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CORRESPONUAIVCE
DE
NAPOLÉON I
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L'éditeur de cet ouvrage se réserve le droit de le traduire ou de le faire
traduire en toutes les laugues. Il poursuivra, en vertu des lois, décrets
et traités internationaux, toutes contrefaçons ou toutes traductions faites au
mépris de ses droits.
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PARIS. — TVP«IGI\ArHIE DE HEKRI PLON , lUPRIUKUR DK L'EMPEIIEUP. , RtlE UARAVCIKRE, 8.
Z~\Q>(L.
CORKESPONDANCE
DE
NAPOLEON 1
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FL'BLIEE
PAR ORDRK DE L'EMPEREUR NAPOLEON IIL
TOME VnVGT-HUITIEME.
PARIS
HENRI PLON
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J. DUMAINE
KOITKUR DKS OKUVRKS I)K l'e.AIPKKKLR, j LIURAIHK- KDII KUR DE L EMPEREUR ,
BUE BARAXClKr.K, 10. ] RUE DAUPHIXE, 30.
MDCCCLXIX.
L'éditeur se réserve le droit de tradiiclioii en toutes langues
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JIJN 1 7 1975 jj
CORRESPONDANCE
DE
NAPOLÉON PREMIER.
ANNEE 1815.
21681. —AU PEUPLE FUANÇAIS.
Golfe Jouaii , l"' mars 1815.
Napoléon, par la grâce de Dieu el les constilulions de l'Etat,
Empereur des Français, etc.
Français, la défection du duc de Castiglione livra Lyon sans
défense à nos ennemis. L'armée dont je lui avais confié le comman-
dement était, par le nombre de ses bataillons, la bravoure et le
patriotisme des troupes qui la composaient , à même de battre le corps
d'armée autrichien qui lui était opposé, et d'arriver sur les derrières
de l'aile gauche de l'armée ennemie qui menaçait Paris.
Les victoires deChampauberl, deMontmirail, de Château-Thierry,
de Vauchamp, de Mormaus , de Montereau, de Craonne, de Reims,
d'Arcis-sur-Aube et de Saint-Dizier, l'insurrection des braves pay-
sans de la Lorraine, de la Champagne, de l'Alsace, de la Franche-
Comté et de la Bourgogne , et la position que j'avais prise sur les
derrières de l'armée ennemie en la séparant de ses magasins , de ses
parcs de réserve, de ses convois et de tous ses équipages, l'avaient
placée dans une situation désespérée. Les Français ne furent jamais
sur le point d'être plus puissants , et l'élite de l'armée ennemie était
perdue sans ressource, elle eût trouvé son tombeau dans ces vastes
contrées qu'elle avait si impitoyablement saccagées , lorsque la trahi-
son du duc de llaguse livra la capitale et désorganisa l'armée.
La conduite inattendue de ces deux généraux, qui trahirent à la
fois leur patrie , leur prince et leur bienfaiteur, changea le destin de
la guerre. La situation désastreuse de l'ennemi était telle , qu'à la fin
de l'îkffaire qui eut lieu devant Paris il était sans munitions par la
séparation de ses parcs de réserve.
2 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON ^^ - 1815.
Dans ces nouvelles et grandes circonstances, mon cœur fut déchiré ;
mais mon âme resta inébranlable. Je ne consultai que l'intérêt de la
natrie- ie m'exilai sur un rocher au milieu des mers : ma vie vous
était et devait encore vous être utile. Je ne permis pas que le grand
nombre de citoyens qui voulaient m'accompagner partageassent mon
sort; je crus leur présence utile à la France, et je n^emmenai avec
moi qu'une poignée de braves nécessaires à ma garde.
Élevé au trône par votre choix , tout ce qui a été fait sans vous est
illégitime. Depuis vingt-cinq ans, la France a de nouveaux intérêts,
de nouvelles institutions, une nouvelle gloire, qui ne peuvent être
oarantis que par un gouvernement national et par une dynastie née
dans ces nouvelles circonstances. Un prince qui régnerait sur vous
qui serait assis sur mon trône par la force des mêmes armées qui ont
ravagé notre territoire , chercherait en vain à s'etayer des principes du
droit féodal ; il ne pourrait assurer l'honneur et les droits que d un petit
nombre d'individus ennemis du peuple, qui, depuis ymgt-cinq ans,
L a condamnés dans toutes nos assemblées nationales. Votre tran-
quillité intérieure et votre considération extérieure seraient perdues
^^^ancais, dans mon exil j'ai entendu vos plaintes et vos vœux :
' vous rédamiez ce gouvernement de votre choix, qui seul est légi-
time- vous accusiez mon long sommeil, vous me reprochiez de
sacriGer à mon repos les grands intérêts de la patrie.
J'ai traversé les mers au milieu des périls de toute espèce ; j arrive
parmi vous reprendre mes droits , qui sont les vôtres.
Tout ce que des individus ont fait, écrit ou dit depuis la prise de
Paris le l'ignorerai toujours; cela n'influera ai rien s«r le souve-
nir que je conserve des services importants qu'ils ont rendus car il
est des événements d'une telle nature, qu'ils sont au-dessus de 1 or-
ganisation humaine.
Français, il n'est aucune nation, quelque petite qu elle soit qui
n'ait eu le droit de se soustraire et ne se soit soustraite au déshon-
neur d'obéir à un prince imposé par un ennemi momentanément vic-
torieux. Lorsque Charles Vil rentra à Paris et renversa e trône
éphémère de Henri VI , il reconnut tenir son trône de la vaillance de
ses braves et non d'un prince régent d'Angletene. G est aussi a vous
seuls et aux braves de l'armée que je fais et ferai toujours gloire de
t««t devoir. Napoléon.
D'après le placard primitif imprimé à Gap.
CORHESPONDAMGE DE XAPOLEOM I". — 1815. :)
21682.— A L'ARMÉE.
Golfe Jouan, l" mars 1815.
Soldats, nous n'avons pas été vaincus. Deux hommes sortis
de nos rangs ont trahi nos lauriers, leur pays, leur prince, leur
bienfaiteur.
Ceux que nous avons vus pendant vingt-cinq ans parcourir toute
l'Europe pour nous susciter des ennemis, qui ont passé leur vie à
combattre contre nous dans les rangs des armées étrangères , en mau-
dissant notre belle France, prétendraient-ils commander et enchaî-
ner nos aigles, eux qui n'ont jamais pu en soutenir les regards?
Souffrirons-nous qu'ils héritent du fruit de nos glorieux travaux ;
qu'ils s'emparent de nos honneurs, de nos biens; qu'ils calomnient
notre gloire? Si leur règne durait, tout serait perdu , même le sou-
venir de ces immortelles journées. Avec quel acharnement ils les
dénaturent! Ils cherchent à empoisonner ce que le monde adjnire;
et, s*il reste encore des défenseurs de notre gloire, c'est parmi ces
mêmes ennemis que nous avons combattus sur le champ de bataille.
Soldats, dans mon exil j'ai entendu votre voix. Je suis arrivé à
travers tous les obstacles et tous les périls.
Votre général , appelé au trône par le choix du peuple et élevé
sur vos pavois, vous est rendu; venez le joindre.
Arrachez ces couleurs que la nation a proscrites , et qui , pendant
vingt-cinq ans , servirent de ralliement à tous les ennemis de la
France! Arborez cette cocarde tricolore; vous la portiez dans nos
grandes journées !
Nous devons oublier que nous avons été les maîtres des nations ;
mais nous ne devons pas souffrir qu'aucune se mêle de nos affaires.
Qui prétendrait être maître chez nous , qui en aurait le pouvoir?
Reprenez ces aigles que vous aviez à Ulm , à Austerlitz, à lena, à
Eylau, à Friedland, à Tudela, à Eckmûhl , à Essiing, à Wagram, à
Smolensk , à la Moskova , à Lutzen , à Wurschen , à Montmirail !
Pensez -vous que cette poignée de Français aujourd'hui si arrogants
puissent en soutenir la vue? Ils retourneront d'oii ils viennent; et là,
s'ils le veulent, ils régneront comme ils prétendent avoir régné pen-
dant dix-neuf ans.
Vos rangs , vos biens , votre gloire , les biens » les rangs et la gloire
de vos enfants, n'ont pas de plus grands ennemis que ces princes
que les étrangers nous ont imposés : ils sont les ennemis de notre
gloire, puisque le récit de tant d'actions héroïques qui ont illustré le
1.
4 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
peuple français combattant contre eux pour se soustraire à leur joug
est leur condamnation.
Les vétérans des armées de Sambre-et-Meuse, du Rhin , d'Italie,
d'Egypte, de l'Ouest, de la Grande Armée, sont tous luiiniliés; leurs
honorables cicatrices sont flétries. Leurs succès seraient des crimes;
ces braves gens seraient des rebelles, si, comme le prétendent les
ennemis du peuple , les souverains légitimes étaient au milieu des
armées étrangères. Les honneurs, les récompenses, leur affection ,
sont pour ceux qui les ont servis contre la patrie et contre nous.
Soldats , venez vous ranger sous les drapeaux de votre chef. Son
existence ne se compose que de la vôtre; ses droits ne sont que ceux
du peuple et les vôtres ; son intérêt, son honneur et sa gloire ne sont
autres que votre intérêt, votre honneur et votre gloire. La victoire
marchera au pas de charge. L'aigle, avec les couleurs nationales,
volera de clocher en clocher jusqu'aux tours de Notre-Dame. Alors
vous pourrez montrer avec honneur vos cicatrices. Alors vous pour-
rez vous vanter de ce que vous aurez fait ; vous serez les libérateurs
de la patrie! Dans votre vieillesse , entourés et considérés de vos con-
citoyens, ils vous entendront avec respect raconter vos hauts faits;
vous pourrez dire avec orgueil : « El moi aussi je faisais partie
de cette Grande Armée qui est entrée deux fois dans les murs de
Vienne, dans ceux de Rome, de Berlin, de Madrid, de Moscou, et
qui a délivré Paris de la souillure que la trahison et la présence de
l'ennemi y ont empreinte ! "
Honneur à ces braves soldats , la gloire de la patrie ! et honte
éternelle aux Français criminels, dans quelque rang que la fortune
les ait fait naître, qui combattirent vingt-cinq ans avec l'étranger pour
déchirer le sein de la patrie !
Napoléon.
D'après le placard primitif.
21683. — LA GARDE IMPÉRIALE
AUX GÉNÉRAUX, OFFICIERS ET SOLDATS DE L'ARMÉE'.
Golfe Jouan, 1<" mars 1815.
Soldats, Camarades, nous vous avons conservé votre Empereur,
malgré les nombreuses embûches qu'on lui a tendues; nous vous le
ramenons à travers les mers, au milieu de raille dangers. Nous avons
abordé sur la terre sacrée de la patrie avec la cocarde nationale et
' Proclamation attribuée à l'Empereur par Fleury de Chaboulon dans ses
Mémoires sur les Cent Jours, etc. Elle n'a pas été désavouée par Napoléon
dans SCS annotations critiques sur cet ouvrage.
CORKESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 5
l'aigle impériale. Foulez aux pieds la cocarde blanche, elle est le
signe de la honte et du joug imposé par l'étranger et la trahison ;
nous aurions inutilement versé notre sang , si nous souffrions que
les vaincus nous donnassent la loi !
Depuis le peu de mois que les Bourbons régnent, ils vous ont
convaincus qu'ils n'ont rien oublié ni rien appris. Ils sont toujours
gouvernés par des préjugés ennemis de nos droits et de ceux du
peuple. Ceux qui ont porté les armes contre leur pays, contre nous,
sont des héros! Vous, vous êtes des rebelles, à qui l'on veut bien
pardonner jusqu'à ce que l'on soit assez consolidé par la formalion
d'un corps d'armée d'émigrés, par l'introduction à Paris d'une garde
suisse et par le remplacement successif de nouveaux ofGciers dans
vos rangs! Alors il faudra avoir porté les armes contre sa patrie pour
pouvoir prétendre aux honneurs et aux récompenses ; il faudra avoir
une naissance conforme à leurs préjugés pour être officier; le soldat
devra toujours rester soldat; le peuple aura les charges , et eux les
honneurs.
Un Vioménil insulte au vainqueur de Zurich en le naturalisant
français, lui qui avait besoin de trouver, dans la clémence de la loi,
pardon et amnistie. Un Bruslart, chouan, sicaire de Georges, com-
mande nos légions.
En attendant le moment oià ils oseraient détruire la Légion d'hon-
neur, ils l'ont donnée à tous les traîtres et l'ont prodiguée pour
l'avilir. Ils lui ont ôlé toutes les prérogatives politiques que nous
avions gagnées au prix de notre sang.
Les 400 millions du domaine extraordinaire sur lesquels étaient
assignées nos dotations, qui étaient le patrimoine de l'armée et le prix
de nos succès, ils les ont fait porter en Angleterre.
Soldats de la grande nation , soldats du grand Napoléon , continue-
rez-vous à l'être d'un prince qui vingt ans fut l'ennemi de la France,
et qui se vante de devoir son trône à un prince régent d'Angleterre?
Tout ce qui a été fait sans le consentement du peuple et le nôtre ,
et sans nous avoir consultés , est illégitime.
Soldais, la générale bat ; nous marchons! Courez aux armes, venez
nous joindre, joindre votre Empereur et nos aigles tricolores. Et si ces
hommes, aujourd'hui si arrogants et qui ont toujours fui à l'aspect de
nos armes, osent nous attendre, quelle plus belle occasion de verser
notre sang et de chanter l'hymne de la victoire !
Soldats des 7% 8^ et 19* divisions militaires, garnisons d'Antibes,
de Toulon , de Marseille, officiers en retraite , vétérans de nos armées,
vous êtes appelés à l'honneur de donner le premier exemple. Venez
6 CORRESPONDAIVCE DE NAPOLEON I«. _ 1815.
avec nous conquérir ce trône palladium de nos droits, et que la pos-
térité dise un jour : Les étrangers, secondés par des traîtres , avaient
imposé un joug honteux à la France; les braves se sont levés, et
les ennemis du peuple, de l'armée, ont disparu et sont rentrés dans
le néant.
Ont signé à l'original :
Le général d(! brigade baron Cambronke , major du l'''' ré^inieat des
cbasseurs de la Garde; le iieutenant-colonel, chevalier Mallet; artillerie
de la Garde , Cornuel , Raoul, capitaines; Langue, Démons, lieutenants;
infanterie de la Garde, Loubers, Lamourette , Mompez , Combes, capi-
taines; De QUEUX , Thibault, Chaumet, Mallet, lieutenants; chevau-légers
de la Garde, le baron Jermanowski, major; Balinski, Schultz , capitaines.
Suivent les autres signatures des officiers, sous-officiers et soldats de
la Garde.
A signé enfin le général de division, aide de camp de S. M. rfimpc-
reur, aide-major général de la Garde, comte DnouoT.
Extrait du Moniteur du 21 mars 1815.
21684. — AUX HABITANTS DES HALTES ET BASSES-ALPES.
Gap, 6 mars 1815.
Citoyens, j'ai été vivement touché de tous les sentiments que vous
m'avez montrés. Vos vœux seront exaucés^, la cause de la nation
triomphera encore! Vous avez raison de m'appeler votre Père; je ne
vis que pour l'honneur et le bonheur de la France. Mon retour dis-
sipe toutes vos inquiétudes ; il garantit la conservation de toutes les
propriétés. L'égalité entre toutes les classes , et les droits dont vous
jouissez depuis vingt-cinq ans, et après lesquels nos pères ont tant
soupiré , forment aujourd'hui une partie de votre existence.
Dans toutes les circonstances où je pourrai me trouver, je me rap-
pellerai toujours avec un vif intérêt tout ce que j'ai vu en traversant
votre pays.
Napoléon.
Extrait du Journal du déparlcment du Rhône du 13 mars 1815.
21685. — AUX HABITANTS DU DÉPARTEMENT DE L'ISÈRE.
Grenoble, 9 mars 1815.
Citoyens, lorsque, dans mon exil, j'appris tous les malheurs qui
pesaient sur la nation, que tous les droits du peuple étaient mécon-
nus, et qu'on me reprochait le repos dans lequel je vivais, je ne
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 7
perdis pas un moment : je m'embarquai sur un frêle navire , je tra-
versai les mers au milieu des vaisseaux de guerre des différentes
nations , je débarquai sur le sol de la patrie , et je n'eus en vue que
d'arriver avec la rapidité de l'aigle dans cette ibonne ville de Gre-
noble , dont le patriotisme et l'attachement à ma personne m'étaient
particulièrement connus.
Dauphinois, vous avez rempli mon attente.
J'ai supporté, non sans déchirement de cœur, mais sans abatte-
ment, les malheurs auxquels j'ai été en proie il y a un an. Le spec-
tacle que m'a offert le peuple sur mon passage m'a vivement ému. Si
quelques nuages avaient pu altérer la grande opinion que j'avais du
peuple français , ce que j'ai vu m'a convaincu qu'il était toujours digne
de ce nom de grand peuple dont je le saluai il y a plus de vingt ans.
Dauphinois, sur le point de quitter vos contrées pour me rendre
dans ma bonne ville de Lyon , j'ai senti le besoin de vous exprimer
toute l'eslime que m'ont inspirée vos sentiments élevés. Mon cœur est
tout plein dos émotions que vous y avez fait naître; j'en conserverai
toujours le souvenir.
Napoléon.
Extrait du Journal du département du Rhône du 13 mars 1815.
21686. — DKCHET.
Lyon, 13 mars 1815.
Napoléon, etc.
Considérant que la chambre des Pairs est composée en partie des
personnes qui ont porté les armes contre la France et qui ont intérêt
au rétablissement des droits féodaux, à la destruction de l'égalité
entre les différentes classes, à l'annulation des ventes des domaines
nationaux , enGn à priver le peuple des droits qu'il a acquis par
vingt-cinq ans de combats contre les ennemis de la gloire nationale;
Considérant que les pouvoirs des Députés au Corps législatif
étaient expirés, et que dès lors la chambre des Communes n'a plus
aucun caractère national ;
Qu'une partie de cette chambre s'est rendue indigne de la con-
fiance de la nation', en adhérant au rétablissement de la noblesse
féodale abolie par les constitutions acceptées par le peuple, en fai-
sant payer par la France des dettes contractées à l'étranger pour
tramer des coalitions et soudoyer des armées contre le peuple français,
en donnant aux Bourbons le titre de rois légitimes; ce qui était décla-
1 Le texte de ce décret publié à Lyon portait ; indigne de la nation.
8 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON l". — 1815.
rer rebelles le peuple français et les armées, proclamer seuls bons Fran-
çais les émigrés qui ont déchiré pendant vingt-cinq ans le sein de la
patrie, et violer tous les droits du peuple en consacrant le principe que
la nation était faite pour le trône et non le trône pour la nation ;
Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article premier. La chambre des Pairs est dissoute.
Art. 2. La chambre des Communes est dissoute.
Il est ordonné à chacun des membres convoqués et arrivés à Paris
depuis le 7 mars dernier de retourner sans délai dans leur domicile.'
Art. 3. Les collèges électoraux des départements de l'Empire
seront réunis à Paris dans le courant du mois de mai prochain en
Assemblée extraordinaire du Champ de Mai, afin de prendre les
mesures convenables pour corriger et modifier nos constitutions,
selon l'intérêt et la volonté de la nation; et en même temps pour
assister au couronnement de l'Impératrice, notre chère et bien-aimée
épouse, et à celui de notre cher et bien-aimé fils.
Art. 4. Le grand maréchal, faisant fonctions de major général
de la Grande Armée, est chargé de prendre les mesures nécessaires
pour la publication du présent décret.
Napoléon.
Elirait du Moniteur du 21 mars 1815. ■>
21687. — AUX LYONNAIS.
Lyon, 13 mars 1815.
Lyonnais, au moment de quitter votre ville pour me rendre dans
ma capitale, j'éprouve le besoin de vous faire connaître les senti-
ments que vous m'avez inspirés. Vous avez toujours été au premier
rang dans mon affection. Sur le trône ou dans l'exil, vous m'avez
toujours montré les mêmes sentiments. Ce caractère élevé, qui vous
distingue spécialement, vous a mérité toute mon estime. Dans des
moments plus Iranquilles, je reviendrai pour m'occuper de vos
besoins et de la prospérité de vos manufactures et de votre ville.
Lyonnais, je vous aime.
Napoléon.
Extrait du Journal du dèparlemenl du Rhône du 16 mars 1815.
21688. — REPONSE DE L'EMPEREUR
A UME DÉPUTATION DE LYONNAIS.
Lyon, 13 mars 1815.
Admis devant l'Empereur, l'un de nous a dit :
i< Sire, d'un mouvement spontané les Lyonnais viennent offrir aux
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". _ 1815. 9
braves qui composent votre Garde ce guidon d'honneur et de la victoire '.
Daignez l'agréer comme un tribut de notre admiration et de notre recon-
naissance, n
Sa Majesté a répondu :
« Je le reçois avec plaisir, au nom de la Garde. Nous allons à
Paris; ce sera celui que nous porterons, et nous nous rappellerons
toujours que nous le tenons de nos bons habitants de Lyon, la
seconde ville de l'Empire. »
L'un de nous, prenant la parole, a dit :
« Sire, il sera bien glorieux pour nous de songer que cette aigle sera
toujours auprès de votre personne. »
L'Empereur a repris aussitôt :
a Elle sera toujours dans ma Garde. »
Extrait du Journal du département du Rhône du 16 mars 1815.
21689. — AU MARÉCHAL NEY, PRINCE DE LA MOSKOVA,
A LONS-LE-SAliL\IER.
Lyon , le . . mars 1815^.
Mon Cousin, mon major général vous expédie l'ordre de marche.
Je ne doute pas qu'au moment oii vous aurez appris mon arrivée à
Lyon vous n'ayez fait reprendre à vos troupes le drapeau tricolore.
Exécutez les ordres de Bertrand et venez me joindre à Clialon. Je
vous recevrai comme le lendemain de la bataille de la Moskova.
• Napoléon.
Extrait des Réciti de lu captivité, etc., par le général Montliolon.
21690. — RELATION DE LA MARCHE DE NAPOLEON
DE L'ILE D'ELBE A PARIS \
L'Empereur, instruit que le peuple en France avait perdu tous ses droits
acquis par vingt-cinq années de combats et de victoires, et que l'armée
était attaquée dans sa gloire, résolut de faire changer cet état de choses,
de rétablir le trône impérial, qui seul pouvait garantir les droits de la
' Une aigle portant ces mots : Les Lyonnais à la Garde impériale. —
Mars 1815.
2 Sans date de jour.
•* Celte relation officielle du retour de l'île d'Elbe ne saurait être attribuée
qu'à l'Empereur; c'est pour cette raison qu'on a cru devoir la reproduire ici;
on y trouve d'ailleurs rapportées plusieurs de ses allocutions.
10 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
nation, et de faire disparaître ce trône royal que le peuple avait proscrit
comme ne garantissant que les intérêts d'un petit nombre d'individus.
Le 26 février, à cinq heures du soir, il s'embarqua sur un brick por-
tant lingt-six canons, avec 400 hommes de sa Garde. Trois autres bâti-
ments qui se trouvaient dans le port, et qui furent saisis, reçurent
200 hommes d'infanterie, 100 chevau-Iégers polonais et le bataillon des
flanqueurs, de 200 hommes.
Le vent était du sud et paraissait favorable. Le capitaine Chautard avait
espoir qu'avant la pointe du jour l'île de Capraja serait doublée , et qu'on
serait hors des croisières française et anglaise qui observaient de ce côté.
Cet espoir fut déçu : on avait k peine doublé le cap Saint-André de l'île
d'Elbe , que le vent mollit, la mer devint calme; à la pointe du jour, on
n'avait fait que six lieues, et l'on était encore entre l'île de Capraja et l'île
d'Elbe, en vue des croisières.
Le péril paraissait imminent. Plusieurs marins étaient d'opinion de
retourner à Porto-Ferrajo. L'Empereur ordonna qu'on continuât la navi-
gation, ayant pour ressource, en dernier événement, de s'emparer de la
croisière française. Elle se composait de deux frégates et d'un brick; mais
tout ce qu'on savait de l'attachement de l'équipage à la gloire nationale ne
permettait pas de douter qu'ils arboreraient le pavillon tricolore et se
rangeraient de notre côté.
Vers midi, le vent fraîchit un peu. A quatre heures après midi, on se
trouva à la hauteur de Livourne. Une frégate paraissait à cinq lieues sous
le vent; une autre était sur les côtes de Corse; et, de loin, un bâtiment
de guerre venait droit, vent arrière, à la rencontre du brick. A six heures
du soir, le brick que montait l'Empereur se croisa avec un brick qu'on
reconnut être le Zéjphyre, monté par le capitaine Andrieux, officier dis-
tingué autant par ses talents que par son véritable patriotisme. On proposa
d'abord de parler au brick et de lui faire arborer le pavillon tricolore.
Cependant l'Empereur donna ordre aux soldats de la Garde d'ôter leurs
bonnets et de se cacher sous le pont, préférant passer à côté du brick
sans se laisser reconnaître , et se réservant le parti de le faire changer de
pavillon si l'on était obligé d'y recourir. Les deux bricks passèrent bord
à bord. Le lieutenant de vaisseau Taillade, officier de la marine française,
était très-connu du capitaine Andrieux; et, dès qu'on fut à portée, on
,parlementa. On demanda au capitaine Andrieux s'il avait des commissions
pour Gènes; on se fit quelques honnêtetés, et les deux bricks allant en
sens contraire furent bientôt hors de vue, sans que le capitaine Andrieux
se doutât de ce que portait ce frêle bâtiment!
Dans la nuit du 27 au 28, le vent continua de fraîchir. A la pointe du
jour, on reconnut un bâtiment de 74, qui avait l'air de se diriger ou sur
Saint- Florent ou sur la Sardaigne. On ne tarda pas à s'apercevoir que ce
bâtiment ne s'occupait pas du brick.
Le 28 , à sept heures du matin , on découvrit les côtes de Noli ; à midi ,
Anlibes. A trois heures, le 1*'' mars, on entra dans le golfe Jonan.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. il
L'Empereur ordonna qu'un capitaine de la Garde, avec vingt-cinq
hommes, débarquât avant la garnison du brick pour s'assurer de la bat-
terie de côte, s'il en existait une. Ce capitaine conçut, de son chef, l'idée
de faire changer la cocarde au bataillon qui éfaiit dans Antibes. Il se jeta
imprudemment dans la place. L'officier qui y commandait pour le roi fit
lever les ponts-levis et fermer les portes ; sa troupe prit les armes , mais
elle eut respect pour ces vieux soldats et pour leur cocarde qu'elle ché-
rissait. Cependant l'opération dn capitaine échoua, et ses hommes restè-
rent prisonniers dans Antibes.
A cinq heures après midi, le débarqnement au golfe Jouan était achevé;
on établit un bivouac au bord de la mer jusqu'au lever de la lune.
A onze heures du soir, l'Empereur se mit à la tête de cette poignée de
braves au sort de laquelle étaient attachées de si grandes destinées. Il se
rendit à Cannes, de là à Grasse, et, par Saint-Vallier , il arriva, dans la
soirée du 2, au village de Séranon, ayant fait vingt lieues dans cette pre-
mière journée. Le peuple de Cannes reçut l'Empereur avec des sentiments
qui furent le premier présage du succès de l'entreprise.
Le 3, l'Empereur coucha à Barréme ; le 4, il dîna à Digne. De Castel-
lane à Digne, et dans tout le département des Basses-Alpes, les paysans,
instruits de la marche de l'Empereur, accouraient de tous côtés sur la
route et manifestaient leurs sentiments avec une énergie qui ne laissait
plus de doutes.
Le 5 , le général Cambronne , avec une avant-garde de 40 grenadiers ,
s'empara du pont et de la forteresse de Sisleron.
Le même jour, l'Empereur coucha à Gap avec 10 hommes à cheval
et 40 grenadiers.
L'enthousiasme qu'inspirait la présence de l'Empereur aux habitants des
Basses-Alpes, la haine qu'ils portaient à la noblesse, faisaient assez com-
prendre quel était le vœu général de la province du Dauphiné.
A deux heures après midi, le (y, l'Empereur partit de Gap , et la popu-
lation de la ville tout entière était sur son passage.
A Saint-Bonnet, les habitants, voyant le petit nombre de sa troupe,
eurent des craintes, et proposèrent à l'Empereur de sonner le tocsin pour
réunir les villages et l'accompagner en masse.
« Non, dit l'Empereur, vos sentiments me font connaître que je ne
me suis pas trompé; ils sont pour moi un sûr garant des sentiments
de mes soldats. Ceux que je renconlrerai se rangeront de mon côté;
plus ils seront, plus mon succès sera assuré. Restez donc tranquilles
chez vous. »
On avait imprimé à Gap plusieurs milliers des proclamations adressées
par l'Empereur à l'armée et au peuple, et de celle des soldats de la Garde
à leurs camarades. Ces proclamations se répandirent avec la rapidité de
l'éclair dans tout le Dauphiné.
12 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
Le même jour, l'Empereur vint coucher à Corps. Les 40 hommes
d'avant-garde du général Cambronne allèrent coucher jusqu'à la Mure.
Ils se rencontrèrent avec l'avant-garde d'une division de 6,000 hommes de
troupes de ligne qui venait de Grenoble pour arrêter leur marche. Le
général Cambronne voulut parlementer avec les avant-postes. On lui
répondit qu'il y avait défense de communiquer. Cependant cette avant-
garde de la division de Grenoble recula de trois lieues et vint prendre
position entre les lacs , au village de Laffrey.
L'Empereur, instruit de cette circonstance, se porta sur les lieux. Il
trouva sur la ligne opposée un bataillon du 5" de ligne, une compagnie de
sapeurs, une compagnie de mineurs, en tout, 7 ou 800 hommes. Il
envoya son officier d'ordonnance, le chef d'escadron Roui, pour faire
connaître à ces troupes la nouvelle de son arrivée ; mais cet officier ne
pouvait se faire entendre : on lui opposait toujours la défense qui avait
été faite de communiquer. L'Empereur mit pied à terre et alla droit au
bataillon, suivi de la Garde portant l'arme sous le bras. Il se fit reconnaî-
tre et dit que le premier soldat qui voudrait tuer son Empereur le pouvait.
Le cri unanime de Vive l'Empereur! fut leur réponse. Ce brave régiment
avait été sous les ordres de l'Empereur dès ses premières campagnes
d'Italie. La Garde et les soldats s'embrassèrent. Les soldats du 5* arra-
chèrent sur-le-champ leurs cocardes et prirent, avec enthousiasme et la
larme à l'oeil, la cocarde tricolore. Lorsqu'ils furent rangés en bataille,
l'Empereur leur dit :
" Je viens avec une poignée de braves, parce que je compte sur le
peuple et sur vous. Le trône des Bourbons est illégitime, puisqu'il
n'a pas été élevé par la nalion; il est contraire à la volonté natio-
nale, puisqu'il est contraire aux intérêts de noire pays, et qu'il
n'existe que dans l'intérêt de quelques familles. Demandez à vos
pères; interrogez tous ces habitants qui arrivent ici des environs :
vous apprendrez de leur propre bouche la véritable situation des
choses. Ils sont menacés du retour des dîmes, des privilèges, des
droits féodaux et de tous les abus dont vos succès les avaient délivrés.
N'est-il pas vrai, paysans? v
— « Oui, Sire, répondent-ils tous d'un cri unanime; on voulait nous
attacher à la terre. Vous venez, comme l'ange du Seigneur, pour nous
sauver. »
Les braves du bataillon du 5* demandèrent à marcher des premiers sur
la division qui couvrait Grenoble. On se mit en marche au milieu de la
foule d'habitants, qui s'augmentait à chaque instant.
Vizille se distingua par son enthousiasme. « C'est ici qu'est née la Révo-
lution! disaient ces braves gens. C'est nous qui, les premiers, avons osé
réclamer les privilèges des hommes! C'est encore ici que ressuscite la
CORRESPOMDANCE DE NAPOLEOX I«^ — 1815. 13
liberté française et que la France recouvre son honneur et son indépen-
dance ! >'
Quelque fatigué que fût l'Empereur, il voulut entrer le soir même dans
(Jrenobie.
Entre Vizille et Grenoble, le jeune adjudant-major du 7" de ligne vint
annoncer que le colonel Labcdoyère , profondément navré du déshonneur
qui couvrait la France et déterminé par les plus nobles sentiments, s'était
détaché de la division de Grenoble et venait avec le régiment, au pas
accéléré, à la rencontre de l'Empereur. Une demi-heure après, ce brave
régiment vint doubler la force des troupes impériales; à neuf heures du
soir, l'Empereur flt son entrée dans le faubourg de Saint-Joseph. On avait
fait rentrer les troupes dans Grenoble , et les portes de la ville étaient fer-
mées. Les remparts qui devaient défendre cette ville étaient couverts par
le 3^ régiment du génie, composé de 2,000 sapeurs, tous vieux soldats
couverts d'honorables blessures; par le \^ d'artillerie de ligne, ce même
régiment où , vingt-cinq ans auparavant, l'Empereur avait été fait capitaine;
par les deux autres bataillons du S"" de ligne, par le 11" de ligne et les
fidèles hussards du 4^ La garde nationale et la population entière de Gre-
noble étaient placées derrière la garnison , et tous faisaient retentir l'air
des cris de Vive l'Empereur ! On enfonça les portes, et, à dix heures du
soir, l'Empereur entra dans Grenoble au milieu d'une armée et d'un peu-
ple animés du plus vif enthousiasme.
Le lendemain, l'Empereur fut harangué par la municipaHté et par toutes
les autorités départementales. Les discours des chefs militaires et ceux des
magistrats étaient unanimes. Tous disaient que des princes imposés par une
force étrangère n'étaient pas des princes légitimes , et qu'on n'était tenu à
aucun engagement envers des princes dont la nation ne voulait pas.
A deux heures, l'Empereur passa la revue des troupes au n^ilieu de !a
population de tout le département, aux cris : A bas tes Bourbons! à bas
les ennemis du peuple! vire l'Empereur, et un gouvernement de notre
choix !
La garnison de Grenoble, immédiatement après, se mit en marche
forcée pour se porter sur Lyon.
Une reniarque qui n'a pas échappé aux observateurs, c'est qu'en un
clin d'œil ces 6,000 hommes se trouvèrent parés de la cocarde nationale,
et chacun d'une cocarde vieille et usée , car, en quittant leur cocarde tri-
colore, ils l'avaient cachée au fond de leur sac ; pas une ne fut achetée au
petit Grenoble. « C'est la même, disaient-ils, en passant devant l'Empe-
reur; c'est la même que nous portions à Austerlitz ! Celle-ci, disaient
d'autres, nous l'avions à Marengo ! »
Le 9 , l'Empereur coucha à Bourgoin. La foule et l'enthousiasme allaient,
s'il est possible, en augmentant. <; Il y a longtemps que nous vous atten-
dions, disaient tous ces braves gens à l'Empereur. Vous voilà enfin arrivé
pour déhvrer la France de l'insolence de la noblesse , des prétentions des
prêtres et de la honte du joug de l'étranger ! »
14 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I-^^. _ 1815.
De Grenoble à Lyon , la marche de l'Empereur ne fut qu'un triomphe.
L'Empereur, fatigué, était dans sa calèche, allant toujours au pas, envi-
ronné d'une fonle de paysans chantant des chansons qui exprimaient toute
la noblesse des sentiments des braves Dauphinois.
c( Ah! dit l'Empereur, je retrouve ici les sentiments qui, il y a
vingt ans, me firent saluer la France du nom de grande nation! Oui,
vous êtes encore la grande nation, et vous le serez toujours! '^
Cependant le comte d'Artois, le duc d'Orléans et plusieurs maréchaux
étaient arrivés à Lyon. L'argent avait été prodigué aux troupes, les pro-
messes aux officiers. On voulait couper le pont de la Giiillotière et le pont
Morand. L'Empereur riait de ces ridicules préparatifs; il ne pouvait avoir
de doutes sur les dispositions des Lyonnais , encore moins sur 1rs disposi-
tions des soldats. Cependant il avait donné ordre au général Bertrand de
réunir des bateaux à Miribel, dans l'intention de passer dans la nuit et d'in-
tercepter les routes de MouUns et de Mâcon au prince qui voulait lui
interdire le pa?sage du Rhône. A quatre heures, une reconnaissance du
4^ de hussards arriva à la Guillotière et fut accueillie aux cris de Vite
l'Empereur! par celte immense population d'un faubourg qui s'est tou-
jours distingué par son attachement à la patrie. Le passage de Miribel fut
contremandé, et l'Empereur se porta au galop sur Lyon, à la tête des
troupes qui devaient lui en défendre l'entrée.
Le comte d'Artois avait tout fait pour s'assurer les troupes. Il ignorait
que rien n'est possible en France quand on y est l'agent de l'étranger
et qu'on n'est pas du côté de l'honneur national et de la cause du peuple.
Passant devant le 13* régiment de dragons, il dit à un brave que des cica-
trices et trois chevrons décoraient : « Allons , camarade , crie donc Vive le
Roi ! — Non , Monsieur , répond ce brave dragon , aucun soldat ne com-
battra contre son père ! Je ne puis vous répondre qu'en criant Vive l'Em-
pereur! n Le comte d'Artois monta en voiture et quitta Lyon escorté d'un
seul gendarme.
A neuf heures du soir, l'Empereur traversa la Guillotière presque sans
escorte, mais environné d'une immense population.
Le lendemain 11 , il passa la revue de toute la division de Lyon, qui,
le brave général Brayer à sa tête , se mit en marche pour avancer sur la
capitale.
Les sentiments que pendant deux joHrr> les habitants de cette grande
ville et les paysans des environs témoignèrent à l'Empereur le touchèrent
tellement, qu'il ne put leur exprimer ce qu'il sentait qu'en disant : Lyon-
nais, je vous aime! C'est pour la seconde fois que les acclamations de
cette ville avaient été le présage des nouvelles destinées réservées à la
France.
Le 13, à trois heures après midi, l'Empereur arriva à Villefranche ,
petite ville de 4,000 âmes, qui en renfermait en ce moment plus de
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I«^ — 1815. 15
60,000. Il s'arrêta à l'hôtel de ville. Un grand nombre de militaires blessés
lui furent présentés.
Il entra à Mâcon à sept heures du soir, toujours environné du peuple
des cantons voisins. Il témoigna son étonnement aux Mâcomiais du peu
d'efforts qu'ils avaient faits dans la dernière guerre pour se défendre con-
tre l'ennemi et soutenir l'honneur des Bourguignons : « Sire, pourquoi
aviez-vous nommé un mauvais maire? »
A Tournus, l'Empereur n'eut que des éloges à donner aux habitants
pour la belle conduite et le patriotisme qui, dans ces mêmes circonstances,
ont distingué Tournus , Chalon et Saint-Jean-de-Losne. A Chalon , qui
pendant quarante jours a résisté aux forces de l'ennemi et défendu le pas-
sage de la Saône, l'Empereur s'est fait rendre compte de tous les traits de
bravoure, et, ne pouvant se rendre à Saint- Jean-de-Losne , il a du moins
envoyé la décoration de la Légion d'honneur au digne maire de celte ville.
A cette occasion, l'Empereur s'écria :
« C'est pour vous, braves gens, que j'ai institué la Légion d'hon-
neur , et non pour les émigrés pensionnés de nos ennemis ! »
L'Empereur reçut à Chalon la députalion de la ville de Dijon , qui venait
de chasser de son sein le préfet et le manvais maire dont la conduite ,
dans la dernière campagne , a déshonoré Dijon et les Dijonnais. L'Empe-
reur destitua ce maire, en nomma ua autre, et confia le commandement
de la division au brave général Devaux.
Le 15, l'Empereur vint coucher à Autun , et d'Autun il alla coucher,
le 16, à Avallon. Il trouva sur cette route les mêmes sentiments que dans
les montagnes du Dauphiné. Il rétablit dans leurs places tous les fonction-
naires qui avaient été destitués pour avoir concouru à la défense de la
patrie contre l'étranger. Les habitants de Chassey étaient spécialement
l'objet des persécutions d'un freluquet, sous-préfet à Semur, pour avoir
pris les armes contre les ennemis de notre pays. L'Empereur a donné ordre
à un brigadier de gendarmerie d'arrêter ce sous-préfet et de le conduire
dans les prisons d' Avallon.
L'Empereur déjeuna, le 17, à Vermanton, et vint à Auxerre, où le
préfet Gamot était resté fidèle à son poste» Le brave 14' avait foulé aux
pieds la cocarde blanche. L'Empereur apprit que le 6** de lanciers avait
également arboré la cocarde tricolore et se portait sur Montereau pour
garder ce pont contre un détachement de gardes du corps qui voulait le
faire sauter. Les jeanes gardes du corps, n'étant pas encore accoutumés
aux coups de lance, prirent la fuite à l'aspect de ce corps, et on leur fit
deux prisonniers.
A Auxerre, le comte Bertrand, major général, donna ordre qu'on
réunît tous les bateaux pour embarquer l'armée, qui était déjà forte de
quatre divisions, et la porter le soir même à Fossard, de manière à pou-
voir arriver à une heure du matin à Fontainebleau.
16 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON 1". — 1815.
Avant de partir d'Auxerre, l'Empereur fat rejoint par le prince de la
Moskova. Ce maréchal avait fait arborer le drapeau tricolore dans tout son
gouvernement.
L'Empereur arriva à Fontainebleau le 20 , à quatre heures du matin ; à
sept heures , il apprit que les Bourbons étaient partis de Paris et que la
capitale était libre. II partit sur-le-champ pour s'y rendre.
Il est entré aux Tuileries à neuf heures du soir, au moment où on l'at-
tendait le moins.
Ainsi s'est terminée, sans répandre une goutte de sang, sans trouver
aucun obstacle, cette légitime entreprise qui a rétabli la nation dans ses
droits , dans sa gloire , et a effacé la souillure que la trahison et la pré-
sence de l'étranger avaient répandue sur la capitale; ainsi s'est vérifié ce
passage de l'adresse de l'Empereur aux soldats, que l'aigle, arec les cou-
leurs nationales, volerait de clocher en clocher jusqu'aux tours de Notre-
Dame.
En dix-huit jours , le brave bataillon de la Garde avait franchi l'espace
entre le golfe Jouan et Paris, espace qu'en temps ordinaire on met qua-
rante-cinq jours à parcourir.
Arrivé aux portes de Paris, l'Empereur vit venir à sa rencontre l'armée
tout entière, que commandait le duc de Berri. Officiers, soldats , généraux,
infanterie légère, infanterie de ligne, lanciers, dragons, cuirassiers, artil-
lerie , tous vinrent au-devant de leur général , que le choix du peuple et ïe
vœu de l'armée avaient élevé à l'empire, et la cocarde tricolore fut arbo-
rée par chaque soldat, qui l'avait dans son sac. Tous foulèrent aux pieds
cette cocarde blanche qui a été pendant vingt-cinq ans le signe de rallie-
ment des ennemis de la France et du peuple.
Le 21, à une heure après midi, l'Empereur a passé la revue de toutes
les troupes qui composaient l'armée de Paris. La capitale entière a été
témoin des sentiments d'enthousiasme et d'attachement qui animaient ces
braves soldats. Tous avaient reconquis leur patrie, tous étaient sortis d'op-
pression , tous avaient retrouvé dans les couleurs nationales le souvenir
de tous les sentiments généreux qui ont toujours distingué la nation
française î
Après que l'Empereur eut passé dans les rangs , toutes les troupes furent
rangées en bataillons carrés.
u Soldats, dit l'Empereur, je suis venu avec 600 hommes en
France, parce que je complais sur l'amour du peuple et sur le sou-
venir des vieux soldats. Je n'ai pas été trompé dans mon attente.
Soldats, je vous en remercie. La gloire de ce que nous venons de
faire est toute au peuple et à vous; la mienne se réduit à vous avoir
connus et appréciés.
>! Soldats, le trône des Bourbons était illégitime, puisqu'il avait
été relevé par des mains étrangères , puisqu'il avait été proscrit par
GORRKSPONDANCE DE NAPOLÉO.V I". — 1815. 17
le vœu de la nation exprimé par toutes nos assemblées nationales ,
puisque enfin il n'offrait de garantie qu'aux intérêts d'un petit nombre
d'hommes arrogants, dont les prétentions sont opposées à nos droits.
Soldats, le trône impérial peut seul garantir les droits du peuple, et
surtout le premier de nos intérêts, celui de notre gloire.
)) Soldats, nous allons marcher pour chasser du territoire ces
princes auxiliaires de l'étranger; la nation non-seulement nous
secondera de ses vœux, mais même suivra notre impulsion. Le peuple
français et moi nous comptons sur vous. Nous ne voulons pas nous
mêler des affaires des nations étrangères; mais malheur à qui se
mêlerait des nôtres! »
Ce discours fut accueilli par les acclamations du peuple et des soldats.
Un instant après , le général Carabronne et des officiers de la Garde du
bataillon de l'île d'Elbe parurent avec les anciennes aigles de la Garde.
L'Empereur reprit la parole et dit aux soldats ;
« Voilà les officiers du bataillon qui m'a accompagné dans mon
malheur; ils sont tous mes amis. Us étaient chers à mon cœur :
toutes les fois que je les voyais, ils me représentaient les différents
régiments de l'armée, car, dans ces six cents braves, il y a des hommes
de tous les régiments; tous me rappelaient ces grandes journées
dont le souvenir est si cher, car tous sont couverts d'honorables cica-
trices reçues à ces batailles mémorables. En les aimant, c'est vous
tous, Soldats de l'armée française, que j'aimais! Ils vous rapportent
ces aigles : qu'elles vous servent de point de ralliement! En les
donnant à la Garde, je les donne à toute l'armée. La trahison et des
circonstances malheureuses les avaient couvertes du crêpe funèbre;
mais , grâce au peuple français et à vous, elles reparaissent resplen-
dissantes de toute leur gloire. Jurez qu'elles se trouveront toujours
partout où l'intérêt de la patrie les appellera! Que les traîtres et
ceux qui voudraient envahir notre territoire n'en puissent jamais
soutenir le regard! »
— a Nous le jurons ! » s'écrièrent avec enthousiasme tous les soldats.
Extrait du Moniteur du 23 mars 1815.
21691. — A. M. FOUCHE, DUC D'OTRANTE,
MINISTRE DE LA POLICE GÉNÉRALE, A PARIS.
Paris, 21 mars 1815.
Selon les premiers renseignements que j'ai reçus, le duc de
Bourbon s'est rendu dans la Vendée, où il organise quelques chouans;
XXVHI. 2
18 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
le dac d'Orléans s'est rendu à Besançon, et le roi, à ce qu'il parait,
est du côté de la Somnie. Tâchez de recueillir des renseignements sur
cet objet et faites-les-moi passer sur-le-champ. Envoyez des agents
dans ces trois directions.
Remettez-moi demain une liste de tous les préfets qu'il faut r€ïft--
placer de suite et la note de ceux qui pourraient les remplacer.
Egalement pour les sons-préfets. Je parle de ceux qui sont tellement,
mauvais qu'ils ne peuvent pas rester un instant.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21692. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 21 mars 1815.
Donnez ordre au comte de Lobau de prendre le commandement
de la 1" division militaire et de toutes les troupes qui s'y trouvent.
Appelez à d'autres fonctions le sieur Beurnonville, colonel du I" régi-
ment léger, et proposez-moi un bon colonel pour commander ce
régiment. Si dans les autres régiments qui sont à Paris il y a de
mauvais colonels, proposez- moi sur-le-champ leur remplacement.
Proposez-moi également dans la matinée l'organisation de toute la
Indivision militaire en officiers généraux, adjudants commandants
et officiers d'état-major qui doivent y être employés. Mon intention
serait, en général, de changer tous les généraux qui s'y trouvent,
sauf à les envoyer dans les autres divisions militaires.
Faites connaître dans la matinée, par le télégraphe, 1° mon entrée
à Paris; 2* votre nomination au ministère de la guerre. Aussitôt
après la réception des deux nouvelles ci-dessus, faites connaître au
commandant de la 16* division militaire que, le roi se dirigeant du
côté de Calais et Montreuil , il ait à réunir ses troupes et à marcher
dessus pour dissiper les rassemblements et reprendre les trésors que
les agents du roi emportent avec eux et dont la perte serait notable
pour l'Empire.
Recommandez-leur surtout de ne les laisser entrer dans aucune
place forte, puisqu'ils pourraient les livrer à l'ennemi.
Expédiez cette nuit même des officiers de confiance, qui prendront
une autre route que le roi, pour annoncer ce qui s'est passé à Paris
et engager les garnisons et les généraux de la 16* division militaire
à veiller à la conservation de leur frontière.
Expédiez également des courriers qui se rendront à Chàlons-sur-
Marne, à Mézières, en Lorraine et en Alsace, pour ordonner que
CORRESPONDANCK DE NilPOLEON I". — 1815. 19
toutes les troupes en marche s'arrêtent et fassent connaître le lieu où
elles se trouvent.
Que la cocarde tricolore soit arborée partout, conformément à
notre proclamation.
Enfin recommandez la plus grande surveillance pour la garde de
mes places.
Le duc d'Albufera rentrera en Alsace s'il en était sorti, afin de
veiller à la conservation de toutes les places et de vous faire con-
naître tous les mouvements de la frontière.
Donne/ ordre que la Garde impériale et les dépôts , soit de chas-
seurs, soit de grenadiers, qui sont à Mancy et à Metz, se rendent à
Paris; que les lanciers rouges qui sont à Orléans et les dragons de
la Garde qui sont sur la Loire se rendent à Paris. Quant aux chas-
seurs qui sont dans le Nord, cet ordre doit être subordonné à la
marche du roi, puisqu'il sera peut-être nécessaire de les réunir pour
marcher contre.
Donnez ordre , par le télégraphe et par courrier extraordinaire ,
que le général Drouet, comte d'Erlon, soit sur-le-champ remis en
liberté et rétabli dans le commandement de sa division. Chargez-le
spécialement de l'cxéculion des mesures pour la poursuite des fuyards.
11 y a en marche des troupes de la 14° cl de la 15" division, ainsi
que de la 20" et de la 22*. Faites dresser un état de tous ces mouve-
ments, et provisoirement suspendez-les, jusqu'à ce qu'on sache quel
était leur but.
Écrivez au prince d'Esshng pour lui faire connaître les événements
qui sont arrivés, et chargez-le de prendre des mesures pour faire
exécuter mon décret sur la cocarde nationale, tant à Marseille que
dans tout son commandement.
Proposez-moi tous les changements à faire dans le personnel des
divisions militaires.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21693. — AU GÉNÉRAL CAUL A INCOURT, DUC DE VIGENCE,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, A PARIS.
Paris. 23 mars 1815.
Monsieur le Duc de Vicence, je désire avoir une analyse de toutes
les dépêches de M. de Talleyrand et du roi contre le roi de Naples,
afin de pouvoir la lui faire communiquer.
Napoléon.
D'après la copie. Archives des affaires étrangères.
2.
20 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON ^^ — 1815.
21694. — AU MARÉCHAL MONCEY, DUC DE CONEGLIANO ,
A LILLE.
Paris, 23 mars 1815.
Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre du 22. Je crois à la sincérité
des sentiments que vous m'exprimez, car je connais depuis long-
temps votre caractère. J'approuve que vous vous retiriez à votre
campagne. Votre lils, que j'ai élevé dès son jeune âge, peut compter
qu'il trouvera en moi un second père. Dans toutes les circonstances,
vous pouvez compter sur mon désir de vous être utile et agréable.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21695. — A M. COLLIN, COMTE DE SUSSY,
PREMIER PRÉSIDENT DE LA COUR DES COMPTES, A PARIS.
Paris, 23 mars 1815.
J'ai reçu votre lettre du 23 mars. Ma confiance en vous est
entière. J'hésite encore à rétablir ou à laisser supprimé le ministère
du commerce. Les affaires urgentes se pressent avec tant de rapidité
que je n'ai pas encore pu causer de cela avec vous. Dans tous les
cas, je vous écris ces deux mots pour vous réitérer l'assurance de
mon entière et absolue confiance.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21696. — AU GENERAL COMTE RERTRAND,
GRAND MARÉCHAL DU PALAIS, A PARIS.
Paris, 23 mars 1815.
Expédiez à l'île d'Elbe Bernotti. Chargez-le de nouvelles pour
l'île d'Elbe. Il s'embarquera à Toulon. Écrivez à Lapi qu'on arbore
le pavillon tricolore.
Faites revenir de mes effets tout ce qui en vaut la peine. J'attache
de l'importance à mon cheval corse, s'il n'est pas malade et qu'il
puisse revenir. La voiture de voyage, jaune, la grande voiture et
deux de celles de parade valent la peine qu'on les ramène, ainsi que
le linge de corps. Je fais présent de la bibliothèque à la ville, ainsi
que de ma maison, qui servira de casino, oii on laissera exister la
bibliothèque.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". _ 1815. 21
21697. — AU VICE-AMIRAL DUC DEGRÉS,
MINISTRE DE LA MARINE , A PARIS.
Paris, 23 mars 1815.
Monsieur le Duc Decrès, vous me proposez d'armer six vaisseaux
et quatre frégates à Toulon. Je sais que la croisière de l'ile d'Elbe et
du Levant était extrêmement mal armée; elle n'avait pas, je crois, la
moitié de ses équipages. Je pense qu'avant de donner aucun ordre il
faut attendre les rapports de Toulon et considérer le budget du
ministère de la marine.
Je n'ai jamais voulu désarmer mes vaisseaux pour accroître mes
ressources sur terre; mais, puisque je trouve la marine désarmée, je
veux faire tout ce qui est convenable pour diminuer les dépenses de
la marine. Les Gnances me paraissent dans une grande pénurie.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™" la duchesse Decrès.
21698. — AU VICE-AMIRAL DUC DECRES,
MINISTRE DE LA MARINE , A PARIS.
Paris, 23 mars 181ô.
Monsieur le Duc Decrès, je désire que vous donniez ordre que les
croisières de Corse et de l'ile d'Elbe transportent en France les
3,000 hommes de troupes françaises qui sont en Corse, à l'exception
d'un bataillon de 600 hommes qu'on transportera à Porto-Ferrajo,
mon intention étant d'abandonner la Corse à ses propres forces.
Donnez ordre que des bâtiments légers, frégates ou bricks, aillent
souvent mouiller à Porto-Ferrajo. Je donne l'ordre à un ofGcier
d'ordonnance du pays de se rendre à Porto-Ferrajo. Donnez ordre
à Toulon qu'on expédie une frégate pour porter cet officier et rap-
porter des dépèches du pays. Chargez cette frégate de rapporter tout
ce qui existe encore des effets que j'ai laissés dans ce pays.
J'approuve tout ce que vous avez fait relativement à la ville de
Marseille. Je pense que le capitaine de la frégate la Fleur-de-Lxjs doit
être jugé par une commission militaire, s'il a passé à l'ennemi.
Les trois frégates, la corvette et les trois bricks peuvent servir à
transporter les troupes de Corse à l'île d'Elbe et en France.
Je pense qu'il faut laisser à Ajaccio une frégate et un brick, à
Rastia les trois bâtiments légers. Cette croisière sera donc com-
posée d'une frégate, d'un brick et de trois bâtiments légers. Le com-
mandant se servira de ces forces pour maintenir les communications
de l'île d'Elbe avec la Corse, et il tiendra toujours à Porto-Ferrajo
52 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«'. —1815.
un des bâtimeats de sa croisière. Invitez le commandant de la fré-
gate à aller à Porto-Longone et à Porto-Ferrajo le plus souvent pos-
sible, pour me faire le rapport de tout ce qui se passe.
J'approuve ce que vous proposez pour la croisière du Levant.
Recommandez une grande circonspection au commandant, pour ne
rien préjuger et ne pas faire croire que ce soit moi qui veuille décla-
rer la guerre.
Napoléon.
D'après l'original comœ. par M"' la duchesse Uecrès.
21699. — AU VICE-AMIRAL DUC DECRÈS ,
MINISTRE DE LA MARINE, A PARIS.
Paris, 23 mars 1815.
Aussitôt que vous aurez des renseignements sur Brest, Rochefort
et Toulon, faites-les-moi connaître. Je ne puis encore donner aucun
ordre sur les ex|)éditions de Terre-Neuve. Un relard de dix jours ne
peut pas donner lieu à un inconvénient sensible. Suspendez donc
les départs et attendez dix jours.
Faites-moi aussi, pour mon instruction, une petite note qui me
fasse connaître en détail ce dont il s'agit , car je suis assez ignorant
sur ces affaires de pêcheries et sur ces établissements que je n'ai
jamais possédés.
Les cent cinquante-huit pêcheurs peuvent également retarder leur
-départ de huit jours. L'Angleterre ne va pas tarder à se déclarer.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21700. — AU MARÉCHAL DAVOUT , PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 23 mars 1815.
Mon Cousin , le bataillon polonais qui est à Reims demande à
entrera mon service; je l'accepte. Chargez un général d'en former
sur-le-champ un bataillon de six compagnies. Une fois que ce batail-
lon sera formé, il me semble qu'on pourrait l'envoyer à Sedan pour
l'habiller et le mettre en état.
Napoléon.
D'après la copie comm. par M™ la maréchale princesse d'Eckmiilil.
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON l''. — 1815. 23
21701. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris , 23 mars 1815.
Mon Cousin, j'ai donné le commandement de la Corse au général
de Launay, et j'ai ordonné qu'on mît en arrestation le général Brus-
lart. Réitérez ces ordres. J'ai donné ordre que les 3 ou 4,000 hommes
de (roupes françaises qui sont en Corse reviennent à Toulon, et qu'il
soit levé quatre bataillons corses pour la garde de l'île. Seront
compris dans ces quatre bataillons les deux bataillons déjà levés par
ordonnance du roi. Le général de Launay fera tous les changements
nécessaires dans le personnel de ces bataillons, pour n'y avoir que
des gens affectionnés et en écarter tous les individus de l'ancien
parti anglais. Vous donnerez également l'ordre qu'on forme en Corse
une gendarmerie composée, deux tiers de Corses et un tiers de
Français. Cette gendarmerie sera de la même force qu'en 1813.
L'excédant, en officiers et gendarmes, rentrera en France.
Faites demander au général Dalesme s'il veut retourner à l'île
d'Elbe. Personne n'est plus propre que lui à commander celte île,
qui ne laisse pas que d'être importante.
L'embarquement des troupes de Corse se fera par la marine. Le
prince d'EssIing se concertera avec l'amiral Ganteaume pour cet
objet. Expédiez en Corse, comme porteur de vos ordres, un offi-
cier corse.
Napoléov.
D'après l'original comm. par M™« la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21702. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 23 mars 1815.
Mon Cousin, j'ai signé le décret que vous m'avez proposé pour les
commandes de fusils. Je ne connais rien de plus urgent. Je désire
que le modèle de 1777 soit pour les troupes de ligne, et que tout le
n" 1 soit pour les gardes nationales. Serait-il possible de fabriquer
150,000 fusils n° 1, indépendamment des 150,000 du modèle de
1774? Cela ferait alors 400,000 fusils pour cette année. Faites-moi
un rapport sur les moyens à prendre pour réparer les vieilles armes.
Faites-moi connaître les emplacements, afin que je les rectifie. 11 faut
avoir constamment au moins 100,000 fusils à Vincennes et 100,000
fusils sur la Loire. Consultez le génie pour me faire connaître le
poste sur la Loire où l'on pourrait mettre ces armes à l'abri d'un
24 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". _ 1815.
coup de main. Je désirerais que la manufacture de Tulle fût triplée.
Je désirerais également tripler la manufacture de Versailles. Les évé-
nements de l'année passée font assez connaître la raison de ces
dispositions.
Je ne vois aucune utilité à loger des troupes et des chevaux à Vin-
cennes. Il faut que tout l'emplacement soit converti en magasins
d'artillerie, à l'exception du logement à réserver pour un bataillon,
qui me paraît suffisant pour la défense de ce poste.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™" la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21703. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 24 mars 1815, au matin.
Mon Cousin , vous n'avez envoyé à Rouen que le général Fressinet;
il faudrait là un général qui eût plus de réputation. Donnez ordre au
lieutenant général comte Lemarois de s'y rendre conmie commandant
supérieur; le général Fressinet sera sous ses ordres. Donnez-leur une
instruction pour réunir les troupes sur la 15* division, non-seule-
ment pour s'assurer du Havre, mais aussi pour avoir une colonne
mobile pour agir selon les circonstances.
Il est fort à craindre que le général Chastel et les généraux que
vous avez envoyés dans les places du Nord ne se fassent prendre par
l'ennemi. 11 faut recommander à ceux qui ne sont pas partis de faire
attention à la route qu'ils prendront.
Je charge le grand maréchal de vous voir relativement à votre
instruction sur la Vendée. Il faut lâcher de rallier et de prendre les
troupes dans l'endroit oij elles se trouvenl. Il n'est pas probable que
des corps puissent venir de Châteauroux à Alençon sans être débau-
chés. Il faut donc faire plusieurs colonnes sur le point où les routes
se réunissent. Le point de Tours me paraîtrait convenable comme
point central; mais il faut que les généraux marchent avec prudence.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™* la marëchalc princesse d'Eckmiihl.
21704. — A M. MARET, DUC DE RASSANO,
MINISTRE SECRÉTAIRE d'ÉTAT , A PARIS.
Paris, 24 mars 1815.
Faites mettre dans le Moniteur, en tête, et faites-le répéter plu-
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 25
sieurs jours de suite, que le Moniteur n'est plus le journal officiel;
que le texte du Bulletin des lois est seul officiel.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21705. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 25 mars 1815, liuit heures et demie du matin.
Mon Cousin , je vous envoie l'extrait d'une lettre écrite de Poulain-
ville par le général Exelmans.
Le géuéral d'Aigremont a envoyé, dans la nuit du 24, un aide de
camp avec une mission pour la Maison du roi.
Le duc d'Orléans , par lettre du 23 , a dégagé le général Teste et
les commandants sous ses ordres des obligations d'observer les ordres
qui lui avaient été transmis.
Le comte d'Artois, le duc de Berri, le duc de Raguse, la Maison
du roi étaient à Béthune, formant, avec les volontaires, 5 ou
6,000 hommes et douze bouches à feu.
Le général Teste a donné l'ordre d'arrêter les bouches à feu.
Le maréchal Macdonald a accompagné le roi jusqu'à Lille; on dit
qu'il retourne à Paris.
Le général Hazout est à Péronne.
Le général Exelmans est à Poulainville, continuant sa route sur
Arras, avec le 6* de lanciers. Le général Huber a dû coucher à
Amieus , venant d'Abbeville. Les dragons auront couché à l'Arbret.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M'"^ la maréchale princesse d'Ëckmiihl.
21706. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 25 mars 1815.
Mon Cousin , comme j'ai besoin des troupes qui sont à Orléans
pour les faire marcher sur-le-champ dans la même direction que le
général Morand à la poursuite du duc de Bourbon, je désire que le
général Pajol en prenne le commandement et qu'il parte sur-le-
champ. Donnez-lui ordre de rassembler tous les régiments, et de
renvoyer le colonel du l" régiment de cuirassiers et le colonel et des
officiers du 46*. Faites partir deux colonels pour les remplacer, choisis
parmi ceux qui sont à Paris. Envoyez-y le général Guyot, qui a com-
mandé le 1" régiment de cuirassiers, et un antre général de cava-
26 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I", _ 1815.
lerie. Faites revenir à Paris tous les généraux qui étaient employés
dans cette division. Ecrivez au général Pajol qu'il ait soin de prendre
un général de division d'infanterie moins ancien que lui , qui sorte de
la Garde, et choisi parmi ceux qui sont ici. Envoyez-lui un bon
adjudant commandant et trois ou quatre officiers d'état -major,
hommes sûrs , un colonel du 3* de hussards pour remplacer le colonel
Moncey, et un autre colonel de cavalerie pour les besoins imprévus ,
mon intention étant que cette division soit entièrement régénérée.
Envoyez-y également une batterie d'artillerie.
Faites dire au 46* que j'ai été surpris que le brave 50* ' ait con-
servé si peu d'attachement pour moi, que je n'ai pas reconnu là les
soldats qui se sont immortalisés à Gustadt. Faites témoigner ma satis-
faction aux hussards et cuirassiers du 1", qui ont forcé les portes
de la ville d Orléans pour venir me rejoindre et arboré la cocarde
nationale.
Envoyez un bon général de brigade pour commander à Orléans et
dans le département du Loiret. Faites -vous rendre compte de tous
les généraux qui commandent les 20% 21* et 12" divisions et dans
les déparlements, et remplacez les mauvais par de bons généraux,
qui seront sous les ordres du général Pajol, qui les fera installer.
Écrivez au général Pajol qu'aussitôt qu'il aura passé la revue des
troupes et fait tous les remplacements nécessaires il vous eu donne
avis par un courrier extraordinaire. Qu'il vous fasse connaître si elles
ont des cartouches et tout ce qui leur est nécessaire pour se mettre
sur-le-champ à la poursuite du duc de Bourbon.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princosse d'Eckmiihl.
21707. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 25 mars 1815.
Mon Cousin , j'ai reçu votre lettre du 22 mars. J'approuve la for-
mation d'un équipage de 150 bouches à feu, formant 650 voitures;
mais je ne vois aucune nécessité de les enterrer à Vincennes , ni de se
presser outre mesure; j'aime autant en avoir une partie à Vincennes
et l'autre à Douai. J'ai amené avec moi une quarantaine de bouches
à feu. Il y a eu aussi de grands mouvements d'artillerie pour former
le camp que devait commander le comte d'Artois, et d'autres mou-
* Le 50^ était devenu le 46"^ par suite du changement fait en 1814 aux nu-
méros des régiments.
CORRKSPONDANCE DE NAPOLÉON I«% — 1815. 27
veinents ordonnés quelque temps avant qu'on sût mon débarque-
ment. II est convenable que vous me présentiez un rapport général
sur tous ces objets.
Napoléon.
D'après l'original coram, par M"* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21708. — ALLOCUTION A L'ARMÉE.
Palais des Tuileries, 25 mars 1815.
Au miiien de la revue , les officiers et les sous-officiers se sont formés
en cercle, el l'Empereur, placé au centre, les a entretenus pendant
longtemps.
« Grâce au peuple français et à vous, leur a-t-il dit, le trône
impérial est réiabli ; il est reconnu dans tout l'Empire, sans qu'une
goutte de sang ait été versée. Le comte de Lille, le comte d'Artois,
le duc de Berri, le duc d'Orléans ont passé la frontière du Nord et
sont allés chercher un asile chez l'étraugcr. Le pavillon tricolore flotte
sur les tours de Calais, de Dunkerque, de Lille, d'Arras, de Valen-
ciennes , de Condé , etc. Quelques bandes de chouans avaient cherché
à se former dans le Poitou et dans la Vendée ; l'opinion du peuple el
la marche de quelques bataillons ont sulïi pour les dissiper. Le duc de
Bourbon , qui était venu fomenter des troubles dans ces provinces ,
s'est embarqué à Nantes. «
De vil/es acclamations ont interrompu l'Empereur.
" Qu'ils étaient insensés , a continué Sa Majesté , et qu'ils connais-
saient mal la nation, ceux qui croyaient que les Français consenti-
raient à recevoir un prince des mêmes mains qui avaient ravagé
notre territoire et qui , à l'aide de la trahison , avaient un moment
porté atteinte à nos lauriers! Le trône des Bourbons est incom-
patible avec les nouveaux intérêts, comme avec la gloire du peuple
français. «
De nouvelles acclamations se sont fait entendre dans tous les rangs.
« Soldats, a repris l'Empereur, je veux donner devant vous un
témoignage particulier de ma satisfaction à la brave garnison de Gre-
noble. Je le sais, tous les régiments français auraient agi comme
elle. Je veux aussi témoigner ma reconnaissance à ce brave bataillon
du 5* et à cette compagnie de mineurs qui, placés dans un défilé,
vinrent en entier se ranger autour de leur Empereur, qui seul s'of-
frait à leurs coups. Us ont bien mérité du peuple français, de moi et
de vous-mêmes. »
28 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
Ici les acclamations ont redoublé et n'ont plus permis à l'Empereur que
de dire ces mots :
u Soldats, vous serez constamment Gdèles à la grande cause du
peuple , à l'honneur français et à votre Empereur ! »
Extrait du Moniteur du 26 mars 1815.
21709. — AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris, 25 mars 1815.
Monsieur le Comte Carnot , j'ai nommé à la préfecture de Maine-
et-Loire le sieur Galeazzini, qui était commissaire général à l'île
d'Elbe; il est de la Corse. C'est un homme très-fin et très-capable de
suivre les intrigues qui pourraient se tramer dans l'Ouest. Il est à
Paris , m'ayant accompagné depuis l'île d'Elbe. Voyez-le et recom-
mandez-lui de surveiller de ce côté avec le zèle et l'intelligence que
vous lui connaissez.
Il y a d'autres préfectures vacantes où l'on pourra nommer Leroy.
Je crois qu'on a conservé Vaublanc; mais on dit qu'il s'est conduit
tellement mal qu'il n'est plus possible de le laisser. Metz est, au sur-
plus, une trop grande préfecture pour Leroy. ^
Napoléon.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21710. —AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris, 25 mars 1815.
Mon intention est que les travaux commencent dans Paris à compter
de lundi. Faites-moi un rapport, demain dimanche, sur les travaux
qu'il conviendra de reprendre les premiers, en donnant la préférence
à l'utilité. Comme les occupations de votre ministère sont trop nom-
breuses et trop urgentes pour que vous puissiez, d'ici à demain , vous
mettre tout à fait au courant de cette partie , vous serez maître d'ame-
ner avec vous le maître des requêtes Rruyère, qui, ayant assisté à
mes conseils d'administration , pourra me répondre et m'aider à
reprendre le fil des travaux entrepris et que les dernières années ont
interrompus.
Mon intention est que, 1° les travaux entrepris au compte de la
ville de Paris sur les fonds provenant de la vente des maisons des hos-
pices ou sur des fonds spéciaux se fassent à raison de 200,000 francs
par mois, ce qui emploiera 1,800,000 francs pour le reste de
l'année; 2° que les travaux à la charge des fonds généraux des ponts
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 18 15. 29
et chaussées de votre ministère et des fonds spéciaux déposés à la
caisse d'amortissement emploient 100,000 francs par mois; et,
comme j'ai destiné en outre un fonds de 100,000 francs par mois
sur les fonds de la liste civile de la Couronne, cela fera l'emploi
total de 400,000 francs par mois, qui redonneront une activité con-
venable aux travaux de Paris.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
2171 1 . — AU GENERAL COMTE DE MONTESQUIOU-FEZENSAC ,
GRAND CHAMBELLAN, A PARIS.
Paria, 25 mars 1815.
Monsieur le Comte Montesquiou , mon intention est que la surin-
tendance des théâtres soit exercée par vous. Vous vous occuperez
le plus tôt possible du budget de cette année, s'il n'a pas été fait.
Comme cela pourrait vous occasionner quelques dépenses de bureau,
vous les porterez dans le budget.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M. le général comte de Montesquiou-Fezensac.
21712. —AU GENERAL COMTE HERTRAND,
GRAND MARÉCHAL DU PALAIS, A PARIS.
Paris, 25 mars 1815.
Monsieur le Comte Bertrand, il y a des conilits dans les emplois
de ma Maison. Mon premier maître d'hôtel sera celui que j'avais à
Porto-Ferrajo Le sieur Dousseau sera mon chef de cuisine , le sieur
Pierron mon chef d'office. Renvoyez les individus qui auraient des
prétentions contraires. Présentez-moi une organisation simple de ma
Maison, .le ne veux point de double emploi. Présentez-moi l'état des
appointements portés aux anciens budgets, afln que je les fixe de nou-
veau comme il conviendra.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21713. — AU COMTE DE MONTALIVET,
INTENDANT GENliRAL DE LA COURONNE, A PARIS.
Paris, 25 mars 1815.
Mon intention est de réintégrer dans leurs fonctions le sieur Denon,
directeur général des musées; David, mon premier peintre; Des-
mazis, administrateur du garde-meuble; Fontaine, mon premier
architecte; le baron Corvisart, mon premier médecin ; le baron Boyer,
m CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I«^ — 1815.
mon premier chirurgien ; le baron Dubois , accoucheur de l'Impéra-
trice , et Deyeux , mon premier pharmacien.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21714. — AU COMTE Ï)E MONTALIVET,
INTENDANT GÉNÉRAL DE LA COURONNE , A PARIS.
Paris, 25 mars 1815.
Mon intention est que toutes les maisons qui m'appartiennent dans
le carré des Tuileries soient mises en démolition , notamment l'hôtel
qu'occupait la secrétairerie d'Etat.
Je désire que demain , dimanche , vous me remettiez un rapport
sur les ordres à donner pour faire cesser les travaux de Versailles et
pour commencer les dépenses des travaux du Louvre et des autres
établissements de la Couronne, à raison de 100,000 francs par mois,
à compter d'avril. Les travaux reprendront lundi prochain.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21715. — REPONSE >
A L'ADRESSE DES MINISTRES '.
Palais des Tuileries, 26 mars 1815.
Les sentin)ents que vous m'exprimez sont les miens. Tout à la
nation et tout pour la France! voilà ma devise.
1 Dans leur Adresse à l'Empereur, les ministres s'exprimaient ainsi :
t Sire, la Providence, qui veille sur nos destinées, a rouvert à Votre Majesté
le chemin de ce trône où vous avaient porté le choix libre du peuple et la
reconnaissance nationale. La patrie relève son front majestueux; elle salue pour
la seconde fois du nom de libérateur le prince qui détrôna l'anarchie, et dont
l'existence peut seule aujourd'hui consolider nos institutions libérales.
D La plus juste des révolutions, celle qui devait rendre à l'homme sa dignité
et tous ses droits politiques , a précipité du trône la dynastie des Bourbons :
après vingt-cinq ans de troubles et de guerres , tous les efforts de l'étranger
n'ont pu réveiller des affections éteintes ou tout à fait inconnues i la génération
présente. La lutte des intérêts et des préjugés d'un petit nombres contre les lu-
mières du siècle et les intérêts d'une grande nation est enfin terminée.
D Les destins sont accomplis; ce qui seul est légitime, la cause du peuple, a
triomphé. Votre Majesté est rendue au vœu des Français ; elle a ressaisi les
rênes de l'Etat au milieu des bénédictions du peuple et de l'armée.
j) La France , Sire , en a pour garants sa volonté et ses plus chers intérêts ;
elle en a pour garant tout ce qu'a dit Votre Majesté au milieu des populations
qui se pressaient sur son passage.
» Les Bourbons n'ont rien su oublier; lenrs actions et leur conduite démen-
CORRESPOXfDAîVCE DE NAPOLÉOX^ ^^ — 1813. 31
Moi et ma famille, que ce grand peuple a élevés sur le trône des
Français , et qu'il y a maintenus malgré les vicissitudes et les tem-
pêtes politiques, nous ne voulons, nous ne devons et nous ne pou-
vons jamais réclamer d'autres titres.
Extrait du Moniteur du 27 mars 1815.
21716. — REPONSE
A L'ADRESSE DU CONSEIL D'ÉTAT '.
Palais des Tuileries, 26 mars 1815.
Les princes sont les premiers citoyens de l'Etat. Leur autorité est
plus ou moins étendue, selon l'intérêt des nations qu'ils gouvernent.
talent leurs paroles. Votre Majesté tiendra la sienne; elle ne se souviendra que
des services rendus à la patrie; elle prouvera qu'à ses yeux et dans son cœur ,
quelles qu'aient été les opinions diverses et l'exaspération des partis, tous les
citoyens sont égaux devant elle , comme ils le sont devant la loi.
s Votre Majesté veut aussi oublier que nous avons été les maîtres des nations
qui nous entourent, pensée généreuse qui ajoute une autre gloire à tant de
gloire acquise.
ï Déjà Votre Majesté a tracé i ses ministres la route qu'ils doivent tenir; déjà
elle a fait connaître à tous les peuples, par ses proclamations, les maximes
d'après lesquelles elle veut que son Empire soit désormais gouverné. Point de
guerre au dehors, si ce n'est pour repousser une injuste agression; point de
réaction au dedans; point d'actes arbitraires; sîireté des propriétés; libre cir-
culation de la pensée : tels sont les principes que vous avez consarrés.
ï Heureux, Sire, ceux qui sont appelés à coopérer à tant d'actes sublimes.
De tels bienfaits vous mériteront dans la postérité, c'est-à-dire lorsque le
temps de l'adulation sera passé, le nom de Père de la patrie ; ils seront garan-
tis à nos enfants par l'auguste héritier que Votre .Majesté s'apprête à couronner
au Champ-de-Mai. »
Extrait du Moniteur du 27 mars 1815.
* Le Conseil d'Etat avait présenté à l'Empereur l'Adresse suivante :
Il Sire , les membres de votre Conseil d'Etat ont pensé , au moment de leur
première réunion, qu'il était de leur devoir de professer solennellement les
principes qui dirigent leurs opinions et leur conduite.
» Ils viennent présenter à Votre Majesté la délibération qu'ils ont prise à
l'unanimité, et vous prier d'agréer l'assurance de leur dévouement, de lenr
reconnaissance, de leur respect et de leur amour pour votre personne sacrée.
Extrait du registre des délibérations.
ï Le Conseil d'Etat, en reprenant ses fonctions, croit devoir faire connaître
les principes qui font la règle de ses opinions et de sa conduite.
i La souveraineté réside dans le peuple; il est la seule source légitime du
pouvoir.
n En 1789, la nation reconquit ses droits, depuis longtemps usurpés ou
méconnus.
32 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815.
La souveraineté elle-même n'est héréditaire que parce que l'intérêt
des peuples l'exige. Hors de ces principes, je ne connais pas de
légitimité.
J'ai renoncé aux idées du grand Empire , dont depuis quinze ans
T> L'Assemblée nationale abolit la monarchie féodale , établit une monarchie
constitutionnelle et le gouvernement représentatif.
j La résistance des Bourbons aux vœux du peuple amena leur chute et leur
bannissement du territoire français.
1) Deux fois le peuple consacra par ses votes la nouvelle forme de gouverne-
ment établie par ses représentants.
I En l'an VIII, Bonaparte, déjà couronné par la Victoire , se trouva porté au
cFOuvernement par l'assentiment national ; une constitution créa la magistrature
consulaire.
s Le sénatus-consulle du 16 thermidor an X nomma Bonaparte consul à vie.
s Le sénatus-consulte du 28 floréal an XII conféra à Napoléon la dignité im-
périale et la rendit héréditaire dans sa famille.
■s (]es trois actes solennels lurent soumis à l'acceptation du peuple , qui les
consacra par près de quatre millions de votes.
5 Ainsi, pendant vingt-deux ans, les Bourbons avaient cessé de régner en
France; ils y étaient oubliés par leurs contemporains , étrangers à nos lois, à
nos institutions, à nos mœurs, à notre gloire; la génération actuelle ne les con-
naissait que par le souvenir de la guerre étrangère qu'ils avaient suscitée contre
la patrie et des dissensions intestines qu'ils y avaient allumées.
j) En 1814, la France fut envahie par les armées ennemies et la capitale
occupée. L'étranger créa un prétendu gouvernement provisoire; il assembla la
minorité des sénateurs et les força, contre leur mission et contre leur volonté,
à détruire les constitutions existantes , à renverser le trône impérial et à rap-
peler la famille des Bourbons.
I Le Sénat, qui n'avait été institué que pour conserver les constitutions de
l'Empire, reconnut lui-même qu'il n'avait point le pouvoir de les changer. Il
décréta que le projet de constitution qu'il avait préparé serait soumis à l ac-
ceptation du peuple , et que Louis-Stanislas-Xnvier serait proclamé Roi des
Français aussitôt qu'il aurait accepté la constitution et juré de l'observer
et de la faire observer.
. » L'abdication de l'Empereur Napoléon ne fut que le résultat de la situation
malheureuse où la France et lEmpereur avaient été réduits par les événements
de la guerre , par la trahison et par l'occupation de la capitale ; l'abdication
n'eut pour objet que d'éviter la guerre civile et l'effusion du sang français. Non
consacré par le vœu du peuple, cet acte ne pouvait détruire le contrat solennel
qui s'était formé entre lui et l'Empereur, et, quand Napoléon aurait pu abdi-
quer personnellement la couronne , il n'aurait pu sacrifier les droits de son fils ,
appelé à régner après lui.
ï Cependant un Bourbon fut nommé lieutenant général du royaume et prit les
rênes du gouvernement.
ï Louis-Stanislas-Xavier arriva en France ; il fit son entrée dans la capitale ;
il s'empara du trône , d'après l'ordre établi dans l'ancienne monarchie féodale.
i II n'avait point accepté la constitution décrétée par le Sénat; il n'avait point
juré de l'observer et de la faire observer; elle n'avait point été envoyée à l'ac-
CORRESPOiVDANGE DE NAPOLEO.M I". — 1815. 33
je n'avais encore que posé les bases. Désormais le bonheur et la
consolidation de l'Empire français seront l'objet de toutes mes
pensées.
Extrait du Moniteur du 27 mars 1815.
ceptation du peuple; le peuple, subjugué par la présence des armées élran-
qères, ne pouvait pas même exprimer librement ni valablement son vœu.
ï Sous leur protection , après avoir remercié un prince étranger de l'avoir
fait remonter sur le trône, Louis-Slanislas-Xavier data le premier acte de son
autorité de la dix-neuvième année de son règne , déclarant ainsi que les actes
émanés de la volonté du peuple n'étaient que le produit d'une longue révolte ;
il accorda volontairement et par le libre exercice de son autorité royale une
charte constitutionnelle appelée ordonnance de réformation; et pour toute
sanction il la ût lire en présence d'un nouveau corps qu'il venait de créer
et d'une réunion de députés qui n'était pas libre, qui ne l'accepta point, dont
aucun n'avait caractère pour consentir à ce changement et dont les deux cin-
quièmes n'avaient même plus le caractère de représentants.
» Tous CCS actes sont donc illégaux. Faits en présence des armées ennemies
et sous la domination étrangère, ils ne sont que l'ouvrage de la violence; ils
sont essentiellement nuls et attentatoires à l'honneur, à la liberté et aux droits
du peuple.
I Les adhésions données par des individus et par des fonctionnaires sans
mission n'ont pu ni anéantir ni suppléer le consentement du peuple, exprimé
par des votes solennellement provoqués et légalement émis.
ïi Si ces adhésions, ainsi que les serments, avaient jamais pu même être obli-
gatoires pour ceux qui les ont faits, ils auraient cessé de l'être dès que le gou-
vernement qui les a reçus a cessé d'exister.
t La conduite des citoyens qui , sous ce gouvernement , ont servi l'Etat , ne
peut être blâmée ; ils sont même dignes d'éloges , ceux qui n'ont profité de leur
position que pour défendre les intérêts nationaux et s'opposer à l'esprit de réac-
tion et de contre-révolution qui désolait la France.
1) Les Bourbons eux-mêmes avaient constamment violé leurs promesses; ils
favorisèrent les prétentions de la noblesse fidèle; ils ébranlèrent les ventes des
biens nationaux de toutes les origines ; ils préparèrent le rétablissement des
droits féodaux et des dîmes; ils menacèrent toutes les existences nouvelles; ils
déclarèrent la guerre à toutes les opinions libérales ; ils attaquèrent (outes les
institutions que la France avait acquises au prix de son sang; aimant mieux
humilier la nation que de s'unir à sa gloire , ils dépouillèrent la Légion d'hon-
neur de sa dotation et de ses droits politiques, ils en prodiguèrent la décoration
pour l'avilir; ils enlevèrent à l'armée, aux braves, leur solde, leurs grades
et leurs honneurs pour les donner à des émigrés , à des chefs de révolte ; ils
voulurent enfin régner et opprimer le peuple par Yémigration,
1» Profondément affectée de son humiliation et de ses malheurs, la France
appelait de tous ses vœux son gouvernement national, la Dynastie liée à ses
nouveaux intérêts, à ses nouvelles institutions.
» Lorsque l'Empereur approchait de la capitale , les Bourbons ont en vain
voulu réparer , par des lois improvisées et des serments tardifs à leur charte
constitutionnelle, les outrages faits à la nation et à l'armée. Le temps des illu-
sions était passé , la confiance était aliénée pour jamais. Aucun bras ne s'est
xiiti. 3
34 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
21717. — RÉPONSE
A L'ADRESSE DE LA COUR DE CASSATION.
Palais des Tuileries, 26 mars 1815.
Dans les premiers âges de la monarchie française, des peuplades
guerrières s'emparèrent des Gaules. La souveraineté, saus doule, ne
fut pas organisée dans l'intérêt des Gaulois , qui furent esclaves ou
n'eurent aucuns droits politiques; mais elle le fut dans l'intérêt de la
peuplade conquérante. Il n'a donc jamais été vrai de dire, dans au-
cune période de l'histoire , dans aucune nation , même en Orient , que
les peuples existassent pour les rois : partout il a été consacré que
les rois n'existaient que pour les peuples. Une dynastie créée dans
les circonstances qui ont créé tant de nouveaux intérêts , ayant inté-
rêt au maintien de tous les droits et de toutes les propriétés , peut
seule être naturelle et légitime, et avoir la confiance et la force , ces
deux premiers caractères de tout gouvernement.
Extrait du Moniteur du 27 mar» 1815.
armé pour leur défense. La natiou et l'armée ont voJé au-devant de leur
libérateur.
i L'Empereur, en remontant sur le trône où le peuple l'avait élevé, rétablit
donc le peuple dans ses droits les plus sacrés. Il ne fait que rappeler à leur
exécution les décrets des assemblées représentatives sanctionnées par la nation ;
il revient régner par le seul principe de légitimité que la France ait reconnu
et consacré depuis vingt-cinq ans , et auquel toutes les autorités s'étaient liées
par des serments dont la volonté du peuple aurait pu seule les déga'fer.
j L'Empereur est appelé à garantir de nouveau par des institutions , et il en
a pris l'engagement dans ses proclamations à la nation et k l'armée, tous les
principes libéraux, la liberté individuelle et l'égalité des droits, la liberté de la
presse et l'abolition de la censure, la liberté des cultes, le vote des contribu-
tions et des lois par les représentants de la nation légalement élus, les propriétés
nationales de toute origine, l'indépendance et l'inamovibilité des tribunaux, la
responsabilité des ministres et de tous les agents du pouvoir.
» Pour mieux consacrer les droits et les obligations du peuple et du monar-
que, les institutions nationales doivent être revues dans une grande assemblée
des représentants , déjà annoncée par l'Empereur.
ï Jusqu'à la réunion de cette grande assemblée représentative , l'Empereur
doit exercer et faire exercer, conformément aux constitutions et aux lois exis-
tantes, le pouvoir qu'elles lui ont délégué, qui n'a pu lui être enlevé, qu'il n'a
pu abdiquer sans l'assentiment de la nation, que le vœu et l'intérêt général du
peuple français lui font un devoir de reprendre. »
Extrait du Moniteur du 27 mars 1815.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815. :55
21718. — RÉPONSE
A L'ADRESSE DE LA COUR DES COMPTES.
Palais des Tuileries, 26 mars 1815.
Ce qui distingue spécialement le trône impérial, c'est qu'il est
élevé par la nation , qu'il est par conséquent naturel, et qu'il garantit
tous les intérêts : c'est là le vrai caractère de la légitimité. L'intérêt
impérial est de consolider tout ce qui existe et tout ce qui a été fait
en France dans vingt-cinq années de révolution; il comprend tous
les intérêts et surtout l'intérêt de la gloire de la nation, qui n'est pas
le moindre de tous.
Elirait du Moniteur du 27 mars 1815.
21719. — REPONSE
A L'ADRESSE DE LA COUR IMPÉRIALE DE PAUIS.
Palais de* Tuileries , 26 mars 1815.
Tout ce qui est revenu avec les armées étrangères, tout ce qui a
été fait sans consulter la nation, est nul. Les cours de Grenoble et de
Lyon et tous les tribunaux .de l'ordre judiciaire que j'ai rencontrés,
lorsque le succès des événements était encore incertain , m'ont mon-
tré que ces principes étaient gravés dans le cœur de tous les Français.
Extrait du Moniteur du 27 mars 1815.
21720. — REPONSE
A L'ADRESSE DU CONSEIL MUMCIPAL DE PARIS.
Palais des Tuileries, 26 mars 1815.
J'agrée les sentiments de ma bonne ville de Paris. J'ai mis du prix
à entrer dans ses murs à l'époque anniversaire du jour où, il y a
quatre ans , tout le peuple de cette capitale me donna des témoi-
gnages si touchants de l'intérêt qu'il portait aux affections qui sont
le plus près de mon cœur. J'ai dû pour celft devancer mon armée et
venir seul me conGer à cette garde nationale que j'ai créée, et qui a
si parfaitement atteint le but de sa création. J'ambitionne de m'en
conserver à moi-même le commandement.
J'ai ordonné la cessation des grands travaux de Versailles , dans
l'intention de faire tout ce que les circonstances permettront pour
achever les établissements conmiencés à Paris, qui doit être constam-
ment le lieu de ma demeure et la capitale de l'Empire. Dans des
temps plus tranquilles, j'achèverai Versailles, ce beau monument
des arts, mais devenu aujourd'hui un objet accessoire.
3.
36 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815,
Remerciez en mon nom le peuple de Paris de tous les témoignages
d'affection qu'il me donne.
Extrait du Moniteur du 27 mars 1815.
21721. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 26 mars 1815.
Mon Cousin, je pense qu'il faut donner l'ordre au général Morand
de se rendre à Nantes avec les troupes venues d'Alençon , de Château-
roux et de la Loire, et de centraliser là une armée active, pour se
porter partout où il serait nécessaire.
Napoléon.
D'après l'original comm, par M™« la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21722. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 26 mars 1815.
Mon Cousin, il faut envoyer sur-le-champ M. Denniée , intendant
général de la maison militaire du roi , et les autres employés du
même service , au-devant de la maison du roi , qui demande à se sou-
mettre , afin d'en recevoir les chevaux , les armes et l'équipe-
ment, etc. Vous sentez l'importance de conserver tout ce matériel.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21723. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 26 mars 1815.
Mon Cousin, actuellament que tous les mouvements de l'Est et du
Nord sont terminés , il faut former des corps d'observation.
Le 1" sera composé de tous les corps qui sont dans la 16' divi-
sion. A cet effet, le 1" et le 2* bataillon de tous ces régiments se
réuniront au camp. Le 3' bataillon seul et le dépôt resteront dans les
places. Vous donnerez au comte d'Erlon l'autorisation de faire les
changements qu'il jugera convenables dans les commandants et offi-
ciers des gardes nationales. Ce corps d'observation se réunira à
Lille.
Le 2* sera commandé par le général Reille, et composé de l'infan-
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON !<='. — 1815. 37
terie et de la cavalerie qu'il a avec lui ; il se réunira à Valenciennes
et Maubeuge.
Faites-moi connaître combien de divisions de cavalerie et d'infan-
terie on pourrait ainsi former dans le Nord.
Il faudra successivement renforcer ces deux corps d'observation
par les 3" bataillons, aussitôt qu'ils auront été complétés par le
rappel des semestriers et des congés illimités, ainsi que par les
anciens soldats qui rejoindront.
Le 3* corps d'observation sera formé des troupes qui sont à Chà-
lons et dans la 2" division militaire. Le duc de Plaisance en conser-
vera provisoirement le commandement ; on y enverra un ofûcier plus
habile, aussitôt qu'il sera nécessaire. Ce corps se réunira à Mézières.
Le 4*= corps se composera de tout ce qui est dans les 3* et 4* divi-
sions militaires. On laissera les 3" bataillons et les gardes nationales
dans les places. Le général Gérard commandera ce corps, qui se
réunira à Thionville.
Le 5* corps sera composé de tout ce qui se trouve dans les places
d'Alsace. Le duc d'Albufera le commandera; il le réunira près de
Strasbourg , ne laissant que les 3"' bataillons et les dépôts dans les
places avec les gardes nationales. Donnez-lui l'autorisation de chan-
ger dans la garde nationale tous les officiers qui ne seraient pas sûrs.
Le 6* corps sera réuni près de Chambéry, pour couvrir les Alpes.
On y enverra les régiments qui sont dans les 7* et 8' divisions. Le
général Dessaix les commandera.
Le 7* corps observera les Pyrénées; il sera composé de tous les
régiments qui sont de ce côté. Le général Clausel le commandera.
Enfin il y aura un corps de réserve de l'intérieur, qui formera le
8" corps et sera réuni autour de Paris. Il sera commandé par le
comte de Lobau.
Faites-moi former cet état des différents corps , afin d'en arrêter
définitivement l'organisation.
Réunissez aussi un comité de défense sous la présidence du général
Dejean, qui y appellera les officiers du génie qui connaissent le mieux
les différentes frontières, pour déterminer les positions convenables
où doivent être placés les différents corps d'observation , en répar-
tissant la surveillance des débouchés des frontières entre les diffé-
rents corps.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiibl.
38 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
21724. — A M. FONTAINE,
PREMIER ARCHITECTE DE l'eMPEREUR, A PARIS.
Paris, 26 mars 1815, au soir.
J'ai ordonné à l'intendant de la Couronne de me faire un rapport
sur les travaux à faire; mais comme mon intention est de ne pas
perdre un moment, je vous autorise à remettre dès demain en activité
les ateliers de la nouvelle galerie et les travaux extérieurs du Louvre.
Employez les ouvriers nécessaires pour dépenser 200,000 francs,
indépendamment de ceux que vous mettrez à la démolition des mai-
sons qui m'appartiennent sur le Carrousel. S'il était possible, je dé-
sirerais même démolir mes écuries; mais est-il possible de les rem-
placer?
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21725. — AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris, 26 mars 1815.
Monsieur le Comte Carnot, je recevrai dimanche prochain l'Uni-
versité, en même temps que l'Institut. Je désire donc que l'Université
soit promptement organisée. Présentez-moi un projet de décret pour
la rétablir telle qu'elle était organisée l'année dernière'. Proposez-
moi, en même temps, les personnes que je dois nommer pour cette
réorganisation. Ecartez-en celles qui, telles que le sieur de Bonald,
ont énoncé des principes obscurs , propres à égarer l'opinion et à cor-
rompre la jeunesse. Je désirerais que vous pussiez me remettre ce
travail mercredi prochain.
Napoléon.
D'après la copie. Archivps de l'Empire.
21726. — AU VICE-AMIRAL DUC DECRES,
ministre de la marine, a paris.
Paris, 27 mars 1815.
Monsieur le Duc Decrès, faites-moi connaître ce que Brest, Ro-
chefort, Toulon, Cherbourg et les autres établissements maritimes
peuvent m'offrir en troupes, en équipages, en ouvriers des arsenaux
pour la défense de ces villes.
Concertez-vous avec le minisire de la guerre pour me présenter le
commandant d'armes ou le gouverneur à envoyer dans ces grands
établissements.
1 Voir le Moniteur ilii 1^'' avril.
CORHKSPOMDANCE DE NAPOLÉOM I". — 1815. 39
Il est nécessaire que le général de terre qu'on enverra ait la con-
ûance des troupes de terre et des marins, aGn que les administrations
concourent d'un bon accord à toutes les opérations que les circon-
stances pourraient exiger.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™* la duchesse Decrès.
21727. — A M. GAUDIN, DUC DE GAETE,
MINISTRE DES FINANCES, A PARIS.
Paris, 27 mars 1815.
Monsieur le Duc de Gaëte, on a destitué plusieurs receveurs géné-
raux et beaucoup de receveurs particuliers. On a destitué également en
Bourgogne un grand nombre d'agents forestiers , parce qu'ils s'étaient
armés pour repousser l'invasion de l'ennemi. On a enfin fait de nom-
breux changements dans toutes les administrations de finances. Mon
intention est de remettre en place tous les employés destitués, contre
lesquels il n'y aura pas eu de reproches fondés, et notamment les
militaires.
Je désire que vous me fassiez incessamnlent un rapport sur tous
les changements qui ont eu lieu.
Napoléon.
D'après la copie. Archives de l'Empire.
21728. —AU COMTE CARNOT, mimstre de l'intérieur, a paris.
Paris, 27 mars 1815.
Monsieur le Comte Carnot, ayant remis les gardes nationales dans
votre ministère, il est indispensable que vous formiez sur-le-champ
un bureau, dirigé par un officier supérieur, pour prendre connais-
sance de tout ce qui a été fait relativement aux gardes nationales, et
faire, sans délai, tous les changements convenables dans les chefs.
Mon intention est d'organiser la garde nationale dans toutes les parties
de l'Empire, mais surtout dans les bonnes provinces, en Dauphiné,
en Franche-Comté, en Alsace, en Lorraine, dans les Vosges, dans
les 3' et 4" divisions militaires, dans la 2% dans la Champagne,
dans la Picardie et dans les départements du Nord. Il faut qu'une
partie soit armée et puisse servir et protéger le territoire ; mais il faut
la faire commander par des officiers réformés , ou par des personnes
sur le patriotisme desquelles on n'ait aucun doute. Cette opération
est si importante, qu'aussitôt qu'il sera possible je désire avoir votre
rapport sur l'organisation de votre bureau des gardes nationales , qui
sera chargé de tous les détails et des nominations à tous les emplois.
40 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
Je pense qu'en attendant vous devez autoriser le comte d'Erlon à
opérer dans la 16* division tous les changements d'offlciers qu'il croira
utiles et qui seraient urgents. Donnez la même autorisation au duc
d'Albufera pour l'Alsace; au général Gérard, pour les 3* et 4^ divi-
sions ; au duc de Plaisance, pour la 2*; au prince d'Essling, pour la 8*;
au général Lasalcette, pour la 7*; au général Dessaix , pour la 19*;
au général Lemarois, pour les 15" et 14*; au général Caffarelli, pour
la 13*; au général Morand, pour la 12*; au général Clausel, pour
les 11* et 21*, et au général Pajol, pour la 22*. Je n'ai pas encore
de renseignements clairs sur ce qui se passe à Nîmes , c'est-à-dire
dans les 9* et 10* divisions; mais vous pouvez donner au général
Delaborde, qui est là, l'autorisation nécessaire pour de semblables
changements. En leur donnant ce pouvoir, faites une circulaire pour
leur faire connaître qu'on doit placer , de préférence , les officiers
réformés ou qui ont servi , et ôter tous ceux qui , par leurs intérêts
ou leurs opinions, seraient contraires à la cause nationale. Cette
opération est urgente et doit se faire sans délai.
Pour que celte opération marche d'ensemble , il faut que toutes les
autorités soient épurées"; mais ce travail serait trop long s'il fallait
attendre qu'il partît de Paris. Je pense qu'il faudrait, par une circu-
laire, autoriser les préfets à suspendre les sous-préfets, les maires
et autres autorités qui ne seraient pas attachés au gouvernement im-
périal. Mandez aussi aux préfets de vous faire connaître tous les dé-
placements qui ont eu lieu dans les diverses administralions ou régies
de leurs départements, et surtout dans les eaux et forêts, d'où l'on aôté
de bons citoyens pour placer des émigrés. Vous autoriserez , en con-
séquence, les préfets à se concerter avec le général commandant la
division, pour rectifler les déplacements qui auraient eu lieu dans
les administrations de leurs départements , en haine d'opinions poli-
tiques, etc. Ils pourront déplacer, à cet effet, ceux qui auraient été
nommés depuis le 1*' avril 1814, et rétablir ceux qui seraient dans
le cas de reprendre leur place. Vous leur ferez connaître que cette
latitude extraordinaire de pouvoirs que vous leur donnez après avoir
pris mes ordres ne doit être que pour quinze jours , à dater de la ré-
ception de votre lettre. Faites part aux généraux comaiandant les
divisions de cette décision. Vous aurez soin, aussitôt que vous serez
instruit des déplacements, de m'en rendre compte sur-le-champ, pour
que je confirme ou rapporte les mesures provisoires que les préfets
auraient prises.
NAl'OLÉOiV.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
CORRESPONDANGH DE NAPOLEON I«f. —1815. 41
21729. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMLHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 27 mars 1815.
Mon Cousin, mon intention est que vous me présentiez un plan
pour mettre à l'abri d'un coup de main les places de la Fère, Sois-
sons et de Château-Thierry. Il faudrait que ces trois places, et surtout
la Fère, fussent en état de défense dans trente ou quarante jours.
Napoléon.
D'après roriginal comm. par M™» la maréchale princesse d'Eckmulil.
21730.— AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 27 mars 1815.
Mon Cousin, il paraît que le duc d'Angoulênie était le 23 en avant
d'Avignon, couvrant la Provence. Je suppose que les événements
de Paris leur feront sentir la nécessité de s'en aller. Cependant ,
comme il a derrière lui l'Espagne , il serait nécessaire de se préparer
à dissiper ce rassemblement. Faites-moi connaître les troupes qu'il y
a en Languedoc et en Provence, et qui les commande; joignez-y
l'état des troupes qui sont sur la rive gauche de la Loire , en y com-
prenant Orléans, afin d'organiser tout cela et de paciûer tout le Midi.
Le général Clausel, qui est de ce côté, commandera le corps d'ob-
servation qu'il sera nécessaire de former du côté des Pyrénées.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21731. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 27 mars 1815.
Alon Cousin, il y a en France quarante-huit escadrons de cuiras-
siers; je désire en former trois divisions d'observation. Présentez-moi
un projet d'organisation de ces trois divisions , et indiquez-moi le
lieu oij sont les régiments, pour les former. J'ai soixante escadrons
de dragons ; je désire également en former quatre divisions de réserve,
ce qui ferait sept divisions de réserve, formant plus de cent escadrons.
On attacherait une batterie d'artillerie légère à chaque division.
Je voudrais spécialement réunir ces deux armes en Flandre et en
Alsace.
Les lanciers, les hussards et les chasseurs seraient attachés aux
différents corps dont je vous ai ordonné la formation ce matin ; mais
42 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". _ 1815.
les sept divisions de cavalerie seraient sous les ordres de trois géné-
raux supérieurs de cavalerie. Il entrait, je crois, dans les moyens de
votre budget d'acheter 7 ou 8,000 chevaux; je pense qu'il faudrait
donner suite à cet achat, afin d'avoir ces divisions en état. Présentez-
moi le travail .
J'ai dicté hier , à un de vos chefs de division , des ordres pour
rappeler les militaires en semestre et en congés illimités. Il paraît
que la différence consiste en ce que les semestriers étaient soldés et
que les congés illimités ne l'étaient pas. Il faut que l'une et l'autre
classe rejoigne ses drapeaux , afin de pouvoir compléter les 3"* et 4"
bataillons. Les officiers à la demi-solde serviront à former les 5'' ba-
taillons, qu'on cherchera ensuite à compléter.
J'ai également ordonné la formation de douze régiments de jeune
Garde. Présentez-moi une circulaire pour rappeler tous les vieux
militaires qui ne sont ni en semestre ni en congé , pour entrer dans
cette formation. Le surplus que cet appel donnera, on l'emploiera pour
les 4" et 5" bataillons. Par ce moyen, l'armée arrivera à un premier
état respectable.
Mon intention est que chaque division d'infanterie ait une batterie
d'artillerie à pied et , indépendamment de ce , quelques batteries de
réserve de 12.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"» la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21732. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 21 mars 1815.
Mon Cousin, donnez ordre que tous les fusils qui se trouvent dans
les manufactures d'armes soient dirigés sans délai sur Vincennes , et
qu'à compter de ce jour tous les produits reçoivent la même destina-
tion. Sous le nom de Vincennes, je comprends la Fère, qui en est
la succursale. Faites venir de Corse à Toulon les 5,900 fusils qui se
trouvent à Bastia; ces armes seront réparées dans les ateliers de
Toulon. Le ministre de la marine a l'ordre d'expédier un bâtiment
pour les transporter de Bastia à Toulon.
Faites venir à Paris les fusils à réparer qui se trouvent à Montpel-
lier, 14,600; à Perpignan, 20,600; à Toulouse, 13,000; à Rayonne,
17,200; total, 66,200. Faites disposer à Paris, Versailles et la Fère
des ateliers pour réparer promptement ces 66,200 fusils. Comme ils
proviennent du désarmement des troupes, ils doivent avoir besoin
CORRESPONDANCE DE NAPOLEOiV I". — 1815. 43
de peu de réparations; on pourra en réparer 2,000 par jour. Ces
fusils arriveront successivement à Paris, et, en attendant leur arrivée,
on fera les réparations des 4,000 qui sont en magasin.
Ainsi, avant quarante jours, on aura à Paris : fusils réparés,
70,000; existants ou en route, 30,000; existants dans les manu-
factures ou fabriques, jusqu'au 1" mai, 20,000; fabrication de mai,
24,000; total; 144,000. Si Ton ajoute à ce nombre la fabrication
des sept derniers mois, à raison de 24,000 par mois, 168,000, on
aura 312,000 pour le nombre total des fusils qai existeront à Paris
à la fin de l'année.
Dans les grandes places du Nord et dans les grands établissements
maritimes , faites monter des ateliers pour les réparations d'armes.
Si l'on a besoin du Grand-Conmiun de Versailles pour l'établissement
de ces ateliers, je le ferai rendre. Faites établir un atelier à Lyon, et
faites-y transporter le tiers des fusils qui sont à Grenoble, afin d'avoir
30,000 fusils à Lyon. Comme il n'y a à Auxonne ni armes à réparer
ni armes neuves, faites-y transporter 10,000 fusils de Grenoble,
moitié en état, moitié à réparer, de sorte que les 61,000 fusils de
Grenoble seront répartis ainsi qu'il suit : à Auxonne, 10,000; à
Lyon, 25,000; à Valence, 5,000; à Grenoble, 21 ,000; total, 61,000.
A Mézières il y a 24,000 fusils : faites-en transporter 10,000 à
Soissons. A Strasbourg il y a 23,000 fusils neufs : faites-en trans-
porter 10,000 à Phaisbourg. Il restera encore à Strasbourg 13,000
fusils neufs, plus 8,000 à réparer, qui le seront en moins de qua-
rante jours, ce qui donnera 21,000 fusils. Il n'y a à Melz que
3,500 fusils; il y en a 17,400 à réparer; donnez ordre que ces répa-
rations soient faites promptement. C'est à Metz qu'il aurait fallu
10,000 fusils neufs.
Faites monter à Paris des ateliers pour monter 400 fusils par jour,
avec des pièces de rechange. Cela donnera du travail à la ville; faites
venir des canons de tous côtés et faites monter un atelier de platines
en cuivre. Faites voir si l'on peut avoir en Angleterre ou en Suisse
100,000 fusils; vous pouvez en faire acheter jusqu'à 200,000.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmûhl,
21733. —AU MARECHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 27 mars 1815.
Mon Cousin , je désire avoir l'état de situation des divisions qui
44 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
composent les P'', 2% 3^ et 6" corps. C'est avec cette armée (hormis
la division de Belfort) que j'agirai. J'y réunirai ma Garde, et je par-
viendrai à avoir dans mes mains une force mobile de 80,000 hommes.
Je suppose que vous avez donné des instructions pour que , en
cas d'événements imprévus, les généraux Keille et d'Erlon se retirent
derrière la Sambre , et que vous avez mandé au général Vandamme
de porter' ses troupes sur Rocroy et sur Mézières. Il est important
aussi , comme je vous l'ai fait connaître , que le 6® corps se réunisse
promptement à Laon.
L'armée du Nord sera la principale armée ; c'est donc sur celle-là
que vous devez porter votre attention. Veillez à ce qu'il y ait des car-
touches et des coups de canon à Soissons , à Guise , à Avesnes , à
Paris ; il en faut aussi à Maubeuge , Condé , Valenciennes , PhiUppe-
ville. Il faut enfin tout prévoir et n'omettre aucune précaution.
Un bon ordonnateur , un payeur général , un général d'artillerie ,
un directeur du parc, un général du génie paraissent indispensables
pour cette armée , dont le grand quartier sera probablement porté à
Soissons.
Donnez des ordres à tous les corps de retirer leurs troupes des
places et d'y faire rentrer les gardes nationales. Que ces troupes soient
mises dans de bons cantonnements, en ayant soin de placer sur les
derrières les parcs, les munitions, etc. Je pense que les Alsaciens
doivent être maintenant dans les places. Donnez au général Rapp des
instructions pour qu'il réunisse ces diverses divisions. Comme il serait
possible que nos communications avec Strasbourg fussent intercep-
tées , c'est principalement dans cette ville qu'il ne faut laisser que le
nécessaire, pour pouvoir, si les circonstances l'exigeaient, reployer
notre artillerie et nos dépôts sur Vitry, Soissons , la Fère et Paris.
Faites-moi faire une note de ce qui s'est passé dans les autres
campagnes. Dites-moi quel a été le résultat des opérations com-
binées des armées de Moselle et du Rhin, quelle position l'une et
l'autre de ces armées ont dû prendre pour se trouver en mesure de
se combiner.
Je suppose que vous avez donné des ordres pour le fort de Vauban
et pour les redoutes sur le Rhin.
La division qui se rend à Belfort ne fera point partie du 6' corps,
mais d'un corps d'observation du Jura qui sera commandé, ainsi que
la 6" division militaire, par le général Lecourbe. Il faut donc lui
adresser des ordres et lui envoyer un officier du génie pour les
retranchements à faire dans le Jura.
Envoyez-moi le plan sur les moyens de fortifier les hauteurs de
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815. 45
Lyon. Il serait nécessaire d'y établir quelques redoutes. Cette ville,
étant placée entre deux rivières, pourrait être mise facilement en état
de défense. Je crois même qu'il doit y avoir une enceinte. Ne serait-
il point convenable aussi d'établir, au pont de la Guillotière, du côté
du faubourg, d'abord une barrière, ensuite une bonne et solide porte
de deux pieds d'épaisseur, appuyée à de bonnes murailles et garnie
de deux bons contre-forts , ce qui la mettrait à l'abri de toute attaque
de troupes légères, et même de quelques pièces de campagne?
Lorsque l'attaque deviendrait sérieuse, on aurait alors la ressource
de couper le pont.
Je suppose que vous avez donné des ordres pour les travaux de
Grenoble.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""' la maréchale princesse d'Eckmûlil.
21734. — AU MARECHAL NEY, PRINCE DE LA MOSKOVA,
EN MISSION, A LILLE.
Paris, 27 mars 1815.
J'ai reçu votre lettre du 25 mars à onze heures du matin. Le
comte d'Erlon doit être installé dans son commandement. Le général
Reille et le général Exelmans, qui est sous ses ordres, doivent être
en marche pour renforcer les places du Nord. Parcourez toute la
ligne depuis Lille jusqu'à Landau, et envoyez-moi votre rapport et
vos observations. Envoyez-moi des notes sur les commandants mili-
taires et sur les officiers d'état-major. Quant à ceux qui sont des
nôtres, dites-moi votre opinion sur leur habileté. Donnez-moi les
mêmes renseignements, 1° sur les colonels et officiers de troupes,
indiquez-moi ceux qu'il faudrait changer comme mal choisis; 2° sur
les préfets, sous-préfets et maires qu'il serait urgent de remplacer;
3° sur la force des gardes nationales , sur leur armement et sur les
chefs qu'il serait important de changer. Enfin jetez un coup d'oeil
sur l'armement et l'approvisionnement des places. Revenez après cela
à Paris. Je désire que vous m'envoyiez votre rapport de chaque place
où vous passez. Prenez aussi sur votre route des renseignements, et
recueillez toutes les nouvelles qui courent sur la position qu'occupent
les troupes belges, hanovriennes et autres qui nous seraient opposées,
ainsi que sur leurs mouvements.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
46 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
21735. —AU MARÉCHAL SUCHET, DUC D'ALBUFERA,
COMMANDANT LA 5* DIVISION MILITAIRE, A STRASBOURG.
Paris, 27 mars 1815.
Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre du 24 mars. Vous savez l'estime
que je vous ai toujours portée depuis le siège de Toulon. J'ai vu
avec plaisir la conduite patriotique que vous avez tenue dans ces
dernières circonstances. Je vous verrai avec plaisir à Paris, pour
vous renouveler l'expression de mes sentiments.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21736. — AU CAPITAINE DUMOULIN,
OFFICIER d'ordonnance DE l'eMPEREUR , A PARIS.
Paris, 27 mars 1815.
Rendez-vous à Chartres; vous me ferez connaître le nombre de
troupes qui s'y trouvent, celles qui en sont parties, l'esprit qui règne
parmi elles et les habitants , les noms des sous-préfets , des maires ,
par qui ils ont été nommés, et généralement tout ce qu'il est impor-
tant de savoir pour mon service. De là vous vous rendrez à Orléans,
à Blois, à Tours, à Angers, à Napoléonville, à la Rochelle, à Bor-
deaux, pour remplir la même mission; vous m'écrirez de chaque
ville en grand détail. Vous me donnerez tous les renseignements que
vous pourrez avoir sur le duc d'Angoulême et sur le nombre de
troupes qu'il a avec lui. Vous prendrez note de tous les préfets qui
sont arrivés. Comme ofGcier d'ordonnance, vous pourrez voir les
généraux commandant les divisions, les préfets, les maires, ofûciers
de gendarmerie, etc. , mais sans exiger rien d'eux en vertu de vos
ordres. Ce n'est qu'en parlant avec eux que vous pourrez faire vos
observations et connaître l'opinion.
Vous enverrez vos dépêches par la poste, à moins qu'elles ne
soient très-pressées.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
Même lettre à l'officier d'ordonnance Saint-Yon, envoyé en mission
dans les départements de l'Est et du Nord.
21737. — DECRET'.
Palais des Tuileries, 28 mars 1815.
Article premier. L'Empereur appelle tous les sous-officiers et
1 La minute de ce décret est , en plusieurs endroits , modifiée et corrigée de
la main de l'Empereur.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 47
soldais qui ont quitté l'armée, par quelque raison que ce soit, à
rejoindre leurs corps et à courir à la défense de la patrie. Il leur
donne la promesse spéciale que, aussitôt que la paix actuelle sera
consolidée, ceux qui auront rejoint en conséquence du présent décret
seront les premiers qui obtiendront des congés pour rentrer dans
leurs foyers.
Art. 2. Tous les sous-officiers et soldats qui ont servi dans la vieille
Garde, infanterie, cavalerie et artillerie, ainsi que dans la jeune Garde,
et qui sont maintenant chez eux par congé ou par permission autre
que par semestre, rejoindront à Paris pour reprendre leurs rangs.
Ceux des sous-officiers et soldats appartenant à d'ïiutres corps seront
tenus de les rejoindre dans les lieux indiqués par le tableau ci-joint.
Toutefois ils seront les maîtres, s'ils ont servi plus de trois ans dans
un autre corps et s'ils le préfèrent, de le rejoindre.
Art. 3. Les militaires compris dans l'article précédent qui seront
jugés susceptibles de la réforme ou d'être libérés du service recevront
leur congé absolu.
Art. 4. Il sera créé six régiments de tirailleurs et six régiments
de voltigeurs de la jeune Garde Impériale. Ces douze régiments
seront organisés à Paris par le lieutenant général comte Drouot. A
cet effet, les autres soldats en congé illimité qui réuniront les qua-
lités requises seront dirigés sur Paris, pour entrer dans la composition
de ces régiments, conformément au tableau ci-joint.
Art. 5. Dans chaque régiment d'infanterie, les deux premiers
bataillons seront complétés par le 3*; dans chaque régiment de
troupes à cheval , les trois premiers escadrons seront complétés par
le 4*. Les 3" bataillons et les 4" escadrons seront ensuite portés à
leur complet par les hommes rappelés en vertu des articles 1 et 2 du
présent décret. L'excédant de ces hommes sera employé successi-
vement à former un 4* bataillon (dont le cadre en officiers, sous-
officiers et soldats, sera complété sans délai) dans chaque régiment
d'infanterie, et un 5^ escadron dans chaque régiment de troupes à
cheval (dont le cadre sera complété en officiers et sous-officiers sans
délai).
Art. 6. Il sera créé un cadre, en officiers, d'un 5" bataillon. Ce
cadre sera complété en. sous-ofûciers et soldats, lorsque notre ministre
de la guerre l'ordonnera. Les 3", 4" et 5" bataillons resteront jus-
qu'à nouvel ordre au dépôt. Les I*" et 2*' bataillons seront seuls mis
en activité de service.
Art. 7. Tous les officiers qui ne seront point compris dans les
cadres organisés en vertu des articles précédents resteront en congé
48 CORHESPONDAMCE DE NAPOLÉON I''^ — 1815.
dans leurs domiciles, où ils continueront à recevoir la solde d'acti-
vité de leur grade, comme disponibles, jusqu'à ce qu'il leur soit
donné une destination.
Art. 8. Au moyen des dispositions du présent décret, l'ordon-
nance du 9 mars, qui avait prescrit la formation de bataillons dépar-
tementaux et d'autres corps, sous diverses dénominations, demeure
abrogée et de nul effet.
Art. 9. Notre ministre de la guerre est chargé de l'exécution du
présent décret.
Napoléon.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21738. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMLHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 28 mars 1815.
Mon Cousin, en attendant que vous m'ayez remis le travail pour
la formation des différents corps, il est urgent que vous donniez ordre
au général Reille de s'avancer sur Valenciennes et au comte d'Erlon
de réunir son corps sur Lille; bien entendu que les troupes ne seront
pas placées d'une manière hostile, et que Reille occupera Valen-
ciennes, Maubeuge et autres débouchés.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""^ la maréchale princesse d'Eckraiihl.
21739. —AU GENERAL CAULAINCOURT, DUC DE VICENCE,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, A PARIS.
Paris, 28 mars 1815.
Monsieur le Duc de Vicence, je désire que vous chargiez Rignon
de faire une histoire du congrès de Vienne. Ou imprimerait à la
suite toutes les pièces et les extraits convenables des dépèches de
Talleyrand. Cet ouvrage peut être utile, en faisant voir l'avidité
et l'injustice de l'étranger. Toutefois ce n'est que quand il sera fait
qu'on pourra voir s'il convient d'imprimer.
J'attache aussi beaucoup d'importance à faire faire l'histoire de
tous les traités de mon règne, tels que ceux de Campo-Formio,
Lunéville, Amiens, Presbourg, Tilsit, Vienne, et de toutes les affaires
de Rayonne, avec les pièces originales, mes lettres et les réponses des
souverains. Ce travail me semble tenir de près à l'histoire et à la
gloire de la nation et à la mienne, puisqu'il doit placer ces événe-
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 49
ments sous leur vrai point de vue. Quant aux affaires de Rayonne,
on pourrait s'adresser au roi de Naples, pour avoir aussi toutes les
lettres et les pièces des princes qu'il a reçues dans le temps.
Présentez-moi un homme capable, qui pourrait être chargé de ce
travail.
Il est nécessaire que vous envoyiez tous les jours au Moniteur des
articles, datés de différents pays, pour faire connaître ce qui se
passe; par exemple, les différends de la Suède avec le Danemark
pour la Poméranie; les différends avec la Saxe, avec la Bavière, avec
le prince d'Orange, qui ne veut pas céder les Etats de sa Maison en
Allemagne, etc. 11 faut ainsi alimenter la curiosité publique, en rédi-
geant les articles dans un bon sens, qui mette au jour l'avidité de
toutes les puissances.
Napoléon.
D'après la copie. Archives des affaires étrangères.
21740. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTIIE DE I.A GUERRE, A PARIS.
Paris, 29 mars 1815.
Mon Cousin, il faut mander au général Morand que, la Bretagne,
Nantes, Angers et les bords de la Loire étant assurés, il est néces-
saire qu'il se porte avec des forces convenables sur l'extrémité de
la 12* division et sur les contins de la 11% atin de soutenir le général
Clausel et de terminer les affaires depuis la Dordogne jusqu'aux
Pyrénées. Il serait nécessaire aussi qu'il dirigeât une autre colonne
de troupes, formée de celles qui sont le plus à portée, sur Tou-
louse, afin de terminer également dans cette partie du Midi. Aussitôt
qu'il s'apercevrait que les affaires sont terminées, il arrêterait le
mouvement de ses troupes. Cependant il faut agir et pacifier tant
qu'on n'aura pas la certitude que le mouvement est apaisé.
Napoléon.
D'après l'original comin. par M™^ la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21741. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 29 mars 1815.
Mon Cousin, j'ai reçu votre état de situation des régiments de
cavalerie au l*' mars. Notre cavalerie ne me paraît pas dans une
situation satisfaisante. J'aurais désiré avoir l'état des hommes qui
xwiii. 4
50 CORRESPONDAMCE DE NAPOLEOM I«^ — 1815.
composent chaque régiment et l'état des selles. Si on n'a pas perdu
les selles, il devrait y en avoir une grande quantité.
Sur les 3 ou 4,000 chevaux provenant de la Maison du roi, il
faut en faire donner :
1,000 à la Garde, savoir : 210 aux grenadiers, afln de les porter
à 800; 240 aux dragons, afin de les porter à 800; 200 aux chas-
seurs, afin de les porter à 800; 230 aux lanciers rouges, afin de les
porter à 800; 120 à la gendarmerie d'élite;
610 aux carabiniers, savoir : 306 au 1" régiment et 304 au 2";
1,390 aux cuirassiers, savoir : 20 an 1" régiment, 40 au 2*,
180 au 3% 180 au 4% 270 au 5% 50 au 6% 180 au 7% 40 au 8%
60 au 9% 40 au 10% 230 au 11% 100 au 12«.
Total, 3,000 chevaux.
Donnez l'ordre positif au 2* régiment, qui est à Sarrelouis ; au 6*,
qui est à Strasbourg; au 7% qui est à Abbeville; au 9% qui est à
Colmar; au 10% qui est à Schlestadt; au 11% qui esta Thionville, et
au 12', qui est à Lille, de compléter dans l'espace de dix jours
l'achat de leurs chevaux.
Par ce moyen, tous les régiments de grosse cavalerie seront portés
à 500 chevaux, sans faire plus ou moins d'achats.
Il faut aussi prendre des mesures pour que les marchés de 954
chevaux, que les régiments de dragons ont passés, soient sur-le-
champ réalisés, ainsi que pour les 332 chevaux de lanciers, les 515
de chasseurs et les 258 de hussards; ce qui fait les 3,239 qui étaient
portés au budget de 1815.
Je désire porter tous les régiments de dragons à 500 chevaux, tous
ceux de lanciers à 600, tous ceux de hussards à 600. Vous me ferez
connaître le nombre d'hommes existant actuellement, et, s'il y avait
des régiments qui n'eussent pas les 700 hommes nécessaires pour
avoir 600 chevaux , on les verserait de l'un dans l'autre.
Quant au meilleur moyen de se procurer les chevaux qu'il faudra,
je pense qu'il faut laisser subsister les marchés et établir à Versailles
un dépôt oii les régiments enverront leurs hommes à pied et oià l'on
payera comptant et à prix fixe les chevaux que les cultivateurs amè-
neront. Cette méthode m'a déjà réussi et dispensé des intermédiaires
entre les paysans et le gouvernement.
J'aurai donc 4 régiments de la Garde, 3,200; 14 régiments de
grosse cavalerie, 7,000; 15 régiments de dragons, 7,500; 6 régi-
ments de lanciers, 3,600; 15 régiments de chasseurs, 9,000, et
7 régiments de hussards, 4,200.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". _ 1815. 51
RÉCAPITULATION. — Cavalerie de la Garde, 3,200 ; grosse cavalerie,
14,500; cavalerie légère, 16,800; total, 34,500 chevaux.
Faites-moi connaître la dépense que cela occasionnera.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21742. —A M. FOUCHE, DUC D'OTRANTE,
MINISTRE DE LA POLICE GÉNÉRALE , A PARIS.
Paris, 29 mars 1815.
Je vous envoie une note. Faites sur-le-champ mettre le séquestre
et prenez des mesures pour récupérer ces tableaux. Ils appartenaient
au prince Joseph ; je les avais fait venir d'Espagne ; et , s'ils ont une
si grande valeur qu'on dit, ils pourraient être fort utiles pour faire
un fonds pour ces pauvres réfugiés espagnols.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21743. —DECRET.
Palais des Tuileries, 29 mars 1815.
Article premier. A dater du présent décret, la traite des noirs
est abolie.
Il ne sera accordé aucune expédition pour ce commerce, ni dans
les ports de France, ni dans ceux de nos colonies.
Art. 2. Il ne pourra être introduit, pour être vendu dans nos
colonies , aucun noir provenant de la (rjiile , soit française, soit
étrangère.
Art. 3. La contravention au présent décret sera punie de la con-
fiscation du bâtiment et de la cargaison , laquelle sera prononcée par
nos cours et tribunaux.
Art. 4. Néanmoins les armateurs qui auraient fait partir, avant la
publication du présent décret , des expéditions pour la traite, pour-
ront en vendre le produit dans nos colonies.
Art. 5. Nos ministres sont chargés de l'exécution du présent
décret.
Napoléon.
Extrait du Moniteur du 30 mars 1815.
4.
52 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
21744. — AU VICE-AMIRAL DUC DECRÈS,
MINISTRE DE LA MARINE, A PARIS.
Paris, 30 mars 1815.
Monsieur le Duc Decrès , la goélette napolitaine qui arrive à Toulon
vient pour avoir des nouvelles ; c'est une opération concertée. Expé-
diez trois ofGciers adroits, vingt-quatre heures l'un après l'autre,
avec une copie chiffrée de la lettre que vous remettra le ministre des
affaires étrangères. Ils remettront cette lettre, ainsi que le Moniteur
depuis le 20 jusqu'à ce jour, au commandant de la goélette. Expé-
diez un de ces officiers par Gap, un par Arles et l'autre par la droite
ligne. II faut que ce soient des gens du pays. Renvoyez au ministre
des relations extérieures la correspondance relative à Monaco. Enfin
réitérez, autant qu'il sera nécessaire, l'envoi d'officiers pour porter
vos lettres, des nouvelles et des journaux sur Toulon. Envoyez-en
aussi du côté de Rayonne. x
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21745. —A JOACHIM NAPOLEON, ROI DE NAPLES',
A NAPLES.
Je suis arrivé. J'ai traversé la France. L'armée, le peuple, les
campagnes, les villes sont venus au-devant de moi. Je suis entré le
20 mars dans Paris à la tête du camp d'Essonne, sur lequel le roi
comptait. Il s'est retiré à Lille, oii il est arrivé le 23. Le 24, voyant
que la garnison refusait l'entrée de la ville à sa Maison , et qu'il était
sur le point d'être prisonnier, il s'est retiré en Angleterre; toute sa
famille en a fait autant.
Toute la France, hormis Marseille , dont je n'ai pas encore de nou-
velles, a arboré les couleurs nationales. Tout est à l'enthousiasme.
Les vieux soldats courent en foule à leurs drapeaux , et les campagnes
sont décidées à tous les sacrifices.
J'ai une armée en Flandre, une en Alsace, une dans l'intérieur,
une qui se forme dans le Dauphiné.
Jusqu'à cette heure, je suis en paix avec tout le monde.
Je vous soutiendrai de toutes mes forces. Je compte sur vous.
Aussitôt que Marseille aura arboré la cocarde tricolore, envoyez de
vos bâtiments pour que nous puissions correspondre, car je crains
' Cette lettre est tout entière de la main de l'Empereur.
^ Sans date ; présumée de la fin de mars.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 53
bien que la correspondance par l'Italie ne devienne difficile. Envoyez-
moi un ministre, je vous en enverrai un sur une frégate dans peu.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M. le baron Ernouf.
21746. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRIXCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 30 mari 1815.
Mon Cousin, j'ai donné le commandement de la 12' division au
général Morand. Dites-lui de réunir le 40" régiment de ligne, qui
est à Rochefort; le 61*, qui est à Nantes; le 71% qui est à la Ro-
chelle, ainsi que toute la cavalerie qui se trouve dans la division et
une batterie d'artillerie. Qu'il se mette à la têle de ces troupes et qu'il
s'approche de Rordeaux , afin de faire la réunion des troupes, d'en
chasser la duchesse d'Angoulême et de faciliter le mouvement du
général Clausel. Le général Clausel , aussitôt qu'il sera maître de sa
division, mettra en état la ville de Rayonne. Si le général Morand
apprend en route que la duchesse est partie et que le général Clausel
est maître de Rordeaux, il se dirigera du côté de Toulouse pour dis-
siper les rassemblements, se réunir à la division de Nîmes et arrêter
le duc d'Angoulême. Pendant ce mouvement , le lieutenant général
Morand donnera le commandement à un bon général de brigade.
Mandez-lui qu'il peut évacuer Alençon. Recommandez au général
Morand de mettre de la promptitude dans l'exécution de ces opéra-
tions. Qu'aussitôt que Rordeaux sera soumis il en laisse le comman-
dement au général Clausel et se combine avec lui.
Prévenez le général Dessaix , qui commande à Lyon , de faire
marcher deux pièces d'artillerie, 300 hommes de cavalerie et 400 d'in-
fanterie au pont de la Drôme. Si les Marseillais s'avançaient , qu'il
organise un millier d'hommes à Lyon et à Valence pour renforcer sa
colonne.
Recommandez au général Lasalcetle de maintenir libre le Dau-
phiné , et donnez-lui une colonne d'infanterie et de cavalerie , qu'il
placera à Gap avec les gardes nationaux du Dauphiné.
Envoyez plusieurs Provençaux au prince d'Essling pour l'instruire
que des forces considérables marcheront sur Nîmes et sur Toulouse,
et qu'il est temps qu'il rassemble ses troupes et qu'il montre un peu
d'énergie.
Vous investirez le général Morand d'un pouvoir extraordinaire pour
commander les quatre colonnes mobiles qui agiront sur le pays entre
la Loire et le Midi.
54 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
Vous lui ferez connaître qu'il est autorisé à employer les officiers
du pays, réformés ou à la suite.
Vous lui enverrez un millier d'exemplaires du Moniteur depuis le
20 mars jusqu'à ce jour, afin qu'il les répande partout, à Laval, la
Flèche et Tours.
Mandez-lui qu'il peut laisser à Angers une colonne mobile com-
posée d'un régiment de cavalerie , d'un régiment d'infanterie et de
deux pièces d'artillerie , s'il en a , pour se porter, selon les circon-
stances , sur la rive droite ou sur la rive gauche de la Loire ; qu'il
peut en former une autre de la même force dans le cœur de la
Vendée ; qu'il réunisse le reste de ses troupes pour se porter sur Tou-
louse et sur Niœes et en chasser le duc d'Angoulême.
Ainsi il aura quatre colonnes. La première sera composée d'un
régiment de cavalerie et d'un régiment d'infanterie, pour se porter
sur la rive droite ou la rive gauche de la Loire. La deuxième,
composée également d'un régiment d'infanterie et d'un régiment de
cavalerie, commandée par un général de brigade qu'il désignera, se
rendra dans le centre de la Vendée. La troisième, formée des trois
régiments de Nantes, Rochefort, la Rochelle, et de la cavalerie,
ralliera le régiment qui se trouve à Blaye et favorisera la soumission
de Bordeaux. La quatrième, qui sera commandée, sous les ordres du
général Morand , par un lieutenant général que vous désignerez , se
réunira du coté de Limoges et se portera sur Nîmes et Toulouse par
des mouvements combinés.
Vous lui ferez connaître qu'il est autorisé à chasser les préfets et
les sous-préfets et à les remplacer provisoirement , lorsque ce seront
des hommes sur lesquels il y aura des doutes ; qu'il faut qu'il expédie
une estafette tous les jours et qu'il tâche de se mettre en communi-
cation avec le général Merle, qui est à Nîmes.
Envoyez-lui l'état des troupes qui se trouvent de ce côté et de
celles qui marchent avec le général Clausel sur Bordeaux.
Dites-lui qu'il est même autorisé à faire des proclamations.
Napoléon.
P. S. Envoyez au général Morand le maréchal de camp de gen-
darmerie Buquet, avec autorité sur la gendarmerie des pays que doit
parcourir le général Morand.
D'après l'original comm. par M""« la maréchale princesse d'Eckmiihl.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I« — 1815. 55
21747. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 30 mars 1815.
Mon Cousin, le corps du général Reille, qui se composera de
cinq divisions et de près de 30,000 hommes, est formé. Il manque
un régiment à la 5* division , qui est celle du général Dufour. Dans
la 3* division de cavalerie de ce même corps, on a compris le 4" de
cuirassiers : ce régiment doit en être ôté, tous les cuirassiers étant
réunis à part. Donnez des ordres pour que le quartier général de ce
corps soit à Valenciennes , et que les divisions soient placées à Valen-
ciennes, Maubeuge et autres débouchés.
Donnez ordre que le 1" corps d'observation soit formé sans délai
et composé de quatre divisions, chacune de quatre régiments, confor-
mément à votre état. Nommez quatre généraux de division et huit
généraux de brigade pour commander; envoyez-y les adjudants géné-
raux nécessaires et attachez à chaque division une batterie d'artillerie.
Faites former deux divisions de cavalerie légère, chacune de quatre
régiments, comme dans votre état. Cependant la 2^ division n'aura
que deux régiments de dragons, le 12* de cuirassiers devant être
ôté. Chaque division aura une batterie d'artillerie légère. Le général
Drouet, comte d'Erlon, qui commande ce 1" corps, le réunira
autour de Lille et couvrira les débouchés de la frontière, depuis le
lieu où finissent les cantonnements du général Reille jusqu'à l'extré-
mité de la gauche.
La 1" division de ce 1" corps portera le n° 1 ; la 2% le n° 2; la
3% le n" 3; et la 4*, le n" 4. La 1" division de cavalerie de ce corps
portera le n° 1 ; la 2% le n" 2.
Les cinq divisions du 2* corps porteront les n°' 5, 6, 7, 8 et 9.
Les trois divisions de cavalerie porteront les n"' 3 , 4 et 5.
Le 3'' corps sera composé de deux divisions d'infanterie, qui por-
teront les n"' 10 et 11. Envoyez-y les généraux de division et de bri-
gade nécessaires. Leduc de Plaisance le commandera provisoirement.
Chaque division se composera de trois régiments , comme dans votre
état, jusqu'à ce qu'on puisse la renforcer d'un quatrième. La division
de cavalerie portera le n» 6 et aura une batterie d'artillerie à cheval.
Ce corps se réunira à Mézières et garnira la frontière, depuis la
droite du général Reille jusqu'au A" corps.
Le 4* corps sera commandé par le général Gérard, à qui vous
donnerez sur-le-champ ordre de s'y rendre. Il aura le commande-
ment des 3« et 4" divisions militaires; ce corps sera composé de trois
56 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON 1". -- 1815.
divisions qui porteront les n"' 12 , 13 et 14. Le quartier général sera
d'abord <à Metz, et le corps s'étendra sur toute la frontière, depuis
le 3* corps jusqu'à l'Alsace. Aussitôt qu'il sera possible, on renfor-
cera chaque division d'un régiment, afin de les porter toutes à quatre
régiments. Chaque division aura une batterie d'artillerie à. pied. La
division de cavalerie, qui sera la 7", sera composée de quatre régi-
ments de dragons et d'une batterie d'artillerie à cheval , les cuiras-
siers et carabiniers ne devant pas y être compris.
Le 5" corps formera trois divisions, qui seront complétées, aussitôt
que faire se pourra , à quatre régiments. Ces divisions porteront les
n°' 15, 16 et 17 ; chacune aura une batterie d'artillerie. Le général
Rapp commandera ce corps et le réunira à Strasbourg. Il aura en
même temps le commandement de toute la 5" division militaire. Il
sera formé deux divisions de cavalerie, chacune de quatre régiments
de cavalerie légère , ou de dragons; les cuirassiers ne devront pas
compter dans cette formation. Chaque division aura une batterie d'ar-
tillerie à cheval. Ces deux divisions de cavalerie porteront les n"' 8
et 9.
' Par ce moyen , j'aurai dix-sept divisions d'infanterie avec dix-sept
batteries d'artillerie à pied et neuf divisions de cavalerie avec neuf
batteries d'artillerie à cheval, sur mes frontières du Nord et du Rhin.
Si vous n'aviez pas, dans la 5" division militaire, de quoi former
la 2* division de cavalerie, vous pourriez me proposer de prendre
dans ce qui est autour de Paris, et trouver ainsi le moyen de com-
pléter tout à quatre régiments.
Écrivez aux dépôts pour qu'on mette en marche , aussitôt qu'ils
seront habillés et armés , tous les hommes disponibles pour renforcer
les deux premiers bataillons , et pour qu'on forme les 3" bataillons
partout où il sera possible d'en former trois; enfin dirigez tous ces
détachements sur les lieux où les bataillons vont êlre placés dans
l'armée active. Il serait convenable que chaque bataillon eût au moins
500 hommes; et, aussitôt que le 3^ bataillon pourra être porté à
400 hommes, il faudra le faire partir pour rejoindre le régiment.
Vous formerez trois divisions de réserve de cuirassiers. Mon inten-
tion est de mettre à leur tête trois généraux de division , de premier
ordre, qui aient déjà eu des commandements généraux de cavalerie.
Nommez le général Milhaud pour commander la l", qui se réunira à
Douai et sera sous les ordres du comte d'Erlon; elle se composera
des l", 4% 7* et 12« de cuirassiers. Désignez deux généraux de bri-
gade distingués pour les commander, et attachez-y une batterie d'ar-
tillerie à cheval.
CORRESPOXDAXCE DE XAPOLEON ^^ — 1815. 57
La 2* division de cuirassiers se réunira du côté de Metz; elle se
composera du 2" et du 3' de cuirassiers et de»la brigade des carabi-
niers; proposez-moi un commandant pour cette division. Elle sera
sous les ordres du général Girard. Elle aura également une batterie
d'artillerie à cheval.
La S^ division se réunira en Alsace. Les 5% 6% 9° et 10" régiments
la composeront.
Il fîiudrait encore former une 4' division de cavalerie près de Metz ;
le 8* et le 11* régiment de cuirassiers en feront partie. Vous y mettrez
le 1" régiment de dragons et un autre régiment de dragons, qui sera
le plus beau que vous puissiez tirer de ceux qui sont autour de Paris.
Ce travail fait, vous me ferez connaître ce qui reste de régiments
de cavalerie légère et de dragons, mon intention étant d'en former
successivement des divisions de réserve , mais au fur et à mesure qu'on
pourra les remplacer dans les divisions actives.
Vous donnerez le mouvement à toutes ces troupes. Vous ferez
connaître aux généraux que rien ne montre que des hostilités doivent
avoir lieu ; qu'ils peuvent donc tenir commodément leurs troupes
dans des cantonnements , mais qu'il n'en faut pas moins prendre
d'avance des mesures pour s'organiser.
Ecrivez au ministre de l'intérieur pour lui faire connaître la quan-
tité de gardes nationales qu'il faut enfermer dans les places pour
rendre disponibles les troupes qui s'y trouvent.
Le duc d'Albufera restera à Paris , disponible pour, selon les cir-
constances , commander plusieurs corps.
Ecrivez des circulaires aux préfets pour qu'ils se concertent avec
les généraux et commandants des corps, afin de monter tous les
hommes à pied que nous avons. Assurez l'argent pour que le marché
des 3,000 chevaux se réalise sans délai.
Je pense que , si vous faites partir de Paris des chevaux et du per-
sonnel du train, il faut laisser le matériel, puisque vous devez le
trouver à Douai , à Metz et à Strasbourg.
Proposez-moi actuellement la formation du 6" corps ou corps de
réserve, qui se réunira à Paris. 11 le faudrait au moins de trois divi-
sions, qu'on porterait à douze régiments; mais, quand il ne se com-
poserait d'abord que de neuf, ce serait un bon fonds, et on l'aug-
menterait ensuite par des troupes de l'intérieur. Il faudrait aussi y
attacher une division de cavalerie légère et une de dragons, qui pren-
draient les n»' 10 et 11.
Napoléon.
D'après l'oiitjinal comra. par M"" la raarécliale princesse d'Eckmuhl.
58 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
21748. — AU MARÉCHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 30 mars 1815, onze heures du soir.
Mon Cousin, il est très-surprenant qu'on n'ait retiré de la Maison
du roi que 500 chevaux; demandez des comptes au général Lauriston
et rendez-l'en responsable.
Il faut de suite renvoyer les Cent-Suisses dans leur pays et leur
donner des feuilles de route, sans qu'ils passent par Paris. Ordon-
nez aux grenadiers à cheval de se rendre à Beauvais. Ordonnez au
général Guyot de prendre les bons et de s'emparer des armes et des
chevaux de ceux qui ne lui paraîtront pas dignes d'entrer dans la
Garde. Vous donnerez l'ordre aux maires, aux préfets et aux sous-
préfets, etc., d'arrêter partout les hommes des compagnies rouges de
la Maison du roi, quels qu'ils soient, de prendre leurs armes et
leurs chevaux, et de diriger sur Paris les chevaux et les armes. Cette
opération se fera, qu'ils soient en route ou chez eux , et sans avoir
égard si les chevaux ont été fournis par eux ou par le roi.
Donnez aussi l'ordre de faire le dépouillement des officiers de la
Maison du roi, et que tous ceux qui seraient dangereux soient mis
en arrestation. Vos circulaires devront avoir leur exécution par la
voie de la gendarmerie, par celle des commandants de place, des
commissaires des guerres, des maires, des sous-préfets et des pré-
fets. Vous voudrez bien ordonner au comte d'Erlon défaire faire des
patrouilles dans tous les lieux oii pourraient se trouver des hommes
de la Maison du roi , aGn de faire prendre leurs chevaux et de les
faire désarmer.
Enfin vous devrez faire remplacer le général d'Aigremont, qui est
à Amiens et qui doit y avoir été mis par le roi. Vous y enverrez à sa
place un bon général. Il y a, en général, beaucoup de plaintes sur un
grand nombre d'officiers qui avaient été placés par le roi ; remplacez
ceux qui sont mauvais et changez de lieu les autres.
Faites-vous rendre compte aussi des hommes qui commandent les
départements et les divisions militaires, afin de déplacer ceux qui se
seraient prononcés pour le roi ; il en est de même pour les comman-
dants de places importantes.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 59
21749. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 30 mars 1815, onze heures du soir.
Mon Cousin, faites partir le général Grouchy pour la 7' et la
19® division, dont il aura le commandement supérieur, et investissez-
le des pouvoirs nécessaires pour prendre les gardes nationales et les
diriger sur les points du territoire de la 1" et de la 19" division
qu'elles doivent garder. Faites partir le général Pire et deux généraux
de brigade dont les opinions soient bien prononcées, pour que le
général Grouchy puisse les placer selon les circonstances. Il serait
convenable qu'ils partissent dans la nuit.
Napoléon.
P. S. Envoyez à Lyon le général Radet, avec mission pogr la
gendarmerie des 7% 8* et 19" divisions militaires.
D'aprè« l'original comm. par M"' la marëchale princesse d'Eckmiihl.
21750. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 31 mars 1815.
Mon Cousin , donnez ordre que tous les déserteurs piémontais qui
arrivent à Grenoble ou sur les frontières soient dirigés sur Chalon.
Nommez les officiers nécessaires pour en former d'abord un bataillon,
et, quand le premier sera organisé, vous nommerez d'autres officiers
pour le second. Donnez connaissance de cette disposition aux com-
missaires des guerres.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la marëchale princesse d'Eckmiihl.
21751. — A M. GAUDIN, DUC DE GAETE ,
MINISTRE DES FINANCES, A PARIS.
Paris, 31 mars 1815.
Quand pourrez-vous me faire connaître la situation financière , en
suivant votre méthode, de tous les exercices arriérés, et en partant
de votre dernier compte que nous avions arrêté, mais qui n'a pas été
publié au Corps législatif?
D'après la minute. Archives de l'Empiro.
60 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
21752. — A M. GAUDIN, DUC DE GAETE,
MINISTRE DES FINANCES, A PARIS.
Paris. 31 mars 1815.
Il y aura besoin de 1,500,000 francs en Alsace pour approvision-
ner les places fortes, et peut-être d'autant dans le Nord. Cette avance
de 3 millions, prise sur le courant et en argent comptant, serait dif-
ficile pour le trésor; est-ce que vous ne pourriez pas disposer de traites
et de rescriptions de ventes de bois? On m'assure qu'il y en a pour
7 millions dans la caisse de Strasbourg, Présentez-moi un décret là-
dessus.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21753. — A FRANÇOIS I", EMPEREUR D'AUTRICHE,
A VIENNE. >
Paris, 1«' avril 1815.
Monsieur mon Frère et très-cher Beau-Père, au moment où la
Providence me ramène dans la capitale de mes Etats , le plus vif de
mes vœux est d'y revoir bientôt l'objet de mes plus douces affections,
mon épouse et mon fils. Comme la longue séparation que les cir-
constances ont nécessitée m'a fait éprouver le sentiment le plus pé-
nible qui ait jamais affecté mon cœur, une réunion si désirée ne tarde
pas moins à l'impatience de la vertueuse princesse dont Votre Majesté
a uni la destinée à la mienne. Si la dignité de la conduite de l'Im-
pératrice, pendant le temps de mes malheurs, n'a pu qu'accroître la
tendresse de Votre Majesté pour une fille qui lui était déjà si chère ,
vous comprendrez. Sire, combien je dois désirer de voir hâter le
moment où je pourrai lui témoigner ma vive reconnaissance. Tout
mon bonheur sera de la voir de nouveau recevoir les hommages d'une
nation aimante qui, aujourd'hui plus que jamais, saura la chérir et
apprécier ses vertus.
Mes efforts tendent uniquement à consolider ce trône que l'amour
de mes peuples m'a conservé et rendu , et à le léguer un jour, affermi
sur d'inébranlables fondements , à l'enfant que Votre Majesté a en-
touré de ses bontés paternelles.
La durée de la paix étant essentiellement nécessaire pour atteindre
ce but important et sacré, je n'ai rien de plus à cœur que de la
maintenir avec toutes les puissances , mais je mets un prix particu-
lier à la conserver avec Votre Majesté.
Je désire que l'Impératrice vienne par Strasbourg, les ordres étant
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON ^^ — 1815. 61
donnés sur cette ligne pour sa réceplion dans l'intérieur de mes Etats.
Je connais trop les principes de Votre Majesté, je sais trop quelle
valeur elle attache à ses affections de famille, pour n'avoir pas l'heu-
reuse condance qu'elle sera empressée, quelles que puissent être d'ail-
leurs les dispositions de son cabinet et de sa politique, de concourir
à accélérer l'instant de la réunion d'une femme avec son mari et d'un
fils avec son père.
Je désire que Votre Majesté me permette de saisir cette circon-
stance pour lui réitérer l'assurance des sentiments d'estime, d'amitié
et de parfaite considération avec lesquels je suis, de Votre Majesté
Impériale, le bon Frère et Gendre.
Napoléon.
D'après la copie comra. par le gouvernement de S. M. l'Empereur d'Autriche.
21754. — AU MARECHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE L/i GUERRE , A PARIS.
Paris, 2 avril 1815.
Mon Cousin, je vous ai fait connaître mon intention de centraliser
à Versailles toute l'opération des remontes, et je vous en ai dit la
raison. Réunissez vos chefs de division pour que tout soit également
préparé dans la même hypothèse; ils ont l'expérience de l'année
passée.
Je ne me prépare qu'à la défensive. Il est donc convenable que, si
l'ennemi voulait nous attaquer, tout fût disposé pour réunir nos
munitions et notre artillerie sur Paris, pour faire venir tous les dépôls
des places fortes entre Paris et la Loire, enfin pour que, dans ce
cas, aucun dépôt ne se trouve renfermé dans les places. Tous les
dépôts, tant d'infanterie que de cavalerie, tous les magasins d'artil-
lerie, tous les magasins d'habillement et autres nécessaires au maté-
riel de l'armée, doivent pouvoir être réunis du côté de Paris. J'espère
que cela ne sera pas nécessaire; mais il faut que les ordres soient
dressés d'avance pour que, le moment arrivé, chaque dépôt se mette
en marche.
Quelle est la situation de l'habillement des corps? S'il y a de
grandes fournitures à faire, je désire savoir quelle quantité sera
fournie à chaque division et quand cette fourniture y arrivera. Il est
probable que, par le décret qui appelle les anciens militaires , l'armée
va être augmentée de plus de 100,000 hommes. Il est donc néces-
saire d'avoir les moyens d'habillement.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""* la maréchale princesse d'Eckmûhl.
k
62 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
21755. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 2 avril 1815.
Mon Cousin , on a fait aux mousquets et aux pistolets quelques
changements qui ralentissent la fabrication. Je pense que vous devez
ordonner qu'on cesse de fabriquer des pistolets, afln d'accélérer la
fabrication des fusils. Faites faire des baïonnettes dans les coutelle-
ries, telles que Langres et Moulins, etc.
Présentez un projet de décret pour créer sur-le-champ des ma-
chines pour pouvoir fabriquer des platines. Dites-moi si elles existent
toujours à Roanne. Je préférerais qu'elles fussent placées entre
Roanne et Paris. Cependant, si vous y trouviez de l'avantage, adoptez
Roanne.
Je désire connaître la quantité de pièces de rechange, canons,
platines, etc.
Faites remettre en activité tous les ateliers à Paris et ordonnez là
fabrication des platines de cuivre , conformément au modèle que j'ai
adopté l'année dernière.
Songez que , dans la situation actuelle , le salut de l'Étal est dans
la quantité de fusils dont nous pourrons nous armer.
Faites-moi remettre, deux fois par semaine, un rapport sur la
situation de la fabrication et réparation des armes.
Il faut prendre des mesures pour encourager les manufacturiers
d'armes à faire de grands approvisionnements d'acier.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'EckmiihI.
21756. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DL LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 2 avril 1815.
Mon Cousin, en attendant que le général Bourcier arrive à Paris,
chargez le général Roussel d'aller dès demain prendre le commande-
ment du dépôt de Versailles. Nommez quatre offlciers supérieurs et
quatre officiers inférieurs pour être attachés à ce dépôt. Faites mettre
un million à sa disposition; ordonnez que, comme l'année passée,
il fasse des circulaires aux préfets et fasse imprimer des affiches,
pour faire connaître partout que ceux qui veulent vendre des che-
vaux peuvent les conduire au dépôt, où on les achètera à un prix
fixe et comptant. Ce moyen nous a déjà réussi , et nous procurera
encore assez promptement les quantités qui nous sont nécessaires.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 63
Autorisez la Garde à cheval à acheter 500 chevaux, savoir : 123 pour
les grenadiers, 94 pour les dragons, 115 pour les chasseurs, 168
pour les lanciers.
Le général Bourcier, et , en attendant son arrivée , le général
Roussel, sera autorisé à acheter à Versailles 944 chevaux pour les
cuirassiers, et vous donnerez ordre aux quatorze régiments de grosse
cavalerie d'envoyer 944 hommes à Versailles pour prendre ces che-
vaux. Faites venir de Mézières, de Givet et de Paris à Versailles les
900 selles qui sont nécessaires. Par ce moyen, le général Roussel
aura à Versailles 900 cuirassiers que les régiments lui enverront,
900 chevaux de grosse cavalerie qu'il achètera, et 900 selles qui arri-
veront à Versailles.
Les dragons ont hesoin de 787 chevaux. Donnez ordre aux diffé-
rents régiments de dragons d'envoyer à Versailles les 787 hommes,
et que de Givet, de Mézières et de Paris on fournisse à Versailles
les 787 selles. Par ce moyen , le général Roussel aura 787 dragons à
monter, 787 chevaux de dragons qu'il achètera et 787 selles qu'on
lui enverra.
Donnez ordre que 1,084 hommes soient dirigés des différents
régiments de lanciers sur Versailles; qu'on y envoie 139 selles et
qu'on mette en confection à Paris le complément de selles qui manque.
Par ce moyen , le général Roussel aura 1,000 lanciers, 1,000 che-
vaux de lanciers qu'il achètera, et 1,000 selles de lanciers.
Donnez ordre que les quinze régiments de chasseurs envoient à
Versailles 2,633 hommes ; faites expédier de Givet et de Mézières
sur Versailles 2,633 selles, aGn que le général Roussel ait tout ce
qu'il lui faut.
Donnez ordre que les régiments de hussards envoient 1 , 1 52 hom-
mes à Versailles , et que le général Roussel achète les chevaux néces-
saires pour les monter. Dirigez aussi sur Versailles la quantité de
selles nécessaire.
Ainsi le général Bourcier achètera à Versailles : 900 chevaux de
grosse cavalerie, 787 chevaux de dragons, 1,084 chevaux de lan-
ciers, 2,633 chevaux de chasseurs, 1,152 chevaux de hussards; en
tout 6,556 chevaux. Ce qui exige à Versailles la réunion de plus
de 6,500 hommes et de 6,500 selles.
L'effectif de notre cavalerie sera donc de 36,000 chevaux, sans y
comprendre la Garde. Ecrivez aux colonels et aux préfets pour que,
sous huit jours , les 3,200 chevaux pour lesquels il y a des marchés
soient fournis.
Il peut vous paraître extraordinaire que je centralise cette opéra-
6't CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
tion à Versailles ; mais , ne voulant pas faire la guerre et étant sim-
plement sur la défensive, il faut prévoir le cas où les alliés nous atta-
queraient. Ils pourraient le faire sous un mois, et, dans ce cas, tous
les dépôts devraient sortir des places fortes et se centraliser entre
Paris et la Loire.
Il reste la question de l'habillement. Faites-moi connaître la situa-
tion de l'habillement des régiments de cavalerie; ont-ils les draps
qui leur sont nécessaires pour habiller les hommes à envoyer à Ver-
sailles? S'ils ne les ont pas , l'habillement de ces hommes se ferait à
Paris , et ils arriveraient à peu près nus.
Quant à l'armement, faites diriger sur Paris les sabres et les pisto-
lets nécessaires.
Il faut que les selles qui sont à Paris soient transportées à Ver-
sailles. Vous pouvez mettre à la disposition du général Roussel le
Grand-Commun.
En fixant le prix des chevaux et en les payant comptant aux culti-
vateurs, on gagne la commission des fournisseurs. Recommandez
aux commandants des dépôls, s'ils acceptaient des chevaux qui
n'eussent pas toutes les qualités prescrites, mais qui leur paraîtraient
cependant propres au service, de diminuer quelque chose sur le prix.
Recommandez-leur surtout de ne pas recevoir de chevaux qui n'aient
jeté leur gourme et qui ne puissent, quinze jours après, entrer en
campagne.
Napoléon.
D'après l'original coram. par M™^ la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21757. — AU MARECHAL DAVOUT, PHINCE D'ECKMLHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 2 avril 1815.
Mon Cousin, le général Gérard n'a point, au 4* corps, assez de
cavalerie. Je désire que vous y réunissiez le 1", le 4' et le 6* de hus-
sards, et le 8* de chasseurs. Ces régiments sont à Paris, et le 8* de
chasseurs , le 4* et le 6^ de hussards , que j'ai vus , pourraient partir
de suite. Le 1" de hussards ne partirait que lorsque j'en aurais passé
la revue. Cette division prendrait le n" 7.
Le 4% le 6", le 10" et le 13* de dragons formeraient une 5« divi-
sion de réserve à Metz. Ainsi le général Gérard aurait trois divisions
d'infanterie et une de cavalerie , et trois divisions de cavalerie de
réserve.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815. 65
21758. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris. 2 avril 1815.
Mon Cousin, j'ai ordonné tout ce qui est relatif au mouvement
de l'artillerie ta Paris. Je pense qu'il faudrait renvoyer à Grenoble un
des deux bataillons du génie qui sont arrivés de cette ville à Paris ,
et garder l'autre bataillon à Paris. Un bataillon du génie est suffisant
à Grenoble pour les Alpes , puisque dans aucun cas je n'ai le projet
de passer les Alpes.
Présentez- moi un projet d'organisation du génie pour l'armée. Il
faut d'abord mettre des officiers du génie dans toutes les places; il
en faut à chaque division d'infanterie. Il faut une compagnie de sa-
peurs à chaque division ; il faut aussi, à chaque division, un officier
supérieur d'artillerie : que tout cela se rende aux divisions. Celle
distribution faite, vous me ferez connaître ce qui restera disponible
pour les parcs, quand je formerai l'armée. Il faut conserver à Paris
cinq ou six compagnies de sapeurs; ce seront celles du 3" régiment.
Napoléon.
D'après l'original corara. par M"? la miréchale princesse d'Eckmiihl.
21759. — AL GÉXKRAL CAULAINCOURT, DUC DE VICENCE,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, A PARIS.
Paris, 3 avril 1815.
Je suppose que vous avez déjà envoyé des agenis secrets à la
Suède pour nous la rallier. Je suppose que vous en avez envoyé
aussi àNaples, et à la Haye, auprès du prince d'Orange, et enfin
auprès des divers princes d'Allemagne, du roi de Saxe et des cantons
suisses qui nous sont restés attachés.
La multiplicilé de mes affaires ne me permet point d'entrer dans
tous ces détails; c'est à vous de vous en occuper avec soin et sans
délai, afin que les cours de Bavière, de Wurtemberg, de Bade, les
princes de Hesse-Darmstadt, de Nassau, et la Saxe pour l'Allemagne,
la Suède et le Danemark pour le Nord , les cours de Naples, de Tos-
cane et de Rome pour l'Italie , et enfin l'Espagne et le Portugal , aient
connaissance, par des insinuations multipliées et par des agents se-
crets, de mes intentions et de mes bonnes dispositions à leur égard.
Vous pourriez consulter les agents que j'ai eus auprès de ces diverses
puissances. L'Espagne est très- importante. Faites-moi des lettres
que vous enverriez de ma part, et par vos agents, à tous ces divers
xxvni. 5
66 CORRESPONDAXCE DE NAPOLEON ^r. — i8i5.
princes , et faites-en aussi que vous enverriez de la vôtre à leurs mi-
nistres des relations extérieures.
D'après la miiiule. Archives de l'Empire.
21760. — AU GENERAL CAULAINCOURT, DUC DE VICENCE,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, A PARIS.
Paris. 3 avril 1815.
Monsieur le Duc de Vicence, vous voudrez bien donner des ordres
à Strasbourg , au préfet et au général , pour qu'ils demandent au
général et aux autorités civiles de l'autre coté pourquoi on ne laisse
pas passer les courriers du cabinet. La guerre ayant pour objet
d'amener la paix, interrompre les communications, c'est agir contre
le droit des gens. Faites envoyer quelqu'un à Bade, et écrivez au
ministre combien celte conduite est surprenante; demandez-lui si
nous sommes en guerre ou en paix.
Napoléox.
D'après la copie. Archives des affaires étrangères.
21761. — A M. GAUDIN, DUC DE GAETE,
MINISTRE DES FINANCES , A PARIS.
Paris, 3 avril 1815.
Monsieur le Duc de Gaëte, je désire que demain nous ayons notre
premier travail avec le comte MoUien , afin que vous me mettiez au
fait de la situation des finances, dont je n'ai aucune idée. Vous ne
devez pas vous dissimuler que, dans la circonstance actuelle, l'ac-
croissement que je suis obligé de donner à l'armée exigera un supplé-
ment de 100 millions. Calculez donc noire budget pour la guerre
sur le pied de 400 millions. Je pense que tous les autres budgets
pourront être diminués , vu que les ministres se sont fait accorder
beaucoup plus qu'ils n'auraient réellement besoin. Faites-moi con-
naître, 1° le budget de 1814 et la situation des receltes et dépenses,
ainsi que la situation du trésor au 1" janvier 1815; 2» le budget
de 1815 , en recettes et dépenses, tel qu'il avait été présenté; 3° enfin
■ les ressources de toute espèce que vous pouvez m'offrir pour faire
face aux besoins présents de la guerre; car l'armée, qui était à peine
de 150,000 hommes, sera portée sous peu de jours à 300,000.
Napoléon.
D'après la copie. Archives des finances.
CORRESPOXDAXCK l)K XAPOLKOM ^^ — 1815. W
21762. —A M. GAUDIN, Dl G DE GAP^TE,
MINISTRE DKS FINANCES, A PARIS.
Paris, 3 avril 1815.
J'ai lu avec attention votre rapport du 2 avril avec le projet de dé-
cret qui s'y trouve joint. Je ne puis rien statuer sur les Onances avant
d'en avoir pris connaissance, et, comme demain j'ai avec vous uu
premier travail , ce sera l'affaire de deux ou trois séances; un retard
de huit jours ne peut être d'aucun inconvénient. Je vois par votre
décret que, indépendamment des ressources des biens de la caisse
d'amortissement restitués par mon décret de Lyon, vous avez encore
en réserve le produit des coupes et ventes des forêts et le produit des
biens communaux. Je vous prie de me faire un livret des budgets,
états des finances, lois et règlements qui ont eu lieu en 1815 et 1814.
D'aprt's la minHte. Arcliiies de l'Empire.
21763. — A M. GAUDIN, DUC DE GAETE,
MINISTRE DES FINANCES, A PARIS.
Paris, 3 avril 1815.
J'ai reçu votre rapport du 31 mars. Je donnerai 150,000 francs
de pension à la duchesse de Bourbon. Remettez-moi l'état des biens
que la duchesse d'Orléans laissera au Domaine, l'état détaillé de ses
dettes et leur nature, et l'état des ventes de bois, en constatant que
les bois sont coupés et les coupes régulières. Si je laisse à la duchesse
d'Orléans la jouissance de ses traites , je ne veux payer sa pension
qu'à dater du 1" janvier 18 10. Je pense qu'il y aurait de l'inconvé-
nient à ce qu'elle restât à Paris; elle pourra se retirer dans la Bour-
gogne, la Lorraine ou sur la Loire. Si le château de Navarre, qui ap-
partient au prince Eugène, lui convient, on pourrait le lui offrir. Je
désire que vous me présentiez ce travail mercredi , au conseil des
ministres.
Il serait convenable que vous me présentiez sur tous les biens de
la famille des Bourbons, hors la liste civile, un travail général qui
me fasse connaître les biens qui appartiennent à chaque branche, ce
qu'ils ont rapporté cette ?.nnée, le montant des traites pour coupes
de bois et dont le hois est encore dans la forêt, par conséquent sous
le séquestre, l'état des dettes et celui des meubles qu'ils ont laissés,
afin qu'un seul décret règle les affaires des différentes branches,
assure le payement des dettes et concilie tous les différends.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
5.
68 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
21764. — A M. GAL'DIN, DUC DE GAETE,
MINISTRE DUS FINANCES, A PARIS.
Paris, 3 avril 1815.
De grandes ventes de bois ont eu lieu dans différents départements.
Les acquéreurs sont inquiets et, en conséquence, ils ne continuent
pas exactement leurs payements. D'un autre côté, les préfets et l'en-
registrement ne continuent pas les ventes. Je désire que, par une
circulaire , vous fassiez connaître aux préfets et à l'enregistrement
que toutes les ventes faites des forêts sont conGrmées et que les paye-
ments doivent s'opérer sans aucun retard. Les ventes des bois et
forêts doivent continuer à avoir lieu comme ci-devant, jusqu'à ce que
vous ayez contremandé celle mesure, si elle n'entrait pas dans les
plans de finances dont vous réunissez les éléments et que vous sou-
mettrez à mon approbation. Recommandez, en attendant, qu'on
donne à ces ventes la plus grande activité.
D'après la roiiuile. Areliives de l'Empire.
21765. —AU MAHECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris. 3 avril 1815.
Mon Cousin , le 6* corps sera composé de la manière suivante ,
savoir : de la 18" division d'infanterie, commandée par le général
Girard, qui partira demain de Paris pour Relfort, comme je l'ai déjà
mandé, et qui sera composée des 5", 14% 20* et 24" régiments; de
la 19" division, qui sera commandée par le général Brayer et com-
posée des 7", 72®, 11" et 27" régiments (cette division restera à
Paris) ; de la 20" division, qui sera composée des 5" léger, 88", 44*
et 40" (cette division devra se réunir à Paris; vous ne la ferez venir
que quand on le pourra sans inconvénient); de la 21' division; le
15" de ligne, le 20", le 61" et le 8" léger formeront cette 21" divi-
sion, qui se réunira entre la Loire et la Dordogne; elle restera là
jusqu'à nouvel ordre.
Ce corps sera sous les ordres du comte de Lobau ; il sera ainsi
composé de seize régiments.
Le 2" et le 3" de hussards formeront une brigade de la 9" division
de cavalerie; ils partiront aussitôt après que je les aurai vus pour se
rendre à Relfort, où ils seront censés détachés de la 9" division et
sous les ordres du général Girard. Le 13" de chasseurs fera partie de
la 9" division et se rendra en Alsace.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 69
Il sera formé une 5* division de réserve composée des 2*, 7% 12' oi
9* de dragons; cette division se réunira à Paris et sous les ordres du
comte de Lobau. Donnez ordre au 9" de dragons de revenir à Paris
sur-le-champ.
Le 13* de dragons ira compléter la 4* division de réserve. Vous
pourriez le faire partir demain.
Le 35* régiment d'infanterie se rendra en Alsace et fora partie de
la 15' division.
Le 41' se rendra au 4* corps et fera partie de la 14' division.
Le 46* se rendra au 4' corps et fera également partie de la 14* di-
vision.
Le 6' léger se rendra en Alsace et fera partie de la 17' division.
Le 45' recevra sur-le-champ l'ordre de retourner et de se rendre
au 4" corps, où il fera partie de la 13' division.
Le 75' fera partie de la 10' division.
Le 74' fera partie de la 1 1' division.
Le 73' fera partie de la 4' division.
Le 65' se rendra en Flandre et fera partie de la 9' division.
Parce moyen, toutes les divisions seront à quatre régiments.
Vous laisserez au général Morand et aux généraux qui commandent
sur la Loire toute la latitude convenable pour ces mouvements.
8' corps. — Le 13' de ligne, le 63', le 10' de ligne, le 69',
le 70', le 3* léger, le 78', le 56' et le 62' formeront trois divisions,
qui composeront le corps d'observation des Pyrénées ou le 8' corps ,
que le général Clausel commandera.
Les 3', 14' et 15' de chasseurs formeront une 10* division de ca-
valerie légère et feront partie du corps d'observation des Pyrénées ,
sous les ordres du général Clausel.
7' corps. — Le 49', le 39% le 6' de ligne, le 58', le 83', le 87',
le 82% le 48", le 16' formeront trois divisions qui composeront le
7' corps. Présentez-moi la formation et le lieu de réunion de ces
trois divisions. Vous réitérerez l'ordre que les trois régiments qui
sont en Corse repassent à Toulon ; ils feront partie du corps d'obser-
vation des Alpes.
Pour la cavalerie de l'armée des Alpes, il sera attaché au 7' corps
les 3* et 4' escadrons du 4' de hussards, dont le dépôt est à Vienne;
les 3' et 4' escadrons du 13' de dragons , dont le dépôt est à Lyon ;
elle 10' de chasseurs, dont le dépôt viendra à Avignon et dont le
régiment quittera les Pyrénées pour se porter sur le Rhône.
Ainsi j'aurai : au 1"" corps, quatre divisions d'infanterie ou seize
régiments ; au 2' corps, cinq divisions ou vingt régiments ; au 3' corps.
70 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON ^^ — 1815.
deux divisions ou huit régiments; au 4' corps, trois divisions ou
douze régiments; au 5* corps, trois divisions ou douze régiments;
au 6* corps, quatre divisions ou seize régiments ; au 7* corps, quatre
divisions ou douze régiments ; au 8* corps, trois divisions ou neuf
régiments; total, vingt-huit divisions ou cent cinq régiments, ce qui
emploie la totalité des régiments de France.
Il faudrait organiser de plus cinq régiments étrangers. Le premier
régiment étranger se composera des déserteurs piémontais et italiens;
il se réunira à Chalon-sur-Saône. Le second se composera des Suisses,
qu'on pourra réunir du côté d'Amiens. Les Polonais formeront le
troisième, qu'on réunira à Soissons. Le quatrième régiment se com-
posera d'Allemands, qu'on réunira sur la Loire, du côté de Tours.
Enfin le cinquième se composera de Belges , qu'on réunira sur la
Somme, à Amiens.
Je pense qu'il faudrait préparer des cadres en officiers pour ces
cinq régiments et les envoyer dans les différents lieux de réunion
indiqués. Nous avons beaucoup d'officiers français qui ont servi en
Italie : formez-en le cadre du régiment des Piémontais. Les officiers
suisses qui nous restent formeront le cadre du régiment suisse. Les
officiers polonais que nous avons ici formeront le cadre du régiment
polonais , et , en cas d'insuffisance , vous y placeriez de préférence
des officiers français qui ont été longtemps en Pologne. Enfin vous
prendrez des officiers flamands pour former les cadres du régiment
belge , et des officiers de l'Alsace et des bords du Rhin pour les cadres
des régiments allemands. Les Polonais seront habillés à la polonaise,
les Suisses en rouge , les Belges avec l'uniforme actuel des régiments
belges, et les Piémontais en bleu, que je suppose être la couleur
de l'uniforme piémontais , afin de pouvoir utiliser les déserteurs avec
l'habit sous lequel ils viendront. Présentez-moi un projet de décret
pour la formalion de ces cinq régiments étrangers.
Faites-moi connaître s'il reste quelques régiments de cavalerie dont
je n'aie pas disposé. 11 faudrait un régiment de cavalerie légère pour
compléter la division des Alpes. J'ai formé neuf divisions de cavalerie
légère aux armées du Nord et du Rhin. Ces divisions, à quatre régi-
ments chacune, feraient trente-six régiments; mais je n'ai que vingt-
sept régiments de cavalerie légère; sur ces vingt-sept, quatre sont
employés dans le Midi , c'est-à-dire aux Alpes et aux Pyrénées ; il ne
me reste donc que vingt-trois régiments : ainsi le déficit est de treize
régiments. Mais j'ai formé cinq divisions de réserve de cuirassiers
et de dragons , qui n'emploient que vingt régiments ; or j'ai vingt-neuf
régimenis de grosse cavalerie ; c'est donc neuf plus qu'il ne faut , ce
CORRKSPOl\DA\GE DE iVAPOLEOM I". — 1815. 71
qui réduit le déGcit, pour l'organisalion de la cavalerie légère, à
quatre régiments. Il faudra donc que l'organisation des neuf divi-
sions de cavalerie légère comprenne neuf régiments de dragons. Je
pense qu'il faut placer les dragons en brigades, en attachant quatre
brigades à quatre divisions de cavalerie et le régiment de dragons
restant à une cinquième division. Des neuf divisions de cavalerie lé-
gère, cinq seront à quatre régiments et quatre à trois régiments. Je
pense que vingt-sept régiments de cavalerie légère ne sont pas assez;
il faudrait en former trois autres , et alors il n'y aurait plus qu'une
division qui ne serait composée que de trois régiments.
Ayant ainsi éclairci mes idées sur les régiments de cavalerie qui
doivent rester dans le Midi, je pense qu'il conviendrait que le 4* de
hussards, le 13* de dragons, les 3% 14% 15' et 10* chasseurs, ce
qui fait six régiments, n'envoyassent personne à Versailles, et que
vous donnassiez l'autorisation à ces régiments, qui ont leurs dépôts
loin des frontières, de compléter eux-mêmes leurs remontes à un
prix iixe. Il serait nécessaire aussi de les autoriser à faire faire leurs
selles, pour éviter le transport dispendieux des selles que nous avons
dans le Nord. Ce qui est relatif à ces régiments sera donc une modi-
fication apportée à ce que je vous ai écrit hier pour le dépôt de Ver-
sailles.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M'"" la maréchale princesse d'Eckmiilil.
21766. —AU MARÉCHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMLHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 3 avril 1815, huit heures du soir.
Mon Cousin , vous trouverez ci-jointe une dépèche télégraphique.
Donnez ordre à la division Girard , qui devait partir demain pour se
rendre du côté de Belfort, de partir avant le jour, pour se rendre en
poste à Lyon. Au lieu du 5" de ligne, vous y mettrez le 7% et le 5"
restera à Paris. Faites connîiître au général Girard ce dont il s'agit,
afin qu'il mène avec lui deux bons généraux de brigade , de ceux
dont il peut être sûr.
11 est nécessaire de ftiire partir sur-le-champ deux commissaires
des guerres pour parcourir la route , aGn que des voitures soient
prêtes. Il suffit que la troupe les prenne à Essonne. Donnez ordre
également au bataillon d'artillerie du 4* régiment, qui doit être parti
aujourd'hui pour Lyon , et qui doit être ce soir à Essonne, de prendre
la poste pour arriver plus tôt à Lyon. Donnez le même ordre au
72 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
bataillon de sapeurs que j'avais ordonné qu'on renvoyât sur Lyon.
Comme jusqu'à Fontainebleau la route de Moulins et celle de Bour-
gogne sont la même , vous pourrez faire passer une colonne par Me-
lun et l'autre par Essonne. Faites préparer des relais pour ces deux
routes. Envoyez un de vos aides de camp à franc étrier pour annoncer
ces troupes, qui doivent arriver à Lyon en quatre jours. Cet ofticicr
continuera sa route jusqu'à Grenoble, pour ordonner au général la
Salcette de manœuvrer pour garantir Lyon.
Envoyez un courrier au général Morand , pour qu'il presse sa
marche sur Nîmes, par sa colonne de gauche.
Faites venir le général Brayer; qu'il parte dans la nuit pour se
rendre en poste à Lyon. Ayant commandé dans cette ville, il en
connaît les dispositions. Il prendra le commandement de la ville.
Grouchy disposera alors de Dessaix pour le porter en avant.
Il est nécessaire que les deux commissaires des guerres que vous
enverrez par les deux routes aient avec eux de l'argent. Il faut que
les troupes parcourent quatre étapes par vingt-quatre heures.
Retardez le départ du 4* de hussards et du 13* de dragons. Faites
partir en poste le major du 4" de hussards, qui est un officier sûr,
pour se mettre à la tète des escadrons qui sont à Lyon, et faites
choix d'un officier du 13*, que Brayer désignera, pour se mettre à la
tête de la partie du 13" qui est à Lyon.
Prescrivez au général Grouchy de faire mettre à pied tous les
gardes d'honneur de Lyon, pour procurer des chevaux aux hommes
à pied de ces deux régiments.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""" la maréchale princesse d'Eckmiilil.
21767. — AU GÉNEBAL COMTE ANDREOSSY,
PRÉSIDKXT DE LA SKCTIOX DE LA Gl ERRE AU CONSEIL d'ÉTAT.
Paris, 3 avril 1815, au soir.
Je vous envoie un rapport et un projet de décret sur les gardes
nationales. Je vous envoie aussi un projet de tableau et un travail
fait par Allent, qui était à la tête de la garde nationale.
Je désire que vous réunissiez les sections de la guerre et de l'inté-
rieur, afin de me proposer un projet définitif dans le plus court délai
possible.
Pour organiser les gardes nationales de France, je voudrais que
toutes les gardes nationales eussent pour uniforme une blouse gau-
loise bleue, qui ne coûterait que 10 ou 12 francs; il y aurait une
CORRKSPONDAMCE I)K NAPOLÉON I". — 1815. 75
broderie pour les officiers. Les chasseurs et grenadiers qui auraient
le moyen de s'habiller en gardes nationaux, et les officiers qui
voudraient porter un habit en seraient les maîtres; mais la blouse
serait l'uniforme général , et cela coulerait peu de chose.
Je voudrais obtenir trois buts :
l'Organiser toutes les populations des frontières sous leurs officiers,
de manière qu'elles puissent défendre leurs propriétés. iVos départe-
ments de France sont, l'un portant l'autre, de 300,000 habitants. Je
voudrais, dans un département de 300,000 habitants, avoir 30,000
gardes nationaux, ce qui ferait quarante-deux bataillons de 720
hommes, à six compagnies, et chaque compagnie de liO hommes,
officiers compris. Ces quarante-deux bataillons seraient divisés en
autant de légions qu'il y a de sous-préfectures, et il y aurait, par
sous-préfecture, un colonel nommé par moi. Ces qu;iranle-deux
bataillons fourniraient leurs compagnies de grenadiers et de chas-
seurs, ce qui ferait quatre-vingt-quatre compagnies; ces quatre-vingt-
quatre compagnies auraient un effectif de 10,000 hommes et un
présent sous les armes de près de 8,000. On réunirait les compagnies
de grenadiers et de chasseurs en bataillons de six compagnies, de
sorte que ces quatre-vingt-quatre compagnies formeraient quatorze
bataillons.
Le département du Nord, qui a une population égale à deux
départements, aurait ainsi 60,000 hommes de garde nationale, et
vingt-huit bataillons ou 20,000 hommes de chasseurs et de gre-
nadiers. Le gouvernement appellerait , selon les circonstances, ou
seulement les grenadiers, ou seulement les chasseurs, ou les grena-
diers et les chasseurs, pour les mettre en activité. Si l'on avait besoin
seulement de 10,000 hommes, on n'appellerait que les grenadiers,
ce qui ferait quatorze bataillons (ju'on solderait comme les troupes
de ligne et qu'on mettrait dans les places fortes. Si les circonstances
devenaient plus urgentes, on appellerait les chasseurs, ce qui dou-
blerait les forces, et alors le département du \ord aurait 20,000
hommes pour sa défense. Si les circonstances enfin devenaient encore
plus urgentes, on appellerait le reste de la garde nationale, et on
aurait les quatre-vingt-quatre bataillons ou 00,000 hommes pour
aider les troupes de ligne à la défense du département.
Je pense que, pour la régularité du travail, il ne faudrait point
entrer dans toutes les différences de population, mais comprendre
les grands départements pour deux départements, les autres pour un
et demi, les autres pour un, et enfin d'autres pour un demi. Ainsi
les départements qui seraient classés pour un demi ne fourniraient
74 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
que vingt-quatre bataillons ; ceux qui le seraient pour l'unité en
fourniraient quarante-deux; pour un et demi, soixante, et ceux qui
seraient classés pour deux, quatre-vingts. On ajouterait dans le
travail quatre bataillons de plus ou de moins, selon que la population
approcherait de 600,000 hommes ou surpasserait de beaucoup ce
nombre.
La garde nationale de toutes les places fortes serait mise de suite
en activité. Ainsi celle de Lille, que je suppose de 0,000 hommes
et qui ne devrait avoir que 1,000 grenadiers, 1,000 chasseurs et
4,000 hommes de basses compagnies , aurait tout de suite ses
6,000 hommes en activité, formant huit à dix bataillons; de même
pour Dunkerque, Calais, Boulogne et toutes les places de la Flandre.
On ferait entrer en outre dans nos places les quatorze bataillons de
grenadiers et les quatorze de chasseurs, ce qui donnerait deux
espèces de garde nationale dans la ville : garde nationale sédentaire
de la ville (grenadiers, chasseurs et basses compagnies), et grena-
diers et chasseurs des campagnes.
Pour faire cette organisation, il faudrait, après avoir posé les prin-
cipes, dresser un tableau qui fit connaître le nombre des bataillons
que chaque sous-préfecture peut fournir. Ensuite un conseiller de
sous-préfecture, un officier de gendarmerie et un officier supérieur,
nommés par le général de division et le sous-préfet, formeraient un
comité pour procéder à cette formation. La garde nationale se for-
merait par commune et canton; il y aurait de plus par département
un comité supérieur nommé par le général de division, le préfet ou
le conseiller le préfecture qu'il déléguerait et le capitaine de gendar-
merie. Les propositions d'officiers seraient faites par les comités
de formation de sous-préfectures et approuvées par le comité du
département. Par ce moyen, on aurait autant de corps de garde
nationale que de sous-préfectures. Les chefs de bataillon et officiers
au-dessous de ce grade seraient seuls nommés par les comités, me
réservant de nommer directement, par le canal du ministre de
l'intérieur, les généraux ou colonels qui devront commander la réunion
des bataillons de sous-préfectures ou des places.
Les éléments une fois formés , ce serait l'affaire d'une heure de
donner, selon les locahtés, la formation la plus convenable à l'état-
major de la garde nationale de chaque sous-préfecture.
Il serait convenable de poser, aujourd'hui ou demain, les prin-
cipes, et de soumettre aussitôt le décret à ma signature.
Vous vous occuperez de suite de former les tableaux, d'abord du
Nord et, immédiatement après, des deux départements de l'Alsace,
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«r. _ 1815. 75
ensuite des départements frontières de la Meuse et des Ardennes , et
successivement, jour par jour, des gardes nationales dans les 16°,
5*, 2", 3% 4% 6% 7° et 18" divisions militaires. Ce travail fait, nous
formerons ou continuerons les tableaux pour le reste de la France,
c'est-à-dire pour les 14% 15*, 1" et 19" divisions, etc.
La proportion d'un dixième de la population paraît être trop forte
aux ministres. Paris, dont on peut évaluer la population à 500,000
habitants, a 25,000 gardes nationales, ce qui n'en est que le ving-
tième; mais, si cela est nécessaiie, on pourrait en avoir le double,
50,000 hommes, sans difficulté; j'en ai vu 60,000 au 13 vendé-
miaire.
2° La formation une fois faite, il faudra s'occuper de l'armement.
Il serait à souhaiter qu'il appartînt aux citoyens, comme seul moyen
d'avoir des armes soignées. Il faudrait exiger que tout particulier qui
paye près de 50 francs de contributions payât en proportion. Ceux
qui seront appelés à concourir avec les troupes de ligne pour la
défense des places fortes et des postes importants des frontières
seraient armés de fusils de calibre. Les basses compagnies séden-
taires s'armeraient de fusils de chasse. A cela il faut joindre un projet
de décret qui autorise tous les citoyens à être armés, et qui rapporte
les lois contraires à cette disposition.
3° L'équipement est le troisième objet : en adoptant que l'uniforme
consistera en une blouse bleue, par-dessus laquelle on mettrait une
giberne noire, chacun pourrait se procurer cette blouse, il y aurait
uniformité, et l'habillement coûterait peu de chose ; on aurait de plus
l'avantage que cette blouse, étant de toile de coton, n'enlèverait pas
le coutil à l'habillement des troupes. En adoptant la giberne noire,
cela éviterait encore d'être en concurrence avec la ligne. Ceux qui
voudraient avoir un habit de garde nationale sous la blouse , pour le
porter hors du service, en seraient les maîtres, et ils le feraient faire
à leurs frais.
Appelez à la section de l'intérieur et de la guerre le général Dumas,
qui, je crois, s'est déjà occupé de cela.
Je n'ai pas besoin devons faire sentir combien cet objet est urgent.
J'attacbe une grande importance à ce que le décret de principe et
l'organisation du département du Nord et des deux départements de
l'Alsace puissent être faits demain.
D après la minute. Archives de l'Empire.
76 CORRESPOXDAMCE DE NAPOLEOiX I«^ — 1815.
21768. — INSTRUCTIONS
POUR LE GÉ\'ÉRAL BARON CORBIXEAU.
Paris, 3 avril 1815, au soir.
Corbineau partira siir-le-champ pour Lyon , où il arrivera le plus
vite possible, pour annoncer que quatre régiments, les 7', 14*, 20'
et 24*, arrivent en poste par les routes du Bourbonnais et de la
Bourgogne. Si les événements qui se passent rendaient inutile que
ces troupes marchassent si rapidement, le général Grouchy leur
enverrait des ordres pour s'arrêter.
A son arrivée à Lyon , Corbineau ira chez le préfet et chez le
maire, pour que les gardes nalionales de Lyon envoient des déta-
chements au secours des Dauphinois. Il restera à Lyon pour seconder
de toutes ses forces le général Grouchy. Il annoncera la prochaine
arrivée du général Brayer pour prendre le commandement de la
place de Lyon. Son caractère le disposera à rendre des services, soit
en portant des ordres aux gardes nationales du Dauphiné, soit en se
rendant où il y aurait des troupes dans le voisinage pour les réunir.
Il m'écrira tous les jours et restera là pour rendre tous les services
qu'exigeront les circonstances. Il excitera les généraux, les autorités,
les gardes nalionales à faire leur devoir et à mettre un terme à cette
insurrection de la minorité contre une si grande majorité.
C'est le général Girard qui commande les troupes qui se rendent
en poste à Lyon. Si les circonstances étaient urgentes, le général
Corbineau pourrait requérir les gardes nationales de Bourgogne et
du déparlement de l'Ain de venir dans Lyon repousser les Marseillais.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21769. — LETTRE CIRCULAIRE AUX SOUVERAINS.
Paris, 4 avril 1815.
Monsieur mon Frère, vous aurez appris, dans le cours du mois
dernier, mon retour sur les côtes de France, mon entrée à Paris et
le départ de la famille des Bourbons. La véritable nature de ces
événements doit maintenant èlre connue de Votre Majesté. Ils sont
l'ouvrage d'une irrésistible puissance, l'ouvrage de la volonté una-
nime d'une grande nation qui connaît ses devoirs et ses droits. La
dynastie que la force avait rendue au peuple français n'était plus
faite pour lui : les Bourbons n'ont voulu, s'associer ni à ses senti-
ments ni à ses mœurs; la France a dû se séparer d'eux. Sa voix
appelait un libérateur. L'attente, qui m'avait décidé au plus grand
CORRESPOXDAX^CE DE X'APOLEOX' I". — 1815. 77
des sacrifices, avait été trompée. Je suis venu, et du point où j'ai
touché le rivage l'amour de mes peuples m'a porté jusqu'au sein de
ma capitale.
Le premier besoin de mon cœur est de payer tant d'affection par
le maintien d'une honorable tranquillité. Le rétablissement du trône
impérial était nécessaire au bonheur des Français. Ma plus douce
pensée est de le rendre en même temps titile à l'affermissement du
repos de l'Europe. Assez de gloire a illustré tour à tour les drapeaux
des diverses nations ; les vicissitudes du sort ont assez fait succéder
de grands revers à de grands succès. Une plus belle arène est aujour-
d'hui ouverte aux souverains, et je suis le premier à y descendre.
Après avoir présenté au monde le spectacle de grands combats , il
sera plus doux de ne connaître désormais d'autre rivalité que celle
des avantages de la paix, d'autre lutte que la lutte sainte de la félicité
des peuples. La France se plaît à proclamer avec franchise ce noble
but de tous ses vœux. Jalouse de son indépendance, le principe inva-
riable de sa politique sera le respect le plus absolu de l'indépendance
des autres nations.
Si tels sont, comme j'en ai l'heureuse confiance, les sentiments
personnels de Votre Majesié, le calme général est assuré pour long-
temps, et la justice, assise aux confins des divers Ktats, suffira seule
pour en garder les frontières.
Je saisis avec empressement cette occasion pour vous renouveler
les sentiments de la sincère estime et de la parfaite amitié avec les-
quels je suis.
Monsieur mon Frère,
Votre bon Frère,
Napoléon.
D'après la minute originale. Archives des affaires clrangères.
21770. — AU VICE-AMIIIAL DUC DFXRES ,
MIMSTRIÎ DK LA MARINU , A PARIS.
Paris , 5 avril 1815.
Monsieur le Duc Decrès, je vous envoie un rapport sur les colo-
nies; examinez-le. Proposez-moi de nouvelles nominations pour la
Guadeloupe et la Martinique. On assure que les troupes sont très-
bonnes. Je désirerais que vous fissiez ouvrir des négociations avec
Saint-Domingue sur les principes que j'ai développés au conseil. Il
n'y a pas un moment à perdre pour me proposer le renouvellement
78 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
des agents des colonies, dans la double hypothèse de la pai\ ou de
la guerre.
Napoléon.
D"après l'original comm. par M™* la duchesse Decrès.
21771. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMHHL,
MINISTRE DE LA GUKRHE , A PARIS.
Paris, 5 avril 1815.
Mon Cousin, l'occupation de Rordeaux va influer sur celle de
Toulouse. Ordonnez à Morand de se diriger en avant sur cette ville
pour y installer le général Maurice Mathieu, auquel vous avez donné
le commandement de la 10* division. Ordonnez-lui de se porter éga-
lement sur la 9" division pour y installer le général qui doit la com-
mander, et enfin sur Pont-Saint-Esprit pour seconder l'opération
sur Marseille. Chargez-le de donner un régiment de cavalerie au
général Clausel, qui paraît en avoir besoin. Commandez au général
Clausel de faire des mouvements de petites colonnes pour fiivoriser
la soumission de Toulouse.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""* la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21772. — A M. MARET, DUC DE RASSANO,
MINISTRE SECRÉTAIRE d'ÉTAT , A PARIS.
> Paris, 5 avril 1815.
Failes savoir à Lyon, par le télégraphe, que nous sommes entrés
à Rordeaux, qui a arboré le pavillon tricolore, ainsi que toute la
Dordogne jusqu'aux Pyrénées. La duchesse d'Angoulème s'est embar-
quée le 1" avril, à huit heures du soir.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21773. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 6 avril 1815.
Mon Cousin , je vous renvoie tout le dossier relatif aux places de
la Fère, de Soissons et de Château-Thierry. J'ai tant d'occupations,
que je n'ai pas le temps d'entrer dans ces détails, et je ne puis que
m'en rapporter au génie.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl,
CORRESPOXfDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 79
21774. —AU VICE-AMIRAL DUC DEGRÉS,
MINISTRE DE LA MARINE, A PARIS.
Paris, 6 avril 1815.
Monsieur le Duc Decrès, faites-moi connaître dans quelle situation
sont les îles Saint-Marcouf , et envoyez des ordres à la marine, à
Cherbourg, pour qu'on les mette en bon état. Vous savez quels em-
barras ces îles nous ont donnés avant la paix d'Amiens.
Napoléon.
D'après 1 original comm. par M"* la duchesse Decrès.
21775, — AU COMTE CARXOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris, 6 avril 1815.
Monsieur le Comte Carnot , le ministre de la police m'a commu-
niqué une lettre du préfet de Lyon, qui m'indique la nécessité de
faire des changements dans la municipalité et dans l'état-major de
la garde nationale de cette ville, si les insurgés approchaient davan-
tage. Quoique je reçoive des nouvelles que la marche des troupes de
Grenoble et de celles de Lyon les ait forcés de se retirer, il est cepen-
dant nécessaire d'y faire les changements indiqués , afin que les auto-
rités municipales et la garde nationale soient à la hauteur de l'opinion
du peuple. Donnez-en l'ordre positif à Rœderer '. Otez le maire, si
cela est nécessaire. Bien que le danger paraisse passé, comme, par
la suite, d'autres circonstances pourraient se présenter, il faut que
Lyon nous offre toute la force de sa population. Vous ordonnerez au
préfet d'augmenter la garde nationale et de la porter au moins à
10,000 hommes. Recommandez-lui spécialement d'organiser la
garde nationale du faubourg de la Guillotière et des autres faubourgs.
Qu'il organise aussi deux compagnies de cauonniers. Il est convenable
de tenir à la tête de cette garde nationale un général en activité. J'y
ai envoyé le général Brayer ; mais, s'il me devenait nécessaire , je le
remplacerais par un autre. La même opération doit être faite dans
toutes les villes de la 19* division militaire. Écrivez dans ce sens à
Thibaudeau et à Marchant pour Dijon. Qu'ils utilisent leur mission
en purgeant les municipalités et en organisant les gardes nationales
sur le principe du dixième de la population.
Napoléon.
D'après, la copie. Archives de l'Empire.
* Commissaire extraordinaire.
80 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I-^. — 18 15.
21776. — AU COMTE DEFEHMOÎV,
PRÉSIDENT DE LA SECTION DES FINANCES AU CONSEIL d'ÉTAT , A PARIS.
Paris, 6 avril 1815.
Monsieur le Comte Defermon , je vous ai nommé directeur de la
caisse de l'extraordinaire, dont le décret que je viens de rendre
vous fera connaître l'objet. Les fonds de cette caisse se composent
de la recette des jeux et de toutes les recettes éventuelles qui n'ont
pas été comprises dans le budget, telles que journaux, etc.
Le titre deuxième de mon décret vous fait connaître la manière de
procéder pour secourir les habitants des déparlements de la Cham-
pagne, de la Lorraine et de l'Alsace, dont les maisons ont été dé-
truites par les événements de la guerre. Je désire que vous placiez
en premier ordre les villes de Nogent , de Méry, d'Arcis-sur-Aube ,
comme celles à qui les secours sont plus nécessaires.
Le titre troisième est relatif aux donataires des trois dernières
classes , au secours desquels il est pressant de venir.
Vous voudrez bien me rendre compte tous les mois des opérations
de la caisse de l'extraordinaire , de ses recettes et des distributions à
faire entre les donataires.
Napoléon.
D'après la mimilc. Archives de l'Empir-e.
21777. — AU GÉNÉRAL CAULAINCOURT, DUC DE VICENCE,
MIMSTIIE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, A PARIS.
Paris, "7 avril 1815.
Monsieur le Duc de Vicence, je désire que vous me fassiez un
rapport qui sera lu au conseil des ministres samedi et imprimé
dimanche dans le Moniteur. Ce rapport fera connaître les relations
que nous avons eues avec l'Angleterre et ses réponses ; les relations
que nous avons eues avec la Suisse et ses réponses; ce que nous
savons sur les projets des alliés; nos relations avec le roi de Naples ,
les avantages qui doivent en résulter, et ce que nous savons sur ses
opérations. Ce rapport doit être clair et vrai. Il doit être rédigé dans
deux buts :
Le premier, de mettre la nation au fait de la situation des choses
en insinuant ce que nous avons appris des dispositions de l'ennemi et
du projet qu'il avait de partager et d'affaiblir la France. Vous ne
manquerez pas de faire observer que nous avons imprimé tous leurs
actes, tandis qu'ils n'ont imprimé aucun des nôtres; que les puis-
sances qui veulent nous faire la guerre ne peuvent y parvenir qu'en
CORRESPOMDAMCE DK NAPOLEOV l«^ — 1815. 81
trompant les peuples sur notre véritable situation; que nous ne vou-
lons tromper personne, et que nous voulons faire connaître toute la
vérité.
Le second but sera de faire connaître qu'on se plaît à nous repré-
senter, comme les honmies de 93, dans l'anarchie la plus complète;
que ce. n'a pas été une des moindres raisons qui nous ont engagé à
fonder, par un quatrième plébiscite, une véritable liberté sans anar-
chie, telle qu'il la faut pour le bonheur intérieur de la nation et sans
alarmer aucune puissance.
Vous sente/ l'importance de ce rapport dans ce double but; tra-
vaillez-y de manière qu'il puisse paraître dimanche dans le Moniteur ' .
Napolkox.
n'après la copie Arrliivcs des affaires étrangères.
21778. —Al MAllÉCHAL DAVOllT, PRINCK D'1<:CKMIHL,
MIMSTRK DE L.4 GUKKRii;, A PAKIS.
Paris, 8 avril 1815.
Mon Cousin, j'approuve que les deux bataillons du 73' partent
pour iiille; que les deu\ bataillons du 05", qui sont avec le général
Morand, partent pour Mézières, pour faire partie de la 10'' division
dinfantcMie; que le 7 4" parte sur-le-champ de Hrest pour se rendre
à la 1 1^ division ; que les deux bataillons du 45', (|iii sont avec le
général Morand, partent sur-le-champ pour se rendre à Metz; que
les 41* et 4(j" régiments partent lundi prochain pour se diriger sur
Metz; que les deux bataillons du 35' parlent lundi pour se rendre
en Alsace. Au lieu des deux bataillons du 6'' léger qui devaient se
rendre en Alsace pour faire partie de la 17* division au 5' corps,
vous prendrez deux bataillons des régiments qui étaient en Provence.
.J'approuve que le (U* régiment fasse partie de la 9* division, et le
72*^ de la 12*, et qu'ils partent sur-le-champ.
Les quatre régiments qui sont en marche pour Lyon formeront un
corps d'observation des Alpes, en Provence. Ils seront remplacés par
quatre régiments de ceux qui sont dans le Midi, excepté le 10* régi-
ment de ligne , qui parait avoir besoin de revenir dans le Nord. Il sera
nécessaire que ces régiments composant la 18* division viennent se
réunir à Bel fort.
Le général Morand réunira la 21* division dans l'endroit qu'il
jugera le plus convenable.
Le général Grouchy aura le commandement du 7* corps et du
* Ce rapport a été publié dans le Moniteur du 14 avril 1815.
xxviii. 6
82 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
corps d'observation des Alpes. Deux divisions actives se réuniront à
Cbambéry et à Grenoble, et l'autre en Provence.
Le général Clausel commandera le corps d'observation des Pyré-
nées. Une division sera réunie du côté de Toulouse, une du côté de
Bayonne, et la troisième dans l'intervalle.
Le à' de hussards et le 13* de dragons feront partie du corps du
général Grouchy, avec un des quatre régiments de cavalerie légère
qui sont dans le Languedoc, celui qui aie plus besoin de changer de
pays. Les trois autres régiments resteront au corps d'observation du
général Clausel.
J'approuve que le 6" de dragons parte lundi pour Metz , et que le
11* fasse partie de la 5* division. J'approuve que le 9* de dragons
vienne joindre le 6* à Paris.
J'approuve que les trois régiments qui forment la 9° division de
cavalerie partent lundi pour se rendre à Beifort; que le 1" de hus-
sards parte pour la 7* division; qu'on envoie le 3" de dragons à la
5* division, et le 3" de hussards à la 2° division. Je désire avoir, le
plus tôt possible, l'état de tous les officiers généraux, des généraux
d'artillerie, des officiers d'état-major, etc., qui seront employés cà
ces différentes divisions.
Napoléon.
D'après la copie comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckiniihl.
21779. — ALLOCUTION A L'ABMKE '.
Paris, 9 avril 1815.
tt Soldats ! je viens d'avoir la nouvelle que le pavillon tricolore est
arboré à Toulouse, à Montpellier et dans tout le Midi. Les comman-
dants et les garnisons de Perpignan et de Bayonne avaient annoncé
formellement qu'ils n'obéiraient point aux ordres, donnés par le duc
d'Angouléme, de livrer ces places aux Espagnols, qui d'ailleurs ont
fait connaître , depuis , qu'ils ne voulaient pas se mêler de nos affaires .
Le drapeau blanc ne flotte plus que dans la seule ville de Marseille.
Mais , avant la fin de cette semaine , le peuple de cette grande cité ,
opprimé par les violences du parti royaliste , aura repris tous ses
droits. De si grands et de si prompts résultais sont dus au patrio-
tisme qui anime toute la nation et aux souvenirs que vous avez con-
servés de moi. Si, pendant une année, de malheureuses circonstances
nous ont obligés de quitter la cocarde tricolore, elle était toujours
î Cette allocution fut prononcée par l'Iîmpereur dans une revue au Carrousel.
CORRESPOND AIVCI-: I)E NAPOLEON I^r. —18 15. 83
dans nos cœurs. Elle redevient aujourd'hui notre signe de ralliement;
nous ne la quitterons qu'avec la vie. »
« L'Empereur a été interrompu par ces mots répétés par toutes les bou-
ches : Oui , nous le jurons ! »
« Soldats ! nous ne voulons pas nous mêler des affaires des autres
nations; mais malheur à ceux qui voudraient se mêler des noires,
nous traiter comme Gênes ou comme Genève, et nous imposer des
lois autres que celles que la nation veut ! Ils trouveraient sur nos
frontières les héros de Marengo, d'Austerlifz, d'Iena; ils y trouve-
raient le peuple entier, et, s'ils ont 600,000 hommes, nous leur en
opposerons deux millions.
n J'approuve que pour vous rallier vous ayez fait des drapeaux
tricolores. Ce ne sera qu'au Champ-de-Mai, et en présence de la
nation assemblée, que je vous rendrai ces aigles qui si souvent furent
illustrées par votre valeur et virent fuir les ennemis de la France.
" Soldats! le peuple français et moi nous comptons sur vous;
comptez aussi sur le peuple et sur moi. »
Extrait du Moniteur du 10 avril 1815.
21780. — AU COMTE DE MONTALIVET ,
INTENDANT DE LA COURONNE, A PARIS.
Paris, 9 avril 1815.
Témoignez ma satisfaction à Vernet pour son beau tableau de la
bataille de Marengo. Je crois que ce tableau a été commandé par
moi et qu'il m'appartient. Faites donner à Vernet une gratilication de
6,000 francs.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21781. — AU VICE-AMIRAL DUC DECRÈS,
MINISTRE DE LA MARINE, A PARIS.
Paris, 9 avril 1815, huit heures du soir.
Monsieur le Duc Decrès, faites sortir sur-le-champ de Brest le
préfet maritime. Remplacez-le par un homme sijr, qui commandera
la marine et les marins. En général, dans la crise actuelle , il ne faut
envoyer ou conserver que des hommes sur lesquels on puisse entiè-
rement compter, tels que Cosmao, Violette, Troude, et qui aient
de la réputation et de l'ascendant sur les gens de mer. Faites-en
partir un aussi pour commander Dunkerque, oii les marins sont
84 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
mauvais. Qu'il parle dans la nuit. Faites sortir de Brest le comman-
dant de place.
D'après la copie. Archives de la marine.
21782. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE UE LA GUERRE, A PARIS.
Paris. 9 avril 1815, huit heures du soir.
Mon Cousin, faites partir cette nuit un lieutenant général ou un
maréchal de camp, capable et ferme, pour commander Dunkerque.
Ecrivez au comte d'Erlon et recommandez-lui de veiller sans cesse
sur Dunkerque : tous les efforts des émigrés et de l'ennemi se por-
tent sur cette ville, où ils voudraient opérer un mouvement pour
s'en emparer. Faites partir aussi 50 gendarmes à pied de Paris, bien
connus et bien choisis, ils se rendront par les voitures publiques à
Dunkerque. Si vous avez un bon inspecteur ou colonel, faites-le
partir également.
Napoléon.
D'après l'orijjinal coinm. par M'"" la inaréciiale princesse d'Eckmiihl.
21783. — AL VICE-AMIRAL DUC DECRUS,
MINISTRE DE LA MARINE, A PARIS.
Paris, 10 avril 1815.
Monsieur le Duc Decrès, je vois par les nouvelles que je reçois
que Marseille arborera aujourd'hui ou demain la cocarde Iricolore.
Je désire que vous envoyiez à Porlo-Ferrajo une frégate pour y
prendre Madame. Elle s'informera des nouvelles de la princesse Pau-
line, qui doit être à Viareggio, près de Lucques, et l'embarquera si
elle y est.
Expédiez un aviso pour Naples, avec les copies de toutes les
lettres qu'a écrites le ministre des relalinns extérieures. Vous pouvez
vous-même faire une collection de tous les imméros du Moniteur
depuis le 20 mars jusqu'à cette époque, et les envoyer, avec une
lettre, au roi de Xaples, pour lui faire connaître l'heureux état des
affaires en France.
Napoléon.
D'après l'orijjinal corani. par M"" la duchesse Decrès.
OOKRKS1»ONI)A\OE DK NAPOLliOV 1". — 1815. 85
21784. —AU GÉNÉRAL CAULAIXCOUIIT, DLC DK VICENCK,
MINISTRE DES AFFAIliES ÉTRANGÈKES, A PARIS.
Paris, 10 ai ri! 1815.
Monsieur le Duc de Vicence, Marseille est soumise; il est donc
nécessaire que vous fassiez partir sur-le-cliamp un tliar<]é d'alfaires
pour Constantinople, et un ministre pour Xaples. Si cela convenait
au général Belliard , il serait très-propre à-cette mission.
Napoléon.
D'après la copie. Archives deg affaires étrangères.
21785. — AU MAKÉCHAL DAVOUT, PRINCK D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 10 avril 18)5.
Mon Cousin, je viens d'appeler près de 100,000 gardes natio-
naux, grenadiers et chasseurs, pour garnir nos frontières. Une partie
viendront armés, et vous devez donner ordre aux préfets de leur
procurer toutes les armes dont on pourra disposer dans le pays. Il
serait nécessaire de disposer, en faveur de l'aulre partie, des armes
qui sont à réparer. On finirait de les réparer dans les places fortes ,
pendant même que les places seraient bloquées, si la guerre avait
lieu avant que ces réparations fussent terminées.
Napoléon.
D'après l'original comra. par M"" la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21786. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 10 avril 1815.
Mon Cousin , donnez ordre au général Dalesme de parlir pour se
rendre à Toulon et de là à l'île d'Elbe, dont il sera gouverneur. H
aura sous ses ordres le général de brigade Lapi. Envoyez à ce der-
nier ses lettres de service, et témoignez-lui ma satisfaction pour la
conduite qu'il a tenue, lui et les habitants de lile, dans les der-
nières circonstances. Le général Dalesme aura tous les pouvoirs
civils et militaires dans File, H recevra de la Corse un bataillon de
5 à 600 hommes. Il embarquera à Toulon une compagnie d'artille-
rie, complétée à 120 hommes, et un bataillon de 600 hommes des
troupes qui sont à Toulon; de sorte qu'il aura pour la défense de
l'île un bataillon des troupes qui sont à Toulon, 500 hommes; un
bataillon corse, 500 hommes ; une compagnie d'artillerie, 120 hom-
86 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON 1". — 1815.
mes ; le bataillon franc de l'île, 500 hommes ; les gardes nationales,
200 hommes ; total, 1,820 hommes.
Donnez ordre au général Dalesme de vous désigner un chef de
bataillon d'artillerie et un capitaine du génie, qu'on pourrait envoyer
à Porto-Ferrajo. Donnez-lui ordre également de désarmer entière-
ment Porto-Longone et de le mettre hors de service. Laisser seule-
ment six pièces de canon au fort Focardo et six autres pièces sur
affûts marins, pour la défense de la côte.
Vous direz au général Dalesme qu'il vienne me parler avant son
départ.
Napoléon.
D'après l'original comiii. par M™^ la maréchale princesse d'Eckmiilil.
21787. —AU MARECHAL DAVOLT, PRINCE D'EGKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS. ^
Paris, 10 avril 1815.
Mon Cousin, je désire qu'il soit établi sur-le-champ trois comités
de défense pour les frontières du Nord, depuis Dunkerque jusqu'à
l'Alsace : en première ligne, pour la défense de Landau à Huningue;
en deuxième ligne, pour la défense des Vosges, et en troisième ligne,
pour celle des montagnes du Jura et des frontières des Alpes. Les
généraux Dejean , Marescot et un autre général présideront ces
comités. Ils indiqueront aussi les points et les débouchés des fron-
tières qu'il faudrait faire occuper par les grenadiers et chasseurs de
la garde nationale. Tout cela est de la plus grande urgence; il faut
s'en occuper sans délai.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"* la maréchale princesse d'Eckmiilil.
21788. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 10 avril 1815.
Mon Cousin, donnez ordre au prince d'EssIing de se rendre à
Paris. Donnez le même ordre au général Corsin. Il faut un général
pQur commander à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône; il en
faut un pour Toulon et le Var; il en faut un pour les Basses-Alpes;
ce qui fait trois maréchaux de camp. Il faut, en outre, un lieutenant
général pour commander la division, indépendamment du général
Grouchy, qui commandera supérieurement. Il est nécessaire de
CORRKSPOIVDAXGl-: I>K iVAPOLI-^OM I", — 1815. 87
changer tous les ofûciers qui sont à Antibes ' ; de mettre de bons
commandants d'armes à Marseille, à Anlibes et à Toulon et autres
postes, en envoyant des ofOciers de Paris, qui portent dans ces places
un nouvel esprit.
Napolkon.
D'après l'original comm. par M™« la maréciiale princesse d'Eckmûhl.
21789. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MIMSTRK DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 10 avril 1815.
Mon Cousin, je pense que le lieutenant général que vous avez à
envoyer dans le Nord , pour y organiser les gardes nationales de la
16* division, y compris celles des départements de l'Aisne et de la
Somme, pourrait être le général Sebasliani. Donnez-lui l'ordre de s'y
rendre avec le nombre de maréchaux de camp nécessaire pour qu'il
y en ait un dans chaque arrondissement. Voilà plus de 200 chefs de
bataillon, plus de 200 capitaines, un grand nombre de lieutenants
généraux, de maréchaux de camp, de colonels et de majors qui
vont être employés dans celte organisation des gardes nationales.
Prenez de préférence tout ce qui est à Paris; et que tout cela, parti
avant le 12, soit rendu avant le 15. Que les bataillons de gardes
nationales soient sur pied avant le 25. Désignez les places fortes de
chaque division où doivent se réunir les bataillons de grenadiers et
chasseurs, en réunissant tous ceux d'une même légion, district ou
sous- préfecture, dans un même lieu. Par ce moyen, avant le l^'mai,
toutes nos places fortes du Nord, de la Meuse, de l'Alsace, de
la Franche-Comté et des Alpes auront une grande quantité de troupes;
et un grand nombre de généraux et d'ofliciers se trouveront là,
dans les sous-préfectures , pour réunir les basses compagnies de la
garde nationale' au moment d'une invasion, et les placer oià il sera
nécessaire. Ainsi nos troupes deviendront entièrement disponibles.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
* A Antibes se trouvait encore le colonel Guneo d'Ornano, commandant de
la place, qui avait fait prisonniers les 23 hommes détachés du bataillon de l'île
d'Elbe, au moment du débarquement au golfe Jouan. Voir la pièce n" 21690,
page 9.
88 OORllESrOAJDAACE DE AATOLÉOM 1 -r. _ 1815.
21790. — AU MAHÉCHAL DAVOUT, PRIXCE D'KCKMUHÎ/,
MINISTRE DK LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 10 avril 1815.
Mon Cousin, vous effacerez de la liste des maréchaux le prince do
Neuchàlel, le duc de Haguse, le duc de Helluue, le maréchal Péri-
gnon, le duc de Castiglione, le duc de Vaimy. En conséquence,
faites connaître au maréchal Pcrijjnon qu'il peut rester à sa campagne
et qu'il est inutile qu'il vienne à Paris. Vous me présenterez un
travail pour accorder une pension, en forme de retraite, à ceux de
ces maréchaux qui n'ont pas de fortune. Vous me ferez connaître ce
qu'ils ont et ce qu'ils tiennent du domaine extraordinaire.
Napolkox.
D'après l'original conim. par M"" la maréchale princesse d'Eckmi'ihl.
21791. —AU MARECHAL DAVOUT, PlUNCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GLERRE, A PARIS.
Paris, 10 avril 1815.
Mon Cousin , vous devez envoyer <a la police le nom de tous les
ofticiers de la Maison du roi qui prêtent le serment. Tous ceux qui
ont servi avec nous et qui n'ont ntarqué par aucun acte extérieur,
tous ceux enfin qui ont le cœur pour moi resteront à Paris, et même
vous les emploierez sans faire attention s'ils soitent de la Maison du
roi ou non.
Napoléon.
D'après l'original conira. par M"'® la maréchale princesse d'Eckmiilil.
21792. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DELA GUERRE, A PARIS.
Paris ,'10 avril 1815.
Mon Cousin, failes publier sur nos frontières, depuis l^ilie jusqu'à
Landau, que tous les anciens soldais de la rive gauche du Rhin cl
de la Belgique (jui ont servi sous nos aigles seront admis de nouveau
à servir et dirigés sur les régiments qu'on forme pour les recevoir.
On pourrai! répandre cet avis par des petits billets imprimés, et l'on
aurait bienlôt 8 ou 10,000 anciens soldats. Il faut faire la mémo
chose sur la frontière des Alpes pour nos anciens soldats de Piémont
et d'Italie.
Napoléon.
D'après l'oriyinal corom. par M'"* la maréchale princesse d'Erkmiihl.
COHHKSrOMDA.VCK Dl-: i\Al»OLI':0\' l'"'. — ISlô. 89
21793. — AU COMTE CARNOT, mimstrk dk LivrÉniEiR, .\ paris.
Paris, 10 avril 1815.
Monsieur le Comte Carnot, il paraît que toute la Provence arbo-
rera aujourd'hui ou demain la cocarde tricolore ; ainsi ou i)eut re-
yardcr l'insurrection du Midi comme terminée.
Envoyez un auditeur qui s'embarquera à Toulon pour la Corse et
portera des pouvoirs au préfet. Ordonnez la dissolution de la junte
extraordinaire que j'avais organisée. Faites connaître, par une pro-
clamation, qu'ayant ordonné que toutes les troupes reviennent en
France je compte sur le patriotisme des habitants pour défendre la
Corse. Donnez l'autorisation au «{énéral de Launay et au préfet d'or-
ganiser les gardes nationales selon les habitudes et les coutumes du
pays, de manière que dans chaque circonstance elles puissent se
porter sur tous les points qui seraient menacés.
Vous annoncerez que le duc de Padoue va se rendre en Curse
chargé de pouvoirs extraordinaires. Faites-le venir pour lui faire
part de mes intentions. H devra être prêt à partir dans trois ou
(|ualre jours. Vous lui ferez ses insîructions : il organisera la garde
nationale et destituera tous hîs employés nommés par le roi, qu'il
renverra sur-le-champ en France; il formera un balaillon de 500
hommes, tous Corses, qui sera envoyé à Porto-Ferrajo pour la
défense de l'île d'Elbe, sous les ordres du général Dalesnie, gouver-
neur. Enfin je lui donne l'autorisation de distribuer six croix d'offi-
cier de la Légion d'honneur et trente croix de légionnaire à ceux des
habitants qui se seraient le plus distingués lorsque le pavillon tri-
colore a été arboré. H ne sera conservé dans les emplois que les
Français que j'avais nommés avant le l" avril 1814. Il pourra
cependant laisser quelques-uns des habitants de la Corse nommés
par le roi. il renverra en France tous les employés français qui se
seraient mal comportés.
Napoléon.
D'après l'orijjinal. Archives de l'Empire.
21794. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DK LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 11 avril 1815.
Mon Cousin, je désire que vous me présentiez demain le nombre
de places que nous avons sur la frontière du Nord, le nombre
d'hommes que donnera fa garde nationale sédentaire de ces places
90 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I^^. _ 1815.
et la distribution à faire, entre ces places, des bataillons de gre-
nadiers que j'ai organisés pour le Nord par mon décret d'hier.
Faites-moi connaître aussi les positions importanles à garder sur
celle frontière, soit passages de rivières, soit lignes de canaux, soit
débouchés de forêts, et quel accroissement il serait nécessaire de
donner aux bataillons de grenadiers des villes voisines pour occuper
tous ces postes. Il y a aussi dans le Nord un système d'inondation
qu'il faut me faire connaître.
Je vous prie aussi de me faire le même rapport pour la 2" division
ou la frontière de la Meuse : quelles places avons-nous à occuper?
quelle force présente leur garde nationale sédentaire? quelle est la
distribution qu'il convient de faire entre ces places des bataillons de
grenadiers et de chasseurs que je viens de lever? quels sont les
ponts, les passages de rivières et autres postes qu'il convient d'oc-
cuper? ,
Je vous fais la même demande pour les 3*^ et A" divisions. J'y
forme quarante-deux bataillons de grenadiers et de chasseurs ; une
partie doit être pour la frontière, l'aulre doit prendre position dans
les défilés des Vosges qu'on doit retrancher.
Quelle sera la distribution des trente-cinq bataillons delà 5° divi-
sion?
Les seize bataillons de la 6* doivent fournir des garnisons aux
places fortes, et le reste doit occuper les défilés du Jura.
Enfin comment emploiera-t-on les quarante-deux bataillons de la
7' division qui doivent occuper les places des Alpes et les cols ou
défilés des montagnes?
Je désire d'abord avoir un rapport général pour savoir si toutes
ces gardes nationales sont nécessaires sur la partie de la frontière
qui leur est affectée.
Vous me présenterez également demain la formation des trois
commissions de défense. 11 est nécessaire qu'elles s'occupent, avec la
plus grande activité, à reconnaître toutes les positions et à prescrire
toutes les fortifications de campagne qu'il est nécessaire d'élever. Il
doit y avoir beaucoup de travaux de cette espèce à faire sur le Rhin ;
il doit y en avoir beaucoup à faire sur les Alpes, sur les Vosges et
sur le Jura.
Présentez-moi demain, dans le conseil des ministres, l'éfat de tous
les lieutenants généraux, maréchaux de camp, chefs de bataillons et
capitaines qui vont aller organiser ces bataillons, afin que le l*"' mai
toutes ces gardes nationales soient rendues dans les places fortes où
elles doivent se réunir.
COURKSPONDAiVCE DlC NAPOLÉOX 1«'. — 1815. 91
Faites-moi connaître si vous avez suffisamment d'armes pour
armer toutes ces gardes nationales.
Napoléon. ,
D'après l'original comm. par M""* la maréchale princesse d'ËckmiihI.
21795. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRIMGE D'ECKMUHL,
MIXISTRK DK LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 11 açril 1815.
Mon Cousin , je vous envoie les observations du général Drouot
sur le rapport de votre bureau d'artillerie. Les fusils n" 1 doivent être
spécialement pour les gardes nationaux. Les fusils trop courts peuvent
cependant rendre beaucoup de services. Il faut avoir égard à ces
observations, car, dans les circonstances où nous nous trouvons, la
fabrication des armes est le premier moyen de salut de TÉtat. Vous
ne m'avez pas encore remis un état de situation des travaux ; il me
semble que cela va bien lentement. 11 faut calculer comme si l'ennemi
devait nous déclarer la guerre à peu près du 1" au 15 mai. A-t-ou
établi dans toutes les places fortes des ateliers pour réparer les armes
des gardes nationaux?
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™^ la maréchale princesse d'Eckmûlil.
21796. — AU GENERAL COMTE GROUCHY,
COMMANDANT LE 7* CORPS, A POXT-SAINT-KSPRIT.
Paris, 11 avril 1815.
Monsieur le Comte Groucby, l'ordonnance du roi en date du
G mars et la déclaration signée le 13 à Vienne par ses ministres
pouvaient m'autoriser à traiter le duc d'Angoulême conmie celte
ordonnance et cette déclaration voulaient qu'on traitât moi et ma
famille. Mais, constant dans les dispositions qui m'avaient porté à
ordonner que les membres de la famille des Bourbons pussent sortir
librement de France, mon intention est que vous donniez des ordres
pour que le duc d'Angoulême soit conduit à Cette, où il sera embar-
qué, et que vous veilliez à sa sûreté et à écarter de lui tout mauvais
traitemeut.
Vous aurez soin seulement de retirer les fonds qui ont été enlevés
des caisses publiques et de demander au duc d'Angoulême qu'il
s'oblige à la restitution des diamants de la Couronne, qui sont la
propriété de la nation. Vous lui ferez connaître en même temps les
dispositions des lois des assemblées nationales, qui ont été renou-
92 CORUESPOMDANCI-: UK XAl'OLKON ^^ — 1815.
velces et qui s'appliquent aux membres de la famille des Bourbons
qui entreraient sur le territoire français.
Vous remercierez en mou nom les gardes nationales du patrio-
tisme et du zèle qu'elles ont fait éclater, et de l'attacbement qu'elles
m'ont montre dans ces circonstances importantes.
Napoléon.
Extrait du Moniteur du 12 avril 1815.
21797. — NOTE DICTEE EN CONSEIL DES MINISTRES.
Paris, 12 avril 1815.
Le ministre de l'intérieur réunira le comte de Sussy , le comte
Cbaptal et M. Ferrier, directeur général des douanes, pour examiner
la question des enirepôls et des ports francs.
Il faudra d'abord bien établir les différences qui se trouvent entre
les ports francs de Marseille et de Gènes, et les entrepôts réels, tels
qu'ils existent dans plusieurs de nos ports.
Ces différences bien constatées, on traitera la question de savoir
s'il est convenable de convertir la plupart de nos entrepôts réels en
ports francs semblables à celui qui existait à Gênes.
Si cette question était décidée par l'affirmative , le port franc de
Marseille, tel qu'il a été rétabli par l'ordonnance du roi, se trouverait
détruit; il serait constitué comme celui de Gcnes , et nous aurions
trois ou quatre ports francs en France.
11 convient de s'appliquer dans rorganisati(m des ports francs à
simplifier les formalités, à éviter les lenteurs, afin que les versements
des caboteurs ou de tous aulres bâtiments puissent se faire avec le
plus de célérité et le moins de formalités possible. Le but (|u'i! im-
porte d'atteindre est que toutes les espèces d'expéditions n'éprouvent
pas plus de relard qu'elles n'en éprouvaient, soit sous le régime
antérieur à la Kévolution, soit sous le régime do la dernière ordon-
nance du roi.
Si la discussion conduit à ce résultat, qui est en ce moment consi-
déré comme bypothétique, il faudra, dans un rapport d'apparat,
exposer les inconvénients qui résulteraient du système ancien ou du
système récent pour les fabriques de France, pour celles même de
Marseille, et spécialement pour la ville qui, placée pour ainsi dire
hors de France, éprouverait des gênes sensibles dans son commerce
avec l'intérieur. Le danger pour nos manufactures, en général, est
d'une évidence palpable, puisqu'il résulte de l'impossibilité de
repousser la contrebande des marchandises étrangères du même
genre que les nôtres.
CORRKSPONDANCK Dli NAPOLEON l". — 1815. 9:j
L'entrepôt réel, dans le temps où il fut accordé h un grand nombre
de ports de France, fut considéré comme un bienfait. Marseille
n'en jugea pas ainsi, parce qu'elle compara les avantages de son
entrepôt réel avec ceux du port franc de Gènes, et il faut reconnaître
aujourd'hui que le régime du port franc de Gènes est beaucoup plus
favorable au commerce. Dans le port franc de Gènes, les négociants
avaient la faculté de manipuler à leur gré leurs marchandises; dans
l'entrepôt réel, on ne pouvait pas toucher à un ballot sans le concours
des agents des douanes. Les douaniers n'entraient pas dans le port
franc de Gênes; ils surveillaient, ils agissaient à toute heure dans
l'entrepôt réel de Marseille. Dans l'un, ils ne gardaient que les
portes extérieures; dans l'autre, ils exerçaient la surveillance sur les
marchandises dans quelque lieu qu'elles fussent placées. Les diffé-
rences sont essentielles.
On aura donc, en résultat, à examiner si le port franc tel qu'il
existait à Gènes,. et qui semble devoir satisfaire tous les intérêts,
répondra aux vœux de la ville de Marseille. On pourrait établir des
ports francs organisés de la même manière à Hayonne, à Bordeaux,
à Nantes , à Dunkerque, etc.
D'après la mimito. Archivas de l'Empire.
2179H. — AU MAKÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 13 airil 1815.
Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre du 12 de ce mois, dans laquelle
vous me faites connaître que vous manquez d'armuriers. Cependant
le préfet de police m'a rendu compte qu'un grand nombre d'ouvriers
s'est rendu aux ateliers et y a élé refusé. Il faudrait, dans ces cir-
constances, aider un peu et commander un grand nombre de bois de
fusils dans le faubourg Saint-Antoine. Les ouvriers se procureraient
le noyer, et, dans le cas oià ce bois n)anqucrait, on pourrait en em-
ployer un autre. On m'assure également que beaucoup de pièces de
rechange pourraient être faites par des ouvriers chez eux. Il faudrait
donner le plus d'extension possible à ces ateliers.
Voici nos besoins d'armes : la Garde va être augmentée de
20,000 hommes; la ligne va être augmentée de 100,000 vieux sol-
dats qui arrivent; enlin les 200 bataillons de gardes nationales, ou
120,000 hommes; ce serait donc 240,000 fusils qu'il nous faudrait
avant le 15 mai. Je suppose que toute l'infanterie actuelle est armée.
Si vous avez conlremandé les pistolets et les carabines , et si les
»♦ CORRESPONDAXCE DE NAPOLÊOX I«r. — 1815.
réparations vont avec une activité convenable , les ateliers doivent
pouvoir nous fournir cette quantité d'armes vers la mi-mai.
11 y aura aussi quelques gardes nationales à former.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™ la maréchale princesse d'Eckmiilil.
21709. — AU PRIXCK CAMBACÉUÈS,
CHARGÉ DU I'0RTEFEUIL1,K DE LA JUSTICE, A l'ARIS.
Pans, 14 avril 1815.
Mon Cousin, je désire que vous fassiez, pour le prochain conseil
des ministres, un rapport sur la situation des émigrés. J'apprends
qu'il s'en forme des rassemblements en différents endroits. Beaucoup
de ces individus jouissent encore de leurs biens en France. H est
nécessaire de prendre des mesures pour les réprimer, car, s'jls
s'aperçoivent qu'on ne fait rien pour empêcher leurs rassemblements,
ils augmenteront, et déjà ils ont plutôt augmenté que diminué.
Napoléon.
D'après la copie comm. par M. le duc de Cambacérès.
21800. — AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris, 14 avril 1815.
Monsieur le Comte Carnot, je vous renvoie un rapport du ministre
de la guerre, du 13. Je ne veux point de régiment provincial en
Corse, mais quatre bataillons de chasseurs organisés comme l'infan-
terie légère. Le ministre de la guerre enverra des instructions pour
leur habillement, pour cette année; et, jusqu'à ce qu'on y ait envoyé
des draps du continent, ils seront habillés avec des draps du pays.
Les officiers à demi-solde seront, la plupart, employés en F'rance,
dans le royaume de Naples ou en Italie.
Il est sans exemple que j'aie autorisé un général à donner autant
de décorations de la Légion d'honneur qu'il le voudrait. 11 est égale-
ment inconvenant, quant à la comptabilité, qu'aucun individu ait
le droit illimité de tirer sur le trésor national. Recommandez au
gouverneur d'agir avec modération; qu'il laisse marcher l'adminis-
tration selon la forme accoutumée; qu'il ne fasse rien d'extraordi-
naire, à moins que ce ne soit indispensable; qu'il ne change même
personne de place, que dans le cas où la sûreté du pays l'exigerait;
qu'il ne change également rien au séjour actuel des autorités. Il est
nécessaire qu'il corresponde fréquemment avec le général Dalesme,
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 95
gouverneur de l'île d'Elbe, a6n de se porter mutuellement les secours
que les circonstances exigeraient.
Napoléon.
D'après la copie. Archives de l'Empire.
21801. — AL' COMTE MOLLIEM, ministre du trésor public, a paris.
Paris, 14 avril 1815.
Monsieur le Comte MoUien, les rentes en 5 pour 100 consolidés
sont dues à la princesse Borghese, à la princesse Elisa et aux princes
de ma Maison comme i\ tous les autres parliculiers : elles doivent
leur être payées; cela ne peut faire une question.
Les 500,000 francs de rente du prince Louis-Napoléon lui ont été
donnés contre des biens de la Hollande , cédés à la caisse d'amortis-
sement. Il faut vous faire remettre le compte de cette caisse. Si elle
a vendu tous les biens, il n'y a aucun doute que les 500,000 francs
n'apparîiennent au prince Louis-Napoléon et ne doivent lui être payés.
Si, au contraire, elle n'a vendu qu'une partie de ces biens, on doit
compter de clerc à maître, et restituer à la caisse d'amortissement ce
qui lui revient et réduire la rente selon le montant des biens vendus.
Quant aux apanages, il n'est rien dû aux princes depuis le 1" avril
1814 jusqu'au 20 mars 1815, si ce n'est ce qui leur a été alloué par
le traité de Fontainebleau; vous devrez en faire faire le décompte.
Depuis le 20 m.irs jusqu'à la (in de 1815, je réglerai l'apanage des
princes de ma Maison. Enfin, pour l'arriéré jusqu'au 1" avril 1815,
on doit payer ce qui leur est du. Dressez-en des états, et vous me
les soumettrez.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™' la comtesse Mollien.
21802.— AU COMTE MOLLIEN, ministre du trésor public, a paris.
Paris, 14 avril 1815.
Monsieur le Comte Mollien , indépendamment des pensions pour la
maison d'Espagne, il y en avait encore pour la maison de Carignan,
pour le roi de Piémont et pour plusieurs princes de la rive gauche du
Rhin; il y en avait, je crois, pour la duchesse d'Orléans. Il faudrait
me faire un rapport sur tout cela.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la comtesse Mollien.
96 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
21803. — AU COMTE MOLLIEM , ministre du trésor public, a paris.
Paris, 14 avril 1815.
Monsieur le Comte Mollien , je vous renvoie votre rapport sur les
biens des communes. Je vois qu'il vous reste à recouvrer 31 millions.
11 faudrait les faire figurer dans voire encaisse, ou au moins pour
mémoire, comme effets de commerce, en indiquant à quelles épo(|ues
ils seront disponibles. Il faudrait aussi que le relevé eu fût l'ait par
département. Ainsi nos ressources se composent de 80 millions de
ventes de domaines des communes, de 300 millions du crédit donné
sur les ventes des bois, et enfin des centimes extraordinaires de
yuerre. Je désirerais avoir une idée de ces centimes. Vous les évaluez
à 60 millions; nos ressources extraordinaires s'élèveraient donc à
440 millions pour solder l'arriéré.
Cet arriéré se composerait, i" de l'arriéré de tous les ministères
dans lequel se trouveraient comprises toutes les fournitures faite»
pour le coniple de la guerre, pour l'approvisionnement des places ou
autres, et dont les bons doivent être soldés par con)|)ensalion ; 2" de
toutes les dettes qu'ont contractées les villes pour faire face aux
charges qui leur ont été imposées par l'ennemi. Le ministre des
finances doit déjà avoir demandé aux différents ministres l'état de
leur arriéré pour l'examiner. Le ministre de l'intérieur doit avoir
l'état de tout ce qui est dû à chaque département pour fournitures
faites au gouvernement, avec l'indication de ce qui a déjà élé com-
pensé et de ce qui reste à solder. Enfin il doit avoir également l'élat
des réclamations que font les villes pour fournitures faites à Tennemi,
et l'on doit connailre la partie qui a été compensée avec les receltes
des impositions de guerre, et ce qui reste à solder. Pour savoir le
parti qu'il y a à prendre, il faut avoir tous ces états. Il est nécessaire
de bien établir, par département, à combien se montent les centimes
de guerre; combien il a été recouvré en argent, combien en bons;
combien il reste à recouvrer, et combien il reste de bons de compen-
sation à solder. Il est nécessaire aussi de connaître, déparlement par
département, la quantité de bois mis en vente; ce qui est déjà rentré
au trésor en argent, et ce qui doit rentrer, année par année. Nous
aurons alors tous les éléments pour arriver promptement à une liqui-
dation; car mon intention serait, par un seul décret, de solder tout
ce que je dois aux départements et de terminer ainsi cette affaire.
Nous pourrons finir cette opération au conseil qui aura lieu lundi à
deux heures après midi.
Napoléon,
D'après Vorigitial coiiira. par M"" la comtesse Mollicii.
CORRESPONDAMCE DE NAPOLEON I". — 1815. 97
21804. —A. M. GAUDIN, DUC DE GAETE,
MINISTRE DES FINANCES, A PARIS.
Paris, 14 avril 1815.
Lundi prochain, à deux heures, je tiendrai un conseil des finances
qui achèvera de me faire connaître notre situation. Voyez Mollien pour
réunir lous les renseignements. Nous aviserons aux moyens d'arriver
au budget. Vous devez avoir demandé aux ministres l'état de leur
arriéré. Demandez-leur leur budget de 181i et celui de 1815.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21805. —A M. GAUDIN, DUC DE GAETE,
MINISTRE DES FINANCES, A PARIS.
Paris, Il avril 1815.
Vous avez parlé hier de notes sur M""" d'Orléans et M"" de Bourbon .
Je vous ai chargé d'un travail , pour mercredi prochain , sur ces prin-
cesses. .Mais je crois que, sans parler de leurs dettes, on peut d'abord
régler leur pension et désigner leur résidence.
D'après la minute, .'irchives de l'Empire.
21806. — A M. GAUDIN, DUC DE GAETE,
MINISTRE DES FINANCES, A PARIS.
Paris, 14 avril 181.').
Usez de tous vos moyens pour remettre en grande activité la vente
des biens des communes. Il paraît qu'il y en a encore pour 52 mil-
lions.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21807. — AU MARECHAL DAVOUT, PlUNCE D'ECKMUHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 14 avril 1815.
Mon Cousin, il faut avoir trois équipages de ponts : en Flandre,
pour les rivières de la Flandre; à Metz, pour les rivières de la Mo-
selle, de la Meuse et de la Meurihe; à Strasbourg, pour le Rhin.
Faites-moi connaître ce que vous avez en équipages de poufs , en
personnel de pontonniers , et pressez l'organisation de ce service.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M'"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
xxviu. 7
98 CORRESPOMDAJVCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
21808. —AU VICE-AMIRAL DUC DEGRÉS,
MINISTRE DE LA MARIXE , A PARIS.
Paris, 14 avril 1815.
Monsieur le Duc Decrès, votre budget a été réglé pour 1815, je
crois, à 70 millions. Faites-moi connaître ce que vous pouvez faire
avec cette somme. Si nous avions la guerre, il serait nécessaire d'ar-
mer une partie quelconque de nos escadres, tant pour conserver les
traditions de la mer que pour en imposer un peu à l'ennemi et donner
du pain à nos matelots. Faites-moi connaître la portion de nos
escadres à Toulon, à Brest, etc., que vous pouvez armer avec les
ressources de votre, budget. Faites-moi connaître également le parti
que vous pouvez tirer des hommes de la marine pour la défense de
Cherbourg, de Brest, de Dunkerque, de Lorient, de Rochefort et de
Toulon. Il est nécessaire que vous adoptiez un système où tous les
ofGciers de vaisseau, et ceux d'artillerie qu'on ne pourrait pas em-
barquer et que la marine paye, fussent employés pour la délense de
nos côtes et de nos établissements de mer.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™« la duchesse Decrès.
21809. — NOTE
POUR LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.
Paris, 15 avril 1815.
L'Empereur demande sur le roi de Naples un rapport qui embrasse
tous les événements de la dernière campagne (de 1814), le mal
qu'il a fait alors à la France.
L'Empereur n'a reçu de lui aucune marque d'intérêt et pas même
de souvenir à l'île d'Elbe. Il n'était pas de la dignité de l'Empereur
malheureux d'aller au-devant de lui.
Le palais de Naples était meublé des effets les plus précieux que
l'Empereur avait placés dans son palais de Rome.
La seule communication que l'Empereur ait eue avec le roi de
Naples a été, en partant de l'ile d'Elbe, pour le prier de recevoir Ma-
dame Mère.
Parler du congrès , en favorisant le roi de Naples autant que
possible.
, Faire sentir qu'il voulait s'emparer de l'Italie ; qu'il a attaqué le 22
les Autrichiens, quand il ignorait absolument la position de l'Em-
pereur. Cela prouve plus que toute chose qu'il n'y avait aucun accord
entre eux.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON !«'. — 18 15. 99
Ses proclamations au nom de Joacbim ont fait demander à Bologne
et à l'Italie si leur roi légitime était mort. Cette conduite impolitique
a paralysé le mouvement national de l'Italie, dont les principaux ha-
bitants, Gdèles au fond du cœur à l'Empereur, n'ont pu voir qu'avec
regret cette levée de boucliers. Le roi de Naples n'ayant pu donner
aucune explication satisfaisante, ayant même montré de la haine aux
Italiens qui avaient résisté à ses séductions en 1814, l'opinion de
l'Italie ne l'a point secondé , et il s'est perdu.
Les agents de l'Autriche se sont emparés de l'incertitude des es-
prits, du peu de disposition qu'on montrait pour le roi de Naples, et
s'en sont fait des moyens contre lui.
Ce rapport doit être fait dans toute la vérité. Il doit contenir quel-
ques rapprochements sur la conduite injuste de l'Angleterre et de
l'Autriche envers le roi de Naples.
Si ce rapport, fait pour le conseil des ministres, était dans le cas
d'être imprimé , on en retrancherait les choses personnelles qu'il con-
viendrait de retrancher par égard pour le roi.
D'après la copie. Archives des affaires élrangères.
21810.— AU MARECHAL DAVOUT, PRIXCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 15 avril 1815.
Mon Cousin, les quatorze régiments de cuirassiers et de carabiniers
doivent avoir 7,000 chevaux. Ils en ont 3,900; ils doivent en rece-
voir, par l'effet des marchés, 1,100 : il leur en manque donc 2,000.
Mon intention est qu'ils soient fournis par la gendarmerie. Les quinze
régiments de dragons doivent avoir 7,500 chevaux. Ils en ont 5,800;
ils doivent en recevoir, par les marchés, 950 : il leur en manque
donc 750. Je veux qu'on porte ces régiments à 600 chevaux, au
lieu de 500; il faudrait donc alors, pour les quinze régiments,
9,000 chevaux, et il leur en manquerait 2,250, qui leur seraient éga-
lement fournis par la gendarmerie. Ainsi la gendarmerie livrerait en
tout 4,250 chevaux. Les «jendarmes seront tenus d'être remontés
dans l'espace de quinze jours.
Cette opération se ferait de la manière suivante. Vous répartiriez
ces 4,250 chevaux entre toutes les légions. La première légion , par
exemple, qui est forte de 660 chevaux, serait taxée à 260; 130 de
ces chevaux seraient envoyés au 4" de cuirassiers, qui est à Évreux,
et l'on aurait ainsi 130 hommes montés, qui pourraient se rendre
7.
100 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON 1". — 1815.
aux escadons de guerre; les autres 130 chevaux seraient donnés au
1*' de dragons, qui est à Laon, et 130 hommes se trouveraient égale-
ment montés sur-le-champ. La 15* légion, du département du Nord,
est forte de 480 chevaux : elle pourrait être taxée à 200, dont 100
pour le 10* de cuirassiers, à Lille, et 100 pour le 15* de dragons ,
à Arras, et ainsi de suite. Les colonels et majors qui doivent tirer
des chevaux de la gendarmerie iraient les choisir en en passant la
revue. Les grands seraient pour les cuirassiers; les autres pour les
dragons. Cette mesure nous procurerait, en peu de jours, plus do
4,000 chevaux, et porterait la grosse cavalerie à 15,000 chevaux.
La cavalerie légère, moyennant les 5,800 chevaux qui doivent
être réunis au dépôt de Versailles, serait de 16,800 chevaux, les
régiments étant de 600 chevaux; mais je pense qu'il faut les mettre
à 800, ce qui porterait la cavalerie légère à 22,000 chevaux. La
plupart des régiments ont les hommes et les selles. Ce serait donc
environ 6,000 chevaux à répartir sur tous les déparlements oîi se
trouve la cavalerie légère. Il faudrait les payer sur-le-champ.
L'effectif de la grosse cavalerie serait donc de 15,000 chevaux,
celui de la cavalerie légère de 22,000; total, 37,000. La grosse
cavalerie serait complétée par les chevaux pour lesquels on a des
marchés et par ceux qui doivent être livrés par la gendarmerie. La
cavalerie légère serait complétée par les chevaux pour lesquels il y a
des marchés, par les 5,800 chevaux qui doivent être réunis au dépôt
de Versailles, enfin par les 6,000 chevaux qui seraient fournis par
les départements. Ce n'est que par l'ensemble de tous ces moyens
qu'on pourrait avoir de la cavalerie, et il faut s'en occuper sans
perdre de temps.
Napoléox.
D'api es l'original comm. par M"** la maréchale princesse d'Ëckinubl.
21811. — Al) MARECHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A l'ARIS.
Paris, 15 avril 1815.
Mon Cousin, voilà quinze jours de perdus: les ateliers d'armes
ne vont pas; il faut faire travailler à domicile. Il y a, à Paris, autant
d'appareilleurs et d'ébénistes qu'il en faut; donnez-leur les canons,
baïonnettes, baguettes et platines, et faites un prix avec eux pour
qu'ils montent chez eux les fusils.
La proposition que vous faites en premier n'a pas besoin de mon
consentement : il serait ridicule de penser qu'un pauvre colonel d'ar-
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815. 101
tillerie puisse seul mener une machine comme celle-ci; ce n'est pas
un major, c'est vingt officiers qu'il faut lui donner pour le seconder.
J'avais cru que votre bureau d'artillerie avait commencé par là. Que
le colonel Colty reste à la tète de cette opération; donnez-lui quatre
majors, quatre chefs de bataillon, huit capitaines, seize lieutenants;
que ces officiers d'artillerie, dont vous ne manquez pas, soient sans
cesse à organiser les ateliers, à recevoir, à vérifier, à préparer des
locaux, à requérir les ouvriers, les machines, les matériaux, tout ce
qui est nécessaire. Encore une fois , on n'a encore rien fait. Tous ces
officiers d'artillerie que vous attacherez ainsi à l'alelier de Paris et à
celui de Versailles seront sous votre main pour être envoyés en mis-
sion partout où il sera nécessaire, pour activer le mouvement des
armes portatives, faire marcher les convois, et, si l'ennemi s'avan-
çait, faiue évacuer les ateliers de Maubeuge et de Charleville sur
Paris ; enfin pour faire des inspections tous les huit jours dans toutes
les manufactures, afin qu'on expédie sur Paris aussitôt qu'il y aura
500 fusils de prêts. Je suis cependant instruit qu'il y en a en ce mo-
ment un plus grand nombre à Maubeuge; la guerre pourrait éclater,
et ces fusils, renfermés dans des places frontières, ne seraient d'au-
cune utilité. Ne m'écrivez plus; prenez toutes les mesures qui sont
nécessaires, et rendez-moi compte seulement deux fois par semaine
de ce que vous aurez ainsi ordonné. Vous sentez bien que vous
n'avez pas besoin de mon autorisation pour employer 20 ou 30 offi-
ciers. Si le choix des locaux était un obstacle, prenez les casernes;
on pourra cantonner les troupes ou les loger plus loin; prenez les
abattoirs, prenez des églises, les anciennes salles de spectacle, etc.
Mais pour tout cela il faut de l'activité et du moiide. Chargez un bon
quartier-maître d'artillerie ou un bon commissaire des guerres de la
comptabilité des ateliers. 11 est fâcheux que tout cela n'ait pas été
lait il y a vingt jours. Le salut de rÉtat est attaché aux fusils, puis-
qu'avec les dispositions actuelles de la nation, si nous avions un mil-
lion de fusils, nous les emploierions sur-le-champ, il faut nous
monter, par jour, plusieurs milliers de fusils; vous avez près de
100,000 canons; cela ferait donc, dans cinquante jours, 100,000
fusils de plus que vous auriez.
Si les locaux de Versailles ne vous sont pas néce-^saires, faites-les
préparer pour recevoir les ouvriers de Maubeuge. Ecrivez à l'entre-
preneur, au général d'artillerie, au commandant de la place, au com-
mandant de la division , (|u'aux premières hostilités toute la manu-
facture de Maubeuge ait à s'en venir à Versailles. Ordonnez à
l'entrepreneur de tenir en arrière , dans les places , ses magasins et
102 CORRESPONDAMGIC DE NAPOLÉON I". _ 1815.
malériaux précieux, et de préparer toutes ses mesures pour pouvoir
les transporter.
Napoléox.
D'après l'original comm. par AI"" la maréchale princesse d'Eckmùhl.
21812. — AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris, 15 avril 1815.
Monsieur le Comte Carnot, dans le travail d'aujourd'hui, j'ai
ordonné que M. le baron de Lametli partît sans délai pour Toulouse.
Il vient de me représenter que c'est lui qui, en 1790, a fait la mo-
tion pour la suppression des parlements, et il désire, en consé-
quence, n'être pas envoyé dans une ville parlementaire. Cette raison
me paraît bonne. Je désire donc que vous envoyiez dès demain le
baron Lameth à Amiens, oîi il a à s'occuper de l'organisation des
gardes nationales. Le baron Himbert-FIcgny n'est pas assez fort pour
Toulouse; projiosez-moi, sans délai, un mouvement dans les préfets
pour remplir le poste de Toulouse et pour placer le baron Himbert.
Napoléon.
D'après l'original. Archives de l'Empire.
21813. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 16 avril 1815.
Mon Cousin , je vous envoie une dépêche télégraphique qui an-
nonce que le drapeau tricolore flotte à Marseille. Donnez l'ordre qn'à
midi il soit tiré cent coups de canon aux Invalides. Vous ferez impri-
mer la dépêche télégraphique sur-ie-champ, et vous la ferez répandre
avec profusion. Vous enverrez l'ordre à Lille et à Strasbourg qu'on
fasse tirer cent coups de canon dans ces deux villes et sur toutes les
places de nos frontières. Vous donnerez le même ordre à Brest
pour cette ville et pour toutes les places de la côte.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""' la maréchale princesse d'Eckraûhl.
21814. — ALLOCUTION A LA GARDE NATIONALE DE PARIS.
Palais des Tuileries, 16 avril 1815.
Soldais de la garde nationale de Paris, je suis bien aise de vous
voir. Je vous ai formés, il y a quinze mois, pour le maintien de la
tranquillité publique dans la capitale et pour sa sûreté. Vous avez
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815. 103
rempli mon attente. Vous avez versé votre sang pour la défense de
Paris; et, si des troupes ennemies sont entrées dans vos murs, la
faute n'en est pas à vous , mais à la trahison, et surtout à la fatalité
qui s'est attachée à nos affaires dans ces malheureuses circonstances.
Le trône royal ne convenait pas à la France : il ne donnait aucune
sûreté au peuple sur ses intérêts les plus précieux; il nous avait été
imposé par l'étranger. S'il eût existé, il eût été un monument de
honte et de malheur. Je suis arrivé, armé de toute la force du peuple
et de l'armée , pour faire disparaîlre cette tache et rendre tout leur
éclat à l'honneur et à la gloire de la France.
Soldats de la garde nationale, ce matin même le télégraphe de
Lyon m'a appris que le drapeau tricolore flotte à Antibes et à Mar-
seille. Cent coups de canon , tirés sur toutes nos frontières, appren-
dront à l'étranger que nos dissensions civiles sont terminées; je dis
les étrangers, parce que nous ne connaissons pas encore d'ennemis.
S'ils rassemblent leurs troupes, nous rassemblons les nôtres. Nos
armées sont toutes composées de braves qui se sont signalés dans
plusieurs batailles et qui présenteront à l'étranger une frontière de
fer, tandis que de nombreux bataillons de grenadiers et de chasseurs
de gardes nationales garantiront nos frontières. Je ne me mêlerai
point des affaires des autres nations : malheur aux gouvernements
qui se mêleraient des nôtres ! Des revers ont retrempé le caractère
du peuple français; il a repris cette jeunesse, cette vigueur qui, il y
a vingt ans, étonnaient l'Europe.
Soldais , vous avez été forcés d'arborer des couleurs proscrites par
la nation; mais les couleurs nationales étaient dans vos cœurs.
Vous jurez de les prendre toujours pour signe de ralliement et de
défendre ce trône impérial, seule et naturelle garantie de nos droits !
Vous jurez de ne jamais souffrir que des étrangers, chez lesquels
nous avons paru plusieurs fois en maîtres, se mêlent de nos consti-
tutions et de notre gouvernement ! Vous jurez enfin de tout sacrifier
à l'honneur et à l'indépendance de la France !
Nous le jurons! tel a été le cri unanime de toute la garde nationale.
Extrait du Moniteur du 17 avril 1815.
21815. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 16 avril 1815.
Mon Cousin, donnez ordre au général Lecourbe de se rendre à
Belfort pour y prendre le commandement des six divisions d'infan-
104 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON V'^. — 1815.
lerie qui se réunissent là. La cavalerie sera sous ses ordres. Presse/
la marche des troupes qui doivent se rendre à Belfort.
Donnez ordre au général Dessaix de se rendre à Chambéry, pour
prendre le commandement de la division qui se réunit sur ce poinl.
Donnez de nouveaux ordres pour les trois divisions qui doivent com-
poser le corps des Alpes; qu'une se réunisse à Chambéry, une à
Grenoble et l'autre en Provence. Donnez ordre que la division de
cavalerie se porte sur la ligne, à Chambéry. Donnez ordre, à Gre-
noble, qu'on prépare toute l'artillerie du corps d'armée. Donnez
ordre, par une estafette extraordinaire, au général qui commande à
Lyon de diriger la division Girard sur Chambéry ou Grenoble, si
elle est encore à Lyon. La division Dessaix se réunira à Chambéry,
et les troupes qui doivent sortir de Provence pour cette division se
mettront en grande marche.
Les troupes qui viennent de Corse resteront en Provence el for-
meront la division de Provence. ^
Le général Grouchy portera, aussitôt qu'il pourra, son quartier
général à Chambéry. Le général Hrayer prendra le commandement
des gardes nationales de Lyon et de la 19" division.
Enfin donnez Tordre au maréchal Brune de se rendre à Marseille
et dans la 8' division : il aura le gouvernement de la Provence.
La réunion à Chambéry de forces composées d'infanterie, de cava-
lerie et d'artillerie est indispensable, ainsi que la présence d'un corps
de troupes à Belfort, tant pour agir moralement sur la Suisse que
pour aider à ce qui se passe en Italie.
Napoléon,
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21816. —A M. GALDIN, DUC DE GAETE,
MINISTRE DES FINANCES, A PARIS.
Paris. 16 avril 1815.
Monsieur le Duc de Gaëte, j'ai consenti avec peine à remettre le
travail à jeudi. Je pense qu'il faudrait toujours avoir un travail de-
main pour voir où nous en sommes. Tous les services de la guerre
ne marchent pas, parce que l'arriéré arrête tout. Nous prendrons tou-
jours quelque détermination. Venez donc demain à trois heures avec
Mollien.
Nai'oléox.
/*. S. L'affaire de la garde nationale est très-importante.
D'après la copie. Arcliive8 des finances.
COIIRKSPONDANCK DU ÎVAP{)LI':OX I«^ — 1815. 1(15
21817. — AU COMTE BIGOT DE PUÉAMENEU,
MINISTRE DUS CULTES, A PARIS.
Paris, n avril 1815.
Monsieur le Comte Bigot de Préameneu, puisque l'évèque de
Vannes a donne sa démission , quel inconvénient y aurait-il à l'ac-
cepter? Cet homme était mauvais, il suffirait de veiller à ce que le
chapitre donnât ses pouvoirs à un homme bien intentionné.
Napoléon.
D'après l'original comin. par M"'« la baronne de Nougarède de Fayet.
21818. —AU VICE-AMIRAL DUC DECRES,
MINISTRE DE LA MARIXE , A PARIS.
Paris, n avril 1815.
Monsieur le Duc Decrès, je vous renvoie la lettre du contre-amiral
Lhermite; faites-en faire des extraits pour le Moniteur. Je pense qu'il
est néce.ssaire que vous mettiez en commission une escadre de cinq
vaisseaux de guerre et trois frégates, en faisant cependant le moins
de frais possihie. Vous devez ôler l'amiral Dumanoir de Toulon.
Faites-moi connaître à qui on pourrait confier le commandement de
cotte escadre.
Il serait important de demander des dépêches au ministre des rela-
tions extérieures et de faire partir un aviso pour Constanlinople, afin
d'apprendre à Buffin ce qui se passe. Cet aviso passerait par Xaples,
et porterait à la reine des lettres du prince Joseph, de la princesse
Horlense et des numéros du Moniteur depuis le 20 mars. Envoyez à
la Reine un capitaine de frégate jeune et de distinction, qui lui por-
terait des nouvelles et reviendrait sur un autre Ivitiment. L'aviso
continuera sa route. Envoyez également un brick à Alger, Tunis et
Maroc, afin de donner des nouvelles de ce qui se passe. Prévenez-
en le ministre des relations extérieures pour qu'il écrive. Prévenez-le
également que dans huit jours vous ferez partir un autre bâtiment
pour porter des nouvelles aux agents en Afrique.
Napoléon.
D'après l'original comni. par M"'" la duchesse Decrès.
21819. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, n avril 1815.
Mon Cousin, donnez ordre que les 24* et 20' régiments se ren-
106 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
dent à Chambéry avec le général Girard, c'est-à-dire le 7* et le 14";
qu'on prenne des mesures pour cantonner ces troupes au 1" mai;
qu'on leur fournisse douze pièces d'artillerie de Grenoble et une
compagnie de sapeurs ; que le général Girard se tienne ainsi en avant
de Chambéry; que le A" de hussards, le 13'' de dragons et le 10* de
chasseurs rejoignent cette armée sous les ordres d'un général de divi-
sion de cavalerie et de deux généraux de brigade; que le général
Dessaix réunisse sa division à Grenoble, de manière qu'au 1" mai
elle puisse venir camper ou se cantonner en avant de Chambéry; on
donnera deux autres batteries d'artillerie au général Dessaix; que le
général Grouchy porte son quartier général à Chambéry ; il aura là
sous ses ordres huit régiments d'infanterie et trois de cavalerie; que
les huit régiments qui composeront ces deux divisions soient portés
chacun à quatre bataillons, ce qui fera trente-deux bataillons, ou
seize bataillons par division; qu'on complète d'abord les bataillons, à
600 hommes et ensuite à 840; qu'une compagnie d'artillerie légère
du régiment qui est à Valence soit attachée à ce corps d'armée. Le
corps du général Grouchy ou le 7* d'observation sera donc ainsi com-
posé de deux divisions d'infanterie, formant trente-deux bataillons
ou 25,000 hommes, de trois régiments de cavalerie, qui seront
portés chacun à 600 chevaux, ce qui fera 1,800 chevaux, de trente
pièces de canon et de deux compagnies de sapeurs, avec leurs outils.
Ce corps de ligne sera augmenté de seize bataillons de grenadiers
ou chasseurs, à prendre sur les quarante-deux du Dauphiné, lesquels
seize bataillons seront cantonnés autour du fort Barreaux, comman-
dés par le lieutenant général Chabert et deux maréchaux de camp,
et ayant douze pièces de canon. Ils pourront être employés active-
ment jusqu'à la limite des montagnes, c'est-à-dire jusqu'au mont
Cenis. Les vingt-six autres bataillons seront distribués de la manière
suivante : un bataillon au fort Barreaux, huit bataillons à Briançon,
six bataillons à Mont-Lyon ', quatre bataillons à Colmars, sept batail-
lons à Grenoble; total, vingt-six. Les bataillons de Briançon, de
Mont-Lyon et de Colmars seront dans chaque place sous les ordres
d'un maréchal de camp. Aussitôt que ces trois divisions seront for-
mées, elles occuperont les crêtes qui dominent les Alpes et les cols
que notre comité de défense désignera, afin d'obliger l'ennemi à nous
opposer un pareil nombre de forces.
Il sera formé, en Provence, un 9* corps, qui sera composé de
trois divisions; chaque division sera forte de trois régiments. A cet
effet, vous ordonnerez que deux régiments de ceux qui étaient desti-
1 Mont-Dauphin.
CORRESPOXDAIVCE DE NAPOLEON I^r. — 1815. 107
nés au corps des Pyrénées, où il paraît que nous n'avons rien à
craindre, se portent dans la 8" division. La 3* division sera compo-
sée de douze bataillons de grenadiers de gardes nationales. On atta-
chera à ce corps un régiment de cavalerie qui sera également retiré
du corps des Pyrénées. Le maréchal Brune commandera le 9* corps ,
en même temps qu'il sera gouverneur de la Provence. On lui orga-
nisera , à Antibes ou à Toulon , le matériel de quatre batteries à pied,
c'est-à-dire trente-deux pièces de canon , et il y sera attaché le per-
sonnel convenable.
Le général Grouchy , que je viens de faire maréchal de France ,
prendra des mesures pour faire déserter les Piémontais , et il mena-
cera de se porter sur le mont Cenis, cette diversion devenant utile au
roi de Naples, qui paraît décidément être aux. mains avec l'Autriche.
Napoléox.
D'après l'original comm. par M°"la mardcliale princesse d'EckmiihI.
21820. — AU PRINCE CAMBACÉRÈS,
CHARGÉ DU PORTEFEUILLE DE LA JUSTICE, A PARIS.
Paris, 18 avril 1815.
Mon Cousin , je désire que vous m'apportiez demain, au conseil,
nn rapport avec votre opinion sur les objets suivants :
1° Un grand nombre d'individus refusent le serment; par exem-
ple, le sieur Dambray. Que faut-il faire à l'égard de leurs personnes
et de leurs biens ?
2" Un grand nombre de Français ont suivi le comte de Lille; par
exemple, le maréchal Bellune, les généraux Bordesoulle et Maison.
On leur a fait des insinuations pour rentrer; ils ont répondu qu'ils
ne reviendraient qu'à la tête de 500,000 hommes. Des agents civils
sont dans le même cas; par exemple, le comte de Scey, ancien pré-
fet du Doubs, qui donne des ordres dans ce département en se qua-
lifiant de commandant pour le roi. D'autres individus sont en Espagne.
Comment doit-on agir sur leurs personnes et sur leurs biens?
3° Des agents employés à l'étranger , rappelés par le duc de
Vicence, ont déclaré vouloir continuer à porter la cocarde blanche
et à servir le comte de Lille : comment agira-t-on sur leurs personnes
et sur leurs biens ?
Après avoir discuté ces questions , proposez-moi des mesures effec-
tives et conformes à ce qu'exigent la loi de l'Etat et les circonstances.
Napoléon.
D'après la copie comm. par M. le duc de Cambaccrès.
108 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
21821. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRIMCP] D'ECKMUHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 18 avril 1815
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 17 avril. Donnez des ordres
sur-Ie-chanip à tous les généraux commandant les divisions militaires
pour qu'ils fassent passer, par les maréchaux de camp commandant
leurs départements, des revues des 3"', A"' et 5" bataillons des corps
qui sont dans la division, et qu'ils fassent sur-le-champ partir, avec
le 3' bataillon, tout ce qui sera disponible, savoir : s'il y a plus de
400 hommes, on fera partir tout le 3* bataillon, en ayant soin que
le cadre soit bien complet ; s'il n'y a que 200 hommes, on fera par-
tir trois compagnies, et, aussitôt qu'on aura les 200 autres, on fera
partir les trois dernières compagnies. Ces bataillons ou demi-batail-
lons se mettront en marche pour se diriger sur le lieu oià sont leurs
bataillons de guerre. Vous comprenez que mon but est de grossir le
plus tôt possible l'armée active. Vous donnerez ordre également que
ces maréchaux de camp passent la revue des dépôts de cavalerie et
fassent partir tous les hommes qu'il y aurait aux dépôts, montés et en
bon élat , jusqu'à la concurrence de ce qui est nécessaire pour com-
pléter les escadrons de guerre à 150 chevaux ou le régiment à
450 cavaliers. Ainsi il n'y aurait que 10 hommes, il faut qu'ils les
envoient. Si, au contniire, les trois escadrons de guerre sont à
450 hommes, les maréchaux de camp ne feront partir du 4" esca-
dron que des compagnies fortes au moins de 60 hommes; ils atten-
dront, s'il le faut, qu'une compagnie ait atteint ce nombre pour la
faire partir ; mais je pense qu'il y a bien peu de régiments qui aient
ce nombre de 450 hommes à l'armée, et qu'ainsi tout ce qui est
disponible dans les dépôts pourra partir; ce qui augmentera de 12 à
1500 chevaux notre cavalerie active. Vous ordonnerez aux généraux
de division et maréchaux de camp de renouveler cette opération tous
les huit jours, afin de faire partir chaque semaine des détachements
pour renforcer l'armée active.
Napoléon.
D'après l'oriyinal comm. par M""' la marécliale princesse d'EckmiJhl.
21822. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 18 avril 1815.
Mon Cousin, donnez ordre à Lemarois de faire partir sur-le-
champ les deux régiments qui sont au Havre et ceux de Cherbourg.
CORUESPOi\DANGE DE NAPOLEOM I". — 1815. 109
Les dépôts, les bons citoyens de la Normandie et les troupes de
marine suffiront d'abord pour garder ces places, et d'ailleurs ils vont
recevoir le décret sur les gardes nationales; mais il est important
que nos troupes soient sur les frontières. Actuellement que le Midi
est pacifié, donnez l'ordre positif que tous les régiments qui se trou-
vent de ce côté se rendent à la destination que je leur ai donnée.
Tous les régiments qui, sans se détourner de plus de trente lieues,
peuvent passer par Paris, vous les ferez passer par cette ville. Don-
nez des ordres pour que, aussitôt que les 3*' bataillons des régiments
seront complétés à plus de 400 hommes, on les mette en marche
pour rejoindre les deux premiers; faites-moi connaître à quels batail-
lons vous donnerez ces ordres. Toutes les nouvelles d'Espagne sont
telles, qu'il n'y a absolument rien à craindre sur cette frontière, et je
pense que les 3*' ou 4."' bataillons seront suffisants. Faites-moi con-
naître où se trouvent actuellement les régiments qui sont sur la fron-
tière des Pyrénées, infanterie et cavalerie. Je pense qu'un régiment
de cavalerie à Toulouse et un à Bordeaux sont suffisants, d'autant
plus que les 4" et 5" escadrons des six régiments dont les dépôts
sont dans le Midi seront bientôt en état de rendre des services. Je
pense également que six régiments d'infanterie suffiront, d'autant plus
que nous les renforcerons des 3" et 4" bataillons des douze régi-
ments dont les dépôts sont de ce côté; il restera donc six régiments
disponibles. J'en ai déjcà envoyé deux en Provence. Je pense qu'il est
convenable que vous me proposiez de réunir provisoirement les qua-
tre autres à Avignon, ainsi que le régiment de cavalerie qui devien-
dra disponible. Cette division sera là en réserve, et j'attendrai que
les circonstances se décident pour lui donner une destination. 11 fau-
drait qu'à Toulouse on préparât pour cette division douze pièces de
canon.
En résumé , les douze régiments des Pyrénées seront employés de
la manière suivante : deux se rendront en Provence , au 0' corps ,
ainsi qu'un régiment de cavalerie; trois seront placés à Bordeaux,
Bayonne, Saint-Jean-Pied-de-Port , Pau, etc., avec un régiment de
cavalerie et douze pièces de canon. Ces régiments formeront des
garnisons et surveilleront les frontières. On pourra y joindre les 3" et
4*' bataillons de tous les régiments qui sont dans le Midi. Cela fera
une première division. Une autre division sera formée de trois régi-
ments placés à Montpellier, Toulouse, Bellegarde, etc.. avec un
régiment de cavalerie et douze pièces de canon. La 3* division se
réunira à Avignon; elle sera composée de quatre régiments, d'un
régiment de cavalerie et de douze pièces de canon. Toutes ces trou-
110 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I^^. _ 1815.
pes, même la division d'Avignon , feront toujours partie du corps des
Pyrénées; mais celte division d'Avignon sera toute prête à se porter
sur les Alpes, si les circonstances le rendaient nécessaire. Il n'y a que
ce que vous enverrez en Provence qui ne comptera plus dans le corps
des Pyrénées.
Napoléom.
D'après l'original coinm. par M""* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21823. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 18 avril 1815.
Mon Cousin, j'ai reçu votre rapport du 16; il était inutile de four-
nir aucuns fonds pour acheter des selles aux six régiments qui sont
au delà de la Loire; il n'est aucun régiment de cavalerie qui n'ait en
magasin 2 ou 300 selles. Je sais qu'il exisie à Metz, et dans plu-
sieurs autres places, de grands magasins d'effets d'équipement pro-
venant des régiments supprimés. Je vois avec peine que le ministère
de la guerre n'a aucun renseignement là-dessus. Il faut que les chefs
de division fassent faire des recherches à cet égard , et vous verrez
que nous avons, en habillements de cavalerie, plus de ressources
que vous ne pensez.
L'état des selles que vous m'avez remis n'est pas exact; les régi-
ments ont beaucoup plus de selles qu'ils n'ont d'hommes et de
chevaux.
Quant à la remonte, vous ne m'avez pas compris. Dans la lettre
détaillée que je vous ai écrite à cet égard, je vous disais que les colo-
nels devaient s'adresser aux préfels pour avoir des chevaux, s'ils n'en
peuvent trouver par des marchés , en leur donnant l'argent qu'ils
avaient en caisse pour cela. Cette opération devrait être faite en huit
jours. Le général Bourcier passant des marchés avec les fournisseurs
pour 6,000, 4,000 élant fournis par la gendarmerie, voilà 13,000
chevaux par ces trois moyens. Indépendamment de cela, on s'en
procurera 8,000 dans les déparlements; nous aurons alors 20 à
21,000 chevaux.
Je désire que tous les régiments de dragons soient complétés à
600 chevaux. Il faut aussi augmenter la cavalerie légère. Il est hors
de doute que les régiments de cavalerie vont recevoir beaucoup
d'hommes, puisqu'il y a bien 10,000 hommes de cavalerie en congé.
Il est donc probable que chaque régiment recevra 2 ou 300 hommes.
Il faut pourvoir à leur habillement. A cet effet, mon intention est
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 111
d'utiliser tous les habits qui sont en magasin, provenant des régi-
ments qui ont été supprimés; on choisira ceux qui approcheront le
plus de l'uniforme des régiments.
Vous n'avez pas besoin de faire faire des selles; je suis instruit
qu'il y en a , à Paris, un grand nombre chez les marchands. Mettez
à la disposition des régiments de cavalerie de la Garde les fonds
qu'ils doivent avoir pour leur remonte.
Il résulte de l'état d'effectif que vous m'avez remis que les régi-
ments de cavalerie doivent avoir 40,600 hommes , qu'ils n'en ont que
37,700, qu'il manque 3,932 et qu'il y en aura 1,000 de trop, excé-
dant le complet. Je pense que vous devez laisser les régiments dans
l'état où ils se trouvent, parce que ceux qui n'ont pas leur complet
ne tarderont pas à l'avoir, au moyen des anciens soldats qui rentre-
ront, et, si plus tard il se trouvait des régimenls qui ne l'aient pas,
vous y pourvoiriez. Mon intention est d'avoir 30,000 chevaux de
cavalerie légère. Aussitôt que vous aurez les situations au 1"" avril,
je désire que vous me les remettiez, afin que je parte de là pour
porter quelques régiments au delà de leur complet. Il n'est pas stric-
tement nécessaire que tous les régiments soient égaux; il faut profiter
des circonstances, et l'espèce de passion qu'on a en général pour les
hussards en rendra le recrutement très-facile. Pour augmenter les
chevaux : par exemple, le 4* hussards a 960 hommes; ordonnez
qu'il se procure, au lieu de 600 chevaux, 300 de plus; le 15* de
chasseurs a 830 hommes; accordez-lui 200 chevaux de plus. Suc-
cessivement, je veux porter ma cavalerie légère à 1,000 chevaux par
régiment.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""» la mardchale princesse d'Eckmiibl.
21824. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 18 avril 1815.
Mon Cousin , j'ai destitué les généraux Souham , Dupont , Dessoles,
Maison, Edmond Périgord, d'Aultanne, Monnier, Loverdo, Curto,
Briche, Leclerc, etc. Mon intention est que ces généraux soient
effacés des contrôles, des pensions de retraite, ou de réforme, ou
même d'activité qu'ils auraient obtenues.
Napoléon.
D'après l'original comm, par M"* la maréchale princesse d'Ëckmiihl.
H2 CORRESPONDANCK DE NAPOLÉON I". — 1815.
21825. —AU MAKÉCHAL MASSÉNA, PRINCE D'ESSLING ,
A M.4RSKII.LE.
Paris, 18 avril 1815.
J'ai reçu votre lettre du 13 et celle du 14 avril. J'ai vu votre pro-
clamation avec plaisir.
Je vous remercie d'avoir conservé Toulon et Antibes, et surtout
Toulon. J'ai frémi à l'arlicle de votre lettre où j'ai vu l'ordre que vous
aviez reçu du duc d'Angoulême de livrer ce dépôt précieux aux An-
glais. Dans le premier moment, j'ai envoyé le maréchal Brune
commander dans la 8" division.
Je désire beaucoup vous voir. Si l'état de votre santé ne vous rend
pas propre à autre chose qu'à retourner dans le Midi, je vous y
renverrai de Paris.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21826. — NOTE
POUR LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.
Paris, 19 avril 1815.
M. Baudus doit partir sur-le-champ pour se rendre au golfe
Jouan.
Il dira au roi de Naples que Sa Majesté désire qu'il choisisse une
campagne agréable entre Grenoble et Sisteron pour y habiter jusqu'à
l'arrivée de la reine et jusqu'à ce que les nouvelles de Naples soient
arrêtées.
Il lui témoignera en termes hoimétes et réservés les regrets que
l'Empereur éprouve de ce que le roi a attaqué sans aucun concert ,
sans traité, sans aucune mesure prise pour pouvoir instruire les
Odèles sujets d'Italie de ce qu'ils devaient faire, ni les diriger dans le
sens de l'intérêt commun.
Le roi a décidé l'année dernière du sort de la France en paraly-
sant l'armée d'Italie , puisqu'il en est résulté une différence de
60,000 hommes à notre désavantage.
Il est peu convenable que le roi vienne à Paris.
La reine doit y venir avant lui, afin que le public s'accoutume à
sa disgrâce.
M. Baudus le consolera et l'assurera que l'Empereur oublie tous
ses torts, quelque graves qu'ils soient, pour ne voir que ses mal-
heurs. Mais il désire ne le voir venir à Paris que lorsque tout ce qui
le concerne sera arrêté.
■f
I
CORUESPONDAXCE DE NAPOLEOM I". — 1815. 113
M, Baudus est chargé de celle mission de conGance, parce qu'on
sait qu'il est très-agréable au roi. H .correspondra directement avec
le ministre. Il peut tout dire sur la conduite privée et politique du
roi.
M. Baudus, agent de l'Empereur, doit lui faire sentir :
Que, si l'Kmpereur avait voulu qu'il entrât en Italie, il lui aurait
fait connaître ses intelligences ;
Que des proclamations datées de Paris auraient produit un tout
autre effet ;
Qu'il a perdu la France en 1814; en 1815 il l'a compromise
et s'est perdu lui-même;
Que sa conduite en 1814 l'a perdu dans l'esprit des Italiens,
parce qu'ils ont vu qu'il abandonnait la cause de l'Empereur.
D'après la copie. Archives des affaires étrangères.
21827. — AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris, -20 avril 1815.
Monsieur le Comte Carnot, je désire que vous m'apportiez ce soir,
avec votre opinion, la rédaction définitive d'un projet de décret qui
contiendrait les disposiliou'S suivantes :
Tous les maires , adjoints et membres des conseils des communes
cesseront leurs fonctions au 1" mai.
Les préfets présenteront sur-le-champ, en remplacement, des
maires, adjoints et conseillers des communes, qui aient la confiance
du peuple. Ces présentalions seront faites par les préfets à des com-
missaires extraordinaires qui seront envoyés dans chaque division
militaire.
Les commissaires extraordinaires se présenteront ensuite dans
chaque chef-lieu de département, et nommeront tous les maires,
adjoints et conseillers de commune, d'arrondissement et de dépar-
tement.
11 y a, je crois, vingt-deux divisions militaires; déjà plusieurs
commissaires extraordinaires s'y trouvent. Présentez-moi, pour com-
pléter la liste de ces commissaires extraordinaires, des conseillers
d'Etat, quelques anciens sénateurs, comme Pontécoulant, Boissy
d'Anglas; quelques membres de l'ancienne chambre, comme Bedoch.
Par ce moyen, chaque division aura un commissaire.
11 faut que ces commissaires puissent partir demain, car ce renou-
vellement de tous les maires est de la plus haute importance,
xxvui. 8
114 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
Dans un autre projet de décret, je désire que vous me proposiez
les dispositions suivantes : «
Tous les oflficiers et commandants des gardes nationales cesseront
leurs fonctions au l*" mai. Les préfets présenteront sur-le-champ à
nos commissaires extraordinaires les nominations à faire en rempla-
cement.
Voyez s'il faudrait prendre la même mesure pour les juges de
paix. 11 peut y avoir des plaintes contre les juges de paix, mais je
ne pense pas qu'en général cette classe soit dans le sens du parti
royalisle.
Je crois qu'à la prompte exécution de ces mesures est attaché le
salut public.
Préparez-moi les instructions pour les commissaires.
Même opération sur les sous-préfets. Vous me proposerez un troi-
sième projet de décret pour que les commissaires les renouvellent
tous.
Mes commissaires ne s'arrêteront pas là. Ils feront une enquête
sur les administrations et régies, sur les payeurs, percepteurs, offi-
ciers forestiers, employés de l'enregistrement, enfin sur tous ceux
qui occupent des places à ma nomination. Ils ôteront sur-le-champ
tous ceux qui ont des dispositions opposées et dont le salut public
commande le remplacement.
Les commissaires feront prêter serment aux nouvelles municipa-
lités et au nouveau corps d'officiers des gardes naUonales, ef revien-
dront sur-le-champ à Paris, où ils vous rapporteront toutes les no-
minations qu'ils auront faites. Vous ferez ensuite régulariser par ma
signature tout ce qui en aura besoin.
Napoléon.
D'après l'original. Archives de l'Empire.
21828. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 20 avril 1815.
Mon Cousin, ne composez le comité de défense que des généraux
Dejean, Marescot, Rogniat et du colonel Bernard. Ces quatre offi-
ciers suffisent : à eux quatre, ils doivent connaître toute la France.
Us appelleront tous les officiers du génie qui connaissent plus parti-
culièrement des localités. Le travail que je demande est entièrement
du ressort du génie. Je désigne Bernard, parce que, étant dans mon
cabinet topographique, il sera plus à même de demander ce dont
CORRESPONDANCE DE iVAPOLÉO.V I". — 18 15. 115
j'aurai besoin. Je désire qu'on me fasse une description des fron-
tières, des places fortes, des inondations. On s'occupera d'abord de
la frontière du Nord et de tous les ouvrages de campagne à faire au
Nord et sur le Rhin; en seconde ligne, sur la Somme et dans les
Vosges; enfin sur le Jura et les Alpes.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"* la marëcbale princesse d'Eckmiihl,
21829. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DR LA GCERRE , A PARIS.
Paris, 20aBril 1815.
Mon Cousin, donnez ordre qu'on arme, qu'on fortifie, qu'on ap-
provisionne, enfin qu'on mette à l'abri d'un coup de main Langres.
Faites-moi connaître la situation de Laon.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21830. — NOTE.
Paris. 21 avril 1815.
Le décret proposé ' paraît bien conçu, mais il est inutile, puisqu'il
n'ajoute rien à la législation existante ; il n'est, en réalité, qu'un ordre
du ministre de la justice.
L'Empereur juge convenable que les ministres de l'intérieur, des
affaires étrangères, de la police, de la guerre et de la marine en-
voient au ministre de la justice la note des individus qui sont dans
le cas d'être poursuivis, avec les rapports, pièces ou renseignements
qui autorisent cette disposition à leur égard. Ainsi le ministre de la
guerre enverra les pièces relatives aux généraux Maison, Rorde-
soulle et de Bellune; le ministre de l'intérieur, celles qui concernent
le sieur Scey ^ ; et le ministre des affaires étrangères, la déclaration
faite par le sieur de Talleyrand , ministre en Suisse, de rester dans
cette qualité au service de Louis XVlll.
Le ministre de la justice, en conséquence de ces oommuaications,
ordonnera aux procureurs généraux de faire poursuivre.
Il est important de mettre en mouvement quelques affaires de ce
* « Projet de décret, présenté par le prince Cambacérès , ministre de la
justice, relatif aux mesures h prendre à l'égard des généraux qui ont suivi
Louis XVIII et des personnes qui prétendent exercer son autorité. » (Ahte de
l'original.)
'•^ Ex-préfet du Doubs.
8.
116 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
genre, afin de fixer le vague qui exisle encore dans les idées sui-
cette sorte de délit. On aura soin de faire faire mention dans les
papiers publics du commencement des procédures.
D'après l'original. Archives des affaires étrangères.
21831. —DECRET.
Palais de l'Elysée. 22 avril 1815.
Article premier. H sera organisé un ou plusieurs corps francs
dans chacun des départements frontières de l'Empire.
Ces corps francs porteront le nom de leur département, et, dan*
les départements où il y en aura plusieurs, ils se distingueront par le
numéro d'ordre de leur formation.
Art. 2. Les individus qui auront les qualités nécessaires pour
lever un corps franc s'adresseront au ministre de la guerre ou au
préfet. Le préfet, après s'être concerté avec le commandant du dé-
partement et le commandant de la gendarmerie, enverra au ministre
de la guerre son rapport sur les services, l'expérience et la capacité
de l'officier qui aura demandé à lever un corps franc, ainsi que sur
l'influence dont il jouit dans le département.
Art. 3. Les officiers admis à lever un corps franc seront brevetés
par nous. L'officier breveté par nous pour lever un corps franc
pourra donner des commissions de capitaines, lieutenants, sous-lieu-
tenants et sous-officiers. 11 enrôlera des hommes de bonne volonté,
soit parmi les gardes nationales qui ne font pas partie des compa-
gnies actives, soit parmi les soldats en retraite, soit parmi les gardes
forestiers et autres employés, sous quelque titre que ce soit; bien
entendu que ceux-ci ne pourront être distraits de leurs fonctions
qu'au moment oii le département serait envahi.
Art. 4. L'infanterie et la cavalerie de ces corps seront organisées
comme l'infanterie et la cavalerie des troupes légères.
Ces corps ne seront tenus à aucun uniforme régulier.
Le maximum de leur formation sera de 1 ,000 hommes pour l'in-
fanterie et de 300 pour la cavalerie.
L'infanterie sera armée indifféremment de fusils de guerre et de
fusils de chasse. La cavalerie, étant de l'arme des lanciers, aura
une lance sans banderole.
Art. 5. Les corps francs s'armeront, s'équiperont et se monteront
à leurs frais. Us ne recevront aucune solde ni de guerre ni de paix;
ils auront droit aux vivres de campagne, mais seulement au moment
de la guerre.
CORRKSPO^DANCf'] DE NAPOLEOM I". — 1815. 117
Art. 6. Les corps francs pourront avoir deux pièces de canon de
ti ou de 4, et dans ce cas le matériel leur sera fourni de no^ arse-
naux.
Ils seront toujours tenus d'avoir avec eux dt la poudre et des
balles pour 600 coups.
Art. 7. Si l'ennemi venait à entrer dans un de nos déparlements,
les corps francs se placeraient sur ses derrières pour intercepter ses
convois, ses courriers, ses ofliciers d'ordonnance et aides de camp,
et tous ses hommes isolés. Ils bivouaqueront toujours dans les bois,
dans les lieux escarpés ou sous la protection des places fortes.
Art. 8. Tout ce que les corps francs prendront sur l'ennemi sera
de bonne prise et à leur profit. Les canons, caissons et effets mili-
taires seront achetés par l'État au prix des Irois quarts de la valeur.
Chaque prisonnier fait à l'ennemi, qu'ils remettront à la gendarmerie
ou au dépôt dans les placés fortes, leur sera payé 30 francs.
Il leur sera payé : 100 francs pour chaque lieutenant ou sous-
lieutenant qu'ils prendront; 200 francs pour un capitaine; 500 francs
pour un chef de bataillon ou major; 1,000 francs pour un colonel;
2,000 francs pour un général ou maréchal de camp; 4,000 francs
pour un lieutenant général.
Les prisonniers qu'ils feront sur les officiers civils à la suite de
l'armée ennemie leur seront payés suivant l'assimilation du grade.
Tous trésors, bagages, qu'ils prendront leur appartiendront.
Tout aide de camp, officier d'ordonnance, courrier ou porteur
d'ordres de l'armée ennemie, qu'ils prendront leur seront payés à
raison de 2,000 francs.
La répartition de ces sommes et profits sera faite d'après un règle-
ment que dressera notre ministre de la guerre sur les principes de
partage adoptés pour les armements en course dans la guerre ma-
ritime.
Art. 9. 11 pourra être également formé des corps francs dans les
départements de l'intérieur.
Ils ne sortiront de leurs départements qu'au moment où les hos-
tilités éclateraient, et ils pourront se diriger sur la frontière de leur
choix, en prenant les ordres du ministre de la guerre.
Art. 10. Nos ministres de la guerre et de l'intérieur sont chargés
de l'exécution du présent décret.
Napoléon.
D'après la copie comm. par M. le comte Daru.
118 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
21832. —AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris. 22 avril 1815.
Monsieur ^e Comle Carnot, vous recevrez un décret par lequel
j'ordonne la formation de deux, régiments de lanciers de gardes na-
tionales dans les départements du Haut-Uhin et du Bas-Rhin. Écrivez
à Metz, à Nancy, à Épinal, dans les 3% 2% 4% 6% 7" et 19" divi-
sions, pour savoir s'il serait possible de former dans chacune un
régiment de 600 lanciers. On réunirait plusieurs divisions mili-
taires, s'il le fallait, pour former un régiment. Les hommes devraient
s'équiper et se monter à leurs frais. Ecrivez aussi dans l'Aisne, dans
la Somme, dans le Nord, dans les départements des 15« et 14' divi-
sions. Si cette mesure pouvait se généraliser, elle nous offrirait de
grands avantages, puisqu'elle fournirait une masse de cavalerie suf-
fisante pour mettre les départements à l'abri des troupes légères.
Napoléon.
D'après l'original. Archives de l'Empire.
21833. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 22 avril 1815.
Mon Cousin, à l'assemblée du mois de mai qui aura lieu vers le
25 mai, mon intention est de donner des aigles à tous les régiments.
Voyez à faire faire ces aigles sans délai. Il faudra faire inscrire sur
chaque aigle les batailles où s'est trouvé le régiment. Faites-moi con-
naître s'il serait possible de rendre ;i chaque régiment son numéro.
Je ne tiens pas à suivre exactement une série de numéros, mais je
trouve que c'est un grand malheur que d'avoir ôté aux régiments le
numéro sous lequel ils ont été cités dans les bulletins de la Grande
Armée. Remettez- moi un état qui me fasse voir si cela peut être
rétabli sans inconvénient.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21834. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 22 avril 1815.
. Mon Cousin, Château-Thierry, Vitry et la Fère seront prorapte-
ment mis à l'abri d'un coup de main. Il est donc urgent que vous y
envoyiez sur-le-champ un commandant d'armes, un officier du génie
CORRESPONDANCE DE MAPOLÉO.V ^^ — 1815. 119
et un officier d'artillerie, et que vous donniez ordre d'armer ces
places, afin qu'elles soient à l'abri d'un coup de main au 15 mai.
Napoléon.
D"a])rè8 l'original corara. par M"'" la maréchale princesse d'Eckraiilil.
21835. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRIXCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 2-2 avril 1815.
Mon Cousin, je reçois votre lettre sur le parc de Sampigny. Je
vois que nous avons 900 voitures et 3,000 harnais. Je pense que ce
parc est très-mal placé à Sampigny. L'inconvénient que cet empla-
cement nous oifre aujourd'hui, il nous l'offrira toujours. 11 faudrait
choisir sur la Loire un point au milieu d'une grande forêt, et dans
cette hypothèse faites-moi connaître si Orléans conviendrait, ou sur
la Seine, entre Saint-Germain et Rouen, un point situé au milieu des •
bois. Faites faire des recherches dans l'une et fautre direction.
Je vous autorise à faire évacuer tout ce qui ne i)eut pas être réparé
et mis en état pour le 15 mai, et à laisser tout ce qui pourra servir
à cette époque.
Je vois que nous avons quatre régiments du train des équipages
militaires, chacun de huit compagnies, chaque compagnie de 40 voi-
tures, ce qui ferait 1,300 voitures. Il sera difficile de pouvoir orga-
niser à Sampigny, d'ici au 15 mai, ce nombre de voitures. Je pense
qu'il faudrait d'abord organiser quatre régiments à quatre compa-
gnies, ce qui ferait seize compagnies ou G40 voilures.
Il faut près de 2,000 honunes pour ces seize compagnies; il en
existe 1,000; c'est donc 1,000 hommes à avoir, et il est à espérer
qu'on pourra les avoir d'ici au 15 mai.
Il faudra à peu près 3,000 chevaux; il en existe 300; 1,800 doi-
vent être fournis; c'est donc 900 chevaux à acheter. Je vous auto-
rise à faire cet achat.
11 faut 640 voitures; il y en a 240 à Strasbourg et à Paris, et il
est probable que, sur les 900 voitures qui sont à Sampigny, 400 se-
ront en état d'ici au 15 mai.
11 faut 3,000 harnais; ils existent.
Ainsi faites organiser à Sampigny seize compagnies, 640 voitures,
3,000 chevaux, 3,000 harnais, et dirigez tout le reste, voitures,
matériel, harnais, sur le point que vous me proposerez sur la Loire
ou sur la Seine.
610 voitures peuvent être suffisantes pour le premier moment. Il
n'est donc question que d'acheter 900 chevaux; faites-les acheter
120 CORRKSPONDANCK DK NAPOLÉOiV 1". — 1815.
autour de Sampigny. Faites-moi connaître quand on j)ourra faire
partir une compagnie pour le 1", pour le 2% pour le 3", pour le
4" el le 5* corps. 11 serait urgent que ces compagnies partissent. Les
voilures qui sont à Strasbourg peuvent être destinées au 5" et au
6' corps. Celles qui sont à Paris pourront être données au 6'.
Napoléon.
D'après l'original coram. par W"^ la maréchale princesse d'Eckraiilil.
21836. —AU VICE-AMIRAL DUC DEGRÉS,
MIXISTRR DE I,A MARINE, A PARIS.
Paris, 22 avril 1815.
Monsieur le Duc Decrès, j'ai reçu votre rapport du 15. Il me
semble que d'ici au mois de septembre on ne peut penser à rien faire
pour la marine. Je crois même que les ordres que j'ai donnés pour
mes cinq vaisseaux à Toulon, s'ils doivent exiger beaucoup d'argent,
pourraient être considérés comme non avenus. *
Je croyais que vous étiez porté pour 70 millions au budget, mais
il paraît que vous n'y êtes que pour 50. Je désirerais que ces 50 mil-
lions fussent employés au profit de l'armée de terre et de la défense
de l'Etat. Tant que la crise ne sera pas pai^sée, il est de peu d'im-
portance de n'avoir pas de vaisseaux armés; mais je ne puis pas
laisser sans emploi une si grande quantité de braves officiers. Mon
projet est donc de lever 60 à 80,000 hommes sur mes côtes et d'y
employer tous les officiers de marine et tous les officiers du génie
maritime comme officiers, tous les ouvriers qui se présenteront et
tous les anciens matelots comme soldats. Voilà donc une organisa-
tion de forces qui ne me coûterait que pour les soldats, mais qui ne
me coûterait rien pour les officiers. Tous ces hommes enrégimentés
seraient bien d'une autre importance que les gardes nationales.
Présentez-moi donc un projet de décret pour réduire vos dépenses
sur les 50 millions au moins qu'il est possible, d'ici au mois de sep-
tembre, et pour lever :
1° 4 ou 5,000 ouvriers, qui seront formés en bataillons séparés ,
consacrés «à la défense des ports, à l'exception de ceux qui viendraient
aider à l'armée et qu'on placerait à la suite des parcs;
2" Pour compléter le corps d'artillerie au moins à 10 ou 12,000
hommes, de manière qu'on puisse le faire marcher à la défense des
frontières;
3" Pour lever quarante à soixante bataillons d'équipages, chaque
bataillon de six compagnies et chaque compagnie de 120 hommes,
ayant pour ofûciers et sous-officiers des officiers et sous-officiers de
I
CORRESPONDANCE DE NAPOLiiON I". — 1815. 121
marine. Deux bataillons d'équipages formeraient un régiment; un
régiment serait commandé par un capitaine de vaisseau ou par un
contre-amiral.
J'aurais ainsi vingt à vingt-cinq régiments dont la moitié pourrait
être appelée à une armée de réserve, ce qui m'offrirait d'immenses
avantages.
60,000 hommes ne doivent pas coûter plus de 30 millions; et
comme la moitié (la dépense des officiers) est déjà comprise dans la
dépense actuelle, cela ne ferait pas une dépense extraordinaire de
plus de 12 à 20 millions.
Présentez-moi donc demain un projet pour former de bons batail-
lons d'ouvriers, de bons bataillons de canonniers et de bons batail-
lons d'équipages, en rappelant tout ce qui est au service de la marine.
Cela sera d'autant plus avantageux que, la grande crise passée, nous
aurons tous ces hommes sous la main pour leur faire monter nos
vaisseaux.
Dans vos états de la marine , je ne vois pas le nombre d'hommes
que vous soldez, soit comme canonniers, soit comme ouvriers, soit
comme équipages. Remettez-moi cet état comparé avec ce que vous
aviez au mois de mars 1814, en déduisant ce que nous avons perdu
avec la Hollande, la Belgique et Gènes.
Faites-moi connaître la solde qu'il faudra donner à ces soldats
pour être équitable; mais il me semble qu'y compris l'habillement
cela ne s'éloigne guère du taux de l'armée de terre.
D'après l'original non signé coram. par M™» la duchesse Decrès.
21837. — AU VICE-AMIRAL DUC DECRÈS,
MIXISTRK DE LA MARINE, A PARIS.
Paris, 22 avril 1815.
Monsieur le Duc Decrès, prenez les mesures nécessaires pour la
Guadeloupe, la Martinique et Saint-Domingue, conformément aux
ordres que je vous ai donnés.
Il ne s'agit pas de m'écrire, il s'agit de faire partir. .Marchez de
l'avant; tout cela devrait être fait.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"'* la duchesse Decrès.
21838. — AU PRINCE JOSEPH, a paris.
Paris, 22 avril 1815.
Mon Frère, je vous envoie un projet de constitution, pour vous
122 CORRESPONDAiMCE DE NAPOLÉON I«'. — 1815.
seul. Si vous avez quelques observations à me faire, vous me les
apporterez ce soir.
Napoléon.
D'aprè* l'original comm. par le cabinet de S. M. l'Empereur.
21839. — ACTE ADDITIONNEL
AUX CONSTITUTIONS DE L'EMPIRE.
Napoléon, par la grâce de Dieu et les consfitutions, Empereur des
Français, à tous présents et à venir, salut.
Depuis que nous avons été appelé, il y a quinze années, par le
vœu de la France, au gouvernement de l'Etat, nous avons cherché à
perfectionner, à diverses époques, les formes constitutionnelles,
suivant les besoins et les désirs de la nalion, et en profitant des
leçons de l'expérience.
Les constitutions de l'Empire se sont ainsi formées d'une série
d'actes qui ont été revêtus de l'acceptation du peuple.
Nous avions alors pour but d'organiser un grand système fédé-
ratif européen, que nous avions adopté comme conforme à l'esprit du
siècle et favorable au progrès de la civilisation. Pour parvenir à le
compléter et à lui donner toute l'étendue et toute la stabilité dont il
était susceptible , nous avions ajourné l'établissement de plusieurs
institutions intérieures plus spécialement destinées à protéger la
liberté des citoyens. Notre but n'est plus désormais que d'accroître
la prospérité de la France par l'affermissement de la liberté publique.
De là résulte la nécessité de plusieurs modifications importantes
dans les constitutions, sénatus-consultes et autres actes qui régissent
cet Empire.
A ces causes, voulant, d'un côté, conserver du passé ce qu'il y a
de bon et de salutaire, et, de l'autre, rendre les constitutions de
notre Empire conformes en tout aux vœux et aux besoins nationaux,
ainsi qu'à l'état de paix que nous désirons maintenir avec l'Europe,
nous avons résolu de proposer au peuple une suite de dispositions
tendant à modifier et perfectionner ces actes constitutionnels, à
entourer les droits des citoyens de toutes leurs garanties, à donner
au système représentatif toute son extension, à investir les corps
intermédiaires de la considération et du pouvoir désirables; en un
mot, à combiner le plus haut point de liberté politique et de sûreté
individuelle avec la force et la centralisation nécessaires pour faire
respecter par l'étranger l'indépendance du peuple français et la
dignité de notre couronne.
CORRESPONDAIVCE DE NAPOLEOM I". — 1815. 123
En conséquence, les articles suivants, formant un acte supplé-
mentaire aux constitutions de l'Empire, seront soumis h l'acceptation
libre et solennelle de tous les citoyens dans toute l'étendue de la
France.
TITRE I<'^
DISPOSITIONS GKNÉRAI.KS.
Article premier. Les constitutions de l'Empire, nommément l'acte
constitutionnel du 22 frimaire an viii, les sénatus-consultes des li
et 16 thermidor an x, et celui du 28 floréal an xii, seront modifiées
par les dispositions qui suivent. Toutes leurs autres dispositions sont
confirmées et maintenues.
Art. 2. Le pouvoir législatif est exercé par l'Empereur et par
deux chambres.
Art. 3. La première chambre, nommée Chambre des Pairs, est
héréditaire.
Art. 4. L'Empereur en nomme les membres, qui sont irrévo-
cables , eux et leurs descendants mâles , d'aîné en aîné , en ligne
directe.
Le nombre des Pairs est illimité.
L'adoption ne transmet point la dignité de Pair à celui qui en est
l'objet.
Les Pairs prennent séance à vingt et un ans, mais n'ont voix déli-
bérative qu'à vingt-cinq.
Art. 5. La chambre des Pairs est présidée par l'archichancelier de
l'Empire, ou, dans le cas prévu par l'article 51 du sénalus-consulte
du 28 floréal an xii , par un des membres de celte chambre désigné
spécialement par l'Empereur.
Art. 6. Les membres de la Famille Impériale, dans l'ordre de
l'hérédité, sont P.iirs de droit.
Ils siègent après le président.
Us prennent séance à dix-huit ans, mais n'ont voix délibérative
qu'à vingt et un.
Art. 7. La seconde chambre, nommée Chambre des Représentants,
est élue par le peuple.
Art. 8. Les membres de cette chambre sont au nombre de six
cent vingt-neuf.
Ils doivent être âgés de vingt-cinq ans au moins.
Art. 9. Le président de la chambre des Représentants est nommé
par la chambre, à l'ouverture de la première session. Il reste en fonc-
tions jusqu'au renouvellement de la chambre.
124 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
Sa nomination est soumise à l'approbation de l'Empereur.
Art. 10. La chambre des Keprésenlants vérifie les pouvoirs de
ses membres et prononce sur la validité des élections contestées.
Art. 11. Les membres de la chambre des Représentants reçoivent
pour frais de voyage, et durant la session, l'indemnité décrétée par
l'Assemblée constituante.
Art. 12. Ils sont indéfiniment rééligibles.
Art. 13. La chambre des Représentants est renouvelée de droit,
en entier, tous les cinq ans.
Art. 14. Aucun membre de l'une ou de l'autre chambre ne peut
être arrêté, sauf le cas de flagrant délit, ni poursuivi en matière cri-
minelle ou correctionnelle, pendant les sessions, qu'en vertu d'une
résolution de la chambre dont il fait partie.
Art. 15. Aucun ne peut être arrêté ni détenu pour dettes, à partir
de la convocalion, ni quarante jours après la session.
Art. 10. Les Pairs sont jugés par leur chambre, en malière cri-
minelle ou correctionnelle, dans les formes qui seront réglées par
la loi.
Art. 17. La qualité de Pair et de Représentant est compatible
avec toutes les fonctions publiques, hors celles de comptables.
Toutefois les préfets et sous-préfets ne sont pas éligibles par le
collège électoral du département ou de l'arrondissement qu'ils admi-
nistrent.
Art. 18. L'Empereur envoie dans les chambres des ministres
d'Etat et des conseillers d'Etat, qui y siègent et prennent part aux dis-
cussions, mais qui n'ont voix délibérativc que dans le cas où ils sont
membres de la chambre comme Pairs ou élus du peuple.
Art. 19. Les ministres qui sont membres de la chambre des Pairs
ou de celle des Représentants, ou qui siègent par mission du Gouver-
nement, donnent aux chambres les éclaircissements qui sont jugés
nécessaires, quand leur publicité ne compromet pas l'intérêt de l'État.
Art. 20. Les séances des deux chambres sont publiques.
Elles peuvent néanmoins se former en comité secret : la chambre
des Pairs, sur la demande de dix membres; celle des Représentants,
sur la demande de vingt-cinq. Le Gouvernement peut également
requérir des comités secrets pour des communications à faire.
Dans tous les cas, les délibérations et les votes ne peuvent avoir
lieu qu'en séance publique.
Art. 21. L'Empereur peut proroger, ajourner et dissoudre la
chambre des Représentants.
La proclamation qui prononce la dissolution convoque les collèges
CORRKSPOiMDAMGK DE NAPOLEO.V l". — 1815. 125
électoraux pour une élection nouvelle, et indique la réunion des Repré-
sentants dans six mois au plus tard.
Art. 22. Durant l'intervalle des sessions de la chambre des
Représentants, ou en cas de dissolution de cette chambre, la chambre
des Pairs ne peut s'assembler.
Art. 23. Le Gouvernement a la proposition de la loi. Les chambres
peuvent proposer des amendements; si ces amendements ne sont pas
adoptés par le Gouvernement, les chambres sont tenues de voter sur
la loi telle qu'elle a été proposée.
Art. 24. Les chambres ont la faculté d'inviter le Gouvernement à
proposer une loi sur un objet déterminé , et de rédiger ce qu'il leur
paraît convenable d'insérer dans la loi. Cette demande peut èlre faite
par chacune des deux chambres.
Art. 25. Lorsqu'une rédaction est adoptée dans l'une des deux
chambres, elle est portée à l'autre; et, si elle y est approuvée, elle
est portée à l'Empereur.
Art. 26. Aucun discours écrit, excepté les rapports des commis-
sions, les rapports des ministres sur les lois qui sont présentées et
les comptes qui sont rendus, ne peut être lu dans l'une ou l'autre
des deux chambres.
TITRE II.
DES COLLÈGES ÉLECTORALX ET DU MODE u'ÉLECTION.
Art. 27. Les collèges électoraux de département et d'arrondis-
sement sont maintenus, conformément au sénatus-consulte du 16
thermidor an x, sauf les modifications qui suivent.
Art. 28. Les assemblées de canton rempliront chaque année, par
des élections annuelles, toutes les vacances dans les collèges élec-
toraux.
Art. 29. A dater de l'an 1816, un membre de la chambre des
Pairs, désigné par l'Empereur, sera président à vie et inamovible de
chaque collège électoral de département.
Art. 30. A dater de la même époque, le collège électoral de
chaque département nommera, parmi les membres de chaque collège
d'arrondissement, le président et deux vice-présidents, A cet effet,
l'assemblée du collège de département précédera de quinze jours celle
du collège d'arrondissement.
Art. 31. Les collèges de département et d'arrondissement nom-
meront le nombre de Représentants établi pour chacun par l'acte et
le tableau ci-annexés'.
1 Voir le Bulletin des Lois, n» 19.
i26 CORRESPOIVDANOE DE NAPOLEON I". — 1815.
Art. 32. Les Représentants peuvent être choisis indifféremment
dans toute l'étendue de la France.
Chaque collège de département ou d'arrondissement qui choisira
un Représentant hors du département ou de l'arrondissement , nom-
mera un suppléant qui sera pris nécessairement dans le département
ou l'arrondissement.
Art. 33. L'industrie et la propriété manufacturière et commer-
ciale auront une représentation spéciale.
L'élection des Représentants commerciaux et manufacturiers sera
faite par le collège électoral de département, sur une liste d'éligibles
dressée par les chambres de commerce et les chambres consultatives
réunies, suivant l'acte et le tableau ci-annexés'.
TITRE IIL
DE LA LOI DE l' IMPÔT. ,
Art. 34. L'impôt général direct, soit foncier, soit mobilier, n'est
voté que pour un an. Les impôts indirects peuvent être votés pour
plusieurs années.
Dans le cas de dissolution de la chambre des Représentants, les
impositions votées dans la session précédente sont continuées jusqu'à
la nouvelle réunion de la chambre.
Art. 35. Aucun impôt direct ou indirect, en argent ou en nature,
ne peut être perçu, aucun emprunt ne peut avoir lieu, aucune in-
scription de créance au grand-livre de la dette publique ne peut être
faîte aucun domaine ne peut être aliéné ni échangé, aucune levée
d'hommes pour l'armée ne peut être ordonnée, aucune portion du
territoire ne peut être échangée, qu'en vertu d'une loi.
Art. 36. Toute proposition d'impôt, d'emprunt ou de levée
d'hommes ne peut être faite qu'à la chambre des Représentants.
Art. 37. C'est aussi à la chambre des Représentants qu'est porté
d'abord, 1° le budget général de l'Etat, contenant l'aperçu des recettes
et la proposition des fonds assignés pour l'année à chaque dépar-
tement du ministère; 2° le compte des recettes et dépenses de l'année
ou des années précédentes.
TITRE IV.
DES ministres ET DE LA RESPONSABILITÉ.
Art. 38. Tous les actes du Gouvernement doivent être contre-
signés par un ministre ayant département.
1 Voir le Bulletin des Lois, no 19.
CORRESPONDAiVCE DK NAPOLEON I«^ -^ 1815. 127
Art. 39. Les ministres sont responsables des actes du Gouver-
nement signés par eux, ainsi que de l'exécution des lois.
Art. 40. Ils peuvent être accusés par la chambre des Représen-
tants, et iis sont jugés par celle des Pairs.
Art. 41 . Tout ministre, tout commandant d'armée de terre ou de
mer peut être accusé par la chambre des Représentants et jugé par
la chambre des Pairs pour avoir compromis la sûreté ou l'honneur de
la nation.
Art. 42. La chambre des Paris, en ce cas, exerce, soit pour
caractériser le délit, soit pour infliger la peine, un pouvoir discré-
tionnaire.
Art. 43. Avant de prononcer la mise en accusation d'un ministre,
la chambre des Représentants doit déclarer qu'il y a lieu à examiner
la proposition d'accusation.
Art. 44. Cette déclaration ne peut se faire qu'après le rapport
d'une commission de soixante meuibres tirés au sort. Cette com-
mission ne fait son rapport que dix jours au plus tôt après sa
nomination.
Art. 45. Quand la chambre a déclaré qu'il y a lieu à examen, elle
peut appeler le ministre dans son sein pour lui demander des expli-
cations. Cet appel ne peut avoir lieu que dix jours après le rapport
de la commission.
Art. 4(3. Dans tout autre cas , les ministres ayant département ne
peuvent être appelés ni mandés par les chambres.
Art. 47. Lorsque la chambre des Représentants a déclaré qu'il y a
lieu à examen contre un minislre , il est formé une nouvelle commis-
sion de soixante membres tirés au sort, comme la première, et il est
fait par cette commission un nouveau rapport sur la mise eu accusa-
tion. Celte commission ne fait son rapport que dix jours après sa
nomination.
Art. 48. La mise en accusation ne peut être prononcée que dix
jours après la lecture et la distribution du rapport.
Art. 49. L'accusation étant prononcée, la chambre des Représen-
tants nomme cinq commissaires, pris dans son sein, pour poursuivre
l'accusation devant la chambre des Pairs.
Art. 50. L'article 75 du titre VIII de l'acte constitutionnel du
22 frimaire an viii, portant que les agents du Gouvernement ne
peuvent être poursuivis qu'en vertu d'une décision du Conseil d'Etat ,
sera modifié par une loi.
128 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I^^ — 1815.
TITRE V.
DU POUVOIR JUDICIAIRE.
Art. 51. L'Empereur nomme tous les juges. Ils sont inamovibles
et à vie, dès l'instant de leur nomination, sauf la nomination des
juges de paix et des juges de commerce, qui aura lien comme par
le passé.
Les juges actuels nommés par l'Empereur, aux termes du sénatus-
consulte du 12 octobre 1807, et qu'il jugera convenable de conser-
ver, recevront des provisions à vie avant le 1" janvier prochain.
Art. 52. L'institution des jurés est maintenue.
Art. 53. Les débats en matière criminelle sont publics.
Art. 54. Les délits militaires seuls sont du ressort des tribunaux
militaires.
Art. 55. Tous les autres délits, même commis par les militaires,
sont de la compétence des tribunaux civils. '
Art. 56. Tous les crimes et délits qui étaient attribués à la baute
cour impériale, et dont le jugement n'est pas réservé par le présent
acte à la cbambre des Pairs, seront portés devant les tribunaux or-
dinaires.
Art. 57. L'Empereur a le droit de faire grâce, même en matière
correctionnelle, et d'accorder des amnisties.
Art. 58. Les interprétations des lois, demandées par la Cour de
cassation, seront données dans la forme d'une loi.
TITRE VI.
droits dks citoyens.
Art. 59. Les Français sont égaux devant la loi , soit pour la con-
tribution aux impôts et charges publiques, soit pour l'admission aux
emplois civils et militaires.
Art. 60. Nul ne peut, sous aucun prétexte, être distrait des juges
qui lui sont assignés par la loi.
Art. 61. Nul ne peut être poursuivi, arrêté, détenu ni exilé que
dans les cas prévus par la loi et suivant les formes prescrites.
Art. 62. La liberté des cultes est garantie à tous.
Art. 63. Toutes les propriétés possédées ou acquises en vertu des
lois et toutes les créances sur l'I^ltat sont inviolables.
Art. 64. Tout citoyen a le droit d'imprimer et de publier ses pen-
sées, en les signant, sans aucune censure préalable, sauf la respon-
sabilité légale, après la publication, par jugement parjurés, quand
même il n'y aurait lieu qu'à l'application d'une peine correctionnelle.
CORRKSPOMUAiVCE DE NAPOLÉON I". — 1815. 129
Art. G5. Le droit de pétition est assuré à tous les citoyens.
Toute pétition est individuelle.
Ces pétitions peuvent être adressées, soit au Gouvernement, soit
aux deux chambres; néanmoins ces dernières même doivent porter
l'intitulé : A Sa Majesté ^Empereur.
Elles seront présentées aux chambres sous la |]arantie d'un membre
qui recommande la pétition. Elles sont lues publiquement, et, si la
chambre les prend en considération , elles sont portées à l'Empereur
par le président.
Art. GG. Aucune place, aucune partie du territoire ne peut être
déclarée eu état de siège que dans le cas d'invasion de la part d'une
force étrangère ou de troubles civils.
Dans le premier c.is , la déclaration est faite par un acte du Gou-
vernement.
Dans le second cas , elle ne peut l'être que par la \o\.
Toutefois, si, le cas arrivant, les chambres ne sont pas assem-
blées, l'acte du Gouvernement déclarant l'état de siège doit être con-
verti en une proposition de loi dans les quinze premiers jours de la
réunion des chambres.
Art. 67. Le peuple français déclare que, dans la délégation qu'il
a faite et qu'il fait de ses pouvoirs, il n'a pas entendu el n'entend pas
donner le droit de proposer le rétablissement des IJourbons ou d'au-
cun prince de celte famille sur le trône, même en cas d'extinction
de la dynastie impériale, ni le droit de rétablir, soit l'ancienne no-
blesse féodale, soit les droits féodaux et seigneuriaux, soit les dîmes,
soit aucun culte privilégié et dominant, ni la faculté de porter aucune
atteinte à l'irrévocabilité de la vente des domaines nationaux. Il in-
terdit formellement au Gouvernement, aux chambres et aux citoyens
toute proposition à cet égard.
Donné à Paris le 22 avril 1815.
Napoi.éox.
Extrait du Bulletin des Lois du 23 avril 1815, n" 19.
21840. — AU COMTE CAKXOT, mimstrk de l'intérieur, a paris.
Paris , 24 avril 1815.
Monsieur le Comte Carnot, il serait convenable d'ordonner, dans
chaque département, que l'on fabrique une certaine quantité de
piques. Faites-en arrêter le modèle. Cela servirait <à défaut de fusils
et de faux.
Napoléon.
D'après l'original. Archives de l'Empire.
xxvni. 9
130 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
21841. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE I-A GUERRE, A PARIS.
Paris, 24 avril 1815.
Mon Cousin, réitérez l'ordre de faire partir le 73* de Cherbourg,
le 74" de Brest, le 65", le 45% le 1 1« de dragons, le 9'' et le 3" de dra-
gons, le 71* et le 67*; supprimez les séjours, et, quand les étapes
seront petites et qu'ils pourront les doubler, autorisez-les à le faire.
Le 67"=, qui est à Vannes, n'arriverait que le 21 mai; c'est bien tard;
il faut accélérer le mouvement de ces troupes et défendre que, sous
quelque prétexte que ce soit, on le retarde.
Réitérez les ordres pour que le 6* de ligne, le 48% le 58* et le 83*
accélèrent leur mouvement sur Belfort, et que, sous aucun prétexte,
personne ne les retienne.
Réitérez également les ordres au 5* léger, au 88*, au 10*, au 44*,
qui doivent former la 20* division, pour qu'ils accélèrent leur mou-'
vement sur Paris. Faites-moi connaître quand la 21* division, c'est-
à-dire le 8* léger, le 15* de ligne, le 26*, le 61* seront arrivés sur
la Loire ; quand la 6* division de réserve sera complétée.
J'ai vu hier le 1*"^ de hussards; pour quel corps est-il destiné? Il
pourrait partir demain pour s'y rendre.
Je vous prie de me faire faire un rapport général sur la composi-
tion des neuf corps : que cet état, en forme de livret, comprenne la
situation des différents corps au 15 avril, indique les généraux qui
commandent toutes les divisions, le nom de tous les régiments et
leur force, l'endroit où ils se trouvaient au 15 avril, le jour oii ils
seront tous rendus aux corps, l'artillerie et le génie des corps, le
matériel de l'artillerie, ce qu'il doit y avoir et ce qui manque, quel
arsenal doit le fournir et quand cela sera arrivé, la composition des
administrations, quand chaque corps d'armée aura une compagnie
d'équipages. J'attends cet état pour donner des ordres militaires et
commencer à établir un plan de campagne.
Il faut avoir à Paris 300 pièces de canon pour l'artillerie, avoir
un double approvisionnement et plusieurs millions de cartouches.
Ces 300 pièces de canon seront destinées, à tous événements, à la
défense de Paris, et indépendamment du parc de Vincennes, qui est
destiné à augmenter l'artillerie de l'armée.
Je pense qu'il faudrait donner des ordres pour faire recruter pour
les équipages du train.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815. 131
21842. — AU MARÉCHAL DAVOIIT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRK DE LA GUERllE , A PARIS.
Paris, 24 avril 1815.
Mon Cousin, j'ai signé hier un décret sur les corps francs. Je vous
prie de me faire savoir si vous avez quelques observations à y faire.
Mon intention est de le faire insérer au Moniteur, si vous ne le croyez
susceptible d'aucune correction.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""» la niarécliale princesse d'Eckmiilil.
21843. — AU GÉNÉRAL BARON DEJEAN,
AIDE DE CAMP DE l'eMPEREL'R , A PARIS,
Paris, 24 avril 1815.
Rendez-vous à Beauvais. Vous y verrez le préfet et vous me ferez
connaître la situation du département. A-t-on commencé à organiser
la garde nationale? Combien a-t-on de fusils? A-t-on changé les au-
torités municipales? Combien de vieux soldats dans le département?
Les dépôts de cavalerie se remontent-ils? Vous me ferez un rapport
de cette ville.
De là vous irez à Abbeville. Vous verrez la situation de cette place,
où en est l'armement. Vous me ferez connaître l'esprit de la ville et
de la garnison, et également si on a organisé la garde nationale.
De même à Amiens. Vous verrez quelle est la situation de la cita-
delle.
Vous irez ensuite à Montreuil, à Boulogne, à Calais et à Dunker-
que, et vous m'enverrez im rapport pareil de chacune de ces places.
Vous verrez dans les places maritimes la situation de la marine , soit
en bâtiments de guerre, soit en bâtiments de commerce, et en détail
le matériel de la marine.
Vous me parlerez des commandants de place et des oflîciers qui
sont à la tête de l'artillerie et du génie. Dites-moi si on travaille avec
activité à mettre ces places en état.
Vous parcourrez de là toute la frontière jusqu'à Landau.
Vous me ferez connaître dans quelle situation est le corps du gé-
néral d'Erlon, la force des divisions, les généraux qui commandent,
la composition de l'artillerie, du génie, de l'administration et des
ambulances, enfin tout ce qui constitue l'armée. Faites-moi connaître
aussi comment sont placés le corps du général d'Erlon et celui du
général Reille.
9.
1:J2 COIU'.KSPOMDAIVCK DE NAPOLÉON I". — 1815.
A Douai, l'ailes-nioi connaître quand toute l'artillerie nécessaire à
CCS corps sera formée et ce qu'il y a actuellement.
Enfin je vous prie de nie l'aire connaître l'état des ateliers d'armes
qui doivent être dans toutes les places fortes pour réparer les fusils
et les mettre en état.
Partout où vous trouverez des dépôts, vous me ferez connaître la
situation des cadres des 3", 4" et 5" bataillons, le nombre des
vieux soldats qui ont rejoint, et quand on espère pouvoir envoyer
de nouveaux renforts à l'armée.
On m'a beaucoup parlé de désertions. Vous prendrez l'état exact de
toutes les désertions à l'ennemi, corps par corps, que vous m'enverrez.
Prenez aussi des renseignements sur la force des armées étran-
gères qui sont vis-à-vis, et sur les positions qu'elles occupent. Vous
m'écrirez de toutes les places.
Engagez d'Erlon et Ueille à presser de tous leurs efforts la forma-
tion de l'arlillerie. v
D'apris la minulc. Aitliives de l'Erapire.
21844. —AL MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DK LA GUKRRE , A PARIS.
Paris, 26 avril 1815.
Mon Cousin, fuiles connaître au marécbal duc d'Albufera, s'il est
encore à Lyon , qu'il faut qu'il y reste. S'il en est parti, expédiez-lui
une estafette pour l'y rappeler. Je donne définitivement à ce maréchal
le commandement de l'armée des Alpes, qui comprendra les 7* et
19* divisions militaires. Il portera son quartier général à Chambéry.
Faites connaître au maréchal Grouchy qu'aussitôt qu'il sera rem-
placé par le duc d'Albufera il revienne à Paris.
Pressez la levée des gardes nationales du Dauphiné et de la 6* di-
vision militaire.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale jirincessc d'Eckmiihl.
21845. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DK LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 27 avril 1815.
Mon Cousin, donnez l'ordre au général Reille de porter son quar-
tier général à Avesnes, de i)lacer une division à Mauhcuge et en avant
de la ville dans les villages , de bien reconnaître toutes les positions
CUIJKESPONDAiVCE DE NAPOLEOM I". — 1815. 133
de Maubeu<]e et de la frontière, de faire mettre dans le meilleur clat
de défense la place de Maubeuge, de s'assurer de deux ponis sur la
Sambre, de bien visiter toute la frontière jusqu'à Philippe-ville afin
de la connaître parfaitement, de faire fournir les travailleurs qui
seront nécessaires pour Maubeuge, Bavay, Beaumont, et pour les
lofes de pont sur la Sambre. Il réunira ses cinq divisions derrière la
Sambre, à l'exception de la division qui, comme je viens de le dire,
sera cantonnée à Maubeuge et en avant.
Donnez ordre au général Drouet, comte d'Erlon , de porter son
quartier général à Valenciennes , de reconnaître le camp de .\Iauldo
et le camp de Famars, et de réunir toutes ses troupes entre Condé et
Valenciennes, dans les cantonnements à portée de ces deux places.
Il laissera une division à Lille, jusqu'à ce que les gardes nationales
soient levées pour occuper cette place. Il retirera ses troupes de Ca-
lais, de Dunkerque et de Boulogne aussitôt que cela sera possible.
Vous donnerez ordre à la 19* division de partir le 1" mai avec sa
batterie d'artillerie, avec ses généraux de division et de brigade, et
de se rendre à Laon , où cette division se cantonnera dans la ville et
dans les villages environnants. Donnez cette division au général Sim-
nier. Donnez le même ordre à la 6* division de réserve de cavalerie,
qui partira également avec sa batterie. Vous aurez soin d'ordonner que
chaque soldat ait ses cartouches, ses deux paires de souliers dans le
sac, et que les cavaliers aient des fers de rechange. Le général Pire
commandera ces deux divisions, qui se cantonneront aux environs
de Laon. Je verrai ces deux divisions avec leur artillerie, les sapeurs,
le génie de ces divisions, le 1" mai, à huit heures, aux Champs-Ely-
sées. Ils auront leur pain et partiront de là pour faire leur étape.
Pressez l'arrivée de la 20" division ; que sous aucun prétexte on
ne retarde aucun des régiments qui la composent; qu'ils ne fassent
pas de séjours et qu'ils doublent l'étape quand l'étape est petite.
Faites-moi connaître quand la 21* division arrivera à Orléans.
Donnez ordre au 1" de hussards de faire halte à Laon, où il se
joindra à la 6* division de cavalerie et sera sous les ordres du gé-
néral Pire.
Donnez ordre au général Vandamme de réunir son corps entre
Kocroy et Mézières. La 10* division se réunira à Rocroy, la 11* divi-
sion se réunira entre Mézières et Rocroy; le parc, entre Mézières et
Rocroy. La 6* division de cavalerie se réunira également entre Mé-
zières et Rocroy.
Vous donnerez ordre au comte d'Erlon et au général Reille , en
cas d'événements imprévus , de prendre position derrière la Sambre.
134 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON ^^ — 1815.
Le général Vandamme, sur le premier avis qu'il recevra du com-
mencement des hostilités , s'approcherait de la même position pour
appuyer la droite du camp établi derrière la Sambre, et, par ce mou-
vement, ces trois corps se trouveraient réunis. Le général Pire, sur
l'avis d'une attaque, marcherait sur Guise, ce qui compléterait la
réunion des quatre corps d'armée.
Donnez ordre qu'on forme des magasins à Avesnes pour 100,000
hommes et pour 20,000 chevaux pendant dix jours. Proposez-moi
un ordonnateur qui se rendra sur-le-champ à Avesnes pour y diriger
en chef l'administration de ces armées. Il prendra des mesures pour
que Maubeuge, Avesnes, Capelle, Cambray, Bavay et tous les points
environnants fournissent l'approvisionnement dont je viens de vous
indiquer les bases. Il faut établir des magasins par échelons, qui
viennent sur Guise, Laon, Soissons, etc. Je n'ai pas besoin de dire
qu'il faut des farines et réunir des moyens puissants. ,
Assurez-vous que les trois corps aient chacun leur ambulance.
Faites partir pour Laon six compagnies d'équipages militaires pour
faire le service des vivres.
Le général Ruly commandera l'arlillerie; faites-le parlir. ^
Qu'il y ait à Avesnes, Guise, Soissons, Maubeuge, Landrecies,
Valenciennes, Condé, Philippeville, toutes les cartouches et muni-
tions nécessaires pour l'approvisionnement de ces places.
Pressez l'organisation des gardes nationales de la 2* division , qui
. doivent tenir garnison dans les places de la Meuse, afin que toutes
les troupes deviennent sur-le-champ disponibles. Ces gardes natio-
nales s'habilleront et s'arrangeront successivement dans les places.
Na PO LÉO M.
D'après l'original comm. par M™* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21846. — AU MARECHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris , 27 avril 1815.
Mon Cousin, j'ai lu avec attention votre rapport du 26 avril sur
l'artillerie. Vous me présentez la formation de trente-trois batteries
à pied pour les neuf corps : mais le 7* corps, au lieu de six batte-
ries, ne doit en avoir que trois-, le 9% au lieu de quatre batteries, ne
doit en avoir que deux. C'est donc cinq batteries de trop; et, au lieu
de trente-trois, il n'en faut plus que vingt-huit; ce qui, avec les deux
de la jeune Garde, fait trente.
Les vingt batteries du parc de réserve de Vincennes ne seront ser-
CORHESi'OXD/WCH I)-; \AI>!)l.!:()V I". — 1815. 135
vies que par l'École polytechnique, par un bataillon d'artillerie de
marine qui arrive à Paris, et par des compagnies d'équipages de ma-
rins qui s'y rendent également. C'est donc vingt compagnies qui de-
viennent disponibles. Cet équipage de réserve n'a pas besoin de trois
batteries d'artillerie à cheval. Ainsi c'est trois autres compagnies dis-
ponibles, et je n'ai plus besoin que de vingt et une compagnies d'ar-
tillerie légère. Le 8' corps n'a besoin que d'une batterie de réserve;
il en est de même du 7^ Ainsi, au lieu de vingt-neuf batteries, je
pourrais donc en ôter six (y compris les quatre du parc de Vincennes),
et je n'aurais plus besoin que de vingt-trois batteries. Il ne faudra
donc que cinquante-trois compagnies à pied, au lieu de quatre-vingts;
il restera donc vingt-sept compagnies pour les parcs.
Sur les soixante et dix compagnies que vous avez destinées pour
les côtes et pour les places, vous pouvez en retirer quatre pour Sois-
sons, Château-Thierry, Vitry et l-aon ; l'artillerie de marine rempla-
cera ces quatre compagnies. Ainsi on aura du personnel pour servir
encore quelques nouvelles batteries.
Appliquez le même raisonnement au train. L'équipage de réserve
de Vincennes, étant spécialement destiné à défendre Paris, n'a besoin
que de quelques attelages. Le reste, on se le procurerait par des
réquisitions faites au moment. Ainsi, comme au lieu de 856 bouches
à feu il n'y en a besoin que de (300 attelées, il suffira de 12,000 che-
vaux. Nous en avons 12,600; ainsi nous avons le compte.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"^ la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21847. — AU MARÉCHAL DAVOLT, PlilNCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 27 avril 1815.
Mon Cousin, faites mettre en état le camp retranché de Maubeuge,
en palissadant les ouvrages avancés, les deux réduits et successive-
ment le reste. L'artillerie le fera armer de manière qu'il y ait le plus
tôt possible le nombre de pièces nécessaire.
Les approvisionnements de bouche pour Maubeuge seront de
10,000 hommes.
Faites construire à Avesnes six fours de plus.
Faites partir de suite tous les officiers d'artillerie et du génie néces-
saires aux places frontières.
Maubeuge étant une place importante, au lieu d'un maréchal de
camp, il faut y mettre un lieutenant général et deux maréchaux de
180 COURESPOiYDATiJCE DE XAPOLKOV ^^ — 18 15.
camp, mon inlention étant d'y mettre dix bataillons de la garde
nationale.
Napoléon'.
D'après l'original coram. par M"'" la mardchalo princesse d'Eckmùhl.
21848. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRK DR L\ GUKRRE , A PARIS.
Paris, 27 avril 18 15.
Mon Cousin, donnez l'ordre au 4' de hussards de faire partir trois
ou quatre escadrons. M en fera |)arlir quatre, s'il a 600 hommes;
trois, s'il n'en a que 450. Ces troupes se dirigeront sur Dijon. Vous
me ferez connaître le jour où elles seront arrivées, et je leur don-
nerai une destination ultérieure.
La division de cavalerie de l'armée des Alpes ne sera plus com-
posée que du 13* de dragons, du L5* de chasseurs et des escadrons
restant du 4* de hussards. Cela me paraît suflisant pour un pays
aussi diflicile que la Savoie.
Je vous avais mandé de faire venir des troupes du corps d'obser-
vation des Pyrénées pour prendre position à Pont-Saint-Esprit, s'il y
avait de la sûreté du côté de l'Espagne. Faites-moi connaître ce que
vous avez fait. Il faut sur-le-champ donner l'ordre d'occuper Pont-
Saint-Esprit et de l'armer. Envoyez-y deux compagnies de vétérans
que vous tirerez du centre, un bon commandant et des ofticiers
très-sûrs.
Je suppose que vous avez déjà donné des ordres pour l'armement
de Sisteron, et que vous y avez placé un bon commandant. Mettez-y
200 vétérans venant de bons pays.
Ces deux points sont l'un et l'autre très-importants pour nos
affaires intérieures.
Prenez des mesures efficaces pour que les petits forts de Lyon, du
côté de la Suisse, soient mis en état de défense. Faites-y faire des ,
redoutes, afin que ces forts puissent jouer tout leur jeu. Envoyez-y
des officiers dévoués.
Je vous ai donné l'ordre de faire faire des travaux à Langres. Je
suppose qu'on y remue déjà la terre et que les pièces vont être mises
en batterie.
Ordonnez la mise en état d'Auxonne et chargez le général qui'
commande le département et les officiers du génie et de l'artillerie de
visiter les ponts qui se trouvent sur la Saône, pour les mettre à l'abri
des troupes légères ennemies. Il faut à Auxonne de l'artillerie, pour
en donner à la garde nationale, qui sera chargée de défendre tous les
CORRESPOMDAMCE DE NAPOLEON I«^ — 18 15. 137
débouchés. Cette artillerie n'a pas besoin d'être attelée; des attelages
de réquisitions sufflront.
Ordonnez aussi la formation d'artillerie de garde nationale à Dijon,
Saint-Jean-de-Losne, Chalon, Màcon, Tournus et Villefranche ; que
partout on soit en état de défense.
Indépendamment du général Veaux, qui se ressent de ses bles-
sures et qu'il faut laisser dans celte division, dont il est le patriarche,
il faudrait y envoyer un général de division pour la défense de la
Saône. Il se servira des maréchaux de camp et des officiers que vous
avez dû envoyer sur ces points, pour les gardes nationales sédentaires.
Napoléox.
D'après l'original comm. par M™' la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21849. — AU MAUÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISÏRK DK LA GUERRK , A PARIS.
Paris. 27 avril 1815.
Mon Cousin , donnez les ordres les plus positifs pour que, le 3 mai,
les quatre batteries du 1" corps partent de Douai, ainsi que les trois
batteries du 2* corps, et rejoignent les généraux Reille et d'Erlon aux
lieux qu'ils auront choisis, derrière Avesnes et Valenciennes, pour
placer leurs camps de réserve. Le général d'Erlon se trouvera avoir
cinquante pièces de canon et le général Reille soixante.
Pressez l'organisation de l'artillerie du 3" corps, et faites recruter,
dans Paris et les déparlements, des hommes pour le train d'artillerie.
Ecrivez au général Gérard et aux préfets de Metz et de Nancy pour
leur en faire sentir l'importance, et qu'ils concourent de tous leurs
moyens à la levée des hommes et des chevaux, afin que, le 5 mai,
ce corps ait ses huit batteries attelées. Donnez ordre, par le télé-
graphe, que les quatre batteries attelées sortent de Metz et soient
dirigées sur le corps d'observation de Gérard , qui les placera au lieu
qu'il aura choisi pour son quartier général.
Mon intention étant que les gardes nationales soient placées dans
les places, toutes les troupes qui s'y trouvent doivent être disponibles
et cantonnées, en ayant derrière elles leur parc, etc.
Ecrivez la même chose à Rapp , ainsi qu'à l'ordonnateur de Stras-
bourg et de Colmar.
Donnez l'ordre que tout l'équipage du 6^ corps et de la cavalerie
de réserve, ainsi que les batteries, parlent le 30, avec les divisions
qui sont à Paris. J'en passerai la revue aux Champs-Elysées.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""' la marécliale princesse d'EckmiJiil.
138 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I«^ — 1815.
21850. — AU VICE-AMIRAL DUC DEGRÉS,
MINISTRE DE LA MARINE, A PARIS.
Paris, 27 avril 1813.
Monsieur le Duc Decrès, donnez ordre qu'on mette sous les ordres
du commandant de la 13* division militaire un bataillon d'artillerie
de marine qu'on tirera soit de Lorient, soit de Brest, pour suppléer
aux troupes de ligne, former une colonne mobile et réprimer les
chouans. Donnez ordre que de même on fournisse de Rochefort en-
viron 300 hommes d'artillerie de marine, pour former une colonne
mobile destinée à maintenir l'ordre dans la Vendée.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"* la duchesse Decrès.
21851. — AU GÉNÉRAL COMTE BERTRAND,
GRAND MARÉCHAL DU PALAIS, A PARIS. ^
Paris, 27 avril 1815.
Je désire que vous fassiez partir pour Compiègne un service de
guerre de ma Maison, contenant un lit, une petite argenterie de
campagne, deux brigades de chevaux de selle, une voiture de cam-
pagne, une petite tente, et enGn tout ce qui est nécessaire pour faire
la guerre. Tout cela devra partir le 30 pour se rendre à Compiègne,
oià cela sera arrivé le 1" mai.
On fera partir, avec un bon officier et 40 gendarmes d'élite, un
escadron de lanciers rouges de 120 hommes, un escadron de chas-
seurs de 120 hommes et un officier supérieur qui commandera le
tout. Vous ferez également partir un ou deux chevaux de chaque aide
de camp et officier d'ordonnance.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21852. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'EGKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 29 avril 1815.
Mon Cousin , il serait convenable d'envoyer le duc de Trévise en
mission extraordinaire dans le Nord , et de lui adjoindre un officier du
génie et un officier d'artillerie. Il parcourrait, depuis Calais, toute
notre double ligne de places fortes jusqu'à Landau. Il se ferait rendre
compte de tout et prendrait toutes les mesures que prescrivent les
circonstances pour compléter le système de défense des places,
assurer leurs approvisionnements, accélérer les travaux du génie et
CORKKSPOXDAXGK DE MAPOLKO.V l"\ — 1815. 139
de l'artillerie, et opérer tous les déplacements nécessaires dans les
commandants de place, officiers, adjudants, garde-magasins. Enfin
il serait chargé de faire tout ce qui est convenable pour mettre nos
places dans la meilleure situation possible. Il passerait la revue des
gardes nationales : il rallierait tout le monde au devoir ; il ferait
même des proclamations, et, comme un des premiers habitants des
départements du Nord , il stimulerait le zèle de ses concitoyens et leur
patriotisme. Parlez-en au duc de Trévise et présentez-moi, demain
dimanche, au conseil, un projet de décret là-dessus.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™" la marécliale princesse d'Eckmûhl.
21853. — NOTES DICTÉES EN CONSEIL DES FINANCES.
Paris, 29 avril 1815.
PREMIÈRE NOTE.
Il sera formé par notre ministre de l'intérieur un état qui présen-
tera par département :
1° Le montant des réclamations et demandes en indemnités for-
mées par chaque département pour les réquisitions en vivres, four-
rages, voitures, transports, fournitures, et pour pertes de tout genre
supportées par chaque département, lequel montant parait s'élever à
118 millions ;
2" Le montant des compensations dont a profité chaque départe-
ment par l'admission des bons de réquisition en payement des cen-
times extraordinaires de 1813 et 1814, et par les ordonnances
royales de dégrèvement rendues en sa faveur, lesquelles compensa-
tions doivent s'élever à 76 millions ;
3» Le montant de ce qui est encore réclamé par les départements
pour solde de leurs demandes en indemnités, et qui doit être de
42 millions ;
4° La réduction probable qui doit avoir lieu sur ces demandes,
comparativement aux réductions qu'ont déjà éprouvées, par l'effet
d'une liquidation exacte, les demandes antérieures;
5° Le restant à recouvrer sur les centimes extraordinaires de 1813
et 1814, lequel restant est évalué à 35 millions;
6° Ce que le recouvrement de ce qui est dû par chaque départe-
ment sur cette somme laissera disponible, déduction faite de ce qui
lui reste dû à titre d'indemnité;
1° Ce qui resterait dû à chaque département, pour son indemnité
relative aux réquisitions , au delà de ce qu'il resterait devoir pour
14(0 CORRKSPONhANGE DE i\APOLi:0\' I". — 1815.
compléter le payement de sa conhibution aux centimes extraordi-
naires de 1813 et J 81 4.
DEUXIÈME \OTE.
1° Notre ministre de l'intérietir rendra compte samedi prochain,
des réclamations faites par les départements et communes pour être
indemnisés des réquisitions qu'ils ont souffertes en 1813 et 1814.
2° La première partie de son rapport fera connaître le moulant des
réquisitions faites par les ordonnateurs français pour le service des
troupes françaises, et qui ne seraient pas encore soldées.
La seconde partie indiquera le montant des fournitures faites à
l'ennemi.
Le ministre fera distin'juer , pour ces deux espèces de réquisitions,
ce qui a été liquidé et se trouve compensé, en vertu d'ordonnances
royales, sur les centimes extraordinaires de 1813 et 181-4, et ce qu'il
est encore possible de compenser sur la portion des mêmes centimes
extraordinaires qui restent à recouvrer.
En cas d'insulfisance, il proposera les moyens de pourvoir aux
moyens de solder toutes les dettes , soit par des constitutions de rentes
sur les fonds libres des revenus des communes, soit par toute autre
mesure que nous pourrons adopter, après avoir pris connaissance
des motifs des réclamations.
3" Notre ministre de l'intérieur nous remettra également l'état des
maisons particulières brûlées et détruites par suite de l'invasion de
l'ennemi. Il sera pourvu à leur reconstruction par la délivrance qui
sera faite aux propriétaires des bois de charpente nécessaires , qui
seront pris à cet effet dans les forêts de l'Elat, jusqu'à concurrence
de la quantité nécessaire pour chaque reconstruction. Il sera fait
estimation de la valeur des bois ainsi délivrés à chaque propriétaire
des maisons qui auraient été détruites; ces bois ne pourront être
employés par eux qu'à les réparer, sous la surveillance des autorités
locales.
Le ministre de l'intérieur fera évaluer en argent la partie des
réparations qui devra employer d'autres matériaux que du bois de
charpente.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
CORKKSPOMDANCE Dli NAPOLÉON l". —1815. 141
21854. — DÉCRET'.
Palais de l'Elysée, 30 avril 1815.
Napoléon, par la grâce de Dieu et les Constilulions, Empereur
des Français ,
En convoquant les électeurs des collèges en assemblée du Champ-
de-Mai, nous comptions constituer chaque assemblée électorale de
département en bureaux séparés, composer ensuite une commission
commime à toutes, et, dans l'espace de quelques mois, arriver au
grand but objet de nos pensées.
Nous croyions alors eu avoir le temps et le loisir, puisque, notre
intention étant de maintenir la paix avec nos voisins, nous étions
résigné à souscrire à tous les sacrifices qui déjà avaient pesé sur la
France.
La guerre civile du Midi à peine terminée , nous acquîmes la cer-
titude des dispositions hostiles des puissances étrangères, et dès lors
il fallut prévoir la guerre et s'y préparer.
Dans ces nouvelles occurrences, nous n'avions que l'alternative de
prolonger la dictature dont nous nous trouvons investi par les circon-
stances et par la confiance du peuple, ou d'abréger les formes que
nous nous étions proposé de suivre pour la rédaction de l'Acte con-
stitutionnel. L'intérêt de la France nous a prescrit d'adopter ce second
parti. Nous avons présenté à l'acceptation du peuple un Acte qui, à
la fois, garantit ses libertés et ses droits, et met la monarchie à l'abri
de tout danger de subversion. Cet acte détermine le mode de la for-
mation de la loi, et dès lors contient en lui-même le principe de
toute amélioration qui serait conforme aux vœux de la nation; inter-
disant cependant toute discussion sur un certain nombre de points
fondamentaux déterminés, qui sont irrévocablement fixés.
•Vous aurions voulu aussi attendre l'acceptation du peuple avant
d'ordonner la réunion des collèges et de faire procédera la nomina-
tion des députés : mais, également maîtrisé par les circonstances, le
plus haut intérêt de l'Etat nous fait la loi de nous environner le plus
promptemcnt possible des corps nationaux.
A ces causes , nous avons décrété et décrétons ce qui suit :
Amici.E pREMiKii. Quatre jours après la publication du présent
décret au chef-lieu du département, les électeurs des collèges de
département et d'arrondissement se réuniront en assemblée électorale
au chef-lieu de chaque département et de chaque arrondissement.
* Hormis qiiehiues modifications introduites au moment de la publication, ce
décret est tout entier de la main de l'iimpereur.
142 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I<=^ — 1815.
Le préfet, pour le département, les sous-préfets, pour les arron-
dissements, indiqueront le jour précis, l'heure et le lieu de rassem-
blée par des circulaires et par une proclamation qui sera répandue
avec la plus grande célérité dans tous les cantons et communes.
Art. 2. Pour cette année, à l'ouverture de l'assemblée, le plus
ancien d'âge présidera ; le plus jeune fera les fonctions de secrétaire ;
les trois plus âgés après le président seront scrutateurs. Chaque
assemblée, ainsi organisée provisoirement, nommera son président;
elle nommera aussi deux secrétaires et trois scrutateurs. Ces choix
se feront à la majorité absolue.
Art. 3. On procédera ensuite aux élections des députés à la
chambre des Représentants, conformément à l'Acte envoyé pour être
présenté à l'acceptation du peuple et inséré au Bulletin des Lois,
n" 19, le 23 avril courant.
Art. 4. Les préfets des villes chefs-lieux d'arrondissements com-
merciaux convoqueront, à la réception du présent, la chambre de
commerce et les chambres consultatives , pour faire former les listes
de candidats sur lesquelles les représentants de l'industrie commer-
ciale et manufacturière doivent être élus par les collèges électoraux
appelés à les nommer conformément à l'acte joint à celui énoncé en
l'article précédent.
Art. 5. Les députés nommés par les assemblées électorales se
rendront à Paris pour assister à l'assemblée du Champ -de -Mai
et pouvoir composer la chambre des Représentants , que nous nous
proposons de convoquer après la proclamation de l'acceptation de
l'Acte constitutionnel.
Art. 6. Nos ministres sont chargés de l'exécution du présent
décret.
Napoléon.
Extrait du Bulletin des Lois du l*' mai 1815, ii» 24.
21855. — DECRET.
Palais de l'Élysëe, 30 avril 1815.
Article premier. Il sera formé quatre armées et trois corps d'ob-
servation.
Art. 2. La première, sous le titre d'Armée du Nord, comprendra
le territoire des 16' et 2® divisions militaires.
Elle sera composée des 1*% 2% 3* et 6" corps, et de trois divisions
de réserve de cavalerie. ^
Toutes les places de la 16* et de la 2* division militaire seront
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815. 143
occupées par les bataillons de grenadiers et chasseurs des gardes
nationales.
Il y aura, en outre, plusieurs divisions de réserve de grenadiers
et chasseurs de gardes nationales pour aider aux opérations de
l'armée.
Art, 3. La seconde armée, sous le titre d'Armée de la Moselle,
sera composée du 4^ corps.
Elle comprendra le territoire des 3" et A' divisions militaires.
Toutes les places seront occupées par des bataillons de grenadiers
et chasseurs des gardes nationales.
H y aura, en outre, un corps de gardes nationales de réserve
pour concourir aux opérations de l'armée.
Art. 4. La troisième armée sera Y Armée du Rhin.
Elle sera composée du 5^ corps et de bataillons de chasseurs et de
grenadiers des gardes nationales, qui occuperont les places fortes
et formeront des réserves de gardes nationales pour aider aux opéra-
tions de l'armée.
Art. 5. Le 1" corps d'observation sera celui du Jura. Ce corps
sera chargé de la garde des débouchés qui existent sur cette ligne de
frontière depuis Belfort jusqu'auprès de Genève. Les places de Bel-
fort, de Langres, de Montbéliard, et tout le territoire de la 6' divi-
sion militaire, feront partie de son arrondissement.
Ce corps sera composé de la division de Belfort et des grenadiers
et chasseurs des 6* et 18^ divisions militaires.
Art. 6. La quatrième armée sera X Armée des Alpes. Elle sera
composée du 7" corps et comprendra le territoire des 1" et 19* divi-
sions militaires.
Toutes les places seront occupées par des bataillons de chasseurs
et grenadiers; et il y aura, en outre, un corps de réserve de gardes
nationales pour opérer dans les montagnes.
Art. 7. Le 2* corps d'observation sera placé sur le Var. Il com-
prendra le territoire de la 8^ division militaire et sera chargé de la
défense du Var.
Art. 8. Le 3* corps d'observation sera celui des Pyrénées. Il sera
chargé de la défense des Pyrénées.
Art. 9. Le ministre de la guerre nommera sur-le-champ l'état-
major de chaque armée.
Il organisera les services du génie et de l'artillerie qu'il est urgent
d'y attacher.
Enfin il fera rédiger par le comité de défense, pour chaque armée,
144 CORRESPOiYnANGK DE NAI'OLI'ON [«r. _ 18 15.
une instruction sur la portion du territoire qu'elle est cliarj^ée de
défendre.
Art. 10. Notre ministre de la guerre est chargé de l'exéculion du
présent décret. Il sera communiqué aux ministres de l'intérieur, de
la police et du trésor.
Napoi-éox.
D'après l'ampliation. Dépôt de la guerre.
21856.— AU MARECHAL DAVOL'T, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 80 avril 1815.
Mon Cousin, si nous avons la guerre, et que je sois obligé de
partir, mon intention est de vous laisser <à Paris, ministre de la
guerre, gouverneur de Paris et commandant en chef des gardes
nationales, des levées en masse et des troupes de ligne qui se trou-»
veraienl dans la ville. Je n'ai point encore le projet de partir, et je
ne suppose pas que l'ennemi nous attaque de tout le mois de mai.
Cependant je désire que vous vous occupiez dès à présent de mettre
la ville en état.
Vous aurez à Paris trente batteries de canons, de huit pièces
chacune, qui seront au parc de Vincennes, ayant double approvi-
sionnement.
Cette artillerie n'aura pas de personnel , ni d'attelages , ni de char-
retiers. Elle sera servie par un bataillon d'artillerie de marine, que
j'ai mandé au minisire de la marine de diriger sur Paris, et qui ser-
vira six batteries; deux batteries seront servies par l'Ecole polytech-
nique; deux batteries seront servies par l'Ecole d'Alfort; deux batte-
ries seront servies par l'Ecole de Sainl-Cyr; quatre batteries seront
servies par les Invalides ; six batteries seront servies par l'artillerie de
ligne, et huit batteries seront servies par des équipages de matelots
que j'ai ordonné au ministre de la marine de diriger sur Paris; total,
trente batteries.
Il y aura des redoutes sur toutes les hauteurs de Paris pour con-
tenir cette artillerie, et, au moment, on prendra dans la ville les
attelages nécessaires pour les batteries mobiles.
Désignez un général d'artillerie pour être directeur du parc, et tout
l'élat-major d'artillerie nécessaire pour diriger ces trente batteries.
Désignez aussi un ofGcier général du génie. Il ne faut prendre ni
Rogniat, ni Haxo, ni Marescot, qui seront nécessaires pour les
armées.
CORRESPONDAIVGE DE xMAPOLEOX' I«^ — 1815. 145
, Votre troupe d'infanterie se composera de 30,000 gardes natio-
naux , de 20,000 hommes des levées en masse, de 20,000 hommes
de troupes de marine, et enfin de 20,000 hommes que donneront
les dépôts des régiments qui doivent se grouper sur Paris; ce qui fera
plus de 90,000 hommes.
Napoléox.
D'après l'original coram. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21857. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE \A GUERRE, A PARIS.
Paris, 30 avril 1815.
Mon Cousin, j'ai lu le mémoire du comité de défense. Il est in-
dispensable de mettre Montbéliard à l'abri d'un coup de main , et que
vous fassiez armer et mettre en état, sous peu de jours, Pierre-
Chàtel, Salins, le passage des Echelles, le fort de l'Ecluse. Cela me
paraît de la plus haute importance. Je suppose que vous vous en êtes
occupé. Envoyez des ofGciers du génie et d'artillerie , avec les com-
mandants que vous destinez pour ces forts, pour ne pas perdre une
minute. Je vous ai écrit pour le château de Pont-Saint-Esprit et Sis-
teron. H faut qu'avant le 10 ou 15 mai tous ces forts soient en état
de défense et approvisionnés pour trois mois. Envoyez-y des compu-
gnies de vétérans que vous pourrez tirer des places oii vont se rendre
les gardes nationales. Mettez aussi dans tous ces forts des escouades
d'artillerie. Dans l'état de distribution des gardes nationales, il y a
pour chacun de ces forts des bataillons de grenadiers et de chasseurs,
qui seront aidés par ces escouades d'artillerie et par ces compagnies
de vétérans. Il est de ces forts qu'il faut protéger par des redoutes
sur des hauteurs ou par des abatis. Faites faire ces travaux et donnez
ordre au commandant de la division territoriale ou du département
de se rendre sur les lieux , et de ne pas bouger que tout ne soit en état.
Je dois vous avoir écrit pour les fortifications à faire à chacun des
passages des Vosges. Je suppose que vous avez donné tous les ordres,
et que le général Gérard veille à ce que fout s'exécute exactement.
Tous les ofliciers du génie de son corps doivent y être employés. On
doit requérir tous les paysans qui sont nécessaires, et faire travailler
avec activité.
Il est probable que la Suisse sera neutre; mais les alliés pourraient
violer son territoire : il faut donc s'occuper de retrancher toutes les
gorges du Jura. Le général Haxo connaît mieux que personne les
défilés de ces montagnes. Des retranchements et des redoutes pour-
XXVIII. 10
146 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
raient être inutiles, si nous employions là de bonnes troupes; mais,
comme nous ferons défendre le Jura par les gardes nationales des
d" et 18* divisions, qui ne sont flanquées à droite que par les chas-
seurs et grenadiers de la 19» division, il faut les appuyer sur des
ouvrages et faire fortifier toutes les gorges.
Il est indispensable qu'il y ait à Besançon des pièces de campagne
et quelques pièces de montagne sur affûts de traîneau , qu'on puisse
donner aux gardes nationales qui défendront les défilés.
Napoléox.
D'après l'original coram. par M""' la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21858. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 1" mai 1815.
Mon Cousin , donnez ordre qu'on fasse transporter demain à l'École
polytechnique un obusier, une pièce de 6 et une pièce de 12, et que
toute l'Ecole soit exercée à la manœuvre, de manière à pouvoir servir
seize pièces de canon ou deux batteries. Aussitôt qu'ils sauront par-
faitement lu manœuvre des pièces de campagne , même les manœu-
vres de force, vous les ferez aller deux fois par semaine, le mer-
credi et le vendredi , à Vincennes , où ils s'exerceront au polygone à
tirer au boulet.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™' la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21859. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, l" mai 1815.
Mon Cousin, si la batterie de Saint-Cyr est désarmée, donnez
ordre qu'on y envoie demain six pièces de canon et qu'on forme dans
l'École quatre compagnies, composées des plus grands, qu'on exer-
cera à la manœuvre, afin quelles puissent servir quatre batteries,
chacune de huit pièces de canon.
Donnez ordre également qu'à l'École d'Alfort on organise deux
compagnies, pouvant servir chacune huit pièces de canon; qu'on y
fasse l'exercice des pièces et que les élèves aillent ensuite tirer au
polygone de Vincennes.
Donnez le même ordre pour l'École vétérinaire de Lyon.
Napoléon.
D'après l'original comm, par M'"* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
CORRESPONDAMGE DK NAPOLÉOM I". — 1815. lU
21860, — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL.
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris. 1" mai 1815.
Mon Cousin , je vous ai envoyé l'état de distribution des balaillons
de grenadierS' et de chasseurs des gardes nationales mises en réquisi-
tion jusqu'à ce jour. Il en résulte que l'armée du Nord , qui emploie
en tout ou en partie ce que la I'", la 2% la 14-% la 15« et la 16" divi-
sion fournissent, aura cent cinq bataillons de garnison.
Si, dans les départements où la levée est difficile, il y avait quel-
que déficit, on pourrait tirer de la deuxième ligne de quoi y sup-
pléer. Ainsi, par exemple, le Calvados fournit cinq bataillons à
Abbeville; Seine-et-Marne en fournit quatre à Aleaux; l'Oise en four-
nit deux à Amiens : s'il y avait urgence, on pourrait tirer de ces
différentes garnisons pour envoyer sur les points de l'extrême fron-
tière où il y aurait déficit.
La garnison importante de Lille se trouve, d'après cet état, for-
mée de sept bataillons de l'Aisne , qui sont bons , de quatre de la
Seine-Inférieure , qui sont également bons , et de la garde sédentaire
de la place.
Indépendamment de cent cinq bataillons de garnison , l'armée du
Nord aura une division de réserve de grenadiers de gardes nationales,
qui prendra le nom de 1" division de réserve de grenadiers de gardes
nationales. Cette division se réunira à Sainte-Menebauld et Stera com-
mandée par un lieutenant général, deux maréchaux de camp et cinq
colonels ou majors en second , que vous enverrez pour commander
chaque régiment, que l'on composera de deux bataillons. On orga-
nisera, pour cette division, à Sainte- Menehould, une batterie de
huit pièces de canon. Vous ferez comprendre la l" division de réserve
des gardes nationales dans l'état de situation du 6* corps, qui est la
réserve de l'armée du Nord.
L'armée de la Moselle aura quarante-deux bataillons de gardes na-
tionales, dont trente-deux tiendront garnison dans les places et dix
formeront une division de réserve, qui portera le nom de 2" division
de réserve des grenadiers de gardes nationales. Cette division sera
commandée par un lieutenant général, deux maréchaux de camp et
cinq colonels ou majors. Elle aura également une batterie d'artillerie.
Le général en chef de l'armée de la Moselle se servira de cette divi-
sion, qui doit se réunir à Nancy, spécialement pour défendre les
Vosges et appuyer ses mouvements. .Mettez à la tête de cette division
des généraux qui connaissent les Vosges.
10.
148 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON l«^ — 1815.
L'armée du Rhin aura trente-cinq bataillons, dont vingt-neuf dans
les places et six de réserve. Un lieutenant général, deux maréchaux
de camp, trois majors ou colonels commanderont ces bataillons. La
réserve aura une batterie ; elle se réunira à Colmar et sera sous les
ordres du général commandant la 5* division militaire.
Le corps d'observation du Jura aura quarante-six bataillons, dont
vingt-deux dans la garnison et vingt-quatre en réserve. Ces vingt-
quatre bataillons formeront deux divisions de réserve qui se réuni-
ront, l'une à Vesoul et l'autre en avant de Besançon. Deux lieutenants
généraux, quatre maréchaux de camp et douze colonels, majors ou
lieutenants-colonels, commanderont ces deux divisions, qui prendront
les noms de 3' et 4° division de réserve de gardes nationales. Elles
seront spécialement chargées de la défense du Jura et de celle du dé-
bouché de Belfort. Si la Suisse reste neutre ou que l'ennemi ne viole
pas sa neutralité, ces vingt-quatre bataillons se réuniront à Belfort,
pour appuyer la droite des Vosges, couvrir le débouché de Belfort
et tout le haut Rhin.
L'armée des Alpes aura cinquante-six bataillons, dont quatorze en
garnison et quarante- deux en réserve. Ces quarante-deux bataillons
de réserve formeront trois divisions , savoir : la 5% la 6* division de
réserve de gardes nationales , qui seront composées des vingt-quatre
bataillons de la 7* division militaire; la 7* division de réserve de
gardes nationales , qui sera composée des quatorze bataillons de la
19' division militaire. Ces trois divisions seront placées sous les
ordres du général en chef de l'armée des Alpes : une au fort Bar-
raux, une à Valence, et la 7*, avec les bataillons de la 19' division
militaire, dans une position entre le fort de l'Ecluse et Lyon, pour
couvrir cette dernière ville contre une colonne ennemie qui viendrait
de Genève. Il faut donc envoyer trois lieutenants généraux, six ma-
réchaux de camp et vingt et un colonels ou majors, pour commander
ces gardes nationales. Il faut également leur organiser des batteries.
Il faut donner pour instruction aux généraux commandant dans le
Nord que les garnisons des places puissent se réunir et former des
divisions actives, qui prennent position en avant des lignes. Cela doit
s'appliquer à foutes les grandes garnisons. Metz, par exemple, qui
a une excellente garde nationale, peut former ses grenadiers et chas-
seurs en une division de réserve , pour aller au secours de l'armée
active, assurer les convois, etc. Il est donc nécessaire que les géné-
raux en chef connaissent bien les troupes qui doivent composer les
garnisons.
Vous devez donner des ordres pour que les grenadiers et chasseurs
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815. 149
se rendent dans leurs garnisons respectives sans armes et sans leur
habillement ; et prenez des mesures pour que les armes et l'habille-
ment leur soient fournis dans ces garnisons. Si, en exécution des
ordres du minisire de l'intérieur, les préfets ont pris des mesures
pour les habiller, il faut qu'ils leur envoient des habits. En attendant,
ils s'exerceront et rendront les troupes de ligne disponibles. Il est
important que, du 10 au 15 mai, toutes les places soient occupées
par les gardes nationales, et que les troupes de l'armée, se réunis-
sant dans les camps, deviennent mobiles.
Cela fait, en tout, deux cent quatre-vingt-quatorze bataillons,
sans y comprendre les garnisons de la 13* et de la 14* division. Sur
ces deux cent quatre-vingt-quatorze bataillons , quatre-vingt-douze
sont réunis en divisions de réserve et deux cent deux forment la gar-
nison des places.
Chaque régiment de garde nationale sera composé de deux ba-
taillons.
Le colonel ou major, le chef de bataillon, les adjudants-majors
seront tirés des troupes de ligne.
Ayez soin d'envoyer en Alsace des généraux et officiers qui parlent
allemand.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""* la maréchale princesse d'Eckmuhl.
21861.— AU MARECHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 1" mai 1815.
Mon Cousin, vous devez faire connaître aux généraux commandant
en chef les armées du Nord, de la Moselle, du Rhin, des Alpes et
le corps d'observation du Jura, le système que j'ai adopté pour la
défense du territoire. Leurs armées se composent de troupes actives
et de troupes de garnison. Les garnisons sont toutes composées de
bataillons de grenadiers et de chasseurs de gardes nationales et de
la garde nationale sédentaire de la place. L'armée active se com-
pose des troupes de ligne de toutes armes, des divisions de réserve
des gardes nationale», des corps francs ou de partisans et de la levée
en masse.
Je ne dirai rien ici de l'organisation des troupes de ligne qui doivent
être sous leurs ordres.
Pour l'armée du Nord , il y a plusieurs chefs de corps d'armée qui
ont chacun plusieurs divisions sous leur commandement. L'armée de
150 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
la Moselle se compose de trois divisions d'infanterie déjà organisées ,
qu'il faut successivement renforcer , aGn que chaque régiment ait ses
quatre bataillons à l'armée. Il faut renforcer de même les régiments
de l'armée du Rhin et ceux de l'armée des Alpes. Le commandant
du corps du Jura aura la division d'infanterie qui est actuellement à
Belfort.
La garde nationale active se compose d'une division de réserve
pour le Nord, d'une division pour l'armée de la Moselle, d'une divi-
sion pour l'armée du Rhin , de deux divisions pour le corps d'obser-
vation du Jura, et de trois pour l'armée des Alpes.
Chaque général commandant en chef doit encourager la formation
des corps de partisans dans son commandement. 11 doit leur désigner
les forêts, les ravins et les directions où ils doivent manœuvrer pour
intercepter la ligne de communication, les convois et les courriers
de l'ennemi. Vous devez faire imprimer le décret sur la formation des
corps francs ' et l'envoyer aux généraux et aux préfets , sans pour cela
le faire insérer dans tout son contenu au Moniteur.
Les divisions de réserve de gardes nationales sont sous les ordres
des lieutenants généraux. Les gardes nationales dans les garnisons
sont sous les ordres des gouverneurs de place. Les partisans sont dé-
tachés et sous les ordres de ceux qui commandent les corps francs.
Les généraux commandants d'armée sont maîtres de donner la
correspondance et la direction des corps francs aux lieutenants géné-
raux des ailes, aux commandants des départements ou aux comman-
dants des places sur lesquelles ces corps doivent s'appuyer. Mais il
est important de ne pas les distraire de leur service et de leur laisser
l'indépendance nécessaire dans leurs mouvements.
La levée en masse se compose de l'organisation de la garde natio-
nale, de tous les gardes forestiers, de toute la gendarmerie et de tous
les bons citoyens et employés qui voudraient s'y joindre. Elle doit
être organisée par déparlement et être sous les ordres d'un maréchal
de camp, soit de celui qui est chargé de l'organisation des gardes
nationales , soit de celui qui commande le département. Cette levée
en masse doit se réunir au son du tocsin , et les généraux comman-
dants en chef des armées doivent indiquer les points de ralliement
qu'elle doit occuper en masse, tels que les défilés des ponts, les
gorges des montagnes , ou lui donner des rendez-vous un jour d'af-
faire pour venir soutenir l'armée et tomber sur les flancs et les der-
rières de l'ennemi. Les généraux en chef seront les maîtres de charger
iin général de l'état-major de toute la correspondance et de la direction
1 Voir le décret n" 21831.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815. 151
des levées en masse. Dans chaque département, le général en chef
indiquera les ponts , défilés et villes fermées que les levées en masse
doivent plus spécialement défendre. 11 doit donner des ordres pour
que les habitants travaillent sur-le-champ à mettre en état de défense
leur ville, leurs portes, leurs ponts, par des barrières, des palissades
ou des têtes de pont, selon les localités; de sorte que la cavalerie
légère ennemie, les officiers porteurs d'ordres, les convois, les four-
ragcurs ennemis, ne puissent se répandre nulle part. Le grand nombre
de places fortes que nous avons sur la ligne du Nord , les défilés
qui sont sur la droite, les grandes forêts d'alentour, conune celle de
Mormal et autres, sont propices aux mouvements des partisans et des
corps francs , et même pourraient servir de retraite à une portion de
la levée en masse. Les gorges des Ardennes, la forêt de l'Argonne ,
Jes différentes lignes de rivières et un grand nombre de petites places
fermées, qui sont à l'abri des incursions dos troupes légères, doivent
servir de points d'appui aux levées en masse pour la défense du pays.
La défense du passage du Rhin, la défense des Vosges, celles des
gorges de ia Franche-Comté, les défilés du Jura et tous les défilés
des Alpes, sont extrêmement favorables aux opérations des autres
armées.
11 sera nécessaire que les généraux en chef fassent connaître par
des circulaires aux villes de leur commandement que sera réputée
lâche et traître envers la patrie toute ville qui ne se défendrait pas
contre des troupes légères, qui obéirait à des réquisitions ou se sou-
mettrait à des sonntialions que l'ennemi n'aurait pas appuyées par
des forces supérieures en infanterie; quen conséquence, chaque ville
doit réparer ses portes, son enceinte, la défense de ses ponts, afin
que la gloire acquise par les villes de Chalon, de Saint-Jean-de-Losne
et de Tournus soit partagée par toutes les villes de France , et que
l'exemple donné par Dijon et Màcon ne se renouvelle plus.
Je pense qu'une circulaire bien faite, que vous-même vous adres-
seriez aux préfets et aux maires des villes , serait utile. Vous leur
f«-ez sentir d'abord combien du succès de cette guerre, si elle a lieu,
dépendent le salut de la France et son indépendance; combien notre
cause est juste et sainte; que j'ai une forte armée que je commanderai
moi-même, et que nous battrons l'ennemi; mais combien il est né-
cessaire que partout on soit prêt à concourir à la défense de l'hon-
neur de la nation , et que partout l'ennemi ne trouve qu'obstacles et
des Français animés par le plus pur patriotisme.
Des officiers du génie devront parcourir les localités et donner
leurs avis.
152 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
Le comité de défense donnera des instructions pour défendre en
deuxième ligne la Somme, la Meuse, les Vosges, la Saône et le
Rhône.
Ces travaux faits, il nous restera <à organiser, dans les meilleures
provinces du centre , une quarantaine de bataillons pour occuper
Bordeaux, Toulouse, les principaux débouchés de la Loire, Nantes,
et coutenir les malveillants qui voudraient exciter la guerre civile.
II restera aussi à s'occuper du corps d'observation du Var et de
celui des Pyrénées. Mais il ne faut pas perdre un moment pour orga-
niser les armées du Nord, de la Moselle, du Rhin, du Jura et des
Alpes.
Ainsi il y aura pour chaque armée un général en chef, un adjudant
général, qui correspondra avec les partisans et en aura la direction,
et un général qui correspondra avec les commandants de département
pour les levées en masse et qui en aura la direction. Les généraux en
chef seront l'àme de tout.
Je n'ai pas nommé de général en chef pour le Nord , parce que
je me réserve ce commandement; mais vous chargerez le comte
d'Erlon de faire l'organisation dans la 16'' division militaire, et le
général Vandamme dans la Meuse et les Ardennes.
Napoléo.x.
D'après l'original comm. par M""" la maréchale princesse d'Eckmiilil.
21862. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 1"' mai 1813.
Mon Cousin, vous donnerez l'ordre au général Haxo et au général
Rogniat, accompagnés d'un colonel du génie et de deux capitaines,
de se rendre demain sur les hauteurs de Montmartre, d'y tracer quatre
redoutes de 60 à 80 toises de côté intérieur et battant les différents
débouchés de la montagne. Le colonel et les deux capitaines seront
chargés de la suite des travaux. Dès demain ces deux généraux feront
placer les jalons. Dès mardi, le colonel et les ofGciers du génie mon-
teront les ateliers et mettront 50 travailleurs à chaque redoute, de
sorte qu'avant jeudi il y ait là 1,000 ouvriers qui travaillent. Mardi
les généraux continueront de visiter les hauteurs ; ils feront placer
des jalons sur celles de Ménilmontant pour le tracé de tous les ou-
vrages qu'ils jugeront indispensable d'occuper. Ils ne perdront pas
de vue que mon but est de favoriser des troupes inexpérimentées et
de les mettre en état de tenir contre de vieilles troupes. Quand ils
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815. 153
auront tracé les ouvrages de Ménilmontant et de Belleville, ils
suivront, par Saint-Denis et autres points , la reconnaissance des po-
sitions à fortifier pour compléter la défense de Paris.
J'ai deux buts, l'un de faire voir que nous ne nous dissimulons pas
le danger, l'autre de proliter du moment pour avoir ces ouvrages ,
qui, si nous avons la paix, se trouveront faits et pourront, dans de
différentes circonstances, être utiles.
Vous autoriserez cette commission à se faire aider par un détache-
ment de l'École polytechnique.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™* la maréchale princesse d'EckmiiliI.
21863. —AU MARÉCHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 2 mai 1815.
Mon Cousin , je vous ai mandé que je voulais trente batteries d'ar-
tillerie sans attelages ni personnel , pour le service de la défense de
Paris. Mon intention est que vous fassiez sur-le-champ disposer un
parc de dix batteries pour défendre Lyon; il n'y aura également ni
personnel ni attelages. Ces batteries auront un double approvisionne-
ment. Nommez un général pour conmiander cette artillerie, qui sera
servie, 1° par un bataillon d'artillerie de marine de Toulon , qui ser-
vira six batteries; 2" par la compagnie de l'École vétérinaire, qui
servira deux batteries ; et par deux compagnies de gardes nationales
qu'on formera et qui serviront les deux autres batteries. La compagnie
d'ouvriers militaires qui sera attachée à l'armée des Alpes pourra tra-
vailler aussi aux fortifications de Lyon.
Les troupes chargées de défendre la ville consisteront dans la divi-
sion des grenadiers et chasseurs de la 19' division militaire, qui se
réunissent d'abord du côté du fort de l'Écluse, et se reploieraient sur
Lyon; dans 8 ou 9,000 hommes de gardes nationales sédentaires de
Lyon et des faubourgs; enfin dans les dépôts de troupes de ligne et
détachements qui arriveraient de l'armée des Alpes.
Le général Curial, qui commande la division, commanderait cette
place. Il faut lui donner un maréchal de camp actif et vigoureux ,
comme commandant d'armes, et lui organiser le service du génie et
de l'artillerie, afin que tout cela ait l'ensemble et l'activité néces-
saires.
Les dix batteries doivent être suffisantes pour défendre cette ville.
Dans ce nombre, il est indispensable qu'il y ait au moins trente à
154 CORRESPONDANCE DE NAPOLEOxV I«r, _ 1815.
quarante pièces de 12; et, quand les ouvrages seront plus avancés,
il sera nécessaire d'y envoyer huit ou dix pièces de siège pour tirer
d'un bord de la rivière à l'autre.
Je suppose que vous avez donné des ordres pour l'armement et la
mise en état de Grenoble.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21864. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 2 mai 181â.
Mon Cousin, je vois, par votre rapport du 29 avril, que vous
n'avez pas fait venir de troupes du corps d'observation des Pyrénées
pour occuper Pont-Saint-Esprit; cela étant, je désire que vous don-
niez ordre au 62^ régiment de ligne de se rendre à Napoléonville,
chef-lieu de la Vendée , pour pourvoir à la sûreté et protéger les dé-
partements de l'Ouest, ce qui permettra le départ des régiments qui
sont retenus dans la Vendée et qui sont nécessaires au 6* corps.
Prévenez le général Clausel que j'ai ordonné la formation de
bataillons de grenadiers et de chasseurs de la garde nationale, qui se
rendront à Rayonne, à Pau, Saint-Jean-Pied-de-Port, Perpignan,
Rlaye et toutes les places frontières des Pyrénées, ce qui rendra dis-
ponible sa troupe de ligne. Donnez-lui ordre de former de ces batail-
lons des corps pour protéger les frontières des Pyrénées. 11 sera
attaché un régiment de cavalerie à chacun de ces corps.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""* la maréchale princesse d'Eclimiihl.
21865. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE Lft GUERRE, A PARIS.
Paris, 2 mai 1815.
Mon Cousin , je viens de lire l'avis du comité sur la défense de
Lyon. La mesure que vous avez prise d'envoyer le général Montfort
n'est pas sufGsante. Ordonnez qu'on fasse un pont-levis au pont de
la Guillotière; faites renforcer par une barrière le débouché du pont.
Faites faire une tête de pont au pont des Rrotteaux , afin d'avoir un
point de ce côté pour l'offensive. Ordonnez la mise en état de l'en-
ceinte, sur les hauteurs entre la Saône et le Rhône; faites établir
plusieurs redoutes sur ces hauteurs, une, entre autres, en avant de
la côte qui domine le Rhône ; on y appuierait une flèche qu'on cou-
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815. 155
struirait sur le chemin de halage , ce qui la joindrait au Uliône et
protégerait les palissades dont on garnirait le rempart qui arrive au
fleuve. Ces ouvrages ne sont pas d'une grande difficulté. Ordonnez
que l'armement ait lieu en même temps. Il est nécessaire que ce soit
fait avant le 20 mai. L'armement n'empêche pas de travailler en
même temps à la mise en état des ouvrages.
C'est déjà un grand résultat que de mettre Lyon à l'abri de la
manière que j'ai déterminée ci-dessus; mais ce succès ne saurait être
complet si l'on n'occupe également la rive droite de la Saône. Ordon-
nez donc qu'on y construise des redoutes : une qui remplace Pierre-
Encise, ferme la ville de ce côté et la sépare du faubourg; l'autre
qui couvre les hauteurs qui dominent le quartier Saint-Jean. Donnez
ordre qu'une partie des sapeurs et des officiers du génie de l'armée
des Alpes, ainsi que les officiers d'artillerie destinés à Toulon, se
rendent dans la place sans délai.
On peut à la fois mettre en état le pont de la Guillotière, établir
un second pont-levis au pont des Brotteaux, travailler à la tête de
pont des Brotteaux, à la réparation de l'enceinte entre la Saône et
le Rhône, et aux deux redoutes les plus importantes; l'une, comme
je l'ai dit ci-dessus, en avant du côté du Rhône, de manière à ap-
puyer une flèche qui longe le fleuve; l'autre du côté de la Saône,
qui défende une flèche appuyée à la rivière. Il est nécessaire qu'au
5 mai les travaux soient en activité.
Pendant ce temps on reconnaîtra les hauteurs de Fourvières , sur
la rive droite de la Saône, et on soumettra les projets des ouvrages
au comité des fortifications.
Il sera nécessaire d'établir une barrière au pont de Perrache, afin
qu'on soit maître de ne le couper qu'à la dernière exirémité.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchalo princesse d'Eckmiihl,
21866. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 2 mai 1815.
Mon Cousin, écrivez de nouveau pour que les gardes nationales se
rendent en toute diligence dans les places fortes, afin que le 10 mai
il n'y ait plus un bataillon de troupes de ligne dans nos places, et
qu'à cette époque tous les corps soient cantonnés; ou, s'il en reste
encore dans les places, qu'ils n'y fassent aucun service, qu'ils soient
entièrement disponibles; que les chevaux de peloton soient achetés,
156 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON 1"^. _ 1815.
les ambulances organisées, et que chaque général ait toujours à
l'avance, pour son corps d'armée, six jours de pain, qui se renou-
vellera par la consommation de chaque jour; de sorte qu'au premier
ordre de départ le soldat emporte avec lui six jours de pain.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™' la maréchale princesse d'Ëckmùhl.
21867. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ËCKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 2 mai 1815.
Mon Cousin , je vois, par le rapport du général Neigre, qu'il y a à
Vincennes des pièces de 3, de 4, de 6, de 8 et de 12, et des obusiers
de deux calibres, ce qui fait sept calibres différents. Je pense qu'il
serait plus convenable, pour la défense de Paris, de n'avoir que des
pièces de 12, de 6 et des obusiers d'un seul calibre. Comme vous^
avez un équipage à Lyon, on pourrait n'y mettre que des pièces
de 8 et de 4. EnGn , si le bureau d'artillerie persiste à conserver ces
deux calibres , il faudrait mettre le 8 et le 4 sur la rive gauche de la
Seine, et avoir un parc séparé qui pourrait être placé aux Invalides
et qui n'aurait rien de commun avec la rive droite, oii seraient les
principales forces, et qui n'aurait que des pièces de 12, de 6 et des
obusiers d'un seul calibre.
Portez la plus grande attention à faire organiser et à accélérer par
tous les moyens possibles les défenses commencées.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""= la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21868, — AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris , 2 mai 1815.
Monsieur le Comte Carnot, vous m'avez présenté hier un travail
sur la garde nationale de Paris. Les choix sont d'une grande impor-
tance. Je pense qu'il faut les faire examiner conGdentiellement par
une commission composée d'hommes chauds et qui connaissent
Paris. On consultera ensuite les comtes Real, Dubois et Regnaud de
Saint-Jean-d'Angély, qui pourront ajouter des notes utiles. De cette
façon on fera de bons choix, qui mettront à même de s'assurer l'opi-
nion de cette grande cité.
Napoléon.
D'après l'original. Archives de l'Empire.
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON K. — 1815. 157
21869. — AU GÉNÉRAL COMTE DEJEAN,
PREMIER INSPECTEUR GÉNÉRAI- DU GÉNIE, A PAUIS.
Paris, 2 mai 1815.
J'ai pris un décret qui met à votre disposition une somme de
500,000 francs pour les travaux des fortifications à faire aux envi-
rons de Paris. Tout le bois dont vous aurez besoin vous sera fourni
des forêts du Domaine ou de celles de la Couronne. Prenez des
mesures pour qu'il y ait demain 200 ouvriers employés aux travaux
sur Montmartre, et, successivement, je désire que le nombre en soit
porté à 4 ou 5,000. Je suppose que les ouvrages ont été jalonnés
hier. Aussitôt que vous le pourrez, remettez-moi le plan de Mont-
martre, avec les ouvrages que vous vous proposez d'y faire; il faut
qu'ils soient fortement palissades; on pourrait même établir quel-
ques blockhaus, si cela est jugé nécessaire. •
Je suppose que dans la nuit le décret sera au ministère de la
guerre; procurez-vous-le demain matin de bonne heure.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21870. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 3 mai 1815.
Mon Cousin, vous trouverez ci-joints les vrais numéros qui
étaient sous les aigles. Le fondeur à qui ils avaient été donnés pour
être fondus vient de m'en faire hommage. Cela est précieux. Faites-
les placer sous les aigles, et indemnisez le fondeur.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'EckmiihI.
21871. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 3 mai 1815.
Mon Cousin, vous pouvez donner l'ordre détendre les inondations
dans le Nord , partout oii ces inondations ne feraient pas de dégâts ;
mais, partout où elles pourraient produire une perte de 3,000 francs,
il n'en faut faire aucune. Il faut que le comte d'Eilon ne donne
l'ordre de les tendre que lorsque le premier coup de fusil aurait été
tiré; mais, dans la situation actuelle des choses, il n'est pas impos-
158 CORRESPOiXDANCE DE NAPOLEON l". — 1815.
sible qu'on ne puisse gagner la récolte, et, après la récolte, l'inon-
dation ne ferait plus de mal.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21812.— AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MLMSTBE DE 1^ GUEKRE , A PARIS.
Paris, 3 mai 1815.
Mon Cousin, je réponds à votre rapport du 27 avril. Faites votre
répartition des 8,000 chevaux entre les différents départements.
J'ordonnerai qu'on les paye en bons admissibles en payement des
biens des communes et des forets.
Je pense que l'approvisionnement de siège pour trois mois est
suffisant; faites-moi connaître à combien cette dépense se montera,
ainsi que celle pour la réquisition des chevaux.
Je voudrais prendre sur-le-champ des mesures pour ces deux
fournitures. Faites-moi connaître l'argent que vous avez avancé. Il
faudrait éviter les réquisitions pour le service de l'armée; il me
semble que c'est facile; les consommations consistent en pain, eau-
de-vie, légumes, fourrages et viande; le pain, l'eau-de-vie, les
légumes, les fourrages, sont fournis par le munition naire; il est tenu
d'avoir trois mois d'avance; or la consommation de l'armée au
1" mai était pour 250,000 hommes et 40,000 chevaux : a-t-il pour
250,000 hommes et 40,000 chevaux pendant trois mois? Le muni-
tionnaire général est tenu, à la fin de février, d'avoir pour six mois. Je
pense qu'il faudrait traiter avec lui pour que, au lieu de février, il
soit tenu d'avoir cette réserve à la fin de mai; alors on aurait pourvu
à tout. En cas de réquisition, comme cela doit nécessairement avoir
lieu, les munitionnaires seraient tenus de les payer, conformément à
la circulaire qu'ils ont faite. Ils seraient également tenus des con-
structions extraordinaires de fours et de fournir les boulangers et
employés nécessaires dans toutes les divisions de l'armée. Il s'agirait
donc de s'assurer, 1" que le' munitionnaire avait, au I*'' mai, pour
250,000 hommes et 40,000 chevaux pendant trois mois, etc.;
2° qu'une partie de cela était dans les places fortes, comme magasin
journalier.
Dans cet état de choses, les approvisionnements de siège, déjà
formés pour trois mois, se trouveraient assurés pour six mois en
pain, fourrages, eau-de-vie et légumes. Le reste des trois mois serait
réparti dans les différentes divisions militaires, pour le besoin des
troupes.
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I«r. _ 1815. 159
Si vous exigez du niiinilionnaire qu'il fasse des magasins de
réserve depuis Paris jusqu'à Meaux, Soissons, Laon , Guise et
Avesnes, qu'il en fasse à Vilry, à Langres , à Strasbourg, à Metz; il
les prendra sur les trois mois qu'il va être obligé d'avoir pour porter
son avance à six mois. Vous vous procurerez facilement de cette
manière une réserve de 2;i millions de rations et 4 millions de four-
rages. 11 n'est donc plus question que d'obtenir du munilionnaire
d'accélérer son approvisionnement pour six mois, en réalisant au-
jourd'hui ce qu'il ne devait réaliser qu'en février.
Il me semble que cet arrangement doit lui être avantageux, puis-
que le blé est à meilleur prix aujourd'hui qu'il ne le sera en février.
Cependant, comme il serait possible qu'il n'eût pas les fonds sufû-
sants, je ne vois pas de difficulté à lui accorder un crédit de quelques
millions sur les receveurs généraux, crédit qui se réaliserait, un
million en juin , un million en juillet , un en août ; et , si vous jugiez
devoir lui avancer quatre millions, le dernier million serait réalisable
sur septembre. La retenue de cette avance se ferait par un sixième
chaque mois, à commencer en avril. Par ce moyen, le trésor ne
serait pas constitué en avance réelle, le munitionnaire serait suffi-
samment garanti en ayant une avance de crédit, les services seraient
assurés partout, on pourrait faire des magasins de réserve autant
qu'on voudrait, puisqu'on aurait une réserve d'approvisionnement
portée à six mois, et pourtant toutes nos places fortes se trouveraient
aussi approvisionnées pour six mois. Alors l'armée vivrait sans réqui-
sitions; il n'y aurait que le premier approvisionnement des places,
pour trois mois, qui se serait fait par réquisition. On n'aurait plus
qu'à s'occuper de la viande; ce qui va être le sujet d'une autre lettre.
Napoléon.
D'après l'original comtu. par M"" la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21873. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,.
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 3 mai 1815.
Mon Cousin , j'ai lu le rapport du 30 avril sur le service des
vivres-viande. Les prix me paraissent excessifs et les conditions oné-
reuses. Une avance de 1,900,000 francs, qui n'est réalisable qu'en
dix-neuf mois, est inadmissible. Quand on paye au fournisseur les
cinq sixièmes comptant, il doit pourvoir à tout. L'échelle de pro-
portion qu'on veut régler pour les prix , sur la quantité d'hommes à
nourrir, n'est pas applicable à un territoire étendu et varié comme
160 CORRESPOMDANCE DE NAPOLEON l". — 1815.
celui de la France. Le Var et le Jura n'ont aucun rapport entre eux ;
le terriloire d'Alsace n'a aucun rapport avec celui de la Flandre; il
en est de même de ce dernier territoire avec les Pyrénées; 27 cen-
times est un prix excessif.
Je pense qu'il serait convenable, puisque nous avons une grande
entreprise , de réunir le service des vivres-viande à celui des vivres-
pain; cela diminuera le nombre des agents. Cela fera une grande
administration <à laquelle il sera plus facile de maintenir un grand
crédit. On opérerait alors pour les vivres-viande comme on opère
avec elle pour les vivres-pain. On lui donnerait les cinq sixièmes de
son service; et, si elle avait besoin de quelques avances, on ne lui
ferait qu'une simple avance de crédit, qui pourrait s'élever à
1,800,000 francs, payables en juin, juillet, août, et qu'on retiendrait
sur son service par mois , soit par tiers, soit par sixième. Ce simple
crédit serait suffisant au munilionnaire pour se former un plus grand
crédit. Si M. Montessuy n'a aucun fonds ni aucune avance, il est,
difficile qu'il puisse cire chargé d'un grand service.
Napoléon.
D'après l'original comra. par M""= la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21874. —AU MARKCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MIMSTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris , 3 mai 1815.
Mon Cousin, je pense qu'il est indispensable de lever 120,000
hommes sur la conscription de 1815; mais qu'il serait utile de
retarder encore quelques jours, jusqu'à ce que l'opération des anciens
militaires soit plus avancée. Je pense aussi qu'il faudrait faire cette
levée partiellement. Mais il est indispensable d'avoir une réserve
pour nourrir la guerre.
Il est probable que nous ne retirerons pas plus de 100,000
hommes de l'appel des vieux militaires; ce qui complétera tout au
plus les 2" et 3" bataillons. Les cadres des 4" et 5" bataillons res-
teront donc libres : je voudrais les destiner à recevoir la conscription
de 1815.
Lorsque cette conscription rejoindra, les opérations militaires
seront en train et notre terriloire peut-être entamé sur quelques
points. Le plus prudent me paraît de réunir cette conscription, 1° à
Lyon, pour le Dauphiné et la Provence; on ferait venir à Lyon un
nombre de cadres de bataillons nécessaire, et on y formerait un éta-
blissement d'habillement; 2" à Bordeaux ou toute autre ville voisine,
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«". — 1815. i61
pour les 11* et 20' divisions militaires; 3" à Toulouse, pour les 10'
et 9* divisions militaires , et enfln à Paris , pour tout le reste de la
France.
Il serait donc formé quatre armées de réserve : une à Paris, une
à Lyon , une à Bordeaux et une à Toulouse. L'armée de réserve de
Lyon serait composée d'autant de 4" bataillons qu'on pourrait tirer
de conscrits des 8', 7* et 19* divisions mililaires; l'armée de réserve
de Toulouse, d'autant de 4" bataillons qu'on pourrait tirer de con-
scrits des 9* et 10* divisions; l'armée de réserve de Bordeaux, d'autant
de 4" bataillons qu'on pourrait tirer de conscrits des 11* et 20* divi-
sions; enfin celle de Paris, d'autant de 4*' bataillons qu'on pourrait
tirer de conscrits des P*, 2% 3*, 4*, 5*, 6*, 12% 13*, 14*, 15* et
JG* divisions militaires.
Il serait formé quatre ateliers d'habillement dans chacune de ces
quatre grandes villes, pour habiller ces quatre armées.
Faites-moi donc un projet qui me fasse connaître, 1" le nombre
de bataillons dont pourra être composée chaque armée, 2» les corps
qui les fourniront. On en formerait autant de divisions qu'il y aurait
de fois douze bataillons.
Napoléom. -
D'après l'original comm. par M™* la maréchale princesse d'ËckmiihI.
21875. —AU VICE-AMIUAL DUC DEGRÉS,
MINISTRE DE LA MARINE, A PARIS.
Paris, 3 mai 1815.
Je ne conçois rien à la lettre que vous m'écrivez aujourd'hui. Je
vous ai déclaré que je ne voulais pas faire d'appel. Voilà quinze jours
de perdus bien malheureusement. Avec cette manière il est impos-
sible de réussir à rien. Comment n'avez-vous pas déjà nommé les
capitaines de vaisseau qui doivent commander les régiments, les
capitaines de frégate qui doivent commander les bataillons, et les
lieutenants de vaisseau qui doivent commander les compagnies? Et
comment n'avez-vous pas déjà envoyé ces officiers en recrulement
pour presser la réunion des marins? Comment n'avez-vous pas expé-
dié une circulaire pour réunir tous ces hommes? Faites-le dans la
journée. Je croyais que depuis longtemps c'était fait.
XUPOLÉON.
D'après la miiiule. Archives de l'Empire.
11
162 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
21876. — AU GÉNÉRAL COMTE BERTRAND,
GRAXD MARÉCHAL DU PALAIS, A PARIS.
Paris, 5 mai 1815.
Je viens d'arrêter le budget des théâtres. Il y a un article assez fort
pour location de loges, et je crois avoir fait des fonds pour la même
dépense au budget de ma Maison ; vériûez s'il y a double emploi.
Je donne dans le budget de ma Maison 200,000 francs à des musi-
ciens, à des chanteurs, etc. Il faudrait que dans les distributions que
vous faites il n'y eût pas de doubles emplois.
Vous trouverez ci-joint l'état des gratifications à payer pour le reste
de l'année aux acteurs.
D'après la minute. Archives de l'Empire. ,
21877. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 7 mai 1815.
Mon Cousin, je reçois l'état des chevaux qui doivent être rerais
par la gendarmerie. Je vois que les 150 du 2" régiment de carabi-
niers et les 315 du 1*', qui doivent être livrés le 12 et le 14, seront
obligés de se rendre à Lunéville, pour revenir ensuite à Laon. Je
perds quinze jours. Je désire que ces deux détachements soient montés
et équipés à Paris et à Versailles, qu'on leur donne des selles de la
gendarmerie et qu'ils soient dirigés de suite sur Laon. Si les habille-
ments leur manquent, qu'on les leur procure également à Paris. Par
ce moyen, j'aurai à l'armée, avant le 20 mai, 450 hommes que je
n'aurais pas eus avant le 10 juin par la marche qu'on avait prise.
Je dis la même chose du 2« de cuirassiers, du 3* et du l"' de dra-
gons, auxquels il doit être remis 200 chevaux le 10 mai. Ils peuvent
être équipés et montés à Blois et à Tours.
Je dis la même chose du 3' de cuirassiers, du 8" de dragons,
qu'on peut faire partir de Chartres, où ils doivent recevoir 250
chevaux.
Il en est encore de même du 4" de cuirassiers, des 12" et 15' de
dragons, auxquels on doit fournir, à Rouen, 400 chevaux. Le 12' de
dragons peut envoyer 139 hommes à Bourges, pour y recevoir les
139 chevaux qui lui manquent, et ainsi de suite.
Vous devez avoir soin de faire fournir par la gendarmerie toutes
les selles dont on peut avoir besoin. Presque partout vous devez être
encore à temps de donner à cet égard les ordres nécessaires.
CORRESPONDANGIC DE NAPOLEON I". —1815. 163
En résumé, il faut que les chevaux qui doivent être remis soient
menés directement aux escadrons de guerre, lorsque les dépôts
seront éloignés de plus de cinq jours de marche, et il faut alors que
les hommes et les effets d'habillement reçoivent sur-le-champ la
même direction.
Napoléon.
P. S. Il aurait fallu, pour que voire état fût parfait, qu'il indi-
quât les lieux où se trouvent les escadrons de guerre que doivent
rejoindre les détachements ; faites-le refaire, et, lorsque vous l'aurez
sous les yeux, expédiez à tous les régiments et dépôts les ordres
nécessaires pour que les détachements ne fassent point de fausses
marches, et que, dans les cas que je viens d'indiquer, ils se rendent
en droite ligne aux escadrons de guerre.
D'après l'original comm. par M"" la marcclialc princesse d'Eckmâhl.
21878. — AU GENERAL COMTE BERTRAND,
GRAND MARÉCHAL DU PALAIS, A PARIS.
Paris , 1 mai 1815.
Je n'entends que plaintes de la part des personnes qui viennent de
nie d'Elbe -, cela fait le plus mauvais effet. J'avais fhabitude de m'en
rapporter pour ces sortes de grâces au grand maréchal ; et , comme
vous connaissez individuellement les personnes dont il s'agit, je
n'aurais pas supposé que vous missiez du retard à vous occuper
d'elles. Prenez ce qui est nécessaire dans ma cassette. Ne donnez au
grand aumônier ce qui est mis à sa disposition pour secours qu'à
dater du 1" mai. Employez vous-même les 10,000 francs du grand
aumônier pour avril et les 10,000 francs qui sont à votre disposition
pour le même mois, ce qui fera 20,000 francs ; de manière que tous
les individus arrivés avec moi de l'île d'Elbe soient le plus prompte-
ment secourus, et que tout le monde soit content.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21879. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DK LA GUKHRE, A PARIS.
Paris. 9 mai 1815.
Mon Cousin , je vous renvoie les états du général Rapp. Vous lui
ferez connaître que mon intention est qu'il ne reste pas un seul
homme de troupes de ligne dans nos places fortes, qui doivent être
11.
164 CORRESPONDAIVCE DE NAPOLÉON l^r. — 1815.
abandonnées aux gardes nationales d'élite et aux gardes nationales
sédentaires. Je suppose que vous me proposez un gouverneur pour
Strasbourg et pour toutes les places de l'Alsace. Il doit y avoir à Stras-
bourg un commandant d'armes, un maréchal de camp commandant
des gardes nationales sédentaires et deux maréchaux de camp com-
mandant les deux brigades d'élite de grenadiers de garde nationale.
Indépendamment de ce, il doit y avoir des officiers d'arlillerie com-
mandants et des officiers commandant le génie. Les seules troupes de
ligne qu'on puisse garder dans les places sont celles d'arlillerie, mais
dans le nombre déterminé par votre bureau d'artillerie, de manière que
cela ne nuise en rien à l'armée du Rhin. Toutes les troupes étant ainsi
réunies au corps d'armée, mon intention est que la surveillance du Rhin,
depuis Huningue jusqu'à Strasbourg, et depuis Strasbourg jusqu'aux
lignes de VVissembourg , soit donnée aux gardes nationales qui font
partie des garnisons. Les places se concerteront entre elles pour que
leurs détachements puissent se croiser. On construira quelques ret-
doutes, on crénellera quelques maisons, pour mettre le rivage à l'abri
du passage de l'ennemi. Il doit y avoir dans les places des pièces de
campagne qui seront attelées, dans le moment, par des chevaux de
la ville ou des environs et que les charretiers du pays conduiront. On
pourra, de cette façon, les conduire aux postes les plus importants.
Le général Rapp doit ordonner la construction de ces ouvrages de
campagne et de ces redoutes. Le quartier général doit se porter entre
Strasbourg et Landau; toutes les divisions doivent être cantonnées
aux environs des lignes de Wissembourg et de la Lauter , sans qu'au^
cun homme de cavalerie ni d'infanterie reste dans les places. On
doit accélérer dans les dépôts, l'armement et l'équipement de tous
les hommes qui arrivent, et en augmenter sans délai les bataillons
actifs. Au moment où les hostilités commenceraient, mais à ce mo-
ment seulement, les dépôts devront se diriger sur l'intérieur, confor-
mément à ma lettre d'hier. Tous les officiers et soldats réformés ou
jouissant de la solde de retraite doivent être réunis dans les places
fortes, à moins qu'ils ne soient employés dans la levée en masse, et,
dans ces places , ils serviront comme instructeurs et soutiendront le
zèle des gardes nationales par leur expérience. Enfin il est conve-
nable que les états-majors aient un nombre surabondant d'officiers.
Je pense donc que le général Rapp doit, avant le 12 mai, avoir
20,000 hommes aux lignes de Haguenau. Il se mettra en correspon-
dance avec le général Gérard, qui réunira ses troupes dans la posi-
tion qu'il jugera la plus convenable, près de Longwy, ou de Thion-
ville, ou de Sarrebruck. Ces deux généraux correspondront entre
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815. 1G5
eux par Bitche, en assurant tous leurs moyens de communication.
Le général Gérard recevra le même ordre de faire évacuer par les
troupes de ligne toutes les places fortes , en n'y laissant que le per-
sonnel d'artillerie que vous aurez désigné.
Les gardes nationales sédentaires et d'élite doivent seules former
les garnisons des places ; les dépôts resteront jusqu'au dernier mo-
ment dans les places. On y accélérera les confections et on augmen-
tera les troupes actives par tous les moyens possibles. On complétera
d'abord les deux premiers bataillons à 500 hommes ; après cela, on
complétera le 3« bataillon également à 500 hommes. Quand on aura
ainsi complété les trois premiers bataillons à 1,500 hommes, on
s'occupera ensuite de les compléter chacun à GOO hommes. Les
cadres du 4® bataillon et les dépôts, au moment de la déclaration de
guerre, sortiraient des places pour se rendre dans l'intérieur, con-
formément à la lettre que je vous ai écrite. Il ne faut donc pas que ,
pour la garde des grandes places , on affaiblisse d'un seul homme les
troupes de ligne.
Quant aux officiers et soldats réformés, on prendra pour les
places de la Moselle les mêmes mesures que pour les places du
Rhin. Vous donnerez ordre qu'on fasse atteler deux batteries de huit
pièces de garde nationale par des chevaux et des charretiers du pays;
ces batteries seront attachées , l'une à la division de Colmar et l'autre
à la division de réserve de la Moselle, qui se réunit à Nancy. Le
général Lecourbe doit réunir tout son corps d'armée au camp devant
Belfort, de manière à être protégé par la place, en occupant une
bonne position. C'est là que toutes les gardes nationales qui ne sont
pas destinées à la défense des places de la 6° division doivent se
réunir, même les divisions qui se réunissent à Besançon et Vesoul,
si la Suisse reste neutre. Le général Lecourbe doit faire faire quel-
ques redoutes pour protéger son camp, de manière à couvrir tout à
fait cette trouée. Sur sa gauche se trouvera la division de réserve qui
est à Nancy et qui doit garder les Vosges. Si, au contraire, la neu-
tralité de la Suisse était violée , ou si elle se déclarait contre nous , une
forte partie de ces gardes nationales devrait défendre le Jura.
Vous devez donner les mêmes ordres au général Vandamme, et
j'espère que, du 10 au 15, il n'aura plus un seul homme dans les
garnisons, qu'elles seront toutes abandonnées à la garde des gardes
nationales d'élite et des gardes nationales sédentaires. Le général
Vandamme doit réunir son corps, comme je l'ai déjà prescrit, du
côté de Rocroy et de Philippeville. Vous lui ferez connaître qu'il fait
partie de l'armée du Nord; qu'il doit pouvoir s'y réunir sur la Sam-
166 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
lire, où je me trouverai probablement moi-même, afin d'agir avec
(!e grandes masses. Il faut presser le départ des gardes nationales
dans les 1" et 15* divisions, afin d'occuper toutes les places du Nord,
et que, du 10 au 15, si cela est possible, nous n'ayons plus un seul
homme de troupes de ligne dans les places du Nord , hormis les dé-
pôts, qui recevront l'ordre de se rendre successivement sur la Somme.
11 faut que les généraux, le comte d'Erlon pour le Nord, le général
Vandamme, le général Gérard pour l'armée de la Moselle, le général
Rapp pour l'armée du Rhin , fassent faire des revues par leurs aides
de camp et pressent de tous leurs moyens l'arrivée des soldats ; que
ceux-ci rejoignent et augmentent les corps. Pourvu qu'ils aient un
fusil, une capote et une tournure militaire quelconque, cela est
suffisant. Le principal est d'accroître le nombre et la force de nos
bataillons.
Donnez la même instruction générale aux généraux commandant
le corps d'observation du Jura et l'armée des Alpes. "^
Je ne saurais trop vous recommander la mise en état de défense
de Lyon , de Grenoble et de tous les petits forts qui défendent les
débouchés de la Suisse. Le général Lecourbe et le commandant de
l'armée des Alpes doivent, chacun de son côté, envoyer des officiers
d'état-major pour presser la mise en état de leurs places.
Je vous recommande qu'il y ait un chef de bataillon de ligne pour
chaque bataillon de gardes nationales en activité, un major ou colo-
nel pour chaque régiment de gardes nationales de deux bataillons,
un maréchal de camp pour chaque brigade de deux régiments de
gardes nationales, et enfin un maréchal de camp pour commander
les gardes nationales sédentaires dans les villes des frontières qui ont
plus de 2,000 habitants organisés en garde nationale, et seulement
un colonel dans les places fortes dont la garde sédentaire serait au-
dessous de ce nombre.
Dans une autre dépêche, je vous ferai connaître ce que doivent
faire les généraux commandant les divisions militaires , ainsi que les
maréchaux de camp sous leurs ordres, pour ne pas être renfermés
dans les places.
Vérifiez si partout il y a des gouverneurs, des officiers d'artillerie,
des officiers du génie, et le nombre d'officiers de ligne nécessaire
pour les places.
Napoléon.
D'après l'original comni. par M"* la maréchale priuccsse d'Eckmùlil.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 167
21880. —AU MARÉCHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 9 mai 1815.
Mon Cousin, donnez ordre aux généraux qui commandent la divi-
sion de réserve de la Moselle, qui se réunit àMancy, et celle du Nord,
qui se réunit à Sainte-Menehould, de prendre tout de suite des
mesures pour fortifier les passages des Vosges et de l'Argonne.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiilil.
21881. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 9 mai 1815.
Mon Cousin, il y a dans la 16* division, le 20" de dragons qui
a 300 chevaux et pas d'hommes, d'aulres qui ont des hommes et pas
de chevaux, d'autres qui ont des selles et pas d'habits, d'autres enfin
qui ont des habits et pas de selles. Je désirerais qu'un officier général
de cavalerie qui se trouverait déjà sur les lieux reçût de vous la
mission spéciale de parcourir ces dépôts, avec pouvoir de disposer
des chevaux d'excédant en faveur des dépôts de même arme qui
auraient des hommes habillés non montés, de prendre des selles où
il y en aurait de trop pour en donner à ceux qui en manqueraient;
enfin de placer les habits oii sont les besoins : tout cela dans le but
de rendre un plus grand nombre d'hommes disponibles pour les
escadrons de guerre. On partira du principe que c'est aux régiments
qui ont des hommes qu'on devra remettre les chevaux et les selles
d'excédant, vu qu'il y aurait de l'inconvénient à changer les hommes
de corps.
Cette première opération faite, il serait utile de faire un dépôt
central de tous les dépôts de la 16' division, sans attendre les mou-
vements de l'ennemi. Ce dépôt central serait bien à Amiens. Le
même officier général qui se rendrait aux dépôts correspondrait avec
le général Bourcier pour activer le départ du plus grand nombre
d'hommes possible.
La même opération pourrait être faite par les soins du général
Rapp dans la 5* division, dont il ferait parcourir les dépôts par un
officier général. Elle pourrait se faire également dans les 3' et 4* divi-
sions. Enfin le général Bourcier pourrrait la faire dans la 1" division.
Le but serait toujours le même, avoir, en cinq ou six jours, un plus
grand nombre d'hommes disponibles, ce qui est la grande affaire.
168 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". _ 1815.
L'on pourrait peut-être aussi réunir sur Nancy tous les dépôts de
la 5* division, une fois que celte opération serait faite; ce qui déga-
gerait nos places d'Alsace; et, aux premières hostilités, ce dépôt de
Nancy s'approcherait de l'Aube.
Chargez les généraux qui commandent les régiments de cavalerie
de seconder ces mesures de tous leurs efforts , afin d'avoir le plus
tôt possible un plus grand nombre d'hommes prêts.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"'« la maréchale princesse d'Eckmûlil.
21882. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 9 mai 1815.
Mon Cousin, dans le moment actuel, je pense qu'il est convenable
de ne rien changer à l'organisation des armées. 11 est mieux de s'en
tenir à ce qui est fait que de détacher les Vosges de leur division mi-
litaire pour les mettre dans l'armée du Rhin; si cela est jugé néces-
saire, car il y a du pour et du contre, cela pourra se faire plus tard.
Il est des cas où les Vosges sont la retraite de l'armée du Rhin ; mais
il en est d'autres où les Vosges menacent les derrières de l'armée de,
la Moselle. J'attends donc que la nature de la guerre qu'on devra faire
soit mieux déterminée. La même chose devra se faire pour la forêt
de l'Argonne.
Mais il est important que , pour Tune et l'autre de ces deux posi-
tions, il y ait deux lieutenants généraux et quatre maréchaux de
camp qui commandent les divisions de réserve de gardes nationales,
et qu'il y ait avec eux des officiers du génie et de l'artillerie, et qu'ils
soient chargés de reconnaître et de fortifier tous les défilés. J'ai cru
que cela était fait depuis longtemps ; il n'y a donc pas un moment à
perdre.
Il faut également un général pour commander la division de
réserve de Colmar, et deux lieutenants généraux et le nombre de ma-
réchaux de camp nécessaire pour commander les réserves de Vesoul
et de Resançon , et enfin également les généraux nécessaires pour
commander celles de Lyon , de Valence el le fort Barraux.
Il est urgent que ces généraux se rendent à leurs postes , et que
îes généraux de la Moselle, du Rhin, du corps d'observation du Jura
et de l'armée des Alpes sachent ce dont ils sont chargés.
Je croyais avoir nomnié ces généraux; s'ils ne l'étaient pas, le gé-
néral Flahault m'apporterait les décrets à signer. Prenez des généraux
qui sont à Paris.
I
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON !«'. — 181 5. 169
Il est nécessaire que le général Gérard veille lui-même à la mise
en état des Vosges; le général Vaudamme, à la mise en état de l'Ar-
gonne; le général Rapp , aux redoutes et points fortifiés h établir le
long du Hhin; et le général Lecourbe, à Belfort et à tous les passages
du Jura, et surtout à la mise en élat, armement, approvisionnement
et commandement des places fortes de la 6^ division.
Enfin il faut également que le général des Alpes surveille la mise
en état des places fortes et toutes les positions à prendre pour couvrir
Lyon du côté de la Suisse , la mise en état de la ville importante de
Lyon et les fortifications de campagne à établir sur les cols des Alpes.
Je pense que le général des Alpes doit être aussi chargé de sur-
veiller la mise en état, l'armement, l'approvisionnement et le com-
mandement de la forteresse de Sisteron.
C'est donc une instruction particulière qu'on doit faire rédiger pour
chacun de ces généraux ; ils chargeront de l'exécution les généraux
commandant les réserves, chargés de la défense de ces différents
points, et les officiers du génie qui y sont attachés.
Le général Flahault s'assurera que les places fortes du Rhin, du
Nord et des 6* et 7* divisions ont leurs commandants.
D'après l'original non signé coram. par M™^ la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21883. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 9 mai 1815.
Mon Cousin , le G mai il n'y avait encore que quatre bouches à feu
à Château -Thierry. Faites-moi connaître quel est l'armement de
Château-Thierry, Soissons, Vitry, Laon , Langres, et de quel côté on
fait venir les pièces. Si l'on avait besoin de quelques secours, on
pourrait faire venir des pièces en fer de la marine.
Napoléon.
D'après l'original coram. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21884. —AL MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DK LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 9 mai 1815.
Mon Cousin, j'accorde une paire de souliers en gratification à
chacun des sous-officiers et soldats du 14* régiment de ligne.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M^e la maréchale princesse d'Eckmiihl.
170 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I«'. — 1815.
21885. —AU MARÉCHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 9 mai 1815.
Mon Cousin, il me vient des plaintes de tous côtés, soit de la
5* division, soit de la 19", enfin de partout, que les régiments n'ont
pas d'argent et que les nombreux détachements qui arrivent aux corps
ne peuvent pas être habillés. Prenez des mesures pour leur faire
passer vos ordonnances. Le trésor m'assure que toutes celles qui
seront dans la limite de la distribution de mai seront payées comptant.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""' la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21886. — AU COMTE MOLLIEN, ministre du trésor purlic, a paris.
Paris, 9 mai 1815.
Monsieur le Comte MoUien, il est du plus haut intérêt que tous
les fonds que vous devez donner aux corps pour Thabillement leur
soient soldés dans les huit jours. J'ai 100,000 hommes dont je ne
puis tirer aucun parti, faute de fonds pour les habiller et les équiper.
Les destins de la France sont là; occupez-vous-en jour et nuit, et
prenez des mesures pour que ces fonds soient assurés sur-le-champ.
Napoléon.
D'après l'original comra. par M"" la comtesse MoUien.
21887. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
ministre de LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 10 mai 1815.
Mon Cousin, j'ai 350 fusils à Montreuil, 1,100 à Dunkerque,
11,686 à Lille, 5,791 à Douai; la majeure partie est en réparation,
mais le travail languit, faute d'argent. Faites les fonds nécessaires
pour que la mise en état de ces armes n'éprouve aucun retard.
Il manque au 2" corps une batterie d'artillerie légère et une à la
réserve de cavalerie; le matériel est prêt, mais il manque des chevaux :
il faut y pourvoir, et, de plus, faire les fonds pour que les deux com-
pagnies destinées à servir ces batteries soient montées au complet,
elles n'ont que 30 chevaux en ce moment.
H manque des cordages pour les équipages de pont qui se préparent
à Douai.
L'officier du génie en chef à Abbeville n'a pas de capacité; en outre,
il se trouve dans sa ville natale, ce qui ne convient pas; faites-le
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON l«>-. — 1815. 171
remplacer. L'ofûcier d'artillerie est également d'Abbeville : changez-
le. Il n'y a que deux officiers du génie à Douai, ce qui n'est pas suf-
fisant ; envoyez-en un troisième.
, Montreuil exige des réparations ; donnez des ordres et faites des
fonds pour les travaux les plus urgents. Abbeville est dans le même
cas. La plupart des places du Nord manquent des bois nécessaires
pour les travaux de défense; il faut assurer cette partie du service et
subvenir du moins aux besoins les plus pressants.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™ la maréchale princesse d'Eckiniihl.
21888. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GLERRE , A PARIS.
Parig, 10 mai 1815.
Mon Cousin , indépendamment des trois cents bouches à feu des
équipages de campagne, je pense qu'il est nécessaire d'avoir à Paris
trois cents bouches à feu en fer. J'écris au ministre de la marine de
nous en envoyer du Havre cent de 24, cent de 12 et cent de G, avec
un approvisionnement de 300 coups par pièce, dont 50 coups de
mitraille, et tous les détails de l'armement nécessaires, tels que le-
viers , coins, etc. Je lui demande en outre 100 affûls marins. Il sera
formé, sur l'emplacement des Invalides, un parc oij toutes ces pièces
et approvisionnements seront déposés. Vous en donnerez la direction
au général Sugny. La marine continuera à en avoir la comptabilité.
Les transports, ainsi que les dépenses du magasin des Invalides,
seront à ses frais. Les trois cents bouches à feu en fer seront destinées
partie pour Paris et partie pour les autres places de l'intérieur, telles
que Soissons, Reims, Vitry, Laon, Château-Thierry, Langres, etc.
J'ordonne également au ministre de la marine de diriger sur Lyon
cent pièces en fer, dont trente pièces de 24, trente pièces de 12 et
quarante pièces de 6 , avec le même approvisionnement à 300 coups
par pièce, et des affûts marins. Ce parc viendra des côtes de la Mé-
diterranée et remontera le Rhône. Il sera pris des mesures pour que
ce soit le plus promptement possible,
La marine aura également la direction du parc de Lyon et sera
chargée de la comptabilité de ce matériel et des transports.
Ces bouches à feu serviront à la défense de Lyon. On pourra en
tirer des pièces de 6 pour la garde du pont de Saône. Il serait utile
alors d'avoir une vingtaine d'affûts bâtards, mais à grands rouages,
à peu près comme affûts de campagne, pour les pièces de 6.
172 CORRESPOMDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
Une Irentaine de pareils affûts seraient utiles pour l'équipage de
Paris.
On confierait ces pièces, de préférence, aux gardes nationales et
aux postes le long des rivières.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"'* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21889. —AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur , a paris.
Paris, 10 mai 1815.
Présentez-moi un décret qui nomme Charles Lameth' conseiller
d'état, Quinette préfet de la Somme, et André Dumont préfet du
Pas-de-Calais; qui appelle Delaîlre à d'autres fonctions, et nomme
Ramel à la préfecture de Seine-et-Oise. Roujoux ne connaît pas assez
le Nord, il sera destiné à une aiilre préfecture. Les départements de
la Somme et du Pas-de-Calais ont besoin d'hommes qui connaissent
parfaitement le Nord et qui ne puissent pas être trompés. Girardin
sera rappelé auprès du prince Joseph comme premier écuyer ; il faut
quelqu'un de très-fort pour le remplacer à Rouen. Faites connaître
au préfet du Calvados qu'on remarque qu'il ne marche pas , qu'il est
trop homme de société, qu'on ne voit pas paraître d'adresse à son dé-
partement , qu'il ne fait rien imprimer pour éclairer et remuer l'esprit
public, que ce n'est pas ainsi qu'on sert la patrie.
Ecrivez aux préfets du Nord pour leur faire sentir la nécessité
d'opposer des écrits aux écrits, et de faire bien connaître que la
cause dont il s'agit aujourd'hui est celle du peuple contre les nobles,
des paysans contre les seigneurs, et des Français contre l'étranger. Il
faut partout faire un appel à l'honneur et au patriotisme du peuple.
Le préfet de Chartres va mal , Roujoux serait beaucoup meilleur
pour cette préfecture ; appelez celui qui y est à d'autres fonctions.
Napoléon.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21890. — A. M. FOUCHÉ, DUC D'OTRANTE ,
MINISTRE DE LA POLICE GÉNÉRALE, A PARIS.
Paris, 11 mai 1815.
Puisque l'on a perdu Maubreuil, je désirerais avoir un rapport de
vous qui me fît connaître toute cette affaire, et que je ferais imprimer
1 Les différents textes de celte lettre portent tons : Charles Lameth;'\\ s'agit
ici du baron Alexandre de Lameth.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON l^'. — 1815. 173
dans le Moniteur avec toutes les pièces ' ; et il y en a beaucoup, tant
à la préfecture de police que chez le juge instructeur et chez le mi-
nistre de la guerre. Il faudrait y joindre le projet d'assassinat de ce
misérable commissaire en Corse*.
D'après l'original. Archives de l'Empire.
21891. — AU GENERAL CAFFARELLI,
AIDE DE CAMP DE l'eMPEREUR, A PARIS.
Paris. U mai I815.
Votre rapport ne répond pas du tout à la mission dont je vous ai
chargé ; vous me remettez bien un état d'ordonnance des 2 millions
envoyés dans les différentes divisions militaires , mais ces 2 millions
n'en font pas 15 ou 16 que j'ai accordés pour l'habillement. Il faut,
donc que vous retourniez dans les bureaux pour m'en rapporter l'état
de distribution des fonds de l'habillement pour 1815, indiquant tous
les crédits qui ont été accordés depuis janvier jusques et y compris
la distribution de mai. Vous me remettrez l'état des crédits tant par
corps que par division militaire, aGn que des mesures soient prises
au trésor pour les solder sans délai.
Vous me parlez de quelques plaintes qui auraient été reçues pour
des non-payements • il y a autant de plaintes que de corps.
Je ne suis pas plus satisfait du rapport que vous me faites de votre
visite aux ateliers. Ce rapport ne dit pas pourquoi on fait de si mau-
vaises vestes. Si on n'a pas de draps pour les habits - on en a pour
les vestes et pour les culottes.
EnGn celte mission si importante n'est pas remplie.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21892. — AU MARÉCHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris. 12 mai 1815.
Mon Cousin, je n'approuve pas le projet de faire des ouvrages pour
s'opposer au bombardement de Lyon. Le Rhône est une trop belle
défense pour qu'on cherche à pousser la défense plus loin. J'approuve
qu'on emploie 4,000 ouvriers aux fortifications de Lyon. U faut mettre
en état les remparts, comme seconde enceinte, entre la Saône et le
1 Cette impression n'a pas eu lieu. (Voir, sur l'affaire Maubreuil, le récit
publié dans les Mémoires du roi Jérôme, etc., i. VI, pages 391 et suivantes.)
•^ Le général Bruslart. (Voir pièce n» 21701.)
174 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". _ 1815.
Rhône; mais j'approuve qu'on pousse des redoutes en avant et qu'on
fasse des ouvrages sur le plateau de Montessuy. La ville de Lyon ne
peut pas fournir de fonds. Faites pousser ces travaux avec une grande
activité.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"» la maréchale princesse d'Eckmi'iliI.
21893.— AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINMSTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 12 mai 1815.
Mon Cousin , écrivez au gouverneur des Invalides pour lui témoi-
gner ma satisfaction sur la bonne tenue de cette maison. Donnez des
ordres pour que les Invalides jouissent de la gratification que je suis
dans l'usage de leur accorder toutes les fois que je les visite. Prenez
pour base ce qui a été fait la dernière fois. Mon intention est que
vous me fassiez un rapport pour me proposer d'annuler l'ordonnance
royale qui a changé la dotation et l'administration des Invalides , et
de rétablir les choses telles qu'elles étaient.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21894. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 1-2 mai 1815.
Mon Cousin , je vous prie de me faire un rapport pour me faire
connaître si vous avez la quantité d'officiers qu'exige la formation des
bataillons de gardes nationales. J'ai levé, je crois, quatre cents ba-
taillons; cela exige 200 majors, 400 chefs de bataillon et 400 capi-
taines-adjudants. Je viens de lever pour Paris vingl-quatre bataillons,
qui exigent 1 lieutenant général ( ce sera le général Darricau ) ,
(j maréchaux de camp (employez à cette destination les plus dévoués),
12 colonels, 24 chefs de bataillon et environ 500 capitaines, lieu-
tenants et sous-lieutenants. Ne mettez pas là de jeunes gens, mais
beaucoup de vieux officiers.
Je compte lever douze bataillons semblables à Lyon, destinés à la
défense de cette grande ville; ce qui emploiera encore un nombre
d'officiers égal à la moitié du nombre que je viens de calculer pour
Paris.
Combien vous restera-t-il encore d'officiers non employés, les
cadres des 4", 5" et 6" bataillons de la ligne étant formés? S'il
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". —1815. 175
reste des officiers, il sera bon d'en attacher à toutes les places fortes,
de manière que les commandants puissent en mettre dans les batail-
lons de gardes nationales pour remplacer les officiers qui seraient
mauvais, et donner un peu de mouvement et d'esprit à ces bataillons.
Napoléon.
D'après l'original camm. par M™* la maréchale princesse d'Eckniiiîil.
21895. _ AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 12 mai 1815.
Mon Cousin, il y a aujourd'hui, dans les divisions militaires des
frontières, des lieutenants généraux commandant les divisions terri-
toriales , des lieutenants généraux commandant les gardes nationales
mises en activité, et enfin des gouverneurs dans toutes les places. Les
gouverneurs de toutes les places, les lieutenants généraux comman-
dant les divisions, les lieutenants généraux commandant les gardes
nationales , doivent être sous les ordres du commandant en chef de
l'armée dans le' territoire de laquelle ils se trouvent, savoir : ceux de
la 5'' division, sous les ordres du commandant de l'armée du Rhin;
ceux de la 3^ et de la 4* division, sous les ordres du commandant de
l'armée de la Moselle; ceux de la 2^ et de la 16", y compris la Somme
et l'Aisne, sous les ordres du commandant de l'armée du Nord; la 6°
division, sous le commandant du corps d'observation du Jura; la 7^
et la 19', sous le commandant en chef de l'armée des Alpes ; la 8* ,
sous le commandant du corps d'observation du Var; la 11% la 9* et
la 10% sous le commandant du corps d'observation des Pyrénées.
Vous devez leur donner l'instruction suivante :
Les lieutenants généraux commandant les divisions militaires ne
s'enfermeront pas dans les places, qui doivent toutes avoir leur com-
mandant; mais ils sont destinés, avec les maréchaux de camp com-
mandant les départements, les officiers de gendarmerie, les officiers
forestiers, les administrations départementales, etc., à se tenir tou-
jours dans l'enceinte de la division militaire , en prenant une position
qui leur sera désignée par le général en chef, de manière à tenir le
plus longtemps possible le territoire et à rester à portée de donner
des ordres pour l'organisation des levées en masse , pour les évacua-
tions de dépôts, enfin de prendre toutes les mesures convenables
pour insurger la population et présenter le plus d'obstacles à l'ennemi.
Ainsi, par exemple, le général commandant la 5' division militaire
tiendra tant qu'il sera possible son quartier général dans la 5° divi-
176 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815.
sion, en conservant tout ce qui lui restera de moyens pour défendre
le pays et pour veiller à la défense de la seconde ligne. Il en sera de
même des généraux commandant la 16* division, la 2*, la 3' et la 4*.
Ces généraux doivent toujours sortir des places qui seraient bloquées
et se porter sur d'autres places ou d'autres points qui ne sont pas
menacés, pour y continuer de recevoir le rapport des autres places,
réunir autour d'eux les préfets, aviser aux moyens de défense, ffiire
enfin le plus de mal possible à l'ennemi. S'ils étaient forcés de quitter
le territoire de la division , ils devraient du moins se tenir dans des
positions à portée, pour être toujours en mesure d'y faire passer leurs
ordres.
Les lieutenants généraux chargés du commandement des bataillons
d'élite des gardes nationales ne doivent pas non plus se laisser ren-
fermer dans des places; mais ils doivent rester jusqu'au dernier mo-
ment, pour soigner l'armement et l'habillement des gardes nationales,
et, s'ils sont obligés de s'en aller , ils peuvent se porter aux divisions*
de réserve de gardes nationales, partager avec le commandant de la
division territoriale le commandement de la levée en masse, ou se
retirer auprès du général commandant en chef l'armée.
Les maréchaux de camp chargés du commandement des gardes
nationales dans les départements se trouveront les commandants
naturels des levées en masse. Les généraux commandant les gardes
nationales doivent, en outre, avoir des instructions spéciales du
commandant en chef de l'armée sur les points à retrancher, à mettre
en état de défense et à garder dans leur arrondissement.
Donnez cette première instruction ; faites-moi connaître les objec-
tions qu'on y fera et les questions auxquelles elle donnera lieu.
Ecrivez au général commandant la division de réserve de Colmar
de presser l'achèvement des ouvrages de campagne ordonnés le long
du Rhin ; au commandant de la division de Nancy de s'occuper des
retranchements à faire dans les passages des Vosges; au commandant
de la division de Sainte-Menehould de veiller sur les retranchements
à faire dans les défilés de l'.'lrgonne ; enfin aux commandants des di-
visions de Vesoul et de Besançon, qui sont sous les ordres du général
commandant le corps d'observation du Jura, pour les ouvrages à
faire de leur côté et pour la formation du camp de Belfort.
Il est nécessaire que les généraux commandant les armées tiennent
des conseils avec les généraux commandant les divisions territoriales,
avec les généraux commandant les divisions de réserve des gardes na-
tionales, enfin avec les généraux chargés de l'organisation des gardes
nationales, pour que chacun sache bien ce qu'il doit faire en cas
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815. 177
d'invasion. Les officiers du génie et de Tartillerie devront assister a
ces conseils pour assurer le concours de leur arme dans rexécution
des mesures de défense qui seront arrêtées. Les préfets seront égale-
ment appelés dans ces conseils.
On ordonnera aux villes qui ont une enceinte de faire des retran-
chements et de se mettre en mesure de ne pas recevoir la loi des
troupes légères.
Excitez le zèle des généraux; qu'ils prévoient tous les cas, et que
d'avance chacun sache ce qu'il peut faire pour arrêter l'ennemi.
Napoléon.
D'après l'orifjinal coram. par M"'« la marécliale princesse (l'Ktkmùlil.
21896. — AL MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 12 mai 1815.
Mon Cousin, écrivez au maréchal Brune et au général Delahordc
de laisser filer les troupes pour leur destination. Faites connaître au
général Delaborde qu'il doit avoir reçu 300 hommes des canonniers
de marine de Rochefoit; qu'il doit recevoir un des sept régiments
destinés à la frontière des Pyrénées; qu'il doit recevoir 500 gen-
darmes, dont la moitié est partie et l'autre moitié partira demain en
poste; qu'avec cela il doit former des colonnes mobiles et dissiper les
bandes; qu'enfin il faut faire un appel, s'il est nécessaire, aux con-
fédérés de Nantes, mais qu'il est indispensable de laisser filer les ré-
giments pour l'armée.
Donnez ordre au duc de Padoue, en Corse, de faire partir sur-le-
champ et sans aucun retard, sous quelque prétexte que ce soit, les
régiments qui sont dans cette île. Donnez ordre au maréchal Brune
d'expédier un aviso pour porter votre lettre et d'en charger un officier
qui restera dans l'île jusqu'à ce que les régiments partent. Envoyez
des explications au duc de Padoue : que, sous aucun prétexte, il ne
retienne rien , hormis la compagnie d'artillerie qui a été désignée ;
que, si même on peut former en Corse deux bataillons de volontaires
de 5 à 600 hommes, ayant des officiers qui aient déjà servi en France,
il les expédie sur Toulon; mais que les régiments français doivent
déjà être en Provence, et que le moindre retard dans l'exécution de
vos ordres aurait des conséquences funestes.
Le maréchal Brune doit déjà avoir trois régiments de cavalerie et
trois régiments d'infanterie. Il est bien important que tous les régi-
ments qui doivent arriver de Bretagne et de l'Ouest arrivent promp-
tement.
xxviu. 12
178 CORRESPOIVDANCE DE NAPOLÉON I". _ 1815.
Le plus grand malheur que nous ayons à craindre, c'est d'être
trop faibles du côté du Nord et d'éprouver d'abord un échec.
J'attends l'état que je vous ai demandé pour faire le travail de l'ar-
mée du Nord. Il paraît que les seize régiments qui la composent sont
bien faibles et ont bien peu de moyens de s'augmenter. C'est ce qui
me porterait à réunir les seize dépôts sur la Somme et à faire, dans
les meilleurs départements, un appel de 24 à 30,000 hommes de la
conscription de 1815, pour renforcer ces régiments. Il faudrait écrire
à Lemarois, à Vedel et au préfet Girardin, de former des colonnes
mobiles de 25 gendarmes et de 100 hommes d'infanterie pour faire
rejoindre les anciens militaires. Le général Vedel peut prendre cette
infanterie à Cherbourg ; peut-être que ces militaires partiraient plus
facilement, si on les destinait pour la jeune Garde. Ecrivez au préfet
et au commandant du département de la Somme pour qu'on fasse
également des colonnes mobiles pour faire rejoindre les militaires.
Peut-être faudrait-il changer la direction de ceux du Mord, du Pas-
de-Calais et les envoyer sur Paris, pour la jeune Garde; mais cela
augmenterait le déficit des seize régiments du l*"" corps, qui doivent
se recruter dans ces départements.
Il faudrait donner ordre aussi au général commandant la 1" divi-
sion de faire faire des colonnes mobiles et même d'employer la voie
des garnisaires pour faire rejoindre. Il faudrait nommer un officier
général qui fût à la tête du recrutement et eût la correspondance,
comme l'avait jadis le général d'Hastrel.
J'ai augmenté la jeune Garde de quatre autres régiments, ce qui la
portera à seize régiments, devant former à peu près 20,000 hommes.
Faites aussi connaître si, par le rappel des anciens militaires, vous
espérez qu'on puisse obtenir ce nombre d'hommes.
Écrivez au général commandant la 13* division militaire que j'ai
mis tous les militaires de la Bretagne dans les régiments qui ont leurs
dépôts dans cette province; qu'ainsi il doit y avoir moins de difficultés
pour les faire rejoindre.
Le 7° de ligne, qui est à Grenoble, a déjà 1,000 hommes à son
dépôt; ainsi ce régiment devrait être très-beau. Un appel de la con-
scription de 1815, dans le Dauphiné, auprès des régiments qui sont
à l'armée des Alpes, pourrait compléter promptement ces huit régi-
ments et les porter chacun à 3,000 hommes. Il me semble que l'appel
de la conscription de 1815 pourrait se faire de la même manière
qu'on a rappelé les anciens militaires. Je vous ai déjà écrit sur cet
objet.
Moyennant les fonds que j'ai accordés pour l'habillement par la dis-
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I*". — 1845. 179
tribution de mai , les corps doivent avoir tout l'argent dont ils ont
besoin. J'ai déjà demandé la note des ordonnances distribuées pour
assurer leur payement.
Donnez ordre que le dépôt du 10*, qui est à Perpignan, se mette
en marche pour se rapprocher de Paris.
Le général Fririon est , je crois , chargé de tous les dépôts de la
1" division; écrivez-lui de les parcourir, afin d'activer l'organisation
des 3", 4" et 5" bataillons , ainsi que l'équipement des hommes.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Ëckmûhi.
21897. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 12 mai 1815.
Mon Cousin, je vous prie de m'envoyer la situation des corps d'ar-
mée, en donnant aux régiments les numéros qu'ils avaient en 1813
et qui viennent de leur être rendus. Cet état présentera les corps par
armée, par corps d'armée et par division. Une colonne indiquera,
pour chaque régiment , le lieu où est le dépôt et les départements
qui doivent fournir de vieux soldats à ce dépôt. Je désire avoir cet
état demain.
Je désire avoir après-demain les mêmes situations , par division
militaire et par ordre numérique , où tous les corps soient inscrits
sous leur numéro impérial. Dans les états que j'ai actuellement sous
les yeux, les corps sont mentionnés , ici sous leur numéro royal, là
sous leur numéro impérial, et il en résulte une confusion qui ne me
permet de faire aucun travail. Je suis donc très-pressé d'avoir les
états que je vous demande.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21898. — AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris, 12 mai 1815.
Monsieur le Comte Carnot, le commissaire extraordinaire Bedoch
me fait de justes observations sur le département de la Marne, qui a
ordre de lever quatorze bataillons de gardes nationales et qui déjà en
a fourni dix. Le département de la Marne est porté , au tableau que
le Conseil d'Etat a placé à la suite du décret du 10 avril, pour qua-
rante-deux bataillons , ce qui fait quatre-vingt-quatre compagnies de
grenadiers et de chasseurs, ou quatorze bataillons d'élite. Mais le
12.
180 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
département de la Meuse n'est porté que pour vingt et un bataillons,
ce qui fait quarante-deux compagnies de grenadiers et chasseurs , ou
sept bataillons. Or on ne conçoit pas comment la Meuse, qui a une
population de 284,000 individus , n'est portée que pour vingt et un
bataillons, quand la Marne, qui a 311,000 individus, c'est-à-dire
27,000 seulement de plus, est portée pour quarante-deux bataillons.
Il est indispensable que vous donniez sur-le-champ ordre au préfet
de la Marne de ne pas aller au delà du nombre de dix bataillons d'élite
qu'il a fournis, et que vous me proposiez de faire sur la Meuse et
les Ardennes une augmentation équivalente à cette réduclion.
En général, il faudrait refaire la colonne du nombre de bataillons
que doivent avoir les départements. J'ai levé en France trois mille
bataillons de gardes nationales, ce qui, sur 26 millions d'habitants,
fait trois bataillons pour 26,000 habitants. Dans cette proportion,
le département de la Marne, ayant 300,000 habitants, n'aurait dû
avoir que trente-six bataillons au lieu de quarante-deux. Ces trenle-
six bataillons n'auraient fait que soixante et douze compagnies de
chasseurs et de grenadiers, c'est-à-dire douze bataillons d'élite au lieu
de quatorze.
Le département des Ardennes, qui a une population de 275,000 in-
dividus, aurait dû avoir trente bataillons au lieu de vingt et un, et
dès lors dix bataillons de grenadiers et chasseurs; on ne lui en a
demandé que sept; il peut donc en fournir encore deux.
Le département de la Meuse, ayant 284,000 habitants, aurait dû
avoir trente et un bataillons, ce qui fait soixante-deux compagnies
d'élite ou dix bataillons à marcher; on ne lui en a demandé que sept :
on peut donc encore lui en demander au moins deux. Ainsi la Meuse
et les Ardennes peuvent fournir, chaque département, deux batail-
lons de plus, en compensation de ce qui serait diminué sur le con-
tingent de la Marne.
Je vous prie donc de faire rectiûer la colonne de ce tableau im-
primé indiquant le nombre des bataillons de gardes nationales que
chaque département doit avoir, et de rectifier ensuite le nombre de
bataillons d'élite à organiser, ce nombre ayant été réglé dans le pre-
mier état qui sert de base.
Le département de l'Aisne est également susceptible d'une rectifica-
tion. Ce département, qui a 432,000 habitants, n'est porté que pour
quarante-deux bataillons comme la Meuse, qui n'a que 311,000 ha-
bitants; il est évident que l'Aisne devrait avoir cinquante et un ba-
taillons au lieu de quarante-deux; et, comme dans ce département
je n'ai pris que les compagnies de grenadiers, cela devrait faire cin-
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉO.V I". — 1815. 181
qiiante et une compagnies, ou huit bataillons au lieu de sept. Si
j'avais demandé, dans ce département, les compagnies de chasseurs,
cela aurait fait seize bataillons d'élite.
Je vous prie de faire suivre cet examen sur tous les autres dépar-
tements; et, pour tous ceux que cette rectification fera reconnaître en
état de fournir un bataillon d'élite de plus, mon intention est de le
demander.
Vous remarquerez, dans l'état imprimé, qu'on a oublié le dépar-
tement des Pyrénées-Orientales.
Napoléon.
D'après l'original comni. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
2J899. — AU GÉNÉRAL SAVARY, DUC DK ROVIGO,
PBKMIER IXSPKCTEIJR GÉNÉRAL DE LA GENDAIUIERIK , A PARIS.
Paris. 12 ma! 1815.
Monsieur le Duc de Rovigo, je désirerais que, dans ce moment-ci,
il parût un petit récit de ce qui s'est passé à Austerlilz avec l'empereur
Alexandre, lorsqu'il fut coupé par Davout; on y joindrait la copie
signée du petit billet qu'il écrivit au crayon et qui doit être aux ar-
chives de la Secrétairerie d'État'. Comme personne n'est plus à
' RAPPORT DU MARÉCHAL DAVOUT AU MINISTRE DE LA GUERRE.
a Monsieur le Maréchal, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence
que , rendu aujourd'hui en avant de Josephsdorf , avec les divisions Priant et
Gndin et la cavalerie des généraux Klein et Bourcier, je me dirigeais sur Gœ-
ding , lorsque le colonel comte de Walmoden est venu m'apporter un billet du
général Mcrveldt qui annonçait un armistice de vingt-quatre heures et une en-
trevue de S. AI. l'empereur d'Allemagne avec notre auguste souverain. Le gé-
néral Merveldt désirant en conférer avec moi, j'ai été le voir. Je lui ai observé
que son billet ne m'était pas suffisant, devant être naturellement en garde contre
ces petites ruses de guerre; je lui ai cité Steyer, et je lui ai dérlaré vouloir cette
assurance, par écrit, de l'empereur Alexandre. M. de Merveldt s'est retiré en
m'assurant que sous peu je serais satisfait à cet égard et que tous mes doutes
seraient levés.
» A peine rendu ù mon quartier général, le premier aide de camp de S. M.
l'empereur de Russie, accompagné du comte de Walmoden, m'a apporté la
lettre dont j'adresse copie à Votre Excellence, ainsi que du billet de S. M. l'em-
pereur de Russie, écrit au crayon. Devant croire alors à la conférence et à la
suspension d'armes, je me suis arrêté et ai pris position à Josephsdorf.
i> J'ai répondu an général Koutousof que je ferais suspendre les hostilités
jusqu'à six heures du matin, et que, pour éviter même toute erreur ou surprise,
on se préviendait une heure d'avance de la reprise des hostilités.
» J'ai la certitude que l'empereur Alexandre est établi à Holitsch, sur la rive
gauche de la March. Un régiment que j'avais détaché sur Mikultschitz y a fait
182 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
même que vous de faire ce récit, faites-le avec le plus de détails
possible. Ce sera un bon article non signé pour le Journal âe
l'Empire.
Napoléon.
D'après la copie. Dëpât de la gaerre.
21900. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 13 mai 1815.
Mon Cousin , il paraît que nous avons huit compagnies de pon-
tonniers : laissez-en une à Strasbourg pour l'armée du Rhin, une à
Metz à la disposition du général commandant l'armée de la Moselle,
et ordonnez aux six autres de se rendre à Douai, à Paris et à Laon.
Ces six compagnies, commandées par le meilleur ofCcier de pon-
ime vingtaine de prisonniers; mais comme il y existait un camp russe de 20 à
26,000 hommes, le général Gautier, commandant ce détachement, a cru pru-
dent de se retirer à une demi-lieue.
s La division Priant occupe Josephsdorf et Pruschaneck; la division Gudin
est placée dans les bois situés sur la rive gauche du ruisseau qui passe près de
Josephsdorf. La division Klein est à Neudorf, et celle du général Bourcier-à
Josephsdorf; la cavalerie légère du 3« corps d'armée sur tout le front de la ligne.
» Salut et respect.
1) Le maréchal Davout.
» Quartier général de Josephsdorf, 13 frimaire an XIV (4 décembre 1805). »
PIÈCES JOINTES AU RAPPORT DU MARÉCHAL DAVOUT.
I.
Il M. le colonel comte de Walmoden ira avec un trompette vers le général
français commandant la 3® division du corps d'armée, et lui dira qu'il existe un
armistice de paix aujourd'hui six heures du matin, jusqu'à demain six heures
du matin, S. M. l'Empereur d'Allemagne étant en conférence avec S. M. l'Em-
pereur des Français pour la paix à Urschitz.
« Par ordre de S. M. l'Empereur de Russie,
I Merveldt, lieutenant général,
ï 4 décembre 1806. »
II.
AU MARÉCHAL DAVOUT.
ï Monsieur le Maréchal, S. M. l'Empereur, mon auguste maître, n'étant pas
ici, je viens de lui expédier un exprès pour lui demander l'assurance, par écrrt,
qu'une trêve vient d'être arrêtée entre l'armée française et celle que je com-
mande. En attendant, je vous engage ici ma parole d'honneur que l'armistice
conclu pour vingt-quatre heures commence dès six heures du mafin , et que
l'Empereur l'Allemagne , après en être convenu avec mon auguste maître , est
allé sur le chemin d'ici àAusterlitz s'aboucher avec le vôtre. Je m'empresse donc
d'en prévenir Votre Excellence, en la priant de vouloir bien suspendre les hos-
CORRESPONDANCE DE MAPOLEON I«^ — 1815. im
lonniers que vous ayez, seront attachées à l'équipage de ponts de
rarmée du Nord.
Votre rapport du 12 mai, sur les équipages de pontons, me parait
un peu vague ; vous ne faites pas connaître le nombre de chevaux
d'artillerie qu'il faut pour atteler ces pontons ni quand ils seront
attelés ; vous me dites que les haquets et les pontons sont réunis à
Lille, la Fère et Saint-Omer; que vous faites organiser à Paris un
équipage de même force que celui de Douai; répondez plus catégo-
riquement : quelle est la largeur des canaux de Condé, de l'Escaut
du côté de Mons, de la Sambre du côté de Charleroi, du canal de
Bruges, de celui de Bruxelles, et enfin de la Meuse du côté de Maes-
tricht? combien nous faut-il de pontons pour faire un pont sur cha-
cune de ces rivières? combien ai-je de pontons sur baquets, prêts à
partir à Paris? combien en ai-je à Douai, à Saint-Omer, à Lille?
tilités jusc|ii'à l'échéance du terme fixé, et je lui offre en même temps l'assu-
rance de ma haute considéralion.
n Le commandant en chef des armées combinées de LL. MM, IL de Russie
et d'Allemagne ,
» KOUTOUSOF.
» Gœting, ce 22 novembre (4 décembre 1805). »
a- P. S. Je prends sur moi de transmettre à Votre Excellence, dans deux
heures et demie, tout au plus tard, l'assurance susmentionnée de mon auguste
maître.
ï KoUTOUSOF. D
III.
BILLET DE L'EMPEREUR ALEXANDRE.
» Le général Merveldt est autorisé à dire au maréchal Davout, de ma part,
(jue l'armistice de vingt-quatre heures a été conclu pour l'entrevue que les
deux chefs suprêmes de leurs nations ont aujourd'hui ensemble à Urschitz.
■n AlKXANDRE. ■>
D'après la copie. Dépôt de la guerre.
Comme on vient de le voir par les pièces qui précèdent, les généraux russes,
pour arrêter la poursuite du maréchal Davout, affirmaient qu'il y avait un ar-
mistice de vingt-quatre heures entre les armées de France et de Russie, et, à
l'appui de leur affirmation, ils apportaient le billet de l'empereur Alexandre.
Or, au 4 décembre, l'armistice invoqué n'existait pas avec l'armée russe, mais
avec l'armée autrichienne seulement; l'empereur de Russie ne pouvait pas avoir
adhéré à l'armistice définitif qui se négociait au moment même , et dont il igno-
rait encore les conditions; cette adhésion ne fut donnée au général Savary que
dans la nuit du 4 au 5 décembre.
Le billet au crayon de l'empereur Alexandre était gardé à la Secrétairerie
d'Elat; il disparut en 1814.
Le Journal de l'Empire ne contient pas le récit demandé par X'apoléon, mais
oîi peut lire ce que Bignon dit de cet épisode dans son H/s(oire de France, etc.,
tome IV, pages 458 et suiiautcs.
184 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
quand pourront-ils être réunis daus une position entre Avesnes et
Laon? combien faudra-t-il de compagnies pour le service de ces
pontons?
Napoléon.
D'après l'original comin. par M""» la maréchale princesse d'Eckiiiiihl.
21901. — AU COMTE MOLLIEN, ministre du trésor public, a paris.
Paris, 13 mai 1815.
Monsieur le Comte Mollien, nous sommes au 13 mai ; il est indis-
pensable que, mercredi 17, vous m'apportiez la distribution de juin,
qui doit toujours être faite dix jours avant la un du mois, sans quoi
tous les services souffrent. Demandez donc aux ministres les élé-
ments de la distribution de juin, afin que vous puissiez me la remettre
le 17 au soir, et qu'expédiée avant le 20 elle soit connue dix jours
à l'avance.
J'ai autorisé le ministre de la guerre à ordonnancer pour les tra-
vaux de l'artillerie, et par avance sur la distribution de juin, jusqu'à
concurrence de deux millions, que vous payerez d'urgence et que
vous comprendrez dans la distribution que je vous demande.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"* la comtesse Mollien.
21902. — A. M. TOUCHE, DUC D'OTRANTE,
MINISTRE DE LA POLICE GÉ\KRALE, A PARIS.
Pari», 13 mai 1815.
Il paraît qu'à Dijon les nobles ont refusé de répondre à l'appel
pour la formation de la garde nationale. Faites-moi un rapport pour
savoir comment on doit agir contre eux.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21903. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 14 mai 1815.
Mon Cousin, donnez ordre que la 1" division de la jeune Garde,
composée du 1" de voltigeurs et du l"de tirailleurs, commandée par
le lieutenant général Barrois et par le général de brigade Chartrand,
parte après-demain mardi pour se rendre à Compiègne. Prenez des
mesures pour que les 2" régiments de tirailleurs et de voltigeurs
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I<". — 1815. 185
puissent partir jeudi 18, sous les ordres d'un aulre général de bri-
gade. Les trois batteries d'artillerie que j'ai vues aujourd'hui à la
revue partiront également mardi. Faites partir aussi, avec la division
Barrois , qualre ambulances de la Garde, avec leur personnel en
administration et chirurgiens. Ces troupes seront cantonnées de
manière à pouvoir facilement se réunir par bataillon , par régiment ,
et travailler à leur instruction.
Donnez des ordres pour que l'artillerie soit repeinte et complétée
en pièces de rechange, conformément à l'ordonnance, et que les
quatre ambulances se composent de dix caissons garnis de tout ce
qui est nécessaire.
Donnez des ordres pour que tous les régiments de vieille et jeune
Garde qui seront formés aient leur ambulance de peloton. Il est
nécessaire que chaque homme , en partant d'ici , ait ses 40 car-
touches.
Donnez ordre au 10* régiment de partir mardi pour rejoindre sa
division du côté de Laon. Autorisez le comte de Lobau h porter une
de ses divisions d'infanterie du côté de Guise, pour ménager Laon.
Donnez ordre que (rois autres batteries, une à cheval et deux à
pied, soient prêles à partir avec les régiments qui partiront jeudi.
Faites-moi connaître quand le 4' régiment de la division du corps
de réserve sera arrivé à Paris , et quand je puis compter qu'arrivera
la S*" division. Écrivez aux généraux pour qu'on ne retienne pas ces
corps en roule.
Napoléon'.
D'après l'original comm. par M'"' la maréchale princesse d'Eckmiilil.
21904. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 14 mai 1815.
Mon Cousin , les batteries de réserve sont actuellement de quatre
pièces de 12 et de deux obusiers. Il faudrait les porter à six pièces
de 12 et deux obusiers, ainsi que les batteries à pied. Toutes les
batteries , tant à pied qu'à cheval , seraient alors composées de
même.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'EckmiJhl.
186 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
21905. — RÉPONSE
A L'ADRESSE DU COLLEGE ÉLECTORAL DE SEINE-ET-OISE'.
Palais des Tuileries, 14 mai 1815.
Monsieur le Président et Messieurs les Députés du Collège élec-
toral de Seine-et-Oise, je vous remercie des sentiments que vous
> ADRESSE PRÉSENTÉE PAR LE PRI\CE LEBUUKf.
PRÉSIDENT DE Lft rÉPL'TATIO».
» Sire, le Collège électoral de Seine-et-Oise vient exprimer à Votre Majesté
ce qu'il a senti dans les jours de douleur, ce qu'il sent dans les jours d'espé-
rance.
i De grands malheurs nous ont accablés; le plus grand sans doute fut cet
exil volontaire que vous crûtes devoir au salut de la patrie.
i Des armées étrangères au mdieu de nous, des puissances étrangères nous
commandant la paix dans Paris! Nous ne sentions point nos pertes, nous ne re-
grettions point les conquêtes de la République ni les vôtres, mais la gloire!
Sans gloire est-il d'existence pour des Français? Sans elle, la paix même, toute
désirée qu'elle était, fut amère pour nous. Elle ne nous donnait ni sécurité dans
le présent ni garantie pour l'avenir.
» Bientôt un gouvernement qui aurait voulu recréer le passé , que tourmen-
taient les inquiétudes et qu'agitaient les passions de ceux qui l'obsédaient, ne
nous apporta que des craintes sans espoir. Un voile affreux s'étendit sur la
France. La guerre civile fut appelée par ceux mêmes qui devaient en être les
victimes. Tout périssait quand vous reparûtes.
i> Vous reparûtes affranchi, par l'inexécution des traités, des liens que vous
vous étiez imposés. Au bruit de votre retour, et surtout à lu connaissance de
vos sentiments et de vos pensées, l'espérance rentra dans nos cœurs. Vos larmes
coulèrent sur cette France humiliée, abattue. Vous pleurâtes au souvenir des
affections privées que vous aviez cachées sous le voile de la puissance, que les
malheurs des temps avaient froissées , et que votre bonté se hâta de rassurer.
•n Vous avez eu le courage de regretter des exploits qui avaient inquiété la
France el trop alarmé les étrangers. Vous avez senti que les nations n'étaient
grandes, n'étaient puissantes que quand elles étaient libres, et vous appelez
cette liberté pure qui fut la trop courte idole de notre révolution, et cette éga-
lité des droits, tant calomniée, qui sera toujours la mère des vertus publi({ues
et de la prospérité. Vous avez ôté les chiiînes à la pensée; vous n'avez redouté
ni les discussions des Représentants du peuple ni la publicité des délibérations
d'une chambre des Pairs; vous nous avez rendu nos élections dans toute leur
latitude. Aussi la France s'est ranimée à votre voix; tout a repris une nouvelle
vie, une nouvelle vigueur; tout s'arme pour défendre la patrie, si elle est atta-
quée. Mais vous avez aussi proclamé l'inviolabilité des traités, et la justice,
comme la force, veille à la garde de nos frontières.
■n Sans doute les puissances étrangères mesurent en ce moment leur situation
et la nôtre; sans doute notre retour au principe d'une liberté pure et d'une sage
politique reformera ces liens fraternels qui unirent les autres peuples aux intérêts
de notre révolution nais.sante; nous osons donc encore espérer la paix, et nous
ne craignons pas la guerre.
j Jouissez, Sire, d'nne situation qui est votre ouvrage. Après avoir été le
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815. 187
m'exprimez au nom de votre Collège. Nous voulons tous la paix, et
nous sommes tous prêts à la guerre. La nation, à aucune époque de
son histoire, n'a montré plus d'unanimité et plus d'énergie. En cas de
guerre, tout nous présage d'heureux succès. Cependant les circon-
stances sont graves. J'attends beaucoup du patriotisme et des lumières
des Chambres. J'ai appris avec plaisir les sentiments qui ont animé
votre assemblée et les choix qu'elle a faits.
Extrait du Moniteur du 15 mai 1815.
âliWG. — REPONSE
A LADRESSE DES FÉDÉRÉS DES FAUBOURGS SAINT- ANTOINE
ET SAINT-MARCEAU '.
Paris, H mai ]$.15.
Soldats fédérés des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau, je
suis revenu seul parce que je comptais sur le peuple des TÎlles, les
plus grand des conquérants, soyez le plus paxù&que des souverains; votre gloire
l'exige et notre bonheur vous le demande. »
Extrait du Moniteur du 15 mai 1815.
I Sur la demande des Fédérés des faubonrgs Saint-Antoine et Saint-Marceau,
l'Empereur les reçut, le 14 mai, dans la cour des Tuileries, au nombre de 12
à 15,000. Une députation de ces fédérés lut h l'Empereur l'adresse suivante :
II Sire, nous avons reçu les Bourbons avec indifléreace et froideur, parce
qu'ils étaient devenus étrangers à la France, et que nous u'aimons pas les rois
imposés par l'ennemi.
ï Nous vous avons accueilli avec enthousiasme, parce que vous êtes l'homme
de la nation, le défenseur de la patrie, et que nous attendons de vous une glo-
rieuse indépendance et une sage liberté. Vous nous assurez ces deux biens; pré-
cieux; vous consacrerez à jamais les droits du peuple; vous régnerez par la
constitution et les lois. Nous venons vous offrir nos bras, notre courage et notre
sang pour le salut de la capitale.
ï Ah ! Sire , que n' avions-nous des armes au moment où les rois étrangers ,
enhardis par la trahison , s'avancèrent jusque sous les murs de Paris ! Avec
quelle ardeur nous aurions imité le dévouement de cette brave garde nationale,
réduite à prendre conseil d'elle-même, et à courir, sans direction, au-devant
du péril! Notre commune résistance vous aurait donné le temps d'arriver pour
délivrer la capitale et détruire l'ennemi. Nous sentions ceUe vérité; nous vous
appelions de tous nos vœux, et nous versions des larmes de rage en voyant nos
bras inutiles à la cause commune. Sire, des esclaves auraient béni l'occasion
d'échapper au devoir et au danger de servir leur pays, des hommes libres re-
garderaient comme le dernier des outrages de n'être pas appelés à J'honneur de
défendre leur patrie et leur prince.
D La plupart d'entre nous ont fait sous vos ordres la guerre de la liberté et
celle de la gloire ; nous sommes presque tous d'anciens défenseurs de la patrie ;
188 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«r. _ 1815.
habitants des campagnes et les soldats de l'armée, dont je connais-
sais l'attachement à l'honneur national. Vous avez justifié ma con-
flance. J'accepte votre offre. Je vous donnerai des armes. Je vous
donnerai pour vous guider des officiers couverts d'honorables bles-
sures, et accoutumés à voir fuir l'ennemi devant eux. Vos bras ro-
bustes et faits aux plus pénibles travaux sont plus propres que tous
autres au maniement des armes. Quant au courage, vous êtes
Français. Vous serez les éclaireurs de la garde nationale. Je serai
sans inquiétude pour la capitale, lorsque, la garde nationale et vous,
vous serez chargés de sa défense; et s'il est vrai que les étrangers
persistent dans le projet impie d'attenter <à notre indépendance et à
notre honneur, je pourrai profiter de la victoire sans être arrêté par
aucune sollicitude. Soldats fédérés, s'il est des hommes nés dans les
hautes classes de la société qui aient déshonoré le nom français,
la patrie doit remettre avec confiance des armes à ceux qui ont versé leur sang,
pour elle. Donnez-nous, Sire, des armes en son nom; nous jurons entre vos
mains de ne combattre que pour sa cause et la vôtre. Nous ne sommes les instru-
ments d'aucun parti , les agents d'aucune faction. Nous avons entendu l'appel de
la patrie, nous accourons à la voix de notre souverain; c'est dire assez ce que
la nation doit attendre de nous. Citoyens, nous obéissons à nos magistrats et aux
lois; soldats, nous obéirons à nos chefs. Nous ne voulons que conserver l'hon-
neur national et rendre impossible l'entrée de l'ennemi dans cette capitale, si
elle pouvait être menacée d'un nouvel affront. Vainqueurs par notre courage et
votre génie , nous reprendrons avec joie nos travaux , et nous serons d'autant
plus paisibles, que nous aurons obtenu, pour prix de vingt-cinq ans de sacri-
fices, une constitution, la liberté et un monarque de notre choix.
« Sire , vous triompherez ; vous dissiperez encore une fois la ligue de nos en-
nemis; nous en avons pour garants la justice de notre cause, le courage des
Français, et les vœux même des nations de l'Europe. Sans doute, elles ne vou-
dront pas prêter un imprudent appui à des rois conjurés contre l'indépendance
et les droits les plus sacrés d'un peuple généreux; ces nations veulent comme
nous la liberté qu'on leur a promise. Autrefois jalouses ou même irritées de
l'éclat de notre gloire , le nouveau traité d'alliance fait au nom de la liberté
entre vous et les Français nous a déjà réconciliés avec elles. Notre cause devient
la leur, notre exemple devient pour elles un grand sujet d'espérance;. Ainsi , au
lieu de nous combattre avec acharnement, elles joindront leurs vœux aux vœux
de la France, elles s'intéresseront à nos succès; et, dans la balance des desti-
nées , les nations pèsent plus que les rois.
ï Sire, vous triompherez; nous jouissons d'avance d'une victoire si légitime
et du repos glorieux et durable qui en sera le fruit. Oui, Sire, nous en avons
l'assurance , quand nos ennemis vaincus auront renoncé au chimérique espoir
de nous dicter la loi, vous aimerez la paix comme vous aimez la gloire. Nous
vous devrons la liberté avec le bonheur; et la France, prêle à combattre au-
jourd'hui tout entière, s'il le faut, vous chérira comme un bon roi, après vous
avoir admiré comme le plus grand des guerriers.
* Vive la nation! Vive la liberté ! Vive l'Empereur! >
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815. 189
l'amour de la pairie et le sentiment de l'honneur national se sont
conservés tout entiers dans le peuple des villes, les habitants des
campagnes et les soldats de l'armée. Je suis bien aise de vous voir.
J'ai confiance en vous. Vive la nation !
Extrait du Monileur du 16 mai 1815.
21907. — DECRET.
Paris, 15 mai 1815.
Articlr PREMIER. Il Sera formé vingt-quatre bataillons de liiailleurs
de fédérés de notre bonne ville de Paris.
Art. 2. Ces bataillons seront composés des habitants et ouvriers
de Paris et de la banlieue qui ne font pas partie de la garde natio-
nale de Paris et voudront se faire inscrire pour la défense de la
capitale et pour le service des ouvrages sur les hauteurs au moment
où le besoin le requerrait.
Art. 3. Ces vingt-quatre bataillons formeront six brigades; deux
bataillons formeront un régiment, et quatre bataillons formeront une
brigade.
Chaque bataillon sera composé de six compagnies , avec le même
nombre d'ofdciers que dans la ligne; les compagnies seront de 120
hommes; ce qui portera la force de chaque bataillon à 720 hommes.
Art. 4. Un lieutenant général et six maréchaux de camp seront
chargés de l'inspection et du commandement des bataillons de Paris.
Les colonels, lieutenants-colonels et officiers de ces bataillons
seront pris parmi les officiers en activité dans les troupes de ligne.
Les maréchaux de camp, colonels et officiers demeureront dans l'ar-
rondissement où sera la population destinée à remplir les cadres
placés sous leurs ordres.
Art. 5. On désignera d'avance à chaque brigade les hauteurs et
fortifications qu'elle aura à défendre.
Art. 6. Les contrôles par compagnies seront exactement tenus.
Les sous-officiers seront nommés parmi les volontaires et par eux.
On nommera de préférence ceux qui ont déjà servi.
Art. 7. Tous les dimanches, les capitaines réuniront leur com-
pagnie et feront l'appel.
Art. 8. Chaque compagnie aura deux tambours aux frais de la
ville de Paris.
Art. 9. Il y aura en magasin un nombre de fusils suffisant pour
armer ces vingt-quatre bataillons. Il y aura aussi la quantité suffi-
sante de gibernes. La buffieterie sera noire.
igo CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
Art. 10. Nos ministres de Tintérieur, de la police et de la guerre
sont chargés de Texécution du présent décret.
Napoléon.
D'après l'anipliation. Dépôt de la guerre.
21908. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 15 mai 1815.
Mon Cousin , je suppose que vous avez donné des ordres pour la
mise en état des places de la Somme. Je désire que le général
Rogniat, avec un offieier d'artillerie, parte demain pour visiter Abbe-
ville, Amiens, Ham et Péronne, et tous les postes intermédiaires. Ils
seront accompagnés par les généraux commandant les départements.
Ils reconnaîtront tous les ponts qu'il faudrait garder ou couper. Le
génie du 2° corps enverra un officier pour mettre en état Saint-'
Quentin. Il se concertera avec le général, le sous-préfet et le maire
pour que la place soit mise à l'abri de la cavalerie légère.
Donnez ordre au génie du 6* corps de mettre sur-le-champ Laon
en état. Faites-y diriger de l'artillerie, de manière que le 10 juin
cette ville soit en état de défense et à l'abri d'un coup de main.
Le général commandant le département de l'Aisne se concertera
avec le préfet pour réunir de la levée en masse en nombre suffisant
pour garder Laon en cas d'événement.
Le 6* corps enverra un officier du génie qui se rendra à Reims
pour faire travailler aux portes et mettre la ville à l'abri d'un coup
de main et de la troupe légère.
On pourra fournir aux habitants quelques pièces de canon, aussitôt
qu'on verra qu'ils sont disposés à se défendre.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™' la maréchale princesse d'EckmiihI.
21909. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 15 mai 1815.
Mon Cousin, faites connaître an général Delaborde que 600 gen-
darmes d'élite, formant six compagnies à pied, se rendent en poste
pour le rejoindre; que quatre compagnies sont déjà parties de Ver-
sailles, et qu'on lui en enverra jusqu'à douze; que le 43* doit rester
tout entier à sa disposition dans la Vendée ; qu'il doit employer
CORRESPOND AxMCE DE iVAPOLEOM ^^ — 1815. 19t
aussi les gardes nationales et les confédérés; mais qu'il faut laisser
partir les troupes de ligue ; qu'elles sont nécessaires aux frontières ;
qu'une victoire dans le Nord fera plus pour le calme intérieur que
des troupes qu'on laisserait dans l'Ouest; que j'ai besoin de réunir
toutes mes troupes pour arriver à ce résultat; que je n'en excepte
que le 43'.
Napoléon.
D'après l'ori<]inal comni. par M">« la maréchale princesse d'Ëckmiilil.
21910.— AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 15 mai 1815.
Mon Cousin, les états de la cavalerie que j'ai sous les yeux sont
du l*"^ mars. Remettez-moi une situation du personnel, des chevaux
et du baruachement au 1" mai. Vous devez connaître actuellement
le résultat de la livraison des 4,000 chevaux de gendarmerie. Une
partie n'a pas été reçue par la grosse cavalerie et ira au profit de la
cavalerie légère. J'ai levé aussi 8,000 chevaux dans les départe-
ments. Votre correspondance vous dit-elle ce qu'on peut espérer à
cet égard? Proposez-moi de lever 4,000 autres chevaux sur la gen-
darmerie, en prenant sur les parties qui n'ont pas encore fourni. Ces
4,000 chevaux pourront être dirigés sur Versailles, Troyes, Beau-
vais, où sont les trois dépôts centraux; bien entendu que les cinq ou
six régiments qui sont à Lyon et dans le Midi recevront directement
les chevaux de Lyon et des départements voisins.
L'existant au 1" mars était de 20,000 chevaux. Cela ferait donc,
depuis le 1" mars, les augmentations suivantes : reçu d'après les
marchés, 3,000 chevaux; Maison du roi (pour mémoire, parce que
je crois qu'elle n'a rien produit); première levée sur la gendar-
naerie, 4,000; appel dans les départements, 8,000; marchés du
dépôt de Versailles, 7,000; deuxième levée, que je fais faire sur la
gendarmerie, 4,000; total, 26,000 chevaux. Ce qui fait 46,000
chevaux, sans y comprendre la Garde.
Les hommes n'étaient, au 1" mars, que 39,000; mais probable-
ment, du 1*' mars au 15 mai , ils auront reçu plus de 6,000 hommes ;
total, 45,000 hommes.
Mous avions 26,000 harnachements, sans y comprendre la Garde;
2,600 autres devaient être reçus par d'autres corps, ce qui faisait
28,600 environ. Il y en avait 6,000 dans les magasins, et enGn la
gendarmerie fournissait ses chevaux avec selles et brides»
192 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
Présentez-moi un projet de décret pour ordonner cette nouvelle
fourniture de chevaux par la gendarmerie.
Napoléon.
D"après l'original comm. par M"'^ la maréchale princesse d'EckmiihI.
21911. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 15 mai 1815,
Mon Cousin, comme les lieutenants généraux commandant les
divisions militaires et les lieutenants généraux commandant l'orga-
nisalion des gardes nationales ne doivent pas s'enfermer dans les
places, le général Molilor doit être chargé, aussitôt que le pays sera
menacé, de réunir toutes les levées en masse du Haut-Rhin; la divi-
sion de gardes nationales de Colmar sera à cet effet à sa disposition.*^
Le général Desbureaux aura les mêmes instructions pour le dépar-
tement du Bas-Rhin. L'un et l'autre, dans le cas où ils seraient
obligés de quitter l'Alsace, se concentreraient pour la défense des
gorges des Vosges, où ils se réuniraient au général qui commande
la division de réserve de Nancy et les S"" et 4* divisions, qui arrive-
raient pour le renforcer. Le général Molitor se concerterait avec le
général Lecourbe, qui est à Belfort. H est donc nécessaire que
chacun sache bien le rôle qu'il a à remplir. Le général Lecourbe
pourrait envoyer sa cavalerie sur Huningue, pour observer les bords
du Rhin et les débouchés de Bâle. Le général Vandamme, le lieu-
tenant général commandant la 2* division, le lieutenant général com-
mandant la réserve de Sainte-Menehould , se concerteront pour les
mesures à prendre , par chacun , pour la défense de tous les ponts
de la Meuse et des débouchés qui vont sur la Marne. Cela est dans
l'hypothèse que le général Vandamme, avec son corps d'armée, sor-
tirait de ce pays. 11 est donc nécessaire que j'aie le plus tôt possible
le résultat des conseils qui seront tenus, à Strasbourg, entre les
généraux Rapp, Molitor, Desbureaux et Lecourbe; car, si la Suisse
est neutre, il est possible que je mette tout le Haut-Rhin sous les
ordres du général Lecourbe.
Il est nécessaire que je connaisse aussi les dispositions du conseil
qui sera tenu entre le général Gérard, le général commandant les 3'
et 4* divisions, et le général commandant les gardes nationales de
Nancy; enfin les dispositions du conseil que tiendra le général
Vandamme.
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815. 19:5
Ce sera après l'arrivée de ces procès-verbaux que vous présenterez
à ma signature l'instruction pour chaque lieutenant général.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"'° la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21912. — AU PRINCE LEBRUN, a paris.
Paris, 15 mai 1815.
J'ai reçu votre lettre ; je ne vous dissimulerai pas que je ne vous
considérais plus comme architrésorier , parce que vous avez accepté
du gouvernement royal une place inférieure dans la chambre des
Pairs. Mais j'ai trouvé tant d'affecliou et de sentiments de cœur dans
l'adresse d'hier ' et la manière dont vous l'avez dite, que je ne puis
vous rien refuser , et que j'éprouve une vive satisfaction d'oublier
entièrement des torts que vous pouvez avoir eus pendant mon ab-
sence. Je vais vous faire expédier le brevet d'architrésorier ; il vous
est dû, car vous l'avez reconquis.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21913. — A M. FOUCHE, DUC D'OTRANTE,
MINISTRE DE LA POLICE GÉNÉRALE , A PARIS.
Paris, 15 mai 1815.
Faites une bonne proclamation aux départements de la Vendée,
qui leur fasse sentir qu'on veut les égarer et les perdre , tout ce qu'ils
me doivent de reconnaissance et combien on les trompe. Cette pro-
clamation serait affichée dans tous les départements de l'Ouest. Parlez
aussi aux chefs; ils vous connaissent tous, et ont eu tous affaire à
vous. Je pense que cette proclamation, que vous pourriez faire sous
la forme d'une circulaire aux préfets, aux administrateurs, aux
maires et aux curés de ces départements, serait utile.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21914. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 16 mai 1815.
Mon Cousin, avez-vous ordonné la formation des hôpitaux dans
1 Note de la pièce n° 21905.
xxviii. 13
194 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
Ifeg places et sur la ligne d'évacuation par Soissons? Cela est de la
plus haute importance.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™" la maréchale princesse d'Eckmiihli
21915. — AU MARÉCHAL DAVOlîT, PRINCE D'BGKMUHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 16 mai 1815.
Mon Cousin, je vous envoie un rapport du général Dejean sur les
services des vivres dans le Nord. Il paraît que ce service est bien mal
fait, surtout pour le pain. La guerre va avoir lieu, et le soldat ne
pourra pas entrer en campagne avec quatre jours dé pain. Il est
urgent de prendre un parti. Vous devez savoir ce que les munilion-
naires veulent ou peuvent faire. Il faut prendre un parti dans la
journée. J'attends votre rapport.
Il me paraît que vous avez deux partis à prendre : conserver l'en-
treprise, si vous avez confiance; mais faire des magasins extraordi-
naires au compte de l'armée, en ne lui faisant aucune avance; à cet
effet, considérer les 1,800,000 francs que l'entrepreneur a reçus
pour avances comme s'ils lui avaient été donnés pour le service de
mai , et envoyer des fonds sur-le-champ à l'intendant pour faire des
magasins à Soissons, Laon et Avesnes; il ne serait touché à ces
magasins qu'en cas de guerre ; mais si vous n'avez aucune confiance
dans l'entreprise, la dissoudre et former une régie. Présentez-moi
un prompt rapport, car notre situation est honteuse, n'ayant pas
([uatre jours de pain, dans un pays oii l'on ne manque de rien. Il n'y
a que vous qui puissiez savoir si l'entrepreneur vous a manqué de
parole et si l'on peut se fier à ce qu'il dit.
Je ne conçois pas que l'armée du Nord puisse rester dans la posi-
tion où elle est, ni pourquoi l'entrepreneur laisse ainsi dégarni un
service aussi important.
Je vous envoie aussi une lettre de Pire, qui crie misère de son
côté. Il y a de l'absurdité ou de la malveillance. Il faut prendre un
parti dans la journée.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
CORRESPONDANCE DB NAPOLEON l". — 1815. 195
21916. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 16 mai 1816.
Mon Cousin, ordonnez au général Lecourbe de faire venir à Belfort
la division de gardes nationales qui est à Vesoul. Elle campera aux
environs de cette place, de manière à être protégée par les forfifications.
Alors il pourra placer ses troupes de ligne à portée de Huningue, se
mettre en communication avec la garnison de cette place et porter
des détachements de cavalerie le long du Rhin jusqu'à Neuf-Brisach.
La position d'Altkirch me paraît être convenable pour placer son infan-
terie et son quartier général. Son artillerie mobile pourrait être placée
à sa portée, aux passages du Rhia, où elle paraîtrait nécessaire.
La division de réserve qui est à Besançon prendra position sur le
mont Jura.
Donnez ordre au duc d'Albufera de choisir un emplacement pour
placer la division de réserve de Lyon aux débouchés de Genève, de
manière à se mettre en communication avec la division de réserve de
Besançon, qui gardera les débouchés du mont Jura, et à couvrir
Lyon.
Faites part de ces dispositions au général Lecourbe, qui doit
veiller à ce que le fort de l'Ecluse soit en bon état et en faire aug-
menter les fortifications.
Instruisez aussi le général Rapp des ordres que vous donnez au
général Lecourbe.
Napoléon.
D'après l'original conm. par Mf°* la maréchale princesse d'EcknûU.
22917. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris , 16 mai 181S.
Mon Cousin, un seul maréchal de camp suffit pour la place de
Maubeuge. Quand je voulais un lieutenant général et deux maré-
chaux de camp pour cette place, c'est que je voulais garder le camp
retranché. Depuis, j'ai changé d'idée, et il a été convenu qu'on
mettrait seulement en état les redoutes du camp retranché.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™* la maréchale princesse d'Ëckmiihl
13.
196 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I«^ — 1815.-
21918. — NOTK.
Paris, 16 mai 1815.
Le major général ne donnera des ordres qu'à l'armée du Nord , à
moins qu'il ne mentionne qu'il transmet un ordre spécial de l'Kmpe-
reur présent à l'armée.
Toutes les fois que l'Empereur ne sera point présent à l'armée, le
major général ne donnera des ordres qu'à l'armée du Nord.
L'intendant général ne dirigera que l'administration de l'armée du
Nord. Si, par un décret, les armées de la Moselle et du Rhin vouaient à
être supprimées et réunies à l'armée du Nord, elles rentreraient sous
l'administration de l'intendant général; mais jusque-là elles doivent
en être séparées.
Chacune de ces armées doit avoir un ordonnateur en chef, qui cor-
responde avec le ministre de la guerre directement, et un payeur,
qui corresponde avec le ministre du trésor.
L'ordre sera donné aux officiers de santé en chef , au payeur et à
toutes les administrations de l'armée du Nord de se rendre à Laon.
Ils devront partir dans la journée de demain. L'ordonnateur en chef
de l'armée du Nord devra s'y rendre aussi.
L'intendant général se rendra à Soissons et y fera un marché pour
un achat de farines, à placer : 8,000 quintaux, poids de marc, à
Soissons, 5,000 à Guise, 1,000 à Maubeuge, 1,000 à Philippeville,
500 à Avesnes, 500 à Laon.
Il verra s'il est avantageux de faire des achats du côté de Guise et
d' Avesnes, ou s'il est préférable de les faire en totalité à Sois.sons.
Il fera un rapport tendant à faire connaître quelle perte il y aurait
à envoyer des farines de Paris à Soissons, pour former un approvi-
sionnement de réserve de 20,000 quintaux poids de marc.
L'intendant général fera également un achat de 2,000 quintaux de
riz, poids de marc; 2,000 quintaux de sel, poids de marc; 2 mil-
lions de rations d'eau-de-vie, et de l'avoine pour 20,000 chevaux
pendant vingt jours.
Le riz, le sel, l'eau-de-vie seront répartis dans la même proportion
que les farines.
L'avoine sera répartie entre Avesnes et Laon,
Le ministre de la guerre écrira par le télégraphe au comte Maret
de se rendre sur-le-champ à Paris.
D'après la copie comm. par M. le comlc Daru.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 197
21919. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, n mai 1815.
Mon Cousin , il y a à Douai 30 pontons et 10 bateaux ; cet équi-
page me paraît suffisant. 11 faut, pour atteler ces 40 voitures, 200 à
250 chevaux ; faites-les atteler sans délai , non pas par des chevaux
de réquisition , mais par de bons chevaux d'artillerie. Mettez-y cinq
compagnies de pontonniers, et faites-les venir un peu derrière le parc
de réserve du général Reille.
l^ous garderez l'ancienne compagnie de Vincennes , et vous ferez
mettre en état le parc de Vincennes : s'il en était besoin, on attelle-
rait plus tard ce parc avec des chevaux d'artillerie ou même avec des
chevaux de réquisition.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"°« la marécbale princesse d'F.ckmûhl.
21920. —AU GÉNÉRAL COMTE DROUOT,
AIDE-MAJOR DE LA GARDE IMPERIALE, A PARIS.
Paris, n mai 1815.
Faites partir un cadre de régiment de tirailleurs de la jeune Garde
pour Rouen; faites-en partir un pour Amiens. Ces cadres doivent
être, avant de partir, bien habillés et bien armés.
Donnez ordre à l'ordonnateur d'envoyer un commissaire dans cha-
cune de ces deux villes pour y établir un atelier d'habillement, de
manière à avoir avec pron)ptitude, dans l'une et l'autre place, de quoi
habiller et équiper 2,000 hommes. Cela soulagera d'autant les ate-
liers de Paris.
Ces cadres feront des détachements dans les départements de la
Normandie et de la Picardie, et prendront tous les moyens pour re-
cruter des volontaires et attirer les militaires retirés dans ces dépar-
tements. Vous aurez soin d'y envoyer d'abord 500 fusils, et, au fur
et à mesure des besoins, d'envoyer ce qui sera nécessaire pour ces
deux régiments, qui doivent se compléter dans les localités.
Faites-moi connaître s'il ne serait pas convenable aussi d'envoyer
un cadre à Orléans, pour attirer également les militaires. On pourrait
aussi en envoyer un en Rourgogne.
Il faut que vous donniez aux chefs des instructions pour qu'on balte
la caisse, qu'on promène les drapeaux, qu'on fasse des affiches, que
les hommes qu'on enverra dans les communes prennent enfin tous les
moyens possibles de recruter.
198 CORRESPONDANCE DE XAPOLEON I". — 1815.
Le régiment qui est à Amiens enverra à Saint-Quentin , auprès des
ouvriers des fabriques.
Il y avait à Lyon un bataillon de volontaires que le général Brayer
avait formé pour la jeune Gatde : pourquoi ce bataillon n'est-il pas
arrivé? Parlez-en au général Brayer.
Je vous ai dit plusieurs fois qu'il fallait que les chefs de la jeune
Garde fissent afficher et se donnassent quelque mouvement pour re-
cruter dans Paris. Vous n'avez pas fait ce que je vous ai indiqué à
cet égard; faites-le. Envoyez des officiers dans les différentes mairies;
faites-les annoncer par la musique et les tambours, et qu'on fasse
tout ce qui convient pour exciter l'enthousiasme des jeunes gens.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21921. —NOTE POUR LE MINISTRE DE LA POLICE,
DICTÉE E\ CONSEIL DES MINISTRES.
Paris, n mai 1815.
Le ministre de la police remettra le plus tôt possible un rapport
sur la mise en état de siège de Marseille , sur le désarmement de la
garde nationale. Il proposera des mandats à décerner en exécution
de la Constitution de l'an viii , et motivés dans ce sens contre un cer-
tain nombre d'hommes marquants. Il ordonnera qu'aussitôt après
leur arrestation un magistrat soit commis pour procéder à l'informa-
"lion judiciaire.
Le ministre de la guerre , ou celui de l'intérieur , fera un rapport
sur la 9* division militaire et la nécessité de comprimer le parti qui
organise ouvertement la guerre civile. Ce rapport sera ensuite ren-
voyé par l'Empereur au ministre de la police , qui proposera de dé-
cerner les mandats nécessaires.
Le ministre de la police fera un rapport sur les passe-ports , ten-
dant au rétablissement de la législation préexistante, à la nécessité
d'empêcher la sortie des hommes qui vont renforcer le noyau de con-
spirateurs formé à l'étranger, et l'entrée des agents de toute espèce
qui pénètrent en France.
11 y a des mesures à prendre pour rendre responsables les doua-
niers, dont le service peut être très-utile, et les officiers de gendar-
«lerie.
Le-miwiïttre-de la police enverra un homme intelligent, connaissant
la Vendée, au général Delaborde, qui tiendra un conseil avec cette
personne et le colonel Noirot, pour désigner une vingtaine des indi-
CORUESPOIVDAIWCE DE MAPOLEON 1«^ — 1815. 199
vidus dont la présence serait le plus dangereuse dans le pays et qu'il
conviendrait d'arrêter ou de mettre en surveillance.
Le ministre proposera en même temps un projet de décret pour
donner au général Delaborde des pouvoirs de haute police. Il con-
vient que ces pouvoirs soient défmis dans le projet.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21922. — NOTE DICTÉE EN CONSEIL DES MINISTRES.
Paris, 18 mai 1815.
Le projet proposé par M. le comte Chaptai produirait un effet con-
traire à celui qu'il a eu en vue.
11 n'y a pas de doute que l'Angleterre ne viole la neutralité des
Américains et celle des autres puissances neutres, parce que tel est
le résultat fondamental de ses lois maritimes, qui avaient armé contre
elle les Américains, et qui paraissent n'avoir pas été un sujet de dis-
cussion dans les négociations de Gand; c'est un point dont il faut
d'abord s'assurer.
Si l'Angleterre met en vigueur le système maritime qu'elle appelle
Jies droits, que fera la France? Le projet proposé par M. Chaptai
préjuge la décision sur cet important objet, puisqu'il porte que la
France usera de représailles. Cependant cette décision n'est point
une chose simple, et, en la préjugeant, on dit au commerce de France
qu'il ne pourra pas se faire avec les neutres; ce qu'il est au moins
inutile de dire puisqu'on ne le sait pas , et ce qui produirait l'effet
opposé aux vues de M. Chaptai.
Il faudrait donc aborder franchement la question, et dire que,
quand même l'Angleterre voudrait de nouveau l'application de ses
arrêts du conseil aux neutres, la France reconnaîtrait toujours comme
neutres les bâtiments dénationalisés. Cela serait sans doute agréable
au commerce et mènerait au but que M. Chaptai veut atteindre par
des moyens tout différents de celui-ci. Mais comment dire une telle
chose avant de connaître quelle application l'Angleterre voudra faire
de son code maritime? Ce serait aller au-devant de toutes les chances,
désintéresser les Américains dans la question , et prendre des enga-
gements dangereux en favorisant d'avance la tendance de l'Angleterre
à accroître ses prétendus droits maritimes dans chaque guerre. On
ne pourrait donc adopter dans le projet de M. Chaplal que la dispo-
sition de l'article 4 ; d'où il résulterait qu'en cas de guerre la mesure
de l'embargo n'aurait aucun effet rétroactif, en ce sens que tous les
200 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
bâtiments chargés auraient la liberté de sortir, et que toutes les expé-
ditions commencées pourraient être achevées.
Pour rendre plus sensible le raisonnement établi plus haut, on
peut faire l'hypothèse que l'Angleterre déclarerait qu'aucun bâtiment
américain chargé de marchandises pour les ports de France ne pour-
rait exporter aucune denrée ou marchandise de nos ports, et serait
tenu de les quitter sur son lest , pour aller prendre sa cargaison de
retour à Londres ; qu'elle ne laisserait entrer dans les ports de France
aucun bâtiment qui, au préalable, n'eût mouillé en Angleterre et ne
fût venu lui payer un droit déterminé sur les marchandises compo-
sant son chargement; qu'enfin l'Angleterre imposerait telles autres
obligations dont le germe se trouve dans les arrêts du conseil. Nous
nous ôterions , par une déclaration qui serait un acte de soumission
fait d'avance, tout moyen de pourvoir à nos intérêts.
Ce serait donc une déclaration honteuse , qui rendrait faciles les
arrangements de l'Amérique avec l'Angleterre, et qui serait une exci-
tation donnée par nous-mêmes à l'Angleterre d'abuser de sa supé-
riorité.
Le projet de M. Chaptal n'a donc point abordé la question, ou
plutôt il la décide d'une manière désespérante pour le commerce,
puisqu'il statue positivement que l'Empereur remettra en vigueur
ses décrets de Milan, si les Anglais renouvellent leurs arrêts du con-
seil de 1807.
Sa Majesté juge convenable que ces observations soient renvoyées
à son ministre des affaires étrangères , qu'elle invite à lui faire con-
naître :
1" Si dans le traité de Paris il y a quelques stipulations relatives
au droit maritime de l'Angleterre ;
2° S'il y a quelques dispositions sur cette matière dans le traité de
paix négocié à Gand entre l'Angleterre et l'Amérique;
3° Si , dans l'intervalle qui s'est écoulé entre le traité de Paris et
la paix entre ce pays et l'Amérique, il y a eu, de la part du conseil
du roi , tel procédé d'oii il puisse résulter que le blocus sur le papier
a été reconnu ;
4° Enfin la réponse qui doit avoir été faite par le ministre de France
à la déclaration par laquelle l'Angleterre notifiait que l'Amérique était
bloquée.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I<'^ — 1815. 201
21923. — A. M. FOUCHÉ, DCC D'OTRANTE ,
MINISTRE DE LA POLICE GÉNÉRALE, A PARIS.
Paris, 18 mai 1815.
Monsieur le Duc d'Otrante, s'il est vrai que M. Lavalette , de
Toulouse, ait été nommé par le duc d'Angoulême inspecteur de
toutes les gardes nationales du Midi , et qu'il ait donné des sommes
considérables pour le gouvernement du prince d'Angoulème à Tou-
louse , vous lui ferez donner ordre de se rendre en surveillance dans
une petite ville de Bourgogne. Autorisez le préfet, le général com-
mandant à Toulouse, le commandant de la gendarmerie et votre
lieutenant de police à s'entendre là-dessus. Autorisez-les, en général,
à faire arrêter à Toulouse, à Montpellier, à Montauban, etc., les
individus qui seraient gravement soupçonnés de machiner le rétablis-
sement des Bourbons et l'explosion de la guerre civile; et, pour tous
ceux contre lesquels il n'y aurait pas de préventions aussi fortes,
mais qu'il serait cependant dangereux de laisser dans le pays , auto-
risez leur envoi en surveillance dans la 18" division.
Ordonnez les mêmes mesures pour Bordeaux , Perpignan , le Cal-
vados , la Seine-Inférieure et Boulogne. Ces mesures me paraissent
urgentes : arrestation de quelques-uns des principaux et exil de ceux
du deuxième ordre dans les bons départements. Etendez ces mesures
à Clermont-Ferrand.
Ordonnez qu'on envoie dans l'Yonne les gens qui seraient fortement
suspects d'agir activement pour faire éclater la guerre en France.
Il ne faut donner aucun passe-port pour les nobles qui vont en
Angleterre.
D'après la minute. Archive» de l'Empire.
21924. —AU PRINCE JOSEPH, a paris.
Paris, 19 mai 1815.
Mon Frère , je suis dans l'intention de composer la chambre des
Pairs et d'en nommer d'abord quatre-vingts membres. Désirant m'aider
des lumières des personnes qui ont ma confiance, je vous invite à me
remettre dimanche une liste de cent vingt personnes que vous choi-
sirez comme si vous étiez chargé de cette nomination.
S'il en est parmi elles que je ne connaisse pas, vous voudrez bien
joindre des notes à leurs noms. Ce travail restera secret entre moi et
vous. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il est inutile qu'on sache
que je vous l'ai demandé.
202 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I«^ — 1815.
J'ai adressé une lettre semblable à tous mes ministres et à d'autres
personnes dans l'opinion et dans les sentiments desquelles je me
confie ' .
Napoléon.
D'après l'original comm. par le cabinet de S. M. l'Empereur.
21925. — AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a p.iris.
Paris , 19 mai 1815.
Monsieur le Comte Carnot, j'ai fait connaître au ministre de la
police que je désirais qu'il ordonnât au rédacteur qu'il a attaché au
Journal général de France de prendre désormais vos ordres pour la
direction de ce journal. Mon intention est que vous donniez à cette
feuille une couleur prononcée et qui réponde à la fureur des attaques
des ennemis du gouvernement.
Napoléon.
D'après irortginal. Archives de l'Empire. i
21926. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
ministre de la guerre, a paris.
Paris, 19 mai 1815.
Mon Cousin , qu'est-ce que le général Fournier que vous avez en-
voyé à Marseille pour commander la garde nationale? Il serait néces-
saire que vous prissiez mes ordres avant de disposer des différents
officiers généraux. Qu'est-ce que le général Corsin que vous avez en-
voyé à l'armée du Nord? Est-ce celui qui était à Antibes? Je n'ai rien
signé qui autorise cette disposition.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""' la maréchale princesse d'Eckraiihl.
21927. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL ,
ministre de la guerre, a paris.
Paris, 20 mai 1815.
Mon Cousin, chargez l'ordonnateur de la 23* division de faire
acheter des draps dans le pays, au meilleur marché possible, ainsi
que des effets de petit équipement.
Faites mettre quelques fonds à la disposition du génie et de l'ar-
lillerie en Corse, pour leurs dépenses; il faut peu de chose. A cette
occasion, je dois remarquer que la Corse n'a aucun système de dé-
» Même lettre aux ministres, au général Bertrand et au comte de Montes-
quiou-Fczensac.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEOM I". — 1815. 20>
fense. Mon intention est qu'on ne fasse aucune espèce de dépense aux
places d'Ajaccio, de Bonifacio, de Bastia, de Corte. Il faut concen-
trer toutes les dépenses sur la ville de Calvi pour la mettre en état.
C'est à Calvi qu'il faut former un approvisionnement de siège, que
tous les fusils de l'île doivent être transportés; que toute l'artillerie
inutile des différentes parties de l'ile soit retirée sur Calvi, pour
mettre cette place eu meilleur état. 11 faut donner pour instruction,
en cas de débarquement de l'ennemi en Corse, qu'après avoir dé-
fendu le terrain pied à pied, c'est à Calvi qu'on doit se renfermer et
se défendre à toute outrance, parce que c'est par Calvi qu'on sera ge-
couru. Il est donc nécessaire que celle place soit bien approvisionnée
en canons et en affûts, ainsi qu'en munitions de guerre. I>eu'X pièces
de canon suffisent à Corte , douxe suffisent à Ajaccio, quinze au
vingt à Bastia, et douze à Bonifacio. Tout le reste, ai cela devient
nécessaire, doit être centralisé sur Calvi.
Je préférerais à Calvi la ville d'Ajaccio, et c'est, ^je ipease, :«ar
Ajaccio qu'à l'avenir il faudra centraliser la défense de l'île; mais ce
ne peut être eetie année , puisque les travaux à 'faire exigeront deux
ou trois ans et 5 ou 600,000 francs de dépense.
Le système du génie en Corse actuellement est absurde. Tout le
matériel est répandu dans cinq places, dont aucune, Calvi excepté,
n'est tenable. Bonifacio est tenable; mais sa situation relativement à
la France le rend hors de considération.
En résumé, donnez ordre au génie, à l'artillerie, au commandant
et à l'ordonnateur de tout préparer pour que, après avoir défendu
l'île, on défende Calvi, et qu'on y réunisse tous les moyens de-
venus inutiles dans les autres places. Faites faire le projet de 3 ou
400,000 francs d'ouvrages, à faire en plusieurs années, pour oc-
cuper les hauteurs d'Ajaccio, de manière que cette ville et son port
deviennent centre de la défense de Pîle. Le port d'Ajaccio peut rece-
voir des escadres. Saint-Florent est la seule ville qui, après Ajaccio,
puisse offrir cet avantage; mais Saint-Florent n'est qu'un petit bourg,
et l'air y est malsain.
^JAPOLBO'^^
(.Diaprés l'original comm. par M*>° la marëcbalc princesse d'Eekmâiil.
21928. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 20 mai 1815.
Mon Cousin , donnez l'ordre au maréchal Brune , aussitôt que les
9% 35* et le 14° léger seront arrivés, d'en passer la revue de rigueur
204 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«'^ — 1815.
et d'en ôter tous les officiers qui auraient émigré ou qui n'auraient
pas fait la guerre avec nous. Proposez-moi trois colonels pour rem-
placer les trois colonels de ces régiments , et deux majors pour rem-
placer le major du 35' et celui du 14* léger. Il y a aussi plusieurs
chefs de bataillon et capitaines à remplacer dans ces régiments. Té-
moignez ma satisfaction au général Simon. Faites-moi connaître l'an-
cienneté de ses services, pour voir s'il y a lieu à le faire lieutenant
général.
Faites connaître aux maréchaux de camp Casalta et Moroni, en
Corse, qu'ils sont mis en activité de service et vont être employés
dans la 23* division. Présentez-moi le plus tôt possible l'organisation
des officiers de gendarmerie dans la 23* division. Le directeur d'ar-
tillerie qui est en Corse est mauvais; changez-le; faites-le rentrer en
France et remplacez-le par un officier sûr. 11 serait convenable d'y
envoyer de préférence un officier qui ait servi plusieurs années en
Italie et qui soit familier avec la langue.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21929. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 20 mai 1815.
Mon Cousin, j'ai reçu votre rapport, du 18 mai, sur la nécessité
de faire l'appel de la conscription de 1815. Je désire que vous me
remettiez le détail de ce que cette conscription produira par dépar-
tement. Mon intention n'est pas de faire un appel général. Je n'ap-
pellerai d'abord que celle des 1", 2", 3% 4% 5% 6% 7% 19*, 21* di-
visions, ensuite celle des 9*, 10* et 11*. La conscription de la
7* division sera employée à recruter les régiments du corps d'obser-
vation du Var et les régiments de l'armée des Alpes. Le tiers des
hommes de la 19* division militaire sera envoyé aux régiments qui
sont dans la 18* et dans la 6* division. Ceux de la P* serviront au
recrutement des régiments de l'armée du Nord, et ainsi de suite.
Chacune de ces conscriptions fournira un tiers de ses hommes pour
la jeune Garde.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 205
21930. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PKIMCE D'ECKMUHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 20 mai 1815.
Mon Cousin, j'ai reçu votre rapport du 18 mai. Les objets les
plus urgents dont vous avez à vous occuper sont : 1° présenter un
compte clair et détaillé des exercices arriérés et de l'année 1814;
2° établir le budget motivé pour 1815. Le budget que vous m'avez
présenté n'est pas assez motivé. Il est tout simple que les Chambres
voudront connaître l'emploi de l'argent qu'on leur demandera. Faites
bien connaître la différence de la situation entre le 1" mai et le
1" juin et tout ce qui a été fait pendant deux mois.
Vous devrez faire travailler aux modifications à faire au Code pénal
militaire d'après la Constitution.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21931. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 20 mai 1815.
Mon Cousin , je pense qu'il serait possible d'employer des officiers
du génie espagnols, soit à la suite des armées, soit dans les places.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""» la maréchale princesse d'Eckmûbl.
21932. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 20 mai 1815.
Mon Cousin , faites-moi connaître quand on pourra tirer des ba-
taillons espagnols , piémontais , belges , polonais et autres étrangers,
pour les mettre en ligne.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""^ la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21933. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 20 mai 1815.
Mon Cousin, je ne puis être que mécontent de la proposition que
vous me faites d'employer pour les équipages militaires une partie
des 1,500 chevaux qui étaient destinés pour la jeune Garde. L'artil-
206 CORRE&PONfDANGE DE NAPOLÉON I«'. — 1815.
lerie a également soustrait 500 chevaux qui étaient destinés pour la
Garde; de sorte que nous sommes moins avancés que jamais. Cepen-
dant il me semble que la Garde doit être la première servie , puis-
qu elle a une artillerie d'élite attachée à des troupes d'élite ,, et qu'il
est indispensable que j'aie au 5 juin les cent quarante-quatre pièces
de la jeune Garde. Ne touchez donc en rien à toutes les dispositions
qui ont été faites pour la Garde , qui passe avant tout.
J'approuve que le pont se rende à Guise ; mais ne prenez pour
cela aucun des moyens destinés à la Garde.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M*"^ la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21934. — AU VICE-AMIRAL DIIC DEGRÉS,
MINISTRE DE LA MARINE, A PARIS.
Paris, 20 mai 1815.
Monsieur le Duc Decrès , du moment que les pièces de canon sont
chargées au Havre, elles doivent sur-le-champ filer sur Paris. Ainsi
les affûts et les canons qui étaient chargés au Havre le 16 devraient
déjà être à moitié chemin de Paris.
Organisez vos parcs de la marine aux Invalides.
Napoléon.
D'après roriginal'comm. p«r M"* la duchesse Decrès.
21935. — AU VICE-AMIRAL DUC DEGRES,
MINISTRE DE LA MARINE, A PARIS.
Paris, 20 mai 1815,
Monsieur le Duc Decrès, la marine s'est bien trouvée des expor-
tations de la Corse. Jfe sens que la situation de votre département ne
vous permet pas de grandes dépenses ; cependant je pense qu'il serait
convenable de ne pas laisser tomber ces exportations et de continuer
à faire venir les bois de cette île , qui formeront successivement un
approvisionnement à Toulon et entretiendront un mouvement utile
dans le pays.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la. duchesse DecrèSi
21936. — A M. FOUCHÉ, DUC D'OTRANTE,
ministre de la police générale , A PARIS.
Paris, 20 mai 1815.
Monsieur le Duc d'Olrante , je pense que les mesures prises hier
CORRESPOMDAIVCE DE NAPOLEON Ie^ — 1815. 207
pour rOuest ne sont pas suffisantes. Je vous ai envoyé un rapport du
ministre de la guerre. Présentez-moi un projet de décret qui contienne
les mesures suivantes : 1" l'institution d'une commission militaire
pour juger ceux qui sont pris les armes à la main; 2" le pouvoir à
donner au général Delaborde d'exiler de la Vendée et d'envoyer en
surveillance tous les hommes qui lui paraîtront dangereux; 3» l'or-
ganisation des gardes nationales dans toutes les villes, et le comman-
dement de ces gardes nationales donné à des officiers de la ligne ;
4° une proclamation à faire par le général Delaborde pour ordonner
à tout noble ou tout individu ayant émigré, qui n'aurait pas de do-
micile dans les départements de la Loire- Inférieure et des Deux-
Sèvres, de quitter sur-le-champ le territoire, sous peine, s'il est pris
d'ici à quinze jours , d'être arrêté comme fauteur de la guerre civile
et traité comme tel. On m'assure qu'un grand nombre de nobles se
sont rendus dans la Vendée. Recommandez à toutes les autorités
des pays voisins, et surtout à vos commissaires, de ne laisser s'in-
troduire aucun individu suspect dans la Vendée.
Napoléon.
D'après l'original comni. par M. Charavay.
21937. — AU MARECHAL SUCHET, DUC D'ALRUFERA.,
COMMA\DA.\T L ARMÉE DES ALPES , A LVON.
Paris, 20 mai 1815.
.le reçois votre lettre de Lyon du 16 mai. Vous avez à votre corps
d'armée huit régiments qui se recrutent dans l'Isère, Seine-et-Marne,
la Haute-Loire, les Hautes-Alpes, les Vosges, l'Ardèche et la Drôme.
En activant le départ des anciens soldats dans les départements des 7®
et 19* divisions militaires qui sont sous votre commandement, vous
porterez facilement chacun des régiments qui doivent les recevoir à
2,400 hommes d'infanterie; ce qui, joint aux divisions de gardes
nationales d'élite que vous aurez le temps de bien habiller et bien
armer (et qui vous seront d'un bon service non-seulement dans les^
garnisons, mais dans tout le pays difficile des Aipes), vous mettra
dans la main un bon corps d'armée. Vous devez être suffisamment
muni d'artillerie, et vos deux régiments de cavalerie doivent être
portés chacun à 1,000 hommes.
Le G" de ligne a ordre de partir de Marseille aussitôt que les trois
régiments qui sont en Corse seront débarqués.
Ne croyez pas à la nouvelle des 60,000 hommes du général Fri-
monl.
208 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
Le corps d'observation du Var aura, avant que les hostilités com-
mencent, 12 à 20,000 hommes. Le corps d'observation du Jura
observe et contient la Suisse. J'ai donné des ordres pour que le
43* régiment ait les secours d'argent que vous demandez; la Drôme
peut facilement le porter au complet.
Je vous recommande beaucoup de faire pousser avec activité les
travaux de Lyon. 11 est nécessaire qu'au 10 juin il y ail des pièces en
batterie aux ouvrages entre Saône et Rhône, à la Guillolière et au
pont des Brolteaux. Voyez aussi ce qu'il faut pour nous assurer le
pont de Perrache. J'ai donné des ordres pour que les travaux de la
couronne à Perrache fussent repris. Vous pouvez faire concourir ces
travaux à la défense du pont. Quoique Pont-Saint-Esprit ne vous re-
garde pas , faites-vous assurer s'il est bien et fortement occupé , ainsi
que la petite place de Sisteron.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21938. — AU GÉNÉRAL COMTE RAPP,
COMMANDANT l'aRMÉE DU RHIN, A STRASBOURG.
Paris, 20 mai 1815.
Je reçois votre lettre du 18 mai. J'ai accordé 13 millions pour
l'habillement dans la distribution de mai. Des ordonnances pour des
sommes considérables ont été envoyées à chaque corps de votre armée.
Assurez-vous qu'elles soient soldées. Je ne saurais m'accoutumer à
l'idée que vous ne puissiez avoir de disponibles que 2,200 hommes,
quand la force des dépôts est de 4,000 hommes. Appelez à vous le
3" bataillon du 18% le 3" du 39% le 3« du 57% le 3« du 7» léger,
le 4* du 10* léger; ce qui vous formera un régiment à quatre batail-
lons, quatre à trois bataillons et quatre à deux bataillons, ou vingt-
quatre bataillons. Poussez l'habillement; l'argent est en expédition et
ne manquera pas.
La situation que vous m'avez envoyée de votre cavalerie n'est pas
bien faite. Comment le 6« de cuirassiers n'a-t-il que ses 3* et 4* es-
cadrons au dépôt? qu'est donc devenu son 5* escadron? Même ob-
servation pour le 19* de dragons. Vous avez 1,787 hommes et seu-
lement 427 chevaux ; mais vous ne me faites pas connaître combien
d'hommes il y a en détachement pour prendre les chevaux des gen-
darmes; combien il y en a en remonte au dépôt de Versailles; com-
bien le régiment doit recevoir de chevaux par suite des marchés qu'il
a passés; combien les départements doivent en fournir. Si vous y
mettez l'activité convenable, vous devez, sur ces 1,700 hommes, en
CORRESPONDANCE DK NAPOLEON ^^ — 18 15. 20!»
avoir bientôt 15 à 1600 montés, qui, joints à ceux qui composent
aujourd'hui les escadrons, porteront votre cavalerie à près de 4,000
hommes. Vous voyez cela trop légèrement. Levez les obstacles par
vous-même. Voyez les dépôts et augmentez votre armée.
Montez un espionnage pour savoir ce qui se passe au delà du Rhin
et principalement à Mayence. Parcourez la ligne jusqu'à Bitche et de
Bitche à ThionviUe, et connaissez bien tous les débouchés des Vosges.
D'après la minute. Archiies de l'Empire.
21939. — AU MARÉCHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 21 mai 1815.
Mon Cousin , vous ne m'avez pas rendu compte de l'arrivée à
Toulon du 14' d'infanterie légère, qui était en Corse. Il est arrivé
le 11 ; c'est aujourd'hui le 21, et cependant je ne l'ai appris que par
le ministre de la marine. Remettez-moi le rapport que vous avez dû
recevoir sur cet objet.
Le ministre de la marine m'annonce qu'un bataillon du 9% qui est
en Corse, doit être envoyé dans l'ile d'Elbe, et qu'un bataillon du 16"
doit partir le 15 de Toulon pour Porto-Ferrajo, ce qui formerait
deux bataillons. Si cela était, vous rappelleriez l'un de ces bataillons;
je veux qu'il n'en reste qu'un.
Il faut réitérer l'ordre formel de faire revenir les troupes françaises
qui sont en Corse, hormis une ou deux compagnies de canonniers. Si
le duc de Padoue peut former deux bataillons corses de 600 hommes,
qu'il les fasse partir pour Toulon; vous donneriez des ordres pour
qu'ils soient armés.
Les paysans de la Corse sont habillés d'une manière assez baroque ;
il faudra leur faire fournir des capotes et des bonnets de police, pour
qu'ils aient la tournure de troupes du continent.
Recommandez au maréchal Brune de passer la revue du régiment
qui vient d'arriver de Corse et d'en ôter tout ce qui est mauvais.
Napoléon.
D'après l'origiDal comm. par M"* la maréchale princesse d'Eckraiihl.
21940. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris. 21 mai 1815.
Mon Cousin, faites connaître au duc de Padoue, en Corse, que je
désire avoir 500 Corses pour servir dans la jeune Garde. Il est né-
xxvm. 14
210 CORRESPONDAMCE DE NAPOLEON I«r. _ 1815.
cessaire qu'ils soient âgés de plus de vingt ans. Je désire également
en avoir 300 pour la vieille Garde. Il faudrait qu'ils eussent quatre
années au moins de service, soit dans les troupes françaises, dans
celles du royaume d'Italie ou dans celles du roi de Naples. Au fur et
à mesure que le duc de Padoue pourra former un détachement de
100 hommes, il l'enverra à Toulon. Vous donnerez des ordres pour
qu'il leur soit fourni des capotes et des bonnets de police, et qu'ils
soient dirigés sur Paris.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M'"' la maréchale princesse d'Ecktniihl.
21941. —AU MARECHAL DAVOUT, PRIXCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 21 mai 1815.
Mon Cousin, les fusils étrangers qui sont à Lyon sont en bon état ;
il faut les garder; on sera toujours à même de les donner, si les cir-
constances l'exigeaient. Ces fusils une fois donnés, il ne serait pas
possible de les ravoir, si l'on en avait besoin. Je pense qu'il faut
réunir à Lyon 9,000 fusils à réparer et des pièces de rechange; que
vous devez établir un atelier qui sera formé des ébénistes et des ou-
vriers de la ville, de manière que ces 9,000 fusils soient en état
dans l'espace de deux mois. Ils feront un fonds d'arsenal destiné à
armer la population au dernier moment. Une fois cet alelier orga-
nisé, on pourra l'alimenter par des pièces de rechange provenant des
démolitions des armes qui seront portées comme étant à démolir.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M'"* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21942. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ËCKMUHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 21 mai 1815.
Mon Cousin, j'approuve que le duc de Dalmatie reçoive le trai*
tement de 40,000 francs comme maréchal d'Empire et de 40,000
francs comme général en chef. J'approuve qu'il lui soit donné
6,000 francs par mois pour dépenses d'état-major et frais de bureau,
et 20,000 francs pour frais de poste, que vous renouvellerez au fur
et à mesure que ces 20,000 francs seront consommés. Quant à la
première mise, il faut en agir comme on en agissait avec le prince
de Neuchàtel.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™« la maréchale princesse d'Eckmiihl.
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815. 211
21943. — AU COMTE GARMOT, ministre db l'ixtérikur, a paris.
Paris, 21 mai 1815.
Écrivez aux préfets qu'ils sont autorisés à organiser les com-
pagnies de réserve sur le même pied qu'en 1814, s'ils peuvent le
faire par une retenue sur les revenus des villes de leurs départements,
ou par des économies sur les centimes. Ils pourront provisoirement
nommer les officiers pour les commander.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21944. — AU GÉNÉRAL GORBINEAU,
AIDE DE CAMP DE l'eMPEREUR , A PARIS.
Paris, 21 mai 1815.
Partez sur-le-champ pour Angers. Vous vous concerterez avec le
général Delaborde, dont vous serez le bras droit. Tâchez- de réunir
le 15% le 26" et le bataillon de 500 gendarmes; ce qui vous fera
une colonne de 2,500 hommes d'infanterie. Vous pourrez réunir
300 ou 400 hommes des dépôts de cavalerie qui sont sur la Loire.
Avec cela marchez sur les insurgés ; faites raser les maisons de la
Rochejacquelin , et tâchez de frapper un grand coup. Le général
Charpentier pourra faire sortir de Nantes plusieurs bataillons de
fédérés et le bataillon de la marine. Expédiez une estafette au général
GlaUsel, qui enverra une colonne de Bordeaux, qui se réunira à celle
de la Rochelle, s'il est nécessaire. Faites organiser quelques pièces
de canon pour appuyer vos colonnes.
Ma première pensée a été de vous donner le commandement en
chef de la Vendée; mais, comme j'aurai besoin de vous pour la
grande guerre, je ne vous y laisserai qu'une vingtaine de jours, et
j'enverrai un général pour vous remplacer.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21945. — NOTES DICTEES EN CONSEIL DES MINISTRES.
Paris, 21 mai 1815.
On ne peut pas se dissimuler que la guerre civile éclate réellement
dans la Vendée, et qu'il n'y a point à différer pour prendre des
mesures militaires et organiser une armée pour combattre la rébel-
lion; mais ce n'est pas de ce côté seul qu'il faut porter l'attention.
Si des mesures n'étaient pas prises dans la Normandie, on y verrait
bientôt se développer les trames qui y sont ourdies en secret contre
14.
212 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
la tranquillité publique. Il est reconnu que beaucoup d'hommes mal
intentionnés sortent de la capitale pour se porter dans ce pays. Le
commissaire extraordinaire qui avait été envoyé à Lyon a rapporté
que dans cette ville la police municipale a été dans le cas, depuis
quelques semaines, de délivrer chaque jour un nombre fort considé-
rable de passe-ports à des personnes qui vont dans le Midi. La police
locale de Poitiers assure qu'un grand nombre des partisans des
Bourbons partent chaque jour pour aller se joindre à la rébellion qui
s'organise dans la Vendée. Ces divers renseignements donnent lieu
de reconnaître qu'il existe un ordre de choses dangereux et auquel il
est urgent de porter remède. En conséquence. Sa Majesté ordonne
que les ministres de la police générale, de la guerre et de l'intérieur
se réuniront pour faire en commun un rapport sur la situation des
différentes parties de la France oii la tranquillité publique est menacée.
Ils proposeront les mesures qu'ils croiront qu'il convient d'adopter,
et ils examineront celles qui vont être indiquées ci-après ; ils les dis-'
cuteront, et ils rédigeront un projet de décret qui sera présenté,
dans le plus bref délai, à l'Empereur, avec le rapport des trois
ministres.
Les mesures indiquées par Sa Majesté sont les suivantes :
Former dans la Normandie, les départements du Nord, du Pas-de-
Calais et de la Somme, les quatre départements de la Bretagne, le
département de la Gironde, les départements des 8', 9* et 10* divi-
sions : l'un comité de trois membres, par département, qui procéde-
ront par procès-verbaux signés chaque jour, et qui auront le droit de
faire arrêter les hommes prévenus d'être les principaux agents des
trames contre la tranquillité publique et la sûreté de l'Etat, et d'éloi-
gner ceux qui seront connus comme agissant par leur influence
contre les intérêts du Gouvernement; ce comité enverra chaque jour
expédition de son procès-verbal au ministre de la police et à la com-
mission de haute police dont il s'agit ci-après; 2" une commission de
haute police, par division militaire, siégeant au chef-lieu de la
division; cette commission sera composée du général commandant
la division, ou, s'il y a lieu, par un lieutenant général, désigné ad
hoc, du procureur général et du préfet du chef-lieu; elle exercera les
fonctions de la haute police; elle correspondra avec les comités des
départements de la division, afin de les éclairer et de mettre de 1 ac-
tivité dans leurs opérations; la commission de haute police aura le
droit de suspendre les maires , les sous-préfets et les agents des dif-
férentes administrations.
On enverra à ces commissions l'examen de la question de savoir
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON !«'. — 1815. 213
si l'on désarmera la garde nationale de Bordeaux, de Toulouse, de
Montauba« et d'autres villes où cette mesure serait dans le cas d'avoir
lieu; elle devrait être méditée et concertée de manière que le désar-
mement, s'il est ordonné, se fasse sans donner lieu à des voies de
fait et à l'effusion du sang.
Les ministres désignés ci-dessus proposeront les membres qu'ils
croiront les plus propres à composer soit les comités, soit les com-
missions dont il s'agit. Us enverront au ministre des affaires étran-
gères les renseignements que leur fournissent leurs correspondances,
et qui prouvent que l'Angleterre, soit par les envois d'armes, de
munitions et d'artillerie, soit par le débarquement d'anciens chefs
chouans et vendéens, excite le soulèvement des pays et commet ainsi
de graves hostilités.
Le ministre de la guerre donnera des ordres pour faire évacuer et
remettre à la disposition du ministre de la police le donjon de Vin-
cennes; de son côté, le ministre de la police fera remettre ce donjon
dans l'état où il était.
D'aprè8 la copie. Archives de l'Empire.
21946. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 22 mai 1815.
Mou Cousin, envoyez un officier du génie et un officier d'artillerie
à Dijon , pour concerter ce qu'il y a à faire à cette place pour la
mettre à l'abri d'un coup de main. Y a-t-il un bon fossé, un parapet?
J'ai idée qu'il y a une bonne enceinte ; il ne faudrait que l'armer et
défendre les portes. Si le parapet est démoli, on pourrait le rétablir
sur-le-champ, en commençant par les bastions.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21947. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris , 22 mai 1815.
Mon Cousin, j'approuve que vous fassiez présent à la commune de
Tournus de 100 fusils et de 2 pièces de canon, que vous ferez venir
d'Auxonne.
Faites ramasser tous les fusils de chasse que vous pourre z avoir.
21* CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
et donnez-en aux habitants de l'Alsace, de la Lorraine, du Jura, des
Vosges et à ceux des bords de la Saône.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™» la maréchale princesse d'Ëckmiihl.
21948. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MIMSTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 22 mai 1815.
Mon Cousin, je vous ai fait connaître hier, par le major général ,
que je désirais qu'il fût formé une armée de la Loire, commandée
par le général Lamarque. Envoyez-y un général d'arlillerie et un
général du génie, qui partiront dans la journée pour se rendre à
Angers, avec quelques officiers d'artillerie et du génie. Aussitôt que
le général Lamarque sera arrivé, vous organiserez son état-major.
En attendant, le général Delaborde conservera le commandement.
Je vous ai fait connaître qu'il était nécessaire d'armer le château
de Nantes et d'y nommer un gouverneur-, envoyez-y le général
Hogendorp; faites-le partir dans la journée.
Faites mettre en état de défense les châteaux d'Angers et de Saumur ;
envoyez-y l'artillerie et les muoilions de guerre nécessaires. L'artil-
lerie aura besoin d'un matériel assez considérable pour l'armement
de ces châteaux et pour les divisions actives.
Gardes nationales. — La garde nationale de Nanles sera complétée
à 4-, 000 hommes. Dirigez des armes pour les armer. Organisez à
Nantes un atelier de réparation et faites-y parvenir 5,000 fusils en
réparation, tirés de toutes les parties de la Bretagne.
Gendarmerie. — Je vous ai prescrit de faire un appel de 800 gen-
darmes à cheval et 2,000 gendarmes à pied. On formera trois esca-
drons des gendarmes à cheval et quatre bataillons des gendarmes à
pied. Chaque bataillon sera composé de quatre compagnies de 125
hommes chacune. Les trois escadrons de gendarmerie à cheval seront
réunis à Angers, à Poitiers et à Niort. Les quatre bataillons de gen-
darmerie à pied seront réunis de la manière suivante : à Angers,
le 1" et le 2' bataillon, composés des compagnies parties de Ver-
sailles; à Poitiers, le 3* bataillon, et le 4" bataillon, à Niort. Ces
deux bataillons seront formés des gendarmes des départements. Il
est nécessaire que ces bataillons aient un colonel et les chefs de
bataillon et ofGciers nécessaires. Les 100 gendarmes de Paris qui
sont dans l'Ouest seront affectés à la place d'Angers et au service du
quartier général. Les dix lieutenances mobiles de gendarmerie à pied
CORRESPONDANCE DE MAPOLÉON I«^ — 1815. 215
formeront un bataillon de quatre compagnies, qui sera le 5"= batail-
lon et se réunira à Saumur. Il sera complété à 500 bommes.
Envoyez-y un chef de bataillon et tous les ofûciers nécessaires. Il
sera donc nécessaire que le 1" et le 2" bataillon, qui ont été orga-
nisés à Versailles, à six compagnies, soient formés à quatre, atin
qu'ils aient la même composition que les autres bataillons.
Je vous ai mandé d'envoyer des maréchaux de camp pour com-
mander les départements de la Loire-Inférieure, de la Mayenne, de
la Sarthe, de Maine-et-Loire, de la Vendée, des Deux-Sèvres, de la
Haute- Vienne et de la Charente-Inférieure, indépendamment du géné-
ral Travot et d'un autrejeune lieutenant général, que vous ferez partir
pour remplacer le général Corbineau, lorsqu'il sera obligé de revenir
à Paris. Le major général a dû vous dire qu'il était indispensable que
le général Clausel fût prévenu des mouvements de la Vendée, atin
qu'il envoie une forte colonne pour s'approcher de Niort et se joindre
à la colonne de la Rochelle et de Rochefort et contenir les insurgés
de ce côlé.
Il y aura donc, 1' à Angers, une division de gardes nationales,
commandée par un lieutenant général, ayant une batterie de canons,
deux bataillons de gendarmerie à pied et un escadron de gendar-
merie à cheval; 2" à Poitiers, une division de gardes nationales de
la 21" division militaire, un bataillon de gendarmerie à pied, un
escadron de gendarmerie à cheval; 3» à Niort, la colonne du général
Clausel, la colonne venant de la Rochelle, un escadron de gendar-
merie à cheval et un bataillon de gendarmerie à pied; 4° à Saumur,
un bataillon de gendarmerie à pied. Le général Charpentier, qui
est à Nantes, dirigera les troupes dont il pourra disposer, de manière
à comprimer les rebelles, savoir : un détachement de gardes natio-
nales, trois bataillons de fédérés, un bataillon du 65% et tout ce
que pourront fournir les dépôts et les 3" et 4" bataillons dispo-
nibles dans la 13® division militaire, qui, au lieu de venir à Paris,
seront réunis à Nantes. Il sera nécessaire alors d'y organiser un
atelier d'habillement pour 2,000 habits complets. Il faudra égale-
ment, au lieu de les envoyer à Paris, réunir à Angers tous les
3" bataillons des régiments qui sont dans la 22* division militaire,
à mesure qu'ils seront complétés ; faites-m'en connaître l'état; réunir
également à Poitiers tous les dépôts qui sont dans la 21* division,
et à Napoléonville tous- ceux de la 12*; m'en faire l'état. Le 15%
le 26' et le 25* formeront une colonne active, qui sera succes-
sivement renforcée par les autres troupes.
Ecrivez à tous les généraux qui commandent les divisions et les
216 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I«'. — 1815.
départements de presser l'organisation des bataillons, la remonte de
la cavalerie, et de diriger les hommes sur les trois points d'An<Ters,
Poitiers et Niort. Il serait utile de renforcer les corps qui sont à
Napoléonville, point central d'oii Ton doit partir pour réprimer les
rebelles.
Napoléon.
D'après l'original comm.' par M™'= la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21949. — AU MARECHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 22 mai 1815.
Mon Cousin , je vous ai mandé qu'il fallait mettre en état de
défense, à Marseille, le fort Saint-Nicolas et le fort Saint-Jean, ou
au moins l'un de ces forts , s'il n'était pas possible de les mettre tous
les deux. Il est urgent de retirer du fort Saint-Nicolas les 100,000
kilogrammes de poudre et les 500,000 cartouches qui s'y trouvent
au delà des besoins. Il faut les évacuer sur Toulon; et, si Toulon
en est suffisamment approvisionné, on les dirigera sur Lyon. 11 est
très-important que des moyens aussi considérables ne soient pas
laissés dans une ville d'un aussi mauvais esprit que Marseille. Il y
a dans cette ville 4,000 hommes de gardes nationales bien armés et
beaucoup de compagnies royales. Il faut écrire au maréchal Brune
d'exécuter mes ordres, et que les hommes de ces compagnies soient
dirigés sur Lyon, pour y entrer en ligne dans nos armées. La garde
nationale doit être désarmée, et il faut qu'il en forme une nouvelle,
composée des patriotes et du peuple. On l'armera jusqu'à concur-
rence de 1,500 ou de 2,000 hommes.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21950. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 22 mai 1815.
Mon Cousin, faites-moi connaître la situation de Montreuil. On
me mande que cette place n'est point armée, qu'elle n'a point l'ordre
de l'être, qu'elle n'est pas à l'abri d'un coup de main, et qu'il ne s'y
trouve que 1,200 kilogrammes de poudre.
On me mande qu'il y a des fusils à réparer à Dunkerque, mais
(|u'on ne travaille point aux réparations.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 217
On me mande, à la date du 6 mai, qu'il y a à Lille mille soixante
bouches à feu : cela est évidemment trop. Faites-moi connaître de
quels calibres et de quelle matière sont ces bouches à feu. On pour-
rait en retirer une grande partie et les faire revenir sur les places de
la Somme et sur Paris.
On me mande que, le 10 mai, on n'avait point formé de compagnie
de canonniers à Landrecies : ordonnez qu'on en forme de suite.
On me mande de Maubeuge, le 13 mai, que la manufacture
d'armes peut fabriquer par mois 2,900 fusils et en réparer 1,100,
tolal 4,000; et qu'elle pourrait porter ses produits au delà, si les
ouvriers étaient payés, mais il parait qu'ils ne le sont pas exactement.
Faites-moi connaître quand il sera opportun de les faire évacuer,
soit sur Paris, soit sur la Fère. Ne serait-il point sage de commencer
dès ce moment l'évacuation sur la Fère? Quelle indemnité doit-on
donner aux ouvriers pour leur déplacement? Combien sont-ils? EnGn
quel est le matériel?
On demande à Charlemont trente-trois pièces de canon pour com-
pléter l'armement : faites-les diriger de Lille.
On pense qu'il serait convenable d'employer le général Charbonnier
comme commandant d'armes de Givet.
Au 15 mai, le bataillon de la garde nationale de la Marne, qui
est à Rocroy, n'avait que 200 fusils : il faut lui en faire donner.
On me mande que la fabrique d'armes de Charleville fait 4,900 fu-
sils par mois, et peut, en outre, en réparer 2,000, mais que les
ouvriers ne sont pas payés du mois d'avril et du courant de mai; il
paraît que l'entrepreneur a de très-mauvaises affaires.
11 manque à iMézières douze bouches à feu. Il y a dans l'arsenal
2,000 fusils en état et 9,000 fusils étrangers , dont 2,000 sont sus-
ceptibles de faciles réparations. Ce nombre de fusils est beaucoup
trop fort; il faut les employer aux besoins de l'armée, ou en retirer
une partie. Le bataillon suisse qui est à Mézières manque d'habille-
ment et d'équipement : faites-moi connaître d'où cela vient.
Il existe à Sainl-Omer cent deux pièces de 24, quatre-vingt-dix
de 4, vingt mortiers de 12 pouces, quinze de 8, qui ne sont point
nécessaires à l'approvisionnement : faites refluer cela sur Paris.
Le 8 mai , Ardres n'était point à l'abri d'un coup de main; il n'y
avait que 2,000 kilogrammes de poudre et point d'approvisionnements
de bouche.
11 y a quatre cent trente-deux bouches à feu à Douai : ne pourrait-
on pas en retirer quelques-unes? Le travail des réparations de fusils
S18 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON ^^ — 1815.
va lenJement. Il y en avait 1,400 à réparer; combien en répare-t-on
par jour?
Dans toutes les places du Nord il manque des affûts; il me semble
qu'on pourrait en construire; remettez-moi un rapport sur cet objet.
Je préfère qu'il soit construit une partie des affûts dans les places ;
la construction se continuerait au moins pendant leur blocus.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la macéchale princesse d'Eckmiibl.
21951.— AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 22 mai 1815.
Mon Cousin , j'ai reçu le rapport du duc de Padoue. Faites-lui
connaître qu'il ne faut pas envoyer un bataillon du 35" à l'île d'Elbe,
puisqu'un bataillon du 15* est parti de Toulon pour cette destination,*
et que le 35* doit rentrer en France. Si ce bataillon était parti pour
l'île d'Elbe, donnez-lui l'ordre de le faire revenir sur-le-champ, et
donnez le même ordre au général Dalesme, qui, vingt-quatre heures
après la réception de votre lettre, devra le faire rembarquer pour
revenir en France. Ce bataillon viendra débarquer à Toulon ou à
Antibes , selon les vents.
Témoignez ma satisfaction à la junte, pour la conduite qu'elle a
tenue. Témoignez également ma satisfaction au général Simon , qui
restera en Corse comme lieulenant général.
J'ai ordonné l'arrestation du général Bruni; faites mettre les scellés^
sur ses papiers, et faites-lui faire une déclaration des fonds qu'il a
pris et de l'emploi qu'il en a fait.
Ecrivez au duc de Padoue que, sous quelque prétexte que ce soit,
on ne retarde le passage des troupes qui doivent revenir en France.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™* la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21952. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 22 mai 1815.
Mon Cousin, faites connaître au maréchal Brune que Je suppose
qu'il proGtera des troupes qu'il a à sa disposition pour désarmer Mar-
seille et organiser un régiment de gardes nationales de 1 ,500 hommes,
composé de patriotes. Il fera arrêter une trentaine des principaux
CORRESPONDAiVCE DE NAPOLEON ^^ — 1815. 219
royalistes, tels que d'Albertas, Bouthillier ', etc., qu'il fera conduire
au fort Lamalgue. Une centaine d'autres seront envoyés aux forts de
la Garde, Saint-Nicolas et Saint-Jean, ou en surveillance dans les
départements du Dauphiné. Il fera entièrement désarmer les royalistes,
a(în que les armes soient toutes entre les mains des patriotes. Il
laissera le commandement et la police de la ville au général Verdier,
qui commande le département. Le préfet organisera les compagnies
départementales , qui seront aux frais de la ville. On changera les
officiers de gendarmerie qui ne sont pas sûrs , et on augmentera la
gendarmerie, que l'on placera à Marseille. Enfin on essayera de for-
mer des fédérations de tous les patriotes , et de les faire fédérer avec
Toulon. On se donnera du mouvement pour secouer l'esprit public;
on répandra des proclamations , et on ordonnera à tous les nobles et
à tous les individus qui ont fait partie des bataillons royaux de sortir
de la ville, sous peine d'être arrêtés et traités comme suspects. Enfin
le général Verdier établira une police très-sévère.
Ordonnez au maréchal Brune, à la réception de votre leltre, de
commencer à former le corps d'observation du Var. Il sera composé
de deux divisions, de trois régiments chacune, de 20 pièces de canon
et de deux escadrons du 14*. Il fera border le Var par des postes et
établira son camp entre le Var et Antibes , afin d'en imposer à l'en-
nemi et de le forcer à diviser ses forces. Il répandra des proclamations
dans le comté de Nice, afin d'attirer des déserteurs, dont il formera
un régiment à Toulon.
Le maréchal Brune pourra rester encore quelque temps à Mar-
seille avec la garnison ; mais vous devrez lui annoncer qu'il faut que,
le 8 juin , il ait son quartier général à Antibes, et que ses six régi-
ments soient réunis entre Antibes et le Var avec le 14* et vingt pièces
de canon.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"^' la maréchale princesse d'Eckraiihl.
21953. —AL MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 22 mai 1815.
Mon Cousin, je vous renvoie les lettres du général Delaborde,
du 20. Expédiez-lui une estafette extraordinaire pour lui faire con-
' Le marquis d'Albertas, ex-préfet du département des Bouches-du-Rliône ; le
comte de Bouthillier, ex-préfet du département du Var, Le comte de Bouthillier
était déjà au fort Lamalgue.
220 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
naître que je désire qu'il tienne le 15", le 26" et le 27® régiment, et
toutes ses troupes, réunis en avant d'Angers; que , tant que les Ven-
déens verront ses troupes en position de se diriger sur Napoléon et
sur leurs habitations, ils n'iront pas ailleurs; et que ce qui a pro-
longé la guerre de la Vendée, c'est de s'être disséminé; qu'il tienne
donc toutes ses troupes réunies.
Je suppose qu'il a déjà de l'artillerie de campagne , qu'il a retirée
de Nantes. Faites néanmoins partir sur-le-champ, de l'endroit le plus
près, deux batteries à pied que vous lui enverrez; qu'elles marchent
en toute diligence. Envoyez en poste deux ofGciers d'artillerie et un
officier de génie à Saumur. Envoyez-y aussi de l'artillerie de l'endroit
le plus près où vous en avez.
Il est probable que, si le général Delaborde réunit sous les ordres
du général Corbineau le 15% le 26" et le 27% tout ce que les dépôts
peuvent lui offrir de cavalerie, les gendarmes à pied et à cheval
qu'on lui envoie de Paris, ce qui se trouve dans les départements et
six pièces d'artillerie, il sera à même de se mettre en communication
avec le général Travot et de le dégager. Envoyez en poste au général
Delaborde des officiers d'état-major, deux ou trois adjudants com-
mandants et colonels, et huit ou dix capitaines, hommes d'élan et
d'une bravoure reconnue.
Indépendamment d'une batterie d'artillerie, qu'on fera partir de
Rennes , faites-lui envoyer d'ici une ou deux batteries d'artillerie en
poste. Je suppose que vous avez expédié des ordres à tous les géné-
raux; prenez de ceux qui sont à Paris.
Donnez ordre aux deux régiments de la jeune Garde qui sont ici
prêts à partir de se mettre en route sous les ordres du lieutenant
général Brayer et d'un général de brigade. Us partiront à deux heures
du matin, voyageront en poste, et ils doivent arriver en trois ou
quatre jours. Qu'une batterie de six pièces de canon et une com-
pagnie d'artillerie les suivent. Ce mouvement se fera également en
poste. Un chef d'escadron d'artillerie se rendra d'avance à Angers
pour y organiser les attelages. Les harnais seront envoyés d'ici en
poste. Faites partir également en poste le 3' bataillon du 14% qui
est à Orléans. De sorte que, d'ici à quatre jours , le général Brayer
pourra se trouver là avec ses deux régiments de la jeune Garde et le
bataillon du 14",
Envoyez le général Pajol visiter les dépôts sur la Loire. Il fera
verser d'un régiment sur un autre, de manière à mettre sur-le-champ
en activité tout ce qui est disponible.
Aussitôt que vous aurez reçu cette lettre, faites partir un commis-
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 221
saire des guerres, avec de l'argent, pour préparer les voitures qui
porteront les deux régiments de la jeune Garde. En partant d'ici à
deux heures du matin, cette troupe peut arriver à Versailles avant
le jour; il faut qu'elle trouve là des voitures pour aller plus loin.
Ces deux régiments n'étant qu'à 2,000 hommes n'ont besoin que de
120 voitures par relais; pour un régiment, il n'en faudra que 60. Il
faudrait les faire partir par deux routes différentes , si cela se peut
sans allonger la distance ; ou bien les faire partir à six heures d'in-
tervalle, pour que les relais qui auront mené le 1" régiment puissent
rafraîchir en attendant le 2' régiment et le conduire. Ce n'est qu'à
Versailles qu'il est nécessaire d'avoir un nombre double de voilures.
Il sera peut-être plus expéditif que vous envoyiez six autres pièces
de canon en poste à Saumur, à moins que vous ne soyez bien sûr
d'en avoir de plus près.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"* la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21954. — AU MARECHAL SOULT, DUC DE DALMATIE,
MAJOR GÉNÉRAL, A PARIS.
Paris, 22 mai 1815.
Mon Cousin, demandez six ingénieurs des ponts et chaussées qui
connaissent dans le plus grand détail toutes les routes et les localités
des départements de la Belgique et de la rive gauche du Rhin ; atta-
chez-les à la suite de l'état-major général.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21955. — AU MARÉCHAL SOULT, DUC DE DALMATIE,
MAJOR GÉNÉRAL, A PARIS.
Paris, 22 mai 1813.
Mon Cousin , faites connaître au général Vandamme que son em-
placement sous Chimay démasque trop son mouvement ; que de Ro-
croy, par Couvin, il ne se trouve qu'à six lieues de Philippeville. Si
je prenais l'offensive par la gauche , le centre se trouverait à Philip-
peville, tandis que la gauche se trouverait à Maubeuge. Il faut donc
que la route de Rocroy à Philippeville soit libre, et le poste de Ma-
rienbourg l'assure parfaitement. Il faudra, le plus tôt possible, faire
remplacer la cavalerie qui se trouve de Bouillon à Charlemont par
des partisans et par des gardes nationales montées pour servir comme
cavaliers en partisans.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
222 CORRESPOMDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
21956. — AU MARÉCHAL SOULT, DUC DE DALMATIE,
MAJOR GÉNÉRAL, A PARIS.
Paris, 22 mai 1815.
Mon Cousin , faites dresser une instruction pour que le comman-
dement de la 16* division, en cas de guerre et que Lille soit menacée,
se porte entre Lille et Dunkerque, afin de veiller à ce que tous les
obstacles soient mis à profit pour la défense du pays.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21957. —AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris, 22 mai 1815.
Monsieur le Comte Carnot, la garde nationale de Lille n'est point
encore organisée. Donnez l'ordre au général Lapoype de l'organiser
et d'y mettre des hommes du peuple. Si cette organisation souffrait^
des difficultés, dites-lui de former du peuple de Lille plusieurs corps
ou bataillons de tirailleurs.
Napoléon.
D'après l'original. Archives de l'Empire.
21958. — AU COMTE CARXOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris, 22 mai 1815.
Monsieur le Comte Carnot, je vous envoie une réponse du général
Drouot et des officiers d'artillerie au mémoire que vous m'avez com-
muniqué. Au fait, si l'auteur pouvait se charger, à un prix convenu
et sans débaucher les ouvriers de nos ateliers , de monter 300 fusils
par jour, moyennant qu'on lui fournirait les baïonnettes, baguettes,
canons, platines et les bois bruts, ce serait un service qu'il rendrait.
Alors , opérant pour son compte et responsable des armes , il pour-
rait mettre en pratique la forme d'administration qu'il propose; nous
avons des pièces de rechange pour monter 150,000 fusils. Nous
avons, en oulre, 150,000 fusils à réparer et à mettre en état. Voilà
donc de quoi faire 300,000 fusils. Jusqu'à présent, nous n'avons pu
réparer que 600 fusils par jour et n'en monter que 300; il faudrait
donc plus d'une année pour monter nos pièces de rechange , et plus
de six mois pour réparer nos 150,000 fusils. Sî l'auteur du mémoire
pouvait' se charger de nous monter 60,000 armes à raison de 3 ou
400 par jour, nos aurions nos 300,000 fusils en moins de six mois.
Les platines existent. L'artillerie s'occupe actuellement d'une machine
qui fournira 1,000 platines par jour. Les ateHers pourront diriger
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815. EU
leurs efforts sur d'autres pièces , les canons en profiteront. Ce qui
importe actuellement, c'est d'avoir nos 300,000 armes disponibles
dans le plus court délai. Pourquoi l'auteur n'entreprendrait-ll pas un
marché, puisqu'il connaît la matière et qu'il peut disposer de beau-
coup d'ouvriers à Paris?
Napoléox.
D'après l'original. Archives de l'Empire.
21959. — DECRET.
Paris, 22 mai 1815.
Napoléon, par la grâce de Dieu et les constitutions de l'Empire,
Empereur des Français ,
Voulant donner une preuve particulière de notre satisfaction au.^
communes de Chalon-sur-Saône, Tournus et Saint-Jean-de-Losne ,
pour la conduite qu'elles ont tenue pendant la campagne de 1814,
nous avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article premier. L'aigle de la Légion d'honneur fera partie des
armes de ces villes.
Art. 2. Nos ministres de la guerre, de l'intérieur, et notre grand
chancelier de la Légion d'honneur, sont chargés de l'exécution du
présent décret.
Napoléon.
Extrait du Bulletin des Lois du 25 mai 1815, n» 31 .
21960. —AU MARÉCHAL DAVOLÏ, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUEP.RE , A PARIS.
Paris, 23 mai 1813.
Mon Cousin , il est contre toutes les règles que le trésor paye au-
cune solde pour un nouveau corps sans un décret spécial. Je n'ai
donc jamais pu penser, parce que ce n'était jamais arrivé, que vous
pussiez m'engager dans une dépense de 40 millions, sans que cela ait
été médité et ensuite arrêté par un décret. J'avais approuvé le prin-
cipe de la mesure que vous aviez proposée ; mais vous procédez à
l'exécution de manière à nous jeter dans un chaos, car généraux,
adjudants commandants, colonels, viendraient inonder nos places.
Faites exécuter mon dernier décret sans délai. La difûculté ne peut
donc tomber que sur les traitements de réforme; et, d'abord, les
généraux, les colonels et les lieutenants-colonels ne sont pas dans
ce cas, car, sur les 15,000, je n'en prends que 1,200. Les soldats
doivent d'abord jouir du traitement d'activité. L'autre question sera
224 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
traitée dans son temps; mais il y aurait de la témérité, dans la pé-
nurie de nos finances, qui est telle que nos services les plus indis-
pensables, même la solde d'activité, peuvent manquer d'un moment
à l'autre, à s'engager dans des dépenses inutiles. Quand vous me pré-
sentez les bases d'im projet tout nouveau , l'adoption du principe
n'est qu'une autorisation pour me proposer de revêtir l'exécution de
formes légales. Ordonnez donc l'exécution de mon décret, qui seul
peut nous faire connaître à quoi nous nous engageons.
Il est aussi de principe que jamais on ne dispose d'un officier gé-
néral sans mon approbation. Je me vois ainsi obligé de recommencer
tout le travail des divisions actives , où l'on a mis des généraux qui
ne peuvent me convenir.
Les bureaux de la guerrre ont également oublié tous les principes,
en vous faisant délivrer des ordonnances pour des crédits qui n'étaient
pas compris dans la distribution mensuelle. Cela ruine le crédit de
la trésorerie et est contraire à l'usage de tous les temps; quand je»
dis de tous les temps , je ne parle pas du gouvernement royal , dont
je ne connais pas la marche en détail , mais c'est contraire à l'ordre
qui a été observé dans les finances depuis le Directoire. Il faut donc
régulariser cela. Portez dans les demandes de crédit pour juin tout
ce que vous avez ordonnancé au delà de vos crédits mensuels , et
désormais n'ordonnancez plus rien que jusqu'à concurrence du
crédit du mois, sans quoi vous entraveriez le service, vous annule-
riez vos ordonnances , et nous ne pourrions plus nous comprendre.
Il entre dans la responsabilité du trésor que, quarante jours après que
vos ordonnances ont été délivrées en conséquence des crédits men-
suels, elles soient soldées; mais, si vous ordonnancez au delà des
limites de ce crédit, tout devient chaos. Quand j'accorde un crédit
mensuel, je le base sur les ressources et sur les recettes ; le ministre
du trésor est convenu qu'il a ces moyens , et dès lors il doit pourvoir
aux dépenses qui y sont proportionnées.
Un autre article dont j'ai à vous entretenir, c'est celui des remontes.
Vous avez fait des fonds à différents régiments qui devaient acheter :
mais les régiments n'achètent pas; c'est donc un crédit qui reste
mort. Également vous avez fait un marché pour deux millions , et
vous avez fait un crédit en conséquence : cependant ces marchés ne
se remplissent pas; c'est encore un crédit mort.
Le trésor est la base de tout, et je ne puis avoir action sur le trésor
qu'autant que vous vous conformez aux règles et que vous ménagez
le plus possible les fonds. Cela est tellement vrai, qu'il était d'usage
que les ordonnances rappelassent non-seulement le crédit du budget.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 225
mais le crédit mensuel auxquels elles s'appliquaient. Il me semble
que les bureaux de la guerre ont oublié les formes qui ont été en
vigueur pendant tant d'années.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""' la maréchale princesse d'Eckmiilii.
21961. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MIMSTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 23 mai 1815.
Mon Cousin, dans l'état des remontes, je ne vois le dépôt de
Versailles porté que pour 2,800 chevaux : cependant il doit fournir
7,000 chevaux, plus 1,000 chevaux de trait; ce qui fait 8,000, Vous
portez zéro aux cuirassiers et dragons : cependant le dépôt de Ver-
sailles doit fournir 1,000 chevaux à chaque arme; et il en a déjà
fourni aux carabiniers.
Les remontes n'avancent pas. Personne n'est à la tête de notre
cavalerie, et je vois que, depuis le mois de mars, la cavalerie n'a fait
d'autres progrès que ceux résultant des chevaux pris à la gendarmerie.
Cet objet est de la plus haute importance. Il faut autoriser les corps
qui sont portés pour les 2,000 chevaux à envoyer des officiers de
recrutement et à acheter des chevaux un à un. Le général Bourcier
veut y mettre trop de lenteur et de méthode. Il faut qu'il envoie des
officiers en remonte dans les départements pour acheter des che-
vaux. Il doit seulement leur prescrire de ne pas dépasser les prix du
fournisseur. Il faut enfin résilier les marchés qui ne s'exécutent pas,
ce qui rendra des ressources disponibles.
Il faudrait quelqu'un à la tête de vos bureaux de la cavalerie. L'ar-
tillerie et le génie ne vont bien que parce qu'ils sont dirigés par des
généraux de l'arme, qui savent les détails et s'occupent de la pensée
de cette partie. Je pense que le général Préval serait très-bien à la
tête de tous les bureaux de la cavalerie. Vous le remplacerez facile-
ment par un aide de camp ou par un colonel dans la direction du
dépôt de Beauvais. H y a beaucoup de faux mouvements.
Il est urgent de faire faire une commande de 2,000 chevaux de
gendarmerie dans les départements autres que ceux qui composent
les 11", 9% 10% 8% 7^ et 19'' divisions militaires, et de faire, dans
ces six divisions, un appel particulier pour les cinq régiments qui
sont affectés à ces localités. Vous pourrez charger le maréchal Su-
chet , le général Clausel et le maréchal Brune de réunir les chefs de
la gendarmerie de leurs départements et de se concerter avec eux
xxviii. 15
226 CORRESPONDANCE DE NAPOLEOM I«^ — 1815.
pour faire un appel des chevaux de gendarmes, proportionnellement
à ce qu'ils peuvent fournir, de manière à arriver à compléter prorap-
tement ces corps.
La cavalerie ne va d'aucune manière. C'est tous les jours que les
commandants des dépôts doivent vous envoyer un état abrégé de tout
ce qu'ils reçoivent, afin que les bureaux puissent connaître la situa-
tion des hommes, des chevaux et des selles. Il y a dans cette partie
bien de l'apathie; c'est pourquoi nous n'avons pas encore de cavalerie.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""' la maréchale princesse d'Eckmiilil.
21962. — AU MARECHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 23 mai 1815.
Mon Cousin, je suppose que le bataillon du 14% qui doit se rendre^
d'Orléans à Angers en poste, se sera embarqué sur la Loire à Orléans.
Les deux bataillons de la Garde qui partent aujourd'hui de Versailles
auront probablement leurs relais sur la route de Chartres et de Ven-
dôme. Ils joindront la Loire à Tours. Il faut qu'à Tours des bateaux
soient prêts et qu'ils puissent s'y embarquer pour descendre la Loire
jusqu'à Angers. Envoyez un officier à Versailles pour voir s'il serait
encore temps de les faire passer de Chartres à Orléans, où ils s'em-
barqueraient, ce qui coûterait moins et serait plus tôt fait. Cepen-
dant , si les relais de Chartres à Tours étaient commandés, il faudrait
les laisser filer.
Envoyez aussi un officier à Orléans pour savoir si l'embarquement
va bien et combien il faut pour la navigation d'Orléans à Angers ,
afin que, si nous avons encore quelques troupes à y envoyer, nous
puissions profiter de la Loire.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21963. — AL MARECHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMLHL,
MINISTRE DK LA GUKRRE, A PARIS.
Paris, 24 mai 1815.
Mon Cousin, vous ne m'avez encore proposé aucun général pour
commander dans la Vendée , dans les Deux-Sèvres , dans la Loire-
Inférieure et dans les autres départements où il n'y en a pas; cette
opération cependant est bien importante.
J'apprends que le général Chambarlhac est allé commander à Dijon;
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815. 227
celte disposition ne m'a pas été soumise. Il est de principe pourtant
qu'un général ne peut pas recevoir une destination sans mon appro-
bation; on ne donne le commandement d'une division militaire ou
d'un département que par un décret.
Je vois dans un journal une lettre que je vous ai écrite : c'est, de-
puis que je suis au gouvernement, la première fois que je vois pa-
reille chose. J'apprends que vous envoyez aux journaux des extraits de
mes lettres et de celles des généraux : c'est contraire à tous les prin-
cipes et même à la décence. 11 est désormais nécessaire que mes
lettres ne soient connues que de vous, et qu'il n'en soit expédié aucun
extrait à vos correspondants, ni même à vos bureaux. Votre prédé-
cesseur gardait mes lettres dans les tiroirs de son bureau, et faisait
faire dans son cabinet l'extrait des ordres auxquels elles donnaient lieu.
Napoléox.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'EckmiihI.
21964. — AU MARECHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMLHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 24 mai 1815.
Mon Cousin , donnez ordre que le général Loverdo soit jugé ,
comme ayant, de sa propre main, tué un maire du Dauphiné.
Napoléox.
D'après l'original coram. par M™" la maréchale princesse d'EckmiihI.
21965. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 24 mai 1815.
Mon Cousin, je vous renvoie les lettres de la Vendée. Apportez
aujourd'hui au conseil l'état de toutes les mesures prises pour ré-
primer ces mouvements, des généraux qui y ont été envoyés, et des
ressources que présentent les localités. Ajoutez-y les nouvelles que
vous avez de la formation des bataillons qui s'organisent à Poitiers.
Si vous pensez qu'il soit utile d'envoyer 200 chevaux tout harnachés
à Angers, vu les retards qu'on aurait à s'en procurer sur les lieux,
je n'y vois pas d'inconvénient.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M'"* la maréchale princesse d'EckmiihI.
15.
228 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
21966. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMLHL,
MIXISTRK DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 24 mai 1815.
Mon Cousin , je reçois votre lettre relative au régiment étranger.
Il ne paraît pas qu'il ait été fait aucunes dispositions pour Thabille-
ment de ce régiment. Faites donc ces dispositions, pour que les ha-
bits soient confectionnés aussitôt que les hommes arriveront.
Je n'approuve pas qu'on envoie à Chambéry le cadre d'un bataillon
du 31" léger. Il peut y avoir de l'inconvénient à employer aussi promp-
lement des déserteurs contre le pays d'où ils viennent. Cela don-
nerait trop d'avantages à l'ennemi pour l'espionnage. Il vaut mieux
laisser ce régiment ù Chalon , oii on s'en servira selon les circon-
stances.
Napoléon,
D'après l'original comin. par M""* la maréchale princesse d'EckmiihI.
21967. — NOTE POUR LE MINISTRE DE LA MARINE.
Paris, 25 mai 1815.
Faire un plan de campagne appliqué aux moyens actuels et au
budget. Comme nous ne sommes pas dans le cas de faire de la dé-
pense, on pourrait prendre, pour l'armement des bâtiments légers,
dans les magasins des vaisseaux de ligne, en évitant de détruire des
objets d'un échantillon supérieur pour les remplacer par un échan-
tillon inférieur, ce qui serait une sorte de dilapidation.
Revoir les règlements sur la course, afin de laisser aux équipages
la part qu'on prenait pour les Invalides, de mieux régler la réparti-
tion des parts entre les officiers et les hommes de l'équipage, enfin
d'éviter que l'administration intervienne dans ces partages. Mais, en
laissant la libre disposition de la totalité des prises aux équijjages, il
faut cependant prendre des précautions pour empêcher que certaines
personnes s'enrichissent aux dépens des autres.
D'après la minute. Archives de l'Empire
21968. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 25 mai 1815.
Mon Cousin, je reçois votre lettre relative à la formation d'une
compagnie de flanqueurs à Màcon. Cette compagnie est composée
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON !«■. — 18 15. 229
déjeunes <]ens qui vont être de la conscription; il serait plus conve-
nable de les incorporer dans un régiment de ligne, s'ils veulent être
payés. Si, au contraire, ils ne demandent pas à. être payés, il faut
qu'ils entrent dans les partisans et dans les bataillons de gardes na-
tionales d'élite. Mais il faut prendre garde de tarir la source des
enrôlements volontaires par la formation de petits corps qui coûte-
ront beaucoup au trésor et qui ne seront d'aucune utilité.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™* la maréchale princesse d'Eckmiilil.
21969. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 25 mai 1815.
Mon Cousin , je reçois votre lettre de ce jour. Réunissez à Dun-
kerque les militaires retraités que vous faites partir de Paris. Il serait
fâcheux que la capitale se dégarnît trop de militaires, car la popula-
tion, sur laquelle il faut que je puisse compter, peut avoir besoin de
leur secours. Il ne faut pas non plus qu'on les force, car il s'agit ici
d'un moyen d'esprit public, et, s'ils étaient mécontents, ils ne vau-
draient plus rien. On me dit qu'à Paris on est trop rigoureux sur cela.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M'"? la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21970. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris , 25 mai 1815.
Mon Cousin, j'approuve que vous fassiez caserner les hommes du
corps franc de Paris et que vous leur fassiez donner les vivres. Je
désire également que vous fassiez sur-le-champ Un appel, pour le
1" juin, à tous les corps francs des 5', 3«, 4% 16' et l'" divisions.
Les corps francs se réuniront au chef-lieu de leur département. Les
généraux leur donneront des ordres sur les positions qu'ils doivent
occuper. Le général Rapp pourra placer ceux de l'Alsace le long du
Rhin; le général Gérard, ceux de la Moselle aux différents débouchés
de la Sarre. Ces troupes auront les vivres de campagne comme les
autres. S'il se forme des corps francs en Normandie, dirigez-les sur
les places de la Somme. Le général Vandamme placera ceux de la
2« division en avant de Charlemont et des différentes places. Enfin
ceux que vous avez dans la P' division se réuniront au chef-lieu de
230 CORRESPOiVDANCE DE IVAPOLÉON I". — 1815.
leur département pour y prendre une organisation définitive. Quand
celui de Paris sera-t-il prêt? Il faudrait fixer Noyon pour son point
de réunion.
Napoléon.
P. S. Le général Lecourbe désignera, à portée du Jura et du dé-
bouché des Vosges , le lieu où ses partisans doivent se réunir.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21971. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 26 mai 1815.
Mon Cousin, vous me proposez un projet de décret pour mettre à
votre disposition 7 millions pour l'approvisionnement des places.
Cette marche est contraire aux formes et nous embarrasserait. Il suffit
que ces 7 millions soient portés dans la distribution du mois, et c'est
ce que je viens de faire. Les approvisionnements de siège sont censés
monter à II millions. Vous n'avez encore eu, dans les distributions
du mois, que 4 millions ; il vous faut donc 7 millions.
Vous ne devez jamais donner d'ordonnance sans crédit mensuel;
ce serait une chose funeste au crédit et ne ferait qu'ajouter aux diffi-
cultés. D'ailleurs, ce ne serait plus une ordonnance, car les ordon-
nances sont affectées sur des ressources que le trésor a reconnues ,
et sur lesquelles il a pris engagement. Or une ordonnance qui n'est
pas comprise dans le crédit mensuel n'est entrée dans aucune équa-
tion, et, par conséquent, n'est rien du tout, ou n'est tout au plus
qu'un certificat de crédit.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M'»^ la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21972. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 27 mai 1815.
Mon Cousin, vous me dites qu'il se trouve à Toulon 4,000 fusils
rognés, de 30 à 36 pouces. Ces fusils sont bons pour la levée en
masse. Ordonnez qu'il en soit livré 1,000 au département de l'Isère,
1,000 au déparlement de l'Ain , que 1,000 soient envoyés en Corse
pour armer les nouveaux bataillons.
Faites revenir les 650 fusils de chasse qui sont à Douai, les 650
CORRESPOMDANCE DE NAPOLÉOIV I". — 1815. 231
qui sont à Toulouse, les 7,400 de la Rochelle et les 2,000 de
Cherbourg; total, 10,700. Faites-en donner 2,000 aux Vosges,
2,000 aux Ardennes, 2,000 au Bas-Rhin, 2,000 au Haut-Rhin,
2,000 aux montagnes du Jura. Les paysans sauront bien les arranger.
11 faut faire rechercher tous ces fusils de chasse. Ce qui ne sera pas
bon pour l'artillerie sera bon pour les paysans.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M°i« la maréchale princesse d'Ëckmiilil.
21973. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 27 mai 1815.
Mon Cousin, vous avez à Paris deux lieutenants généraux, l'un
qui commande la garde nationale, l'autre qui commande les tirail-
leurs. Le général Hulin commandera la place. Il faudrait avoir un
bon général pour commander la division à Paris , qui prendrait vos
ordres pour tout ce qui est relatif à la défense de Meaux , de Melun,
deNogent, de Montereau-Faut-Yonne , de Château-Thierry, Sens,
et, en général, de toutes les avenues de Paris, et qui pourrait s'y
porter , selon les circonstances , sans déranger en rien l'organisation
de Paris.
A Paris , la garde nationale est organisée ; les bataillons de tirail-
leurs s'organisent : il faut maintenant organiser dans les deux sous-
préfectures de la Seine une bonne défense ; nommer les officiers et
savoir le nombre d'hommes que chaque village doit fournir.
GÉNIE.
Il est nécessaire que , lundi prochain , les travaux soient com-
mencés A Saint-Denis, pour établir les fortifications de la place et les
batteries. Donnez ordre qu'on travaille également lundi aux deux
flèches qui seront établies sur les grandes rouies qui traversent le
canal Saint-Denis , afin que ces flèches soient finies dans la semaine.
Je désirerais que , lundi prochain , les ouvrages de l'embouchure du
canal Saint-Denis dans le bassin de l'Ourcq fussent tracés et com-
mencés. Comme sur les hauteurs de la rive gauche les ouvrages ne
sont pas tracés , il serait convenable de faire des traverses fermées
par des palissades, à chaque barrière sur ce côté de la rivière.
ARTILLERIE.
Donnez ordre que, lundi prochain, huit pièces d'artillerie, savoir,
deux pièces de 12, quatre pièces de 6 et deux ohusiers, soient
232 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON K. — 1815.
transportés à Montmartre; qu'une compagnie d'artillerie y soit ca-
semée; qu'un chef de bataillon soit nommé commandant de Mont-
martre; qu'un capitaine et un lieutenant lui soient donnés pour ad-
judants; qu'un officier de marine commande l'artillerie; qu'il soit
choisi à Montmartre trois petits magasins , dans les lieux les plus à
l'abri ; qu'il y soit déposé des cartouches et deux cents coups à tirer
par pièce. La compagnie et l'officier d'artillerie travailleront à arranger
les plates-formes, lesmerlons, les magasins, et à mettre tout leur
service en état. Le général d'artillerie et le général Haxo choisiront
l'emplacement des magasins. Il serait convenable qu'il y eût aussi
dans ces magasins des artifices et tout ce qui est nécessaire pour
éclairer les remparts, au besoin les avenues , la nuit.
Donnez ordre que lundi les généraux du génie et de l'artillerie di-
visent en trois parties les ouvrages qui sont depuis la couronne de
Belleville jusqu'à Charenton ; qu'il soit choisi des magasins à portée
et qu'on y place trois batteries d'artillerie, chacune de huit pièces,
savoir : deux de 12, quatre de 6 et deux obusiers, avec seulement
deux compagnies d'artillerie de marine , qui seront destinées à servir
ces trois batteries. Nommez également trois officiers pour commander
chacun le tiers de ces ouvrages. Les compagnies d'artillerie soigneront
les magasins et commenceront à arranger les plates-formes pour mettre
les pièces en batterie.
Il est nécessaire que vous nommiez un colonel ou chef de bataillon
pour commander la place de Saint-Denis, et qu'une compagnie d'ar-
tillerie de marine s'y rende avec huit pièces de canon et y travaille
à l'établissement des batteries. Le commandant prendra le comman-
dement de la garde nationale , non-seulement de Saint-Denis , mais
des villages voisins, de manière à réunir, en cas d'alarme, sans rien
tirer de Paris, 1,500 à 2,000 hommes de la sous-préfecture de
Saint-Denis.
Donnez ordre qu'il soit formé aux Invalides deux compagnies de
canonniers, qui s'exerceront de manière que, le 10 juin, elles puissent
aller, l'une, caserner à Montmatre avec huit autres pièces de canon,
et la seconde, s'établir dans la couronne, du côté de Belleville.
Je crois que trois grands chemins traversent le canal, depuis le
bassin de l'Ourcq jusqu'à son embouchure à Saint-Denis; on mettra,
dès lundi 5 juin , des canons à chacune de ces routes et quatre pièces
à l'embouchure du canal, du côté de l'Ourcq.
D'ici au 5 juin, il sera placé quatre pièces de canon à la redoute
de la barrière du Trône, entre Vincennes et Paris.
Ainsi ces dispositions feront un premier emploi d'une batterie à
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 233
Saint-Denis , d'une batterie le long du canal Saint-Denis , d'une bat-
terie à Montmartre, de trois batteries dans les ouvrages de Belleville,
d'une batterie dans les ouvrages de Montreuil et d'une batterie dans
les ouvrages de la barrière du Trône; total, huit batteries ou soixante-
quatre pièces. Je désire voir toutes ces pièces en position, que les
ouvrages soient faits ou non, et avec leurs magasins établis mardi,
6 juin , pour en passer la revue.
Voyez si on ne pourrait pas former aux Invalides quatre compa-
gnies de canonniers, qu'on exercerait sur-le-champ au canon. Je
désire que ce mouvement commence lundi prochain 29 mai, et soit
achevé, comme je viens de le dire, au 5 juin, parce que je voudrais
que cela se fit avant les hostilités, afin que, l'opération se continuant
ensuite jusqu'au 15 juin, il n'en résulte aucune inquiétude ni com-
motion dans l'opinion.
Faites-moi connaître quand les pièces de la marine du Havre arri-
veront.
Donnez ordre au général Hulin, commandant la place, au général
Durosnel , commandant la garde nationale, au général Darricau,
commandant les tirailleurs, et aux généraux d'artillerie et du génie,
de se réunir et de dresser procès-verbal de l'armement qu'on doit
établir sur chaque point, de régler ainsi l'emplacement de toute l'ar-
tillerie, et enfin d'arrêter la distribution des légions et des tirailleurs
entre les postes qu'ils doivent défendre.
Donnez ordre également que, le lundi 5 juin, les pièces d'artillerie
de 8 et de 4 soient réunies sur l'emplacement des Invalides, où on
établira le parc de ces pièces irrégulières.
Je pense que la première opération de l'armement doit être de
placer, à chaque saillant, des pièces de gros calibre, supérieur à
celui de 12 et sur affût marin; ensuite de placer, sur les flancs, des
pièces de 6 de siège, sur affût marin ou autre; enfin de disposer des
batteries mobiles de campagne, qu'on puisse porter le long de chaque
ligne. Montmartre est à peu près à l'abri de toute attaque, de sorte
que je pense qu'une batterie mobile de huit pièces y sera suffisante,
avec une trentaine de pièces de siège. On n'y a besoin d'artillerie que
pour battre dans la plaine et protéger des troupes qui se rallieraient
sur la hauteur. Il n'en est pas de même des ouvrages de la butte
Chaumont et de Ménilniontant. Ces ouvrages, qui ont 2,000 toises
de développement, sont faibles en beaucoup de points. On ne pourra
les bien défendre que par de l'artillerie. Il faut que tous les saillants
et même les flancs soient armés de pièces de siège ; qu'on ait , en
outre , six batteries ou quarante-huit pièces de canon mobiles , qui
234 CORRESPONDAXfCE DE NAPOLÉON ^^ — 1815.
puissent se porter sur les points qui seraient plus sérieusement atta-
qués. Saint-Denis doit avoir besoin au moins de vingt pièces de siège
et de deux batteries mobiles. Indépendamment de l'artillerie qui sera
placée dans toutes les redoutes, et qui sera de l'artillerie de siège,
ou toute autre, on a besoin, pour parcourir la ligne du canal, au
moins de quatre batteries. Indépendamment de l'armement de toutes
les redoutes, depuis Charonne jusqu'à la Seine, qui seront armées
avec de l'artillerie de siège, il faut aussi quatre batteries pour par-
courir cette ligne. Cela fera donc l'emploi de dix-sept batteries mo-
biles ou environ cent trente-six pièces de canon. Il faut, après
cela, deux pièces de campagne à chaque barrière. Sur la rive gauche,
il faudra aussi deux pièces de campagne à chaque barrière, mais
on y mettra des pièces de 4 du parc des Invalides. Nous avons, à
Vincennes, cent cinquante pièces de campagne sans affût : il faut
s'en procurer, en faire venir des ports et autres lieux où il y en a,
ou en mettre sur-le-champ en construction à Paris. x
DÉFENSE DU TERRITOIRE QUI COUVRE PARIS.
La défense de Meaux, de Melun, la tête de pont à établir à Tril-
port, la défense de Château-Thierry, de Nogent, de Montereau,
d'Arcis-sur-Aube, doivent être sous votre commandement immédiat
et sous les ordres du lieutenimt général de la division. Chargez une
commission d'officiers d'artillerie et du génie d'établir sur-le-champ
la défense de ces différents points. Il faudra un commandant à Meaux,
et de l'artillerie. La sous-préfecture de Meaux fournira, sur la levée
en masse, 3 ou 4,000 hommes, pour tenir garnison quand l'alarme
sera sonnée dans les environs. Le pont de Nogent est de la plus haute
importance. La sous-préfecture y fournira 3,000 hommes de sa levée
en masse. Celle de Montereau en fournira autant pour la défense de
son pont. La même chose aura lieu pour Sens. La sous-préfecture
d'Arcis-sur-Aube fournira également 3,000 hommes de sa levée en
masse pour la défense des redoutes qui seront construites sur ce point
important. Il est donc nécessaire de faire former d'avance des com-
pagnies d'artillerie de gardes nationales à Meaux, à Nogent, à Sens,
à Montereau, etc., et d'envoyer le plus tôt possible un obusicr et
deux pièces dans chacun de ces endroits , pour que ces canonniers
puissent s'exercer aux manœuvres.
Je désire que les plans qui seront arrêtés pour la défense de Meaux,
de Nogent, de Montereau, de Melun, d'Arcis-sur-Aube, etc., me
soient remis.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"* la maréchale princesse d'EckmiihI.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 235
21974 —AU MARÉCHAL DAVOUT, PIUXCE D'EGKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 27 mai 1815.
Mon Cousin , le ministre de 1 1 marine a un grand nombre d'offi-
ciers qui sont inutiles et qui pourtant sont payés. Je désire qu'ils
soient mis à votre disposition , et que vous les placiez dans toutes les
places fortes , à la suite des parcs et dans toutes les villes qu'on met
à l'abri d'un coup de main.
Napoléon.
D'après rorijjinal comm. par AI""' la maréchale princesse d'Eckmùhl.
21975. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris. 27 mai 1815.
Mon Cousin, il est probable que la Garde va bientôt partir; il ne
restera alors plus de troupes à Paris. Il est donc important que le
]" juin, au plus tard, les maréchaux de camp, colonels, chefs de
bataillon, capitaines, lieutenants et sous-lieutenants des bataillons
de tirailleurs de la garde nationale soient nommés; que les contrôles
soient faits, et que l'on nomme les sous-officiers. Il est nécessaire
qu'ils se réunissent pour cela le 2 ou le 3 juin. Il est nécessaire que
tous les officiers aillent dans les quartiers pour que les hommes les
connaissent, et qu'on puisse faire le premier appel aux environs du
5 juin.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M'™ la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21976. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 27 mai 1815.
Mon Cousin, le 26 mai il y avait à Tours 500 Espagnols, dont
52 officiers, composant le 6* régiment étranger; ils manquaient de
tout et ne pouvaient pas être utilisés : est-ce que vous n'avez pas
donné des ordonnances pour les payer et faire que ces 500 hommes
puissent être sur-le-champ utilisés?
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™ la maréchale princesse d'Eckmiihl.
236 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
21997. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE I.A GUERRE, A PARIS.
Paris, 27 mai 1815.
Mon Cousin, il y a des officiers du génie et des officiers d'artillerie
espagnols : on peut s'y fier; attachez-en à la place de Lyon, à la
place de Paris, et envoyez les hommes les plus sûrs à l'armée du
général Clausel. Ils seront mis à la suite et jouiront du même traite-
ment que les Français.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""> la maréchale princesse d'Ëckmûhl.
21978. — CIRCULAIRE
AUX
PRINCES, MINISTRES ET GRANDS OFFICIERS DE LA COURONNE.
Paris, 27 mai 1815. v
Les membres des Collèges électoraux et les députés à la chambre
des Représentants arrivent à Paris. Je désire que vous en receviez un
certain nombre chaque jour, et que votre maison leur soit ouverte
tous les soirs.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
21979. — AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur , a paris.
Paris, 27 mai 1815.
Monsieur le Comte Carnot , écrivez au général Lamarque, com-
mandant en chef l'armée de la Loire , que je lui confie le pouvoir de
destituer les sous-préfets, les maires, commandants et officiers de la
garde nationale, receveurs d'arrondissement, directeurs de contribu-
tions, agents de l'enregistrement, officiers forestiers, et généralement
tous les employés d'administration dont il aurait à se plaindre; que je
n'en excepte que les préfets, lieutenants généraux de police, payeurs
des divisions et receveurs de département; que, s'il avait des sujets
de mécontentement contre ceux-ci, il ait soin de vous en informer par
courrier extraordinaire : vous m'en rendrez compte sur-le-champ pour
que j'avise aux destitutions et remplacements nécessaires; mais
que, pour tous autres, il peut les destituer et les remplacer par des
hommes sûrs.
Napoléon.
D'après l'original. Archives de l'Empire.
CORRESPONDANCE DIC NAPOLÉON I". _ 1815. 237
21980. — AU MARÉCHAL DAVOLT, PIUXCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris. 28 mai 1815.
Mon Cousin, il y a cent quatre bataillons, destinés pour les places
du Nord , qui formeraient un complet de 54,000 hommes pour la
garnison des places de première ligne. En général, ce nombre est
trop considérable. Si tous les bataillons du Nord, du Pas-de-Calais
et de la Seine-Inférieure rejoignaient, il y aurait trop de monde dans
les places, surtout au Quesnoy, à Landrecies, Avesnes et Maubeuge;
mais la Seine-Inférieure ne fournira que sept bataillons , dont trois
pour Dunkerque , trois pour les places de la Somme et un pour le
Havre. On peut toujours porter le Nord pour quatorze bataillons;
mais il n'en fournira pas sept. Ce sera beaucoup si on en tire autant
du Pas-de-Calais. Cela fera donc une diminution de vingt et un ba-
taillons, ou de 15,000 bommes-, ce qui, joint à l'incomplet auquel il
faut s'attendre dans la plupart des autres bataillons, ne donnera plus
que le nombre strictement nécessaire. Toutefois écrivez au général
Frère, commandant la 16" division, de parcourir ses places et d'agir
d'après les principes suivants.
Il faut qu'il y ait, au 5 juin : à Dunkerque, au moins 4,000 bom-
mes; à Lille, au moins 6,000; à Condé, 2,500; à Valenciennes,
3,500; à Landrecies, 1,500; au Quesnoy, 1,500; à Avesnes, 1,500;
à Maubeuge, 2,000; à Douai, 3,000; à Bouchain , 500; total,
26,000 bommes.
Il faut également, à la même époque : à Gravelines, au moins
500 honimes ; à Calais, 1,500; à Saint-Omer, 1,500; à Aire, au
moins 500; à Bétbune, 500; àArras, 1,500; à Boulogne, 500;
àHesdin, 500; total, 7,000 bommes.
C'est donc au moins 33,000 bommes qu'il faut avoir, au 5 juin,
dans ces différentes places, indépendamment de la garde nationale
sédentaire.
Si donc, par une raison quelconque, il y avait plus dans une
place et moins dans une autre, le général Frère serait autorisé à faire
les cbangements convenables, pour qu'au 5 juin les cboses se trou-
vent au moins dans l'état que je viens d'indiquer.
Vous cbargerez le général commandant les places de la Somme de
faire les dispositions convenables pour avoir, au 10 juin : à Abbe-
ville, 1,500 bommes; àDoullens, 500; à Péronne, 500; à Ham,
500; à Soissons, 1,000; à la Fère, 500; total, 4,500 bommes.
Bien entendu que, s'il peut y en avoir davantage, tant dans les
238 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
places de première que dans celles de deuxième et troisième ligne ,
cela vaudra mieux. Cependant, comme je suis pressé de voir les
places de première ligne, surtout Dunkerque, munies de leurs gar-
nisons, vous ordonnerez sur-le-champ que, outre les trois bataillons
de l'Aube qui sont déjà destinés à Dunkerque, trois bataillons de la
Seine-Inférieure, le bataillon de Seine-et-Marne qui est à Boulogne,
celui d'Eure-et-Loir qui est à Soissons, et celui du Loiret qui est
à la Fère, partent sans délai pour se rendre à Dunkerque; ce qui
complétera sur-le-champ la garnison de cette place à dix bataillons,
formant 5 ou 6,000 hommes. Il faut qu'il y ait à Dunkerque des
armes pour compléter l'armement de ces 5,000 hommes, de manière
qu'au 5 juin cette place puisse être investie.
Pour augmenter les autres garnisons, dirigez le bataillon de Seine-
et-Oise qui est à Ham, sur Douai; les deux bataillons des Ardennes
qui sont à Maubeuge, à Lille- et enfin que le bureau d'artillerie
prenne les mesures convenables pour qu'au 5 juin toutes ces places
soient garnies des fusils nécessaires.
Vous donnerez ordre que, le 1" ou le 3 juin , le comte d'Erlon
retire toutes les troupes qu'il a dans les places, afin que son corps
soit tout à fait mobile.
Vous remplacerez les bataillons que je retire de Soissons, de Ham
et des autres places, par des bataillons qui seront fournis plus tard.
Je suppose que chacun de ces bataillons a un chef de bataillon tiré
de la ligne, et que, réunis par deux bataillons , ils ont un colonel ou
un major pour commandant; enfin qu'il y a à Dunkerque, indépen-
damment du gouverneur , le nombre suffisant de généraux et d'offi-
ciers supérieurs pour commander une aussi forte garnison.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™' la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21981. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 29 mai 1815.
Mon Cousin , le général Clausel se plaint du mauvais état des offi-
ciers espagnols. Depuis longtemps il a été arrêté qu'ils jouiraient
d'un traitement plus fort ; je ne sais pas si vous m'avez présenté un
projet de décret afin que le trésor reconnaisse cette décision. Je ne sais
pas non plus si vous avez donné des ordres pour que tous vinssent à
Tours, et si vous avez pris des mesures pour les habiller dans cette ville.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""" la maréchale princesse d'Eckmiilil.
CORHESPONDAMCE DE NAPOLÉON I". — 1815. 239
21982. — AU MARÉCHAL DAVOUT , PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, -29 mai 1815.
Mon Cousin , il me vient de tous côtés des réclamations de per-
sonnes sensées sur les difficultés que fait le général Rourcier pour la
réception des chevaux. Tl a refusé les chevaux de neuf ou dix ans; il
les refuse s'ils ont un demi-pouce plus bas que l'ordonnance; de sorte
qu'on croit que, sans cette difficulté, il aurait le double de ce qu'il a. Il
faudrait s'entendre avec lui à ce sujet, car nos besoins sont urgents,
et un cheval de dix ans, bien conformé, vaut encore mieux pour
nous qu'un cheval de cinq ans.
Napoléon.
D'après l'original comra. par M'"' la maréchale princesse d'Eckmïilil.
21983. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 29 mai 1815.
Mon Cousin , il est convenu que l'artillerie de la marine vient par
eau , qu'elle ne coûtera rien à la guerre , et que la marine est char-
gée de la conduire et d'organiser son parc aux Invalides. La con-
fection des munitions et affûts sera également aux frais de la marine.
Je vous ai déjà écrit qu'il y avait à Douai et à Lille une grande
quantité d'artillerie inutile. Tirez de ces deux places tout ce qui est
nécessaire pour armer Laon , Soissons, Vilry, Langres, etc. Il y a
également une grande quantité d'artillerie à Toulouse; elle y est inu-
tile, et je pense qu'il serait bon d'en diriger partie sur Lyon et partie
sur la Loire, à Orléans et à Araboise. Par ce moyen, il se trouverait
réuni autour de Paris toute espèce de moyens d'artillerie; faites-moi
un rapport là-dessus.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™' la mardchale princesse d'Eckmiilil.
21984. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 29 mai 1815.
Mon Cousin, je ne pense pas qu'il faille habiller les fédérés des
faubourgs. Cela nous conduirait à des dépenses énormes et sans but
d'utilité. Je ne pense pas non plus qu'il faille leur donner des fusils,
puisque je vois que les gardes nationales d'élite , dans les places
240 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON 1". — 1815.
fortes, n'en ont pas; que la guerre peut être déclarée et les places
investies, et que mes garnisons ne sont qu'à moitié armées.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21985. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 29 mai 1815.
Mon Cousin, j'apprends, par une dépêche télégraphique, que vous
faites débarquer à Saint-Malo l'artillerie de la marine qui devait venir
par mer. Le transport de ces mauvaises pièces de fer coûtera, par la
voie de terre, plus qu'elles ne valent. Vous avez pour principe d'ad-
ministration que l'argent n'est rien, tandis qu'au contraire, dans les
circonstances où nous sommes, l'argent est tout.
Si la levée des cinquante-cinq bataillons ne peut pas avoir lieu,'
laissez-la aller.
La solde va manquer partout , et on ne pourra pas satisfaire aux
dépenses les plus urgentes du ministère. J'avais ordonné que la
marine ferait tous les frais de ces transports d'artillerie sur son
budget; au lieu de cela, vous vous en chargez. Aussi l'artillerie
demande-t-elle des millions pour son service.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
21986. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris , 29 mai 1815.
Mon Cousin, il résulte de l'avis du Conseil d'Etat que vous devez
considérer les conscrits de 1815 comme en congé, et que vous devez
les rappeler. D'après l'état que vous m'avez remis, 85,000 ont déjà
servi et 37,000 sont des départements les meilleurs et les mieux
disposés. Cela ne peut donc pas faire une affaire. Mais, sur les
85,000 déjà appelés, il y en aura beaucoup à ôter, tels que ceux de
la Vendée, de la Sarthe, et enfln de tous les départements où nous
n'avons pas rappelé les vieux militaires et qui, dans le moment
actuel, ont une opinion douteuse. Remettez-m'en l'état. Il faudra les
rappeler plus tard. Mais nous devons trouver tout de suite, sur la
masse, une ressource de 80 à 90,000 hommes. Faites-moi le décret
qui ordonne cet appel, et présentez-m'en la répartition entre les dif-
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". _ 1815. 241
férents régiments, en partant du principe que donne le lieu où sont les
dépôts. H en faudra appeler 30,000 pour la jeune Garde.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™* la maréchale princesse d'Eckmiibl.
21987. — AU MARECHAL DAVOUT, PRIXCE D'ECKMLHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 29 mai 1815.
Mon Cousin, les cinq batteries que j'ai passées en revue hier par-
tiront demain 30 pour Compiègne. J'ai remarqué que plusieurs
caissons n'avaient pas leur petite boîte à graisse, ni toutes leurs
pièces de rechange, comme le veut l'ordonnance. Beaucoup n'avaient
pas leur prolonge de rechange. Ordonnez que tout cela soit complété.
Donnez des ordres pour que, le 3 ou le -4 juin , je puisse voir les
quatre autres batteries de la vieille Garde.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™' la maréchale princesse d'Eckmiibl.
21988. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 29 mai 1815.
Mon Cousin, il ne faut faire partir aucun détachement de la gen-
darmerie de Paris pour l'armée : cette gendarmerie, étant soldée par
la ville de Paris , doit être gardée pour son service , et ne peut être
employée au dehors que momentanément et pour une excursion de
quelques jours ; mais un service Oxe à l'armée serait contraire au
principe de sa création.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""* la maréchale princesse d'Eckmiilil.
21989. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 29 mai 1815.
Mon Cousin, le 1", le 5* et le 7' de hussards ont beaucoup de
monde; les colonels, que j'ai vus ce matin, m'ont dit qu'ils auraient
bientôt 2,000 hommes. Mon intention est que vous donniez des
ordres pour qu'aucun de ces régiments ne reçoive plus d'hommes
qu'il ne lui en revient; qu'on ne monte, cette année, aucun homme,
s'il n'a servi déjà , et que tous les volontaires soient dirigés sur l'in-
XXVllI. ig
2*2 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
fanterie, aux dépôts les pins voisins. Ils seront sur-le-champ habillés,
et accroîtront d'autant notre infanterie. Quant aux hommes qui ont
servi dans la cavalerie et qui excèdent le complet, on les enverra sur
des régiments de cuirassiers , de dragons ou de chasseurs.
Ainsi cette lettre contient deux principes : 1* je ne veux monter,
cette année, aucun homme qui n'ait servi dans la cavalerie; 2° donner
sur-le-champ des ordres pour que tous les régiments de cavalerie
qui ont des hommes au-dessus de leur complet envoient à l'infan-
terie les hommes qui ont servi dans l'infanterie, et aux cuirassiers,
dragons et chasseurs les hommes qui ont servi dans la cavalerie. Par
exemple. Beau vais contient le 12* et le 20» de dragons; ces deux
régiments pourraient fournir 300 chevaux, s'ils avaient des hommes :
donnez donc des ordres pour que les régiments qui sont à Beauvais,
ou qui y arrivent, fournissent ces hommes. Faites aussi envoyer des
hommes aux dépôls de cuirassiers et de dragons qui sont les plus
faibles. v
Cependant il me paraît nécessaire de ne refuser aucuns volon-
taires, et, quelques jours après, de les diriger comme il est dit ci-
dessus.
Napoléon.
D'après l'origiiuil comm. par M'"" la maréchale princesse d'Eckmûhl.
21990. —AU VICE-AMIUAL DUC DEGRÉS,
MINISTRE DE LA MARINE, A PARIS.
Paris, 29 mai 1815.
Monsieur le Duc Decrès, je vous renvoie votre dépèche de Toulon.
Il est nécessaire que vous fassiez un rapport, pour le ministre des
relations exiérieures, de ce qui est arrivé à la Melpomène, à la Dryade,
à d'autres bàtimenis et aux débarquements qui ont jeté des agents et
des fusils sur nos côtes '.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la duchesse Decrès.
21991. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris. 30 mai 1815.
Mon Cousin, plusieurs régiments de cuirassiers ont des hommes
montés à leurs dé[)ôts; ils retardent de les envoyer aux régiments
pour raison de défaut de cuirasses : faites-leur connaître que ce n'est
« Voir la note de la pièce 22007 et le n» 22023.
CORRESPONfDANCE DE NAPOLEON l". — 1815. 243
pas une raison; que vous dirigerez l'envoi des cuirasses sur les esca-
drons de guerre; que les hommes qu'ils ont disponibles ne doivent
pas perdre un moment pour rejoindre les escadrons de guerre, puis-
qu'on peut se battre sans cuirasse. Je crois que le 11* régiment est
dans ce cas.
Il y a aussi des corps où c'est le manque de sabres qui relarde les
départs : écrivez également que cela ne doit pas empêcher les hommes
de partir, et que vous faites adresser les sabres aux escadrons de
guerre.
En général, il serait nécessaire que vous fissiez une circulaire à
cet égard. L'ennemi peut nous attaquer d'un moment à l'autre, et il
est nécessaire d'avoir le plus de monde que nous pourrons à l'armée.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M'"° la marëchale priacesse d'EckmiihI.
21992. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL ,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 30 mai 1815.
Mon Cousin, faites-moi connaître si l'artillerie est arrivée à Lyon.
Donnez des ordres pour qu'avant le 5 juin on mette en batterie huit
pièces de canon à la tête du pont Morand, quatre au pont de la Guil-
lotière, quatre à l'extrémité de Perrache, près du pont, ce qui fera
deux batteries; deux batteries, ou seize pièces, dans les redoutes
entre Saône et Rhône, et deux batteries, ou seize pièces, sur la
vieille enceinte ; ce qui fera l'emploi de six batteries ou quarante-
huit pièces. Qu'on choisisse des magasins à portée des batleries.
Enfin qu'on nomme des officiers d'artillerie et commandanis pour
tous ces forts. Recommandez qu'aussitôt que les pièces de siège
seront arrivées on commence à en placer aux saillants.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™" la maréchale princesse d'Eckmiih!.
21993. — AU VICE-AMIRAL DUC DECRÈS,
MINISTRE DE LA MARINE , A PARIS.
Paris, 30 mai 1815.
Monsieur le Duc Decrès , j'ai porté dans la distribution de juin
300,0(i0 francs pour les colonies, dont 250,000 pour l'ile d'Elbe.
Faites-y passer le plus tôt possible une gabare churgée de farine, en
quantité suffisante pour nourrir 12,000 habitants pendant deux
mois. Donnez ordre au gouverneur de mettre ces farines en vente à
16.
254 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON l". — 1815.
un prix tel que vous y perdiez le moins possible, en venant toutefois
au secours des habitants. Le produit de cette vente servira d'autant
pour les dépenses de la colonie.
Napoléon.
D'après l'original coinm. par M""" la duchc-sse Decrès.
21994. — AU GÉNÉRAL COMTE DROUOT,
AIDE-MAJOR DE LA GARDE IMPÉRIALE, A PARIS.
Paris, 30 mai 1815.
Monsieur le Comte Drouot, il faut préparer le départ de la Garde
pour le 5 juin, pour tout délai. Failes-moi connaître quelle sera la
force des quatre régiments de la division de chasseurs et de la division
de grenadiers, ce qui fera huit bataillons par division; qui comman-
dera ; quelle artillerie y sera attachée; qui restera à Paris pour com-
mander les dépôts. Je désire que deux régiments déjeune Garde
puissent partir également le 5 juin pour rejoindre les deux régiments
qui sont déjà à Compiègne. Vous prendrez dans les tirailleurs et
voltigeurs tout ce qui est disponible pour mettre ces régiments au
complet.
Je compte ainsi avoir sous les armes au moins 8,000 hommes de
vieille Garde et 4,000 de jeune Garde; total, 12,000 hommes d'in-
fanterie.
Les lanciers rouges formeront deux régiments; chaque régiment,
de quatre escadrons; aussitôt qu'il sera possible, on en formera trois
régiments, ce qui fera douze escadrons.
Les chasseurs auront la même organisation ; les dragons formeront
deux régiments; les grenadiers à cheval formeront également deux
régiments. On composera ainsi deux divisions de cavalerie, une de
cavalerie légère et l'autre de grosse cavalerie.
Toutes les administrations et les équipages du train doivent partir
le même jour 5. Faites-moi connaître la situation des ambulances,
des boulangers, et la destination définitive de l'ariillerie.
11 y aura probablement une bataille bientôt. Je n'ai pas besoin de
vous faire sentir de quelle importance extrême il sera pour nous
d'avoir nos batteries de 12. Concertez-vous avec Évain, et voyez à
prendre toutes les mesures pour que les quatre batteries de vieille
Garde qui restent à partir puissent partir, au plus tard, le 5 juin.
Voyez s'il sera possible d'avoir une batterie à cheval de jeune Garde.
Napoléon.
D'après l'original. Dëpôt de la guerre.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815. 245
21995. — NOTE POUR LA DÉFENSE DE PARIS.
Paris, 30 mai 1815.
Je calcule, pour les ouvrages qui défendent Paris, un homme par
toise, un autre homme de réserve pour les points les plus menacés et
les plus à la convenance de l'ennemi, el un homme de réserve dans
la ville. Ce qui ferait, l'enceinte étant de 12,000 toises, 36,000
hommes, dont 12,000 de service dans les ouvrages, 12,000 en
réserve pour secourir les ouvrages, et 12,000 dans la ville.
Je pense que, sur la rive qui ne serait pas menacée, un demi-
homme ou un tiers d'homme serait sufGsant : on peut supposer que
quelques hommes de cavalerie s'étendent sur les deux rives , mais il
est impossible que 150,000 hommes viennent se placer partout.
L'enceinte, s'il n'y avait aucun obstacle, serait de 24,000 toises;
mais Haxo calculera de combien elle serait ici : il faut dépasser la
Marne, Saint-Denis, Charenton, Vincennes, ce qui pourrait faire
peut-être une circonférence de 40,000 toises. 11 faudra donc sup-
poser qu'avec une armée de 150,000 hommes l'ennemi se divisera
en trois ou quatre corps pour bloquer Paris.
J'ai toujours vu le génie, dans le tracé des ouvrages de campagne,
faire ses plates-formes de manière que l'ingénieur désigne par là les
emplacements pour le canon. C'est une fausse mesure d'envisager
ainsi l'armement : il faut que l'on puisse mettre du canon autant que
l'ouvrage peut en contenir, d'après le principe que l'on se bat à coups
de canon comme on se bat à coups de poing. Je voudrais donc que
les ouvrages de campagne eussent une batterie continue, de manière
à pouvoir mettre sur une face douze à quinze pièces de canon.
D'après la copie. Dépôt de la guerre.
21996. — NOTE POUR LE DUC DE VICENCE.
Paris, . . mai 1815 '.
Il est possible que la Chambre fasse une motion pour le Roi de
Rome tendant à faire ressortir l'horreur que doit inspirer la conduite
de l'Autriche. Cela serait d'un bon effet.
Meneval doit faire un rapport daté du lendemain de son arrivée. Il
tracera, depuis Orléans jusqu'à l'époque de son départ de Vienne, la
conduite tenue par l'Autriche et les autres puissances à l'égard de
rimpérarice : la violation du traité de Fontainebleau, puisqu'on l'a
arrachée, ainsi que son fils, à l'Empereur; il fera ressortir l'indignation
* Sans date de jour.
246 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON Ie^ — 1815.
que montra à cel égard, à Vienne, sa grand'mère, la reine de Sicile.
Il doit appuyer parliculièrement sur la séparation du Prince Impérial
de sa mère, sur celle avec M"* de Montesquiou, sur ses larmes en la
quittant, sur les craintes de M"" de Montesquiou relatives à la sûreté,
à l'existence du jeune prince. Il traitera ce dernier point avec la
mesure convenable.
Il parlera de la douleur qu'a éprouvée l'Impératrice lorsqu'on l'ar-
racha à l'Empereur. Elle a élé trente jours sans dormir lors de
l'embarquement de Sa Majesté. Il appuiera sur ce que l'impéralrice
est réellement prisonnière , puisqu'on ne lui a pas permis d'écrire à
l'Empereur, et qu'on lui a même fait donner sa parole d'honneur de
ne jamais lui écrire un niot.
Meneval encadrera dans ce rapport tous les détails qu'il a donnés
à l'Empereur, et qui sont de nature à y trouver place et peuvent
donner à ce rapport de la couleur.
V
D'après la copie. Archives des affaires étrangères.
21997. — DISCOURS DE L'EMPEREUR
AUX DÉPUTÉS DES COLLÈGES ÉLECTORAUX.
Charap-de-Mars , l"juin 1815.
Messieurs les Electeurs des Collèges do département et d'arrondis-
sement, Messieurs les députés des armées de terre et de mer au
Champ de Mai ,
Empereur, consul, soldat, je tiens tout du peuple. Dans la pro-
spérité, dans l'adversité, sur le champ de bataille, au conseil, sur le
trône, dans l'exil, la France a été l'objet unique et constant de mes
pensées et de mes actions.
Comme ce roi d'Athènes, je me suis sacrifié pour mon peuple,
dans l'espoir de voir se réaliser la promesse donnée de conserver à
la France son intégrité naturelle, ses honneurs et ses droits.
L'indignation de voir ces droits sacrés , acquis par vingt-cinq
années de victoires , méconnus et perdus à jamais , le cri de l'hon-
neur français flétri, les vœux de la nation m'ont ramené sur ce trône,
qui m'est cher parce qu'il est le palladium de l'indépendance, de
l'honneur et des droits du peuple.
Français, en traversant, au milieu de l'allégresse publique, les
diverses provinces de l'Empire, pour arriver dans ma capitale, j'ai
dû couipter sur une longue paix : les nations sont liées par les
traités conclus par leurs gouvernements, quels qu'ils soient.
Ma pensée se portait alors tout entière sur les moyens de fonder
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 247
notre liberté par une constitution conforme à la volonté et à l'intérêt
du peuple. J'ai convoqué le Champ de Mai.
Je ne larderai pas à apprendre que les princes qui ont méconnu
tous les principes, froissé l'opinion et les plus chers intérêts de tant
de peuples, veulent nous faire la guerre. Ils méditent d'accroître le
royaume des Pays-Bas et de lui donner pour barrière toutes nos
places frontières du Nord, et de concilier les différends qui les divi-
sent encore en se partageant la Lorraine et l'Alsace.
Il a fallu se préparer à la guerre.
Cependant, devant courir personnellement les hasards des com-
bats, ma première sollicitude a dû être de constituer sans retard la
nation.
Le peuple a accepté l'Acte que je lui ai présenté.
Français, lorsque nous aurons repoussé ces injustes agressions, et
que l'Europe sera convaincue de ce qu'on doit aux droits et à l'indé-
pendance de vingt-huit millions de Français, une loi solennelle, faite
dans les formes voulues par l'Acte constitutionnel, réunira les diffé-
rentes dispositions de nos constitutions, aujourd'hui éparses.
Français, vous allez retourner dans vos départements. Dites aux
citoyens que les circonstances sont grandes; qu'avec de l'union, de
l'énergie et de la persévérance, nous sortirons victorieux de cette
lutte d'un grand peuple contre ses oppresseurs; que les générations
à venir scruteront sévèrement notre conduite; qu'une nation atout
perdu quand elle a perdu l'indépendance. Dites-leur que les rois
étrangers que j'ai élevés sur le trône, ou qui me doivent la conser-
vation de leur couronne, qui tous, au temps de ma prospérité, ont
brigué mon alliance et la protection du peuple français, dirigent au-
jourd'hui tous leurs coups contre ma personne. Si je ne voyais que
c'est à la patrie qu'ils en veulent, je mettrais à leur merci cette exis-
tence contre laquelle ils se montrent si acharnés. Mais dites aussi
aux citoyens que, tant que les Français me conserveront les sentiments
d'amour dont ils me donnent tant de preuves, cette rage de nos
ennemis sera impuissante.
Français, ma volonté est celle du peuple, mes droits sont les
siens; mon honneur, ma gloire, mon bonheur, ne peuvent être
autres que l'honneur, la gloire et le bonheur de la France!
Alors l'archevêque de Bourjjes, premier aumônier, faisant les fonctions
de grand aumônier, s'est approché du trône, a présenté à genoux les saints
Evangiles à l'Empereur, qui a prêté serment en ces termes :
« Je jure d'observer et de faire observer les constitutions de
l'Empire, n
248 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
Le prince arcbichancelier, s'avançanf au pied du trône, a prononcé, le
premier, le serment d'obéissance aux constitutions et de fidélité à l'Em-
pereur.
L'assemblée a répé(é d'une voix unanime : Nous le jurons!
L'Empereur, ayant quitté le manteau impérial, s'est levé de
son trône, s'est avancé sur les premières marches; les tambours ont battu
un ban, et Sa Majesté a parlé en ces termes :
« Soldais de la Garde nationale de l'Empire, soldats des troupes
de terre et de mer, je vous confie l'aigle impériale aux couleurs natio-
nales; vous jurez de la défendre au prix de voire sang contre les
ennemis de la patrie et de ce trône ! Vous jurez quelle sera toujours
votre signe de ralliement! Vous le jurez! «
Les cris universellement prolongés : Nous le jurons l ont retenti dans
l'enceinte
Les troupes ont marché par bataillons et par escadrons et ont environné
le trône. L'Empereur a dit : ^
« Soldats de la Garde nationale de Paris, soldats de la Garde
impériale, je vous confie l'aigle impériale aux couleurs nationales.
Vous jurez de périr, s'il le faut, pour la défendre contre les ennemis
de la patrie et du trône! {Kous le jurons!) Vous jurez de ne jamais
reconnaître d'autre signe de ralliement! [Nous le jurons!)
» Vous, soldats de la Garde nationale de Paris, vous jurez de ne
jamais souffrir que l'étranger souille de nouveau la capitale de la
grande nation. C'est à votre bravoure que je la confierai ! [Nous le
jurons !)
» Et vous, soldats de la Garde impériale, vous jurez de vous sur-
passer vous-mêmes dans la campagne qui va s'ouvrir, et de mourir
tous plutôt que de souffrir que les étrangers viennent dicter la loi à
la patrie ! » [Nous le jurons !)
Extrait du Moniteur du 2 juin 1815.
1
21998. — AU PRINCE JOSEPH.
Paris, 2 juin 1815.
Mon Frère, ayant résolu de réunir la chambre des Pairs samedi
prochain à trois heures, dans le lieu que nous avons désigné pour
ses séances, notre intention est que vous vous y trouviez, en qualité
de prince français, et que vous y preniez séance, pour contribuer de
votre influence à tout ce qui peut être utile au bien de l'Etat et à la
consolidation de notre autorité impériale.
Napoléon.
D'après l'original comm. par le cabinet de S. M. l'Empereur.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815. 219
21999. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MIXISTBE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 3 juin 1815.
Mon Cousin, donnez ordre que tous les régiments de cuirassiers
envoient tout ce qu'ils ont de disponible à l'armée, quand même ils
n'auraient pas de cuirasses. Les cuirasses ne sont pas indispensables
pour faire la guerre, et, quand ils seront à l'armée, ils recevront des
cuirasses de Paris.
Napoléon.
D'après l'original comra. par M"" la maréchale princesse d'Eckmûli].
22000. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 3 juin 1815.
Mon Cousin, donnez ordre au duc d'Albufera d'envoyer 3,000
gardes nationaux du Dauphiné à Marseille. Ecrivez-lui de pousser
les fédérés du Dauphiné et de Lyon à se fédérer avec Marseille, et
au maréchal Brune de pousser les patriotes de Marseille à se fédérer
avec Toulon, Grenoble, Lyon, Tarascon, Arles et le Var.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M""* la maréchale princesse d'Eckmûhl.
22001. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DELA GUERRE, A PARIS.
Paris, 3 juin 1815-
Mon Cousin, je vois par l'état de la marine qu'il y a déjà d'ar-
rivé cent cinquante pièces de canon à Rouen, et que soixante et dix
pièces sont parties le 29 de Rouen pour Paris; parmi celles-là, il y
en a trente de 8. Ceci me porterait à penser qu'il ne faudrait avoir
aucun caisson de 8 et employer les pièces de 8 , quoique sur affûts
de campagne, comme pièces de siège, et avoir les boulets et les gar-
gousses en magasin, comme cela se ferait pour des pièces de siège;
il faudrait employer de niême les pièces de 4; de manière qu'on
n'aurait de pièces roulantes dans Paris que du 6, du 12 et des
obusiers. Les autres calibres employés dans une position fixe auraient
leurs munitions dans les magasins, et, dès lors, il ne pourrait y
avoir de confusion.
Je désire que des mesures soient prises pour que, le jour même de
l'arrivée de ces soixante et dix pièces, elles soient portées aux bat-
250 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
teries qui seront établies. On les placera d'abord sur affûts marins
et successivement sur affûts de place et de côte, aussitôt qu'on en aura.
Je désire que vous me remettiez, avant le 6, l'état de l'armement
de Paris sur les deux rives, en distinguant l'artillerie de fer, l'artillerie
de campagne, avec l'emplacement et un état de la réserve.
Il faudrait aussi commencer bientôt le tracé des ouvrages sur la
rive gauche.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
22002. — AU MARKCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MIXISTRË DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 3 juin 1815.
Mon Cousin, le prince Jérôme sera employé à l'armée comme
lieutenant général. Donnez-lui ordre de partir de Paris pour aller
prendre le commandement de la 6* division, sous les ordres du
général Ueille. Il doit s'y rendre de suite.
Donnez ordre au baron Girard de prendre le commandement de la
7* division. 11 est nécessaire qu'il y soit rendu le 7. Il remplacera le
général Lamarque, qui a reçu une autre destination.
Donnez ordre au général Duhesme d'aller prendre le comman-
dement de la 11" division, en place du général Lemoine, que vous
emploierez dans le commandement d'une division militaire ou d'une
place.
Donnez ordre au général Guilleminot de se rendre au quartier
général, où il sera employé auprès du major général. Donnez ordre
au général Revest de se rendre au 3* corps , pour y remplir les fonc-
tions de chef d'état major.
Donnez ordre aux généraux Mouton-Duvernet et Berthezène de se
rendre au quartier général de l'armée du Nord. Envoyez-y également
les généraux Gruycr, qui commande dans la Haute-Saône; Baille de
Saint-Pol, qui commande dans la Lozère; Veiland, Jeannet, Ray-
mond et Deschamps. Envoyez de même au quartier général de
l'armée de la Moselle et à celui de l'armée du Rhin, deux maréchaux
de camp de plus que n'en comporte l'organisation; qu'ils s'y rendent
le plus tôt possible.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'EcLmûfal.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 251
22003. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PUINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris. J< juin 1815.
Mon Cousin, vous trouverez ci-jointe la copie des ordres que je
donne pour la cavalerie de l'armée. Le maréchal Groucliy la com-
mandera en chef. Donnez-lui un chef d'élat-major et un général d'ar-
tillerie. Tous les généraux à la suite seront à sa disposition. Dounez
ordre au maréchal Grouchy d'être le 5 à Laon, d'y passer la revue de
ses régiments, de pourvoir à leur organisation et de faire distribuer
des cartouches, afln que, le 10, on puisse entrer en campagne.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™» la maréchale princesse d'Eckmiihl.
22004. — AU MARECHAL SOULT, DUC DE DALMATIE,
MAJOR GÉNÉRAL, A PARIS.
Paris, 3 juin 1815.
Mon Cousin, la cavalerie de l'armée sera commandée conformé-
ment à l'état ci-joint. Expédiez en conséquence tous les ordres. In-
dépendamment de ce, vous mettrez à la suite des différents corps
d'armée les généraux Curely, Girardin, Gautherin, Lion et d'Aigre-
mont; ils seront sous les ordres des généraux commandant les corps
de cavalerie; et le maréchal Grouchy, commandant en chef de la
cavalerie, les emploiera selon les circonstances.
Les généraux Bron, Bessières, d'Haugéranville, Montbrun, Dela-
poinle, IVolff, Letellier, seront à la disposition du ministre de la
guerre pour commander des dépôts et faire des inspections, ainsi que
les généraux Fresia, Pully, Lahoussaye et Lagrange.
Il est nécessaire qu'il soit attaché un commissaire des guerres et
un olGcier supérieur d'artillerie à chacun des corps de cavalerie, et
qu'indépendamment de ce il y ait un général d'artillerie attaché au
maréchal Grouchy pour commander l'artillerie de la cavalerie.
Donnez ordre au maréchal Grouchy de partir au plus tard le 5,
pour se rendre à Laon , y organiser et passer la revue de tous ses ré-
giments, les mettre en état d'entrer en campagne, écrire aux dépôts
pour qu'ils se hâtent d'accroître les escadrons de guerre, s'assurer
que tous les hommes sont armés et leur faire distribuer des car-
touches.
Napoléon.
D'après l'original conun. par M""» la marëchale priacesse d'Eckmiihl.
252 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
22005. — AU MARÉCHAL SOULT, DUC DE DALMATIE ,
MAJOIl GÉNÉRAL, A PARIS.
Paris. 3 juin 1815.
Remettez-moi un projet de mouvement pour le corps du général
Gérard ou de la Moselle, en le masquant le plus possible à l'ennemi,
pour que ce corps se porte sur Philippeville. 11 faudrait qu'il y fut
rendu le 12, en marchant le plus vite possible. Vous me ferez con-
naître qui commandera alors à Metz et à Nancy. Vous donnerez sur-
le-champ l'ordre d'interrompre les communications, et l'on renforcera
tous les postes, Thionville, Longwy, Metz, etc.
Faites-moi connaîlre la situation de la garde nationale de Nancy,
et si cette division est dans le cas de marcher pour couvrir Metz et
remplacer la division de la Moselle. L'ennemi nous menaçant sérieu-
sement du côté de Metz, cette division s'appuierait sur les Vosges,
qui appuieraient la gauche du général Rapp.
Ma Garde sera toute rendue à Soissons le 10, et peut-être le 13 à
Avesnes; il faut donc que le 6* corps parte le 9 pqur se porter sur
Avesnes. Remettez-moi un croquis où la marche des colonnes soit
tracée, et qui marque les jours où le P"", le 2*, le 3", le 6® corps et
celui de la Moselle se mettront en mouvement, et les positions que,
le 13, ces corps, ainsi que la Garde et la réserve de cavalerie, de-
vront occuper, et la force que j'aurai alors en infanlerie, cavalerie
et artillerie.
Remettez-moi un état général de la situation des corps d'armée du
Nord, de la Moselle, du Rhin et du Jura, ainsi que l'organisation
de toutes les divisions de réserve de la garde nationale, et la compo-
sition de toutes les garnisons.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
22006. — AU GENERAL COMTE DROUOT,
AIDE-MAJOR DE LA GARDE IMPÉRIALE, A PARIS.
Paris, 3 juin 1813.
Vous ferez partir demain 4, et au plus tard, pour tout délai,
après-demain 5 au matin, les quatre batteries de la vieille Garde,
les batteries de la jeune Garde, tout ce qui reste des équipages mili-
taires, les administrations de la Garde, la compagnie des sapeurs,
la compagnie des marins, les quatre compagnies d'ouvriers de la
marine, la compagnie des boulangers et les autres ouvriers de la
Garde, lesquels se rendront à Soissons par Dammartin.
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815. 253
Vous donnerez ordre à tout ce qu'il y a de la Garde à Compiègne,
jeune Garde, artillerie, cavalerie, de se rendre également à Soissons.
Vous ferez partir aussi, lundi 5, pour se rendre à Soissons : le
1" régiment de lanciers, fort de quatre escadrons et faisant au moins
400 chevaux; le 1" et le 2" régiment de chasseurs, chacun fort de
400 chevaux, ce qui fera le fond de la 1" division; le 1" régiment
de dragons et le 1" régiment de grenadiers à cheval, chacun de
quatre escadrons; total de celte première colonne, cinq régiments
ou 2,000 chevaux.
Vous ferez partir aussi 60 gendarmes, de manière à compléter,
avec les 40 qui sont à l'armée, le nombre de 100.
Vous ferez partir, mardi 6 , le 2' régiment de lanciers rouges , le
3* de chasseurs, le 2° de dragons et le 2* de grenadiers, ce qui fera
1,600 chevaux qui se rendront également à Soissons. Ces colonnes
iront à Soissons en trois jours, de manière à y être le 8 ou le 9.
Vous donnerez ordre égalenient que les trois régiments de lanciers
et les 1" et 2° de chasseurs, chacun fort de 400 hommes, partent le
plus tôt possible; et vous vous assurerez que des mesures sont prises
pour que cela ne puisse pas tarder.
Tous ces détachements de la Garde prendront la route de Dam-
marlin.
Vous ferez partir, également lundi, les 3' et 4" de chasseurs à pied ;
mardi , les 3« et 4* de grenadiers à pied ; mercredi , les deux 4" ré-
giments de grenadiers et chasseurs avec les deux 3"' régiments de
voltigeurs et tirailleurs, et vous prendrez mes ordres mercredi pour
le départ, jeudi, des deux 1"' régiments de grenadiers et de chas-
seurs, de sorte que, le 10, toute la Garde, artillerie, infanterie,
cavalerie, équipages militaires, génie et administrations , se trouve
réunie à Soissons.
Vous donnerez des ordres pour que, le 10, toute la Garde ait
quatre jours de pain biscuilé, et que ses caissons ordinaires et auxi-
liaires soient chargés de pain ; enfin qu'à celte époque elle présente
un corps formé de trois divisions d'infanterie, de deux divisions de
cavalerie et d'une réserve d'artillerie. Toutes les ambulances, toute
l'artillerie et les différents détachements seront à leurs postes.
Vous demanderez à l'artillerie une compagnie de pontonniers pour
l'attacher aux marins et aux sapeurs de la Garde. Ayez un bon officier
de pontonniers.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
254 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — i815.
22007. — AU VIGE-AVIIRAL DUC DEGRÉS,
MINISTRE DE LA MARINE, A PARIS.
Paris. 3 juin 1815.
Il est nécessaire que vous fassiez un rapport sur toutes les insultes
que les Anglais ont faites du côté de la mer depuis mon débarque-
ment, il faut que vous fassiez un très-grand détail de toute l'affaire
de la Melpomène ' .
D'après la minute. Archives de l'Empire.
22008. — AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris. 3 juin 1815.
Monsieur le Comte Carnot, je vous envoie un rapport que le duc
de Padoue m'adresse directement. Vous devez lui mander que je ne
puis comprendre comment les dépenses de la Corse doivent monter à
400,000 francs par mois, aujourd'hui qu'il n'y a plus de troupes de
ligne en Corse et que les dépenses de la guerre se réduisent à la gen-
darmerie el aux bataillons du pays qu'il lèvera, mais qui ne sont pas
encore levés; qu'il faut faire un budget et avoir pour règle de diminuer
la dépense en renvoyant sur le continent tous les ofliciers d'étal-major
et autres qui seraient inutiles; qu'il doit aussi réduire la gendarmerie
à ce qu'elle a toujours été, en renvoyant en France la plus grande
partie de ce. qui s'y trouve de natifs du continent; que je crois qu'on
en a envoyé beaucoup de France dont on se méfiait alors; que je dési-
rerais qu'il en formât des compagnies de 100 hommes qu'on dirigerait
sur Marseille, où ces mêmes hommes seront utiles; qu'il peut ainsi
diminuer de beaucoup ses dépenses; qu'il doit bien penser que, dans
la situation actuelle des affaires de l'Empire, le service de la Corse de-
vra se suffire à lui-même ; qu'il doit régler les dépenses sur ce principe.
Napoléon.
D'après l'original. Archives de l'Empire.
22009. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
ministre de la guerre, a paris.
Paris, 5 juin 1815.
Mon Cousin, je pense qu'il faut envoyer le général Dulauloy à
iLa frégate la Meipomènfi , envoyée en Italie pour y prendre Madame Mère,
avait été attaquée, le 29 avril 1815, par les Anglais, sans qu'il y eût eu décla-
ration de guerre. La mission confiée à cette frégate fut remplie par la Dryade.
(Voir le Moniteur du 17 juin 1815.)
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 255
Lyon, comme gouverneur et pour avoir la haute main et présider à
tous les préparatifs de défense.
Donnez-lui les instructions suivantes :
1° Activer les travaux des forlilications et leur armement, de ma-
nière à avoir cent pièces de canon en batterie et une cinquantaine de
pièces en réserve;
2° Armer et organiser la garde nationale, de manière à avoir
10,000 hommes avec les faubourgs; la composer d'hommes sûrs; y
nommer des lieulenants généraux, des maréchaux de camp, et assez
d'ofliciers ayant fait la guerre et capables de bien commander;
3° Avoir un dépôt de munilions suffisant pour un long siège;
4° Diriger les fortifications de manière à fortifier d'abord la tête de
pont des Brotleaux, les barrières et pont-levis de la Guillotière, le
pont de Perrache, les hauteurs entre Saône et Rhône et les hauteurs
de la rive droite de la Saône; prolonger ensuite la défense en cou-
vrant la Guillotière par des ouvrages avancés, de manière que, si on
était forcé d'abandonner le faubourg, on fiit couvert par le Rhône.
Napoléon.
D'après l'original coium. par M°" la maréchale princesse d'Eckmùhl.
22010. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 5 juin 1815.
Mon Cousin, indépendamment de 3,200 cannonniers qui se
trouvent à Paris, conformément à votre leltre du 4 juin, il faudrait
tirer 3 ou 400 hommes des différents lycées de Paris, en choisissant
les jeunes gens d'un âge supérieur à dix-sept ans.
Je ne pense pas qu'il faille faire des compagnies de canonniers de
fédérés, ni de gardes nationales.
Il faudrait écrire au minisire de l'intérieur pour voir si l'on ne
pourrait pas faire six compagnies de canonniers de 100 hommes
chacune, composées de jeunes gens de l'Ecole de médecine; ce qui
ferait 600 hommes de l'Ecole de médecine, 400 hommes des lycées,
total 1,000 hommes, et porterait l'artillerie à 4,200 hommes, ce
qui est suffisant. Les écoles pourraient donner aussi quelques canon-
niers à Lyon.
Le calcul que vous faites de 5 hommes par batterie est trop fort.
On fera à Paris comme dans toutes les places , où on détache une
partie de l'infanterie pour aider aux pièces.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
256 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
22011. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 5 juin 1815.
Mon Cousin , j'ai pris un décret pour fixer les aides de camp du
prince Jérôme. Vous verrez que mon intention est qu'il ne garde avec
lui aucun des officiers ivestphaliens qui l'ont accompagné. 11 n'aura
qu'un Allemand, qui fera auprès de lui les fonctions d'écuyer. Aus-
sitôt que vous aurez les états de service de ces officiers, vous pourrez
les employer dans leurs grades.
Napoléon.
D'après l'original conira. par M"" la maréchale princesse (l'Eckmiihl.
22012. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 6 juin 1815. v
Mon Cousin, il est arrivé ou il arrivera 300 officiers du royaume
d'Italie. Il faut avant tout leur donner du pain et les traiter comme
étant en activité. Vous pourrez en mettre à la disposition du maré-
chal Brune, dans le Midi, et du général Dulauloy, à Lyon; vous
pourrez aussi en faire venir à Paris. Ce sont tous hommes sûrs et
condamnés à mort par l'Autriche.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"'^ la maréchale princesse d'Eckmiibl.
22013. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 6 juin 1815.
Mon Cousin, donnez des ordres sur-le-champ, par le télégraphe et
par estafette, au bataillon des Volontaires lyonnais qui était destiné
pour la jeune Garde , et qui demande à grands cris qu'on lui tienne
cette promesse, de se rendre sur-le-champ à Paris; il brûlera toutes
les étapes. Autorisez le commandant à admettre les jeunes gens qui
voudront y entrer. Ce balaillon a 250 hommes qui ont été dans le
Puy-de-Dôme; ils doivent rejoindre sur-le-champ leur bataillon et le
suivre à Paris.
Napoléon.
D'après l'original comra. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I''^ — 1815. 257
22014. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 6 juin 1815.
Mon Cousin , donnez des ordres et prenez des mesures pour qu'au
12 juin il y ait à Paris, en position aux différents ouvrages et aux
différentes barrières, au moins deux cents pièces de canon. Faites-
moi connaître quand le premier convoi des pièces de la marine
arrivera.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"' la maréchale princesse d'Eckmiihl.
22015. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 6 juin 1815.
Mon Cousin, j'apprends qu'il y a à Lyon 5,000 fusils à réparer :
faites-les remettre à la garde nationale de Lyon. Ordonnez qu'on éta-
blisse auprès de celte garde un atelier de réparation; on prendra les
frais sur le produit de la vente de ces fusils.
Il n'y avait le 1*' juin à Lyon que cinquante bouches à feu sur
affûts : ordonnez qu'on mette en construction dans cette ville des af-
fûts de cote et de place.
11 n'y avait que 10,000 kilogrammes de poudre et 300,000 car-
touches : faites augmenter cet approvisionnement.
J'ai déjà autorisé qu'on travaillât à fortifier le faubourg de la Guil-
lotière; bien entendu que la chute de ce faubourg n'influera en rien
sur la défense de la place. Faites faire à Lyon de nouveaux fonds
pour les travaux des fortifications, afin qu'on ne manque pas d'argent.
Napoléon.
D'après ^'original comm. par M°>° la maréchale princesse d'Ëckmûhi.
22016. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 6 juin 1815.
Mon Cousin , il est important que le général Gazan parte demain
pour son commandement de la Somme; qu'il visite toutes ses places,
reconnaisse tous les ponts, et mette tout en bon état de défense, afin
qu'Abbeville, Amiens, Péronne, Ham et Saint-Quentin se trouvent à
xxvnr. 17
258 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
l'abri, et que tous les passages soient gardés et à l'abri de la cavalerie
légère.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiibl.
22017. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, 6 juin 1815.
Mon Cousin, donnez ordre au duc d'Albufera qu'au 10 juin il ait
commencé la formation de son camp entre Genève et Lyon, pour
couvrir cette grande ville du côté de la Suisse; ce qui a pour but
aussi de menacer la Suisse. Ce camp appuiera la droite du corps du
Jura. 11 sera composé des bataillons d'élite de la 19' division. Le
maréchal duc d'Albufera n'a pas encore fait connaître la position qu'il
a choisie.
11 faut qu'on fasse sortir les bataillons de Lyon et qu'on les dirige
sur la position ; qu'au 20 juin la batterie d'artillerie s'y trouve. Faites-
moi connaître le lieutenant général qui doit commander cette divi-
sion; qu'il y soit Fendu le 10 avec les maréchaux de camp; qu'il ait
une avant-garde tout à fait sur la frontière de la Suisse, et que la
présence de ce camp fasse déjà diversion pour la défense de toute la
frontière du Jura.
Il est également nécessaire que, du 10 au 15, le duc d'Albufera
ait ses troupes réunies en avant de Chambéry, fasse retrancher la
position de Montmélian, que je crois la plus avantageuse, et qu'il
fasse connaîlre la position des deux divisions de gardes nationales du
Dauphiné et de ses deux divisions de ligne. En occupant une position
couverte de retranchements et bien appuyée sur ses flancs, dans la-
quelle il pourrait appeler la division de Lyon, dans le cas où il n'y
aurait rien à craindre de la Suisse, il doit pouvoir braver l'effort des
Autrichiens, dont l'infanterie est si médiocre. Une colonne (Je gardes
nationaux et de troupes des garnisons pourrait de Briançon, par les
montagnes, inquiéter toutes les vallées jusqu'au mont Cenis.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M'"' h. maréchale princesse d'Eckmûhl.
.22018. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
ministre de la GUERRE, A PARIS.
Paris, 6 juin 1815.
Mon Cousin, donnez ordre qu'au 10 juin les travaux sur la rive
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815. 259
droite de la Saône et sur les hauteurs de Lyon soient tracés, et que
le 25 juin il y ait déjà des pièces en batterie sur les hauteurs.
Ordonnez que toute l'artillerie de Lyon soit en batterie, du 15 au
20 juin, et que les batteries soient approvisionnées.
Napolkom.
D'après l'original comm. par M™« la maréchale princesse d'Eckmûhl,
22019. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 6 juin 1815.
Mon Cousin, prenez des mesures pour qu'au 15 juin il y ait des
canons à tous les ponts de la Saône, et qu'on ait retranché et mis en
état et à l'abri de la cavalerie ennemie les ponts de la Saône.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"« la maréchale princesse d'Eckmûhl.
22020. — AU MARÉCHAL DAVOLT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 6 juin 1813.
Mon Cousin, donnez les ordres les plus précis pour qu'au 10 juin
il y ait à Château-Thierry, à Langres, h Vitry, à Laon, à Soissons,
sur les remparts, au moins la moitié de l'artillerie qui est destinée à
l'armement de ces places, et que les batteries soient approvisionnées.
Assurez-vous que des mesures soient prises pour que, au plus tard
le 20 juin, toute l'artillerie destinée à ces places soit en batterie.
On n'a pas encore commencé la défense de Meaux, de Nogent-sur-
Seine, d'Arcis-sur-Aube, de Montereau et de Sens. Faites-moi con-
naître où en sont les projets.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"* la maréchale princesse d'Eckmûhl.
22021.— AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris , 6 juin 1815.
Mon Cousin, j'approuve que le maréchal de camp Henry, ancien
colonel du 24* de ligne, se rende en toute diligence à Lille, pour
commander la garde nationale de cette place. Mais je voudrais pour
lieutenant générai un homme actif, entreprenant et connu pour la
17.
260 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON P^. — 181^
sûreté de ses principes, cette ville étant le but de toutes les intrigues
de l'ennemi.
Napoléon,
D'après l'original comm. par M"'" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
22022. — AU GENERAL COMTE DROUOT,
AIDE-MAJOR DE LA GARDE IMPÉRIALE, A PARIS.
Paris, 6 juin 1815.
Monsieur le Général Drouot, la Garde a fait partir hier matin cin-
quante bouches à feu, c'est-à-dire six batteries. Ces six batteries
avaient 400 chevaux de réquisition. Elles arriveront demain 7 à Sois-
sons. Faites-moi connaître si, dans la journée du 9, les 400 chevaux
du train qui vont relever les chevaux de réquisition seront arrivés.
S'ils ne sont pas arrivés k cette époque, il faut que les 400 chevaux
de réquisition soient donnés aux équipages militaires de la Garde, qt
que les chevaux des équipages de la Garde soient donnés à l'artil-
lerie, de sorte que toute mon artillerie soit parfaitement attelée,
sauf à relever les chevaux de réquisition par les chevaux du train
quand ils arriveront.
V^ous avez sans doute donné des ordres à Compiègne pour que tout
en parte pour Soissons. Ainsi loule l'artillerie va se trouver demain 7
à Soissons; mon intention est de l'y laisser jusqu'au 9, pour s'y réor-
ganiser. Elle partira le 9 au soir, ou le 10 nu matin, pour se rendre
à grandes marches sur l'armée. Faites-moi connaître quelle sera sa
situation au 9, et quand elle aura rejoint.
Napoléon.
D'après l'original. Dépôt de la guerre.
22023. — DISCOURS DE L'EMPEREUR
A LA SÉA^'CE D'OUVERÏL'HE DES CHAMBRES.
Palais des Rcpréscntanis, 7 juin 1815.
Messieurs de la chambre des Pairs et Messieurs de la chambre des
Représentants, depuis trois mois, les circonstances et la confiance
du peuple m'ont revêtu d'un pouvoir illimité. Aujourd'hui s'accomplit
le désir le plus pressant de mon cœur : je viens commencer la mo-
naichie constitutionnelle.
Les hommes sont impuissants pour assurer l'avenir; les institutions
seules fixent les destinées des nations. La monarchie est nécessaire
en France pour garantir la liberté, l'indépendance et les droits du
peuple.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 261
Nos constitutions sont éparses : une de nos plus importantes oc-
cupations sera de les réunir dans un seul cadre et de les coordonner
dans une seule pensée. Ce travail reconamandera l'époque actuelle
aux générations futures.
J'ambitionne de voir la France jouir de toute la liberté possible;
je dis possible , parce que l'anarchie ramène toujours au gouverne-
ment absolu.
Une coalition formidable de rois en veut à notre indépendance;
ses armées arrivent sur nos frontières.
La frégate la Melpomène a été attaquée et prise dans la Méditerranée,
après un combat sanglant contre un vaisseau anglais de 74. Le sang
a coulé pendant la paix!
Nos ennemis comptent sur nos divisions intestines. Us excitent et
fomenlent la guerre civile. Des rassemblements ont lieu. On com-
munique avec Gand, comme en 1792 avec Coblenz. Des mesures
législatives sont indispensables : c'est à votre patriotisme, à vos lu-
mières et à votre attachement à ma personne, que je me confie sans
réserve.
La liberté de la presse est inhérente à la Constitution actuelle; on
n'y peut rien changer sans altérer tout notre .système politique; mais
il faut des lois répressives, surtout dans l'état actuel de la nation. Je
recommande à vos méditations cet objet important.
Mes ministres vous feront successivement connaître la situation de
nos affaires.
Les finances seraient dans un état satisfaisant sans le surcroît de
dépenses que les circonstances actuelles ont exigé.
Cependant on pourrait faire face à tout, si les recettes comprises
dans le budget étaient toutes réalisables dans l'année; et c'est sur les
moyens d'arriver à ce résultat que mon ministre des finances fixera
votre attention.
Il est possible que le premier devoir du prince m'appelle bientôt à la
tète des enfants de la nation pour combattre pour la patrie. L'armée
et moi nous ferons notre devoir.
Vous, Pairs et Représentants, donnez à la nation l'exemple de la
confiance, de l'énergie et du patriotisme, et, comme le sénat du
grand peuple de l'antiquité, soyez décidés à mourir plutôt que de
survivre au déshonneur et à la dégradation de la France. La cause
sainte de la patrie triomphera !
Extrait du Moniteur du 8 juin 1815.
262 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON 1"^. _ 1815.
22024. —AU xMARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMIJHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, "7 juin 1815.
Mon Cousin , rannement de Paris ne me paraît pas bien détaillé ;
la ligne de défense ne doit pas s'appuyer à Clichy, mais à Saint-Denis.
La ligne de Saint-Denis a l'avantage d'être appuyée par la ville de
Saint-Denis, qui, étant susceptible d'inondation, est un poste de la
plus grande force. Ce poste, qui appuie la gauche, se lie aux hauteurs
de Paris par un long canal plein d'eau , ayant derrière un rempart et
en avant des flèches. Rien ne peut avoir ce degré de force entre Clichy
et Montmartre : Clichy ne peut pas être inondé; le canal, qui existe
sur Saint-Denis, ne peut pas exister là, et enfin la ligne de Saint-
Denis met en seconde ligne tout Montmartre, les quatre moulins, etc.
Je vous renvoie donc cet état, pour que le général d'artillerie rectifie
son armement en conséquence, numérote toutçs les flèches en avant
du canal et les arme toutes.
Avant de travailler à la seconde ligne entre Clichy et Montmartre,
il faut que la rive gauche soit fortifiée.
Jamais armée ne s'engagera entre Montmartre et Saint-Denis,
quand même le canal el les redoutes qui doivent le couvrir n'existe-
raient pas. Une deuxième ligne sur Clichy sera cependant nécessaire,
mais elle est d'un ordre inférieur, et, avant, il faut travailler à la
rive gauche.
Il faut , dans ces changements , placer à chaque barrière de Paris
deux pièces de canon. Ces pièces flanqueront les promenades autour
des murailles, battront les principales avenues de Paris, et d'ailleurs
seront là à portée pour aller en avant sur les positions qui appuient
les ouvrages avancés.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"» la maréchale princesse d'Eckmûhl.
1
22025. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 7 juin 1815.
Mon Cousin , je suppose que le prince Jérôme et les généraux Gi-
rard et Berthezène sont partis pour l'armée du Nord ; assurez-vous-en.
Je suppose que le général Pajol , le comte de Valmy et le maréchal
Grouchy sont partis pour commander la cavalerie ; s'ils ne le sont
pas, il est indispensable qu'ils partent demain, dans la journée.
Donnez ordre au maréchal Mortier d'être rendu à Soissons le 9 à
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815. 263
midi, où il prendra le commandement général de toute la cavalerie
de la Garde. Mon intention est de lui confier plus spécialement le
commandement des trois divisions de la jeune Garde, aussitôt qu'elles
seront formées.
Donnez ordre au général Duliesme de se rendre à Soissons; il
prendra le commandement de la 1'* division de la jeune Garde. Le
général Barrois sera sous ses ordres; il aura le commandement de la
2* division lorsqu'elle sera formée; mais, en attendant, il suivra la
l" division.
Ordonnez au général Bonet de partir demain pour Metz; il prendra
le commandement des 3' et 4* divisions militaires, et il manœuvrera,
avec toutes les troupes qu'il pourra réunir et l^is gardes nationales de
Nancy, pour appuyer le général Rapp. Cette mission est délicate et
de la plus haute importance.
Je suppose que le général Gazan est parti pour se rendre sur la
Somme.
Tenez la main à ce que le général Dulauloy parte demain pour
Lyon.
Mapolbon.
B'après l'original comm. par M"» la mapéchale princesse d'Bckraûhl.
22Q26. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRL\CE D'ECKMUHL.,
\UK1STRE DE LA GUERRE., A PARIS..
Raris, 7 juim 1)815.
Mon Cousin, donnez ordre que, à dater de demain 8, on travaille
aux quatre points principaux sur la rive gauche de la Seine, car il
est indispensable de se mettre un peu en équilibre. Faites-moi con-
naître quand ces ouvrages seront tracés, parce qu'alors je les par-
courrai à cheval.
Réitérez les ordres pour que, tous les jours, on mette des pièces
en batterie à Paris, afin qu'il n'y ait pas de secousse et qu'insensible-
ment tous les ouvrages soient garnis. D'ailleurs , cette vue donnera
confiance au peuple.
Il serait à souhaiter qu'avant le 25 il puisse y avoir quarante pièces
en batterie sur les^ ouvrages de la rive gauche, et qu'à cet effet les
ouvrages soient assez avancés.
Napoléom.
D'après l'original comm. par M"^* la maréchale princesse d'Eckmiibl.
264 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
22027. —AU MARÉCHAL SOULT, DUC DE DALMATIE,
MAJOR GÉNÉRAL, A PARIS.
Paris, 7 juin 1815.
Donnez les ordres les plus positifs pour que, sur toute la ligne du
Nord, du Rhin et de la Moselle, toutes communications soient fer-
mées, et qu'on ne laisse passer aucune voiture ni diligence.
Recommandez qu'on exerce la plus grande surveillance pour qu'au-
cune lettre ne puisse passer, si cela est possible. Voyez le ministre de
la police et des finances pour qu'ils écrivent à leurs agents , pour in-
tercepter absolument toutes communications.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
22028. —AU MARÉCHAL SOULT, DUC DE DALMATIE,
MAJOR GÉNÉRAL, A PARIS. ^
Paris, 7 juin 1815.
Je pense qu'il serait convenable que vous partissiez demain soir.
Vous vous rendrez droit à Lille et le plus incognito possible, afin de
faire toutes les dispositions pour que les places de première ligne
soient assurées, et faire sortir ce qui reste encore de troupes de ligne
à Calais. Vous pourrez faire faire les versements qu'exigent les cir-
constances, soit en hommes, soit en armes, et vous verrez à donner
une destination aux bataillons qui doivent arriver d'ici au 13. Il sera
convenable que vous preniez bien au bureau de la guerre tous les
départs des bataillons pour le Nord. Assurez-vous bien surtout de
leur habillement et armement. Cela vous prendra le 10. Voyez s'il y
a suffisamment de commandants généraux et s'il y a un bon comman-
dant de citadelle. Enfin prescrivez au général Lapoype tout ce qui
est nécessaire.
Le 11 vous pourrez vous rendre à Maubeuge et à Avesnes.
Vous viendrez à ma rencontre sur la route de Laon, où il est pro-
bable que je serai le 12. Vous prendrez tous les derniers renseigne-
ments sur la position de l'ennemi; vous tâcherez de monter un bureau
d'espionnage à Lille, et une compagnie d'hommes qui connaissent
bien les chemins de la Belgique. Il y a des gardes forestiers des
Ardennes qui communiquent par les forêts jusque derrière Bruxelles.
Procurez-vous un officier intelligent qui nous procure des hommes
qui puissent nous servir.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
CORRESPONDAÎVfCE DE NAPOLEO.V I". _ 1815. 265
22029. — AU MARÉCHAL SOULT, DUC DE DALMATIE ,
MAJOR GÉNÉRAL, A PARIS.
Paris, 7 juin 1815.
Donnez ordre au comte Lobau de porter, le 9, son quartier géné-
ral à Marie ou à Vervins, et d'évacuer entièrement Laon et les envi-
rons, parce que, le 9 et le 10, toute la Garde arrive à Laon.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
22030. — AU GÉNÉRAL COMTE BERTRAND,
GRAND MARÉCHAL DU PALAIS, A PARIS.
Paris, 7 juin 1815,
Donnez ordre que toute ma Maison qui se trouve à Gompiègne se
rende demain à Soissons, où sera mon quartier général.
Concertez-vous avec le grand écuyer et le maître de ma garde-robe,
afin que, s'il me nian(|ue quelque chose, on le fasse partir. Comme
je camperai souvent, il est important que j'aie mes lits de fer et mes
tentes. Veillez à ce que mes lunettes soient en état.
Il est nécessaire que le grand écuyer me fasse connaître quel est
l'écuyer qui sera de service auprès de moi lorsqu'il sera absent
comme ministre des relations extérieures. Il est nécessaire aussi que
les voitures de voyage soient prêtes sans qu'on le sache, afin que je
puisse partir deux heures après en avoir donné l'ordre. 11 est pro-
bable que je me rendrai en droite ligne à Soissons.
Donnez ordre que tous mes aides de camp, mes officiers d'ordon-
nance, les aides de camp de mes aides de camp fassent partir leurs
chevaux pour Soissons. Il est indispensable qu'ils soient partis demain.
D'après la minule. Archives de l'Empire.
22031. — AU GÉNÉRAL COMTE DROUOT,
AIDE-MAJOR DE LA GARDE IMPERIALE, A PARIS.
Paris, 7 juin 1815.
Faites partir demain à la pointe du jour, de manière à arriver
le 10 de bonne heure à Soissons, les deux régiments de la Garde.
S'ils peuvent aller en deux jours à Soissons, qu'ils y aillent; ils y
seraient le 9; sans quoi, qu'ils approchent de manière à aller le 10,
s'ils en reçoivent l'ordre, entre Soissons et Laon. Toute la Garde
doit êlre arrivée le 9 au soir à Soissons, hormis les deux régiments
qui partent demain. Reraetlez-moi demain matin un petit état à
268 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
colonnes qui me fasse connaître le jour du départ de chaque colonne
et de son arrivée à Soissons , et proposez-moi de faire partir le 9 au
matin tout ce qui serait en séjour à Soissons, pour se rendre à Laon,
et le 10 au matin tout ce qui serait arrivé le 9; de manière que
le 10 au soir toute ma Garde serait entre Laon et Avesnes , hormis
les deux régiments qui partent demain, qui auront dépassé Soissons.
En faisant partir les 1'" bataillons de chasseurs et de grenadiers
demain, retenez 100 hommes par bataillon (ce qui fera 400 hommes
ici, à Paris; cela fera 25 hommes par compagnie), en prenant les
plus jeunes et les plus dispos pour former un bataillon provisoire,
qui sera chargé de fournir ma Garde.
Vous donnerez ordre que, le 12, les deux i" de voltigeurs et
tirailleurs , avec le général de brigade qui doit les commander ,
partent pour Laon , où ils arriveront le 15 au soir. Cotte brigade
appartiendra à la 2^ division, que le général Barrois commandera.
J'ai vu avec peine que les deux régiments qui étaient partis ce matin
n'avaient qu'une paire de souliers; il y en a en magasin; il faut leur
en procurer deux dans le sac et une aux pieds.
D'après la minute. Archives de l'Empire.
22032. — AU GÉNÉRAL BARON DEJEAN,
AIDE DE CAMP DE l'eMPEREUR , A PARIS.
Paris, 7 juin 1815.
Partez cette nuit pour vous rendre à Amiens, à Doulens, à Aire, à
Saint-OiJier, à Dunkerque. Restez quelques heures dans chaque place
pour m'en faire connaître la situation, et écrivez-moi en détail de
Dunkerque. Faites-moi connaître qui commande, combien il y a de
pièces en batterie, l'état des approvisionnements et enfin tout ce que
vous croirez nécessaire que je sache. Donnez-moi également des
renseignements sur Calais et sur Bergues. Revenez ensuite par Lille,
Douai, Condé, Valenciennes et toutes nos places de première ligne,
et venez m'attendre à Avesnes. Ayez soin de m'écrire tous les jours.
D'après la minute. Archives de l'Eraiiire.
22033. — OJIDRE.
Paris, 7 juin 1815.
L'officier d'ordonnance' se rendra à Saint-Valery-sur-Somme
et de là à Abbeville, à Amiens et dans toutes les places de la Somme
1 Le nom est resté en blanc sur la minute.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 267
jusqu'à Saint-Quentin. Il marquera tous les endroits où il y a des
ponts en pierre ou en bois, les travaux qu'il faudrait y faire, quel
parti on pourrait tirer de postes sur la Somme, tels que Corbie, etc. ,
et enfin tout ce qu'il serait nécessaire de faire pour défendre la
Somme. De Saint-Quentin il se rendra à Guise et de là à Avesnes ,
oii il attendra de nouveaux ordres. Il écrira tous les jours tout ce
qu'il apprendra de la situation des corps et des places, combien il y
a de pièces en batterie, qui est-ce qui y commande, combien il y a
de gardes nationales, combien on en attend, etc. •
D'après la minute. Archiïe de l'Empire.
22034. — AU COMTE CARNOT, ministre de l'intérieur, a paris.
Paris, 8 juin 1815.
Monsieur le Comte Carnot, témoignez mon mécontentement au
préfet de Laval. Il n'a rien fait dans ces circonstances pour se mettre
en défense. C'est le peuple qui a été obligé de tout faire. Le préfet
a même été sur le point de tout abandonner, si on ne l'avait retenu.
Il paraît que le maréchal de camp qui est à Laval est fuible et nul.
Napoléon.
D'après l'original. Archives de l'Empire.
22035. — NOTE DICTÉE AU DUC DE VICENCE,
EN CONSEIL DES MINISTUES.
Paris, 8 juin 1815.
Le ministre des affaires étrangères communiquera au:c ministres
d'Etat son rapport' et les pièces jointes. Ce rapport portera pour
intitulé : Extrait du procès-verbal du conseil des minisires du ^ juin.
On indiquera, à la suite de ce rapport, que le conseil a été d'avis
qu'il ne devait être rendu public que le jour où l'armée, repoussant
la force par la force, se mettrait en mouvement, afin de ne pas donner
l'éveil à l'ennemi par une publicité anticipée.
Les ministres d'Etat proposeront à l'Empereur un projet de mes-
sage aux deux Chambres, de dix à douze lignes.
Le ministre des affaires étrangères rédigera, indépendamment de
son rapport, un véritable manifeste, où il se bornera à présenter
l'enchaînement des faits.
L'Empereur juge convenable que l'article du rapport du ministre
des affaires étrangères ^qui concerne l'Espagne soit réduit à très-peu
' Voir dans le Moniteur du 17 juin le rapport dont \\ s'agit, adressé par le
duc de Vicence à l'Empereur; voir aussi la note de la pièce n» 220Ô5.
268 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
de mots , dans lesquels on évitera fout ce qui pourrait agir sur cette
nation et la tirer de son apalhie.
En terminant son rapport, il est bon que le ministre fasse en-
tendre, par des phrases de prévoyance, que, quelles que puissent
être les chances probables de la guerre, comme dans toute circon-
stance on ne doit négliger aucun de ses avantages, il paraît conve-
nable de prévenir et de ne pas laisser arriver les Russes qui sont en
pleine marche et qui se trouvaient à telle époque dans tels et tels
endroits; que, si le désir de conserver la paix et la nécessité d'at-
tendre l'Assemblée du Champ de Mai et l'ouverture des Chambres
ont fait différer jusqu'à présent de marcher à l'ennemi, aujourd'hui
que les moyens de l'Kmpereur sont réunis, il importe de ne plus
différer et d'ouvrir immédiatement la lutte qui décidera de l'indépen-
dance de la nation, et pour laquelle elle fera tous les sacrifices
nécessaires, etc.
1
D'après l'original. Archives des affaires étrangères.
22036. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LAGUERRE, A PARIS.
Paris, 9 juin 1815.
Mon Cousin, je crois que les ordres pour le départ des dépôts
d'infanterie des places fortes ne sont pas encore donnés , qu'on a dit
seulement de les faire partir aussitôt que les hostilités commence-
raient. Mon intention est que vous les fassiez partir le 12, chacun
pour se rendre dans les directions qui sont déjà désignées. Il est
important de refaire un état général de tous les dépôts, afin de
mettre du système dans cette opération et de retirer les dépôts des
endroits qui n'offrent pas assez de ressources. Le principe doit
toujours être, en les étendant , de les rapprocher de Paris.
Napoléox.
D'après l'orijjinal comm. par M""* la maréchale princesse d'Eckmiihl.
22037. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 9 juin 1815.
Mon Cousin, envoyez-moi l'état des partisans qu'on a formés dans
les différents départements, parce qu'il faudrait donner l'ordre à
tous ceux qui auraient été formés dans les 15°, 14", 1", 16% 10* et
2' divisions militaires, de se mettre en mouvement pour se rendre
CORRESPONDAX'CE DE NAPOLEOM I". — 1815. âG9
sur les frontières du Nord. Il serait surtout important, s'il y en a
dans les Ardennes, que j'en fusse instruit, afin qu'ils se glissassent
par les forêts jusqu'au cœur de la Belgique. H faudrait également
des partisans dans le pays Messin et la Sarre, pour se glisser par les
montagnes dans l'intérieur du pays.
11 est bien important qu'au 13 juin, pour tout délai, toutes les
gardes nationales des places de première ligne du Nord, du Khin, du
Jura, soient parfaitement armées, surtout celles du Nord et de la
Meuse.
Il est important aussi que vous me fassiez connaître si, au 13 juin,
il se trouvera des convois de poudre, armes, canons, etc., à portée
des frontières du Nord, et qui soient exposés à être enlevés par des
partis ennemis.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckniiihl.
22038. — REPONSE
A L'ADRESSE DE LA CHAMBRE DES PAIRS '.
Palais dfis Tuileries, 11 juin 1815.
Monsieur le Président et Messieurs les députés de la chambre des
Pairs, la lutte dans laquelle nous sommes engagés est sérieuse.
1 ADRESSE DE LA CHAMBRE DES PAIRS.
«Sire, votre empressement à soumctlre aux formes et aux règles constitu-
tionnelles le pouvoir absolu que les circonstances et la confiance du peuple vous
avaient imposé, les nouvelles garanties données aux droits de la nation, le dé-
vouement (jui vous conduit au milieu des périls que va braver l'armée, pénè-
trent tous les cœurs d'une profonde reconnaissance. Les Pairs de France vien-
nent offrir à Votre Majesté l'hommage de ce sentiment.
» Vous avez manifesté, Sire, des principes qui sont ceux de la nation : ils
doivent être les nôtres. Oui, tout pouvoir vient du peuple, est institué pour le
peuple. La monarchie constitutionnelle est nécessaire au peuple français comme
garantie de sa liberté et de son indépendance.
» Sire, tandis que vous serez à la frontière, à la tête des enfants de la patrie,
la chambre des Pairs concourra avec zèle à toutes les mesures législatives que
les circonstances exigeront pour forcer l'étranger à reconnaître l'indépendance
nationale et faire triompher dans l'intérieur les principes consacrés par la vo-
lonté du peuple.
1 L'intérêt de la France est inséparable du vôtre. Si la fortune trompait vos
efforts, des revers. Sire, n'affaibliraient pas notre persévérance et redouble-
raient notre attachement pour vous.
■s Si les succès répondent à la justice de notre cause et aux espérances que
nous sommes accoutumés à concevoir de voire génie et de la bravoure de nos
armées, la France n'en veut d'autre fruit que la paix. Nos institutions garan-
270 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". _ 1815.
L'entraînement de la prospérité n'est pas le danger qui nous menace
aujourd'hui. C'est sous les Fourches Caudines que les étrangers
veulent nous faire passer!
La justice de notre cause, l'esprit public de la nation et le cou-
rage de l'armée sont de puissants motifs pour espérer du succès;
mais, si nous avions des revers, c'est alors surtout que j'aimerais à
voir déployer toute l'énergie de ce grand peuple; c'est alors que je
trouverais dans la chambre des Pairs des preuves d'attachement à la
patrie et à moi.
C'est dans les temps difficiles que les grandes nations , comme les
grands hommes, déploient toute l'énergie de leur caractère et devien-
nent un objet d'admiration pour la postérité.
Monsieur le Président et Messieurs les députés de la chambre des
Pairs, je vous remercie des sentiments que vous m'exprimez au nom
de la chambre.
V
Extrait du Moniteur du 12 juiu J815.
22039. — RÉPONSE
A L'ADRESSE DES REPRÉSENTANTS'.
Palais des Tuileries, 11 juin 1815.
Monsieur le Président et Messieurs les députés de la chambre des
Représentants, je retrouve avec satisfaction mes propres sentiments
tissent à l'Europe que jamais le gouvernement français ne peut èlre entraîné
par les séductions de la victoire. i>
Extrait du Moniteur du 12 juin 1815.
> ADRESSE DE LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
a Sire, la chambre des Représentants a recueilli avec une profonde émotion
les paroles émanées du trône dans la séance solennelle où Votre Majesté , dé-
posant le pouvoir extraordinaire qu'elle exerçait , a proclamé le commencement
de la monarchie constitutionnelle.
■% Les principales bases de cette monarchie prolectrice de ia liberté , de l'éga-
lité, du bonheur du peuple, ont été reconnues par Votre Majesté, qui, se por-
tant d'elle-même au-devant de tous les scrupules comme au-devant de tous les
vœux, a déclaré que le soin de réunir nos constitutions éparses et de les coor-
donner était une des plus importantes occupations réservées à la législature.
Fidèle à sa mission, la chambre des Représentants remplira la tâche qui lui est
dévolue dans ce noble travail; elle demande que, pour satisfaire à la volonté
publique ainsi qu'aux vœux de Votre Majesté, la délibération nationale rectifie
le plus tôt possible ce que l'urgence de notre situation a pu produire de défec-
tueux ou laisser d'imparfait dans l'ensemble de nos constitutions.
ï Mais en même temps , Sire , la chambre des Représentants ne se montrera
CORRESPOx\DA]VGE DE NAPOLÉON I<'^ — 18i5. 271
dans ceux que vous m'exprimez. Dans ces graves circonslances, ma
pensée est absorbée par la guerre imminente, au succès de laquelle
sont allachcs l'indépendance et l'honneur de la France.
Je partirai celte nuit pour me rendre à la tête de mes armées : les
mouvements des différents corps ennemis y rendent ma présence
pas moins empressée de proclamer ses senlimcnls et ses principes sur la lutte
terrible qui menace d'ensanglanter l'Europe. A la suite d' (événements désastreuï,
la France envahie ne parut nn moment écoutée sur l'établissement de sa Consti-
tution que pour se voir presque aussitôt soumise à une charte royale émanée da
pouvoir absolu , à une ordonnance de réformation toujours révocable de sa
nature, et qui, n'ayant pas l'assentiment exprimé du peuple, n'a jamais pu être
considérée comme obligatoire pour la nation.
n Reprenant aujourd'hui l'exercice de ses droits, se ralliant autour du héros
que sa confiance investit de nouveau do gouvernement de l'Etat, la France
s'étonue et s'afllige de voir des souverains en armes lui demander raison d'uQ
changement intérieur qui est le résultat de la volonté nationale , et qui ne porte
atteinte ni aux relations existantes avec les autres gouvernements ni ù leur sé-
curité. La France ne peut admettre les distinctions à l'aide desquelles les puis-
sances coalisées cherchent à voiler leur agression. Attaquer le monarque de son
choix , c'est attaquer l'indépendance de la nation. Elle est armée tout entière
pour défendre cette indépendance et pour repousser sans exception toute famille
et tout prince qu'on oserait vouloir lui imposer. Aucun projet ambitieux n'entre
dans la pensée du peuple français; la volonté même du prince victorieux serait
impuissante pour entraîner la nation hors des limites de sa propre défense. Mais
aussi, pour garantir son territoire, pour maintenir sa liberté, son honneur, sa
dignité, elle est prête à tous les sacrilices. Que n'cst-il permis, Sire, d'espérer
encore que cet appareil de guerre, formé peut-être par les irritations de l'or-
gueil et par des illusions que chaque jour doit affaiblir, s'éloignera devant le
besoin d'une paix nécessaire il tous les peuples de l'Europe, et qui rendrait à
Votre Majesté sa compagne, aux Français l'héritier du trône? Mais déjà le sang
a coulé , le signal des combats préparés contre l'indépendance et la liberté fran-
çaises a été donné au nom d'un peuple qui porte au plus haut degré l'enthou-
siasme de l'indépendance et de la liberté. Sans doute, au nombre des communi-
cations que nous promet Votre Majesté, les Chambres trouveront la preuve des
efforts qu'elle a faits pour maintenir la paix du monde. Si tous ces efforts doivent
rester inutiles, que les malheurs de la guerre retombent sur ceux qui l'auront
provoquée !
ï La chambre des Représentants n'attend que les documents qui lui sont an-
noncés pour concourir de tout son pouvoir aux mesures qu'exigera le succès
d'une guerre aussi légitime. Il lui tarde, pour énoncer son vœu, de connaître
les besoins et les ressources de l'Etat; et, tandis que Votre Majesté, opposant à
la plus injuste agression la valeur des armées nationales et la force de son génie,
ne cherchera dans la victoire qu'un moyen d'arriver à une paix durable , la
chambre des Représentants croira marcher vers le même but en travaillant sans
relâche au pacte dont le perfectionnement doit cimenter encore l'union du peuple
et du trône et fortifier aux yeux de l'Europe, par l'amélioration de nos institu-
tions la garantie de nos engagements. «
Extrait du Moniteur du 12 juin 1815.
272 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815.
indispensable. Pendant mon absence, je verrais avec plaisir qu'une
commission nommée par chaque chambre méditât sur nos consti-
tutions.
La Constitution est notre point de ralliement; elle doit être notre
étoile polaire dans ces moments d'orage. Toute discussion publique
qui tendrait à diminuer, directement ou indirectement, la confiance
qu'on doit avoir dans ses dispositions serait un malheur pour l'État;
nous nous trouverions au milieu des écueils, sans boussole et sans
direction. La crise où nous sommes engagés est forte. N'imitons
pas l'exemple du Bas-Empire, qui, pressé de tous côtés par les Bar-
bares, se rendit la risée de la postérité, en s'occupant de discussions
abstraites au moment où le bélier brisait les portes de la ville.
Indépendamment des mesures législatives qu'exigent les circon-
stances de l'intérieur, vous jugerez peut-être utile de vous occuper
des lois organiques destinées à faire marcher la Constitution; elles
peuvent être l'objet de vos travaux publics sans aucun inconvénient,
Monsieur le Président et Messieurs les députés de la chambre des
Représentants , les sentiments, exprimés dans votre adresse me dé-
montrent assez l'attachement de la chambre à ma personne et tout le
patriotisme dont elle est animée. Dans toutes les affaires, ma marche
sera toujours droite et ferme. Aidez-moi à sauver la patrie. Premier
représentant du peuple, j'ai contracté l'obligation, que je renouvelle,
d'employer, dans des temps plus tranquilles, toutes les prérogatives
de la Couronne et le peu d'expérience que j'ai acquise, à vous secon-
der dans l'amélioration de nos institutions. ■
Extrait du Moniteur du 12 juin 1815.
220-40. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DU LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 11 juin 1815.
Mon Cousin , vous ferez connaître , par estafette et par le télé-
graphe, au maréchal Suchet ', que les hostilités commenceront le
14, et que de ce jour il peut s'emparer de Montinélian. S'il est in-
dispensable qu'il le fasse avant ce temps, à cause des mouvements
de l'ennemi, il y est autorisé. Cependant il serait à désirer qu'il ne le
fît pas avant le 15.
Napoléon.
D'après roriginal comm. par M™« la maréchale princesse d'Eckmiihl.
1 Commandant l'armée des Alpes.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I*^'. — 1815. 273
22041. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Paris, II juin 1815.
Mon Cousin, cent cinquante-huit canons de la marine sont arri-
vés à Paris : faites en sorte qu'ils se trouvent en batterie vers le 20.
11 en arrivera quatre-vingts d'ici au 20. J'attache une grande impor-
tance h ce que ces deux cent quarante pièces de canon se trouvent en
batterie à peu près à cette époque, afin que je sois absolument sans
sollicitude pour la ville de Paris. Recommandez qu'on ne mette pas
de pièces de 8 et de 6 en fer ensemble. Comme on a mis de préfé-
rence les pièces de 8 sur la rive gauche, il faut aussi mettre les
pièces en fer.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™» la maréchale princesse d'Eckmiihl.
22042. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 11 juin 1815.
Mon Cousin, faites appeler le maréchal Ney; s'il désire se trouver
aux premières batailles qui auront lieu, dites-lui qu'il soit rendu
le 14 à Avesnes , où sera mon quartier général.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"^ la maréchale princesse d'Eckmiihl.
22043. — AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Paris, 11 juin 1815.
Mon Cousin, faites venir le maréchal Masséna. S'il désire se ren-
dre à Metz , donnez-lui le gouvernement de Metz et le commande-
ment supérieur des 3* et 4* divisions militaires.
Veillez à ce que Belliard se rende à l'armée du Nord.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmûhl.
22044. — ORDRE GENERAL DE SERVICE
PENDANT L'ABSENCE DE L'EMPEREUR.
Paris, 11 juin 1815.
Nous avons réglé , pour être exécutées pendant notre absence , les
dispositions suivantes :
xxvm. 18
274 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
Tous les ministres correspondront avec nous pour les affaires de
leur déparlement.
Néanmoins ils se rassembleront tous les mercredis de chaque se-
maine au palais des Tuileries , dans la salle du trône , et sous la
présidence de notre frère le prince Joseph , pour les ohjets relatifs à
leurs attributions respectives. Les affaires concernant les opérations
des Chambres y seront également traitées ; elles le seront également
dans les conseils des ministres, qui se tiendront, sur l'ordre du
président , plusieurs jours par semaine et toutes les fois que les cir-
constances Texigeront.
Notre frère Lucien prendra séance dans tous les conseils et y aura
voix délibérative.
Les ministres d'Etat , membres de la chambre des Représentants ,
siégeront aux conseils des ministres, conformément à notre décret
de ce jour.
Les ministres porteront au conseil du mercredi les objets de détail
et du contentieux de leur administration, lesquels seront remis au
secrétaire du conseil pour nous être transmis. Ils seront, à cet effet,
portés à notre secrétaire d'Etat par un officier qui sera désigné par
notre ministre de la guerre , et qui se rendra chez les princes et les
ministres pour prendre leurs ordres et partir dans les vingt-quatre
heures.
Nous entendons, en général, que toutes les affaires qui, dans
l'ordre du gouvernement et de l'administration, ont besoin de notre
signature, continuent à nous être présentées.
Néanmoins, et dans les cas urgents où il y aurait une détermina-
tion à prendre excédant les bornes de l'autorité ministérielle , et sans
qu'il soit possible d'attendre notre décision , l'urgence de cette déter-
mination sera mise en délibération, et, si elle est reconnue, l'objet
à déterminer sera délibéré à la majorité des voix. En cas de partage,
la voix de notre frère le prince Joseph sera prépondérante.
En conséquence du procès-verbal qui sera dressé par le secrétaire
du conseil, et revêtu de la signature du président et des ministres
présents, le ministre du département que l'affaire concerne sera au-
torisé à exécuter les dispositions qui auront été délibérées par le
conseil.
Nous entendons nous réserver les décisions sur l'initiative des
lois et sur les déterminations à prendre dans le cas oià la demande
de la présentation d'un projet de loi aurait été faite par l'une des
Chambres et adoptée par l'autre.
Quant à ce qui pourra concerner les amendements à faire à une
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 275
loi proposée aux Chambres, le conseil prononcera par une délibéra-
tion qui aura lieu comme il a été dit ci-dessus pour les affaires ur-
gentes.
Le ministre du trésor nous enverra, le 15 de chaque mois, la
distribution des fonds pour le mois suivant.
Il ne pourra être fait aucune disposition de fonds que sur une
ordonnance ministérielle délivrée en conséquence de la distribution.
Les dépèches télégraphiques transmises à Paris ou à transmettre
de Paris seront portées à noire frère le prince Joseph , avant qu'il
puisse y être donné cours.
Nos ministres nous écriront aussi souvent qu'ils auront à nous en-
tretenir des affaires importantes de leur département.
Dans le cas où ils auraient des craintes sur la sûreté des dépêches,
et dans ceux où nos ministres auraient à nous rendre compte d'une
affaire très-secrète et d'une importance extraordinaire, ils pourront
faire usage du chiffre du secrétaire d'Etat.
Notre ministre de la guerre fera choix , chaque jour, pour porter
à franc élrier les dépêches qui nous seront adressées, d'un officier
assez intelligent et assez adroit pour se diriger de manière à éviter les
partis ennemis.
Napoléon.
D'après la copie. Archives de l'Empire.
22045. — DECRET.
Palais de l'Elysée, 11 juin 1815.
Article premier. Il est accordé à la veuve du général de division
d'artillerie Aubry ' une pension de 2,000 francs.
Art. 2. Nos ministres de la guerre, des Gnances et du trésor sont
chargés de l'exécution du présent décret.
D'après la copie comm. par M. le comte Dani.
22046. —AU MARECHAL DAVOUT, PRINCE D'ECIi.\IUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Laon, 12 juin 1815.
Mon Cousin, il y a 500 chevau-légers polonais à Soissons , qui
^ Le général Aubry est le membre du Comité de salut public qui, en 1795,
avait retiré le commandement de l'artillerie de l'armée d'Italie au général Bo-
naparte, et l'avait mis en réforme. Voir dans le tome I'^'' de la Correspondance,
n° 55, la lettre écrite k ce sujet par le général Bonaparte au citoyen Sucy, le
30 thermidor an III (17 août 1795).
18.
276 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
n'ont pas de chevaux : il serait bien important de leur en procurer
promptement; ils sont tous anciens et bons cavaliers. U y a aussi un
dépôt d'infanterie polonaise de 500 hommes, qui m'ont paru dans le
désordre : envoyez un inspecteur aux revues qui sera chargé de l'or-
ganiser. Il en formera deux bataillons; tous les soldats disponibles
seront dans le 1" bataillon; on se servira, pour le 2% des prison-
niers polonais qu'on fera. Il faudrait, pour ce régiment, un colonel
polonais intelligent, qui pût envoyer des ofûciers dans les dépôts de
prisonniers pour recruter des Polonais, en leur défendant de recruter
des Allemands. J'attache une grande importance à avoir les 500 Po-
lonais à cheval le plus tôt possible. Ils ont 300 selles. L'importance
que j'y attache est, en les plaçant aux avant-postes, d'aider beau-
coup la désertion des Polonais.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M™» la maréchale princesse d'Eckmiihl.
22047. —AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Laon, 12 juin 1815.
Mon Cousin, le préfet du département de l'Aisne a 1,500 hom-
mes de la conscription de 1815 qui sont partis. H y a ici plusieurs
dépôts de régiments qui n'ont pas d'hommes et ont des habits, ou
en confectionnent, entre autres le 34% qui est à Soissons. Je pense
que , si vous répartissiez cette conscription dans les dépôts qui sont
dans ce déparlement, en proportion des habits qu'ils ont, cela ferait
des renforts considérables pour l'armée , et vous épargneriez huit
jours qu'ils mettent pour aller à Paris et huit jours qu'ils mettent pour
revenir; et encore aura-t-on des habits à leur donner à Paris?
Je pense qu'il faut diriger la conscription de l'Alsace sur les dé-
pôts de l'armée du Rhin; l'idée qu'ils reviendront en Alsace quand ils
seront habillés sera un nouveau motif de zèle pour les citoyens. La
même chose pour l'armée de la Moselle.
Vous prendrez la moitié de toute la conscription pour la Garde et
laisserez l'autre moitié dans les dépôts les plus voisins ; vous diri-
gerez celle du Nord et du Pas-de-Calais sur les dépôts de la Somme.
Le Dauphiué est menacé ; si vous en retiriez la conscription , cela
ferait un mauvais effet. Il faut en laisser la moitié pour les dépôts de
l'armée des Alpes; la moitié de celle de la 8" division pour les dépôts
de l'armée du Var.
Indépendamment des sept bataillons qu'a fournis le département
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I*". — 1815. 277
de l'Aisne, ce département a, prêts à entrer dans Laon , 2,000 fusi-
liers, et à entrer dans Saint-Quentin, 2,000 fusiliers. Il est hors de
doute que, dans ce département, on trouverait autant d'hommes
qu'il y aurait d'armes. Je réitère la demande de 12,000 fusils, qu'on
répartirait entre Avesnes , Guise, Soissons et Laon. Faites-moi con-
naître quand ils y seront rendus. Ordonnez, dans ces quatre places,
l'établissement d'une salle d'armes.
Les gardes nationales du Nord continuent à arriver. Le maré-
chal Soult, qui en a fait la revue, me mande qu'il leur manque
10,000 fusils. 11 faut faire les dispositions pour en avoir le plus tôt
possible, car des gardes nationales sans fusils ne servent à rien.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"'" la maréchale princesse d'EckmiihL
22048. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMUHL,
MINISTRE DE LA GUERRE , A PARIS.
Laon, 12 juin 1813.
Mon Cousin , Laon est beaucoup plus susceptible de faire une
bonne place que Soissons ; mais l'avantage de Soissons est de se trou-
ver sur l'Oise.
Le génie a demandé 40 pièces pour armer Laon ; il faut activer
l'arrivée de ces pièces.
Je ne trouve ni à Laon ni à Soissons les approvisionnements que
l'on m'avait promis pour l'armée.
Napoléon.
D'après l'original comm. par M"" la maréchale princesse d'Eckmiihl.
22049. — ORDRE DU JOUR.
Avesnes, 13 juin 1815.
POSITION DE L'ARMÉE LE 14.
Le grand quartier général sera à Beaumont.
L'infanterie de la Garde impériale sera bivouaquée à un quart de
lieue en avant de Beaumont et formera trois lignes : la jeune Garde,
les chasseurs et les grenadiers. M. le duc de Trévise reconnaîtra
l'emplacement de ce camp. Il aura soin que tout soit à sa place,
artillerie, ambulances, équipages, etc.
Le 1'^ régiment de grenadiers à pied se rendra à Beaumont.
La cavalerie de la Garde impériale sera placée en arrière de Beau-
mont, mais les corps les plus éloignés n'en doivent pas être à une
lieue.
278 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
Le 2* corps prendra position à Leers ' , c'est-à-dire le plus près
possible de la frontière, sans la dépasser. Les quatre divisions de ce
corps d'armée seront réunies et bivouaqueront sur deux ou quatre
lignes : le quartier général au milieu, la cavalerie en avant, éclai-
rant tous les débouches , mais aussi sans dépasser la frontière et la
faisant respecter par les partisans ennemis qui voudraient la violer.
Les bivouacs seront placés de manière que les feux ne puissent être
aperçus de l'ennemi ; les généraux empêcheront que personne ne s'é-
carte du camp; ils s'assureront que la troupe est pourvue de 50 car-
touches par homme, quatre jours de pain et une demi-livre de
viande; que l'artillerie et les ambulances sont en bon état, et les
feront placer à leur ordre de bataille. Ainsi le 2^ corps sera disposé
à se mettre en marche le 15 , à trois heures du matin, si l'ordie en
est donné, "pour se porter sur Charleroi et y arriver avant neuf
heures.
Le 1" corps prendra position à Solre-sur-Sambre, et il bivoua*
quera aussi sur plusieurs lignes; observant, ainsi que le 2° corps,
que ses feux ne puissent être aperçus de l'ennemi, que personne ne
s'écarte du camp , et que les généraux s'assurent de l'état des muni-
tions, des vivres de la troupe, et que l'artillerie et les ambulances
soient placées à leur ordre de bataille. Le I" corps se tiendra égale-
ment prêt à partir le 15, à trois heures du matin , pour suivre le
mouvement du 2" corps, de manière que, dans la journée d'après-
deraain , ces deux corps manœuvrent dans la même direction et se
protègent.
Le 3* corps prendra demain position à une lieue en avant de
Beaumont, le plus près possible de la frontière, sans cependant la
dépasser, ni souffrir qu'elle soit violée par aucun parti ennemi. Le
général Vandamme tiendra tout le monde à son poste, recomman-
dera que les feux soient cachés et qu'ils ne puissent être aperçus de
l'ennemi. 11 se conformera d'ailleurs à ce qui est prescrit au 2' corps
pour les munitions, les vivres, l'artillerie et les ambulances, et pour
être prêt à se mettre en mouvement le 15, à trois heures du matin.
Le 6" corps se portera en avant de Beaumont, et sera bivouaqué
sur deux lignes, à un quart de lieue du 3« corps. M. le comte de
Lobau choisira l'emplacement, et il fera observer les dispositions
générales qui sont prescrites par le présent ordre.
M. le maréchal Grouchy portera les 1", 2*, 3* et 4* corps de
cavalerie en avant de Beaumont, et les établira au bivouac entre
cette ville et Walcourt, faisant également respecter la frontière,
1 Leers-Fosteau.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 27»
empêchant que personne ne la dépasse et qu'on se laisse voir, ni que
les feux puissent être aperçus de l'ennemi; et il se tiendra prêt à
partir après-demain , à trois heures du malin , s'il en reçoit l'ordre,
pour se porter sur Charleroi et faire l'avant-garde de l'armée. Il
recommandera aux généraux de s'assurer si tous les cavaliers sont
pourvus de cartouches, si leurs armes sont en bon état, s'ils ont les
quatre jours de pain et la demi-livre de viande qui ont été ordonnés.
L'équipage de ponts sera bivouaqué derrière le 6* corps et en
avant de l'infanterie de la Garde impériale.
Le parc central d'artillerie sera en arrière de Beaumont.
L'armée de la Moselle prendra demain position en avant de Phi-
lippeville. M. le comte Gérard la disposera de manière à pouvoir
partir après-demain 15, à trois heures du malin, pour y joindre le
3* corps et appuyer son mouvement sur Charleroi, suivant le nouvel
ordre qui lui sera donné. Mais le général Gérard aura soin de bien
garder son flanc droit et en avant de lui sur toutes les directions de
Charleroi et de N'amur.
Si l'armée delà Moselle a des pontons à sa suite, le général Gérard
les fera avancer le plus possible, afin de pouvoir en disposer.
Tous les corps d'armée feront marcher en tête les sapeurs et les
moyens de passage que les généraux auront réunis.
Les sapeurs de la Garde impériale, les ouvriers de la marine et
les sapeurs de la réserve marcheront après le 6* corps et en tête de
la Garde.
Tous les corps marcheront dans le plus grand ordre et serrés.
Dans le mouvement sur Charleroi, on sera disposé à profiter de tous
les passages, pour écraser les corps ennemis qui voudraient attaquer
l'armée ou qui manœuvreraient contre elle.
Il n'y aura à Beaumont que le grand quartier général ; aucun autre
ne devra y être établi , et la ville sera dégagée de tout embarras.
Les anciens règlements sur le quarlier général et les équipages,
sur l'ordre des marches, la police des voilures et bagages et sur
les blanchisseuses et vivandières, seront remis en vigueur. Il sera fait
à ce sujet un ordre général. Mais, en attendant, MM. les généraux
commandant les corps d'armée prendront des dispositions en consé-
quence, et le grand prévôt de l'armée fera exécuter ces règlements.
L'Empereur ordonne que toutes les dispositions contenues dans le
présent ordre soient tenues secrètes par MM. les généraux.
Par ordre de l'Empereur,
Le maréchal de l'Empire, major général,
Duc DE Dalmatie.
D'après l'original. Dépôt de la guerre.
280 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815.
22050. — AU PRINCE JOSEPH,
PRÉSIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES, A PARIS.
Avesnes, 14 juin 1815, au matin.
Mon Frère, je porte ce soir mon quartier impérial à Beanmont.
Demain 15, je me porterai sur Charleroi, oii est l'armée prussienne;
ce qui donnera lieu à une bataille ou à la retraite de l'ennemi.
L'armée est belle et le temps assez beau; le pays parfaitement dis-
posé.
J'écrirai ce soir si l'on doit faire les communications le 16'. En
attendant, il faut que l'on se prépare.
Adieu.
D'après l'original non signé comm. par le cabinet de S. M. l'Empereur.
22051. — AU MARÉCHAL DAVOUT, PHINCE D'ECKMUHL, v
MINISTRE DE LA GUERRE, A PARIS.
Avesnes, 14 juin 1815, au matin.
Mon Cousin, je passerai la Sambre demain 15. Si les Prussiens
n'évacuent pas, nous aurons une bataille.
Suchet doit s'emparer de Montmélian et s'y fortifier.
Recommandez qu'il y ait 10,000 fusils à Lyon pour armer la
garde nationale, et que les pièces soient en batterie.
Faites mettre les trois cents pièces de la marine en batterie à
Paris; qu'elles y soient avant le 25 de ce mois. Faites instruire les
compagnies de canonniers des lycées; faites-les aller au polygone à
Vincennes, le jeudi.
Ne prodiguez pas les fusils aux fédérés; nous en avons grand
besoin partout. Je dirige la manufacture de Maubeuge sur Paris; si
vous la croyez mieux à Soissons, vous pouvez la retenir là.
Ecrivez à Lecourbe qu'il doit s'opposer au passage du Rhin;
après, au passage des Vosges et du Jura. D'abord, il doit soutenir
la position de Belfort; après, il doit soutenir Langres et la Saône;
après, l'Aube et la Seine; enfin, l'Yonne.
Suchet doit, en dernière analyse, défendre Lyon, la Saône et le
Rhône.
Rapp doit défendre l'Alsace le plus possible; ensuite les Vosges;
ensuite la Meurthe et la Moselle; enfin la Meuse, la Marne, etc.
Nai'oléon.
D'après l'original comm. par M""' la maréchale princesse d'Eckmûhl.
1 Voir la pièce n" 22054.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 281
22052. — A L'ARMÉE.
Avesnes, 14 juin 1815.
Soldats, c'est aujourd'hui l'anniversaire de Marengo etdeFriedland,
qui décidèrent deux fois du destin de l'Europe. Alors, comme après
Austerlitz , comme après Wagram , nous fûmes trop généreux ; nous
crûmes aux protestations et aux serments des princes que nous lais-
sâmes sur le trône! Aujourd'hui, cependant, coalisés contre nous,
ils en veulent à l'indépendance et aux droits les plus sacrés de la
France. Ils ont commencé la plus injuste des agressions. Marchons
donc à leur rencontre : eux et nous ne sommes-nous plus les mêmes
hommes?
Soldais , à lena , contre ces mêmes Prussiens aujourd'hui si arro-
gants, vous étiez un contre trois; à Montmirail, un contre six.
Que ceux d'entre vous qui ont été prisonniers des Anglais vous
lassent le récit de leurs pontons et des maux affreux qu'ils ont
soufferts !
Les Saxons, les Belges, les Hanovriens, les soldats de la Confé-
dération du Rhin , gémissent d'être obligés de prêter leurs bras à la
cause des princes ennemis de la justice et des droits de tous les
peuples. Ils savent que cette coalition est insatiable. Après avoir
dévoré douze millions de Polonais, douze millions d'Italiens, un mil-
lion de Saxons, six millions de Belges, elle devra dévorer les États
de deuxième ordre de l'Allemagne.
Les insensés! Un moment de prospérité les aveugle. L'oppression
et l'humiliation du peuple français sont hors de leur pouvoir. S'ils
entrent en France, ils y trouveront leur tombeau.
Soldats, nous avons des marches forcées à faire, des batailles à
livrer, des périls à courir; mais, avec de la constance, la victoire
sera à nous : les droits , l'honneur et le bonheur de la patrie seront
reconquis.
Pour tout Français qui a du cœur, le moment est arrivé de vaincre
ou de périr !
Napoléon.
D'après la copie. Dépôt de la guerre.
22053. — ORDRE DE MOUVEMENT.
Beaumont, 14 juin 1815.
Demain 15, à deux heures et demie du matin, la division de cava-
lerie légère du général Vandamme montera à cheval et se portera
sur la route de Charleroi. Elle enverra des partis dans toutes les
282 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
directions pour éclairer le pays et enlever les postes ennemis; mais
chacun de ces partis sera au moins de 50 hommes. Avant de mettre
en marche la division , le général Vandamme s'assurera qu'elle est
pourvue de cartouches.
A la même heure, le lieutenant général Pajol réunira le 1" corps
de cavalerie et suivra le mouvement de la division du général Domon,
qui sera sous les ordres du général Pajol. Les divisions du 1" corps
de cavalerie ne fourniront point de détachements ; ils seront pris dans
la 3' division. Le général Domon laissera sa batterie d'artillerie pour
marcher après le I" bataillon du 3* corps d'infanterie; le lieutenant
général Vandamme lui donnera des ordres en conséquence.
Le lieutenant général Vandamme fera battre la diane à deux
heures et demie du matin ; à trois heures , il mettra en marche sou
corps d'armée et le dirigera sur Charleroi. La totalité de ses bagages
et embarras seront parqués en arrière, et ne se mettront en marche
qu'après que le 6^ corps et la Garde impériale auront passé. Ils'
seront sous les ordres du vaguemestre général, qui les réunira à ceux
du 6* corps , de la Garde impériale et du grand quartier général, et
leur donnera des ordres de mouvement.
Chaque division du 3' corps d'armée aura avec elle sa batterie et
ses ambulances; toute autre voiture qui serait dans les rangs sera
brûlée.
M. le comte de Lobau fera battre la diane à trois heures et demie,
et il mettra en marche le 6* corps d'armée à quatre heures pour
suivre le mouvement du général Vandamme et l'appuyer. !l fera
observer, pour les troupes, l'artillerie, les ambulances et les bagages,
le même ordre de marche qui est prescrit au 3* corps.
Les bagages du 6* corps seront réunis à ceux du 3*, sous les
ordres du vaguemestre général, ainsi qu'il est dit.
La jeune Garde battra la diane à quatre heures et demie, et se
mettra en marche à cinq heures; elle suivra le mouvement du
6' corps sur la route de Charleroi.
Les chasseurs à pied de la Garde battront la diane à quatre heures,
et se mettront en marche à cinq heures et demie pour suivre le
mouvement de la jeune Garde.
Les grenadiers à pied de la Garde battront la diane à cinq heures
et demie , et partiront à six heures pour suivre le mouvement des
chasseurs à pied.
Le même ordre de marche pour l'artillerie , les ambulances et les
bagages , prescrit pour le 3* corps d'infanterie , sera observé dans la
Garde impériale.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. '283
Les bagages de la Garde seront réunis à ceux des 3° et 6* corps
d'armée, sous les ordres du vaguemestre général, qui les fera mettre
en mouvement.
M. le maréchal Grouchy fera monter à cheval, à cinq heures et
demie du matin, celui des trois corps de cavalerie qui sera le plus
près de la route, et il lui fera suivre le mouvement sur Charleroi;
les deux autres corps partiront successivement à une heure d'inter-
valle l'un de l'autre. Mais M. le maréchal Grouchy aura soin de
faire marcher la cavalerie sur les chemins latéraux de la route prin-
cipale que la colonne d'infanterie suivra, aOn d'éviter l'encombrement
et aussi pour que sa cavalerie observe un meilleur ordre.
Il prescrira que la totalité des bagages restent en arrière, parqués
et réunis, jusqu'au moment où le vaguemestre général leur donnera
l'ordre d'avancer.
M. le comte Reille fera battre la diane à deux heures et demie du
matin , et il mettra en marche le 2* corps à trois heures ; il le diri-
gera sur Marchienne-au-Pont, où il fera en sorte d'être rendu avant
neuf heures du matin. Il fera garder tous les ponts de la Sambre,
afln que personne ne passe; les postes qu'il laissera seront successi-
vement relevés par le 1" corps; mais il doit lâcher de prévenir l'en-
nemi à ces ponts pour qu'ils ne soient pas détruits, surtout celui de
xVIarchienne , par lequel il sera probablement dans le cas de débou-
cher, et qu'il faudrait faire aussitôt réparer s'il avait été endommagé.
A Thuin et à Marchienne, ainsi que dans tous les villages sur sa
route, M. le comte Reille interrogera les habitants, afin d avoir
des nouvelles des positions et forces des armées ennemies. Il fera
aussi prendre les lettres dans les bureaux de poste et les dépouillera
pour faire aussitôt parvenir à l'Empereur les renseignements qu'il
aura obtenus.
M. le comte d'Erlon mettra en marche le I" corps à trois heures
du matin, et le dirigera aussi sur Charleroi, en suivant le mouve-
ment du 2' corps, duquel il gagnera la gauche le plus tôt possible ,
pour le soutenir et l'appuyer au besoin. Il tiendra une brigade de
cavalerie en arrière, pour se couvrir et pour maintenir par de petits
détachements ses communications avec Maubeuge. Il enverra des
partis en avant de celte place, dans les directions de Mons et de
Binche, jusqu'à la frontière, pour avoir des nouvelles des ennemis et
en rendre compte aussitôt; ces partis auront soin de ne pas se com-
promettre et de ne pas dépasser la frontière.
M. le comte d'Erlon fera occuper Thuin par une division; et, si
le pont de cette ville était détruit, il le ferait aussitôt réparer, en
284 CORRESPOMDANCE DE NAPOLÉON ^^ — 1815.
même temps qu'il fera tracer et exécuter immédiatement une tête de
pont sur la rive gauche. La division qui sera à Thuin gardera aussi
le pont de l'abbaye d'Aulne, où M. le comte d'Erlon fera également
construire une tète de pont sur la rive gauche.
Le même ordre de marche prescrit au ^^ corps pour l'artillerie,
les ambulances et les bagages , sera observé aux 2' et 1" corps, qui
feront réunir et marcher leurs bagages à la gauche du 1*' corps sous
les ordres du vaguemestre le plus ancien.
Le 4* corps (armée de la Moselle) a reçu ordre de prendre au-
jourd'hui position en avant de Philippeville. Si son mouvement est
opéré et si les divisions qui composent ce corps d'armée sont réunies,
M. le lieutenant général Gérard les meltra en marche demain, à trois
heures du matin, et les dirigera sur Charleroi. Il aura soin de se
tenir à hauteur du 3' corps, avec lequel il communiquera, afin
d'arriver à peu près en même temps devant Charleroi; mais le
général Gérard fera éclairer sa droite et tous les débouchés qui vont
sur Namur. Il marchera serré en ordre de bataille, et fera laisser à
Philippeville tous ses bagages et embarras, alin que son corps
d'armée, se trouvant plus léger, se trouve à même de manœuvrer.
Le général Gérard donnera ordre à la 14' division de cavalerie,
qui a dû aussi arriver aujourd'hui à Philippeville, de suivre le mou-
vement de son corps d'armée sur Charleroi, où cette division joindra
le 4* corps de cavalerie.
Les lieutenants généraux Reille, Vandamme , Gérard et Pajol se
mettront en communication par de fréquents partis, et ils régleront
leur marche de manière à arriver en masse et ensemble devant Char-
leroi. Ils mettront, autant que possible, à l'avant-garde des officiers
qui parlent flamand, pour interroger les habitants et en prendre des
renseignements; mais ces officiers s'annonceront comme comman-
dant des partis, sans dire que l'armée est en arrière.
Les lieutenants généraux Reille, Vandamme et Gérard feront
marcher tous les sapeurs de leurs corps d'armée (ayant avec eux des
moyens pour réparer les ponts) après le premier régiment d'infan-
terie légère, et ils donneront ordre aux officiers du génie de faire
réparer les mauvais passages, ouvrir des communications latérales
et placer des ponts sur les courants d'eau où l'infanterie devrait se
mouiller pour les franchir.
Les marins, les sapeurs de la Garde et les sapeurs de la réserve
marcheront après le premier régiment du 3° corps. Les lieutenants
généraux Rogniat et Haxo seront à leur tête; ils n'emmèneront avec
eux que deux ou trois voitures; le surplus du parc du génie mar-
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 285
chera à la gauche du 3' corps. Si on rencontre l'ennemi, ces troupes
ne seront point engagées, mais les généraux Rogniat et Haxo les
emploieront aux travaux de passages de rivière, de tètes de pont, de
réparation de chemins et d'ouverture de communications, etc.
La cavalerie de la Garde suivra le mouvement sur Charleroi et
partira à huit heures.
L'Empereur sera à l'avant -garde, sur la route de Charleroi.
MM. les lieutenants généraux auront soin d'envoyer à Sa Majesté de
fréquents rapports sur leurs mouvements et les renseignements qu'ils
auront recueillis. Ils sont prévenus que l'intention de Sa Majesté est
d'avoir passé la Sambre avant midi , et de porter l'armée à la rive
gauche de celte rivière.
L'équipage de ponts sera divisé en deux sections; la première sec-
tion se subdivisera en trois parties , chacune de 5 pontons et 5 ba-
teaux d'avant-garde, pour jeter trois ponts sur la Sambre. Il y aura
à chacune de ces subdivisions une compagnie de pontonniers.
La première section marchera à la suite du parc du génie après le
3" corps.
La deuxième section restera avec le parc de réserve d'artillerie à
la colonne des bagages; elle aura avec elle la 4* compagnie de pon-
tonniers.
Les équipages de l'Empereur et les bagages du grand quartier gé-
néral seront réunis et se mettront en marche à dix heures. Aussitôt
qu'ils seront passés, le vaguemestre général fera partir les équipages
de la Garde impériale, du 3* corps et du 6' corps; en même temps,
il enverra ordre à la colonne d'équipages de la réserve de cavalerie
de se mettre en marche et de suivre la direction que la cavalerie aura
prise.
Les ambulances de l'armée suivront le quartier général et marche-
ront en tête des bagages; mais, dans aucun cas, ces bagages, ainsi
que les parcs de réserve de l'artillerie et la seconde section de l'équi-
page de ponts, ne s'approcheront à plus de trois lieues de l'armée,
à moins d'ordres du major général, et ils ne passeront la Sambre
aussi que par ordre.
Le vaguemestre général formera des divisions de ces bagages , et il
y mettra des ofticiers pour les commander, aQn de pouvoir en déta-
cher ce qui sera ensuite appelé au quartier général ou pour le service
des officiers.
L'intendant général fera réunir à cette colonne d'équipages la tota-
lité des bagages et transports de l'administration, auxquels il sera as-
signé un rang dans la colonne.
286 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I^r. _ 1815.
' Les voitures qui seront en retard prendront la gauche, et ne pour-
ront sorlir du rang qui leur sera donné que par ordre du vague-
mestre général.
L'Empereur ordonne que toutes les voitures d'équipages qui seront
trouvées dans les colonnes d'infanterie, de cavalerie ou d'artillerie,
soient brûlées , ainsi que les voitures de la colonne des équipages
qui quitteront leur rang et intervertiront l'ordre de marche sans la
permission expresse du vaguemestre général.
A cet effet , il sera mis un détachement de 50 gendarmes à la dis-
position du vaguemestre général, qui est responsable, ainsi que tous
les ofûciers de la gendarmerie et les gendarmes, de l'exécution de
ces dispositions, desquelles le succès de la campagne peut dépendre.
Par ordre de l'Empereur :
Le maréchal de l'Empire, major général,
Duc DE Dalmatie.
D'après l'original. Dëpôt de la guerre. \
22054. — AU PKINCE JOSEPH,
PRÉSIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES , A PARIS.
Beaumont, 15 juin 1815, trois heures du malin.
Mon Frère , l'ennemi faisant des mouvements pour nous attaquer,
je marche à sa rencontre. Les hostilités vont donc commencer au-
jourd'hui; ainsi je désire que l'on fasse les communications qui ont
été préparées'. Informez-en le duc de Vicence.
Napoléon.
D'après l'original. Archives des affaires étrangères.
22055. —AU PRIXCE JOSEPH,
PRÉSIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES, A PARIS.
Charleroi , 15 juin 1815, neuf heures du soir.
Monseigneur, il est neuf heures du soir. L'Empereur, qui est à
cheval depuis trois heures du matin, rentre accablé de fatigue. Il se
jette sur son lit pour s'y reposer quelques heures. Il doit remonter à
cheval à minuit. Sa Majesté ne pouvant écrire à Votre Altesse me
charge de lui mander ce qui suit :
« L'armée a forcé la Sambre près Charleroi et placé des avant-
1 Communications à faire aux Ctiambrcs; elles comprenaient un rapport du
due de Vicence à l'Empereur sur l'hostilité des puissances coalisées contre la
France, et sur les tentatives vainement faites par le gouvernement de l'Empe-
reur pour arriver à des négociations. (Voir le Moniteur du 17 juin , oii se trouve
le rapport du duc de Vicence. Voir aussi les pièces n"* 22035 et 22050.)
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON ^^ — 1815. 287
gardes à moitié chemin de Charleroi à Naraur et de Charleroi à
Bruxelles. Nous avons fait 1,500 prisonniers et enlevé six pièces de
canon. Quatre régiments prussiens ont été écrasés. L'p]mpereur a
perdu peu de monde. Mais il a fait une perte qui lui est très-sensible :
c'est son aide de camp, le général Letort , qui a été tué sur le pla-
teau de Fleurus en commandant une charge de cavalerie. L'enthou-
siasme des habitants de Charleroi et de tous les pays que nous tra-
versons ne peut se décrire. Ce sont les mêmes sentiments qu'en
Bourgogne. »
L'Empereur désire. Monseigneur, que vous fassiez part de ces
nouvelles aux ministres, et que vous voyiez l'usage qu'il convient d'en
faire.
11 est possible qu'il y ait demain une affaire très-importante.
Le premier secrétaire du cabinet,
Baron Fain.
D'après l'original comm. par le cabinet de S. M. l'Emperear.
22056. — BULLETIN DE L'ARMEE.
Charleroi, 15 juin 1815, au soir.
Le 14, l'armée était placée de la manière suivante :
Le quartier impérial à Beaumont.
Le 1" corps, commandé par le général d'Erlon, était à Solre, sur
la Sambre.
Le 2' corps , commandé par le général Reille , était à Ham-sur-
Heure.
Le 3* corps, commandé par le général Vandamme, était sur la
droite de Beaumont.
Le 4^ corps , commandé par le général Gérard , arrivait à Philip-
peville.
Le 15, à trois heures du matin , le général Reille attaqua l'ennemi
et se porta sur Marchienne-au-Pont. 11 eut différents engagements
dans lesquels sa cavalerie chargea un bataillon prussien et Gt 300 pri-
sonniers.
A une heure du matin , l'Empereur était à Jamioulx-sur-Heure.
La division de cavalerie légère du général Domon sabra deux ba-
taillons prussiens et fit 400 prisonniers.
Le général Pajol entra à Charleroi à midi. Les sapeurs et les ma-
rins de la Garde étaient à l'avant-garde pour réparer les ponts; ils
pénétrèrent les premiers en tirailleurs dans la ville. Le général Clary,
288 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
avec le 1" de hussards, se porla sur Gosselies, sur la route de
Bruxelles, et le général Pajol sur Gilly, sur la route de Namur.
A trois heures après midi, le général Vandamme déboucha avec
son corps sur Gilly.
Le maréchal Grouchy arriva avec la cavalerie du général Exel-
mans.
L'ennemi occupait la gauche de la position de Fleurus. A cinq
heures après midi, l'Empereur ordonna l'attaque. La position fut
tournée et enlevée. Les quatre escadrons de service de la Garde,
commandés par le général Letort, aide de camp de l'Empereur, en-
foncèrent trois carrés; les 26*, 27' et 28" régiments prussiens furent
mis en déroute. Nos escadrons sabrèrent 4 ou 500 hommes et Grent •
1,500 prisonniers.
Pendant ce temps, le général Reille passait la Sambre à Marchienne-
au-Pont, pour se porter sur Gosselies avec les divisions du prince
Jérôme et du général Bachelu, attaquait l'ennemi, lui faisait 250 pri-
sonniers et le poursuivait sur la route de Bruxelles.
Nous devînmes ainsi maîtres de toute la position de Fleurus.
A huit heures du soir, l'Empereur rentra à son quartier général à
Charleroi.
Cette journée coûte à l'ennemi cinq pièces de canon et 2,000
hommes, dont 1,000 prisonniers. Notre perte est de 10 hommes tués
et de 80 blessés, la plupart, des escadrons de service, qui ont fait
les charges, et des trois escadrons du 20* de dragons, qui ont aussi
chargé un carré avec la plus grande intrépidité. Notre perte, légère
quant au nombre , a été sensible à l'Empereur, par la blessure grave
qu'a reçue le général Letort, son aide de camp, en chargeant à la
tête des escadrons de service. Cet officier est de la plus grande dis-
tinction. Il a été frappé d'une balle au bas-ventre, et le chirurgien
fait craindre que sa blessure ne soit mortelle.
Nous avons trouvé à Charleroi quelques magasins. La joie des
Belges ne saurait se décrire. Il y a des villages qui, à la vue de leurs
libérateurs , ont formé des danses , et partout c'est un élan qui part
du cœur.
Dans le rapport de l'état-major général , on insérera les noms des
officiers et soldats qui se sont distingués.
L'Empereur a donné le commandement de la gauche au prince de
la Moskova, qui a eu le soir son quartier général aux Quatre-Che-
mins', sur la route de Bruxelles.
Le duc de Trévise, à qui l'Empereur avait donné le commandement
1 Les Quatre-Bras.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815. 289
de la jeune Garde, est resté à Beaumont, malade d'une sciatique qui
l'a forcé de se mettre au lit.
Le 4' corps , commandé par le général Gérard , arrive ce soir à
Chàtelet. Le général Gérard a rendu compte que le lieutenant gé-
néral Bourmont, le colonel Clouet et le chef d'escadron Villoulreys
ont passé à l'ennemi. Un lieutenant du 11' de chasseurs a également
passé à l'ennemi. Le major général a ordonné que ces déserteurs
fussent sur-le-champ jugés conformément aux lois.
Rien ne peut peindre le bon esprit et l'ardeur de l'armée. Elle re-
garde comme un événement heureux la désertion de ce petit nombre
de traîtres, qui se démasquent ainsi.
Extrait du Moniteur du 18 juin 1815.
22057. — AU PRINCE JOSEPH,
PRÉSIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES, A PARIS.
Cliarleroi, 16 juin 1815.
Mon Frère, le bulletin vous fera connaître ce qui s'est passé. Je
porte mon quartier général à Fleurus. Nous sommes en grand mou-
vement. Je regrette beaucoup la perte du général Letort. La perte de
la journée d'hier est peu considérable et porte presque toute sur les
quatre escadrons de service.
La confiscation des biens des traîtres qui forment des rassemble-
ments à Gand est nécessaire.
Napoléon.
Letort va mieux.
D'après l'original comm. par le cabinet de S. AI. l'Empereur.
22058. — AU MARECHAL NEY, PRINCE DE LA MOSKOVA,
COMMANDANT l'aILE GAUCHE DE l' ARMÉE DU NORD.
Charleroi, 16 juin 1815.
Mon Cousin , je vous envoie mon aide de camp le général Fla-
hault, qui vous porte la présente lettre. Le major général a dû vous
donner des ordres, mais vous recevrez les miens plus tôt, parce que
mes officiers vont plus vite que les siens. Vous recevrez l'ordre de
mouvement du jour, mais je veux vous en écrire en détail, parce que
c'est de la plus haute importance.
Je porte le maréchal Grouchy avec les 3' et 4" corps d'infanterie
sur Sombreffe; je porte ma Garde à Fleurus , et j'y serai de ma per-
sonne avant midi. J'y attaquerai l'ennemi si je le rencontre, et j'éclai-
xxvin. 19
290 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
rerai la route jusqu'à Gembloux. Là, d'après ce qui se passera, je
prendrai mon parti : peut-être à trois heures après midi, peut-être
ce soir. Mon intention est que , immédiatement après que j'aurai pris
mon parti, vous soyez prêt à marcher sur Bruxelles. Je vous ap-
puierai avec la Garde, qui sera à Fleurus ou à Sombreffe, et je dé-
sirerais arriver à Bruxelles demain matin. Vous vous mettriez en
marche ce soir même, si je prends mon parti d'assez bonne heure
pour que vous puissiez en être informé de jour et faire ce soir trois
ou quatre lieues et être demain à sept heures du matin à Bruxelles.
Vous pouvez donc disposer vos troupes de la manière suivante i
Première division, à deux lieues en avant des Quatre-Chemins ',
s'il n'y a pas d'inconvénient; six divisions d'infanterie autour des
Quatre-Chemins, et une division à Marbais, afin que je puisse l'at-
tirer à moi à Sombreffe, si j'en avais besoin; elle ne retarderait d'ail-
leurs pas votre marche ;
Le corps du comte de Valmy, qui a 3,000 cuirassiers d'élite, à
l'intersection du chemin des Romains et de celui de Bruxelles, afin
que je puisse l'attirer à moi si j'en avais besoin. Aussitôt que mon
parti sera pris, vous lui enverrez l'ordre de venir vous rejoindre.
Je désirerais avoir avec moi la division de la Garde que commande
le général Lefebvre-Desnoëttes , et je vous envoie les deux divisions
du corps du comte de Valmy pour la remplacer. Mais, dans mon
projet actuel, je préfère placer le comte de Valmy de manière à le
rappeler si j'en avais besoin, et ne point faire faire de fausses marches
au général Lefebvre-Desnoëttes, puisqu'il est probable que je me dé-
ciderai ce soir à marcher sur Bruxelles avec la Garde. Cependant
couvrez la division Lefebvre par les divisions de cavalerie d'Erlon et de
Reille, afin de ménager la Garde : s'il y avait quelque échauffourée
avec les Anglais, il est préférable que ce soit sur la ligne que sur la
Garde.
J'ai adopté comme principe général, pendant cette campagne, de
diviser mon armée en deux ailes et une réserve. Votre aile sera com-
posée des quatre divisions du 1" corps, des quatre divisions du
2* corps, de deux divisions de cavalerie légère et de deux divisions
du corps du comte de Valmy. Cela ne doit pas être loin de 45 à
50,000 hommes.
Le maréchal Grouchy aura à peu] près la même force et comman-
dera l'aile droite.
La Garde formera la réserve , et je me porterai sur l'une ou l'autre
aile, selon les circonstances.
* Les Quatre-Bras.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON 1er. __ 1815, 291
Le major général donne les ordres les plus précis pour qu'il n'y
ait aucune difficulté sur l'obéissance à vos ordres lorsque vous serez
détaché, les commandants de corps devant prendre mes ordres direc-
tement quand je me trouve présent.
Selon les circonstances , j'affaiblirai l'une ou l'autre aile , en aug-
mentant ma réserve.
Vous sentez assez l'importance attachée à la prise de Bruxelles.
Cela pourra d'ailleurs donner lieu à des incidents, car un mouve-
ment aussi prompt et aussi brusque isolera l'armée anglaise de Mons,
Ostende, etc.
Je désire que vos dispositions soient bien faites , pour qu'au pre-
mier ordre vos huit divisions puissent marcher rapidement et sans
obstacle sur Bruxelles.
Napoléon.
D'après la copie. Dépôt de la guerre.
22059. — AU MARECHAL COMTE GROUCHY,
COMMANDANT l'aILE DROITE DE l'aRMÉE DU NORD.
Charleroi, 16 juin 1815.
Mon Cousin, je vous envoie Labédoyère, mon aide de camp, pour
vous porter la présente lettre. Le major général a dû vous faire con-
naître mes intentions ; mais , comme il a des officiers mal montés ,
mon aide de camp arrivera peut-être avant.
Mon intention est que, comme commandant l'aile droite, vous
preniez le commandement du 3' corps que commande le général
Vandamme, du 4' corps que commande le général Gérard, des corps
de cavalerie que commandent les généraux Pajol , Milhaud et Exel-
mans; ce qui ne doit pas faire loin de 50,000 hommes. Rendez-vous
avec cette aile droite à Sombreffe. Faites partir en conséquence, de
suite, les corps des généraux Pajol, Milhaud, Exelmans et Van-
damme, et, sans vous arrêter, continuez voire mouvement sur Som-
breffe. Le 4* corps, qui est à Chàlelet, reçoit directement l'ordre de
se rendre à Sombreffe sans passer par Fleurus. Cette observation est
importante, parce que je porte mon quartier général à Fleurus et
qu'il faut éviter les encombrements. Envoyez de suite un officier au
général Gérard pour lui faire connaître votre mouvement, et qu'il
exécute le sien de suite.
Mon intention est que tous les généraux prennent directement vos
ordres; ils ne prendront les miens que lorsque je serai présent. Je
serai entre dix et onze heures à Fleurus; je me rendrai à Sombreffe,
19.
292 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
laissant ma Garde, infanterie et cavalerie, à Fleurus; je ne la con-
duirais à Sombreffe qu'en cas qu'elle fût nécessaire. Si l'ennemi
est à Sombreffe, je veux l'attaquer; je veux même l'attaquer à Gem-
bloux et m'emparer aussi de cette position, mon intention étant,
après avoir connu ces deux positions, de partir cette nuit, et d'opérer
avec mon aile gauche, que commande le maréchal Ney, sur les An-
glais. Ne perdez donc point un moment, parce que plus vite je pren-
drai mon parti, mieux cela vaudra pour la suite de mes opérations.
Je suppose que vous êtes à Fleurus. Communiquez constamment
avec le général Gérard, afln qu'il puisse vous aider pour attaquer
Sombreffe, s'il était nécessaire.
La division Girard est à portée de Fleurus -, n'en disposez point à
moins de nécessité absolue, parce qu'elle doit marcher toute la nuit.
Laissez aussi ma jeune Garde et toute son artillerie à Fleurus.
Le comte de Valmy , avec ses deux divisions de cuirassiers , maiv
che sur la route de Bruxelles; il se lie avec le maréchal Ney, pour
contribuera l'opération de ccsoir, à l'aile gauche.
Comme je vous l'ai dit, je serai de dix à onze heures à Fleurus.
Envoyez-moi des rapports sur tout ce que vous apprendrez. Veillez à
ce que la route de Fleurus soit libre. Toutes les données que j'ai
sont que les Prussiens ne peuvent point nous opposer plus de
40,000 hommes.
Napoléon.
D'après la copie. Dépôt de la guerre.
22060. — ORDRE
A CHAQUE COMMANDANT DE CORPS D'ARMÉE.
18 juin 1815, onze heures du matin.
Une fois que toute l'armée sera rangée en bataille, à peu près à
une heure après midi , au moment où l'Empereur en donnera l'ordre
au maréchal Ney , l'attaque commencera pour s'emparer du village
de Mont-Saint-Jean, oii est l'intersection des routes. A cet effet, la
batterie de 12 du 2* corps et celle du 6* se réuniront à celle du
1" corps. Ces vingt-quatre bouches à feu tireront sur les troupes de
Mont-Saînt-Jean , et le comte d'Erlon commencera l'attaque , en por-
tant en avant sa division de gauche et la soutenant, suivant les cir-
constances, par les divisions du 1" corps.
Le 2* corps s'avancera à mesure pour garder la hauteur du comte
d'Erlon.
CORRESPOXDANCE DE IVAPOLEOM I". — 1815. 293
Les compagnies de sapeurs du 1" corps seront prêtes pour se bar-
ricader sur-le-champ à Monl-Saint-Jean.
D'après la copie. Dépôt de la guerre.
22061. — BULLETIN DE L'ARMEE.
Laon, 20 juin 1815.
BATAILLE DE LIG\Y, SOUS FLEURUS.
Le 16 au malin l'armée occupait les positions suivantes :
L'aile gauche, commandée par le maréchal duc d'Elchingen, et
composée du i" et du 2° corps d'infanterie et du 2" de cavalerie,
occupait les positions de Frasnes.
L'aile droite, commandée par le maréchal Grouchy, et composée
des 3* et 4* corps d'infîinterie et du 3* corps de cavalerie, occupait
les hauteurs derrière Fleurus.
Le quartier général de l'Empereur était à Charleroi, oii se trou-
vaient la Garde impériale et le 6* corps.
L'aile gauche eut l'ordre de marcher sur les Quatre-Bras , et la
droite sur Sombreffe. L'Empereur se porta à Fleurus avec sa réserve.
Les colonnes du maréchal Grouchy étant en marche aperçurent ,
après avoir dépassé Fleurus, l'armée ennemie, commandée par le
feld-niiiréchal Blùcher, occupant les plateaux du moulin de Bussy^
par la gauche le village de Sombreffe, et prolongeant sa cavalerie
fort en avant sur la route de Namur; sa droite était à Saint-Amand et
occupait ce gros village avec de grandes forces, ayant devant elle un
ravin qui formait sa position.
L'Empereur fut reconnaître la force et les positions de l'ennemi , et
résolut d'attaquer sur-le-champ. Il fallut faire un changement de
front, la droite eu avant et en pivotant sur Fleurus.
Le général Vandamme marcha sur Saint-Amand , le général Gé-
rard sur Ligny et le maréchal Grouchy sur Sombreffe. La troisième
division du 2° corps, commandée par le général Girard, marcha en
réserve derrière le corps du général Vandamme. La Garde se rangea
à la hauteur de Fleurus, ainsi que les cuirassiers du général Milhaud.
A trois heures après midi ces dispositions furent achevées. La
division du général Lefol, faisant partie du corps du général Van-
damme, s'engagea la première et s'empara de Saint-Amand, d'où
elle chassa l'ennemi à la baïonnette. Elle se maintint, pendant tout
le combat, au cimetière et au clocher de Saint-Amand. Mais ce
village, qui est très-étendu, fut le théâtre de différents combats
294 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
pendant la soirée; iout le corps du général Vandamme y fut engagé,
et l'ennemi y engagea des forces considérables.
Le général Girard , placé en réserve du corps du général Van-
damme , tourna le village par sa droite et s'y battit avec sa valeur
accoutumée. Les forces respectives étaient soutenues de part et d'au-
tre par une soixantaine de bouches à feu.
A la droite , le général Gérard s'engagea avec le 4* corps au village
de Ligny, qui fut pris et repris plusieurs fois.
Le maréchal Grouchy , à l'extrême droite, et le général Pajol
combattirent au village de Sombreffe. L'ennemi montra de 80 à
90,000 hommes et un grand nombre de pièces de canon.
A sept heures , nous étions maîtres de tous les villages situés sur
le bord du ravin qui couvrait la position de l'ennemi ; mais celui-ci
occupait encore avec toutes ses masses le plateau du moulin de Bussy.
L'Empereur se porta avec sa Garde au village de Ligny ; le générçil
Gérard fit déboucher le général Pécheux avec ce qui lui restait de
réserve, presque toutes les troupes ayant été engagées dans ce village.
Huit bataillons de la Garde débouchèrent à la baïonnette, et derrière
eux les quatre escadrons de service, les cuirassiers du général Delort,
ceux du général Milhaud et les grenadiers à cheval de la Garde. La
vieille Garde aborda à la baïonnette les colonnes ennemies qui étaient
sur les hauteurs de Bussy , et en un instant couvrit de morts le
champ de bataille. L'escadron de service attaqua et rompit un carré,
et les cuirassiers poussèrent l'ennemi dans toutes les directions. A
sept heures et demie , nous avions quarante pièces de canon , beau-
coup de voitures , des drapeaux et des prisonniers , et l'ennemi cher-
chait son salut dans une retraite précipitée. A dix heures, la bataille
était finie , et nous nous trouvions maîtres de tout le champ de ba-
taille.
Le général Liitzow, partisan, a été fait prisonnier. Les prisonniers
assurent que le feld-maréchal Bliicher a été blessé. L'élite de l'ar-
mée prussienne a été détruite dans cette bataille. Sa perte ne peut
être moindre de 15,000 hommes; la nôtre est de 3,000 hommes
tués ou blessés.
A la gauche, le maréchal Ney avait marché sur les Quatre-Bras
avec une division qui avait culbuté une division anglaise qui s'y trou-
vait placée. Mais, attaqué par le prince d'Orange avec 25,000 hom-
mes , partie Anglais , partie Hanovriens à la solde de l'Angleterre , il
se replia sur sa position de Frasnes. Là s'engagèrent des combats
multipliés; l'ennemi s'attachait à le forcer, mais il le fit vainement.
Le duc d'Elchingen attendait le 1" corps, qui n'arriva qu'à la nuit; il
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I". — 1815. 295
se borna à garder sa position. Dans un carré attaqué par le 8* régi-
ment de cuirassiers, le drapeau du 69" régiment d'infanterie anglais
est tombé entre nos mains. Le prince de Brunswick a été tué. Le
prince d'Orange a été blessé. On assure que l'ennemi a eu beaucoup
de personnages et de généraux de marque tués ou blessés. On porte
la perte des Anglais à 4 ou 5,000 bommes; la nôtre, de ce côté, a
été très-considérable : elle s'élève à 4,200 bommes tués ou blessés.
Ce combat a fini à la nuit. Lord Wellington a ensuite évacué les
Qualre-Bras et s'est porté sur Genappe.
Dans la matinée du 17, l'Empereur s'est rendu aux Quatre-Bras,
d'où il a marcbé pour attaquer l'armée anglaise; il l'a poussée jus-
qu'à l'entrée de la forêt de Soigne, avec l'aile gauche et la réserve.
L'aile droite s'est portée par Sombreffe , à la suite du feld-maréchal
Bliicher, qui se dirigeait sur Wavre, oii il paraissait vouloir se placer.
A dix beures du soir, l'armée anglaise, occupant Mont-Saint-Jean
par son centre , se trouva en position en avant de la forêt de Soigne;
il aurait fallu pouvoir disposer dé trois heures pour l'attaquer; on
fut donc obligé de remettre au lendemain.
Le quartier général de l'Empereur fut établi à la ferme du Caillou,
près Plancenoit. La pluie tombait par torrents. Ainsi, dans la jour-
née du 16 , la gauche, la droite et la réserve ont été également en-
gagées à une distance d'à peu près deux lieues.
BATAILLE DE MONT-SAINT-JEAN.
A neuf heures du matin , la pluie ayant un peu diminué , le
1" corps se mit en mouvement et se plaça, la gauche à la route de
Bruxelles et vis-à-vis le village de Mont-Saint-Jean , qui paraissait le
centre de la position de l'ennemi. Le 2* corps appuya sa droite à la
route de Bruxelles, et sa gauche à un petit bois, à portée de canon
de l'armée anglaise. Les cuirassiers se portèrent en réserve derrière ,
et la Garde en réserve sur les hauteurs. Le 6" corps , avec la cavale-
rie du général Domon, sous les ordres du comte Lobau, fut destiné
à se porter en arrière de notre droite, pour s'opposer à un corps
prussien qui paraissait avoir échappé au maréchal Grouchy et être
dans l'intention de tomber sur notre flanc droit, intention qui nous
avait été connue par nos rapports et par une lettre d'un général prus-
sien que portait une ordonnance prise par nos coureurs. Les troupes
étaient pleines d'ardeur.
On estimait les forces de l'armée anglaise à 80,000 hommes; on
supposait que le corps prussien , qui pouvait être en mesure vers le
soir, pouvait être de 15,000 hommes. Les forces ennemies étaient
296 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". _ 1815.
donc de plus de 90,000 hommes; les nôtres étaient moins nom-
breuses.
A midi , tous les préparatifs étaient terminés, et le prince Jérôme,
commandant une division du 2* corps, destinée à en former l'ex-
trême gauche, se porta sur le bois dont l'ennemi occupait une partie.
La canonnade s'engagea; l'ennemi soutint par trente pièces de canon
les troupes qu'il avait envoyées pour garder le bois. Nous fîmes aussi
de notre côté des dispositions d'artillerie. A une heure, le prince Jé-
rôme fut maître de tout le bois, et toute l'armée anglaise se replia
derrière un rideau. Le comte d'Erlon attaqua alors le village de
Mont-Saint-Jean et fit appuyer son attaque par quatre-vingts pièces
de canon. Il s'engagea là une épouvantable canonnade, qui dut beau-
coup faire souffrir l'armée anglaise. Tous les coups portaient sur le
plateau. Une brigade de la 1" division du comte d'Erlon s'empara du
village de Mont-Saint-Jean ; une seconde brigade fut chargée par un
corps de cavalerie anglaise, qui lui fit éprouver beaucoup de pertes.'
Au même moment, une division de cavalerie anglaise chargea la
batterie du comte d'Erlon par sa droite, et désorganisa plusieurs piè-
ces ; mais les cuirassiers du général Milhaud chargèrent cette divi-
sion, dont trois régiments furent rompus et écharpés.
11 était trois heures après midi. L'Empereur fit avancer la Garde
pour la placer dans la plaine, sur le terrain qu'avait occupé le
1" corps au commencement de l'action, ce corps se trouvant déjà
en avant. La division prussienne, dont on avait prévu le mouvement,
commença alors à s'engager avec les tirailleurs du comte Lobau , en
plongeant son feu sur tout notre flanc droit. Il était convenable ,
avant de rien entreprendre ailleurs, d'attendre l'issue qu'aurait cette
attaque. A cet effet, tous les moyens de la réserve étaient prêts à se
porter au secours du comte Lobau et à écraser le corps prussien lors-
qu'il se serait avancé.
Cela fait, l'Empereur avait le projet de mener une attaque par le
village de Mont-Saint-Jean, dont on espérait un succès décisif; mais»
par un mouvement d'impatience si fréquent dans nos annales mili-
taires, et qui nous a été souvent si funeste, la cavalerie de réserve,
s'étant aperçue d'un mouvement rétrograde que faisaient les Anglais
pour se mettre à l'abri de nos batteries , dont ils avaient déjà tant
souffert, couronna les hauteurs de Mont-Saint-Jean et chargea l'in-
fanterie. Ce mouvement , qui, fait à temps et soutenu par les réser-
ves, devait décider de la journée, fait isolément et avant que les
affaires de la droite fussent terminées, devint funeste. N'ayant aucun
moyen de le contremander , l'ennemi montrant beaucoup de masses
CORRESPOJVDANCli DE NAPOLÉON I". — 1815. 297
d'infanterie et de cavalerie, et les deux divisions de cuirassiers étant
engagées, toute notre cavalerie courut au même moment pour sou-
tenir ses camarades. Là, pendant trois heures, se firent de nom-
breuses charges qui nous valurent l'enfoncement de plusieurs carrés
et six drapeaux de l'infanterie anglaise, avantage hors de proportion
avec les pertes qu'éprouvait notre cavalerie par la mitraille et les fu-
sillades. Il était impossible de disposer de nos réserves d'infanterie
jusqu'à ce qu'on eût repoussé l'altaque de flanc du corps prussien.
Cette attaque se prolongeait toujours et perpendiculairement sur
notre flanc droit. L'Empereur y envoya le général Duhesme avec la
jeune Garde et plusieurs batteries de réserve. L'ennemi fut contenu,
fut repoussé et recula ; il avait épuisé ses forces et l'on n'en avait
plus rien à craindre. C'est ce moment qui était celui indiqué pour
une attaque sur le centre de l'ennemi.
Comme les cuirassiers souffraient par la mitraille, on envoya qua-
tre bataillons de la moyenne Garde pour proléger les cuirassiers,
soutenir la position, et, si cela était possible, dégager et faire recu-
ler dans la plaine une partie de notre cavalerie. On envoya deux au-
tres bataillons pour se tenir en potence sur l'extrême gauche de la
division qui avait manœuvré sur nos flancs, afin de n'avoir de ce côté
aucune inquiétude; le reste fut disposé en réserve, partie pour occu-
per la potence en arrière de Mont-Saint-Jean , partie sur le plateau ,
en arrière du champ de bataille qui formait notre position de retraite.
Dans cet état de choses, la bataille était gagnée; nous occupions
toutes les positions que l'ennemi occupait au commencement de l'ac-
tion; notre cavalerie ayant été trop tôt et mal employée, nous ne
pouvions plus espérer de succès décisifs. Mais le maréchal Grouchy,
ayant appris le mouvement du corps prussien, marchait sur le der-
rière de ce corps , ce qui nous assurait un succès éclatant pour la
journée du lendemain. Après huit heures de feu et de charges d'in-
fanterie et de cavalerie , toute l'armée voyait avec satisfaction la ba-
taille gagnée et le champ de bataille en notre pouvoir.
Sur les huit heures et demie, les quatre bataillons de la moyenne
Garde qui avaient été envoyés sur le plateau au delà de Mont-Saint-
Jean pour soutenir les cuirassiers , étant gênés par la mitraille de
l'ennemi, marchèrent à la baïonnette pour enlever ses batteries. Le
jour finissait; une charge faite sur leur flanc par plusieurs escadrons
anglais les mit en désordre; les fuyards repassèrent le ravin; les
régiments voisins, qui virent quelques troupes appartenant à la Garde
à la débandade, crurent que c'était de la vieille Garde et s'ébranlèrent :
les cris Tout est perdu! La Garde est repoussée! se firent entendre.
^98 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
Les soldats prétendent même que sur plusieurs points des malveillants
apostés ont crié Sauve qui peut! Quoi qu'il en soit, une (erreur pa-
nique se répandit tout à la fois sur tout le champ de bataille; on se
précipita dans le plus grand désordre sur la ligne de communication;
les soldats, les canonniers, les caissons se pressaient pour y arriver;
la vieille Garde qui était en réserve en fut assaillie, et fut elle-même
entraînée.
Dans un instant, l'armée ne fut plus qu'une masse confuse, toutes
les armes étant mêlées , et il était impossible de reformer un corps.
L'ennemi, qui s'aperçut de celte étonnante confusion, fit déboucher
des colonnes de cavalerie; le désordre augmenta; la confusion de
la nuit empêcha de rallier les troupes et de leur montrer leur erreur.
Ainsi une bataille terminée, une journée finie, de fausses mesures
réparées, de plus grands succès assurés pour le lendemain , tout fut
perdu par un moment de terreur panique. Les escadrons de service
même, rangés à côté de l'Empereur, furent culbutés et désorganisés
par ces flots tumultueux, et il n'y eut plus d'autre chose à faire que
de suivre le torrent. Les parcs de réserve, les bagages qui n'avaient
point repassé la Sambre, et tout ce qui était sur le champ de ba-
taille, sont restés au pouvoir de l'ennemi. Il n'y a eu même aucun
moyen d'attendre les troupes de notre droite; on sait ce que c'est que
la plus brave armée du monde, lorsqu'elle est mêlée et que son or-
ganisation n'existe plus.
L'Empereur a passé la Sambre à Charleroi le 19, à cinq heures du
malin. Philippeville et Avesnes ont été donnés pour point de réunion.
Le prince Jérôme , le général Morand et les autres généraux y ont
déjà rallié une partie de l'armée. Le maréchal Grouchy, avec le
corps de la droite, opère son mouvement sur la basse Sambre.
La perte de l'ennemi doit avoir été très-grande , à en juger par les
drapeaux que nous lui avons pris et par les pas rétrogrades qu'il
avait faits; la nôtre ne pourra se calculer qu'après le ralliement des
troupes. Avant que le désordre éclatât, nous avions déjà éprouvé des
pertes considérables , surtout dans notre cavalerie, si funestement et
pourtant si bravement engagée. Malgré ces pertes, cette valeureuse
cavalerie a constamment gardé la position qu'elle avait prise aux An-
glais, et ne l'a abandonnée que quand le tumulte et le désordre du
champ de bataille l'y ont forcée. Au milieu de la nuit et des obstacles
qui encombraient la route , elle n'a pu elle-même conserver son or-
ganisation.
L'artillerie, comme à son ordinaire, s'est couverte de gloire.
Les voitures du quartier général étaient restées dans leur position
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«^ — 1815. 299
ordinaire , aucun mouvement rétrograde n'ayant été jugé nécessaire.
Dans le cours de la journée , elles sont tombées entre les mains de
l'ennemi.
Telle a été l'issue de la bataille de Mont-Saint-Jean, glorieuse
pour les armées françaises , et pourtant si funeste.
Extrait du Moniteur du 21 juin 1815.
22062. — MESSAGE A LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS '.
Palais de l'Elysée, 21 juin 1815.
Monsieur le Président , après les batailles de Ligny et de Mont-Saint-
Jean , et après avoir pourvu au ralliement de l'armée à Avesnes et
à Philippeville , à la défense des places frontières et à celle des villes
de Laon et de Soissons, je me suis rendu à Paris pour concerter
avec mes ministres les mesures de la défense nationale , et m'enten-
dre avec les Chambres sur tout ce qu'exige le salut de la patrie.
J'ai formé un comité du ministre des affaires étrangères , du comte
Carnot et du duc d'Otrante, pour renouveler et suivre des négocia-
tions avec les puissances étrangères, afln de connaître leurs vérita-
bles intentions, et de mettre un terme à la guerre, si cela est compa-
tible avec l'indépendance et l'honneur de la nation. Mais la plus
grande union est nécessaire , et je compte sur la coopération et le
patriotisme des Chambres et sur leur attachement à ma personne.
J'envoie au milieu de la Chambre, comme commissaires, le prince
Lucien et les ministres des affaires étrangères, de la guerre, de l'in-
térieur et de la police générale , pour porter le présent Message , et
donner les communications et les renseignements que la Chambre
pourra désirer.
Napoléon.
D'après l'original. Archives du Corps législatif.
22063. — DÉCLARATION AU PEUPLE FRANÇAIS.
Français , en commençant la guerre pour soutenir l'indépendance
nationale , je comptais sur la réunion de tous les efforts , de toutes
' Extrait du procès-verbal de la séance de la chambre des Pairs, du 21 juin.
« A huit heures et demie, le prince archichancelier déclare que la
séance est reprise. Il donne la parole au prince Lucien.
» Le prince est à la tribune , comme commissaire extraordinaire de l'Empe-
reur ; il apporte un Message de Sa Majesté ; il demande à le communiquer en
comité secret »
Ce Message n'a pas été retrouvé aux Archives de l'Empire.
300 CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON ^^ — 1815.
les volontés, et sur le concours de toutes les autorités nalionales;
j'étais fondé à espérer le succès, et j'avais bravé toutes les déclara-
tions des puissances contre moi.
Les circonstances paraissent changées.
Je m'offre en sacriûce à la haine des ennemis de la France. Puis-
sent-ils être sincères dans leurs déclarations et n'en avoir jamais
voulu qu'à ma personne!
Ma vie politique est terminée , et je proclame mon Gis , sous le
titre de Napoléon II , Empereur des Français.
Les ministres actuels formeront provisoirement le conseil de gou-
vernement. L'intérêt que je porte à mon fils m'engage à inviter les
Chambres à organiser, sans délai, la régence par une loi.
Unissez-vous tous pour le salut public, et pour rester une nation
indépendante.
Au Palais de l'Elysée, le 22 juin 1815.
Napoléon.
D'après la copie. Archives de la justice.
22064. — A M. BARBIER, bibliothécaire de l'empereur.
Paris, 25 juin 1815.
Le grand maréchal prie M. Barbier de vouloir bien apporter, de-
main , à la Malmaison :
1° La liste des 10,000 volumes et des gravures, comme celles
des voyages de Denon et de la commission d'Egypte, dont l'Empe-
reur avait plusieurs milHers ;
2" Des ouvrages sur l'Amérique ;
3* Un état particulier de tout ce qui a été imprimé sur l'Empereur
pendant ses diverses campagnes.
Il faut compléter la bibliothèque de voyage, qui doit se composer
de toutes les bibliothèques de campagne, et y joindre plusieurs ou-
vrages sur les Etats-Unis.
Dans la grande bibliothèque, il faut une collection complète du
Moniteur, la meilleure encyclopédie, les meilleurs dictionnaires.
La grande bibliothèque devra être consignée à une maison améri-
caine, qui la fera passer en Amérique par le Havre.
Par ordre de l'Empereur :
Le grand maréchal du palais,
Bertrand.
D'après l'original comm. par M, Louis Barbier.
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815. 301
22065. — A L'ARMÉE.
La Malmaison, 25 juin 1815.
Soldats , quand je cède à la nécessité qui me force de m'éloigner
de la brave armée française , j'emporte avec moi l'heureuse certitude
qu'elle justifiera, par les services éminents que la patrie attend
d'elle , les éloges que nos ennemis eux-mêmes ne peuvent pas lui re-
fuser.
Soldats, je suivrai vos pas, quoique absent. Je connais tous les
corps, et aucun d'eux ne remportera un avantage signalé sur l'ennemi,
que je ne rende justice au courage qu'il aura déployé. Vous et moi,
nous avons été calomniés. Des hommes indignes d'apprécier vos tra-
vaux ont vu , dans les marques d'attachement que vous m'avez don-
nées , un zèle dont j'étais le seul objet : que vos succès futurs leur
apprennent que c'était la patrie par-dessus tout que vous serviez en
m'obéissant , et que , si j'ai quelque part à votre affection , je le dois
à mon ardent amour pour la France, notre mère commune.
Soldats, encore quelques efforts et la coalition est dissoute. Napo-
léon vous reconnaîtra aux coups que vous allez porter.
Sauvez l'honneur, l'indépendance des Français; soyez jusqu'à la
On tels que je vous ai connus depuis vingt ans, et vous serez invin-
cibles '.
Napoléon.
Extrait des Mémoires de Napoléon.
22066. — AU PRINCE RÉGENT D'ANGLETERRE.
lled'Aix, 14 juillet 1815.
Altesse Royale , en butte aux factions qui divisent mon pays et à
l'inimitié des puissances de l'Europe, j'ai terminé ma carrière politi-
que, et je viens , comme Thémistocle, m'asseoir au foyer du peuple
britannique. Je me mets sous la protection de ses lois, que je ré-
clame de Votre Altesse Royale, comme du plus puissant, du plus
constant et du plus généreux de mes ennemis.
Napoléon.
D'après \e fac-similé de la lettre autographe.
22067. — PROTESTATION.
En mer, à bord du Bellérophon , 4 août 1815.
Je proteste solennellement ici , à la face du ciel et des hommes ,
contre la violation de mes droits les plus sacrés, en disposant, par
1 Le gouvernement provisoire interdit la publication de cette proclamation.
302 CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I". — 1815.
la force , de ma personne el de ma liberté. Je suis venu librement à
bord du Bellérophon : je ne suis pas prisonnier; je suis l'hôte de
l'Angleterre. J'y suis venu moi-même à l'instigation du capitaine, qui
dit avoir des ordres du gouvernement de me recevoir et de me con-
duire en Angleterre avec ma suite, si cela m'était agréable. Je me suis
présenté de bonne foi pour venir me mettre sous la protection de ses
lois.
Aussitôt que j'eus mis le pied sur le Bellérophon, je fus au foyer
du peuple britannique. Si le gouvernement, en donnant des ordres
au capitaine du Bellérophon de me recevoir ainsi que ma suite , n'a
voulu que tendre un piège, une embûche, il a forfait à l'honneur et
flétri son pavillon.
Si un tel acte se consommait, ce serait en vain que les Anglais
viendraient à l'avenir parler de leur loyauté, de leurs lois et de leur
liberté : la foi britannique se trouverait perdue dans l'hospitalité du
Bellérophon.
J'en appelle à l'histoire ^ elle dira qu'un ennemi , qui fit vingt ans
la guerre au peuple anglais , vint librement , dans son infortune ,
chercher un asile sous ses lois ; et quelle plus éclatante preuve pou-
vait-il donner de son estime, de sa confiance? Mais comment répon-
dit l'Angleterre à une telle magnanimité? Elle feignit de tendre une
main hospitalière à cet ennemi, et, quand il se fut livré de bonne foi,
elle l'immola!
Napoléon.
Extrait des Récits de la Captivité, etc., par M. de Montholon.
FIN DU VINGT-HUITIÈME VOLUME.
TABLE ANALYTIQUE
DU TOME XXVIII'.
Nota. ^ Les dates inscrites entre parenthèses sont les dates des lettres de l'Emperear»
Les chiJTres placés à la fin des phrases indiquent les pages.
Acte additionnel. — (22 avril 1815.)
Préambule : efforts de l'Empereur,
pendant tout son règne , pour perfec-
tionner les lois politiques de la France ;
tous les actes qui ont formé les con-
stitutions de l'Empire ont été soumis
à l'acceptation du peuple; le but de
l'Empereur était d'organiser un « sys-
tème fédératif européen » ; causes qui
ont fait ajourner l'établissement de plu-
sieurs institutions intérieures, destinées
plus spécialement à protéger la liberté
des citoyens ; l'Empereur soumet ces
nouvelles institutions à la sanction du
peuple, sous le titre A'ucte additionnel;
— modifications apportées à la consti-
tution de la chambre des Pairs : le
nombre de ses membres est illimité ;
ils sont héréditaires ; ils prennent
séance à vingt et un ans et ont voix
déiibérative à vingt-cinq ; extension des
pouvoirs de la chambre des Pairs :
droit d'amendement; faculté d'inviter
le gouvernement à proposer des lois sur
des objets déterminés; pouvoir discré-
tionnaire attribué à la chambre des
Pairs pour le jugement des ministres;
— constitution de la seconde chambre
dite des Représentants : mode de no-
mination et inamovibilité des présidents
des collèges électoraux; élection directe ;
condition d'éligibilité ; la limite d'âge
est fixée à vingt-cinq ans au lieu de
quarante; suppression du cens électo-
ral; indemnité accordée aux Représen-
tants pendant les sessions et pour les
frais de voyage ; — représentation spé-
ciale de l'industrie et de la propriété
manufacturière et commerciale ; mode
d'élection de cette nouvelle catégorie de
Représentants; — renouvellement de
droit et intégral delà Chambre tous les
cinq ans ; extension des pouvoirs de la
chambre des Représentants ; nomination
du président par la Chambre ; droit
d'amendement; fkculté d'inviter le gou-
vernement à proposer des lois sur des
objets déterminés ; droit de prononcer
la mise en accusation des ministres;
aucun impôt direct ou indirect ne peut
être perçu, aucun emprunt ne peut être
fait, aucun domaine de l'Etat ne peut
être aliéné, aucune levée d'hommes ne
peut être ordonnée, aucune partie du
territoire ne peut être échangée sans
une loi préalable ; vote annuel du bud-
get; inviolabilité des Représentants pen-
dant les sessions; publicité des séances^
— nécessité d'un contre-seing minis-
tériel pour tous les actes du gouverne-
ment; termes d'après lesquels la res-
ponsabilité des ministres est établie ;.
extension de la responsabilité aux com-
mandants d'armée de terre et de mer;
promesse de modifier par une loi l'article
75 de la constitution de l'an viii sur la
nécessité d'une autorisation préalable
pour la poursuite des agents du gou-
vernement; — liberté de la presse;
suppression de toute censure préalable ;
compétence exclusive du jury pour les
délits de presse ; règlement de ce droit ;
— conditions restrictives pour les dé-
clarations d'état de siège. — Le peuple
français interdit au gouvernement, aux
Chambres, aux citoyens toute proposition
^ Cette table a été rédigée par M. Blandeau.
304
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON !«'.
tendant au rétablissement des Bourbons,
de l'ancienne noblesse , des droits féo-
daux, d'aucun culte privilégié, et de
toute mesure contraire à l'irrévocabilité
de la vente des domaines nationaux,
122 à 129. — V. Chambre des Pairs,
Chamrre des Représentants, Champ-de-
Mai et Napoléon I*^'".
AiGBEUONT (Baron d') , maréchal de camp,
251.
Ajaccio, chef-lieu du département de la
Corse. — (20 mai 1815.) Armement
de cette place ; projet de l'Empereur de
fortifier les hauteurs d' Ajaccio , 202 ,
203. — V. Corse (Ile de).
Alexandre F"", empereur de Russie. —
(12 mai 1815.) Le duc de Rovigo est
chargé de publier dans le Journal de
l'Empire le récit de ce qui se passa
après la bataille d'Austerlitz lorsque
l'empereur Alexandre fut coupé par le
maréchal Davout; billet de l'empereur
Alexandre autorisant le général Mer-
veldt à affirmer au maréchal Davout
l'existence d'un armistice entre les
armées de France et de Russie ; docu-
ments démontrant que l'armistice invo-
qué n'existait pas encore avec l'armée
russe, 181 à 183.
Alfort (Kcole vétérinaire d'). — (30 avril
1815.) Chargée du service de deux
batteries d'artillerie de la réserve de
Paris, 144. — (lei'mai. ) Ordre d'or-
ganiser deux compagnies d'artillerie à
l'École d'AlforI, 146.
(Allent (Chevalier), maître des requêtes,
major du génie, 72.
Andréossv (Comte) , lieutenant général ,
président de la section de la guerre au
Conseil d'État. — (3 avril 1815.)
Chargé de proposer à l'Empereur un
projet de décret pour l'organisation des
gardes nationales ; bases de cette orga-
nisation, 72 à 75.
Andrieux, lieutenant de vaisseau, comman-
dant le brick le Zéphyre , en croisière à
l'île d'Elbe, 10 et 11.
Angers, chef-lieu du département de Maine-
et-Loire. — (22 mai 1815.) Ordre de
mettre le château d'Angers en état de
défense ; troupes réunies à Angers pour
combattre l'insurrection de la Vendée,
214 à 216.
Angleterre (Royaume d'). — (7 avril
1815.) Le ministre des affaires étran-
gères est chargé de préparer un rapport
sur les relations de la France avec
l'Angleterre et les réponses du gouver-
nement anglais, 80. — (18 mai.) Le
comte Chaptal propose à l'Empereur de
remettre en vigueur le décret de Milan
sur les droits des neutres, si les Anglais
renouvellent leurs arrêts du Conseil
de 1807: observations de l'Empereur
sur le préjudice que l'application de ce
système causerait au commerce ; de-
mande de renseignements sur les stipu-
lations des traités de Paris et de Gand
relatives au droit maritime de l'Angle-
terre, et le système suivi par cette puis-
sance depuis l'existence de ces traités,
199, 200. — (21 mai.) L'Angleterre
favorise l'insurrection de la Vendée par
des envois d'armes, de munitions et d'ar-
tillerie, et par le débarquement d'an-
ciens chefs vendéens, 212. — (14 juil-
let.) L'Empereur annonce au prince
régent qu'il vient se mettre sous la pro-
tection des lois britanniques, 301. —
(4 aoiît. ) Protestation de l'Empereur
contre la conduite du gouvernement an-
glais, 301, 302. — V. Caulaincourt et
Chaptal.
AxTiBiis , chef-lieu de canton du dépar-
tement du Var. — (l^r mars 1815.)
Accueil hostile fait au détachement
envoyé pour occuper celte ville, 11. —
V. 112.
Approvisionnements. — (27 avril 1815.)
Formation de magasins à Avesnes pour
100,000 hommes et 20,000 chevaux,
pendant dix jours ; ordre d'établir des
magasins à Guise, Laon, Soissons, etc. ;
ordre de faire partir pour Laon six
compagnies d'équipages pour le service
des vivres, 135. — (3 mai.) Instruc-
tions pour l'approvisionnement de l'ar-
mée et des places, 158 à 160. —
(16 mai.) Plaintes de l'Empereur snr
le service des vivres dans le Nord ;
nouveaux ordres pour la formation de
magasins à Soissons , Laon et Avesnes;
instructions données à l'intendant géné-
ral pour l'approvisionnement de l'armée
du Nord, 194 à 196. — V. Davout.
Approvisionnements de guerri;. — (27 avril
1815.) Ordre pour l'approvisionnement
des places d' Avesnes , Guise, Soissons,
Maubeuge , Landrecies , Valenciennes ,
CondéetPhilippeville, 135. — (26 mai.)
Allocation pour l'approvisionnement des
places fortes, 230. — (30 mai.) Ap-
TABLE ANALYTIQUE.
3o;
provisionnement de Paris et de Lyon ,
235. — V. Davout.
Armée (Organisation de T). — (26 mars
1815.) Formation de huit corps d'ob-
servation ; leur composition ; lieux où ils
se réunissent; généraux chargés de leur
commandement; création d'un comité
de défense du territoire ; sa composi-
tion ; ses attributions, 36, 37. —
(27 mars.) Projet d'organisation de la
cavalerie : formation de trois divisions
de cuirassiers et de quatre divisions de
dragons ; leur artillerie ; la cavalerie lé-
gère est attachée aux différents corps
d'armée; ordre pour la remonte de la
cavalerie; — rappel des militaires en
semestre et en congés illimités ; organi-
sation des 3''', 4*^5 et 5'^'* bataillons ; —
projet de formation de l'armée du Nord,
41 à 44. — (28 mars.) Création de six
régiments de tirailleurs et de six régi-
ments de voltigeurs de la jeune Garde,
46 à 48. — (29 mars.) Nouveaux or-
dres pour la remonte de la cavalerie,
49. — (30 mars.) Composition des six
premiers corps d'armée ; nomination des
commandants de ces corps, 55 à 57. —
(2 avril.) Instructions pour l'équipement
et la remonte de la cavalerie; organisa-
tion de la cavalerie du 4^ corps d'obser-
vation ; — projet d'organisation du gé-
nie de l'armée, 62 à 64. — (3 avril.)
Composition des 6", 7«^ et 8^ corps; gé-
néraux chargés de leur commandement ;
formation de cinq régiments étrangers;
■organisation de la cavalerie légère, 68 à
71. — (10 avril.) Appel de 100,000
gardes nationaux pour garder les fron-
tières; — création de trois comités de
défense pour les frontières du Nord, des
Vosges, du Jura et des Alpes ; — me-
sures à prendre pour la rentrée sous les
drapeaux des anciens soldats de la rive
gauche du Rhin, de la Belgique et d'I-
talie, 85 à 89. — (14 avril.) Ordre
pour la formation de trois équipages de
pont et l'organisation du service des
pontonniers, 97. — (15 avril.) Instruc-
tions pour la remonte de la cavalerie ;
— création de nouveaux ateliers pour la
fabrication des armes, 99 à 102. —
(17 avril.) Organisation du 7*^ corps;
formation d'un 9'' corps en Provence ;
composition de ce corps, 106, 107. —
(30 avril.) Décret pour la formation de
quatre armées et trois corps d'observa-
tion, savoir : l'Année du iVorrf occupant
les 2" et 16*^ divisions militaires, l'Ar-
mée de la Moselle occupant les 3® et 4*'
divisions, l'Armée du Rhin et l'Armée des
Alpes , le corps d'observation du Jura,
celui du Var et celui des Pyrénées ;
composition de ces armées et de ces
corps, 142, 143. — (3 mai.) Projet de
formation de quatre autres armées de
réserve, à Paris, à Lyon, à Bordeaux el
à Toulouse, IGO, 161. — (12 mai.)
Mesures prises pour le recrutement de
l'armée du Nord, 177, 178. — (15 mai.)
Nouvelles instructions pour la remonte
et l'équipement de la cavalerie, 191,
192. — (20 mai.) Composition de l'ar-
mée des Alpes, 207. — (3 juin.) Plu-
sieurs généraux reçoivent ordre de se
rendre au quartier général de l'armée
du Nord ; le maréchal Grouchy est nomme
commandant en chef de la cavalerie ;
formation de son état-major, 251. —
(16 juin.) Organisation définitive de
l'armée, 289, 290, 291. — V. Davout
et Napoléox F"".
Armkr {Opérations de V). — (27 mars
1815.) Étude des positions de la Mo-
selle et du Rhin qui peuvent permettre
aux différents corps de combiner leurs
opérations, 44. — (27 avril.) Ordre
éventuel donné aux l*"", 2*, 3*'et 4'' corps
de se réunir et de prendre position der-
rière la Sambre, si l'ennemi commençait
les hostilités, 133, 134. — (15 mai.)
Instructions données aux lieutenants gé-
néraux chargés de la défense des fron-
tières, 192. — (7 juin.) Le duc de
Dalmatie reçoit ordre de partir pour
l'armée afin de prendre les dispositions
nécessaires pour la défense des places
de première ligne, achever l'organisation
des différents corps et prendre des ren-
seignements sur la position de l'ennemi ;
ordre de fermer toutes les communica-
tions sur les lignes du Nord , du Rhin
et de la Moselle, 264. — (12 juin.)
Départ «le l'Empereur pour l'armée, 275.
— (13 juin.) Ordre du jour indiquant
aux différents corps les positions qu'ils
doivent occuper autour de Beaumout,
277 à 279. — (14 juin.) Marche de
l'armée sur Charleroi; ordre de mouve-
ment des différents corps, 281 à 286.
— (15 juin.) L'armée force le passage
de la Sambre près Charleroi et met en
déroute quatre régiments prussiens; l'en-
20
306
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I".
nemi perd 1,500 prisonniers et six piè-
ces de canon ; — le général Reille , en
se portant sur Marchiennes avec les di-
visions du prince Jérôme et du général
Bachelu , renconire un corps prussien à
Montigny-le-Tilleul et le met en dé-
route; pertes de l'ennemi, 287, 288. —
(Du 16 au 20 juin.) L'Empereur divise
l'armée en deux ailes et une réserve for-
mant le centre : l'aile gauche, composée
des quatre divisions du l*"" corps, des
quatre divisions du 2*' corps, de deux
divisions de cavalerie légère et des deux
divisions du corps du comte de Valmy
(environ 45,000 hommes), est placée
sous les ordres du prince de la Mos-
kova; l'aile droite, à peu près de même
force, est confiée au maréchal Grouchy ;
la Garde et le 6^ corps forment la ré-
serve ; — le prince de la Moskova re-
çoit ordre d'attaquer la position des
Quatre-Bras et de se tenir prêt à mar-
cher sur Bruxelles, occupé par les An-
glais ; le maréchal Grouchy se porte sur
Sombreffe et Fleurus pour attaquer l'ar-
mée prussienne; l'Empereur, qui oc-
cupe Charleroi avec le centre de l'armée,
se tient prêt à appuyer l'une ou l'autre
aile , selon les circonstances ; — bataille
de Ligny, sous Fleurus : positions occu-
pées par les armées française et prus-
sienne; attaque des villages situés sur
le bord dii ravin qui couvre la position
de l'ennemi ; prise de ces villages; Blii-
cher occupe encore avec toutes ses for-
ces le plateau du moulin de Bussy, lors-
que l'Empereur débouche avec sa Garde
et la grosse cavalerie au-dessus du vil-
lage de Ligny et enlève la position de
l'ennemi; pertes de l'armée prussienne
dans cette bataille; — combat des Qua-
tre-Bras : pendant que le centre et l'aile
droite de l'armée française gagnent la
bataille de Ligny sur les Prussiens ^ le
prince de la Moskova attaque les Anglais
aux Quatre-Bras, et, malgré son infério-
rité numérique , maintient sa position ;
— le lendemain de ces deux batailles ,
l'Empereur porte l'aile droite sur Som-
breffe et Wavre, à la suite de Bliicher,
et se rend lui-même avec sa réserve aux
Quatre-Bras pour attaquer l'armée an-
glaise , qui occupe Mont- Saint- Jean ;
circonstance qui force l'Empereur à
remettre l'attaque au lendemain; — ba-
taille de Mont- Saint- Jean : positions oc-
cupées par les différents corps ; enthou-
siasme des troupes; forces de l'armée
anglaise; le prince Jérôme se porte sur
le bois de Goumont occupé par les An-
glais et les Hanovriens et s'en empare ;
prise du village de Mont-Saint-Jean par
le comte d'Erlon et le général Milhaud ;
l'armée française est maîtresse de toutes
les positions de l'ennemi ; panique oc-
casionnée par une charge de la cavalerie
anglaise ; confusion qui se répand dans
l'armée; conséquences de cette bataille;
retraite de l'armée sur Philippeville et
Avesnes, 289 à 299. — V. Davout et
Napoléon P^
ARRiGHr, duc de Padoue, lieutenant géné-
ral. — (10 avril 1815.) Envoyé en
Corse avec des pouvoirs extraordinaires ;
instructions qu'il reçoit pour l'organisa-
tion de la garde nationale, le remplace-
ment des employés nommés par le roi ,
la formation d'un bataillon corse pour la
défense de l'ile d'Elbe et la distribution
de récompenses aux habitants qui se
sont distingués par leur patriotisme, 89.
— (12 mai.) Il reçoit ordre de diriger
sur Toulon les régiments qui sont dans
cette île, en y joignant deux bataillons
de volontaires corses, 177. — V. Corse
(Ile de).
Artillerie (del'armée.) — (25 mars 181 5.)
Formation d'un équipage de ] 50 bouches
à feu, 26. — (27 mars.) Une batterie
d'artillerie légère est attachée à chacune
des divisions de cavalerie et une batterie
à pied aux divisions d'infanterie, 41 ,
42. — (27 avril.) Nomination du gé-
néral Ruty au commandement de l'artil-
lerie de l'armée ; projet d'organisation
de l'artillerie et du parc de réserve de
Vincennes; emploi du personnel de
l'artillerie de marine pour le service de
l'armée; organisation de l'artillerie des
1*"", 2e^ 3e et 6"^ corps d'armée, 134 à
137. — (14 mai.) Organisation de l'ar-
tillerie de la Garde ; ordre de porter
toutes les batteries à pied et à cheval à
six pièces de 12 et deux obusiers, 184,
1 85. — V. Armée (Organisation de l').
Artillerie (des places). — (24avril 1815.)
Armement et approvisionnement de
guerre de Paris, 130. — (30 avril).
Organisation de 30 batteries d'artillerie
pour la défense de Paris, 144. —
(10 mai.) Le ministre de la marine
reçoit ordre de faire expédier du Havre
TABLE ANALYTIQUE.
307
à Paris trois cents bouches à feu en fer,
pour compléter l'armement de Paris et
des places de Soissons, Reims, Vitry,
Laon, Château-Thierry, Langres, etc.,
171. — (27 mai.) Ordres pour l'ar-
mement des travaux de défense de Paris,
232, 233. — (5 juin.) Projet de for-
mation de dix compagnies d'artillerie
composées d'élèues de l'Ecole de méde-
cine et des lycées et destinées à la dé-
fense de Paris, 134, 255. — V. Da-
VOUT.
AcBRY, lieutenant général d'artillerie, —
(11 juin 1815.) Concession d'une pen-
sion de 2,000 fr. à sa veuve, 275.
AuGEREAU , duc de Gastiglione , maréchal
de France. — (1" mars 1815.) Con-
séquences de sa défection, 1 et 2. —
(10 avril.) Le ministre de la guerre re-
çoit ordre- de le rayer de la liste des
maréchaux ; demande de renseignements
sur sa position de fortune pour loi ac-
corder une pension de retraite , 88.
AuLTANNE (Baron d'), lieutenant général,
111.
AuxoxNE , chef-lieu de canton du départe-
ment delà Côte-d'Or. — (27 avril 1815.)
Ordre de mettre cette place en état de
défense ; la garde nationale d'Auxonne
est chargée de la défense des ponts de
la Saône, 136.
AuESNES, chef-lieu d'arrondissement du dé-
partement du Nord. — (27 avril 1815.)
Ordre de former dans cette ville des
magasins pour 100,000 hommes et
20,000 chevaux, pendant dix jours; le
général Reille reçoit ordre de porter le
quartier général du 2*^ corps à Avesnes ;
approvisionnement de guerre de cette
place, 132, 134. — (20 juin.) Re-
traite de l'armée sur Avesnes, 298.
B
Bachblu (Baron) , lieutenant général. —
(15 juin 1815.) La division Bachelu
concourt au combat de Montigny-le-
Tilleul; pertes de l'ennemi, 288.
Bade (Grand-duché de). — (3 avril 1815.)
Le duc de Vicence reçoit ordre d'adres-
ser des réclamations au gouvernement
badois à cause de son refus de laisser
passer les courriers diplomatiques, et
de lui faire observer que cette conduite
est contraire au droit des gens , 66.
Baille de Saint-Pol (Baron), maréchal de
camp du génie, 250.
Balinski, capitaine des chevau-légers de
la Garde impériale, 6.
Barbier, bibliothécaire de l'Empereur. —
(25 juin 1815.) Chargé de composer une
bibliothèque de voyage et une grande
bibliothèque pour l'Empereur; mesures
qu'il doit prendre pour l'expédition de la
grande bibliothèque en Amérique, 300.
Barrois (Baron,) lieutenant général. —
(14 mai 1815.) Chargé du comman-
dement de la l"^" division de la jeune
Garde ; départ de cette division pour
Compiègne; son organisation, 184.
Baldus (Jean- Louis- Amable de). — (19
avril 1815.) Chargé de se rendre auprès
du roi de Naples après l'insuccès du
mouvement offensif de l'armée napoli-
taine en Italie, et de l'engager à fixer
pendant quelque temps sa résidence
entre Grenoble et Sisteron , jusqu'à ce
que les circonstances lui permettent de
venir à Paris, 112, 113. — V. Joa-
CHIM MURAT.
Bavav , chef-lieu de canton du départe-
ment du Nord. — (27 avril 1815.)
Travaux de défense de cette place, 133.
Beaumomt, place forte du département du
Nord. — (27 avril.) Ordre pour les
travaux de défense de cette place, 133.
Bedoch (Chevalier), député de la Corrëze,
113 et 179.
Belléropho.m (Le), vaisseau anglais à bord
duquel l'Empereur se rendit , après sa
seconde abdication , pour demander
l'hospitalité britannique, 301 , 302.
Belliard (Comte), lieutenant général de
cavalerie. — (11 juin. ) Reçoit ordre
de se rendre à l'armée du Nord, 273.
Bernard (Chevalier), colonel du génie,
aide de camp de l'Empereur. — (20
avril 1815.) Nommé membre du comité
de défense du territoire de l'Empire, 114.
Bernotti, capitaine, officier d'ordonnance
de l'Empereur, 20.
Berthezème (Baron) , lieutenant général.
— (3 juin 1815.) Reçoit ordre de se
rendre au quartier général de l'armée
du Nord, 250.
Berthier, prince de Neuchâtel et de Wa-
gram, maréchal de France. — (10 avril
1815.) Intention de l'Empereur de le
20.
308
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I".
rayer de la liste des maréchaux ; demande
de renseignements sur sa position de
fortune pour lui accorder une pension
de retraite, 88.
Bertrand (Comte), lieutenant général du
génie, grand maréchal du Palais. —
(13 mars 1815.) Chargé de prendre les
mesures nécessaires pour la publication
du décret de dissolution de la chambre
des Pairs et de la chambre des Com-
munes; — investi des fonctions de ma-
jor général de l'armée, 8. — (25 mars.)
Instructions qui lui sont données pour
l'organisation du personnel de la Maison
de l'Empereur, 29. — (27 avril.) Chargé
de faire partir pour Compiègne un ser-
vice de guerre de la Maison de l'Em-
pereur, 138. — (5 mai.) Observations
qui lui sont adressées sur le budget des
théâtres, 162. — (7 mai.) Le général
Bertrand est chargé d'envojer des se-
cours à des habitants de l'île d'Elbe,
163. — (19 mai.) Il reçoit ordre de
remettre à l'Empereur une liste de cent
vingt personnes pour la composition de
la chambre des Pairs, 202. — (7 juin.)
Ordre de départ de la Maison de l'Em-
pereur pour le quartier général de l'ar-
mée, 265.
Bessières (Baron), lieutenant général, 251.
BiGNON (Baron) , sous-secrétaire d'Etat au
ministère des affaires étrangères. —
(28 mars 1815.) Chargé de faire une
histoire du congrès de Vienne; instruc-
tions qui lui sont données à ce sujet, 48.
Bigot de Préameneu (Comte), directeur gé-
néral des cultes. — (17 avril 1815.)
Reçoit ordre d'accepter la démission de
l'évêque de Vannes et de veiller à te
que le chapitre donne ses pouvoirs à un
homme bien intentionné, 105.
Bli;cher, général de cavalerie, comman-
dant en chef l'armée prussienne. —
(20 juin 1815.) Battu par l'armée fran-
çaise à Ligny; pertes de son armée, 29'4.
Boissy-d'Anglas , pair de France, 113.
Bonet (Comte), lieutenant général. —
(7 juin 1815.) Chargé du commande-
ment des 3"^ et 4"^ divisions militaires;
instructions qui lui sont données, 263.
Bordeaux, chef-lieu du département de la
Gironde. — (30 mars 1815.) Instruc-
tions données aux généraux Clausel et
Morand pour l'occupation de cette ville,
53. — (5 avril.) Pacification de Bor-
deaux ; embarquement de la duchesse
d'Angoulème, 78. — V. Cljlsel et Mo-
raxd.
BoRDESouLLE (Baron) , lieutenant général ,
107.
Bci;rcii:r (Comte) , lieutenant général de
cavalerie. — (2 avril 1815.) Chargé du
commandement du dépôt de remonte de
Versailles; instructions qui lui sont
données, 62 à 6 4. — (22 mai.) Plain-
tes de l'Empereur sur le service de la
remonte, 225. — V. 62, 167, 181 et
239. — V. Versailles.
BouRMOXT (Comte de) , lieutenant général.
— (15 juin 1815.) Déserte à l'ennemi ;
ordre de le mettre en jugement, 289.
BoYER (Baron), premier chirurgien de l'Em-
pereur, 29, 30.
Braver (Baron), lieutenant général. —
(11 mars 1815.) Reçoit ordre de se di-
riger avec sa division sur Paris, 14. , —
(3 avril.) Nommé commandant de la
19*^ division; composition de cette di-
vision, 68. — (16 avril.) Les gardes
nationales réunies à Lyon sont placées
sous son commandement, 104. —
(22 mai.) Il est envoyé dans la Vendée
avec deux régiments de la jeune Garde,
220, 221.
Brest, port français sur l'Océan. — (9 avril
1815.) Remplacement du préfet mari-
time; instructions données au duc De-
crès pour le choix des commandants de
la marine qui doivent être envoyés à
Brest , 83. — V. Decrès et Marine im-
rÉllIALE.
Briche (Baron), lieutenant général , 111.
Brom (Haron), maréchal de camp, 251.
Brune, maréchal de France. — (16 avril
1815.) Nommé gouverneur des dépar-
tements de la Provence, 104. — (12 mai.)
Chargé de la formation du corps d'ar-
mée des Alpes, 177. — (22 mai.) Me-
sures de sûreté publique qu'il est chargé
de prendre à Marseille ; ordres qu'il re-
çoit pour la formation du corps d'obser-
vation du Var, 218, 219. — V. Ar-
uÉB (Organisation de /') et Marseille.
Brum (Baron), maréchal de camp. —
(22 mai 1815.) Ordre d'arrestation de
ce général ,218.
Bruslart (Chevalier de), maréchal de camp.
— (23 mars 1815.) Ordre de le mettre
en arrestation, 23. — (11 mai.) L'Em-
pereur demande un rapport sur le pro-
jet d'assassinat imputé à ce général ,
173.
TABLE ANALYTIQUE.
309
Bruvére (Chevalier), maître des requêtes,
chargé de la direction des travaux pu-
hiics de la Seine, 28.
Budget. — (14. avril 1815.) Ressources
extraordinaires du budget : vente des
biens des communes et des bois de l'E-
tat ; centimes extraordinaires de guerre ;
emploi de ces ressources pour liquider
l'arriéré des ministères et les dettes con-
tractées par les villes pendant l'invasion,
96. — V. Gauom et Molliev.
BuoijET, maréchal de camp, 54.
Caffarelli (Comte) , lieutenant général ,
aide de camp de l'Empereur. — (27 mars
181 5.) Instructions qui lui sont don-
nées pour la réorganisation des gardes
nationales de la 13'' division militaire,
39, 40. — (11 mai.) 11 est chargé de
faire un rapport sur l'emploi des crédits
accordés pour l'habillement des troupes
en 1815; observations de l'Empereur
sur la qualité des draps, 173.
Caisse ue l'uxtraordinaire. — (6 avril
1815.) Création de celte caisse pour
secourir les habitants des déparlements
de la Champagne, de la Lorraine et de
l'Alsace, victimes de l'invasion ; fonds
dont se compose cette caisse; le comte
Defermon en est nommé directeur, 80.
— V. Defermox.
Calvi , chef-lieu d'arrondissement du dé-
partement de la Corse. — (20 mai 1815.)
Importance de cette place; ordre d'y
concentrer toutes les ressources militai-
res de l'île, 202, 203. — V. Corse
(Ile de).
CAMBAcÉRiis (Prince) , duc de Parme, ar-
chichancelier de l'Empire, chargé du
portefeuille de la justice. — (14 avril
1815.) Reçoit ordre de faire un rap-
port sur les émigrés, 94. — (18 avril.)
Il est chargé de proposer à l'Empereur
des mesures répressives contre les indi-
vidus qui font acte d'hostilité au gou-
vernement, 107.
CflHBRONXE (Baron), maréchal de camp,
commandant le l*-'** régiment de chas-
seurs de la Garde, 6, 17.
Canmes , chef-lieu de canton du départe-
ment du Var, 1 1.
Carxot (Coni(e), lieutenant général du gé-
nie, ministre de l'intérieur. — (25 mars
18 15.) Ordres qui lui sont donnés pour la
reprise des travaux publics à Paris, 28.
— (26 mars. ) Il est chargé de présenter à
l'Empereur un projet de décret pour la
réorganisation de l'Université, 38. —
(27 mars.) La direction des gardes na-
tionales est remise dans les attributions
de son ministère; instructions générales
pour l'organisation de ces corps, 39, 40.
— (6 avril.) Réorganisation des muni-
cipalités et des gardes nationales de la
19« division militaire, 79. — (12 avril.)
Formation d'une commission pour exa-
miner la question des entrepôts et des
ports francs, 92, 93. — (14 avril.)
Instructions données au comte Carnot
pour l'administration de la Corse et l'or-
ganisation de quatre bataillons de chas-
seurs destinés à la défense de cette tie,
94, 95. — (20 avril.) Projet de décret
pour le renouvellement des municipali-
tés et des sous-préfets de l'Empire;
mode de nomination des nouveaux titu-
laires; même opération pour le rempla-
cement des commandants et officiers des
gardes nationales ; enquête sur les ad-
ministrations et régies; instructions spé-
ciales à donner aux commissaires ex-
traordinaires chargés de l'exécution de
ces ordres, 113, 114. — (22 avril.)
Décret pour la formation de deux ré-
giments de lanciers de garde nationale
dans les départements du Haut-Rhin et
du Bas-Rhin ; instructions pour le re-
crutement , l'équipement et la remonte
de ces corps, 118. — (24 avril.) Le
ministre de l'intérieur reçoit ordre de
faire fabriquer dans chaque départe-
ment une certaine quantité de piques
pour suppléer à l'insuffisance du nom-
bre de fusils et de faux, 129. —
(29 avril.) Ordres qui lui sont donnés
pour l'évaluation et le payement des in-
demnités dues aux communes et aux
particuliers victimes de l'invasion; mode
de liquidation de ces indemnités, 139,
140. — (10 mai.) Mutations indiquées
par l'Empereur dans le personnel des
préfets, 172. — (12 mai.) Répartition
de la levée des bataillons de garde na-
tionale d'après la population des dé-
parlements, 179, 180. — (21 mai.)
Autorisation accordée aux préfets d'or-
ganiser, comme en 1814, des compa-
310
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I".
gnies de réserve, 211. — V. 56, 57,
156, 202 et 222. —V. Corsb (Ile de).
Gardes nationales et Université.
Caroline. — V. Marie-Annunciade-Caro-
LINE.
Casalta, maréchal de camp. — (20 mai
1815.) Intention de l'Empereur de rem-
ployer dans la 23>' division militaire,
204.
Caulaincourt, duc de Vicence , général de
division, ministre des affaires étrangères.
— (28 mars 1815.) Instructions qui
lui sont données pour la publication
d'une histoire du congrès de Vienne, des
traités de Campo-Formio, Lunéville,
Amiens, Presbourg, Tiisit, et des affai-
res d'Espagne, avec les pièces originales
et les lettres à l'appui ; — il reçoit or-
dre de publier chaque jour dans le Mo-
niteur des articles destinés à éclairer l'o-
pinion publique sur les conflits d'intérêts
des diverses puissances européennes, 48,
49. — (3 avril.) Réclamations qu'il doit
adresser au gouvernement badois à cause
de son refus de laisser passer les cour-
riers diplomatiques; — envoi d'agents se-
crets auprès des puissances restées fidè-
les à la France pour leur faire connaître
les intentions et les bonnes dispositions
de l'Empereur à leur égard, 65, 66. —
(7 avril.) Intention de l'Empereur de
faire publier dans le Moniteur les docu-
ments relatifs aux rapports de la France
avec l'Angleterre , la Suisse et le roi de
Naples, 80, 81. -:-(]0 avril.) Ordre
d'envoyer un chargé d'affaires à Con-
stantinople et un ministre à Naples, 85.
— (15 avril.) Demande d'un rapport
sur la conduite du roi de Naples pen-
dant la campagne de 1814; note de
l'Empereur pour la rédaction de ce rap-
port, 98, 99. — (19 avril.) Envoi de
M. Baudus auprès du roi de Naples
après l'insuccès du mouvement offensif
de l'armée napolitaine en Italie ; instruc-
tions qui lui sont données, 112, 113.
— V. Murât.
Cavalerie. — V. Armée (^Organisation
de r).
Chabert, lieutenant général. — (17 avril
1815.) — Chargé du commandement
d'une division de gardes nationales du
Dauphiné attachée au 7'' corps; com-
position de cette division, 106.
Chalon-sur-Saône, chef-lieu d'arrondisse-
ment du département de Saône-et-Loire.
— (14 mars 1815.) Arrivée de l'Empe-
reur dans cette ville, 15. — (27 avril.)
Formation de l'artillerie de la garde na-
tionale , 144. — (pf mai.) Éloge du
patriotisme des habitants de cette ville,
151. — (22 mai.) Décret autorisant
la ville de Chalon-sur-Saône à placer
l'aigle de la Légion d'honneur dans ses
armes, 223. — V. Napoléon F"'.
Chambarlhac (Baron de) , lieutenant géné-
ral, 226.
Chambéry, chef-lieu du département du
Mont-Blanc. — (26 mars 1815.) Réu-
nion du 6" corps d'observation près de
cette ville pour couvrir les Alpes , 37.
Chambre des Pairs. — (13 mars 1815.)
Décret de dissolution de cette chambre ;
motifs de cette dissolution ,7,8. —
(22 avril.) Institution par Y Acte addi-
tionnel d'une nouvelle chambre des
Pairs : hérédité de la pairie; les Paifs
prennent séance à vingt et un ans et
ont vois délibérative à vingt-cinq ; invio-
labilité des Pairs pendant la durée des
sessions; compatibilité delà qualité de
Pair avec toutes fonctions publiques,
hors celles de comptables ; publicité des
séances; extension des pouvoirs de la
chambre des Pairs : droit d'amende-
ment; faculté d'inviter le gouvernement
à proposer des lois sur des objets déter-
minés ; pouvoir discrétionnaire attribué
à la chambre des Pairs pour caracté-
riser les délits commis par les ministres
et infliger la peine, 122 à 129. —
(19 mai.) L'Empereur charge le prince
Joseph de lui remettre une liste de cent
vingt personnes pour la composition de
la chambre des Pairs; pareille demande
est adressée aux ministres, au général
Bertrand et au comte de Montesquiou-
Fezensac, 201. — (7 juin.) Discours
de l'Empereur à la séance d'ouverture
des Chambres, 260, 261. — (8 juin.)
Demande d'un projet de message à la
chambre des Pairs pour annoncer l'ou-
verture prochaine des hostilités, 267,
268. — (II juin.) Adresse de la cham-
bre des Pairs ; réponse de l'Empereur
à celte adresse, 269, 270. — (I5juin. )
Le prince Joseph reçoit ordre de com-
muniquer à la chambre des Pairs un
rapport du duc de Vicence sur l'hosti-
lité des puissances coalisées contre la
France, elles tentatives vainement faites
pour arriver à des négociations, 286. —
TABLE ANALYTIQUE.
311
(21 juin.) Le prince Lucien porte un
message de l'Empereur à la chambre des
Pairs, 299. — V. Acte additionnkl.
Chambre des Représentants. — (13 mars
1815.) Décret de dissolution de la
chambre des Communes ; motifs de cette
dissolution, 7, 8. — (22 avril.) Con-
stitution par VActe additionnel de la
nouvelle chambre des Représentants :
élection directe ; conditions d'éligibilité :
la limite d'âge des candidats est fisée à
vingt-cinq ans au lieu de quarante;
suppression du cens électoral ; indem-
nité accordée aux représentants durant
les sessions ; — représentation spéciale
de l'industrie et de la propriété manu-
facturière et commerciale ; — renouvelle-
ment de droit et intégral de la chambre
des Représentants tous les cinq ans ;
extension des pouvoirs de cette Cham-
bre ; nomination du président par la
ChamI'.re ; droit d'amendement ; faculté
d'inviter le gouvernement à proposer des
lois sur des objets déterminés; droit
de prononcer la mise en accusation des
ministres ; aucun impôt direct ou indi-
rect ne peut être perçu , aucun emprunt ne
peut avoir lieu, aucun domaine de l'Etat
ne peut être aliéné, aucune levée d'hom-
mes ne peut être ordonnée , sans une
loi préalable ; vote annuel du budget ;
— inviolabilité des Représentants pen-
dant les sessions; publicité des séances,
122 à 129. — (30 avril.) Convocation
des députes à l'assemblée du Champ-de-
Mai, 142. — (7 juin.) Discours de
l'Empereur à la séance d'ouverture des
Chambres, 260, 261. — (8 juin.)
Demande d'un projet de message à
la chambre des Représentants pour
annoncer l'ouverture prochaine des hos-
tilités, 267, 268. — (11 juin.) Adresse
de la chambre des Représentants; ré-
ponse de l'Empereur à cette adresse,
270 à 272. — (15 juin.) Le prince
Joseph reçoit ordre de communiquer à
la chambre des Représentants un rapport
du duc de Vicence sur l'hostilité des
puissances coalisées contre la France,
et les tentatives vainement faites pour
arriver à des négociations , 286. —
(21 juin.) Message de l'Empereur à la
chambre des Représentants, 299. —
V. Acte additionnel, GHaMP-DE-Mfli et
Collèges électoraux.
Cbamp-db-Mai. — (13 mars 1815.) Con-
vocation des collèges électoraux, à Paris,
en Assemblée extraordinaire du Champ-
de-Mai, 8. — (30 avril.) Les disposi-
tions hostiles des puissances étrangères
décident l'Empereur à ne pas attendre
l'acceptation de VActe additionnel par le
peuple ; les collèges électoraux sont con-
voqués à bref délai pour l'élection des
députés, et les nouveaux élus sont ap-
pelés à l'assemblée du Champ-de-Mai,
141, 142. — (l'^r juin.) Assemblée
du Champ-de-Mai; discours de l'Em-
pereur aux électeurs des collèges de
département et d'arrondissement; l'Em-
pereur prête serment d'observer les con-
stitutions de l'Empire ; serment du prince
archichancelier répété par toute l'assem-
blée; discours que l'Empereur adresse
à la garde nationale et aux troupes de
terre et de mer, en leur confiant l'aigle
impériale, 246 à 248. — V. Acte ad-
ditionnel. Collèges électoraux et Napo-
léon I«f.
Chaftal, comte de Chanteloup, ministre
d'État, directeur général du commerce
et des manufactures. — (18 mai 1815.)
Propose à l'Empereur de remettre en
vigueur le décret de Milan sur les droits
des neutres ; observations de l'Empe-
reur sur le préjudice que l'application
de ce système causerait au commerce,
199, 200. — V. Commerce.
Charbonnier (Louis) , lieutenant général.
— (22 mai 1815.) Nommé comman-
dant d'armes à Givet, 217.
Chartrand, maréchal de camp. — (14 mai
1815.) Chargé du commandement d'une
brigade de la l""^ division de la jeune
Garde, 184.
Chastel (Baron) , lieutenant général , 24.
Chatuau - Thierry, chef- lieu d'arrondis-
sement du département de l'Aisne. —
(27 mars 1815.) Plan de défense de
cette ville, 41.
Chaunot , lieutenant d'infanterie de la
Garde, 6.
Chautard , capitaine de frégate , comman-
dant la flottille de l'île d'Elbe, 10.
Clarï, maréchal decamp de cavalerie, 287.
Clausel (Baron) , lieutenant général. —
(26 mars 1815.) Chargé du comman-
dement du 7*^ corps d'observation; in-
structions qui lui sont données; com-
position de ce corps, 37. — (27 mars.)
Ce général est chargé de réorganiser les
gardes nationales des IP et 21*^ divi-
312
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON 1er.
sions militaires, 39, 40. — (30 mars.)
Il reçoit ordre de marcher sur Bor-
deaux pour occuper cette ville, 53. —
(3 avril. ) Le corps d'armée placé sous les
ordres du général Clausel prend le nom
de Corps d'observation des Pyrénées ou
8e corps, 69, 70. — (22 mai.) Ce gé-
néral est chargé de concourir à la ré-
pression des troubles de la Vendée, 215.
— V. 49, 82, 225. — V. Bordeaux.
Clouet, colonel, chef d'élat-major du gé-
néral Bourmont. — (15 juin 1815.)
Déserte à l'ennemi; ordre de le mettre
en jugement, 289.
COLLÉfiES ÉLECTORAUX. — (13 mafs 1815.)
Convocation des collèges électoraux à
Paris en assemblée extraordinaire du
Champ-de-Mai, 8. — (22 avril.) Mode
de nomination et inamovibilité des prési-
dents des collèges électoraux, à partir de
1816; élection directe; conditions d'é-
ligibilité; représentation spéciale de
l'industrie et de la propriété manufactu-
rière et commerciale ; renouvellement
de droit et intégral de la Chambre tous
les cinq ans, 122 à 129. — (30 avril.)
Motifs qui déterminent l'Empereur à
faire procéder à l'élection des députés,
sans attendre l'acceptation de VActe ad-
ditionnel psir le peuple, 142. — V. Acte
ADDITIONXEL et ChAMBREDES REPRÉSENTANTS.
CoLLix DE SussY (Comte), ministre d'État,
premier président de la Cour des comptes,
20 et 92.
CoMDE, capitaine d'infanterie de la Garde, 6.
Comité de défense. — (20 avril 1815.)
Membres qui le composent; le comité
de défense reçoit ordre de s'occuper
d'abord de l'exécution des ouvrages de
campagne nécessaires sur les frontières
du Nord et du Rhin, ensuite de ceux de
la Somme et des Vosges, enfin de ceux du
Jura et des Alpes; il est chargé, en outre,
de remettre à l'Empereur une description
des frontières , des places fortes et des
inondations, 114. — V. Génie iiiLiTAiiiK.
CoMMKRGi;. — (18 mai 1815.) Proposition
du comte Chaptal de remettre en vi-
gueur le décret de Milan sur les droits
des neutres, si les Anglais renouvellent
leurs arrêts du Conseil de 1807 ; obser-
vations de l'Kmpereur sur le préjudice
que l'application de ce système occa-
sionnerait au commerce ; demande de
renseignements sur les stipulations des
traités de Paris et de Gand relatives au
droit maritime de l'Angleterre , et sur
le système appliqué par cette puissance
depuis la signature de ces traités, 199,
200. — V. Chaptal.
Commissaires extraordinsires. — (20 avril
1815.) Envoi de commissaires extraor-
dinaires dans les divisions militaires;
attributions qui leur sont confiées pour
le renouvellement des municipalités et
le remplacement des sous-préfets, des
commandants et officiers des gardes na-
tionales, des fonctionnaires et employés
des diverses administrations, 113, 114.
Condé-sur-l'Escalt, place forte et chef-
lieu de canlon du département du Nord.
— (27 avril 1815.) Approvisionnement
de guerre de cette place, 134.
Conseil d'État. — (26 mars 1815.)
Adresse du Conseil d'Etat : consécration
de la légitimité du gouvernement im-
périal par les votes du peuple ; illégalité
des actes qui se sont accomplis en pré-
sence des armées ennemies et sous la domi-
nation étrangère; l'Empereur, en remon-
tant sur le trône, en vertu du seul principe
de légitimité que la France ait reconnu,
rétablit le peuple dans ses droits; —
réponse de l'Empereur, 31 à 33.
Conseil municipal de Paris. — (26 mars
1815.) Réponse de l'Empereur à l'adresse
du Conseil municipal de Paris, 35.
CoxsTAXTixoPLE, Capitale de la Turquie. —
(10 avril 1815.) Le ministre des affaires
étrangères reçoit ordre d'envoyer un
chargé d'affaires à Constantinople, 85.
CoiiBiNEAU (Baron) , lieutenant général de
cavalerie , aide de camp de l'Empereur.
— (3 avril 1815.) Envoyé à Lyon pour
seconder le général Grouchy et com-
battre l'insurrection des Marseillais, 76.
— (21 mai.) Mission qui lui est donnée
dans la Vendée ; troupes placées sous
ses ordres pour combattre l'insurrection
des départements de l'Ouest, 211.
CoRNUEL, capitained'artilleriedelaGarde, 6.
Corps francs. — (22 arril 1815.) Décret
pour l'organisation des corps francs ;
mode de nomination des commandants;
conditions exigées des candidats; recru-
tement des corps francs; leur organisa-
tion ; leur armement et leur équipement ;
ordre de service des corps francs , en
cas d'envahissement du territoire; dis-
positions spéciales pour les prises :
sommes allouées par l'État pour les
prisonniers ennemis, suivant leur grade;
TABLE ANALYTIQUE.
313
répartition de ces sommes et profits,
d'après les principes de partage adoptés
pour les armements en course dans les
guerres maritimes, 116, 117. —
(l"' mai.) Faculté donnée aux généraux
commandants d'armée de confier la di-
rection des corps francs aux lieutenants
généraux commandants des ailes, aux
commandants des départements ou aux
commandants des places sur lesquelles
ces corps doivent s'appuyer, mais en
laissant à ces corps l'indépendance de
leurs mouvements, 150. — (25 mai.)
Mesures prises pour le casernement et
l'entretien du corps franc de Paris ; appel
des corps francs des 1''', 3", 4^, 5" et
16" divisions militaires; positions que
ces corps doivent occuper sur les fron-
tières du Nord et du Rhin, 229, 230.
— (9 juin.) Instructions spéciales pour
le service des corps francs des l'^'", 2",
1 0", 1 4", 1 5" et 1 6« divisions militaires,
268. — V. Davout et Napoléon I«'^
Corse (Ile de) , dans la Méditerranée. —
— (2 3 mars 1 8 1 5 . ) Rappel des troupes
françaises ; formation de quatre batail-
lons corses pour la garde de l'île ; in-
structions pour la croisière ; le général
de Launay est nommé gouverneur de la
Corse, 21 à 23. — (10 avril). Disso-
lution de la junte ; — le duc de Padoue
est envoyé en Corse avec des pouvoirs
extraordinaires ; instructions qui lui sont
données pour l'organisation de la garde
nationale, le remplacement des em-
ployés nommés par le roi , la formation
d'un bataillon corse destiné à la défense
de l'île d'KIbe, et la distribution de ré-
compenses aux habitants qui se sont
distingués- par leur patriotisme, 89. —
(14 avril). Instructions pour l'adminis-
tration et la défense de la Corse , 94.
— (12 mai.) Le duc de Padoue reçoit
ordre de diriger sur Toulon les régiments
qui sont dans l'île , et d'y joindre deux
bataillons de volontaires corses, 1 77. —
(20 mai.) Nouvelles mesures ordonnées
pour la défense de la Corse; concentra-
tion des ressources militaires à Ajaccio
et à Calvi ; armement de ces places ;
opinion de l'Empereur sur les autres
places de l'île ; projet d'organisation de
la gendarmerie ; recommandation de ne
pas négliger l'exportation des bois; uti-
lité de cette exportation pour le pays et
pour l'approvisionnement de la marine,
202 à 206. — (21 mai.) Projet d'in-
corporer 500 Corses dans la jeune
Garde et 300 dans la vieille Garde ,
209, 210. — V. Arrighi.
CoRsiN (Baron) , maréchal de camp , 86 ,
202.
CoRvisART .(Baron) , premier médecin de
l'Empereur, 29.
CosMAO Kerjulikv (Baron), contre-amiral,
83.
CoTTV, colonel d'artillerie, directeur gé-
néral des forges d'artillerie. — (15 avril
1815.) Chargé d'organiser de nouveaux
ateliers pour la fabrication des armes,
101.
Cour de cassation. — (26 mars 1815.)
Réponse de l'Empereur à l'adresse de la
Cour de cassation , 34.
Cour des comptes. — (26 mars 1815.)
Réponse de l'Empereur à l'adresse de
la Cour des comptes, 35.
Cour impériale de Paris. — (26 mars 1815.)
Réponse de l'Empereur à l'adresse de la
Cour impériale de Paris, 35.
CuMEO d'Orn'ano, colonel, commandant de
place à Antibes, 87.
Curelv (Baron), maréchal de camp, 251.
CuRiAL (Baron), lieutenant général, com-
mandant la 19'-' division militaire. —
(2 mai 1815.) Intention de l'Empereur
de lui confier la défense de Lyon, 153.
CuRTO (Baron), maréchal de camp, 111.
D
Dalesme (Baron) , lieutenant général. —
(10 avril 1815.) Nommé gouverneur de
l'île d'Elbe; instructions qui lui sont
données, 85. — V. 23, 94, 95. —
V. Elbe (Ile d').
Dambrav (Charles - Henry) , ancien garde
des sceaux, 107.
Dabricao (Baron), lieutenant général. —
(12 mai 1815.) Désigné pour comman-
der les tirailleurs de la garde nationale
de Paris (fédérés), 174.
David (Chevalier), membre de l'Institut,
premier peintre de l'Empereur, 29.
Davout, prince d'Eckmiihl, maréchal de
France. — (21 mars 1815.) Nommé
ministre de la guerre ; instructions qui
lui sont données pour la réorganisation
de la l'°<^ division militaire elles moave.
314
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I".
ments de troupes, 18, 19. — (23 mars.)
Ordre pour la fabrication des armes ; —
organisation militaire de la Corse, 23,
2-4. — (25 mars.) Formation d'un
équipage de 150 bouches à feu, 26. —
(26 mars.) Instructions pour l'organi-
sation de huit corps d'observation à Lille,
Va!enciennes,Mézières, Thionville, Stras-
bourg , Chambéry , Bayonne et Paris ;
composition de ces corps ; — création
d'un comité de défense du territoire, 36,
37. — (27 mars.) Ordres divers : mise
en état de défense des places de la Fère,
Soissons et Château-Thierry ; rappel des
militaires en semestre et en congés illi-
mités ; formation des 3*^^, 4** et 5"^* ba-
taillons; organisation de l'artillerie de
l'armée; impulsion donnée à la fabrica-
tion des armes ; armement des places
fortes ; travaux de défense de Lyon et de
Grenoble ; projet d'organisation de l'ar-
mée du Nord ; étude des positions de la
Moselle et du Rhin pour combiner les
opérations éventuelles des différents
corps, 41 à 44. — (29 mars.) Mesures
militaires pour la pacification des mou-
vements insurrectionnels du Midi ; —
instructions pour la remonte de la cava-
lerie, 48, 49. — (2 avril.) Ordre de
centraliser à Versailles toute l'opération
des remontes et de concentrer les ap-
provisionnements de guerre entre Paris
et la Loire ; instructions pour l'habille-
ment des corps ; formation de la 5^
et de la 7^ division de cavalerie; —
projet d'organisation du génie de l'ar-
mée ; — nouvel ordre d'accélérer la fa-
brication et la réparation des armes, 61
à 65. — (3 avril.) Composition des 6"^,
7^ et 8*^ corps; — formation de cinq
régiments étrangers ; — organisation de
la cavalerie légère, 68 à 72. — (8 avril.)
Ordres pour les mouvements de trou-
pes, 81 , 82. — (10 avril.) Appel de
100,000 gardes nationaux pour garder
les frontières ; mesures pour leur arme-
ment ; — organisation militaire de l'île
d'Elbe; — formation de trois comités de
défense des frontières des Vosges, du
Jura et des Alpes; — réorganisation de la
8** division militaire; — nomination des
commandants et officiers des gardes na-
tionales de la 16*' division militaire; —
mesures à prendre pour la rentrée sous
les drapeaux des anciens soldats de la
rive gauche du Rhin, de la Belgique et
d'Italie, 85 à 88. — (11 avril.) Instruc-
tions pour la défense des frontières ;
garnisons des places ; étude des posi-
tions stratégiques, passages de rivières,
lignes de canaux , débouchés de forets ;
système d'inondation dans le Nord ; em-
ploi des gardes nationales sédentaires
des 2e. 3e, 4e, 5«, 6» et 7^ divisions
militaires, 89 à 91. — (14 avril.) Or-
dre pour la formation de trois équipages
de pont et l'organisation du service des
pontonniers, 97. — (15 avril.) Instruc-
tions pour la remonte de la cavalerie;
— organisation de nouveaux ateliers
pour la fabrication des armes, 99 à 101.
— (18 avril.) Ordre de diriger sur les
corps d'armée les troupes disponibles
aux dépôts; — avis de la destitution de
plusieurs généraux, 108 à 111. —
(22 avril.) Décret pour l'organisation
des corps francs, 116, 117. — (27 avril.,)
Ordres divers : formation de magasins
pour l'armée à Avesnes, Guise, Laon et
Soissons ; envoi de compagnies d'équipa-
ges militaires à Laon pour le service des
vivres; organisation des ambulances des
jer^ ge gj 3e corps; approvisionnement
de guerre des places d'Avesnes , Mau-
beuge, Landrecies, Coudé, Valencien-
nes et Philippeville; travaux de dé-
fense de Maubeuge, Bavay, Beaumont
et des têtes de pont de la Sambre; re-
connaissance des positions militaires de
la frontière; positions que doivent occu-
per les 1*"", 2e, 3e et 4e corps; réunion
de ces corps en cas d'attaque de l'en-
nemi; projet d'organisation de l'artille-
rie de l'armée et du parc de réserve de
Vincennes; travaux de défense de Lyon
et de Langres ; armement de Sisterou et
d'Auxonne; organisation de l'artillerie
des 1er, ge, 3e, 6e corps, et des gardes
nationales de Dijon, Saint -Jean-de-
Losne, Chalon-sur-Saône, Mâcon, Tour-
nus et Villefranche , 132 à 137. —
(29 avril.) Demande d'un projet de dé-
cret pour l'envoi du duc de Trévise en
mission extraordinaire dans les dépar-
tements du Nord ; objet de cette mission,
138, 139. — (30 avril.) Intention de
l'Empereur de confier au prince d'Eck-
miihl, pendant la durée de la guerre,
outre le portefeuille de la guerre, le
gouvernement de Paris et le commande-
ment en chef des gardes nationales, des
levées en masse et des troupes de ligne
TABLE ANALYTIQUE.
réunies à Paris; instructions de l'Em-
pereur pour la défense de cette capitale :
organisation du personnel et du matériel
de l'artillerie; construction de redoutes
sur les hauteurs de Paris ; troupes pla-
cées sous les ordres du prince d'Eck-
miihl pour la défense de cette capitale;
— ordre de mettre Montbéliard en état
de défense et de faire armer Pierre -Châ-
tel, Salins, le passage des Echelles et le
fort de l'Ecluse ; même ordre pour Sis-
leron et Pont-Saint-Esprit : travaux de
défense des passages des Vosges et du
Jura, 142 à 147. — (l^r mai.) Or-
dres pour l'organisation et la mohilisa-
tion des gardes nationales ; formation
des régiments et des divisions de réserve ;
leur destination ; instructions pour l'or-
ganisation et le service de la levée en
masse, 147 à 153. — (2 mai.) Ordres
pour l'armement et les travaux de dé-
fense de Lyon, 153 à 155. — (3 mai.)
Instructions pour le service des vivres de
l'armée ; — projet de formation de qua-
tre armées de réserve : à Paris , Lyon ,
Bordeaux et Toulouse, 158 à 161. —
(9 mai.) Ordres pour l'évacuation des
places fortes par les troupes de ligne et
leur remplacement par les gardes natio-
nales; nouvelles mesures à prendre pour
fortifier les passages des Vosges et du
Jura, l'armement et l'approvisionnement
des places fortes ; — ordre pour le
payement de la solde des troupes, 163
à 169. — (12 mai.) Projet de décret
pour annuler l'ordonnance royale rela-
tive à la dotation et à l'administration
des Invalides et rétablir l'ancienne or-
ganisation; — emploi des officiers de
l'armée pour la formation des bataillons
de gardes nationales; — instructions
générales à donner aux lieutenants gé-
néraux commandant les divisions mili-
taires et aux généraux commandant les
gardes nationales ; — mesures à pren-
dre pour la défense du territoire; —
ordre de rendre aux régiments les nu-
méros qu'ils avaient en 1813 , 174 à
179. — (13 mai.) Intention de l'Em-
pereur de faire publier dans le Journal
de VEmpire le récit de ce qui se passa
après la bataille d'Austerlitz , lorsque
l'empereur Alexandre fut coupé par le
maréchal Davout, 180, 181. — (14mai.)
Organisation de l'artillerie et des ambu-
lances de la jeune et de la vieille Garde,
315
185. — (15 mai.) Décret pour la for-
mation de vingt-quatre bataillons de fé-
dérés à Paris; — ordres pour la mise
en état de défense des places de la
Somme et la reconnaissance des ponts
qu'il faudrait garder ou couper ; travaux
de défense de Laon , Saint-Quentin et
Reims; — remonte et équipement de la
cavalerie ; — instructions pour les lieu-
tenants généraux chargés de la défense
des frontières, 189 à 193. — (16 mai.)
Or Jre pour la formation d'hôpitaux dans
les places fortes et sur la ligne d'éva-
cuation de l'armée ; — instructions pour
le service des vivres de l'armée du Nord ;
— mouvements de troupes pour prolé-
ger la frontière du Rhin et celle de
Suisse, 193 à 197. — (20 mai.) Me-
sures à prendre pour la défense de la
Corse; — modifications à introduire dans
le Code pénal militaire conformément
aux dispositions de Y Acte additionnel,
202 à 205. — (22 mai.) Ordre de
fortifier et d'armer Dijon ; — formation
de l'armée de la Loire ; armement des
châteaux d'.Angers et de Saumur; —
ordre de mettre en état de défense les
forts Saint-Nicolas et Saint- Jean, à Mar-
seille; même ordre pour Monlreuil et
Dunkerque , 213 à 216. — (23 mai.)
Observations de l'Empereur sur l'ineié-
cntion des règles relatives aux dépenses
de la guerre ; ordre de ne jamais dispo-
ser d'un officier général sans l'approba-
tion de l'Empereur; plaintes sur le ser-
vice de la remonte, 223 à 225. —
(27 mai.) Ordre d'employer les officiers
de marine dans les places fortes ou à la
suite des parcs, 235. — (29 mai.)
Projet de décret pour l'appel de 80 à
90,000 hommes sur la classe de 1315,
240. — (3 juin.) Ordre de réunir la
Garde à Soissons, 253. — (5 juin.)
Organisation de l'artillerie destinée à la
défense de Paris, 255. — (9 juin.)
Instructions pour le service des corps
francs, 268. — V. 24 , 25 , 58, 78 ,
93, 103, 105, 116, 118, 129, 156,
162, 167, 209, 218, 235, 250, 272
et 276. — V. Armée {^Organisation de V)
et Napoléon I*"".
Decrès (Duc), vice-amiral , ministre de la
marine. — (23 mars 1815.) Reçoit
ordre de relarder le départ des expédi-
tions pour Terre-Neuve jusqu'à ce que
l'Angleterre se soit déclarée ; instructions
316
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I".
qui lui sont données pour les croisières,
21 , 22. — (27 mars.) Mesures qu'il
est chargé de prendre pour la défense
de Brest , Rochefort , Toulon et Cher-
bourg, 38. — (5 avril.) Il est chargé
d'ouvrir des négociations avec Saint-
Domingue et de renouveler le personnel
des agents de la Guadeloupe et de la
Martinique, 77. — (6 avril.) Il reçoit
ordre de mettre les îles Saint-Marcouf
en état de défense, 79. — (9 avril.)
Instructions qui lui sont données pour
le choix des commandants de la marine;
remplacement du préfet maritime de
Brest et du commandant de Dunkerque,
83. — (H avril.) Instructions pour
l'emploi des ressources de la marine;
ordre pour l'armement éventuel d'une
partie des escadres; emploi d'une partie
des officiers de vaisseau et d'artillerie
de marine à la défense des côtes et des
établissements maritimes, 98. — (17
avril.) Ordre de mettre en commission
une escadre de cinq vaisseaux et de trois
frégates , et d'envoyer des bâtiments
légers à Constantinople, Naples , Alger,
Tunis et Maroc, pour porter des nouvelles
deFranceauxagents diplomatiques, 105.
— (22 avril.) Intention de l'Empereur
d'employer le budget de la marine au
profit de l'armée de terre et de la dé-
fense de l'État; projet de décret pour la
formation de bataillons d'ouvriers de
marine pour la défense des ports , l'em-
ploi de l'artillerie de marine pour la
défense des frontières , et pour l'organi-
sation de quarante à soixante bataillons
d'équipages ; — rappel des instructions
données pour la Guadeloupe, la Marti-
nique et Saint-Domingue, 120, 121.
— (3 mai.) Plaintes de l'Empereur à
cause des retards apportés au recrute-
ment des marins et à l'organisation des
compagnies , bataillons et régiments des-
tinés à la défense du territoire, 161.
— (20 mai.) Ordre de ne pas négliger
les exportations de bois de la Corse :
utilité de ces exportations pour le pays
et pour l'approvisionnement de Toulon,
206. — (25 mai.) Préparation d un
plan de campagne pour les bâtiments
légers de la marine; révision des règle-
ments sur la course pour la répartition
des prises entre les officiers elles hommes
d'équipages. 228. — (30 mai.) Ordre
d'approvisionner l'ile d'Elbe, 243, 244.
— (3 juin.) Demande d'un rapport sur
les insultes faites à notre marine par les
Anglais et l'attaque de la frégate la
Melpomène sans qu'il y eût déclaration
de guerre, 254. — V. 21, 52, 138,
206 et 242. — V. Marixe françaisk.
Defermom (Comte), ministre d'Etal, prési-
dent de la section des finances au Con-
seil d'État. — (6 avril 1815.) Nommé
directeur de la caisse de l'extraordinaire
créée pour secourir les déparlements de
la Champagne, de la Lorraine et de
l'Alsace victimes de l'invasion ; instruc-
tions qui lui sont données , 80. —
V. Caisse du l'extraordinaire.
Dejeax (Jean-François- Aimé), comte, lieu-
tenant général , premier inspecteur gé-
néral du génie. — (26 mars 1815.)
Nommé président du comité de défense
du territoire; composition de ce comité,
ses attributions, 36, 37. — (2 mai.)
Somme mise à la disposition du général
Dejean pour l'exécution des travaux de
défense de Paris; instructions qui lui
sont données pour ces travaux, 157.
V. 86, 114. V. GÉME MILITAIRE.
Dejeax' (Pierre-François-Marie-Auguste) ,
baron, lieutenant général, aide de camp
de l'Empereur. — (24 avril 1815.)
Envoyé en mission dans les départe-
ments de l'Oise, de la Somme, du Pas-
de-Calais et du Nord , pour inspecter
les places fortes et les corps d'armée de
la frontière du Nord ; instructions qui
lui sontdonnées, 131, 132. — (7 juin.)
Nouvelle mission qui lui est confiée pour
l'inspection des places de la frontière
du Nord, 266.
Deladoude (Comte) , lieutenant général, —
(27 mars 1815.) Instructions qu'il re-
çoit pour la réorganisation des gardes
nationales des 9"^ et 10*^ divisions mili-
taires, 36, 40. — (12 mai.) Il est
chargé de former des colonnes mobiles
pour dissiper les bandes insurgées de
la Vendée, 177. — (15 mai.) Troupes
placées sous ses ordres pour pacifier la
Vendée, 190. — (17 mai.) Demande
d'un projet de décret lui attribuant les
pouvoirs de haute police dans la Vendée,
198, 199. — V. 214, 219, 221.
Delaître (Baron), préfet de Seine-et-Oise,
172.
Delapointe (Baron), maréchal de camp,
251.
Delort (Baron) , lieutenant généra! de ca-
TABLE ANALYTIQUE.
Valérie. — (20 juin 1815.) Prend part
à la balaiie de Ligny, 29 4.
Démons, lieulenantd'artiiieriede la Garde, 6.
Dknniée (Baron), intendant général , 36.
Denon (Baron), membre de l'Institut, di-
recteur général des musées, 29.
Dequeux, lieutenant d'infanterie delà Garde
impériale, 6.
DiiSBURiiAux (Baron), lieutenant général. —
(15 mai 1815.) Instructions qui lui sont
données pour la défense du département
du Bas-Rhin, 192.
Desmazis, auditeur au Conseil d'État, ad-
ministrateur des palais impériaux, 29.
Dessaix (Comte) , lieutenant général. —
(26 mars 1815.) Chargé du commande-
ment du 6"-" corps d'observation ; com-
position de ce corps , 37. — (27 mars.)
Instructions qu'il reçoit pour la réor-
ganisation des gardes nationales de la
19« division militaire, 39, 40. — (30
mars. ) Il est chargé d'occuper le pont
de la Drôme et d'arrêter les bandes insur-
gées de la Provence, 53. — V. 72, 103.
Dessoles (Comte), lieutenant générai, 111.
Deyeux , membre de l'Institut, premier
pharmacien de l'Empereur, 30.
Dijo.v, chef-lieu du département de la
Côte-d'Or. — (22 mai 1815.) Ordre
de fortifier et d'armer celte ville, 213.
DoMONT (Baron), lieutenant général de ca-
valerie. — (15juinl8]5.) Met en déroute
deux bataillons prussiens qui défendaient
le passage de la Sambre et leur fait
400 prisonniers, 287.
Drouet (Comte d'Erlon) , lieutenant géné-
ral. — (21 mars 1815.) Rétabli dans
le commandement de la 16« division mi-
litaire, à Lille, 19. — (26 mars. ) Chargé
du commandement du 1"'' corps d'obser-
vation ; composition de ce corps , 36.
— (27 avril.) Il reçoit ordre de porter
son quartier général à Valenciennes et de
réunir ses troupes entre Condé et Valen-
ciennes ; instructions qui lui sont don-
nées, 133. — (14juin.) Marche- du le""
corps sur Marchiennes et sur Thuin pour
s'emparer des passages de la Sambre ,
283. — (20 juin.) L'éloignement du
1'^'' corps compromet les résultats du com-
bat des Quatre-Bras; ce corps prend part
à la bataille de Mont-Saint-Jean, 294 à
297. — V. 43, 45 , 55 , 1 31 , 238. —
V. AiiHÉE (^Opérations de V) et Nev.
Drouot (Comte), lieutenant général d'artil-
lerie, aide de camp de l'Empereur, aide-
317
major de la Garde impériale. — (28 mars
1815.) Chargé de l'organisation de six
régiments de tirailleurs et de six régiments
de voltigeurs de la jeune Garde ; instruc-
tions qui lui sont données, 47, 48. —
(17 mai.) Il reçoit ordre de faire partir
les cadres de deux régiments de tirailleurs
de la jeune Garde pour Rouen et Amiens ;
instructions qui lui sont données pour
le recrutement et l'équipement de ces
deux régiments ; mesures générales qu'il
doit prendre pour le recrutement de la
Garde, 197, 198. — (30 mai.) Il re-
çoit ordre de préparer le départ de la
Garde pour l'armée ; effectif de l'infan-
terie et de la cavalerie ; organisation de
l'artillerie, 244. — V. 90, 222, 265,
266. — V. Armée [Organisation de t),
Gahde impériale et Napoléon pr.
Dubois (Baron) , chirurgien-accoucheur de
l'Impératrice, 30.
Dubois (Comte), conseiller d'État, 156.
DuFouR (Baron) , lieutenant général. —
(30 mars 1815.) Chargé du comman-
dement de la 5" division du 2* corps
d'observation, 55.
DuHnsMB (Comte) , lieutenant général. —
(3 juin 1815.) Chargé du commande-
ment de la ll'^ division de l'armée du
Nord, 250. — (7 juin.) Nommé com-
mandant de la l^e division de la jeune
Garde, 263.
DuLAULOY (Comte), lieutenant général d'ar-
tillerie. — (5 juin 1815.) Nommé
gouverneur de Lyon ; instructions qui lui
sont données pour activer les travaux
des fortifications, approvisionner la ville,
organiser et armer la garde nationale,
254, 255. — V. Génie militaire et
Lyon.
DuMONT (André). — (10 mai 1815.) Dé-
signé pour la préfecture du Pas-de-
Calais, 172.
Dumoulin, capitaine, officier d ordonnance
de l'Empereur. — (27 mars 1815.)
Mission politique qui lui est confiée dans
les départements de l'Ouest, 46.
Duxkerquk, port sur la Manche et chef-
lieu d'arrondissement du département
du Nord. — (9 avril 1815.) Rempla-
cement du commandant de la marine,
83.
Dupo.VT (Comte), lieutenant général, 111.
DiiRosxEL (Comte), lieutenant général,
commandant la garde nationale de Paris,
233.
318
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I^r.
E
Écluse (Fort de 1'), département de l'Ain.
— (30 avril 1815.) Travaux de défense
et armement de ce fort, 145.
Écoi.E DE MÉDECINE. — (5 juin 1815.)
Projet de former six compagnies d'ar-
tillerie composées de jeunes gens de
l'École de médecine, 255. — V. Paris.
École polytechnique. — (27 avril 1815.)
Chargée du service d'une partie des batte-
ries du parc de réserve de Vincennes
destinées à la défense de Paris , 135. —
(!•"' mai.) Ordre d'exercer les élèves de
cette Ecole à la manœuvre des pièces de
campagne, 146. — V. Artillerie et Paris.
Elbe (Ile d'), dans la Méditerranée. —
(23 mars 1815.) Relation de la marche
de l'Empereur de l'île d'Elbe à Paris ,
9 à 17. — (10 avril.) Envoi d'une fré-
gate à Porto-Ferrajo pour y prendre
Madame Mère ; — nomination du géné-
ral Dalesme au commandement de l'île;
— témoignage de satisfaction donné par
l'Empereur aux habitants de l'île d'Elbe ;
garnison de cette île; mesures ordon-
nées pour sa défense ; — armement de
Porto-Ferrajo, 85, 86. — (30 mai.)
Ordre d'approvisionner celte île, 243,
244. — V. Bertrand, Dalesme et Na-
poléon !«■■.
Elisa Napoléon, princesse, 95.
Esclavage. — (29 mars 1815.) Décret
pour la suppression de la traite des
noirs; peines édictées contre les con-
trevenants, 51.
EvAiN (Baron), maréchal de camp, 245.
Exelmans (Baron), lieutenant général de
cavalerie. — (16 juin 1815.) Le corps
de cavalerie commandé par ce général
fait partie de l'aile droite de l'armée et
prend part à la bataille de Ligny, 291 .'
— V. 25, 45, 288. — V. Armée
[Opérations de l').
Fédérés. — (14 mai 1815.) Adresse lue
à l'Empereur par les fédérés des fau-
bourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau ;
réponse de l'Empereur, 187, 188. —
(15 mai.) Décret pour la formation de
vingt-quatre bataillons de fédérés à
Paris ; composition de ces bataillons ;
leur organisation en régiments et en
brigades ; un lieutenant général et six
maréchaux de camp doivent être chargés
de l'inspection et du commandement de
ce corps; choix des colonels, lieute-
nants-colonels et officiers parmi les of-
ficiers en activité; ordre de désigner
d'avance à chaque brigade les hauteurs
et fortifications qu'elle aura à défendre ;
armement et équipement de ce corps,
189, 190. — (3 juin.) Ordre donné
au duc d'Albufera et au maréchal
Brune d'organiser la fédération dans les
villes du Midi, 249. — V. Darricau,
Napoléon l*^"" et Paris.
Fère (La) , chef-lieu de canton du dépar-
tement de l'Aisne. — (27 mars 1815.)
Le ministre de la guerre reçoit ordre de
présenter à l'Empereur un plan de dé-
fense de cette place et d'y établir des
ateliers pour la réparation des armes,
41 à 43.
Ferrier, directeur général des douanes, 92.
Finances. — (27 mars 1815.) Réorgani-
sation du personnel des finances, 39.
— V. Gaudin.
Flahault (Comte de), lieutenant général,
aide de camp de l'Empereur, 169, 257.
Fontaine , membre de l'Institut , premier
aichitecte de l'Empereur. — (26 mars
1815.) Instructions qui lui sont don-
nées pour les travaux du Louvre, 38.
Fontainebleau, chef-lieu d'arrondissement
du département de Seine-et-Marne. —
(20 mars 1815.) Arrivée de l'Empe-
reur dans cette ville, 1 5.
FoucHÉ, duc d'Otrante, ministre de la po-
lice générale. — (21 mars 1815.)
Reçoit ordre de surveiller les princes de
la famille des Bourbons, 17, 18. —
(11 mai.) Chargé de remettre à l'Em-
pereur un rapport sur les affaires Man-
breuil et Brusiart , 172, 173. —
(17 mai.) Mesures qu'il doit prendre
pour la sûreté publique dans la 9* divi-
sion militaire, 198, 199. — (20 mai.)
Instructions qui lui sont données pour
la répression des troubles de l'Ouest,
206. — V. 51, 184, 193, 201.
FouRNiER (Baron), lieutenant général,
202.
François 1*='' , empereur d'Autriche. —
(1er avril 1815.) L'Empereur lui an-
TABLE ANALYTIQUE.
nonce sa rentrée à Paris et le prie de
hâter le retour de l'Impératrice et du
Roi de Rome, 60, 61.
Frère (Comte) , lieutenant général, 237.
Fresia (Baron), lieutenant général, 251.
Fressinet, maréchal de camp, 24.
Friaxt (Comte), lieutenant général, com-
319
pied de la
mandant les grenadiers
Garde, 182.
Fririon (Baron), lieutenant général, chargé
du commandement des dépôts de la
l""^ division militaire. — (12 mai 1815.)
Reçoit ordre d'activer l'organisation des
ses, 4es et 5«s bataillons, 179.
G
Galeazzim, commissaire général à l'île
d'Elbe. — (25 mars 1815.) Nommé
préfet du département de Maine-et-
Loire ; instructions qui lui sont don-
nées, 28.
Gamot, préfet de l'Yonne, 15.
Ganteaume (Comte), vice-amiral, gou-
verneur de Toulon, 23.
Gap, chef-lieu du département des Hautes-
Alpes. — (6 mars 1815.) Arrivée de
l'Empereur à Gap; proclamation adres-
sée aux habitants des Hautes et Basses-
Alpes, 6.
Garde impériale. — (l^"" mars 1815.)
Proclamation de la Garde à l'armée, 4
à 6. — (21 mars.) Remise des aigles à
la Garde, 17. — (28 mars.) Création
de six régiments de tirailleurs et de six
régiments de voltigeurs de la jeune
Garde ; le général Drouot est chargé de
leur organisation, 47, 48. — (12 mai.)
Formation de quatre nouveaux régi-
ments de la Garde, 178. — (14 mai.)
Départ de la 1'"'' division de la jeune
Garde pour Compiègne ; — formation
des ambulances de la jeune et de la
vieille Garde, 185. — (17 mai.) Envoi
de cadres de tirailleurs de la jeune
Garde à Rouen et à Amiens, mesures
à prendre pour le recrutement et l'ha-
billement de ces régiments ; instructions
générales pour faciliter le recrutement
de la Garde, 197, 198. — (21 mai.)
Intention de l'Empereur d'incorporer
500 Corses dans la jeune Garde et 300
dans la vieille Garde, 209, 210. —
(22 mai.) Envoi de deux régiments de
la jeune Garde dans la Vendée, 220. —
(30 mai.) Le général Drouot reçoit
ordre de préparer le départ de la Garde
pour l'armée ; effectif de l'infanterie et
de la cavalerie ; organisation de l'artil-
lerie, 244. — (7 juin.) Le duc de
Trévise est chargé du commandement
de la cavalerie de la Garde; le général
Duhesme est nommé commandant de
la pe division de la jeune Garde, 263.
— (13 juin.) Ordre du jour indiquant
les positions que les différents corps
de la Garde doivent occuper autour de
Ikaumont, 277 à 279. — (14 juin.)
Marche de la Garde sur Charleroi;
ordre de mouvement des différents
corps, 281 à 286. — (15 juin.) Les
escadrons de service de la Garde mettent
en déroute trois régiments prussiens et
leur font 1,500 prisonniers, 288. —
(16 juin.) La Garde forme la réserve
de l'armée ; elle est placée entre l'aile
droite (Grouchy) et l'aile gauche (Ney)
pour se porter sur l'une ou l'autre, selon
les circonstances, 290. — (20 juin.)
Position occupée par la Garde à la ba-
taille de Ligny; la prise du village de
Ligny par la Garde assure le succès de la
bataille ; la Garde à la bataille de Mont-
Saint-Jean, 293 à 299. — V. Armée
(Organisation de l'), Drouot et Napo-
léon I"^"*.
Gardes nationales. — (27 mars 1815.)
La direction des gardes nationales est
replacée dans les attributions du minis-
tère de l'intérieur ; instructions généra-
les pour la réorganisation des gardes
nationales ; faculté donnée aux comman-
dants des divisions militaires de faire
tous les changements d'officiers qu'ils
croiront utiles ; — ordre de remplacer
toutes les garnisons des places fortes par
les gardes nationales, 39 à 43. —
(3 avril.) Projet de décret pour l'orga-
nisation des gardes nationales; bases de
cette organisation : mode de recrute-
ment; nomination des officiers; habille-
ment et armement ; mise en activité de
la garde nationale des places fortes ; in-
structions spéciales pour les gardes na-
tionales du département du Nord, 72 à
75. — (6 avril.) Réorganisation des
gardes nationales de la 19e division mi-
litaire en y incorporant le dixième de la
population, 79. — (10 avril.) Appel
320
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I«'.
de 100,000 gardes nationaai pour gar-
der les frontières; mesures à prendre
pour leur armement, 85. — Le général
Sebasliani est chargé de l'organisation
des gardes nationales de la 16'' division
militaire; instructions qui lui sont don-
nées ; généraux et ofQciers places sous
ses ordres pour cette organisation, 87.
(16 avril.) Allocution de l'Empereur à
la garde nationale, 102, 10-3. —
(17 avril.) Organisation des gardes na-
tionales du Dauphiiié; une division com-
posée de seize bataillons de grenadiers
ou chasseurs est attachée au 7^ corps;
les autres bataillons reçoivent ordre
d'occuper Grenoble, Briançon et les au-
tres places de la frontière, 106, 107. —
(20 avril.) Projet de décret pour le re-
nouvellement de tous les officiers et
commandants des gardes nationales de
l'Empire; mode de nomination des nou-
veaux officiers, 114. — (22 avril.) Dé-
cret pour la formation de deux régi-
ments de lanciers de gardes nationales
dans les départements du Haut-Rhin et
du Bas-Rhin; mesures ordonnées pour
la formation de pareils corps dans les
2e, S", 4«, 6«, 7e et lO^ divisions mi-
litaires; instructions pour l'équipement
et la remonte de ces corps, 118. —
(27 avril.) Ordre pour l'organisation des
gardes nationales de la 2" division; leur
destination; leur équipement ; formation
de l'artillerie des gardes nationales de
Dijon , Chalon-sur-Saône , Saint-Jean-
de-Losne, Tournus et Villefranche; en-
voi de maréchaux de camp et d'officiers
dans la 18^ division militaire pour
commander les gardes nationales séden-
taires, 134, 136. — (30 avril.) Divi-
sions de gardes nationales attachées aux
armées du Nord , de la Moselle , du
Rhin et des Alpes pour aider aux opéra-
tions militaires; — intention de l'Em-
pereur de donner au prince d'Eckmûhl
le commandement des gardes nationales
réunits à Paris ; — la défense du Jura
est confiée aux gardes nationales des
6", 18" et 19" divisions militaires, 143.
— (l^r mai.) Ordre pour la répartition
des bataillons de gardes nationales entre
les diverses armées ; formation de régi-
ments et de divisions de gardes natio-
nales ; effectif des bataillons destinés au
service des places, 147 à 150. —
(2 mai.) Instructions pour le choix des
officiers de la garde nationale de Paris,
156. — (9 mai.) Les commandants
d'armée reçoivent ordre de retirer toutes
les troupes de ligne des places fortes et
de les remplacer par les gardes natio-
nales, 163 à 165. — (12 mai.) Em-
ploi des officiers de l'armée pour la
formation des bataillons de gardes natio-
nales ; organisation de vingt-quatre ba-
taillons à Paris; projet de formation de
douze bataillons pour la défense de
Lyon ; — ordre de répartir la levée des
trois mille bataillons de gardes nationa-
les d'après la population des départe-
ments, 174 à 181. — (22 mai.) Dé-
sarmement et réorganisation de la garde
nationale de Marseille, 218. — (6 juin.)
Formation d'un camp de gardes natio-
nales entre Genève et Lyon pour cou-
vrir celte dernière ville et menacer la
Suisse, 257. — V. Carnot et DavouV.
GauDiN, duc de Gaëte, ministre des finan-
ces. — (27 mars 1815.) Chargé de
réorganiser le personnel des finances ,
39. — (31 mars.) Il reçoit ordre de
présenter à l'Empereur un rapport sur
la situation financière, 59. — (3 avril.)
Instructions qui lui sont données pour
le règlement du budget et la vente des
biens nationaux; — il est chargé de
présenter à l'Empereur un travail géné-
ral sur les biens de la famille des Bour-
bons pour régler les dettes des différen-
tes branches de cette famille, 66 à 68.
— V. 97, 104.
GauTHERiN (Baron), maréchal de camp,
251.
Gauthier, maréchal de camp, 182.
Gazan i)k la Peyrièbe (Comte), lieutenant
général. — Chargé du commandement
du département de la Somme ; instruc-
tions qui lui sont données pour la dé-
fense d'Abbeville, Amiens, Péronne ,
Ham et Saint-Quentin, 257.
Gendarmerie. — (15 mai 1815.) Envoi de
gendarmes d'élite dans la Vendée, 190.
— (20 mai.) Projet d'organisation de
la gendarmerie de la 23" division mili-
taire (Corse), 204. — (22 mai.) For-
mation de trois escadrons et quatre
bataillons de gendarmerie dans les dé-
parlements de l'Ouest, 214, 215. —
(3 juin.) Organisation de la gendarme-
riedel'armée du Nord, 252. — (14juin.)
Un détachement de gendarmes est mis à
la disposition du vaguemestre général
TABLE ANALYTIQUE.
321
de l'armée du Nord pour l'exécution des
mesures d'ordre, 286.
GÉNIE MILITAIRE. — (27 mars 1815.) Plan
de défense de la Fère, Soissons et Châ-
teau-Thierry ; travaux de défense de
Lyon et de Grenoble, 41 à 45. —
(2 avril.) Projet d'organisation du génie
de l'armée, 65. — (11 avril.) Forma-
tion de trois commissions pour la dé-
fense des frontières ; étude des positions
importantes : passages de rivières, ligne
de canaux , débouchés de forêts , etc. ;
établissement de fortifications de campa-
gne ; système d'inondation dans le Nord,
89, 90. — (20 avril.) Formation du
comité de défense du territoire ; ordre
des travaux de ce comité : il doit s'oc-
cuper d'abord des ouvrages de campagne
des frontières du \ord et du Rhin, en-
suite de ceux de la Somme et des Vos-
ges, enfin de ceux du Jura et des Alpes ;
il est chargé en outre de remettre à
l'Empereur une description des frontiè-
res, des places fortes et des inondations,
115. — (27 avril.) Travaux de défense
du camp retranché de Maubeuge ; or-
dres pour les travaux de défense de
Lyon, de Langres, d'Auxonne et des
ponts de la Saône, 136, 137. —
(1*"' mai.) Les généraux Haxo et Ro-
gniat reçoivent ordre de tracer des re-
doutes sur les hauteurs de Montmartre,
Ménilmoutaot, Belleville, et de recon-
naître les autres positions à fortifier pour
compléter la défense de Paris, 152, 153.
— (2 mai.) Ressources mises à la dis-
position du génie pour l'exécution immé-
diate des travaux de défense de Paris et
des environs, 157. — (15 mai.) Le
général Rogniat est chargé de l'inspec-
tion des places de la Somme et de la
reconnaissance des ponts ; ordres pour
les travaux de défense de Saint-Quentin,
Laon et Reims, 190. — (20 mai.) Pro-
jet de construction d'ouvrages de dé-
fense sur les hauteurs d'Ajaccio; — nou-
veaux ordres pour les travaux de défense
de Lyon, 203, 207. — (22 mai.) Or-
dre d'attacher à l'état-major général de
l'armée six ingénieurs des ponts et
chaussées qui connaissent toutes les rou-
tes et localités de la Belgique et de la
rive gauche du Rhin, 221. — (30 mai.)
Ordre de disposer les plates-formes des
ouvrages destinés à la défense de Paris,
de telle sorte qu'ils puissent recevoir sur
chaque face douze ou quinze pièces de
canon, 245. — (7 juin.) Importance
de la position de Saint-Denis pour la
défense de Paris; ordre de numéroter
et d'armer toutes les flèches placées en
avant du canal ; fortifications de la rive
gauche, 262. — (14 juin.) Les troupes
du génie commandées par les généraux
Rogniat et Haxo suivent le mouvement
de l'armée sur Charleroi; instructions
qui leur sont données pour les travaux de
passage de rivières, les fortifications des
tètes de pont et l'ouverture des commu-
nications de l'armée, 284. ^V. Dejean
et Rogniat.
Georges IV, prince régent d'Angleterre. —
(14 juillet 1815.) L'Empereur annonce
à ce prince qu'il vient se mettre sous la
protection des lois britanniques, 301.
— (4 août.) Protestation de l'Empe-
reur contre la conduite du gouverne-
ment anglais, 301, 302.
Gérard (Baron) , lieutenant général. —
(26 mars 1815.) Chargé du comman-
dement du 4*^ corps d'observation ; com-
position de ce corps, 37. — (27 mars.)
Instructions données au général Gérard
pour la réorganisation des gardes natio-
nales des 3" et 4'" divisions militaires,
39, 40. — (2 avril.) Organisation de
la cavalerie du 4«' corps, 64. — (9mai. )
Le général Gérard reçoit ordre de faire
évacuer par ses troupes toutes les
places fortes, en y laissant pour garni-
son les gardes nationales et l'artillerie
nécessaires, et d'assurer ses moyens de
communication avec le général Rapp,
164. — (14 juin.) Marche du 4« corps
sur Charleroi, 284. — (16 juin.) Ce
corps fait partie de l'aile droite de l'ar-
mée et prend part à la bataille de Li-
gny, 291 à 294. — V. Armée {Opéra-
tions de l').
Girard (Baron) , lieutenant général. —
(30 mars 1815.) Nommé commandant
de la 2'* division de cuirassiers, 57. —
(3 avril.) Chargé du commandement de
la 18'' division d'infanterie; composi-
tion de cette division, 68. — (3 juin.)
Nommé commandant de la 7"^ division
de l'armée du Nord, 250. — (20 juin.)
Le général Girard à la bataille de Li-
gny ; éloge de sa bravoure, 293, 294.
— V. 76, 104, 106.
Girardin (Alexandre-Louis-Robert, comte
de), lieutenant généra! 4e cavalerie, 251 .
21
322
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I".
GiRARDiv (Cécile-Stanislas-Xavier, comte de) ,
préfet de la Seine-Inférieure. — (18 mai
1815.) Intention de l'Empereur de Je
rappeler auprèsdu prince Joseph, comme
premier ccuj'er, 172.
Grenoble, chef-lieu du département de l'I-
sère. — (9 mars 1815.) Arrivée de
l'Empereur dans cette ville; proclama-
tion aux habitants de l'Isère, 6, 7. —
(27 mars.) Travaux de défense de Gre-
noble, 44. — (2 mai.) Armement de
cette place, 156. — V. 13, 64.
Grouchy (Comte), lieutenant général de ca-
valerie. — (30 mars 1815.) Chargé du
commandement supérieur de la T^ et de
la 19^ division militaire; instructions
qui lui sont données, 59. — (8 avril.)
Nommé commandant du corps d'obser-
vation des Alpes; composition de ce
corps, 81. — (11 avril.) Chargé de
faire embarquer le duc d'Angouléme à
Cette et d'exiger de lui la promesse de
restituer les diamants de la couronne ,
91. — (16 avril.) Il reçoit ordre de
porter son quartier général à Chambéry,
104. — (17 avril.) Le général Grou-
chy est nommé maréchal de France ;
instructions qui lui sont données pour
les opérations du 7^ corps, 107. —
(26 avril.) Il est remplacé dans son
commandement par le duc d'Albufera
et rappelé à Paris, 132. — (3 juin.)
Nommé commandant en chef de la cava-
lerie de l'armée du Nord ; composition
de son état-major; il reçoit ordre de se
rendre à Laon pour y passer la revue de
ses troupes et pourvoir à leur organisa-
tion, 251. — (14 juin.) Alarche de
l'armée sur Charleroi; ordre de mouve-
ment de la cavalerie, 283. — (20juin.)
Le maréchal Grouchy est chargé du
commandement de l'aile droite de l'ar-
mée, composée des 3* et 4'^ corps d'in-
fanterie, et du 3" corps de cavalerie;
bataille de Ligny livrée aux Prussiens
par l'aile droite et le centre de l'armée
française; résultats de cette bataille;
pertes de l'ennemi ; — l'Empereur
compte sur l'arrivée du corps du maré-
chal Grouchy à Mont-Saint-Jean pour
obtenir un succès décisif, 293 à 299.
— V. 72, 86, 106, 262. —V. Armée
{Opérations de t) et Napoléon \".
GnuvER, maréchal de camp, 250.
Guadeloupe (La), île d'Amérique, une des
Antilles françaises. — (5 avril 1815.)
Le ministre de la marine reçoit ordre de
renouveler le personnel des agents dei
cette colonie, 77. — V. Dec/iès.
GuDLM (Comte), lieutenant général, 181.
Guillaume-Frédéric , duc de Brunswick-
OEls. — (20 juin 1815.) Tué à la ba-
taille de Ligny, 294.
GuiLLEMiN'OT (Comtc), lieutenant général. —
(3 juin 1815.) Attaché au quartier gé-
néral de l'armée du Nord, 250.
Guise, chef-lieu de canton du département
de l'Aisne. — (27 avril 1815.) Appro-
visionnement de guerre de cette place,
134. — V. Artillerie (des places).
GuYOT (Comte), lieutenant général, com-
mandant les grenadiers à cheval de la
Garde impériale, 25.
H
HasTREL (Baron d'), lieutenant général ,
178.
Haxo (Baron) , lieutenant général du génie.
— (1*"^ mai 1815.) Chargé de tracer
les ouvrages de défense des hauteurs
de Montmartre, Ménilmontant et Belle-
ville , et de reconnaître les autres po-
sitions à fortifier pour compléter la
défense de Paris, 152, 153. —
(14 juin.) Le général Haxo est- atta-
ché à l'armée du Nord ; troupes pla-
cées sous ses ordres pour les travaux
de passage des rivières , les fortifications
des léles de pont et l'ouverture des
communications , 284. — V. Gé.me
MILITAIRE.
Henry (Baron), maréchal de camp. —
(6 juin 1815.) Nommé commandant de
la garde nationale de Lille, 259.
HniBERT DE Flégny (Baron), 102.
Hogexdorp (Comte), lieutenant général,
aide de camp de l'Empereur. — (22 mai
1815.) Nommé gouverneur du château
de Nantes, 214.
Hortense-Eugénie, reine, 105.
Hulin (Comte), lieutenant général, com-
mandant la l"' division militaire, 231.
— V. DavouT et Paris.
TABLE ANALYTIQUE.
323
I
Impôts. — (22 avril 1815.) Dispositions
de l'Acte additionnel pour les lois d'im-
pôt, 126. — V. Acte additiov.vkl.
Industrie. — (22 avril 1815.) Représen-
tation spéciale de l'industrie et de la
propriété manufacturière et commerciale
à la chambre des Représentants; mode
d'élection de ces Représentants, 126.
V. ACTB ADDITIONNEL.
Insurrection nationale. — V. Levée en masse.
Invalides. — (12 mai 1815.) Intention
de l'Empereur d'annuler l'ordonnance
royale relative à la dotation et à l'ad-
ministration des Invalides, et de rétablir
l'ancienne organisation, 174. -^— (27
mai.) Ordre de former aux Invalides
quatre compagnies d'artillerie pour la
défense de Paris, 234.
Jeannet, maréchal de camp, 250.
Jerhan'owski (Baron), major des chevau-
légers de la Garde, 6.
Jérôme Napoléon, roi. — (3 juin 1815.)
Reçoit ordre de se rendre à l'armée du
Nord et d'y prendre le commandement
de la 6" division, 250. — (5 juin.)
Décret relatif aux aides de camp et à
l'écuyer de ce prince, 256. — (15
juin.) La division du roi Jérôme con-
court à la défaite des Prussiens à l'en-
trée du bois de Montigny-le-Tilleul et
les poursuit sur la route de Bruxelles;
pertes de l'ennemi, 288. — (20 juin. )
Cette division prend part au combat des
Quatre-Bras ; — bataille de Mont-Saint-
Jean : le roi Jérôme se porte sur le
bois de Goumont, occupé par les An-
glais et les Hanovriens , et s'en empare,
295. — V. 262, 298. — V. Armée
(Opérations de l').
JoACBiM Murât, roi des Deux-Siciles. —
(30 mars 1815.) L'Empereur l'informe
de son retour à Paris, 52. — (10 avril.)
Envoi d'un ambassadeur à Naples; me-
sures à prendre pour informer le roi de
Naples de l'heureux état des affaires eu
France, 85. — (15 avril.) Le ministre
des affaires étrangères reçoit ordre de
rédiger un rapport sur la conduite du
roi de Naples pendant la campagne de
1814; note de l'Empereur à ce sujet :
ses griefs contre le roi de Naples ; re-
commandation de le favoriser en parlant
du congrès, et de relever l'injustice de
la conduite de l'Angleterre et de l'Au-
triche envers ce prince, 98, 99. —
(19 avril.) M. Baudus est envoyé au-
près du roi de Naples après l'insuccès
du mouvement offensif de l'armée napo-
litaine en Italie; il est chargé de l'en-
gager à fixer pendant quelque temps sa
résidence entre Grenoble et Sisteron ,
jusqu'à ce que les circonstances lui
permettent de venir à Paris, 112, 113.
— V. Caulaincourt et Napoléon I^"".
Joseph Napoléon, roi, grand électeur. —
(22 avril 1815.) Reçoit communication
du projet de constitution, avec autori-
sation d'y consigner ses observations ._
121. — (19 mai.) Chargé de remettre
à l'Empereur une liste de cent vingt
personnes pour la composition de la
chambre des Pairs, 201. — (2 juin.)
Le roi Joseph est autorisé à prendre
séance à la chambre des Pairs, en qualité
de prince français, 248. — (11 juin.)
Il est chargé de la présidence du con-
seil des ministres pendant l'absence de
l'Empereur, 273. — (14 juin.) Nou-
velles de l'armée, 280. — (15 juin.)
Le roi Joseph reçoit ordre de commu-
niquer aux Chambres un rapport du duc
de Vicence sur l'hostilité des puissances
coalisées contre la France, et les tenta-
tives vainement faites pour arriver à des
négociations; — nouvelles de l'armée
qui lui sont adressées ; avis du passage
de la Sambre et de la défaite de quatre
régiments prussiens , 286 , 287. —
V. Napoléon V^.
JouAN (Golfe), dans la Méditerranée, sur la
côte sud-est du département du Var. —
(l*"" mars 1815.) Débarquement de
l'Empereur au golfe Jouan ; proclama-
tions adressées au peuple français et à
l'armée, 1 à 7.
21.
324
CORRESPONDANCE DE NAPOLÉON I«r.
K
Kellëbmann, duc de Valmy, maréchal de
France. — (10 avril 1815.) Intention
de l'Empereur de le rayer de la liste
des maréchaux; demande de renseigne-
ments sur sa position de fortune pour
lui accorder une pension de retraite ,
88.
Kellermanm, comte de Valmy, lieutenant
général de cavalerie. — (7 juin 1815.)
Chargé du commandement d'un corps
de cavalerie à l'armée du Nord , 262.
— (16 juin.) Ce corps fait partie de
l'aile gauche de l'armée, sous les ordres
du prince de la Moskova, 292. — (20
juin.) Il prend part à la bataille de
Mont-Saint-Jean, 296, 297. — V. Ar-
mée (Opérations de /').
Klei\ (Comte), lieutenant général, 181.
Koutousof-Smolenskoi (Michel), feld-maié-
chal de l'année russe, 181, 182.
Labédoyèrk , colonel du 7^ de ligne. —
(7 mars 1815.) Quitte la division de Gre-
noble pour se porter à la rencontre de
l'Empereur; il réunit son régiment aux
troupes impériales, 13. — (16 juin.)
Nommé maréchal de camp et aide de
camp de l'Empereur ; — chargé de por-
ter les ordres de l'Empereur au maré-
chal Grouchy , avant la bataille de Li-
gny, 291.
LjEtitia. — V. Marie-L^titia.
Lagrange (Comte), lieutenant général, 251.
Lahoussave (Baron de), lieutenant générai,
251.
Lamahque (Comte), lieutenant général. —
(22 mai 1815.) Nommé commandant
en chef de l'armée de la Loire ; forma-
tion de cette armée, 214, 215. — (27
mai.) Pouvoirs exceptionnels confiés à
ce général pour le remplacement des
fonctionnaires, employés et officiers des
gardes nationales de l'Ouest, 236.
Lameth (Alexandre, baron de). — (15
avril 1815.) Nommé préfet de la
Somme; chargé de l'organisation des
gardes nationales de ce département,
102. — (10 mai.) Intention de l'Em-
pereur de l'appeler au Conseil d'Etat,
172.
Lamourette , capitaine d'infanterie de la
Garde impériale, 6.
Landrecies, place forte et chef-lieu de
canton du déparlement du Nord. —
(27 avril 1815.) Approvisionnement de
guerre de cette place, 1 34.
Langbes , chef-lieu d'arrondissement du
département de la Haute-Marne. —
(20 avril 1815.) Ordre d'armer, de for-
tifier et d'approvisionner cette place, 115.
I.ANouE , lieutenant ^a''''"^"^ ^^ '^
Garde, 6.
Laon , chef-lieu du département de l'Aisne.
— (27 avril 1815.) Formation dans
cette ville de magasins pour l'armée ;
envoi de six compagnies d'équipages
militaires pour le service des vivres,
134. — (15 mai.)Le génie du 6® corps
est chargé de mettre cette place en état
de défense, 190.
Lapi, général de brigade, à l'île d'Elbe.
— (10 avril 1815.) Placé sous les or-
dres du général Dalesme; éloge de sa
conduite, 85.
Lapoïpe (Comte de) , lieutenant général ,
gouverneur de la 16" division militaire.
— (22 mai 1815.) Reçoit ordre d'orga-
niser la garde nationale de Lille, 222.
Lasalcette (Baron), lieutenant général.
— (27 mars 1815.) Instructions qu'il
reçoit pour l'organisation des gardes na-
tionales de la 7" division militaire, 39,
40. — (30 mars.) Il est chargé de dé-
fendre le Dauphiné contre les insurgés
de la Provence; troupes placées sous
son commandement, 53. — (3 avril.)
Il reçoit ordre de manœuvrer pour ga-
rantir Lyon, 72.
Launav (Baron de), maréchal de camp. —
(23 mars 1815.) Nommé gouverneur
de la Corse, 23.
Lauriston (Law, comte de), lieutenant gé-
néral, 58.
Lebru\, prince, duc de Plaisance. — (15
mai 1815.) Paroles bienveillantes de
l'Empereur en rendant au duc de Plai-
sance le litre d'architrésorier, 193.
Lebrux (Charles) , duc de Plaisance, lieu-
tenant général. — (2l» mars 1815.)
Chargé provisoirement du commande-
ment du 3^ corps d'observation ; com-
position de ce corps, 37. — (27 mars.)
Instructions qu'il reçoit pour la réor-
TABLE ANALYTIQUE.
îjanisation des gardes nationales de la
2<= division militaire , 39 , 40.
Leclerc des Essarts (Comte), maréchal de
camp, 111.
Lecourbi:, lieutenant général. — (27 mars
1815.) Chargé du commandement de
la 6*= division militaire et du corps d'ob-
servation du Jura, 44. — (9 mai.)
Il reçoit ordre de réunir son corps d'ar-
mée devant Belfort, de manière à être
protégé par cette place, travaux de dé-
fense qu'il doit faire exécuter pour pro-
téger son camp; ordres qui lui sont
donnés pour la mise en état de défense
des passages du Jura, l'armement et
l'approvisionnement des places fortes de
la 6" division, 165 à 169. — (15 mai.)
Il est chargé d'observer les bords du
Rhin et les débouchés de Bâle; concours
éventuel qu'il doit donner aux généraux
Molitor et Desbureaus pour la défense
des gorges des Vosges, 1 92. — (16 mai. )
Il reçoit ordre de faire venir à Belfort
la division de gardes nationaux réunie à
Vesoul , et de transférer son quartier
général à Altkirch, en plaçant son ar-
tillerie mobile aux passages du Rhin ,
195. — (14 juin.) Instructions qui lui
sont données pour les opérations de son
corps d'armée , 280.
Lefol, lieutenant généra!, commandant
une division du 3" corps. — (20 juin.)
Cette division s'empare du village de
Saint-Amand à la bataille deLigny, 293.
LioMAROis (Comte), lieutenant général, aide
de camp de l'Empereur. ' — (24 mars
1815.) Chargé du commandement de
la 15* division militaire, 24. —
(27 mars.) Instructions qui lui sont
données pour la réorganisation des gardes
nationales des 14<^ et 15" divisions mi-
litaires, 39, 40, — (12 mai.) Il reçoit
ordre de former des colonnes mobiles
pour faire rejoindre les réfractaires, 177.
Lemoixh, lieutenant général , 250.
Lktelliei!, maréchal de camp, 251.
Letort (Baron) , lieutenant général de ca-
valerie, aide de camp de l'Empereur.
— (15 juin 1815.) Blessé mortellement
au combat de Gilly, sur le plaleau de
Fleurus; éloge de ce général, 278 à 289.
Levée ex masse. — (Icr mai 1815.) Son
organisation par département; elle se
compose de la garde nationale, des
gardes forestiers , de la gendarmerie et
de tous les citoyens qui veulent s'y
joindre; les généraux commandant en
chef les armées sont chargés de la di-
rection des levées en masse; ils doivent
indiquer, dans chaque déparlement, les
ponts , défilés et villes fermées que les
levées en masse doivent plus spécia-
lement défendre , et désigner les posi-
tions qui peuvent servir de point d'appui
pour la défense du pays, 150, 151.
— V. Corps Fraxcs.
Lhermitte (Baron), contre-amiral, 105.
Liberté de la presse. — V. Acte addi-
tionnel.
Liberté des crLT'is. — V. Acte additionnel.
Liberté individuelle. — V. Acte addi-
tionnel.
Lille , chef-lieu du département du Nord.
— (26 mars 1815.) Le 1<"" corps d'ob-
servation se réunit dans cette ville, 36.
— (3 avril.) Instructions relatives à
l'organisation et au service de la garde
nationale du département du Nord , 73
à 75. — (22 mai.) Le général Lapoype
est chargé de l'organisation de la garde
nationale de Lille, 222. — (6 juin.)
Nomination du général Henry au com-
mandement de cette garde nationale, 259.
Lion (Comte), lieutenant général, 251.
LocBERS, capitaine d'infanterie de la Garde
impériale, 6.
Louis - Antoine , duc d'Angoulême —
(11 avril 1815.) Générosité de l'Em-
pereur envers ce prince; le général
Grouchy reçoit ordre de veiller à la sû-
reté du duc d'Angoulême et de le faire
embarquer à Cette en se bornant à exi-
ger de lui la promesse de restituer les
diamants de la Couronne, 91.
Louis -Napoléon , roi, connétable de l'Em-
pire. — (14 avril 1815.) Règlement
des arrérages de son apanage, 95.
Louise-Marie-Thérèss;-Bathilde d'Orléans,
duchesse de Bourbon. — (3 avril 1815.)
L'Empereur accorde une pension de
150,000 francs à la duchesse de Bour-
bon; conditions auxquelles cette pension
est accordée, 67.
Loverdo (Comte de) , maréchal de camp.
— (24 mai 1815.) Ordre de le tra-
duire en jugement , 227.
Lucien, prince de Canino. — (11 juin
1815.) Autorisé à prendre séance aux
conseils des ministres, 274. — (21 juin.)
Ce prince porte un message de l'Em-
pfreur à la chambre des Pairs et à celle
des Représentants, 299.
326
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON Ie^
Lyon, chef-lieu du département du Rhône.
— (13 mars 1815.) Arrivée de l'Em-
pereur dans cette ville; il y signe le dé-
cret de dissolution de la chambre des
Pairs et de la chambre des Communes ;
proclamation aux Lyonnais; réponse à
une députation de Lyonnais, 7 à 9. —
(27 mars. ) Travaux de défense de Lyon ;
projet de fortifier les hauteurs qui l'en-
vironnent, 44. — (6 avril.) Le comte
Rœderer est chargé de réorganiser la
municipalité et la garde nationale de
Lyon, 79. — (27 avril.) Ordres pour
les travaux de défense de cette ville ,
136. — (2 mai.) Ordre de disposer
.un parc de dix batteries pour défendre
Lyon; emploi de l'Ecole vétérinaire,
d'un bataillon d'artillerie de marine et
de deux compagnies de gardes nationales
pour le service de ces batteries ; troupes
chargées de la défense de cette ville ;
intention de l'Empereur de confier au
général Curial le commandement de
cette place ; nouveaux ordres pour l'exé-
cution de travaux, de défense à Lyon ;
établissement d'un pont-levis au pont de
la Guillotière; construction d'une tête de
pont aux Brotteaux; réparations aux
murs d'enceinte; construction de re-
doutes sur les hauteurs entre la Saône
et le Rhône; ordre d'armer sans retard
ces ouvrages de défense, 154, 155. —
(10 mai.) Le ministre de la marine re-
çoit ordre de diriger sur Lyon un parc
de cent bouches à feu de la marine pour
compléter l'armement de cette place,
171. — (12 mai.) Nouvelles instruc-
tions pour les fortifications de Lyon ;
opinion de l'Empereur sur la facilité de
défendre le Rhône, 173. — (20 mai.)
Ordre d'armer les ouvrages de défense
entre la Saône et le Rhône, 208. —
(30 mai.) Armement des têtes des ponts
Morand , Perrache et de la Guillotière ,
245. — (5 juin.) Le général Dulauloyest
nommé gouverneur de Lyon; instruc-
tions qui lui sont données pour activer
les travaux des fortifications, approvi-
sionner cette ville pour un long siège,
organiser et armer la garde nationale ,
254. — (6 juin.) Ordre d'incorporer
dans la jeune Garde un bataillon de «o-i
lontaires lyonnais qui en a fait la de-
mande ; nouveaux ordres pour l'arme-
ment, l'approvisionnement de guerre et
les fortifications de Lyon ; formation
d'un camp de gardes nationales entre
Genève et Lyon pour couvrir cette der-
nière ville et menacer la Suisse, 257 à
259. — V. 13, 14, 71 , 72, 76 et
147. — V. Génie militaire et Napo-
léon P''.
M
jMagdonald , duc de Tarente , maréchal de
France , 25.
Maçon, chef-lieu du département de Saône-
et-Loire. — (13 mars 1815.) Arrivée
de l'Empereur dans cette ville , 15. —
(27 avril.) Formation de l'artillerie de
la garde nationale, 136.
Maison (Comte), lieutenant général, 107,
111, 115.
Mallet (Chevalier), lieutenant-colonel de
la Garde impériale, 6.
Mallet, lieutenant d'infanterie de la
Garde , 6.
Marchant (Baron) , intendant général de
l'armée. — (6 avril 1815.) Nommé
commissaire extraordinaire à Dijon ; in-
structions qui lui sont données, 79.
Marf.scot (Comte de), lieutenant général
du génie. — (10 avril 1815.) Nommé
président d'un des trois comités de dé-
fense des frontières ; instructions qui lui
sont données, 86.
Maret, duc de Bassano, ministre secrétaire
d'État. — (5 avril 1815.) Chargé de
faire connaître à Lyon la pacification de
Bordeaux et l'embarquement de la du-
chesse d'Angoulême, 78.
Marib-Annunciade- Caroline , reine des
Deux-Siciles, 105.
Marie-Laetitia, Madame Mère. — (10 avril
1815.) Envoi d'une frégate à Porto-
Ferrajo (île d'Elbe) pour y prendre Ma-
dame Mère, 84.
Marie-Louise, Impératrice des Français.
— (30 mai 1815.) Rapport demandé
au baron Meneval sur la conduite tenue
par l'Autriche et les autres puissances à
l'égard de l'Impératrice, l'état de capti-
vité dans lequel cette princes.se est rete-
nue et la séparation du Prince Impérial
de sa mère, 245.
Marik-Padline , princesse Borghese, du-
chesse de Guastalla. — (10 avril 1815.)
Envoi d'une frégate à Viareggio, près de
TABLE ANALYTIQUE.
327
Lucques, pour s'informer des nouvelles
de celte princesse, et l'embarquer si elle
y est, 84.
Marie-Thérèsk-Charlotte, duchesse d'An-
goulème. — (5 avril 1815.) Son em-
barquement à Bordeaux, 78. .
Marine française. • — (23 mars 1815.) In-
structions pour les croisières; les comman-
dants reçoivent ordre d'user d'une grande
circonspection et de s'abstenir de tout
acte d'hostilité; étal des croisières de la
Corse et de l'île d'Elbe; instructions
spéciales données à leurs commandants;
ordre de retarder le départ des expédi-
tions pour Terre-Neuve jusqu'à ce que
l'Angleterre se soit déclarée, 21, 22. —
(27 mars.) Mesures prises pour la dé-
fense des établissements maritimes, 38.
— (9 avril.) Remplacement du préfet
maritime de Brest et du commandant de
Dunkerque; instructions pour le choix
des commandants de la marine, 82. —
— (10 avril.) Envoi d'une frégate à
Porto-Ferrajo (île d'Elbe) pour y pren-
dre Madame Mère, 84. — (14 avril.)
Instructions pour l'emploi des ressour-
ces de la marine ; ordre pour l'armement
éventuel d'une partie des escadres; em-
ploi des officiers de vaisseau et dartil-
lerie de marine à la défense des côtes
et des établissements maritimes, 98. —
(17 avril.) Ordre démettre en commis-
sion une escadre de cinq vaisseaux et de
trois frégates, 105. — (22 avril.) In-
tention de l'Empereur d'employer le
budget de la marine au profit de l'ar-
mée de terre et de la défense de l'État;
projet de décret pour la formation de
bataillons d'ouvriers destinés à la dé-
fense des ports, l'emploi de l'artillerie
de marine à la défense des frontières et
l'organisation de quarante à soixante ba-
taillons d'équipages, 120. 121. —
(27 avril.) Un bataillon d'artillerie de
marine et plusieurs compagnies d'équi-
pages de marins sont chargés de servir,
avec l'Ecole polytechnique, les batteries
du parc de Viucennes destinées à la dé-
fense de Paris, 134. — (3 mai.) Plain-
tes de l'Empereur à cause du retard ap-
porté à l'organisation des régiments de
marins, 161. — (10 mai.) Le ministre
de la marine reçoit ordre de diriger sur
Paris trois cents bouches à feu en fer et
cent bouches sur Lyon pour compléter
l'armement de ces villes et des places de
Soissons, Reims, Vitry, Laon, Château-
Thierry, Langres, etc., 171, 172. —
(20 mai.) Ordre de ne pas négliger
l'exportation des bois de la Corse ; uti-
lité de cette exportation pour l'approvi-
sionnement de la marine , 2t)6. —
(25 mai.) Étude d'un plan de campagne
pour les bâtiments légers de la marine ;
révision des règlements sur la course
pour la répartition des prises, 228. —
(3 juin.) Demande d'un rapport sur les
insultes faites à la marine française de-
puis le retour de l'Empereur et l'attaque
de la frégate la Melpomène, sans qu'il y
eût déclaration de guerre, 254. — U.
Degrés et Napoléov I^"".
Marhont, duc de Raguse , maréchal de
France. — (P"" mars 1815.) Consé-
quences de sa défection, 1,2. —
(10 avril.) Ordre de le rayer de la liste
des maréchaux, 88.
Marseille, chef-lieu du département des
Bouches-du -Rhône. — (12 avril 1815.)
Nomination d'une commission pour con-
cilier les intérêts des fabriques de
France avec les franchises du port de
Marseille, 92, 93. — (16 avril.) Paci-
fication de cette ville, 102. — (22 mai.)
Ordre d'armer les forts Saint-Nicolas et
Saint-Jean, à Marseille; dissolution et
réorganisation de la garde nationale ;
mesures de sûreté publique prises dans
cette ville, 216 à 218.
Martinique (La), île d'Amérique, une des
Antilles françaises. — (5 avril 1815.).
Le ministre de la marine reçoit ordre
de renouveler le personnel des agents de
cette colonie, 77. — V. Degrés.
Massëxa, prince d'Essling, maréchal de
France, commandant les troupes de la
8^ division militaire, 19. — (27 mars
1815.) laslructions qu'if reçoit pour la
réorganisation des gardes nationales de
sa division, 39, 40. — (18 avril. )L'Em-
pereur le félicite d'avoir résisté aux or-
dres du duc d'Angoulême qui lui en-
joignaient de livrer Toulon et Antibes
aux Anglais et d'avoir conservé ces vil-
les <à la France ; intention de l'Empereur
d'utiliser les services de ce maréchal,
112. — (11 juin.) Le ministre de la
guerre est chargé de proposer au prince
d'Essling le gouvernement de Metz et le
commandement supérieur des 3*^ et 4*^
divisions militaires, 273. — V. 23, 86.
Maubeuge, place forte et chef-lieu de can-
328
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON r«r.
tondu départeœent du Nord. — (27 avril
1815.) Travaux ordonnés pour la dé-
fense de cette place; le général Reille
reçoit ordre de placer une division du
2* corps à Maubeuge et en avant de
cette ville, de reconnaître toutes les po-
sitions de cette place et de la frontière,
et de fortifier les têtes de pont sur la
Sambre ; travaux de défense et d'arme-
ment du camp retranché de Maubeuge,
132, 135.
MftUBRKuiL (Marie -Armand- G uerri de),
marquis d'Orvault. — (11 mai 1815.)
L'Empereur demande un rapport sur
l'affaire Maubreuil, avec toutes les piè-
ces à l'appui; intention de publier ces
pièces dans le Moniteur, 172, 173.
Uaurice Mathieu de la Rrdorte (Comte),
lieutenant général. — (5 avril 181 5.«)
Nommé commandant de la 10*^ division
militaire, à Toulouse, 78.
Meaux, chef-lieu d'arrondissement du dé-
partement de Seine - et - Marne. —
(27 mai 1815.) Ordre d'arrêter un plan
pour la défense de cette ville, 234.
Meneval (Baron), secrétaire des comman-
dements de l'impératrice Marie-Louise.
— (30 mai 1815.) Chargé de faire un
rapport sur la conduite tenue par l'Au-
triche et les autres puissances à l'égard
de l'Impératrice et du Roi de Rome,
245.
Mehueldt (Comte de), commandant en chef
la réserve autrichienne, 181, 183. —
V. Dauout.
Mézières, place forte, chef-lieu du dépar-
tement des Ardennes. — (26 mars 1815.)
Réunion du 3'^ corps d'occupation dans
cette place, 37.
MiLHAUD (Comte) , lieutenant général. —
(30 mars 1815.) Chargé du comman-
dement delà 1 ■■'■ division de cavalerie,
56. — (16 juin.) Placé sous les ordres
du maréchal Grouchy; prend part à la
bataille de Ligny, 291 à 293.
MftLiTOR (Comte), lieutenant général. —
(15 mai 1815.) Instructions qui lui
sont données pour la défense de l'Al-
sace ; il reçoit ordre de défendre les gor-
ges des Vosges, si l'évacuation de l'Al-
sace devenait nécessaire, et de s'entendre
avec les généraux Lecourbe et Desbu-
reauz pour la défense de cette partie du
territoire, 192.
Mollien (Comte) , ministre du trésor pu-
blic — (14 avril 1815.) Ordre qu'il
reçoit pour le payement des rentes dues
aux princes et princesses de la famille
de l'Kmpereur ; — il est chargé de faire
un rapport sur le produit de la vente des
biens des communes, sur celle des bois
de l'État et sur les centimes extraordi-
naires de guerre; instructions qui lui
sont données pour l'emploi de ces res-
sources, 95, 96. — (9 mai.) Ordre
qu'il reçoit pour le payement des dé-
penses de l'armée, 170. — V. 66, 184.
MoMPiiz, capitaine d'infanterie delà Garde,
6.
MovcEv (Adrien), duc de Conegliano, ma-
réchal de France, 20.
MoMCKY (Comte), colonel, commandant le
^*^ régiment de hussards. — (25 mars
1815.) Remplacé dans son commande-
ment, 26.
Monnieiî (Comte), lieutenant général, 111.
Mo\TALivET (Comte de) , intendant général
de la Couronne. — (25 mars 1815.)
Reçoit ordre de réintégrer le personnel
de la Maison de l'Empereur; instruc-
tions qui lui sont données pour les tra-
vaux du Louvre et des autres propriétés
de la Couronne, 29, 30. — (9 avril.)
Il est chargé de remettre à Carie Vernet
un témoignage de satisfaction de l'Em-
pereur pour le tableau de la bataille de
Marengo, 83.
MoN'TBRUN (Chevalier de), maréchal de camp,
251.
Montesquiou-Fezensac (Comte de), lieute-
nant général, grand chambellan de l'Em-
pereur. — (25 mars 1815.) Nommé
surintendant des théâtres, 2 9. — (]9mai. )
Il est chargé de remettre à l'Empereur
une liste de cent vingt personnes pour
la composition de la chambre des Pairs,
202.
Mo.\TFORT (Baron), maréchal de camp, 154.
Montpellier, chef-lieu du département de
l'Hérault. — (5 avril 1815.) Le géné-
ral Morand reçoit ordre de se rendre
dans cette ville pour la pacifier, 78.
Montreoil-sur-Mer, chef-lieu d'arrondisse-
ment du département du Pas-de-Calais.
— (10 mai 1815.) Ordre de mettre
cette place en état de défense, 170.
Mora.nd (Comte), lieutenant général. —
(26 mars 1815.) Chargé de centraliser
à Nantes une armée active pour la ré-
pression des troubles des départements
de l'Ouest, 36. — (27 mars.) Instruc-
tions qu'il reçoit pour la réorganisation
TABLE ANALYTIQUE.
329
des gardes nationales de la 12^ division
militaire, 39, 40. — (30 mars.) Il est
investi de pouvoirs extraordinaires pour
pacifier les départements de l'Ouest et
du Midi ; troupes placées sous son com-
mandement; instructions qui lui sont
données, 53, 54. — (3 avril.) Latitude
qui lui est laissée pour les mouvements
des troupes, 69. — (5 avril.) Il reçoit
ordre de se porter sur Toulouse pour
pacifier celte ville; même ordre pour
Montpellier, 77, 78. — V. 25, 49,72,
81 et 298.
MoROM, maréchal de camp, 204.
AlORTiER , duc de Trévise , maréchal de
France. — (29 avril 1815). Demande
d'un projet de décret pour l'envoi du
duc de Trévise en mission extraordi-
naire dans les départements du Nord ;
objet de cette mission : prendre toutes
les mesures nécessaires pour la défense
des places, assurer leurs approvisionne-
ments, accélérer les travaux du génie et
de l'artillerie, opérer les déplacements
nécessaires dans le personnel des com-
mandants , officiers, etc. ; passer la re-
vue des gardes nationales et stimuler le
zèle et le patriotisme des populations,
138, 139. — (7 juin.) Leduc de Tré-
vise est chargé de commander provisoi-
rement la cavalerie de la Garde : inten-
tion de l'Empereur de lui confier le
commandement de trois divisions de la
jeune Garde, 262. — (15 juin.) Le
duc de Trévise, à qui l'Empereur avait
donné le commandement de la jeune
Garde, reste malade à Beaumont, 288.
V. GaHDE lyPÉRIALK.
MouTO.v, comte de Lobau, lieutenant géné-
ral. — (21 mars 1815.) Chargé du
commandement de la K*^ division mili-
taire, 18. — (3 avril.) Nommé com-
mandant du 6^ corps; composition de
ce corps, 68, 69. — (7 juin.) Il reçoit
ordre de porter son quartier général à
Vervins ou à Marie, 265. — (14 juin.)
Marche du 6* corps sur Charleroi, 281.
— 1 20 juin.) Le 6^ corps prend part
aux batailles de Ligny et de Mont-Saint-
Jean, 293 à 298. — V. 37, 184, —
V. Armée (^Opérations de t').
MouTON-DuvEBNET, lieutenant général. —
(3 juin 1815.) Reçoit ordre de se rendre
au quartier général de l'armée du Nord,
250. — V. Armée [Organisation de /').
MuRAT. V. JOACHIM MuRAT.
N
Nantes, chef-lieu du département de la
Loire-Inférieure. — (23 mai 1815.)
Armement du château de Nantes; me-
sures militaires prises dans cette ville
pour combattre l'insurrection de la Ven-
dée, 214, 215.
Naples, capitale du royaume des Deux-
Siciles. — (10 avril 1815.) Envoi d'un
ministre à Naples, 84. V. Joacbim Na-
poléon.
Napoléon I*"", Empereur des Français. —
(Du l'^'' au 20 mars 1815.) Arrivée de
l'Empereur au golfe Jouan ; proclama-
tion qu'il adresse au peuple et à l'ar-
mée ; son départ pour Grenoble ; accueil
enthousiaste qu'il reçoit à Cannes ,
Grasse, Barrême, Digne, Gap et Saint-
Bonnet; incident de la Mure : un ba-
taillon du 5" de ligne envoyé de Gre-
noble pour arrêter sa marche court à lui
en criant Vive t' Empereur ! et se réunit
au bataillon de l'île d'Elbe ; rencontre
du 7» de ligne entre Vizille et Gre-
noble : ce régiment , commandé par le
colonel Labédoyère, se réunit aussi aux
troupes impériales; entrée de l'Empe-
reur à Grenoble; réception des autorités
de l'Isère; revue des troupes de la di-
vision militaire; marche de l'Empe-
reur de Grenoble à Lyon ; son avant-
garde , composée d'un détachement du
4^ de hussards , arrive au faubourg de
la Guillotière et fraternise avec le 13^
de dragons et les autres troupes qui
gardent le pont ; arrivée de l'Empereur
à Lyon ; acclamations enthousiastes de
la population ; revue des troupes; l'Em-
pereur dirige sur Paris les nouveaux
régiments qui viennent de l'accueillir et
donne un peu de repos à ceux qui l'ont
suivi; décrets de Lyon : dissolution des
chambres du roi; convocation du
Champ-de-Mai ; proclamation aux Lyon-
nais; ordre expédié au prince de la
Moskova de rejoindre l'Empereur à
Chalon-sur-Saône; promesse de l'Em-
pereur de recevoir ce maréchal comme
le lendemain de la bataille de la Mos-
kova ; départ de Lyon ; marche sur
Mâcon et Chalon; l'Empereur trouve
330
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I".
dans la Bourgogne les mêmes senti-
ments sympathiques que dans les mon-
tagnes du Dauphiné ; il est rejoint à
Auxerre par le prince de la Aloskova;
arrivée de l'Empereur à Fontainebleau;
l'armée qui l'accompagne est forte de
quatre divisions; entrée de l'Empereur
à Paris; l'armée tout entière se porte
spontanément à sa rencontre; l'Empe-
reur passe, le lendemain, la revue de
l'armée de Paris; allocution qu'il lui
adresse ; enthousiasme des troupes et du
peuple; réflexions sur la marche de
l'Empereur de Cannes à Paris, 9 à 17.
— (Du 21 au 30 mars.) Nomination
•du prince d'Eckmiihl au ministère de la
guerre; — réorganisation de la P® di-
vision militaire; — réponses de l'Em-
pereur aux adresses des ministres, du
Conseil d'Etat, de la Cour de cassation,
de la Cour des Comptes , de la Cour
impériale et du Conseil municipal de
Paris; — création de travaux d'utilité
publique ; — mutations dans le per-
sonnel des préfets; — abolition de la
traite des noirs ; — circonspection re-
commandée au commandant de la croi-
sière du Levant pour ne rien préjuger
et éviter tout ce qui pourrait faire
croire à des intentions hostiles ; — or-
dres donnés pour la garde des fron-
tières ; — plan de l'Empereur pour
l'armement de la France ; — formation
de six corps d'armée sur les frontières,
sous le titre de corps d'observation ;
projet de former ultérieurement un 7"
et un 8^ corps ; — formation des 4*^
et 5*^* bataillons; — rappel sous les
drapeaux de tous les sous-ofliciers et
soldats éloignés de l'armée; — reconsti-
tution de la Garde impériale; — ordres
relatifs aux troubles de la Vendée et du
Midi, 18 à 58. — (Du 1" au 10
avril. ) L'Empereur informe sou beau-
père , François d'Autriche , de sa ren-
trée en France et le prie de hâter le re-
tour de l'impératrice Marie-Louise et
du Roi de Rome; — il annonce aussi
son retour anx divers souverains ; —
envoi d'agents près des cours qu'il sup-
pose restées fidèles à la France pour
leur faire connaître ses intentions et ses
bonnes dispositions à leur égard ; —
mesures à prendre pour rallier la Suède
à la France ; — plaintes à adresser au
gouvernement du grand-duché de Bade
à cause du refus de laisser passer les
courriers de cabinet; — création de la
caisse dite de l'extraordinaire pour se-
courir les habitants de la Champagne,
de la Lorraine et de l'Alsace victimes de
l'invasion; — projet de décret relatif
aux biens de la famille des Bourbons;
intention de l'Empereur d'accorder une
pension de 150,000 francs à la du-
chesse de Bourbon ; — projet d'organi-
sation et de mobilisation des gardes na-
tionales; — allocution de l'Empereur
à l'armée pour annoncer la pacification
du Midi, 60 à 83. — (Du 10 au 20
avril.) Envoi d'une frégate à l'île d'Elbe
pour y prendre Madame Mère ; — l'Em-
pereur ne voulant pas user de repré-
sailles avec la famille des Bourbons, or-
donne que le duc d'AngouIême , fait
prisonnier dans le Midi , soit embarqué
à Cette, et que des mesures soient
prises pour sa sûreté; — nomination
d'une commission pour examiner la
question des entrepôts et des ports
francs ; — mesures financières em-
ployées pour couvrir les dépenses pu-
bliques; — règlement des arrérages de
rente dus aux menlbres de la famille
impériale; — opinion de l'Empereur
sur la conduite du roi de Naples en
1814 et en 1815; preuves d'intérêt
qu'il lui donne après l'insuccès du
mouvement offensif de l'armée napoli-
taine en Italie; — demande d'un rap-
port sur les émigrés et sur les mesures
à prendre pour réprimer leur hostilité ;
— allocution de l'Empereur à la garde
nationale de Paris, 84 à 113. — (Du
20 au 30 avril.) Envoi de commissaires
extraordinaires dans les divisions mili-
taires, pour renouveler les municipali-
tés, réorganiser les gardes nationales et
remplacer les fonctionnaires et em-
ployés qui n'offrent pas les garanties
nécessaires ; — droit nouveau créé par
YActe additionnel; dispositions de cet
Acte ; — convocation des collèges élec-
toraux pour la nomination des députés ;
— mesures à prendre pour les indem-
nités dues par l'Etat aux départements
et aux communes pour les réquisitions
de 1813 et 1814; — ordres divers :
organisation des corps francs dans tous
les départements de l'Empire; — em-
ploi des ressources de la marine à la
défense du territoire; — formation de
TABLE ANALYTIQUE.
331
magasins pour l'armée; — mise en état
de défense des places fortes; — tra-
vaux du camp retranché de Maubeuge ;
— mesures pour la défense de Paris ; la
marine est appelée à concourir à cette
défense; — intention de confier au
prince d'Eckmiihl le gouvernement de
Paris et le commandement des gardes
nationales , des levées en masse et des
troupes réunies dans cette capitale; —
organisation définitive de l'armée : dé-
cret pour la formation de quatre armées
et de trois corps d'observation , 1 1 3 à
144. — (Du l»"" au 5 mai.) Détails
d'organisation de ces armées ; communi-
cation faite aux généraux qui les com-
mandent du système adopté pour la dé-
fense du territoire; — organisation de
la levée en masse; — emploi des gardes
nationales pour la défense des places
fortes et rendre les troupes de ligne dis-
ponibles ; — travaux du génie pour la
défense des frontières ; — instructions
pour le service des vivres de l'armée ;
projet de formation de quatre armées
de réserve avec la conscription de 1815 ;
— création d'ateliers d'habillement pour
ces armées, 144 à 161. — (Du 7 au
14 mai.) Envoi de secours à des habi-
tants de l'île d'Elbe; — ordre de ren-
dre aux régiments les numéros qu'ils
avaient en 1813; — mesures prises
par l'Empereur pour assurer le paye-
ment des services de l'armée ; —
répartition des levées de gardes natio-
nales d'après la population des dépar-
tements ; — organisation du service des
pontonniers, 162 à 185. — (Du 14
au 22 mai.) Réponse de l'Empereur à
l'adresse du collège électoral de Seine-
et-Oise; — décret d'organisation de
vingt-quatre bataillons de fédérés à
Paris ; réponse de l'Empereur à l'adresse
des fédérés des faubourgs Saint-Antoine
et Saint- Marceau ; — mesures néces-
sitées par les troubles de la Vendée;
ordre de former une armée de la
Loire ; — organisation des services ad-
ministratifs de l'armée du Nord ; no-
mination du duc de Dalmatie aux fonc-
tions de major général de cette armée;
— observations de l'Empereur sur la
proposition du comte Chapfal de re-
mettre en vigueur le décret de Milan re-
latif aux neutres ; intention de l'Empe-
reur de ne prendre une détermination
sur ce point important que lorsqu'il
connaîtra l'application que l'Angleterre
veut faire de son code maritime et les
stipulations qui ont pu intervenir dans
les traités de Paris et de Gand ; — avis
demandés pour le choix des membres de
la nouvelle chambre des Pairs, 186 à
219. — (Du 25 au 30 mai.) Rapport
demandé au baron Meneval sur la con-
duite tenue par l'Autriche et les autres
puissances à l'égard de l'Impératrice et
du Roi de Rome; — demande d'un
plan de campagne pour la marine; in-
tention de l'Empereur d'armer les bâti-
ments légers pour la course ; libre dis-
position des prises laissée aux équipages;
ordre pour leur répartition ; — instruc-
tions générales pour les travaux de dé-
fense et l'armement de Paris; note de
l'Empereur pour la défense de Paris,
220 à 245. — (Du P'^ au 6 juin.)
Assemblée du Champ-de-Mai : discours
de l'Empereur aux députés des collèges
électoraux ; serment qu'il prononce
d'observer et de faire observer la Con-
stitution ; allocution qu'il adresse à la
garde nationale et aux troupes de terre
et de mer ; — rapport demandé au
ministre de la marine sur les insultes
faites à notre pavillon depuis le débar-
quement de l'Empereur; — complé-
ment d'organisation de l'armée da
Nord ; nomination du roi Jérôme au
commandement de la 6*^ division de
l'armée; décret relatif aux aides de
camp et à l'écuyer de ce prince ; ordre
de départ de la Garde pour Soissons;
— instructions données au duc d'Al-
bufera pour les opérations de l'armée
des Alpes, 246 à 255. — (Du 7 au
11 juin.) Discours de l'Empereur à la
séance d'ouverture des Chambres; —
demande d'un projet de message aux
Chambres pour leur annoncer l'ouver-
ture des hostilités ; intention de l'Em-
pereur de prévenir l'ennemi et de pro-
fiter de ses moyens d'action ; — ordre
général de service pendant l'absence de
l'Empereur ; le prince Joseph est
chargé de la présidence du Conseil des
ministres ; — adresses de la chambre
des Pairs et de la chambre des Repré-
sentants; réponses de l'Empereur à ces
adresses; — ordre de fermer les com-
munications sur toute la ligne du Nord,
du Rhin et de la Moselle; — nouvelles
332
CORRESPOîVDxINGE DE NAPOLEON I".
instructions pour l'armement et les Ira-
taux de défense de Paris; — départ de
la Garde pour Soissons, 260 à 275. —
(Du 12 au 20 juin.) Départ de l'Em-
pereur pour l'armée ; son arrivée à
Avesnes; ordre du jour indiquant les
positions que les différents corps doivent
occuper autour de Beaumont; procla-
mation à l'armée ; ordre de mouvement
de l'armée ; l'Empereur culbute les
corps prussiens qui défendent le pas-
sage de la Sambre , enlève Charleroi et
prend position entre les deux armées
ennemies; — combat de Giliy : défaite
des Prussiens; — plan de campagne de
l'Empereur consistant à porter l'aile
droite et le centre de l'armée contre les
Prussiens en faisant occuper par son
aile gauche la position des Quatre-Bras
pour tenir en échec l'armée anglaise ;
exécution de ce plan : le prince de la
Moskova, chargé du commandement de
l'aile gauche, reçoit ordre d'occuper les
Quatre-Bras, pendant que le maréchal
Grouchy, avec l'aile droite, se porle sur
Sombreffe et Fleurus; le centre, sous
les ordres directs de l'Empereur, se
tient prêt à soutenir le mouvement de
l'aile droite; instructions données au
prince de la Moskova et au maréchal
Grouchy; troupes placées sous le com-
mandement de ces deux maréchaux ; —
bataille de Ligny , sous Fleurus : des-
cription du champ de bataille; disposi-
tions prises par l'Empereur pour l'at-
taque des villages de Saint-Amand ,
Sombreffe et Ligny; prise de Saint-
Amand et de Sombreffe; résistance que
le général Gérard rencontre au village
de Ligny ; l'Empereur débouche sur ce
village avec sa Garde et la grosse cava-
lerie et culbute l'armée prussienne ; ré-
sultats de la bataille de Ligny; — l'Em-
pereur charge le maréchal Grouchy de
suivre les mouvements de l'armée de
Blùcher et de la contenir, pendant qu'il
se porte lui-même, avec sa réserve, sur
les Quatre-Bras pour y attaquer l'armée
anglaise; l'heure avancée de la journée
le force à différer la bataille jusqu'au
lendemain; il établit son quartier gé-
néral à la ferme du Caillou, près Plan-
cenoit; — bataille de Mont-Saint-Jean
(Waterloo) : position occupée par l'ar-
mée anglaise autour du village de Mont-
Saint-Jean ; évaluation des forces de
cette armée; dispositions ordonnées par
l'Empereur; prise du bois de Goumont
et du village de Mont-Saint-Jean ; la
bataille paraît gagnée , lorsqu'une
charge de quelques escadrons anglais
occasionne une panique parmi les
troupes qui gardent le plateau de Mont-
Saint-Jean ; cette panique, en se répan-
dant, amène une confusion générale
dans l'armée ; désastre qui en résulte ;
ses résultats; — l'Empereur repasse la
Sambre à Charleroi et indique Philippe-
ville et Avesnes comme poinis de réu-
nion à ses troupes, 275 à 298. — (Du
21 au 25 juin.) Message de l'Empereur
à la chambre des Beprésentants ; autre
message porté par le prince Lucien à la
chambre des Pairs; — déclaration au
peuple français ; — abdication de l'Em-
pereur ; il proclame son fils sous le
nom de Napoléon II ; il charge les mi-
nistres de former provisoirement un
conseil de gouvernement; invitation
qu'il adresse aux Chambres d'organiser
sans délai la régence par une loi ; —
proclamation à l'armée, 299 à 301. —
(14 juillet.) L'Empereur annonce au
prince régent d'Angleterre qu'il vient se
mettre sous la protection des lois britan-
niques , 301. — (4 août. ) Il se rend
sur le Bellérophon , ou on le retient
captif; protestation qu'il adresse au
gouvernement anglais, 301, 302. —
V. AcTi; ADDITIONNEL ct Akhée [Opéra-
tions de l').
Napoléon-François-Charles-Joseph , prince
impérial, roi de Rome. — (30 mai 1815.)
Rapport demandé au baron Meneval sur
la conduite tenue par l'Autriche et les
autres puissances à l'égard du Roi de
Rome et l'enlèvement de ce prince à sa
mère et à M'"" de Montesquiou, sa gou-
vernante, 245. — (22 juin.) L'Empe-
reur proclame son fils Empereur des
Français sous le nom de Napoléon II,
300.*— V. Napoléo.v I".
Nëigrk (Baron), maréchal de camp, in-
specteur général d'artillerie. — (2 mai
1815.) Mention d'un rapport fait par
ce général sur le calibre des pièces du
parc de Vincennes, 156.
Nev, prince de la Moskova, duc d'Elchin-
gen, maréchal de France. — (13 mars
1815.) Reçoit ordre de rejoindre l'Em-
pereur à Chalon-sur-Saône , 9. —
(27 mars.) Chargé de l'inspection des
TABLE ANALYTIQUE.
333
places forles de la frontière du Nord,
45. — (11 juin.) L'Empereur fait in-
viter le prince de la Moskova à se
rendre sans délai au quartier général
de l'armée, à Avesnes, « s'il veut assis-
ter à la première bataille, » 273, 274.
— (15 juin.) Le prince de la Mos-
kova est nommé commandant de l'aile
gauche de l'armée, 288. — (20 juin.) Il
reçoit ordre de marcher sur la position
des Quatre-Bras et d'y attaquer l'armée
anglaise; combat des Qaatre-Bras, dont
le succès reste indécis; — le prince de
la Moskova à la bataille de Mont-Saint-
Jean, 294 à 298. — V. Armée {Opéra-
tions de V) et Napoléon I*"".
Nogent-sub-Sei.\e, chef-lieu d'arrondisse-
ment du département de l'Aube. —
(27 mai 1815.) Ordre d'arrêter un
plan pour la défense de cette ville, 234.
NoiROT , colonel de la gendarmerie de la
22» division militaire, 198.
Pajol (Baron), lieutenant général de cava-
lerie. — (2.T mars 1815.) Chargé du
commandement des troupes réunies à
Orléans, 26. — (27 mars.) Instruc-
tions qui lui sont données pour la réor-
ganisation des gardes nationales de la
22e division militaire, 39, 40. —
(7 juin.) Nommé commandant du l*"''
corps de cavalerie de l'armée du Nord,
262. — (16 juin.) l.e l'^'" corps fait
partie de l'aile droite de l'armée et
prend part à la bataille de Ligny, 291.
— V. 219, 281 et 288.
Paris, capitale de l'Empire français. —
(20 mars 1815.) Arrivée de l'Empereur
dans cette capitale, 16. — (25 mars.)
Il ordonne au ministre de l'intérieur d'y
organiser des travaux publics, 28. —
(27 mars.) Création d'ateliers pour la
réparation des armes , 42 , 43. ■ —
(2 avril.) Ordre de réunir le matériel
de guerre de l'armée aux environs de
Paris, 61. — (24 avril.) Armement et
approvisionnement de guerre de cette
capitale, 130. — (27 avril.) Organisa-
tion d'un parc d'artillerie à Vincennes
pour la défense de Paris; le service
des batteries est confié à l'École poly-
technique et à l'artillerie de marine,
134. — (30 avril.) Intention de l'Em-
pereur de confier au prince d'Ëckmiihl,
en cas de guerre , le gouvernement de
Paris; instructions qui sont données à
ce maréchal pour la défense de cette
ville; effectif des troupes destinées à
être placées sous son commandement,
144, 145. — (1" mai.) Les généraux
Haxo et Rogniat sont chargés de tracer
des redoutes à Montmartre, Ménilmon-
tant , Belleville , et de reconnaître les
autres positions à fortifier pour complé-
ter la défense de Paris, 152, 153. —
(2 mai.) Instructions pour le choix des
officiers de la garde nationale ; — allo-
cation pour l'exécution immédiate des
travaux de défense, 156, 157. —
(10 mai.) Le ministre de la marine
reçoit ordre de diriger sur Paris trois
cents bouches à feu en fer pour complé-
ter l'armement de cette capitale, 171 ,
172. — Adresse des fédérés des fau-
bourgs Saint-Antoine et Saint-Marcean ;
réponse de l'Empereur , 187, 188. —
(15 mai.) Décret pour la formation de
vingt-quatre bataillons de fédérés à
Paris; composition de ces bataillons;
leur organisation en régiments et en
brigades ; ordre de désigner d'avance à
chaque brigade les hauteurs et fortifica-
tions qu'elle aura à défendre; armement
et équipement de ce corps, 189, 190.
— (27 mai.) Instructions générales
pour la défense de Paris ; mesures à
prendre pour la sûreté des villes qui
environnent celte capitale; organisation
de la garde nationale . et des tirailleurs
des arrondissements de Sceaux et de
Saint-Denis; ordre de tracer les ou-
vrages de défense de l'embouchure du
canal Saint-Denis ; armement de Mont-
martre et de la redoute de la barrière
du Trône ; confection de palissades
pour fermer les barrières de la rive
gauche de la Seine, 231 à 235. —
(30 mai.) Note de l'Empereur pour la
défense de Paris : calcul des forces
nécessaires pour défendre l'enceinte ;
ordre de disposer des ouvrages de
campagne de telle sorte qu'ils puissent
recevoir sur chaque face douze ou quinze
pièces de canon, 245. — (5 juin.)
Projet de formation de dix compagnies
d'artillerie composées d'élèves de l'Ecole
de médecine et des lycées de Paris, 255.
334
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I".
— (7 jnin.) Importance de la position
de Saint-Denis pour la défense de
Paris; ordre de rectifier l'armement, en
appuyant la ligne de défense à Saint-
Denis : armement des flèches placées
en avant du canal ; ordre de fortifier
la rive gauche, 262.— V. 37, 62, 93,
146 et 262. — V. Génie militaire et
Napoléon !•"",
Pauline. — V. Marie-Pauline.
PÉCHEUx (Baron), lieutenant général, com-
mandant une division du 4* corps. —
(20 juin 1815.) Prend part à la bataille
de Ligny, 294.
PÉRiGNON (Comte), maréchal de France. —
(10 avril 1815.) Intention de l'Empe-
reur de le rayer de la liste des maré-
chaux ; demande de renseignements sur
la position de fortune de ce maréchal
pour lui accorder une pension de re-
traite, 88.
Périgord (Comte de) , maréchal de camp ,
111.
Perrin (Victor), duc de Bellune, maréchal
de France, 88 et 107.
Pierre-Chatel (Fort de) , département de
l'Ain. — (30 avril 1815.) Travaux de
défense et armement de ce fort, 145.
Pire ( Baron ) , lieutenant général. —
(27 avril 1815.) Chargé du commande-
ment de la 6" et de la 19" division de
l'armée ; instructions qui lui sont don-
nées, 133, 134, 144 et 194.
Police. — V. Fouché.
PoNTÉcouLANT (ComteDE), pair de France,
113.
Pontonniers. — (13 mai 1815.) Organi-
sation des équipages de pont de l'armée
du Nord ; demande de renseignements
sur la largeur des canaux de Condé , de
Bruges , de Bruxelles , de la Samhre ,
de la Meuse , de l'Escaut , et sur le
nombre de pontons nécessaire pour jeter
des ponts sur ces cours d'eau, 182,
183. — (17 mai.) Organisation d'un
équipage à Douai, 197. — V. Davout
et Génie militaire.
Porto-Ferrajo , port et chef-lieu de l'île
d'Elbe. — (23 mars 1815.) Envoi d'un
bataillon de 600 hommes à Porto-Fer-
rajo, 21. — (10 avril.) Ordre d'envoyer
une frégate à Porto-Ferrajo pour y
prendre Madame Mère, 84. — V. Elbe
(lie d').
PoRTO-LoNGONE , port de l'île d'Elbe. —
(18 avril 1815.) Ordre de désarmer
cette place ,86.
Ports francs. — (12 avril 1815.) For-
mation d'une commission pour examiner
la question des entrepôts et des ports
francs, 92 à 94.
Préval (Comte) , lieutenant général. —
(23 mai 1815.) Désigné par l'Empereur
pour diriger les bureaux de la cavalerie
au ministère de la guerre, 225.
PuLLv (ComteDE), lieutenant général, 251.
Q
Qcinette de Rochemont (Baron), conseiller
d'Etat , directeur général de la compta-
bilité des communes et des hospices au
ministère de l'intérieur. — (10 mai
1815.) Désigné par l'Empereur pour la
préfecture de la Somme, 172.
R
Radet (Baron), lieutenant général de gen-
darmerie, 59.
Ramel de Nogaret (Jacques). — (10 mai
1815.) Intention de l'Empereur de l'ap-
peler à la préfecture de Seine-et-Oise ,
172.
Raoul, capitaine d'artillerie de la Garde, 6.
Rapp (Comte), lieutenant général. —
(30 mars 1815.) Chargé du comman-
dement du 5" corps d'observation ; com-
position de ce corps, 56. — (9 mai.) In-
structions pour la réunion des troupes ,
la surveillance du Rhin et la défense des
places fortes; positions que le 5^ corps
doit occuper; effectif de ce corps, 164.
— (14 juin.) Ordres donnés au général
Rapp pour ses opérations militaires : il
doit défendre l'Alsace le plus longtemps
possible , ensuite les Vosges , et enfin
la Meurthe , la Moselle , la Meuse , la
Marne, etc., 280. —V. 167, 169,
192 et 195. — V. Armée (Organisation
de r).
Raymond , maréchal de camp , 250.
Razout (Baron de), lieutenant général,
25.
Real (Comte), conseiller d'Etat, 156.
Regnaud db Saint-Jean- d'Angely (Comte),
TABLE ANALYTIQUE.
335
ministre d'État, président de la sec-
tion de l'intérieur au Conseil d'État ,
156.
Reille (Comte) , lieutenant général. —
(26 mars 1815.) Chargé du comman-
dement du 2" corps, 37. — (30 mars.)
Composition de ce corps; positions qu'il
occupe sur la frontière du Nord, 55,
56. — (27 avril.) Le général Reille
reçoit ordre de porter son quartier gé-
néral à Avesnes et de réunir ses cinq
divisions derrière la Samhre ; instruc-
tions qui lui sont données, 132, 133.
— (14 juin.) Marche du 2" corps sur
Marchiennes pour s'emparer des passages
delaSambre, 282, 283. — (15 juin.)
Le général Reille a plusieurs engage-
ments avec l'ennemi et lui fait 300 pri-
sonniers, 286. — (20 juin.) Le 2'" corps
prend part au combat des Quatre-Bras
et à la bataille de Mont-Saint- Jean, 293
à 298. — V. 43, 45, 48, 131 et 132.
— V. .(iRMÉE (^Opérations de l').
Reims , chef-lieu d'arrondissement du dé-
partement de la Marne. — (15 mai
1815.) Le génie du 6^ corps est chargé
de mettre cette ville en état de défense,
190.
Responsabilité ministérielle. — V. Acte
ADDITIONNEL.
Revest (Baron), maréchal de camp. —
(3 juin 1815.) Nommé chef d'état-
major du 3*^ corps d'armée, 250.
RoEDERER (Comte), sénateur, commissaire
extraordinaire dans les 7*=, 8^ et 19* di-
visions militaires. — (6 avril 1815.)
Ordres qui lui sont donnés, 79.
Rogni.1t (Baron), lieutenant général du
génie. — (20 avril 1815.) Nommé
membre du comité de défense du terri-
toire de l'Empire, 114. — (P' mai.)
Chargé de tracer des redoutes sur les
hauteurs de Montmartre , de Ménilmon-
tant, de Belleville , et de reconnaître
les autres positions à fortifier pour com-
pléter la défense de Paris, 152, 153.
— (15 mai. ) Chargé d'inspecter les tra-
vaux de défense des places de la Somme
et de reconnaître les ponts qu'il faut
garder ou couper, 190, 191. —
(14 juin.) Il reçoit ordre de s'emparer
du pont de Charleroi; instructions qui
lui sont données pour les travaux de
passage de rivières, de réparation de
chemins et d'ouverture de communica-
tions, 284. — V. Génie militaire.
Roujoux (Baron de), préfet du Pas-de-
Calais. — (10 mai 1815.) Désigné
pour la préfecture d'Eure-et-Loir, 172.
RouL, chef d'escadron de cavalerie, officier
d'ordonnance de l'Empereur, 12.
Roussel (Baron) , lieutenant général. —
(2 avril 1815.) Chargé du commande-
ment du dépôt de remonte de Versailles;
instructions qui lui sont données , 62
à 64.
RoTY (Baron), lieutenant général d'artil-
lerie. — (27 avril 1815.) Chargé du
commandement de l'artillerie de l'armée,
134. — V. Artillerie (de l'armée.)
Saint-Cyr (École militaire de). — (l*"" mai
1815.) Ordre de former à cette école
quatre compagnies pour le service de
quatre batteries d'artillerie, 146.
Saint-Dems , chef-lieu d'arrondissement du
département de la Seine. — (27 mai
1815.) Organisation de la garde na-
tionale et des bataillons de tirailleurs
de cet arrondissement; travaux de dé-
fense de l'embouchure du canal de
Saint-Denis, 231 à 235. — (7 juin.)
Importance de la position de Saint-Denis
pour la défense de Paris ; ordre d'ar-
mer toutes les flèches placées en avant
du canal, 262. — Génie uilitaire et
Paris.
Saint-Domingue, île d'Amérique. — (5 avril
1815.) Le ministre de la marine reçoit
ordre d'ouvrir des négociations avec l'île
Saint-Domingue , 77.
Saint-Jean-de-Losne , chef-lieu de canton
du département de la Côte-d'Or. —
(!<"■ mai 1815.) Éloge du patriotisme
de ses habitants, 151. — (22 mai.)
Décret autorisant la ville de Saint-Jean-
de-Losne à placer l'aigle de la Légion
d'honneur dans ses armes, 223.
Saint-Marcouf, îles de la Manche, arron-
dissement de Vaiognes. — (6 avril 1815.)
Le ministre de la marine reçoit ordre de
mettre ces îles en état de défense, 79.
Saint-Quentin , chef-lieu d'arrondissement
du département de l'Aisne. — • (15 mai
1815.) Le génie du 2" corps est chargé
de mettre cette place en état de défense ,
190.
336
CORRESPONDANCE DE NAPOLEON I^r.
Saint- Yox, capitaine, officier d'ordonnance
de l'Empereur. — (27 mars 1815.)
Mission politique qui lui est confiée
dans les départements de l'Est et du
Nord, 46.
Salins , chef-lieu de canton du départe-
ment du Jura. — (30 avril 1815.) Tra-
vaux de défense et armement de celte
place forte, 145.
Santé (Service de). — (27 avril 1815.)
Formation des ambulances des 1"", 2^
et 3« corps d'armée, 134. — (14 mai.)
Organisation des ambulances de la
jeune et de la vieille Garde, 185. —
(16 mai.) Ordre de former des hôpi-
taux dans les places fortes et sur la
ligne d'évacuation par Boissons, 193.
— (14 juin.) Instructions pour le ser-
vice des ambulances de l'armée, 285.
SflUMUR , chef-lieu d'arrondissement du
département de Maine-et-Loire. —
(22 mai 1815.) Ordre de mettre le
château de Saumur en état de défense,
214.
Savary , duc de Rovigo , lieutenant géné-
ral , premier inspecteur général de la
gendarmerie. — (12 mai 1815.)
Chargé de publier dans le Journal de
l'Empire le récit de l'incident qui se
passa après Austerlitz lorsque l'empe-
reur Alexandre fut coupé par le maré-
chal Davout, 181 à 183. — V. Davout.
ScEY (Comte de), ancien préfet, 107,
115.
ScHULTz, capitaine des chevau-légers de
la Garde impériale, 6.
Sebastiani (Comte) , lieutenant général.
— (10 avril 1815.) Chargé de l'organi-
sation des gardes nationales de la
16*^ division militaire; instructions qui
lui sont données, 87.
SiMMER (Baron) , lieutenant général. —
(27 avril 1815.) Nommé commandant
delà 19*" division, 133.
Simon de la Mortière (Chevalier) , maré-
chal de camp. — (20 mai 1815.)
Témoignage de satisfaction qui lui est
donné par l'Empereur, 203, 204.
SisTERON, chef-lieu d'arrondissement du
département des Basses- Alpes. —
(5 mars 1815.) Le général Cambronne
s'empare du pont et de la citadelle de
Sisteron. — (27 avril.) Importance de
cette position, 136.
SoissoNS, chef-lieu d'arrondissement du
département de l'Aisne. — (27 mars
1815.) Ordre de mettre cette place en
état de défense, 41. — V. 134, 194,
259, 262, 265 et 277.
SouHAM (Comte), lieutenant général, 111.
Soolt, duc de Dalmatie, maréchal de
France , major général de l'armée. —
(21 mai 1815.) Fixation de son traite-
ment comme maréchal et comme géné-
ral en chef ; indemnité qui lui est
accordée pour dépenses d'état-major,
frais de bureau et de poste, 210. —
(22 mai.) 11 reçoit ordre d'attacher à
l'état-major général six ingénieurs des
ponts et chaussées qui connaissent la
Belgique et la rive gauche du Rhin ,
221. — (3 juin,) 11 est chargé de pré-
parer un projet de mouvement du corps
de la Moselle sur Philippeville, en mas-
quant ce mouvement à l'ennemi, et de
remettre à l'Empereur un état général
de la situation des corps d'armée ha
Nord, de la Moselle, du Rhin et du
Jura, 252. — (7 juin.) Le duc de
Dalmatie reçoit ordre de partir pour
l'armée afin de prendre les dispositions
nécessaires pour la défense des places
de première ligne , achever l'organisa-
tion des différents corps et prendre des
renseignements sur la position de l'en-
nemi, 264, 265. — V. 222 et 264.
— V. Armée (Opérations de V).
Strasbourg, chef-lieu du département du
Bas-Rhin. — (26 mars 1815.) Réunion
du 5'^ corps d'observation près de cette
ville, 37.
SucHET , duc d'Albafera , maréchal de
France. — (26 avril 1815.) Nommé
commandant de l'armée des Alpes et
des T^ et 19'' divisions militaires; il
établit son quartier général à Cham-
béry, 132. — (16 mai.) Il reçoit ordre
de placer la division de réserve de Lyon
aux débouchés de Genève, pour couvrir
Lyon et établir une communication avec
la division de Besançon chargée de
garder les débouchés du Jura, 196. —
(20 mai.) Composition de l'armée des
Alpes; appui qu'elle doit trouver dans
les corps d'observation du Var et du
Jura ; — ordre de presser les travaux
de défense de Lyon, 207. — (6 juin.)
Le duc d'Albufera reçoit ordre de
réunir l'armée des Alpes dans une posi-
tion retranchée en avant de Chambéry,
et de former un camp de gardes natio-
nales entre Genève et Lyon pour couvrir
TABLE ANALYTIQUE.
337
celle dernière ville et menacer la Suisse, Sugxy, lieutenant général d'artillerie. —
258. — (11 juin.) Il est informé de (10 mai 1815.) Chargé de la direction
l'ouverture prochaine (les hostilités; in- du parc d'artillerie des Invalides, 171.
structions qui lui sont données pour les Suissk. — (7 avril 1815.) Le ministre des
opérations de l'armée des Alpes, 272. affaires étrangères est chargé de pré-
— V. 19, 37, 45, 57, 225, 249 parer un rapport sur les relations de la
et 280. France avec le gouvernement suisse, 80.
T
T/iLLKYRA\D (Comte Auguste de) , ex-mi-
nistre en Suisse. — (21 avril 1815.)
Poursuites dirigées contre lui, 115.
Tkstb (Baron) , lieutenant général, 25.
TiiiiATHES. — (5 mai 1815.) Observations
"^ sur le budget des théâtres, 162.
Thibaupusu (Comte) , conseiller d'État. —
Nommé commissaire extraordinaire à Di-
jon ; instructionsqui lui sont données, 79.
Thibault, lieutenant d'infanterie de la
Garde, 6.
Thionville , chef-lieu d'arrondissement du
département de la Moselle. — (26 mars
1815.) Réunion du 4° corps d'observa-
tion dans cette place, ,37.
Toulon, port français sur la Méditer-
ranée.— (18 avril 1815.) L'Empereur
félicite le maréchal Masséna d'avoir
résisté aux ordres du duc d'Angouième
qui lui enjoignaient de livrer cette ville
aux Anglais , et de l'avoir conservée à
la France, 112.
Toulouse , chef-iieu du département de la
Haute-Garonne. — (5 avril 1815.) Le
général Morand reçoit ordre de se diri-
ger sur cette ville pour la pacifier, 78.
TouRNUs , chef-lieu de canton du départe-
ment de Saône-et-Loire. — (14 mars
1815.) Éloge de la conduite des habi-
tants de cette ville pendant l'invasion
des alliés, 15. — (22 mai.) Décret
autorisant la ville de Tournus à placer
l'aigle de la Légion d'honneur dans ses
armes, 223. — V. 137 et 151.
Travot (Baron), lieutenant général, 215.
Troude (Baron), contre-amiral, 83.
Tulle , chef-lieu du département de la
Corrèze. — (23 mars 1815.) Impulsion
donnée à la fabrication des armes dans
cette ville, 24.
u
Université. — (26 mars 1815.) Demande d'un projet de décret pour la réorganisation
de l'Université, 38,
V
VâLENCiENNES , chcf- Heu d'arrondisscmeut
du département du Nord. — (26 mars
1815.) Réunion du 2<' corps d'observa-
tion dans cette ville, 40. — (27 avril.)
Approvisionnement de guerre de cette
place, 134.
Vandamme (Comte), lieutenant général,
commandant le 3*^ corps d'armée. —
(27 avril 1815.) Reçoit ordre de réunir
le 3" corps entre Rocroy et Mézières;
instructions en cas d'ouverture des hos-
tilités, 133, 134. — (9 mai.) II reçoit
ordre de réunir toutes ses troupes et de
laisser la garde des places fortes aux
gardes nationales; position que son
corps d'armée doit occuper entre Rocroy
«t Philippeville pour pouvoir se réunir
à l'armée du Nord , dont il fait partie,
165. — (15 mai.) Mesures éventuelles
xxvm.
que ce générai doit prendre pour la
défense des ponts de la Meuse et des
débouchés de la Marne, 192. —
(14 juin. ) Marche du 3^ corps surChar-
leroi, 281. — (16 juin.) Ce corps
fait partie de l'aile droite de l'armée et
prend part à la bataille de Ligny, 291
à 294. — V. Armée (Opérations de V).
Veaux (Baron) , maréchal de camp. —
(27 avril 1815.) Chargé de concourir à
la défense de la Saône ; opinion de l'Em-
pereur sur ce général, 137.
Vedel (Comte), lieutenant général, gou-
verneur de la 14'' division militaire. —
(12 mai 1815.) Reçoit ordre de former
des colonnes mobiles pour faire rejoindre
les réfractaires, 178.
Vkiland (Baron), maréchal de camp, 250.
Vebdikr (Comte), lieutenant général. —
22
338
CORRESPONDANCK DE NAPOLEON I".
(22 mai 1815.) Chargé du commande-
ment de la 8'^ division militaire, 219.
Verxet (Cari), peintre, membre de l'Insti-
tut. — Témoignage de satisfaction qu'il
reçoit de l'Empereur pour son tableau
de la bataille de Marengo, 83.
Versailles , chef-lieu du département de
Seine-et-Oise. — (23 mars 1815.) Im-
pulsion donnée à la fabrication des ar-
mes dans celte ville, 24. — (2 avril.)
Ordre de centraliser à Versailles toule
l'opération desremontes, 61. — (14 mai.)
Adresse du corps électoral de Seine-et-
Oise; réponse de l'Empereur, 186, 187.
Victor. — V. Perrin.
Villefraxchk-scr-Saôxe, chef-lieu d'arron-
dissement du département du Rhône. —
(13 mars 1815.) Arrivée de l'Empereur
dans cette ville, 14. — (27 avril.) For-
mation de l'artillerie de la garde natio-
nale, 136.
Villoutkevs, chef d'escadron. — (15 juin
1815.) Déserte à l'ennemi; ordre de le
mettre en jugement, 289.
Vixcen'nes (Fort de), près Paris. — (23mars
1815.) Instructions pour l'approvision-
nement de guerre de Vincennes, 23 ,
24, — (27 mars.) Ordre de diriger sur
cette place tous les fusils qui se trouvent
dans les manufactures d'armes, 42. —
(27 avril.) Organisation du parc d'ar-
tillerie de Vincennes, 137.
Violette, contre-amiral, 83.
ViOMÉML (Baron de), maréchal de camp, 5.
Vitbv-le-Fra\çois, chef- lieu d'arrondisse-
ment du département de la Marne. —
(22 avril 1815.) Ordre d'armer ci^tte
place, 118.
Vizille, chef-lieu de canton du départe-
ment de l'Isère. — (7 mars 1815.)
Arrivée de l'Empereur dans celte ville;
accueil enthousiaste qu'il y reçoit, 13.
w
Walaioden (Comte de), colonel autrichien,
181.
Wellington (Arthur Wellesley, duc de^ ,
commandant en chef l'armée anglaise
— (20 juin 1815.) Pertes de son ar-
mée an combat des Qualie-Bras ; —
position occupée par l'armée anglaise à
la bataille de i\Iont-Saint-.lean ; évalua-
tion des forces de cette armée ; bataille
de Mont-Saint- Jean, 294 à 298.
IVoLFF (Baron), maréchal de camp,
251.
LISTE DES PERSONNES
A QUI LES LETTRES SONT ADRESSÉES.
AxDRÉossv (Comte), lieutenant général, pré-
sident (le la section de la guerre au Con-
seil d'État, 72.
BauBiKR, bibliothécaire de l'Empereur, 346.
Bebt.iaxd (Comte), lieutenant général,
grand maréchal du Palais, 20, 29, 138,
162, 163 et 205.
BifiOTDE Prkamexeu (Comte), directeur gé-
néral des cultes, 105.
Cii'FARKLLi (Comte), lieutenant général,
aide de camp de l'Empereur, 173.
CAMii.iCKRÈs (Prince), duc de Parme, ar-
chichancelier de l'Empire , chargé du
portefeuille de la justice, 94 et 107.
CiiixoT (Comte), lieutenant général, mi-
nistre de l'intérieur, 28, 38. 39, 79,
89, 94, 102, 113, 118, 129, 156,
172. 179, 202, 211, 222, 236, 254
et 267.
Caulai.vcolrt , duc de Vicence , lieutenant
général, ministre des affaires étrangères,
48, 65, 66, 80, 85, 98, 112, 245 et
267.
CoLLi.v , comte de Sussy , ministre d'Etat,
premier président de la Cour des comp-
tes, 20.
CoiiuiXKAU (Baron) , lieutenant général ,
aide de camp de l'Empereur, 76 et 211.
Davout, prince d'Eckmiihl, maréchal de
France, ministre de la guerre, 18, 22 à
26, 36, 41 à 45, 48 à 51, 53, 55,
58, 59, 61 à 05, 68, 71, 78, 81,84,
85 à 89, 91, 93, 97, 99, 100, 102,
103, 105, 108, 110, 111, 114, 115,
118, 119, 130, 131, 132, 134, 135,
136, 137, 138, 144 à 160, 162, 163,
167 à 170, 173 à 179, 182, 184,
185, 190 à 197, 202 à 205, 209,
210, 213 à 219, 223 à 243, 249 à
251 , 254 à 259, 262, 263, 268, 272,
273, 275 à 277 et 280.
Degrés (Duc), vice-amiral, ministre de la
marine, 21, 22, 38, 52, 77, 79, 83,
84, 98, 105, 120, 121, 138, 161,
206, 228, 242, 243 et 254.
Defkrhox (Comte), conseiller d'État, 80.
Dejkan (Jean-François-.'limé), comte, lieu-
tenant général, premier inspecteur gé-
néral du génie, 157.
Dejea\ (Pierre -François -Marie- Auguste) ,
baron, lieutenant général, aide de camp
de l'Empereur, 131 et 266.
Drouot (Comte), lieutenant général, aide-
major de la Carde impériale, 1 97, 244,
252, 260 et 265.
Dl'mol'li.v, capitaine, officier d'ordonnance
de l'Empereur, 46.
Fontaine, membre de l'Institut, premier
architecte de l'Empereur, 38.
FoucHE, duc d'Otrante, ministre de la po-
lice générale, 17, 51, 172, 184, 193,
198, 201 et 206.
François I"^'', empereur d'Autriche, 60.
(ÎAUDiN, duc de Gaiite, ministre des finan-
ces, 39, 59, 60, 66 à 68, 97 et 104.
Georges IV, prince régent d'Angleterre,
301.
Grouchv (Comte), maréchal de France, 91
et 291.
JoAfiHiM Napoîéox, roi de Naples, 52.
Joseph Napoléon, roi, 121, 201, 248,
280, 286 et 289.
Lebrun, prince, duc de Plaisance, archi-
trésorier de l'Empire. 193.
Maret, duc de Bassano, ministre secrétaire
d'Etat, 24 et 78.
ilAssÉxA , prince d'Essling , maréchal de
France, 112.
MoLLiEN (Comte),' ministre du trésor pu-
blic, 95, 170 et 184.
Moncey, duc de Conégliano , maréchal de
France, 20.
AIoNTALivuT (Comte ce), intendant général
de la couronne, 29, 30 et 83.
.Montesql'iou-Fezensac (Comte de) , lieute-
nant général, grand chambellan de l'Em-
pereur, 29.
Ney, prince de la Moskora, duc d'EIchin-
gen, maréchal de France, 9, 45 et 289.
Rapp (Comte), lieutenant général, 208.
Savary, duc de Roïigo, lieutenant général,
premier inspecteur général de la gen-
darmerie, 181.
SoL'LT, duc de Dalmatie, maréchal de
France, major général de l'armée, 221,
222, 251, 252, 264 et 265.
SucHET , duc d'Albufera , maréchal de
France, 46 et 207.
•ri l'cCic
TABLE
DES MATIÈRES DU TOME XXVIII.
page».
Correspondance du l^"" mars au 4 août 1815 1
Table analytique 303
Liste des personnes à qqi les lettres sont adressées ... ,.,..... 339
J
T'm-ry^--
■/• ■:
:/■■■• :-^i
fi<ç^Éi#^
: 'j<y'
^:--^>^^';^v"%vi-.,.
^:^
%,.>C '::■;", ,:-jy
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^> ^^^.
-t^s
^(^'f-^'*^; ^.-^,-.;>
•>^-t:
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^m^
^ -'■
^■■■
^;
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m^
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
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213
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Napoléon I irv^\>
Correspondance de Napoléon >t'^'.' "X.'
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