, et, à la fin du dit ouvrage, les
Extraits des Registres publics d'après Flournois, p. vn-x. — Jeanne de
Jussie. Le levain du Calvinisme, 1865', éd. Jullien, p. 52.)
2 Ce moine, nommé Christophe Boccpteti ou L'ocquet, avait été appelé à
Genève par les Cordeliers du couvent de Rive, pour les prédications de
l'Avent. « Il connaissoit la vérité, » dit un contemporain, et, « incontinent
après qu'il avoit parachevé son sermon, plusieurs du peuple s'en alloint
derechief ouyr prescher Fromment en la salle qu'il avoit louée, » pour y
tenir une école. (Voyez Actes et Gestes, p. 21, le N° 395, fin de la n. 14,
et le N° 407.) MM. de Fribourg, mal informés de ce qui se passait à Ge-
nève, attribuaient au cordelier Bocquet les prédications «secrètes» de
Froment.
3 Cette assertion fut réfutée par le Conseil de Genève le 10 février
(Voyez le N° 407, renvoi de n. 5).
1 Xous ne savons si ces paroles furent prononcées par celui des Syndics
qui répondit aux doléances de l'ambassadeur fribourgeois, le 24 juin 1532
(X° 382, n. 2), ou par les députés de Genève qui se rendirent quelques
jours plus tard à Fribourg (NJ"° 383).
1533 LE CONSEIL DE GENÈVE Al CONSEIL DE FRIBOURG. I"
suré que de nous, nostre ayde, en serés du tout frustré, et que
totalement de nous serés abandonné5. De quoy vous advertissons
à ylz pourvoyr, s'il vous playt, et que nous gens qui yront à la
foyre yl voyent l'expérience : lesquieulx aussy ayront charge con-
forme à ces présentes [de] vous en déclayrer plus avant 6. Toutes-
foys nous manderés vostre responce par ce présent pourteur.
Datum via Februarii. Anno etc., xxxm0.
L'AdVOYÉ, PETITT ET GRAND CONSEILL DE
LA VILLE DE FrYBOURG.
(Suscription :) A Nobles, sayges et prudans ouz petitt, grandt
Conseill et communaulté de Genesvez, nous très-chiers; bons amys
et féaulx combourgois.
407
le conseil de Genève au Conseil de Fribourg.
De Genève, 10 février 1533.
Minute originale. Registre du Conseil de Genève. Froment. Actes
et Gestes. Éd. Revilliod. Extraits des Registres, p. xiv.
Sommaire. Le prédicateur qui inspire des inquiétudes à MM. de Fribourg n'est point
luthérien. Le Conseil de Genève abandonne les affaires ecclésiastiques au Vicaire de
i'Érêque, et il n'entend d'ailleurs favoriser aucune secte, quelle qu'elle soit.
Magnifficques, puyssans et très-redoubtés Seigneurs, nous nous
recommandons très-humblement à vostre bonne grâce.
Magnifficques Seigneurs, nous havons veu voz lettres touchant
le prédicateur que Pon ha donné entendre à Voz Excellences estre
3 Voyez le tome II, p. 423, fin du deuxième paragraphe.
6 Ces déclarations plus complètes furent données par les députés de Fri-
bourg le 21 et le 23 février (Voy. le N° 407, n. 8).
T. III. -
18 LE CONSEIL DE GENÈVE AU CONSEIL DE FR1BOURG. 1533
luthérien x : ce que n'entendons pas estre, mais [vous] estes mal
informés, car n'havons aoys [1. ouïj de luy sinon bonne doctrine.
Et si est vray que ne l'havons pas faict venir en ceste ville pres-
che[r], mais sont estes les Cordelliers esqueulx estoit havoir le
prescheur, l'Advent passé2, comment hauront, ceste Karensme
prochainne, les Jacopins de Sainct Dominique : c'est à sçavoir à
chescung son tour. Et ne vouldrions, magnifficques Seigneurs, per-
mettre ny luthérianne, ny anltre secte 3, ny estre à vostre maie grâce
pour ung cordellier, d'où que il soit 4. Gestuy-là n'estoitpas d'ycy;
il liât presché icy l'Advent, il vet aultre part prescher le Karensme.
[Quant] à ce que escripvent Voz Excellences estre esté battus
certains gents doctz au dict prescheur contredisans, — s'il s'est
faict quelque baterie, c'est esté pour aultre occasion 5, car n'ha-
1 Voyez le N° 406, u. 1 et 2. La lettre de Fribourg datée du G février
fut reçue à Genève le 9.
2 C'est-à-dire, depuis le dimanche 1er décembre 1532 jusqu'à la fête de
Noël.
5 Les députés de Genève avaient déjà fait aux Conseils de Fribourg une
déclaration pareille, le 4 et le 5 juillet 1532 (N° 382).
4 Quelques semaines plus tôt les magistrats genevois ne faisaient pas si
bon marché de Christophe Bocquet. Le 31 décembre 1532, ils avaient pris
la décision suivante : « Resolvitur quod fiât apud R. D. Vicarium [ut] re-
tineatur Cordigerus qui Adventu lapso predicavit, pro singulis diebus fes-
tivis, quamdiu poterit, saltem hinc ad Quadragesimam. Advisentur Domi-
nicain provideant sibi de evangelico nuncio et predicaute pro Quadrage-
sima futura. » Dans sa séance du 2 janvier 1533, le Conseil des Deux-
Cents se montra encore mieux disposé pour ce prédicateur : « Quia multi
sunt verbum Domini postulantes, resolvitur quod ille qui, hoc proximè
effluxo Adventu, in Conventu Predicatorum Sa Francisci Ripse, predicavit,
Christoplwrus Bocqueti, quem fermé omnes habcnt gratum, libentissiinèque,
ut dicunt, audiunt, retineatur hinc ad Quadragesimam. » Mais après la lec-
ture de la lettre de Fribourg du 6 février, le Conseil des Deux-Cents dé-
cida que le Cordelier serait congédié et recevrait une gratification de trois
écus d'or. « Et hoc, ne (ut retroactis temporibus visum est) dissentio inter
auditores duorum Predicautium fiât. — Sufficiat unus, videlicet qui or-
dinariè Quadragesimâ proximâ predicare débet. » (Registre du 10 février
1533.)
5 C'est sans doute une allusion à l'émeute du 31 décembre 1532. Elle
avait eu lieu à l'occasion d'uue visite que certains partisans de l'Évangile
firent à Claude Pellin, vicaire de la Madeleine, pour l'engager à réfuter
publiquement, selon sa promesse, « les erreurs d'Antoine Froment. » Le
passage suivant du Registre montre que, dans cette batterie, les prêtres
avaient été les agresseurs : « Alloquatur R. D. Vicarius, [ut] castiget et
1533 LES CONSEILS DE FRIBOURG A L'ÉVÊQUE DE LAUSANNE. 19
vons en façon que soit entendu que à sa parolle [il] heu nulz
contredisant. Et de ce les officiers de Monseigneur nostre Prince fi
dont print les informations ; et nous liât promys Monsieur le Vi-
caire 7 en faire bonne justice. Ce sont affaires d'Esglise; nous luy
en laissons la charge, prians le Créateur, magnifiques, puyssans et
très-redoubtés Seigneurs, luy plaise, de sa grâce, vous préserver
et augmenter. De Genève, ce dix de Febvrier 1533 8.
Voz très-humbles serviteurs, entiers amys
et féaulx comborgois
Les Sindiques et Conseil de Genève.
(Suscription:) Aux magnifficques , puyssans et très-redoubtés
Seigneurs Messieurs l'Advoier et Conseil de Fribourg, noz très-
honoréz seigneurs, entiers amys et très-chiers comborgois.
408
les conseils de fribourg à l'Évêque de Lausanne 4 .
De Fribourg, 24 février 1533.
Inédite. Minute originale. Archives de Fribourg.
Sommaire. MM. de Fribourg ont appris avec chagrin les entreprises des bourgeois de
Lausanne contre l'autorité de l'Évêque. et ils le prient de leur envoyer sur ce sujet
un rapport détaillé, dont ils s'autoriseront pour obtenir la rupture de leur couibour-
geoisie avec les Lausannois.
corrigat et corripiat sacerdotes qui insultum fecerunt... curetque nabea-
mus per singulas parochias Verbi Dominici pretlicatores, et jubeat per
Fiscum suum sumi informationes de premissis, cum cujus scribâ scribet
Secretarius civitatis. »
6 Pierre de la Baume, prince-évêque de Genève.
7 Ame de Cringins, abbé de Bonmont et Grand- Vicaire de l'Évêché de
Genève.
8 Le gouvernement de Genève eut encore à répondre, le 21 février, aux
doléances verbales des députés de Fribourg. Ils furent entendus, le 23,
dans le Conseil des Deux-Cents. «Exposuerunt coram cunctis, prout jam
pridie, sicuti Dni Friburgenses audiverant nos velle Lutcranam sectam m-
traire; sicutique habemus Predicantes et sustinemus blaspbemias in Missam
et Sanctos; miranturque [quod] non observeraus promissurn.» (Registre du
Conseil. Dimanche, 23 février 1533.)
1 Sébastien de Montfaucon (N° 138, note 1, N° 212, note 6).
20 LES CONSEILS DE FRIBOURG A L'ÉVÈQUE DE LAUSANNE. 1533
Révérend Père en Dieu, très-honnoré seigneur, à vous nous
nous recommandons.
Monseigneur ! Par nous féaulx frères conseilliours, lesqueulx
dernièrement sont esté devers vous à Lausanne, avons entendus
ce qu'ils ont besoingné 2. Dont, quant à la bonne chière que at esté
faicte par vous aux dits nos commis, vous remaniions grandement.
Et quant à ce qu'ils ont trouvé devers vous [1. vos] gens de Lau-
sanne, nous combourgeois, ne sçavons bonnement prendre plai-
sir. Et, depuis que vous leur avés dit et faict plusieurs plaintiffs et
chousses [1. es choses] lesqueulx vous dites gens de Lausanne ont faict
et font journellement à Rencontre de vous droi[t]s, prééminences et
auctorités 3, mesmement auxi [1. aussi] à déshonneur et molestation
- On lit dans le Manuel du Conseil de Lausanne à la date du 17 février
1533: «Fuit convocatum Consiliurn et Retro-Consiliumadpostulacionera...
ambassiatorum Magnif. Dominorum Friburgensium... qui proposuerunt
tria puncta. Primo... quod ad noticiam suorum superiorura devenit quo-
modo nonnulli ex burgensibits sive habitatoribus Lausannœ adduxerunt
seu venire fecerunt à loeo de Aïlioz [c.-à-d. d'Aigle] unum prœdicatorem
luterianum, ad prœdicaudum, dicentes si velimus deviare à lege et fide
nostrà antiquâ?... Secundo, quod facimus qitamplures violencias et opéra
facti, frangendo portas de nocte dominorum cauonicorum et presbiterorum,
et alias rebelliones contra R. D. nostrum Lausannensem... Tercio, quod
nolumus solvere décimas et alios census debitos ecclesiasticis, et quod def-
fendimus agricolis ne solvant. »
La réponse faite le même jour par le Conseil des Deux-Cents fut la
suivante : « Dictus prœdicator non fuit adductus per quemquam de Lau-
sannâ, licet fuit Lausannœ, sed tamen non prœdicavit publiée neque oc-
culté, sed eundem fecimus recedere... Non intendimus vivere nisi prout pre-
decessores nostri. Super secundo... R. D. noster Lausaunensis est débiter
Justicire, et si quis plan[c]tum faciat... dabimus favorem et auxilium Jus-
ticiœ. Super tercio... quando creditores facient fidem debitoribus de debî-
tis, illud solvere [faciemus], dum modo [décimée] non sint nimisantiquse. »
3 Xous avons déjà dit (N° 264, n. 1) que les Lausannois, quoique zélés
catholiques, ne vivaient pas en bons termes avec l'Évêque. L'abandon daus
lequel il les avait laissés pendant son voj'age en Italie (septembre 1529 —
septembre 1530), plusieurs actes de mauvaise administration, entre autres
la frappe d'une monnaie inférieure au titre reçu, avaient excité leur vif
mécontentement. Sébastien de Montfaucon put s'en apercevoir, lorsqu'il
voulut, vers la fin de l'année 1531, imposer aux bourgeois de Lausanne un
nouveau serment contre la Réformation, et leur faire accepter une ordon-
nance qui défendait de parler de l'Évangile soit en bien, soit en mal,
« sous peine de trois estrapades de corde. » (Voyez Ruchat, II, 318-319,
III, 52, 53, 55.) Les bourgeois rejetèrent ses propositions. Dans la série des
plaintes qu'ils présentèrent contre lui en 1533, on trouve le paragraphe
1533 LES CONSEILS DE FRIBOURG A l'ÉVÈQUE DE LAUSANNE. 21
de Messeigneurs du Chapitre 4, — vous voulons bien enforiner
[1. informer] que c'est nostre désir que vous vous enformés et en-
core oiez bien de tout L'affaire, et de ce qu'est passé et faict par
vous dites gens à rencontre de vostre jurisdiction, et, après estre
du tout bien et seurement enformé, que de cela nous en soyons
de vous enformés sans délation [1. dilation]. Car, estre adverti[s],
seummes du vouloir de incontinent establyer journée 5 et envoyer
nous commis devers vos dites gens, et là besoingner avec eulx, pour
estre hors de la bourgeoisie faicte avec eulx 6.
Pour laquelle chousse, yl en advertirons nous combourgeois de
Berne, affin, s'y] en veullent, qu'ils en puyssent pareillement en-
voyer leurs ambassadeurs, pour faire le semblable comment nous 7.
suivant : L'Évêque avait menacé effroyablement les Lausannois, en disant :
« Je ferai tant que vous et vos enfans, et les enfans de vos enfans, en plo-
rerez sur vos genoux, » et autres paroles fort mauvaises (Ruchat, I, 37,
ffl, 209).
4 Messieurs du Chapitre continuaient à braver l'opinion publique par
des scandales journaliers (Voyez la liste des plaintes formulées contre le
clergé par les Lausannois, dans la conférence de Payerne du 21 avril 1533,
Ruchat, I, 33-36,111, 210). Les autres ecclésiastiques ne donnaient pas de
meilleurs exemples (Voy. n° 264, n. 1). L'un d'eux, qui avait dit en chaire
(octobre 1531) qu'il souhaitait la destruction complète des troupes que la
ville de Lausanne envoyait au secours des Bernois, consentit à faire amende
honorable devant le Conseil ; mais les chanoines, en le forçant de revenir sur
cette démarche, provoquèrent les représailles de la bourgeoisie. Le prêcheur
susdit fut (le 24 février 1533, jour du mardi-gras) saisi et garrotté par des
jeunes gens masqués, qui le promenèrent dans toute la ville en le frappant
de verges, et le laissèrent enfin devant la porte du bourreau. (Voyez le
Manuel de Fribourg du 5 mars 1533, celui de Berne du S avril suivant, et
Ruchat, III, 204-205.)
3 En vertu du traité de combourgeoisie conclu en 1525 (N° 225, n. 1),
les différends qui naissaient entre Lausanne et ses alliés de Berne et de
Fribourg, se jugeaient devant un tribunal mixte, nommé pour la circons-
tance, composé d'un ou deux conseillers de chacune des parties, et qui se
réunissait à Payerne. On appelait ces conférences des journées de marche.
6 Cette résolution fut signifiée à la ville de Lausanne dans une lettre
écrite le 24 février par MM. de Fribourg. Aux députés lausannois qui vin-
rent, le 5 mars, demander qu'on voulût bien leur nommer les personnages
qui étaient accusés d'avoir commis des désordres et leur communiquer « les
propos de l'Évêque, » le Conseil de Fribourg répondit par un refus, puis
il se plaignit amèrement des scènes indécentes qui s'étaient passées à Lau-
sanne le 24 février (Voyez la note 4 et le Manuel de Fribourg du 5 mars).
" Pendant plus d'une année, MM. de Berne s'efforcèrent en vain de ré-
22 GUILLAUME FAREL A BERTHOLD [HALLER, A BERNE]. 1533
Par ainsi, yl pouviez faire cela qu'appartiendra, affin que quelque
ordre yl soit faict, pour bien de vous et d'aultres. A quoy, de nostre
part, sommes prest et du bon vouloir, pryant à ce le Créateur vous
donner bonne vie et longue. Datum ipso Mathise [die], anno, etc.
XXXIII.
Le Petit et Grant Conseil de la Ville de Fribourg.
(Suscription :) A Révérend Père en Dieu Monseigneur de Lau-
sanne, nostre très-honnoré Seigneur.
409
Guillaume farel à Berthold [Haller1, à Berne].
De Mo rat, 5 mars 1533.
Minute autographe. Bibl. des pasteurs deNeuchàtel. Ruchat, III. 574.
Sommaire. Les excursions que j'ai dû faire ne m'ont pas permis jusqu'ici de vous
écrire sur la question qui a été l'objet de notre dernier entretien.
Tout en reconnaissant que la Loi et les Prophètes sont des oracles divins, par con-
séquent immuables, il faut bien avouer que la partie cérémonielle de l'Ancien Testa-
ment n'oblige plus les Chrétiens. Mais cette opposition est plus apparente que réelle.
Le fruit existe déjà dans la fleur qui tombe ; de même l'esprit, sous le voile qui le
concilier l'Évêque, le Chapitre de Lausanne et le gouvernement de Fri-
bourg avec les Lausannois. Au milieu de ces longues négociations, ceux-ci
s'habituèrent insensiblement à chercher à Berne un point d'appui contre
leur prince-évêque.
1 Voyez sur Bertlwld Haller le N° 53, n. 1 et le N° 183, n° 16. Ses re-
lations personnelles avec Guillaume Farel dataient probablement du mois
de novembre 1526 (N° 184, n. 15, et N° 194, renv. de note 7-8). Dès lors
ils avaient entretenu une correspondance très-amicale (Voy. le N° 200,
n. 2 et 7, le X° 256, renv. de note 6 et 8). Pendant son ministère à Moral,
Farel visita plusieurs fois le réformateur de Berne. Il reçut l'hospitalité
dans sa maison en janvier 1532 (N° 367, renv. de n. 5), et il y revint quatre
mois plus tard, comme cela résulte d'une lettre écrite par Haller à Bul-
linger le 5 mai et qui renferme ce passage : « Bertrami libeïlus, ab initio
lectus, Farello ita plaçait, ut ad se receperit. » (Mscr. orig. Arch. de Zu-
rich.)
1533 GUILLAUME FAREL A BERTHOLD [HALLER, A BERNE]. 23
cache à nos regards. L'Évangile a fait succéder l'accomplissement à la prophétie, la
circoncision du cœur à celle de la chair, Jésus-Christ à Moïse, le vrai sacrifice ex-
piatoire aux sacrifices imparfaits. S'ensuit-il que, sous un Législateur plus auguste,
les lois pénales doivent être moins sévères envers les homicides, les adultères et les
corrupteurs du peuple? La punition réservée au mensonge n'a-t-elle pas, au contraire,
été plus éclatante sous Jésus-Christ que sous Moïse, comme le prouve le châtiment
d'Ananias et de Saphira? La difficulté n'est pas là; elle est dans les Dix Commande-
ments, abrogés selon quelques personnes, confirmés selon d'autres qui sont pourtant
forcées de convenir que l'observation du Sabbat ne peut pas être imposée.
Ici, quelle différence entre la loi de Moïse, gravée sur la pierre, et cette loi spiri-
tuelle écrite dans nos cœurs, et qui nous est donnée par Christ, révélateur de tous
les trésors de la miséricorde divine ! Comment ne pas s'écrier : 0 notre Père, nous ne
voulons, nous ne cherchons que toi ? L'amour de Christ enfante la vraie piété qui
nous apprend à servir Dieu et à aimer le prochain. C'est ainsi que les Dix Comman-
dements, étant accomplis, sont abrogés ; c'est ainsi que les bénédictions proposées au
peuple d'Israël sont à nous, pourvu que le Chrétien, puissant par la foi, ferme dans
son espérance, plein de charité, humble et vigilant, fasse tout pour la gloire de Dieu,
et reçoive tout comme venant de sa main. Menaçons les infidèles de châtiments plus
terribles encore que ceux qui étaient annoncés par les Prophètes, mais usons envers
eux de la douceur dont Christ nous a donné l'exemple. — Après avoir obéi à votre
invitation, j'attends vos observations fraternelles.
De Novo et Veteri Testamento -\
Salutem, gratiam, pacem et misericordiam à Deo pâtre nostro per
Servatorem et Dominum nostrnni Jesum !
Jam fidem meara libérassent mi Bertholde ter charissime, si per
ocium licuisset non dicam evolvere aliqua quœ pluriraùm expedie-
bat, sed scribere, ac quicquid mens cogitatioque nostra habet, de
us de quibus nuper verba faciebamus 3, simpliciter ac nude proferre.
2 Ce titre a été plus tard ajouté par Farel.
5 L'entretien que Haller eut avec Farel, au commencement de l'année
1533, fut relatif à l'importance plus ou moins grande que la loi de Moïse
doit conserver aux yeux des chrétiens. Deux circonstances particulières
expliquent l'empressement que Haller mettait à s'éclairer sur cette question.
Certains membres du Conseil de Berne, las des troubles causés par les Ana-
baptistes, étaient résolus à les traiter avec rigueur et à leur appliquer les
prescriptions contenues dans les chapitres XIII et XVIII du Deutéronome.
En outre, le gouvernement bernois se demandait souvent si l'on devait con-
server la coutume fondée sur le chapitre XXXV du livre des Nombres, et
en vertu de laquelle les parents d'un homme assassiné avaient le droit de
prononcer sur le sort du meurtrier. (Voyez dans Fùsslin, Epp. Reformater.
p. 97 et 101, la lettre de Haller du 9 févr. 1533 (par erreur 1532) et celle
du 3 août 1533 ou 1534.)
24 GUILLAUME FAREL A BERTHOLD [HALLER, A BERNE]. 1533
Gurrendum ac recurrendum dura est, ocium tollilur 4. Boni con-
sules quicquid indigestum mittitur. Admonebis candide et fraterne
sicubi ab Scripturarum rectitudine defîectimus.
Priraùm, Legem et Prophetas divina credimus esse oracida, ver-
bum Domini, quod sancti homines, acti spiritu divino, elocuti sunt5,
tamque fixa et firma esse omnia, ut sint et cœlum et terra, et quic-
quid est, solvenda potiùs ac peritura, quàm vel apex unus cadat,
aut secùs eveniat quàm sacra habent eloquia G. Deus, cum sit locu-
tus, sententiam non mutât, mutationis expers. Interea confitemur,
twnultum omnem ceremoniariim, justificationes carnis, multitadi-
nem et oblationum et sacrificiorum evanuisse, sacerdotium cum judi-
ciorum severitate translatum, lege lapided, verbisque lapidi inscriptis
nos non amplius régi neque subesse, quandoquidem priùs, sub isto-
rum aliquo, gentes nunquam fuimus ; soli nainque circumcisi Legis
debitores faciendœ erant.
Hœc dum carnalis audit, pugnantia maxime putat, cum tamen
mire conveniant, idque fatemur in sensibilibus : Nemo gramen pe-
rire dicit, quôd in spicam transit, nec florem cui succedii fructus.
Legem spiritalem esse compertum habemus. Quod spiritus velat, si
sublato velamine palàm fiât, quis dicet spiritum vanum et irritum
esse, dum, firmo manente proposito, quicquid prsedictum fueral
plenè perficitur ? Cordis circumcisio carnis circumcisionem exci-
pit 7, — Mosem prophetam, Aaronem sacerdotem, Christus propheta
et sacerdoss — expiantia juxta carnem sacrificia qua3que [1. et ea
quse] pro peccatis negligentiâ vel ignorantiâ mactabantur, corda
emundans, conscientias purgans Christisacrificium9 — ut taberna-
culum, arcam, aliaque, tantùm in Gbristo suisque membris Ecclesia
sancla perfecta et consummata, quEeque [1. et ea quae] in dies fiunt
et consum[m]antur ascendente precum incenso [et] oblatione cor-
porum per jugem mortificationem [excipiunt] 10.
4 Le manque de pasteurs obligeait Farel à visiter fréquemment les
églises qu'il avait fondées aux environs de Morat, dans le comté de Neu-
châtel, et dans les bailliages de Grandson et d'Orbe.
s II Pierre, chap. I, v. 21.
6 St. Matthieu, chap. V, v. 17-18.
7 Romains, chap. II, v. 28-29.
s Hébreux, chap. II, v. 17; chap. III, v. 1-6; IV, v. 14; IX, v. 11.
9 Hébreux, chap. IX, v. 12-14.
10 Hébreux, chap. IX. Colossiens, chap. I, v. 18-22; II, 10 et 19 ; Apo-
calypse, chap. VIII, v. 3; Romains, chap. XII, v. 1.
1533 GUILLAUME F.UIEL A BERTHOLD [hALLER, A BERNE]. ^
Quis dixerit censuras non magis vitandas, judiciaque multô ma-
gis formidanda, dum mors aeterna pro lapidibus " et pro corporis
morte proponitur, dum quis Ghristum multo majorem Mose, lo-
quentem Patris verba non audit? Quamvis Mnc non putare quis
débet, aliud non exercendum judicium in scelestos ; nam, ut trans-
gressons Legis. etiam plexo corpore, nisi resipuissent iide ad Do-
minum conversi, morlem obibant seternam, ita pestilentes Christo
non audientes, homicidas, adulteros et id genus corruptores plebis,
quis vetet plecti etiam hic gladio, qui Deo servit in bonorum defen-
sionem malor unique vindictam 12 ? Adderem, severiùs id fieri debere
quàm Moses scripserit, quôd videam ultionem mendacii graviorem
in ipso etiam corpore Ananice ac Saphyraï13. Corruptum vulgus ju-
dicum emundet purumque restituât Do[minus] suo spiritu, quo acti
singula recte judicent! Dices ista neminem movere ; in judiciali-
bus, ut dicunt, parva est difficultas, in ceremoniis nulla prorsus.
Decem Ma Verba sunt in quibus est controversia, quôd nonnulli abro-
gata aiunt, alii nihil minus, sed stabilita magis, quamvis, ubide sab-
bato agitur. cogantur fateri non teneriad hujus observationem 14.
Non possum aliter de decem Verbis pliilosophari quàm depriori-
bus, et, nisi me fallat opinio, idem reputo judicium. Dantur Verba
decem in monte Mosi, dolatis in tabulis, horrore, strepitu, fiamma,
fumo insolitis. Terrent t'ulgura. concutiunt tonitrua, stupefaciunt
ignis et fumus, et tantùm non examinât crescens in ardenti monte
tubse sonitus ; descendit Moses, velatus loquitur, decem Verba in
tabulis infert arcee 15. Nunc mihi vide quàm secùs habeant omnia in
Christo et suis, ut lex spiritus nobis detur, palàmque fiât ut alia sit
nobis lex, vel potiùs, ut perfecta in nobis sit î Non enim accepimus
spiritum servitutis in timorem, sed adoptionis filiorum, in quo Pa-
trem invocamus 16; accessum habemus ad Patrem per Ghristum17,
1 ' Allusion au supplice de la lapidation. Lévitique, chap. XXIV, v. 16 ;
Nombres, chap. XV, v. 35; Deutéronome, chap. XXI, v. 21; St. Jean,
chap. VIII, v. 5.
12 Romains, chap. XIII, v. 4.
13 Actes, chap. V, v. 1-11.
14 Voyez dans le tome I, le X° 139, et, dans le tome II, la p. 489.
15 Exode, chap. XIX, v. 9-24; chap. XX, v. 1-22; chap. XXXI, v. 18;
chap. XXXIV, v. 1 et v. 29-35; Deutéronome, chap. V, v. 1-27; chap. IX,
v. 9-17; chap. X, v. 1-5 ; II Corinth., chap. III, v. 7-11.
16 Romains, chap. VIII, v. 15.
" Éphésiens, chap. II, v. 1S.
26 GUILLAUME FAREL A BERTHOLD [HALLER, A BERNE]. 1533
qui non velatur sicut Moses, sed retectà facie ihesauros bonitatis,
misericordiae et gratiae divinae, ac supereminentem Patris in nos
charitalem agnoscendam révélât, quae foras timorem mittit 1S. Non
enim servi amplius dicimur, sed filii, fratres et amici 10. Imprimi-
tur nostris cordibus lex, non in lapideis tabulis, in arca fœderis,
[sed] in mente ac conscientia nostra 20, quam possidet, inhabitat-
que Deus21. Jam non terret nos borrendum montis spectaculum,
ne novos quaeramus, flngamus, colamusque deos. Sed — audientes
Patrem tam propenso in nos amore fuisse, ut nostrî misertus, filium
et eum unicum ac quàm cbarissimum dederit 22, qui nos tam amice
compellat [ut] ad se veniamus, et qui, refocilaturus nos et vitam
elargiturus, adeô nos amavit ut mortem op[p]etierit 23, — quis nunc
non dicet : « Alium prœter te Patrem neque Deum nescimus, ne-
que qiuerimus aut habere volumus ? Absil ut alteri salutem, vitam,
et quicquid boni habemus, acceptum feramus quàm tibi, aut aliô
confugiamus quàm ad te, qui, hostes cum essemus, morte filii nos
tibi conciliasti 24 ! Quid conciliati aliam implorabimus opem quàm
tuam ? » Quis, gustatà Ghristi doctrinà, per tîdem non protinùs
dicat : « Domine, ad quem ibimus ? Verba vitse œternse habes 25. »
Adeô agnitus placet Cbristus ut rejectamenta reputentur omnia prae
Cbristo 2e, quem ut quis lucrifaciat, omnium lubens jacturam fe-
cerit pro Christo 27, nostrà justifia, facile omnia sit abnegaturus
et relicturus.
Utinam sensitm horum plenius impertiatur Dominus, ut non tan-
tùm voce hœc profiteamur, sed et interné experiamur ! Chantas
Christi ad veram rapit pietatem. Hac accensi, Patrem amantes in
spiritu colunt et veritate, non frustra sanctum Domini nomen su-
munt, quiescentes à laboribus in ecclesia profitentur laudem Pa-
tris, nec possunt non amare proximum; exemplo Christi in hostes
bene atfecti, de omnibus bene merentes etiam injuria quavis af-
1S I Jean, chap. IV, v. 18.
19 Romains, chap. VIII, v. 16 et 28; Hébreux, chap. II, v. 11-12 et 17;
St. Jean, chap. XV, v. 14-15.
20 Hébreux, chap. VIII, v. 10.
21 St. Jean, chap. XIV, v. 23; Éphésiens, chap. III, v. 17.
23 St. Jean, chap. III, v. 16.
-3 St. Jean, chap. X, v. 11; Philippiens, chap. II, v. 8.
24 Romains, chap. V, v. 10: Colossiens, chap. I, v. 21-22.
25 St. Jean, chap. VI, v. 68.
26.27 p]}iiippjenS; chap. III, v. 8.
1533 GUILLAUME FAREL A BERTHOLD [«ALLER, A BERNE], 27
fecti, quid non amarent fratres ? Quid non studerent oflkiis bene
meritos prosequi, parentes et quos Dominus, ut suum gestent no-
men, delegit ? Ut nno verbo dicam, chantas Dei per Spiritiim sanc-
tion infusa cordibm nostris 2S nusquam cessât, recte et sancte ince-
dit, ut bene hujus officia descripsit Paulus 29.
Sic omnia « translata, » omnia « adimpleta, » evacuata, abrogata
repulo, « jugum » sublatum, « exactorem » cessasse 30, ac id genus
[dictorum] quae Scriptura babet de luce Evangelii, quce nobis il-
luxit. Sic quœ Legis populo proponuntur benedictiones 31, nostrœ
erunt, verùm si à figura ad veritatem fiât transitas, à carne ad spi-
ritum 32. Nam sicut ille benedictione implebatur domi et foris, sic
pius in omnibus fructum feret; quicquid contigerit, potens fide,
certus spe, alacer cbaritate, in gloriam Dei excipiet, boni consulet,
inque bonum illi vertetur. Non attol[l]etur prosperis, sed glorias
Dei studens proximo succurret. Adversis non frangetur. sed laetus
persecutiones feret. Nullà via dimoveri à chaiïtate Cbristi poterit.
Quée piis contigere in Domino sperantibus accendent nos, ut qui
apertam magis babeamus Patris in nos bonam voluntatem, poten-
tiùs fide nitamur, baud bsesitantes Eum qui pro nobis filium de-
dit, non deserlurum nos, sed faventissimum adfuturum 33. Ultiones
impiorum commonefacient, severiorem manere ultionem eos qui tan-
tam gratiam, salutem et vitam spemunt, quanta nobis proponitur 3i ,
— graviùs desœvituram iram in impios, incredulos, non parentes
Verbo, quàm unquam in majores, — adeô ut majores sint inten-
tandœ mince infidelibus, quàm uspiam legantur in Prophetis, sed
lenitate et benignitate servatd quam Christus ex se discendam jubet,
nolens è cœlo ignem immitti, quod et Apostoli docentes pos-
cunt 35.
Verùm jam plus satis tibi, acutiùs intuenti, de eis locuti fuimus,
2S Romains, chap. V, v. 5.
a9 I Corinthiens, chap, XIII.
30 St. Matthieu, chap. V, v. 17-18; Hébreux, chap. X, v. 9; Galates,
chap. V, v. 1 ; chap. III, v. 24-25.
31 Deutéronome, chap. XI, v. 26-29; chap. XXVII, v. 12-13; Josué,
chap. VIII. v. 32-35.
53 Hébreux, chap. IX, v. 8 et 24 ; St. Jean, chap. IV, v. 24 ; chap. VI, v. 63 ;
Romains, chap. VIII, v. 9.
35 Romains, chap. VIII, v. 31.
34 Hébreux, chap. II, v. 2-3.
35 St. Luc, chap. IX, v. 53-56.
28 LES ÉVANGÉLIQUES DE GENÈVE [AU CONSEIL DE BERNE]. 1533
nec opus erat ut hcec posceres ex nobis. Noslrum erat te audire,
quod et te per Ghrislum obtestamur prœstes, nempe quid sentias
super adductis ; et, quod passim fit, ubi imperitiores de re aliqua
prolocuti sunt, suam proferunt qui plus valent et possunt in lit-
teris sententiam. Puderet sanè raemet hcec voluisse tibi vel per
quamvis occasionem offerre; sed postquam ita jussisti, non puto
parère tibi in re hac volentem graviùs peccasse, cùm obsequendi
gratiâ et, ut datur, studio glôriae Christi, hsec adnotarim, tuum ex-
pectans judicium.
Vale felix ut suos felices facit Dominus. Cupio salvere omnes.
Salutat te qui tuas reddidit litteras SB. Murati, quinto Martii lo33.
Tuus totus Farellus "'.
410
les évangéliques de Genève [au Conseil de Berne].
(De Genève, vers le 15 mars 1533 1.)
Inédite. Manuscrit original. Archives de Berne.
(COMPOSÉE PAR PIERRE VIREX 2.)
Sommaire. Les Évangéliques de Genève signalent à MM. de Berne les actes d'intolé-
rance du gouvernement genevois, et ils se recommandent à leur protection.
3G Aucune des lettres de Haller à Farel n'a été conservée.
57 La minute de la présente lettre se compose d'une page in-folio. L'autre
face du feuillet est couverte de notes de Farel relatives à la Cène de Notre
Seigneur et à la messe ; elles sont écrites en caractères excessivement fins
et ne portent aucune date.
1 La date et la destination de cette lettre sont déterminées par la dépo-
sition que firent devant le Conseil de Genève, le 25 mars 1533, Claude
Salomon et Baudichon de la Maison neuve, qui l'avaient remise à MM. de
Berne (Voy. le N° 411, note 8). Il est en outre évident que le secrétaire
bernois qui a rédigé la dépêche du 20 mars 1533 adressée au Conseil de
Genève, a eu la présente lettre sous les yeux.
2 L'écriture de cette pièce est incontestablement de la main de Pierre
1533 LES ÊVANGÉLIQUES DE GENÈVE [AU CONSEIL DE BERNE]. 29
Vostre bon playsir soit, ô très-illustres Princes et nobles Sei-
gneurs, considérer les articles qui ensuyvent, pour y pourvoir et
donner ordre, selon vostre prudence et bonté.
Premièrement, que il soyt licite et loysible à vous fideUes et léaux
bourgoys de Genesve parler et vivre selon le sainct Évangile de Jésu-
cbrist, sans estre molestez et aflligéz ainsy que sans cesser il[s]
sont 3, et que ceulx qui vouldront suyvir la Parolle de Dieu n'en
soyent point empescbéz.
Item, qu'i[l] soyt licite aux amateurs de la Parolle résister publi-
quement aux blasphèmes et horribles menteries que journellement
faict ung séducteur Jacopin, qui presche la Caresme au dict lieu de
Genesve 4, et que justice leur soyt ouverte et deubvement [1. due-
ment] administrée.
Viret. Ne pourrait-on pas en conclure que ce réformateur avait quitté mo-
mentanément le Pays de Vaud (N° 393, 11. 27, N° 397, n. 3), pour visiter
ses coreligionnaires de Genève? Autrement, il faudrait admettre une chose
invraisemblable, c'est que les Évangéliques genevois étaient réduits à cher-
cher hors de chez eux un personnage qui fût en état de rédiger l'exposé de
leurs plaintes.
3 « Je laysse... à racompter les injures et oultraiges, les mocqueries et
derrisions qu'on faysoit, en allant parmy Genève, à ceulx qui favorisoint à
l'Évangile, et à ceulx qui le preschoint au commencement, car seroit trop
fâcheux à le réciter et trop long à escripre » (Froment. Les Actes et Gestes,
p. 45). Le même auteur dit, p. 44, que les deux citoyens genevois Perrin
et Levet, qui lui donnèrent successivement l'hospitalité, en janvier 1533,
furent l'objet de diverses menaces et violences.
4 On ne connaît pas le nom de ce moine, qui était venu d'Auxerre et qui
prêchait ordinairement dans le couvent des Dominicains, situé à Plain-Pa-
lais, aux portes de la ville ; mais on sait que les partisans de l'Évangile ne
tardèrent pas à protester publiquement contre les « blasphèmes » du Ja-
cobin. Le Carême venait à peine de commencer (2 mars 1533), lorsque
Baudichon fut cité le 7 mars devant le Conseil. « Quia nonnulli conquesti
sunt [dit le Registre de ce jour-là] quod Baudichonus de JDomo nova inju-
riatus fuerit prœdicanii, et multa verba iudebitè, etiam cum minîs multis,
protulerit, vocatus fuit, eique factpe demonstrationes et inhibitiones, ne ab
indè talia proferre, nec illum offendere audeat, sub pena castigationis... »
Jean Janyn, surnommé le CoJognier, assistant au sermon du même Jacobin,
dans la cathédrale de St.-Pierre (« le dimanche » 6 avril ou le 13), tint ce
propos : « Le prêcheur ne sait ce qu'il dit. » Une autre fois, il le démentit
devant toute l'assemblée « clans l'église des Jacopins, » à Plain-Palais.
(Voyez Jeanne de Jussie, p. 62 et 64, et « le Procès inquisitional » intenté
à Baudichon et à Janyn, en 1534, à Lyon. Pages 36 et 37 du manuscrit
original. Arch. de Berne. — J. Gaberel. Hist. de l'Église de Genève, 1858,
t. I. Pièces justif. p. 49.)
30 LES ÉVANGELIQUES DE GENÈVE [AU CONSEIL DE BERNE]. 1 533
Item, considérer l'injure et grande injustice que, ces derniers
jours, a esté faicte à ung paovre frère, qui avoit dict la messe estre
meschante et plaine d'idolâtrie, lequel, pour ceste cause, a esté
banny à jamais, sur pâme de mort5, sans aultrement avoir esté ouy,
non obstant que plusieurs gent[s] de bien, bourgoys et habitans de
la ville, prenoyent la cause à eulx, voulans monstrer et faire vray
cela G.
Item, admonnester les Sindicques et Conseil de Genesve de avoir
aultre esgard aux lettres que de part [1. par] vous leur sont pré-
sentées que par cy-avant n'ont eu ; car, comme ainsy fust que vous
eussiez donné lettres à ung imprimeur, pour debvoir imprimer la
Bible et aultres livres chrestieiis \ en paix et sans vexation, les-
quelles lettres il leur a présentées, — de cela touteffoys ilz n'ont
tenu conte s.
3 Pierre Fédy, serviteur de Guérin Muete, le bonnetier (N° 395, n. 1),
fut banoi le 11 mars 1533, comme nous l'apprend le passage suivant du
Registre du Conseil : « Martis die, xi Martii. Quia Petrus, filins quoiidam
Jolianneti Fedy, de Crasses près Avillana, servus magistri Garini, bonna-
terii, accusatur, 8a hujus [mensis] dixisse in carreria publica, coram mul-
tis, quod « ea quae tractât sacerdos in missâ parvi momenti sunt, et au-
dientes missam adorantDeumpaneumetsolùmpanem, etsuntydololatres..., »
resolvitur quod banniatur, hîc in aulâ, perpetuo, sub pœna patibuli, dato
sibi termino ad exeundum iufra sex horas. » (Voyez dans le N° 411, le
commencement de la note 8.)
G Dans ses « Actes et Gestes de la cité de Genève, » composés seize ans
plus tard, Froment reproduit ces détails et quelques-uns de ceux que nous
avons indiqués plus haut (notes 4 et 5), mais il les altère d'une étrange
façon en les rattachant à un autre personnage, qui était alors, selon toutes
les probabilités, absent de Genève. Ce serait « Olivétan » qui aurait dé-
menti le jacobin de Plain-Palais, et qui, pour ce fait, aurait été « banni de
la ville, sans estre appelle, ni ouy en Conseil. » (Voy. Op. cit. p. 4S-49, et
le N° suivant, à la fin de la note 4.) Les souvenirs de Froment l'ont aussi
induit en erreur sur la date réelle de ce bannissement. Il le place non au
11 mars, mais au milieu d'avril, quelques jours après la première cène
distribuée aux Réformés par Guérin Muete. (Voyez la lettre du 5 mai,
note 26.)
7 Voyez le N° 393, n. 18, 23 et 26, le N° 395, n. 10, et la lettre du
17 octobre 1532. Cette lettre porte la note suivante: « R. martis 21 [1. 18]
Febr. 1533 per dictum Imprimarium. »
s Voici les passages du Registre du Conseil qui sont relatifs à Pierre de
Wingle : « Die Martis, 18a Februarii 1533. Pierre Wingless imprimeur est
entré, exponens sicut Dominus Procurator fiscalis prohibuit ei ne à modo
imprimeret, et jussit quod civitatem evacuaret. Supplicat propterea sibi de
1 533 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE GENÈVE. 31
Item, il est certain, se [1. si] vostre playsir est [de] admonnester
les habitons de Genesve à vouloir vivre sainctement selon le sainct
Évangile, que vostre admonition aura plaine vertu et efficace;
car certes le nombre de ceulx qui désirent la Parolle est moult
grand 9.
411
le conseil de berne au Conseil de Genève.
De Berne, 20 mars 1533.
Manuscrit original. Arch. de Genève. J. Gaberel. Hist. de l'Église
de Genève, 1858, 1. 1. Pièces justificatives, p. 39.
Sommaire. Le gouvernement de Berne se plaint de la persécution exercée à Genève
contre les partisans de l'Évangile, et, après avoir demandé pour ceux-ci la liberté de
culte, il exprime l'espoir que le Conseil de Genève ne refusera pas à l'avenir de
lui complaire dans les « choses licites et raisonnables. »
remedio provideri... Fuit resolutum quod ipse debeat afferre exeraplum rei
per ipsuru imprimendœ ; postea videbitur. » — « Die 5a Martii. Fuit lec-
tum consilium habitum super libro clicto Union [T. II, N° 393, il. 20, et
p. 490] et Biblia gallicè imprimenda. Et quia nobiles Syndici dixerunt se
adbuc aliam expectare opiuiouem, negocium remittitur ad Veneris proxi-
mam [diem]. » — « Die 13a Martii. Negocium Bibliopolœ fuit propositum.
Et quia Dni Siudici proposuerunt fuisse iû Consilio ordinario resolutum,
librura Unionis nou debere excudi, et Bibliam Gallicam posse imprimi, —
fuit resolutum quod dictus Petrus de Wingle possit Bibliam imprimere su-
per illis quœ Antcerpiœ excussae fuerunt [N° 363, u. 10], uon tamen addere
aut miuuere. Quod si secùs repertum extiterit, perdetur opus. Et videat ne
quid aliud imprimat, donec Dnis Sindicis ostenso. » — « Die 27a Maii. Ora-
tores Bernenses... [petierunt] quod permittatur quod Librarius vendat suos
libros Veteris et Novi Testamenti, quia juris est. » De la réponse suivante
faite par Baudichon à ses juges, en 1534 (Procès inquisitional cité, p. 6-7),
on peut inférer que P. de Wingle publia réellement à Genève en 1533 une
édition du N. T. : « Interrogué, respond avoir veu et cognu à Genesve ung
imprimeur nommé Pierrot de Vingles, qui imprima quelque temps des nou-
veaulx testamens ou dict lieu [1. au dit lieu]. Mais après la ville l'en envoia,
et il se retira à Neufchastel. »
9 Les prédications de Froment, de Ghtérin Muète, de Pierre Masuyer et
32 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1533
Nobles, magniffiques Seigneurs, singuliers amys et très-chiers
combourgeoys !
Nous avons estes informés de la violence et force que Von az
voulsuz fayre par cy-devant à nostre aymé Maistre Guilla[u]me
Farel, annunciateurs de la Parolle de Dieu en vostre cité *. De
quoy, à cause qu'ilz a de nous commission et lectres adressantes
à tous nous alliés et bourgeoys, de l'avoir par [1. pour] recommandé,
et le bien (pour l'amour de nous) tractier [1. traiter] 2, summes
estes mal contents. Ce non obstant, ailleurs [1. alors] ne vous en
avons voulsuz fayre remonstrance, espérant que y mectriés ordre
nécessayre, et y fériés punition deuë 3. Piéça [c.-à-d. dès lors]
summes advertis que non seulement n'y avés pourveuz, ains que
tousjours la persécution contre la loy évangélicque est plus horrible.
De quoy nous merveillions grandement. A ceste cause, summes
occasionnés de vous fère remonstrance sur cella.
Premièrement, sûmes esbays que, en vostre cité, la loy et foy
de Jésu-Christ, et ceulx que la veulent ensuivre, sont ainsy persé-
quutés et molestés, assavoir, que ne voullés souffrir que la Parolle
de Dieu soyt libérallement annuncée, ains déchassés les prêcheurs
d'icelle i. En après, avés bannis ung homme de bien à jamaix, sur
peut-être de Pierre Viret, avaient dû hâter ce résultat. Les Évangéliques
faisaient des « assemblées çà et la par les maisons, les ungz avec les aultres,
et celluy qui avoit plus de grâce entre eulx exposoit l'Escripture. > (Actes
de la cité de Genève, p. 47-48.)
1 II ne s'agit pas ici, comme l'affirme Ruchat (nouv. édit. Lausanne, 1835-
1838, III, 188), d'une tentative toute récente de Farel à Genève. Le Con-
seil de Berne veut parler des violences auxquelles les prêtres de Genève
s'étaient portés contre ce réformateur le 3 et le 4 octobre 1532 (N[n 395,
n. 5).
2 Voyez le N° 271, note 6.
3 Nous croyons plutôt que MM. de Berne avaient, de propos délibéré,
attendu, pour se plaindre, le moment opportun. C'est du moins la seule
explication qu'on puisse donner des paroles suivantes écrites par Farci,
six semaines après son expulsion de Genève : « Je ne puys, comme ay
peu entendre, ancores toucher l'affaire des rasés, sans que la ville en vaille
pis. » (X° 395, renv. de n. 6.)
4 Allusion à Farel et à Froment. Après son sermon sur la place du Mo-
lard (1er janvier 1533), ce dernier prédicateur avait d'abord trouvé un asile
chez Amy Perrin, puis chez Aimé Levet ; mais il avait dû à la fin sortir de
Genève pendant la nuit et retourner à Yvonancl. (Voy. Actes et Gestes de
la cité de Genève, p. 43-44.)
Selon Froment, Scultetus, Spanheim, J.-J. Hottiuger, Ruchat et tous les
1533 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE GENEVE. 33
poinne de mort, pource qu'il az parlé contre la messe, sans avoir
estre ouye sa rayson, et non obstant que plusieurs gens de bien,
vous bourgeoys et habitans rière vous, ayent voulsuz prendre la
cause à euix, voulans vériffier cella 5.
Dont vous voulons prier et affectueusement admonester sur ce
avoir advis et y mettre ordre, considérant que sy, en vostre ville,
rÉvangille de Dieuz doyt estre ainsy perséquuté — laquelle par-
thye nous, [qui sommes] vous bourgeoys, tenons, — que cella
vous pourras [1. pourroit] redonder à grand préjudice et inconvé-
niant. Pourtant, vuilliés permettre que la vérité ayt lieaz, et que
soyt licite et loysible que ceulx que en vostre ville veulent parler
et vivre selon le sainct Évangille de Jésu-Chrisl, que cella puissent
fayre sans estre molestés ne affligés, et [que] la Parolle de Dieu
[soit] libérallement annuncée. Vous davantaige admonestans de
vivre sainctement selon le sainct Évangile, et permectre que les
amateurs de ta Parolle de Dieuz puissent résister et publiquement
contradire à iceulx que, en vostre ville, prêchent, quant y [1. ils] par-
leront comme séducteurs 6, et que justice leur soyt ouverte et deue-
ment administréez, etc.
Nous vous prions aussy que de la lectre de recommandation qu'a-
vons donnée à ung imprimeur, et aux aultres que cy-après vous
escriprons, vuilliés fayre plus grande estime que jusque icy avés
faict 7, affin que puissons congnoystre que avés désir de nous, en
historiens récents de la Kéforme, il faudrait encore ranger dans le nombre
des « prêcheurs déchassés » de la ville de Genève, Pierre-Robert Olivêtan
(Voyez X° 410, n. 6). Cette assertion nous semble être entièrement en désac-
cord avec les faits suivants : Vers la fin d'octobre 1532, Olivêtan avait été
envoyé comme missionnaire dans les Vallées vaudoises du Piémont, et d'a-
près un témoignage contemporain, il y prêchait encore l'Évangile au mois
d'avril 1533 (Voy. le N° 393, notes 10, 23 et 29, et plus loin la lettre de
Fortunat Andronicus, datée d'Orbe le 29 avril 1533). A supposer même
qu'il soit revenu à Genève vers la fin d'avril et qu'il ait alors encouru la
peine du bannissement, on ne s'explique pas comment MM. de Berne au-
raient négligé d'intervenir en sa faveur, eux qui protestent ici même contre
l'exil du domestique de Guérin ! (Voy. la note 8 et le N° 410, notes 5 et 6.)
Ils surent bien, en 1534, réclamer deux fois le rappel d'Alexandre du Mou-
lin, évangéliste qui avait été banni de Genève (Voy. la lettre du 17 dé-
cembre 1533), mais ils ne parlèrent jamais à'OMvétan.
5 Voyez le N° 410, note 6.
fi Allusion au dominicain qui prêchait le Carême à Genève (N° 410, n. 4).
7 Voyez le N° 410, note 8.
T. III. 3
34 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE LAUSANNE. 1533
choses licites et raysonnables, complayre. Et, affin que puissions
de vous, nous très-chiers bourgeoys, entendre que ne voullés lais-
ser perséquuter la loy de Jésu-Christ. et nous tenir en plus grande
exstimation que par cy-devant en cestuy endroyt n'avés faict, —
desirons sur ce vostre response par présent pourteur, [afin de] sur
ce nous scavoir conduisre 8. Datum xxa Martii. Anno. etc. xxxni°.
L'Advoyer et Conseilz de Berne.
(Suscription :) A Nobles, magniffiques Seignieurs, Sindicques et
Conseilz de Genesve, nous singuliers amys, très-chiers et féaulx
comhourgeoys.
412
le conseil de berne au Conseil de Lausanne.
De Berne, 21 mars 1533.
Inédite. Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. MM. de Berne remercient les magistrats de Lausanne de l'accueil honnête
qu'ils ont fait au ministre Michel Dobte, et ils les prient d'autoriser à l'avenir, dans
leur ville, la prédication de la Parole de Dieu.
Nobles, etc. Hz nous az Maistre Michiel Doubte, prêcheur de
l'Évangile en nostre mandement d'Ormont-de[s]sus-la-Jour. expliqué
s Le Registre du Conseil s'exprime ainsi au sujet de la lettre des Ber-
nois : « Die xxv Martii. Quas heri Dni Sindici receperunt literas lecta? fue-
runt, advisamenta continentes de aggressu facto Gtiiïïehno Farello, et ejecto
servo bonnaterii, de repulsis Evangelii predicatoribus, de literis in favorem
librorum excusorum parvifactis, de predicatore moderne- ; quèd Domini per-
mittere velint publicationem Evangelii ; quèd permittant reprehendi seditc-
tores, — et certos alios articulos, qui multùm totum Consilîura, ratione divi-
sionum quse. possent oriri, perturbarunt, indè quùd Domini nescierunt quid
resolvere possent desuper. Sed vocati fuerunt Claudius Salomon et Ban-
dichomis de Domo nova, qui dicuntur dictas literas sollicitasse. Qui... suc-
1 533 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE LAUSANNE. 35
le bon et honeste traictéement que luy avés faict en vostre ville l,
et le désir que aulcims de vous ont d?ou\jr la saincte Parolte de
Dieuz -. De quoy vous mercions, et louons Dieuz que sa saincte
Parolle a lieuz entre vous, vous prians que veilliés persévérer en
celluy bon propost, et davantaige, quant [1. que] le dict Maistre
Michiel, ou aultre anunceant purement l'Évangile, qu'est la consola-
tion de nous âmes, veilliés bénignement ouyr et les garder que
force et violence ne leur soit faicte 3. Ce faisant, nous ferés grands
cessivè... confessi fueruht se fuisse, à quinclecim diebus titra, in Berna et
literas ipsas apud Dominos Bernoises sollicitasse. » — Le 26 mars le Conseil
fit écrire à MM. de Berne qu'on ne pouvait, pour le moment, leur faire une
réponse catégorique (ad plénum), mais que, sous peu de jours, ils rece-
vraient des explications verbales. Le 2 avril, après une émeute dont nous
parlerons plus loin, le Conseil donna les instructions suivantes aux députés
qu'il envoyait à Berne: « Oratores... narrent Dominis Bernensibus quo-
modo actum sit de Guillelmo Farel, de bannito [P. Fedy] et de Bibliopdla
[P. de Wingle]. Ad residuum supplicabunt [ut] dimittant nos secundùm
iiostros îtsus agere, et velint nobis esse fautores. »
1 Michel Dobte ou Doubte (en latin Dubitatus) était probablement origi-
naire de France. Nous ignorons la date précise de son installation comme
pasteur à Ormont-dessus (Voy. le N° 249, n. 3, et le N° 361, n. 3). Le Ma-
nuel de Berne du 21 mars 1533 contient, à son sujet, le passage suivant :
« Le prédicant d' Ormont-dessus nous annonce que ceux de Lausanne l'ont
appelé. Décidé de lui donner une lettre de recommandation. j> Maître Michel
s'était déjà rendu à Lausanne vers le 12 février (N° 408, n. 2); mais, mal-
gré l'assertion des Bernois relative au bon accueil qu'il y aurait reçu, il
n'avait pu obtenir du Conseil de cette ville l'autorisation de prêcher.
2 Ces paroles nous apprennent que les partisans de l'Évangile ne for-
maient encore à Lausanne qu'une petite minorité. Nous sommes autorisé
à croire que les membres des Conseils étaient flottants ou craignaient de se
compromettre. Bien disposés pour Farel en novembre 1529 (N° 266), ils
avaient promis aux Bernois le 23 janvier 1531 « de demeurer, en temps et
lieu, du côté de la Parole de Dieu » (N° 321). Ils n'hésitèrent pas cepen-
dant, deux ans plus tard, à déclarer que Fribourg pourrait compter sur
leurs services, dès qu'il s'agirait de défendre « la vraie religion. » (Manuel
de Fribourg. Séance du 27 janvier 1533.) Voyez aussi la réponse qu'ils
firent le 17 février suivant aux députés fribourgeois (N° 408, n. 2).
3 A la réception de la présente lettre, le Conseil de Lausanne prit, le
26 mars, cette décision : « Dictum predicatorem esse adhuc modicùm di-
mictendum hue Lausaiinam, in hoc tamen quod non debeat predicare. »
La délibération du Conseil des LX et des Deux-Cents sur le même objet
eut le résultat suivant : « Die Martis la Aprilis fuit renvoyatus (sic!) Ma-
gister Micliaël, predicator lulerianus, qui venerat hue Lausannam ad predi-
candum, absque mandato et scitu communitatis, sed suo bono velle et sua
36 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE LAUSANNE. 1 533
plaisirs, nous ouffrant à le déservir, aydant Dieuz, auquel prions
vous donner grâce d'accepter sa saincte Parolle et de vivre selon
icelle, pour l'avancement de vostre salut. Datum xxi Martii, anno
xxxm0.
L'Advoyer et Conseilz de Berne.
temerariâ auctoritate. Et fuit eidem... prohibitum ne regrediatur amplius,
nisi fuerit ei mandatum per licteram signatam per Secretariura communi-
tatis. Et ipsum comitavit, à parte R. Doiniui nostri, Christophorus, nuncius
ballivi, et, parte commuuîtatis, dictus Bachouz, et solvit expensas omnes bor-
serius communitatis, tam stando iu villa quàm ipsum reducendo, nec non
eciam pro salario navateriorum. » [« Trois florins es navatiers qui ont mené
maistre Michiel à la Ville neufve. » Comptes du Boursier*].
Le 2 avril une députation de chanoines arrivait à Fribourg, pour deman-
der protection contre la ville de Lausanne, au nom de l'Évêque et du Cha-
pitre. Les magistrats fribourgeois envoyèrent immédiatement une nombreuse
ambassade, munie des instructions suivantes: « Signifier à la bourgeoisie de
Lausanne que nous avons été informés. . . qu'il s'est commis, à Lausanne, contre
l'Évêque et les prêtres beaucoup d'actes inconvenants, et qu'en particulier,
tout récemment, quelques individus se sont criminellement introduits avec
effraction dans l'église de St. -Laurent; qu'ils ont emporté et détruit les images
des Saints. . . Exiger que des actes aussi coupables soient sévèrement punis. . .
et que les magistrats de Lausanne ne s'opposent pas à ce que l'Évêque en
châtie les auteurs, comme l'ont fait les Banmrets, en empêchant les juges
de connaître de cette affaire. Dans le cas où ceux de Lausanne persiste-
raient à méconnaître l'autorité et la juridiction de l'Évêque, nous renon-
cerons à la bourgeoisie et nous demanderons une journée de droit à Payerne
pour le 20 avril. Exiger aussi qu'on tire vengeance de ceux qui viennent
de dévaster l'église de Polly [1. Pully, près de Lausanne], dont les religieux
de Payerne sont collateurs. » (Manuel du 2 avril. Protocole des Instruc-
tions, n° 2, p. 82. Arch. de Fribourg. Trad. de l'allemand.) Les ambassa-
deurs de Fribourg se présentèrent devant le Conseil de Lausanne le 4 et
le 5 avril, et, comme ils reçurent la même réponse que le 17 février, ils assi-
gnèrent les Lausannois à une conférence qui devait se réunir à Payerne le
20 avril. (Voyez Ruchat, t. III, p. 207-208, et sur la suite de ce différend,
les pages 208-213 et 397-398 du dit volume.)
* Les extraits des Registres de Lausanne cités dans les N03 408 et 412 nous ont été
obligeamment communiqués par notre ami M. le ministre Ernest Chavannes.
1 533 WOLPGANG-PABRICIUS CAPITON [a GUILLAUME FAREL, A MURAT]. 37
415
w.-f. capiton [à Guillaume Farel, à Morat].
(De Strasbourg, au commencement d'avril 1533 '.)
Inédile. Autographe. Bibl. des pasteurs de Neuchâtel.
Sommaire. Bucer assistera sans moi au Synode de Berne. Que Dieu affermisse les Ge-
nevois ! Je vais réfléchir à ce que vous me demandez, et je répondrai prochainement
à votre lettre.
Nescivi abitum hujus boni viri. Christophoro* scribam. Bucerus
aderit Synodo Bernensi3; ego intérim domesticam ecclesiam inimo-
1 Voyez les notes 3 et 5.
2 II s'agit probablement de Christophe Fabri, pasteur à Bole, clans le
comté de Neuchâtel (N° 394, n. 1 et 2).
3 Accompagné de Bartholomœus Fontins, cordelier vénitien réfugié à
Strasbourg pour la religion, Bucer arriva à Bâle vers le milieu d'avril 1533.
Il visita la plupart des églises de la Suisse allemande, et il assista, du 12 au
14 mai, au Synode de Berne, où il rencontra Farel et Jean Lecomte. C'est
ce qui résulte du Journal de celui-ci (Extraits dans les manuscrits de Ru-
chat) et du fragment suivant de la lettre de Fontius à Vadian, écrite de
Berne le 17 mai 1533 : « Invisimus Tigurinorum et Bernatum ecclesias.
Utrique satis celebrem habuerunt Synodum, iinde facta mihi facilitas est
plerosque eruditos etpios fratres... Helvetios agnoscendi... Vicerunt multi
expectationem meam... Omnesuno ore fatentur proximè acceptas cladesmul-
tum serùe hic pietati consul uisse... Salutantte... omnes fratres Bernâtes, qui
nunquam non reccrdantur quantum tibi ecclesia sua, a tyrannide et impietate
papistica liberata, debeat. Salutat te inprimis Fareïïu.s noster, qui te unicè
colit, et apud Galïos suos, pro incremento verœ pietatis, incessantcr laborat
non sine fructu. Christus, ut spero, non aget semper in angulo Germaniœ.
Vitis hœc palmites suos praetendet aliquando ultra Alpes, et orbem terrœ
denique pervagabit. » (Manuscrit orig. Bibl. de la ville de St.-Gall.) Voyez
aussi la lettre de Myconius à Bullinger du 16 avril et celle de Haller à
Bullinger du 29 mai 1533. Coll. Simler. — Kirchhofer. Bertold Haller
oder die Reformation von Bern. Zurich, 1S28, p. 199-200.
•58 LE CONSEIL DE BERNE AUX CONSEILS DE GENÈVE. 1533
rabor. Tuas 4 hac hora accepi, quibus significat [1. significas] plu-
ries scribere [1. scripsisse]. Doleo quôd non omnia inter nos fami-
liariora esse possint.
Dominus te servet ! Per mercatores 5 plura. Gebennenses Domi-
nus conflrmet ! Nos hinc meditabimur id quod per literas jubés.
T.[uus] Capito.
414
le conseil de berne aux Conseils de Genève.
De Berne, 8 avril 1533.
Manuscrit original. Arcbives de Genève.
Sommaire. MM. de Berne expriment le déplaisir que leur- ont causé la réponse verbale
faite à leur lettre du 20 mars et les troubles de Genève, dont cette lettre a été l'oc-
casion. Ils exhortent les Genevois à vivre en paix et à ne point molester les parti-
sans de l'Évangile. Enfin ils demandent que le prêcheur qui offre de disputer
avec Farel soit forcé d'attendre l'arrivée de celui-ci.
Nostre amiable salutation devant mise, Nobles, magnifficques
Seignieurs, singuliers amys, très-chiers et féaulx combourgeoys !
Nous avons entenduz la response laquelle vous ambassadeurs
nous ont donnée sur nous lectres que vous avions envoyées, da-
tées] xxe du moys de Mars dernièrement passé l. Laquelle res-
ponse n'atendient [1. n'attendions] pas de vous, et eussions bien
pansé qu'elle feust d'aultre importance, et non estées cause de
4 Cette lettre de Farel à Capiton n'a pas été conservée.
s Capiton veut sans cloute parler des marchands de Bàle qui devaient se
rendre, en traversant la Suisse, à la foire de Lyon. L'ouverture de cette
foire eut lieu, en 1533, le 22 avril.
1 Voyez le N° 411, note 8.
1533 LE CONSEIL DE BERNE AUX CONSEILS DE GENÈVE. 39
l'émotion, tumulte et trouble qu'est esté entre vous 2. Duquel sûmes
estes advertir par vous bourgeoys Baudichon et Salomon, lesquels,
en la présence de vous dicts ambassadeurs, nous ont expliqué
comme l'affayre est passé 3, — non pas par mode de plaintiff, ne
pour vous accuser, ains pour nous advertir en vérité de l'affayre,
et pour respondre à vous ambassadeurs, sy [1. s'ils] les charg[e]oint
de quelque chose, etc. Duquel trouble summes estes très-déplay-
sants, et vouldiïons bien que cella feust évité ; car vous pouvés
considérer que tieulles civiles dissensions redondent en ruine et
perdition des bonnes villes, et désolation du bien commun.
Dont nous summes ouffert de fayre quelque amyable apointe-
ment sur cella, et à vous dicts ambassadeurs [avons] cella proposé,
pour mectre paix entre vous et union. Sur quoy ilz ont responduz
non avoir aultre charge de vous que icelle qu'ilz avoint, selon le
contenuz de leur instruction, proposé. Dont n'y avons, pour le
présent, voulsuz fayre aultre instance, sinon vous priant, reques-
tant et admonestant que vuilliés par ensemble vivre en bonne paix,
union et transquillité, et les dicts Baudichon et Salomon, pource
qu'ilz sont estes ici, point molester ne punir en sorte que soyt.
Car vous pouvés penser, sy eulx ou aultres que desirrent la Pa-
rolle de Dieuz et de vivre selon icelle, deussent h cause d'icelle
estre perséquutés, déchassés, molestés, punis et troublés, que nous
que [1. qui] tenons icelle parthye, pourroint bien panser en quelle
estimation nous avés et quelle affection, voulloir et ameur [1. amour]
nous pourtés. Pour autant y ayés esgard, et les dicts Baudichon,
Salomon et aultres * vuilliés laisser en paix et vivre sans contrainte
de leurs conscienses, affin que puissions entendre que, pour l 'ameur
2 Allusion à l'émeute du vendredi 28 mars. (Voyez Froment. Actes de
la cité de Genève, p. 50-56, et les Notes du dit ouvrage, p. xvin-xx. —
Jeanne de Jussie, p. 53-58, et Notes, p. 243.) Il convient ici de relever
une erreur de Froment, d'après lequel l'émeute en question aurait eu lieu
le jour du Vendredi saint, c'est-à-dire le 11 avril.
3 Les ambassadeurs de Genève d'une part, Baudichon et Salomon de
l'autre, parurent ensemble devant MM. de Berne le 7 et le 8 avril. Les
premiers remirent au Conseil leurs instructions écrites, et les seconds, leur
requête (Voy. le Manuel de Berne aux dates sus-mentionnées. Arch. de
Berne).
4 Parmi les « autres » partisans de l'Évangile on comptait déjà plusieurs
membres du Petit Conseil (Voy. le N° 382, n. 7, et le N° 395, n. 14). On
lit en effet dans le procès-verbal du Conseil des Soixante, réuni le 29 mars :
« Fuerunt vocati Nob. Baudichonus de Domo nova et Cl. Salomon, et... in-
40 LE CONSEIL DE BERNE AUX CONSEILS DE GENÈVE. 1 533
de nous, vuilliés plus fayre que à Vapètit et instigation des pres-
tres, etc. Et, affln que plus amplement soyés advertis de nostre in-
tention, summes délibéré d'envoyer incontinant après ces Pasques 5,
nostre ambassade vers vous. Pour autant, ce pendant vuilliés estre
et desmouré en bonne paix et civile union, comme bon[s] bour-
geoys debvent fayre. Cella redondera à vostre grand prouffit et
honneur, et nous ferés grands playsirs. Àultrement, sy aux dicts
vous bourgeoys, ou aultres, deust estre faict quelque desplaysir,
avés à considérez que en sarient [1. serions] très-mal contents, et
le tiendrent [1. tiendrions] comme sy feust faict à noz propres per-
sonnes.
Hz nous est aussy venuz à notice comme ayés ung moinne, en
vostre ville 6, que presche et soyt ouffert de disputer avecq nous
prescheurs, à poine du feuz, et nomméement contre maistre Guillame
Farel 7. En quoy sûmes fort blasmé ; dont nous apertient et con-
vient d'y faire instance. A ceste cause, vous prions, et, en vigeur
de la bourgeoysie, admonestons, icelluy vostre prescheur astraindre
de tenir sa parolle et sattisfayre à ce qu'ilz s'ouffre, et ainsy tenir
main qu'ilz attende la venuez de nostre ambassade, laquelle seraz
accompaignée du dict maystre Guillame Farel, ou ung aultre, pour
disputer avecq luy s, etc. Et, affin que saichens vostre voulunté
sur les présentes proposites, desirrons et attendons vostre response
par présent pourteur °. Autant priant Dieuz que vous doint sa
grâce et paix. Datum vma Aprilis, anno, etc., 33.
L'Advoyer et Conseilz de Berne.
terrogati quis moverit eos ad eundum Bernam ? Nonne fuerunt aliqui de
Consilio ordinar io : Joh. Philippi, Joh. Lullin, Michaël Sept, Stephanus de
Pileo rubro, Franciscus Fabri, Claudius Roset, aut quis de Consilio ordi-
nario ? »
5 Pâques fut le 13 avril cette année-là.
6 Voyez sur ce religieux le N° 410, n. 4.
7 Froment et la Sœur Jeanne de Jussie ne mentionnent pas ce détail ca-
ractéristique.
s Cette dispute n'eut pas lieu, le prêcheur dominicain ayant quitté Ge-
nève le 14 avril, lendemain du jour où la présente lettre parvint à sa des-
tination. (Voy. J. de Jussie, p. 64, et la lettre de Berne aux Genevois du
17 déc. 1533.) Ce fut peut-être à dessein que les Syndics attendirent jus-
qu'au 15 avril pour la communiquer au Conseil. Quant à l'ambassade an-
noncée par MM. de Berne, elle éprouva un retard dont nous ignorons la
cause (Voy. le N° 416).
9 Nous n'avons pas réussi à nous procurer le texte de la réponse des
1533 F0RTUNAT [aNDRONICUS] A MARTIN RUCER. A BERNE. 41
(Suscription :) Aux Nobles. Magnifiques, Spectables Seignieurs
Sindicques, petit et, grand Conseilz de la ville de Genesve, nous
singuliers et grands amys, très-chiers, féaulx et bien-aymés com-
bourgeoys.
415
fortunat [andronicus '] à Martin Bucer, à Berne2.
D'Orbe, 29 avril 1533.
Inédite. Autographe. Archives du séminaire protestant de Stras-
bourg. Copie moderne dans la Collection Simler, à Zurich.
Sommaire. Dieu veuille proportionner à nos forces les épreuves qu'il nous envoie et
nous accorder le secours nécessaire pour amener ses ennemis à la vérité ! Quand je
Genevois. Approuvée le 15 avril par le Petit Conseil et par celui des Deux-
Cents, elle fut expédiée le môme jour. Le sens général de cette réponse
dut nécessairement être conforme à l'édit publié à Genève le dimanche
30 mars et qui renfermait les articles suivants :
«Que [nos] citoyens, bourgeois et habitans... doibvent dès ici vivre...
ainsin que avons vescu par le passé, sans faire novellité quelconque, ny de
parolle, ny de faict, jusques à ce que généralement soit ordonné de vivre
autrement. — Rem, que nul ne soyt ousé, ni si bardy, parler contre les
saincts Sacrements de PEsglise; mais en ceste chose soyt chascung laissé en
sa liberté, selon sa conscience, sans soy reproucher l'ung à Paultre, soit
ecclésiastique ou laïc, chose que soyt. — Rem, que nul ne soyt... si hardy
de prescher sans licence du supérieur et de MM. les Sindicques et Conseil,
et que le Prescheur ne doibge dire chose qui ne soit prouvée par la Ste. Es-
cripture > (Reg. du Conseil du 30 mars 1533.)
1 Voyez sur Andronicus le N° 322, note 1, et le N° 359, note 1. Les
Mémoires de Pierrefleur l'appellent Fortune, et les documents officiels éma-
nés de Berne, Fortunatus. Ruchat lui donne, nous ignorons pourquoi, le
nom iïEustachc André.
- La présente lettre fut envoyée à Berne, parce que Bucer devait y arri-
ver prochainement (Voy. le N° 413, n. 3).
42 FORTUNAT [ANDRONIGUS] A MARTIN BUGER, A BERNE. 1533
songe à leur nombre, il leur puissance, et à notre froideur, j'ai comme le pressenti-
ment que la nation à laquelle j'appartiens sera rejetée de Dieu. Les fonctions de
pasteur que j'avais acceptées avec tant de répugnance, n'étaient pas au-dessus de
ma portée dans un village, mais aujourd'hui que j'habite au milieu des loups, tout
m'est devenu plus difficile. Priez Dieu de venir à mon aide.
Je vous renvoie l'écrit que vous aviez composé pour moi sur la manière d'expli-
quer au peuple L'Écriture sainte, et dont plusieurs de mes collègues ont pris copie.
En le publiant vous feriez une chose utile à l'Église.
A Genève, on médite depuis longtemps un projet dont l'accomplissement serait à
la gloire du Seigneur. MM. de Berne doivent y envoyer bientôt des députés, pour
obtenir la prédication de la Parole de Dieu. Lausanne semble aussi vouloir tenter
quelque chose. Mon beau-père vous communiquera ce qui me reste à vous dire. Les
frères d'Orbe vous saluent. — P. S. Olivétan, qui n'est pas aimé de vous seulement,
mais de. tous, a été envoyé, il y a déjà longtemps, dans les vallées du Piémont.
Gratiam et pacem a Deo pâtre nostro per Jesum Christum Do-
minum hostrum, qui spiritu suo sancto nobis perpetuum animi ro-
bur donet, que- hostes ejus repulsi, veritatem, relicto mendacio,
amici facti tandem recipiant, sectœ et Lutherus resipiscant 3, quô
tandem omnis gloria soli Deo tribuatur ! Sin verô ita merit Domino
visum, et ita sumus experiendi, donet nobis, secundùm promissio-
nem, ne tentemur supra vires 4, neve nobis plus oneris imponat
quàm bumeri ferre valeant ! Scio, quod ad pios attinet, Spiritum
omnia posse ; sed quum videam omnes in Christum et Evangelium
conjurasse impios, pios occidisse % et, ut uno dicam verbo, omnia
semel quœcunque sancta corruisse, tantam hostium vim et poten-
tiam, tam frigida ad cœlestem illum ignem omnium hominum pec-
tora, — parum abest quin nos infelicissimos plané judicem, rejec-
tionem gentis nostrœ G subodoratus.
3 C'est une allusion aux Anabaptistes et à l'hostilité de Luther contre les
théologiens de la Haute-Allemagne. (Voyez J.-H. Ott. Annales anabaptis-
tici, p. 54-55, 61-62. — Scultetus, op. cit. p. 407-408. — Luthers Briefe,
éd. de Wette, IV, 348 et 437. — J.-J. Hottinger, op. cit. III, 659, 676.)
4 I Corinthiens, chap. X, v. 13.
3 II ne semble pas qu'Andronicus fasse allusion à des fidèles qui auraient
subi récemment la mort pour la cause de l'Évangile. Nous ne pouvons du
moins signaler aucun événement de ce genre qui ait eu lieu en France pen-
dant les premiers mois de l'aunée 1533.
6 Androniciis aurait certainement vu les choses sous un aspect plus ras-
surant, s'il avait su que les livres de Zwingli, de Bucer, etc., continuaient à
pénétrer en France, malgré les censures de la Sorbonne, et que dans le
1533 F0RTUXAT [ANDRONICUS] V MARTIN BUCER, A BERNE. 4-'i
Nosti quàm œgrè passus sim me in messem Domini immitti 7. Con-
jectabar enini quàm infracto pectore opus, quàm continuô sudan-
dum. Hsec tamen olim cum essent mihi, in pago 8 Verbi ministro,
portabilia, hodie tamen facta sunt mihi (postquam ita Domino visum
est ut me, per suos Verbi ministros, in médium luporum immit-
teret) omnia portatu difflcilia 9. Dominus, apud quem nibil est im-
possibile 10, et animum, et vires, imô et victoriam, in sui nominis
gloriam suppeditet, utincaussa Christimihi féliciter olim succedere
non frustra gaudeas. Quod si id cupis, Deum pro me, ut in aper-
tione oris nostri sermo detur u, ora.
Cseterùm, cum olim te cupidissimum glorias Dei promovendae
deprehenderim, teque tibi semper similem es*e sciam, remitto quœ
de Scripturis tractandis, non tam in mei quàm Chtïsti Ecclesiae
ministrorum gratiam, annotaras 12, sed ea conditione, ul mihi cum
fœnore, nimirum locupletata excussaque, remittas. Id si detrectas,
non desunt qui, harum vigiliarum tuarum exemplar habentes, ty-
pographo tradant excudendum. Vide igitur quàm familiariter tua
eruditione abutar, si tamen hoc sit abuti, et non potius piè et
sanctè, in rem Christi et Ecclesiae, verè uti. De Gebennensibw, uti-
nam quod diu partnrit eorum animiis aliquando pariât in gloriam
temps même où il écrivait ces lignes, la doctrine évangélique était prêchée
publiquement à Paris. (Voyez le N° 417, note 5, et la lettre de Sturm du
23 août 1533.)
7 Voyez les lettres de Farel à Andronicns, t. II, N03 322, 324, 333.
s Le village de Bevaix, où Andronicus avait débuté dans la carrière pasto-
rale (N° 359).
9 Les Catholiques étaient beaucoup plus nombreux que les Réformés dans
la ville d'Orbe, et ils comptaient sur la protection toute spéciale de Fri-
bourg. Aussi Farel disait-il plus tard, en faisant allusion à cette circons-
tance : « Xusquam... Pontifex habet tam apposita ad suam larvam compo-
nendam et ad fucum faciendum quàm habet illie. » (Lettre à Bullinger du
1er août 1554. Arch. de Zurich.)
10 St. Luc, chap. I, v. 37.
11 Ézéchiel, chap. XXIX, v. 21.
12 II s'agit d'un mémoire que Bucer avait composé pour Andronicus et
dans lequel il exposait ses vues sur le choix des textes de l'Écriture sainte,
la manière de les traiter en chaire et les sentiments qui doivent animer le
prédicateur chrétien. (Minute autographe. Archives du séminaire protestant
de Strasbourg. Copie moderne dans la Coll. Simler à Zurich.) Cette pièce
étant assez longue et purement théologique, nous n'avons pas cru devoir la
reproduire.
44 FORTUNAT [âNDRONIGUS] A MARTIN RUCER, A BERNE. 1533
Domini13 ! Legatos sunt propediem missuri Bernenses Domini pro
Verbo 14. Omnia tentavimus, sed frustra, nisi intérims doceat doctor.
Lausmna nescio quid tentât1'0: scis hominis naturam: se et sua
prius curât quàm Ghristum.
Quae supersunt dicet hic grammatophorus, socer meus 16, cujus
fïlium tibi commendo. Poterit olim esse usui vestne reipublicse, si
per te procurator S. Thomœ 17 (qui, ut puto, non detrectabit) cu-
raret ut ille in locum alicujus praBbendarii demortui sufficeretur,
unde posset literis operam dare. Esset, ut mihi videtur, optiniè fac-
tum. Id, spero, curabitis. Vërùm bene vale. Saluta nomine nostro
et uxorem tuam 1S et fratres omnes Yerbi ministros in Domino.
Sunt nie non pauci qui te plurimum salutant, tibique omnia laeta
non semel precantur. Cuperem fieri certior, an aliqua nuper cu-
raris excudenda 19, ut ea mihi compararem. Saluta etiam mihiprae-
ceptorem meum nunquam pœnilendum D. Capitonem. Orbse, pe-
nult.[imà] Aprilis 1533.
Tuus discipulus Fortunatus.
Olivetanus, nontam tuus quàm omnium20, jamdudum m Issus fuit
13 Voyez sur les Evangéliques de Genève les Nos 356, 382, 383, 384,
3S7, 395, 406, 407, 410, 411, 414, et la lettre de Farel à Bucer du 22 oc-
tobre 1533.
14 Ce passage montre qu'Andronicus était assez bien renseigné sur ce
qui se passait à Genève.
13 Voyez les Nos 408 et 412.
1G Le beau-père d'Audronicus résidait à Strasbourg. (Voy. la lettre d'An-
dronicus du 22 octob. 1533.)
17 II s'agit de l'église de St. -Thomas à Strasbourg, dontles revenus avaient
été convertis en pensions pour les professeurs et les étudiants pauvres.
15 Elisabeth Pallass (N° 205, note 10).
19 Bucer n'avait rien publié en 1532; le seul ouvrage latin qu'il ait fait
imprimer en 1533 parut au mois de décembre. (Voyez J.-W. Baum. Capito
undButzer. Elberfeld, 1860, p. 595-596.)
20 D nous semble très-difficile d'expliquer ces paroles, si l'on n'admet pas
que des relations personnelles s'étaient formées antérieurement entre Bucer
et Olivétan. Celui-ci serait, dans notre opinion, le jeune homme de Noyon
qui vint se réfugier à Strasbourg au mois d'avril 1528, pour y étudier les
langues, et particulièrement le grec et l'hébreu (Voy. la lettre de Bucer à
Farel du 1er mai 1528, N° 232). Sons des maîtres aussi habiles que Bucer
et Capiton, il dut faire des progrès qui le rendirent capable d'entreprendre
plus tard la traduction de la Bible en français.
1533 FORTUNAT [ANDRONICUS] A MARTIN BUCER, A BERNE. 45
in messem Domini omnium pericidosissimam ", apud Pedemon-
tcmos 22.
(Inscriptio :) Pietate et eruditione insigni viro D. Martino Bu-
cero, Bernse.
21 La persécution qui sévissait depuis quelque temps contre les Vaudois
de Provence devait inspirer de grandes inquiétudes au sujet de leurs frères
du Piémont. On lit dans la lettre que le professeur Jean Montaigne (N° 201,
n. 1) écrivait d'Avignon, le 6 ruai 1533, à Boniface Amerbach :
« Valdenses, qui Lutlierii sectani jamdiu sequuntur istic maie tractantur.
Plures jam vivi combusti fuerunt, et quottidie capiuntur aliqui ; sunt enim,
ut fertur, illius sectse plus quàm sex milia hominum. Impingitur eis quod
non credant pu/rgatorium esse, quod non orent Sanctos, imo dicant non
esse oraudos, teneant décimas non esse solvendas presbitcris, et alia qui-
dam id genus : propter quce sola vivos comburant, bona publicant. » (Mscr.
autogr. Arcb. de l'église de Bâle.)
22 Voyez, sur la mission d'Olivétan dans les Vallées vaudoises, le t. II,
N° 393, notes 10, 17, 19, 23, et la page 454, dernière ligne du texte.
Selon un historien moderne, Olivétan aurait passé à Genève une partie
de l'hiver de 1532 à 1533, « travaillant nuit et jour à la traduction des
saintes Écritures, » et l'autorisation d'imprimer une Bible française, de-
mandée par Pierre de Wingle aux magistrats genevois le 13 mars 1533,
aurait eu pour objet « le travail d'Olivétan. » (Merle d'Aubigné. Hist. de la
Kéformat. en Europe au temps de Calvin, t. III, p. 469-472.) La première
de ces assertions ne peut se concilier avec le témoignage si précis d'Andro-
nicus, qui, au mois d'avril 1533, dit qu'Olivétan était depuis longtemps dans
les Vallées. Quant à la seconde affirmation, elle est en contradiction com-
plète soit avec la lettre de Saunier du 5 novembre 1532, soit avec les pa-
roles d'Olivétan lui-même. Dans l'une des préfaces de sa Bible, publiée en
1535, il s'exprime ainsi, en s'adressant à Farel, Viret et Saunier :
« A vous qui m'avez mis en œuvre et estes cause de tout cest affaire, qui
m'avez si bien donné à entendre et faict accroire par vive raison que j'en
viendroye à bout et le feroye si bien, je viens maintenant, après avoir tra-
vaillé toute Vannée, rendre compte de la besongne faicte... Quant est des...
déclarations des passages difficiles... pour subvenir au simple populaire,
que toy Chlorotes [1. Viret] conseillois de faire, je m'y suis employé, non
point certes tant que la chose le requéroit, mais ainsi que l'oportunité s'est
offerte, à cause du temps qui m'estoit brief: pour lequel espargner et re-
couvrer, [je] ni'applicquoye plus tost à la translation. »
46 LES ÉVANGÉLIQUES DE GENÈVE A GUILLAUME FAREL [a MURAT]. 1333
416
les évangéliques de genèye ' à Guillaume Farel,
[à Morat].
De Genève, 5 mai 1533.
Inédite. Copie contemporaine, communiquée par M. le professeur
L. Vulliemin.
Sommaire . Récit des collisions qui ont eu lieu la veille à Genève. Mort violente du
chanoine Pierre Werly. Nouvelles des Évangéliques.
Maistre Guillaume, nostre chier amys et frère en Jésuchrist !
Après les salutations et humbles recommendations, la présente
seraz pour vous advertir tout premièrement de la réception de
vostre missive du 28 d'avril*, laquelle ontveuz tous les frères, que
[1. qui] d'icelles et des poënnes que prenés pour eulx vous mer-
cient grandement, prians Nostre Seigneur qu'il le vous rétribue.
Nous avons estes ung peuz esbays de ce que les ambassadeurs
de Messieurs 3 ne sont ici arrivez sur le jour qu'il[s] avoint donné
d'entendre à nostre frère Levet i [qu'ils] arriveroint ; toutteffoys
nous reconfortons que Nostre Seigneur, à ce qu'entendons, faict
tout pour le meillieur. Une dozaine des plus apparissans frères
leur allarent au devant jusques à Nyon 5 à chevalz ; mais, voyant
quJil ne venoynt, [ils] s'en retournarent, dont feusrent mocqués
1 Le style de cette pièce nous semble avoir quelque rapport avec celui des
lettres écrites par l'aucieu syndic Ami Porral.
- Cette lettre de Farel est perdue.
3 II est question de l'ambassade annoncée par MM. de Berne dans leur
lettre du 8 avril, et dont les Eéformés genevois avaient attendu l'arrivée
« incontinent après Pâques. »
4 Aimé Levet, apothicaire à Genève, l'un de ceux qui avaient hébergé
Froment.
s Le Registre du Conseil mentionne les citoyens suivants comme étant
\ 533 LES ÉVANGÉLIQUES DE GENÈVE A GUILLAUME FAREL [a MORAT]. 47
des papistes, lesquelz — voyans icelle retardation, et entendans
que mes dits Seigneurs ne soy socient de cestuy affayre, ne des
frères — ont entreprins de plus belle nous fayre la guerre et jecter
le commung dessus 6; tellement que, quant ilz ont veuz [que] les
plus principaulz des nostres, comme Jehan Philippe'1, Michal Sept,
Bauldic/wn et plusieurs aultres [se] sont absentés [de] la ville, pour
aller à la fo>re de Lyon s, [ils] nous fisrent une allarme, hier au
soyr, entre jour et nuit, au Mollard.
Toutteffoys, premier que [c.-à-d. avant que] les prestres feussent
illec arrivés, et après avoir desgaîné d'ung cousté et d'aultre sans
coup férir, nous adversayres nous priarent d'apointemenl, lequel
acceptasmes très-volentiers 9. El, ainsi) que nous démarchions, pour
partis pour aller à la rencontre des députés bernois : Etienne Dada, Amy
Pétrin, Jean Goula, Baudichon, Jean Favre et Nicolas Cliamot. Ils furent,
le 18 avril, cités devant le Conseil, qui leur adressa des remontrances.
c C'est-à-dire, exciter contre nous le commun peuple. Le Registre du
Conseil et les pièces de l'enquête ne confirment pas cette assertion. Bien
qu'elle ait été amplifiée par Froment, qui affirme, op. cit. p. 57, que les
prêtres avaient « consulté par ensemble de tuer ce qui estoit deniouré, dans
la ville, de ces Luthériens, » les événements du 4 mai ont, à nos yeux,
tous les caractères d'une émotion soudaine, suscitée par les passions reli-
gieuses, et ils ne peuvent, en bonne justice, être considérés comme le ré-
sultat d'un complot. (Voy. les notes 9, 11, 15 et 23. — Enquête contre les
meurtriers de Werly. Procès criminels. Arch. de Genève.)
" Jean Philippe était capitaine général des troupes de la ville. (Voy.
Grenus. Fragm. hist. sur Genève avant la Réformation, p. 173 et 210.)
s La foire de Lyon avait commencé le 22 avril. Elle durait quinze
jours.
9 II ne paraît pas qu'une « discussion touchant les dogmes, s comme le
dit M. Gaberel (op. cit. 1, 136), eût précédé cette querelle. Plusieurs groupes
de Catholiques et de Réformés se promenaient sur la place du Molard. Un
Réformé, nommé Jean Eosetta, heurta en passant Perceval de Pesmes, l'un
des principaux Catholiques. Il s'ensuivit une altercation assez vive, et les
deux partis mirent l'épée à la main. Toutefois l'arrivée de Claude Bernard
apaisa le différend.
Claude Permet, que les prêtres avaient, selon Froment, envoyé au Mo-
lard, « pour fayre l'amorce et esmouvoir le peuple, » n'est pas même men-
tionné dans l'enquête instruite par le procureur fiscal ; mais sa participa-
tion à l'émeute est constatée par ce passage du Registre du 24 mai : « Lo-
quitur de Claudio Pennet, novo carcerum custode... Et quia dictus Claudius
fuit de promotoribus debati, qui dicebat in Mollario : « Nonne aliquis repe-
rietur qui mecum pugnare velit? » resolvitur quod dicatur Dno Vicario quod
habetur dictus Claudius suspectus. »
48 LES ÉVANGÉLIQUES DE GENÈVE A GUILLAUME FAREL [â MORAT]. 1533
aller boyre tous par ensemble etd'ung bon accord 10, les prestres qiCes-
toint tous en armes n, dont ne sçavions [rien] de Ventreprinse, —
après avoir blessé troys des nostres, là-hault devant l'esglise Sainct-
Pierre, jusques à la mort 12 — descendirent au dit Mollard 13, des-
quelz le chanoyne messire Verly de Frybourg, qui vous cuida tuer
ciriez Monsieur le Vicayre1*, estoyt capitaine et conducteur. [Il] se
vint jecter tout le premier entre nous et les aultres, au Mollard,
avec une grand' espée, bien armé, et en disant : « Ceulx qui seront
chrestiens, qiulz m'ensuivent 15, » — donnant ung grand eop d'es-
10 Le récit officiel du secrétaire Claude Boset et les dépositions de plu-
sieurs témoins confirment ce détail. (Voy. le Reg. du Conseil du 4 mai, cité
dans Jeanne de Jussîe, éd. Jullien, Notes, p. 244. — ■ Froment. Actes et
Gestes. Notes, p. xxiii.)
11 II doit y avoir beaucoup d'exagération dans ces paroles. Si les prêtres
étaient tous en armes, comment peut-on s'expliquer le petit nombre de
ceux qui accompagnèrent Werly au Molard? C'était là pourtant qu'ils de-
vaient (le complot admis) porter le grand coup. Le Registre ne mentionne
pas même les compagnons de Werhj ; mais un témoin, qui les vit descendre
la rue du Perron, dépose qu'ils étaient cinq en tout. Nous croyons qu'on
peut accepter ce chiffre, sans se laisser arrêter par les nombreuses contra-
dictions que l'enquête présente sur d'autres points, contradictions qui frap-
pèrent les syndics à la première lecture des actes du procès. « Quoniam
testes in informationibus descripti in multis discordant, resolvitur quod Dni
Sindici, secum Nob. Job. Balard et Amed. de Pileo rubro, ulteriores de
dicto bomicidio sumant informationes, ut rectiùs queat contra culpabiles
procedi » (Reg. du 4 juin).
12 Ce fait est ainsi raconté dans le Registre: « Duobus aut tribus à Bur-
goforis [c.-à-d. du Bourg-de-Four] accurrentibus obviavit turba sacerdotum
in claustroSti.-Petri, ubieos eadem turba cœdit, unum2S vidneribusafnixit.»
13 Voyez la note 11.
14 Le personnage subalterne qui avait été aposté dans un recoin de la
maison épiscopale (3 octobre 1532), avec l'ordre de tirer un coup d'arque-
buse sur Fard, s'appelait François Olard (Voy. Froment, op. cit. p. 7).
Ce fut au moment où Farel sortait de cbez le Grand- Vicaire, que « l'un
d'iceux bons prestres [c.-à-d. Pierre Werly] le cuida transpercer au tra-
vers du corps ; mais un des syndics le retira par le bras, dequoy plusieurs
furent marris que le coup ne print bien » (Jeanne de Jussie, op. cit. p. 50).
la Un témoin raconte dans les termes suivants l'arrivée de Werly au Mo-
lard: « Supervenit quoque Rev. D. Peints Vuerly, qui, cùm... populo...
obviasset, ccepit dicere : « Qu'y a-t-il ? Où sont les Chrestiens ? » Et tune qui-
dam ex a[d]stantibus dixit : « Venons-ilz les prestres ? » Qui D. Vuerly res-
pondit : « Oy. Hz sont yci. » Et tune quidam dixit : « Toujours à cestuy-ci ! »
Et, hiis dictis, omnes astantes cum suis gladiis evaginatis insurrexerunt in
Dominum Vuerly, qui quantum poterat se defendebat cum una alabarda. »
1 533 LES ÉVÂNGÉLIQUES DE GENÈVE A GUILLAUME FAREL [a MURAT]. 49
pée sus la teste de Pung des nostres 16; qui de ce est en danger de
mort. Voyans cecy, les ung et les aultres fusrent en plus grosse
erreur que paravant, et [il y] en eut de blessé six ou sept de ches-
que part 17. Les nostres blessés sont : Glande Bernard, Amy Pier-
ryn et d'aultres chapelliers que vous ne congnoissés pas 18. Ung
cbanoyne nommé messire de Béoléa 19 fut blessé, et le dict messire
Pierre, capitaine des prestres, il desmoura mort 20, et se dict qu'il
fut tué des siens mesmes 21. L'on l'az enterré aujourd'buy à Sainct-
Pierre en grosse pompe. Les femmes le lamentoynt fort, luy fay-
sant plus d'honneur qu'elles n'eussent faict à quelque grand homme
de bien, disans qu'ilz estoil mort pour la foy, et entendent que
Messieurs de Frybourg en feront grosse poursnitte 22. De quoij ne
nous craingnons gayre, car ilz sont gens de bien, et se contenteront
de rayson, voyans qu'ilz cherchoyt ce quHlz az trouvé. Saichés que,
sans son arrivée, estions les ungs et les aultres de bon apointement.
Dieuz luy perdoynt !
16 C'était Claude Bernard. Jean Rosetta (note 9) reçut également une
blessure de la main de Werly.
17 M. Gaberel a été induit en erreur, lorsqu'il a dit que vingt-huit per-
sonnes furent grièvement blessées de la main de MM. les chanoines (op. cit. I,
p. 138, à comparer avec la note 12).
ls Dans le nombre de ces derniers il faut placer ceux qui furent assaillis
par les prêtres sur la place de St. -Pierre (Voy. la note 12).
19 Plus exactement, Jacques de Biollce. Un peu après 8 heures, il était
entré chez Werly, qui venait de sortir de son lit, sur les instances d'un autre
chanoine, et il lui avait « demandé s'il était prêt, vu que tous les autres
étaient déjà au Molard ? » (Déposition de la servante de Werly. Enquête
du procureur fiscal.)
20 Werly ne mourut pas sur la place du Molard. Il s'enfuit par la rue de
la Poissonnerie (Croix-d'Or), entra dans la première maison à gauche, celle
du Seigneur de Brandis, qu'habitait Jean Chautemps, puis il chercha un
refuge au fond de la cour de la susdite maison. C'est là qu'il tomba expi-
rant sur les premières marches de l'escalier.
21 S'il faut en croire le témoignage de quelques locataires de la maison
de Brandis (Voy. note 20), Pierre Comberet, surnommé l'Hoste, aurait suivi
Werly, au moment où celui-ci, blessé et près de succomber sous le nombre,
entrait dans l'allée de cette maison, et il l'aurait frappé par derrière d'un
coup de poignard. Il fut, pour ce fait, condamné à mort par le tribunal des
syndics et décapité le 6 août suivant.
22 Les parents de Werly demandèrent le 9 mai qu'on leur remît son
corps, et, le 21 du même mois, ils revinrent avec des députés de Fribourg,
pour faire instance criminelle contre tous ceux qui étaient présents au Mo-
lawl à l'heure du meurtre (Voy. le Reg. du Conseil, 21 et 23 mai).
t. m. 4
50 LES ÉVANGÉLIQUES DE GENÈVE A GUILLAUME FAREL [.\ MORAT]. 1533
Silz nostre Seignieur Dieuz n'y eusse bien ouvré, nous estions
tous perduz et fourrages, car ilz estoynt tous bien armés et adver-
tys, et [ils] entendoynt que tout le commung nous courroyt au
dessus, au son de la grosse cloche, laquelle fisrent sonner bien
affrieusement 23, comme l'aultrefoys; mais ilz feusrent trompés,
car peuz de gens du commung ly courirent 24, entendans d'estre
trompés comme Taultre foys, avecq ce que ainsy playt au Créateur.
Nous sûmes plus la moictié que l'aultre foys, et croissons tous les
jours 25. Sil Dieuz veult inspirer Messieurs de venir bien tost ici en
embassade, avecque bonne charge sus les oultraiges que l'on nous
az faict et faict l'on tous les jours, à leur barbe, nous espérons que
la Parolle de Nostre Seigneur y pourra estre anuncée libéralle-
ment. Toutteffoys fiât voluntas sua, etc. Quelque lèlres que Mes-
sieurs ayent mandés az nous Sindicques et Conseilz, nonnobstant
ilz ont tousjours persécuté ceulx que ont parlé de l'Évangille, les
emprisonnant, et pour ce ne soy ouse monstrer le pouvre maistre
Guarin 26, mais est entre deux de vous aller trouver en brieff, pour
vous compter tout l'affayre.
23 Entre plusieurs dépositions qui attestent que le tocsin fut sonné seule-
ment après l'arrivée de Werly au Molard, nous citerons la suivante. L'inci-
dent qu'elle fait connaître semble démontrer que l'entente existant entre les
chanoines n'avait eu pour but que de protéger au besoin la vie de leurs core-
ligionnaires : « Recessit ipse Dominus de Biollea [Voy. note 19]... relicto
eodem Dn0 Petro Vuerly, qui stetit in eadem [domo suâ] usque ad adven-
tum cujusdam bominis layci... qui, multum furibundè loquendo, dixit Do-
mino Vuerly : « Estes-vous encore yci ? Les aultres sont desjà là-bas au
Molard, et est desjà quasi tout perdu. > Et cœpit ipse bomo exclamare cum
pluribus aliis personis... ut pulsaretur magnum symballum... Dictus autem
D. Vuerly illico... exivit... Et, postquam [testis] stetisset foris ferè per spa-
tium temporis quartse partis unius hora3, audivit pulsare magnam campa-
nam. » (Déposition de la servante de P. Werly.)
24 L'évaluation la plus forte que donne l'enquête porte à 200 le nombre
des personnes présentes au Molard. Le cbiffre de 1500 indiqué par Fro-
ment est inadmissible.
25 Le 31 décembre 1533, Berthold Haller disait que Genève comptait
plus de 400 adhérents de la Réforme.
26 C'était Guérin Mu'ete (Voyez la lettre que Farel lui écrivit le 18 no-
vembre 1532, N° 395). Cet évangéliste aurait, selon Froment, distribué,
pour la première fois, la Ste. Cène aux Réformés de Genève, avant l'é-
meute qui éclata « le jour du Vendredi saint, » et, pour ce fait, il aurait été
« contrainct de s'en aller de la ville plus vîtement que le pas » (Voy. Actes
et Gestes, p. 48 et 50-51). Ces deux assertions ne sont pas exactes. L'é-
1533 LES ÉVANGÉLIQUES DE GENÈVE A GUILLAUME FAREL [a MURAT]. 51
Nous vous prions, comme pour chose nécessayre, de vous trans-
pourter jusques az Berne, pour nous recommander à l'excellence
de Messieurs, et de tous ces affayres en advertir Monsieur VAd-
voyer 27 et tous les amys. Prians sur ce le Créateur que vous doinl
bonne vie et longue. De Genesve, ce Lundi ve de may 1533.
Vous frères Claude Salomond 28 et tous les aultres.
(Suscription :) A maistre Guillaume Farel, etc.
meute en question eut lieu le vendredi 28 mars, que Jeanne de Jussie, p. 53,
nomme « le Vendredy de la Passion, » (le dimanche suivant, 5e du carême, étant
appelé Judica ou Dominica Passionis), et non le jour du Vendredi saint,
qui fut le 11 avril. Sauf cette erreur de chronologie, Froment est d'accord
avec le récit de Jeanne de Jussie, p. 64, d'après lequel les Luthériens de
Genève « s'assemblèrent... en un jardin, pour faire leur Cène,» le jour du Jeudi
saint (10 avril). Guérin ne se hâta point de quitter Genève, puisqu'il y était
encore le 5 mai. Il encourut peut-être, comme d'autres, un emprisonne-
ment de trois jours, pour avoir violé l'édit du 30 mars (N° 414, n. 9), mais
le passage suivant du Registre du Conseil n'autorise point à supposer que
cet évangéliste fut l'objet d'une sévérité spéciale : « Die 16a Aprilis 1533.
Fuerunt lectae informationes contra Petrum Pelisseri, Joh. Collognier et
Garinum, bonnaterium, qui contravenerunt Edictis... Quoad autem dictum
Garin, resolvitur quod dicatur Fisco [scil. procuratori fiscali], justiciammi-
nistret, informationes sumat. »
27 Jean-Jacques de Watteville (Voyez dans le t. H, le N° 275, n. 1, la
p. 269, au bas du texte, le N° 343, n. 8, le N° 347, n. 5, et le N° 355). Il
fut élu Avoyer de Berne le 16 avril 1533. Farel s'acquitta certainement de
la commission dont il était chargé auprès de ce magistrat et lui donna com-
munication de la présente lettre. Nous en trouvons la preuve dans les deux
particularités suivantes: Le manuscrit qui renferme le texte de la lettre des
Genevois à Farel est une copie faite par celui des secrétaires bernois qui
avait écrit la lettre du Conseil de Berne à celui de Genève du 20 mars 1533.
En outre, au dos de cette copie, on lit une note autographe du chancelier
bernois, Pierre Giron, ainsi conçue : « Gebennensis tumultus. Pétri Wernli
interitus. »
2S Claude Salomon, surnommé Poste. Nous verrons plus tard Farel louer
la fermeté de son caractère et la vivacité de sa foi (Lettre du 5 décembre
1549).
52 MARGUERITE DE NAVARRE A ANNE DE MONTMORENCY. 1 533
417
marguerite de Navarre à Anne de Montmorency ' .
(De Paris, vers la fin de mai 1533 2.)
Autographe. Bibl. Impériale. Fonds Béthune, n° 8550, fol. 21.
F. Génin. Lettres de Marguerite d'Angouléme, 1841, p. 298.
Sommaire. La reine de Navarre remercie Montmorency de ses bons offices. Elle
espère que, malgré le procès intenté par les théologiens de Paris d Gérard Roussel,
le Roi ne verra point en lui un hérétique.
A mon nepven, M. le Grant-Maistre.
Mon nepveu, j'ay plus que jamais occasion de vous mercier de
la bonne despêche que par vostre moyen m'a aporté Montoze, la-
quelle a esté très-bien exécutée, comme par eux-mesmes 3 pourés
entendre ; et croy que jamais le Roy ne feit chose quy estonnast
tant ceux quy n'ont mestier que de mal parler, que ce quy a esté
faict \
1 Voyez sur Anne de Montmorency, le N° 291, n. 2.
2 Génin croit que cette lettre a été écrite pendant l'hiver de 1534 à 1535,
après l'affaire des placards. Mais François I était alors trop irrité contre les
« Luthériens, » pour qu'il pût en même temps se montrer hostile à leurs adver-
saires (Voyez la note 4). D'ailleurs, à cette époque, Gérard Roussel avait
quitté Paris. La date de mars 1534, adoptée par M. Schmidt (Mémoire
sur Gérard Roussel, 1845, p. 106), ne nous semble pas non plus corres-
pondre entièrement à la situation que suppose la présente lettre. Nous
croyons plutôt, avec M. Graf (Mém. sur Lefèvre d'Étaples. Zeitschrift fur
d. hist. Théologie, 1852), qu'il faut la placer au moment où les premières
démarches de la Sorhonne contre Roussel échouèrent complètement, c.-à-d.
en mai 1533 (Voyez les notes 5 et 7).
3 II s'agit des docteurs de la Sorhonne (Voy. la note suivante).
4 Par ces paroles « ceux quy n'ont mestier que de mal parler, » la reine
de Navarre fait allusion aux chefs de la Sorhonne, qui excitaient les prédi-
1 533 MARGUERITE DE NAVARRE A ANNE DE MONTMORENCY. 53
Von est à ceste heure à parfaire le procès de maistre Gérard 5,
où j'espère que, la fin bien congneue, le Roy trouvera qu'il est digne
de mieulx que du feu, et qu'il n'a jamais tenu opinion pour le mé-
riter, ny quy sente nulle chose hérétique. Il y a cinq ans que je le
congnois 6, et croyés que sy je y eusse veu une chose doubteuse,
je n'eusse point voulu souffrir sy longuement une telle poison, ny
y employer mes amis. Je vous prie [que] ne craigniés à porter ceste
parole pour moy, car j'espère que la chose sera sy bien prouvée,
que vous et moy serons trouvés véritaibles 7 —
Vostre bonne tante et amye Marguerite.
catcurs de Paris à déclamer contre les « fauteurs de l'hérésie » (Voy. le
post-scriptum du N° 43, et la lettre de Sturm à Bucer du 23 août 1533).
L'acte du Roi qui les étonna si fort fut sans doute le mauvais accueil fait
par ce prince aux députés de la Sorbonne chargés de lui présenter les ar-
ticles extraits des sermons de Boussél, ou bien l'ordre signifié le 16 mai
1533 à Noël Beda, à François le Picart et à un religieux mathurin, de fixer
leur résidence à trente lieues de Paris (Voy. la lettre suivante et celle de
Sturm citée plus haut).
5 Gérard Boussel, aumônier de la reine de Navarre (N° 190, note 2,
K° 227, renvois de note 4 et 5). Vers 1530 elle lui avait fait donner l'abbaye
de Clairac près d'Agen (Génin, I, 267), et, au commencement de l'année
1533, elle l'avait amené avec elle à Paris. Pendant tout le carême il y avait
prêché la doctrine évangélique devant un très-nombreux auditoire (Voy. la
lettre suivante), mais malgré la prudence dont il savait user en pareille oc-
casion (N° 102, à la fin), il avait excité les défiances de la Sorbonne. « Exor-
tus est Lutetiœ quidam Gerardus Buffus [écrivait Erasme, le 14 mai 1533],
qui in Regià, frequentissimo auditorio, magna libertate prsedicat Evange-
lium, sed haudquaquam absque stomacho theologorum. Ees ad tumidtum
spectare videtur » (Lettre à Viglius Zuichemus. Le Clerc, p. 1758). On lit
dans le Registre de la Sorbonne : « Anno Domini 1533, die 12 Maii, multa
dicta Gerardi Boussel, è concionibus gallico sermone habitis, ad generalia
comitia Sacra? Facultatis delata sunt et improbata, propterea quod Lutheri
erroribus favere viderentur » (D'Argentré, op. cit. II, 120). Voyez aussi la
lettre de Sturm du 23 août 1533.
6 S'il fallait prendre ces paroles à la lettre, Marguerite n'aurait connu
Boussel, ou ne l'aurait attaché à son service qu'en 1528. Or la correspon-
dance de cette princesse permet de croire qu'elle avait pu le connaître à
Meaux en octobre 1521, et celle de Roussel lui-même prouve qu'il était
l'aumônier de Marguerite depuis le milieu de l'année 1526 (N° 42, n. 3,
à comparer avec le N° 38, n. 10, et N° 182).
'• Voyez, sur l'insuccès des accusations de la Sorbonne, la lettre du 23 août
suivant.
54 PIERRE SIDERANDER A JACQUES BÉDROT, A STRASBOURG. 1 53
o
418
pierre siderander ' à Jacques Bédrot2, à Strasbourg.
De Paris, 28 mai 1533.
Autographe. Archives du séminaire protestant de Strasbourg.
C. Schmidt. Mémoire sur Gérard Roussel, 1845, p. 201-211.
Sommaire. François I ayant quitté Paris, â la fin de février, le Roi de Navarre y a
fait prêcher Gérard Roussel pendant tout le carême. Plusieurs milliers d'auditeurs
assistaient chaque jour à ses sermons. La Sorbonne a vainement essayé de lui
imposer silence. Enfin elle a excité plusieurs prédicateurs, qui ont accusé publique-
ment d'hérésie le Roi de Navarre et qui ont cherché à soulever le peuple. Ce prince
les a fait confiner dans leurs demeures, et François I vient de les exiler de la ca-
pitale.
Beaucoup de gens sont irrités de cette décision ; d'autres s'en réjouissent, et chaque
jour l'on affiche de nouveaux placards , qui expriment les sentiments les plus
opposés. Je vous envoie la copie de celui qu'on a laissé intact pendant toute la
journée d'hier. Le roi de Navarre est encore ici, mais on prétend qu'il rejoindra
bientôt François I à Lyon. Cependant Paris est très-agité, et les zélateurs ne par-
lent de rien moins que d'exterminer complètement les hérétiques.
Audi... mi praeceptor, rem novam et inauditam. Quatuor Almœ
Facultatis Theologicœ antistites3 atque adeô columina, totiusque
Sorbonse xopu^aToi, exulare jam decreto Régis coguntur. Quid ais ?
inquis, haud verisimilia narras. Iniô certissima, et, nisi molestum
est, rem audi ab initio.
1 Jeune Strasbourgeois, qui était venu à Paris en 1532 pour y achever
ses études. Fils d'un marchand de fer, Pierre Schriesheimer avait latinisé
son nom de famille et pris celui de Siderander, qui rappelait la profession
de son père (Voyez C. Schmidt, op. cit. p. 201).
2 Jacques Bédrot, natif de Pludentz dans le canton des Grisons. Après
avoir enseigné les mathématiques à Fribourg en Brisgau (ZasiiEpp. P. II,
372), il donna des leçons de grec à Strasbourg (N° 176, n. 12), où il exerça
aussi pendant deux ans les fonctions de diacre (N° 178, n. 16). Il fut élu
professeur de grec et de rhétorique au mois d'octobre 1527. (Voy. sa lettre
à Ambroise Blaarer du 26 octobre 1527. Coll. Simler. — V. Rœhrich.
Gesch. der Reform. im Elsass, II, 10.)
3 Mélanchthon, dans sa lettre du 22 juillet 1533 (Melanchthonis Opp. 1835,
i 533 PIERRE SIDERANDER A JACQUES BÉDROT, A STRASBOURG. OO
Hœsit hic Rex aliquot menses ante quadragesimam 4. Post Bac-
chanalia 5, factis ante mullis verè regiis conviviis, quse bancketas
vulgô vocant, cum ab ipso, suoque primogenito 6, tum ab aliis prin-
cipibus ac cardinalibus qui aulam sequuntur, concessit ita longe in
Picardiam ". Rex tamen Naverrœ, unà cum Regind 8, in urbe hic
mansit. Hujus régis instinctu, concionatus est in arce regid 9 publiée
Gerartlus ille Ru/pus, quem scio tû Koc-xixan 10 esse notissimum ;
facit enim hujus mentionem in Epistola ad eandem Reginam quee
in Hoseam commentario praefixa est ". Is, inquam, Gerardus tantd
hominum frequentid Domini verbum prœdicavit, ut nullafere concio
facta fuerit, quin hominum quatuor vel quinque millia adfuerint,
adeô ut ter mutare locum coactus sit. Vix enun locus inveniebatur
in quo commode concionari posset et qui satis capax esset. Concio-
natus est autem quotidie per totam hanc quadragesimam, présente
et Rege ipso et Regina I2.
Jam facile collegeris quoties consilium captarint et congregati
fuerint o\ SeoXoyoj ipinpoi13, et turba ista scribarum et pharisaeo-
rum, ut illum compescerent. Sed primo non facile contra Regem
temerè ausi sunt certamen suscipere et huic se opponere. Tandem
verô Picartus lé cum aliis, qui summi hic habentur, doctoribus qui-
II, 658), ne parle que de trois docteurs exilés. Sturm, dans celle du 23 août
suivant, mentionne d'abord trois Sorbonistes, mais il termine son récit en
disant qu'il y eut quatre personnes exilées.
4 Le carême de l'année 1533 commença le 2 mars.
5 C'est le nom qu'on donnait en latin à la semaine du carnaval.
6 François, le Daupbin, âgé de quinze ans (Voyez le N° 260, n. 1).
7 Le 5 mars François I était à Nantouillet, près de Meaux. Le 28 et le
29 du même mois, il se trouvait dans les environs de Carentan et d'Avran-
ches, en Normandie. Pendant la seconde moitié d'avril, il séjourna à Meaux
(Voy. Schmidt, op. cit. p. 88), puis à Fontainebleau, d'où il partit pour
l'Auvergne. (Voy. Pièces fugitives pour servir à l'Hist. de France. Paris,
1759, t. I, P. I, p. 104.)
8 Henri d'Albret, roi de Navarre, avait épousé, le 30 janvier 1527, Mar-
guerite d'Anyouïêyne, sœur de François I.
9 Le cbàteau du Louvre.
10 Wolfgang-Fabricius Capiton, l'bôte de le Fèvre, de Micbel d'Arande
et de Gérard Roussel, à Strasbourg, pendant l'hiver de 1525 à 1526.
11 Voyez le N° 227, renvois de note 4 et 5.
18 II s'agit du roi et de la reine de Navarre (Voyez n. 7 et 8).
13 Les docteurs de Sorbonne, qu'on appelait ordinairement « nos maî-
tres » (Voyez le N° 98, n. 8, et le N° 124, renvoi de note 6).
14 François le Picart , seigneur d'Atilly et de Villeron , professeur au
56 PIERRE SIDERANDER A JACQUES BÉDROT, A STRASBOURG. 1 533
busclam, in concionibus publiée in Regem invehiet eum suggillare non
dubitarunt, insimulantes intérim Luther anismi et hœreseos 15, freti
scilicet auctoritate sorbonicà. Tum et tumultum excitare conati
sunt, populumque stiïnulare, ne hasresim hanc pestilentissimam
radiées agere pateretur. Rex [scil. Navarrce], ut paucis absolvam,
non ita multo post Pasc[h]am 16, mandavit ut captivi tenerentur in
œdibus, nec egrederentur, nisi facta eis potestas rursus fuisset.
Tum bonus noster Beda in Monte suo acuto 17 aliquandiu manere
coactus est. Rursus tamen deinde paulo post in mulo suo equi-
tantem vidi
Res tandem ad Regem ipsum Galliœ delata est18. Quum verô hi
facti sui rationem dare non possent, nec ea probare qùae effulie-
rant, praeterea omnino ab adversario 19 convincerentur, decretum
est ut unà omnes exularent, nec unquam Parisios répétèrent circi-
ter viginti miliaria (sic enini audio), nisi a Rege permissum fuis-
set 20. Sunt qui dicant eis perpétué exulandum. Hoc certum est, si
impetraverint ut in urbem rursus intromittantur, grandem pecu-
nias summam baud dubie solvent. Jam die Sabbatbi et Solis 2
5
collège de Navarre (Voy. sa biographie par le P. Hilarion de Coste. Paris,
1658). Il est mentionné en ces termes dans le Registre de la Sorbonne (1534) :
« Quidam Licentiandus Theologus cognomento Picard.» (Bulaeus. Hist. Uni-
versitatis Parisiensis, VI, 248.)
13 Sur des rapports certains, envoyés de Paris, Mélanchthon disait le
22 juillet que ces prédications violentes avaient commencé « après Pâques. »
(Voy. la note suivante.)
16 Pâques fut le 13 avril en 1533.
17 Le collège de Monlaigu, dans lequel Beda exerçait depuis l'an 1502
les fonctions de principal (Voy. le N° 147, renvoi de n. 7).
1S Ce fut sans doute vers le commencement de mai que ce rapport par-
vint à François I. La lettre de ce prince qui fut lue à l'Université le 22 avril
ne parlait que de la réforme scolaire. (Voyez Bulaeus, op. cit. VI, 236, et
la note 20.)
19 Cet adversaire était-il le roi de Navarre ou Gérard Roussel?
-° Le 16 mai 1533, Beda, François le Picart et un frère mathurin furent
cités devant le Parlement. On ordonna « à chacun d'eux de choisir un cer-
tain lieu par forme d'exil à trente lieues de Paris, et distant l'un de l'autre,
et qu'ils eussent à sortir de la ville vingt-quatre heures après la significa-
tion de cet arrêt, avec défense d'enfreindre leur ban sous peine de la vie ;
de ne plus prêcher, ni faire leçons, ni aucune assemblée ; de communiquer
ensemble directement ni indirectement en quelque sorte que ce fût, jusqu'à
ce que le roi en aurait autrement ordonné » (Hilarion de Coste, p. 76,
cité par C. Schmidt. Mém. sur Gérard Roussel, p. 90).
21 Le samedi 24 mai, et le dimanche 25.
1 533 PIERRE SIDERAXDER A JACQUES BFIdROT, A STRASBOURG. 57
primùm faraa haèc de Régis decreto, quantum ego scio, evulgata
est. Die Lunae22, cum ad Sturmii*3 lectionem post meridiem essem
iturus, maximam turbam ante collegium Montis acuti vidi, quœ ex-
pectabat ut Bedam abeuntemvideret. Omnes tandem delusi domum
reversi sunt. Heri tamen discessisse certô mihi quidam liodie affir-
marunt 2i. OJ ôsoXoyoi non die non nocte unquam cessant ab opère.
Miseront, ut audio, nuntium ad Regem qui gratiam pelât, ut de
pœna aliquid remittatur.
Varias hominum sententias acjudicia audias. Illi miserentur op-
timi Bedœ, partim quôd indignum putent qui tam gravia subeat,
propter summam bominis eruditionem ac profundilatem in tbeo-
logia quam esse in ipso sibi persuadent, partim quôd videant ho-
minem tam grandem natu exilium tam durum pati oportere. Au-
dias alios qui gaudio exultent. Sunt alii quibus omnino nihil curae
est. Scribet et Grynœus 25 fortasse aliquid hac de re. Sunt enim,
opinor, qui Basileam ad Petrum Tusanum 2S scripturi sunt, qui
apud Grynœum aliquandiu egit et forte etiam nunc agit 27.
Nomina istorum quibus solum vertendum est hgec sunt : Est
primo Beda. deinde Me Picartus, quidam Franciscanus, et quidam
22 Le lundi 26 mai.
23 Jean Sturm, habile professeur de rhétorique et de dialectique, ué le
1er octobre 1507 à Sleide, petite ville du duché de Luxembourg. Il fit d'abord
ses études daus sa ville natale, puis à Liège et à Louvain (1524). En 1529
il vint s'établir à Paris, où il commença, après la fondation du Collège
Royal (1530), à donner des leçons publiques, qui établirent sa réputation.
Depuis le voyage qu'il avait fait à Strasbourg en 1528, Sturm était favo-
rablement disposé envers les réformateurs de l'Allemagne. La lecture des
ouvrages de Bucer et les prédications de Gérard Roussel achevèrent de
conquérir toutes ses sympathies à la cause de l'Évangile. (Voy. C. Schmidt.
Vie de Jean Sturm, 1855. — Maittaire. Annales typogr. II, 734.)
24 Sturm place au lundi 26 mai le départ des trois docteurs exilés de
Paris (Voy. plus loin sa lettre du 23 août).
23 Simon Grynœus, professeur de grec à l'université de Bâle.
26 Plus exactement Tossanum.
27 Voyez sur le deuxième séjour que Pierre Toussain fit à Bâle, le
N° 403, et sa lettre du 1er octobre 1533. Dans cette portion de l'épître de
Siderander que nous supprimons, on trouve encore le passage suivant, re-
latif à Toussain: « Si quid scribere velis, mi prfeceptor, ex Grynœo explo-
rabis an Pet rus ille Tusanus brevi sit hue venturus, et huic quicquid erit
literarum trades. » Si Bédrot adressa cette question à Grynaeus, il ne put
recevoir qu'une réponse négative, car il paraît avéré que Toussain ne re-
tourna jamais à Paris.
58 PIERRE SIDERANDER A JACQUES BÉDROT, A STRASBOURG. 1 533
ex ordine Maturinorum 2S. Quotidie affiguntur schedulœ pro et con-
tra. Die Solis 29, antequam de Régis decreto aliquid auditum est,
non ita procul ab hospitio meo affixa schedula fuit bene longa,
literis italicis eleganter, sed gallicè et rhyt[h]mis, conscripta, in
qua pulcherrimè suisque .coloribus omnes isti theologi depinge-
bantur, et, prseter istos quatuor, alii etiam duo, nempe qui theolo-
giam profitetur in collegio Naverrse 30, et quem appellant de Cor-
nibus ". Mulli jam cœperant scholastici confluere, quorum alii
subridebant, alii autorem clamabant esse heereticum 32. Tandem
nescio quis zelator dilaceravit. Heri affixa est alia, superiori longe
dissimilis : maxime invebitur in canes istos Luther anos. Fuerunt
multi qui descripserunt, quos cum viderem, descripsi et ipse, li-
betque hîc subjicere ; habebis, scio, qui tibi exponant. Mansit toto
die hsec intégra, nec tam citô sublata fuit quemadmodum illa su-
perior. Verba hœc sunt :
« Au feu, au feu cest hérésie
Qui jour et nuyt trop nous grève !
Doibz-tu souffrir qu'elle moleste
Saincte Escripture et ses édictz ?
Yeulx-tu bannir science parfaicte
Pour soubslenir Lutériens mauldictz ?
Crains-tu point Dieu quïl permette
Toy et les tiens, qui sont floris, faire péril ?
« Paris, Paris, fleur de noblesse,
Soubstiens la foy de Dieu que on blesse,
2S L'un de ces deux personnages était probablement Nicole le Clerc
(Voy. Bulseus, VI, 248-249, le N° 162, n. 6-7, et le N° 203, note 3).
29 Le dimanche 25 mai.
30 C'est probablement à ce professeur de théologie du collège de Navarre
qu'Érasme faisait allusion, quand il disait, le 5 mai 1533 : « TJieologus gui-
dam e grege Navarrœ profitetur frequenti auditorio Epistolas Pauli, subinde
me perstringens ex indoctis et rixosis collationibus Titelmanni Franciscani. »
(Erasmi Epp. ad Bon. Amerbachium, n° 78.) Nous supposons que ce pro-
fesseur était Laurel, docteur en théologie et grand-maître du collège de
Navarre.
51 Pierre Cornu (Voyez le N° 124, n. 12).
32 L'Université s'occupa de cet incident. On lit dans son procès-verbal
du 31 mai 1533 : « Vocata est Universitas ad Mathurinos, super libellis fa-
mosis à quibusdam, licentià maledicendi, spargi et affigi solitis » (Bulœus,
VI, 238).
1533 PIERRE SIDERANDER A JACQUES BÉDROT, A STRASBOURG. 59
Ou aultrement fouldre et tempeste
Cherra sur toy, je t'advertis.
Prions tous le roy de gloire
Qu'il confonde ces chiens mauldictz,
A fin qu'il n'e[n] soit plus mémoire
Non plus que de vielz oz pourris.
Au feu, au feu ! c'est leur repère !
Faiz-en justice ! Dieu l'a permys33. »
33 Cette pièce de vers est reproduite sous le titre suivant, au folio 127
d'une édition des Oeuvres de Marot imprimée en 1535, et dont un exemplaire
nous a été communiqué par notre ami M. le professeur Adert : « Ce que aulcuns
Théologiens plaquèrent a Paris, quant Beda fut forbanny voulans esmouuoir
le peuple a sédition contre le Roy. » Nous en indiquerons les principales
variantes. Première strophe, 2e vers : « trop nous blesse » — 3e vers : « telle
moleste » — 6e vers : « Luthériens mesdictz. » La strophe finit ainsi :
Crains-tu dieu quil le permecte
Toy et tes biens qui sont fleuriz
Face périr.
Seconde strophe, 2e vers: « la loy de toy qu'on blesse » — 4e vers : «je
ten aduertys » — 6e vers : « ses hereticques mauditz » — 8e vers : « Non
plus que des aux pourriz » — 9e vers : « cest le repaire. »
On lit au-dessous les deux pièces suivantes qui ont été supprimées dans
la plupart des éditions postérieures :
Responce de Clément Marot, a lescripteau cy dessus.
En leau. en leau, ces folz séditieux
Lesquelz en lieu de diuines parolles
Preschent au peuple vn tas de monopolles,
Pour esmouuoir debatz contentieux,
Le Roy leur est vn peu trop gracieux
Que na il mys a bas ces testes folles ?
En leau.
Hz ayment tant les vins délicieux,
Quon peult nommer cabaretz leurs escolles,
Mais refroydir fauldroit leur chauldes colles
Par le rebours de ce quilz ayment mieulx
En leau.
Dizain a ce propos.
Au feu, en leau, en lair, ou en la terre
Soient prys et mys ces folz prédicateurs,
Qui vont preschaut Sédition et Guerre
Entre le peuple et les bons précepteurs,
Hz ont este trop long temps séducteurs,
60 PIERRE SIDERANDER A JACQUES BÉDROT, A STRASBOURG. 1 533
Rursus et alia hodie affixa est (quam ego tamen non vidi, audivi
tamen certô ex aliis), in qua nominatim exprimilur ille ipse con-
cionator 34 cujus supra commemini. Rex Naverrœ adhuc in urbe
est, brevi tamen ad Regem GaUiœ se conferet, quem Lugduni jam
esse aiunt35. Omnia tumultum minari videntur. Sunt qui maximum
zelum simulent, implorantque justiciam, ut supplicium de detes-
tandis illis baereticis sumat eosque extirpet funditùs 36.
Hcec sunt, mi praeceptor, quorum gratiâ praacipue ad te nunc
scribere volui, importunior licet fuerit nuntius. Aguntur et multa
alia, sed nemo est qui possit expiscari omnia. Multa in nostra re-
gione urbis fiunt qua3 prorsus ignorant ii qui sunt in alia ; multa
vicissim in alia quae nos ignoramus. Tuum jam erit studiosos om-
nes adhortari, ut carmen scribant elegiacum in miserabilem istam
Et mys le monde en trouble et desarroy,
Mais dieu de grâce, a voulu que le Roy
Aye entendu leur sophisticq parler,
Qui les fera punir selon la loy
Au feu, en leau, en la terre, ou en lair.
Le volume d'où nous avons tiré ces deux pièces de vers est intitulé :
« Ladolescence Clémentine. Ce sont les œuures de Clément Marot, nouuel-
lement imprimées auecque plus de soixante nounelles compositions....
M. D. XXXV. On les vend a Lyon, en la maison de Francoys Juste.... »
In-12 de 132 feuillets, caractères gothiques.
34 Gérard Roussel.
35 Tous les faits mentionnés plus haut ayant eu lieu pendant que Fran-
çois I était absent de Paris, on ne peut considérer comme exacte l'asser-
tion suivante du « Journal d'un Bourgeois, » p. 431 : « En l'année 1533, en
may, le Roy partist de Paris pour s'en aller devers le pape Clément à Mar-
seille. »
30 La Faculté de Théologie de Paris ne reculait pas devant les mesures
les plus radicales. « Elle présenta le 7 juin 1533, à François I, qui se
trouvait alors à Lyon, une requête pressante au sujet des livres hérétiques,
en exposant fortement au roi que s'il voulait sauver la religion, attaquée et
ébranlée de tous côtés, il était d'une indispensable nécessité d'abolir pour
toujours en France, par un édit sévère, l'art de V imprimerie, qui enfantait
tant de livres pernicieux. Le projet de la Sorbonne fut sur le point d'être
réalisé [en 1535], mais Jean du Bellay, évêque de Paris, et Guillaume Budé
parèrent heureusement le coup. » (A.-F. Didot. Essai sur la Typographie,
t. XXVI de l'Encyclopédie moderne, p. 760.) Voyez sur ce sujet les « Com-
mentarh Hnguœ latinse, » d'Etienne Dolet. Lyon, S. Gryph, 1536, t. I,
p. 266, morceau très-intéressant et qui a été traduit en français par Joseph
Boulmier, dans sa Vie de Dolet. Paris, 1857, p. 171.
1 533 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE PAYERNE. 61
doctissimorum theologorum fortunam. Quotidie fere conveniunt
nOStri fAaTocioÀô'yo!.
Vale. Parisiis, 28 Maii, anno 1533.
Petrus Siderander tuus.
(Inscrtptio :) Eruditissimo simul ac integerrimo viro Jacobo Be-
droto Pludentino, grœcce et latinœ linguse apud Argentoratenses
professori, preeceptori suo observandissimo.
Zu Strassburg, uff S. Thomansplan.
419
le conseil de berne au Conseil de Payerne.
De Berne, 6 juin 1533.
Inédite. Minute originale. Archives de Berne.
Somuaire. Les bourgeois de Payerne ne doivent songer à renouveler l'alliance avec
Berne, que s'ils veulent décidément tenir la promesse qu'ils ont faite d'autoriser
chez eux la libre prédication de l'Évangile.
Nostre amiable salutation devant mise. Nobles, prudans, singu-
liers amys et très-chiers alliés !
Instant le temp et jour de renoveller l'alliance qiCest entre nous et
vous, comme jusque ycy est accoustumé *, avonns délibéré d'en-
voyé nostre ambassade ver[s] vous, et icelle déjà députée et or-
donée. Et, pource que par cy-devant vous avons tenuz propost
touchant la Parolle de Dieuz, d'icelle laisser annuncer libérale-
ment 2, et les adhérans d'icelle non point molester ne perséquuter
1 Voyez le N° 344, note 5, et le N° 378, note 3.
2 Voyez les N09 378 et 388. Une démarche pareille avait dû être faite
par les Bernois assez récemment. On lit dans le Manuel de Berne du 8 mars
1533 : « On décide d'envoyer des députés en faveur des Évangéliques de
Payerne. » Depuis les prédications de Viret à Payerne (janvier 1533, N° 397,
n. 3), les Réformés de cette ville n'avaient pas non plus été négligés par
62 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE PAYERNE. 1 533
— sur quoy vous nous fictes promesses, esquelles touteffoys n'avés
donné lieuz, — à cesle cause, avons donnez charge et commission à
nous ambassadeurs de vous admonester de cella, par exprès com-
mandement, sy vous ne voulés tenir promesses touchant l'affaire de
l'Évangile, que [ils] ne vous doibvent donner le sèrement 3.
Dont n'est de nécessité que vous envoyés vostre ambassade par
dever[s] nous ; ains icelle retenés jusque atant que vous ayés ré-
solus sur les proposites que nous ambassadeurs vous ferons, et,
après que vous auriés condescendus en nostre honeste et raiso-
nable pétition et satisfait à vous promesses, adoncq pourrés en-
voyer vostre ambassade ver nous, Dimanche xv de cestuy moys 4.
Adoncq ne ferons reffus de jurer l'alliance. Datum Venerdi vi Ju-
nii 1533.
L'Advoyer et Conseil de Berne.
(Suscription :) Aux nobles, pourvéables, prudans et discrectz
Advoyer et Conseil de Payerne, nous singuliers amys et très-chiers
alliés.
les ministres d'Orbe, de Grandson, etc. On sait par une lettre du Conseil
de Morat à celui de Berne, écrite le dimanche 4 mai 1533, à huit heures
du soir, que Farel fut, sur l'ordre des magistrats fribourgeois, saisi le même
jour à Domdidicr, au moment où il revenait de Payerne à Morat avec Tor-
teri [1. Hugues Turtaz], prédicant d'Orbe. Les Fribourgeois excusèrent
leurs sujets en disant que ceux-ci avaient cru mettre la main sur le ministre
d'Orbe, qui avait parlé et agi contre eux d'une manière offensante. (Arch. de
Morat. Missives. — Manuel du Conseil de Berne du 5 mai. Instructions-
Buch, B, fol. 252 a. Arch. de Berne. — Kuchat, III, 213, où la date de
l'arrestation de Farel est erronée.)
s La lettre de Berne du 24 septembre 1533 nous apprend que le Con-
seil de Payerne ne fit pas difficulté de renouveler l'alliance, aux conditions
qu'avaient fixées les Bernois.
4 Ruchat prétend (III, 214) que Farel fut, ce même dimanche 15 juin,
emprisonné à Payerne, où il prêchait sur le cimetière. Cet historien a été
induit en erreur par une fausse interprétation de la lettre de Wildermuth
du 18 juin 1531 (N° 344).
\ 533 LES FRÈRES DE BOHÈME ET DE MORAVIE AUX ÉGLISES VAUDOISES. 63
420
LES FRÈRES DE BOHÊME ET DE MORAVIE '
aux Eglises vaudoises.
De Bohème, 25 juin 1533.
Inédite. Copie contemporaine2. Bibl. des pasteurs de Neuchâtel.
Sommaire. La venue de Daniel et de Jean, vos députés, et le récit des délivrances que Dieu
vous a accordées, nous ont causé une joie d'autant plus vive que nous étions persuadés
que depuis longtemps vous aviez tous été mis à mort. Nous avons appris avec dou-
leur que des gens venus de la Suisse avaient excité au milieu de vous un schisme
déplorable, et provoqué, par là même, une nouvelle persécution contre vos églises.
Cet état de choses réclame un prompt remède, et comme vos députés, quoique dé-
pourvus de lettres de créance, nous ont convaincus de leur véracité, en nous rappe-
lant maint détail des relations que nous avons eues anciennement avec vous, nous
n'avons pas hésité à leur donner par écrit une réponse aux questions qu'ils nous
posaient de votre part.
Nous sommes très-surpris de la crédulité et de la précipitation dont vous avez
fait preuve en vous laissant séduire par les vains discours de docteurs étrangers, et
en abandonnant si facilement les doctrines conservées intactes par vos pères à tra-
vers tant de siècles. Gardez-vous donc de décider des réformes, sans avoir duement
constaté que telle chose vous manque, ou que telle autre vous entrave.
1 Pendant les guerres civiles qui désolèrent la Bohême après la mort de
Jean Huss (6 juillet 1415), les disciples de ce martyr s'étaient divisés en
deux partis principaux: les Calixtins et les Taborites. Ces derniers ayant été
complètement défaits (1453) formèrent dès lors des assemblées secrètes, et
ils commencèrent à s'appeler les Frères. Ils obtinrent la permission de s'éta-
blir dans un district nommé Litiz, sur les frontières de la Bohême et de la
Moravie, et leur association prit en 1457 le nom d'Unité des Frères ou de
Frères de Y Unité. Elle ne comptait pas moins de deux cents églises à la fin
du quinzième siècle, et depuis 1490 elle possédait la Bible imprimée en langue
bohémienne. (Voyez A. Bost. Hist. de l'Église des Frères de Bohême et de
Moravie. Paris, 1844, 2 vol., t. I, p. 57-93.)
2 Cette copie incorrecte semble avoir été écrite sous dictée par une per-
sonne Irès-peu versée dans la langue latine. Pour en donner l'idée, il suffit
64 LES FRÈRES DE BOHÈME ET DE MORAVIE AUX ÉGLISES YALDOISES. 1533
Dans notre pays aussi, nous avons à souffrir de la part des novateurs, mais nous
leur résistons victorieusement à l'aide des Écritures. Exhortez votre peuple à les
étudier avec zèle. Ce que Dieu demande aujourd'hui, c'est que tout le monde re-
vienne aux sources mêmes du salut, si longtemps obscurcies par les inventions des
hommes. Dans les persécutions et les tentations de tout genre, Jésus-Christ et ses
très-fidèles promesses sont notre unique consolation. Cherchez en Lui votre force et
votre appui, et, si vous devez encore endurer la tyrannie des adversaires, possédez
vos âmes par la patience.
Gratia Dei in Christo Jesu maneat vobiscum, regat quoque vos
ac conservet, et perducat per omnia tentationum gênera in vitam
aeternam ! Amen.
Pervenerunt ad nos in Boliemiam 3 fratr.es vestri, à vobis missi,
Daniel et Joannes 4, quos magno cum gaudio, quum certis argu-
mentis id docuissent, perinde atque charissimos fratres obviis, ut
aiunt, ulnis excepimus, vehementer adventu illorum exhilarati,
maxime ubi, vestro omnium nomine, nos ecclesiamque nostram
tam ardenter ac suaviter salutassent. Siquidem, nobis non aliter, ad
usque adventum illorum, persuadere potuinius quàm vos omnes de-
letos ac exterminatos dudum fuisse5; verùm illi nos certiores de re-
de citer l'orthographe des mots suivants : vmmiscuiscent, is au lieu de his,
sufficionivus au lieu de suspicionibus, auriatis au lieu de hauriatis. Les
nombreuses ratures du manuscrit permettraient même de supposer que
nous avons ici une traduction, et non le texte original de l'épître des Frères.
Ainsi exhortassent a été remplacé par exagitassent ; le mot persecutionem
(renvoi de note 8) était suivi de prcepostaram (praeposteram?), qui a été
biffé. On lit, au dos du manuscrit : « Verbum Domini manet in seternum, »
puis l'indication suivante, qui est de la main de Farel : « Bo'àni ad Va[l-
denses]. »
3 Le mot Boliemiam a été raturé de manière qu'on dût lire Boloniam.
4 Pierre Gilles dit, au contraire, que « Daniel de Valence et Jean de
Molines, venus de dehors des Vallées, ne pouvans plus empescher l'exécu-
tion des résolutions prises dans le synode d'Angrogne [septembre 1532,
N° 393, n. 1 et 16], partirent sans congé de l'assemblée générale et s'en
allèrent en Bohème, » pour se plaindre aux Frères. (Voy. Hist. eccl. des
églises réf. de Piedmont. Genève, 1655, p. 33.)
3 De ces paroles on peut inférer que Martin Gonin, envoyé par les
Vaudois en Allemagne sept ans plus tôt (N° 393, n. 7), n'avait pas visité
les Frères de Bohême et de Moravie. Il faudrait donc remonter plusieurs
années en arrière pour trouver le moment où ceux-ci avaient été instruits
de la situation des Vaudois du Piémont et de la Provence, et il semblerait
naturel de placer ce moment en 1497. Ce fut, en effet, dans cette année-là
que deux députés des Frères parcoururent la France et l'Italie (particuliè-
1 533 LES FRÈRES DE BOHÈME ET DE MORAVIE AUX ÉGLISES VAUDOISES. 60
bus vestris, quœque erga vos agerentur, quove modo divina boni-
tas vos servaret ac custodiret reddidere. Unde magno gaudio, bono-
rum omnium authori Deo gralias agentes, perfusi sumus.
Prfeterea, declaraverunt nobis quatenus quidam, Sacrarum Scrip-
turarum doctrinasque christianss lusores dicamus an corruptores,
nescimus, ab Helveciis sese vobis immiscuissent 6, questionibus va-
riis vos in eis rébus quai salutem concernunt exagitassent, quin
etiam inter vos dolendum schisma, qui à tôt seculis unum fuistis 7,
fecissent. quo mirum in modum turbaremini. Subinde in vos perse-
cutionem, occasione hujus novœ doctrinœ istorum, obortam s, com-
memorarmt. Super quo non potuimus, commiserali sortem hanc
vestram, non plurimùm indolescere. Proinde proposuere nobis cer-
tas questiones et articulos 9, petentes nomine vestro eorum declaratio-
nem, quidque nos in iis sentiamus, ut etiam scriptis nostris vobis
significaremus.
lis omnibus, tum quœ petalis, tum quee apud vos agerentur, per
jam dictos fratres vestros intelleclis, non parum animis conster-
rement le Piémont), pour rechercher s'il s'y trouvait des églises dont la
doctrine fût conforme à la leur. Ces députés emportèrent plusieurs lettres
des Vaudois, écrites eu latin et adressées aux Frères, qui purent ainsi être
informés des violentes persécutions endurées par leurs coreligionnaires des
Alpes eu 1475 et 148S. (Voyez dans la « Real-Encyklopadie > du Dr Herzog
l'article que ce théologien a consacré aux Vaudois, t. XVII, p. 520. —
Gilles, op. cit. p. 22-28.)
6 Allusion à Farel, Saunier et Olivétan, qui étaient en effet venus « de
la Suisse, » mais sur la demande des Vaudois. (Voy. le N° 393, n. 1, 17
et 29, et le post-scriptum du N° 415.)
7 Les églises vaudoises font remonter leur origine jusqu'aux premiers
siècles de l'ère chrétienne ; mais la plupart des historiens qui se sont occu-
pés récemment de cette question leur donnent pour fondateur Pierre Waldo,
qui vivait à Lyon dans la seconde moitié du douzième siècle. (Voy. Dieck-
hoff. Die Waldenser im Mittelalter. Gôttingen, 1851. — J.-J. Herzog. Die
romanischen Waldenser. Halle, 1853. — Le même. Real-Encyclopiidie, art.
Waldenser. — Clément de Faye. L'Église de Lyon, 1859.)
8 Après avoir mentionné la persécution dirigée contre les Vaudois du
Piémont en 1500, l'historien P. Gilles n'en cite pas d'autre que celle qui
éclata en 1534 (op. cit. p. 29 et 36). Il s'agit doue ici des rigueurs exercées
depuis le commencement de l'année 1533 contre les Vaudois de la Provence
(Voy. le N° 415, n. 21).
9 Ce dut être une exposition orale, car la suite montre que Daniel de
Valence et Jean de Mohnes n'avaient apporté aucun écrit au nom des
Vaudois.
T. III. R
66 LES FRÈRES DE ROHÈME ET DE MORAVIE AUX ÉGLISES YALDOISES. 1 5H3
nati sumus, facile conjecturantes rerum vestrarum statum et con-
dilionem, non modo hujus temporis sed etiam in futuruni, nisi
mature rébus vestris consulueritis. Et quanquam scripta vestra, seu
literœ multo nobis fuissent gratissimœ, nïkilominus Legatis [h]is ves-
tris — post ubi nobis bona fide jam fratruin nostrorum ante mul-
tos annos ad vos professionem, jam etiam vestrorum vicissim ad
nos 10, atque id quidem ex nomine recensuissent, tum etiam itine-
ris hujus tam longi intercapedinem variosque casus secum ipsi ex-
pendentes, — ftdem indubitatam dedimus, vos quoque nobis suspi-
cionibus expurgatos sive excusatos habuimus. Yolis denique vestris
per eosdem nobis declaratis, pro nostra virili respondimus : de
quibus quidem omnibus ipsi vos, tum voce viva, tum etiam scriptis
nostiïs oblatis ", reddent certiores. Intérim cbarilatem vestram
precantes, ut quicquid id rerum, sive voce, seu scriptis nostris, obla-
tum ab illis nomine nostro fuerit, boni œquique consulalis 12, at-
que, ex animi candore ac dexteritate quo et nos vestros habuimus
excepimusque (vobis in nullo [eorum] quai salutis vestree sunt,
quicquid sumus aut unquam fuerimus, defuturi), suscipiatis ro-
gamus.
Verùm enimvero nonparva tenet admiratio, quôd tam cita passiestis
vobis ab iis imponi quorum ne vel minimum fidem antehac explora-
tam habueritis 13, tôt seculis immobiliter unà cum patribus vestris
10 Nous supposons qu'il s'agit des communications qui avaient été échan-
gées, relativement à la doctrine, entre les Vaudois et les Frères de Bohême
(Voy. note 5) ; à moins qu'on ne doive lire profectionem, au lieu de profes-
sionem.
11 Cette pièce, qui renfermait une réponse détaillée aux questions des
deux ministres vaudois, n'a pas été conservée.
12 A la réception de la présente lettre (dit Pierre Gilles, op. cit. p. 35),
« l'assemblée générale des pasteurs et autres conducteurs des églises des
Alpes... fut convoquée au Val St.-Martin pour le 15 d'Aoust 1533, où fut...
reconu que les dits de Bohème, pour n'avoir esté bien informés de tout,
les exhortoyent de faire ce qu'ils avoyent desjà fait presque de poinct en
poinct... L'assemblée ayant derechef bien pesé le tout, la conclusion faite
l'année précédente en Angrogne fut confirmée, et fut respondu à la Lettre
des Pasteurs de Bohême selon la vérité du faict. »
13 Les Frères ignoraient sans doute les conférences que Georges Morel
(N° 395, n. 7) et Pierre Masson, deux ministres des Vaudois de Provence,
avaient eues en 1530 avec Oecolampade et JBucer. Nous pouvons ajouter
qu'ils s'entretinrent aussi avec Farel et Berihold Halïer, comme cela res-
sort de ce fragment de la lettre de Georges Morel, écrite dans le dialecte
des Vaudois provençaux : « Donca nos sen vengu premierament a li teo
1 533 LES FRÈRES DE BOHEME ET DE MOK.W IE AUX ÉGLISES \ AUDOISES. 67
persistentes, tantumque liîc à vobis desudatum fuil : et ecce ab eis
quos non probastis, non ad plénum examinastis spiritus illorum,
tam repente discindi vos ob quasdam illorum persuasiunculas per-
misistis ! Dispicere debueratis quicquid id rerum fuisset, ipsimet
inter vos unanimiter modis omnibus, velut Scyllam et Cliaribdim
nautae. schisma caventes. Proinde, sicubi quid vobis aut deficeret,
aut etiam quomodo futurum esset aut immutare aut constituere,
id concordibus animis definire. soli inter vos ipsos et longo exa-
mine trutinare ac expendere debueratis, utrum prseslaret altero,
ac tandem eligere quod.sufficienter probatum esset ac experimento
cognitum bonum baberetur; quod ubi apparerel, obviis ulnis exci-
piendum [fuisset], siquidem tempus et diligenlia rébus pondus ad-
dit, et primus gradus est ad cognoscendum inlelligere quid babeas
aut non, deinde curare ut habeas. id verô totumjusto examine.
Preeterea ex Deo non esse, quœ longâ experientià probata sunt,
in vitaque persliterunt, tam facile, ob quasdam plausibiliter dicta in-
expertaque, relinquere. Fuisse ejusmodi propbetas et Apostolorum
seculo, qui ecclesias corrumperent, quasi essent veri apostolli;
contra quos tamen non aliter quàm in pseudopropbetas, in ange-
los lucis sese transfigurantes 14, animadvertebatur à piis. Subeant
lue in mentem Galatee15! Quid? nonnisi solius Sathanse id opus
esse, qui, quum plus satis negotii vobis sit à mundi tyrannide at-
que multiformi illius insultu et persecutionibus, etiam intestinis
inter vos mutuô dissidiis, quo nibil magis dolendum est, exagite-
mini, imô conficiamini ?
Ilaque, quum nos haec Satbana? macbinamenta probe intelliga-
mus, obsecramus ebaritatem vestram per Cbristum, ne vobis ipsis
sitis oneri ; quin potiùs, in charitate vos supportantes, quicquid vo-
bis. communi opéra et judicio, seu déesse seu obesse cognoveritis, re-
formate, habito lum sui ipsius, tum etiam aliorum, respecta. Sicque
Deus non deerit tam salutaribus conatibus, modo vos fllium ejus
justis passionibus sequamini et comprebendatis , populo illius,
quantum in vobis est, non defuluri.
Nolumus etiam vos ignorare quôd nos, in regionibus nostris,
fraire liqual demoran a Noochastcl, a Morant [1. 3Iorat] e a Berna, de li-
qual sen ista manda aBamlcaa Colampadio. » (Voyez Herzog. Dieromau.
Waldenser, p. 340, et le N° 303, n. 1.)
14 II Corintliiens, chap. XI, v. 14.
15 Voyez l'Épître de St. Paul aux Galates, chap. III, v. 1, 3 et 4.
68 LES FRÈRES DE BOHÈME ET DE MORAVIE AUX ÉGLISES VAUDOISES. 1 533
cum hoc hominum génère qui nova docraata (sic) disséminant
multum negocii habemus, qui, peragrantes regiones, Scripturasque
sacras torquentes, somnia sua iis obtrudunt, minusque cautis per
id imponunt16. Et, tametsi cum iis voce et scriptis belligeremur,
superiores tamen omnibus [h]is spiritalibus nequiciis sumus. quum
manibus pedibusque innitimur testibus sacris in quovis argumento
fidei, citra quantùmcunque plausibilia glossematta hominum. Qua-
propter, et in id vos commonefacere, sed et consulere audemus,
quatenus textibus sacris diligenter incombatis (sic), populum quo-
que vestrum in idem adhortemini, ut iis utroque pede insistât at-
que inhsereat. Quanto enim iis fervidius incuhuerit, tanto superior
omnium istorum sycophantarum nugamentis seu glossematibus,
sint etiam quantumvis verisimilia, futurus est. Idnunc Deus requlrit
ut omnes ad textus sacros, velut ad ipsos salutis suce fontes, redeant17.
Satls superque jam multls seculis cum ils lusum est, et quidvis ex iis
nugatum, atque adeô obscura[run]t eas suis commentationibus, ut
pree illis nihilli essent, proque bullis haberentur, sola humana
glossematta regnarint. Sycophantœ verô nunc non aliud moliantur
[1. moliuntur] quàm, ubi Scriptura pro illis steterit, utamplectuntur
[1. amplectantur]. Ubi autem remurmurat, hanc miris modis tor-
quent, frementesque suis deservire cogunt, ac illius loco tenebras
suas offundun[t]. In iis verô omnibus persecutionibus, tribulatio-
nibus, tentationibus à Demone, à pseudoprophetis atque mundi
tyrannide ssevientibus, nusquam quicquam consolationis fieri potest
quàm in solo Christo Jesu, In llllusque fidelissimis promissionlbus :
qui quidem non solùm isthsec omnia prœdixerit, sed etiam in fide
illius perseverantibus ingentia pollicitus est, centuplum etiam
accepturos ac vitam seternam habituros 1S.
Proinde, et vos quoque, in iis omnibus quse vos pra?[munt] ma-
lis, in Eum fidite, ancoram figïte in Illius verissimis promissis. Po-
IG II s'agit des Anabaptistes, 3t nou des Luthériens. Luther témoignait
la plus grande sympathie pour les Frères de Bohême, depuis qu'il était
entré en relation avec eux (1522). En 1533 il avait fait imprimer à Wittem-
berg leur Confession de foi, en y joignant une préface dans laquelle il di-
sait que les Frères méritaient d'être chéris, respectés et accueillis de tous
les vrais Chrétiens. (Voy. Bost, op. cit. I, 92. — Comenii Historia Fratrum
Bohemorum. Halse, 1702, p. 22-23.)
17 Les réformateurs venus de la Suisse avaient donné aux Vaudois le
même conseil (N° 393, n. 19).
,s St. Marc, chap. X, v. 30.
1 533 LE CONSEIL DE BERNE A l'ÉVÊQUE DE GENÈVE [ET AU CONSEIL]. 09
tens enim est, quum libitum fuerit illi, protinùs eripere, atque tum
maxime ubi omnia humana praesidia defuerint. Fides enim evan-
gelica in tenlationibus auro purior preeciosiorque redditur 19. pro
qua, jam omnibus adversariis potestatibus hanc impetentibus, de-
pugnetis. Ubi enim Verbum Dei tyrannidem adversariorum ves-
trorum emollire non poterit, caussà vestrà Deo commendatà, in
patientia animas possidere20 vos oportebit. Deus autem, totius
boni aiithor et funs (sic) -1, eam sapienliam eruditionemque vobis
adaugeat, qualenus, obortis iis erroribus, contristantes qui vos
rectà petunt, clariorem Evangelii cognitionem in dies [n]auriatis
per Jesum Christum Dominum nostrum ! Datum ex Bohemia pos-
tridie divi Joannis Baptista3, Anno .1.5.3.3.
FRATRES PRESBYTERI PER BOHEMIAM
ET MORAVIA»! " EvANGELIUM DEPREDICANTES.
421
le conseil de berne à l'Évêque de Genève ' [et au
Conseil '].
De Berne, 8 juillet 1533.
Inédite. Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. MM. de Berne se plaignent de ce que, sur les instances des parents de fer
19 I Pierre, chap. I, v. 7.
20 St. Luc, chap. XXI, v. 19.
21 Jacques, chap. I, v. 17.
22 Bohemiam a été changé en Boloniam. Les mots et Moraviam ont été
complètement biffés, puis rétablis au-dessus par une autre main.
1 Pierre de la Baume, prince-évêque de Genève depuis le 21 janvier
1521, est surtout connu par les luttes fréquentes qu'il eut à soutenir contre
ses sujets pour le maintien de son autorité temporelle. Les intérêts de la
religion occupent peu de place dans les actes officiels de ce prélat jusqu'en
1533. Il avait quitté sa ville épiscopale le 1er août 1527, et il y rentra le
1er juillet 1533, à la demande des Fribourgeois, mais pour deux semaines
seulement. (Voyez L. Sordet. Mém. sur les lettres de P. de la Baume, dans
les Docum. publiés par la Soc. d'IIist. de Genève, t. II, p. 1-20. — Journal
du syndic Balard, p. 126. — Lettre de Fribourg à l'Évêque du 29 mai 1533,
dans les Arch. de la Soc. d'Hist. du canton de Fribourg, t. II, p. 129.)
1 La lettre destinée au Conseil étant conçue dans les mêmes termes que
70 LE CONSEIL DE BERNE A L'ÉVÊQUE DE GENÈVE [ET AU CONSEIL]. 1 533
le chanoine Werly, on a emprisonné plusieurs personnes, et ils prient l'Évêque [et le
Conseil] de faire en sorte que ceux-là seulement qui sont cause de la mort du dit
chanoine soient poursuivis en justice.
Révérend Seigneur !
Nous summes par nous ambassadeurs, que sont en vostre ville
de Genesve, advertis des occurrants que ces jours sont passés, à
cause de l'instance que les parents etamysdefeuz le chanoine Wernlij
ont faicte3; dont aulcuns, comme le S1 de Torens*, N.[oblé] Wan-
celle qui est adressée à l'Évêque, il est inutile de la reproduire Elle se
trouve dans les Archives de Genève et porte la note suivante du secrétaire :
« Recep. 10 Juillet 1533. »
3 Le procès auquel avait donné lieu le meurtre de Werly (N° 41G, n. 22)
n'avait pas abouti. Après un emprisonnement de quelques semaines, le tri-
bunal mit successivement en liberté, du 16 juin au 1er juillet, Claude de Ge-
nève, Claude Salomon, Jacques Fichet, Henri Dolen, Antoine Darbexj et
Jean Rosetta. Cependant l'arrestation du principal accusé, Pierre Comberet
(N° 416, n. 21), n'avait pas eu lieu, bien qu'elle eût été décrétée le 16 mai.
Il s'était sans doute réfugié dans le couvent de Plain-Palais, où il fut saisi
seulement le 17 juillet (Voy. le Reg. du Conseil aux dates sus-inentionnées,
et au 20 et 23 juin). L'Évêque P. de la Baume, qui était revenu à Genève
le 1er juillet, se décida, sur la requête des parents du chanoine défunt, à
évoquer l'affaire à lui, et il fit procéder à de nouvelles arrestations (Voyez
notes 4-6). Mais son intervention fut repoussée par les Genevois, dont les
franchises accordaient aux Syndics la connaissance des causes criminelles ;
toutefois ils consentirent à recommencer une enquête judiciaire. Les Ber-
nois ayant été informés par les députés qu'ils avaient à Genève de la re-
prise du procès, intervinrent auprès du prince-évêque, comme auprès des
magistrats, pour que ce procès fût conduit avec impartialité.
Affirmer, comme l'a fait Froment (Actes et Gestes, p. 61-62), que Pierre
de la Baume voulait « extirper et arracher ceste hérésie et secte luthé-
rienne, » ou comme M. Merle d'Aubigné, qui adopte et amplifie cette thèse
(Hist. de la Réformât, au temps de Calvin, t. III, pp. 577, 580 et 600), qu'il
voulait « se débarrasser par le glaive des principaux soutiens de la Ré-
formation et de la liberté, » à l'insçu de MM. de Berne, — c'est se
mettre en contradiction avec les faits, tels qu'ils ressortent, soit des lettres
mêmes écrites par les Bernois à l'Évêque et aux magistrats de Genève, soit
des procès-verbaux du Conseil. (Voy. le Reg. du Conseil du 5 au 12 juillet,
et les notes 2, 6, 8 et 9.)
4 Philibert de Compois, seigneur de Thorens près d'Annecy, était chaud
partisan de la Réforme. Trois jours après l'émeute du 4 mai, le Conseil
l'avait prié de se retirer dans ses terres, jusqu'à ce que la ville fût pacifiée.
Pendant qu'il était prisonnier à Genève (du 5 juillet au 8 août), le comte de
Genevois s'empara de tous ses biens, et ce fut vainement que les Bernois
1 533 LE CONSEIL DE BERNE A L'ÉVÊQUE DE GENÈVE [ET AU CONSEIL]. 7 1
délit 5 et aultres, sont mis et détenuz en prison °. Dont vous supplions
vouloir bien considérer l'affaire, et en cestuy endroit user de bé-
nignité, et non permettre que à personne soit faicte force, ains le
cours de justice ayt lieuz, — considérant la conséquence, et que,
à nostre semblant [c.-à-d. h notre avis], est chose bien estrange
que Ton doije emprisonier, à l'apétit des dits parens, ung ches-
cungs, et procéder en tieul affaire par force d'armes, comme les
dits parens font 7.
Pour autant y veillés avoir advis, que justice contre ceulx que sont
cause du dit homicide ayt lieuz, et les innocents [ne soient] point mo-
lestez, comme droit, raison et équité le requièrent. En quoy nous,
requirent le duc de Savoie et le roi de France de réparer cette injustice.
(Voy. Jeanne de Jussie, op. cit. p. 71-72. — Lettres de Berne du 28 sept,
et du 18 déc. 1533. Weltsche Missiven-Buch.) M. Merle d'Aubigné, qui
place Philibert de Compois au nombre des Évangéliques (op. cit. III, 579),
fait du même personnage, sous le nom du Sgr. de Thorens, un des plus ar-
dents ebampions de la cause catholique (ibid. 529 et 536).
;i Pierre Wandel, frère de feu Robert Wandel, ancien secrétaire du
Conseil de Genève (Voy. t. II, au bas de la p. 487).
6 Voici les noms des autres prisonniers : Claude de Genève, Jean Pécolal,
Amy Perrin, Jean Rosctta, Jean Veillard, Dominique Darlo et Jacques
Fichet. La femme de Jean Cbautemps était aussi détenue, parce qu'elle
avait assisté à l'agonie du chanoine Werly (Voyez le N° 416, note 20, à
comparer avec l'enquête), et non point, comme on l'a prétendu, pour tenir
la place de son mari fugitif (Merle d'Aubigné, op. cit. III, 582).
Froment (loc. cit.) place inexactement Claude Salomon, surnommé Faste,
Henri Dolen, Anthonin Darbey et Aimé Levet au nombre des personnes
emprisonnées sur l'ordre de l'Évêque. Les trois premiers, qui avaient été
libérés par les Syndics avant l'arrivée de P. de la Baume (Voy. n. 3), n'eu-
rent pas à subir une nouvelle détention. Quant à Aimé Levet, ce fut unique-
ment à l'instance des parents de Werly et des chanoines, qu'il fut arrêté au
commencement du mois d'août, en dehors du territoire genevois, et retenu
prisonnier au château de Gaillard. (Voyez le Registre du Conseil, 7 et
12 juillet, 6, 7, 8 et 12 août. — Lettre de Berne du 12 septembre au Juge
de Chablais. Weltsche Miss. Buch. Arch. bernoises. — Jeanne de Jussie,
loc. cit.)
7 C'est probablement une allusion aux actes de violence dont on était
menacé aux environs de Genève par une troupe de SO Fribourgeois armés
et qui avaient pour chefs Jacques et Gaspard Werly, frères du défunt cha-
noine (Voy. le Reg. du Conseil, 6 et 7 juillet). Du 18 au 22 août, le Con-
seil de Fribourg leur fit écrire trois fois, pour les inviter à n'user d'aucune
voie de fait et à consentir à ce que le prisonnier de Gaillard [Aimé Levet.
Voy. fin de la note 6] fût élargi sous caution (Manuel de Fribourg).
72 JEAN STURM A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 1533
de nostre costé, nous voulons employer, comme à nous dits am-
bassadeurs de ce avons donné charge 8, et [comme] le debvoir
qu'avons à cause de la bourgeoisie le pourte. Ce faisant nous ferés
grand plaisir à déservir, aydant Dieuz, auquel prions vous donner
prospérité. Datum vin Julii.. Anno. etc.. xxxm J.
L'Advoyer et Conseil de Berne.
(Suscriplion :) A Révérend Seigneur Monsieur de Genesve, nos-
tre honnoré Seigneur.
JEAN sturm 4 à Martin Bucer, à Strasbourg.
(De Paris) 23 août 1533.
Autographe. Archives du séminaire protestant de Strasbourg.
A. -G. Strobel. Hist. du Gymnase protestant de Strasbourg, 1838,
p. 106-109.
Sommaire. Prédications de Gérard Roussel à Paris, dans le palais du Roi, malgré
l'opposition des docteurs de la Sorbonne. Ceux-ci, voyant leurs plaintes mal accueil-
lies, ont tonné en chaire contre les Luthériens, le Roi, la reine de Navarre et l'é-
vêque de Paris. Le peuple a commencé à s'agiter. Les théologiens ont voulu intenter
à Roussel un procès pour hérésie ; mais le Roi s'en est réservé le jugement, et, après
s'être assuré que les prêcheurs séditieux étaient les instruments de Beda, il les a
exilés de Paris tous ensemble. Les hommes éclairés accordent, pour la plupart,
toutes leurs sympathies à Roussel.
.... Hanc epislolam vclui initium esse noslrae conjunctionis. Ea
autem ad te, praesertim hoc tempore, scribam quae tibi existimo
s Les députés bernois durent arriver le 4 juillet à Genève, où ils paru-
rent en Conseil le lendemain.
9 On lit dans la lettre que MM. de Berne adressèrent le 1G juillet sui-
vant à l'Évêque : « Nous avons receuz vostre response sur nous lectres, de
laquelle nous contentons. » (Minute orig. Archives bernoises.)
1 Voyez sur Jean Sturrn le N° 418, note 23.
1533 JEAN STURM A MARTIN BUCEH. A STRASBOURG. 73
grata esse ad audiendum et milii ad commemorandum, el jam pri-
dem scripsissem, si data fuisset occasio.
Beda, septimo Kal. Junias8, cum duobus sui ordinis theoiogis.
in exiiium coactus est proficisci, idque ex mandalo regio. Et, quo-
niam illud novum est, rem quemadmodum gesta est totam expo-
nam 3. Regina Navarrœ jam per annos aliquot apud se liabet Ge-
rardum Rufum. Is, cum Jacobo Fabro, non ita olim exulavit apud
Argentinos4: uterque etiam ex intercessione Reginœ suntrevocati
in patriam 5. Jam Faber est apud Aquitanos n, ibi se tutatur adver-
sus theologorum tyrannidem. flM/MsReginamsequitur,etpermen-
ses Marlium et Aprilem concionatus est apud populum in ipsâ re-
giâ ', magno hominum concursu et comprobatione multorum, sed
tbeologorum calumnià. Primùm enim nomen ejus apud Regem
deferebant : ab boc contem[p]ti sunt et rejecti ad Cancellarium 8 ;
ab illo peraîque turpiter remissi ad Episcopum 9 : hic apertè eos
illusit. Attentaverunt etiam primum prœsidem 10. Is. cum Régis con-
silium cognoverat, tametsi amicus sil Sorbonœ, tamen deseruit
caussam.
Ubi igilur isti Thersitœ destitua essent omnium auxilio, et hi qui
possent nollent, et qui cuperent non auderent adesse, ccsperunt vo-
ciferari adversùm hœreticos et Luther anos, Regem etiam cumsorore
et Episcopum, quôd suo silentio comprobarent taies se esse quales
defenderent, publiée taxaverunt u. Omnia baîc delata sunt ad Epis-
copum et Reginam Navame. Beda interea solicitabat literis suos
oratores, quasi ex scito tbeologorum, ne cessarent in suis deme-
goriis concitare populum. Ad extremum populus etiam mussitare
et minaiï cœpit ; typographi in suis pegmatis, scripturâ et picturà,
2 Le lundi 26 mai 1533.
3 Comparez le récit de Sturm avec celui de Siderander (N° 418).
4 Voyez le N° 168, note 1.
5 Voyez le N° 171, renvois de note 5 et 6.
G C'est-à-dire à Nérac (N° 291, n. 5, et Nn 363, n. 2).
7 C'est-à-dire au Louvre, pendant l'absence de François I.
8 Antoine du Prai (N° 202, n. 1 et N° 246, renv. de n. 3). En 1528 il
était devenu évêque d'Alby, et deux ans plus tard le pape l'avait élu comme
son légat perpétuel en France.
9 Jean du Bellay, évêque de Paris dès le 20 septembre 1532.
10 Pierre Liset (N° 104, renvoi de n. 15), nommé premier président e
1529.
11 Ces prédications furieuses commencèrent «après Pâques,» c'est-à-
dire après le 13 avril (N° 418, n. 15).
74 JEAN STURM A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 1533
et ludo scenico, laeserunt Reginam 12, et omnino res cœpit esse
0O/JUj3û)§>7Ç.
Interea collegère theologi articnlos 13. Rex Navarrœ, inslinctu
uxoris, et Episcopus Regem solicitare, et rem exaggerare, Berquini
memoriam et eam crudelitatem renovare 14, et seditionis crimen in-
tendere. Placuit Régi ut Beda, cum suis oratoribus, et Gerardus
Rufus, quisque in suis eedibus, tanquam privatâ custodià, detine-
retur15, ut qusereretur de hœresi et de seditione quae adversus Re-
gem concilata videretur. De hœresi paruui est actum, propter pos-
tulatum theologorum. Petebnnt enim, ut suo more quœstio fieret de
hœretico, et ea esset judicii forma quâm ipsi contra Berquinum et
alios instituissent, ita tamen, — ne accusatores viderentur, sed opi-
natores tantùm et inquisitores haereticae pravitatis — ut immunes
essent, quoquo modo jndicaretur, à pœnà. Hœc postulata Rex
prorsus improbavit, et judicium de hœresi sibi reservavit donec re-
diret; nam jam tum Lugduni erat18, venturus in collocutionem
cum Papa. De seditione quœri et animadverti voluit.
Eodem eliam tempore theologi collectos suos articulos Régi exhi-
buerunt 1". Rex, quoniam erat exacerbatus, irrisit tanquam Arcadi-
corum pecorum. Reditum est inde Lntetiam. Rogati sunt illi qui
conciones habuerunt, cujus vel permissu vel jussu populum com-
movissent et lœsissent Regem ; responderunt : « ex consensu et
12 Ces pièces satiriques composées contre Marguerite de Navarre n'ont
pas été conservées.
13 Ce fut sans doute dans le courant de mai que la Sorbonne réunit ces
articles qui devaient servir de base à l'accusation d'bérésie contre Roussel
(Voyez la note 16 à comparer avec le N° 417).
14 Les juges de Louis de Berquin avaient instruit son procès avec une
grande précipitation, et ils s'étaient hâtés de le condamner au supplice du
feu, pendant l'absence du roi François I. (Voyez le N° 254, X° 259, notes
4-7, et, dans Le Clerc, p. 1468, la lettre d'Érasme à Abel Colster du 25 avril
1533, que nous avons oublié de citer dans le tome II.)
13 Siderander (N° 418) place cet ordre du Roi dans la seconde moitié
d'avril, «non ita multo post Pascbam, » cette fête tombant cette année-là
sur le 13 avril.
,G François I paraît être arrivé à Lyon vers le milieu de mai (Voy. la
fin du N° 418). C'est dans cette ville qu'il reçut le 7 juin une requête de
la Sorbonne (Voy. N° 418, n. 36).
17 On peut conclure de ce passage que la lettre de Marguerite de Na-
varre relative au procès de Gérard Roussel (N° 417) fut écrite vers la même
époque, c'est-à-dire vers la fin de mai 1533.
L'1
1333 JEAN STURM A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 75
placito Magistrorum Nostrorum. » Theologi, cum pericula animad-
verterent, negabant18. Tandem compertum est omnia haec à Beda
esse conflata. Statim allatœ literœ regiœ ; ex senatusconsulto confir-
matum est, ut Beda atque très Mi reliqui ■primo quoque tempore
exularent, ut interea dum Rex abesset, dum non revocarentur, bi-
dui abessent à Lutetià 19. Ego ex certis hominibus audivi, Regem
ex eo esse animo ut nunquam velit Bedam reverti. Vide rerum
comrautationem. Prêter senes Priamos et paucos alios, nemo est
qui faveat istis sacerdotibus Phrygïis 20. Juniores theologi jam sa-
pereincipiunt. Gerardus Ru fus ed est modestid,ut multo maxima pars
saniorum judiciorum in ipsum studiasuaetsua cota conférant.
Salve atque vale. Decimo Kal. Septembris anno M. D. XXXIII.
Joan. Sturmius.
18 On lit dans le Registre des Actes de la Sorbonne à la date dn 23 juin
1533 : « Postulavit Decanus Theologiœ ut, nomine publico, mitterentur viri
graves ad Episcopi Parisiensis vicarios, quô signifiearent per parœcias plebi,
ut si quis ex prredicatione aliquà quadragesiraali scandalum aliquod passus
esset ex malesanâ aliqiiâ prœdicatione, referre cogeretur : quod concessit
Universitas. » (Bulseus, op. cit. VI, 238.)
19 Voyez le N° 418, note 20.
20-21 On trouve, dans la lettre de Bertlwld Huiler à Bullinger du 25 août
1533, les détails suivants sur la demi-tolérance dont on jouissait alors à
Paris et à Lyon : « Pellicani commentant™ publiée Luteciœ vendi, Farelli
cornes et frater bac horâ retulit, prœsente Farello, qui vos salvere jubet.
Omnia tua sed clanculùm in omnibus piorum manibm circumferuntw. Zitin-
(jlii Psalterium Lugduni, cum paraphrasi Jo. Campensis, G[r]ijphius, sup-
presso Zuinglii nomine, excussit. Id et venditur palam et imprimitur Lute-
ciœ. Venditur palàm Buceri Psalterium [N° 260]... Inter scribendum refert
Farellus aliud, nempe Thomam Caietanum, Cardinalem et ordinîs praedica-
torii generalem, in multis nobis accessisse, de confessione auriculari, de
conjugio sacerdotum, de divortio, quod viro non mulieri admittitur, quod
in ecclesiis non nisi linguâ patriâ omnia agantur. Scripsitin bpec. Quod cum
Sorbonistœ Parisienses vellent condemnare, vetuit Cancellarius Parisinus
ne quid définirent sine Scripturis. Vetuit idem Pontifex Sorbonistis sub ana-
tbemate. Caietani opus apud Badium impressum est, et in prima pagina
subscriptnm : « Visa et approbata per summum pontificem. » (Manuscrit au-
tographe. Arch. de Zurich.)
76 LE CONSEIL DE BERNE A CLAUDE DE NEUCHATEL. 1 533
42Ô
le conseil de berne à Claude de Neuchâtel \
De Berne, 18 septembre 1533.
Inédite. Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. MM. de Berne expriment à Claude de Neuchâtel leur déplaisir de ce qu'il
a si facilement changé de croyance, et ils l'exhortent à laisser la liberté de con-
science à ses sujets de St. -Aubin.
Noble, magniffique Seigneur, singulier aray et chier bourgeoy!
Vous sçavés qu'avons pourté et euz grands travauls, coustes et
missions, sur vostre instance et requeste, pour enduisre vous soub-
gectz de Sainct-Aulbin à accepter la saincte Parolle de Dieuz -, —
ce qu'avons très-volentier, pour l'avancement de l'honneur de
Dieuz, comme summes entenuz, faicl, en tant que vous et les dicts
de Sainct-Aulbin jusques icy estes desmouré en bone paix et tran-
quillité par ensemble. De quoy summes estes très-joieulx jusque
atant qu'avons entenduz que, ces jours passés, vous estes révoltez 3,
et, à ïapétit d'aulcuns 4, estes venu: à Sainct-Aulbin, acompaignié
du Secrétayre de Frybourg 5 et ses complices armés, et [avez] ouvert
les pourtes de Vesglise et mis en possession le filz du dict secrétayre
de la dicte cure, par force et contre le vouloir des paroichiens. De
quoy nous mervillions grandement et en avons plus grand regrectz
que ne sçauriens disre.
'-- Voyez sur Claude de Neuchâtel et sur la Réforme à St.- Aubin, les
Ncs 343 et 350, et le N° 374, u. 4.
5 Se récolter signifiait alors : retourner à l'ancienne croyance.
4 C'est probablement une allusion à MM. de Fribourg, qui étaient venus
en aide à Claude de Neuchâtel dans ses embarras financiers. Pendant le
1er semestre de l'année 1533, ils lui avaient prêté la somme de 625 livres,
et lui avaient accordé la bourgeoisie le 1G mai (Comptes des trésoriers, et
Manuel du Conseil de Fribourg).
5 Antoine Krumenstoll .
1533 LE CONSEIL DE BERNE AU GOUVERNEUR DE NEUCHATEL. 77
[Nous] eussiens bien pensé que., veuz et attenduz le molestemenl,
aussy coustes et missions qu'avons eues pour l'amour de vous au
dict affaire, aussy en contemplation de l'honneur de Dieuz et du
vostre, vous eussiés mieulx considéré le cas et non pas sy facilement
changé coraige et propost. oins persévéré, comme à homme de bien
apartient, non obstant les troubles que par avanture avés euz à
cause qu'aviés prins l'Évangile, desquels Dieuz vous eust bien re-
levez en l'aultre monde.
Pour autant, comme ceulx que desirrent avancer vostre honneur
et prouffit en cestuy et l'aultre monde, vous prions et admones-
tons très-acertes et par vigeur de la bourgeoysie en laquelle nous
estes entenuz, que à vous promesses veilliés satisfaire et donner lieuz,
et vous retourné sur le chemin de vérité, et vous soubgectz de St.-Anl-
bin laisser en tieul estre que sont, sans le[s] charger touchant la foy
en leur consciences, ains les préserver de force, comme estes en-
tenuz, affin que plus grands inconvénients ne sourviènent. Et sur
ce vostre response, par présent pourteur, sy le voulés faire ou non,
[pour] en après y sçavoir mettre ordre nécessaire. Datum xvm Sep-
tembris, anno xxxiii0.
L'Advover et Conseil de Berne.
(Suscription:) A Noble, magnifique Seigneur Claude de Neuff-
chastel, seigneur de Vaulmarcuz, nostre bon amy et chier bour-
geoy.
424
le conseil de berne au Gouverneur de Neuchâtel.
De Berne, 18 septembre 1533.
inédite. Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. MM. de Berne communiquent au Gouverneur du comté de Neuchâtel les
plaintes des Évangéliques de St. -Aubin, en le priant de les prendre sous sa pro-
tection.
Monsieur le Lieutenant, à vous nous recommandons. Hz nous
ont les gouverneurs et ceulx que Mènent la parthye de F Évangile
78 LE CONSEIL DE BERNE AU GOUVERNEUR DE NEUCHATEL. 1533
à Sainct-Aulbin, comme la copie des lectres cy-dedans enclusez
contient, escript1. De quoy vous avons bien voulsuz advertir,
affin que y mettes ordre, pour obvier à plus grandes fâcheries
et inconvéniants, et nomméement, tant comme lieutenant de
Madame de LongueviUe 2 vostre mestresse, nostre très-chière bour-
geoise, aux dicts de Sainct-Aîdbin administrer justice contre iceulx
contre lesquels Hz soy plai[g]nent, à cause de la violence, force et
menasses que l'on leurs a faict 3, — et davantaige les préserver et
garder que cy-après ne soyent ainsy molestés et pressés à cause
de ce qu'ilz veulent tenir la parthye de l'Évangile, veuz et atten-
duz que, à l'instance du seigneur de Yaulmarcuz nostre bour-
geoy, aux dicts de Sainct-Aulbin avons faict remonstranses, en
sourte qu'ilz ont accepté la Parolle de Dieuz et sur cella jusque
icy euz ung prédicant 4. Dont nous mervillions du recoulement
que le dict S* de Vaulmarcuz présentement a faict. Et à ceste cause
luy avons escript comme voyés en la copie d'icelles lettres icy com-
prise 5, laquelle vous avons bien voulsuz envoyez pour y mettre
remède nécessaire, affin que plus grands inconvéniants ne sour-
viènent et la souverénité de ma dicte Dame soit gardée. En cestuy
endroit veilliés faire comme en vous nous confions et l'affaire le
requiert. Datum xvni Septembris. anno xxxin0.
L^Advover et Conseil de Berne c.
' Nous n'avons pas retrouvé la lettre des quatre gouverneurs et des
Évangéliques de St. -Aubin. MM. de Berne y répondirent le 18 septembre
en leur envoyant la copie de celle-ci et de la précédente, pour les mettre
en état de « sçavoir tant mieulx [se] conduisre en l'affaire, » et les exborter
à « persévérer dans leur sainte intention. » (Minute orig. Arch. de Berne.)
- Jeanne de Hochberg, ducbesse de LongueviUe et comtesse de Neu-
cbâtel (N° 300, n. 7).
3-3 Voyez le N° précédent.
4 Claude Clerc, élu pasteur en 1531 (N° 343, n. 7).
i; La minute a pour adresse: « Au Lieutenant de Neucbâtel, » c'est-à-dire
à Georges de Bive, seigneur de Praugins, Grandcour et Genollier (N° 269,
n. 6). Il avait épousé Isabelle de Vauxmarcus, sœur cadette de la première
femme de Claude de Neuchâtél, seigneur de Vauxmarcus, Gorgier et Tra-
vers, dont il est fait mention dans la présente lettre, et auquel la précé-
dente est adressée (Voyez G. -A. Matile. Musée historique de Neuchâtél
et Valangin, 1841-1845, t. II, p. 32-33).
1533 LE CONSEIL DE FRIBOURG AUX. ÉVANGÉLIQUES D'YVONAND. 79
425
le conseil de fribourg aux Évangéliques d'Yvonand.
DeFribourg, 18 septembre 1533.
Inédite. Copie contemporaine. Arch. de Berne.
Sommaire. MM. de Fribourg invitent leurs sujets d'Yvonand à s'abstenir de soumettre
à des amendes ceux de leurs concitoyens qui vont ouïr la messe.
(La coppye des lettres envoyées par Messieurs de Fribourg à
ceulx d'Yvonan tenans la partie de rÉvangille 1.)
L'Advoyé et Conseil de la Ville de Fribourg. nostre salut !
Nous sonmes certainement informez comment aulcungz entre
vous il sont allez par devers noz chiers combourgois de Berne, el
leur ont faict réquisition et demande qu'ilz vous baillent et lais-
sent parvenir leurs estatus et ordonnances faictes sus et contre ceulx
qui aUont ouyr messe et font contre leur réformation -, aftin qu'il
peulvenl retirer les banc b ou parcbasser le chastoyement envers
les faillain [1. faillants]. De quoy somnes grandement desplaysant,
en regardant que c'est contre l'ordonnance et la libéralité laquelle
par cy-devant est lissite à cbascung : c'est que chascung il deheusse,
en ces cboses, estre franc 4.
1 Voyez sur Yvonand le N" 355, n. 3, le N° 356, n. 5, le N° 367, u. 3,
le N° 371, n. 5, le N° 393, n. 2, les Additions du t. II, p. 488, et Ru-
chat, III, 135, où l'on apprend que les Réformes cV Yvonand, accompagnés
de Fard, avaient renversé des autels et des images dans les églises de
Grandson, au mois d'août 1532.
2 Berne avait exhorté plus d'une fois ses alliés à suivre son exemple
sous ce rapport (Voy. les X08 253 et 368).
5 C'est-à-dire, les amendes.
4 L'ordonnance à laquelle fait allusion le Conseil de Fribourg est sans
doute celle du 30 janvier 1532 (N° 371). Les Réformés d'Yvonand y trou-
vaient cependant un paragraphe (X° susdit, renvoi de n. 5) qui autorisait
leurs sentiments intolérants.
80 ADAM [ANTOINE SAUNIER] A GUILLAUME [FAREL, A MORAX]. 1533
Sur quoy desirons, voulons et vous commandons par ces pré-
sentes, que il ostés et entre layssés cieulx ordonnances 5, et que ne
les usés point en aucune manière, mais que layssés à chascungson
franc voulloir. Ce faysant nous ferés playsir. Et si d'aventure vous
ne le vouleriés faire, ny suyvir et accomplir, vous commandons
que venés icy comparoir, par devant nous et les ambassadeurs de
nous dicts combourgoys de Berne, sus Lu[n]di prochainement ve-
nant e, ou que y soyés par deçà sus le dict Ludi au giette, affîn que
il preingnés enformation de ce que se pourra sus cest affaire bes-
songner. En cella ne voullés faire faulte. Datum xvm° Septembris,
Anno xxxm0.
426
adam [antoine saunier1] à Guillaume [Farel, à Moratj.
(De Moirans) 22 septembre (1533 ').
Inédite. Autographe. Bibl. des pasteurs de Neuchàtel.
Sommaire. Récit du voyage de Saunier dans le Piémont et dans le Dauphiné. Nou-
velles des églises vaudoises et de la famille de Fard.
Grâce et paix, avecques transquillité de conscience par Jésus,
nostre seul Saulveur !
3 C'est-à-dire, les ordonnances renfermées clans l'Édit de Réformation
publié par MM. de Berne le 7 février 1528.
6 Le lundi 22 septembre.
1 La présente lettre et celle du 5 novembre 1532, signée du même nom
et que nous avons attribuée à Antoine Saunier, ont été écrites par la même
main. Toutes les deux renferment des particularités qui ne conviennent par-
faitement qu'à ce correspondant de Farel (Voyez le renvoi de note 8, et la
lettre du 22 juillet 1535).
2 Le millésime est déterminé par les détails consignés dans les notes 4,
14 et 29.
1533 ADAM [ANTOINE SAUNIER] A GUILLAUME [FAREL, A MORAT]. 81
Mon frère, Nostre Seigneur m'a conduit jusques là où sçavés 3.
Mays [je] ne me suys pas trouvé à l'assemblée 4, pour ce que quand
despartis de vous estoyt le 14e d'a[o]ust 5, aussi mon cheval ne pou-
voit aller, et, quand fus à Turin, les estudians « me retindrent troys
jours, là où ne perdîmes pas le temps ; et aussy Hz ne furent en-
semble que quatre jours ". Toutesfoys quelque quantité estoient encore
là, desquieulx j'ay heu des reproches, à cause de l'imprimerie ; car
Hz disent que je suys le promoteur de l'affaire, et que il y a ung an
passé que les deniers sont deslivrés, et qu'il n'y a rien defaict 8. Hz
seriont d'advis de me bailler la charge des affaires, et que je me
tins[s]e au près de Pierre 9, pour donner ordre aux livres. S'il vous
semble que cela soit nécessaire et expédiant, il vous playra leur en
rescrire tout aplein 10 [1. à plein].
De là m'en suvs venu en vostre ville n,ià où y avoit ung mer-
5 La suite du discours montre que Saunier veut parler des Vallées vau-
doises du Piémont, qu'il avait visitées, après avoir passé par Turin et avant
de se rendre dans le Dauphiné.
4 II s'agit de l'assemblée des pasteurs vaudois dont nous avons parlé plus
haut (N° 420, n. 12), et qui fut convoquée au Val St. -Martin pour le
15 août 1533.
3 Nous ignorons quelle fut la durée du séjour de Saunier dans les Val-
lées vaudoises, où nous l'avons laissé à la fin de l'année 1532 (N° 393). Nous
ne savons pas davantage ce que dura celui qu'il fit en Suisse en 1533.
6 Ces étudiants étaient sans doute des jeunes gens des Vallées vaudoises
qui faisaient leurs premières études à l'université de Turin. Voyez, dans le
N° 393, le passage où Saunier dit : « Taurini non sunt jitvenes, » et le
N° 396, n. 1.
7 C'est-à-dire que l'assemblée des pasteurs vaudois avait pris fin le
18 août (Voyez note 4).
s Ce passage peut faire croire que ce n'était pas seulement à l'impres-
sion de la Bible, comme nous l'avons dit ailleurs (N° 393, n. 19), que de-
vait être consacrée la somme de 500 écus d'or rassemblée par les Vau-
dois en 1532. Il est plus naturel de penser que cet argent devait favo-
riser l'établissement d'une « imprimerie » destinée à publier divers ouvrages
de religion. Les retards que cette entreprise avait éprouvés faisaient désirer
que la direction en fût confiée à Saunier lui-même.
9 Saunier veut sans doute parler de Pierre de Wingle, que déjà nous
avons cru reconnaître dans ce « Petrus bibliopola » fixé dans le comté de
Neuehâtel en 1532 (N° 393, n. 26).
10 A notre connaissance, on n'a conservé aucune des lettres écrites par
Farel aux Vaudois.
11 La ville de Gap, distante environ d'une lieue du hameau des Fareaux,
où était né Farel
t. in. 6
82 ADAM [ANTOINE SAUNIEft] A GUILLAUME [FAREL, A MORAT]. 1533
veilleux bruit. J'ay parlé de nuyt à l'amblée [c.-à-d. d'emblée], envi-
ron deux heures, à vostre belle-seur, la femme de Gau.[chier] 12, la
quelle a fort bon cueur (Dieu le luy veulle maintenir et augmenter!)
et m'a conté tout V affaire. Premièrement, vostre frère est en pri-
son 13 en vostre ville, vous advertissant que les lettres que fistes
envoyer par Messieurs w luy ont porté grand domnaige. Car celuy
au quel fistes escrire print les affaires tout au rebours de poil 15.
Aussi j'ay entendu que ceulx de l'aullre ville le, tant adversaires ou
aullres, rescrirent tout au contraire. Pour quoy il commanda que
l'on fist justice, et que dedans ung moys il voloit estre adverty
cornent Ton en auroit faict son debvoir, et nomma les deux frères
et la mère 17. A cause de quoy ne fault que Claude vienne 18. L'on
avoit desjà trouvé quatre vin[gt]s tesmoingz, qui disent choses mer-
veilleuses ; mays, la grâce Dieu, il n'y a pas deux qui s'acordent,
et il 19 les a tous rejectés et a fort bon cueur. Hz tâchent de luy
faire desplaisir au corps, mays Nostre Seigneur en fera selon son
ordonnance et non point selon le conseil des hommes.
Après, nr'envins à Ville-neuve 20, où parlys à vostre seur et beau-
12-13 Gauchier Fard, frère cadet du Réformateur, était greffier de la
cour épiscopale de Gap. (Voyez Ch. Charronnet. Guerres de religion dans
les Hautes-Alpes. Gap, 1861, p. 9.) Nous ignorons l'origine du procès qui
lui fut intenté par l'évêque du diocèse (Voy. les deux lettres de Guill. Farel
du 25 avril 1534).
14 Le Manuel du Conseil de Berne du 7 juin 1533 renferme l'article
suivant : « On accorde à [Guillaume] Farel, sur sa demande, des lettres de
recommandation adressées au Boi et à sa sœur, la reine de Navarre. On
les fera transmettre par [l'ambassadeur français Lambert] Mégret. »
13 Le roi François I (note 14). Voyez la lettre du 20 octobre 1533.
16 La ville de Grenoble, siège d'un parlement.
17 Les deux frères nommés par le Roi étaient sans doute Jean-Jacques et
Claude Farel. Le premier était déjà très-versé dans la polémique religieuse,
puisqu'il dogmatisait en 1532 dans la ville de Gap sur la messe, le purga-
toire, l'eau bénite, la confession, etc. (Voyez le curieux procès dont l'ana-
lyse a été publiée par M. Cbarronnet, op. cit. p. 10-11.) Il paraît que leur
frère Daniel ne se trouvait pas au pays. Quant à leur mère, veuve depuis
quelques années (Tome II, p. 303, lig. 2-3), nous savons seulement qu'elle
avait été très-dévouée au catholicisme. (Voy. Farel. Du vray usage de la
croix de Jésus-Christ. 1560, p. 237. Réimpression de Neuchâtel, 1865,
p. 149.)
15 Claude Farel était en Suisse depuis le mois d'août (Voy. le N° 422,
n. 20-21, et la lettre de Toussain du 1er octobre 1533).
19 Gauchier Farel.
-° Villeneuve-lès- Avignon, ville située sur le Rhône, en face d'Avignon.
1 533 ADAM [ANTOINE SAUNIER] A GUILLAUME [FAREL, A MURAT]. 89
frère21, et si [1. s'y] trouva Maistre Antoine Aloaty 22 et sa femme.
esquelz fys voz recommandations, et leur baillys voz lettres leur
recommandant l'affaire. De là m'en vins en Advignon, pour sçavoir
si vostre provision estoit venue de Rome 2S. Mays le banquier nous
dict qu'il n'estoit pas possible qu'elles fussent si tost venues, et
quand vous les auriés, si ne si fauldroit-U point fier 2\ Troys jours
après, j'ay entendu par ung homme qui venoit de la dicte ville
vostre, qui disoil qu'il avoit veu ung commissaire venant de la
cour, qui portoit lettres pour la délivrance de vostre frère 2b. J'es-
père en sçavoir la vérité en bref; car vostre seur et moy conclûmes
que elle m'avertiroit de tout, et moy elle, ce que elle n'a faict en-
core, de quoy suis marry, car je vous eusse peu escrire mieulx à
la vérité. Elle me dict, qu'il seroit nécessaire que vous et Claudon20
fissiés une donnation que fust faicte il y a dix ou douze ans en ça,
que fust avant vostre despartie 27, et pourries retenir devers vous
tout le contraire 28.
Je m'en yray, s'il plaict à Dieu, eô ubi fit conventus adversus Do-
minum et Christian ejus29, pour sçavoir toutes nouvelles. Je vous
prie escrire particulièrement à frère Loys, le viens 30, le admonestant
2 ' Une sœur de Farel avait épousé noble Honorât Biquetti, l'un des an-
cêtres de Mirabeau (Charronnet, op. cit. p. 17).
-- Maître Antoine Aloaty, bourgeois de la ville de Manosque (Basses-
Alpes), où il exerçait l'office de notaire, avait épousé Claudine Biquetti,
fille tf Honorât (n. 21) et nièce des frères Farel (Cbarronnet, op. cit. p. 9
et 17).
•23.24 Nous ignorons s'il s'agissait d'une dette privée, ou d'un reliquat dû
à Farel sur les revenus du bénéfice ecclésiastique qui lui avait été conféré
en 1517 par Jules de Médicis, élevé plus tard au pontificat sous le nom de
Clément VIÏ (Voy. le N° 83, n. 2), bénéfice que Farel aurait conservé
pendant quelques années.
25 C'était une fausse nouvelle. Voyez la lettre de François I du 20 oc-
tobre 1533.
20 Claude Farel.
27 C'est-à-dire une donation qui fût antidatée, de manière à faire croire
qu'elle avait été écrite en 1521 ou 1523, année où Farel avait visité sa ville
natale (N° 83, fin de la n. 2), avant de quitter la France.
2S C'est-à-dire une contre-lettre, dans laquelle Guillaume et Claude Farel
auraient renoncé à se prévaloir personnellement de la lettre de donation.
29 Ces paroles, tirées du Psaume II, v. 2, sont appliquées par l'écrivain
à l'entrevue que François I et le pape Clément VII devaient avoir pro-
chainement à Marseille.
30 Nous pensons que ce Louis le vieux est le premier des personnages
84 ADAM [ANTOINE SAUNIER] A GUILLAUME [FAREL, A MORAT]. 1533
à parte et de rimpr[i]merie ; car luy et Estève 31 me veulent bailler
la charge de vendre les livres et me tenir au près 32. Escrivés ce
que bon vous semblera, sans faire semblant que je vous en aye
adverty. Le présent pourteur vous dira de mes nouvelles et vous
advertira des affaires. Je suis en possession de luy donner toujours
poyne, — que sera la fin, après m'estre très-humblement recom-
mandé à voz bonnes prières et de tous ceulx de la religion, priant
le Créateur qui vous doint grâce de toujours avancer l'honneur et
gloire du Seigneur. De la maison de mon père 33, ce 22e de Sep-
tembre, p^r
Vostre frère, serviteur et amy
Adam.
(P.-S.) Des novelles de Rnfus 34, nostre frère vous en contera,
et d'une anltre esmotion merveilleuse, qui a esté faicte à Paris, des-
puys six sepmaines en ça 35.
(Suscription :) A maistre Guilhaume 3e, mon bon frère et amy.
indiqués par P. Gilles (op. cit. p. 38) dans le passage suivant : « Les con-
ducteurs en leurs Synodes [ceux des Vaudois] estoyent : Louys, le plus
vieux, Estienne, Daniel et Luc. »
31 La forme particulière de ce nom, dérivé de StepJiamis, donne à
penser que celui qui le portait était piémontais ou provençal. Voyez la
note 30.
32 Voyez le renvoi de note 9.
33 Saunier était natif de Moirans, bourg situé sur l'Isère, à 3 lieues en-
viron au N.-O. de Grenoble.
34 Gérard Boussel, ancien professeur de Farel. (Voyez le N° 83, n. 2,
la p. 205 du t. I, 3e lig. du texte en remontant, le N° 104, renvoi de n. 38,
les N08 417, 418, 422, et la lettre de Farel du 16 avril 1540.)
55 Quelle était cette « autre émotion merveilleuse, faite à Paris, » en-
viron le 10 août ? Les lettres contemporaines que nous avons pu consulter,
et, en outre, le Journal d'un bourgeois de Paris et la Chronique du roi
François I (Paris, 1860) sont muets là-dessus. En tout cas, on ne peut
voir dans ces paroles de Saunier une allusion au fait suivant, mentionné par
M. Schmidt (Mém. sur Roussel, p. 94-95) comme ayant eu lieu à Paris en
1533, pendant l'absence de François I : « La haine contre Marguerite de
Navarre inspira aux moines et aux théologiens de la Sorbonne les mesures
les plus extravagantes. Dans une conférence sur les moyens d'anéantir l'in-
fluence de la reine, un moine, nommé Toussaint Lemand, proposa tout sim-
plement de la mettre dans un sac et de la jeter à la Seine. » Ce propos,
qui doit être attribué au Cordelier Toussaint Eémard, fut tenu, non en
1533 mais vers l'année 1544, à Issoudun en Berry. (Voyez Bèze. Hist.
eccl. I, 66 et 147. — Bayle. Dict. hist. article Junius, note B.)
36 Saunier avait d'abord écrit : « A maistre Loys. »
1 533 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE PAYERNE. 85
427
le conseil de berne au Conseil de Payerne.
De Berne, 24 septembre 1533.
Inédite. Minute originale. Archives cte Berne.
Sommaire. MM. de Berne se plaignent des amendes énormes que leurs alliés de
Payerne, contrairement à leurs récentes promesses, imposent aux partisans de
l'Évangile.
Nobles, saiges, etc. Nous sûmes advertis de la molestation et fâ-
cherie que par vous est faicte à ceulx suivants et tenants nostre foy
et loy évangèliçque, et nomméement, comme ayés ung qu'avoyt faict
baptiser son enfant à la loi de Dieu l, condampné et pugnis à jm (un
mille) escuz; ung aultre, à cause qu'avoyt contraint mariage aussy
selon Dieu, à ung cent escus, avec plusieurs aultres oultraiges.
De quoy sûmes très-grandement desplaysant; car tel [cas] n'est
point consonant à vous promesses, que par vous ambassadeurs der-
nièrement, à la renovellation de l'alliance entre vous et nous, sont
estées faictes, assavoyr : qu'estiés de bon voulloir, tous et ung
chescuns vuillians ouyr et ensuivre la saincte Parolle du Christ,
iceulx laisser faire sans empeschement ny contredict quelconque.
Sans laquelle chouse (comme sçavés) ne vous eussions voulsuz ju-
rer la dicte alliance 2.
Pour quoy vous prions, et en vigeur d'icelle dicte alliance admo-
nestons, voulloir iceulx et tous, quel qu'il soyent, vuilliants en-
suivre nostre foy et sainct Évangïlle, laisser en paix, sans aulcune
1 C'est-à-dire, selon le rite réformé.
2 En renouvelant son alliance avec les Fribourgeois le lundi 9 juin (Ma-
nuel de Fribourg), et avec les Bernois, six jours après (N° 419), la ville de
Payerne s'était volontairement placée dans une position difficile, puisqu'elle
avait dû faire aux uns et aux autres des promesses contradictoires.
86 L'ÉVÈQUE DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1533
persécution, et toutellement donner lieuz à vous dictes promesses,
comme la rayson le requiert. En ce nous ferés playsyr et vostre
grand honneur. Priant Dieu que vous aisse [1. aie] en sa tutelle.
Datum xxmi Septembris 1533.
L'Advoyer et Conseilz de Berne.
428
l'évêque de Genève au Conseil de Genève '.
D'Arbois, 25 septembre 1533.
Manuscrit original. Archives de Genève.
Sommaire. L'Évêque de Genève exprime l'espoir que les Syndics se résoudront enfin
à lui rendre sa juridiction. C'est ainsi qu'ils témoigneront de leur reconnaissance
envers l'Église.
Très-chiers, bien-améz et féaulx !
Par l'arrest prins avec vous à nostre partement de nostre cité de
Genève 2, [il] fut conclu que tost après nous randriés responce sur
le contenu aux articles que vous furent baillez touchant nostre
auctorité et juridicion 3. Vous adviserés de nous en fère entendre
vostre intencion par nostre secrétaire, présent porteur, lequel
avons charger de vous en remanteveoir et soliciter. Et vous prions
1 Nous publions cette lettre, parce qu'elle peut servir à caractériser la
position réciproque de l'Évêque et des magistrats de Genève vers la fin de
l'année 1533. Les exhortations qu'il leur adresse ayant uniquement pour
but de sauvegarder sa juridiction, on peut en conclure qu'il se croyait as-
suré de leur concours dans les questions religieuses et que la majorité
du Conseil était, par conséquent, défavorable à la Réforme. (Voyez les
notes 3-5.)
- Malgré les instances des Syndics, Pierre de la Baume avait quitté Ge-
nève le 14 juillet, en promettant d'y revenir à la fin du mois d'août. L'évé-
nement qui accéléra peut-être son départ fut la destruction d'une image de
la Ste. Vierge que « certains Luthériens » avaient enlevée de la porte du
Bourg-de-Four et livrée aux flammes, le 12 juillet. (Voyez le Reg. du Con-
seil, 13 et 14 juillet.)
5 C'était le 13 juillet que l'avocat du Priuce-Évèque avait remis au Con-
seil ces articles, dont le contenu est indiqué comme il suit dans le Registre
1533 l'ÉVÈQUB DE GENÈVE AU CONSEIL DE OENÈVE. 87
y résouldre en si bonne sorte et avec tel effect, qu'ayons occasion
de persévérer à la bonne affection qu'avons tousjours eu à vous.
La gloire ne vous sera point moindre de laisser l'Esglise à repos,
qu'à nous de la bien garder et deffandre. C'est rostre mère, c'est
rostre défenderesse. Elle vous a protéger et secouru au besoing.
Aiant doncques receuz tant de biens d'elle, ne vous seroit-ce pas in-
gratitude et mescognoissance de la vouloir maintenant frustrer de
ses aucteurs et préhéminances 4? Vous savés que cela est à la charge
de nostre conscience, avec tel serment et si grande obligation, que
(persévérant à vostre propoz), pour nous acquicter de debveoir,
serons contrain y treuver remède, à nostre très-grant regret.
Nous vous prions encoures une bonne fois y vouloir bien penser,
vous disant sur ce adieu, très-chiers, bien-améz et féaulx, qui vous
ait à sa saincte garde. Dez Arbois, ce xxve de Septembre 1533.
L'Évesque et Prince de Genève.
Machard.
(Suscription:) A nos très-chiers, bien-améz et féaulx les Sindi-
ques et Conseil en nostre cité de Genève 5.
du 14 juillet: « [Dni Friburgenses] exposuerunt sicuti Dmis Princeps sibï
dixit se dédisse contra cives articulos conquestivos de ablata Justicia, de
infracta ejus auctoritate, de spoliata ejus jurisdictione et aliis raultis defec-
tibus, quos nos commisisse asserit. » — « Fuit resolutum.... respondeatur
Dno Principi, quod... non immoretur super eis sibi taliter qualiter relatis.
Imô nobis de Vicario et aliis officiariis Justitiœ prooideat sufficientioribm
quàm hactenus feceril, ut ab inde taies quœstioues non causentur, qure pro-
fecto per suorum oiïiciariorum deféctum hue usque motœ sunt. Quod
si non fecerit, vix civitas pacifica remanere poterit. » Voyez aussi dans le
Reg. du 13 juillet les instructions données aux Syndics, qui devaient, le
lendemain, prier instamment l'Évêque de prolonger son séjour.
4 Depuis plus de six ans YÉoêque s'efforçait de ressaisir d'une main ce
qu'il avait cédé de l'autre. Le 15 juillet 1527 il avait spontanément octroyé
au Conseil le droit de juger les causes civiles. Et bientôt après (23 avril
1528), il décrétait contre les Syndics des lettres d'excommunication, dans
lesquelles il révoquait la concession faite l'année précédente. Les magistrats
genevois refusèrent de se soumettre. Telle fut l'origine des plaintes conti-
nuelles de Pierre de la Baume. Pour les réduire à leur juste valeur, il
suffirait de rappeler que, dès son avènement, les Syndics ne cessèrent
de l'engager à séjourner dans sa ville épiscopale. Or, comme Ta dit
M. Sordet (Mém. cité, p. 7), on dépouille un maître en son absence, mais
on ne l'appelle pas pour le rendre témoin du tort qu'on lui fait. (Voyez
Fragm. hist. sur Genève avant la Réf., p. 143, 144, 151-152, et 183-185.)
3 On lit la note suivante au dos du manuscrit : « Receptte 7a Octobris
88 PIERRE TOUSSAIN A GUILLAUME FAREL [a MURAT]. 1533
429
pierre toussain à Guillaume Farel [à Morat].
De Bâle, 1er octobre 1533.
Inédite. Autographe. Bibl. des pasteurs de Neuchâtel.
Sommaire. Toussain adresse à Farel un Français qui, n'ayant pas trouvé d'occupation
à Bâle, s'est décidé à partir pour la Provence avec le frère du Réformateur.
Ce pourteur s'en retorne vers vous. On ne lict icy les commence-
niens es langues, et aussy, comme j'entens, il îv'a ny argent, ny
ayde pour y fournir, sy bien estoit meysme pour endurer la penne
[1. peine]. Je luy a demandé pour quoy il ne poursuyt l'office de pré-
dication ? Et dict sa conscience ad ce répugner. Dont luy ay con-
seiller prandre quelque charge d'enlïans et tenir escolle, plus tost
que se mectre à suyvre évesque, papiste ou merchant. Et a conclu
s'en aller en Provence avecque vostre frère 1, que me semble estre
le meilleur, son cueur et affère bien considérez. Nostre Seigneur
soit tousjours avecque vous ! Grynœus vous salue 2. De Basle, ce
premier d'Octobre 1533, par
Vostre frère P. Toussain.
Je vous prie que ne me oubliez à voz prières.
(Suscription :) Charissimo fratri suo Guilielmo Farello.
1533. » Les réclamations d'argent faites par MM. de Berne devenant plus
pressantes (N° 431, n. 4), le Conseil députa le 19 octobre vers le Prince-
Évêque deux ambassadeurs, auxquels ce prélat déclara qu'il ne ferait rien
pour Genève, à moins que cette ville ne lui restituât sa juridiction. Les
chanoines, également sollicités de subvenir aux embarras financiers de la
cité, avaient répondu, le 3 octobre, « qu'ils quitteraient Genève plutôt que
de prêter de l'argent aux citoyens. »
1 Claude Farel, qui s'était enfui de Gap et se trouvait en Suisse depuis
quelques mois (N° 422, n. 20-21, N° 426, renvoi de note 18).
1 Voyez le N° 418, renvois de note 25-27.
1 533 LE PAPE CLÉMENT VII AU CONSEIL DE FRIBOURG. 89
450
le pape clément yii au Conseil de Fribourg.
De Marseille ', 3 octobre 1533.
Inédite. Manuscrit orig. sur parchemin. Arch. de Fribourg.
Sommaire. Le Pape félicite les magistrats de Fribourg du zèle constant qu'ils dé-
ploient pour protéger le clergé de Lausanne et celui des églises voisines contre les
entreprises des Luthériens. Il exprime le désir que l'évêque de Lausanne puisse être
reçu avec tout son clergé dans l'alliance des cinq cantons catholiques.
Dilectis flliis Sculteto et Consulibus civitatis Friburgi ecclesias-
ticae libertatis Defensoribus, Glemens Papa vns.
Dilecti lilii, salutem et apostolicam ben.[edictionera] ! Gratissimas
habuimus literas vestras, quas venerabilis frater Sebastimms 2, Epis-
copus Lausanensis, nnbis attulit 3. Ex quibus ac sermone ipsius
Episcopi magna cum jucunditate animi nostri mtelleximus, et quo
devotionis zelo eum et dilectos fîlios Capitulum ecclesiœ Lausanensis
nobis pro pietate vestrâ commendetis, et qud virtute et constantid.
impiis Lutheranis resistendo, ipsos et Lausanensem ac alias vicinas
ecclesias, unàque sanctam fidem catholicam et auctoritatem hujus
Sanctœ Sedis, ab illius hostium impetu defenderitis et defendatis 4.
1 Clément VII, parti de Rome le 5 septembre, avait dû arriver à Mar-
seille avant le 1er octobre. (Voyez la lettre de Vadian à Bucer du 26 sep-
tembre 1533. Bibl. de St.-Gall. — Jeanne de Jussie, op. cit. p. 73.) C'est
là qu'il eut avec François I une entrevue qui se prolongea jusqu'au mois
de novembre. Les confidences que Guillaume du Bellay fit plus tard à
Myconius sur les entretiens de ces deux monarques présentent de curieux
détails. Voy. la lettre de Myconius à Vadian écrite en mai 1534 (N° 469).
2 Sébastien de Montfaucon.
3 La minute de cette lettre des Fribourgeois à Clément VII n'a pas été
conservée.
* Voyez les lettres de Fribourg au Conseil de Genève et à l'Évêque de
Lausanne (N°" 406 et 408), et les notes duN°412. L'Évêque et le Chapitre
90 LE PAPE CLÉMENT VII AU CONSEIL DE FRIBOURG. 1 533
Commendamus, fîlii dilecti, vestram devotionem ac fortitudinem
in Deo Domino, ejusque rogamus clementiam, ul vos unà cum di-
lectis fîliis, ecclesiasticee libertatis defensoribus, Quinque Cantonibus
Catholicis 5, féliciter conservet ac prosperet in sancto suo servitio
et ad tulelam sacrosanctae relligionis suae. Vos autem, pro nostro
potiùs officio quàm vestrâ necessitate, exhortamur (quod et futu-
rum certô confidimus), ut in hoc sancto proposito perseverare,
fidemque catholicam et apostolicam auctoritatem, ipsosque Episco-
pum, Pastorem vestrum, et Capitulum ecclesiamque et Clerum omnem
Lausanensis civitatis et diocesis, sicut hactenus fecistis, tueri et de-
fendere velitis, — Simulque apud Quinque Cantones predictos, ad
quos nos eliam scribimus, vestrd auctoritate et opéra procurare, ut
ipsos Episcopum, Capitulum, et Clerum, bonaque eorum universa, in
générait et speciali amicitid, fédère et confederatione sud, recipere et
receptos fovere ac defendere velint 6. Nos enim, non solùm ex nos-
tro pastorali officio, sed etiam ex speciali dileclione nostrâ, et vobis
et ipsis Episcopo, Capilulo ac Glero, quantum facere poterimus,
nunquam sumus in gratià et benignitate nostrâ demturi. Dat[um]
Massiliae sub annulo piscatoris, Die tertia octobris M. D. XXXII f.
Pont[ificatu]s nostri anno Decimo.
Blosius.
de Lausanne étaient en si bons termes avec les Fribourgeois, qu'ils leur
avaient proposé, en avril 1533, de leur vendre et remettre en gage plu-
sieurs places et seigneuries. (Manuel de Fribourg du 18 avril. Extraits de
l'abbé Fontaine.)
3 Les cantons de Lucerne, Zug, Uri, Schwitz et Unterwald.
6 Les cantons catholiques ayant refusé (4 octobre 1533) la proposition
que leur firent les députés du Pape et de l'Empereur de conclure une
alliance avec toute la Chrétienté pour la défense du catholicisme (Arch. de
Fribourg. Recès des diètes), ne pouvaient guère se lier par un traité
spécial avec l'évêque de Lausanne, qui était prince de l'Empire. Il ne pa-
raît pas du moins que Sébastien de Montfaucon ait été compris dans l'alliance
que Lucerne, Uri, Unterwald, Schwitz, Zug, Fribourg et Soleure contrac-
tèrent, le 17 décembre 1533, avec l'évêque de Sion et le canton du Valais.
(Voyez J.-J. Hottinger, op. cit. III, 675. — Ruchat, III, 160-162. — Gallia
Christiana, III, 1608.)
1533 (.(•: CONSEIL DE BERNE A SES DÉPUTÉS A GENÈVE. 91
431
le conseil de berne à ses députés à Genève.
De Berne, 11 octobre 1533.
Inédite. Minute originale. Archives de Berne.
(traduit de l'allemand.)
Sommaire. MM. de Berne prescrivent à leurs députés le langage qu'ils auront à tenir
aux Genevois, dans le cas où ceux-ci seraient pressés par les Frïbourgeois de jurer
fidélité à l'ancienne croyance.
Instructions données à Jean-Frantz Nâgueli et à Michel Augsbur-
guer sur ce qu'ils ont à faire à Genève.
Mes Seigneurs ont été informés que ceux de Fribourg ont en-
voyé à Génère une députation, au nom des Conseils des Soixante,
des Bourgeois, de la Commune et des paysans, — pour traiter
(outre l'affaire de Jean Philippe) ce qui concerne la religion, et, en
particulier, pour obtenir des Conseils, des Citoyens et de toute la
Communauté de Genève, une lettre scellée déclarant qu'ils veulent
demeurer fidèles à l'ancienne croyance de la messe *', etc.
Vous devez y donner toute votre attention, et, si vous apprenez
que les députés de Fribourg travaillent clans ce sens et se présen-
tent à cet effet devant le Conseil Général, vous devrez vous y pré-
senter également et leur rappeler tout au long et en bons termes,
comme vous saurez bien le faire, qu'ils doivent se souvenir de
1 MM. de Berne étaient mal renseignés. La seule affaire officielle traitée
par les députés de Fribourg à Genève (du 13 au 14 octobre) fut la citation
en justice du citoyen genevois Jean Philippe, qu'ils accusaient d'avoir dit :
« Ces MM. de Fribourg sont tous traistres et meschans. »
92 LE CONSEIL DE BERNE A SES DÉPUTÉS A GENÈVE. 1533
l'appui el des secours en hommes et en argent qu'ils ont reçus de
mes Seigneurs, quand ils se sont trouvés en péril. Vous ajouterez
que, tandis que ceux de Fribourg, en les poussant à prendre l'enga-
gement de rester fidèles à la messe, veulent enlacer leurs consciences,
mes Seigneurs ne les ont, au contraire, jamais poussés à adopter
telle ou telle croyance, mais les ont exhortés amicalement, chrétien-
nement et fraternellement à vivre ensemble en bons concitoyens,
et à laisser chacun libre et sans contrainte en tout ce qui concerne
la foi, la religion et la conscience 2 ; — qu'en conséquence, mes
Seigneurs les exhortent et les invitent encore une fois, de la ma-
nière la plus pressante, à considérer la chose sérieusement, afin
qu'au dernier jour, devant le juste Juge, nul n'ait à rendre compte
pour l'autre de ce qu'il a cru, fait ou omis, mais que chacun re-
présente et défende sa propre cause, en sorte que ce soit à lui que
s'applique le jugement de salut ou de condamnation; — vous les
exhorterez donc à ne point contracter, par lettres ou autrement,
des engagements nouveaux 3, mais à laisser chacun bien convaincu
qu'il aura à répondre pour lui-même devant Dieu.
Vous leur demanderez une réponse, et leur ferez savoir que
vous avez l'ordre de discuter plus à fond la chose avec eux. D'a-
près la teneur de leur réponse vous savez ce que vous aurez à
faire, et vous exigerez le paiement de l'argent qu'ils doivent à mes
Seigneurs, qui veulent être payés sans nouveau délai et ne pas
attendre plus longtemps *. Vous saurez bien tout faire pour le
2 Ces exhortations résument le discours prononcé devant le Conseil de
Genève, le 27 mai 1533, par les députés de Berne. (Voy. Froment, op. cit.
édit. Revilliod. Notes, p. xxvm.) Il est à regretter que la conduite des ma-
gistrats bernois n'ait pas toujours été d'accord avec ces sages paroles ; mais
MM. de Berne, pas plus que les princes catholiques de ce temps-là, n'é-
taient capables d'un pareil acte de vertu.
5 Allusion à l'engagement pris par le Conseil de Genève envers celui
de Fribourg le 4 juillet 1532 (N° 382).
4 Les députés bernois, arrivés à Genève le 19 octobre, apprirent que les
Fribourgeois n'avaient présenté aucune réclamation relative à la religion,
et ils se contentèrent d'exiger le paiement de la somme due à leurs su-
périeurs. Les démarches faites auprès de l'Évêque et de son clergé, pour
qu'il voulût bien aider la ville, n'ayant pas abouti (NT° 428, n. 5), le Conseil
de Genève remit le 31 octobre aux députés bernois une lettre dans laquelle
il priait MM. de Berne de prendre patience pendant quelque temps encore.
(Yoy. le Reg. du Conseil, 19, 28 et 31 octobre.)
1533 JEAN STURM A MARTIN BUGER, A STRASBOURG. 93
mieux, suivant la tournure des aiïaires et les réponses qui vous
seront données.
Le xi Octobre; l'an, etc., xxxm.
Le Secrétaire d^État de Berne.
jean sturm ' à Martin Bucer, à Strasbourg.
De Paris (vers le milieu d'octobre 1533 2).
Autographe. Archives du séminaire protestant de Strasbourg.
A.-G. Strobel. Hist. du Gymnase protestant de Strasbourg, 1838,
p. 109-111.
Sommaire. L'entrevue du Roi et du Pape à Marseille fait naître dans le public des
sentiments très-opposés. La reine Marguerite et son aumônier Roussel viennent
d'être mis en scène dans une comédie représentée au collège de Navarre, ce qui a
entraîné l'emprisonnement du Grand-Maître de ce collège.
Venit in collocutionem Rex cum Papa 3 ; multos spes erigit, mul-
tos etiam dejicit metus. Vanissima hominumstudia, mirabiles eorum
commulationes, sed incerti exitus ! Recte divinas Papam aut sub-
version aut restitutum iri in suam et inveteratam tyrannidem. Alte-
rum exspecto magno cum desiderio, alterum non mediocriter ex-
limesco. Pelargum4 timni heri conveni; ostendi illi tuam episto-
1 Voyez sur Jean Sturm le N° 418, note 23.
2 MM. Strobel et Schmidt rapportent cette lettre au mois de novembre.
Comme elle a été écrite peu de jours après la représentation de la comédie
du collège de Navarre, qui eut lieu le 1er octobre, il en résulte qu'elle doit
être placée dans la première moitié de ce mois-là.
3 Voyez le N° 430, note 1.
4 Ce personnage, qui devait s'appeler en allemand Storch, nous est in-
connu.
94 JEAN STURM A MARTIN BUCER. A STRASBOURG. 1533
lam ; rogavi num quid certi haberet de hac Massiliensi delibera-
tione, nam ibi est cum Rege ille J^oTupawoç. Obscura consilia sunt
et â^woTEpîCovra in utramque partem. Quare nihil tibi aut boni aut
mali de bac re possum scribere 5. Taûra yàp ™ Qtw f«Xet.
Theosophistœ nostri non cessant 9êofxa^£~v. Nuper in Gymnasio Na-
varrico novus quidam et piouao7raTax-ro? ironrnfe Reginam G intro-
duxit, quae se in disciplinam diaboli traderet, unà cum sacrifico
quem Megeram appellabat, alludens ad nomen M. [agistri] Gerardi1.
Acti ludi sunt, mirabiliter applaudentibus tbeologis 8. Perhoscedies
praeses ejus collegii et theologorum in custodiam est ductus, bomo
potens et rex sapientum 9. Alios eliam manet idem periculum. Eô
res redit ut, etiam bonis tacenlibus, ipsi se ultrô perdant : quod ego
pro argumento babeo maximarum et optimarumrerum 10. Haec ego
dictavi subito, et quia aliquid certi sciam intra dies octo, idcirco
brevior sum. Proximis literis repetam omnia ab initio, ettotamfa-
5 Un catholique d'Avignon écrivait à Bonif. Amerbach le 3 novembre
1533, au sujet de l'entrevue de Marseille : « Forte... famâ cognoveris ad-
buc unà esse... Begem ac Pontificem... Quidam existimabant ad Concilium
générale rem tendere ; alii, ad illud vitandum... » — et le 6 décembre sui-
vant : « Sperabamus Concilium brevi congregatum iri pro universœ reipu-
blica? christianœ restauratione. Nunc vero nibil minus auditur. Mirum certè
quod tui Germani tandiu dormiant. Faxit Deus ut Christiani principes ali-
quando sapiant, et ecclesiasticos ut abusus erroresque suos intolerabiles
(quando ipsi sponte nolunt) emendare cogant ! » (Lettre du professeur Jean
Montaigne. Manuscrit orig. Bibliothèque du Muséum à Bâle.)
G Marguerite, reine de Navarre.
' Gérard Bousscl, aumônier du roi et de la reine de Navarre.
s La pièce en question avait été jouée, le 1er octobre, malgré la dé-
fense répétée faite jadis « à ceux des collèges de Paris de jouer aucune
farce contre l'honneur du roi et de ceux à l'entour de sa personne. » (Voy.
Bulseus. Hist. Universitatis Parisiensis, t. VI, aux dates suivantes : 6 jan-
vier 1515, 8 décembre 1525 et 4 janvier 1528. A comparer avec le Journal
d'un bourgeois de Paris, p. 13, 14, 234.)
n II s'agit de Lauret, grand-maître du collège de Navarre (Voy. le
N° 438, renvoi de note 13). Le personnage chargé de ces fonctions était
toujours un Docteur en théologie (Voy. Bulseus, op. cit. année 1523).
10 On lit dans la lettre écrite de Paris à Bucer, le 27 octobre 1533, par
Ludovicus Carinus, étudiant lucernois, le passage suivant, qui fait contre-
poids à l'optimisme de Jean Sturm : « Coactus sum hoc meum silentium
rumpere, ne... pristinum animi mei in religionem et omnes bonos ac doctos
qui eam quotidie, et iam capitis discrimine, tuentur ac propagant, fervorem
refrixisse suspicareris. » (Copie moderne dans la Coll. Simler, à Zurich.)
1533 FRANÇOIS I AU CONSEIL DE BERNE. 95
buhtm ad le mittam "... . Tu diligentersaluta meo nomine tôv Ktf*-
XaTov xai H^twva, el Bedrotum '-. Christus omnes vos cum veslris
familiis salvos et incolumes servel !
JOAN. STURMIUS.
(Inscriptio :) Yiro pio D. Aretio Felino 13. amico singulari. Ar-
gentorati.
François i au Conseil de Berne.
De Marseille1, 20 octobre 1533.
5
Inédite. Manuscrit orig. sur parchemin. Arch. de Berne.
Sommaire. Le Roi informe MM. de Berne qu'il a trouvé fort étrange leur intercession
en faveur de la famille Farél, et il les avertit que ni leurs prières, ni celles d'autres
personnes ne pourront le détourner du -projet qu'il a formé d'extirper entièrement
les hérésies.
Françoys, par la grâce de Dieu, Roy de France,
Très-chers et grans amys, alliez, confédéréz et bons compères 2 !
Nous avons receu voz lettres du quatriesme du présent 3, par les-
11 Le prévôt de Paris ayant fait écrire, sous la dictée des acteurs (N° 438,
renvoi de note 12), la comédie incriminée, une ou deux copies de cette
pièce avaient pu se répandre dans le public. Il n'est donc pas nécessaire de
croire, comme M. Schmidt (op. cit. p. 95), que « les auteurs l'avaient fait
imprimer. j>
• 12 Capiton, Hédion et Jacques Bédrot.
13 Pseudonyme de Martin Bucer (N° 260, n. 2).
' Voyez le N° 430, note 1.
2 François I donnait aux Seigneurs des Ligues suisses le nom de com-
pères, parce qu'ils avaient été parrains de son troisième fils Abdénago (Voy.
le N° 196, note 2, le N° 260, renvoi de note 6, et Jeanne de Jussie, op. cit.
p. 73.)
3 Les minutes de cette lettre et de celle du 7 juin 1533, adressée égale-
96 FRANÇOIS I AU CONSEIL DE BERNE. 1533
quelles Nous escripvés en faveur des frères et parens d'un nommé
Guillaume Farel, desquelz les aucuns sont prisonniers et les autres
fuytifz pour cryme de hérésye, ouquel [1. auquel] Pon prétend qiCilz
soyent encheuz i, — et Nous priez de ne adjouster foy sur ce à Noz
procureurs fiscaulx, ne aux Inquisiteurs de la foy.
Nous avons trouvé vostre requeste si très-estrange, qu'il n'est
possible de plus, et ne vous povons respondre sinon que Nous, dé-
sirons la conservation du nom qui Nous a esté acquiz par Noz pré-
décesseurs de Roy très-chrestien, n'avons en ce monde chose plus à
cueur que l'extirpation et entière abolition des hérésies, et que pour
riens ne" les vouldrions souffrir ne tollérer prendre aucune racine
en Nostre Royaume 5, — et que de cela vous povez tenir pour ré-
soluement asseuréz, et vous rapporter totallement à Nous d'en
faire la justice, sans vous en donner paine. Car voz prières, ny
d'aultre, quel qu'il soit 6, ne pourroient de riens servir en cest en-
droit envers Nous. Et à tant, très-chers et grans amys, alliez, con-
fédéréz et bons compères, Nous prions le Créateur vous avoir en
sa garde. Escript à Marseilles, le xxe jour d'Octobre, l'an de grâce
mil cinq cens trente troys.
Françoys.
Bavard.
(Suscription :) A nos très-chers et grans amys, alliez, confédéréz
et bons compères, les Advoyer et Conseil de la ville de Berne 7.
ment au Eoi en faveur de la famille Farel, n'ont pas été conservées par le
chancelier bernois.
4 Voyez le N° 426, notes 13, 17 et 18.
3 Voyez la lettre de François I au parlement de Paris du 10 décembre
1533.
6 N'y a-t-il pas là une allusion aux prières de la sœur du roi, Marguerite
de Navarre, à qui MM. de Berne avaient recommandé, le 7 juin précédent,
la famille de Farel ÇS° 426, n. 14)?
" Le manuscrit original porte l'annotation suivante du chancelier ber-
nois : « Rude lettre du Roi, écrite de Marseille, relative aux Farel. >
MM. de Berne ne se laissèrent pas décourager par le ton de la présente'
lettre. Le 29 novembre suivant ils écrivaient à François I : « Sire, nous en-
voyons par devers Vostre Magesté nostre Advoyer Jehan-Jaque de Watten-
imjl et Wolfgang de Wingarten... lesquels avons chargé de proposer et dire
à V. M. aulcune chose de nostre part... » Ces deux députés furent munis
de lettres de recommandation adressées à l'amiral de France (Philippe de
Chabot, sieur de Brion), au Grand-Maître (Anne de Montmorency), au ma-
réchal de la Marche (Robert m de la Marck, seigneur de Fleurange) et à
1533 GUILLAUME FAREL A MARTIN BUGER, A STRASBOURG. 97
434
Guillaume farel à Martin Bucer, à Strasbourg.
D'Orbe, 22 octobre 1533.
Inédile. Autographe. Arch. du séminaire protestant de Strasbourg.
Copie moderne dans la Collection Simler, à Zurich.
Sommaire. Vous avez raison de nous disculper de ce que nous nous sommes contentés
d'écrire, au lieu de faire le voyage de Strasbourg. Efforcez-vous d'inviter à la Con-
corde, et de combattre les préjugés de certains frères qui croient que votre opinion
sur l'Eucharistie diffère de la nôtre et contredit vos précédents enseignements.
Les Genevois désirent avec ardeur la prédication de la Parole. Fortunat va se
rendre à Genèv, mais non en qualité de ministre, les catholiques de cette ville avant
fait adopter des décrets qui interdisent tout à la fois de prêcher la doctrine évangé-
licjue et de la combattre dans les chaires. Il est permis néanmoins de s'entretenir
librement de Jésus-Christ dans les maisons et en public.
S.[alutem], gratiam et pacem a Deo Pâtre per Dominum Jesum !
Probe culpam nostram in te transfers, quod ad te non descen-
dimus literis exponere conati quod tu longe feliciùs verbis eras fac-
turas \ sed condonabis quicquid in te peccatum, quandoquidem
animus nihil maii excogitabat. Fratres aliquot, nescio an faces di-
la reine de Navarre. (Weltsche Missiv. Buch. Arch. de Berne.) Outre les
affaires d'État, ils étaient chargés d'intercéder pour GaucJiier Farel. On
lit en effet dans la lettre de Haller à Bullinger du 26 février 1534 : < Le
frère de Farel a été pris par les gens du Roi. Nos Seigneurs ont présenté
pour lui au Roi une requête à laquelle son Chancelier a répondu assez légè-
rement. Mais notre Avoyer a été accueilli et congédié avec beaucoup d'hon-
neur. Son voyage s'est fait en 18 jours. » (Trad. de l'ail. Mscr. orig. Arch.
de Zurich. Voyez aussi la lettre de Bullinger à Vadian du 3 janvier 1534.
Fûsslin. Epistolre, etc., p. 117.)
1 On ne connaît pas les circonstances qui avaient fait désirer à Bucer
que Farel se rendît à Strasbourg. La lettre de Bucer à laquelle répond
celle-ci n'a pas été conservée.
T. III. 7
98 GUILLAUME FAREL A MARTIN RUCER, A STRASBOURG. 1 533
cam, (faxit Dominus fratres sint !) videntur oiïensi tud de Eucharistie
tractatione 2, ut aiunt ; sed vereor ne ansam quadrant, nodumque
in scirpo. Hoc, mi Bucere, nobis preestabis, ne quid per nos stet
quominus unanimes simus, cùm in omnibus, tum in doctrina. Ad
Concordiam invitabis 3, et de Eucharistia scribes te aliud non sen-
tire quàm docueris et nos sentiamus *. Si tibi visum fuerit, aperies
ut se non intelligunt Lutherani. Attemperabis omnia, ut nosti.
Ficta sunt multa, syncera pauca.
Gebennenses miro Verbi ardore tenentur 5. Fortunatus Mue iturus
est, at non ut minister 6 ; nam Pontificiï ita conclusere, ut nemo con-
cionetur nec pro pietate, nec contra \ Intérim, liberum est in œdibus,
in via, loqui libère de Cliristo, modo concionis ritus non servetur.
Si aliquot cives, dum illac iter babent, pios ad pietatem hortarentur,
posset boc prodesse. Gliristus illi ecclesiae auctum et incrementum
det, faxitque ut sanctè perseveret, excetris profligatis quae impe-
diunt! Vale, nam plura nunc non licet, ut tabellio praeter spem no-
bis occurrit. Orbae, in aedibus Fortunati, xxii Octobris 1533.
2 II est ici question de l'ensemble des enseignements de Bucer relatifs
à l'Eucharistie, et non d'un ouvrage qu'il aurait publié récemment sur ce
sujet. Voyez la note 4.
5 Farel veut parler de l'accord qu'il s'agissait d'établir entre les Zwin-
gliens et les Luthériens sur la doctrine de la Ste. Cène, et qui était le but
des démarches incessantes de Bucer depuis l'année 1528. (Voyez Scultetus.
Annales Evangelh, P. II, 406-411. — J.-J. Hottinger, op. cit. III, 442, 546,
548, 660, 676. — Ruchat, III, 120-124. — J.-W. Baum. Capito undButzer,
passim.)
4 La plupart des ministres de Zurich et de Berne croyaient, avec Bul-
linger et Haller, que Bucer se laissait entraîner au delà de ses convictions
par le désir extrême qu'il avait de concilier les sentiments opposés sur la
Ste. Cène. (Voy. J.-J. Hottinger, III, 661. — Ruchat, III, 123. — Ber-
told Haller, von M. Kirchhofer, 1828, p. 184 et suiv.)
s Nous ne connaissons pas les renseignements que Farel avait recueillis
sur les progrès récents de la Réforme à Genève.
6 Fortunat Andronicus était ministre dans la ville d'Orbe (N° 415). On
ne possède aucune information sur son séjour à Genève, mais il est permis
de conjecturer qu'il y fit quelques prédications (Voyez le mandement de
P. de la Baume du 20 novembre 1533. N° 439, n. 3).
7 Ce doit être une allusion, — d'un côté, à l'édit du Conseil de Genève
du 30 mars précédent, qui laissait, il est vrai, « chascung en sa liberté, selon
sa conscience, > mais qui défendait absolument de « prescher sans licence
du supérieur et du Conseil > (N" 414, n. 9), — et, de l'autre, à celui du
30 juin 1532, qui prescrivait aux curés de prêcher l'évangile et l'épître du
jour « sans y ajouter les inventions des hommes » (N° 383, n. 2).
1 533 F0RTUNAT ANDROMCUS A MARTIN RUGER, A STRASBOURG. 9D
Precare, frater, pro nobis ac miseris ecclesiis. Christus te et tuos
servet omnes, quos opto salvere î
Tuus totus Farellus.
(Inscriptio :) Ghristum profitenti Martino Bucero, fratri quàm
carissimo, Argentines.
435
fortunat andronicus à Martin Bucer, à Strasbourg.
D'Orbe, 22 octobre 1533.
Inédite. Autographe. Arch. du séminaire protestant de Strasbourg.
Copie moderne dans la Collection Simler.
Sommaire. Je vous renvoie enfin votre mémoire sur la prédication, et je vous sollicite
de le faire imprimer pour l'instruction de ceux qui sont obligés de monter en chaire.
Veuillez aussi prier mon beau-père de nous rejoindre, et saluer de ma part les frères
de Strasbourg, particulièrement Capiton, Sédion, Matthias [Zell] et Symphorien
[Pollion].
Gratiam et pacem a Deo, pâtre nostro, et Domino nostro Jesu
Christo, qui suo spiritu nos impleat ! Amen.
Mitto nunc ad te, prseceptor nunquam pœnitende, quae nuper,
cum socer meus bine abibat ad vos, per oblivionem non misi, nimi-
rum quœ in concionibm aggrediendis sint observanda l. [Ad] id me
impulit fratrum solicita sed et justa petitio, qua te rogalum cupiunt,
ut huic tam sancto operi manum admoveas, curesque typis excu-
dendum, que maximus [perveniat] fructus ad eos qui, cum messis
multa sit et operaiïi pauci 2, cogantur suggesta conscendere.
1 Voyez le N° 415, note 12.
- Il n'y avait point de pasteurs dans les villages voisins de la ville d'Orbe,
mais le nombre de ceux qui évangélisaient le bailliage de Grandson et le
comté de Neucbâtel avait doublé depuis deux ans. Outre les collègues de
Farel que nous avons mentionnés dans le N° 324, note 2, nous pouvons
100 FORTUNAT ANDRONICUS A MARTIN RUCER, A STRASROURG. 1533
Praeterea, curabis impellere socerum meum, ut imnc ad me con-
cédât. Quare id fiât, Farellam puto ad te scripsisse 3. Quod si non
scripsit, Gervasio Sophero, S. Thomae œconomo 4, scripsi, nec est
quod plura nunc scribam, nisi quod te rogo ut uxorem tuam, meo
et meœ nxoris 5 nomine, salutes. Salutabis, si non graveris, meo no-
mine fratrum Argentinensium cœtum, nominatim verô prœcepto-
rem meum D. Capitonem, Hedionem 6, Matthiam 7, Symphorianum a
cum uxore, ut omnes Dominum pro me et omnibus nobis orent.
Àt nos vicissim pro vobis Dominum oramus. Sic vale. Orba?, 22 Oc-
tobris 1533.
Tuus discipulus Fortunatus.
(Inscriptio :) Pietate et eruditione insigni viro Martino Bucero,
Argentine.
nommer les suivants : Pierre Viret, Georges Grivat, Claude Clerc, Mare
Romain, Pierre Masuyer, ChristopJie Fabri, Jean Lecomte, Jean Voisin,
François Martoret du Bivier, Jean Droz, Jean de Bétencourt, Guérin
Muète et Jacques le Coq. Le bailliage de Grandson comptait en 1533 deux
nouveaux pasteurs : Jean Columbier et Mclchior Laurent , qui avaient
exercé la prêtrise, le premier à Besançon, le second à Montpellier (Journal
de Lecomte). Cette même année Alexandre Canus, surnommé Laurent de
la Croix, ancien dominicain, natif de la Normandie, était venu s'adjoindre
aux ministres du comté de Neuchâtel. (Voy. Crespin. Hist. des Martyrs,
1582, fol. 99 a.)
L'église réformée de Payerne, privée des soins de Saunier (Voy. le
N° 426, n. 5), était visitée par Farel, Hugues Turtaz et Viret. Elle reçut
pour pasteur, l'année suivante, le savant et zélé Jean de Tournay, qui,
déjà en 152S, avait « prêché purement l'Évangile en habit d'Augustin dans
Alençon. » (Voy. la lettre de François du Rivier datée du 8 octobre (1534),
la préface de l'ouvrage de Viret intitulé « Du vray Ministère de la vraye
Église, » 1560, et l'Histoire ecclésiastique de Théodore de Bèze, t. II,
p. 589.)
5 Farel a omis cette affaire dans sa lettre du même jour.
4 Voyez le N° 415, note 17.
5 Maria Birchhammer, originaire de Strasbourg (N° 359, n. 4).
6-7 Voyez le N° 183, notes 25 et 27.
s Sympliorien Pollion, qui avait été l'hôte de Fortunat Andronicus à
Strasbourg (N° 322, renvoi de note 7).
1533 PIERRE MONGLER A MARTIN RUCER, A STRASBOURG. 101
456
pierre moncler1 à Marti il Bucer, à Strasbourg.
(De France) 26 octobre 1533.
Autographe. Archives du séminaire protestant de Strasbourg.
C. Schmidl. Mémoire sur Gérard Roussel, p. 216.
Sommaire. Ce n'est pas au manque d'intérêt de ma part envers vous et vos jeunes
élèves, que vous devez attribuer mon absence prolongée, mais à l'obligation où s'est
trouvé mon maitre et seigneur de suivre le Roi. Il n'est point encore revenu, et nous
avons appris que le Roi l'a emmené dans le midi de la France; c'est pourquoi l'é-
pouse d/u dit seigneur vous envoie vingt écus d'or, à compte de la pension des enfants.
Elle les recommande vivement à votre sollicitude et vous prie, au nom de Jésus-
Christ, de vous contenter de ce paiement incomplet, en attendant le prochain re-
tour de son mari.
S. P. D. Non maie habeat dexteritatem [tuam], M.[agisler] in
Christo venerande, quôd ad te, quo tempore promiseram, non re-
dierim. Neque enini id accidit aut incurià, aut tui oblivione, au!
puerorum qui apud te sunt; sed sic habent ingentia domùii mei
apud Regem négocia, quibus se <egrè explicare potest, quôd eum
Rex secum in comitatu habere velit, ut citra Pascha domum non
révisent 2. Equidem eo temporis ab eo dimissus, sperabam ipsum
1 Pierre Monder, originaire de France, avait résidé pendant un certain
temps à Strasbourg, où il était précepteur de quelques enfants qu'un
seigneur de la cour de François I avait placés en pension chez Bucer. On
trouve dans le Journal de Jean Lecomte le passage suivant, qui semble re-
latif à l'auteur de la présente lettre : « Le 10 octobre 1538, MM. de Berne
et de Fribourg firent pension à M. Monder, ministre de Yvonand. » (Mscr.
de Ruchat.) « Maistre Pierre Monder » était encore en 1542 pasteur de la
même paroisse, comme nous l'apprend « l'Épistre (en vers) de M. Malingre
envoyée à Clément Marot. Basle, 1546, » réimprimée en 1808.
- C'était après Pâques, c'est-à-dire après le 13 avril, que le Roi s'était
dirigé vers le midi de la France (N° 418, n. 4 et 7).
102 PIERRE MO.NGLER A MARTIN' BUCER, A STRASBOURG. 1333
statim reversurum, unàque cum multà familià thermas jamdiu de-
sideratas peliturum, cum rumor increbuerit Regem nostrum Nar-
bonensem velle invisere Galliam 3, dominumque meum Mue secum
deducere, ubi supra omnem spem nunc usque perstiterunt. Et,
quamquam ipsurn in horas expectemus, domina tamen mea, bujus-
modi expectationum jam saspe falsa incertitudinibus, ad te viginti
coronatos solaris characteris mittere curavit 4, pro dictorum puero-
rnm aligna subductione pensionis et expensarum, quos curae tuas
unicé optât recommendatos, — rogans in Christo Jesu syncerita-
tem tuam, ut haec intérim boni consulere velit, dum lempestivo re-
gressu domùius ipse tibi pro voto plenissimê satisfaciat 5.
Vale in Christo Jesu, et conthoralem tuam, ipsius dominas meas
nomine, quàm plurimum saluta... Iterum vale, etc. 7° Kal. Novemb.
1533.
Tuus, si suus, Petrus Monclerus.
(Inscriptio :) Venerando domino meo Martino Bucero.
5 Allusion à l'entrevue de Marseille, projetée depuis plusieurs mois
entre Clément VII et François I (N° 422, renvoi de n. 16), et qui eut lieu
en octobre (N° 430, n. 1).
4 En 1530 Vécu au soleil valait environ 8 francs, c'est-à-dire, plus de
30 fr. de notre monnaie actuelle. (Voy. Cimber etDanjou. Arcbiv. curieuses
de l'Hist. de France, t. III. Extraits des comptes de François I. — H. Mar-
tin. Hist. de France, 1844, t. IX, p. 271.)
5 Quel était ce seigneur, « chargé de grandes affaires » par François I,
et epu, à l'exemple de la reine de Navarre, ne craignait pas de faire ins-
truire ses jeunes protégés dans une ville réformée, en les confiant aux soins
de Bucer? Il faisait preuve, comme on le voit, d'une certaine indépen-
dance ; aussi peut-on supposer que ce personnage était Robert III de la
Marck, seigneur de Fleurange, commandant de la garde du Roi (Voyez
N° 184, n. 7), ou le comte Guillaume de Furstemberg, bien connu à Stras-
bourg (N° 286, renvois de note 7-8), et qui jouait alors un rôle très-impor-
tant dans les négociations secrètes du roi de France avec les Protestants
d'Allemagne (Voyez Leopold Ranke. Deutsche Geschichte im Zeitalter der
Reformation, 2te Aufl. III, 470). Fleurange avait épousé Guillemette de
Sarrebruche, comtesse de Braine. La femme du comte G. de Furstemberg
s'appelait Bonne de Neuchâtel. (Voyez Anselme, op. cit. VII, 164. — Ernst
von Miinch. Geschichte des Hauses und Landes Fûrstenberg. Karlsruhe,
1847, 4 Bde m 8°.)
1533 JEAN CALVIN A FRANÇOIS DANIEL, A ORLEANS. 103
457
JEAN calvin' à François Daniel2, à Orléans.
De Paris, 27 octobre (1533 3).
Inédite. Manuscrit original autographe. Bibl. de Berne.
Vol. E. 141, epa 43a.
Sommaike. Je remplis ma promesse en vous envoyant une épilre qui abonde en nou-
velles. Je la compléterai dans peu de jours. — P. -S. La voici enfin, mais c'est à la
condition qu'elle soit communiquée à nos amis. Veuillez les saluer affectueusement,
excepté Framberge, dont le silence obstiné est affligeant pour moi. Je vous recom-
mande le procès de Michel. Si vous agissez avec célérité pour le mener à bonne fin,
j'en serai aussi reconnaissant que si vous m'aviez obligé moi-même. Je vous envoie
le second Abrégé de notre ami G.[érard]. Communiquez-le avec circonspection. Je
1 La précédente lettre de Calvin (N° 380) est de la fin d'avril 1532.
Dès lors et pendant l'espace de dix-sept mois les documents relatifs à sa
personne manquent totalement. Nous avons, en effet, de sérieuses raisons
pour ne pas accorder une entière confiance aux indications suivantes, que
renferme la Vie de Calvin par Th. de Bèze : « Ibi [scil. Luteticé] paucis
mensibus innotuit omnibus purioris Religionis studiosis... Ab eo tempore
sese Calcinas, abjectis reliquis studiis, Deo consecravit, summâ piorum om-
nium qui tum Lutetiœ occultos cœtus babebant voluntate... »
Nous croyons qu'après avoir fait à ses amis d'Orléans la visite qu'il leur
avait promise (N° 380), Calvin passa l'hiver de 1532-1533 à Paris, s'occu-
pant de théologie plus que de jurisprudence ; mais que, s'il entra en rela-
tion, à cette époque, avec Gérard Roussel et d'autres partisans de la Ré-
forme, sa conversion n'eut cependant lieu que plus tard. Il suffit pour s'en
convaincre de comparer ses lettres du mois d'octobre 1533 avec celles qu'il
écrivit l'année suivante. En tout cas, nous ne saurions admettre, sans preuves
positives, cette assertion de M. Schmidt (op. cit. p. 94), que Calvin prê-
chait « déjà [en 1533] la réformation entière et décidée à un petit nombre
de zélés protestants se réunissant en secret chez Etienne de la Forge. »
- La copie faite par Pierre Daniel (Bibl. de Berne. Vol. E. 450,
epa 9a) porte l'en-tète suivant, qui est inexact : « Calvinus Nicolao Che-
mino S. D. »
3 Le manuscrit original n'a pas de millésime, mais Pierre Daniel a in-
104 JEAN CALVIN A FRANÇOIS DANIEL, A ORLÉANS. 1533
n'ai pu y joindre ce qui manquait au précédent mémoire, parce que le temps m'a
fait défaut.
Quod prioribus literis 4 promiseram, fœcundas rerum multaruni
literas, nunc scribo, — publiée 5 quidem, sed mini fraudi esse non
débet, quominus promissi religione me solverim. Nihil enira inte-
rest quôd tibi cum multis hase communia sint, modo tua sint. Intra
paucos dies addam quœ quod nunc deest sarclant 6. Vale, amice, et,
si quando tibi nostri memoria succurrerit, rescribe. Lutetie, pridie
Simonis.
Tuus Calvinus 7.
Mitto ad te rerum novarum collectanea, hac tamen lege ut, pro
tua Me officioque, per manus tuas ad amicos iranseant, quos etiam
mihi non vulgariter salutabis, prœter Frambergum 8, quem statui
troduit dans la copie qu'il en a faite la date de 1529. Quoique cette date ait
été admise par M. Henry (Calvins Leben, I, 42) et par M. Merle d'Au-
bigné (op. cit. II, 80-81), elle nous semble erronée. En 1529 et 1530 Cal-
vin résidait à Bourges (Voy. le K° 310, n. 2). A supposer même qu'il ait,
en octobre 1529, séjourné momentanément à Paris, il n'aurait pas donné
le titre d'avocat (Voyez l'adresse) à François Daniel, son correspondant,
puisqu'un an plus tard celui-ci était encore simple étudiant. C'est ce qui
résulte de la préface que Pierre Daniel a mise en tête de l'Épître de Can-
tiuncula au jurisconsulte Alciat, qui est datée : « E vico Austrasiœ, pridie
idus april. 1530 » (Voy. le N° 310, n. 3). P. Daniel s'exprime ainsi dans
cette préface : « Cum nuper in schedis et adversariis Franc. Danielis, op-
timi et studiorum nostrorum studiosissimi patris, versarer, forte incidi in
banc Cl. Cantiunculaî ad Andr. Alciatum epistolam... Sic. grata ac ju-
cunda ipsi Alciato reprebensio fuit, ut eam ostentaret passim, miris lau-
dibus extolleret, communicaret amicis, atque adeo patri, qui tam ci Bitu-
rigis jlorenti operam dabat, ex ipsius Cantiunculœ autographo exscriben-
dam daret. »
4 Calvin fait ici allusion à une lettre qui ne nous a pas été conservée.
5 Voyez la lettre suivante, qui est purement narrative et ne s'adresse à
personne en particulier.
6 II est probable qu'au lieu d'envoyer tout de suite ces lignes à Daniel,
avec le récit qu'il lui avait annoncé, Calvin les garda encore pendant quel-
ques jours; puis, ayant complété le susdit récit en y ajoutant les détails
relatifs à la séance tenue par l'Université le 24 octobre (N° 438), il adressa
le tout à son correspondant avec le second billet d'envoi, écrit sur la même
page que le premier.
7 Ce qui suit est séparé de la première partie de la lettre par un blanc
assez considérable.
s Trois des membres de la famille Framberge avaient exercé à Or-
1533 JEAN CALVIN A FRANÇOIS DANIEL. A ORLÉANS. 105
silentio meo emollire, postquam nec blanditiis elicere, nec convi-
tiis exprimere ab eo quicquam potui. Quod tamen omnium indig-
nissimum est, cum frater nuper hue veniret, ne salutem quidem
illi commisit. Litem Michaëlis velim tibi esse curœ °, si qua ralione
explicari potest. Sed celeritale opus est, cui si nihil reliquum fe-
ceris, habebo gratiam ac si mini praestiteris officium. Fungôris apud
sorures interpretis vice, ne soli rideafis. Mitto Epitomen altéra m
G. nostri10, cui velul appendicem assuere decreveram quod ab illis
prioribus Gommentariis n abruptum erat, nisi me tempos defecisset.
Vale, frater et amice integerrime.
Tuu< frater Galvinus.
Ut non dicam haec esse tumultuaria, ipsa de se loquuntur. Epi-
tomen cave temerè divulges 12.
(Inscriptio :) A Monsieur frère et bon amy Monsieur Daniel,
advocat à Orléans 13.
léans pendant le quinzième siècle des fonctions importantes (Voy. Le Maire.
Hist. d'Orléans, I, 224, 240, 254 et suiv.) Polluche cite un personnage de
ce nom. qui était sieur de Chilly et avocat du Roy en 1577 (Essais hist. sur
Orléans, 1778). Calvin témoigna à son ami Claude Framberge un intérêt
constant ; il écrivait à Fr. Daniel le 26 novembre 1559 : « Flambergio
nostro, quia non aliter considère possum œternaî ejus saluti, saniorem ani-
mum precor, ne in sordibus suis semper tabescat. » (Copie contempor.
Bibl. de Berne.)
9 Nous ne savons s'il est ici question du bénédictin Jean Michel, doc-
teur en théologie, qui prêchait à Bourges vers l'an 1533, « ayant la cognois-
sance de la vérité autant que le temps le portoit. » (Bèze. Hist. eccl. I,
p. 56, à comparer avec la p. 19.) L'auteur que nous venons de citer parle
aussi (p. 57) de la sainte hardiesse d'un « bon et ancien docteur, nommé
Michel Simon, » qui enseignait alors la théologie dans l'université de Bourges.
10 Cette initiale désigne Gérard Roussel (Voyez le N° 432, renv. de n. 7).
Le « second Abrégé > qu'il avait composé était sans doute un traité reli-
gieux du genre de ceux qu'il se proposait jadis de mettre au jour (Voyez
t. I, p. 237, premier alinéa). Nous savons qu'il désirait déjà en 1525
(N° 168, renv. de n. 16) que ses propres frères pussent s'édifier par la lec-
ture d'un opuscule de Nicolas le Sueur, intitulé : « Compcndium in rem
Christianam. >
11 Nous ignorons à quel genre de travail sorti de la plume de Calvin
se rapporte cette expression.
12 Dans la copie de P. Daniel on lit, à la fin de cette phrase, les mots
suivants, qui n'existent pas dans l'original : « ne in manus inimicorum iu-
cidat. »
13 Voyez le N° 362, n. 4. Calvin avait d'abord écrit, dans la partie supé-
106 JEAN CALVIN A FR. DANIEL ET A SES AUTRES AMIS D'ORLÉANS. 1 533
458
[jean calvin à Fr. Daniel et à ses autres amis d'Orléans1.]
(De Paris, vers la fin d'octobre 1533 "2.)
Autographe. Bibl. de la ville de Berne. Vol. E. 141, epa 237a.
J. Calvini Episloke et Responsa 3. Genevée, M. D. LXXV, in-fol. p. 5.
Sommaire. Au commencement d'octobre les écoliers du collège de Navarre ont joué
une comédie, qui était en réalité une satire dirigée contre la reine Marguerite et
Gérard Roussel. Quelques jours plus tard, on a emprisonné les chefs du collège,
aussitôt que la Reine eut été informée de ce qui s'était passé.
Certains théologiens l'ont encore offensée en interdisant le Miroir de V 'dme péche-
resse, ouvrage de sa composition. La Reine s'est plainte au Roi, qui a fait écrire à
l'Université, pour connaître le motif de cette défense. Dans une assemblée générale,
présidée par le nouveau recteur, Nicolas Cop, l'Université a désavoué l'arrêt de la
Sorbonne. Le Clerc seul s'est efforcé de le justifier ; mais l'évêque de Senlis ayant
déclaré qu'il trouvait le livre irréprochable, le Recteur a conclu en disant qu'une
lettre d'excuses serait adressée au Roi. Depuis lors, l'évêque de Paris a reçu de
ce prince l'autorisation de choisir lui-même les prédicateurs de chacune des pa-
roisses.
Quum mini ad manum sit rerum sylva 4, quee argumentum epis-
tolce prœbeat, temperabo tamen styluin, ut indices magis habeas
rieure du verso, l'adresse suivante : « A Monsieur et bon amy Monsieur de
Thoury. »
La présente lettre, tracée sur un simple feuillet, qui a été plié, mais non
cacheté, est à notre connaissance le plus ancien autographe de Calvin. Son
écriture, dont les formes sont dures et précises, s'est assouplie plus tard,
mais en conservant les traits essentiels de sa physionomie primitive.
1 Le manuscrit original ne porte aucune adresse, parce qu'il a dû être
expédié avec la lettre précédente.
- La date est fixée par le contenu de la lettre.
5 Cette première collection imprimée des Lettres de Calvin a été publiée,
comme on le sait, par Théodore de Bèze. Elle commence par la présente
1533 JEAN CALVIN A FR. DANIEL ET A SES AUTRES AMIS D'ORLÉANS. 107
quàm longam narra tionem : cui si indulgerem, in justum volumen
prope excresceret.
Ad Calendas Octobres, quo anni tempore pueri qui à gramma-
ticis ad Dialectica demigrant exercere se agendis fabulis soient,
acta est in gymnasio Na car ne fabula f elle et aceto, ut ait ille, plus-
quam mordaci conspersa 5. Inductee sunt personae : Regina 6 mulie-
briter nendo intenta, et nibil aliud quàm colum et acus tractans,
— tum Megœra, quo nomine ad M.[agistrum\ G.[erardum'] allude-
batur, illi faces admovens, ut acus et colum abjiceret. Illa aliquan-
tum reniti et obluctari; ubi verô Furice cessisset, Evangelia in ma-
nus accepit, ex quibus omnia quibus antè assuevisset et pœnè
seipsam dedisceret. Demum extulit se in tyrannidem, et omni gé-
nère saevitiae miseros et innoxios vexavit8. Multa ejusmodi figmenta
addiderunt. indigna prorsus ea muliere quam non figuratè nec
obscure convitiis suis proscindebant.
Res in aliquot dies suppressa est, postea verô (ut est Veritas filia
Temporis 9) ad Reginam delata. Yisum est stalui pessimum exem-
plum eorum libidini qui rébus novis inbiant10, si impunitas dare-
lettre, précédée de l'en-tête suivant, qui n'existe pas dans l'original : « Io. Cal.
Fr. Danieli S. D, » On voit, dès les premières lignes, que l'éditeur s'est
permis plusieurs retouches, destinées à rendre le style plus coulant et plus
correct, et quelques suppressions de mots qu'il jugeait inutiles. Vers la fin
de la lettre il a modifié le titre d'un livre obscène, qui s'y trouve mentionné
avec réprobation dans le discours d'un docteur de la Sorbonne. En outre,
il a remplacé par des équivalents deux mots qu'il n'a pu déchiffrer.
4 Ces mots rerum sylva correspondent assez bien à ceux-ci « fœcundas
rerum multarum literas, » qu'on trouve au commencement de la pièce pré-
cédente.
5 Nous ne savons de quel auteur est tirée cette citation. Il se pourrait
bien qu'elle fut une réminiscence des deux passages suivants : « Aurem mor-
daci lotus aceto » (Perse, V, 86). — « Corda felle sunt lita atque acerbo
aceto » (Plaut. Truc. I, 2, 77).
6 Marguerite, reine de Navarre.
7 C'est-à-dire, Maître Gérard Boussel (N° 432, renv. de note 7).
8 L'auteur de la comédie voulait sans doute insinuer que c'était la reine
de Navarre qui avait sollicité auprès du Roi le bannissement de quatre doc-
teurs de Sorbonne (Voy. les Nos 417, 418 et 422).
9 « Àlius quidam veterum poëtarum, cujus nomen mihi nunc memoriœ
non est, veritatem temporis filiam esse dixit. > (Auli Gellii Noctes Atticse ;
lib. XII, cap. xi.)
10 Calvin se place au point de vue des magistrats de Paris, qui voulaient
tenir la balance égale entre les deux partis, afin que l'impunité des emie-
108 JEAN CALVIN A FR. DANIEL ET A SES AUTRES AMIS D'ORLEANS. 1 533
tur huic improbilati. Prœtoru stipatus centum apparitoribus gyra-
nasium adiit, el suis jussis domum circunsidêre, ne quis elaberetur;
ipse, cum paucis ingressus, comicum non reperit. Aiunt eum mi-
nime id consilio providisse, sed, quum forte in amici cubiculo esset,
tumultum prius exaudisse quàm perspici posset, atque ita latebras
qusesisse, è quibus per occasionem effugeret. Praetor tamen pueris
acloribus manum injecit : cui, dum vult obsistere Gymmsiarcha,
inter eorum altercationes, lapides à nonnullis pueris conjecti sunt.
Ille nibilominus eos arripuit, et quod pro scena recitassent jussit
repetere; omnia excepta sunt12. Quando autbor sceleris depre-
bendi non potuerat, proximum erat de iis inquirere qui, cum pro-
bibere possent, permisissent, et tandiu etiam dissimulassent. Aller,
qui et authoritate prœcellit et nomine (est enim magnus magister
Loretus 13), impetravit ut baberet pro carcere bonesliorem custo-
diam, domum cujusdam, ut vocant, Gommissarii. Alter, Morùius14,
ab illo secundus, jussus se domi continere dum inquireretur. Nunc
quid compertum sit, nescio : est tamen evocatus ad 1res brèves
dies, ut nunc loquuntur. Hactenus de comœdiis.
Alterum facinus ediderunt factiosi quidam theologi œquè malig-
num, etsi non usque adeô audax. Cum excuterent officinas biblio-
polarum, libellum vernaculum, cujus inscriptio « Spéculum animœ
peccatricis lb, » retulerunt in numerum librorum à quorum lectione
mis de Marguerite ne fût pas un encouragement pour les partisans des idées
nouvelles. Néanmoins les expressions dont il se sert pour désigner « les
novateurs » causent quelque surprise, si l'on admet qu'il était déjà complè-
tement engagé dans les voies de la Réforme.
11 Jean de La Barre. En 1522 il fut créé bailli-juge, « pour conuaitre [à
l'exclusion du prévôt de Paris] des causes des privilégiés de l'Université. »
Dans les documents contemporains J. de La Barre est néanmoins appelé
indifféremment « prévôt » ou < bailli de Paris. » (Voyez Bulœus, op. cit. VI,
au 2 avril 1523. — Journal d'un bourgeois, p. 125-127, 298, 386, 437. —
Génin. Lettres de Marguerite, t, I, p. 217, -477, t. II, p. 76.)
,s Voyez le N° 432, renvois de note 8 et 9.
13 Appelé aussi Lauretus (Voyez le N° 432, n. 9).
14 Jean Morin, ancien recteur de l'Université, était principal (primarius
Grammaticorum) du collège de Navarre (Voyez Bulreus, t. VI, au 10 oc-
tobre 1532). Louis Lasseré, ami de Josse Clicntow, y remplissait les fonc-
tions de proviseur.
15 Poëme composé par la reine de Navarre et qui avait paru pour la
première fois sous le titre suivant : « Le Miroir de lame pécheresse, ouquel
elle recongnoist ses faultes et péchez, aussi ses grâces et bénéfices a elle
i 533 JEAN CALVIN A FR. DANIEL ET A SES AUTRES AMIS D'ORLÉANS. 10U
interdictum vellent lfi. Regina, ubi rescivit, questa est apud fratrem,
Regem, professa se authorem. Ille per literas magùtris Academiœ
Parisiensis imperavit [ut] sibi significarent, an librum recensuis-
sent in numéro eorum quos juclicassent improbatae religionis;
quod si ita haberet, sibi rationem sui judicii redderent ,7.
De ea re Nicolaus Copus medicus, nunc Rector 1S, retulit ad qua-
tuor Artium collegia, Medicinse, Pbilosophiœ, Theologiaj, Juris
canonici. Apud magistros Artium, inter quos locum dicendi pri-
mum babuit, longa et acerba oratione invectus est in eorum teme-
ritatem qui sibi id juris in majestatem Reginœ usurpassent. Dis-
suasit ne se immiscèrent tanto discrimini; ne Régis iram experiri
vellent; ne in Reginam, virtutum omnium et bonarum literarum
malrem, arma sumerent; postremô, ne, banc culpam in se reci-
pientes, improbitatem eorum alerent qui parati sunt quidvis sem-
per aggredi sub praBtextu hujus nominis, ut dicant Academiam
fecisse quod ipsi, injussu Académie, perpétrant 19. Omnium sen-
faitez par Jesuchrist son espoux... A Alençon, chez maistre Simon du bois.
M. D. xxxj, > petit in-4° de 35 feuillets, caractères goth. Une autre
édition, "publiée en 1533 chez Simon du Bois, porte sur le titre le nom
de l'auteur. Celle d'Antoine Augereau, Paris, 1533 (1534, nouv. style?) est
intitulée : « Le Miroir de très chrestienne princesse Marguerite de France,
royne de Navarre... auquel elle voit et son néant et son tout. » (Brunet.
Manuel du libraire, 5e édit. t. IH, col. 1413.)
16 Un arrêt du Parlement avait interdit la publication de tout livre de
religion qui n'aurait pas été examiné par la Faculté de Théologie (Nos 102,
n. 5: 103, renv. de n. 23; 104, renv; de n. 11; 118, renv. de n. 10).
17 Bulseus (t. VI, p. 238) s'exprime ainsi là-dessus : « Die Veneris 24 Oc-
tobris [1533] vocata est Universitas à Rectore ad Mathurinos, pro audien-
dis litcris Regiis, quibus continetur, ut Universitas daret causas propter
quas reposuisset libellum... inscriptum « le Miroir de V âme pécheresse » inter
reprobatos, deleretque [1. deferretque ?] propositiones, si quœ essent has-
reticœ. »
1S Nicolas Cop, fils de Guillaume Cop, médecin du Roi (N° 3, n. 6), avait
été élu recteur de l'Université le 10 octobre précédent, n est mentionné en
ces termes dans le procès-verbal de cette élection : « Nicolaus Copus, Pari-
sinus, in Medicina Baccalaureus, in collegio San-Barbarano prœceptor. »
Depuis 1530 il enseignait la philosophie dans ce collège (Bulseus, op. cit.
t. VI, Catalogus illustrium Academicorum Universitatis Parisiensis).
19 Le récit de Bulreus relatif à la condamnation des Colloques d'Érasme
(1528) permet de croire que, d'après l'usage établi, la Faculté de Théologie
ne pouvait pas mettre un livre à l'index, sans en avertir les autres Facultés,
et qu'elle devait même, dans certains cas, demander leur approbation. Voyez
les notes 17 et 20.
110 JEAN CALVIN A FR. DANIEL ET A SES AUTRES AMIS D'ORLEANS. 1 533
tentia fait, factum abjurandum20. Idem censuerunt Theologi, Ca-
nonici, Medici. Rector renunciavit ordinis sui decretum, pôst De-
canus Medicinae, tertius Canonici Juris doctor, quartus Theo-
logus 21.
Ultimus verba fecit deviens, parochus Sancti-Andreœ22, in quem
omnis culpa derivabatur, aliis à se amolientibus. Primùm magni-
ficis verbis extulit Régis integritatem, qui Fidei se animosura pro-
tectorem hactenus gesserit. Esse aliquos sinistros bomines qui hune
egregium animum conentur pervertere, qui etiam conspiraverint
in exitium sacrae Facultatis ; sibi tamen certain spem esse nihil
obtenturos adversus talem constantiam, quam in Rege esse no-
visset. Quantum attineret ad negocium quod esset in manibus, se
quidem fuisse delegatum Academiœ decreto ad eam provinciam 2S ;
nihil tamen minus sibi in animo fuisse quàm adversus Reginam
quippiam moliri, fœminam tum sanctis moribus, tum pura reli-
gione praeditam : cujus rei argumente- esse poterant justa quae
matris suœ manibus post mortem persolvisset 24. Se pro damnatis
libris habuisse obsecenos iilos Pantagruelem 25, Sylvain , et ejus
20 On lit ce qui suit, dans les Actes du procureur de la Nation française :
« Scriptura ad Eegem, librum illum nunqiiam ab Universitate damnatum
esse, neclum visum; qui tamen si taxatus esset ab aliquibus, idque juste
aut injuria, causam suam oportere eos tueri et defendere qui id fecissent >
(Bulaeus, VI, 238).
21 La précision de ces détails donne à penser qu'ils avaient été commu-
niqués à Calvin par son ami Cop (Voyez N° 345, n. 4, N° 365, renv. de
n. 4), ou par l'un des régents du collège de Fortet, dans lequel Calvin avait
alors son domicile (Voyez le N° 440, note 8 *).
22 Nicole le Clerc, docteur de Sorbonne (N° 162, renv. de n. 6, N° 203,
n. 3), curé de la paroisse de St.-André-des-Arcs, à Paris.
23 Voyez la note 16.
24 Louise de Savoie. Elle mourut à Grez, en Gâtinois, entre le 22 et le
30 septembre 1531. Elle fut ensevelie pompeusement à St. -Denis le 18 oc-
tobre, après qu'un service funèbre eut été célébré la veille à Notre-Dame.
(Voy. le Journal d'un bourgeois de Paris, p. 426. — Cronique du roy
Françoys I, publiée par Georges Guinrey, Paris, 1860, p. 93. — Félibien.
Hist. de Paris, 1725, folio, t. II, p. 991-992.)
25 Ouvrage de François Rabelais, publié d'abord à Lyon en 1532, et
qui avait eu déjà plusieurs éditions. La plus récente était intitulée : « Jésus
Maria. Les borribles et espouuentables faietz et prouesses du tres-renomme
Pantagruel... Augmente et corrige frai chement, par maistre Jehan Lune! ,
docteur en théologie. MDXXXIII. Lyon, Françoys Juste, » in-24 de 95 et
7 feuillets, caract. goth. (Brunet, op. cit. t. IV, col. 1043-46.)
4 533 JEAN CALVIN A FR. DANIEL ET A SES AUTRES AMIS D'ORLÉANS. 111
monetae. Hune intérim inter suspectos reposuisse, quôd sine Fa-
cultatis consilio editus esset, magna fraude aresti quo velitum
erat inconsulta Facultate quicquam edere quod ad Fidem specta-
ret 26. Denique sibi hoc esse praesidium, mandato Facultalis factum
quod in quœstionem vocabatur; omnes esse culpae affines, si qua
esset, quantumvis abnegarent. Atque haec omnia gallicè, ut omnes
intelligerent si verum prafabatur. Omnes tamen fremebant, eum
obtendere ignorantiae suas hanc speciem. Aderant autem Epis-
copus Sylvanectensis 27, Stella 28, et quidam ex praefectis aulae regiae.
Ubi finem dicendi fecit Clericus, Parviis dixit lectum à se librum ;
nihilse dignum liturà comperisse, nisi oblitus esset suae Tlieologiae29.
Demum postulavit, ut ederetur decretum quo Régi satisfieret. Co-
pus Rector prommciiwit, Academiam non agnoscere censurant illam
qualis qualis fuisset ; quô[d] libellus censitus esset in libris aut
damnatis aut suspectis, non probare neque in se recipere. Vidè-
rent qui id fecissent qua ratione se defensuri essent ; parafas fore
tempore literas quibus se Academia Régi excusaret, ageret etiam
gratias, quôd se tam bénigne paterno more compellasset.
Allatum est regium diploma, quo Parisiensi Episcopo 30 permit-
titur prcefleere quos velit singulis parocbiis concionatores, qui prius
pro libidine theologorum eligebantur, ut quisque erat clamosissi-
mus et stolido furore praadilus quem illi zelum vocant, quo nun-
quam arsitHelias, qui tamen zelo zelabatur super domum Dei, etc. 31
26 Voyez la note 16.
2" Guillaume Parvi ou Petit, aumônier du Roi, et qui avait été élu évêque
de Senlis en 1527 (N°20, n. 11, N° 43, n. 10).
2S Pierre de l'Estoile, conseiller au parlement de Paris (N° 328, n. 3,
N° 362, n. 8*).
29 Bèze juge ainsi la condescendance que Parvi témoigna, dans une pré-
cédente occasion, à la reine de Navarre : « Pour la gratifier, et non pour
vray zèle qu'il eust à la Religion, [il] feit imprimer les Heures en françois
[Heures de la royne Marguerite. Paris, 1533], après avoir rongné une par-
tie de ce qui estoit le plus superstitieux » (Hist. eccl. I, 13).
30 Jean du Bellay, élu évêque de Paris le 20 septembre 1532.
31 I Rois, chap. XVIII; chap. XIX, v. 1-14. St. Luc, chap. I, v. 17;
ebap. IX, v. 54.
Quoique la lettre se termine ici, Bèze ajoute encore : « Vale. m. d.
xxxiii. » Il a emprunté cette date à une note écrite d'une main qui n'est
pas celle de Calvin.
112 l'ÉVÈijUE DE GENÈVE A SON PROCUREUR FISCAL, A GENÈVE. 1S33
l'évêque de genève à son Procureur fiscal, à Genève.
D'Arbois, 20 novembre 1533.
Copie contemporaine l. Archives de Genève. J. Gaberel. Hist. de
l'Église de Genève, 1858, 1. 1. Pièces justif., p. 42.
Sommaire. Pierre de la Baume, ayant appris que divers prêcheurs arrivent journelle-
ment à Genève et y enseignent secrètement « défausses doctrines, » interdit à qui que
ce soit, sous peine de cent livres genevoises, de prêcher ou faire prêcher l'Évangile
dans la ville ou clans le voisinage, sans la permission expresse de l'Évêque ou de
son Vicaire. Le procureur fiscal est chargé de la publication des présentes, et il
exhortera les Syndics à les faire observer.
Petrus de Bauma, Dei et Sanct» Sedis Apostolicœ gratiâ Epis-
copus et princeps Gebenn., Coadjutor et futurus Electus Ar-
chiepiscopatùs Bisuntinensis, etc2. Dilecto procuratori fiscali Ge-
benn[ensi]. Salutem!
Dubitamus civitatem nostram Gebenn[ensem] non posse cita erro-
ribus destitui, nisi super prœdicationibus in ea de cetero fiendis op-
portune provideamus ; varios enim sermonizantes indies Mue occur-
rere intelleximus, falsa, clam et secrète, in aidis et [h]ortis et alibi
docentes3, et sub quorum dissimulatâ urbanitate et inhonesto tec-
torio, grex nostra fraudulenter decipitur et à cultu Dei alienatur.
1 Cette copie fut écrite par l'ancien syndic Ami Porràl.
- L'énumération des titres de Pierre de la Baume étant ici incomplète,
nous en donnons la fin d'après une procuration signée par ce prélat le
12 janvier 1534 : « Inclitorumque monasteriorum Sancti Eugendi Jurensis,
Sancti Justi de Secusia, Beatse Maria? de Pinarolio ac Sancti Johannis Keo-
mensis, Lugdunensis, Thaurinensis, nec non et Lingonensis Diœcesis perpe-
tuus commendatarius. »
3 Les prédicateurs que nous avons déjà nommés (N° 410, n. 9) ne se
trouvaient plus à Genève lorsque Froment et Alexandre Canus y arrivèrent
vers la fin de juillet, « incontinent après la despartie de l'Évesque. » (Voy.
Actes et Gestes, p. 66, et le N° 441, n. 8.) Il est assez probable que, dès
la fin d'octobre, Fortimat Andronicus séjourna quelque temps auprès de ces
deux derniers (Voy. N° 434, renv. de n. 6).
1533 l'ÉVÊQUE DE GENÈVE A SON PROCUREUR FISCAL, V GENÈVE. 113
Ut autem morbo huic med[e]atur, de nostra certa sciencia, pro-
cerumque nostrorum consilio, juxta quoque nobis de jure, tan-
quam antistiti, créditant facultatem, per ultimum Lateranense Con-
cilium 4 confirmatam, — statuimus et ordinamus, neminem [1. ne-
mini], sub pœnis ab ipso jure introductis, indignationisque nostrae,
perpétuas excommunicationis et centum librarum gebennensium,
licere, in cantate nostra prœdictd et ipsius eonfinibus, clam,, palam,
occulte vel publiée, sacram paginant, sacrumve Erangelium prœdi-
care, exponere, aut aliàs quomodocunque dicere vel instruere, ins-
truive, exponi aut prasdicari facere per quemque, nisi prius nostra,
seu Vicarii nostri generalis, expressa interveniat auctoritas et li-
centia.
Tibi, hoc ideô expresse commictendo, mandantes, quatenus ne
quis prasmissorum ignorantiam simulet, nostram prasscriptam or-
dinationem seu statutum, sono tubas per carraphos et plateas, loca-
que dictas nostrae civitatis assueta, publicari facias, perque univer-
sos et singulos subditos nostros. et alios civitatem nostram degen-
tes, observari, prascipi, facias, — sub pœnis paribus prasmissis,
quas in contravenientes procurabis declarari, librasque sic decla-
randas reparationi mœniorum dictas nostras civitatis applicabis et
applicari faciès. Et, cum ordinatio nostra hujusmodi in expulsum
cedat civitatis nostras prasdictas errorum et abusuum ex quibus tôt
orta jam sunt scandalla et rixas, — benedilectos Sindicos dictas ci-
vitatis, nostri parte, monebis tibi taies favores in prasmissis prass-
tari, quôd nostra prasscripta ordinatio, prassentesque nostras, ut.ja-
cent, observantiam ab omnibus possint obtinere 5.
4 Le concile de Latran, commencé à Rome le 10 mai 1512 par Jules II
et terminé sous le pontificat de Léon X, le 16 mars 1517.
3 Les magistrats de Genève avaient devancé les ordres de l'Évêque, en fai-
sant publier à plusieurs reprises l'édit qui défendait de prêcher sans la per-
mission du Grand-Vicaire et des Syndics (Voyez les Xos 406, n. 1 ; 414, n. 9 ;
434, n. 7). En revanche, ils avaient invité récemment les prédicateurs officiels
à ne rien avancer qui ne pût être prouvé par TÉcritureSte. On lit, en effet, dans
le Registre du Conseil, à la date du 24 octobre 1533 : « Frater Claudius
Boulant i intravit exhibens quandam missivam, per quam Illustriss. Domi-
nus noster Princeps eis scribit quôd predicare habeaut secundùm bonos
usus, etc. Petit sibi declarari quid acturi sint : an predicare audeant vel
ne? Resolvitur quôd dicaturei, quôd procédât et predicent Evangelium, nihil
àliud predicantes nisi cptod proliari possit per Sanctas Scripiuras Evan-
gcîicas. »
T. III. S
114 FRANÇOIS I AU PARLEMENT DE PARIS. 1533
Datœ in prioratu nostro Arbosii, die vigesima mensis novembris,
anno Domini millesimo quingentesimo tricesimo tercio 6.
Petrus Episgopus et Princeps Gebenn[ensis].
Per dictum Illu.[strissimum] et R.[everendissimum] Dominum
D. Gebennensem Episcopum el Principem.
Machard 7.
440
François i au Parlement de Paris.
De Lvon, 10 décembre 1533.
J. Du Mont. Corps universel diplomatique du droit des gens. —
Suppl. Amsterdam et la Haye, 1739, 5 vol. fol. T. III, p. 115.
Sommaire. Le Roi ordonne au Parlement de procéder avec énergie et promptitude
contre les hérétiques, et d'élire deux conseillers qui seront chargés des procès de ce
genre. Il lui envoie les deux bulles octroyées par le Pape, pour l'extirpation de la
secte luthérienne, et lui enjoint de rechercher et d'emprisonner celui des conseillers
qui a favorisé la. fuite du docteur suspect [Nicolas Cop].
De par le Roy.
Nos améz et féaulx ! Nous avons entendu le contenu aux lettres
G Le Registre du Conseil contient les passages suivants relatifs au pré-
sent mandement de l'Evêque : « 30 Novemb. Literte Reverendissimi Dni
Principis de non predicando Evangelio lectae fuerunt, cum criais super eis
confectis. Quibus lectis, nihil fuit opinionatum, quia totum Consilium valdè
admiraiur quod ad tempora quibus Evanyelium legi et publicari prolii-
beat/ur, abiit et decessit. » [Voy. le N° 428, n. 2]. — « 2 Deceinb. Lectœ
fuerunt Literie iterùm Dui Principis de non predicando Evangelium, et cridœ
desuper petitse. Et quia Literœ... excessives apparent, tam in commina-
tione penarum quàm prohibitione lectionis Evàngelicae, resolvitur quôd...
Literae procuratori fiscali restituantur, dicaturque ei quôd sunt excessiva?, et
neominus videatur quôd conferatur cum Dnis de Consilio Episcopali, si velint
quôd fiant cridœ, dictent ad dictum Franchesiarum et juxta Edictum fac-
tum [30a die] de mense Martii nuper lapsi. »
7 C'était le secrétaire de l'Evêque, dont il contresignait les actes ofïi-
1533 FRANÇOIS I AU PARLEMENT DE PARIS. Ho
que par ce porteur avons acceptez l. Nom sommes très-marris et
desplaisans de ce que en nostre bonne Ville de Paris, chef et capi-
talle de nostre Royaume, et où y a Université principale de la
Chrestienté, cette maudicte secte hérétique Luthérienne pullulle, où
plusieurs pourront prendre exemple ; à quoy de tout nostre pouvoir
et puissance voulons y obvier, sans y espargner personne qui soit.
Et pour ce voulons et entendons que telle et si griefve punition
en soit faicte, que ce soit correction aux maudits Hérétiques, et
exemple à tous autres.
A cette cause, Nous vous mandons et très-expressément enjoi-
gnons, que vous commétez aulcuns d'entre vous, pour, toutes
choses laissées, curieusement et diligemment eulx enquérir de
tous ceulx qui tiennent icelle secte Luthérienne, et qui en sont
suspects et véhémentement suspectionnéz, et qui y adhèrent et les
suivent, afin que vous procédez contre eulx, sans nul excepter, par
prise de corps, en quelque lieu qu'ils soyent trouvez, et contre les
fugitifs, [par] adjournement à trois briefs jours, prinse de biens et
établissement de Commissaires. Et quand à ceulx que avez fait
constituer prisonniers, qui sont chargez de blasphèmes, procédez
à leur punition selon l'exigence des cas 2.
Et, au regard des Hérétiques, Nous escripvons à l'Èvesque de
Paris ou à ses Vicaires, qu'ils commettent deux de nos Conseil-
lers tels que adviserez, pour faire et parfaire le procéz dHceulx hé-
rétiques, sans préjudice de sa jurisdiction en aultres choses, ny
quelque chose que nous avons par cy-devant escrit 3, — d'autant
ciels. — Au dos du manuscrit on lit la note suivante de Porral : « Copia lite-
rarum patentium episcopalium ab Antichristo P. de Barra[a] contra volentes
Evangelium in Civitate Gebennensi. »
1 Cette lettre, datée du 26 novembre, renfermait les doléances du Parle-
ment sur les progrès de « l'hérésie » à Paris et particulièrement dans l'Uni-
versité. Il importerait de retrouver cette pièce, parce qu'elle fournirait peut-
être quelcpies détails intéressants sur la personne de Nicolas Cop (Voyez
les notes 8-10).
2 Nous n'avons pas de renseignements sur ces prisonniers.
3 La lettre de François I à l'évêque de Paris, Jean du Bellay, est datée
du 10 décembre. Elle renferme le passage suivant: « Nous voulons et vous
prions très-[ac]ertes, en vous mandant très- expressément, si mestier est,
que vous commettez deux de noz conseillers de nostre Court de Parlement...
pour faire et parfaire le procès des hérétiques... Et n'y faites faulte, sur
tant que desirez nous obeyr. » (Bulletin de la Soc. de l'Hist. du Protestan-
tisme français, t. I. p. 437.)
116 FRANÇOIS I AU PARLEMENT DE PARIS. 1533
que, attendu que iceluy dêlict pullule, à faute d'avoir eu le soin et
cure de V extirper dez le commencement, [il] e[s]t besoing que tout
promptement par gens d'autorité et nos Officiers cela soit exécuté,
qui vous pourront de jour à autre rapporter en quel estât seront
les matières, pour en avoir vostre advis et conseil. Si voulons que
à ce que dessus soit par vous procédé réellement et de fait par
main forte et armée, si mestier est, et [que] Nous envoyez en dili-
gence Mémoires nécessaires pour avoir de Nous toutes provisions
requises, tant par lettres missives que patentes, pour faire accom-
plir et exécuter ce que dessus. D'autre part vous envoyons, et aussi
au dit Ëvesque de Paris ou à ses Vicaires, le vidimus des Bulles
qu'il a pieu à nostre Saint Père le Pape Nous octroyer, pour extir-
per icelle secte Luthérienne de nostre Royaulme 4.
Nous avons faict par ci-devant expédier lettres patentes sur le
faict des Prescheurs, qui ont bien aijdè à augmenter la dicte secte 5 ;
on Nous a dict qu'elles vous avoient esté présentées, toutesfois que
n'y avez donné aucun ordre. Pareillement avons entendu que le
A la réception des ordres du Roi, le 19 décembre, le Parlement, toutes
les chambres assemblées, élut « Maistre Nicole Quelain, conseiller, prési-
dent es Enquestes, et Jacques de la Barde, conseiller, pour estre Vicaires
de l'évesque de Paris, à faire et parfaire les procez des Hérétiques. » (Du
Mont, loc. cit.)
4 Le vidimus de ces deux bulles fut signé à Lyon, le 3 décembre 1533,
par Guillaume [du Prat], évèque élu de Clermont (N° 202, n. 6). Quant
aux bulles elles-mêmes, la première, datée de Rome, le 1er septembre 1533,
est écrite à tous les archevêques, évèques et inquisiteurs du royaume de
France. La seconde est adressée à François I et porte la date : « Massilise,
anno 1533, quarto Idus Novembris. » (Du Mont, Suppl. III, 116-118.) An-
dré Verjus, président des enquêtes, et Nicole Brachet, conseiller en Parle-
ment, reçurent avec cette dernière bulle une lettre du chancelier Antoine
du Prat, où l'on remarque les passages suivants : * Messieurs, le Roy con-
sidérant le gros inconvénient, péril et scandalle que pourroit advenir de
l'hérésie Luthérienne et autres sectes réprouvées pullulans en aulcuns en-
droits de son Royaulme, parce... que ccidx qui estaient atteints cl'iceulx
crimes n'estoient punis selon leur démérite... au moyen des appellations et
subterfuges dont ils usoyent... le dit Seigneur a obtenu de notre St. Père...
une Bulle de la teneur que verrez par le Vidimus que de présent je vous
envoyé... Le dit Seigneur vous a nommé[s] pour juger et décider les appel-
lations qui seront interjettées des procez faicts et qui se feront contre les
dits hérétiques... Lyon, le 8e jour de Décembre. » On lit au-dessous: «Vostre
frère et bon amy A. cardinal de Sens. »
5 Voyez les Nos 418 et 422.
1533 FRANÇOIS I AU PARLEMENT DE PARIS. 1 17
Docteur qui a presché certaines propositions e, dont avez faict infor-
mations de vostre part, et le Recteur de la sienne 7, et que vous
aviez envoyé quérir pour parler à vous, — quand fut à la salle du
Palais, quelqu'un de nostre dite Court vint parler à luy, qui fut
cause qu'il s'enfuyt 8.
6 C'est une allusion au discours latin que le recteur Nicolas Cop (N° 438,
n, 18) avait prononcé, le 1er novembre, devant l'Université, réunie dans
l'église des Mathurins ; mais le Roi ignorait que « le Docteur » coupable et
« le Recteur » étaient une seule et même personne.
La harangue incriminée roulait sur la foi justifiante, et, d'après le té-
moignage de Bèze (Hist. eccl. 1580, I, 14), elle < avoit esté bastie par Cal-
vin. » Bèze ne connaissait peut-être pas ce détail, quand il composa sa Vie
de Calvin en français (1564 et 1565), mais dès lors, en compulsant les pa-
piers du Réformateur pour la publication des « Calvini Epistolœ et Res-
ponsa, » il avait pu y trouver le manuscrit autographe qui correspondait
assez bien à ce que la tradition rapportait sur le discours de Cop. C'est pour-
quoi dans la Vita Calvini, qui précède les Epistolœ (1575), on lit déjà ce pas-
sage : « Suggessit eam [scil. Copi orationem] Calvinus, in qua puriùs et aper-
tiùs quàm antea consuevissent, de Religione disserebatur. » (Voyez dans les
Additions ce discours de Calvin.)
7 Le Recteur n'eut pas à faire une enquête sur les propositions qu'il
avait prêchées ; mais ayant appris que deux cordeliers l'avaient dénoncé au
Parlement ^Gaillard, op. cit. III, 567), il convoqua l'Université, le 19 no-
vembre, et se plaignit de ce qu'on lui enlevait le droit d'être jugé par ses
pairs. Voici le récit de Bulaeus, t. VI, p. 238: «Die Mercurii 19 Kovem-
bris, congregata est Universités ad Mathurinos... Exposuit D. Hector in-
jurias sibi illatas à Franciscanis, quodpropositiones quasdam extraxissent ex
sermone quem habuerat in festo Sanctorum omnium, quas suas esse nega-
vit. Unam tamen ex omnibus confessus Rector. Siquidem ad superiorem Ju-
dicem vocatus erat, omisso medio et neglectâ Universitatis jurisdictione, ut
super propositionibus responderet. Supplicuit itaque... ut vindicem se prse-
beret Universitas... Tumultus sanè in ea congregatione fuit horribilis, hor-
rescoque dum refero ; sed tamen per Facultatem [Artium] ita est conclusum,
ut hoc pacto referretur : « iEgrè fert Facilitas injuriam toti Universitati
illatam, quod tractus fuerit ad superiorem Judicem... summus suus magis-
tratus, et, eam ob rem, censet Facilitas ut cjus accusatores et qui suppli-
cationem superiori Judici porrexerunt, citentur in facie Universitatis, causas
rei allaturi. Natioues pollicitœ sunt in agendis auxilium et favorem, citra
omnem injuriam et fraudem. Nihil tamen ausus est Rector concludere, reni-
tentibus quippe Theologi» et Decretorum Facultatibus, veritusque carceres,
abstinuit deinde publico nec apud Senatum comparuit. »
s « La Cour de Parlement l'envoya quérir [c.-à-d. Cop], et luy se mit
en chemin pour y aller avec ses bedeaux ; mais, estant adverti que c'estoit
pour l'emprisonner, n'alla jusques au palais, ains s'en retourna, et depuis
se absenta du Royaume, se retirant à Basic.. . Calvin aussi, pour la fami-
118 FRANÇOIS I AU PARLEMENT DE PARIS. 1533
Nous, à cette cause, vous mandons et enjoignons vous informer
de celluy qui est cause d'icette fuitte et qui parla au dit Recteur 9,
et le saisissez et constituez prisonnier, et Nous mandez qui il est,
afin que Nous vous mandons ce que en voulions estre faict. Il a
assez monstre, en ce faisant, qu'il est fort suspect d'estre du
nombre des Hérétiques. Si vous prions que à tout ce que dessus
vous marquez et entendez diligemment, et vous Nous ferez ser-
vice, en ce faisant, très-agréable 10. Donné à Lyon, le 10 jour de
Décembre 1533.
François.
Bavard.
(Suscription :) A nos améz et féaulx les Gens tenans nostre
Court de Parlement à Paris.
liarité qu'il avoit eu avec le dit Cop, fut contreint de sortir de Paris, estant
recerché jusques là, que le Bailly Morin alla en sa chambre au collège de
Fortret [1. Fortet*], où il se tenoit, pensant le constituer prisonnier; mais
ne le trouvant pas, saisit tout ce que il peut de ses livres et papiers : entre
lesquels estans plusieurs lettres de ses amis, tant d'Orléans que d'ailleurs,
on tascha de leur en faire fascherie ; toutesfois Dieu voulut que cela ne vînt
à effect. > (Préface de Bèze, en tête des « Commentaires de M. Iean Cal-
vin sur le livre de Josué. » Genève, M. D. LXV, in-8°, fol. a vij.)
9 Le manuscrit portait sans doute docteur, et non recteur, ou bien il
faut supposer que le passage qu'on trouve plus baut (renv. de note 6) a été
inexactement reproduit par les éditeurs du Supplément de Du Mont.
10 Le Grand-Maître Anne de Montmorency écrivait de Lyon, le 8 dé-
cembre, au Parlement : « J'ay receu vos lettres du 26 du mois passé, en-
semble, celles que escripvez au Roi... qui vous y fait très-bonne response.
Et, afin que vous puissiez mieux entendre l'affection qu'il a en ceste ma-
tière, il m'a donné charge de la vous dire de bouche, ce que j'espère faire
entre cy et quinze jours. Et ce pendant je vous puis asseurer que vous ne
pouvez mieux faire, ne service plus agréable au dit Sieur, que d'exécuter
vivement, et sans acception de personne, ce qu'il vous mande par ses Let-
tres... » (Du Mont, tome cité, p. 116.)
* Le collège de Fortet était situé dans la rue des Sept- Voies (non loin de Ste. Ge-
neviève) et tout près du collège de Cambrai, où Pierre Danès enseignait le grec en qua-
lité de professeur royal. On peut donc supposer que cette circonstance avait déterminé
Calvin, dès 1531 (N° 345, renv. de n. 10), à fixer son domicile dans le premier de
ces établissements. (Voyez Lebeuf. Hist. de Paris, nouv. édit. par Cocheris, 1865,
t. II, p. 703, 714.)
1533 LE CONSEIL DE BERNE AUX CONSEILS DE GENÈVE. H9
441
le conseil de berne aux Conseils de Genève.
De Berne, 17 décembre 1533.
Missive originale. Archives de Genève.
Sommaire. MM. de Berne exigent le paiement immédiat de la somme qui leur est due
par Genève. Ils se plaignent de ce que toutes les exhortations qu'ils ont adressées
au Conseil, en faveur des Évangéliques, sont restées infructueuses, et de ce que
tout récemment Froment et Alexandre [du Moulin] ont été victimes d'une criante
injustice. Enfin ils requièrent l'arrestation du jacobin [Furbiti], qui les a injuriés
eux-mêmes dans ses sermons.
Nostre amyable salutation devant mise, Nobles, magniffiques,
saiges, pourvéables Seignieurs, singuliers amys et chiers combour-
geoys !
Nous vous avons déjà plusieurs foys par lectres et ambassadeurs
requis, prié et admonestez de nous satisfayre de la somme d'escus
que nous debvés, à cause du secourt que vous avons faict ' ; et
dernièrement, par nous conseilliers Niic/elli et Ougspurger, avons
entenduz la responce que nous avés donnéez sur cestuy afïayre2,
de laquelle sûmes estes très-mal contents, et eussions incontinant
mis aultre remède et ordre, sy ne nous feussient survenues aultres
occupations, esquelles nous a falluz entendre 3.
1 Voyez le Tome II, N° 317, n. 4, N° 3*7, n. 3, et la p. 489 au bas.
- Voyez le N° 431, note 4.
3 Les Bernois, inquiets des mouvements des cantons catholiques (N° 430,
n. 6), avaient dû prendre des mesures de défense, comme s'ils eussent été
à la veille d'une guerre, et, suivant l'exemple de leurs voisins de Fribourg,
ils avaient demandé du secours à leurs alliés. (Lettre de Fribourg du 31 oc-
tobre au Conseil épiscopal de Lausanne. Réponse du Chapitre du 3 no-
vembre. Arch. fribourgeoises. — Lettre de Berne du 22 novembre à Ge-
nève, Neuchâtel, Valangin, la Neuveville, Payerne, etc. Weltsche Missiven-
120 LE CONSEIL DE BERNE AUX CONSEILS DE GENÈVE. 1533
A ceste cause, vous voulons ceste foys pour toutes avoyr admo-
nestez de nous contenter de la dicte somme, sans plus dilaier ; car
nous voulions estre payés, veuz et actenduz qiCavês déjà longtemp
contentez nous combourgeoys de Fryburg. A ce veilliés entendre
à toute diligence, et considéré que vous avons secouruz à toute
nostre puissance, plus que nostre debvoyr de la bourgeoysie re-
quéroyt, en vostre nécessité,vostre Estât estant bien troublé et [vous]
en grand dangier de perdre non-seulement vous franchises et li-
bertés, voyre vous corps et biens. Pour autant y advisés et mettes
fin à cella, comme vostre debvoyr et promesses, desquelles avons
vous lectres et seaulx, le pourtent. Aultrement, nous y aurons es-
gard et y mettrons ordre, serchant tous moyants [1. moyens] par
lesquels nous pourrons avoyr en brieff satisfaction et contente-
ment, cella soyt en nous tournant sur les biens que nous avés, à
cause de cella, obligés, selon le contenuz de la police qu'avons de
vous, ou aultrement ; car de plus attendre et nous laisser cy-après
plus, comme jusques icy, mousquer, ne sçaurions plus souffrir. Pour
autant y ayés esgard, et sour ce vostre response, par présent
pourteur, sy le voullés sans toute dilation fayre ou non.
Davantaige, très-chiers combourgeoys, avés ancores en bonne
mémoyre les fraternelles exhortations, admonitions et remons-
trances que vous avons faictes par plusieurs lectres, aussy nous
ambassadeurs, à cause de la Parolle de Dieuz, et pour l'ameur de
ceulx que tiennent la partie d'icelle, et aussy iceulx quilz l'annun-
cent, assavoyr : de donner lieuz az icelle, et iceulx que la favori-
sent et ayment, pareillement ceulx que la preschent point moles-
ter, injurier, ennuyre, ny perséq[u]uter 4, etc. Sur quoy avés
faictes raisonnables ordonances 5, ains icelles n'avés observées.
De quoy nous merveillions très-grandement, et en avons très-
grand regraict: Premièrement, de l'oultraige et violence que feust
faicte à nostre serviteur maislre Guillame Farel, en vostre cité 6.
En après, que n'avés détenuz ung moyne, lequel, incontinant
après le déchassement du dict Farel, vint à Genesve, preschant
erreurs manifestes, nous blasmant et appellant héréticques, soy
Buch, A. Arch. de Berne. — Ruchat, III, 163-65. — Berchtold. Hist. de
Fribourg, II, 173.)
4 Voyez les Nos 411, 414, et le N° 431, n. 2.
5 Allusion à l'édit du 30 mars 1533 (N° 414, n. 9).
G Le 3 et le 4 octobre 1532 (N° 393, fin de la n. 2).
1533 LE CONSEIL DE BERNE AUX CONSEILS DE GENÈVE. 121
ouffranl de le maintenir, — lequel non-seulement, sur nostre re-
queste, n'avés détenuz pour nous respondre en justice, ains, au
contrayre, luy avés faict passaige pour s'en fugir 7.
De quoy ne vous estes contentés, ains, comme maistre Alexandre H
et Froment, nous serviteurs, nous ont donné entendre et faict le
plaintif! ces jours passés, avés donné lieuz à ung Jacobin de près-
cher en vostre ville9, lequelz ne prêche que menteries, erreurs,
blasphèmes contre Dieuz. la i'oy et nous, blessant nostre honneur,
nous apellant Juiffs, Turcs et chiens 10. Ce non obstant, avés les
dicts Alexandre et Froment, pource que l'ont reprins publicque-
ment, l'ung mis en prison, et puis après banny, soub peine de
mort, de jamaix soy trouver en vostre ville, et i'aultre, cherché de
mayson en mayson " : laquelle chouse nous louche cy près, que
ne le pouvons ne voulons souffrir.
7 II ne s'agit pas du cordelier Christophe Bocquet, qui était venu à Ge-
nève à la fin de novembre 1532 (Xos 406, n. 2; 407, n. 4), mais du domi-
nicain qui avait prêché dans cette ville pendant le carême de 1533 (Xcs410,
n. 4; 414, renvois de note 6-7, et note S).
8 Alexandre Canus, ex-domiK&ain, natif de Rouen (selon d'autres, d'E-
vreux ou de Paris), portait aussi le nom de Du Moulin. Dans le couvent
de son Ordre à Paris il s'appelait jadis Frère Laurent de la Croix. Ayant
embrassé la Réforme, il se retira en Suisse vers le commencement de l'an-
née 1533 et résida quelque temps dans le comté de Neuchâtel. « Il estoit
meu d'ung grand zelle (dit Froment, op. cit. p. 75) et sçavaut, mesme en
la doctrine soffistique, car aussi y avoit bien profité et longuement estudié
dans Paris... Bien est vray que quand il vint es quartiers de par deçà...
il u'entendoit pas du Sacrement [de la Cène], ne de plusieurs aultres
choses ; mais incontinent qu'il eust entendu et esté vrayment résollu... y ne
fust personne qui le peult jamais arrester. » Alexandre Canus prêchait secrè-
tement à Genève depuis la fin de juillet (N° 439, n. 3).
9 C'était le père dominicain Guy Furbiti, natif de Paris i?), docteur de Sor-
bonne et religieux du couvent de Montmélian près de Chambéry. 11 avait
commencé à prêcher l'Avent à Genève le dimanche 30 novembre (Jeanne
de Jussie, p. 74. — Froment, op. cit. p. 66-70).
10 Des extraits des sermons de Furbiti accompagnaient la lettre que les
Évangéliques genevois adressèrent à cette époque à MM. de Berne. (Voyez
l'Instruction aux ambassadeurs envoyés à Genève le 31 décembre 1533.
Instructions-Buch, B, fol. 332. Arch. bernoises.)
1 ' Ces événements, qui avaient eu lieu le mardi 2 décembre, à l'occasion
d'un sermon de Furbiti dans la cathédrale de St .-Pierre, sont rapportés en
ces termes dans le Registre du Conseil du dit jour: « Quia hodie, statim
post predicationem matutinam, quidam de auditoribus sermonis surrexerunt
et iiredicantem malè dixisse publiée et alta voce asserucrunt, inde ut eâ
122 LE CONSEIL DE BERNE AUX CONSEILS DE GENÈVE. I 533
Et, à ceste cause, en vigeur de la bourgeoysie qu'avés avecq
nous, vous instantement admonestons, que le dict caffard, lequelz
présentement est en vostre cité, vuilliés sans nulle faulte arresler,
détenir et maintenir, et nous establir journée juridicque, sur
laquelle envoyerons nous ambassadeurs, pour secourir première-
ment l'honneur de Dieuz, et après, le nostre, puis que [il] s'est
vanté et ouffert publicquement de maintenir cella qu'ilz az pres-
ché. Dont vous derechieff admonestons, icelluy caffard détenir plus
seurement que l'aultre 12, que laissastes aller, et en cestuy endroyt
vous monstrer comme vostre debvoyr pourte, et vostre sèrement
que nous avés faict le requiert, assavoir : de maintenir nostre hon-
neur et avancer nostre prouffict. Aultrement, sy laissés aller le
dict Jacobin, nous nous en recourrons sur vous, et vous prendront
en cause, et aurons action contre vous, au lieuz du dict caffard.
Pour autant advisé à vostre affayre. Et sur cestuy article desman-
dons aussy vostre responce par présent pourteur, [pour] icelle
avoir receue, nous sçavoir puis après conduisre et entretenir13.
Datum xvua Decembris u, Anno xxxin0.
L'Advoyer et Conseilz de Berne.
causa magnus tumultus, citra tamen alicujus ictus apparitionem, ortus est,
— qua propter Alexander de Molendino, civis (ut clixit) Parisiensis, in rae-
dio platea? Sancti Pétri, dictum predicantem contra Sacras Literas predi-
casse asserens et altè promulgans, repertus fuit per viggilles, ad mandatuni
Dominorum Sindicorum, captus, et ad domum communem civitatis adductus,
et posthac interrogatus. Ejus responsione in scriptis redactà, ex concor-
dante Consilii prescripti resolutione, infra aulam fuit per diffinitivam sen-
tentiam à civitate et limitibus Gebennarum perpetuo sub pena capitali ban-
nitus, et per vigilles... statim extra... civitatem conduci mandatus. Et hoc
quia talem insultum contra bonos mores nostrasque franchesias fecit. Fuit
item resolutum quod dicamus Dno predicanti Adventus, quod debeat sitam
cantionem de Evangelio tanthm facere, ut rumores evitentur. Item, quod An-
tonius Froment, de quo loquutus est dictas Alexander, perquiratur, et, si
reperiatur, detineatur. » (Voy. aussi Froment. Actes, etc. p. 71-75. —
J. de Jussie, loc. cit.)
12 Voyez la note 7.
13 Cette lettre parvint h Genève le 21 décembre, et, dès le lendemain,
le Conseil demanda au Grand- Vicaire d'empêcher que le Père Furbiti ne
sortît de la ville. Trois gardes furent placés près de la personne du prê-
cheur ; trois autres durent l'accompagner chaque fois qu'il se rendrait à
l'église de St. -Pierre. Le 24, le Conseil Général décida ce qui suit : « Re-
solutum quod predicator... curiosè detineatur in domo episcopali, et quod
1533 LE CONSEIL DE FRIBOLRG AUX CONSEILS DE GENÈVE. 123
442
le conseil de fribourg aux Conseils de Genève.
De Fribourg, 24 décembre 1533.
Missive originale. Archives de Genève.
Sommaire. Le Conseil de Fribourg exhorte les Genevois à interdire complètement
dans leur ville les prédications de Fard, et il les avertit que s'ils abandonnaient
l'ancienne foi, Fribourg renoncerait à l'alliance conclue avec eux.
Nobles, saiges et prudens, très-chiers, bons amys et féaulx com-
bourgois, à vous nous nous recommandons.
Nous avons entendiez comment Farel avecque aultres prédicantz
sont en rostre cytè \ à la postulation de certains vous cytoyens par-
hac nocte sibi dentur très custodes ultra eos très quos jam habet ; et, eâ
occasione, conveniant Domini ordinarii Consilii, simul vadamus cras ad
D. Vicariwn, requiramus adbuc eum ut predicatorem predictum sub sua
custodia... custodiat nobis... et, ut cognoscat boc ipsuoi non nostro motu
actum, ostendatur ei missiva... Dominorum Bernensium. • Quod si dictum
predicatorem detinere neglexerit, accipiantur Testimoniales, manente nihi-
lominus custodia prescriptà, et tandem Dnis Bernensibus quàm gratiosiùs
poterit scribatur. »
Néanmoins, les magistrats genevois prirent parti pour le moine dans une
réponse écrite que nous ne possédons pas, et qui motiva l'ambassade ber-
noise du 31 décembre (Voyez Instructions-Buch, B, fol. 332. Arch. de
Berne).
14 Dans Ruchat, 21 décembre, ce qui est inexact. D'après M. Gaberel
(op. cit. I, pièces justif. p. 40), la lettre de Berne à Genève du 20 mars
1533 aurait été « répétée verbalement à Noël, même année. » Cette asser-
tion ne nous semble pas fondée, car le Registre du 25 décembre 1533 ne
mentionne aucune communication verbale faite, ce jour-là, au Conseil de
Genève par un ambassadeur bernois.
1 Farel était arrivé à Genève le samedi 20 décembre et avait reçu l'hos-
pitalité dans la maison de Baudichon. (Voyez l'ouvrage intitulé : « Letres
certaines d'aucuns grandz troubles et tumultes advenuz à Genève, avec la
124 LE CONSEIL DE FRIBOURG AUX CONSEILS DE GENÈVE. 1533
ticuliers 2. Messieurs, vous sçavés comment par cy-devant par plu-
sieurs fois vous avons adverti, par nous ambassadeurs et par nous
lettres, que la Bourgoisie d'entre vous et nous ne peult souffrir
tieulx prédicanlz 3. Et encore de rechieff vous pryons yl donner
ordre que ne laissés le dit prédicant en rostre cyté prêcher, ny en
publicque, ny en particullier i. Car sy vous roulés estre de ceste
novelle loy et annichiller [1. annihiler] nostre vray ancienne foy,
tous adver tissons, une foy[s] pour touttes, que [nous] vous quitte-
rons la Bourgoisie ; de ce soyés certain ; dont, sy vous voulés, yl
en pourrés pourvoir. Sur ce vous pryant vostre bonne responce
par ce présent porteur 5, en pryant le Créateur, très-chiers com-
bourgois, vous donner bonne et longue vie. Datum xxmita Decem-
bris, Anno, etc., xxxm°.
L'Advoyé et Co.nseyl de la Ville de Frybourg.
disputation faite l'an 1534 par monsieur nostre Maistre frère Guy Fur-
biti, etc. » (1535) 48 feuillets in-lG, caract. goth. Réimpression de 1644,
avec traduction latine, publiée par le ministre F. Manget, p. 10. — Jeanne
de Jussie, p. 75. — Actes et Gestes, p. 78 et suiv.) Froment le rejoignit
quelques jours plus tard, et Yiret, seulement le 4 janvier 1534.
2 Allusion à Baudichon de la Maison neuve. Il avait accompagné à Berne
Froment et Canus (Voy. N° 441) et il était rentré à Genève le 20 décembre,
amenant avec lui Farel.
3 Voyez le N° 382, n. 2 et 6, et le N° 40G.
4 Jeanne de Jussie affirme (loc. cit.) que les adhérents de Farel s'effor-
cèrent « le 4e Dimanche des Advents, > c.-à-d. le 21 décembre, de faire
prêcher < leur idole > dans l'église de St. -Pierre, et que « les Chrestiens
respondirent que non feroit, et que plustost il leur cousteroit la vie. » Le
lendemain, après la réception de la lettre de Berne du 17 (N° 441), le pro-
cureur fiscal excita parmi les Catholiques une émeute que le Registre du
22 décembre raconte en ces termes : « Hac die Lima?, propter missivas
Tjnoiuni Bernensium, procurator fiscalis congregavit magnam partent populi
et sacerdotum in platea Mollarii, ut Baudichonnm de Domonova et Farellum,
missum per Dnos Bernenses, aggrederetur, et quos voluit aggredi. Quo tune
dictus Baudichonus et alii multi cives, timentes vim talium luporum aggres-
sorum, memores aggressionis sibi heri per illos de Pesmes et Ja. Malbosson
acta?, se adversùm eosdem armis munierunt in boiio numéro. »
D'après Froment (op. cit. p. 79), «Farel exortoit et preschoit les
fidelles qui tenoint la part de l'Évangille, [lesquelz] se mirent aussi en
armes. > Le 31 décembre, Haller écrivait à Bullinger : « Gebennis nunc Fa-
réllus cum aliis ignem accendit, sed non palam. Sunt enim ultra 400 pii
in ea urbe. > (Copie. Coll. Simler.)
5 La lettre des Fribourgeois fut lue dans le Conseil ordinaire le 27 dé-
533 LES CONSEILS DE BERNE A PIERRE VIRET, A l'AYERNE. 125
443
les conseils de berne à Pierre Viret, à Payerne.
De Berne, 31 décembre 1533.
Inédite, Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. MM. de Berne invitent Pierre Viret à se rendre à Genève, pour prendre
part à la dispute qui aura lieu entre Farel et un prêcheur catholique.
L^Advoyer, Conseil et Deux-Cens de Berne, nostre salut !
Chier et féal, ilz est vray que ces jours passés avons escript à
nous combourgeoys de Genesre, à cause d'ung caffard qui a pres-
ché au dit lieuz, et, en sa prédication, non-seulement blessé l'hon-
neur de Dieuz, ains aussy le nostre, — que icelluy deussent dé-
tenir i : ce que, à nostre requeste, comme ilz nous ont donné par
leurs lectres entendre, ont faict 2. Sur quoy avons ordonné am-
bassade, laquelle partira Venerdi prochain 3, pour aller à Genesve
et besoigner au dit affaire. Et, à cause que le dit caffard soy vante
et [s'est] outïert de maintenir ce qu'ilz a presché, contre tous et
ung chescung que vouldront dire le contraire, avons donné charge
à nous ambassadeurs d'y pourvoir, et a Maistre Guillaume Farel,
qui de présent est à Genesve 4, aussy à toy, de disputer contre luy,
comme plus amplement entendrés de nous dits ambassadeurs.
cembre, et communiquée le 28 au Conseil des Deux-Cents, qui détermina
de la manière suivante le sens de la réponse demandée : « Resolutum quùd
scribatur et respondeatur eisdem... quod nolumus vivere nec permittere pre-
dicari, nisi ad formam Edictorum et resolutionem Consiliorum nostrorum
retroactorum. » On répéta verbalement les mêmes assurances aux députés
fribourgeois qui se présentèrent devant les Conseils le 7 et le 8 janvier 1534.
1 Voyez la lettre des Bernois du 17 décembre (N° 441).
- Voyez le N° 441, note 13.
3 Vendredi 2 janvier 1534.
4 Voyez le N° précédent, note 1.
126 PIERRE VIRET AU CONSEIL DE BERNE. 1534
Pour autant est nostre vouloir et commandement que tu voyse
[1. que tu ailles] et toy transpourte à Genesve, que tu y soye Di-
menche prochaine 5 au soir sans faulte. Datum Mercerdi ultima
Decembris, anno à Christo nato 1534 6.
(Suscription :) A nostre chier et féal soubgect Pierre Tiret, à
Payerne, ou [là] oùt ilz est 7.
444
pierre yiret au Conseil de Berne.
De Payerne, 1er janvier 1534.
Copie moderne l. Collection Simler, à Zurich.
Sommaire. En réponse à l'ordre qu'il a reçu des magistrats bernois de se rendre à
Genève, Virct les informe qu'il est prêt à obéir, et il les prie de faire auparavant
surseoir au jugement des procès qui lui sont intentés par les prêtres de Payerne.
La grâce, paix et miséricorde de Dieu, par Nostre Seigneur
Jésus-Christ !
Très-redoubtéz et magnifiques Seigneurs, j'ai entendu, par les
5 Le 4 janvier 1534, jour où les ambassadeurs bernois devaient arriver
à Genève.
6 D'après le nouveau style : 1533. Dans la plus grande partie de la
Suisse, l'année commençait à Noël.
7 Pierre Yiret partageait sans doute ses soins entre l'église de Neu-
châtel et celle de Payerne. On possède peu de renseignements sur l'activité
de ce réformateur pendant l'année 1533. (Voyez les Nos 397, n. 3; 402,
n. 4-5; 410, n. 2, et la lettre de Viret du 1er janvier 1534.) Son nom se
trouve mentionné, nous ne savons à quel propos, dans le canevas des in-
structions données par les Bernois, le 9 mai 1533, aux députés qu'ils en-
voyaient à Fribourg (Manuel de Berne, à cette dernière date).
1 On lit en tête de cette copie : « Copia apud clariss. Ruchatium. » Ru-
chat en donne un fragment dans son Histoire de la Réformation de la
Suisse (nouv. édit. III, 216). Elle lui avait été communiquée par le pas-
teur neuchâtelois Louis Choupart (Op. cit. I, 12), mais le manuscrit ori-
ginal de Viret ne se trouve plus ni à Neuchâtel, ni à Berne.
1534 PIERRE VIRET AU CONSEIL DE BERNE. 127
lettres lesquelles vous a pieu me faire rescrire, comme c'est vostre
vouloir et commandement que je voise à Genève, pour disputer
contre ce caphard qui, en ses prédications, a blessé l'honneur de
Dieu et aussi le vostre, qui maintenez sa Parole 2. Sur quoi, très-
redoubtéz et magnifiques Seigneurs, suis prest de faire vostre
commandement et obéir à vostre bon vouloir en tout ce que à moi
sera possible, selon la grâce que Nostre Seigneur m'a donné. Mais,
afin que devanture ne vienne aucun scandale aux bonnes gens qui
suivent F Évangile ici à Pageme,je vous supplie humblement qu il vous
plaise pourvoir eu quelque bonne manière aux causes lesquelles les
Prestres ont contre mog, — afin que, si je n'estois de retour pour
incontinent comparoistre en la Justice, pour respondre aux dicts
Prestres, qu'ils ne peussent cela tourner au scandale de l'Évan-
gile.
De la première cause, laquelle est pour le baptesme des petits
enfans 3, le raport en est desja assigné en marche 4. Mais la se-
conde est encore par devant Messieurs du Conseil de Payerhe,
pour donner leur cognoissance sur icelle tantost à la première
cour qu'ils tiendront après les Rois 5, — et cela à cause que le
curé du dict Pagerne me vint prendre en paroles, moi demandant
« si les Prestres estoient larrons 6 ? » Auquel je respondis que tels
- Voyez la lettre précédente.
_> Dans une dédicace adressée à MM. les Advoyé, Conseil et peuple de
Payerne, en date du 1er janvier 1560, Viret s'exprime ainsi relativement à
ses procès : « Je pense que vous avez encore bonne souvenance des allarmes
lesquelles j'ay eu, et des procès qui ont esté dressez contre moy par les
Prestres, à cause que j'avoye baptisé quelques enfans et espousé quelques
espous et espouses, selon la forme laquelle nous suyvons au jourd'bui en
l'Eglise... Et pource que les procès de telle matière ont esté démenez en
vostre cour et conseil, il y a passé de 25 à 26 ans, je vous en ay bien voulu
refreschir la mémoire, et vous présenter par escrit la matière sur laquelle
nostre procès a esté principalement fondé. » (Du vray Ministère de la vraye
Église de Jésus-Christ, et des vrais Sacremens d'icelle... Par Pierre Viret.
Genève, J. Rivery, M. D. LX, petit in-S°.)
4 Cette expression est expliquée plus haut (K° 408, note 5).
s C'est-à-dire, après le 6 janvier.
G On est autorisé à croire que Viret n'avait pas ménagé dans ses pré-
dications les prêtres de Payerne. Il s'exprime ainsi à leur égard, dans la dé-
dicace sus-mentionnée (note d) : « Quand à l'administration de la parole de
Dieu, ne vos Prestres, ne vos Moynes, ne s'en mesloyent point... mais fai-
soyent cela par certains Caphards, comme par leurs Vicaires, lesquels vous
preschoyent comme vous savez. Car comme ils estoyent non seulement mer-
cenaires, mais loups, pour ravir les brebis du Seigneur, aussi ils ne vous
128 PIERRE VIRET AU CONSEIL DE BERNE. 1534
les apelle la Parole de Dieu, et que tels sont-ils, comme par la
Parole de Dieu je m'offrois à le prouver et monstrer 7. Et ne pou-
vois autrement respondre que Jésus-Christ n'enseigne, sans dire
mensonge et sans scandaliser les auditeurs, qui estaient en grand
nombre. A ceste occasion, les Prestres m'ont mis en droit, et me
suis offert devant la Justice publiquement de maintenir et prouver
par la Parole de Dieu ce que j'ai dict. Déjà deux fois me suis pré-
senté à la Justice s, pour satisfaire à ma cause : mais elle n'est pas
vuidée encores, à cause que, le jour devant que je devois respon-
dre, le prestre qui me trouva sur le chemin me blessa si fort que je
ne pouvois comparoistre à la Justice \ Mais je suis certain qu'in-
continent que je serai absent, qu'ils prendront passement contre
moi 10 et qu'ils scandaliseront les simples gens.
Par quoi, si c'est vostre bon plaisir, [veuillez] y mettre le meil-
leur remède qui sera possible, pour servir à la gloire de Dieu et à
l'édification des simples gens, afin aussi que plus franchement je
puisse satisfaire à vostre commandement11. De Payerne, ce Jeudi
premier de Janvier. Anno à Christo nato 1534.
Vostre humble serviteur et sujet Pierre Virex.
proposoyent point la vraye pasture des âmes... mais... leurs songes et leurs
inventions, corrompans la parole de Dieu par icelles. »
1 St. Jean, ehap. X, v. 1 et 8 : « Celui qui n'entre point par la porte dans
la bergerie des brebis, mais y monte par un autre endroit, est un larron
et un voleur. » — « Tous ceux qui sont venus avant moi sont des larrons
et des voleurs : mais les brebis ne les ont point écoutés. »
s Dans le Manuel de Berne il est déjà question, vers la fin de novembre
1533, d'un procès de Viret à Payerne.
9 Viret faisait allusion à ce guet-apens, quand il disait aux prêtres, à la
dispute de Lausanne (1536) : « Nous aimerions beaucoup mieux que vous
parlassiez publiquement à nous... que de nous attendre sur les champs pour
nous tuer, de quoi nous en portons le témoignage sur notre dos. * (Ruchat,
IV, 356) — et dans sa dédicace adressée au peuple de Payerne (1560) : « Vous
savez quel tesmoignage et quelle enseigne de mon ministère je porte encore
en mon corps, et combien Dieu m' a assisté en ce grand, danger de mort du-
quel il m'a retiré, du glaive de ceus qui pour lors estoyent de mes ennemis,
et puis, par la grâce de Dieu, sont devenus amis et domestiques en la mai-
son de Dieu avec nous. > Selon Froment (op. cit. p. 104), Viret fut assailli
par un prêtre, « en venant de Ncufchastel pour aller prescher à Payerne,
tout seul. »
10 C'est-à-dire: qu'ils feront prononcer un arrêt contre moi (Voy. t. II,
p. 276, ligne 1).
11 Le 2 janvier les Bernois écrivaient au Conseil de Payerne: « Nous
1534 MARTIN BUGER A AMBROISE BLAARER. A CONSTANCE. 129
445
marttn bucer à Ambroise Blaarer , à Constance.
(De Strasbourg, vers le 13 janvier 1534.)
Autographe. Arch. du séminaire protest. de Strasbourg. Copie mo-
derne dans la Coll. Simler, à Zurich. C. Schmidt, op. cit. p. 221.
Sommaire. Une nouvelle persécution vient d'éclater en France. Le recteur Cop a dû
s'enfuir de Paris, et sa tête est mise à pris. Il suffira de deux témoins pour être con-
vaincu de luthéranisme et brûlé vif. Près de trois cents personnes sont déjà empri-
sonnées.
Rex Franciœ gravem praecepit persecutionem in regno
suo 2. Alter filiorum Copi 3, electus in Rectorem, orationem de more
avons ordonné Maistre Pierre Viret... pour aller avecq nous ambassadeurs
à Genesve. Et, pource que à luy est establie journée juridique devant vous,
pour respondre au curé et aultres prestres, ses complices... vous voulons
bien prier de prolonguer la dicte journée jusque à son retourt. » (Minute
orig. Arch. de Berne. Voy. aussi la lettre du 12 mars suivant) Une autre
lettre de MM. de Berne, datée du même jour et adressée à Viret, informait
celui-ci des démarches faites en sa faveur auprès du Conseil de Payerne et
l'invitait de nouveau à partir pour Genève avec leurs ambassadeurs.
1 Ambroise Blaarer (en latin Blaurerus), né à Constance le 12 avril 1492,
s'affilia jeune encore à l'Ordre des Bénédictins. Après avoir fait de très-
bonnes études à Tubingue, où il gagna l'amitié de MclancMlion, il rentra
(1515) dans le couvent d'Alpirsbach en Souabe, dont il devint le prieur.
Destitué par son supérieur, à cause de ses croyances évangéliques, il sortit
du couvent, le 3 juillet 1522, et se retira dans sa ville natale, qui l'appela
deux ans plus tard aux fonctions de prédicateur. Caractère à la fois mo-
déré et ferme, Blaarer jouissait d'une grande considération dans les églises
réformées. Xous le trouverons plus tard en relation fréquente avec Farel,
Calvin et Viret. (Voy. le N° 216, fin de la n. 4. — J.-J. Hottinger, op. cit. III,
56, 71, 261. — Herzog. Real-Encyklopadie, article Blaarer. — Theod.
Pressel. Ambrosius Blaurer's... Leben und Schriften. Stuttgart, 1861.)
2 Voyez la lettre de François I du 10 décembre 1533 (N° 440).
3 Nicolas, fils de Guillaume Cop. Le mot aller, employé par Bucer, est
t. m. 9
130 MARTIN BUCER A AMBROISE BLAARER, A CONSTANCE. 1534
habuit, in qua cum interspersisset paucula de fide justificante i, in
taie discrimen venit per theologos, ut mgâ sibi consuluerit 5,
ablato secum, forte per imprudentiam, signo Universitalis. Fecit
magnum illic Consilium 6 per prseconem renunciari, ccc coronatos
constitutos ei qui fugitimm Rectorem vivum vel mortuumadducat.
Capti jam erant, quando is qui hoc ad nos attulit illic [1. illinc] sol-
vit, sunl dies xvm, supra l 7, lectumque Edictum : « Ornnem eum
qui duobus testibus convinceretur Lutheranus statim exurendum
esse. » Res eril non absimilis Inquisitioni Hispanicœ.
Putat hic nunc circa trecentos Parisiis jam captos. Nam Epis-
copo 8 illic favente pietati ex animo, tum Rege etRegind Navarrœ 9,
qua3 Régis Francise soror est, et aliis aliquot magnis proceribus,
factum est ut, absente Rege Francise 10, palam praedicare Ghristum
quidam cceperint, omnes loqui liberiùs. Hi notorii omnes nunc in
summum discrimen vocantur. In médiocres enim tantùni seevitur
inexact, car il laisse croire que le médecin bàlois avait deux fils seulement.
Il en avait quatre : Jean, Luc, Nicolas et Michel. Le continuateur des No-
tices généalogiques sur les familles genevoises, M. J.-B.-G. Galiffe, est
tombé dans une autre erreur, quand il affirme (t. IV, p. 276-277) que Ni-
colas Coj), le recteur de l'université de Paris, et Michel Cop, ministre à
Genève dès 1546, « étaient un seul et même individu du nom de Michel. »
(Voy. le N° 438, n. 18, et la lettre du 5 avril 1534. — Sur Jean, qui resta
en France, voyez le N° 345, n. 12. — Goujet. Hist. du Collège Royal,
p. 34. — Bulœus, op. cit. VI, 238, et, à la fin du même volume, le * Ca-
talogus illustrium Academicorum Universitatis Parisiensis, » article Guil-
laume.)
4 Voyez le N° 440, note 6.
5 Érasme écrivait, le 19 février 1534, à Jean Cholerus : Lutetice, terri-
bili edicto proposito, ssevitur in Lutlieranos, aliquot in carcerem conjectis,
nonnullis metu profugis : quorum de numéro quidam suspicantur essefilium
Copi, qui nunc agit Basileœ, cum esset Rector Academiée Parisiensis... Ba-
silece esse certum est, nam ad Berum scripsit è Basilea. Bedda cum col-
legis suis revocatus est ac triomphât seriô. » (Erasmi Epp. Le Clerc,
p. 1490.)
6 C'est-à-dire, le parlement de Paris, qui avait reçu les ordres du Roi,
le 19 décembre 1533 (N° 440, fin de la n. 3).
7 Bucer veut dire qu'au moment où le porteur de ces nouvelles était
parti de Paris, dans les derniers jours de décembre 1533, il y avait déjà
plus de cinquante personnes incarcérées.
s Jean du Bellay, évêque de Paris.
9 Henri d'Albret et Marguerite d'Angouléme.
10 François I avait quitté Paris dans les premiers jours de mars 1533.
Il y rentra au commencement de février 1534.
1534 LES CONSEILS DE BERNE AU CONSEIL DE GENÈVE. 131
adhuc u. Nunc et clic non vigilantem Pontificem. Sic nuptiis istis
■ • • •
Tuus Bucerus n.
Herodianis 12 sanguine sanctorum litabimus
446
les conseils de berne au Conseil de Genève.
De Berne, 21 janvier 15o4.
Missive originale. Archives de Genève.
Sommaire. MM. de Berne se plaignent de ce que le Conseil de Genève n'a pas voulu
contraindre Furbiti à leur faire la réparation d'honneur qu'ils exigeaient. Ils exhor-
tent encore une fois les Genevois à se montrer « féaux bourgeois et vrais amis. »
Avoyr mes très-redoubtés Seigneurs FAdvoyer, petit et grand
Conseil de Berne ouys et entenduz la charge et instruction de
l'ambassadeur de Genève ', soy sont sur cella résolus en sourte
comme s'ensuit :
Premièrement, touchant le caffard -, lequel a presché contre ï'hon-
11 Les intérêts politiques de François I ne lui permirent pas de déployer
contre « l'hérésie » le zèle qu'il manifestait quelques semaines auparavant.
Bucer écrivait déjà le 3 février suivant à Ambroise Blaarer : « De Gallo mi-
tiora intérim accepimus. De Bectore quidem habet ut scripsi ; de aliis non
item. Eegina Navarrœ multum obstat malorum conatibus. Nunc est apud
Gallwn Landgravius, quod nobis admodùm dolet. Quid est hoc aiiud, quàm
in iEgyptum concedere? » (Manuscrit autographe. Arch. du séminaire prot.
de Strasbourg.) Voyez le N° 451, note 6.
12 Allusion aux noces de Henri, duc d'Orléans, deuxième fils de Fran-
çois I. Il avait épousé à Marseille (27 octob. 1533) Catherine de Médias,
nièce du pape Clément VII, qui avait célébré lui-même la cérémonie (Gail-
lard, op. cit. t. II, p. 416).
13 La lettre n'est pas datée, mais une note d' 'Ambroise Blaarer nous ap-
prend qu'il la reçut à Constance le 18 janvier.
* Claude Roset, secrétaire du Conseil de Genève, avait été député au-
près de MM. de Berne le 13 janvier. Il devait les prier de consentir à ce
que l'affaire de Furbiti fût jugée par le tribunal de l'Évêque.
* Voyez le N° 441, note 9.
132 LES CONSEILS DE BERNE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1534
neur de Dieu, en après blessé mes dits Seigneurs en leur honneur,
à cause de quoy ilz sont estes occasionés d'envoyer leur ambas-
sade, pour seccourir par droict leur honneur et renommée, [et]
parei'.liement député maistre Guillame Farel3 et Viret* d'aller
conférir avec le dit caffard publiquement, touchant les articles
qu'ilz a presché contre évangélicque vérité, soy ouffrant de les
maintenir, ainsin comme plus amplement l'instruction des dits
Ambassadeurs de mes Seigneurs de Berne sur les dits et aultres
articles contient5; à laquelle honneste et raysonnable pétition les
dits de Genesve n'ont voulsuz satisfayre 6, — dont mes dits Sei-
r>-4 Voyez le N° 442, note 1, et le N° 443.
3 L'« instruction donnée le 31 décembre 1533 à Sébastien de Diesbacb,
George Schoni, Jacob Tribolet et Jean-Rod. de Graffenried, sur ce qu'ils
ont à faire à Genève, » est en plusieurs points la répétition de la lettre de
Berne du 17 décembre précédent, adressée aux magistrats genevois (Voy.
Instructions-Buch, B, fol. 332. Arch. bernoises).
G Voici le résumé de l'affaire Furbiti depuis le 24 décembre 1533 (N° 441,
n. 13). Loin de consentir à garder sûrement le prêcheur jusqu'à l'arrivée
des ambassadeurs bernois, le Grand- Vicaire avait lancé (31 déc.) « un mo-
nitoire, sub pœnis rebellionis, contre le syndic Jean Coquet et ses com-
plices, » et publié, le lendemain, un nouveau mandement qui interdisait la
lecture de la Bible. « Quidam attulerunt cridam, bodie per parrochias pu-
blicandam, de non legendis Liieris Sacris, nec sacro Dei Evangclio. Nemo
eadem fuit contentus, et nihilominus nihil desuper actum est » (Reg. du
1er janvier 1534). Le procès-verbal de cette dernière séance n'autorise pas
l'assertion suivante de Michel Roset (Chronique mscr. Liv. III, chap. 16) :
« Le premier de Janvier 1534... le Vicayre de l'Évesque [ordonna] qu'on
deust brûler tous livres de la Ste. Escriture en françois et en alleman. »
Les députés bernois, arrivés à Genève le 4 janvier, exposèrent, le 5 et
le 7, les réclamations de leurs supérieurs et firent instance contre le prê-
cheur dominicain. Les Syndics leur répondirent: « Ce n'est pas à nous de
juger les procès des prêtres. Nous avons un prince qui a établi un officiai,
un vicaire, un juge des excès et autres officiers. Demandez-leur justice, de la
part de Leurs Excellences. » — « Xous avons reçu l'ordre de nous adresser à
vous-mêmes, répliquèient les Bernois. Votre réponse fait voir que vous ne
cherchez que subterfuges et délais, et que vous tenez peu à l'honneur de
MM. de Berne. En conséquence, voici la lettre de Bourgeoisie, dont vous
allez arracher les sceaux. » On leur offrit alors de faire appeler le moine
devant le Conseil, afin qu'ils pussent s'expliquer avec lui. Ils acceptèrent,
mais sous condition que le dit moine aurait une conférence avec certains
serviteurs de Berne savants dans les lettres. Furbiti fut donc transféré des
prisons de l'Évèché dans celles de la ville (8 janvier). Les parties étant
mises en présence le lendemain, et le prêcheur ayant refusé de répondre
ailleurs que devant un juge ecclésiastique, les magistrats genevois firent de
1534 LES CONSEILS DE BERNE AU CONSEIL DE GENÈVE. 133
gneurs soy merveillient grandement et en ont très-grand regraict
du refus que ceulx de Genesve font, veuz et attenduz que, premiè-
rement (comme leur mesme instruction, donnée au dit leur am-
bassadeur devise), « le dit caffard az esté admis de prescher en
aultre lieuz que rfest accoustumé, sans leur consentement et cou-
loyr, et sans leur estre présenté, ce qu'est contre l'ordonnance par
eulx faicte et contre leurs anciennes coustumes 7: secondement, que
les prestres font maintenuz à main forte et année 8, » dont n'est
ràysonnable que ceulx qu'ont [1. qui ont] faict parthye soyent juges
en la dite cause, — pour autant mes dits Seigneurs de Berne de
rechieff desmandent que justice soyt faicte du dit caffard, et que [il]
responde devant les Sindicques et Conseilz de Genesve, et que iceulx
en ayent la congnoissance.
Admonestant les dits Seigneurs de Genesve vouloyr considérer
que mes dits Seigneurs de Berne n'ont point faict difficulté de les
secourir en leur nécessité, et pour les maintenir de fayre contre
le Duc de Savoye ; dont ilz ne doybvent fayre refus d'administrer
justice contre une singulière personne, comme est le dit caffard.
Aultrement pourroint bien suspicionner que n'ont pas affection
de soy monstrer comme bons et féaulx bourgeoys et vrays amys,
et par ainsi donneront occasion de penser que sont bourgeoys qui
ne peulvent gayre prouffiter.
Le sourplus entendrés de nous Ambassadeurs 9, ausquels avons
nouvelles démarches auprès du Vicaire, pour qu'il voulut bien nommer un
délégué qui viendrait siéger dans le Conseil ; mais après quatre jours de né-
gociations l'affaire n'avait pas avancé d'un pas. Ce fut alors que le Conseil
essaya de modérer les prétentions de MM. de Berne, et qu'il leur députa,
à cet effet, Claude Boset (Voy. note 1). Celui-ci fut de retour à Genève le
24 janvier. 11 rendit compte de son ambassade, et il remit au Conseil la pré-
sente lettre.
7-s Les Syndics avaient précédemment adressé les mêmes paroles aux
ambassadeurs bernois : « Ipse Monachus nostra auctoritate non predicavit,
neque de nostra voluntate talia contra eos [scil. Dnos Bernenses] protulit,
minùsque locum tenuit solitum, sed proprio Conventu [celui de Plain-Pa-
lais], in quo concio fieri debuit, dimisso, per presbiteros in ecclesiam Sti. Pé-
tri, etiam vi et armis manutentus, quod voluit predicavit; ubi nos profectô,
tumultum sacerdotum et sibi berentium timentes, remediare nec obviare
potuimus » (Reg. du 10 janvier). Voy. aussi Froment, op. cit. p. lxxviii.
9 Ce « surplus » fut communiqué le 25 janvier au Conseil des Deux-Cents
par les ambassadeurs bernois : MM. de Berne exigeaient sur tous les points
satisfaction complète, sinon la Bourgeoisie allait être rompue, et leurs dé-
putés persisteraient également à réclamer le paiement de la dette et la pu-
134 l'ÉVÊQUE DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1534
escript nostre vouloir et résolution touchant la Bourgeoysie, paye-
ment 10 et l'affayre de l'Évangille n. Actum xxia Januarii, Anno, etc.,
xxxniit0 12.
Secrétayre de Berne.
447
l'évêque de genève au Conseil de Genève.
D'Àrbois, 1er février 1534.
Inédite. Manuscrit original. Archives de Genève.
Sommaire. L'Évêque se plaint de l'hostilité du Conseil de Genève. Il lui signale les
menées de certains particuliers qui « incitent » Messieurs de Berne, et lui ordonne
de relâcher le Père Furbiti.
Très-chiers, bien-améz et féaulx !
Le bon espoir que nous aviés donné par voz pénultimes lettres,
nition du moine. Cet ultimatum causa un grand trouble dans l'assemblée.
Le Conseil décida qu'on passerait outre, malgré l'opposition de l'autorité
ecclésiastique, et le Conseil Général unanime approuva cette résolution
(ima voce conclusit taliter esse providendum quôd Borgesia ipsa maneat).
Les Syndics l'annoncèrent immédiatement au Grand-Vicaire, en l'assurant
qu'ils y étaient contraints par l'intérêt public, — « protestantes [dit le Re-
gistre]... quôd non intendimus id per nos actum animo Principem, Clerum,
franchesias nec privilégia quœvis offendendi, infringendi, vel aliàs quomo-
docunque eis prejudicandi; quôdque non intendimus id in consequentiam
trahi posse nec debere, imo pro liac vice solâ, pro Reipublicae utilitate [nos]
egisse potuisse. »
10 Le paiement des 9000 écus que Genève devait aux Bernois.
M Les députés de Berne avaient prié le Conseil, le 10 janvier, de dé-
signer une. église qui servirait au culte évangélique. Il leur fut répondu,
le 11, qu'on voulait s'en tenir à l'édit du 30 mars 1533; qu'on prierait le
Vicaire de faire prêcher « le pur Évangile » dans les paroisses ; que, s'il
ne le faisait pas, on y pourvoirait au moyen des curés de la ville. Le Con-
seil décida en outre (11 janvier) d'interdire la prédication dans les cou-
vents pendant une année entière.
12 Le manuscrit porte la note suivante de Claude Roset: « Response de
Berne, 24 Januarii 1534, à cause du Jacopin et des prescheurs. »
1534 L'EVÊQUE DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 135
touchant la paciffîcation des troubles de nostre cité et restaurement
de nostre juridicion x, ne nous a duré que jusques à ce jourd'huy
qu'avons receu voz attitrés lettres2 par ce porteur, es quèles
veoyons vostre persévérance à nous fère du pis, et petite envie de
vous amender. Il n'en fault charger Messieurs de Berne 3. Assés en-
tendons que toutes ces mesnéez viennent d'aulcungz particuliers, noz
subjectz, qui les incitent à ce, pour l'affection qiûilz ont de mectre à
fin leur maulvais vouloir 4. Et sommes esbaïs de vous et vostre Con-
seil, qui voyés devant voz yeulx vostre ruyne et destruction et ne y
voulés remédier ! Mieulx ne vous sériés [1. sauriez] conduire au
grey de voz ennemys que ainsi faisant, Vous nous escripvés plu-
sieurs belles lettres, et nous demandés conseil et aide pour vous
mectre à repoz 5, et quant Ton vous ouvre la porte, vous reffusés
de y entrer !
Au regard du religieulx que détenés, nous vous dépendons de pro-
céder en façon quelcunque contre luy, ains Payés à mectre en liberté,
selon le contenu au Mandement que sur ce, de nostre part, vous
a esté intimé 6, sans y fère faulte, en tant que crenés [1. craignez]
1 Cette lettre du 13 janvier était relative aux réclamations des Bernois.
La réponse de l'Évêque, en date du 15, renferme les passages suivants :
« Quant à la poursuyte que Messieurs de Berne font fère contre le pres-
cheur de VAdvent passé... bien au long en escripvons à Messieurs leurs
ambassadeurs... lesquelz estimons si raisonnables et avoir si bonne affec-
tion à l'entretenement de nostre auctorité, qu'ilz seront content que l'affère
se vuide par devant noz officiers... Au regard du conseil et confort que
nous demandés touchant l'argent dont les dits... poursuyvent avoir paiement,
nous ne vous y serions [1. saurions] respondre que conforméement à la réso-
lucion... par laquelle nous promistes de nous laisser nostre auctorité et Juri-
dicion... Dont n'avés tenu compte... Parquoy... ne savons bonnement quel
conseil vous y donner » (Manuscrit orig. Arcb. de Genève). Voyez aussi le
Registre du Conseil au 19 janvier. Froment, op. cit. p. lviii.
2 Pierre de la Baume fait allusion à une lettre qui l'informait de la
grave décision prise le 25 janvier par les Conseils de Genève (Voy. N° 446,
note 9).
5 Xous savons cependant que c'étaient les Bernois qui avaient déter-
miné la décision du 25 janvier, en menaçant Genève de la rupture de l'al-
liance. (Voyez la pièce précédente, notes 6 et 9.)
4 Allusion au parti des Évangéliques.
5 La lettre écrite le 15 janvier par l'Évêque (Voy. n. 1) montre que le
Conseil avait réclamé son appui, pour se soustraire à des embarras finan-
ciers, et non pour solliciter son intervention à propos des troubles de la ville.
6 Ce mandement était parvenu à sa destination le 25 janvier, au plus tard,
comme on peut l'inférer de cette réponse écrite que le Grand- Vicaire et les
136 I/ÉVÈQUE DE GENÈVE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1531
nous désobéir et décomplaire. Et si au reste désirés ensuyr [1. en-
suivre] vous dites pénultimes lettres, pourrés dépêcher de voz
gens devers nous en ce lieu, au jour que vouldrés, avec souffisant
pouvoir ; et vous nous treuverés disposé à y entendre et à fère
(s'il ne tient à vous) tout ce que prince peult fère pour sez sub-
gectz, — vous disant adieu, très-chiers, bien-aniéz et féaulx, qui
vous ait à sa saincte garde. Dez Arbois, ce premier jour de février
1534 \
L'Évesque et Prince de Genève.
(Suscription :) A noz très-chiers, bien-améz et féaulx les Sindi-
ques et Conseil de nostre cité de Genève.
conseillers épiscopaux remirent, le lendemain matin, à une nouvelle dépu-
tation du Conseil : « Messieurs les Sindicques, vous sçavés que Monsieur
« de Genesve ha esté informé du mode de la capture et détention du beaul
« père... et qu'il ha commandé la dite capture estre réparée, par ses Let-
« très patentes qui vous sont esté intimées, et en estes assés informés ; et,
« ce estre faict, que nous ministr[i]ons bonne justice... Auquel commaiide-
« mant nous offrons obéir, et vous admonestons que veuilles havoir sur le
« tout bon advys. xxvi Januarii 1534.» (Reg. du Conseil, 20-27 janv.)
Le Grand-Vicaire et le Conseil épiscopal connaissaient donc parfaitement
le contenu de ces Lettres patentes, et ils avaient dû en faire part aux ad-
hérents qu'ils comptaient dans la population. Cette circonstance rend d'au-
tant plus significatif le vote unanime que le Conseil général avait prononcé
le 25 janvier (Voy. N° 446, note 9), et elle réduit à sa juste valeur l'un
des griefs formulés plus tard par l'Évêque. Celui-ci accusa, en effet, les
magistrats de Genève d'avoir tenu secrètes « les lettres de la relaxation du
beaul père, » et intercepté celles qu'il adressait en même temps « au Con-
seil épiscopal, Chapitre et autres gens de bien. » (Voy. dans les Additions
la pièce intitulée : « Rebellions et excès commys par les Sindicques, » etc.,
rédigée vers le milieu de mars 1534.) On sait du reste que le Père Furbiti
ne fut point relâché, qu'il consentit enfin, le 27 janvier, à répondre devant
les Syndics, aux articles d'accusation dressés par MM. de Berne, et à dis-
puter avec Farel et Viret. (Voy. Reg. du Conseil, 27, 28, 29 et 30 janv.
— Froment. Actes et Gestes, éd. Revilliod. Notes, p. lx-lxv. — Lètres
certaines d'aucuns troubles, etc., éd. Manget, p. 28-144. — Jeanne de
Jussie. Levain du Calvinisme, éd. cit. Notes, p. 249-250.)
7 Le manuscrit porte au dos la note suivante : « Receu 4 de febvrier
1534, du beaul père, » mais le Registre du Conseil ne dit mot de la pré-
sente lettre.
153-1 NYCOD DU PIUT A l'ÉVÊQOE DE GENÈVE r\ AHBOIS]. 137
448
NYCOD du praï ' à FÉvêque de Genève [à Arbois].
De Genève, 15 février (1534).
Inédite. Minute originale. Archives de Genève.
Sommaire. Informations sur ce qui se passe à Genève. Procès de Jean Portier. Cons-
tance de Furbiti. Dangers des serviteurs de l'Évêque.
Illustre, très-révérend et mon très-redoubté Seignieur, tant
humblement que fère puys me recommande à vostre bonne
grâce.
Mon Seignieur. pour ce que par plusseurs foys avés estez bien
au long adverty des afféres qui sont advenust en ceste vostre cité
despuis dix ou douzes jours en ça -, me desporteray le vous réciter,
pour non vous actédier.
1 Nycod de Prato ou du Prat, procureur fiscal de l'Évêque et l'un des
plus ardents partisans du duc de Savoie (Voyez J.-A. Galiffe. Notices généa-
logiques, t. II, p. 43). Il était natif des environs de Thonon (Froment, op.
cit. p. 226).
• La dispute commencée entre Furbiti, d'un côté, Farel et Viret, de
l'autre (N° 447, fin de la n. 6), avait été reprise, devant le Conseil des
Deux-Cents, le mardi 3 février. Dans l'après-midi du même jour survinrent
des événements qui, par leurs conséquences immédiates, portèrent une at-
teinte très-sérieuse à l'autorité du prince-évèque. Deux partisans de la Ré-
forme furent assaillis à main année sur la place de St. -Pierre, et, bientôt
après, l'un des agresseurs, nommé Claude Permet, geôlier des prisons épis-
copales (N° 416, n. 9), tua d'un coup de poignard Nicolas Bergier, chape-
lier demeurant au Perron. Il s'ensuivit un grand tumulte. Cinq cents ci-
toyens en armes se présentèrent à l'Hôtel de Ville, disant qu'ils ne s'étaient
assemblés que pour se mettre en garde contre une quatrième ou cinquième
émeute des prêtres, et pour prêter main forte aux magistrats. Les perqui-
sitions dirigées par les Syndics jusqu'au milieu de la nuit amenèrent l'arres-
tation de Claude Permet et du notaire Jean Portier, qui s'étaient cachés dans
le clocher de la cathédrale. Malgré les lettres de grâce présentées au nom
138 NYCOD DU PRAT A l'ÉVÊQUE DE GENÈVE [a ARBOIS]. 1534
Mon Seignieur, j'ay présenté aux Sindiques, en leur conseil des
Deux-Cens, mardi dernièrement passés, la grâce quH[I\ vous a pieu
fère à rostre serviteur, mon beau- frère Portent 3,\es priant la luy
volloyer observer. Il laz retirarent à eulx, disant que je me reti-
rasse ung petit, pour me fère response. Et despuys n'ay peult ra-
voyer les dictes lettres, ny response 4, ains procèdent par inquisi-
tion en la personne du dit Portera, nonobstant la dite grâce et
aussi aultres lettres de Monsieur vostre Vicayère, qui le mandoyt
et comandoyt estre restitué dedans vostre esglise, là où avoyt estez
prins, et que aussi l'ay demandé estre remis aux mains de Mon-
sieur vostre Juge des excès, pour ce. qu'i[l] est clerc, faysant foy
de son privilège clérical. Je n'ay peult obtenir aultre response de
eulx, sinon qu'i[ls] me menassent de ce qui dient les garde de fère
justice [1. parce que, disent-ils, je les empêche de faire justice], et
que je leurs hay entretenust la guerre deux ans 5, don[t] ne hay
pas encores accordé avecque eulx. Je suis adverty qu'il sont déli-
bérés en aroyer à moij. pour induyre les aultres à plus grosse crainte
que nul ne sog mêle de vouz affères, et fère ce qu'il ont entrepris de
long temps sans contradictions.
Si je les voyés procéder par voye de justice, [je] n'aroye poënt
de l'Évêque, Pennet fut condamné à mort et exécuté le 5 février. Jean
Portier, « chez qui on avait trouvé (dit le Registre) des lettres constituant,
contre nos libertés, un Gouverneur de Genève pour l'Evêque, et des blanc-
seings scellés des armes du Duc, » fut mis en accusation, et le Conseil géné-
ral décida, le 8 février, que « lors même qu'il obtiendrait grâce du Prince,
on n'y aurait pas égard. » (Voy. le Re'g. du Conseil, 3-G et 8 février. —
Requête de François Pennet à l'Évêque, 5 ou 6 févr. Manuscrit orig. Arch.
de Genève. — Jeanne de Jussie, p. 86-88. — Grenus. Fragmens hist.
sur Genève avant la Réformation, p. 188-190. — Froment, op. cit. Notes,
p. lxv-lxx. — Lettre de Haller du 14 mars 1534.)
3 Nycod de Prato avait épousé Claudine-Françoise Braset, sœur uté-
rine de Jean Portier (J.-A. Galiffe, loc. cit.). Ce fut le mercredi 11 février
qu'il remit au Conseil des Deux-Cents les lettres de grâce de son beau-frère
(Reg. du Conseil).
4 Les Deux-Cents répondirent le 13 février h Péromtle Fusier, Dame
de la Bâtie, femme de J. Portier, qu'on ne pouvait lui restituer pour le
moment les lettres de grâce de son mari, parce qu'on voulait d'abord inter-
roger celui qui les avait rédigées à Genève même.
5 Eu sa qualité de procureur fiscal, Nycod de Prato avait dû soutenir
très-vivement les prétentions de l'Évêque au sujet de ses droits de juridic-
tion (N° 428\ En outre, il avait été le promoteur de l'émeute du 22 dé-
cembre 1533 (N° 442, n. 4).
1534 NYCOD DU PRAT A l'ÉVÊQUE DE GENÈVE [a ARBOIS]. 139
de crainte; ains, voyeant leurs volluntés et le mode qu'i[ls] tien-
nient, ne sçay homme si juste qui soyt asseurer avecque eulx.
Plussieurs gens de biens m'ont persuader me retirer d'ici, ce que
n'ay vollu fère, ny feray qui ne soyt par vostre comandemenl,
quant [ils] me debvrient fère morir, soyt par justice ou aultrement,
rendant tousjours le debvoyer à mon office, non pour prouffit,
ains pour la maintenence de vostre auctorité.
Messieurs de Fribourg sont tousjours ici 8, et le beau père pres-
cheur, en la mayson de la ville. L'on ne sçayt [ce] que la fin serat,
toutesfoys qu'il est homme sage et constant. Il ne sçavent quel
propos tenir avecque luy, sinon qu'i[ls] dient : « Fault fère playsirs
à Messieurs de Berne, » qui sont tousjours à ia parsuyte [1. pour-
suite], instant qu'i[l] soy dédie publiquement d'aulcunnes choses
qui dient avoyer dit contre leur honneur ; de quoy jamés ne par-
lât, Et ne le peuvent fére condécendre à soy dédire, quant il le
debvrient fère morir 7. Et a tousjours estez en ce ferme propos.
Dieu luy doënt bonne pacience ! Car je vous asseure que l'on luy
6 Les députés fribourgeois étaient arrivés à Genève le 6 février. Le
lendemain ils reçurent audience du Petit Conseil, et le 11, du Conseil des
Deux-Cents, qui leur répondit en ces termes : « Touchant nostre façon de
vivre, en nostre foy, nous en havons faict des édys et status entre nous,
desqueulx havons plusieurs fois escript à Leurs Excellences; et maintenant
sûmes encore en ceste entière volonté de demorer et vivre jouxte iceulx,
et faire nostre pouvoir à les maintenir, prians LL. EE. prendre les choses
à la bonne part. » Puis on leur fit lire les lettres de l'Evêque découvertes
chez Jean Portier (Voy. note 2), et ils déclarèrent qu'ils avaient ignoré
l'existence de ces lettres, et qu'ils croyaient que leurs supérieurs ne vou-
draient tolérer aucune infraction aux libertés de Genève (Reg- du 7 et du
11 février).
1 Furbiti ayant de nouveau comparu devant le Conseil le 11 et le ^fé-
vrier, on lui demanda s'il était résolu à faire réparation à MM. de Berne?
Il répondit affirmativement. Le lendemain, il avoua qu'il ne pouvait sou-
tenir ses assertions par la Sainte Ecriture, mais seulement au moyen des
Décrétales et des Œuvres de St. Thomas. Il ajouta que, s'il obtenait la per-
mission de prêcher le dimanche suivant, il prêcherait de telle façon que
l'honneur de Dieu et de MM. de Berne serait publiquement réparé. Mais,
lorsqu'il fut conduit à St. -Pierre, le dimanche 15 février, après midi, il ne
voulut point tenir sa promesse, ni donner lecture de la rétractation écrite
qui lui avait été remise par les Syndics. Sur ce, il fut reconduit en prison.
(Voy. le Reg. du Conseil aux dates sus-meutionnées. — Froment, op. cit.
Notes, p. lxx-lxxiv. — Lètres certaines, etc., éd. cit. p. 146-152. —
Jeanne de Jussie, p. 82-83, et Notes, p. 250.)
140 LE CONSEIL DE FRIBOURG AU CONSEIL DE GENÈVE. 1534
faict de grosses dérisions et moqueries, que le porrient induyre à
fère faeillement ce qui luy demandent et plus grosse chose mes-
chante ou à despération, si n'estoyt bien pacien et homme vir-
tueux
Vous suppliant... qu,i[l] vous playse considérer en quel dan-
giers sont ici vous très-humbles subgés et serviteurs, et avoyer
recordalion de eulx et donner seccours à leur grosse neccessité le
plus briefz qu'à vous serat possible 8. Illustre, très-révérend et mon
très-redoubté Seigneur, je prie à Dieu qui vous doënt bonne vie et
longue. De Genève, le xv de février,
Par le tout vostre, très-humble et obéissant subget et serviteur
DE PRATO.
(Suscription:) A illustre, très-révérend et mon très-redoubté
Seignieur et Prince, mon Seignieur TÉvesque et Prince de Ge-
nève.
449
le conseil de fribourg au Conseil de Genève.
De Fribourg, 19 février 1534.
Missive originale. Archives de Genève.
Sommaire. MM. de Fribourg se plaignent de ce que les Genevois ne tiennent pas leurs
promesses et ne respectent nullement l'autorité du prhice-évêque de Genève.
Nobles, magnifficques et prudens, très-chiers, bons amys et
féaulx combourgois, à vous nous recomandons.
Nous avons veuz la responce que avés donné par escript à nous
ambassadeurs \ [responce] dont serions bien contens quant le faiclz
s La seule mesure que Pierre de la Baume semble avoir prise à cette
époque, en faveur de ses partisans à Genève, fut de se plaindre aux Fri-
bourgeois. (Voyez le N° 449, et, dans les Additions, la pièce intitulée :
« Rebellions et excès commys par les Sindicques, pety et grand Conseilz et
aultres soubjectz de mon révérend Seigneur Monsieur et Prince de Ge-
nève. »
1 Cette réponse écrite était la reproduction de celle qui fut faite verba-
1 53-i LE CONSEIL DE FRIBOl'RG AU CONSEIL DE GENÈVE. 141
seroit semblable aux parrolles et aux escript, [mais] dont trovons
totalement le contraire. Car en observacion [1. pour ce qui concerne
l'observation) de Vauctofité de Monsieur de Genefve (vostre prince,
cornent avés confessé), mésusés trës-grandement, veuz les mespri-
sances que ares faictz à ses officiers, et les tenans aux prysons,
sanns avoyr à mérite le cas, cornent faicles à Portèri2, — [vu]
aussy que parmettés de faire les espo[u]saisons et babtiser les en-
fans à la novelle Loy, sanns ilz faire pugnicion quelcuncque 3, av[o]yr
bien volliés [1. tandis que vous voulez] pugnir et juger, ce que ne
debvés faire.
Pourquoy derrecbielï vous pryons et advisonns de vous des-
pourter d'aggrédir Tauctorité de mon dit Seigneur de Genefve,
vostre prince, et [vous admonestons] pugnir les offendans son
auctoricté, et ceulx qui mesprisent le vieuz estatuz que avés faictz
pour la maintenance de vostre vraye foy ancienne 4. Et de cecy
vostre bonne responce, avecque l'apparois[s]ance de l'effectz, par
ce présent pourteur 5. Sur ce nous saicbant conduyre, vous disant
adieuz. Datum xixa Februarii, anno, etc., xxxun°.
L'ÀDVOYÉ ET COXSEILL DE LA VlLLE DE FrYBOURG.
lenient par le Conseil de Genève aux députés fribourgeois le 11 février (Voyez
le N° 448, note 6).
4 Voyez, dans le X° 448, les détails relatifs au procès de Jean Portier.
3 Le culte évangélique avait lieu dans une maison particulière, et les
ambassadeurs bernois y assistaient (Froment, op. cit. p. 82), circonstance
qui plaçait leurs coreligionnaires de Genève à l'abri de toute punition.
4 Voyez le N° 439, note 5.
3 La présente lettre fut communiquée au Conseil des Deux-Cents à Ge-
nève le 22 février. Nous ne connaissons pas le texte de la réponse qui fut
immédiatement adressée à MM. de Fribourg, mais il est certain qu'elle
leur déplut à un très-haut degré. On lit dans leur missive du 4 mars sui-
vant : « Nous congnoissons bien que, ne aux lectres concernantes à l'affayre
d'Aymé Girard, ne aux aultres touchant nous affayres et vous promesses,
ne faictes point d'estime ne observation, — dont ne serons estimer [1. esti-
més] — mais que de tout nous mesprisés. » (Manuscrit orig. Arch. de Ge-
nève.) L'irritation des Fribourgeois fut poussée à l'extrême, lorsqu' après
l'exécution de Jean Portier (10 mars), ils reçurent de Pierre de la Baume
l'exposé complet de ses griefs contre les Genevois. Aussitôt ils envoyèrent
à ceux-ci des députés qui, du 27 au 30 mars, firent d'inutiles efforts pour
obtenir des Conseils la dissolution du traité de combourgeoisie (Voy. N° 191,
n. 3), et qui déposèrent en se retirant une lettre datée du 23 mars, par la-
quelle MM. de Fribourg citaient leurs alliés de Genève à une «journée de
marche » qui devait se tenir à Lausanne le 12 avril. La rupture définitive
entre les deux États fut consommée le 14 mai suivant. (Voyez dans les Ad-
142 LOUIS DANGERANT AU CONSEIL DE GENÈVE. 1534
450
louis dangerant ' au Conseil de Genève.
De Soleure, 20 février 1534.
Manuscrit orig. Arch. de Genève. Publiée en partie par E.-H. Gaul-
lieur. Études sur la Typographie genevoise. Genève, 18oo, p. 90.
Sommaire. L'ambassadeur de France signale au Conseil un livre imprimé à Neu-
châtel et faussement attribué aw docteur Noël Beda. Les magistrats genevois sont
priés de faire emprisonner l'auteur et l'imprimeur, s'ils se retiraient dans leur ville.
Exhortation relative aux dissensions religieuses qui régnent à Genève.
Magnifficques Seigneurs ! Le Roy a esté adverty comme il a esté
imprimé à Neufchastel plusieurs lyvres, lesquelz ont esté composez
par aucun de la nation de France, et dont est pareillement l'impri-
meur 2, lesquelz lyvres sont intituliez : « la Confession de maistre
ditions la pièce intitulée : « Les rebellions et excès commys par les Sin-
dicques, » etc. — Froment, op. cit. Extr. des Registres, p. lxxxiv-xcii.
— Lettre de Haller à Bullinger du 18 avril 1534. Arch. de Zurich. — Ru-
chat, III, 286-290.)
1 Louis Dangerant, seigneur de Boisrigaud, était déjà ambassadeur de
François I auprès des Ligues suisses en 1526 (N° 173, n. 13). D'après l'An-
nuaire historique publié par la Soc. d'Hist. de France (1848, p. 218), il s'ap-
pelait Louis Doguereau. Selon M. Galiffe (Quelques pages d'histoire exacte.
Genève, 1862, p. 13), son vrai nom serait d'Augeraux. Nous le donnons tel
qu'on le trouve en tête de la dédicace d'une traduction latine des Vies de
Plutarque. Bâle, 1542 et 1552, folio.
* L'auteur du livre dénoncé était-il Farel^ ou Antoine Marcourt, natif
de Lyon, pasteur à Neuchàtel depuis 1531? On sait que Froment (op. cit.
p. 248) attribue à ce dernier la composition des placards affichés à Paris
en octobre 1534.
L'imprimeur auquel M. de Boisrigaud fait allusion est Pierre de Wingle,
originaire de Lyon (N° 391, n. 1, N° 410, fin de la note 8). Dans le nombre
des livres imprimés par lui depuis qu'il s'était établi à NeucMiel, on peut
citer la Liturgie de Farel (N° 401, n. 4) et le « Livre des Marchans, »
daté du 30 décembre 1534 (1533, nouv. style). Ce fut peut-être aussi P. de
153-4 LOUIS DANGERANT AU CONSEIL DE GENÈVE. 143
Noël Beda 3, où il y a une Epistre faicte au Roy par le dict Beda, —
vous avisant, Messieurs, pour certain que jamais le dit lycre ne fut
fait par le dit Beda, et ne vint oncques à la congnoissence du Roy *.
A ceste cause, le dit Seigneur nfescript fère poursuite de par
deçà contre ceuk qui ont fait telle meschanseté, ce que je fais, et
en ay parlé à mes Seigneurs des Ligues 5, ensemble leur ay monstre
plusieurs des dits lyvres, lesquelz sont publiez et venduz en divers
lyeulx. Et sont les dits Seigneurs délibérez d'estre aydans a fère
pugnir les meschans, là où ilz se pourront trouver G, lesquelz n'o-
sent mectre leur non [l. nom] dans leurs lyvres, mais y mettent
celluy d'ung homme de bien, de bonne vye et conversacion 7. [ce]
qui donne bien à congnoistre que le contenu des dits lyvres ne
vault ryens. Et, ad ce que je voy, c'est unepiperie et tromperye pour
myeulx atyrer le peuple à leur oppinion, disons que le dit Beda, qui
est le plus grant docteur de France, c'est mys de la leur, et que le
Roy y a consenti] 8.
Je vous advise, Messieurs, que les paillars meschans ont faulce-
ment et meschantement dit et escript, car l'expérience est bien
contraire, veu les grandes pugnissions que le dit Seigneur fait fère
tous les jours 9, en son Royaulme, de telz gallans, abuseurs de
peuple et sophisticateurs de la Parolle de Dieu, et dresseurs de
Wingle qui publia la Cène de Jésus-Clnist, la Vérité cachée, et la confrérie
du St. Esprit, ouvrages que Baudichon déclarait, le 29 avril 1534, avoir-
vus à Genève (Procès de Baudichon, p. 6-7).
3-4 Nous n'avons trouvé nulle part la description de cet ouvrage, qui
paraît aussi rare que les premiers opuscules de Farel. La Bibliothèque
Françoise d'Antoine du Verdier (Lyon, 1585, p. 244) le mentionne en fai-
sant observer qu'il est « faussement imposé à feu maistre Noël Beda. »
5 Le recès de la diète de Baden du 10 février (Dinstag vor Herren-
Fassiiacht) 1534 relate les plaintes de l'ambassadeur du Roi à peu près
dans les mêmes termes que le commencement de la présente lettre (Ar-
chives fédérales, à Berne).
6 Sur la demande du sieur de Boisrigaud, les cantons suisses prièrent
la comtesse de Neuchâtel d'ordonner une enquête au sujet du livre incri-
miné. D'après Kirchhofer, op. cit. I, 1G6, cette enquête n'aboutit pas.
' Ce jugement n'eût pas été ratifié sans réserve par tous les contempo-
rains éclairés (Voy. Bayle, art. Beda, noie E). Au reste M. de Boisrigaud
ne pouvait pas se douter que Beda serait bientôt accusé du crime de lèse-
majesté (Voy. N° 458, n. 2, N° 459, u. 10, et Gaillard, op. cit. III, 565-66).
s Ce fut sans doute cette assertion qui blessa François I.
9 Dangerant ne savait pas que, depuis la rentrée du Roi dans sa capitale,
la persécution avait presque cessé (Voy. N° 451).
144 LOUIS DANGERANT AL' CONSEIL DE GENÈVE. I 534
monopolles 10, pour ruyner les pouvres Chrestiens, soubz ombre
de la Parolle de Dieu, par leur grande mallignité, et ne se peult
soustenyr par tout homme de bon entendement, ne aussi ne se
trouve par escript en PÉvangille, ne en aultre escripture saincte,
que Ton doyve tascher à faire ung chrestien par faulceté et trom-
perye ; mays je croy bien que cella se trouvera bien aux escriptures
et commandemens du diable.
Et pource, Messieurs, que j'ay esté adverty que en vostre ville y
a beaucop de ses dits lyvres, et que par avanture, soubz coulleur
d'iceulx, plusieurs personnes y pourroient prandre fondement,
pançans le contenu d'yceulx estre véritables, mais au contraire
est vraye menterye, vous asseurant. Messieurs, que sy le Roy tenoit
les dits faulsères, qu'il en feroit fère telle pugnission que il en se-
roit mémoyre et à l'exemple de tous autres. De quoy vous ay bien
voullu advertyr, affin qu'il cous plaise le fère entendre à vostre
peuple, et fère prandre et brasier les dits lyvres comme abusifz et
secanduleux. Et, si ceulx qui les ont faiz et conposez se retiroient
en vostre ville, vous playra les voulloir fère à rester [1. arrester]
prisonniers, affin qu'ilz respondent en Justice, pour en attendre
le droit et pugnition sellon raison. En ce faisant ferez grand plaisir
et service au Roy, qui le recongnoistra envers vous.
Le dit Seigneur est adverty de quelques différant[s] que cous
aces entre cous pour la foi/, dont luy desplaist très-fort. Vous estes
bons et saiges; cous saturez bien considérer toutes choses là-dessus
qui sont à noter, et la disposicion du temps, qui passe la persuasion
des hommes. Il vous plaira me fère responce, affin de là fère en-
tendre au dit Seigneur Roy le voulloir que aurés à luy fère ser-
vice ". Magniffiques Seigneurs, je prye le Créateur qu'il vous donne
très-bonne et très-longue vye. De Solleure, ce xxme jour de février
1533, avant Pasques 12, par
Celluy qui de bon cueur vous vouldroyt
fère service et plaisir
Dangerant dit Boisrigault.
(Suseription :) A Magniffiques Seigneurs, Messieurs le Yidos-
mez 13, Zanticques et Conseil de la ville de Genefve.
I ° Clément Marot accusait les Sorbonistes de « prêcher au peuple un tas
de monopolles » (Voy. N° 418). Les Registres du Conseil de Genève (4 juin
1527) emploient cette expression dans le sens d'intrigues.
II On lit dans le Registre du Conseil de Genève: « Die Dominico 22a fe-
1534 OSWALD MYCONIUS A HENRI BULLINGER. A ZL'RICH. 145
451
oswald MYCONIUS à Henri Bullinger ' , à Zurich.
DeBâle, 28 février 1534.
Autographe. Arch. de Zurich. J.-C. Faeslinus, op. cit. p. 119.
Sommaire. Kenseignements fournis à Myconius par un gentilhomme [français?] sur les
dispositions favorables du roi de France à l'égard des Évangéliques emprisonnés.
On parle d'une alliance de ce monarque avec les Protestants d'Allemagne.
Salutem ! Duo sunt quae non potui diutius continere, quantum-
vis otium desit... Allerum est de Rege GaUorum. Pridie quàm hsec
scriberem, collocutus sum cum viro nohilitate generis et profes-
sionis evangelicœ prseslante. In ter alia de Gallo fecimus mentionem.
ïum ferè is ad hune modum : « Quœ Rex agit non omnes norunt.
« Illud certum est apud me, ipsum non malè velle Evangelio, et, hoc
« dum dissimulât, non ob aliud dissimulare, quàm quod aliter ne-
« quit, prupter regni sui pontifices. Sine verô ut obtineat ltaliœpar-
bruarii 1534. Fuerunt lectse literse Domini de Beaulx-Rigauîx, scribeutis
de libro intitulato : « La Confession de Maistre Noël Beda. » Et super eis
resolutum, deberi scribi sicut nescimus quid sit, quôdque si excussor ad nos
venerit et aliquis insteterit, providebitur prout justitia suadebit. » (Voy. le
N° 451, fin de la n. 3.)
18 C'est-à-dire, 1534, nouveau style (Voy. la note 11).
13 II n'y avait plus de vidomne (vicedominus) à Genève, et ce fonction-
naire, représentant du duc de Savoie, n'avait jamais été le premier magis-
trat de cette ville.
1 Henri Bullinger, né le 18 juillet 1504 à Bremgarten, petite ville de
l'Argovie, avait eu d'abord du penchant pour la vie monastique ; mais, pen-
dant qu'il étudiait à Cologne (1520-22), la lecture attentive du Nouveau
Testament lui fit abandonner ce dessein et le détacha de l'église romaine.
Nommé pasteur à Bremgarten (1529), il en fut expulsé le 20 novembre
1531 par les cantons catholiques, et se réfugia à Zurich, où le Conseil des
Deux-Cents l'appela bientôt à remplacer Zwingli. La piété, l'éloquence et
le grand savoir de Bullinger le rendaient digne de ce poste éminent. Comme
théologien, il acquit en peu d'années une réputation de sagesse et d'habi-
leté dont la Correspondance des Piéformateurs témoignera fréquemment.
T. III. 10
146 OSWALD MYCOMUS A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 1534
« tes quos cupit, videbis quid amicitiœ sit remansurum cum Papa et
« papistis. Quod dico probavit abande jam in quatuor ils quos apud
« Parrhisios captivos tenuerunt et adhuc tenent propter Evangelium ;
« mm hos dum Beda vellet incendio tradere, hactenus sercavit 2.
« ïum coëgit Bedam, ut privatisai cum eis congredi oporteret, et
« insciliam suam ostendere, quod et ei cessit in magnam ignomi-
« niam ; pessimè enim nugas suas ad Scripturas Dei adhibuit; tura
« et Ubelli quos pridemmisitadfœderatorumcomiliaRex3,impune
« habentur et leguntur in Galliis » — quod nudius tertius dixit fa-
mulus Conhardi Restii, bibliopolse S ex Parhisiis veniens.
2 De ces quatre personnages, prisonniers à Paris pour la cause de l'Évan-
gile, nous n'en connaissons positivement que trois : Gérard Bousseï, Êlie Co-
rand et Bertaut. D'Argentré (op. cit. 1. 1, Index, p. vi-vn) s'exprime ainsi sur
les deux derniers: « Anno 1533, die 26 m. Novembris fuit Sacra Theologiae
Facultas congregata... in qua coraparuerunt duo Religiosî de OrdineFF. Ere-
mitarum S. Augustini, qui multùm fuerunt reprehensi de suis prredicatio-
nibus, et prœcipuè unus qui vocatur Courau, de prœdicationibus suis factis
apud S. Salvatorem, Parisius [1. Parisiis]. Et dati suut deputati ad infor-
. n mandum tam super illud [1. illum] quàm super alios, videlicet Clericos
Proby, Vaillant, Ory... » D'après Crespin (éd. cit. fol. 103 a), « la chaire
leur fut défendue, au grand regret des fidèles... Quoy voyant Ruffy et Cou-
raud s'ad visèrent de convertir les dites prédications en leçons particulières...
Mais les Sorbonistes... ne cessèrent tant qu'elles fussent pareillement inter-
dites... et que M. Gérard fust mis prisonnier, et Couraud détenu chez
l'Évesque de Paris. » Selon Bèze (op. cit. I, 15), Bertaut... se sauva quant
au corps, et depuis se perdit quant à l'âme, estant mort apostat et cha-
noine en l'église de Besançon. » Le quatrième prisonnier était peut-être
Jean Pointet (Voy. le N° 459, fin de la n. 1G).
3 II ne peut être ici question de manifestes ou de placards envoyés par
le roi de France aux princes de la ligue de Smalkalden. Les engagements
que François I avait contractés (mai 1532) envers les membres de cette
confédération protestante devaient naturellement rester secrets, aussi long-
temps que le Roi n'était pas en guerre avec l'Empereur (Voy. Leopold
Rauke. Deutsche Geschichte im Zeitalter der Reformation. Bd. III, Seite
462-463). Aussi le plus ancien document de ce genre qui ait été publié
immédiatement par l'impression est-il daté du 1er février 1535 (Voyez à
cette date). Nous sommes donc autorisé à croire que les « fœderatorum
comitia » dont parle Myconius désignent simplement la Diète des Ligues
suisses réunie à Baden au commencement de février 1534, et que les « li-
belli » envoyés à la dite assemblée étaient des exemplaires de « la Confes-
sion de maistre Noël Beda. » Ce livre, que l'ambassadeur du Roi avait dé-
noncé à « Messieurs des Ligues, » en demandant que les auteurs en fus-
sent punis (N° 450, renvois de n. 5 et 6), circulait impunément en France.
4 Le libraire bâlois Conrad Resch avait une maison à Paris (Voy. le
1534 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE PAYERNE. 147
Indica.. mi amantissime Bullingere, quid hoc sit, an fîdes rei sil
habencla necne5? Putant quidam hac de caussa Hesseo et quïbusdam
civitatibus, quœ hactenus fovent Evangelium, cum Rege conuenire 6.
Nolui ut hoc nescires. Vale, et fratres omnes saluta in Domino.
Basileae, prid. Kal. Martii, anno 1534.
Osw. Myconius tuus.
le conseil de berne au Conseil de Payerne.
De Berne, 12 mars 1534.
Inédite. Minute originale. Arch. de Berne.
Sommaire. Berne informe les magistrats de Payerne du retour de Pierre Viret [à
NeuchdteV\, et les engage à « pacifier » les procès intentés à ce pasteur.
Nostre amiable salutation devant mise. Nobles, sages, pourvéables.
singuliers amys, très-chiers alliés et confédérés !
N° 20, n. 7, les trois dernières lignes du N° 120, et le N° 173, n. 18). Dans
les ouvrages qu'il a édités il se qualifie ainsi : « Alemanus, Academias Pa-
risiensis Bibliopola » (Maittaire, II, 109, 110).
5 Bullinger répondit à Myconius, le 12 mars : « De Gallo [rege scil.],
liomine impuro, prophano et ambitioso, quid boni mihi pollicear, nescio.
Si quid simulât, non Christi et veritatis nomme, sed ambitionis gratiâ si-
mulât. Recte enim tu dicis : quôd Italien cupiat esse dominus... Intérim ne-
que Christum, neque Germanium tanti facit. » (Fueslinus, op. cit. p. 122,
à comparer avec la p. 116.) Voyez la note suivante.
fi François I venait à peine de quitter le pape Clément VII à Marseille
(20 novembre 1533), qu'il faisait délibérer son Conseil à Avignon (25 no-
vembre) sur l'opportunité de conclure une alliance plus étroite avec les
princes protestants d'Allemagne (Voy. Mémoires de Martin du Bellay. Col-
lection Petitot, t. XVIII, p. 206, 213, 264). Après avoir séjourné quelque
temps à Lyon, il se dirigea, en passant par Dijon, sur Bar-le-Due. C'est
là qu'il eut une conférence avec Philippe, landgrave de liesse, et qu'il s'en-
gagea par un traité seci^et (27 janvier 1534) à fournir aux princes protes-
tants d'Allemagne les subsides nécessaires pour enlever à la maison d'Au-
triche le duché de Wurtemberg (Voyez L. Rauke, op. cit. III, 471).
148 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE PAYERNE. 1534.
Hz n'est besoing de vous réduisre en mémoire ce que vous avons
par cy-devant escript, à cause de nostre bien-aymé serviteur maistre
Pierre Viret, touchant aulcuns process de causes juridiciales, desme-
nées devant vostre Justice : Tune concernant guérence [c.-à-d. cau-
tion] que doit pourter, laquelle ilz a provoquez à mies marches,
l'aultre qu'est commencée par devant vous, cà l'instance de aulcuns
prestres quilz ont [1. qui l'ont] prins en droit, pour aulcunes pa-
rolles 1. Lesquelles deux causes sont estées suspendues à nostre
requeste 2, par raison que nous avons envoyé le dict Viret à Ge-
nesve. Or, luy esté retourné 3, vous en avons bien voulsuz advertir,
et sur ce vous prier les dictes deux causes, pour l'ameur de nous et
affin que plus grandes coustes soient évitées, par vostre bon moyen
et conseil paciffier. En ce nous ferés plaisir.
Toutteffoys, s'y cella ne cà vous, ne es parthyes du dict Viret n'est
agréable, vous plaira pour la première cause establir journée de
mies marches, et, pour l'aultre, jour juridique par devant vous, et
icelles notiffté au dict Viret, pour les ensuivre et comparoistie.
Datum xu Mardi, anno xxxiui0.
L'Advoyer et Conseil de Berne.
*-2 Voyez le N° 444, renvois de note 3-6, et note 11.
3 II faut sous-entendre : à Neuchâtel, où Viret était pasteur ( Voy. N° 444,
fin de la note 9, N° 453, renvoi de note 9, N" 455, renvoi de note 3). Il
avait quitté Genève tout récemment. Le premier dimanche du Carême
(22 février 1534), ou le mardi suivant, il prêchait encore à Genève, de-
vant une assemblée de trois cents personnes, dans la maison de Baudichon
(située sur l'emplacement de celle qui porte aujourd'hui le n° 17 de la
rue basse du Marché). Le même jour, il y célébrait un baptême, et,
le 24 février, il paraissait avec Farel devant le Conseil. (Voyez dans
le « Procès inquisitional de Baudichon, » les dépositions de Claude Thé-
venon et d'Henri Advreillon, p. 229-236. Arch. de Berne. — J. Gaberel,
op. cit. I, p. 168, 169, et p. 55 des pièces justif. — Froment. Actes et
Gestes. Notes, p. lxxviii.) Nous sommes donc autorisé à croire que, vers
le commencement de mars, Viret se hâta de rejoindre son église de Neu-
cluîtel, qu'il n'avait pas revue depuis le mois de novembre ou de décembre
1533.
1534 BERTHOLI) HALLER A HENRI BULLINGER. A ZURICH. 119
455
berthold haller à Henri Bullinger, à Zurich.
De Berne, 14 mars 1534.
Inédite. Autographe. Arch. de Zurich.
Sommaire. Farel prêche publiquement â Genève. Complot de l'Évêque. Exécution de
Claude Permet et de Jean Portier. Dispute soutenue par Farel et Viret contre le
Père Furbiti. Protestation faite par ce moine dans le temple de St. -Pierre.
Gebennis Farellus duobus ferè men&ibus in aida quadam libéré
prœdicavit, mine verô publiée doeet in templo Minoritarum K Magna
1 Le 26 février, Haller écrivait encore à Vadian : « Farellus illic [scil.
Gebennis] palàm, secl in civium esdibus, Evangelium constantîssimè docet. »
Au dire de Froment (op. cit. p. 82), Farel et ses collègues auraient « par
l'espace de deux ou troys moys » prêché « tous les jours en une grande
salle dans la mayson de Monsieur de Tourens [1. de Tliorens*], auprès de la
mayson de Baudichon... Mais le nombre croissoit et augmentait si grande-
ment ions les jours, qu'on n'y pouvoit plus entrer, et furent eoutrainetz les
Prescheurs de s'en aller... au Courent des Courdellicrs, à Rive, au grand
auditoyre,.,. auquel auditoyre pouvoit entrer quatre ou cinq mille per-
sonnes... »
Ce que Froment ne dit pas, c'est que les ambassadeurs bernois avaient
réclamé mainte fois, mais toujours en vain, une installation convenable pour
le culte évangélique. (Voy. Extraits des Registres, au 13, 20 et 22 février
1534, p. lxxiii, lxxy, lxxyii des Actes et Gestes de la cité de Genève,
édit. Revilliod.) La réponse que le Conseil leur avait faite, le 22 février,
est rapportée en ces termes dans le Registre : « Dare.. locum et cathedram
Predicanti sito non est nostrûm, sed Domi ni Principes etejus Vicarii, qui
* Le Conseil de Genève, répondant le 30 mars aux plaintes des députés de
Fribôtfrg, disait que les ministres avaient prêché, pour les ambassadeurs bernois,
« en une maison de l'un de MM. de Berne. » (Actes et Gestes, p. lxxxvii des Notes.)
M. de Thorens (N° 421, n. 1) avait un effet été reçu bourgeois de Berne le 26 dé-
cembre 1533 (Ruchat, III, 203). Mais d'après d'autres témoignages (Voy. N° 452,
n. 3), le culte réformé aurait eu lieu réellement dans la maison de Baudichon.
150 BERTHOLD HALLER A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 1534
siquidem proditio apud eos retecta est, quœ mirum in modum ponti-
ftcios dejecit ; capto enim homicidâ, episcopi Gebennensis œco-
nomo2, per tumultum, inventée sunt literaj in œconomiae episcopalis
sedibus, quibus literis, et iis quidem miré prolixis, senatorem Fri-
burgensem in Vicarium spiritualem subordinaverat, qui potesta-
tem haberet propellendi et occidendi pios quosque, edictis item
plebem gravare, ne Ghristi nomen inter eos audiatur 3. Imô nomi-
navit nebulo ille cives quosdam pios mox plectendos capite, ubi
primùm inaugura lus esset is officio suo. Hoc itaque interempto *,
superest alius ejusdem farinse proditor, quem suas jam luisse pœ-
nas crediderim 5.
Fuit interea monachus quidam Parisinus, insignis Thraso, Doctor
totus theologaster. Is religionem nostram et quotquot eam doce-
rem spiritualem regunt. Verùra si ipsi locum unum acceperint, profectè
sunt potentes, quibus resistere nou possumus, nec audemus ; propterea boni
consulant, et ut sibi méliùs videbiturfaciant... » Même réponse de la part du
Conseil des Deux-Cents, le dimanche 1er mars : « Faciant ut sibi placebit. »
Les Évangéliques usèrent immédiatement de cette autorisation indirecte en
conduisant Farel au couvent de Rive. (Voy. le Reg. du 2 mars, Jeanne de
Jussie, p. 86, et, dans les Additions le récit du docteur catholique François
Coutelier.)
2 Claude Permet, geôlier des prisons épiscopales (N° 448, n . 2).
3 Dans ces lettres patentes, datées : « In prioratu nostro Arbosii, duo-
decimâ Januarii, anno 1534,» Pierre de la Baume institue «inguberna-
torem seu locumtenentem... quoad temporalia, > un chevalier membre du
Conseil de Fribourg, et dont le nom est en blanc (selon Froment, op. cit.
p. 63, c'était Pavillard), « cum plena, generali et omnimoda potestate...
quoscunque criminosos et malefactores, juxta eorum démérita, pugniendi
et puniri faciendi, dictorumque subdictorum nostrorum discordias cedandi
et pacifficandi, et... omnes et singulos ex ipsis... de fi.de errantes seu dubi-
tanles, ad nostram sanctam, a/ntiquam, catholicam fidem tenendam et obsw-
vandam, hortandi, — mandata super hiis neccessaria, sub tamen vicarii
nostri generalis nomine, decernendi... penas et muletas imponendi... formis
tamen libertatum et franchesiarum... dictis subdictis nostris... per nosfirma-
tarum... in omnibus et per omnia servatis, et illesis remanentibus... > Le texte
original de ces lettres se trouve aux Archives de Genève.
Jeanne de Jussie a sans doute en vue ce document, quand elle dit : « Le
dixiesme de Mars fut décapité le Secrétaire de Portery... parce qu'il avoit
porté lettres de Monseigneur de Génère, contenant que là où on trouveroit
des Luthériens, on les pouvoit prendre, tuer ou pendre à un arbre sans-
nulle difficulté ny doute > (op. cit. p. 88).
4 Voyez sur l'exécution de Claude Pennet, Jeanne de Jussie, p. 86-87.
5 Jean Portier. Voyez la fin de la note 3.
1S34 BERTHOLD HALLER A HENRI BULLINT.ER, A ZURICH. loi
rent. et servarent miré pro concionibus suis proscindens 6, ab urbis
nostree legalis in jus vocatus 7 : quod cum mullis detreclaret (quia
judice ordinario, Episcopo scilicet, careret 8), tandem FareUi et
collegee sui Pétri Vireti, ùoc[[ssum\\i\ems,Neocomensisecclesiastœ9,
industrià eô adactus, ut rationem cogeretur suœ doctrinee et fidei
reddere, si non coram totà Gebennensium ecclesià, lamen coram
Senatu et Diacosiis 10. Egerunt primo de auctoritate Pontificis, num
liceat illi extra, citra et sine Scriptura, quippiam slatuere et Eccle-
sise Dei observandum intrudere, necne. Monachus omnino asserere
et multis probare cum attentasset, maxime verô Eccianis argu-
mentis n, tandem ab his duobus, tertia die, convictus est, ut jam
suo fateretur ore, coram Senatu et Diacosiis, se Scripturis probare
non posse ciborum, dierum, vestium, temporum et personarum
delectum, et alia quaecunque Pontiticum et Conciliorum decretis
in Ecclesiam invecta essent 12.
Hinc, legali[s] justitiam dici petentes [1. petentibus] a Senatu et
Diacosiis, decretum est, cùm suo ore palam errorem fateatur, qua-
tenus, ad pulsum campanae, in summo templo, pro suggeslu palino-
diam cantet 13. Monachus cum aegrè assentiret, et jam in templo
recantandum esset, scbedà sibi prœscriptâ, cœpit multis conqueri
de injuria sibi illata. Quo indignati legati Bemenses, palam coram
plèbe, juxta sententiam Senatus palinodiam exegerunt. Quod cum
plebs intellexisset, ruit in monacbum magno impetu et clamore,ita
quod nisi legati Bernenses miserum bominem défendissent, ab
illis in frusta caesus fuisset 14. Conjectus itaque est in carcerem te-
terrimum, donec id libens faciat quod Senatus decrevit.
Aliud novi nihil habeo. Hoc supra omiseram : multi ex poten-
6 De l'aveu même de la Sœur Jeanne de Jussie, p. 79, le Père Furbiti
« touchant bien au vif ces chiens [de Luthériens] » disait « que tous ceux
qui suivent ceste maudite secte, ne sont que gens lubriques, gourmands,
paillards, ambitieux, homicides et larrons, qui... vivent bestialement, sans
recognoistre Lieu, ni leurs Supérieurs. »
7-8 Voyez le N° 446, note 6.
9 Nous supposons que Pierre Viret avait été élu pasteur à Neucludcl
lorsque Fortunat Andronicus fut appelé à Orbe, c'est-à-dire en mars ou en
avril 1533. Comparez ce passage avec le N° 402, n. 4, le N° 444, fin de
le note 9, et le N° 455, renvoi de note 3.
!0 Le Petit Conseil et le Conseil des Deux-Cents.
11 Voyez le N° 189, note 11.
iî.13 Voyez le N° 448, note 7.
14 Jeanne de Jussie attribue ces voies de fait à « un Bernois. »
152 HENRIETTE BADDICHON A JEAN BAUDICHON, A FRANCFORT. 1 534
tioribus, item Canonici, retecta proditione, urbem deseruerunt1'0.
lta sunt Gebennenses magna expositi periculo. Nondum solverunt
urbi noslree 9000 coronatos de bello praeterito, pro quibus solven-
dis laborarunt liactenus Legati, sed frustra. Beliqua Sultzerus 1G.
Yale, carissime Henrice, et me tibi comniendatum unicè araa.
... xiv Martii, anno 1534.
Tuus B. Hallerus.
454
Henriette baudichox à Jean Baudichon, à Francfort.
De Genève, (vers le 15 mars 1534).
Copie contemporaine. Arch. de Berne. J. Gaberel. Hisl. de l'Église
de Genève. 1858, 1. 1, pièces justif. p. 48.
Sommaire. Nouvelles de Genève. Supplice de Jean Portier- et de Claude Pennet. Pro-
grès de l'Evangile.
Baudichon, je moy recommande bien à vous.
Des nouvelles par deçà, il n'y a autres choses depuis que vous
partîtes1, synon que Ton a décapité Portéri et le barbier2. El sai-
ché [1. sachez] que maistre Guilliaume 3 faict bien son devoir en
13 Cette nouvelle était inexacte relativement aux Chanoines. Le Conseil
de Genève ne fut informé de leurs projets de départ cpie le 3 décembre
1534 (Voy. le Registre du dit jour).
16 Simon Sultzer, jeune Bernois natif d'Interlaken, qui, après avoir fait
d'excellentes études à Bâle et à Strasbourg, était de retour à Berne de-
puis quatre mois environ. (Voy. les lettres de Haller à Bullinger du 30 oc-
tobre et du 23 décembre 1533. Collect. Simler. — J.-J. Hottinger, op.
•cit. III, 643.) Dans les passages de la présente épître que nous supprimons,
Haller recommande Sultzer à Bullinger et aux professeurs de Zurich.
1 Baudichon avait dû quitter Genève dans les premiers jours de mars
pour se rendre à Francfort (Voy. note 7).
2 Voyez sur Jean Portier et Claude Pennet le N° 448, n. 2.
3 Farel.
J 534 LES CONSEILS DE BERNE AUX ÉVANGÉLIQUES DE GENÈVE. 153
anonçant la Parolle de Dieu, et ne nous a-on point faict de def-
fense [de L'entendre]. Il n'y a personne qui contredise, — vous
advertissant que nostrr affaire multiplie grandement 4. Je ne vous
seroys [1. saurais] que rescripre autre chose, synon que Dieu soy[i]
garde de vous !
Esciïpt à Genesve, troys sepmaines devant Pasques 5, par
La toute vostre femme Anrite Baudichone 6.
(SUscription:) A Baudichon de la Maison Neufve ceste lectre soy
donné, à Francqueforl "'.
455
les conseils de berne aux Évangéliques de Genève.
De Berne, 1G mars 1534.
Inédite. Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. MM. de Berne exhortent les Évangéliques de Genève à la patience, et ils
leur promettent d'agir afin que Pierre Viret leur soit accordé par Neuchâtel.
Salut, grâce et paix de Dieuz par Jésuz-Christ nostre Saulveur !
Très-chiers frères, nous avons receuz et bien entenduz vous
4 Les inquisiteurs de Lyon ayant demandé à Baudichon ce que signi-
fiaient ces paroles, il répondit: « Elles s'entendent de l'Euvangille. » (Pro-
cès inqnisitional de Baudichon, p. 5-6. Arch. de Berne.)
s Les événements auxquels Henriette Baudichon fait allusion appartien-
nent à l'année 1534, et comme la fête de Pâques tomba cette année-là sur
le 5 avril, il en résulte que la présente lettre fut écrite vers le 15 mars.
G MM. Gaberel et Merle d'Aubigné ont lu, par inadvertance, ckérite.
Henriette, fille d'honorable Aymon Bonne, conseiller, avait épousé en
1526 Jean Baudichon de la Maison neuve (Voyez J.-A. Galiffe. Notices
généalogiques, t. I, p. 387-88).
7 La foire de Francfort commença le 11 mars en 1534. Au retour de
cette foire, les marchands de Genève se rendaient ordinairement à celle de
Lyon. Baudichon, qui était arrivé dans cette ville le 26 avril, y fut empii-
154 LES CONSEILS DE BERNE AUX ÉVANGÉLIQUES DE GENÈVE. 1534
lectres datées 8ème de ce moys l. Sur quoy louons Dieuz que vous
az donné grâce de accepter sa saincte Parofle, le priant que vous
ve[u]ille donner grâce et constance d'y persévérer, affin que tous-
jours son honneur soit augmenté en vous. Vous, sur ce, exhortons
que veilliès tousjours les tribulations que vous surviendront pourter
et souffrir par pacience, et vous garder de user de force contre ceulx
que vous molesterons à cause de cella 2, — espérant que Dieuz ne
vous laisra point à la tin. Par ainsy veilliès estre paciffiques, mo-
destes, et ensuivre la doctrine de nostre Rédempteur, selon la
grâce que vous sera donnée par le Sainct Esperit.
Touchant maistre Pierre Viret, puis que vous est agréable, le vous
voulons oultroyé, et requestéz nous bourgeoys de Neuffchastell de
consentir à cella 3. Vous derrecheff admonestant de non point faire
(rouble, force, violence, ne aullre ennuys ou innovation, ainsvous
contenter de ce que Dieuz par sa grâce vous a communiqué, Icel-
luy priant vous avoir en sa saincte garde et protection ! Datum
xvia Martii, anno xxxim0.
L'Advoyer, petit et grand Conseil de Berne.
(Suscription:) A nous très-chiers frères afiectionés à la Parolle
de Dieuz, en Genesve.
sonné le lendemain, « pour crime d'hérésie. » Il déclara le 29 avril à ses
juges, que « aux pasques dernières (5 avril), il estoit à Francfort, où il se
confessa et receut le sainct sacrement » (Page 9 du procès sus-mentionné).
Cela ne permet pas de croire que la présente lettre lui fût parvenue depuis
son arrivée à Lyon, comme le prétendaient ses juges.
1 Cette lettre des Évangéliques genevois ne se trouve pas aux Archives
de Berne.
2 Les Bernois renouvelèrent très-souvent ces exhortations. On lit dans
la lettre de Farci à Bullinger du 1er août 1554 : « iEquitas causa?, ubi
quis nihil nisi ea qu?e justissima sunt petit, et ea qua decet modestia,.. quan-
tum addit petenti et quantum aufert reluctanti!... Memini quid diceretur
dum Genevœ essem. Semper admonebamur ab Arctopolitams [i. e. Bernen-
sïbus] : « Date operam ne quid queri de vobis adversarii possint, sed pro
vobis jus ac œquum stet ! » Fecit Dominus, ut piisillus grex, qui etiam doini
erat in longe majori luporum numéro interseptus, et foris nihil non habebat
adversum, omnia ferens salvus evaserit. » (Manuscrit orig. Arch. de Zurich.)
3 Voyez le N° 452, note 3, et le N° 453, note 9.
1534 LES CONSEILS DE BERNE AU CONSEIL DE GENÈVE. 155
456
les conseils de berne au Conseil de Genève.
De Berne, 16 mars 1534.
Missive originale. Archives de Genève.
Sommaiee. Lettre de recommandation en faveur de Fard, qui est devenu prédicateur
de l'Évangile à Genève.
Nobles, magnifficques, saiges, pourvéables Seigneurs, singuliers
amys et très-chiers combourgeoys !
Nous avons entenduz par nous ambassadeurs que sont esté per de-
ver vous1, comme maistre Guillame Farel, nostre serviteur, soyt de-
meuré preschant la Parolle de Dieuz en rostre ville: laquelle chose
nous est très-agréable. A ceste cause, vous prions et admonestons
avoir esgard que au dit Farel et à ceulx que escoutent ses ser-
mons, ne soyt faicl déplaisir, molestement, ennuys, force ne trouble
1 C'étaient les ambassadeurs qui avaient résidé à Genève pendant près
de deux mois. Le matin de leur départ (2 mars, et non le 7, comme dit
M. Merle d'Aubigné, op. cit. IV, 363), le Conseil les pria d'emmener avec
eux leurs prédicateurs, pour obvier à toutes divisions dans la ville. « Res-
ponderunt (dit le Registre) quôd videremus, in nostris negotiis... facerequôd
ipsi eum quem habent nobis inserviendi animum retinere valeant, nec ipsis
impidernus quod locumpro pi-edicante acceperint, quia id non fccerunt ; verùm
sciunt partem civium accepisse, audiendi verbi Dei gratiâ... Et quia loci
acceptio [c.-à-d. l'installation des Évaugéliques au couvent de Rive] à Deo,
non ipsis Oratoribus, venit, ipsi quod Deus populo dédit aufcrre nolunt, nec
possunt; sed rogant nos permictamus quod Deus dat, aut saltem tam dis-
crète cum divini verbi auditoribus et amatoribus procedamus, quôd non sit
illis querimoniœ occasio ; quoniam, si eis quid dampni contingeret, sciunt eos
qui Gebennenses et Bernenses amant, et è contra ; et eos qui Bernenses amant
nolle talibus divini verbi cultoribus contravenire... » Les Bernois se mon-
trèrent, du reste, assez roulants au sujet du paiement de la dette gene-
voise. (Voy. le Registre du 1er et du 2 mars. — Froment, éd. cit. Notes,
p. LXXIX-LXXXIII.)
lo6 JEAN CALVIN A FRANÇOIS DANIEL, A ORLÉANS. 1534
%
que soyt, ains tenir main que paysiblemenl [il] puisse annuncer
la Parolle de Dieuz, et ceulx que la veulent ouyr, à cause de cella
ne soyent point molesté 2.
En ce nous ferés plaisir; vous advertissant. comme aussy nous
ambassadeurs en leur département ont faict, que sy quelque vio-
lence deust estre faicle, que l'aurons à grand regraict et y advi-
serons comme y[l] soy apertiendra. Dieuz soyt garde de vous !
Datum xvia marlii, anno. etc.. xxxuit*0 3.
L'Advover. petit et grand Conseilz de Berne.
457
[jean CALVIN à François Daniel, à Orléans.]
(D'Angoulême ', vers le mois de mars 1534.)
Copie contemporaine. Bibl. de Berne. Vol. E. 4o0, epa 14ft.
Catalogus Codicum Mss. Bibliotbecœ Bernensis, t. III. p. 236.
Sommaire. La seule chose qui puisse vous intéresser pour le moment, c'est que je suis
content de ma position, et que, malgré ma paresse, j'avance dans mes études. Au
2 Cette recommandation n'était pas inutile. La majorité du Conseil
voyait de mauvais œil la présence de Farel. Le 6 mars, plusieurs ci-
toyens catholiques avaient déclaré « que ce ne serait pas leur faute s'il lui
arrivait quelque mal.» Le 17. un plus grand nombre encore signifièrent
aux magistrats, qu'ils ne toléreraient pas que Farel, ni aucun autre, se
permît de critiquer les sermons du Père François Coutelier, prédicateur du
Carême, — ce qui n'empêcha pas le Conseil de rappeler à celui-ci, le len-
demain, « qu'il devait prêcher comme il l'avait promis, n'avançant rien qu'il
ne pût prouver et maintenir par la Ste. Écriture. » (Voy. Actes et Gestes.
Extr. des Registres, aux dates citées et au 2 mars).
3 Une note écrite au dos du manuscrit contient l'indication suivante :
« Pour Farct, resieu le 25 jour de mars 1534. » On lit aussi dans le Re-
gistre du 27 mars : « Fuerunt lectrc literae Dominorum Bernensium, pre-
sentatœ per Faréllum, et tandem in capsa repositte. »
1 Bèze raconte qu'après la fuite de Nicolas Cop en novembre 1533
(Voy. N° 440, n. 8), Calvin « fut envoyé en cour pourchasser quelque pro-
1534 JEAN CALVIN A FRANÇOIS DANIEL, A ORLÉANS. 157
reste, l'extrême bonté de mon -protecteur me stimule d'autant plus au travail, qu'elle
lui est inspirée par l'amour des lettres et nullement par mon mérite personnel.
Je m'estimerai fort heureux si ce temps de retraite ou d'exil se passe dans des
loisirs aussi complets. Mais la providence du Seigneur pourvoira à tout. Je sais par
expérience que ce n'est pas à nous à former des projets. Au moment où je me pro-
mettais la plus grande tranquillité, j'étais surpris par des événements imprévus, et,
quand je m'attendais ià un affreux séjour, un nid paisible m'était préparé. Et tout
cela m'est donné par la main de Dieu! Reposons-nous sxw Lui ; il aura soin de
nous !
[Joannes Calvinus Fr. Danieli S. D. 2]
Ego quidem sine argumento possum apud te utcunque balbu-
tire et paginam implere, sed quid te morer meis nugis ? Hoc unum
in prœsentia, quod tibi cura esse arbilror, significari satis est, me
et bene acjere, et, pro ed quant nosti desidid, nonnihil studendo pro-
ficere. Et sanè inertissimi liominis ignaviam acuere possit patroni
viei humanièas3, quse tanla est utliteris, non mini, impendi facile
intelligam. Quo magis mihi conandum est serioque contendendum,
ne tanta benignitate, quae me premit acveluli urget, obruar. Quan-
quam ne si omni quidem studio enitar, paria aut etiam supparia
facere possum, adeô mihi gravis adversaria constituta est. Quam-
obrem hsec cogitatio mihi aurem vellit, ut sludiamutuô colam quo-
rum nomine mihi lantum defertur.
Si id temporis quod vel exilio, vel secessui *, destination est, tanto
in ocio transigere datur, prœciaré mecum agi existimabo. Sed de
vision, là où il fut connu et très-bien recueilli de ceux qui avoient quelque
droite affection et jugement en ces affaires » (Vie de Calvin, 1564). Ailleurs
il affirme que, dans cette circonstance, la reine de Navarre l'accueillit avec
beaucoup de considération, et qu'il se retira ensuite en Saintonge chez un
ami (Ibid. éd. de 1565. — Vita Calvini, 1575).
Le jurisconsulte Pierre de la Place nous apprend qu'il avait entretenu,
« à Angoulême, » sa ville natale, des rapports très-affectueux avec Calvin.
Il est donc fort probable que c'est cette ville de Saintonge qui est désignée
dans la date de la présente lettre par le nom à'Acropolis. (Voyez la n. 3.)
2 D'après une note de Pierre Daniel, l'en-tête manquait dans l'original
(Voy. le N° 310, n. 1).
3 II doit être ici question de Louis du Tillet, curé de Claix et chanoine
d' Angoulême, cousin de Pierre de la Place (Voy. la fin delan. 1). La cor-
respondance subséquente de Calvin fournira d'amples détails sur le premier
de ces personnages.
4 Les expressions d'exil et de retraite répondent bien à la situation de
Calvin après qu'il eut quitté Paris dans l'hiver de 1533 à 1534.
158 NICOLAS COP A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 1534
iis viderit Dominus, cujus providentia omnia melius providebit.
Expertus sum quod non liceat nobis in longum prospicere. Cum
promitterem mihi omnia tranquitta, aderat in foribus quod minime
sperabam 5. Rursum, cum inamœnam sedem meditarer, nidus mihi
in tranquillo componebatur prœter opinionem. Et hœc omnia manus
Domini, cui si nos commitlimus ipse erit sollicitus nostrî G.
Sed jam penè implevi paginam, partim literis, parlim lituris.
Vale. Saluta quos voles. Ex Acropoli 7.
458
Nicolas COP ' à Martin Bucer, à Strasbourg.
DeBâle, 5 avril (1534).
Autographe. Archives du séminaire protestant de Strasbourg.
C. Schmidt. Mémoire sur Roussel, p. 222. Copie. Coll. Simler.
Sommaire. Nouvelles de Paris. Beda est en prison, Gérard Roussel a été absous et
libéré par l'ordre du Roi. Un Éoangélique brûlé à Paris. Salutations adressées à.
Capiton et à Carinus.
Viro prudentissimo Mar. Bucero S.
Nolui te diutius latere, vir humanissime, quœ his paucis diebus
Luteciœ acta sunt. Beda, doctor theologus, ut nunciis fidelissimo-
5 Calvin veut parler sans doute des poursuites dont il fut l'objet à Paris,
vers la fin de novembre 1533 (N° 440, n. 8). Si ces poursuites avaient été
inattendues pour lui, si, comme il le dit lui-même, il se promettait alors
« la plus grande tranquillité, » peut-on admettre avec ses modernes bio-
graphes, qu'il fût déjà en 1533 un infatigable prédicateur de l'Évangile ?
Nous ne le pensons pas.
6 Ces paroles révèlent une partie du changement qui s'était accompli
dans l'âme de Calvin. Elles ont une tout autre portée que celles qu'il adres-
sait, en juin 1531, à la sœur de son ami Daniel (t. II, p. 347, fin du 1er pa-
ragraphe).
' Voyez la note 1. Le traducteur anglais des Lettres de Calvin (Nou-
velle édition, Philadelphia, t. I, p. 41) date par inadvertance la présente
épître de « Doxopolis. »
1 Voyez le N" 445, note 3.
1534 NICOLAS COI' A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 159
rum liominum accepimus, conjectus est in earcerem, accusatus cri-
minis lesœ majestatis 2. Gerardus Ru/fus prorsùs liberatus est theo-
logorum calumniis ac decreto Régis absolutus 3, quo multô [1. mul-
tùm] commoli sunt et perturbati. Quidam Germanns Qammis vitam
finiit, quôd vestram de Eucharistia opinionem tueretur 4. Episco-
pus Parisiensis 5, bonarum literarum patronus, intégra est vale-
tudine.
Te rogo ne diu nos torqueas literarum tuarum desiderio. Salu-
tabis meo nomine Dominum Capitonem, cujus congressu, per in-
firmam valetudinem, frui non licuit, quod nos miserrimos babuit.
Dominum Carinum scis mini amicissimum G, quem per literas sa-
lutassem, si meœ occupationes et temporis angustia permisissent;
sed tu epistoke vice apud illum mini eris. Vale. Basileee, 5 Aprilis
(1534 7).
Tuus ex animo Nicolaus Copus.
(Itiscriptio :) Viro doctrina et pietale insigni Mar. Bucero. Ar-
gentorati.
2 Beda, exilé de Paris eu mai 1533 (N° 418), y avait été rappelé vers
la fin de la même année (N° 445, fin de la n. 5). Pendant le mois de février
ou de mars 1534, il fut accusé de lèse-majesté, à cause des propositions
diffamatoires contenues dans un libelle publié antérieurement et qui avait
pour titre : « Oraison faite au. roi de France par les trois docteurs de Paris
bannis et relégués requérans d'estre rappelés de leur exil » (C. Scbmidt,
op. cit. p. 105-106). Cette assertion est confirmée par la lettre de Jean
Sturra du 8 mars 1535, et par le Journal d'un Bourgeois de Paris, p. 453.
Il faut donc écarter l'assertion de Gaillard (op. cit. III, 566), qui prétend
que Beda fut condamné à faire amende honorable (en 1535), pour avoir,
après son rappel, prêché de nouveau contre le Roi.
5 Voyez le N° 451, note 2, et le N" 459, renvoi de note 14.
4 Myconius dit, au contraire, dans sa lettre à Bullinger du 8 avril, que
ce personnage était Genevois (N°459, note 16).
5 Jean du Bellay.
0 Louis Kiel (en latin Carinus), natif de Lucerne. Après avoir étudié
quelque temps à Paris, il était revenu à Strasbourg (Voyez le N° 432,
note 10).
7 L'année 1534 est indiquée par la comparaison de cette lettre avec la
suivante. Le millésime de 1535, adopté par M. Merle d'Aubigné (op. cit.
III, 151), est inadmissible, l'arrestation de Beda pour crime de lèse-ma-
jesté (Voy. note 2) ayant eu lieu non en mars 1535, mais une année plus
tôt (Voy. le N°459, n. 15).
160 OSWALD MYCONIUS A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 1534
459
OSWALD myconius à Henri Bullinger, à Zurich.
DeBâle, 8 avril 1534.
Inédite. Autographe. Archives de Zurich.
Sommaire. Nouvelles de Paris: La persécution a cessé depuis le retour du Roi. Des
prédications e'vangéliques ont lieu au Louvre et dans une église voisine ; plusieurs
personnages de renom y assistent chaque jour. La reine de Navarre gouverne Ca-
therine de Médicis. Plaintes de Picard, prêcheur catholique. Libération de Roussel.
Emprisonnement de Bcda. Supplice récent d\in évangélique de Genève.
— Apud Parrhisios, ut literee hue perlatae docent, aguntur mira.
Principio Rex commotus, impetralâ Bullà Pontificià contra Luthe-
ranos ', captivos duxerat ultra quinquaginta, inter quos paralytici
quidam in lectis gestahantur in carcerem 2. Duravit haec coramotio
usque dum ex Colloquio eu m Principe Cathorum Rex redierat3 ;
tum enim omnia reddita sunt tranquilla, nec solùm hoc, sed etiam
optimae spei plena. Nam Augustinensis quidam Evangeliurh prœ-
dicat ju.xla arcem Lujfer 4, magno populi concursu. In arce rerô
Carmelita barbatus, qui ex Italia datus est a Pontifice nepti suae 5,
ut curet, docet liberrimè Christian. Regina, soror Régis, Papœ nep-
1 Voyez le X° 440, note 4.
2 Voyez la lettre de Bucer écrite vers le 13 janvier (N° 445).
3 Après son entrevue avec le landgrave de Hesse (N° 451, n. 6), Fran-
çois I était rentré à Paris pendant la première semaine de février (Journal
d'un bourgeois, p. 436. — Cronique du roy Françoys I, p. 102).
4 S'il s'agit ici du Frère Augustin Élie Corand (N° 451, n. 2), il faudrait
admettre qu'il avait été libéré clans le courant du mois de mars. L'église
dont parle Myconius était sans doute celle de St.-Germain l'Auxerrois,
voisine du Louvre.
5 Nous ne connaissons pas le nom de l'aumônier italien que le Pape
avait donné à sa nièce, Catherine de Médicis (N° 445, n. 12). Cette jeune
princesse était arrivée h Paris au commencement de février (Chronique citée,
p. 101-102).
1534 OSWALD MYCONÏUS A HENRI BULLINGER, A ZURICH. ICI
tim gubemat. Viri nominatiss[imi] conciones illas adeunt quotidie.
Episcopi duo, Pari siens is et Sanlius*, nialè audiunt propter Lulhe-
ranismum. Rector1 ab urbe discessit propter Evangelium, hoc est,
propter odium contractum ab Evangelio. Salinas, monachus ti i-
linguis, extra synagogam ejectus est Theologorum s. Nuper se pro-
diderunt D. de S. Joatme Lateranensi9, Vatablus 10, Tusanus n, Da-
nesius ts, viri consulares item aliquot, tria quatuorve paria doctis-
simorum medicorum, ut discipuli Christi conciones audiendo quo-
tidie. Clamavit nuper Picard us 13 sophista pro concione : « Actum
est de nobis ! Neminem pneter vetulas mulierculas circum me vi-
deo ; viri eunt ad arcem Lu/fer. »
Post haec venerunt literae, qua3 diximus adstruentes ferè omnia.
Ferè dico, nam omiserunt de Carmelitœ rébus, alioqui cognitiss[i-
mis].... Praeterea, hoc die ad me venit per certum nuntium, Ruffum
6 Jean du Bellay, évêque de Paris, et Guill. Petit, évêque de Senlis.
7 Nicolas Coi), ancien recteur de l'Université (N03 438, 440, 445).
8 Maître Jérôme Sallignas avait déjà été invité, le 29 janvier 1534, à
s'expliquer en Sorbonne sur certaines assertions « pernicieuses » qu'on lui
imputait. Il s'était facilement justifié (Voy. d'Argentré, op. cit. t. I, Index,
p. vu, t. II, p. 102). Nous n'avons pas de renseignements sur les faits qui
provoquèrent, deux mois plus tard, son expulsion de la Sorbonne.
9 II s'agit probablement de Guillaume Qui/non, commandeur de l'Ordre
de St. Jeau de Jérusalem, dont l'hôpital à Paris portait aussi le nom de
St.-Jean de Latran. Quynon remplit ces fonctions de 1525 à 1542 (Voyez
Lebeuf. Hist. de Paris, annotée par H. Cocberis, t. II, p. 102, 106. —
Journal d'un bourgeois, p. 118). Les relations amicales qu'il entretenait
avec Érasme l'avaient sans doute rendu favorable à la doctrine évangélique
(Voy. Erasmi Epp. Lettre à Guill. Quynon du 6 septembre 1530).
10 François Vatable (N° 6, n. 2, ÎST° 20, n. 19), élu professeur d'hébreu
au Collège Royal en 1532 (Gaillard. Hist. de François I, 1819, t. IV,
p. 188-191).
11 Jacobus Tusanus ou Tussanus (en français Toussain), natif de Troyes.
Élève d'Aléandre et de Budé, célèbres hellénistes, il fut nommé profes-
seur de grec au Collège PiOyal en 1532 (Voy. Maittaire. Annales, II, 78, 100.
— Gaillard, op. cit. IV, 197-199.— Guill. Budé par D. Rebitté, p. G2-65).
12 Pierre Danes enseignait le grec au Collège Royal depuis 1530 (N°345,
n. 10). Le 9 janvier 1533 (1534, nouv. st.), Beda l'avait cité devant le Par-
lement, ainsi que Vatable et deux autres lecteurs royaux, pour qu'il leur fût
interdit d'interpréter les Saintes Ecritures sans la permission de l'Univer-
sité ; mais le Parlement s'abstint de prononcer (Voy. Félibien, IV, G82. —
Bulaeus. Hist. Univ. Paris. VI, 238-244. — Gaillard, op. cit. IV, 175-178).
43 François le Picart (Voy. la n. 15, et le N° 41S, n. 14 et 20).
T. III. 11
162 OSWALD MYCOMUS A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 1534
qui hactenus detentus fuit libérât uni sententid li, Bedam esse cap-
tum15; ante dies aliquot combustum qui, propter Evangelium, ante
menses quindecim in carcerem ductus erat, Gebennensis patrid 16.
Cur nunc demum condemnatus sit, ignoro... Basile^, VIII Aprilis,
anno 1534.
OSVALDUS MYCOMUS tUUS.
14 Voyez le N° 458, renvoi de note 3. Le journal de l'abbaye de St. -Vic-
tor, cité par Hilarion de Coste (Vie de F. le Picart, p. 46) renferme les
détails suivants, relatifs à Gérard Boussel : « Le Mercredy premier jour
d'Avril 1534, Gérard fut empesché par le peuple de prescher avant l'ab-
soute en l'église de Paris, parce qu'il estoit estimé Luthérien. »
15 Voyez le N° 458, n. 2. On lit dans Bulaeus, au 21 novembre 1534 :
« Supplicuit quidam Doctor Theologus... ut mitterentur oratores ad Regem...
pro liberatione Natalis Bedœ et Nicolai Clerici... qui tune, ex mandato Ré-
gis, detinebantur captivi in carceribus D. Parisiensis Episcopi, et cujusdam
etiam Licentiandi Tlieologi cognomento Picard. — Clerici et Picard libe-
rati sunt post aliquot dies, sed Beda missus est in exilium, unde jam semel
fuerat revocatus [N° 445, n. 5]... quôd multa, ut ferebatur, inconsultè et
ausu nimis temerario, contra Regiam Majestatem et dicto et facto atten-
tasses » (Op. cit. VI, 247-248.)
16 Ce personnage n'est point, comme il semble d'abord, Alexandre Ca-
nus, prédicateur exilé de Genève le 3 décembre 1533 (N° 441, n. 8, 11),
et dont les députés de Berne avaient inutilement réclamé le rappel (20 et
22 février 1534. Reg. du Conseil de Genève). On sait, en effet, qu'après
avoir évangélisé la ville de Mâcon et la Bresse, Canus séjourna quelque
temps à Lyon, où il prêchait encore le lendemain de Pâques (6 avril 1534).
Bientôt dénoncé, saisi et condamné à mort, il en appela. Il fut transféré à
Paris et brûlé sur le bûcher de la place Maubert, le jeudi 18 juin sui-
vant. (Voy. la Cronique de Françoys I, p. 111, en note. — Félibien. Hist.
de Paris, 1725, t. H, p. 996. — Crespin, op. cit. fol. 99. b.)
Nous supposons, par conséquent, que le « Genevois » mentionné dans la
présente lettre était Maître Jean Pointet, chirurgien natif de Menthon,
bourg situé dans la province de Genevois, à 10 lieues S.-O. de Goiève, et
que la date de son martyre, placée en 1533 par Crespin (loc. cit.), parce
qu'il eut lieu avant le 5 avril, jour de Pâques, doit être rapportée à l'année
1534 (nouveau style).
4534 SIMON GRYNvEUS A GUILLAUME FAREL. A GENÈVE. 163
460
SIMON GRYN-aaus ' à Guillaume Farel, à Genève.
De Baie, 15 avril 1534.
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel.
Sommaire. En réponse à vos questions, dictées par une sollicitude chrétienne, nous
vous dirons volontiers quel est l'ordre qu'observe notre église dans la célébration des
mariages : Le cortège ne doit pas être trop nombreux ; le mariage peut se célébrer
n'importe à quelle époque de l'année, excepté toutefois pendant la semaine sainte ;
car la charité ne permet pas la joie publique de quelques-uns, au moment où toute
l'Église mène deuil. Le grand nombre de paysans qui afflue alors dans notre ville
rendrait ce contraste encore plus choquant. Au reste, ce n'est pas la superstition
qui nous a dirigés en cela, mais uniquement la charité.
Salutem ! Laudamas quôd sis in omni Christi negotio tam soli-
citus, libenterque tibi reddimus rationem. De nuptiis igitur sic pau-
1 Simon Grynœus (en allemand Gi'yner ou Greiner) né à Vehringen
(1493), ville de Souabe, fit ses études à Pfortzheim avec Mélanchllwn, puis
à Vienne, où il obtint une cbaire de littérature grecque. Après avoir passé
quelques années à Bude et à Wittemberg, il fut appelé à l'université d'Hei-
delberg (1523) et ensuite à celle de Bâle (1529) pour y enseigner le grec.
Savant de premier ordre, très-zélé partisan de l'Évangile, Grynœus était
déjà célèbre par ses nombreux travaux philologiques. On lui doit la pre-
mière publication de cinq Livres de Tite-Live (1531) et un travail d'en-
semble sur les découvertes faites dans le Nouveau-Monde (1532). (Voyez le
N° 403, n. 16. — Herzog. Athenae Rauricse. — G-.-T. Streuber. Simonis
Grynaei Epistolae. Basil. 1847.)
Nous ne saurions indiquer l'époque où des relations personnelles se for-
mèrent entre Fard et Grynœus, ni fixer la date du billet suivant écrit par
le professeur de Bâle au réformateur français :
« Salve in Domino ! Prœdicant omnes mortales tuam in fungendo munere
Evangelico diligentiam. Age ! âge ! miles Cbristi fortissime ; perge quod cœ-
pisti, et non respice. 0! quae te merces manebit servum Domini fidelem!
Vale et me ama.
Grynœus tuus.
« Gulielmo suo Farello amico et fratri cbarissimo. » (Manuscrit autogra-
phe. Bibl. des pasteurs de Neuchâtel.)
164 SIMON GRYNyEUS A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1534
cis habe 2 : Celebrantur ut nosti, more veteri et perpétué cum pompa
quadam non solùm vestium, sed eduliorum, nimis magnâ, et ferè
nullum hîc faciunt modum. Alqui nihil esse infinitum aut immode-
ratum in ista Christi libertate decet, sed [ut] circumscripta et ordi-
nata omnia, spiritus et charitatis régula, sint necesse est3.
Primùni igitur, constitutum est ut pompa ne esset immensa,
deinde ut quolibet om[n]ino tempore celebrarentur, eo tantùm ex-
cepto cui id genus letitire publicse, nescio quo pacto, répugnât, cùm
Passionis Dominicœ memoriam feslumque, sicut cœtera Resurrec-
tionis, Ascensionis, peragit Ecclesia. Nihil tribuimus tempori, ni-
hil loco, nec diem die secernimus ; sed tamen, quia tum Ecclesia
in communione et eodem studio facit, ut peccata sua diligentius in
morte Christi contempletur, atque hoc festum, sicut cœtera quse
dixi, rectè servat, non video quomodo non à charitate abhorreat
si quis tum unus gaudeat, cceteris in deliclis suis cogitandis occu-
patis omnibus, et pompam inférât leticiamque in luctum. Hœc una
est ratio, nempo ut quod tum communiter ab omni Ecclesia fit, ici
etiam fiât à plerisque, et vel hoc postremum ocliduum * nuptialis
pompa cohibeatur, per cœtera sit quolibet tempore libéra. Altéra
causa est, quôd in medio rudium agit nostra ecclesia, et hoc tem-
pore vulgus hominum in urbem maxime commeat, Hi, cùm tym-
pana et pompam vident, mox templum ingressi, cœteros in Pas-
sione Domini contemplandà universos intentos animadvertunt, mi-
rantur diversitafem. Sane enim cum gaudentihus gaudendum est,
cum flentibus llendum B, et quia hoc agit in communione Ecclesia
et receptum habet, esse charitatis putamus ut se vel hoc tempore
singuli conforment. Summa, non est cur hîc superstitiosum <juid-
dam esse suspicêre. Solius charitatis est habita ratio. Concedimus
etiam totd Quadragesimd nuptias, modo sub hune Ecclesiœ relut luc-
tum publicum conforment sese, et pompœ facessant.
Vale et nos ama in Domino, sicut soles, vir optime et charissime
nobis. Basil. [ea3] 15 Aprilis 34.
Simon Gryn.eus tuus.
- Farel avait déjà béni quelques mariages à Genève (Voyez le N° 449,
renv. de n. 3), et il y avait sans doute remarqué des usages qui ne s'accor-
daient pas avec la simplicité évangélique (Voy. la lettre du 29 avril 1536),
ce qui dut l'engager à réclamer les conseils des ministres bâlois.
3 Allusion à I Corinth. chap. XIV, v. 40.
4 C'est-à-dire, la semaine sainte.
5 Romains, chap. XII, v. 15.
tb34 LE CONSEIL DE BERNE Al X ÉVANGÉLIQUES DE GENEVE. 163
(lnscriptio :) G. Farello, suo fralri in Domino charis.[simo].
Genevae ■.
401
le CONSEIL de berxe aux Évangéliques de Genève.
De Berne, 16 avril 1534.
Inédite. Minute originale. Archives de Berne.
■-
Sommaire. MM. de Berne exhortent de nouveau les Évangéliques de Genève à vivre
paisiblement avec leurs « adversaires, » et â se contenter de la libre prédication de
la Parole de Dieu, sans entreprendre quoi que ce soit « sous l'ombre » du gouver-
nement bernois.
Salut, grâce et paix de Dieuz par Jésus-Christ, nostre seul ré-
dempteur !
Très-chiers frères, nous vous avons par cy-devant escript une
lectre exhortatoire, datée du xvie du moys de Mars dernièrement
passé; après cella, donné charge à nous ambassadeurs Graffenried
et Tribolet de vous tenir quelque proposts en secret, ce [que],
comme ilz nous ont rapourté, ilz ont faict. Lesquelles admonitions
vous voulons prier, par ces présentes, de réduisre en mémoire.
Et davantaige vous prions et admonestons que veilliés considéré
icelles et vous conduisre sy paisiblement, et vous affairés accorder
avecq vous adversaires, que tous troubles et esmotions soyent évi-
tées.. — et ainsy vous contenter que Dieuz voua a faict ceste grâce
0 La Collection Simler à Zurich reproduit la présente lettre d'après une
copie communiquée par l'historien Rachat, et elle en attribue la composi-
tion à Mycomus. Outre quelques variantes de peu d'importance, cette copie
diffère en d<ux points du manuscrit original de Grynccus : Elle n'est pas
signée et l'adresse porte « Murati, » au lieu de Genecœ. Ne faut-il pas en
conclure que Farci visitait parfois la ville de Moral, dont il restait pasteur
titulaire, et que cette circonstance détermina les pasteurs bûlois ù lui adres-
ser une réponse en d m exemplaires, dont l'un signé par Grynœus fut di-
rigé sur Genève, tandis que l'autre, tracé par la main de Myconitts, fut en-
voyé ;i Moral ?
166 GUILLAUME FAREL [a ETIENNE DE LA FORGE, A LYON.] 1534
que la Parolle de Dieuz vous est anuncée, sans faire ne prétendre
chose que peust donner occasion de user de force contre vous. Car
certes, pour le présent, à cause des dangiers que crai[g]nons, ne
vous pourriens en sourte que soit secourir.
Pour autant, ne commencé chose que soit, sous nostre umbre, fa-
veur ne ai/de, ains (comme dict est) vous souffrir et contenter de ce
que Dieuz vous az communiqué sa saincte Parolle, sans faire inno-
vation quelconque. Autant priant Dieuz que vous ayt en sa saincte
garde. Datum xvi Aprilis, anno xxxun0.
L'Advoyer et Conseil de Berne.
(Suscription :) A nous très-chiers frères et bons amys tenans
la parthye de l'Évangile à Genesve.
Guillaume farel [à Etienne de la Forge ', à Lyon].
De Genève, 25 avril 1534.
Copie contempor. Procès de Baudichon2, p. 10. Arcli. de Berne.
J. Gaberel. Hist. de l'Église de Genève, 1858, 1. 1, pièces juslif. p. 45.
Sommaire. Farel exhorte Etienne de la Forge à chercher « par vraie foy » son trésor
dans le Ciel, et, après avoir déploré le peu de courage des prédicateurs de l'Évan-
gile, et mis en doute l'exactitude des nouvelles réjouissantes qui ont cours [à (7e-
nève], il expose la situation critique de Gauchier, son frère cadet. Le saint vaisseau
élu de Dieu en sera informé par une lettre qu'Etienne de la Forge est prié de faire
parvenir à sa destination.
La grâce, paix et miséricorde de Dieu nostre père, par nostre
Seigneur Jésus, seul saulveur et rédempteur, qui pour nous est
1 Etienne de la Forge, riche marchand natif de Tournay, demeurait à
Paris, rue St.-Martin, à l'enseigne du Pélican. « Il était marié et estimé
homme de bien » (Journal d'un bourgeois de Paris, p. 447). Calvin, qui
l'avait connu à Paris, disait de lui plus tard : « Sa mémoire doit estre bé-
nite entre les fidèles, comme d'un sainct martyr de Jésus-Christ. » (Traité
1 534 GUILLAUME FAREL [A ETIENNE DE LA FORGE, A LYON.] 167
mort, régnant en gloire es cieulx, où il le fault cercher, car Luy
seul est nostre droict trésor célestiel ! Lequel, si par vraye foy
avons, ne nous peult estre osté ne desrobé, combien que tout se
lève contre Luy, comme de jour en jour en avons l'expérience,
selon qu'il plaist au père éternel nous ouvrir la porte pour ad-
nuncer son filz. Et si Dieu nous donnait plus de couraige, on verroit
autres choses; mais nous avons tant de chevaulx réti[f]s, qui au
lieu d'advancer reculent, non seulement estans peu servans, mais
empeschans les autres, tellement qu'il me semble en telz estre
accomply ce que Jésus disoit aux Pharisiens, qu'i[ls] prénent mais
ostent la clef de science, n'entrans point et ne laissans entrer ceulx
qui veulent entrer 3. Mais, quelque croix qu'il y aye et tous les em-
peschemens, Dieu ne lairra [1. laissera] point son œuvre qu'il ne
perface sa saincte volunté, et fera que les meschans seront co-
gneuz.
L'on nous a récité beaucoup de nouvelles touchant le Royaume de
Dieu, et n'y a personne qui ayme Noslre Seigneur qui ne désirât
la chose estre telle et daventaige; mais l'on ne sçait à qui l'on doit
croire 4. Je pense bien que vous n'en oyez guières mains [1. moins].
De par deçà les batelleurs ne cessent de controuver continuelle-
contre la secte des Libertins, 1547, chap. IV.) « Quand il parloit de ce per-
sonnage-là (dit aussi Théod. de Bèze), c'estoit tousjours en luy rendant
tesmoignage de grande piété, de bonne simplicité, et sans feintise : que c'es-
toit uu marchant bien prudent et diligent, mais néantmoins de fort bonne
conscience et vray Chrestien. » Selon Crespin (op. cit. f. 105. b), «E. delà
Forge avoit en singulière recommandation l'advancement de l'Évangile, jus-
ques à faire imprimer à ses despens livres de la Ste Escripture, lesquels il
mesloit parmi les grandes aumosnes qu'il faisoit... » (Voyez les n. 2 et 11.)
* La lettre originale ayant été saisie sur la personne de Baudichon de
la Maison veuve, emprisonné à Lyon pour « cas d'hérésie, » nous en re-
produisons le texte d'après la copie qui est insérée dans les actes de son
procès. Ces actes s'expriment ainsi au sujet des deux lettres que Farci avait
remises à Baudichon : « Interrogué, respond que Pharellus... les luy bailla,
pour les bailler à Estienne de la Forge, marchant de Paris, chieux Loyset
de Laube, en ceste ville [de Lyon] ; ensemble luy bailla autres lectres adres-
sées au sainct vaisseau de Dieu esleu,... pour après les envoier où elles sont
adressées. Et ne cognoit le dict Estienne, et dit qu'il est compaignon du
dict de Laube, et tiennent boutique près la place de l'herberie, en laquelle
botique on a dit au dict respondant, que le dit Estienne n'est encores venu. »
3 St. Matthieu, chap. XXIII, v. 13. St. Luc, chap. XI, v. 52.
4 II s'agissait probablement des récentes nouvelles de Paris (N° 459),
qui auraient été amplifiées au point d'exciter les doutes de Farel.
168 GUILLAUME FAREL [a ETIENNE DE LA FORGE, A LYON.] 1534
ment nouvelles inventions et menteries; mais Dieu faict que tout
revient à leur confusion, car mensonge ne peut vaincre vérité ".
Il fault que la lumière luyse et que les ténèbres aient fin. Le Sei-
gneur face que les pouvres aveugles soient plainement illuminés !
Vous sçavez comment Nostre Seigneur a visité la maison, exami-
nant mes frères et principalement celluij qui est nay après moy, le-
quel a long temps qu'il est en prison, estant condampné à prison per-
pétuelle et ses biens confisquez G. De quoy suys esbay, comme ce
pouvre homme qui n'entend comme rien et qui n'a rien déservy
est ainsi démainé, et fault que plus endure que moy. Le Roy a esté
adverty par ceulx qui ne l'haïssent point et qui valent bien qu'on
face quelque chose en leur faveur 7, et [qui] seroient marrys de de-
mander autre que chose honneste ; mais je ne sçay qui a tellement
emprins [1. allumé] le feu, et vous promectz que grandement me
desplaist que jamais en fis [1. on fit?] aucune requeste pour luV,
veu que, contre mon désir, cela que [je] pensoye servir à charité
est venu au contraire, ou guière ne s'en fault8; mais ce que y eusse
faict pour ung autre selon Dieu n'ay peu laisser envers mon frère.
J'en rescriptz au vaisseau que Dieu a esleu, ayant souvenance des
captif z 9. Sera vostre plaisir rendre les lectres et vous employer
comme vouldriez qu'on fit pour vous, ainsi que nostre bon maistre
commande 10, lequel par sa grâce vous conserve ferme en foy, la
vous augmentant, faisant que cheminez tousjours purement selon
sa bonne volunté ! De Genesve, ce 25 d'avril 1534.
Le tout vostre Farel.
(Suscription :) A mon très-chier frère et meilleur amy n.
s Comparez ce passage avec le tome II, p. 67, lignes 9-15.
6 Gauchier Farel, greffier de la cour épiscopale de Gap, qui était em-
prisonné depuis près d'un an (N° 426, n. 12-13).
7 Allusion à Messieurs de Berne, qui avaient écrit au roi de France, en
faveur des frères de Farel, le 7 juin et le 4 octobre 1533 (N° 426, n. 14,
N° 433, renvois de n. 3-4).
8 Voyez le X° 426, renvoi de note 15, et le N° 433, note 7.
9 Voyez la note 2 et le N° 463, note 2.
10 St. Matthieu, chap. VII, v. 12. St. Luc, chap. VI, v. 31.
11 Ces expressions permettent de supposer que Farel avait connu Etienne
de la Forge à l'époque où il présidait lui-même les assemblées secrètes de
l'église de Paris, c.-à-d. en 1523 (Voy. le N° 105, renvois de note 9 et 11).
1534 GUILLAUME FAREL [A MARGUERITE DE NAVARRE.] 169
463
Guillaume farel1 [à Marguerite de Navarre*].
De Genève, 25 avril 1534.
Copie contempor. Ibid. p. lo. Gaberel, op. cit. I, pièces just. p. 46.
Sommaire. Loin de perdre courage dans l'adversité, les justes doivent se confier au
Seigneur et non aux hommes. C'est ce que m'a fait éprouver le triste résultat des
démarches tentées en faveur de mon frère, qui est depuis longtemps prisonnier. Je
me soumets donc entièrement à la volonté de Dieu, mais je ne cesserai d'user aussi
« des autres moyens, » à l'exemple de St. Paul.
Veuillez « en parler là où mieux savez qu'il est expédient, » et donner à entendre
que le pauvre personnage a déjà assez souffert. Que « la pauvre mère tant pleine
d'angoisse, » vous soit recommandée! Quel plaisir vous feriez à ceux qui aiment Notre
Seigneur, si par votre moyen le pauvre prisonnier était délivré/
La grâce, paix et miséricorde de Dieu nostre très-bon père, par
son seul filz Jésus, nostre salut et vie, qui est la pierre de contra-
I La présente lettre n'est pas signée, mais celle qui précède prouve
qu'elle est de Fard.
â Quelle est la personne à laquelle s'adresse Farel, comme «au sainct
vaisseau de Dieu esleu, » et dont il parle dans la lettre à Etienne de la
Forge (N° 462, renv. de n. 9) comme du « vaisseau que Dieu a esleu, ayant
souvenance des captifs ? » Ces paroles ne peuvent s'appliquer, selon nous,
qu'à Marguerite de Navarre, sœur de François I (N° 35, n. 1, N° 190, n. 2),
et dont l'influence sur son frère était seule assez puissante pour obtenir de
lui une grâce qu'il avait jusque-là refusé d'octroyer (Voyez la note 8).
II s'agit, en effet, dans la lettre de Farel, d'un nouvel effort à tenter en
faveur de son frère, après plusieurs démarches infructueuses. L'interven-
tion de Marguerite dans cette affaire avait déjà été réclamée par les Ber-
nois, le 7 juin 1533, sur la demande de Farel lui-même. Nous trouvons donc
tout naturel qu'il se soit décidé à écrire directement à cette princesse, qui
avait pu le connaître personnellement à Meaux en octobre 1521, et qui dès
lors lui avait plus d'un" fois témoigné sa bienveillance. (Voyez dans le
tome I, le N° 42, n. 3, le N° 182, renv. de n. 9, le N° 184, renvois de
note 2-4, et la p. 459, lig. 1-5.) Que cette lettre renferme des exhortations
conçues en termes généraux, qu'elle ne porte point de signature et ne donne
170 GUILLAUME FAREL [A MARGUERITE DE NAVARRE.] 1534
diction 3 contre laquelle, tant en elle comme aux siens, le monde
dès le commencement a bataillé et faict encores et fera, mais en
vain ! Car n'y a conseil, ne prudence, ne sagesse contre Dieu, et
ne fault que les iniques lèvent leurs cornes, car elles seront rom-
pues ; et quelque chose qui puisse advenir aux justes, [ils] ne doyvent
perdre couraige, mais avec le sainct prophète, en playne foy et asseu-
rance doyvent dire : « Le Seigneur est mon ayde, je ne craindray
point que r homme me face 4. » 0 ! qu'il est heureux [celui] à qui le
Seigneur donne ceste grâce ! Lors tout va noblement, et quant tout
est perdu selon le monde, lors est expérimentée la vertu de Dieu,
qui puissamment ayde aux siens, qui nJont fiance en autre qu'en
Luy. Mais, quant nous recourons en Egypte 5 et nous fions aux
hommes, Dieu se monstre véritable, déchirant [ce] que sont les
hommes.
Je Pay expérimenté en mon frère, qui a esté longuement détenu
pour chose qui ne vault G, comme puis entendre le parler. Car s'il
n'a autrement faict mesmes que aucuns de ses adversaires ont dit,
— quant devant le pape et à Romme l'on seroit mainé, mais qu'ilz
ne fissent [pas] plus que paravant, il passeroit légièrement. Mais
[lui] voulant avoir ayde (comme sembloil) fort propre, et moy pen-
sant faire que ramifié fût plus grande entre ceulx que je désire [voir
amis 7], Dieu sçait comment il en est advenu 8. J'ay voulu plus con-
sentir au jugement d'autruy qu'à ce que mon cueur jugeroit. Dieu
en soit loué, son bon plaisir soit faict ! Si le bon Père, de sa bonne
volunté, le veult délivrer, il a tout en sa main, il le fera. Si autrement
au destinataire aucune qualification, cela s'explique par le fait que Farel
voulait éviter tout ce qui aurait risqué de compromettre 7a reine de Na-
varre, dans le cas où sa lettre serait interceptée.
Quelle qu'ait été d'ailleurs la destination de ce message, nous nous re-
fusons à croire, que le saint vaisseau élu de Dieu pour la délivrance des
captifs fût « le petit troupeau de la capitale, » c'est-à-dire « les frères de
Paris, alors si affligés. » (Voyez Merle d'Aubigné, op. cit. IV, 368.)
3 St. Matthieu, chap. XXI, v. 42-44. Romains, chap. IX, v. 33. I Pierre,
chap. II, v. 7.
4 Psaume LVI, v. 11.
3 Jérémie, chap. XLII, v. 13-18.
6 Voyez le N° 402, renvoi de note 6.
7 C'est-à-dire, Messieurs de Berne et le roi de France.
8 Voyez le N° 420, renv. de n. 15, et la lettre du 20 octobre 1533, où
François I déclare que ni les prières de MM. de Berne, ni celles « d'autre,
quel qu'il soit, » ne parviendront à changer sa résolution.
1534. GUILLAUME FAREL [A MARGUERITE DE NAVARRE.] 171
luy plaist, ce que semblera bon devant ses yeulx soit faict ! et ainsi
sera. Mais je ne veulx laisser de prier pour luy, comme faisoient les
fidèles quant Pierre estoit détenu 9, ne aussi d'user des autres
moyens, comme Pol en a usé 10.
Pourtant, pour l'honneur de Jésus et la charité fraternelle, laquelle
faict que si aucun membre souffre, les autres en ont compassion,
je vous prie d'en parler là où mieulx savez qu'il est expédient11, et
en faictes parler, donnant, s'il vous plaist, entendre que Ton a
assez et plus qu'en toute rigueur hostille et des ennemys à ung
autre ne fût esté faict, par longue prison et consumplion des biens ;
car PEvesque 12,oultre ce qui a esté despendu, a tiré six cens escuz.
Qu'on soye content, et que le pouvre personnaiye soit délivré ! Et ay
espérance que de la délivrance en viendra du bien, ce que face le
bon Dieu, plain de toute miséricorde, qui donne à tous vraye et
parfaicte intelligence et plaine cognoissance de sa grande bonté,
puissance et sagesse, affin que n'ayons tant de craincte aux choses
de Dieu, mais que tous, d'ung noble et vraiement crestien cueur,
servons, honnorons et adorons nostre Dieu plus purement que
n'avons faict jusques à présent, craignant plus ce très-puissant Sei-
gneur que n'avons faict, et que la craincte humaine soit chassée
loing de nous, aians peur de la malédiction de Dieu apreslée sur
tous qui n'ont leur confiance en Dieu, et à deux mains prenons la
bénédiction aprestée à ceulx qui pour Jésus souffrent !
Et pleut au Seigneur Dieu que le pouvre prisonnier bien en fût
adverly, et que, ayant plaine intelligence, il pous[s]a oultre et dé-
claira ce qu'il est de dire du bon Sauveur t Car tout ce que me
meut, c'est pourtant qu'il n'a esté guières instruict, et craings qu'il
n'entende rien. Et la pouvre vefve, lanière13 tant plaine d'angoisse,
laquelle vous soit recommandée ! Celuy qui tout peut, dispose tout
comme il cognoit estre à sa gloire, nous menant et conduisant par
son sainct esperit, lequel il nous face suyvre et délaisser toute autre
prudence, sagesse et conduicte, affin que tout ce qui est en nous,
tant en pensée, faictz et dictz, soit en l'honneur et gloire de Dieu
et advancement de sa saincte Parolle ! Amen.
0 Actes des Apôtres, chap. XII, v. 12.
10 Allusion aux faits racoDtés dans les Actes des Apôtres, chap. XXII,
v. 24-29; chap. XXIII, v. 6-9; chap. XXV, v. 11-12.
11 C'est-à-dire, au Roi (Voyez la note 2).
12 Gabriel de Clermont, qui occupa le siège de Gap de 1527 à 1572.
15 La mère de Farel (Voyez le N° 42G, fin de la note 17).
172 BERTHOLD H ALLER A HENRI BULLINGER, A ZURICH. i 5IU
// ne fault dire combien ceulx qui ayment Nostre Seigneur dési-
rent vostre bien, et combien vous saluent en Nostre Seigneur, et quel
plaisir leur feriez en Nostre Seigneur, si par vostre moyen le pouvre
soit délivré, vous prians tous de vous y employer. De Genesve, ce
25 d'avril 1534.
Le tout vostre en Nostre Seigneur.
(Suscription :) Au sainct vaisseau de Dieu esleu li.
464
berthold haller à Henri Bullinger, à Zurich.
(De Berne) 7 mai 1534.
Autographe. Arch. de Zurich. Fueslinus, op. cit. p. 139.
Sommaire. Haller informe Bullinger des efforts inutiles tentés par les ministres ber-
nois pour ramener à l'orthodoxie un pasteur arien, collègue de Farel, et il exprime
la crainte que Farel ne soit engagé dans les mêmes erreurs.
S. Altéras paraverara literas, dum per otium vacabat et nuncii
Friburgi sua agerent, doctissime Heinrice. Intérim collocuti sumus
cum G allô hoc, qui, tametsi mente compos non sit, natus tamen
videtur ad pertinaciam et contentionem l.
Asseruerat Jesum Cliristum nudum esse hominem ; dein cum aper-
tissimis à nobis urgeretur Scripturis, admisit, Cliristum naturalem
Dei filium, adeôque Deum esse, sed non œternum, immô in lempore
constitutum et factum. Ait secundo : Atqui hune, alioquin purum
hominem, esse fidei nostrse objectum. Cui satis abundè responsum
est, sed minime satisfactum, pertinaci enim satisfleri nequit. Mo-
nuimus hominem, ut fidem hanc apud se habeat ; id verô minime
!* Voyez la note 2.
1 Ce n'est pas d'un P'rançais qu'il s'agissait, mais d'un Savoisien. Ce per-
sonnage, nommé Claude Aliodi ou d'Aliod (en latin Aliodus), était natif de
Moûlier dans la Tarentaise. Les historiens de la Réforme nous semblent
avoir ignoré qu'il eût été collègtie de Farel à Neuchâtel (Voy. la fin de la
note 3 et la note 7).
1534 BERTHOLD HALLER A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 173
facturum scio 2. Restât ut illiprobemus Spiritual Sanctum esse Deum
et ab œtenw, quem creaturam asserit. Negat Triadem; personas
verô, tam quoad vocem quàm ad rem 3.
Vidi tua in Epistolam ad Hebraeos *, et aliis locis, quibus mag-
nam mihi cogitandi occasionem dedisti. lu hoc haereo, ut non
plané intelligam quid sibi velit vox persona, quam notionem Zuin-
giius vocat in Religione verà et falsà 5. Alii verô, nomina operatio-
num ; alii, relationes aut proprietates. Vidi Scholasticos in primo
Sententiarum 6, sed ex illorum tricis me extricare nescio. Sic sem-
per et in omnibus le cogor perturbare. Paucis dabis occasionem
2 Claude d'Aliod essaya, en effet, de répandre ses opinions, et il fut banni
par le gouvernement bernois. Le 21 mai 1534, Haller écrivait à Bullinger :
« Proscribetur Gallus Claudius, etiam Symperto [Vogt, pasteur à Bienne.
Voy. X° 398J optimè notus. Intérim opus ut parati simus in omnibus ratio-
nem reddere ejus quae in nos [1. nobis] est spei. » (Manuscrit orig. Arch.
de Zuricb.) D'Aliod résida ensuite pendant quelques mois à Constance, d'où
il fut exilé. Jean Zivicl;, l'un des pasteurs de cette ville, écrivait à Vadian
le 23 août 1534: « Conversatus est apud nos aliquot mensibus Sabaudus
quidam... bomuncio calvus, neglecto vestitu, inermis, religiosa tamen specie.
Hic sese nobis addidit tanquam frater fratribus, idque tantâ innocentià, ut
charus admodum esse cœperit et populo et nobis, tantaque simplicitate, ut
nulla in re nobis suspectus videri potuerit. Hic verô cœpit paulatim sese
apud familiam quae istum, Christi nomine, hospitio susceperat, prodere...
Convocatus à fratribus symmystis... impiissimam fidei suœ dédit rationem. »
(Mscrit. orig. Bibl. de la ville de St.-Gall. Mscriptae Epp. t. III, p. 216, 221.)
Nous retrouverons d'Aliod à Lausanne, où il abjura ses erreurs en 1537.
5 Ce sont les mêmes idées que Michel Servet avait émises dans l'ouvrage
intitulé « De Trinitatis erroribus, » publié à Bâle en 1531. On les trouve
exposées dans la Confession de foi que d'Aliod présenta en août 1534 aux
ministres de Constance, et qui se termine ainsi : « Summariè, non credo très
personas esse unicum Deum, sed scio esse très homines ; très personne sunt
très homines, non unus Deus.
« Ego Claudius Aliodus de Sabaudia, ex civitate Mutier, Diocœseos Ta-
rentasiensis, olim concionator in nom Castro, germanicè Niïvemburg [c.-à-d.
Neuchâtel], haec ingénue fateor et christianè. » (Copie insérée dans la lettre
de Jean Zwick à Vadian citée plus haut. Voy. aussi la lettre de Martin
Frecht à Ambroise Blaarer écrite d'Ulm vers le 28 août 1534. Même collec-
tion, t. III, p. 226. — Musœum Helveticum, Pars xxyiii, p. 672, 676.)
4 « Commentarii in Epistolam ad Hebraeos, » ouvrage de Bullinger pu-
blié en 1532.
5 « De vera et falsa Religione, Huldrychi Zuinglii Commentarius. Ti-
guri, M. I). XXV, » petit in-8°.
6 Ouvrage de Pierre Lombard, évêque de Paris dans le douzième siècle,
et qui est intitulé « Sententiarum libri IV. »
174 LE CONSEIL DE BERNE A FRANÇOIS I. 1534
cogitandi, dam modo rei summam depinxeris. Vereor ne et Fa-
rellus in hoc implicitus sit errore ''. Curabis igitur, si quid respon-
dere poteris ; potes verô per hune nunlium, Funkii nostri fllium,
ut respondeas8. Ich meine die Handel machen uns einsd. Yale, vu Maii
1534.
Tuus B. Haller.
465
le conseil de berne à François I.
De Berne, 9 mai 1534.
Inédite. Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. MM. de Berne intercèdent auprès du Roi en faveur de deux citoyens gene-
vois, Bav,dichon et Janin, prisonniers à Lyon.
Sire, à Vostre Royale Majesté de bien bon cueur nous recom-
mandons.
Sire! ces jours passés, summes estes par nous chiers combour-
geoys de Genève advertys, comme deux leur citoyens estoint dé-
tenus en vostre ville de Lyon. Sur quoy nous escripvismes au Sei-
gneur Lieutenant du dict Lyon, que feust de son plaisir les dits
citoyens de Genève, nous bourgeoys, nomméement Baudichon de
7 Jean Zioick écrivait à Vadian, au sujet de Claude d'Aliod : Collegam
se habere testatur qui paria secum opinctur, Farellum scilicet, si modo non
est falsus in illura. » (Lettre du 23 août 1534.) Les ouvrages théologiques
de Farel montrent que cette imputation n'avait aucun fondement.
s Bullinger ne se contenta pas de répondre à B. Haller sur ce sujet. Il
composa un livre spécial intitulé : « Utriusque in Christo naturae... Assertio
orthodoxa, » publié à Zurich en octobre 1534, et dont il raconte ainsi l'ori-
gine, dans le catalogue de ses Œuvres : « Claudius quidam Allolrox venie-
bat Tigurum, et commiscebat in Cbristo divinitatem cum humanitate, imô
negabat utramque. Inde occasionem sumsi scribendi de utraque. » (Voyez
J.-H. Hottinger. Schola Tigurinorum, 1664, p. 77.)
9 « J'estime que ces affaires nous rendront tous bien unis. »
1534 LE CONSEIL DE BERNE A FRANÇOIS I. 175
la maison neufve et Jehan Janyn dit Colonier relâcher, pour l'amour
de nous l.
Sur ce, vous officiers nous onl faict response, que les dits pri-
sonniers n'estoint détenus en leurs prisons, ains aux prisons de
Monsr l'Archevesque - et entre les mains de ses oflîciaulx, lesquels
en ont prins la cognoissance 3; lesquels, comme avons entenduz.
en ont adverty Vostre Royale Mageslé et sont altendans vostre bon
plaisir et commandement sur cella.
A ceste cause, Vostre Royale Mageslé très-humblement sup-
plions, que soit de vostre bénigne grâce de commander et pour-
voir que les dits deux prisonniers, nous bourgeoys, soyent relâchés
et eslargés, et, sy par avanture ilz avoint faict et parler contre voslre
édict, cella, pour l'amour de nous, leur pardonner et les nous re-
mettre. En ce nous ferés singulier plaisir, nous ouffrant à le dé-
servir. Davantaige, vous plaise considéré, sy nous, les nostres et
ceulx que sont nous bourgeoys et alliés, pareillement aultres mar-
chans et personages que hantent et trafiguent en vostre Royaulme,
deussent estre ainsy traictées et inquieuz [1. enquis], laquelle con-
séquence cella pourroit avoir, — et sy, touchant nous et les nostres,
aussy nous bourgeoys et alliés, le traicté de la paix entre Vostre
Royale Magesté et nous cella pourroit souffrir 4 ? Aussy, que les
dictz prisonniers, nous bourgeoys, sont allez à Lyon soub le privi-
1 A la réception d'une lettre des magistrats genevois, datée du 30 avril
et apportée par Claude Salomond, MM. de Berne avaient écrit le 1er mai à
Pomponio Trivulce, gouverneur de Lyon, pour le prier de relâcher ces deux
personnages, « détenus... à cause de quelques parolles qu'ilz ont dictes tou-
chant l'Evangile. » — « En ce (ajoutaient-ils) nous ferés grands plaisirs, et
sans faulte, comme espérons, à la Royale Magesté chose non déplaisante... »
(Reg. du Conseil de Genève du 30 avril. — Weltsche Missiven-Buch. Arch.
de Berne.)
2 François de Rohan, archevêque de Lyon et primat de France. Il oc-
cupa le siège de Lyon depuis le 13 février 1501 jusqu'en 1536.
3 Les juges-inquisiteurs avaient, dès le 29 avril, procédé à l'interroga-
toire de Baudichon et de Janin, qui avaient été arrêtés le 27. (Voyez le
N° 454, n. 7. — Procès de Baudichon, p. 1-3. Arch. de Berne.) Le 9 mai,
MM. de Berne écrivirent à l'archevêque et à ses officiaux, pour les prier
« de non procéder plus oultre contre les prisonniers, » mais d'attendre la
venue des deux ambassadeurs (George Schôni et Michel Ougspurger) qu'ils
envoyaient à Lyon. (Weltsche Missiven-Buch. Arch. bern.)
* Il est question du traité de paix de 1516 (Voy. le N° 153, n. 12. —
J. de Muller. Hist. de la Confédération suisse, trad. par Ch. Monnard et
L. Vulliemin, IX, 492-94.)
176 LE CONSEIL DE BERNE A FRANÇOIS I. 1 534
lége des foyres. Icestes et aultres bones raisons Vostre Royale Ma-
gesté veillez bien considéré, et pondère le regraict que V. M. au-
roit si nous deussent [1. dussions] les rostres que viennent par deçà
en tieulle sourte traictéz, inquirir, molestez et ennuyre.
Pour autant, Vostre Royale Magesté derrechieff très-affectueuse-
ment supplions les dits prisonniers faire mettre en pleine déli-
vrance, et y mettre tieulz bon ordre que non-seulement les dits pri-
sonniers, ains aussy tous aultres puissent entendre ceste nostre humble
requeste leur avoir bien prouffitëz 5. Autant priant le Créateur que
Vostre Magesté ayt en sa saincte garde. Datum Sambedi ix Maii,
Anno xxxiiii0 6.
L'Advoyer et Conseil de Berne.
3 En recommandant au Roi « tous autres prisonniers, » MM. de Berne
ne faisaient pas allusion seulement à Alexandre Canus (Voy. le N° 459,
n. 16). Dans la missive qu'ils adressèrent à l'ambassadeur de France, le
20 juin suivant, ils s'informent en effet de ce que sont devenues les lettres
qu'ils l'avaient prié de transmettre au Roi, « en faveur de Noble person-
naige N. Xunegg, qui est détenue prisonnier à Paris. » (Teutsch Spruch-
Buch, FF, fol. 566. Arch. bern.)
6 Le Roi répondit le 22 mai. En le remerciant de sa « bénigne res-
ponse, » dont ils se disaient très-contents, MM. de Berne lui écrivaient le
6 juin suivant : « Ains, pource que summes par nous ambassadeurs, que
sont à cause du dict affaire à Lyon, advertis que vous officiers ne veulent
obéyr... à vostre commandement, summes occasionés... vous informer en
vérité summairement de tout l'affaire... Les dicts deux prisonniers sont mis
en captivité sans avoir faict actes contre vostre Édict, en vostre Royaume.
Car y ne sont pas entrés en Lyon pour semer aulcunes maulvaises sectes
ny hérésies. Hz n'ont aussy exposé en vente aulcuns livres que soyent contre
vostre Édict ; pareilliement y n'ont parlé chose ne pratiquez contre vostre
auctorité. Dont nous semble que la poursuite que soy faict contre eulx
n'ayt point raisonable fundement. Bien est vray que l'ung, apellé Jehan
Janyn... après qu'ilz est mis en captivité et interrogué de sa foy, ayt res-
ponduz et desclairé sa foy, ce que n'eust faict sy ne feust esté interrogué.
... L'aultre, nommé Baudiclion... n'az faict ne dict chose, avant et en sa
captivité, que puisse servir à la poursuite que l'on faict contre luy... »
(Weltsche Missiven-Buch. Arch. de Berne.)
1534 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL DE GENÈVE. 177
466
LE conseil de berne au Conseil de Genève.
De Berne, 9 mai 1534.
Missive orig. Arch. de Genève. Gaberel, op. cit. I, pièces just. p. 44.
Sommaire. MM. de Berne exhortent les magistrats genevois à rechercher si la capti-
vité de Baudichon et de Janin à Lyon ne procéderait pas des « pratiques d'aucuns
chanoines de Genève. »
Nobles, etc. Nous avons receuz vous lettres touchant Vaffayre de
Baudichon ', sur quoy avons faict dépaiche nécessaire 2. El, pource
qu'avons aulcugnement entenduz que la détention du dit Baudichon
et Jehan Janin procède paravanture des praticques d'aulcungs cha-
noynes, moynes et prestres de vostre ville 3, vous voulons prier et
admonester de vous enquester de cella, et, sy le trouvés comme
nous est rapourlé, fayre tieulle punition comme en tieul cas aper-
tient. Et sy ne pouvés incontinant fayre l'inquisition, que au moings
fassiés présentement remonstrances aux dicts prestres, comme tielz
1 Cette lettre des magistrats de Genève avait été écrite la veille, sur la
requête des parents de Baudichon (Reg. du Conseil du 8 mai).
2 Voyez le N° précédent.
5 Baudichon avait été arrêté le 27 avril, et, trois jours après, d'an-
ciens habitants de Genève déposaient contre lui et l'accusaient d'être « le
capitaine des Luthériens genevois. » Au nombre de ces témoins à charge
figuraient Pierre Pennet, frère de l'ancien geôlier des prisons de l'Évêque
de Genève (Voy. le N° 448, n. 2), et un nommé Philippe Martin, lequel
prétendait faussement avoir vu sur la place du Molard, dans la soirée du
4 mai 1533, Baudichon assaillant avec d'autres Luthériens le chanoine
Weriy (Voy. le N° 416, renv. de n. 8). La promptitude qu'on avait mise à
réunir contre les deux captifs tant de charges accablantes, ainsi que la ca-
lomnie imaginée contre Baudichon, pouvait bien faire soupçonner à MM.
de Berne l'existence d'un complot tramé par les chanoines de Genève, dans
le but de venger le meurtre de leur collègue Werly.
T. III. 12
178 JEAN DE LA CROIX A. GEORGES SCHQENI, A BERNE. 1534
cas nous soyt venuz à notice \ Laquelle chouse sy ainsin est qu'elle
soyt praticquée par aulcungs d'eux, que [ils] y fassent réparation
incontinant, affin que les prisonniers détenuz à Lyon soyent mis
en délivrance.
Aullrement, nous y mettrons tieul ordre, et y aurons tieulz es-
gard, et ferons tieulle instance et poursuite contre ceulx que sont
en cause de la dicte détention, que tout le monde voyra que l'a-
vons à grand desplaysir, et ung chescun y prendra exemple de
soy dépourter de tieulles trahisons. Datum ixa maii, anno, etc.,
xxximt0.
L'Advoyer et Conseilz de Berne.
(Suscription :) Aux Nobles, magniffiques Seigneurs Sindicques
et Conseilz de Genève, nous singuliers amys et très-chiers com-
bourgeoys.
467
jean de LA croix ' à Georges Schœni *, à Berne.
De Grandson, 15 mai 1534.
Inédite. Autographe. Archives de Berne.
Sommaire. Le pasteur de Grandson se plaint du moine Hentzmann, qui l'a injurié, et
du châtelain, qui tient le jeu de paume ■pendant le sermon.
Mon très-honnoré Seigneur,
Nostre Sauveur Jésuchrist vous soit tout salut, et son œuvre bien
recommandée ! Laquelle veullent destruyre ses ennemis, qui icy
4 Le Registre de Genève ne fait pas mention d'une enquête ouverte
contre les chanoines. Mais on y trouve, à la date du 7 juillet 1534, le pas-
sage suivant : « Revellatum fuit sicuti quidam in hac civitate actcstarunt
contra JBaudiclionum... in Lugduno dctentum, certain actestationem in ejus
prejuditium et civitatis dedecus. Saper quo fuit inquisitum cum D. Joli, de
Ulmo, presbitero [il était chancelier de l'Officialité], qui... dixit, verum esse
quôd à paucis diebus citra ipse siggiilavit unam actestationem per quam
Dominus Ofiicialis, testimonio nonnullorum... actestatur dictum Baudicho-
niim saeramentum eucharisties non récépissé : quœ testimonialis fuit signata
per Yice-Officialem, nescit ad cujus instantiam expedita... »
1 Jean Lecomte de la Croix (N° 385, n. 7, N° 402, n. 9, N° 404, renvoi
1534 JEAN DE LA CROIX A GEORGES SCHOENI, A BERNE. 179
sont en grand nombre 3, entre lesquelz je me trouvay hier ' fort
opprimé d'injures. Hz plaingnoient aucunes idoles gastées et
vieulx livres inutilles, et souhaidoient plusieurs maulx et mor[t]s
à ceulx qui ce avoient faict et consenty. Je dis que je ne les con-
gnoissoie ne vouloie congnoistre, mais qu'il vauldroit mieulx que
toutes les idoles du monde, dressées contre le commandement de
Dieu, fussent froissées et rompues, que pour icelles quelcun eust
mal.
Ils respondirent qu'elles leur avoient beaucoup cousté. Je dis
que mieulx eust esté emploie cest argent à marier des pauvres
filles qui ont esté gastées par pauvreté. De quoy se sentant cou-
pable ung moyne nommé Hansman 5, me dict que les Lendres G
de note 7. N° 413, n. 3). Les extraits de sou Journal qui se trouvent clans
les manuscrits de Ruchat (Bibl. cantonale à Lausanne) fournissent les dé-
tails suivants sur son ministère pastoral : Le 29 décembre 1532, il avait,
pour la première fois, distribué la Ste Cène selon le rite réformé à 70 per-
sonnes de Grandson, sans compter la jeunesse ; le 9 février 1533, il avait
administré le premier baptême évangélique à Montagny; le 16 mars, béni
à Grandson le mariage de Jean Cohimbier, ex-prêtre de Besançon ; le 31 mars,
prêché à Yvonand ; le 25 mai, béni le mariage de Melchior Laurent, qui
avait été curé près de Montpellier; le 1er juin, donné la Ste Cène à 8 com-
muniants dans le village de Giez ; le 19 octobre, prêché pour la première
fois à St.-Maurice, près de Grandson; le 3 mai 1534, fait « le premier ser-
mon libre » dans le temple d'Échallens.
- Georges Schœni (en latin Formosus), élu banneret de Berne en avril
1534. lierthold Haller l'appréciait en ces termes : « Vir et studiorum et
ministrorum patrouus, non indoctus ètiam. » (Lettre à Bullinger du 18 avril
1534. Mscrit. autogr. Arch. de Zurich. — Voy. aussi Clément. Biblioth.
curieuse, t. II, p. 413-414. — Ruchat, III, 293.)
3 La Réforme rencontrait à Grandson trois classes d'adversaires : les
bourgeois, en majorité catholiques, les autorités locales, qui étaient toutes
dévouées à MM. de Fribourg, et 15 ou 16 moines (cordeliers et bénédic-
tins), qui montraient, il est vrai, dans leur opposition, plus de violence que
d'habileté.
4 Le 14 mai, jour de l'Ascension.
3 Hentzman Pêry, natif de Fribourg (Mém. de Pierrefleur, p. 334),
avait suivi la carrière militaire en Italie, avant de se faire bénédictin. On
lit dans la liste des objets de prix qui échurent à MM. de Fribourg, lors du
« partage des reliquayres de Grandson, » le 26 novembre 1554 : « Mes Sei-
gneurs ont donné à messire Henclieman Péri, moyne du Prioré, ung drap
damas rouge, ouvré à iilz d'or, lequel drap il avoyt par avant aporté de la
guerre de dellà les mon[t]s. > (Carnets du bailliage de Grandson. Arch. vaud.)
c' C'est-à-dire, les Petits Cantons, qu'on appelait en allemand Lanâer et
qui étaient restés catholiques (Voyez le N° 357, fin de la note 9)-
180 JEAN DE LA CROIX A GEORGES SCHOENI, A BERNE. 1534
viendront icy, et qu'il me recommande à eulx, qui sont plus gens
de bien que moy. Desjà au paravant on avoit menasse à Phy le pré-
dicant 7. S'il vouloit nier qu'il ne m'eust menasse des dicts Len-
dres publiquement, réitérant sa parolle, je le prouveray par les
gouverneurs de la ville et par plus de vingt personnes qui y es-
taient, desquelz je prins lesmoignage. Dont, monseigneur, je vous
ay voulu advertir, affin d'en informer monseigneur l'A voie et mes
très-redoubtéz Seigneurs, pour y prouvoir.
Je vous supplie aussy faire remonstrer à Monsieur nostre nouveau
chastelain 8, qu'il ne tienne plus le jeu de paulme au meillieu de ta
ville durant le sermon, comme il feit Dimenche 9. Lequel combien
que je priasse qu'il s'en déportasl jusques à ce que j'eusse presché,
je luy trouvay encore jouant avec les moines ,0, quant j'eux presché,
et par ce faillirent plusieurs au sermon; et cela faisoit contre les
ordonnances des deux Villes ".
Pour la fin, je vous recommande ce porteur, qui a très-bon
cueur à l'Évangille et l'avance de tout son povoir. Je prie le Sei-
gneur Dieu vous donner très-bonne vie et longue. De Granson,
xve de May 1534.
Vostre très-humble et très-obéissant
serviteur, ministre de l'Évangille,
Jehan de la Croix.
(Suscription :) A mon très-honnoré seigneur Monseigneur le
Benderet de Berne Her Choyne, juge du Consistoire, à Berne 12.
7 Melchior Laurent (note 1), pasteur du village de Fiez, près de Grandson.
s Ce fonctionnaire fut remplacé en 1535 par un Bernois nommé Jacob
Tribolet, lorsque MM. de Berne élurent, à leur tour, les officiers de Grand-
son (Voy. le N° 335, n. 1).
9 Le 10 mai.
10 Le nom de moines était spécialement donné à Grandson aux Béné-
dictins du Prieuré de St. -Jean. La spacieuse place qui leur servait de jeu
de paume s'étendait devant le Prieuré et l'église de St. -Jean Baptiste, où
le culte réformé avait lieu alors. Il paraît en effet que, malgré les ordon-
nances du 30 janvier 1532, V église des Cordeliers était depuis quelque temps
fermée aux Évangéliques (Voyez N° 358, renvois de note 5 et 6, N° 370,
n. 4, N° 371, renv. de note 3-4, N° 489, et le Journal de Lecomte au 13
avril 1533).
11 C'est-à-dire, les ordonnances faites par MM. de Berne et de Fribourg
le 30 janvier 1532 (N° 371).
12 Lecomte ignorait que Schœni venait d'être envoyé à Lyon (N° 465,
note 3).
<534 HENRI BULLINGER A OSWALD MYCOMUS, A BALE. 181
henri bullinger à Oswald Myconius, à Bâle.
De Zurich, 18 mai 1534.
Autographe. Archives de Zurich. Fueslinus, op. cit. p. 141.
Sommaire. Bullinger informe Myconius des ouvertures que l'ambassadeur de Fran-
çois I a faites aux théologiens suisses pour rétablir la concorde entre les églises
chrétiennes.
Guilielmus de Lange1, orator Régis Gallorum, frater Lute-
tiani Episcopi, Tigurum venit, in colloquium nos evocavit, atque ibi
multa de sarcienda Ecclesiœ concordia commentatus est, orans, ut
si quod nobis esset consilium indicaremus, item quibus in rébus
aliquid Pontifions concedere et in quibus perstare vellemus. Orare
ergo se, ut Tigurini, Bernâtes, Basilienses, Scaphusii médium ali-
qnod ostenderent scriptis per quod Ecclesia coire posset, et Parliy-
sios mitterent'. Respondimus nos, nam Pellicanus3 mihi aderat,
' Guillaume du Bellay, seigneur de Langey, frère de Jean, évêque de
Paris. Négociateur très-actif et très-habile, il avait rempli pendant les an-
nées précédentes les missions les plus difficiles en Angleterre, à Rome et
■en Allemagne. Bullinger appréciait ainsi, dans sa lettre à Vadian du 21 mai,
l'ambassadeur français et le but probable de ses démarches : « Vir est in-
genii amœnissimi, eloquens, prudens, versutus et doctus, et de quo mihi
optima quœque pollicerer, si non suspicio mihi fuisset oborta, illum vel
aliud Régis nomine intendere quàm ipsa hominis verba instructissima sanè
prse se ferant... Vereor ego totum hoc negotium in hoc subornation esse ab
Jiominibus astutissimis, ut hac arte Germanorum animas régi suo adornent,
quo paratiores promptioresque invcniant, cum Germanorum operâ fuerit
opus, etc. » (Mscrit. orig.Arch. de Zurich.)
2 Guillaume du Bellay avait, dans le même but, formé des relations avec
Bucer à Strasbourg. Il écrivait, le 20 juin 1534, à ce théologien : « Quod
scire vis quo in statu sint res nostrœ, non erit difficile tibi explicare, si quo
erant dum apud vos essem meministi. Adhuc vehementer laboratur. Non est
tamen res inclinata. Omnes enim bene sperare jubent, etiam Rex ipsc, eu-
182 HENRI BULL1NGER A OSWALD MYCOMUS, A BALE. 1534
pluribus ad singula, sed hœc in summa : Nos nullum aliud habere
concordiœ et pacis médium, quàm quod rex pacificus, Cbristus,
Aposlolis commisit, verbum Evangelii et pacis ; id nos prsedicare,
juxta hujus regulam omnia inslituisse, ab eo vel latum unguem
discedere non esse tutum ; amare tamen nos Regem, qui concor-
diam cupiat sarcire, in cujus gratiam, si cœteris quoque videatur
fratribus, libenler nos paralos esse doctrinœ nostrse summam ex-
ponere, et quicquid salvd veritate possemus intirmis dare 4.
Hic monuit nihil esse nobis scribendum priefractius : « In hoc
erimus ; in hoc erravit Romana Ecclesia ; non feremus tyrannidem
Romani Pontificis; Romanus Pontifex Antichristus est, etc.» Exqui-
bus intellexi parum esse spei, nisi plus œquo concederemus. Disces-
simus igitur atque polliciti sumus, nos cœteris fratribus communi-
caturos quse nobis retulisset.
Videbar mihi videre intérim duo doctissimum illum agere homi-
nem : I. Ut Regem nobis commendaret, quô animos nostros magis
haberet sibi propilios et devinctos, ut, si quid ordiretur, minus re-
clamaremus, sperantes per hune fore restituendum Evangelium.
H. Quando Romanus Pontifex videt pêne actum esse de supersti-
tione, quam nullà potest tueri tyrannide, conversus ad clementiam
simulatam, iniquum (quod se attinet) offert, ut sequum, id est opla-
tum, auferat. Gœtera ex lileris Vadiani, quas remitlas oro... xvm
Maii 1534.
Tuus ille H. B.
jus animus erga meliores literas in dies magis ac magis augetur. Una tamen
in re vehementer à Germants abhorret. Id quid sit, ex superioribus meis
literis satis iatelligîs. » (Mscrit. orig. Arcb. du séminaire prot. de Stras-
bourg. Copie dans la Coll. Simler.)
3 Conrad Pellican, professeur d'bébreu à Zuricb (N° G2, n. 4, N" 176,
n. 17).
4 Bullinger resta fidèle à ce principe en rédigeant le mémoire que G.
du Bellay lui fit demander par son agent Ulric Cbelius (Voy. Nn 478, n. 7).
Ce mémoire, daté du 17 janvier 1535, renferme les passages suivants:
« Concordiam ego, mi Cheli, nullam constare posse video, quae non sit ex
purissimis Scripturœ fontibus petita, et ad exemplum Apostolicum primi-
tivseque Ecclesiœ sinceritatem deformata ... Quicquid euim pra?ter Scrip-
tur?e autoritatem statuitur firmum esse non potest ... Nos, qui Christum in
Helvetiis prœdicamus, nihil quàm gloriam Christi, Ecclesias salutem et
Reipublicre felicitatem queerimus. Quicquid, istis salvis, cura veritate in
concordia sancta statui potest, mutuam pollicemur operam... » (Minute au-
togr. Coll. Hottinger, t. X, p. 8. Bibl. de la ville de Zuricb.)
1534 [OSWALD MYCONIUS A JOACHIM VADIAN, A ST.-GALLJ. 183
469
[oswald myconius à Joachim Vadian ', à St.-Gall.]
(De Baie, vers la fia de mai) 1534.
Inédite. Manuscrit original. Arch. Je Zurich.
Sommaire. Révélations de Guillaume du Bellay sur son entretien avec le pape Clément
VII, à Marseille, et sur la conférence du pape avec François I. Clément VII a de-
mandé au Roi s'il ne fournirait pas des troupes pour la destruction des Zwhujliens
et des Luthériens; mais le Roi s'y est absolument refusé, et il n'a promis sa co-
opération que pour le cas où un Concile aurait déterminé la véritable foi chrétienne.
Cette réponse doit être attribuée à l'alliance de François I avec les Protestants d'Al-
lemagne.
S. Orator Me Gallicus 2, quo de ante ad te scripsi, homo est exi-
miê doctus, fautor puritatis Christianismi, sed qui tamen modera-
tione aliqud restaurari veterem et dignam apostolicd gravitate pro-
fessionem religionis cuperet. Nain curari « morbum tôt seculis in-
vectum orbi, et qui corpus Ecclesiae, velut lepra qusedam, ut aiebat,
occupavit, » nonnisi lente et cum moderatione, appositis malag-
matis, posse existimabat.
Locutum sese cum ipso Pontifice aiebat Massiliœ 3 (fuit enim con-
tinuo biennio orator et legatus, sui régis nomine, in Ponlificis aula,
ut plané mores Romanenses ad unguem didicerit) ac multa de Con-
cilio, Concordid Ecclesiasticd, deque abrogandis quibusdam quœ pa-
rum circumspectè longus abusas investit. Papam aiebat fateri in
Missd esse quod displiceat; ideô commode eam haud abrogari
quidem, sed limari et accommodam veteri usui,adeôque meliorem
1 Les auteurs de la collection Simler supposent que la présente lettre fut
adressée à Bullinger. Nous croyons, au contraire, qu'elle était destinée à
Vadian, parce qu'il y est question d'un ouvrage qu'on ne peut attribuer
qu'à lui (Voyez la note 10).
2 Guillaume du Bellay (Voyez N° 468, n. 1).
3 Cet entretien eut lieu au mois d'octobre ou de novembre 1533.
184 [OSWALD MYCONIUS A JOACH1M VADIAN, A ST.-GALL]. 1534
reddi posse, dixisse. Ego quœrebam, num de privatd missd cum
Papd egerit, quam constet nihil aliud esse quàm fœdum et ad lu-
crum institutum abusum Dominiez Cœnœ ? — Aiebat, in génère
de Missa disputatum esse, neque hoc animo Pontificem videri qui
sit abrogationem admissurus, sed ut. alio ritu peragatur permis-
surus. Miser enim videt quantum huic debeat, cui et opus et. reg-
num acceptum refert ; sed quia non habet quo defendat confessuin
errorem, fuco intérim pergit vulpinari, ut. dalurus quaedam videa-
tur, quaedam non permissurus, quasi verô ex ejus nutu, ac non
potiùs Scripturarum et fîdei praescripto, de illa abominatione cen-
sendum sit. De Concilio adeô se difficilem prœbuit, ut, nisi in Italid
suisque aut Cœsaris urbium aliquâ celebrandum recipiatur, nullo
pacto consensurus sit. Qua re nimirum, quid de se suisque parti-
bus sibi pollicealur, si ad lucem illam doctrinae apostolicae sit pro-
deundum, et eà arbitrante definiendum, palam indicavil. Lucifuga
enim est, pessimè conscius sibi.
Sed audi mirum. Regem* primo statim congressu adortus. delibe-
randum proposuit: num paratis viribus, conscribendo milite, pa-
randa expeditione, Cœsare et selectis piisque Germnniœ principibus
adjuvantibus, Zuingliani Luther anique opprimendi reniant, quô,
exempli atrocitate territi, reliqui ad obedientiam Romance Ecclesiœ
f estaient, et rétine rireligio vera vetusque possit? Nec obscure signi-
ficavit, ad hoc se mullorum auxiliis accinclum, modo Gallus suam
operam non detrectarit.
Ibi à Gallo responsum est : « Non videri sibi è re pietatis aut con-
« cordiœ religionis futurum ut, — quoniam è nata nuper dissen-
« sione articulorum aliquot, locorumque Scripturee, et Zuingliani
« et Lutherani Scripturam appellent, et clamilent nihil se magis
« cupere quàm ut Scripturà judice summa lilis decidatur, — ab hoc
« medio (sic aiebat ille) ad arma, aut vim ullam capessendam, de-
« clinare[tuf\. Hac enim re suspecta, dixit Rex, eorum Religio fieret
« qui non Scripturis, sed armis, suam fidem tueri pergerent. Ea de
« re optimum factum sibi videri ut. Papa, libero neque ulla suspi-
« cione odibili Concilio, primùm quod nostrœ fidei et catholicae
« Ecclesia3 consonum sit, optimorum et doctissimorum consensu
« excutiat et décernât. Ubi id factum sit et plané jam constet quid
« ceu pium et consonum Ecclesiœ, in tantis dissensionum jurgiis,
o Synodus légitimé congregata receperit, tum demùm paratum se
4 C'est-à-dire François I.
1534 [OSWALD MYCONIUS A JOACHIM VADIAN, A ST.-GALL]. 185
« fore ad tuendum quod hoc modo receptum decretumque exti-
« terit, sed et ad coëreendum rebelles pari studio sese nullis sump-
« tibus parsurum. »
Id Papa responsum haud lubens accepit, et aliquorum sugges-
tione ita actum negotium est, ut de Rege persuadendo irritandoque
mullùm ille spei, quanquam frustra, conceperit. Sed immobilis Me
perstitit : quod que causa et quorum adhibitis consiliis factum sit,
jam primùm liquet, quum Gûllum videmus Hesso 5 et Saxoni B tan-
topere fœderatum' , pneterea, sic attemperatum negotium, ut con-
scias etiam Urbes 8 [illorum] qui sunt à Christo rerum omnium esse,
nec abhorrere à Galli conatibus, verisimile pulem. Tantum abest,
ut quisquam admodùm timeatin nos conspiratum, aut contra reli-
gionem nostram illos banc telam esse orsos. Quanquam nemo, in
re tantà, quid liquide» animis Principum insideat potest deprehen-
dere, certum tamen nibil Papœ molestius esse quàm quod timet :
«
de gradu sese repente iri prœcipitatum, si ulli Synodo libertas fiât
ex vero decernendi. Novit enim quibus artibus res suce creverint,
nec habet pauper quo sese defendat, si armis et factionibus caupo-
nari infelix aliquod bellum non liceat.
Hœc habui quœ ex maximi illius viri propemodum ove concepta
ad le scriberem. Quibus Massiliensem illum triumphum 9 conjunxi,
quo te vel occupatissimum oblectarem etiam spectro cathedra Pé-
tri digno. 0 tempora, ô mores î Sed habe persuasion tibi, Papœ
apud Massiliam egreyia data verba esse, neque ulli seni magis ullà
5 Philippe, landgrave de Hesse.
6 L'électeur de Saxe, Jean-Frédéric.
7 C'est sans doute une allusion aux événements qui venaient de se passer
dans le midi de l'Allemagne. En vertu du traité conclu le 27 janvier 1534
entre PhiUppe, 4andgrave de Hesse, et François I (N° 451, n. G), celui-ci
avait acheté d'Ulric de Wurtemberg (N° 109, n. 6) le comté de Moutbé-
liard ; puis, avec l'argent de cette vente, le landgrave avait levé des troupes,
battu (13 mai) à Laufen, près du Neckar, l'armée du roi Ferdinand, frère
de l'Empereur, et reconquis le duché de Wurtemberg, que la Ligue de
Souabe avait enlevé à Ulric (1519) et cédé à Ferdinand. (Voyez lettre de
Myconius à Bullinger du 20 avril 1534. Fueslinus, op. cit. p. 134 — 136.
— Sleidan, livre IX. —Gaillard, op. cit. 1819, II, 422— 429. — L. Ranke,
op. cit. 111,463—481.)
8 Les villes impériales de l'Allemagne, dont la plupart avaient déjà em-
brassé la Réforme.
9 C'était sans doute un opuscule qui racontait les magnificences de l'entre-
vue de Clément Vil et de François I à Marseille.
186 BERTHOLD HALLER A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 1534
in fabula illusura. Vale, et, si lubet, amicis istheec concredito, sed
fidis ; omnia enim coricaeis plena.
Epitomen perducam ad finem brevi, favente Domino I0. Anno
1534.
470
berthold haller à Henri Bullinger, à Zurich.
(De Berne) G juin (1534).
Autographe. Arch. de Zurich. Copie dans la Coll. Simler.
Sommaire. Un prêtre de Genève [Louis Bernard] vient d'embrasser la Réforme.
Gebennis, hac penlecoste [24 Maii], cum innumeri ccenam
peragerent Dominicam, accessit palam sacrificulus quidam, et ha-
bitu chorali et almutio indutus, qui quàm primùm ad mensam per-
venil, omnia in terram projecit, veterem hominem exuens coram
ecclesiâ, et se in Evangelio Domini captivum exhibens, ut in mira-
culum cunctis cessent. Nulla alioqui apud nos sunt nova.... (Bernœ)
VI Junii, hora ix pomeridiana (1534).
Tuum minimum numisma
B. H.
10 Cet'e dernière phrase, écrite de la main de Myconius, révèle l'auteur
de la lettre. V «Epitome» dont il parle ne peut se rapporter qu'à l'ouvrage
suivant de Vadian : « Epitome triura terrae partium, Asiœ, Africœ et Eu-
ropae, corapendiariam locorura descriptionem continens, prœcipue quidem
quorum in Actis Lucas, passim autem Evangelistœ et apostoli meminere.
A'Ijectus est in fronte libri Elenchus regionum, urbium, anmium, insularum,
quorum in Novo Testamento fit mentio. Tiguri, 1534, » in-folio. (Bibliotheca
Universalis, authore Conrado Gesnero, 1545, f. 378 b.) BulliDger terminait
ainsi la lettre qu'il écrivait le 24 avril 1534 à son ami Vadian : « Vale et in
Epitome perge. » (Mscrit. orig. Arch. de Zurich.) L'impression de cet ou-
vi âge n'avait pu être terminée pour la foire de septembre 1533. (Voy. la dé-
dicace du Commentaire de Bullinger sur les Actes des Apôtres, publié en
août 1533.)
1534 LE CONSEIL DE BERNE A FAREL. 187
471
le conseil de berne à Farel et aux ministres de
Grandson'.
De Berne, 13 juin 1534.
Inédite. Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. Nous avons été informés que, dans une récente congrégation à Neuchâtel,
les frères ont élu Jean Martel comme pasteur de quelques églises du bailliage de
Grandson. Jean Lecomte nous a, de son côté, proposé pour cet office Jacques Leroy;
mais nous estimons que les quatre pasteurs actuels suffisent. Ne vous permettez pas
d'en élire davantage, car c'est à nous que ce droit appartient. Si quelques églises de
ce pays-là renoncent à la messe, nous ne refuserons pas cependant de leur donner
des ministres.
Consul Senatusque Bernensis Guilelmo Farello salutem ! Ex li-
teris Johannis Comitis, Christum Grand iso?ii yvoixteniis, etillisquas
Secretario nostro 2 missiculasti, intelleximus, fralres qui nuper Neo-
comi fuerunt 3 Johannem Martellum in ministerium aliquot eccle-
siarum Grandisonen[sium] ordinasse; praeterea, à ministro eccle-
sia3 Grandisonensis, Johanne Comité prsefato, Jacobum Regitim,
praesentium latorem, ad id muneris designatum iri desideratum 4,
1 Le vendredi 29 mai 1534 Farel assistait, avec Jean Lecomte, à une
« générale congrégation » qui se tint à Neuchâtel (Journal de Lecomte. —
Ruchat, III, 298). Farel faisait sans cloute allusion à cette assemblée, quand
il disait: « In primo cœtu qui hîc habitas fuit omnium fratrum Linguœ
Gallicœ, ubi aderat Caspar Megander, tune pastor Bernensis, et Consul
Muratensis Johannes Rudolphus Erlacensis (non euim datum erat tune
Prœfecto [scil. Ncocomensi] j)rofiteri Evangelium, ut nunc testatur), . . . ab
omnibus conclusum fuit tam de admittendis in ministerium, quàm de mu-
tandis ...» (Lettre datée de Neuchâtel le 25 février 1546.)
3 Pierre Giron, ancien élève de Farel (N° 192, n. 1).
3 Le 29 mai (Voyez la note 1).
4 Nous ignorons quelle était la pa'rie de Jacques Begis ou Leroy. Jean
Martel était natif d'Orléans (Voyez la note 6).
188 LE CONSEIL DE BERNE A FAREL. 1K34
illique proventus monachis Franciscanis elargitos adtribuendos 5 :
quod nobis nec conveniens nec necessarium esse videtur. Ob id,
nec prœdictum Johannem Martellum, nec Jacobum Regium, nostris
sumptibus nec Franciscanorum proventibus sustentare delibera-
vimus ; sed quattuor illos désignâtes divini Verbi ministros Grandi-
soni sat esse, hac tempestate, arbitraimir 6.
Quocirca, vos alios ultra numerum prœdictum ordinare ne prœ-
sumatis, nam id nostrœ estautoritalis, — id tamen non deneganles,
si aliquot parrocbice in jurisdictione Grandisonensi missam, etc.,
amandent, ministros illis ordinaturos 7. Yalete. Datum xra Junii
M. D. XXXIIII.
(Inscriptio :) Guilelmo Farello ciEterisque fratiïbus Christum
Grandisoni profitentibus 8.
5 MM. de Berne avaient décidé que l'an des quatre pasteurs élus en
juillet 1532 (N° 385) recevrait son traitement des Bénédictins de Grandson.
(Lettre de Berne du 2 décembre 1532 au bailli de Grandson. Arcb. de Fri-
bourg. — Manuel de Berne du 19 février 1533.) C'est sans doute pour cela
que Jean Lecomte demandait que la pension du cinquième pasteur à établir
fût prise sur les revenus de l'autre couvent de Grandson, celui des Fran-
ciscains.
6 Jean Martel se retira à Génère, où il fut élu recteur des écoles. On lit,
en effet, dans le Reg. du Conseil de Genève : « Décima Jullii 1534. Quidam
magister scolarum se presentavit in rectorem scolarum hujus civitatis. Eo
audito, fuit resolutum quod egregius Porralis illum examinet, de eo se iu-
formet et refferat. » — « 14 Jullii... Dictus magister scholarum, nomine
Johannes Martellus, Aurelianus, fuit in rectorem scholarum . . . admissus.. .
cum pacto quod nullibi extra magnam scholam . . ..in qua sibi locus dabitur,
habebitur schola neque pedagogus ; immô omnes pedagogi civitatis scholares
suos ad dictum magnum ginnasium [1. gymnasium] conducent. » La pro-
fession de maître d'école qu'exerçait Jean Martel et la facilité avec laquelle
il fut admis à Genève ne permettent-elles pas de reconnaître en lui le per-
sonnage dont Le Coq disait, le 9 décembre 1532 : « Joannem optarim diu-
tius apud me perstare . . . nara admodum diligens est in instituendis parvit-
lis ...» (N" 399) ?
7 De nouvelles nominations furent bientôt nécessaires, la plupart des
quatre anciens pasteurs ayant trois paroisses à desservir (N° 385). Le 5 sep-
tembre 1534, Lecomte obtint de MM. de Berne un ministre pour St.-Mau-
rice et Champagne, et, le 29 novembre 1535, il en demanda un pour la pa-
roisse de Gies (Journal de Lecomte).
s Les pasteurs du bailliage de Grandson étaient alors : J. Lecomte, Jean
Columbier (Voyez le Manuel de Berne du 7 mai 1533), Melchior Laurent,
et Pierre Masuyer, qui exerçait encore le saint ministère à Concise le 23
août 1534.
1534 PHILIPPE MÉLANCHTHON A MARGUERITE DE NAVARRE. 189
472
Philippe mélanchthon à Marguerite de Navarre.
(De Wittemberg) 13 juin 1534.
Melanthonis Opéra. Édition Bretschneider, t. II, col. 732.
Sommaire. Mélanchthon recommande à la Reine Claude Baduel de Nîmes, qui étudie
à Wittemberg. Ce jeune homme est très-bien doué et il a déjà fait des progrès re-
marquables ; mais il se plaint de ce que la pauvreté va prochainement le contrain-
dre à certains travaux qu'il a en horreur. Aussi a-t-il placé son espoir dans la libé-
ralité d'une reine que tous les étudiants français vénèrent comme leur protectrice.
Regïnae Navarrae.
S. D. Elsi videor impudenter facere quôd, homo infimae sortis
et ignoîus, Celsitudini Tuœ quendam ausim commendare, tamen
fama tuse eximite pietatis, quas totum terrarum orbem pervagata
est, facit, ut hoc officium homini bono ac docto petenli duxerim
non esse denegandimi. Non enim.dubitabam quin Celsiludo Tua,
tanta pradita pietate, meum hoc officium boni consultura esset,
cum Christian» cbarilati, preesertim in isto summo loco, nibil ma-
gis conveniat quàm adfici studiosorum miseriis, eosque respicere
ac sublevare, praeserlim cum recta studia non possint sine sum-
moruin ordinum ope ac liberalitate conservari.
Exposuit autem mihi hic juvenis Claudius Baduellus, Narbonen-
sis, e Nemmtso, cum universum cursum suorum studiorum, tum
iniquilatem fortunaî, qua, nisi Celsitudo Tua opem ei tulerit, ab
optimis artibus ad alias quasdam opéras, à quibus et naturâ et vo-
luntale abborret, abstralii se queritur '. Etenim cuinunice cupiat
eloquenliae et sacraram lilerarum studia, in qua3 quadam cum spe
1 Claude Baduel, né à Nîmes vers l'an 1505, étudiait à l'université de
Louvain en 1524 (C. Schmidt. Vie de J. Sturm, page G). L'histoire de sa
jeunesse est très-peu connue.
190 PHILIPPE MÉLANCHTHON A MARGUERITE DE NAVARRE. 1534
ingressus est, absolvere, pauperlas ei quasi manus injicit, eumque
a pulcberrimo inslituto avocat. Sed priùs experiri omnia decrevit
quàm hœc studia abjiciat. Existimat autem studiosis universis Gal-
lici nominis in Tua Celsitudine, velut in quodam numme.plurimum
esse spei repositum. Ideo ad Tuam Celsitudinem confugere decre-
vit, et orat ut sua studia liberalitate tua juventur 2. Habet Tua Gel-
situdo quid petat. Nec verô existimo pluribus verbis in hac tanta
tua pietate opus esse, nec me decet garrulitas. Hoc tantùm adscri-
bendum duxi, boc ingenium videri mihi inprimis dignum quod
foveatur, non solùm quia virtulis studia tam veberaenter amat, sed
etiam quia jam tantos fecit progressus, ut sit indignum eum quasi
novi operis nunciatione ab hoc instituto abduci. In oratione ejus
Latina non solùm mundities est, et elegantia singularis, sed etiam
quaedam non insuavis copia 3. Et mores sunt modestissimi.
Haec autem fuerit eleemosvna verè regia ad Christianai Ecclesiœ
utilitatem talia ingénia fovere atque alere. Sanctissimus propheta
Esaias, laudans boc genus eleemosynarum, inquil reginas futuras.
nutrices studiosorum Evangelii *. In quo numéro te jamdudum per
totum orbem terrarum Ecclesia collocat, et recensebit adposteros
universa Ecclesia. Etenim cum caeteras virlutes vera ecclesia summo
semper studio colit, tum prœcipuè gratitudinem.
Postremo peto ut has meas literas boni consulat Celsiludo Tua,
ac me quoque inter studiosos bonarum artium commendatum ha-
beat. Bene ac fœliciter valeat Celsitudo Tua. Anno Christi 1534.
Idibus Junii.
- La reine de Navarre fournit àl'étudiant de Nîmes les secours qu'il solli-
citait de sa bonté. Elle écrivait de Compiègne aux consuls de Nîmes, le S
octobre (1539): « Messieurs, j'ay entendu par maistre Claude Baduel
comme vous luy avez escript et prié qu'il allast par de là, pour vous aider
à faire l'institucion d'un colége en vostre ville ... Il s'en va maintenant
devers vous pour cest effect. Et, pour ce que je Vay entretenu aux estudes,
je vous prie de l'avoir pour recommandé ...» ( Mscrit. orig. Arch. de
la mairie de Nîmes. )
Marguerite fit plus. Elle attacha Baduel à sa maison dès le mois d'août
1534. C'est ce que nous apprend la note suivante écrite par Guillaume Budé
en tête d'un volume de notes philologiques : « Claudius Baduellus, Nemau-
sensis, invisit me die 22° Augusti 153 1, veniens Vitembergâ et à [Ludwico]
Vice: domesticus futurus reyince Navarrœ. » (Communication de M. Eugène
de Budé.)
" Il suffit de lire quelques pages au hasard dans les ouvrages de Baduel,
pour s'assurer qu'il méritait entièrement cet éloge.
4 Ésaïe, chap. XLIX, v. 23.
1534 l'ÉVEQUE DE GENÈVE AUX OFFICIAUX DE LYON. 191
473
l'éyêque de gexëye aux Officiaux de Lyon.
De Chambéry, 13 juillet 1534.
Copie contempor. Procès de Baudichon. Arch. de Berne. J. Gabe-
rel. Hist. de l'Église de Genève, 1838, 1. 1, pièces justif. p. 57.
SOMMAIRE. L'évoque de Genève fournit aux Ofliciaux de Lyon des renseignements sur
Baudichon, et il les prie de punir « tels méchants hérétiques, » suivant le bon plai-
sir du Roi.
Messieurs, je suis informé qu'avez en voz prisons ung mien
subgect nommé Baudichon de la maison neufve, détenu pour la
secte et hérésie luthérienne l, de laquelle desjà aultresfois se sen-
tant entaché m'en demanda marcis et pardon, promectant jamais
n'y retourner, ains en faire pénitence; sur quoy, cum nemini gre-
mium Ecclesia claudat. je fus content luy pardonner, en le com-
minant [c-à-d. menaçant], in casum resummationis, d'estre bruslé 2.
1 Depuis la démarche qu'ils avaient faite auprès du Roi, le 6 juin (X°465,
n. 6), MM. de Berne lui avaient envoyé, le 26 du même mois, une nouvelle
ambassade, qui était munie de lettres de recommandation pour le grand-
maitre de France, l'Amiral et la reine de Navarre. De son côté, Baudichon
avait remis, le 1er juillet, à ses juges une déclaration dans laquelle il se
plaignait de ce que, malgré les ordres du Roi, il était détenu, «à la requête
de certains ses envyeux et malveillans, » et recherché pour des actes com-
mis hors du Royaume. R terminait en demandant «briefve et prompte jus-
tice, » suivie de libération ; faute de quoi, il en appellerait au Roi et inten-
terait à ses juges un procès en dommages et intérêts. (Weltsche Missiven-
Buch, et Procès de Baudichon. Arch. de Berne.) On trouve de plus amples
détails dans l'Hist. de la Réf. au temps de Calvin par M. Merle d'Aubigné,
t. IV, p. 381-391, 405-424.
"; Depuis dix ans, et peut-être davantage, il n'y avait eu à Genève aucune
condamnation à mort pour cause de religion. Nous sommes du moins au-
torisé à croire que les trois femmes « hérétiques » qui y furent décapitées,
1 92 l'ÉVÈQUE DE GENÈVE AUX OFFICIAUX DE LYON. 1 534
Si d'aventure n'avez deslibéré en faire justice, par la présente
vous prieray le me vouloir remectre comme à son supérieur et
juge ordinaire, pour en faire justice selon le debvoir, au conten-
tement de Dieu et du monde et entretènement de nostre saincte
foy. Et, à celle fin qu'aiez meilleur matière de procéder contre
luy, [je] vous envoyé le beau père gardien du couvent de Sainct-
François de ceste ville3, avec ung des religieulx du couvent de
Genesve, informez de sa vie, pour les luy confronter, ensemble
aultres dépositions faisans à la matière 4. Et, de mon costé, je
vous advise, en foy de prélat, que c'est celluy qui est promoteur de
la dicte secte dedans la ville du dict Genesve, et le premier qui y a
amené les prescheurs luthériens et logez en sa maison 5.
Par quoy, je vous prie avoir nostre foy pour recommandée en
punissant telz meschantz hérétiques e, ensuivant le bon plaisir du
Roy, qui s'est monstre à ce bien fort affectionné par les lectres
royaulx qui en ont esté octroyées et publiées 7, avec ce que ferez
Fane en 1527, les deux autres en 1533, étaient accusées de sorcellerie
(Voyez le Registre du Conseil de Genève, 13 mai 1527 et 6 septembre 1533).
Telle fut la cause unique du supplice de plusieurs malheureux, que l'on con-
damna vers la même époque, dans le Pays de Vaud, à être brûlés vifs comme
« hérétiques. » L'exemple le plus frappant à citer est celui d'un paysan de
Démoret, près de Moudon, qui fut saisi à Yverdon le 28 mai 1534 et em-
prisonné « pour crime d'hérésie. » Ayant confessé qu'il s'était laissé con-
duire « à la secte, » et qu'il avait jeté des sorts, il fut jugé à Grandson, le
10 juin suivant, « condamné au feu, selon le droit impérial et coutume du
pays, et adjugé corps et biens à MM. de Berne. » (Sentence du tribunal de
Grandson. Arch. de Berne. Voyez aussi Pierrefleur, op. cit. p. 123. — Do-
cumens relatifs à l'hist. du Pays de Vaud. Genève, 1817, p. 184-188.)
3 C'était le Père François Coutelier, qui avait prêché à Genève pendant
le dernier carême. Il fit sa déposition devant les officiaux de Lyon le
17 juillet.
4 Comparez ce passage avec la note 4 du N° 466.
5 II nous semble que P. de la Baume fait allusion à l'arrivée de Farel,
Froment et Viret à Genève, vers la fin de l'année 1533 (N° 442, n. 1-2),
plutôt qu'à la première venue de Farel et de Saunier en 1532 (Voyez Fro-
ment, op. cit. p. 3).
6 La présente lettre parvint à sa destination le 17 juillet. Le lendemain
le procureur fiscal prononça son réquisitoire contre Baudiclion, qui fut par
sentence du 28 juillet, « déclaré hérétique et remis au bras séculier » (Pro-
cès de Baudichon, p. 345, 350, 429).
7 Est-il question d'une lettre de François I qui aurait été adressée au
parlement de Grenoble en décembre 1533, c'est-à-dire, à la même époque
où le Roi signalait au parlement de Paris les progrès de l'hérésie luthé-
rienne (N° 440) ?
1534 BERTHOLD HALLER A JOACHIM VADIAN, A ST.-GALL. 193
œuvre de grant mérite envers Dieu. Auquel, après me estre re-
commandé à vous de très-bon cueur, je prie vous donner, Mes-
sieurs, ce que desirez. De Chambéry 8, le tréziesme de juillet xv°
XXXI1II.
Le tout vostre frère et amys
L'Évesque et Prince de Genesve.
(Siiscription :) A Messieurs les officiaulx de la primace et ordi-
naire de l'Arcevesché de Lyon, mes bons frères et amys.
474
berthold haller à Joachim Vadian, à St.-Gall.
(De Berne) 9 août 1534.
Inédite. Autographe. Bibliothèque de la ville de St.-Gall.
Sommaire. Grâce à la ferme attitude des catholiques et des réformés genevois, les
troupes de l'évêque Pierre de la Baume n'ont pas réussi à s'emparer de Genève; mais
nous devons nous attendre à voir bientôt Berne entraînée dans cette guerre.
.... Episcopus Gebennensis, cum suis (ut fertur) cognatis, aut
potius stipendariis, urbem Gebennensem, per contionem Evangelii,
cum occupare et in templo forte (?) trucidare pios tentasset \ pro-
didit Deus hanc suam proditionem, ut uno concursu omnes in urbe,
s Le 23 juin , le Conseil de Genève avait appris que Pierre de la
Baume venait d'arriver à Chambéry, où se trouvait le duc de Savoie. Les
résultats de cette entrevue ne tardèrent pas à se manifester. Le 24 juillet,
le Conseil de Genève était déjà informé des menaces qu'on entendait de
toutes parts contre la ville. Le 27, deux partisans du Duc, abordant un
évangélique nommé Antoine Barbey, lui disaient « qu'il soy dépêtrasse de
plus suyvre ceulx que l'on appelle Luthériens ; car dedans peu de temps,
il[s] hariont bien de l'affaire, et que l'on verroit bientost de grosses
choses. » (Déposition de Darbey, du 27 août 1534. Arch. de Genève.) Voyez
le N° 474, n. 1-2.
1 D'après la lettre de Haller à, Bullinger du 21 août suivant, PÉvêque
aurait eu le dessein de surprendre la ville de Genève pendant une prédi-
cation de Farci.
t. m. 13
194 MORELET DU MUSEAU A NICOLAS BÉRAULD. 1534
eujuscunque religionis, portas occluderent, et quod Episcopus cœ-
perat anteverlerent 2. Ferunt hune multis copiis. integroque exer-
citu paralo, hoc attentasse; sed Dominus custodiendo custodivit
civitalem. Hic nobis hélium parari augurantur omnes. Cnpil Dux,
juxta sentenliam Patemiaci latara, widunatum suum possidere3,
sic et Episcopus suo jure nititur gaudere, cui. ut audio, cum non
niliii negalum sit quôd et antea prodere et trucidare conatus sit
pios 4, vi invadere conatur quod jure prsetenso non potest. Sic
sumus undique tentationibus circumdati Vale, 9. Augusti,
Anno 34.
Tuus Bercht. Hallerus.
475
morelet du museau ' à Nicolas Bérauld 3.
DeBâle, 9 août (1534).
Inédite. Autographe. Bibl. de Berne. Vol. E. 141. epa 121*.
Sommaire. Un jour que Simon Grynœus dînait chez moi, et qu'il témoignait autant de
sympathie pour votre personne que d'admiration pour vos écrits, il m'a demandé
quels sont vos sentiments à l'égard de la religion et des Suintes Lettres? Sur ma
2 Le jeudi soir 30 juillet, les troupes du duc de Savoie et de Pierre de la
Baume s'étaient avancées jusqu'à une lieue de Génère. Les chefs de cette
petite armée comptaient sur la trahison de quelques Genevois, pour se faire
ouvrir, pendant la nuit même, les portes de la ville ; mais ce complot échoua.
Ils durent se contenter d'occuper les environs et de piller les maisons
foraines. (Voyez le Reg. du Conseil au 24, 28, 31 juillet. — Jeanne de
Jussie, p. 97, 253. — Froment, op. cit. p. 123-125, xcvi-xcix, ccv. —
Rachat, III, 324-32S. — Spon. Hist. de Genève, 1730, t. I, p. 24G. -
Gaberel, op. cit. I, pièces justif. p. 62-05.)
5 Les arbitres réunis à Payer ne en décembre 1530 avaient décidé, que
le duc de Savoie pourrait installer de nouveau son vidomne à Genève, s'il
s'engageait d'abord par écrit à respecter les franchises de cette ville. Le
duc s'y refusa.
4 Voyez le N° 453, renvoi de note 3.
1 Morelet du Museau, seigneur de Marcheferrière et ancien gentilhomme
1534 MORELET DU MUSEAU A NICOLAS BKRAULD. 19o
réponse, il a exprimé le vif désir de vous écrire et de réclamer voire amitié. J'es-
père que vous ne repousserez pas la demande d'un homme si éminent et qui m'est
si cher. J'ai commencé avec lui l'étude du grec, que mon père, mal conseillé par
d'ignorants flatteurs, m'avait forcé d'abandonner lorsque j'étais auprès de vous,
et pour laquelle je vous prie de me recommander à Grynozus. Veuillez nous faire
savoir s'il est vrai que Thomas Morus ait subi le dernier supplice, par ordre du
roi d'Angleterre. Il faut qu'il l'ait mérité, car je me refuse à croire que ce prince,
qui ordonne de prêcher l'Évangile dans ses États et de démasquer l'Antéchrist, ait
pu tyranniser des hommes savants. Je ne vous dis rien de mon départ de France,
puisque vous en connaissez le motif.
Qtmm in aedibus meis, ad cœnam vocatus, vir doctissimus nec
non linguarum peritissimus Simon Grinœus s adesset, cœpissetque
agitari sermo de piis ac erudilis viris, in familiari amicorum collo-
quio et confabulatione, te (cui tôt nominibus debeo) silentio prse-
terire nullo modo esse mei officii duxi, ut qui primas, omnium ore
et communi consensu, apud Gallos quantum ad eruditionem et elo-
quentiam atlinet obtineas. In quo cognovi illum mirum in modum
erga te affectum. ac unicè tuo nomini et tais studiis favere, quœ
magno in precio apud illum sunt. Unuiti tantàm à me audire cu-
piebat (nam ei satis est cognita tua tum doctrina, tum eruditio),
quid de relligione sentires, ac tuum, erga Sacras Literas et christia-
nam philosophiam animum 4 ? Ut autem tuae fidei sinceritatem, pie-
de la chambre, à la cour de François I. Il avait depuis longtemps embrassé
la Réforme (Voy. la lettre du 31 juillet 1524, X° 108), et ce furent sans
doute les persécutions religieuses qui le contraignirent (en janvier 1534?)
de quitter Paris pour se réfugier à Bâle (Voy. les Nos 445 et 476).
2 Voyez le N° 14, n. 1. Nous avons laissé Bérauldk Paris au commence-
ment de l'année 1526 (X° 173, renv. de n. 19), et nous l'avons retrouvé en
1531 à Chastillon-siir-Loing, où il faisait l'éducation des fils de Louise de
Montmorency, veuve du maréchal de Chastillon. (Voy. N° 362, n. 4. — Vie
de Gaspard de Coligny. Cologne, 1086, p. 8-11.) L'un de ses élèves, Odet
de Chastillon, ayant été créé cardinal à l'âge de seize ans (7 novembre 1533),
Béraidd fit partie de sa maison pendant quelques années, quoiqu'il fût peu
satisfait de cette position. Il écrivait d'Orléans, le 13 octobre (1534), à l'é-
vêque de Tarbes. Antoine de Castelnau : « Non ignoras mihi nunc tandem
ad senectam esse parandum viaticum. A patrono meo, qnamdiu alieno vivet
arbitrio, nihil ausim omnino mihi polliceri. Quod si ejus ingenium novi, tam
aberit olim a prodigo quàm ipse ab avaro semper abfui ac sordido. »
(Autogr. Bibl. de Beiiie. Vol. E. 141, epa 117a.)
3 Voyez sur Simon Grynœus le N° 460, n. 1.
4 La réponse que Morelct fit à cette question nous est révélée par ces
passages de la lettre de Grynmns à Bérauld : « Pidalcm tuam , Beralde
196 MORELET DU MUSEAU A NICOLAS BÉRAULD. 1534-
talem, morum integritatem ac vitae sanctimoniam ex me intellexit,
cœpit ardere illius animas ad te scribendi desiderio, ad quod quàm
potui diligentissîmè hortatus sum : in quo, ut est tui doctorumque
omnium studiosissimus, ita se facilem mihi praebuit, neque disces-
sit quin, data dexterà, ut Germanorum mos est, promisent ad te
scripturum, si quando fîdelis tabellarii facultas et copia esset.
Itaque, quum certior essem factus hune qui bas reddet, virum
probum ac pium. in Gallium proficisci, admonui Grinœum, ut me-
mor polliciti redimeret (idem, quod non denegavit, cupiens tecum
jungi flrmissimae amicitiae vinculo, idque sperat facile ex te impe-
traturum. Qua3 ne spes eum fallat etiam atque etiam te rogo, ne-
que spernas tanli viri ac magni apud literatos omneis nominis. mihi
charissimi ac tui amantissimi, inviolabilem amicitiam, sed constan-
ter tueare et serves, ac tuis literis ratam et acceptam primo quoque
tempore confirmes, id quod non dubito quin sis facturas5. Cui
quantum debeam dici non potest: illius ulor operà ad discendas
literas grœcas et jam devoravi rudimenta ac ferè plerasque moles-
charissime, ac singulare erga religionem veram studiuin cum soepe jam
mihi... Mourus Musœus... multis pra^dicaret, compulit ut vel ignotus ad
te scriberem... Perge... in istis densis tenebris et acerbâ Ecclesiœ tocius
dissensione, certam operam patrise et Christo Priucipi... navare... Nihil co-
nari majus meliusve ac prœstabilius in omni vita potes, quàm si lux aliqua
veritatis per te Mata patriœ tuœ dicatur. » (Lettre datée : « Basilea;, Idi-
bus .Tuliis [1. Augusti?] 1534, » publiée par Streuber. S. Grynai Epistolae.
Basiliœ, 1847, p. 12.)
Nous pensons que Morelet et Grynœus se faisaient illusion, en attribuant
à Bérauld l'énergie de conviction et le renoncement qui auraient fait de lui
un propagateur de la doctrine évangélique. Il avait sans doute des sympa-
thies pour cette doctrine ; mais il nous semble avoir fait partie de ce groupe
de catholiques éclairés et sincèrement pieux qui n'ont jamais rompu ouver-
tement avec l'église romaine. Nous voyons un indice de ses opinions très-
modérées dans la facilité avec laquelle il acceptait pour son fils des bénéfices
ecclésiastiques. « Francisais Bcraldus (écrivait-il le 2G juillet 1539) heri
novo donatus est sacerdotio. » On lit aussi dans l'une de ses lettres les pa-
roles suivantes, qui nous paraissent relatives à l'affaire des placards (oc-
tobre 1534) : « Incredibilem profectô mihi mœrorem atqu^ anxietatem novi
isli tumultus, pestilentissimseque factiones nuper exorta, turbulentissimœ-
que seditiones attulerunt. Pavor enim ubique, ubique luctus et plurima
mortis imago. Facit impia quorundam lemeritas, id longé ab Evangelio
pacis absimus... Ex tempore, cum ad sacra vocarer. » (Lettre sans date,
adressée à Jacques Yiart, qui habitait près d'Orléans. Manuscrits de Berne,
vol. E. 141, epa 118a.)
5 On ne possède pas la réponse de Bérauld.
1534 MORELEJ 01 MUSEAU A NICOLAS BÉRAULD. 197
lias. Idem inilii erat animus literis graecis incumbere. ut scis, quum
apud te essem, sed obfuil parehtis6 el indoctorum adulalorum \o-
Uintas: mine aulem ocium nactus el doctum praeceptorem, decrevi
me tolum addicere. Quare mea sludia non minus pio quàm eru-
dito homini Grinœo commendes, quamvis non dubitem me fore
commendatissimum, qui tanla linguarum cognitione esl praeditus.
tanla valet eloquentia et eruditione. tanto pietatis amore fervet, ni
nihil prorsus in eo desideres.
Ille et ego unà te obnixè oramus ut si qua andieris de Thoma
Moro, ad nos rescribas: nain hîc fama est eum, régis Britannica
jussu. in plures parles dissectum 7. Caussa tamen ignota est ac in-
certa. et oh id hîc malè audit apud literalos princeps ille. Tamen
facile adducor ut commerilum esse credam, neque puto regem
illûm, qui tanta a Domino dona accepit. tantoi|ue thesauro dona-
tus est. utpote vera lïde ac verilatis cognitione. qui permittit acju-
bet Evangelium libéré at sine periculo in regno suo prœdicari, ac
Antichristum et filium perdiUonis recelai/, potuisse lirannidem
exercere in doctos, quos unicè colit ac fovet s. De meo è GaUia
discêssu nihil ad le scribendum puto, quôd te causam exmultis sa-
tis inlellexisse arbitror9. Salmonium 10 jubeo salvere meo nomine
ac amicos reliquos. Bene vale. Basileœ, quinto Idus Augusti.
Tibi perpétué deditissimus Maurus Mus.eus.
6 Le général Morelet (S" 108, n. 1), ambassadeur de François I eu
Suisse, était mort à Fribourg au mois de mai 1529. Il y fut enseveli daus
la collégiale de St. -Nicolas (Manuel de Fribourg, séance du 26 mai 1529).
7 Thomas Mwus, chancelier du roi Henri VIII, était prisonnier à la
Tour de Londres depuis le commencement d'avril 1534. Il ne fut condamné
à mort que le 1er juillet 1535. Le récit du procès et du supplice de Morus
i été publié à Eâle en septembre 1535 par Érasme, sous le pseudonyme
de Gulielmus Gourinus Nucerinus. (Voyez le post-scriptum de la lettre
d'Oporin à Thomas Blaarer du 13 octobre 1535. Manuscrit autographe.
Bibl. de la ville de St.-Gall. — Erasmi Epp. Le Clerc, p. 1763-66.)
s Morelet ignorait sans doute les causes de la disgrâce du chancelier
Morus. Celui-ci s'était constamment opposé au second mariage d'Henri
VIII. et il avait refusé de prêter serment à la loi récente qui proclamait
le Roi chef de l'église d'Angleterre.
0 Voyez la note 1.
10 Le poète Salmon Macrin.
198 MORELET DU MUSEAl A MARTIN BUCER. A STRASBOURG. 1531
476
morelet du museau à Martin Bucer, à Strasbourg.
De Baie, 27 août (1534).
Inédite. Autographe. Arch. du séminaire protestant de Strasbourg.
Copie moderne dans La Collection Simler.
[maure. Votre ami Grynœus ne s'est pas conl m'exhorte) .1 voi 3 écri
il vienl de m'en fournir le sxijet, en me parlant de cel liation dt tovs les
articles de foi controversés, qui pai Mêla chthon. Vous avez lu san*-
doule l'ép celui-ci adresse « à nu certain ami, « el do: tstination
connue, puisque j'en ai pris la copie. Ji '<>i'>n de
Mélanchtlion n'induise en erreur tout le monde. Il aura beau s'excuser, son
témoignera contre lui. Il devait m< \-anlage son autorité, qui est grande
auprès de plusieurs F. vnç
Je souhaite d'être compté au nombre de \
voulais vous écrire. Si le 3eigr >ui le permet, j'irai bientôt vous confier verbali
ce que je n'o ire d me lettre.
Maurus Musaeus Bucero.
Gratiam et pacem a Domino! Cum le literis salutare el meum
erga te animum exponere mirum in modum cuperem, admit vir
doctissimus, nec non tui amantissimus Simon Gryncms (ni satis
ex ejns familiari et amico collo<|iiio potui agnoscere. non enim
cessât vestram mutuam amicitiam nrrihi praeSicare), qui el calcar
addidit, el quàm diligentissimè hortatus est ni idem facerem, affir-
mans id libi fore gratissiinum, ac le nieam temeritatem boni con-
sulturum. Nec horlatus est modo, verùm etiam argumentum ad
te scribendi milii suppeditavit, quum narraret quae novissirais li-
teris fuis ad eum scripsisti. de quadam moderatione fer ê omnium
articulorum de quibus hucusque inter Christianos fuit controrersia,
vel potius inler Pontificem. Reges el Christianos. quam institua
facere Ph.[ilij)jtu>i\ Melanchthon, vel n Pontifice rt Regibus fi^ii m-
1534 MORELET.DU MUSEAU A MARTIN BUCER, \ STRASBOURG. 199
y///1, in cujus Epistola2, imo in articulo, lui fil mentio, in qua re-
fert(utad Grynœum scripsisti) tuam de Eucharislia sententiam,
ri'l. ut ejus verbis uiar, Zuinglianœ sententiœ moderationem ei non
displicuisse. sed turbulenta tempora in cattssa fuisse quominus
non potuerit tibi adhaerere aul tecum convenire3. El ni me, dalis
ad Grynœum Literis, prœvenisses, eopiosiùs de eo negotioadte
scripsfesem.
Sed puto te vidisse Melanchthonis epistolam, cum nuntius istac
transierït *, quarn ad quendam • amicum » scribil, aul scribere se
1 Mélanchthon n'était point l'auteur de ce projet. L'idée de rétablir la
concorde entre les églises chrétiennes avait été suggérée à François /par
certaines personnes de sa cour. C'est ce qui résulte du passage suivant de
la lettre de Bucer adressée en 1535 à Thomas Blaarer et à Jean Zwick :
Sunt optimi quidam et veris probati testimoniis Christian! m aida Begis.
qui, cum aliis rationibus uon possint hactenus Efi^meômitigareinnostram,
imô Christi caussam, conati sunt ut de nobis testificarentur, nos nihil aequè
atque caussse nostrse judicium et quidem gravissimum expetere, tuni ne-
quaquam velle immutata semel omnia, sed ea tantùm qua3 religio sit ferre...
Ista Bex cum excusasset, ne arma in nos Pontifia polliceretur [Voy.N0469],
voluit postea eorum per mis ipsos quoque certior reddi. Misses itaque
Cheïius est primùm Wittenbergam, deinde et ad nos et ad alios. Dédit
Philippus [Mélanchthon] responsum quod vidistis... » (Copie contempor.
Arcb.de Baie.) Bucer oublie de dire que le conducteur de cette négocia-
tion était Guïllaumt du Bellay, frère de l'évêque de Paris (Voy. la note 5
et le N° 468).
1 Le document auquel Morélet fait allusion est le Mémoire dt Mélanch-
thon qui a pour titre «Ad quendam amicum de Dissensiohibus ecclesias-
tieis. » et que Jacques- Auguste de Thon a publié, d'après le manuscrit de
l'auteur, en tète île l'ouvrage intitulé: « Sententiae Phil. Melanthonis,
M. Buceri, Casp. Hedionis et aliorum in Germania Theologorum, de Pace
Ecclesiae : Ad virumnobiliss. Gui. Bellaium Langaeum, anno 1534. Anteliac
noneditae. (Lutetiae) M .IX'YII, » in-8° de 62 pages. Après qu'il fut parvenu
à sa destination, ce mémoire dut subir, par le, fait de l'auteur ou à son
insu, des remaniements successifs dont il est résulté trois rédactions dif-
férentes. (Voy. Melanthonis Opéra, édition Bretschneider, 1835, t. II, co-
lonnes 711-775.) La rédaction qui s'écarte le moins du texte publié en
!<;<>7 est celle que Bretschneider reproduit eu première ligne, d"après
Schwebel et un manuscrit de Munich.
3 Ces paroles se trouvent en effet dans le paragraphe <lr Missa du
Mémoire de Mélanchthon, à la page 12 de l'édition de 1607.
4 Ce messager était peut-être Claude Baduel. L'époque de son arrivée
à Paris (Voy. le N° 17.!. n. 2) et la mission dont il fut chargé par G. du
Bellay Cannée suivante (Voy. la lettre de ,i . Sturm à Bucer <h\ 18 nov.
1535) autorisent cette conjecture.
200 MORELET DU MUSEAU A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 1534
lingiL ut mihi salis notum est. Scio enim ad quem illani mittat5,
cujus exemplar apud me detinui. Nec mihi lam displicent ea quœ
in Epistola continentur, qaàm displicet ea scripta fuisse a Meianch-
thone, qui, qaà magis publicœ concordiez studeL eà ovines in pejo-
rem errorem adducite. Sed vivit Dominus, qui non patietur suos
fa lli : negotium omne curabit ac merum in suos hnperium obti-
nebit. etiamsi Pontifex et Reges unà consenserint, quod non pnto.
Scio equidem non defuturam Melanchthoni excusationem, quum
scribat « ad amicum. » deinde quum addal in subscriptione : Salvo
meliore judicio. » Verùm detinebitur ejus Epistola, neque negare
poterit poslhac se ejus fuisse senlentiae. Ideo non mihi videtm sa-
lis suo nomini consuluisse, quum non desint in Gallid qui multum
fi tribuunt.
De his latiùs quant par est ad te scribo, nec mihi is erat ani-
inus, sed tanlùm le hac epistola salutare. ut intelligeres me niliil
magis optare quàm firmissimo ac arctissimo tecum jungi amicitise
vincuio, quant non dubito quin, pro tua in onines hunnnitate, sis
suscepturus. Speio. si Dominus dederil. me brevi le visurum, et
lune apud le deponam quod non ausim literis committere. Intérim
vale. Basileae, sexto Cal. Septembr. (1534).
Tuus Maurus .Mrs i.i s
Inscriptio: ) Non minus pio quàm dodo viro M. Bucero. Ar-
gentinae.
' Le Mémoire de Mélanclithon accompagnait la lettre qu'il avait adres-
sée le 1er août 1534 à Guill. du Bellay et qui commence par ces mots :
« Gessi morem voluntati tua?, et collegi prsecipuos articulos de quibus sunt
controversise, et ostendi quandam in lus modérât ionem... Mélanchthon
écrivait aussi le même jour à Bucer : Assentior tilii... desperandam esst
concordiam cum Pontifice Romano. Ego tamen, ut istis bonis viris morem
gererem, qui pio studio rem tantain moliuntur, scripsi aliquid quod exhi-
hebit tibi noster Ulricus [Chelius], » Voyez Melanth. Opp. éd. cit. t. TI,
col. 7-iO, 775, 785, 976.
6 Morelet ne se doutait pas que Bucer venait de composer pour G. du
Bellay un mémoire qui finissait par ces mots : « Hsec tumultuariô sic con-
gessi, consentientibus symmystis meis, quœ omnia iis qui valent meliori ju-
dicio arbitranda offerimus. lis porrô quœ P.Melanthon respondit, per omnia
subscribimus ; cum quibus etiam congruere hase nostra, qui utraque legerit
satis videbit. (Page 35 de l'ouvrage sus-mentionné. publié en 1607.1
1534 JEAN CALVIN A MARTIN BUCER. A STRASBOURG. 201
477
jeax calvix ' à Martin Bucer, à Strasbourg.
De Noyon2, 4 septembre (1534').
Autographe*. Bibl. de Strasbourg. A. Crottet. Petite Chronique
protestante de France. 1846. Appendice, p. II.
5IMAIE.E. Je n'avais point l'intention de vous écrire, mais l'affliction et la pitié
pressent de vous recommander l'excellent et infortune frère 4111 vous remettra
-. Je l'ai connu jadis, avant son départ de F Quoique l'estime générale
des lettres ?t des personnes en crédit lui fût acquise, il refusa de se soumettre plus
-temps à cette servitude volontain qui wus icore, et il se retira
aupré I dis esprit de retour. La pauvreté l'a eepi ndant contraint do reve-
v • de faire provisoirement appel aux ress des ami- qu'il avait <>J
1 Avant de quitter AngouUhie (Voy. N" 457). Calcul avait t'ait un voyagt
à Nérac en Guyenne, pour visiter Le Fccre d'Étapîes (X° 363, n. 2. N°422,
renv. de n. 6). M. Merle d'Aubigné affirme (op. cit. III, 29) qu'il eut dans
la même ville, « probablement vers la fin de février, » une conférence avec
Gérard Roussel. La, chose était matériellement impossible, puisque ce der-
nier personnage passa tout l'hiver à Paris, où il se trouvait encore le 1er avril
(X° 451, n. 2, N° 45S. renv. de n. 3, N° 459. u. 14). Xousne pouvons pas in-
diquer avec certitude la série des autre- pérégrinations de Calvin jusqu'au
mois de septembre 153-1. On sait seulement que, le lundi 4 mai. il était à
Noyon, résignant sa ebapelie de la Gésine et sa cure de Pont-1'Évêque (Le
Vasseur, op. cit. p. 1161), et qu'il s'arrêta plus ou moins longtemps ;
Poitiers, où Pierre de la Place (X" 457. n. 1) l'entendit parler magnifi-
quement de la. connaissance de Dieu » (Bayle, art. La l 'la ce i. et dans la
ville d'OrZéaws, d'où est datée la Psychopamiychia, son deuxième ouvrage
("est peut-être à ce moment qu'il faut placer les prédications qu'il aurait
faites à Lignières, dans le voisinage de Bourges (Voy. Bèze. Vie de Calvin,
1565). Toutefois, si Calvin a réellement prêché pendant l'année 1534, on
est autorisé à croire qu'il usait d'une grande réserve en exposant la doc-
trine de l'Évangile et qu'il évitait avec soin d'attaquer les dogmes de
l'église romaine (Voy. la fin de la note 4).
- Voyez les notes 10 et 11.
- Nous avons pu collationnei le texte de cette lettre sui une reproduction p
phique de l'original, qui nous a «-té communiquée pai M. le professeur Albert
Rilliet, auquel Messieurs les édite! des Œuvres de Calvin avaient eu
l'obligeance de la trans tl
202 li:.\N CALVIN A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 1534
autrefois; mais, grâce aux accusations plus que légères de l'un des vôtres, il n'a
i prouvé que ries refus. On le soupçonnait de partager les erreurs des Anabaptistes ;
j'ai pu m'assurer, au contraire, dans une conversation avec lui, que personne n'avait
des idées aussi saines sur ce sujet. En attendant il est victime de i'es bruits calom-
nieux, qui ne tomberont pas de sitôt. Ayez égard à mes prières et à mes larmes:
<ovez le protecteur de ce pauvre orphelin et ne permettez pas qu'il se trouve réduit
à l'extrême misère. Il dépend de vous qu'il n'en soit pas ainsi
Gratia et pax Domini lecum per misericordiam Dei e! victoriam
ChristiM
Scribendi nec ocium erat,nec argumentum nequeetiam consilium,
iiisi visum esset paucis apud te deplorare miseram sortent optimi
hujus fratris5, quam milii per lileras signifïcarunt amici quidam
fidei el probitalis non dubise Sive lumen dolori meo et sympa-
thise indulgeo, sive ejus negocium procuro, non potui raihi tem-
perare quin scriberem.
Noveram hominis ingenium et mores, cum adhuc ageret in nostra
4 ("est la première fois que nous trouvons dans la correspondance de
('aicui cette salutation, qui était comme le mot d'ordre des Evangéliques.
Les sentiments do pieuse confiance qu'exprime sa lettre d'Angoulême et
la charité sincère qui brille dans celle-ci montrent que la grâce divine
-'"tait enfin emparée de l'âme do Calvin. Presque tous ses biographes, adop-
tant sans réserve le récit do Th. de Bèze, ont placé cette conversion cinq
on six ans plus tôt; mais en développant cette thèse ils n'ont pas expliqué
pourquoi les élans religieux et le langage de la charité- chrétienne font
complètement défaut dans les premières lettres du futur Réformateur;
pourquoi, surtout, les lignes qu'il traçait le 14 mai 1531 près de son père
mourant ont si peu l'accent de la piété filiale (Voyez le deuxième para-
graphe du N° 338).
Nous ne pouvons pas davantage admettre que le jeune néophyte de
1534 fût déjà un réformateur, prêchant contre la messe, célébrant la sainte
Cène dans les grottes de Croutelles, près de Poitiers, et envoyant avec
autorité' des ouvriers dans la moisson (Yoy. Florimond de Raemond. Hist.
de l'Hérésie, 1623, p. 890-895, et Merle d'Aubigné, op. cit. III. 55-70).
Supposé le fait exact, Calvin aurait-il, bientôt après, abandonné son œuvre
et quitté sa patrie au moment on ses prédications étaient lopins nécessaires?
Est-il d'ailleurs légitime de préférer les assertions de Raemond au témoi-
gnage catégorique de Louis du Tillet, l'ami, le compagnon de Calvin pen-
dant cette même année 1534? Voici un passage de la lettre que du Tillet
lui écrivait le 1" décembre 1538 : « C'est devant ceulx à la pins grand part
desquels vous sçavez que vostre doctrine est agréable, non pas ailleurs, que
vous la maintenez: car vous are: abandonné rostre nation pour ee que cous
ne l'y ace: osé divulguer et maintenir publiquement. » (Voy. la Corresp. île
Calvin avec L. du Tillet, publiée par A. Crottet, 1850, p. 75.)
5 Le nom de ee personnage est resté inconnu.
1 53 i JEAN CALVIN A MARTIN BUCER. \ STRASROURG. 203
Gallia. Eta se gessil ul gratiosus essel apud ordinis nostri homines,
si quis alius. Eo numéro habitus inter homines aliqua authoritate
prœditos, ni nec illis pudori essel nec conteraptui. Tamen, mm
non posset submittere diutius cervices ixti voluntariœ servituti qnam
adhuc ferimus", demigravit ad vos in nullam spem reditus. Nunc,
praster opinionem ejus, accidil utagal fabulam motoriam, nec sta-
tam sedem nbi figat, reperiat. Hue etiam, Qt audiô, ob augustias
et inopiara rei domestiese, accurrerat, ni opibus amicorum quos
olim mutuà operâ juverat. paupertatem suam lantisper sustenta-
ret. douer sors paulo benignior offerretur. Nunc aecipe quanto
potèntior sit calumnia quàm veritas. [mportunus nescio quis ex
vestris, quem certe non audeo malevolum suspicari, ita omnium
aures suis delationibus praeoccupaverat, ut omni purgationi clans,!'
fuerint. Itaque nullus fuil à quo assem exlunderet.
Forte non erat illi proposilum, quisquis is fuit qui hujusmodi
tragœdiam concitavit, immerentis nomen apud credulos fratres 7
proscindere. Utcunque tamen, imprudentiam excusare nec de-
precari potest, quin magno hujus malo ac periculo erraverit. Haee
aulem (ut aiunt) contumelia illi impingebalur quôd incidisset in
suspicionem anabaptismi. Mirum nisi ille supra modum l'nerit sus-
picax qui hanc conjecturam ex lam leviculis indiciis Iraxit \ Ex
professo adduxi eum inter colloquia in sermonem hujus sacra-
menti ; ita disertis verbis mecum illi conveniebat, ut nondura
viderim qui magis ingénue veritatem hac in parte profiteatur. In-
térim tamen patitur. Nec spes est primo quoque tempore aboleri
posse sinistres islos rumores, qui jara obtinuerunt certain tidem ".
Oro te, D. Bucere. si quid praecesmeae, siquid lachrymae valent,
hu i us miseriœ ut succurras. Tibi derelictus est pauper; orphano
6 On peut rapprocher ces paroles de celles de Farel iX" 351) : « Déli-
t'uc Gàllicce ita detinent captivos, ut malint... mnssitabundi latere sui ty-
rannis quàm palam Christum profiteri. ■
' Faut-il conclure de cette expression qu'il existait déjà une église se-
crète à Noyoïi?
8 Calvin devait bien connaître les idées des Anabaptistes, sonlivreinti-
tulé Psychopannychia étant dirigé contre l'une de leurs erreurs principales
(Voy. la préface de Nicolas îles Gallars, en tête tics (alvini Opuscula).
9 Si la présente lettre a été réellement écrite de Noyon, on ne comprend
pas trop pourquoi Calk :n ne réussissait pas à détruire les préventions des
«frères» de cette ville contre le soi-disant anabaptiste. Nous y voyons
l'indice qu'il avait peu d'autorité sur eux, et que son activité comme réfor-
mateur ne s'était, par conséquent, pas encore produite.
204 MORELET DU MUSEAU A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 1534
lu eris adjulor. Ne patiâris eô necessitatis redigi. ut extrema expe-
riatur; potes, si vis.aliquà illi succurrere. Verùm tu melius pro tua
prudentia. Non potui lamen manum ultro lascivientem continere,
quin aliquid in hujus caussam scriberem. Haec pro tempore. Vale.
erudiliss.[ime] vir.Xoviod. [uni] ,0. pridie nouas septembres (153in ).
Tuus ex animo Galvinus
(lnscriptio : ) D. Bucero. Episcopo Argentoratensi.
478
morelet du museau à Martin Bucer, à Strasbourg.
De Baie, 16 septembre (1534).
Autographe. Arch. du séminaire prot. de Strasbourg. Copie. Col-
lection Simler. Publiée en partie par C. Schnndt, op. cit.. p. 35.
Sommaire .1 ai lu ai pour la défense du M>
Mélanchthon, el je ' ■ vous faites: « Quand
lajustific itior, etlafoit li h ■ si >nt puremei i < s, il sera facili
toul danger. » Je crois - coi
ijété donc qui m'empêche de
[émoire qui so
' En latin la ville de Noyon s'appelait ordinairement Noviodunum. Ce
nom est aussi employé quelquefois pour désigner la ville de Nevers et celle
de I)im-lr-i:<>ii. près de Bourges. Nevers comptait alors parmi les pro-
fesseurs de son collège Mathurm Cordier, ancien maître de Calvin à Taris,
i \ oy. Catonis Disticha. Parisiis, Rob. Stephanus, 1533 et 1534, où se trouve
une lettre de M. Cordier, datée ÎSfovioduni ad Ligerim, postridie Libera-
lium M.D.XXXIII, c'est-à-dire le 23 février 1534, nouveau style.) Mais
1 s'agit évidemment de la ville natale de Calvin, où celui-ci avait des affai-
res a régler, et dans laquelle il s'était présenté publiquement le 4 mai
(Voy. note 1).
11 La différence complète de ton qui existe entre cette lettre et celles
des années précédentes doit fixer le millésime, ("est ce qui nous empêche
de la placer en 1532, comme le font, dans leurs écrits sur Calvin, M. Henry
et M. Merle d'Aubigné, M. Crottet, dans sa Chronique citée plus haut,
et la traduction anglaise des Lettre- de Calvin, publiée par M. le Dr
.Iules Bonnet.
1534 MORELET DU MDSEAU A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 205
latifs à l'invocation des Saints, au célibat des prêtres et à la puissance ecclésiasti-
que; quant au pape et aux êvêques, je veux bien qu'ils restent en possession de leur
pouvoir temporel, pourvu qu'ils laissent les consciences en liberté et ne s'opposent
pas à la prédication de l'Évangile. Je vous avouerai d'ailleurs ma défiance à l'égard
de certains princes qui recherchent l'amitié des Allemands en leur promettant la
réunion prochaine du Concile.
Vous me demandez quelques détails sur Robert Céneau, évêque d'Avranches. Je
l'ai entendu prêcher autrefois, lorsque j'étais gentilhomme de la chambre et qu'il
remplissait les fonctions d'aumônier auprès de la reine-mère. Dès lors il a su ob-
tenir d'opulents bénéfices. Homme sans crédit, il se distingue honorablement en un
point de presque tous les évèques : sa vie n'est pas un sujet de scandale.
Gratiam et pacem a Domino ! Quum certior essem factus, eum
qui lia* reddit Argentinam proficisci, mei esse officii duxi nonni-
Ii il literarum ad te dare, ne ingratus et tanli viri amieitiam sper-
nere viderer, utque intelligeres tuas mihi gratissimas à biduo red-
ditas esse literas, quibus obiler respondebo, non enim mihi licet
per subitum boni hujus viri discessum (quem nunc primùm scivi
isluc ire) longius ad le scribere.
Lubens legi quœ ad me scripsisti de Philippi consilio, qui modis
omnibus annilitur ut Principes vos audiant, et in eo est totus,
omnemque operam et vires intendit ut publicœ concordiœ studeal '.
Sed imprimis mihi non parvse cessit voluptati, cum scribis: « Ubi
de Justifient ione pure docebitur et fides in Christum, nihil futurum
periculi quod non facile submoveatur2 ». In quo tibi assentior, et
semper ita mihi visum est commodissimum fore ut Evangelium
pure doceretur; nam si doctrina de Cbristo semel inlelligalur,
omnes abusus per se ruent, et plerœque ceremoniee quae cum pie-
tate pugnant tollentur. Ac parum nbest quin mihi persuadeas, ut
Philippi consilio fuvenni, ni duo aut très artieuli qui in ejus conti-
nentur Epistola obstarent.
Primus est de quo mentionem facis in tua epistola. Alius est de
Invocalione Sanctorum, quamvis purissimè tractet, si inlegrum ar-
liculum expendamus ; sed, cum ventum est ad moderalionem quam
iiistituit, permittit ut fini aliqua mentio intercessionis, « quemad-
modum finquil) in veteribus Ecclesiœ oralionibus 3, » quod mihi
1 Voyez le N° 47G, notes 1 et 2.
2 Biicer soutint très-habilement cette thèse dans la lettre qu'il adressa
plus tard à Thomas Blaarer et à Jean Ziviclc (Voy. N" 476, n. 1).
3 On lit en effet dans le Mémoire de Mélanchthon : « Deliberare docti
206 MORELET DU MUSEAU A MARTIN BUGER, A STRASBOURG. 1531
non satis arridet, et in hoc desiderarem majorem puritatem. Ne-
que puto in veteribus orationibiis fieri aliquam menlionem inter-
cessionis, sed invilationis, ut in oratione Stephani, Dionysii et alio-
rum légère est. Tertius est de Cœlibatu, ubi dicit, ut ejus verbis
ular, « iniri posse rationem, si ad summas dignitates tantùm cœli-
bes admitterentur, » ac si omnes cœlibes liaberent donum casti-
tatis et contmentiœ. Articulum quo([iie de potestate pontificiâ et
ecclesinsticd oplarem puriorem. Quantum aulem ad dominia atli-
net. vellem, ut niliil Pontifie/ et Episcopis decederet, dummodo
intérim liberœ manerent conscientiae et sinerent Yerbum et Evan-
gelium ubique prcedicari : sed ingénue fatebor quod me moverit
et impulerit, ut de iis priori epislolà 4 ad te scriberem.
Video nonnullos Principes 5 sua quœrentes, non quœ sunt Chrisli.
qui cupiunt inire fœdus et in inutuam recipi amicitiam cum Germu-
niœ Principibtis et Civitatibus, — id quod sciant se non posse asse-
qui, nisi promittanl et modis omnibus dent operam ut liabealur
Synodus* inlra praescriptum tempus. Ideô prius eolunt e.rperiri et
exploratos habere Germanorum animos, quantum ad religionem ut-
tinet, et quid de en sentinnt intelligere, ut possint, eo nudito, cum
Pontift.ee de omnibus conferre7. Et id in caussa fuit ut tentaverint
possent, an talis forma intercessionis constituenila esset in pnblico, qure est
in veteribus Ecclesia^ orationibus, ubi invocatio fit ad Deum, non ad Sanctos,
et tamen fit mentio alicujus intercessionis, videlicet : « Deus, da ut adjuve-
mur precibus Sanctorum ! » Certum est enim Sanctos in cœlo orare pro
tota Ecclesia in communi, sicut et in bac vita bomines pii orant pro uni-
versa Ecclesia. » (Voyez l'ouvrage intitulé « Sententia- P. Melantbonis, etc., >•
1G07, p. 16, et Melantbonis Opp. éd. citée, t. II, col. 755 et 757.)
4 Voyez la lettre du 27 août (X" 470).
5 Allusion à François I (Voyez les Xos 451, 468, 469).
G La réunion du Concile universel promis par le Pape était soubaitée par
un assez grand nombre de Réformés, surtout dans les églises allemandes. On
trouve l'expression de ce sentiment dans les paroles suivantes adressées par
Vadian à Bucer, le 26 septembre 1533: « Faxit ... Deus ... ut Clemenli
Episcopo Romano, qui primas sibi Concilium indicendi vendicat, ca mens
taudem donetur, ut non cum regibus et dynastis, hoc est cum brachio car-
nis, pro se tuendo pacisci, sed cum eruditissimis et integerrimis quïbusque
commentari de religione, et, quoniam se Christi Vicarium profitetur, non
quœ sua, sed quœ sunt Christi quarere pergat! Hoc si Me ageret ex animo,
nil esset réliqui, quin facile coiremus et dissensio omnis de Ecclesia tollere-
tur. » (Mscr. orig. Arch. du sémin. prot. de Strasbourg. Copie. Coll. Simler.)
7 Guillaume du Bellay continuait à consulter les théologiens allemands
sur la possibilité de réunir toutes les églises. Le 31 octobre 1534 (après
1534. MORELET DU MUSEAU A MARTIN BUCER, A STRASBOURG; 207
liane à Philippo epistolam exlorquere, qute mibi non disciple!,
dunimodo qua; in ea continentur non transigantur per Synodum.
Nam si ita esset (quod milii nullo pacto possum persuadere). lumii
est judicare inquas syrl.es éteirores incideremus. Seis enim quan-
tum vulgus, imô pleriqne soliti sint tribuere synodis et publieis
conventibus. yEquius et consultais (ut mihi videtur) fuisset, ut Phi-
lippus banc moderalionem verbis tnntiim iis qui, Prineipum no-
mine, eum adierunt, commisisset, et non scriptis mandasset; aul
si scriptis, saltem nomen obtieuisset Yellern equidem ut mihi li-
ceret de bis tecum latius colloqui.
Nunc mibi ad posteriorem epistolae Une parlem respondendiiin
est, in qua scribis, ut te certiorem faciam, an mihi sit cognitus Ro-
bertus, Abrincœus Episcopus 8 ? Cum illo nulla unquam mihi fuit
vitse conversatio, nulla t'amiliarilas, utcunque tamen hominem
novi; quare depromam quod de bomine scio. Est doctor Sorboni-
cus, ut ex ejus libri litulo poluisti agnoscere °, quem non vidi.
Cœnalis nomine, saltem sic apud nos vocatur. Illius unam aut al-
teram concionem audivi, cum essem à cubiculo Régis u\ cujus mater
illum in aulam vocaverat, ut certis festis concionaretur: ubi non
Cbristi, sed sûiim egit negolium ; donatus est eniin nonnullis sa-
cerdotiis, tandem parvo episcopatu in GaUidJSfarbonensi sito, quem
les placards), il écrivait encore de Paris à BuUlnger et à Pellican, pasteurs
de Zurich : « Quse sit régis mei circa statura Ecclesia? componendum mens,
sensus, animus et cogitatio, antea quidera ex me audivistis. Pies ipsa etiam
brevi fidem est factura, neque non baud parvus illi stimulus est additus,
aut spes potiùs injecta conficiendi... negocii, quod ex verbis vestris illum
docuerim, multa tempus, multa vestrûm aliquot consilium mollivisse, qure ut
duriora nostris videbantur, ita sarciendœ unitati moram afferebant... Inté-
rim mibi è re ipsa fore visum est, si hune ad vos D. Ulricum Chœlium di-
mitterem, qui et nonnullorum super eo negocio consilia... vobis communicet,
et ad eandem vos adbortetur curam... » (Mscrit orig. Arcb. de Zurich.)
s Robert Céneau, natif de Paris, était depuis 1532 évoque d'Avranches
en Normandie. Aumônier de la reine-mère, il avait reçu l'évêcbé de Vence
en 1523, puis en 1530 celui de Riez.
9 Le livre de Céneau est nommé dans le titre de l'ouvrage que Sucer
publia en septembre 1534 pour le réfuter: « Defensio adversus Axioma
Cathoïicum, id est eriminationem li. P. Boberti, Episcopi Abrincensis, in
qua is impire novationis in cuuctis Ecclpsi;c cùm dogmatis, tum ritibus, pe-
culiariter autem circa sacrosanctam Eucharistiam, importuné accusât quot-
quot Cbristi doctrinam sectari student ... Argentorati, per Matthiam Apia-
rium. Aune M. D. XXXIIII. » (Voy. Willi. Paum. Capito und lhitzer.)
10 Voyez l'en-tètc de la lettre d'Œcolampade à Morelct (X" 108).
208 [BERTHOLD HALLER] A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. \ 534
augentibus se opibus, mulavit in hune satis pinguem cui nunc
praeest, situm in civitatula Normanniœ maritime. De doclrina niliil
ad te scribo ; ex ejus operibus poteris judicare quisnam sit ; lamen
apud Gallos nullius vel parvi est nominis, nisi apud Scholasticos
doctores Sorbonicos, qui ut plurimùm doctrinam et eruditionem
a dignitate metiuntur. Si quis exteriora tanlùm consideret, nemo
posset <le homine malè sentire : ittiùs enim rita non est offendi-
culo, ni mnltorum et feré omnium E/riscoporum.
Quôd in amicorum album me receperis, habeo gratiam, oroque
ut tuum illum in me animum, cum per otium licebit, mihi prodas.
Itene vale. xvi Calendas Octobris (1534).
Tuus Maurus Mus.els n.
(Inscriptio:) Ad Martinum Bucerum.
479
[berthold haller] à Martin Bucer, à Strasbourg.
De Berne, 22 septembre 1534.
Inédite. Autographe. Arch. du sémin. prot. de Strasbourg. Copie
moderne dans la Collection Simler.
Sommaire. Dangers de Genève, qui se croit perdue, si Berne ne vient à son secours.
Un tiers seulement des citoyens genevois suivent le parti des Bernois et de l'Évan-
gile. Situation difficile de Berne, placée entre le désir de ne pas abandonner ses
allies de Genève et la crainte de voir, en cas de guerre, son territoire envahi par
les Fribourgeois et les Valaisans.
S. Nuntium adeptus, qui et à te referret, si quas scriberes lite-
ras, nolui te Iatere rerum nostrarum periculosissimum statum.
11 Morélet adressa encore à Bucer le 16 octobre 1534 une lettre que
nous ne reproduirons pas. Elle renferme le passage suivant, relatif au Lé-
gat Antoine du Prat, chancelier de France, à qui Bucer avait dédié le 26
août sa réfutation de l'ouvrage de Céneau (note 9): « Quo ... consilio nun-
cupatoriam Epistolam ad Legatum Pontifias scripseris, facile conjicio, tua
quoqiiH satis indicat epistola. Sed apud illum vix aliquid protides ... nisi
Dominus immutet et illuminet cor illius ... Ego hominem intùs et in ente
novi. Est in his prorsùs cœcus et iniquus judex. Non est tamen quoà ve-
rcare: tua enim legentur à doctis et piis viris, velit nolit. » (Mscr. orig.
Arch. du sémin. prot. de Strasbourg. Copie. Coll. Simler.)
1 534 [BERTHOLD HALLErJ A MARTIN BUGER, A STRASBOURG. 209
Gebennetmum miles l sic turbarunt urbem Genevam, ut ex toto
orbe, pro sua pusillanimitate, bost.es eatervalim conlluxisse sibi
viderentur. Conqueruntur quotidie Episcopum, operâ Ducis AHo-
brogwm. sic invasurum et oppugnaturum urbem. ut si Bernâtes
non succurrerint, actum sit de illis -. Urgent Civilitatem nostram,
ciii Frïburgenses cesserait 3. Intérim lamen sic divisi inter se, tum
ob religionem, tum oh Ducem, ut partes duœ Pontifîci ac Duci, vix
tertia pars nostrœ civitati et Verbo faveat.
Si derelinquimus eos,.ab omnibus proditores elmendaces accu-
sabimur. Ubi exercitum miserimus, limendum ne Valesiani cum
Friburgensibus bunc insequantur, et si aliud non possint, vias ta-
men sic occupent, ne nostris reditus aut commeatus pateat. Sic
inter sacrum et saxum bœrentes, tantùm eô devenimus ut, missà
Legatione ad Sabaudum pacem Gebennensium petamus 4, et si quid
1 C'était une partie des quarante-quatre Maméloucs (ou Ducaux) con-
damnés à mort par contumace six ans auparavant (Voyez le Journal de
Balard, p. 148, 149), auxquels s'étaient joints les traîtres qui avaient
tenté de livrer la ville dans la nuit du 30-31 juillet 1534 (X° 474, n. 2).
Le procureur fiscal Nycod de Prato, Michel Gtiillet, seigneur de Mpnthoux,
et les frères de Claude Pennet étaient du nombre de ces derniers fugitifs
(Voy. le Reg. du 7 et du 31 août, dans Froment, op. cit. p. xcix, cvi).
2 Les fragments suivants de lettres écrites à MM. de Berne par les
magistrats de Genève donnent le ton de leurs « plaintes » soi-disant jour-
nalières : Du 31 juillet « ...Les gentilshommes et gens du pays de Savoie
et autres sont en grand nombre... à l'entour de nostre ville... don[t] à
présent sommes en grand trouble. » — Du 3 août... « Si à cette bore ne
s'y met remède, à jamés nous sommes povres gens gâtés et détruits. » —
Du S août, au secrétaire bernois Pierre G-iron : « Soyés nostre père... et
qu'il vous plaise nous guider en nos adversités; car sans vous sommes à
jamais povres gens affolés. » (Missives. Arcb. de Genève.) En revanche,
les mesures de défense prises par le Conseil et les dépêches qu'il envoyait
à ses députés à Berne dénotent beaucoup de sang-froid et de fermeté.
3 Voyez le N° 449, note 3. Le 18 avril 1534, Haller écrivait à Bul-
linger, au sujet de la résolution qu'avaient prise les Fribourgeois de rom-
pre leur alliance avec Genève : « Coguntur hoc facere ; alioqui Antronii
fœdera ab iis exacturi sunt. » (Mscr. orig. Arch. de Zurich.) Voyez la n. 7.
4 Les quatre ambassadeurs que MM. de Berne avaient envoyés au duc
de Savoie s'étaient présentés devant le Conseil de Genève le 20 septem-
bre. Us étaient chargés, disaient-ils, de parler au gouverneur du Pays de
Vaud, afin qu'il fît retirer les gens de guerre, et même d'aller jusqu'à
Cliambéry pour exhorter le Duc à terminer par voie amiable ses différends
avec Genève (Voy. Froment, op. cit. Notes, p. cix — ex). Ce fut à Turin
qu'ils s'acquittèrent de cette mission (Voy. Chronique msc. de Savion).
T. III. 14
210 LES ÉVANGÉLIQUES DE GENÈVE AU CONSEIL DE BERNE. 1534
ab utraque parte peccatum fuerit, vel amicabiliter vel juridicè per
Helvetios, qui priorem belli calamitatem coraposuerunt 5, tran-
sigi permittat. Responsum expeclamus. Deinde delecti sunt 4000
pedites, mit einem Fenlùi G. Hi expectant, jam parati, ut Gebemien-
sibus succurrant. Optima pars domi domesticum et Antronium 7
hostem expeclat... Vale, xxn Septembris, anno 1534.
Tuum minimum Numisma8.
(Inscriptio :) Martino Bucero, ecclesiastae Argentinensi doctis-
sirao, fratri suo omnium carissimo.
480
les évangéliques de gexèye au Conseil de Berne.
De Genève, 28 septembre 1534.
Inédite. Mscr. original1. Arch. de Genève. Non envoyée.
Sommaire. Les Évangéliques de Genève remercient les magistrats bernois de l'as-
sistance qu'ils accordent à leurs frères persécutés en France, en Savoie et ailleurs,
et particulièrement de ce qu'ils ont procuré la délivrance de Baudichon et de Janin.
Ils leur recommandent l'église de Genève et les prisonniers de Peney.
La grâce, paix et miséricorde de Dieu nostre père par noslre
Seigneur Jésus !
Très-puisans et magnifiques Seigneurs, esleuz de Dieu pour
5 Allusion au traité de St.- Julien, conclu le 19 octobre 1530, entre le
duc de Savoie, d'un côté, les Genevois et les Suisses, de l'autre.
6 C'est-à-dire, avec une bannière.
7 Haller et Bullinger se servent de cette appellation peu flatteuse (Voy.
Erasmi Adagia, art. Antronius asinus) pour désigner les cantons catholiques.
8 II existe un certain nombre de lettres de Haller dans lescpielles cette
expression figurée sert également de signature.
1 Cette lettre paraît avoir été composée par Claude Bernard, l'un des
principaux évangéliques de Genève. Il avait été élu auditeur des Comptes
le 15 février 1534. (Voy. la note 8, le N° 395, renv. de note 14, le N° 416,
notes 9 et 16, et le Keg. du 27 février et du 28 septembre 1534.)
1534 LES ÉVANGÉLIQUES DE GENÈVE AU CONSEIL DE BERNE. 211
l'advancemenl de sa saincte Parolle et pour assister à ceux qui
pour la vérité ont assousfrir [I. à souffrir], en quoy par la grâce de
Dieu vous employez continuellement, comme tous peuvent tesmo-
gner et singulièrement l'église laquelle a pieu à Dieu planter icy
par vostre moyen, ayde et assistance, — non-seullement procurant
le bien en la ville, mais aussi hors, tant en France, Savoye, que
toutes pars ! El nostre bon père, qui congnoit nostre petitesse,
pour [1. par] vous empesche grandement noz ennemys, qui ne
demandent que nostre mort et destruction — faisant que ceux qui
estoyent ayant la mort en la gorge sont délivré de la main des
loupz, comme Bdudichon et Collongny 2, par lesquel Vous Excellen-
ces on[t] eu tant de peynne et d'emnuy. Mais Nostre Seigneur vous
a tellement touché les cueurs et donné tel couraige, que jusques
h ce qu'i[ls] ont esté renduz à l'Église, n^avés cessé 3 ; et bien sa-
vons que si n'estoit l'esgard et crainte qu'on a de Vous Seignouries,
que les pouvres gens qui sont délenuz seroyent grandement moules-
ter et noz aussi.
Mais Dieu par vous nous console et assiste, de quoy grandement
le mercions, le priant, par son infinie bonté, [que] il vous man-
tiengne et concerve en toute prospérité d'âme et de corps et vous
et tous les vostres, estant obligez à Vous Excellences beaucop plus
que ne pourrions exprimer, car en tout vous estez monstréz vraye-
ment nos pères et protecteurs, et telz vous réputons; et tout ce
qu'il vous plaira noz commander sommes prest de [le] tenir et
garder, et du tout, [selon] ce qui vous plaira nous mandé, nous con-
duyre *, affin que tout viengne par bon moyen, comme aurions désir
le vous faire savoir plus playnement par aulcun des nostres de ceulx
qui ayment la vérité; mais les dangiers qui sont sur les chemyns5
2-3 Voyez sur la captivité de Baudichon et de Jean Janin dit le Colo-
gnier, les Nos 454, n. 7; 465, 466 et 473. Ils avaient été libérés vers le
milieu de septembre, à l'instance des ambassadeurs députés au roi Fran-
çois I par MM. de Berne (N° 473, n. 1). C'est ce que nous apprenons par
le Registre du Conseil de Genève : « Jovis 17a septembris 1534. In domo
turris persise. Nobiles DniHans Boclulph de Dyesbachet Georglus Schœnner,
oratores D. Bernatum, redierunt a Lugduno et curiâ regiâ, retuleruntque
se actentè relaxationem Baudiehoni de domo nova et Jo. Collognier solli-
citasse, et tantum fecisse quôd, Deo dante, illorum relaxationem obtinue-
runt. »
4 Le Conseil de Genève estima sans doute que ce passage était trop
obséquieux pour MM. de Berne (Voy. la n. 8).
5-6 Depuis l'entreprise du 30-31 juillet (N° 474, n. 2), les routes qui
212 LES ÉVANGÉLIQUES DE GENÈVE AU CONSEIL DE BERNE. \o'.U
(pourtant que sur tous on nous cerche, comme bien appert aux
prisoniers de Penay 6, lesquel pour l'honneur de Dieu aurés pour
recommandé) nous empeschent d'aller par devant Vous Excellences.
Mais le présent [porteur] vous en pourra advertir, et sera vostre
bon plaisir — pour l'honneur de Dieu et de son évangille, pour Vè-
diffication de l'église que Nostre Seigneur fait croislre de jour en
jour, et le grand fruict qui en vient de tous coustéz — persévé-
rer et, tout ainsi qu'i[l] plaira à Vous Nobles Seignorries nous
commandé et aydanl le Très-Puissant, congnoistre le désir qu'a-
vons de servir à Dieu et à Voz Excellences, auquelles humble-
ment noz recommandons, vous priant qu'i[l] vous plaise nous as-
sister et empescher ceux qui du tout travaillent [pour] nous hostéz
la Parolle de Dieu; car bien senton[s] à ce tâcher mesme ceux
que jamais n'eussions pensé 7. Prians le Seigneur des seigneur[s]
vous garder et conserver. De Genève, ce xxvm de septembre, Tan
[de] Nostre Seigneur 1534.
Par vous humbles et obéissans serviteurs
Ceux qui désirent la parolle de dieu.
(Suscription :) A Magniffiques, Puissans et très-redoubtés Sei-
îeurs Messeigneui
nouréz Seigneurs 8.
gneurs Messeigneurs FAdvoier et Conseil de Berne, noz très-ho-
aboutissaient à Genève n'offraient aucune sécurité. Les Ducaux et les
Épiscopaux pillaient les fermes et arrêtaient tous les passants. Les pro-
scrits genevois qui s'étaient retirés dans le château de Peney. situé sur le
Rhône, à une lieue et demie de Genève, enlevaient de préférence ceux de
leurs concitoyens qu'ils savaient partisans de l'Évangile (Voy. le Registre
au 31 juillet, 17, 28 août, 14 septembre, et le N° 482, n. 4). Aussi les
magistrats genevois écrivaient-ils, le 10 septembre, à leurs députés à
Berne : « L'Évesque a donné lieu aux forensiers [1. fugitifs] de la ville au
chasteaulx de Piney... et les entretient là à nous faire tous les maulx qu'il
peuvent de heure en heure, et se fortiffient là de jour en jour, et les vi-
vres sont tousjours deffendu de partout. » (Missives du Conseil.)
7 Ces paroles font-elles allusion à des membres du Conseil de Berne
ou du Conseil de Genève ?
8 Au-dessous de l'adresse on lit cette note : « La lettre que Glaudoz
Bernard et ses compagnion récripve à Messieurs de Berne. » Le Registre
du 29 septembre s'exprime ainsi au sujet de cette lettre : « Audito
Claudio Bernardi dicente, se et multos suos consortes velle scribere
Dnis Bernatibus occurren[tia], et rogare ipsos de aliquibus, visâque mis-
sivâ per eos scriptâ, fuit resolutum, ipsam missivam debere retineri, et
deffendi dicto Claudio Bernard et ceteris, quod caveant scribere aliquid
quod civitati contrariet. » Le Conseil se chargea de remercier lui-même
1534 LE CONSEIL DE GENEVE AU CHAPITRE DE ST.-PIERRE. 213
481
le conseil de gexèye au Chapitre de St.-Pierre1.
De Genève, 1er octobre 1534.
Registre du Conseil. Fragm. hist. sur Genève, 1823, p. 196.
Sommaire. Au lieu de paître son troupeau, le Pasteur de Genève l'a complètement né-
gligé, et les officiers qu'il avait chargés de l'administration de la justice ont aban-
donné la ville pour se joindre à ses ennemis. Le siège [de la Justice épiscopale] est
donc vacant, et Messieurs du Chapitre sont priés d'élire un Grand- Vicaire, un Offi-
ciai, un « Juge des excès et des appellations. »
Révérends Seigneurs ! Entre les raisons que vous avons des-
couvertes sur les doléances de Genève, Yoz Seignories sçavient
[l. savent] comment il y a longtemps que, pour les grands et divers
affaires occurrans par le monde, Genève debvoit estre soubvenue d\mg
pasteur vigillant, quil heubt'député gens de vertu, ayons charge [de]
étroitement parler en vérité et paistre les brebys spirituellement, et
[qui] davantaige eurent le regard sur le maniement de Justice en-
tièrement, sans getter leur cueur aultre part que dans Genève.
Ce néaulmoing, comment Yoz Seignories sçavient, /(/ paovre
ville a esté despourveue de tout, en sorte que sont survenus beau-
coup dïnconvéniens par telle faulte. Et n'a esté en Genève, ny
ailleurs, homme quil prétendyt avoir majesté quil aye faict aul-
les magistrats bernois pour la délivrance des deux captifs (Lettre du 20
novembre 1534. Genfer-Buch. Arcb. de Berne).
1 Cette pièce n'est pas une lettre, mais le texte d'un discours adressé
aux Chanoines de la part du Conseil, comme nous le savons d'après ce
passage, qui précède le susdit texte dans le Registre : « Jovis [die] primo
Octobris 1534. Nobiles Domini Sindici, associati majori parte sui Consilii
ordinarii, iverunt ad Dominos de Capitulo Sancti Pétri, die supb Kalendaî
in loco suo capitulari congregatos, quibus subscripta exposuerunt et pe-
tierunt, scripto tamen, ne, occasione longi propositi, loquens aberraret. »
Le conseiller Jean Balard, fervent catholique, faisait partie de cette dé-
putât ion.
214 LE CONSEIL DE GENÈVE AU CHAPITRE DE ST.-PIERRE. 1534
cung effort de sou[b]venir à la pouvre cité, — ains, au lieu de
remesde, et sans aultrement regarder le debvoir, a esté getté et
attraict ung quil se disoit docteur en Théologie, nommé Furbiti,
lequel en chière, par une arrogance et pertinacité, a aousé droic-
tement [1. directement] parler contre l'honneur de l'excellence de
très-redoubtéz Seigneurs Messieurs de Berne 2, quil sont et ont
esté entièrement et du tout protection de la cité : [ce] que n'es-
toit point faict comme apertient à pasteur quil veult vrayement
paistre, comment gens de vertu peulvent sçavoir. Et, pour l'admi-
nistration de Justice, ont esté créez plusieurs qui [se] sont eulx-
mesmes déclairés non point amys deGenêve,aim, a vans leurs cueurs
aultre part, sont esté faictz fugitifz, et ont en temps neccessaire
laissé la pouvre ville en sa neccessité, et [se] sont plusieurs fois reti-
rez avecque les ennemys, comment transfuges3 ; don[t] les citoyens
jusques à présent sont estez merveilleusement troublés, sans qu'il
ayent heubt homme quil [se] soit faict leur deffenseur de conseil,
ny de faict, saulfz l'excellence de mes dits Seigneurs de Berne.
Pourquoy, sommes estes esmeu vous en dire cecy, comme une
partie des doléances de la cité, affin que en soyés recordans et
veuilles en dire la vérité, avecque [ce] qu'il leur [1. vous ?] plaise
eslire officiers, tant Vicaire, Officiai, Juge des excès et d'appellation 4,
veu que la sède vacque 5.
2 Voyez sur le Père Furbiti les N°s 441, n. 9; 446, n. 6-8; 447, n. 1
et 6; 448, n. 7, et 453.
3 Dans le nombre de ces transfuges se trouvaient Nycod du Prat, pro-
cureur fiscal de l'Évêque, et le Docteur Dominique Suchet, dont le susdit
procureur vantait le mérite en ces termes : « Ab infancia est imbutus de
negociis concernentibus juridicionem vestram et jura Civitatis » (Lettre
du 26 février 1534 à Pierre de la Baume. Arcb. de Genève).
4 Les fonctions de Grandir Vicaire n'étaient plus exercées par le Doyen
du Chapitre, Amé de Gingins , bien qu'il résidât encore à Genève. Le
Registre du 13 octobre donne lieu de penser qu'il avait été remplacé dans
cette charge par le Juge des excès Claude du Four, qui, dès le commen-
cement de septembre, s'était transporté à Gex avec V Officiai Guillaume
de Vegio, sur l'ordre de Pierre de la Baume. Celui-ci avait, en effet, lancé
contre les Genevois une bulle d'excommunication, le 22 août, et transféré
dans la ville de Gex son tribunal épiscopal. A cette mesure de l'Évêque
le Conseil de Genève avait répondu parle décret suivant : « QuartâSeptem-
bris. Arresté de faire deffense cà tous les curés et vicaires que il ne doë-
gent recepvoir... ny tenir à bonnes [1. pour bonnes] quelles lettres que se
facent en la court de Gex, soit par Officiai, Vicaire ny aultre. » On lit encore
dans le Piegistre du 25 septembre : « Fuit... propositum sicuti Episcopus
scripsit D, Johanni de Ulmo, siggillifero, quôd ipse se, cum siggillis Of-
1 534 FRANÇOIS- DU RIMER A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 215
François du rivier ' à Guillaume Farel, à Genève.
De Morat, 8 octobre (1534 2).
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchàtel.
Sommaire. Vous vous plaignez de ce que je n'ai répondu qu'une seule fois à vos fré-
quentes lettres. Je vous avais cependant écrit par un marchand neuchâtelois, mais il a
fîcialatûs hujus civitatis, debeat ad opidum Gay transportare, et fuit visa
ejusdem Episcopi litera. Super quo fuit arrestatum..., quamvis ipsi [Do-
miui de Capitule] velint consentire , fiant defensiones dicto... Sigillifero,
uemini ipsa sigilla expédiât sine nostro mandate. »
5 II paraît qu'au dernier moment le Conseil fit changer la rédaction
de cette phrase. Elle a, du moins, reçu la forme suivante dans le procès-
verbal notarié de l'entrevue du Chapitre et des députés du Conseil :
« ...Veulliés en dire la vérité. Et davantage, pource que le Siège de la
« Justice épiscopale de ceste cité, et en ycelle, a vacqué et vacque à présent
« (comme il est à chescun notoyre), et que actendu que, [le] Siège vac-
«. quant, vous appertient constituer les officiers épiscopaulx, — [nous]
« vous prions et requérons, au nom de toutte la communaulté, vouloir
•.< ordonner et constituer vicayre, officiai et juge des excès et de appel-
« lation. » (Lettres testimoniales rédigées, à la réquisition des Syndics,
par le notaire André Viennoys. Mscrit. orig. Arch. de Genève.)
M. Gaberel s'est donc mépris sur la portée de la déclaration du 1er
octobre, quand il dit (op. cit. I, 191) : « Les Conseils signifient aux cha-
noines que l'évèque est déposé. » La déclaration faite au Chapitre ne
renferme-t-elle pas, au contraire, une reconnaissance tacite de l'autorité
épiscopale, puisqu'elle requiert les représentants de celle-ci d'élire les
officiers indispensables à l'administration de la Justice? Les Genevois vi-
vaient, il est vrai, en mauvais termes avec leur évêque, mais ils ne son-
geaient pas à le déposer. On ne trouve aucun indice d'un pareil projet
dans le passage suivant du Registre du 18 septembre 1534, qui trahit
une grande irritation contre Pierre de la Baume : « Fuit loquutum de ne-
gotiis civitatis et perpetratis per Episcopum, et arrestatum quùd omnia
debeant notari et describi, et postea advidebitur de experiendo et agendo
contra eum, in vim per ipsum perpetratorum, quorum occasione eastige-
tur. » (Voyez les Additions.)
1 Voyez sur Fr. Martoret du Bivier le N° 893, n. 25.
2 Les détails qui fixent l'année sont indiqués dans les n. 4, 8, 13 et 1G.
216 FRANÇOIS DU RIMER A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1534
été contraint de déchirer mon épître en revenant de Lyon. Depuis lors je n'ai pas
trouvé de messagers sûrs, et ceux à qui j'aurais pu me fier ne m'ont pas averti à
temps de leur départ.
Je crains que, malgré votre promesse, l'un de vous deux ne puisse être présent a
notre prochain synode, et que par conséquent l'on n'y prenne aucune mesure utile.
Nous sommes pourtant décidés à résister ouvertement à nos rabbins. J'étais venu ici
pour m'entendre avec notre ami Turtaz sur le moyen d'obtenir l'appui de Gaspard
[Megander]. Mais Jean de Tournay m'avait devancé, et, la veille de mon arrivée à
Morat, il s'était rendu à Berne. Gaspard sera peut-être d'avis qu'il convient de dif-
férer le Synode jusqu'à ce que nous soyons certains de la paix ou de la guerre, car
les députés [envoyés à Cho/inbéry] ne sont pas encore de retour.
Le procès de Christophe [Fabri] est toujours en suspens, et le curé n'a pas encore
été cité en justice. Denis attend à Neuchdtel la prochaine congrégation, pour y de-
mander une place de pasteur.
Salutem, gratiam et pacem a Domino Deo per Jesum Cliristum !
Accepi tuas postremas literas*, charissime frater, quibus me mu-
nes ul fratrem christianum decet. Dicis te plurimas ad me misisse
literas, à me verô nullas récépissé praster unas. Sciïpseram tamen
per Amedœum, mercatorem Neocomensem, at non pertulerat, nam
dicit mihi se fregisse, ubi rediit Lugduno, cum videret non posse
transire Gebend \ m ego jusseram. Nam non audeo cuivis commit-
3 Ces lettres, ainsi que beaucoup d'autres écrites par Farel à cette
époque, sont perdues.
* Aîné Maréchal et son frère Claude, marchands établis à Ncuchâtci,
étaient revenus de Lyon par le Fort-de-1'Écluse. En arrivant à Colonges,
le mercredi 9 septembre 1534, ils y trouvèrent un postillon à cheval qui
prit avec eux la route de Genève. Les trois voyageurs avaient déjà passé
« le pont de Chancy » et atteint la Grave, lorsqu'ils rencontrèrent Michel
de Gruyère et plusieurs autres gentilshommes armés, qui les interrogèrent
durement. « Tu portes une plume de Luther? » dit l'un d'eux au postillon.
« Non fais, répondit-il. Ëtes-vous larrons? Attendez-vous ainsi les gens sur
les chemins?»— «Tu es bien fier, répliquèrent les gentilshommes. Qui es-
tu? » — « Je suis un homme comme vous. » — « Quelles sont les nou-
velles? » — « L'on dit que vous faites toujours peur à ceux de Genève. »
— « Par le sang ! nous la leur ferons, avant qu'il soit trois semaines ré-
volues. » On laissa enfin nos trois voyageurs, quand ils eurent déclaré
qu'ils n'étaient pas genevois.
A cette occasion MM. de Berne adressèrent au comte de Gruyère une
lettre dont voici la fin : « Vous advertissant, sy par vostre filz, ou aultre
de sa compaignie, à. nous combourgeoys de Genesve, ouaultres nous alliés...
est faict quelque déplaisir, que nous nous recourrons sur vous. » (Voy. la
déposition d'Ame Maréchal datée de Neuchàtel le 1er octobre 1534, la
lettre de Berne à Jean de Gruyère du 15 septembre, et celle de son fils
1534 FRANÇOIS DU RIV1ER A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 217
tere meas ad le literas, cum sint qui nihil aliud venentur quàm ut
possint intercipere literas et eolligere in fa[s]ciculum, ut aliquid
inde expiscentur quo possint nobiscum expostulare, ne dicam nos
calumniari. Scripsissera per Lupuin, at dicebat se non esse certum
an ad le proriciscerelur, nain ibat dunlaxat Garandissonum 5 us-
que, quorumdam suorum vestimentorum gratiâ ; prœterea monue-
rat me, an vellem ad te aliquid dare literarum, cumjam arripue-
rat iter. Scripsissem etiam lubens per Alexandrum et Petreman-
dumCornodum*,2Xisthvfi iVeruut omnes me inscio. Quare non
est quôd sis in me irato animo, ut Lupus mihi retulil, quôd non
saepius ad te scripserim.
Casterùm, rereor ne non possitis prœstare quod dicis, alterum
vestrûm1 venturum adfuturum nostrum concilium8, quodmirum
in modum [cupiunt?] omnes pii fratres; nam non videmus quo-
modo aliquid frugi fieri poterit, nisi adsitis. Sumus tamen eo
animo nostris rabinis resistere in faciem et non amplius dissimu-
lare 9, ut nos saepe monuisti ; sed quid inde, nisi clamores et voci-
ferationes et tandem magnum scandalum? — quod illi non ve-
rentur, imo potiùs, nihil magis videntur habere in votis quàm ut
oriatur, ut possint in nos totam rejicere culpam.
Michel datée d'Orou le 22 septembre. Arch. bernoises. — J.-J. Hisely.
Hist. du comté de Gruyère, II, 341).)
5 La ville de Grandson.
6 II s'agit peut-être d'Alexandre Le Bel (N° 349, n. 1 et 3, N° 354,
n. 4), qui, vers cette époque, exerçait le ministère à Corgéniont dans le
Val St.-Imier (Voy. la lettre de Fabri du 10 mars 1535). Pétremand Cor-
nod était vraisemblablement un bourgeois de Xeucliâtel.
7 Saunier ne résidait plus en Suisse. Froment, qui assistait encore au
culte des Evangéliques genevois le 22 février 1534 (Voy. Gaberel, op.
cit. I, pièces justif. p. 55), passa une partie du reste de l'année chez les
Vaudois du Piémont ou de la Provence. Sur les instances de MM. de
Berne (N° 455, renv. de n. 3), la ville de Neuchâtel avait donné un nou-
veau congé à Viret, qui était revenu à Genève au mois d'avril ou de mai
(Voy. le Reg. du Conseil du 8 juin). Farel et Viret étaient donc en octo-
bre les seuls prédicateurs des réformés genevois.
8 Le Synode en question eut lieu à Grandson le mardi 3 novembre
suivant. Quarante ministres, tant du comté de Neuchâtel que du pays de
Berne, y furent présents (Journal de Lecomte. Ruchat, III, 300). Mais
nous croyons que ni Farel, ni Viret ne purent y assister (Voy. le X° 48G, n. 2) .
9 II ne s'agit pas ici lu curé et des catholiques de Boudry, que Fabri
appelle Bodriaccnscs rabini (Lettre du 10 mars 1535), mais de certains
ministres qui avaient la prétention de dominer dans les assemblées de
leurs collègues.
218 FRANÇOIS DU RIMER A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1534-
Quod scribis ut rogemus Gasparem Bernatem 10, ut nos non de-
serat in tanto negotio, eâ causa veni Murattum ut possem conferre
cum nostro Turtero " quid facto opus esset. Àt pridie quàm venis-
sem, Joannes noster Tornassensis 12 se receperat Bernam, cui Tur-
terus injunxerat ut conveniret Gasparem hac de re, et rogaret, no-
mine omnium, propter Cliristum, ad nos venire si fieri potest, et
tandem certiores nos faceret. Scribendo lias literas expectabamus
nuncium, at non rediit; quamobrem nescimus quid responderit.
Fortasse videbitur illi differendam esse hanc congregationem. do-
uée certiores fiant de pace aut bello, nom Legati nondum redierunt13.
Cuperemus scire vestram sententiam in hac re, si liceret per tem-
pus. Dominus omnia prosperet in melius ! Si fit et Gaspard adve-
nerit, faciemus quod jubés : indicabimus illi quomodo Crux li misit
Bernam qui datus fuerat illi probandus et tandem certiores facie-
mus, quicquid actum fuerit.
Porrô, de negotio Christophori nihil actum est 15. Prœfectus pol-
10 Gaspard Megander (en allemand Grossmann) appelé à Berne en fé-
vrier 1528. Il y remplissait les fonctions de pasteur et de professeur de
théologie. Il avait publié des commentaires sur l'Épître aux Galates
(mars 1533) et sur l'Épître aux Éphésiens (avril 1534). La préface de
ce dernier ouvrage renferme d'intéressants détails sur le Collège de Berne.
Megander était connu personnellement des pasteurs de la Suisse romande,
depuis le synode qui se réunit à Xeuchâtel le 29 mai 1534 (N° 471, n. 1).
11 Hugues Turtaz, pasteur de Meiri et de l'église française de Morat.
12 Jean de Tournag, pasteur à Payerne (X° 435, fin de la n. 2).
13 On doit inférer de cette phrase, que les députés auxquels Fr. du Ei-
vicr fait allusion étaient absents depuis quelque temps déjà. H s'agit donc
ici de l'ambassade qui, partie de Berne le 16 septembre 1534 pour aller
plaider auprès du duc de Savoie (N° 479, n. 4) la cause de la paix, ne fut
de retour de Turin que vers le milieu d'octobre suivant,— et non de celle que
MM. de Berne dirigèrent sur Xyon le G octobre 1535, pour faire rebrousser
chemin aux gens de Xidau, Bienne, Xeuchâtel, etc., que Jacob Wildermuth
amenait au secours de Genève. Les deux conseillers bernois chargés de
cette dernière mission n'arrivèrent à Coppet que le 9 au soir, la veille mê-
me de la bataille de Gingins. Voyez le Manuel de Berne du 16 septembre,
17, 19 octobre 1534, et du 6 octobre 1535 (Communication de M. le chan-
celier Maurice de Stùrler). — Registre du Conseil de Genève, 11 et 12
octobre 1535. — Ruchat, III, 419.
14 Jean Lecomte de la Croix, pasteur à Grandson. Le candidat qu'on
lui reprochait d'avoir, de sa propre autorité, envoyé à Berne était peut-
être Jacques Leroy (X° 471, renvoi de n. 4).
15 Cliristoplie Fabri, pasteur à Bole dans le comté de Xeuchâtel. Voyez,
sur ses démêlés avec le curé de Boudry,\e X° 394, n. 4 et renv. den. 13,
le X° 400, renv. de n. 4, notes 8, 12, et le X° 491.
1531 GASPARD DE COLIGNY A NICOLAS BÉRAULD. 219
licitus erat dicere diem raso, at nihildum effeclum est. etsi pluries
fuerit rogalus à civibus, adeô ut cives jara tam magno taedio affi-
ciantur ut nesciant amplius quid facturi siût ; dicunt tamen se non
derelicturos hoc negotium imperfectum. Caetera satis bene lia-
ient. Dionisius1* Me insignis casearius expectat Neocomi futur mn
congregationem, an poterit habere locura ubi agere possit cum
uxore quam Lupus illi adduxit. Yale. Salutant vos oranes pii.
Muratti, 8 octobris (1534).
Tuus ex animo Franciscus Rivius.
(Inscriptio :) Charissimo fratri Guillelmo Farello, Gebenis.
483
Gaspard de coligny à Nicolas Bérauld ' .
(D'Amboise, vers le 8 octobre 1534 2).
Autographe. Bibl. de la Ville de Berne. Vol. E. 141, epa 14*. Ca-
talogus Godicum Mss. Bibliothecee Bernensis, t. III, p. 184.
Sommaire. Sut le désir exprimé par Bérauld, Coligny l'informe des nouvelles du jour,
et il lui fait connaître l'emploi de son temps d la coicr de François I.
Gaspard Collignius3 Nicolao Beraldo S.
Quoniam, et quidem contra morem tuum (animus enim tuus ab
16 Entre les pasteurs établis cà cette époque dans la Suisse romande,
un seul, à notre connaissance, portait ce prénom : c'était Denis Lambert.
Nous ne savons pourquoi on l'appelait le Fromager. Ce ministre nouvel-
lement marié, n'avait pas encore trouvé d'emploi. Le 10 octobre 1535 il
en avait un, et même assez périlleux , puiscpi'il accompagnait en qualité
d'aumônier la petite armée qui battit les Savoyards à Gingins (Voy. la
n. 13 et la lettre du 9 septembre 1535).
1 Quoique cette pièce ne rentre pas dans le cadre de la Correspon-
dance, nous croyons devoir la reproduire, à raison du rôle important
qu'a joué plus tard Coligny. C'est d'ailleurs l'unique lettre qui nous reste
de sa première jeunesse, et elle n'a pas même été citée par ses modernes
biographes.
2 Voyez les notes 6, 10 et 11.
3 Gaspard de Coligny, fils du maréchal de Chastillon et neveu du
220 GASPARD DE COL1UNÏ A NICOLAS BÉRAULD. 1534
iis abhorrere videtur) aulicarum rerum cerlior ex me lieri cupis,
et si tam magnis atque arduis rébus ingenium meum immiscere
non fuerim solitus, pro mutua tamen in ter nos benevolentia, ho-
nestae tuae cupid[it]ati libenter obtemperans, quicquid ex aliis au-
diero et edoctus fuero, quàm potero fidelissimè ad te perscribam.
Primùm igitur Pontifleem mort[u]um esse neino est qui aflîrmet;
compertum est tamen eum adeô graviter aBgrotasse, ut indies
mors poliùs quàm vita expectetur 4. Romœ viros passim armatos
cerneres, partim praedae imminentes, partim ad tedes suas ab alio-
rum insolentià tuendas. Sexto Uns Septembres 5 é Massiliensi portu
solverunt Cardinales nostri*, atque Romam ingressi Comitiis jam
adesse omneis arbitrantur. Sed maximas vides difticultates : mare
aut communibus generis humani bostibus teneri, aut gallico no-
mini parum amicis, agrum Romanum bello flagrare, atque, ut
paucis absolvam, omneis aditus undique esse clauses.
Nihilominus, in tam ancipiti et dubia rerum omnium fortuna,
Rex suum non dejicit animum, imô, spei quasi jam certissimaj
plenus, quotidie venando cursu cervos fatigat, aut venabulo intra
plagas apros interficit. Nos quoque interdum pari tenemur studio,
potiorem tamen operam in Cieeroniana leclione et Ptolemei tabu-
lis Maino 7 daturus, in quibus aliam ac Theocrenus 8 secutus ratio-
gi-and-maître Aune de Montmorency, naquit le 16 février 1519 (1517,
suivant quelques auteurs, ce qui est impossible , son frère Odet étant né
le 10 juillet 1517). La première éducation de Coligny fut confiée à Ni-
colas Bérauld (X° 475, n. 2). En 1534 il continuait ses études à la cour
de François I, en assistant peut-être aux leçons que ses nouveaux pro-
fesseurs, Theocrenus et Guill. du Maine, donnaient aux enfants du lloi
(Voy. notes 7-8).
4 Voyez la note 10.
5 C'est-à-dire le 8 septembre.
6 Au nombre de ces cardinaux français, qui étaient partis pour Borne,
se trouvait Odet de Chastillon, frère de Coligny (X" 475, n. 2). Le pape
Clément VII, sentant approcher sa fin, avait convoqué le Conclave pour
faire élire son successeur (Cronique de Françoys I, p. 110).
7 Guillaume du Maine (en latin Mainus), savant helléniste natif de
Loudun en Poitou. 11 fit d'abord l'éducation des fils de Guill. Budé, son
professeur de grec (Voy. G. Budœi Epistolae. Basilese, 1521. p. 116,
120), puis il devint lecteur de Marguerite d'Angoulême, et plus tard pré-
cepteur des enfants de France. Il avait participé à la rédaction d'un lexi-
que grec publié à Paris en 1523. (Voy. la Bibliothèque franc, de La
Croix du Maine. — Maittaire, op. cit. II, 106, III, 686.)
8 Benoît Tagliacame (en latin Theocrenus), poète latin natif de barzana
1534 GASPARD DE C0L1GNY A NICOLAS BÉRAULD. 221
nem cosmographiam adjunxit, et eam potissimum qua3 ad locorum
longitudinem et latitudinem spectat, additis meridianis et parellelk
Habes res aulicas ut scire potui. Tu vicissim (si te non piget),
tum in urbe 9, tum domi tuœ qu;e agantur certiorem me facias.
Mainus te etiam atque etiara resalutat. lis literis scriptis, certissi-
mus tandem nuncius de Pontifias obitu 10 Régi tum allatus est,
cum omnes illum convalescere arbitrarentur u.
dans le pays de Gênes, était alors précepteur des enfants du Roi. Il fut
créé évêque de Grasse en 1534. Il est jugé en ces termes par l'un des
correspondants d'Érasme : « Homo ingentis ostentationis. . . at nullius
eruditionis, solus Grammaticus Grœcus et Latinus... vir nullius judicii,
Hetrusca lingua eruditissimus. » Clément Marot lui est plus favoralde.
(Voyez Erasmi Epp. Le Clerc, p. 1859. — Oeuvres de C. Marot. La Haye,
1731, t. II, p. 378. — Nicéron. Mémoires pour servir à l'Hist. des hommes
illustres, t. XXXHI.)
9 Bêrauld était attendu depuis plusieurs mois par sa famille , qui ré-
sidait alors à Paris; mais il n'avait pas encore quitté Orléans (Voyez sa
lettre du 13 octobre à Antoine de Castelnau, X° 475, n. 2), ce que son
ancien élève ignorait sans doute.
10 Clément FIT mourut à Borne le 26 septembre 1534. L'élection de son
successeur Alexandre Farnèse, qui prit le nom de Paul III, eut lieu le 6
octobre suivant, mais elle était encore ignorée à Paris le 19 du même
mois (Journal d'un bourgeois, p. 438. — Félibien, op. cit. IV, 685). Le
nouveau pape est ainsi apprécié dans la lettre de Gilbert Cousin à Bonif.
Amerbach du 4 novembre 1534 : « Dicitur esse nobilis, doctus et docto-
rum hominum amans, moribus sobriis ac pbilosopbicis. Italus est, et scri-
bunt eum Gallis favere » (Erasmi Epp. ad Amerbachium, n° 93).
1 x Le lieu et la date ne sont pas indiqués ; mais la nouvelle de la mort
du pape Clément Vn n'ayant pu parvenir au Roi qu'une dizaine de jours
après l'événement (Voyez note 10), il faut en conclure que Gaspard de
Coligny a dû écrire la présente lettre vers le 8 octobre, et par conséquent
à Amboise, où était la cour. On sait en effet que François I, après avoir
séjourné quelque temps à Blois, d'où est datée sa lettre du 21 septembre
1534 au Conseil de Genève (Voyez Merle d'Aubigné, op. cit. IV, 465),
se dirigea sur Amboise, et qu'il se trouvait le 1er octobre au bourg de
Pont-le-Voy, à 5 lieues E. de cette dernière ville (Pièces fugitives pour
servir à l'Hist. de France, Ire partie, p. 104). Il résidait encore au châ-
teau d'Amboise lorsque les placards furent affichés à Paris, le 18 octobre
suivant (X° 485, notes 4 et 5).
222 LES SOEURS DE STE.-CLAIRE AU CONSEIL DE GENÈVE. 1 534
484
les sœurs de ste. -claire ' au Conseil de Genève.
De Genève, 25 octobre (1534).
Msc. original. Arch. de Genève. Jeanne de Jussie, op. cit. p. 257.
Sommaire. Les Clarisses de Genève se plaignent de ce que le service divin a été troublé
dans leur église, et elles se recommandent à la protection du Conseil.
Pour très-humble salut, Jhésus nostre rédempteur vous doint sa
saincte grâce et son amour! Amen.
Messieurs, très-honnorés Seigneurs, nous très-aymées pères et
conservateurs! Plaise [à] vos ne tenir à présumption la fâcherie
que vous donons par nous lettres, car il sommes contraintes pour
vous advertir de nos indigences et doléance. Nous nous sommes
myses soubz vostre protection et sauve garde, et en vous et à Mes-
sieurs nous confions entièrement. Il est vray que hier, à heure de
vespres, entrèrent aulcuns en nostre esglise, non par dévotion,
mais faisant cris et brairie impétueulx, pour nous enpèchés le
divin service, et prindrent une croix avecques aulcuns ymaiges
qu'ils] mirent par pièce viollentement. Et ce jà la seconde fois
que avons enduré tel insurte et grant fraieurs 2.
1 Voyez la « Notice sur l'ordre religieux de Ste Claire et sur la com-
munauté des Clarisses à Genève, » par Ad.-C. Grivel, notice placée à la
suite du Levain du Calvinisme, édition Jullien, Genève, 1865.
2 Le couvent de Ste. -Claire était situé sur l'emplacement actuel du Pa-
lais de Justice , et très-rapproché par eousécpient de l'enceinte fortifiée
de la ville. Les gardes du rempart passaient plusieurs fois par jour près
du couvent. Cette circonstance explique, sans les excuser, les «molestes»
dont les Sœurs eurent à souffrir depuis que Genève fut sérieusement me-
nacée par les troupes de l'évêque de Genève et du duc de Savoie, d'au-
tant plus que ces religieuses, comme la Sœur Jeanne de Jussie nous en
informe, tenaient le parti de ces deux princes.
Au reste , les dévastations que les Sœurs dénoncent ici n'étaient pas
1534 LES SIEURS DE STE.-CLAIRE AU CONSEIL DE GENÈVE. ^2-\
Nous n'entendons pas que cela soil notice à vostre révérence.
Si [1. cependant] nous en recomandons à vostre seignorie et bé-
gnivolance, suppliant en toutes révérence, en l'honneur de Jhésu-
crist et de ses doloreuses soffrances, qu>i\f\ vous plaise donné ordre
que ne soions plus molestée de teulles insolance contre Dieu et rai-
sons, et que ïong nous laisse en paix faire le divin service. Pour
quel faire, volontairement nous sommes rencluses et donné à Dieu.
prian[t] jours et nuyt pour la conservation de la bonne cité et de
vous, Messieurs, — désirant continuel et de vivre et mory ycit en
vostre convent, si vous plait nous il mantenir et conservés se[n]s
molestes. Et de ce cessit [1. ceci] à genoulx et mains jointes vous
supplions assurance et vostre noble volloir, car sens cela ne por-
rions vivre, veu l'espavantement que [nous] nous donnons de ses
insolance contre saincle Esglise, et, pour la fin, nous recomandons
très-humblement et en toutes révérence à vos bonnes grâces et
seignorie, prian[t] Dieu [qu'il] vous donne très-bonne vie. Amen.
Du povre covenl [de] madame saincte Glère, le xxv d'octobre. Par
les toutes entièrement
Vous très-humbles filles orateresses
L'abbesse et les seurs Religieuses du dit covent.
(Suscription:) A Messieurs les Sindicques, Messieurs les gou-
verneurs et conseillers de ceste noble et inclite cité de Genesve,
nous très-honnorés Seigneur, pères et conservateurs. Très-hum-
blement 3.
un fait isolé. A plusieurs reprises, pendant l'été et l'automne de 1534, le
Conseil dut rechercher et punir des iconoclastes. (Voyez Froment. Actes
et Gestes. Extr. des Registres, au 24 et 26 mai, 12 juin, 26 et 27 juillet,
14 août, 20 et 25 septembre, 3 décembre. — Jeanne de Jussie. Notes,
p. 251-253). La décision prise parle Conseil le 26 juillet contre les
destructeurs d'images renferme ce considérant : « Quamvis talia simu-
lacra et ymagines, secundîun legem divinam, amovendre et destruendee
venirent, dicti tamen dirruptores id sine licentia et mandato fecisse non
debuerunt, quia est actus Magistratum spectans, et quia se ingesseruntin
actus magistrales... »
3 Le Registre du Conseil ne mentionne pas même la présente suppli-
que. Elle a dû être écrite par la Samr Jeanne de Jussie , qui avait déjà
composé la requête que les Sœurs adressèrent aux Syndics, le jeudi 6 oc-
tobre 1530, avant l'arrivée des Suisses à Genève (Voyez Albert Rilliet.
Notice sur Jeanne de Jussie. Genève, 1866, p. 18, et le Levain du Calvi-
nisme, 1865, p. 13).
224 [ANTOINE DE MARCOURt] AUX BÉNÉVOLES LECTEURS. 1534
485
[antoine de marcourt '] aux bénévoles Lecteurs.
(De Neuchâtel, 16 novembre 1534.)
Petit traicte très utile et salutaire de la saincte eucharistie de nostre
Seigneur Jesuchrist2. (Neuchàtel) 1534.
( Extraits. )
Sommaire. L'auteur du Traité de la sainte Eucharistie expose les raisons qui l'ont en-
gagé à composer et à répandre des pilacards contre la Messe. Il proteste contre les
séducteurs f|ui étouffent la discussion pxMique et qui interdisent au peuple les livres
de piété en langue vulgaire. On a beau contredire, tuer et brûler ; il faudra que « la
vérité de Dieu » soit enfin connue.
Aux bénévoles lecteurs, Salut,
.... De Dieu et de sa volunté ne pouvons rien congnoislre si-
non par sa saincte Parolle. Par quoy il fault que tout ce qui est
dict et faict en l'église de Jesuchrist soit reiglé, conduict et mons-
tre par icelle saincte Parolle, non pas par la doctrine ou invention
humaine 3. . . .
A ceste cause, moy paovre créature, considérant les grandes té-
nèbres qui sont, et jà de long temps ont régné quasi sur toute la
1 Voyez la note 4.
2 Au-dessous du titre on lit ce passage : « Audiens sapiens sapientior
erit. Prouerb. j. » L'ouvrage est composé de 39 feuillets petit in-8°, en
caractères gothiques tout pareils à ceux qu'employait Pierre de Wingle,
et il se termine ainsi : « Recte iudicate filii hominum. Psal. 57. Acheue
de Imprimer le xvie iour de Nouembre 1534. »
3 Dans le passage que nous supprimons l'auteur dit en résumé que
« sur peine de griefVement offenser Dieu, ung cbascun doibt retirer d'er-
reur et mensonge son prochain, » et pour établir ce devoir, il cite Ezé-
chiel, chap. III, v. 18 : « Si tu ne annonce à l'inique qu'i[l] se conver-
tisse de son mal, je requerray son sang de ta main. »
1 534 [ANTOINE DE MARGOURT] AUX BÉNÉVOLES LECTEURS. 225
terre, pay esté esmeu par bonne affection de composer et rédiger en
escript aucuns Articles véritables sur les importables abuz de la
Messe4. Lesquelz Articles je désire es tre publiez et attachez par
4 Le personnage qui a composé le Petit Traité de la Ste Eucharistie
avoue, par conséquent, qu'il était l'auteur des placards affichés à Paris
pendant la nuit du 17 au 18 octobre 1534, et qui portaient le titre sui-
vant : « Articles véritables sur les horribles , grans et importables abuz
de la Messe papale. » Mais quel est le nom de ce personnage? — M. Merle
d'Aubigné affirme (op. cit. t. HT, p. 124, 135), sur l'autorité de Flori-
mond de Eaemond, que ce fut Guillaume Farel qui * se chargea » de ce
travail. Cette assertion est en désaccord avec les témoignages contem-
porains. Crespin nous apprend (op. cit. 1582, f. 103 a) que certains mem-
bres de l'église réformée de Paris, « par un soudain mouvement, et sans
autre advis de ceux qui les eussent mieux conseillez, » résolurent d'en-
voyer dans la Suisse romande un des leurs, nommé Féret, « pour avoir
un sommaire de ce qu'on donneroit à cognoistre au peuple pour instruc-
tion de la foy et religion Chrestienne. » Si le député de Paris se fût
adressé à Farel, que des soins urgents retenaient à Genève (N° 482, n. 8),
le Réformateur ne lui aurait-il pas simplement proposé d'attendre la ré-
impression du Sommaire qu'il avait publié en 1524 (N° 107, n. 4, N° 109,
n. 4, N° 128, n. 13), puisque cet ouvrage devait bientôt être remis sous
presse à Neuchâtel, où il parut le 23 décembre 1534? Est-il à croire que
Farel eût conçu la malheureuse idée de substituer à cet exposé complet
de la foi chrétienne les violents « Articles sur les abuz de la Messe, » sans
même se douter qu'il pourrait ainsi compromettre l'œuvre de conciliation
entreprise par Mélanchtlion (Nos 476, 478), et à laquelle il attachait lui-
même tant d'importance (Yoy. sa lettre à G. du Bellay, écrite en 1535) ?
L'examen attentif du Petit Traité de l'Eucharistie, d'où les « Arti-
cles véritables » sont en grande partie textuellement extraits, nous a
d'ailleurs convaincu que ce Traité n'est point l'œuvre de Farel. L'expo-
sition aisée, le style vif et rapide , l'usage même de certains mots parti-
culiers à l'auteur du susdit Traité, tout révèle une autre origine. Ce n'est
pas non plus la manière facile , mais prolixe de Pierre Viret. Aussi ac-
ceptons-nous sans réserve le témoignage d'un collègue, d'un ami intime
de Farel qui atteste que « ces placcardz avoyent esté faictz à Neufchastel
en Suysse par ung Antoine Marcourd » (Froment. Actes et Gestes. Mscrit
orig. autographe, cahier 33e. Arch. de Genève). Ce nom a été transformé
par erreur en celui de Marcotiod dans l'édition de 1854, p. 248.
Marcourt n'en était pas à ses débuts dans la carrière littéraire. Il
avait déjà publié, entre autres opuscules, un livre intitulé : « La décla-
ration de la Messe , le fruict d'icelle, la cause et le moyen pourquoy et
comment on la doibt maintenir... » (1533 ou 1534), 48 feuillets petit
in-8°, ouvrage mentionné dans le Sommaire de Farel (édition de 1534,
f. Diij verso; édit. de 1552, p. 100), et qui fut réimprimé en 1544 avec
le nom de l'auteur. (Voy. le Catalogue de la Bibl. de M. le baron J. P*****
Paris, 18G9, p. 23. — Voyez aussi les Additions.) A l'arrivée du député
t. m. 15
226 [ANTOINE DE MARCOURï] AUX BÉNÉVOLES LECTEURS. 1 534
tous les lieux publicques de la terre, affin que icelle faulseté, la-
quelle par si long temps a esté occulte et cachée, soit d'ung chas-
cun entendue et amplement congneue, et que par la miséricorde
de Dieu on y puisse adviser et entièrement remédier, — par cela
désirant faire en escript ce que de bouche et en présence je ne
puis faire; car par tous bons moyens fault à l'œuvre de Dieu, pour
la maintenance et publication de [la] vérité , jusque à la mort se
exposer et employer. Lesquelz Articles fay entendu avoir esté mis
et attachez en plusieurs lieux 5, pour ung salutaire advertissement
à tout le monde de avoir advis à cela et très-fort le considérer.
Mais (ainsi que de long temps il a eslétousjours expérimenté)
plusieurs, lesquelz, à cause de leur office, devroient inciter le paovre
peuple à tout bien et congnoissance de vérité, sont ceulx qui du tout
l'en retirent et empesaient, procurans et esmouvans, selon leur or-
dinaire coustuine, persécutions, noises et turbations, pour empescher
et suffoquer tout cela qui leur desplaist c. . . De telles gens Isaye
de Paris (août ou septembre 1534), le bouillant Marcourt, qui était déjà
un personnage dans le comté de Neuchâtel, estima sans doute qu'il avait
bien le droit, après avoir extrait de son Traité encore inédit sur l'Eucha-
ristie les « Articles véritables, » de les faire imprimer sans consulter ses
collègues. A notre avis, il est difficile d'expliquer autrement l'absence
complète de toute allusion aux placards dans les deux lettres que Fr. du
Bivier et Georges Grivat adressèrent à Farel le 8 octobre et le 11 dé-
cembre (1534).
5 Les placards furent affichés à Paris, à Orléans , à Amboise, où le
Roi était pour lors, et dans plusieurs autres villes de France ( Voyez le
N° 488, u. 11, le N° 488, renv. de n. 9, la lettre de J. Sturm du 6 mars
1535, et le Journal d'un bourgeois de Paris, p. 442 et 449).
6 Marcourt ignorait encore l'exaspération que les placards avaient ex-
citée contre les Luthériens. Etienne Dolet s'exprime ainsi à leur égard
dans la lettre qu'il écrivait de Paris le 9 novembre 1534 à son ami Scève
à Lyon : « Jam Lutetiœ acta rumoresque expectas... In vulgi sermonibus
aliud plané nibil , prseter factas Christo à Lutheranis injurias. Dissipavit
enim convitiosa qusedam in cultum Christianum stulta ista et gloriœ exi-
tiosœ appetens natio, quse invidiam quâ bactenus laboravit vehementiùs
commoverunt. Itaque cùm ex infimâ plebis fece, tum ex amplissimo mer-
catorum online, erroris Lutberani suspicione perstricti, midti in carcerem
conjecti sunt. Istarum tragœdiarum spectatorem me prœbeo , et aliorum
partim vicem doleo casumque miseror, partim stultitiam rideo, qui sibi
capitale periculum ridiculâ quadam pertinaciâ et intolerabili obstinatione
confiant... » (Dialogus de imitatione Ciceroniana. Lugduni, 1535. Mait-
taire, op. cit. t. III, p. 32.)
Le lendemain du jour de l'apparition des « Articles véritables, » c'est-
1 534 [ANTOINE DE MARCOURT] AUX BÉNÉVOLES LECTEURS. 227
(chap. lvi) parle en ceste manière : « Les conducteurs du peuple
sont tous aveugles 7, auquel passage il est bien évident que le sainct
prophète ne parle point des moindres, mais de ceulx qui sont con-
stituez en dignité et estimez du monde les plus grans, qui portent
la clef de science et n'y entrent point, et aussi n'y permettent point
entrer ceulx qui desyrent y entrer8.
De cecy nous avons maintenant manifeste exemple en noz mais-
tres de Paris 9, lesquelz ont deffendu que nul ne soit si hardy de
alléguer en leurs actes le Grec ou Ébrieu, sur grosse peine par
eulx ordonnée 10, en cela se monstrans appertement ennemys de
à-dire le lundi 19 octobre, la Chambre des Vacations avait décidé qu'elle
irait en procession, le 22, de la Ste. -Chapelle à Xotre-Danie, « pour prier
Dieu que correction fût faite des scandaleux, hérétiques placars et livres
attachez et plaquez en plusieurs carrefours et lieux de la ville de Paris. »
Une autre procession avait été annoncée dans toutes les paroisses, pour
le dimanche 25. On promettait cent écus de récompense à quiconque ré-
vélerait avec certitude « celuy ou ceulx qui avoient fisché les dictz pla-
cars. Ceulx qui se trouveroient les receler seroient hrusléz. » Bientôt
après, et grâce à la trahison d'un ancien « avertisseur des assemblées se-
crètes, » le Châtelet se remplit de prisonniers. Le 10 novembre déjà, sept
condamnations à mort étaient prononcées. La première victime du bûcher
fut un paralytique nommé Barthélemi Milon. Son supplice eut lieu le 13
novembre. (Voy. le Journal cité, p. 442, 444. — Bèze. Hist. ecclés. I, 16.
— Crespin, f. 104 b. — Félibien, II, 997, IV, 685.)
7 On lit ici à la marge : s-t<j«-ot.
8 St. Luc, chap. XI, v. 52.
9 A la marge , le deuxième verset du chapitre XVIII des Proverbes
est reproduit en caractères hébraïques.
10 Par cette défense la Sorbonne s'opposait à la volonté expresse du
Roi, et au vœu qu'avait exprimé la Faculté des Arts, comme nous
l'apprend l'historien de l'Université : « Mense Augusto 1530... Nonnul-
las obversantes nugas,... ex Régis decreto, reformare statuit [primus prse-
ses Senatus]. Qua ex re... scripto obtulerunt Deputati Facultatis Artium
eidem D'ao Prœsidi : « Nostram hanc Academiam Parisioisem luclibrio hac-
tenus exteris nationibus fuisse , non aliam ob causam quàm quôd, omissis
Evangeliis et SS. Ecclesise doctoribus Cypriano, Chrysostomo, Hierony-
mo, Augustino et similibus, Sophisticen nescio quam ac Dialecticen, in
qua non placuit Deo salvare suuin populum, nostrates tamen Theologi
profit erentur... » Paulo post vero Senatus decrevit, ut deinceps nulli ad-
mitterentur ad Licentiam qui non audivissent divinas Scripturas, Novum
et Vêtus Testamentum, interpretationes Magistri Sententiarum, etc. »
(Voy. Bulœus, VI, 227, le N° 17, n. 7, et le t. II, p. 484.)
La Faculté de Théologie voulait interdire même aux Professeurs Royaux
la libre interprétation des Saintes Écritures. Elle demanda au Parlement,
228 [ANTOINE DE MARCOURT] AUX BÉNÉVOLES LECTEURS. 1534.
toutes bonnes lettres. . . . Mesme en leurs disputations public-
ques, ilz ont gens appostéz pour frapper et faire bruict, se il ad-
vient que le arguant suyve et presse le respondant, [ce] qui est une
grande irrision et pure mocquerie. Item, si quelque personnage
sçavant insiste fort à la Saincte Escripture, ainsi que ung chascun
devroit faire, il est, peult-estre, en danger de sa personne; à tout
le moins, à force de bruict on le fera taire. Et cela fonl-ilz affin
que vérité ne soit clairement entendue des assistans, car autre
raison je n"en sçauroye donner.
Davantage, je leur demanderoye voluntiers, de toutes leurs
cryeries et disputations publicques par cy-avant faictes, quantes
bonnes et chrestiennes résolutions en a-on veu? Certes jamais.
Toutesfoys ilz avoient esté premièrement ordonnez des Princes et
Roys, pour simplement et purement déclairer la saincte Parolle
de Dieu, au lieu de laquelle ilz ont couru après leurs songes, après
Aristote et autres payens pbilosophes, délaissans et abandonnans
Jésucbrist. Parquoy devroienl estre totallement déjectez, à cause
que ilz n'ont point faict leur devoir et office.
Oultre, quant à la reste du peuple, n'est-ce pas trop empesché et
retiré les paovres âmes rachaplées du sang de Jésuchrist de en-
trer en la congnoissance de la pure et saincte vérité de Dieu, quand
par les supérieurs il est prohibé et deffendu de ne avoir aucuns
livres en langaige vulgaire parlans de Dieu et de la foij ? Assez est
concédé en avoir, mais qu'ilz soyent pleins de follies, de fables, de
mensonges, et bien souvent d'infection et paillardise n.
0! quel espoventable et dur jugement sera faict sur telles gens
qui sont cause de cecy! Car si ung roy mortel veult estre obéy,
que dira-on du Roy éternel? .... Ainsi certes, en la fin, veullent
ou non les rebelles, fauldra-il que la vérité de Dieu soit congneue?
On a beau contredire , on a beau tuer, empescher, meurtrir et bras-
ier 12. Le conseil de Dieu est immuable, lequel a esleu les choses
le 9 janvier 1534 (et non vers 1530, comme le disent quelques historiens) , « ut
iisclem Professoribus... interdiceretur ne, in suis interpretationibus Biblire,
pro lege enuntiarent : « Ita fertur in Hebraicis litteris, sive Grœcis, » per-
inde quasi kujusmodi interpretatio vulgatœ editioni Latinœ, quam à tôt
abbinc sseculis Latina Ecclesia retinet, anteponenda sit. » (Voy.leN°459,
notes 10-12.)
11 On lit à la marge ; « Sapience. VI. »
12 La même pensée est exprimée plus loin dans ces passages : « Pour
la mort d'ung, ou deux, ou troys en quelque lieu, voire de mille et mille,
1 S34 SIMPRECHT VOGT A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 229
basses et infirmes, pour confondre les choses haultes et fortes, af-
fm que toute gloire soit à luy seul, et que nulle chair ne se vienne
glorifier en sa présence (1 Corinthiens, I, 27-29).
486
simprecht VOGT ' à Guillaume Farel, à Genève.
De Bieime, 1er décembre 1534.
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchàlel.
Sommaire. Voilà bien longtemps que nous n'avons plus de vos nouvelles ; on dit seule-
ment que le nombre des- frères s'augmente beaucoup à Genève, et nous en rendons
grâces à Dieu. Ici rien n'a changé depuis votre départ ; mais (chose déplorable) les
efforts des papistes à Soleure ont pleinement réussi. Je vous recommande le porteur
de la présente : c'est un cordonnier honnête et pieux, qui va faire des emplettes à Ge-
nève. Si vous pouvez lui rendre quelque service, vous nous obligerez. Veuillez nous
écrire et saluer de ma part mon cher ami Vint.
Gratia tibi et pax a Deo pâtre, per Dominum nostrum Jesum
Ghristum! Jamdudum de te nihil audimus 2, Yarelle amanlissime,
ou ne mettra pas fin à eecy ; il n'est possible, et en cela ne faict-on que
provocquer la vengeance et fureur de Dieu... C'est chose admirable qu'il
ne soit pas licite au peuple chrestien de faire autant pour les paovres
âmes rachetées du sang de Jésuchrist, comme il est licite de faire pour
les 1 testes brutes. Si on voyoit ung loup aux champs près ung troppeau,
il seroit licite de cryer, et de faict chascun cryeroit après, sans aucune
répréhension. Hélas ! on voit tant de loups, de séducteurs et abuseurs,
qui séduysent et tiennent en ténèbres et damnation le paovre inonde ! Ne
oserait-on donc cryer après et parler à rencontre?... Et pourtant de ma
part (si Dieu me ayde) je crieray , je escriray et feray tout ce que je
pourray, jusque à la mort,... et ainsi feront, j'en suis seur, plus de cent
mille autres avec moy.
1 Voyez sur Simprecht Voyt et ses rapports antérieurs avec Farel le
N° 398, n. 1.
2 De ces paroles on peut inférer que Farci n'était revenu ni à Morat^
230 SIMPRECHT VOGT A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1 534
quo scilicet paclo et tecura et cum fratribus agatur, nisi quod ru-
mor apiid nos est, fratrum Gebennensium numerum magis ac magis
augeri 3. Ea propter grates Deo nostro agimus, qui, sua benignis-
sima misericordia , Verbum suum non solùm in Germaniis voluit
preedicari, sed et in Galliœ urbibus etiam celeberrimis.
Apud nos non possumus majorem profectum sentire Evangelii,
quàra fuerit cum adhuc nobiscum versareris 4. Et, quod magis do-
lendum, Papistici conatus in urbe et agro Solodurensium lantum
valuerunt, ut Cliristus ejusque veritas propemodum in universum
exploderetur 5. Tantam potest contentio, effrenatum malum, quee,
cum jungeretur pertinaciae, maluit omnia collabi , etiam veritatem
ipsam, quàm vinci 6 ! Speramus tamen Dominum pro sua benigni-
tate non derelicturum suos, eosque qui jam prae rabie insaniunt
tandem cœpto destituros.
ni à Neuchâtél, depuis le 29 mai, jour où tous les ministres de la Suisse ro-
mande se réunirent dans cette dernière ville (N° 471 , n. 1) . Nous en concluons
aussi que Farel n'avait pu se trouver à Grandson , le 3 novembre , avec
les pasteurs de Neuchâtél (N° 482, n. 8). Autrement ceux-ci, qui étaient
en relation fréquente avec la ville de Bienne , auraient pu donner de ses
nouvelles à Simprecht Yogi.
3 Georges Grivat dit à peu près la même chose dans sa lettre du 11
décembre. On pourrait s'étonner de cette augmentation du nombre des
Évangéliques genevois, s'il était vrai, comme le dit Michel Roset (Chro-
nique. Livre III, chap. xxvni), que le Conseil leur eût « défendu (25 sep-
tembre 1534) de prêcher au temple de Rive, » et qu'il en eût fait fermer
les portes. Roset s'est évidemment mépris sur le sens d'un passage du
Registre. On y lit, non au 25, mais au 28 septembre, le paragraphe sui-
vant : « Fuit loquutum quôd Farellus et quidam ejus socius, favore, ut
fertur, et instinctu Claudii Bernardi et Claudii Posta [c'est-à-dire Claude
Salomond], satagunt intrare in Conventum Ripae, et ibidem aut Religio-
sos turbare, aut Franciscanum praedicantem inquietare, aut ipsimet prse-
dicare. Super quo fuit resolutum quôd dicatur Religiosis dicti conventûs,
ipsum conventum teneant clausum. Et fuerunt vocati Claudius Bernard
et Claudius Pasta, quibus fuit defensum ne inducant dictos Praadicantes,
propter suspicionem rumorum et debatorum quaa inde oriri possent ; et
committitur Salterio quôd debeat dicere Farello quôd talia non faciat. »
Mais cet ordre donné aux Cordeliers de Rive « de tenir leur couvent
fermé » n'empêcha nullement Farel et Viret de continuer « au grand
auditoire » du susdit couvent le culte que les Réformés y avaient inauguré
le 1er mars (Voyez le N° 453, n. 1, et Jeanne de Jussie, p. 108, 112).
4 Pendant près de quatre ans Farel avait pu visiter fréquemment les
églises de la Neuveville, de Gléresse, de Diesse, etc., qui étaient voisines
de Bienne. Il n'avait quitté la ville de Morat qu'en décembre 1533.
5-6 La ruine des vingt-quatre églises réformées du canton de Soleure
1 534 SIMPRECHT VOGT A GUILLAUME FAR EL, A GENEVE. 231
Cseterùm lator harum cujus sit fidei tum erga Deum, tum homi-
nes, non opus est ut tibi pluribus significem, quippe qui tibi to-
tus cognitus sit. Exercet artem cerdonicam, jaraque Gebennù co-
natur mercatorem ali(|uem pro pellibus ovillis convenire. Eum si
tu adjuveris, et inihi et fratribus faciès rem perquam gratissimam ;
neminem enim adbuc islbic novit. Non enim dubilamus , quin ea
quœ promitleret, non Grsecâ sed verè Germanicâ fide ex[sjolulurus
esset. Habet prseterea pecuniae portionem non spernendam ; nosti
tamen hoc opificii egere sumptu haud vulgari. Quare, si cui mer-
catori tam probe atque mibi tibique et fratribus cognitus esset,
non dubito quin suo cum commodo ad nos repedaturus esset.
Quare te rogo, ut ipsi in hac re interpellatorem apud fidum ali-
quem fratrem prsestes. Deus conservet te diu Ecclesiee suœ inco-
lumem!
Salulabis nomine meo Petrnm nostrum Viretum fratrera,meique
amantissimum 7. Utrumque anxiè rogo ne dedignemini ad nos scri-
bere quomodo se habeant res et Gbristi et vestrî. Salutant le Ja-
cobus tioster s piique omnes. Salutabis tu quoque nomine nostro
pios. Vale, fràter dilectissime in Christo nostro. Bielnis, Kalendis
Decembribus, Anno ab orbe redempto Millesimo quingentesimo
tricesimo quarto.
TUUS SlMPERTUS YOGTIUS,
minister Ecclesiee Bielnensis.
(Inscriptio : ) Fratri suo dilecto Gulielmo Varello, Ecclesiae Ge-
bennensis ministro, ad ma nus. A Genefve.
avait été préparée en grande partie par l'obstination de leurs pasteurs.
(Voy. Ruchat, II, 136-140, 258-271, 339, 340, 381-386 ; III, 145-160,
165-172. — J. de Muller, op. cit. t. X, p. 360, 496-499.)
7 Les relations amicales qui existaient entre Vogt et Viret s'étaient
probablement formées l'année précédente, alors que ce dernier exerçait
le ministère à Neuchâtel.
8 Jacques Wurb, pasteur à Bienne depuis 1527 (N° 398, n. 12).
232 GEORGES GMVAT A GUILLAUME FAREL, A MORAT. 1534
487
GEORGES grivat ' à Guillaume Farel, à Morat 3.
De la Neuveville, 11 décembre (1534 3).
Inédile. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel.
Sommaire. Votre lettre m'a réjoui, soit parce qu'elle m'informe des progrès de l'Évan-
gile à Genève, soit aussi parce que j'y retrouve, même dans vos réprimandes, le ton
amical et bienveillant qui vous est habituel.
Vous me reprochez de vous avoir laissé ignorer les communications que j'ai faites
aux diverses églises du pays romand, touchant une méthode d'évangélisation qui
pourrait avoir pour conséquence l'effusion du sang. Mon silence ne devait pas vous
surprendre, puisque vous aviez été instruit de tout cela par nos collègues, il y a
déjà quelques mois. Mais il est faux que j'aie accepté les conséquences sanglantes
dont vous parlez, et l'auteur de cette imputation est peut-être celui-là même qui se
vantait d'avoir fait â vos objections cette audacieuse réponse: « Mourons tous, s'il
le faut, et que le monde entier périsse, pourvu que la vérité soit partout proclamée! »
Ne craignez donc plus que je soutienne de semblables idées devant un peuple ami de
la licence. Je sais trop bien où tendent ses désirs. Tant que je vivrai, croyez-moi,
je ne prêcherai qu'une seule chose, c'est qu'il faut « aimer et suivre le Christ avec
une invincible patience. »
J'étais venu jusqu'à la Neuveville pour vous faire une visite et me justifier auprès
de vous, mais le mauvais temps s'oppose à ce que je continue ma route. J'irai vous
voir une autre fois, â moins que nos montagnes ne soient pas un obstacle qui vous
empêche vous-même de venir jusqu'à nous.
S.[alulem], gratiam ac pacem a Deo paire, per Dominum Jesum
Christum, qui suo spirilu nos protegat! Recepi tuas Utérus, mi
1 Georges Grivat, surnommé Colleys, s'appelait en latin Grevattus ou
Calesius. Natif d'Orbe , mais élevé à Lausanne, où il devint enfant de
chœur, il fut élu chantre par le clergé de sa ville natale en 1529. Après
avoir embrassé la Réforme, il y prêcha son premier sermon le 10 mai
1531. Au mois de septembre de la même année, il secondait Farel à
Grandson (Voy. Pierrefleur , p. 40-41, 67, et le N° 355, n. 1). Nous le
retrouvons maintenant pasteur dans les environs de la Neuveville.
- Voyez la note 14.
3 Voyez la note 13.
1534 GEORGES GRIVAT A GUILLAUME FAREL, A SIORAT. 233
frater, quae me multis nominibus letum reddiderunt, tum quod ne-
gotium Domiiù belle habere apud Allobrogas 4 audiain, tum quod in
Mis reluceat totus meus FareUus, suis lenis [1. lenibus] ac amicis
objurgationibus, imô mouilionibus, cum fratre agens.
Conquérais me sparsisse in singulis Gulliœ 5 ecclesiis quidpiam,
quo te participera reddere noluerim, fratrem illum qui inter sibi
cbaros charissimum me babuerit, quippe qui mibi nibil taie quic-
quam nec majus celare voluisset. Id fateor, at mirari non debes me
tibi non apperuisse quse alii fratres me [1. te] docuerunt, qui scilicet,
quum te aliquis proponeret in médium, dicebant se de bis le jam-
dudum aliquot menses convenisse, pr<ecipuèin congregationibus6:
quod tuis literis testari mibi videris, quum scribis eos meminisse
apud me de sanguine fundendo nescio quœ, si scilicet quisquam hue
via populum docere auspicaretur.
At quid est? Quod mulli solemus : quœ nos premunt alieno
imponere tergo. Me forte — qui apud me gloriabatur se Farello àu-
dacissimè respondisse, quum fundendi sanguinis mentionem audiret :
« Quid? inquit. Moriamur omnes , commovealur totus niundus,
« misceatur cœlum lerrae, revelentur impiorum acta, scindantur
« lapides, ac omnia vel médium fiant mare, modo id quod verum
« est omnibus pateat! Caetera nibil moror 7 » — [Me] non est ve-
ritus meo Farello suadere me hœc dixisse : quod est minime verum.
Porrô Unies ne hœc proponam populo immodestie libertatis se-
qùaci Non est quod timeas. Salis animum vulgi novi, quid scilicet
cupiat. quid quaerat, quid venetur, quo lendat. Quare non uliud
* Il est question de Genève, ancienne ville des Allobroges.
5 Le correspondant de Farel ne veut pas mentionner ici les églises de
France , mais celles de la Suisse occidentale dans lescpielles on parlait le
français (Yoy. le N° 480, fin du 1er paragraphe). A ce moment-là, il
n'y avait d'églises réformées qu'autour du lac de Neucliâtel, et dans les
villes de Payerne et d'Orbe, situées sur le territoire qui était alors habi-
tuellement désigné par le nom général de pays romand ou de pays de Sa-
voie.
6 II s'agit des assemblées de ministres qui se tenaient ordinairement
chaque jeudi à Xeuchâtel. à Morat ou à Grandson, assemblées auxquelles
Farel n'avait pu assister depuis plusieurs mois (Voy. le commencement
du N° 482 et le N° 4HG, n. 2).
7 Nous ignorons le nom du ministre qui voulait que la vérité fût pro-
clamée , même au prix d'un bouleversement universel et de l'effusion du
sang. Nous ne savons pas davantage à quelle occasion il prononça les pa-
roles citées dans le texte.
234 GEORGES GRIVAT A GUILLAUME FAREL, A MOBAT. 1 534
docebo, crede mihi. quamduclum spirilus hos reget artus, quant
pertinaci patientid Cltrïstum amandum, sectandumque. Dominus
novit, et poteris fratrum de liis testimonium recipere8.
Veneram Agathopollm 9 usque, cupiens te adiré, ut meara apud
te excusationem audires, quam literis assequi non possura; at non
licuit ultra progredi, aëris intempérie. Quamobrem mihi ne succen-
seas, te visurus quum primùm dabitur occasio, nisi forte, quod
m agis cuperem, ipse nostris non remorareris (sic) montibus 10
quin venires ad nos. Quôd pluribus non scribitur parce bine inox
soliitiiro. Vale. Salutat te Stephanus noster ac Vicinus n. Salutabis
Viretum nostrum 12. Vale iterum. Agathopoli, undecima Decembris
(1534 13).
Tuus Georgius Grevattus.
( Inscriptio :) Guilliermo suo Farello. Moreti14.
8 On lit dans la lettre de Fabri à Farel et à Viret du 4 février 1535
le passage suivant, qui nous semble relatif aux accusations lancées con-
tre Georges Grivat : « Calesius noster in concione nostra nuper adfuit,
eorum gratià qua? ad vos scripseram, omniumque rationem reddidit, quam
(ut par erat) admisimus; adeô ut coràm objicere nullus sit ausus quœ
priclem in eum jactafuere. » Voyez aussi la lettre de Fabri du 10 mars
suivant.
9 Ce mot est la traduction grecque du nom de la Bonneville, appelée
aussi la Neuveville, qui est située au bord du lac de Bienne.
10 De la Neuveville on se rend par les montagnes dans le Val St.-
Imier, où selon toutes les probabilités Grivat remplissait les fonctions de
pasteur.
11 Nous ne connaissons pas le nom de famille du premier de ces per-
sonnages. Jean Voisin, que nous avons déjà rencontré dans le bailliage de
Grandson, prêchait peut-être à la Neuveville en 1534.
12 Ce détail montre que Viret et Farel vivaient alors dans le même
lieu. C'était le cas en décembre 1534, où ils se trouvaient l'un et l'autre
à Genève, tandis qu'en décembre 1533 Viret était à NeucMtel ou à
Payerne (N° 444, n. 9), et qu'en 1535, il quitta Genève avant le mois de
décembre.
13 Ce millésime est indiqué par le passage où Grivat se félicite de la
situation prospère de l'église de Genève (renvoi de note 4), ce qui eût été
prématuré en décembre 1533 et superflu deux ans plus tard, après l'ac-
ceptation de la Réforme dans cette ville. Voyez aussi les notes 8 et 12.
14 On pourrait supposer que Farel s'était rendu à Morat pour quel-
ques jours; mais il est plus probable qu'en dirigeant sur cette ville la
présente lettre , Grivat était assuré qu'elle parviendrait à sa destination
à Genève (Voy. le t. II, p. 4(32, lignes 2-3).
lo3i CONRAD GESNER A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 235
488
CONRAD gesner ' à Henri Bullinger à Zuricli.
De Strasbourg, 27 décembre 1534.
Inédite. Autographe. Arch. de Zurich. Copie. Coll. Simler.
SoilMAiKE. Des placards contre la Messe ayant été affichés à Paris, trois ou quatre
cents personnes ont été emprisonnées. Dix Évangéliques ont déjà péri sur le bûcher.
On fouille toutes les maisons pour y chercher les livres luthériens. Gesner, qui en
avait chez lui, a échappé au danger par les bons offices du Vicaire de VÉvêquc. Mal-
gré la violence des persécuteurs , l'église secrète de Paris compte encore quelques
milliers de fidèles. Le libraire Weingartner, une dame française, deux étudiants et
plusieurs nobles viennent de se réfugier à Strasbourg .
S. Argentmam, reliclis Parisiis, quinto Idus Septembris [1. Decem-
bris] 2, veni, simul quôd majorera sumptum in dies facerem 3, simul
1 Conrad Gesner, qu'on a surnommé le Pline de l'Allemagne, naquit à
Zurich le 26 mars 1516. Il fut élevé avec soin par l'ancien curé Jean
Frick, son oncle maternel , qui lui inspira le goût de l'histoire naturelle,
et par J.-J. Ammann, principal du collège de la ville. Ayant obtenu des
scolarques le subside réservé aux étudiants sans fortune, Gesner partit
pour la France en février 1533. Il ne s'arrêta guère à Paris et se rendit
à Bourges, où il enseigna pendant une année le latin et le grec aux pen-
sionnaires de Melchior Wohnar. De retour à Paris (1534), il put enfin
satisfaire son immense curiosité, et acquérir par une lecture assidue des
auteurs classiques cette variété de connaissances qu'on admire dans ses
nombreux ouvrages. (Voyez Gesneri Bibliotb. Universalis, 1545, fol. 180 a.
— Bezœ Icônes, f. Rj. — J.-A. de Thon. Hist. univ. année 1565. —
Schmiedel. Icônes plantarum. Xorimbergœ, 1747. — Conrad Gessner von
J. Hanhart. Winterthur, 1824.)
2 C'est-à-dire le 9 décembre, ce qui n'est pas d'accord avec le pas-
sage suivant de la lettre du même Gesner à Myconius datée également de
Strasbourg le 21 décembre 1534: «Ego, relictis Galliis, Argentinam pridie
nonarum Decembris veni. » (Mscr. orig. Bibl. de la ville de St.-Gall.)
3 Gesner écrivait de Paris à Bullinger le 26 août 1534 : « Pergimus
236 CONRAD GESNER A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 1 534
etiam quôd tantae tyrannidis quanlam vos pridem audiisse credo 4.
spectator esse non sustinerem 5. Nam. quod ad lileras, Germania
nostra nihil Galliis cedere videbatur. Sed lantos moins et tragœdiae
initium si quidem jam audivisti. hiec mea praeterito, sin minus,
perlege.
Fixi ab inconsullis quibusdam libelli gallicê scripti, in Novo Cas-
tro r\ ut rumor est, impressi; plerique ad Farellum et quendam Au-
gastinianum monachum1 autores référant. Theina erat contra Missus
abusum, et praesentiae corporis [Dominici] in Eucbaristia negatio8.
Eadem autem nocte Parisiis, Aureliœ sire Genebi et in Régit cubi-
culi januii 9 affixi sunt. Hinc belli initium, capti innumeri : rumor
in litteris pro virili , perrecturi amplius , nisi hîc etiam Musse pecunia
flectendse essent... Verùm et hîc et in aliis omnibus argenti Charybdin
Parisios dixeris. » (Mscr. orig. Arch. de Zurich. Hanhart, op. cit. p. 347).
4 Le bruit des nouvelles persécutions parvint très-tard en Suisse. Une
communication faite, le 20 novembre, par le gouvernement bâlois à ses
alliés de Zurich , Schaffhouse et Berne , mentionne des calomnies répan-
dues à la cour de François I contre les IV cantons évangéliques , mais
elle ne contient aucune allusion aux dangers de l'église réformée de
Paris.
5 On lit dans la lettre susdite de Gesner à Myconius : « Causa... qua
subitum abitionis consilium cepi haec inprimis est, ne in dies tantte tyran-
nidis... spectator essem, non quôd mihi isthic manere non tutum foret, —
etsi, pridie quant discederem, in divitem quendam ac nobilem Flandrum
impia plebs caedem perpétrant, « Germanus est ! » acclamando. « Indul-
gentias occisione merebimur. »
6 A Neuchâtel en Suisse, chez Pierre de Wingle.
7 La même rumeur est mentionnée dans la lettre que Gilbert Cousin,
secrétaire d'Érasme, écrivait à Boniface Amerbach le 14 janvier 1535:
« Imprudens et temerarius fuit qui schedis affixis tantum negocii et peri-
culi multis bonis exhibuit. Id, ut audio, procuravit Pharellus. Generosa
qupedam matrona Strausbwgum confugit. Fugerunt et alii. » (Mscr. orig.
Arch. de l'église deBâle.) Nous avons déjà énuméré les raisons qui nous
empêchent d'attribuer les placards à Farel. Si l'on pouvait prouver que
Marcourt avait fait partie de l'Ordre des Augustin», on s'expliquerait fa-
cilement pourquoi le bruit public désignait un religieux de cet Ordre
comme ayant participé à la composition des placards (V. le X° 485, n. 4).
8 Voyez le N° 485 au commencement de la note 4. Les x>lacards con-
tre la Messe furent réimprimés sous le titre suivant : « Conclusion de la
Messe. Ite missa est. » Lyon, Jean Saugrain, 1563. Ils ont été reproduits
par Crespin , Histoire des Martyrs, année 1534, ainsi que par Gerdès,
Historia Reformationis, t. IV, App. Monumenta, etc., p. 59-67, et par
MM. Haag. France Protestante. Pièces justificatives, n° IL
9 Au château d'Amboise, par conséquent, et non au Louvre, comme
1534 CONRAD GES.NER A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 237
circiter trecentos et ultra fert10. Novis et inauditis modis torquen-
tur longé miserrimè11 : coniburuntur, eruuntur lingute, manus
prœabscinduntur. Sunt porrô in certas tabulas intlnila capiendoiura
nomina relata 12. Sed duo studiosi hue ad nos nudius quartus 13 ve-
nerunt, fugà Galliis elapsi, et mulier quœdam nobilissima cum fa-
mul[is] et nobilibus 14. X1 1 i aiiint decem tantumraodô hucusque
combuslos 15; Regem Parisios venire 16; hujus judicium, cum tanlus
l'affirment plusieurs historiens (Voy. le N° 4S3, n. 11, et le Journal d'un
bourgeois, p. 442 et 449).
10-" Gesner disait dans sa lettre à Myconius du 21 décembre : « Capti
circiter quadringenti feruntur, plurimi verè pii , aliqui docti , quidam ex
suspitionibus tantùm. Hîc tu indies videas manus prsescindi, linguas erui,
vivos comburi, seu potins novo quodam ignis génère , quem minorem vo-
cant, quasi torreri. » Ce passage prouve que l'horrible potence au moyen
de laquelle les suppliciés étaient guindés au-dessus du bûcher, puis re-
plongés dans le feu à diverses reprises, fut inventée plusieurs semaines
avant la procession générale du 21 janvier 1535.
12 La Chronique de François I, p. 130, et un document publié par le
Bulletin du Protestantisme français, t. XI, p. 253, énumèrent cinquante-
deux personnes suspectes qui s'enfuirent et que le Parlement fit citer (25
janvier 1535) à comparaître, sous peine d'être condamnées au feu par
contumace. On trouve dans cette liste les noms suivants, qui ont déjà figuré
dans la Correspondance ou qu'elle mentionnera plus tard : Maître Pierre
Caroli, Maître Jean Rétif, prêcheur en la chapelle de Bracque, les moines
Augustins Berthault, Courauït, Cartier et Richard, le poète Clément Ma-
rotf maître Jean Regnault , principal du collège de Tournay , le sieur de
Rognac et sa femme, le sieur de Robertval, lieutenant du maréchal de La
Marck, la demoiselle Françoise Bayard, veuve du conseiller André Porte,
maître Pierre Bu Val, trésorier des menus plaisirs, maître Mathurin Cor-
dier, maître Guillaume Ferret, les imprimeurs Simon Du Bois et Jérôme
Denis, Jacques le Fèvre, dit le tailleur d'histoires (ne serait-ce point le
« Jacobus, sculptor imaginum » mentionné dans les Nos 108, renvoi de
n. 4, et 120, renvoi de n. 15?), le beau-frère et la sœur de feu Bar-
thélemi Milon, maître Thomas Barbarin, natif de la Coste en Dauphiné,
et Gaspard Charnel [1. Carmeï] natif de St. -Marcelin en Dauphiné.
13 On ne connaît pas les noms de ces deux étudiants français qui arri-
vèrent à Strasbourg le 24 décembre.
14 La Dame française réfugiée à Strasbourg était sans doute Françoise
Bayard (note 12).
1o Voici les noms des Évangéliques qui avaient péri récemment sur le
bûcher, avec la date de leur supplice : Le 13 novembre, Barthélemi Mi-
lon; le 14, Jean Du Bourg, riche marchand drapier; le 18, un tisserand;
le 20, un libraire; le 21, un maçon nommé Barthélemi Poille; le 4 dé-
cembre, un jeune clerc nommé Hugues Nyssier; le 5, un jeune enlumi-
neur de Compiègne; le 24, l'imprimeur Antoine Augereau, natif du Poi-
238 CONRAD GESNER A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 1534
sit caplorum numerus, Senatum expectare. Ego lam dira et atrocia
ne vel spectarem vel audirem, commode socios itineris nactus, dis-
cessi.
Ante verô quàm haec exorirentur, mirum in modum omnes pii
tua scripta amplectebantur, sollicité emebant 175 honoriticentissimè
te unum et amplissimè praedicabant; sed hac tempestate, cum sin-
gulae ferè domus perquirerentur, omnes piorum lucubrationes par-
timVulcano datas, parlim in Sequanam abjecta3. Ego et doctus qui-
tou (N° 438, n. 15). Voyez le Bulletin du Protestantisme, XI, 255. Le
Journal d'un bourgeois de Paris, p. 444-446 et Crespin, op. cit. fol.
104 b, ne sont pas d'accord sur tous les points avec le document d'où
nous avons tiré ces détails.
16 Au mois de décembre le Roi était encore à Châtellerault en Poitou,
à 77 lieues de la capitale (Voy. Journal d'un bourgeois, p. 439, 440).
A propos du retour de François I à Paris . qui , selon toutes les proba-
bilités, n'eut lieu qu'en janvier 1535, M. Merle d'Aubigné rapporte cer-
tains faits dont l'authenticité nous paraît douteuse. C'est d'abord l'au-
dience que Roussel, Couranlt et Berthuud auraient obtenue du Roi, au
Louvre , après les placards ( assertion à comparer avec la note 12 ) , puis
ces paroles que la reine de Navarre aurait adressées à son frère , en no-
vembre ou décembre 1534 : « Monseigneur, nous ne sommes point sacre-
ment aires. Ces infâmes placards ont été inventés par des hommes qui veu-
lent faire retomber sur nous la responsabilité de leur abominable ma-
nœuvre.» (Voy. Hist. de la Réf. au temps de Calvin, t. III, p. 147, 150 et
153.) Au lieu de citer comme autorité le n° 133 du Supplément français
de la Bibliothèque Impériale , dans lequel on ne trouve rien de pareil , le
célèbre historien aurait dû renvoyer au n° 2722 de la même collection,
manuscrit qui renferme une partie des lettres de la reine de Navarre.
C'est dans la 133e de ces lettres, qui est adressée à François I et qui fut
composée en 1541 (Voy. Génin. Nouv. lettres, etc. 1842, p. xn, 196,
197, 198), qu'on lit le passage suivant : « Dieu merci, Monseigneur, nul
des nostres n'ont esté trouvés sacramentaires , combien qu'ils n'ont
guères porté maindres peines ; et ne me puis garder de vous dire qu'il
vous souviengne de l'opinion que j'avois que les vilains placars estoient
faicts par ceux qui les cherchent aux aultres. » (Voyez les Additions.)
17 Comparez ce passage avec les notes 20-21 du N° 422. A notre
connaissance, depuis le martyre de Pointet et de Canus (N° 459, n. 16),
il n'y avait pas eu de nouveaux supplices, et, grâce à l'alliance de Fran-
çois I avec les Protestants d'Allemagne, les Évangéliques français avaient
joui pendant quelques mois d'une certaine tranquillité. Le seul exemple
de rigueur que nous ayons à signaler à cette époque est la sentence pro-
noncée le 30 août 1534 contre le magnifique Meigret, qui fut banni pour
cinq ans du Royaume, « parce qu'il estoit luthérien et mangeoit de la
chair en caresme » (Voy. Journal d'un bourgeois de Paris, p. 438-439,
et le N° 103, n. 63).
1534 CÔNBAD GESNER A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 239
dam Hisparms cum multa et nos liaberemus, tandem ab hospite
deprebensi sumus, qui secùs ferre notait, nisi ad ecclesiastem
aliquem, qui nos absolveret, res deferretur ls. Nos effecimus ut
apud Episcopi fratrem I9, ejus tum Vicarium et Evangelii fautorem,
ageretur. Sic quidein evasimus. Jam autem ipse captus detinetur; in
fratrem enim. Episcopum Parisiensem, licet Evangelicum sciant 20,
nibildum audent. Sic omnia in sectatores xXayyri r èvoirîj te 21. Sed
Clam aliqUOt yà.tâ.8a^ twv rr,; bfiovoZ'-'XS È^OfiÉvwv Giyri ;j.vjzol TC-jziwjcxq
speramus et partim cette scimus 22. Budœus quoque, non est quùd
dubitem. noater est lotus 23 cum doctissimis quibusque. Sed lioc hac-
tenus 24.
18 II paraît que Jean Friess de Zurich et les étudiants bernois Jean
Steiger, Jérôme Fricker et Jérôme Manuel, qui logeaient à Paris chez un
ami de l'Évangile, nommé Martin Bésard, n'eurent pas de tracasseries
à endurer à cause de la religion.
19 Bené du Bellay, qui fut plus tard évêque du Mans.
20 II y a beaucoup à rabattre de l'illusion du jeune Zuricois. L'évêque
de Paris n'avait de la sympathie que pour une Réforme modérée. Il
assista à la procession du 21 janvier suivant et remercia publiquement le
Roi de son zèle pour la foi catholique.
21 Iliade, III, 2. On trouve plus bas une réminiscence du huitième
vers.
22 En comparant ce témoignage avec, la lettre de Jean Canaye du 13
juillet 1524 (N° 105), on peut se faire une idée des progrès qu'avait ac-
complis depuis dix ans l'église secrète de Paris.
83 Nouvelle illusion de Gesner. Elle dut se dissiper lorsque Guillaume
Budé publia (mars 1535) son ouvrage intitulé « De transitu Hellenismi
ad Christianismum libri très. » Dans la dédicace de ce livre , qui est
adressé à François I, Budé loue ce monarque d'avoir ordouné une solen-
nelle procession (celle du 21 janvier 1535) pour expier le crime commis
par quelques furieux contre le sacrement de l'autel (Voy. Maittaire, op.
cit. II, 830). Son testament, daté du 23 juin 1536, n'est pas moins ins-
tructif. Après avoir déclaré qu'il a mis toute son espérance de salut en
la miséricorde de Jésus-Christ, il ajoute : « ayant aussi grande confiance
en l'intercession de la glorieuse et unique mère et vierge , de St Pierre
et de St Paul... et de la benoicte Madelaine... desquels, en ma vie, j'ay
eu la commémoration recommandée par pneciput... » (Copie du 17° siè-
cle, communiquée par M. Eugène de Budé). Nous voilà bien loin du noster est
totus de Gesner. Mélanchton n'hésitait pas, au contraire, à porter le ju-
gement suivant : « Laceramur horribiliter a Sadoleto et Budeo , quorum
uterque ad Regem Galliarum hostiliter de nostris scripsit » (Lettre du 2
sept. 1535. Melanth. Opp. éd. cit. II, 930, 937).
24 Les passages qui suivent sont consacrés à un règlement de compte.
On y trouve quelques détails intéressants sur Jean Friess, ami intime de
240 LES ÉVANGÉLIQUES DE GRANDSON AU CONSEIL DE BERNE. 1534
Andréas Weingartner 25 cum nobili quadam Galla midiere Ar-
gentinœ est. Resciverunt eum libros Lutheranorum invexisse; uxor
capta detinetur; bonorum et librorum confiscatio 2B pênes judices
est, id quod Froschovero 27 indicabitis Argentin*©, in œdibus
Buceri28, xxvii Decembris 1534.
Tuum mancipium Conradus Gesnerus.
(Inscriptio :) Eruditissimo Sacrarum Literarum interpreti D.
Henrico Bullingero, prseceptori observando.
489
les évangéliques de grandson au Conseil de Berne.
De Grandson (vers la fin de l'année 1534).
Inédile. Manuscrit original l. Arcbives de Berne.
Sommaire. Procédés intolérants du Conseil et des religieux de Grandson. Violences du
châtelain. Les Évangéliques demandent que l'exercice de leur culte ne soit plus trou-
blé et entravé.
Noz très-redoubtéz, haultz et puissans Seigneurs!
Il vous plaise admonester nos bourgeoys de Granson de ne tenir
leur Conseil à l'heure de nostre sermon, comme jusques à présent
ilz ont faict, mellans ban [1. amende] à ceulx qui ne si trouveront.
Gesner et qui était resté à Paris , et sur Pierre Koly de Zug, maître de
grec dans la pension de Melchior Wolmar à Bourges.
25 Libraire bâlois, fixé précédemment à Paris.
26 Déjà le 2 décembre 1529, le Conseil de Bâle avait intercédé auprès
de François I, en faveur de Weingartner, dont la librairie avait été con-
fisquée à Paris par le Chapitre de St. -Benoît.
27 Christophe Froschower, imprimeur à Zurich.
28 Martin Bucer était alors absent de Strasbourg. Il faisait un voyage
dans la Hesse, pour continuer les négociations relatives à la Concorde
entre les Luthériens et les Zwingliens.
1 Ce manuscrit est de la main du pasteur Jean Lecomte.
1534 LES ÉVANGÉLIQUES DE GRANDSON AU CONSEIL DE BERNE. 241
Hz font icy venir les processions à/lrerdun'2 et vont là, et y font
prescher ung cordelier, qui n'est mal allors qu'il ne dise de vous.
Item, ilz portent enseignes en leurs pourpointz ou sur leurs bon-
netz des fives 3 : ausqnelz quand nous disons qu'ilz font ce en
vous mesprisant *, ilz respondent que nulluy ne les en gardera, et
qu'ilz ne vivent pas de vous. Item, quand nous recevons la Cène5,
ne povons avoir aucun calice, et se moquent de nous; aussy [1. ain-
si] font chascun jour les serviteurs de Monsieur le Prieur6, durant
le sermon. Item, comme les Cordeliez ont rompu la chaire, qu'ilz
en facent refaire une autre pour y prescher "'. Item, [nous deman-
dons] que moisnes et cordeliez se tiennent en leurs abbayes , sans
donner mauvaise exemple par la ville, lesquelz aussy, à l'heure
du sermon, se mettent devant la porte du temple, se mocquans et
empeschans ceulx qui y veullent entrer. Item, en plain midi ilz
nous ferment les portes, et n'y povons entrer pour hacher [1. bap-
tiser] noz enfanss, et à la foire dernière0 n'y eusmes prédication.
Et quand demandasmes la clef, ung moisne dict que allissions pres-
2 Ce fait spécial n'a pu avoir lieu qu'avant le 25 février 1536, jour
de la cessation du culte catholique à Ycerdon (Journal de Lecointe).
3-4 Les fives étaient le nom populaire des jeunes pousses de sapin.
Après la bataille de Cappèl, les soldats des Petits-Cantons en avaient
mis sur leurs coiffures , en signe de victoire. Les catholiques de la Suisse
romande imitaient cet exemple, quand ils voulaient narguer leurs adver-
saires. Un fait semblable qui s'était passé à Orbe, le 4 mai 1533, fut sé-
vèrement puni par les Bernois (Voy. Pierrefîeur, op. cit. p. 98-100).
5 La Ste Cène fut célébrée pour la première fois par les Évangéliques
de Grandson le 29 décembre 1532.
6 Nicolas de Diesbach ( X° 360, n. 7), qui gouvernait le prieuré des
Bénédictins de St. -Jean-Baptiste. L'église de ces moines servait aux deux
cultes.
7 D'après le Journal de Lecomte , ce fut seulement le 18 mars 1537
que « la chaire fut [rejmise au chœur des Cordeliers de Grandson, pour
y prêcher l'Évangile. » En 1531, Farel et ses collègues avaient prêché
plusieurs fois dans l'église du couvent de St. -François, qui fut affectée
au culte des Évangéliques par les ordonnances du 30 janvier 1532 (N°
371, renvoi de n. 4). Jean Lecomte y prêchait encore le 13 avril 1533
(Voy. son Journal). Les Cordeliers avaient réussi à l'en expulser, en
démolissant la chaire.
8 II est ici question de l'église de St.-Jean-Baptisie. Celle de St-Fran-
çois , qui appartenait aux Cordeliers , ne fut ouverte aux Réformés pour
la célébration des baptêmes que le 19 décembre 1535 (Journal de Le-
comte).
9 L'unique foire de la ville de Grandson se tenait le 28 octobre.
t. m. 16
242 W.-F. CAPITON A MARTIANUS LUCAMUS [JEAN CALVIN, A BALEJ. 1 534
cher aux fourches. Et en demandant justice à Monsieur le chaste-
lain, il nous menasse de frapper, et par quatre foys se jecta sur
l'ung de nous 10.
Par quoy, noz très-honnoréz Seigneurs, nous vous supplions
très-humblement nous voulloir fère délivrer la clef du dict temple,
pour y entrer à toute heure que ne leur ferons empeschement, et
en liberté y bascher noz enfans et oyr la Parolle de Dieu, lequel
nous supplions, très-magnifiques princes, vous donner très-bonne
vie et longue. Accomplissez, s'il vous plaict, les très-humbles sup-
plications de
Voz très-humbles et très-obéissans subjectz et serviteurs
évangéliques de Granson.
490
w.-F. capiton à Martianus Lucanius [Jean Calvin, à Bâle1].
De Strasbourg (vers la fin de 1534 â).
Autographe. Bibl. Publ. de Genève. Vol. n° 110. Publiée en partie
dans les Calvini Opp. Édit. de Brunswick, t. V, p. xxxvi.
Sommaire. Votre livre me plaît beaucoup , mais nous vous conseillons d'attendre, poul-
ie publier, des temps plus favorables. Les Allemands savent par expérience que la
prédication qui a constamment pour objet la personne de Jésus-Christ est le vrai ré-
10 Voyez sur le châtelain de Grandson le N° 467, renv. de n. 8-11.
1 Le ton familier de cette lettre suppose des relations personnelles en-
tre les correspondants et ne permet pas de croire qu'elle ait été envoyée
à Calvin pendant son séjour en France. On sait du reste que celui-ci ne
prit le pseudonyme de Lucanius (anagramme de Calvinus) que depuis son
arrivée en Allemagne.
2 Pour établir cette date, nous devons rechercher à quel moment
Calvin quitta la France. Or il nous apprend que, Vannée même de sa con-
version, voyant « que tous ceux qui avoyent quelque désir de la pure doc-
trine se rangeoyent à lui pour apprendre , » il commença « à chercher
quelque cachette et moyen de se retirer des gens... Et de faict (dit-il) Je
1 534 W.-F. CAPITON A MARTIANUS LUCANIUS [JEAN CALVIN. A BÀLË]. 24o
mède aux maux de l'Église, et qu'en attaquant les erreurs des sectaires on leur
donne uue plus grande célébrité. Le sujet que vous avez choisi sera fécond en dis-
putes ; je crains que certains auteurs qui réprouvent maintenant cette doctrine crro-
née [du sommeil des âmes après la mort] , ne soient irrités par de nouveaux débats
et détournés de la piété. Je voudrais aussi vous voir débuter en soutenant une vérité
moins contestée. Je me suis abstenu de rien publier pendant les dissensions [de ces
. dernières années], et je m'en félicite aujourd'hui. Ne pensez pas que le fruit de vos
labeurs soit perdu ; vous pourrez plus tard les faire valoir sous une autre forme, et
vous posséderez alors une connaissance plus intime des Écritures.
Eu résumé , la triste situation des églises de France vous commande d'éviter les
disputes, et votre livre troublerait un grand nombre des meilleurs disciples de Jésus-
Christ. Voilà mon opinion, mais cependant vous demeurez libre d'entreprendre ou
d'ajourner la publication de votre ouvrage.
S. Guslus libri lui perplacet3; penitiùs cognoscere de toto non
licuit propter minutos et mini illegïbiles characteres. De edendo,
si nos midis, omninô profères consilium in tempus commodius 4. Jam
sectis omnia perstrepunt, et Germant, magna calamitate religïonis,
experti sunt errores oppugnando fieri illustriores 5; rationem verô
veins en Allemagne, de propos délibéré, afin que là je peusse vivre à re-
quoy en quelque coin incognu... » Il ajoute que ce fut pendant son séjour
à Bâle, que plusieurs fidèles furent brûlés en France (Préf. du comment,
sur les Psaumes). De ces détails , rapprochés de la lettre qu'il écrivait
de Noyon à Bucer, le 4 septembre (1534), ne peut-on pas inférer que son
départ de France eut lieu au mois d'octobre, même année? Le silence
complet qu'il garde sur les dangers auxquels il aurait été exposé , ainsi
que l'absence de son nom sur la liste des suspects publiée à Paris le 25
janvier 1535 , permet en outre de penser que ce n'était pas pour fuir la
persécution qu'il avait abandonné son pays. Enfin , ce dut être de l'une
des provinces septentrionales de la France , qu'il partit avec Louis du
Tillet pour se rendre à Strasbourg. La direction suivie par eux à travers
la Lorraine (Voy. Bèze. Vie de Calvin, édit. de 1565) ne laisse aucun
doute là-dessus. D'autre part, on est autorisé à croire, qu'après le mois
de février 1535, Calvin s'occupa uniquement de son Institution Chré-
tienne et qu'il remit à d'autres temps la publication de son deuxième ou-
vrage (Voy. n. 11). De tout cela, nous concluons que la présente lettre
a dû être écrite vers la fin de l'année 1534.
3 II s'agit du livre de Calvin intitulé Psychopannychia (Voy. notes 7
et 11).
4 Voyez la note 11.
5 Ces paroles s'expliquent par la publication des nombreux ouvrages
composés contre les Anabaptistes, et par la notoriété que cette polémique
avait donnée à leur doctrine (Voyez J.-H. Ott. Annales Anabaptistid.
Basilese, 1672).
244 W.-F. CAPITON A MARTIANUS LUCANIUS [JEAN CALVIN, A BALE]. 1 534
certissimam esse consulendi afflictis ecclesiis accuratissimè depin-
gere Cliristum. Sed et argumentum illud, quia extra analogiam fidei
utrinquetractatur,fœcundissimum erit rixarwn. Deinde sunt auto-
res splendidi, quos dejecit Dominus à pertinacia istiusmodi errons
affirmandi 6, quorum studia vereor ne incendantur, aut certe ne
prorsùs fidem quam hactenus coluerunt despondeant, aversentur-
que studia pietatis, quœ, ut crux alioqui fastidiosa, tenerioribus
mentibus facile exhalant.
Mattem etiam auspicareris '' scribendi industriam in argumente
plausibiliore. Temperavi mibi, nec penitet, quô minus in tantis dis-
sidiis stilo in publicum quicqnam mandarem (exceptis commenta-
nis in Hoseam, quos amici Galli lum exlorserant 8), et sunt qui
mallent mine ocium meum quàm turbulentum istum suum labo-
rem sibi obligisse 9. Pntas perire sudores istos? Non sanè periere,
sed postera dies occasionem prcebebil alio habitu illos venditandi.
Tempus etiam docebit Seripturarum omnium penitiorem intelli-
gentiam.
Summa : Gallicarum ecclesiarum afflicta conditio 10 efflagitat, ut
ab omnibus contenlionibus avocetis potiùs; nain tali operâ pluri-
mos, eosque optimos assectatores castrorum Cbristi conturbabis.
Et tamen, mi Marciane, liberum per me fuerit utrum velis, aut
6 Est-ce une allusion à Gaspard Schwenkféld et à Martin Borrhai (en
latin Cettarius), qui avaient abjuré depuis quelque temps les erreurs des
Anabaptistes (Voy. Ott, op. cit. p. 15, 62, et les Nos 130, n. 16; 186,
n. 4; 257, n. 6)? Bien que l'épithète de splendidi soit difficile à justifier,
appliquée à ces deux auteurs, nous ne voyons pas à quels autres contem-
porains ce passage pourrait se rapporter.
7 Cette expression indique évidemment qu'il s'agissait du début de
Calvin dans la polémique religieuse, et elle ne permet pas d'admettre
que l'ouvrage en question eût déjà été publié à Paris (Voy. note 11).
s C'étaient Le Fevre d'Étaples, Michel d'Arande et Gérard Roussel
qui avaient demandé à Capiton de dédier à la reine de Navarre son Com-
mentaire sur le prophète Osée (N° 221, renv. de n. 7, N° 227, renv. de n. 9).
9 N'est-ce pas une allusion à Bucer et aux grands travaux qu'il s'é-
tait imposés depuis quelques années, soit en publiant de nombreux ouvra-
ges, soit en poursuivant, avec un zèle que plusieurs jugeaient excessif, la
réalisation de son projet de concorde (Voy. le N° 434, n. 3-4. — Ruchat,
ITT, 307-309. — Scultetus, op. cit. P. U, 480, 481. — J.-W. Baum. Ca-
pito und Butzer) ?
10 Ces expressions n'ont pu avoir toute leur justesse qu'à une époque
où les églises évangéliques de France étaient violemment persécutées , ce
qui nous reporte vers la fin de l'année 1534.
1535 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 245
edendi aut differendi11. Yolui tamen quod mihi videretur obiter
indicare. Vale. Argen.[tinae.]
W. Capito.
( Inscriptio : ) Viro pio ac docto Martiano Lucanio, sibi in Do-
mino observa ndo.
491
Christophe fabri à Guillaume Farel, à Genève.
DeBole, 12 janvier 1535.
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel.
Sommaire. Vous faites bien, mon frère, de donner cours dans vos lettres aux sentiments
qui vous animent toujours , je veux dire, à votre zèle ardent pour la gloire de Christ
11 Nous sommes ici en désaccord avec MM. Baum, Cunitz et Reuss.
les nouveaux éditeurs des Œuvres de Calvin. Dans leurs savants Prolé-
gomènes sur les Opuscules du Réformateur (Calvini Opéra, édit. de Bruns-
wick, t. 1H, p. xxii, t. V, p. xxxv — xxxvn), ils concluent de ce que les
deux préfaces placées en tête de la. Psychopannychia sont datées, l'une
d'Orléans, 1534, l'autre de Bâle, 1536, qu'il a existé une première édi-
tion publiée à Paris en 1534 et une deuxième qui aurait paru à Bâle en
1530. En soi l'assertion nous paraîtrait hasardée, puisqu'on n'a jamais
vu un seul exemplaire de l'une ou de l'autre édition. Conrad Gesner,
qui possédait assez bien la bibliographie de son temps , ne mentionne,
dans l'article qu'il a consacré à Calvin (Bibliotheca Univ. 1545, f. 396 a),
qu'une seule édition de la Psychopannychia, celle de 1542, dont il donne
ainsi le titre : « De statu animarum post mortem liber, quo asseritur Vi-
rer* apud Christum non dormire animis sanctos, qui in hde Christi dece-
dunt. Argentorati, 1542, in-8°. » La question est d'ailleurs tranchée par
ces paroles de Calvin, écrites de Strasbourg le 1er octobre 1538 et qui
montrent que les conseils de Capiton et de Bucer furent exactement suivis
par le théologien français : « Adversùs veternosos Jiypiiosophistas nihil ha-
bebis à me in praesentia, tum quia longior est disputatio quàm ut epistolâ
comprehendi queat, tum quôd libellum quem cuite triennium adversùs eos
scripseram, propediem editum iri spero. Bucer us euim qui editionem antè
dissuaserat, nunc est mihi hortator » (Galvinus Antonio Pignseo. Voy.
Henry. Calvins Leben, Bd. I, Beilagen, p. 63).
246 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1 535
et à votre sollicitude infatigable envers les églises. Vous nous exhortez sans cesse à
réaliser, par notre prédication et notre conduite, au prix des plus grands labeurs, la
paix et la véritable réconciliation, signes certains des progrès du règne de Christ.
Mais (je le confesse avec douleur, comme un fils à son père) mes efforts n'égalent
point ma volonté, et le succès ne vient pas couronner mes entreprises. Le curé et
quelques-uns de ses partisans montrent tous les jours plus d'animosité et d'obstina-
tion ; j'ai cependant bon espoir pour beaucoup d'autres, si je parviens enfin à triom-
pher des intrigues qui m'ont empêché jusqu'à présent de me loger au milieu d'eux [à
Boudry].
Ces mortifications sont compensées parles heureux fruits de mon ministère auprès
des paysans. La plupart ont quitté la messe pour le sermon, et ils ont embrassé la
vérité sur les points les plus importants ; mais vous savez ce qui les retient, vous con-
naissez les rusés renards avec lesquels nous avons affaire. Bref, l'ennemi a largement
semé l'ivraie. Barbarin continue ses études à Bâle, et il se tient prêt à répondre à
l'appel du Seigneur. La moisson n'est pas encore mûre à Avenches. Sur les trois Frères
Mineurs nous n'avons d'autres détails que ceux de votre lettre. Saluez Viret et Jean
Martel
S[alutem], G[ratiam] et pacem ab optimo Pâtre nostro et Domino
Jesu Christo ! Bene facis, mi frater, quôd animum tuum literis talent
expresseris qualem usque coràm agnovimus, nimirum, omnibus quae
à tergo sunt posthabitis, ad ea quœ nobis proposita sunt \ gloriam
scilicet ac regnum Ghristi propaganda, maxime attentum. Idem et
nobis suadere non desinis (quœ tua est ecclesiarum fratrumque so-
licitudo), ut eam animo, operd et verbo tandem exeramus pacem et
reconciliationem,quœ,non torpore aut complacentiâ quadammutuas
negligentias offendiculave praetexere videatur 2, sed quœ improbis
laboribus, assiduis quoque afflictionibus, Christum latiùs in dies pro-
pagation demonstret. Charitas facit ut meliora semper ab aliis,
imô etiam a nobis speremus. Faxit Ille qui solus velle clat ac per-
iicere 3, ut id aliquando gnaviter prœstemus omnes!
Quod ad me attinet uno dicam verbo: cupio, non possum; ex-
perior, non succedit; vicisse videor, dissipât omnia Satan. Quid?
Visne mendatia et quœ non sunt ego scribam? Dolet admodùm hœc
ad te, maximis alioqui adllictionibus exercitatum i, scribere. At non
1 Philippiens, chap. III, v. 14.
2 N'y a-t-il pas ici une allusion à ces deux ministres que le clergé de
Xeuchâtel et celui de Bienne essayèrent vainement de réconcilier entre
eux (Voyez le N° 493, renvois de note 3-5, et le N° 500, renvois de note
11-14)?
3 Philippiens, chap. II, v. 13.
4 Le ministère de Farel à Genève dut être fort difficile pendant l'hiver
de 1534 à 1535. La démolition des faubourgs, commandée par l'intérêt
1535 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 247
possum quae video et novi, animumque meuin tamdiu occuparunt,
apud te, ut tilius apud patrem, non deponere.
Sacrifions et adversarii • quanlo remissiores vident istos Thra-
sones 6, tanto magis cristas erigunt suas. Ille Principis edictum 7
tanti fecit, ut preeter concionem nihil oraiserit s; quin deterior ipse,
et ni qui velut principes supra Principem euin substinent, obstina-
tiores quotidie evadunt. De quibusdam loquor, siquidem de multis
bona spes est, si quando secum agentem atque Imiter et prudenter
refeUentem quibus sentent erroribus, ac meliora instilla ntem minis-
trum nacti fiœrint. Ego enira nullatenùs occasionem aut domun-
culam aliquam apud eos 9 impetrare potui, etsi eorum multi desi-
derarent, imô duas aut très railii pridem obtulissent quidam.Verùm
enimvero Satan versutia suo secreto omnia protinus dissolvit. Et
ni ex altéra parte, piorum scilicet rusticorura 10, uberiorem Evan-
gelii proventurn sentirem. vixdum heee tulissem. Sed bœc est con-
solatio qua repensât nobis Dominus dolorem : Pauci admodiim Mis-
sœ, plurimi verô concioni adsunt. Agnoscunt inprœcipuis veritatem.
Verùm quid detineat eos probe nosti, nimirum astutissimas vulpes,
quœ, ut magis ac magis nullo earum labore partas atque congestas
de la défense, avait gêné on irrité bien des familles (Voy. le Eeg. du Con-
seil. 13, 14, 15, 19 septembre, et 2 octobre 1534). Les alarmes conti-
nuelles et la rareté des vivres entretenaient l'agitation des esprits. Farel
avait aussi des chagrins personnels. Il venait d'être injustement accusé
d'avoir affiché au couvent de Rive un placard injurieux contre un officier
de MM. de Berne, le commissaire Jacques Tribolet, qui résidait à Genève.
L'implacable Bernois lui en garda rancune pendant près de quinze ans.
(Voy. le Reg. du 24 décembre 1534 , et la lettre de Farel du 28 janvier
1549.)
5 II s'agit du curé et des catholiques de Boudry (N°482, r. den. 15).
6 Nous ignorons quels sont les « glorieux » auxquels le correspondant
de Farel fait allusion.
7 C'est-à-dire, l'arrêt prononcé contre le curé de Boudry par le gou-
verneur de Xeuchâtel, représentant de la duchesse de Longueviïïe , souve-
raine du pays.
8 Cette phrase signifie sans doute que le curé condamné par le Gou-
verneur s'abstint seulement de prêcher de nouveau contre son adversaire,
Christophe Fabri (Voy. N° 400, n. 12), mais qu'il ne négligea aucun des
autres moyens qui pouvaient servir à le dénigrer.
9 C'est-à-dire, à Boudry, petite ville plus rapprochée de l'église pa-
roissiale de Pontareus., où prêchait Fabri, que le village de Bole, dans
lequel il était contraint de résider.
10 Fabri veut parler des paysans de Bole, des Grattes et de lîochefort,
qui étaient paroissiens de Boudry.
248 CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1535
sibi asservent prsedas, commodiùs sic inter turbatis aquis se piscari
putant. Alii sunt inter eos operarii subdoli, quos nunqnam adeô
perspectos habueram. Breviter, zizaniis ab inimico Mo " passim
et tam latè dissemimtis plena sunt omnia. Haec sunt quee remo-
rantur illos. Tu, juxta gratiam tibi a Domino collatam, consule, ar-
gue, instrue et stimula inexpertum tov «y&mffTrîv.
Barbarinus, vir pius et doctus, Basileœ bonis dat operam literis,
paratus gloriœ Domini inservire, si quando oportunè vocatus
fuerit 12. Binas ab eo recepi lileras, quibus studii sut rationem ex-
ponit. Adventicœ 13 verô nondum maturam potuimus deprehendere
messem 14, quantum ex aliquot vicinis accipere potuimus. De tribus
minorilis nibil aliud quàm quod scripsisti audivimus 15. Salutabis,
si placet, cbarissimum Viretum le et Martellum 17, cum omnibus piis
fra tribus. Gratta Domini tecum! Bolœ, 12 Jan.[uarii] 1535.
Tuus Christophorus LlBERïIN'US.
(Inscriptïo :) Charissimo fratri Gulielmo Farello, Evangelii mi-
nistro Gebennis.
11 Allusion à la parabole de l'ivraie. St. Matthieu, chap. XIII, v. 24-30.
12 Selon toutes les vraisemblances, ce personnage est Thomas Barburi»,
natif de la Coste en Dauphiné (X° 488, n. 12), qui aurait fui la France
à l'époque de la publication des placards. Il exerça plus tard le ministère
dans le comté de Xeuchâtel. Le cartulaire du clergé neuchâtelois, qui
nous a été obligeamment communiqué par M. le doyen James Du Pas-
quier, mentionne Barbarin comme étant natif de Tubingue.
13 La ville tVAvenches, située au sud du lac de Morat.
14 Voyez les X08 282, 331 , 332, 341 et la lettre de Berne à la ville
d'Avencbes du 14 juin 1535.
15 Xous supposons que ces trois Frères Mineurs avaient fait annoncer
kFarel leur intention de se réfugier à Genève. Xous savons, du moins, que
trois Conleliers « venant de France à Genève, » en suivant la route de
Lyon, furent arrêtés le 9 février 1535, par les Peneysans, près dos limites
du territoire genevois (Voy. Gaberel, op. cit. I, pièces justif. p. (36).
16 II faut inférer de ce détail , que Pierre Viret résidait encore à Ge-
nève avec Farel, et que les magistrats de cette ville ne leur avaient point
imposé silence, bien qu'ils en eussent été priés par les députés des can-
tons suisses , réunis dans la conférence de Thonon ( novembre— décembre
1534). Cette assemblée tenue pour pacifier les différends qui existaient en-
tre le duc de Savoie et l'évêque de Genève, d'un côté, et les Genevois et
les Bernois, de l'autre, avait entre autres articles arrêté le suivant: « Les
prédicanis de la nouvelle foy doibvent aussy expressément [durant la trêve
de deux mois], en toute leur entreprise et faction à Genève, du tout ces-
ser et estre bas mis, occultement ou en apert » (Articles datés de Tho-
1535 FRANÇOIS I AUX ÉTATS DE L'EMPIRE. 249
492
françols i aux États de l'Empire.
De Paris, 1er février 1535.
Manifeste imprimé l. (Paris. 1535). Ardi. de Zurich.
(Extraits.)
Sommaire. François I se justifie des accusations répandues par ses ennemis en Allema-
gne, et qui consistent à direque lesdéputés du sultan Soliman sont très-bien accueillis
en France, dans le temps même où les Allem mds y sont indistinctement emprisonnés
et mis à mort pour offense à la religion. Ce n'est point contre les Allemands qu'il a
fallu sévir, mais contre reflua, s séditit ux qui se proposaient de bouleverser la sociéti .
et dont les pareils, s'ils existaient jamais dans les États de l'Empire, seraient certai-
non , le mercredi après Ste. Lucie, soit le 16 décembre 1534). Ce fut le
sentiment de leurs droits et l'exemple de MM. de Berne qui donnèrent
aux Genevois la force de résister dans cette occasion à l'invitation des
Suisses. Il est incontestable, en effet, que les députés bernois première-
ment, puis leurs supérieurs, refusèrent de souscrire à tous ces Articles de
Thoiion (Voy. le Eeg. de Genève du 18 décembre 1534 et la lettre de
Berne aux Genevois du 22 janvier 1535. Arcli. bernoises), et Genève en
fit autant, comme cela résulte soit des actes officiels de ses magistrats,
soit du récit de la Sœur Jeanne de Jussie, qui atteste (p. 103, 110, 111)
que les prédicants luthériens continuèrent leurs assemblées pendant tout
« l'advent » de 1534 et après Noël. (Voyez aussi les Additions.)
Froment s'est donc mépris une fois de plus, quand il affirme (op. cit.
p. 110, 111, à comparer avec p. 107), que les Bernois conseillèrent à ceux
de Genève de « restituer leur Evêque en son premier estât, de ne plus
faire prescber, et de vivre comme par le passé en la Loy de nostre Saincte
mère Église. »
17 Jean Martel, recteur des écoles à Genève (X" 471, n. 6).
1 Cette pièce , imprimée sous forme de grand placard , dut être en-
voyée à tous les cantons suisses. L'exemplaire sur lequel nous avons pris
notre copie porte au dos cette adresse manuscrite « Suric, » et plus bas
« Zurich, » tracée sans doute par l'un des secrétaires de l'ambassade fran-
çaise à Soleure.
250 FRANÇOIS I AUX ÉTATS DE 1/EMPIRE. 1535
nernent pour ceux-ci un objet d'horreur. Aucun Allemand n'a perdu la liberté on la
vie : tous les hommes de cette nation jouissent en France des mêmes avantages que
les Français.
Franciscus, Dei gratiâ Francorum Rex, elc, Reverendissimis, il-
luslrissimis, inclylis, generosis, magnificis, spectabilibus et pruden-
tibus Sacri Romani Imperii electoribus, principibus, civitatibus.
comitibus, equitibus, civium magistris, ac cœteris Ordinibus, ami-
cis, fœderatis et sociis carissimis, Salutem!
Vellera, amplissimi Ordines, eam haberent omnes illustri et ex-
celso loco nati verilatis et honesti rationem, ut, quum aliquem ne-
que verè, neque per se honestè accusare possunt, indignum sua
existimalione ducerent, clam submissis in eum calumniatoribus,
falsos et commentitios rumores dissipare. Profeclô non inveniren-
tur qui tam licenter apud vos, in circulis omnibus et conviviis (ut
nunc fieri audio), meo nomine abuterentur ad invidiam2. Qui si
rationis essent atque sensus ullius participes, plané intelligerent
longé in me aliam et majore artificio esse instruendam accusatio-
nem, et quae simililudinem veri saltem aliquam pree se ferret, si
nos, modo jactis inter[nos] discordiarum seminibus, committere, si
communis inter nos originis, si tôt ac tantorum invicem collato-
rum et acceptorum beneficiorum memoriam posse sperent ali-
quando convellere. Solimani legatos, aiunt, Turcarum régis et
Christianœ religionis hostis, apud ChrisUanissîmum Galliarum re-
gem honorificè atque liberaliter excipi 3 : Germants ad eundem re-
gem aditum minus liberaliter ac modeste denegari; per bujus au-
2 La lettre de Gesner à Bullinger du 27 décembre 1534 est la pre-
mière qui fasse mention des récentes persécutions subies par les Évangé-
liques français. Les épîtres des théologiens allemands ne commencent à
en parler qu'au mois de janvier 1535. (Voy. Bullinger à Myconius, 10
janvier. Arch. de Zurich. — Mélanchthon à Camerarius, 10 janvier.
Bretschneider, il, col. 822, *24. — Bucer à Ambroise Blaarer, 22 jan-
vier. Arch. du sémin. prot. de Strasbourg.)
3 Les premières relations politiques entre la France et le sultan Soli-
man avaient été nouées par Louise de Savoie après le désastre de Pavie
(1525). On ne sait pas au juste si François I était l'allié des Turcs avant
1532, mais il est certain que « vers la fin de décembre 1534, » les ambas-
sadeurs de cette nation étaient arrivés à Châtellerault, où était le Roi, et
qu'ils l'avaient suivi à Paris. (Voy. Gaillard, op. cit. II, 381-385 , 394-
397. — Journal d'un bourgeois, p. 440, et, page 470 du même ouvrage,
la note de M. Ludovic Lalanne sur l'ambassade envoyée par François I à
Soliman. )
1535 FRANÇOIS I AUX ÉTATS DE L'EMPIRE. 251
la m, per vicos et fora, per compila omnia, voïitare homines cultu
ac vestitu Turcico : Germanico incedere, llagitii loco esse; Germa-
nte omnibus nullo discrimine impingi violatœ religionis crimen*, ut
hoc prœtextu capi, vapulare, cœdi et ad omne supplicium rapi pos-
sint; plena esse in Galliis ejusdem gentis hominum ergastula, qui-
bus spei nihil sit reliquum, nisi ut publico Germaniœ consilio com-
paretur, ad eos vinculis eximendos, numerosus idemque instruo
tissimus exercitus.
Qusenam ista (malùm) est hominum impudentia qui, quum nihil
habeant quod in me possint verè jacere, quum apertè meam famam
atque dignitatem oppugnare non audeant, eam tamen subvertere
per cuniculos et fraudem moliuntur? Cur non igïtur fingunt ali-
quid ad eam rem vel aptius vel solidius? Cur in istis haerent malè
concinnalis et frigidis calumniis ? Adeône vos vecordes arbitran-
te* ac stupidos, ut temerè hujusmodirumorum et concionum ven-
ds agitemini? ut consyderare nesciatis à quo, mox in quem, tum
quid vobis proponatur? ut à suppositiciis vera, à translatitiis pro-
pria, tanto rerum usu atque prudentia praediti, secernere nequea-
tis 5 ?
De restratium cœde mit captivitate,... res omnis quomodo gesta,
unde collecti ramores, et ab istis calumnice ansa quœsita sit et ar-
repta, inteliigite : Superiore autumno, sub legati met à vobis redi-
tum. quum is ab iisdem vestris concionatoribus quosdam velut isa-
gogicos libellos de sedandis iis controversiis 6 attulisset, et cur non
spe imbuerer optima , initio , nihil esset 7, — ecce nobis dissensio-
num et mendacii parens, veritatis et quietis hostis, quosdam exci-
tant furiosos magis quàm ameutes , qui omnium expetendarum re-
* Cette accusation n'était pas sans fondement (Voy. le X" 488, n. 5,
la lettre de Sturm du 9 mars 1535 et celle de Barthélemi Masson du 29
jiùn , même année).
5 Dans le morceau qui suit et que nous supprimons, François I se
justifie le mieux qu'il peut de s'être allié avec les Turcs, et il expose
toutes les démarches qu'il a faites auprès du pape pour obtenir la con-
vocation du Concile.
6 Les réponses des théologiens allemands adressées soit à G. du Bel-
lay, soit à son agent Ulric Clielim, se trouvent dans l'ouvrage publié par
A.-J. de Thou et dont nous avons déjà indiqué le titre (X" 47G, n. 2).
7 Treize jours après l'affichage îles placards, Guill. du Bell a y assurait
encore les théologiens de Zurich que le Itoi espérait plus que jamais le
rétablissement de l'unité religieuse (Voy. le N° 47s, n. 7).
2û2 FRANÇOIS I AUX ÉTATS DE L'EMPIRE, i 535
rum subversionem haud dubie molirentur ac tentarmt* : quorum ego
paradoxa 9 maîo iisdem sepeliri tenebris unde subito emerserant,
quàm apud vos, amplissimi Ordines, hoc est in orbis terrarura luce,
memorari. Tantùm hoc dico, si qui unquam inter vos eorum similes,
aut longo etiam ab ils inter oallo separati, extiterunt, abominati (ut
debuistis) illos atque execrali estis omnes10. Quie nimirum conta-
giosa pestis atque ad teterrimam spectans seditionem n, ne latiùs
8 Les placards du 18 octobre 1534 protestaient avec violence contre
la doctrine catholique du S. Sacrement, mais ils n'excitaient point le peu-
ple français à « la sédition » (Yoy. le renv. de n. 11). Dans une lettre
destinée à la publicité, et qui est le reflet des bruits du jour, Etienne Do-
let impute uniquement aux Luthériens accusés de complicité dans l'affaire
des placards, une offense à la religion nationale (N° 185, n. 6). Arnold
Fabrice , écrivant de Paris , le 23 janvier 1535 , à son ami Duhart à Poi-
tiers, les appelle simplement ainsi : « Zuinglianae, Oecolampadianaeque
seetre homines, quos vulgus Lutheranos vocat » (Joannis Gelidae Valentini
Epistolse. Rochellae, 1571). Il fallait imaginer d'autres accusations poul-
ies rendre odieux aux Protestants d'Allemagne, et l'on n'y manqua pas.
Il en est une qui a eu cours jusqu'au siècle dernier, quoique le présent
manifeste en eût déjà fait justice, en s'abstenant do l'exploiter : On pré-
tendait à Paris que les Luthériens avaient comploté d'égorger les Ca-
tholiques (le dimanche 18 octobre) pendant le service divin, «le mettre le
feu aux églises et de piller le Louvre (Voy. les Papiers d'État du cardi-
nal de Granvelle. Paris, 1841, t. II, p. 283.— Bulaeus, VI, 248. — Féli-
bien, II, 997).
9 Les « Articles véritables, » que François I désigne sous le nom de
Paradoxa, étaient déjà connus en Suisse, et probablement aussi en Alle-
magne, par une traduction allemande dont nous avons vu plusieurs exem-
plaires manuscrits.
1.0-11 Cette appréciation, qui tendait à représenter les Évangéliques
français comme de terribles séditieux et des gens exécrables, ne dut pas
avoir un égal succès dans toutes les parties de l'Allemagne. A Strasbourg,
à Bâle et à Zurich, elle excita une indignation d'autant plus vive que l'on
connaissait de longue date la doctrine et les mœurs des Réformés français.
H n'est pas hors de propos de citer le passage où Calcin raconte com-
ment il se crut obligé de répondre à ces calomnies en publiant son Insti-
tution Chrétienne:
« Pource que, pendant que je demeuroye à Bade, estant là comme
caché et cognu de peu de gens , on brusla en France plusieurs fidèles et
saincts personnages, et que.... ces bruslemens furent trouvez fort mau-
vais par une grand'partie des Allemans... , pour l'appaiser, on feit courir
certains petits livres mal-heureux et pleins de mensonges, qu'on ne trait-
toit ainsi cruellement autres qu'Anabaptistes et yens séditieux, qui... ren-
versoyent non-seulement la religion, mais aussi tout ordre politique. Lors...
il me sembla que sinon que je m'y opposasse vertueusement,... je ne pou-
1335 "FRANÇOIS I ABX ÉTATS DE L'EMPIRE. %>'->
in Gallia serperet, omni solicitudine, industria, opéra restiti 12.
In conscios omnes, quicunque fuere deprehensi, uti more majo-
rum ac legibns animadverteretur efl'eci, nulli hominum generi par-
cens aut nationi 13. Quod si aliquis inter hos fuisset Germanici san-
guinis homo deprehensus, certè in eum (pace hoc esse dictumves-
trâ velim) eadem oportuissel me lege uti, quà nisi vicissim ego ut
in meos utamini concedam, si (quod nolim) ullum hujusce genus
piaculi apud vos aliquando admiserint, indignus sim et amicitia
vestra et Christianissimï principis cognomento. Sed quod mihiper-
jucundum âccîdit, nemo vestri generis homo (ntinam neque nostri!)
inter deprehensos inventus est ad quem vel alla suspitio, nedum af-
finitas hujus culpœ pertineret. Igitur, nisi (quod improbè isti viden-
tur velle) haeretici omnes pro Germanis habeantur, nemo vestra-
tium in Galliâ caesus est, nemo ad ullum supplicium raptus, nemo
(quod sciam) habetur in vinculis li. Patel aula, patent fora, patent
omnia denique loca Germanis in Gallia omnibus. Germanici nomi-
nis aliquot principes, multi équités, scbolaslici complures, merca-
tores et opitices quàm plurimi inter nos tuti agunt15, quibus (ut
voye m'excuser qu'en me taisant je ne fusse trouvé lasche et desloyal. Et
ce fut la cause qui m'incita à publier mon Institution de la Religion chres-
tienne... » (Préface du Commentaire sur les Psaumes.)
12.13 pour réprimer la prétendue « sédition » des Luthériens, Fran-
çois I avait eu recours aux moyens suivants : les supplices, la procession
solennelle du 21 janvier, les condamnations par contumace prononcées
contre celles des personnes ajournées qui n'avaient pas comparu le 28 du
même mois, enfin l'édit du 29 janvier, qui menaçait les receleurs des Lu-
thériens des mêmes peines qu'eux, s'ils ne les livraient à la justice, et qui
accordait aux dénonciateurs le quart des confiscations. A l'issue de la
susdite procession, le bûcher avait dévoré six nouvelles victimes. (Voy. le
Journal d'un bourgeois, p. 442-444. — Chronique de François I, p. 113-
132. — Crespin, fol. 105. — Bulletin de la Soc. d'Hist. du Prot. français,
XI, 256-257.— La France Protestante, par MM. Haag, n° III des pièces
justif.) Par lettres patentes du 13 janvier, le Pioi avait défendu d'impri-
mer dorénavant aucun livre en son royaume. Il les mitigea le 23 février.
14 Cette dernière assertion était trop absolue pour être exacte. Voyez
dans le ¥° 488 le passage relatif à l'emprisonnement de la femme du li-
braire Weingartner, et la lettre de Sturm du 6 mars (N° 498).
15 Le fils du duc Ulric de Wurtemberg vivait alors à la cour (Voy.
la lettre de Pellican à Ambroise Blaarer du 28 mars 1535. Bibl. de St.-
Gall). Les autres princes allemands qui séjournaient en France jouissaient
d'une parfaite sécurité, mais il n'en était pas de même des personnes
d'une condition moins élevée. Voyez, dans la lettre de J. Sturm du 9 mars
suivant, le passage qui finit par ces mots : « Nemo tutus nisi Papista. »
254 CHRISTOPHE FABRI A FAREL ET A YIRET, A GENÈVE. 1535
absolvam) in Gallia liberum est quicquid Gallis, quicquid ipsis meis
liberis est liberum.
Ego verô, amici. socii ac fœderati veteres, satis credo vos du-
dum illustribus argumentis perspexisse, quàm insidiosa sit et quô
tendat hœc in me perquam impudens et commenticia criminatio :
quâ me deferri qui volant, procul dubio infensiores mibi non sunt
quàm ipsis vobis, quàm ipsi toti Germaniœ 16. Quamdiu autem hœc
duratura est Gallogermanorum et Germanogattorum inter nos (ita
enim loqui placet) germanitas, infirmiores futuros sese perspiciunt.
quàm ut simul utrosque possint opprimere. Sunt igitur in hoc toti,
ut nos collidere inter nos faciant, utricunque parti malè cessent,
suam fore occasionem rati, quô, invalidioribus utrisque effectis, in
alterutros majore compendio bellum capessant, et minore negocio
confîciant. . . .
Reverendissimi, illustrissimi, . . . Deum Opt. Max. deprecor opes
ac dignitales vestras ut tueatur atque etiam augeat. Datum Luteciae
Parisiorum, Calendis Feb. Anno Domini M.D.XXXÏIH 1T.
495
Christophe fabri à Farel et à Viret, à Genève.
De Bole, 4 février (1535).
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel.
Sommaire. Georyes Orivat a paru dans notre congrégation, et il s'est Justine sur
tous les points. Alexandre a également repoussé les accusations de l'É'jlanlier, qui,
pour rester fidèle à son nom, ne ménageait pas les piqûres à ses collègues. Si nous
16 Allusion à VEmpereur, qui n'est mentionné que par périphrase dans
la plus grande partie de cette pièce. Charles-Quint dédaigna de répondre
à ce manifeste « injurieux » (Voy. Papiers de Granvelle, II, 322, 323).
17 C'est-à-dire, 1534 avant Pâques, ou 1535 d'après le style allemand.
Bullinger attribuait la composition du présent manifeste à Guillaume du
Bellay (Voy. Calvini Opp. édit. de Brunswick, t. in, p. xix de l'Intro-
duction) .
1 535 CHRISTOPHE FABRI A FAREL ET A Y1RET. A GENEVE. 255
continuons à procéder amicalement, en fournissant à chacun l'occasion de s'expliquer,
les scandales seront mis au grand jour, et, avec l'aide de Dieu, ils finiront par dispa-
raître. Eéjouissez-vous, mes chers frères, dans le Seigneur, votre asyle et votre force.
Laissez les ennemis de la vérité se vanter de leurs armes et de leur multitude. D'un
seul mot notre Père peut réduire à néant l'armée d'un Holopherne ou d'un Pharaon.
Puisqu'il a promis de combattre pour nous, qu'aurions-nous à craindre ? Que cette
pensée reste gravée au plus profond de nos cœurs, et, en même temps, ne négligeons
aucun des moyens que le Seigneur mettra à notre portée.
Nous vous recommandons le frère qui s'en va à Genève pour y exercer la chirurgie,
et auquel Thomas rend un ban témoignage. Implorons le secours de Dieu par d'in-
fatigables prières, et nous serons exaucés. Seulement que ce soit toujours la crainte
du Seigneur et la véritable confiance en Lui qui inspirent e: soutiennent nos travaux !
S.[alutem] et misericorcliam ab optimo pâtre misericordiarum.
per Dominum Jesum ! Calesius 1 noster in concione nostra nuper
adfuit, eorum gratià quai ad vos scripseram, omniumque rationem
reddidit, quam (ut par erat) admisimus; adeô ut coràm objicere
nullus sit ausus quœ pridem in eum jacta fuere 2. Quamobrem non
longé aberrasti à scopo, Petre, sed et meae suspitioni respondere
visa sunt omnia, siquidem Esglantineus 3 adfuit, qui, ut totus spi-
nosus 4, nilîil aliud quàm pungebat multos. Non falsô loquor, cum
Alexander 5 quoque inficias iverit omnia quorum accusatus fuerat,
sicut scripseram. Si in hac firmi steterimus amicitia et ordine, om-
nes quidem audiemus, et, auxiliante Domino, oftendicula, quan-
tumcumque abscondita, producentur in lucem, dissipabunturque.
et eorum autores padore saltem sutïiindentur, nisi plané frontis
perfrictae fuerint.
1 Georges Grivat, surnommé Calesius (X° 487, n. 1).
2 II s'agit probablement ici des accusations dont Grivat se justifiait
auprès de Farel, le 11 décembre (1534). Voyez le X° 487.
3 Claude de Glantinis (en latin Esglantinœus ou Glandinœus) , ancien
compagnon d'oeuvre de Farel (Voyez, clans le tome II, les Xos 292, n. 4;
313, n. 1-2; 325: 342, n. 2; 348, et la p. 372, ligne 6), était depuis en-
viron trois ans pasteur de l'une des paroisses françaises du territoire de
Bienne (Voy. ia lettre du 10 mars).
4 Allusion au nom latin de Glantinis , qui rappelle l'églantier ou ro-
sier sauvage.
5 Alexandre le Bel, ancien pasteur de Moûtier-Grandval (X"s 349. n. 1 ;
354, n. 4). Avant de quitter la France, il avait fait partie de la maison
du sieur de Eobertval (X ' 488, n. 12), et, en arrivant à Xeuchâtel, il avait
présenté à Farel des lettres de recommandation écrites par ce gentil-
homme (Voy. la lettre de Farel du 21 octobre 1539 et celle de Calvin du
6 février 1540).
256 CHRISTOPHE FABRI A FAREL ET A VIRET, A GENÈVE. 1 535
Quod superest. gaudete, fratres, in Domino, et in tam pium et
potentem Patrem omnem fidutiam et spem vestram conjicite 6. Ille
solus sit vobis petra, scutum, robur, prœruptum remgium, cornu
et asylum. Psal. 18. Imô verbum Illius, gladius utrinque scindens,
etc. 7, et turris fortitudinis adversùs omnes quantumvis furientes
verilatis hostes 8. Supputent illi suas cohortes et agraina; Pater
optimus capillos nostros omneis numeratos habet, qui vel duode-
cim angelorum legïones exhibere potest 9, imô solo verbo aut uno
angelo , vel unicà Judith , quemvis superbum Holofernem aut in-
duratum Pharaonem cum exercitu suo miserè exterminare potest.
Idemque promisit, si quando opus fuerit: cumque sit fidelis ille
qui promisit 10, ac passim in Scripluris bono esse animo jubeat et
ne multiludinem aut sublimitatem carnis timeamus, quin se pu-
gnaturum pro nobis ", qui semper est omnipotens, — quid est
quod timeamus? Si Ille pro nobis, qui[s] contra nos 12? Vivamus,
moriamur, semper cum Domino sumus13. Arbitramur enim quôd
neque mors, neque vita, etc., polerunl nos separare ab inenarra-
bili illius dilectione quae est in Christo, qui totus est noster 14. Quo-
modo non et omnia simul cum illo nobis donarit15? Hsec peni-
fiss[imè] animis nostris infixa permaneant, niliil tandem omit-
tentes aut négligentes mediorum et auxiliorum quae nobis ipse
Dominus ad manum obtulerit lc!
6 Psaume XXXIII, v. 21.
7 Hébreux, chap. IV, v. 12.
8 Psaume LXI, v. 3. Par ces « ennemis de la vérité, » Fabri semble
faire allusion soit au duc de Savoie et à Vévêque P. de la Baume, dont les
partisans continuaient à menacer Genève, soit aussi à l'empereur Charles-
Quint, qui, par ses grands préparatifs, donnait de sérieuses inquiétudes
aux Réformés suisses. (Voy. la lettre de Conrad Zwick à B. Haller du 12
janvier 1535. Mscrit orig. Arcb. bernoises. — Le Chroniqueur de L.
Vulliemin, p. 42-46. — Lettre de Haller à Bullinger du 9 février 1535.
Coll. Simler.)
9 St. Matthieu, chap. X, v. 30; chap. XXVI, v. 53.
10 Hébreux, chap. X, v. 23; chap. XI, v. 11.
11 Ésaïe, chap. XXXV, v. 4. St. Matthieu, chap. IX, v. 2 et 22. St.
Jean, chap. XVI, v. 33. Actes, chap. XXIII, v. 11; 2 Chroniques, chap.
XX, v. 15, 17. Exode, chap. XIV, v. 14. Deutéronome, chap. I, v. 30;
chap. m, v. 22. Néhémie, chap. IV, v. 20.
12 Piomains, chap. Vni, v. 30.
13 Romains, chap. XIV, v. 8.
14 Romains, chap. VIII, v. 37-38.
15 Romains, chap. VIII, v. 31.
16 Comparez ces paroles avec celles de Farel, p. 171, lig. 2-4.
1535 CHRISTOPHE FABRI A FAREL ET A VIRET, A GENÈVE. 257
Pium hune fratrem vobis magnopere commendamus, ut dignum
arbitramur, nimirum, qui in promolionem Evangelii chirurgicam
artem isthic exercere valuerit 17, cum boni et patientis sit animi,
ad charitatem (quod unum est Christi discipulorum signum ,8) sa-
tis propensi, praeter bonum Thomœ 19 de eo testimonium. Sed quid
opus multis? A fructibus ipsius agnoscetis ipsum20. Valete, cha-
rissimi fratres, et assiduis prsecibus pium illum Patrem usque adeô
solicitemus, ut sancta importunitate nobis adesse cogatur; nam si
perseverantia apud impiùm judicem valuit21, quid non impetra-
bimus à tam propicio pâtre, cui vel pupillà oculi chariores nos
esse certô scimus et in dies sentimus 22 ? Tantùm pergamus, in ti-
moré et confidenlia vera, ditionem illius quàm latissimè propa-
gare. Ille tam fidelis est, ut nunquam nos deserere velit. Ille vos
semper corroborel! Salutate Joannem Martellum23 cum piis om-
nibus. Bolae, 4 feb. (153524).
Vester Christophorus Libertinus.
(Inscriptio :) Gharissimis fra tribus Gulielmo Farello et Petro
Vireto, pro Evangelica fide decertantibus. Gebennis.
17 II ne peut être ici question de François Cîiappuis, médecin lyonnais,
qui, selon Péricaud, cité par M. Clément de Faye (Église de Lyon,
p. 98), se retira en 1535 à Genève, pour cause de religion, et qui bientôt
y obtint la bourgeoisie (Reg. du Conseil, 11 juin 1535). L'exercice de la
chirurgie étant alors interdit aux médecins (Voy. L. Ladé. Chronique
médicale de Genève, 1866, p. 9, 13, 124), Fabri, médecin lui-même, n'a
pu se tromper dans la qualification qu'il donne au personnage recom-
mandé par lui.
1S St. Jean, chap. XIU, v. 35.
19 Nous ne savons si Fabri veut parler de Thomas Barbarin, qui étu-
diait alors à Bâle (N° 491, n. 12), ou de Thomas Malingre, qui devint
en 1535 pasteur à Neucliâtel (Voy. le Journal de Lecomte, dans les ma-
nuscrits de Ruchat. — Crottet. Hist. de la ville d'Yverdon, 1859, p. 277).
20 St. Matthieu, chap. VII, v. 20.
21 St. Luc, chap. XVin, v. 1-7.
22 Deutéronome, chap. XXXII, v. 10. Zacharie, chap. II, v. 8.
23 Jean Martel, recteur des écoles à Genève.
24 L'année est fixée par les rapports étroits qui existent entre cette
lettre et celle que Fabri adressa le 10 mars 1535 à Farel et à Viret. De
plus, au mois de février 1534, Jean Martel habitait encore le comté de
Neucliâtel (N° 471, n. 6). En janvier et février 1536, Pierre Viret, au-
quel la présente épître est aussi adressée, n'était plus à Genève.
t. in. 17
258 LES ÉVANGÉLIQUES DE PAYERNE AU CONSEIL DE BERiVE. 1 535
494
les évangéliques de payerne au Conseil de Berne.
De Payerne, 17 février 1535.
Inédite. Manuscrit original 1. Archives de Berne.
Sommaire. MM. de Fribourg ayant déclaré qu'ils ne permettront nullement l'exercice
du culte évawjelique dans l'église paroissiale de Payerne, les Réformés de cette ville
font connaître aux Seigneurs de Berne l'état réel des choses, et ils réclament leur pro-
tection.
Magnificques, très-puissantz et nos très-honorés Seigneurs, Mes-
seigneurs l'Advoyer et Conseil de la Ville de Berne, à voz excel-
lentes Seigneuries, si humblement que fayre le povons, nous nous
recommandons.
Messeigneurs , plaise vous sçavoir que les Seigneurs de Fribourg
ont escripl de rechief au Conseil de Payerne, que ne permettront
en aulcune manière que on presche en nostre temple2, demandant
justice de nous tous qui y avons oy la Parolle de Dieu en paix et
tranquillité, Dimenche et Mardy derniers 3, aux heures que les
prehstres ne font rien au dict temple i. Le commun estant assem-
blé, à cause des grandes menaces de Fribourg, a congneu tout d'ung
accord que ne ont jamais consenty, ne consentent encore de pré-
1 Le style de cette pièce nous porte à croire qu'elle a été composée
par le ministre de Payerne.
2 C'est-à-dire, l'église paroissiale, qui appartenait à la ville. Les Evan-
géliques de Payerne avaient d'abord célébré leur culte dans une maison
privée (N° 384, renvoi de n. 7), et depuis quelque temps la chapelle de
l'hôpital était leur lieu de réunion; mais ils désiraient que l'une des églises
servît aux deux cultes, comme cela se pratiquait à Orbe et à Grandson.
3-4 C'était le dimanche 14 février que les Réformés de Payerne s'é-
taient, pour la première fois, réunis dans l'église paroissiale. Ce que Berne
avait demandé pour eux, le 4 février, au Conseil de Payerne, ils l'avaient
pris, sans avoir obtenu l'autorisation de leurs magistrats. (Voy. la lettre
de Berne du 4 février 1535. Weltsche Missiven-Buch, A. f. 334.)
1535 LES ÉV.^NGÉLIQUES DE PAYERNE AU CONSEIL DE BERNE. 259
sent à la gardianité des moynes 5, et principalement de l'esglise
parrochiale 6, laquelle est nostre et l'avons faict battir avec les aul-
tres habitans de la ville, contre le vouloir des dictz moynes, —
lesquelz de toute antiquité et de présent sont tousjours contraires
aux libertés et franchises de la ville, et principallement de présent
contre ceux qui oyent la Parolle de Dieu, comme Dimenche der-
nier bien monstrèrent, en sonnant en leur monastère une grosse
cloche, hors coustume, en effroj ', pendant la prédication que se
l'a im >it au temple parrochial. — à cause de quoy fusmes fort es-
meuz, dont en demandons réparation, vous suppliant en advertir
nostre Conseil.
Messeigneurs, nous n'avons point voulu consentir (et si ne som-
mes délibérez de ce faire, pour quelque chose qui puisse advenir)
de cessera faire prescher et annoncer à nostre prédicant la Parolle
de Dieu en nostre temple; car aultrement ce seroit le trop grand
retardement de l'Évangile, au grand déshonneur du nom de Dieu,
lequel seroit trop grandement blasphémé des adversaires, pre-
nants, avec ce, cœur de plus cruellement affliger ceulx qui le
veullent servir, honorer et maintenir en esperit et vérité. Le sus
dict commun nous a bien prier de ce fayre 8, craingnant les dicts
Seigneurs de Fribourg, combien que sur ce n'a esté faicte quelque
diffinitive.
5-6 II s'agit des Bénédictins de Payerne, dont l'abbaye avait été fondée
au dixième siècle par Berthe, reine de la Bourgogne cisjurane. A la suite
de la promesse solennelle que ces religieux avaient faite aux députés fil-
bourgeois, vers le commencement d'août 1532, de vivre et mourir « dans
la bonne ancienne loi et foi » (N° 384, n. S), MM. de Fribourg, renouve-
lant . le 14 du même mois , une cbarte de l'abbaye de Payerne datée de
l'an 1225, s'étaient engagés par un acte spécial à maintenir et défendre
ce monastère et sa foi, et ils lui avaient donné dans ce but, comme avoyer
ou protecteur, le chevalier Antoine Pavillard (Acte original. Arch. de
Fribourg). Ce droit de « gardianité » ou de protection s'étendait-il éga-
lement sur l'église paroissiale où les Évangéliques venaient de s'établir?
La ville de Payerne le niait. MM. de Fribourg l'affirmaient en ces ter-
mes dans ce billet adressé, le 27 février : A ceulx de Payerne qui mai-
nent le prédicant... « Saichés que ne souffrirons pas que mesnés les prê-
cheurs de vostre foy en Tesglïesc parrochéale... qu'est de nostre garde, à
cause du pryoré... sinon qu'il soyt veuz et cogneuz par justice. De quoy
povés estre assuré, vo.o disant adieuz. » (Minute orig. Arch. de Fri-
bourg. )
7 C'est-à-dire, de manière à donner l'alarme.
8 C'est-à-dire, de renoncer à tenir le culte dans l'église paroissiale.
260 LES ÉVANGÉLIQUES DE PAYERNE AU CONSEIL DE». BERNE. 1535
Oultre plus, Messeigneurs, tout le commun a aultresfoys, tout d'un
accord, voulu et consentit qu'on preschast P Évangile purement, sans
y adjouster ne diminuer 9, ce que jamais n'a esté faict par les ca-
phars qui y ont pr esche 10, dont les ungs ont estes envoyez par les
moynes; les aultres, on leurs a monstre qu'il[s] preschoient faul-
cement; toutesfoys on ne en a sceu avoir justice ", combien que
on ayt faict clame criminelle sur iceux12. Or de présent nous avons
ung prédicant lequel pr esche la Parolle de Dieu purement 13, ainsy
que le commun a voulu aultresfoys et que vous a esté promis en
vostre Conseil 14, prest et appareillé ce qu'il pr esche maintenir par
la Saincte Escripture et Parolle de Dieu.
Messeigneurs, nous vous supplions tous ensemble maintenant,
en l'honneur de Dieu, autant qu'il nous est possible, de mettre fin
ad cecy. Aultrement, il nous seroit expédient plustost abandonner
terre et biens que de voir ainsy blasphémer le nom de Dieu de-
vant noz yeux, et que son évangile fust de jour en jour reculée,
— ce que [1. qui] seroit, si nous désistions de prescher en nostre
dict temple. Messeigneurs, il nous desplaist grandement vous im-
portuner, mais la nécessité nous contrainct.
Les frères présentz porteurs vous pourront advertir de bouche
(Vautres choses : [ce] qui sera la fin, Messeigneurs, priantz Dieu
vous donner grâce de persévérer en son sainct euvangile, ainsy
9 C'est à peu près la même résolution que celle qui avait été prise à
Genève, par le Conseil des Deux-Cents, le 30 juin 1532 (N° 383, n. 2).
10 Voyez les Nos 384, renvois de note 5-6; 444, n. 6.
l1-12 Le sens de cette phrase s'explique par un passage de la requête
de Farel écrite vers le 8 octobre 1531 (Tome II, p. 374-375), et par la
lettre du 26 décembre 1532 (N° 400, renv. de n. 13).
13 Ce prédicant était Jean de Toumay (Nos 435, fin de la n. 2; 482,
renv. de n. 12). Il est mentionné comme pasteur de Payerne dans la let-
tre que le député genevois Ami Porral écrivit de Berne à ses supérieurs,
le 30 septembre 1535 (Mscrit orig. Arch. de Genève), et dans ce passage
d'une Épître adressée par Viret au peuple de Payerne : « Vous savez en
combien de dangers vous avez esté, et mes compagnons et moy, avant
que vous ayez peu avoir l'Évangile en paix. Vous savez... combien ces
bons serviteurs de Dieu M. Guillaume Farel, M. Antoine Sonnier, M. Jean
de Toamay et plusieurs autres semblables ont travaillé en vostre Eglise
les uns après les autres. » (Duvray Ministère de la vraye Eglise. Genève,
1560.)
14 II faut sous-entendre : par les députés de notre ville, La promesse en
question avait été faite en 1531 et renouvelée plusieurs fois, entre autres
le 15 juin 1533 (Nos 378, renv. de n. 1; 388, 419, 427).
153b AYMON DE LULLIN AU CONSEIL DE FRIBOURG. 261
que constamment faictes de jour en jour. De Payerne, ce 17 Feb.
1535.
Verbum Domini Par les vostres humbles serviteurs et amys.
manet in eternuin. LES FRÈRES DE PaYERNE QUI DESIRENT
Isa, 40. OYR ET YIYRE SELON LA PAROLLE DE DIEU.
495
aymon de lullin * au Conseil de Fribourg.
De Moudon, 17 février (1535).
Inédite. Manuscrit original. Archives de Fribourg.
Sommaire. Aymon de Lullin avise MSI. de Fribourg qu'il veut réunir les Étais du Pays
de Vaud, pour pi-endre des mesures contre les Luthériens de Payerne, et il les prie.
en conséquence, d'agir avec lui auprès des Bernois, afin de les détourner d'accorder
leur protection à ces sectaires.
Magnifiques et très-puyssanlz Seigneurs, je me recommande
bien humblement à vous bonnes grâces. Messieurs, vous estes assés
adverty de l'euvre voulontaire que font deux qui sont Luthériens à
Payerne °-, [ce] qui me garde vous en escripre aultre chose, sinon
et pource que se sont affaires qui beaucopt en emportent] au pré-
judice de nostre saincte foy et de l'auctoriter de mon très-redoub-
ter Seigneur, prince soverain au dict lieu 3, lequel en ay adverty.
Pour [ce], sellon son commandement, suys délibérer d'assem-
bler tous ses subjectz de se pays de ma charge, pour obvier au dit
affaire et pugnir cieux qui l'auront mérité 4.
1 Aymon de Genève, seigneur de Lullin et de Vuilliens, etc., était de-
puis 1527 bailli et gouverneur du Pays de Vaud, pour le duc de Savoie
(Voy. le N° 148, n. 1. — Ruchat. Abrégé de l'Hist. ecclés. du Pays de
Vaud, édition de M. C. Du Mont, 1838, p. 122).
2 Voyez le N° précédent, note 2-4.
3 Charles III. duc de Savoie.
4 M. de Lullin avait déjà réuni les États, le 26 juin 1531, pour im-
262 AYMON DE LULLIN AU CONSEIL DE FR1BOURG. 1535
J'ay aussy envoyer par devers Messieurs de Berne, leur prier
ne faire faveur au sudits Luthériens, pour non préjudicier à nostre
foy et sudicte auctoiïté 5. Parquoy, [je] supplie à Vous Grâces et
Seignories me voulloir ayder à soustenir icelles 6, pour lesquelles
suys délibérer, ayant le mandement de mon dict Seigneur, m'en
acquiter à debvoir. Et, sans ce que je prétans que le despar[t] de la
diète de Lucherne soit faict, [je] il heusse envoyer homme exprest,
pour en adverty Messieurs des aultres canlhons 7. Et de cestes, sy
vous plait, me ferés vostre bonne responce.
Magniffiques et très-puyssantz Seigneurs, apprès vous ouffrir le
povoir de mon service, [je] prie à Dieu qui vous doint se que plus
desirez. De Modon, se xvne jour de février (1535 8).
Vostre bien humble serviteur
L.ULLIN.
(Snscription :) A magniffiques et très-puyssantz Seigneurs Mes-
sieurs l'Advoyer et Conseyl de Fribourcque.
poser silence au « prédicant luthérien » de Payerne (N° 3-44, n. 9). Il n'y
réussit qu'imparfaitement, et lorsqu'il demanda aux Bernois, de la part de
son maître, de retirer leur protection aux Évangéliques de Payerne, MM.
de Berne lui déclarèrent, que bien loin de les abandonner, ils ne permet-
traient pas que le duc de Savoie les persécutât à cause de la religion
(N° 384, n. 13), puisqu'ils ne portaient aucune atteinte à l'autorité tem-
porelle de ce prince.
5 A cette lettre de M. de Lullin les Bernois répondirent en ces termes
le 20 février 1535: «M. le Gouverneur, nous avons receuz vous lectres...
touchant nous alliés de Payerne , et ne sçavons croyre que icelles sy ri-
geureuses ayés escriptes par commandement de vostre maistre. Ce non
obstant, le garderons bien, et ne les mettrons pas en obly. Eussions bien
pensé que vous feussiés dépourté de tieulles menasses, assavoir de disre,
que vous voulés advertir les aultres canthotis. Car nous dicts alliés, en re-
novellant l'alliance, nous ont faict promesses touchant le dict affaire
[Voy. N° 427], lesquelles comme raisonables espérons que [ils] tiendrons.»
(Minute orig. Arch. de Berne.)
6 C'est-à-dire, à soutenir notre foi et l'autorité du Duc.
7 M. de Lullin veut dire : Si je ne pensais que le recès de la Dicte de
Lucerne est déjà rédigé, j'eusse envoyé un message aux députés des can-
tons, pour les avertir de ce qui se passe à Payerne (Voy. la n. 5). Cette
diète s'était réunie à Lucerne dans les premiers jours de février 1535.
8 Pour la fixation de l'année, voyez les notes 5 et 7.
1535 LES ÉVANGÉLIQUES DE PAYERNE AU CONSEIL DE BERNE. 263
496
les évaxgéliques de payerne au Conseil de Berne.
De Payerne, 26 février 1535.
Inédite. Manuscrit original. Archives de Berne.
Sommaire. Les Réformés de Payerne répondent aux plaintes portées contre eux à Berne
par le gouvernement fribourgeois. Ils consentent à suspendre l'exercice de leurs droits
jusqu'à ce que la Justice ait prononcé, pourvu que, dans l'intervalle, les prêtres ces-
sent de « blasphémer Dieu. »
Magnificques, très-puissantz et noz très-honorés Seigneurs,
Messieurs l'Advoyer et Conseilz de la Ville de Berne, à voz excel-
lentes Seigneuries, si humblement que faire le povons, nous re-
commandons.
Magnificques Seigneurs! Les Seigneurs de Fribourg nullement
ne nous ont advertiz de ce que vous ont informés ', tellement que
avoir veu voz lettres 2, avons estez aucunement troublés, car nous
sommes ceux qui ne vous vouldrions desplaire. Messeigneurs, vous
plaise entendre, ainsy que vous avons rescript, que la Ville ne
commencera à fayre tenir le droict, veu qu'elle est en possession
de si long temps, qu'il n'est mémoyre du contraire; et les Sei-
gneurs de Fribourg veullent qu'elle commence, et par ainsy povez
*-2 Les Réformés font allusion à la lettre suivante, qui leur avait été
écrite par les Bernois le jour précédent : « Hz nous ont les ambassadeurs
de Frybourg faict plaintiff, comme, oultre ce que vous ont ouffert journée
d'amitié et aussy le droit, à cause de ce que voulés entrer en la chapelle...
— et ce en vigeur de la garde [X° 494, n. 5-6] — ne vous avés contentez
de cella, ains Dimenche passé (21 février) ayés faict prescher en la dicte
chapelle, et davantaige, le lendemain, la dicte esglise estant sarrée, ayés
ouvert les pourtes par force et faict prescher. Laquelle chose nous des-
plait... [Nous] desirroBS que vous veilliés dépourter de la dicte chapelle,
et vous contenter du lieuz oùt cy-paravant avés ouys l'Évangile, jusque
atant que le droit ayt euz sa course et le temp soit plus convenable... »
(Minute orig. Arch. bern.)
264 LES ÉV ANGÉLIQUES DE PAYERNE AU CONSEIL DE BERNE. 1535
entendre qu'il n'y a ordre 3. Quant ainsy est que sommes en bonne
paix en la ville, les Seigneurs de Fribourg nous debvroyent laisser
jouyr de nostre temple, que nous avons faict édifier et battir à nos
fraiz et missions. Il y a plus d'ung an, sans les Seigneurs de Fribourg,
que en bonne paix l'Évangile seroit presché en nostre temple. Et si
les dicts Seigneurs ont si bon droict contre nous et toute la ville,
comme ilz disent , que ne commencent-il[s] à nous prendre en
droict, ainsi que mesmement la Ville les a supplié? Brief, Messei-
gneurs, aultre chose ne povons entendre d'iceux, fors qu'ilz pour-
chassent de nous mettre en vostre malle grâce, pour exécuter ce
dont par cy-devant nous ont menacés.
De ce que nous mandez, que [nous] nous déportions jusques à la
fin du droict, — pour l'honneur de Voz Révérences nous le pour-
rons fayre, supposé que la chose soit briefve, quant-quant [1. pour-
vu] que les prebstres se déportent de blasphémer Dieu pendant le
droict. Aultrement, Messeigneurs, se nous déportions, jamais on
n'en verroit le droict, car les dicts Seigneurs de Fribourg avec les
prebstres et moynes auroient ce qu'il demandent, et, qui plus est,
l'évangile de nostre bon Sauveur Jésuchrist seroit trop grande-
ment vitupéré, tant en la ville que es lieux circonvoisins.
Magnificques Seigneurs, les nouvelles que viennent journelle-
ment nous contraingnent de vous importuner, pareillement la
grande affliction et dangier ausquelz nous sommes de jour en
jour. Par quoy, vous plaise nous avoir tousjours pour recomman-
dez, sachantz que nous n'avons faict ne voulons fayre chose de la-
quelle ne puissons rendre rayson, en sorte que on congnoisse que
avons bon droict par tout. 4. Magnificques Seigneurs, nous prions
Dieu vous tenir tousjours en sa saincte garde et protection. De
Payerne, ce 26 Feb. 1535.
VerbumDomini Par les tous vostres humbles serviteurs et amys,
manet in eternum. LES FRÈRES DE PAYERNE LESQUELZ DESIRENT
Isaye. 40. OUYR ET VIVRE SELON LA PAROLLE DE DlEU.
3 C'est-à-dire, que c'était aux Fribourgeois, les premiers, à intenter
une action juridique, puisqu'ils étaient les plaignants.
4 Dans leur réponse du 27 février, MM. de Berne exhortèrent de nou-
veau les Évangéliques de Payerne à céder, pour bien de paix, « et non
point estre ainsy obstinés. En ce (ajoutaient-ils) nous ferés plaisirs, et
croyons que cella servira plus à l'advancement de l'honneur de Dieuz,
que sy vous persévères en vostre proupost touchant le temple. » (Minute
orig. Arch. bern.)
1535 LE CONSEIL DE BERNE AUX É\ 'ANGÉLIQUES DE PATERNE. 265
497
le conseil de berne aux Évaugéliques de Payerne.
De Berne, 6 mars 1535.
Inédite. Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. Le gouvernement bernois regrette que les Réformés de Payerne suivent si
mal ses conseils, et ne s'avisent pas de ce qui arriverait si les cérémonies catholiques
étaient « empêchées, » de quelque façon que ce fût.
Nostre amiable salutation devant mise. Combien que par ey-
devant souvantesfoys vous ayons voulsuz admonester, pour bien
de paix, vous dépourter pour le présent de fayre prescher en l'esglise
parrokhialle, et vous contenter de la place oùt par cy-devant vous
estes assemblés et ilecques ouy la Parolle de Dieu, — entendons
comme nostre bon advis et conseilz ne ayés gayre taxé [1. appré-
cié], ains tousjours desmeuré en vostre opinion touchant la dicte
esglise et temple. Dont nous avons aulcugnement regrect, à cause
que par ce pourries commancer une erreur en vostre ville de
la quelle ne vous sourviendroyt pas gros prouffit, à la quelle vou-
drions voulentier obvier.
Dont, par icestes, vous prions et admonestons fraternellement,
vuilliés bien considérer le cas, aussy la conséquence, et que sy
aulcugnement empeschiés les cérimonies, quel trouble et émotion en
pourroyt de toutes part[s] suivre, ce que ne serviroyt pas à l'avan-
cement de r Evangille, — et avoyr ancores ung petit de patience
touchant le dict temple, pour éviter noises, basteries et fâcheries.
Et vous ferés vostre prouffit et à nous service. Désirant sur ce
vostre responce par présent pourteur. Datum via Martii, Anno
XXXV.
L'Advoyer et Conseil de Berne '.
1 La suscription ordinaire des lettres adressées par les Bernois aux
Évangéliques de Payerne est celle-ci : « A nous chiers et féaulx alliés de
Payerne tenans la parthye de l'Évangile, nous grands amys. »
260 JEAN1 STURM A PHILIPPE MÉLANCHTHON. A WITTEMBERG. 1 535
498
jean sturm à Philippe Mélanchthon, à Wittemberg.
De Paris, 6 mars * 1535.
Camerarii de Vita Melanchthonis Narratio. Recensuit Strobelius.
Halae, 1777, p. 416. Melanthonis Opp. Bretschneider, II, col. 855.
Sommaire. A l'état prospère dont jouissaient les Évangéliques français a succédé une si-
tuation pleine de périls et d'angoisses. Les placards du mois d'octobre ont excité la
colère du Roi et provoqué les rigueurs excessives du Parlement. Dix-huit personnes
ont péri sur le bûcher, et tous les hommes de bien qui n'étaient pas compromis à cause
des placards sont encore exposés aux délations et à la calomnie. On espère cependant
que le Roi reviendra à des sentiments plus humains. Déjà les frères du Bellay ont ob-
tenu de lui que les prisonniers allemands fussent remis au jugement de leurs princes
respectifs. Bien plus, après avoir ouï les renseignements que Barnabas de Vorc lui
donnait sur votre religion , il veut vous entendre vous-même discuter avec un petit
nombre de savants sur le meilleur moyen de mettre fin à ces troubles. Jugez par là
des combats qui se livrent dans son âme, et voyez s'il vous est permis de repousser
son appel. Ce n'est pas ma voix seule qui vous supplie, mais celle de tous les hommes
qui sont en danger pour la cause de Christ. Barnabas de Voré vous donnera de plus
amples détails sur ce qu'on attend de vous. Il mérite vraiment votre amitié ; car sans
lui, sans les frères du Bellay, vous verriez l'Allemagne se remplir de fugitifs.
Joannes Sturmius Philippo Melanchthoni.
Si in amicorum negotiis tibi alîquando lilerae raeae fuerunt gra-
tse, si unquam bonorum virorum res salvas esse cupivisti, eô ma-
jori curai lise tibi esse debent, quô magis in communi salute et
in tranquillitate retinenda versamur. Ut enim in turbulentissimis
maximeque periculosis tempestatibus, ita jactamur : ex optïmo et
pulcherrimo statu cujus nobis viri prudentes auctores fuerunt, in
maximas calamitates et in summas œrumnas, ineptissimorum homi-
uum consiliis, delapsi fuimus.
1 Bretschneider date la présente épître du 4 mars, quoiqu'elle porte
à la lin : « Pridie Nonas Martias. »
1535 JEAN STURM A PHILIPPE MÉLANCHTHQN, A WITTEMBERG. 2(57
Scripsi tibi superiori anno%, quàm pulchrè staremus, quàm benè
de Régis œquitate sperandum esset ; gratulabamur tumnobis inri-
cem, sed eam occasionem hommes furiosi prope nobis abstulei uni.
Per mensem enim Octobrem, — quôd non satis esse putarunt lseta
fieri principia, quôd meluerunt parum multos fore suarura par-
tium, nisi astutis, ut ipsis videbatur, sed, ut res indicant, stultissi-
mis et seditiosissimis rationibus régna et gentes perturbarent, —
libellas uno tempofe de ordinibus ecclesiasticis, de Missa, de Eucha-
ristia, per universam ferè Gallium nocte in omnibus angulis afpZxe-
runt, immanibus et tragïcis exclamationibus, ante Régis etiam con-
clave agglutinarunt, quô certiora et inagis quoque perniciosa péri-
clita crearentur 3. Nain perlurbatus bac re populus, territae multo-
runi cogitationes, eoncitali magistratus, inflaramatus Rex, gravis-
sima judicia instiluerunt, nec immerilô, si tamen in ea re modus
servari posset. Ex consciis quidam deprehensi pœnas dederunt, qui-
dam mature sibi consulentes aufugerunt 4 ; qui ad se ea pericula
spectare non putabant, qui non contaminati erant eo scelere, hi etiam
inpartempœnarum veniunt7-. Delatores et Quadruplatores 6 publiée
comparantur; cuilibet simul et testi et accusatori in hac causa esse
licet.
Non vana surit qua3 scribo, et sic habeto, me nec omnia scribere,
nec ila scribere ut ipsarum rerum luctuosissima conditio requirit.
Octodeeim ustulati sunf, plures idem per iculum expectant8; ser-
2 On ne possède pas la lettre de Sturm à laquelle il fait ici allusion.
3-4 Voyez les notes du N° 485 et les Nos 488 et 492.
5 Voyez le N° 499, renvoi de note 10.
0 On donnait ce nom aux délateurs, qui, en vertu de l'édit du 29 jan-
vier précédent, obtenaient le quart des biens des personnes dénoncées.
7 Ce chiffre est d'accord avec celui qui résulte des autres témoignages
contemporains. Il y avait eu huit exécutions en novembre et décembre
(N" 488, n. 15), et six, le jour de la procession générale (21 janvier).
Une femme avait été brûlée le lendemain. Etienne de la Forge, ami de
Farel (N° 462, n. 1), subit le même supplice le 16 février; un jeune Ita-
lien, nommé Loi/s de Médieis, le 26, et bientôt après, un écolier natif de
Grenoble (Voy. Journal d'un bourgeois, p. 447, 448).
8 Le bûcher se dressa encore, le 13 mars, pour un chantre de la cha-
pelle du Roi, lequel « avoit attaché au chasteau d'Amboyse, où estoit ice-
luy seigneur, quelques escripteaux » — le 11 avril, pour une maîtresse
d'école, et, le 5 mai, pour trois Luthériens de diverses professions. Plu-
sieurs personnes, entre autres la veuve d'Etienne de la Forge et cinq fem-
mes luthériennes, eurent leurs biens confisqués et furent bannies du royau-
268 JEAN STURM A PHILIPPE MÉLANCHTHON, A WITTEMBERG. 1535
punt quotidie latius pericula, neque quisquam est, qui bonus sit, qui
neque extimescat calumnias et judicia, neque dolore indignissimo-
rum spectaculorum conficiatur. Régnant adversarii nosîri, et eô ma-
gis quôd justis de causis obtinuisse videanlur ut in pacandis sedi-
tiosè concitatis rébus régnent.
In tôt tantisque malis solùm naecspes nos reficit, si immanis ista
severitas populo displicere incipiat, si Rex intelligat nimiùra sitire
calamitosorum hominum sanguinem, à quibus alienissima essede-
beret vindictae cupiditas: odio enim magno, non œquitate, agere
videntur. Si videat f«ai«>ôv»v horum mentes, inclinabit, ut speramus,
ejus animus, etmeliora capiet consilia 9. Estboc exiguum solatium.
sed tamen non diflîdimus Deum esse, qui moderaturus sit bas tem-
pestates, et portum aliquem profugiumque ostendat, qui nobis vi-
ros bonos adhuc réservât qui gratta et autoritate plurimum va-
lent, qui aliquando libéré quod cogitant audebunt dicere. Hujus
rei est istud nobis indicium : per Langeos 10, quorum familiam tibi
notam esse credo, obtinuimus, quô in nos, qui Germanici nommés
sumus, minus odiosé animadcerteretiir. Edixit Rex, ut quicunque
ex Germanis coërcerentur in re capitali, unà cum causa et actis in
Germaniam quisque ad suum principem remittatur. Pra3ter hsec
etiam illud me recréât, quôd fore existimem ut tu ad nos venias,
ut aliquando in tuo conspectu conquiescamus.
Barnabas Vorœus11, quem nosti, qui lias tibi literas reddidit12.
quem ego tanti facio, quanti eum cui vitam debeo, cùm collectis
rébus meis istuc cogita rem. solus ut manerem persuasit. Cum Rege
diu de te locutus est, multa de tua integritate, eruditione et mo-
ine, après avoir fait amende honorable (Journal précité, p. 448, 449, 450.
— Bulletin du Protestantisme, XI, 258).
9 Ce ne fut ni l'opinion publique, ni un sentiment naturel d'humanité
qui fléchirent le cœur du Roi (Voyez la lettre de Sturm du 9 juillet).
10 II veut parler de Guillaume, Jean et Martin du Bellay, bien que
Guillaume seul portât le nom de Langey.
11 Barnabas de Voré, seigneur de la Fosse, qui fut envoyé plusieurs
fois en Allemagne, comme ambassadeur de François I, pendant cette même
année 1535.
12 En se rendant à Wittemberg le seigneur de la Fosse passa par Stras-
bourg, où il dut séjourner un certain temps, puisque la réponse de Mé-
lanchthon à Sturm ne fut écrite que le 23 avril. Nous ne savons à qui
était adressée la lettre sans date intitulée « Barnabœ Vorœi epistola ad
N. N., » qu'on trouve dans l'ouvrage précité de Strobel, p. 414, et dans
les Melanthonis Opéra, II, col. 859-860.
1535 JEAN STURM A PHILIPPE MÉLANCHTJHON, A WITTEMBERU. 269
destia pnedicavit, atque ita, ut te omnibus qui nostris temporibus
docti et babentur et sunt, prsetulerit. Non rogatus se discipulum
timm. esse dixit. Exposuit omnem vestrœ vitœ et religionis rationem.
Libenter ea Rex audivit, et, quasi non tune solùm tuas laudes fa-
cile admisisset, ita constitua, ut,si videretur, si quo modo ventre vê-
tis, ut te pressentent audiat13. Internos cum paucis aliis constilutus,
[quierendum tibi erit] qua ratione ni tumultus componi possint,
ut aliquando finis aliquis sit sollicitudinum et fiammarum.
Non licec scriberem, si non ita esse putarem, neque quisquam
me cogeret his temporibus ut aliquid de nostris rébus scriberem,
nisi viderem funestissimam earum rerum faciem corrigi posse.
Cam enim flammas et incendia respicio, cum considero multorum
et honestissimorum miserabiles exilus, non possum communibus
œrumnis atque publico dolori lacrymas non preebere. Cum verô
Régis dubitationeni atque animi inclinationem animadverto in ista
tara et singulari severitate , sentio respici à Deo calamitatibus af-
fectas et afflictas hominum conditiones. Cujus rei quod potest esse
majus argumentum, quàm tuant prudentiam hoc tempore requiri,
quutii nunguam magis quàm nunc nostra causa oppugnetur? Credo
ego, bonum natura et ingenio Principem virum non posse resis-
tere consiliis multorum iniquorum, et commoveri eorum quoti-
dianis sermonibus , et tamen dolere multitudine et magnitudine
suppliciorum, cupere etiam remedium adbibere, si quo modo pos-
sit, huic malo. Ut enim irascatur, justissimas causas habet; ut verô
angatur tantopere, ratio ei et motuum dictât. Videt in altéra causa,
quœ vetusta est, tamen milita esse vitiali; in altéra, quœ veritate
13 La réponse que Mëlanchthon fit le 23 avril à cette proposition se
trouve dans les Melanthonis Opp. II, col. 874-S77. (Voy. N° 515, n. 1.)
14 Les discours tenus par G. du Bellay pendant son séjour à Smal-
l'àlden (décembre 1535) sont le meilleur commentaire de ce passage. Ils
ont été résumés par Sleidan (Commentarii de statu religionis et reipu-
blicœ, livre IX, p. 106-109 de l'édition de Bâle, 1556, in-folio), et ils
nous donnent sur les opinions du Roi les renseignements suivants : « In
plserisque [Bellaius] dicebat Regem esse non alienum à libro Philippe quo
locos ille tractât communes theologicos ; de Pontifice verô placere dice-
bat Régi, non esse primum neque prsecipuum jure divino, sed humano...
Tbeologos quidem affirmare, caput illum esse Ecclesiae, jure divino, sed
tamen poscenti Régi non illud potuisse demonstrare ; vulgatam quoque de
purgatorio igni opinionem ab eis defendi : nam ex eo fonte manare mis-
sam... et quicquid est nundinationis, ... cumque Rex illis aliquot esset lar-
gitus menses, intra quos de purgatorio sententiam Scriptural docerent,
hoc demum respondisse, adversariis non esse porrigenda tela... De cœna
270 JEAN STURM A PHILIPPE MÉLANCHTHON, A WITTEMBERG. 1 535
nititur, plurimum periculià cupidissimis et seditiosissimis hominïbus.
Ut igitur hœc cofrigantur, vult doctissimorum esse consilia et ju-
dicia; qua in re ita erga te affectas est, ut sine te isla negotia pro-
poni, deligi, constitua, firmatique non posse existimet. Itaque nunctu
attentâris, et si modo ad nos venire velis, Rex tibi prospiciet prae-
sidiis et pignoribus, ut tutô istinc abeas, et securè tranquilléque ac
bonorificè ad tuos, rébus maximis et salutaribus confectis, redeas.
Ilaquesite praesentem viderimus, simul salutem nostram con-
spiciemus. Si in lus jactationibus ac turbulentissimis tempestatibus
te advolantem aadiverinias, non dubitabimus nobis stationem et por-
tum ostendi. Sed si negligas et contemnas Régis postulala, eadera
spes quae nos bîc retinuil, in ipsis ustrinis vinctos suspensosque
detinebil. KpetWwv yàp Baclt-ô; , et tu alioqui nosti regum anhnos.
Quare cogita, te jam non à me rogari, sed ab omnibus bominibus,
non solùm ab illis qui gravissima supplicia perpessi sunt, neque
tantùm, qui eundem indignissimum finem metuunt, tuam prœsen-
tiam exoptari, sed advocari te Dei Christique voce. Ilaque depone
Cœsarum Regumque nomen. Ne respice utriusque gentis aut amo-
rem aut alienationem. Cogita eorum causam agi qui, in flammaper-
niciosissima, in incendio luctuosissimo jactantur pro Christi gloria:
quos etiamsi mors ista non territat flagrantes divino isto igni, ta-
men nos illud movere débet, posse nos base sine summa cura, sol-
licitudine et lacrymis respicere, qui in eadem navi sumus. qui auc-
toribus harum rerum favemus, qui eandem causam suscipimus !
Quid à te requiratur aut quomodo agendam sit, ex Vorœo
cognosces, quem ob communem salutem complecli debes. Nam
nisi hic esset , nisi episcopus Parisiensis, nisi Langeas, hujus fra-
ter, vir prudentissimus atipie optimus, nisi taies viri résistèrent,
videres repleri Germaniam exulibus. Ilaque caetera ex hoc cognos-
ces. Ego rei magniludinem, varietatem, pericula et indignitatem
explicare non possum. Vale. Luteliœ, pridie Nonas Martias 1535.
Domini ... sub utraque specie, sermonem fuisse Régi cum Clémente VII;
sperare etiam hoc impetrari posse à Pontifice, ut, facto decreto, libërum
permittat usum ejus rei, pro cujusque conscientia... Li precatiouibus
etiam illis quotidianis et familiaribus ordini sacerdotum, aguoscere Regem,
multa posse resecari, quaedam etiam esse prorsùs tollenda. . . Regem in hoc
esse totum, ut Ecclesiœ pax ... restituatur ... Pergratum autem ei futu-
rum si ... aliquot è pra?cipuis ipsorum theologis, pauci tamen, in Galliam
mittantur, qui cum Lutecianis conférant; ad ejusmodi colloquium Regem
esse delecturum aliquot pra^fractos et acres, et bis additurum esse quosdam
non alienos à puriori doctrina, quô ... veritas patefieri possit et elici. »
1535 JEAN'STURM A MARTIN BUCER. A STRASBOURG. 271
499
jean STURM à Martin Bucer, à Strasbourg.
De Paris (10 mars 1535 ').
Manuscrit autographe. Arcb. du séminaire prot. de Strasbourg.
A.-G. Strobel. Hist. du gymnase prot. de Strasbourg, 1838, p. 111.
Sommaire. Ma lettre à Mélanchthon, ci-incluse, vous dira ce que nous avons souffert et
ce que nous attendons de vous. Acceptez l'appel du Roi, qui réclame vos conseils pour
réformer la religion dans ses Etats. Cette réforme paisible que nous avons toujours
et vainement souhaitée, elle nous est offerte aujourd'hui. Mais il faut se hâter. L'es-
prit du Roi est flottant. En même temps qu'il exile Beda, il laisse condamner les gens
pieux. Anabaptistes, Érasmiens, Luthériens, tous sont punis sans distinction ; les
Papistes seuls sont en sûreté. Détournez les périls qui nous menacent; je vous en sup-
plie, au nom de Christ.
Joannes Sturmius Martino Bucero. S. P.
Quid causae sit quod per haec lempora nihil ad te scripserim,
intelligere te puto , si in quibus calamilatibus versemur audivisti.
Quod ad me attinet, nunquam magis metu et dolore aft'ectus fui,
quàm per hosce menses in ceede et incendio virorum. Quam ob
rem orta sit ista tempestas, intelliges ex lileris meis quas ad Phi-
lippine mitto et in tuis inclusi 2, quô magis videas quid abs te in
causa communi requiramus. Sed quum bas legis, cogita tibi, non
Philippo, scribi: quanquamnon dubito quin daturus sis locum peti-
tioni mese, si recte novi naturam et bonitatem tuam.
Summa nostrorum votorum et desideriorum haec est, ut utrum-
que, si fieri possit, aut saltem alterum complecti possimus. In tua
et Philippi manu est, at aut vivamus cum Evangelio, aut pro eo cru-
delissimé occidamur. Quocirca videle, obsecro, ne eum exacerbetis
1 Voyez la note 7. Du fait qu'elle mentionne, rapproché des paroles
de Starm, on doit conclure qu'il écrivit cette lettre trois jours après le
7 mars.
2 Sturm entend par ià sa lettre du (i mars (Nn 498).
272 JEAN STURM A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 1535
qui ex vestro judicio amplissimum regnum vult informari, confir-
raari et administrari 3. Nusquam magis intelligere potui, cor Régis
in manu Dei esse, quàm hoc tempore, quando in ipsis flammis cogi-
tât de renovanda religione 4. Qnod semper exoplavimus, quod nun-
quam obtinere potuimus, hoc jam ultra nobis obfertur : tranquilla
commutatio eorum quœ perperam in religione Chrisliana fiunt.
Quaraobrem abs te vebementer contenclo, ut ad Philippum scribas,
eumque cohorteris, ne deserat communem causam, ne repugnet
Regiee petitioni ; hoc plus apud eum ponderis habiturum est, in
ista nostra ôfxovota et oblivione veterum offensionum 5.
Signiflcavit etiam Philippus, egisse se apud te, quô mihi conditio
aliqua reperiretur ; babeo gratiam utrique vestrûm, sed tamen
longé gratius erit, si aliquem dolorem nostro luctui prsebere veli-
tis, et bue venire. Si tu bos carceres, questiones, flammas, lachry-
mas, metusque conspiceres, sentires me non sine causa de una re
prolixissimè scribere. Opus omninô nunc remedio est, dum niaxi-
raa pericula sunt propter adversariorum importunitatem, et dum
nutat Régis animus. Quid enim tam diversum est, condemnari bo-
nos et ejici Bedam in exilium 6 ? Nudius tertins in publico specta-
culo, nudis pedibus, Deum Regemque veniam deprecatus est, quôd
contra Regiam Majestatem commeruitet secùs quàm veritas requi-
rit literas libellosque scripserit 7. In ejus conspectu ebartée multae
sunt combustee. Ejtisdem nohe Theologus 8 post triduum eandem
pœnam subibit.
3-4 Le plan du Roi semblait se préciser d'une manière frappante. Jus-
qu'alors il n'avait demandé que des mémoires (Voyez les Nos 468, 47G,
n. 1. et le N° 478, n. 7). Maintenant il songeait à une réformation.
5 Allusion à l'accord qui commençait à s'établir entre les théologiens
de Strasbourg et ceux de Wittemberg sur le dogme de l'Eucharistie, à
propos duquel ils étaient en dissentiment depuis près de dix ans.
6 II s'agit du second exil de Noël Beda. Le premier avait duré depuis
le 26 mai 1533 jusque vers la fin de la même année.
7 Ces détails sont confirmés par ce témoignage contemporain : « Au
dict an, le dimanche sixiesme [1. septième] de mars avant Pasques (1535),
Beda, docteur en théologie, fist amende honnorable au parvis de la grande
église Nostre-Dame, à cause de quelques lettres qu'il avoit escrites, les-
quelles furent présentées au Roy, qui les envoia à la cour de Parlement,
avec injonction de faire la justice du dict Beda » (Journal d'un bourgeois
de Paris, p. 453).
8 N'était-ce point Nicolas Le Clerc, qui venait de passer une année en-
tière en prison, ainsi que Beda? On lit, en effet, dans la lettre de Gilbert
1535 JEAN STURM A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 273
Hœc judicia mihi spem prœbent, non tam Régis sententià, quàm
iniquissima adversariorum interpretatione, etiam bonos in peri-
cula vocari. Nihil interest inter Anabaptistam, Erasmianum, Luthe-
ranum 9; omnes sine discrimine coërcentur et educnntur; nemo tu-
tus nisi Papista 10. Régis verô aiïam sententiam esse puto contra
seditiosos et eos qui de Eucharistia secùs sentiunt quàm assolet11.
Idcirco anniti te decet, quô illi ex carcere et flammis eripiantur qui,
fortasse vestram doctrinam secuti . sibi perniciem accersiverunt ;
neque existimes omnescommeruisse culpam, sed maloruin et bo-
norum communem causam esse faclam. Obsecro te igitur per hos
ignés quos quotidie nostris oculis cernere cogimur12, per luctum
publicum optimorum virorum, per Gbristi gloriam, (quid majus di-
cere possum ?) per ejus nomen te obsecro et obtestor, ut quemad-
modum nos suo sanguine liberavit, sic vos quoque per eum nos
respiciatis, et tanta pericula à nostro capite abarcete. Et ut rem
ipsam bis cognoscas, ut sentias tibi curae esse debere, interposui
tibi epistolam Philippi.
P.-S. Cura baec describi curassem , renunciatum mibi est ab iis-
dem qui banc causam sollicitarunt 13, quôd efflcerem literis, si quo
Cousin à Boniface Amerbach, du 29 novembre 1534 : « Scribunt è Lute-
ciâ, Bedam ac Clerieum adhuc esse in arctissimo carcere. » (Mscrit orig.
Arcli. de l'église de Bâle.) Notre conjecture est en désaccord avec le té-
moignage de Bulseus ( Voy. la note 15 du N° 459) , mais elle a pour elle
les vraisemblances, puisque Le Clerc avait été pendant plusieurs mois le
compagnon d'infortune de Beda.
9 On donnait le nom d' Érasmiens à ceux qui, tout en restant atta-
chés à l'église romaine, demandaient qu'elle fût réformée par son chef.
Erasme voyait juste quand il disait, le 25 juillet 1533 : « Si quid, auctore
me, novaretur, illico superstitiosi theologi qui nunc Lutetiœ magnos ex-
citarunt tumultus clamitarent Erasmum novse sectse parentem esse, quse
dicatur Moderaiorum «.(Lettre à Jean Ulattenus. Erasmi Epp. Le Clerc,
p. 1758).
10 C'est ainsi que plusieurs étudiants peu compromis, tels que Jacques
Amyot, Claude des Fosses, Jacques Canaye, durent s'enfuir de Paris et se
retirer à Bourges, où la reine de Navarre pouvait les couvrir de sa pro-
tection (Voy.Bèze. Hist. ecclés. I, 1G). On ne possède qu'un petit nombre
de renseignements sur la persécution qui eut lieu dans les provinces, à la
suite de l'affaire des placards. (Voy. le N° 521.— Bèze, I, 20, 22, 23. —
Crespin, fol. 105 b, 108 a. — Afcère. Hist. de la Rochelle, 1756, 1, 328.)
11 Dans son manifeste du 1er février (N° 492), François I confondait
cependant ces deux classes de gens.
12 Voyez le N° 498, notes 7 et 8.
13 Sturm veut sans doute parler des frères du Bellay.
T. ni. 18
274 CHRISTOPHE FABRI A FAREL ET A VIRET. A GENÈVE. 1 535
modo fieri posset, ut tu venias : hoc Regem maximopere cupere.
Ego non puto pluribus agendum esse qu£e egi. Tantùm illud dico.
mi optatissime Domine Bucere, ne deseras Evangelium, neque eos
qui, ob Evangelium, pro Christi gloria. extrema expectant suppli-
cia. Vale cum uxore et tota familia. Salve atque vale.
Joannes Sturmius. cupidissimus tui nominis.
Christophe fabri à Farel et à Viret, à Genève.
De Bole, 10 mars 1535.
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Netichâlel.
Sommaire. On dit qu'une armée française doit bientôt quitter la Bourgogne et franchir
les Alpes, après avoir passé par Genève. Je crains donc qu'après tant d'attaques ou-
vertes, Satan ne menace aujourd'hui par des moyens détournés cette cité dont l'Évan-
gile vient de -prendre possession; mais Celui en qui nous nous confions dissipera ces
complots. La nouvelle en question vient d'un homme très-sûr, qui la tenait de l'hy-
pocrite seigneur de la lèpre.
Les rabbins de Boudry ont réussi à effrayer les gens qui m'avaient promis un lo-
gement; on a lieu d'espérer cependant qu'ils s'adouciront bientôt. En attendant, j'ai
cédé au vœu de mes paroissiens de Bole et j'ai refusé la maison qu'on m'offrait à Cor-
taillod. La violente querelle de Glantinis et d'Alexandre n'ayant pu être pacifiée par
les ministres du territoire de Bienne, le Conseil de cette ville a prononcé en der-
nier ressort. Glantinis a dû confesser qu'il avait calomnié son collègue et lui de-
mander pardon. Quant à Georges Grivat, il n'a été interpelé que sur les plus mi-
nimes des griefs formulés contre lui.
S.[alutem] et veram illam autoreChristo pacem etgratiam vobis
assidue precamur, charissimi fratres, quant qui semel assecuti sunt
fidèles . etiamsi totus invertatur mundus , si cœlum et terra tran-
seant, cum verbo Domini immobiles semper stabunt l. Consilium
Domini stabit et omnis voluntas ej us fiet -.
1 Romains, chap. V, v. 2.
2 Proverbes, chap. XIX, v. 21. Ésaïe, chap. XLYI, v. 10.
1535 CHRISTOPHE FADRI A FAREL ET A VIRET. A GENÈVE. 27S
Audivimus Gallorum ingentes c[opia]s trans Alpes proximè con-
scensuras, sed Gebennis ex Burgundia transiluras 3. Vereor ne sic
per cuniculos Satan moliatur quaj adversùs Evangelio nuper insig-
nitam civitatem ista») 4 apertè loties tenlavit. At is cui [1. in quo] niti-
mur secretorumscrulatores dabit quasi non essent: flabit in hujus-
modi impios terrai judices, et continue» arescent. et turbo quasi sti-
pulamauferet eosWon inconsullè tamen liorum vos praemonuisse
videôr, cum ea à fideli et eximio quidem viro audiverim, sicut ab
obliqua transversalis lêprœ Domino c, ul pro certo, acceperat.
Bodriacenses rabbini bactenùs mihi obstiterunt adeô ut qui do-
mos suas mihi libenter offerebanl, minis aut nescio quibus astutiis
prohibiti. pollicitis stare non ausi fuerunt [1. fuerint 7]. Pergo ta-
men doraum aliquam perquirere. Cortaliacenses8 mihi apud se do-
muin parafant; at Bolemes cum Grattensibus 9 non permiserunt ut
3 Cette indication était fausse. Dans plusieurs provinces de la France
on rassemblait, il est vrai, les nouvelles « légions » que le Roi devait pro-
chainement inspecter (Voy. Martin. Hist. de France, X, 311, et les Mém.
de Martin du Bellay); mais ce fut seulement le 11 février 1536 que l'ar-
mée française envoyée à la conquête du Piémont envahit la Bresse et la
Savoie.
4 Deux mois auparavant, Genève avait refusé d'imposer silence aux pré-
dicateurs de l'Évangile (X° 491, n. 16), et elle était devenue un asile poul-
ies fidèles persécutés (Voy. X° 502, n. 2-3).
5 Ésaïe, chap. XL, v. 23-24.
6 Fabri avait d'abord écrit : « ab obliquo transversalis et leproso prin-
cipe. » C'est une allusion à Olivier de'Hochberg, à qui appartenait le prieuré
de Motiers, dans le Val de Travers (Vallis Transversalis). Les chanoines
de Xeuchâtel, dont le susdit Olivier était le prévôt, y résidaient depuis
1531 (Voy. le X° 317, renv. de n. 15. — Matile. Musée historique de
Xeuchâtel, 1841-45, t. III, p. 158-159). On sait que les chanoines s'é-
taient rendus odieux au peuple neuchâtelois par leur conduite scanda-
leuse, qui avait nécessité plus d'une fois l'intervention de la diète suisse,
et qu'ils n'avaient pas rougi, à l'époque de leur toute-puissance, de ré-
clamer pour eux-mêmes le produit des aumônes qui servaient à l'entre-
tien des lépreux (Voy. Fréd. de Chambrier. Hist. de Xeuchâtel, 1840, p.
279-282). Ce fut probablement ce qui valut au Chapitre et à son chef le
surnom de lèpre du Vaux-Travers. Le correspondant de Farel embrouillait
à dessein sa périphrase : Olivier de Hochberg étant l'oncle de la comtesse
de Xeuchâtel, il voulait le désigner d'une manière détournée.
7 Voy. le X° 491, renvoi de note 9.
8 Le village de Cortaillod, situé près du lac de Xeuchâtel, faisait par-
tie de la paroisse réformée de Boudry, dont Fabri était le pasteur.
9 Les Grattes sont deux petits hameaux voisins de Bolc, où résidait
Fabri. Les habitants de ces trois localités ne voulaient pas que leur pas-
276 CHRISTOPHE FABRI A FAREL ET A VIRET, A GENÈVE. 1535
à seita distarem, multisquerationibus dissuaserunt. Spes est ut brevi
Bodrienses aliquanto humiliores reddantur, ob eontumelias in Prin-
cipem 10 totumque hujus Comitatûs magistratuïn imprudenter ab
illis prolatas, quse rebellionem sonare videntur. Si Dominus volue-
rit, latior patebit accessus, sive per occasionem aut aliàs, etc.
Tragœdia Esglantinei et Alexandri11, quandoquidem ad Sena-
tum Biellensem pervenerat, ab eodem terminata est. Ille falsus de-
lator, hic verô innoxius declaratus fuit; quamobrem reus ille, co-
ram Senatu, ab hoc veniam petiit, idque prsesentibus Corgemonen-
sibus, quos in eundem commovisse visus fuerat 12. Videte quœ in-
veterata odia pariunt offendicula; eô sanè pervenerunt, ut pius ille
senatus omnibus suœ ditionis ministris congregatis rem pacifican-
dam permiserit. Hi verô concionis suse diem et horam nobis signi-
ficarant; cujus rei gratiâ, ex Neocomensibus ministris sex, cum
Turtero13 et Claudio Farello14, huic interfueramus cœtui; sed à
fratribus res pacari haiulquaqnam potuerat.
De Calesio 13 autem, minima eorum quae objecta illi fuerantpne-
senti aperuerunt, nec minus accidit ex omnibus quàm quod in meis
praesagiebam literis, tu quoque, Petre, prœsentire videbaris. Sed
his modis occulta produntur, et nos, si sapimus, prudentiores eva-
dimus. Yale, salutatis omnibus piis fratribus. Bolœ, 10 Mart. 1535.
Christophorus Lebertinus.
( Inscriptio : ) Charissimis fratribus Gulielmo Farello et Petro Vi-
reto, pro fïde Christiana strenuè decertanlibus. Gebennis.
teur, en acceptant l'offre des gens de Cortaillod, allât fixer son domicile
à l'extrémité opposée de la paroisse.
10 Jeanne de Hochberg, duchesse de Longueville et souveraine du comté
de Neucliâtel.
11 Claude de Glantinis et Alexandre le Bel (N° 493, n. 3-5). Voyez sur
les démêlés de ces deux pasteurs indignes la requête du 8 juin 1536 et la
lettre de Farel à Calvin du 21 octobre 1539.
13 Le village de Corgémont est situé dans le Val St.-Imier, que les ma-
gistrats de Bienne gouvernaient sous la suzeraineté de l'évêque de Bâle.
Le pasteur de Corgémont était Alexandre le Bel. La rédaction primitive
de cette phrase porte en effet : « praesentibus Corgemonensibus, quos in
pastorem suum commovisse visus est. »
13 Hugues Turtaz, pasteur de Meiri et de l'église française de Morat.
14 Claude Farel, frère du Réformateur, s'était réfugié en Suisse pen-
dant l'été de 1533 (N° 422, n. 20-21; 426, renv. de n. 18). Il paraît s'y
être fixé définitivement en 1534.
15 Surnom de Georges Grivat (N° 487 et N° 493, renv. de n. 1-2).
1535 LES ÉVANGÉLIQUES DE PA VERNE AU CONSEIL DE BERNE. 277
501
les évangéliques de payerne au Conseil de Berne.
De Payerne, 12 mars 1535.
Inédite. Manuscrit original. Archives de Berne.
•o
Sommaire. Les Évangéliques de Payerne rendent compte aux magistrats bernois d'une
conférence qu'ils ont eue avec les ambassadeurs de Fribourg, et ils les informent des
progrès de l'Évangile autour d'eux et des périls auxquels ses partisans sont exposés.
Magnificques , très-puissantz et excellentz Seigneurs, Messei-
gneurs PAdvoyer et Conseilz de la ville de Berne, noz très-ho-
noréz Seigneurs, à vos excellentes Seigneuries, si humblement
que fayre le povons, nous recommandons. . . De rechief le commun
de Payerne, à la requeste du Bailly de Vaux S a esté assemblé,
lequel commun n'a faict aulcune congnoissance que nous deub-
sions déporter d'oyr la Parolle de Dieu en nostre temple.
Les Seigneurs de Fribourg , se 12e de Mars, ont envoyé embas-
sadead nostre Conseil, requérans que comparissions. Cinq de nous,
au nom de tous, ont comparu. Les dicts embassadeurs ont demandé
ad sçavoir se nous voulions déporter d'aller en nostre temple ou
non? Ausquelz noz frères ont respondu que ne pourroyent sur
ce donner responce sans vous avoir adverty, estantz asseuréz que
ne nous donnerez conseil si non ad l'advencement de la Parolle
de Dieu, et aussy sans le conseil de nous tous, qui n'estions ad-
vertiz de la dicte demande de Messieurs de Fribourg. Puis, les dicts
embassadeurs ont Met qiCilz estaient en possession du temple ; noz
frères ont respondu que c'est la ville, laquelle en a jouy de long
temps, et n'est mémoyre du contraire, et que l'avons faict édifier
et baltir à nos despens et faict béneyre, pour le temps (pie estions
papistes, contre le vouloir de noz moynes, anciens enneniys de la
ville.
1 Aymon de Lullm, bailli et gouverneur du Pays de Vaud (Voyez le
N° 495).
278 LES ÉVANGÉLIQUES DE PAYERNE AU CONSEIL DE BERNE. 1535
Avoir prié les dicts ambassadeurs de rapporter à leurs seigneurs
ne nous molester pas plus que ceux d'Orbe et Granson, où ne sont
le plus2, — remonstrantz que nostre loy et foy n'est nouvelle, mais
ancienne, meilleure que celle du pape, ainsy que [nous] nous sommes
présentés ad prouver par la Saincte Escripture, — quant ung des
ambassadeurs a dict et proféré parolle de menaces, où noz frères
ont respondu, que ne nous debvoyent menasser, mais nous pren-
dre en droict, et que s'il[s] se vouloient battre, qu'ilz se debvoient
prendre à quelque seigneurie puissante, car de se prendre à nous,
ne pourroient avoir honneur.
Magnificques Seigneurs, toutes choses considérées, nous enten-
dons bien qu'il leur est importable de quoy tous les jours le nom-
bre des frères croist, tant de la ville que de dehors 3. Les dicts am-
bassadeurs n'ont receu nostre sus-dicte responce, mais s'en sont
allez sans aucune deftinitive. Le bruit commun est que les Grué-
riens doibvent sortir sur nous 4. Ce non obstant nous persévérerons,
par la grâce de Dieu, d'oyr sa Parolle en nostre temple , — vous
suppliantz nous avoir tousjours pour recommandez et rescripre
aux Seigneurs de Fribourg qu'il nous laissent en paix, puis qu'ilz
ne veuillent commencer ad faire tenir le droict. Excellente Sei-
gneurs, vous estes aussy puissantz ad nous maintenir en nostre
bon droict, que les Seigneurs de Fribourg ad maintenir les moy-
nes, lenantz la loy papalle. Nous prions Dieu de tout nostre cueur
2 C'est-à-dire, où les Évangéliques ne sont pas les plus nombreux.
3 Comparez ce passage avec le X° 384, renvois de note 4, 8 et 9.
4 Le lendemain Hugues Turtaz écrivait à MM. de Berne ce qui suit :
« Très-lionnorés et puissans Seigneurs, j'ay esté prier fort affectueuse-
ment par les lettres de nostre frère, annunciateur de l'Evangile à Payerne,
vous faire à sçavoir la teneur des siennes lettres, aflîn que sus icelle ayez,
si vous plaist, de l'advis. Ses lettres disent ainsin : « Ceste nuytz nous at-
tendons l'assault de noz ennemys, car les Papistes s'en fuyenttous. Johan
Nardim, officier de la ville, volant retorné de Fribourg, a esté prins. Ceulx
de Fribourg sont convenu ceste nuyt au chasteau de Montaigmje avec ar-
mures, et nous avons veillez tout ce vespre en oraysons. Nostre Seigneur
nous soit en ayde. » Et voylà, très-lionnorés Seigneurs, de quoy suis esté
prier vous adverty, à cause que ses pouvres Chrestiens ne osent sortyr de
la vile. En vous disans : h Dieu! lequel vous remplisse de sa grâce. De
Morat, ce 13 de Mars 1535.
"■>
Par le tout vostre loyal serviteur et subjet
Hugue Turte, Prédicant de Morat. »
1535 LE^CÔNSEIL DE GENÈVE A AMI PORHAL, A BERNE. 279
vous tenir tousjours en sa saincte garde et protection. De Payerne,
ce 12 de Mars 1535 5.
Par les frères de Payerne , voz très-humbles serviteurs,
lesquelz désirent oyr et vivre selon la pure Parolle de Dieu.
502
le coxseil de Genève à Ami Porral ' , à Berne.
De Genève, 13 mars 1535.
Inédite. Minute originale. Archives de Genève.
maire. Le Conseil annonce à Porral que Pierre Viret est malade des suites du poi-
son qui lui a été donné, « à la persuasion de quelqu'un des prêtres. »
Très-chier frère, nous nous recommandons bien à vous. Nous
sûmes tousjours actendans havoir de vous nouvelles, et, ce pen-
dant, nous est advenu l'esclandre que maistre Viret est dieu en
5 On lit dans la lettre de MM. de Berne aux Évangéliques de Payerne
datée du 16 mars : « Avons prins à grand regraict que, puis que vous
dictes que voulés obtempérer à nostre bon conseil et advis, que à cella
n'avés donné lieuz, assavoir... que pour bon de paix et avancement de
la Parolle de Dieuz, pareilliement pour libération des vostres que sont dé-
tenus prisonniers à Frybourg et à Montaignie, vous deussiés dépourter du
temple et retiré en l'hospital, jusque a tant que feussiés seurs que la plus
part feust de vostrecousté » (Minute orig. Arch. de Berne). Le 23 mars,
Berne les avertit encore que la diète suisse s'occupait d'eux, et elle les
exhorta à se conduire toujours de telle sorte, que le bon droit fût de leur
côté.
1 La minute porte pour adresse : « Ad egregium A. Porralis. » Ami
Porral, citoyen genevois, avait séjourné quelques années en France, et
tenu une école dans la ville de La Charité, près de Nevers (Voy. Viret.
Dialogues du désordre qui est au monde. Genève, 1545, p. 896). En 1518
il était de retour à Genève, où il devint notaire, puis secrétaire du Conseil
à diverses reprises, et syndic en 1532. Il paraît avoir embrassé la Réforme
vers 1530 (Voyez dans l'Appendice la lettre courroucée que l'évêque de
Genève lui adressa le 26 octobre (1531?), et le N° 395, renv. de n. 14).
280 LE CONSEIL DE GENÈVE A AMI PORRAL, A BERNE. 1 535
■maladie 2. Et, comment Dieu ha volsu, nous est cheu en main une
femme à laquelle ha esté trouvé de [la] poison et avecque laquelle
havons enquéru; et, l'enqueste faicte, nous ha dict havoir donné
de la dicte poison au dict Viret sambedi passé 3, en une soppe d'es-
pinoches, à la persuasion de quelcung de la part des prebstres *,
et estoit délibérée en donner à ung cousturier de Lyon nommé
Antoënne'0; et sil ha dict que alors Ton havoit faict de [la] soppe
pour le dict Viret à part, à cause de son estomach, et sil la soppe
de maistre Guillaume Farel ne fust [esté] clère, il en heubt heub
sa par[t], combien qu'il n'y en heubt guère. Laquelle chose vous
2-3 Après avoir logé pendant quelques mois avec les ambassadeurs de
Berne à l'hôtellerie de la Tête Noire, Farel, Viret, et plus tard Fro-
ment, avaient accepté l'hospitalité chez Claude Bernard (N° 480, n. 1).
Une servante nommée Antoina Vax, native de Bourg en Bresse, et qui
se disait réfugiée à Genève pour ses croyances religieuses, prit du service
dans cette maison. Ce fut le samedi 6 mars qu'elle essaya d'empoisonner
les trois prêcheurs. « Dès lors, selon Michel Roset (Chronique inscrite,
liv. III, chap. 31), diminua fort la réputation des prestres dans Genève,
où aussi se retiroyent beaucoup de fidèles, fuyant les feux de France. »
(Voyez pour les détails la confession de l'empoisonneuse, reproduite par
le Chroniqueur de L. Vulliemiu, p. 63, et par J. Gaberel, op. cit. I,
pièces justif. p. 80, d'après la copie du document original envoyée à Berne
le 23 mars 1535. Archives bernoises.) Jeanne de Jussie raconte cette af-
faire très-brièvement. « Par fortune (dit-elle, op. cit. p. 112) un prédicant
nommé Pierre Viret tomba malade, et un homme et une femme furent ac-
cusés de l'avoir empoisonné, » etc. Plus loin, p. 115, quand elle parle de
l'arrestation du chanoine Gonin d'Orsières (Voy. n. G), elle n'en fait pas
connaître la cause.
4 Voyez la note 6.
5 Le secrétaire du Conseil reproduit purement et simplement la con-
fession de l'accusée, car il ne pouvait pas ignorer qu'elle parlait d'Antoine
Froment. Ce prédicateur était depuis peu de temps de retour à Genève. Il
y avait été rejoint par sa famille, qui l'avait peut-être accompagné en 1534
chez les Vaudois (N° 482, n. 7), ou qui avait passé l'hiver à Tries (près de
Grenoble), lieu natal de Froment. Cette conjecture semble autorisée par
le récit suivant, dont il est l'auteur : « Icelle femme, non contente d'avoir
empoysonné sa maytresse... s'est eiïourcée d'empoysonner les troys pres-
cheurs Farel, Viret et Fromment... Mais tu diras comment peut-il estre
faict cela, que ung seul receut la poyson...? C'est que Farel ne voullut
point manger allors de poutaige; et Fromment, en voullant manger sa
souppe, on luy appourta nouvelles que sa femme et ses enfans estoynt ar-
rivés dans Genève à celle heure; lequel layssa le tout et s'en va pour les
retirer. Mais ce pendant le povre Viret mangeoit la menestre, et la misé-
rable le voyant manger plouroit amèrement... » (Actes et Gestes, p. 102).
1535 L'ÉVÊQUE DE LAUSANNE A M. DE DISIMYNS. 281
havons volentier escript, affin que sil soy parloit de cela, en sceus-
siés respondre. . .6. Prians Nostre Seigneur qu'il vous donne bonne
vie. Datum 13 Marlii 1535.
505
l'évêque de Lausanne à M. de Disinmis ' .
De Fribourg, 25 mars 1535.
Inédite. Copie. Manuscrits de Ruchat. Bibl. de Lausanne.
Sommaire. L'évêque de Lausanne conseille à son neveu de se faire adjuger une partie
des biens confisqués aux Luthériens [de France}. Il l'informe des bonnes dispositions
de MM. de Fribourg.
Mon nepveus je vous mercye de toutes vos nouvelles, et puis
[que] ainsi est [que] Ton fait si grande exéquution des Luthériens,
6 Le Conseil écrivait encore à Porral le 14 avril : « Très-chier frère,
nous havions oblié vos escripre de la femme vênifficque que détenons. Nous
l'havons par plusieurs foys répétie, et n'havons aultre d'elle, sinon qu'elle
continue que c'est celluy Hiérosme, serviteur en la maison de Mons* de Mau-
riane*, duquel vous havons escript, et que le chanoënne Gonet [1. Kugonin
tl'Orsières] luy debvoit estre en ayde, s'il lui venoit de l'affaire, et aussi
que elle en ha parlé au dit chanoënne, lequel luy ha dict : « Faictz ardi-
nient, ne te soucie ! » Et quand elle disoit : « Sil j'estoye prise? » il luy res-
pondoit : « N'aye peur, faict hardiment ! » Elle nous ha bien nommé la
femme d'icelluy quil ha les beaux chevaulx, vous sçavés, d'où sortissent
les krémoises contre nos murailles. Nous sommes quasi après à faire
justice, pour ce que ne pouvons havoir aultre. » (Minute orig. Missives.
Arch. de Genève.) Antoina Vax fut condamnée à mort le 13 avril, et
exécutée le 14 juillet suivant (Reg. du Conseil).
1 Nous ne savons s'il faut identifier ce personnage avec Antoine de
Dysimieu, qui, passant par Genève, en juin 1534, y recueillit des rensei-
gnements contre Baudichon de la Maisonneuve (Voyez le Procès cité, p.
193-202. — Gaberel, op. cit. I, pièces justif. p. 52. —Froment. Actes et
Gestes, p. 242-44). Le susdit gentilhomme était parent de certains cha-
noines de St. -Jean de Lyon.
* Louis de Gorrevod, évèque de Saint-Jean-de-Maurienne, créé cardinal en 1530
(Voy. le Dictionnaire bist. de Moréry).
282 LES ÉVANGÉLIQUES DE PAYERNE AU CONSEIL DE BERNE. 1 535
et que le Roy donne les confiscations3, pansez veoyr si, au moien
de Monsieur de Sainct-Paul 3, en pourriez avoir aulcune. Je vous
mercye aussi les bons ouffres que faictes à mon nepveu le cha-
noyne.
Je suis venu icy à Fribourg fère l'ouffice, et vous promets que
Messieurs m'ont receu de bon cueur et faict de grand chière, et
m'ont faict de bons ouffres, que si j'avoye faulte de deux mille
hommes, j'en finiroye, et de la bann[i]ère aussi 4. Monsieur de Di-
symins, mon nepveu, je [ne] sçauroy quoy aultre chouse vous es-
cripre, sinon que je vous prie au plus toust que vous sera possible,
pour fère playsir à vos amys, vous en revenir deçà : que sera pour
la fin, après m'estre recommandé à vous de bon cueur, priant à
Noslre Seigneur qui vous doint l'entier de vos désirs. A Fribourg,
ce 25 de Mars 1535.
Vostre oncle, l'Évesque de Lauzanne.
(Suscription :) A Mons1 de Dysimyns, mon nepveus, en court
du Rov.
504
les évangéliques de payerne au Conseil de Berne.
De Payerne, 28 mars 1535.
Inédite. Manuscrit original. Arcbivès de Berne.
Sommaire. Informations données par les Évangéliques de Payerne sur les mouvements
de Fribourg et sur les progrès de leur église.
Magniticques Seigneurs, secretleinent avons estes adverty
que quantité de pouldre de artillerie bien bref doibt estre envoyée
2 Voyez sur les confiscations ordonnées par Erançois I les Nos 492,
n. 12-13; 498, n. 6.
3 François de Bourbon, comte de Saint-Paul (Voy. Génin, op. cit. I,
285, 297).
4 Ces offres de secours faites à l'évêque Sébastien de Montfaucon
1535 LES É\ ANGÉLIQUES DE PAYERNE AU CONSEIL DE BERNE. 283
en Valoys, conduicte par aucuns de Fribourg.Vav quoy, très-hono-
rés Seigneurs, vous aurés advis et regard sur ce cas.
Excellentz Seigneurs, ce jour de Pasques et les jours précédente,
Dieu a donné telle constance à noz frères qui ont estez prison-
niers \ qu'ilz persévèrent en la Parolle de Dieu plus que jamais.
Et, avecques ce, plusieurs que jamais n'avoient oy sont venuz. pre-
nant la Cène avec nous, en sorte que beaucoup n'avoient lieu ne
place au lieu où nous assemblons 2. Et pour ce les frères désirent
grandement retourner en nostre temple, s'il n'y a fin dedans quinze
jours 3, ainsi que nous avons accordé pour la délivrance de noz
frères prisonniers. Qui sera la fin, Messieurs, après avoir prié Dieu
vous tenir en sa garde et protection. De Payerne, ce 28 Mars
1533 *.
Par les Frères de Payerne, vos humbles serviteurs et amys,
qui désirent oyr et vivre selon la pure Parolle de Dieu.
donnent lieu de penser qu'il n'avait pas abandonné ses projets sur la ville
de Lausanne, avec laquelle il était eu différend depuis 1533 (Voyez le
N° 408, n. (3-7, et le N° 412, fin de la n. 3). Au mois de juillet 1534,
l'un de ses neveux avait enrôlé des gens en Savoie et dans la Gruyère,
sous le prétexte que « ceux de Lausanne étaient tous Luthériens, et que
l'Évêque n'osait pas sortir de son château. » Mais les Lausannois et les
Bernois se tinrent sur leurs gardes (Voy. Ruchat, III, 296).
l-2 Voyez le N° 501, renvoi de note 3, et note 4.
3 C'est-à-dire, si notre différend avec Fribourg n'est pas terminé par
la voie du droit. L'ensemble de la phrase s'explique par le fragment sui-
vant de la lettre des Réformés de Payerne du 24 mars, lettre que nous
avons supprimée : « Faictes, Messieurs, que ce qu'on vous a promis, en
vostre Conseil, au nom de nostre ville, ayt lieu. Nous expérimentons que on
abuse de vostre doulceur. Les seigneurs de Fribourg ont tousjours ce qu'il
demandent, et rien on ne vous octroyé. Nous attendrons le terme qu'a-
vons donné, c'est assavoir, quinze jours après Pasques, et, s'il n'y a fin,
nous espérons de rechief aller en nostre temple. » (Mscrit orig. Arch. de
Berne.)
4 Le 30 mars, les Bernois engagèrent le Conseil de Payerne à accé-
lérer la marche du procès relatif à « la garde du monastère, » les Évan-
géliques s'étant « déportés » du temple paroissial, « par condition que le
dict différent deust estre vuidé dans trois sepmaines par voye d'amitié
ou par droit. » Ils écrivirent le même jour aux Réformés de Payerne,
pour leur recommander la patience et la modération, et les exhorter à
« se déporter de force et de violence, puis que (disaient-ils) vous voyés
que vostre nombre accroist. » (Min. orig. Ibid.)
284 LE CONSEIL DE BERNE AU DUC DE SAVOIE. 1535
505
le conseil de berne au duc de Savoie.
De Berne, 29 avril 1535.
Inédite. Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. MM. de Berne, s'assoeiant aux prières du Conseil de Bâle, demandent au
duc de Savoie la libération de trois Evangéliques. emprisonnés dans ses États.
Illustrissime, etc. Hz nous ont nous très-chiers alliés de Basle ail-
verlis, comme leur soit venuz à notice que détenés prisonniers à
Bourg en Bresse, Jehan et Bertrand Diguet, marchons demourant
au Pont de Vésie en Bresse l, et maistre Claude Diguet, leur frère,
en la ville de Chambêry, à cause de PEvangille. Dont vous font re-
queste par lectres, lesquelles nous ont prié vous envoyer, et pareil-
liement vous suppliez, à cause des dicts trois prisonniers : laquelle
chose aux dicts nous très-chiers alliés de Basle ne pouvons dényé.
Et, pource aussy que summes entenuz de intercéder pour tieuls
personaiges, et nous tenons asseurés que nostre requeste aura
lieuz, vous très-affectueusement prions et supplions les dicts pri-
sonniers, sy n'ont perpétré aultre chose, pour l'amour de nous
mettre en liberté2. Ce faisant nous obligerez à récompense. Autant
priant Dieuz que vous ayt en sa saincte garde. Datum pénultime
d'Avril, anno xxxv.
L/Advoyer et Conseil de Berne.
1 Plus correctement , Pont-de- Vegïe, petite ville où la famille Diguet
était établie.
2 Nous n'avons pas trouvé d'autre lettre de Berne relative à la cap-
tivité des frères Diguet. Cette circonstance permet de penser que les dé-
marches faites en leur faveur furent couronnées de succès.
153o PIERRE T0USSAIN A GUILLAUME FAREL. A GENÈVE. 285
pierre toussain ii Guillaume Farel, à Genève.
DeBâle, 1er mai 1535.
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel.
Sommaire. Le duc de Wurtemberg m'avait envoyé à Montbéliard [pour y prêcher la
Réforme], mais je dois attendre que le comté lui ait été rétrocédé par les Fran-
çais. A ce moment-là, ne soyez pas trop prompt à m' adresser des prédicateurs, car
je ne saurais conseiller au Prince d'en établir partout. Je n'obéis pas, en cela, au
désir de dominer, mais aux leçons de l'expérience. Je n'ai nullement brigué ou espéré
cette charge : elle m'a été imposée par le Prince, quand il a su que je me trouvais à
Tubingue, et que le Montbéliard allait rentrer en sa possession. Plût à Dieu qu'un
homme capable et vraiment chrétien eût été nommé à la place d'un indigne tel que
moi ! Pensez à mes angoisses et ne m'oubliez pas dans vos prières.
S. Charissime et observande frater, miserat me Princeps Wit-
tembergensis 1- Montempeligardum, putans Comitatum jam suis esse
redditum; sed Galli adliuc occupant2. Spero tamen fore ut brevi
reddatur3; hic expectabo tantisper. Si intellexeris me illic esse,
olisecro te per Christum, ne quenquam facile ad me mittas. Nam
Principi aut suis author non ero, nec possum bonà conscientià, ut
statim onmes anguli replèantur concionatoribus : non quôd illic
1 Ulric de Wurtemberg, comte de Montbéliard.
2-3 Le 23 mars 1534, le duc Ulric avait vendu à François I le comté
de Montbéliard et la seigneurie de Blamont, pour le prix de 120,000 cou-
ronnes, et, le même jour, il avait cédé à l'amiral Philippe de Chabot, trois
autres seigneuries pour la somme de G2,000 écus d'or au soleil. Ces ven-
tes diverses avaient eu lieu sous réserve de radiât. La rétrocession des
domaines rachetés par Ulric se fit le 26 avril 1535; mais les bourgeois
de la ville de Montbéliard ne furent relevés que le 22 juin suivant du ser-
ment de fidélité qu'ils avaient prêté au roi de France (Voy. le N° 469,
n. 7, et Duvernoy. Epliéméritles du comté de Montbéliard, 1832, p. 100,
144, 231).
286 CHRISTOPHE FABRI A G. FAREL ET A I>. VIRET, A GEXÈVE. 1535
solus regnare cupiam, sed quôd videam hanc rem professionem
Christi ac Dei gloriam plurimùm obscurare 4. Novit Dominus Deus
me provintiam hanc nec ambivisse unquam, nec expectasse. sed
Principem ipsum obtrusisse, cum sciret me agere Tubingœ \ et in-
tellexisset à suis, Comitatum illum redemptum esse; nam ejus rei
gratià clam miserat aliquos in Galliam, nemine hoc tempore quic-
quam taie expectante.
Utinam mihi sit hodie discenda sutoria, et illic sit unus aliquis.
loco mei, ad res tantas nihil idonei, verras gloriam Dei sitiens, ac
tanto Dei timoré prœditus, ut non linguà solùm, sed et animo quo-
que et universâ vità Christum exprimat! Cseterùm, mi frater cha-
rissime, ora Dominum diligenter pro me, multùm anxio et solli-
cito, ne tam peccata mea respiciat quàm suam gloriam. Et saluta
Viretum et fratres meis verbis. Basileae, Galen.[dis] Maii 35.
Tuus Tossamjs.
( lnscriptio : ) Fideli Verbi Dei ministro D. Guilielmo Farello.
fratri suo charissimo. Gebenna*.
507
Christophe fabri à G. Farel et à P. Viret, à Genève.
De Bole, 6 mai 1535.
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel.
Sommaire. Nous rendons grâce à Celui qui opère au milieu de vous des choses si admi-
rables, que nos adversaires même sont forcés de dire : Dieu le veut ! Les traits lancés
contre vous par Satan vous ont enseigné la patience et la prudence qui vous feront
4 Comparez ce passage avec le N° 404, renvoi de n. 23.
6 Toussain, qui était encore à Bâle le 1er octobre 1533 (N° 429) , vi-
sita dès lors les principales villes réformées de l'Allemagne, entre au-
tres, Nuremberg et Wittemberg (Voy. la lettre du 26 mai 1539 et celle
du 29 juillet 1543). Il se trouvait à Tubingue dans les premiers mois de
l'année 1535 (Voyez sa lettre à Blaarer du 13 mai suivant).
1535 CHRISTOPHE FABRI A G. FAREL ET A P. VIRET, A GENÈVE. 287
subsister jusqu'à l'iieureuse issue de votre entreprise. Bien des fois déjà le Seigneur
vous a arrachés à la mort; il exaucera nos prières en vous conservant à son E
qu'il a élue dans le ciel et au milieu de laquelle il se révèle par de significatifs prodiges.
Le comte de Montbéliard vient de rentrer en possession de son territoire, et il y a
établi comme prédicateur Pierre Toussain. C'est le 25 mai, à la Neuvevïlle, que se
tiendra notre synode général. Nous voudrions vous y voir tous, après une si longue
séparation ; mais vous êtes retenus à Genève par de sérieux motifs, comme nous l'a
dit Saunier, qui est arrivé sain et sauf et s'occupe activement de l'affaire qui néces-
sitait sa présence. La traduction des noms hébraïques et les Tables [de la Bible] s'im-
priment dons ce moment.
Nos congrégations ont lieu, de deux mardis l'un, dans chaque village successive-
ment. Saunier et Froment pourront vous en dire le succès à leur retour : ils se trou-
vaient mardi dernier -avec nous à St. -Biaise, chez notre ami François [du Bivier].
Saunier nous a fait connaître les fruits [de sa mission] et les dangers qu'il a courus.
Louis [c'est-à-dire Olivétan] et ses compagnons se recommandent à vos prières et à
vos conseils.
Salutem a Domino! Quandoquidem vobis nonnisi praecatione
congratulationeque adjuinenlo esse possumus, agimus grattas Deo,
qui sic per suos semper triumphat,vaannm suam pr[otendit] in hoc,
ut signa et prodigia quotidie admiranda fiant, quorum [ope?] mul-
tos infirmos confortât, et fortes exhilarat, extimulatque ad perse-
verantiam, [ac etiam ex] infidelibus plurimos in eam admirationem
perducit, ut fateri cogantur proposition Dei esse '.
Sed intérim Satan ille non cessât vos expetere, ac s[ua tela vfj-
brare. Yerùm ex frequentibus ipsius jaculis, à vobis per Spiritum
[Sanctum] potentissimè in hostem ipsum et angelos ejus retortis.
didicistis non solùm patientiam, verùm etiam illam serpentis pru-
dentiam quà possitis, eadem virtute vobis affatim subministratâ.
semper stare usquead felicem eorum omnium exitum. Nammortis
causam è medio tollere est resuscitare, et ex morte eripere. [Do-
minus suo brach]io ex multis mort Unis jam vos eripuit, eripietque2,
1 N'est-ce pas nue allusion aux dispositions favorables que la majorité
des magistrats genevois venait de manifester relativement à la Réforme?
Le 2 avril, ils avaient décidé que Farci et Viret recevraient un logement
au couvent de Rive, et, le 23 du même mois, ils avaient agréé la re-
quête du gardien des Cordeliers, Jacques Bernard, qui demandait la per-
mission de soutenir publiquement des Thèses évangêliques. Ce fait important
est consigné dans le Registre du Conseil du 23 avril 1535. Yoy.le X" 509,
n. 9, Froment, op. cit. p. cxxiv, et les Fragm. hist. sur Genève, I, 201.
2 Ce passage renferme une allusion au danger de mort que Farci, Vi-
ret et Froment avaient couru le G mars précédent (Voy. X" 502).
288 CHRISTOPHE FABRI A G. FAREL ET A P. VIRET, A GENÈVE. 1535
pr 'opter gregem suum, cui ad hue plurimum necessarii estis, idque
coadjuvantibus fratrum vestrorum assiduis precationibus, quô ne
vestri usquam oblitos arbitremini. Mirum quàm sancta Deiecclesia
ista tam féliciter instituatur! Née, omnibus arguments Dei electa
in c[œlo] comprobalur, in qua decrevit regnare etmagnifica,prop-
ter se ipsum, exerere, sicut prognostica portendunt signa, adeô
stupenda ut quibusvis Evangelii saevis tyrannis horrorem incu-
tiarit !
Cornes Me Montis Belial3, redditâ pecunià, dominio nunc, bonis
auspiciis, potitur 4, illbicque prudentem reliquit praefectura 5, qui
secum jam habet Toussanum, quotidie (ul aiunt) concionantem e,
et legatos Gallicos secum pnecibus et conviviis in aliquot menses
retinuit, rege eorum consentiente 7.
Dies proximœ generalis Synodi nobis ind ictus est 25. Maii. Do-
minus vos in eum diem Agathopolim nsque impellet 8, si non om-
nes 9, saltem duos aut certè unum, si ita visum fuerit Ei qui vos à
nobis tanto temporis spatio segregavit, paratus ac potens, si quando
opus fuerit, nos in unum ovile reducere. Verùm tamen, ut nunc res
habet, isthic mugis necessarii estis, idque multis rationibus quas ex
Sonerio nostro rescivimus, qui hue salvus appulit 10, eaque pro viri-
ons curât quorum gratid advenif11. Interpretationes hebraicarum
dictionum, cum Tabulis, nunc excuduntur 12.
3 Ulric, duc de Wurtemberg et comte de Montbéliard.
4 Voyez le N° 506, notes 2-3.
5 Le comte Georges de Wurtemberg, frère d'Ulric (Voyez J.-J. Hot-
tinger, op. cit. III, 698. — Duvernoy, op. cit. p. 66, 68, 306).
6 Cette nouvelle était prématurée.
7 Voyez le X° 506, notes 2-3.
s Farel et Viret ne purent assister au sgnode de la Neuveville (Voyez
N° 509, renv. de n. 7-8).
9 De ces paroles il ne faudrait pas inférer que Farel et Viret eussent
un nouveau collègue. La lettre de Farel du 22 mai nous apprend, au con-
traire, qu'ils étaient encore les deux seuls prédicateurs de l'église de Ge-
nève.
10 Antoine Saunier devait être arrivé récemment du Piémont ou de la
Provence (Voy. la lettre des Évangéliques de Payerne du 28 septembre
1535). Tout annonce qu'il n'avait pas reparu en Suisse depuis le mois
d'août 1533 (Voy. N° 426, renv. de n. 5).
11 En rapprochant cette phrase de la suivante et de la lettre de Sau-
nier du 22 septembre 1533 (N° 426, renvoi de note 8-9), on comprend
aisément que Saunier était revenu en Suisse à cause de la Bible française
d'OUvétan, dont l'impression touchait à son terme. On lit, en effet, h la
1533 CHRISTOPHE F ABRI A G. FAREL ET A P. VIRET, A GENÈVE. 289
Superest nonnulla de ordine nostro ad vos, ut participes sitis
consolationis et afflictionis omnium, scribere. Congregationes bino
quoque Marlis die per singulos habemus pagos 13, quo ordine, quan-
toque fructu, Sonerius et Frumentus1*, si Dominus voluerit, ad vos
reversi, vobis narrabunt. Illi enim apud Sanctum-Blasium, supe-
riori die Martis 15, nobiscum venerunt, et consolationem recepe-
runt, tum ex ea congregatione, tum ex Francise/ nostriu fausto
[exajmine, benedictione et multiplicatione, siquidem uxor illius, se-
quente nocte, elegantem puerum satis expeditè peperit. Sonerius
nobis f inclus et pericula enarravit11, atque statum eorum quœ is-
thic aguntur. Ille ad vos scripsisset, nisi bas vobis suffîcere putas-
set, Salutant vos Franchisais] , Fatonus 1S, Jacobus " et reliqui
fratres. Gralia Domini vobiscum ! Bola3, 6 Maii 1535.
Tester in Cbristo fraler Christophorus Libertinus.
dernière page de cette version : « Acheue dimprimer en la Ville et Conte
de Xeufehastel, par Pierre de wingle, dict Pirot picard. Lan. M. D. xxxv.
le. iiije iour de Jning. »
12 On trouve à la fin de la Bible d'Olivétan deux Tables formant 27
feuillets grand in-folio. La première est intitulée : « Table de tous les
motz Ebrieux, Chaldees, Gréez et Latins, tant dhommes, que de femmes,
de peuples... lesquelz sont contenus au vieil et nouueau testament... »
Les noms de H. Bosa et d' Eutyclms Deper .[ius], qui l'ont composée, sont
indiqués au-dessous de ce titre. La seconde Table, dont Matthieu Grame-
lin avait été l'auteur, a pour titre : « Indice des principales matières con-
tenues en la Bible... »
13 Les congrégations, instituées par Farel à une époque où les pasteurs
étaient en petit nombre, se tinrent d'abord le jeudi, dans l'une ou l'autre
de ces trois villes : Xeucbâtel, Grandson et Morat. Boyve, dans ses An-
nales historiques du comté de Xeucbâtel et Yalangin (1854-1855, t. H,
p. 352). applique à tort au mois de mars ce qui est dit ici du mardi
(Martis dies).
14 Froment était revenu à Genève avant Saunier (Voy. X° 502, n. 5).
15 C'est-à-dire, le mardi 4 mai.
16 II s'agit de François du Bivier, qui était pasteur dans les environs
de Xeucbâtel (Voy. X° 393, renv. de n. 25-26, X° 482), et que des docu-
ments d'une date postérieure signalent comme ayant desservi la paroisse
de St.-Blaise depuis que la Réforme y fut établie.
17 II est question ici des fruits de la mission évangélique accomplie par
Saunier dans le Piémont, où nous le retrouverons bientôt, et dans la Pro-
vence.
18 Jean Fatlion, pasteur à Colombier, près de Bole (X° 399, n. 11).
19 C'était sans doute Jacques le Coq (Voy. sa lettre écrite de Corcelles,
X° 399).
t. m. 19
290 CHRISTOPHE FABRI A G. FAREL ET A P. VIRET, A GENEVE. 1535
(P.-S.) Lodovicus20 etiam cum sociis suis21 vos accuratè salutat,
seque precibus et consiliis restris commendat.
(Inscriptio :) Chariss. fratribus Gulielmo Farello et Petro Vireto,
Evangelii ministris Gebennis.
20 C'était Pierre-Bobert Olivétan, que Fabri, son ami intime, appelle
parfois Ludovicus, et dont la présence à Neuchâteï au printemps de l'an-
née 1535 est constatée par la lettre de Calvin du 11 septembre suivant.
L'histoire d'Olivétan depuis son départ pour les Vallées du Piémont (oc-
tobre 1532, N° 393) jusqu'à son retour en Suisse (mars ou avril 1535)
reste couverte d'une obscurité presque impénétrable. Au mois d'avril 1533
il remplissait encore, chez les Vaudois, les périlleuses fonctions d'évangé-
liste ou de maître d'école (Voy. le N° 415, renv. de n. 20, 21, 22, à com-
parer avec le t. II, p. 452). Ce fut sans doute quelques mois plus tard
qu'il se chargea de traduire toute la Bible (N° 393, n. 23, à comparer
avec le N° 415, fin de la n. 22). Si nous comprenons bien ce qu'il dit de ce
travail, il l'aurait exécuté en une seule année, et pendant sou séjour chez
les Vaudois du Piémont. En effet, la dédicace de sa Bible, adressée à
l'Église de Jésus-Christ, est datée : « Des Alpes, ce xije de Febvrier 1535, »
et dans son Épître à Hilerme Cusemeth, Céphas Chlorotes et Antoine
Almeutes [c'est-à-dire, Farél, Viret et Saunier], il s'exprime ainsi : «Ayant
jà longuement traîné ce joug tout seul, ay esté contreinct, entre ces mon-
taignes et solitudes, user tant seullement de maistres muetz, c'est à dire
livres, veu que ceulx de vive voix par vostre moyen me défailloient. »
21 Fabri veut designer sans doute Bosa, Deperius et Gramelinus (Voy.
la note 12). Les noms de ces deux premiers personnages ne figurent ja-
mais dans la correspondance des Réformateurs. Deperius se nomme lui-
même Joannes Eutychus Deperius amanuensis interpres, dans une pièce de
24 vers latins placée à la suite des préfaces de la Bible. Il semble diffi-
cile au premier abord d'identifier ce personnage avec le poëte français
Jean-Bonaveniure Despériers, auteur de l'ouvrage intitulé Cymbalum
Mundi, dans lequel percent les sentiments les plus irréligieux. Mais Cal-
vin nous apprend que « Deperius, après avoir gousté l'Évangile, a esté
frappé d'aveuglement » (Traité des Scandales, dans les Opuscules, édit.
de 1566, p. 1182). Or, un passage des Commentaires d' Etienne Dolet sur
la langue latine nous fait connaître les prénoms de Deperius, qui sont
les mêmes que ceux du collaborateur d'Olivétan. Ce passage est résumé
comme il suit dans Maittaire (op. cit. III, 57) : « Poëtis illius setatîs adnu-
merat [Doletus] Joanncm Eutychum Deperium, Heduum, cujus operâ
fideli et accuratâ in primo Commentariorum suorum tomo usus est. » Le
premier volume de ces Commentaires parut vers la fin de mai 1536, chez
l'imprimeur lyonnais Sébastien Gryphe. Rien par conséquent n'empêche
d'admettre que Despériers, après avoir terminé son travail à Neucluîtcl
(Voy. n. 11), ait collaboré avec Dolet, à Paris ou à Lyon, pendant la se-
conde moitié de l'année 1535 et les premiers mois de la suivante.
Malingre, le troisième auxiliaire d'Olivétan, cachait son vrai nom sous
l'anagramme de Gramelin (Voyez les Additions).
1535 PIERRE TOUSSAIN A AMBROISE BLAARER. A TUBIXGUE. 291
pierre toussain à Ambroise Blaarer, à Tubingue1.
De Bâle, 13 mai 1535.
'»
Inédile. Autographe. Bibliothèque de la Ville de St.-Gall.
Sommaire. Depuis mon départ de Tubingue, j'ai souvent réfléchi aux engagements re-
doutables que j'ai contractés et à mon indignité devant Dieu ; mais puisqu'il daigne
se servir de moi, malgré mes péchés, et que c'est sa main qui m'a forcé d'entrer dans
la carrière, je mets tout mon espoir en sa miséricorde. Sile désir du Prince est que l'E-
vangile soit prêché en divers lieux du comté de Montbêliard, je souhaite qu'on y pro-
cède avec circonspection, en n'appelant d'abord qu'un petit nombre de prédicateurs.
Plusieurs sont accourus avec des lettres de recommandation, et il en viendra bien
d'autres encore, qui ne songent guères à la gloire de Dieu. Veuillez prendre vos me-
sures en conséquence. Quand je serai à mon poste, je choisirai deux ou trois hommes
vraiment pieux et qui auront fait leurs preuves dans le ministère de la Parole.
Gratia tibi et pax a Deo pâtre et Domino nostro Jesu Ghristol
Ego, à meo istinc discessu 2, cogitavi sœpe quam arduam provin-
tiam susceperim, homo miserabilis et omni vitiorum génère conta-
minalus. Caeterùm, quoniam benignus est Dominus, nec tam res-
picit peccata nostra, quàm suam gloriam, quoties nobis miseris
uli dignatur ad eam propagandam, adeô non despondeo ani-
mum, ut in mediis etiam solicitudinum fluctibus optimè sperem,
ac optima quaeque raihi proraittam de bonitate et misericordia pa-
tris nostri cœlestis, quando me nolenlem aut certè, ut scis, nihil
taie cogitantem semel pertraxit ad banc arenam. Tametsi Comi-
tatus nondum est reddilus, et Georgius Me prœfectus, homo pius
ac lui studiosus, mox lectis tuis et Principis literis 3, rogavit, ut hue
1 Voyez sur Ambroise Blaarer le N° 445, n. 1. Pendant l'automne de
l'année 1534, le duc Ulric de Wurtemberg l'avait appelé dans ses États,
ainsi que Simon Grynœus, pour y établir la Réformation.
2 Voyez le 1ST0 506, note 5.
3 C'était à Montbëliard. où Toussain s'était rendu tout d'abord, qu'il
avait remis ces lettres au comte Georges (N° 506, renv. de n. 1, N° 507,
renv. de note 5).
292 PIERRE TOUSSAIN A AMBROISE BLAARER, A TUBINGUE. \ 535
concederem, donec imperio potiatur; quare hîc hsereo, illius lite-
ras aut nuntium expeclans.
Provintia ipsa sita est in finibus Lotharingiœ et Burgundiœ, et,
prseter pagos multos, oppida habet tria aut quatuor; nec dubito
quin ejus sit Princeps animi, et tu quoque, ut illic passim prœdice-
tur Evangelium 4. Id si fiât circumspectè, et ea res committatur
paucis, timoré Dei prœditis, magna mihi spes est, ut ipsa etiam
vicinia brevi Ghristonomen det; sin praecipitanter, acper homines
novarum rerum ac dissidiorum studiosiores, quàm verse pietatis
plantandœ, tractetur hoc negotium, scio nos nec Comitatui, nec
vicinis, nec gloriae Dei consulturos. Quod ad te scribo, ut qui nos-
[rorum hominum ingénia norim, et magnam videam illic confu-
sionem fuluram, si cuivis ad id muneris paleat aditus, et omnes
statim anguli repleantur concionatoribus. Nam jam hue advolarunt
nonnulli, qui literis ac commendatione quorundam aspirant ad hœc
mimia, ex quibus unum tantùm novi, cui certè non possem bonâ
conscientià credere oves Christi. El accurrent, scio, infuiiti, prius-
quam vocentur, nec gloriam Dei quœrentes 5, ubi semel sparsum f tie-
nt, Comitatum esse redditum. Quare obsecro te, per Dominum Je-
sum, ut tuis ac Principis ad Prœfectum literis occurras his malis,
priusquam serô medicina parelur. Ubi Mue venero, vocabo viros
duos aut très verê pios, mihique familiariter notos, et qui jam antea
sœpe in cruce ac Yerbi ministerio spécimen dederunl suce pietatis :
nec dubito quin Dominus aspiraturus sit conalibus nostris e. Vaie
in Chrislo Jesu, qui te Ecclesia1 suœ servet incolumem. Basileae,
13 3Iaii lo3o.
Si tibi mea salus chara est, ut charam esse scio, ora pro me Do-
minum diligenter.
Taus P. Tossanus.
(Inscriptio :) D. Ambrosio Blaurero. suo in Christo colendiss.
Domino. Tubingae.
'ol
4 L'Évangile avait déjà été prêché dans le comté de Âloutbéliard en
1524, par Jean Gayling, Fard et Boniface Wolfhard. L'histoire de l'église
réformée de ce pays pendant les années suivantes est fort peu connue. On
sait seulement que la ville de Montbéliard, h la suite d'un mandement de
l'archevêque de Besançon, fut. dès les premiers mois de 1527 jusqu'au 6
mai 1529, mise « en interdit à cause de la hetherrie » (Duvernoy, op. cit.
p. 163).
5 Comparez ce passage avec la fin du X° 403, p. 11, lignes 3-5.
6 Voyez la lettre de Toussain du 28 juillet suivant.
1535 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI. A BOLE. 293
509
Guillaume farel à Christophe Fabri, à Bole.
De Genève, 22 mai 1535.
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchàtel.
Sommaire. Beaucoup de personnes réclamant la publication de la Dis-pute de Furbiti,
je vous charge de la faire imprimer à Neuchàtel. On pourrait, non sans raison, an-
noncer sur le titre que c'est un récit adressé « à un ami de Vienne. » L'imprimeur de-
vra, dans la Préface, faire ressortir le soin qu'a mis l'auteur à s'abstenir de nommer
« les prédicants , » tandis qu'il parle si honorablement de Furbiti, ce qui fera conclure
à chacun qu'il est du parti de ce dernier. Arrangez pour le mieux, entre vous, cette
préface.
Je voudrais bien pouvoir assister avec Viret à votre Synode; mais sa santé ne
lui permet pas de faire ce voyage, et je n'oserais le laisser seul ici. En outre, le
jour de la Dispute de Genève est fixé, les Thèses sont affichées ; si nous étions ab-
sents, les adversaires s'écrieraient que nous avons refusé le combat. Veuillez vous en-
tretenir avec Froment, Marcourt et Saunier au sujet du livre à publier ; il serait bon
qu'il fût imprimé et envoyé ici vers la fin du mois.
S.[alutem], gratiam et pacem a Ueo per Dominum Jesum! Multi
flagitant disputationem quœ cum Cuculione, qui hic detinetur, ha-
bita fuit1. Non habemus qui imprimât nobis prelo intentas*; quare
ristim fuit Neocomitm miltere, cumque tu sis ille qui es, fiet ut non
malè inscribatur : « missa Viennensi 3. » Curabis igitur rectè cudi.
1 II s'agit de la dispute qui avait eu lieu à Genève, en janvier et février
1534, entre Guy Furbiti d'un côté, Farel et Viret de l'autre (Voy. les
Nos 446^ 448j 453).
2 La ville de Genève renfermait deux ou trois imprimeries: mais les
propriétaires de ces établissements éditaient surtout des livres destinés au
culte catholique.
3 Farel s'exprime ainsi parce que Fabri était natif de Vienne en Dau-
pliiné.
294 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A BOLE. 1535
Poterit typographus 4 prsefari, quàm abhorruerit scribens à nomine
concionatoriim 5, interea tam honorificè de Furbito cum scribat : in
quo deprebendat unusquisque id curasse, ut Furbitus potior vide-
retur. Sed interea laudet, quôd affectus in Furbitum non avocarit
à veritate scribendà, quod utinara facianl omnes, ut nullo favore
vel odio adducantur ut contra veritatem loquantur! Inter vos dis-
picite, quid aptius in Prœfatione proponi poterit e, ut fructus uberior
ad omnes recleat, quod nobis est in votis.
Utinam possemus omnes sanctœ concioni1 interesse! Viretus non
satis est firma valetudine, adeô ut facile non putem nuncviee com-
mittendum, et multo minus solum bîc esse relinquendum 8. Prœte-
rea puto vos nosse, diem dictam esse Disputationi9, axiomatis jam
4 Pierre de Wingle, imprimeur à Neuchâtel, où il s'était fixé vers le
milieu de l'année 1533 et avait obtenu la bourgeoisie. Nous ne pouvons
pas accorder une grande confiance à la tradition d'après laquelle son im-
primerie aurait été installée dans le petit village de Serrières. L'indica-
tion finale de la Bible cVOlivétan porte qu'elle a été imprimée « dans la
■ville et conté de Neufchastel. » Dix-buit ans plus tard, un savant français
qui habitait Neuchâtel écrivait à l'un de ses amis : « Olim Me fuerunt ty-
pograplii, nunc magna vis papyri Me efficitur, et locus est typographis op-
portunissimus » (Voy. la lettre du 9 mai 1553).
5 Voyez le N° 510, note 6.
6 Nous reproduisons cette préface dans le N° suivant.
7 C'est-à-dire, le synode général qui devait se tenir à la Neuveviîle le
25 mai.
8 Huit mois plus tard, Viret n'était pas encore complètement remis de
sa maladie (Voyez la lettre du 18 février 1536).
9 L'ouverture de la Dispute de Beligion (N° 507, n. 1) avait été fixée
au 30 mai. On lit dans le Kegistre du Conseil de Genève : « Die 26 Maii.
In Consilio Ducentenario fuit loquutum de Disputatione super conclu-
sionibus per Fratrem Jacobum Bernardi publicatis. Et super eis resolu-
tum quôd, sive veniant forenses disputaturi, sive non, tamen Disputatio
ipsa per eos qui adfuerint fiât et non impediatur, — cum finis ad quem
tendit sit ut corda audientium ab eadem magis de propositis clarificata
redeant, et inde Reipublicœ tranquilitas oriri valeat. Et, ut hujusmodi
disputatio commodiùs et quietiùs fieri valeat, fuit resolutum quod debeant
fieri cridaa, voce preconis, de non fiendo tumultu, questione, nec injuria;
quôdque omnes, sive forenses, sive domestici, libéré disputare valeant,
additâ solitâ pœnâ; quôd premissa Dni Syndici presbiteris et religiosis nun-
cient et notificent....Dicatur [Dno Bonimontis, decano Canonicorum] quôd
notificet suis Dn!s Capitularibus, [ut] veniant ad disputandum, et omnes
presbiteri; et similiter fiât omnibus presbiteris et monachis, per parro-
chias et conventus hujus civitatis. » Le 29 mai le Conseil Ordinaire élut
quatre secrétaires pour recueillir les procès-verbaux de la Dispute, et huit
assesseurs pour y maintenir l'ordre.
1535 GUILLAUME FAREL A CHRISTOPHE FABRI, A BOLE. 295
mdgatis 10; et si non frequentem speramus n, tamen si pedem mo-
veremus, clamarent oranes, nos fugâ nobis consultasse, causse dif-
fisos ; et non secùs contingeret, quàm dum Lausannœ nobis eral
dicta dies12. Àderat Provincialis I3; si non comparuissemus, quos
triumphos egissent hostes! Spero fratres boni consulluros, quod
optaraus ac poscimus.
Anto.[ninm "], Marcur.[tium15] et Sone.[rium 1B] converties super
Disputatione. Utile esset circa finem hujus mensis absolutam esse, et
hue missam. Pluribus tecum non agam ; saluta omnes fratres quàm
potes officiosè. Claudium 17 apud Albinum admonebis, me non con-
10 D'après Jeanne de Jussie, op. cit. p. 118, Jacques Bernard aurait
porté lui-même ses Thèses, le 30 avril, dans tous les couvents de Genève.
Selon la chronique manuscrite de Savion, il les aurait fait afficher le 1er
mai. Michel Eoset (Chronique, livre III, chap. 35) dit qu'elles furent
« imprimées et notifiées aux prestres et chanoines de Genève et lieux cir-
convoisins, comme de Grenoble, Lyon, etc., avec sauf-conduit pour tous
les opposants. » Le texte abrégé qu'il donne des cinq Thèses de Bernard
est reproduit avec quelques variantes dans Ruchat, t. III, p. 357, et dans
le Chroniqueur de M. Louis Vulliemin, p. 7S. Voyez aussi Sculteti An-
nales, 1618, Pars II, p. 468-470.
11 Le 26 mai le Conseil écrivait à Porral, son député à Berne : « Nous
sommes après pour faire la Dispute, mais nous ne sçavons bonnement les
gens quilz se porront trouver [à icelle], à cause des empesches par VE-
vesque faietz, quilz journellement faict Lettres contre tous, que nulz ne
doibge à icelle venir. Nous vous envoyons ung double des Lettres... Non
seulement en ceste ville de Gex, mais- aussi à St.-Claude et aultre part, il
détornent les gens de venir icy » (Missives. Arch. de Genève). Un cé-
lèbre docteur, Pierre Caroli, était cependant arrivé à Genève. Le 17 mai,
eu compagnie de Farel et de Viret, il avait visité le Père Furbiti dans sa
prison (Voy. Jeanne de Jussie, p. 84-85). Mais Farel désirait rencontrer
des adversaires sérieux, et nous savons par l'une de ses lettres (Calvini
Epp. et Resp. Lausannae, 1576, epa 49a), que le Conseil de Genève avait
essayé d'inviter à la Dispute le fameux Sorboniste Pierre Cornu, qui se trou-
vait alors à Grenoble. On lit dans la même lettre ce passage relatif à Le
Fèvre d'Étaples : « Alios ... cupiebamus habere, ut pium Stapulensem,
qui non sine lacrymis audiebat, gratias agens Deo, ordinem ecclesiarum,
et cupiebat, ut erat amans Galliœ, ita videre compositas ecclesias. »
12 Allusion à la comparution de Farel devant le Conseil épiscopal de
Lausanne, le 15 juin 1530 (N° 296, n. 1).
13 Conrad Treyer de Fribourg (N° 295, renv. de n. 1).
U.16 Antoine Froment, Antoine Marcourt, pasteur à Neuchâtel, et An-
toine Saunier, qui, avec Fabri, prirent les arrangements nécessaires pour
la publication projetée.
17 Claude Clerc, pasteur à St.-Aubin, dans le comté de Neuchâtel.
296 l'imprimeur [pierre de wingle] au lecteur. 1535
venisse PhMippum 18, quia nec laboret, nec potuisse 19. Salu-
tanl te pii omnes, inter quos Viretus. Geben.[nis], 22Maii 1535 2".
Tuus Farellus.
( Inscriptio : ) Suo Ghristophoro, Bolie.
510
l'imprimeur [pierre de wingle 4] au Lecteur.
(De NeucMtel, vers la fin de mai 1535).
Letres certaines daucunsgrandz troubles...2 (Xeucbâlel. 1535). In-8°.
Sommaire. L'imprimeur P. de Wingle expose les raisons qui l'ont engagé à publier le
récit des troubles de Genève et la Dispute avec Furbiti.
L'imprimeur au lecteur.
Ung notaire demeurant à Genève, après avoir bien et entièrement
veu, ouy et selon la pure vérité rédigé par escript aucuns tumultes,
contradictions, et les disputations qui sont ensuy vies, à cause d'au-
cuns articles publicquement preschéz par nostre Maistre Furbiti,
qui prescboit alors les adventz en la dicte cité. — il envoya icelles
18 Ce personnage nous est inconnu.
19 II y a ici un mot presque entièrement effacé.
20 M. Louis Yulliemin, qui, le premier, a signalé la fraude pieuse com-
mise par Farel (Voy. le Chroniqueur, p. 50, et la nouv. éclit. de Ruchat,
III, 2G0), n'a-t-il pas été induit en erreur, lorsqu'il a dit à cette occasion,
que, outre la lettre à Fabri, Farel en adressa une, le même jour, au ty-
pographe neuchâtelois? Nous n'avons pu la retrouver, et nous doutons
même de son existence.
1 II avait prêté son nom pour cette préface, rédigée en commun par
Fabri, Saunier, Froment et Marcourt (Voyez le X° 509, renv. de n. 6).
2 Voici le titre complet de cet opuscule : « Letres certaines dau|cuns
grandz troubles et tumultes aduejnuz a Geneue, auec la disputation faicte |
lan. 1534. Par monsieur nostre Maistre [ frère Guy Furbiti, docteur de
1535 l'imprimeur [pierre de wingle] au lecteur. 297
lettres à ung sien amy et çompaignon de Vienne 3. Lequel, comme
mon familier amy. me les communiqua 4. Et moy, voyant la chose
estre d'importance, veu et considéré le gros bruyt qui couroit par
tout de Genève, comme nostre dict Maistre Furbiti Iriumphoit de
prescher, disputer, et en grande hardiesse résister aux Luthériens.
[je] trouva y le moyen d'avoir les dictes lettres missives. Lesquelles
saschans estre certaines et véritables, accordantes avec le tesmoin-
gnage de plusieurs gens de bien qui avoyentesté présentzà toutes
les choses contenues en icelles, les ay voulu fidellement imprimer5,
sans y adjouster, ne diminuer aucunement. — à celle fin que tous
Paris en | la faculté de Théologie, de lordre de S. | Dominicque, du con-
uent des frères | prescheurs de Montmellian. Alencontre daucuns quon
appelle | predicantz, qui estoyent | auec les Ambassadeurs de la seigneurie
de | Berne. | Ephesiens. vj. Testez vous de larmeure de Dieu : | affin que
puissiez estre fermes | contre les embusches | du diable. » Petit in-8 de
48 feuillets, en caractères gothiques, sans date, ni lieu d'impression. Le
ministre François Manget a fait réimprimer cet ouvrage à Genève en 1644,
avec une traduction latine placée en regard du texte français.
3 Cette lettre, qui forme le corps de l'ouvrage, est datée : « De Ge-
neue, ce premier Dauril. 1534. » Elle renferme le récit très-détaillé de la
Dispute de Furbiti et des événements qui l'avaient provoquée. On a cru
longtemps cpie c'était l'œuvre d'un catholique impartial (Voyez, dans la
réimpression de Genève, la dédicace adressée par F. Manget à MM. de
Berne. — Haller. Biblioth. de l'Hist. suisse, III, n° 373). Mais il est au-
jourd'hui avéré que la publication en est due à Fard, qui nous fait con-
naître lui-même les mesures qui avaient été prises pour donner le change
sur le caractère de l'auteur. Il s'est donc rendu coupable d'une « fraude
pieuse. » Cependant tout n'est pas fictif dans la mise en scène de la nar-
ration. Le « notaire demeurant à Genève » qui avait « vu, ouï et selon
la pure vérité rédigé par écrit la disputation du docteur de Sorbonne, »
existait réellement dans la personne de Claude Boset, notaire et secrétaire
du Conseil de Genève. Lui seul a pu disposer des procès-verbaux du Con-
seil. Quant à « l'ami de Vienne » auquel la relation est censée envoyée,
on a vu dans le N° 509, note 3, que cette désignation pouvait avec vérité
s'appliquer à Fàbri. Toutefois l'éditeur trompait le public, en laissant
croire que le susdit notaire était catholique et qu'il avait adressé les
« Lètres certaines » à un habitant de Vienne. Après avoir constaté la
faute de Farel, nous devons ajouter que, sauf une ou deux modification-
sans importance, le récit imprimé à Neuchâtel est conforme aux procès-
verbaux de « la disputation. »
4 C'est une nouvelle fiction. Pierre de Wingle eut communication des
« Lètres certaines, » parce qu'il devait les imprimer, et non parce qu'il
était l'ami de Christophe Fabri (Voy. le N° 509, renv. de n. 2).
5 11 les imprima, sur la commande qui lui en fut faite.
298 l'imprimeur [pierre de wingle] au lecteur. 1 5H5
puissent veoir et congnoistre (comme s'ilz eussent esté présente)
toutes ces grandz nouvelles de Genève, que tant on désire sçavoir, et
que ung chascun face son bon proffit des dictes disputations, et
soit mieulx advisé cy-après: car plus facilement se peult-on garder
des coupz que Ton voit venir de loing, que de ceulx desquelz l'on
ne s'en donne garde.
Quant aux noms du dict escrivain et de sou compaignon, auquel il
escrivoit,je ne les ay icy voulu mettre, pour bon respect. Car je ne
désire point nuyre, fasclier, ou porter dommage à aucun, mais
proffiter à tous. Peult estre que iceulx n'auroyent à gré que leur
amitié et familiarité privée, ensemble leurs noms, fust ainsi publiée.
Touchant les noms des prédicantz contre lesquelz disputait le dict
docteur e, il semble que l'escrivain, par aucun respect, ne les a
voulu nommer, favorisant aucunement au dict docteur, combien
que icelle faveur ne L'a point empesché de escrire la pure vérité
de tout ce qu'il avoit veu et ouy, tant d'une part que d'autre, ainsi
qu'est advenu 7. En quoy s'est démonstré homme de bien. Et pleust
à Dieu que ung chascun escrivist et racomptast ainsi toutes choses
selon la vérité, sans pendre d'ung costé plus que de l'autre, affin
que la partie qui auroit tort ne sepeust excuser, disant, qu'on eust
caché une partie ou la moitié de ses droictz et allégations, et que,
par faulx rapporte, l'on ne vinst à juger d'ung injuste jugement, le
bien estre mal, et le mal estre bien, le droict estre tort, et le tort
estre droict, — mais [que], par fidèles et entières relations de tou-
tes les raisons, défenses et allégations produictes parles deux parties,
ung chascun peust congnoistre et discerner le bien pour l'ensuy-
vre et enseigner à tous, et le mal pour l'éviter et en destourner
les autres ! Ainsi faisant tout se porteroit très-bien, et ne cour-
royent point tant de mensonges et menteurs de tous costéz entre
le peuple, qui portent moult grand dommage et peuvent estre oc-
casion de une grande ruyne à la chose publicque.
Toy donc, amyable lecteur, je te prie de bien entendre et exa-
miner toutes choses, avant que juger soubdainement. Et tu con-
gnoistras que je n'ay point tasché à mon gaing et proftil temporel,
mais à te faire plaisir et service de tout mon pouvoir, — te disant
à Dieu, auquel je prie te donner entendement, constance et vertu
de bien maintenir sa saincte fog catholicque jusques à la lin, pour
parvenir ensemble en la gloire de paradis. Amen.
6 Furbiti avait eu pour antagonistes Farel et Viret. On ne voit pas
que Froment, quoique présent à la Dispute, ait été appelé à y prendre part.
7 Cette observation fut insérée sur la demande de Farel (Voy . le N° 509) .
1535 LE CONSEIL DE BERNE AU CONSEIL d'aVENCHES.
511
le conseil de berne au Conseil d'Avenclies.
De Berne, 14 juin 1535.
Minute originale. Arch. de Berne. Ruchat, t. III, p. 399.
Sommaire. Berne rappelle aux magistrats d'Avenches l'engagement qu'ils ont pris re-
lativement à ceux de leurs concitovens qui ont embrassé la doctrine évangélique.
Nostre amiable salutation devant mise. Nobles, etc. Nous vous
avons par cy-devant pluseurs foys, par lectres et nous ambassa-
deurs, requis, admonesté et prié de donner lieuz à vous promesses
que nous avés faictes, de non persèquuter les rostres que suivent la
Parolle de Dieuz \ — ce que toutteffoys n'az tant prouffitéz que
tousjours la persécution soit allée, principalement contre Anthoine
Bonjour et son compagnion 2, esquels avés deffendus les bois, com-
munances: et de ce ne vous contentés, ains puis naguaire à eulx
aussy faict deffence du foin. De quoy nous mervillions grandement
et en avons gross regraict.
A ceste cause voulons, ceste fois pour toutes, sçavoir de vous sy
1 Voyez le N° 332, renv. de note 1, et le N° 341, renv. de n. 1.
2 Antoine Bonjour avait embrassé la Réforme depuis quatre ou cinq
ans (Voy. N° 282). «Son compagnon » s'appelait Antoine Pouthauz. Ils
étaient les seuls partisans avoués de la Réforme à Avenches, comme on
peut l'inférer de la lettre suivante adressée au Conseil de cette ville par
MM. de Fribourg : « Nous avons entendu ce cpie de vostre part a esté
dict et déclairé à nostre... Advoyer, principallement en tant que touche
l'affaire duquel en avés fâcherie des deux qui sont contraires à vous ordon-
nances. Dont considérant que vous avés très-bon pouvoir à faire tout ce
que, à l'honneur de vous aultres, yl peut servir, — ne vous sçavons en-
duyre ny conseillier de faire aultre chouse, sinon que... persister ferme-
ment en vostre bon commencement; car, de nostre part, pouvés estre sûrs
que nous tiendrons nostre promesse sans faulte... Vigiliâ Michaèlis (28
septembre) 1535. » (Minute orig. Arch. de Fribourg.)
300 FRANÇOIS I A PHILIPPE MÉLANCHTHON, A WITTEMBERU. 1535
voulés satisfaire à vous promesses, desquelles avons vous leclres et
séaulx, lesquelles nous gardons bien, ou non? Et sur ce. vostre
response par présent pourteur, pour y adviser et mettre ordre né-
cessaire. Datum xiiii Junii, anno xxxv 3.
L'Advoyer et Conseil de Berne.
(Suscription:) Aux nobles, pourvéables etdiscrectz Cliastellain.
Gouverneur, Conseil et Communaulté d'Avenche, nous singuliers
amvs et bons voisins.
512
fkançois i à Philippe Mélanchthon, à Wittemberg.
De Guise, 23 juin 1535.
Melanthonis Opéra. Édit. Bretscbneider, t. II, col. 879.
Sommaire. Le Roi remercie Mélanchthon de ce qu'il consent à faire le voyage de France,
pour y travailler au rétablissement de la paix dans l'Église, et il l'assure qu'il sera
le très-bienvenu.
Franciscus, Dei gralià Francorum Rex, dilecto nostro Philippo
Melanchthoni S. D.
Singulare tuum, ad sedandas eas quae in doctrinam Christianam
invectse sunt altercationes, studium intellexeram anlea quidem ex
3 Le 3 septembre 1535, MM. de Berne écrivaient encore aux magis-
trats d'Avenclies : « Nous nous mervillions grandement de la response que
nous avés faicte par vous lectres dattées du xvime de Juing... touchant
Anthoine Bonjour et Antoine Potithauz, son compaignion... Sur ce vous
admonestons ancore une bone foy de réduisre en mémoire vous promes-
ses... et par ainsy les dicts Bonjour et Poutliauz, ensemble aultres que
desirrent ensuivre l'Évangile, laissé en paix, sans les molester... en sourte
que soit, en leur conscience ne jouisance des communes, — vous asseu-
rans que les plaisirs et déplaisirs que leurs ferés répouterons estre faicts
à nous. Pour autant y advisés... Priant Dieuz, que vous doint grâce de
obéir à sa saincte voulenté, et de vivre selon ses commandements, mes-
prisées toutes traditions humaines à sa saincte Parolle contraires » (Mi-
nute orig. Arch. de Berne).
1535 FRANÇOIS 1 A PHILIPPE MÉLANCHTHON, A WITTEMBERG. 301
Guilelmo Bellaio Langio, cubiculario atque consiliario noslro, quo
ego prœcipuè sum usus ad eam rem administro atque interprète *.
Nunc verô ex literis ad eum tuis â, et sermone fedeuntis à te Bar-
itabœ Vorrœi Fossœ '■'■, intellexi te etiam hoc laboris perlibenti ani-
rao suscepturum, ut ad nos primo quoque tempore te conféras, deque
unione doctrinarum cum selectis aliquot nostratibus Docloribus hic
apud nos coram (lisseras, atque rationes ineas quô resarciri possit
pulcherrima illa Ecclesiasticse politiœ harmonia 4. Qua una re cum
ego mihi nihil unqua'm quicquam majori cura, studio et sollicitu-
dine animi complectendum esse duxerim, committere nolui, quin
hune statim Vorrœum Fossam ad te dimitterem cum his velut pu-
blics fidei obsidibus literis, — obtestarer etiam abduci te ullius
persuasione ut ne sinas ab hoc pio sanctoque instituto 5.
Venies omnino mihi gratissimus, seu privato tuo, seu publico
vestrorum nomine adveneris ; meque re ipsa experieris, et priva-
tim vestrœ Germaniœ dignitatis et publiese in universum quietis
ante omnia esse, ut adhuc semper fui, studiosissimum. Vale. Ex
oppido Guyse, die 23 Junii, Anno 1535.
Bayard.
! Voyez, sur la mission de Guïïl. du Bellay en Allemagne, les N08 468,
469, 476, notes 1-5; 478, n. 7; 492, renv. de n. 6-7.
2 C'était proprement la réponse que Mélanchthon avait faite (le 23
avril) à la lettre de Jean Sturm du 6 mars (X° 498), réponse qui, avant
de parvenir à celui-ci, avait été mise sous les yeux de Chiillaume et de
Jean du Bellay (Voy. le commencement du N° 515).
3 Voyez le N» 498, n. 11.
4 Mélanchtlion écrivait à Sturm (le 23 avril) : « Nulla mihi res hu-
mana proponi tanta potest, cui non anteferam gloriam Christi, salutem
tôt piormn et tranquillitatem Ecclesiœ. Sed una cura me non tantùm exer-
cet, sed plane excruciat : dubito enim, an aliquid proficere possim. Hase
me vel dubitatio vel desperatio deterret : quam si milii eximere potestis,
libenter istuc statim advolabo » (Mel. Opp. II, 875).
5 L'évêque de Paris, Jean du Bellay, s'associant aux désirs du Koi,
écrivait de St.-Quentin à Mélanchthon, le 27 juin 1535 : « Nihil est...
quod tam vebementer cupiam, quàm ut illa dissidia per quœ jam diu la-
befactari Christi ecclesia cœpit, aliquando rectè componantur. In banc pa-
cificationem, mi Melanehthon, per Deum quantum potes incumbe. Habe-
bis consentientes omnes bonos; in his... hune Franciscum regein... cum
quo si semel vestra consilia mature contuleritis, quod brevi fore video,
nihil est quod de vestro congressu non sperem. Faciat Deus, ut quam
Bomce intérim, quo nunc ego %)ropero, operam cogito, eandem utrobique
prsestare possim!... Reliqua ex hoc Fossa, eodem tuo et eodem nostro,
cognosces » (Mel. Opp. II, 881).
302 LE CONSEIL DE GENÈVE A AMI PORRAL. A BERNE. 1535
515
le conseil de Genève à Ami Porral, à Berne '.
De Genève, 29 juin 1535.
Minute originale. Archives de Genève.
Sommaire. Nouvelles violences des Peneysans. Ils ont fait mourir par le feu Pierre
Gaudet de Paris, établi à Genève comme évangéliste. Conseils et secours demandés
à Messieurs de Berne.
Très-chier frère, Nous sûmes tous les jours tant affligés de ces
fugitiffz quil sont à Pùiey 2, que c'est une chose impossible à ra-
compté. Il pleut à Leurs Excellences, tantost après TAscention
nous rescripre, [que] nous ne deuhssions point sortir 3 ; et pour ce
n'havons jamais dempuys bougés, mais sûmes demouréz, ainsin
1 On lit en tête : « Ad A. Porral. » Cette pièce a été publiée pour la
première fois dans notre Spécimen de la Correspondance des Réformateurs.
Genève. Mai 1864, p. 7.
2 Les Genevois fugitifs qui se tenaient au château de Peney (Voyez
N° 480, n. 5-6) avaient été autorisés publiquement par Vévêque de Genève
et par le duc de Savoie à faire tout le mal possible à leurs concitoyens. Le
mercredi 5 mai 1535, le Conseil écrivait à Porral : « Sambedy passé fu-
rent faictes grosses cries à Gex, sus poënne d'estre pendu, de ne debvoir
point faire ayde ny confort à ceulx de Genève, mais chescung doibge es-
tre prest et sonner les douches, pour mettre bas ces Luthériens » (Missives.
Arch. de Genève). Voyez aussi la note 8.
3 Les Bernois avaient écrit le 14 mai aux Genevois, pour leur repro-
cher l'expédition malheureuse qu'ils avaient faite le 6, jour de l'Ascen-
sion, contre le château de Peney. « Nous nous mervillions fort (disaient
MM. de Berne), comment estes sy osés entreprendre tel cas, veuz que tous
nous alliés et nous prenons sy grande poënne à trouver et mettre quelque
bon ordre en vostre affayre... Et vous, sans aulcune considération, allés
commancer telle esmotion ! Nous eussions bien pensés que eussiez euz mil-
lieur advis que de inciter tousjours vous ennemis.... Si ne nous voulés en
cecy croire, vous certifiions que retirerons les mains d'avecq vous, et ne
nous meslerons plus de vostre affayre, et sy avés cecy entreprins sans
1535 LE CONSEIL DE GENÈVE A AMI PORRAL, A BERNE. 303
qu'il leur a pieu nous rescripre. Dempuys, les ditz de Piney n'hont
jamais cessez de nous faire mal et beaucoup pire que paravant.
prys de nouz gens, de nouz biens, les vaches de noz borgois aux
montaignes, pryz nouz chevaulx, battu les femmes et tué à Signy,
prest Gex, une p ouvre femme 4.
Ung homme de bien. Parrisiens, nommé Pierre Gauldetz, estoit
venu en Genève, luy. sa femme et son mennaige, deme[u]rant en
icelle. [Il] heubt quelques nouvelles de Parys5; pourquoy pour
ses affaires volu[t] aller jusques là, et se party[t] le vingt et deux de
ce moy de Juing. Quant il fust au sortir de Gex, il fusl prys et mené à
Piney hier, que fust 28 du dit Juing. Tanviron cinq heures après midy.
Les dicts de Piney, pourmonstrér leur maulvaise volonté et inhuma-
nité, firent icelluy homme de bien morir au fetiz, et le bruslarent pour
ce qu'il se tenoit en Genève et aloit au sermon oyr l'Evangille c ;
où se peult entendre comment il feriont à ceulx qui sont de Ge-
nève. Nous sûmes informé que le pouvre patient fust constant en la,
foy et endura volenlier, et pria Dieu quïl leur pardonnasse, disant :
« Vous me faictes morir, pour ce que y au presché la Parole de Diea.
et m'avés contrainct à renuncer la pure Parole de Dieu. Je crie à
nous, le finisses aussy. » Il est juste de rappeler que ces bienfaiteurs exi-
geants écrivaient, le même jour, au duc de Savoie, pour excuser les Ge-
nevois, à qui c'était « chose fort intolérable, souffrir de leurs propres
soubgects fugitiffs qu'ils les doigent continuellement ainsin affliger et mo-
lester. » (Minutes orig. Arch. de Berne.) Voyez aussi Froment, op. cit.
p. 176, et J. de Jussie, p. 119.
4 Après avoir annoncé à Porral (samedi 19 juin) le meurtre commis par
les Peneysans sur la personne du « pouvre Don Bonin » de Neuchâtel, le
Conseil ajoutait : « Une pouvre femme de Genève, venant Lundi passé de
Gex, quant il luy eurent osté son argent et marchandise, il luy coupa-
rent une main, et, après la main, pour ce qu'elle s'en plennoit, luy mi-
rent ung costel au col, [et] la laissarent morir au milieu du chemin. Ceulx
du villaige de Sigrrie l'enterrarent. »
5 Selon Crespin (op. cit. f. 106 a), «Pierre Gaadet, natif du Val-de-
Gallie, près de Sainct-Clou lez Paris,... s'estoit retiré du pays de France
en Genève, avec sa femme, l'an 1534, ayant quitté l'Ordre de ceux qui se
disent chevaliers de Rhodes. » D'après Froment (op. cit. p. 173), un on-
cle de Gaudet. nommé Frère Loys Brunis, commandeur de Compesières,
non loin de Genève, « luy envoya les lettres de trayson pour retourner
en France. »
6 On lit dans la première rédaction de ce récit : « Us firent mourir
par feuz un homme de bien... sans sçavoir aultre occasion, sinon qu'il
hont intitulé qu'il fust luthériens, pource qu'il se tenoit en Genève et aloit
oyr l'Evangille. »
304 LE CONSEIL DE GENÈVE A AMI PORRAL, A BERNE. 1535
Dieu mersy, et luy prie qu'il vous pardonne la tirannie que vous
faictes en moy. »
Voyés doncques comment cela est! Empereur ny roy, ny aultre,
n'ha osé faire morir des estrangier, et ces traictres le font, en des-
pyt et contemption des excellences de Messeigneurs ! La sepmaine
passé, il hont prys par les montaignes les vaches de Chappeaulx-
rouge et de Jehan Taccon. Il sont venu à Rod 7 et tiennent le
bien de Françoy Favre. Hz sont passé six vingtz quil sont à Jus-
sier-VÊvesque, pour recuillir cest qu'est de celle part 8. Au pont.
d'Alve [1. d'Arve] est le chastellain Maulaz, détenant que nulz ne
vienne icy des païsans, sus grosses poënnes, et escript ceux qu'il
,voit quil approchent le pont. Nulz ne vient en la ville. Nous ne
pouvons sçavoir s'il y ha beaucoup de gens à l'entour, car il n'y
a plus espye quil ose sortir. Celluy quil nous ha dict du pouvre
bruslé est estrangier, qu'est venu à faulses enseignes.
Pourtant recorrés à l'excellence de Messeigneurs, leur remons-
trerés le cas et les supplierés [qu'il] leurs plaise nous escripre,
qu'est ce qu'il leur plaid que nous faisons. La chose est tant
dure à porter, que c'est pitoyables, et nous ne sçavons plus que
faire, mais sûmes en grosse désolation. Pourtant, en Grand et Pety
Conseil, suppliez-les, qu'il leur plaise nous ayder à ceste heure,
car il nous est besoing. Prians Dieu [qu'il lui plaise vous donner
bonne prospérité]. Datum 29 Juing 1535.
[Les Scindiques et Conseil de Genève.]
(P.-S.) Celluy homme estoit un grand jeune homme, qui ha sa
femme qui enseigne les filles à lire, et estoint de long temps icy.
7 ("est le hameau nommé Ruth, dans la commune de Cologny.
s Des renforts qui étaient arrivés de la Bourgogne, vers le milieu de
mai, permettaient aux gens de Peney d'enlever impunément les récoltes
sur toutes les parties du territoire genevois. Ces nouveaux champions de
l'autorité épiscopale étaient soudoyés par Pierre de la Baume. On lit en
effet dans une lettre qu'il adressait d'Arbois le 30 mai à Michel Guillet,
seigneur de Monthoux, et qui fut interceptée : « J'ay. .. escript à Monsei-
gneur [le duc de Savoie], pour havoir ayde de vivres des seigneurs d'es-
glise circunvoisins. Je panse que Son Excellence y pourveyra, cognois-
cant la charge que ce m'est de tant entretenir et souldoyer de gens »
(Copie contemporaine. Arch. genevoises). Aussi MM. de Genève avaient-
ils sujet d'écrire à Porral, le 3 juin, en lui envoyant une copie de l'épître
interceptée : « Vous verres la teneur de la lettre et trouvères comment
ce bon évesque et Monsieur de Savoye se accorde[nt]. »
1535 BARTHÉLEMI MASSON A ÉRASME, A FRIBOURG EN BRISGAU. 305
514
barthélemi masson à Érasme, à Fribourg en Brisgau.
De Paris, 29 juin 1535.
Erasmi Roterodami Epistolae. Éd. Le Clerc, p. 1505.
.Sommaire. Tous les Allemands qui habitaient Paris ont été exposés à de grands dan-
gers, après la publication des placards [contre la Messe]. Mais parmi les vingt-quatre
personnes qui ont perdu la vie dans de cruels supplices, il ne s'est trouvé que des
Français. Beda a fait amende honorable, et il ne sortira de prison que pour être re-
légué dans un couvent. Maintenant la tranquillité est rétablie ; on dit que les fugitifs
reviendront et rentreront en possession de leurs biens. Tous les hommes pieux dési-
rent vivement la convocation du Concile.
Bartholomseus Latomus l, Trevir, Erasmo Roterodamo S. D.
— De noslris concionatoribus, vel potius de tota turbulenta
concione, nihil opinor opus esse ad te scribere, quum non solùm
omnia ex aliorum literis qui ad te scribere soient, sed etiam ex
fama ipsa cognoveris. Fuimus, prœteritd hyeme, in magno periculo
et invidia Germant omnes in hac urbe, propter quorundam temeri-
tatem, qui libellos seditiosos non solùm tota urbe Parisiorum, sed
etiam in aula Régis fixeront Dederunt tamen Mi pœnas, atque uti-
nam omnes dédissent ! Sed intérim et alii complures eadem tem-
pestate abrepti sunt. Magnus terror erat et formidolosa rerum fa-
ciès apud omnes, vincula, carceres, tormenta, flammae. Vidisses ho-
mines in altum suspensos subjectis ignibus vivos cremari; audisses
roces insultantis vulgi et increpantis damnatos inter ipsa supplicia,
1 Barthélemi Masson ou Le Masson (en latin Latomus), né en 1485 à
Arlon, dans le duché de Luxembourg. Après avoir enseigné la rhétorique
à Trêves, à Cologne et à Fribourg en Brisgau, il occupa la chaire de lan-
gue latine qui fut créée pour lui au Collège Royal en 1534 (Voy. Goujet.
Mémoire hist. et littéraire sur le Collège Royal de France, P. II, p. 116.
— Gaillard, op. cit. IV, 201).
t. m. 20
306 JEAN STURM A PHILIPPE MÉLANCHTHON, A WITTEMBERG. 1 535
cum magna atrocitate. Ita supra quatuor et viginti homines ab-
sumpti sunt2, Gallici nominis omnes; nec quisquam Germanus de
capite periclitatus est.
Bedda Unis fecit amendant, ut vocant, honorabilem, cum hac con-
fessione, quôd contra veritatem et Regem locutus esset : quae verba
ante eedem Divee Virginis, raagno populi concursu, prœeunte prae-
cone, palam pronunciavit 3, ne forte Lulheranum illum fuisse pu-
tes. Sed tamen detinetur adhuc in carcere, detrudendus in monas-
terium aliquod 4, ut ferunl, ubi et quando Régi visum fuerit. Ce-
tera jam tranquilla sunt omnia, estqne fama exsuies qui metu pro-
fugerunt, redituros esse, restitutis etiam bonis quœ fuerant à fisco
occupata 5. Vehemenler desideratur Concilium à bonis viris omni-
bus, quod nisi aliquando habitum fuerit, verendum est quô tandem
hse turbae sint abiturœ Vale. Datum Lutetiâ, 29 Junii, Anno
1535.
515
jean sturm à Philippe Mélaiiclithon, à Wittemberg.
De Paris, 9 juillet 1535.
Melanthonis Opéra. Édition Bretschneider. t. IV, col. 1029.
Sommaire. Sturm n'a reçu que le 6 juillet la lettre de Mélanchthou du 23 avril, parce
qu'elle a dû être d'abord communiquée aux deux frères Guillaume et Jean du Bellay.
2 En ajoutant aux martyrs énumérés plus liant (N° 498, n. 7-8) le
Flamand qui fut massacré par le peuple de Paris (N° 488, n. 5), on ar-
rive au chiffre de vingt-quatre victimes.
3 Voyez le N° 499, note 7.
4 Beda fut en effet relégué au Mont-St. -Michel, abbaye et ville forte
sur un rocher, près des côtes de la Normandie. C'était le lieu natal de
ce théologien. Il y mourut le 8 janvier 1537 (Voyez, dans le Journal intitulé
« Zeitschrift fur die hist. Théologie, » année 1852, le Mémoire de M. C.-H.
Graf sur Le Fèvre d'Étaples, p. 204 du dit volume).
5 Ces détails sont conformes à l'édit que François I fit publier le 16
juillet suivant, et qu'on a nommé l'édit de tolérance de Concy, du lieu d'où
il est daté (Voyez le N° 518, note 32).
1535 JEAN STURM A PHILIPPE MÉLANCHTHGN, A WITTEMBERG. .'i07
Celui-ci a pris également connaissance de la lettre d'invitation adressée à Mélanch-
thon [le 6 mars], et il s'est assuré qu'elle n'exprimait rien de contraire à la volonté
du Eoi.
Sturrn s'efforce, d'après le conseil de ses amis, de lever les scrupules qui détourne-
raient Mélanchthon d'accepter l'appel de François I, et il énumère tous les résultats
heureux que pourrait avoir son entrevue avec ce monarque. On dit que le Pape a écrit
au Roi, pour désapprouver formellement les supplices infligés aux Luthériens de
Paris.
Pbilippo Melanchthoni S. D. P.
Serô mihi epistola tua reddita est, quam nono Kalendas Maias
dedisti 1 ; scripsi enim haec septimo Idus Julii, cùm triduo antè
tuam accepissem. Gujus rei ista est causa : Rex in Normannia et
Picardia per hosce menses deleclum habuit 2. Vorrœus, quôd fes-
tinaret, confestim eô profectus est, et quia literœ titœ non obsig-
natae erant, nemini potuit tutô committere: et è re tua et usu
Ecclesice est, antè eas a Langio et Cardinali fratre 3 lectas esse,
qui tum cum Rege erant. Quare nec omnia scribere possum quaa
vos requiritis. nec tam prudenter deliberare quàm res ipsa desi-
derat. Diffîcilis quidem deliberalio est, sed tamen necessaria reli-
gioni et Evangelii incremento. Itaque breviter tuœ epistolas res-
pondeo.
Caput tu-arum curarum id est, quôd metuis ut huic genti et Eccle-
sice prodesse possis, rébus tam periculosë concitatis. Primùm enim
homines Me permultos esse projectae temeritatis, qui aut repen-
tinis autpericulosis consiliis utuntur, aut fanatico spiritu agitantur4;
1 C'est-à-dire que la réponse de Mélanehthon à la lettre de Sturm du 6
mars (N° 498), réponse qui ne parvint à sa destination que le 6 juillet, était
datée du 23 avril, jour de la fête St. Georges. La date du 9 mai, que
Bretschneider assigne à la susdite réponse (Mel. Opp. II, col. 874), serait
donc fautive, et le manuscrit qu'il a suivi porterait par erreur « die Gre-
gorii, » au lieu de Gcorgii.
B Au mois de mai 1535, François I passa en revue à Rouen la légion
de Normandie, et, environ le 20 juin, celle de Picardie, à Amiens. Le 23,
il était à Gtiise, d'où il adressait le même jour à Mélanchthon la lettre que
nous avons reproduite plus haut. Il se rendit ensuite à Bheims en Cham-
pagne (Voyez les Mém. de Martin du Bellay et les Pièces fugitives pour
servir à l'Hist. de France, p. 104).
3 Jean du Bellay, éuque de Paris, fut créé cardinal le 21 mai 1535.
4 Voici le passage de la lettre de Mélanchthon qui est ici résumé par
Sturm : « Existimo magnam esse varietatem opinionum in Gallia, et mul-
tos esse fanaticos spiritus, qui serunt absurdas et perniciosas opiniones.
308 JEAN STURM A PHILIPPE MÉLANGHTHO.N, A WITTEMBERG. 1 535
id vos re ipsa nuper in uno Gallo comperisse 5 ; deinde fore, ut
minora quidem vobis condonentur, graviora autem vel promissis
meliorum rerum vel importunitate aliqua opprimantur; et, quan-
quam ista summa sint, tamen [afjfuturum te, si spes esset posse Re-
gem prœmolliri hac congressione, ut œquior esset in maturanda et
conficienda publica Synodo.
Exposuihœc amicis mets, quorum communis causa agitur; lite-
ras etiam tuas atque Buceri6 dedi, ut legerent. Video enim hoc pe-
riculum etiam ad me spectare, nec quidquam velim accidere quod
le indignum esset, et quod Evangelii causam et Christi gloriam
perturbaret. Itaque priores etiam Mas literas quas accepisti ' Lan-
gius vidit, antequam mitterentur, ut ne quid scriberem quod non
probaretur et alienum esset a Régis vohintate. Quod verô t« èxst'vou
où 7râvu toT; luoiq o-upp&mT8, tu ne secùs intelligas atque ille scrip-
Xarn Me qiioque nuper expuîimus Gallum, qui de divinitatc Christi scélérate
disputàbat. Sunt et alii seclitiosi, qui stolidè tumultuantur uhi nibil opus
est. Utrosque et ipse judico severè coërcendos esse, et facile est de his
dare consilium. Sed sunt alii quidam, qui neque impias opiniones habent
neque seditiosi sunt, sed, dicam enim plané, qui modeste probant ea quœà
nostris pie patefacta sunt. Jam si id agatur, ut, etiamsi leviores quidam
articuli nobis donentur. tamen reliqui graviores obruantur et deleantur,
ego neque causée publica? neque Ecclesise profuero. »
5 Le personnage que mentionne Sturm avait été expulsé de Wïttem-
berg pour ses doctrines hétérodoxes (Voy. n. 4). C'était probablement le
Savoisien Claude d'Aliod (N° 464, n. 1-2). Chassé de Comtance vers la fin
du mois d'août 1534, il l'avait été également de Strasbourg quelques se-
maines après (Lettre de J. Zwick à Vadian, écrite en septembre 1534.
Bibl. de la ville de St.-Gall. Mscriptse Epp, XI, 55).
6 La réponse de Bticer à la lettre de Sturm du 10 mars (N°499j avait
été écrite d'Augsbourg, vers la fin d'avril. Nous en extrayons les pas-
sages suivants : « Tametsi tuas literas nondum vidissem, reliquerat enim
illas Barnabas [Vorœus] Argentorati, scripsi tamen ad Philippum, ut sui
copiam vobis minime negaret, meque obtuli ad omnia ea quibus ille puta-
ret me ad sanctificandum nomen Christi aliquid conferre posse... Et si
audire Bcx doctrinam Christi se rio expetit, quanta hujus offertur occasio!
Porrô Argentorato tandem accepi qure ad Philippum et me scripsisti de
luctuosissima illic sanctorum conditione... Si hoc agitur, ut in Galliis re-
gnum Christi sensim sed verè admittatur... semper tamen monendus Bex
erit, ad quam metam hoc studium currat, quse sit ratio regni Christi,
Evangelium oportere pure à puris annuntiari. . . . » (Copie contemporaine.
Arch. de Bâle).
7 C'est-à-dire, la lettre de Sturm du 6 mars.
8 Le texte de Bretschneider porte ici : aûu.<pwva. Nous préférons ffup.-
-".vcT, qu'on trouve dans un fragment de la présente pièce, t. II, col. 887.
1535 JEAN STURM'A PHILIPPE MÉLANCHTHON3 A WITTEMBERG. 309
serit °. Scripsi tamen ego tum ex ejus voluntate et consensu; sed
ita esse interprelor. Langium wzpi roZ tvjç auvôSov tottou yzypaupivau 10,
ut ostenderet, Regem ad caetera prope omnia facile consensurum
quee à vobis proponuntur, de loco autern Concilii posse oriri con-
troversiam, propter varietatem et longinquitatem regïonum, — ut
intelligeres, Regem neque à te neque à vestris dogmatibas magno-
pere esse alienum. Nam eadem tum mihi Languis constanter affir-
mabat. Sed jam cura Rege est; quare ad postremam illam partem
preeter hœc nibil habeo q'uod respondeam. Et semper credidi, se-
cretam fore liane consultationem, ut Rex suo regno consuleret, et
minore cura periculo statum ecclesiasticum corrigeret, et Ma sup-
plicia conslituta fuisse non in pios, sed adversùm eos quos etiam
ipse censés coërcendos u.
Quos autern mine in consUiummihi adhibui 12, qui non raulti sunt
(nam haud satis temporis ad consulendum habui, et pauci sunt
quorum fides sit explorata), hi omnesmecum sentiunt, ut venias, idque
necessarium esse in hoc rernm statu. Nam quod dubitatis, posse hac
ratione adjuraenti aliquid adferri, facitis id quidem prudenter, ob
diversa hominum sludia, multiplicemvoluntatem et adversariorum
potentiam; sed, ut concédèrent nihilproftci (quod non confido), Rex
tamen ipse non est exacerbandus, cujus favor, ut fateris, necessarius
est13. Nam quod bucusque banc causam soliti sunt ante cognitio-
nem itpàxaTaytwcxsa I4, eo venit, quôd pauci reges sunt qui adju-
tores extiterunt. Quamobrem recte illud ad extremum adjecisti.
unde conjiciam praemolliendum esse Régis animum, cujus bene-
9 Allusion à une lettre de Guill. du Bellay à Mélanchthon qui n'a pas
été conservée.
10 L'une des copies de cette lettre a remplacé les mots grecs par ceux-
ci : « de loco synodi scripsisse » (Note de Bretsclineider).
11 Voyez la note 4.
12 En s'éclairant des conseils d'autrui, Sturm obéissait à ce vœu de
Mélanchthon : «Hsec.ad te scribo... ut vos quibus Gàllia nota est, cogi-
tetis, an expédiât me suscipere iter » (Lettre du 23 avril).
13 Allusion à ces paroles de Mélanchthon, dans sa lettre du 23 avril :
« Disputabitis hoc quocpie an, etiamsi non possint obtineri ea quœ volu-
mus, prosit jam meo congressu quasi praemolliri animum Begis ad cogni-
tionem in Synodo? Tantum est enim odium nominis nostri apud adver-
sarios, ut,nisi aliqua reg i sludia habuerimus, ne cognitio quidem caus»
nobis speranda sit. »
14 Au lieu de ce mot, on lit pradamnare dans l'une des copies (Note
de Bretsclineider).
310 JEAN STURM A PHILIPPE MÉLANCHTHON, A WITTEMBERG. 1535
volentia plurimum sit adjutura. Verùm si nunc non venias, post-
quam aliquo modo consensisti, postquam et Me literas sua manu
notavit15, ad te misit, et legatos16 addidit, cum quibus tutô venire
liceat, vehementer metuo, si negares, ut id œquo animo ferat. Ego
ita existimo : si haec occasio ante annos decem oblata esset, liben-
ter arripuisses. Multum est enim ultrô vocari, favere, adjuvare
quantum licet, nondum cognità causa; nam si cognovit, minus est
periculi. Quare obfuturum est plwimum, si Rex credat, aut sibi
fidem non fiaberi, mit vos veslrœ doctrinœ parum fidere. Nam in eam
partem interpretaturi sunt adversarii, quanquam in ea sum sen-
tentia, ut existimem, utilissimum et prope necessarium esse reli-
gioni et Galliœ, ut regiœ expectationi satisfacias.
Non enim est quôd metuas iniquorum hominum potentiam, qui
pro Christi gloria quicquam sibi detrahi inviti patientur. Rex in-
genio est per se acuto et prudenti, et naturd facilis, et libenter ad-
mitlit rationes, et hi ipsi, ut ex Langio audivi, tuos articulos, quos
misîsti17, prope magno consensu comprobarunt, et pauca quœdam
exceperunt 1S. Credo, si adesses, si prœsens Régi per interprètent lo-
quereris, et rationes vestras exponeres, mirabiliter eum inflammares.
Multum valet bona de aliquo existimatio, antequam causa optima
cognoscatur. Prsesens verô collocutio et rerum difticilium expli-
catio, et interrogatio et responsio eô plus habitura est ponderis,
quô res ipsa meliùs cognoscetur, et magis ad Christum intelligetur
pertinere. Neque enim sic debes cogitare, dissimulanda esse qua3-
dam in hoc principio, et qusedam concedenda adversariorum im-
portunitati. Libéra tibi apud Regem responsio erit, libéra interro-
gatio, libernm utrique suum judicium, et Rex constantiam magis
laudaturus est in rebits magnis quàm declinationem.
Videt ab altéra parte vehementer violatam religionem VJ; in ves-
trâ multa metuit priasquam omnem cognovit, propter eos tumultus
15 Sturm fait allusion à la lettre de François I du 23 juin (N° 512).
16 Barnabas de Voré, député du Roi auprès de Mélanchthon, avait-il
un collègue d'ambassade (Voy. le N° 525, n. 8) ?
17 Allusion au Mémoire envoyé par Mélanchthon h Guill. du Bellay, le
1er août 1534 (Voyez le N° 476, notes 2 et 5).
18 Ces modifications apportées au Mémoire de Mélanchthon, sur l'or-
dre du Roi, sont faciles à constater, en comparant le texte du susdit mé-
moire publié par de Thou avec celui que d'Argentré (Collectio Judicio-
rum, t. I, pars II, p. 387-393) a reproduit d'après le Registre de la
Sorbonne. Voyez aussi les Melanthonis Opéra, t. II, col. 765 et suivantes.
19 Voyez le N° 498, note 14.
1535 JEAN STHVM A PHILIPPE MÉLANCHTHON, A WITTEMBER6. 3H
qitos Germam'a jam crebros in multis locis est passa 20. Raque, ne
q
juid simile Galliœ eveniat, mature consulit, et quoniam apud vos
tranquilliorem esse rempublicam audit, et te earum rerum magna
ex parte authorem, cupit coram tecum collo/jui Hoc ego credo Ré-
gis esse consilium, et eum monitum esse à prudentibus, et jam ali-
ijiiid intelligere: nam si nihil intelligeret, negligeret ut ante, et
suppliciis regnum suum conlirmaret, quae jam omnino sunt sub-
lata 21. Quôd verô phalangas Monachorum metuisti82, non eô res
est deventura. Tecum Rex, paucis adhibilis, iisque viris bonis,
amicè decidet, ut si quid novi moverent Monachi, id plurimum es-
set profuturum, ut ex Cardinalibus. Episcopis et Doctoribus nemo
admitteretur, nisi doctus, pius et liberali ingenio. Sic ego audio, et
confido verum esse. ltaque homines metuere nullos debes ; nam
qui sunt iniquo [animo] nihil conabuntur, si qui sunt; imô, si qui
exorituri sunt. eô diligentiùs obviam occurrendum est, et prospi-
ciendum Ecclesiae. Haec est mea et amicorum sententia, cor régis
in manu Dei esse, et omnia signa esse tranquillioris Ecclesice, hanc
congressionem nihil mali praejudicii tibi in futura Synodo paritu-
ram 23, si prudenter et graviter agatur, neque solùm non pericu-
losam, sed etiam necessariam, ne Rex alienetur, ut magis conci-
lietur, ut doceatur, ut illuminetur evangeîio veritatis. Hoc rerum
difficultates exigunt, et fert temporum ratio, dum homines sinunt.
Pontifîcem etiam aiunt œquiorem esse, et haud paulo meliorem
quàm fuerunt cœteri**. Omnino improbat illam suppliciorum crude-
litatem. et de hac re dicitur misisse [literas ad Regem 25]. Gnecè et
20 Allusion à la guerre des paysans (1525) et aux excès commis par les
Anabaptistes, qui venaient d'être défaits dans la ville de Munster (25 juin).
21 Les supplices avaient cessé depuis le 5 mai.
22 « Jam cogita illas phalangas monachorum! et scis quàm sint 0-îit.-
tpavoi, et quibus artificiis teneant fascinatos nobilium animos » (Lettre de
Mél. du 23 avril).
23 Allusion à ce passage de la lettre de Mélanchthon du 23 avril : « Fac,
me impetrasse ut nemo afficiatur supplicio qui exuit cucullum ; quid fiet
in c»teris durioribus articulis ? Num jubebo interfici eos qui non probant
manifestos abusus -wv XeiToup-^twv aut cultus divorum?... Jam in his ubi
nihil impetravero, tamen plectentur boni, et ego videbor suffragator et
approbator talium suppliciorum... Quôd si quœdam lue pro tempore lar-
guer, ad prœjvdicium qfferent in Synodum. »
24 Voyez sur Paul III le X" 483, note 10.
25 Ce témoignage de Stunn rendu au Pape est confirmé par Erasme
(Voyez Erasmi Epp. Le Clerc, p. 1513). Le Journal d'un bourgeois de
312 JEAN STURM A PHILIPPE MÉLANCHTHON, A WITTEMBERG. 1535
latine [loquitur], et, ut ex Camillo 2G audio, bene doctus est. Delec-
tatur prsedicatione Evangelii, aut saltem astutè et impie simulât.
Cum Reginâ Navarrœ Monachus quidam fuit, Gerhardi Rufi dis-
cipulus27, bonus et doctus, utmihi videbatur. Hune Regina Romam
misit, et Pontifex eum retinuit, et stipendium dédit quadringen-
torum ducatorum, quô publiée Ronue sacra doceret. Humana qui-
dem ista sunt, sed divinitùs, spero, fiunt, et occasionem secum af-
ferunt rébus corrigendis. Tu, pro tua prudentia, vide quid Cliris-
tus, quid Ecclesia, quid pii, quid bominum nécessitas exigat. Ego
Cbristum Dominum et Deum nostrum oro, ut baec deliberatio et
profectio tibi omnibusque sit salutaris.
JOANN. STURMIUS.
Paris, p. 458, est plus affirmatif encore : « Le bruit fut en juing 1535,
que le pape Paul, adverty de l'exécrable justice et horrible que le Roy
faisoit en son royaume sur les Luthériens, on dit qu'il manda au roy de
France... qu'il pensoit bien qu'il le fist en bonne part... Néantmoins
Dieu le créateur, luy estant en ce monde, a plus usé de miséricorde que
de rigoureuse justice, et qu'il ne faut aucunes fois user de rigueur, et que
c'est une cruelle mort de faire brusler vif un homme, dont par ce il pour-
rait plus qu'autrement renoncer la foy et la loy. Parquoy le Pape prioit
et requéroit le Roy par ses lettres, vouloir appaiser sa fureur et rigueur
de justice en leur faisant grâce et pardon. Parquoy... [le Roy] se mo-
déra et manda à la cour de Parlement de non plus y procéder en telle
rigueur,... tellement que plusieurs qui estoient prisonniers, tant en la
Conciergerie que en Chastelet, [furent délivrez], et n'y fust plus procédé
rigoureusement par justice. »
25 Julius Camillus, savant italien natif de Forli, que François I avait
appelé à Paris en 1530, et qui était l'ami de Sturm (Voy. la lettre d'Al-
ciat à Fr. Calvus, datée de Bourges, 3 septembre 1530. Gudii et Sarravii
Epp. Pars I, p. 109. — F. -G. Freytag. Adparatus litterarius, t. III, p.
132. — C. Schmidt. Mém. sur Roussel, p. 219, 220).
27 On ne connaît pas le nom de ce disciple de Gérard Roussel. Quant
à Roussel lui-même, il était encore aumônier ordinaire du roi et de la reine
de Navarre, qui, deux mois plus tard, le recommandèrent chaudement à la
cour de Rome, pour qu'il fût nommé à l'évêché d'Oléron. C'est ce que nous
apprend un mémoire sans date émané du roi Henri de Navarre, et que
Génin (op. cit. I, 300) attribue à l'année 1540, bien qu'il doive être rap-
porté au mois de septembre 1535. Ce document parle, en effet, de Pierre
d'Alhret, évêque d'Oléron, mort empoisonné « le lundi 6 du présent mois
de septembre, » date qui exige le millésime de 1535, et il fut expédié de
Fontaine- Française, où la cour de François I se trouvait en septembre
1535. D'autre part, Roussel dut être créé évêque d'Oléron vers la fin de
la même année, puisque le poète Jean Voidté (Vulteius) lui donne ce titre
dans ses Epigrammata (Lugduni, mense Augusto, 1536, p. 13, 113, 168).
1535 AMI PORRAL AU CONSEIL DE GENÈVE. 313
516
ami porral au Conseil de Genève.
De Berne, 10 juillet 1535.
Inédite. Autographe. Archives de Genève.
Sommaire. Vive sympathie des bourgeois de Berne pour les Genevois opprimés à cause
de l'Évangile. Ami Porral exhorte les magistrats de Genève à gouverner avec sa^e--
et énergie, et à détruire, sans plus tarder, les cavernes de larrons.
Très-honnorés Seigneurs ! Hier, 9me du présent, après disner,
partit d'ici Pëtre, le serviteur du seigneur Franceij Faire... Je
vous ay escript, par le dit Pètre, la response de Messeigneurs ' et
mandé ce que me semhloit de non pour le commencement,
sil Mess" me heussent demandés mon advis, comme j'enten-
dois2. Je vous ay aussy envoyé ce que je propos[a]y par escript
1 Le vendredi 9 juillet, la séance du Conseil des Deux-Cents, à Berne,
avait été consacrée uniquement aux affaires de Gemve. Ami Porral, in-
troduit dans l'assemblée, avait reçu cette réponse verbale de l'Avoyer *
« Mes seigneurs hont ouy ce que leur avés proposés de la part de voz
supérieurs, et sont marris des extortions et violences que l'on [vous] faict.
Et, sur ce que vous leur avés tousjours dict qu'ilz vous veuillent aider et
secourir, vouldroient bien sçavoir de vous comme[nt] et en quelle sorte'
vous voulés qu'ilz vous aident V » — « Ainsy que mes supérieurs m'hont
toujours escript (répondit Porral), que je vous dheusse prier que... les
beubssiés pour recommandez en leurs adversitéz, leur vueuillans donner
ayde et confort. Car ils n'avoient autre recours que à Dieu et à Voz Excel-
lences. » Comme on ne put pas tirer de lui une réponse plus précise, il
fut prié de la demander au Conseil de Genève (Yoy. la lettre de Porral
du 9 juillet 1535. Arch. de Genève).
2 Cet « advis » de Porral est annexé à sa lettre du 9 juillet au Conseil
de Genève. Il se résume dans une sommation qui devait être adressée par
les Bernois « au Juge, Châtelain et officiers de Gex, Gaillard, Ternier et
Peney, » pour qu'ils eussent à réprimer efficacement tout acte de violence
commis sur leur territoire contre les Genevois.
314 AMI PORRAL AU CONSEIL DE GENEVE. 1535
en alemant 3. Je vous envoyé encoures une minute de response,
affin que cuyllés le miel sus les flours et que faictez bonne res-
ponse à Messrs 4; car là gict le lièvre
Toutes les lettres du commis Bichoff5, et celle de la relaissée du
Parisien 6 que les murtriés de Pigney brûlarent, translatée en ale-
mant, par le commandement de Messrs, fusrent lisues en Grand
Conseil 7, et Her Bertol», le prédicant, nous avoit recommandé en
son sermon ce jour mesme, tellement que le cueur du comeung
estoit fort esmeu à pitié; mais Nostre Seigneur n'a voit pas encou-
res humilié le cueur des esperviers 9. Ce sera quant il Luy plaira 10.
Plusieurs des bourgois, hier mesmes, après avoir suppé en
l'abbaye des affaicteurs n où ilz estoient encoures, mandarent
querre [1. quérir] Hugue Vandel 12, ainsy que luy et moy passions
par là-devant, là où luy fusrent tenuz plusieurs propostz de nostre
affère. Les ung disoient qu'ilz vouloient nous aller secourir à leurs
despens. Les aultres, qu'ilz failloit attendre vostre response.
Les aultres disoient qu'ilz failloit premièrement estre poiés, à la
3 C'est-à-dire, le discours qu'il avait prouoncé devant les Deux-Cents
de Berne (note 1).
4 La lettre de Genève du 14 juillet (N° 517) est peut-être la repro-
duction pure et simple de cette minute de Porral.
5 Antoni Bischoff, commissaire de MM. de Berne à Genève, depuis le
19 septembre 1534 (Voy. Froment, op. cit. Extr. des Reg. p. cvni, cix,
cxvi, cxix, cxxv, cxxvii). Après une absence de quelques semaines, il
était revenu à Genève vers le 21 juin.
6 C'est-à-dire, la veuve de Pierre Gaudet (Voyez le N° 513).
7 Le vendredi 9 juillet.
s C'est-à-dire, Monsieur Berthold Haller.
9 Porral veut parler sans doute de certains magistrats de Berne, qui,
par une prudence un peu égoïste, dissuadaient le Conseil de secourir Genève
(Voyez le Chroniqueur par L. Vulliemin, p. 64 et 111).
10 Les lettres de Porral expriment souvent ces sentiments de pieuse
soumission. Ainsi il écrivait le 22 juin à ses supérieurs : « Je sçay bien
que vous vouldriés aultre que parolles : mais il nous fault contenter de
ce que plaict à Dieu nous donner par les hommes, ses instrumens. 11 a
tout en sa main pour nous donner ce qu'il sçait nous estre neccessaire, à
sa volunté, non pas à la nostre ; à cela nous fault arrester, sil nous sum-
mes crestiens... Post tenebras spero lucem. Sil la tempeste nous avoit tout
gasté, comme elle a fait à ceulx de Disjon, sil nous fauldroit-il avoir pa-
tience. »
11 C'est-à-dire, l'abbaye des tanneurs.
12 Citoyen genevois, fixé à Berne depuis plusieurs années (Voy. le t. II,
p. 487. au bas).
1535 AMI PORRAL AU CONSEIL DE GENÈVE. 315
forme de la bourgoisie, et avoir du moing 2000 escus 13. Les atti-
trés disoient qu'il: y failloit aller pur charité, sans avoir regard à
la bourgoisie, veu que le mal que ceulx de Génère hont est à cause
de l'Évangille, lequel ilz lhont pris sur ce que, aultrement, leurs
ambassadeurs avoient charche [1. charge de] rendre et quicter la
bourgoisie à ceux de Genève14. Et ceste opinion fusl la plus aggréa-
ble à la compaignye 13. . . .
Je vous escris beaucopt, affin que, bien adverlis, en prenés ce
que vous pourra profiter ou édiffier, et non pas pour vous confon-
dre; car il fauit en temps de tribulations eslre saiges et de milieur
cueur que jamais, et Jésuchrist, nostre Rédempteur et seul advo-
cat, ne nous lairra pas suffrir plus que ne pourrons pourter. Au-
quel seul honneur et gloire, et à vous sa paix et sa grâce! De
Berne, ce Samedi au soir, 10mc de Juillet 1535.
Vostre humble serviteur A. Porral.
(P.-S.) Faictes bonne justice, et buttés bas ces spélunques de lar-
rons ls, et ne vous souciés des hommes, et le plus tost le milieur.
(Suscription :) A Mess" les Sindicques et Conseil de Genève,
mes très-honnorés Seigneurs.
13 Genève devait encore aux Bernois la majeure partie des frais de
l'expédition de 1530 (Voy. la p. 152, lignes 3-4).
11 Voyez le N° 446, note 9.
15 On lit à la fin de la lettre de Porral du 9 juillet : « Sur ce que Mons1'
l'Advoier me dit l'aultre jour, que' Mess" estoient de bon voloir, mais
que leurs païsans vouloient estre poyés du passé, — je luy respondys :
« Monsieur, je suis adverty par les prédicans qui fusrent icy dernière-
ment assemblés, que voz dits païsans nous vouldroient faire plaisir de
corps et de biens, pour ce qu'ilz sçavent que nous ne suffrons synon pour
l'Évangille. » Et atant luy ay clo[s] la bouche et à d'aultres, tellement
qu'il n'est plus question de nous faire celle réplicque excusative. »
16 Par ces cavernes de larrons faut-il entendre les châteaux qui ser-
vaient de retraite aux partisans de l'Évêque? Est-ce que Porral conseil-
lait de les détruire au plus tôt, sans tenir compte des trois choses sui-
vantes : l'issue malheureuse de l'expédition du 0 mai contre le château
de Peney (Voy. Froment, op. cit. p. 176), la verte réprimande des Ber-
nois (N° 513, n. 3) et la promesse de « patienter encore » faite à ceux-ci
par les Genevois (Lettre du 19 mai à MM. de Berne)? Ou bien faut-il
voir dans le passage en question une allusion aux couvents et au Chapi-
tre de Genève?
Ce qui pourrait rendre plausible la seconde interprétation, c'est d'a-
bord le mépris très-légitime que la plupart des prêtres et des moines de
Genève avaient excité par leur égoïsme (Voy. le N° 428, n. 5), leur im-
316 LE CONSEIL DE GENEVE AU CONSEIL DE BERNE. 1535
517
le conseil de GENEVE au Conseil de Berne.
De Genève, 14 juillet 1535.
Inédite. Minute originale. Arch. Je Genève.
.Sommaire. Malgré les maux qui les assiègent depuis qu'ils ont permis la prédication de
l'Évangile, les Genevois témoignent de leur confiance en Dieu et en Messieurs de
Berne.
Magnifficques Seigneurs! Il est vray que, sus tant d'afflictions
qu'avons souffert, depuis mesmement qu'avons laissé PÈvangille
franc en nostre ville l, par rostre bon conseil et charitable persuasion,
et à icelle occasion (comme avés peu cognoislre par les mande-
mens et défenses de CÈvesque2), — [nous] avons, par l'espace
quasy d'ung an, tant par lètres que par nous ambassadeurs, prié
et supplié Vous Excellences, [que ce] feust leur bon playsir, en
charité et pour l'honneur de Dieu, nous avoyr pour recommandez
moralité et leurs faux miracles (Voy. Froment. Extr. des Registres, p. < i.
cm, civ, cxxvi). C'est ensuite l'hostilité déclarée de Porral et de presque
tous ses collègues contre l'église romaine, hostilité dont il existe des tra-
ces dans la correspondance de Porral, et qui se révèle plus clairement
encore par les témoignages de confiance que les magistrats genevois don-
naient depuis quelque temps h Guillaume Farel, ainsi que cela résulte d'un
passage de la lettre de Porral du 9 juillet. Après avoir recommandé à
ses collègues de répondre à la question posée par MM. de Berne (Voy.
note 1), il ajoute : « Advisés bien entre vous et en parles à Maistre Guil-
laume et à vos secretz amys, qui hont espritz et sçavoir. Le seigneur Johan
Balard est bien digne d'estre appelle. »
1 Cette permission fut donnée le 1er mars 1534 (N° 453, n. 1).
2 Entre autres, la bulle d'excommunication du 22 août 1534 et le
mandement du 13 juin 1535, qui interdisait toute relation avec les syn-
dics, prêcheurs, citoyens, bourgeois et habitants en la cité de Genève,
tenant la secte luthérienne (Voy. Froment, p. cciv. — J. Gaberel, op.
cit. I, pièces justif. p. 40).
IS3o LE CONSEIL DE GENÈVE AU CONSEIL DE BERNE. 317
et nous donner quelque ayde et confort, comme nous bons sei-
gneurs et protecteurs suivans l'Évangile, aflin que de cousté [d']i-
celluy paysiblement desmourans, et deslivrés de telles tyrannies
que par plusieurs foys vous ont estées proposées, puissions servir
à Dieu, et satisfayre à Vous Excellences de ce que leur sûmes tant
tenus et obligés. Pourquoy maintenant, sur ce que vous a pieu
nous fayre escripre par nostre ambassadeur s, ne vous scerions
[1. saunons] donner aultre ny meillieur déclaration de nostre sup-
plication, sinon que de tousjours vous prier, comme l'enfant bien
apris, qui, quant son père luy demande: « Comme le veulx-tu? »
respond : <• Ainsy qu'il vous plaira, » — assavoyr de nous estre
bénignement en ayde, selon vostre bon playsir et discrétion, com-
me ceulx que mieulx sçaivent ce que au patient est nécessaire, que
te patient mesme. De quoy derechieff affectueusement vous sup-
plions, pour Tbonneur de Dieu et par charité, affin que ne soyons
toutellement destruyts et constrainctz d'abandonner le lieu, et no:
pauvres frères crestiens ne meurent en la prison 4.
Néansmoings soyt faicte la volunté de Dieu nostre Père, lequel
prions nous donner bonne patience aux afflictions que d'heure en
heure nous croissent, et à Vous Excellences pouvoyr et vouloyr de
assister à tous povres affligés pour PÉrangile, en leur bon droict,
de bonne heure! Il vous plaira oyr nostre ambassadeur, auquel
bavons donné charge vous dire encore la prise 5 et les maulx [qui]
nous hont esté faictz dès huyt jours en ça. Prians tousjours le
Créateur [qu'il luy plaise maintenir Vous Excellences en bonne
prospérité]. Datum 14 Jullii 1535.
[Les Sindicoues et Conseil de Genève.]
3 Voyez le N° 516, note 1.
4 Les huit Genevois emprisonnés à Peney (Voyez leurs noms dans Fro-
ment, op. cit. p. cxxxn).
8 Le même jour, le Conseil écrivait à Porral : « Nous vous envoyons
le double des Lettres Ducales [défendant toute violence]. Vous verres
comment ne sûmes en icelles point nommés. Aussi est-il vray cpie nulz ne
vient en la ville, que l'on n'apporte vivre que soit, et ne laisse-1'on pour-
tant de piller, battre, prendre nouz biens et nouz gens. Hier, ilz prirent,
delà et au prest du pont d'Alve, Johann de Genève, pâtissier de la Cor-
raterie, nostre bourgois. Nous leur corismes après; touteffoys ce fust à
tard. Lungdi passé, ilz prirent ung compaignon Françoys, de Poytouz,
nommé Eennat de Villicz, lequel ilz détenirent, et luy ostarent trois es-
cus d'or. Le lendemain, ilz prirent et battirent Johann de Gex, bochier,
habitant de Genève, luy ostarent sa marchandise... Sambedi passé, ung
318 CLAUDE DUBÉRON A DOMEINjE FRANC, A GENÈVE. 1535
518
Claude dubéron [claude farel] à Domeine Franc
[Guillaume Farel], à Genève '.
De Turin, 22 juillet 1535.
Inédite. Copie contemporaine. Archives de Genève.
Sommaire. Récit de Y arrestation de Claude Farel et de ses compagnons à Faverges.
Évasion d'Antoine Saunier; ses amis [de Turin et des Vallées vaudoises] envoient
un messager à Genève, pour s'informer de son sort. Les voyageurs ont rencontré en
chemin Jean du Bellay et ont recueilli auprès de ses gens diverses nouvelles de France.
Salut, grâce et paix de Dieu nostre Père, par le seul Jésucrist
son filz, Nostre Seigneur! Chier frère, despuis nostre département,
le Seigneur Dieu nous a bégninement visité : lequel, considérant
l'infirmité de nostre chair, laquelle répugnoit grandement à la pro-
hation et confession de Jésuchrist, n'a permis qu'on nous ave en-
quys de nostre foy, principalement mon frère et moy, dernier exa-
miné. Et, congnoissant nostre heure non estre venue, nouz sum-
mes dict marchands] de layne, combien que, devant l'enqueste,
ne pensois jamais évader leurs mains.
Et, affin que entendes plainement l'affaire, ceux de Pigneg -, es-
païsant nommé Charot vint en ceste ville vendre une vache, et la vendyt
pour vuyt florins, puys s'en r'ala. Quant il fust de retour au pont d'Alve,
le cliastellain de Ternier, Faulcon, le prist, et l'a composé à vingt florins,
pource qu'il havoit esté en Genève. Voyés doncque comment les cries et
les Lettres sont ! Comptés le cas devant Messieurs, Pety et Grand Con-
seilz. Suppliez-les qu'il leur plaise nous estre en ayde » (Missive orig.
Arch. de Genève). Voyez, dans l'ouvrage précité de M. Gaberel, tome
I, pièces justificatives, p. 65-73, l'énumération des violences des Peney-
sans depuis le mois de décembre 1534, et, p. 73-77 des dites pièces, trois
lettres que ceux-ci écrivirent pour leur justification.
1 Voyez les notes 3, 19, 25, 35 et 36.
2 Voyez le N° 480, notes 5-6.
1535 CLAUDE DUBÉRON A DOMEINE FRANC. A GENÈVE. 319
tant advertir (comme ay peult entendre par aulcung[s] de nostre
compaignie 3, que [1. qui] le virent quant nous sortions de la ville )
par ung Rosseau, papiste, lequel avoit soupper le soir devant avec-
que Johan Gaulaz *, qu'estoit le mescredi quatorziensme de cesi
moy[s], — incontinant, une heure après que sûmes partir, ilz fu-
rent aduertir, comme nous ont dict, et vindrent après noz le pro-
cureur de FÉvesque de Genève -\ le prévost ''■ et ung grant mer-
cier, duquel son frère est cappilaine de Pigney 7. Lesquel passa-
rent à Nissi [1. Annecy]', et prindrent certaine commission à eux
adressante, pour faire inquisition de ceulx qu'i[ls] trouveriont lu-
thériens, et avecque icelles vindrent toute la nuyt à Fauverge 8. El
ainsi que voulions partir, le matin1', soubdainement on sonna
l'effrey, comme sil la ville fût en dangier, et tout fust mis en ar-
mes; et ainsi qu'i[ls] enlroyenl à nostre logis, noz mismes en def-
fence, jusques à ce que Ton noz dict que c'estoit/r/ Justice, et alors
rendîmes nos bastons, et noz burses furent inventerizées.
Et ce pendant qu'i[ls] estiont sur noz, nostre frère Adam 10 se
saulva et guaigna la porte, tellement que par la volenté de Dieu
ils demourarent despuis le point du jour jusques à une après
mydy, et s'ent estoint retornés en espérance de ne le trover, etson
3 Cette compagnie se composait de dix voyageurs, comme nous l'ap-
prend ce passage de la lettre des Genevois adressée à Ami Porral le 20
ou le 21 juillet : « Nous souportous tout, mais c'est grosse soufferte. Van-
dredi passé [16 juillet], les deux frères deMaistre Gidlliaidme Farel et vuyt
aultres notables personnaiges françoys, soy fiant que l'on ne leur feroit
rien, à cause des dites cries [du duc de Savoie], prirent leur chemin pour
passer les monts. Quant il furent à Faverges, ilz furent prys. Maistre An-
toënne Saunier eschappa... » Le Conseil de Genève écrivait encore le 24
juillet à François de Luxembourg, vicomte de Martigues : « Le Vendredi 16
de ce mois, furent prys, par voz officiers et aultres gens de Faverges, aid-
cungs François, serviteurs de la Boyne de Navarre, [qui] havoyent icy esté
par aulcungs jours... D'yceulx eschappa ung quil revint icy à pied, laissa
son cheval et son pacquet... » (Minutes orig. Arch. de Genève.)
4 Citoyen genevois et ancien partisan de la Réforme.
5 Le procureur fiscal Nycod du Prat (N° 448).
0 C'est-à-dire, le prévôt du Chapitre de Genève.
7 Le capitaine du château de Peney était Jean du Crest.
8 Faverges, petite ville située au S.-E. du lac d'Annecy, "tout elle est
distante d'environ 2 lit
9 Le vendredi matin 16 juillet.
10 Pseudonyme à7 Antoine Saunier (Voyez la note :;, et le X" 528, ren-
voi de note 3, à comparer avec le X" 393, notes 17 et 29).
320 CLAUDE DUBÉRON A DOMEINE FRANC, A GENÈVE. 1 535
cheval demeura ex mains de la Justice de Fauverge11. De luy ne
sçavont où il est et n'y avons peu donner ordre; car incontinant
que fûmes délivrés, moyennans trèze ou quatorze escus, fûmes ad-
vertir nous retiré soudainement, à cause qu'il [y] avoit gens à la
T[h]uez 12 pour nous avoir. Et sy fussions esté recongneu par les
traistres dernier partis13, nostre cas estoit despeschéz; mais mon
frère et moy estions marchant de Digne 14 : luy estoit Meynier, et
l'aultre, Riquet 15, et avyons vendu au Daufin 16 et Claude Savoy e11
à créanse. Mais dedans ma maie se trouva marchandi[s]e : fines bi-
bles, testaments] nouveaulxls, Zuïngle De ver a etfalsa Religione et
aultres livres, avecque tablétez-mémorials pour le frère de Maistre
11 Le Conseil de Genève écrivait le 22 juillet au Président d'Annecy :
« Les officiers... de Faverges hont prys et détenu ung nombre de Fran-
<;oys, don[t] les ung estoient de longtanne résidence à Murât [1. Morat],
les aultres icy en Genève par aulcungs jours... Nous havons entendu ne
soit le cas esté faict de vostre commandement, et comment ilz sont lai-
chés. Et pource... que le cheval d'ung, quil de là eschappa... est demoré
es mains de4M. le chastellain de Faverges, qu'est ung cheval grison, avec-
ques son pacquet en ung sach de cuyer, où est une Bible et certaines con-
cordances,... vous prions qu'il vous plaise... le voloir faire restituir... »
(Minute orig. Arch. de Genève.)
12 C'est probablement le nom altéré de la Thuille, village situé près
de Duing, sur la route qui conduit d'Annecy à Faverges.
13 Allusion à une seconde bande de Peneysans qui devait rejoindre la
première.
14 C'est-à-dire, nous nous faisions passer pour des marchands de Digne
(Dép. des Basses- Alpes).
15 Vautre était l'auteur même de la présente lettre. Il avait pris le
nom de famille de son beau-frère Honorât Riquetti, qui habitait Villeneuve-
lès-Avignon (Voy. le X" 426, n. 21). Le Conseil de Genève faisait allu-
sion à ces pseudonymes-là, aussi bien qu'à ceux de la lettre suivante,
lorsqu'il écrivait, le 31 juillet, à Porral et à Claude Bernard, ses députés
à Berne : « Nous avons receu des lettres de ceulx qui furent prys à Fa-
verges. Nous les vous envoyons. Ne perdez les lettres. Ne votes arrestes
aux noms » (Minute orig. Arch. de Genève).
16 Surnom d' Etienne de Chapeaurouge, conseiller d'État à Genève (Voy.
le Reg. du Conseil au 4 février 1536).
17 Conseiller d'État à Genève, syndic en 1532.
18 Pour être placées dans une malle, ces « fines Bibles » et « Testa-
ments nouveaux » devaient être de petit format. On peut donc se de-
mander si Pierre de Wingle avait édité à Neuchâtel, outre la Bible d'Oli-
vétan, in-folio, une autre édition plus portative, — ou s'il continuait à
écouler ses petites Bibles in-16 publiées à Lyon avant 1533? (Voy. leN°
391 et les Additions.)
153o CLAUDE DTJBÉRON A DOMEINE FRANC, A GENÈVE. 321
Guillaume13, lesquel lurent visiter; mais celluy qu'estait fatiste20
les avoitmis dedans, et tiengnenlpour vray qu'i[l] est vostre frère2'.
Noz summes arrivés entre les amys22, lesquelz ont esté marris
de la fâcheriez et principalement de celuy qui est demeurer-''; à
cause de quoy vous avons vouluz advertir entre toutz, que vous
informés si, par après, ouroit esté prins ou retorné, affin qu'y don-
ne[z] entre tout quelque ordre, et que noz certiffiez, par le pré-
sent [porteur], sil en avés aulcunes nouvelles2*, — ce que nous amys
désirent fort sçavoir, lesquelz, incontinant esté advertir, n'ont failiy
vous envoyer [le] présent en déligence. Touchant à nostre af-
faire2', n'avons encoures rien faict, pource que ne cJest enquores
trouver hommes propice icy. . .2e. Ils sont demourer près de sine
escus pour les esportules 27 aux officiers.
19 C'est-à-dire, pour Claude Farel lui-même.
20 II n'est pas probable que l'auteur de la lettre ait écrit fugiste pour
fugtif, en faisant ainsi allusion à Saunier, qui s'était enfui. Le copiste a
réellement écrit futiste, altération du mot fatiste, qui était synonyme depoëte,
et toute la phrase pourrait bien se rapporter au poëte français Bonaven-
ture Despcriers (Voyez le N° 507, n. 21, et les Additions).
21 Comparez ce passage avec le fragment d'une lettre de Thybaud,
compagnon des frères Farel (Voy. les Additions).
22 Le correspondant de Farel veut parler des Vaudois établis à Turin,
et sans doute aussi de quelques frères qui y étaient venus des Vallées vau-
doises, pour attendre l'arrivée des nouvelles de Neuchâtel (Voy. la n. 23).
Allusion au ministre Antoine Saunier. Selon des probabilités équi-
valant à la certitude, il avait entrepris le voyage d'Italie pour rendre
compte aux Vaudois de la publication de la Bible d'Olivétan, que Pierre
de Wingle avait achevé d'imprimer h Neuchâtel le 4 juin précédent (Voyez
le N° 507, renv. de n. 11, à comparer avec le N° 426, renv. de n. 8-9).
Saunier avait échappé aux perquisitions des officiers de Faverges en
se tenant caché « dans un champ semé d'avoine, » et il était rentré à,
Genève le 17 ou le 18 juillet (Voy. le Registre du lundi 19 juillet. Fro-
ment, op. cit. p. cxxxin).
25 Cette « affaire » concernait-elle la famille Farel? Nous pen-
sons plutôt qu'il s'agissait, d'un côté, de prévenir les mesures qui se
préparaient à Turin contre les Vaudois du Piémont (Voy. Pierre Gilles,
op. cit. p. 36-38), et, de l'autre, d'intercéder en faveur de leurs frères
violemment persécutés dans leDauphinéet la Provence (Voyez le renvoi de
note 35, les Nos 521, 523, 528, et la lettre de Farel à Guillaume du Bellay
écrite vers la fin de septembre 1535).
26 Les mots qui suivent dans la copie n'offrent aucun sens intelligible.
.Nous les citons textuellement : « et d'aultro part Les les eaues (sic) sont
maïs les cheval feront l'office. »
27 Du latin sportula, largesses, cadeaux.
T. III. 21
322 CLAUDE DUBÉRON A DOMEINE FRANC, A GENÈVE. 1535
Noz avons trouver en chemyn Monsieur de Paris, lequel s'eut
va prendre le chappeau rouge28, et [qui sera], comme je croyt,
légat en France, à cause [que] les pous ont tué Paultre 29. Véves-
que de Magalone luy fait compaignie 3tl. Leurs gens m'ont dict que
Monsieur de Langé doit partir pour aller en Allemaigne 31, et font
leur conte qu'il l'est desjà, et liatendoit [qu'une chose,] que le Rot/
acorda [que] ceux qui sont bainpnis retornent touz, tant sacre-
mentayres que dultres, sens aulcune adjuration [/. abjuration] etquy
n'y âge point de réserve 32. et, avoir heu cela, s'ent doit partir. Il
n'est point de nouvelles de Monsieur de Benoys :;3 à la Court que
ceulx icy sasclienl. Si entendes qu'il y aye quelque aultre moyen
28 Jean du Bellay, évêque de Paris, et récemment créé cardinal, an-
nonçait à Mélanchthon le 27 juin qu'il devait bientôt faire un voyage à
Borne (N° 512, note 5).
29 Le chancelier Antoine du Prat, légat du pape en France, était mort
dans sa terre de Nantouillet, près de Paris, le vendredi 9 juillet (Journal
d'un bourgeois, p. 460).
30 Guillaume Pellissier. évêque de Maguelonne depuis 1529.
31 Guillaume du Bellay, seigneur de Lanyey, écrivait en effet à Mélanch-
thon le 16 juillet : « Barnàbas Vorrœus, quinuncad te c uni literis et man-
datis regiis revertitur. sic est de rébus omnibus quse adsusceptam abstepa-
cificationem attinent, amplissimè edoctus, mihi ut supervacaneum videatur
aliquid scribere, prsesertim eum propediem consecuturo... Vale. Ex Core-
bellorum oppido, die 16 Julii, aniio m.d.xxxv. » (Voyez Melantbonis Opp.
édit. citée, t. IV, col. 1033, où ce billet est attribué par erreur à l'évè-
que de Paris, Jean du Bellay, et daté de Corbeil, tandis qu'il devrait rétro
de Coucy (ex Cocceio oppido), où se trouvait alors le Roi.)
32 L'édit de François I daté de Coucy le 16 juillet 1535 contient
les dispositions suivantes : Nous voulons « que tant ceux qui sont accusés
des dites erreurs [contraires à la foy] que les suspects et non accusés
encore... ne soient poursuivis ni inquiétés... ains s'ils étoient détenus pri-
sonniers, ou leurs biens pris... voulons qu'ils soient mis en liberté et leurs
biens mis à pleine délivrance. Et aux absents et fugitifs permettons de
retourner en nos dits royaume, pays... et y demeurer en telle seureté et
liberté, comme ils ont fait par cy-devant... pourveu qu'ils seront tenus
de vivre comme bons cbrestiens catholiques ... et se désister de leurs
dites erreurs, qu'ils seront tenus abjurer canoniquement dedans six
mois,.. Et n'entendons les sacramentaires . . . estre compris en ces présentes,
mais estre punis selon leurs démérites; et en outre est prohibé... à tous,
sur peine de la hart... de ne lire, dogmatiser... soit en public ou en privé,
aucune doctrine contrariant à la foy cbrestienne... » (Voyez la France
Protestante par MM. Haag. Pièces justif. n° IV.)
33 Nous ne savons si ce personnage appartenait à la famille de Benoît
(en latin de Bcnedictis), originaire du Pays de Vaud.
1535 LA GROÇOMÈRE A CHARLES d'aSPREMONT, A GENÈVE. 323
pour nostre affaire, le nous ferés savoir. Priant le Seigneur Dieu
vous avoir eo sa garde. A Thurin, ce 22 de Juillet 1535.
Par le tout vostre frère Claude Duréron.
(P. -S.) Les amys vous saluent. Sy entendes que Monsieur de Langé
soit à Estrabourg ". luy porrés escripre de nostre affaire ;;\
I Susoription: Au sire Dommenne Franc36, marchand de Ge-
nève.
519
LA GROSONÏÈRE [GAUCHIER FAREL l] à Charles d'Aspre-
mont [Guillaume Farel] à Genève.
De Turin, 24 juillet 1535.
inédite. Copie contemporaine. Archives de Genève.
Sommaire. Renseignements sur l'espion des Peneysans. C'est en prenant de faux noms
que les frères de Farel ont pu échapper de leurs mains. Les frères [du Piémont] de-
mandent une copie de la Dispute [de Genève}. Gauchier Farel déclare à son frère
[Guillaume] qu'il ne rentrera en France qu'avec sa permission, et il lui annonce qu'il
peut écrire à Monsieur dé Langey.
Salut, grâce et paix de Dieu, nostre miséricordieux et seul bon
père, par Jésus-Christ, son bienaymé filz, nostre seul ayde et tout,
34 Deux mois plus tard ou attendait, en effet, le seigneur de Langey à
Strasbourg (Voyez le N° 530, note 17).
' Voyez la lettre de Farel à G. du Bellay (N° 530).
36 Un renseignement cité plus haut (note 15) nous autorise à ne voir
dans ce nom qu'un pseudonyme. De plus, il résulte du rapprochement de
cette lettre et de la suivante, que ceux qui les ont écrites étaient frères,
qu'ils s'adressaient à un seul et même personnage, habitant Genève, ami
de Viret et de Saunier, et auquel ils rendaient compte de leurs affaires
d'une manière qui suppose la plus grande intimité. Or tous ces détails
correspondent exactement à la situation respective des deux frères Farel
« pris à Faverges » le 16 juillet (Voy. note 3) et de Guillaume Farel le
réformateur. C'est donc lui qui est ici désigné sous le pseudonyme de Do-
meinc Franc, et, dans la lettre suivante, sous celui de Charles d'Aspre-
mont .
1 Les sentiments de respect et d'obéissance exprimés dans la présente
o2i LA GROSONIÈRE A CHARLES d'ASPREMONT, A GENÈVE. 1535
soit avec vous, nouz augmentant la foy avec charité et faisant que
Luy soyons fidelles, sens décliner fins a la fin!
Très-chair frère, le Roceau des lètres de mon frère - qui adver-
fist cealx de Peynei, le matin que sorlismes de Génefve, est ung
papiste, lequel disnet cheux Joli) Clerc, quant vous et le cher P.
Viret allastes visiter la femme du dict Clerc, ensemble Adam s, au-
quel parlarent les dictz Adam et cher frère, disputant en la table :
car [i]celluy nous fust au rencontre à la porte, quant sortions, et
tint la bride de mon cheval, dont en estez [1. estois] marri. Mais il
fust ainsin. et ceulx de Peyney ne me l'ont point celle, que il estet
leur espion et les advertissoit du tout, et aussi d'aullres.
Je me déclairi Anthoyne Munyer, marchant de Digne, et l'aui-
tre Bonti Riquet, marchant du dit lieu 4. Meynier havoit affaire
avecque le sire Claude Savoye, et Ricquet avec Daulphin, avec dé-
clarations et protestes que estions crestiens et non luthériens, et
marchans; et puys que ainsin estet que, par ce que trafiquons à
Genefve et on nous faschet, n'y lornerions [dus, à cause que on
n'est pas sour [l. sûr] au pays du Duc. Les frères7' m'on[t] dict es-
Ire vostre bon plaisir, par ce pourteur, envoyer ung double des dis-
putes G.
Nous l'avons [1. n'avons] donné nul ayde à nouz affaires; aussi
Monsieur de Langé 7 ne despartira de France, que n'aye playne
lettre nous permettent de l'attribuer à Gauchier Farel, frère cadet du
Réformateur (Voyez le N° 420. n. 12-13, et le N° 462, renv. de n. <i).
Nous savons, en effet, que la requête de Guillaume Farci à la reine <h
Navarre (N° 463) n'avait pas été sans résultat. Gauchier Farci, con-
damné à la prison perpétuelle et à la confiscation de ses biens, avait été
mis en liberté par l'ordre du Roi. Mais le parlement de Grenoble lui avait
injustement retenu son patrimoine (Voy. la lettre du 12 sept. 1545).
2 Gauchier Farel veut dire : le nommé Rousseau qui est mentionné
dans la lettre de mon frère (Voy. le X° 518, renv. de n. 4).
3 Pseudonyme d' Antoine Saunier.
i C'est-à-dire, je me fis passer pour Antoine Munier. Le prénom Bonti
doit être une altération de Honorati (Voy. le N° 518, n. 15).
5 Ce sont les mêmes personnages que Claude Farel appelle les amis
(N° 518, n. 22).
6 Ce n'est pas une allusion à la Dispute de Furbiti récemment publiée
à Neuchàtel (X° 510). Le correspondant de Farel veut parler des pro-
cès-verbaux de la Dispute de Genève, qui s'était terminée le 24 juin
(Voy. Froment, op. cit. p. 139-142, cxxix— cxxxi. — Jeanne de Jussie.
op. cit. p. 124-134, 262. — Rucliat. III, 359-361).
7 Voyez le N°518, note 31.
15oo PIERRE TOUSSAIN A AMRROISE BLAARER. A TUBINGUE. 325
abolition par [1. pour] les bannys, sans abjuration s. Et, quant il y
aurest [1. auroil] de biens lerriens dix foys plus <jue n'en avés
[1. avois] '•'. n'en fairey fors que einsin que me commandarés, tant
quevivrey, a\ant délibéré vous obéyr par l'honneur de Cellu; qui
le coraande. En pouvez rescripre au dict seigneur10, venu </ue il
soyt, iintj mot. Le porteur vouz adverlira plus à pleyn. Vous prie
que affectu[e]usement vostre bienaymé compaignon11, ensemble la
tante u\ ayent mon salut en Nostre Seigneur, lequel nous gard el
conduyse tous tins à la fin! De Thurin. ce 24 de Julliet (1535).
Par vostre entier frère La Grosonière 13.
(Suscription : ) A mon cher frère et bon amy Charles d'Aspre-
mont14.
pierre toussain à Ambroise Blaarer, à Tubingue.
De Montbéliard1, 28 juillet 1535.
Inédite. Autographe. Bibliothèque de la ville de St.-Gall.
Sommaieb. Voi ombieu il importe que Grynœus soit chargé du soind'org
du comté dt Montbéliard. Il faut que l'église soit dirigée par un homme
v Voyez le N°'518, note 32.
s Celui qui s'exprimait ainsi avait donc perdu ses biens. Comme pa-
reille chose était arrivée à Gauclùer Fard, par suite de son emprisonne-
ment et de la confiscation qu'il avait soufferte (Voy. le N° 462, renv. de
n. 6, et la p. 171, ligne 10), nous trouvons clans ce passage une nouvelle
raison de lui attribuer la présente lettre.
10 C'est-à-dire, à Guillaume du Bellay, seigneur de Langey.
11 Allusion au « cher Pierre Viret, » nommé plus haut.
12 C'était probablement la tante maternelle dcViret, qui serait venue à
Genève pour le soigner pendant sa maladie. Elle vécut chez lui à Lau-
sanne pendant plusieurs années, et elle y mourut.
13-14 Voyez la note 1 et le N° 518, note 36.
1 Toussain n'était probablement venu à Montbéliard qu'à la tin du
mois de juin, après la sortie des Français qui occupaient ce pays pour le
roi de France (N° 506, n. 2-3).
326 PIERRE TOUSSAIN A AMBROISE BLAARER, A TUBINGUE. 1535
pieux et savant ; autrement, elle ne trouvera aucun pasteur qui veuille se consacrer à
son service. Je vous prie d'apporter à l'examen de cette affaire un soin vigilant. De
cette manière, le gouverneur du comté cessera d'être l'objet des critiques , les adver-
saires seront effrayés, et les pasteurs, ainsi que les gens de bien, prendront courage.
S. Intelliges ex literis quas Grynœo scripsi 2, quid hic agatur.
Video vehemenler esse necessarium ut Princeps 3 Inde scribat, tit hue
reniât, ne prospiciat rébus hujus ecclesiœ; ac de hac eliam re Co-
miti*, fratri suo, scribat, ut sit qui et ecclesiam verê instituât, hoc
est, Verbi ministros examinet et prœficiat, quod ei, Basileœ etiam
agenti 5, facile fuerit, et habeamus in hac vicinià ad quem recur-
ramus, quoties aliquid incident, dum lu de rébus omnibus certior
reddi possis. Alioqui non video, quomodo aut per quem hic pro-
pagetur gloria Christi. Si res seriô ac verè agatur, ac rébus tantis
prasficiatur vir pius ac doctus, nihil mihi fuerit jucundius quàm in
hoc negolio versari. et animam, si opus fuerit, effundere. Sin mi-
nus, non puto futurum ut hîc quisquam consistât.
Quare obsecro te. per Deum, ut ad banc rem advigiles, quando
pauci sunt qui verè quaarant gloriam Dei. Hac ratione sublevabitur
Cornes magnâ invidiâ, et lerrebuntur adversarii, et animabuntur
Verbi ministri ac optimi quique ad gloriam Chrisli propagandam:
quod faxit Dominus Deus, qui te servet Ecclesiae sua?. sanctϔYale
in Domino, et saluta D. Paulum Phrygionem fi nostris verbis. Ex
Monte Belliganli. xxviu Julii 1535.
Tuus P. Tossams.
(Inscriptio: ) Glariss. viro Dno Ambrosio Blaurero. Tubingae.
2 Cette lettre ne paraît pas avoir été conservée.
3 Ulric de Wurtemberg, comte de Montbéliard.
4 Le comte Georges de Wurtemberg, gouverneur du comté. Il était re-
venu à Montbéliard vers le milieu de juin (Voy. la lettre d'AmbroiseBlaa-
rer à son frère Thomas, datée du 10 juin. Bibl. de la ville de St.-Gall).
5 Simon Grynœus avait quitté Tubingue, pour revenir à Baie. Il était
arrivé à Strasbourg le 3 juillet, et rentré à Bàle le 7 du même mois (Voy.
la lettre de P. Dasypodius à Bullinger, du 14 juillet, Arcli. de Zurich, et
celle de Grynœus à Amhroise Blaarer du 15 juillet. Bibl. de St.-Gall).
6 Paul Constantin Phrygion, natif de Schelestadt, d'abord pasteur
à Bâle (1529), puis professeur de théologie à l'université de cette ville
(1532), avait été appelé en 1535 à Tubingue, pour y remplir les mêmes
fonctions (Voyez Herzog. Athenae Rauricse, p. 18).
153o FAREL ET VIRET UJX ÉVANGÉLIQUES ALLEMANDS. 327
521
farel et VIREX aux Évangéliques de la Suisse allemande
et de l'Allemagne.
De Genève, 4 août 1535.
Copie contemporaine. Archives du séminaire protestant de Stras-
bourg. Zeitschrift fur die historische Théologie, 1852, p. 252.
Sommaire. Après les supplices et les malheurs de tout genre endurés par les Évangé-
liques français, rien ne pouvait être plus douloureux pour nous que la cruelle persé-
rHfion qui sévit contre les Vaudois de la Provence. Ce peuple laborieux, charitable, si
opiniâtrement attaché à l'antique religion chrétienne, est de nouveau l'objet des atta-
quer de l'Antéchrist. Rançonnés d'abord et appauvris par la cupidité des Papistes,
les Vaudois ont été récemment assaillis par une troupe de gens armés, qui ont pillé
on incendié quelques-uns de leurs villages. Nous passons sous silence les traitements
barbares qu'on leur a infligés, pour leur extorquer des aveux impies. Les voilà main-
tenant réduits à la dernière extrémité, traqués de toutes parts, et contraints d'errer
avec leurs familles dans les lieux déserts, où les bêtes féroces sont moins redou-
tables que les hommes.
Ils nous ont informés plusieurs fois déjà de leur détresse; mais comme tous nos
efforts n'ont pu aboutir à leur porter secours, nous avons décidé de vous envoyer un
frère qui prêchait l'Evangile au milieu d'eux, et qui vous renseignera sur leur
situation actuelle. La cause des Vaudois est la nôtre à tous. Voyez s'il serait pos-
sible de leur procurer un asile dans le pays d'un prince pieux, où il y ait des terres
;i défricher. Il ne leur reste plus d'autre chance de salut que d'érnigrer, sous la
de de Dieu, en affrontant tous les périls. Nous vous conjurons, au nom de Christ,
de vous souvenir de ces malheureux frères, de les assister de vos conseils et de vos
prières, et de nous communiquer vos idées sur les moyens de leur venir en aide.
Piis fratribus Christum pure profitentibus Verbi ministris, et aliis
pietatis studiosis.
S.[alus] gratia et paxl AudijTJmus non sine animi gravissimo
cruciatu afllictiones, honorum direptiones, exilia, carceres, exqui-
sita tormenla et inaudita supplicia quibus sparsim per Gallias pii
fralres opprimebatftur supra vires dilaniabanturque *. Secl niliil est
1 Allusion à la violente persécution que les placards du mois d'octobre
1534 avaient suscitée contre les Evangéliques français.
FAREL ET VIREX AUX ÉVANGELIQUES ALLEMANDS. 1535
quod nobis plus atlulerit mœroris, quàm cruenta ûla in fratres qui
incolmt eam Galliœ partent quam vulgus Provinciam appellat, et
sœva persecutio2, quam sine lachrymis nec audire, née commemo-
rare possuraus.
Populus est ingens, sed simplicissimus et verse ac christianae fe-
ligionis pertinax imitator, quamlibet bactenus multis nominibus
infamatus, quôd puriorem Çhristianismum profiteri maluerit, quàm
se pontifïciis execrandis sacris et receptœ consuetudini atque su-
perstitioni adstringere. Semper patuit impiorum injuriis et ponti-
ficice tyrannidi, adeô ut saepe factus sit veritatis hostibus praeda, et
variis fuerit suppliciis aiïectus. Sed quamvis conatus sit Antichris-
tus morf/s omnibus eorum labefactare fidem, coëgeritque nonnunquam
simulare multa 3. non potuit tamen efficere quin etiamnum appa-
reant in simplici populo antiquœ religionis vestigia, reluceatque illa
Christi simplicitas, modestia et a Christo loties inculcata charitas.
2 La persécution avait commencé dans la Provence en 1528 (Voy.
N° 246). Au commencement de l'année 1533, Guillaume Serre et six au-
tres Vaudois y furent condamnés au bûcher (Voy. le N° 415, n. 21, et
l'Hist. de l'exécution de Cabrières et de Mérindol. Paris, 1645, p. 18, 19,
20). En 1534, les évoques de Cisteron, Apt et Cavaillon, et autres, firent
rechercher les Vaudois, « chacun en son diocèse, » et en remplirent leurs
prisons. Au mois de mars 1535, treize de ces malheureux furent livrés au
bras séculier, pour être exécutés le 5 avril (P. Gilles, op. cit. p. 36, 37).
On lit dans la requête adressée par les Vaudois de Provence aux Protes-
tants d'Allemagne, en juillet, même année, et qui accompagnait la pré-
sente lettre : « Immissi.. sunt in eos inquisitores ; quale hominum genus,
nostis... Ab iis sceleratissimè acceptï tractatique sunt, conspirantibus.Epis-
copis et velut commune negotium agentibus, ut Bex ipse, rei tandem indig-
nitate motus, diploma decreverit quo munumex inquisitoribus [le Jacobin de
Borna. Voy. note 6] inquiri jubebat. Compertum est. insignibus injuriis
affectos fuisse. Illi inquisitori interdicta cognitio. Verùm hi nihilominus
iotum quadriennnim bonorum direptionibus, exactionibus, mulctis, vinculis
miserè vexati sunt. Capitc mulctati octo et rigiiiii. quorum alii in carcere
crudeliter necati, alii variis suppliciorum generibus perempti. » (Zeit-
schrift fur die liist. Théologie, 1852, p. 250, 251.)
3 On lit dans la lettre remise à Œcolampade (octobre 1530) par Geor-
ges Morel, député des Vaudois de la Provence : « Sacramentorum signa
plebeculen nostree non nos, sed Antichristi membra administrant. Verunta-
men nos eis quid significent Sacramenta spiritualité!'... reseramus : et ne
ullo modo ceremoniis antichristianis confidant : orentque, ne illis impu-
tetur peccatum, quôd ad abominationes Antichristi audiendas et viden-
das ire coguntur...» (Sculteti Annales, P. II, p. 300). Voyez aussi Pierre
Gilles, op. cit. p. 28. — J.-J. Herzog. Die romanischen Waldenser. Halle,
1853, p. 333-380.
153 ; » FAREL ET VIRET AUX ÉVANGÉLIQUES ALLEMANDS. oii)
Waldenses vulgô vocantur, quorum famam ad aures vestras per-
venisse non dubitamus. Agriculture semper fuerunt studiosissimi3
labore manuum et simplicissimis artibus sibi ac familiae victum
parantes, sed tam diuturnis variisque pressi afflictionibus, ut \i\
respirare queant. Remiserai se aliqmmdiu furor hostilis, cessarat-
que persequutio, priusquam orbi innotesceret nomen Lutheri 4. Ve-
rùm simulatque animadvert.it Antichristus, se aliunde impeti et un-
dique emergere Evangelii professores, qui suo regno ruinam mi-
narentur, ita recruduit pugna, utsimul cum piis reliquos [1. reliquis]
quos Lutheranititulo famosos haberi volunl, conatus sit evolvere
et penitùs delere bonos illos viros, in quos velul totius belli pondus
decumbit. Nain postquam non licet sanguinis sitientissimo hosti alios
omnes tollere de medio, illic, quasi lupus rapacissimus in medio
innoxii gregis, rabiem suam exsaturat, suae permittit omnia libi-
dini, et in Cbristi oviculas suam exercet lanienam.
Jam unnis aliquot ita expositi fuerunt impiorum libidini. ut quà
se verterent nullus pateret locus. Nam cum ditiorès vidèrent non-
nullos. abundè oblalum est pontificiœ rapacitati el inexplebili ava-
ritiae alimentum. Quamdiu itaque bonis viris fuit quod injicerent
in latrantia rabidorum canum ora. paulô clementiùs cum illis ac-
tum est. Nunc autem. postquam insatiabiles tyranni rapinis paupe-
rum domum rediissent onusti, intelligerèntque nihil esse pêne re-
liqui. non soiùm in facilitâtes, sed in multa hominum milia ita
desaevire cceperun!, ui non jam aliquo justitiœ prœtexlu, sed ar-
mata manu, collecta bominum scéleratorum turbâ, irruerint in pa-
gos aliquot. occisuri quotquot forte deprebendissent 5. Domos
4 Les Validai* de la Provence avaient trouvé un protecteur clans le roi
Louis XII (1493-15 15). Les cardinaux et les évêques essayèrent en vain
de les accuser auprès de lui, et ce prince, après s'être informé exacte-
ment de la religion et des mœurs des Yaudois, témoigna pour eux la plus
grande estime. (Voy. CarolusMolinseus. De origine monarchiae Francorum,
1564, num. 155, cité par Gentillet. Commentarii de Regno... rectè admi-
nistrando, 1578, p. 355.)
5 Ce fait, qui était tout récent, est raconté en ces termes dans la re-
quête des Vaudois mentionnée plus haut : « Nuper, Caria; Aquensis dé-
cret© , armata manus militum, communibus tum Legati Avenionensis .
tum Curise praesidiis instructa, in aliquot eorum pagos violenter, novo ac
antea inaudito exemplo, irruit, domos spolia vit, armenta abegit, supel-
lectilem omnem abstulit. Et quia viri omnes aufugerant, reliquum supelr
lectilis, quod tolli facile non poterat, disperdidit, domos aliquot incen-
diis absumpsit. Id perpetratmn 10 Julii anno 1535. - D'après un docu-
330 FAREL ET VIRET AUX ÉVANGÉLIQUES ALLEMANDS. 1535
aliquot incenderunt. reliqua omnia ila deprasdati sunt, ut nihil
reliqui fecerint, et si quae forte occurrebat pavida millier, vim in-
ferre parabant. Optimè viris consultum est. quôd cesserint venienti
furori. Tacemus calumnias quibus hactenus obruti sunt, ettormenta
quibus cogebant invitos confiteri quod nunquam cogitatum fuerat,
adeô ut non defuerint fidei inquîsitores qui, crura piorum torrentes,
minati sint extremum exitium fi, nisi Ckristum negarent natum ex
virgine, ut eadeni operd suce servirent avaritiœ, et majore gravarent
invidid et infmniâ apud imperitam multitudinem ; atque ad hune
modum proximis annis examinati sunt.
Nunc verô graviiis adhuc premuntur, cum omnibus à tergo im-
pendens hostis crudelissimus quœque minetur; neque jam audent
in suis habitare tuguriolis . et (Vumenta quae sufficiant alendae
familiae domum convehere : sed per avia loca cura uxoribus et li-
beris vagantur, aut in abditissirais speluncis delitescunt, tutiùs
cum feris vitam agentes. quàm cum hujusmodi hominibus. Porrô
calarnilatem magis auget rerum omnium penuria, et quôd hostis
metat quod ipsi seminarunt. Quocunque se vertant, in tara arctas
redacli sunt angustias, ul nusquam pateat rima quâ elabantur; nec
bauere loco possunt, neque tutô egredi, propter hostium ubique
parafas insidias. Plebecida est consilii et auxilii inops, nisi quôd
frequentibus nuntiis, si fort/' hostiles manus queant evadere, nobis
suam calamitatem denunciat, efflagitans, si qua ratione liceat mi-
seriset varié periclitantibus succurrere, saltem precibus et consilio.
Studemus pro viribus adesse, et cum aliud non suppetat quoju-
vare possimus. precibus commendamus Ecclesiœ, et affiietos, pro
ratione nobis commissi lalenti, consolari conamur. Aliud non pos-
sumus. quàm ut fratribus et Christi membris condolere. atque eô
magis quô minus subvenire datum est. Nihilnon tentavimus ut viam
inveniremus, quâ et gloriam Dei proveheremus, simulque fratribus
consuleretur. Sed consilii et auxilii tam sumus expertes, ut nec nobis
ment de l'année 1541, cette expédition contre les Vaudois aurait eu lieu
le 19 juin 1535.
6 C'est une allusion au Jacobin Jean de Borna (Voy. le 1. 1, p. 483). Cet
inquisiteur de la foi en Provence « faisoit emplir des bottines de graisse
toute bouillante, qu'il faisoit chausser à ceux qu'il vouloit tourmenter :
de quoy adverti le Boy, quelque adversaire qu'il fust de ceux qui tenoient
autre religion que luy. commanda qu'en toute diligence il fust appréhendé.
Mais le moine, adverty de bonne heure, se sauva dans Avignon. » (Bèze,
op. cit. I, 36.) Voyez aussi l'Histoire de l'exécution de Cabrières, p. 45, 46.
1535 FAREL ET VIRET AUX ÉVANGÉLIQUES ALLEMANDS. 331
nec Mis possimus prospicere, nisi quôd nobis visum est consultius,
si pius hic frater, qui exacte novit omnia et pars maxima fuit7,
/stuc ad vos mitteretur, à quo latiùs audietis omnia quœ Mis conti-
gerunt, simulque consuletis quid vobis facto opus esse videatur. Nam
pure Christum Me annunciavit*, et tragœdiarum (/uns impii excita-
runt non est inscius, utpote qui toties màrtis periculis fuerit vicinus9,
nisi Dorriinus suœ adhuc Ecclesiœ necessarium salvum esse voluisset.
Quotl vidit et audivit ipse bona fide narrabit, et quid habeamus
consilii ; nam scripto vix possemus exprimere incredibilem tyran-
nidem, quà assidue gravatur populus ille.
Praestilinms quod potuimus, speramusque futurum, ut illis ves-
tram opem non denegetis, et si quid re aul consilio juvare liceat,
non dubitamus quin vos Chrïstianos testemini. Communis est om-
nium ni usa qui eadem fide, eodem et spiritu et charitatis vinculo,
uni Christo sumus copulati. Dispicite quid magis expédiât, quid fa-
cial in gloriam Christi et fratrum utilitatem. Populus extenuatus
est, el gravissima pauperie pressus. Quielem non potest à tyrannis
impetrare, et. ut aliô se conférât, nusquam per medios hostes tu-
tus patet accessus; nam uxoribus et liberis onustus. pecuniâ verô
exoneratus, non habet quo confugiat.
In rebas tamen déplorât)'* oportet etiam extrema experiri, et.
Abrahamum imitantes, inspem sperare contra spem. Operœpretium
itaque nobis videbatur, si apud pium quempiam Principem locus ali-
<inis incultus Mi genti, rei rusticœ peritissimœ, tradéretur colendus;
nam labori assuevit, et eadem operà calamitoso populo succurre-
retur, et aliquid inde utilitatis etiam rediret ad proximos. Alioqui,
si se non remittat effrenata adversariorom audacia et rabies, ut
tutô in suis aedibus degere possintet suis uli rébus, niliil aliud su-
perest nisi ut se vise committant, et quocunque dirigat Dominus,
illic llgant pedem; quandoquidem semel mori saliùs est, quà m aut
in tam dura servitute ad ydololatriam et superstilionem adigi, aut
tam variis el assiduis suppliciis excarnificari ac dilaniari. Nullura
non movit lapidem liostis ad profligandam pietatem ; nunc nulla
spes est; ad vasa conclamatum est, nisi repente Dominus. prœter
omnium expectalionem, suos tyrannide liberet eripiatque ex ini-
micorum faucibus.
7-s-° Ces traits divers pourraient s'appliquer à Antoine Saunier, cpii
avait évangélisé les Vaudois, en exposant « de jour en jour sa vie. » Mais
on ignore s'il se trouvait encore à, Genève, ou s'il était déjà parti poul-
ie Piémont (Voy. les Xos 507, renv. de n. 17; 518, n. 24; 528, n. 1-2).
332 LES CONSEILS DE GENÈVE A AMI PORRAL, A BERNE. 1535
Proinde, vos oranes quotquot estis pietalis candidati, et purioris
Christianismi professores,. per Christum obtestamur, ut fratrum
vestrorum sitis memores, illorum personam induatis, et quomodo-
cunque dabitur, sive consilio, sive re, saltem precibus fratres ju-
vetis cum immanissimo hoste conlliclantes. Plus hicfrater hac gra-
tta vos adit, guem, obsecramus. utfidum Verbi ministrum et variis
exploration afflictionibus éxcipite 10. et quod vos consultius fore ,ju-
dicaverilis, pro vestro candore exponere non gravemini. Valete
bene. Genevae, 4. Augusti 1535.
Fratres vestri Guilhelmus Farellus et Petrus Viretus.
Verbis nemo posset assequi, fratres quàm charissimi, quanta sii
piorum calamitas: ideô propter Christum vos obteslor, quidquid
vel per vos, vel per alios potestis, id efficite, ut piis consulatur11.
Vester Farellus.
522
les conseils de GENÈVE à Ami Porral, à Bern«
De Genève, 10 août 153").
Inédite. Minute originale. Archives de Genève.
Sommaire. Le Conseil de Genève fait connaître de nouveau à Porral la tristi situation
de la ville, et, après lui avoir annoncé l'abolition des images et de la messe à Genève,
il l'invite a requérir auprès des Bernois « aide et secours. »
Très-chier frère! Nous receumes le dix de ce moy[s] vouz let-
tres ] par le présenl porteur, et pour vérité sûmes en grand travail
10 Voyez le commencement de la lettre de Capiton (N° 523).
11 Dès le 30 juillet, Tard et Viret savaient que François /devait pro-
chainement publier un édit d'amnistie en faveur des Évangéliques de
ses États (Voyez le N° 518, fin de la n. 15, et n. 32). De la présente let-
tre, et de celte qui fut adressée par Farel à Guillaume du Bellay (N° 530),
on peut cependant inférer que les deux pasteurs de Genève n'accordèrent
pas de confiance aux promesses faites par le Roi dans l'éàit de Conçu .
1 C'était probablement la lettre de l'orrai du 5 août, qui est conservée
1535 LES CONSEILS L)K GENÈVE A AMI PORRAL, A BERNE. 333
et fâcheries, et ne sçavons plus comment faire, veu que havons si
longtemps entretenu nostre peuple à paroles, sus l'espérance que
bavions de liavoir aytle2; et maintenant, [il] est plus esbays que
jamais, voyant nostre prise 3 estre séquestré et mise entièrement à
la main de Monsieur de Savoye par ses chastellains *, et les vivres
ainsin estroictement deffendus, comment escripvons à l'excellence
de Messeigneurs (comment verres par le double), voyans aussi les
vendenges qui sont si prest.
Don[t] pouvés panser le damnaige et la désolation. Nonobstant
laquelle, ceulx quil sont de loisir'-' se sont allé battre aux ymaiges,
etn'hont rien laissé à Sainct-Pierre, ny aux parroches et convenus],
à mettre bas s, excepté la chappelle de Rire et de Nostre-Dame-de-
Grdce1 ; et est partout serré [1. fermé], tant que ne soy dict point de
messe8. Toutesfois (loër soit Dieu!) c'est esté sans débat ny émo-
aux Archives de Genève. Elle ne renferme aucun trait relatif à la crise
religieuse.
: "N'oyez la lettre de Genève à MM. de Berne datée du 14 juillet
(N° 517).
3 C'est-à-dire, nos récoltes.
4 Les châtelains de Gex, Peney, Gaillard et Ternier.
5 La rédaction primitive de ce passage porte ce qui suit : « Nonobstant
laquelle, ce peuple, comment celluy quil est de loisir et n'ha aultre af-
faire... »
6-7 Depuis la démolition des faubourgs de St. -Victor et de St. -Léger,
Genève ne comptait plus que cinq paroisses : celles de Ste. -Croix ou de la
cathédrale, de Ste.-Marie-la-Neuve (aujourd'hui l'Auditoire), de Ste. -Ma-
rie-Madeleine, de St. -Germain et de St.-Gervais. Les couvents, au nom-
bre de cinq, étaient occupés par les Sœurs de Ste. -Claire, les Cordeliers,
les Bénédictins (prieuré de St.-Jean), les Dominicains et les Augustins. Ces
derniers habitaient le couvent de Notre-Bame-des- Grâces, situé près de
l'Arve (Voy. André Archinard. Les édifices religieux de la vieille Genève,
1864).
Le dimanche S août, Farci avait prêché pour la première fois à St.-
Pierre. Le soir du même jour, à l'heure des vêpres, les Évangéliques com-
mencèrent à détruire les images dans cette église, et, le lendemain matin,
l'œuvre de dévastation s'étendit aux autres édifices religieux et aux cou-
vents. La chapelle de Rive mentionnée ici était peut-être l'église des Sœurs
de Ste. -Claire, qui fut épargnée jusqu'au 24 août. Ces religieuses parti-
rent de Genève six jours plus tard," et elles se retirèrent à Annecy (Voyez
les Additions. — Froment, op. cit. p. 142-154, 162-104. — Jeanne de
Jussie, p. 150-153, 202--.00, et, à la fin du dit ouvrage, la Notice sur la
communauté des Clarisses de Genève, par Ad.-C. Grivel).
3 On lit dans la rédaction primitive : « tant que, dès lungdi matin,
n'est point esté dicte de messe. »
334 LES CONSEILS DE GENÈVE A AMI PORRAL, A BERNE. 1535
tion ;'. Ce néaulmoings, ne reste que nouz ennemys ne soyenl tous-
jours plus affectionés [1. irrités10].
Pourtant, vous irés devant l'excellence de Messeigneurs, et leurs
présenlerés la lettre11; en après, selon ce que mieulx sçaurés
faire, leur exposerés nostre griefz et leur requerré ayde et secour.
pour l'honneur de Dieu, en bonne charité. Datum 10 Augusti 1535.
Petv et Grand Conseil [de Genève].
(P.-S.) Vous adviserés s'il sera expédient de compter Vaffairede
ces ymaiges devant Messeigneurs. et de la messe 12. à cause (com-
ment scavés) que beaucoupt de gens la veulent", et ferés com-
ment ha[u]rés meilleur advys14.
9 Après cette phrase, le secrétaire avait d'abord écrit les mots sui-
vants, (prit a biffés : « Et sus ce bavons assemblé... » Le Conseil des Deux-
Cents fut en effet assemblé le 10 août, et il décida que les prêtres seraient
admis à défendre par l'Écriture la messe et le culte des Saints, et que
provisoirement on ne dirait plus de messe (Voyez les Additions).
10 Selon Froment (op. cit. p. 142 — 144), c'était surtout cette considé-
ration qui avait empêché les magistrats genevois de faire abattre les ima-
ges après la Dispute de Religion. « Ils avoynt une grande prudence hu-
mayne... et disoynt : « Si vous mettes bas les images, les messes et toute
la Papauté, comme ces Prescheurs et ceulx qui leur favorisent veullent,
certes, pour ung ennemy (pic vos avés, vos en aurés cent... » Mesme les
Ministres n'entendoynt le fayre sans le voulloyr et conseil du Magistrat,
lequel souventeffoys ils en avoynt priés. »
11 II s'agit de la lettre adressée le même jour par les Conseils à MM. de
Berne, et dont voici un fragment : « Si Vouz Excellences scavoyent... elles
hauroient pityé de nous, nous voyans en telle extrémité, nostre peuple
espérant atant de jour en jour, suspirant à Dieu miséricorde, de ce que,
pour voloir vicre selon les commandemans de Dieu, sûmes ainsin affligés... »
12 Ces paroles permettent de croire que l'abolition définitive du catho-
licisme à Genève s'était accomplie en dehors de l'intervention deMM.de
Berne.
13 AToyez les Extraits du Registre du 16 août (Froment, p. cxl).
14 Porral fut sans doute d'avis qu'il valait mieux garder le silence. On
trouve, en effet, le passage suivant dans la lettre que le Conseil adressa,
le mercredi 25 août, à lui et à Claude Savoy e, son collègue : « Sus V af-
faire de la messe et des ymaiges, comment havés entendus, nous n'en ba-
vons heubt point de responce de Porralis. Pour tant sûmes de advis que
sentes voir de Messieurs [de Berne], comment leur semble myeulx, et que
leur comptés tout l'affaire, pour pouvoir chescung contenter. » Sur cette
communication verbale de Porral, Berne adressa aux Genevois la lettre
du 28 août (X" 524).
153b W.-F. CAPITON A GUILLAUME FAREL. 335
523
w.-F. capiton à Guillaume Farel.
De Baie, 23 (août 1535').
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchàtel.
aire. Quelle horrible persécution nous a racontée le porteur de votre lettre ! Il
est arrivé ici la veille du jour où Bucer et moi nous devions nous séparer pour con-
tinuer notre voyage. Nous avons décidé de solliciter auprès du duc de Wurtemberg ,
du landgrave de Messe et des Villes • , ues de la Suisse des le
au Roi, en faveur de nos frères [les Vt Bucer tentera la même démarche au-
près de la diète des Villes Iw/p tant averti le frère [que vous avez
envoyé] qu'il fallait être prudents, ne concevoir que des e ées, e;
graver si vivemenl de Christ dans le cœur des Vaudois, qu'ils fussent tou-
jours en état de légitimer leur a pour les abus du papisme.
Je vous remercie du récit de la Dispute [de Genève]. Vous avez repoussé â ji
titre les arguments que Pierre Garoli empruntait, aux Pères pour défendre la m
Reconnaissons toutefois que, malgré de nombreuses superfluités et lacunes, les écrits
des Pères sont pleins d'édification. Ceux d'entre nous qui les dédaignaient ont ainsi
causé un dommage trop réel à nos églises.
Luther vient de faire une réponse très-cordiale au député de l'e . »/rg.
Aucun sacrifice ne lui coûtera, dit-il, pour réaliser cette coin ... il pro-
met de veiller à ce que les ministres peu instruits soient convenablement préparés
pour le Concile qui est attendu.
Salve in Domino, charissime Ira ter. Qui tuas pertulit eximiè pins
nobis videtur*. Quant horrendam persecutionem narravit! Venit
sul> noctem ad nos, ubi Bucerus ad Suevos, et ego ad Elvetios et
Algoœœ ecclesias crastino ejus diei,eramus abituri3. Deliberavimus
1 Voyez la note 18.
-' C'était le ministre que Farel el Viret avaient envoyé vers les Évan-
géliques de l'Allemagne, pour réclamer leur assistance en faveur des Vau-
dois persécutés (Voyez la lettre du -1 août, renvois de note 7-9).
3 Ce voyage des deux réformateurs de Strasbourg eut lieu dans la se-
conde moitié d'août 1535. 11 s'agissait pour eux de gagner de nouveaux
336 W-rF. CAPITOJN A GUILLAUME FAREL. 1 535
à cœna, invocato tacitis volis Domino. Sic tandem visum est. ut
Duels Wirtembergensù literas et Landtgravii Hessi ad Regem pro
illis *, unà cum Christianarum Givitatum inter Elvetios6, quàm fieri
posset citissimè curaremus. Bucerus Imperiaiium Givitatum addere
voluit : quas an sit impetraturus, nescio : aderit {sic) enim illarum
conventum6. Equidemsanè non putabam lentandum; nam Rex in
Cesarem nos irrilare satagit 7. quod nos scimus fore in maximam
ignominiam Cliristi.
partisans au projet de réunion entre les Luthériens et les Zwingliens.
Buccr se rendait à Stuttgart (Voy. J.-W. Baum, op. cit. p. 503). Capiton
allait à Zurich et à Constance , comme nous le savons par ces fragments
de la lettre de Jean Zwick à Vadian, datée de cette dernière ville, le 1er
septembre (1535) : « Fuit... apud nos his diebus venerandus ille vir Ca-
l>ito... Ne quis inauspicatô forte Luthcrum tam propitium nobis factum
irritaret, salutavit Capito Basilienses et Tigurinos ministros, obsecrans ne
quid sedendo posthac misceant de sacramentaria controversia , id quod
eatenus sunt polliciti quatenus intelligant Luthcranos placabiliores » (Au-
togr. Bibl. de St.-Gall. Epp. inscriptse XI, 52).
4 C'est-à-dire, pour les Vaudois de la Provence (Voy. n. 2).
11 faut sous-entendre literis. Le messager de Farel et de Viret avait
dû partir de Genève le 4 ou le 5 août, et il n'était arrivé à Bâle que le 22.
On peut donc supposer que, pendant ce voyage, il avait sollicité, auprès
des magistrats de Berne, Zurich, St.-Gall et Schaffhon.se des lettres adres-
sées à François I, en faveur des Vaudois.
6 Quoiqu'il existe une lettre de François I adressée le 10 septembre
1535, à la Diète de l'Empire à Eslingen en Souabe (Voy. Freherus. Thea-
trum rerum germanicarum, III, 300), nous pensons que Capiton veut parler
l'une assemblée qui devait se tenir à Smalkalden. Nous ne savons pas si
Buccr sollicita réellement l'appui des Villes impériales en faveur des Vau-
dois; mais ce fut lui sans doute qui les recommanda à Luther. On lit, dans
la lettre de ce réformateur à Géryon Sailer, datée du 5 octobre 1535 :
Me... miseretur vehemeuter illorum agricolarum in Provincia Galliœ
calamitatis et pressura?, et utinam possem hîc considère, sicut rogatus
sum ! Forte si effugerent, invenirent alicubi loca in quibus viverent. Chris-
tus misereatur eorum, et liberet eos, visitans eos aliquando omnes qui
operantur iniquitatem! Amen. » (Luthers Briet'e. éd. de Wette, IV, 641.)
7 François I avait déjà essayé plusieurs fois d'inspirer aux Protestants
allemands de la défiance envers Charlcs-Qnint. Le 22 mars (1534) il écri-
vait aux Bâlois : « Vous povez estre seurs qu'il n'y aura jamais personne
au dit Empire qui soit tant vostre amy que feriez de nous... Ceulx qui
pourchassent au contraire... vous les congnoissez assez, et quel amour
vous ont porté par cy-devant, et quelles querelles prétendent avoir contre
vous, et de combien leur cueur se haulseroit ... s'ilz parvenoient à leurs
actaintes » (Mscrit orig. Arch. de Bâle. Voy. aussi le N° 492, renv. de
n. 2. 5, 16). Cela n'empêcha pas les magistrats de Bâle d'ordonner, en
1535 w.-f. capiton a Guillaume farel. 337
Son quiescemus donec pro fratribus aliquid impetraverimus; ec-
clesias ad preees cohortabimur diligenter. Monui tamen fratrem s ut
opéra daretur, ne quid intempestive admolirentur praeter vocatio-
nem, et plusquam crederenl animo. Porrô, ut agricolis vivum Chris-
tum assidue inculcarent, ex cujus intelligentià Huerel responsum
super papisticis abominationibus constans et gravis [1. grave].
Quôd ad nos Disputaîionem perscripseris 9, habeo gratiam, nain
incerla multa rumor anteliac sparserat. Ecquidpro missa ex Patri-
bus Carolus10? Augurqr protulisse quœ cœnam dominicain ;\pla-
nent juxta ritum prise» Ecclesiaa, aut eos qui missam pro cœnaj
dominicaB vocabulo non adeo absurde occuparant. Ecquid novam
propterea missam ille? Tametsi ritus Cœna3 a[d]scisci possent pro
cujusque ecclesise aedifleatione, an propterea opus opéra tum? an
sâeerdotis actio. applicatio, satisfaclio? Robuste colligitis n; assen-
lior, simulque prebor ut nos Christum et quœ [sunt] Christi pu-
riùs traetemus. Yotum piura est.
Patrum observantia non video qui obstet, nisi illos Scripturve pa-
res autoritate fecerimus. Praeterea, mi Farelle, quœ Scripturis pa-
ient, aut apertè affîrmantur. aut juxta analogiam fidei colliguntur,
noùt 1535, des prières publiques pour la prospérité de l'Empereur, qui
taisait une expédition contre Tunis (Voy. Uldrici Zasii Epp., p. 244).
8 11 s'agit vraisemblablement, non d'un frère de Farel. mais du mes-
sager mentionné plus haut (Voy. la n. 2).
9 C'est une allusion à la Dispute de Genève (30 mai— 24 juin 1535).
Farel en avait inséré un résumé dans la lettre particulière qu'il adressait
à Capiton le 4 août, et qui ne semble pas avoir été conservée. Lés procès-
verbaux de cette dispute ne se trouvent plus à Genève. Selon une note
marginale de la Vie manuscrite de Farel par Olivier Perret, p. 28, il en
existait une copie, parmi les escritz [de Neuchâtel]. »
10 Pierre Caroli, expulsé de la Sorbonne en 1525, à cause de ses pré-
dications, et bientôt ajourné pour crime d'hérésie (N08 124, n. G ; 158,
ii. 2; 165, n. 1), s'était retiré dans la ville (VAlcnroii. où Marguerite
d'Angoulême le nomma son aumônier (Voy. Génin. op. cit. I, p. 411).
Vers ce temps-là, il fit preuve de la plus cruelle légèreté, en dénonçant
aux juges de l'Inquisition deux jeunes hommes, qui périrent du dernier
supplice (Voy. l'ouvrage de Calvin, intitulé « Pro G. Farello et collegis
cjus... Defensio Xicolai Gallasii, L545, p. 09, 70). Cité comme suspect.
en janvier 1Ô34, il se réfugia à Genève (Nos 488, n. 12; 509, n. 11). Les
catholiques n'ayant envoyé qu'un seul champion à la Dispute, Caroli
vint à son secours, et il essaya d'établir, par le témoignage des Pères, la
messe, le purgatoire et l'invocation des Saints (Voyez la lettre de Farel
sur Caroli. Calvini Epp. Lausanne, 1570, p. 94).
11 II veut dire : Vous concluez vigoureusement [par la négative].
t. ni. 22
338 W.-F. CAPITON A GUILLAUME FAR EL. 1535
ulraque Ecclesiam Dei aedifîcant, plena solid» pietatis. Jam in Pa-
tribus mulla redundant, plura desunf. Aliquis tamen ductus Spiritûs
ex eis eminet, cujus gratiâ non sine fructu iegunlur. Nec offendal
Patruin defensio. si motlerata, et quatenus agunt ex verbo Domini.
Nam indicibile est, quantum damni dederit fastidium Patruin. qui
sibi nonien apud posteritatem coronà intérim martyrii pepererunt.
Vix tandem accèdent animi rudiores. rel arctissimè nobis cum Pu-
tribus facientibus, quôd suspicione novandarum rerum vulgô gra-
vemur.
Ora pro me aç nostris ecclesiis Dominum. Bucerw Le. Viretum,
[et] ecclesiam Dei qme istic est, salulat plurimùm, — qui in dies
major animo meo prodit. quia rainor sibi videtur.
Aufjuslana ecclesia misit ad Lutherum 12, qui literis suis quosdam
cives persuasit, ut cum papistis mallent quàm cum nostra ecclesia
communicare 13. Exposuit legatus14 ejus tidem, et quid quoque
tempore Magistratus egisset, etc. Respondit etiam per Utérus ami-
cissime. sibiademptam de nobis suspiciowm; nihil posse imponi unod
non sitpro concord /a hilariter facturus. « Nam firmatà. inquit, istà
concordià. gaudens et lachrymans suaviter cantabo: Nunc dimittis
servuni luum in pace. etc.15. » Prorsùs videtur in hoc esse, ul pa-
cem stabiliat ecclesiarum. Deinde. ut vulgares ministri ad agendum
12 La messe avait été abolie à Augsbourg le 22 juillet 1534, par une
décision des magistrats (Voy. L. Ranke, op. cit. 2U éd. III. 505, 506).
Bncer y séjourna près de cinq mois, au commencement de l'année sui-
vante, pour y consolider la Réforme (Voy. Gilberti Cognati in concordià'
commendationem oratio (s. a.), p. 45). Ce fut le 21 juin 1535 que le Con-
seil d'Augsbourg envoya ses députés à Luther (Melanth. Opp. éd. cit.
t. II, p. xin. — Scultetus, op. cit. Pars II. 484).
13 Ces lettres de Luther à certains bourgeois d'Augsbourg avaient sans
doute été écrites en 1533. époque où le réformateur saxon était encore
très-hostile aux Sacramentaires (Voyez ses lettres du S août et du 29 oc-
tobre 1533 au Conseil d'Augsbourg. Luthers Briefe, éd. de Wette, IV.
472, 490).
14 C'est-à-dire, Géruoit Sailcr, principal député de la ville d'Augsbourg.
Jean Zwick s'exprimait ainsi à son sujet, le Ie'" septembre 153."! : « Quod
ad Concordiam nostrorum cum Luthero adtinet , scripserunt Augustaui
fratres Luthero, misso ad illum legato, doctore Geri/onc... niedico. sed
qui ad res quaslibet gerendas sit instructissimus. »
15 Ces paroles sont extraites de la lettre de Luther du 20 juillet 1535
adressée aux ministres de l'église d'Augsbourg. On retrouve l'expression
de sa joie profonde dans plusieurs autres lettres qu'il écrivit à cette épo-
que (Voy. Luthers Briefe, éd. cit. IV. G13. 623. 036, 638. 653, c~>4).
1535 LE CONSEIL DE BERNE AUX CONSEILS DE GENÈVE. 339
in Goncilio quod expectatur ls sinl insirucliores, pollicelur suam
operam, et conventum meditalur 17.Vale el ora pro me in Domino.
[Augusti] 23, Basileae (1535 l8).
Y. Capito.
(ImcripHo : Wilhelmo Farello, \ero fratri in Ghristo, s i b i cha-
rissimo.
524
le conseil de berne aux Conseils de Genève *.
De Berne, 28 août 1535.
.Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. Berne félicite les Genevois de ce qu'ils ont aboli la messe, et les exhorte à
persévérer dans la vérité, l'union et la charité.
Nobles, etc. Nous summes advertis, comme par le moyen de
l'annuntiaiion de la saincte Parolle de Dieuz, par maistre Guillaume
Farel et aullres jusque icy, par bon espace de temp, en vostre ville
16 Dans son consistoire du 16 janvier 1535, Paul III avait formelle-
ment décidé la réunion du Concile.
17 II s'agissait d'une conférence entre les théologiens saxons et ceux
de la Haute-Allemagne. Elle eut lieu au mois de mai 1536, à Eisenach,
où fut rédigée la formule de Concorde dite de Wittemberg.
18 Le millésime est déterminé par les détails renfermés dans les notes
3, 9, 12 et 15. L'indication du mois manque dans le texte, mais elle nous
est fournie par une lettre de Capiton à Yadian, qui appartient certaine-
ment à l'année 1535 et qui est datée: « 24 Augusti. Basileae.» On y trouve
les passages suivants : « Lutherus concordiam Buceranam, cui equidem
per hos quinque annos diligenter assedi... toio pectore amjJÏectitur... Scrm-
sit ad Augustanos publiée, ad Senatum et ministros Verbi... Meditamur
brevi inter nos conventum. Concilium etiam Pontifex Romanus inédit atur.
ad quod nos, prsesidio Christi, cum gaudio sistemus, in Christo posthac
concordes. Buceri nomme te salvere jubeo » (Mscrit orig. Bibl. de la ville
de St.-Gall, collect. cit. XI, 173).
1 Cette pièce a été publiée pour la première fois dans notre Spécimen
île la Correspondance des Réformateurs. Genève, mai 1864, p. 9.
340 FRIDOLIN BRUNNER A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 1535
purement faicte, Dieuz vous ayt par sa grâce touché de la lumière
de vérité, sur quoy ayés mis quelque ordre es cérimonies papales.
Dont [nous] louont Dieuz, vous sur ce prians et exhortans, puis
que avés cogneuz la vérité, que veilliés en icelle fermement per-
sévérer, et, affin que cella puisses faire, vivre par ensemble en
bone et fraternelle union, charité et paix, comme bons vrays frères
chrestiens sont entenus de faire.
Ce faisant ne doubtés point que Dieuz lînablement vous laisse
ruiner, lequel prions vous donner grâce de vivre selon sa voulenté.
Datuui xxviii Augusti, anno xxxv.
L'Advoyer et Consf.il ok Berne.
(Suscription : » Aux Sindicques. petit el grand Conseil de Genèse e.
525
FRIDOLIN BRUNNER1 à Henri Bullinger, h Zurich
De Glaris, 31 août 1535.
Inédite. Autographe. Arch. de Zurich. Copie dans la Coll. Simler.
Sommaire. Unelettrt écrih <l< Pans, le 18 août, nousretrace l'impression très-fâcheuse
qu'ont produite sur les frères de cette ville les projets de Bueer et de Mélanchlhon
Ces deux théologiens ont sollicite auprès du Roi la permission de disputer avec les
docteurs de la Sorbonne sur les principaux points de notre religion, et ils se sont pro-
cure, à cet effet,, un sauf-conduit qui les astreint â ne pas prononcer un seul mol ''ou-
tre le pape et les cérémonies de l'Eglise. < les conditions désavantageuses ne présagent
que «les intrigues et îles embûches. Quel bon résultat pourrait- avoir une dispute dans
laquelle il serait interdit de confondre, par l'autorité de l'Écriture sainte, le pape et
les incrédules ? Aussi beaucoup d'hommes de bien à Paris se plaignent-ils eu disant :
k Si JBucer et Mélanchthon ne viennent ici que pour soutenir In messe luthérienne, et
non pour combattre les superstitions, ils feraient mieux de renoncer à leur voyage. »
Je vous prie, pour ma part, de vous opposer énergiquemenl â leur entreprise.
Gratiam et pacem a Domino, candide atque ornatissime vir. Nova
quœdam et haud quidem commenticia, sedfortassis inauspicatissima,
1 Fridolin Brunner (en latin Fonteins), né en 1499, ancien élève ilo
1535 FRIDOLÎN BRUNNER À HENRI BULLINGER. A ZURICH. 341
nobis è Lutetia, Aug. die 18, per virum pium syncerumqiie signi-
fècata, eadem aequè Uiœ humanitati transmittenda operae precium
fore duxi. Hisce nempe cognitis, impios quorundam conatus, con-
siliaque intempestiva, eô inaluriùs feliciùsque propugnare potes.
quum equidem omnes pii, boni atque docti liane tibi provinciam
delegarint, ul lu. quœ dogmata in Eteipublicae Christianae perni-
ciem damnumve excogitata erectaque praesenliens, tanquam veri-
tatis strenuus propugnator, ea impugnare eliminareque obnixè in-
cumbas : quo quïdem ôfficio liactenus salis dextrè bonisque aus-
piciis funetus es.
Sed (ut rein aggrediar) summa itaque novarum quœ inter alia
tristitiâ digna resciveram, litec eliam sunl : Jampridem Bucerum et
MeiancMwnem, diversd rià. Gallorum régis favorem eblanditos, ni
prœcipuêgràtid,quô dereligionisnostrœsumma,cumParisiens.[ibus
Rabbinis Theologisque conflictari disserereque copia daretur2 (hac
Glareanus, fut avec Valentin Tschudi (N° 12, n. 4| l'un des réformateurs
du canton de Glaris. Il exerça d'abord les fonctions de pasteur à Matt,
puis dans la ville de Glaris (Voy. J.-H. Hottinger. Hist. Eccles. Novi
Testamenti, VI, 292. — J.-J. Hottinger, op. cit. III, 13, 132, 376,648).
'-' Bucer et Mélanchihon n'avaient nullement brigué la faveur du Roi.
et ils ne lui avaient pas demandé la permission de disputer avec les Sor-
bonistes. Le Roi les avait consultés sur les questions religieuses, par l'inter-
médiaire de (i. du Bellay, et il les avait priés de venir à Paris, pour con-
férer en sa présence avec un petit nombre de théologiens (Nos476, n. 1 et
5; 478, n. 7; 498, 499, 512. 515). Mais les docteurs de la Sorbonne, mal
renseignés sur les actes de ce monarcpie, s'étaient imaginé, comme on le
voit par leur Registre, « que Mélanchthon et aucuns Allemans avoient
sollicité le Boij pour estre remis eu l'Église, de laquelle il se estoient sé-
parez par nouvelles doctrines. » x\ussi écrivaient-ils de Paris à Fran-
çois I. le 20 juillet 1535 : « Sire, nous avons esté par plusieurs fois
assemblez sur le contenu des lettres que Y. M. a escrit à M. de Senlis,
vostre confesseur, faisant mention aucuns Allemans venir par deçà, pré-
tendants estre oys sur certains Articles concernants la Foy et bonnes
mœurs... Xous semble... Sire, qu'il sera expédient et nécessaire, que les
susdits Allemans ayent à vous envoyer par escrit et sous leur seing, tous
et chacun, les doubtes et Articles desquels ils veulent estre instruits... » Le
Roi leur répondit, de Villers-Cotterets, le 26 juillet : « Vostre advis sur
la venue de Mélanchthon et autres Docteurs d'Allemagne nous a semblé
très-bon et très-prudent » (Voy. d'Argentré, op. cit. I, Pars II, p. 383,
387). Telle fut l'origine du bruit erroné qui mécontentait si fort les iL'ccm-
fjéliques de Paris. Au reste, le Roi ne songeait plus à appeler Bucer. mais
bien Hédion. On lit en effet dans la lettre de Capiton à Ambroise Blaarer
«lu 30 juillet 1535 : «. Quis status ecclesiarum Gcdlitc. quas occultas ali-
342 FRIDOLIN BRUNNER A HENRI BULLINGER. A ZURICH. 1535
verô impetralâ, sibi polliciti simt, altercationes, convitia contentio-
nesque pro rébus sacris, non alià via remedioque meliùs atque fa-
ciliùs terminari posse). Jam animi factos compotes, conductitiasque
adeptos esseliteras 3, quibus probe certificati, tutttm juin illîs liberum-
que patere aditum, ea tamen lege, ut Pontificem Rom.[anum\ ctim
impietatis sede, cœremoniarum mendacioi unique sentind, intactum
sïnant, imô neverbulo quidem damnare oppugnareque Iiceat\ Super
bac re dilatione sumpta, intérim ad Sturmium, virum. nt aiunt,
bonum, consilii ab eo captandi gratiâ, scripsisse \anxiè Bagitantes,
in boc negotio amicè syncereque consulat, suique consilii quàm
primùm certiores reddat.
Quid ad baec Sturmius illis consuluerit aut scripserit, non mibi
patefactum est6. Sed, meo judicio, perpensiculalis probe conditio-
nibus, bac in re non multà délibéra lione consultalioneque opus
fuisse conjectassem, quum aut [I. vel] parum prudens liac in re
quid facinndum foret, sibi certè, inspectis perpensitatisque condi-
lionibus et conducti exceptionibus, considère posset.
Indicarunt <id hœc literœ1 idfacti apud Parisienses paucis piis
placere, eam profectô ob causam.. quôri timeant clandestinas pnicti-
cationes et insidias s. [«tentes enim id negotii haud suspicione ca-
quot illic Dominus habet, et de Bege quœ sit spes bonorum, per literas
Buceri abundè intelligis. Advocatur enim ad colloquium regium hones-
tissimè PMlippus unà cum Hedione. Et tamen nos maluissemus Bueerum
fuisse ejus itineris comitem » (Mscrit orig. Bibl. de St.-Gall. Collect. cit.
III, 355).
3 Allusion à la lettre de François I à Mélanchthon du 23 juin (N° 512),
qui devait lui servir de sauf-conduit.
4 La lettre sus-mentionnée du 23 juin ne formulait aucune condition ;
mais il faut reconnaître que G. du Bellay, dans son entrevue avec les
pasteurs de Zurich (mai 1534. Voy. N° 468), leur avait dît : Abstenez-
vous d'employer dans vos mémoires des expressions comme celles-ci : « In
boc erravit Romana Ecclesia. Non feremus tyrannidem Romani Pontiticis.
Romanus Pontifex Anticbristus est, etc. »
5 Allusion à la lettre de MélancMhon à Sturm du 23 avril, et à celle
que Bucer adressa également à Sturm, vers la fin du même mois (Voy. le
X" 512, n. 4, et le N° 515, n. 1, 4, 6, 12, 13, 22, 23).
6 Sturm avait répondu à Mélancbthon le 9 juillet (N" 515).
7 C'est-à-dire, la lettre écrite de Paris le 18 août.
8 Les Évangéliques de Paris n'avaient pas été les seuls à craindre
qu'un piège ne fût caché sous l'appel adressé à Mélancbthon et à Bucer.
Capiton écrivait à Myconius vers la fin de mars 1535 : « Legatus hue mis-
sus, et bine Wittenbergam, et Status Imperii aditurus, pollicetur commi-
1535 KUlhoi.IN BRUNNER A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 343
rere, quôd disputatio,prœ$criptis iniques legibus, sit admissa et con-
ductum regium conditionibus sit sancitum9, nempe quôd Po/iacum
suis naeniis, decretis mendaciisque protrahere, explodere, de falsi-
tateque convincere non sit concessuin.
Quis hic çongressus est futurus, qiiuni non libéré oinni ex parte
veritati patrocinari liceal ? Fortassis de lana caprina dissertatio cum
Rabbinïs futura est, Nihil enim hac lempestate magis necessarium
.■rit. quà.m déplorât» malignilatis PonLificem, hcereticorum incre-
dulorumque pertinaciam, erroremque devincere alque confutare.
\am Ecclesia nullos cequè palitur hostes atque Pontifïcios, qui (sic)
veritali semper adversantes, e jusque casum noctu dieque médi-
tantes : quos si Scripturœ Sacrai' armis propugnare atque vincere.
deque omnibus fidei nostrœ articulis disputare liberum non erit,
meo quidem judicio affirmarim, Imncce conventum sophistarum
rei Christ ianœ plus dispendii quàm commodi allaturum fore;
Ecclesise etiam tam frugiferum ut olim Papistica fuere Con-
cilia, quae semper (ut omnibus liquel) pnemissis transacta sunt
hisce legibus. quô Papatus. cum suis decretis atque commenlitiis,
in vigore inviolatus permaneret, et nulli unquam libéré concre-
ditum. impietatem jam manifestam absquè ejaeulalione obpugnare.
et imposturis obluctari.
Quare, si Martinus10 e! Melanchthon, pradectis priùs conducli
legibus, nihilominus pi'ofectionem promoverinl, fateor ingénue,
boruiu stultum institutum haudquaquam placere, propterea quôd
tigatum Régis Gallorum animum, qui tandem inflammationibus et ustula-
tionibus piorum modum posuerit. Germants Concilium, vel invito Cœsare,
pollicetur, nomine Regio. Fetit Phîlippum et Bucerum. Teclmas quis non
videt? Habet intérim apud se Episcopum Faventinum, legatum Romani
Pontificis ! » En communiquant ces nouvelles à Bullinger, le 30 mars, My-
conius y ajoutait cette réflexion : « Illud repeto, quôd Philippum et Buce-
înm vocat Bex. Unde ansam huic datam existimas, quàm quôd tantum
])ermittunt Papismo? Si ibunt igitur, vel eos corrumpet, vel intoxieabit...
Scis îiimirum, Gebcnnœ Petrum Vireium... intoxicatum... » (Mscrit orig.
Arch. de Zurich). Haller écrivait aussi à Bucer le 22 juin suivant : « Au-
dio te... vocari in Galliam. Quid tibi cum Gallis? . . . Dissuadet omnibus
modis Consul noster à Wattenwil, et quotquot unquam apud nos Gallo-
rum ingénia et fraudes noverunt. Nec ullum sperant vestrse peregrina-
tionis fructum, etiamsi animas vestras effuderitis » (Copie. Coll. Simler).
Voyez aussi les Lettres de Luther, édit. cit. IV. 028, 029.
0 Voyez la note 4.
10 Martin Bucer.
oil FRIDOLIN BRUNNER A HENRI BULLINGER, A ZURICH. 1535
ne pius (sic) in spem duci possit, ea ex re quid boni fructus pro-
venturum.Timeo non parum, eos fortassis plus laudis commodique
proprii studiosiores quàm Ghristi : eà eliam imprudentiâ futuros
ut; talpis Cceciores, in Sophistarum Pontificiorumque sentenliam.
postposita veritate, pedibus eant.
Id nec non multi Parisiis spectatœ integritatis viri formidant et
conqueruntur hisce verbis : « Si Melanchthon et Bucerus non aliam
<• ob causant hue se conferre in animo liaient, quàm ut missam Lu-
c theranam, cum suis fictis cœremoniis fundare adnitantur, et non
« juxta Verbi De/ veritatem et régulant, absque omni exceptions,
« prœscriptisque legibus humants . singula tracta re. omnemque su-
it, perstitionem et errorem, sire Papœ aut aliorum superciliosorum,
< reformate eliminareque in rôtis non liaient, imô conditionibus
« prœdictis acquiescere, — prœstare et melius fore fatentur, ut, ser-
» ratii papisticâ Misse cum sais cœremoniis, ilomi. prolongaprofec-
« tione, stertant tl. »
Cum i ta que clarè videamus, hoc negocii in Evangelii et veritatis
periculum vergere3 facideo, vie tiumanissime, ut pro \irili huic
conatui reclames, liorumque inslitutum verbo ei opei'e remore-
ris12. Semper etiara cura, ut non commUtas, quô usquam tuo of-
11 Bullinger avait déjà critiqué très-vivement les mémoires adressés en
1534 à G. du Bellay par Melanchthon et Buccr (Voy. N° 476, n. 2, n. 6),
et qui donnaient la mesure des concessions qu'ils pourraient faire au pa-
pisme. «Quid Gallos credis dicere (écrivait-il à Bucer le 28 mars 1535),
qui priùs Melanchthonis légère scripta, nunc verô diversum ab eo as-
seri vident V Inconstantise summse tum illum. tum nos omnes, accusa-
Imnt... Certè nihil hactenus actum à vobis quod perinde invidiam mul-
torum in vos concitavit atque hoc consilium... Illud non displicere non
potest etiam mini, quôd tu Melanchthonis consilium probas, quôdnimiùm
monarchise Pontifias tribuere videris. Frustra enim semper objicitur: Quid.
si animummutarent ? — Quid, si lupus lupinum poneret ingenium ?» (Copie.
Coll. Simler.) La réponse que Bucer fit (en juillet) à ces reproches se
trouve dans les Melanthonis Opéra, édit. citée, t. X, colonnes 139—142.
12 A l'heure où le correspondant de Bullinger le suppliait de s'op-
poser à la conférence projetée entre Melanchthon et les Sorbonistes, cette
conférence était devenue impossible. Voici ce qui s'était passé, soit à
Wittemberg, soit à Paris :
Melanchthon ayant reçu le 4 août la lettre de François 1 et celle de
Sturm (Nos ûl2. 515), avait demandé à l'électeur de Saxe, Jean-Frédéric,
la permission de se rendre en France; il éprouva un refus (Voyez la let-
tre de l'Électeur à François 1 du 18 août, et celle qu'il fit écrire à Me-
lanchthon. le 24 du même mois. Melanth. Opp. II, col. 903, 905, i)10).
1535 FRIDOLIN BRUNNEH \ HENRI BULLINGER, A ZURICH. 34S
iicio defuisse videaris. Sed quid in hac re faciundum siet. tibi salis
superque perspectum arbilror. Nam sic meus stat animus : quisquis
eliain fidelibus adversari praesumpserit, poteiiti Dei manu compri-
metur; etiamsi potentissima régna contra verbum Dei se erexerint.
veritatis et virtutis divinae fortitudine prosternentur. Vale bene.
Glarïanse, ultimo die Augusti 153S.
Deus Optimus Maximusque faxil, ut le nobis in Reipublicœ Chris-
tianae eommodum diu prseservet! Iterum vale, et Fridqlinum tuum
inter tuos ascribito clientulos, amore. studio, officio nemini ces-
surum.
Literœ ex Lutetia missœ Gallico sermone scriptœ suni; sed 3a-
cobus Avienus 13, oplimae spei vir. qui gallicum sermonem callens
[1. caliet], ntiltl cas interpretatus est. Si itaque optares literulas ip-
sas. transmitterentur 14. Diulius etiam scripsisseui, si senq>er tabel-
Celui-ci informa bientôt après le roi de France, G. du Bellay et Jean
Sturm des obstacles qui s'opposaient à son départ (Lettres du 28 août.
Met. Opp. II. eol. 913, 915, 917).
A Paris, les conditions posées par les docteurs de Horbonne excluaient
toute discussion (Voyez leur consultation du 20 juillet 1535. intitulée : «Co-
dicillus quo ostenditur non esse disputandum cum Hasreticis. » D'Argen-
tré op. cit. I, P. II, 384-3S6). Après avoir examiné les XII Articles « ex-
traits îles mémoires des théologiens allemands, articles qu'ils avaient reçus
des mains île G. du Bellay, le 7 août (Voy. d'Argentré, I, P. II. 387—
393. ;i;»ô). Les Sorbonistes écrivaient au Roi, le 30 août, une lettre qui
renferme ces passages significatifs : «.Comme il apert parle coinmenci-
ment des dicts Articles, les dicts Germains ne demandent seulement le con-.
tenu d'iceux leur estre condonné, mais aussi veulent... que en ce leur
cédions, en nous retranchants, comme S. Augustin, d'aucunes cérimonies
et ordonnances que l'Église a jusqu'ici observées : Qui est, Sire, deman-
der de nous retirer à eux, plus qu'eux se convertir à l'Église ... Ces cho-
ses considérées, nous semble ... qu'il est à craindre, que les aucteurs des
dicts Articles, sous ombre de se réduire, ne machinent séduire vostre peu-
ple... Toutefois, s'il plaisoit à V. M. leur faire envoyer les questions qui
s'ensuivent, on pourroit par leur response connoistre s'il y avoit en eux
aucune espérance de réduction... » Inutile d'ajouter que ces questions se
résumaient a leur demander s'ils voulaient confesser tous les points de la
doctrine catholique (Voy. d'Argentré, I, P. II. 395—397, et. p. 3!)7-
400 du même volume, la Censure des Articles envoyés par Mélanchthon) .
13 Jacob Vogel (en latin Avienus), ancien élève de Glareanus. et l'un
des réformateurs de Claris (Voy. J.-II. Hottinger. llist. eccl. Novi Tes-
tamenti, VI. 928. — J.-J. Hottinger, op. cit. III, 13).
14 Cette lettre française, écrite de Paris le 18 août 1535, ne se trouv»
pas dans les papiers de Bullinger conservés à Zurich.
3i6 le conseil de berne aux paroissiens de sornetan. 1535
lionem invenire fidelem concederelur. quem absque periculo literis
onerare liceret.
Fridolinus Fonteius, Glareanus.
526
le conseil de berne aux paroissiens de Sornetan et de
St. -Léonard '.
De Berne, 9 septembre 1535.
fnédite. Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. Berne annonce aux paroissiens de Sornetan qu'elle leur envoie un pasteur.
Nostre amicale salutation devanl mise, saiges, pourvéables, sin-
guliers amys et Lrès-chiers bourgeoys ! Nous summes a dvertis com-
me, par long espace de temp, n'ayés euz prédicants que vous anun-
cent la Parolle de Dieuz2. De quoy nous mervillions grandement.
A ceste cause, vous admonestons de retourné sur le chemin de
vérité, et par ainsy [le] présent pointeur. Maistre Denis Lambert
accepter pour vostre pasteur s, lu\ laissant Ions les revenus que
1 Le village de Sornetan (en allemand Sorneihal) est situé dans la
Prévôté, pays dépendant alors de l'évêque de Bâle, mais uni aux Bernois
par un traité de combourgeoisie (N° 290, n. 1). St.-Léonard n'existe pas
sur les cartes du Jura bernois, et nous supposons que ce nom a été substi-
tué par erreur à celui de Bévillard, village qui se trouve entre Tavanne
et Court.
- En 1531, la paroisse de Sornetan avait eu provisoirement pour pas-
teur Alexandre le Bel (N°s 320; 325. n. 1 : 354, n. 2 et 4) . puis en 1532
Guillaume *** (Voyez C.-F.-G. Donner. Die reformirten Kirchen und ilire
Yorsteher im Freistaate Bern, p. 695).
3 Nous avons dit plus haut (N° 482, n. 13 et 16) que Denis Lambert
accompagnait, le 10 octobre 1535, en qualité d'aumônier, les gens de la
Prévôté, deBienne et de Neuchâtel qui battirent ce jour-là les Savoyards à
Gingins. Ce fait résulte d'un certificat du Conseil de Genève daté du 30 avril
1538, et qui déclare que « le seigneur Jaques Vidremaut [1. Wiklermuth]
1535 MARTIANUS LDCANIUS [jE\N CALVIN] A G. FARRI, A BOLE. 347
apartiènent es cures. En ce nous ferés plaisir. Datum ix Septem-
bris, anno xxxv.
L'Advoyer et Conseil de Berne.
(Suscription:) Aux saiges. pourvéables etcliscrects parroichiens
«le Sornetal et Sainct-Liênard , nous singuliers aniys el très-chiers
bourgeovs 4.
527
MÀRTiAisrus lttanius [jean Calvin] à C. Fabri ' , à Bole.
De Baie, 11 septembre (1535 a).
Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchàtel. Publiée en
partie dans les Calvini Opéra, édit. de Brunswick, t. V, p. xxxvi.
Rommajse. Avant son départ [de Neuchàtel], Olivétan m'a écrit qu'il remettait à un
autre temps la publication du Nouveau Testament ; je ne me suis donc pas occupé de
la révision que je lui avais promise. D'ailleurs, un cahier manquait au volume qu'on
m'a envoyé, à cet effet, il y a trois mois, et le travail du relieur n'est pas même ter-
Verrier, cappitaine pour allors de laz bende de Neufchâtel, » a été payé
pour ses services, et que Maysire Dcuys Lambert était « prédicant de la
dicte bende » (Mscrit orig. Bibl. des pasteurs de NeucMtel). Le Kegistre
du Conseil du dit jour nous apprend de plus, que Lambert fut « élu pré-
dicant » par le capitaine Wildermuth. \royez aussi la lettre du G décem-
bre 1536.
4 Au-dessous de l'adresse, le secrétaire bernois a écrit les mots sui-
vants : « Glaudius de Glantinis, Tavanes. » Ce dernier n'était plus pas-
tour à Tavanne (Voy. les N"08 493, n. 3; 500, renv. de n. 11). Il y avait
été remplacé en 1531 par Jacques Môsclûcr, ancien conventuel deBellelay,
qui desservit cette paroisse pendant près de quarante ans (Voy. Lohner.
op. cit. p. 096).
1 Nous ignorons si les relations de Jean Calvin avec Fabri s'étaient
formées en France, à l'époque de leurs études universitaires, ou en Suisse,
c'est-à-dire après l'arrivée de Calvin à Bah (Voy. les notes du X" 490),
et à l'occasion d'une visite qu'il aurait faite à Olivétan, pendant que ce-
lui-ci séjournait à Neiuhâtel. L'intérêt spécial que témoignait Calvin poul-
ies éidises neuchâteloises (Voy. le renv. de n. 14) nous semble autoriser
cette conjecture.
2 Voyez la note 13.
3i8 MARTIANUS LUCANIUS [JEAN CALVIN] A C. FABRI. A BOLE. 1535
miné. Mais je me propose de consacrer une heure par jour à cette révision, et de vous
confier mes notes jusqu'au retour d'Olioétan.
Quelqu'un m'avait dit que vous n'approuviez pas certaines choses dans mon livre
sur l'immortalité de l'âme. Cette critique, bien loin de me déplaire, m'a enchanté, i i
je n'entends pas dénier aux autres la liberté de jugement dont j'use moi-même. Sa-
chez que j'ai presque entièrement refait mon livre. Ce n'est plus le brouillon que j'a-
vais donné à lire à Olivétan, et qui se composait de notes dont l'ordre n'était pas ri-
goureusement fixé : -c'est un livre nouveau, que je vous aurais envoyé, si j'avais relu
la copie qu'en a faite Gaspard.
Je vous exhorte vivement, ainsi que les autres frères, a rechercher la paix, ce bien
d'autant plus désirable, que Satan fait tous ses efforts pour nous le ravir. J'ai été saisi
d'indignation en apprenant les nouveaux troubles suscités, à l'occasion des lépreux,
par un personnage que je n'aurais jamais soupçonné d'une pareille chose. L'hypocrite
s'est enfin démasqué avant de s'enfuir. Quant à vous, je m'assure que vous ferez votre
devoir.
Cum per literas quas sub suum abittim • ad nie scripsit, mihisig-
nificasset Olivetanus noster*, se edendi Novi Testamenti eonsilium
in aliud tempus rejecisse 5, — recognitionem qiiam eram pollicitw
videbar raihi alio tempore per ocium praestare posse ,;. Intérim aliis
:;-4 L'absence de tout détail sur le lieu qu'habitait précédemment Oli-
vétan, et sur le but de sou voyage, montre que les faits et gestes de ce-
lui-ci étaient fort bien connus de Fabri. l>ès lors il est naturel dépenser
que c'était la ville de Neuchâtél qulOlivétan avait quittée pour entre-
prendre le voyage en question (Voy. le n" 007, n. 20), et qu'il avait re-
pris le chemin des Vallées vaudoises, dans la compagnie de Sa/mier et des
frères de Farel (Voy. le N° 518, n. 3).
6 Dans une étude approfondie sur la Bible d'Olivétan, M, le profes-
seur Reuss a démontré (Revue de Strasbourg, nouv. série, t. IlI-lV),que
ce traducteur « avait rédigé son Nouveau Testament très à la hâte et y
avait mis bien peu du sien. Il sentait sans doute les imperfections de son
travail, ce qui lui avait inspiré le dessein de publier une version revue du
Nouveau Testament.
6 La traduction du Nouveau Testament parut de nouveau à Genève.
en 1536 et 1538, format petit in-8°. On y trouve plusieurs corrections heu-
reuses, mais nous ignorons s'il faut les attribuer à Calvin. L'édition
de 1538, dont un exemplaire nous a été communiqué par M. Henri
Bordier . paraît avoir été imprimée citez Jean Michel . typographe
qui demeurait « en la place Sainct-Pierre, devant la grand Eglise, >
comme nous le savons par un autre ouvrage sorti de ses presses. C'est
probablement à cette édition de 1538 que Fabri faisait allusion, dans sa
lettre à Calvin du 21 février 1540, où il s'exprime ainsi au sujet d'un
exemplaire du N. T. qui portait des notes manuscrites d'Olivétan: « De
exemplari Novi Testamenti . Joannes Grirardus et Antorrius Vellensïs
1535 HARTIANCS LUGANIUS [JEAN CALVIN] A G. FABRI, A BOLE. 349
studiis me dedi7, ejus cogitationis securus, vel potiùs, acquievi in
solitamea desidia; utcunque operi nondum manum adinovi. Et
sanè volumen quod mihi in collatione[ra] necessarium eril, tamelsi
ante très menses allalum fuit8, nondum lamen concinnatum est.
Quod non uoslro contemptu factum est. sed partim compactons
ipsius ignaviâ, quem lamen quotidie appellare non desivimus, par-
tim quod, cum allatuin est priraùm, deerat chartarum senio, qui
suffici non statim pqtuit. Postac verô aliquam è singulis diebus ho-
ram decidere mihi cur.œ eril, qua3 Uuic operœ impendatur. Ani-
madversiones etiam, si quas reposuero, apud alterum non depo-
nam quàm le, nisi Olivetanus ipse suo reditu8 anteverlerit.
Jam mihi à nescio quo sermo, tuo mandata, injectus ("itérai, in
lïbello nostro de animarum immortalitate 10 non satis tibi probari
quaedam. Ego verô lantum abest ut tuo judicio offensus merim, ut
hac ingenua simplicitate miré sim delectatus. Neque enim ea est.
mea morositas ut, quam mihi permit[t]ojudicii libertatem, ademp-
tam aliis vèlim. Ne tamen rein actam agendo te frustra torqueas,
librum ipsum pœnè ex integro scito à me relextuni. non multis
quidem aut additis aut expunctis, sed prorsùs inverso ordine, quan-
ilixerunt, pauca esse in eo prseter Jo.[annis] Michaëlis editionem, cujus
in-ototypum esse affirmant » (Mscrit orig. Bibl. Publ. de Genève).
7 Calvin entend sans doute par ces mots la révision de sa Psychopan-
nychia (Voy. N" 490) et l'achèvement de son Institution Chrétienne, dont
la dédicace, adressée à François I, est datée : « Basilepe, X Cal. Sept. >
c'est-à-dire, « le xxm d'aoust m.d.xxxv, » ainsi qu'on lit dans les deux
premières éditions françaises de cet ouvrage.
8 Ce détail, comme l'a fait observer M. P»enss (Eev. dé Théol. t. IV,
1866, p. 322), nous reporto à l'époque de la publication de la Bible d'O-
livétan, qui était sortie de dessous la presse le 4 juin 1535. Les historiens
qui datent la présente lettre de l'année 1534 sont forcés d'admettre que
le volume envoyé' à Calvin était le Nouveau Testament français publié à
Neuchâtel par « Pierre de Vingle, le 27 mars de la même année. Or
cette version est purement et simplement la reproduction de celle de Le
lù'nr (VÉtaplcs. Olivétan n'y était pour rien et ne pouvait par consé-
quent la présenter comme étant son propre travail, tandis qu'il a pu, en
juin 1535, détacher de sa Bible française le X. T.. traduit un peu à la
hâte, et le soumettre à la révision de Calvin.
9 Olivétan ne revint en Suisse qu'au mois de mai 1536 (Voyez les let-
tres du 29 avril et du 24 mai 1536).
l" Calvin vent parler de la Psychopannychia, son deuxième ouvrage
(Voy. N° 490), dont il avait remis le manuscrit à Olivétan (Voy renvoi
de n. il). Celui-ci l'avait communiqué à Fàbri.
350 MARTIANUS LUCàMUS [jKAN CALVIN] A C. FABRI. À BOLE. 153r>
quam pauca qutedani sustuli, alia addidi. mutavi etiam nonnulla.
Eu eirim commentatio quam Olivetano legendam dederam " cogi-
tationes meas continebat magis in adversaria congestas. quam cerlo
distinctoque ordine digestas, eliamsi forma quaedam esset ordinis.
Eum novum librum (sic enim appellare libet) ad le niisissem, si
relectus à me esset. Sed ex quo à Gaspare1* descriptus non inspexi.
Vale. Dominus te conserve! a[c] sui spiritus donis locupletet! Ba-
sil^ae, 3 eid. Septembr. (1535 13).
Martianus Lucamus luus.
Nescio quomodo inler scribendum exciderat quod minime prae-
terire statueram. Id autem est ut te, aliosque fratres, paiicis qui-
dem verbis, sed toto animo, ad seclandam pacem horter I4. In quam
retinendam nunc eo magis strennuè vobis omnibus adnitendum
est. quô magis sedulô ad eam subvertendam Sathan advigilat. Vix
persuaderi possis quanta animi indignitate audierim tumultum is-
tum novum de leprosis excitatum ab eo de quo nihil unquam taie
fuissem suspicatus 15. Sed tandem scilicet venenum quo diuturna
dissimulatione turgebat evomu.it ei infixo aculeo fugil ";. Tu verô
11 Les nouveaux éditeurs des Œuvres de Calvin pensent qu'il s'agit
ici de l'édition de la Psychopannychia publiée à Paris en 1534 (Voy. Cal-
vini Opp. Brunswick, t. V, Prolegomena, p. xxxvi). Comme nous avons
montré plus haut (N° 490, n. 11) que cette édition n'a jamais existé,
nous croyons que le travail communiqué par Calvin à Olivétan était sim-
plement le manuscrit de la Psychopannychia mentionné dans la lettre de
Capiton (N° 490).
12 Nous supposons que ce personnage était Gaspard Carmel iX" 48b,
n. 12), qui étudiait alors à Bâle, où il s'était fait inscrire au mois de mai
1535 dans le Registre de l'Université.
13 Voyez, pour la détermination de l'année, les notes 3-4, 5 et 8.
14 Nous n'avons pas de renseignements précis sur les divisions qui ré-
gnaient à cette époque dans le clergé neuchâtelois ; mais leur existence
est constatée par plusieurs passages des lettres adressées à Farci (N08 482,
renvoi de note 9: 487; 491, renv. de n. 2 et 6; 493, renv. de n. 4: 500.
renv. de n. 11 — 15).
15-16 Les lépreux étaient soumis à une séquestration rigoureuse qui les
exposait parfois à manquer non-seulement des choses les plus nécessaires
à la vie, mais encore de tout secours spirituel (Voy. la lettre du 18 avril
1536. — Samuel de Chambrier. Description de la Mairie de Neuclnitel,
1840. p. 29-31, 478. — Matile, op. cit. I, 93-99). Nous ne possédons au-
cun détail sur les troubles mentionnés par Calvin, et dont les lépreux
avaient été l'occasion; mais nous supposons que ce qui arriva en 1544 ^>
Neuchâtel s'était déjà produit en 1535, c'est-à-dire, qu'un pasteur, en
1535 LES ÉVANGÉLIQUES DE PAYERNE AU CONSEIL DE BERNE. 351
ne nie partibus luis desis. quod te tua sponte facturum confide-
bam: sed meas etiam preces intercedere volui.
( lnscript io : ) Oplimo fratri Christophoro Libertino Verbi Dei
ministre Boue 1T.
528
LES évaxgéliques de payerxe au Conseil de Berne.
De Payerne, 28 septembre 1535.
Manuscrit original. Archives de Berne. Publiée en partie dans le
Chroniqueur de L. Yulliemin. 1836. p. 169.
Sommaire. Les Évangéliques de Payerne prient MM. de Berne d'intercéder auprès du
due de Savoie en laveur d'Antoine Savmier, emprisonm à Fignerol avec o un sien
compagnon. »
Magnificques, très-puissans et excellente Seigneurs. Messieurs
l'Advoyer et Conseil de la ville de Berne, ad voz excellentes Sei-
gneuries tant que f'ayre povons nous recommandons.
Magnificques Seigneurs, nous sommes deubvement informez
que nostre bon frère Anthoine Sonier, allant visiter les frères tant
de la Provence une du Piedmont, est prisonnier détenu en la ville de
Pignerolle l. laquelle est à Monsieur le Duc de Savoye. Parquoy nous
distribuant la Ste Cène aux malheureux atteints de la lèpre, avait pro-
voqué la résistance d'un de ses collègues, et que celui-ci avait exploité
cette affaire, pour susciter de l'agitation parmi le peuple (Voyez les let-
tres de Farel du 23 février et du 21 avril 1544). Le nom du personnage
qui fomenta les troubles de 1535 nous est inconnu.
17 Puisque Fàbri résidait encore à Boîe en septembre 1535, il doit y
avoir une erreur dans le passage suivant des Annales de Boyve, t. II, p.
352, année 1535 : « Après la tenue du synode [du 25 mai] à Neuehâtel
[1. à la Nèuvevïllé], Fàbry quitta l'église de Ponthareuse. La ville de Bou-
dry s'étant entièrement réformée, il y établit pour pasteur en sa place un
certain nommé Thomas Barbarin, de Tubingen, et il continua son minis-
tère à NeucMtel. »
1 Nous ne savons pas si. après son évasion de Faverges et son retour
à Genève (N" 518, n. 24), Antoine Saunier s'était rendu à Baie (N° 523,
■ >ïr2 LES ÉVANGÉLIQUES DE PAYERNE AL CONSEIL DE BERNE. \o3S
nous vous prions et humblement requérons, qu'il vous plaise en-
voyer vers Monsieur, ad ce qu'il soit délivré avec ung sien compai-
gnon2 duquel ne sçavons le nom. et que tout son bien lu> soit
reiiy. de n. 2, 8), ou s'il avait repris immédiatement le chemin du Piémont.
Mais nous avons tout lieu de croire qu'il assista au Synode des Vaudois,
assemblé vers le milieu de septembre suivant, et qu'il fut pris à cette oc-
casion par le sieur Pantaléon Bersour, commissaire élu en 1534 par le duc
de Savoie, pour rechercher les hérétiques. Le Conseil de Genève écrivait,
en effet, le 20 septembre 1535, à ses ambassadeurs à Berne : « Nouv [1.
nos] prescheurs nous bout advertys comment il hont homme esprès de Pied-
mont, et advertissement que Maistre Antoënnc Saulnier est esté prys au
prest Pcncyrol par ung gentilhomme de Monsr de Savoye, lequel l'a par
certain temps, détenu en sa maison, puys... l'a mené à Pineyrol, là oùt ils
entendent que l'on procède contre luy » (Missives. Avch. de Genève. Voyez
la n. 10).
Or, ces détails concordent parfaitement avec le récit de Pierre Gilles
(op. cit. p. 36-42). Il nous apprend que le commissaire Bersour, après
avoir recueilli en Provence (juin-juillet 1535) les procès des Vaudois exa-
minés par le parlement d'Aix, dressa deux rôles de tous leurs frères de
Piémont suspects d'hérésie et des étrangers qui les avaient assistés, et
qu'il fut autorisé, par lettres patentes de Charles III du 28 août 1535, à
se saisir de leurs personnes. Puis l'historien ajoute : « Bersour alors se
fortifia d'environ 500 hommes choisis... et se jetta... sur les frontières
à'Angrongne, xcrsEocheplate, et y surprit quelques hommes qui y faisaient
la garde .. Il continua avec sa troupe de courir es lieux plus bas. . . où les
nommez en ses rooles se trouvoyent foibles... Il en print si grandnombre
qu'il en remplit son chasteau de Miradol, les prisons et Couvens de Pi-
nerol, et l'Inquisition de Thurin, où Benoit de Solariis, Vicaire de l'Inqui-
sition... leur faisoit leur procèz... »
- Saunier était arrivé au Synode avec deux compagnons. Nous devons
citer à ce propos un passage de P. Gilles que les historiens de la Ré-
forme nous semblent avoir mal interprété, en le rapportant au Synode
vaudois de 1532 :
« Jeanet Pëiret d'Angrongne, l'un des surpris par Bersour faisant la
garde [Voyez la tin de la note 1], déposa le 22 de Septembre (1535),
qu'ils faisoyent la garde pour les Ministres qui enseignent la bonne loy,
qui estoyent assemblez en la bourgade des Chanforans au milieu d'An-
grongne, et dit qu'entre les autres il y en avoit un qui s'appeloit M. Fa-
rel, qui avoit la barbe rouge, et unbeau cheval blanc, et deux autres en
sa compagnie, desquels l'un avoit un cheval quasi noir, et l'autre estoit
de grande stature, un peu boiteux. C'estoyent des Pasteurs qui conti-
uuoyent de venir des quartiers de Suisse... Un autre prisonnier confessa
que les Barbes avoyent tenu alors leur Synode, qui avoit duré six jours.»
Les deux derniers personnages mentionnés par Gilles étaient peut-être
Saunier et Olirêtan. Le troisième était sans doute Gaucliier ou Claude
Fard (Voyez les deux lettres écrites de Turin à la fin de juillet, X"- 518,
1535 LES ÉV ANGÉLIQUES DE PAYERNE AU CONSEIL l>K BERNE. 353
rendu, tant, de cesle prinse-cy, que de l'autre que fut laide à Fau-
oerge 3.
Messieurs, autresfoys lu\ avez donné lectres pour prescher par
vostre terre*; avec ce a espousé sa femme à Genefve et lia sa ré-
sidence 5. Pourtant, si c'est vostre bon plaisir, le pourrés demander
comme vostre subject, et tel se répute. C'est celuy, Messieurs, par
lequel Dieu premièrement nous a adnoncé sa voluntê \ par lequel
tant en France \ Provence, Piedmont s que par de ça, et mesmes en
voz terres et seigneuries ''. l'Évangile grandement a esté advancé.
C'est celuy lequel, de jour en jour, ainsi que Paul, non seulement
y 19), et non leur frère Guillaume, le Réformateur. Celui-ci n'aurait pu,
en effet, s'éloigner de Genève au moment où il s'agissait d'y organiser la
Réforme, adoptée le 10 août précédent. De plus, à l'époque où se ré-
unissait le Synode vaudois de 1535, Pierre Viret était à Berne, comme
nous l'apprend ce passage de la lettre de Bertholcl Haller à Bullinger,
datée du 10 septembre, même année : « Viretus, Gebennensium cum Fa-
rello ecclesiastes, nobiscum est, juvenis doctissimus, sed toxico adhuc vale-
tudinarius » (Mscr. orig. Arch. de Zurich). On ne peut, par conséquent,
admettre que les deux réformateurs de Genève aient en même temps
quitté leur poste, l'un pour se rendre à Berne, l'autre pour visiter les
Vallées vaudoises.
3 Voyez les Nos 518 et 519.
4 Ces lettres étaient sans doute conçues dans les mêmes termes que
celles qui furent données à Farci par le gouvernement bernois, le 20 octo-
bre 1529 (N° 271, n. 6).
T' Il ne paraît pas que Saunier ait résidé à Genève avant l'année 1535
(Voy. les N08 507, n. 10 et 11 ; 518, n. 3 et 11).
6 Saunier fut le premier pasteur évangélique domicilié à Payerne
(N° 384, renv. de n. 7, notes 13 et 14). Farel y avait tout au plus passé
quelques jours en 1531 (Voy. le N"344).
7 Par ce mot il faut entendre la province nommée Vile de France, et
spécialement Paris, où Saunier avait été emprisonné, probablement pour
avoir prêché les idées nouvelles. On lit en effet dans les Registres du par-
lement de Paris que l'ordre fut donné, le 28 février 1529 (1530, nouveau
style), d'arrêter Anthoine Sonnier, accusé d'hérésie et de suivre les erreurs
de Luther. On décida plus tard, qu'il serait conduit à l'église « pour soi
confesser et recevoir son créateur » (Vol. coté X 1533, f. 130 b. et 191 a.
Communication de notre ami M. Henri Bordier). Voyez aussi la lettre des
Bernois du 30 avril 1531 au contrôleur général Lambert Maigret, ambas-
sadeur de France auprès des Suisses iX" 336).
8 On ne possède pas de renseignements sur la mission de Saunier dans
ces ileux pays.
9 De ces paroles il faut inférer, que Saunier avait prêché l'Évangile
dans le pays (V Aigle ou dans les bailliages mixtes d'Or&eetde Grandsan.
Les autres documents contemporains ne nous apprennent rien sur ce sujet.
t. m. 23
354 LE CONSEIL DE BERNE AU DUC DE SAVOIE. 1535
ses biens, mais aussy sa vie expose pour la gloire de Dieu. Pour
ce, Messieurs, pour Phonneur de Dieu, ayez -y regard 10. Priant
Dieu vous tenir tousjours en sa saincte garde. De Payerne. ce 28
Septembre 1535 ".
Les vostres humbles serviteurs et féaulx alliez.
les Frères de Payerne tenant le party de l'Évangile.
( Suscription : ) Aux magnificques. très-puissans et excellentz
Seigneurs. Messieurs l'Advoyer et Conseil de la Ville de Berne,
noz trés-honoréz Seigneurs.
529
LE CONSEIL DE BEKNE au Due de Savoie.
De Berne, 30 septembre 1535.
Inédile. Minute originale. Archives de Berne.
Sommaire. MM. de Berne prient le duc de Savoie de faire mettre en liberté Antoine
Saunier et son compagnon, emprisonnés à Pignerol, et ils l'avertissent que, si leur
requête est repoussée, ils useront de « pareille rigueur contre ses sujets. »
Illustrissime Seigneur! Nous summes véritablement advertis
comme, ces jours passés, maistre Anthoine Soûnier, nostre îrès-
10 Les magistrats de Genève écrivaient aussi, le 26 septembre, à leurs
ambassadeurs à Berne : « [Nous] sûmes de advys que doibgés proposer le
cas devant Mess1'8, et dire qu'il [Saunier] s'est nommé pour prescheur, tant
de leurs pays que de Genève, là oùt il ba prescbé, et qu'il [est] besoins
que par bonne diligence l'on il haye de l'advys, car vous sçavés comment
le pays de là porte de faire. maxi[mé]ment à ceulx de Genève. »
11 Jean de Tournay, pasteur à Payerne, se rendit à Berne avec le por-
teur de la présente lettre. C'est ce que nous apprend la lettre de Porràl
du 30 septembre au Conseil de Genève, où l'on trouve le passage sui-
vant : « J'ay receu voz lettres [du 26]... ce mesme jour au soir, toucbant
la prise de Me Anthoine Saulnier. Maistre Jehan de Tournay a esté icy
pour cela, et ung homme avec lettres de MM. de Payerne; pour quoy
n'ha esté mestier que soye allé devant Messvs pour cela, combien que paye
1535 LE CONSEIL l>K BERNE AU DUC DÉ SAVOIE. 355
aimé serviteur et tant comme nostre soubgecl (car lell le repli-
ions), soit estes prins en vostre pays de Piedmont et mené pri-
sonnier à Pignerolle. et illecq délenuz et avecq luj son compaignion,
— et ce à cause qu'ilz est ministre de la Parolle de Dieuz. Dont ilz
est interrogué par l'inquisiteur \ sur quoy a faicl responses, comme
entendons, raisonables et honestés.
Par ainsy, illustrissime Seigneur, vous prions et supplions très-
affectueusement icellUA et son compaignion. pour l'amour de nous,
mettre en liberté, et leur faire rendre leurs I tiens : en ce nous ferés
singulier plaisir. Car sy cella ne deust avoir lieuz. ains que tous-
jours ceulx que sont nous serviteurs, soubgectz et bons amys deus-
senl souffrir persécution, et estre ainsy molestés, mis en prison et
oultraigés en vous pays par lesvostres ou aultresgens2, — n'y sçau-
rient faire aultre ciiose sinon d'aviser et pourvoir de remède, et
d'user de pareille rigeureusité contre lesvostres3. Et, affin que sçai-
cbons comme en ce nous debvons cy-après conduisre, desirrons
vostre response par présent pourteur4. Datum ultima Septembris,
anno xxxv.
L'Advoyer et Conseil de Berne.
monstre voz lettres à Monsr le Secrétaire, devant que aller en Consceil»
(Mscr. orig. Arch. de Genève). Portai avait reçu la lettre sus-raentionnée
de ses supérieurs par un écolier provençal, député des Vaudois (Voy. le
N° 529, note 4).
1 Benoit de Solariis, vicaire de L'Inquisition (Voy. N°. 528, fin delà
n. 2).
- Allusion aux Peneysam, qui avaient poursuivi les frères de Farel et
leurs compagnons de voyage jusque sur les terres du duc de Savoie (Voy.
les Nos 518, 519).
3 Les Bernois écrivaient déjà au Duc, le 12 juin, à propos des vio-
lences des Peneysaus : Nous vous prions « d'y mettre ordre et remède...
Car de longuement endurrer cella ne nous est bonnement possible » (Mi-
nute originale. Archives de Berne).
4 On lit dans la lettre de Porral du 18 octobre 1535 adressée au Con-
seil de Genève : « Le Duc [de Savoie] a respondu à Messrs [de Berne] que
M. Antlioine Saulnier estoit es mains du commissaire de nostre Sainct-
Père, et qu'il n'y pouvoit riens. L'escollierprovinceat qui allast avec Phay-
rauld [c'est-à-dire le héraut, porteur de la lettre du 30 septembre adres-
sée au Duel, pst a-Ué à Pigneyrol vers le dict Me Anthoine. auquel Nostre
Seigneur soit en ayde et à tous aultres prisonniers tutelles ! » (Mscr. orig.
Arch. de Genève.) Porral écrivait encore à ses supérieurs le 20 octobre :
« Le gentilhomme [de Piémont arrivé à Berne le 27] s'en retourne en
poste. L'on luy a baillé une lettre en faveur de maistre Anthoine Saulnier. »
356 [GUILLAUME FAREL A GUILLAUME DU BELLAY . 1335
530
[Guillaume faeel à Guillaume du Bellay '].
(De Genève, vers la tin île septembre 1535 -).
Inédite. Autographe. Bibl. des pasteurs de Neuchàlel.
Sommaire. Je vous illicite île votre zèle à demander que les faux-prophètes entrent en
lice avec les serviteurs de Dieu. Vous ne craignez pas pour ceux-ci une défaite, mal-
gré la haine et les persécutions auxquelles ils sont exposés, malgré la puissance et la
renommée de leurs adversaires. Vous témoignez ainsi de votre confiance aux promesses
de Christ, puisque rien ne vous détourne ■ entreprise.
Je l'ai favorisée de toutes mes forces en faisant sollii itei les frères d'AUenh
d'accueillir l'appel du lioi, leur conférence avec les docteurs [de Pari*] ne pouvant
être suivie que des plus heureux résultats. Ici même, j'ai dit aux ambassadeurs
de France : « Je descendrai dans l'arène, s'il le faut, malgré ma faiblesse, prôl
mourir, si je suis vaincu ; vainqueur, je ne demanderai qu'une chose : le rétablisse-
ment du vrai culte divin. Je ne souhaite que le bonheur du Roi, et j'exhorte toujours
nu s auditeurs à prier pour lui. » Et cependant l'on m'accuse de contrarier se< projets
d'être un adversaire de la Conférence, un destructeur de la foi chrétienne ' On n'a pas
mieux interprété les démarches que j'ai fait faire auprès du Roi, afin qu'il réprimât
l'audace des persécuteurs. L'un île nos frères, touche du triste sort des chu tien
vécûtes en Provence, a visite les Protestants d'Allemagne, pour réclamer leur interces-
sion. Je vous envoie le mémoire qu'il leur a présente et la requête que ceux-ci :
sent au Roi. Vous pourrez vous assurer que ces pièces ne contiennent rien de contraire
à la piété et aux intérêts du Royaume. Plût à Dieu que les persécuteurs des fidèles
fussent aussi dévoués au Roi que nous le sommes, nous qui voudrions, au prix de tons
les sacrifices, obtenir pour ce prince et pour son peuple les grâces divines les plus
précieuses !
L'article relatif à la Sainte Cène exprime, selon moi, la doctrine évangélique d a
toute sa pureté. Une préoccupation d'esprit était le seul obstacle i la concorde entre
des sens qui avaient au fond les mêmes sentiments. Dieu veuille que cette concorde
soi! durable et que tous comprennent la Sainte Cène de la même manière que les Apô-
tres l'ont comprise ! FJle a été instituée pour ceux-là seulement qui croient en Christ,
1 Voyez les notes 3, 4, 17. et le renvoi de note 23.
2 L'année est. fixée par les événements contemporains mentionnés dans
les notes 6. 9, 14, 16, 17.
153r> [GUILLAUME FAREL A GUILLAUME DU BELLAY]. 357
et comme ils ne loiment qu'un seul corps, voua vous efforcerez certainement à
•: les lirelis du Seigneiu :i la gueule des luii]>.~
S. Gratiam ei pacem a Deo paire nostro per Doniinuin Je-
suin. unicam omnium salulem! Congratulor tibi mentem istam,
qua studes quod Délias ille peliit. ut s;icerdoles congregentur tara
Baalis quàm excelsorum. cum servo Dei deceitaturi 3 : quod uti-
nain fiai, convocato ïsraële, omnibus qui censentur esse populus
Dei! Plané déclaras te fidem habere Christi verbis, cum metus non
te abvocet à tam sancto i>ropo*ito. ne sdlicet ingens turba rai favet
cœcutiens ac dementata plebs, pro Numine monstra colens ac fovens
multo el laboré et sudore. ne tam docti. hominum estimatione,pau-
cos vincant pressos multâ tnvidiâ, ut rejectamentd mundi habitos.
</uos detestatiir, odit pessimë ac crudeliter persequitur et insectatur
orbis, ac pro cœcutientibus et toto errantibus cœloliabet4. Satis com-
pertum lûmes, bellum Christianum non confici iis quœ magna re-
pulal mundus, ^ed viilute Dei per slulta mundi confundenlis sa-
pientia. Nam quod recepit. praestal : os nimirum et sapientiam cui
omnes adversarii non possunl resisiere. Faxil Ghristus te voti com-
] totem !
Nos pro l'irili sluduimus fratres'3 impellere, ut modis omnibus
3 En rappelant ce défi adressé par le prophète Élie aux prêtres de
Baal (I Rois, XVIII, 17-40), Farel l'ait allusion à la conférence projetée
entre les théologiens allemands et les Sorbonistes. François I en avait
eu peut-être la première idée , mais c'était Guillaume du Bellay, sei-
gneur de Langey, qui, par ses démarches en Allemagne, avait préparé
les voies à l'exécution de ce dessein. Il était le directeur des négociations,
tandis que Barnabas deVoré, Ulric Chelius et Jean Sturm jouaient les rôles
secondaires.
4 Farel était convaincu que son correspondant, appuyé sur les pro-
messes du Christ (Luc, XXI, 14-15), ne doutait pas du triomphe des
théologiens évangéliques, malgré leur petit nomhre et la puissance des
Sorbonistes, leurs adversaires. Ce jugement de Farel sur Guillaume du
Bellay peut sembler trop favorable (Yoy. Nos468, n. 1 : 531, n. 23) , mais il est
confirmé par ces paroles de Sturm adressées à Buccr : « Si Langœus isthuc
veniat, obsecro, habe eum in numéro eorum qui quidvis pati volunt pro
Christo. Concitavit plurimorum odia adversùs se, propter liane causam.
et nisi Regcm haberet. parum ei tutum esset versari in Gallkt » (Voyez la
lettre du 18 novembre 1535).
5 C'est-à-dire, les théologiens de la Suisse allemande et de l'Allema-
gne. Il ne reste aucune autre trace des démarches faites auprès d'eux par
Farel, afin de les exhorter à répondre aux avances de Guill. du Bellay.
358 [GUILLAUME FAREL A GUILLAUME DU BELLAY . 1535
contendant, ut vocati à Rege (ita enim audieramus çum nmlto gau-
dio, Regem à Domino tactum, ut vocarit. è Germania aliquot cum
theologis collaturos 6) non tantùm non respuerent quod offertur.
vwùm trftro ambirent, quandoquidem fructus quàm copiosissimus
sequeretur 1 . Si unusquisque tenetur pro proximo vilain et omnia
iinpendere, multô magis pro salute tam multorum, quai sequetur
milita, Rege plenè in Ghristo edocto8. Quod mini tam est in votis,
ut nihil magis. Si rera loqui volunt qui hue e Galliis réitère legati '.
quibuscum verbafeci, audierunt me sœpius dicentem: « Etsi nullius
plané sum literatitrœ, ut pote à praeceptoribus, praacipuè in lin-
6 Ce passage se rapporte évidemment à l'invitation de se rendre à
Paris que François I Ht adresser en 1535 à plusieurs théologiens alle-
mands. Voyez les lettres du 6 et 10 mars et du 23 juin (Noa 498, 499.
512). et le N° 531, note 23.
7 On voit que Fard partageait complètement les espérances que Jean
Sturm et les théologiens de Strasbourg fondaient sur la conférence pro-
jetée. En cela il se séparait de presque tous ses amis de la Suisse alle-
mande, et particulièrement de HaUer, qui écrivait à Bullvnger le 5 juillet
1535 : « Àlecum sentis de consilio Melanthonis et Bueeri ad Regem Gal-
lorum... Tihi ego suhscripseram, Chelio sic volonté [Voy. N° 468, n. 4],
sed certè sine periculo, quandoquidem nihil consulis, nisi quod spiritus
Dei jamdudum in Scripturis jubet et admittit (Viser, orig. Arch. de
Zurich). Voyez le N° 525, note 8.
8 Voyez le N° 515, renvoi de note 21.
9 Ces personnages étaient sans doute M. de Vereij et le baron de Flac-
cieu, tous deux Savoisiens, mais officiers du roi de France. « Huict jours
après que les messes et ymages furent abbatues, » c'est-à-dire le 15 août
1535, ils arrivèrent à Genève pour « parlementer » avec le réfugié fran-
çais Mai gret-le- Magnifique » (Voy. Froment, op. cit. p. 188), et comme
celui-ci était l'ami de Farel, on comprend facilement que le Réformateur
lut avoir plus d'une occasion de s'entretenir avec les ambassadeurs sus-
mentionnés, pendant leur séjour à Genève.
Le récit de Froment est confirmé par les passages suivants de la lettre
des magistrats genevois du 28 décembre 1535 à leur député Ami Porral :
Après les journées que Ton remys nostre affaire à Dieu, passa en ceste
ville M. de Verey. Sil fust luy quil emmena Karoli. A ce voyage, il de-
visa avecque Laurent Mesgret, qui dès long temps est icy pour oyr le ser-
mon de PÉvangille, et de lui entend; nouz afflictions. De pityé, et par
crestienne charité esmeu, [il] luy dict que, sil nous volions ayde, de sa part
il taicheroit la nous faire. Ung peult après le dict Mesgret nous eu parla. >
On lit aussi dans la minute d'une lettre du Conseil adressée à François I
et datée du 23 décembre 1535 : « Sire! De quatre mois en ça passa en
ceste ville le seigneur de Verey, qui de son mouvement proposa à L. Mei-
gret qu'il desiroit nous ayder, etc. > (Missives. Arch. de Genève).
looo Gl ILLAÏ Ml. FAREL A GUILLAUME DL" BELLAY . 359
-iia laiina, ineptissimis institutus 10, ut de tantillo ingenio ta-
ceam. nullusque habeor inter tlieologos, — tamen solus, si Régi ri-
■ sum fuerit, cum doctissimis omnibus theologis lubens in harenam
descendant. Si vincar, mori non recuso; si vincam, aliud non
quaero, quàm ut iratum Deum, pura lide in Christian, patrem e\-
periamur propitium, vilà immutatâ, relicta superstitione, puro
« cultu excepto. Christus plené novit quàm ex animo Régi ne regno
benè velim, ut nullam concionem habeam, in qua precationem non
petam pro Rege fieri. <
Interea audio spargi de me, quôd tanto Régi homuncio coner in-
cammodare, ne négocia regia impedire, prœcipuè tam sanctum insti-
£ti.ftu»n.Non rairor ita loqui tam apertè in veritalem, quando video
mini palàm objici, quôd cultum Dei ac fidem Christi destruere con-
tendam, ubi totus sum ut pure colatur Deus, spirilu sanè ac veri-
tate, tota in Ghristum collocetur fiducia, prout Christus ipse docuit.
Si in gratiam fratrum et afflictorum, ({nos novi pion rogavi ut Re-
gem ■nuire obsecrarent ne pietatis hostibus, qui cum adores siht
-uni etjudices, tantum sinerent [1. sinerei] in pios, quihostes non
habent iniquiores, quàm eos coram quibus causam dicunt; rem om-
nem ita attemperaret, ne quid in Deum fieret, unrfe ira D<i inflam-
maretur, — Deus novit me aliud non quœsivisse quàm ut Rex quàm
optimê secundùm voluntatem Dei ageret omnia, et fratribus consu-
leretur12. Frater13, qui cum lachrymis audiebat quant miserè in
Provincia divexarentur pii 14, cum aliud non posset, post sanctas
preces ac pias literas ad afllictos, ut patienter ferrent omnia, alieni
ab omni alïectu vindictae, precarentur pro hostibus, gladio et po-
testati essent morigeri. tantùm Chrislum et Evangelium non ne-
10 Farel dit, en parlant de ses premières études, que « le plus savant
qui avoit la charge de l'escole, estoit aussi habile comme Reiolis » (Voyez
l'ouvrage de Farel intitulé : Du vray usage de la croix de Jésus-Christ...
1560, p. 237).
11 C'est-à-dire, la conférence projetée entre les théologiens protestants
et les docteurs catholiques.
12 II n'existe pas d'autre renseignement contemporain sur les démar-
ches faites par Farel auprès de quelques nobles français, atin d'alléger le
soi't des Évangéliques persécutés.
13 Était-ce l'un des frères du Réformateur, ou bien un pasteur de la
Suisse romande, Pierre Viret, par exemple, qui était à Berne le 10 sep-
tembre 1535 (Toy. le N° 528, n. 2)V
14 Voyez la lettre de Farel et de Viret du 4 août 1535 (N° 521), où
est racontée la persécution qui -existait contre les Vaudoisde la Provence.
360 [GUILLAUME FAR EL A GUILLAUME DE BELLAY]. 1535
garent, Germanos fratres invisit15, si quà posset miseris commode
adesse. Quœ proposuerit ad te mitlo.Quîd à Germants petierit, libel-
lum supplicem Régi (ut convenerant) per Germanos porrigendum
unà videre potes si aliquid sit quod non sit piuni l6, et si conten-
datur in re aliqua ul Régi vel regno aliquid detrimenti contingat 1T.
Utinam qui aliud non cupiunt quàm opes congerere, quique. ul
damnatorum substantias occupent, inique pios deferunt18, praeter
mortes et ignés aliud non habentes in ore. tam faverent commodis
regiis, tam ex animo Régi ac regno benè velleni. quàm nos. qui
dispendio omnium cuperemus id quod est optimum Regem possi-
dere, ac Deum pro Galiis, Rege ac regno stare! Quo proteclore.
nullus hostis neque domi neque (bris quicquam posset. verùm sa-
pientia Dei Regem agens verè regem ac regnare faceret 1'1 : nain
15 II ne faut pas confondre ce personnage avec celui qui avait été chargé
de remettre à Bucer et à Capiton la lettre écrite le 4 août par Farel et
Viret (N° 523, renvois de note 2 et S).
16 Des deux pièces mentionnées ici, et que Farel envoyait à Guill. du
Bellay, nous n'en possédons qu'une, savoir : la lettre du 4 août 1535.
Quant à la seconde pièce, c'est-à-dire la supplique des Allemands au Roi.
elle n'est pas parvenue à notre connaissance. Farel ne put la recevoir
qu'après le milieu de septembre 1535, les démarches faites par Capiton
et Bucer dès le 23 août (N° 523, renv. de n. 3-6) exigeant., pour aboutir,
au moins trois ou quatre semaines. C'est surtout cette considération qui
doit fixer la date de la présente épître.
17 On voit bien par ce nouveau trait de l'apologie de Farel, qu'il s'a-
dressait à un homme influent, qui pouvait le disculper auprès du Eoi. Nul
n'était mieux en position de lui rendre ces bons offices, que Guillaume du
Bellay. Cela nous parait d'autant plus probable, que les frères de Farel
lui écrivaient le 22 et le 24 juillet : « Si entendez que Monsieur de Langey
soit à Strasbourg, lui pourrez écrire de notre affaire. » Or, nous savons
que cet ambassadeur du Roi était réellement attendu à Strasbourg vers
la fin de septembre 1535. On lit, en effet, les passages suivants dans la
lettre de Bidlinger à Vadian du 16 octobre, même année : « Expectatur
Argentorati D. a Lange, eloquens ille et versutus Galli legatus, cum quo
priore anno colloquebaris Sangalli. Capito , ultimâ Septembris, « Agitur
de consilio, » scribit. « Gallus artibus subvert ère aliorum consilia tentât.
Ambit quosdam. Honesta legatio expectatur. Mira molitur : Pontificem,
opinor, Bomanum contra Ccesarcm nobis Germanis qui renatam Cliristi
doctrinam amplectimur, conjungere. » Hœc Capito. Sed facile judicas, mi
Vadiane, quid mali sub hoc lateat praetextu » (Mscrit orig. Bibl. de la
ville de St.-Gall).
18 Allusion aux délateurs et quadntplateurs stigmatisés par Jean Sturm
(Lettre du 6 mars 1535. N° 498, renv. de n. 6).
19 Cette pensée est déjà exprimée dans une dédicace de François Lam-
1535 [GUILLAUME FAREL A GUILLAUME DU BELLAY]. 36!
ubi sapientia cœlestis non régit omnia. non potest non turbulen-
tum et miserum esse regniun. Qui Solomoni sapientiam dédit, qua
regnavit splendore, magnificentia, pace et aequitate supra caBteros,
Is Régi hanc largiatur cum pielate Davidis, aequitate Josaphat.
sancto aiïectu Ezechiae ac pectore Josiae, sic ut pietate nulli cédai,
sed sit. posteris verum pietalis et asquitatis exemplum, pure ac
sanctè vivens cum populo sibi credito!
Articulas de Cœna placet20. nec aliter sensiit nul docuit syncerus
Verbi adnunciator. (Jais sanœ mentis unquam negavit Christum
prœsentem esse, dum Cœna peragitur à piis? Quum nusquam con-
veniant in nomine Jesu credenles, quin médius sit Christus, ad
quem perPatrem traliimur, fide conversationem in cœlis habentes,
— ubi Christum credimus et quaerimus dexlrum assidentem Palri.
carne saginamur ac lautissimo potu sanguinis Christi ; mens laeta
gestit, dum firma fide Verbum Domini audit, et crédit Christum
in mortem pro nobis tradition, ac in memoriam revocat tam
immensum benelicium. Christi Cœna m celebrando . non ignari
qua ratione quod auditur. oreque hominis profertur, verbum
Domini dicalur, ac libellus corruptioni obnoxius Sancta Serip-
tura : sed affectas j'ecit. ut qui idem sentiebant se non intellige-
rent21 : altero22 plus satis visibilibus quœpereunt, per œstum mentis
tribuenle.
Semper noxiee fuerunl verborum pugnae, dum syllabas ac voces
non secùs quàm praestigiatores observamus, et non mentem ac
bert, adressée au roi de France (t. I. p. 258, troisième paragraphe). Voy.
aussi le N° 146.
20 II s'agissait peut-être d'une Confession de Foi des Vaudois qui ac-
compagnait leur requête (Voy. le renv. de n. 10). Le texte de cette Con-
fession de 1535 n'a pas été conservé; mais nous possédons celle de 1541.
reproduite par Bèze (Hist. ecclés. I, 39-41), et dans laquelle l'article re-
latif à la Sainte Cène est rédigé en ces termes : « Nous avons les Sacre-
meus en honneur, et croions qu'ils sont tesmoignages et signes, par les-
quels la grâce de Dieu est confermée et asseurée en nos consciences... La
Cène du Seigneur Jésus est le signe sous lequel la vraie communion du
corps et du sang de Jésus-Christ nous est baillée. » Ce même article est
un peu plus développé dans une autre Confession des Vaudois qui porte
la date de 1543, et qu'a publiée le Journal intitulé <- Zeitschrift fur die
historische Théologie (Année 1852, p. 250-258).
21 Allusion aux Luthériens et aux Ziringiicns. qui, après une polémique
de dix ans, commençaient enfin à être d'accord.
22 Allusion à Luther.
362 JEAN STURM A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 1535
sensum Domini, qui faxit ut lirma sit cum omnibus concordia,
nec aliam Cœnam pii reeipianl, aut aliam in pane Ghristi aut pras-
sentiam, aut existentiam, quàm dum ab Apostolis sumeretur por-
rigente Christo! Cessentque omnia quœ invertunt et obscurant
tam rectam et claram inslitutionem, qua? impiis. nihil minus quàm
Christi Cœna ; nihil minus babent quàm Christum, tantùm babent
et sumunt judicium pro spiritu vivificante, sanctaque manducatione
■ amis Ghristi; qiue, ut fide tantùm sit, sic solis contingit creden-
tibus, qui unum corpus sunt. Proinde, neminem hujus cœnœ parti-
cipem contemnere, vel aine officio prœterire, debent qui Christ' sunt.
Ideo, Ghristi oviculas luporum faucibus expositas,)ux[a gratiam tibi
à Domino datam, dabis operam nec [l. né] sic diripiantur ac de-
coreittm-'.
Christus te suo agat spiritu. tara insigni te donans fide, ut mé-
rité cum centurionis commendetur, quôd tanta ne in Israël qu'i-
dem sit inventa !
531
JEAN STURM à Martin Bucer, à Strasbourg.
De Paris, 18 novembre 1535.
Autographe. Archives du séminaire protestant de Strasbourg.
A.-G. Slrobel. Hist. du gymnase prdt. île Strasbourg, 1838, p. 114.
Sommaire. Nouvelles de laeour, qui est à Dijon. L< Roi a très-bien accueilli les let-
tres dt Mélanchlhon et de Bucer, dans lesquelles ils expliquaient les raisons qui les
empêchent de venir à Paris, et il a décidé que M. de Lanaey se rendrait à la Diète
des Protestants. Jamais la cause de l'Évangile n'a été dans v,ie situation aussi favo-
rable. Siurin supplie Bucer de concourir à l'union religieuse que le Roi cherche à
réaliser, et en vue de laquelle il fera aux Protestants allemands les propositions les
plus équitables, par l'organe de M. de Langey. On dit que l'évêque d'Avr anches a
23 Nouvel indice que le personnage à qui Farel t'ait cette recomman-
dation jouissait d'un grand crédit auprès du Eoi (Voy. la note 17).
1535 JEAN SITUAI A MARTIN BUGEB, A STRASBOURG. 363
composé une aux Articles à\ M ton, et que les Protestants d'Alle-
M ■ comme siège du futur Concile.
Sturm que M. à\ Langey est résolu a tout souffrir pour la cai
Salve, vir sanctissime. Literas (uns ', ubi mihi redditae erant, con-
tinuel ad Langœum misi, qui lune cum Rege erai Divione2, quod
opidulum est caput Burgundiœ. Claudius Badueïlus5, quem Philip-
pus Mel.[anchthon] novit, ei hac de causa est profectus, et, ni audio,
mortuus in itinere 4. Sed tanien accepi unas literas ab eo et a Lan-
<iœo, quibus mihi significabant, epistolœ tuœ sententiam'3 vehementer
placuisse Régi*. Et cum eodem die vénal um profecturus esset, ta-
nien distulit, ni, de hac re consultaret. Itaque constitutum est, ut
Langœus legatus mittatur ad eum locum ubi conventus esl futurus 7.
1 Cette lettre de Bucer à Jean Sturm fut écrite vers le milieu du mois
•le septembre.
'-' Pendant la seconde moitié de septembre et une partie du mois d'oc-
tobre 1535, François I séjourna d'abord à Fontaine-Française, puis à Is-
>nr-7ïïïe, bourgs situés à quelques lieues au nord de Dijon. Il se trouvait
dans cette ville le 14 novembre.
3 Le texte de Strobel porte par erreur Bodvellus au lieu de Badueïlus
(Voy. Nos 172. n. 1-2; 476, n. -1). Claude Baduel était au mois d'août pré-
cédent à Paris, où il avait fait une visite à Guillaume Budé, comme nous
l'apprend la note suivante du célèbre helléniste : « Claudius Badueïlus
Nemausensis, contubernalis Strwnii [1. Stitrmii], ostendit mihi epistolam
Philippi Melanch.[thonis] mense Aug. 1535 » (Communication de M. Eu-
gène de Budé).
4 La nouvelle était fausse.
5 Bucer exposait sans doute dans cette lettre les raisons qui le dissua-
daient de se rendre à Paris (Voyez le renv. de n. 10).
François 1 dut être au fond très-satisfait de ce que ni Bucer, niMé-
lanchthon ne pouvaient venir en France. D'un côté, le Koi se voyait ainsi
délivré des embarras qu'auraient pu lui susciter les docteurs de la Sor-
bonne, très-hostiles, comme nous le savons, à la conférence projetée (Voy.
le X" 525, notes 2, 12), et, de l'autre, il pouvait continuera se prévaloir
de ses intentions conciliantes auprès des Protestants allemands, pour les
rendre favorables à ses desseins politiques.
7 C'est-à-dire, à la diète de Smalkalden, qui se tint au mois de dé-
cembre suivant , et dans laquelle le seigneur de Langey lit connaître
aux Protestants allemands les idées de François I sur la Réforme. Il
parla de nouveau d'une conférence entre leurs principaux théologiens
et quelques docteurs de Paris. Puis il leur proposa, mais inutilement, de
conclure une alliance avec son maître, ce qui était le but essentiel de son
ambassade. (Voyez le N° 198, note 1 l. — Sleidan. op. cit. Basile», 1556,
1>. 106-109. — Le Mémoire de M. Charles Schmidt intitulé < Die (nions-
364 JEAN STURM A MARTIN BUCER, A STRASBOURG. 1535
Sed iioc ad me scripsit Langœus jam undecimo die Octobris, el
adliuc esse apud ftegem dicitur s. Ego, si id verum est, suspicor
morbum Régis in causa esse, qui post illud tempus cœpit laborare
gravissimè et adliuc ex ea valetudineest imbecillus. Paulo ante tuas
literas Philippi epistola 9 Régi reddita est. Eam Langœus gallicàm
t'ecit. Rex vehementissimè approbavit vestram excumtionem l0.
Nunquam in meliori loco fuit res Evangelii quàm sit hoc tempore
in Gallia, si modo nos liac occasione uti possimus. Veniunl frequen-
tissimè novae legationes ex Anglia. Per hosce dies etiam Episcopus
Wintoniensis11 legatus ad Regem venit magno salellitio. Ego e\
cerlo homine audivi, agi de matrimonio Ducis Engolismmsis 12, qui
minimus est inter filios Régis, et liliam [1. filial'] Annœ Reginœ 1S. Hsec
affinitas ea lege solùm coibit, ut Rex Galliœ etiam suscipiat defen-
sionem Evangelii, et jam dicitur assensisse, et deliberari ut id fiai
sine aliquo tumultu14. CardinaJis Lotaringus15 in liis omnibus
Versuche Franz des I. zwischen katolischer und protestantischer Kirche. ■
Zeitschrift fur die historische Théologie, 1850, p. 65-69.)
8 Le 1G juillet précédent, Guillaume du Bellay annonçait à Mélanch-
thon son arrivée prochaine en Allemagne (N° 51S, n. 31). Mais ce voyage
fut différé, sur la nouvelle que les théologiens allemands ne viendraient
pas à Paris.
'•' C'était la lettre' de Mélanchthon à François I datée du 28 août (Voy.
N° 525, n. 12).
10 Voyez la note 6.
11 Etienne Gardiner, évéque de Winchester, ennemi prononcé de la Ré-
forme. Il avait déjà représenté Henri VIII, lors de l'entrevue de Clé-
ment VII et de François I à Marseille (octobre 1533).
12 Charles, duc d'Angouléme, troisième fils de François I et ancien
élève de Le Fèvre d'Étaples. Il était né le 22 janvier 1522, et ses par-
rains, les députés des Cantons suisses, lui avaient donné le nom à'Abdcnago.
qu'il ne conserva pas longtemps, mais sous lequel il était connu en Alle-
magne et en Suisse (Voy. le N° 260. n. 6-8, et Jeanne de Jussie, op. cit.
p. 73).^
13 Elisabeth, fille de la reine Anne de Boleyn. était née le 7 septembre
looo.
14 Ce bruit ne devait pas être fondé. Le roi Henri VIII avait, il est
vrai, définitivement rompu avec le Pape, en se proclamant chef suprême
de l'Église d'Angleterre (9 juin 1534). et il venait d'ordonner (septem-
bre 1535) une inspection sévère de tous les couvents de son royaume:
mais il n'en était pas moins très-hostile encore à la doctrine évangélique
(Voy. Burnet. Hist. de la Piéformation de l'Église d'Angleterre, trad. par
de Rosemond. Londres, 1683-85, P. I, p. 232-239, 247-251. — Merle
d'Aubigné, op. cit. V, 30, 106).
18 Jean de Lorraine, fils de René II, duc de Lorraine. Né en 1498, créé
153") JEAN STURM A MARTLN BUCER, A STRASBOURG. ;î<>->
Regem sequitur. Regina Navarrœ eliam apud Regem est, et iu hoc
raprbo nunquam dicitur ab ejus leclo diseessisse. Magnus Magister,
inaximus et potenlissimus adversarius, non adest1B. Admiralius11
adest, qui unicè nobis favet. Certain est, hœc divinitùs convenire et
insperatus est exitus. Sed prudentium et bonorum virorum est
oblatam occasionem non spernere.
Quare te etiam et etiam rogo, mi optatissime et sanctissime Bucere,
ut in id diligentissimè incumbas, quô Rex vestrae doctrinse conjun-
gatur, quô multi boni-viri in Gallia sine metu vivere possint, ut
tandem Unis aliquis sit flammarum et Theologicae crudelitatis 18.
Sed quœ sit Régis sententia et quàm œqua postulatio cognosces ex
Langœo 1!. Nisi enim honesta causa esset, et nisi spem cmcepissem
tranquûlioris status, finition abest ut unquam de lus rébus scribe-
rem, sed ne triduum quidem manerem in Gallia. Itaque testis est
mini Deus noster nihil aliud me spectare quàm Evangelii progrès-
cardinal et évêque de Metz en 1513, il posséda en même temps plusieurs
archevêchés, évêchés et abbayes. Il était « célèbre par son esprit, ses ta-
lents diplomatiques et l'effronterie de ses mœurs » (Voy. le Dict. hist. de
Moréry. — Martin. Hist. de France, IX, 274).
16 Anne de Montmorency, grand-maître de la maison du Roi, était alors
en Provence, comme nous l'apprenons par ce fragment de la lettre de
Jean Montaigne à Bonïface Amerbach datée d'Avignon, le 15 novembre
1535 : « Hîc nuper applicuit Magnus Magister Galliœ; nihil tamen audivi
adhuc quid facturas venerit » (Mscr. orig. Bibl. du Muséum à Bàïe).
17 Philippe Chabot, comte de Charny et seigneur de Brion, avait été
nommé en 152(3 amiral de France et gouverneur de la Bourgogne. Nous
ne connaissons pas d'autre document contemporain qui témoigne de la vive
sympathie du seigneur de Brion pour la cause évangélique.
18 Ce souhait n'était que trop justifié. Le 18 septembre 1535 (si le Jour-
nal d'un bourgeois, p. 451, ne renferme pas une erreur de date), deux
jeunes rubaniers natifs de Tours. « nouvellement revenuz des Allemaignes
et de Flandres en Paris... eurent la langue couppéeet furent brusléz tout
vifs et obstinez, parce qu'ils avoient donné à leur hôte quelque livre lu-
thérien à garder. « Hz avoient autrefoys servy à Paris (ajoute le Journal
cité), et fut trouvé qu'ilz avoient apporté des livres d'Allemaigne qu'il/
vouloient faire relier et vendre à Paris, et si vouloient secrettement atta-
cher des placars par la ville. »
19 Les desiderata de François I, divisés en XI Articles, atténuaient sur
quelques points le Mémoire de Mélanchthon du 1er août 1534 (Voy. le
N° 47G, n. 2). Le Boi adoptait l'opinion de ce théologien sur la justifica-
tion, le libre arbitre, l'invocation des Saints et la primante du Pape, Ces
desiderata sont imprimés tout au long dans les Melantbonis Opéra, édition
citée, tome II, colonnes 1014-1017.
3(56 JEAN STURM A MARTIN BUCER. A STRASBOURG. 1535
sus. Video in maxima mullitudine et potentia adversariorum, opus
esse consilio sancto in concîliandis principibus20, qui haetenusCar-
dinalium et Episcoporum nimiùm fuerunl studiosi.
Abrincensis libellum 21 nondum vidi. propter occupationes. Sa-
lins est illos homines silentio contemnere, aut ita respondere ui
non magis alienentur, et ut satisflaî piis. Audivi ex Typographo
qui aliquid impressit ah eo composition de mensuiïs et ponderi-
bus22, scripsisse eum jam responsionem ad articulos vestros. quos
Langœus ex vestris excerptos ostendit Theologis 2S. Ego enitar ul
habeam. ul dum vi.\ impressa sil. vestra oriatur defensiu : quan-
quam non audel omnino dare Typographus, inscio Rege; si dat.
fiel milti continué ejus copia.
Fama hic est. principes et civitates Germaniœ consentire Cœsari
et Pontifici ut Synodus cogatur Mantuœ**. Si id verum est. rogo
scribiad me qua id spe permiltant. Deinde. civitatem vestram sese
20 Voyez le N° 515, note 13.
21 Nous supposons qu'il s'agissait de Y Axioma Catholicum , ce livre de
Bobert Cèneau, évêque à'Avranches, «auquel Bttcer avait répondu en sep-
tembre 1534 (N° 478, n. 9).
22 L'ouvrage intitulé « Roberti Senalis... De vera mensurarum ponde-
rumque ratione, » parut en 1535 cbez Jean de Roigny, rue St. -Jacques à
Paris. La préface est suivie d'un Panégyrique de François I (Voy. G-es-
neri Bibl. Univ. 1545).
23 Eu remettant anx docteurs de la Sorbonne ces extraits des mémoires
de Mélanchthon, Bucer, Hédion, etc., Guillaume du Bellay avait signé le
7 août 1535 la déclaration suivante : « Je... certifie que les Articles cy-
dessus escrits sont extraits de plusieurs cabiers et lettres qui m'ont esté
à diverses fois envoyés d'Allemagne, par ceux ausquels.iem'estois par or*
donuance du dict Seigneur [c'est-à-dire le Roi] adressé, pour attirer les
Églises d'Allemagne à modérer leurs opinions et doctrines... Lesquels Ar-
ticles j'ay... baillé à MM. les députés de la sacrée Faculté de Tbéologie,
pour en avoir leur advis, et prendre d'eux instruction de ce que j'auray
à dire aux dicts personnages au pays d'Allemagne... pour les attirer... à
suffisante modération ... et à vraye union et submission à la dicte Église
Romaine » (Voyez d'Argentré, op. cit. I, P. II, 395, et Mel. Opp. II, 94!».
976). Le titre du livre où Bobert Céneau répondit à ces Articles ne se
trouve pas dans la liste de ses ouvrages donnée par Flenry (Hist. ecclés.
t. XXXI).
24 Cette nouvelle était inexacte. Le 21 décembre suivant, les États pro-
testants de l'Allemagne déclarèrent hautement à Vergerius, nonce du
pape, qu'ils ne consentaient pas à ce que le Concile fût réuni hors des li-
mites de l'Empire (Voy. Sleidan, liv. IX. éd. cit. p. 105, 106. — Melan-
t bonis Opp. II, 985, 1020).
1535 JEAN STURM A MARTIN BUCER. A STRASBOURG. 367
defendere vestra praedicatione, ut si quid sil periculi, id mis debere
prsestare, qui ita docuistis, atque hac de causa vos teneri in id tem-
pus25. Quicquid id sit, si vacat et si vis, ad me scribe. Xisi pruden-
ter et constanter à vestra parte agalur/// Synodo, nihil futurumesl
boni-''. Nui consensus idem sit, minus poteritis*1. Hocscribo prop-
ter Tigurinos et reliquos qui sua defendunt. Ego nunquam potui
aliquid certi scire de vestra b^ovot», tune Luthero, an ille tibi con-
cesseiït 2S.
Si Langœus istkuc ventât, obsecro, habe eum in numéro eorum
qui quidvis pati volunt pro Christo. Concitavit plurimorum odia ad-
versùs se, proptêr hune causam, et nisiRegem haberet, parum ci tu-
tum esset versari in Gattia. Bene vale. Luteliœ. decimo quarto Cal.
Deceml). Anno 1535.
Joannes Stbrmius niea manu.
Ignosce, non vacabat resçribere et vix relegere. Andréas Biblio-
pola Z9 si adesset, jam. credo, recuperaret bona sua. Sic enim audio
ex illis qui norunt. Si eum videas, die. ut per literas aliquem bic
constituât, qui suo nomine répétât. Hoc satins erit quàm ipsum ve-
nire.
25--7 Les pasteurs de Strasbourg ne redoutaient nullement de paraître
devant le Concile (Voy. le N° 523, fin de la note 18). Quant à Luther, il
avait dit à Vergcrius, en recevant sa visite le 7 novembre : « Ego exis-
timo concilium générale, liberum, christianum, quale Pontifex pollicetur,
omnibus modis utile ac, necessarium'fore. idque unicè opto et expeto —
non quidem propter nostros, quibus (Dei gratia) non opus est Concilio.
eum habeamus puram et sinceram doctrinam ac ecclesias cerimoniis eum
scripturis divinis consentientibus constitutas, sed propter exteras nationes,
ut ea occasione ad eos quoque nostra perveniat doctrina. » (Voy. Melan-
tbonis Opp. II, 073, 987, et Seckendorf. Commentarius de Luther anismo,
lib. III, p. 94 et suiv.)
28 La formule de Concorde entre les Luthériens et les Zwingliens ne
fut signée qu'au meis de mai 1536.
29 II s'agit ici du libraire bâlois André Weingartner, qui avait du s'en-
fuir de Paris, où ses liions avaient été confisqués (Voy. le N° 488, renvoi
de note 25-26).
36K AMI PORRAL AU CONSEIL DE GENÈVE. 1535
552
ami pokral au Conseil de Genève.
De Berne, 23 novembre 1535.
Inédite. Autographe. Archives de Genève.
Sommaire. Porral fait connaître à ses supérieurs les demandes que les députés bernois
présenteront à la conférence d'Aoste, en faveur de Genève. Complot contre Baudi-
chou. Délivrance miraculeusede Claude Savoie. Le gouverneur du Pays de Vaud a dé-
claré qu'il ne fallait pas « observer la foi » aux Luthériens. Représentations adres-
sées par Ami Porral au Conseil des Deux-Cents de Berne.
Très-honnorés Seigneurs! Je vous ay dernièrement escript par
Jehan l'hayrauld, du xve, et le lendemain par ung aultre hayrauld,
nommé Peter, quil s'en vad à Lyon1.
Piochet 2 arriva icy le wie, pour conduyre (avec Monsieur <PEs-
taveiey et Mest[è]re5, qui arriva le 18) les ambassadeurs, videlicet :
le borsier N aiguille, le Secrétaire '. Hans-Rodulph de Diesbat et Hans
Rodulph iPErlnt. qui vont sur ceste journée en Augste [1. Aoste5],
1 Le 15 novembre, Porral écrivait, entre autres choses, à ses supé-
rieurs : « Messieurs hont estes aclvertis de la mort du duc de Milan [Fran-
çois Sforcé], que nous pourroit proufiter, etc. Dieu nous aidera s'il luy
plaict... Le comeung et les bourgois [de Berne] sont de bon vouloir... »
— et, le 16 novembre : « Monsieur de Lau[sanne] a bien cuydé avoir des
Gruy[ê]riens ses subjectz, mais ilz luy hont donné Befutatorios [articulos].
Le bruyt est que l'évesque de Genève veult admodier Genève à Messieurs
de Fribourg » (Mscr. orig. Archives genevoises).
2 Écuyer du duc de Savoie.
3 Jean d'Estavayer, fils de Philippe d'Estavayer, seigneur de Méziè-
res, et de Charlotte de Luxembourg (Voyez, dans les Mémoires de Pier-
refleur, les Notes de M. Ch. Du Mont, p. 398).
4 Le secrétaire d'État Pierre Giron, au sujet duquel Ami Porral écri-
vait à son frère Nicolas, le Ie1' avril 1535 : « Le secrétaire.. .^est recon-
fermé en l'office... C'est nostre droit pilier à l'occasion de l'Evangille »
(Msc. orig. Arch. de Genève).
5 Immédiatement après la défaite essuyée par ses troupes à Ginçjw*
1535 AMI PORRAL Al CONSEIL DE GENÈVE. 369
qui son! partis d'icj ce samedi 20" de novembre après disné. J'en-
lens que les ambassadeurs de Savoye leur lionl présenté de les
deffroier par tout; mais Messieurs [de Berne] ne fbont pas voulsn
accepter.
Ils lliont charge de s'en retourner dès là où ilz seront, quant
Messieurs Leur rescripronl qu'ilz sont adverlisque ceulx de Pigney,
ne les gensdarmes de Savoye ne sont retirés, et que les vivres ne
sont laichéz, ne les chemyns i'aiclz seurs, comme les trièves pour-
tent8. Item, [ils] hont charge de s'en retourner, quant, devant toutes
choses, ne leur sera accordé que l'Evangillë demeure 'purement en
Genève comme il y est. Et sil le Duc veult cela accorder, que adonc
[I. alors] debgent demander la sentence [de Payerne] et absceid
de Sainct-Jullyn estre observées et demeurer en leur eslre 7, — en
condition toutesfois que, sil le Duc se sent grevé en quelque pas-
saige d'icelles, comme de la peyne de perdre sou Ptiis de Vaulx.
que en cela la veulent bien revoir, pour en faire du m[e]ilieur8.
(10 octobre 1035. Voy. N° 482, n. 13 et 1G), te duc de Savoie avait fait
proposer aux Bernois de traiter, avec eux seuls, des conditions auxquelles
la paix pourrait être conclue entre lui et les Peneysans, d'un côté, et les
Genevois, de l'autre. Ceux-ci acceptèrent cette proposition le 2 novembre,
et la ville d'Aoste en Piémont fut le lieu choisi pour la conférence pro-
jetée, qui devait s'ouvrir le 21 du même mois (Voy. les Fragments hist.
sur Genève, I, 210-215. — Froment, op. cit. p. cl, cli).
6 La trêve devait durer trois semaines; mais le Conseil de Genève écri-
vait déjà le G novembre à Porral, son. député à Berne : « Hier et aujours-
duys que nous pansions la triefve fust crié, les Sçavoyens hont forraigé
ceulx qui pansoient estre saulves [1. saufs]... à Vyry, à Vésena, à Es-
peysse, à Poplinge, etc. Cela sont les trièves! » (Minute orig. Arch. de
Genève.)
7 L'arrêt ou traite de St. -Julien avait été conclu le 19 octobre 1530.
La sentence de Payerne était datée du 31 décembre de la même année
(Voyez le Journal du syndic Jean Balard, 1854, p. 296-302, 310-314).
Ces deux actes sont résumés dans l'ouvrage de M. Amédée Roget intitulé:
« Les Suisses et Genève, ou l'émancipation de la communauté genevoise, »
1864, I, 359, 362-365.
3 L'arrêt de St. -Julien, confirmé à Payerne et à la diète île Baden du
2 février 1531, spécifiait que si le Due laissait attaquer Genève par ses
propres sujets, sans les punir, Berne el Fribourg seraient autorisées à se
mettre en possession du Pays de Vaud. Les Genevois désiraient vivement
li' maintien de cet article, aussi écrivaient-ils à Porral le 27 novembre 1535 :
I'ouvés entendre comment le Duc tiendroit promesse, quant l'obligation
et ypothecque seroit moindre; car quant elle est d'ung païs |le Pays de
Vaud], il n'en tient rien > (Minute orig. Arch. de Genève).
T. III. 2 1
370 AMI PORRAL AU CONSEIL DE GENÈVE. 1535
Et que s'il ne veult cela, qu'ilz s'en retournent. Et s'il se veult
à cela accorder, qu'ilz le mandent et rescrivent icy à leurs supé-
rieurs; et adonc leur envoira - l'on charge de procéder sur les
aultres articles des oultraiges faictz despuis la dicte sentence, etc.
Et ce pendant de tâcher à la relaxation des prisonniers 9. Ils lhont
aussy expresse charge [au sujet] de Monsieur de Tkorem 10 et de
Maistre Anthoine Saulnier, qui est à Thorin prisonnier11. El. pour-
ce qu'il est plus à craindre qu'ilz ne facent riens, que aultrement.
sera non que soyés sur vostre gaict [1. guet], et que faictez pro-
vision de vivres et de batteaux. etc.
Messieurs [de Berne] ne fussent pas démarchez d'ici pour aller
sur la dicte Journée, que premièrement ne heussent sceu les vi-
vres relâchés et les chemyns seurs, etc., à la forme des trièves:
mais ilz veulent avoir sobre de droit 12, etc., et que chescun co-
gnoisse qu'il ne tient à eulx que la paix ne se faicl.
Baiddichon fust hier advertv icy. qu'il se garde de tomber en
leurs mains 13; car ilz sont délibérés, s'il le peuvent tenir, de soub-
dainement le faire mourir cruellement, comme ilz l'heussent bien
fait à (rluude Savoye, s'il l'heussent peult tenir lé. Piochet disoit
l'aultre jour au Secrétaire, qu'ilz l'heussent bien pris sur l'eau avec
sa compaignye, s'il l'heussent voulsu. J'ai proposé ces jours passés
en Petit et Grand Conseil, comme miraculeusement ilz estoient
passés par de cousté la barque 15; et aussy. comme les trois prison-
9 II Vagissait des Genevois emprisonnés à Peney (Voy. les Nos 480,
n. 5-6; 517, renv. de n. 4), et de trois autres qui avaient été pris par tra-
hison à Coppet, le 11 octobre, et emmenés à Chillon (Voy. Froment, op.
cit. p. 198, cxlvi).
10 Philibert de Comtois, seigneur de Thorens (N° 421, n. 4).
11 Voyez le N° 528, note 1, et le N° 529, note 4.
12 C'est-à-dire, être sobres de plaidoieries.
13 Jean Baudichon de la Maison neuve était particulièrement haï des
partisans du Duc et de l'Évêque; à cause de son zèle pour la Réformation
(Voy. les Nos 466, n. 1; 473, renv. de n. 5; 534) et du mouvement qu'il
se donnait, depuis la bataille de Gingim, pour procurer de nouveaux se-
cours aux Genevois.
14 Claude Savoie, l'un des plus anciens partisans de la Réforme à Ge-
nève. C'était lui qui avait engagé, vers la fin de septembre 1535, quel-
ques centaines d'hommes de Bienne, de Nidau, de la Prévôté et de Neu-
châtel à venir en armes au secours de ses concitoyens (Voy. Froment, op.
cit. p. 191, 192, cxlv, et le Jsr° 482. n. 13).
15 On lit dans le Registre du Conseil de Genève à la date du 12 no-
vembre : <■■ Hodie fuit miraculosus reditus Claudii Satoye, qui, duodecim ho-
1535 .UII PORRAL AL" CONSEIL DE GENÈVE. 371
niers sortirent de Pigney lc. — avec les remonstrances des maulx
que suffrés tousjours, non obstant les dernières trièves, ainsy que
te messaigier de Nuremberg me dit17. Auquel Monsieur le gouver-
neur de Vaulx 1S retint la lettre du Duc, en foy et fiance qu'il pour-
toit au capitaine de Chillon 1;'. disant le dit gouverneur, qu'il ne fail-
loit point tenir ny observer de foy à ces Lutériens, infidelles, hors de
la foy, et que, s'il ne se retiroit bien tost, qu'il le feroil gecter en
la rivière.
Lesquelles choses m'estre ainsy dites, en la présence d'aulcuns
des seigneurs bourgois. aj rapourté en Petit et Grand Conseil. Et
davantaige, leur ay dit, sur ce qu'ilz eslisoieni ce jour-là leurs am-
bassadeurs, pour [les] envoyer en Augste, que les papistes qui tai-
chent de trahyr et d\ibolyr CÊvangille par ceulx-mesmes qui suyvent
rÉvangille font ainsy que fesoient leurs prédécesseurs Anne et
Cayphe et les Pharisiens, qui fisrenl trahir Jésuschrist par lesienmes-
me, et puis Iuy dirent : Les tiens t'hont livré à nous, etc. Les prians
de cela avoir inémoyre, et que plustostnous donnassent semblable
response qui nous fust donnée à Lueherne. nous remettans à
Dieu, etc.20. Ce qu'ilz lhont bien noté, et crois qu'il nous pourra
proufiter. crégnans leur honneur21, etc.... De Berne, ce 23e de
novembre 1535.
Vostre humble serviteur A. Porral.
minibus sociatus. armatam Ditcalem per lacum expectantem, nocte imper
lapsa, a Lausamia ad liane [civitatem], Borea agitante, fideliter preteriit. »
6 Nous n'avons pas de renseignements sur cette affaire.
17 Ce messager avait été envoyé vers le duc de Savoie par la famille
Thocker de Nuremberg, pour réclamer la libération de Thêobàld Thocker,
négociant établi à Genève, et que les Savoisiens avaient pris à Coppet le
11 octobre (Voy. la n. 9).
18 Aymon de Lidlin, gouverneur du Pays de Vaud pour le duc de Sa-
voie.
19 Antoine de Beaufort (Voyez le N° 228).
0 Les députés des cantons suisses réunis à Lucerne (janvier— février
1535) avaient déclaré aux ambassadeurs genevois que, sur leur refus d'ac-
cepter l'arrêt de la diète, ils remettaient à Dieu les affaires de Genève
(Voy. Froment, op. cit. exix, cxxi).
21 Comparez ce passage avec la page 209, ligne 9. MM. de Berne crai-
gnaient sans doute que leur honneur ne fût compromis, s'ils abandonnaient
Genève; mais une nouvelle imprévue contribua considérablement à les faire
sortir de leur attitude expectante. Porral écrivait à ses supérieurs le di-
manche 21 novembre : « Le bruict qui court [de Y arrivée] des François ne
nous pourroit pourter dommaige, à mon advis. Messieurs [de Berne] cuy-
372 SIMON (iRY.XELS A GUILLAUME FAREL. A GENÈVE. 1535
555
Simon GKYNiEUS à Guillaume Farel, à Genève.
(De Bâle. vers la lin de novembre 1535 ').
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel.
- .'.maire. J'ai vu avec plaisir Viret, niais les affaires de Genève nie causent encore de
l'inquiétude. Si elles peuvent s'arranger, sans détriment pour la religion, acceptez
toutes les conditions et ne refusez point la paix. Je crains que vous n'ayez bien peu
de soulagement à attendre de vos alliés; s'il faut recourir aux armes, le Seigneur est
votre unique secours. Veillez seulement à ce que votre cause soit toujours juste, el
vous ne serez pas abandonnés de Lui.
Je vous prie de vous réconcilier avec Caroli. Il s'esl laissé entraîner par l'amon
la vaine gloire; pardonnez-lui cette faiblesse. Il se plaint de vous en secret : l'un de
vos ouvrages lui a donné lien de craindre (dit-il) que votre foi à la divinité de J >
■I ne soit pas assez ferme. D'un mot vous pouvez le rassurer.
Encore une exhortation : Dans les extrêmes périls qui vous environnent, donnez le
pins grand soin à ce que tontes les résolutions de votre républiqut s lient prises
le regard de Dieu, afin que vous puissiez en rendre compte devant Lui et devant
les hommes, et que l'Evangile ne subisse aucun déshonneur par notre fi
S. Libenter Viretum vidi2. De vestris rébus, quamquam multa
secunda feruntur, tamen non possum non sollicitus esse. Scio eniiu
dent que ce soit contre nous. » On lit encore dans la seconde moitié de la
présente lettre : « Messieurs envoyent ung hérauld après leurs ambassa-
deurs qui vont en Augsta, pour les advertir comme les vivres ne sont point
laichéz, etc., et que les François sont venu jusques à Bemilly contre Ge-
nève... » C'était M. de Verey qui amenait 700 hommes au secours des Ge-
nevois (Voy. le N° 530. n. 9. et Froment, op. cit. p. cliii).
1 La date est fixée par les détails mentionnés dans les notes 2. 3 et 6.
2 Nous ne savons pas si, après son voyage de Berne, qui eut lieu au
commencement de septembre (N° 528. u. 2), Pierre Viret était retourné à
Genève, ou s'il avait repris ses fonctions pastorales à Neuchâtel. Ce fut
dans la première moitié de novembre qu'il se rendit à Bâle. Ami Porral
écrivait de Berne au Conseil de Genève, le 15 du même mois : « Maistre
Pierre Viret est à Basic. Il vouloit aller à Stràbourg; mais y s'y meurt
1535 SIMON GRYN.EUS A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 37 ' -\
[idem liominum. Si componi quomodocunque, illesa religione, pos-
sini. censeo omnes conditiones ferendas ■'■. nec temerè pacem de-
trectandam. A Sociis 4 vereor ut muliiim solacii fulurum sit; \ ides
enim quales sinl liactenus5. Praesidium unum summumque in Do-
mino est, si hoc negolium defendi armis ille patiatur. Fac solùm
hoc ùt eures, ut recta justaque ubique causa sit, nequid mérita extra
pietatis metam agressi videamini. Sic enim spero Dominum à nobis
futurum, nec arma nostra rejecturum esse.
Offensa quœ tibi incidit cum Carolo, ai tolli potest, fac ut illi cul-
pam hanc remittas6. Evectus longiùs ambitionis, arbitror, studio esl
[1. on y meurt] bien fort et aussi à Zerich » (Mscr. orig. Arch. genevoises).
Nous avons lieu de croire que les relations de Pierre Viret avec Jean Cal-
vin datent de cette époque. D'un côté, il est certain que l'auteur de l'In-
stitution Chrétienne résidait à Bâle vers la tin de l'année 1535 (Voy. la
note 8), et, de l'autre, c'est évidemment au séjour sus-mentionné de Vi-
ret à Bâle que Calvin faisait allusion, quand il lui écrivait le 1er mars
1541 : Claudio Ferrœo, quem mecum vidisti Basilcœ, et fratri meo, man-
davi ut Farello rescriberent » (Calvini Epp. et Responsa). Ou sait, en
effet, qu'au printemps de l'année 1538 Viret ne put pas accompagner
jusqu'à Bâle son ami Calvin, qui venait d'être exilé de Genève.
3 C'est une allusion aux négociations qui se poursuivaient dans la ville
d'Aoste (fin de novembre 1535), pour pacifier les différends entre le duc
de Savoie et les Genevois (Voy. le N° 532).
4-5 II est question des Seigneurs de Berne, dont la politique excessive-
ment prudente allait parfois jusqu'à l'égoïsme. On en jugera par ces li-
gnes, qu'ils adressaient le 12 décembre aux Genevois, en leur faisant
connaître le résultat infructueux de la conférence d'Aoste : « Comme pa-
ravant par plusieurs foys, vous voulons bien advertir que. sy le cas vient
à faict de guerre, ainsi qu'est à doubter, que bonnement ne vous sceryons
[1. saurions] secourir... voyre sy vous nous admonestiés de vous secourir
en vigueur de la bourgeoysie, ce que par cy-devant n'avés faict... Carde
métré nous propres affayres en hasart, et les vostres prendre à nous, ne
nous est convenable » (Mscr. orig. Arch. de Genève).
" Pierre Caroli partit de Genève, avec M. de Vereij, vers la fin du
mois d'août 1535 (Voy. N° 530, n. 9), et il se rendit à Bâle, où il se fit
inscrire au nombre des auditeurs de l'Université. Les causes de la brouil-
lerie de Caroli et de Fard sont indiquées en ces termes par Calvin :« Ad-
moneo [scil. Carolum] ut recordetur, quo nomine pecuniam corrogaverit
à primarise dignitatis hominibus, ut eam solus ingurgitaret. Atqui paupe-
ribus eam rogabat, nos sibi. Atque bas fuisse primas offensionum causas
inter ipsum et Farellum cert o certius est : quôd Farellus primo congressu illi
adulari uon sustinuerit ; quôd deinde liberiùs cura increpuerit de impudi-
citia ; quôd postremù hoc ejus sacrilegium fortiter insectatus sit, ut debe-
bat... » (Pru (r. farello et collegis ejus adversùs P. Caroli theologastri
*
374 SIMON GRYN.EUS A GUILLAUME FAREL. A GENEVE. I 535
et gloriee, quam qualitercunque putarim aucupandam 7. Lapsus hu-
manus est; ignoscere convenit. Queritur iste, quamquam clam, et
apud me fortasse unum s, vereri se, ne tu mp\ t^ç toS awr-ôpoç
XptffToû 0cô-rr/To; firme satis sentias y : quaî suspilio ex aliquo tuo U-
bello 10 illi insedit. Uno verbo etiam hanc tollere licet. Nihil abs te
peto hic, mi frater, quàm quod te Ghristi spiritus bonus nltro hor-
tatur, nec ita me interpono, qui te sequi me velim, te vel hoc vel
illud jubeam. Rem tu tenes.
Hoc hortabor diligenler, ut cures summo studio, quô in isto cer-
l.iss.[imo] rerum omnium periculo u, Bespublica vestra reclè el co-
calumnias, Defensio N. Galasii (Genevse), 1545, p. 22). Voyez aussi la
lettre de Farel du 11 juin 1545.
7 C'était surtout pendant la Dispute de Genève, dont il espérait d'a-
bord être le président et l'arbitre, que Pierre Caroli avait fait paraître
sa vanité et son amour de la gloriole. Viret disait plus tard en parlant de
Caroli: « Ita disputabat nobiscum, ut nollet hostis haberi veritatis; sed
tamen nervos onmes intendebat ut vinceret ac ora nobis obstrueret, quô
gloriari posset de Victoria » (Lettre du 14 juillet 1545. Mscr. orig. Bibl.
Publ. de Genève).
8 Calvin et beaucoup d'autres habitants de Bâk purent entendre les
plaintes de Caroli contre Farel. On lit en effet, pages 27-28 de l'ouvrage
pseudonyme de Calvin cité plus haut (note 6) : « Vivunt... hodie complu -
res graves et honesti viri qui Basilece tune erant, cum venit Carolus. Cau-
sam relictse Genevœ non aliam adduxit, nisi quôd tune à latronibus obsi-
debatur, et periculum in dies crescebat... Subsecutae sunt aliquanto pôst
Farelli literae quibus Carolus depictus erat veris elogiis... De bis literis
admonitus a Carohtadio, tantâ furiâ extemplo correptus fuit, ut per ur-
bem instar fanatici diseur saret, Farello, in querneunque incidisset, fero-
citer minitans . . . Recordetur quibus tum verbis ejus intemperiem cohi-
buerit Calvinus, cum ad eum, accusandi Farelli causa, venisset. »
9 La divinité du Christ est proclamée aussi explicitement que possibb
dans le Sommaire de Farel.
10 11 s'agit sans doute de la deuxième édition du Sommaire de Farel,
qui avait paru à Neuchâtel le 23 décembre 1534. Le chapitre III, intitulé
« De Jesuchrist, » a été, sauf une modification peu importante, reproduit
textuellement dans l'édition du même livre publiée à Genève en 1552. Ce
morceau a été réimprimé dans l'ouvrage qui a pour titre : « Du vray
usage de la croix de Iesus-Christ, par G. Farel, suivi de divers écrits du
même auteur. » Neuchâtel, Genève, 1865, p. 212-213.
11 Le Conseil de Genève écrivait à Porral le 14 décembre 1535 : «L'on
ne nous apporte, ny laisse-1'on venir le vailliant d'ung denier, soit boys,
(herbon, bled, vin, b[e]urre ny froumaige... [Nos ennemis] hont faict
cryer par les chastellanies icy près, que nulz ne soit ausé venir en Genève,
sus poënne de confiscation de corps et de biens... Item, que tous ceulx
1535 JEAN BAUDICHON Al CONSEIL DE ÔENÈVE. 375
ram Domino omnia admiiiistrel 12, ut respondere, in oculis Domini,
omnibus hominibus liceat de omnibus reluis gestis, ne malè Evan-
gelium propter nos audiat. Per caetera fac per amorem Gbrisli, ut
pronobis oretis, quos scio Dominum in necessilale iluminalos dili-
genter audire. Vale.
Gkyn.eus tuus.
( lnscriptio:) Domino Farello. fratri e! amico chariss. in Domino.
riri
oo4
jeax baudichon1 au Conseil de Genève.
De Morat, 9 décembre 1535.
Inédite. Autographe. Archives de Genève.
Sommaire. Baudichon se plaint du silence de ses supérieurs. Il les informe des dispo-
sitions favorables que les bourgeois de Berne et de quelques autres cantons manifes-
tent à l'égard de Genève, et il les exhorte à n'accepter aucun « appointeraient » qui
ne soit à l'honneur du Saint Évangile. Sj l'on ne parvenait pas à conclure un arrange-
ment avec le duc de Savoie, il faudrait avoir recours aux « compagnons » du capi-
taine Wildermuth.
La paix [et] grâce de Dieu vous soit donné par Nostre Seigneur
Jhésucrist! Amen.
Mes très-honnorés Seigneurs, humblemant à vostre bonne grâce
me recomande. Saches que par Monsieur le anbassadeur Naygli
vous escripvi 2, et par ung mercbant de Sainct-Galle. et par le ser-
cnie l'on trouveroit de Genève, que l'on les doibge mettre à mort et pen-
dre au[x] premiers arbres, soyent hommes, femmes au [1. ou] enfans... »
(Minute orig. Arch. de Genève.)
12 Ces paroles, rapprochées des communications que Viret avait faites
à Gri/narus, donnent lieu de penser que Farci jouissait d'une certaine in-
fluence auprès des magistrats genevois (Voy. le N° 51G, fin de la note 1G).
1 Voyez sur ce personnage les N0B 465, 466, 473, 480, n. 2-3.
2 Jean-Bodoïphe Nceguéli était parti pour Gmhve le 24 novembre. Il
:37b' JEAN BAUDICHdN AU CONSEIL DE GENÈVE. 1535
viteur de Guydo et par plusieurs aultres. Mays oncques de vous, ne
du maindre de Genesve, n'a y eu novelles. non plus que se j'estoye
ung Juif on [1. ou] sarrazin. Je n'en m'en puis assés esbayr que cella
veult dire3. Je n'en m'en suis pas venuz par dessa pour m'en fuir
de Genève. Je croy que l'on scetbien la cause de mon départemanl
et les dangiers ont [1. où] je me mys pour vous mener secours 4. et,
corne Monsieur leMaislre Savoyeet le seigneur Estienne Dada vous
pourront bien dire5, la déligence que je nay faict. corne chascun
scet bien. Et sacbés que je ne suys pas bon gré moy hors de la
ville, et. se je povoye passer en sorle du monde, que je ne demo-
reroye pas pardessa. Mes je suis bien averti corne, de tous coustés,
je suis veillié corne le chat veillie la rate; el aussi Messieurs <!<•
Berne m'en boni averti, que je ne me misse point encore en che-
min, par. bon respect f.
Vous avertissant corne je suis tousjours issi, Jehan Sourd et mon.
actandant novelles des anbassadeurs qui sont allés en Hoste [1.
Aoste] '. Mays, corne je croy, ne n'aurons pas lantost novelles. car
j'enlens (jue les dict enbassadeurs sont allés à Thurin s: car ainssi
le leur ont mandé leurs supérieurs, aflin que le Duc ne puisse dire
qu'il tienne à euh de fère bonne paix. Et saches que oncques
devait informer les Bernois dé1 toute violence qui serait commise par les
Savoisiens contre les citoyens de cette ville (Yoy. Froment, op. cit. p.
clv) .
3 Tl est probable que l'absence prolongée de Baudichon, qui était ca-
pitaine-général depuis le 29 septembre précédent, indisposait, contre lui
ses supérieurs. Le S décembre ils avaient élu à sa place Pierre Wandél
(Voy. Fragm. hist. sur Genève, I. 210, 219.— Froment, op. cit. p. clxxxvi).
4 Voyez le N° 532, note 13.
5 Voyez le N° 532, note 14-15, la lettre écrite de Lausanne le 31 oc-
tobre 1535 par Claude Savoie et Etienne Dada, et celle de Baudichon qui est
datée de Payerne le 1er novembre, même année (Arcb. de Genève).
6 Porràl écrivait de Berne à ses supérieurs le 12 décembre : « Je leur
ay dit [en Conseil des Deux-Cents], sil Baiddiclion et les aultres oseroient
passer à Genève avec leur bayrauld seurement ? Surquoyne m'hontriens
voulsu respondre; mais le Secrétaire m'a bien dit à part, qu'il ne le con-
seilleit pas » (Mscr. orig. Arcb. genevoises).
7 Voyez le N0 532, note 5.
8 Le duc de Savoie avait informé les ambassadeurs bernois, à Aoste,
« qu'il estoit ung peu malade et occupé pour mander son ambassade à
l'Empereur, sur ce que les François estoient entrez en son pais pour pren-
dre Genève [Voy. X° 532, n. 21]... Pourquoy les prioit de le aller trou-
ver à Turyn, ou du moing Yrrée » (Lettre de Porral du 10 décembre).
1535 JEAN BAUDICHON AU CONSEIL DE GENÈVE. -J77
en ma vie je ne veys les bourgeoys et comunaulté de Berne de sci
bon vollôir pour une ville de Genève, come il sont maintenant; el
murmurent fort le comun contre les gros, île ce qu'il nous l'uni
tant journ[o]ier, en nous faisant malfondre [1. morfondre], et sont
fort desirans que leurs ambassadeurs raporlent maulvaises novelles
du Duc1'. Et saches que ceulx de Balle [et] aultres cantons qui sont
à l'Évangile, ensenbledes villes franches10, ont mandé à Berne,pour
veoir corne les afféresde Genesve sepourtoit, etnous ont grandemant
recomandé ans dict Seigneurs de Berne, et que, ce il vient atant.
qu'il s'en vendent empl[o]ier de tout leur povoir à les ayder à nous
maintenir11. Et croy. combien qu'il soit ung peu long, que Dieu
nous délivrera de la main de nous adversayres. El ne soyés point
esbay de la longue actente. Vous verres merveilles ru brief,et corne
Dieu besognera.
[C'est] pourquoy, soyés tousjours sus vcstre garde, et ne con-
sentes à nul apointemant quil ne soit premièrement à l'honedr de
Dieu et de son sainct Evangile; et que la Parole île Dieu ne soit
point lyé; que. quant Fou nous demandera rayson île nostre foy,
arière le pais île Savoie, que n'en [1. nous en] puissions respondre '-.
9 On lit dans la lettre de Porral du 12 décembre adressée au Conseil
de Genève : « Vendredi passé 10e... au soir., arrivarent icy les ambassa-
deurs de Messieurs qui parlementèrent avec Je Duc, qui estoit là venu
à. trois ou quatre xx chevaulx, sans point d'évesque: car l'écesque dHosta
[1. d ' Aoste] est en grosse question avec ses diocésains, à cause des exeom-
muniementz. qu*ilz ne veulent plus suffrir. » Les ambassadeurs bernois
n'avaient pu réaliser la partie essentielle de leur mission, celle qui con-
sistait à faire garantir aux Genevois, « avant toutes eboses, » la possession
de l'Évangile purement annoncé (Voyez la note 12).
10 C'est-à-dire, les Villes Impériales.
11 On trouve le passage suivant dans la lettre de Porral au Conseil de
Genève datée de Berne, vendredi 10 décembre : < Messieurs de Baslehont
escript la sepmaine passée à Messieurs d'icy, qu'ilz leur voulissent escripre
comme les affaires de Genève passoient... Cinq ou six jours après, les dits
Seigneurs de Basle leur hont escript. que le trésorier Perret et le secré-
taire Joaehyn [1. Joachim Zasius. Voy. le N° 285, n. 4| avoyent estez
par devant eulx, de la part du Duc. pour sçavoir... sil ne vouldroient
donner aide et secours au Duc contre Génère, sil l'apointement ne se fai-
soit [h Aoste]. Sur quoy [ils| n'avoient donnez aulcune response, mais que
décela estoient fort esbaïs.... Pieût à Dieu qu'il n'ha faicl [\. (prit eût
fait] aussi/ charitables les auîlres envers nous que ceulx de Basle! » Ces dis-
positions bienveillantes des Bâlois envers les Genevois dataient de plu-
sieurs années (Voyez le \ • 395, note 1).
12 La lettre de Berne à Genève du 12 décembre nous fait connaître
378 JEAN BAUDICHON Al CONSEIL DE GENÈVE. 1535
Et aussi qu'on nous rende tous nous gens qu'il tiennent en leurs
prisons 13, et [que] le chasteau de Pyney [soit] abatu, corne Grant
et Petit Conseil ont ordonné à Berne, avant que de parler de nul
apointemant li. Et aussi que tous domages et inlérestnous soit ré-
compencé. Et principalemant fault que, avant toutes choses, que le
Duc ratiffie le acept de Payerne et Parest de Sainct-GeUn15, elle
Évangile demorer corne dessus est dict I0.
Et. se ainssi est qu'il ne ly ave apoinctemant, il me senble que
vous fériés bien de venir l'ung de vous, celluy qui vous senblera
de bon, et qu'il aportast 7 ou 8 cens v [1. escus]. Car ainssi, corne
les capitaines m'ont promis, ensemble les compagnons, que en
leurs balliant à ung cbescung ung teston jusques à Génère, qu'il
se tiendront comtent [1. contents 17]. Pourquoy à cella ne ferés
faulte, et que, s'il vous plaist, ne oblierés de me mander toutes
novelles par le présent pourteur, et sus tout de la fine marchan-
dise, en me recomandanl tousjours à vostre bonne grâce et à Mon-
la réponse du duc de Savoie sur ces deux points : « Son Excellence (di-
saient les Bernois) ne s'a peu résouldre sur le premier article touchant la
foy, sans avoyr conseil avecq l'Empereur,... [et] a désiré cpie l'on mis
tout en sourséance ung moys, quatres ou cincq, par tieulles conditions :
que ce pendant vous ne faciès point d'innovations,... point de sourtie;
pareillement, que ne praticqu[i]és sur ses pays chose que peust estre contre
la foy et son auctorité. Ce faysant, vous veult lâcher les vivres... — item,
ceulx de Pigney contregarder que ne vous fassent aulcung desplaysir, » etc.
13 Voyez le N° 532, note 9, et renvoi de note 1 1 .
14 Voyez le N° 532, renvoi de note 6.
15-16 Dans sa lettre du 12 décembre au Conseil de Genève, Ami Por-
raï s'exprime sur ce point avec la même énergie : « Ne vous hastez pas
de faire response [aux propositions du Duc], synon par bon conseil. Et sil,
par l'adventure, vostre conseil aportoit de accepter triêves, couchés-les
en sorte qu'elles vous soient observées... Raclés ces deux ou trois pointfs] :
de non parler de VÉvangille; des vivres, qu'ilz ne vouloient lâcher que à
mesure, et de mettre ung gentilhomme au chasteau de Pigney. Et faictes
que VÉvesque les ratiffie, et qu'ilz baillent hustaige [1. otage], seaulx et
lettres, réservants tousjours la sentence de Payerne et la loy de VEvangille
comme vous Vavés. »
17 Baudichon veut parler des compagnons que le capitaine Wildermuth
et son lieutenant avaient amenés jusque près de Genève, le 10 octobre, et
qui étaient retournés chez eux, à la persuasion des ambassadeurs bernois
(N° 482, n. 13). C'est des mêmes compagnons qu'il s'agit clans cette phrase
de Porral : « Ceulx de la guerre de Nocliastcl ne font plus tant de bruyct
[à cause de leur solde], actendans de marcher quelque jour, quant Dieu
vouldra réveiller Tours » (Lettre du 10 décembre 1535. Arch. de Genève).
1535 LES CONSEILS DE BERNE AU BAILLI DE YAUD. 379
sieur le Manifique ,8. Et ainssi qu'il vous playra me comander, de
tout mon povoir l'aconpliray, aydant Nostre Seigneur, auquel je
prie qu'il vous ave en sa saincte garde. De Morat, ce ixu de décen-
bre 1535.
Le tout vostre liuuble serviteur Baudichon.
( Suscription :) A Messieurs les Sindiques de Genesve. mes très-
honnorés Seigneurs, à Genesve.
535
les conseils de berne au Bailli de Yaud.
De Berne, 17 décembre 1535.
Inédite. Minute originale. Arch. de Berne.
Sommaire. Mil. de Berne déclarent au gouverneur du Pays de Yaud que, s'il trouve
moyen de faire garantir aux Genevois la possession de l'Évangile et de leurs libertés,
ils s'efforceront, de leur cote, d'empêcher l'entrée des Français à Genève.
Noble, etc. Nous avons receuz vous lectres par présent pourteur
datées du xraie de cestuy moys, faisantes mention de certains gens de
guerre Fransois que renient entrer en Genève1. Sur quoy vous res-
18 Laurent Maigret, dit le Magnifique (Voyez Nu 530, u. 9).
1 Dans cette lettre, datée de Morges, Agmon de Lullin s'exprimait avec
une certaine ironie : Vos bons amis, qui étaient si confiants en votre
aide (disait-il), vont recevoir de France deux cents chevaux et des ar-
quebusiers, qui sout à la frontière et entreront demain à Genève (Mscr.
orig. Arch. de Berne). Le 15 décembre, le Conseil de Genève écrivait à
son ambassadeur à Berne : « Il se parlera par avanture que hayons des
François en nostre secours. Il est vray que est venu ung gentilhomme de
France [François de Montbel, seigneur de Vereg], qu'est en la ville, quil
attend d'heure en heure ses gens, comment ha bien entendu le seigneur
Neggelg » (Minute orig. Arch. de Genève). Le gentilhomme français sus-
mentionné était arrivé presque seul à Genève le 14 décembre, environ midi.
Ses gens avaient été pris ou dispersés, près de la ville de Gea; par le ba-
ron de La Sarraz. (Voy. Froment, op. cit. p. 200,201, clx-clxiii. — Mé-
380 LES CONSEILS DE BERNE AU BAILLI DE VAUD. 1535
[tondons que à nous n'az tenuz que les affaires ne soient venus à
bone lin; pouvons aussy bien panser, sy les Fransois entrent en
Genève, que cella pourroit nuvre à illustrissime Seigneur Monsieur
de Savoye2. Pour autant, sy vous pouvés trouver moyant et tant
faire, que nous combourgeoys de Genève puissent desmourer en leur
entier touchant la foys et leurs franchises, libertés et privilèges, et les
sentences obtenues à Payerm 3. - - sommes très-contans de nous em-
ployer en bone sourie que les choses prennent quelque bone paci-
fique résolution, pour obvier aux sus-dicles entreprinses. Sur ce
pouvés adviser, et y mettre ordre très-requis4. Dalum xvn Decem-
bris 1535.
L'Advoyer, petit et grand Conseil de Berne.
moires de Pierrefleur, p. 118, 119, 397. — Lettre de Jean Rodolphe Nae-
guely à MM. de Berne, datée de Lausanne le 17 décembre 1535, impri-
mée dans Stettler. Schweitzer-Chronic, II. 73. — Le Chroniqueur de L.
Vulliemin, p. 211.)
- François I était sur le point de déclarer la guerre au duc de Savoie
(Voyez l'énumération de ses griefs dans l'ouvrage précité de L. Vullie-
min, p. 206—208). « Le Roy avoit aussi pour ceste cause esté content de
donner au Duc quelque empeschement à son entreprise de Genève... Et
bien estoit à penser que le Duc ne pouvoit ignorer aucunement que le sei-
gneur de Verets [1. de Verey], né son subject, mais domestique et de la
chambre du Roy, ne se fust ingéré si avant... que de favoriser, sans le
sceu et consentement... du Roy. les habitants de la ville de Genève con-
tre luy » (Mémoires de Martin du Bellay).
3 Dans la dernière conférence du duc de Savoie avec les ambassadeurs
de Berne, cette question n'avait pas été résolue.
4 Le Duc ne s'attendait pas à la guerre, et le gouverneur dû Pays de
Vaud n'avait reçu ni ordres, ni pleins-pouvoirs pour aviser à la gravité
des circonstances. Le 29 décembre, Berne adressait à tous ses sujets un
manifeste qui rappelle d'abord que, malgré la sentence de Payerne, le Bue
n'a pas cessé d'opprimer et de tourmenter les Genevois. « Ils ont donc été
contraints (dit le document précité) de nous appeler à leur secours, à for-
me du droit de combourgeoisie... Nous étions retenus de les secourir par
les circonstances du temps et les pratiques dangereuses de nos ennemis...
Mais une raison plus forte nous a paru devoir l'emporter... C'est que
ceux de Genève se trouvent opprimés, parce qu'ils out, comme nous, em-
brassé le saint Évangile et la pure Parole de Dieu... Nous avons donc
bien voulu vous... faire savoir que... nous avons résolu de renoncer à
l'alliance que nous avons avec le Duc de Savoie... puis ensuite... agir se-
lon qu'il sera séant et convenable de faire, tant pour notre honneur (pie
pour notre sûreté... » (Traduit de l'allemand. Voyez le Chroniqueur, p.
213, 217, 233, et Gaberel, op. cit. I, pièces justif. p. 90).
1533 LE CONSEIL DE GENÈVE A LA REINE I>H NAVARRE. 381
536
le CONSEIL DE Genève à la Heine de Navarre.
De Genève, 23 décembre 1535.
Inédite. Minute originale1. Archives de Genève.
Sommaire. Le Conseil remercie ht reine de Navarre de sa grande charité envers tous
les affligés, et i! lui recommande la cause de la ville de Genève.
A la Moyenne de Navarre.
Madame! Le Seigneurie Verey2 nous a dit ce que de piéça
nous sçavions non seullement en nous, mais en qui se veueille :
rostre grande charité en tous affligez. Desquels il plaist à Dieu que
présentement et de piéça nous soyons, toutesfoys en rien délaissez
de Luy, mais en sa miséricorde visitez; tellement que, soufïrans.
nous ne sommes vainequz, mais par Luy, par foy tousjours plus
fortz. et telz tant vostres et à jamais, que certaynement vous pou-
vez faire de nous en toute vostré volunté.
Nous escripvons au Roy3 ; nous ne dobtons en rien que le tout ne
1 Cette minute est de la main de Laurent Maigret dit le Magnifique.
L' en-tête seul a été écrit par Claude Boset, secrétaire du Conseil.
2 Voyez le N° 535, note 1.
3 La minute de cette lettre au Roi, datée également du 23 décembre,
est de la main de Laurent Maigret, qui n'avait pas craint d'y insérer le
passage suivant : « Pour ce que... sans lettres de créance de vous à luy
[c'est-à-dire, à M. de Verey], nous ne pouvons mectre en avant à nostre
peuple le commun bien de vostre affection, s'il vous plaist, vous les luy
envoyerez, et. arrivez de par deçà, nous espérons arec l'agile de Dieu, que
ainsi qiCil Lug' a pieu chasser d' icg VAntecrist pour le règne de Jésus-Crist,
que ainsy il citassent Grolias, pour g mectre David, — des successeurs du-
quel nous vous envoyons médailles, trouvées près les murailles de nostre
ville... » Le passage que nous avons reproduit en lettres italiques fut sup-
primé et remplacé par celui-ci, qui était moins compromettant : « nous
espérons vous satisfaire de tout ce qu'il nous sera possible. Nous vous en-
382 AMI PORRAL AU CONSEIL DE GENÈVE. 1535
vous soit communiqué. Nous vous en laisserons faire, car qui vous
conduict [c'est] Dieu, et vous sçavez myeulx [ce] qu'il nous fault,
que nous-mesmes. Et pour tant, en vous remercyans très-humble-
ment et nous recommandans à vostre grande charité, nous le sup-
plyoris de très-bon cueur vous donner, et à nous, grâce qu'en tout
et par tout nous Luy soyons vrays bon[s] fidelles en Nostre Sei-
gneur Jésus-Crist. [Genève] 23 Decembr. 1535 \
Les Sïndj<:qlf.s et Conseil de Genève.
537
ami porral au Conseil de Genève.
De Berne, 23 décembre 1535.
Inédite. Autographe. Archives de Genève.
Sommaire. Avis de Porral sur la déclaration qu'il conviendrait de demander à M. de
Yerey, pour rassurer les Bernois. Discours du député genevois devant le Conseil des
Deux-Cents à Berne.
Très-honnorés Seigneurs! Après les recommandations, j'ay re-
ceu voz lettres par les hayraulx, l'une du 14 et les deux du 15 S
voyons... quelques médailles... des premiers deffeudeurs de la liberté de
noz prédécesseurs, pryans Dieu que, ainsy que jà il vous a appelle leur
imitateur, que ainsi la fin ensuyve » (Minute orig. Arch. de Genève).
4 A la même date, le Conseil adressa à l'amiral de France une lettre
de remerciements pour sa « grande bonne affection » envers Genève. Ré-
digée par Laurent Maigret, cette lettre fut expédiée pendant la nuit du
23 au 24 décembre, en même temps que les deux missives destinées à
François I et à la reine de Navarre (Voyez dans Froment, op. cit., les
Extraits des Registres, p. clxiii, clxyii).
1 Le 14 décembre, le Conseil écrivait à Porral : « Messieurs [de Berne]
hont... veu comment dix et vuyt moys nous bavons endurez... espérans
tousjours une fin, et maintenant, estans cbeute celle dernière Journée
VOuste [1. à'Aoste], en laquelle debvoit estre faict fin, Ton nous mande de
encore endurer! » — et, le 15 : « Sur ce que M. de Savoye demande aul-
1535 AMI PORRAL AL CONSEIL DE GENÈVE. 383
le samedi 18. Le Seigneur Naiguilte n'est pas arrive icy. mes s'en
est allé en Aillo, combien qu'il ayl tout, mandé et escript, mesme-
ment comme il avoit entendu à Nyon la prise des François à Gay,
en nombre plus de 40 -. De laquelle prise les ungz bout estes mar-
i\s. entendans qu'ilz ne venoienl à vostre secours synon pour
charité, comme fidelles et à L'Évangille, ainsy que j'entendz et que
je leur 'a y donné d'entendre. Pourquoy seroit expédiant et fort
neccessaire et utile que le capitaine Seigneur de Varay escrivisse
une lettre dessoubz son.caicbetà Messieurs d'icy, que luy ne ses
nens ne viennent à Genève synon pour donner ayde et secours en
charité à celle pauvre ville affligée pour l'Évangille, etc. Et s'il ne
veult cela faire, vous pourrés cognoistre, etc., et vous gardés, etc. s.
Londi 20e, après avoir faict lire la lettre dernière que m'avés en-
voyé, par devant Messieurs les bourgois, je les ay prié, tant pour
l'honneur de Dieu et charité que par la vertu de la bourgoisie. à
la forme de ma dite lettre , de vous vouloir donner aide et se-
cours4, — leur réduysant en mémoyre et non pas pour reprouche,
comme, à leur persuasion, rueillans plustost perdre la bourgoisie
de Fribourg, incourir l'indignation de PÉvesque, du Duc, du pais et
de tout le monde, avions receu PEvangille, désirons plustost vivre et
mourir avec Leurs Excellences en icelluij, comme vrayz Crestiens e!
gens de bien doibvent faire, que avec point d'aultres'% etc.; et que.
sur la parolle de leurs ambassadeurs Tribollet et Bichojf6, avions
desrouché plus de cinq cents tant maisons que granges, fondu ar-
tillerie, fait murailles, rampars, et entretenu gens de. guerre sans
leurs commis : que [1. ce qui] nous coustoit plus de 2000 escus.
oultre les dits desrouchementz et aultres pertes innumérables.
Item, que par leur conseil avions enduré que noz ennemys nous
bussent pris noz gens, tous noz biens et toute nostre prise, nous
tre trêve... sumes esbays, comment L. E. [de Berne] ne peult panser, que
mal tiendra-il une trêve de cinq nioys, quant il ne la peult tenir de vingt
et ung jours, mais encore non pas tl'ung » (Minutes orig. Arcli. de Genève).
- Voyez le N° 535, note 1.
3 On voit dans le Registre des 17, 18 et 20 décembre (Froment, op.
cit. p. clx-ci.xiii) que le Conseil de Genève avait pris ses précautions, en
n'acceptant qu'avec réserve les propositions de M. de Verey.
4 Dans leur lettre du 12 décembre, les Bernois affirmaient que Genève
n'avait pas encore requi leur secours, en se réclamant du traité de com-
bourgeoisie (Voy. le N° 533, n. 4-5).
5 Comparez ce passage avec le N° 510, renvoi de note 14.
6 Voyez Froment, op. cit. p. cviu, cix.
.'Î84 AMI PORRAL AU CONSEIL DE GENÈVE. 1535
disans : « Actendés, actendés ! Allés demandé le droict par devant
.Messieurs des Ligues, » ce que avons fait; mais tout ne nous a riens
vallii. Item, leur a y dit, que je n'entend y jamais que vous ayés mandé
ambassadeurs au Roy, ny donné seaulx ou lettres pour avoir ce se-
cours 7; mais entendois qu'il venoit à la poursuyte des François qui
demeuroient à Genève pour rÉvangille s : et que sil, toutesfois, Leurs
Excellences pouvoient entendre que l'on nous mennasse quelque
trahison, qu'il leur pleut le vous faire sçavoir, afyn de s'en garder,
car vous estiés là enserrés comme pouvres prisonniers, sans pou-
voir sçavoir quelles practiques se mainent dehors contre vous, etc. '.
I'em, leur ay dit que vous n'aviés paiches ne traiclement avec pais
ny prince du monde10, que avec eulx la bourgoisie, et que vous
vouldriés pliislosl vivre et mourir avec eulx que avec les aultres,
comme j'entens. Et qu'ilz nliont subjectz quilz voulsissent plus
taire pour Leurs Excellences que vous.
Sur quoy m'hont fait donner response par Monsieur l'Advoier
(combien que de cela leur heusse demandé briefve response), qu'il
7 Porral, qui était absent de Genève depuis plusieurs mois, ignorait
sans doute que la négociation secrète entre Laurent Maigret et M. de Verey
avait reçu de quelques-uns des conseillers genevois une autorisation ofri-
cielle. Il existe, en effet, une minute de lettre rédigée par Laurent Mai-
gret , et dans laquelle on invite M. de Verey, à Lyon, sous le pseudo-
nyme de Loys Crocquet, à assembler sa marchandise [c'est-à-dire, ses gens].
« Vous pryant, lui disait-on, qu'en la plus grande dilligence... vous la
faictes marcher et valoir, soubz nostre nom, par tous les marchez que
vous verrez à nostre commung adventaigf... Et à ceste lin, et pour vous
asseurer, nous vous avons escript les présentes, signées de nostre secré-
taire et scellées du séel de nostre compagnye... Faict à Genesve, le 1!)
d'octobre 1535. » Au verso de cette pièce, le secrétaire Roset a écrit ce
qui suit : « 19 octobre 1535. En la maison du sindicque Bandire, présent
luy et Hudriol du Mollard, sindicques, Michiel Sept, Johann Lullin, Amy
Chapeauroge, Estienne Chapeauroge, George des Clefz et P. Vandelli,
h ont parlé avecque le Magnifficque et hont passé la dernier escripte » (Mi-
nute orig. Arch. de Genève). Voyez Froment, op. cit. p. 188.
8 Voyez le N° 530, note 9.
9 Les Genevois écrivaient à Porral le 2 novembre précédent : « Nous
cognoissons bien que l'on informe Messieurs [de Berne] aultrement, et
nous ne pouvons bavoir passaige pour aller respondre ; mais sûmes icy en-
clos, comment pouvres prisonniers es queulx l'on ne donne parole qui]
soit confortative... » (Minute orig. Reg. des Missives.)
10 C'était la vérité : l'accord dont nous avons parlé plus haut (note 7)
n'engageant le Conseil de Genève qu'envers M. de Verey.
lo3S SIMON UKYN.KUS A GUILLAUME PAREL [a GENÈVE]. 385
me failloit actendre jusques à mescredi n. Et. je me pensois bien
qu'ilz me donrroient celle response. Car il lhonl leur ambassadeur
Auspurg à Basle, pour avoir conseil sur ces affaires 12, creignaus
d'avoir ung tel voisyn ls, etc. J'entendz que ceulx de Fribourg aussy
en doibvent estre ung peu troublés 14. Dieu fait tout pour le mieulx,
affin de les réveiller l5. Sil milieur avoys et milieur vous donr-
rois. Tout "est bon aux. bons. Dieu vous doint sa paix et sa grâce!
De Berne, ce Jeudi 23e de Décembre 1535.
Vostre humble serviteur A. Por.[ral].
simon grynjeus à Guillaume Farel [à Genève].
(De Baie, vers la fin de l'année 1535 ').
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel.
Sommaire. Le retour de Nemric [à Bâ le] a rendu inutile la lettre que nous lui avions
fait adresser, selon votre demande; au reste, il est a désirer que l'affaire soit con-
11 C'est-à-dire, jusqu'au 22 décembre.
12 Voyez le N" 534, note 11.
13 11 faut sous-eutendre : que le roi de France.
14 Lorsque l'armée bernoise vint au secours des Genevois (janvier 1536),
MM. de Fribourg lui accordèrent le passage, malgré les représentations
de l'ambassadeur français, qui leur assurait « que jamais son maître ne
consentirait au dessein des Bernois, et qu'il s'y opposerait de toutes ses
forces » (Voy. le Chroniqueur de L. Vulliemin, p. 219).
15 Plus loin, Porral donne à ses supérieurs les nouvelles suivantes :
« L'Évesque de Lausanne escripvit l'aultre jour à MM. de Fribourg, que
la bende du baron de la Serra avoit que pris que tué plus de nnc Fran-
çois. Jaques May nous disoit que l'on ouyt dès Avenche tirer l'artillerie
d' Yverdon de resjoyssance , quant ilz sceurent la dite prise. Naiguille
a escript qu'il avoit ouy dire l'aultre jour, en venant de Genève, à plu-
sieurs païsans, [tant] par le chemyn que par les lougys, que sil Messieurs
descendoient, qu'ilz se rendroient à eulx, creignans les François... L'on
a dit icy que l'ambassadeur de l'Empereur qui se tient à Lucerne, officiai
de Bezaiison, poyoit ceulx qui vouloient aller contre Genève pour le Duc,
et qu'on les poyoit aussy à Marges en escus de Gennes. »
1 Voyez les notes 3, 5 et fi.
t. m. 25
386 SIMON GRYNjEUS A GUILLAUME FAREL [a GENÈVE]. 1535
fiée à d'autres qu'à ceux qui vivent dans les camps. Sur ces entrefaites, V ambassade
qui doit traiter de la chose en question est partie, afin de se rendre auprès du Roi [de
France], et nous recevrons bientôt la réponse de celui-ci.
J'ai entendu dire que vous auriez formé le projet d'annoncer l'Évangile à Lynn.
C'est une belle entreprise, digne de vous, mais qui réclame beaucoup de prudence. .Te
m'assure que vous aurez pour guide Celui qui a jusqu'ici dirigé tous vos pas. Gardez-
vous de la précipitation : il faut, dans la carrière du saint ministère, viser non pas
seulement à gagner des adhérents nombreux, mais surtout des adhérents fidèles. Les
conversions véritables ne s'opèrent que lentement. Si vous me permettiez un conseil
d'ami, je vous dirais : Continuez à évangéliser avec zèle le pays que le Seigneur a
remis à vos soins, et attendez que votre œuvre ait porté ses fruits, avant de la pour-
suivre ailleurs. Saluez tous les frères et surtout Viret.
S. Litteras ad Nemricum Nobilem -. sic ul volebatis, impetrave-
ramus ac etiam miseramus. Rediit Me interea, priusquam eô per-
lata> litlerce fuere. Negotium igitur impeditum vides, quod fortasse
peu alios boulines promoveri prestat, quàm peu armatos. Dominus
ipse viam inveniat, ut ne horum operà qui in castris sunl habea-
nms opusî Legatio interea ad Regem eadem de re abiit*, puto, ac
inox, nisi fallor, responsum audiemus.
Te audio Lugdunum inferre Evangelium instituisse*. Praeclarum
dignumque magnanimo Ghristi minislro propositum, sed quod
opus bona circumspectione babet. Sed confido. certo te duce itu-
rum, si modo ibis. eo. inquam, qui tuos conatus juxta voluntatem
suam gubernavit hactenus. Ego cum hsec audio. nibil aliud pos-
sum quàm hortari, ut non tam hoc considères quàm multos, sed
quàm certos adducas Christo. aut, ut rectè dicam, quàm multos bo-
2 Ce personnage, qui servait dans l'armée française, nous est inconnu.
C'était sur la demande des pasteurs de Cenève, que le Conseil de Bâle lui
avait écrit pour lui recommander leur requête (Voy. la note 3).
3 Cette ambassade envoyée à François I par les cantons réformés de
la Suisse, avait très-probablement pour objet d'intercéder en faveur des
Évangéliques français. On voit par ce qui suit qu'elle eut lieu pendant
que Viret était le collègue de yard à Genève , ce qui exclut l'année
1536. Nous savons, d'autre part, que ces deux réformateurs avaient
fait d'activés démarches, dès le mois d'août 1535, pour intéresser les égli-
ses allemandes à la triste position des Vaudois (Noa 521, 523, 530). Il est
donc naturel de penser que la présente lettre a été écrite pendant l'au-
tomne de la même année (Voyez les notes 5, 6).
4 Nous ignorons si Farél conçut réellement le projet d' évangéliser la
ville de Lyon. Il n'aurait pu, en tout cas, le réaliser qu'après l'accep-
tation de la Réforme à Genève, et avant le départ de son collègue Pierre
Viret, c'est-à-dire, pendant l'automne de l'année 1535.
1536 GUHAAUME PAREL A SON FRÈRE GAUCHIER. 387
nos ac certos. Video etiani liane culturam non pati festinationem.
sed amare diligentiam. Gertè in discendis rébus CcCleris homines
nil subito proflciunt, et Dominas ipse diu suos suspendere solet.
antequam in inleriora philosophie suée admittat. Ilaque, si non
contemnis ex animo simplici profectum consilium, rogabo ut hanc
oram oui te œdificandœ Dominus prœfecit, diligenter perdoceas, et
non. antè festines alto, quàm certus tuorum [laborum] fructits spem
tibi facial, aliud novale posse teaggredi*. Scribo h sec in animo sim-
plici et amante lui, magis amici officio fungï apud te quàm moni-
toris cupiens. Yale in Domino Christo. Amen. Saluta fratres om-
nes, Virretum praesertim6.
Gry.yeus tuus.
(lnscriptio :) Clarissimo viro Domino Guliel.[mo] Farello, fratri
in Domino colendissimo.
539
Guillaume farel à son frère Gauchier.
De Genève, 4 janvier 1536.
inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neucliâtel.
Sommaire. Farci prie son frère de lui donner des nouvelles de leur famille et des frères
de Grenoble. Il l'exhorte à s'employer cordialement auprès du comte Guillaume [de
Furstemberg], afin qu'il recommande à François I la ville de Genève, qui est privée
des revenus destinés aux pauvres. Gauchier doit aussi remercier le comte Guillaume
'' De rette phrase on doit conclure, que la Réforme avait été tout ré-
cemment adoptée dans la ville où Farel et Viret prêchaient ensemble l'É-
vangile. Il s'agit par conséquent de Genève, où le catholicisme fut aboli
le 10 août 1535.
6 Après son voyage de Bûlc, qui eut lieu en novembre 1535, Viret ne
revint à Genève qu'au mois de juin 1536, et pour quelques semaines seu-
lement. Autre indice à noter: Grynceus ne mentionne pas Calvin, son ami
intime. La lettre est donc antérieure à l'époque où celui-ci fixa sa rési-
dence à Genève.
388 GUILLAUME FAREL A SON FRÈRE GAUGHtER. 1536
nom- la délivrance des prisonniers de Lyon. Le Flamand a été détourné de la vérité
par l'influence de Caroli.
La grâce, paix et miséricorde de Dieu nostre père par nostre
Seigneur Jésus! Claude1 et moy sommes esbahys que n'avons de
voz novelles, tant pour la maison, [que] pource que à bon droict.
il désire que sa femme soit avec luy 2, ce que je voudroye, affin que
tout allast selon Dieu, et ainsi comme il va à ceux qui aymenl la
parolle de nostre Seigneur, lesquels [je] vous recommande.
Messieurs de reste ville ont aulcune affère envers le Roij\ et ont
espérance que Monseigneur le Conte * leur aydera, affin qu'ilz puys-
sent mieulx secourir aulx povres et pourvoir à ce qui est néces-
saire selon Dieu5; parquoy voudroyent bien savoir quant Monsei-
gneur le Conte se trovera avec le Roye, et où il tyre; car aucuns
disent qu'il doit aller à Basle\ les aultres, en aultre part. Vous en
adverlirez au certain de tout, en parlant à .Monseigneur et luy re-
coramendant très-affectueusement les bonnes gens deceste ville, que
pour l'honneur de Dieu il leur ayde; car grandement sont chargez
de povres. lesquelz ont eu de la nécessité et indigence, pource que
le revenu qui devoit estre rendu pour les povres a esté détenu \
i-i
Claude Farel était alors en Suisse. Le Roi l'avait délié de son ser-
ment de fidélité, ainsi que son frère Gauchi&r, et il leur avait « permis d'aller
résider, avec leurs femmes et eni'ans, au pays de MM. de Berne. » Tou-
tefois, une partie de la famille était restée dans la ville de Gap, atten-
dant peut-être la restitution de ses biens, que le parlement île Grenoble
avait confisqués (Voy. la lettre du 12 septembre 1545).
3 Les magistrats de Genève venaient d'écrire le 1". janvier au roi de
France, pour l'informer du bon accueil qu'ils avaient fait à M. de Verey,
et de l'intention où ils étaient de servir le Roi « en tout ce qui tomberait
en leur puissance » (Minute orig. Arcb. de Genève). Cette lettre, qui tut
remise à un officier du Roi, ne fait allusion à aucune autre « affaire. >
4 Le comte Guillaume de Fur.stemberg (N* 436, n. 5). Depuis quelque
temps, Gauchier Farel faisait partie de sa maison.
5 Voyez la note 8.
li Le 20 décembre, François I envoyait à M. de Verey Tordre de s'ex-
pliquer sur l'entreprise tentée par lui en faveur de Genève. La lettre qui
renferme cet ordre est datée de Pagny, à 7 lieues de Beaune (Copie contemp .
Arcb.. de Genève). Le 17 janvier 1536, le Roi se trouvait à Lyon.
7 En 1535, Guillaume de Furstemberg avait été chargé par le Roi de
lever en Allemagne vingt enseignes de lansquenets (Mém. de Martin du
Beïïay). C'est ce qui explique le projet de voyage attribué au comte Guil-
laume.
s II s'agissait des redevances dues aux églises et au Chapitre de Genève
l'»36 GUILLAUME FAREL A SON FRÈRE GAUCHIER. 389
et. s'enployant pour la ville, faira une bonne œuvre et grandement
en L'honneur de Dieu, et tous luy en sauront tant de gré, et plus
s'extimeront estre obligez et attenuz à luy que s'il avoil fait grosse
cbose. voyre plus grande que telle pour le bien d'ung cbascun
particulier''. Ayez donc l'alïère en singulière recommendalion h
y travaillez de tout vostre povoir, de ce je vous prie, et n'oubliez
d'assister à tous ceux qui aymenf Nostre Seigneur.
Remercie: aussi/ grandement Monseigneur pour lu délyvrance de
ceux de Lijon qui sont icy '". traitement bons personnaiges, et qui
voluntiers viendroyent pour remercier Monseigneur le Conte: mais
leur délivrance a esté telle, qu'ilz ont estes bannis du Royaume de
France'*1. En quoy l'on congnoit la bonne affection de ceulx qui
les avoyent es mains I25 que la grâce que le Rotj a fait aux prison-
niers, ou plus tost la justice (c'est de commender que les inno-
cents fussent délyvréz de prison 13). ont ce changé en bannisse-
ment.
Curoli/ s'est bien employé à servir contre Dieu, pour retyrer
de vérité le Flament I4. S'il pècbe par certaine malice, Dieu luy
rende selon son iniquité, et face que sa main soit congneue. aflîn
que tous craignent de venir contre Dieu, et, sentans la bonté et
miséricorde de Dieu sur les siens, tous se fient en Dieu, l'ayment
le servent ! Vous nous udrertirez des frères de Grenoble. Dieu par
sa grâce ayde aux siens et envoyé à tous tout ce qui est nécessaire !
Je vous prie de cbeminer sainctement. selon la volonté saincte
en divers lieux du Faucigny et du comté de Genevois, et dont le produit
était en partie appliqué à l'entretien des hôpitaux de Genève. Depuis que
les Ducaux et les Épiscopaux avaient recommencé les hostilités, ces rede-
vances étaient séquestrées. MM. de Genève espéraient (pie l'intervention
de François 1 auprès de la comtesse de Genevois, sa parente, pourrait
améliorer cet état de choses (Voy. la lettre du 25 juin 1537).
9 Nous aurons plus tard l'occasion de citer une lettre où les magis-
trats genevois expriment au comte de Fnrstemberg la plus vive reconnais-
sance pour les services qu'il avait rendus à la ville de Genève,
io.li i] ne peut etre qUestioii des Genevois précédemment établis à
Lyon, et qui, selon Péricaud. cité par M. Clément de Faye (Hist. de l'é-
glise de Lyon, p. 98) seraient rentrés à Genève (1535) au nombre de six
cents. Farel t'ait allusion à Baudichon de la liaison neuve et à Jean Janin
(Voy. le N° 480, n. 2-. .
12-13 Les deux Genevois mentionnés plus liant avaient été incarcérés
dans les prisons de l'archevêque de Lyon et jugés par ses offieiaux.
14 Le nom de ce personnage nous est inconnu.
390 PIERRE VIRET AU CONSEIL DE GENÈVE. 1 536
de Dieu, de quoy Nostre Seigneur vous en doint la grâce ! Saluez
Monseigneur le Conte grandement en Nostre Seigneur, et luy re-
commendez grandement la gloire de Dieu et l'ayde des fidèles. De
Genève, ce 4 de janvier 1536.
Vostre frère Farel.
(Suscription:) A mon très-cher frère Gauchier Farel. chez Mon-
seigneur le Conte Guillaume.
540
pierre viRET au Conseil de Genève.
De Neuchâtel, 18 février 1536.
Inédite. Autographe. Archives de Genève.
Sommaire. Viret félicite le Conseil, au sujet de la délivrance des Genevois, et proteste
du dévouement inaltérable qu'il conserve pour eux. Il se rendra a leur appel, aussitùi
que Neuchâtel le lui aura permis.
3Ies très-chiers et honnorés Seigneurs! Je ne pourroye assés
exprimer la grand' joie et consolation que j'ay en mon cueur, de
la grâce et miséricorde que nostre bon Dieu et Père a faict non
pas à vous seulement, mais à tous ceulx qui l'ayment, qui estiment
vostre bien et salut estre le leur, comme bien l'ay expérimenté,
tant en Allemagne que aux aullres lieux où j'ay esté ', qui estoient
tous en grand' solicitude pour vostre délivrance des iniques qui si
1 Pendant le voyage qu'il lit à Baie et peut-être à Strasbourg, eu no-
vembre 1535 (N° 533, u. 2), Viret dut recueillir Je nombreuses marques
de sympathie pour Genève. On lit dans la lettre de Porral adressée le 22
janvier à. ses supérieurs : « Je ne heusse jamais pensé que Nostre Seigneur
heust ainssy touché le cueur de noz amys, bons seigneurs et combourgeois
[de Berne), à la persuasion de leurs amys mesmement de Baie et de leurs
paisans. Dieu le leur rétribue par sa grâce! » (Mscr. orig. Arch. de Ge-
nève i. Voyez aussi la lettre de Gryneeus du 20 mars suivant.
1336 PIERRE VIRET AL CONSEIL DE GENÈVE. 391
longuement roua ont affligé3. Et maintenant je cognois que nostre
bon Père a ouy les prières et souspirs de ses enfans, en sorte qu'il
a délivré et vous et vous [1. vos] voysins 3 de captivité et corpo-
relle et spirituelle.
Et touchant ce qu'i[l] vous a pleut me faire escripre 4, soyez as-
seuréz en cella de mon cueur, qu'il n'y a personne sus la terre
pour qui je misse plustost ma vie et mon sang, s'il estoit possible,
Hue pour vous, en tout cella que je vous pourra \ faire ne playsir
ne service, en l'honneur de Dieu, selon la grâce qu'il lui a pleut
me donné. Et fera y la meilleur' diligence qu'il sera possible, pour
satisfaire à vostre vouloir, lequel je cognois bien estre saincl et de
Dieu, et ne pourray ne vauldray aussi faire autrement. Toutefois,
si vous plaît, vous ne serez point mal édifié, si je ne me suis soub-
dainement mis en chemin avec vostre serviteur 5: car je ne pouvoye
facilement si toust, pour beaucop de causes raysonables, comme
plus amplement j'en ay rescript à nostre frère M. Guillaume6, le-
luel [je] sçait bien estre chargé oultre messure7. Mais j'espère en
brief, et le plustosl qu'il me sera possible, d'estre par devers vous s.
i
- Le 16 janvier précédent, MM. de Berne avaient envoyé leur décla-
ration de guerre au duc de Savoie. Le 22 janvier, l'armée bernoise s'était
mise en marche, pour aller secourir Genève; elle avait conquis la majeure
partie du Pays de Vaud, sans coup férir, et, à son approche, les troupes
du duc de Savoie et de l'évëque de Genève s'étaient dispersées (Voyez les
Fragments hist. sur Genève, I, 222. — Froment, op. cit. p. 207-217,
clxix— clxxix. — Ruchat, IV. 7-38. — Le Chroniqueur de L. Vulliemin,
p. 213-240).
. 3 Les habitants du Pays de Vaud et d'une partie du Chablais.
4 Cette lettre, datée du 15 février, contenait ce qui suit : «Très-chier
frère, [après] nous estre recommandé à vous. Vous havés entendu com-
ment il a pieu à Dieu ouvrer par deçà en tieule sorte, que est besoing
de havoir des ouvriers. A ceste cause, vous prions ne veuilles fallir de vous
en venir par deçà à l'œuvre de Xostre Seigneur. Et nous luy prierons
qu'il luy plaise vous donner lionne santé et longue vie > (Minute orig.
Arch. de Genève).
5 Ami Plongeon, citoyen de Genève. Selon le Chroniqueur de L. Vul-
liemin, p. 252, il avait été envoyé à Neuchâtel pour « demander à la Classe
[des pasteurs] de leur céder Pierre Viret et Christophe Fàbry. »
6 Farel. La lettre qui lui fut écrite par Viret n'a pas été conservée.
7 Selon Olivier Perrot (Vie inscrite de Farel) et Ruchat (IV. 136), Fa-
rel n'avait alors pour collègue qu'un certain Jean Bheti (en latin JRheti-
tius). Les antécédents de ce dernier personnage nous sont inconnus, et
nous ne savons s'il doit être identifié avec ce Jean Rétif ajourné ;i Paris
comme suspect le 25 janvier 1535 (N° 188, n. 12).
8 Voyez le X' 541, note 7.
131)2 LE CONSUL DE NEUCHATEL AU CONSEIL DE GENÈVE. 153(>
si plaît à Nostre Seigneur, auquel je prie qu'il vous assiste Gomme
il a commencé, affin que persévérez de servir à son honneur el
gloire. La grâce de Dieu soit avec vous! De Neufchastel. ce 18 de
Febvrier 1536.
Vostre petit el humble serviteur.
presl à vous hure plaisir et service,
Pierre Viret.
( Smcription : ) A mes très-honnorés Seigneurs Messieurs les
Syndiques el Conseil de Genève.
541
LE CONSEIL DE NEUCHATEL ail Conseil (le Genève.
De Neuchâtel, 19 février 1536.
inédite. Manuscril original. Arch. de Genève.
Sommaiee. Le Conseil de Neuchâtel expose Les raisons qui l'empêchenl de ci
Pierx Vird aux Genevois.
La grâce de Dieu, par noslre bon Sauveur et Rédempteur Jésus-
Christ, lequel par sa seulle miséricorde nous a appeliez à sa saincte
cognoissance ! Icellin soif à jamais par les siens exaltez, glorifiiez
et magnifiiez éternellement!
Magnifficques et très-honnoCés Seigneurs. Nous avons par ce
présent vostre porteur receuz la lettre que nous avés transmise.
par laquelle nous priez de permettre que Maistre Pierre Viret s'en
voyse par devers vous, affin de remectre les affayres de Dieu en
bon terme '.
1 MM. de Genève avaient écrit le 15 février au Conseil de Neuchâtel :
« Très-honnorés Seigneurs, Nous bavons entendu comment maistre Pierre
Viret est par devers vous, duquel maintenant, à cause des occurans, ba-
vons besoing. A ceste cause, vous prions il vous plaise luy permettre que
1536 LE CONSEIL DE NEUCHATEL AU CONSEIL DE GENÈVE. 393
Magnifflcques Seignieurs! Quant nous avons bien Iteuz sur re-
considérez ancor les répugnans el adversaires du Saincl Évan-
gille. que journelment habondent el viengnenten ceste ville1'. —
pour contretenir à ihieulx malings, il nous est requis que ayons
gens qui soyent instruys en la Parolle de Dieu. A ceste cause,
vous prions que n'ayés à desplaisir pour tanl que ne permettons
maintenant icelluj Pierre Viret aller par devers Voz Seignories.
actendus les lieux dangereux que \ sont, aussi les calamitéz ifiie il
a souffertes tant à Pctverne que ailleurs9. — de quoy, comme sçavez,
est fort débilitez de sa personne; car s'il vous assistoit. serions en
trop grande indigence de thieulx ouvriers 4.
Mais quant les prédicans qui sont avec noz gens sur les champs3
seront de retour", el que d'iceulx vous en puyssiés servir, pour
l'honneur el gloyre de Dieu, nous sommes ceulx qui volontayre-
menl \ vouldrions adviser en cela7. Et. du surplus, si en aultres
il s'en revienne icy avecqne le serviteur que luy envoyons, affîn que les
affaires puyssent estre en bon terme remys selon Dieu, lequel prions qu'il
luy plaise vous donner bonne prospérité ■» (Minute orig. Arch. de Genève).
2 La Réforme n'avait pas triomphé dans tout le pays. Les chanoines
de Neuchâtel, avec les Bénédictins qui leur avaient donné un asile à Mé-
tiers, célébraient encore le culte catholique dans quelques églises du Val
de Travers. Ce fut seulement le 25 mars 153G que le respectable Etienne
Besancenet dit la dernière messe au Locle. Le eatbolicisme ne fut aboli
à Lignières qu'en 1553. Il a persisté au Landeron et à Cressier, grâce à
l'appui de Soleure. (Voyez Matile. Musée hist. III, 159, 160. — I'. Go-
det. Hist. de la Réformation et du Bct'utre dans le pays de Neuchâtel.
1859, p. 139, 142, 143, 146.)
3 Ce dernier mot est une allusion délicate à la tentative d'empoison-
nement dont Viret avait failli être victime à Genève (mars 1535).
4 La ville de Neuchâtel n'avait alors, selon toutes les vraisemblances,
que deux pasteurs : Antoine Marcourt et Viret.
5 C'est-à-dire, en campagne, avec l'armée bernoise qui avait délivré
Genève. L'un des prédicants des auxiliaires neuchâtelois était Denis Lam-
bert. Il avait probablement pour collègue Einer Beynon, pasteur de Ser-
rière, et que Farel caractérisait en ces termes : « Hemcrius... vir sine fuco,
pectore et manu valens » (Lettre du 23 décembre 1536).
c Les auxiliaires de Neuchâtel, de Valaugin et de la Neuveville furent
congédiés à Yverdon, le samedi 2(1 février (Voyez l'Histoire curieuse du
Pays de Vaud. Lausanne, 1672, p. 85).
7 II paraît cependant que Viret obtint bientôt après la permission de
partir. Il se mit en route avec Christophe Fahri. dans le temps même que
l'armée bernoise assiégeait Yverdon. > Les deux évangélistes, passant au-
près de cette ville, rencontrèrent dans Tannée les arquebusiers lausannois.
391 SIMON GRYN.EUS A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE. 1536
plus grandes alïavres vous puyssions faire service, en nous man-
dans, nous trouvères prest pour l'accomplir, [le] sçayt Nostre Sei-
gneur, auquel prions que vous ayt en sa garde. De ceste ville, le
19* jour de febvrier 1536.
Les quatre ministraulx, Conseil
et communaultey de la ville de neufchastel.
prest à voz servir.
( Suscription : ) A magnifficques et très-honnoréz Seigneurs,
Messeigneurs les Sindicques et Conseil de la cité de Genesve, noz
singuliers bons Seigneurs et parfaictz amys.
542
simon gkyn^eus à Guillaume Farel, ta Genève.
DeBâle, 20 mars (1536 ').
Inédite. Autographe. Bibliothèque des pasteurs de Neuchàtel.
Sommaire. Tous les gens pieux félicitent Genève an sujet de sa délivrance et prient
pour sa conservation. ATais il est une chose qui nous trouble : on dit que vous êtes
implacables envers certains citoyens, accuses de mauvais vouloir, bien qu'ils aient
partagé tous vos dangers. Je pense que vous devez pardonner à tous ceux qxd n'ont
pas conspiré ouvertement oindre la république. A qui siérait-il mieux qu'à vous ce
pardon des offenses, vous qui avez été délivrés par une grâce manifeste de la bonté
divine? Ainsi donc vous no bannirez aucun des citoyens qui veulent rentrer dans la
ville, et vous vous efforcerez plutôt dé les ramener tous. Je sais bien, mon cher Fa-
rel, que vous n'avez pas besoin de cette exhortation ; mais je devais vous informer
dont les officiers les abordèrent et prièrent Viret de venir kLamanne, où
ils promettaient de lui donner lion appui. Viret se rendit à leurs vœux.
11 laissa Fabri poursuivre seul son chemin, et il alla chez son père, à
Orbe, attendre qu'Yverdon fût prise, et que les Lausannois vinssent l'em-
mener pour leur annoncer la vérité » (Le Chroniqueur, par L. Vulliemin,
p. 252).
1 L'année est indiquée par les trois passages de cette lettre qui sont
relatifs à la délivrance de Genècc.
t5:HJ SIMON GRYN.EUS v GUILLAUME FAREL, \ GENÈVE. 395
des bruits qui courent sur Genève. Conservez-moi votre amitié : elle est mon trésoi
le plus précieux.
S. Sit tecum sapienlia et fortitudo Domini Dei nostri, et servare
nos è medio discrimine possit, liostibus omnibus profligatisl Huic
sit laus in secula ! Tibi verô robur addat et spirilum ut consistas in
finem! Amen. Cetera igitur rectê et fœliciter liabent, ac apud pios
magna ubique gentium pro sainte vestra cùm gratulalio, cùm de-
praeeatio ad Dominum* assidue est.
Ùna res est cujus fama nonnihil sollicitât nos : sic enim ferlur,
vos erga cives eos qui habiti sint quomodocùnque alieni, in eodem
licet discrimine fuerint cum rébus et facultatibus omnibus, nunc,
parla sainte, esse implacabiles, et nolle cu.jusquam babere ratio-
nem2. Ego sic mibi, Farelle, censeo, partâ fœliciter salute, ignos-
cendum omnibus esse, quicunque in exitium Reipublicae et in ur-
bem ipsam diu paiera non sint machinati 3. Quos enim ignoscere
promptiiis vel peccatis, vel erroribus, vel imbecilUtati fratrum cui-
cunque decet, quàm vos, qui certo recens Domini beneficio estis ser-
vati, quique mansuetudinem profitemini Cluiati? Rogo, neminem
ejicietis, qui esse apud vos, etreconciliari studet*. A dducetis omnes
- Grynseus fait allusion an décret suivant, rendu par le Conseil Gé-
néral du <! février 1536, pt dont le sens lui avait été rapporté inexacte-
ment :
< Fuit iocjuutum et statum, quôd omnes differentise dilabantur, omnes-
411e cives sub uno concordio vivant, et à modo res jam actse, illis exceptis
([K03 publicam proditionem respiiiunt, extinctaa sint ; née. sit opprobrium
de forragiis, de domibus dirruptis, de injuriis actis, et aliis bujusmodi
propter bella patratis ; omniaque offensata censeantur dimissa, prseter
illa quae contra bonum commune acta sunt. — Item, fuit edictum, quôd
si quis pro Mis qui civitati contrariarunt, aut pro hiis qui civitatem in nec-
cessitate dereliquerunt et illam absentarunt, deprecetur, is babeatur pro
non amico civitatis, immô et inimico ac productore. Fuitipie dictum quôd
nunquam loquatur de recipiendis condeinpnatis et sibi adberentibus de
nova benda fugitivorum. — Item fuit arrestatum quôd, ;'i modo, nemo
alium objurget : « Tu es vel fuisti Papista, aut Lutheranus; imô omnes
.-ni) sancto Dei Evangellio vivant » (Registre du Conseil de Genève).
3 Ce vœu de Grynœus était déjà réalisé en partie (Voyez la tin de la
note 4).
4 Le 28 février, le Conseil des Deux-Cents avait pris la décision sui-
vante contre les citoyens fugitifs et ceux qui, « dès la fuite des Savoyens, »
étaient revenus à Genève: « Résolu... que nulz ne soit permys dès icy en
là revenir en la ville, ny résider en icelle, et que leurs femmes leurs soyenl
envoyées; et eeulx quil seront revenus et ilz sont esté du ebasteaulx de
:j*)t> LE CONSEIL DE BERNE A FRANÇOIS L 1536
pro virili. Hoc non [au] eo fratre quaeritur, qui te discedere à rec-
titudine oftîcii Christian! credam, sed et ne imperitus famae quse
ad nosusque emanavit, et rerurn quœ apud vos geri dicuntur, esses.
Vale in Domino, et me ama, cujus mihi amicitia est loco pretiosis-
simi tliesauri. Basileae, 20 Marci (1536).
Simon Gryn.eus tuus.
(Inscriptio:) Praeslantissimo viro 1). Gulielmo Farello, amico et
fralri in Domino colendissimo.
545
LE CONSEIL DE BERNE à FrailÇOÏS I.
De Berne, 28 mars 1536.
Inédite. Minute originale. Arch. de Berne.
Sommaire. MM. de Berne consentent, pour leur part, à ce que le docteiu Furbiii,em-
prisonné à Genève, soit libéré, et ils intercèdent auprès du Roi en laveur i' Antoine
Saunier et des Éeangéliques de Frana
Syre, à Vostre Royale Seignorie affectueusement nous recom-
mandons. Syre. nous somes desjà souventes fois par vous lettres
esté requis pour la libération du frère Guy Furbitz '. qu'est détenu
es prisons de Genève, ad cause d'aulcungnes parolles mal son-
nantes, que en prêchant la Parolle de Dieu il ha dict contre nous1.
l'iney, que justice eu soit briefvement i'aicte et soyeut exéquutés. S'il ne
sont pas esté du diet chasteaulx, mais seulement sont esté dehors, que
l'on les prenne, et leur soyent donnez trois traietz de corde; puys, qu'il
soyeni mys dehors la ville, eulx et leur famille, pour monstrer à ung ches-
cung le debvoir [que] il ha à la ville don [1. d'où] il est » (Registre du 12
et du 28 février). Le 1S mars suivant, le Conseil décida que les femmes
et les enfants des citoyens fugitifs ne seraient pas expulsés de la ville.
On fit grâce plus tard à quelques bannis, mais en les condamnant à une
forte amende.
1 A la date du 21 septembre 15H4. François I avait prié Berne et Gé-
nère de relâcher Guy Furbiti , eu considération de ce qu'il venait lui-
même de faire grâce aux deux Genevois condamnés à mort à Lyon (Voyez
!536 LE CONSEIL DE BERNE A FRANÇOIS I. oi>7
Et ira tenuz en nous de le relâcher pour l'amour de vous, sj ne
fus t que nous combourgeois de Genève n'estiont récompensés des
costes et Trais sustenus à l'occasion de sa détention2. Ce non ob-
stant, sus la requeste que de rechieiï parle frère du dict prisonnier
nous havés faicte :î, somes, pour vous gratiffier, Irès-contant que
le dict Furbitz soit relâché, sans nous arrester sur la réparation
des parolles injurieuses que nous touchent, — icelles remeclant
au jugement et cognoissance de Dieu, nostre Créateur. Et. pour
ce mectre en effect, hàvons rescripl ad nous comhourgeois sus-
dicts que, quant ad nous, el tant qu'il nous louche, ne doihvent
taire faulle ne difficulté de libérer ycelluy Furbitz, non obstanl
les desmandes et questions qu'avions à rencontre de luy, espérant
les Nos 4.">:j, 480, et Merle d'Aubigné, op. cit. IV, 465). Cette démarche
n'eut pas de succès, parce que le moine prisonnier refusait de rétracter
les injures qu'il avait prononcées publiquement contre les Bernois.
2 Ces explications se rapportent proprement à la démarche que le duc
iic Savoie fit au mois de décembre 1535, en faveur de Furbiti. On lit en
effet dans la lettre de Berne à Genève du 24 décembre, même année :
s Nous ambassadeurs qui feusrent dernièrement à Ougsta [1. Aoste]...
firent tenir propos à Monsieur de Savoye, par la voye du sieur Piocbet,
touchant la détention de M. Antboyne Sonnier, et la libération d'icelluy.
Et estant de retour par devers nous le dit Piochet nous a laissé dire, par
nostre Secrétaire, que M. de Savoye sera contant de mettre en liberté le
dit Sonnier, par condition que somblablement soyt libéré le moënne Furbiti,
qu'est détenuz en vostre ville... Sur ce, vous avons bien, voulsu de cela
advertir, affin que advisiés que sera de fayre... » (Mscr. orig. Arcb. de
Genève.) Les Genevois furent très-peu satisfaits de cette proposition. Ils
('■(•rivaient à Porral le 2s décembre : « Havons respondu à Messieurs, sus
l'affaire de Furbiti, que, poyant les despens qui sont gros... voyëre plus de
mille escus, nous ferons comment leur pleut nous escripre, à la requeste du
Boy. Combien que, s'il [leur] plaisoit, il pourriont bien bavoir M. Saul-
nier leur serviteur, pris avec leurs lettres, sans cela» (Minute orig. Arcb.
de Genève). Les Bernois revinrent à la charge, le 13 janvier 153fi; mais
c'était pour la forme (Voy. Froment, op. cit. p. 208, 201)).
3 On lit dans la lettre de M. île Verey au Conseil de Genève datée de
Crémieu, le 13 mars 1536 : < Frère, Furbity a ung sien frère qui, avec le
congé du Boy, s'en va vers vous, pour adviser de faire du mieulx. A ce
que j'ay entendu, ce dit pourteur c'est monstre de voz amis où il a peu,
mesmement à poursuivre la délivrance de aulcuns Allemans ch/restiens pri-
sonniers à Paris. Je voœ prie luy faire bonne cbière [c'est-à-dire, bon ac-
cueil] et le trester selon vostre humanité acoustumée » (Mscr. orig. Arcb.
de Genève). Voyez aussi les Extraits du Registre du Conseil, aux 14 et
17 mars, même année (Froment, op. cit. p. cxciv, excv).
398 LE CONSEIL DE BERNE A FRANÇOIS I. 1 536
que \ celle nostre rescription luy sera fort favorable et cause de sa
libération 4.
Semblablement vous supplions voulloir hayoir par recomandé
ung de nous prédicans dict maistre Anthoine Sonnier, homme de
bon exemple et amy de Dieu, qu'est prisonnier hère le Duc de Sa-
roije \ et pensons que voslre favorable litléralle requeste envers
Monsieur le Duc d'Albaine et Monsieur l'Evescjue de Boloingne6,
pour sa libération luy seroit fort profictable "'.
Pareillement, touchant ceulx que tiènenl la cognoissance de l'È-
vangille de Dieu, en vous seigneuries du Daulphinoix et aultreparP,
vous supplions du bon du cueur yceulx voulloir bénignement sup-
porter ;|, pour riionneur de Dieu, qui sçait les siens et jugera le monde
île ses o[e]uvres. Et sy en après, cornent au cas présent de Furbiti,
les affaires viènent à recognoistre 10, nous ne serons ingratz, avec
Paide de Dieu, auquel prions, Syre. [qu'il] vous doinct entière
prospérité. De Berne, ce 28 Mars 1536.
L'Advoyer et Conseil de la ville de Berne.
4 Voyez la lettre du Conseil de Genève datée du 5 avril suivant.
5 A cette heure, Cliarles III était dépouillé de ses États. François I,
donnant suite à ses projets sur le Milanais, avait fait envahir la Savoie dans
le temps même où les Bernois venaient délivrer Genève (Voy.lesNos532,
n. 1 ; 535, n. 2, et les Papiers d'État du cardinal de Grandvelle, II, 43'J.
446). La ville de Turin avait été occupée le 24 mars par l'armée fran-
çaise. C'est pour cela que MM. de Berne demandaient au roi de France,
et non plus au duc de Savoie, la libération de Saunier.
G Jean Stnart, duc d'Albany, avait un commandement dans l'armée
française et se trouvait alors en Italie (Voyez les Lettres de Rabelais.
Paris, 1710. Notes, p. 117). Sa parenté avec Catherine de Médicis, femme
du jeune duc d'Orléans, lui donnait une grande influence auprès du Roi.
— L'évêque de Boloingne mentionné par les Bernois était probablement le
cardinal Jean de Lorraine, qui posséda Pévêché de Térouane et de Bou-
logne jusqu'en 1535, et qui venait d'être envoyé en Italie, pour négocier
avec l'Empereur (Voy. le N° 531, renvoi de n. 15, et les Papiers de Gran-
velle, II, 454, 457).
7 Voyez la note 5.
8 Spécialement dans la Provence.
9 Ce n'était pas la première fois que MM. de Berne adressaient au Roi
cette requête. Déjà « avant la guerre, » c'est-à-dire, vers la fin de l'an-
née 1535, ils lui avaient fait recommander la cause des Évangéliques
français. C'est ce qu'on peut inférer du texte des instructions qu'ils don-
nèrent à leurs députés envoyés en France, au mois de janvier 1537.
10 C'est-à-dire, si nous avons l'occasion de reconnaître ce bienfait.
1536 MICHEL d'aRANDE A GUILLAUME FAREL. 399
544
michel d'arande ' à Guillaume Farel.
(De St.-Paul-Trois-Châteaux? vers le mois de marsl5362).
Manuscrit original3. Bîbl. Publ. de Genève. Vol. 113. Bulletin delà
Soc. de l'Histoire du Protestantisme français, t. XI. p. 214.
Sommaire. L'accablement dont vous avez été frappé, à la nouvelle de la mort de Le
Fèvre, n'a pu égaler l'épouvante qui m'a saisi en lisant et relisant votre lettre. Elle
a transpercé mon àme par le glaive de l'Esprit : vous m'adressez, au nom de Jésus-
Christ, des exhortations si vives, et des reproches si justes, que je n'ai rien a ré-
pondre, ("est pourquoi je vous supplie de m'assistér de vos prières et de m'exhorter
sans relâche, afin que je puisse parvenir à m'arracher de ce bourbier. Je vous salue
tous en Celui qui est notre unique espérance de salut.
Acerrimo militi Gaio \ Regiis negociis occupato, Salutem. gra-
tiam et pacem!
Vix puto transitum pii illius senis Stapuiensis5 tam vehementer
1 Voyez, sur Michel d'Arandc, le N° 1G4, n. 4, et les Nos 188, 227.
L'histoire de sa vie, depuis le moment où il futévêque de St.-Paul-Trois-
Châteaux en Dauphiné, est très-peu connue.
2 Voyez la note 5.
3 Ce manuscrit n'est pas de la même main que la lettre de Michel
d'Arande reproduite plus haut (N° 188).
* Ce pseudonyme, emprunté à la troisième épître de St. Jean (versets
1-6), est sans doute une allusion à la fidélité chrétienne de Farel.
5 Jacques Le Fèvre (VÉtaples mourut à Nérac dans les premiers mois
de l'année 1536, et non en 1537, comme l'ont dit quelques-uns de ses bio-
graphes. On trouve déjà, dans les Epigrammata de Jean Voulté, impri-
més à Lyon au mois d'août 1536, le distique suivant, intitulé Testamentum
Jacobi Fabri Stapuiensis :
Corpus humo. mentemque Deo, hona cuncta relinquo
Pauperibus, Faber hnec, cùm moreretur, ait.
De plus, la date approximative de la mort de Le Fèvre nous est donnée
par ce fragment de la lettre de Jacques Bédrot à Vadian datée de stras-
iUO MICHEL d'aRANDE A GUILLAUME FAREL. 1536
animum tuum percelluisse e, quàm me totum perterruerunt literœ
iuœ1 et pise et christianse, dum eas lectitarem, — non solùm stilo
([iiodam hnmano, sed gladio etiam Spiritus, spiritum atque ani-
mam proscindentes ac pertranseuntes., presertim cum depingunt
bourg, le 25 juillet (Jacobi festo), et qui appartient certainement à l'an-
née 1530 : « Erasmum [Roterodamum] 11 mensis liujus in Domino obdor-
miisse, forsan nosti. Stapulensem item, ante semestre opinor » (Mscr. orig.
Bibl. de la ville de St.-Gall. Collection citée, t. XI, p. 37).
6-7 Michel d'Arande fait ici allusion à une épître de Farci qui n'a pas
été conservée. Nous ne pouvons, du moins, partager l'opinion de M. Jules
Bonnet, qui croit avoir retrouvé un fragment de la susdite épître dans
cette note autographe tir Farci, écrite au dos de la présente lettre : « Ja-
eobus Faber Stapulensis , laborans morbo quo decessit, per aliquot dies
ita perterritus fuit judicio Dei, ut actum de se vociferaretur, dicens se
eeternùm periisse, quod veritatem Dei, non aperte professas fuerit, idque dies
et noctes vociferando querebatur. Et cum à Gerardo Ruffo admoneretur
ut bono esset animo, Christo quoque fideret, is respondit : « Nos damnati
sumiis; veritatem celaoimus quant profiteri et testari palàm d''behamus. »
Horrendum erat, tam pium senem ita angi animo, et tanto horrore judi-
<-ii Dei concuti; licet, tandem liberatus, bene sperare cœperit et perrexerit
de Christo. Hic admonitus seriô Michaël Arandius. episcopus Sanpaulinus,
ita respondet ad literas (pias accepit. »
Comme l'a fait observer le Bulletin du Protestantisme français (t. XI,
p. 214), ce récit de Farel confirme les renseignements que Hubert Thomas,
conseiller de l'Électeur Palatin, a donnés sur les derniers jours de Le Fè-
vre d'Étaples, et qu'il tenait de la reine de Navarre elle-même. Ces ren-
seignements se trouvent dans l'ouvrage intitulé : « Huberti Thomas Leodii
Annales Palatini libris XVI continentes vitam et res gestas, etc. Fride-
rici Comitis Palatini Rheni. Francof. 1665. » Nous en reproduisons les pas-
sages suivants, traduits par Colomiès :
« Un jour que Le Fèvre dînait chez la reine de Navarre, il parut fort
triste et versoit même par fois des larmes. La Reine... lui en demanda le
sujet... '< Hélas! Madame, répondit-il, comment pourrois-je avoir de la
joye... étant le plus méchant homme qui soit sur la terre?... Comment
pourrai-je subsister devant le tribunal de Dieu, moi qui, ayant enseigné en
toute pureté l'Évangile de son Fils à tant de personnes qui ont souffert
la mort pour cela, l'ai cependant toujours évitée, dans un âge même où,
bien loin de la devoir craindre, je la devois plutôt désirer? » La Reine ..
lui fit là-dessus un fort beau discours... et ajouta, que quelque grand pé-
cheur que l'on se trouvât, il ne faloit jamais desespérer de la miséricorde
et de la bonté de Dieu... « Il ne me reste donc plus, dit-il, après avoir
fait mon testament, que de m'en aller à Dieu, car je sens qu'il m'ap-
pelle... » (Voyez Colomesii Opéra, liamburgi, 1709, p. 810. — Bayle, ar-
ticle Le Fèvre, note A. — Biographie de lie Fèvre, par M. C.-H. Graff.
Zeitschrift fur die historische Théologie 1852, p. 20G-209.)
1536 MICHEL D'ARANUE A GUILLAUME FAREL. 401
mihi ac proponunt Ghristum Jesum, ita me cohortantem ac me-
cum lam juste expostulantem, ut nibil omnino mihi relinquatnr
aliud quod opponam, nisi quôd me modis omnibus reum ac con-
victum il lî dedam. Quare, ne te diutiùs impediam, rogo te atque
obtest&r per eundem Dominum nostrum Jesum, ut me continuis ves-
tris precibus adjuvetis, atque intérim vestris exhortationibus semper
sollicitare non désistâtes, quô tandem ex hoc profundo limo, in quo
non est substantia, eripi queam. Prsesens tabellarius cetera tibi
tuisque referet, vosque onines nomine Illius salutabit sine quo
nulla licet expeti salus. Regins tuus 8 te Christo ac verbo gratiœ
ejus plurimùin commendat.
Tuus frater Gor[neuus '] tardivus.
(InscriptiG : ) Amico ac fratri Gaio Falconi 10.
3 Nous n'avons pas de renseignements sur ce personnage. Il faisait
sans doute partie de la maison de Michel d'Arande.
' Les deux traits obliques placés dans l'original après la syllabe Car
semblent indiquer que c'est une abréviation de Cornélius, pseudonyme ha-
bituel de Michel d'Arande (Voy. les Nos 182, n. 8; 221, renv. de n. 7).
En y ajoutant l'épithète Tardivus, l'évêque de St.-Paul-Trois-Châteaux
taisait l'aveu de sa lenteur à obéir à la vérité. A la suite de la signature,
on lit ces deux mots de la main de Farel ; « Michaël Arcmdius. »
10 An-dessous de Gaio Falconi, Farel a écrit : « Guillelmo Farello. »
t. m. 26
APPENDICE
DES TOMES 11 ET III
216a
Guillaume farel à Hugues de Loës, à Aigle '.
De Berne, 11 janvier 1528.
inédite. Copie2. Communiquée par M. Charles de Loës, ingénieur
à Lausanne.
Sommaire. Les commencements de la Dispute annoncent déjà qu'elle amènera la chute
de l'Antéchrist, si faibles sont les défenseurs du Papisme/ Les plus habiles d'entre
eux refusent de descendre dans l'arène, et ils s'efforcent de se faire interdire par-
leurs supérieurs toute participation aux débats. Il importe, par conséquent, de faire
venir nos curés. Envoyez-moi tous leurs noms et ceux de leurs vicaires, avec la liste
des bénéfices qu'ils possèdent.
On nous a dit que quelques-uns [des nôtres] ont enlevé les images, et nous le re-
grettons, à cause du scandale qu'ils ont ainsi donne. Exhortez le Lieutenant à ne pas
être trop sévère pour eux, de peur que le Grand Conseil ne trouve qu'on les a, mal
à propos, punis plus rigoureusement que le Syndic. Les nôtres feront bien de cesser
toute polémique contre des institutions que le Conseil lui-même se propose de ren-
verser prochainement. Il faut que la balance soit égale pour les deux partis. Je salue
la mère du Gouverneur. Dieu veuille lui accorder la réalisation de ses pieux désirs!
Gratia et pax a Deo! Quis sil Disputationis futurus exilus, jam
ipsa indicant primordia 3, nempe casurum cum suis Antichristum,
1 Voyez, sur ce personnage et ses rapports avec Farel, le N° 214, n. 4.
2 Cette copie fut levée au dernier siècle par un pasteur de la ville
d'Aigle. Le manuscrit autographe , qui lui avait été communiqué par
les descendants de Hugues de Loës, n'existe plus aujourd'hui (Communi-
cation de M. Charles de Loës).
3 La Dispute de Religion avait commencé le lundi (i janvier.
404 GUILLAUME FARIiL A HUGUES UK LOES, A AIGLE. 1528
— ita omnibus destituta est Papistica cohors armis quibus polentes
suos facit Christus, ad omnem dejiciendam quœ sese adversùs Deum
erigit celsitudinem et potentiam! Futilia et nullius pêne momenli
adferunt argumenta; sed quis ali[a] in veritatem atulerit?
Proinde tu, cum fratribus, bono eslo animo : impiœ Antichfisti
patebunl fraudes. Papistarum revelabitur iniquitas et impostura.
Qui videntur inter Papistas pot/ores et argutiores, plus in arenam
descendere refugiunt, ac sibi variis, al omnibus notis, adnùuntur
moilis prohiberi, ne se in Disputationem conférant mit in en dispu-
tent4. Quod quantum suum promoveat negotium, dum lucem re-
fugiunt, nemo non videt; cumque illi se subducant, nostros5 evo-
care opérai pretium fuerit. Nobis igitur omnium perscripta fi mit-
tas sacrificulorum nomina et cognomina, potissimùm plebanorum,
vicariorum ac sacellariorum, cum nominibus suorum (ut vocant)
benefîciorum ; nemo omittatur cujus nomen non remittas7.
Gseterùm audivimus nonnullos idola disjecisse s, quod offendiculo
nonnullis dolemus. Commonefacies Vicegerentem D. Jéhannem a
Bassio9 mitiûs cum accusalis agere, Major ne Senatus molesté
ferat insontes plexos graviùs, si negotium factaque eorum10 çom-
4 Allusion aux quatre théologiens envoyés à la Dispute par l'évêque
île Lausanne, et qui, sur l'ordre de ce prélat, avaient quitté Berne, le
matin même du jour où Farel écrivait la présente lettre (Voy. lesN0S217,
n. 5-6; 218, n. 2 et S).
5 II s'agit des prêtres du pays d'Aigle, comme l'indique la suite du
discours.
6 Dans la copie : praescripta.
7 Un curé et quatre vicaires du pays d'Aigle assistaient à la Dispute
(Voy. le t. I, p. 482). Il ne paraît pas qu'il en soit venu d'autres (Voyez
l'ouvrage de M. Maurice de Stûrler intitulé : « Quellen fur Geschichte der
Kirchenreform in Bern, » p. 77. 543, 553).
8 Le 9 janvier, MM. de Berne demandaient au Lieutenant d'Aigle s'il
était vrai que certains individus eussent emporté et caché les images de
l'église, en proférant des paroles injurieuses contre le Sacrement (Voy.
Maurice de Stûrler, op. cit. p. 76). Les Évangéliques d'Aigle repous-
sèrent ces accusations. Ils affirmèrent que les prêtres seuls avaient les
clefs de l'église; que c'était le sacristain qui avait caché les images, et
qu'on savait bien à l'occasion les placer sur la chaire, pour troubler le
sermon (Voy. le document dont nous avons déjà donné des extraits, N°
220, n. 5, 13, 14).
0 Le copiste a lu par erreur Johannem a Batfro. Il s'agissait de Jean
de Bcx, l'un des lieutenants du gouverneur d'Aigle depuis le 3 juillet
1527 (Nos 195, n. 1; 220. n. 1).
1n Dans la copie : non.
1 528 GUILLAUME FAREL A HUGUES DE LOES. A AIGLE. 403
ponas cum factis Sindici11, qui sibi malos quaerit dies 18. Praeterea,
si adversarii velirit nostros lacère de sacramentis, taceant et désis-
tant contra mox casura defendere; jnsta sit utrisque conditio. Ne
reputa Senatum ea relie tutari quœ mox everteP, sed lumultum sa-
tagit fugere a[c] popnli molum ''.• id quod facile i'uerit, si non una
plus quàm altéra gravetur pars, secl utrique aequa ponalur lex. Si
quid amplius obtigerit, plusque otii nactus fuero, non le latere pa-
liar. ïnterea polentiùs Verbo adsta, el sanguinis pro le a Christu
elïusi memor esto.
Salvam semper jubé Dominam Gubernatoris matrem li,cui Domi-
nus sancta prœstet et per/iciat rota! Timeo ne Vicegerens Félix1'3
non salis féliciter consulat Domino Gubernatori : non paucis enim
hic de eo queritur16. Salutabis D. Vicegerentem, D. Joannem 1T ac
li aires, quos sedulos opto in Evangelio amliendo ac opère perfi-
ciendo. Gralia Domini Jesu in omnibus vobis! Berna1, ocyùs, 11
Januarii 1528.
Tu us in Domino Gulielmus Farellus.
(Inscriptio:) \)\\\\\\ verbi amatori Hugoni de Loës. Scribée
Aquileiensi. Aquileise.
11 Le syndic d'Aigle (Voy. le N° 220, n. 5, et Rachat, I, 356).
12 Les instructions que MM. de Berne donnèrent le 12 mars 1528 à
leurs députés envoyés à Aigle ne font aucune mention du syndic de cette
localité.
13 Cette assertion de Farel est confirmée parla teneur des instructions
que MM. de Berne donnèrent aux Lieutenants d'Aigle le 9 et le 21 jan-
vier, même année (Aroy. M. de Stiirler, op. cit. p. 76, 79).
14 Madame de Orest, mère de Jacques de Bovéréa, seigneur de C'rest et
gouverneur titulaire du Mandement d'Aigle. Le vœu que Farel formait
pour cette dame montre qu'elle désirait le triomphe de l'Évangile. Dès
lors il est permis de penser que. son influence n'avait pas été étrangère
aux bons procédés que le Gouverneur avait eus pour Guillaume Farci
(Voy. les Nos 198, renvoi de n. 6; 234, n. 4).
15 Félix de Diesbach, ennemi de la Réforme (N° 220, n. 1).
16 Jacques de Bovéréa, gouverneur d'Aigle, commandait alors les trou-
pes bernoises qui étaient au service de François I en Italie. Félix de Dies-
bach avait donc beau jeu pour le desservir à Berne (Voy. Stettler, op.
cit. II, 19, 20. — Jean de Muller. Hist. de la Confédér. suisse. X, 507).
17 Jean de Bex, collègue de Félix de Diesbach.
406 L'ÉVÊQUE DE GENÈVE A AMI PORRAL. A GENÈVE. 1532
391a
l'évêque de Genève à Ami Porral, à Genève.
De la Tour de May, 2fi octobre (1532).
Inédite. Autographe. Archives de Genève.
Sommaire. L'Évêque annonce à Porral et à ses adhérents luthériens, que Dieu les
punira, s'ils ne veulent « mieux faire. »
Traictre Leuthérien Porralis, qui gouvernés à présent la plume
deans le Conseil de la ville de Genève1! .Pay venu la lectre que
avés escript*. Meschant, vous avez menty, vous et voz adhérens,
et Dieu vous pugnira, soyés asseurer. Et atant Noslre Seigneur
vous doint myeulx fère et illuminer! De [la Tour de] May3, ce
xxvie d'octobre xv[cxxxu 4].
Monstres hardiment [icestes à voz] adhérens en ceste meschan-
cetté en la mey[son de l]a ville, car je ne vous veulx point [es*
parg]ner à dire vérité. Les etïectz ensuyvront après, au plaisir de
Dieu.
L'Évesque et Prince de Genève.
(Suscription : ) A Po[rral] en la v[ille de Genève].
1 Depuis 1528, Ami Porral n'exerçait plus la charge de secrétaire.
En 1532 il était syndic, et il avait à ce titre la surveillance de la chan-
cellerie. C'est sans doute pour cela que l'Evêque le rendait responsable
de la lettre qui avait excité sa colère.
2 La minute de cette lettre n'a pas été conservée.
3 L'une des résidences que Pierre de la Baume possédait en Bour-
gogne.
4 Les derniers chiffres du millésime, ainsi que plusieurs mots détruits,
ont été restitués par le secrétaire Claude Boset. Cette circonstance nous
autorise à accepter la date indiquée par lui, plutôt que celle que nous
avions donnée plus haut à la présente lettre (N° 502, n. 1).
1333 LK CONSEIL DE GENÈVE AU CONSEIL DE FMBOIKG. 407
416a
le conseil de. genève au Conseil de Fribourg.
De Genève, 26 [mai 1533 'J.
Inédile. Minute originale. Archives de Genève.
Sommaire. Le Conseil de Genève remercie MM. de Fribourg pour l'accueil bienveil-
lant qu'ils ont fait à sa députation. Les Genevois verraient comme eux avec plaisir
le retour de leur évéque, parce qu'ils désirent être « vertueusement guides par leur
prince, pasteur et bon prélat. »
Magnificques, puissans et très-redoubtéz Seigneurs!
La présente sera pour tout premièrement prier Voz Excellences,
qu'il leur plaise nous pardonner de ce que plustosl, sus le rapport
de noz derniers ambassadeurs, ne vous avons fait les humbles re-
commandations et dheues remercialions que à présent faisons, du
bon recueil, singuliers plaisirs, bons services, beningz et paternelz
advisementz que vous ha pieu nous faire en leurs personnes2:
don[t] vous sûmes grandement et toujours de plus en plus fort te-
nus et obligés.
Le dangier de la peste a esté cause que n'avons peull plustost
assembler nostre Grand Conseil, pour l'informer de voslre dit bon
et paternel traictement, aussi pour vous donner response sur ce
1 La date et le nom des destinataires sont clairement indiqués par
l'histoire des relations de Genève avec Fribourg.
2 Claude Savoye, François Favre et Matthieu Carrier turent envoyés
à Berne le 6 mai 1533, pour s'opposer à tout changement qu'on voudrait
apporter au traité de St. -Julien (Voy. les Extraits des Registres, dans
Froment, op. cit. p. xxiv, xxv, xxvn).Ils devaient ensuite, dans le même
but, assister à la conférence qui se tint le 12 mai à Fribourg entre
les ambassadeurs du duc de Savoie et ceux des Bernois et des Fribour-
geois (Voy. Ruchat, III, 229). Ce fut le 25 mai que les députés de Ge-
nève rentrèrent chez eux et rirent leur rapport au Conseil.
408 LE CONSEIL DE GENÈVE AU CONSEIL DE FRIBOURG. 1533
que vous a pieu charger nos dits ambassadeurs nous dire que de-
siriés, pour nostre bien et gros proufit, le reto[u]rt de Monseigneur.
de Révérend Père Monsieur de Genève, nostre Prince z, don vous
mercions de bien bon cueur. Et ne doublés que aussy ferions bien
no[u]s, tant en général que particulier, comme ceulx quilz désirent,
avec dheue obéissance, estre vertueusement guydés par leur prince,
pasteur et bon prélat.— nous esmerveiUans bien fort de ce qu'il nous
a laissé si/ longuement, et qu'il ne vient*, ainsy que par debvoir pour-
roit bien faire. A nous n'est lu\ commander de venir ou de de-
meurer, veu qu'il est nostre prince5. Son bon plaisir soit fait6!
Nous vous escriprions encore voluntiers de quelque autre chose7,
mais ce sera pour une aultre fois, creignans par trop longue lettre
fâcher Voz Excellences, lesquelles, Magnificques Seigneurs, vueille
3 Depuis près de six ans Pierre de la Baume n'était pas revenu dans
sa ville épiscopale (Voy. N° 421, n. 1). Les Friboiirgeois, qui observaient
avec inquiétude le progrès des idées nouvelles à Genève, croyaient que
la présence de l'Évêque y maintiendrait la paix civile et l'intégrité de la
foi catholique. On lit dans le Registre du Conseil de Genève, à la date du
19 mai 1533 : « Oratores de Friburgo... exposuerunt... quôd ipse Princeps
cupiat hue venire,ut negotia componcre possit : quod non audet, eo quôd
sibi relatum fuerit, multas minas per cives in eum latas. Propterea vellet
primùm scirc si tutè possit venire, et super bis responsum postulant. » —
La réponse du Conseil des LX est relatée en ces termes : « Miramur Prin-
cipe™ à subditis salvum conductum postulare... Si sciremus... aliquem
Suœ Dominatioui minantem, aut contra eam garrulantem, eum tanto pu-
niremus affectu ut meritô de justicia contentari posset. » Le 22 mai, qua-
tre députés genevois furent envoyés vers l'Évêque, pour l'assurer que ses
sujets désiraient vivre sous sa protection (sub suo praesidio). Voyez Fro-
ment, p. xxvi, et le N° 488 a, note 16.
4 A la suite de ce mot. le Secrétaire avait d'abord écrit : « comme
son debvoir y est. »
5 Dans la première rédaction, cette phrase se termine comme il suit :
« qu'il peult venir, antrer et saillir commant il luy plaira. »
6 L'Évêque parut enchanté des protestations de fidélité que lui appor-
tèrent les députés du Conseil (Voy. n. 3). « Retulerunt (est-il dit dans le
procès-verbal du 2 juin) . . . audiisse ab eodem [scil. Episcopo], quôd sit boni
animi venire... Item, quôd nunquam dixit quôd sibi comminatum fuisset,
et quôd non institit apud Duos Friburgenses [ut] loquerentur pro eo... Ipse
enim semper fuit boni animi venire... Quôdque essemus bono animo in eum,
sicut est ipse, qui nos habet ut bonos subditos bene dilectos, et optât se
verum bonum Principem ostendere. »
7 II s'agissait probablement d'obtenir un sursis pour le paiement de la
somme que Genève devait à MM. de Fribourg, à cause de l'expédition
d'octobre 1530.
1534 LE CONSEIL DE GENÈVE \ CLAUDE SAVOYE3 A BERNE. 400
le Créateur avoir en sa saincte garde! De Genève, ce 2<>e [de Maj
1533].
[Les Sindicques et Conseil de Genève.]
488.
[le conseil de genève à Claude Savoy e, à Renie '].
(De Genève, 29 décembre 1534").
Inédile. Minute. Communiquée par M. le docteur Coindet.
Sommaire. Réponse du Conseil de Genève aux articles de lu conférenc< dt Thonon.
Au premier article (du recès de Thonon3) « que toutes parties
debgent demeurer quoy [1. tranquilles] et rien entreprendre. » —
nous ne demandons que paix et amour à tout le monde.
'-- Le manuscrit a été plié et cacheté comme une lettre. La sus-
cription est en partie déchirée : il n'en reste que ces deux mots « à
Berne. » Les passages suivants du Registre du Conseil nous autorisent à
croire cpie le présent document fut adressé à Claude Savoyc le jour même
où les magistrats genevois reçurent de Berne une copie des Articles de
Thonon, c'est-à-dire, le 29 décembre 1534 : « Résolu tum... esse scriben-
dum ad Noh. Claudium Savoye, oratorem in Berna, quùd... respondeat,
nos nolle consentire articulis contra Deum et pacem perpétuant per sen-
tentiam Paterni[ac]ensem... stabilitam formatas. Etiam. quùd nescimus
quid sit « irîve de deux moys, » cum nulli hélium fecerimus. Et sic non
intendimus... Articulis... modo aliquo consentire... Et sic fuit eut cm Noh.
Savoye missum, per Stephanum, postam Regium, ... cui propterea dati
fuerunt octo senti auri... »
:: La conférence de Thonon se tint en novembre et décembre 1534 (Voy.
le N" 491, note 1G). On lit dans le Registre du Conseil de Genève, au 18
décembre, même année: < Oratores Elvechiorum [l.Helvetiorum)redierunt
a Jornata Thononii, in qua nihil fuit actum, nisi quùd data fuit Jornata
una, ad Dominicain pest Epiphaniam, tenenda à Luczerne, que intérim
non debeant ulteriùs rui suburbia, nec aliquid innovari... Quod arrestum
I)ni Bernenses noluerunt acceptare, sed fuit eis datus terminus quattuor-
decim dierum ad acceptandum, nut reffutandum... Quia D"' Oratores Ber-
iiO LE CONSEIL DE GENÈVE A CLAUDE SAVOYE, A BERNE. i 535
Au second, « que les prédicans de la nouvelle foy doibvent ex-
pressément, en toutes leurs entreprises et faction au dit Genève,
du tout cesser et estre bas mis, occullement ou en apert4, » —
Nous n'avons plus en Génère de prédicantz de novelle foy </ue ne
soit bas mis. Car des deux qui y estoyent Vannée passée, l'ony estem-
prison \ pour non vouloir se 'desdire de ce qu'il avoit presché sel-
lond la novelle loy. contre l'ancienne foy et doctrine de Jésucrisl :
« Que personne n'entreroit en paradis, sinon que le pape, en l'ung
de ses prebslres, l'y misse; et que de manger chair, aux jours dé-
fendus du pape et de son église, estoit aussi mal fait que de tuer
ung homme ou d'estre larron ou brigant. » lit tout plain d'aultres
semblables proposte qu'ilz n na peu prover par la Saincle Escrip-
ture de rancienne loy de Jésucrisl". ouy bien par l'escripture
des noveaulx docteurs, comme Thomas et aultres, qui sont venus
despuis imcans en ça7: lesquelz en la Saincle Escriplure sont ap-
pelles Anlecrisl, pource qu'ilz enseignent aullrementque Cristn'ha
enseigné. L'aultre prédira ni z estoit ung prebstre vicaire de Sairirt-
Gervais \ lequel, voyant ne povôir maintenir par rancienne et
Saincle Escripture plusseurs articles que [il] preschoit9, sans fuyt
[1. s'enfuil] sans estre chassé, et c'est retiré à Pigney avec le[s]
traielre et fugitifz de Genève10. Ainsi n'avons plus naître prescheur
nenses dixerimt quôd esset bonum mittamus oratores ad Bernuin, ... fuit
advisum quôd debeant eligi oratores, quibus debeant formari instructioues,
praesertim de detentis in Pinelo, qui detinentur dumtaxal raiione Legis Eoan-
yelicœ, et nonpropter delicta. » Voyez aussi Froment, op. cit. p. cxv — cxvn.
4 C'est-à-dire, à découvert, publiquement.
5 Allusion au Père Guy Furbiti ("Voy. X° 441, notes 9 et 13).
6 Voyez la note 1 1 .
7 Voyez le Xu 448, note 7.
8 II se nommait Boni Jean Éverard.
9 Allusion à la dispute qu'il avait soutenue, le 24 juillet 1534, contre
Farelet Viret, en présence du Conseil. Éverard, convaincu d'erreur, avait
demandé si on lui défendait de prêcher à l'avenir. Le Conseil répondit
< qu'on ne lui défendait rien, sinon les mensonges, et qu'on lui commandait
de prêcher l'Evangile selon la vérité » (Voy. Froment, op. cit. Extraits
des Registres, p. xcv, xcvi).
10 Le vicaire de St.-Gervais s'était enfui après l'insuccès de la conspi-
ration du 30 juillet 1534 (Voyez le Registre du 22 septembre , même an-
née, et les Nos 474, n. 2; 479, n. 1). Les Peneysans eu avaient fait leur
confesseur. Il fut pris à Bernex le 22 avril 1535, et emprisonné à Genève.
Le Conseil le bannit à perpétuité (28 février 1536), « ayant sur lui misé-
ricorde, à cause de sa longue détention. »
1534 LE CONSEIL T>K GENÈVE A CLAUDE SAVOYE, A BERNE. 'il 1
en Genève de la novellefoy; car aussi noz esdietz portent de non y
pretcher nue CEvangille et ^ancienne dort ri m' de Jésucrist ".
Au lier [article], « que toutes parties, pendant le terme des (neu-
ves de deux moys, soyent seurs, corps et biens, sur les terres l'ung
de l'aultre, » - - Nous n'avons jamais empêché personne de venir,
ny faict guerre pour eslre en Iriefves [1. trêve].
Au quart [l. au quatrième article], « que l'une des parties ne re-
fuse point à l'aultre vivres pour son argent, ei nVmpescher point
les vivres. » — Aussi ne avons-nous reffusé ne empesché, comme
aussi ne relïusons ny empeschons, mais bien le Duc h nous, contre
la sentence de Messieurs des Ligues faicte à Payerne.
Au cinquième. « que sil, pendant le terme des tiïefves, sefaisoit
quelque offence contre les dites triefves, quïlz soyent chastiés qui
le feront, » — Nous n'avons prisonnier détenuz, sinon pour larre-
cin, pour trahison ou pour dehte. ny [n'en] havons heu par cy-
devant. Mais le Dur nous détient sir prisonniers '-', troys enfans et
troys \ ieulx hommes pour avoir oui/ le presche de l'Évangille et rou-
loir icelluy ensuyvre, et non pour aultre: qu'est contre la sentence
de Payerne, en laquelle l'êvesque de Genève n'est poyënî compris
comme avec l'une des parties l3.
Si! le Due n'haz ce qu'il demande du vidompnal u, il ne tient que
à luy, qui n'ha pas voulsu premièrement donner seaulx et lectres
à ceuh: de Génère sur le besoigne de Payerne ' \
Touschant PÉvesque, c'est uni/ aultre affaire à part. Il s'est chassé
11 L'édit du 30 juin 1532 ordonnait aux ecclésiastiques de prêcher l'é-
vangile et l'épître du jour selon la vérité, sans y ajouter ni tables, ni in-
ventions humaines (Voy. le N° 383, n. 2, et le X° 439, n. 5).
12 tls étaient emprisonnés au château de Peney, qui dépendait de l'é-
vêque de Genève. C'est pour cela que les mots suivants « sus ses pays »
ont été biffés.
13 C'est-à-dire que le Duc ne pouvait en aucune façon se prévaloir de
la sentence de Payerne, pour prêter main-forte à l'Évêque.
14 C'est-à-dire, le droit de réintégrer son vidomne à Genève. Ce fonc-
tionnaire, nommé par le Duc, dépendait de l'Evêque sous quelques rap-
ports, et il jugeait les causes civiles en première instance.
15 Le 25 février 1535, le Conseil de Genève écrivait encore aux can-
tons suisses : « Nous ne havons en quelque façon que soit déserté au Duc
la sentence de Payerai . en la vigueur de laquelle, hayant donné (1. s'il
avait donné] bonne seurté... et icelle seelée et ratiffiée, il pouvoit bavoir
la possession de l'office du vydompnal... (Minute orig. Arch. de Ge-
nève).
412 LE CONSEIL DE GENÈVE A CLAUDE SAVOYE, A BERNE. 1534
luy-mesmes u\ et, de évesque et pasteur, s'est fait loup à ses brebis.
comme Pom lu\ monslrera en temps el lieu, avec ce que cbescun.L!
le scaisi bien. Ce sont les loupz qui demandent trièves aux bergiers
et à leurs brebis.
Nous avons testimoniales et instrument receuz par le secrétaire
Curteti en Conseil Général comme le /lit évesque est rtostre bour-
(jojis11, et qu'il a contracté avec la communaulté de Genesve pour
cheanger et mettre tous officiers en Genève, et que luy. . ny son
Conseil Épiscopal ne puisse riens faire sans celluy de la ville ,s.
16 Nous n'avons point détourné « Monsieur VÉoesqueàeàemoxirermec-
que nous (disaient plus tard les Genevois), ains le avons souvent effois.
par pluseurs ambassades, requys, comment voulons bien sur nostre hon-
neur maintenir » (Lettre précitée du 25 lévrier 1535).
17 C'était le 15 juillet 1527 que Pierre de la Baume s'était présenté de-
vant le Conseil Général pour demander la bourgeoisie. Il voulait par là
se mettre au bénéfice de l'alliance qui existait entre Genève et les villes
de Berne et de Fribourg. Sa demande fut très-bien accueillie. Il promit
« par sa foy et son serment... de procurer de tout son pouvoir le bien,
honneur, utilité et profit de la cité de Genève, d'éviter le dommage d'i-
cetle... et d'estre perpétuellement à la dite Cité féable en tout et par
tout, et de tout son pouvoir aider comme bon seigneur et bourgeoys» (Voy.
le Citadin de Genève, 1606, p. 64-66. et les Fragments hist. sur Genève
I. p. 143, 144). Mais dans ces lettres « testimoniales » il n'est fait nulle
mention de l'engagement qu'aurait pris l'Évêque relativement à la nomi-
nation des fonctionnaires publics.
18 On lit au-dessous les annotations suivantes, qui sont de la main
à? Ami Porral :
« Fiant dies ejus pauci, et episcopatum ejus accipiat alter. Psal. 108.
lu avaricia fictis verbis de vobis negotiabuntur. 2 Pc. 2.
Pour l'aprobation
de la foyre de Thonon.
« Pecunia tua tecum sit in perdit ionem. Act. vin0.
« Les brebis n'bont de quoy satisfaire à leurs bergiers: mais le maistre
de la bergerie, qui a envoyé et ordonné les bergiers pour défendre ses
brebis des loupz, est fidelle et puissant, qui poyra tout. Et Dieu leur doint
la grâce, vertu et puissance de résister aux loupz et de bien y percep-
vérer à son honneur et gloire ! »
ADDITIONS ET CORRECTIONS
DES TOMES I , II ET III
TOME I
Page 15, note 1, ligne sixième, lisez : Les théologiens de Cologne, qui,
même avant la sentence du 14 avril, avaient brûlé publiquement le livre
de Reuchlin, comme hérétique, sollicitèrent l'approbation, etc.
P. 101, à la fin de la note 1, ajoutez : à moins que les paroles suivan-
tes, écrites de Berne en 1535 parmi Genevois, n'autorisent l'opinion con-
traire : « J'ay sceu ces jours passés, par ung qui a esté serviteur d'yl-
grippa, lequel venoit de pourter des lettres aux ambassadeurs du duc [de
Savoie] à Fribourg, directes [c'est-à-dire adressées] au dit Agrippa pour
luy faire tenir, qui venoient du pais des lansquenetz, — comme le dit
Agrippa avoit esté mandé du Duc, il y a plus d'ung an, pour venir à son
service, mesmement pour se mesler des afferes contre Genève, pour ce qu'il
sçavoit, etc. Et dit qu'il est avec le conte de Chaland pour cela. Or pen-
sés comme Dieu le vous a osté miraculeusement de la ville ! Celluy mes-
saigier parle latin et se tient à Basic II cuydoit, estant longé icy au
Lyon, que je fusse savoisien » (Lettre d'Ami Porral du 10 décembre 1535
au Conseil de Genève. Mscr. autogr. Arch. de Genève). Il n'est pas in-
utile de rappeler ici que Henri-Cornelius Agrippa avait été reçu bourgeois
de Genève le 11 juillet 1522, et qu'il avait épousé en secondes noces une
Genevoise.
P. 113, à la fin de la note 5, ajoutez : D'après Grœsse (Nouveau Dict.
bibliographique), la première édition de cet ouvrage parut à Wittemberg,
vers la fin de l'année 1523.
P. 159, note 1, ligne 7, au lieu de : Nous la réimprimons, lisez : Nous
en réimprimons la préface, etc.
P. 209, ligne 3, au lieu de salutat, lisez : salutant.
P. 214, à la fin de la note 23, ajoutez : Voici les renseignements que
nous avons recueillis sur la carrière subséquente (VHilaire Bertholph: Vers
la fin de l'année 1524 il était au service de la duchesse d'Alençon et il
se trouvait à Avignon (Voyez dans les Œuvres d'Henri-Cornclius Agrippa,
éd. cit. Pars II, p. S25, deux lettres de Bertolpli, datées inexactement de
1525). Plus tard, il habita Lyon, comme nous le savons par ces passages
ili ADDITIONS ET CORRECTIONS DU TOME I.
de la lettre de François Rabelais datée : Lugduni, pridie Cal. Decembr.
1532, et adressée à Érasme: « ...Me tibi de facie ignotum, nomine etiam
ignobilem, sic educasti, sic castissimis divin* tua? doctrinal uberibus us-
que aluisti, ut quicquid sum et valeu, tibi id uni acceptuni... feram...
Salve itaque etiam atque etiam, pater amantissime, pater decusque pa-
trise, literarum assertor xâëI^xxkg;, veritatis propugnator invictissime !
Nuper rescivi ex Hilario Bertulpho . quo hîc utor familiarissimè , te
nescio quid moliri adversùm calumnias Hier. Aleandri. quem suspicaris
sub persona factitii cujusdam Scaligeri adversùm te scripsisse . . . » (Copie
contempor. Bibl. de la ville de Zurich). Le 31 août 1533, Érasme écri-
vait à Boniface Amerbacb : « Lugduni Hilarius Bertulphus peste funditus
periit, hoc est, ipse cum uxore ac tribus liberis » (Erasmi Epp. ad Amer-
bachium, n° 82).
P. 218, note 3, ajoutez : Il écrivait en effet, le 7 septembre 1521), à
Pierre du Cliâtel à Bourges : « Quid apud Reginam Naoarne possim nes-
cio, neque enim mibi quicquam cum illa commercii est, nisi quùd illam,
quorundam instinctu, semel aut iterum appellavi literis. Illa praeter salu-
tationem nibil remisit » (Catalogus codicum Mss. Bïbliothecae Bernensis,
t. III, p. 248).
P. 219. La lettre de Le Fèvre du (3 juillet 1524 n'était pas complète-
ment inédite, comme nous le pensions. Le Bulletin du Protestantisme
fiançais en avait déjà publié un fragment en 1802 (t. XI, p. 212—213).
P. 221, à la fin de la note 11, ajoutez : N'est-ce pas à Guillaume Bri-
çonnet que fait allusion le passage suivant d'un petit livre intitulé : « Qua-
tre instructions fidèles pour les simples et les rudes, » et qui paraît avoir
été imprimé à Paris vers l'an 1524 :
Ung évesque fidèle, depuis peu de jours illuminé de la doctrine Chres-
tienue, visitant plusieurs lieux de ses parroiclies, veit une grande cala-
mité, principalement des peuples vivans es champs, et des vicaires. Des-
quelz plusieurs estoient tant ignorans, qu'ilz n'avoient aulcune congnois-
sance de la doctrine Clirestienne, tant que on auroit honte de le réciter....
Et, ce voiant, commencea à gémir, disant : « 0! que responderay-je à
Christ., [moi] qui suis évesque, auquel ce soing, ceste cure et garde est
commandée de Dieu V Je suis celluy, jusques à maintenant, et ceulx qui
ont esté devant moy, auxquelz est deue ceste calamité, qui avons permis
les hommes errer très-laidement. C'est nostre coulpe, c'est nostre faulte,
que n'avons jamais riens moins faict que ce que debvions faire de nostre
office... Et encores, que contemnons et ne nous chault si ceulx qui sont
commis à nostre foy... ne sçaivent ne l'Oraison de Jésuchrist, ne le Sym-
bole des Apostres... ne le Décalogue, c'est-à-dire les dix commandemens
de la loy. 0 nous maleureux!
« Pourtant il obteste et prie par Jésuchrist tous évesques et vicaires,
ministres, prescheurs auxquelz la charge et soing spirituelle divinement
est commandée, de faire diligentement avec sa grâce leur office. A la-
quelle cause a, par la grâce de Dieu, composé ce catéchisme, c'est-à-dire
instruction pour invulguer aux plus jeunes et plus rudes peuples. »
Grâce à l'obligeance d'un bibliophile français, M. Adolphe Gaiffe, nous
AUDITIONS ET CORRECTIONS DO TOME I. 'l I 5
avons pu examiner un exemplaire de cet opuscule. II se compose de 47
feuillets petit in-8". en caractères gothiques pareils à ceux du Nouveau
Testament de Le Fèvre imprimé en 1525 chez Simon du Bois, à Paris. I e
n'est pas un catéchisme par demandes et réponses, mais plutôt un guide
pour les ecclésiastiques. Le signe de la croix y est recommandé; mais les
chapitres qui traitent du « sacrement de la cène et des cérémonies
(feuillets xxn et xxxim) ne nous permettent pas cependant de croire que
ce petit livre ait pu être approuvé par l'évêque Briçonnet.
P. 272, ligne 7. Le texte original porte dimissum, et. deux lignes plus
bas, admirantïbus vobis.
P. 273, ligne 4. Au lieu de non esse, on lit ne esse dans L'original, et.
à la ligne neuvième, pluraque au lieu de plura.
P. 290, à la fin de la note 7, ajoutez : Mélanchthon, qui ne connaissait
pas encore Farél personnellement, semble avoir accueilli en grande partie
les rapports d'Érasme sur le compte du réformateur français. C'est ainsi du
moins que nous interprétons la phrase suivante, qui se trouve dans une
lettre de Mélanchthon à Œcolampade écrite vers la fin de septembre
1524 : « Dispîieent mihi quse audio meditari VareUum mxpà :w y.rta-rrt [c'est-
à-dire Ulric (h Wurtemberg] ad quem se contnlit » (Voyez J.-J. Herzog.
Das Lehen J. Œkolampads, 1S43, t. II, p. 279).
P. 290. à la fin de la note 8, ajoutez : Érasme formula un nouveau
grief contre Farci dans Tune des lettres qu'il adressa en 1526 à Conrad
Pellican : « Apostoli persuadebant, et vos vultis cogère ad evangelium
vestrum! Jam finge nihil me velle scribere: non poteras efficaciùs hue
impellere, quàm spargendo rumorem tne vobiscum sentire, et interminando
ne scriham. Vester Phareïlus simile mendacium instillavit in aurem An-
glo nostro [c'est-à-dire, à Thomas Gfrey], me rectè sentire, sed non au-
dere profiteri. Et haac audet instillare auribus hominum. conscius quàm
aeiïs mihi fuerit, de omnibus ferè Luiheri dogmatibus, cum ipso contentio.
Atqui quod Phareïlus vocat rectè sentire, Caesares et Pontifices vocant
hœreticum esse » (Voyez le N° 6 et le N° 99, n. 12. — Erasmi Epp Ba-
silese, 1558, p. 574, 677).
P. 305. La note 8 doit être ainsi conçue : Voici le titre complet de cet
ouvrage : « Modus orandi Deum, per Des. Erasmum Roterodamum. Opus
nunc primum et natum, et excusum typis. Basilese apud Ioannem Frob.
Anno M.D.XXIIII. Mense Octobri, » in-8° de 46 feuillets.
P. 352. Lettre de Beda à Érasme du 21 mai 1525. D'Argentré (op. cit.
III, Pars IL 71) a donné de cette lettre un texte qui est plus correct que
celui de Le Clerc.
P. 372, à la fin du deuxième paragraphe, nous aurions dû renvoyer à
la note suivante : D'après l'ouvrage du Père Meurisse (Hist. de la nais-
sance de l'Hérésie dans la ville de Metz. édit. de 1670, p. 21). le sup-
plice de Jean le Clerc aurait eu lieu le samedi 25 juillet 1525. et non le
22, comme le dit François Lambert.
P. 375, remplacez la note 2 par celle-ci : Toussain fait allusion au sup-
plice de Jean le Clerc (Voyez le N° 155). qui eut lieu le même jour que
celui de l'imprimeur Jacques, dont il parle immédiatement après.
416 ADDITIONS ET CORRECTIONS 1)1 TOME II.
P. 375, dernière ligne des notes, lisez : Pierre Guérard, que le P. Meu-
risse (loc. cit.) nomme Pierson Guelrard, était clerc du Palais de Metz.
On l'accusait, ainsi que l'imprimeur Jacques, d'avoir accompagné Jean le
Clerc le jour où celui-ci avait mutilé quelques images. Guérard, averti à
temps, « prit la fuite et se retira à Thionville, où il demeura douze ans. »
P. 376, fin de la note 6, ajoutez : ou Gaspard Gamaut.
P. 434, ligne deuxième, lisez : continuent à donner trois leçons. —
Même page, supprimez la seconde phrase de la note 13.
P. 45(3, remplacez la note 30 par celle-ci : Antoine Engelbrecht (en la-
tin Engentinus) , ancien suffragant de l'évêque de Spire, s'était réfugié à
Strasbourg chez Capiton, et il avait été nommé pasteur de la paroisse de
St. -Etienne (1525). Voyez Rœhrich (Gesch. der Réf. ini Elsass, I, 195,11,
S5-88) et la lettre de Bucer à Amhroise Blaarer du 3 février 1534. Coll.
Simler.
P. 474, note 10, ligne 4, lisez : publiés le 18 mai 1526. Nous devons
cette rectification à notre ami M. Rodolphe Delay, libraire à Genève, qui
;i bien voulu nous communiquer un exemplaire des Actes de la Dispute
de Baden, ainsi que plusieurs autres ouvrages précieux relatifs à la Ré-
forme.
TOME II
P. 14, à la fin de la note 4, ajoutez : Il avait été lancé à l'occasion du
monitoire suivant, adressé au Chapitre de Sion par le pape Clément VII,
en date du 16 novembre 1526 :
«■ Dilectis filiis... Apostolieam benedictionem ! Accepimus quod, in non-
nullis locis patriee Vallesii diocesis Sedunensis , nonnullse superstitiones
hseresim sapientes sunt ortse, et aliquihus pestis Luthcrana placet. Nos
igitur vobis ac vestrorum cuilibet inquirendi contra pithonissas et malé-
fices, ac alios superstitiosos, nec non Lufheranos et hrereticos complices
fautores et sequaces, procedendique et puniendi, nec non omnia faciendi
et exequendi plenam et liberam concedimus facultatem. Et nihilominus
universis committimus et mandamus, quatenus eoruin quilibet, quoties
pro parte nostra fuerit requisitus, prsesidio assistât. » (Voyez P. -S. Fur-
rer. Urkunden welche Bezug haben auf Wallis. Sitten, 1850, p. 313.)
P. 131, à la fin de la note 4, ajoutez : Le Vasseur (Annales de l'Église
de Noyon, 1633, p. 1172) cite en outre « ses résignataires» Antoine delà
Marlibre et Caim. Le 4 mai 1534, d'après le même auteur (p. 1161), Jean
Calvin résigna au dit la Marliere la chapelle de la Gésine, que son frère
Cauvin lui avait rétrocédée le mercredi 26 février [1. le 28] 1531 (1532,
nouv. style), et ce même 4 mai 1534, il céda sa cure du Pont-1'Évesque
:"i Caim, au lieu duquel Papire Masson nomme par erreur Guilielmus Bosius.
ADDITIONS ET CORRECTIONS DU TOME II. 117
P. 210, nut(! 8-!J. Après les mots sauf Ruchat, ajoutez : Histoire de la
Réformation de la Suisse, nouvelle édition, t. II, p. 12o.
P. 201, note 5, ligne 4, lisez : que les prêtres de cette vallée ne conti-
nuaient à dire La messe que pour rester en possession de leurs revenus,
ils y avaient établi la Réformation, etc. — A la fin de la même note, p.
2ii2, ajoutez : J.-C. Appenzeller. Die Reformation zu Biel, p. 4:5-48.
P. 263, à la fin de la note 10, ajoutez : et Ruchat, t. III, p. 200-2(12.
P. 27!», à la fin de la note 2, ajoutez : Selon Le Maire (Hist. d'Orléans,
I, 204, à comparer avec les pp. 385-386 du même ouvrage), « Calcul fai-
soit [encore] profession de la religion catholique, apostolique et romaine,
puis qu'en l'année 1530", comme escollier de la Nation de Picardie dans
l'université [d'Orléans], il alla, avec le Procureur d'icelle et autres es-
colliers, demander la Maille d'or à Baugency, qui n'avoit esté présentée
à la Messe dans l'Église de S.-Pierre-le-Puellier, le jour de l'Invention
de S. Firmin, 13 Janvier 1530. »
P. 282, note 13, ligne 4, ajoutez : La terre de Meillant, appelée Me-
lianum par Jacques-Auguste de Thon, appartenait depuis 1525 à l'un des
héritiers de Georges d'Amboise, c'est-à-dire, à Philibert de Beaujeu, «sei-
gneur de Lignières, de Meillant, etc., » qui avait épousé la tante pater-
nelle du susdit George-. (Voyez l'ouvrage intitulé : « Xominum proprio-
runi... quaa in J. A. Thuani Historiis leguntur Index, cum vernaculâ sin-
gularuin vocum expositidne. » Genevae, 1G34. — LeDict.hist.de Moréry,
article Amboise. — Le P. Anselme. Hist. généalog. etc. IV, 438, VI, 735,
736, VII, 125, 126. — Martin. Hist. de France, IX, 255.)
P. 292. Le texte de la lettre de Georges de Rive à la comtesse de Neu-
chàtel qui a été publié en 1S41 par M. G. -A. Matile (Musée hist. t. I,
]>. 117-123) diffère en plusieurs points de celui de Choupard.
P. 364, deuxième ligne du texte en remontant, placez après Ecangeliiuu
un renvoi à la note suivante : Pendant le séjour de l'armée bernoise à
Genève (10-20 octobre 1530), l'Évangile y avait été prêché tous les jours
en allemand dans la cathédrale de St. -Pierre, par l'aumônier bernois Gas-
pard Megander (et non par « Maistre Guillaume Foret, » comme le dit
Jeanne de Jussie, op. cit. p. 20). Ce détail, qui nous a été communiqué
par un bibliophile genevois, M. Théophile Dufour, se trouve dans une
brochure contemporaine de 8 feuillets in-4°, intitulée : « Inhalt des Jenf-
fischen Berichts. so zu Sant Julio... durcli ettlich ôrtt der Aydgnoss-
schafft volzogen und auffgericht mitwoehen nach Sant Gallon tag. im
1530 jar. »
On comprend dès lors pourquoi Zwingli écrivait à . Berthold Ilalleretà
Megander le 30 novembre 1530: « Accurare debetis, ut Evangèlium stre-
nuè priedieetur Gcbcnnœ » (J.-J. Hottinger, op. cit. III, 514).
Pages 366 et 370. La requête des Catholiques de Grandson et celle de
Farel doivent être datées du 2 ou du 3 octobre 1531, comme nous l'ap-
prend le recès de la conférence dans laquelle les députés de Berne et de
Fribourg examinèrent les griefs des deux parties. Cet acte est daté de
Grandson, le 5 octobre 1531, et il renferme le paragraphe suivant :
< Sus la Supplication par les nobles et babitans de la ville de Grandson
t. m. 27
418 ADDITIONS ET CORRECTIONS DU TOME III.
faicte à mes dits Seigneurs les ambassadeurs et... par escript donnée, — et
sur les Besponccs faicte[s] sur icelle par maistre Guillaume Farel, lesquelles
sont aussi par escript, ... a esté dit par mes dits Seigneurs ambassadeurs
(pie, vehues les chouses, lesquelles sont de grande importance . . . ont re-
mect. . . par devant l'audiance de. . . Messeigneurs des deux Villes, pour
en debvoir faire conclusion totalle ...» (Mscrit orig. Arcli. de Berne.)
P. 377, note 2. Les trois dernières lignes de cette note doivent être
corrigées comme il suit . Ce passage, rapproché de la lettre d'Andronicus
du 29 avril 1533 (N° 415, renvoi de note 20), nous autorise à croire que
ce Lvtlovicti* n'était autre qu' Olivétan.
P. 451, à la fin de la note 10, ajoutez : car le premier de ces prédi-
cateurs n'ayant assisté au synode vaudois qu'en septembre 1532, il ressort
du passage suivant qu.'' Olivétan s'y trouvait alors avec lui : « Priori... tes-
tamento, quod, dum Valdenses tecum aditurus esset, conscripserat [Olive-
1anns], medietatem omnium Joannae legarat » (Lettre de Fabri à Farel,
datée du 8 mai 1539. Mscrit orig. Bibl. des pasteurs de Neuchâtel). Voyez
aussi le N° 507, note 20, et le N° 528, note 2.
TOME III
Page 117, à la fin de la note 6, ajoutez :
Discours composé par Calvin et prononcé par le recteur Nicolas Cop
LE Ier NOVEMBRE MDXXXIII *.
Magna qusedain res est ac longé prsestantior quàm dici aut animo et
cogitatione comprebendi possit : Christiana philosophia. Uni hœc bomini
divinitus a Christo data est, quse veram et certissimam fœlicitatem expli-
caret. Hac una nos esse Dei filios intelligimus et credimus. Haec suosplen-
dore et praestantia universam mundi sapientiam obscuravit. Hac qui ex-
cellunt tantum prope reliquse bominum multitudini praestare mibi videntur,
quantum hommes beluis antecellunt : nimirum cum ni majora longe et
praestantiora quàm reliqui mente complectantur. Admirabile enim et sanc-
tum genus illud philosophie esse oportet, quod ut hominibus traderet
Deus, homo fieri voluit, cum immortalis esset, mortalis.
Verè profectè- hoc mihi videor esse dicturus, nulla re magis amorem
Dei erga nos innotescere posse, quàm quod Verbum suum nobisreliquerit.
Quse enim propior aut certior cognatio esse potuerit? Quod si reliquas
artes, disserendi artem, naturse scientiam, atque eam qua? de moribus
* En tête du manuscrit on lit la note suivante, écrite vers 1570 par X. Colladon,
et qui renferme une erreur de date : « Concio nomine rectoris Nie. Copi scripta Cal.
Novemb. M. D. XXXIV. »
ADDITIONS ET CORRECTIONS DU TOME III. 419
est, propter utilitatem et miramur et laudamus, — quae potest cum hoc
génère philosophie conferri, quod voluntatem Dei, omnibus philosophis
diu quaesitam, nunquam inventant, exponit? quod soîâ Dei gratiâ peccata
remittit? Spiritum Sanctum, qui corda omnium sanctificat et vitam seter-
nam adfert, omnibus Christianis pollicetur? Hoc studium qui non lauda-
verit haud sanè scio quid laudandum putet. Si enim oblectatio animi re-
quiesque curarum quaeritur. quae spectent ad bene beateque vivendum
Christiana philosophia abunde suppeditat; motus animi turbulentes quasi
babenis quibusdam coërcet.
Cum igitur tanta sit Ev;mgelii laus et dignitas, non parum gaudeo, nrihi
datam occasionem illius explicandi, meque in eo esse magistratu qui id
muneris necessitate quadam a me requirat. Sed in tam ubere, tamqueim-
mensa rerum copia, unde principium aut ubi finem nostra sumet oratio?
Sanè quia amplior est dicendi campus quàm oratione complecti possim,
eum Evangelii locum potissimùm explicabo qui in hodierno die in ecclesia
legi solet. Verùm priusquam rem aggrediar, illud ardentibus votis me-
cum impetretis velim a Cbristo optimo maximo, qui verus est et unus
apud Patreni intercessor, ut fœcundo illo suo spiritu mentes nostras illus-
trât, ut, quemadmodum ipse est gloria Patris, ita nostra oratio illum
laudet, illum sapiat, illum spiret, illum référât. Kogabimus ut in mentes
nostras illabatur, nosque gratia? cœlestis succo îrrigare dignetur. Quod
nos consecuturos spero, si beatissimam Virginem solenni illo praeconio
longé omnium pulcherrhuo salutaverimus : Ave gratiâ plena * !
Beati pauperes spiritu. Matth. 5.
Principio quis sit bujus partis Evangelii scopus, ac q[uô] omuia re-
ferri debeant, diligenter nobis est investigandum, quod ex Evangelii ac
Legis descriptione, deinde utriusque inter secollatione, facile intelligetur.
Ergo Evangelium est nuncium et salutifera de Cbristo praedicatio : quod
a Dec pâtre missus sit, ut omnibus opem ferat, vitamque aeternam con-
ciliet. Lex praeceptis agit, minatur, urget, nullam pollicetur benevolen-
tiam. Evangelium nullis minis agit, non impellit praeceptis, summam Dei
erga nos benevolentiam docet. Qui igitur pure et sincère Evangelium in-
terpretari volet, omnia ad Legis et Evangelii descriptiones exigat. Quam
tractandi rationem qui non sequuntur, nunquam satis fœliciter in Chris-
tiana philosophia versabuntur. Hoc vitium perditissimi sophistae incurre-
runt, qui de lana caprina perpetuô contenduilt, rixantur, altercantur. Ni-
hil de fide, nihil de amore Dei, nihil de remissione peccatorum, nihil de
gratia, nihil de justificatione, nihil de veris operibus disserunt; aut sicertè
disserunt, omuia calumniantur, omnia labefactant, omnia suis legibus, hoc
est sophisticis, coërcent. Vos rogo, quotquot hîc adestis, ut lias haereses,
bas in Deuin contumelias, nunquam aequo animo feratis.
Sed unde digressa est eô redeat nostra oratio. Yidendum nobis [est]
ne Christum hoc loco ab Evangelii rationc aberrasse existimemus; nam
praeceptis agere videtur, ut pauperes simus spiritu, mundo corde, mites,
■: On lit à la marge cette note, qui est de la main de Nicolas Colladon, l'un des
collègues de Théodore de Bèze : « Hœc, quia illis temporibus danda sunt, ne suppri-
menda quidem putavimus. »
120 VDDITIONS ET CORRECTIONS I)L TOME III.
pacifici, pnecipere. Quin etiam mercedem nobis promittit, cum prsemiis
duci nemo debeat, sed gratis operam dare Christo, solam Dei gloriam
quaerere, nib.il formidine prenre aut geennse agere. Sed hsec apud se co-
gitant qui divinam philosophiam per transennam legerunt, qui supremis
labris illam degustarunt, qui in Evangelio nihil promoverunt, qui. ut cum
Paulo dicam, putantes se sapientes, stulti facti sunt. Quin potiùs densis-
simam fugat caliginem, nos tenebris libérât, ut qui aliquando corporis
oculos aperuit, nunc mentis oculos aperiat. Nam quse prsecepta non satis
explicatè Mosi scripta sunt hoc loco explicatiùs docet. Raque hoc evan-
gelium nihil praecipit, sed solam Dei bonitatem, misericordiam et béné-
ficia exponit, ac, ne quis mlretur quod... *.
P. 136, douzième ligne des Notes en remontant, au lieu de Voyesdans
le.-; Additions, lisez : Voyez, dans l'Histoire de l'Église de Genève par
M, J. Gaberel, t. I, pièces justificatives, p. 77, la pièce intitulée, etc.
P. 140, note 8, troisième ligne, même correction qu'à la page 136.
P. 141, dernière ligne des Notes, corrigez comme à la page 136.
P. 142, dernière ligne des Notes, lisez : qui parut le 22 août 1533 et
fut publié de nouveau le 30 décembre 1534. Supprimez 1533, nouveau style.
P. 143, dernière ligne de la note 7, au lieu de note 16, lisez note 15.
P. 150, à la fin de la note 1, ajoutez : Voici un fragment do la dépo-
sition faite le vendredi 17 juillet 1534 par le Père François Coutelier, de-
vant les Officiaux de Lyon, et qui est relative aux événements du 1er mars
précédent :
« Un g jour, que fut (comme luy semble) le second dymenche de cares-
mo. après ce que le dict déposant eust faict la prédicacion au dict cou-
vent des Frères Mineurs [à Genève], en présence et audience de très-
grand' multitude de peuple, — incontinant, à. l'yssue d'icelle prédicacion
[commencée à. 7 heures du matin], survint le dict Baudichon avec certains
ses complices. Lesquelz. de leur auctorité privée, commençarent à décla-
rer aux gens qu'ilz feroient prescher publiquement le dict Farelhis le jour
mesmes, et pour ce feroient sonner et convoquer le peuple à la cloche..
comme il est de co[u]stume. Et. de faict. à l'heure mesmes. allarent son-
ner la dicte cloche, laquelle ilz sonnarent par troys coups.
« Et tantoust après, le dict jour, en la mesme église et chaire en la-
quelle avoit presché le dict déposant, le dict Farelhis fit son sermon pu-
bliquement, semant sa mauldicte doctrine. Et despuis, tous les jours du
dict caresme le dict Farelhis fit ses sermons en la dicte église et chaire
les après-disnées publiquement et au son de la cloche, estant le dict Fa-
rellus vestu en homme séculier, avec une cappe à l'espaignolle et ung bon-
net à rebras. Es quelz sermons assistoit tousjours entre aultres le dict
Baudichon, comme capitaine et directeur, faisant faire silence et donnant
ordre à faire. renger les gens.... » (Procès de Baudichon, p. 321—324.
Mscrit orig. Arch. de Berne.)
P. 207, première ligne, au lieu de disciplet, lisez displicet.
* La suite du discours manque. Nous i»n avons reproduit le commencement d'après
îe manuscrit a'itographe (Bibl. Publ. de Genève, vol. n° 145).
ADDITIONS II CORRECTIONS DL TOME III. 121
P. 225. deuxième ligne en remontant, ajoutez avant la parenthèse : Un
■examen attentif du Livre des Marchons, publié en 153::'» chez Pierre de
Wingle, nous a donné lieu de penser qu'il peut être attribué à Marcourt.
(Voyez un extrait de cet ouvrage dans les Commentaires de Sleidan,
traduction française. Genève, 1551», f. 137-39.)
1'. 238, à la tin de la note l(i. ajoutez : Les paroles (pie le cardinal de
Tournon aurait, selon .M. Merle d'Aubigné (op. cit. 111, 139, 140, 148),
adressées à François I, en octobre et novembre 1534, pour l'excitera sévir
contre les Réformés, n'ont pu être prononcées dans cette circonstance.
Le cardinal de Tournon n'était pas encore de retour de Rome, où il s'é-
tait rendu pour le Conclave (Voy. la Cronique de Françoys I, p. 110, et
les Papiers de Granvelle. II, 244, 290). Quant ; Pierre du Châtel, « évé-
que de Tulle, » qui aurait, dans cette occasion, combattu les mesures
sanguinaires, il était également hors de France (Voy. Bayle. article ( ns-
tellan), et il n'obtint (pie cinq ans plus tard la dignité épiscopale.
P. 249, ligne onzième des Notes, lisez : Voyez l'Appendice, p. 410.
P. 252, note 8, ligne 4e, lisez : qui est l'écho des bruits du joui', etc.
P. 254, note 16, lisez : C'est une allusion a l'Empereur et à son frère,
le roi Ferdinand. Ces princes ne sont mentionnés, etc.
P. 254. à la tin de la note 17. ajoutez : Bullimjcr écrivait de Zurich à
Bucer, le jour de Pâques (28 mars) 1535 : « Quid Galliis in regno suo in
reritatem Evangelicam profitentes exerceat, cœlum et terra clamant, et
sanguis innoxius effusus è terra vociferatur... Imposuit hic Rex Germaniœ
Principïbus, et te quoque, Encore, impulit ut consilium scriberes perfido,
id quod jam rapit in defensionem tyrannidis sua?. Quasi il 1 i quos capitis
supplicio afticit. secus sentiant de religion©, quàm Germanorum docti isa-
gogicis quibusdam libellis ad sarciendam concordiam scriptis! Non te
latet. (piid scripserit ad Germanise proceres Eex. Guïllielmus Eellaius ejus
Apologise cfeditur autor. At os impudens, ingeniumque perversissimum,
pravum et Regia indignum Majestate, altéra ex parte et in graciam
Pauli [III }- Francica lingua edidit Decretum, quo omnes Lutheranos no-
minatim proscripsit. Missus est libellas Senatui nostro. ut \ideret, quàm
sibi impudens pugnaret. LaUnavi apologiam Germanis niittit. Francicum
edictitm apud hostes religionis nostrse vulgatur. Ita duabus sellis sedet »
(Minute orig. Bibl. de Zurich. Copie dans la Coll. Simler).
P. 280. à la fin de la note 5. ajoutez : La pièce suivante renferme le
récit des dangers que Michel Dobte courut à la même époque, dans le
Pays de Vaud. Elle a été résumée par L. Vulliemin (Voyez le Chroni-
queur, p. 59). Nous la reproduisons d'après le manuscrit original, qui est
conservé aux Archives de Berne :
« Le xvne jour du movs de mars, du commandement de Mous'' le gou-
verneur d'Aigle a esté interrogué par nous notaires subsignés Maistre Mi-
chiel Dobtc prédicant d'Ormant, de ce que luy a esté faict en venant de
Geneste.
« Le quel a raporté estre vérité que luy. venant de Gencsve, passa par
Lulric et alla boyre à l'hoste de la croy blanche, et là trouva une multi-
tude de prestres et nioynes, entre lesquieulx l'un diceulx l'interrogat
422 ADDITIONS ET CORRECTIONS DU TOME III.
qu'il estoit? Respondit qu'i[l] estoit des subjectz et serviteurs de Mes-
sieurs de Berne. Et incontinent qu'il l'eut interrogué, s'en sortit dehors.
Et voylà venir Monsieur de Lutrie, une barbe rosse, qui l'interrogua quel
il estoit? oùt il alloit? et de sa foy, et s'i[l] vouloit prescher? Respondit
le dict niaistre Michiel qu'il estoit chrestien, sans avoir point d'aultre
dispute avesque eulx, requirant que luy laysa passer son clieniyn. Adoncq
le dict seigneur luy dict : « Vattain [1. va-t'en], je toy ballie mon servi-
teur, qui toy tindra sort et seur. »
« Et incontinant qui feut à la porte de Lutrie, en sortant, il racontra
ung prestre qui le frappa d'ung grand cop de poing en l'estomach, luy di-
sant qu'il ne seroit pas seur, car ly avoit tout plain de gens sus le che-
rnyn qui l'atendoient. Et le dict homme quil le conduysoit, le laysa. Adoncq
le dict maistre Michiel s'en vient, fouyant par les vignies, et les prestres
et moynes criant après luy aulx vigniolans qui estoënt par les vignies :
« aut larron ! aut larron ! » Et le suyvirent tellement, qu'il feut contrainct
de choër es fossés de la dicte ville de Lutrie. Et là le battirent à pierres
et atout [1. avec] ung sac du dict maistre Michiel, au quel il portoit deux
novyaux Testament. Et, entre les aultres, ly avoit ung moyne qui vouloit
estre le burriaux [1. bourreau] du dict maistre Michiel, et luy vouloit coppé
la teste de sa propre espée, la quelle luy avoit hosté. Et puys feû[t] con-
traint de reintré en la dicte ville. Et là f eurent boutez les dicts deux no-
vyaux Testaments qui portoit au feu pour brûler, mais l'on feu [1. l'un fut]
retiré du feu par quelque homme de bien qui le guardazpour luy, et l'au-
tre feu[t] brûler. Et en fuyant couroënt après luy tous petis et grandz,
gettans pierres et fosseux [1. fossoirs?], le poursuyvant jusque à fouyr en-
core mes [1. davantage] par les vignyes.
« Et entre Cullier et G-ra[n]vaid feu[t] concepu [1. aperçu] de deux des-
guisés, l'on ad mode de Sallaques, et l'autre de coquyn mal vestu. Le-
quel Sallaques, jurant le saing-Dieu, dict au dict maistre Michiel : « Tu
es ung luthérien. » Et le frappa de son espée en la teste une playe si
grosse, que ly a fallieu mettre cinq point d'aguillée. Et l'eussent du tout
extermyné, sy ce n'eu esté ung homme qui arriva là, disant qu'il façoënt
mal. Et luy hostèrent sa robbe, son chapiau et son bonet. Adoncq le dict
maistre Michiel s'en fouyt par les vignies en ung vilage nommé à Byé. Et
trouva là ung bon gentil homme nommé Messire Glaudoz Forestey, qui le
receput et logaz honestement et le revestit d'une bonne robe forrée. Puys
envoya querre ung médicin qui luy benda ses playes, soy aydant luy-mes-
me. Et vouleut poyé le médicyn. Et le lendemain luy ballia son cheval
avesque ung homme jusque à Vyvey, et lui presta une robe qu'i[l] hat en-
core de présent.
« Puys, à Vivey, trouva le chastellain Hugonini, accompaignié de cer-
tains prestres et d'aultres gens de la Justice, quil le voulurent prengdre,
disant qu'il avoient icelle charge de Monsieur de Lausanne. Etpuyicelluy
chastellain interroguat le dict maistre Michiel s'il estoit pas celluy que
l'on nommoit Froment? Respondit que non. L'interroguat si avoit point
presché à Qenesve? Respondit que non. Laquelle responce faicte, incon-
tinant quelcung qui là estoit dict qu'il mentoit par la gorge, et qu'il avoit
ADDITIONS ET CORRECTIONS DU TOME III. 123
esté présent quand il avoit presché à Genesvc. Surviendront ausy en icelle
plasse qui se disoënt tesmoings qui le avoënt vieu prescher. Et comme
le dict maistre Michiél estoit à l'hoste, luy dirent que sy c'eust esté Fro-
ment, Pharcî ou Viret, que il les eussent tuez. Et, en passant par dessus
le pont vers le bourg-ès-favres, le vouleurent desroché de dessus son che-
val. Et le protlionotairc là battit le médian du dict maistre Michiél d'un
cop de poing jusque à effusion de saing par les dens, en luy disant :
x meschant homme ! » Puys après il louèrent une nagelle, pour venir par
dessus le lac; mais quand cuydèrent entré dedans, elle soy trouva persée.
« Et ainsi a raporté le dict maistre Michiél à nous notaires subsignés,
estre vérité, Je jour dessus escript, l'an mille cinq centz trente cinq.
H. DE LoES, 110t., Jn CoRXYOLLIER, 110t. »
P. 290, à la fin de la note 21, ajoutez : M. Henri Bordier nous a si-
gnalé deux opuscules de l'année 1533 qui paraissent avoir été imprimés
chez Pierre de Wingle àNeuchâtel, et qui portent cet anagramme : « y me
vint mal a gre. » On y retrouve facilement le nom de Mathieu Gra-
melin. L'un de ces opuscules a pour titre : « Sensuyuent plusieurs belles
et bonnes chansons, » etc. (Voy. le t. II, p. 489.) L'autre est intitulé :
« Moralité de la maladie de Chrestiente a xiij personnages. »
P. 296. La note 20 doit commencer ainsi : M. Louis Vulliemin, qui a
signalé, après Kirchhofer, la fraude commise par Farél (Voyez Melchior
Kirchhofer. Farels Leben, 1831, t. I, p. 1S2. — Le Chroniqueur, 1836,
p. 50. — Ruchat, nouv. édition, III, 260), etc.
P. 316, ligne 3, supprimez inédite, et, après Genève, lisez : Imprimée
en partie dans l'ouvrage de M. Amédée Roget intitulé : Les Suisses et
Genève, 1864, t. II, p. 151.
P. 320, à la fin de la note 18, ajoutez : M. Adolphe Gaiffe a eu l'obli-
geance de nous communiquer un Nouveau Testament imprimé en carac-
tères gothiques, et qui se compose de 158 feuillets très-petit in-8°. Au
verso du 158e se trouve la marque de Pierre de Wingle. Elle ressemble
beaucoup à celle qu'il employait à Neuchâtel, mais elle a de plus quatre
Heurs de lys et un lion. On trouve ensuite une table de 7 feuillets, avec
ce titre : « Table pour trouuer les epistres et euangiles des dimenches et
festes de lan, a lusaige de Rome, Paris et Meaulx, » — ce qui permet de
croire que ce N. T. fut imprimé à Lyon, avant l'année 1532, ou à Genève
pendant l'hiver de 1532—1533 (Voy. le t. I, p. 446).
P. 321, à la fin de la note 20, ajoutez : On a la preuve certaine qu'a-
près avoir collaboré à l'édition de la Bible française publiée à Neuchâtel
le 4 juin 1535 par l'imprimeur Pierre de Wingle, il vécut à Lyon ou à
Paris pendant la seconde moitié de la même année et les premiers mois
de la suivante (Voy. le N° 507, n. 21). D'après l'un de ses récents bio-
graphes, il devint, probablement vers 1535, secrétaire et valet de cham-
bre de Marguerite de Navarre (Voy. les Œuvres de Despériers, édition
du bibliophile Jacob, 1841, p. xi, xn, 165,210,239). Or nous savons qu'il
y avait des « serviteurs de la reine de Navarre » parmi les Français pris
à Faverges le 16 juillet 1535 (Voy. p. 319, n. 3). Le voyage de Despériers
à Turin n'est donc pas invraisemblable.
Ï24 ADDITIONS ET CORRECTIONS DU TOME III.
P. 321 . à la fin de la note 21, ajoutez : On lit dans la lettre signée <^ le
seigneur Thybaud, » adressée « à Monsieur et frère, Monsieur des Planches
magnificques, » — ce qui doit être un nouveau pseudonyme de Guillaume
Farel : « Nous euydions estre en saulveté à dix ou douze lieues de Ge-
nève; mais sus le matin, advant jour, nouz eusmes une allarme chaulde
de ceux de Pygney.. Et, après qu'il nous heurent tous saisiz, au reste
|1. à l'exception] de Moàstre Anth.[oine], qui s'en alla, il nous firent no-
tre procès, pensons de moy qu'i\l] fust vous... Il n'y eut pas mon pety
bonnet de velloux cpie le prévost voulluz avoir, et noz javellines, et plus-
sieurs aultres eboses aussi meschantes que furent jamais faictes en la fo-
rest de Toufre [1. TourfouJ. » (Copie contempor. Arch. de Genève.)
P. 334, à la fin de la note 9, ajoutez : On lit dans le Registre du Con-
seil de Genève : « Die Dominico 8aAugusti 1535. Ibidem fuit petitus Ma-
gister Guillelmus Faréllus et interrogatus, quare ipse bodie prsedicaverit
in cathedrali Sancti Pétri, cura jam fuerit sibi vetitum ne praedicaret aiil)i
quàm in locis sibi solitis? Qui respondit quôd miratur quare inquiratur
de tali re, cum sit sancta et secundùm Deum et Sanctum Evangelium...
« Eadem die. post cenam, Consilium fuit petitum propter hoc quôd
nonnulli ex civibus ymagines de Sancto Petro fregerunt. (Le secrétaire
Claude Iîoset a écrit au-dessous la réflexion suivante : Ces ymaiges furent
mises par terre, pource ipie les prebstres se moccoint de Dieu et des gens.)
Super quo fuit advisum quôd cras manè debeat congregari Consilium.
« Die Martis 10a Augusti. Juxta berinnm arrestum, et etiam ad requi-
sitionem G. FarelU, fuit congregatum Consilium Ducentenarium.
« In quo primo intravit dictus Faréllus, cum Petro Vireto, Jacobo Ber-
nardo et Fratre Jacobo Cordigero. [Faréllus], magna oratione facta,
proposuit, sicut fuit farta publica Disputa, ad quam fuerunt vocati sa-
cerdotes, ut audirent, et sua farta substinerent. fpseque, et (jus socii
cum eo se paratos obtulerunt sustinere omnia quœ prsedicarunt, etiam
usque ad mortem, prout et de prsesenti se offerunt paratos subire mor-
tem, quatenus contra Sacras Scripturas aliquid dixerint, et per presbiteros
convicti fuerint: nibil de presbiteris requirentes, nisi quôd ad Deum conver-
tantur; supplicantes insuper judicari super Disputa priùs facta.
« Super Mis omnibus diu disceptato, fuit advisum et majori voce reso-
lutum. quôd teneantur Consilia diebus extraordinariis, ad quse vocentur
sacerdotes, et coram eis proponatur si velint substinere missas et ymagines,
et res bene videatur. Et si compertum fuerit fuisse malè actum dirrum-
pisse ymagines, tune advideatur et reflferatur. Intérim verô ultériùs non
dirmahir. née celébretur missa, donec cognito. Et quôd scribantur Domi-
nis Bernatibus prsemissa, ut super eorum responsione nos tutiùs condu-
cere valeamus. » (Voyez aussi Froment, op. cit. Extr. des Registres, p.
cxxxv — CXL, cr.vi — CLVIII.)
P. 375, ligne 10, supprimez inédite. Quelques fragments de cette lettre
ont été publiés par M. Iîoget. op. cit. II, 182, 1S3.
P. 4Hi, ligne 15, au lieu de 152G, lisez 1527.
TABLETTES CHRONOLOGIQUES. Ï25
TABLETTES CHRONOLOGIQUES
1533. Mars. Berne prend la défense des partisans de la Réforme à
Genève.
1533. Mars-Avril. Prédications évangéliques de Roussel à Paris.
1533, 14 juillet. L'évêque de Genève quitte poui toujours sa ville épi: —
copale.
1533. Août-Septembre. Antoine Saunier visite les Vaudois du Piémont
et de la France.
1533. Octobre-Novembre Conférence entre le pape Clément VII et
François I à Marseille.
1533, 1er novembre. Nicolas Cop prononce devant l'université de Paris
un discours composé par Calvin; peu de temps après, celui-ci
quitte Paris et se réfugie a Angoulême.
1533, 10 décembre. François l ordonne aux parlements de procéder
énergiquement contre les hérétiques.
1534. Premiers jours de janvier. Farel et Viret prêchent la Réforme à
Genève dans les maisons de quelques citoyens.
1534, il janvier. François I conclut un traité secret avec les Protes-
tants d'Allemagne.
1534, 27 janvier — 13 février. Dispute à Genève sur la religion entre
Farel et le dominicain Furbiti.
1534, 1er mars. Le culte réformé est pour la première fois célébré pu-
bliquement à Genève.
1534. Mars-Avril. Alexandre Canus prêche la Réforme à Lyon.
1534, 14 mai. Les Fribourgeois renoncent à leur alliance avec Genève,
à cause des progrès de la Réforme dans cette ville.
1 534. Mai-Juillet. François I fait consulter les théologiens de la Suisse et
de l'Allemagne sur la possibilité d'une réunion des deux Eglises.
1534, Ie1' août. Mémoire de Mélanchthon sur la réunion des deux
Eelises.
1534. Septembre ou octobre. Jean Calvin quitte la France et se retire
d'abord à Strasbourg, puis à Râle.
1534, 18 octobre. Placards contre la messe allichés dans Paris, Orléans,
etc. Ils provoquent une persécution sanglante contre les Évangé-
liques français.
1535, rr février. François I justifie auprès des princes d'Allemagne les
supplices infligés en France aux partisans des idées nouvelles.
i2() TABLETTES CHRONOLOGIQUES.
1535, 31 mai. Discussion publique à Genève entre les partisans de la
Réforme et ceux du Catholicisme.
1535, 4 juin. La Bible française d'Olivétan parait à Neuchâtel.
1535, 23 juin. François I invite Mélanchthon à se rendre à Paris pour
discuter avec les théologiens catholiques.
1535. Juillet. La Réforme est de nouveau prêchée dans le comté de
Montbéliard.
1535, 10 août. Les Conseils de Genève décrètent l'abolition provisoire
de la messe.
1535, 23 août. Calvin achève à Bàle son Institution Chrétienne.
1535. Septembre. Persécution du duc de Savoie contre les Vaudois des
Vallées du Piémont.
1 535, 29 novembre. Les Conseils de Genève, après avoir oui les prêtres,
décrètent l'abolition définitive de la messe.
1535. Fin de décembre. A la diète de Smalkalden, Guillaume du Bellay
fait connaître aux Protestants d'Allemagne les idées de François I
sur la Réforme.
1536. Janvier — ■ Février. L'armée bernoise enlève au duc de Savoie le
Pays de Vaud et occupe Genève.
1 536. Fin de mars. Les Bernois expulsent de Lausanne l'évêque Sébastien
de Montfaucon, et Pierre Viret prêche la Réforme dans cette ville.
1536. Mars? Mort de Le Fèvre d'Étaples à Nérac.
LISTE CHRONOLOGIQUE DES PIÈCES 1)1 VOLUME. 427
LISTE CHRONOLOGIQUE
DES PIÈCES CONTENUES DANS LE TROISIÈME VOLUME
Les lettres inédites son! distinguées par un astérisque placé avant le Numéro.
NUMÉROS ANNÉE PAGES
1333
*403. [Pierre Toussain] à Guillaume [Farel] 3
404. Jean Holard à Guillaume Farel, 1 1 janvier 11
*405. Le Conseil de Berne au Baron de La Sarraz, "20 janvier . I 4
406. Les Conseils de Fribourg aux Conseils de Genève, 6 février. \r>
407. Le Conseil de Genève au Conseil de Fribourg, 10 février . 17
*408. Les Conseils de Fribourg à l'Evêque de Lausanne, 24 févr. 19
109. Guillaume Farel à Berthold [Haller], 5 mars .... 22
*410. Les Évangéiiques de Genève [au Conseil de Berne], vers le
15 mars 28
411. Le Conseil de Berne au Conseil de Genève, 20 mars . . 31
*i-12. Le Conseil de Berne au Conseil de Lausanne, 21 mars. . 34
::4I3. YV.-F. Capiton à Guillaume Farel], commenc. d'avril. . 37
414. Le Conseil de Berne aux Conseils de Genève, 8 avril . . 38
*415. Fortunat ; Andronicus] à Martin Bucer, 29 avril . ... 41
*41t). Les Évangéiiques de Genève à Guillaume Farel, 5 mai . . 46
*416a.Le Conseil de Genève au Conseil de Friboure, 26 mai . . 407
il 7. Marguerite de Navarre à Anne de Montmorency, vers la fin
de mai 52
418. Pierre Siderander à Jacques Bédrot, 28 mai 54
*419. Le Conseil de Berne au Conseil de Payerne, 6 juin. . . 61
:: 120. Les Frères de Bohème et de Moravie aux Églises vaudoises,
25 juin. 63
*421. Le Conseil de Berne à l'Evêque de Genève [et au Conseil],
N juillet 69
422. Jean Sturm à Martin Bucer, 23 août 72
*423. Le Conseil de Berne à Claude de Neucbâtel, 18 septembre. 76
*424. Le Conseil de Berne au Gouverneur de Neuchâtel, 18 sept. 77
*425. Le Conseil de Fribourg aux Évangéiiques d'Yvonand, 18 sept. 79
*426. Adam 'Antoine Saunier] à Guillaume [Farel], 22 septembre. 80
128
LISTE CHRONOLOGIQUE DES PIECES DU VOLUME.
STUMÉEOS
*427. Le Conseil de Berne au Conseil de Payerne, 24 septembre
428. L'Évêque de Genève au Conseil de Genève, 25 septembre
*s.29. Pierre Toussain à Guillaume Farel, 1er octobre . . .
*430. Le pape Clément Vil au Conseil de Fribourg, 3 octobre
*431 . Le Conseil de Berne à ses députés à Genève, 1 1 octobre
432. Jean Sturm à Martin Bucer, vers le milieu d'octobre .
*433. François l au Conseil de Berne. 20 octobre ....
*434. Guillaume Farel à Martin Bucer, 22 octobre. . . .
*435. Fortunat Andronicus à Martin Bucer, 22 octobre . .
436. Pierre Monder à Martin Bucer, 26 octobre ....
*437. Jean Calvin à François Daniel, 27 octobre ....
438. [Jean Calvin à F. Daniel et à ses autres amis d'Orléans],
vers la lin d'octobre
439. L'Évêque de Genève à son Procureur fiscal, 20 novembre.
440. François I au Parlement de Paris, 10 décembre. . . .
4 41 . Le Conseil de Beine aux Conseils de Genève, 17 décembre.
442. Le Conseil de Fribourg aux Conseils de Genève, 24 décemb.
*443. Les Conseils de Berne à Pierre Viret, 31 décembre . .
PAGES
85
86
S, s
89
91
93
95
97
99
101
103
lOli
1 12
1 14
119
123
12 M
I53'j
4 44.
445.
446.
*447.
*448.
449.
150.
451.
*452.
*453.
454.
*455.
456.
457.
458.
*459.
*460.
*46 I .
462.
463.
464,
Pierre Viret au Conseil de Bei ne, l(r janvier .... 126
Martin Bucer à Ambroise Blaarer, vers le 13 janvier . . 129
Les Conseils de Berne au Conseil de Genève, 21 janvier . 13!
L'Évêque de Genève au Conseil de Genève, 1er février. . 134
Nycod du Prat à l'Évêque de Genève, 15 février . . . 137
Le Conseil de Fribourg au Conseil de Genève, 19 février. 140
Louis Dan^erant au Conseil de Genève, 20 février . . . 142
Oswald Mycooius à Henri Bullinger. 28 février. . . . 145
Le Conseil de Berne au Conseil de Payerne, 12 mars . . 147
Berthold Haller à Henri Bullinger, 14 mars 149
Henriette Baudickon à Jean Baudiclion, vers le 15 mars . 152
Les Conseils de Berne aux Évangéliques de Genève, 1 6 mars. 1 53
Les Conseils de Berne au Conseil de Genève, 1 6 mars . . 155
Jean Calvin à François Daniel, vers le mois de mars . . 156
Nicolas Cop à Martin Bucer, 5 avril 158
Osvvald Myconius à Henri Bullinger, 8 avril 160
Simon Grvmeus à Guillaume Farel, 15 avril 163
Le Conseil de Berne aux Évangéliques de Genève, 16 avril. 165
Guillaume Farel [à Etienne de la Forge], 25 avril . . . 166
Guillaume Farel [à Marguerite de Navarre], 25 avril . . 169
Berthold Haller à Henri Bullinger, 7 mai 172
LISTE CHRONOLOGIQUE DES PIECES Dl VOLUME
'. -.
i29
NUMÉROS
*465. Le Conseil de Berne à François I, Ornai
466. Le Conseil de Berne au Conseil de Genève, 9 mai . .
*467. Jean de la Croix à Georges Schœni, 15 mai. . . .
468. Fleuri Bullinçer à Oswald Myconius, l s mai . . .
*i69. [Oswald Myconius à Joachim Vadian], vers la lin de mai
+ 70. Berthold Hallerà Henri Bullinger, 6 juin ....
*471. Le Conseil de Renie à Farel et aux ministres de Grandson,
1 3 juin
172. Philippe Mélanehthon à Marguerite de Navarre, 13 ju'.u
473. L'Êvêqué de Genève aux Officiaux de Lyon. I 3 juillet .
*474. Berthold Halier à Joachim Vadian, 9 août ....
*475. Morelet du Museau à Nicolas Bérauld, 9 août . . . ,
*476. Morelet du Museau à Martin Bucer, 27 août ....
477. Jean Calvin à Martin Bucer, 4 septembre ....
478. Morelet du Museau à Martin Bucer, 16 septembre . .
*479. [Berthold Halier] à Martin Bucer, 22 septembre . .
*480. Les Évahgéliques de Genève au Conseil de Berne. 28 sept
481 . Le Conseil de Genève au Chapitre de St. -Pierre, 1er octobr
*482. François du Bivier à Guillaume Farel, 8 octobre . .
483. Gaspard de Coligny à Nicolas Bérauld, vers le 8 octobre
484. Les Sœurs de Ste. Claire au Conseil de Genève, 25 octobr
485. [Antoine de Marcourt] aux bénévoles Lecteurs, 16 novembr
*486. Simpreclit Vogt à Guillaume Farel, lPr décembre . .
*487. Georges Grivat à Guillaume Farel, I 1 décembre
*488. Conrad Gesner à Henri Bullinger, 27 décembre. .
*488a. [Le Conseil de Genève à Claude Savoye], 29 décembre.
*489. Les Evangéliques de Grandson au Conseil de Berne, vers la
fin de l'année
490. W.-F. Capiton à Martianns Lucanius [J. Calvin], vers la
fin de l'année . .
PAGES
174
177
178
181
183
186
187
189
191
193
194
198
201
204
208
210
213
215
219
222
224
229
232
235
409
240
242
«.*»)«
.).).)
*491.
492.
*493.
*494.
*495.
*496.
*497.
498.
499.
Christophe Fabri à Guillaume Farel, 12 janvier. . .
François 1 aux États de l'Empire, 1er février . . .
Christophe Fabri à Farel et à Viret, 4 février . . .
Les Evangéliques de Payerneau Conseil de Berne, 17 févi
Avmon de Lullin au Conseil de Fribourff, 1 7 février .
Les Evangéliques de Payerne au Conseil de Berne, 26 févr
Le Conseil de Berne aux Evangéliques de Payerne, 6 mars
Jean Sturm à Philippe Mélanehthon, 6 mars. . . .
Jean Sturm à Martin Bucer, 10 mars
245
249
254
25*
261
263
265
266
271
430 LISTE CHRONOLOGIQUE DES PIÈCES DU VOLUME.
NTJMÉEOS PAGES
*500. Christophe Fabri à Farel et à Viret, 1 0 mars .... 274
*501 . Les Évangéliques de Payerne au Conseil de Berne, 12 mars. 277
*502. Le Conseil de Genève à Ami Porral, 13 mars .... 279
*503. L'Évêque de Lausanne à M. de Disimyns, 25 mars. . . 281
*504. Les Évangéliques de Payerne au Conseil de Berne, 28 mars. 282
*505. Le Conseil de Berne au Duc de Savoie, 29 avril. ... 284
*506. Pierre Toussain à Guillaume Farel, 1er mai 285
*507. Christophe Fabri à G. Farel et à P. Viret, 6 mai . . . 28H
*508. Pierre Toussain à Ambroise Blaarer, 1 3 mai .... 291
*509. Guillaume Farel à Christophe Fabri. 22 mai 293
510. L'Imprimeur [Pierre deWingle] au Lecteur,verslafm de mai. 296
511. Le Conseil de Berne au Conseil d'Avenches, 1 4 juin . . 299
512. François I à Philippe Mélanchthon, 23 juin 300
513. Le Conseil de Genève à Ami Porral, 29 juin .... 302
514. Barthélemi Masson à Érasme, 29 juin 305
515. Jean Sturm à Philippe Mélanchthon, 9 juillet .... 306
*516. Ami Porral au Conseil de Genève, 10 juillet 313
517. Le Conseil de Genève au Conseil de Berne, 14 juillet . .316
*51 8. Claude Dubéron [Claude Farel] à Domeine Franc [Guillaume
Farel], 22 juillet .318
*519. La Grosonière [Gauchier Farel] à Charles d'Aspremont
[Guillaume Farel], 21 juillet 323
*520. Pierre Toussain à Ambroise Blaarer, 28 juillet .... 325
521. Farel et Viret aux Évangéliques allemands, 4 août . . . 327
*522. Les Conseils de Genève à Ami Porral, 10 août . ... 332
*523. W.-F. Capiton à Guillaume Farel, 23 août 335
524. Le Conseil de Berne aux Conseils de Genève, 28 août . . 339
*525. Fridolin Brunner à Henri Bullinger, 31 août .... 340
*526. Le Conseil de Berne aux paroissiens de Sornetan, 9 sept. 346
527. Martianus Lucanius [J. Calvin] à C. Fabri, 11 septembre. 347
528. Les Évangéliques de Payerne au Conseil de Berne, 28 sept. 351
*529. Le Conseil de Berne au Duc de Savoie, 30 septembre . . 354
*530. [Guillaume Farel à Guillaume du Bellay], vers la fin de
septembre 356
531 Jean Sturm à Martin Bucer, 18 novembre 362
*532. Ami Porral au Conseil de Genève, 23 novembre. . . . 368
*533. Simon Grymeus à Guillaume Farel, vers la fin de novembre 372
534. Jean Baudichon au Conseil de Genève, 9 décembre. . . 375
*535. Les Conseils de Berne au Bailli de Vaud, 17 décembre. . 379
*536. Le Conseil de Genève à la Beine de Navarre, 23 déc. . . 381
*537. Ami Porral au Conseil de Genève, 23 décembre. . . . 382
*538. Simon Grynaeus à Guillaume Farel, vers la fin de l'année. 385
LISTE- CHRONOLOGIQUE DES PIÈCES DU VOL1 HE. 431
NUMÉRO- ANUÉE PAGES
1536
*539. Guillaume Farel à son frère Gauchier, 4 janvier. . .
*540. Pierre "Viret au Conseil de Genève, 1 8 février . . .
*541. Le Conseil de Neuchâtel au Conseil de Genève, 19 février
*542. Simon Grynaeus à Guillaume Farel, 20 mars. . . .
*543. Le Conseil de Berne à François I, 28 mars ....
544. Michel d'Arande à Guillaume Farel, vers le mois de mars
387
390
392
394
396
399
APPENDICE DU TOME II
1528
*216a. Guillaume Farel à Hugues de Loës, 11 janvier. .
403
1532
*391a. L'Évêque de Genève à Ami Porral, 26 octobre.
406
432 LISTE ALPHABÉTIQUE DES CORRESPONDAN l'S.
LISTE ALPHABETIQUE
DES CORRESPONDANTS
(Les chilFres arabet ordinaires indiquent les N"s des lettres écrites par les correspon-
dants, et les chiffres en italique, celles qui leur oui été adressées
Adam. Voyez Saunier.
Allemagne (Les Evangéliques de 1'). 521.
Andronicus (Fortunat). 415, 435.
Arande (Michel d*). 544.
Aspremont (Charles d'). Voyez, Farel (Guillaume).
Avenches (Le Conseil d'). 511.
Baudichon (Henriette). 454.
Baudichon (Jean). 534. — 454.
Bédrot (Jacques). 418.
Bellay (Guillaume du). 530.
Bérauld (Nicolas). 415, 483.
Berne (Le Conseil de). 405, 411, 412, 414, 419, 421, 423, 424, 427,
431. 441, 452, 461, 465, 466, 471, 497, 505, 511, 524, 526,
529, 543. — 410, 433, 444. 480. 489. 404. 496. 501, 504.
517.528.
Berne (Les Conseils de). 443, 446, 455, 456, 535.
Berne (Les députés de). 431.
Blaarer (Ambroisej. — 445, 508. 520.
Bohême et de Moravie (Les Frères de). 420.
Brunner (Fridolin). 525.
Bucer (Martin). 445. — 415, 422. 432. 434. 435. 436, 458, 476,
477. 478. 47 U. 49!). 531.
Bullinger (Henri). 468. — 451, 453, 459, 464, 470, 488. 525.
Calvin (Jean). 437, 438, 457, 477, 527. — 490.
Capiton (Wolfgang-Fabricius). 413, 490, 523.
Charles 111, duc de Savoie. 505. 529.
Clarisses de Genève (Les). 484.
Clément Vil (Le pape). 430.
Coligny (Gaspard de). 483.
Cop (Nicolas). 458.
Croix (Jean de la). 467.
LISTE ALPHABÉTIQUE DES CORRESPONDANTS, W3
Dangerant, ambassadeur de France (Louis). 150.
Daniel (François). 437, 438, 457.
Disimyns (M. de). 503.
Dubéron (Claude). Voyez Farel (Claude).
Empire (Les États de I'). 492.
Érasme de Rotterdam. 514.
Fabri (Christophe). 491, 403, 500, 507. —509. 527.
Farel (Claude). 518.
Farel (Gauchier), 519. — 539.
Farel (Guillaume). 409, 434, 462, 463, 509, 521, 530, 539, 216a.
— 403, 404. 413. 416, 426, 429. W0,471, 4*2. 486.
t87, 491, 493, 500, 506, 507, 518. 519, 523, 533,538.
■',4-2. 544.
Forge (Ftienne de la). 462.
Franc (Domeine). Voyez Farel (Guillaume).
François 1. 533, 440. 492, 512. — 4115. 543.
Fribour^' (Le Conseil de). 425, 442, 449. — 4<>1. 416% 430, 495.
Fribourg (Les Conseils de). 406, 408.
Genève (Le Chapitre de). 481.
Genève (Le Conseil de). 407, HO a, 481, 488 a. 502, 513, 517, 536.
— 411. 421. 428, 446, 447.449. 450,456 UUi. 4M.
516, r,:^. r>:>,4. 537. 54<>. 541.
Genève (Les Conseils de). 522. — 406, 414. 441. 442. 524.
Genève (Les Évangéliques de). 410, 416, 480. — 455, 461.
Genève (L'Évêque dei. 428, 139, 447, 473. 391 a. - 421. 448.
Genève (Le Procureur fiscal de). Voyez Prat (Nycod du).
Gesner (Conrad). 488.
Grandson (Les Evangéliques de). 489.
Grandson (Les ministres de). 471.
Grivat (Georges). 487.
Grynaeus (Simon). 160, 533, 538, 542.
llaller (P.erthold). 453, 464, 470, 474, 479. - 409.
Ilolard (Jean) 404.
La Grosonière. Voyez Farel (Gauchier).
La Sarfaz (Le Baron de). 405.
Lausanne (L'Evêque de). 503. — 408.
Lecomte de la Croix (.lean). Voyez Croix (de la).
Loës (Hugues de). 216 a.
Lucanius (Martianus). Voyez Calvin.
Lullin (Aymon de). 4§5. — 535.
Lyon (Les Officiaux de). 473.
Marcourt (Antoine de). 485.
Martoret du Rivier (François). Voyez divin.
r. m
5,34 LISTE ALPHABÉTIQUE DES CORRESPONDANTS.
Masson (Barthélemi). 514.
Mélanchthon (Philippe). 472. - 498. 512, 516.
Monder (Pierre). 436.
Montmorency (Anne de). 417.
Morelet du Museau. 475, 476, 478.
Myconius (Oswald). 451, 459, 469. — 468.
Navarre (Marguerite de). 417. -403. 472, 536.
Neuchâtel (Claude de). 423.
Neuchâtel (Le Conseil de). 541 .
Neuchâtel (Le Gouverneur de). Voyez Rive (Georges de).
Paris (Le Parlement de). 440.
Payerne (Le Conseil de). 419, 427. 462.
Payerne (Les Évangéliques de). 494, 496, SOI, 504, 528. —497.
Porral (Ami). 516, 532, 537.-- 502, 513, 522. 391a.
Prat (Nycod du). 448. — 439.
Rive (Georges de). 424.
Rivier (François du). 482.
Ste-Claire (Les Sœurs de). Voyez Clarisses.
St. -Pierre (Le Chapitre de). Voyez Genève (Chapitre de).
Saunier (Antoine). 426.
Savoye (Claude). 488 a.
Savoie (Le Duc de). Voyez Charles III.
Schœni (Georges). 467.
Siderander (Pierre). 418.
Sornetan (Les paroissiens de). 526.
Sturm (Jean). 422, 432, 498, 499, 515, 531.
Suisse allemande (Les Evangéliques de la). 521.
Toussain (Pierre). 403, 429, 506, 508, 520.
Vadian (Joaehim). 469, 474.
Vallées Vaudoises (Les Églises des). 420.
Vaud (Le Bailli du Pays de). Voyez Lullin.
Viret (Pierre). 444, 521, 540. -■ 143, i93, 500, 507.
Vogt (Simprecht). 4X6.
Wingle (L'imprimeur Pierre de). 510.
Yvonand (Les Évangéliques d'). 425.
INDEX ALPHABÉTIQUE
DES
NOMS DE PERSONNES
QUI SE TROUVENT DANS LES TROIS PREMIERS VOLUMES
Les noms imprimés en petites capitales désignent les auteurs des Lettres.
et ils sont suivis des Numéros d'ordre de celles-ci. Lorsque dans un ar-
ticle le chiffre de la page est seul indiqué, la personne à laquelle il se
rapporte figure seulement dans le texte: s'il est suivi de la lettre n., la per-
sonne n'est mentionnée que dans les notes. L'abréviation et ra., après le
chiffre d'une page, signifie que le nom propre se rencontre à la fois dans
le texte et dans les notes.
Les noms de lieux ne sont reproduits que lorsqu'ils servent à désigner
un individu ou des collections de personnes.
Cet Index a été rédigé par M. le ministre Ernest Chavannes. Nous lui
adressons nos vifs remerciements pour le service qu'il nous a rendu, en
se chargeant spontanément d'un travail dont l'utilité sera appréciée par
tous les amis des études historiques.
Abdénago, voyez Orléans (Charles d').
Abensberg (Jean d'), I, 20 n.
Abria (Didier), I, 252 et n., 287, 337 et
n., 338 et n., 357, 365, 375 n., 376 et
n., 163.
Adamus, voyez Saunier (Antoine).
Adrien VI, pape, I, 290 et n., 301,42 1 et n.
Agasse (Jacques), châtelain d'Orbe, III,
13 n., 328 n.
Agnet, II, 417 et i. U9 el u., 120.
Ai.iuppa de Nettesheim (Henri-Cornélius \,
Nos 21, 21, 29, 1."., 16, 52, L74, - I,
16, 19,50 et n., 51 n., 52 el n., 58 a.,
511 et n., 02 n., 68, 69 n., 72 et u., 73,
7 1 n., 98, 99 n., 100, 102 n., 100 n.,
259 n., 316 et n., 317 u., 318 n.,
330 n„ 365 n., 12'i.u., ll'l n. Il, lUn.,
120 n. III, 413.
Agrippa (ïliéodoric), I, 73 n.
Aigle (Évangéliques d'), II, 17b, 180, 150.
III, 404 n.
Aigle (Lieutenants d')s II, 135. III, 105 n.
Aigle (Paroisse d'), U, 137.
Albany (Duc d'), III, 398 et n.
Albucius, II, 315, 316.
Aleiat (André), I, 33 n. 11, 279 n., 281 n..
316 et n., 317 et n., 185.
Alêandre (Jérôme), N" 363. — I, 65 et
n. II, 151, 386, 387 n. III,. 41 I.
Alençon (Charles, duc d'), I. 66 n n,
Alençon (Duchesse d'), voyez Marguerii
de Navarre.
i3(3
INDEX ALPHABETIQUE DES NOMS.
Alexandre, secrétaire du due de Nassau,
I, 63.
Aliodi ou d'Aliod (Claude), III, 17:! n.,
173 u., 171 n., 308 n.
Allemands, prisonniers à Paris, III, 397 n.
Aloatj (Antoine), III, 83 et n.
Althiesseï (S.), voy. Pollion (Symphorien)
Amboise (Georges d'), III, 117.
Amerbach (Basile), I. 106 n., 110 n.
Amerbaeh (Boniface), I, 60 u.. 118 et u.
II, 3:! ei n.
Aiiiinaini (Jean-Jacques), II, 21 n.
Ammianus (Joaunes), voy. Ammann (J.-J
Amy (Pierre), 1, 225 el n.
Amyol (Jacques), III, 273 n.
Anchselis (Joaunes), voy. Michajlis.
André (Eustacbe), voyez Andronicus (For-
tunai l.
Andsonicus (Fortunat), Xv 359 , 115,
135. — II. 302 ei n.. 3ii 1, 307, 323,
325, ';7(> n., 377 el n., 481 u. IIP
II n., 98 el ri., 1 12 n . 151 u.
Angélus (Jo innés \ 0] e? Lange (Jean l.
Aii'juiileme (Marguerite d'), voyez Mar-
gueril i' 3>' Na\ arre.
Antonius, proi ù Strasbourg, I, 370el n ,
133 n.
Antonius, voyez Fèvre d'Etaples i Le
Aqueusis (Nicolaus), voj Escli (Nicolasd').
Arandb (Michel d'), N08 L88, 544. —
I, 66 et il, 37. 7.3, 76,84, 105, 158 n.,
172 n.. 191 u.. 192 ii, L99 el n., 201
el il, 205 '-I u., 222 et n., 235 et u..
273 n., 297, 310, 311, 315, 391 u.
399 el n., LOI n., 106 n . 108 n., 109
n., 115 n.. I L9 .-i u.. 128, 137 el n.,
139 el n., 150, ttO el a., 176, 179. II.
110, 120 et n.. 387 n. IIP 21 lu., 101 u
Abbaleste (Christophe) X1" 2 11, 245.—
II, 145 et u., I 19 ei n., 150 n., 174 et
n., 178 ei n., 208 n.
Arberg o Uaude d'), II, 305 el u., 311.
Archer (Bitzius ou Sulpicius), 11, 265,
268 u 29 I n.
Argyropoulos, I, 10 el u.
Arnex (Hugonin d'), II, 111 n.
Arsent (Pierre), II, 328 n.. 100.
Aspremont (Charles d'), voyez Farel (Guil-
laume).
Augeraux (Louis d'), voyez Dangerant.
Augereau (Antoine), III, 109 n., 237 n.
Augsboui'g (Évangéliques d'), III, 338 et n.
Augsburger (Jacob), I, 153 et u., 151. II,
95 n.
augsburger (Michel), III, 91, 119, 175 n.,
385.
Avenelies (Conseil d'), II, 321 el n., 322,
323 u ., 339 et n. III, 299, 300 n.
Avenches (Évangéliques d'), III, 299 a.
Aventinus, voyez Abensberg (d1).
Avienus (Jacobus), voyez Vogel (Jacob)
Aviuo (Dom), II, 233.
K
Badius (Josse), II, 156 n.
Baduel (Claude), III, 189 et n., 190 et n.
L99 n , 363 et n.
Balard (Jean), Il 32n. III, 213 n., 316n
Balb (Le Consei] de). N°92. — I, 193 n
L95, 21 1 287 ,,., 300 el n., 358, 359
360, 361, 362, 36 : 364, 370 377
et n,, 156. IIP 336 n., 377 et n.
Baie i Eglise frai de), ] 2 11 et n..
360 el
Baie (Église évangélique de), III, 1 a.
n.vi.i (L'Évêq le). N"- 271, 298, 307.
— II, 55 .-i n., 21 1 el a 252 el n.
267, 268, 27::, 277, 358, L06.
Bâle : L'Universitt de), 1. 193 n., L96 el u
197 h n.. 359. 111, 5 n.
Ballista i < !hr. I, voyez Arbaleste.
Banderon i < lemenl ), 1, 325.
Barbarin (Thomas), lli 2 17 n 2 18 et n.,
257 u.. 35 1 n.
Lard.' (Jai ques de la) I. 391 el n. III,
lli....
Lan-' (Ji ! di la), IIP 108 •■! n.
Barrhatramus, II, 119.
io (Johannes a), voyez Bex (Jean
Bastiar, .11 uxs II. 168 et n., 169
Batjdichob (Henriette), X,J 151. — III,
1 53 'a n
ii hou de la Maisonneuve (Jean),
N° 53 1. — II, UU et n., III, 28 n.,
29 n.. ">I n., 5 1 n. 39 et n., 17 et n.,
125 n., 124 n., 118 n., 149 n., 152 et
n , 153 ei n., li'û n.. 171, 175 n., 176
u., 177 el n., 191 et n., 192 et n., 211
et n.. 570, 376 n.. 389 n., 420.
Baume (Pierre de la), voyez Genève
(Évêque de).
.1 (15 auçoise), IIP 237 et n.
Beauforl (Antoine de), voyez Chillon (Ca-
pitaine de).
Beaune (Jacques de), I, 192 n.
BedA (Noël), N" 147. — I, 65, 66 n., 70
et n., 78 n., 81 n., 323, 353, 125.
126, 15t. et n., 137, 138, 150 et n.,
181, 18 1 11, 17, 30 et n., 10. 157 el
IM)i:\ AI.I'IIAlil.lloUK DES MOIS.
437
n., 160, 183 h L81n., 188, 190, 191,
III, 53 n., 56 'M ii.. 57, ~'>. 7 1, 75,
i 10 a . 1 I-; el i... 1 16 et n., 158, 159
n., 161 n., 162 ei n.. 272 .-i n . 306
■i i;. , 115.
Bédier (Noël), \ oj ez Beda,
Bédrôt (Jacques), I. 133 n., 16 1 u., 1 lu
i n., 156 el n. II, Lu i n. III, 54 el
u., 61, 95, 399 n.
ain (François), II, 161.
Bel (Alexandre le). X" 349. -- II, 307
n., 308 n., 353 n , 35 I ri., 360 et a.,
361, 124 ri. 111. 217 el u .. 255 el a
276 ej n.. 3 lu n.
Bellay (Guillaume du), 111, 89, 111, 181
ei n.. 183, 199 a . 200 u., 206 n., 251
n., 254 n., 268 el a., 269 n. 270,
301 et n., 307, 308, 109, 310, 122 ei
ii., 323 et n.. 324, 325 et n., 341 n.,
342 n., 345 u., 356, 657 n., 360 n.,
363 et il, 364 e< n., 365. 366 el n., 367,
121.
Bellay (Jean du), III, 60 n., 73, 7 1. 115
et n.. 116, 130, 159, 161 239 et n.,
268 el n . 270, 301 n , 307 el a., 322
et n.
Bellay (Martin du), 111, 268 el a
Bellay (René du), III, 239 el n.
Bellegarde (Claude de), II, 284 el d . 305
et n., 312 n.. 34 i et n., 171 et n 177.
Bely iJe,mdei, II, 3ûi m . 172 n.
Benoît ('Rodolphe de), prieui de Corcelles,
II, ±15 et n
Benoys (Mr de), III, 322 et a.
Bentix (Michel). N° 164. — I, 224 et u.,
225 n., 282, 283, 306, 364, 367, 368,
398 n.. 399 n., 100 n., 115 n., 117,
149, 156 et n., 161, 163, 164. II, 61
et n.
Bérauld (Nicolas), Nos 14, 26. — I, 33
et n., 48 et n., 55 et n., 218 n., 375 n.,
127. II, 281 n., 384 u. III, 195, 196
n., 219, 220 n., 221 n.
Bèrgier (Nicolas), III, 137 n.
Bernard (Claude), II, 161. III, lu n., 17
n., 49 et n., 210 n., 212 n., 230 n.,
280 n.
Bernard (Jacques), 111. 287 n . 294 n.,
295 n.. 124.
Bernard (Louis), III, 186
Berne (Le Conseil de) X" L92, L95,
l')M, 206, 208, 21 1. 213, 216, 217,
220, 222. 224, 225, 228, 229, 231,
234, 235, 236, 237, 238, 239, 240,
242, 243 249 253, 261, 262, 263,
26 I. 265, 266, 270,
573, 275,
-177. 278, 280 21 i 282, 283, 284
293, 295, 299 300, 301, 302, 30 ;
304,309,311,313, 31 1,315 319,320
323, 327, 32 l, ! 12, 335, 336, 337
341 342, 346, 347, 350, 152, 353
154 361, 368, 371, 372, 373, : -
385, 388, 389, 391, 392, lui, 105,
111. U2, 111, 116 121, 123, 124,
127. 131, 111,1 13, I h., 152, 155, 156
161, 165, 166, 171, 497, 505, 511.
524, 526,529,535 543 -I, 101, 310
n.. 335. I 34 n. 11, 7 el u., 10, 15 n., 20
i.., 22 el , ., 23 n., 26 et n., 29 n, 30
n., 5 1 . 55, 56 n 58 m., 66 n . 71, 71,
76. 89, 93, 94 n.. 95 el n., 67 n.. 99
et n.. loo n . 102 et n.. 106 et n., 108
u., 111 n., 115, 116 et n., 125 n.,
126 n ., 129 h, 130 n., 111 il, 118 n.,
159 n.. 182, 199, 200, 201 et n.. 211,
212 et n., 215, 217. 218, 232 et n.
246. 2 17 n., 251, 252 u., 253 et n.
257 259, 260 n., 266. 266 il, 272.
274, 275. 276, 283 293 el n., 294
295, 299 i... 301, 309, 310, 312 n.,
314 n., 616, 321 , 334, 337, 611.
343, 349 ei n., 353 el n., 360 il. 661,
365 et n., 369, 671. 676 il, 678, 380.
381 et il, 389, 390, 107, 126, 160,
131 et n., 162 il, 133, 16 1. 166 n.,
136 il. 17:;. 190. 111, 21 et il, 23 n.,
28, 62 n.. 39 il. 61 u.. 70 a.. 72 n.,
82 et n.. 92 n.. 95, 96, 120, 135 et u..
168 n., 170 n., 175 u., 17(. il, 191 u
209 et n., 210, 211, 211, 216 il, 210,
258, 262 .-i n . 263, 264 n.. 277, 279
il, 282, 283 n., 300 il, 302 il. 613,
6 16, 334 et n., 351, 368 n., 366, 370,
371 et h., 372 et n., 376 et n., 377 el
il, 378, 662 n., 383 et il, 361 et n.
391 n.. 367 n., 368 il, 105 et n.
Berne (Le Consistoire de), X" 287. —
II, 215 et n. III, 13 et il
Berne (Députés de), 11, 366, 370 et il.
38!» et n., 391 il. 399 et il. 100, 11 1
n n. III, 61 i,., 1 1, H, et il, 70, 72
el il, 91, 92 il, 125, 132 el il, 136
et n .. 1 19 n., 151, 155 et n., 156, 165,
175 n.. L76 il, 21 I il, 218 et n., 176
il, 677 il, 680 il, 383, 109 n.
Berne (le Secrétaire de), royez Giron
P erre).
Bekqtjih (Louis de), X" 176. — I, 33,
et n., 217 n., 352 n , 353 el n., I
1 , 388
122 et il, 123 n.
438
INDEX ALPHABETIQUE DES NOMS.
121 et n., 425 et n., 126 et n.. 187.
II, 1 et. n., 16, 17 n., 39 et u., 10 u..
154, 156 et n., 150 et a., 168, 169 et
n., 183 et n., 181 el n., 185, 186 et n.,
187 et n., 188, 189 et n., 190, 191,
192, 193 et n. III. 7 1 et n.
Bersins (Marons), voyez Bertsehi (Marc).
Bersour (Pantaléon), III, 352 n.
Berfcauf on Berthault, III, 146 n., 237 n.,
238 n.
Bertolph (Hilaire). Nc 99. — I, 213 et
n., 214 n., 317 n. III. 113, 111.
Bertsehi (Marc), I, 339 et n.. 377, 117,
155, 163, 461. II, 61 n., 95 a. III, 5
et n., 8 il. 'i a.
Berïis (Louis), I, 30 u., 197 n., 202 n.
Besançon (Le Sénat de), I, 371.
Bésard (Mutin), III, 239 n.
Beseiieenet (Etienne), II, 315 n. 111, 393 a.
Botenoourt (Jean de), II, 456 n. III,
100 n.
Bex (Jean de), II, Il et n., 15, 25. 27.
63 n., 105n., 106 n .. 136n., 140, 142.
III, 404 et n., 105 et n.
Bex (La Paroisse de), II, 112.
Beynon (Eymer), II, 307 n. III, 393 n.
Bèze (Théodore de), I, 28 n . 66 n. [II,
106 n., 117 n.
Bienxe (Le Conseil de), N° 297. — II,
261 et n., 262, 311 n.
Bienne (Les Evangéliques de), II, 312 n.
Bigothier ou Bigottéry (Claude), II, 298
et n., 307 n.. 121 n., 125 n., 110 n. .
189.
Billicanua (Theobaldus), IL 19 et n.
Binder (Otto), I, 154 et n.
Biollée (Jacques de), III, 49 et n., 50 n
Birehhamer (Maria), IL 301 et n., 377 et
n., III, 100.
Bischof (Antoni), III, 314 et n.. 383
Blaarer (Ambroise), I. 289 et n. 11, 95
n.111,129 et n., 131 n., 291 et n.. 325
Blet. (Antoine du), I, 207 et u., 211 ei n
215 et n., 226 et n.. 236, 239, 290 n.,
295, 297, 299, 315, 327, 366, 104,
132, 137, 469 et n.
Blet (Pierre du), I, 133 el n.
Bocquei ou Bocqueti (Christophe), III, 16
et n., 17, 18 n., 121 n.
Bodenslein (Audré), voyez Carlstadl (An-
dré).
Bois (François du), I, 37 1 n. II, 121 et n.
Bois (Simon du), III, 109 n., 237 n.
BoiiB (Les Évangéliqnes de), N° 400. —
III, 217 et n.. 275 el n,
Bon disciple (Le), I, 371 n.
Boniii (Dora), III, 303 n.
Bonivard (François), II, 7 et n., 8 et n.,
69 n., 188.
Bonjour (Antoine), II, 232 et u. III, 299
et n., 300 n.
Bonne (Ayinon), III, 153 n.
Bornet (Doin Antoine), II, 234 et u.,
382
Borrhaï (Martin), voyez Cellarius (Mar-
tinus).
Bosins (Guilielmus), III, U6.
Bosset (Jean). N° 316. — II, 289 et n..
291 et n., 307 n., 358 et n.
Boubenberg (Adrien de), II, 201 n.
Boudet (Michel de), I, 118 u.
Boudry (Le Châtelain de), IL 171, 175,
176'.
Boudry (Les Evangéliques de), II, 158,
Boulardi (Claudius), III, 113 n.
Bourbon (François de), voyez Saint-Paul
ii omte de).
Bourdigné (Pierre de), II, 109 et n.
Bourg (Jean du), III, 237 n.
Bourges (L'Archevêque de), voyez Bueil
(Fr d<
Bourges (Le procureur du roi à), I, l''l
n., 192 et n.
Bourgesy ou Bourgeois (François), II,
37 1 el n., :!73.
Bouss; rd (l iodefroi), I. 16 n.
Boveto (Claude de), II, 310 n.
Bovey (Dom Pierre), IL 111 q.
Boville (Henri), N« 7. — I, 21.
Bovin ou Boyvin (Jacques), II, 227 et n,
Boyve (Antoine), voy. Froment (Antoine).
Brachet (Nicole), III, 116 n.
Breimoii (Jean-Roger), 1.259 u., 361 et n.
Brice (Germain), II, 157 et n.
Briçonnet (Denis), I. 78etn., 156 u., Il I
et n.
Briçonnet (François), 1,111 et a.
Briçonnet (Guillaume), NM I0b, L0C, 14,
17», 18, 54, 59, 77. 78, 81, 84, 87,
s;». 93, 94, 135. — I, 3 et n.. 9 n„
L6 n., 19 n.. 39 n., 43 et n., 15 n.,
65, 67 et n., 68, 71 n.. 75. 76, 77. 79
n.. 83 85 n., 105 et n., 108 et n., 111
n.: 154 n., 156 et n.. 157 n., 158 a.,
172 n., 179 n., 183 n., 186 n., 187 n.,
189 et u , 190 n., 191, 192 n., 201 n.,
205 n., 207 et n., 220 n., 221 et n.,
222, 22 1. 235, 21!' n., 273, 315 el i,
32] n , 322 n., 352 et n., 390 n.. 391
„., 104, 105 n., HO, 116 et u.. 175,
INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS.
439
116, 179, 182. JI 17 ii.. 122 h.. L53
i.., 185,282n ,387, 133. III. III. I L5.
Briçonnel (Marie), I. 2 I'1 n.
Brinon (Jean de), 1 , 200 el n.
Brosse (Mathurin de la), II, 109 el n.,
113, 419.
Tinieknei (Nicolas), 1. 154 n.
Brugnare (Antoine), I. 298.
Brunfeïsius (Otto), 1. 208 el n., 224 etn.,
289 et n., 361 n.
Brunis (Loys), III, 303 a.
Brtjnheb (Fridolin), X" 525: — III 3 10
il, 3 15.
Bucer (Elisabeth), II. 53 el n„ 95 n., t28.
Bucer (Martin), X™ 134, L36, 205, 223,
230, 232, 260, 305, I 15. - I. 318 n..
319 n., 330 el a., 331 n., 365, 368,
376, 377, 383, 386, 387, 388, 111 n,
133 n., 134, 151, 154, 157, 166 el n.,
171. II, 52 il, 53 n., L03 el n., 104,
110, 113 n., 128 el il. 172. L73, 17 1
et n., 178 n. 191 el n, 240, 211 2 11.
248, 272 el n . 303, 377, i 19 n. III,
6 n., -".7 et n., 11 et n., I:
I 1 n.
57 n., 66 il. 72. 77. n., 93, 97, 98 el
m., 99, 101 et n., 158, 181 „, 198,
200 n., 204, 207» n., 208, 240 el n,
211 n, 215 n, 271, 308 et n, 335 el
n, 336 et n, 338 el a., 339 ri, 341 el
n, 312 n, 343 el a, 34 I el n , 358 n.
360 n, 362, 363 v
Buchanan (Georges), I. 10 n
Budseus, voyez Budé (Guillaui
Budé (Guillaume), X" 9, Il — J. 17 a.;
23 n, 21 n.. 27 n.,31,33 el n., 38 a.,
Il n.. il n, 18 et n, 181 etn., 118 n,
132 et n. II, 156 n. III, 60n., 220 n
239 el n, 363 n.
Bueil (François de), I, 11/ 1 n, 192 n,
198 et n, 199 n, 201 n.. 206, 27:*, n.
Bugenhagen (Jean), voyez Pomeranus,
Bûhl (Rodolphe am), II, 21 el n.
BuLLINGER (Henri i. X" 168. — I, 32 n.
[II, 6 n.. 75 n, 98 n, 1 15 el n, 1 19,
160 172. 17 1 n., I82n., 183 n, 186,
235, 310, 3| | „, 358 n, 121.
Bmiel (Pierre i, II. 164 n.
Buschius (Hermann), II, 2 I I el n.
CffiSARlTIS (Jean), X" 13. - I. 32 n
Caïm, 111,416.
Cajetan (Thomas), III, 75 n.
1 lalame ou I lai ti (Pierre), II, 366 a.
389 n.
Calesius, voyez Grival (Georges).
Calvin (Antoine), II. 393 n , 39 1 n.
Calvin (Charles), II, 393 n., 394 n.
Calvin (Gérard), 11, 332, 333 et n, 186,
Calvin (Jean); N°« 310, 328, 338, 345
Î65, 366. 369, 376, 379, 3S0, 137
138, 157, 177, 527.— II, 132 n, 27''
et n, 315 n, 317 et n, 332 n, 333 n,
317 et n, 383 el n, 384 n, 385 n.,
394 n . 108 109 et n , 110 n, 113 n,
120 et n, 151 ii. III, 103 n., 101 n,
106 n.. H 7 n, I 17 n, 120 n, 156 n,
157 il, 158 n, 164 n, 201 n, 202 n,
203 n.. 242 el n, 2 1 I n., 215 n., 252
n. 347 ii.. 348 n, 31m, i.. 350 n, 37::
n, 374 n, 387 n„ 116, 417. 118.
Calvin (Fragraenl d'un discours composé
par Jean), III. 118-420.
Calvin (Marie), II. 398 et n.
Camillus (Julius), III, 312 et n.
Cambol (Jacques), X' 258 — II, 140 n.,
176 n.. 181 n, :'.82 n.
( lanseus, voyez ( lanaye.
C'anaye (Jacques), III, 27:; n.
Canaye (Jean), X" 105. — I, 181 et n..
227 n, 211 et n. II, KjG et n, 210 n.
Cantiuncula, I, 99 n.. 1 01 n.. 102 n..
202 n.. 318 n.
Cantons catholiques i LaDiôtedes),N°129.
Canus (Alexandre), III, 33 n, 100 n,
112 n, 121 el „ . li'i' ,i , 12 1 n, 162
n, 176 n , 238 n.
Capellanus, voyez Chapelain (Jean;.
Capiton (Wolfgang-Fabricius), X0i 50,
190, 221. 227 113, 190, 523. — I,
21 n, 29 ei n, 15 ei u, 91 n, 09 et
n, 100 n, 101, 102 n,106 ii,117n,
130 et n, 113 n, 180 n, 208 n, 214,
21 (i n, 311 n, 317, 330 et n, 365,
368, 370, 376, 377, 383, 385, 386,
388 389, 109 n . 115 n, 133 u, 131.
139, I lo, 151. 151 el n, 155, 157,
162, Oi7, 170 n n, 171. II. 95 n,
103 n, loi, 113 ei n . 1 19 el u . 128
n, 133, 172, 177 et n, 178 et n, 180
et n, 21:;. 24 1. 248, 302, 395 et n
III, 6 n, I I. 55 el n, 05, 100, 150,
215 „, 335 et n, 339 n, 312 n,
360 n
Capnion, voyez Renchlin (Jean).
Carinus (Ludovicus), III, 94 n, 150 et n
Carlstadl (André), I. 278 n, 310 n, 311
et, n. II, 168 u. III, 1 n, 6 et n, 7
440
INDEX ALPHABETIQUE DES NOMS.
et n, 8, 374 h.
Carmagnole (L'Arehiprêtre de), II. 165 n.
Çarmel (Gaspard), III, 237 n, 350 el n.
Caroli (Pierre), I, 172 n., 222 n., 227 el
n., 235 et n., 2 lu, 292 el n., 378 et n.,
379 el n. 391 n., 101 n., 403 n. III,
237 il, 295 i... 337 et n., 358 n.. :;72
et n., 374 n., 389.
Carquaniole (Jean), II, 21-"..
Carrier (Matthieu), III, 107 n.
Cartier, moine augustin, III. 237 n.
Caselius (Grégoire), I 133 n., 13 1 n.,
173 n. II, lui.
Castalius (G.), voyrz Chaste] (G.).
Castelnau (Antoine de), III. L95 n.
Catherine de Médicis, III. 131 n.. L60
et n., 398 n.
< 'attirée (Jean de), II, 136 n.
Cellarius (Martinus), 1, -311 et a, 166 el
n. II, 178 et n., 180. III. 2 1 I n.
Céneau (Robert). 1. L29 ei n. III. 207 el
n.. 366 et n.
Ceporinus, voyez Wiesendai i I ob)
chabot (Philippe de), III, 96 ; 285 n..
365 et n>
Challant (René. Comte de), II, 262 el n.,
275, 281, 171 et „., 178. III. 113.
Chambre (Louis, comte de lai. 1.111 el n.
Chamot (Nicolas), III, 47 n.
Chansonnette (Claude), voyez Cantiuncula.
Chapeaurouge (Etienne de), II, 161. III,
10 n.. 301, 320 -i n . 324
Chapelain (Jean), 1 L28 el n., I l"n , 170.
Chapelle! (Pierre), 11, 182 n
Chappuis (François), 111, 257 n.
Chapuis (Eustache), 1, 73 et n.. 71.. s:;.
Charles III, duc de Savoie, I, 101 el n.,
151, 152, 177 n., L85. 11, 228, 229 n.,
237. 286, 293 el n, 122 n., 12:; „..
130 et n., 1 12. III. 194 el n , 209 el
n., 250 n, 261 el n.. 2t.2 n, 281. 302
n, 301 n, 3::::. 351, 352 n.. 354, 155
n., 369 et n., 376 el n.. 377 et n.. 378
et n, 380 et n, 382 n, 301 n, 397 n.,
398 et n, 107 n, 112 et i, , 113.
Charles VIII, roi de France, I, 160 et n.
Charles Quint, empereur, I. 18 et n , 65
et n.. 70 n., 301 el n,, 367, 387 n.,
388. II, 5i, n.. 100 et n, 110, L32,
133 n., 21() el n, 228, 212, 271. 165
et n. III, 25 1 ,, , 256 n. 336 el n.,
3;;7 n.. 343 n.. 366.
Charot, III, 318 ,,
bhastellain (Jean), 1. 260 n 338 el n..
;;i 1, 3 15 et n.. 346.
Chastellard (Anémond du), voyez Coct.
Chastillon (Odet de), III, 195 n, 220 n.
Chastonay (Loys de), II, 183.
Château d'Oëx (commune de), II. 382.
Châtel (Pierre du), III, 121.
Châteauroux (S1' de), I, 160 el n.
Chautemps (Jean), II, loi. Il], l!m,71n.
Chelius (Ulric), III, 199 n., 207 n, 251
n., 357 n.. 358 a
Chemynus (Nicolas), voyez Duchemin
Nicolas).
Chillon (Le capitaine de), 11. 12:: et n..
121 III. 371.
Chollet (Antoine, Il III et n.
Christina, I, 1 13; 1 15, 1 18, 317 n, 349.
Claeisses <1.' Genève (Les), X" 184.- —
III, 222 n., 333 n.
datasses d'Orbe (Les), il 348, 349 n.
Clarisses de Vevej Les) Il 64 el n.,
72 n.
('lande, reine de France, II, L95 el n.
Clémeni VII, pape, A'" 130. - I, 286
et n, 301etn,307 n, 388 B91 et n..
12 1. II, 7. 9, 15 1 et n, 150 n.. 228
271, 10 1 et n., 105 el n., III, 75 n.,
S:; n.. 89 n,. ''3, 94 n., 116 et n.. 131
et n., 1 17 n., 182, 183, 18 1, I85etn,
199 n.. 220 et n , 221 el n.. 270 n..
H6.
Clerc (Claude), 11, 312 n, L07. III. 78
el n . 100 n, 295 ei n.
Clerc (Joly), III. 324.
i llerc ou ' leri (Piei re), 11. 253 el n, 25 1.
255. 257 n.
i 1ère (Jean Le), I, 321 n, 368 n, 372
375 n.J590 et n. II, 111 el n, 116 et
n, 138^15, Iio.
Clerc (Nielle Le), I, 3.91 el n. Il 38 n
III, 58 n, 110 et n, L62 a , 272 n
Clermoni (Gabriel de), III, 171 et n.
Clichtow (Josse), N°5.~ -ï, 20n,21 n..
22 n.. 12 n.. 19 n, 'M n.. 120 n.. 180
et n, 238 n. II, 386 n.
Clictou, voyez Clichtow (Josse).
mi I Ihastelai d | A.némond de I,
X- 75, 86, 120, 128, 130, 137. — I,
L23 n L28 el ti. L29 t.,, 130 et n,
132, 111 et n, 111. 115, 117, 118
149, 151 n, 152, 173. etn, 177 et n,
185 et n, 203 et n, 22:; e| n, 228.
251 et n, 252. 25 1 el n, 205 n.. 279
et n.. 281 n, 28 1, 285, 311 n, 312
313, 316, 319 n., 327 n, 328, 337 et
n, 339. 341, 342 el n, 343 ei n.. 34 I.
OU, 1 12, 183.
'/UM^
1 .\(ç
INDEX ALPHABETIQUE DES NOMS.
'.'il
( ocl (Guigo de), i. 3 1- el ti., 142, i 13.
II, 12 et ii.
Coct (Laurent), N° 180. — 1, 284, 327
el il, 343 et u., 344, I 13, II, 12, 13.
nal Ji Bellefonl -I ian), II. 273 -
Coiffart, U. 347 el a., 348, 119.
Coire Coris il de), II, <i el □
■ i iGna (< laspard de), X" 183. — III.
219 u , 221 n.
Colines (Simon de), I, 98 n. 226 "i n.,
227 ii. II, 39, 15 I et a.
Colladôn (Nicolas), III, 118, "419.
Collinus voyez Biiltl (Rodolph am).
Golumbi J cques), II. 11 et n., 135, 136
n., 111. M:',, 182.
i loluinbier (Jean), III, 100 n., 179 n.,
1 88 n.
Comberet dit l'Hoste (Pierre) III, 19 n.,
70 n.
l 'ami voyez Croix (Jean le < 'omte
de la).
Compois (] de), Srdé Thorens, III,
70 et n,, 1 19 n.,370 et n.
l lompte (François), II. 461 ,
l 'ongy (Jean de I >90 n.
i onnan (François de), II, 315 et n.. 394
et n., 111.
Constance (L'Évêque de), 1, 245 et n. II,
j.j et n.
I lop (Guillaume), I, 16 n., il 1 n., 28,
Ml, 11!) n.
Cop(Jean), II, 348 et n., 109. III. 130 d
t'oi> (Luc), III, 130 n.
Cop (Michel), II, 346 n.. 393, 111, 130 n.
- . X" 158. — II, 346n., : l
III. 109 et n., 110 n., 111, 115 n., 117
et il, US et n., L29 ei n., 131 n., 156
n., 161 , n^.
Coq (Jacques le), N° 3mm. — II, 170 n.
III. 100 n., 188 n., 289 et n.
i toracinus, voyez Fèvre d'Étaples (Jai
Le)
Coraud ou turault (Éliej, III, 1 16 n.,
160 n., 237 n., 238 n.
i orcelle (Pierre), II. 306
■ ordey ou Cordier (Jean), III, 13 et n.
( lordier (Mathurin), III, 201 n., 237 n.
Cornélius, voyez Arande (Michel d').
i ornod (Pétremand), III. 217 et n.
Cornu (Pierre), I 29 I el n. III, 58 el n.,
295 ii.
i m nyollier (Jea i , [II, 123.
Cortaillod (Les Évangéliqucs de), III, 27.">
■ ■i n
i 'ourl (Etienne le), 1 1, 185.
N
i'. in
Coutelier (François), 111. L56n . 192 et n.,
120.
i îouturiet Piei re le), I 136 et n., 137,
I3S.
Cracovise (Johannes), voyez Solidus.
Cratander (André), I, Jiil et n.
Cré (M. de), voyez Rovéréa (Jacques
Cré ou de Crest (Madame 'le), II, 136 n.
III, 105 et n.
Crest (Jean du), III, 319 et n.
Croix (Jean Lecomte de la), X" 107. —
II, 132 a , 181 n. III, 13 et n., u a.
100 n., 187 et n.. 188 u., 218 et n.,
210 n., 241 n.
Cronberg (Hartmund de), I, 156 et n.
Curion (Valentin), 1, 282 el n., 100 n
Curteti (Le secrétaire), III, 112.
Cutraeus (Johannes), II, 172 u.
I»
Dada (Besançon), II, 161.
Dada (Etienne), III, 16 n., 47 n., 376 et h.
Danês (Pierre), II, 348 et n. III, Ils ,,..
1 » il et n.
Dangerant (Louis), N° 150. ■— III, 1 12,
113 n., 385 n.
Daniel *** N° 375.
Daniel (François), Xos !62, 381. — il,
279 et n., 281 u. 333 et n., 346, 384
n., 385 n., 394, 397, 108 n., 117. lis.
119. III, 103, 104 el n., 105, 106.
Daniel (frère Je François), II, 398 et n.
Darbey ['Antoine), III, 70 n., 71 n., 193 n
Darlo (Dominique), II. 161. III, 71 n.
Dautin, voyez Chapeaurouge ('Etienne de).
Dauvet (Louis), 1,111 n.
Delplmi (Dominicus), I, 51 et n.
Denck (Jean), I, 167 et n.
Denis (Jérôme), III, 237 n.
Deodat, voyez Dieudonné.
Deperius (Johannes Eutichus), voyez Des-
périers (J.-B.).
Despériers (Jean-Bonaventure), III. 289
n., 290 n., 321 n., 12:;.
Desus (François), II, 136 n.
Desyderius, voyez Abria (Didier).
Dex (Nicolas), voyez Esch (Chevalier d').
Diesbach (Félix de), II, 63 el n., 105 etn.,
111, 125, 129. III, 105 etn.
Diesbach (Jean-Rodolphe de), III, 211 n.,
368
Diesbach (Nicolas de), I, 211 et n., 245.
II, 95 n., 137, 1 10 n., 1 13 el n., 211
et u., 380 -i n.
28*
142
INDEX ALPHABETIQUE DES NOMS.
Diesse (La Paroisse de), II, 220, 227 a.,
228.
Dieudonné (Claude), N08 37, 39, 10. —
I, 17, 19, 50, 51 n, 52 et n., 53, 59
et n.. 68 n., 72 n., 73 n., 71 n., 82. II,
117 n., 123, 124 et n., 135 et n., 136
n.: 111 n., 150 et n., 151, 176 et n.,
180, 181, 151 et n.
Diguet (Bertrand, Jean et Claude), III,
284.
Disimyns (De), III, 281 et n., 282.
Dobte ou Doubte (Michel), II, 382 n. III,
20 n., 31, 35 et n., 121, 122, 123.
Doguereau, voyez Dangerant.
Dôle(Le Parlement de), II. 330, 331.
Dulen (Henry), II, 161. III, 70 n, 71 n.
Dolet (Etienne), III, 226 n.,252 n., 290 n.
Dooss (Oswald), II, 210 et n.
Droz (Jean), II, 172 n. III, 100 n.
Dubéron (Claude), voyez Farel (Claude).
Dnchemin (Nicolas), II, 315 et n., 316 et
n.. 318, 332 .n „., 333 n 385 a. :!> ;
el n., 109, 112 11., 120 et n.
Dnchêne (Guillaume), I, 'il n.. 70 et n.,
71, 391. II, 187, 188.
Dugué (François), II, 155 n.
Dunesy (Michel', II. -335 n, 138
Dûrr (Melchior), voyez. Macrinus.
Dvsimieu (Antoine de), III, 281 a.
E
Eck ou Eckius (Jean), I, 63, 370 ei n.,
139 n. 17 1 et n. IL 19 et n.
Egmond (Nicolas d'), II. L86 et n.
Elisabeth d'Angleterre, III, 364 et n.
Engelbreeht ou Engentinus i Antoine), III,
416.
entinus ou Egentinus (Philippe), [,
1 56 et n.
Englisperg (Bastiau d'), II, 3 11 et n.
Ennius (Pbilonardus), II, 165 et n.
Eutr: nne de Graville, baronne
I, 1 15 et n.
Episcbpius (Nicolas . 1 365 n.
SME de Rotterdam, N0" 7, 10, 18, 27,
28, 3::. 34, 122. 123, 126, 156, 177,
196, 203,246, 217 248,250,259.-1,
17 u., 18 et n., 19, 23 n., 21 n., 26,
^7 et n., 30 u., 31 et n., 32 et u
el n., 34, Il .... 12 n., 43 n., 11 n., 48
n.. 54 et u.. 55 u.. 58n., 60 n., 'il et n.,
65 u.. 69, 71, 72, 71 n.,95n., 96n.,99
n . 10! n 127 n., 119 n., 202 n., 211
n . 212 et n., 21:; el n., 211 n . 218,,.,
220 n., 221 et n., 233 n., 238 et n.,
217 n., 281, 283 et n., 286 et n., 289
et n., 299 n, 300 et n, 305 n, 311 n,.
348 et n, 352 et n, 361 n, 370, 374
et u, 377 n, 385 et n, 123, 121, 125
126, 132, 136n., 438, 482. II, l,.in,
1H et n, 21 et n, 38, 10 n,. 152 u
155 n, 156 n, 160 et n, 188 n, 1S9
etn, 191, 192, 193 n, 111 et n, 482.
III, 8 n, 9 n, 11 i,., 161 n, 400 n,
111, 115.
Erlach (L'Avoyer d'), 11. 335. 338.
Erlaeh (Jean-Rodolphe d'), III. I87n, 368
Esch (Jean), I, 149 n.
Eseh (Le Chevalier Nicolas d'), 1, 252 et n..
251 et n, 256, 266, 283, 306, 309,
312, 328, 335. :;;:^7 el n.. 339 n, 365
et n, 368, 385.
Estavayer (Claude d'), III, 15 et n.
ayer (Jean d'), III, 368 et n.
Estienne (Henri), I, 9.
Estienne (Robert), I, 226 el n, 227, 228
II, 298 et n, 118 n.
Estoile (Piene Taisati de 1'), I, 3:1 n. Il
279 n, 315 et n, 316, 317, 385 n.
III, 111 et n.
Etats de l'Empire, III, 21".
Etienne ** hôte de Farel, II, 199 et n.
Etienne ffi« III, 10 et n.
Etienne, courrier île la poste du Roi, III,
1"'» n.
Éverard (Jean), III, Uo el n
Everard (Nicolas \ 1. 64
Faber (Jean), 1. 17 1 et u. II. L9 et n.
Faber Libertinus Cristophe . voyez Fabri
(Christophe).
Faber Stapulensis, voyez Fèvre d'Ètaples
Jacques Le).
Fabri. voyez Fèvre d'Etaples (Jacques Le)
Fabri (Christophe . N0! 394, 191.
50(i, .507. — II, 395 et n , 396, 156 n..
173 n, 17 1 et n, 175 et n, 177 et n..
III, 37 et n.. 100 n, 218 el n . 2 17 n.
257 u.. 293 et n. 295 n., 297 n., 317
et u, 348n., 349 a, 351 el n., 391 n,
393 n.
F, il. ri François , 111. 1'» n.
Fabrice (Arnold),III, 252 n.
Falco (Gaius), III, 101 et n.
Farel (Claude), N« 518 -- 1. 281 n. II,
160.111. 82 e: n. 33, 38 el n. 27- el
INDEX ALPHABETIQUE I>KS NOMS.
443
n., 318, 319 a 120 el n 321 et n.,
323 u., 352 n.. 388 et n.
Farel (Daniel), I, 281 n., II, 160. III,
82 n.
Farel (Gauchier X" 519. — I, 281 a.
II, 160. III, 82 et n., 83, 97 n., 168 et
n., 170, 171. 318, 319 a., 320, 321 n.,
125 a., 352 n., 387, 388 i
Farel (Guillaume), N0' 91, 97, 107. 127,
151, 159, 163, 176, L83, L97, 198,
204 209, 210, 211 2 11. 251. 256,
257, 274, 276 122 324, 333, 351,
355, 356, 35s 360 367, 387, 395,
102, 109, 131, 462, 163, 509, 521,
530, 539, 216».— I, 128 n., I58n.,177
n., 178 et n., 179 n., 180 n., 183, 184,
193 n, 196 et n., 197 et n. 202 et n.,
203 n. 206 et n., 2U7 et n., 209 et n.,
210,211 etn.,212et n., 213 u., 214 et
n. 215, 216 et ii . 219 220 et n., 223
n., 221 n., 225 n.. 226, 228, 231, 232
et n., 233 n., 237 n., 239 n , 210 et n ,
211 et n.. 212 ii., 243, 244 n , 245,
217 n., 250, 253 et n , 251 n., 255 et
n., 262, 263 n . 264 et n., 265 et n.,
268, 269, 270. 271, 27:; 275 n.. 276,
h., 279 et n., 280 et n., 283, 284, 286
n., 287, 2N8, 289 et n.. 290 et a., 291,
293 el a., 29 1 ti. 298 et a., 299 et n..
100 et n., 301 et il, 302, 303, 304,
305 :i 306 n. !07 a. 308, 309, 311,
312, 313, 126 et n., 327, ; 15 ! 16 n.,
•' I !8 î, . 340, 341, 342 et n., 343,
344, 356 et n., 357 et u.. 359 et n.,
360 n., 361 et n., 364, 366 167, 368
et i 169 et i.. 372 u 375, 377, 383,
386 - 190 n., 393 n., 103, 101 u.,
111 il, 115 n.. lis. ll'i. 131 u., 138,
139 n., 110, 112, 1 18, 149 n., 151,
151 et n., 155 n,. 157 158 et a., 160
et n., 161 et n., 162, 165 et n., 167 et
n., 168 169, L82, 183.11, 7n., lleln.,
13, 15 et n., 20 n., 22 et n, 23 et n.,
2e» et n., 31 et n., 13 u., 17 n., 18 n.,
51, 53 et n., 54, 60, 63 a., 72 n.,
05 ., . 96 n., 99 n. 102, 103 et n.,
104, 105 et n., 106 et n., 107 et n.
109, 110, 112, 111, 115 n.. 117.. 123
n., 121 et n., 125, 126 et n., 12,', 130
et n., 131, 133, 134, 135 et n., 136 et
n, 137, 138, 141 et n., 144, 151,
163 n., 161 et n , 166, 168 et n., 170,
171 et n., 172, 173, 17 1 n., 108, 199
et n., 201, 202 el n.. 203, 204 205 el
n., 206 et n., 207, 208 n., 211 n , 212,
215 n., 216, 2lo et n., 220. ^25 n.,
227 n., 230, 231 et n., 233, 231. _
et n., 236, 2 19 245 et n., 210, 217 el
H., 249 et u. , 251 et n. , 252 et n., 25.; et
n., 251 et n., 255, 256 et n., 257 et n.,
259, 200 el n., 202 et n., 261 et n., 265,
206 et n.. 207. 268, 269 et n., 270 et
n., 271. 282, 2- 1 284 286 287 et n.,
288 et n., 289, 295 n., 297, 300, 30 !
n., 305 et n., 307 n., 311 et n., 312.
321 n.. 323, 324 n., 326 n., 327 et n.,
328 et n. 329, 330. 330 ; 10 t-i n..
343 et n., 350 et n., 351 et n., 350 n.,
362 n., 365 n., 366 i; . 167, 368, 369,
370, 371 n., 372 n., 374 n., 376, 370
n.,381 n., 387 n., 389, 395 n., 105 et
n., 124 n., 132, 433 et n., 149 n., 150
n., 154 n., 155, 156, 158, 460 n., 162,
465 et n., 170, 172 n , 177 n.. 178 n.,
. 482, 484, 186, 487, 488. III, 3, 5, 9
n., 10 n., 11 et n., 11 n., 22 n., 23 n,
21 n. 32 et n., 34 n., 35 n.. 37 et n.,
40, 13 „.. 16, IN a., 51 n., 02 n
n.. 6o n., 75 n., 81 n., 82 n., 83 n.,
88 96, 100 et n., 120, 123 et n., 121
et n., 12.",, 129 n., 132, 137 n., 142 n,
118 n., 149 et n., 150 n., 151, 152,
155, 156 n., 163 et n., 164 n., 165 n.,
167 n., 168 n., 169 n,, 172 n., 171 et
n., 187 et n., 192 n., 193 n., 203 n.,
217 n., 225 n.. 220 et n., 230 n., 2 12
et n., 23:. et n.. 23 1 n . 230 „., 211 n.,
245 et n., 248 u., 254, 255 u., 260 n.,
274, 280 et n., 285. 286 et n., 287 u.,
288 i, , 202 n., 203 n., 295 n., 296 n.,
297, 298 n., 316 n., 318, 323 et u.,
324 n., 332 n.. 333 n., 335 et n., 337
n., 339, 353 n., 357 n., 358 n., 351' n.,
360 i!., 372, 373 „,, 371 et a., 375 il.,
385, 380 ,,.. 391, 30 1, 399, 400 11.,
101 n., 110 n., 115, 117, US, 120
423, 124.
Farel (Jean-Jacques I 281 n. 111. 82
et n.
Farel (Veuve, mère 'le Guillaume), III,
82 n., 171,
Fathon (Jean), 11, 307 u., 172 n. III.
289 et n.
Faulc], e Jean) 11. 331
Faulcon, châtelain, III, 318 n.
Faustus (Andrelinus), 1. 2 1 n.
Favre (François), III, 304, 313, 107 n.
Favre (Jean), III, 47 n,
Fédy (Pierre), III 30 el n 33. 34 n.,
35 n.
5 \ \
INDEX ALPHABETIQUE DES NOMS.
Felimis (Aretius), voyez Bucer (Martin).
Ferdinand, roi de Bohême, II, 183. III,
185 n.
Féret, III, 225 n.
Ferrel (Guillaume), III, 237 n.
Fèvre d'Ftaples (Jacques Le), N°3 i, 3,
I. 20, 23, 25, 30, 49, 69 79, 85 9î
103, 202. — I, 3 et n., 9 et n., 10 et
n., 11 n., 16 n.. 1S, 1!) n., 20 n., 23
et n., 21 el n., 25, 26, 27 et n.. 29,
31, 32 -i n., 33 n., 11, 12 n., 43 n.,
15 etn., 16, 19 et n., 50 et n., 51 n., 53
n., 57, 58 n., 59 n., 62, fit, 66 n., 70 n.,
ri et n., 72, 7 1 n., 7.s ,,.. 79 u., s:, n..
92 n., 95 n., 96 n., 99 u., 105 et il.
110 u., 111 u., 132 n., 140 n., 157 n.,
158 n., 160 n., 178 n., 179 n., 180,
181 et n., 18 1. 189, 205. 206, 207 n.,
208 ii., 209etn.:220n.. 221 n.,226n.,
227. 228 232 el n., 235, 239 n., 240
n., 242, 271 n.. 273 277 n., 278, 280
n., 282, 291, 293, 306 et n., 310, 315,
352, 353 et u.. 368 n., 401 et n. 9)2
etn., 403 n., H M el n.. Ion et n., 408,
109 u., 110 et u., 111 n., 415 et n.,
118 n., 419 et n.. 421 n., 125, 131 n.,
136 el n 137, i LO et n.. 1 17. I 19 n.,
150, 461, 463, 195 a., 181, 182, 484.
II, 16 etn., 17 n., 37 u., 39 n., 43,
n., 120 el n.. 122 r, , 132 er n., 160 et
n., 191, 196 el p.., 249, 250 etn., 251
ef n.. 264 n., 372 il. 386 et n., 387 et
n., 388 et n., 433, 484. III, 73, 201 n.,
211 n, 295 n.. 349 n., 399 n., 100 n ,
111.
Fêvre (Jacques le), voy. Jacobus, sculptoi .
Fichet (Jacques), III, 70 n., 71 n.
Fine (Oronce), I, 37 n., 180 et n.
Fisher (Jean), I, 30 n., 60 n., 207
288, 370 et n.
Flaccieu (Bai on de), 111 358 n.
Fleurange 1 1 tenri-Roberl S1 de), ! , 159 n.
Fleurange i Robert 8r de), I, 159 •
Focceus (Petrus), I, 209.
Fonteius, voyez Brunner (Fridolin).
Fontius (Bartbolomeus), III, 37 n.
Forestey (Claude), III, 122.
Foret (Guillaume), III, 417.
Forge (Etienne de la), III. 166 el n., 167
n., 168 n., 267 n
Fortis (Johannes), I, 10 n.
Fosses (Claude des), III. 273 n.
Four (Claude du), III, 214 n.
Framberge (Claude), III, 101 et n.
Franc (Domeine) voy. Farel (Guillaume).
Franc (Dominique), II, 121.
France (Ambassadeur de), voyez Maigi il
(Laurent) et Dangerant.
Français? (Un), Noa 268, 269.
François I", roi de France, N" U
133, 440, 192. 512. — I, 27, 28 n.,
31 n., 35 et n., 37 et n., 41, 13 n., 57,
64, 65 n., 66 n , 78, 84, 85 el n., 36
el n., 105 n., 106, 113 n., 132, 143
n., 158 n., ISO, 1S2 et n., 183 et n .
190, M92 et i... 199 et n., 201, 20i
221 n., 225 n., 257, 296, 31 i el n.,
350, 351, 353 n., 367. 390, 101 n.,
102 ii . 103, 120, 121 n., 122, 125 •!
n.. 126 et n., 127. 132, 135, 111 el n.
1 15 n.. 146 el n., 117 178; II, 1. 16
n.. 17, 36, 37, 10 et n., 110, 153, 157
n., 168, 169 el n., 17f. 190, 191, 190,
212, 248, 249, 271, 388, 464 el
III, 52 56 et n., 60 et n.,
7.;, 7 1 el d . 75, 82 el n., s:; ,,.. 89
n., 93, 94 n., 101 et n., 102 et n., 109
et n., 110, 111. 130 et n., 131 n.,
i 12, 1 13 et il. 1 15, 146 el n., 1 17 el
n., 160 et n., 168 et n., 170 n., 17 l.
176 n., 181 n., 182, 184, 185 et n.,
192 el n., 199 n., 206 n., 220, 221 et
n., 237, 2:;s n., 250 et n., 251 n., 253
n., 267, 268 el il. 269 el n., 270 ei
!72 el n.,
274, 282 el
n., 285 et n., 288, 301 n., 306 et n.,
307 el il, 308 el i 109 el n., 310 et
n., 311, 312 i:.. 322 et n„ 328 n.,
330 n., 332 n. 336 el n.. 341 et u.,
342 n., 343 n . 345 n., 357 n., 358 et
n., 359, 360 et n., 361, 363 et n., 364
-i u., r,i\rj et u.. 367, 380 n., 3S1 el
n., 386 etn., 388 etn., 389 èl a. 396,
^ IL, 121.
François, le daupbin, I, 315 etn. II. 194,
196 et n. III, 55 el n.
(] li'in il 1 376 el n.. 388.
Frédéric, Électeui di Saxe, I, 112, 111.
115 132, 139, 141, 142, 143, 1 1 1
145, ! 16 el n.. 117, lis. 171, 311,
347, 348, 349, 350.
Frédéric, prince d ■ Bade, I, 13.
Fn gose (Frédéric), 1. 399 et n., 100.
is (Henri des), II, 246 et n.
Frères de Bobême el Moravie, X" 120.
— III, 63 n.
Fribourg (Le Conseil de), N°" 288 294,
371, 106, 108, 125, 1 12, 1 19. — II,
10, 115 n.. 232 et u., 235, 256, 293
n., 349 el n., 350, 351 n., 354, 362,
LNDK.X ALPHABETIQUE DES NOMS.
145
364, 365 ri h.. 369, 380 el a.., 381 el
n., 389, 390, 399, 100, 121 el n., 122
123 e! n. 130 n.. 1:32 n., 139 a., 115
)).. I 17, 1 18 n. III. 17, l'I n.. 36 m.
71 n.. 7tl il, s1'. 91, 258, 259 et n.,
261, 262 o! n.. 264, 277. 278 et n.,
368 il, 385 el n., 107, 108 m.
Friboutg (Les députés de), II, 366, 370
n n.. 391 n., 399 n., III et il. 188.
III. 17 D !'• n.. 19 n.. 91 et n.. 139
et n., 1 lu,-; ,i., 1 H n.; 171'. 277, 278.
Fribourg (Le Secrétaire di -voye; Kru-
menstoll.
Fricker (Jérôme), 111, 239 n.
Friess ($ean), II], 239 n.
Frigida \ ni! ; Fi idevallis i Hugo a), I,
11 I el ,1.. 140.
Frigius (Félix) ! U.
Frisius [Laureùtius), II. 280 et n.
Froben (Jean), I. 33, 13 u., 1 1 n., 17 n ,
211 et n.. 237.-
Froben (Jérôme), I 250 n.
Froment (Antoine), I, 158 n. II, 132 n.,
251 n., 264 n., 270 n., 307 n., 330,
362 .... 365 n.. 379 n.. 390 n., 395 el
n., 105 et n., 150 ,... 153, Mil n., 177
n. III, 16 n.. 18 n.. 30 n.. 31 n., 32 n.,
39 u., 17 n.. 50 n., 112 n., 121, 122
il. 124 n.. L92 i... 217 n., 280 et n.,
287 u., 289 el n. 295 n., 296 n.. 298
n. III, 122, 123
1 roschovi r (I Uiristophe), III, 2 10 et n.'
Fumulus, voyez Reuchlin Jean
Furbiti (Guy), III, 121 etn., 122 et n., 125,
131 el n . 132 n.. L33 et n.. 135 et n.,
136 n.. 137 n., 139 et n., 150, 151 et
n., 21 I, 293 n.. 294, 295 a. 296, 297,
298 n., 396 el n . 397 et n., 110 et n.
Furstemberg (Guillaume, émut" de), II,
241 et n. III, 102 il. 388 el n., 389
el ii.
Fusiei (P III, 138 n.
Fusius, voyez Frisius.
I ■ tcebus (Jobannes), II, 39 n.
Gadon (Jean), I, 222 et u.
I raguin (Robert), I, 13 el n
( ralbei tus (Amedeus), 1. 315.
Galéol ou i ralliol (Noël M U, 42 et n.,
'"1 n-. L61 n.. L63 .... 222 n., 482.
GaIIus (Jacobus), voyez Coq i racques le).
1 ramaul (< iaspard), [II, 1 L6
' I irdinei i Etienne), III, 361
Gaudel | Pii rre), III, 303 "t n.
1 raudel (La veuve de Piei ie), III. 31 1.
Gayling (Jean), X" 1-7. — I, 266 el
304, 305 n., 300. 307 n., 308 el i
309 et u. III, 292 n.
Gayo ou Giro, voyez Jajod.
Geisshàusslei (Oswald), voyez Myeonius
Genève (Aj'tnoii de), voyez Lullin (Aym
de)
i leiie\ e Les < banoines de), III, 152 i
177 et n., 213 et n., 215 n
Genève (( Uaude de), II, 161 n. III, 70
71 n.
Genève (Le Conseil de), Xoi 107, 181,
502,513,517,522,536, 116", 188"
— II, 421 et e,.. 123 n.. 12! et n.,
1:25 n.. 127 et n., 146. III, 15, 16 •'
n., 28 u., 29 n.. 31. 31 n., 35 i
10 n., 11 n., 17 n., 69, 70 il. 86 et n
87 et n., 88 n., 91, 92 n., 08 n., 113-
n., 111 n., 119, 121 n . 122 u., 123,
121 ,.., 131, 132 n., 133 et il, 131 et
il, 130 n., 138 et n., 130 n., 110, 111
n., 112, 144 n., 149 il, 151, 151 et n.
156 n., 177, 103. 209 il. L'I 1 il. 215
n.. 222, 223 et n.. 230 n., 2N7 a., 291
n., 303 n., 313, 31(1 el u . 317 il. :
il. 3:;!', 351 ,l. 368, 37 1 u, 375, 37:'
n., 382 etn., 383 et n., -".SI n.. 388 ei
n., 380 n., 390, 391 n., 392, 395 n..
397 n.. 121.
Genève ('Les députés de), X" 382.
II, 121' el M. III. 16 IL. 18 IL, 35 ,1.
30 n., 371 n., 407 et n.
Genève (Les Évangéliques de), X"' lin.
116, 180. — II, 10 et n.. 361, 121 e
n., 127, 135 et n.. 13»i n., 137 n., t3&
n., 440 n., 159 n., 161 et n. III. 29
n., 31, 32 n., 38, 30 et n., 13, 50 et il.
98 et n., 121 n., 12 1 n., 135, 137 il.
141 n., 118 n., 149 n.. 150 et n., 153,
151 el n., 156, 165, 194, 20!), 211
212, 217 h., 230 et n.. 233, 217 et
302 etn., 316, 317.
Genève (L'Évêque de), N"a 128, L39,
447, 173, 301». — I, 73 n. III, 19, 69,
70 n., 72 il, 86 il, 87 il. 88 il, 1 11'
el n., 135 et il, 130 n., 137 el n., 1 1"
n., 150 et n., 193 et n., 10 1 el n., 20 I,
212 n., 213, 211 n., 250 n.. 295 il.
302 n., 304 i... 316 et n., 368 n.. 108
e; n., 111 et n., 112 et n.
Genève (Le grand-vicaire de), III. I1
n.. 122 n. 132 n.. 131 n., 135 i... 1 16
IL. 21 I e. Il
446
[NDEX VLPHABETIQUE l)i-:s NOMS.
Genève (Jean de), III, 317 n.
Genève (Le prévôt de), III, 319.
Genève (Le vidonme de), III, 1 94 et n.
Genevois (La comtesse de), III, 389 n.
Georges, I, 312 et n., 311, 384
Gerbe-! (Guillaume), II, 415 n.
Gerber (Nicolas), I, 170 et n.
Gesner (Conrad), X" 188.— III, 235 n.,
215 n.
i rex Jean de), III. 317 n.
Geyerfalck (Thomas), I, 00 n., 320 n,
370 et i.. II, 115 n.
Giberl (Jean-Matthieu), I, 287 et n.
Gignilial (Jean), I, 109 et n.
Gingins (Ame de), voyez Genève Le
grand-vicaire de).
Giron (Pierre), II, 7 n., 63, 199, 203,
201 et n., 207, 209, 210, 211 n., 22''.
236, 238, 239, 309, 352. III. 12 28
n., 51 n., 187. 200 n., 368 et n., 376 n.
Glantinis (Claude de), V- 325, 348. —
II, 251 il, 252 u.. 272, 285 et n . 307
n., 310 et n., 351, 372,389, 186 187.
III, 255 et m.. 276 et n 347 n.
Glareaxo- (Henri), N0! 12. 19, 32 •
— I, 21 n., 31 n., 32 n., 38 n., 3!
n., 45 n., 48 n., 63 n., 70 n., 203. a.,
210 et n., 200 n. II. 103 „.. 280 n,
III, 341 n.
Gole l'Jean), voyez Goula (Jean).
Goliosi ou Gollionx (Pierre), II, 110 <■> i .
111, 182.
Gonin (Martin), II, 150 et n., 151 152
n., 153, 161, 163 et n. III, ni „.
Gorrseiis, voyez Gorris.
Gorrevod (Louis de), III, 281 n.
Gorris (Pierre de), I, 200 et n.
Gos.sonens (Jean), II, 115 n.
Goula (Jean), II, 161. lit, 16 n, 17 n.,
310 et n.
Gozthon (Jean), I, 20.
Grafenried (Nk-olas de), II, 71 et n., L05,
107, 108 i,. III, 165.
Gramelin (Matthieu), voyez Malingre Tho-
mas).
Grandis (Joannes), II, 101 n., 130, 114.
Grandson (Les Bénédictins de), N° 370.
Grandson (Les Catiioliques de), N0' 357,
361, 370. — III, 117.
Grandson (Le Châtelain de), voir Reyf
(Huns).
Grandson (Le Conseil de), II, 310, 101.
Grandson (Les ÉvangtTiques de), N" 189.
_ n, 363, 3i,7. 368, 369, 370, 371,
379 et n., 390, 391, 300 et n., 10]
102.. 103, 101. III, 180 et n.. 211 et n.
Grattes (Les), voyez Bole.
Grebel (Conrad), I, 250 n., 278 n., 327
et n., 328, 336 n., 337, 311 et n.,
3 1:1 n.
Greii (Sebastien), voyez Gryphe (Séb s-
tien).
Grenoble (Le parlement de), I, 110, 111.
III, 192 n., 388 n.
Grenoble (Les frères de), III, 389.
Grey (Thomas), N" 6. — I, 149 n III,
il 5.
G rivât (Georges), dit Calleys, N° 487. —
II, 362 n., 300 n., 105 n. III, 100 n.,
226 il, 230 n., 232 n, 234 n., 25£
n.. 27i.
sonière (La), voyez Farel (Gauchier).
Grossmann (Gaspard), voyez Megander.
Groslol (Jacques), I, 158 et n.
Grus (Jean Le), II, 133 u.
Gruyère (Jean, Comte de), II, 225 et u.
22!'. 233.
I rruyère (Léonard de), officiai 3e Besancon,
III, 385 n.
ère (Michel de), III, 216 n.
GRYNiEUS (Simon), NM 160, 533, 538,
5 12. — III, 6 n., 7 n„ S n., 0 n., 57
et n., 88, 163 n., 165 n., 195etn., 196
et u,, 107, 108, 199, 201 n., 326 et n .
375 n.
Gryphe (Sébastien), N° 318. — II, 297
et n 298.
G lérard (Pierre,. I, 375 IIP U6.
in, II. 12 1 n.
Guibert (Pierre), I, 355 n., '■'<'■>
Guido, II. loi et n., 152 n., 163 n.
Guillard (Charles), I, 180 n
Guillard d'Espichellière (Louis), 1,64 n.,
180 n.
Guillaume ***, III, 3 16 n.
Guillaume (Louis), II, 377 n., 172 et n.
Guillet (Michel), III, 209.
Gundelsheim (Philippe de), voyez Pâle
(L'Évêque de).
Gynoreus (Petrus), II, 19 n.
IIaller (Berthold),NM53,200, 153, 464,
.170, 470.— 1,102 n., 103 n., 151 et n.
II, 12 et n., 31 n., 59 et n. 63, 113,
150 et n., 151, 174 et n., 175 et n., ..
n., 280 n., 306 n. IIP 22 et n. ,23 e:
66 n., 75n 98 u , 31 1. 343n ,358^
Hamilton (Patrice), II, 211 n.
IM)K\ ALPHABETIQUE M-.S NOMS.
147
Hangest (Claude de), II, 110 etn., U2etn.
Hangesl (Jean de) II, 1 * > • l n., 316 n.,
-I h.
B mgi si (Joachim de), II, 112 n.
Hangest (Luu.ï- i S* de Mommor, II,
U2 n.
Hangesl (Yves de . II. 112 n.
Hanoîer (Martin), II, 78 et n., 79 et n.,
80 n., 161, 163 n.,221, 222 n . 223 n,
-21 n.
I lardi (Jean), II, 331 et n.
Heberling de Gemund, I, 16.n.
ebolt (Pierre), I, 245 n.
ion (Gaspard), I, 133 n., 155 et n.
III, 95, 100. 341 n., 342 n.
Heigerlin (Jean), voyez Faber (Je: i
Heitzmanx (Henri), N 113.— I, 262 n.
Hemard (Toussaint), III, 84 n.
Hemerius, voyez Beynon.
ri VIII, roi d'Angleterre, I, 30 n.. 57.
II, 101 et n. III, 197 et n., 364 n.
Henri d'Albret, roi de Navarre, III, 55 et
n, 50, 60, 74, 130.
Henri d'Orléans, II, 196 et n. III, 131 n.
Henry (Guillaume), II, 172 e
Herlin (Christian), 1 133 n.
Herrnolaus Barbarus, I, 10.
Hermonyme (Georges), I, 13, 12 n.
Herrmann (Conrad), II. 245 n., 176 et n.,
168 et n.
Hesius (Theodoric), I, 288.
H— (Jean), I, 226 n., 228 et n.
Hesse (Philippe de), II, 132, 133 et n.,
210, 211. III, HT et n., 160 et n., 185
et n., 330.
Hessus (Simon), I, 207 et n.
(Nicolas de), I, 259
Heynlin (Jean), I, 13 el n.
Hieronimns, I, 282.
Hierosme, III, 281 n.
Hilarius, voyez Bertolph (Hilaire).
Hiineli (Jacob), I, 335 et n.. 338, 357 et
n., 308, 383, 118. II, 01, n., 95 n.
Hochberg (Jeanne de), II, 212 n. II, 265
et n., 292. III. 78 et n.. 113 n.. 247
-i n., 275 n., 276 et n.
Hochberg (Olivier de), II, 21" et n. III.
27.-..
Hochstratten, I, 11 n.. 15 n.
Hofeh (Thomas de), X" 193. — II, 5 et
n., 6 et n., 10.
Hoffischer (Boniface), II, 124.
IIofmeister (Sebastien), N° 1 12. — I, Mil
et n. II, 95 n.
Hohenlandenberg (Hugo de voyez Cons-
de
Hohenlohe (Le comte Sigismond de I,
348 el n., 310 et n., 119 e! n. 130
111 el n. II, 3 n.
Holard (Christophe), II, 1 1 1 el n . I 15 et
n. III, 12 et n.
Holard (Jean), X" 104. — II, 307 n.,
352 n. 354 n., 111 n. III, 11 et n.
Honius (Cornélius), I, 38 1 n,
Hortin (Vincent), II, 219 et n.
Huant Philippe), II, 130 n.
Hubmeier (Balthazar), I, 336, n., 11, 20,n.
Hue (Guillaume), I, 10.
Hugaldus, voyez Hugobaldus.
Hugobaldus (Udalricus), I, 209 et n., 220
a . 223, 227, 293.
Hugonini (Le châtelain), III, 122.
Hugwald (Huldrieh), voyez Hugobaldus
Humaz (Jean), II, 309, 310
Humelberg (Michel), I, 15.
Huss (Jean), I, 119.
Hutten (Ulrich de), I, 69 u., 221 et n.,
301 i,.
Iuieli, voyez Himeli (Jacob).
Irmen (Damianus), I, 168 II. 13 et n.
Jacohus, sculptor, I, 21'' et n., 300. III,
237 n.
Jacques (Dom), II, 380.
i a [ues, libraire et imprimeur, 1, 200 n.,
309 et n., 375 et n. III, 115, 116.
Jajod ou Gayu ou Giro (Guillaume), II,
125 et ii.
Jametz (Guillaume de la Marck, seigneui
de), I, 15!', 100 et n.
Janin (Jean) dit le Colognier, III, '2'' n.
175 et n., 170 n., 177, 211 et n., 389 n.
Jean-Frédéric, Électeur de Saxe, III. 185
et n., 311 n.
Jean, serviteur de C 1 327 el n . 337
et n., 387.
Joanna **, III, 118.
Joffreyry Ole), II, 213.
Joham (Conrad), II, 133, 211.
Jonas (Justus), I, 02 n., 1 13 n.
Joseph, II, 161 et n.
Juda (Léo), I, 207 et n.. :!77. 383, 13 1.
II, 21.
Juliani (Michel), III, -''.28 et n., 329 et n.
.lussie (Jeanne dej, II, H) n. III. 51 n.,
223 n.
Justiniam si tu ts 12 11 n.
148
INDEX ALPHABETIQUE DES NOMS.
U
Kalbermatber (Georges), I, 245 n.
Kiel (Louis), voyez Carinus (L.).
Knybs (Nicolas), II, 244 et- n.
Kolb (François), II, 31 n., 59, 63.
Koly (Pierre), III, 240 n.
Kôpflein (Woif), voyez Capiton (W.-F.).
Kotther (Jean), I, 329.
Kraffi (Adam), II, 240 et n.. 241.
Krumenstoll (Antoine), II, 111 et n. III,
76.
Krumm (Martin), II, 62, 63.
Kûrschner (Conrad), voyez Pellieanus.
Kymo (Jean i, II. 115 n.
Lacune] (Anna), 1. 300 ef n.
Lachner (Gertrude), I, 300 et n.
Lambert, 1, 11" n.
Lambert (Denis), III. 219 et u., 346etn.,
347 n., 393 n.
Lambert d'Avignon (François), Nos 60,
61, fil, 05, 68, 70, 71, 72, 71, 112,
L33, L38, 111, 115, 155, 169, 286.
— I, 100 et n., 101 et n., 102 et n.,
103 et n., 101 n., 106 et n., 107 et n.,
113 n., 111, 115 n., 116 et n., 117,
118 et n., 122 n., 123 et n., 128 n.,
12!» n., 130 et n., 13!» n., 110 n., 141
n., 113 n., 1 15. 1 16 n.. 117 n., 150,
151 n., 170 et n., 171 n., 177 n., 238
et n., 257 et n., 259 n., 303 n., 312 et
u., 313 n., 311 n., 310 et n., 318 n.,
:;i(» et n.. 328, 350, 367 et n.. 373 et
n., 383 etn., 384 etn., 116 n., 117 et n.,
150 et n. — II, 10 n., 127 et n., 21 i
et n. III, 360 ii.
Lambert (Isaac), I, 317.
Lambert (Jean), II, L' I
Lance (Le Prieur de La), N° 3 10.
Landow (Henri), 11, 396 el n.
Landow on Landoz (Jean), III, 11 et n.
Landré ou Land bristophe), II. 11!»
et li.
LanduE (Hortensius), IL 209 n
Lang (Jean I, 1. 26.
Lange (Jean), N° 83. — I, 71 n., 178 et
n. II, 164 n.
Lapidanus "u a Lapide (Joaimesi, voyez
Heynlin (Jean).
Lasco (Joannes a), I, 388 n. II, 16 et n.
Lasky (Jean de), voyez Lasco (Joannes a).
Lasseiv (Louis), III, 108 n.
Latomus (Jacobus), L 370 et n., 155 el m
Latomus, voyez. Masson (Barthélemi
Laurent (Melehior), III, 100 n., 17" n
lso et n., 18S n.
Laurent de la Croix, voyez < lanus I Alezan
dre).
Laurel, III, 58 ei n.. 94 et n., 108.
Laurier (Philippe du), II, 333 et n., 120
Lausanne (Le Chapitre de), II, 199, 20 -
2(»l -lu., 202 et n., 183. III. 21 et n.,
36 il., S!» el n., 90.
Lausanne (Le Cons al de), N03 296, 321.
— II, 110, 117 et n., 198, 200, 20J
et n., 203. 201, 205 et n., 206, 255,
III. 20 et n.. 21 n.. M
256 n., 257
35 n., 36 n.
Lausanne | Députés de'. III, 21 n.
Lausanne i Les Evangéliques de), III 35
et n.
Lausanne (L'Évêque de), N0i 212. 215,
218, 331, 503. — 1,102 n., 103 n., 318
n., 328, 329 et n.. 330,331, 3 12
354. U, 42, 55 et n., 61, '.2, 71 n.,
75 n., 76, 90, 92 n., 94, 96, 97 et u.,
100 n., 102 et n., 111, 115 n., IL; el
n., 138, 139 ei n., 110 et n., 199 etn.,
201 et n., 203, 206 n., 212, 253, 25 1,
255, 322, 323 n. III, 19, 20, 36 n.,
89 ei q., 90 et n., 368 n., 385 n.. 122.
Le ('1ère (Philippe), I, 53 n., 63 n.
Lecomte de la Croix (Jean), voyez Croix
(de la).
Lect (Antoine), II, 121.
Ledeni (Petrus), III, 182.
Léon X, pape, 1, 15 n., 17 n., 25 n., "'7.
13 n., 55, 65, 121 et n.
Lermite (Jean), I, 153 n., 156 n., 172.
Leroy (Jacques), II, 132 n. III, 187 et n..
188, 218 n.
Leu (Félix), II, 115 n.
Levet. (Aimé), III, 29 n., 16 et n., 71 n.
Libertinus (Christophorus), voyez Fabri
(Christophe).
Lichtenfels (Cornélius von), III, 351 et n.
Lilianus (J.-J.), L 18 et n.
Limpui _ i Delamonius 1. 10<> n., 1 1 < '»
et n.
Lizet (Pierre), I, 235 et n. III, 73 et n.
Loës (Hugues de), II, 78 n., 80 et n.. 87
n., 163 il, 222 et n. III, 103, 10
12::.
Lonicerus (Joannes), I. 207 et n., 232,
305 n.
Lorit (Henri), voyez Glareanus.
LoRRAiN?(Un), N" L89,
INDEX ALPHABETIQUE l»KS NOMS.
449
Lorraine (Antoine, duc de), I, 345 n.,
463.
Loi, aine (Jean, cardinal de), I, 365 et n.,
366, 164. II. I. III, 364 el n., 398 n
Louis*-*, II, 114, 171 et n., 172 et n.,
176 et n., :;77 ••! n., 155 et n., i • > : '■ el
n., 466 ei n. III, 290 et n„ 118.
Louis XII, roi de France, I, I * > n., 66 n
III, 329 n.
Longue ville (La duchesse de), voy. Hoch-
berg (Jeanne de).
Loyn ou Loynes (François de), I, 34 etn.,
54, 374 etn.
Lucanius (Martianns), voyez Calvin (Jean).
Luisandy (Henri), 11, 312 et n.
LuLUK (Aymon de), X" 195. — III, 26]
n., 277 et n., :»71 et n., 379 et n.
Lullin (Jean), II. 121. III, 10 ,,.
Luthard (Jean), I, 370 et n., 385 n.
Luther (Martini. N"" s, 56, 57, 62, 63,
66, 7::, TH. 80. — I, 29 n.. 37 n., 43
n., 15 n., 17 et n., 48 n., 61, 62, 63
et n., 64, 65 et n., 69 et n., 70 et n.,
71, 72, 9.s, 99 n., 101 n., 106 n., 107
' n., 113 et n., 115 et 11., 118 n., 121,
126 et 11., 129 n., 130 etn., J31, 132,
110, 113, 116 11.. 117, 151 n., 152 n..
15 1, 155 et n., 157 11., 170 n., 171 n.,
177 11., 188 et 11., 208 n., 213 et n.,
215,216 n., 221 n., 238 et 11., 239 n.,
259 n., 280 et n., 282 n., 283, 287 n.,
288, 290 et n., 293 et n., 301 et n.,
305 n., 319 etn., 331, 336 et. n., 3 15.
:i55 et n., 361 n., 367, 381, 387, 388,-
393 n., 396, 197 et. n., 155, 165, L66
n., 172 etn., 173 etn. II, 18, 19 etn.,
38, 86, 128, 132, 160, 187 el n., 204,
241, 271. III, H n., 12 et n., 68 n.,
:;:iii n., 338 et 11. 361 et n.. 367 et n.,
115.
Lutry (M. de), III, 122.
Luxembourg (Philiberte de), II, 349 n.
Luynes (de), voyez Loyn (de).
Lycosthenes, voyez Wblfhard (Boniface).
Lyon (L'archevêque île;, I, 35 11., 325 el
n. III, 175 ci „.. 389 n.
Lyon (Le Conseil de l'archevêque de),
N° 136.
Lyon 'Les 1 (fficiaux de), III, 191, 389 n.
in
Machard, III, 111 et n.
Macrin (Salmon), 111. 197 el n.
Macrinus (M.), 1,211 n., 2 15 el n.
T. III.
Madelaine, tille de François I", II, 17 n.
MiE8SGEB (Gaspard). N° 106. — I, 243 n.,
327 et u.
Magninus (L'hilippus), I, 328 ei n.
Vlaigrel (Aimé), I, 206 et n., 228, 250 et
n., 281 et n, 309, 310, 317 et n., M2:;
et n., 324, 325 el 11., 390 n., 392. II,
1 et 11.
.Maigret, conseiller, I. 228 n.
Maigret (Lambert), I, 228 n. IL 329, 330
et n.
Maigret (Laurent), dil le Magnifique, I
22S „. III, 238 n., 358 n.. :',79 et n.,
381 n., 382 n., 381 n.
Mainard (Augustin), II, 364 el n., 187.
Maine (Guillaume du), III, 220 et n.
Mairal ou Mairard, II, 381 n.
Malbosson (Jacques), 111, 121 u.
Malingre (Matthieu ou Thomas), III, 257
n., 289 n., 290 n., 123.
Mally ou Malliz (Pierre), II, 117, 418.
Mangerod (Michel), voyez Sarraz (Baron
de La).
Maugin (Nicolas), 1, 222 et n., 101 n.
Manuel (Jérôme), II, 239 n.
Manz (Félix), 1, 3:;k n.
Marchepallu (Jacques de), II, 95 n.
Marck (Robert, comle fie la), I, 459 et 11.
Marck (Robert 111 de lai, III, 96 11. , 102 n.
Marcourt (Antoine), X" 185. — ■ II, -loi
n., 307 n., 324 n., 325 n., 113, 415
et n., 133 11., 156 n., 177n., 478 etn.,
185, 188. III, 112 11., 225 n.. 226 11.,
236 n.. 295 n., 296-n., 393 n., 121.
Maréchal (Amé), III, 216 et n.
Maréchal (Claude), III, 216 n.
Marguerite***, 1, 155, 167. II, 17:i et 11.
Marguerite, tille de François Ier, II, 17 n.
Marguerite d'Angoulême, d'Alençon ou
de Xavarre, N05 35, 35», 36, 40", il,
12, l::, 17, 55, 58, 88, 90, 171, 172,
175, L79, 25 1, 2!H, 117. — l, 66 n.,
67, 76 11., 78, 79 et 11., 80, si el n ,
86, loi, lo:i, 110 n., 111 n., 113 n..
160 et n., 181, 182 el n., 183 n., 186,
187 n., 190, L91 n., 198, 199 et n.,
2oo, 205 n., 206 n., 218 ei n., 235,
27;; u.. 297, 309, 313, 315, 367 et n..
'.7 1 et u., 101 n., 102 et n., 120 et 11.,
121. 128, 129, LU, 139, 112, 115 u.,
I 19, I 17, 119 n., 150, 158, 159, |,,;
176, 177, 478, 179. U, :', et n., 17 n.,
10 n., llo, 119, 155, 169 et n.. 196
251 et n., 261 n., 271, 272, 387 et n.
III, 53 n., 55 et n., 73, 7 1 cl n.. 82 n..
29
450
INDEX ALPHABETIQUE DES NOMS.
84 11., 94, 96 m, 107 et n., 108 n., 109,
110, 111 n., 130, 131 n., 157 n., 160,
167 n., 168, 169 et n., 189, 190 et n.,
220 n., 288 n., 312 et n., 321 n., 365,
381, 400 n., 113, 411, 423.
Marlière (Antoine fie la), III, 416.
Marmoud (Pierre), II, 276 et n., 305 et
n., 306, 307 n.
Marot (Clément), III, 59 n., 237 n.
Martel (Jean), II, 132 n. III, 187 et n.,
188 et n., 248 et n., 257 el n.
Martellus (Brac), voyez Nonce du pape.
Martin (Philippe), III, 177 n.
Masson (Barthelemi), N" 514. — III,
305 n.
Masson (Pierre), III, 66.
Masuyer (Pierre), II, 375 n . 379 n.. 380
n., 105 n., 132 n. III, .".1 n.. HKi il.
188 n.
Matthseus (Adrianus), I, 17 et n.
Maulaz, III, 301.
Mauléon (Jean de), I, 71 n., 178.
Maurus Musœus, voyez Morelel du .Mu-
seau.
Maximilien Ier, empereur, 1, 10, 11 n., 31
n., 46 n., 18 n.
May (Jacques), 385 n.
Mayor (Pierre), II. 379 et n.
Mazurier (Martial), I, 16 n., 172 n., 235
ei n., 293 n.. 391 n., 401 n.
Meaux (Les Evangéliques rie). I, 392,
401 n.
Médicis (Catherine de), voyez Catherine.
Médicis (Julien de), I, 6(i n.
Médicis (Jules de), I, 179 n.
Médicis (Loys de), III, 267 u.
Megander (Gaspard), I, 250 n., 377. 383,
431. III, 187 n., 218 et n., 117.
Meillant (Le seigneur de), voyez Ambois ■
(Georges d').
Mélanchthon (Philippe), N" 172. — I,
69 n., 70 n., 102 n.. 129, 147, 170 el
n., 207 et n., 213 et n., 25m n., 289. III,
129, 163 n., 198, 199 et n., 200 et n.,
205 et n., 207,225 n., 266, 269 et n.,
271, 272, 273, 300, 301 n., 306, 307
et n., 308 n., 341 et n, 342 n., 313 et
n., 344 et n., 363 et n., 361 et n., 115.
Meltinger (Henri), I, 256 et n.
Mervelier (Les Evangéliques de), II, 353.
Mesnil (Jean du), I, 222, 235 n. II, 29 u.
Mésnillius (Joaimes), voyez Mesnil (du).
Mett (Jean de), H, 216 et n., 289 et n.,
290, 2H1 et n.
Metz (Le Conseil de), I, 259 et n., 260,
303 n,, 372.
Metz (Les Evangéliques de), I, 3 15, 471 n.
Meyer (Adelberg), I, 195, 256 n., 36:: n.
Meyer (Jacob), I, 358 n.
Meyer (Sébastien), I, 103 n., 306 et n..
310 n., 456 et n.
Meynier, voyez Farel (Gauchier).
Michaelis, notaire (Joannes), II, 368 n.
Michel (Jean), III, 105 n.
Milans ou Milo, voyez Perrot (Emile,).
Milon (Barthelemi). III, 227 n., 237 n.
Mirandula, I, 10.
Mochau (Anna de), III, 6 n.
Moine d'Annecy (Un), voyez Dieudomie
Molinius (Francisons), I, 433 n., 137.
Molines (Jean de), III, 64 et n., 65 n.
MoNCLER (Pierre), N° 436. — III, 101 n.
Mon! (Philippe du), II, 185 et u.
Montaigne (Jean), N" 201. — n, ;i2 et
n., 33 n.
Montaigne (Jean de la), II, 161 et n.
Montbéliard (Le Conseil de), 1, 303.
Mimibéliard (Les Evangéliques de), 1.
306 309, 328.
Montfaucon (Sebastien de), voyez Lau-
sanne (L'Évêque de).
Montmorency (Anne de), II, 250 et n. III,
52, 96 n., 118 n., 365 et n.
Montmorency (Guillaume de), I, 76 n.
Montmorency (Louise de), III, 195 n.
Morat (Le Conseil de), II, 245.
Morat (Les Evangéliques de), III, U.
.Moral (La paroisse de), II, 230 et n., 231 n.
More! (Georges), IL 160 et n, III, 66 n.,
328 n
Morelet (Le général), III, 197 et n.
Morelet du Museau, Noa 475, 17<>. 178.
— 1, 218 et n. III, 19 1 n., 195 n., L96
n., 208 n.
Morin (Jean), III, 108 et n., 118 n.
Morus (Thomas), III, 197 et n.
Mosager (Gaspard), I, 213 n. II, 5 n.
Moschler (Jacques), III, 3,17 n.
Môtiers (Les Bénédictins de). III, 393 n
Moulin (Alexandre du), voyez Canus (Ale-
xandre).
Moulin (François du), I, 224 et n., 225
et n., 433 n.
Moulin (Guillaume du), II, 29 n., 168 el
n., 176 et n., 179 et n., 218, 219.
Moulins (Guyarl des), I. 160 u.
Moutier-Grandval (Les Chanoines de), 11,
359, 360, 361.
Moutier-Grandval (Les communes de), II.
300.
index Ai.ni \i;i:ii«iii. i>i •> noms.
'i.'.I
Moutier-Gbamdval (Les paroissiens de),
X" 330. — II, 320 n., 357, 360.
Moysi, voyez Arando (Michel d').
Mueg ou Muh (Daniel), II, 244 el n
Muète (Guérin), II, 159 el a., 162. III,
30 n., 31 n., 50 et n., 51 n., 100 n.
Millier, voyez Ethellicanus.
Munier (Antoine), III, 324.
Mûnsier (Sebastien), II, 248 et n.
Munzer (Thomas), I, 278 a.
Murner (Thomas), I, 327 n., 171 et n.
Musseus (Maurus), voyez Morelel du Mu-
seau.
Mtconius (Oswald), Noa 111, 113, 151,
159, 169. — I. 63 n., 223 et n., 290
n., 297 et n., 311, 011, 382, 383, 131,
434. II, 21, 163 et n., 464. III.. 8 n.,
9 u., 89 n., 165 n., 181, 186 n., 3 13 n.
X
Nœgueli (Jean-Frantz), II. 265, 268 n
111,91, 119, 368.
Naegueli (Jean-Rodolphe), II, 1 11', 117,
L67, 182, 197. III, 375 et n , 379 n.,
383, 385 n.
Nardin (Jean), III, 278 n.
Navarre (Marguerite de), voy. Marguerite
de Navarre.
Nemours (Philiberte de), I, 66 et n., 175.
Neniric, III, 386.
Nesen (Guillaume), I, 33 et u., 37 n., 12.
1 1 et u.
Neuchâtel (Bonne de), III, 102 n.
Neuchâtel (Les Chanoines de), III, 275 n.,
393 n.
Neuchâtel (Claude de), N" 313. — .II,
341 n., 342 et n., 354 et n., 355. III,
76 et n., 78.
Neuchâtel (Comtesse de), voyez Hochberg
(Jeanne de).
Neuchâtel (Les Evangéliques de), II, 265,
293, 294 n., 296, 299, 334 n., 335 n.,
414, 415.
Neuchâtel (Le gouverneur de), N° 317. —
II, 212 et n., 263, 265, 266, 282, 283,
287 et n., 288, 294, 299, 319, 113,
157, 174, 175, 176. III, 77, 78 n.,
247 et u., 417.
Nedchatel (Les Ministraux ou le Conseil
de), N° 541. — II, 7:' el n, 217, 269,
294 n., 319, 334.
Neuenar (Le comte de), II, 152.
Neufchasteaiv(Nicolas de), I, 222 et n.
Neuveville (Le Conseil de la), II, 216, 253,
258, 266, 358, 396.
Neuveville (Les Evangéliques de la), II.
291 u.
Nicolas enfant adoptil de Coct, 1. :'27 •■!
n.. 340, 343, 311.
Nicolas êlèvi de Farel, 1 1 165.
Nicolas (Jean), 1, 63 n.
Nidau (Le bailli ou châtelain de), N" 306.
— II, 227 et n., 273, 289 291, 301
308, 351.
Niesly, I, 11.
Nigri (Théobald), voyez Schwarz.
Noll (Antoine), II, 291 u.
Nonce du \ ipe (Le), N° 383.
Novalles (Les Evangéliques de), II, 102 n.
Noyon (Les Evangéliques de)? II, 203
et n.
Nunegg (N.), III, 176 n.
Nyssier (Hugues), III. 237 n.
4»
< lv ■ .lampadk (Jean), N0< 95, 96, 100, 101 .
108, 110, 111, 115, 139, 150, 154,
170. 187, 207, 226, 233, 290, 331.—
I, 19 u., 157 n., 193 n., 196 n., 202
et n., 203, 209, 212 et n., 218, 220 et
n., 221 et u., 222 et n., 226,227, 2:;.;
234 n., 238 et n., 2 15. 2 17 n.. 219 et
n., 250 et n., 251 n., 252, 253, 266 n.,
271, 272, 271, 275 n., 278, 283, 286,
293, 299 et n.. 309, 310 n., 311 n..
336 et n., 337, 338, 341, 343, 360 n.,
368, 369 et n., 370 n., 376, 377 et n.,
383, 387, 398, 399 n., 400 et n., 121,
131 n., 439 n., 441, 147, 153, 454,
155, 161, 163, 461, 171. II, 3, 53, 60,
61 n., 95 n., 118 n., 132, 134, 326 n.,
356, 119 n. III, 7 n., 11 n., 66 n.
Olard (François), III, 48 n.
Olivétan (Pierre-Robert), II, 125 n., U"
n., 450 n., 151 et n., 452 n., 453 n.,
454 et n., 463, 483. III, 30 n., 33 n.,
44 et n., 15 n„ 65 n., 288 n., 289 n.,
290 et n., 321 n., 317 n., 348 et n..
349 et n., 350 et n., 352 n., 118.
Ollon (Les communes du mandement d'),
II, 146.
Orbe (Les Catholiques d'), N" 390.
Orbe (Le Conseil d'), II, 327 et n.
Orbe (Les Evangéliques d'), II, 328 n.,
111 n., 179. III, 13 et n, 41. 278 et n.
Orici (Nicolaus), I, 51.
Orléans (Les Etats d'), 1, 37 n.
( irleans (< 'harles d'), dur d'Angoulême, II,
452
17 n., L32 n., 195,
364 et n.
« Irléans (François d'), marquis de Rothelin,
II, 296 et n., 297.
1 (bléans (Louis d'), N" 339. — I '■'>$- n.
II, 296, 297 n., 319 ei n.
Ormonts (La paroisse des), II, 137, 141.
147, 148, 158.
Orsinieri (Guillaume), II, Il n., 137 el n.
138, 482.
Ortiz (Pierre), II, 387 et n.. 388
Ostein (Heinricb von), II, 326e( n.
I»
INDEX ALPHABETIQUE DES NOMS.
1!»H n. III, 95 n
1:
111,
- I 209 el
37 1 et 11..
Pagninus (Xantes), J. 105 d.
Pallass (Elisabeth), II, 5:; el n
11.
Papilion (Antoine). X" 125 -
n., 311, 315 n,. 316 ei n.,
382, 437.
Paris (Le Chapitre de l'Église de), N° 15.
Paris (Les Évangéliques de), 1, 209 el n.,
L'12et n.. 136 n. III, 53 n., 55, 115
et n., 116 ei n., 130 el n., 1 16 el a
160, 161, 170 n., 2i'7 n.. 236 el a.,
237 et n., 238 et n., 2:;'' .'I tl., 267 el
n., 270 n n. 305, 3 1 1 n,, 3 12 ri n.,
;i i
Paris (La Faculté île théologie de), voyez
Soi-bonne (Lai.
Paris (Le Parlement dej, I, 31, 36, 70 n..
78 n., 218 et n., 221 n., 223 e( n., 234,
235, 236, 237. 277 et n., 278, 326 n..
378 et n,, 391, 101 et, n., 402 n., 103
et n., 423 n., 126, 159. II, 40, 180 n.,
L83 u 185 189, Phi. III, 109 n.
114, 118 n., 130 et n.
Paris (L'université de), N" 1*3. — ■ I 62
63 n., 70, 180 n., 241 n. II, 155 et n.
157. III, 109 et n., 110 et n., 111, 117
n., 227 n.
Parvi, voyez Petit.
Pâte (Claude), II, 461. 111, 51 n.
Paul III, pape, III, 221 n., 311, 312 et
n., 339 n., 366, 367 n.
Pauvan (Jacques), N° 121.— I, 235, 291
etn., 293 et n., 294 n., 390 n , 391 n.
II, 186 u.
Pavillard (Antoine), II, 111 et u. III, 150
et n., 259 n.
Payerne (Le Conseil de), II, 344 n.. 416,
434 et n., 441, 442, 147, 418 n. III,
61, 85 etn., 127 et n., 128 n., 129 n.,
147, 258 et n., 259 n., 283 n.
Payerxe (Les Evangéliques de), X"" 384,
386, 491, 496, 501, 501, 528. — II,
410 n., 426, 431 et n., 431, 136 n..
I 10 n., 155. III, 61 n., 85, 100 n.,
115, 127, 128, 258 et n., 259 et n.,
260, 261, 262 et n., 261 et n.. 265 el
n., 277, 278 el n., 279 el n , 283 etn.
Pécolal (Jean), III, 71 n.
Pèlerin (Antoine), voyez Fèvre d'Etâplef
(Jacques Le).
PELLICANUS? X" 31.— J, 106 n. . 117 el
n., 193 n., 202 n., 220 el n.. 225 et n.,
227, 28:;, 293, 299 et n . 305, 306,
336, 367, 369 et n., 376, 377, 385 u.
397, 134 et u., 482. II, 21, 95 n. III
75 il. 181 et n., 115,
Pellin (Claudel, III. 18 n.
Pellissier (Guillaume), 111. 322 et n.
Pennet (Claude), III. 17 n., 137 n., 150
et n., 152.
Pennet (Pierre), III. 177 n.
Perret, trésorier, III, 377 u.
IVnin (Amy). II, 1"U. III. 1" n . 32 u
17 n., I!».. 71 n.
Peeroi (Emile), X1' 252, 267, 285 —1,
181 et n., 208 el n., 242. II. 164 il
165 n., 166 n., 207 el n., 208 n., 209
, ,, 211 n.
Péry (Hent/iii mu, III. 171' et n.
Pesmes (Pereeval de), III. 17 n,, 121 n
Petit (Guillaume), I, 16 n., I 1 et n., 78
n. III, 111 et n., 161.
Petit (Jean), I, 226 et n.
Peutingeb (Claude-Pius), X" 111.
Pfefferkorn (Jean), I, 11 n.
Philippe, landgrave de Hesse. voy. liesse
(Philippe de).
Philippe (Jean), III, 10 n 17 et n., 91
el ii.
Phrygion (Paul-Constantin), 111, 326 el n
Picard ou Pirot Picard, voyez \Vin<ile
(Pierre de).
Picart (François le), III, 53 u., 55 et n.,
56 n., 57, 161, 162 n.
Pillioue, II, 375
Pinet (Antoine du), II, 281 etn.. 118,
119.
Piochel, III, 368, 370, 397 n.
Place (Pierre de la), II, 157 n.. 201 n.
Pialea (Jean de), II, 483.
Platea (Philippe de), voyez Sion (Évêque
de).
Platter (Thomasj, I, 45 n.
Plongeon (Ami), III, 391 n.
Poille (Barthélemi), III, 237 u.
INDEX ALPHABETIQUE DES NOMS.
'.:»:!
Pomtet, III, 1 10 n., 162 a., 238 n.
Pollion (Symphorien), I, 455 et n. II, iO I
et n., 307. III, 100 et n.
Pomel (Louis), 1, 354.
l'omeranus (Joannes), 1, 148 et n., 170 et
n.. 208 et n., 222 a , 223 et a., 238 el
n., 336 et n., 393 et n.
Poneher (Etienne de), I, 16 n., 28, 31 et
n.. 34 et n., 41, 48 n., 54 n., 55 n.,
325 et n.
Poneher (François de), I, 325 et n.
Pontareuse (Jacques de), II, 293.
l'uRRAL (Ami). Nu= 516, 532, 537. — II,
123 n., loi III, 16 n.. 112 n., 115 n.,
188 n., 260 n., 279 et n., 302, 311 n.,
315 n., 33J, 331 n., 351 n., 368 n.,
371 n., 372 n., 376 n., 377 n., 378 u.,
384 n., 385 n., 390 n., 106 et n., 112
n., 113.
Portier (Jean), III, 137 n., 138 et n, 111
et n., 150 n., 152.
Put, président, I, 321.
Pourcellet (Henri), II, 273 et n., 271,
277, J78 n., 307 n.
Pouthauz (Antoine). III, 29!) n., 300 u.
Praspositus (Joannes), voy. Prévost (Jean).
Prague (Jérôme de), I, 149.
Prat (Antoine du), chancelier, J, 323 et
n., 321. II, 33 et n., 153, 151. III, 73
et n., 75 n., 116 n., 208 n., 209 n.,
322 et n.
Prat (Guillaume du), II, 3 7 et u. III,
116 n.
Prat (Antoine du), prevot, II, 37 et n.
Prat ou de Prato (Nycod du), N" 118. —
III, 112, 121 n., 137 n., 138 n., 211
n., 319.
l'ratensis (Félix), I, 25 et n.
Presles (Raoul de), I, 160 n.
Prévost (Jean), I, 366 et n., 367 et n.,
37 7, 386, 388, 401 n.
Provence (Les Evangeliques du village
de), N° 374.— II, 380 etn., 107 et n.,
108.
Pylades (Petrus?), II, 3 17 et n.
V
Quélain (Nicole), III, 116 n.
Quercu (A.) ou Quercinus, »oy. Duchene.
Quicquan (Bernard), II, 380 et n.
Quiquot (Jean), II, 11 et n., 111 n.,
182.
Quynon (Guillaume), 111, 161 el n.
K
Rabani (Frère), II, 180 el n.
Rabelais (François), III, 110 n., 111.
Raoulin, I, 35.
Ravennas (Petrus), I, 12 et n.
Régis (Guy), II, 211,212 etn., 217, 220
etn., 340 n., 373 etn.
Reais (Jacques), voyez Lei"
Regius (Jacobus?), III, 101.
Regnault (Jean), III, 237 n.
Reischa-eli (Éverard de), I, 307 et u.
Rély (Jean de), I, 160 et n.
Rennel (Bona< enture), I, 315.
Resch (Conrad), I, 44 et n., 225 et n.,
228, 236, 252 n., 279, 281, 284, 306,
309, 366, 101, 127 n., 410, 115, 117
n., 164. II, 39 n. III, 116 etn.
Rétif (Jean), III, 237 n., 391 n.
RE0CHLIN (Jean), N° 2. — I, 10 et n., 11
n., 13 u., 15 et u., 16 n., 17 n., 18,
16 n., 59 et n., 64, 72, 94, 117 n.
Reyf (Hans), II, 337, 341 n., 373, 37 1
379 et n., 381 n.
Rhaïtus (Thomas), I, 209, 210 n.
Rhegius (Urbanus), I, 207 n.
Ehellican (Jean), N" 67.— I, 12!' et n.
131 n.
Rhenanus (Beatus), I, 10, 31 et n., 12 et
n., 15 et n., 47.
Rheti (Jean), III, 391 n.
Rhieger, voyez Rhegius.
Richard, III, 237 n.
Rieux (Denis de), II, 153 n.
Riquet, voyez Farel (Claude).
Riquetti (Claudine), III, 83 et n.
Riquetti (Honorât), III, 83 et n., 311 et n.
Rive (Georges de), voyez Neuchâtel (Le
gouverneur de).
Rivier (François Martoret du), N" 482. —
II, 451 et n. III, 100 n., 206 n., 289
et n.
Rivius ou a Rivo (Franciscus), voy. Rivier
(F. Martoret du).
Robert (Simon), I, 150 et n., 157 el n.,
158, 167. II, 53 et n., 127 et n., 128.
130 n., 131 et n., 134 et n., 135 n.
136 n., 141, 143 et n., 149 et n., 173.
176 n., 243 et n., 249, 454 et n.
Robertval (Sr de), III, 237 n., 255 n.
Rochester (L'Evêque de), voyez Fishei
(Jean).
Rœttel (Agnès), II, 180 et n.
Rognac (Sr de), III, 237 n.
Rohan (François de), voyez Lyon (L'arche-
Wi
INDEX AI.I'HARETIOUE DES NOMS.
vêque de).
Roma (Jean de), I, 179 n., 183. III. 328
n , 330 n.
Romain (Marc), II, 328 n., 362 n., 390 n.,
V-Vl n., 187, 188. III. 100 n.
Rosa (Henri), III, 289 n., 290 n.
Rosenblatt (Wibrandis), II, 118 et n.,
131, 135 et n.
Roset (Claude), II, 423 n., 161 et n. III,
10 n., 18 n., 132 n., 133 n., 297 n.,
381 n., 384 n., 406 et n., 124.
Rosetia (Jean), III, 47 n., 70 n., 71 n.
Rosseau, III, 319, 324 et n.
Rost, II, 11.
Rouf (Girard), voyez Roussel (Gérard).
Roussel (Arnaud), I, 172 n.
Roussel (Gérard), N" 104, 117, lis,
162. 167, 168, 178, 182, 184. — I,
71 n., 79 n., 110 et n., 158 n., 179 n..
180, 181 et n., 205, 209 et n., 218 et
n., 222 et n., 226, 232 n., 233 n., 237
n., 239 n., 242, 271 n., 275 a., 277 n.,
291, 292, 293, 368 n., 391 n., 192,
401 et n., 103 n., 105 n., 108 n.. 109
n., 411 n., 115 n., 447, 463 et n., 184.
II, 3, lu., 16 n., 17n.. L20et n., 249,
387 n., 388. III, 52 n., 53 et n., 55,
57, 60 et n., 73, 71 et n., 75, 84 etn.,
94, 103n., 105 et n., 107, 146 n., L59,
161, 162 n., 201 n., 238 n., 244 n..
312 etn., 100 n.
Roussel (Michel), I, 172 a.
Rovéréa (Jacques de), II, 8 et n., 22 et n.,
25, 27, 28 et n., 31 n., 105 n., 136 n.,
1 12 n. III, 405 et n.
Roy (Nicolas le), II, 409 etn., 118,419,
420.
Ruel (Jean), I, 3 1 et n.
Ruellius, voyez Ruel (Jean).
Rutfus, voyez Roussel (Gérard).
Riuseus, voyez Ruzé (Louis de).
Ruzé (Louis de), I, 34 etn., Il n., 54,
Sadolet (Jacques), I, 127 n. III, 11 il,
239 n.
Sailer (Géryon), III, 338 et n.
Saint- Aubin (Les Évangéliques de), II,
342, 407. III, 76, 77, 78 et n.
Saint-Chamond (Théodore de), I, 311 et
n., 346, 445 et n., 447, 463.
Saint-Gall (Le Conseil de), II, 6 et n.
Saint-Léonard? (Paroisse de), III, 346 et n.
Saint-Martin (M. de), T. 78.
Saint-Paul (Le comte de), III, 282 et n.
Saint-Paul-Trois-Chàteaux (L'Évêque de),
voyez Arande (Michel d').
Salin (Claude), I, 51, 53 n., 58, 74 et n.
Sallignas (Jérôme), III, 161 et n.
Salomon (Claude), dit Paste, III, 16 n., 28,
34 n., 39 et n., 51 et n., 70 n., 71 n.,
175 n., 230 n.
Sanga, II, 386.
Sapidus (Jean), I, 45 n.
Sarraz (Le Baron de La), II, 443 et n. III.
11, 379 n., 385 n.
Sarrebruche (Guillemette de), III, 102 n.
Sauley (Jean de la Marck, Sr de), I, 459,
460 et n.
Satjhieb (Antoine), Nos 393, 426. — II.
249, 325 n., 330 et n., 427 n., 429,
131 et n., 4 12, 448 n., 449 n., 452 n.,
153 n., 163 n. III, 15 n., 65 n., 80 n..
81 n., 84 n., 100 n., 192 n., 217 n.,
260 n., 288 et n., 289 et n., 295 n..
296 n., 319 et n., 321 n., 324 et n.,
331 etn., 332, 351. 352 et n., 353 et n..
:;5leln.. 355 n., 370, 397 n., 398 etn.,
121.
Saunier (Matthieu), I, 209 et n., 294 n.,
390 n., 391 n.
Savini ou Savin (Nicolas), I, 58 n., 346
et n.
Savoie (Le Duc. de), voyez Charles III.
Savoie (Louis de), voyez Genève (L'Évêque
de).
Savoie (Louise de), I, 75 et n., 70 el n..
78, .SI, 85 et n., 86, 105 n., 106, 160
et n., 182, 190, 192 et n.. 199, 201,
297, 307 n., 323 et n., 324, 325 et n.,
351, 391 n., 399 n., 401 n., 420 et n..
122. 123 n., 425, 126, 430 n., 445 n.,
146, 178. II, 40, 120 et n., 152, 190.
L96. 111, lin ,m ii.. 207.
Savoie (Philiberte de), voyez Nemours
(Philiberte de).
Savoye (Claude), IL 123 n., 161 n. III.
320 et n., 324, 334 n.. 370 et n., 376
et n.. 107 n., 109 et n.
Scaliger, III, 14 L
Schaller (Gaspard), 1, 198.
Schazgerus (Gaspard), I, 128.
Schetfer (Corneille), I, 205 et n., 206.
Schieser (Bernhard) I, 382 et n.
Schleiff (Jean), voyez Nidau (le châtelain
de).
Schruid (Bartheleuii), II, 115 n.
Schnell (Nicolas), II, 252 et n.
Schnep] - Edouard), II. 240 el n.. 2 11.
INDEX AUMHUirriorK DES NOMS.
i5a
Schœni on Schœnner (Georges), III, 175
a., 178, 179 n., 180 n., 211 n.
Schonow (Henri de;, I, ll'T.
Schriesheimer (Pierre), vovez Siderander
(Pierre).
Schuch (Wolfgang), I, 375 et n.
Schurff (Jérôme), I, 141 et n.
Schûtz (Catherine), I, 455 n.
Sehwarz (Théobald), I, 456 ei n.
Schwenkfeld (Gaspard), III, 211 n.
Scudus (Petrus), voyez Tschudi.
.Sékiville (Pierre de), N° 132. — 1, 173
et n., 185 et n., 203, 282, 309, 313 n.,
• 114 n., 316, 333 n.
Seorestaïn (Antoine), III, 13 et n.
Selve (Jean de), I, 223 n. II, 181 n.
Semay, II, 309.
Sept (Michel), III, 10 n., 17.
Serranus (Johannes), voyez Lambert.
Serre (Guillaume), III. 328 n.
Servet (Michel), III, 173 n.
Sforee (François), III, 368 n.
Sichardus, I, 202 n.
Siderander (Pierre), X" Us. — III,
54 n.
•Simon (Michel), III, 105 n.
Simonin ou Symonin, ou Symonier (Pierre),
II, 275 n., 307 n., 478 et n.
Sinevey (Jean), II, 213.
Sion (Le Chapitre de), III, 416.
Sion (L'Evêque de), II, 11 et n., 55 et n.,
145 n.
Solariis (Benoit de), III, 352 n., 355 n.
Soleure (Les Evangéliques de), III, 230
et n.
Solidus (Jean), I. 15 n
Soliman, le Sultan, III, 250 et n.
Sonet (Jean), II. lt.il n.
Sopher (Gervasius), III, 4 4 et n., 100.
Sorbonne (La), N° 158. — I, 93 n., 158
n., 215, 218, 220 et n., 234 et n., 239
n., 217 n., 276 et n., 277 et n., 292
n., 291 n., 315 et n., 323 n., 321, 326
n., 350, 353 et n., 378 etn., 379 et n.,
391 et n., 402 et n., 426 n., 427, 437,
I L6 ei u. II, 39 »t n, 40, 157 etn.,
189 n, 100, 191, 192, 388 etn., 484,
185. 111, 52 et n., 5 1, 55, 57, 60 n.,
74 et n, 75 et n., 81 n., 109 „., lit),
III, lKi il, ICI et n, 227 et n., -",1 1
n., 315 n, 363 i..
Sornetan (Lu paroisse de). II 360 et n.
III, 316 et n.
Sonrd (Jean), III, 376.
Spalatin (Georges), 1, 26. 106 et n., 107
etn, 108, 113 n, 114, 116, 117, 118
n, 128, 12!' n, 131, 132, 138, 142,
143 n, 11 1, 145, 146 et n, 148, 349
et n.
Stàhelin (Georges), II, 258.
Steiger (Jean), III, 239 n.
Steinlin, voyez Latomus.
Steinwort (Jean de), N° 194. — II, 11
et n.
Stithion ou Struthion, voyez Strauss.
Stoll (Hans), I, 245 et n.
Stôr (Etienne), I, 193 n, 196 n, 339 et
n, 448 et n. II, 103 et n.
Strasbourg (le Conseil de), I, 287 n, 407,
416, 417 n. II, 171 et n.
Strasbourg (Les écoles de), I, 407, 433
et n.
Strasbourg (Les Évangéliques de), I, 311
etn, 349, 358, 392, 406, 411, 412,
113, 461. II, 109 et n.. 244. III, 100,
367n.
Strauss, I, 256 et n.
Strauss (Jacob), I, 256 n.
Stuart (Jean), voyez Albanv (Duc d').
Sturm (Jacob), II, 52 et n.
Sturm (Jean), Nos 422, 432, 498, 499,
515, 531.— III, 57 etn, 307 n, 308
n, 311 n, 342 et n, 345 n, 357 n.
Suchet (Dominique), III, 214 n.
Sucquet on Socket (Charles), II, 281 et
n, 282 et n.
Suecr (Nicolas Le) N° 102. — I, 209 et
n, 219, 273, 406 et n, 108, 111 n.
III, 105 n.
Sueur, père (Le), I, 218.
Sultzer (Simon), III. 152 et n.
Symon, I, 111 u.
Taccon (Jean), III, 30 I
Tâgerfeld (Apollinarius), II, 468 n.
Tagliacarne (Benoît), III, 220 et n.
Tain (Pierre), II, 403 n.
Tardif (Guillaume), I, 13 et n.
Tauro (Claudius a) I, 129 n., 131, 140,
132 et n.
ÏAVANNBS (Les paroissiens de), N° 292.
— II, 251 n, 285 et n.
Theocrenus, voyez Tagliacarne (Benoît).
Thomas *#*, N" 396, 397. — II, 307 n,
308 n.. Un.. 162 n. 163 n. III, 4 n.
Thorens (S* de), voyez Compois (Philibert
de).
Thyband (Le S»), III. 321, I:
m
INDEX ALPHABETIQUE DES .NOMS.
Tillet (Louis du), III, 157 et n., 202 n.,
243 n.
Tilmaun, I, 260 n.
Tiphernas (Georges), I, 43.
Tipherne (Grégoire de), I, 12 et n.
Tiphernas (L. A. L.), I, 43 n.
Tissie ou Tyssié (Jane-Louise), I, 82 n.,
317 et n.
Tissot (Claude), II, 34!» n.
Tocker (Theobald), III, 371 n.
Tohiinus (Jean), voyez Roussel (Gérard).
Tongres (Arnold de), I, 11 n.
Tonstall (Cuthbert), I, 30 et n., 96 n.
Tornabons (Léonard de), II, 8.
Tornare, voyez Treyer.
Tossanus, voyez Toussain (Pierre).
Tournay (Jean de), III, 100 n., 218 etn.,
260 et n., 354 n.
Tournon (Le cardinal de), III, 421.
Toussain (Jacques), III, 161 et n.
Toussain (Nicolas), I, 252, 285 etn., 365.
Toussain (Pierre), N'JS 109, 121, 131,
140, 149, 152, 153, 157, 160, 161,
181, 185, 403, 129, 5Q6, 508, 520.—
I, 250 et n., 252, 277 a., 282 et n
285 n., 286 n., 299 n., 338 n., 356 n.,
3 72 n., 386, 387 n., 393 n., 118 n..
440 et n., 145 et u., 448, 465 et u.,
472 n. II, 120, 132, 131, 151, 155,
176 n., 179 et n., 356, 365 et u., 366
u., 181. III, 3 n., 4 n., 5 n., 6 n., 9 n.,
10 n., 11 n., 57 et n., 286 n., 288, 291
n., 325 n.
Treyer ou Treguer (Conrad), 1, 830 et n.,
331 et n., 332, 334. II, 256, III. 295
et n.
Tribolet (Jacques), II, 294 n., 371 n. III,
165, 180 et n., 242, 247 n., 383.
Trivulce (Pomponio), III, 175 a.
Tschudi (iEgidius), I, 32 n.
Tschudi (Louis), I, 32 n.
Tschudi (Pierre), N" 22. — I, 32 et n.
Tschudi (Valentin), N° 17. — 1, 32 u.,
38 n., 70 etn., 71. III, 341 n.
Turtaz (Hugues), II, 80 n., 245 n., 307
n., 405 n. III, 62 n , 100 n., 218 etn.,
276 et n., 278 n.
Tusanus ou Tussanus (Jacobus), voyez
Toussain (Jacques).
V
Ulnc ***, I, 330.
Ulric, II, 469 et n.
Uisinus, voyez Farel (Guillaume).
Utenhove (Charles), 1, 388 et n. II, 183
et n.
Uttenheim (Christophe de), I, 21 n., 2'.' n.
Uttinger (Henri). I, 11.
Vadian (Joachim), I, 18 n. II, 30 et n. III,
182, 183 et n., 186 n., 206 n.
Vaillant de la Guesle (Jean), II, 421 et n.
Val (Pierre du), III, 237 n.
Valangin (La Dame de), N08 308, 312,
326, 377. — II, 261 et n., 262, 263
et n., 269, 270 et n., 286, 305, 306,
311 etn., 313 etn., 311 et n, 171 et
n., 472 n., 488.
Valangin (Les Évangéliques de), II, 345 n.
Valence (Daniel de), III, 64 et n., 65 n.
Valens, voyez Vaillant.
Vandel (Robert), voyez Wandel.
Vannol (Pierre), II, 349 n.
Vatable (François), I, 23 et n., 15 n., 71
n., 110 et n., 181 et n., 271 n. III, 161
et n.
Vaud (Le Bailli de), voyez Lullin (Ayinon
Vaud (Les Etats du Pays de), N° 148. —
II, 225, 226 et n., 230.
Vaudois (Les) de Piémont et de Provence,
U, 119 n., 152 et n., 153 etn., 455 n.,
162 n., 163 n. III, 45 et n., 63, 64 n.,
65 et n., 321 n., 328 et n., 329 et n.,
330 et n., 331, 335, 336 et n., 351,
352 n., 359 et n., 361 n., 386 n., 418.
Vaugris (Jean), Noa 119, 166. — I, 252
et n., 282, 309, 313, 366, 367, 375 et
n., 385, 101. 118, 163. II, 13.
Vauxmarcus (Le seigneur de), voyez Neu-
. -lin tel (Claude de).
Vax (Antoina), III, 28Un., 281 n.
Védaste (Jean), I, 347 et n., 365, 368,
370, 371, 377, 381, 383, 386, 388,
111 n., 415 n.
Vegio (Guillaume de), 111, 214 n.
Veillard (Jean), III, 71 n.
Venner ou Wannmacher (Jean), I, 329 n.
Verey (François de Montbel, Sr de), III,
358 n., 372 n., 373 n.; 379 n., 380 n.,
381 et n, 383 et n., 384 n., 388 n.,
397 n.
Vergara (Jean), II, 38 et n.
Vergerius, III, 366 n., 367 n.
Vergy (Guillemette de), voyez Valangin
iLa Dame de).
INDEX \I.I'II\I;I.TIhU: DES NOM*
40 i
Verjus | André I. 66 n.. 32 1 el a., 391
et n. III, 116 n.
Verrier (Pierre), I, 309, 382 n.
V'evey (Le châtelain de |, II. 213.
Viermseus, II. 3 18.
Villiez (Hennat de), 111, 317 u.
Vibbt (Pierre), N"s 144, 521, 540. — II,
372 ei n., 373,390 n., 105 n., 150,455
■i n 163, 166 etn., 179 et n., 180et a.,
181. III, 28 ei n., 32 n., 61 n.. 100 n.,
L24 n. 125, 126 et n., UT n., 128 n.,
129 n., 132, 137 n., 116 et n., loi el
n., 154, 192 n.. 217ii., 225 n., 230 n.,
231 et n., 234 et n., 248 n., 251, 260
n., 274, 279, 280 et n., 286, 287 n..
288 il., 293 n., 291 etn., 295 n., 296
298 n., 324, 325 et n., 332 n., 335 n.,
338, 343 n., 353 n., 059 n., 372 et n.,
373 u., 374 n., 375 n., 386 n., 387
et n., 392, 393 et n., 410 n., 423, 121
Vitier (Pierre), I, 119 et n.
Vives (Louis), I, 10 n., 2 1 3 a.
Voes (Henri), I, 149.
Vogel (Jacob), III, 3 L5 el n.
Voei (Simprecht), N08 398, 186. — II,
258 u., 167 n. III, 173 n., 231 n.
Voisin un Vieim (Jean), II, 105 n., 132 a.
[II, 100 n., 234 et n.
Voré (Barnabas de), III, 268 et n., 270,
30J et n.. 307, 308 n., 310 n., 322 n.,
357 n.
Vouga (Henri), 11, 157.
Vuaser (Laurentius Agricola), I, L30.
Vuillame (Claude), II, 306.
Vk
Wandel (Hugues), III, 314.
Wandel i Pierre), III, 71 et n., 376 n.
Wandel (Robert), IL 123 n., 161. III,
71 n.
Wagner (Sébastien), voyez Hoiuieister.
Watt (Joachim von), voyez Vadian
Wattensclinee (Jean),I, 211 et n., 252 et
n., 280 n., 281, loi. 118, 143.
Watteviile (Jean-Jacques de), II, 220 n.,
221, 269, 362, 363 etn. III, 51 et n.,
96 n., 3 l-'ï n.
Wecbel (Christian), 1, 117 et n.
Weingartner (André), III 240 el n.. 253
n., 367 et n.
Werly (Gaspard), III, 71 u.
Werly (Jacques), III, 71 n.
Werly (Pierre). III, 48 et n.. 19 et n., 50
n., 70, 177 n.
Wiesendanger (Jacob), I. 382 et n., 133
n., 134 n.
Wildeemuth (Jacob), N" 269, 344. —
II, 211 n.. 212 et n., 341 n. IIP 218
n.. 3 16 u., 378 n.
! Wingarten (Wolfgang de), III, 96 n.
W'iNui.i: (Pierre de), N° 510. —H, 146
et n., 453 n , 151 n., 155 et u., 460 et
n., 462, 489. III, 30 n., 31 n., 33, 35
n., 15 n., 81 et n., 112 el n., 224 n.,
289 n., 294 et n., 296 n., 297 n., 320
u., 321 n.. 121, 123.
Wimam (Gilbert), II, 244 et u.
Wissenburger ( Wolfgang), I, 338 et n.,
377, 384 et n., 385 n., 388, 397, 154
et n. II, 61 n., 95 n. III, 8 n.
Wittembach (Thomas), II, 258 n.
Witz (Jean), voyez Sapidus.
Wolfhard (Boniface), Noe 95, 2iy, 255,
289. — I, 202 et n., 252 et n., 254,
256, 264 et n., 207, 287 et n., 360 n„
363 el n., 119 et n., 154. II, 102 n.,
104 et u., 172 n., 176. III, 292 n.
Wolfhard (B.), (La femme de), IL 249.
Wolmar (Melchior), II, 280 et n., 281 n.,
333 n. III, 235n., 210 n.
Wurb (Jacob), II, 258 n., 469 et n. III,
231 n.
Wurtemberg (Georges de), III, 288 n.,
291, 326 et n.
Wurtemberg (Dlric, duc de), N° 116. —
I, 15 n., 251 et n., 266 et n., 267 et
n., 302, 307. 310 et n., 358. IJI, 185
n., 253 n., 285 et n., 286, 288, 291 et
n., 292, 326 etn., 336, 115.
Ybach (Hartmann), 11, 211 et n.
Yvonand (Les Evangéliques d'), II, >6
n., 365 n.. 103 n , 488. III, 79 et n.
W.
Zaseu ou Zasius (Joachim), I, 152 n. IL
237 et n., 316 et u.
Zaseu un Zasius (Dlric), II, 237 u., 316
et n. III, 377 n.
Zell (Matthias), I, 155 et n. III, 100.
Zicardus, voyez Sichardus.
Ziegler (Lucas), I, 256 et n., 058 et n..
370.
Zimi Stein, voyez Heynlin (Jean).
Znr Gilgen, voyez Lilianus.
Zurich (Le Conseil de), I, 295 n.. olo n.
i58
IM)K\ ALI'MAIii: I ll.Ht. DES NOMS.
Zwick (Jean), III, 173 n., 171 n.
Zwihgli (Dlric), N°s 82, 146, 191. — I,
24 n., 29 n., 31 n., 33 n.., 37 n., 38 et
n., 11, 15 n., 62, 63 n., 69, 102, 103
n., 101 n., 177 n., 185 et n., 202, 203
n., 207, 208 et n., 209 ei n., 213 n.,
215 n., 216 n., 221 n., 226 el n., 232,
236, 239, 271, 272, 283 n., 293, 204,
295 et n., 298 et n., 311 n., 314, 327
n., 336 n., 367 et n., 377, 380, 381 a.,
383, 387, 131, 171. II, 3, 9, 10, 18
et n., 19 u., 21, 13 n., 95 n., 132, 116.
149, 150, 151, 249, 356, 361, 365 n.,
366 n. III, 5 n., 6 n., 7 et n., 75 n..
173, 320, 417.
ERRATA DE L'INDEX
Page 135, lr' colonne, ligne 8 en remontant, lisez: II, 328 n. III, 13 n.
Page 440, 2me colonne, article Jean Le Clerc, placez avant les deux derniers chiffres
l'indication du tome III.
Ki.N HU TOME TROISIEME
CHEZ LE MÊME ÉDITEUR
CORRESPONDANCE DES RÉFORMATEURS
DANS LES PAYS DE LANGUE FRANÇAISE
Recueillie cl publiée avec d'autres Lettres relatives à la Réforme, el des
Notes historiques cl biographiques
Par A.-L HERMINJARD
Tome le» (1512-26) grand in-8 de 500 pages. 1866. Prix 10 francs.
Tome. II« ^ 1527— 31) " » » 1868. Prix 10 francs.
50 exemplaires sur grand papier, à 20 francs le volume.
HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE
Par J.-B.-G..GALIFFE
Illustrations de H. Hammann
Un beau volume in-4°, illustré de 70 grayures. Prix: 20 fr.
De Rougemont (F.) La Russie orthodoxe et protestante ln-8. 1 863. 2 —
Schleiermacher. Monologues. Traduit de l'allemand par Louis Segorid,
docteur en théologie. Nouvelle édition, publiée à l'occasion du Jubilé sé-
culaire de la naissance de Schleiermacher, 2 1 novembre 1 X6S ln-1 2.2 —
Théologie et Philosophie. Compte-rendu des principales publications
scientifiques à l'étranger, publié sous la direction de M. Dandiran.
Prix de l'abonnement par an (4 cahiers) I 2 —
Années 1X68 et 1869 complètes, au même prix.
Collaborateurs : MM. Arniel. Astié, Bouvier, Buisson. Chastel, Vancher et antres.
Cette revue, uniquement scientifique, a pour bul de faire connaître a« public fran-
çais les principales publications théolôgiques et philosophiques de l'étranger. Elle'
contient les analyses détaillées des livres les pins importants et un bulletin bibliogra-
phique résumant les ouvrages mo:ns considérables.
Barde (Ed.) L'histoire sainte dans l'enseignement primaire. Conférence
faite à Genève le 4 mars 1869, en réponse à M le professeur Buisson.
In-8. 1869. — 40
Robarts Library
DUE DATE:
June6, 1992
BR
301
t.3
Herminjard, Aime Louis (éd.)
Correspondance des
reformateurs