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Full text of "Correspondance de Napoléon Ier; publiée par ordre de l'empereur Napoléon III"

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CORRESPONUAIVCE 


DE 


NAPOLÉON  I 


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L'éditeur  de  cet  ouvrage  se  réserve  le  droit  de  le  traduire  ou  de  le  faire 
traduire  en  toutes  les  laugues.  Il  poursuivra,  en  vertu  des  lois,  décrets 
et  traités  internationaux,  toutes  contrefaçons  ou  toutes  traductions  faites  au 
mépris  de  ses  droits. 


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PARIS.    —    TVP«IGI\ArHIE    DE   HEKRI    PLON ,    lUPRIUKUR    DK  L'EMPEIIEUP.  ,    RtlE    UARAVCIKRE,    8. 


Z~\Q>(L. 


CORKESPONDANCE 


DE 


NAPOLEON  1 


ER 


FL'BLIEE 


PAR  ORDRK  DE  L'EMPEREUR  NAPOLEON  IIL 


TOME   VnVGT-HUITIEME. 


PARIS 


HENRI   PLON 


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J.  DUMAINE 


KOITKUR   DKS  OKUVRKS   I)K   l'e.AIPKKKLR,      j  LIURAIHK- KDII KUR   DE   L  EMPEREUR , 

BUE   BARAXClKr.K,     10.  ]  RUE   DAUPHIXE,    30. 

MDCCCLXIX. 

L'éditeur  se  réserve  le  droit  de  tradiiclioii  en  toutes  langues 


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JIJN  1 7 1975      jj 


CORRESPONDANCE 


DE 


NAPOLÉON  PREMIER. 


ANNEE  1815. 


21681.  —AU  PEUPLE  FUANÇAIS. 

Golfe  Jouaii ,  l"'  mars  1815. 

Napoléon,  par  la  grâce  de  Dieu  el  les  constilulions  de  l'Etat, 
Empereur  des  Français,  etc. 

Français,  la  défection  du  duc  de  Castiglione  livra  Lyon  sans 
défense  à  nos  ennemis.  L'armée  dont  je  lui  avais  confié  le  comman- 
dement était,  par  le  nombre  de  ses  bataillons,  la  bravoure  et  le 
patriotisme  des  troupes  qui  la  composaient ,  à  même  de  battre  le  corps 
d'armée  autrichien  qui  lui  était  opposé,  et  d'arriver  sur  les  derrières 
de  l'aile  gauche  de  l'armée  ennemie  qui  menaçait  Paris. 

Les  victoires  deChampauberl,  deMontmirail,  de  Château-Thierry, 
de  Vauchamp,  de  Mormaus ,  de  Montereau,  de  Craonne,  de  Reims, 
d'Arcis-sur-Aube  et  de  Saint-Dizier,  l'insurrection  des  braves  pay- 
sans de  la  Lorraine,  de  la  Champagne,  de  l'Alsace,  de  la  Franche- 
Comté  et  de  la  Bourgogne  ,  et  la  position  que  j'avais  prise  sur  les 
derrières  de  l'armée  ennemie  en  la  séparant  de  ses  magasins ,  de  ses 
parcs  de  réserve,  de  ses  convois  et  de  tous  ses  équipages,  l'avaient 
placée  dans  une  situation  désespérée.  Les  Français  ne  furent  jamais 
sur  le  point  d'être  plus  puissants ,  et  l'élite  de  l'armée  ennemie  était 
perdue  sans  ressource,  elle  eût  trouvé  son  tombeau  dans  ces  vastes 
contrées  qu'elle  avait  si  impitoyablement  saccagées ,  lorsque  la  trahi- 
son du  duc  de  llaguse  livra  la  capitale  et  désorganisa  l'armée. 

La  conduite  inattendue  de  ces  deux  généraux,  qui  trahirent  à  la 
fois  leur  patrie ,  leur  prince  et  leur  bienfaiteur,  changea  le  destin  de 
la  guerre.  La  situation  désastreuse  de  l'ennemi  était  telle  ,  qu'à  la  fin 
de  l'îkffaire  qui  eut  lieu  devant  Paris  il  était  sans  munitions  par  la 
séparation  de  ses  parcs  de  réserve. 


2  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  ^^  -  1815. 

Dans  ces  nouvelles  et  grandes  circonstances,  mon  cœur  fut  déchiré  ; 
mais  mon  âme  resta  inébranlable.  Je  ne  consultai  que  l'intérêt  de  la 
natrie-  ie  m'exilai  sur  un  rocher  au  milieu  des  mers  :  ma  vie  vous 
était  et  devait  encore  vous  être  utile.  Je  ne  permis  pas  que  le  grand 
nombre  de  citoyens  qui  voulaient  m'accompagner  partageassent  mon 
sort;  je  crus  leur  présence  utile  à  la  France,  et  je  n^emmenai  avec 
moi  qu'une  poignée  de  braves  nécessaires  à  ma  garde. 

Élevé  au  trône  par  votre  choix ,  tout  ce  qui  a  été  fait  sans  vous  est 
illégitime.  Depuis  vingt-cinq  ans,  la  France  a  de  nouveaux  intérêts, 
de  nouvelles  institutions,  une  nouvelle  gloire,  qui  ne  peuvent  être 
oarantis  que  par  un  gouvernement  national  et  par  une  dynastie  née 
dans  ces  nouvelles  circonstances.  Un  prince  qui  régnerait  sur  vous 
qui  serait  assis  sur  mon  trône  par  la  force  des  mêmes  armées  qui  ont 
ravagé  notre  territoire ,  chercherait  en  vain  à  s'etayer  des  principes  du 
droit  féodal  ;  il  ne  pourrait  assurer  l'honneur  et  les  droits  que  d  un  petit 
nombre  d'individus  ennemis  du  peuple,  qui,  depuis  ymgt-cinq  ans, 
L  a  condamnés  dans  toutes  nos  assemblées  nationales.  Votre  tran- 
quillité intérieure  et  votre  considération  extérieure  seraient  perdues 

^^^ancais,  dans  mon  exil  j'ai  entendu  vos  plaintes  et  vos  vœux  : 
'  vous  rédamiez  ce  gouvernement  de  votre  choix,  qui  seul  est  légi- 
time-  vous  accusiez  mon  long  sommeil,  vous   me  reprochiez   de 
sacriGer  à  mon  repos  les  grands  intérêts  de  la  patrie. 

J'ai  traversé  les  mers  au  milieu  des  périls  de  toute  espèce  ;  j  arrive 
parmi  vous  reprendre  mes  droits ,  qui  sont  les  vôtres. 

Tout  ce  que  des  individus  ont  fait,  écrit  ou  dit  depuis  la  prise  de 
Paris  le  l'ignorerai  toujours;  cela  n'influera  ai  rien  s«r  le  souve- 
nir que  je  conserve  des  services  importants  qu'ils  ont  rendus  car  il 
est  des  événements  d'une  telle  nature,  qu'ils  sont  au-dessus  de  1  or- 
ganisation humaine. 

Français,  il  n'est  aucune  nation,  quelque  petite  qu elle  soit  qui 
n'ait  eu  le  droit  de  se  soustraire  et  ne  se  soit  soustraite  au  déshon- 
neur d'obéir  à  un  prince  imposé  par  un  ennemi  momentanément  vic- 
torieux. Lorsque  Charles  Vil  rentra  à  Paris  et  renversa  e  trône 
éphémère  de  Henri  VI ,  il  reconnut  tenir  son  trône  de  la  vaillance  de 
ses  braves  et  non  d'un  prince  régent  d'Angletene.  G  est  aussi  a  vous 
seuls  et  aux  braves  de  l'armée  que  je  fais  et  ferai  toujours  gloire  de 
t««t  devoir.  Napoléon. 

D'après  le  placard  primitif  imprimé  à  Gap. 


CORHESPONDAMGE    DE  XAPOLEOM  I".  —  1815.  :) 

21682.— A  L'ARMÉE. 

Golfe  Jouan,  l"  mars  1815. 

Soldats,  nous  n'avons  pas  été  vaincus.  Deux  hommes  sortis 
de  nos  rangs  ont  trahi  nos  lauriers,  leur  pays,  leur  prince,  leur 
bienfaiteur. 

Ceux  que  nous  avons  vus  pendant  vingt-cinq  ans  parcourir  toute 
l'Europe  pour  nous  susciter  des  ennemis,  qui  ont  passé  leur  vie  à 
combattre  contre  nous  dans  les  rangs  des  armées  étrangères ,  en  mau- 
dissant notre  belle  France,  prétendraient-ils  commander  et  enchaî- 
ner nos  aigles,  eux  qui  n'ont  jamais  pu  en  soutenir  les  regards? 
Souffrirons-nous  qu'ils  héritent  du  fruit  de  nos  glorieux  travaux  ; 
qu'ils  s'emparent  de  nos  honneurs,  de  nos  biens;  qu'ils  calomnient 
notre  gloire?  Si  leur  règne  durait,  tout  serait  perdu  ,  même  le  sou- 
venir de  ces  immortelles  journées.  Avec  quel  acharnement  ils  les 
dénaturent!  Ils  cherchent  à  empoisonner  ce  que  le  monde  adjnire; 
et,  s*il  reste  encore  des  défenseurs  de  notre  gloire,  c'est  parmi  ces 
mêmes  ennemis  que  nous  avons  combattus  sur  le  champ  de  bataille. 

Soldats,  dans  mon  exil  j'ai  entendu  votre  voix.  Je  suis  arrivé  à 
travers  tous  les  obstacles  et  tous  les  périls. 

Votre  général ,  appelé  au  trône  par  le  choix  du  peuple  et  élevé 
sur  vos  pavois,  vous  est  rendu;  venez  le  joindre. 

Arrachez  ces  couleurs  que  la  nation  a  proscrites  ,  et  qui ,  pendant 
vingt-cinq  ans ,  servirent  de  ralliement  à  tous  les  ennemis  de  la 
France!  Arborez  cette  cocarde  tricolore;  vous  la  portiez  dans  nos 
grandes  journées  ! 

Nous  devons  oublier  que  nous  avons  été  les  maîtres  des  nations  ; 
mais  nous  ne  devons  pas  souffrir  qu'aucune  se  mêle  de  nos  affaires. 
Qui  prétendrait  être  maître  chez  nous ,  qui  en  aurait  le  pouvoir? 

Reprenez  ces  aigles  que  vous  aviez  à  Ulm  ,  à  Austerlitz,  à  lena,  à 
Eylau,  à  Friedland,  à  Tudela,  à  Eckmûhl ,  à  Essiing,  à  Wagram,  à 
Smolensk ,  à  la  Moskova ,  à  Lutzen ,  à  Wurschen ,  à  Montmirail  ! 
Pensez -vous  que  cette  poignée  de  Français  aujourd'hui  si  arrogants 
puissent  en  soutenir  la  vue?  Ils  retourneront  d'oii  ils  viennent;  et  là, 
s'ils  le  veulent,  ils  régneront  comme  ils  prétendent  avoir  régné  pen- 
dant dix-neuf  ans. 

Vos  rangs ,  vos  biens ,  votre  gloire  ,  les  biens  »  les  rangs  et  la  gloire 
de  vos  enfants,  n'ont  pas  de  plus  grands  ennemis  que  ces  princes 
que  les  étrangers  nous  ont  imposés  :  ils  sont  les  ennemis  de  notre 
gloire,  puisque  le  récit  de  tant  d'actions  héroïques  qui  ont  illustré  le 

1. 


4  CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

peuple  français  combattant  contre  eux  pour  se  soustraire  à  leur  joug 
est  leur  condamnation. 

Les  vétérans  des  armées  de  Sambre-et-Meuse,  du  Rhin  ,  d'Italie, 
d'Egypte,  de  l'Ouest,  de  la  Grande  Armée,  sont  tous  luiiniliés;  leurs 
honorables  cicatrices  sont  flétries.  Leurs  succès  seraient  des  crimes; 
ces  braves  gens  seraient  des  rebelles,  si,  comme  le  prétendent  les 
ennemis  du  peuple ,  les  souverains  légitimes  étaient  au  milieu  des 
armées  étrangères.  Les  honneurs,  les  récompenses,  leur  affection , 
sont  pour  ceux  qui  les  ont  servis  contre  la  patrie  et  contre  nous. 

Soldats ,  venez  vous  ranger  sous  les  drapeaux  de  votre  chef.  Son 
existence  ne  se  compose  que  de  la  vôtre;  ses  droits  ne  sont  que  ceux 
du  peuple  et  les  vôtres  ;  son  intérêt,  son  honneur  et  sa  gloire  ne  sont 
autres  que  votre  intérêt,  votre  honneur  et  votre  gloire.  La  victoire 
marchera  au  pas  de  charge.  L'aigle,  avec  les  couleurs  nationales, 
volera  de  clocher  en  clocher  jusqu'aux  tours  de  Notre-Dame.  Alors 
vous  pourrez  montrer  avec  honneur  vos  cicatrices.  Alors  vous  pour- 
rez vous  vanter  de  ce  que  vous  aurez  fait  ;  vous  serez  les  libérateurs 
de  la  patrie!  Dans  votre  vieillesse ,  entourés  et  considérés  de  vos  con- 
citoyens, ils  vous  entendront  avec  respect  raconter  vos  hauts  faits; 
vous  pourrez  dire  avec  orgueil  :  «  El  moi  aussi  je  faisais  partie 
de  cette  Grande  Armée  qui  est  entrée  deux  fois  dans  les  murs  de 
Vienne,  dans  ceux  de  Rome,  de  Berlin,  de  Madrid,  de  Moscou,  et 
qui  a  délivré  Paris  de  la  souillure  que  la  trahison  et  la  présence  de 
l'ennemi  y  ont  empreinte  !  " 

Honneur  à  ces  braves  soldats ,  la  gloire  de  la  patrie  !  et  honte 
éternelle  aux  Français  criminels,  dans  quelque  rang  que  la  fortune 
les  ait  fait  naître,  qui  combattirent  vingt-cinq  ans  avec  l'étranger  pour 
déchirer  le  sein  de  la  patrie  ! 

Napoléon. 

D'après  le  placard  primitif. 

21683.  —  LA  GARDE  IMPÉRIALE 

AUX  GÉNÉRAUX,  OFFICIERS  ET  SOLDATS  DE  L'ARMÉE'. 

Golfe  Jouan,  1<"  mars  1815. 

Soldats,  Camarades,  nous  vous  avons  conservé  votre  Empereur, 
malgré  les  nombreuses  embûches  qu'on  lui  a  tendues;  nous  vous  le 
ramenons  à  travers  les  mers,  au  milieu  de  raille  dangers.  Nous  avons 
abordé  sur  la  terre  sacrée  de  la  patrie  avec  la  cocarde  nationale  et 

'  Proclamation  attribuée  à  l'Empereur  par  Fleury  de  Chaboulon  dans  ses 
Mémoires  sur  les  Cent  Jours,  etc.  Elle  n'a  pas  été  désavouée  par  Napoléon 
dans  SCS  annotations  critiques  sur  cet  ouvrage. 


CORKESPONDANCE   DE  NAPOLEON   I".  —  1815.  5 

l'aigle  impériale.  Foulez  aux  pieds  la  cocarde  blanche,  elle  est  le 
signe  de  la  honte  et  du  joug  imposé  par  l'étranger  et  la  trahison  ; 
nous  aurions  inutilement  versé  notre  sang ,  si  nous  souffrions  que 
les  vaincus  nous  donnassent  la  loi  ! 

Depuis  le  peu  de  mois  que  les  Bourbons  régnent,  ils  vous  ont 
convaincus  qu'ils  n'ont  rien  oublié  ni  rien  appris.  Ils  sont  toujours 
gouvernés  par  des  préjugés  ennemis  de  nos  droits  et  de  ceux  du 
peuple.  Ceux  qui  ont  porté  les  armes  contre  leur  pays,  contre  nous, 
sont  des  héros!  Vous,  vous  êtes  des  rebelles,  à  qui  l'on  veut  bien 
pardonner  jusqu'à  ce  que  l'on  soit  assez  consolidé  par  la  formalion 
d'un  corps  d'armée  d'émigrés,  par  l'introduction  à  Paris  d'une  garde 
suisse  et  par  le  remplacement  successif  de  nouveaux  ofGciers  dans 
vos  rangs!  Alors  il  faudra  avoir  porté  les  armes  contre  sa  patrie  pour 
pouvoir  prétendre  aux  honneurs  et  aux  récompenses  ;  il  faudra  avoir 
une  naissance  conforme  à  leurs  préjugés  pour  être  officier;  le  soldat 
devra  toujours  rester  soldat;  le  peuple  aura  les  charges  ,  et  eux  les 
honneurs. 

Un  Vioménil  insulte  au  vainqueur  de  Zurich  en  le  naturalisant 
français,  lui  qui  avait  besoin  de  trouver,  dans  la  clémence  de  la  loi, 
pardon  et  amnistie.  Un  Bruslart,  chouan,  sicaire  de  Georges,  com- 
mande nos  légions. 

En  attendant  le  moment  oià  ils  oseraient  détruire  la  Légion  d'hon- 
neur, ils  l'ont  donnée  à  tous  les  traîtres  et  l'ont  prodiguée  pour 
l'avilir.  Ils  lui  ont  ôlé  toutes  les  prérogatives  politiques  que  nous 
avions  gagnées  au  prix  de  notre  sang. 

Les  400  millions  du  domaine  extraordinaire  sur  lesquels  étaient 
assignées  nos  dotations,  qui  étaient  le  patrimoine  de  l'armée  et  le  prix 
de  nos  succès,  ils  les  ont  fait  porter  en  Angleterre. 

Soldats  de  la  grande  nation  ,  soldats  du  grand  Napoléon ,  continue- 
rez-vous  à  l'être  d'un  prince  qui  vingt  ans  fut  l'ennemi  de  la  France, 
et  qui  se  vante  de  devoir  son  trône  à  un  prince  régent  d'Angleterre? 

Tout  ce  qui  a  été  fait  sans  le  consentement  du  peuple  et  le  nôtre , 
et  sans  nous  avoir  consultés  ,  est  illégitime. 

Soldais,  la  générale  bat  ;  nous  marchons!  Courez  aux  armes,  venez 
nous  joindre,  joindre  votre  Empereur  et  nos  aigles  tricolores.  Et  si  ces 
hommes,  aujourd'hui  si  arrogants  et  qui  ont  toujours  fui  à  l'aspect  de 
nos  armes,  osent  nous  attendre,  quelle  plus  belle  occasion  de  verser 
notre  sang  et  de  chanter  l'hymne  de  la  victoire  ! 

Soldats  des  7%  8^  et  19*  divisions  militaires,  garnisons  d'Antibes, 
de  Toulon ,  de  Marseille,  officiers  en  retraite ,  vétérans  de  nos  armées, 
vous  êtes  appelés  à  l'honneur  de  donner  le  premier  exemple.  Venez 


6  CORRESPONDAIVCE  DE  NAPOLEON  I«.  _  1815. 

avec  nous  conquérir  ce  trône  palladium  de  nos  droits,  et  que  la  pos- 
térité dise  un  jour  :  Les  étrangers,  secondés  par  des  traîtres ,  avaient 
imposé  un  joug  honteux  à  la  France;  les  braves  se  sont  levés,  et 
les  ennemis  du  peuple,  de  l'armée,  ont  disparu  et  sont  rentrés  dans 
le  néant. 

Ont  signé  à  l'original  : 

Le  général  d(!  brigade  baron  Cambronke  ,  major  du  l''''  ré^inieat  des 
cbasseurs  de  la  Garde;  le  iieutenant-colonel,  chevalier  Mallet;  artillerie 
de  la  Garde  ,  Cornuel  ,  Raoul,  capitaines;  Langue,  Démons,  lieutenants; 
infanterie  de  la  Garde,  Loubers,  Lamourette  ,  Mompez  ,  Combes,  capi- 
taines; De  QUEUX ,  Thibault,  Chaumet,  Mallet,  lieutenants;  chevau-légers 
de  la  Garde,  le  baron  Jermanowski,  major;  Balinski,  Schultz  ,  capitaines. 

Suivent  les  autres  signatures  des  officiers,  sous-officiers  et  soldats  de 
la  Garde. 

A  signé  enfin  le  général  de  division,  aide  de  camp  de  S.  M.  rfimpc- 
reur,  aide-major  général  de  la  Garde,  comte  DnouoT. 

Extrait  du  Moniteur  du  21  mars  1815. 


21684.  —  AUX  HABITANTS  DES  HALTES  ET  BASSES-ALPES. 

Gap,  6  mars  1815. 

Citoyens,  j'ai  été  vivement  touché  de  tous  les  sentiments  que  vous 
m'avez  montrés.  Vos  vœux  seront  exaucés^,  la  cause  de  la  nation 
triomphera  encore!  Vous  avez  raison  de  m'appeler  votre  Père;  je  ne 
vis  que  pour  l'honneur  et  le  bonheur  de  la  France.  Mon  retour  dis- 
sipe toutes  vos  inquiétudes  ;  il  garantit  la  conservation  de  toutes  les 
propriétés.  L'égalité  entre  toutes  les  classes ,  et  les  droits  dont  vous 
jouissez  depuis  vingt-cinq  ans,  et  après  lesquels  nos  pères  ont  tant 
soupiré  ,  forment  aujourd'hui  une  partie  de  votre  existence. 

Dans  toutes  les  circonstances  où  je  pourrai  me  trouver,  je  me  rap- 
pellerai toujours  avec  un  vif  intérêt  tout  ce  que  j'ai  vu  en  traversant 
votre  pays. 

Napoléon. 

Extrait  du  Journal  du  déparlcment  du  Rhône  du  13  mars  1815. 


21685.  —  AUX  HABITANTS  DU  DÉPARTEMENT  DE  L'ISÈRE. 

Grenoble,  9  mars  1815. 

Citoyens,  lorsque,  dans  mon  exil,  j'appris  tous  les  malheurs  qui 
pesaient  sur  la  nation,  que  tous  les  droits  du  peuple  étaient  mécon- 
nus,  et  qu'on  me  reprochait  le  repos  dans  lequel  je  vivais,  je  ne 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  7 

perdis  pas  un  moment  :  je  m'embarquai  sur  un  frêle  navire ,  je  tra- 
versai les  mers  au  milieu  des  vaisseaux  de  guerre  des  différentes 
nations ,  je  débarquai  sur  le  sol  de  la  patrie ,  et  je  n'eus  en  vue  que 
d'arriver  avec  la  rapidité  de  l'aigle  dans  cette  ibonne  ville  de  Gre- 
noble ,  dont  le  patriotisme  et  l'attachement  à  ma  personne  m'étaient 
particulièrement  connus. 

Dauphinois,  vous  avez  rempli  mon  attente. 

J'ai  supporté,  non  sans  déchirement  de  cœur,  mais  sans  abatte- 
ment, les  malheurs  auxquels  j'ai  été  en  proie  il  y  a  un  an.  Le  spec- 
tacle que  m'a  offert  le  peuple  sur  mon  passage  m'a  vivement  ému.  Si 
quelques  nuages  avaient  pu  altérer  la  grande  opinion  que  j'avais  du 
peuple  français ,  ce  que  j'ai  vu  m'a  convaincu  qu'il  était  toujours  digne 
de  ce  nom  de  grand  peuple  dont  je  le  saluai  il  y  a  plus  de  vingt  ans. 

Dauphinois,  sur  le  point  de  quitter  vos  contrées  pour  me  rendre 
dans  ma  bonne  ville  de  Lyon ,  j'ai  senti  le  besoin  de  vous  exprimer 
toute  l'eslime  que  m'ont  inspirée  vos  sentiments  élevés.  Mon  cœur  est 
tout  plein  dos  émotions  que  vous  y  avez  fait  naître;  j'en  conserverai 
toujours  le  souvenir. 

Napoléon. 

Extrait  du  Journal  du  département  du  Rhône  du  13  mars  1815. 


21686.  —  DKCHET. 

Lyon,  13  mars  1815. 

Napoléon,  etc. 

Considérant  que  la  chambre  des  Pairs  est  composée  en  partie  des 
personnes  qui  ont  porté  les  armes  contre  la  France  et  qui  ont  intérêt 
au  rétablissement  des  droits  féodaux,  à  la  destruction  de  l'égalité 
entre  les  différentes  classes,  à  l'annulation  des  ventes  des  domaines 
nationaux ,  enGn  à  priver  le  peuple  des  droits  qu'il  a  acquis  par 
vingt-cinq  ans  de  combats  contre  les  ennemis  de  la  gloire  nationale; 

Considérant  que  les  pouvoirs  des  Députés  au  Corps  législatif 
étaient  expirés,  et  que  dès  lors  la  chambre  des  Communes  n'a  plus 
aucun  caractère  national  ; 

Qu'une  partie  de  cette  chambre  s'est  rendue  indigne  de  la  con- 
fiance de  la  nation',  en  adhérant  au  rétablissement  de  la  noblesse 
féodale  abolie  par  les  constitutions  acceptées  par  le  peuple,  en  fai- 
sant payer  par  la  France  des  dettes  contractées  à  l'étranger  pour 
tramer  des  coalitions  et  soudoyer  des  armées  contre  le  peuple  français, 
en  donnant  aux  Bourbons  le  titre  de  rois  légitimes;  ce  qui  était  décla- 

1  Le  texte  de  ce  décret  publié  à  Lyon  portait  ;  indigne  de  la  nation. 


8  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  l".  —  1815. 

rer  rebelles  le  peuple  français  et  les  armées,  proclamer  seuls  bons  Fran- 
çais les  émigrés  qui  ont  déchiré  pendant  vingt-cinq  ans  le  sein  de  la 
patrie,  et  violer  tous  les  droits  du  peuple  en  consacrant  le  principe  que 
la  nation  était  faite  pour  le  trône  et  non  le  trône  pour  la  nation  ; 

Nous  avons  décrété  et  décrétons  ce  qui  suit  : 

Article  premier.  La  chambre  des  Pairs  est  dissoute. 

Art.  2.  La  chambre  des  Communes  est  dissoute. 

Il  est  ordonné  à  chacun  des  membres  convoqués  et  arrivés  à  Paris 
depuis  le  7  mars  dernier  de  retourner  sans  délai  dans  leur  domicile.' 

Art.  3.  Les  collèges  électoraux  des  départements  de  l'Empire 
seront  réunis  à  Paris  dans  le  courant  du  mois  de  mai  prochain  en 
Assemblée  extraordinaire  du  Champ  de  Mai,  afin  de  prendre  les 
mesures  convenables  pour  corriger  et  modifier  nos  constitutions, 
selon  l'intérêt  et  la  volonté  de  la  nation;  et  en  même  temps  pour 
assister  au  couronnement  de  l'Impératrice,  notre  chère  et  bien-aimée 
épouse,  et  à  celui  de  notre  cher  et  bien-aimé  fils. 

Art.  4.  Le  grand  maréchal,  faisant  fonctions  de  major  général 
de  la  Grande  Armée,  est  chargé  de  prendre  les  mesures  nécessaires 
pour  la  publication  du  présent  décret. 

Napoléon. 

Elirait  du  Moniteur  du  21  mars  1815.  ■> 


21687.   —  AUX  LYONNAIS. 

Lyon,  13  mars  1815. 

Lyonnais,  au  moment  de  quitter  votre  ville  pour  me  rendre  dans 
ma  capitale,  j'éprouve  le  besoin  de  vous  faire  connaître  les  senti- 
ments que  vous  m'avez  inspirés.  Vous  avez  toujours  été  au  premier 
rang  dans  mon  affection.  Sur  le  trône  ou  dans  l'exil,  vous  m'avez 
toujours  montré  les  mêmes  sentiments.  Ce  caractère  élevé,  qui  vous 
distingue  spécialement,  vous  a  mérité  toute  mon  estime.  Dans  des 
moments  plus  Iranquilles,  je  reviendrai  pour  m'occuper  de  vos 
besoins  et  de  la  prospérité  de  vos  manufactures  et  de  votre  ville. 

Lyonnais,  je  vous  aime. 

Napoléon. 

Extrait  du  Journal  du  dèparlemenl  du  Rhône  du  16  mars  1815. 


21688.  —  REPONSE  DE  L'EMPEREUR 

A  UME  DÉPUTATION  DE  LYONNAIS. 

Lyon,  13  mars  1815. 
Admis  devant  l'Empereur,  l'un  de  nous  a  dit  : 
i<  Sire,   d'un   mouvement  spontané  les   Lyonnais   viennent   offrir   aux 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  _  1815.  9 

braves  qui  composent  votre  Garde  ce  guidon  d'honneur  et  de  la  victoire  '. 
Daignez  l'agréer  comme  un  tribut  de  notre  admiration  et  de  notre  recon- 
naissance, n 

Sa  Majesté  a  répondu  : 

«  Je  le  reçois  avec  plaisir,  au  nom  de  la  Garde.  Nous  allons  à 
Paris;  ce  sera  celui  que  nous  porterons,  et  nous  nous  rappellerons 
toujours  que  nous  le  tenons  de  nos  bons  habitants  de  Lyon,  la 
seconde  ville  de  l'Empire.  » 

L'un  de  nous,  prenant  la  parole,  a  dit  : 

«  Sire,  il  sera  bien  glorieux  pour  nous  de  songer  que  cette  aigle  sera 
toujours  auprès  de  votre  personne.  » 

L'Empereur  a  repris  aussitôt  : 

a  Elle  sera  toujours  dans  ma  Garde.  » 

Extrait  du  Journal  du  département  du  Rhône  du  16  mars  1815. 


21689.  —  AU  MARÉCHAL  NEY,  PRINCE  DE  LA  MOSKOVA, 

A  LONS-LE-SAliL\IER. 

Lyon  ,  le  . .  mars  1815^. 

Mon  Cousin,  mon  major  général  vous  expédie  l'ordre  de  marche. 
Je  ne  doute  pas  qu'au  moment  oii  vous  aurez  appris  mon  arrivée  à 
Lyon  vous  n'ayez  fait  reprendre  à  vos  troupes  le  drapeau  tricolore. 
Exécutez  les  ordres  de  Bertrand  et  venez  me  joindre  à  Clialon.  Je 
vous  recevrai  comme  le  lendemain  de  la  bataille  de  la  Moskova. 

•  Napoléon. 

Extrait  des  Réciti  de  lu  captivité,  etc.,  par  le  général  Montliolon. 


21690.  —  RELATION  DE  LA  MARCHE  DE  NAPOLEON 

DE  L'ILE  D'ELBE  A  PARIS  \ 

L'Empereur,  instruit  que  le  peuple  en  France  avait  perdu  tous  ses  droits 
acquis  par  vingt-cinq  années  de  combats  et  de  victoires,  et  que  l'armée 
était  attaquée  dans  sa  gloire,  résolut  de  faire  changer  cet  état  de  choses, 
de  rétablir  le  trône  impérial,   qui  seul  pouvait  garantir  les   droits  de  la 

'  Une  aigle  portant  ces  mots  :  Les  Lyonnais  à  la  Garde  impériale.  — 
Mars  1815. 

2  Sans  date  de  jour. 

•*  Celte  relation  officielle  du  retour  de  l'île  d'Elbe  ne  saurait  être  attribuée 
qu'à  l'Empereur;  c'est  pour  cette  raison  qu'on  a  cru  devoir  la  reproduire  ici; 
on  y  trouve  d'ailleurs  rapportées  plusieurs  de  ses  allocutions. 


10  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

nation,  et  de  faire  disparaître  ce  trône  royal  que  le  peuple  avait  proscrit 
comme  ne  garantissant  que  les  intérêts  d'un  petit  nombre  d'individus. 

Le  26  février,  à  cinq  heures  du  soir,  il  s'embarqua  sur  un  brick  por- 
tant lingt-six  canons,  avec  400  hommes  de  sa  Garde.  Trois  autres  bâti- 
ments qui  se  trouvaient  dans  le  port,  et  qui  furent  saisis,  reçurent 
200  hommes  d'infanterie,  100  chevau-Iégers  polonais  et  le  bataillon  des 
flanqueurs,  de  200  hommes. 

Le  vent  était  du  sud  et  paraissait  favorable.  Le  capitaine  Chautard  avait 
espoir  qu'avant  la  pointe  du  jour  l'île  de  Capraja  serait  doublée ,  et  qu'on 
serait  hors  des  croisières  française  et  anglaise  qui  observaient  de  ce  côté. 
Cet  espoir  fut  déçu  :  on  avait  k  peine  doublé  le  cap  Saint-André  de  l'île 
d'Elbe  ,  que  le  vent  mollit,  la  mer  devint  calme;  à  la  pointe  du  jour,  on 
n'avait  fait  que  six  lieues,  et  l'on  était  encore  entre  l'île  de  Capraja  et  l'île 
d'Elbe,  en  vue  des  croisières. 

Le  péril  paraissait  imminent.  Plusieurs  marins  étaient  d'opinion  de 
retourner  à  Porto-Ferrajo.  L'Empereur  ordonna  qu'on  continuât  la  navi- 
gation, ayant  pour  ressource,  en  dernier  événement,  de  s'emparer  de  la 
croisière  française.  Elle  se  composait  de  deux  frégates  et  d'un  brick;  mais 
tout  ce  qu'on  savait  de  l'attachement  de  l'équipage  à  la  gloire  nationale  ne 
permettait  pas  de  douter  qu'ils  arboreraient  le  pavillon  tricolore  et  se 
rangeraient  de  notre  côté. 

Vers  midi,  le  vent  fraîchit  un  peu.  A  quatre  heures  après  midi,  on  se 
trouva  à  la  hauteur  de  Livourne.  Une  frégate  paraissait  à  cinq  lieues  sous 
le  vent;  une  autre  était  sur  les  côtes  de  Corse;  et,  de  loin,  un  bâtiment 
de  guerre  venait  droit,  vent  arrière,  à  la  rencontre  du  brick.  A  six  heures 
du  soir,  le  brick  que  montait  l'Empereur  se  croisa  avec  un  brick  qu'on 
reconnut  être  le  Zéjphyre,  monté  par  le  capitaine  Andrieux,  officier  dis- 
tingué autant  par  ses  talents  que  par  son  véritable  patriotisme.  On  proposa 
d'abord  de  parler  au  brick  et  de  lui  faire  arborer  le  pavillon  tricolore. 
Cependant  l'Empereur  donna  ordre  aux  soldats  de  la  Garde  d'ôter  leurs 
bonnets  et  de  se  cacher  sous  le  pont,  préférant  passer  à  côté  du  brick 
sans  se  laisser  reconnaître ,  et  se  réservant  le  parti  de  le  faire  changer  de 
pavillon  si  l'on  était  obligé  d'y  recourir.  Les  deux  bricks  passèrent  bord 
à  bord.  Le  lieutenant  de  vaisseau  Taillade,  officier  de  la  marine  française, 
était  très-connu  du  capitaine  Andrieux;  et,  dès  qu'on  fut  à  portée,  on 
,parlementa.  On  demanda  au  capitaine  Andrieux  s'il  avait  des  commissions 
pour  Gènes;  on  se  fit  quelques  honnêtetés,  et  les  deux  bricks  allant  en 
sens  contraire  furent  bientôt  hors  de  vue,  sans  que  le  capitaine  Andrieux 
se  doutât  de  ce  que  portait  ce  frêle  bâtiment! 

Dans  la  nuit  du  27  au  28,  le  vent  continua  de  fraîchir.  A  la  pointe  du 
jour,  on  reconnut  un  bâtiment  de  74,  qui  avait  l'air  de  se  diriger  ou  sur 
Saint- Florent  ou  sur  la  Sardaigne.  On  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  que  ce 
bâtiment  ne  s'occupait  pas  du  brick. 

Le  28  ,  à  sept  heures  du  matin ,  on  découvrit  les  côtes  de  Noli  ;  à  midi , 
Anlibes.  A  trois  heures,  le  1*''  mars,  on  entra  dans  le  golfe  Jonan. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.     il 

L'Empereur  ordonna  qu'un  capitaine  de  la  Garde,  avec  vingt-cinq 
hommes,  débarquât  avant  la  garnison  du  brick  pour  s'assurer  de  la  bat- 
terie de  côte,  s'il  en  existait  une.  Ce  capitaine  conçut,  de  son  chef,  l'idée 
de  faire  changer  la  cocarde  au  bataillon  qui  éfaiit  dans  Antibes.  Il  se  jeta 
imprudemment  dans  la  place.  L'officier  qui  y  commandait  pour  le  roi  fit 
lever  les  ponts-levis  et  fermer  les  portes  ;  sa  troupe  prit  les  armes ,  mais 
elle  eut  respect  pour  ces  vieux  soldats  et  pour  leur  cocarde  qu'elle  ché- 
rissait. Cependant  l'opération  dn  capitaine  échoua,  et  ses  hommes  restè- 
rent prisonniers  dans  Antibes. 

A  cinq  heures  après  midi,  le  débarqnement  au  golfe  Jouan  était  achevé; 
on  établit  un  bivouac  au  bord  de  la  mer  jusqu'au  lever  de  la  lune. 

A  onze  heures  du  soir,  l'Empereur  se  mit  à  la  tête  de  cette  poignée  de 
braves  au  sort  de  laquelle  étaient  attachées  de  si  grandes  destinées.  Il  se 
rendit  à  Cannes,  de  là  à  Grasse,  et,  par  Saint-Vallier ,  il  arriva,  dans  la 
soirée  du  2,  au  village  de  Séranon,  ayant  fait  vingt  lieues  dans  cette  pre- 
mière journée.  Le  peuple  de  Cannes  reçut  l'Empereur  avec  des  sentiments 
qui  furent  le  premier  présage  du  succès  de  l'entreprise. 

Le  3,  l'Empereur  coucha  à  Barréme  ;  le  4,  il  dîna  à  Digne.  De  Castel- 
lane  à  Digne,  et  dans  tout  le  département  des  Basses-Alpes,  les  paysans, 
instruits  de  la  marche  de  l'Empereur,  accouraient  de  tous  côtés  sur  la 
route  et  manifestaient  leurs  sentiments  avec  une  énergie  qui  ne  laissait 
plus  de  doutes. 

Le  5 ,  le  général  Cambronne ,  avec  une  avant-garde  de  40  grenadiers , 
s'empara  du  pont  et  de  la  forteresse  de  Sisleron. 

Le  même  jour,  l'Empereur  coucha  à  Gap  avec  10  hommes  à  cheval 
et  40  grenadiers. 

L'enthousiasme  qu'inspirait  la  présence  de  l'Empereur  aux  habitants  des 
Basses-Alpes,  la  haine  qu'ils  portaient  à  la  noblesse,  faisaient  assez  com- 
prendre quel  était  le  vœu  général  de  la  province  du  Dauphiné. 

A  deux  heures  après  midi,  le  (y,  l'Empereur  partit  de  Gap  ,  et  la  popu- 
lation de  la  ville  tout  entière  était  sur  son  passage. 

A  Saint-Bonnet,  les  habitants,  voyant  le  petit  nombre  de  sa  troupe, 
eurent  des  craintes,  et  proposèrent  à  l'Empereur  de  sonner  le  tocsin  pour 
réunir  les  villages  et  l'accompagner  en  masse. 

«  Non,  dit  l'Empereur,  vos  sentiments  me  font  connaître  que  je  ne 
me  suis  pas  trompé;  ils  sont  pour  moi  un  sûr  garant  des  sentiments 
de  mes  soldats.  Ceux  que  je  renconlrerai  se  rangeront  de  mon  côté; 
plus  ils  seront,  plus  mon  succès  sera  assuré.  Restez  donc  tranquilles 
chez  vous.  » 

On  avait  imprimé  à  Gap  plusieurs  milliers  des  proclamations  adressées 
par  l'Empereur  à  l'armée  et  au  peuple,  et  de  celle  des  soldats  de  la  Garde 
à  leurs  camarades.  Ces  proclamations  se  répandirent  avec  la  rapidité  de 
l'éclair  dans  tout  le  Dauphiné. 


12  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 

Le  même  jour,  l'Empereur  vint  coucher  à  Corps.  Les  40  hommes 
d'avant-garde  du  général  Cambronne  allèrent  coucher  jusqu'à  la  Mure. 
Ils  se  rencontrèrent  avec  l'avant-garde  d'une  division  de  6,000  hommes  de 
troupes  de  ligne  qui  venait  de  Grenoble  pour  arrêter  leur  marche.  Le 
général  Cambronne  voulut  parlementer  avec  les  avant-postes.  On  lui 
répondit  qu'il  y  avait  défense  de  communiquer.  Cependant  cette  avant- 
garde  de  la  division  de  Grenoble  recula  de  trois  lieues  et  vint  prendre 
position  entre  les  lacs ,  au  village  de  Laffrey. 

L'Empereur,  instruit  de  cette  circonstance,  se  porta  sur  les  lieux.  Il 
trouva  sur  la  ligne  opposée  un  bataillon  du  5"  de  ligne,  une  compagnie  de 
sapeurs,  une  compagnie  de  mineurs,  en  tout,  7  ou  800  hommes.  Il 
envoya  son  officier  d'ordonnance,  le  chef  d'escadron  Roui,  pour  faire 
connaître  à  ces  troupes  la  nouvelle  de  son  arrivée  ;  mais  cet  officier  ne 
pouvait  se  faire  entendre  :  on  lui  opposait  toujours  la  défense  qui  avait 
été  faite  de  communiquer.  L'Empereur  mit  pied  à  terre  et  alla  droit  au 
bataillon,  suivi  de  la  Garde  portant  l'arme  sous  le  bras.  Il  se  fit  reconnaî- 
tre et  dit  que  le  premier  soldat  qui  voudrait  tuer  son  Empereur  le  pouvait. 
Le  cri  unanime  de  Vive  l'Empereur!  fut  leur  réponse.  Ce  brave  régiment 
avait  été  sous  les  ordres  de  l'Empereur  dès  ses  premières  campagnes 
d'Italie.  La  Garde  et  les  soldats  s'embrassèrent.  Les  soldats  du  5*  arra- 
chèrent sur-le-champ  leurs  cocardes  et  prirent,  avec  enthousiasme  et  la 
larme  à  l'oeil,  la  cocarde  tricolore.  Lorsqu'ils  furent  rangés  en  bataille, 
l'Empereur  leur  dit  : 

"  Je  viens  avec  une  poignée  de  braves,  parce  que  je  compte  sur  le 
peuple  et  sur  vous.  Le  trône  des  Bourbons  est  illégitime,  puisqu'il 
n'a  pas  été  élevé  par  la  nalion;  il  est  contraire  à  la  volonté  natio- 
nale, puisqu'il  est  contraire  aux  intérêts  de  noire  pays,  et  qu'il 
n'existe  que  dans  l'intérêt  de  quelques  familles.  Demandez  à  vos 
pères;  interrogez  tous  ces  habitants  qui  arrivent  ici  des  environs  : 
vous  apprendrez  de  leur  propre  bouche  la  véritable  situation  des 
choses.  Ils  sont  menacés  du  retour  des  dîmes,  des  privilèges,  des 
droits  féodaux  et  de  tous  les  abus  dont  vos  succès  les  avaient  délivrés. 
N'est-il  pas  vrai,  paysans?  v 

—  «  Oui,  Sire,  répondent-ils  tous  d'un  cri  unanime;  on  voulait  nous 
attacher  à  la  terre.  Vous  venez,  comme  l'ange  du  Seigneur,  pour  nous 
sauver.  » 

Les  braves  du  bataillon  du  5*  demandèrent  à  marcher  des  premiers  sur 
la  division  qui  couvrait  Grenoble.  On  se  mit  en  marche  au  milieu  de  la 
foule  d'habitants,  qui  s'augmentait  à  chaque  instant. 

Vizille  se  distingua  par  son  enthousiasme.  «  C'est  ici  qu'est  née  la  Révo- 
lution! disaient  ces  braves  gens.  C'est  nous  qui,  les  premiers,  avons  osé 
réclamer  les  privilèges  des  hommes!  C'est  encore  ici  que  ressuscite  la 


CORRESPOMDANCE  DE  NAPOLEOX  I«^  —  1815.  13 

liberté  française  et  que  la  France  recouvre  son  honneur  et  son  indépen- 
dance !  >' 

Quelque  fatigué  que  fût  l'Empereur,  il  voulut  entrer  le  soir  même  dans 
(Jrenobie. 

Entre  Vizille  et  Grenoble,  le  jeune  adjudant-major  du  7"  de  ligne  vint 
annoncer  que  le  colonel  Labcdoyère ,  profondément  navré  du  déshonneur 
qui  couvrait  la  France  et  déterminé  par  les  plus  nobles  sentiments,  s'était 
détaché  de  la  division  de  Grenoble  et  venait  avec  le  régiment,  au  pas 
accéléré,  à  la  rencontre  de  l'Empereur.  Une  demi-heure  après,  ce  brave 
régiment  vint  doubler  la  force  des  troupes  impériales;  à  neuf  heures  du 
soir,  l'Empereur  flt  son  entrée  dans  le  faubourg  de  Saint-Joseph.  On  avait 
fait  rentrer  les  troupes  dans  Grenoble ,  et  les  portes  de  la  ville  étaient  fer- 
mées. Les  remparts  qui  devaient  défendre  cette  ville  étaient  couverts  par 
le  3^  régiment  du  génie,  composé  de  2,000  sapeurs,  tous  vieux  soldats 
couverts  d'honorables  blessures;  par  le  \^  d'artillerie  de  ligne,  ce  même 
régiment  où  ,  vingt-cinq  ans  auparavant,  l'Empereur  avait  été  fait  capitaine; 
par  les  deux  autres  bataillons  du  S""  de  ligne,  par  le  11"  de  ligne  et  les 
fidèles  hussards  du  4^  La  garde  nationale  et  la  population  entière  de  Gre- 
noble étaient  placées  derrière  la  garnison ,  et  tous  faisaient  retentir  l'air 
des  cris  de  Vive  l'Empereur  !  On  enfonça  les  portes,  et,  à  dix  heures  du 
soir,  l'Empereur  entra  dans  Grenoble  au  milieu  d'une  armée  et  d'un  peu- 
ple animés  du  plus  vif  enthousiasme. 

Le  lendemain,  l'Empereur  fut  harangué  par  la  municipaHté  et  par  toutes 
les  autorités  départementales.  Les  discours  des  chefs  militaires  et  ceux  des 
magistrats  étaient  unanimes.  Tous  disaient  que  des  princes  imposés  par  une 
force  étrangère  n'étaient  pas  des  princes  légitimes  ,  et  qu'on  n'était  tenu  à 
aucun  engagement  envers  des  princes  dont  la  nation  ne  voulait  pas. 

A  deux  heures,  l'Empereur  passa  la  revue  des  troupes  au  n^ilieu  de  !a 
population  de  tout  le  département,  aux  cris  :  A  bas  tes  Bourbons!  à  bas 
les  ennemis  du  peuple!  vire  l'Empereur,  et  un  gouvernement  de  notre 
choix  ! 

La  garnison  de  Grenoble,  immédiatement  après,  se  mit  en  marche 
forcée  pour  se  porter  sur  Lyon. 

Une  reniarque  qui  n'a  pas  échappé  aux  observateurs,  c'est  qu'en  un 
clin  d'œil  ces  6,000  hommes  se  trouvèrent  parés  de  la  cocarde  nationale, 
et  chacun  d'une  cocarde  vieille  et  usée  ,  car,  en  quittant  leur  cocarde  tri- 
colore, ils  l'avaient  cachée  au  fond  de  leur  sac  ;  pas  une  ne  fut  achetée  au 
petit  Grenoble.  «  C'est  la  même,  disaient-ils,  en  passant  devant  l'Empe- 
reur; c'est  la  même  que  nous  portions  à  Austerlitz  !  Celle-ci,  disaient 
d'autres,  nous  l'avions  à  Marengo  !  » 

Le  9  ,  l'Empereur  coucha  à  Bourgoin.  La  foule  et  l'enthousiasme  allaient, 
s'il  est  possible,  en  augmentant.  <;  Il  y  a  longtemps  que  nous  vous  atten- 
dions, disaient  tous  ces  braves  gens  à  l'Empereur.  Vous  voilà  enfin  arrivé 
pour  déhvrer  la  France  de  l'insolence  de  la  noblesse ,  des  prétentions  des 
prêtres  et  de  la  honte  du  joug  de  l'étranger  !  » 


14  CORRESPONDANCE  DE   NAPOLEON  I-^^.  _  1815. 

De  Grenoble  à  Lyon ,  la  marche  de  l'Empereur  ne  fut  qu'un  triomphe. 
L'Empereur,  fatigué,  était  dans  sa  calèche,  allant  toujours  au  pas,  envi- 
ronné d'une  fonle  de  paysans  chantant  des  chansons  qui  exprimaient  toute 
la  noblesse  des  sentiments  des  braves  Dauphinois. 

c(  Ah!  dit  l'Empereur,  je  retrouve  ici  les  sentiments  qui,  il  y  a 
vingt  ans,  me  firent  saluer  la  France  du  nom  de  grande  nation!  Oui, 
vous  êtes  encore  la  grande  nation,  et  vous  le  serez  toujours!  '^ 

Cependant  le  comte  d'Artois,  le  duc  d'Orléans  et  plusieurs  maréchaux 
étaient  arrivés  à  Lyon.  L'argent  avait  été  prodigué  aux  troupes,  les  pro- 
messes aux  officiers.  On  voulait  couper  le  pont  de  la  Giiillotière  et  le  pont 
Morand.  L'Empereur  riait  de  ces  ridicules  préparatifs;  il  ne  pouvait  avoir 
de  doutes  sur  les  dispositions  des  Lyonnais ,  encore  moins  sur  1rs  disposi- 
tions des  soldats.  Cependant  il  avait  donné  ordre  au  général  Bertrand  de 
réunir  des  bateaux  à  Miribel,  dans  l'intention  de  passer  dans  la  nuit  et  d'in- 
tercepter les  routes  de  MouUns  et  de  Mâcon  au  prince  qui  voulait  lui 
interdire  le  pa?sage  du  Rhône.  A  quatre  heures,  une  reconnaissance  du 
4^  de  hussards  arriva  à  la  Guillotière  et  fut  accueillie  aux  cris  de  Vite 
l'Empereur!  par  celte  immense  population  d'un  faubourg  qui  s'est  tou- 
jours distingué  par  son  attachement  à  la  patrie.  Le  passage  de  Miribel  fut 
contremandé,  et  l'Empereur  se  porta  au  galop  sur  Lyon,  à  la  tête  des 
troupes  qui  devaient  lui  en  défendre  l'entrée. 

Le  comte  d'Artois  avait  tout  fait  pour  s'assurer  les  troupes.  Il  ignorait 
que  rien  n'est  possible  en  France  quand  on  y  est  l'agent  de  l'étranger 
et  qu'on  n'est  pas  du  côté  de  l'honneur  national  et  de  la  cause  du  peuple. 
Passant  devant  le  13*  régiment  de  dragons,  il  dit  à  un  brave  que  des  cica- 
trices et  trois  chevrons  décoraient  :  «  Allons ,  camarade ,  crie  donc  Vive  le 
Roi  !  —  Non ,  Monsieur ,  répond  ce  brave  dragon ,  aucun  soldat  ne  com- 
battra contre  son  père  !  Je  ne  puis  vous  répondre  qu'en  criant  Vive  l'Em- 
pereur! n  Le  comte  d'Artois  monta  en  voiture  et  quitta  Lyon  escorté  d'un 
seul  gendarme. 

A  neuf  heures  du  soir,  l'Empereur  traversa  la  Guillotière  presque  sans 
escorte,  mais  environné  d'une  immense  population. 

Le  lendemain  11 ,  il  passa  la  revue  de  toute  la  division  de  Lyon,  qui, 
le  brave  général  Brayer  à  sa  tête ,  se  mit  en  marche  pour  avancer  sur  la 
capitale. 

Les  sentiments  que  pendant  deux  joHrr>  les  habitants  de  cette  grande 
ville  et  les  paysans  des  environs  témoignèrent  à  l'Empereur  le  touchèrent 
tellement,  qu'il  ne  put  leur  exprimer  ce  qu'il  sentait  qu'en  disant  :  Lyon- 
nais, je  vous  aime!  C'est  pour  la  seconde  fois  que  les  acclamations  de 
cette  ville  avaient  été  le  présage  des  nouvelles  destinées  réservées  à  la 
France. 

Le  13,  à  trois  heures  après  midi,  l'Empereur  arriva  à  Villefranche  , 
petite  ville  de  4,000  âmes,   qui  en  renfermait  en  ce  moment  plus  de 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I«^  —  1815.  15 

60,000.  Il  s'arrêta  à  l'hôtel  de  ville.  Un  grand  nombre  de  militaires  blessés 
lui  furent  présentés. 

Il  entra  à  Mâcon  à  sept  heures  du  soir,  toujours  environné  du  peuple 
des  cantons  voisins.  Il  témoigna  son  étonnement  aux  Mâcomiais  du  peu 
d'efforts  qu'ils  avaient  faits  dans  la  dernière  guerre  pour  se  défendre  con- 
tre l'ennemi  et  soutenir  l'honneur  des  Bourguignons  :  «  Sire,  pourquoi 
aviez-vous  nommé  un  mauvais  maire?  » 

A  Tournus,  l'Empereur  n'eut  que  des  éloges  à  donner  aux  habitants 
pour  la  belle  conduite  et  le  patriotisme  qui,  dans  ces  mêmes  circonstances, 
ont  distingué  Tournus ,  Chalon  et  Saint-Jean-de-Losne.  A  Chalon ,  qui 
pendant  quarante  jours  a  résisté  aux  forces  de  l'ennemi  et  défendu  le  pas- 
sage de  la  Saône,  l'Empereur  s'est  fait  rendre  compte  de  tous  les  traits  de 
bravoure,  et,  ne  pouvant  se  rendre  à  Saint- Jean-de-Losne ,  il  a  du  moins 
envoyé  la  décoration  de  la  Légion  d'honneur  au  digne  maire  de  celte  ville. 
A  cette  occasion,  l'Empereur  s'écria  : 

«  C'est  pour  vous,  braves  gens,  que  j'ai  institué  la  Légion  d'hon- 
neur ,  et  non  pour  les  émigrés  pensionnés  de  nos  ennemis  !  » 

L'Empereur  reçut  à  Chalon  la  députalion  de  la  ville  de  Dijon ,  qui  venait 
de  chasser  de  son  sein  le  préfet  et  le  manvais  maire  dont  la  conduite , 
dans  la  dernière  campagne  ,  a  déshonoré  Dijon  et  les  Dijonnais.  L'Empe- 
reur destitua  ce  maire,  en  nomma  ua  autre,  et  confia  le  commandement 
de  la  division  au  brave  général  Devaux. 

Le  15,  l'Empereur  vint  coucher  à  Autun ,  et  d'Autun  il  alla  coucher, 
le  16,  à  Avallon.  Il  trouva  sur  cette  route  les  mêmes  sentiments  que  dans 
les  montagnes  du  Dauphiné.  Il  rétablit  dans  leurs  places  tous  les  fonction- 
naires qui  avaient  été  destitués  pour  avoir  concouru  à  la  défense  de  la 
patrie  contre  l'étranger.  Les  habitants  de  Chassey  étaient  spécialement 
l'objet  des  persécutions  d'un  freluquet,  sous-préfet  à  Semur,  pour  avoir 
pris  les  armes  contre  les  ennemis  de  notre  pays.  L'Empereur  a  donné  ordre 
à  un  brigadier  de  gendarmerie  d'arrêter  ce  sous-préfet  et  de  le  conduire 
dans  les  prisons  d' Avallon. 

L'Empereur  déjeuna,  le  17,  à  Vermanton,  et  vint  à  Auxerre,  où  le 
préfet  Gamot  était  resté  fidèle  à  son  poste»  Le  brave  14'  avait  foulé  aux 
pieds  la  cocarde  blanche.  L'Empereur  apprit  que  le  6**  de  lanciers  avait 
également  arboré  la  cocarde  tricolore  et  se  portait  sur  Montereau  pour 
garder  ce  pont  contre  un  détachement  de  gardes  du  corps  qui  voulait  le 
faire  sauter.  Les  jeanes  gardes  du  corps,  n'étant  pas  encore  accoutumés 
aux  coups  de  lance,  prirent  la  fuite  à  l'aspect  de  ce  corps,  et  on  leur  fit 
deux  prisonniers. 

A  Auxerre,  le  comte  Bertrand,  major  général,  donna  ordre  qu'on 
réunît  tous  les  bateaux  pour  embarquer  l'armée,  qui  était  déjà  forte  de 
quatre  divisions,  et  la  porter  le  soir  même  à  Fossard,  de  manière  à  pou- 
voir arriver  à  une  heure  du  matin  à  Fontainebleau. 


16  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  1".  —  1815. 

Avant  de  partir  d'Auxerre,  l'Empereur  fat  rejoint  par  le  prince  de  la 
Moskova.  Ce  maréchal  avait  fait  arborer  le  drapeau  tricolore  dans  tout  son 
gouvernement. 

L'Empereur  arriva  à  Fontainebleau  le  20 ,  à  quatre  heures  du  matin  ;  à 
sept  heures ,  il  apprit  que  les  Bourbons  étaient  partis  de  Paris  et  que  la 
capitale  était  libre.  II  partit  sur-le-champ  pour  s'y  rendre. 

Il  est  entré  aux  Tuileries  à  neuf  heures  du  soir,  au  moment  où  on  l'at- 
tendait le  moins. 

Ainsi  s'est  terminée,  sans  répandre  une  goutte  de  sang,  sans  trouver 
aucun  obstacle,  cette  légitime  entreprise  qui  a  rétabli  la  nation  dans  ses 
droits ,  dans  sa  gloire ,  et  a  effacé  la  souillure  que  la  trahison  et  la  pré- 
sence de  l'étranger  avaient  répandue  sur  la  capitale;  ainsi  s'est  vérifié  ce 
passage  de  l'adresse  de  l'Empereur  aux  soldats,  que  l'aigle,  arec  les  cou- 
leurs nationales,  volerait  de  clocher  en  clocher  jusqu'aux  tours  de  Notre- 
Dame. 

En  dix-huit  jours ,  le  brave  bataillon  de  la  Garde  avait  franchi  l'espace 
entre  le  golfe  Jouan  et  Paris,  espace  qu'en  temps  ordinaire  on  met  qua- 
rante-cinq jours  à  parcourir. 

Arrivé  aux  portes  de  Paris,  l'Empereur  vit  venir  à  sa  rencontre  l'armée 
tout  entière,  que  commandait  le  duc  de  Berri.  Officiers,  soldats  ,  généraux, 
infanterie  légère,  infanterie  de  ligne,  lanciers,  dragons,  cuirassiers,  artil- 
lerie ,  tous  vinrent  au-devant  de  leur  général ,  que  le  choix  du  peuple  et  ïe 
vœu  de  l'armée  avaient  élevé  à  l'empire,  et  la  cocarde  tricolore  fut  arbo- 
rée par  chaque  soldat,  qui  l'avait  dans  son  sac.  Tous  foulèrent  aux  pieds 
cette  cocarde  blanche  qui  a  été  pendant  vingt-cinq  ans  le  signe  de  rallie- 
ment des  ennemis  de  la  France  et  du  peuple. 

Le  21,  à  une  heure  après  midi,  l'Empereur  a  passé  la  revue  de  toutes 
les  troupes  qui  composaient  l'armée  de  Paris.  La  capitale  entière  a  été 
témoin  des  sentiments  d'enthousiasme  et  d'attachement  qui  animaient  ces 
braves  soldats.  Tous  avaient  reconquis  leur  patrie,  tous  étaient  sortis  d'op- 
pression ,  tous  avaient  retrouvé  dans  les  couleurs  nationales  le  souvenir 
de  tous  les  sentiments  généreux  qui  ont  toujours  distingué  la  nation 
française  î 

Après  que  l'Empereur  eut  passé  dans  les  rangs  ,  toutes  les  troupes  furent 
rangées  en  bataillons  carrés. 

u  Soldats,  dit  l'Empereur,  je  suis  venu  avec  600  hommes  en 
France,  parce  que  je  complais  sur  l'amour  du  peuple  et  sur  le  sou- 
venir des  vieux  soldats.  Je  n'ai  pas  été  trompé  dans  mon  attente. 
Soldats,  je  vous  en  remercie.  La  gloire  de  ce  que  nous  venons  de 
faire  est  toute  au  peuple  et  à  vous;  la  mienne  se  réduit  à  vous  avoir 
connus  et  appréciés. 

>!  Soldats,  le  trône  des  Bourbons  était  illégitime,  puisqu'il  avait 
été  relevé  par  des  mains  étrangères ,  puisqu'il  avait  été  proscrit  par 


GORRKSPONDANCE   DE  NAPOLÉO.V  I".  —  1815.  17 

le  vœu  de  la  nation  exprimé  par  toutes  nos  assemblées  nationales  , 
puisque  enfin  il  n'offrait  de  garantie  qu'aux  intérêts  d'un  petit  nombre 
d'hommes  arrogants,  dont  les  prétentions  sont  opposées  à  nos  droits. 
Soldats,  le  trône  impérial  peut  seul  garantir  les  droits  du  peuple,  et 
surtout  le  premier  de  nos  intérêts,  celui  de  notre  gloire. 

))  Soldats,  nous  allons  marcher  pour  chasser  du  territoire  ces 
princes  auxiliaires  de  l'étranger;  la  nation  non-seulement  nous 
secondera  de  ses  vœux,  mais  même  suivra  notre  impulsion.  Le  peuple 
français  et  moi  nous  comptons  sur  vous.  Nous  ne  voulons  pas  nous 
mêler  des  affaires  des  nations  étrangères;  mais  malheur  à  qui  se 
mêlerait  des  nôtres!  » 

Ce  discours  fut  accueilli  par  les  acclamations  du  peuple  et  des  soldats. 
Un  instant  après ,  le  général  Carabronne  et  des  officiers  de  la  Garde  du 
bataillon  de  l'île  d'Elbe  parurent  avec  les  anciennes  aigles  de  la  Garde. 
L'Empereur  reprit  la  parole  et  dit  aux  soldats  ; 

«  Voilà  les  officiers  du  bataillon  qui  m'a  accompagné  dans  mon 
malheur;  ils  sont  tous  mes  amis.  Us  étaient  chers  à  mon  cœur  : 
toutes  les  fois  que  je  les  voyais,  ils  me  représentaient  les  différents 
régiments  de  l'armée,  car,  dans  ces  six  cents  braves,  il  y  a  des  hommes 
de  tous  les  régiments;  tous  me  rappelaient  ces  grandes  journées 
dont  le  souvenir  est  si  cher,  car  tous  sont  couverts  d'honorables  cica- 
trices reçues  à  ces  batailles  mémorables.  En  les  aimant,  c'est  vous 
tous,  Soldats  de  l'armée  française,  que  j'aimais!  Ils  vous  rapportent 
ces  aigles  :  qu'elles  vous  servent  de  point  de  ralliement!  En  les 
donnant  à  la  Garde,  je  les  donne  à  toute  l'armée.  La  trahison  et  des 
circonstances  malheureuses  les  avaient  couvertes  du  crêpe  funèbre; 
mais ,  grâce  au  peuple  français  et  à  vous,  elles  reparaissent  resplen- 
dissantes de  toute  leur  gloire.  Jurez  qu'elles  se  trouveront  toujours 
partout  où  l'intérêt  de  la  patrie  les  appellera!  Que  les  traîtres  et 
ceux  qui  voudraient  envahir  notre  territoire  n'en  puissent  jamais 
soutenir  le  regard!  » 

—  a  Nous  le  jurons  !  »  s'écrièrent  avec  enthousiasme  tous  les  soldats. 

Extrait  du  Moniteur  du  23  mars  1815. 


21691.  —  A.    M.  FOUCHE,  DUC   D'OTRANTE, 

MINISTRE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE,   A  PARIS. 

Paris,  21  mars  1815. 

Selon  les    premiers    renseignements    que  j'ai   reçus,  le   duc   de 
Bourbon  s'est  rendu  dans  la  Vendée,  où  il  organise  quelques  chouans; 

XXVHI.  2 


18  CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

le  dac  d'Orléans  s'est  rendu  à  Besançon,  et  le  roi,  à  ce  qu'il  parait, 
est  du  côté  de  la  Somnie.  Tâchez  de  recueillir  des  renseignements  sur 
cet  objet  et  faites-les-moi  passer  sur-le-champ.  Envoyez  des  agents 
dans  ces  trois  directions. 

Remettez-moi  demain  une  liste  de  tous  les  préfets  qu'il  faut  r€ïft-- 
placer  de  suite  et  la  note  de  ceux  qui  pourraient  les  remplacer. 
Egalement  pour  les  sons-préfets.  Je  parle  de  ceux  qui  sont  tellement, 
mauvais  qu'ils  ne  peuvent  pas  rester  un  instant. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21692.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  21  mars  1815. 

Donnez  ordre  au  comte  de  Lobau  de  prendre  le  commandement 
de  la  1"  division  militaire  et  de  toutes  les  troupes  qui  s'y  trouvent. 
Appelez  à  d'autres  fonctions  le  sieur  Beurnonville,  colonel  du  I"  régi- 
ment léger,  et  proposez-moi  un  bon  colonel  pour  commander  ce 
régiment.  Si  dans  les  autres  régiments  qui  sont  à  Paris  il  y  a  de 
mauvais  colonels,  proposez- moi  sur-le-champ  leur  remplacement. 
Proposez-moi  également  dans  la  matinée  l'organisation  de  toute  la 
Indivision  militaire  en  officiers  généraux,  adjudants  commandants 
et  officiers  d'état-major  qui  doivent  y  être  employés.  Mon  intention 
serait,  en  général,  de  changer  tous  les  généraux  qui  s'y  trouvent, 
sauf  à  les  envoyer  dans  les  autres  divisions  militaires. 

Faites  connaître  dans  la  matinée,  par  le  télégraphe,  1°  mon  entrée 
à  Paris;  2*  votre  nomination  au  ministère  de  la  guerre.  Aussitôt 
après  la  réception  des  deux  nouvelles  ci-dessus,  faites  connaître  au 
commandant  de  la  16*  division  militaire  que,  le  roi  se  dirigeant  du 
côté  de  Calais  et  Montreuil ,  il  ait  à  réunir  ses  troupes  et  à  marcher 
dessus  pour  dissiper  les  rassemblements  et  reprendre  les  trésors  que 
les  agents  du  roi  emportent  avec  eux  et  dont  la  perte  serait  notable 
pour  l'Empire. 

Recommandez-leur  surtout  de  ne  les  laisser  entrer  dans  aucune 
place  forte,  puisqu'ils  pourraient  les  livrer  à  l'ennemi. 

Expédiez  cette  nuit  même  des  officiers  de  confiance,  qui  prendront 
une  autre  route  que  le  roi,  pour  annoncer  ce  qui  s'est  passé  à  Paris 
et  engager  les  garnisons  et  les  généraux  de  la  16*  division  militaire 
à  veiller  à  la  conservation  de  leur  frontière. 

Expédiez  également  des  courriers  qui  se  rendront  à  Chàlons-sur- 
Marne,  à  Mézières,  en  Lorraine  et  en  Alsace,  pour  ordonner  que 


CORRESPONDANCK  DE  NilPOLEON  I".  —  1815.  19 

toutes  les  troupes  en  marche  s'arrêtent  et  fassent  connaître  le  lieu  où 
elles  se  trouvent. 

Que  la  cocarde  tricolore  soit  arborée  partout,  conformément  à 
notre  proclamation. 

Enfin  recommandez  la  plus  grande  surveillance  pour  la  garde  de 
mes  places. 

Le  duc  d'Albufera  rentrera  en  Alsace  s'il  en  était  sorti,  afin  de 
veiller  à  la  conservation  de  toutes  les  places  et  de  vous  faire  con- 
naître tous  les  mouvements  de  la  frontière. 

Donne/  ordre  que  la  Garde  impériale  et  les  dépôts ,  soit  de  chas- 
seurs, soit  de  grenadiers,  qui  sont  à  Mancy  et  à  Metz,  se  rendent  à 
Paris;  que  les  lanciers  rouges  qui  sont  à  Orléans  et  les  dragons  de 
la  Garde  qui  sont  sur  la  Loire  se  rendent  à  Paris.  Quant  aux  chas- 
seurs qui  sont  dans  le  Nord,  cet  ordre  doit  être  subordonné  à  la 
marche  du  roi,  puisqu'il  sera  peut-être  nécessaire  de  les  réunir  pour 
marcher  contre. 

Donnez  ordre ,  par  le  télégraphe  et  par  courrier  extraordinaire , 
que  le  général  Drouet,  comte  d'Erlon,  soit  sur-le-champ  remis  en 
liberté  et  rétabli  dans  le  commandement  de  sa  division.  Chargez-le 
spécialement  de  l'cxéculion  des  mesures  pour  la  poursuite  des  fuyards. 

11  y  a  en  marche  des  troupes  de  la  14°  cl  de  la  15"  division,  ainsi 
que  de  la  20"  et  de  la  22*.  Faites  dresser  un  état  de  tous  ces  mouve- 
ments, et  provisoirement  suspendez-les,  jusqu'à  ce  qu'on  sache  quel 
était  leur  but. 

Écrivez  au  prince  d'Esshng  pour  lui  faire  connaître  les  événements 
qui  sont  arrivés,  et  chargez-le  de  prendre  des  mesures  pour  faire 
exécuter  mon  décret  sur  la  cocarde  nationale,  tant  à  Marseille  que 
dans  tout  son  commandement. 

Proposez-moi  tous  les  changements  à  faire  dans  le  personnel  des 
divisions  militaires. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21693.  —  AU  GÉNÉRAL  CAUL  A  INCOURT,  DUC  DE  VIGENCE, 

MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES,  A  PARIS. 

Paris.  23  mars  1815. 

Monsieur  le  Duc  de  Vicence,  je  désire  avoir  une  analyse  de  toutes 
les  dépêches  de  M.  de  Talleyrand  et  du  roi  contre  le  roi  de  Naples, 
afin  de  pouvoir  la  lui  faire  communiquer. 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Archives  des  affaires  étrangères. 

2. 


20  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  ^^  —  1815. 

21694.  —  AU  MARÉCHAL  MONCEY,  DUC  DE  CONEGLIANO , 

A  LILLE. 

Paris,  23  mars  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  reçu  votre  lettre  du  22.  Je  crois  à  la  sincérité 
des  sentiments  que  vous  m'exprimez,  car  je  connais  depuis  long- 
temps votre  caractère.  J'approuve  que  vous  vous  retiriez  à  votre 
campagne.  Votre  lils,  que  j'ai  élevé  dès  son  jeune  âge,  peut  compter 
qu'il  trouvera  en  moi  un  second  père.  Dans  toutes  les  circonstances, 
vous  pouvez  compter  sur  mon  désir  de  vous  être  utile  et  agréable. 

D'après  la  minute.   Archives  de  l'Empire. 


21695.  —  A  M.  COLLIN,  COMTE  DE  SUSSY, 

PREMIER  PRÉSIDENT  DE  LA  COUR  DES  COMPTES,   A  PARIS. 

Paris,  23  mars  1815. 

J'ai  reçu  votre  lettre  du  23  mars.  Ma  confiance  en  vous  est 
entière.  J'hésite  encore  à  rétablir  ou  à  laisser  supprimé  le  ministère 
du  commerce.  Les  affaires  urgentes  se  pressent  avec  tant  de  rapidité 
que  je  n'ai  pas  encore  pu  causer  de  cela  avec  vous.  Dans  tous  les 
cas,  je  vous  écris  ces  deux  mots  pour  vous  réitérer  l'assurance  de 
mon  entière  et  absolue  confiance. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21696.  —  AU  GENERAL  COMTE  RERTRAND, 

GRAND  MARÉCHAL  DU  PALAIS,  A  PARIS. 

Paris,  23  mars  1815. 

Expédiez  à  l'île  d'Elbe  Bernotti.  Chargez-le  de  nouvelles  pour 
l'île  d'Elbe.  Il  s'embarquera  à  Toulon.  Écrivez  à  Lapi  qu'on  arbore 
le  pavillon  tricolore. 

Faites  revenir  de  mes  effets  tout  ce  qui  en  vaut  la  peine.  J'attache 
de  l'importance  à  mon  cheval  corse,  s'il  n'est  pas  malade  et  qu'il 
puisse  revenir.  La  voiture  de  voyage,  jaune,  la  grande  voiture  et 
deux  de  celles  de  parade  valent  la  peine  qu'on  les  ramène,  ainsi  que 
le  linge  de  corps.  Je  fais  présent  de  la  bibliothèque  à  la  ville,  ainsi 
que  de  ma  maison,  qui  servira  de  casino,  oii  on  laissera  exister  la 
bibliothèque. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  _  1815.  21 

21697.  —  AU  VICE-AMIRAL  DUC  DEGRÉS, 

MINISTRE  DE  LA  MARINE  ,  A  PARIS. 

Paris,  23  mars  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  vous  me  proposez  d'armer  six  vaisseaux 
et  quatre  frégates  à  Toulon.  Je  sais  que  la  croisière  de  l'ile  d'Elbe  et 
du  Levant  était  extrêmement  mal  armée;  elle  n'avait  pas,  je  crois,  la 
moitié  de  ses  équipages.  Je  pense  qu'avant  de  donner  aucun  ordre  il 
faut  attendre  les  rapports  de  Toulon  et  considérer  le  budget  du 
ministère  de  la  marine. 

Je  n'ai  jamais  voulu  désarmer  mes  vaisseaux  pour  accroître  mes 
ressources  sur  terre;  mais,  puisque  je  trouve  la  marine  désarmée,  je 
veux  faire  tout  ce  qui  est  convenable  pour  diminuer  les  dépenses  de 
la  marine.  Les  Gnances  me  paraissent  dans  une  grande  pénurie. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™"  la  duchesse  Decrès. 


21698.  —  AU  VICE-AMIRAL  DUC  DECRES, 

MINISTRE    DE  LA   MARINE  ,   A  PARIS. 

Paris,  23  mars  181ô. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  je  désire  que  vous  donniez  ordre  que  les 
croisières  de  Corse  et  de  l'ile  d'Elbe  transportent  en  France  les 
3,000  hommes  de  troupes  françaises  qui  sont  en  Corse,  à  l'exception 
d'un  bataillon  de  600  hommes  qu'on  transportera  à  Porto-Ferrajo, 
mon  intention  étant  d'abandonner  la  Corse  à  ses  propres  forces. 
Donnez  ordre  que  des  bâtiments  légers,  frégates  ou  bricks,  aillent 
souvent  mouiller  à  Porto-Ferrajo.  Je  donne  l'ordre  à  un  ofGcier 
d'ordonnance  du  pays  de  se  rendre  à  Porto-Ferrajo.  Donnez  ordre 
à  Toulon  qu'on  expédie  une  frégate  pour  porter  cet  officier  et  rap- 
porter des  dépèches  du  pays.  Chargez  cette  frégate  de  rapporter  tout 
ce  qui  existe  encore  des  effets  que  j'ai  laissés  dans  ce  pays. 

J'approuve  tout  ce  que  vous  avez  fait  relativement  à  la  ville  de 
Marseille.  Je  pense  que  le  capitaine  de  la  frégate  la  Fleur-de-Lxjs  doit 
être  jugé  par  une  commission  militaire,  s'il  a  passé  à  l'ennemi. 

Les  trois  frégates,  la  corvette  et  les  trois  bricks  peuvent  servir  à 
transporter  les  troupes  de  Corse  à  l'île  d'Elbe  et  en  France. 

Je  pense  qu'il  faut  laisser  à  Ajaccio  une  frégate  et  un  brick,  à 
Rastia  les  trois  bâtiments  légers.  Cette  croisière  sera  donc  com- 
posée d'une  frégate,  d'un  brick  et  de  trois  bâtiments  légers.  Le  com- 
mandant se  servira  de  ces  forces  pour  maintenir  les  communications 
de  l'île  d'Elbe  avec  la  Corse,  et  il  tiendra  toujours  à  Porto-Ferrajo 


52  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«'.  —1815. 

un  des  bâtimeats  de  sa  croisière.  Invitez  le  commandant  de  la  fré- 
gate à  aller  à  Porto-Longone  et  à  Porto-Ferrajo  le  plus  souvent  pos- 
sible, pour  me  faire  le  rapport  de  tout  ce  qui  se  passe. 

J'approuve  ce  que  vous  proposez  pour  la  croisière  du  Levant. 
Recommandez  une  grande  circonspection  au  commandant,  pour  ne 
rien  préjuger  et  ne  pas  faire  croire  que  ce  soit  moi  qui  veuille  décla- 
rer la  guerre. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comœ.  par  M"'  la  duchesse  Uecrès. 


21699.  —  AU  VICE-AMIRAL  DUC  DECRÈS , 

MINISTRE  DE  LA  MARINE,  A  PARIS. 

Paris,  23  mars  1815. 

Aussitôt  que  vous  aurez  des  renseignements  sur  Brest,  Rochefort 
et  Toulon,  faites-les-moi  connaître.  Je  ne  puis  encore  donner  aucun 
ordre  sur  les  ex|)éditions  de  Terre-Neuve.  Un  relard  de  dix  jours  ne 
peut  pas  donner  lieu  à  un  inconvénient  sensible.  Suspendez  donc 
les  départs  et  attendez  dix  jours. 

Faites-moi  aussi,  pour  mon  instruction,  une  petite  note  qui  me 
fasse  connaître  en  détail  ce  dont  il  s'agit ,  car  je  suis  assez  ignorant 
sur  ces  affaires  de  pêcheries  et  sur  ces  établissements  que  je  n'ai 
jamais  possédés. 

Les  cent  cinquante-huit  pêcheurs  peuvent  également  retarder  leur 
-départ  de  huit  jours.  L'Angleterre  ne  va  pas  tarder  à  se  déclarer. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21700.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT ,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  23  mars  1815. 

Mon  Cousin ,  le  bataillon  polonais  qui  est  à  Reims  demande  à 
entrera  mon  service;  je  l'accepte.  Chargez  un  général  d'en  former 
sur-le-champ  un  bataillon  de  six  compagnies.  Une  fois  que  ce  batail- 
lon sera  formé,  il  me  semble  qu'on  pourrait  l'envoyer  à  Sedan  pour 
l'habiller  et  le  mettre  en  état. 

Napoléon. 

D'après  la  copie  comm.  par  M™  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  l''.  —  1815.  23 

21701.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE   LA  GUERRE  ,   A   PARIS. 

Paris ,  23  mars  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  donné  le  commandement  de  la  Corse  au  général 
de  Launay,  et  j'ai  ordonné  qu'on  mît  en  arrestation  le  général  Brus- 
lart.  Réitérez  ces  ordres.  J'ai  donné  ordre  que  les  3  ou  4,000  hommes 
de  (roupes  françaises  qui  sont  en  Corse  reviennent  à  Toulon,  et  qu'il 
soit  levé  quatre  bataillons  corses  pour  la  garde  de  l'île.  Seront 
compris  dans  ces  quatre  bataillons  les  deux  bataillons  déjà  levés  par 
ordonnance  du  roi.  Le  général  de  Launay  fera  tous  les  changements 
nécessaires  dans  le  personnel  de  ces  bataillons,  pour  n'y  avoir  que 
des  gens  affectionnés  et  en  écarter  tous  les  individus  de  l'ancien 
parti  anglais.  Vous  donnerez  également  l'ordre  qu'on  forme  en  Corse 
une  gendarmerie  composée,  deux  tiers  de  Corses  et  un  tiers  de 
Français.  Cette  gendarmerie  sera  de  la  même  force  qu'en  1813. 
L'excédant,  en  officiers  et  gendarmes,  rentrera  en  France. 

Faites  demander  au  général  Dalesme  s'il  veut  retourner  à  l'île 
d'Elbe.  Personne  n'est  plus  propre  que  lui  à  commander  celte  île, 
qui  ne  laisse  pas  que  d'être  importante. 

L'embarquement  des  troupes  de  Corse  se  fera  par  la  marine.  Le 
prince  d'EssIing  se  concertera  avec  l'amiral  Ganteaume  pour  cet 
objet.  Expédiez  en  Corse,  comme  porteur  de  vos  ordres,  un  offi- 
cier corse. 

Napoléov. 

D'après  l'original  comm.  par  M™«  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


21702.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  23  mars  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  signé  le  décret  que  vous  m'avez  proposé  pour  les 
commandes  de  fusils.  Je  ne  connais  rien  de  plus  urgent.  Je  désire 
que  le  modèle  de  1777  soit  pour  les  troupes  de  ligne,  et  que  tout  le 
n"  1  soit  pour  les  gardes  nationales.  Serait-il  possible  de  fabriquer 
150,000  fusils  n°  1,  indépendamment  des  150,000  du  modèle  de 
1774?  Cela  ferait  alors  400,000  fusils  pour  cette  année.  Faites-moi 
un  rapport  sur  les  moyens  à  prendre  pour  réparer  les  vieilles  armes. 
Faites-moi  connaître  les  emplacements,  afin  que  je  les  rectifie.  11  faut 
avoir  constamment  au  moins  100,000  fusils  à  Vincennes  et  100,000 
fusils  sur  la  Loire.  Consultez  le  génie  pour  me  faire  connaître  le 
poste  sur  la  Loire  où  l'on  pourrait  mettre  ces  armes  à  l'abri  d'un 


24  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  _  1815. 

coup  de  main.  Je  désirerais  que  la  manufacture  de  Tulle  fût  triplée. 
Je  désirerais  également  tripler  la  manufacture  de  Versailles.  Les  évé- 
nements de  l'année  passée  font  assez  connaître  la  raison  de  ces 
dispositions. 

Je  ne  vois  aucune  utilité  à  loger  des  troupes  et  des  chevaux  à  Vin- 
cennes.  Il  faut  que  tout  l'emplacement  soit  converti  en  magasins 
d'artillerie,  à  l'exception  du  logement  à  réserver  pour  un  bataillon, 
qui  me  paraît  suffisant  pour  la  défense  de  ce  poste. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™"  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


21703.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE    DE   LA  GUERRE  ,   A    PARIS. 

Paris,  24  mars  1815,  au  matin. 

Mon  Cousin ,  vous  n'avez  envoyé  à  Rouen  que  le  général  Fressinet; 
il  faudrait  là  un  général  qui  eût  plus  de  réputation.  Donnez  ordre  au 
lieutenant  général  comte  Lemarois  de  s'y  rendre  conmie  commandant 
supérieur;  le  général  Fressinet  sera  sous  ses  ordres.  Donnez-leur  une 
instruction  pour  réunir  les  troupes  sur  la  15*  division,  non-seule- 
ment pour  s'assurer  du  Havre,  mais  aussi  pour  avoir  une  colonne 
mobile  pour  agir  selon  les  circonstances. 

Il  est  fort  à  craindre  que  le  général  Chastel  et  les  généraux  que 
vous  avez  envoyés  dans  les  places  du  Nord  ne  se  fassent  prendre  par 
l'ennemi.  11  faut  recommander  à  ceux  qui  ne  sont  pas  partis  de  faire 
attention  à  la  route  qu'ils  prendront. 

Je  charge  le  grand  maréchal  de  vous  voir  relativement  à  votre 
instruction  sur  la  Vendée.  Il  faut  lâcher  de  rallier  et  de  prendre  les 
troupes  dans  l'endroit  oij  elles  se  trouvenl.  Il  n'est  pas  probable  que 
des  corps  puissent  venir  de  Châteauroux  à  Alençon  sans  être  débau- 
chés. Il  faut  donc  faire  plusieurs  colonnes  sur  le  point  où  les  routes 
se  réunissent.  Le  point  de  Tours  me  paraîtrait  convenable  comme 
point  central;  mais  il  faut  que  les  généraux  marchent  avec  prudence. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  marëchalc  princesse  d'Eckmiihl. 


21704.  — A  M.  MARET,  DUC  DE  RASSANO, 

MINISTRE  SECRÉTAIRE  d'ÉTAT  ,   A  PARIS. 

Paris,  24  mars  1815. 

Faites  mettre  dans  le  Moniteur,  en  tête,  et  faites-le  répéter  plu- 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  25 

sieurs  jours  de  suite,  que  le  Moniteur  n'est  plus  le  journal  officiel; 
que  le  texte  du  Bulletin  des  lois  est  seul  officiel. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21705.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL , 

MINISTRE   DE    LA   GUERRE,    A   PARIS. 

Paris,  25  mars  1815,  liuit  heures  et  demie  du  matin. 

Mon  Cousin  ,  je  vous  envoie  l'extrait  d'une  lettre  écrite  de  Poulain- 
ville  par  le  général  Exelmans. 

Le  géuéral  d'Aigremont  a  envoyé,  dans  la  nuit  du  24,  un  aide  de 
camp  avec  une  mission  pour  la  Maison  du  roi. 

Le  duc  d'Orléans ,  par  lettre  du  23 ,  a  dégagé  le  général  Teste  et 
les  commandants  sous  ses  ordres  des  obligations  d'observer  les  ordres 
qui  lui  avaient  été  transmis. 

Le  comte  d'Artois,  le  duc  de  Berri,  le  duc  de  Raguse,  la  Maison 
du  roi  étaient  à  Béthune,  formant,  avec  les  volontaires,  5  ou 
6,000  hommes  et  douze  bouches  à  feu. 

Le  général  Teste  a  donné  l'ordre  d'arrêter  les  bouches  à  feu. 

Le  maréchal  Macdonald  a  accompagné  le  roi  jusqu'à  Lille;  on  dit 
qu'il  retourne  à  Paris. 

Le  général  Hazout  est  à  Péronne. 

Le  général  Exelmans  est  à  Poulainville,  continuant  sa  route  sur 
Arras,  avec  le  6*  de  lanciers.  Le  général  Huber  a  dû  coucher  à 
Amieus ,  venant  d'Abbeville.  Les  dragons  auront  couché  à  l'Arbret. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M'"^  la  maréchale  princesse  d'Ëckmiihl. 


21706.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL , 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  25  mars  1815. 

Mon  Cousin ,  comme  j'ai  besoin  des  troupes  qui  sont  à  Orléans 
pour  les  faire  marcher  sur-le-champ  dans  la  même  direction  que  le 
général  Morand  à  la  poursuite  du  duc  de  Bourbon,  je  désire  que  le 
général  Pajol  en  prenne  le  commandement  et  qu'il  parte  sur-le- 
champ.  Donnez-lui  ordre  de  rassembler  tous  les  régiments,  et  de 
renvoyer  le  colonel  du  l"  régiment  de  cuirassiers  et  le  colonel  et  des 
officiers  du  46*.  Faites  partir  deux  colonels  pour  les  remplacer,  choisis 
parmi  ceux  qui  sont  à  Paris.  Envoyez-y  le  général  Guyot,  qui  a  com- 
mandé le  1"  régiment  de  cuirassiers,  et  un  antre  général  de  cava- 


26  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I",  _  1815. 

lerie.  Faites  revenir  à  Paris  tous  les  généraux  qui  étaient  employés 
dans  cette  division.  Ecrivez  au  général  Pajol  qu'il  ait  soin  de  prendre 
un  général  de  division  d'infanterie  moins  ancien  que  lui ,  qui  sorte  de 
la  Garde,  et  choisi  parmi  ceux  qui  sont  ici.  Envoyez-lui  un  bon 
adjudant  commandant  et  trois  ou  quatre  officiers  d'état -major, 
hommes  sûrs  ,  un  colonel  du  3*  de  hussards  pour  remplacer  le  colonel 
Moncey,  et  un  autre  colonel  de  cavalerie  pour  les  besoins  imprévus , 
mon  intention  étant  que  cette  division  soit  entièrement  régénérée. 
Envoyez-y  également  une  batterie  d'artillerie. 

Faites  dire  au  46*  que  j'ai  été  surpris  que  le  brave  50*  '  ait  con- 
servé si  peu  d'attachement  pour  moi,  que  je  n'ai  pas  reconnu  là  les 
soldats  qui  se  sont  immortalisés  à  Gustadt.  Faites  témoigner  ma  satis- 
faction aux  hussards  et  cuirassiers  du  1",  qui  ont  forcé  les  portes 
de  la  ville  d  Orléans  pour  venir  me  rejoindre  et  arboré  la  cocarde 
nationale. 

Envoyez  un  bon  général  de  brigade  pour  commander  à  Orléans  et 
dans  le  département  du  Loiret.  Faites -vous  rendre  compte  de  tous 
les  généraux  qui  commandent  les  20%  21*  et  12"  divisions  et  dans 
les  déparlements,  et  remplacez  les  mauvais  par  de  bons  généraux, 
qui  seront  sous  les  ordres  du  général  Pajol,  qui  les  fera  installer. 
Écrivez  au  général  Pajol  qu'aussitôt  qu'il  aura  passé  la  revue  des 
troupes  et  fait  tous  les  remplacements  nécessaires  il  vous  eu  donne 
avis  par  un  courrier  extraordinaire.  Qu'il  vous  fasse  connaître  si  elles 
ont  des  cartouches  et  tout  ce  qui  leur  est  nécessaire  pour  se  mettre 
sur-le-champ  à  la  poursuite  du  duc  de  Bourbon. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princosse  d'Eckmiihl. 


21707. —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA   GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  25  mars  1815. 

Mon  Cousin  ,  j'ai  reçu  votre  lettre  du  22  mars.  J'approuve  la  for- 
mation d'un  équipage  de  150  bouches  à  feu,  formant  650  voitures; 
mais  je  ne  vois  aucune  nécessité  de  les  enterrer  à  Vincennes ,  ni  de  se 
presser  outre  mesure;  j'aime  autant  en  avoir  une  partie  à  Vincennes 
et  l'autre  à  Douai.  J'ai  amené  avec  moi  une  quarantaine  de  bouches 
à  feu.  Il  y  a  eu  aussi  de  grands  mouvements  d'artillerie  pour  former 
le  camp  que  devait  commander  le  comte  d'Artois,  et  d'autres  mou- 

*  Le  50^  était  devenu  le  46"^  par  suite  du  changement  fait  en  1814  aux  nu- 
méros des  régiments. 


CORRKSPONDANCE   DE  NAPOLÉON  I«%  —  1815.  27 

veinents  ordonnés  quelque  temps  avant  qu'on  sût  mon  débarque- 
ment. II  est  convenable  que  vous  me  présentiez  un  rapport  général 
sur  tous  ces  objets. 

Napoléon. 

D'après  l'original  coram,  par  M"*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21708.  —  ALLOCUTION  A  L'ARMÉE. 

Palais  des  Tuileries,  25  mars  1815. 
Au  miiien  de  la  revue ,  les  officiers  et  les  sous-officiers  se  sont  formés 
en   cercle,   el  l'Empereur,    placé   au   centre,   les  a   entretenus   pendant 
longtemps. 

«  Grâce  au  peuple  français  et  à  vous,  leur  a-t-il  dit,  le  trône 
impérial  est  réiabli  ;  il  est  reconnu  dans  tout  l'Empire,  sans  qu'une 
goutte  de  sang  ait  été  versée.  Le  comte  de  Lille,  le  comte  d'Artois, 
le  duc  de  Berri,  le  duc  d'Orléans  ont  passé  la  frontière  du  Nord  et 
sont  allés  chercher  un  asile  chez  l'étraugcr.  Le  pavillon  tricolore  flotte 
sur  les  tours  de  Calais,  de  Dunkerque,  de  Lille,  d'Arras,  de  Valen- 
ciennes  ,  de  Condé  ,  etc.  Quelques  bandes  de  chouans  avaient  cherché 
à  se  former  dans  le  Poitou  et  dans  la  Vendée  ;  l'opinion  du  peuple  el 
la  marche  de  quelques  bataillons  ont  sulïi  pour  les  dissiper.  Le  duc  de 
Bourbon ,  qui  était  venu  fomenter  des  troubles  dans  ces  provinces , 
s'est  embarqué  à  Nantes.  « 

De  vil/es  acclamations  ont  interrompu  l'Empereur. 

"  Qu'ils  étaient  insensés  ,  a  continué  Sa  Majesté  ,  et  qu'ils  connais- 
saient mal  la  nation,  ceux  qui  croyaient  que  les  Français  consenti- 
raient à  recevoir  un  prince  des  mêmes  mains  qui  avaient  ravagé 
notre  territoire  et  qui ,  à  l'aide  de  la  trahison  ,  avaient  un  moment 
porté  atteinte  à  nos  lauriers!  Le  trône  des  Bourbons  est  incom- 
patible avec  les  nouveaux  intérêts,  comme  avec  la  gloire  du  peuple 
français.  « 

De  nouvelles  acclamations  se  sont  fait  entendre  dans  tous  les  rangs. 

«  Soldats,  a  repris  l'Empereur,  je  veux  donner  devant  vous  un 
témoignage  particulier  de  ma  satisfaction  à  la  brave  garnison  de  Gre- 
noble. Je  le  sais,  tous  les  régiments  français  auraient  agi  comme 
elle.  Je  veux  aussi  témoigner  ma  reconnaissance  à  ce  brave  bataillon 
du  5*  et  à  cette  compagnie  de  mineurs  qui,  placés  dans  un  défilé, 
vinrent  en  entier  se  ranger  autour  de  leur  Empereur,  qui  seul  s'of- 
frait à  leurs  coups.  Us  ont  bien  mérité  du  peuple  français,  de  moi  et 
de  vous-mêmes.  » 


28  CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

Ici  les  acclamations  ont  redoublé  et  n'ont  plus  permis  à  l'Empereur  que 
de  dire  ces  mots  : 

u  Soldats,  vous  serez  constamment  Gdèles  à  la  grande  cause  du 
peuple ,  à  l'honneur  français  et  à  votre  Empereur  !  » 

Extrait  du  Moniteur  du  26  mars  1815. 


21709.  —  AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris,  25  mars  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot ,  j'ai  nommé  à  la  préfecture  de  Maine- 
et-Loire  le  sieur  Galeazzini,  qui  était  commissaire  général  à  l'île 
d'Elbe;  il  est  de  la  Corse.  C'est  un  homme  très-fin  et  très-capable  de 
suivre  les  intrigues  qui  pourraient  se  tramer  dans  l'Ouest.  Il  est  à 
Paris ,  m'ayant  accompagné  depuis  l'île  d'Elbe.  Voyez-le  et  recom- 
mandez-lui de  surveiller  de  ce  côté  avec  le  zèle  et  l'intelligence  que 
vous  lui  connaissez. 

Il  y  a  d'autres  préfectures  vacantes  où  l'on  pourra  nommer  Leroy. 
Je  crois  qu'on  a  conservé  Vaublanc;  mais  on  dit  qu'il  s'est  conduit 
tellement  mal  qu'il  n'est  plus  possible  de  le  laisser.  Metz  est,  au  sur- 
plus, une  trop  grande  préfecture  pour  Leroy.  ^ 

Napoléon. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21710.  —AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris,  25  mars  1815. 

Mon  intention  est  que  les  travaux  commencent  dans  Paris  à  compter 
de  lundi.  Faites-moi  un  rapport,  demain  dimanche,  sur  les  travaux 
qu'il  conviendra  de  reprendre  les  premiers,  en  donnant  la  préférence 
à  l'utilité.  Comme  les  occupations  de  votre  ministère  sont  trop  nom- 
breuses et  trop  urgentes  pour  que  vous  puissiez,  d'ici  à  demain  ,  vous 
mettre  tout  à  fait  au  courant  de  cette  partie ,  vous  serez  maître  d'ame- 
ner avec  vous  le  maître  des  requêtes  Rruyère,  qui,  ayant  assisté  à 
mes  conseils  d'administration ,  pourra  me  répondre  et  m'aider  à 
reprendre  le  fil  des  travaux  entrepris  et  que  les  dernières  années  ont 
interrompus. 

Mon  intention  est  que,  1°  les  travaux  entrepris  au  compte  de  la 
ville  de  Paris  sur  les  fonds  provenant  de  la  vente  des  maisons  des  hos- 
pices ou  sur  des  fonds  spéciaux  se  fassent  à  raison  de  200,000  francs 
par  mois,  ce  qui  emploiera  1,800,000  francs  pour  le  reste  de 
l'année;  2°  que  les  travaux  à  la  charge  des  fonds  généraux  des  ponts 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  18  15.  29 

et  chaussées  de  votre  ministère  et  des  fonds  spéciaux  déposés  à  la 
caisse  d'amortissement  emploient  100,000  francs  par  mois;  et, 
comme  j'ai  destiné  en  outre  un  fonds  de  100,000  francs  par  mois 
sur  les  fonds  de  la  liste  civile  de  la  Couronne,  cela  fera  l'emploi 
total  de  400,000  francs  par  mois,  qui  redonneront  une  activité  con- 
venable aux  travaux  de  Paris. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


2171 1 .  —  AU  GENERAL  COMTE  DE  MONTESQUIOU-FEZENSAC  , 

GRAND  CHAMBELLAN,   A  PARIS. 

Paria,  25  mars  1815. 

Monsieur  le  Comte  Montesquiou ,  mon  intention  est  que  la  surin- 
tendance des  théâtres  soit  exercée  par  vous.  Vous  vous  occuperez 
le  plus  tôt  possible  du  budget  de  cette  année,  s'il  n'a  pas  été  fait. 
Comme  cela  pourrait  vous  occasionner  quelques  dépenses  de  bureau, 
vous  les  porterez  dans  le  budget. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M.  le  général  comte  de  Montesquiou-Fezensac. 


21712. —AU  GENERAL  COMTE  HERTRAND, 

GRAND  MARÉCHAL  DU  PALAIS,  A  PARIS. 

Paris,  25  mars  1815. 

Monsieur  le  Comte  Bertrand,  il  y  a  des  conilits  dans  les  emplois 
de  ma  Maison.  Mon  premier  maître  d'hôtel  sera  celui  que  j'avais  à 
Porto-Ferrajo  Le  sieur  Dousseau  sera  mon  chef  de  cuisine ,  le  sieur 
Pierron  mon  chef  d'office.  Renvoyez  les  individus  qui  auraient  des 
prétentions  contraires.  Présentez-moi  une  organisation  simple  de  ma 
Maison,  .le  ne  veux  point  de  double  emploi.  Présentez-moi  l'état  des 
appointements  portés  aux  anciens  budgets,  afln  que  je  les  fixe  de  nou- 
veau comme  il  conviendra. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21713.  —  AU  COMTE   DE  MONTALIVET, 

INTENDANT  GENliRAL  DE  LA  COURONNE,  A  PARIS. 

Paris,  25  mars  1815. 

Mon  intention  est  de  réintégrer  dans  leurs  fonctions  le  sieur  Denon, 
directeur  général  des  musées;  David,  mon  premier  peintre;  Des- 
mazis,  administrateur  du  garde-meuble;  Fontaine,  mon  premier 
architecte;  le  baron  Corvisart,  mon  premier  médecin  ;  le  baron  Boyer, 


m  CORRESPONDANCE   DE   NAPOLÉON  I«^  —  1815. 

mon  premier  chirurgien  ;  le  baron  Dubois ,  accoucheur  de  l'Impéra- 
trice ,  et  Deyeux ,  mon  premier  pharmacien. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21714.   —   AU  COMTE  Ï)E  MONTALIVET, 

INTENDANT  GÉNÉRAL  DE  LA  COURONNE  ,  A  PARIS. 

Paris,  25  mars  1815. 

Mon  intention  est  que  toutes  les  maisons  qui  m'appartiennent  dans 
le  carré  des  Tuileries  soient  mises  en  démolition ,  notamment  l'hôtel 
qu'occupait  la  secrétairerie  d'Etat. 

Je  désire  que  demain ,  dimanche ,  vous  me  remettiez  un  rapport 
sur  les  ordres  à  donner  pour  faire  cesser  les  travaux  de  Versailles  et 
pour  commencer  les  dépenses  des  travaux  du  Louvre  et  des  autres 
établissements  de  la  Couronne,  à  raison  de  100,000  francs  par  mois, 
à  compter  d'avril.  Les  travaux  reprendront  lundi  prochain. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21715.  —  REPONSE  > 

A  L'ADRESSE  DES  MINISTRES  '. 

Palais  des  Tuileries,  26  mars  1815. 

Les  sentin)ents  que  vous  m'exprimez  sont  les  miens.  Tout  à  la 
nation  et  tout  pour  la  France!  voilà  ma  devise. 

1  Dans  leur  Adresse  à  l'Empereur,  les  ministres  s'exprimaient  ainsi  : 

t  Sire,  la  Providence,  qui  veille  sur  nos  destinées,  a  rouvert  à  Votre  Majesté 
le  chemin  de  ce  trône  où  vous  avaient  porté  le  choix  libre  du  peuple  et  la 
reconnaissance  nationale.  La  patrie  relève  son  front  majestueux;  elle  salue  pour 
la  seconde  fois  du  nom  de  libérateur  le  prince  qui  détrôna  l'anarchie,  et  dont 
l'existence  peut  seule  aujourd'hui  consolider  nos  institutions  libérales. 

D  La  plus  juste  des  révolutions,  celle  qui  devait  rendre  à  l'homme  sa  dignité 
et  tous  ses  droits  politiques ,  a  précipité  du  trône  la  dynastie  des  Bourbons  : 
après  vingt-cinq  ans  de  troubles  et  de  guerres ,  tous  les  efforts  de  l'étranger 
n'ont  pu  réveiller  des  affections  éteintes  ou  tout  à  fait  inconnues  i  la  génération 
présente.  La  lutte  des  intérêts  et  des  préjugés  d'un  petit  nombres  contre  les  lu- 
mières du  siècle  et  les  intérêts  d'une  grande  nation  est  enfin  terminée. 

D  Les  destins  sont  accomplis;  ce  qui  seul  est  légitime,  la  cause  du  peuple,  a 
triomphé.  Votre  Majesté  est  rendue  au  vœu  des  Français  ;  elle  a  ressaisi  les 
rênes  de  l'Etat  au  milieu  des  bénédictions  du  peuple  et  de  l'armée. 

j)  La  France ,  Sire  ,  en  a  pour  garants  sa  volonté  et  ses  plus  chers  intérêts  ; 
elle  en  a  pour  garant  tout  ce  qu'a  dit  Votre  Majesté  au  milieu  des  populations 
qui  se  pressaient  sur  son  passage. 

»  Les  Bourbons  n'ont  rien  su  oublier;  lenrs  actions  et  leur  conduite  démen- 


CORRESPOXfDAîVCE  DE  NAPOLÉOX^  ^^  —  1813.  31 

Moi  et  ma  famille,  que  ce  grand  peuple  a  élevés  sur  le  trône  des 
Français ,  et  qu'il  y  a  maintenus  malgré  les  vicissitudes  et  les  tem- 
pêtes politiques,  nous  ne  voulons,  nous  ne  devons  et  nous  ne  pou- 
vons jamais  réclamer  d'autres  titres. 

Extrait  du  Moniteur  du  27  mars  1815. 


21716.  —  REPONSE 

A  L'ADRESSE  DU  CONSEIL  D'ÉTAT  '. 

Palais  des  Tuileries,  26  mars  1815. 

Les  princes  sont  les  premiers  citoyens  de  l'Etat.  Leur  autorité  est 
plus  ou  moins  étendue,  selon  l'intérêt  des  nations  qu'ils  gouvernent. 

talent  leurs  paroles.  Votre  Majesté  tiendra  la  sienne;  elle  ne  se  souviendra  que 
des  services  rendus  à  la  patrie;  elle  prouvera  qu'à  ses  yeux  et  dans  son  cœur  , 
quelles  qu'aient  été  les  opinions  diverses  et  l'exaspération  des  partis,  tous  les 
citoyens  sont  égaux  devant  elle ,  comme  ils  le  sont  devant  la  loi. 

s  Votre  Majesté  veut  aussi  oublier  que  nous  avons  été  les  maîtres  des  nations 
qui  nous  entourent,  pensée  généreuse  qui  ajoute  une  autre  gloire  à  tant  de 
gloire  acquise. 

ï  Déjà  Votre  Majesté  a  tracé  i  ses  ministres  la  route  qu'ils  doivent  tenir;  déjà 
elle  a  fait  connaître  à  tous  les  peuples,  par  ses  proclamations,  les  maximes 
d'après  lesquelles  elle  veut  que  son  Empire  soit  désormais  gouverné.  Point  de 
guerre  au  dehors,  si  ce  n'est  pour  repousser  une  injuste  agression;  point  de 
réaction  au  dedans;  point  d'actes  arbitraires;  sîireté  des  propriétés;  libre  cir- 
culation de  la  pensée  :  tels  sont  les  principes  que  vous  avez  consarrés. 

ï  Heureux,  Sire,  ceux  qui  sont  appelés  à  coopérer  à  tant  d'actes  sublimes. 
De  tels  bienfaits  vous  mériteront  dans  la  postérité,  c'est-à-dire  lorsque  le 
temps  de  l'adulation  sera  passé,  le  nom  de  Père  de  la  patrie  ;  ils  seront  garan- 
tis à  nos  enfants  par  l'auguste  héritier  que  Votre  .Majesté  s'apprête  à  couronner 
au  Champ-de-Mai.  » 

Extrait  du  Moniteur  du  27  mars  1815. 

*  Le  Conseil  d'Etat  avait  présenté  à  l'Empereur  l'Adresse  suivante  : 

Il  Sire ,  les  membres  de  votre  Conseil  d'Etat  ont  pensé ,   au  moment  de  leur 

première  réunion,   qu'il  était  de  leur  devoir  de  professer  solennellement  les 

principes  qui  dirigent  leurs  opinions  et  leur  conduite. 

»  Ils  viennent  présenter  à  Votre  Majesté  la  délibération  qu'ils  ont  prise  à 

l'unanimité,   et  vous  prier  d'agréer  l'assurance  de  leur  dévouement,   de  lenr 

reconnaissance,  de  leur  respect  et  de  leur  amour  pour  votre  personne  sacrée. 

Extrait  du  registre  des  délibérations. 

ï  Le  Conseil  d'Etat,  en  reprenant  ses  fonctions,  croit  devoir  faire  connaître 
les  principes  qui  font  la  règle  de  ses  opinions  et  de  sa  conduite. 

i  La  souveraineté  réside  dans  le  peuple;  il  est  la  seule  source  légitime  du 
pouvoir. 

n  En  1789,  la  nation  reconquit  ses  droits,  depuis  longtemps  usurpés  ou 
méconnus. 


32  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«^  —  1815. 

La  souveraineté  elle-même  n'est  héréditaire  que  parce  que  l'intérêt 
des  peuples  l'exige.  Hors  de  ces  principes,  je  ne  connais  pas  de 
légitimité. 

J'ai  renoncé  aux  idées  du  grand  Empire ,  dont  depuis  quinze  ans 

T>  L'Assemblée  nationale  abolit  la  monarchie  féodale  ,  établit  une  monarchie 
constitutionnelle  et  le  gouvernement  représentatif. 

j  La  résistance  des  Bourbons  aux  vœux  du  peuple  amena  leur  chute  et  leur 
bannissement  du  territoire  français. 

1)  Deux  fois  le  peuple  consacra  par  ses  votes  la  nouvelle  forme  de  gouverne- 
ment établie  par  ses  représentants. 

I  En  l'an  VIII,  Bonaparte,  déjà  couronné  par  la  Victoire  ,  se  trouva  porté  au 
cFOuvernement  par  l'assentiment  national  ;  une  constitution  créa  la  magistrature 
consulaire. 

s  Le  sénatus-consulle  du  16  thermidor  an  X  nomma  Bonaparte  consul  à  vie. 

s  Le  sénatus-consulte  du  28  floréal  an  XII  conféra  à  Napoléon  la  dignité  im- 
périale et  la  rendit  héréditaire  dans  sa  famille. 

■s  (]es  trois  actes  solennels  lurent  soumis  à  l'acceptation  du  peuple ,  qui  les 
consacra  par  près  de  quatre  millions  de  votes. 

5  Ainsi,  pendant  vingt-deux  ans,  les  Bourbons  avaient  cessé  de  régner  en 
France;  ils  y  étaient  oubliés  par  leurs  contemporains  ,  étrangers  à  nos  lois,  à 
nos  institutions,  à  nos  mœurs,  à  notre  gloire;  la  génération  actuelle  ne  les  con- 
naissait que  par  le  souvenir  de  la  guerre  étrangère  qu'ils  avaient  suscitée  contre 
la  patrie  et  des  dissensions  intestines  qu'ils  y  avaient  allumées. 

j)  En  1814,  la  France  fut  envahie  par  les  armées  ennemies  et  la  capitale 
occupée.  L'étranger  créa  un  prétendu  gouvernement  provisoire;  il  assembla  la 
minorité  des  sénateurs  et  les  força,  contre  leur  mission  et  contre  leur  volonté, 
à  détruire  les  constitutions  existantes ,  à  renverser  le  trône  impérial  et  à  rap- 
peler la  famille  des  Bourbons. 

I  Le  Sénat,  qui  n'avait  été  institué  que  pour  conserver  les  constitutions  de 
l'Empire,  reconnut  lui-même  qu'il  n'avait  point  le  pouvoir  de  les  changer.  Il 
décréta  que  le  projet  de  constitution  qu'il  avait  préparé  serait  soumis  à  l ac- 
ceptation du  peuple ,  et  que  Louis-Stanislas-Xnvier  serait  proclamé  Roi  des 
Français  aussitôt  qu'il  aurait  accepté  la  constitution  et  juré  de  l'observer 
et  de  la  faire  observer. 

.  »  L'abdication  de  l'Empereur  Napoléon  ne  fut  que  le  résultat  de  la  situation 
malheureuse  où  la  France  et  lEmpereur  avaient  été  réduits  par  les  événements 
de  la  guerre ,  par  la  trahison  et  par  l'occupation  de  la  capitale  ;  l'abdication 
n'eut  pour  objet  que  d'éviter  la  guerre  civile  et  l'effusion  du  sang  français.  Non 
consacré  par  le  vœu  du  peuple,  cet  acte  ne  pouvait  détruire  le  contrat  solennel 
qui  s'était  formé  entre  lui  et  l'Empereur,  et,  quand  Napoléon  aurait  pu  abdi- 
quer personnellement  la  couronne ,  il  n'aurait  pu  sacrifier  les  droits  de  son  fils , 
appelé  à  régner  après  lui. 

ï  Cependant  un  Bourbon  fut  nommé  lieutenant  général  du  royaume  et  prit  les 
rênes  du  gouvernement. 

ï  Louis-Stanislas-Xavier  arriva  en  France  ;  il  fit  son  entrée  dans  la  capitale  ; 
il  s'empara  du  trône ,  d'après  l'ordre  établi  dans  l'ancienne  monarchie  féodale. 

i  II  n'avait  point  accepté  la  constitution  décrétée  par  le  Sénat;  il  n'avait  point 
juré  de  l'observer  et  de  la  faire  observer;  elle  n'avait  point  été  envoyée  à  l'ac- 


CORRESPOiVDANGE  DE   NAPOLEO.M  I".  —  1815.  33 

je  n'avais  encore  que  posé  les  bases.  Désormais  le  bonheur  et  la 
consolidation  de  l'Empire  français  seront  l'objet  de  toutes  mes 
pensées. 

Extrait  du  Moniteur  du  27  mars  1815. 

ceptation  du  peuple;  le  peuple,  subjugué  par  la  présence  des  armées  élran- 
qères,  ne  pouvait  pas  même  exprimer  librement  ni  valablement  son  vœu. 

ï  Sous  leur  protection  ,  après  avoir  remercié  un  prince  étranger  de  l'avoir 
fait  remonter  sur  le  trône,  Louis-Slanislas-Xavier  data  le  premier  acte  de  son 
autorité  de  la  dix-neuvième  année  de  son  règne ,  déclarant  ainsi  que  les  actes 
émanés  de  la  volonté  du  peuple  n'étaient  que  le  produit  d'une  longue  révolte  ; 
il  accorda  volontairement  et  par  le  libre  exercice  de  son  autorité  royale  une 
charte  constitutionnelle  appelée  ordonnance  de  réformation;  et  pour  toute 
sanction  il  la  ût  lire  en  présence  d'un  nouveau  corps  qu'il  venait  de  créer 
et  d'une  réunion  de  députés  qui  n'était  pas  libre,  qui  ne  l'accepta  point,  dont 
aucun  n'avait  caractère  pour  consentir  à  ce  changement  et  dont  les  deux  cin- 
quièmes n'avaient  même  plus  le  caractère  de  représentants. 

»  Tous  CCS  actes  sont  donc  illégaux.  Faits  en  présence  des  armées  ennemies 
et  sous  la  domination  étrangère,  ils  ne  sont  que  l'ouvrage  de  la  violence;  ils 
sont  essentiellement  nuls  et  attentatoires  à  l'honneur,  à  la  liberté  et  aux  droits 
du  peuple. 

I  Les  adhésions  données  par  des  individus  et  par  des  fonctionnaires  sans 
mission  n'ont  pu  ni  anéantir  ni  suppléer  le  consentement  du  peuple,  exprimé 
par  des  votes  solennellement  provoqués  et  légalement  émis. 

ïi  Si  ces  adhésions,  ainsi  que  les  serments,  avaient  jamais  pu  même  être  obli- 
gatoires pour  ceux  qui  les  ont  faits,  ils  auraient  cessé  de  l'être  dès  que  le  gou- 
vernement qui  les  a  reçus  a  cessé  d'exister. 

t  La  conduite  des  citoyens  qui ,  sous  ce  gouvernement ,  ont  servi  l'Etat ,  ne 
peut  être  blâmée  ;  ils  sont  même  dignes  d'éloges ,  ceux  qui  n'ont  profité  de  leur 
position  que  pour  défendre  les  intérêts  nationaux  et  s'opposer  à  l'esprit  de  réac- 
tion et  de  contre-révolution  qui  désolait  la  France. 

1)  Les  Bourbons  eux-mêmes  avaient  constamment  violé  leurs  promesses;  ils 
favorisèrent  les  prétentions  de  la  noblesse  fidèle;  ils  ébranlèrent  les  ventes  des 
biens  nationaux  de  toutes  les  origines  ;  ils  préparèrent  le  rétablissement  des 
droits  féodaux  et  des  dîmes;  ils  menacèrent  toutes  les  existences  nouvelles;  ils 
déclarèrent  la  guerre  à  toutes  les  opinions  libérales  ;  ils  attaquèrent  (outes  les 
institutions  que  la  France  avait  acquises  au  prix  de  son  sang;  aimant  mieux 
humilier  la  nation  que  de  s'unir  à  sa  gloire ,  ils  dépouillèrent  la  Légion  d'hon- 
neur de  sa  dotation  et  de  ses  droits  politiques,  ils  en  prodiguèrent  la  décoration 
pour  l'avilir;  ils  enlevèrent  à  l'armée,  aux  braves,  leur  solde,  leurs  grades 
et  leurs  honneurs  pour  les  donner  à  des  émigrés ,  à  des  chefs  de  révolte  ;  ils 
voulurent  enfin  régner  et  opprimer  le  peuple  par  Yémigration, 

1»  Profondément  affectée  de  son  humiliation  et  de  ses  malheurs,  la  France 
appelait  de  tous  ses  vœux  son  gouvernement  national,  la  Dynastie  liée  à  ses 
nouveaux  intérêts,  à  ses  nouvelles  institutions. 

»  Lorsque  l'Empereur  approchait  de  la  capitale ,   les  Bourbons  ont  en  vain 
voulu  réparer ,   par  des  lois  improvisées  et  des  serments  tardifs  à  leur  charte 
constitutionnelle,  les  outrages  faits  à  la  nation  et  à  l'armée.  Le  temps  des  illu- 
sions était  passé ,  la  confiance  était  aliénée  pour  jamais.  Aucun  bras  ne  s'est 
xiiti.  3 


34    CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 
21717.  —  RÉPONSE 

A  L'ADRESSE  DE  LA  COUR  DE  CASSATION. 

Palais  des  Tuileries,  26  mars  1815. 

Dans  les  premiers  âges  de  la  monarchie  française,  des  peuplades 
guerrières  s'emparèrent  des  Gaules.  La  souveraineté,  saus  doule,  ne 
fut  pas  organisée  dans  l'intérêt  des  Gaulois ,  qui  furent  esclaves  ou 
n'eurent  aucuns  droits  politiques;  mais  elle  le  fut  dans  l'intérêt  de  la 
peuplade  conquérante.  Il  n'a  donc  jamais  été  vrai  de  dire,  dans  au- 
cune période  de  l'histoire ,  dans  aucune  nation ,  même  en  Orient ,  que 
les  peuples  existassent  pour  les  rois  :  partout  il  a  été  consacré  que 
les  rois  n'existaient  que  pour  les  peuples.  Une  dynastie  créée  dans 
les  circonstances  qui  ont  créé  tant  de  nouveaux  intérêts ,  ayant  inté- 
rêt au  maintien  de  tous  les  droits  et  de  toutes  les  propriétés ,  peut 
seule  être  naturelle  et  légitime,  et  avoir  la  confiance  et  la  force ,  ces 
deux  premiers  caractères  de  tout  gouvernement. 

Extrait  du  Moniteur  du  27  mar»  1815. 

armé  pour  leur  défense.  La  natiou  et  l'armée  ont  voJé  au-devant  de  leur 
libérateur. 

i  L'Empereur,  en  remontant  sur  le  trône  où  le  peuple  l'avait  élevé,  rétablit 
donc  le  peuple  dans  ses  droits  les  plus  sacrés.  Il  ne  fait  que  rappeler  à  leur 
exécution  les  décrets  des  assemblées  représentatives  sanctionnées  par  la  nation  ; 
il  revient  régner  par  le  seul  principe  de  légitimité  que  la  France  ait  reconnu 
et  consacré  depuis  vingt-cinq  ans  ,  et  auquel  toutes  les  autorités  s'étaient  liées 
par  des  serments  dont  la  volonté  du  peuple  aurait  pu  seule  les  déga'fer. 

j  L'Empereur  est  appelé  à  garantir  de  nouveau  par  des  institutions ,  et  il  en 
a  pris  l'engagement  dans  ses  proclamations  à  la  nation  et  k  l'armée,  tous  les 
principes  libéraux,  la  liberté  individuelle  et  l'égalité  des  droits,  la  liberté  de  la 
presse  et  l'abolition  de  la  censure,  la  liberté  des  cultes,  le  vote  des  contribu- 
tions et  des  lois  par  les  représentants  de  la  nation  légalement  élus,  les  propriétés 
nationales  de  toute  origine,  l'indépendance  et  l'inamovibilité  des  tribunaux,  la 
responsabilité  des  ministres  et  de  tous  les  agents  du  pouvoir. 

»  Pour  mieux  consacrer  les  droits  et  les  obligations  du  peuple  et  du  monar- 
que, les  institutions  nationales  doivent  être  revues  dans  une  grande  assemblée 
des  représentants ,  déjà  annoncée  par  l'Empereur. 

ï  Jusqu'à  la  réunion  de  cette  grande  assemblée  représentative ,  l'Empereur 
doit  exercer  et  faire  exercer,  conformément  aux  constitutions  et  aux  lois  exis- 
tantes, le  pouvoir  qu'elles  lui  ont  délégué,  qui  n'a  pu  lui  être  enlevé,  qu'il  n'a 
pu  abdiquer  sans  l'assentiment  de  la  nation,  que  le  vœu  et  l'intérêt  général  du 
peuple  français  lui  font  un  devoir  de  reprendre.  » 

Extrait  du  Moniteur  du  27  mars  1815. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«^  —  1815.  :55 

21718.  —  RÉPONSE 

A  L'ADRESSE  DE  LA  COUR  DES  COMPTES. 

Palais  des  Tuileries,  26  mars  1815. 

Ce  qui  distingue  spécialement  le  trône  impérial,  c'est  qu'il  est 
élevé  par  la  nation ,  qu'il  est  par  conséquent  naturel,  et  qu'il  garantit 
tous  les  intérêts  :  c'est  là  le  vrai  caractère  de  la  légitimité.  L'intérêt 
impérial  est  de  consolider  tout  ce  qui  existe  et  tout  ce  qui  a  été  fait 
en  France  dans  vingt-cinq  années  de  révolution;  il  comprend  tous 
les  intérêts  et  surtout  l'intérêt  de  la  gloire  de  la  nation,  qui  n'est  pas 
le  moindre  de  tous. 

Elirait  du  Moniteur  du  27  mars  1815. 


21719.  —  REPONSE 

A  L'ADRESSE  DE  LA  COUR  IMPÉRIALE  DE  PAUIS. 

Palais  de*  Tuileries  ,  26  mars  1815. 

Tout  ce  qui  est  revenu  avec  les  armées  étrangères,  tout  ce  qui  a 
été  fait  sans  consulter  la  nation,  est  nul.  Les  cours  de  Grenoble  et  de 
Lyon  et  tous  les  tribunaux  .de  l'ordre  judiciaire  que  j'ai  rencontrés, 
lorsque  le  succès  des  événements  était  encore  incertain ,  m'ont  mon- 
tré que  ces  principes  étaient  gravés  dans  le  cœur  de  tous  les  Français. 

Extrait  du  Moniteur  du  27  mars  1815. 


21720.  —  REPONSE 

A  L'ADRESSE  DU  CONSEIL  MUMCIPAL  DE  PARIS. 

Palais  des  Tuileries,  26  mars  1815. 

J'agrée  les  sentiments  de  ma  bonne  ville  de  Paris.  J'ai  mis  du  prix 
à  entrer  dans  ses  murs  à  l'époque  anniversaire  du  jour  où,  il  y  a 
quatre  ans ,  tout  le  peuple  de  cette  capitale  me  donna  des  témoi- 
gnages si  touchants  de  l'intérêt  qu'il  portait  aux  affections  qui  sont 
le  plus  près  de  mon  cœur.  J'ai  dû  pour  celft  devancer  mon  armée  et 
venir  seul  me  conGer  à  cette  garde  nationale  que  j'ai  créée,  et  qui  a 
si  parfaitement  atteint  le  but  de  sa  création.  J'ambitionne  de  m'en 
conserver  à  moi-même  le  commandement. 

J'ai  ordonné  la  cessation  des  grands  travaux  de  Versailles ,  dans 
l'intention  de  faire  tout  ce  que  les  circonstances  permettront  pour 
achever  les  établissements  conmiencés  à  Paris,  qui  doit  être  constam- 
ment le  lieu  de  ma  demeure  et  la  capitale  de  l'Empire.  Dans  des 
temps  plus  tranquilles,  j'achèverai  Versailles,  ce  beau  monument 
des  arts,  mais  devenu  aujourd'hui  un  objet  accessoire. 

3. 


36  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON   I".  —  1815, 

Remerciez  en  mon  nom  le  peuple  de  Paris  de  tous  les  témoignages 
d'affection  qu'il  me  donne. 

Extrait  du  Moniteur  du  27  mars  1815. 


21721.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  26  mars  1815. 

Mon  Cousin,  je  pense  qu'il  faut  donner  l'ordre  au  général  Morand 
de  se  rendre  à  Nantes  avec  les  troupes  venues  d'Alençon ,  de  Château- 
roux  et  de  la  Loire,  et  de  centraliser  là  une  armée  active,  pour  se 
porter  partout  où  il  serait  nécessaire. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm,  par  M™«  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21722.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE    LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  26  mars  1815. 

Mon  Cousin,  il  faut  envoyer  sur-le-champ  M.  Denniée ,  intendant 
général  de  la  maison  militaire  du  roi ,  et  les  autres  employés  du 
même  service ,  au-devant  de  la  maison  du  roi ,  qui  demande  à  se  sou- 
mettre ,  afin  d'en  recevoir  les  chevaux ,  les  armes  et  l'équipe- 
ment, etc.  Vous  sentez  l'importance  de  conserver  tout  ce  matériel. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


21723.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  26  mars  1815. 

Mon  Cousin,  actuellament  que  tous  les  mouvements  de  l'Est  et  du 
Nord  sont  terminés ,  il  faut  former  des  corps  d'observation. 

Le  1"  sera  composé  de  tous  les  corps  qui  sont  dans  la  16'  divi- 
sion. A  cet  effet,  le  1"  et  le  2*  bataillon  de  tous  ces  régiments  se 
réuniront  au  camp.  Le  3'  bataillon  seul  et  le  dépôt  resteront  dans  les 
places.  Vous  donnerez  au  comte  d'Erlon  l'autorisation  de  faire  les 
changements  qu'il  jugera  convenables  dans  les  commandants  et  offi- 
ciers des  gardes  nationales.  Ce  corps  d'observation  se  réunira  à 
Lille. 

Le  2*  sera  commandé  par  le  général  Reille,  et  composé  de  l'infan- 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  !<='.  —  1815.  37 

terie  et  de  la  cavalerie  qu'il  a  avec  lui  ;  il  se  réunira  à  Valenciennes 
et  Maubeuge. 

Faites-moi  connaître  combien  de  divisions  de  cavalerie  et  d'infan- 
terie on  pourrait  ainsi  former  dans  le  Nord. 

Il  faudra  successivement  renforcer  ces  deux  corps  d'observation 
par  les  3"  bataillons,  aussitôt  qu'ils  auront  été  complétés  par  le 
rappel  des  semestriers  et  des  congés  illimités,  ainsi  que  par  les 
anciens  soldats  qui  rejoindront. 

Le  3*  corps  d'observation  sera  formé  des  troupes  qui  sont  à  Chà- 
lons  et  dans  la  2"  division  militaire.  Le  duc  de  Plaisance  en  conser- 
vera provisoirement  le  commandement  ;  on  y  enverra  un  ofûcier  plus 
habile,  aussitôt  qu'il  sera  nécessaire.  Ce  corps  se  réunira  à  Mézières. 

Le  4*=  corps  se  composera  de  tout  ce  qui  est  dans  les  3*  et  4*  divi- 
sions militaires.  On  laissera  les  3"  bataillons  et  les  gardes  nationales 
dans  les  places.  Le  général  Gérard  commandera  ce  corps,  qui  se 
réunira  à  Thionville. 

Le  5*  corps  sera  composé  de  tout  ce  qui  se  trouve  dans  les  places 
d'Alsace.  Le  duc  d'Albufera  le  commandera;  il  le  réunira  près  de 
Strasbourg ,  ne  laissant  que  les  3"'  bataillons  et  les  dépôts  dans  les 
places  avec  les  gardes  nationales.  Donnez-lui  l'autorisation  de  chan- 
ger dans  la  garde  nationale  tous  les  officiers  qui  ne  seraient  pas  sûrs. 

Le  6*  corps  sera  réuni  près  de  Chambéry,  pour  couvrir  les  Alpes. 
On  y  enverra  les  régiments  qui  sont  dans  les  7*  et  8'  divisions.  Le 
général  Dessaix  les  commandera. 

Le  7*  corps  observera  les  Pyrénées;  il  sera  composé  de  tous  les 
régiments  qui  sont  de  ce  côté.  Le  général  Clausel  le  commandera. 

Enfin  il  y  aura  un  corps  de  réserve  de  l'intérieur,  qui  formera  le 
8"  corps  et  sera  réuni  autour  de  Paris.  Il  sera  commandé  par  le 
comte  de  Lobau. 

Faites-moi  former  cet  état  des  différents  corps ,  afin  d'en  arrêter 
définitivement  l'organisation. 

Réunissez  aussi  un  comité  de  défense  sous  la  présidence  du  général 
Dejean,  qui  y  appellera  les  officiers  du  génie  qui  connaissent  le  mieux 
les  différentes  frontières,  pour  déterminer  les  positions  convenables 
où  doivent  être  placés  les  différents  corps  d'observation ,  en  répar- 
tissant  la  surveillance  des  débouchés  des  frontières  entre  les  diffé- 
rents corps. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiibl. 


38  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

21724.  —  A  M.  FONTAINE, 

PREMIER  ARCHITECTE  DE  l'eMPEREUR,   A  PARIS. 

Paris,  26  mars  1815,  au  soir. 

J'ai  ordonné  à  l'intendant  de  la  Couronne  de  me  faire  un  rapport 
sur  les  travaux  à  faire;  mais  comme  mon  intention  est  de  ne  pas 
perdre  un  moment,  je  vous  autorise  à  remettre  dès  demain  en  activité 
les  ateliers  de  la  nouvelle  galerie  et  les  travaux  extérieurs  du  Louvre. 
Employez  les  ouvriers  nécessaires  pour  dépenser  200,000  francs, 
indépendamment  de  ceux  que  vous  mettrez  à  la  démolition  des  mai- 
sons qui  m'appartiennent  sur  le  Carrousel.  S'il  était  possible,  je  dé- 
sirerais même  démolir  mes  écuries;  mais  est-il  possible  de  les  rem- 
placer? 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21725.  —  AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris,  26  mars  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  je  recevrai  dimanche  prochain  l'Uni- 
versité, en  même  temps  que  l'Institut.  Je  désire  donc  que  l'Université 
soit  promptement  organisée.  Présentez-moi  un  projet  de  décret  pour 
la  rétablir  telle  qu'elle  était  organisée  l'année  dernière'.  Proposez- 
moi,  en  même  temps,  les  personnes  que  je  dois  nommer  pour  cette 
réorganisation.  Ecartez-en  celles  qui,  telles  que  le  sieur  de  Bonald, 
ont  énoncé  des  principes  obscurs ,  propres  à  égarer  l'opinion  et  à  cor- 
rompre la  jeunesse.  Je  désirerais  que  vous  pussiez  me  remettre  ce 
travail  mercredi  prochain. 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Archivps  de  l'Empire. 


21726.  —  AU  VICE-AMIRAL  DUC  DECRES, 

ministre  de  la  marine,  a  paris. 

Paris,  27  mars  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  faites-moi  connaître  ce  que  Brest,  Ro- 
chefort,  Toulon,  Cherbourg  et  les  autres  établissements  maritimes 
peuvent  m'offrir  en  troupes,  en  équipages,  en  ouvriers  des  arsenaux 
pour  la  défense  de  ces  villes. 

Concertez-vous  avec  le  minisire  de  la  guerre  pour  me  présenter  le 
commandant  d'armes  ou  le  gouverneur  à  envoyer  dans  ces  grands 
établissements. 

1  Voir  le  Moniteur  ilii  1^''  avril. 


CORHKSPOMDANCE  DE   NAPOLÉOM   I".  —  1815.  39 

Il  est  nécessaire  que  le  général  de  terre  qu'on  enverra  ait  la  con- 
ûance  des  troupes  de  terre  et  des  marins,  aGn  que  les  administrations 
concourent  d'un  bon  accord  à  toutes  les  opérations  que  les  circon- 
stances pourraient  exiger. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  duchesse  Decrès. 


21727.  —  A  M.  GAUDIN,  DUC  DE  GAETE, 

MINISTRE  DES  FINANCES,  A  PARIS. 

Paris,  27  mars  1815. 

Monsieur  le  Duc  de  Gaëte,  on  a  destitué  plusieurs  receveurs  géné- 
raux et  beaucoup  de  receveurs  particuliers.  On  a  destitué  également  en 
Bourgogne  un  grand  nombre  d'agents  forestiers ,  parce  qu'ils  s'étaient 
armés  pour  repousser  l'invasion  de  l'ennemi.  On  a  enfin  fait  de  nom- 
breux changements  dans  toutes  les  administrations  de  finances.  Mon 
intention  est  de  remettre  en  place  tous  les  employés  destitués,  contre 
lesquels  il  n'y  aura  pas  eu  de  reproches  fondés,  et  notamment  les 
militaires. 

Je  désire  que  vous  me  fassiez  incessamnlent  un  rapport  sur  tous 
les  changements  qui  ont  eu  lieu. 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Archives  de  l'Empire. 


21728.  —AU  COMTE  CARNOT,  mimstre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris,  27  mars  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  ayant  remis  les  gardes  nationales  dans 
votre  ministère,  il  est  indispensable  que  vous  formiez  sur-le-champ 
un  bureau,  dirigé  par  un  officier  supérieur,  pour  prendre  connais- 
sance de  tout  ce  qui  a  été  fait  relativement  aux  gardes  nationales,  et 
faire,  sans  délai,  tous  les  changements  convenables  dans  les  chefs. 
Mon  intention  est  d'organiser  la  garde  nationale  dans  toutes  les  parties 
de  l'Empire,  mais  surtout  dans  les  bonnes  provinces,  en  Dauphiné, 
en  Franche-Comté,  en  Alsace,  en  Lorraine,  dans  les  Vosges,  dans 
les  3'  et  4"  divisions  militaires,  dans  la  2%  dans  la  Champagne, 
dans  la  Picardie  et  dans  les  départements  du  Nord.  Il  faut  qu'une 
partie  soit  armée  et  puisse  servir  et  protéger  le  territoire  ;  mais  il  faut 
la  faire  commander  par  des  officiers  réformés ,  ou  par  des  personnes 
sur  le  patriotisme  desquelles  on  n'ait  aucun  doute.  Cette  opération 
est  si  importante,  qu'aussitôt  qu'il  sera  possible  je  désire  avoir  votre 
rapport  sur  l'organisation  de  votre  bureau  des  gardes  nationales ,  qui 
sera  chargé  de  tous  les  détails  et  des  nominations  à  tous  les  emplois. 


40  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 

Je  pense  qu'en  attendant  vous  devez  autoriser  le  comte  d'Erlon  à 
opérer  dans  la  16*  division  tous  les  changements  d'offlciers  qu'il  croira 
utiles  et  qui  seraient  urgents.  Donnez  la  même  autorisation  au  duc 
d'Albufera  pour  l'Alsace;  au  général  Gérard,  pour  les  3*  et  4^  divi- 
sions ;  au  duc  de  Plaisance,  pour  la  2*;  au  prince  d'Essling,  pour  la  8*; 
au  général  Lasalcette,  pour  la  7*;  au  général  Dessaix ,  pour  la  19*; 
au  général  Lemarois,  pour  les  15"  et  14*;  au  général  Caffarelli,  pour 
la  13*;  au  général  Morand,  pour  la  12*;  au  général  Clausel,  pour 
les  11*  et  21*,  et  au  général  Pajol,  pour  la  22*.  Je  n'ai  pas  encore 
de  renseignements  clairs  sur  ce  qui  se  passe  à  Nîmes ,  c'est-à-dire 
dans  les  9*  et  10*  divisions;  mais  vous  pouvez  donner  au  général 
Delaborde,  qui  est  là,  l'autorisation  nécessaire  pour  de  semblables 
changements.  En  leur  donnant  ce  pouvoir,  faites  une  circulaire  pour 
leur  faire  connaître  qu'on  doit  placer ,  de  préférence ,  les  officiers 
réformés  ou  qui  ont  servi ,  et  ôter  tous  ceux  qui ,  par  leurs  intérêts 
ou  leurs  opinions,  seraient  contraires  à  la  cause  nationale.  Cette 
opération  est  urgente  et  doit  se  faire  sans  délai. 

Pour  que  celte  opération  marche  d'ensemble  ,  il  faut  que  toutes  les 
autorités  soient  épurées";  mais  ce  travail  serait  trop  long  s'il  fallait 
attendre  qu'il  partît  de  Paris.  Je  pense  qu'il  faudrait,  par  une  circu- 
laire, autoriser  les  préfets  à  suspendre  les  sous-préfets,  les  maires 
et  autres  autorités  qui  ne  seraient  pas  attachés  au  gouvernement  im- 
périal. Mandez  aussi  aux  préfets  de  vous  faire  connaître  tous  les  dé- 
placements qui  ont  eu  lieu  dans  les  diverses  administralions  ou  régies 
de  leurs  départements,  et  surtout  dans  les  eaux  et  forêts,  d'où  l'on  aôté 
de  bons  citoyens  pour  placer  des  émigrés.  Vous  autoriserez  ,  en  con- 
séquence, les  préfets  à  se  concerter  avec  le  général  commandant  la 
division,  pour  rectifler  les  déplacements  qui  auraient  eu  lieu  dans 
les  administrations  de  leurs  départements ,  en  haine  d'opinions  poli- 
tiques, etc.  Ils  pourront  déplacer,  à  cet  effet,  ceux  qui  auraient  été 
nommés  depuis  le  1*'  avril  1814,  et  rétablir  ceux  qui  seraient  dans 
le  cas  de  reprendre  leur  place.  Vous  leur  ferez  connaître  que  cette 
latitude  extraordinaire  de  pouvoirs  que  vous  leur  donnez  après  avoir 
pris  mes  ordres  ne  doit  être  que  pour  quinze  jours ,  à  dater  de  la  ré- 
ception de  votre  lettre.  Faites  part  aux  généraux  comaiandant  les 
divisions  de  cette  décision.  Vous  aurez  soin,  aussitôt  que  vous  serez 
instruit  des  déplacements,  de  m'en  rendre  compte  sur-le-champ,  pour 
que  je  confirme  ou  rapporte  les  mesures  provisoires  que  les  préfets 
auraient  prises. 

NAl'OLÉOiV. 
D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


CORRESPONDANGH   DE  NAPOLEON  I«f.  —1815.  41 

21729. —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMLHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  27  mars  1815. 

Mon  Cousin,  mon  intention  est  que  vous  me  présentiez  un  plan 
pour  mettre  à  l'abri  d'un  coup  de  main  les  places  de  la  Fère,  Sois- 
sons  et  de  Château-Thierry.  Il  faudrait  que  ces  trois  places,  et  surtout 
la  Fère,  fussent  en  état  de  défense  dans  trente  ou  quarante  jours. 

Napoléon. 

D'après  roriginal  comm.  par  M™»  la  maréchale  princesse  d'Eckmulil. 


21730.— AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE   LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  27  mars  1815. 

Mon  Cousin,  il  paraît  que  le  duc  d'Angoulênie  était  le  23  en  avant 
d'Avignon,  couvrant  la  Provence.  Je  suppose  que  les  événements 
de  Paris  leur  feront  sentir  la  nécessité  de  s'en  aller.  Cependant , 
comme  il  a  derrière  lui  l'Espagne ,  il  serait  nécessaire  de  se  préparer 
à  dissiper  ce  rassemblement.  Faites-moi  connaître  les  troupes  qu'il  y 
a  en  Languedoc  et  en  Provence,  et  qui  les  commande;  joignez-y 
l'état  des  troupes  qui  sont  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire ,  en  y  com- 
prenant Orléans,  afin  d'organiser  tout  cela  et  de  paciûer  tout  le  Midi. 
Le  général  Clausel,  qui  est  de  ce  côté,  commandera  le  corps  d'ob- 
servation qu'il  sera  nécessaire  de  former  du  côté  des  Pyrénées. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™"  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21731.  — AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  27  mars  1815. 

Alon  Cousin,  il  y  a  en  France  quarante-huit  escadrons  de  cuiras- 
siers; je  désire  en  former  trois  divisions  d'observation.  Présentez-moi 
un  projet  d'organisation  de  ces  trois  divisions ,  et  indiquez-moi  le 
lieu  oij  sont  les  régiments,  pour  les  former.  J'ai  soixante  escadrons 
de  dragons  ;  je  désire  également  en  former  quatre  divisions  de  réserve, 
ce  qui  ferait  sept  divisions  de  réserve,  formant  plus  de  cent  escadrons. 
On  attacherait  une  batterie  d'artillerie  légère  à  chaque  division. 

Je  voudrais  spécialement  réunir  ces  deux  armes  en  Flandre  et  en 
Alsace. 

Les  lanciers,  les  hussards  et  les  chasseurs  seraient  attachés  aux 
différents  corps  dont  je  vous  ai  ordonné  la  formation  ce  matin  ;  mais 


42  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  _  1815. 

les  sept  divisions  de  cavalerie  seraient  sous  les  ordres  de  trois  géné- 
raux supérieurs  de  cavalerie.  Il  entrait,  je  crois,  dans  les  moyens  de 
votre  budget  d'acheter  7  ou  8,000  chevaux;  je  pense  qu'il  faudrait 
donner  suite  à  cet  achat,  afin  d'avoir  ces  divisions  en  état.  Présentez- 
moi  le  travail . 

J'ai  dicté  hier ,  à  un  de  vos  chefs  de  division ,  des  ordres  pour 
rappeler  les  militaires  en  semestre  et  en  congés  illimités.  Il  paraît 
que  la  différence  consiste  en  ce  que  les  semestriers  étaient  soldés  et 
que  les  congés  illimités  ne  l'étaient  pas.  Il  faut  que  l'une  et  l'autre 
classe  rejoigne  ses  drapeaux ,  afin  de  pouvoir  compléter  les  3"*  et  4" 
bataillons.  Les  officiers  à  la  demi-solde  serviront  à  former  les  5''  ba- 
taillons, qu'on  cherchera  ensuite  à  compléter. 

J'ai  également  ordonné  la  formation  de  douze  régiments  de  jeune 
Garde.  Présentez-moi  une  circulaire  pour  rappeler  tous  les  vieux 
militaires  qui  ne  sont  ni  en  semestre  ni  en  congé ,  pour  entrer  dans 
cette  formation.  Le  surplus  que  cet  appel  donnera,  on  l'emploiera  pour 
les  4"  et  5"  bataillons.  Par  ce  moyen,  l'armée  arrivera  à  un  premier 
état  respectable. 

Mon  intention  est  que  chaque  division  d'infanterie  ait  une  batterie 
d'artillerie  à  pied  et ,  indépendamment  de  ce ,  quelques  batteries  de 
réserve  de  12. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"»  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21732. —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE    LA  GUERRE  ,    A  PARIS. 

Paris,  21  mars  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  ordre  que  tous  les  fusils  qui  se  trouvent  dans 
les  manufactures  d'armes  soient  dirigés  sans  délai  sur  Vincennes ,  et 
qu'à  compter  de  ce  jour  tous  les  produits  reçoivent  la  même  destina- 
tion. Sous  le  nom  de  Vincennes,  je  comprends  la  Fère,  qui  en  est 
la  succursale.  Faites  venir  de  Corse  à  Toulon  les  5,900  fusils  qui  se 
trouvent  à  Bastia;  ces  armes  seront  réparées  dans  les  ateliers  de 
Toulon.  Le  ministre  de  la  marine  a  l'ordre  d'expédier  un  bâtiment 
pour  les  transporter  de  Bastia  à  Toulon. 

Faites  venir  à  Paris  les  fusils  à  réparer  qui  se  trouvent  à  Montpel- 
lier, 14,600;  à  Perpignan,  20,600;  à  Toulouse,  13,000;  à  Rayonne, 
17,200;  total,  66,200.  Faites  disposer  à  Paris,  Versailles  et  la  Fère 
des  ateliers  pour  réparer  promptement  ces  66,200  fusils.  Comme  ils 
proviennent  du  désarmement  des  troupes,  ils  doivent  avoir  besoin 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEOiV  I".  —  1815.  43 

de  peu  de  réparations;  on  pourra  en  réparer  2,000  par  jour.  Ces 
fusils  arriveront  successivement  à  Paris,  et,  en  attendant  leur  arrivée, 
on  fera  les  réparations  des  4,000  qui  sont  en  magasin. 

Ainsi,  avant  quarante  jours,  on  aura  à  Paris  :  fusils  réparés, 
70,000;  existants  ou  en  route,  30,000;  existants  dans  les  manu- 
factures ou  fabriques,  jusqu'au  1"  mai,  20,000;  fabrication  de  mai, 
24,000;  total;  144,000.  Si  Ton  ajoute  à  ce  nombre  la  fabrication 
des  sept  derniers  mois,  à  raison  de  24,000  par  mois,  168,000,  on 
aura  312,000  pour  le  nombre  total  des  fusils  qai  existeront  à  Paris 
à  la  fin  de  l'année. 

Dans  les  grandes  places  du  Nord  et  dans  les  grands  établissements 
maritimes ,  faites  monter  des  ateliers  pour  les  réparations  d'armes. 
Si  l'on  a  besoin  du  Grand-Conmiun  de  Versailles  pour  l'établissement 
de  ces  ateliers,  je  le  ferai  rendre.  Faites  établir  un  atelier  à  Lyon,  et 
faites-y  transporter  le  tiers  des  fusils  qui  sont  à  Grenoble,  afin  d'avoir 
30,000  fusils  à  Lyon.  Comme  il  n'y  a  à  Auxonne  ni  armes  à  réparer 
ni  armes  neuves,  faites-y  transporter  10,000  fusils  de  Grenoble, 
moitié  en  état,  moitié  à  réparer,  de  sorte  que  les  61,000  fusils  de 
Grenoble  seront  répartis  ainsi  qu'il  suit  :  à  Auxonne,  10,000;  à 
Lyon,  25,000;  à  Valence,  5,000;  à  Grenoble,  21 ,000;  total,  61,000. 

A  Mézières  il  y  a  24,000  fusils  :  faites-en  transporter  10,000  à 
Soissons.  A  Strasbourg  il  y  a  23,000  fusils  neufs  :  faites-en  trans- 
porter 10,000  à  Phaisbourg.  Il  restera  encore  à  Strasbourg  13,000 
fusils  neufs,  plus  8,000  à  réparer,  qui  le  seront  en  moins  de  qua- 
rante jours,  ce  qui  donnera  21,000  fusils.  Il  n'y  a  à  Melz  que 
3,500  fusils;  il  y  en  a  17,400  à  réparer;  donnez  ordre  que  ces  répa- 
rations soient  faites  promptement.  C'est  à  Metz  qu'il  aurait  fallu 
10,000  fusils  neufs. 

Faites  monter  à  Paris  des  ateliers  pour  monter  400  fusils  par  jour, 
avec  des  pièces  de  rechange.  Cela  donnera  du  travail  à  la  ville;  faites 
venir  des  canons  de  tous  côtés  et  faites  monter  un  atelier  de  platines 
en  cuivre.  Faites  voir  si  l'on  peut  avoir  en  Angleterre  ou  en  Suisse 
100,000  fusils;  vous  pouvez  en  faire  acheter  jusqu'à  200,000. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl, 


21733.  —AU  MARECHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,    A  PARIS. 

Paris,  27  mars  1815. 

Mon  Cousin  ,  je  désire  avoir  l'état  de  situation  des  divisions  qui 


44  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

composent  les  P'',  2%  3^  et  6"  corps.  C'est  avec  cette  armée  (hormis 
la  division  de  Belfort)  que  j'agirai.  J'y  réunirai  ma  Garde,  et  je  par- 
viendrai à  avoir  dans  mes  mains  une  force  mobile  de  80,000  hommes. 

Je  suppose  que  vous  avez  donné  des  instructions  pour  que  ,  en 
cas  d'événements  imprévus,  les  généraux  Keille  et  d'Erlon  se  retirent 
derrière  la  Sambre ,  et  que  vous  avez  mandé  au  général  Vandamme 
de  porter' ses  troupes  sur  Rocroy  et  sur  Mézières.  Il  est  important 
aussi ,  comme  je  vous  l'ai  fait  connaître ,  que  le  6®  corps  se  réunisse 
promptement  à  Laon. 

L'armée  du  Nord  sera  la  principale  armée  ;  c'est  donc  sur  celle-là 
que  vous  devez  porter  votre  attention.  Veillez  à  ce  qu'il  y  ait  des  car- 
touches et  des  coups  de  canon  à  Soissons ,  à  Guise ,  à  Avesnes ,  à 
Paris  ;  il  en  faut  aussi  à  Maubeuge ,  Condé  ,  Valenciennes ,  PhiUppe- 
ville.  Il  faut  enfin  tout  prévoir  et  n'omettre  aucune  précaution. 

Un  bon  ordonnateur  ,  un  payeur  général ,  un  général  d'artillerie , 
un  directeur  du  parc,  un  général  du  génie  paraissent  indispensables 
pour  cette  armée ,  dont  le  grand  quartier  sera  probablement  porté  à 
Soissons. 

Donnez  des  ordres  à  tous  les  corps  de  retirer  leurs  troupes  des 
places  et  d'y  faire  rentrer  les  gardes  nationales.  Que  ces  troupes  soient 
mises  dans  de  bons  cantonnements,  en  ayant  soin  de  placer  sur  les 
derrières  les  parcs,  les  munitions,  etc.  Je  pense  que  les  Alsaciens 
doivent  être  maintenant  dans  les  places.  Donnez  au  général  Rapp  des 
instructions  pour  qu'il  réunisse  ces  diverses  divisions.  Comme  il  serait 
possible  que  nos  communications  avec  Strasbourg  fussent  intercep- 
tées ,  c'est  principalement  dans  cette  ville  qu'il  ne  faut  laisser  que  le 
nécessaire,  pour  pouvoir,  si  les  circonstances  l'exigeaient,  reployer 
notre  artillerie  et  nos  dépôts  sur  Vitry,  Soissons ,   la  Fère  et  Paris. 

Faites-moi  faire  une  note  de  ce  qui  s'est  passé  dans  les  autres 
campagnes.  Dites-moi  quel  a  été  le  résultat  des  opérations  com- 
binées des  armées  de  Moselle  et  du  Rhin,  quelle  position  l'une  et 
l'autre  de  ces  armées  ont  dû  prendre  pour  se  trouver  en  mesure  de 
se  combiner. 

Je  suppose  que  vous  avez  donné  des  ordres  pour  le  fort  de  Vauban 
et  pour  les  redoutes  sur  le  Rhin. 

La  division  qui  se  rend  à  Belfort  ne  fera  point  partie  du  6'  corps, 
mais  d'un  corps  d'observation  du  Jura  qui  sera  commandé,  ainsi  que 
la  6"  division  militaire,  par  le  général  Lecourbe.  Il  faut  donc  lui 
adresser  des  ordres  et  lui  envoyer  un  officier  du  génie  pour  les 
retranchements  à  faire  dans  le  Jura. 

Envoyez-moi  le  plan  sur  les  moyens  de  fortifier  les  hauteurs  de 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLÉON  I".  —  1815.  45 

Lyon.  Il  serait  nécessaire  d'y  établir  quelques  redoutes.  Cette  ville, 
étant  placée  entre  deux  rivières,  pourrait  être  mise  facilement  en  état 
de  défense.  Je  crois  même  qu'il  doit  y  avoir  une  enceinte.  Ne  serait- 
il  point  convenable  aussi  d'établir,  au  pont  de  la  Guillotière,  du  côté 
du  faubourg,  d'abord  une  barrière,  ensuite  une  bonne  et  solide  porte 
de  deux  pieds  d'épaisseur,  appuyée  à  de  bonnes  murailles  et  garnie 
de  deux  bons  contre-forts ,  ce  qui  la  mettrait  à  l'abri  de  toute  attaque 
de  troupes  légères,  et  même  de  quelques  pièces  de  campagne? 
Lorsque  l'attaque  deviendrait  sérieuse,  on  aurait  alors  la  ressource 
de  couper  le  pont. 

Je  suppose  que  vous  avez  donné  des  ordres  pour  les  travaux  de 
Grenoble. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""'  la  maréchale  princesse  d'Eckmûlil. 


21734.  — AU  MARECHAL  NEY,  PRINCE  DE  LA  MOSKOVA, 

EN  MISSION,    A  LILLE. 

Paris,  27  mars  1815. 

J'ai  reçu  votre  lettre  du  25  mars  à  onze  heures  du  matin.  Le 
comte  d'Erlon  doit  être  installé  dans  son  commandement.  Le  général 
Reille  et  le  général  Exelmans,  qui  est  sous  ses  ordres,  doivent  être 
en  marche  pour  renforcer  les  places  du  Nord.  Parcourez  toute  la 
ligne  depuis  Lille  jusqu'à  Landau,  et  envoyez-moi  votre  rapport  et 
vos  observations.  Envoyez-moi  des  notes  sur  les  commandants  mili- 
taires et  sur  les  officiers  d'état-major.  Quant  à  ceux  qui  sont  des 
nôtres,  dites-moi  votre  opinion  sur  leur  habileté.  Donnez-moi  les 
mêmes  renseignements,  1°  sur  les  colonels  et  officiers  de  troupes, 
indiquez-moi  ceux  qu'il  faudrait  changer  comme  mal  choisis;  2°  sur 
les  préfets,  sous-préfets  et  maires  qu'il  serait  urgent  de  remplacer; 
3°  sur  la  force  des  gardes  nationales ,  sur  leur  armement  et  sur  les 
chefs  qu'il  serait  important  de  changer.  Enfin  jetez  un  coup  d'oeil 
sur  l'armement  et  l'approvisionnement  des  places.  Revenez  après  cela 
à  Paris.  Je  désire  que  vous  m'envoyiez  votre  rapport  de  chaque  place 
où  vous  passez.  Prenez  aussi  sur  votre  route  des  renseignements,  et 
recueillez  toutes  les  nouvelles  qui  courent  sur  la  position  qu'occupent 
les  troupes  belges,  hanovriennes  et  autres  qui  nous  seraient  opposées, 
ainsi  que  sur  leurs  mouvements. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


46  CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON   I".  —  1815. 

21735. —AU  MARÉCHAL  SUCHET,  DUC  D'ALBUFERA, 

COMMANDANT  LA  5*  DIVISION  MILITAIRE,  A  STRASBOURG. 

Paris,  27  mars  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  reçu  votre  lettre  du  24  mars.  Vous  savez  l'estime 
que  je  vous  ai  toujours  portée  depuis  le  siège  de  Toulon.  J'ai  vu 
avec  plaisir  la  conduite  patriotique  que  vous  avez  tenue  dans  ces 
dernières  circonstances.  Je  vous  verrai  avec  plaisir  à  Paris,  pour 
vous  renouveler  l'expression  de  mes  sentiments. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21736.  —  AU  CAPITAINE  DUMOULIN, 

OFFICIER  d'ordonnance  DE   l'eMPEREUR  ,   A   PARIS. 

Paris,  27  mars  1815. 

Rendez-vous  à  Chartres;  vous  me  ferez  connaître  le  nombre  de 
troupes  qui  s'y  trouvent,  celles  qui  en  sont  parties,  l'esprit  qui  règne 
parmi  elles  et  les  habitants ,  les  noms  des  sous-préfets ,  des  maires  , 
par  qui  ils  ont  été  nommés,  et  généralement  tout  ce  qu'il  est  impor- 
tant de  savoir  pour  mon  service.  De  là  vous  vous  rendrez  à  Orléans, 
à  Blois,  à  Tours,  à  Angers,  à  Napoléonville,  à  la  Rochelle,  à  Bor- 
deaux, pour  remplir  la  même  mission;  vous  m'écrirez  de  chaque 
ville  en  grand  détail.  Vous  me  donnerez  tous  les  renseignements  que 
vous  pourrez  avoir  sur  le  duc  d'Angoulême  et  sur  le  nombre  de 
troupes  qu'il  a  avec  lui.  Vous  prendrez  note  de  tous  les  préfets  qui 
sont  arrivés.  Comme  ofGcier  d'ordonnance,  vous  pourrez  voir  les 
généraux  commandant  les  divisions,  les  préfets,  les  maires,  ofûciers 
de  gendarmerie,  etc. ,  mais  sans  exiger  rien  d'eux  en  vertu  de  vos 
ordres.  Ce  n'est  qu'en  parlant  avec  eux  que  vous  pourrez  faire  vos 
observations  et  connaître  l'opinion. 

Vous  enverrez  vos  dépêches  par  la  poste,  à  moins  qu'elles  ne 
soient  très-pressées. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 

Même  lettre  à  l'officier  d'ordonnance  Saint-Yon,  envoyé  en  mission 
dans  les  départements  de  l'Est  et  du  Nord. 


21737.  —  DECRET'. 

Palais  des  Tuileries,  28  mars  1815. 

Article  premier.    L'Empereur  appelle  tous  les  sous-officiers  et 

1  La  minute  de  ce  décret  est ,  en  plusieurs  endroits ,  modifiée  et  corrigée  de 
la  main  de  l'Empereur. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  47 

soldais  qui  ont  quitté  l'armée,  par  quelque  raison  que  ce  soit,  à 
rejoindre  leurs  corps  et  à  courir  à  la  défense  de  la  patrie.  Il  leur 
donne  la  promesse  spéciale  que,  aussitôt  que  la  paix  actuelle  sera 
consolidée,  ceux  qui  auront  rejoint  en  conséquence  du  présent  décret 
seront  les  premiers  qui  obtiendront  des  congés  pour  rentrer  dans 
leurs  foyers. 

Art.  2.  Tous  les  sous-officiers  et  soldats  qui  ont  servi  dans  la  vieille 
Garde,  infanterie,  cavalerie  et  artillerie,  ainsi  que  dans  la  jeune  Garde, 
et  qui  sont  maintenant  chez  eux  par  congé  ou  par  permission  autre 
que  par  semestre,  rejoindront  à  Paris  pour  reprendre  leurs  rangs. 
Ceux  des  sous-officiers  et  soldats  appartenant  à  d'ïiutres  corps  seront 
tenus  de  les  rejoindre  dans  les  lieux  indiqués  par  le  tableau  ci-joint. 
Toutefois  ils  seront  les  maîtres,  s'ils  ont  servi  plus  de  trois  ans  dans 
un  autre  corps  et  s'ils  le  préfèrent,  de  le  rejoindre. 

Art.  3.  Les  militaires  compris  dans  l'article  précédent  qui  seront 
jugés  susceptibles  de  la  réforme  ou  d'être  libérés  du  service  recevront 
leur  congé  absolu. 

Art.  4.  Il  sera  créé  six  régiments  de  tirailleurs  et  six  régiments 
de  voltigeurs  de  la  jeune  Garde  Impériale.  Ces  douze  régiments 
seront  organisés  à  Paris  par  le  lieutenant  général  comte  Drouot.  A 
cet  effet,  les  autres  soldats  en  congé  illimité  qui  réuniront  les  qua- 
lités requises  seront  dirigés  sur  Paris,  pour  entrer  dans  la  composition 
de  ces  régiments,  conformément  au  tableau  ci-joint. 

Art.  5.  Dans  chaque  régiment  d'infanterie,  les  deux  premiers 
bataillons  seront  complétés  par  le  3*;  dans  chaque  régiment  de 
troupes  à  cheval ,  les  trois  premiers  escadrons  seront  complétés  par 
le  4*.  Les  3"  bataillons  et  les  4"  escadrons  seront  ensuite  portés  à 
leur  complet  par  les  hommes  rappelés  en  vertu  des  articles  1  et  2  du 
présent  décret.  L'excédant  de  ces  hommes  sera  employé  successi- 
vement à  former  un  4*  bataillon  (dont  le  cadre  en  officiers,  sous- 
officiers  et  soldats,  sera  complété  sans  délai)  dans  chaque  régiment 
d'infanterie,  et  un  5^  escadron  dans  chaque  régiment  de  troupes  à 
cheval  (dont  le  cadre  sera  complété  en  officiers  et  sous-officiers  sans 
délai). 

Art.  6.  Il  sera  créé  un  cadre,  en  officiers,  d'un  5"  bataillon.  Ce 
cadre  sera  complété  en.  sous-ofûciers  et  soldats,  lorsque  notre  ministre 
de  la  guerre  l'ordonnera.  Les  3",  4"  et  5"  bataillons  resteront  jus- 
qu'à nouvel  ordre  au  dépôt.  Les  I*"  et  2*'  bataillons  seront  seuls  mis 
en  activité  de  service. 

Art.  7.  Tous  les  officiers  qui  ne  seront  point  compris  dans  les 
cadres  organisés  en  vertu  des  articles  précédents  resteront  en  congé 


48  CORHESPONDAMCE   DE  NAPOLÉON  I''^  —  1815. 

dans  leurs  domiciles,  où  ils  continueront  à  recevoir  la  solde  d'acti- 
vité de  leur  grade,  comme  disponibles,  jusqu'à  ce  qu'il  leur  soit 
donné  une  destination. 

Art.  8.  Au  moyen  des  dispositions  du  présent  décret,  l'ordon- 
nance du  9  mars,  qui  avait  prescrit  la  formation  de  bataillons  dépar- 
tementaux et  d'autres  corps,  sous  diverses  dénominations,  demeure 
abrogée  et  de  nul  effet. 

Art.  9.  Notre  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exécution  du 
présent  décret. 

Napoléon. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21738.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMLHL, 

MINISTRE  DE  LA   GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  28  mars  1815. 

Mon  Cousin,  en  attendant  que  vous  m'ayez  remis  le  travail  pour 
la  formation  des  différents  corps,  il  est  urgent  que  vous  donniez  ordre 
au  général  Reille  de  s'avancer  sur  Valenciennes  et  au  comte  d'Erlon 
de  réunir  son  corps  sur  Lille;  bien  entendu  que  les  troupes  ne  seront 
pas  placées  d'une  manière  hostile,  et  que  Reille  occupera  Valen- 
ciennes, Maubeuge  et  autres  débouchés. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""^  la  maréchale  princesse  d'Eckraiihl. 


21739.  —AU  GENERAL  CAULAINCOURT,  DUC  DE  VICENCE, 

MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES,  A  PARIS. 

Paris,  28  mars  1815. 

Monsieur  le  Duc  de  Vicence,  je  désire  que  vous  chargiez  Rignon 
de  faire  une  histoire  du  congrès  de  Vienne.  Ou  imprimerait  à  la 
suite  toutes  les  pièces  et  les  extraits  convenables  des  dépèches  de 
Talleyrand.  Cet  ouvrage  peut  être  utile,  en  faisant  voir  l'avidité 
et  l'injustice  de  l'étranger.  Toutefois  ce  n'est  que  quand  il  sera  fait 
qu'on  pourra  voir  s'il  convient  d'imprimer. 

J'attache  aussi  beaucoup  d'importance  à  faire  faire  l'histoire  de 
tous  les  traités  de  mon  règne,  tels  que  ceux  de  Campo-Formio, 
Lunéville,  Amiens,  Presbourg,  Tilsit,  Vienne,  et  de  toutes  les  affaires 
de  Rayonne,  avec  les  pièces  originales,  mes  lettres  et  les  réponses  des 
souverains.  Ce  travail  me  semble  tenir  de  près  à  l'histoire  et  à  la 
gloire  de  la  nation  et  à  la  mienne,  puisqu'il  doit  placer  ces  événe- 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  49 

ments  sous  leur  vrai  point  de  vue.  Quant  aux  affaires  de  Rayonne, 
on  pourrait  s'adresser  au  roi  de  Naples,  pour  avoir  aussi  toutes  les 
lettres  et  les  pièces  des  princes  qu'il  a  reçues  dans  le  temps. 

Présentez-moi  un  homme  capable,  qui  pourrait  être  chargé  de  ce 
travail. 

Il  est  nécessaire  que  vous  envoyiez  tous  les  jours  au  Moniteur  des 
articles,  datés  de  différents  pays,  pour  faire  connaître  ce  qui  se 
passe;  par  exemple,  les  différends  de  la  Suède  avec  le  Danemark 
pour  la  Poméranie;  les  différends  avec  la  Saxe,  avec  la  Bavière,  avec 
le  prince  d'Orange,  qui  ne  veut  pas  céder  les  Etats  de  sa  Maison  en 
Allemagne,  etc.  11  faut  ainsi  alimenter  la  curiosité  publique,  en  rédi- 
geant les  articles  dans  un  bon  sens,  qui  mette  au  jour  l'avidité  de 
toutes  les  puissances. 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Archives  des  affaires  étrangères. 


21740.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTIIE  DE  I.A  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  29  mars  1815. 

Mon  Cousin,  il  faut  mander  au  général  Morand  que,  la  Bretagne, 
Nantes,  Angers  et  les  bords  de  la  Loire  étant  assurés,  il  est  néces- 
saire qu'il  se  porte  avec  des  forces  convenables  sur  l'extrémité  de 
la  12*  division  et  sur  les  contins  de  la  11%  atin  de  soutenir  le  général 
Clausel  et  de  terminer  les  affaires  depuis  la  Dordogne  jusqu'aux 
Pyrénées.  Il  serait  nécessaire  aussi  qu'il  dirigeât  une  autre  colonne 
de  troupes,  formée  de  celles  qui  sont  le  plus  à  portée,  sur  Tou- 
louse, afin  de  terminer  également  dans  cette  partie  du  Midi.  Aussitôt 
qu'il  s'apercevrait  que  les  affaires  sont  terminées,  il  arrêterait  le 
mouvement  de  ses  troupes.  Cependant  il  faut  agir  et  pacifier  tant 
qu'on  n'aura  pas  la  certitude  que  le  mouvement  est  apaisé. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comin.  par  M™^  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21741.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE ,  A  PARIS. 

Paris,  29  mars  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  reçu  votre  état  de  situation  des  régiments  de 
cavalerie  au   l*'  mars.  Notre  cavalerie  ne   me  paraît  pas  dans  une 
situation  satisfaisante.    J'aurais  désiré   avoir  l'état  des  hommes  qui 
xwiii.  4 


50  CORRESPONDAMCE  DE  NAPOLEOM  I«^  —  1815. 

composent  chaque  régiment  et  l'état  des  selles.  Si  on  n'a  pas  perdu 
les  selles,  il  devrait  y  en  avoir  une  grande  quantité. 

Sur  les  3  ou  4,000  chevaux  provenant  de  la  Maison  du  roi,  il 
faut  en  faire  donner  : 

1,000  à  la  Garde,  savoir  :  210  aux  grenadiers,  afln  de  les  porter 
à  800;  240  aux  dragons,  afin  de  les  porter  à  800;  200  aux  chas- 
seurs, afin  de  les  porter  à  800;  230  aux  lanciers  rouges,  afin  de  les 
porter  à  800;  120  à  la  gendarmerie  d'élite; 

610  aux  carabiniers,  savoir  :  306  au  1"  régiment  et  304  au  2"; 

1,390  aux  cuirassiers,  savoir  :  20  an  1"  régiment,  40  au  2*, 
180  au  3%  180  au  4%  270  au  5%  50  au  6%  180  au  7%  40  au  8% 
60  au  9%  40  au  10%  230  au  11%  100  au  12«. 

Total,  3,000  chevaux. 

Donnez  l'ordre  positif  au  2*  régiment,  qui  est  à  Sarrelouis  ;  au  6*, 
qui  est  à  Strasbourg;  au  7%  qui  est  à  Abbeville;  au  9%  qui  est  à 
Colmar;  au  10%  qui  est  à  Schlestadt;  au  11%  qui  esta  Thionville,  et 
au  12',  qui  est  à  Lille,  de  compléter  dans  l'espace  de  dix  jours 
l'achat  de  leurs  chevaux. 

Par  ce  moyen,  tous  les  régiments  de  grosse  cavalerie  seront  portés 
à  500  chevaux,  sans  faire  plus  ou  moins  d'achats. 

Il  faut  aussi  prendre  des  mesures  pour  que  les  marchés  de  954 
chevaux,  que  les  régiments  de  dragons  ont  passés,  soient  sur-le- 
champ  réalisés,  ainsi  que  pour  les  332  chevaux  de  lanciers,  les  515 
de  chasseurs  et  les  258  de  hussards;  ce  qui  fait  les  3,239  qui  étaient 
portés  au  budget  de  1815. 

Je  désire  porter  tous  les  régiments  de  dragons  à  500  chevaux,  tous 
ceux  de  lanciers  à  600,  tous  ceux  de  hussards  à  600.  Vous  me  ferez 
connaître  le  nombre  d'hommes  existant  actuellement,  et,  s'il  y  avait 
des  régiments  qui  n'eussent  pas  les  700  hommes  nécessaires  pour 
avoir  600  chevaux ,  on  les  verserait  de  l'un  dans  l'autre. 

Quant  au  meilleur  moyen  de  se  procurer  les  chevaux  qu'il  faudra, 
je  pense  qu'il  faut  laisser  subsister  les  marchés  et  établir  à  Versailles 
un  dépôt  oii  les  régiments  enverront  leurs  hommes  à  pied  et  oià  l'on 
payera  comptant  et  à  prix  fixe  les  chevaux  que  les  cultivateurs  amè- 
neront. Cette  méthode  m'a  déjà  réussi  et  dispensé  des  intermédiaires 
entre  les  paysans  et  le  gouvernement. 

J'aurai  donc  4  régiments  de  la  Garde,  3,200;  14  régiments  de 
grosse  cavalerie,  7,000;  15  régiments  de  dragons,  7,500;  6  régi- 
ments de  lanciers,  3,600;  15  régiments  de  chasseurs,  9,000,  et 
7  régiments  de  hussards,  4,200. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  _  1815.  51 

RÉCAPITULATION.  —  Cavalerie  de  la  Garde,  3,200  ;  grosse  cavalerie, 
14,500;  cavalerie  légère,  16,800;  total,  34,500  chevaux. 
Faites-moi  connaître  la  dépense  que  cela  occasionnera. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21742. —A  M.  FOUCHE,  DUC  D'OTRANTE, 

MINISTRE  DE  LA   POLICE  GÉNÉRALE  ,   A  PARIS. 

Paris,  29  mars  1815. 

Je  vous  envoie  une  note.  Faites  sur-le-champ  mettre  le  séquestre 
et  prenez  des  mesures  pour  récupérer  ces  tableaux.  Ils  appartenaient 
au  prince  Joseph  ;  je  les  avais  fait  venir  d'Espagne  ;  et ,  s'ils  ont  une 
si  grande  valeur  qu'on  dit,  ils  pourraient  être  fort  utiles  pour  faire 
un  fonds  pour  ces  pauvres  réfugiés  espagnols. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21743.  —DECRET. 

Palais  des  Tuileries,  29  mars  1815. 

Article  premier.  A  dater  du  présent  décret,  la  traite  des  noirs 
est  abolie. 

Il  ne  sera  accordé  aucune  expédition  pour  ce  commerce,  ni  dans 
les  ports  de  France,  ni  dans  ceux  de  nos  colonies. 

Art.  2.  Il  ne  pourra  être  introduit,  pour  être  vendu  dans  nos 
colonies ,  aucun  noir  provenant  de  la  (rjiile ,  soit  française,  soit 
étrangère. 

Art.  3.  La  contravention  au  présent  décret  sera  punie  de  la  con- 
fiscation du  bâtiment  et  de  la  cargaison  ,  laquelle  sera  prononcée  par 
nos  cours  et  tribunaux. 

Art.  4.  Néanmoins  les  armateurs  qui  auraient  fait  partir,  avant  la 
publication  du  présent  décret ,  des  expéditions  pour  la  traite,  pour- 
ront en  vendre  le  produit  dans  nos  colonies. 

Art.  5.  Nos  ministres  sont  chargés  de  l'exécution  du  présent 
décret. 

Napoléon. 

Extrait  du  Moniteur  du  30  mars  1815. 


4. 


52  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

21744.  —  AU  VICE-AMIRAL  DUC  DECRÈS, 

MINISTRE  DE  LA  MARINE,  A  PARIS. 

Paris,  30  mars  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès  ,  la  goélette  napolitaine  qui  arrive  à  Toulon 
vient  pour  avoir  des  nouvelles  ;  c'est  une  opération  concertée.  Expé- 
diez trois  ofGciers  adroits,  vingt-quatre  heures  l'un  après  l'autre, 
avec  une  copie  chiffrée  de  la  lettre  que  vous  remettra  le  ministre  des 
affaires  étrangères.  Ils  remettront  cette  lettre,  ainsi  que  le  Moniteur 
depuis  le  20  jusqu'à  ce  jour,  au  commandant  de  la  goélette.  Expé- 
diez un  de  ces  officiers  par  Gap,  un  par  Arles  et  l'autre  par  la  droite 
ligne.  II  faut  que  ce  soient  des  gens  du  pays.  Renvoyez  au  ministre 
des  relations  extérieures  la  correspondance  relative  à  Monaco.  Enfin 
réitérez,  autant  qu'il  sera  nécessaire,  l'envoi  d'officiers  pour  porter 
vos  lettres,  des  nouvelles  et  des  journaux  sur  Toulon.  Envoyez-en 
aussi  du  côté  de  Rayonne.  x 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21745.  —A  JOACHIM  NAPOLEON,  ROI  DE  NAPLES', 

A    NAPLES. 


Je  suis  arrivé.  J'ai  traversé  la  France.  L'armée,  le  peuple,  les 
campagnes,  les  villes  sont  venus  au-devant  de  moi.  Je  suis  entré  le 
20  mars  dans  Paris  à  la  tête  du  camp  d'Essonne,  sur  lequel  le  roi 
comptait.  Il  s'est  retiré  à  Lille,  oii  il  est  arrivé  le  23.  Le  24,  voyant 
que  la  garnison  refusait  l'entrée  de  la  ville  à  sa  Maison  ,  et  qu'il  était 
sur  le  point  d'être  prisonnier,  il  s'est  retiré  en  Angleterre;  toute  sa 
famille  en  a  fait  autant. 

Toute  la  France,  hormis  Marseille  ,  dont  je  n'ai  pas  encore  de  nou- 
velles, a  arboré  les  couleurs  nationales.  Tout  est  à  l'enthousiasme. 
Les  vieux  soldats  courent  en  foule  à  leurs  drapeaux ,  et  les  campagnes 
sont  décidées  à  tous  les  sacrifices. 

J'ai  une  armée  en  Flandre,  une  en  Alsace,  une  dans  l'intérieur, 
une  qui  se  forme  dans  le  Dauphiné. 

Jusqu'à  cette  heure,  je  suis  en  paix  avec  tout  le  monde. 

Je  vous  soutiendrai  de  toutes  mes  forces.  Je  compte  sur  vous. 
Aussitôt  que  Marseille  aura  arboré  la  cocarde  tricolore,  envoyez  de 
vos  bâtiments  pour  que  nous  puissions  correspondre,  car  je  crains 

'  Cette  lettre  est  tout  entière  de  la  main  de  l'Empereur. 
^  Sans  date  ;  présumée  de  la  fin  de  mars. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  53 

bien  que  la  correspondance  par  l'Italie  ne  devienne  difficile.  Envoyez- 
moi  un  ministre,  je  vous  en  enverrai  un  sur  une  frégate  dans  peu. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M.  le  baron  Ernouf. 


21746.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRIXCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  30  mari  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  donné  le  commandement  de  la  12'  division  au 
général  Morand.  Dites-lui  de  réunir  le  40"  régiment  de  ligne,  qui 
est  à  Rochefort;  le  61*,  qui  est  à  Nantes;  le  71%  qui  est  à  la  Ro- 
chelle, ainsi  que  toute  la  cavalerie  qui  se  trouve  dans  la  division  et 
une  batterie  d'artillerie.  Qu'il  se  mette  à  la  têle  de  ces  troupes  et  qu'il 
s'approche  de  Rordeaux ,  afin  de  faire  la  réunion  des  troupes,  d'en 
chasser  la  duchesse  d'Angoulême  et  de  faciliter  le  mouvement  du 
général  Clausel.  Le  général  Clausel ,  aussitôt  qu'il  sera  maître  de  sa 
division,  mettra  en  état  la  ville  de  Rayonne.  Si  le  général  Morand 
apprend  en  route  que  la  duchesse  est  partie  et  que  le  général  Clausel 
est  maître  de  Rordeaux,  il  se  dirigera  du  côté  de  Toulouse  pour  dis- 
siper les  rassemblements,  se  réunir  à  la  division  de  Nîmes  et  arrêter 
le  duc  d'Angoulême.  Pendant  ce  mouvement ,  le  lieutenant  général 
Morand  donnera  le  commandement  à  un  bon  général  de  brigade. 
Mandez-lui  qu'il  peut  évacuer  Alençon.  Recommandez  au  général 
Morand  de  mettre  de  la  promptitude  dans  l'exécution  de  ces  opéra- 
tions. Qu'aussitôt  que  Rordeaux  sera  soumis  il  en  laisse  le  comman- 
dement au  général  Clausel  et  se  combine  avec  lui. 

Prévenez  le  général  Dessaix ,  qui  commande  à  Lyon ,  de  faire 
marcher  deux  pièces  d'artillerie,  300  hommes  de  cavalerie  et  400  d'in- 
fanterie au  pont  de  la  Drôme.  Si  les  Marseillais  s'avançaient ,  qu'il 
organise  un  millier  d'hommes  à  Lyon  et  à  Valence  pour  renforcer  sa 
colonne. 

Recommandez  au  général  Lasalcetle  de  maintenir  libre  le  Dau- 
phiné ,  et  donnez-lui  une  colonne  d'infanterie  et  de  cavalerie ,  qu'il 
placera  à  Gap  avec  les  gardes  nationaux  du  Dauphiné. 

Envoyez  plusieurs  Provençaux  au  prince  d'Essling  pour  l'instruire 
que  des  forces  considérables  marcheront  sur  Nîmes  et  sur  Toulouse, 
et  qu'il  est  temps  qu'il  rassemble  ses  troupes  et  qu'il  montre  un  peu 
d'énergie. 

Vous  investirez  le  général  Morand  d'un  pouvoir  extraordinaire  pour 
commander  les  quatre  colonnes  mobiles  qui  agiront  sur  le  pays  entre 
la  Loire  et  le  Midi. 


54  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

Vous  lui  ferez  connaître  qu'il  est  autorisé  à  employer  les  officiers 
du  pays,  réformés  ou  à  la  suite. 

Vous  lui  enverrez  un  millier  d'exemplaires  du  Moniteur  depuis  le 
20  mars  jusqu'à  ce  jour,  afin  qu'il  les  répande  partout,  à  Laval,  la 
Flèche  et  Tours. 

Mandez-lui  qu'il  peut  laisser  à  Angers  une  colonne  mobile  com- 
posée d'un  régiment  de  cavalerie ,  d'un  régiment  d'infanterie  et  de 
deux  pièces  d'artillerie ,  s'il  en  a ,  pour  se  porter,  selon  les  circon- 
stances ,  sur  la  rive  droite  ou  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire  ;  qu'il 
peut  en  former  une  autre  de  la  même  force  dans  le  cœur  de  la 
Vendée  ;  qu'il  réunisse  le  reste  de  ses  troupes  pour  se  porter  sur  Tou- 
louse et  sur  Niœes  et  en  chasser  le  duc  d'Angoulême. 

Ainsi  il  aura  quatre  colonnes.  La  première  sera  composée  d'un 
régiment  de  cavalerie  et  d'un  régiment  d'infanterie,  pour  se  porter 
sur  la  rive  droite  ou  la  rive  gauche  de  la  Loire.  La  deuxième, 
composée  également  d'un  régiment  d'infanterie  et  d'un  régiment  de 
cavalerie,  commandée  par  un  général  de  brigade  qu'il  désignera,  se 
rendra  dans  le  centre  de  la  Vendée.  La  troisième,  formée  des  trois 
régiments  de  Nantes,  Rochefort,  la  Rochelle,  et  de  la  cavalerie, 
ralliera  le  régiment  qui  se  trouve  à  Blaye  et  favorisera  la  soumission 
de  Bordeaux.  La  quatrième,  qui  sera  commandée,  sous  les  ordres  du 
général  Morand ,  par  un  lieutenant  général  que  vous  désignerez ,  se 
réunira  du  coté  de  Limoges  et  se  portera  sur  Nîmes  et  Toulouse  par 
des  mouvements  combinés. 

Vous  lui  ferez  connaître  qu'il  est  autorisé  à  chasser  les  préfets  et 
les  sous-préfets  et  à  les  remplacer  provisoirement ,  lorsque  ce  seront 
des  hommes  sur  lesquels  il  y  aura  des  doutes  ;  qu'il  faut  qu'il  expédie 
une  estafette  tous  les  jours  et  qu'il  tâche  de  se  mettre  en  communi- 
cation avec  le  général  Merle,  qui  est  à  Nîmes. 

Envoyez-lui  l'état  des  troupes  qui  se  trouvent  de  ce  côté  et  de 
celles  qui  marchent  avec  le  général  Clausel  sur  Bordeaux. 

Dites-lui  qu'il  est  même  autorisé  à  faire  des  proclamations. 

Napoléon. 

P.  S.  Envoyez  au  général  Morand  le  maréchal  de  camp  de  gen- 
darmerie Buquet,  avec  autorité  sur  la  gendarmerie  des  pays  que  doit 
parcourir  le  général  Morand. 

D'après  l'original  comm.  par  M""«  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«    —  1815.  55 

21747.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  30  mars  1815. 

Mon  Cousin,  le  corps  du  général  Reille,  qui  se  composera  de 
cinq  divisions  et  de  près  de  30,000  hommes,  est  formé.  Il  manque 
un  régiment  à  la  5*  division  ,  qui  est  celle  du  général  Dufour.  Dans 
la  3*  division  de  cavalerie  de  ce  même  corps,  on  a  compris  le  4"  de 
cuirassiers  :  ce  régiment  doit  en  être  ôté,  tous  les  cuirassiers  étant 
réunis  à  part.  Donnez  des  ordres  pour  que  le  quartier  général  de  ce 
corps  soit  à  Valenciennes ,  et  que  les  divisions  soient  placées  à  Valen- 
ciennes,  Maubeuge  et  autres  débouchés. 

Donnez  ordre  que  le  1"  corps  d'observation  soit  formé  sans  délai 
et  composé  de  quatre  divisions,  chacune  de  quatre  régiments,  confor- 
mément à  votre  état.  Nommez  quatre  généraux  de  division  et  huit 
généraux  de  brigade  pour  commander;  envoyez-y  les  adjudants  géné- 
raux nécessaires  et  attachez  à  chaque  division  une  batterie  d'artillerie. 
Faites  former  deux  divisions  de  cavalerie  légère,  chacune  de  quatre 
régiments,  comme  dans  votre  état.  Cependant  la  2^  division  n'aura 
que  deux  régiments  de  dragons,  le  12*  de  cuirassiers  devant  être 
ôté.  Chaque  division  aura  une  batterie  d'artillerie  légère.  Le  général 
Drouet,  comte  d'Erlon,  qui  commande  ce  1"  corps,  le  réunira 
autour  de  Lille  et  couvrira  les  débouchés  de  la  frontière,  depuis  le 
lieu  où  finissent  les  cantonnements  du  général  Reille  jusqu'à  l'extré- 
mité de  la  gauche. 

La  1"  division  de  ce  1"  corps  portera  le  n°  1  ;  la  2%  le  n°  2;  la 
3%  le  n"  3;  et  la  4*,  le  n"  4.  La  1"  division  de  cavalerie  de  ce  corps 
portera  le  n°  1  ;  la  2%  le  n"  2. 

Les  cinq  divisions  du  2*  corps  porteront  les  n°'  5,  6,  7,  8  et  9. 
Les  trois  divisions  de  cavalerie  porteront  les  n"'  3 ,  4  et  5. 

Le  3''  corps  sera  composé  de  deux  divisions  d'infanterie,  qui  por- 
teront les  n"'  10  et  11.  Envoyez-y  les  généraux  de  division  et  de  bri- 
gade nécessaires.  Leduc  de  Plaisance  le  commandera  provisoirement. 
Chaque  division  se  composera  de  trois  régiments  ,  comme  dans  votre 
état,  jusqu'à  ce  qu'on  puisse  la  renforcer  d'un  quatrième.  La  division 
de  cavalerie  portera  le  n»  6  et  aura  une  batterie  d'artillerie  à  cheval. 
Ce  corps  se  réunira  à  Mézières  et  garnira  la  frontière,  depuis  la 
droite  du  général  Reille  jusqu'au  A"  corps. 

Le  4*  corps  sera  commandé  par  le  général  Gérard,  à  qui  vous 
donnerez  sur-le-champ  ordre  de  s'y  rendre.  Il  aura  le  commande- 
ment des  3«  et  4"  divisions  militaires;  ce  corps  sera  composé  de  trois 


56  CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  1".  --  1815. 

divisions  qui  porteront  les  n"'  12  ,  13  et  14.  Le  quartier  général  sera 
d'abord  <à  Metz,  et  le  corps  s'étendra  sur  toute  la  frontière,  depuis 
le  3*  corps  jusqu'à  l'Alsace.  Aussitôt  qu'il  sera  possible,  on  renfor- 
cera chaque  division  d'un  régiment,  afin  de  les  porter  toutes  à  quatre 
régiments.  Chaque  division  aura  une  batterie  d'artillerie  à.  pied.  La 
division  de  cavalerie,  qui  sera  la  7",  sera  composée  de  quatre  régi- 
ments de  dragons  et  d'une  batterie  d'artillerie  à  cheval ,  les  cuiras- 
siers et  carabiniers  ne  devant  pas  y  être  compris. 

Le  5"  corps  formera  trois  divisions,  qui  seront  complétées,  aussitôt 
que  faire  se  pourra  ,  à  quatre  régiments.  Ces  divisions  porteront  les 
n°'  15,  16  et  17  ;  chacune  aura  une  batterie  d'artillerie.  Le  général 
Rapp  commandera  ce  corps  et  le  réunira  à  Strasbourg.  Il  aura  en 
même  temps  le  commandement  de  toute  la  5"  division  militaire.  Il 
sera  formé  deux  divisions  de  cavalerie,  chacune  de  quatre  régiments 
de  cavalerie  légère ,  ou  de  dragons;  les  cuirassiers  ne  devront  pas 
compter  dans  cette  formation.  Chaque  division  aura  une  batterie  d'ar- 
tillerie à  cheval.  Ces  deux  divisions  de  cavalerie  porteront  les  n"'  8 
et  9. 

'  Par  ce  moyen ,  j'aurai  dix-sept  divisions  d'infanterie  avec  dix-sept 
batteries  d'artillerie  à  pied  et  neuf  divisions  de  cavalerie  avec  neuf 
batteries  d'artillerie  à  cheval,  sur  mes  frontières  du  Nord  et  du  Rhin. 

Si  vous  n'aviez  pas,  dans  la  5"  division  militaire,  de  quoi  former 
la  2*  division  de  cavalerie,  vous  pourriez  me  proposer  de  prendre 
dans  ce  qui  est  autour  de  Paris,  et  trouver  ainsi  le  moyen  de  com- 
pléter tout  à  quatre  régiments. 

Écrivez  aux  dépôts  pour  qu'on  mette  en  marche ,  aussitôt  qu'ils 
seront  habillés  et  armés ,  tous  les  hommes  disponibles  pour  renforcer 
les  deux  premiers  bataillons ,  et  pour  qu'on  forme  les  3"  bataillons 
partout  où  il  sera  possible  d'en  former  trois;  enfin  dirigez  tous  ces 
détachements  sur  les  lieux  où  les  bataillons  vont  êlre  placés  dans 
l'armée  active.  Il  serait  convenable  que  chaque  bataillon  eût  au  moins 
500  hommes;  et,  aussitôt  que  le  3^  bataillon  pourra  être  porté  à 
400  hommes,  il  faudra  le  faire  partir  pour  rejoindre  le  régiment. 

Vous  formerez  trois  divisions  de  réserve  de  cuirassiers.  Mon  inten- 
tion est  de  mettre  à  leur  tête  trois  généraux  de  division ,  de  premier 
ordre,  qui  aient  déjà  eu  des  commandements  généraux  de  cavalerie. 
Nommez  le  général  Milhaud  pour  commander  la  l",  qui  se  réunira  à 
Douai  et  sera  sous  les  ordres  du  comte  d'Erlon;  elle  se  composera 
des  l",  4%  7*  et  12«  de  cuirassiers.  Désignez  deux  généraux  de  bri- 
gade distingués  pour  les  commander,  et  attachez-y  une  batterie  d'ar- 
tillerie à  cheval. 


CORRESPOXDAXCE  DE  XAPOLEON  ^^  —  1815.  57 

La  2*  division  de  cuirassiers  se  réunira  du  côté  de  Metz;  elle  se 
composera  du  2"  et  du  3'  de  cuirassiers  et  de»la  brigade  des  carabi- 
niers; proposez-moi  un  commandant  pour  cette  division.  Elle  sera 
sous  les  ordres  du  général  Girard.  Elle  aura  également  une  batterie 
d'artillerie  à  cheval. 

La  S^  division  se  réunira  en  Alsace.  Les  5%  6%  9°  et  10"  régiments 
la  composeront. 

Il  fîiudrait  encore  former  une  4'  division  de  cavalerie  près  de  Metz  ; 
le  8*  et  le  11*  régiment  de  cuirassiers  en  feront  partie.  Vous  y  mettrez 
le  1"  régiment  de  dragons  et  un  autre  régiment  de  dragons,  qui  sera 
le  plus  beau  que  vous  puissiez  tirer  de  ceux  qui  sont  autour  de  Paris. 

Ce  travail  fait,  vous  me  ferez  connaître  ce  qui  reste  de  régiments 
de  cavalerie  légère  et  de  dragons,  mon  intention  étant  d'en  former 
successivement  des  divisions  de  réserve  ,  mais  au  fur  et  à  mesure  qu'on 
pourra  les  remplacer  dans  les  divisions  actives. 

Vous  donnerez  le  mouvement  à  toutes  ces  troupes.  Vous  ferez 
connaître  aux  généraux  que  rien  ne  montre  que  des  hostilités  doivent 
avoir  lieu  ;  qu'ils  peuvent  donc  tenir  commodément  leurs  troupes 
dans  des  cantonnements ,  mais  qu'il  n'en  faut  pas  moins  prendre 
d'avance  des  mesures  pour  s'organiser. 

Ecrivez  au  ministre  de  l'intérieur  pour  lui  faire  connaître  la  quan- 
tité de  gardes  nationales  qu'il  faut  enfermer  dans  les  places  pour 
rendre  disponibles  les  troupes  qui  s'y  trouvent. 

Le  duc  d'Albufera  restera  à  Paris ,  disponible  pour,  selon  les  cir- 
constances ,  commander  plusieurs  corps. 

Ecrivez  des  circulaires  aux  préfets  pour  qu'ils  se  concertent  avec 
les  généraux  et  commandants  des  corps,  afin  de  monter  tous  les 
hommes  à  pied  que  nous  avons.  Assurez  l'argent  pour  que  le  marché 
des  3,000  chevaux  se  réalise  sans  délai. 

Je  pense  que ,  si  vous  faites  partir  de  Paris  des  chevaux  et  du  per- 
sonnel du  train,  il  faut  laisser  le  matériel,  puisque  vous  devez  le 
trouver  à  Douai ,  à  Metz  et  à  Strasbourg. 

Proposez-moi  actuellement  la  formation  du  6"  corps  ou  corps  de 
réserve,  qui  se  réunira  à  Paris.  11  le  faudrait  au  moins  de  trois  divi- 
sions, qu'on  porterait  à  douze  régiments;  mais,  quand  il  ne  se  com- 
poserait d'abord  que  de  neuf,  ce  serait  un  bon  fonds,  et  on  l'aug- 
menterait ensuite  par  des  troupes  de  l'intérieur.  Il  faudrait  aussi  y 
attacher  une  division  de  cavalerie  légère  et  une  de  dragons,  qui  pren- 
draient les  n»'  10  et  11. 

Napoléon. 

D'après  l'oiitjinal  comra.  par  M""  la  raarécliale  princesse  d'Eckmuhl. 


58  CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

21748.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  30  mars  1815,  onze  heures  du  soir. 

Mon  Cousin,  il  est  très-surprenant  qu'on  n'ait  retiré  de  la  Maison 
du  roi  que  500  chevaux;  demandez  des  comptes  au  général  Lauriston 
et  rendez-l'en  responsable. 

Il  faut  de  suite  renvoyer  les  Cent-Suisses  dans  leur  pays  et  leur 
donner  des  feuilles  de  route,  sans  qu'ils  passent  par  Paris.  Ordon- 
nez aux  grenadiers  à  cheval  de  se  rendre  à  Beauvais.  Ordonnez  au 
général  Guyot  de  prendre  les  bons  et  de  s'emparer  des  armes  et  des 
chevaux  de  ceux  qui  ne  lui  paraîtront  pas  dignes  d'entrer  dans  la 
Garde.  Vous  donnerez  l'ordre  aux  maires,  aux  préfets  et  aux  sous- 
préfets,  etc.,  d'arrêter  partout  les  hommes  des  compagnies  rouges  de 
la  Maison  du  roi,  quels  qu'ils  soient,  de  prendre  leurs  armes  et 
leurs  chevaux,  et  de  diriger  sur  Paris  les  chevaux  et  les  armes.  Cette 
opération  se  fera,  qu'ils  soient  en  route  ou  chez  eux ,  et  sans  avoir 
égard  si  les  chevaux  ont  été  fournis  par  eux  ou  par  le  roi. 

Donnez  aussi  l'ordre  de  faire  le  dépouillement  des  officiers  de  la 
Maison  du  roi,  et  que  tous  ceux  qui  seraient  dangereux  soient  mis 
en  arrestation.  Vos  circulaires  devront  avoir  leur  exécution  par  la 
voie  de  la  gendarmerie,  par  celle  des  commandants  de  place,  des 
commissaires  des  guerres,  des  maires,  des  sous-préfets  et  des  pré- 
fets. Vous  voudrez  bien  ordonner  au  comte  d'Erlon  défaire  faire  des 
patrouilles  dans  tous  les  lieux  oii  pourraient  se  trouver  des  hommes 
de  la  Maison  du  roi ,  aGn  de  faire  prendre  leurs  chevaux  et  de  les 
faire  désarmer. 

Enfin  vous  devrez  faire  remplacer  le  général  d'Aigremont,  qui  est 
à  Amiens  et  qui  doit  y  avoir  été  mis  par  le  roi.  Vous  y  enverrez  à  sa 
place  un  bon  général.  Il  y  a,  en  général,  beaucoup  de  plaintes  sur  un 
grand  nombre  d'officiers  qui  avaient  été  placés  par  le  roi  ;  remplacez 
ceux  qui  sont  mauvais  et  changez  de  lieu  les  autres. 

Faites-vous  rendre  compte  aussi  des  hommes  qui  commandent  les 
départements  et  les  divisions  militaires,  afin  de  déplacer  ceux  qui  se 
seraient  prononcés  pour  le  roi  ;  il  en  est  de  même  pour  les  comman- 
dants de  places  importantes. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  59 

21749.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  30  mars  1815,  onze  heures  du  soir. 

Mon  Cousin,  faites  partir  le  général  Grouchy  pour  la  7'  et  la 
19®  division,  dont  il  aura  le  commandement  supérieur,  et  investissez- 
le  des  pouvoirs  nécessaires  pour  prendre  les  gardes  nationales  et  les 
diriger  sur  les  points  du  territoire  de  la  1"  et  de  la  19"  division 
qu'elles  doivent  garder.  Faites  partir  le  général  Pire  et  deux  généraux 
de  brigade  dont  les  opinions  soient  bien  prononcées,  pour  que  le 
général  Grouchy  puisse  les  placer  selon  les  circonstances.  Il  serait 
convenable  qu'ils  partissent  dans  la  nuit. 

Napoléon. 

P.  S.  Envoyez  à  Lyon  le  général  Radet,  avec  mission  pogr  la 
gendarmerie  des  7%  8*  et  19"  divisions  militaires. 

D'aprè«  l'original  comm.  par  M"'  la  marëchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21750.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  31  mars  1815. 

Mon  Cousin  ,  donnez  ordre  que  tous  les  déserteurs  piémontais  qui 
arrivent  à  Grenoble  ou  sur  les  frontières  soient  dirigés  sur  Chalon. 
Nommez  les  officiers  nécessaires  pour  en  former  d'abord  un  bataillon, 
et,  quand  le  premier  sera  organisé,  vous  nommerez  d'autres  officiers 
pour  le  second.  Donnez  connaissance  de  cette  disposition  aux  com- 
missaires des  guerres. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  marëchale  princesse  d'Eckmiihl. 

21751.  —  A  M.  GAUDIN,  DUC  DE  GAETE , 

MINISTRE  DES  FINANCES,   A  PARIS. 

Paris,  31  mars  1815. 

Quand  pourrez-vous  me  faire  connaître  la  situation  financière ,  en 
suivant  votre  méthode,  de  tous  les  exercices  arriérés,  et  en  partant 
de  votre  dernier  compte  que  nous  avions  arrêté,  mais  qui  n'a  pas  été 
publié  au  Corps  législatif? 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empiro. 


60  CORRESPONDANCE  DE   NAPOLÉON  I".  —  1815. 

21752.    —  A  M.  GAUDIN,  DUC  DE  GAETE, 

MINISTRE  DES  FINANCES,  A  PARIS. 

Paris.  31  mars  1815. 

Il  y  aura  besoin  de  1,500,000  francs  en  Alsace  pour  approvision- 
ner les  places  fortes,  et  peut-être  d'autant  dans  le  Nord.  Cette  avance 
de  3  millions,  prise  sur  le  courant  et  en  argent  comptant,  serait  dif- 
ficile pour  le  trésor;  est-ce  que  vous  ne  pourriez  pas  disposer  de  traites 
et  de  rescriptions  de  ventes  de  bois?  On  m'assure  qu'il  y  en  a  pour 
7  millions  dans  la  caisse  de  Strasbourg,  Présentez-moi  un  décret  là- 
dessus. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21753.  — A  FRANÇOIS  I",  EMPEREUR  D'AUTRICHE, 

A  VIENNE.  > 

Paris,  1«'  avril  1815. 

Monsieur  mon  Frère  et  très-cher  Beau-Père,  au  moment  où  la 
Providence  me  ramène  dans  la  capitale  de  mes  Etats ,  le  plus  vif  de 
mes  vœux  est  d'y  revoir  bientôt  l'objet  de  mes  plus  douces  affections, 
mon  épouse  et  mon  fils.  Comme  la  longue  séparation  que  les  cir- 
constances ont  nécessitée  m'a  fait  éprouver  le  sentiment  le  plus  pé- 
nible qui  ait  jamais  affecté  mon  cœur,  une  réunion  si  désirée  ne  tarde 
pas  moins  à  l'impatience  de  la  vertueuse  princesse  dont  Votre  Majesté 
a  uni  la  destinée  à  la  mienne.  Si  la  dignité  de  la  conduite  de  l'Im- 
pératrice, pendant  le  temps  de  mes  malheurs,  n'a  pu  qu'accroître  la 
tendresse  de  Votre  Majesté  pour  une  fille  qui  lui  était  déjà  si  chère , 
vous  comprendrez.  Sire,  combien  je  dois  désirer  de  voir  hâter  le 
moment  où  je  pourrai  lui  témoigner  ma  vive  reconnaissance.  Tout 
mon  bonheur  sera  de  la  voir  de  nouveau  recevoir  les  hommages  d'une 
nation  aimante  qui,  aujourd'hui  plus  que  jamais,  saura  la  chérir  et 
apprécier  ses  vertus. 

Mes  efforts  tendent  uniquement  à  consolider  ce  trône  que  l'amour 
de  mes  peuples  m'a  conservé  et  rendu  ,  et  à  le  léguer  un  jour,  affermi 
sur  d'inébranlables  fondements ,  à  l'enfant  que  Votre  Majesté  a  en- 
touré de  ses  bontés  paternelles. 

La  durée  de  la  paix  étant  essentiellement  nécessaire  pour  atteindre 
ce  but  important  et  sacré,  je  n'ai  rien  de  plus  à  cœur  que  de  la 
maintenir  avec  toutes  les  puissances ,  mais  je  mets  un  prix  particu- 
lier à  la  conserver  avec  Votre  Majesté. 

Je  désire  que  l'Impératrice  vienne  par  Strasbourg,  les  ordres  étant 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  ^^  —  1815.  61 

donnés  sur  cette  ligne  pour  sa  réceplion  dans  l'intérieur  de  mes  Etats. 
Je  connais  trop  les  principes  de  Votre  Majesté,  je  sais  trop  quelle 
valeur  elle  attache  à  ses  affections  de  famille,  pour  n'avoir  pas  l'heu- 
reuse condance  qu'elle  sera  empressée,  quelles  que  puissent  être  d'ail- 
leurs les  dispositions  de  son  cabinet  et  de  sa  politique,  de  concourir 
à  accélérer  l'instant  de  la  réunion  d'une  femme  avec  son  mari  et  d'un 
fils  avec  son  père. 

Je  désire  que  Votre  Majesté  me  permette  de  saisir  cette  circon- 
stance pour  lui  réitérer  l'assurance  des  sentiments  d'estime,  d'amitié 
et  de  parfaite  considération  avec  lesquels  je  suis,  de  Votre  Majesté 
Impériale,  le  bon  Frère  et  Gendre. 

Napoléon. 

D'après  la  copie  comra.  par  le  gouvernement  de  S.  M.  l'Empereur  d'Autriche. 


21754.  —  AU  MARECHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  L/i  GUERRE  ,   A   PARIS. 

Paris,  2  avril  1815. 

Mon  Cousin,  je  vous  ai  fait  connaître  mon  intention  de  centraliser 
à  Versailles  toute  l'opération  des  remontes,  et  je  vous  en  ai  dit  la 
raison.  Réunissez  vos  chefs  de  division  pour  que  tout  soit  également 
préparé  dans  la  même  hypothèse;  ils  ont  l'expérience  de  l'année 
passée. 

Je  ne  me  prépare  qu'à  la  défensive.  Il  est  donc  convenable  que,  si 
l'ennemi  voulait  nous  attaquer,  tout  fût  disposé  pour  réunir  nos 
munitions  et  notre  artillerie  sur  Paris,  pour  faire  venir  tous  les  dépôls 
des  places  fortes  entre  Paris  et  la  Loire,  enfin  pour  que,  dans  ce 
cas,  aucun  dépôt  ne  se  trouve  renfermé  dans  les  places.  Tous  les 
dépôts,  tant  d'infanterie  que  de  cavalerie,  tous  les  magasins  d'artil- 
lerie, tous  les  magasins  d'habillement  et  autres  nécessaires  au  maté- 
riel de  l'armée,  doivent  pouvoir  être  réunis  du  côté  de  Paris.  J'espère 
que  cela  ne  sera  pas  nécessaire;  mais  il  faut  que  les  ordres  soient 
dressés  d'avance  pour  que,  le  moment  arrivé,  chaque  dépôt  se  mette 
en  marche. 

Quelle  est  la  situation  de  l'habillement  des  corps?  S'il  y  a  de 
grandes  fournitures  à  faire,  je  désire  savoir  quelle  quantité  sera 
fournie  à  chaque  division  et  quand  cette  fourniture  y  arrivera.  Il  est 
probable  que,  par  le  décret  qui  appelle  les  anciens  militaires  ,  l'armée 
va  être  augmentée  de  plus  de  100,000  hommes.  Il  est  donc  néces- 
saire d'avoir  les  moyens  d'habillement. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""*  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


k 


62  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 

21755. —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE    DE   LA    GUERRE,    A    PARIS. 

Paris,  2  avril  1815. 

Mon  Cousin ,  on  a  fait  aux  mousquets  et  aux  pistolets  quelques 
changements  qui  ralentissent  la  fabrication.  Je  pense  que  vous  devez 
ordonner  qu'on  cesse  de  fabriquer  des  pistolets,  afln  d'accélérer  la 
fabrication  des  fusils.  Faites  faire  des  baïonnettes  dans  les  coutelle- 
ries, telles  que  Langres  et  Moulins,  etc. 

Présentez  un  projet  de  décret  pour  créer  sur-le-champ  des  ma- 
chines pour  pouvoir  fabriquer  des  platines.  Dites-moi  si  elles  existent 
toujours  à  Roanne.  Je  préférerais  qu'elles  fussent  placées  entre 
Roanne  et  Paris.  Cependant,  si  vous  y  trouviez  de  l'avantage,  adoptez 
Roanne. 

Je  désire  connaître  la  quantité  de  pièces  de  rechange,  canons, 
platines,  etc. 

Faites  remettre  en  activité  tous  les  ateliers  à  Paris  et  ordonnez  là 
fabrication  des  platines  de  cuivre ,  conformément  au  modèle  que  j'ai 
adopté  l'année  dernière. 

Songez  que ,  dans  la  situation  actuelle ,  le  salut  de  l'Étal  est  dans 
la  quantité  de  fusils  dont  nous  pourrons  nous  armer. 

Faites-moi  remettre,  deux  fois  par  semaine,  un  rapport  sur  la 
situation  de  la  fabrication  et  réparation  des  armes. 

Il  faut  prendre  des  mesures  pour  encourager  les  manufacturiers 
d'armes  à  faire  de  grands  approvisionnements  d'acier. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'EckmiihI. 


21756. —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DL    LA  GUERRE,    A   PARIS. 

Paris,  2  avril  1815. 

Mon  Cousin,  en  attendant  que  le  général  Bourcier  arrive  à  Paris, 
chargez  le  général  Roussel  d'aller  dès  demain  prendre  le  commande- 
ment du  dépôt  de  Versailles.  Nommez  quatre  offlciers  supérieurs  et 
quatre  officiers  inférieurs  pour  être  attachés  à  ce  dépôt.  Faites  mettre 
un  million  à  sa  disposition;  ordonnez  que,  comme  l'année  passée, 
il  fasse  des  circulaires  aux  préfets  et  fasse  imprimer  des  affiches, 
pour  faire  connaître  partout  que  ceux  qui  veulent  vendre  des  che- 
vaux peuvent  les  conduire  au  dépôt,  où  on  les  achètera  à  un  prix 
fixe  et  comptant.  Ce  moyen  nous  a  déjà  réussi ,  et  nous  procurera 
encore  assez  promptement  les  quantités  qui  nous  sont  nécessaires. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON   I".  —  1815.  63 

Autorisez  la  Garde  à  cheval  à  acheter  500  chevaux,  savoir  :  123  pour 
les  grenadiers,  94  pour  les  dragons,  115  pour  les  chasseurs,  168 
pour  les  lanciers. 

Le  général  Bourcier,  et ,  en  attendant  son  arrivée ,  le  général 
Roussel,  sera  autorisé  à  acheter  à  Versailles  944  chevaux  pour  les 
cuirassiers,  et  vous  donnerez  ordre  aux  quatorze  régiments  de  grosse 
cavalerie  d'envoyer  944  hommes  à  Versailles  pour  prendre  ces  che- 
vaux. Faites  venir  de  Mézières,  de  Givet  et  de  Paris  à  Versailles  les 
900  selles  qui  sont  nécessaires.  Par  ce  moyen,  le  général  Roussel 
aura  à  Versailles  900  cuirassiers  que  les  régiments  lui  enverront, 
900  chevaux  de  grosse  cavalerie  qu'il  achètera,  et  900  selles  qui  arri- 
veront à  Versailles. 

Les  dragons  ont  hesoin  de  787  chevaux.  Donnez  ordre  aux  diffé- 
rents régiments  de  dragons  d'envoyer  à  Versailles  les  787  hommes, 
et  que  de  Givet,  de  Mézières  et  de  Paris  on  fournisse  à  Versailles 
les  787  selles.  Par  ce  moyen  ,  le  général  Roussel  aura  787  dragons  à 
monter,  787  chevaux  de  dragons  qu'il  achètera  et  787  selles  qu'on 
lui  enverra. 

Donnez  ordre  que  1,084  hommes  soient  dirigés  des  différents 
régiments  de  lanciers  sur  Versailles;  qu'on  y  envoie  139  selles  et 
qu'on  mette  en  confection  à  Paris  le  complément  de  selles  qui  manque. 
Par  ce  moyen  ,  le  général  Roussel  aura  1,000  lanciers,  1,000  che- 
vaux de  lanciers  qu'il  achètera,  et  1,000  selles  de  lanciers. 

Donnez  ordre  que  les  quinze  régiments  de  chasseurs  envoient  à 
Versailles  2,633  hommes  ;  faites  expédier  de  Givet  et  de  Mézières 
sur  Versailles  2,633  selles,  aGn  que  le  général  Roussel  ait  tout  ce 
qu'il  lui  faut. 

Donnez  ordre  que  les  régiments  de  hussards  envoient  1 , 1 52  hom- 
mes à  Versailles ,  et  que  le  général  Roussel  achète  les  chevaux  néces- 
saires pour  les  monter.  Dirigez  aussi  sur  Versailles  la  quantité  de 
selles  nécessaire. 

Ainsi  le  général  Bourcier  achètera  à  Versailles  :  900  chevaux  de 
grosse  cavalerie,  787  chevaux  de  dragons,  1,084  chevaux  de  lan- 
ciers, 2,633  chevaux  de  chasseurs,  1,152  chevaux  de  hussards;  en 
tout  6,556  chevaux.  Ce  qui  exige  à  Versailles  la  réunion  de  plus 
de  6,500  hommes  et  de  6,500  selles. 

L'effectif  de  notre  cavalerie  sera  donc  de  36,000  chevaux,  sans  y 
comprendre  la  Garde.  Ecrivez  aux  colonels  et  aux  préfets  pour  que, 
sous  huit  jours ,  les  3,200  chevaux  pour  lesquels  il  y  a  des  marchés 
soient  fournis. 

Il  peut  vous  paraître  extraordinaire  que  je  centralise  cette  opéra- 


6't  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

tion  à  Versailles  ;  mais ,  ne  voulant  pas  faire  la  guerre  et  étant  sim- 
plement sur  la  défensive,  il  faut  prévoir  le  cas  où  les  alliés  nous  atta- 
queraient. Ils  pourraient  le  faire  sous  un  mois,  et,  dans  ce  cas,  tous 
les  dépôts  devraient  sortir  des  places  fortes  et  se  centraliser  entre 
Paris  et  la  Loire. 

Il  reste  la  question  de  l'habillement.  Faites-moi  connaître  la  situa- 
tion de  l'habillement  des  régiments  de  cavalerie;  ont-ils  les  draps 
qui  leur  sont  nécessaires  pour  habiller  les  hommes  à  envoyer  à  Ver- 
sailles? S'ils  ne  les  ont  pas ,  l'habillement  de  ces  hommes  se  ferait  à 
Paris ,  et  ils  arriveraient  à  peu  près  nus. 

Quant  à  l'armement,  faites  diriger  sur  Paris  les  sabres  et  les  pisto- 
lets nécessaires. 

Il  faut  que  les  selles  qui  sont  à  Paris  soient  transportées  à  Ver- 
sailles. Vous  pouvez  mettre  à  la  disposition  du  général  Roussel  le 
Grand-Commun. 

En  fixant  le  prix  des  chevaux  et  en  les  payant  comptant  aux  culti- 
vateurs, on  gagne  la  commission  des  fournisseurs.  Recommandez 
aux  commandants  des  dépôls,  s'ils  acceptaient  des  chevaux  qui 
n'eussent  pas  toutes  les  qualités  prescrites,  mais  qui  leur  paraîtraient 
cependant  propres  au  service,  de  diminuer  quelque  chose  sur  le  prix. 
Recommandez-leur  surtout  de  ne  pas  recevoir  de  chevaux  qui  n'aient 
jeté  leur  gourme  et  qui  ne  puissent,  quinze  jours  après,  entrer  en 
campagne. 

Napoléon. 

D'après  l'original  coram.  par  M™^  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21757.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PHINCE  D'ECKMLHL , 

MINISTRE   DE    LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  2  avril  1815. 

Mon  Cousin,  le  général  Gérard  n'a  point,  au  4*  corps,  assez  de 
cavalerie.  Je  désire  que  vous  y  réunissiez  le  1",  le  4'  et  le  6*  de  hus- 
sards, et  le  8*  de  chasseurs.  Ces  régiments  sont  à  Paris,  et  le  8*  de 
chasseurs ,  le  4*  et  le  6^  de  hussards ,  que  j'ai  vus  ,  pourraient  partir 
de  suite.  Le  1"  de  hussards  ne  partirait  que  lorsque  j'en  aurais  passé 
la  revue.  Cette  division  prendrait  le  n"  7. 

Le  4%  le  6",  le  10"  et  le  13*  de  dragons  formeraient  une  5«  divi- 
sion de  réserve  à  Metz.  Ainsi  le  général  Gérard  aurait  trois  divisions 
d'infanterie  et  une  de  cavalerie ,  et  trois  divisions  de  cavalerie  de 
réserve. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  ^^  —  1815.  65 

21758.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE    LA  GUERRE,  A   PARIS. 

Paris.  2  avril  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  ordonné  tout  ce  qui  est  relatif  au  mouvement 
de  l'artillerie  ta  Paris.  Je  pense  qu'il  faudrait  renvoyer  à  Grenoble  un 
des  deux  bataillons  du  génie  qui  sont  arrivés  de  cette  ville  à  Paris , 
et  garder  l'autre  bataillon  à  Paris.  Un  bataillon  du  génie  est  suffisant 
à  Grenoble  pour  les  Alpes ,  puisque  dans  aucun  cas  je  n'ai  le  projet 
de  passer  les  Alpes. 

Présentez- moi  un  projet  d'organisation  du  génie  pour  l'armée.  Il 
faut  d'abord  mettre  des  officiers  du  génie  dans  toutes  les  places;  il 
en  faut  à  chaque  division  d'infanterie.  Il  faut  une  compagnie  de  sa- 
peurs à  chaque  division  ;  il  faut  aussi,  à  chaque  division,  un  officier 
supérieur  d'artillerie  :  que  tout  cela  se  rende  aux  divisions.  Celle 
distribution  faite,  vous  me  ferez  connaître  ce  qui  restera  disponible 
pour  les  parcs,  quand  je  formerai  l'armée.  Il  faut  conserver  à  Paris 
cinq  ou  six  compagnies  de  sapeurs;  ce  seront  celles  du  3"  régiment. 

Napoléon. 

D'après  l'original  corara.  par  M"?  la  miréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21759. —  AL   GÉXKRAL  CAULAINCOURT,  DUC  DE  VICENCE, 

MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES,   A  PARIS. 

Paris,  3  avril  1815. 

Je  suppose  que  vous  avez  déjà  envoyé  des  agenis  secrets  à  la 
Suède  pour  nous  la  rallier.  Je  suppose  que  vous  en  avez  envoyé 
aussi  àNaples,  et  à  la  Haye,  auprès  du  prince  d'Orange,  et  enfin 
auprès  des  divers  princes  d'Allemagne,  du  roi  de  Saxe  et  des  cantons 
suisses  qui  nous  sont  restés  attachés. 

La  multiplicilé  de  mes  affaires  ne  me  permet  point  d'entrer  dans 
tous  ces  détails;  c'est  à  vous  de  vous  en  occuper  avec  soin  et  sans 
délai,  afin  que  les  cours  de  Bavière,  de  Wurtemberg,  de  Bade,  les 
princes  de  Hesse-Darmstadt,  de  Nassau,  et  la  Saxe  pour  l'Allemagne, 
la  Suède  et  le  Danemark  pour  le  Nord  ,  les  cours  de  Naples,  de  Tos- 
cane et  de  Rome  pour  l'Italie ,  et  enfin  l'Espagne  et  le  Portugal ,  aient 
connaissance,  par  des  insinuations  multipliées  et  par  des  agents  se- 
crets, de  mes  intentions  et  de  mes  bonnes  dispositions  à  leur  égard. 
Vous  pourriez  consulter  les  agents  que  j'ai  eus  auprès  de  ces  diverses 
puissances.  L'Espagne  est  très- importante.  Faites-moi  des  lettres 
que  vous  enverriez  de  ma  part,  et  par  vos  agents,  à  tous  ces  divers 
xxvni.  5 


66  CORRESPONDAXCE  DE  NAPOLEON   ^r.  —  i8i5. 

princes  ,  et  faites-en  aussi  que  vous  enverriez  de  la  vôtre  à  leurs  mi- 
nistres des  relations  extérieures. 

D'après  la  miiiule.  Archives  de  l'Empire. 


21760. —  AU  GENERAL  CAULAINCOURT,   DUC  DE  VICENCE, 

MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES,   A  PARIS. 

Paris.  3  avril  1815. 

Monsieur  le  Duc  de  Vicence,  vous  voudrez  bien  donner  des  ordres 
à  Strasbourg ,  au  préfet  et  au  général ,  pour  qu'ils  demandent  au 
général  et  aux  autorités  civiles  de  l'autre  coté  pourquoi  on  ne  laisse 
pas  passer  les  courriers  du  cabinet.  La  guerre  ayant  pour  objet 
d'amener  la  paix,  interrompre  les  communications,  c'est  agir  contre 
le  droit  des  gens.  Faites  envoyer  quelqu'un  à  Bade,  et  écrivez  au 
ministre  combien  celte  conduite  est  surprenante;  demandez-lui  si 
nous  sommes  en  guerre  ou  en  paix. 

Napoléox. 

D'après  la  copie.  Archives  des  affaires  étrangères. 


21761.  —  A  M.   GAUDIN,  DUC  DE  GAETE, 

MINISTRE  DES   FINANCES  ,   A  PARIS. 

Paris,  3  avril  1815. 

Monsieur  le  Duc  de  Gaëte,  je  désire  que  demain  nous  ayons  notre 
premier  travail  avec  le  comte  MoUien ,  afin  que  vous  me  mettiez  au 
fait  de  la  situation  des  finances,  dont  je  n'ai  aucune  idée.  Vous  ne 
devez  pas  vous  dissimuler  que,  dans  la  circonstance  actuelle,  l'ac- 
croissement que  je  suis  obligé  de  donner  à  l'armée  exigera  un  supplé- 
ment de  100  millions.  Calculez  donc  noire  budget  pour  la  guerre 
sur  le  pied  de  400  millions.  Je  pense  que  tous  les  autres  budgets 
pourront  être  diminués ,  vu  que  les  ministres  se  sont  fait  accorder 
beaucoup  plus  qu'ils  n'auraient  réellement  besoin.  Faites-moi  con- 
naître, 1°  le  budget  de  1814  et  la  situation  des  receltes  et  dépenses, 
ainsi  que  la  situation  du  trésor  au  1"  janvier  1815;  2»  le  budget 
de  1815 ,  en  recettes  et  dépenses,  tel  qu'il  avait  été  présenté;  3°  enfin 
■  les  ressources  de  toute  espèce  que  vous  pouvez  m'offrir  pour  faire 
face  aux  besoins  présents  de  la  guerre;  car  l'armée,  qui  était  à  peine 
de  150,000  hommes,  sera  portée  sous  peu  de  jours  à  300,000. 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Archives  des  finances. 


CORRESPOXDAXCK   l)K  XAPOLKOM  ^^  —  1815.  W 

21762. —A  M.  GAUDIN,  Dl  G  DE  GAP^TE, 

MINISTRE  DKS  FINANCES,  A  PARIS. 

Paris,  3  avril  1815. 

J'ai  lu  avec  attention  votre  rapport  du  2  avril  avec  le  projet  de  dé- 
cret qui  s'y  trouve  joint.  Je  ne  puis  rien  statuer  sur  les  Onances  avant 
d'en  avoir  pris  connaissance,  et,  comme  demain  j'ai  avec  vous  uu 
premier  travail ,  ce  sera  l'affaire  de  deux  ou  trois  séances;  un  retard 
de  huit  jours  ne  peut  être  d'aucun  inconvénient.  Je  vois  par  votre 
décret  que,  indépendamment  des  ressources  des  biens  de  la  caisse 
d'amortissement  restitués  par  mon  décret  de  Lyon,  vous  avez  encore 
en  réserve  le  produit  des  coupes  et  ventes  des  forêts  et  le  produit  des 
biens  communaux.  Je  vous  prie  de  me  faire  un  livret  des  budgets, 
états  des  finances,  lois  et  règlements  qui  ont  eu  lieu  en  1815  et  1814. 

D'aprt's  la  minHte.  Arcliiies  de  l'Empire. 


21763. —  A  M.  GAUDIN,   DUC  DE  GAETE, 

MINISTRE  DES  FINANCES,  A  PARIS. 

Paris,  3  avril  1815. 

J'ai  reçu  votre  rapport  du  31  mars.  Je  donnerai  150,000  francs 
de  pension  à  la  duchesse  de  Bourbon.  Remettez-moi  l'état  des  biens 
que  la  duchesse  d'Orléans  laissera  au  Domaine,  l'état  détaillé  de  ses 
dettes  et  leur  nature,  et  l'état  des  ventes  de  bois,  en  constatant  que 
les  bois  sont  coupés  et  les  coupes  régulières.  Si  je  laisse  à  la  duchesse 
d'Orléans  la  jouissance  de  ses  traites ,  je  ne  veux  payer  sa  pension 
qu'à  dater  du  1"  janvier  18 10.  Je  pense  qu'il  y  aurait  de  l'inconvé- 
nient à  ce  qu'elle  restât  à  Paris;  elle  pourra  se  retirer  dans  la  Bour- 
gogne, la  Lorraine  ou  sur  la  Loire.  Si  le  château  de  Navarre,  qui  ap- 
partient au  prince  Eugène,  lui  convient,  on  pourrait  le  lui  offrir.  Je 
désire  que  vous  me  présentiez  ce  travail  mercredi ,  au  conseil  des 
ministres. 

Il  serait  convenable  que  vous  me  présentiez  sur  tous  les  biens  de 
la  famille  des  Bourbons,  hors  la  liste  civile,  un  travail  général  qui 
me  fasse  connaître  les  biens  qui  appartiennent  à  chaque  branche,  ce 
qu'ils  ont  rapporté  cette  ?.nnée,  le  montant  des  traites  pour  coupes 
de  bois  et  dont  le  hois  est  encore  dans  la  forêt,  par  conséquent  sous 
le  séquestre,  l'état  des  dettes  et  celui  des  meubles  qu'ils  ont  laissés, 
afin  qu'un  seul  décret  règle  les  affaires  des  différentes  branches, 
assure  le  payement  des  dettes  et  concilie  tous  les  différends. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 

5. 


68     CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 
21764. —  A  M.  GAL'DIN,  DUC  DE  GAETE, 

MINISTRE  DUS  FINANCES,    A   PARIS. 

Paris,  3  avril  1815. 

De  grandes  ventes  de  bois  ont  eu  lieu  dans  différents  départements. 
Les  acquéreurs  sont  inquiets  et,  en  conséquence,  ils  ne  continuent 
pas  exactement  leurs  payements.  D'un  autre  côté,  les  préfets  et  l'en- 
registrement ne  continuent  pas  les  ventes.  Je  désire  que,  par  une 
circulaire ,  vous  fassiez  connaître  aux  préfets  et  à  l'enregistrement 
que  toutes  les  ventes  faites  des  forêts  sont  conGrmées  et  que  les  paye- 
ments doivent  s'opérer  sans  aucun  retard.  Les  ventes  des  bois  et 
forêts  doivent  continuer  à  avoir  lieu  comme  ci-devant,  jusqu'à  ce  que 
vous  ayez  contremandé  celle  mesure,  si  elle  n'entrait  pas  dans  les 
plans  de  finances  dont  vous  réunissez  les  éléments  et  que  vous  sou- 
mettrez à  mon  approbation.  Recommandez,  en  attendant,  qu'on 
donne  à  ces  ventes  la  plus  grande  activité. 

D'après  la  roiiuile.  Areliives  de  l'Empire. 


21765.  —AU  MAHECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris.  3  avril  1815. 

Mon  Cousin ,  le  6*  corps  sera  composé  de  la  manière  suivante  , 
savoir  :  de  la  18"  division  d'infanterie,  commandée  par  le  général 
Girard,  qui  partira  demain  de  Paris  pour  Relfort,  comme  je  l'ai  déjà 
mandé,  et  qui  sera  composée  des  5",  14%  20*  et  24"  régiments;  de 
la  19"  division,  qui  sera  commandée  par  le  général  Brayer  et  com- 
posée des  7",  72®,  11"  et  27"  régiments  (cette  division  restera  à 
Paris)  ;  de  la  20"  division,  qui  sera  composée  des  5"  léger,  88",  44* 
et  40"  (cette  division  devra  se  réunir  à  Paris;  vous  ne  la  ferez  venir 
que  quand  on  le  pourra  sans  inconvénient);  de  la  21'  division;  le 
15"  de  ligne,  le  20",  le  61"  et  le  8"  léger  formeront  cette  21"  divi- 
sion, qui  se  réunira  entre  la  Loire  et  la  Dordogne;  elle  restera  là 
jusqu'à  nouvel  ordre. 

Ce  corps  sera  sous  les  ordres  du  comte  de  Lobau  ;  il  sera  ainsi 
composé  de  seize  régiments. 

Le  2"  et  le  3"  de  hussards  formeront  une  brigade  de  la  9"  division 
de  cavalerie;  ils  partiront  aussitôt  après  que  je  les  aurai  vus  pour  se 
rendre  à  Relfort,  où  ils  seront  censés  détachés  de  la  9"  division  et 
sous  les  ordres  du  général  Girard.  Le  13"  de  chasseurs  fera  partie  de 
la  9"  division  et  se  rendra  en  Alsace. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  69 

Il  sera  formé  une  5*  division  de  réserve  composée  des  2*,  7%  12'  oi 
9*  de  dragons;  cette  division  se  réunira  à  Paris  et  sous  les  ordres  du 
comte  de  Lobau.  Donnez  ordre  au  9"  de  dragons  de  revenir  à  Paris 
sur-le-champ. 

Le  13*  de  dragons  ira  compléter  la  4*  division  de  réserve.  Vous 
pourriez  le  faire  partir  demain. 

Le  35*  régiment  d'infanterie  se  rendra  en  Alsace  et  fora  partie  de 
la  15'  division. 

Le  41'  se  rendra  au  4*  corps  et  fera  partie  de  la  14'  division. 

Le  46*  se  rendra  au  4'  corps  et  fera  également  partie  de  la  14*  di- 
vision. 

Le  6'  léger  se  rendra  en  Alsace  et  fera  partie  de  la  17'  division. 

Le  45'  recevra  sur-le-champ  l'ordre  de  retourner  et  de  se  rendre 
au  4"  corps,  où  il  fera  partie  de  la  13'  division. 

Le  75'  fera  partie  de  la  10'  division. 

Le  74'  fera  partie  de  la  1 1'  division. 

Le  73'  fera  partie  de  la  4'  division. 

Le  65'  se  rendra  en  Flandre  et  fera  partie  de  la  9'  division. 

Parce  moyen,  toutes  les  divisions  seront  à  quatre  régiments. 

Vous  laisserez  au  général  Morand  et  aux  généraux  qui  commandent 
sur  la  Loire  toute  la  latitude  convenable  pour  ces  mouvements. 

8'  corps.  —  Le  13'  de  ligne,  le  63',  le  10'  de  ligne,  le  69', 
le  70',  le  3*  léger,  le  78',  le  56'  et  le  62'  formeront  trois  divisions, 
qui  composeront  le  corps  d'observation  des  Pyrénées  ou  le  8'  corps , 
que  le  général  Clausel  commandera. 

Les  3',  14'  et  15'  de  chasseurs  formeront  une  10*  division  de  ca- 
valerie légère  et  feront  partie  du  corps  d'observation  des  Pyrénées , 
sous  les  ordres  du  général  Clausel. 

7'  corps.  —  Le  49',  le  39%  le  6'  de  ligne,  le  58',  le  83',  le  87', 
le  82%  le  48",  le  16'  formeront  trois  divisions  qui  composeront  le 
7'  corps.  Présentez-moi  la  formation  et  le  lieu  de  réunion  de  ces 
trois  divisions.  Vous  réitérerez  l'ordre  que  les  trois  régiments  qui 
sont  en  Corse  repassent  à  Toulon  ;  ils  feront  partie  du  corps  d'obser- 
vation des  Alpes. 

Pour  la  cavalerie  de  l'armée  des  Alpes,  il  sera  attaché  au  7'  corps 
les  3*  et  4'  escadrons  du  4'  de  hussards,  dont  le  dépôt  est  à  Vienne; 
les  3'  et  4'  escadrons  du  13'  de  dragons ,  dont  le  dépôt  est  à  Lyon  ; 
elle  10'  de  chasseurs,  dont  le  dépôt  viendra  à  Avignon  et  dont  le 
régiment  quittera  les  Pyrénées  pour  se  porter  sur  le  Rhône. 

Ainsi  j'aurai  :  au  1""  corps,  quatre  divisions  d'infanterie  ou  seize 
régiments  ;  au  2'  corps,  cinq  divisions  ou  vingt  régiments  ;  au  3'  corps. 


70  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  ^^  —  1815. 

deux  divisions  ou  huit  régiments;  au  4'  corps,  trois  divisions  ou 
douze  régiments;  au  5*  corps,  trois  divisions  ou  douze  régiments; 
au  6*  corps,  quatre  divisions  ou  seize  régiments  ;  au  7*  corps,  quatre 
divisions  ou  douze  régiments  ;  au  8*  corps,  trois  divisions  ou  neuf 
régiments;  total,  vingt-huit  divisions  ou  cent  cinq  régiments,  ce  qui 
emploie  la  totalité  des  régiments  de  France. 

Il  faudrait  organiser  de  plus  cinq  régiments  étrangers.  Le  premier 
régiment  étranger  se  composera  des  déserteurs  piémontais  et  italiens; 
il  se  réunira  à  Chalon-sur-Saône.  Le  second  se  composera  des  Suisses, 
qu'on  pourra  réunir  du  côté  d'Amiens.  Les  Polonais  formeront  le 
troisième,  qu'on  réunira  à  Soissons.  Le  quatrième  régiment  se  com- 
posera d'Allemands,  qu'on  réunira  sur  la  Loire,  du  côté  de  Tours. 
Enfin  le  cinquième  se  composera  de  Belges ,  qu'on  réunira  sur  la 
Somme,  à  Amiens. 

Je  pense  qu'il  faudrait  préparer  des  cadres  en  officiers  pour  ces 
cinq  régiments  et  les  envoyer  dans  les  différents  lieux  de  réunion 
indiqués.  Nous  avons  beaucoup  d'officiers  français  qui  ont  servi  en 
Italie  :  formez-en  le  cadre  du  régiment  des  Piémontais.  Les  officiers 
suisses  qui  nous  restent  formeront  le  cadre  du  régiment  suisse.  Les 
officiers  polonais  que  nous  avons  ici  formeront  le  cadre  du  régiment 
polonais ,  et ,  en  cas  d'insuffisance ,  vous  y  placeriez  de  préférence 
des  officiers  français  qui  ont  été  longtemps  en  Pologne.  Enfin  vous 
prendrez  des  officiers  flamands  pour  former  les  cadres  du  régiment 
belge ,  et  des  officiers  de  l'Alsace  et  des  bords  du  Rhin  pour  les  cadres 
des  régiments  allemands.  Les  Polonais  seront  habillés  à  la  polonaise, 
les  Suisses  en  rouge ,  les  Belges  avec  l'uniforme  actuel  des  régiments 
belges,  et  les  Piémontais  en  bleu,  que  je  suppose  être  la  couleur 
de  l'uniforme  piémontais ,  afin  de  pouvoir  utiliser  les  déserteurs  avec 
l'habit  sous  lequel  ils  viendront.  Présentez-moi  un  projet  de  décret 
pour  la  formalion  de  ces  cinq  régiments  étrangers. 

Faites-moi  connaître  s'il  reste  quelques  régiments  de  cavalerie  dont 
je  n'aie  pas  disposé.  11  faudrait  un  régiment  de  cavalerie  légère  pour 
compléter  la  division  des  Alpes.  J'ai  formé  neuf  divisions  de  cavalerie 
légère  aux  armées  du  Nord  et  du  Rhin.  Ces  divisions,  à  quatre  régi- 
ments chacune,  feraient  trente-six  régiments;  mais  je  n'ai  que  vingt- 
sept  régiments  de  cavalerie  légère;  sur  ces  vingt-sept,  quatre  sont 
employés  dans  le  Midi ,  c'est-à-dire  aux  Alpes  et  aux  Pyrénées  ;  il  ne 
me  reste  donc  que  vingt-trois  régiments  :  ainsi  le  déficit  est  de  treize 
régiments.  Mais  j'ai  formé  cinq  divisions  de  réserve  de  cuirassiers 
et  de  dragons  ,  qui  n'emploient  que  vingt  régiments  ;  or  j'ai  vingt-neuf 
régimenis  de  grosse  cavalerie  ;  c'est  donc  neuf  plus  qu'il  ne  faut ,  ce 


CORRKSPOl\DA\GE  DE  iVAPOLEOM   I".  —  1815.  71 

qui  réduit  le  déGcit,  pour  l'organisalion  de  la  cavalerie  légère,  à 
quatre  régiments.  Il  faudra  donc  que  l'organisation  des  neuf  divi- 
sions de  cavalerie  légère  comprenne  neuf  régiments  de  dragons.  Je 
pense  qu'il  faut  placer  les  dragons  en  brigades,  en  attachant  quatre 
brigades  à  quatre  divisions  de  cavalerie  et  le  régiment  de  dragons 
restant  à  une  cinquième  division.  Des  neuf  divisions  de  cavalerie  lé- 
gère, cinq  seront  à  quatre  régiments  et  quatre  à  trois  régiments.  Je 
pense  que  vingt-sept  régiments  de  cavalerie  légère  ne  sont  pas  assez; 
il  faudrait  en  former  trois  autres ,  et  alors  il  n'y  aurait  plus  qu'une 
division  qui  ne  serait  composée  que  de  trois  régiments. 

Ayant  ainsi  éclairci  mes  idées  sur  les  régiments  de  cavalerie  qui 
doivent  rester  dans  le  Midi,  je  pense  qu'il  conviendrait  que  le  4*  de 
hussards,  le  13*  de  dragons,  les  3%  14%  15'  et  10*  chasseurs,  ce 
qui  fait  six  régiments,  n'envoyassent  personne  à  Versailles,  et  que 
vous  donnassiez  l'autorisation  à  ces  régiments,  qui  ont  leurs  dépôts 
loin  des  frontières,  de  compléter  eux-mêmes  leurs  remontes  à  un 
prix  iixe.  Il  serait  nécessaire  aussi  de  les  autoriser  à  faire  faire  leurs 
selles,  pour  éviter  le  transport  dispendieux  des  selles  que  nous  avons 
dans  le  Nord.  Ce  qui  est  relatif  à  ces  régiments  sera  donc  une  modi- 
fication apportée  à  ce  que  je  vous  ai  écrit  hier  pour  le  dépôt  de  Ver- 
sailles. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M'""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21766.  —AU  MARÉCHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMLHL, 

MINISTRE  DE  LA   GUERRE,    A  PARIS. 

Paris,  3  avril  1815,  huit  heures  du  soir. 

Mon  Cousin ,  vous  trouverez  ci-jointe  une  dépèche  télégraphique. 
Donnez  ordre  à  la  division  Girard  ,  qui  devait  partir  demain  pour  se 
rendre  du  côté  de  Belfort,  de  partir  avant  le  jour,  pour  se  rendre  en 
poste  à  Lyon.  Au  lieu  du  5"  de  ligne,  vous  y  mettrez  le  7%  et  le  5" 
restera  à  Paris.  Faites  connîiître  au  général  Girard  ce  dont  il  s'agit, 
afin  qu'il  mène  avec  lui  deux  bons  généraux  de  brigade  ,  de  ceux 
dont  il  peut  être  sûr. 

11  est  nécessaire  de  ftiire  partir  sur-le-champ  deux  commissaires 
des  guerres  pour  parcourir  la  route ,  aGn  que  des  voitures  soient 
prêtes.  Il  suffit  que  la  troupe  les  prenne  à  Essonne.  Donnez  ordre 
également  au  bataillon  d'artillerie  du  4*  régiment,  qui  doit  être  parti 
aujourd'hui  pour  Lyon ,  et  qui  doit  être  ce  soir  à  Essonne,  de  prendre 
la  poste  pour  arriver  plus  tôt  à  Lyon.   Donnez  le  même  ordre  au 


72  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

bataillon  de  sapeurs  que  j'avais  ordonné  qu'on  renvoyât  sur  Lyon. 
Comme  jusqu'à  Fontainebleau  la  route  de  Moulins  et  celle  de  Bour- 
gogne sont  la  même ,  vous  pourrez  faire  passer  une  colonne  par  Me- 
lun  et  l'autre  par  Essonne.  Faites  préparer  des  relais  pour  ces  deux 
routes.  Envoyez  un  de  vos  aides  de  camp  à  franc  étrier  pour  annoncer 
ces  troupes,  qui  doivent  arriver  à  Lyon  en  quatre  jours.  Cet  ofticicr 
continuera  sa  route  jusqu'à  Grenoble,  pour  ordonner  au  général  la 
Salcette  de  manœuvrer  pour  garantir  Lyon. 

Envoyez  un  courrier  au  général  Morand ,  pour  qu'il  presse  sa 
marche  sur  Nîmes,  par  sa  colonne  de  gauche. 

Faites  venir  le  général  Brayer;  qu'il  parte  dans  la  nuit  pour  se 
rendre  en  poste  à  Lyon.  Ayant  commandé  dans  cette  ville,  il  en 
connaît  les  dispositions.  Il  prendra  le  commandement  de  la  ville. 
Grouchy  disposera  alors  de  Dessaix  pour  le  porter  en  avant. 

Il  est  nécessaire  que  les  deux  commissaires  des  guerres  que  vous 
enverrez  par  les  deux  routes  aient  avec  eux  de  l'argent.  Il  faut  que 
les  troupes  parcourent  quatre  étapes  par  vingt-quatre  heures. 

Retardez  le  départ  du  4*  de  hussards  et  du  13*  de  dragons.  Faites 
partir  en  poste  le  major  du  4"  de  hussards,  qui  est  un  officier  sûr, 
pour  se  mettre  à  la  tète  des  escadrons  qui  sont  à  Lyon,  et  faites 
choix  d'un  officier  du  13*,  que  Brayer  désignera,  pour  se  mettre  à  la 
tête  de  la  partie  du  13"  qui  est  à  Lyon. 

Prescrivez  au  général  Grouchy  de  faire  mettre  à  pied  tous  les 
gardes  d'honneur  de  Lyon,  pour  procurer  des  chevaux  aux  hommes 
à  pied  de  ces  deux  régiments. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21767.  —  AU  GÉNEBAL  COMTE  ANDREOSSY, 

PRÉSIDKXT  DE    LA  SKCTIOX  DE  LA  Gl  ERRE  AU   CONSEIL  d'ÉTAT. 

Paris,  3  avril  1815,  au  soir. 

Je  vous  envoie  un  rapport  et  un  projet  de  décret  sur  les  gardes 
nationales.  Je  vous  envoie  aussi  un  projet  de  tableau  et  un  travail 
fait  par  Allent,  qui  était  à  la  tête  de  la  garde  nationale. 

Je  désire  que  vous  réunissiez  les  sections  de  la  guerre  et  de  l'inté- 
rieur, afin  de  me  proposer  un  projet  définitif  dans  le  plus  court  délai 
possible. 

Pour  organiser  les  gardes  nationales  de  France,  je  voudrais  que 
toutes  les  gardes  nationales  eussent  pour  uniforme  une  blouse  gau- 
loise bleue,  qui  ne  coûterait  que  10  ou  12  francs;  il  y  aurait  une 


CORRKSPONDAMCE  I)K  NAPOLÉON  I".  —  1815.  75 

broderie  pour  les  officiers.  Les  chasseurs  et  grenadiers  qui  auraient 
le  moyen  de  s'habiller  en  gardes  nationaux,  et  les  officiers  qui 
voudraient  porter  un  habit  en  seraient  les  maîtres;  mais  la  blouse 
serait  l'uniforme  général ,  et  cela  coulerait  peu  de  chose. 

Je  voudrais  obtenir  trois  buts  : 

l'Organiser  toutes  les  populations  des  frontières  sous  leurs  officiers, 
de  manière  qu'elles  puissent  défendre  leurs  propriétés.  iVos  départe- 
ments de  France  sont,  l'un  portant  l'autre,  de  300,000  habitants.  Je 
voudrais,  dans  un  département  de  300,000  habitants,  avoir  30,000 
gardes  nationaux,  ce  qui  ferait  quarante-deux  bataillons  de  720 
hommes,  à  six  compagnies,  et  chaque  compagnie  de  liO  hommes, 
officiers  compris.  Ces  quarante-deux  bataillons  seraient  divisés  en 
autant  de  légions  qu'il  y  a  de  sous-préfectures,  et  il  y  aurait,  par 
sous-préfecture,  un  colonel  nommé  par  moi.  Ces  qu;iranle-deux 
bataillons  fourniraient  leurs  compagnies  de  grenadiers  et  de  chas- 
seurs, ce  qui  ferait  quatre-vingt-quatre  compagnies;  ces  quatre-vingt- 
quatre  compagnies  auraient  un  effectif  de  10,000  hommes  et  un 
présent  sous  les  armes  de  près  de  8,000.  On  réunirait  les  compagnies 
de  grenadiers  et  de  chasseurs  en  bataillons  de  six  compagnies,  de 
sorte  que  ces  quatre-vingt-quatre  compagnies  formeraient  quatorze 
bataillons. 

Le  département  du  Nord,  qui  a  une  population  égale  à  deux 
départements,  aurait  ainsi  60,000  hommes  de  garde  nationale,  et 
vingt-huit  bataillons  ou  20,000  hommes  de  chasseurs  et  de  gre- 
nadiers. Le  gouvernement  appellerait ,  selon  les  circonstances,  ou 
seulement  les  grenadiers,  ou  seulement  les  chasseurs,  ou  les  grena- 
diers et  les  chasseurs,  pour  les  mettre  en  activité.  Si  l'on  avait  besoin 
seulement  de  10,000  hommes,  on  n'appellerait  que  les  grenadiers, 
ce  qui  ferait  quatorze  bataillons  (ju'on  solderait  comme  les  troupes 
de  ligne  et  qu'on  mettrait  dans  les  places  fortes.  Si  les  circonstances 
devenaient  plus  urgentes,  on  appellerait  les  chasseurs,  ce  qui  dou- 
blerait les  forces,  et  alors  le  département  du  \ord  aurait  20,000 
hommes  pour  sa  défense.  Si  les  circonstances  enfin  devenaient  encore 
plus  urgentes,  on  appellerait  le  reste  de  la  garde  nationale,  et  on 
aurait  les  quatre-vingt-quatre  bataillons  ou  00,000  hommes  pour 
aider  les  troupes  de  ligne  à  la  défense  du  département. 

Je  pense  que,  pour  la  régularité  du  travail,  il  ne  faudrait  point 
entrer  dans  toutes  les  différences  de  population,  mais  comprendre 
les  grands  départements  pour  deux  départements,  les  autres  pour  un 
et  demi,  les  autres  pour  un,  et  enfin  d'autres  pour  un  demi.  Ainsi 
les  départements  qui  seraient  classés  pour  un  demi  ne  fourniraient 


74  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

que  vingt-quatre  bataillons  ;  ceux  qui  le  seraient  pour  l'unité  en 
fourniraient  quarante-deux;  pour  un  et  demi,  soixante,  et  ceux  qui 
seraient  classés  pour  deux,  quatre-vingts.  On  ajouterait  dans  le 
travail  quatre  bataillons  de  plus  ou  de  moins,  selon  que  la  population 
approcherait  de  600,000  hommes  ou  surpasserait  de  beaucoup  ce 
nombre. 

La  garde  nationale  de  toutes  les  places  fortes  serait  mise  de  suite 
en  activité.  Ainsi  celle  de  Lille,  que  je  suppose  de  0,000  hommes 
et  qui  ne  devrait  avoir  que  1,000  grenadiers,  1,000  chasseurs  et 
4,000  hommes  de  basses  compagnies ,  aurait  tout  de  suite  ses 
6,000  hommes  en  activité,  formant  huit  à  dix  bataillons;  de  même 
pour  Dunkerque,  Calais,  Boulogne  et  toutes  les  places  de  la  Flandre. 
On  ferait  entrer  en  outre  dans  nos  places  les  quatorze  bataillons  de 
grenadiers  et  les  quatorze  de  chasseurs,  ce  qui  donnerait  deux 
espèces  de  garde  nationale  dans  la  ville  :  garde  nationale  sédentaire 
de  la  ville  (grenadiers,  chasseurs  et  basses  compagnies),  et  grena- 
diers et  chasseurs  des  campagnes. 

Pour  faire  cette  organisation,  il  faudrait,  après  avoir  posé  les  prin- 
cipes, dresser  un  tableau  qui  fit  connaître  le  nombre  des  bataillons 
que  chaque  sous-préfecture  peut  fournir.  Ensuite  un  conseiller  de 
sous-préfecture,  un  officier  de  gendarmerie  et  un  officier  supérieur, 
nommés  par  le  général  de  division  et  le  sous-préfet,  formeraient  un 
comité  pour  procéder  à  cette  formation.  La  garde  nationale  se  for- 
merait par  commune  et  canton;  il  y  aurait  de  plus  par  département 
un  comité  supérieur  nommé  par  le  général  de  division,  le  préfet  ou 
le  conseiller  le  préfecture  qu'il  déléguerait  et  le  capitaine  de  gendar- 
merie. Les  propositions  d'officiers  seraient  faites  par  les  comités 
de  formation  de  sous-préfectures  et  approuvées  par  le  comité  du 
département.  Par  ce  moyen,  on  aurait  autant  de  corps  de  garde 
nationale  que  de  sous-préfectures.  Les  chefs  de  bataillon  et  officiers 
au-dessous  de  ce  grade  seraient  seuls  nommés  par  les  comités,  me 
réservant  de  nommer  directement,  par  le  canal  du  ministre  de 
l'intérieur,  les  généraux  ou  colonels  qui  devront  commander  la  réunion 
des  bataillons  de  sous-préfectures  ou  des  places. 

Les  éléments  une  fois  formés ,  ce  serait  l'affaire  d'une  heure  de 
donner,  selon  les  locahtés,  la  formation  la  plus  convenable  à  l'état- 
major  de  la  garde  nationale  de  chaque  sous-préfecture. 

Il  serait  convenable  de  poser,  aujourd'hui  ou  demain,  les  prin- 
cipes, et  de  soumettre  aussitôt  le  décret  à  ma  signature. 

Vous  vous  occuperez  de  suite  de  former  les  tableaux,  d'abord  du 
Nord  et,  immédiatement  après,  des  deux  départements  de  l'Alsace, 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«r.  _  1815.  75 

ensuite  des  départements  frontières  de  la  Meuse  et  des  Ardennes ,  et 
successivement,  jour  par  jour,  des  gardes  nationales  dans  les  16°, 
5*,  2",  3%  4%  6%  7°  et  18"  divisions  militaires.  Ce  travail  fait,  nous 
formerons  ou  continuerons  les  tableaux  pour  le  reste  de  la  France, 
c'est-à-dire  pour  les  14%  15*,  1"  et  19"  divisions,  etc. 

La  proportion  d'un  dixième  de  la  population  paraît  être  trop  forte 
aux  ministres.  Paris,  dont  on  peut  évaluer  la  population  à  500,000 
habitants,  a  25,000  gardes  nationales,  ce  qui  n'en  est  que  le  ving- 
tième; mais,  si  cela  est  nécessaiie,  on  pourrait  en  avoir  le  double, 
50,000  hommes,  sans  difficulté;  j'en  ai  vu  60,000  au  13  vendé- 
miaire. 

2°  La  formation  une  fois  faite,  il  faudra  s'occuper  de  l'armement. 
Il  serait  à  souhaiter  qu'il  appartînt  aux  citoyens,  comme  seul  moyen 
d'avoir  des  armes  soignées.  Il  faudrait  exiger  que  tout  particulier  qui 
paye  près  de  50  francs  de  contributions  payât  en  proportion.  Ceux 
qui  seront  appelés  à  concourir  avec  les  troupes  de  ligne  pour  la 
défense  des  places  fortes  et  des  postes  importants  des  frontières 
seraient  armés  de  fusils  de  calibre.  Les  basses  compagnies  séden- 
taires s'armeraient  de  fusils  de  chasse.  A  cela  il  faut  joindre  un  projet 
de  décret  qui  autorise  tous  les  citoyens  à  être  armés,  et  qui  rapporte 
les  lois  contraires  à  cette  disposition. 

3°  L'équipement  est  le  troisième  objet  :  en  adoptant  que  l'uniforme 
consistera  en  une  blouse  bleue,  par-dessus  laquelle  on  mettrait  une 
giberne  noire,  chacun  pourrait  se  procurer  cette  blouse,  il  y  aurait 
uniformité,  et  l'habillement  coûterait  peu  de  chose  ;  on  aurait  de  plus 
l'avantage  que  cette  blouse,  étant  de  toile  de  coton,  n'enlèverait  pas 
le  coutil  à  l'habillement  des  troupes.  En  adoptant  la  giberne  noire, 
cela  éviterait  encore  d'être  en  concurrence  avec  la  ligne.  Ceux  qui 
voudraient  avoir  un  habit  de  garde  nationale  sous  la  blouse ,  pour  le 
porter  hors  du  service,  en  seraient  les  maîtres,  et  ils  le  feraient  faire 
à  leurs  frais. 

Appelez  à  la  section  de  l'intérieur  et  de  la  guerre  le  général  Dumas, 
qui,  je  crois,  s'est  déjà  occupé  de  cela. 

Je  n'ai  pas  besoin  devons  faire  sentir  combien  cet  objet  est  urgent. 

J'attacbe  une  grande  importance  à  ce  que  le  décret  de  principe  et 
l'organisation  du  département  du  Nord  et  des  deux  départements  de 
l'Alsace  puissent  être  faits  demain. 

D  après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


76  CORRESPOXDAMCE  DE  NAPOLEOiX  I«^  —  1815. 

21768.  —  INSTRUCTIONS 

POUR  LE  GÉ\'ÉRAL  BARON  CORBIXEAU. 

Paris,  3  avril  1815,   au  soir. 

Corbineau  partira  siir-le-champ  pour  Lyon  ,  où  il  arrivera  le  plus 
vite  possible,  pour  annoncer  que  quatre  régiments,  les  7',  14*,  20' 
et  24*,  arrivent  en  poste  par  les  routes  du  Bourbonnais  et  de  la 
Bourgogne.  Si  les  événements  qui  se  passent  rendaient  inutile  que 
ces  troupes  marchassent  si  rapidement,  le  général  Grouchy  leur 
enverrait  des  ordres  pour  s'arrêter. 

A  son  arrivée  à  Lyon ,  Corbineau  ira  chez  le  préfet  et  chez  le 
maire,  pour  que  les  gardes  nalionales  de  Lyon  envoient  des  déta- 
chements au  secours  des  Dauphinois.  Il  restera  à  Lyon  pour  seconder 
de  toutes  ses  forces  le  général  Grouchy.  Il  annoncera  la  prochaine 
arrivée  du  général  Brayer  pour  prendre  le  commandement  de  la 
place  de  Lyon.  Son  caractère  le  disposera  à  rendre  des  services,  soit 
en  portant  des  ordres  aux  gardes  nationales  du  Dauphiné,  soit  en  se 
rendant  où  il  y  aurait  des  troupes  dans  le  voisinage  pour  les  réunir. 
Il  m'écrira  tous  les  jours  et  restera  là  pour  rendre  tous  les  services 
qu'exigeront  les  circonstances.  Il  excitera  les  généraux,  les  autorités, 
les  gardes  nalionales  à  faire  leur  devoir  et  à  mettre  un  terme  à  cette 
insurrection  de  la  minorité  contre  une  si  grande  majorité. 

C'est  le  général  Girard  qui  commande  les  troupes  qui  se  rendent 
en  poste  à  Lyon.  Si  les  circonstances  étaient  urgentes,  le  général 
Corbineau  pourrait  requérir  les  gardes  nationales  de  Bourgogne  et 
du  déparlement  de  l'Ain  de  venir  dans  Lyon  repousser  les  Marseillais. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21769.  —  LETTRE  CIRCULAIRE  AUX  SOUVERAINS. 

Paris,  4  avril  1815. 

Monsieur  mon  Frère,  vous  aurez  appris,  dans  le  cours  du  mois 
dernier,  mon  retour  sur  les  côtes  de  France,  mon  entrée  à  Paris  et 
le  départ  de  la  famille  des  Bourbons.  La  véritable  nature  de  ces 
événements  doit  maintenant  èlre  connue  de  Votre  Majesté.  Ils  sont 
l'ouvrage  d'une  irrésistible  puissance,  l'ouvrage  de  la  volonté  una- 
nime d'une  grande  nation  qui  connaît  ses  devoirs  et  ses  droits.  La 
dynastie  que  la  force  avait  rendue  au  peuple  français  n'était  plus 
faite  pour  lui  :  les  Bourbons  n'ont  voulu,  s'associer  ni  à  ses  senti- 
ments ni  à  ses  mœurs;  la  France  a  dû  se  séparer  d'eux.  Sa  voix 
appelait  un  libérateur.  L'attente,  qui  m'avait  décidé  au  plus  grand 


CORRESPOXDAX^CE  DE  X'APOLEOX'   I".  —  1815.  77 

des  sacrifices,  avait  été  trompée.  Je  suis  venu,  et  du  point  où  j'ai 
touché  le  rivage  l'amour  de  mes  peuples  m'a  porté  jusqu'au  sein  de 
ma  capitale. 

Le  premier  besoin  de  mon  cœur  est  de  payer  tant  d'affection  par 
le  maintien  d'une  honorable  tranquillité.  Le  rétablissement  du  trône 
impérial  était  nécessaire  au  bonheur  des  Français.  Ma  plus  douce 
pensée  est  de  le  rendre  en  même  temps  titile  à  l'affermissement  du 
repos  de  l'Europe.  Assez  de  gloire  a  illustré  tour  à  tour  les  drapeaux 
des  diverses  nations  ;  les  vicissitudes  du  sort  ont  assez  fait  succéder 
de  grands  revers  à  de  grands  succès.  Une  plus  belle  arène  est  aujour- 
d'hui ouverte  aux  souverains,  et  je  suis  le  premier  à  y  descendre. 
Après  avoir  présenté  au  monde  le  spectacle  de  grands  combats  ,  il 
sera  plus  doux  de  ne  connaître  désormais  d'autre  rivalité  que  celle 
des  avantages  de  la  paix,  d'autre  lutte  que  la  lutte  sainte  de  la  félicité 
des  peuples.  La  France  se  plaît  à  proclamer  avec  franchise  ce  noble 
but  de  tous  ses  vœux.  Jalouse  de  son  indépendance,  le  principe  inva- 
riable de  sa  politique  sera  le  respect  le  plus  absolu  de  l'indépendance 
des  autres  nations. 

Si  tels  sont,  comme  j'en  ai  l'heureuse  confiance,  les  sentiments 
personnels  de  Votre  Majesié,  le  calme  général  est  assuré  pour  long- 
temps, et  la  justice,  assise  aux  confins  des  divers  Ktats,  suffira  seule 
pour  en  garder  les  frontières. 

Je  saisis  avec  empressement  cette  occasion  pour  vous  renouveler 
les  sentiments  de  la  sincère  estime  et  de  la  parfaite  amitié  avec  les- 
quels je  suis. 

Monsieur  mon  Frère, 

Votre  bon  Frère, 

Napoléon. 

D'après  la  minute  originale.  Archives  des  affaires  clrangères. 


21770.  —  AU  VICE-AMIIIAL  DUC  DFXRES  , 

MIMSTRIÎ    DK    LA   MARINU  ,   A    PARIS. 

Paris ,  5  avril  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  je  vous  envoie  un  rapport  sur  les  colo- 
nies; examinez-le.  Proposez-moi  de  nouvelles  nominations  pour  la 
Guadeloupe  et  la  Martinique.  On  assure  que  les  troupes  sont  très- 
bonnes.  Je  désirerais  que  vous  fissiez  ouvrir  des  négociations  avec 
Saint-Domingue  sur  les  principes  que  j'ai  développés  au  conseil.  Il 
n'y  a  pas  un  moment  à  perdre  pour  me  proposer  le  renouvellement 


78  CORRESPONDANCE   DE   NAPOLÉON  I".  —  1815. 

des  agents  des  colonies,  dans  la  double  hypothèse  de  la  pai\  ou  de 
la  guerre. 

Napoléon. 

D"après  l'original  comm.  par  M™*  la  duchesse  Decrès. 


21771.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMHHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUKRHE  ,  A  PARIS. 

Paris,  5  avril  1815. 

Mon  Cousin,  l'occupation  de  Rordeaux  va  influer  sur  celle  de 
Toulouse.  Ordonnez  à  Morand  de  se  diriger  en  avant  sur  cette  ville 
pour  y  installer  le  général  Maurice  Mathieu,  auquel  vous  avez  donné 
le  commandement  de  la  10*  division.  Ordonnez-lui  de  se  porter  éga- 
lement sur  la  9"  division  pour  y  installer  le  général  qui  doit  la  com- 
mander, et  enfin  sur  Pont-Saint-Esprit  pour  seconder  l'opération 
sur  Marseille.  Chargez-le  de  donner  un  régiment  de  cavalerie  au 
général  Clausel,  qui  paraît  en  avoir  besoin.  Commandez  au  général 
Clausel  de  faire  des  mouvements  de  petites  colonnes  pour  fiivoriser 
la  soumission  de  Toulouse. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""*  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


21772.  —  A  M.   MARET,  DUC   DE   RASSANO, 

MINISTRE  SECRÉTAIRE  d'ÉTAT  ,  A  PARIS. 
>  Paris,  5  avril  1815. 

Failes  savoir  à  Lyon,  par  le  télégraphe,  que  nous  sommes  entrés 
à  Rordeaux,  qui  a  arboré  le  pavillon  tricolore,  ainsi  que  toute  la 
Dordogne  jusqu'aux  Pyrénées.  La  duchesse  d'Angoulème  s'est  embar- 
quée le  1"  avril,  à  huit  heures  du  soir. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21773.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE   LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  6  avril  1815. 

Mon  Cousin  ,  je  vous  renvoie  tout  le  dossier  relatif  aux  places  de 
la  Fère,  de  Soissons  et  de  Château-Thierry.  J'ai  tant  d'occupations, 
que  je  n'ai  pas  le  temps  d'entrer  dans  ces  détails,  et  je  ne  puis  que 
m'en  rapporter  au  génie. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl, 


CORRESPOXfDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  79 

21774.  —AU  VICE-AMIRAL  DUC  DEGRÉS, 

MINISTRE  DE  LA  MARINE,  A  PARIS. 

Paris,  6  avril  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  faites-moi  connaître  dans  quelle  situation 
sont  les  îles  Saint-Marcouf ,  et  envoyez  des  ordres  à  la  marine,  à 
Cherbourg,  pour  qu'on  les  mette  en  bon  état.  Vous  savez  quels  em- 
barras ces  îles  nous  ont  donnés  avant  la  paix  d'Amiens. 

Napoléon. 

D'après  1  original  comm.  par  M"*  la  duchesse  Decrès. 


21775,  —  AU  COMTE  CARXOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris,  6  avril  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot ,  le  ministre  de  la  police  m'a  commu- 
niqué une  lettre  du  préfet  de  Lyon,  qui  m'indique  la  nécessité  de 
faire  des  changements  dans  la  municipalité  et  dans  l'état-major  de 
la  garde  nationale  de  cette  ville,  si  les  insurgés  approchaient  davan- 
tage. Quoique  je  reçoive  des  nouvelles  que  la  marche  des  troupes  de 
Grenoble  et  de  celles  de  Lyon  les  ait  forcés  de  se  retirer,  il  est  cepen- 
dant nécessaire  d'y  faire  les  changements  indiqués  ,  afin  que  les  auto- 
rités municipales  et  la  garde  nationale  soient  à  la  hauteur  de  l'opinion 
du  peuple.  Donnez-en  l'ordre  positif  à  Rœderer  '.  Otez  le  maire,  si 
cela  est  nécessaire.  Bien  que  le  danger  paraisse  passé,  comme,  par 
la  suite,  d'autres  circonstances  pourraient  se  présenter,  il  faut  que 
Lyon  nous  offre  toute  la  force  de  sa  population.  Vous  ordonnerez  au 
préfet  d'augmenter  la  garde  nationale  et  de  la  porter  au  moins  à 
10,000  hommes.  Recommandez-lui  spécialement  d'organiser  la 
garde  nationale  du  faubourg  de  la  Guillotière  et  des  autres  faubourgs. 
Qu'il  organise  aussi  deux  compagnies  de  cauonniers.  Il  est  convenable 
de  tenir  à  la  tête  de  cette  garde  nationale  un  général  en  activité.  J'y 
ai  envoyé  le  général  Brayer  ;  mais,  s'il  me  devenait  nécessaire ,  je  le 
remplacerais  par  un  autre.  La  même  opération  doit  être  faite  dans 
toutes  les  villes  de  la  19*  division  militaire.  Écrivez  dans  ce  sens  à 
Thibaudeau  et  à  Marchant  pour  Dijon.  Qu'ils  utilisent  leur  mission 
en  purgeant  les  municipalités  et  en  organisant  les  gardes  nationales 
sur  le  principe  du  dixième  de  la  population. 

Napoléon. 

D'après,  la  copie.  Archives  de  l'Empire. 
*  Commissaire  extraordinaire. 


80  CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON   I-^.  —  18  15. 

21776.  —  AU  COMTE  DEFEHMOÎV, 

PRÉSIDENT  DE  LA  SECTION  DES  FINANCES  AU  CONSEIL  d'ÉTAT  ,  A  PARIS. 

Paris,  6  avril  1815. 

Monsieur  le  Comte  Defermon ,  je  vous  ai  nommé  directeur  de  la 
caisse  de  l'extraordinaire,  dont  le  décret  que  je  viens  de  rendre 
vous  fera  connaître  l'objet.  Les  fonds  de  cette  caisse  se  composent 
de  la  recette  des  jeux  et  de  toutes  les  recettes  éventuelles  qui  n'ont 
pas  été  comprises  dans  le  budget,  telles  que  journaux,  etc. 

Le  titre  deuxième  de  mon  décret  vous  fait  connaître  la  manière  de 
procéder  pour  secourir  les  habitants  des  déparlements  de  la  Cham- 
pagne, de  la  Lorraine  et  de  l'Alsace,  dont  les  maisons  ont  été  dé- 
truites par  les  événements  de  la  guerre.  Je  désire  que  vous  placiez 
en  premier  ordre  les  villes  de  Nogent ,  de  Méry,  d'Arcis-sur-Aube , 
comme  celles  à  qui  les  secours  sont  plus  nécessaires. 

Le  titre  troisième  est  relatif  aux  donataires  des  trois  dernières 
classes ,  au  secours  desquels  il  est  pressant  de  venir. 

Vous  voudrez  bien  me  rendre  compte  tous  les  mois  des  opérations 
de  la  caisse  de  l'extraordinaire ,  de  ses  recettes  et  des  distributions  à 
faire  entre  les  donataires. 

Napoléon. 

D'après  la  mimilc.  Archives  de  l'Empir-e. 


21777.  — AU  GÉNÉRAL  CAULAINCOURT,  DUC  DE  VICENCE, 

MIMSTIIE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES,  A  PARIS. 

Paris,  "7  avril  1815. 

Monsieur  le  Duc  de  Vicence,  je  désire  que  vous  me  fassiez  un 
rapport  qui  sera  lu  au  conseil  des  ministres  samedi  et  imprimé 
dimanche  dans  le  Moniteur.  Ce  rapport  fera  connaître  les  relations 
que  nous  avons  eues  avec  l'Angleterre  et  ses  réponses  ;  les  relations 
que  nous  avons  eues  avec  la  Suisse  et  ses  réponses;  ce  que  nous 
savons  sur  les  projets  des  alliés;  nos  relations  avec  le  roi  de  Naples , 
les  avantages  qui  doivent  en  résulter,  et  ce  que  nous  savons  sur  ses 
opérations.  Ce  rapport  doit  être  clair  et  vrai.  Il  doit  être  rédigé  dans 
deux  buts  : 

Le  premier,  de  mettre  la  nation  au  fait  de  la  situation  des  choses 
en  insinuant  ce  que  nous  avons  appris  des  dispositions  de  l'ennemi  et 
du  projet  qu'il  avait  de  partager  et  d'affaiblir  la  France.  Vous  ne 
manquerez  pas  de  faire  observer  que  nous  avons  imprimé  tous  leurs 
actes,  tandis  qu'ils  n'ont  imprimé  aucun  des  nôtres;  que  les  puis- 
sances qui  veulent  nous  faire  la  guerre  ne  peuvent  y  parvenir  qu'en 


CORRESPOMDAMCE  DK  NAPOLEOV  l«^  —  1815.  81 

trompant  les  peuples  sur  notre  véritable  situation;  que  nous  ne  vou- 
lons tromper  personne,  et  que  nous  voulons  faire  connaître  toute  la 
vérité. 

Le  second  but  sera  de  faire  connaître  qu'on  se  plaît  à  nous  repré- 
senter, comme  les  honmies  de  93,  dans  l'anarchie  la  plus  complète; 
que  ce.  n'a  pas  été  une  des  moindres  raisons  qui  nous  ont  engagé  à 
fonder,  par  un  quatrième  plébiscite,  une  véritable  liberté  sans  anar- 
chie, telle  qu'il  la  faut  pour  le  bonheur  intérieur  de  la  nation  et  sans 
alarmer  aucune  puissance. 

Vous  sente/  l'importance  de  ce  rapport  dans  ce  double  but;  tra- 
vaillez-y de  manière  qu'il  puisse  paraître  dimanche  dans  le  Moniteur  ' . 

Napolkox. 

n'après  la  copie  Arrliivcs  des  affaires  étrangères. 

21778.  —Al    MAllÉCHAL  DAVOllT,   PRINCK  D'1<:CKMIHL, 

MIMSTRK  DE  L.4  GUKKRii;,    A  PAKIS. 

Paris,  8  avril  1815. 

Mon  Cousin,  j'approuve  que  les  deux  bataillons  du  73'  partent 
pour  iiille;  que  les  deu\  bataillons  du  05",  qui  sont  avec  le  général 
Morand,  partent  pour  Mézières,  pour  faire  partie  de  la  10''  division 
dinfantcMie;  que  le  7  4"  parte  sur-le-champ  de  Hrest  pour  se  rendre 
à  la  1 1^  division  ;  que  les  deux  bataillons  du  45',  (|iii  sont  avec  le 
général  Morand,  partent  sur-le-champ  pour  se  rendre  à  Metz;  que 
les  41*  et  4(j"  régiments  partent  lundi  prochain  pour  se  diriger  sur 
Metz;  que  les  deux  bataillons  du  35'  parlent  lundi  pour  se  rendre 
en  Alsace.  Au  lieu  des  deux  bataillons  du  6''  léger  qui  devaient  se 
rendre  en  Alsace  pour  faire  partie  de  la  17*  division  au  5'  corps, 
vous  prendrez  deux  bataillons  des  régiments  qui  étaient  en  Provence. 
.J'approuve  que  le  (U*  régiment  fasse  partie  de  la  9*  division,  et  le 
72*^  de  la  12*,  et  qu'ils  partent  sur-le-champ. 

Les  quatre  régiments  qui  sont  en  marche  pour  Lyon  formeront  un 
corps  d'observation  des  Alpes,  en  Provence.  Ils  seront  remplacés  par 
quatre  régiments  de  ceux  qui  sont  dans  le  Midi,  excepté  le  10*  régi- 
ment de  ligne  ,  qui  parait  avoir  besoin  de  revenir  dans  le  Nord.  Il  sera 
nécessaire  que  ces  régiments  composant  la  18*  division  viennent  se 
réunir  à  Bel  fort. 

Le  général  Morand  réunira  la  21*  division  dans  l'endroit  qu'il 
jugera  le  plus  convenable. 

Le  général  Grouchy  aura  le  commandement  du   7*  corps  et  du 

*  Ce  rapport  a  été  publié  dans  le  Moniteur  du  14  avril  1815. 

xxviii.  6 


82  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

corps  d'observation  des  Alpes.  Deux  divisions  actives  se  réuniront  à 
Cbambéry  et  à  Grenoble,  et  l'autre  en  Provence. 

Le  général  Clausel  commandera  le  corps  d'observation  des  Pyré- 
nées. Une  division  sera  réunie  du  côté  de  Toulouse,  une  du  côté  de 
Bayonne,  et  la  troisième  dans  l'intervalle. 

Le  à'  de  hussards  et  le  13*  de  dragons  feront  partie  du  corps  du 
général  Grouchy,  avec  un  des  quatre  régiments  de  cavalerie  légère 
qui  sont  dans  le  Languedoc,  celui  qui  aie  plus  besoin  de  changer  de 
pays.  Les  trois  autres  régiments  resteront  au  corps  d'observation  du 
général  Clausel. 

J'approuve  que  le  6"  de  dragons  parte  lundi  pour  Metz ,  et  que  le 
11*  fasse  partie  de  la  5*  division.  J'approuve  que  le  9*  de  dragons 
vienne  joindre  le  6*  à  Paris. 

J'approuve  que  les  trois  régiments  qui  forment  la  9°  division  de 
cavalerie  partent  lundi  pour  se  rendre  à  Beifort;  que  le  1"  de  hus- 
sards parte  pour  la  7*  division;  qu'on  envoie  le  3"  de  dragons  à  la 
5*  division,  et  le  3"  de  hussards  à  la  2°  division.  Je  désire  avoir,  le 
plus  tôt  possible,  l'état  de  tous  les  officiers  généraux,  des  généraux 
d'artillerie,  des  officiers  d'état-major,  etc.,  qui  seront  employés  cà 
ces  différentes  divisions. 

Napoléon. 

D'après  la  copie  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckiniihl. 


21779.  —  ALLOCUTION  A  L'ABMKE  '. 

Paris,  9  avril  1815. 

tt  Soldats  !  je  viens  d'avoir  la  nouvelle  que  le  pavillon  tricolore  est 
arboré  à  Toulouse,  à  Montpellier  et  dans  tout  le  Midi.  Les  comman- 
dants et  les  garnisons  de  Perpignan  et  de  Bayonne  avaient  annoncé 
formellement  qu'ils  n'obéiraient  point  aux  ordres,  donnés  par  le  duc 
d'Angouléme,  de  livrer  ces  places  aux  Espagnols,  qui  d'ailleurs  ont 
fait  connaître ,  depuis ,  qu'ils  ne  voulaient  pas  se  mêler  de  nos  affaires . 
Le  drapeau  blanc  ne  flotte  plus  que  dans  la  seule  ville  de  Marseille. 
Mais ,  avant  la  fin  de  cette  semaine ,  le  peuple  de  cette  grande  cité  , 
opprimé  par  les  violences  du  parti  royaliste ,  aura  repris  tous  ses 
droits.  De  si  grands  et  de  si  prompts  résultais  sont  dus  au  patrio- 
tisme qui  anime  toute  la  nation  et  aux  souvenirs  que  vous  avez  con- 
servés de  moi.  Si,  pendant  une  année,  de  malheureuses  circonstances 
nous  ont  obligés  de  quitter  la  cocarde  tricolore,  elle  était  toujours 

î  Cette  allocution  fut  prononcée  par  l'Iîmpereur  dans  une  revue  au  Carrousel. 


CORRESPOND AIVCI-:   I)E  NAPOLEON  I^r.  —18  15.  83 

dans  nos  cœurs.  Elle  redevient  aujourd'hui  notre  signe  de  ralliement; 
nous  ne  la  quitterons  qu'avec  la  vie.  » 

«  L'Empereur  a  été  interrompu  par  ces  mots  répétés  par  toutes  les  bou- 
ches :  Oui ,  nous  le  jurons  !  » 

«  Soldats  !  nous  ne  voulons  pas  nous  mêler  des  affaires  des  autres 
nations;  mais  malheur  à  ceux  qui  voudraient  se  mêler  des  noires, 
nous  traiter  comme  Gênes  ou  comme  Genève,  et  nous  imposer  des 
lois  autres  que  celles  que  la  nation  veut  !  Ils  trouveraient  sur  nos 
frontières  les  héros  de  Marengo,  d'Austerlifz,  d'Iena;  ils  y  trouve- 
raient le  peuple  entier,  et,  s'ils  ont  600,000  hommes,  nous  leur  en 
opposerons  deux  millions. 

n  J'approuve  que  pour  vous  rallier  vous  ayez  fait  des  drapeaux 
tricolores.  Ce  ne  sera  qu'au  Champ-de-Mai,  et  en  présence  de  la 
nation  assemblée,  que  je  vous  rendrai  ces  aigles  qui  si  souvent  furent 
illustrées  par  votre  valeur  et  virent  fuir  les  ennemis  de  la  France. 

"  Soldats!  le  peuple  français  et  moi  nous  comptons  sur  vous; 
comptez  aussi  sur  le  peuple  et  sur  moi.  » 

Extrait  du  Moniteur  du  10  avril  1815. 


21780.    —  AU  COMTE  DE  MONTALIVET , 

INTENDANT  DE  LA  COURONNE,  A  PARIS. 

Paris,  9  avril  1815. 

Témoignez  ma  satisfaction  à  Vernet  pour  son  beau  tableau  de  la 
bataille  de  Marengo.  Je  crois  que  ce  tableau  a  été  commandé  par 
moi  et  qu'il  m'appartient.  Faites  donner  à  Vernet  une  gratilication  de 
6,000  francs. 

D'après  la  minute.   Archives  de  l'Empire. 


21781.  —  AU  VICE-AMIRAL  DUC  DECRÈS, 

MINISTRE  DE  LA  MARINE,   A  PARIS. 

Paris,  9  avril  1815,  huit  heures  du  soir. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  faites  sortir  sur-le-champ  de  Brest  le 
préfet  maritime.  Remplacez-le  par  un  homme  sijr,  qui  commandera 
la  marine  et  les  marins.  En  général,  dans  la  crise  actuelle  ,  il  ne  faut 
envoyer  ou  conserver  que  des  hommes  sur  lesquels  on  puisse  entiè- 
rement compter,  tels  que  Cosmao,  Violette,  Troude,  et  qui  aient 
de  la  réputation  et  de  l'ascendant  sur  les  gens  de  mer.  Faites-en 
partir  un  aussi  pour  commander  Dunkerque,   oii  les  marins  sont 


84  CORRESPONDANCE   DE  NAPOLÉON   I".  —  1815. 

mauvais.  Qu'il  parle  dans  la  nuit.  Faites  sortir  de  Brest  le  comman- 
dant de  place. 

D'après  la  copie.  Archives  de  la  marine. 


21782.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  UE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris.  9  avril  1815,  huit  heures  du  soir. 

Mon  Cousin,  faites  partir  cette  nuit  un  lieutenant  général  ou  un 
maréchal  de  camp,  capable  et  ferme,  pour  commander  Dunkerque. 
Ecrivez  au  comte  d'Erlon  et  recommandez-lui  de  veiller  sans  cesse 
sur  Dunkerque  :  tous  les  efforts  des  émigrés  et  de  l'ennemi  se  por- 
tent sur  cette  ville,  où  ils  voudraient  opérer  un  mouvement  pour 
s'en  emparer.  Faites  partir  aussi  50  gendarmes  à  pied  de  Paris,  bien 
connus  et  bien  choisis,  ils  se  rendront  par  les  voitures  publiques  à 
Dunkerque.  Si  vous  avez  un  bon  inspecteur  ou  colonel,  faites-le 
partir  également. 

Napoléon. 

D'après  l'orijjinal  coinm.  par  M'""  la  inaréciiale  princesse  d'Eckmiihl. 


21783.  —  AL  VICE-AMIRAL  DUC  DECRUS, 

MINISTRE  DE    LA  MARINE,   A  PARIS. 

Paris,  10  avril  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  je  vois  par  les  nouvelles  que  je  reçois 
que  Marseille  arborera  aujourd'hui  ou  demain  la  cocarde  Iricolore. 

Je  désire  que  vous  envoyiez  à  Porlo-Ferrajo  une  frégate  pour  y 
prendre  Madame.  Elle  s'informera  des  nouvelles  de  la  princesse  Pau- 
line, qui  doit  être  à  Viareggio,  près  de  Lucques,  et  l'embarquera  si 
elle  y  est. 

Expédiez  un  aviso  pour  Naples,  avec  les  copies  de  toutes  les 
lettres  qu'a  écrites  le  ministre  des  relalinns  extérieures.  Vous  pouvez 
vous-même  faire  une  collection  de  tous  les  imméros  du  Moniteur 
depuis  le  20  mars  jusqu'à  cette  époque,  et  les  envoyer,  avec  une 
lettre,  au  roi  de  Xaples,  pour  lui  faire  connaître  l'heureux  état  des 
affaires  en  France. 

Napoléon. 

D'après  l'orijjinal  corani.  par  M""  la  duchesse  Decrès. 


OOKRKS1»ONI)A\OE    DK   NAPOLliOV  1".   —  1815.  85 

21784. —AU  GÉNÉRAL  CAULAIXCOUIIT,   DLC  DK  VICENCK, 

MINISTRE   DES  AFFAIliES  ÉTRANGÈKES,  A  PARIS. 

Paris,  10  ai  ri!  1815. 

Monsieur  le  Duc  de  Vicence,  Marseille  est  soumise;  il  est  donc 
nécessaire  que  vous  fassiez  partir  sur-le-cliamp  un  tliar<]é  d'alfaires 
pour  Constantinople,  et  un  ministre  pour  Xaples.  Si  cela  convenait 
au  général  Belliard ,  il  serait  très-propre  à-cette  mission. 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Archives  deg  affaires  étrangères. 


21785.  —  AU  MAKÉCHAL  DAVOUT,   PRINCK  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,    A  PARIS. 

Paris,  10  avril  18)5. 

Mon  Cousin,  je  viens  d'appeler  près  de  100,000  gardes  natio- 
naux, grenadiers  et  chasseurs,  pour  garnir  nos  frontières.  Une  partie 
viendront  armés,  et  vous  devez  donner  ordre  aux  préfets  de  leur 
procurer  toutes  les  armes  dont  on  pourra  disposer  dans  le  pays.  Il 
serait  nécessaire  de  disposer,  en  faveur  de  l'aulre  partie,  des  armes 
qui  sont  à  réparer.  On  finirait  de  les  réparer  dans  les  places  fortes , 
pendant  même  que  les  places  seraient  bloquées,  si  la  guerre  avait 
lieu  avant  que  ces  réparations  fussent  terminées. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comra.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


21786.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  10  avril  1815. 

Mon  Cousin ,  donnez  ordre  au  général  Dalesme  de  parlir  pour  se 
rendre  à  Toulon  et  de  là  à  l'île  d'Elbe,  dont  il  sera  gouverneur.  H 
aura  sous  ses  ordres  le  général  de  brigade  Lapi.  Envoyez  à  ce  der- 
nier ses  lettres  de  service,  et  témoignez-lui  ma  satisfaction  pour  la 
conduite  qu'il  a  tenue,  lui  et  les  habitants  de  lile,  dans  les  der- 
nières circonstances.  Le  général  Dalesme  aura  tous  les  pouvoirs 
civils  et  militaires  dans  File,  H  recevra  de  la  Corse  un  bataillon  de 
5  à  600  hommes.  Il  embarquera  à  Toulon  une  compagnie  d'artille- 
rie,  complétée  à  120  hommes,  et  un  bataillon  de  600  hommes  des 
troupes  qui  sont  à  Toulon;  de  sorte  qu'il  aura  pour  la  défense  de 
l'île  un  bataillon  des  troupes  qui  sont  à  Toulon,  500  hommes;  un 
bataillon  corse,  500  hommes  ;  une  compagnie  d'artillerie,  120  hom- 


86  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  1".  —  1815. 

mes  ;  le  bataillon  franc  de  l'île,  500  hommes  ;  les  gardes  nationales, 
200  hommes  ;  total,  1,820  hommes. 

Donnez  ordre  au  général  Dalesme  de  vous  désigner  un  chef  de 
bataillon  d'artillerie  et  un  capitaine  du  génie,  qu'on  pourrait  envoyer 
à  Porto-Ferrajo.  Donnez-lui  ordre  également  de  désarmer  entière- 
ment Porto-Longone  et  de  le  mettre  hors  de  service.  Laisser  seule- 
ment six  pièces  de  canon  au  fort  Focardo  et  six  autres  pièces  sur 
affûts  marins,  pour  la  défense  de  la  côte. 

Vous  direz  au  général  Dalesme  qu'il  vienne  me  parler  avant  son 
départ. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comiii.  par  M™^  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21787.  —AU  MARECHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'EGKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS.  ^ 

Paris,  10  avril  1815. 

Mon  Cousin,  je  désire  qu'il  soit  établi  sur-le-champ  trois  comités 
de  défense  pour  les  frontières  du  Nord,  depuis  Dunkerque  jusqu'à 
l'Alsace  :  en  première  ligne,  pour  la  défense  de  Landau  à  Huningue; 
en  deuxième  ligne,  pour  la  défense  des  Vosges,  et  en  troisième  ligne, 
pour  celle  des  montagnes  du  Jura  et  des  frontières  des  Alpes.  Les 
généraux  Dejean ,  Marescot  et  un  autre  général  présideront  ces 
comités.  Ils  indiqueront  aussi  les  points  et  les  débouchés  des  fron- 
tières qu'il  faudrait  faire  occuper  par  les  grenadiers  et  chasseurs  de 
la  garde  nationale.  Tout  cela  est  de  la  plus  grande  urgence;  il  faut 
s'en  occuper  sans  délai. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21788.   —  AU   MARÉCHAL   DAVOUT,    PRINCE   D'ECKMUHL , 

MINISTRE  DE   LA  GUERRE,   A   PARIS. 

Paris,  10  avril  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  ordre  au  prince  d'EssIing  de  se  rendre  à 
Paris.  Donnez  le  même  ordre  au  général  Corsin.  Il  faut  un  général 
pQur  commander  à  Marseille  et  dans  les  Bouches-du-Rhône;  il  en 
faut  un  pour  Toulon  et  le  Var;  il  en  faut  un  pour  les  Basses-Alpes; 
ce  qui  fait  trois  maréchaux  de  camp.  Il  faut,  en  outre,  un  lieutenant 
général  pour  commander  la  division,  indépendamment  du  général 
Grouchy,    qui   commandera  supérieurement.    Il  est   nécessaire   de 


CORRKSPOIVDAXGl-:    I>K   iVAPOLI-^OM   I",  —  1815.  87 

changer  tous  les  ofûciers  qui  sont  à  Antibes  '  ;  de  mettre  de  bons 
commandants  d'armes  à  Marseille,  à  Anlibes  et  à  Toulon  et  autres 
postes,  en  envoyant  des  ofOciers  de  Paris,  qui  portent  dans  ces  places 
un  nouvel  esprit. 

Napolkon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™«  la  maréciiale  princesse  d'Eckmûhl. 


21789.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MIMSTRK    DE   LA  GUERRE,   A    PARIS. 

Paris,  10  avril  1815. 

Mon  Cousin,  je  pense  que  le  lieutenant  général  que  vous  avez  à 
envoyer  dans  le  Nord ,  pour  y  organiser  les  gardes  nationales  de  la 
16*  division,  y  compris  celles  des  départements  de  l'Aisne  et  de  la 
Somme,  pourrait  être  le  général  Sebasliani.  Donnez-lui  l'ordre  de  s'y 
rendre  avec  le  nombre  de  maréchaux  de  camp  nécessaire  pour  qu'il 
y  en  ait  un  dans  chaque  arrondissement.  Voilà  plus  de  200  chefs  de 
bataillon,  plus  de  200  capitaines,  un  grand  nombre  de  lieutenants 
généraux,  de  maréchaux  de  camp,  de  colonels  et  de  majors  qui 
vont  être  employés  dans  celte  organisation  des  gardes  nationales. 
Prenez  de  préférence  tout  ce  qui  est  à  Paris;  et  que  tout  cela,  parti 
avant  le  12,  soit  rendu  avant  le  15.  Que  les  bataillons  de  gardes 
nationales  soient  sur  pied  avant  le  25.  Désignez  les  places  fortes  de 
chaque  division  où  doivent  se  réunir  les  bataillons  de  grenadiers  et 
chasseurs,  en  réunissant  tous  ceux  d'une  même  légion,  district  ou 
sous- préfecture,  dans  un  même  lieu.  Par  ce  moyen,  avant  le  l^'mai, 
toutes  nos  places  fortes  du  Nord,  de  la  Meuse,  de  l'Alsace,  de 
la  Franche-Comté  et  des  Alpes  auront  une  grande  quantité  de  troupes; 
et  un  grand  nombre  de  généraux  et  d'ofliciers  se  trouveront  là, 
dans  les  sous-préfectures ,  pour  réunir  les  basses  compagnies  de  la 
garde  nationale' au  moment  d'une  invasion,  et  les  placer  oià  il  sera 
nécessaire.  Ainsi  nos  troupes  deviendront  entièrement  disponibles. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 

*  A  Antibes  se  trouvait  encore  le  colonel  Guneo  d'Ornano,  commandant  de 
la  place,  qui  avait  fait  prisonniers  les  23  hommes  détachés  du  bataillon  de  l'île 
d'Elbe,  au  moment  du  débarquement  au  golfe  Jouan.  Voir  la  pièce  n"  21690, 
page  9. 


88  OORllESrOAJDAACE  DE  AATOLÉOM   1 -r.  _  1815. 

21790.  —  AU  MAHÉCHAL  DAVOUT,   PRIXCE  D'KCKMUHÎ/, 

MINISTRE  DK  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  10  avril  1815. 

Mon  Cousin,  vous  effacerez  de  la  liste  des  maréchaux  le  prince  do 
Neuchàlel,  le  duc  de  Haguse,  le  duc  de  Helluue,  le  maréchal  Péri- 
gnon,  le  duc  de  Castiglione,  le  duc  de  Vaimy.  En  conséquence, 
faites  connaître  au  maréchal  Pcrijjnon  qu'il  peut  rester  à  sa  campagne 
et  qu'il  est  inutile  qu'il  vienne  à  Paris.  Vous  me  présenterez  un 
travail  pour  accorder  une  pension,  en  forme  de  retraite,  à  ceux  de 
ces  maréchaux  qui  n'ont  pas  de  fortune.  Vous  me  ferez  connaître  ce 
qu'ils  ont  et  ce  qu'ils  tiennent  du  domaine  extraordinaire. 

Napolkox. 

D'après  l'original  conim.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmi'ihl. 


21791.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,   PlUNCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE   LA  GLERRE,  A   PARIS. 

Paris,   10  avril  1815. 

Mon  Cousin ,  vous  devez  envoyer  <a  la  police  le  nom  de  tous  les 
ofticiers  de  la  Maison  du  roi  qui  prêtent  le  serment.  Tous  ceux  qui 
ont  servi  avec  nous  et  qui  n'ont  ntarqué  par  aucun  acte  extérieur, 
tous  ceux  enfin  qui  ont  le  cœur  pour  moi  resteront  à  Paris,  et  même 
vous  les  emploierez  sans  faire  attention  s'ils  soitent  de  la  Maison  du 

roi  ou  non. 

Napoléon. 

D'après  l'original  conira.  par  M"'®  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21792.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE    DELA    GUERRE,    A    PARIS. 

Paris  ,'10  avril  1815. 

Mon  Cousin,  failes  publier  sur  nos  frontières,  depuis  l^ilie  jusqu'à 
Landau,  que  tous  les  anciens  soldais  de  la  rive  gauche  du  Rhin  cl 
de  la  Belgique  (jui  ont  servi  sous  nos  aigles  seront  admis  de  nouveau 
à  servir  et  dirigés  sur  les  régiments  qu'on  forme  pour  les  recevoir. 
On  pourrai!  répandre  cet  avis  par  des  petits  billets  imprimés,  et  l'on 
aurait  bienlôt  8  ou  10,000  anciens  soldats.  Il  faut  faire  la  mémo 
chose  sur  la  frontière  des  Alpes  pour  nos  anciens  soldats  de  Piémont 
et  d'Italie. 

Napoléon. 

D'après  l'oriyinal  corom.  par  M'"*  la  maréchale  princesse  d'Erkmiihl. 


COHHKSrOMDA.VCK    Dl-:   i\Al»OLI':0\'   l'"'.  —   ISlô.  89 

21793.  — AU  COMTE  CARNOT,  mimstrk  dk  LivrÉniEiR,  .\  paris. 

Paris,   10  avril  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  il  paraît  que  toute  la  Provence  arbo- 
rera aujourd'hui  ou  demain  la  cocarde  tricolore  ;  ainsi  ou  i)eut  re- 
yardcr  l'insurrection  du  Midi  comme  terminée. 

Envoyez  un  auditeur  qui  s'embarquera  à  Toulon  pour  la  Corse  et 
portera  des  pouvoirs  au  préfet.  Ordonnez  la  dissolution  de  la  junte 
extraordinaire  que  j'avais  organisée.  Faites  connaître,  par  une  pro- 
clamation, qu'ayant  ordonné  que  toutes  les  troupes  reviennent  en 
France  je  compte  sur  le  patriotisme  des  habitants  pour  défendre  la 
Corse.  Donnez  l'autorisation  au  «{énéral  de  Launay  et  au  préfet  d'or- 
ganiser les  gardes  nationales  selon  les  habitudes  et  les  coutumes  du 
pays,  de  manière  que  dans  chaque  circonstance  elles  puissent  se 
porter  sur  tous  les  points  qui  seraient  menacés. 

Vous  annoncerez  que  le  duc  de  Padoue  va  se  rendre  en  Curse 
chargé  de  pouvoirs  extraordinaires.  Faites-le  venir  pour  lui  faire 
part  de  mes  intentions.  H  devra  être  prêt  à  partir  dans  trois  ou 
(|ualre  jours.  Vous  lui  ferez  ses  insîructions  :  il  organisera  la  garde 
nationale  et  destituera  tous  hîs  employés  nommés  par  le  roi,  qu'il 
renverra  sur-le-champ  en  France;  il  formera  un  balaillon  de  500 
hommes,  tous  Corses,  qui  sera  envoyé  à  Porto-Ferrajo  pour  la 
défense  de  l'île  d'Elbe,  sous  les  ordres  du  général  Dalesnie,  gouver- 
neur. Enfin  je  lui  donne  l'autorisation  de  distribuer  six  croix  d'offi- 
cier de  la  Légion  d'honneur  et  trente  croix  de  légionnaire  à  ceux  des 
habitants  qui  se  seraient  le  plus  distingués  lorsque  le  pavillon  tri- 
colore a  été  arboré.  H  ne  sera  conservé  dans  les  emplois  que  les 
Français  que  j'avais  nommés  avant  le  l"  avril  1814.  Il  pourra 
cependant  laisser  quelques-uns  des  habitants  de  la  Corse  nommés 
par  le  roi.  il  renverra  en  France  tous  les  employés  français  qui  se 
seraient  mal  comportés. 

Napoléon. 

D'après  l'orijjinal.  Archives  de  l'Empire. 


21794.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DK  LA    GUERRE,  A   PARIS. 

Paris,  11  avril  1815. 

Mon  Cousin,  je  désire  que  vous  me  présentiez  demain  le  nombre 
de  places  que  nous  avons  sur  la  frontière  du  Nord,  le  nombre 
d'hommes  que  donnera  fa  garde  nationale  sédentaire  de  ces  places 


90  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I^^.  _  1815. 

et  la  distribution  à  faire,  entre  ces  places,  des  bataillons  de  gre- 
nadiers que  j'ai  organisés  pour  le  Nord  par  mon  décret  d'hier. 
Faites-moi  connaître  aussi  les  positions  importanles  à  garder  sur 
celle  frontière,  soit  passages  de  rivières,  soit  lignes  de  canaux,  soit 
débouchés  de  forêts,  et  quel  accroissement  il  serait  nécessaire  de 
donner  aux  bataillons  de  grenadiers  des  villes  voisines  pour  occuper 
tous  ces  postes.  Il  y  a  aussi  dans  le  Nord  un  système  d'inondation 
qu'il  faut  me  faire  connaître. 

Je  vous  prie  aussi  de  me  faire  le  même  rapport  pour  la  2"  division 
ou  la  frontière  de  la  Meuse  :  quelles  places  avons-nous  à  occuper? 
quelle  force  présente  leur  garde  nationale  sédentaire?  quelle  est  la 
distribution  qu'il  convient  de  faire  entre  ces  places  des  bataillons  de 
grenadiers  et  de  chasseurs  que  je  viens  de  lever?  quels  sont  les 
ponts,  les  passages  de  rivières  et  autres  postes  qu'il  convient  d'oc- 
cuper? , 

Je  vous  fais  la  même  demande  pour  les  3*^  et  A"  divisions.  J'y 
forme  quarante-deux  bataillons  de  grenadiers  et  de  chasseurs  ;  une 
partie  doit  être  pour  la  frontière,  l'aulre  doit  prendre  position  dans 
les  défilés  des  Vosges  qu'on  doit  retrancher. 

Quelle  sera  la  distribution  des  trente-cinq  bataillons  delà  5°  divi- 
sion? 

Les  seize  bataillons  de  la  6*  doivent  fournir  des  garnisons  aux 
places  fortes,  et  le  reste  doit  occuper  les  défilés  du  Jura. 

Enfin  comment  emploiera-t-on  les  quarante-deux  bataillons  de  la 
7'  division  qui  doivent  occuper  les  places  des  Alpes  et  les  cols  ou 
défilés  des  montagnes? 

Je  désire  d'abord  avoir  un  rapport  général  pour  savoir  si  toutes 
ces  gardes  nationales  sont  nécessaires  sur  la  partie  de  la  frontière 
qui  leur  est  affectée. 

Vous  me  présenterez  également  demain  la  formation  des  trois 
commissions  de  défense.  11  est  nécessaire  qu'elles  s'occupent,  avec  la 
plus  grande  activité,  à  reconnaître  toutes  les  positions  et  à  prescrire 
toutes  les  fortifications  de  campagne  qu'il  est  nécessaire  d'élever.  Il 
doit  y  avoir  beaucoup  de  travaux  de  cette  espèce  à  faire  sur  le  Rhin  ; 
il  doit  y  en  avoir  beaucoup  à  faire  sur  les  Alpes,  sur  les  Vosges  et 
sur  le  Jura. 

Présentez-moi  demain,  dans  le  conseil  des  ministres,  l'éfat  de  tous 
les  lieutenants  généraux,  maréchaux  de  camp,  chefs  de  bataillons  et 
capitaines  qui  vont  aller  organiser  ces  bataillons,  afin  que  le  l*"'  mai 
toutes  ces  gardes  nationales  soient  rendues  dans  les  places  fortes  où 
elles  doivent  se  réunir. 


COURKSPONDAiVCE  DlC  NAPOLÉOX  1«'.  —  1815.  91 

Faites-moi    connaître  si  vous    avez   suffisamment   d'armes   pour 
armer  toutes  ces  gardes  nationales. 

Napoléon.  , 

D'après  l'original  comm.  par  M""*  la  maréchale  princesse  d'ËckmiihI. 


21795.  — AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRIMGE  D'ECKMUHL, 

MIXISTRK   DK  LA   GUERRE,  A    PARIS. 

Paris,  11  açril  1815. 

Mon  Cousin ,  je  vous  envoie  les  observations  du  général  Drouot 
sur  le  rapport  de  votre  bureau  d'artillerie.  Les  fusils  n"  1  doivent  être 
spécialement  pour  les  gardes  nationaux.  Les  fusils  trop  courts  peuvent 
cependant  rendre  beaucoup  de  services.  Il  faut  avoir  égard  à  ces 
observations,  car,  dans  les  circonstances  où  nous  nous  trouvons,  la 
fabrication  des  armes  est  le  premier  moyen  de  salut  de  TÉtat.  Vous 
ne  m'avez  pas  encore  remis  un  état  de  situation  des  travaux  ;  il  me 
semble  que  cela  va  bien  lentement.  11  faut  calculer  comme  si  l'ennemi 
devait  nous  déclarer  la  guerre  à  peu  près  du  1"  au  15  mai.  A-t-ou 
établi  dans  toutes  les  places  fortes  des  ateliers  pour  réparer  les  armes 
des  gardes  nationaux? 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™^  la  maréchale  princesse  d'Eckmûlil. 


21796.  —  AU  GENERAL  COMTE  GROUCHY, 

COMMANDANT  LE   7*  CORPS,  A  POXT-SAINT-KSPRIT. 

Paris,   11  avril  1815. 

Monsieur  le  Comte  Groucby,  l'ordonnance  du  roi  en  date  du 
G  mars  et  la  déclaration  signée  le  13  à  Vienne  par  ses  ministres 
pouvaient  m'autoriser  à  traiter  le  duc  d'Angoulême  conmie  celte 
ordonnance  et  cette  déclaration  voulaient  qu'on  traitât  moi  et  ma 
famille.  Mais,  constant  dans  les  dispositions  qui  m'avaient  porté  à 
ordonner  que  les  membres  de  la  famille  des  Bourbons  pussent  sortir 
librement  de  France,  mon  intention  est  que  vous  donniez  des  ordres 
pour  que  le  duc  d'Angoulême  soit  conduit  à  Cette,  où  il  sera  embar- 
qué, et  que  vous  veilliez  à  sa  sûreté  et  à  écarter  de  lui  tout  mauvais 
traitemeut. 

Vous  aurez  soin  seulement  de  retirer  les  fonds  qui  ont  été  enlevés 
des  caisses  publiques  et  de  demander  au  duc  d'Angoulême  qu'il 
s'oblige  à  la  restitution  des  diamants  de  la  Couronne,  qui  sont  la 
propriété  de  la  nation.  Vous  lui  ferez  connaître  en  même  temps  les 
dispositions  des  lois  des  assemblées  nationales,  qui  ont  été  renou- 


92  CORUESPOMDANCI-:  UK  XAl'OLKON  ^^  —  1815. 

velces  et  qui  s'appliquent  aux  membres  de  la  famille  des  Bourbons 
qui  entreraient  sur  le  territoire  français. 

Vous  remercierez  en  mou  nom  les  gardes  nationales  du  patrio- 
tisme et  du  zèle  qu'elles  ont  fait  éclater,  et  de  l'attacbement  qu'elles 
m'ont  montre  dans  ces  circonstances  importantes. 

Napoléon. 

Extrait  du  Moniteur  du  12  avril  1815. 


21797. —  NOTE  DICTEE  EN  CONSEIL  DES  MINISTRES. 

Paris,  12  avril  1815. 

Le  ministre  de  l'intérieur  réunira  le  comte  de  Sussy ,  le  comte 
Cbaptal  et  M.  Ferrier,  directeur  général  des  douanes,  pour  examiner 
la  question  des  enirepôls  et  des  ports  francs. 

Il  faudra  d'abord  bien  établir  les  différences  qui  se  trouvent  entre 
les  ports  francs  de  Marseille  et  de  Gènes,  et  les  entrepôts  réels,  tels 
qu'ils  existent  dans  plusieurs  de  nos  ports. 

Ces  différences  bien  constatées,  on  traitera  la  question  de  savoir 
s'il  est  convenable  de  convertir  la  plupart  de  nos  entrepôts  réels  en 
ports  francs  semblables  à  celui  qui  existait  à  Gênes. 

Si  cette  question  était  décidée  par  l'affirmative ,  le  port  franc  de 
Marseille,  tel  qu'il  a  été  rétabli  par  l'ordonnance  du  roi,  se  trouverait 
détruit;  il  serait  constitué  comme  celui  de  Gcnes  ,  et  nous  aurions 
trois  ou  quatre  ports  francs  en  France. 

11  convient  de  s'appliquer  dans  rorganisati(m  des  ports  francs  à 
simplifier  les  formalités,  à  éviter  les  lenteurs,  afin  que  les  versements 
des  caboteurs  ou  de  tous  aulres  bâtiments  puissent  se  faire  avec  le 
plus  de  célérité  et  le  moins  de  formalités  possible.  Le  but  (|u'i!  im- 
porte d'atteindre  est  que  toutes  les  espèces  d'expéditions  n'éprouvent 
pas  plus  de  relard  qu'elles  n'en  éprouvaient,  soit  sous  le  régime 
antérieur  à  la  Kévolution,  soit  sous  le  régime  do  la  dernière  ordon- 
nance du  roi. 

Si  la  discussion  conduit  à  ce  résultat,  qui  est  en  ce  moment  consi- 
déré comme  bypothétique,  il  faudra,  dans  un  rapport  d'apparat, 
exposer  les  inconvénients  qui  résulteraient  du  système  ancien  ou  du 
système  récent  pour  les  fabriques  de  France,  pour  celles  même  de 
Marseille,  et  spécialement  pour  la  ville  qui,  placée  pour  ainsi  dire 
hors  de  France,  éprouverait  des  gênes  sensibles  dans  son  commerce 
avec  l'intérieur.  Le  danger  pour  nos  manufactures,  en  général,  est 
d'une  évidence  palpable,  puisqu'il  résulte  de  l'impossibilité  de 
repousser  la  contrebande  des  marchandises  étrangères  du  même 
genre  que  les  nôtres. 


CORRKSPONDANCK   Dli  NAPOLEON  l".  —  1815.  9:j 

L'entrepôt  réel,  dans  le  temps  où  il  fut  accordé  h  un  grand  nombre 
de  ports  de  France,  fut  considéré  comme  un  bienfait.  Marseille 
n'en  jugea  pas  ainsi,  parce  qu'elle  compara  les  avantages  de  son 
entrepôt  réel  avec  ceux  du  port  franc  de  Gènes,  et  il  faut  reconnaître 
aujourd'hui  que  le  régime  du  port  franc  de  Gènes  est  beaucoup  plus 
favorable  au  commerce.  Dans  le  port  franc  de  Gènes,  les  négociants 
avaient  la  faculté  de  manipuler  à  leur  gré  leurs  marchandises;  dans 
l'entrepôt  réel,  on  ne  pouvait  pas  toucher  à  un  ballot  sans  le  concours 
des  agents  des  douanes.  Les  douaniers  n'entraient  pas  dans  le  port 
franc  de  Gênes;  ils  surveillaient,  ils  agissaient  à  toute  heure  dans 
l'entrepôt  réel  de  Marseille.  Dans  l'un,  ils  ne  gardaient  que  les 
portes  extérieures;  dans  l'autre,  ils  exerçaient  la  surveillance  sur  les 
marchandises  dans  quelque  lieu  qu'elles  fussent  placées.  Les  diffé- 
rences sont  essentielles. 

On  aura  donc,  en  résultat,  à  examiner  si  le  port  franc  tel  qu'il 
existait  à  Gènes,. et  qui  semble  devoir  satisfaire  tous  les  intérêts, 
répondra  aux  vœux  de  la  ville  de  Marseille.  On  pourrait  établir  des 
ports  francs  organisés  de  la  même  manière  à  Hayonne,  à  Bordeaux, 
à  Nantes  ,  à  Dunkerque,  etc. 

D'après  la  mimito.   Archivas  de  l'Empire. 


2179H.  —  AU  MAKÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  13  airil  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  reçu  votre  lettre  du  12  de  ce  mois,  dans  laquelle 
vous  me  faites  connaître  que  vous  manquez  d'armuriers.  Cependant 
le  préfet  de  police  m'a  rendu  compte  qu'un  grand  nombre  d'ouvriers 
s'est  rendu  aux  ateliers  et  y  a  élé  refusé.  Il  faudrait,  dans  ces  cir- 
constances, aider  un  peu  et  commander  un  grand  nombre  de  bois  de 
fusils  dans  le  faubourg  Saint-Antoine.  Les  ouvriers  se  procureraient 
le  noyer,  et,  dans  le  cas  oià  ce  bois  n)anqucrait,  on  pourrait  en  em- 
ployer un  autre.  On  m'assure  également  que  beaucoup  de  pièces  de 
rechange  pourraient  être  faites  par  des  ouvriers  chez  eux.  Il  faudrait 
donner  le  plus  d'extension  possible  à  ces  ateliers. 

Voici  nos  besoins  d'armes  :  la  Garde  va  être  augmentée  de 
20,000  hommes;  la  ligne  va  être  augmentée  de  100,000  vieux  sol- 
dats qui  arrivent;  enlin  les  200  bataillons  de  gardes  nationales,  ou 
120,000  hommes;  ce  serait  donc  240,000  fusils  qu'il  nous  faudrait 
avant  le  15  mai.  Je  suppose  que  toute  l'infanterie  actuelle  est  armée. 

Si  vous  avez  conlremandé  les  pistolets  et  les  carabines ,  et  si  les 


»♦     CORRESPONDAXCE  DE  NAPOLÊOX  I«r.  —  1815. 

réparations  vont  avec  une  activité  convenable ,  les  ateliers  doivent 
pouvoir  nous  fournir  cette  quantité  d'armes  vers  la  mi-mai. 
11  y  aura  aussi  quelques  gardes  nationales  à  former. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21709. —  AU  PRIXCK  CAMBACÉUÈS, 

CHARGÉ  DU  I'0RTEFEUIL1,K  DE  LA  JUSTICE,   A  l'ARIS. 

Pans,  14  avril  1815. 

Mon  Cousin,  je  désire  que  vous  fassiez,  pour  le  prochain  conseil 
des  ministres,  un  rapport  sur  la  situation  des  émigrés.  J'apprends 
qu'il  s'en  forme  des  rassemblements  en  différents  endroits.  Beaucoup 
de  ces  individus  jouissent  encore  de  leurs  biens  en  France.  H  est 
nécessaire  de  prendre  des  mesures  pour  les  réprimer,  car,  s'jls 
s'aperçoivent  qu'on  ne  fait  rien  pour  empêcher  leurs  rassemblements, 
ils  augmenteront,  et  déjà  ils  ont  plutôt  augmenté  que  diminué. 

Napoléon. 

D'après  la  copie  comm.  par  M.  le  duc  de  Cambacérès. 


21800.  —  AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris,  14  avril  1815. 

Monsieur  le  Comte Carnot,  je  vous  renvoie  un  rapport  du  ministre 
de  la  guerre,  du  13.  Je  ne  veux  point  de  régiment  provincial  en 
Corse,  mais  quatre  bataillons  de  chasseurs  organisés  comme  l'infan- 
terie légère.  Le  ministre  de  la  guerre  enverra  des  instructions  pour 
leur  habillement,  pour  cette  année;  et,  jusqu'à  ce  qu'on  y  ait  envoyé 
des  draps  du  continent,  ils  seront  habillés  avec  des  draps  du  pays. 
Les  officiers  à  demi-solde  seront,  la  plupart,  employés  en  F'rance, 
dans  le  royaume  de  Naples  ou  en  Italie. 

Il  est  sans  exemple  que  j'aie  autorisé  un  général  à  donner  autant 
de  décorations  de  la  Légion  d'honneur  qu'il  le  voudrait.  11  est  égale- 
ment inconvenant,  quant  à  la  comptabilité,  qu'aucun  individu  ait 
le  droit  illimité  de  tirer  sur  le  trésor  national.  Recommandez  au 
gouverneur  d'agir  avec  modération;  qu'il  laisse  marcher  l'adminis- 
tration selon  la  forme  accoutumée;  qu'il  ne  fasse  rien  d'extraordi- 
naire, à  moins  que  ce  ne  soit  indispensable;  qu'il  ne  change  même 
personne  de  place,  que  dans  le  cas  où  la  sûreté  du  pays  l'exigerait; 
qu'il  ne  change  également  rien  au  séjour  actuel  des  autorités.  Il  est 
nécessaire  qu'il  corresponde  fréquemment  avec  le  général  Dalesme, 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  95 

gouverneur  de  l'île  d'Elbe,  a6n  de  se  porter  mutuellement  les  secours 
que  les  circonstances  exigeraient. 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Archives  de  l'Empire. 


21801.  — AL'  COMTE  MOLLIEM,  ministre  du  trésor  public,  a  paris. 

Paris,  14  avril  1815. 

Monsieur  le  Comte  MoUien,  les  rentes  en  5  pour  100  consolidés 
sont  dues  à  la  princesse  Borghese,  à  la  princesse  Elisa  et  aux  princes 
de  ma  Maison  comme  i\  tous  les  autres  parliculiers  :  elles  doivent 
leur  être  payées;  cela  ne  peut  faire  une  question. 

Les  500,000  francs  de  rente  du  prince  Louis-Napoléon  lui  ont  été 
donnés  contre  des  biens  de  la  Hollande ,  cédés  à  la  caisse  d'amortis- 
sement. Il  faut  vous  faire  remettre  le  compte  de  cette  caisse.  Si  elle 
a  vendu  tous  les  biens,  il  n'y  a  aucun  doute  que  les  500,000  francs 
n'apparîiennent  au  prince  Louis-Napoléon  et  ne  doivent  lui  être  payés. 
Si,  au  contraire,  elle  n'a  vendu  qu'une  partie  de  ces  biens,  on  doit 
compter  de  clerc  à  maître,  et  restituer  à  la  caisse  d'amortissement  ce 
qui  lui  revient  et  réduire  la  rente  selon  le  montant  des  biens  vendus. 

Quant  aux  apanages,  il  n'est  rien  dû  aux  princes  depuis  le  1"  avril 
1814  jusqu'au  20  mars  1815,  si  ce  n'est  ce  qui  leur  a  été  alloué  par 
le  traité  de  Fontainebleau;  vous  devrez  en  faire  faire  le  décompte. 
Depuis  le  20  m.irs  jusqu'à  la  (in  de  1815,  je  réglerai  l'apanage  des 
princes  de  ma  Maison.  Enfin,  pour  l'arriéré  jusqu'au  1"  avril  1815, 
on  doit  payer  ce  qui  leur  est  du.  Dressez-en  des  états,  et  vous  me 
les  soumettrez. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™'  la  comtesse  Mollien. 


21802.— AU  COMTE  MOLLIEN,  ministre  du  trésor  public,  a  paris. 

Paris,  14  avril  1815. 

Monsieur  le  Comte  Mollien ,  indépendamment  des  pensions  pour  la 
maison  d'Espagne,  il  y  en  avait  encore  pour  la  maison  de  Carignan, 
pour  le  roi  de  Piémont  et  pour  plusieurs  princes  de  la  rive  gauche  du 
Rhin;  il  y  en  avait,  je  crois,  pour  la  duchesse  d'Orléans.  Il  faudrait 
me  faire  un  rapport  sur  tout  cela. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  comtesse  Mollien. 


96  CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

21803.  —  AU  COMTE  MOLLIEM ,  ministre  du  trésor  public,  a  paris. 

Paris,  14  avril  1815. 

Monsieur  le  Comte  Mollien  ,  je  vous  renvoie  votre  rapport  sur  les 
biens  des  communes.  Je  vois  qu'il  vous  reste  à  recouvrer  31  millions. 
11  faudrait  les  faire  figurer  dans  voire  encaisse,  ou  au  moins  pour 
mémoire,  comme  effets  de  commerce,  en  indiquant  à  quelles  épo(|ues 
ils  seront  disponibles.  Il  faudrait  aussi  que  le  relevé  eu  fût  l'ait  par 
département.  Ainsi  nos  ressources  se  composent  de  80  millions  de 
ventes  de  domaines  des  communes,  de  300  millions  du  crédit  donné 
sur  les  ventes  des  bois,  et  enfin  des  centimes  extraordinaires  de 
yuerre.  Je  désirerais  avoir  une  idée  de  ces  centimes.  Vous  les  évaluez 
à  60  millions;  nos  ressources  extraordinaires  s'élèveraient  donc  à 
440  millions  pour  solder  l'arriéré. 

Cet  arriéré  se  composerait,  i"  de  l'arriéré  de  tous  les  ministères 
dans  lequel  se  trouveraient  comprises  toutes  les  fournitures  faite» 
pour  le  coniple  de  la  guerre,  pour  l'approvisionnement  des  places  ou 
autres,  et  dont  les  bons  doivent  être  soldés  par  con)|)ensalion  ;  2"  de 
toutes  les  dettes  qu'ont  contractées  les  villes  pour  faire  face  aux 
charges  qui  leur  ont  été  imposées  par  l'ennemi.  Le  ministre  des 
finances  doit  déjà  avoir  demandé  aux  différents  ministres  l'état  de 
leur  arriéré  pour  l'examiner.  Le  ministre  de  l'intérieur  doit  avoir 
l'état  de  tout  ce  qui  est  dû  à  chaque  département  pour  fournitures 
faites  au  gouvernement,  avec  l'indication  de  ce  qui  a  déjà  élé  com- 
pensé et  de  ce  qui  reste  à  solder.  Enfin  il  doit  avoir  également  l'élat 
des  réclamations  que  font  les  villes  pour  fournitures  faites  à  Tennemi, 
et  l'on  doit  connailre  la  partie  qui  a  été  compensée  avec  les  receltes 
des  impositions  de  guerre,  et  ce  qui  reste  à  solder.  Pour  savoir  le 
parti  qu'il  y  a  à  prendre,  il  faut  avoir  tous  ces  états.  Il  est  nécessaire 
de  bien  établir,  par  département,  à  combien  se  montent  les  centimes 
de  guerre;  combien  il  a  été  recouvré  en  argent,  combien  en  bons; 
combien  il  reste  à  recouvrer,  et  combien  il  reste  de  bons  de  compen- 
sation à  solder.  Il  est  nécessaire  aussi  de  connaître,  déparlement  par 
département,  la  quantité  de  bois  mis  en  vente;  ce  qui  est  déjà  rentré 
au  trésor  en  argent,  et  ce  qui  doit  rentrer,  année  par  année.  Nous 
aurons  alors  tous  les  éléments  pour  arriver  promptement  à  une  liqui- 
dation; car  mon  intention  serait,  par  un  seul  décret,  de  solder  tout 
ce  que  je  dois  aux  départements  et  de  terminer  ainsi  cette  affaire. 
Nous  pourrons  finir  cette  opération  au  conseil  qui  aura  lieu  lundi  à 
deux  heures  après  midi. 

Napoléon, 

D'après  Vorigitial  coiiira.  par  M""  la  comtesse  Mollicii. 


CORRESPONDAMCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  97 

21804. —A.  M.  GAUDIN,   DUC  DE  GAETE, 

MINISTRE  DES  FINANCES,   A  PARIS. 

Paris,  14  avril  1815. 

Lundi  prochain,  à  deux  heures,  je  tiendrai  un  conseil  des  finances 
qui  achèvera  de  me  faire  connaître  notre  situation.  Voyez  Mollien  pour 
réunir  lous  les  renseignements.  Nous  aviserons  aux  moyens  d'arriver 
au  budget.  Vous  devez  avoir  demandé  aux  ministres  l'état  de  leur 
arriéré.  Demandez-leur  leur  budget  de  181i  et  celui  de  1815. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 

21805.  —A  M.   GAUDIN,  DUC  DE  GAETE, 

MINISTRE  DES  FINANCES,   A  PARIS. 

Paris,  Il  avril  1815. 

Vous  avez  parlé  hier  de  notes  sur  M"""  d'Orléans  et  M""  de  Bourbon . 
Je  vous  ai  chargé  d'un  travail ,  pour  mercredi  prochain  ,  sur  ces  prin- 
cesses. .Mais  je  crois  que,  sans  parler  de  leurs  dettes,  on  peut  d'abord 
régler  leur  pension  et  désigner  leur  résidence. 

D'après  la  minute,  .'irchives  de  l'Empire. 


21806. —  A  M.  GAUDIN,  DUC  DE  GAETE, 

MINISTRE  DES  FINANCES,  A  PARIS. 

Paris,  14  avril  181.'). 

Usez  de  tous  vos  moyens  pour  remettre  en  grande  activité  la  vente 
des  biens  des  communes.  Il  paraît  qu'il  y  en  a  encore  pour  52  mil- 
lions. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21807.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,   PlUNCE  D'ECKMUHL  , 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  14  avril  1815. 

Mon  Cousin,  il  faut  avoir  trois  équipages  de  ponts  :  en  Flandre, 
pour  les  rivières  de  la  Flandre;  à  Metz,  pour  les  rivières  de  la  Mo- 
selle, de  la  Meuse  et  de  la  Meurihe;  à  Strasbourg,  pour  le  Rhin. 
Faites-moi  connaître  ce  que  vous  avez  en  équipages  de  poufs ,  en 
personnel  de  pontonniers  ,  et  pressez  l'organisation  de  ce  service. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M'""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 

xxviu.  7 


98  CORRESPOMDAJVCE  DE  NAPOLÉON   I".  —  1815. 

21808.  —AU  VICE-AMIRAL  DUC  DEGRÉS, 

MINISTRE  DE  LA  MARIXE  ,  A  PARIS. 

Paris,  14  avril  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  votre  budget  a  été  réglé  pour  1815,  je 
crois,  à  70  millions.  Faites-moi  connaître  ce  que  vous  pouvez  faire 
avec  cette  somme.  Si  nous  avions  la  guerre,  il  serait  nécessaire  d'ar- 
mer une  partie  quelconque  de  nos  escadres,  tant  pour  conserver  les 
traditions  de  la  mer  que  pour  en  imposer  un  peu  à  l'ennemi  et  donner 
du  pain  à  nos  matelots.  Faites-moi  connaître  la  portion  de  nos 
escadres  à  Toulon,  à  Brest,  etc.,  que  vous  pouvez  armer  avec  les 
ressources  de  votre,  budget.  Faites-moi  connaître  également  le  parti 
que  vous  pouvez  tirer  des  hommes  de  la  marine  pour  la  défense  de 
Cherbourg,  de  Brest,  de  Dunkerque,  de  Lorient,  de  Rochefort  et  de 
Toulon.  Il  est  nécessaire  que  vous  adoptiez  un  système  où  tous  les 
ofGciers  de  vaisseau,  et  ceux  d'artillerie  qu'on  ne  pourrait  pas  em- 
barquer et  que  la  marine  paye,  fussent  employés  pour  la  délense  de 
nos  côtes  et  de  nos  établissements  de  mer. 


Napoléon. 


D'après  l'original  comm.  par  M™«  la  duchesse  Decrès. 


21809.   —  NOTE 

POUR  LE  MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES. 

Paris,  15  avril  1815. 

L'Empereur  demande  sur  le  roi  de  Naples  un  rapport  qui  embrasse 
tous  les  événements  de  la  dernière  campagne  (de  1814),  le  mal 
qu'il  a  fait  alors  à  la  France. 

L'Empereur  n'a  reçu  de  lui  aucune  marque  d'intérêt  et  pas  même 
de  souvenir  à  l'île  d'Elbe.  Il  n'était  pas  de  la  dignité  de  l'Empereur 
malheureux  d'aller  au-devant  de  lui. 

Le  palais  de  Naples  était  meublé  des  effets  les  plus  précieux  que 
l'Empereur  avait  placés  dans  son  palais  de  Rome. 

La  seule  communication  que  l'Empereur  ait  eue  avec  le  roi  de 
Naples  a  été,  en  partant  de  l'ile  d'Elbe,  pour  le  prier  de  recevoir  Ma- 
dame Mère. 

Parler  du  congrès  ,  en  favorisant  le  roi  de  Naples  autant  que 
possible. 

,  Faire  sentir  qu'il  voulait  s'emparer  de  l'Italie  ;  qu'il  a  attaqué  le  22 
les  Autrichiens,  quand  il  ignorait  absolument  la  position  de  l'Em- 
pereur. Cela  prouve  plus  que  toute  chose  qu'il  n'y  avait  aucun  accord 
entre  eux. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  !«'.  —  18  15.  99 

Ses  proclamations  au  nom  de  Joacbim  ont  fait  demander  à  Bologne 
et  à  l'Italie  si  leur  roi  légitime  était  mort.  Cette  conduite  impolitique 
a  paralysé  le  mouvement  national  de  l'Italie,  dont  les  principaux  ha- 
bitants, Gdèles  au  fond  du  cœur  à  l'Empereur,  n'ont  pu  voir  qu'avec 
regret  cette  levée  de  boucliers.  Le  roi  de  Naples  n'ayant  pu  donner 
aucune  explication  satisfaisante,  ayant  même  montré  de  la  haine  aux 
Italiens  qui  avaient  résisté  à  ses  séductions  en  1814,  l'opinion  de 
l'Italie  ne  l'a  point  secondé  ,  et  il  s'est  perdu. 

Les  agents  de  l'Autriche  se  sont  emparés  de  l'incertitude  des  es- 
prits, du  peu  de  disposition  qu'on  montrait  pour  le  roi  de  Naples,  et 
s'en  sont  fait  des  moyens  contre  lui. 

Ce  rapport  doit  être  fait  dans  toute  la  vérité.  Il  doit  contenir  quel- 
ques rapprochements  sur  la  conduite  injuste  de  l'Angleterre  et  de 
l'Autriche  envers  le  roi  de  Naples. 

Si  ce  rapport,  fait  pour  le  conseil  des  ministres,  était  dans  le  cas 
d'être  imprimé ,  on  en  retrancherait  les  choses  personnelles  qu'il  con- 
viendrait de  retrancher  par  égard  pour  le  roi. 

D'après  la  copie.  Archives  des  affaires  élrangères. 


21810.— AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRIXCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,    A  PARIS. 

Paris,  15  avril  1815. 

Mon  Cousin,  les  quatorze  régiments  de  cuirassiers  et  de  carabiniers 
doivent  avoir  7,000  chevaux.  Ils  en  ont  3,900;  ils  doivent  en  rece- 
voir, par  l'effet  des  marchés,  1,100  :  il  leur  en  manque  donc  2,000. 
Mon  intention  est  qu'ils  soient  fournis  par  la  gendarmerie.  Les  quinze 
régiments  de  dragons  doivent  avoir  7,500  chevaux.  Ils  en  ont  5,800; 
ils  doivent  en  recevoir,  par  les  marchés,  950  :  il  leur  en  manque 
donc  750.  Je  veux  qu'on  porte  ces  régiments  à  600  chevaux,  au 
lieu  de  500;  il  faudrait  donc  alors,  pour  les  quinze  régiments, 
9,000  chevaux,  et  il  leur  en  manquerait  2,250,  qui  leur  seraient  éga- 
lement fournis  par  la  gendarmerie.  Ainsi  la  gendarmerie  livrerait  en 
tout  4,250  chevaux.  Les  «jendarmes  seront  tenus  d'être  remontés 
dans  l'espace  de  quinze  jours. 

Cette  opération  se  ferait  de  la  manière  suivante.  Vous  répartiriez 
ces  4,250  chevaux  entre  toutes  les  légions.  La  première  légion  ,  par 
exemple,  qui  est  forte  de  660  chevaux,  serait  taxée  à  260;  130  de 
ces  chevaux  seraient  envoyés  au  4"  de  cuirassiers,  qui  est  à  Évreux, 
et  l'on  aurait  ainsi  130  hommes  montés,  qui  pourraient  se  rendre 

7. 


100         CORRESPONDANCE  DE   NAPOLÉON  1".  —  1815. 

aux  escadons  de  guerre;  les  autres  130  chevaux  seraient  donnés  au 
1*'  de  dragons,  qui  est  à  Laon,  et  130  hommes  se  trouveraient  égale- 
ment montés  sur-le-champ.  La  15*  légion,  du  département  du  Nord, 
est  forte  de  480  chevaux  :  elle  pourrait  être  taxée  à  200,  dont  100 
pour  le  10*  de  cuirassiers,  à  Lille,  et  100  pour  le  15*  de  dragons , 
à  Arras,  et  ainsi  de  suite.  Les  colonels  et  majors  qui  doivent  tirer 
des  chevaux  de  la  gendarmerie  iraient  les  choisir  en  en  passant  la 
revue.  Les  grands  seraient  pour  les  cuirassiers;  les  autres  pour  les 
dragons.  Cette  mesure  nous  procurerait,  en  peu  de  jours,  plus  do 
4,000  chevaux,  et  porterait  la  grosse  cavalerie  à  15,000  chevaux. 

La  cavalerie  légère,  moyennant  les  5,800  chevaux  qui  doivent 
être  réunis  au  dépôt  de  Versailles,  serait  de  16,800  chevaux,  les 
régiments  étant  de  600  chevaux;  mais  je  pense  qu'il  faut  les  mettre 
à  800,  ce  qui  porterait  la  cavalerie  légère  à  22,000  chevaux.  La 
plupart  des  régiments  ont  les  hommes  et  les  selles.  Ce  serait  donc 
environ  6,000  chevaux  à  répartir  sur  tous  les  déparlements  oîi  se 
trouve  la  cavalerie  légère.  Il  faudrait  les  payer  sur-le-champ. 

L'effectif  de  la  grosse  cavalerie  serait  donc  de  15,000  chevaux, 
celui  de  la  cavalerie  légère  de  22,000;  total,  37,000.  La  grosse 
cavalerie  serait  complétée  par  les  chevaux  pour  lesquels  on  a  des 
marchés  et  par  ceux  qui  doivent  être  livrés  par  la  gendarmerie.  La 
cavalerie  légère  serait  complétée  par  les  chevaux  pour  lesquels  il  y  a 
des  marchés,  par  les  5,800  chevaux  qui  doivent  être  réunis  au  dépôt 
de  Versailles,  enfin  par  les  6,000  chevaux  qui  seraient  fournis  par 
les  départements.  Ce  n'est  que  par  l'ensemble  de  tous  ces  moyens 
qu'on  pourrait  avoir  de  la  cavalerie,  et  il  faut  s'en  occuper  sans 
perdre  de  temps. 

Napoléox. 

D'api  es  l'original  comm.  par  M"**  la  maréchale  princesse  d'Ëckinubl. 


21811.  —  Al)  MARECHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  l'ARIS. 

Paris,  15  avril  1815. 

Mon  Cousin,  voilà  quinze  jours  de  perdus:  les  ateliers  d'armes 
ne  vont  pas;  il  faut  faire  travailler  à  domicile.  Il  y  a,  à  Paris,  autant 
d'appareilleurs  et  d'ébénistes  qu'il  en  faut;  donnez-leur  les  canons, 
baïonnettes,  baguettes  et  platines,  et  faites  un  prix  avec  eux  pour 
qu'ils  montent  chez  eux  les  fusils. 

La  proposition  que  vous  faites  en  premier  n'a  pas  besoin  de  mon 
consentement  :  il  serait  ridicule  de  penser  qu'un  pauvre  colonel  d'ar- 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLÉON   I".  —  1815.  101 

tillerie  puisse  seul  mener  une  machine  comme  celle-ci;  ce  n'est  pas 
un  major,  c'est  vingt  officiers  qu'il  faut  lui  donner  pour  le  seconder. 
J'avais  cru  que  votre  bureau  d'artillerie  avait  commencé  par  là.  Que 
le  colonel  Colty  reste  à  la  tète  de  cette  opération;  donnez-lui  quatre 
majors,  quatre  chefs  de  bataillon,  huit  capitaines,  seize  lieutenants; 
que  ces  officiers  d'artillerie,  dont  vous  ne  manquez  pas,  soient  sans 
cesse  à  organiser  les  ateliers,  à  recevoir,  à  vérifier,  à  préparer  des 
locaux,  à  requérir  les  ouvriers,  les  machines,  les  matériaux,  tout  ce 
qui  est  nécessaire.  Encore  une  fois ,  on  n'a  encore  rien  fait.  Tous  ces 
officiers  d'artillerie  que  vous  attacherez  ainsi  à  l'alelier  de  Paris  et  à 
celui  de  Versailles  seront  sous  votre  main  pour  être  envoyés  en  mis- 
sion partout  où  il  sera  nécessaire,  pour  activer  le  mouvement  des 
armes  portatives,  faire  marcher  les  convois,  et,  si  l'ennemi  s'avan- 
çait, faiue  évacuer  les  ateliers  de  Maubeuge  et  de  Charleville  sur 
Paris  ;  enfin  pour  faire  des  inspections  tous  les  huit  jours  dans  toutes 
les  manufactures,  afin  qu'on  expédie  sur  Paris  aussitôt  qu'il  y  aura 
500  fusils  de  prêts.  Je  suis  cependant  instruit  qu'il  y  en  a  en  ce  mo- 
ment un  plus  grand  nombre  à  Maubeuge;  la  guerre  pourrait  éclater, 
et  ces  fusils,  renfermés  dans  des  places  frontières,  ne  seraient  d'au- 
cune utilité.  Ne  m'écrivez  plus;  prenez  toutes  les  mesures  qui  sont 
nécessaires,  et  rendez-moi  compte  seulement  deux  fois  par  semaine 
de  ce  que  vous  aurez  ainsi  ordonné.  Vous  sentez  bien  que  vous 
n'avez  pas  besoin  de  mon  autorisation  pour  employer  20  ou  30  offi- 
ciers. Si  le  choix  des  locaux  était  un  obstacle,  prenez  les  casernes; 
on  pourra  cantonner  les  troupes  ou  les  loger  plus  loin;  prenez  les 
abattoirs,  prenez  des  églises,  les  anciennes  salles  de  spectacle,  etc. 
Mais  pour  tout  cela  il  faut  de  l'activité  et  du  moiide.  Chargez  un  bon 
quartier-maître  d'artillerie  ou  un  bon  commissaire  des  guerres  de  la 
comptabilité  des  ateliers.  11  est  fâcheux  que  tout  cela  n'ait  pas  été 
lait  il  y  a  vingt  jours.  Le  salut  de  rÉtat  est  attaché  aux  fusils,  puis- 
qu'avec  les  dispositions  actuelles  de  la  nation,  si  nous  avions  un  mil- 
lion de  fusils,  nous  les  emploierions  sur-le-champ,  il  faut  nous 
monter,  par  jour,  plusieurs  milliers  de  fusils;  vous  avez  près  de 
100,000  canons;  cela  ferait  donc,  dans  cinquante  jours,  100,000 
fusils  de  plus  que  vous  auriez. 

Si  les  locaux  de  Versailles  ne  vous  sont  pas  néce-^saires,  faites-les 
préparer  pour  recevoir  les  ouvriers  de  Maubeuge.  Ecrivez  à  l'entre- 
preneur, au  général  d'artillerie,  au  commandant  de  la  place,  au  com- 
mandant de  la  division  ,  (|u'aux  premières  hostilités  toute  la  manu- 
facture de  Maubeuge  ait  à  s'en  venir  à  Versailles.  Ordonnez  à 
l'entrepreneur  de  tenir  en  arrière ,  dans  les  places ,  ses  magasins  et 


102         CORRESPONDAMGIC   DE  NAPOLÉON  I".  _  1815. 

malériaux  précieux,  et  de  préparer  toutes  ses  mesures  pour  pouvoir 
les  transporter. 

Napoléox. 

D'après  l'original  comm.  par  AI""  la  maréchale  princesse  d'Eckmùhl. 


21812.  —  AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris,  15  avril  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  dans  le  travail  d'aujourd'hui,  j'ai 
ordonné  que  M.  le  baron  de  Lametli  partît  sans  délai  pour  Toulouse. 
Il  vient  de  me  représenter  que  c'est  lui  qui,  en  1790,  a  fait  la  mo- 
tion pour  la  suppression  des  parlements,  et  il  désire,  en  consé- 
quence, n'être  pas  envoyé  dans  une  ville  parlementaire.  Cette  raison 
me  paraît  bonne.  Je  désire  donc  que  vous  envoyiez  dès  demain  le 
baron  Lameth  à  Amiens,  oîi  il  a  à  s'occuper  de  l'organisation  des 
gardes  nationales.  Le  baron  Himbert-FIcgny  n'est  pas  assez  fort  pour 
Toulouse;  projiosez-moi,  sans  délai,  un  mouvement  dans  les  préfets 
pour  remplir  le  poste  de  Toulouse  et  pour  placer  le  baron  Himbert. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Archives  de  l'Empire. 

21813.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE   LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  16  avril  1815. 

Mon  Cousin  ,  je  vous  envoie  une  dépêche  télégraphique  qui  an- 
nonce que  le  drapeau  tricolore  flotte  à  Marseille.  Donnez  l'ordre  qn'à 
midi  il  soit  tiré  cent  coups  de  canon  aux  Invalides.  Vous  ferez  impri- 
mer la  dépêche  télégraphique  sur-ie-champ,  et  vous  la  ferez  répandre 
avec  profusion.  Vous  enverrez  l'ordre  à  Lille  et  à  Strasbourg  qu'on 
fasse  tirer  cent  coups  de  canon  dans  ces  deux  villes  et  sur  toutes  les 
places  de  nos  frontières.  Vous  donnerez  le  même  ordre  à  Brest 
pour  cette  ville  et  pour  toutes  les  places  de  la  côte. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""'  la  maréchale  princesse  d'Eckraûhl. 


21814.  —  ALLOCUTION  A  LA  GARDE  NATIONALE  DE  PARIS. 

Palais  des  Tuileries,  16  avril  1815. 

Soldais  de  la  garde  nationale  de  Paris,  je  suis  bien  aise  de  vous 
voir.  Je  vous  ai  formés,  il  y  a  quinze  mois,  pour  le  maintien  de  la 
tranquillité  publique  dans  la  capitale  et  pour  sa  sûreté.  Vous  avez 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON   I".  —  1815.         103 

rempli  mon  attente.  Vous  avez  versé  votre  sang  pour  la  défense  de 
Paris;  et,  si  des  troupes  ennemies  sont  entrées  dans  vos  murs,  la 
faute  n'en  est  pas  à  vous ,  mais  à  la  trahison,  et  surtout  à  la  fatalité 
qui  s'est  attachée  à  nos  affaires  dans  ces  malheureuses  circonstances. 

Le  trône  royal  ne  convenait  pas  à  la  France  :  il  ne  donnait  aucune 
sûreté  au  peuple  sur  ses  intérêts  les  plus  précieux;  il  nous  avait  été 
imposé  par  l'étranger.  S'il  eût  existé,  il  eût  été  un  monument  de 
honte  et  de  malheur.  Je  suis  arrivé,  armé  de  toute  la  force  du  peuple 
et  de  l'armée ,  pour  faire  disparaîlre  cette  tache  et  rendre  tout  leur 
éclat  à  l'honneur  et  à  la  gloire  de  la  France. 

Soldats  de  la  garde  nationale,  ce  matin  même  le  télégraphe  de 
Lyon  m'a  appris  que  le  drapeau  tricolore  flotte  à  Antibes  et  à  Mar- 
seille. Cent  coups  de  canon ,  tirés  sur  toutes  nos  frontières,  appren- 
dront à  l'étranger  que  nos  dissensions  civiles  sont  terminées;  je  dis 
les  étrangers,  parce  que  nous  ne  connaissons  pas  encore  d'ennemis. 
S'ils  rassemblent  leurs  troupes,  nous  rassemblons  les  nôtres.  Nos 
armées  sont  toutes  composées  de  braves  qui  se  sont  signalés  dans 
plusieurs  batailles  et  qui  présenteront  à  l'étranger  une  frontière  de 
fer,  tandis  que  de  nombreux  bataillons  de  grenadiers  et  de  chasseurs 
de  gardes  nationales  garantiront  nos  frontières.  Je  ne  me  mêlerai 
point  des  affaires  des  autres  nations  :  malheur  aux  gouvernements 
qui  se  mêleraient  des  nôtres  !  Des  revers  ont  retrempé  le  caractère 
du  peuple  français;  il  a  repris  cette  jeunesse,  cette  vigueur  qui,  il  y 
a  vingt  ans,  étonnaient  l'Europe. 

Soldais ,  vous  avez  été  forcés  d'arborer  des  couleurs  proscrites  par 
la  nation;  mais  les  couleurs  nationales  étaient  dans  vos  cœurs. 
Vous  jurez  de  les  prendre  toujours  pour  signe  de  ralliement  et  de 
défendre  ce  trône  impérial,  seule  et  naturelle  garantie  de  nos  droits  ! 
Vous  jurez  de  ne  jamais  souffrir  que  des  étrangers,  chez  lesquels 
nous  avons  paru  plusieurs  fois  en  maîtres,  se  mêlent  de  nos  consti- 
tutions et  de  notre  gouvernement  !  Vous  jurez  enfin  de  tout  sacrifier 
à  l'honneur  et  à  l'indépendance  de  la  France  ! 

Nous  le  jurons!  tel  a  été  le  cri  unanime  de  toute  la  garde  nationale. 
Extrait  du  Moniteur  du  17  avril  1815. 


21815.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  16  avril  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  ordre  au  général  Lecourbe  de  se  rendre  à 
Belfort  pour  y  prendre  le  commandement  des  six  divisions  d'infan- 


104         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  V'^.  —  1815. 

lerie  qui  se  réunissent  là.  La  cavalerie  sera  sous  ses  ordres.  Presse/ 
la  marche  des  troupes  qui  doivent  se  rendre  à  Belfort. 

Donnez  ordre  au  général  Dessaix  de  se  rendre  à  Chambéry,  pour 
prendre  le  commandement  de  la  division  qui  se  réunit  sur  ce  poinl. 
Donnez  de  nouveaux  ordres  pour  les  trois  divisions  qui  doivent  com- 
poser le  corps  des  Alpes;  qu'une  se  réunisse  à  Chambéry,  une  à 
Grenoble  et  l'autre  en  Provence.  Donnez  ordre  que  la  division  de 
cavalerie  se  porte  sur  la  ligne,  à  Chambéry.  Donnez  ordre,  à  Gre- 
noble, qu'on  prépare  toute  l'artillerie  du  corps  d'armée.  Donnez 
ordre,  par  une  estafette  extraordinaire,  au  général  qui  commande  à 
Lyon  de  diriger  la  division  Girard  sur  Chambéry  ou  Grenoble,  si 
elle  est  encore  à  Lyon.  La  division  Dessaix  se  réunira  à  Chambéry, 
et  les  troupes  qui  doivent  sortir  de  Provence  pour  cette  division  se 
mettront  en  grande  marche. 

Les  troupes  qui  viennent  de  Corse  resteront  en  Provence  el  for- 
meront la  division  de  Provence.  ^ 

Le  général  Grouchy  portera,  aussitôt  qu'il  pourra,  son  quartier 
général  à  Chambéry.  Le  général  Hrayer  prendra  le  commandement 
des  gardes  nationales  de  Lyon  et  de  la  19"  division. 

Enfin  donnez  Tordre  au  maréchal  Brune  de  se  rendre  à  Marseille 
et  dans  la  8'  division  :  il  aura  le  gouvernement  de  la  Provence. 

La  réunion  à  Chambéry  de  forces  composées  d'infanterie,  de  cava- 
lerie et  d'artillerie  est  indispensable,  ainsi  que  la  présence  d'un  corps 
de  troupes  à  Belfort,  tant  pour  agir  moralement  sur  la  Suisse  que 
pour  aider  à  ce  qui  se  passe  en  Italie. 

Napoléon, 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 

21816. —A  M.  GALDIN,  DUC  DE  GAETE, 

MINISTRE  DES   FINANCES,  A  PARIS. 

Paris.  16  avril  1815. 

Monsieur  le  Duc  de  Gaëte,  j'ai  consenti  avec  peine  à  remettre  le 
travail  à  jeudi.  Je  pense  qu'il  faudrait  toujours  avoir  un  travail  de- 
main pour  voir  où  nous  en  sommes.  Tous  les  services  de  la  guerre 
ne  marchent  pas,  parce  que  l'arriéré  arrête  tout.  Nous  prendrons  tou- 
jours quelque  détermination.  Venez  donc  demain  à  trois  heures  avec 
Mollien. 

Nai'oléox. 

/*.  S.  L'affaire  de  la  garde  nationale  est  très-importante. 
D'après  la  copie.  Arcliive8  des  finances. 


COIIRKSPONDANCK   DU  ÎVAP{)LI':OX  I«^  —  1815.  1(15 

21817.  —  AU  COMTE  BIGOT  DE  PUÉAMENEU, 

MINISTRE  DUS  CULTES,   A  PARIS. 

Paris,  n  avril  1815. 

Monsieur  le  Comte  Bigot  de  Préameneu,  puisque  l'évèque  de 
Vannes  a  donne  sa  démission ,  quel  inconvénient  y  aurait-il  à  l'ac- 
cepter? Cet  homme  était  mauvais,  il  suffirait  de  veiller  à  ce  que  le 
chapitre  donnât  ses  pouvoirs  à  un  homme  bien  intentionné. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comin.  par  M"'«  la  baronne  de  Nougarède  de  Fayet. 


21818. —AU  VICE-AMIRAL  DUC   DECRES, 

MINISTRE  DE  LA  MARIXE ,  A   PARIS. 

Paris,  n  avril  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  je  vous  renvoie  la  lettre  du  contre-amiral 
Lhermite;  faites-en  faire  des  extraits  pour  le  Moniteur.  Je  pense  qu'il 
est  néce.ssaire  que  vous  mettiez  en  commission  une  escadre  de  cinq 
vaisseaux  de  guerre  et  trois  frégates,  en  faisant  cependant  le  moins 
de  frais  possihie.  Vous  devez  ôler  l'amiral  Dumanoir  de  Toulon. 
Faites-moi  connaître  à  qui  on  pourrait  confier  le  commandement  de 
cotte  escadre. 

Il  serait  important  de  demander  des  dépêches  au  ministre  des  rela- 
tions extérieures  et  de  faire  partir  un  aviso  pour  Constanlinople,  afin 
d'apprendre  à  Buffin  ce  qui  se  passe.  Cet  aviso  passerait  par  Xaples, 
et  porterait  à  la  reine  des  lettres  du  prince  Joseph,  de  la  princesse 
Horlense  et  des  numéros  du  Moniteur  depuis  le  20  mars.  Envoyez  à 
la  Reine  un  capitaine  de  frégate  jeune  et  de  distinction,  qui  lui  por- 
terait des  nouvelles  et  reviendrait  sur  un  autre  Ivitiment.  L'aviso 
continuera  sa  route.  Envoyez  également  un  brick  à  Alger,  Tunis  et 
Maroc,  afin  de  donner  des  nouvelles  de  ce  qui  se  passe.  Prévenez- 
en  le  ministre  des  relations  extérieures  pour  qu'il  écrive.  Prévenez-le 
également  que  dans  huit  jours  vous  ferez  partir  un  autre  bâtiment 
pour  porter  des  nouvelles  aux  agents  en  Afrique. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comni.  par  M"'"  la  duchesse  Decrès. 


21819.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  n  avril  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  ordre  que  les  24*  et  20'  régiments  se  ren- 


106         CORRESPONDANCE   DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 

dent  à  Chambéry  avec  le  général  Girard,  c'est-à-dire  le  7*  et  le  14"; 
qu'on  prenne  des  mesures  pour  cantonner  ces  troupes  au  1"  mai; 
qu'on  leur  fournisse  douze  pièces  d'artillerie  de  Grenoble  et  une 
compagnie  de  sapeurs  ;  que  le  général  Girard  se  tienne  ainsi  en  avant 
de  Chambéry;  que  le  A"  de  hussards,  le  13''  de  dragons  et  le  10*  de 
chasseurs  rejoignent  cette  armée  sous  les  ordres  d'un  général  de  divi- 
sion de  cavalerie  et  de  deux  généraux  de  brigade;  que  le  général 
Dessaix  réunisse  sa  division  à  Grenoble,  de  manière  qu'au  1"  mai 
elle  puisse  venir  camper  ou  se  cantonner  en  avant  de  Chambéry;  on 
donnera  deux  autres  batteries  d'artillerie  au  général  Dessaix;  que  le 
général  Grouchy  porte  son  quartier  général  à  Chambéry  ;  il  aura  là 
sous  ses  ordres  huit  régiments  d'infanterie  et  trois  de  cavalerie;  que 
les  huit  régiments  qui  composeront  ces  deux  divisions  soient  portés 
chacun  à  quatre  bataillons,  ce  qui  fera  trente-deux  bataillons,  ou 
seize  bataillons  par  division;  qu'on  complète  d'abord  les  bataillons, à 
600  hommes  et  ensuite  à  840;  qu'une  compagnie  d'artillerie  légère 
du  régiment  qui  est  à  Valence  soit  attachée  à  ce  corps  d'armée.  Le 
corps  du  général  Grouchy  ou  le  7*  d'observation  sera  donc  ainsi  com- 
posé de  deux  divisions  d'infanterie,  formant  trente-deux  bataillons 
ou  25,000  hommes,  de  trois  régiments  de  cavalerie,  qui  seront 
portés  chacun  à  600  chevaux,  ce  qui  fera  1,800  chevaux,  de  trente 
pièces  de  canon  et  de  deux  compagnies  de  sapeurs,  avec  leurs  outils. 
Ce  corps  de  ligne  sera  augmenté  de  seize  bataillons  de  grenadiers 
ou  chasseurs,  à  prendre  sur  les  quarante-deux  du  Dauphiné,  lesquels 
seize  bataillons  seront  cantonnés  autour  du  fort  Barreaux,  comman- 
dés par  le  lieutenant  général  Chabert  et  deux  maréchaux  de  camp, 
et  ayant  douze  pièces  de  canon.  Ils  pourront  être  employés  active- 
ment jusqu'à  la  limite  des  montagnes,  c'est-à-dire  jusqu'au  mont 
Cenis.  Les  vingt-six  autres  bataillons  seront  distribués  de  la  manière 
suivante  :  un  bataillon  au  fort  Barreaux,  huit  bataillons  à  Briançon, 
six  bataillons  à  Mont-Lyon  ',  quatre  bataillons  à  Colmars,  sept  batail- 
lons à  Grenoble;  total,  vingt-six.  Les  bataillons  de  Briançon,  de 
Mont-Lyon  et  de  Colmars  seront  dans  chaque  place  sous  les  ordres 
d'un  maréchal  de  camp.  Aussitôt  que  ces  trois  divisions  seront  for- 
mées, elles  occuperont  les  crêtes  qui  dominent  les  Alpes  et  les  cols 
que  notre  comité  de  défense  désignera,  afin  d'obliger  l'ennemi  à  nous 
opposer  un  pareil  nombre  de  forces. 

Il  sera  formé,   en  Provence,   un  9*  corps,   qui  sera  composé  de 
trois  divisions;  chaque  division  sera  forte  de  trois  régiments.  A  cet 
effet,  vous  ordonnerez  que  deux  régiments  de  ceux  qui  étaient  desti- 
1  Mont-Dauphin. 


CORRESPOXDAIVCE   DE  NAPOLEON  I^r.  —  1815.  107 

nés  au  corps  des  Pyrénées,  où  il  paraît  que  nous  n'avons  rien  à 
craindre,  se  portent  dans  la  8"  division.  La  3*  division  sera  compo- 
sée de  douze  bataillons  de  grenadiers  de  gardes  nationales.  On  atta- 
chera à  ce  corps  un  régiment  de  cavalerie  qui  sera  également  retiré 
du  corps  des  Pyrénées.  Le  maréchal  Brune  commandera  le  9*  corps , 
en  même  temps  qu'il  sera  gouverneur  de  la  Provence.  On  lui  orga- 
nisera ,  à  Antibes  ou  à  Toulon ,  le  matériel  de  quatre  batteries  à  pied, 
c'est-à-dire  trente-deux  pièces  de  canon ,  et  il  y  sera  attaché  le  per- 
sonnel convenable. 

Le  général  Grouchy ,  que  je  viens  de  faire  maréchal  de  France  , 
prendra  des  mesures  pour  faire  déserter  les  Piémontais ,  et  il  mena- 
cera de  se  porter  sur  le  mont  Cenis,  cette  diversion  devenant  utile  au 
roi  de  Naples,  qui  paraît  décidément  être  aux.  mains  avec  l'Autriche. 

Napoléox. 

D'après  l'original  comm.  par  M°"la  mardcliale  princesse  d'EckmiihI. 


21820.  —  AU  PRINCE  CAMBACÉRÈS, 

CHARGÉ    DU    PORTEFEUILLE    DE    LA    JUSTICE,    A    PARIS. 

Paris,  18  avril  1815. 

Mon  Cousin  ,  je  désire  que  vous  m'apportiez  demain,  au  conseil, 
nn  rapport  avec  votre  opinion  sur  les  objets  suivants  : 

1°  Un  grand  nombre  d'individus  refusent  le  serment;  par  exem- 
ple, le  sieur  Dambray.  Que  faut-il  faire  à  l'égard  de  leurs  personnes 
et  de  leurs  biens  ? 

2"  Un  grand  nombre  de  Français  ont  suivi  le  comte  de  Lille;  par 
exemple,  le  maréchal  Bellune,  les  généraux  Bordesoulle  et  Maison. 
On  leur  a  fait  des  insinuations  pour  rentrer;  ils  ont  répondu  qu'ils 
ne  reviendraient  qu'à  la  tête  de  500,000  hommes.  Des  agents  civils 
sont  dans  le  même  cas;  par  exemple,  le  comte  de  Scey,  ancien  pré- 
fet du  Doubs,  qui  donne  des  ordres  dans  ce  département  en  se  qua- 
lifiant de  commandant  pour  le  roi.  D'autres  individus  sont  en  Espagne. 
Comment  doit-on  agir  sur  leurs  personnes  et  sur  leurs  biens? 

3°  Des  agents  employés  à  l'étranger ,  rappelés  par  le  duc  de 
Vicence,  ont  déclaré  vouloir  continuer  à  porter  la  cocarde  blanche 
et  à  servir  le  comte  de  Lille  :  comment  agira-t-on  sur  leurs  personnes 
et  sur  leurs  biens  ? 

Après  avoir  discuté  ces  questions ,  proposez-moi  des  mesures  effec- 
tives et  conformes  à  ce  qu'exigent  la  loi  de  l'Etat  et  les  circonstances. 

Napoléon. 

D'après  la  copie  comm.  par  M.  le  duc  de  Cambaccrès. 


108  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON   I".  —  1815. 

21821.  — AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRIMCP]  D'ECKMUHL  , 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,   18  avril  1815 

Mon  Cousin,  je  reçois  votre  lettre  du  17  avril.  Donnez  des  ordres 
sur-Ie-chanip  à  tous  les  généraux  commandant  les  divisions  militaires 
pour  qu'ils  fassent  passer,  par  les  maréchaux  de  camp  commandant 
leurs  départements,  des  revues  des  3"',  A"'  et  5"  bataillons  des  corps 
qui  sont  dans  la  division,  et  qu'ils  fassent  sur-le-champ  partir,  avec 
le  3'  bataillon,  tout  ce  qui  sera  disponible,  savoir  :  s'il  y  a  plus  de 
400  hommes,  on  fera  partir  tout  le  3*  bataillon,  en  ayant  soin  que 
le  cadre  soit  bien  complet  ;  s'il  n'y  a  que  200  hommes,  on  fera  par- 
tir trois  compagnies,  et,  aussitôt  qu'on  aura  les  200  autres,  on  fera 
partir  les  trois  dernières  compagnies.  Ces  bataillons  ou  demi-batail- 
lons se  mettront  en  marche  pour  se  diriger  sur  le  lieu  oià  sont  leurs 
bataillons  de  guerre.  Vous  comprenez  que  mon  but  est  de  grossir  le 
plus  tôt  possible  l'armée  active.  Vous  donnerez  ordre  également  que 
ces  maréchaux  de  camp  passent  la  revue  des  dépôts  de  cavalerie  et 
fassent  partir  tous  les  hommes  qu'il  y  aurait  aux  dépôts,  montés  et  en 
bon  élat ,  jusqu'à  la  concurrence  de  ce  qui  est  nécessaire  pour  com- 
pléter les  escadrons  de  guerre  à  150  chevaux  ou  le  régiment  à 
450  cavaliers.  Ainsi  il  n'y  aurait  que  10  hommes,  il  faut  qu'ils  les 
envoient.  Si,  au  contniire,  les  trois  escadrons  de  guerre  sont  à 
450  hommes,  les  maréchaux  de  camp  ne  feront  partir  du  4"  esca- 
dron que  des  compagnies  fortes  au  moins  de  60  hommes;  ils  atten- 
dront, s'il  le  faut,  qu'une  compagnie  ait  atteint  ce  nombre  pour  la 
faire  partir  ;  mais  je  pense  qu'il  y  a  bien  peu  de  régiments  qui  aient 
ce  nombre  de  450  hommes  à  l'armée,  et  qu'ainsi  tout  ce  qui  est 
disponible  dans  les  dépôts  pourra  partir;  ce  qui  augmentera  de  12  à 
1500  chevaux  notre  cavalerie  active.  Vous  ordonnerez  aux  généraux 
de  division  et  maréchaux  de  camp  de  renouveler  cette  opération  tous 
les  huit  jours,  afin  de  faire  partir  chaque  semaine  des  détachements 
pour  renforcer  l'armée  active. 

Napoléon. 

D'après  l'oriyinal  comm.  par  M""'  la  marécliale  princesse  d'EckmiJhl. 


21822.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,    18  avril  1815. 

Mon  Cousin,   donnez  ordre  à  Lemarois   de  faire  partir  sur-le- 
champ  les  deux  régiments  qui  sont  au  Havre  et  ceux  de  Cherbourg. 


CORUESPOi\DANGE   DE  NAPOLEOM   I".  —  1815.  109 

Les  dépôts,  les  bons  citoyens  de  la  Normandie  et  les  troupes  de 
marine  suffiront  d'abord  pour  garder  ces  places,  et  d'ailleurs  ils  vont 
recevoir  le  décret  sur  les  gardes  nationales;  mais  il  est  important 
que  nos  troupes  soient  sur  les  frontières.  Actuellement  que  le  Midi 
est  pacifié,  donnez  l'ordre  positif  que  tous  les  régiments  qui  se  trou- 
vent de  ce  côté  se  rendent  à  la  destination  que  je  leur  ai  donnée. 
Tous  les  régiments  qui,  sans  se  détourner  de  plus  de  trente  lieues, 
peuvent  passer  par  Paris,  vous  les  ferez  passer  par  cette  ville.  Don- 
nez des  ordres  pour  que,  aussitôt  que  les  3*'  bataillons  des  régiments 
seront  complétés  à  plus  de  400  hommes,  on  les  mette  en  marche 
pour  rejoindre  les  deux  premiers;  faites-moi  connaître  à  quels  batail- 
lons vous  donnerez  ces  ordres.  Toutes  les  nouvelles  d'Espagne  sont 
telles,  qu'il  n'y  a  absolument  rien  à  craindre  sur  cette  frontière,  et  je 
pense  que  les  3*'  ou  4."'  bataillons  seront  suffisants.  Faites-moi  con- 
naître où  se  trouvent  actuellement  les  régiments  qui  sont  sur  la  fron- 
tière des  Pyrénées,  infanterie  et  cavalerie.  Je  pense  qu'un  régiment 
de  cavalerie  à  Toulouse  et  un  à  Bordeaux  sont  suffisants,  d'autant 
plus  que  les  4"  et  5"  escadrons  des  six  régiments  dont  les  dépôts 
sont  dans  le  Midi  seront  bientôt  en  état  de  rendre  des  services.  Je 
pense  également  que  six  régiments  d'infanterie  suffiront,  d'autant  plus 
que  nous  les  renforcerons  des  3"  et  4"  bataillons  des  douze  régi- 
ments dont  les  dépôts  sont  de  ce  côté;  il  restera  donc  six  régiments 
disponibles.  J'en  ai  déjcà  envoyé  deux  en  Provence.  Je  pense  qu'il  est 
convenable  que  vous  me  proposiez  de  réunir  provisoirement  les  qua- 
tre autres  à  Avignon,  ainsi  que  le  régiment  de  cavalerie  qui  devien- 
dra disponible.  Cette  division  sera  là  en  réserve,  et  j'attendrai  que 
les  circonstances  se  décident  pour  lui  donner  une  destination.  11  fau- 
drait qu'à  Toulouse  on  préparât  pour  cette  division  douze  pièces  de 
canon. 

En  résumé ,  les  douze  régiments  des  Pyrénées  seront  employés  de 
la  manière  suivante  :  deux  se  rendront  en  Provence ,  au  0'  corps , 
ainsi  qu'un  régiment  de  cavalerie;  trois  seront  placés  à  Bordeaux, 
Bayonne,  Saint-Jean-Pied-de-Port ,  Pau,  etc.,  avec  un  régiment  de 
cavalerie  et  douze  pièces  de  canon.  Ces  régiments  formeront  des 
garnisons  et  surveilleront  les  frontières.  On  pourra  y  joindre  les  3"  et 
4*'  bataillons  de  tous  les  régiments  qui  sont  dans  le  Midi.  Cela  fera 
une  première  division.  Une  autre  division  sera  formée  de  trois  régi- 
ments placés  à  Montpellier,  Toulouse,  Bellegarde,  etc..  avec  un 
régiment  de  cavalerie  et  douze  pièces  de  canon.  La  3*  division  se 
réunira  à  Avignon;  elle  sera  composée  de  quatre  régiments,  d'un 
régiment  de  cavalerie  et  de  douze  pièces  de  canon.  Toutes  ces  trou- 


110         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I^^.  _  1815. 

pes,  même  la  division  d'Avignon  ,  feront  toujours  partie  du  corps  des 
Pyrénées;  mais  celte  division  d'Avignon  sera  toute  prête  à  se  porter 
sur  les  Alpes,  si  les  circonstances  le  rendaient  nécessaire.  Il  n'y  a  que 
ce  que  vous  enverrez  en  Provence  qui  ne  comptera  plus  dans  le  corps 
des  Pyrénées. 

Napoléom. 

D'après  l'original  coinm.  par  M""*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21823.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  18  avril  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  reçu  votre  rapport  du  16;  il  était  inutile  de  four- 
nir aucuns  fonds  pour  acheter  des  selles  aux  six  régiments  qui  sont 
au  delà  de  la  Loire;  il  n'est  aucun  régiment  de  cavalerie  qui  n'ait  en 
magasin  2  ou  300  selles.  Je  sais  qu'il  exisie  à  Metz,  et  dans  plu- 
sieurs autres  places,  de  grands  magasins  d'effets  d'équipement  pro- 
venant des  régiments  supprimés.  Je  vois  avec  peine  que  le  ministère 
de  la  guerre  n'a  aucun  renseignement  là-dessus.  Il  faut  que  les  chefs 
de  division  fassent  faire  des  recherches  à  cet  égard ,  et  vous  verrez 
que  nous  avons,  en  habillements  de  cavalerie,  plus  de  ressources 
que  vous  ne  pensez. 

L'état  des  selles  que  vous  m'avez  remis  n'est  pas  exact;  les  régi- 
ments ont  beaucoup  plus  de  selles  qu'ils  n'ont  d'hommes  et  de 
chevaux. 

Quant  à  la  remonte,  vous  ne  m'avez  pas  compris.  Dans  la  lettre 
détaillée  que  je  vous  ai  écrite  à  cet  égard,  je  vous  disais  que  les  colo- 
nels devaient  s'adresser  aux  préfels  pour  avoir  des  chevaux,  s'ils  n'en 
peuvent  trouver  par  des  marchés ,  en  leur  donnant  l'argent  qu'ils 
avaient  en  caisse  pour  cela.  Cette  opération  devrait  être  faite  en  huit 
jours.  Le  général  Bourcier  passant  des  marchés  avec  les  fournisseurs 
pour  6,000,  4,000  élant  fournis  par  la  gendarmerie,  voilà  13,000 
chevaux  par  ces  trois  moyens.  Indépendamment  de  cela,  on  s'en 
procurera  8,000  dans  les  déparlements;  nous  aurons  alors  20  à 
21,000  chevaux. 

Je  désire  que  tous  les  régiments  de  dragons  soient  complétés  à 
600  chevaux.  Il  faut  aussi  augmenter  la  cavalerie  légère.  Il  est  hors 
de  doute  que  les  régiments  de  cavalerie  vont  recevoir  beaucoup 
d'hommes,  puisqu'il  y  a  bien  10,000  hommes  de  cavalerie  en  congé. 
Il  est  donc  probable  que  chaque  régiment  recevra  2  ou  300  hommes. 
Il  faut  pourvoir  à  leur  habillement.   A  cet  effet,   mon  intention  est 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.         111 

d'utiliser  tous  les  habits  qui  sont  en  magasin,  provenant  des  régi- 
ments qui  ont  été  supprimés;  on  choisira  ceux  qui  approcheront  le 
plus  de  l'uniforme  des  régiments. 

Vous  n'avez  pas  besoin  de  faire  faire  des  selles;  je  suis  instruit 
qu'il  y  en  a ,  à  Paris,  un  grand  nombre  chez  les  marchands.  Mettez 
à  la  disposition  des  régiments  de  cavalerie  de  la  Garde  les  fonds 
qu'ils  doivent  avoir  pour  leur  remonte. 

Il  résulte  de  l'état  d'effectif  que  vous  m'avez  remis  que  les  régi- 
ments de  cavalerie  doivent  avoir  40,600  hommes  ,  qu'ils  n'en  ont  que 
37,700,  qu'il  manque  3,932  et  qu'il  y  en  aura  1,000  de  trop,  excé- 
dant le  complet.  Je  pense  que  vous  devez  laisser  les  régiments  dans 
l'état  où  ils  se  trouvent,  parce  que  ceux  qui  n'ont  pas  leur  complet 
ne  tarderont  pas  à  l'avoir,  au  moyen  des  anciens  soldats  qui  rentre- 
ront, et,  si  plus  tard  il  se  trouvait  des  régimenls  qui  ne  l'aient  pas, 
vous  y  pourvoiriez.  Mon  intention  est  d'avoir  30,000  chevaux  de 
cavalerie  légère.  Aussitôt  que  vous  aurez  les  situations  au  1""  avril, 
je  désire  que  vous  me  les  remettiez,  afin  que  je  parte  de  là  pour 
porter  quelques  régiments  au  delà  de  leur  complet.  Il  n'est  pas  stric- 
tement nécessaire  que  tous  les  régiments  soient  égaux;  il  faut  profiter 
des  circonstances,  et  l'espèce  de  passion  qu'on  a  en  général  pour  les 
hussards  en  rendra  le  recrutement  très-facile.  Pour  augmenter  les 
chevaux  :  par  exemple,  le  4*  hussards  a  960  hommes;  ordonnez 
qu'il  se  procure,  au  lieu  de  600  chevaux,  300  de  plus;  le  15*  de 
chasseurs  a  830  hommes;  accordez-lui  200  chevaux  de  plus.  Suc- 
cessivement, je  veux  porter  ma  cavalerie  légère  à  1,000  chevaux  par 
régiment. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""»  la  mardchale  princesse  d'Eckmiibl. 


21824.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE    DE  LA   GUERRE,    A   PARIS. 

Paris,  18  avril  1815. 

Mon  Cousin ,  j'ai  destitué  les  généraux  Souham ,  Dupont ,  Dessoles, 
Maison,  Edmond  Périgord,  d'Aultanne,  Monnier,  Loverdo,  Curto, 
Briche,  Leclerc,  etc.  Mon  intention  est  que  ces  généraux  soient 
effacés  des  contrôles,  des  pensions  de  retraite,  ou  de  réforme,  ou 
même  d'activité  qu'ils  auraient  obtenues. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm,  par  M"*  la  maréchale  princesse  d'Ëckmiihl. 


H2         CORRESPONDANCK  DE  NAPOLÉON   I".  —  1815. 
21825.  —AU  MAKÉCHAL  MASSÉNA,  PRINCE  D'ESSLING , 

A  M.4RSKII.LE. 

Paris,  18  avril  1815. 

J'ai  reçu  votre  lettre  du  13  et  celle  du  14  avril.  J'ai  vu  votre  pro- 
clamation avec  plaisir. 

Je  vous  remercie  d'avoir  conservé  Toulon  et  Antibes,  et  surtout 
Toulon.  J'ai  frémi  à  l'arlicle  de  votre  lettre  où  j'ai  vu  l'ordre  que  vous 
aviez  reçu  du  duc  d'Angoulême  de  livrer  ce  dépôt  précieux  aux  An- 
glais. Dans  le  premier  moment,  j'ai  envoyé  le  maréchal  Brune 
commander  dans  la  8"  division. 

Je  désire  beaucoup  vous  voir.  Si  l'état  de  votre  santé  ne  vous  rend 
pas  propre  à  autre  chose  qu'à  retourner  dans  le  Midi,  je  vous  y 
renverrai  de  Paris. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21826.  —  NOTE 

POUR  LE  MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES. 

Paris,  19  avril  1815. 

M.  Baudus  doit  partir  sur-le-champ  pour  se  rendre  au  golfe 
Jouan. 

Il  dira  au  roi  de  Naples  que  Sa  Majesté  désire  qu'il  choisisse  une 
campagne  agréable  entre  Grenoble  et  Sisteron  pour  y  habiter  jusqu'à 
l'arrivée  de  la  reine  et  jusqu'à  ce  que  les  nouvelles  de  Naples  soient 
arrêtées. 

Il  lui  témoignera  en  termes  hoimétes  et  réservés  les  regrets  que 
l'Empereur  éprouve  de  ce  que  le  roi  a  attaqué  sans  aucun  concert , 
sans  traité,  sans  aucune  mesure  prise  pour  pouvoir  instruire  les 
Odèles  sujets  d'Italie  de  ce  qu'ils  devaient  faire,  ni  les  diriger  dans  le 
sens  de  l'intérêt  commun. 

Le  roi  a  décidé  l'année  dernière  du  sort  de  la  France  en  paraly- 
sant l'armée  d'Italie ,  puisqu'il  en  est  résulté  une  différence  de 
60,000  hommes  à  notre  désavantage. 

Il  est  peu  convenable  que  le  roi  vienne  à  Paris. 

La  reine  doit  y  venir  avant  lui,  afin  que  le  public  s'accoutume  à 
sa  disgrâce. 

M.  Baudus  le  consolera  et  l'assurera  que  l'Empereur  oublie  tous 
ses  torts,  quelque  graves  qu'ils  soient,  pour  ne  voir  que  ses  mal- 
heurs. Mais  il  désire  ne  le  voir  venir  à  Paris  que  lorsque  tout  ce  qui 
le  concerne  sera  arrêté. 


■f 

I 


CORUESPONDAXCE   DE  NAPOLEOM  I".  —  1815.  113 

M,  Baudus  est  chargé  de  celle  mission  de  conGance,  parce  qu'on 
sait  qu'il  est  très-agréable  au  roi.  H  .correspondra  directement  avec 
le  ministre.  Il  peut  tout  dire  sur  la  conduite  privée  et  politique  du 
roi. 

M.  Baudus,  agent  de  l'Empereur,  doit  lui  faire  sentir  : 

Que,  si  l'Kmpereur  avait  voulu  qu'il  entrât  en  Italie,  il  lui  aurait 
fait  connaître  ses  intelligences  ; 

Que  des  proclamations  datées  de  Paris  auraient  produit  un  tout 
autre  effet  ; 

Qu'il  a  perdu  la  France  en  1814;  en  1815  il  l'a  compromise 
et  s'est  perdu  lui-même; 

Que  sa  conduite  en  1814  l'a  perdu  dans  l'esprit  des  Italiens, 
parce  qu'ils  ont  vu  qu'il  abandonnait  la  cause  de  l'Empereur. 

D'après  la  copie.  Archives  des  affaires  étrangères. 


21827.  —  AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris,  -20  avril  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  je  désire  que  vous  m'apportiez  ce  soir, 
avec  votre  opinion,  la  rédaction  définitive  d'un  projet  de  décret  qui 
contiendrait  les  disposiliou'S  suivantes  : 

Tous  les  maires ,  adjoints  et  membres  des  conseils  des  communes 
cesseront  leurs  fonctions  au  1"  mai. 

Les  préfets  présenteront  sur-le-champ,  en  remplacement,  des 
maires,  adjoints  et  conseillers  des  communes,  qui  aient  la  confiance 
du  peuple.  Ces  présentalions  seront  faites  par  les  préfets  à  des  com- 
missaires extraordinaires  qui  seront  envoyés  dans  chaque  division 
militaire. 

Les  commissaires  extraordinaires  se  présenteront  ensuite  dans 
chaque  chef-lieu  de  département,  et  nommeront  tous  les  maires, 
adjoints  et  conseillers  de  commune,  d'arrondissement  et  de  dépar- 
tement. 

11  y  a,  je  crois,  vingt-deux  divisions  militaires;  déjà  plusieurs 
commissaires  extraordinaires  s'y  trouvent.  Présentez-moi,  pour  com- 
pléter la  liste  de  ces  commissaires  extraordinaires,  des  conseillers 
d'Etat,  quelques  anciens  sénateurs,  comme  Pontécoulant,  Boissy 
d'Anglas;  quelques  membres  de  l'ancienne  chambre,  comme  Bedoch. 
Par  ce  moyen,  chaque  division  aura  un  commissaire. 

11  faut  que  ces  commissaires  puissent  partir  demain,  car  ce  renou- 
vellement de  tous  les  maires  est  de  la  plus  haute  importance, 
xxvui.  8 


114         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

Dans  un  autre  projet  de  décret,  je  désire  que  vous  me  proposiez 
les  dispositions  suivantes  :        « 

Tous  les  oflficiers  et  commandants  des  gardes  nationales  cesseront 
leurs  fonctions  au  l*"  mai.  Les  préfets  présenteront  sur-le-champ  à 
nos  commissaires  extraordinaires  les  nominations  à  faire  en  rempla- 
cement. 

Voyez  s'il  faudrait  prendre  la  même  mesure  pour  les  juges  de 
paix.  11  peut  y  avoir  des  plaintes  contre  les  juges  de  paix,  mais  je 
ne  pense  pas  qu'en  général  cette  classe  soit  dans  le  sens  du  parti 
royalisle. 

Je  crois  qu'à  la  prompte  exécution  de  ces  mesures  est  attaché  le 
salut  public. 

Préparez-moi  les  instructions  pour  les  commissaires. 

Même  opération  sur  les  sous-préfets.  Vous  me  proposerez  un  troi- 
sième projet  de  décret  pour  que  les  commissaires  les  renouvellent 
tous. 

Mes  commissaires  ne  s'arrêteront  pas  là.  Ils  feront  une  enquête 
sur  les  administrations  et  régies,  sur  les  payeurs,  percepteurs,  offi- 
ciers forestiers,  employés  de  l'enregistrement,  enfin  sur  tous  ceux 
qui  occupent  des  places  à  ma  nomination.  Ils  ôteront  sur-le-champ 
tous  ceux  qui  ont  des  dispositions  opposées  et  dont  le  salut  public 
commande  le  remplacement. 

Les  commissaires  feront  prêter  serment  aux  nouvelles  municipa- 
lités et  au  nouveau  corps  d'officiers  des  gardes  naUonales,  ef  revien- 
dront sur-le-champ  à  Paris,  où  ils  vous  rapporteront  toutes  les  no- 
minations qu'ils  auront  faites.  Vous  ferez  ensuite  régulariser  par  ma 
signature  tout  ce  qui  en  aura  besoin. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Archives  de  l'Empire. 


21828.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  20  avril  1815. 

Mon  Cousin,  ne  composez  le  comité  de  défense  que  des  généraux 
Dejean,  Marescot,  Rogniat  et  du  colonel  Bernard.  Ces  quatre  offi- 
ciers suffisent  :  à  eux  quatre,  ils  doivent  connaître  toute  la  France. 
Us  appelleront  tous  les  officiers  du  génie  qui  connaissent  plus  parti- 
culièrement des  localités.  Le  travail  que  je  demande  est  entièrement 
du  ressort  du  génie.  Je  désigne  Bernard,  parce  que,  étant  dans  mon 
cabinet  topographique,  il  sera  plus  à  même  de  demander  ce  dont 


CORRESPONDANCE   DE  iVAPOLÉO.V  I".  —  18  15.         115 

j'aurai  besoin.  Je  désire  qu'on  me  fasse  une  description  des  fron- 
tières, des  places  fortes,  des  inondations.  On  s'occupera  d'abord  de 
la  frontière  du  Nord  et  de  tous  les  ouvrages  de  campagne  à  faire  au 
Nord  et  sur  le  Rhin;  en  seconde  ligne,  sur  la  Somme  et  dans  les 
Vosges;  enfin  sur  le  Jura  et  les  Alpes. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"*  la  marëcbale  princesse  d'Eckmiihl, 

21829.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DR  LA  GCERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  20aBril  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  ordre  qu'on  arme,  qu'on  fortifie,  qu'on  ap- 
provisionne, enfin  qu'on  mette  à  l'abri  d'un  coup  de  main  Langres. 
Faites-moi  connaître  la  situation  de  Laon. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21830.  —  NOTE. 

Paris.  21  avril  1815. 

Le  décret  proposé  '  paraît  bien  conçu,  mais  il  est  inutile,  puisqu'il 
n'ajoute  rien  à  la  législation  existante  ;  il  n'est,  en  réalité,  qu'un  ordre 
du  ministre  de  la  justice. 

L'Empereur  juge  convenable  que  les  ministres  de  l'intérieur,  des 
affaires  étrangères,  de  la  police,  de  la  guerre  et  de  la  marine  en- 
voient au  ministre  de  la  justice  la  note  des  individus  qui  sont  dans 
le  cas  d'être  poursuivis,  avec  les  rapports,  pièces  ou  renseignements 
qui  autorisent  cette  disposition  à  leur  égard.  Ainsi  le  ministre  de  la 
guerre  enverra  les  pièces  relatives  aux  généraux  Maison,  Rorde- 
soulle  et  de  Bellune;  le  ministre  de  l'intérieur,  celles  qui  concernent 
le  sieur  Scey  ^  ;  et  le  ministre  des  affaires  étrangères,  la  déclaration 
faite  par  le  sieur  de  Talleyrand ,  ministre  en  Suisse,  de  rester  dans 
cette  qualité  au  service  de  Louis  XVlll. 

Le  ministre  de  la  justice,  en  conséquence  de  ces  oommuaications, 
ordonnera  aux  procureurs  généraux  de  faire  poursuivre. 

Il  est  important  de  mettre  en  mouvement  quelques  affaires  de  ce 

*  «  Projet  de  décret,  présenté  par  le  prince  Cambacérès ,  ministre  de  la 
justice,  relatif  aux  mesures  h  prendre  à  l'égard  des  généraux  qui  ont  suivi 
Louis  XVIII  et  des  personnes  qui  prétendent  exercer  son  autorité.  »  (Ahte  de 
l'original.) 

'•^  Ex-préfet  du  Doubs. 

8. 


116         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

genre,  afin  de  fixer  le  vague  qui  exisle  encore  dans  les  idées  sui- 
cette  sorte  de  délit.  On  aura  soin  de  faire  faire  mention  dans  les 
papiers  publics  du  commencement  des  procédures. 

D'après  l'original.  Archives  des  affaires  étrangères. 


21831.  —DECRET. 

Palais  de  l'Elysée.  22  avril  1815. 

Article  premier.  H  sera  organisé  un  ou  plusieurs  corps  francs 
dans  chacun  des  départements  frontières  de  l'Empire. 

Ces  corps  francs  porteront  le  nom  de  leur  département,  et,  dan* 
les  départements  où  il  y  en  aura  plusieurs,  ils  se  distingueront  par  le 
numéro  d'ordre  de  leur  formation. 

Art.  2.  Les  individus  qui  auront  les  qualités  nécessaires  pour 
lever  un  corps  franc  s'adresseront  au  ministre  de  la  guerre  ou  au 
préfet.  Le  préfet,  après  s'être  concerté  avec  le  commandant  du  dé- 
partement et  le  commandant  de  la  gendarmerie,  enverra  au  ministre 
de  la  guerre  son  rapport  sur  les  services,  l'expérience  et  la  capacité 
de  l'officier  qui  aura  demandé  à  lever  un  corps  franc,  ainsi  que  sur 
l'influence  dont  il  jouit  dans  le  département. 

Art.  3.  Les  officiers  admis  à  lever  un  corps  franc  seront  brevetés 
par  nous.  L'officier  breveté  par  nous  pour  lever  un  corps  franc 
pourra  donner  des  commissions  de  capitaines,  lieutenants,  sous-lieu- 
tenants et  sous-officiers.  11  enrôlera  des  hommes  de  bonne  volonté, 
soit  parmi  les  gardes  nationales  qui  ne  font  pas  partie  des  compa- 
gnies actives,  soit  parmi  les  soldats  en  retraite,  soit  parmi  les  gardes 
forestiers  et  autres  employés,  sous  quelque  titre  que  ce  soit;  bien 
entendu  que  ceux-ci  ne  pourront  être  distraits  de  leurs  fonctions 
qu'au  moment  oii  le  département  serait  envahi. 

Art.  4.  L'infanterie  et  la  cavalerie  de  ces  corps  seront  organisées 
comme  l'infanterie  et  la  cavalerie  des  troupes  légères. 

Ces  corps  ne  seront  tenus  à  aucun  uniforme  régulier. 

Le  maximum  de  leur  formation  sera  de  1 ,000  hommes  pour  l'in- 
fanterie et  de  300  pour  la  cavalerie. 

L'infanterie  sera  armée  indifféremment  de  fusils  de  guerre  et  de 
fusils  de  chasse.  La  cavalerie,  étant  de  l'arme  des  lanciers,  aura 
une  lance  sans  banderole. 

Art.  5.  Les  corps  francs  s'armeront,  s'équiperont  et  se  monteront 
à  leurs  frais.  Us  ne  recevront  aucune  solde  ni  de  guerre  ni  de  paix; 
ils  auront  droit  aux  vivres  de  campagne,  mais  seulement  au  moment 
de  la  guerre. 


CORRKSPO^DANCf']   DE   NAPOLEOM  I".  —  1815.  117 

Art.  6.  Les  corps  francs  pourront  avoir  deux  pièces  de  canon  de 
ti  ou  de  4,  et  dans  ce  cas  le  matériel  leur  sera  fourni  de  no^  arse- 
naux. 

Ils  seront  toujours  tenus  d'avoir  avec  eux  dt  la  poudre  et  des 
balles  pour  600  coups. 

Art.  7.  Si  l'ennemi  venait  à  entrer  dans  un  de  nos  déparlements, 
les  corps  francs  se  placeraient  sur  ses  derrières  pour  intercepter  ses 
convois,  ses  courriers,  ses  ofliciers  d'ordonnance  et  aides  de  camp, 
et  tous  ses  hommes  isolés.  Ils  bivouaqueront  toujours  dans  les  bois, 
dans  les  lieux  escarpés  ou  sous  la  protection  des  places  fortes. 

Art.  8.  Tout  ce  que  les  corps  francs  prendront  sur  l'ennemi  sera 
de  bonne  prise  et  à  leur  profit.  Les  canons,  caissons  et  effets  mili- 
taires seront  achetés  par  l'État  au  prix  des  Irois  quarts  de  la  valeur. 
Chaque  prisonnier  fait  à  l'ennemi,  qu'ils  remettront  à  la  gendarmerie 
ou  au  dépôt  dans  les  placés  fortes,  leur  sera  payé  30  francs. 

Il  leur  sera  payé  :  100  francs  pour  chaque  lieutenant  ou  sous- 
lieutenant  qu'ils  prendront;  200  francs  pour  un  capitaine;  500  francs 
pour  un  chef  de  bataillon  ou  major;  1,000  francs  pour  un  colonel; 
2,000  francs  pour  un  général  ou  maréchal  de  camp;  4,000  francs 
pour  un  lieutenant  général. 

Les  prisonniers  qu'ils  feront  sur  les  officiers  civils  à  la  suite  de 
l'armée  ennemie  leur  seront  payés  suivant  l'assimilation  du  grade. 

Tous  trésors,  bagages,  qu'ils  prendront  leur  appartiendront. 

Tout  aide  de  camp,  officier  d'ordonnance,  courrier  ou  porteur 
d'ordres  de  l'armée  ennemie,  qu'ils  prendront  leur  seront  payés  à 
raison  de  2,000  francs. 

La  répartition  de  ces  sommes  et  profits  sera  faite  d'après  un  règle- 
ment que  dressera  notre  ministre  de  la  guerre  sur  les  principes  de 
partage  adoptés  pour  les  armements  en  course  dans  la  guerre  ma- 
ritime. 

Art.  9.  11  pourra  être  également  formé  des  corps  francs  dans  les 
départements  de  l'intérieur. 

Ils  ne  sortiront  de  leurs  départements  qu'au  moment  où  les  hos- 
tilités éclateraient,  et  ils  pourront  se  diriger  sur  la  frontière  de  leur 
choix,  en  prenant  les  ordres  du  ministre  de  la  guerre. 

Art.  10.  Nos  ministres  de  la  guerre  et  de  l'intérieur  sont  chargés 
de  l'exécution  du  présent  décret. 

Napoléon. 

D'après  la  copie  comm.  par  M.  le  comte  Daru. 


118  CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

21832.  —AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris.  22  avril  1815. 

Monsieur  ^e  Comle  Carnot,  vous  recevrez  un  décret  par  lequel 
j'ordonne  la  formation  de  deux,  régiments  de  lanciers  de  gardes  na- 
tionales dans  les  départements  du  Haut-Uhin  et  du  Bas-Rhin.  Écrivez 
à  Metz,  à  Nancy,  à  Épinal,  dans  les  3%  2%  4%  6%  7"  et  19"  divi- 
sions, pour  savoir  s'il  serait  possible  de  former  dans  chacune  un 
régiment  de  600  lanciers.  On  réunirait  plusieurs  divisions  mili- 
taires, s'il  le  fallait,  pour  former  un  régiment.  Les  hommes  devraient 
s'équiper  et  se  monter  à  leurs  frais.  Ecrivez  aussi  dans  l'Aisne,  dans 
la  Somme,  dans  le  Nord,  dans  les  départements  des  15«  et  14'  divi- 
sions. Si  cette  mesure  pouvait  se  généraliser,  elle  nous  offrirait  de 
grands  avantages,  puisqu'elle  fournirait  une  masse  de  cavalerie  suf- 
fisante pour  mettre  les  départements  à  l'abri  des  troupes  légères. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Archives  de  l'Empire. 


21833.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  22  avril  1815. 

Mon  Cousin,  à  l'assemblée  du  mois  de  mai  qui  aura  lieu  vers  le 
25  mai,  mon  intention  est  de  donner  des  aigles  à  tous  les  régiments. 
Voyez  à  faire  faire  ces  aigles  sans  délai.  Il  faudra  faire  inscrire  sur 
chaque  aigle  les  batailles  où  s'est  trouvé  le  régiment.  Faites-moi  con- 
naître s'il  serait  possible  de  rendre  ;i  chaque  régiment  son  numéro. 
Je  ne  tiens  pas  à  suivre  exactement  une  série  de  numéros,  mais  je 
trouve  que  c'est  un  grand  malheur  que  d'avoir  ôté  aux  régiments  le 
numéro  sous  lequel  ils  ont  été  cités  dans  les  bulletins  de  la  Grande 
Armée.  Remettez- moi  un  état  qui  me  fasse  voir  si  cela  peut  être 
rétabli  sans  inconvénient. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21834.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  22  avril  1815. 

.  Mon  Cousin,  Château-Thierry,  Vitry  et  la  Fère  seront  prorapte- 
ment  mis  à  l'abri  d'un  coup  de  main.  Il  est  donc  urgent  que  vous  y 
envoyiez  sur-le-champ  un  commandant  d'armes,  un  officier  du  génie 


CORRESPONDANCE  DE  MAPOLÉO.V   ^^  —  1815.         119 

et  un  officier  d'artillerie,   et  que  vous  donniez  ordre  d'armer  ces 
places,  afin  qu'elles  soient  à  l'abri  d'un  coup  de  main  au  15  mai. 

Napoléon. 

D"a])rè8  l'original  corara.  par  M"'"  la  maréchale  princesse  d'Eckraiilil. 


21835.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRIXCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  2-2  avril  1815. 

Mon  Cousin,  je  reçois  votre  lettre  sur  le  parc  de  Sampigny.  Je 
vois  que  nous  avons  900  voitures  et  3,000  harnais.  Je  pense  que  ce 
parc  est  très-mal  placé  à  Sampigny.  L'inconvénient  que  cet  empla- 
cement nous  oifre  aujourd'hui,  il  nous  l'offrira  toujours.  11  faudrait 
choisir  sur  la  Loire  un  point  au  milieu  d'une  grande  forêt,  et  dans 
cette  hypothèse  faites-moi  connaître  si  Orléans  conviendrait,  ou  sur 
la  Seine,  entre  Saint-Germain  et  Rouen,  un  point  situé  au  milieu  des  • 
bois.  Faites  faire  des  recherches  dans  l'une  et  fautre  direction. 

Je  vous  autorise  à  faire  évacuer  tout  ce  qui  ne  i)eut  pas  être  réparé 
et  mis  en  état  pour  le  15  mai,  et  à  laisser  tout  ce  qui  pourra  servir 
à  cette  époque. 

Je  vois  que  nous  avons  quatre  régiments  du  train  des  équipages 
militaires,  chacun  de  huit  compagnies,  chaque  compagnie  de  40  voi- 
tures, ce  qui  ferait  1,300  voitures.  Il  sera  difficile  de  pouvoir  orga- 
niser à  Sampigny,  d'ici  au  15  mai,  ce  nombre  de  voitures.  Je  pense 
qu'il  faudrait  d'abord  organiser  quatre  régiments  à  quatre  compa- 
gnies, ce  qui  ferait  seize  compagnies  ou  G40  voilures. 

Il  faut  près  de  2,000  honunes  pour  ces  seize  compagnies;  il  en 
existe  1,000;  c'est  donc  1,000  hommes  à  avoir,  et  il  est  à  espérer 
qu'on  pourra  les  avoir  d'ici  au  15  mai. 

Il  faudra  à  peu  près  3,000  chevaux;  il  en  existe  300;  1,800  doi- 
vent être  fournis;  c'est  donc  900  chevaux  à  acheter.  Je  vous  auto- 
rise à  faire  cet  achat. 

11  faut  640  voitures;  il  y  en  a  240  à  Strasbourg  et  à  Paris,  et  il 
est  probable  que,  sur  les  900  voitures  qui  sont  à  Sampigny,  400  se- 
ront en  état  d'ici  au  15  mai. 

11  faut  3,000  harnais;  ils  existent. 

Ainsi  faites  organiser  à  Sampigny  seize  compagnies,  640  voitures, 
3,000  chevaux,  3,000  harnais,  et  dirigez  tout  le  reste,  voitures, 
matériel,  harnais,  sur  le  point  que  vous  me  proposerez  sur  la  Loire 
ou  sur  la  Seine. 

610  voitures  peuvent  être  suffisantes  pour  le  premier  moment.  Il 
n'est  donc  question  que  d'acheter  900  chevaux;   faites-les  acheter 


120         CORRKSPONDANCK  DK  NAPOLÉOiV  1".  —  1815. 

autour  de  Sampigny.  Faites-moi  connaître  quand  on  j)ourra  faire 
partir  une  compagnie  pour  le  1",  pour  le  2%  pour  le  3",  pour  le 
4"  el  le  5*  corps.  11  serait  urgent  que  ces  compagnies  partissent.  Les 
voilures  qui  sont  à  Strasbourg  peuvent  être  destinées  au  5"  et  au 
6'  corps.  Celles  qui  sont  à  Paris  pourront  être  données  au  6'. 

Napoléon. 

D'après  l'original  coram.  par  W"^  la  maréchale  princesse  d'Eckraiilil. 


21836.  —AU  VICE-AMIRAL  DUC  DEGRÉS, 

MIXISTRR  DE  I,A  MARINE,  A  PARIS. 

Paris,  22  avril  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  j'ai  reçu  votre  rapport  du  15.  Il  me 
semble  que  d'ici  au  mois  de  septembre  on  ne  peut  penser  à  rien  faire 
pour  la  marine.  Je  crois  même  que  les  ordres  que  j'ai  donnés  pour 
mes  cinq  vaisseaux  à  Toulon,  s'ils  doivent  exiger  beaucoup  d'argent, 
pourraient  être  considérés  comme  non  avenus.  * 

Je  croyais  que  vous  étiez  porté  pour  70  millions  au  budget,  mais 
il  paraît  que  vous  n'y  êtes  que  pour  50.  Je  désirerais  que  ces  50  mil- 
lions fussent  employés  au  profit  de  l'armée  de  terre  et  de  la  défense 
de  l'Etat.  Tant  que  la  crise  ne  sera  pas  pai^sée,  il  est  de  peu  d'im- 
portance de  n'avoir  pas  de  vaisseaux  armés;  mais  je  ne  puis  pas 
laisser  sans  emploi  une  si  grande  quantité  de  braves  officiers.  Mon 
projet  est  donc  de  lever  60  à  80,000  hommes  sur  mes  côtes  et  d'y 
employer  tous  les  officiers  de  marine  et  tous  les  officiers  du  génie 
maritime  comme  officiers,  tous  les  ouvriers  qui  se  présenteront  et 
tous  les  anciens  matelots  comme  soldats.  Voilà  donc  une  organisa- 
tion de  forces  qui  ne  me  coûterait  que  pour  les  soldats,  mais  qui  ne 
me  coûterait  rien  pour  les  officiers.  Tous  ces  hommes  enrégimentés 
seraient  bien  d'une  autre  importance  que  les  gardes  nationales. 

Présentez-moi  donc  un  projet  de  décret  pour  réduire  vos  dépenses 
sur  les  50  millions  au  moins  qu'il  est  possible,  d'ici  au  mois  de  sep- 
tembre, et  pour  lever  : 

1°  4  ou  5,000  ouvriers,  qui  seront  formés  en  bataillons  séparés , 
consacrés  «à  la  défense  des  ports,  à  l'exception  de  ceux  qui  viendraient 
aider  à  l'armée  et  qu'on  placerait  à  la  suite  des  parcs; 

2"  Pour  compléter  le  corps  d'artillerie  au  moins  à  10  ou  12,000 
hommes,  de  manière  qu'on  puisse  le  faire  marcher  à  la  défense  des 
frontières; 

3"  Pour  lever  quarante  à  soixante  bataillons  d'équipages,  chaque 
bataillon  de  six  compagnies  et  chaque  compagnie  de  120  hommes, 
ayant  pour  ofûciers  et  sous-officiers  des  officiers  et  sous-officiers  de 


I 


CORRESPONDANCE   DE   NAPOLiiON  I".  —  1815.  121 

marine.  Deux  bataillons  d'équipages  formeraient  un  régiment;  un 
régiment  serait  commandé  par  un  capitaine  de  vaisseau  ou  par  un 
contre-amiral. 

J'aurais  ainsi  vingt  à  vingt-cinq  régiments  dont  la  moitié  pourrait 
être  appelée  à  une  armée  de  réserve,  ce  qui  m'offrirait  d'immenses 
avantages. 

60,000  hommes  ne  doivent  pas  coûter  plus  de  30  millions;  et 
comme  la  moitié  (la  dépense  des  officiers)  est  déjà  comprise  dans  la 
dépense  actuelle,  cela  ne  ferait  pas  une  dépense  extraordinaire  de 
plus  de  12  à  20  millions. 

Présentez-moi  donc  demain  un  projet  pour  former  de  bons  batail- 
lons d'ouvriers,  de  bons  bataillons  de  canonniers  et  de  bons  batail- 
lons d'équipages,  en  rappelant  tout  ce  qui  est  au  service  de  la  marine. 
Cela  sera  d'autant  plus  avantageux  que,  la  grande  crise  passée,  nous 
aurons  tous  ces  hommes  sous  la  main  pour  leur  faire  monter  nos 
vaisseaux. 

Dans  vos  états  de  la  marine ,  je  ne  vois  pas  le  nombre  d'hommes 
que  vous  soldez,  soit  comme  canonniers,  soit  comme  ouvriers,  soit 
comme  équipages.  Remettez-moi  cet  état  comparé  avec  ce  que  vous 
aviez  au  mois  de  mars  1814,  en  déduisant  ce  que  nous  avons  perdu 
avec  la  Hollande,  la  Belgique  et  Gènes. 

Faites-moi  connaître  la  solde  qu'il  faudra  donner  à  ces  soldats 
pour  être  équitable;  mais  il  me  semble  qu'y  compris  l'habillement 
cela  ne  s'éloigne  guère  du  taux  de  l'armée  de  terre. 

D'après  l'original  non  signé  coram.  par  M™»  la  duchesse  Decrès. 


21837.  —  AU  VICE-AMIRAL  DUC  DECRÈS, 

MIXISTRK    DE  LA    MARINE,   A    PARIS. 

Paris,  22  avril  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  prenez  les  mesures  nécessaires  pour  la 
Guadeloupe,  la  Martinique  et  Saint-Domingue,  conformément  aux 
ordres  que  je  vous  ai  donnés. 

Il  ne  s'agit  pas  de  m'écrire,  il  s'agit  de  faire  partir.  .Marchez  de 
l'avant;  tout  cela  devrait  être  fait. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"'*  la  duchesse  Decrès. 


21838.  —  AU  PRINCE   JOSEPH,  a  paris. 

Paris,  22  avril  1815. 

Mon  Frère,  je  vous  envoie  un  projet  de  constitution,  pour  vous 


122         CORRESPONDAiMCE   DE  NAPOLÉON  I«'.  —  1815. 

seul.  Si  vous  avez  quelques  observations  à  me  faire,  vous  me  les 
apporterez  ce  soir. 

Napoléon. 

D'aprè*  l'original  comm.  par  le  cabinet  de  S.  M.  l'Empereur. 

21839.  —  ACTE  ADDITIONNEL 

AUX  CONSTITUTIONS  DE  L'EMPIRE. 

Napoléon,  par  la  grâce  de  Dieu  et  les  consfitutions,  Empereur  des 
Français,  à  tous  présents  et  à  venir,  salut. 

Depuis  que  nous  avons  été  appelé,  il  y  a  quinze  années,  par  le 
vœu  de  la  France,  au  gouvernement  de  l'Etat,  nous  avons  cherché  à 
perfectionner,  à  diverses  époques,  les  formes  constitutionnelles, 
suivant  les  besoins  et  les  désirs  de  la  nalion,  et  en  profitant  des 
leçons  de  l'expérience. 

Les  constitutions  de  l'Empire  se  sont  ainsi  formées  d'une  série 
d'actes  qui  ont  été  revêtus  de  l'acceptation  du  peuple. 

Nous  avions  alors  pour  but  d'organiser  un  grand  système  fédé- 
ratif  européen,  que  nous  avions  adopté  comme  conforme  à  l'esprit  du 
siècle  et  favorable  au  progrès  de  la  civilisation.  Pour  parvenir  à  le 
compléter  et  à  lui  donner  toute  l'étendue  et  toute  la  stabilité  dont  il 
était  susceptible ,  nous  avions  ajourné  l'établissement  de  plusieurs 
institutions  intérieures  plus  spécialement  destinées  à  protéger  la 
liberté  des  citoyens.  Notre  but  n'est  plus  désormais  que  d'accroître 
la  prospérité  de  la  France  par  l'affermissement  de  la  liberté  publique. 
De  là  résulte  la  nécessité  de  plusieurs  modifications  importantes 
dans  les  constitutions,  sénatus-consultes  et  autres  actes  qui  régissent 
cet  Empire. 

A  ces  causes,  voulant,  d'un  côté,  conserver  du  passé  ce  qu'il  y  a 
de  bon  et  de  salutaire,  et,  de  l'autre,  rendre  les  constitutions  de 
notre  Empire  conformes  en  tout  aux  vœux  et  aux  besoins  nationaux, 
ainsi  qu'à  l'état  de  paix  que  nous  désirons  maintenir  avec  l'Europe, 
nous  avons  résolu  de  proposer  au  peuple  une  suite  de  dispositions 
tendant  à  modifier  et  perfectionner  ces  actes  constitutionnels,  à 
entourer  les  droits  des  citoyens  de  toutes  leurs  garanties,  à  donner 
au  système  représentatif  toute  son  extension,  à  investir  les  corps 
intermédiaires  de  la  considération  et  du  pouvoir  désirables;  en  un 
mot,  à  combiner  le  plus  haut  point  de  liberté  politique  et  de  sûreté 
individuelle  avec  la  force  et  la  centralisation  nécessaires  pour  faire 
respecter  par  l'étranger  l'indépendance  du  peuple  français  et  la 
dignité  de  notre  couronne. 


CORRESPONDAIVCE  DE  NAPOLEOM   I".  —  1815.  123 

En  conséquence,  les  articles  suivants,  formant  un  acte  supplé- 
mentaire aux  constitutions  de  l'Empire,  seront  soumis  h  l'acceptation 
libre  et  solennelle  de  tous  les  citoyens  dans  toute  l'étendue  de  la 
France. 

TITRE  I<'^ 

DISPOSITIONS  GKNÉRAI.KS. 

Article  premier.  Les  constitutions  de  l'Empire,  nommément  l'acte 
constitutionnel  du  22  frimaire  an  viii,  les  sénatus-consultes  des  li 
et  16  thermidor  an  x,  et  celui  du  28  floréal  an  xii,  seront  modifiées 
par  les  dispositions  qui  suivent.  Toutes  leurs  autres  dispositions  sont 
confirmées  et  maintenues. 

Art.  2.  Le  pouvoir  législatif  est  exercé  par  l'Empereur  et  par 
deux  chambres. 

Art.  3.  La  première  chambre,  nommée  Chambre  des  Pairs,  est 
héréditaire. 

Art.  4.  L'Empereur  en  nomme  les  membres,  qui  sont  irrévo- 
cables ,  eux  et  leurs  descendants  mâles ,  d'aîné  en  aîné ,  en  ligne 
directe. 

Le  nombre  des  Pairs  est  illimité. 

L'adoption  ne  transmet  point  la  dignité  de  Pair  à  celui  qui  en  est 
l'objet. 

Les  Pairs  prennent  séance  à  vingt  et  un  ans,  mais  n'ont  voix  déli- 
bérative  qu'à  vingt-cinq. 

Art.  5.  La  chambre  des  Pairs  est  présidée  par  l'archichancelier  de 
l'Empire,  ou,  dans  le  cas  prévu  par  l'article  51  du  sénalus-consulte 
du  28  floréal  an  xii ,  par  un  des  membres  de  celte  chambre  désigné 
spécialement  par  l'Empereur. 

Art.  6.  Les  membres  de  la  Famille  Impériale,  dans  l'ordre  de 
l'hérédité,  sont  P.iirs  de  droit. 

Ils  siègent  après  le  président. 

Us  prennent  séance  à  dix-huit  ans,  mais  n'ont  voix  délibérative 
qu'à  vingt  et  un. 

Art.  7.  La  seconde  chambre,  nommée  Chambre  des  Représentants, 
est  élue  par  le  peuple. 

Art.  8.  Les  membres  de  cette  chambre  sont  au  nombre  de  six 
cent  vingt-neuf. 

Ils  doivent  être  âgés  de  vingt-cinq  ans  au  moins. 

Art.  9.  Le  président  de  la  chambre  des  Représentants  est  nommé 
par  la  chambre,  à  l'ouverture  de  la  première  session.  Il  reste  en  fonc- 
tions jusqu'au  renouvellement  de  la  chambre. 


124         CORRESPONDANCE  DE   NAPOLEON   I".  —  1815. 

Sa  nomination  est  soumise  à  l'approbation  de  l'Empereur. 

Art.  10.  La  chambre  des  Keprésenlants  vérifie  les  pouvoirs  de 
ses  membres  et  prononce  sur  la  validité  des  élections  contestées. 

Art.  11.  Les  membres  de  la  chambre  des  Représentants  reçoivent 
pour  frais  de  voyage,  et  durant  la  session,  l'indemnité  décrétée  par 
l'Assemblée  constituante. 

Art.  12.  Ils  sont  indéfiniment  rééligibles. 

Art.  13.  La  chambre  des  Représentants  est  renouvelée  de  droit, 
en  entier,  tous  les  cinq  ans. 

Art.  14.  Aucun  membre  de  l'une  ou  de  l'autre  chambre  ne  peut 
être  arrêté,  sauf  le  cas  de  flagrant  délit,  ni  poursuivi  en  matière  cri- 
minelle ou  correctionnelle,  pendant  les  sessions,  qu'en  vertu  d'une 
résolution  de  la  chambre  dont  il  fait  partie. 

Art.  15.  Aucun  ne  peut  être  arrêté  ni  détenu  pour  dettes,  à  partir 
de  la  convocalion,  ni  quarante  jours  après  la  session. 

Art.  10.  Les  Pairs  sont  jugés  par  leur  chambre,  en  malière  cri- 
minelle ou  correctionnelle,  dans  les  formes  qui  seront  réglées  par 
la  loi. 

Art.  17.  La  qualité  de  Pair  et  de  Représentant  est  compatible 
avec  toutes  les  fonctions  publiques,  hors  celles  de  comptables. 

Toutefois  les  préfets  et  sous-préfets  ne  sont  pas  éligibles  par  le 
collège  électoral  du  département  ou  de  l'arrondissement  qu'ils  admi- 
nistrent. 

Art.  18.  L'Empereur  envoie  dans  les  chambres  des  ministres 
d'Etat  et  des  conseillers  d'Etat,  qui  y  siègent  et  prennent  part  aux  dis- 
cussions, mais  qui  n'ont  voix  délibérativc  que  dans  le  cas  où  ils  sont 
membres  de  la  chambre  comme  Pairs  ou  élus  du  peuple. 

Art.  19.  Les  ministres  qui  sont  membres  de  la  chambre  des  Pairs 
ou  de  celle  des  Représentants,  ou  qui  siègent  par  mission  du  Gouver- 
nement, donnent  aux  chambres  les  éclaircissements  qui  sont  jugés 
nécessaires,  quand  leur  publicité  ne  compromet  pas  l'intérêt  de  l'État. 

Art.  20.  Les  séances  des  deux  chambres  sont  publiques. 

Elles  peuvent  néanmoins  se  former  en  comité  secret  :  la  chambre 
des  Pairs,  sur  la  demande  de  dix  membres;  celle  des  Représentants, 
sur  la  demande  de  vingt-cinq.  Le  Gouvernement  peut  également 
requérir  des  comités  secrets  pour  des  communications  à  faire. 

Dans  tous  les  cas,  les  délibérations  et  les  votes  ne  peuvent  avoir 
lieu  qu'en  séance  publique. 

Art.  21.  L'Empereur  peut  proroger,  ajourner  et  dissoudre  la 
chambre  des  Représentants. 

La  proclamation  qui  prononce  la  dissolution  convoque  les  collèges 


CORRKSPOiMDAMGK    DE   NAPOLEO.V   l".  —   1815.         125 

électoraux  pour  une  élection  nouvelle,  et  indique  la  réunion  des  Repré- 
sentants dans  six  mois  au  plus  tard. 

Art.  22.  Durant  l'intervalle  des  sessions  de  la  chambre  des 
Représentants,  ou  en  cas  de  dissolution  de  cette  chambre,  la  chambre 
des  Pairs  ne  peut  s'assembler. 

Art.  23.  Le  Gouvernement  a  la  proposition  de  la  loi.  Les  chambres 
peuvent  proposer  des  amendements;  si  ces  amendements  ne  sont  pas 
adoptés  par  le  Gouvernement,  les  chambres  sont  tenues  de  voter  sur 
la  loi  telle  qu'elle  a  été  proposée. 

Art.  24.  Les  chambres  ont  la  faculté  d'inviter  le  Gouvernement  à 
proposer  une  loi  sur  un  objet  déterminé ,  et  de  rédiger  ce  qu'il  leur 
paraît  convenable  d'insérer  dans  la  loi.  Cette  demande  peut  èlre  faite 
par  chacune  des  deux  chambres. 

Art.  25.  Lorsqu'une  rédaction  est  adoptée  dans  l'une  des  deux 
chambres,  elle  est  portée  à  l'autre;  et,  si  elle  y  est  approuvée,  elle 
est  portée  à  l'Empereur. 

Art.  26.  Aucun  discours  écrit,  excepté  les  rapports  des  commis- 
sions, les  rapports  des  ministres  sur  les  lois  qui  sont  présentées  et 
les  comptes  qui  sont  rendus,  ne  peut  être  lu  dans  l'une  ou  l'autre 
des  deux  chambres. 

TITRE  II. 

DES  COLLÈGES  ÉLECTORALX  ET  DU  MODE  u'ÉLECTION. 

Art.  27.  Les  collèges  électoraux  de  département  et  d'arrondis- 
sement sont  maintenus,  conformément  au  sénatus-consulte  du  16 
thermidor  an  x,  sauf  les  modifications  qui  suivent. 

Art.  28.  Les  assemblées  de  canton  rempliront  chaque  année,  par 
des  élections  annuelles,  toutes  les  vacances  dans  les  collèges  élec- 
toraux. 

Art.  29.  A  dater  de  l'an  1816,  un  membre  de  la  chambre  des 
Pairs,  désigné  par  l'Empereur,  sera  président  à  vie  et  inamovible  de 
chaque  collège  électoral  de  département. 

Art.  30.  A  dater  de  la  même  époque,  le  collège  électoral  de 
chaque  département  nommera,  parmi  les  membres  de  chaque  collège 
d'arrondissement,  le  président  et  deux  vice-présidents,  A  cet  effet, 
l'assemblée  du  collège  de  département  précédera  de  quinze  jours  celle 
du  collège  d'arrondissement. 

Art.  31.  Les  collèges  de  département  et  d'arrondissement  nom- 
meront le  nombre  de  Représentants  établi  pour  chacun  par  l'acte  et 
le  tableau  ci-annexés'. 

1  Voir  le  Bulletin  des  Lois,  n»  19. 


i26  CORRESPOIVDANOE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

Art.  32.  Les  Représentants  peuvent  être  choisis  indifféremment 
dans  toute  l'étendue  de  la  France. 

Chaque  collège  de  département  ou  d'arrondissement  qui  choisira 
un  Représentant  hors  du  département  ou  de  l'arrondissement ,  nom- 
mera un  suppléant  qui  sera  pris  nécessairement  dans  le  département 
ou  l'arrondissement. 

Art.  33.  L'industrie  et  la  propriété  manufacturière  et  commer- 
ciale auront  une  représentation  spéciale. 

L'élection  des  Représentants  commerciaux  et  manufacturiers  sera 
faite  par  le  collège  électoral  de  département,  sur  une  liste  d'éligibles 
dressée  par  les  chambres  de  commerce  et  les  chambres  consultatives 
réunies,  suivant  l'acte  et  le  tableau  ci-annexés'. 

TITRE  IIL 

DE   LA  LOI  DE  l' IMPÔT.  , 

Art.  34.  L'impôt  général  direct,  soit  foncier,  soit  mobilier,  n'est 
voté  que  pour  un  an.  Les  impôts  indirects  peuvent  être  votés  pour 
plusieurs  années. 

Dans  le  cas  de  dissolution  de  la  chambre  des  Représentants,  les 
impositions  votées  dans  la  session  précédente  sont  continuées  jusqu'à 
la  nouvelle  réunion  de  la  chambre. 

Art.  35.  Aucun  impôt  direct  ou  indirect,  en  argent  ou  en  nature, 
ne  peut  être  perçu,  aucun  emprunt  ne  peut  avoir  lieu,  aucune  in- 
scription de  créance  au  grand-livre  de  la  dette  publique  ne  peut  être 
faîte  aucun  domaine  ne  peut  être  aliéné  ni  échangé,  aucune  levée 
d'hommes  pour  l'armée  ne  peut  être  ordonnée,  aucune  portion  du 
territoire  ne  peut  être  échangée,  qu'en  vertu  d'une  loi. 

Art.  36.  Toute  proposition  d'impôt,  d'emprunt  ou  de  levée 
d'hommes  ne  peut  être  faite  qu'à  la  chambre  des  Représentants. 

Art.  37.  C'est  aussi  à  la  chambre  des  Représentants  qu'est  porté 
d'abord,  1°  le  budget  général  de  l'Etat,  contenant  l'aperçu  des  recettes 
et  la  proposition  des  fonds  assignés  pour  l'année  à  chaque  dépar- 
tement du  ministère;  2°  le  compte  des  recettes  et  dépenses  de  l'année 
ou  des  années  précédentes. 

TITRE  IV. 

DES  ministres  ET  DE  LA  RESPONSABILITÉ. 

Art.  38.  Tous  les  actes  du  Gouvernement  doivent  être  contre- 
signés par  un  ministre  ayant  département. 
1  Voir  le  Bulletin  des  Lois,  no  19. 


CORRESPONDAiVCE   DK  NAPOLEON  I«^  -^  1815.  127 

Art.  39.  Les  ministres  sont  responsables  des  actes  du  Gouver- 
nement signés  par  eux,  ainsi  que  de  l'exécution  des  lois. 

Art.  40.  Ils  peuvent  être  accusés  par  la  chambre  des  Représen- 
tants, et  iis  sont  jugés  par  celle  des  Pairs. 

Art.  41 .  Tout  ministre,  tout  commandant  d'armée  de  terre  ou  de 
mer  peut  être  accusé  par  la  chambre  des  Représentants  et  jugé  par 
la  chambre  des  Pairs  pour  avoir  compromis  la  sûreté  ou  l'honneur  de 
la  nation. 

Art.  42.  La  chambre  des  Paris,  en  ce  cas,  exerce,  soit  pour 
caractériser  le  délit,  soit  pour  infliger  la  peine,  un  pouvoir  discré- 
tionnaire. 

Art.  43.  Avant  de  prononcer  la  mise  en  accusation  d'un  ministre, 
la  chambre  des  Représentants  doit  déclarer  qu'il  y  a  lieu  à  examiner 
la  proposition  d'accusation. 

Art.  44.  Cette  déclaration  ne  peut  se  faire  qu'après  le  rapport 
d'une  commission  de  soixante  meuibres  tirés  au  sort.  Cette  com- 
mission ne  fait  son  rapport  que  dix  jours  au  plus  tôt  après  sa 
nomination. 

Art.  45.  Quand  la  chambre  a  déclaré  qu'il  y  a  lieu  à  examen,  elle 
peut  appeler  le  ministre  dans  son  sein  pour  lui  demander  des  expli- 
cations. Cet  appel  ne  peut  avoir  lieu  que  dix  jours  après  le  rapport 
de  la  commission. 

Art.  4(3.  Dans  tout  autre  cas ,  les  ministres  ayant  département  ne 
peuvent  être  appelés  ni  mandés  par  les  chambres. 

Art.  47.  Lorsque  la  chambre  des  Représentants  a  déclaré  qu'il  y  a 
lieu  à  examen  contre  un  minislre ,  il  est  formé  une  nouvelle  commis- 
sion de  soixante  membres  tirés  au  sort,  comme  la  première,  et  il  est 
fait  par  cette  commission  un  nouveau  rapport  sur  la  mise  eu  accusa- 
tion. Celte  commission  ne  fait  son  rapport  que  dix  jours  après  sa 
nomination. 

Art.  48.  La  mise  en  accusation  ne  peut  être  prononcée  que  dix 
jours  après  la  lecture  et  la  distribution  du  rapport. 

Art.  49.  L'accusation  étant  prononcée,  la  chambre  des  Représen- 
tants nomme  cinq  commissaires,  pris  dans  son  sein,  pour  poursuivre 
l'accusation  devant  la  chambre  des  Pairs. 

Art.  50.  L'article  75  du  titre  VIII  de  l'acte  constitutionnel  du 
22  frimaire  an  viii,  portant  que  les  agents  du  Gouvernement  ne 
peuvent  être  poursuivis  qu'en  vertu  d'une  décision  du  Conseil  d'Etat , 
sera  modifié  par  une  loi. 


128         CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I^^  —  1815. 

TITRE  V. 

DU   POUVOIR  JUDICIAIRE. 

Art.  51.  L'Empereur  nomme  tous  les  juges.  Ils  sont  inamovibles 
et  à  vie,  dès  l'instant  de  leur  nomination,  sauf  la  nomination  des 
juges  de  paix  et  des  juges  de  commerce,  qui  aura  lien  comme  par 
le  passé. 

Les  juges  actuels  nommés  par  l'Empereur,  aux  termes  du  sénatus- 
consulte  du  12  octobre  1807,  et  qu'il  jugera  convenable  de  conser- 
ver, recevront  des  provisions  à  vie  avant  le  1"  janvier  prochain. 

Art.  52.  L'institution  des  jurés  est  maintenue. 

Art.  53.  Les  débats  en  matière  criminelle  sont  publics. 

Art.  54.  Les  délits  militaires  seuls  sont  du  ressort  des  tribunaux 
militaires. 

Art.  55.  Tous  les  autres  délits,  même  commis  par  les  militaires, 
sont  de  la  compétence  des  tribunaux  civils.  ' 

Art.  56.  Tous  les  crimes  et  délits  qui  étaient  attribués  à  la  baute 
cour  impériale,  et  dont  le  jugement  n'est  pas  réservé  par  le  présent 
acte  à  la  cbambre  des  Pairs,  seront  portés  devant  les  tribunaux  or- 
dinaires. 

Art.  57.  L'Empereur  a  le  droit  de  faire  grâce,  même  en  matière 
correctionnelle,  et  d'accorder  des  amnisties. 

Art.  58.  Les  interprétations  des  lois,  demandées  par  la  Cour  de 
cassation,  seront  données  dans  la  forme  d'une  loi. 

TITRE  VI. 

droits  dks  citoyens. 

Art.  59.  Les  Français  sont  égaux  devant  la  loi ,  soit  pour  la  con- 
tribution aux  impôts  et  charges  publiques,  soit  pour  l'admission  aux 
emplois  civils  et  militaires. 

Art.  60.  Nul  ne  peut,  sous  aucun  prétexte,  être  distrait  des  juges 
qui  lui  sont  assignés  par  la  loi. 

Art.  61.  Nul  ne  peut  être  poursuivi,  arrêté,  détenu  ni  exilé  que 
dans  les  cas  prévus  par  la  loi  et  suivant  les  formes  prescrites. 

Art.  62.  La  liberté  des  cultes  est  garantie  à  tous. 

Art.  63.  Toutes  les  propriétés  possédées  ou  acquises  en  vertu  des 
lois  et  toutes  les  créances  sur  l'I^ltat  sont  inviolables. 

Art.  64.  Tout  citoyen  a  le  droit  d'imprimer  et  de  publier  ses  pen- 
sées, en  les  signant,  sans  aucune  censure  préalable,  sauf  la  respon- 
sabilité légale,  après  la  publication,  par  jugement  parjurés,  quand 
même  il  n'y  aurait  lieu  qu'à  l'application  d'une  peine  correctionnelle. 


CORRKSPOMUAiVCE   DE  NAPOLÉON  I".  —  1815.  129 

Art.  G5.  Le  droit  de  pétition  est  assuré  à  tous  les  citoyens. 

Toute  pétition  est  individuelle. 

Ces  pétitions  peuvent  être  adressées,  soit  au  Gouvernement,  soit 
aux  deux  chambres;  néanmoins  ces  dernières  même  doivent  porter 
l'intitulé  :  A  Sa  Majesté  ^Empereur. 

Elles  seront  présentées  aux  chambres  sous  la  |]arantie  d'un  membre 
qui  recommande  la  pétition.  Elles  sont  lues  publiquement,  et,  si  la 
chambre  les  prend  en  considération ,  elles  sont  portées  à  l'Empereur 
par  le  président. 

Art.  GG.  Aucune  place,  aucune  partie  du  territoire  ne  peut  être 
déclarée  eu  état  de  siège  que  dans  le  cas  d'invasion  de  la  part  d'une 
force  étrangère  ou  de  troubles  civils. 

Dans  le  premier  c.is ,  la  déclaration  est  faite  par  un  acte  du  Gou- 
vernement. 

Dans  le  second  cas ,  elle  ne  peut  l'être  que  par  la  \o\. 

Toutefois,  si,  le  cas  arrivant,  les  chambres  ne  sont  pas  assem- 
blées, l'acte  du  Gouvernement  déclarant  l'état  de  siège  doit  être  con- 
verti en  une  proposition  de  loi  dans  les  quinze  premiers  jours  de  la 
réunion  des  chambres. 

Art.  67.  Le  peuple  français  déclare  que,  dans  la  délégation  qu'il 
a  faite  et  qu'il  fait  de  ses  pouvoirs,  il  n'a  pas  entendu  el  n'entend  pas 
donner  le  droit  de  proposer  le  rétablissement  des  IJourbons  ou  d'au- 
cun prince  de  celte  famille  sur  le  trône,  même  en  cas  d'extinction 
de  la  dynastie  impériale,  ni  le  droit  de  rétablir,  soit  l'ancienne  no- 
blesse féodale,  soit  les  droits  féodaux  et  seigneuriaux,  soit  les  dîmes, 
soit  aucun  culte  privilégié  et  dominant,  ni  la  faculté  de  porter  aucune 
atteinte  à  l'irrévocabilité  de  la  vente  des  domaines  nationaux.  Il  in- 
terdit formellement  au  Gouvernement,  aux  chambres  et  aux  citoyens 
toute  proposition  à  cet  égard. 

Donné  à  Paris  le  22  avril  1815. 

Napoi.éox. 

Extrait  du  Bulletin  des  Lois  du  23  avril  1815,  n"  19. 


21840.  —  AU  COMTE  CAKXOT,  mimstrk  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris  ,  24  avril  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  il  serait  convenable  d'ordonner,  dans 
chaque  département,  que  l'on  fabrique  une  certaine  quantité  de 
piques.  Faites-en  arrêter  le  modèle.  Cela  servirait  <à  défaut  de  fusils 
et  de  faux. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Archives  de  l'Empire. 

xxvni.  9 


130         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 
21841.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  I-A  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  24  avril  1815. 

Mon  Cousin,  réitérez  l'ordre  de  faire  partir  le  73*  de  Cherbourg, 
le  74"  de  Brest,  le  65",  le  45%  le  1 1«  de  dragons,  le  9''  et  le  3"  de  dra- 
gons, le  71*  et  le  67*;  supprimez  les  séjours,  et,  quand  les  étapes 
seront  petites  et  qu'ils  pourront  les  doubler,  autorisez-les  à  le  faire. 
Le  67"=,  qui  est  à  Vannes,  n'arriverait  que  le  21  mai;  c'est  bien  tard; 
il  faut  accélérer  le  mouvement  de  ces  troupes  et  défendre  que,  sous 
quelque  prétexte  que  ce  soit,  on  le  retarde. 

Réitérez  les  ordres  pour  que  le  6*  de  ligne,  le  48%  le  58*  et  le  83* 
accélèrent  leur  mouvement  sur  Belfort,  et  que,  sous  aucun  prétexte, 
personne  ne  les  retienne. 

Réitérez  également  les  ordres  au  5*  léger,  au  88*,  au  10*,  au  44*, 
qui  doivent  former  la  20*  division,  pour  qu'ils  accélèrent  leur  mou-' 
vement  sur  Paris.  Faites-moi  connaître  quand  la  21*  division,  c'est- 
à-dire  le  8*  léger,  le  15*  de  ligne,  le  26*,  le  61*  seront  arrivés  sur 
la  Loire  ;  quand  la  6*  division  de  réserve  sera  complétée. 

J'ai  vu  hier  le  1*"^  de  hussards;  pour  quel  corps  est-il  destiné?  Il 
pourrait  partir  demain  pour  s'y  rendre. 

Je  vous  prie  de  me  faire  faire  un  rapport  général  sur  la  composi- 
tion des  neuf  corps  :  que  cet  état,  en  forme  de  livret,  comprenne  la 
situation  des  différents  corps  au  15  avril,  indique  les  généraux  qui 
commandent  toutes  les  divisions,  le  nom  de  tous  les  régiments  et 
leur  force,  l'endroit  où  ils  se  trouvaient  au  15  avril,  le  jour  oii  ils 
seront  tous  rendus  aux  corps,  l'artillerie  et  le  génie  des  corps,  le 
matériel  de  l'artillerie,  ce  qu'il  doit  y  avoir  et  ce  qui  manque,  quel 
arsenal  doit  le  fournir  et  quand  cela  sera  arrivé,  la  composition  des 
administrations,  quand  chaque  corps  d'armée  aura  une  compagnie 
d'équipages.  J'attends  cet  état  pour  donner  des  ordres  militaires  et 
commencer  à  établir  un  plan  de  campagne. 

Il  faut  avoir  à  Paris  300  pièces  de  canon  pour  l'artillerie,  avoir 
un  double  approvisionnement  et  plusieurs  millions  de  cartouches. 
Ces  300  pièces  de  canon  seront  destinées,  à  tous  événements,  à  la 
défense  de  Paris,  et  indépendamment  du  parc  de  Vincennes,  qui  est 
destiné  à  augmenter  l'artillerie  de  l'armée. 

Je  pense  qu'il  faudrait  donner  des  ordres  pour  faire  recruter  pour 
les  équipages  du  train. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«^  —  1815.         131 
21842. —  AU  MARÉCHAL  DAVOIIT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRK    DE    LA    GUERllE ,    A    PARIS. 

Paris,  24  avril  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  signé  hier  un  décret  sur  les  corps  francs.  Je  vous 
prie  de  me  faire  savoir  si  vous  avez  quelques  observations  à  y  faire. 
Mon  intention  est  de  le  faire  insérer  au  Moniteur,  si  vous  ne  le  croyez 
susceptible  d'aucune  correction. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""»  la  niarécliale  princesse  d'Eckmiilil. 


21843.  —  AU  GÉNÉRAL  BARON  DEJEAN, 

AIDE  DE  CAMP  DE  l'eMPEREL'R  ,  A  PARIS, 

Paris,  24  avril  1815. 

Rendez-vous  à  Beauvais.  Vous  y  verrez  le  préfet  et  vous  me  ferez 
connaître  la  situation  du  département.  A-t-on  commencé  à  organiser 
la  garde  nationale?  Combien  a-t-on  de  fusils?  A-t-on  changé  les  au- 
torités municipales?  Combien  de  vieux  soldats  dans  le  département? 
Les  dépôts  de  cavalerie  se  remontent-ils?  Vous  me  ferez  un  rapport 
de  cette  ville. 

De  là  vous  irez  à  Abbeville.  Vous  verrez  la  situation  de  cette  place, 
où  en  est  l'armement.  Vous  me  ferez  connaître  l'esprit  de  la  ville  et 
de  la  garnison,  et  également  si  on  a  organisé  la  garde  nationale. 

De  même  à  Amiens.  Vous  verrez  quelle  est  la  situation  de  la  cita- 
delle. 

Vous  irez  ensuite  à  Montreuil,  à  Boulogne,  à  Calais  et  à  Dunker- 
que,  et  vous  m'enverrez  im  rapport  pareil  de  chacune  de  ces  places. 
Vous  verrez  dans  les  places  maritimes  la  situation  de  la  marine ,  soit 
en  bâtiments  de  guerre,  soit  en  bâtiments  de  commerce,  et  en  détail 
le  matériel  de  la  marine. 

Vous  me  parlerez  des  commandants  de  place  et  des  oflîciers  qui 
sont  à  la  tête  de  l'artillerie  et  du  génie.  Dites-moi  si  on  travaille  avec 
activité  à  mettre  ces  places  en  état. 

Vous  parcourrez  de  là  toute  la  frontière  jusqu'à  Landau. 

Vous  me  ferez  connaître  dans  quelle  situation  est  le  corps  du  gé- 
néral d'Erlon,  la  force  des  divisions,  les  généraux  qui  commandent, 
la  composition  de  l'artillerie,  du  génie,  de  l'administration  et  des 
ambulances,  enfin  tout  ce  qui  constitue  l'armée.  Faites-moi  connaître 
aussi  comment  sont  placés  le  corps  du  général  d'Erlon  et  celui  du 
général  Reille. 

9. 


1:J2         COIU'.KSPOMDAIVCK  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 

A  Douai,  l'ailes-nioi  connaître  quand  toute  l'artillerie  nécessaire  à 
CCS  corps  sera  formée  et  ce  qu'il  y  a  actuellement. 

Enfin  je  vous  prie  de  nie  l'aire  connaître  l'état  des  ateliers  d'armes 
qui  doivent  être  dans  toutes  les  places  fortes  pour  réparer  les  fusils 
et  les  mettre  en  état. 

Partout  où  vous  trouverez  des  dépôts,  vous  me  ferez  connaître  la 
situation  des  cadres  des  3",  4"  et  5"  bataillons,  le  nombre  des 
vieux  soldats  qui  ont  rejoint,  et  quand  on  espère  pouvoir  envoyer 
de  nouveaux  renforts  à  l'armée. 

On  m'a  beaucoup  parlé  de  désertions.  Vous  prendrez  l'état  exact  de 
toutes  les  désertions  à  l'ennemi,  corps  par  corps,  que  vous  m'enverrez. 

Prenez  aussi  des  renseignements  sur  la  force  des  armées  étran- 
gères qui  sont  vis-à-vis,  et  sur  les  positions  qu'elles  occupent.  Vous 
m'écrirez  de  toutes  les  places. 

Engagez  d'Erlon  et  Ueille  à  presser  de  tous  leurs  efforts  la  forma- 
tion de  l'arlillerie.  v 

D'apris  la  minulc.   Aitliives  de  l'Erapire. 


21844. —AL  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DK  LA  GUKRRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  26  avril  1815. 

Mon  Cousin,  fuiles  connaître  au  marécbal  duc  d'Albufera,  s'il  est 
encore  à  Lyon ,  qu'il  faut  qu'il  y  reste.  S'il  en  est  parti,  expédiez-lui 
une  estafette  pour  l'y  rappeler.  Je  donne  définitivement  à  ce  maréchal 
le  commandement  de  l'armée  des  Alpes,  qui  comprendra  les  7*  et 
19*  divisions  militaires.  Il  portera  son  quartier  général  à  Chambéry. 

Faites  connaître  au  maréchal  Grouchy  qu'aussitôt  qu'il  sera  rem- 
placé par  le  duc  d'Albufera  il  revienne  à  Paris. 

Pressez  la  levée  des  gardes  nationales  du  Dauphiné  et  de  la  6*  di- 
vision militaire. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  jirincessc  d'Eckmiihl. 


21845.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DK  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  27  avril  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  l'ordre  au  général  Reille  de  porter  son  quar- 
tier général  à  Avesnes,  de  i)lacer  une  division  à  Mauhcuge  et  en  avant 
de  la  ville  dans  les  villages ,  de  bien  reconnaître  toutes  les  positions 


CUIJKESPONDAiVCE  DE  NAPOLEOM  I".  —  1815.  133 

de  Maubeu<]e  et  de  la  frontière,  de  faire  mettre  dans  le  meilleur  clat 
de  défense  la  place  de  Maubeuge,  de  s'assurer  de  deux  ponis  sur  la 
Sambre,  de  bien  visiter  toute  la  frontière  jusqu'à  Philippe-ville  afin 
de  la  connaître  parfaitement,  de  faire  fournir  les  travailleurs  qui 
seront  nécessaires  pour  Maubeuge,  Bavay,  Beaumont,  et  pour  les 
lofes  de  pont  sur  la  Sambre.  Il  réunira  ses  cinq  divisions  derrière  la 
Sambre,  à  l'exception  de  la  division  qui,  comme  je  viens  de  le  dire, 
sera  cantonnée  à  Maubeuge  et  en  avant. 

Donnez  ordre  au  général  Drouet,  comte  d'Erlon  ,  de  porter  son 
quartier  général  à  Valenciennes  ,  de  reconnaître  le  camp  de  .\Iauldo 
et  le  camp  de  Famars,  et  de  réunir  toutes  ses  troupes  entre  Condé  et 
Valenciennes,  dans  les  cantonnements  à  portée  de  ces  deux  places. 
Il  laissera  une  division  à  Lille,  jusqu'à  ce  que  les  gardes  nationales 
soient  levées  pour  occuper  cette  place.  Il  retirera  ses  troupes  de  Ca- 
lais,  de  Dunkerque  et  de  Boulogne  aussitôt  que  cela  sera  possible. 

Vous  donnerez  ordre  à  la  19*  division  de  partir  le  1"  mai  avec  sa 
batterie  d'artillerie,  avec  ses  généraux  de  division  et  de  brigade,  et 
de  se  rendre  à  Laon  ,  où  cette  division  se  cantonnera  dans  la  ville  et 
dans  les  villages  environnants.  Donnez  cette  division  au  général  Sim- 
nier.  Donnez  le  même  ordre  à  la  6*  division  de  réserve  de  cavalerie, 
qui  partira  également  avec  sa  batterie.  Vous  aurez  soin  d'ordonner  que 
chaque  soldat  ait  ses  cartouches,  ses  deux  paires  de  souliers  dans  le 
sac,  et  que  les  cavaliers  aient  des  fers  de  rechange.  Le  général  Pire 
commandera  ces  deux  divisions,  qui  se  cantonneront  aux  environs 
de  Laon.  Je  verrai  ces  deux  divisions  avec  leur  artillerie,  les  sapeurs, 
le  génie  de  ces  divisions,  le  1"  mai,  à  huit  heures,  aux  Champs-Ely- 
sées. Ils  auront  leur  pain  et  partiront  de  là  pour  faire  leur  étape. 

Pressez  l'arrivée  de  la  20"  division  ;  que  sous  aucun  prétexte  on 
ne  retarde  aucun  des  régiments  qui  la  composent;  qu'ils  ne  fassent 
pas  de  séjours  et  qu'ils  doublent  l'étape  quand  l'étape  est  petite. 

Faites-moi  connaître  quand  la  21*  division  arrivera  à  Orléans. 

Donnez  ordre  au  1"  de  hussards  de  faire  halte  à  Laon,  où  il  se 
joindra  à  la  6*  division  de  cavalerie  et  sera  sous  les  ordres  du  gé- 
néral Pire. 

Donnez  ordre  au  général  Vandamme  de  réunir  son  corps  entre 
Kocroy  et  Mézières.  La  10*  division  se  réunira  à  Rocroy,  la  11*  divi- 
sion se  réunira  entre  Mézières  et  Rocroy;  le  parc,  entre  Mézières  et 
Rocroy.  La  6*  division  de  cavalerie  se  réunira  également  entre  Mé- 
zières et  Rocroy. 

Vous  donnerez  ordre  au  comte  d'Erlon  et  au  général  Reille ,  en 
cas  d'événements  imprévus ,  de  prendre  position  derrière  la  Sambre. 


134         CORRESPONDANCE  DE   NAPOLÉON  ^^  —  1815. 

Le  général  Vandamme,  sur  le  premier  avis  qu'il  recevra  du  com- 
mencement des  hostilités  ,  s'approcherait  de  la  même  position  pour 
appuyer  la  droite  du  camp  établi  derrière  la  Sambre,  et,  par  ce  mou- 
vement, ces  trois  corps  se  trouveraient  réunis.  Le  général  Pire,  sur 
l'avis  d'une  attaque,  marcherait  sur  Guise,  ce  qui  compléterait  la 
réunion  des  quatre  corps  d'armée. 

Donnez  ordre  qu'on  forme  des  magasins  à  Avesnes  pour  100,000 
hommes  et  pour  20,000  chevaux  pendant  dix  jours.  Proposez-moi 
un  ordonnateur  qui  se  rendra  sur-le-champ  à  Avesnes  pour  y  diriger 
en  chef  l'administration  de  ces  armées.  Il  prendra  des  mesures  pour 
que  Maubeuge,  Avesnes,  Capelle,  Cambray,  Bavay  et  tous  les  points 
environnants  fournissent  l'approvisionnement  dont  je  viens  de  vous 
indiquer  les  bases.  Il  faut  établir  des  magasins  par  échelons,  qui 
viennent  sur  Guise,  Laon,  Soissons,  etc.  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire 
qu'il  faut  des  farines  et  réunir  des  moyens  puissants.  , 

Assurez-vous  que  les  trois  corps  aient  chacun  leur  ambulance. 
Faites  partir  pour  Laon  six  compagnies  d'équipages  militaires  pour 
faire  le  service  des  vivres. 

Le  général  Ruly  commandera  l'arlillerie;  faites-le  parlir.        ^ 

Qu'il  y  ait  à  Avesnes,  Guise,  Soissons,  Maubeuge,  Landrecies, 
Valenciennes,  Condé,  Philippeville,  toutes  les  cartouches  et  muni- 
tions nécessaires  pour  l'approvisionnement  de  ces  places. 

Pressez  l'organisation  des  gardes  nationales  de  la  2*  division ,  qui 
.  doivent  tenir  garnison  dans  les  places  de  la  Meuse,  afin  que  toutes 
les  troupes  deviennent  sur-le-champ  disponibles.  Ces  gardes  natio- 
nales s'habilleront  et  s'arrangeront  successivement  dans  les  places. 

Na  PO LÉO M. 
D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21846.  —  AU  MARECHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA  GUERRE,    A  PARIS. 

Paris  ,  27  avril  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  lu  avec  attention  votre  rapport  du  26  avril  sur 
l'artillerie.  Vous  me  présentez  la  formation  de  trente-trois  batteries 
à  pied  pour  les  neuf  corps  :  mais  le  7*  corps,  au  lieu  de  six  batte- 
ries, ne  doit  en  avoir  que  trois-,  le  9%  au  lieu  de  quatre  batteries,  ne 
doit  en  avoir  que  deux.  C'est  donc  cinq  batteries  de  trop;  et,  au  lieu 
de  trente-trois,  il  n'en  faut  plus  que  vingt-huit;  ce  qui,  avec  les  deux 
de  la  jeune  Garde,  fait  trente. 

Les  vingt  batteries  du  parc  de  réserve  de  Vincennes  ne  seront  ser- 


CORHESi'OXD/WCH  I)-;   \AI>!)l.!:()V   I".  —  1815.  135 

vies  que  par  l'École  polytechnique,  par  un  bataillon  d'artillerie  de 
marine  qui  arrive  à  Paris,  et  par  des  compagnies  d'équipages  de  ma- 
rins qui  s'y  rendent  également.  C'est  donc  vingt  compagnies  qui  de- 
viennent disponibles.  Cet  équipage  de  réserve  n'a  pas  besoin  de  trois 
batteries  d'artillerie  à  cheval.  Ainsi  c'est  trois  autres  compagnies  dis- 
ponibles, et  je  n'ai  plus  besoin  que  de  vingt  et  une  compagnies  d'ar- 
tillerie légère.  Le  8'  corps  n'a  besoin  que  d'une  batterie  de  réserve; 
il  en  est  de  même  du  7^  Ainsi,  au  lieu  de  vingt-neuf  batteries,  je 
pourrais  donc  en  ôter  six  (y  compris  les  quatre  du  parc  de  Vincennes), 
et  je  n'aurais  plus  besoin  que  de  vingt-trois  batteries.  Il  ne  faudra 
donc  que  cinquante-trois  compagnies  à  pied,  au  lieu  de  quatre-vingts; 
il  restera  donc  vingt-sept  compagnies  pour  les  parcs. 

Sur  les  soixante  et  dix  compagnies  que  vous  avez  destinées  pour 
les  côtes  et  pour  les  places,  vous  pouvez  en  retirer  quatre  pour  Sois- 
sons,  Château-Thierry,  Vitry  et  l-aon  ;  l'artillerie  de  marine  rempla- 
cera ces  quatre  compagnies.  Ainsi  on  aura  du  personnel  pour  servir 
encore  quelques  nouvelles  batteries. 

Appliquez  le  même  raisonnement  au  train.  L'équipage  de  réserve 
de  Vincennes,  étant  spécialement  destiné  à  défendre  Paris,  n'a  besoin 
que  de  quelques  attelages.  Le  reste,  on  se  le  procurerait  par  des 
réquisitions  faites  au  moment.  Ainsi,  comme  au  lieu  de  856  bouches 
à  feu  il  n'y  en  a  besoin  que  de  (300  attelées,  il  suffira  de  12,000  che- 
vaux. Nous  en  avons  12,600;  ainsi  nous  avons  le  compte. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"^  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21847.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOLT,  PlilNCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE    DE    LA    GUERRE,    A    PARIS. 

Paris,  27  avril  1815. 

Mon  Cousin,  faites  mettre  en  état  le  camp  retranché  de  Maubeuge, 
en  palissadant  les  ouvrages  avancés,  les  deux  réduits  et  successive- 
ment le  reste.  L'artillerie  le  fera  armer  de  manière  qu'il  y  ait  le  plus 
tôt  possible  le  nombre  de  pièces  nécessaire. 

Les  approvisionnements  de  bouche  pour  Maubeuge  seront  de 
10,000  hommes. 

Faites  construire  à  Avesnes  six  fours  de  plus. 

Faites  partir  de  suite  tous  les  officiers  d'artillerie  et  du  génie  néces- 
saires aux  places  frontières. 

Maubeuge  étant  une  place  importante,  au  lieu  d'un  maréchal  de 
camp,  il  faut  y  mettre  un  lieutenant  général  et  deux  maréchaux  de 


180         COURESPOiYDATiJCE  DE  XAPOLKOV   ^^  —  18  15. 

camp,   mon  inlention  étant  d'y  mettre  dix  bataillons  de   la  garde 
nationale. 

Napoléon'. 

D'après  l'original  coram.  par  M"'"  la  mardchalo  princesse  d'Eckmùhl. 

21848.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,    PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRK  DR  L\  GUKRRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  27  avril  18 15. 

Mon  Cousin,  donnez  l'ordre  au  4'  de  hussards  de  faire  partir  trois 
ou  quatre  escadrons.  M  en  fera  |)arlir  quatre,  s'il  a  600  hommes; 
trois,  s'il  n'en  a  que  450.  Ces  troupes  se  dirigeront  sur  Dijon.  Vous 
me  ferez  connaître  le  jour  où  elles  seront  arrivées,  et  je  leur  don- 
nerai une  destination  ultérieure. 

La  division  de  cavalerie  de  l'armée  des  Alpes  ne  sera  plus  com- 
posée que  du  13*  de  dragons,  du  L5*  de  chasseurs  et  des  escadrons 
restant  du  4*  de  hussards.  Cela  me  paraît  suflisant  pour  un  pays 
aussi  diflicile  que  la  Savoie. 

Je  vous  avais  mandé  de  faire  venir  des  troupes  du  corps  d'obser- 
vation des  Pyrénées  pour  prendre  position  à  Pont-Saint-Esprit,  s'il  y 
avait  de  la  sûreté  du  côté  de  l'Espagne.  Faites-moi  connaître  ce  que 
vous  avez  fait.  Il  faut  sur-le-champ  donner  l'ordre  d'occuper  Pont- 
Saint-Esprit  et  de  l'armer.  Envoyez-y  deux  compagnies  de  vétérans 
que  vous  tirerez  du  centre,  un  bon  commandant  et  des  ofticiers 
très-sûrs. 

Je  suppose  que  vous  avez  déjà  donné  des  ordres  pour  l'armement 
de  Sisteron,  et  que  vous  y  avez  placé  un  bon  commandant.  Mettez-y 
200  vétérans  venant  de  bons  pays. 

Ces  deux  points  sont  l'un  et  l'autre  très-importants  pour  nos 
affaires  intérieures. 

Prenez  des  mesures  efficaces  pour  que  les  petits  forts  de  Lyon,  du 
côté  de  la  Suisse,  soient  mis  en  état  de  défense.  Faites-y  faire  des    , 
redoutes,  afin  que  ces  forts  puissent  jouer  tout  leur  jeu.  Envoyez-y 
des  officiers  dévoués. 

Je  vous  ai  donné  l'ordre  de  faire  faire  des  travaux  à  Langres.  Je 
suppose  qu'on  y  remue  déjà  la  terre  et  que  les  pièces  vont  être  mises 
en  batterie. 

Ordonnez  la  mise  en  état  d'Auxonne  et  chargez  le  général  qui' 
commande  le  département  et  les  officiers  du  génie  et  de  l'artillerie  de 
visiter  les  ponts  qui  se  trouvent  sur  la  Saône,  pour  les  mettre  à  l'abri 
des  troupes  légères  ennemies.  Il  faut  à  Auxonne  de  l'artillerie,  pour 
en  donner  à  la  garde  nationale,  qui  sera  chargée  de  défendre  tous  les 


CORRESPOMDAMCE   DE  NAPOLEON  I«^  —  18  15.         137 

débouchés.  Cette  artillerie  n'a  pas  besoin  d'être  attelée;  des  attelages 
de  réquisitions  sufflront. 

Ordonnez  aussi  la  formation  d'artillerie  de  garde  nationale  à  Dijon, 
Saint-Jean-de-Losne,  Chalon,  Màcon,  Tournus  et  Villefranche  ;  que 
partout  on  soit  en  état  de  défense. 

Indépendamment  du  général  Veaux,  qui  se  ressent  de  ses  bles- 
sures et  qu'il  faut  laisser  dans  celte  division,  dont  il  est  le  patriarche, 
il  faudrait  y  envoyer  un  général  de  division  pour  la  défense  de  la 
Saône.  Il  se  servira  des  maréchaux  de  camp  et  des  officiers  que  vous 
avez  dû  envoyer  sur  ces  points,  pour  les  gardes  nationales  sédentaires. 

Napoléox. 

D'après  l'original  comm.  par  M™'  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21849.  —  AU  MAUÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISÏRK    DK    LA    GUERRK ,    A    PARIS. 

Paris.  27  avril  1815. 

Mon  Cousin  ,  donnez  les  ordres  les  plus  positifs  pour  que,  le  3  mai, 
les  quatre  batteries  du  1"  corps  partent  de  Douai,  ainsi  que  les  trois 
batteries  du  2*  corps,  et  rejoignent  les  généraux  Reille  et  d'Erlon  aux 
lieux  qu'ils  auront  choisis,  derrière  Avesnes  et  Valenciennes,  pour 
placer  leurs  camps  de  réserve.  Le  général  d'Erlon  se  trouvera  avoir 
cinquante  pièces  de  canon  et  le  général  Reille  soixante. 

Pressez  l'organisation  de  l'artillerie  du  3"  corps,  et  faites  recruter, 
dans  Paris  et  les  déparlements,  des  hommes  pour  le  train  d'artillerie. 
Ecrivez  au  général  Gérard  et  aux  préfets  de  Metz  et  de  Nancy  pour 
leur  en  faire  sentir  l'importance,  et  qu'ils  concourent  de  tous  leurs 
moyens  à  la  levée  des  hommes  et  des  chevaux,  afin  que,  le  5  mai, 
ce  corps  ait  ses  huit  batteries  attelées.  Donnez  ordre,  par  le  télé- 
graphe, que  les  quatre  batteries  attelées  sortent  de  Metz  et  soient 
dirigées  sur  le  corps  d'observation  de  Gérard ,  qui  les  placera  au  lieu 
qu'il  aura  choisi  pour  son  quartier  général. 

Mon  intention  étant  que  les  gardes  nationales  soient  placées  dans 
les  places,  toutes  les  troupes  qui  s'y  trouvent  doivent  être  disponibles 
et  cantonnées,  en  ayant  derrière  elles  leur  parc,  etc. 

Ecrivez  la  même  chose  à  Rapp ,  ainsi  qu'à  l'ordonnateur  de  Stras- 
bourg et  de  Colmar. 

Donnez  l'ordre  que  tout  l'équipage  du  6^  corps  et  de  la  cavalerie 
de  réserve,  ainsi  que  les  batteries,  parlent  le  30,  avec  les  divisions 
qui  sont  à  Paris.  J'en  passerai  la  revue  aux  Champs-Elysées. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""'  la  marécliale  princesse  d'EckmiJiil. 


138         CORRESPONDANCE   DE   NAPOLÉON   I«^  —  1815. 
21850.  —  AU  VICE-AMIRAL  DUC  DEGRÉS, 

MINISTRE  DE  LA  MARINE,   A  PARIS. 

Paris,  27  avril  1813. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  donnez  ordre  qu'on  mette  sous  les  ordres 
du  commandant  de  la  13*  division  militaire  un  bataillon  d'artillerie 
de  marine  qu'on  tirera  soit  de  Lorient,  soit  de  Brest,  pour  suppléer 
aux  troupes  de  ligne,  former  une  colonne  mobile  et  réprimer  les 
chouans.  Donnez  ordre  que  de  même  on  fournisse  de  Rochefort  en- 
viron 300  hommes  d'artillerie  de  marine,  pour  former  une  colonne 
mobile  destinée  à  maintenir  l'ordre  dans  la  Vendée. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"*  la  duchesse  Decrès. 


21851.  —  AU  GÉNÉRAL  COMTE  BERTRAND, 

GRAND  MARÉCHAL  DU  PALAIS,   A  PARIS.  ^ 

Paris,  27  avril  1815. 

Je  désire  que  vous  fassiez  partir  pour  Compiègne  un  service  de 
guerre  de  ma  Maison,  contenant  un  lit,  une  petite  argenterie  de 
campagne,  deux  brigades  de  chevaux  de  selle,  une  voiture  de  cam- 
pagne, une  petite  tente,  et  enGn  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  faire 
la  guerre.  Tout  cela  devra  partir  le  30  pour  se  rendre  à  Compiègne, 
oià  cela  sera  arrivé  le  1"  mai. 

On  fera  partir,  avec  un  bon  officier  et  40  gendarmes  d'élite,  un 
escadron  de  lanciers  rouges  de  120  hommes,  un  escadron  de  chas- 
seurs de  120  hommes  et  un  officier  supérieur  qui  commandera  le 
tout.  Vous  ferez  également  partir  un  ou  deux  chevaux  de  chaque  aide 
de  camp  et  officier  d'ordonnance. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21852.   —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'EGKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  29  avril  1815. 

Mon  Cousin ,  il  serait  convenable  d'envoyer  le  duc  de  Trévise  en 
mission  extraordinaire  dans  le  Nord ,  et  de  lui  adjoindre  un  officier  du 
génie  et  un  officier  d'artillerie.  Il  parcourrait,  depuis  Calais,  toute 
notre  double  ligne  de  places  fortes  jusqu'à  Landau.  Il  se  ferait  rendre 
compte  de  tout  et  prendrait  toutes  les  mesures  que  prescrivent  les 
circonstances  pour  compléter  le  système  de  défense  des  places, 
assurer  leurs  approvisionnements,  accélérer  les  travaux  du  génie  et 


CORKKSPOXDAXGK    DE  MAPOLKO.V   l"\  —  1815.  139 

de  l'artillerie,  et  opérer  tous  les  déplacements  nécessaires  dans  les 
commandants  de  place,  officiers,  adjudants,  garde-magasins.  Enfin 
il  serait  chargé  de  faire  tout  ce  qui  est  convenable  pour  mettre  nos 
places  dans  la  meilleure  situation  possible.  Il  passerait  la  revue  des 
gardes  nationales  :  il  rallierait  tout  le  monde  au  devoir  ;  il  ferait 
même  des  proclamations,  et,  comme  un  des  premiers  habitants  des 
départements  du  Nord  ,  il  stimulerait  le  zèle  de  ses  concitoyens  et  leur 
patriotisme.  Parlez-en  au  duc  de  Trévise  et  présentez-moi,  demain 
dimanche,  au  conseil,  un  projet  de  décret  là-dessus. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™"  la  marécliale  princesse  d'Eckmûhl. 


21853.  —  NOTES  DICTÉES  EN  CONSEIL  DES  FINANCES. 

Paris,  29  avril  1815. 
PREMIÈRE  NOTE. 
Il  sera  formé  par  notre  ministre  de  l'intérieur  un  état  qui  présen- 
tera par  département  : 

1°  Le  montant  des  réclamations  et  demandes  en  indemnités  for- 
mées par  chaque  département  pour  les  réquisitions  en  vivres,  four- 
rages, voitures,  transports,  fournitures,  et  pour  pertes  de  tout  genre 
supportées  par  chaque  département,  lequel  montant  parait  s'élever  à 
118  millions  ; 

2"  Le  montant  des  compensations  dont  a  profité  chaque  départe- 
ment par  l'admission  des  bons  de  réquisition  en  payement  des  cen- 
times extraordinaires  de  1813  et  1814,  et  par  les  ordonnances 
royales  de  dégrèvement  rendues  en  sa  faveur,  lesquelles  compensa- 
tions doivent  s'élever  à  76  millions  ; 

3»  Le  montant  de  ce  qui  est  encore  réclamé  par  les  départements 
pour  solde  de  leurs  demandes  en  indemnités,  et  qui  doit  être  de 
42  millions  ; 

4°  La  réduction  probable  qui  doit  avoir  lieu  sur  ces  demandes, 
comparativement  aux  réductions  qu'ont  déjà  éprouvées,  par  l'effet 
d'une  liquidation  exacte,  les  demandes  antérieures; 

5°  Le  restant  à  recouvrer  sur  les  centimes  extraordinaires  de  1813 
et  1814,  lequel  restant  est  évalué  à  35  millions; 

6°  Ce  que  le  recouvrement  de  ce  qui  est  dû  par  chaque  départe- 
ment sur  cette  somme  laissera  disponible,  déduction  faite  de  ce  qui 
lui  reste  dû  à  titre  d'indemnité; 

1°  Ce  qui  resterait  dû  à  chaque  département,  pour  son  indemnité 
relative  aux  réquisitions ,  au  delà  de  ce  qu'il  resterait  devoir  pour 


14(0         CORRKSPONhANGE   DE   i\APOLi:0\'   I".  —  1815. 

compléter  le  payement  de  sa  conhibution  aux  centimes  extraordi- 
naires de  1813  et  J  81 4. 

DEUXIÈME  \OTE. 

1°  Notre  ministre  de  l'intérietir  rendra  compte  samedi  prochain, 
des  réclamations  faites  par  les  départements  et  communes  pour  être 
indemnisés  des  réquisitions  qu'ils  ont  souffertes  en  1813  et  1814. 

2°  La  première  partie  de  son  rapport  fera  connaître  le  moulant  des 
réquisitions  faites  par  les  ordonnateurs  français  pour  le  service  des 
troupes  françaises,  et  qui  ne  seraient  pas  encore  soldées. 

La  seconde  partie  indiquera  le  montant  des  fournitures  faites  à 
l'ennemi. 

Le  ministre  fera  distin'juer ,  pour  ces  deux  espèces  de  réquisitions, 
ce  qui  a  été  liquidé  et  se  trouve  compensé,  en  vertu  d'ordonnances 
royales,  sur  les  centimes  extraordinaires  de  1813  et  181-4,  et  ce  qu'il 
est  encore  possible  de  compenser  sur  la  portion  des  mêmes  centimes 
extraordinaires  qui  restent  à  recouvrer. 

En  cas  d'insulfisance,  il  proposera  les  moyens  de  pourvoir  aux 
moyens  de  solder  toutes  les  dettes ,  soit  par  des  constitutions  de  rentes 
sur  les  fonds  libres  des  revenus  des  communes,  soit  par  toute  autre 
mesure  que  nous  pourrons  adopter,  après  avoir  pris  connaissance 
des  motifs  des  réclamations. 

3"  Notre  ministre  de  l'intérieur  nous  remettra  également  l'état  des 
maisons  particulières  brûlées  et  détruites  par  suite  de  l'invasion  de 
l'ennemi.  Il  sera  pourvu  à  leur  reconstruction  par  la  délivrance  qui 
sera  faite  aux  propriétaires  des  bois  de  charpente  nécessaires ,  qui 
seront  pris  à  cet  effet  dans  les  forêts  de  l'Elat,  jusqu'à  concurrence 
de  la  quantité  nécessaire  pour  chaque  reconstruction.  Il  sera  fait 
estimation  de  la  valeur  des  bois  ainsi  délivrés  à  chaque  propriétaire 
des  maisons  qui  auraient  été  détruites;  ces  bois  ne  pourront  être 
employés  par  eux  qu'à  les  réparer,  sous  la  surveillance  des  autorités 
locales. 

Le  ministre  de  l'intérieur  fera  évaluer  en  argent  la  partie  des 
réparations  qui  devra  employer  d'autres  matériaux  que  du  bois  de 
charpente. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


CORKKSPOMDANCE   Dli  NAPOLÉON   l".  —1815.  141 

21854.  —  DÉCRET'. 

Palais  de  l'Elysée,  30  avril  1815. 

Napoléon,  par  la  grâce  de  Dieu  et  les  Constilulions,  Empereur 
des  Français  , 

En  convoquant  les  électeurs  des  collèges  en  assemblée  du  Champ- 
de-Mai,  nous  comptions  constituer  chaque  assemblée  électorale  de 
département  en  bureaux  séparés,  composer  ensuite  une  commission 
commime  à  toutes,  et,  dans  l'espace  de  quelques  mois,  arriver  au 
grand  but  objet  de  nos  pensées. 

Nous  croyions  alors  eu  avoir  le  temps  et  le  loisir,  puisque,  notre 
intention  étant  de  maintenir  la  paix  avec  nos  voisins,  nous  étions 
résigné  à  souscrire  à  tous  les  sacrifices  qui  déjà  avaient  pesé  sur  la 
France. 

La  guerre  civile  du  Midi  à  peine  terminée ,  nous  acquîmes  la  cer- 
titude des  dispositions  hostiles  des  puissances  étrangères,  et  dès  lors 
il  fallut  prévoir  la  guerre  et  s'y  préparer. 

Dans  ces  nouvelles  occurrences,  nous  n'avions  que  l'alternative  de 
prolonger  la  dictature  dont  nous  nous  trouvons  investi  par  les  circon- 
stances et  par  la  confiance  du  peuple,  ou  d'abréger  les  formes  que 
nous  nous  étions  proposé  de  suivre  pour  la  rédaction  de  l'Acte  con- 
stitutionnel. L'intérêt  de  la  France  nous  a  prescrit  d'adopter  ce  second 
parti.  Nous  avons  présenté  à  l'acceptation  du  peuple  un  Acte  qui,  à 
la  fois,  garantit  ses  libertés  et  ses  droits,  et  met  la  monarchie  à  l'abri 
de  tout  danger  de  subversion.  Cet  acte  détermine  le  mode  de  la  for- 
mation de  la  loi,  et  dès  lors  contient  en  lui-même  le  principe  de 
toute  amélioration  qui  serait  conforme  aux  vœux  de  la  nation;  inter- 
disant cependant  toute  discussion  sur  un  certain  nombre  de  points 
fondamentaux  déterminés,  qui  sont  irrévocablement  fixés. 

•Vous  aurions  voulu  aussi  attendre  l'acceptation  du  peuple  avant 
d'ordonner  la  réunion  des  collèges  et  de  faire  procédera  la  nomina- 
tion des  députés  :  mais,  également  maîtrisé  par  les  circonstances,  le 
plus  haut  intérêt  de  l'Etat  nous  fait  la  loi  de  nous  environner  le  plus 
promptemcnt  possible  des  corps  nationaux. 

A  ces  causes ,  nous  avons  décrété  et  décrétons  ce  qui  suit  : 

Amici.E  pREMiKii.  Quatre  jours  après  la  publication  du  présent 
décret  au  chef-lieu  du  département,  les  électeurs  des  collèges  de 
département  et  d'arrondissement  se  réuniront  en  assemblée  électorale 
au  chef-lieu  de  chaque  département  et  de  chaque  arrondissement. 

*  Hormis  qiiehiues  modifications  introduites  au  moment  de  la  publication,  ce 
décret  est  tout  entier  de  la  main  de  l'iimpereur. 


142  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I<=^  —  1815. 

Le  préfet,  pour  le  département,  les  sous-préfets,  pour  les  arron- 
dissements, indiqueront  le  jour  précis,  l'heure  et  le  lieu  de  rassem- 
blée par  des  circulaires  et  par  une  proclamation  qui  sera  répandue 
avec  la  plus  grande  célérité  dans  tous  les  cantons  et  communes. 

Art.  2.  Pour  cette  année,  à  l'ouverture  de  l'assemblée,  le  plus 
ancien  d'âge  présidera  ;  le  plus  jeune  fera  les  fonctions  de  secrétaire  ; 
les  trois  plus  âgés  après  le  président  seront  scrutateurs.  Chaque 
assemblée,  ainsi  organisée  provisoirement,  nommera  son  président; 
elle  nommera  aussi  deux  secrétaires  et  trois  scrutateurs.  Ces  choix 
se  feront  à  la  majorité  absolue. 

Art.  3.  On  procédera  ensuite  aux  élections  des  députés  à  la 
chambre  des  Représentants,  conformément  à  l'Acte  envoyé  pour  être 
présenté  à  l'acceptation  du  peuple  et  inséré  au  Bulletin  des  Lois, 
n"  19,  le  23  avril  courant. 

Art.  4.  Les  préfets  des  villes  chefs-lieux  d'arrondissements  com- 
merciaux convoqueront,  à  la  réception  du  présent,  la  chambre  de 
commerce  et  les  chambres  consultatives ,  pour  faire  former  les  listes 
de  candidats  sur  lesquelles  les  représentants  de  l'industrie  commer- 
ciale et  manufacturière  doivent  être  élus  par  les  collèges  électoraux 
appelés  à  les  nommer  conformément  à  l'acte  joint  à  celui  énoncé  en 
l'article  précédent. 

Art.  5.  Les  députés  nommés  par  les  assemblées  électorales  se 
rendront  à  Paris  pour  assister  à  l'assemblée  du  Champ -de -Mai 
et  pouvoir  composer  la  chambre  des  Représentants ,  que  nous  nous 
proposons  de  convoquer  après  la  proclamation  de  l'acceptation  de 
l'Acte  constitutionnel. 

Art.  6.  Nos  ministres  sont  chargés  de  l'exécution  du  présent 
décret. 

Napoléon. 

Extrait  du  Bulletin  des  Lois  du  l*'  mai  1815,  ii»  24. 


21855.  —  DECRET. 

Palais  de  l'Élysëe,  30  avril  1815. 

Article  premier.  Il  sera  formé  quatre  armées  et  trois  corps  d'ob- 
servation. 

Art.  2.  La  première,  sous  le  titre  d'Armée  du  Nord,  comprendra 
le  territoire  des  16'  et  2®  divisions  militaires. 

Elle  sera  composée  des  1*%  2%  3*  et  6"  corps,  et  de  trois  divisions 
de  réserve  de  cavalerie.  ^ 

Toutes  les  places  de  la   16*  et  de  la  2*  division  militaire  seront 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I«^  —  1815.         143 

occupées  par  les   bataillons  de  grenadiers  et  chasseurs  des  gardes 
nationales. 

Il  y  aura,  en  outre,  plusieurs  divisions  de  réserve  de  grenadiers 
et  chasseurs  de  gardes  nationales  pour  aider  aux  opérations  de 
l'armée. 

Art,  3.  La  seconde  armée,  sous  le  titre  d'Armée  de  la  Moselle, 
sera  composée  du  4^  corps. 

Elle  comprendra  le  territoire  des  3"  et  A'  divisions  militaires. 
Toutes  les  places  seront  occupées  par  des  bataillons  de  grenadiers 
et  chasseurs  des  gardes  nationales. 

H  y  aura,  en  outre,  un  corps  de  gardes  nationales  de  réserve 
pour  concourir  aux  opérations  de  l'armée. 

Art.  4.    La  troisième  armée  sera  Y  Armée  du  Rhin. 

Elle  sera  composée  du  5^  corps  et  de  bataillons  de  chasseurs  et  de 
grenadiers  des  gardes  nationales,  qui  occuperont  les  places  fortes 
et  formeront  des  réserves  de  gardes  nationales  pour  aider  aux  opéra- 
tions de  l'armée. 

Art.  5.  Le  1"  corps  d'observation  sera  celui  du  Jura.  Ce  corps 
sera  chargé  de  la  garde  des  débouchés  qui  existent  sur  cette  ligne  de 
frontière  depuis  Belfort  jusqu'auprès  de  Genève.  Les  places  de  Bel- 
fort,  de  Langres,  de  Montbéliard,  et  tout  le  territoire  de  la  6'  divi- 
sion militaire,  feront  partie  de  son  arrondissement. 

Ce  corps  sera  composé  de  la  division  de  Belfort  et  des  grenadiers 
et  chasseurs  des  6*  et  18^  divisions  militaires. 

Art.  6.  La  quatrième  armée  sera  X Armée  des  Alpes.  Elle  sera 
composée  du  7"  corps  et  comprendra  le  territoire  des  1"  et  19*  divi- 
sions militaires. 

Toutes  les  places  seront  occupées  par  des  bataillons  de  chasseurs 
et  grenadiers;  et  il  y  aura,  en  outre,  un  corps  de  réserve  de  gardes 
nationales  pour  opérer  dans  les  montagnes. 

Art.  7.  Le  2*  corps  d'observation  sera  placé  sur  le  Var.  Il  com- 
prendra le  territoire  de  la  8^  division  militaire  et  sera  chargé  de  la 
défense  du  Var. 

Art.  8.  Le  3*  corps  d'observation  sera  celui  des  Pyrénées.  Il  sera 
chargé  de  la  défense  des  Pyrénées. 

Art.  9.  Le  ministre  de  la  guerre  nommera  sur-le-champ  l'état- 
major  de  chaque  armée. 

Il  organisera  les  services  du  génie  et  de  l'artillerie  qu'il  est  urgent 
d'y  attacher. 

Enfin  il  fera  rédiger  par  le  comité  de  défense,  pour  chaque  armée, 


144         CORRESPOiYnANGK    DE  NAI'OLI'ON    [«r.  _  18  15. 

une  instruction  sur  la  portion  du  territoire  qu'elle  est  cliarj^ée  de 
défendre. 

Art.  10.  Notre  ministre  de  la  guerre  est  chargé  de  l'exéculion  du 
présent  décret.  Il  sera  communiqué  aux  ministres  de  l'intérieur,  de 
la  police  et  du  trésor. 

Napoi-éox. 

D'après  l'ampliation.  Dépôt  de  la  guerre. 


21856.—  AU  MARECHAL  DAVOL'T,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  80  avril  1815. 

Mon  Cousin,  si  nous  avons  la  guerre,  et  que  je  sois  obligé  de 
partir,  mon  intention  est  de  vous  laisser  <à  Paris,  ministre  de  la 
guerre,  gouverneur  de  Paris  et  commandant  en  chef  des  gardes 
nationales,  des  levées  en  masse  et  des  troupes  de  ligne  qui  se  trou-» 
veraienl  dans  la  ville.  Je  n'ai  point  encore  le  projet  de  partir,  et  je 
ne  suppose  pas  que  l'ennemi  nous  attaque  de  tout  le  mois  de  mai. 
Cependant  je  désire  que  vous  vous  occupiez  dès  à  présent  de  mettre 
la  ville  en  état. 

Vous  aurez  à  Paris  trente  batteries  de  canons,  de  huit  pièces 
chacune,  qui  seront  au  parc  de  Vincennes,  ayant  double  approvi- 
sionnement. 

Cette  artillerie  n'aura  pas  de  personnel ,  ni  d'attelages ,  ni  de  char- 
retiers. Elle  sera  servie  par  un  bataillon  d'artillerie  de  marine,  que 
j'ai  mandé  au  minisire  de  la  marine  de  diriger  sur  Paris,  et  qui  ser- 
vira six  batteries;  deux  batteries  seront  servies  par  l'Ecole  polytech- 
nique; deux  batteries  seront  servies  par  l'Ecole  d'Alfort;  deux  batte- 
ries seront  servies  par  l'Ecole  de  Sainl-Cyr;  quatre  batteries  seront 
servies  par  les  Invalides  ;  six  batteries  seront  servies  par  l'artillerie  de 
ligne,  et  huit  batteries  seront  servies  par  des  équipages  de  matelots 
que  j'ai  ordonné  au  ministre  de  la  marine  de  diriger  sur  Paris;  total, 
trente  batteries. 

Il  y  aura  des  redoutes  sur  toutes  les  hauteurs  de  Paris  pour  con- 
tenir cette  artillerie,  et,  au  moment,  on  prendra  dans  la  ville  les 
attelages  nécessaires  pour  les  batteries  mobiles. 

Désignez  un  général  d'artillerie  pour  être  directeur  du  parc,  et  tout 
l'élat-major  d'artillerie  nécessaire  pour  diriger  ces  trente  batteries. 

Désignez  aussi  un  ofGcier  général  du  génie.  Il  ne  faut  prendre  ni 
Rogniat,  ni  Haxo,  ni  Marescot,  qui  seront  nécessaires  pour  les 
armées. 


CORRESPONDAIVGE  DE  xMAPOLEOX'  I«^  —  1815.         145 

,  Votre  troupe  d'infanterie  se  composera  de  30,000  gardes  natio- 
naux ,  de  20,000  hommes  des  levées  en  masse,  de  20,000  hommes 
de  troupes  de  marine,  et  enfin  de  20,000  hommes  que  donneront 
les  dépôts  des  régiments  qui  doivent  se  grouper  sur  Paris;  ce  qui  fera 
plus  de  90,000  hommes. 

Napoléox. 

D'après  l'original  coram.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21857.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  \A  GUERRE,   A    PARIS. 

Paris,  30  avril  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  lu  le  mémoire  du  comité  de  défense.  Il  est  in- 
dispensable de  mettre  Montbéliard  à  l'abri  d'un  coup  de  main  ,  et  que 
vous  fassiez  armer  et  mettre  en  état,  sous  peu  de  jours,  Pierre- 
Chàtel,  Salins,  le  passage  des  Echelles,  le  fort  de  l'Ecluse.  Cela  me 
paraît  de  la  plus  haute  importance.  Je  suppose  que  vous  vous  en  êtes 
occupé.  Envoyez  des  ofGciers  du  génie  et  d'artillerie ,  avec  les  com- 
mandants que  vous  destinez  pour  ces  forts,  pour  ne  pas  perdre  une 
minute.  Je  vous  ai  écrit  pour  le  château  de  Pont-Saint-Esprit  et  Sis- 
teron.  H  faut  qu'avant  le  10  ou  15  mai  tous  ces  forts  soient  en  état 
de  défense  et  approvisionnés  pour  trois  mois.  Envoyez-y  des  compu- 
gnies  de  vétérans  que  vous  pourrez  tirer  des  places  oii  vont  se  rendre 
les  gardes  nationales.  Mettez  aussi  dans  tous  ces  forts  des  escouades 
d'artillerie.  Dans  l'état  de  distribution  des  gardes  nationales,  il  y  a 
pour  chacun  de  ces  forts  des  bataillons  de  grenadiers  et  de  chasseurs, 
qui  seront  aidés  par  ces  escouades  d'artillerie  et  par  ces  compagnies 
de  vétérans.  Il  est  de  ces  forts  qu'il  faut  protéger  par  des  redoutes 
sur  des  hauteurs  ou  par  des  abatis.  Faites  faire  ces  travaux  et  donnez 
ordre  au  commandant  de  la  division  territoriale  ou  du  département 
de  se  rendre  sur  les  lieux ,  et  de  ne  pas  bouger  que  tout  ne  soit  en  état. 

Je  dois  vous  avoir  écrit  pour  les  fortifications  à  faire  à  chacun  des 
passages  des  Vosges.  Je  suppose  que  vous  avez  donné  tous  les  ordres, 
et  que  le  général  Gérard  veille  à  ce  que  fout  s'exécute  exactement. 
Tous  les  ofliciers  du  génie  de  son  corps  doivent  y  être  employés.  On 
doit  requérir  tous  les  paysans  qui  sont  nécessaires,  et  faire  travailler 
avec  activité. 

Il  est  probable  que  la  Suisse  sera  neutre;  mais  les  alliés  pourraient 

violer  son  territoire  :  il  faut  donc  s'occuper  de  retrancher  toutes  les 

gorges  du  Jura.   Le  général  Haxo  connaît  mieux  que  personne  les 

défilés  de  ces  montagnes.  Des  retranchements  et  des  redoutes  pour- 

XXVIII.  10 


146         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

raient  être  inutiles,  si  nous  employions  là  de  bonnes  troupes;  mais, 
comme  nous  ferons  défendre  le  Jura  par  les  gardes  nationales  des 
d"  et  18*  divisions,  qui  ne  sont  flanquées  à  droite  que  par  les  chas- 
seurs et  grenadiers  de  la  19»  division,  il  faut  les  appuyer  sur  des 
ouvrages  et  faire  fortifier  toutes  les  gorges. 

Il  est  indispensable  qu'il  y  ait  à  Besançon  des  pièces  de  campagne 
et  quelques  pièces  de  montagne  sur  affûts  de  traîneau ,  qu'on  puisse 
donner  aux  gardes  nationales  qui  défendront  les  défilés. 

Napoléox. 

D'après  l'original  coram.  par  M""'  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21858.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE   LA  GUERRE,    A  PARIS. 

Paris,  1"  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  donnez  ordre  qu'on  fasse  transporter  demain  à  l'École 
polytechnique  un  obusier,  une  pièce  de  6  et  une  pièce  de  12,  et  que 
toute  l'Ecole  soit  exercée  à  la  manœuvre,  de  manière  à  pouvoir  servir 
seize  pièces  de  canon  ou  deux  batteries.  Aussitôt  qu'ils  sauront  par- 
faitement lu  manœuvre  des  pièces  de  campagne ,  même  les  manœu- 
vres de  force,  vous  les  ferez  aller  deux  fois  par  semaine,  le  mer- 
credi et  le  vendredi ,  à  Vincennes ,  où  ils  s'exerceront  au  polygone  à 
tirer  au  boulet. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™'  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21859.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  l"  mai  1815. 

Mon  Cousin,  si  la  batterie  de  Saint-Cyr  est  désarmée,  donnez 
ordre  qu'on  y  envoie  demain  six  pièces  de  canon  et  qu'on  forme  dans 
l'École  quatre  compagnies,  composées  des  plus  grands,  qu'on  exer- 
cera à  la  manœuvre,  afin  quelles  puissent  servir  quatre  batteries, 
chacune  de  huit  pièces  de  canon. 

Donnez  ordre  également  qu'à  l'École  d'Alfort  on  organise  deux 
compagnies,  pouvant  servir  chacune  huit  pièces  de  canon;  qu'on  y 
fasse  l'exercice  des  pièces  et  que  les  élèves  aillent  ensuite  tirer  au 
polygone  de  Vincennes. 

Donnez  le  même  ordre  pour  l'École  vétérinaire  de  Lyon. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm,  par  M'"*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


CORRESPONDAMGE   DK  NAPOLÉOM  I".  —  1815.  lU 

21860, —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL. 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris.  1"  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  je  vous  ai  envoyé  l'état  de  distribution  des  balaillons 
de  grenadierS'  et  de  chasseurs  des  gardes  nationales  mises  en  réquisi- 
tion jusqu'à  ce  jour.  Il  en  résulte  que  l'armée  du  Nord ,  qui  emploie 
en  tout  ou  en  partie  ce  que  la  I'",  la  2%  la  14-%  la  15«  et  la  16"  divi- 
sion fournissent,  aura  cent  cinq  bataillons  de  garnison. 

Si,  dans  les  départements  où  la  levée  est  difficile,  il  y  avait  quel- 
que déficit,  on  pourrait  tirer  de  la  deuxième  ligne  de  quoi  y  sup- 
pléer. Ainsi,  par  exemple,  le  Calvados  fournit  cinq  bataillons  à 
Abbeville;  Seine-et-Marne  en  fournit  quatre  à  Aleaux;  l'Oise  en  four- 
nit deux  à  Amiens  :  s'il  y  avait  urgence,  on  pourrait  tirer  de  ces 
différentes  garnisons  pour  envoyer  sur  les  points  de  l'extrême  fron- 
tière où  il  y  aurait  déficit. 

La  garnison  importante  de  Lille  se  trouve,  d'après  cet  état,  for- 
mée de  sept  bataillons  de  l'Aisne ,  qui  sont  bons ,  de  quatre  de  la 
Seine-Inférieure ,  qui  sont  également  bons ,  et  de  la  garde  sédentaire 
de  la  place. 

Indépendamment  de  cent  cinq  bataillons  de  garnison ,  l'armée  du 
Nord  aura  une  division  de  réserve  de  grenadiers  de  gardes  nationales, 
qui  prendra  le  nom  de  1"  division  de  réserve  de  grenadiers  de  gardes 
nationales.  Cette  division  se  réunira  à  Sainte-Menebauld  et  Stera  com- 
mandée par  un  lieutenant  général,  deux  maréchaux  de  camp  et  cinq 
colonels  ou  majors  en  second  ,  que  vous  enverrez  pour  commander 
chaque  régiment,  que  l'on  composera  de  deux  bataillons.  On  orga- 
nisera, pour  cette  division,  à  Sainte- Menehould,  une  batterie  de 
huit  pièces  de  canon.  Vous  ferez  comprendre  la  l"  division  de  réserve 
des  gardes  nationales  dans  l'état  de  situation  du  6*  corps,  qui  est  la 
réserve  de  l'armée  du  Nord. 

L'armée  de  la  Moselle  aura  quarante-deux  bataillons  de  gardes  na- 
tionales, dont  trente-deux  tiendront  garnison  dans  les  places  et  dix 
formeront  une  division  de  réserve,  qui  portera  le  nom  de  2"  division 
de  réserve  des  grenadiers  de  gardes  nationales.  Cette  division  sera 
commandée  par  un  lieutenant  général,  deux  maréchaux  de  camp  et 
cinq  colonels  ou  majors.  Elle  aura  également  une  batterie  d'artillerie. 
Le  général  en  chef  de  l'armée  de  la  Moselle  se  servira  de  cette  divi- 
sion, qui  doit  se  réunir  à  Nancy,  spécialement  pour  défendre  les 
Vosges  et  appuyer  ses  mouvements.  .Mettez  à  la  tête  de  cette  division 
des  généraux  qui  connaissent  les  Vosges. 

10. 


148         CORRESPONDANCE   DE   NAPOLÉON   l«^  —  1815. 

L'armée  du  Rhin  aura  trente-cinq  bataillons,  dont  vingt-neuf  dans 
les  places  et  six  de  réserve.  Un  lieutenant  général,  deux  maréchaux 
de  camp,  trois  majors  ou  colonels  commanderont  ces  bataillons.  La 
réserve  aura  une  batterie  ;  elle  se  réunira  à  Colmar  et  sera  sous  les 
ordres  du  général  commandant  la  5*  division  militaire. 

Le  corps  d'observation  du  Jura  aura  quarante-six  bataillons,  dont 
vingt-deux  dans  la  garnison  et  vingt-quatre  en  réserve.  Ces  vingt- 
quatre  bataillons  formeront  deux  divisions  de  réserve  qui  se  réuni- 
ront, l'une  à  Vesoul  et  l'autre  en  avant  de  Besançon.  Deux  lieutenants 
généraux,  quatre  maréchaux  de  camp  et  douze  colonels,  majors  ou 
lieutenants-colonels,  commanderont  ces  deux  divisions,  qui  prendront 
les  noms  de  3'  et  4°  division  de  réserve  de  gardes  nationales.  Elles 
seront  spécialement  chargées  de  la  défense  du  Jura  et  de  celle  du  dé- 
bouché de  Belfort.  Si  la  Suisse  reste  neutre  ou  que  l'ennemi  ne  viole 
pas  sa  neutralité,  ces  vingt-quatre  bataillons  se  réuniront  à  Belfort, 
pour  appuyer  la  droite  des  Vosges,  couvrir  le  débouché  de  Belfort 
et  tout  le  haut  Rhin. 

L'armée  des  Alpes  aura  cinquante-six  bataillons,  dont  quatorze  en 
garnison  et  quarante- deux  en  réserve.  Ces  quarante-deux  bataillons 
de  réserve  formeront  trois  divisions ,  savoir  :  la  5%  la  6*  division  de 
réserve  de  gardes  nationales ,  qui  seront  composées  des  vingt-quatre 
bataillons  de  la  7*  division  militaire;  la  7*  division  de  réserve  de 
gardes  nationales  ,  qui  sera  composée  des  quatorze  bataillons  de  la 
19'  division  militaire.  Ces  trois  divisions  seront  placées  sous  les 
ordres  du  général  en  chef  de  l'armée  des  Alpes  :  une  au  fort  Bar- 
raux,  une  à  Valence,  et  la  7*,  avec  les  bataillons  de  la  19'  division 
militaire,  dans  une  position  entre  le  fort  de  l'Ecluse  et  Lyon,  pour 
couvrir  cette  dernière  ville  contre  une  colonne  ennemie  qui  viendrait 
de  Genève.  Il  faut  donc  envoyer  trois  lieutenants  généraux,  six  ma- 
réchaux de  camp  et  vingt  et  un  colonels  ou  majors,  pour  commander 
ces  gardes  nationales.  Il  faut  également  leur  organiser  des  batteries. 

Il  faut  donner  pour  instruction  aux  généraux  commandant  dans  le 
Nord  que  les  garnisons  des  places  puissent  se  réunir  et  former  des 
divisions  actives,  qui  prennent  position  en  avant  des  lignes.  Cela  doit 
s'appliquer  à  foutes  les  grandes  garnisons.  Metz,  par  exemple,  qui 
a  une  excellente  garde  nationale,  peut  former  ses  grenadiers  et  chas- 
seurs en  une  division  de  réserve ,  pour  aller  au  secours  de  l'armée 
active,  assurer  les  convois,  etc.  Il  est  donc  nécessaire  que  les  géné- 
raux en  chef  connaissent  bien  les  troupes  qui  doivent  composer  les 
garnisons. 

Vous  devez  donner  des  ordres  pour  que  les  grenadiers  et  chasseurs 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«^  —  1815.  149 

se  rendent  dans  leurs  garnisons  respectives  sans  armes  et  sans  leur 
habillement  ;  et  prenez  des  mesures  pour  que  les  armes  et  l'habille- 
ment leur  soient  fournis  dans  ces  garnisons.  Si,  en  exécution  des 
ordres  du  minisire  de  l'intérieur,  les  préfets  ont  pris  des  mesures 
pour  les  habiller,  il  faut  qu'ils  leur  envoient  des  habits.  En  attendant, 
ils  s'exerceront  et  rendront  les  troupes  de  ligne  disponibles.  Il  est 
important  que,  du  10  au  15  mai,  toutes  les  places  soient  occupées 
par  les  gardes  nationales,  et  que  les  troupes  de  l'armée,  se  réunis- 
sant dans  les  camps,  deviennent  mobiles. 

Cela  fait,  en  tout,  deux  cent  quatre-vingt-quatorze  bataillons, 
sans  y  comprendre  les  garnisons  de  la  13*  et  de  la  14*  division.  Sur 
ces  deux  cent  quatre-vingt-quatorze  bataillons ,  quatre-vingt-douze 
sont  réunis  en  divisions  de  réserve  et  deux  cent  deux  forment  la  gar- 
nison des  places. 

Chaque  régiment  de  garde  nationale  sera  composé  de  deux  ba- 
taillons. 

Le  colonel  ou  major,  le  chef  de  bataillon,  les  adjudants-majors 
seront  tirés  des  troupes  de  ligne. 

Ayez  soin  d'envoyer  en  Alsace  des  généraux  et  officiers  qui  parlent 
allemand. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""*  la  maréchale  princesse  d'Eckmuhl. 


21861.— AU  MARECHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  1"  mai  1815. 

Mon  Cousin,  vous  devez  faire  connaître  aux  généraux  commandant 
en  chef  les  armées  du  Nord,  de  la  Moselle,  du  Rhin,  des  Alpes  et 
le  corps  d'observation  du  Jura,  le  système  que  j'ai  adopté  pour  la 
défense  du  territoire.  Leurs  armées  se  composent  de  troupes  actives 
et  de  troupes  de  garnison.  Les  garnisons  sont  toutes  composées  de 
bataillons  de  grenadiers  et  de  chasseurs  de  gardes  nationales  et  de 
la  garde  nationale  sédentaire  de  la  place.  L'armée  active  se  com- 
pose des  troupes  de  ligne  de  toutes  armes,  des  divisions  de  réserve 
des  gardes  nationale»,  des  corps  francs  ou  de  partisans  et  de  la  levée 
en  masse. 

Je  ne  dirai  rien  ici  de  l'organisation  des  troupes  de  ligne  qui  doivent 
être  sous  leurs  ordres. 

Pour  l'armée  du  Nord ,  il  y  a  plusieurs  chefs  de  corps  d'armée  qui 
ont  chacun  plusieurs  divisions  sous  leur  commandement.  L'armée  de 


150        CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

la  Moselle  se  compose  de  trois  divisions  d'infanterie  déjà  organisées , 
qu'il  faut  successivement  renforcer ,  aGn  que  chaque  régiment  ait  ses 
quatre  bataillons  à  l'armée.  Il  faut  renforcer  de  même  les  régiments 
de  l'armée  du  Rhin  et  ceux  de  l'armée  des  Alpes.  Le  commandant 
du  corps  du  Jura  aura  la  division  d'infanterie  qui  est  actuellement  à 
Belfort. 

La  garde  nationale  active  se  compose  d'une  division  de  réserve 
pour  le  Nord,  d'une  division  pour  l'armée  de  la  Moselle,  d'une  divi- 
sion pour  l'armée  du  Rhin ,  de  deux  divisions  pour  le  corps  d'obser- 
vation du  Jura,  et  de  trois  pour  l'armée  des  Alpes. 

Chaque  général  commandant  en  chef  doit  encourager  la  formation 
des  corps  de  partisans  dans  son  commandement.  11  doit  leur  désigner 
les  forêts,  les  ravins  et  les  directions  où  ils  doivent  manœuvrer  pour 
intercepter  la  ligne  de  communication,  les  convois  et  les  courriers 
de  l'ennemi.  Vous  devez  faire  imprimer  le  décret  sur  la  formation  des 
corps  francs  '  et  l'envoyer  aux  généraux  et  aux  préfets ,  sans  pour  cela 
le  faire  insérer  dans  tout  son  contenu  au  Moniteur. 

Les  divisions  de  réserve  de  gardes  nationales  sont  sous  les  ordres 
des  lieutenants  généraux.  Les  gardes  nationales  dans  les  garnisons 
sont  sous  les  ordres  des  gouverneurs  de  place.  Les  partisans  sont  dé- 
tachés et  sous  les  ordres  de  ceux  qui  commandent  les  corps  francs. 

Les  généraux  commandants  d'armée  sont  maîtres  de  donner  la 
correspondance  et  la  direction  des  corps  francs  aux  lieutenants  géné- 
raux des  ailes,  aux  commandants  des  départements  ou  aux  comman- 
dants des  places  sur  lesquelles  ces  corps  doivent  s'appuyer.  Mais  il 
est  important  de  ne  pas  les  distraire  de  leur  service  et  de  leur  laisser 
l'indépendance  nécessaire  dans  leurs  mouvements. 

La  levée  en  masse  se  compose  de  l'organisation  de  la  garde  natio- 
nale, de  tous  les  gardes  forestiers,  de  toute  la  gendarmerie  et  de  tous 
les  bons  citoyens  et  employés  qui  voudraient  s'y  joindre.  Elle  doit 
être  organisée  par  déparlement  et  être  sous  les  ordres  d'un  maréchal 
de  camp,  soit  de  celui  qui  est  chargé  de  l'organisation  des  gardes 
nationales ,  soit  de  celui  qui  commande  le  département.  Cette  levée 
en  masse  doit  se  réunir  au  son  du  tocsin ,  et  les  généraux  comman- 
dants en  chef  des  armées  doivent  indiquer  les  points  de  ralliement 
qu'elle  doit  occuper  en  masse,  tels  que  les  défilés  des  ponts,  les 
gorges  des  montagnes ,  ou  lui  donner  des  rendez-vous  un  jour  d'af- 
faire pour  venir  soutenir  l'armée  et  tomber  sur  les  flancs  et  les  der- 
rières de  l'ennemi.  Les  généraux  en  chef  seront  les  maîtres  de  charger 
iin  général  de  l'état-major  de  toute  la  correspondance  et  de  la  direction 

1  Voir  le  décret  n"  21831. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«^  —  1815.         151 

des  levées  en  masse.  Dans  chaque  département,  le  général  en  chef 
indiquera  les  ponts ,  défilés  et  villes  fermées  que  les  levées  en  masse 
doivent  plus  spécialement  défendre.  11  doit  donner  des  ordres  pour 
que  les  habitants  travaillent  sur-le-champ  à  mettre  en  état  de  défense 
leur  ville,  leurs  portes,  leurs  ponts,  par  des  barrières,  des  palissades 
ou  des  têtes  de  pont,  selon  les  localités;  de  sorte  que  la  cavalerie 
légère  ennemie,  les  officiers  porteurs  d'ordres,  les  convois,  les  four- 
ragcurs  ennemis,  ne  puissent  se  répandre  nulle  part.  Le  grand  nombre 
de  places  fortes  que  nous  avons  sur  la  ligne  du  Nord  ,  les  défilés 
qui  sont  sur  la  droite,  les  grandes  forêts  d'alentour,  conune  celle  de 
Mormal  et  autres,  sont  propices  aux  mouvements  des  partisans  et  des 
corps  francs ,  et  même  pourraient  servir  de  retraite  à  une  portion  de 
la  levée  en  masse.  Les  gorges  des  Ardennes,  la  forêt  de  l'Argonne , 
Jes  différentes  lignes  de  rivières  et  un  grand  nombre  de  petites  places 
fermées,  qui  sont  à  l'abri  des  incursions  dos  troupes  légères,  doivent 
servir  de  points  d'appui  aux  levées  en  masse  pour  la  défense  du  pays. 
La  défense  du  passage  du  Rhin,  la  défense  des  Vosges,  celles  des 
gorges  de  ia  Franche-Comté,  les  défilés  du  Jura  et  tous  les  défilés 
des  Alpes,  sont  extrêmement  favorables  aux  opérations  des  autres 
armées. 

11  sera  nécessaire  que  les  généraux  en  chef  fassent  connaître  par 
des  circulaires  aux  villes  de  leur  commandement  que  sera  réputée 
lâche  et  traître  envers  la  patrie  toute  ville  qui  ne  se  défendrait  pas 
contre  des  troupes  légères,  qui  obéirait  à  des  réquisitions  ou  se  sou- 
mettrait à  des  sonntialions  que  l'ennemi  n'aurait  pas  appuyées  par 
des  forces  supérieures  en  infanterie;  quen  conséquence,  chaque  ville 
doit  réparer  ses  portes,  son  enceinte,  la  défense  de  ses  ponts,  afin 
que  la  gloire  acquise  par  les  villes  de  Chalon,  de  Saint-Jean-de-Losne 
et  de  Tournus  soit  partagée  par  toutes  les  villes  de  France ,  et  que 
l'exemple  donné  par  Dijon  et  Màcon  ne  se  renouvelle  plus. 

Je  pense  qu'une  circulaire  bien  faite,  que  vous-même  vous  adres- 
seriez aux  préfets  et  aux  maires  des  villes ,  serait  utile.  Vous  leur 
f«-ez  sentir  d'abord  combien  du  succès  de  cette  guerre,  si  elle  a  lieu, 
dépendent  le  salut  de  la  France  et  son  indépendance;  combien  notre 
cause  est  juste  et  sainte;  que  j'ai  une  forte  armée  que  je  commanderai 
moi-même,  et  que  nous  battrons  l'ennemi;  mais  combien  il  est  né- 
cessaire que  partout  on  soit  prêt  à  concourir  à  la  défense  de  l'hon- 
neur de  la  nation ,  et  que  partout  l'ennemi  ne  trouve  qu'obstacles  et 
des  Français  animés  par  le  plus  pur  patriotisme. 

Des  officiers  du  génie  devront  parcourir  les  localités  et  donner 
leurs  avis. 


152         CORRESPONDANCE   DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 

Le  comité  de  défense  donnera  des  instructions  pour  défendre  en 
deuxième  ligne  la  Somme,  la  Meuse,  les  Vosges,  la  Saône  et  le 
Rhône. 

Ces  travaux  faits,  il  nous  restera  <à  organiser,  dans  les  meilleures 
provinces  du  centre ,  une  quarantaine  de  bataillons  pour  occuper 
Bordeaux,  Toulouse,  les  principaux  débouchés  de  la  Loire,  Nantes, 
et  coutenir  les  malveillants  qui  voudraient  exciter  la  guerre  civile. 

II  restera  aussi  à  s'occuper  du  corps  d'observation  du  Var  et  de 
celui  des  Pyrénées.  Mais  il  ne  faut  pas  perdre  un  moment  pour  orga- 
niser les  armées  du  Nord,  de  la  Moselle,  du  Rhin,  du  Jura  et  des 
Alpes. 

Ainsi  il  y  aura  pour  chaque  armée  un  général  en  chef,  un  adjudant 
général,  qui  correspondra  avec  les  partisans  et  en  aura  la  direction, 
et  un  général  qui  correspondra  avec  les  commandants  de  département 
pour  les  levées  en  masse  et  qui  en  aura  la  direction.  Les  généraux  en 
chef  seront  l'àme  de  tout. 

Je  n'ai  pas  nommé  de  général  en  chef  pour  le  Nord ,  parce  que 
je  me  réserve  ce  commandement;  mais  vous  chargerez  le  comte 
d'Erlon  de  faire  l'organisation  dans  la  16''  division  militaire,  et  le 
général  Vandamme  dans  la  Meuse  et  les  Ardennes. 

Napoléo.x. 

D'après  l'original  comm.  par  M"""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21862. —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE    LA  GUERRE,    A  PARIS. 

Paris,  1"'  mai  1813. 

Mon  Cousin,  vous  donnerez  l'ordre  au  général  Haxo  et  au  général 
Rogniat,  accompagnés  d'un  colonel  du  génie  et  de  deux  capitaines, 
de  se  rendre  demain  sur  les  hauteurs  de  Montmartre,  d'y  tracer  quatre 
redoutes  de  60  à  80  toises  de  côté  intérieur  et  battant  les  différents 
débouchés  de  la  montagne.  Le  colonel  et  les  deux  capitaines  seront 
chargés  de  la  suite  des  travaux.  Dès  demain  ces  deux  généraux  feront 
placer  les  jalons.  Dès  mardi,  le  colonel  et  les  ofGciers  du  génie  mon- 
teront les  ateliers  et  mettront  50  travailleurs  à  chaque  redoute,  de 
sorte  qu'avant  jeudi  il  y  ait  là  1,000  ouvriers  qui  travaillent.  Mardi 
les  généraux  continueront  de  visiter  les  hauteurs  ;  ils  feront  placer 
des  jalons  sur  celles  de  Ménilmontant  pour  le  tracé  de  tous  les  ou- 
vrages qu'ils  jugeront  indispensable  d'occuper.  Ils  ne  perdront  pas 
de  vue  que  mon  but  est  de  favoriser  des  troupes  inexpérimentées  et 
de  les  mettre  en  état  de  tenir  contre  de  vieilles  troupes.  Quand  ils 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815.         153 

auront  tracé  les  ouvrages  de  Ménilmontant  et  de  Belleville,  ils 
suivront,  par  Saint-Denis  et  autres  points ,  la  reconnaissance  des  po- 
sitions à  fortifier  pour  compléter  la  défense  de  Paris. 

J'ai  deux  buts,  l'un  de  faire  voir  que  nous  ne  nous  dissimulons  pas 
le  danger,  l'autre  de  proliter  du  moment  pour  avoir  ces  ouvrages , 
qui,  si  nous  avons  la  paix,  se  trouveront  faits  et  pourront,  dans  de 
différentes  circonstances,  être  utiles. 

Vous  autoriserez  cette  commission  à  se  faire  aider  par  un  détache- 
ment de  l'École  polytechnique. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'EckmiiliI. 


21863.  —AU  MARÉCHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,    A  PARIS. 

Paris,  2  mai  1815. 

Mon  Cousin  ,  je  vous  ai  mandé  que  je  voulais  trente  batteries  d'ar- 
tillerie sans  attelages  ni  personnel ,  pour  le  service  de  la  défense  de 
Paris.  Mon  intention  est  que  vous  fassiez  sur-le-champ  disposer  un 
parc  de  dix  batteries  pour  défendre  Lyon;  il  n'y  aura  également  ni 
personnel  ni  attelages.  Ces  batteries  auront  un  double  approvisionne- 
ment. Nommez  un  général  pour  conmiander  cette  artillerie,  qui  sera 
servie,  1°  par  un  bataillon  d'artillerie  de  marine  de  Toulon  ,  qui  ser- 
vira six  batteries;  2"  par  la  compagnie  de  l'École  vétérinaire,  qui 
servira  deux  batteries  ;  et  par  deux  compagnies  de  gardes  nationales 
qu'on  formera  et  qui  serviront  les  deux  autres  batteries.  La  compagnie 
d'ouvriers  militaires  qui  sera  attachée  à  l'armée  des  Alpes  pourra  tra- 
vailler aussi  aux  fortifications  de  Lyon. 

Les  troupes  chargées  de  défendre  la  ville  consisteront  dans  la  divi- 
sion des  grenadiers  et  chasseurs  de  la  19'  division  militaire,  qui  se 
réunissent  d'abord  du  côté  du  fort  de  l'Écluse,  et  se  reploieraient  sur 
Lyon;  dans  8  ou  9,000  hommes  de  gardes  nationales  sédentaires  de 
Lyon  et  des  faubourgs;  enfin  dans  les  dépôts  de  troupes  de  ligne  et 
détachements  qui  arriveraient  de  l'armée  des  Alpes. 

Le  général  Curial,  qui  commande  la  division,  commanderait  cette 
place.  Il  faut  lui  donner  un  maréchal  de  camp  actif  et  vigoureux , 
comme  commandant  d'armes,  et  lui  organiser  le  service  du  génie  et 
de  l'artillerie,  afin  que  tout  cela  ait  l'ensemble  et  l'activité  néces- 
saires. 

Les  dix  batteries  doivent  être  suffisantes  pour  défendre  cette  ville. 
Dans  ce  nombre,  il  est  indispensable  qu'il  y  ait  au  moins  trente  à 


154         CORRESPONDANCE  DE   NAPOLEOxV  I«r,  _  1815. 

quarante  pièces  de  12;  et,  quand  les  ouvrages  seront  plus  avancés, 
il  sera  nécessaire  d'y  envoyer  huit  ou  dix  pièces  de  siège  pour  tirer 
d'un  bord  de  la  rivière  à  l'autre. 

Je  suppose  que  vous  avez  donné  des  ordres  pour  l'armement  et  la 
mise  en  état  de  Grenoble. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21864.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  2  mai  181â. 

Mon  Cousin,  je  vois,  par  votre  rapport  du  29  avril,  que  vous 
n'avez  pas  fait  venir  de  troupes  du  corps  d'observation  des  Pyrénées 
pour  occuper  Pont-Saint-Esprit;  cela  étant,  je  désire  que  vous  don- 
niez ordre  au  62^  régiment  de  ligne  de  se  rendre  à  Napoléonville, 
chef-lieu  de  la  Vendée ,  pour  pourvoir  à  la  sûreté  et  protéger  les  dé- 
partements de  l'Ouest,  ce  qui  permettra  le  départ  des  régiments  qui 
sont  retenus  dans  la  Vendée  et  qui  sont  nécessaires  au  6*  corps. 

Prévenez  le  général  Clausel  que  j'ai  ordonné  la  formation  de 
bataillons  de  grenadiers  et  de  chasseurs  de  la  garde  nationale,  qui  se 
rendront  à  Rayonne,  à  Pau,  Saint-Jean-Pied-de-Port,  Perpignan, 
Rlaye  et  toutes  les  places  frontières  des  Pyrénées,  ce  qui  rendra  dis- 
ponible sa  troupe  de  ligne.  Donnez-lui  ordre  de  former  de  ces  batail- 
lons des  corps  pour  protéger  les  frontières  des  Pyrénées.  11  sera 
attaché  un  régiment  de  cavalerie  à  chacun  de  ces  corps. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""*  la  maréchale  princesse  d'Eclimiihl. 


21865.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  Lft  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  2  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  je  viens  de  lire  l'avis  du  comité  sur  la  défense  de 
Lyon.  La  mesure  que  vous  avez  prise  d'envoyer  le  général  Montfort 
n'est  pas  sufGsante.  Ordonnez  qu'on  fasse  un  pont-levis  au  pont  de 
la  Guillotière;  faites  renforcer  par  une  barrière  le  débouché  du  pont. 
Faites  faire  une  tête  de  pont  au  pont  des  Rrotteaux ,  afin  d'avoir  un 
point  de  ce  côté  pour  l'offensive.  Ordonnez  la  mise  en  état  de  l'en- 
ceinte, sur  les  hauteurs  entre  la  Saône  et  le  Rhône;  faites  établir 
plusieurs  redoutes  sur  ces  hauteurs,  une,  entre  autres,  en  avant  de 
la  côte  qui  domine  le  Rhône  ;  on  y  appuierait  une  flèche  qu'on  cou- 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815.  155 

struirait  sur  le  chemin  de  halage ,  ce  qui  la  joindrait  au  Uliône  et 
protégerait  les  palissades  dont  on  garnirait  le  rempart  qui  arrive  au 
fleuve.  Ces  ouvrages  ne  sont  pas  d'une  grande  difficulté.  Ordonnez 
que  l'armement  ait  lieu  en  même  temps.  Il  est  nécessaire  que  ce  soit 
fait  avant  le  20  mai.  L'armement  n'empêche  pas  de  travailler  en 
même  temps  à  la  mise  en  état  des  ouvrages. 

C'est  déjà  un  grand  résultat  que  de  mettre  Lyon  à  l'abri  de  la 
manière  que  j'ai  déterminée  ci-dessus;  mais  ce  succès  ne  saurait  être 
complet  si  l'on  n'occupe  également  la  rive  droite  de  la  Saône.  Ordon- 
nez donc  qu'on  y  construise  des  redoutes  :  une  qui  remplace  Pierre- 
Encise,  ferme  la  ville  de  ce  côté  et  la  sépare  du  faubourg;  l'autre 
qui  couvre  les  hauteurs  qui  dominent  le  quartier  Saint-Jean.  Donnez 
ordre  qu'une  partie  des  sapeurs  et  des  officiers  du  génie  de  l'armée 
des  Alpes,  ainsi  que  les  officiers  d'artillerie  destinés  à  Toulon,  se 
rendent  dans  la  place  sans  délai. 

On  peut  à  la  fois  mettre  en  état  le  pont  de  la  Guillotière,  établir 
un  second  pont-levis  au  pont  des  Brotteaux,  travailler  à  la  tête  de 
pont  des  Brotteaux,  à  la  réparation  de  l'enceinte  entre  la  Saône  et 
le  Rhône,  et  aux  deux  redoutes  les  plus  importantes;  l'une,  comme 
je  l'ai  dit  ci-dessus,  en  avant  du  côté  du  Rhône,  de  manière  à  ap- 
puyer une  flèche  qui  longe  le  fleuve;  l'autre  du  côté  de  la  Saône, 
qui  défende  une  flèche  appuyée  à  la  rivière.  Il  est  nécessaire  qu'au 
5  mai  les  travaux  soient  en  activité. 

Pendant  ce  temps  on  reconnaîtra  les  hauteurs  de  Fourvières ,  sur 
la  rive  droite  de  la  Saône,  et  on  soumettra  les  projets  des  ouvrages 
au  comité  des  fortifications. 

Il  sera  nécessaire  d'établir  une  barrière  au  pont  de  Perrache,  afin 
qu'on  soit  maître  de  ne  le  couper  qu'à  la  dernière  exirémité. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchalo  princesse  d'Eckmiihl, 


21866.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE   LA  GUERRE,   A   PARIS. 

Paris,  2  mai  1815. 

Mon  Cousin,  écrivez  de  nouveau  pour  que  les  gardes  nationales  se 
rendent  en  toute  diligence  dans  les  places  fortes,  afin  que  le  10  mai 
il  n'y  ait  plus  un  bataillon  de  troupes  de  ligne  dans  nos  places,  et 
qu'à  cette  époque  tous  les  corps  soient  cantonnés;  ou,  s'il  en  reste 
encore  dans  les  places,  qu'ils  n'y  fassent  aucun  service,  qu'ils  soient 
entièrement  disponibles;  que  les  chevaux  de  peloton  soient  achetés, 


156         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON   1"^.  _  1815. 

les  ambulances  organisées,  et  que  chaque  général  ait  toujours  à 
l'avance,  pour  son  corps  d'armée,  six  jours  de  pain,  qui  se  renou- 
vellera par  la  consommation  de  chaque  jour;  de  sorte  qu'au  premier 
ordre  de  départ  le  soldat  emporte  avec  lui  six  jours  de  pain. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™'  la  maréchale  princesse  d'Ëckmùhl. 


21867.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ËCKMUHL, 

MINISTRE  DE    LA  GUERRE,    A  PARIS. 

Paris,  2  mai  1815. 

Mon  Cousin  ,  je  vois,  par  le  rapport  du  général  Neigre,  qu'il  y  a  à 
Vincennes  des  pièces  de  3,  de  4,  de  6,  de  8  et  de  12,  et  des  obusiers 
de  deux  calibres,  ce  qui  fait  sept  calibres  différents.  Je  pense  qu'il 
serait  plus  convenable,  pour  la  défense  de  Paris,  de  n'avoir  que  des 
pièces  de  12,  de  6  et  des  obusiers  d'un  seul  calibre.  Comme  vous^ 
avez  un  équipage  à  Lyon,  on  pourrait  n'y  mettre  que  des  pièces 
de  8  et  de  4.  EnGn ,  si  le  bureau  d'artillerie  persiste  à  conserver  ces 
deux  calibres ,  il  faudrait  mettre  le  8  et  le  4  sur  la  rive  gauche  de  la 
Seine,  et  avoir  un  parc  séparé  qui  pourrait  être  placé  aux  Invalides 
et  qui  n'aurait  rien  de  commun  avec  la  rive  droite,  oii  seraient  les 
principales  forces,  et  qui  n'aurait  que  des  pièces  de  12,  de  6  et  des 
obusiers  d'un  seul  calibre. 

Portez  la  plus  grande  attention  à  faire  organiser  et  à  accélérer  par 
tous  les  moyens  possibles  les  défenses  commencées. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""=  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21868,  —  AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris  ,  2  mai  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  vous  m'avez  présenté  hier  un  travail 
sur  la  garde  nationale  de  Paris.  Les  choix  sont  d'une  grande  impor- 
tance. Je  pense  qu'il  faut  les  faire  examiner  conGdentiellement  par 
une  commission  composée  d'hommes  chauds  et  qui  connaissent 
Paris.  On  consultera  ensuite  les  comtes  Real,  Dubois  et  Regnaud  de 
Saint-Jean-d'Angély,  qui  pourront  ajouter  des  notes  utiles.  De  cette 
façon  on  fera  de  bons  choix,  qui  mettront  à  même  de  s'assurer  l'opi- 
nion de  cette  grande  cité. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Archives  de  l'Empire. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  K.  —  1815.  157 

21869.  —  AU  GÉNÉRAL  COMTE   DEJEAN, 

PREMIER  INSPECTEUR  GÉNÉRAI-  DU  GÉNIE,   A  PAUIS. 

Paris,  2  mai  1815. 

J'ai  pris  un  décret  qui  met  à  votre  disposition  une  somme  de 
500,000  francs  pour  les  travaux  des  fortifications  à  faire  aux  envi- 
rons de  Paris.  Tout  le  bois  dont  vous  aurez  besoin  vous  sera  fourni 
des  forêts  du  Domaine  ou  de  celles  de  la  Couronne.  Prenez  des 
mesures  pour  qu'il  y  ait  demain  200  ouvriers  employés  aux  travaux 
sur  Montmartre,  et,  successivement,  je  désire  que  le  nombre  en  soit 
porté  à  4  ou  5,000.  Je  suppose  que  les  ouvrages  ont  été  jalonnés 
hier.  Aussitôt  que  vous  le  pourrez,  remettez-moi  le  plan  de  Mont- 
martre, avec  les  ouvrages  que  vous  vous  proposez  d'y  faire;  il  faut 
qu'ils  soient  fortement  palissades;  on  pourrait  même  établir  quel- 
ques blockhaus,  si  cela  est  jugé  nécessaire.  • 

Je  suppose  que  dans  la  nuit  le  décret  sera  au  ministère  de  la 
guerre;  procurez-vous-le  demain  matin  de  bonne  heure. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21870.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL , 

MINISTRE   DE  LA   GUERRE,    A    PARIS. 

Paris,  3  mai  1815. 

Mon  Cousin,  vous  trouverez  ci-joints  les  vrais  numéros  qui 
étaient  sous  les  aigles.  Le  fondeur  à  qui  ils  avaient  été  donnés  pour 
être  fondus  vient  de  m'en  faire  hommage.  Cela  est  précieux.  Faites- 
les  placer  sous  les  aigles,  et  indemnisez  le  fondeur. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'EckmiihI. 


21871.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,    PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA  GUERRE,   A    PARIS. 

Paris,  3  mai  1815. 

Mon  Cousin,  vous  pouvez  donner  l'ordre  détendre  les  inondations 
dans  le  Nord ,  partout  oii  ces  inondations  ne  feraient  pas  de  dégâts  ; 
mais,  partout  où  elles  pourraient  produire  une  perte  de  3,000  francs, 
il  n'en  faut  faire  aucune.  Il  faut  que  le  comte  d'Eilon  ne  donne 
l'ordre  de  les  tendre  que  lorsque  le  premier  coup  de  fusil  aurait  été 
tiré;  mais,  dans  la  situation  actuelle  des  choses,  il  n'est  pas  impos- 


158  CORRESPOiXDANCE  DE  NAPOLEON  l".  —  1815. 

sible  qu'on  ne  puisse  gagner  la  récolte,  et,  après  la  récolte,  l'inon- 
dation ne  ferait  plus  de  mal. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21812.— AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MLMSTBE  DE   1^   GUEKRE  ,   A   PARIS. 

Paris,  3  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  réponds  à  votre  rapport  du  27  avril.  Faites  votre 
répartition  des  8,000  chevaux  entre  les  différents  départements. 
J'ordonnerai  qu'on  les  paye  en  bons  admissibles  en  payement  des 
biens  des  communes  et  des  forets. 

Je  pense  que  l'approvisionnement  de  siège  pour  trois  mois  est 
suffisant;  faites-moi  connaître  à  combien  cette  dépense  se  montera, 
ainsi  que  celle  pour  la  réquisition  des  chevaux. 

Je  voudrais  prendre  sur-le-champ  des  mesures  pour  ces  deux 
fournitures.  Faites-moi  connaître  l'argent  que  vous  avez  avancé.  Il 
faudrait  éviter  les  réquisitions  pour  le  service  de  l'armée;  il  me 
semble  que  c'est  facile;  les  consommations  consistent  en  pain,  eau- 
de-vie,  légumes,  fourrages  et  viande;  le  pain,  l'eau-de-vie,  les 
légumes,  les  fourrages,  sont  fournis  par  le  munition naire;  il  est  tenu 
d'avoir  trois  mois  d'avance;  or  la  consommation  de  l'armée  au 
1"  mai  était  pour  250,000  hommes  et  40,000  chevaux  :  a-t-il  pour 
250,000  hommes  et  40,000  chevaux  pendant  trois  mois?  Le  muni- 
tionnaire  général  est  tenu,  à  la  fin  de  février,  d'avoir  pour  six  mois.  Je 
pense  qu'il  faudrait  traiter  avec  lui  pour  que,  au  lieu  de  février,  il 
soit  tenu  d'avoir  cette  réserve  à  la  fin  de  mai;  alors  on  aurait  pourvu 
à  tout.  En  cas  de  réquisition,  comme  cela  doit  nécessairement  avoir 
lieu,  les  munitionnaires  seraient  tenus  de  les  payer,  conformément  à 
la  circulaire  qu'ils  ont  faite.  Ils  seraient  également  tenus  des  con- 
structions extraordinaires  de  fours  et  de  fournir  les  boulangers  et 
employés  nécessaires  dans  toutes  les  divisions  de  l'armée.  Il  s'agirait 
donc  de  s'assurer,  1"  que  le' munitionnaire  avait,  au  I*''  mai,  pour 
250,000  hommes  et  40,000  chevaux  pendant  trois  mois,  etc.; 
2°  qu'une  partie  de  cela  était  dans  les  places  fortes,  comme  magasin 
journalier. 

Dans  cet  état  de  choses,  les  approvisionnements  de  siège,  déjà 
formés  pour  trois  mois,  se  trouveraient  assurés  pour  six  mois  en 
pain,  fourrages,  eau-de-vie  et  légumes.  Le  reste  des  trois  mois  serait 
réparti  dans  les  différentes  divisions  militaires,  pour  le  besoin  des 
troupes. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I«r.  _  1815.         159 

Si  vous  exigez  du  niiinilionnaire  qu'il  fasse  des  magasins  de 
réserve  depuis  Paris  jusqu'à  Meaux,  Soissons,  Laon ,  Guise  et 
Avesnes,  qu'il  en  fasse  à  Vilry,  à  Langres ,  à  Strasbourg,  à  Metz;  il 
les  prendra  sur  les  trois  mois  qu'il  va  être  obligé  d'avoir  pour  porter 
son  avance  à  six  mois.  Vous  vous  procurerez  facilement  de  cette 
manière  une  réserve  de  2;i  millions  de  rations  et  4  millions  de  four- 
rages. 11  n'est  donc  plus  question  que  d'obtenir  du  munilionnaire 
d'accélérer  son  approvisionnement  pour  six  mois,  en  réalisant  au- 
jourd'hui ce  qu'il  ne  devait  réaliser  qu'en  février. 

Il  me  semble  que  cet  arrangement  doit  lui  être  avantageux,  puis- 
que le  blé  est  à  meilleur  prix  aujourd'hui  qu'il  ne  le  sera  en  février. 
Cependant,  comme  il  serait  possible  qu'il  n'eût  pas  les  fonds  sufû- 
sants,  je  ne  vois  pas  de  difficulté  à  lui  accorder  un  crédit  de  quelques 
millions  sur  les  receveurs  généraux,  crédit  qui  se  réaliserait,  un 
million  en  juin ,  un  million  en  juillet ,  un  en  août  ;  et ,  si  vous  jugiez 
devoir  lui  avancer  quatre  millions,  le  dernier  million  serait  réalisable 
sur  septembre.  La  retenue  de  cette  avance  se  ferait  par  un  sixième 
chaque  mois,  à  commencer  en  avril.  Par  ce  moyen,  le  trésor  ne 
serait  pas  constitué  en  avance  réelle,  le  munitionnaire  serait  suffi- 
samment garanti  en  ayant  une  avance  de  crédit,  les  services  seraient 
assurés  partout,  on  pourrait  faire  des  magasins  de  réserve  autant 
qu'on  voudrait,  puisqu'on  aurait  une  réserve  d'approvisionnement 
portée  à  six  mois,  et  pourtant  toutes  nos  places  fortes  se  trouveraient 
aussi  approvisionnées  pour  six  mois.  Alors  l'armée  vivrait  sans  réqui- 
sitions; il  n'y  aurait  que  le  premier  approvisionnement  des  places, 
pour  trois  mois,  qui  se  serait  fait  par  réquisition.  On  n'aurait  plus 
qu'à  s'occuper  de  la  viande;  ce  qui  va  être  le  sujet  d'une  autre  lettre. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comtu.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


21873.  —AU   MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL,. 

MINISTRE  DE    LA    GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  3  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  j'ai  lu  le  rapport  du  30  avril  sur  le  service  des 
vivres-viande.  Les  prix  me  paraissent  excessifs  et  les  conditions  oné- 
reuses. Une  avance  de  1,900,000  francs,  qui  n'est  réalisable  qu'en 
dix-neuf  mois,  est  inadmissible.  Quand  on  paye  au  fournisseur  les 
cinq  sixièmes  comptant,  il  doit  pourvoir  à  tout.  L'échelle  de  pro- 
portion qu'on  veut  régler  pour  les  prix ,  sur  la  quantité  d'hommes  à 
nourrir,  n'est  pas  applicable  à  un  territoire  étendu  et  varié  comme 


160         CORRESPOMDANCE  DE  NAPOLEON  l".  —  1815. 

celui  de  la  France.  Le  Var  et  le  Jura  n'ont  aucun  rapport  entre  eux  ; 
le  terriloire  d'Alsace  n'a  aucun  rapport  avec  celui  de  la  Flandre;  il 
en  est  de  même  de  ce  dernier  territoire  avec  les  Pyrénées;  27  cen- 
times est  un  prix  excessif. 

Je  pense  qu'il  serait  convenable,  puisque  nous  avons  une  grande 
entreprise ,  de  réunir  le  service  des  vivres-viande  à  celui  des  vivres- 
pain;  cela  diminuera  le  nombre  des  agents.  Cela  fera  une  grande 
administration  <à  laquelle  il  sera  plus  facile  de  maintenir  un  grand 
crédit.  On  opérerait  alors  pour  les  vivres-viande  comme  on  opère 
avec  elle  pour  les  vivres-pain.  On  lui  donnerait  les  cinq  sixièmes  de 
son  service;  et,  si  elle  avait  besoin  de  quelques  avances,  on  ne  lui 
ferait  qu'une  simple  avance  de  crédit,  qui  pourrait  s'élever  à 
1,800,000  francs,  payables  en  juin,  juillet,  août,  et  qu'on  retiendrait 
sur  son  service  par  mois  ,  soit  par  tiers,  soit  par  sixième.  Ce  simple 
crédit  serait  suffisant  au  munilionnaire  pour  se  former  un  plus  grand 
crédit.  Si  M.  Montessuy  n'a  aucun  fonds  ni  aucune  avance,  il  est, 
difficile  qu'il  puisse  cire  chargé  d'un  grand  service. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comra.  par  M""=  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21874. —AU  MARKCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MIMSTRE  DE  LA  GUERRE,    A  PARIS. 

Paris ,  3  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  pense  qu'il  est  indispensable  de  lever  120,000 
hommes  sur  la  conscription  de  1815;  mais  qu'il  serait  utile  de 
retarder  encore  quelques  jours,  jusqu'à  ce  que  l'opération  des  anciens 
militaires  soit  plus  avancée.  Je  pense  aussi  qu'il  faudrait  faire  cette 
levée  partiellement.  Mais  il  est  indispensable  d'avoir  une  réserve 
pour  nourrir  la  guerre. 

Il  est  probable  que  nous  ne  retirerons  pas  plus  de  100,000 
hommes  de  l'appel  des  vieux  militaires;  ce  qui  complétera  tout  au 
plus  les  2"  et  3"  bataillons.  Les  cadres  des  4"  et  5"  bataillons  res- 
teront donc  libres  :  je  voudrais  les  destiner  à  recevoir  la  conscription 
de  1815. 

Lorsque  cette  conscription  rejoindra,  les  opérations  militaires 
seront  en  train  et  notre  terriloire  peut-être  entamé  sur  quelques 
points.  Le  plus  prudent  me  paraît  de  réunir  cette  conscription,  1°  à 
Lyon,  pour  le  Dauphiné  et  la  Provence;  on  ferait  venir  à  Lyon  un 
nombre  de  cadres  de  bataillons  nécessaire,  et  on  y  formerait  un  éta- 
blissement d'habillement;  2"  à  Bordeaux  ou  toute  autre  ville  voisine, 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«".  —  1815.  i61 

pour  les  11*  et  20'  divisions  militaires;  3"  à  Toulouse,  pour  les  10' 
et  9*  divisions  militaires ,  et  enfln  à  Paris ,  pour  tout  le  reste  de  la 
France. 

Il  serait  donc  formé  quatre  armées  de  réserve  :  une  à  Paris,  une 
à  Lyon ,  une  à  Bordeaux  et  une  à  Toulouse.  L'armée  de  réserve  de 
Lyon  serait  composée  d'autant  de  4"  bataillons  qu'on  pourrait  tirer 
de  conscrits  des  8',  7*  et  19*  divisions  mililaires;  l'armée  de  réserve 
de  Toulouse,  d'autant  de  4"  bataillons  qu'on  pourrait  tirer  de  con- 
scrits des  9*  et  10*  divisions;  l'armée  de  réserve  de  Bordeaux,  d'autant 
de  4"  bataillons  qu'on  pourrait  tirer  de  conscrits  des  11*  et  20*  divi- 
sions; enfin  celle  de  Paris,  d'autant  de  4*'  bataillons  qu'on  pourrait 
tirer  de  conscrits  des  P*,  2%  3*,  4*,  5*,  6*,  12%  13*,  14*,  15*  et 
JG*  divisions  militaires. 

Il  serait  formé  quatre  ateliers  d'habillement  dans  chacune  de  ces 
quatre  grandes  villes,  pour  habiller  ces  quatre  armées. 

Faites-moi  donc  un  projet  qui  me  fasse  connaître,  1"  le  nombre 
de  bataillons  dont  pourra  être  composée  chaque  armée,  2»  les  corps 
qui  les  fourniront.  On  en  formerait  autant  de  divisions  qu'il  y  aurait 
de  fois  douze  bataillons. 

Napoléom.   - 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'ËckmiihI. 


21875.  —AU  VICE-AMIUAL  DUC  DEGRÉS, 

MINISTRE  DE  LA  MARINE,  A  PARIS. 

Paris,  3  mai  1815. 

Je  ne  conçois  rien  à  la  lettre  que  vous  m'écrivez  aujourd'hui.  Je 
vous  ai  déclaré  que  je  ne  voulais  pas  faire  d'appel.  Voilà  quinze  jours 
de  perdus  bien  malheureusement.  Avec  cette  manière  il  est  impos- 
sible de  réussir  à  rien.  Comment  n'avez-vous  pas  déjà  nommé  les 
capitaines  de  vaisseau  qui  doivent  commander  les  régiments,  les 
capitaines  de  frégate  qui  doivent  commander  les  bataillons,  et  les 
lieutenants  de  vaisseau  qui  doivent  commander  les  compagnies?  Et 
comment  n'avez-vous  pas  déjà  envoyé  ces  officiers  en  recrulement 
pour  presser  la  réunion  des  marins?  Comment  n'avez-vous  pas  expé- 
dié une  circulaire  pour  réunir  tous  ces  hommes?  Faites-le  dans  la 
journée.  Je  croyais  que  depuis  longtemps  c'était  fait. 

XUPOLÉON. 

D'après  la  miiiule.  Archives  de  l'Empire. 


11 


162  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 

21876.  — AU  GÉNÉRAL  COMTE  BERTRAND, 

GRAXD  MARÉCHAL  DU  PALAIS,  A  PARIS. 

Paris,  5  mai  1815. 

Je  viens  d'arrêter  le  budget  des  théâtres.  Il  y  a  un  article  assez  fort 
pour  location  de  loges,  et  je  crois  avoir  fait  des  fonds  pour  la  même 
dépense  au  budget  de  ma  Maison  ;  vériûez  s'il  y  a  double  emploi. 
Je  donne  dans  le  budget  de  ma  Maison  200,000  francs  à  des  musi- 
ciens, à  des  chanteurs,  etc.  Il  faudrait  que  dans  les  distributions  que 
vous  faites  il  n'y  eût  pas  de  doubles  emplois. 

Vous  trouverez  ci-joint  l'état  des  gratifications  à  payer  pour  le  reste 
de  l'année  aux  acteurs. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire.  , 


21877.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  7  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  reçois  l'état  des  chevaux  qui  doivent  être  rerais 
par  la  gendarmerie.  Je  vois  que  les  150  du  2"  régiment  de  carabi- 
niers et  les  315  du  1*',  qui  doivent  être  livrés  le  12  et  le  14,  seront 
obligés  de  se  rendre  à  Lunéville,  pour  revenir  ensuite  à  Laon.  Je 
perds  quinze  jours.  Je  désire  que  ces  deux  détachements  soient  montés 
et  équipés  à  Paris  et  à  Versailles,  qu'on  leur  donne  des  selles  de  la 
gendarmerie  et  qu'ils  soient  dirigés  de  suite  sur  Laon.  Si  les  habille- 
ments leur  manquent,  qu'on  les  leur  procure  également  à  Paris.  Par 
ce  moyen,  j'aurai  à  l'armée,  avant  le  20  mai,  450  hommes  que  je 
n'aurais  pas  eus  avant  le  10  juin  par  la  marche  qu'on  avait  prise. 

Je  dis  la  même  chose  du  2«  de  cuirassiers,  du  3*  et  du  l"'  de  dra- 
gons, auxquels  il  doit  être  remis  200  chevaux  le  10  mai.  Ils  peuvent 
être  équipés  et  montés  à  Blois  et  à  Tours. 

Je  dis  la  même  chose  du  3'  de  cuirassiers,  du  8"  de  dragons, 
qu'on  peut  faire  partir  de  Chartres,  où  ils  doivent  recevoir  250 
chevaux. 

Il  en  est  encore  de  même  du  4"  de  cuirassiers,  des  12"  et  15'  de 
dragons,  auxquels  on  doit  fournir,  à  Rouen,  400  chevaux.  Le  12'  de 
dragons  peut  envoyer  139  hommes  à  Bourges,  pour  y  recevoir  les 
139  chevaux  qui  lui  manquent,  et  ainsi  de  suite. 

Vous  devez  avoir  soin  de  faire  fournir  par  la  gendarmerie  toutes 
les  selles  dont  on  peut  avoir  besoin.  Presque  partout  vous  devez  être 
encore  à  temps  de  donner  à  cet  égard  les  ordres  nécessaires. 


CORRESPONDANGIC   DE  NAPOLEON  I".  —1815.  163 

En  résumé,  il  faut  que  les  chevaux  qui  doivent  être  remis  soient 
menés  directement  aux  escadrons  de  guerre,  lorsque  les  dépôts 
seront  éloignés  de  plus  de  cinq  jours  de  marche,  et  il  faut  alors  que 
les  hommes  et  les  effets  d'habillement  reçoivent  sur-le-champ  la 
même  direction. 

Napoléon. 

P.  S.  Il  aurait  fallu,  pour  que  voire  état  fût  parfait,  qu'il  indi- 
quât les  lieux  où  se  trouvent  les  escadrons  de  guerre  que  doivent 
rejoindre  les  détachements  ;  faites-le  refaire,  et,  lorsque  vous  l'aurez 
sous  les  yeux,  expédiez  à  tous  les  régiments  et  dépôts  les  ordres 
nécessaires  pour  que  les  détachements  ne  fassent  point  de  fausses 
marches,  et  que,  dans  les  cas  que  je  viens  d'indiquer,  ils  se  rendent 
en  droite  ligne  aux  escadrons  de  guerre. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  marcclialc  princesse  d'Eckmâhl. 


21878.  —  AU  GENERAL  COMTE  BERTRAND, 

GRAND  MARÉCHAL  DU  PALAIS,  A  PARIS. 

Paris ,  1  mai  1815. 

Je  n'entends  que  plaintes  de  la  part  des  personnes  qui  viennent  de 
nie  d'Elbe  -,  cela  fait  le  plus  mauvais  effet.  J'avais  fhabitude  de  m'en 
rapporter  pour  ces  sortes  de  grâces  au  grand  maréchal  ;  et ,  comme 
vous  connaissez  individuellement  les  personnes  dont  il  s'agit,  je 
n'aurais  pas  supposé  que  vous  missiez  du  retard  à  vous  occuper 
d'elles.  Prenez  ce  qui  est  nécessaire  dans  ma  cassette.  Ne  donnez  au 
grand  aumônier  ce  qui  est  mis  à  sa  disposition  pour  secours  qu'à 
dater  du  1"  mai.  Employez  vous-même  les  10,000  francs  du  grand 
aumônier  pour  avril  et  les  10,000  francs  qui  sont  à  votre  disposition 
pour  le  même  mois,  ce  qui  fera  20,000  francs  ;  de  manière  que  tous 
les  individus  arrivés  avec  moi  de  l'île  d'Elbe  soient  le  plus  prompte- 
ment  secourus,  et  que  tout  le  monde  soit  content. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21879.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DK   LA  GUKHRE,    A  PARIS. 

Paris.  9  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  je  vous  renvoie  les  états  du  général  Rapp.  Vous  lui 
ferez  connaître  que  mon  intention  est  qu'il  ne  reste  pas  un  seul 
homme  de  troupes  de  ligne  dans  nos  places  fortes,  qui  doivent  être 

11. 


164         CORRESPONDAIVCE   DE  NAPOLÉON  l^r.  —  1815. 

abandonnées  aux  gardes  nationales  d'élite  et  aux  gardes  nationales 
sédentaires.  Je  suppose  que  vous  me  proposez  un  gouverneur  pour 
Strasbourg  et  pour  toutes  les  places  de  l'Alsace.  Il  doit  y  avoir  à  Stras- 
bourg un  commandant  d'armes,  un  maréchal  de  camp  commandant 
des  gardes  nationales  sédentaires  et  deux  maréchaux  de  camp  com- 
mandant les  deux  brigades  d'élite  de  grenadiers  de  garde  nationale. 
Indépendamment  de  ce,  il  doit  y  avoir  des  officiers  d'arlillerie  com- 
mandants et  des  officiers  commandant  le  génie.  Les  seules  troupes  de 
ligne  qu'on  puisse  garder  dans  les  places  sont  celles  d'arlillerie,  mais 
dans  le  nombre  déterminé  par  votre  bureau  d'artillerie,  de  manière  que 
cela  ne  nuise  en  rien  à  l'armée  du  Rhin.  Toutes  les  troupes  étant  ainsi 
réunies  au  corps  d'armée,  mon  intention  est  que  la  surveillance  du  Rhin, 
depuis  Huningue  jusqu'à  Strasbourg,  et  depuis  Strasbourg  jusqu'aux 
lignes  de  VVissembourg ,  soit  donnée  aux  gardes  nationales  qui  font 
partie  des  garnisons.  Les  places  se  concerteront  entre  elles  pour  que 
leurs  détachements  puissent  se  croiser.  On  construira  quelques  ret- 
doutes,  on  crénellera  quelques  maisons,  pour  mettre  le  rivage  à  l'abri 
du  passage  de  l'ennemi.  Il  doit  y  avoir  dans  les  places  des  pièces  de 
campagne  qui  seront  attelées,  dans  le  moment,  par  des  chevaux  de 
la  ville  ou  des  environs  et  que  les  charretiers  du  pays  conduiront.  On 
pourra,  de  cette  façon,  les  conduire  aux  postes  les  plus  importants. 
Le  général  Rapp  doit  ordonner  la  construction  de  ces  ouvrages  de 
campagne  et  de  ces  redoutes.  Le  quartier  général  doit  se  porter  entre 
Strasbourg  et  Landau;  toutes  les  divisions  doivent  être  cantonnées 
aux  environs  des  lignes  de  Wissembourg  et  de  la  Lauter ,  sans  qu'au^ 
cun  homme  de  cavalerie  ni  d'infanterie  reste  dans  les  places.  On 
doit  accélérer  dans  les  dépôts,  l'armement  et  l'équipement  de  tous 
les  hommes  qui  arrivent,  et  en  augmenter  sans  délai  les  bataillons 
actifs.  Au  moment  où  les  hostilités  commenceraient,  mais  à  ce  mo- 
ment seulement,  les  dépôts  devront  se  diriger  sur  l'intérieur,  confor- 
mément à  ma  lettre  d'hier.  Tous  les  officiers  et  soldats  réformés  ou 
jouissant  de  la  solde  de  retraite  doivent  être  réunis  dans  les  places 
fortes,  à  moins  qu'ils  ne  soient  employés  dans  la  levée  en  masse,  et, 
dans  ces  places ,  ils  serviront  comme  instructeurs  et  soutiendront  le 
zèle  des  gardes  nationales  par  leur  expérience.  Enfin  il  est  conve- 
nable que  les  états-majors  aient  un  nombre  surabondant  d'officiers. 
Je  pense  donc  que  le  général  Rapp  doit,  avant  le  12  mai,  avoir 
20,000  hommes  aux  lignes  de  Haguenau.  Il  se  mettra  en  correspon- 
dance avec  le  général  Gérard,  qui  réunira  ses  troupes  dans  la  posi- 
tion qu'il  jugera  la  plus  convenable,  près  de  Longwy,  ou  de  Thion- 
ville,  ou  de  Sarrebruck.  Ces  deux  généraux  correspondront  entre 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«^  —  1815.         1G5 

eux  par  Bitche,  en  assurant  tous  leurs  moyens  de  communication. 
Le  général  Gérard  recevra  le  même  ordre  de  faire  évacuer  par  les 
troupes  de  ligne  toutes  les  places  fortes ,  en  n'y  laissant  que  le  per- 
sonnel d'artillerie  que  vous  aurez  désigné. 

Les  gardes  nationales  sédentaires  et  d'élite  doivent  seules  former 
les  garnisons  des  places  ;  les  dépôts  resteront  jusqu'au  dernier  mo- 
ment dans  les  places.  On  y  accélérera  les  confections  et  on  augmen- 
tera les  troupes  actives  par  tous  les  moyens  possibles.  On  complétera 
d'abord  les  deux  premiers  bataillons  à  500  hommes  ;  après  cela,  on 
complétera  le  3«  bataillon  également  à  500  hommes.  Quand  on  aura 
ainsi  complété  les  trois  premiers  bataillons  à  1,500  hommes,  on 
s'occupera  ensuite  de  les  compléter  chacun  à  GOO  hommes.  Les 
cadres  du  4®  bataillon  et  les  dépôts,  au  moment  de  la  déclaration  de 
guerre,  sortiraient  des  places  pour  se  rendre  dans  l'intérieur,  con- 
formément à  la  lettre  que  je  vous  ai  écrite.  Il  ne  faut  donc  pas  que , 
pour  la  garde  des  grandes  places ,  on  affaiblisse  d'un  seul  homme  les 
troupes  de  ligne. 

Quant  aux  officiers  et  soldats  réformés,  on  prendra  pour  les 
places  de  la  Moselle  les  mêmes  mesures  que  pour  les  places  du 
Rhin.  Vous  donnerez  ordre  qu'on  fasse  atteler  deux  batteries  de  huit 
pièces  de  garde  nationale  par  des  chevaux  et  des  charretiers  du  pays; 
ces  batteries  seront  attachées  ,  l'une  à  la  division  de  Colmar  et  l'autre 
à  la  division  de  réserve  de  la  Moselle,  qui  se  réunit  à  Nancy.  Le 
général  Lecourbe  doit  réunir  tout  son  corps  d'armée  au  camp  devant 
Belfort,  de  manière  à  être  protégé  par  la  place,  en  occupant  une 
bonne  position.  C'est  là  que  toutes  les  gardes  nationales  qui  ne  sont 
pas  destinées  à  la  défense  des  places  de  la  6°  division  doivent  se 
réunir,  même  les  divisions  qui  se  réunissent  à  Besançon  et  Vesoul, 
si  la  Suisse  reste  neutre.  Le  général  Lecourbe  doit  faire  faire  quel- 
ques redoutes  pour  protéger  son  camp,  de  manière  à  couvrir  tout  à 
fait  cette  trouée.  Sur  sa  gauche  se  trouvera  la  division  de  réserve  qui 
est  à  Nancy  et  qui  doit  garder  les  Vosges.  Si,  au  contraire,  la  neu- 
tralité de  la  Suisse  était  violée ,  ou  si  elle  se  déclarait  contre  nous ,  une 
forte  partie  de  ces  gardes  nationales  devrait  défendre  le  Jura. 

Vous  devez  donner  les  mêmes  ordres  au  général  Vandamme,  et 
j'espère  que,  du  10  au  15,  il  n'aura  plus  un  seul  homme  dans  les 
garnisons,  qu'elles  seront  toutes  abandonnées  à  la  garde  des  gardes 
nationales  d'élite  et  des  gardes  nationales  sédentaires.  Le  général 
Vandamme  doit  réunir  son  corps,  comme  je  l'ai  déjà  prescrit,  du 
côté  de  Rocroy  et  de  Philippeville.  Vous  lui  ferez  connaître  qu'il  fait 
partie  de  l'armée  du  Nord;  qu'il  doit  pouvoir  s'y  réunir  sur  la  Sam- 


166         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

lire,  où  je  me  trouverai  probablement  moi-même,  afin  d'agir  avec 
(!e  grandes  masses.  Il  faut  presser  le  départ  des  gardes  nationales 
dans  les  1"  et  15*  divisions,  afin  d'occuper  toutes  les  places  du  Nord, 
et  que,  du  10  au  15,  si  cela  est  possible,  nous  n'ayons  plus  un  seul 
homme  de  troupes  de  ligne  dans  les  places  du  Nord ,  hormis  les  dé- 
pôts, qui  recevront  l'ordre  de  se  rendre  successivement  sur  la  Somme. 
11  faut  que  les  généraux,  le  comte  d'Erlon  pour  le  Nord,  le  général 
Vandamme,  le  général  Gérard  pour  l'armée  de  la  Moselle,  le  général 
Rapp  pour  l'armée  du  Rhin ,  fassent  faire  des  revues  par  leurs  aides 
de  camp  et  pressent  de  tous  leurs  moyens  l'arrivée  des  soldats  ;  que 
ceux-ci  rejoignent  et  augmentent  les  corps.  Pourvu  qu'ils  aient  un 
fusil,  une  capote  et  une  tournure  militaire  quelconque,  cela  est 
suffisant.  Le  principal  est  d'accroître  le  nombre  et  la  force  de  nos 
bataillons. 

Donnez  la  même  instruction  générale  aux  généraux  commandant 
le  corps  d'observation  du  Jura  et  l'armée  des  Alpes.  "^ 

Je  ne  saurais  trop  vous  recommander  la  mise  en  état  de  défense 
de  Lyon ,  de  Grenoble  et  de  tous  les  petits  forts  qui  défendent  les 
débouchés  de  la  Suisse.  Le  général  Lecourbe  et  le  commandant  de 
l'armée  des  Alpes  doivent,  chacun  de  son  côté,  envoyer  des  officiers 
d'état-major  pour  presser  la  mise  en  état  de  leurs  places. 

Je  vous  recommande  qu'il  y  ait  un  chef  de  bataillon  de  ligne  pour 
chaque  bataillon  de  gardes  nationales  en  activité,  un  major  ou  colo- 
nel pour  chaque  régiment  de  gardes  nationales  de  deux  bataillons, 
un  maréchal  de  camp  pour  chaque  brigade  de  deux  régiments  de 
gardes  nationales,  et  enfin  un  maréchal  de  camp  pour  commander 
les  gardes  nationales  sédentaires  dans  les  villes  des  frontières  qui  ont 
plus  de  2,000  habitants  organisés  en  garde  nationale,  et  seulement 
un  colonel  dans  les  places  fortes  dont  la  garde  sédentaire  serait  au- 
dessous  de  ce  nombre. 

Dans  une  autre  dépêche,  je  vous  ferai  connaître  ce  que  doivent 
faire  les  généraux  commandant  les  divisions  militaires ,  ainsi  que  les 
maréchaux  de  camp  sous  leurs  ordres,  pour  ne  pas  être  renfermés 
dans  les  places. 

Vérifiez  si  partout  il  y  a  des  gouverneurs,  des  officiers  d'artillerie, 
des  officiers  du  génie,  et  le  nombre  d'officiers  de  ligne  nécessaire 
pour  les  places. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comni.  par  M"*  la  maréchale  priuccsse  d'Eckmùlil. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  167 

21880.  —AU  MARÉCHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  9  mai  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  ordre  aux  généraux  qui  commandent  la  divi- 
sion de  réserve  de  la  Moselle,  qui  se  réunit  àMancy,  et  celle  du  Nord, 
qui  se  réunit  à  Sainte-Menehould,  de  prendre  tout  de  suite  des 
mesures  pour  fortifier  les  passages  des  Vosges  et  de  l'Argonne. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21881.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE    LA  GUERRE,    A   PARIS. 

Paris,  9  mai  1815. 

Mon  Cousin,  il  y  a  dans  la  16*  division,  le  20"  de  dragons  qui 
a  300  chevaux  et  pas  d'hommes,  d'aulres  qui  ont  des  hommes  et  pas 
de  chevaux,  d'autres  qui  ont  des  selles  et  pas  d'habits,  d'autres  enfin 
qui  ont  des  habits  et  pas  de  selles.  Je  désirerais  qu'un  officier  général 
de  cavalerie  qui  se  trouverait  déjà  sur  les  lieux  reçût  de  vous  la 
mission  spéciale  de  parcourir  ces  dépôts,  avec  pouvoir  de  disposer 
des  chevaux  d'excédant  en  faveur  des  dépôts  de  même  arme  qui 
auraient  des  hommes  habillés  non  montés,  de  prendre  des  selles  où 
il  y  en  aurait  de  trop  pour  en  donner  à  ceux  qui  en  manqueraient; 
enfin  de  placer  les  habits  oii  sont  les  besoins  :  tout  cela  dans  le  but 
de  rendre  un  plus  grand  nombre  d'hommes  disponibles  pour  les 
escadrons  de  guerre.  On  partira  du  principe  que  c'est  aux  régiments 
qui  ont  des  hommes  qu'on  devra  remettre  les  chevaux  et  les  selles 
d'excédant,  vu  qu'il  y  aurait  de  l'inconvénient  à  changer  les  hommes 
de  corps. 

Cette  première  opération  faite,  il  serait  utile  de  faire  un  dépôt 
central  de  tous  les  dépôts  de  la  16'  division,  sans  attendre  les  mou- 
vements de  l'ennemi.  Ce  dépôt  central  serait  bien  à  Amiens.  Le 
même  officier  général  qui  se  rendrait  aux  dépôts  correspondrait  avec 
le  général  Bourcier  pour  activer  le  départ  du  plus  grand  nombre 
d'hommes  possible. 

La  même  opération  pourrait  être  faite  par  les  soins  du  général 
Rapp  dans  la  5*  division,  dont  il  ferait  parcourir  les  dépôts  par  un 
officier  général.  Elle  pourrait  se  faire  également  dans  les  3'  et  4*  divi- 
sions. Enfin  le  général  Bourcier  pourrrait  la  faire  dans  la  1"  division. 
Le  but  serait  toujours  le  même,  avoir,  en  cinq  ou  six  jours,  un  plus 
grand  nombre  d'hommes  disponibles,  ce  qui  est  la  grande  affaire. 


168  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  _  1815. 

L'on  pourrait  peut-être  aussi  réunir  sur  Nancy  tous  les  dépôts  de 
la  5*  division,  une  fois  que  celte  opération  serait  faite;  ce  qui  déga- 
gerait nos  places  d'Alsace;  et,  aux  premières  hostilités,  ce  dépôt  de 
Nancy  s'approcherait  de  l'Aube. 

Chargez  les  généraux  qui  commandent  les  régiments  de  cavalerie 
de  seconder  ces  mesures  de  tous  leurs  efforts ,  afin  d'avoir  le  plus 
tôt  possible  un  plus  grand  nombre  d'hommes  prêts. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"'«  la  maréchale  princesse  d'Eckmûlil. 


21882. —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  9  mai  1815. 

Mon  Cousin,  dans  le  moment  actuel,  je  pense  qu'il  est  convenable 
de  ne  rien  changer  à  l'organisation  des  armées.  11  est  mieux  de  s'en 
tenir  à  ce  qui  est  fait  que  de  détacher  les  Vosges  de  leur  division  mi- 
litaire pour  les  mettre  dans  l'armée  du  Rhin;  si  cela  est  jugé  néces- 
saire, car  il  y  a  du  pour  et  du  contre,  cela  pourra  se  faire  plus  tard. 
Il  est  des  cas  où  les  Vosges  sont  la  retraite  de  l'armée  du  Rhin  ;  mais 
il  en  est  d'autres  où  les  Vosges  menacent  les  derrières  de  l'armée  de, 
la  Moselle.  J'attends  donc  que  la  nature  de  la  guerre  qu'on  devra  faire 
soit  mieux  déterminée.  La  même  chose  devra  se  faire  pour  la  forêt 
de  l'Argonne. 

Mais  il  est  important  que ,  pour  Tune  et  l'autre  de  ces  deux  posi- 
tions, il  y  ait  deux  lieutenants  généraux  et  quatre  maréchaux  de 
camp  qui  commandent  les  divisions  de  réserve  de  gardes  nationales, 
et  qu'il  y  ait  avec  eux  des  officiers  du  génie  et  de  l'artillerie,  et  qu'ils 
soient  chargés  de  reconnaître  et  de  fortifier  tous  les  défilés.  J'ai  cru 
que  cela  était  fait  depuis  longtemps  ;  il  n'y  a  donc  pas  un  moment  à 
perdre. 

Il  faut  également  un  général  pour  commander  la  division  de 
réserve  de  Colmar,  et  deux  lieutenants  généraux  et  le  nombre  de  ma- 
réchaux de  camp  nécessaire  pour  commander  les  réserves  de  Vesoul 
et  de  Resançon ,  et  enfin  également  les  généraux  nécessaires  pour 
commander  celles  de  Lyon ,  de  Valence  el  le  fort  Barraux. 

Il  est  urgent  que  ces  généraux  se  rendent  à  leurs  postes ,  et  que 
îes  généraux  de  la  Moselle,  du  Rhin,  du  corps  d'observation  du  Jura 
et  de  l'armée  des  Alpes  sachent  ce  dont  ils  sont  chargés. 

Je  croyais  avoir  nomnié  ces  généraux;  s'ils  ne  l'étaient  pas,  le  gé- 
néral Flahault  m'apporterait  les  décrets  à  signer.  Prenez  des  généraux 
qui  sont  à  Paris. 


I 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  !«'.  —  181  5.         169 

Il  est  nécessaire  que  le  général  Gérard  veille  lui-même  à  la  mise 
en  état  des  Vosges;  le  général  Vaudamme,  à  la  mise  en  état  de  l'Ar- 
gonne;  le  général  Rapp ,  aux  redoutes  et  points  fortifiés  h  établir  le 
long  du  Hhin;  et  le  général  Lecourbe,  à  Belfort  et  à  tous  les  passages 
du  Jura,  et  surtout  à  la  mise  en  élat,  armement,  approvisionnement 
et  commandement  des  places  fortes  de  la  6^  division. 

Enfin  il  faut  également  que  le  général  des  Alpes  surveille  la  mise 
en  état  des  places  fortes  et  toutes  les  positions  à  prendre  pour  couvrir 
Lyon  du  côté  de  la  Suisse ,  la  mise  en  état  de  la  ville  importante  de 
Lyon  et  les  fortifications  de  campagne  à  établir  sur  les  cols  des  Alpes. 

Je  pense  que  le  général  des  Alpes  doit  être  aussi  chargé  de  sur- 
veiller la  mise  en  état,  l'armement,  l'approvisionnement  et  le  com- 
mandement de  la  forteresse  de  Sisteron. 

C'est  donc  une  instruction  particulière  qu'on  doit  faire  rédiger  pour 
chacun  de  ces  généraux  ;  ils  chargeront  de  l'exécution  les  généraux 
commandant  les  réserves,  chargés  de  la  défense  de  ces  différents 
points,  et  les  officiers  du  génie  qui  y  sont  attachés. 

Le  général  Flahault  s'assurera  que  les  places  fortes  du  Rhin,  du 
Nord  et  des  6*  et  7*  divisions  ont  leurs  commandants. 

D'après  l'original  non  signé  coram.  par  M™^  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21883.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  9  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  le  G  mai  il  n'y  avait  encore  que  quatre  bouches  à  feu 
à  Château -Thierry.  Faites-moi  connaître  quel  est  l'armement  de 
Château-Thierry,  Soissons,  Vitry,  Laon  ,  Langres,  et  de  quel  côté  on 
fait  venir  les  pièces.  Si  l'on  avait  besoin  de  quelques  secours,  on 
pourrait  faire  venir  des  pièces  en  fer  de  la  marine. 

Napoléon. 

D'après  l'original  coram.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21884.  —AL  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DK  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  9  mai  1815. 

Mon  Cousin,   j'accorde  une  paire  de  souliers  en  gratification  à 
chacun  des  sous-officiers  et  soldats  du  14*  régiment  de  ligne. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M^e  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


170        CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I«'.  —  1815. 
21885. —AU  MARÉCHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  9  mai  1815. 

Mon  Cousin,  il  me  vient  des  plaintes  de  tous  côtés,  soit  de  la 
5*  division,  soit  de  la  19",  enfin  de  partout,  que  les  régiments  n'ont 
pas  d'argent  et  que  les  nombreux  détachements  qui  arrivent  aux  corps 
ne  peuvent  pas  être  habillés.  Prenez  des  mesures  pour  leur  faire 
passer  vos  ordonnances.  Le  trésor  m'assure  que  toutes  celles  qui 
seront  dans  la  limite  de  la  distribution  de  mai  seront  payées  comptant. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""'  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21886.  —  AU  COMTE  MOLLIEN,  ministre  du  trésor  purlic,  a  paris. 

Paris,  9  mai  1815. 

Monsieur  le  Comte  MoUien,  il  est  du  plus  haut  intérêt  que  tous 
les  fonds  que  vous  devez  donner  aux  corps  pour  Thabillement  leur 
soient  soldés  dans  les  huit  jours.  J'ai  100,000  hommes  dont  je  ne 
puis  tirer  aucun  parti,  faute  de  fonds  pour  les  habiller  et  les  équiper. 
Les  destins  de  la  France  sont  là;  occupez-vous-en  jour  et  nuit,  et 
prenez  des  mesures  pour  que  ces  fonds  soient  assurés  sur-le-champ. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comra.  par  M""  la  comtesse  MoUien. 


21887.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

ministre  de  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  10  mai  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  350  fusils  à  Montreuil,  1,100  à  Dunkerque, 
11,686  à  Lille,  5,791  à  Douai;  la  majeure  partie  est  en  réparation, 
mais  le  travail  languit,  faute  d'argent.  Faites  les  fonds  nécessaires 
pour  que  la  mise  en  état  de  ces  armes  n'éprouve  aucun  retard. 

Il  manque  au  2"  corps  une  batterie  d'artillerie  légère  et  une  à  la 
réserve  de  cavalerie;  le  matériel  est  prêt,  mais  il  manque  des  chevaux  : 
il  faut  y  pourvoir,  et,  de  plus,  faire  les  fonds  pour  que  les  deux  com- 
pagnies destinées  à  servir  ces  batteries  soient  montées  au  complet, 
elles  n'ont  que  30  chevaux  en  ce  moment. 

H  manque  des  cordages  pour  les  équipages  de  pont  qui  se  préparent 
à  Douai. 

L'officier  du  génie  en  chef  à  Abbeville  n'a  pas  de  capacité;  en  outre, 
il  se  trouve  dans  sa  ville  natale,  ce  qui  ne  convient  pas;  faites-le 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  l«>-.  —  1815.  171 

remplacer.  L'ofûcier  d'artillerie  est  également  d'Abbeville  :  changez- 
le.  Il  n'y  a  que  deux  officiers  du  génie  à  Douai,  ce  qui  n'est  pas  suf- 
fisant ;  envoyez-en  un  troisième. 

,  Montreuil  exige  des  réparations  ;  donnez  des  ordres  et  faites  des 
fonds  pour  les  travaux  les  plus  urgents.  Abbeville  est  dans  le  même 
cas.  La  plupart  des  places  du  Nord  manquent  des  bois  nécessaires 
pour  les  travaux  de  défense;  il  faut  assurer  cette  partie  du  service  et 
subvenir  du  moins  aux  besoins  les  plus  pressants. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™  la  maréchale  princesse  d'Eckiniihl. 


21888.  — AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GLERRE  ,  A  PARIS. 

Parig,  10  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  indépendamment  des  trois  cents  bouches  à  feu  des 
équipages  de  campagne,  je  pense  qu'il  est  nécessaire  d'avoir  à  Paris 
trois  cents  bouches  à  feu  en  fer.  J'écris  au  ministre  de  la  marine  de 
nous  en  envoyer  du  Havre  cent  de  24,  cent  de  12  et  cent  de  G,  avec 
un  approvisionnement  de  300  coups  par  pièce,  dont  50  coups  de 
mitraille,  et  tous  les  détails  de  l'armement  nécessaires,  tels  que  le- 
viers ,  coins,  etc.  Je  lui  demande  en  outre  100  affûls  marins.  Il  sera 
formé,  sur  l'emplacement  des  Invalides,  un  parc  oij  toutes  ces  pièces 
et  approvisionnements  seront  déposés.  Vous  en  donnerez  la  direction 
au  général  Sugny.  La  marine  continuera  à  en  avoir  la  comptabilité. 
Les  transports,  ainsi  que  les  dépenses  du  magasin  des  Invalides, 
seront  à  ses  frais.  Les  trois  cents  bouches  à  feu  en  fer  seront  destinées 
partie  pour  Paris  et  partie  pour  les  autres  places  de  l'intérieur,  telles 
que  Soissons,  Reims,  Vitry,  Laon,  Château-Thierry,  Langres,  etc. 

J'ordonne  également  au  ministre  de  la  marine  de  diriger  sur  Lyon 
cent  pièces  en  fer,  dont  trente  pièces  de  24,  trente  pièces  de  12  et 
quarante  pièces  de  6 ,  avec  le  même  approvisionnement  à  300  coups 
par  pièce,  et  des  affûts  marins.  Ce  parc  viendra  des  côtes  de  la  Mé- 
diterranée et  remontera  le  Rhône.  Il  sera  pris  des  mesures  pour  que 
ce  soit  le  plus  promptement  possible, 

La  marine  aura  également  la  direction  du  parc  de  Lyon  et  sera 
chargée  de  la  comptabilité  de  ce  matériel  et  des  transports. 

Ces  bouches  à  feu  serviront  à  la  défense  de  Lyon.  On  pourra  en 
tirer  des  pièces  de  6  pour  la  garde  du  pont  de  Saône.  Il  serait  utile 
alors  d'avoir  une  vingtaine  d'affûts  bâtards,  mais  à  grands  rouages, 
à  peu  près  comme  affûts  de  campagne,  pour  les  pièces  de  6. 


172         CORRESPOMDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

Une  Irentaine  de  pareils  affûts  seraient  utiles  pour  l'équipage  de 
Paris. 

On  confierait  ces  pièces,  de  préférence,  aux  gardes  nationales  et 
aux  postes  le  long  des  rivières. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"'*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21889.  —AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur  ,  a  paris. 

Paris,  10  mai  1815. 

Présentez-moi  un  décret  qui  nomme  Charles  Lameth'  conseiller 
d'état,  Quinette  préfet  de  la  Somme,  et  André  Dumont  préfet  du 
Pas-de-Calais;  qui  appelle  Delaîlre  à  d'autres  fonctions,  et  nomme 
Ramel  à  la  préfecture  de  Seine-et-Oise.  Roujoux  ne  connaît  pas  assez 
le  Nord,  il  sera  destiné  à  une  aiilre  préfecture.  Les  départements  de 
la  Somme  et  du  Pas-de-Calais  ont  besoin  d'hommes  qui  connaissent 
parfaitement  le  Nord  et  qui  ne  puissent  pas  être  trompés.  Girardin 
sera  rappelé  auprès  du  prince  Joseph  comme  premier  écuyer  ;  il  faut 
quelqu'un  de  très-fort  pour  le  remplacer  à  Rouen.  Faites  connaître 
au  préfet  du  Calvados  qu'on  remarque  qu'il  ne  marche  pas ,  qu'il  est 
trop  homme  de  société,  qu'on  ne  voit  pas  paraître  d'adresse  à  son  dé- 
partement ,  qu'il  ne  fait  rien  imprimer  pour  éclairer  et  remuer  l'esprit 
public,  que  ce  n'est  pas  ainsi  qu'on  sert  la  patrie. 

Ecrivez  aux  préfets  du  Nord  pour  leur  faire  sentir  la  nécessité 
d'opposer  des  écrits  aux  écrits,  et  de  faire  bien  connaître  que  la 
cause  dont  il  s'agit  aujourd'hui  est  celle  du  peuple  contre  les  nobles, 
des  paysans  contre  les  seigneurs,  et  des  Français  contre  l'étranger.  Il 
faut  partout  faire  un  appel  à  l'honneur  et  au  patriotisme  du  peuple. 

Le  préfet  de  Chartres  va  mal ,  Roujoux  serait  beaucoup  meilleur 
pour  cette  préfecture  ;  appelez  celui  qui  y  est  à  d'autres  fonctions. 

Napoléon. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21890.  — A.  M.  FOUCHÉ,  DUC  D'OTRANTE , 

MINISTRE    DE    LA    POLICE    GÉNÉRALE,    A    PARIS. 

Paris,  11  mai  1815. 

Puisque  l'on  a  perdu  Maubreuil,  je  désirerais  avoir  un  rapport  de 
vous  qui  me  fît  connaître  toute  cette  affaire,  et  que  je  ferais  imprimer 

1  Les  différents  textes  de  celte  lettre  portent  tons  :  Charles  Lameth;'\\  s'agit 
ici  du  baron  Alexandre  de  Lameth. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  l^'.  —  1815.  173 

dans  le  Moniteur  avec  toutes  les  pièces  '  ;  et  il  y  en  a  beaucoup,  tant 
à  la  préfecture  de  police  que  chez  le  juge  instructeur  et  chez  le  mi- 
nistre de  la  guerre.  Il  faudrait  y  joindre  le  projet  d'assassinat  de  ce 
misérable  commissaire  en  Corse*. 

D'après  l'original.  Archives  de  l'Empire. 


21891.  —  AU  GENERAL  CAFFARELLI, 

AIDE  DE  CAMP  DE  l'eMPEREUR,  A  PARIS. 

Paris.  U  mai  I815. 

Votre  rapport  ne  répond  pas  du  tout  à  la  mission  dont  je  vous  ai 
chargé  ;  vous  me  remettez  bien  un  état  d'ordonnance  des  2  millions 
envoyés  dans  les  différentes  divisions  militaires ,  mais  ces  2  millions 
n'en  font  pas  15  ou  16  que  j'ai  accordés  pour  l'habillement.  Il  faut, 
donc  que  vous  retourniez  dans  les  bureaux  pour  m'en  rapporter  l'état 
de  distribution  des  fonds  de  l'habillement  pour  1815,  indiquant  tous 
les  crédits  qui  ont  été  accordés  depuis  janvier  jusques  et  y  compris 
la  distribution  de  mai.  Vous  me  remettrez  l'état  des  crédits  tant  par 
corps  que  par  division  militaire,  aGn  que  des  mesures  soient  prises 
au  trésor  pour  les  solder  sans  délai. 

Vous  me  parlez  de  quelques  plaintes  qui  auraient  été  reçues  pour 
des  non-payements  •  il  y  a  autant  de  plaintes  que  de  corps. 

Je  ne  suis  pas  plus  satisfait  du  rapport  que  vous  me  faites  de  votre 
visite  aux  ateliers.  Ce  rapport  ne  dit  pas  pourquoi  on  fait  de  si  mau- 
vaises vestes.  Si  on  n'a  pas  de  draps  pour  les  habits  -  on  en  a  pour 
les  vestes  et  pour  les  culottes. 

EnGn  celte  mission  si  importante  n'est  pas  remplie. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21892.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris.  12  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  n'approuve  pas  le  projet  de  faire  des  ouvrages  pour 
s'opposer  au  bombardement  de  Lyon.  Le  Rhône  est  une  trop  belle 
défense  pour  qu'on  cherche  à  pousser  la  défense  plus  loin.  J'approuve 
qu'on  emploie  4,000  ouvriers  aux  fortifications  de  Lyon.  U  faut  mettre 
en  état  les  remparts,  comme  seconde  enceinte,  entre  la  Saône  et  le 

1  Cette  impression  n'a  pas  eu  lieu.   (Voir,  sur  l'affaire  Maubreuil,  le  récit 
publié  dans  les  Mémoires  du  roi  Jérôme,  etc.,  i.  VI,  pages  391  et  suivantes.) 
•^  Le  général  Bruslart.  (Voir  pièce  n»  21701.) 


174        CORRESPONDANCE   DE   NAPOLEON  I".   _  1815. 

Rhône;  mais  j'approuve  qu'on  pousse  des  redoutes  en  avant  et  qu'on 
fasse  des  ouvrages  sur  le  plateau  de  Montessuy.  La  ville  de  Lyon  ne 
peut  pas  fournir  de  fonds.  Faites  pousser  ces  travaux  avec  une  grande 
activité. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"»  la  maréchale  princesse  d'Eckmi'iliI. 


21893.— AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINMSTRE  DE  LA  GUERRE  ,   A  PARIS. 

Paris,  12  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  écrivez  au  gouverneur  des  Invalides  pour  lui  témoi- 
gner ma  satisfaction  sur  la  bonne  tenue  de  cette  maison.  Donnez  des 
ordres  pour  que  les  Invalides  jouissent  de  la  gratification  que  je  suis 
dans  l'usage  de  leur  accorder  toutes  les  fois  que  je  les  visite.  Prenez 
pour  base  ce  qui  a  été  fait  la  dernière  fois.  Mon  intention  est  que 
vous  me  fassiez  un  rapport  pour  me  proposer  d'annuler  l'ordonnance 
royale  qui  a  changé  la  dotation  et  l'administration  des  Invalides  ,  et 
de  rétablir  les  choses  telles  qu'elles  étaient. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21894. —  AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE   LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  1-2  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  je  vous  prie  de  me  faire  un  rapport  pour  me  faire 
connaître  si  vous  avez  la  quantité  d'officiers  qu'exige  la  formation  des 
bataillons  de  gardes  nationales.  J'ai  levé,  je  crois,  quatre  cents  ba- 
taillons; cela  exige  200  majors,  400  chefs  de  bataillon  et  400  capi- 
taines-adjudants. Je  viens  de  lever  pour  Paris  vingl-quatre  bataillons, 
qui  exigent  1  lieutenant  général  (  ce  sera  le  général  Darricau  ) , 
(j  maréchaux  de  camp  (employez  à  cette  destination  les  plus  dévoués), 
12  colonels,  24  chefs  de  bataillon  et  environ  500  capitaines,  lieu- 
tenants et  sous-lieutenants.  Ne  mettez  pas  là  de  jeunes  gens,  mais 
beaucoup  de  vieux  officiers. 

Je  compte  lever  douze  bataillons  semblables  à  Lyon,  destinés  à  la 
défense  de  cette  grande  ville;  ce  qui  emploiera  encore  un  nombre 
d'officiers  égal  à  la  moitié  du  nombre  que  je  viens  de  calculer  pour 
Paris. 

Combien  vous  restera-t-il  encore  d'officiers  non  employés,  les 
cadres  des  4",  5"  et  6"  bataillons  de  la  ligne  étant  formés?  S'il 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —1815.    175 

reste  des  officiers,  il  sera  bon  d'en  attacher  à  toutes  les  places  fortes, 
de  manière  que  les  commandants  puissent  en  mettre  dans  les  batail- 
lons de  gardes  nationales  pour  remplacer  les  officiers  qui  seraient 
mauvais,  et  donner  un  peu  de  mouvement  et  d'esprit  à  ces  bataillons. 

Napoléon. 

D'après  l'original  camm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'Eckniiiîil. 


21895.  _  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  12  mai  1815. 

Mon  Cousin,  il  y  a  aujourd'hui,  dans  les  divisions  militaires  des 
frontières,  des  lieutenants  généraux  commandant  les  divisions  terri- 
toriales ,  des  lieutenants  généraux  commandant  les  gardes  nationales 
mises  en  activité,  et  enfin  des  gouverneurs  dans  toutes  les  places.  Les 
gouverneurs  de  toutes  les  places,  les  lieutenants  généraux  comman- 
dant les  divisions,  les  lieutenants  généraux  commandant  les  gardes 
nationales ,  doivent  être  sous  les  ordres  du  commandant  en  chef  de 
l'armée  dans  le' territoire  de  laquelle  ils  se  trouvent,  savoir  :  ceux  de 
la  5''  division,  sous  les  ordres  du  commandant  de  l'armée  du  Rhin; 
ceux  de  la  3^  et  de  la  4*  division,  sous  les  ordres  du  commandant  de 
l'armée  de  la  Moselle;  ceux  de  la  2^  et  de  la  16",  y  compris  la  Somme 
et  l'Aisne,  sous  les  ordres  du  commandant  de  l'armée  du  Nord;  la  6° 
division,  sous  le  commandant  du  corps  d'observation  du  Jura;  la  7^ 
et  la  19',  sous  le  commandant  en  chef  de  l'armée  des  Alpes  ;  la  8* , 
sous  le  commandant  du  corps  d'observation  du  Var;  la  11%  la  9*  et 
la  10%  sous  le  commandant  du  corps  d'observation  des  Pyrénées. 

Vous  devez  leur  donner  l'instruction  suivante  : 

Les  lieutenants  généraux  commandant  les  divisions  militaires  ne 
s'enfermeront  pas  dans  les  places,  qui  doivent  toutes  avoir  leur  com- 
mandant; mais  ils  sont  destinés,  avec  les  maréchaux  de  camp  com- 
mandant les  départements,  les  officiers  de  gendarmerie,  les  officiers 
forestiers,  les  administrations  départementales,  etc.,  à  se  tenir  tou- 
jours dans  l'enceinte  de  la  division  militaire  ,  en  prenant  une  position 
qui  leur  sera  désignée  par  le  général  en  chef,  de  manière  à  tenir  le 
plus  longtemps  possible  le  territoire  et  à  rester  à  portée  de  donner 
des  ordres  pour  l'organisation  des  levées  en  masse  ,  pour  les  évacua- 
tions de  dépôts,  enfin  de  prendre  toutes  les  mesures  convenables 
pour  insurger  la  population  et  présenter  le  plus  d'obstacles  à  l'ennemi. 
Ainsi,  par  exemple,  le  général  commandant  la  5'  division  militaire 
tiendra  tant  qu'il  sera  possible  son  quartier  général  dans  la  5°  divi- 


176         CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON   I«^  —  1815. 

sion,  en  conservant  tout  ce  qui  lui  restera  de  moyens  pour  défendre 
le  pays  et  pour  veiller  à  la  défense  de  la  seconde  ligne.  Il  en  sera  de 
même  des  généraux  commandant  la  16*  division,  la  2*,  la  3'  et  la  4*. 
Ces  généraux  doivent  toujours  sortir  des  places  qui  seraient  bloquées 
et  se  porter  sur  d'autres  places  ou  d'autres  points  qui  ne  sont  pas 
menacés,  pour  y  continuer  de  recevoir  le  rapport  des  autres  places, 
réunir  autour  d'eux  les  préfets,  aviser  aux  moyens  de  défense,  ffiire 
enfin  le  plus  de  mal  possible  à  l'ennemi.  S'ils  étaient  forcés  de  quitter 
le  territoire  de  la  division ,  ils  devraient  du  moins  se  tenir  dans  des 
positions  à  portée,  pour  être  toujours  en  mesure  d'y  faire  passer  leurs 
ordres. 

Les  lieutenants  généraux  chargés  du  commandement  des  bataillons 
d'élite  des  gardes  nationales  ne  doivent  pas  non  plus  se  laisser  ren- 
fermer dans  des  places;  mais  ils  doivent  rester  jusqu'au  dernier  mo- 
ment, pour  soigner  l'armement  et  l'habillement  des  gardes  nationales, 
et,  s'ils  sont  obligés  de  s'en  aller  ,  ils  peuvent  se  porter  aux  divisions* 
de  réserve  de  gardes  nationales,  partager  avec  le  commandant  de  la 
division  territoriale  le  commandement  de  la  levée  en  masse,  ou  se 
retirer  auprès  du  général  commandant  en  chef  l'armée. 

Les  maréchaux  de  camp  chargés  du  commandement  des  gardes 
nationales  dans  les  départements  se  trouveront  les  commandants 
naturels  des  levées  en  masse.  Les  généraux  commandant  les  gardes 
nationales  doivent,  en  outre,  avoir  des  instructions  spéciales  du 
commandant  en  chef  de  l'armée  sur  les  points  à  retrancher,  à  mettre 
en  état  de  défense  et  à  garder  dans  leur  arrondissement. 

Donnez  cette  première  instruction  ;  faites-moi  connaître  les  objec- 
tions qu'on  y  fera  et  les  questions  auxquelles  elle  donnera  lieu. 

Ecrivez  au  général  commandant  la  division  de  réserve  de  Colmar 
de  presser  l'achèvement  des  ouvrages  de  campagne  ordonnés  le  long 
du  Rhin  ;  au  commandant  de  la  division  de  Nancy  de  s'occuper  des 
retranchements  à  faire  dans  les  passages  des  Vosges;  au  commandant 
de  la  division  de  Sainte-Menehould  de  veiller  sur  les  retranchements 
à  faire  dans  les  défilés  de  l'.'lrgonne  ;  enfin  aux  commandants  des  di- 
visions de  Vesoul  et  de  Besançon,  qui  sont  sous  les  ordres  du  général 
commandant  le  corps  d'observation  du  Jura,  pour  les  ouvrages  à 
faire  de  leur  côté  et  pour  la  formation  du  camp  de  Belfort. 

Il  est  nécessaire  que  les  généraux  commandant  les  armées  tiennent 
des  conseils  avec  les  généraux  commandant  les  divisions  territoriales, 
avec  les  généraux  commandant  les  divisions  de  réserve  des  gardes  na- 
tionales, enfin  avec  les  généraux  chargés  de  l'organisation  des  gardes 
nationales,  pour  que  chacun  sache  bien  ce  qu'il  doit  faire  en  cas 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815.         177 

d'invasion.  Les  officiers  du  génie  et  de  Tartillerie  devront  assister  a 
ces  conseils  pour  assurer  le  concours  de  leur  arme  dans  rexécution 
des  mesures  de  défense  qui  seront  arrêtées.  Les  préfets  seront  égale- 
ment appelés  dans  ces  conseils. 

On  ordonnera  aux  villes  qui  ont  une  enceinte  de  faire  des  retran- 
chements et  de  se  mettre  en  mesure  de  ne  pas  recevoir  la  loi  des 
troupes  légères. 

Excitez  le  zèle  des  généraux;  qu'ils  prévoient  tous  les  cas,  et  que 
d'avance  chacun  sache  ce  qu'il  peut  faire  pour  arrêter  l'ennemi. 

Napoléon. 

D'après  l'orifjinal  coram.  par  M"'«  la  marécliale  princesse  (l'Ktkmùlil. 


21896.  —  AL  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  12  mai  1815. 

Mon  Cousin,  écrivez  au  maréchal  Brune  et  au  général  Delahordc 
de  laisser  filer  les  troupes  pour  leur  destination.  Faites  connaître  au 
général  Delaborde  qu'il  doit  avoir  reçu  300  hommes  des  canonniers 
de  marine  de  Rochefoit;  qu'il  doit  recevoir  un  des  sept  régiments 
destinés  à  la  frontière  des  Pyrénées;  qu'il  doit  recevoir  500  gen- 
darmes, dont  la  moitié  est  partie  et  l'autre  moitié  partira  demain  en 
poste;  qu'avec  cela  il  doit  former  des  colonnes  mobiles  et  dissiper  les 
bandes;  qu'enfin  il  faut  faire  un  appel,  s'il  est  nécessaire,  aux  con- 
fédérés de  Nantes,  mais  qu'il  est  indispensable  de  laisser  filer  les  ré- 
giments pour  l'armée. 

Donnez  ordre  au  duc  de  Padoue,  en  Corse,  de  faire  partir  sur-le- 
champ  et  sans  aucun  retard,  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit,  les 
régiments  qui  sont  dans  cette  île.  Donnez  ordre  au  maréchal  Brune 
d'expédier  un  aviso  pour  porter  votre  lettre  et  d'en  charger  un  officier 
qui  restera  dans  l'île  jusqu'à  ce  que  les  régiments  partent.  Envoyez 
des  explications  au  duc  de  Padoue  :  que,  sous  aucun  prétexte,  il  ne 
retienne  rien ,  hormis  la  compagnie  d'artillerie  qui  a  été  désignée  ; 
que,  si  même  on  peut  former  en  Corse  deux  bataillons  de  volontaires 
de  5  à  600  hommes,  ayant  des  officiers  qui  aient  déjà  servi  en  France, 
il  les  expédie  sur  Toulon;  mais  que  les  régiments  français  doivent 
déjà  être  en  Provence,  et  que  le  moindre  retard  dans  l'exécution  de 
vos  ordres  aurait  des  conséquences  funestes. 

Le  maréchal  Brune  doit  déjà  avoir  trois  régiments  de  cavalerie  et 
trois  régiments  d'infanterie.  Il  est  bien  important  que  tous  les  régi- 
ments qui  doivent  arriver  de  Bretagne  et  de  l'Ouest  arrivent  promp- 
tement. 

xxviu.  12 


178         CORRESPOIVDANCE   DE  NAPOLÉON  I".  _  1815. 

Le  plus  grand  malheur  que  nous  ayons  à  craindre,  c'est  d'être 
trop  faibles  du  côté  du  Nord  et  d'éprouver  d'abord  un  échec. 

J'attends  l'état  que  je  vous  ai  demandé  pour  faire  le  travail  de  l'ar- 
mée du  Nord.  Il  paraît  que  les  seize  régiments  qui  la  composent  sont 
bien  faibles  et  ont  bien  peu  de  moyens  de  s'augmenter.  C'est  ce  qui 
me  porterait  à  réunir  les  seize  dépôts  sur  la  Somme  et  à  faire,  dans 
les  meilleurs  départements,  un  appel  de  24  à  30,000  hommes  de  la 
conscription  de  1815,  pour  renforcer  ces  régiments.  Il  faudrait  écrire 
à  Lemarois,  à  Vedel  et  au  préfet  Girardin,  de  former  des  colonnes 
mobiles  de  25  gendarmes  et  de  100  hommes  d'infanterie  pour  faire 
rejoindre  les  anciens  militaires.  Le  général  Vedel  peut  prendre  cette 
infanterie  à  Cherbourg  ;  peut-être  que  ces  militaires  partiraient  plus 
facilement,  si  on  les  destinait  pour  la  jeune  Garde.  Ecrivez  au  préfet 
et  au  commandant  du  département  de  la  Somme  pour  qu'on  fasse 
également  des  colonnes  mobiles  pour  faire  rejoindre  les  militaires. 
Peut-être  faudrait-il  changer  la  direction  de  ceux  du  Mord,  du  Pas- 
de-Calais  et  les  envoyer  sur  Paris,  pour  la  jeune  Garde;  mais  cela 
augmenterait  le  déficit  des  seize  régiments  du  l*""  corps,  qui  doivent 
se  recruter  dans  ces  départements. 

Il  faudrait  donner  ordre  aussi  au  général  commandant  la  1"  divi- 
sion de  faire  faire  des  colonnes  mobiles  et  même  d'employer  la  voie 
des  garnisaires  pour  faire  rejoindre.  Il  faudrait  nommer  un  officier 
général  qui  fût  à  la  tête  du  recrutement  et  eût  la  correspondance, 
comme  l'avait  jadis  le  général  d'Hastrel. 

J'ai  augmenté  la  jeune  Garde  de  quatre  autres  régiments,  ce  qui  la 
portera  à  seize  régiments,  devant  former  à  peu  près  20,000  hommes. 
Faites  aussi  connaître  si,  par  le  rappel  des  anciens  militaires,  vous 
espérez  qu'on  puisse  obtenir  ce  nombre  d'hommes. 

Écrivez  au  général  commandant  la  13*  division  militaire  que  j'ai 
mis  tous  les  militaires  de  la  Bretagne  dans  les  régiments  qui  ont  leurs 
dépôts  dans  cette  province;  qu'ainsi  il  doit  y  avoir  moins  de  difficultés 
pour  les  faire  rejoindre. 

Le  7°  de  ligne,  qui  est  à  Grenoble,  a  déjà  1,000  hommes  à  son 
dépôt;  ainsi  ce  régiment  devrait  être  très-beau.  Un  appel  de  la  con- 
scription de  1815,  dans  le  Dauphiné,  auprès  des  régiments  qui  sont 
à  l'armée  des  Alpes,  pourrait  compléter  promptement  ces  huit  régi- 
ments et  les  porter  chacun  à  3,000  hommes.  Il  me  semble  que  l'appel 
de  la  conscription  de  1815  pourrait  se  faire  de  la  même  manière 
qu'on  a  rappelé  les  anciens  militaires.  Je  vous  ai  déjà  écrit  sur  cet 
objet. 

Moyennant  les  fonds  que  j'ai  accordés  pour  l'habillement  par  la  dis- 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I*".  —  1845.         179 

tribution  de  mai ,  les  corps  doivent  avoir  tout  l'argent  dont  ils  ont 
besoin.  J'ai  déjà  demandé  la  note  des  ordonnances  distribuées  pour 
assurer  leur  payement. 

Donnez  ordre  que  le  dépôt  du  10*,  qui  est  à  Perpignan,  se  mette 
en  marche  pour  se  rapprocher  de  Paris. 

Le  général  Fririon  est ,  je  crois ,  chargé  de  tous  les  dépôts  de  la 
1"  division;  écrivez-lui  de  les  parcourir,  afin  d'activer  l'organisation 
des  3",  4"  et  5"  bataillons ,  ainsi  que  l'équipement  des  hommes. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Ëckmûhi. 


21897.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,   12  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  vous  prie  de  m'envoyer  la  situation  des  corps  d'ar- 
mée, en  donnant  aux  régiments  les  numéros  qu'ils  avaient  en  1813 
et  qui  viennent  de  leur  être  rendus.  Cet  état  présentera  les  corps  par 
armée,  par  corps  d'armée  et  par  division.  Une  colonne  indiquera, 
pour  chaque  régiment ,  le  lieu  où  est  le  dépôt  et  les  départements 
qui  doivent  fournir  de  vieux  soldats  à  ce  dépôt.  Je  désire  avoir  cet 
état  demain. 

Je  désire  avoir  après-demain  les  mêmes  situations ,  par  division 
militaire  et  par  ordre  numérique ,  où  tous  les  corps  soient  inscrits 
sous  leur  numéro  impérial.  Dans  les  états  que  j'ai  actuellement  sous 
les  yeux,  les  corps  sont  mentionnés ,  ici  sous  leur  numéro  royal,  là 
sous  leur  numéro  impérial,  et  il  en  résulte  une  confusion  qui  ne  me 
permet  de  faire  aucun  travail.  Je  suis  donc  très-pressé  d'avoir  les 
états  que  je  vous  demande. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21898.  —  AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris,  12  mai  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  le  commissaire  extraordinaire  Bedoch 
me  fait  de  justes  observations  sur  le  département  de  la  Marne,  qui  a 
ordre  de  lever  quatorze  bataillons  de  gardes  nationales  et  qui  déjà  en 
a  fourni  dix.  Le  département  de  la  Marne  est  porté ,  au  tableau  que 
le  Conseil  d'Etat  a  placé  à  la  suite  du  décret  du  10  avril,  pour  qua- 
rante-deux bataillons ,  ce  qui  fait  quatre-vingt-quatre  compagnies  de 
grenadiers  et  de  chasseurs,   ou  quatorze  bataillons  d'élite.  Mais  le 

12. 


180    CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 

département  de  la  Meuse  n'est  porté  que  pour  vingt  et  un  bataillons, 
ce  qui  fait  quarante-deux  compagnies  de  grenadiers  et  chasseurs ,  ou 
sept  bataillons.  Or  on  ne  conçoit  pas  comment  la  Meuse,  qui  a  une 
population  de  284,000  individus ,  n'est  portée  que  pour  vingt  et  un 
bataillons,  quand  la  Marne,  qui  a  311,000  individus,  c'est-à-dire 
27,000  seulement  de  plus,  est  portée  pour  quarante-deux  bataillons. 
Il  est  indispensable  que  vous  donniez  sur-le-champ  ordre  au  préfet 
de  la  Marne  de  ne  pas  aller  au  delà  du  nombre  de  dix  bataillons  d'élite 
qu'il  a  fournis,  et  que  vous  me  proposiez  de  faire  sur  la  Meuse  et 
les  Ardennes  une  augmentation  équivalente  à  cette  réduclion. 

En  général,  il  faudrait  refaire  la  colonne  du  nombre  de  bataillons 
que  doivent  avoir  les  départements.  J'ai  levé  en  France  trois  mille 
bataillons  de  gardes  nationales,  ce  qui,  sur  26  millions  d'habitants, 
fait  trois  bataillons  pour  26,000  habitants.  Dans  cette  proportion, 
le  département  de  la  Marne,  ayant  300,000  habitants,  n'aurait  dû 
avoir  que  trente-six  bataillons  au  lieu  de  quarante-deux.  Ces  trenle- 
six  bataillons  n'auraient  fait  que  soixante  et  douze  compagnies  de 
chasseurs  et  de  grenadiers,  c'est-à-dire  douze  bataillons  d'élite  au  lieu 
de  quatorze. 

Le  département  des  Ardennes,  qui  a  une  population  de  275,000  in- 
dividus, aurait  dû  avoir  trente  bataillons  au  lieu  de  vingt  et  un,  et 
dès  lors  dix  bataillons  de  grenadiers  et  chasseurs;  on  ne  lui  en  a 
demandé  que  sept;  il  peut  donc  en  fournir  encore  deux. 

Le  département  de  la  Meuse,  ayant  284,000  habitants,  aurait  dû 
avoir  trente  et  un  bataillons,  ce  qui  fait  soixante-deux  compagnies 
d'élite  ou  dix  bataillons  à  marcher;  on  ne  lui  en  a  demandé  que  sept  : 
on  peut  donc  encore  lui  en  demander  au  moins  deux.  Ainsi  la  Meuse 
et  les  Ardennes  peuvent  fournir,  chaque  département,  deux  batail- 
lons de  plus,  en  compensation  de  ce  qui  serait  diminué  sur  le  con- 
tingent de  la  Marne. 

Je  vous  prie  donc  de  faire  rectiûer  la  colonne  de  ce  tableau  im- 
primé indiquant  le  nombre  des  bataillons  de  gardes  nationales  que 
chaque  département  doit  avoir,  et  de  rectifier  ensuite  le  nombre  de 
bataillons  d'élite  à  organiser,  ce  nombre  ayant  été  réglé  dans  le  pre- 
mier état  qui  sert  de  base. 

Le  département  de  l'Aisne  est  également  susceptible  d'une  rectifica- 
tion. Ce  département,  qui  a  432,000  habitants,  n'est  porté  que  pour 
quarante-deux  bataillons  comme  la  Meuse,  qui  n'a  que  311,000  ha- 
bitants; il  est  évident  que  l'Aisne  devrait  avoir  cinquante  et  un  ba- 
taillons au  lieu  de  quarante-deux;  et,  comme  dans  ce  département 
je  n'ai  pris  que  les  compagnies  de  grenadiers,  cela  devrait  faire  cin- 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉO.V   I".  —  1815.  181 

qiiante  et  une  compagnies,  ou  huit  bataillons  au  lieu  de  sept.  Si 
j'avais  demandé,  dans  ce  département,  les  compagnies  de  chasseurs, 
cela  aurait  fait  seize  bataillons  d'élite. 

Je  vous  prie  de  faire  suivre  cet  examen  sur  tous  les  autres  dépar- 
tements; et,  pour  tous  ceux  que  cette  rectification  fera  reconnaître  en 
état  de  fournir  un  bataillon  d'élite  de  plus,  mon  intention  est  de  le 
demander. 

Vous  remarquerez,  dans  l'état  imprimé,  qu'on  a  oublié  le  dépar- 
tement des  Pyrénées-Orientales. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comni.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


2J899.    —  AU  GÉNÉRAL  SAVARY,   DUC  DK  ROVIGO, 

PBKMIER   IXSPKCTEIJR  GÉNÉRAL  DE  LA   GENDAIUIERIK  ,  A    PARIS. 

Paris.  12  ma!  1815. 

Monsieur  le  Duc  de  Rovigo,  je  désirerais  que,  dans  ce  moment-ci, 
il  parût  un  petit  récit  de  ce  qui  s'est  passé  à  Austerlilz  avec  l'empereur 
Alexandre,  lorsqu'il  fut  coupé  par  Davout;  on  y  joindrait  la  copie 
signée  du  petit  billet  qu'il  écrivit  au  crayon  et  qui  doit  être  aux  ar- 
chives  de  la   Secrétairerie  d'État'.   Comme  personne  n'est  plus  à 

'        RAPPORT  DU  MARÉCHAL  DAVOUT  AU  MINISTRE  DE  LA  GUERRE. 

a  Monsieur  le  Maréchal,  j'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  Votre  Excellence 
que ,  rendu  aujourd'hui  en  avant  de  Josephsdorf ,  avec  les  divisions  Priant  et 
Gndin  et  la  cavalerie  des  généraux  Klein  et  Bourcier,  je  me  dirigeais  sur  Gœ- 
ding ,  lorsque  le  colonel  comte  de  Walmoden  est  venu  m'apporter  un  billet  du 
général  Mcrveldt  qui  annonçait  un  armistice  de  vingt-quatre  heures  et  une  en- 
trevue de  S.  AI.  l'empereur  d'Allemagne  avec  notre  auguste  souverain.  Le  gé- 
néral Merveldt  désirant  en  conférer  avec  moi,  j'ai  été  le  voir.  Je  lui  ai  observé 
que  son  billet  ne  m'était  pas  suffisant,  devant  être  naturellement  en  garde  contre 
ces  petites  ruses  de  guerre;  je  lui  ai  cité  Steyer,  et  je  lui  ai  dérlaré  vouloir  cette 
assurance,  par  écrit,  de  l'empereur  Alexandre.  M.  de  Merveldt  s'est  retiré  en 
m'assurant  que  sous  peu  je  serais  satisfait  à  cet  égard  et  que  tous  mes  doutes 
seraient  levés. 

»  A  peine  rendu  ù  mon  quartier  général,  le  premier  aide  de  camp  de  S.  M. 
l'empereur  de  Russie,  accompagné  du  comte  de  Walmoden,  m'a  apporté  la 
lettre  dont  j'adresse  copie  à  Votre  Excellence,  ainsi  que  du  billet  de  S.  M.  l'em- 
pereur de  Russie,  écrit  au  crayon.  Devant  croire  alors  à  la  conférence  et  à  la 
suspension  d'armes,  je  me  suis  arrêté  et  ai  pris  position  à  Josephsdorf. 

i>  J'ai  répondu  an  général  Koutousof  que  je  ferais  suspendre  les  hostilités 
jusqu'à  six  heures  du  matin,  et  que,  pour  éviter  même  toute  erreur  ou  surprise, 
on  se  préviendait  une  heure  d'avance  de  la  reprise  des  hostilités. 

»  J'ai  la  certitude  que  l'empereur  Alexandre  est  établi  à  Holitsch,  sur  la  rive 
gauche  de  la  March.  Un  régiment  que  j'avais  détaché  sur  Mikultschitz  y  a  fait 


182         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

même  que  vous  de  faire  ce  récit,  faites-le  avec  le  plus  de  détails 
possible.  Ce  sera  un  bon  article  non  signé  pour  le  Journal  âe 
l'Empire. 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Dëpât  de  la  gaerre. 


21900.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL , 

MINISTRE  DE    LA    GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  13  mai  1815. 

Mon  Cousin  ,  il  paraît  que  nous  avons  huit  compagnies  de  pon- 
tonniers :  laissez-en  une  à  Strasbourg  pour  l'armée  du  Rhin,  une  à 
Metz  à  la  disposition  du  général  commandant  l'armée  de  la  Moselle, 
et  ordonnez  aux  six  autres  de  se  rendre  à  Douai,  à  Paris  et  à  Laon. 
Ces  six  compagnies,  commandées  par  le  meilleur  ofCcier  de  pon- 

ime  vingtaine  de  prisonniers;  mais  comme  il  y  existait  un  camp  russe  de  20  à 
26,000  hommes,  le  général  Gautier,  commandant  ce  détachement,  a  cru  pru- 
dent de  se  retirer  à  une  demi-lieue. 

s  La  division  Priant  occupe  Josephsdorf  et  Pruschaneck;  la  division  Gudin 
est  placée  dans  les  bois  situés  sur  la  rive  gauche  du  ruisseau  qui  passe  près  de 
Josephsdorf.  La  division  Klein  est  à  Neudorf,  et  celle  du  général  Bourcier-à 
Josephsdorf;  la  cavalerie  légère  du  3«  corps  d'armée  sur  tout  le  front  de  la  ligne. 

»  Salut  et  respect. 

1)  Le  maréchal  Davout. 

»  Quartier  général  de  Josephsdorf,  13  frimaire  an  XIV  (4  décembre  1805).  » 

PIÈCES  JOINTES  AU  RAPPORT  DU  MARÉCHAL  DAVOUT. 
I. 
Il  M.  le  colonel  comte  de  Walmoden  ira  avec  un  trompette  vers  le  général 
français  commandant  la  3®  division  du  corps  d'armée,  et  lui  dira  qu'il  existe  un 
armistice  de  paix  aujourd'hui  six  heures  du  matin,  jusqu'à  demain  six  heures 
du  matin,  S.  M.  l'Empereur  d'Allemagne  étant  en  conférence  avec  S.  M.  l'Em- 
pereur des  Français  pour  la  paix  à  Urschitz. 

«  Par  ordre  de  S.  M.  l'Empereur  de  Russie, 
I  Merveldt,  lieutenant  général, 
ï  4  décembre  1806.   » 

II. 
AU  MARÉCHAL  DAVOUT. 
ï  Monsieur  le  Maréchal,  S.  M.  l'Empereur,  mon  auguste  maître,  n'étant  pas 
ici,  je  viens  de  lui  expédier  un  exprès  pour  lui  demander  l'assurance,  par  écrrt, 
qu'une  trêve  vient  d'être  arrêtée  entre  l'armée  française  et  celle  que  je  com- 
mande. En  attendant,  je  vous  engage  ici  ma  parole  d'honneur  que  l'armistice 
conclu  pour  vingt-quatre  heures  commence  dès  six  heures  du  mafin ,   et  que 
l'Empereur  l'Allemagne ,  après  en  être  convenu  avec  mon  auguste  maître ,  est 
allé  sur  le  chemin  d'ici  àAusterlitz  s'aboucher  avec  le  vôtre.  Je  m'empresse  donc 
d'en  prévenir  Votre  Excellence,  en  la  priant  de  vouloir  bien  suspendre  les  hos- 


CORRESPONDANCE  DE  MAPOLEON  I«^  —  1815.  im 

lonniers  que  vous  ayez,  seront  attachées  à  l'équipage  de   ponts  de 
rarmée  du  Nord. 

Votre  rapport  du  12  mai,  sur  les  équipages  de  pontons,  me  parait 
un  peu  vague  ;  vous  ne  faites  pas  connaître  le  nombre  de  chevaux 
d'artillerie  qu'il  faut  pour  atteler  ces  pontons  ni  quand  ils  seront 
attelés  ;  vous  me  dites  que  les  haquets  et  les  pontons  sont  réunis  à 
Lille,  la  Fère  et  Saint-Omer;  que  vous  faites  organiser  à  Paris  un 
équipage  de  même  force  que  celui  de  Douai;  répondez  plus  catégo- 
riquement :  quelle  est  la  largeur  des  canaux  de  Condé,  de  l'Escaut 
du  côté  de  Mons,  de  la  Sambre  du  côté  de  Charleroi,  du  canal  de 
Bruges,  de  celui  de  Bruxelles,  et  enfin  de  la  Meuse  du  côté  de  Maes- 
tricht?  combien  nous  faut-il  de  pontons  pour  faire  un  pont  sur  cha- 
cune de  ces  rivières?  combien  ai-je  de  pontons  sur  baquets,  prêts  à 
partir  à  Paris?  combien  en  ai-je  à  Douai,  à  Saint-Omer,  à  Lille? 

tilités  jusc|ii'à  l'échéance  du  terme  fixé,  et  je  lui  offre  en  même  temps  l'assu- 
rance de  ma  haute  considéralion. 

n  Le  commandant  en  chef  des  armées  combinées  de  LL.  MM,  IL  de  Russie 
et  d'Allemagne , 

»   KOUTOUSOF. 
»  Gœting,  ce  22  novembre  (4  décembre  1805).  » 

a- P.  S.  Je  prends  sur  moi  de  transmettre  à  Votre  Excellence,  dans  deux 
heures  et  demie,  tout  au  plus  tard,  l'assurance  susmentionnée  de  mon  auguste 
maître. 

ï   KoUTOUSOF.  D 

III. 

BILLET  DE  L'EMPEREUR  ALEXANDRE. 
»  Le  général  Merveldt  est  autorisé  à  dire  au  maréchal  Davout,  de  ma  part, 
(jue  l'armistice   de  vingt-quatre  heures  a  été  conclu  pour  l'entrevue  que  les 
deux  chefs  suprêmes  de  leurs  nations  ont  aujourd'hui  ensemble  à  Urschitz. 

■n     AlKXANDRE.  ■> 

D'après  la  copie.  Dépôt  de  la  guerre. 

Comme  on  vient  de  le  voir  par  les  pièces  qui  précèdent,  les  généraux  russes, 
pour  arrêter  la  poursuite  du  maréchal  Davout,  affirmaient  qu'il  y  avait  un  ar- 
mistice de  vingt-quatre  heures  entre  les  armées  de  France  et  de  Russie,  et,  à 
l'appui  de  leur  affirmation,  ils  apportaient  le  billet  de  l'empereur  Alexandre. 
Or,  au  4  décembre,  l'armistice  invoqué  n'existait  pas  avec  l'armée  russe,  mais 
avec  l'armée  autrichienne  seulement;  l'empereur  de  Russie  ne  pouvait  pas  avoir 
adhéré  à  l'armistice  définitif  qui  se  négociait  au  moment  même ,  et  dont  il  igno- 
rait encore  les  conditions;  cette  adhésion  ne  fut  donnée  au  général  Savary  que 
dans  la  nuit  du  4  au  5  décembre. 

Le  billet  au  crayon  de  l'empereur  Alexandre  était  gardé  à  la  Secrétairerie 
d'Elat;  il  disparut  en  1814. 

Le  Journal  de  l'Empire  ne  contient  pas  le  récit  demandé  par  X'apoléon,  mais 
oîi  peut  lire  ce  que  Bignon  dit  de  cet  épisode  dans  son  H/s(oire  de  France,  etc., 
tome  IV,  pages  458  et  suiiautcs. 


184         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON   I".  —  1815. 

quand  pourront-ils  être  réunis  daus  une  position  entre  Avesnes  et 
Laon?  combien  faudra-t-il  de  compagnies  pour  le  service  de  ces 
pontons? 

Napoléon. 

D'après  l'original  comin.  par  M""»  la  maréchale  princesse  d'Eckiiiiihl. 


21901. — AU  COMTE  MOLLIEN,  ministre  du  trésor  public,  a  paris. 

Paris,  13  mai  1815. 

Monsieur  le  Comte  Mollien,  nous  sommes  au  13  mai  ;  il  est  indis- 
pensable que,  mercredi  17,  vous  m'apportiez  la  distribution  de  juin, 
qui  doit  toujours  être  faite  dix  jours  avant  la  un  du  mois,  sans  quoi 
tous  les  services  souffrent.  Demandez  donc  aux  ministres  les  élé- 
ments de  la  distribution  de  juin,  afin  que  vous  puissiez  me  la  remettre 
le  17  au  soir,  et  qu'expédiée  avant  le  20  elle  soit  connue  dix  jours 
à  l'avance. 

J'ai  autorisé  le  ministre  de  la  guerre  à  ordonnancer  pour  les  tra- 
vaux de  l'artillerie,  et  par  avance  sur  la  distribution  de  juin,  jusqu'à 
concurrence  de  deux  millions,  que  vous  payerez  d'urgence  et  que 
vous  comprendrez  dans  la  distribution  que  je  vous  demande. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"*  la  comtesse  Mollien. 


21902.  —  A.    M.  TOUCHE,  DUC   D'OTRANTE, 

MINISTRE    DE    LA    POLICE    GÉ\KRALE,    A    PARIS. 

Pari»,  13  mai  1815. 

Il  paraît  qu'à  Dijon  les  nobles  ont  refusé  de  répondre  à  l'appel 
pour  la  formation  de  la  garde  nationale.  Faites-moi  un  rapport  pour 
savoir  comment  on  doit  agir  contre  eux. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21903. —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA   GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  14  mai  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  ordre  que  la  1"  division  de  la  jeune  Garde, 
composée  du  1"  de  voltigeurs  et  du  l"de  tirailleurs,  commandée  par 
le  lieutenant  général  Barrois  et  par  le  général  de  brigade  Chartrand, 
parte  après-demain  mardi  pour  se  rendre  à  Compiègne.  Prenez  des 
mesures  pour  que  les  2"  régiments  de  tirailleurs  et  de  voltigeurs 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON   I<".   —  1815.         185 

puissent  partir  jeudi  18,  sous  les  ordres  d'un  aulre  général  de  bri- 
gade. Les  trois  batteries  d'artillerie  que  j'ai  vues  aujourd'hui  à  la 
revue  partiront  également  mardi.  Faites  partir  aussi,  avec  la  division 
Barrois ,  qualre  ambulances  de  la  Garde,  avec  leur  personnel  en 
administration  et  chirurgiens.  Ces  troupes  seront  cantonnées  de 
manière  à  pouvoir  facilement  se  réunir  par  bataillon ,  par  régiment , 
et  travailler  à  leur  instruction. 

Donnez  des  ordres  pour  que  l'artillerie  soit  repeinte  et  complétée 
en  pièces  de  rechange,  conformément  à  l'ordonnance,  et  que  les 
quatre  ambulances  se  composent  de  dix  caissons  garnis  de  tout  ce 
qui  est  nécessaire. 

Donnez  des  ordres  pour  que  tous  les  régiments  de  vieille  et  jeune 
Garde  qui  seront  formés  aient  leur  ambulance  de  peloton.  Il  est 
nécessaire  que  chaque  homme ,  en  partant  d'ici ,  ait  ses  40  car- 
touches. 

Donnez  ordre  au  10*  régiment  de  partir  mardi  pour  rejoindre  sa 
division  du  côté  de  Laon.  Autorisez  le  comte  de  Lobau  h  porter  une 
de  ses  divisions  d'infanterie  du  côté  de  Guise,  pour  ménager  Laon. 

Donnez  ordre  que  (rois  autres  batteries,  une  à  cheval  et  deux  à 
pied,  soient  prêles  à  partir  avec  les  régiments  qui  partiront  jeudi. 

Faites-moi  connaître  quand  le  4'  régiment  de  la  division  du  corps 
de  réserve  sera  arrivé  à  Paris ,  et  quand  je  puis  compter  qu'arrivera 
la  S*"  division.  Écrivez  aux  généraux  pour  qu'on  ne  retienne  pas  ces 
corps  en  roule. 

Napoléon'. 

D'après  l'original  comm.  par  M'"'  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21904.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA  GUERRE,  A    PARIS. 

Paris,  14  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  les  batteries  de  réserve  sont  actuellement  de  quatre 
pièces  de  12  et  de  deux  obusiers.  Il  faudrait  les  porter  à  six  pièces 
de  12  et  deux  obusiers,  ainsi  que  les  batteries  à  pied.  Toutes  les 
batteries ,  tant  à  pied  qu'à  cheval ,  seraient  alors  composées  de 
même. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'EckmiJhl. 


186         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 
21905.  —  RÉPONSE 

A  L'ADRESSE  DU  COLLEGE  ÉLECTORAL  DE  SEINE-ET-OISE'. 

Palais  des  Tuileries,  14  mai  1815. 

Monsieur  le  Président  et  Messieurs  les  Députés  du  Collège  élec- 
toral de  Seine-et-Oise,  je  vous  remercie  des  sentiments  que  vous 

>  ADRESSE  PRÉSENTÉE  PAR  LE  PRI\CE  LEBUUKf. 

PRÉSIDENT    DE    Lft    rÉPL'TATIO». 

»  Sire,  le  Collège  électoral  de  Seine-et-Oise  vient  exprimer  à  Votre  Majesté 
ce  qu'il  a  senti  dans  les  jours  de  douleur,  ce  qu'il  sent  dans  les  jours  d'espé- 
rance. 

i  De  grands  malheurs  nous  ont  accablés;  le  plus  grand  sans  doute  fut  cet 
exil  volontaire  que  vous  crûtes  devoir  au  salut  de  la  patrie. 

i  Des  armées  étrangères  au  mdieu  de  nous,  des  puissances  étrangères  nous 
commandant  la  paix  dans  Paris!  Nous  ne  sentions  point  nos  pertes,  nous  ne  re- 
grettions point  les  conquêtes  de  la  République  ni  les  vôtres,  mais  la  gloire! 

Sans  gloire  est-il  d'existence  pour  des  Français?  Sans  elle,  la  paix  même,  toute 
désirée  qu'elle  était,  fut  amère  pour  nous.  Elle  ne  nous  donnait  ni  sécurité  dans 
le  présent  ni  garantie  pour  l'avenir. 

»  Bientôt  un  gouvernement  qui  aurait  voulu  recréer  le  passé ,  que  tourmen- 
taient les  inquiétudes  et  qu'agitaient  les  passions  de  ceux  qui  l'obsédaient,  ne 
nous  apporta  que  des  craintes  sans  espoir.  Un  voile  affreux  s'étendit  sur  la 
France.  La  guerre  civile  fut  appelée  par  ceux  mêmes  qui  devaient  en  être  les 
victimes.  Tout  périssait  quand  vous  reparûtes. 

i>  Vous  reparûtes  affranchi,  par  l'inexécution  des  traités,  des  liens  que  vous 
vous  étiez  imposés.  Au  bruit  de  votre  retour,  et  surtout  à  lu  connaissance  de 
vos  sentiments  et  de  vos  pensées,  l'espérance  rentra  dans  nos  cœurs.  Vos  larmes 
coulèrent  sur  cette  France  humiliée,  abattue.  Vous  pleurâtes  au  souvenir  des 
affections  privées  que  vous  aviez  cachées  sous  le  voile  de  la  puissance,  que  les 
malheurs  des  temps  avaient  froissées ,   et  que  votre  bonté  se  hâta  de  rassurer. 

•n  Vous  avez  eu  le  courage  de  regretter  des  exploits  qui  avaient  inquiété  la 
France  el  trop  alarmé  les  étrangers.  Vous  avez  senti  que  les  nations  n'étaient 
grandes,  n'étaient  puissantes  que  quand  elles  étaient  libres,  et  vous  appelez 
cette  liberté  pure  qui  fut  la  trop  courte  idole  de  notre  révolution,  et  cette  éga- 
lité des  droits,  tant  calomniée,  qui  sera  toujours  la  mère  des  vertus  publi({ues 
et  de  la  prospérité.  Vous  avez  ôté  les  chiiînes  à  la  pensée;  vous  n'avez  redouté 
ni  les  discussions  des  Représentants  du  peuple  ni  la  publicité  des  délibérations 
d'une  chambre  des  Pairs;  vous  nous  avez  rendu  nos  élections  dans  toute  leur 
latitude.  Aussi  la  France  s'est  ranimée  à  votre  voix;  tout  a  repris  une  nouvelle 
vie,  une  nouvelle  vigueur;  tout  s'arme  pour  défendre  la  patrie,  si  elle  est  atta- 
quée. Mais  vous  avez  aussi  proclamé  l'inviolabilité  des  traités,  et  la  justice, 
comme  la  force,  veille  à  la  garde  de  nos  frontières. 

■n  Sans  doute  les  puissances  étrangères  mesurent  en  ce  moment  leur  situation 
et  la  nôtre;  sans  doute  notre  retour  au  principe  d'une  liberté  pure  et  d'une  sage 
politique  reformera  ces  liens  fraternels  qui  unirent  les  autres  peuples  aux  intérêts 
de  notre  révolution  nais.sante;  nous  osons  donc  encore  espérer  la  paix,  et  nous 
ne  craignons  pas  la  guerre. 

j  Jouissez,  Sire,  d'nne  situation  qui  est  votre  ouvrage.  Après  avoir  été  le 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«^  —  1815.         187 

m'exprimez  au  nom  de  votre  Collège.  Nous  voulons  tous  la  paix,  et 
nous  sommes  tous  prêts  à  la  guerre.  La  nation,  à  aucune  époque  de 
son  histoire,  n'a  montré  plus  d'unanimité  et  plus  d'énergie.  En  cas  de 
guerre,  tout  nous  présage  d'heureux  succès.  Cependant  les  circon- 
stances sont  graves.  J'attends  beaucoup  du  patriotisme  et  des  lumières 
des  Chambres.  J'ai  appris  avec  plaisir  les  sentiments  qui  ont  animé 
votre  assemblée  et  les  choix  qu'elle  a  faits. 

Extrait  du  Moniteur  du  15  mai  1815. 


âliWG.   —  REPONSE 

A  LADRESSE  DES  FÉDÉRÉS  DES  FAUBOURGS  SAINT- ANTOINE 
ET  SAINT-MARCEAU  '. 

Paris,  H  mai  ]$.15. 

Soldats  fédérés  des  faubourgs  Saint-Antoine  et  Saint-Marceau,  je 
suis  revenu  seul  parce  que  je  comptais  sur  le  peuple  des  TÎlles,  les 

plus  grand  des  conquérants,  soyez  le  plus  paxù&que  des  souverains;  votre  gloire 
l'exige  et  notre  bonheur  vous  le  demande.  » 

Extrait  du  Moniteur  du  15  mai  1815. 

I  Sur  la  demande  des  Fédérés  des  faubonrgs  Saint-Antoine  et  Saint-Marceau, 
l'Empereur  les  reçut,  le  14  mai,  dans  la  cour  des  Tuileries,  au  nombre  de  12 
à  15,000.  Une  députation  de  ces  fédérés  lut  h  l'Empereur  l'adresse  suivante  : 

II  Sire,  nous  avons  reçu  les  Bourbons  avec  indifléreace  et  froideur,  parce 
qu'ils  étaient  devenus  étrangers  à  la  France,  et  que  nous  u'aimons  pas  les  rois 
imposés  par  l'ennemi. 

ï  Nous  vous  avons  accueilli  avec  enthousiasme,  parce  que  vous  êtes  l'homme 
de  la  nation,  le  défenseur  de  la  patrie,  et  que  nous  attendons  de  vous  une  glo- 
rieuse indépendance  et  une  sage  liberté.  Vous  nous  assurez  ces  deux  biens;  pré- 
cieux; vous  consacrerez  à  jamais  les  droits  du  peuple;  vous  régnerez  par  la 
constitution  et  les  lois.  Nous  venons  vous  offrir  nos  bras,  notre  courage  et  notre 
sang  pour  le  salut  de  la  capitale. 

ï  Ah  !  Sire ,  que  n' avions-nous  des  armes  au  moment  où  les  rois  étrangers , 
enhardis  par  la  trahison ,  s'avancèrent  jusque  sous  les  murs  de  Paris  !  Avec 
quelle  ardeur  nous  aurions  imité  le  dévouement  de  cette  brave  garde  nationale, 
réduite  à  prendre  conseil  d'elle-même,  et  à  courir,  sans  direction,  au-devant 
du  péril!  Notre  commune  résistance  vous  aurait  donné  le  temps  d'arriver  pour 
délivrer  la  capitale  et  détruire  l'ennemi.  Nous  sentions  ceUe  vérité;  nous  vous 
appelions  de  tous  nos  vœux,  et  nous  versions  des  larmes  de  rage  en  voyant  nos 
bras  inutiles  à  la  cause  commune.  Sire,  des  esclaves  auraient  béni  l'occasion 
d'échapper  au  devoir  et  au  danger  de  servir  leur  pays,  des  hommes  libres  re- 
garderaient comme  le  dernier  des  outrages  de  n'être  pas  appelés  à  J'honneur  de 
défendre  leur  patrie  et  leur  prince. 

D  La  plupart  d'entre  nous  ont  fait  sous  vos  ordres  la  guerre  de  la  liberté  et 
celle  de  la  gloire  ;  nous  sommes  presque  tous  d'anciens  défenseurs  de  la  patrie  ; 


188         CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I«r.  _  1815. 

habitants  des  campagnes  et  les  soldats  de  l'armée,  dont  je  connais- 
sais l'attachement  à  l'honneur  national.  Vous  avez  justifié  ma  con- 
flance.  J'accepte  votre  offre.  Je  vous  donnerai  des  armes.  Je  vous 
donnerai  pour  vous  guider  des  officiers  couverts  d'honorables  bles- 
sures, et  accoutumés  à  voir  fuir  l'ennemi  devant  eux.  Vos  bras  ro- 
bustes et  faits  aux  plus  pénibles  travaux  sont  plus  propres  que  tous 
autres  au  maniement  des  armes.  Quant  au  courage,  vous  êtes 
Français.  Vous  serez  les  éclaireurs  de  la  garde  nationale.  Je  serai 
sans  inquiétude  pour  la  capitale,  lorsque,  la  garde  nationale  et  vous, 
vous  serez  chargés  de  sa  défense;  et  s'il  est  vrai  que  les  étrangers 
persistent  dans  le  projet  impie  d'attenter  <à  notre  indépendance  et  à 
notre  honneur,  je  pourrai  profiter  de  la  victoire  sans  être  arrêté  par 
aucune  sollicitude.  Soldats  fédérés,  s'il  est  des  hommes  nés  dans  les 
hautes  classes  de  la  société  qui  aient  déshonoré  le  nom  français, 

la  patrie  doit  remettre  avec  confiance  des  armes  à  ceux  qui  ont  versé  leur  sang, 
pour  elle.  Donnez-nous,  Sire,  des  armes  en  son  nom;  nous  jurons  entre  vos 
mains  de  ne  combattre  que  pour  sa  cause  et  la  vôtre.  Nous  ne  sommes  les  instru- 
ments d'aucun  parti ,  les  agents  d'aucune  faction.  Nous  avons  entendu  l'appel  de 
la  patrie,  nous  accourons  à  la  voix  de  notre  souverain;  c'est  dire  assez  ce  que 
la  nation  doit  attendre  de  nous.  Citoyens,  nous  obéissons  à  nos  magistrats  et  aux 
lois;  soldats,  nous  obéirons  à  nos  chefs.  Nous  ne  voulons  que  conserver  l'hon- 
neur national  et  rendre  impossible  l'entrée  de  l'ennemi  dans  cette  capitale,  si 
elle  pouvait  être  menacée  d'un  nouvel  affront.  Vainqueurs  par  notre  courage  et 
votre  génie  ,  nous  reprendrons  avec  joie  nos  travaux ,  et  nous  serons  d'autant 
plus  paisibles,  que  nous  aurons  obtenu,  pour  prix  de  vingt-cinq  ans  de  sacri- 
fices, une  constitution,  la  liberté  et  un  monarque  de  notre  choix. 

«  Sire ,  vous  triompherez  ;  vous  dissiperez  encore  une  fois  la  ligue  de  nos  en- 
nemis; nous  en  avons  pour  garants  la  justice  de  notre  cause,  le  courage  des 
Français,  et  les  vœux  même  des  nations  de  l'Europe.  Sans  doute,  elles  ne  vou- 
dront pas  prêter  un  imprudent  appui  à  des  rois  conjurés  contre  l'indépendance 
et  les  droits  les  plus  sacrés  d'un  peuple  généreux;  ces  nations  veulent  comme 
nous  la  liberté  qu'on  leur  a  promise.  Autrefois  jalouses  ou  même  irritées  de 
l'éclat  de  notre  gloire ,  le  nouveau  traité  d'alliance  fait  au  nom  de  la  liberté 
entre  vous  et  les  Français  nous  a  déjà  réconciliés  avec  elles.  Notre  cause  devient 
la  leur,  notre  exemple  devient  pour  elles  un  grand  sujet  d'espérance;.  Ainsi ,  au 
lieu  de  nous  combattre  avec  acharnement,  elles  joindront  leurs  vœux  aux  vœux 
de  la  France,  elles  s'intéresseront  à  nos  succès;  et,  dans  la  balance  des  desti- 
nées ,  les  nations  pèsent  plus  que  les  rois. 

ï  Sire,  vous  triompherez;  nous  jouissons  d'avance  d'une  victoire  si  légitime 
et  du  repos  glorieux  et  durable  qui  en  sera  le  fruit.  Oui,  Sire,  nous  en  avons 
l'assurance ,  quand  nos  ennemis  vaincus  auront  renoncé  au  chimérique  espoir 
de  nous  dicter  la  loi,  vous  aimerez  la  paix  comme  vous  aimez  la  gloire.  Nous 
vous  devrons  la  liberté  avec  le  bonheur;  et  la  France,  prêle  à  combattre  au- 
jourd'hui tout  entière,  s'il  le  faut,  vous  chérira  comme  un  bon  roi,  après  vous 
avoir  admiré  comme  le  plus  grand  des  guerriers. 

*  Vive  la  nation!  Vive  la  liberté  !  Vive  l'Empereur!  > 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«^  —  1815.  189 

l'amour  de  la  pairie  et  le  sentiment  de  l'honneur  national  se  sont 
conservés  tout  entiers  dans  le  peuple  des  villes,  les  habitants  des 
campagnes  et  les  soldats  de  l'armée.  Je  suis  bien  aise  de  vous  voir. 
J'ai  confiance  en  vous.  Vive  la  nation  ! 

Extrait  du  Monileur  du  16  mai  1815. 


21907.  —  DECRET. 

Paris,  15  mai  1815. 

Articlr  PREMIER.  Il  Sera  formé  vingt-quatre  bataillons  de  liiailleurs 
de  fédérés  de  notre  bonne  ville  de  Paris. 

Art.  2.  Ces  bataillons  seront  composés  des  habitants  et  ouvriers 
de  Paris  et  de  la  banlieue  qui  ne  font  pas  partie  de  la  garde  natio- 
nale de  Paris  et  voudront  se  faire  inscrire  pour  la  défense  de  la 
capitale  et  pour  le  service  des  ouvrages  sur  les  hauteurs  au  moment 
où  le  besoin  le  requerrait. 

Art.  3.  Ces  vingt-quatre  bataillons  formeront  six  brigades;  deux 
bataillons  formeront  un  régiment,  et  quatre  bataillons  formeront  une 
brigade. 

Chaque  bataillon  sera  composé  de  six  compagnies ,  avec  le  même 
nombre  d'ofdciers  que  dans  la  ligne;  les  compagnies  seront  de  120 
hommes;  ce  qui  portera  la  force  de  chaque  bataillon  à  720  hommes. 

Art.  4.  Un  lieutenant  général  et  six  maréchaux  de  camp  seront 
chargés  de  l'inspection  et  du  commandement  des  bataillons  de  Paris. 

Les  colonels,  lieutenants-colonels  et  officiers  de  ces  bataillons 
seront  pris  parmi  les  officiers  en  activité  dans  les  troupes  de  ligne. 
Les  maréchaux  de  camp,  colonels  et  officiers  demeureront  dans  l'ar- 
rondissement où  sera  la  population  destinée  à  remplir  les  cadres 
placés  sous  leurs  ordres. 

Art.  5.  On  désignera  d'avance  à  chaque  brigade  les  hauteurs  et 
fortifications  qu'elle  aura  à  défendre. 

Art.   6.  Les  contrôles  par  compagnies  seront  exactement  tenus. 

Les  sous-officiers  seront  nommés  parmi  les  volontaires  et  par  eux. 
On  nommera  de  préférence  ceux  qui  ont  déjà  servi. 

Art.  7.  Tous  les  dimanches,  les  capitaines  réuniront  leur  com- 
pagnie et  feront  l'appel. 

Art.  8.  Chaque  compagnie  aura  deux  tambours  aux  frais  de  la 
ville  de  Paris. 

Art.  9.  Il  y  aura  en  magasin  un  nombre  de  fusils  suffisant  pour 
armer  ces  vingt-quatre  bataillons.  Il  y  aura  aussi  la  quantité  suffi- 
sante de  gibernes.  La  buffieterie  sera  noire. 


igo         CORRESPONDANCE   DE   NAPOLEON  I".  —  1815. 

Art.  10.  Nos  ministres  de  Tintérieur,  de  la  police  et  de  la  guerre 
sont  chargés  de  Texécution  du  présent  décret. 

Napoléon. 

D'après  l'anipliation.  Dépôt  de  la  guerre. 


21908. —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA   GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  15  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  je  suppose  que  vous  avez  donné  des  ordres  pour  la 
mise  en  état  des  places  de  la  Somme.  Je  désire  que  le  général 
Rogniat,  avec  un  offieier  d'artillerie,  parte  demain  pour  visiter  Abbe- 
ville,  Amiens,  Ham  et  Péronne,  et  tous  les  postes  intermédiaires.  Ils 
seront  accompagnés  par  les  généraux  commandant  les  départements. 
Ils  reconnaîtront  tous  les  ponts  qu'il  faudrait  garder  ou  couper.  Le 
génie  du  2°  corps  enverra  un  officier  pour  mettre  en  état  Saint-' 
Quentin.  Il  se  concertera  avec  le  général,  le  sous-préfet  et  le  maire 
pour  que  la  place  soit  mise  à  l'abri  de  la  cavalerie  légère. 

Donnez  ordre  au  génie  du  6*  corps  de  mettre  sur-le-champ  Laon 
en  état.  Faites-y  diriger  de  l'artillerie,  de  manière  que  le  10  juin 
cette  ville  soit  en  état  de  défense  et  à  l'abri  d'un  coup  de  main. 

Le  général  commandant  le  département  de  l'Aisne  se  concertera 
avec  le  préfet  pour  réunir  de  la  levée  en  masse  en  nombre  suffisant 
pour  garder  Laon  en  cas  d'événement. 

Le  6*  corps  enverra  un  officier  du  génie  qui  se  rendra  à  Reims 
pour  faire  travailler  aux  portes  et  mettre  la  ville  à  l'abri  d'un  coup 
de  main  et  de  la  troupe  légère. 

On  pourra  fournir  aux  habitants  quelques  pièces  de  canon,  aussitôt 
qu'on  verra  qu'ils  sont  disposés  à  se  défendre. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™'  la  maréchale  princesse  d'EckmiihI. 


21909.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  15  mai  1815. 

Mon  Cousin,  faites  connaître  an  général  Delaborde  que  600  gen- 
darmes d'élite,  formant  six  compagnies  à  pied,  se  rendent  en  poste 
pour  le  rejoindre;  que  quatre  compagnies  sont  déjà  parties  de  Ver- 
sailles, et  qu'on  lui  en  enverra  jusqu'à  douze;  que  le  43*  doit  rester 
tout    entier  à  sa  disposition  dans  la  Vendée  ;  qu'il  doit  employer 


CORRESPOND AxMCE  DE  iVAPOLEOM  ^^  —  1815.  19t 

aussi  les  gardes  nationales  et  les  confédérés;  mais  qu'il  faut  laisser 
partir  les  troupes  de  ligue  ;  qu'elles  sont  nécessaires  aux  frontières  ; 
qu'une  victoire  dans  le  Nord  fera  plus  pour  le  calme  intérieur  que 
des  troupes  qu'on  laisserait  dans  l'Ouest;  que  j'ai  besoin  de  réunir 
toutes  mes  troupes  pour  arriver  à  ce  résultat;  que  je  n'en  excepte 
que  le  43'. 

Napoléon. 

D'après  l'ori<]inal  comni.  par  M">«  la  maréchale  princesse  d'Ëckmiilil. 


21910.—     AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  15  mai  1815. 

Mon  Cousin,  les  états  de  la  cavalerie  que  j'ai  sous  les  yeux  sont 
du  l*"^  mars.  Remettez-moi  une  situation  du  personnel,  des  chevaux 
et  du  baruachement  au  1"  mai.  Vous  devez  connaître  actuellement 
le  résultat  de  la  livraison  des  4,000  chevaux  de  gendarmerie.  Une 
partie  n'a  pas  été  reçue  par  la  grosse  cavalerie  et  ira  au  profit  de  la 
cavalerie  légère.  J'ai  levé  aussi  8,000  chevaux  dans  les  départe- 
ments. Votre  correspondance  vous  dit-elle  ce  qu'on  peut  espérer  à 
cet  égard?  Proposez-moi  de  lever  4,000  autres  chevaux  sur  la  gen- 
darmerie, en  prenant  sur  les  parties  qui  n'ont  pas  encore  fourni.  Ces 
4,000  chevaux  pourront  être  dirigés  sur  Versailles,  Troyes,  Beau- 
vais,  où  sont  les  trois  dépôts  centraux;  bien  entendu  que  les  cinq  ou 
six  régiments  qui  sont  à  Lyon  et  dans  le  Midi  recevront  directement 
les  chevaux  de  Lyon  et  des  départements  voisins. 

L'existant  au  1"  mars  était  de  20,000  chevaux.  Cela  ferait  donc, 
depuis  le  1"  mars,  les  augmentations  suivantes  :  reçu  d'après  les 
marchés,  3,000  chevaux;  Maison  du  roi  (pour  mémoire,  parce  que 
je  crois  qu'elle  n'a  rien  produit);  première  levée  sur  la  gendar- 
naerie,  4,000;  appel  dans  les  départements,  8,000;  marchés  du 
dépôt  de  Versailles,  7,000;  deuxième  levée,  que  je  fais  faire  sur  la 
gendarmerie,  4,000;  total,  26,000  chevaux.  Ce  qui  fait  46,000 
chevaux,  sans  y  comprendre  la  Garde. 

Les  hommes  n'étaient,  au  1"  mars,  que  39,000;  mais  probable- 
ment, du  1*'  mars  au  15  mai ,  ils  auront  reçu  plus  de  6,000  hommes  ; 
total,  45,000  hommes. 

Mous  avions  26,000  harnachements,  sans  y  comprendre  la  Garde; 
2,600  autres  devaient  être  reçus  par  d'autres  corps,  ce  qui  faisait 
28,600  environ.  Il  y  en  avait  6,000  dans  les  magasins,  et  enGn  la 
gendarmerie  fournissait  ses  chevaux  avec  selles  et  brides» 


192         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

Présentez-moi  un  projet  de  décret  pour  ordonner  cette  nouvelle 
fourniture  de  chevaux  par  la  gendarmerie. 

Napoléon. 

D"après  l'original  comm.  par  M"'^  la  maréchale  princesse  d'EckmiihI. 


21911.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  15  mai  1815, 

Mon  Cousin,  comme  les  lieutenants  généraux  commandant  les 
divisions  militaires  et  les  lieutenants  généraux  commandant  l'orga- 
nisalion  des  gardes  nationales  ne  doivent  pas  s'enfermer  dans  les 
places,  le  général  Molilor  doit  être  chargé,  aussitôt  que  le  pays  sera 
menacé,  de  réunir  toutes  les  levées  en  masse  du  Haut-Rhin;  la  divi- 
sion de  gardes  nationales  de  Colmar  sera  à  cet  effet  à  sa  disposition.*^ 
Le  général  Desbureaux  aura  les  mêmes  instructions  pour  le  dépar- 
tement du  Bas-Rhin.  L'un  et  l'autre,  dans  le  cas  où  ils  seraient 
obligés  de  quitter  l'Alsace,  se  concentreraient  pour  la  défense  des 
gorges  des  Vosges,  où  ils  se  réuniraient  au  général  qui  commande 
la  division  de  réserve  de  Nancy  et  les  S""  et  4*  divisions,  qui  arrive- 
raient pour  le  renforcer.  Le  général  Molitor  se  concerterait  avec  le 
général  Lecourbe,  qui  est  à  Belfort.  H  est  donc  nécessaire  que 
chacun  sache  bien  le  rôle  qu'il  a  à  remplir.  Le  général  Lecourbe 
pourrait  envoyer  sa  cavalerie  sur  Huningue,  pour  observer  les  bords 
du  Rhin  et  les  débouchés  de  Bâle.  Le  général  Vandamme,  le  lieu- 
tenant général  commandant  la  2*  division,  le  lieutenant  général  com- 
mandant la  réserve  de  Sainte-Menehould ,  se  concerteront  pour  les 
mesures  à  prendre ,  par  chacun ,  pour  la  défense  de  tous  les  ponts 
de  la  Meuse  et  des  débouchés  qui  vont  sur  la  Marne.  Cela  est  dans 
l'hypothèse  que  le  général  Vandamme,  avec  son  corps  d'armée,  sor- 
tirait de  ce  pays.  11  est  donc  nécessaire  que  j'aie  le  plus  tôt  possible 
le  résultat  des  conseils  qui  seront  tenus,  à  Strasbourg,  entre  les 
généraux  Rapp,  Molitor,  Desbureaux  et  Lecourbe;  car,  si  la  Suisse 
est  neutre,  il  est  possible  que  je  mette  tout  le  Haut-Rhin  sous  les 
ordres  du  général  Lecourbe. 

Il  est  nécessaire  que  je  connaisse  aussi  les  dispositions  du  conseil 
qui  sera  tenu  entre  le  général  Gérard,  le  général  commandant  les  3' 
et  4*  divisions,  et  le  général  commandant  les  gardes  nationales  de 
Nancy;  enfin  les  dispositions  du  conseil  que  tiendra  le  général 
Vandamme. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815.  19:5 

Ce  sera  après  l'arrivée  de  ces  procès-verbaux  que  vous  présenterez 
à  ma  signature  l'instruction  pour  chaque  lieutenant  général. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"'°  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


21912.   —  AU  PRINCE  LEBRUN,   a  paris. 

Paris,  15  mai  1815. 

J'ai  reçu  votre  lettre  ;  je  ne  vous  dissimulerai  pas  que  je  ne  vous 
considérais  plus  comme  architrésorier ,  parce  que  vous  avez  accepté 
du  gouvernement  royal  une  place  inférieure  dans  la  chambre  des 
Pairs.  Mais  j'ai  trouvé  tant  d'affecliou  et  de  sentiments  de  cœur  dans 
l'adresse  d'hier  '  et  la  manière  dont  vous  l'avez  dite,  que  je  ne  puis 
vous  rien  refuser ,  et  que  j'éprouve  une  vive  satisfaction  d'oublier 
entièrement  des  torts  que  vous  pouvez  avoir  eus  pendant  mon  ab- 
sence. Je  vais  vous  faire  expédier  le  brevet  d'architrésorier  ;  il  vous 
est  dû,  car  vous  l'avez  reconquis. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21913.  —  A  M.   FOUCHE,  DUC  D'OTRANTE, 

MINISTRE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE  ,  A  PARIS. 

Paris,  15  mai  1815. 

Faites  une  bonne  proclamation  aux  départements  de  la  Vendée, 
qui  leur  fasse  sentir  qu'on  veut  les  égarer  et  les  perdre  ,  tout  ce  qu'ils 
me  doivent  de  reconnaissance  et  combien  on  les  trompe.  Cette  pro- 
clamation serait  affichée  dans  tous  les  départements  de  l'Ouest.  Parlez 
aussi  aux  chefs;  ils  vous  connaissent  tous,  et  ont  eu  tous  affaire  à 
vous.  Je  pense  que  cette  proclamation,  que  vous  pourriez  faire  sous 
la  forme  d'une  circulaire  aux  préfets,  aux  administrateurs,  aux 
maires  et  aux  curés  de  ces  départements,  serait  utile. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21914.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE    LA   GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  16  mai  1815. 

Mon  Cousin,  avez-vous  ordonné  la  formation  des  hôpitaux  dans 

1  Note  de  la  pièce  n°  21905. 

xxviii.  13 


194         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

Ifeg  places  et  sur  la  ligne  d'évacuation  par  Soissons?  Cela  est  de  la 
plus  haute  importance. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™"  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihli 


21915.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOlîT,  PRINCE  D'BGKMUHL , 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,   A    PARIS. 

Paris,  16  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  vous  envoie  un  rapport  du  général  Dejean  sur  les 
services  des  vivres  dans  le  Nord.  Il  paraît  que  ce  service  est  bien  mal 
fait,  surtout  pour  le  pain.  La  guerre  va  avoir  lieu,  et  le  soldat  ne 
pourra  pas  entrer  en  campagne  avec  quatre  jours  dé  pain.  Il  est 
urgent  de  prendre  un  parti.  Vous  devez  savoir  ce  que  les  munilion- 
naires  veulent  ou  peuvent  faire.  Il  faut  prendre  un  parti  dans  la 
journée.  J'attends  votre  rapport. 

Il  me  paraît  que  vous  avez  deux  partis  à  prendre  :  conserver  l'en- 
treprise, si  vous  avez  confiance;  mais  faire  des  magasins  extraordi- 
naires au  compte  de  l'armée,  en  ne  lui  faisant  aucune  avance;  à  cet 
effet,  considérer  les  1,800,000  francs  que  l'entrepreneur  a  reçus 
pour  avances  comme  s'ils  lui  avaient  été  donnés  pour  le  service  de 
mai ,  et  envoyer  des  fonds  sur-le-champ  à  l'intendant  pour  faire  des 
magasins  à  Soissons,  Laon  et  Avesnes;  il  ne  serait  touché  à  ces 
magasins  qu'en  cas  de  guerre  ;  mais  si  vous  n'avez  aucune  confiance 
dans  l'entreprise,  la  dissoudre  et  former  une  régie.  Présentez-moi 
un  prompt  rapport,  car  notre  situation  est  honteuse,  n'ayant  pas 
([uatre  jours  de  pain,  dans  un  pays  oii  l'on  ne  manque  de  rien.  Il  n'y 
a  que  vous  qui  puissiez  savoir  si  l'entrepreneur  vous  a  manqué  de 
parole  et  si  l'on  peut  se  fier  à  ce  qu'il  dit. 

Je  ne  conçois  pas  que  l'armée  du  Nord  puisse  rester  dans  la  posi- 
tion où  elle  est,  ni  pourquoi  l'entrepreneur  laisse  ainsi  dégarni  un 
service  aussi  important. 

Je  vous  envoie  aussi  une  lettre  de  Pire,  qui  crie  misère  de  son 
côté.  Il  y  a  de  l'absurdité  ou  de  la  malveillance.  Il  faut  prendre  un 
parti  dans  la  journée. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


CORRESPONDANCE  DB  NAPOLEON  l".  —  1815.         195 
21916.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  16  mai  1816. 

Mon  Cousin,  ordonnez  au  général  Lecourbe  de  faire  venir  à  Belfort 
la  division  de  gardes  nationales  qui  est  à  Vesoul.  Elle  campera  aux 
environs  de  cette  place,  de  manière  à  être  protégée  par  les  forfifications. 
Alors  il  pourra  placer  ses  troupes  de  ligne  à  portée  de  Huningue,  se 
mettre  en  communication  avec  la  garnison  de  cette  place  et  porter 
des  détachements  de  cavalerie  le  long  du  Rhin  jusqu'à  Neuf-Brisach. 
La  position  d'Altkirch  me  paraît  être  convenable  pour  placer  son  infan- 
terie et  son  quartier  général.  Son  artillerie  mobile  pourrait  être  placée 
à  sa  portée,  aux  passages  du  Rhia,  où  elle  paraîtrait  nécessaire. 

La  division  de  réserve  qui  est  à  Besançon  prendra  position  sur  le 
mont  Jura. 

Donnez  ordre  au  duc  d'Albufera  de  choisir  un  emplacement  pour 
placer  la  division  de  réserve  de  Lyon  aux  débouchés  de  Genève,  de 
manière  à  se  mettre  en  communication  avec  la  division  de  réserve  de 
Besançon,  qui  gardera  les  débouchés  du  mont  Jura,  et  à  couvrir 
Lyon. 

Faites  part  de  ces  dispositions  au  général  Lecourbe,  qui  doit 
veiller  à  ce  que  le  fort  de  l'Ecluse  soit  en  bon  état  et  en  faire  aug- 
menter les  fortifications. 

Instruisez  aussi  le  général  Rapp  des  ordres  que  vous  donnez  au 
général  Lecourbe. 

Napoléon. 

D'après  l'original  conm.  par  Mf°*  la  maréchale  princesse  d'EcknûU. 


22917.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA   GUERRE  ,   A  PARIS. 

Paris ,  16  mai  181S. 
Mon  Cousin,  un  seul  maréchal  de  camp  suffit  pour  la  place  de 
Maubeuge.  Quand  je  voulais  un  lieutenant  général  et  deux  maré- 
chaux de  camp  pour  cette  place,  c'est  que  je  voulais  garder  le  camp 
retranché.  Depuis,  j'ai  changé  d'idée,  et  il  a  été  convenu  qu'on 
mettrait  seulement  en  état  les  redoutes  du  camp  retranché. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'Ëckmiihl 


13. 


196  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I«^  —  1815.- 

21918.  —  NOTK. 

Paris,  16  mai  1815. 

Le  major  général  ne  donnera  des  ordres  qu'à  l'armée  du  Nord  ,  à 
moins  qu'il  ne  mentionne  qu'il  transmet  un  ordre  spécial  de  l'Kmpe- 
reur  présent  à  l'armée. 

Toutes  les  fois  que  l'Empereur  ne  sera  point  présent  à  l'armée,  le 
major  général  ne  donnera  des  ordres  qu'à  l'armée  du  Nord. 

L'intendant  général  ne  dirigera  que  l'administration  de  l'armée  du 
Nord.  Si,  par  un  décret,  les  armées  de  la  Moselle  et  du  Rhin  vouaient  à 
être  supprimées  et  réunies  à  l'armée  du  Nord,  elles  rentreraient  sous 
l'administration  de  l'intendant  général;  mais  jusque-là  elles  doivent 
en  être  séparées. 

Chacune  de  ces  armées  doit  avoir  un  ordonnateur  en  chef,  qui  cor- 
responde avec  le  ministre  de  la  guerre  directement,  et  un  payeur, 
qui  corresponde  avec  le  ministre  du  trésor. 

L'ordre  sera  donné  aux  officiers  de  santé  en  chef ,  au  payeur  et  à 
toutes  les  administrations  de  l'armée  du  Nord  de  se  rendre  à  Laon. 
Ils  devront  partir  dans  la  journée  de  demain.  L'ordonnateur  en  chef 
de  l'armée  du  Nord  devra  s'y  rendre  aussi. 

L'intendant  général  se  rendra  à  Soissons  et  y  fera  un  marché  pour 
un  achat  de  farines,  à  placer  :  8,000  quintaux,  poids  de  marc,  à 
Soissons,  5,000  à  Guise,  1,000  à  Maubeuge,  1,000  à  Philippeville, 
500  à  Avesnes,  500  à  Laon. 

Il  verra  s'il  est  avantageux  de  faire  des  achats  du  côté  de  Guise  et 
d' Avesnes,  ou  s'il  est  préférable  de  les  faire  en  totalité  à  Sois.sons. 

Il  fera  un  rapport  tendant  à  faire  connaître  quelle  perte  il  y  aurait 
à  envoyer  des  farines  de  Paris  à  Soissons,  pour  former  un  approvi- 
sionnement de  réserve  de  20,000  quintaux  poids  de  marc. 

L'intendant  général  fera  également  un  achat  de  2,000  quintaux  de 
riz,  poids  de  marc;  2,000  quintaux  de  sel,  poids  de  marc;  2  mil- 
lions de  rations  d'eau-de-vie,  et  de  l'avoine  pour  20,000  chevaux 
pendant  vingt  jours. 

Le  riz,  le  sel,  l'eau-de-vie  seront  répartis  dans  la  même  proportion 
que  les  farines. 

L'avoine  sera  répartie  entre  Avesnes  et  Laon, 

Le  ministre  de  la  guerre  écrira  par  le  télégraphe  au  comte  Maret 
de  se  rendre  sur-le-champ  à  Paris. 

D'après  la  copie  comm.  par  M.  le  comlc  Daru. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815.         197 
21919.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE    DE   LA  GUERRE ,   A   PARIS. 

Paris,  n  mai  1815. 

Mon  Cousin  ,  il  y  a  à  Douai  30  pontons  et  10  bateaux  ;  cet  équi- 
page me  paraît  suffisant.  11  faut,  pour  atteler  ces  40  voitures,  200  à 
250  chevaux  ;  faites-les  atteler  sans  délai ,  non  pas  par  des  chevaux 
de  réquisition  ,  mais  par  de  bons  chevaux  d'artillerie.  Mettez-y  cinq 
compagnies  de  pontonniers,  et  faites-les  venir  un  peu  derrière  le  parc 
de  réserve  du  général  Reille. 

l^ous  garderez  l'ancienne  compagnie  de  Vincennes  ,  et  vous  ferez 
mettre  en  état  le  parc  de  Vincennes  :  s'il  en  était  besoin,  on  attelle- 
rait plus  tard  ce  parc  avec  des  chevaux  d'artillerie  ou  même  avec  des 
chevaux  de  réquisition. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"°«  la  marécbale  princesse  d'F.ckmûhl. 


21920.  —AU  GÉNÉRAL  COMTE  DROUOT, 

AIDE-MAJOR  DE  LA  GARDE    IMPERIALE,   A  PARIS. 

Paris,  n  mai  1815. 

Faites  partir  un  cadre  de  régiment  de  tirailleurs  de  la  jeune  Garde 
pour  Rouen;  faites-en  partir  un  pour  Amiens.  Ces  cadres  doivent 
être,  avant  de  partir,  bien  habillés  et  bien  armés. 

Donnez  ordre  à  l'ordonnateur  d'envoyer  un  commissaire  dans  cha- 
cune de  ces  deux  villes  pour  y  établir  un  atelier  d'habillement,  de 
manière  à  avoir  avec  pron)ptitude,  dans  l'une  et  l'autre  place,  de  quoi 
habiller  et  équiper  2,000  hommes.  Cela  soulagera  d'autant  les  ate- 
liers de  Paris. 

Ces  cadres  feront  des  détachements  dans  les  départements  de  la 
Normandie  et  de  la  Picardie,  et  prendront  tous  les  moyens  pour  re- 
cruter des  volontaires  et  attirer  les  militaires  retirés  dans  ces  dépar- 
tements. Vous  aurez  soin  d'y  envoyer  d'abord  500  fusils,  et,  au  fur 
et  à  mesure  des  besoins,  d'envoyer  ce  qui  sera  nécessaire  pour  ces 
deux  régiments,  qui  doivent  se  compléter  dans  les  localités. 

Faites-moi  connaître  s'il  ne  serait  pas  convenable  aussi  d'envoyer 
un  cadre  à  Orléans,  pour  attirer  également  les  militaires.  On  pourrait 
aussi  en  envoyer  un  en  Rourgogne. 

Il  faut  que  vous  donniez  aux  chefs  des  instructions  pour  qu'on  balte 
la  caisse,  qu'on  promène  les  drapeaux,  qu'on  fasse  des  affiches,  que 
les  hommes  qu'on  enverra  dans  les  communes  prennent  enfin  tous  les 
moyens  possibles  de  recruter. 


198         CORRESPONDANCE   DE  XAPOLEON  I".  —  1815. 

Le  régiment  qui  est  à  Amiens  enverra  à  Saint-Quentin ,  auprès  des 
ouvriers  des  fabriques. 

Il  y  avait  à  Lyon  un  bataillon  de  volontaires  que  le  général  Brayer 
avait  formé  pour  la  jeune  Gatde  :  pourquoi  ce  bataillon  n'est-il  pas 
arrivé?  Parlez-en  au  général  Brayer. 

Je  vous  ai  dit  plusieurs  fois  qu'il  fallait  que  les  chefs  de  la  jeune 
Garde  fissent  afficher  et  se  donnassent  quelque  mouvement  pour  re- 
cruter dans  Paris.  Vous  n'avez  pas  fait  ce  que  je  vous  ai  indiqué  à 
cet  égard;  faites-le.  Envoyez  des  officiers  dans  les  différentes  mairies; 
faites-les  annoncer  par  la  musique  et  les  tambours,  et  qu'on  fasse 
tout  ce  qui  convient  pour  exciter  l'enthousiasme  des  jeunes  gens. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21921.  —NOTE  POUR  LE  MINISTRE  DE  LA  POLICE, 

DICTÉE  E\  CONSEIL  DES  MINISTRES. 

Paris,  n  mai  1815. 

Le  ministre  de  la  police  remettra  le  plus  tôt  possible  un  rapport 
sur  la  mise  en  état  de  siège  de  Marseille ,  sur  le  désarmement  de  la 
garde  nationale.  Il  proposera  des  mandats  à  décerner  en  exécution 
de  la  Constitution  de  l'an  viii ,  et  motivés  dans  ce  sens  contre  un  cer- 
tain nombre  d'hommes  marquants.  Il  ordonnera  qu'aussitôt  après 
leur  arrestation  un  magistrat  soit  commis  pour  procéder  à  l'informa- 
"lion  judiciaire. 

Le  ministre  de  la  guerre ,  ou  celui  de  l'intérieur ,  fera  un  rapport 
sur  la  9*  division  militaire  et  la  nécessité  de  comprimer  le  parti  qui 
organise  ouvertement  la  guerre  civile.  Ce  rapport  sera  ensuite  ren- 
voyé par  l'Empereur  au  ministre  de  la  police ,  qui  proposera  de  dé- 
cerner les  mandats  nécessaires. 

Le  ministre  de  la  police  fera  un  rapport  sur  les  passe-ports ,  ten- 
dant au  rétablissement  de  la  législation  préexistante,  à  la  nécessité 
d'empêcher  la  sortie  des  hommes  qui  vont  renforcer  le  noyau  de  con- 
spirateurs formé  à  l'étranger,  et  l'entrée  des  agents  de  toute  espèce 
qui  pénètrent  en  France. 

11  y  a  des  mesures  à  prendre  pour  rendre  responsables  les  doua- 
niers, dont  le  service  peut  être  très-utile,  et  les  officiers  de  gendar- 
«lerie. 

Le-miwiïttre-de  la  police  enverra  un  homme  intelligent,  connaissant 
la  Vendée,  au  général  Delaborde,  qui  tiendra  un  conseil  avec  cette 
personne  et  le  colonel  Noirot,  pour  désigner  une  vingtaine  des  indi- 


CORUESPOIVDAIWCE   DE  MAPOLEON   1«^  —  1815.         199 

vidus  dont  la  présence  serait  le  plus  dangereuse  dans  le  pays  et  qu'il 
conviendrait  d'arrêter  ou  de  mettre  en  surveillance. 

Le  ministre  proposera  en  même  temps  un  projet  de  décret  pour 
donner  au  général  Delaborde  des  pouvoirs  de  haute  police.  Il  con- 
vient que  ces  pouvoirs  soient  défmis  dans  le  projet. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21922.  —  NOTE  DICTÉE  EN  CONSEIL  DES  MINISTRES. 

Paris,  18  mai  1815. 

Le  projet  proposé  par  M.  le  comte  Chaptai  produirait  un  effet  con- 
traire à  celui  qu'il  a  eu  en  vue. 

11  n'y  a  pas  de  doute  que  l'Angleterre  ne  viole  la  neutralité  des 
Américains  et  celle  des  autres  puissances  neutres,  parce  que  tel  est 
le  résultat  fondamental  de  ses  lois  maritimes,  qui  avaient  armé  contre 
elle  les  Américains,  et  qui  paraissent  n'avoir  pas  été  un  sujet  de  dis- 
cussion dans  les  négociations  de  Gand;  c'est  un  point  dont  il  faut 
d'abord  s'assurer. 

Si  l'Angleterre  met  en  vigueur  le  système  maritime  qu'elle  appelle 
Jies  droits,  que  fera  la  France?  Le  projet  proposé  par  M.  Chaptai 
préjuge  la  décision  sur  cet  important  objet,  puisqu'il  porte  que  la 
France  usera  de  représailles.  Cependant  cette  décision  n'est  point 
une  chose  simple,  et,  en  la  préjugeant,  on  dit  au  commerce  de  France 
qu'il  ne  pourra  pas  se  faire  avec  les  neutres;  ce  qu'il  est  au  moins 
inutile  de  dire  puisqu'on  ne  le  sait  pas ,  et  ce  qui  produirait  l'effet 
opposé  aux  vues  de  M.  Chaptai. 

Il  faudrait  donc  aborder  franchement  la  question,  et  dire  que, 
quand  même  l'Angleterre  voudrait  de  nouveau  l'application  de  ses 
arrêts  du  conseil  aux  neutres,  la  France  reconnaîtrait  toujours  comme 
neutres  les  bâtiments  dénationalisés.  Cela  serait  sans  doute  agréable 
au  commerce  et  mènerait  au  but  que  M.  Chaptai  veut  atteindre  par 
des  moyens  tout  différents  de  celui-ci.  Mais  comment  dire  une  telle 
chose  avant  de  connaître  quelle  application  l'Angleterre  voudra  faire 
de  son  code  maritime?  Ce  serait  aller  au-devant  de  toutes  les  chances, 
désintéresser  les  Américains  dans  la  question ,  et  prendre  des  enga- 
gements dangereux  en  favorisant  d'avance  la  tendance  de  l'Angleterre 
à  accroître  ses  prétendus  droits  maritimes  dans  chaque  guerre.  On 
ne  pourrait  donc  adopter  dans  le  projet  de  M.  Chaplal  que  la  dispo- 
sition de  l'article  4  ;  d'où  il  résulterait  qu'en  cas  de  guerre  la  mesure 
de  l'embargo  n'aurait  aucun  effet  rétroactif,  en  ce  sens  que  tous  les 


200         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

bâtiments  chargés  auraient  la  liberté  de  sortir,  et  que  toutes  les  expé- 
ditions commencées  pourraient  être  achevées. 

Pour  rendre  plus  sensible  le  raisonnement  établi  plus  haut,  on 
peut  faire  l'hypothèse  que  l'Angleterre  déclarerait  qu'aucun  bâtiment 
américain  chargé  de  marchandises  pour  les  ports  de  France  ne  pour- 
rait exporter  aucune  denrée  ou  marchandise  de  nos  ports,  et  serait 
tenu  de  les  quitter  sur  son  lest ,  pour  aller  prendre  sa  cargaison  de 
retour  à  Londres  ;  qu'elle  ne  laisserait  entrer  dans  les  ports  de  France 
aucun  bâtiment  qui,  au  préalable,  n'eût  mouillé  en  Angleterre  et  ne 
fût  venu  lui  payer  un  droit  déterminé  sur  les  marchandises  compo- 
sant son  chargement;  qu'enfin  l'Angleterre  imposerait  telles  autres 
obligations  dont  le  germe  se  trouve  dans  les  arrêts  du  conseil.  Nous 
nous  ôterions  ,  par  une  déclaration  qui  serait  un  acte  de  soumission 
fait  d'avance,  tout  moyen  de  pourvoir  à  nos  intérêts. 

Ce  serait  donc  une  déclaration  honteuse ,  qui  rendrait  faciles  les 
arrangements  de  l'Amérique  avec  l'Angleterre,  et  qui  serait  une  exci- 
tation donnée  par  nous-mêmes  à  l'Angleterre  d'abuser  de  sa  supé- 
riorité. 

Le  projet  de  M.  Chaptal  n'a  donc  point  abordé  la  question,  ou 
plutôt  il  la  décide  d'une  manière  désespérante  pour  le  commerce, 
puisqu'il  statue  positivement  que  l'Empereur  remettra  en  vigueur 
ses  décrets  de  Milan,  si  les  Anglais  renouvellent  leurs  arrêts  du  con- 
seil de  1807. 

Sa  Majesté  juge  convenable  que  ces  observations  soient  renvoyées 
à  son  ministre  des  affaires  étrangères ,  qu'elle  invite  à  lui  faire  con- 
naître : 

1"  Si  dans  le  traité  de  Paris  il  y  a  quelques  stipulations  relatives 
au  droit  maritime  de  l'Angleterre  ; 

2°  S'il  y  a  quelques  dispositions  sur  cette  matière  dans  le  traité  de 
paix  négocié  à  Gand  entre  l'Angleterre  et  l'Amérique; 

3°  Si ,  dans  l'intervalle  qui  s'est  écoulé  entre  le  traité  de  Paris  et 
la  paix  entre  ce  pays  et  l'Amérique,  il  y  a  eu,  de  la  part  du  conseil 
du  roi ,  tel  procédé  d'oii  il  puisse  résulter  que  le  blocus  sur  le  papier 
a  été  reconnu  ; 

4°  Enfin  la  réponse  qui  doit  avoir  été  faite  par  le  ministre  de  France 
à  la  déclaration  par  laquelle  l'Angleterre  notifiait  que  l'Amérique  était 
bloquée. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I<'^  —  1815.         201 
21923.  —  A.    M.  FOUCHÉ,  DCC   D'OTRANTE , 

MINISTRE  DE  LA  POLICE  GÉNÉRALE,   A  PARIS. 

Paris,  18  mai  1815. 

Monsieur  le  Duc  d'Otrante,  s'il  est  vrai  que  M.  Lavalette ,  de 
Toulouse,  ait  été  nommé  par  le  duc  d'Angoulême  inspecteur  de 
toutes  les  gardes  nationales  du  Midi ,  et  qu'il  ait  donné  des  sommes 
considérables  pour  le  gouvernement  du  prince  d'Angoulème  à  Tou- 
louse ,  vous  lui  ferez  donner  ordre  de  se  rendre  en  surveillance  dans 
une  petite  ville  de  Bourgogne.  Autorisez  le  préfet,  le  général  com- 
mandant à  Toulouse,  le  commandant  de  la  gendarmerie  et  votre 
lieutenant  de  police  à  s'entendre  là-dessus.  Autorisez-les,  en  général, 
à  faire  arrêter  à  Toulouse,  à  Montpellier,  à  Montauban,  etc.,  les 
individus  qui  seraient  gravement  soupçonnés  de  machiner  le  rétablis- 
sement des  Bourbons  et  l'explosion  de  la  guerre  civile;  et,  pour  tous 
ceux  contre  lesquels  il  n'y  aurait  pas  de  préventions  aussi  fortes, 
mais  qu'il  serait  cependant  dangereux  de  laisser  dans  le  pays ,  auto- 
risez leur  envoi  en  surveillance  dans  la  18"  division. 

Ordonnez  les  mêmes  mesures  pour  Bordeaux ,  Perpignan ,  le  Cal- 
vados ,  la  Seine-Inférieure  et  Boulogne.  Ces  mesures  me  paraissent 
urgentes  :  arrestation  de  quelques-uns  des  principaux  et  exil  de  ceux 
du  deuxième  ordre  dans  les  bons  départements.  Etendez  ces  mesures 
à  Clermont-Ferrand. 

Ordonnez  qu'on  envoie  dans  l'Yonne  les  gens  qui  seraient  fortement 
suspects  d'agir  activement  pour  faire  éclater  la  guerre  en  France. 

Il  ne  faut  donner  aucun  passe-port  pour  les  nobles  qui  vont  en 
Angleterre. 

D'après  la  minute.  Archive»  de  l'Empire. 


21924.  —AU  PRINCE  JOSEPH,  a  paris. 

Paris,  19  mai  1815. 

Mon  Frère ,  je  suis  dans  l'intention  de  composer  la  chambre  des 
Pairs  et  d'en  nommer  d'abord  quatre-vingts  membres.  Désirant  m'aider 
des  lumières  des  personnes  qui  ont  ma  confiance,  je  vous  invite  à  me 
remettre  dimanche  une  liste  de  cent  vingt  personnes  que  vous  choi- 
sirez comme  si  vous  étiez  chargé  de  cette  nomination. 

S'il  en  est  parmi  elles  que  je  ne  connaisse  pas,  vous  voudrez  bien 
joindre  des  notes  à  leurs  noms.  Ce  travail  restera  secret  entre  moi  et 
vous.  Je  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire  qu'il  est  inutile  qu'on  sache 
que  je  vous  l'ai  demandé. 


202         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I«^  —  1815. 

J'ai  adressé  une  lettre  semblable  à  tous  mes  ministres  et  à  d'autres 
personnes  dans  l'opinion  et  dans  les  sentiments  desquelles  je  me 
confie ' . 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  le  cabinet  de  S.  M.  l'Empereur. 


21925.  —  AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  p.iris. 

Paris  ,  19  mai  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  j'ai  fait  connaître  au  ministre  de  la 
police  que  je  désirais  qu'il  ordonnât  au  rédacteur  qu'il  a  attaché  au 
Journal  général  de  France  de  prendre  désormais  vos  ordres  pour  la 
direction  de  ce  journal.  Mon  intention  est  que  vous  donniez  à  cette 
feuille  une  couleur  prononcée  et  qui  réponde  à  la  fureur  des  attaques 
des  ennemis  du  gouvernement. 

Napoléon. 

D'après  irortginal.  Archives  de  l'Empire.  i 


21926.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 
ministre  de  la  guerre,  a  paris. 

Paris,  19  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  qu'est-ce  que  le  général  Fournier  que  vous  avez  en- 
voyé à  Marseille  pour  commander  la  garde  nationale?  Il  serait  néces- 
saire que  vous  prissiez  mes  ordres  avant  de  disposer  des  différents 
officiers  généraux.  Qu'est-ce  que  le  général  Corsin  que  vous  avez  en- 
voyé à  l'armée  du  Nord?  Est-ce  celui  qui  était  à  Antibes?  Je  n'ai  rien 
signé  qui  autorise  cette  disposition. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""'  la  maréchale  princesse  d'Eckraiihl. 


21927.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL , 

ministre  de  la  guerre,  a  paris. 

Paris,  20  mai  1815. 

Mon  Cousin,  chargez  l'ordonnateur  de  la  23*  division  de  faire 
acheter  des  draps  dans  le  pays,  au  meilleur  marché  possible,  ainsi 
que  des  effets  de  petit  équipement. 

Faites  mettre  quelques  fonds  à  la  disposition  du  génie  et  de  l'ar- 
lillerie  en  Corse,  pour  leurs  dépenses;  il  faut  peu  de  chose.  A  cette 
occasion,  je  dois  remarquer  que  la  Corse  n'a  aucun  système  de  dé- 

»  Même  lettre  aux  ministres,  au  général  Bertrand  et  au  comte  de  Montes- 
quiou-Fczensac. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEOM   I".  —  1815.         20> 

fense.  Mon  intention  est  qu'on  ne  fasse  aucune  espèce  de  dépense  aux 
places  d'Ajaccio,  de  Bonifacio,  de  Bastia,  de  Corte.  Il  faut  concen- 
trer toutes  les  dépenses  sur  la  ville  de  Calvi  pour  la  mettre  en  état. 
C'est  à  Calvi  qu'il  faut  former  un  approvisionnement  de  siège,  que 
tous  les  fusils  de  l'île  doivent  être  transportés;  que  toute  l'artillerie 
inutile  des  différentes  parties  de  l'ile  soit  retirée  sur  Calvi,  pour 
mettre  cette  place  eu  meilleur  état.  11  faut  donner  pour  instruction, 
en  cas  de  débarquement  de  l'ennemi  en  Corse,  qu'après  avoir  dé- 
fendu le  terrain  pied  à  pied,  c'est  à  Calvi  qu'on  doit  se  renfermer  et 
se  défendre  à  toute  outrance,  parce  que  c'est  par  Calvi  qu'on  sera  ge- 
couru.  Il  est  donc  nécessaire  que  celle  place  soit  bien  approvisionnée 
en  canons  et  en  affûts,  ainsi  qu'en  munitions  de  guerre.  I>eu'X  pièces 
de  canon  suffisent  à  Corte ,  douxe  suffisent  à  Ajaccio,  quinze  au 
vingt  à  Bastia,  et  douze  à  Bonifacio.  Tout  le  reste,  ai  cela  devient 
nécessaire,  doit  être  centralisé  sur  Calvi. 

Je  préférerais  à  Calvi  la  ville  d'Ajaccio,  et  c'est,  ^je  ipease,  :«ar 
Ajaccio  qu'à  l'avenir  il  faudra  centraliser  la  défense  de  l'île;  mais  ce 
ne  peut  être  eetie  année ,  puisque  les  travaux  à  'faire  exigeront  deux 
ou  trois  ans  et  5  ou  600,000  francs  de  dépense. 

Le  système  du  génie  en  Corse  actuellement  est  absurde.  Tout  le 
matériel  est  répandu  dans  cinq  places,  dont  aucune,  Calvi  excepté, 
n'est  tenable.  Bonifacio  est  tenable;  mais  sa  situation  relativement  à 
la  France  le  rend  hors  de  considération. 

En  résumé,  donnez  ordre  au  génie,  à  l'artillerie,  au  commandant 
et  à  l'ordonnateur  de  tout  préparer  pour  que,  après  avoir  défendu 
l'île,  on  défende  Calvi,  et  qu'on  y  réunisse  tous  les  moyens  de- 
venus inutiles  dans  les  autres  places.  Faites  faire  le  projet  de  3  ou 
400,000  francs  d'ouvrages,  à  faire  en  plusieurs  années,  pour  oc- 
cuper les  hauteurs  d'Ajaccio,  de  manière  que  cette  ville  et  son  port 
deviennent  centre  de  la  défense  de  Pîle.  Le  port  d'Ajaccio  peut  rece- 
voir des  escadres.  Saint-Florent  est  la  seule  ville  qui,  après  Ajaccio, 
puisse  offrir  cet  avantage;  mais  Saint-Florent  n'est  qu'un  petit  bourg, 
et  l'air  y  est  malsain. 

^JAPOLBO'^^ 

(.Diaprés  l'original  comm.  par  M*>°  la  marëcbalc  princesse  d'Eekmâiil. 

21928.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE   LA  GUERRE  ,   A   PARIS. 

Paris,  20  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  donnez  l'ordre  au  maréchal  Brune ,  aussitôt  que  les 
9%  35*  et  le  14°  léger  seront  arrivés,  d'en  passer  la  revue  de  rigueur 


204  CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON   I«'^  —  1815. 

et  d'en  ôter  tous  les  officiers  qui  auraient  émigré  ou  qui  n'auraient 
pas  fait  la  guerre  avec  nous.  Proposez-moi  trois  colonels  pour  rem- 
placer les  trois  colonels  de  ces  régiments ,  et  deux  majors  pour  rem- 
placer le  major  du  35'  et  celui  du  14*  léger.  Il  y  a  aussi  plusieurs 
chefs  de  bataillon  et  capitaines  à  remplacer  dans  ces  régiments.  Té- 
moignez ma  satisfaction  au  général  Simon.  Faites-moi  connaître  l'an- 
cienneté de  ses  services,  pour  voir  s'il  y  a  lieu  à  le  faire  lieutenant 
général. 

Faites  connaître  aux  maréchaux  de  camp  Casalta  et  Moroni,  en 
Corse,  qu'ils  sont  mis  en  activité  de  service  et  vont  être  employés 
dans  la  23*  division.  Présentez-moi  le  plus  tôt  possible  l'organisation 
des  officiers  de  gendarmerie  dans  la  23*  division.  Le  directeur  d'ar- 
tillerie qui  est  en  Corse  est  mauvais;  changez-le;  faites-le  rentrer  en 
France  et  remplacez-le  par  un  officier  sûr.  11  serait  convenable  d'y 
envoyer  de  préférence  un  officier  qui  ait  servi  plusieurs  années  en 
Italie  et  qui  soit  familier  avec  la  langue. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21929.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  20  mai  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  reçu  votre  rapport,  du  18  mai,  sur  la  nécessité 
de  faire  l'appel  de  la  conscription  de  1815.  Je  désire  que  vous  me 
remettiez  le  détail  de  ce  que  cette  conscription  produira  par  dépar- 
tement. Mon  intention  n'est  pas  de  faire  un  appel  général.  Je  n'ap- 
pellerai d'abord  que  celle  des  1",  2",  3%  4%  5%  6%  7%  19*,  21*  di- 
visions, ensuite  celle  des  9*,  10*  et  11*.  La  conscription  de  la 
7*  division  sera  employée  à  recruter  les  régiments  du  corps  d'obser- 
vation du  Var  et  les  régiments  de  l'armée  des  Alpes.  Le  tiers  des 
hommes  de  la  19*  division  militaire  sera  envoyé  aux  régiments  qui 
sont  dans  la  18*  et  dans  la  6*  division.  Ceux  de  la  P*  serviront  au 
recrutement  des  régiments  de  l'armée  du  Nord,  et  ainsi  de  suite. 

Chacune  de  ces  conscriptions  fournira  un  tiers  de  ses  hommes  pour 
la  jeune  Garde. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  205 

21930.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PKIMCE  D'ECKMUHL , 

MINISTRE  DE   LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  20  mai  1815. 

Mon  Cousin,  j'ai  reçu  votre  rapport  du  18  mai.  Les  objets  les 
plus  urgents  dont  vous  avez  à  vous  occuper  sont  :  1°  présenter  un 
compte  clair  et  détaillé  des  exercices  arriérés  et  de  l'année  1814; 
2°  établir  le  budget  motivé  pour  1815.  Le  budget  que  vous  m'avez 
présenté  n'est  pas  assez  motivé.  Il  est  tout  simple  que  les  Chambres 
voudront  connaître  l'emploi  de  l'argent  qu'on  leur  demandera.  Faites 
bien  connaître  la  différence  de  la  situation  entre  le  1"  mai  et  le 
1"  juin  et  tout  ce  qui  a  été  fait  pendant  deux  mois. 

Vous  devrez  faire  travailler  aux  modifications  à  faire  au  Code  pénal 
militaire  d'après  la  Constitution. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21931.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE    LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  20  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  je  pense  qu'il  serait  possible  d'employer  des  officiers 
du  génie  espagnols,  soit  à  la  suite  des  armées,  soit  dans  les  places. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""»  la  maréchale  princesse  d'Eckmûbl. 


21932.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,   A  PARIS. 

Paris,  20  mai  1815. 

Mon  Cousin  ,  faites-moi  connaître  quand  on  pourra  tirer  des  ba- 
taillons espagnols ,  piémontais  ,  belges  ,  polonais  et  autres  étrangers, 
pour  les  mettre  en  ligne. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""^  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


21933.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  20  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  ne  puis  être  que  mécontent  de  la  proposition  que 
vous  me  faites  d'employer  pour  les  équipages  militaires  une  partie 
des  1,500  chevaux  qui  étaient  destinés  pour  la  jeune  Garde.  L'artil- 


206         CORRE&PONfDANGE  DE  NAPOLÉON  I«'.  —  1815. 

lerie  a  également  soustrait  500  chevaux  qui  étaient  destinés  pour  la 
Garde;  de  sorte  que  nous  sommes  moins  avancés  que  jamais.  Cepen- 
dant il  me  semble  que  la  Garde  doit  être  la  première  servie ,  puis- 
qu  elle  a  une  artillerie  d'élite  attachée  à  des  troupes  d'élite ,,  et  qu'il 
est  indispensable  que  j'aie  au  5  juin  les  cent  quarante-quatre  pièces 
de  la  jeune  Garde.  Ne  touchez  donc  en  rien  à  toutes  les  dispositions 
qui  ont  été  faites  pour  la  Garde ,  qui  passe  avant  tout. 

J'approuve  que  le  pont  se  rende  à  Guise  ;  mais  ne  prenez  pour 
cela  aucun  des  moyens  destinés  à  la  Garde. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M*"^  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21934.  —  AU  VICE-AMIRAL  DIIC  DEGRÉS, 

MINISTRE  DE  LA  MARINE,  A  PARIS. 

Paris,  20  mai  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès ,  du  moment  que  les  pièces  de  canon  sont 
chargées  au  Havre,  elles  doivent  sur-le-champ  filer  sur  Paris.  Ainsi 
les  affûts  et  les  canons  qui  étaient  chargés  au  Havre  le  16  devraient 
déjà  être  à  moitié  chemin  de  Paris. 

Organisez  vos  parcs  de  la  marine  aux  Invalides. 

Napoléon. 

D'après  roriginal'comm.  p«r  M"*  la  duchesse  Decrès. 


21935.  —  AU  VICE-AMIRAL  DUC  DEGRES, 

MINISTRE  DE  LA  MARINE,  A  PARIS. 

Paris,  20  mai  1815, 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  la  marine  s'est  bien  trouvée  des  expor- 
tations de  la  Corse.  Jfe  sens  que  la  situation  de  votre  département  ne 
vous  permet  pas  de  grandes  dépenses  ;  cependant  je  pense  qu'il  serait 
convenable  de  ne  pas  laisser  tomber  ces  exportations  et  de  continuer 
à  faire  venir  les  bois  de  cette  île ,  qui  formeront  successivement  un 
approvisionnement  à  Toulon  et  entretiendront  un  mouvement  utile 
dans  le  pays. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la. duchesse  DecrèSi 


21936.  —  A  M.  FOUCHÉ,  DUC  D'OTRANTE, 

ministre  de  la  police  générale  ,  A  PARIS. 

Paris,  20  mai  1815. 

Monsieur  le  Duc  d'Olrante ,  je  pense  que  les  mesures  prises  hier 


CORRESPOMDAIVCE   DE  NAPOLEON  Ie^  —  1815.         207 

pour  rOuest  ne  sont  pas  suffisantes.  Je  vous  ai  envoyé  un  rapport  du 
ministre  de  la  guerre.  Présentez-moi  un  projet  de  décret  qui  contienne 
les  mesures  suivantes  :  1"  l'institution  d'une  commission  militaire 
pour  juger  ceux  qui  sont  pris  les  armes  à  la  main;  2"  le  pouvoir  à 
donner  au  général  Delaborde  d'exiler  de  la  Vendée  et  d'envoyer  en 
surveillance  tous  les  hommes  qui  lui  paraîtront  dangereux;  3»  l'or- 
ganisation des  gardes  nationales  dans  toutes  les  villes,  et  le  comman- 
dement de  ces  gardes  nationales  donné  à  des  officiers  de  la  ligne  ; 
4°  une  proclamation  à  faire  par  le  général  Delaborde  pour  ordonner 
à  tout  noble  ou  tout  individu  ayant  émigré,  qui  n'aurait  pas  de  do- 
micile dans  les  départements  de  la  Loire- Inférieure  et  des  Deux- 
Sèvres,  de  quitter  sur-le-champ  le  territoire,  sous  peine,  s'il  est  pris 
d'ici  à  quinze  jours ,  d'être  arrêté  comme  fauteur  de  la  guerre  civile 
et  traité  comme  tel.  On  m'assure  qu'un  grand  nombre  de  nobles  se 
sont  rendus  dans  la  Vendée.  Recommandez  à  toutes  les  autorités 
des  pays  voisins,  et  surtout  à  vos  commissaires,  de  ne  laisser  s'in- 
troduire aucun  individu  suspect  dans  la  Vendée. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comni.  par  M.  Charavay. 


21937.  — AU  MARECHAL  SUCHET,  DUC  D'ALRUFERA., 

COMMA\DA.\T  L  ARMÉE  DES  ALPES  ,  A  LVON. 

Paris,  20  mai  1815. 

.le  reçois  votre  lettre  de  Lyon  du  16  mai.  Vous  avez  à  votre  corps 
d'armée  huit  régiments  qui  se  recrutent  dans  l'Isère,  Seine-et-Marne, 
la  Haute-Loire,  les  Hautes-Alpes,  les  Vosges,  l'Ardèche  et  la  Drôme. 
En  activant  le  départ  des  anciens  soldats  dans  les  départements  des  7® 
et  19*  divisions  militaires  qui  sont  sous  votre  commandement,  vous 
porterez  facilement  chacun  des  régiments  qui  doivent  les  recevoir  à 
2,400  hommes  d'infanterie;  ce  qui,  joint  aux  divisions  de  gardes 
nationales  d'élite  que  vous  aurez  le  temps  de  bien  habiller  et  bien 
armer  (et  qui  vous  seront  d'un  bon  service  non-seulement  dans  les^ 
garnisons,  mais  dans  tout  le  pays  difficile  des  Aipes),  vous  mettra 
dans  la  main  un  bon  corps  d'armée.  Vous  devez  être  suffisamment 
muni  d'artillerie,  et  vos  deux  régiments  de  cavalerie  doivent  être 
portés  chacun  à  1,000  hommes. 

Le  G"  de  ligne  a  ordre  de  partir  de  Marseille  aussitôt  que  les  trois 
régiments  qui  sont  en  Corse  seront  débarqués. 

Ne  croyez  pas  à  la  nouvelle  des  60,000  hommes  du  général  Fri- 
monl. 


208         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 

Le  corps  d'observation  du  Var  aura,  avant  que  les  hostilités  com- 
mencent, 12  à  20,000  hommes.  Le  corps  d'observation  du  Jura 
observe  et  contient  la  Suisse.  J'ai  donné  des  ordres  pour  que  le 
43*  régiment  ait  les  secours  d'argent  que  vous  demandez;  la  Drôme 
peut  facilement  le  porter  au  complet. 

Je  vous  recommande  beaucoup  de  faire  pousser  avec  activité  les 
travaux  de  Lyon.  11  est  nécessaire  qu'au  10  juin  il  y  ail  des  pièces  en 
batterie  aux  ouvrages  entre  Saône  et  Rhône,  à  la  Guillolière  et  au 
pont  des  Brolteaux.  Voyez  aussi  ce  qu'il  faut  pour  nous  assurer  le 
pont  de  Perrache.  J'ai  donné  des  ordres  pour  que  les  travaux  de  la 
couronne  à  Perrache  fussent  repris.  Vous  pouvez  faire  concourir  ces 
travaux  à  la  défense  du  pont.  Quoique  Pont-Saint-Esprit  ne  vous  re- 
garde pas ,  faites-vous  assurer  s'il  est  bien  et  fortement  occupé  ,  ainsi 
que  la  petite  place  de  Sisteron. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21938.  —  AU   GÉNÉRAL  COMTE   RAPP, 

COMMANDANT  l'aRMÉE  DU  RHIN,  A  STRASBOURG. 

Paris,  20  mai  1815. 

Je  reçois  votre  lettre  du  18  mai.  J'ai  accordé  13  millions  pour 
l'habillement  dans  la  distribution  de  mai.  Des  ordonnances  pour  des 
sommes  considérables  ont  été  envoyées  à  chaque  corps  de  votre  armée. 
Assurez-vous  qu'elles  soient  soldées.  Je  ne  saurais  m'accoutumer  à 
l'idée  que  vous  ne  puissiez  avoir  de  disponibles  que  2,200  hommes, 
quand  la  force  des  dépôts  est  de  4,000  hommes.  Appelez  à  vous  le 
3"  bataillon  du  18%  le  3"  du  39%  le  3«  du  57%  le  3«  du  7»  léger, 
le  4*  du  10*  léger;  ce  qui  vous  formera  un  régiment  à  quatre  batail- 
lons, quatre  à  trois  bataillons  et  quatre  à  deux  bataillons,  ou  vingt- 
quatre  bataillons.  Poussez  l'habillement;  l'argent  est  en  expédition  et 
ne  manquera  pas. 

La  situation  que  vous  m'avez  envoyée  de  votre  cavalerie  n'est  pas 
bien  faite.  Comment  le  6«  de  cuirassiers  n'a-t-il  que  ses  3*  et  4*  es- 
cadrons au  dépôt?  qu'est  donc  devenu  son  5*  escadron?  Même  ob- 
servation pour  le  19*  de  dragons.  Vous  avez  1,787  hommes  et  seu- 
lement 427  chevaux  ;  mais  vous  ne  me  faites  pas  connaître  combien 
d'hommes  il  y  a  en  détachement  pour  prendre  les  chevaux  des  gen- 
darmes; combien  il  y  en  a  en  remonte  au  dépôt  de  Versailles;  com- 
bien le  régiment  doit  recevoir  de  chevaux  par  suite  des  marchés  qu'il 
a  passés;  combien  les  départements  doivent  en  fournir.  Si  vous  y 
mettez  l'activité  convenable,  vous  devez,  sur  ces  1,700  hommes,  en 


CORRESPONDANCE  DK  NAPOLEON  ^^  —  18  15.         20!» 

avoir  bientôt  15  à  1600  montés,  qui,  joints  à  ceux  qui  composent 
aujourd'hui  les  escadrons,  porteront  votre  cavalerie  à  près  de  4,000 
hommes.  Vous  voyez  cela  trop  légèrement.  Levez  les  obstacles  par 
vous-même.  Voyez  les  dépôts  et  augmentez  votre  armée. 

Montez  un  espionnage  pour  savoir  ce  qui  se  passe  au  delà  du  Rhin 
et  principalement  à  Mayence.  Parcourez  la  ligne  jusqu'à  Bitche  et  de 
Bitche  à  ThionviUe,  et  connaissez  bien  tous  les  débouchés  des  Vosges. 

D'après  la  minute.  Archiies  de  l'Empire. 


21939.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOLT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  21  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  vous  ne  m'avez  pas  rendu  compte  de  l'arrivée  à 
Toulon  du  14'  d'infanterie  légère,  qui  était  en  Corse.  Il  est  arrivé 
le  11  ;  c'est  aujourd'hui  le  21,  et  cependant  je  ne  l'ai  appris  que  par 
le  ministre  de  la  marine.  Remettez-moi  le  rapport  que  vous  avez  dû 
recevoir  sur  cet  objet. 

Le  ministre  de  la  marine  m'annonce  qu'un  bataillon  du  9%  qui  est 
en  Corse,  doit  être  envoyé  dans  l'ile  d'Elbe,  et  qu'un  bataillon  du  16" 
doit  partir  le  15  de  Toulon  pour  Porto-Ferrajo,  ce  qui  formerait 
deux  bataillons.  Si  cela  était,  vous  rappelleriez  l'un  de  ces  bataillons; 
je  veux  qu'il  n'en  reste  qu'un. 

Il  faut  réitérer  l'ordre  formel  de  faire  revenir  les  troupes  françaises 
qui  sont  en  Corse,  hormis  une  ou  deux  compagnies  de  canonniers.  Si 
le  duc  de  Padoue  peut  former  deux  bataillons  corses  de  600  hommes, 
qu'il  les  fasse  partir  pour  Toulon;  vous  donneriez  des  ordres  pour 
qu'ils  soient  armés. 

Les  paysans  de  la  Corse  sont  habillés  d'une  manière  assez  baroque  ; 
il  faudra  leur  faire  fournir  des  capotes  et  des  bonnets  de  police,  pour 
qu'ils  aient  la  tournure  de  troupes  du  continent. 

Recommandez  au  maréchal  Brune  de  passer  la  revue  du  régiment 
qui  vient  d'arriver  de  Corse  et  d'en  ôter  tout  ce  qui  est  mauvais. 

Napoléon. 

D'après  l'origiDal  comm.  par  M"*  la  maréchale  princesse  d'Eckraiihl. 


21940. —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris.  21  mai  1815. 

Mon  Cousin,  faites  connaître  au  duc  de  Padoue,  en  Corse,  que  je 
désire  avoir  500  Corses  pour  servir  dans  la  jeune  Garde.  Il  est  né- 
xxvm.  14 


210         CORRESPONDAMCE  DE  NAPOLEON  I«r.  _  1815. 

cessaire  qu'ils  soient  âgés  de  plus  de  vingt  ans.  Je  désire  également 
en  avoir  300  pour  la  vieille  Garde.  Il  faudrait  qu'ils  eussent  quatre 
années  au  moins  de  service,  soit  dans  les  troupes  françaises,  dans 
celles  du  royaume  d'Italie  ou  dans  celles  du  roi  de  Naples.  Au  fur  et 
à  mesure  que  le  duc  de  Padoue  pourra  former  un  détachement  de 
100  hommes,  il  l'enverra  à  Toulon.  Vous  donnerez  des  ordres  pour 
qu'il  leur  soit  fourni  des  capotes  et  des  bonnets  de  police,  et  qu'ils 
soient  dirigés  sur  Paris. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M'"'  la  maréchale  princesse  d'Ecktniihl. 


21941.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRIXCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  21  mai  1815. 

Mon  Cousin,  les  fusils  étrangers  qui  sont  à  Lyon  sont  en  bon  état  ; 
il  faut  les  garder;  on  sera  toujours  à  même  de  les  donner,  si  les  cir- 
constances l'exigeaient.  Ces  fusils  une  fois  donnés,  il  ne  serait  pas 
possible  de  les  ravoir,  si  l'on  en  avait  besoin.  Je  pense  qu'il  faut 
réunir  à  Lyon  9,000  fusils  à  réparer  et  des  pièces  de  rechange;  que 
vous  devez  établir  un  atelier  qui  sera  formé  des  ébénistes  et  des  ou- 
vriers de  la  ville,  de  manière  que  ces  9,000  fusils  soient  en  état 
dans  l'espace  de  deux  mois.  Ils  feront  un  fonds  d'arsenal  destiné  à 
armer  la  population  au  dernier  moment.  Une  fois  cet  alelier  orga- 
nisé, on  pourra  l'alimenter  par  des  pièces  de  rechange  provenant  des 
démolitions  des  armes  qui  seront  portées  comme  étant  à  démolir. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M'"*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21942.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ËCKMUHL , 

MINISTRE   DE  LA   GUERRE,  A   PARIS. 

Paris,  21  mai  1815. 

Mon  Cousin,  j'approuve  que  le  duc  de  Dalmatie  reçoive  le  trai* 
tement  de  40,000  francs  comme  maréchal  d'Empire  et  de  40,000 
francs  comme  général  en  chef.  J'approuve  qu'il  lui  soit  donné 
6,000  francs  par  mois  pour  dépenses  d'état-major  et  frais  de  bureau, 
et  20,000  francs  pour  frais  de  poste,  que  vous  renouvellerez  au  fur 
et  à  mesure  que  ces  20,000  francs  seront  consommés.  Quant  à  la 
première  mise,  il  faut  en  agir  comme  on  en  agissait  avec  le  prince 
de  Neuchàtel. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™«  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815.         211 
21943.  —  AU  COMTE  GARMOT,  ministre  db  l'ixtérikur,  a  paris. 

Paris,  21  mai  1815. 

Écrivez  aux  préfets  qu'ils  sont  autorisés  à  organiser  les  com- 
pagnies de  réserve  sur  le  même  pied  qu'en  1814,  s'ils  peuvent  le 
faire  par  une  retenue  sur  les  revenus  des  villes  de  leurs  départements, 
ou  par  des  économies  sur  les  centimes.  Ils  pourront  provisoirement 
nommer  les  officiers  pour  les  commander. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21944.  —  AU  GÉNÉRAL  GORBINEAU, 

AIDE  DE  CAMP  DE  l'eMPEREUR  ,  A  PARIS. 

Paris,  21  mai  1815. 

Partez  sur-le-champ  pour  Angers.  Vous  vous  concerterez  avec  le 
général  Delaborde,  dont  vous  serez  le  bras  droit.  Tâchez- de  réunir 
le  15%  le  26"  et  le  bataillon  de  500  gendarmes;  ce  qui  vous  fera 
une  colonne  de  2,500  hommes  d'infanterie.  Vous  pourrez  réunir 
300  ou  400  hommes  des  dépôts  de  cavalerie  qui  sont  sur  la  Loire. 
Avec  cela  marchez  sur  les  insurgés  ;  faites  raser  les  maisons  de  la 
Rochejacquelin ,  et  tâchez  de  frapper  un  grand  coup.  Le  général 
Charpentier  pourra  faire  sortir  de  Nantes  plusieurs  bataillons  de 
fédérés  et  le  bataillon  de  la  marine.  Expédiez  une  estafette  au  général 
GlaUsel,  qui  enverra  une  colonne  de  Bordeaux,  qui  se  réunira  à  celle 
de  la  Rochelle,  s'il  est  nécessaire.  Faites  organiser  quelques  pièces 
de  canon  pour  appuyer  vos  colonnes. 

Ma  première  pensée  a  été  de  vous  donner  le  commandement  en 
chef  de  la  Vendée;  mais,  comme  j'aurai  besoin  de  vous  pour  la 
grande  guerre,  je  ne  vous  y  laisserai  qu'une  vingtaine  de  jours,  et 
j'enverrai  un  général  pour  vous  remplacer. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21945.  —  NOTES  DICTEES  EN  CONSEIL  DES  MINISTRES. 

Paris,  21  mai  1815. 

On  ne  peut  pas  se  dissimuler  que  la  guerre  civile  éclate  réellement 
dans  la  Vendée,  et  qu'il  n'y  a  point  à  différer  pour  prendre  des 
mesures  militaires  et  organiser  une  armée  pour  combattre  la  rébel- 
lion; mais  ce  n'est  pas  de  ce  côté  seul  qu'il  faut  porter  l'attention. 
Si  des  mesures  n'étaient  pas  prises  dans  la  Normandie,  on  y  verrait 
bientôt  se  développer  les  trames  qui  y  sont  ourdies  en  secret  contre 

14. 


212         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

la  tranquillité  publique.  Il  est  reconnu  que  beaucoup  d'hommes  mal 
intentionnés  sortent  de  la  capitale  pour  se  porter  dans  ce  pays.  Le 
commissaire  extraordinaire  qui  avait  été  envoyé  à  Lyon  a  rapporté 
que  dans  cette  ville  la  police  municipale  a  été  dans  le  cas,  depuis 
quelques  semaines,  de  délivrer  chaque  jour  un  nombre  fort  considé- 
rable de  passe-ports  à  des  personnes  qui  vont  dans  le  Midi.  La  police 
locale  de  Poitiers  assure  qu'un  grand  nombre  des  partisans  des 
Bourbons  partent  chaque  jour  pour  aller  se  joindre  à  la  rébellion  qui 
s'organise  dans  la  Vendée.  Ces  divers  renseignements  donnent  lieu 
de  reconnaître  qu'il  existe  un  ordre  de  choses  dangereux  et  auquel  il 
est  urgent  de  porter  remède.  En  conséquence.  Sa  Majesté  ordonne 
que  les  ministres  de  la  police  générale,  de  la  guerre  et  de  l'intérieur 
se  réuniront  pour  faire  en  commun  un  rapport  sur  la  situation  des 
différentes  parties  de  la  France  oii  la  tranquillité  publique  est  menacée. 
Ils  proposeront  les  mesures  qu'ils  croiront  qu'il  convient  d'adopter, 
et  ils  examineront  celles  qui  vont  être  indiquées  ci-après  ;  ils  les  dis-' 
cuteront,  et  ils  rédigeront  un  projet  de  décret  qui  sera  présenté, 
dans  le  plus  bref  délai,  à  l'Empereur,  avec  le  rapport  des  trois 
ministres. 

Les  mesures  indiquées  par  Sa  Majesté  sont  les  suivantes  : 
Former  dans  la  Normandie,  les  départements  du  Nord,  du  Pas-de- 
Calais  et  de  la  Somme,  les  quatre  départements  de  la  Bretagne,  le 
département  de  la  Gironde,  les  départements  des  8',  9*  et  10*  divi- 
sions :  l'un  comité  de  trois  membres,  par  département,  qui  procéde- 
ront par  procès-verbaux  signés  chaque  jour,  et  qui  auront  le  droit  de 
faire  arrêter  les  hommes  prévenus  d'être  les  principaux  agents  des 
trames  contre  la  tranquillité  publique  et  la  sûreté  de  l'Etat,  et  d'éloi- 
gner ceux  qui  seront  connus  comme  agissant  par  leur  influence 
contre  les  intérêts  du  Gouvernement;  ce  comité  enverra  chaque  jour 
expédition  de  son  procès-verbal  au  ministre  de  la  police  et  à  la  com- 
mission de  haute  police  dont  il  s'agit  ci-après;  2"  une  commission  de 
haute  police,  par  division  militaire,  siégeant  au  chef-lieu  de  la 
division;  cette  commission  sera  composée  du  général  commandant 
la  division,  ou,  s'il  y  a  lieu,  par  un  lieutenant  général,  désigné  ad 
hoc,  du  procureur  général  et  du  préfet  du  chef-lieu;  elle  exercera  les 
fonctions  de  la  haute  police;  elle  correspondra  avec  les  comités  des 
départements  de  la  division,  afin  de  les  éclairer  et  de  mettre  de  1  ac- 
tivité dans  leurs  opérations;  la  commission  de  haute  police  aura  le 
droit  de  suspendre  les  maires ,  les  sous-préfets  et  les  agents  des  dif- 
férentes administrations. 

On  enverra  à  ces  commissions  l'examen  de  la  question  de  savoir 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  !«'.  —  1815.         213 

si  l'on  désarmera  la  garde  nationale  de  Bordeaux,  de  Toulouse,  de 
Montauba«  et  d'autres  villes  où  cette  mesure  serait  dans  le  cas  d'avoir 
lieu;  elle  devrait  être  méditée  et  concertée  de  manière  que  le  désar- 
mement, s'il  est  ordonné,  se  fasse  sans  donner  lieu  à  des  voies  de 
fait  et  à  l'effusion  du  sang. 

Les  ministres  désignés  ci-dessus  proposeront  les  membres  qu'ils 
croiront  les  plus  propres  à  composer  soit  les  comités,  soit  les  com- 
missions dont  il  s'agit.  Us  enverront  au  ministre  des  affaires  étran- 
gères les  renseignements  que  leur  fournissent  leurs  correspondances, 
et  qui  prouvent  que  l'Angleterre,  soit  par  les  envois  d'armes,  de 
munitions  et  d'artillerie,  soit  par  le  débarquement  d'anciens  chefs 
chouans  et  vendéens,  excite  le  soulèvement  des  pays  et  commet  ainsi 
de  graves  hostilités. 

Le  ministre  de  la  guerre  donnera  des  ordres  pour  faire  évacuer  et 
remettre  à  la  disposition  du  ministre  de  la  police  le  donjon  de  Vin- 
cennes;  de  son  côté,  le  ministre  de  la  police  fera  remettre  ce  donjon 
dans  l'état  où  il  était. 

D'aprè8  la  copie.  Archives  de  l'Empire. 


21946.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE   LA   GUERRE,  A   PARIS. 

Paris,  22  mai  1815. 

Mou  Cousin,  envoyez  un  officier  du  génie  et  un  officier  d'artillerie 
à  Dijon ,  pour  concerter  ce  qu'il  y  a  à  faire  à  cette  place  pour  la 
mettre  à  l'abri  d'un  coup  de  main.  Y  a-t-il  un  bon  fossé,  un  parapet? 
J'ai  idée  qu'il  y  a  une  bonne  enceinte  ;  il  ne  faudrait  que  l'armer  et 
défendre  les  portes.  Si  le  parapet  est  démoli,  on  pourrait  le  rétablir 
sur-le-champ,  en  commençant  par  les  bastions. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21947.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE    DE   LA  GUERRE ,   A    PARIS. 

Paris  ,  22  mai  1815. 

Mon  Cousin,  j'approuve  que  vous  fassiez  présent  à  la  commune  de 
Tournus  de  100  fusils  et  de  2  pièces  de  canon,  que  vous  ferez  venir 
d'Auxonne. 

Faites  ramasser  tous  les  fusils  de  chasse  que  vous  pourre  z  avoir. 


21*         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

et  donnez-en  aux  habitants  de  l'Alsace,  de  la  Lorraine,  du  Jura,  des 
Vosges  et  à  ceux  des  bords  de  la  Saône. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™»  la  maréchale  princesse  d'Ëckmiihl. 


21948.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MIMSTRE  DE   LA   GUERRE,  A   PARIS. 

Paris,  22  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  vous  ai  fait  connaître  hier,  par  le  major  général , 
que  je  désirais  qu'il  fût  formé  une  armée  de  la  Loire,  commandée 
par  le  général  Lamarque.  Envoyez-y  un  général  d'arlillerie  et  un 
général  du  génie,  qui  partiront  dans  la  journée  pour  se  rendre  à 
Angers,  avec  quelques  officiers  d'artillerie  et  du  génie.  Aussitôt  que 
le  général  Lamarque  sera  arrivé,  vous  organiserez  son  état-major. 
En  attendant,  le  général  Delaborde  conservera  le  commandement. 

Je  vous  ai  fait  connaître  qu'il  était  nécessaire  d'armer  le  château 
de  Nantes  et  d'y  nommer  un  gouverneur-,  envoyez-y  le  général 
Hogendorp;  faites-le  partir  dans  la  journée. 

Faites  mettre  en  état  de  défense  les  châteaux  d'Angers  et  de  Saumur  ; 
envoyez-y  l'artillerie  et  les  muoilions  de  guerre  nécessaires.  L'artil- 
lerie aura  besoin  d'un  matériel  assez  considérable  pour  l'armement 
de  ces  châteaux  et  pour  les  divisions  actives. 

Gardes  nationales.  —  La  garde  nationale  de  Nanles  sera  complétée 
à  4-, 000  hommes.  Dirigez  des  armes  pour  les  armer.  Organisez  à 
Nantes  un  atelier  de  réparation  et  faites-y  parvenir  5,000  fusils  en 
réparation,  tirés  de  toutes  les  parties  de  la  Bretagne. 

Gendarmerie.  —  Je  vous  ai  prescrit  de  faire  un  appel  de  800  gen- 
darmes à  cheval  et  2,000  gendarmes  à  pied.  On  formera  trois  esca- 
drons des  gendarmes  à  cheval  et  quatre  bataillons  des  gendarmes  à 
pied.  Chaque  bataillon  sera  composé  de  quatre  compagnies  de  125 
hommes  chacune.  Les  trois  escadrons  de  gendarmerie  à  cheval  seront 
réunis  à  Angers,  à  Poitiers  et  à  Niort.  Les  quatre  bataillons  de  gen- 
darmerie à  pied  seront  réunis  de  la  manière  suivante  :  à  Angers, 
le  1"  et  le  2'  bataillon,  composés  des  compagnies  parties  de  Ver- 
sailles; à  Poitiers,  le  3*  bataillon,  et  le  4"  bataillon,  à  Niort.  Ces 
deux  bataillons  seront  formés  des  gendarmes  des  départements.  Il 
est  nécessaire  que  ces  bataillons  aient  un  colonel  et  les  chefs  de 
bataillon  et  ofGciers  nécessaires.  Les  100  gendarmes  de  Paris  qui 
sont  dans  l'Ouest  seront  affectés  à  la  place  d'Angers  et  au  service  du 
quartier  général.  Les  dix  lieutenances  mobiles  de  gendarmerie  à  pied 


CORRESPONDANCE   DE  MAPOLÉON  I«^  —  1815.  215 

formeront  un  bataillon  de  quatre  compagnies,  qui  sera  le  5"=  batail- 
lon et  se  réunira  à  Saumur.  Il  sera  complété  à  500  bommes. 
Envoyez-y  un  chef  de  bataillon  et  tous  les  ofûciers  nécessaires.  Il 
sera  donc  nécessaire  que  le  1"  et  le  2"  bataillon,  qui  ont  été  orga- 
nisés à  Versailles,  à  six  compagnies,  soient  formés  à  quatre,  atin 
qu'ils  aient  la  même  composition  que  les  autres  bataillons. 

Je  vous  ai  mandé  d'envoyer  des  maréchaux  de  camp  pour  com- 
mander les  départements  de  la  Loire-Inférieure,  de  la  Mayenne,  de 
la  Sarthe,  de  Maine-et-Loire,  de  la  Vendée,  des  Deux-Sèvres,  de  la 
Haute- Vienne  et  de  la  Charente-Inférieure,  indépendamment  du  géné- 
ral Travot  et  d'un  autrejeune  lieutenant  général,  que  vous  ferez  partir 
pour  remplacer  le  général  Corbineau,  lorsqu'il  sera  obligé  de  revenir 
à  Paris.  Le  major  général  a  dû  vous  dire  qu'il  était  indispensable  que 
le  général  Clausel  fût  prévenu  des  mouvements  de  la  Vendée,  atin 
qu'il  envoie  une  forte  colonne  pour  s'approcher  de  Niort  et  se  joindre 
à  la  colonne  de  la  Rochelle  et  de  Rochefort  et  contenir  les  insurgés 
de  ce  côlé. 

Il  y  aura  donc,  1'  à  Angers,  une  division  de  gardes  nationales, 
commandée  par  un  lieutenant  général,  ayant  une  batterie  de  canons, 
deux  bataillons  de  gendarmerie  à  pied  et  un  escadron  de  gendar- 
merie à  cheval;  2"  à  Poitiers,  une  division  de  gardes  nationales  de 
la  21"  division  militaire,  un  bataillon  de  gendarmerie  à  pied,  un 
escadron  de  gendarmerie  à  cheval;  3»  à  Niort,  la  colonne  du  général 
Clausel,  la  colonne  venant  de  la  Rochelle,  un  escadron  de  gendar- 
merie à  cheval  et  un  bataillon  de  gendarmerie  à  pied;  4°  à  Saumur, 
un  bataillon  de  gendarmerie  à  pied.  Le  général  Charpentier,  qui 
est  à  Nantes,  dirigera  les  troupes  dont  il  pourra  disposer,  de  manière 
à  comprimer  les  rebelles,  savoir  :  un  détachement  de  gardes  natio- 
nales, trois  bataillons  de  fédérés,  un  bataillon  du  65%  et  tout  ce 
que  pourront  fournir  les  dépôts  et  les  3"  et  4"  bataillons  dispo- 
nibles dans  la  13®  division  militaire,  qui,  au  lieu  de  venir  à  Paris, 
seront  réunis  à  Nantes.  Il  sera  nécessaire  alors  d'y  organiser  un 
atelier  d'habillement  pour  2,000  habits  complets.  Il  faudra  égale- 
ment,  au  lieu  de  les  envoyer  à  Paris,  réunir  à  Angers  tous  les 
3"  bataillons  des  régiments  qui  sont  dans  la  22*  division  militaire, 
à  mesure  qu'ils  seront  complétés  ;  faites-m'en  connaître  l'état;  réunir 
également  à  Poitiers  tous  les  dépôts  qui  sont  dans  la  21*  division, 
et  à  Napoléonville  tous- ceux  de  la  12*;  m'en  faire  l'état.  Le  15% 
le  26'  et  le  25*  formeront  une  colonne  active,  qui  sera  succes- 
sivement renforcée  par  les  autres  troupes. 

Ecrivez  à  tous  les  généraux  qui  commandent  les  divisions  et  les 


216         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I«'.  —  1815. 

départements  de  presser  l'organisation  des  bataillons,  la  remonte  de 
la  cavalerie,  et  de  diriger  les  hommes  sur  les  trois  points  d'An<Ters, 
Poitiers  et  Niort.  Il  serait  utile  de  renforcer  les  corps  qui  sont  à 
Napoléonville,  point  central  d'oii  Ton  doit  partir  pour  réprimer  les 
rebelles. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.'  par  M™'=  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21949. —  AU  MARECHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  22  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  je  vous  ai  mandé  qu'il  fallait  mettre  en  état  de 
défense,  à  Marseille,  le  fort  Saint-Nicolas  et  le  fort  Saint-Jean,  ou 
au  moins  l'un  de  ces  forts ,  s'il  n'était  pas  possible  de  les  mettre  tous 
les  deux.  Il  est  urgent  de  retirer  du  fort  Saint-Nicolas  les  100,000 
kilogrammes  de  poudre  et  les  500,000  cartouches  qui  s'y  trouvent 
au  delà  des  besoins.  Il  faut  les  évacuer  sur  Toulon;  et,  si  Toulon 
en  est  suffisamment  approvisionné,  on  les  dirigera  sur  Lyon.  11  est 
très-important  que  des  moyens  aussi  considérables  ne  soient  pas 
laissés  dans  une  ville  d'un  aussi  mauvais  esprit  que  Marseille.  Il  y 
a  dans  cette  ville  4,000  hommes  de  gardes  nationales  bien  armés  et 
beaucoup  de  compagnies  royales.  Il  faut  écrire  au  maréchal  Brune 
d'exécuter  mes  ordres,  et  que  les  hommes  de  ces  compagnies  soient 
dirigés  sur  Lyon,  pour  y  entrer  en  ligne  dans  nos  armées.  La  garde 
nationale  doit  être  désarmée,  et  il  faut  qu'il  en  forme  une  nouvelle, 
composée  des  patriotes  et  du  peuple.  On  l'armera  jusqu'à  concur- 
rence de  1,500  ou  de  2,000  hommes. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21950.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  22  mai  1815. 

Mon  Cousin,  faites-moi  connaître  la  situation  de  Montreuil.  On 
me  mande  que  cette  place  n'est  point  armée,  qu'elle  n'a  point  l'ordre 
de  l'être,  qu'elle  n'est  pas  à  l'abri  d'un  coup  de  main,  et  qu'il  ne  s'y 
trouve  que  1,200  kilogrammes  de  poudre. 

On  me  mande  qu'il  y  a  des  fusils  à  réparer  à  Dunkerque,  mais 
(|u'on  ne  travaille  point  aux  réparations. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  217 

On  me  mande,  à  la  date  du  6  mai,  qu'il  y  a  à  Lille  mille  soixante 
bouches  à  feu  :  cela  est  évidemment  trop.  Faites-moi  connaître  de 
quels  calibres  et  de  quelle  matière  sont  ces  bouches  à  feu.  On  pour- 
rait en  retirer  une  grande  partie  et  les  faire  revenir  sur  les  places  de 
la  Somme  et  sur  Paris. 

On  me  mande  que,  le  10  mai,  on  n'avait  point  formé  de  compagnie 
de  canonniers  à  Landrecies  :  ordonnez  qu'on  en  forme  de  suite. 

On  me  mande  de  Maubeuge,  le  13  mai,  que  la  manufacture 
d'armes  peut  fabriquer  par  mois  2,900  fusils  et  en  réparer  1,100, 
tolal  4,000;  et  qu'elle  pourrait  porter  ses  produits  au  delà,  si  les 
ouvriers  étaient  payés,  mais  il  parait  qu'ils  ne  le  sont  pas  exactement. 
Faites-moi  connaître  quand  il  sera  opportun  de  les  faire  évacuer, 
soit  sur  Paris,  soit  sur  la  Fère.  Ne  serait-il  point  sage  de  commencer 
dès  ce  moment  l'évacuation  sur  la  Fère?  Quelle  indemnité  doit-on 
donner  aux  ouvriers  pour  leur  déplacement?  Combien  sont-ils?  EnGn 
quel  est  le  matériel? 

On  demande  à  Charlemont  trente-trois  pièces  de  canon  pour  com- 
pléter l'armement  :  faites-les  diriger  de  Lille. 

On  pense  qu'il  serait  convenable  d'employer  le  général  Charbonnier 
comme  commandant  d'armes  de  Givet. 

Au  15  mai,  le  bataillon  de  la  garde  nationale  de  la  Marne,  qui 
est  à  Rocroy,  n'avait  que  200  fusils  :  il  faut  lui  en  faire  donner. 

On  me  mande  que  la  fabrique  d'armes  de  Charleville  fait  4,900  fu- 
sils par  mois,  et  peut,  en  outre,  en  réparer  2,000,  mais  que  les 
ouvriers  ne  sont  pas  payés  du  mois  d'avril  et  du  courant  de  mai;  il 
paraît  que  l'entrepreneur  a  de  très-mauvaises  affaires. 

11  manque  à  iMézières  douze  bouches  à  feu.  Il  y  a  dans  l'arsenal 
2,000  fusils  en  état  et  9,000  fusils  étrangers  ,  dont  2,000  sont  sus- 
ceptibles de  faciles  réparations.  Ce  nombre  de  fusils  est  beaucoup 
trop  fort;  il  faut  les  employer  aux  besoins  de  l'armée,  ou  en  retirer 
une  partie.  Le  bataillon  suisse  qui  est  à  Mézières  manque  d'habille- 
ment et  d'équipement  :  faites-moi  connaître  d'où  cela  vient. 

Il  existe  à  Sainl-Omer  cent  deux  pièces  de  24,  quatre-vingt-dix 
de  4,  vingt  mortiers  de  12  pouces,  quinze  de  8,  qui  ne  sont  point 
nécessaires  à  l'approvisionnement  :  faites  refluer  cela  sur  Paris. 

Le  8  mai ,  Ardres  n'était  point  à  l'abri  d'un  coup  de  main;  il  n'y 
avait  que  2,000  kilogrammes  de  poudre  et  point  d'approvisionnements 
de  bouche. 

11  y  a  quatre  cent  trente-deux  bouches  à  feu  à  Douai  :  ne  pourrait- 
on  pas  en  retirer  quelques-unes?  Le  travail  des  réparations  de  fusils 


S18         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  ^^  —  1815. 

va  lenJement.  Il  y  en  avait  1,400  à  réparer;  combien  en  répare-t-on 
par  jour? 

Dans  toutes  les  places  du  Nord  il  manque  des  affûts;  il  me  semble 
qu'on  pourrait  en  construire;  remettez-moi  un  rapport  sur  cet  objet. 
Je  préfère  qu'il  soit  construit  une  partie  des  affûts  dans  les  places  ; 
la  construction  se  continuerait  au  moins  pendant  leur  blocus. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  macéchale  princesse  d'Eckmiibl. 


21951.—  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  22  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  j'ai  reçu  le  rapport  du  duc  de  Padoue.  Faites-lui 
connaître  qu'il  ne  faut  pas  envoyer  un  bataillon  du  35"  à  l'île  d'Elbe, 
puisqu'un  bataillon  du  15*  est  parti  de  Toulon  pour  cette  destination,* 
et  que  le  35*  doit  rentrer  en  France.  Si  ce  bataillon  était  parti  pour 
l'île  d'Elbe,  donnez-lui  l'ordre  de  le  faire  revenir  sur-le-champ,  et 
donnez  le  même  ordre  au  général  Dalesme,  qui,  vingt-quatre  heures 
après  la  réception  de  votre  lettre,  devra  le  faire  rembarquer  pour 
revenir  en  France.  Ce  bataillon  viendra  débarquer  à  Toulon  ou  à 
Antibes  ,  selon  les  vents. 

Témoignez  ma  satisfaction  à  la  junte,  pour  la  conduite  qu'elle  a 
tenue.  Témoignez  également  ma  satisfaction  au  général  Simon ,  qui 
restera  en  Corse  comme  lieulenant  général. 

J'ai  ordonné  l'arrestation  du  général  Bruni;  faites  mettre  les  scellés^ 
sur  ses  papiers,  et  faites-lui  faire  une  déclaration  des  fonds  qu'il  a 
pris  et  de  l'emploi  qu'il  en  a  fait. 

Ecrivez  au  duc  de  Padoue  que,  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit, 
on  ne  retarde  le  passage  des  troupes  qui  doivent  revenir  en  France. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


21952.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  22  mai  1815. 

Mon  Cousin,  faites  connaître  au  maréchal  Brune  que  Je  suppose 
qu'il  proGtera  des  troupes  qu'il  a  à  sa  disposition  pour  désarmer  Mar- 
seille et  organiser  un  régiment  de  gardes  nationales  de  1 ,500  hommes, 
composé  de  patriotes.   Il  fera  arrêter  une  trentaine  des  principaux 


CORRESPONDAiVCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815.         219 

royalistes,  tels  que  d'Albertas,  Bouthillier ',  etc.,  qu'il  fera  conduire 
au  fort  Lamalgue.  Une  centaine  d'autres  seront  envoyés  aux  forts  de 
la  Garde,  Saint-Nicolas  et  Saint-Jean,  ou  en  surveillance  dans  les 
départements  du  Dauphiné.  Il  fera  entièrement  désarmer  les  royalistes, 
a(în  que  les  armes  soient  toutes  entre  les  mains  des  patriotes.  Il 
laissera  le  commandement  et  la  police  de  la  ville  au  général  Verdier, 
qui  commande  le  département.  Le  préfet  organisera  les  compagnies 
départementales ,  qui  seront  aux  frais  de  la  ville.  On  changera  les 
officiers  de  gendarmerie  qui  ne  sont  pas  sûrs ,  et  on  augmentera  la 
gendarmerie,  que  l'on  placera  à  Marseille.  Enfin  on  essayera  de  for- 
mer des  fédérations  de  tous  les  patriotes ,  et  de  les  faire  fédérer  avec 
Toulon.  On  se  donnera  du  mouvement  pour  secouer  l'esprit  public; 
on  répandra  des  proclamations ,  et  on  ordonnera  à  tous  les  nobles  et 
à  tous  les  individus  qui  ont  fait  partie  des  bataillons  royaux  de  sortir 
de  la  ville,  sous  peine  d'être  arrêtés  et  traités  comme  suspects.  Enfin 
le  général  Verdier  établira  une  police  très-sévère. 

Ordonnez  au  maréchal  Brune,  à  la  réception  de  votre  leltre,  de 
commencer  à  former  le  corps  d'observation  du  Var.  Il  sera  composé 
de  deux  divisions,  de  trois  régiments  chacune,  de  20  pièces  de  canon 
et  de  deux  escadrons  du  14*.  Il  fera  border  le  Var  par  des  postes  et 
établira  son  camp  entre  le  Var  et  Antibes ,  afin  d'en  imposer  à  l'en- 
nemi et  de  le  forcer  à  diviser  ses  forces.  Il  répandra  des  proclamations 
dans  le  comté  de  Nice,  afin  d'attirer  des  déserteurs,  dont  il  formera 
un  régiment  à  Toulon. 

Le  maréchal  Brune  pourra  rester  encore  quelque  temps  à  Mar- 
seille avec  la  garnison  ;  mais  vous  devrez  lui  annoncer  qu'il  faut  que, 
le  8  juin ,  il  ait  son  quartier  général  à  Antibes,  et  que  ses  six  régi- 
ments soient  réunis  entre  Antibes  et  le  Var  avec  le  14*  et  vingt  pièces 
de  canon. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"^'  la  maréchale  princesse  d'Eckraiihl. 


21953.  —AL  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE   LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  22  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  vous  renvoie  les  lettres  du  général  Delaborde, 
du  20.   Expédiez-lui  une  estafette  extraordinaire  pour  lui  faire  con- 

'  Le  marquis  d'Albertas,  ex-préfet  du  département  des  Bouches-du-Rliône  ;  le 
comte  de  Bouthillier,  ex-préfet  du  département  du  Var,  Le  comte  de  Bouthillier 
était  déjà  au  fort  Lamalgue. 


220        CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

naître  que  je  désire  qu'il  tienne  le  15",  le  26"  et  le  27®  régiment,  et 
toutes  ses  troupes,  réunis  en  avant  d'Angers;  que  ,  tant  que  les  Ven- 
déens verront  ses  troupes  en  position  de  se  diriger  sur  Napoléon  et 
sur  leurs  habitations,  ils  n'iront  pas  ailleurs;  et  que  ce  qui  a  pro- 
longé la  guerre  de  la  Vendée,  c'est  de  s'être  disséminé;  qu'il  tienne 
donc  toutes  ses  troupes  réunies. 

Je  suppose  qu'il  a  déjà  de  l'artillerie  de  campagne ,  qu'il  a  retirée 
de  Nantes.  Faites  néanmoins  partir  sur-le-champ,  de  l'endroit  le  plus 
près,  deux  batteries  à  pied  que  vous  lui  enverrez;  qu'elles  marchent 
en  toute  diligence.  Envoyez  en  poste  deux  ofGciers  d'artillerie  et  un 
officier  de  génie  à  Saumur.  Envoyez-y  aussi  de  l'artillerie  de  l'endroit 
le  plus  près  où  vous  en  avez. 

Il  est  probable  que,  si  le  général  Delaborde  réunit  sous  les  ordres 
du  général  Corbineau  le  15%  le  26"  et  le  27%  tout  ce  que  les  dépôts 
peuvent  lui  offrir  de  cavalerie,  les  gendarmes  à  pied  et  à  cheval 
qu'on  lui  envoie  de  Paris,  ce  qui  se  trouve  dans  les  départements  et 
six  pièces  d'artillerie,  il  sera  à  même  de  se  mettre  en  communication 
avec  le  général  Travot  et  de  le  dégager.  Envoyez  en  poste  au  général 
Delaborde  des  officiers  d'état-major,  deux  ou  trois  adjudants  com- 
mandants et  colonels,  et  huit  ou  dix  capitaines,  hommes  d'élan  et 
d'une  bravoure  reconnue. 

Indépendamment  d'une  batterie  d'artillerie,  qu'on  fera  partir  de 
Rennes ,  faites-lui  envoyer  d'ici  une  ou  deux  batteries  d'artillerie  en 
poste.  Je  suppose  que  vous  avez  expédié  des  ordres  à  tous  les  géné- 
raux; prenez  de  ceux  qui  sont  à  Paris. 

Donnez  ordre  aux  deux  régiments  de  la  jeune  Garde  qui  sont  ici 
prêts  à  partir  de  se  mettre  en  route  sous  les  ordres  du  lieutenant 
général  Brayer  et  d'un  général  de  brigade.  Us  partiront  à  deux  heures 
du  matin,  voyageront  en  poste,  et  ils  doivent  arriver  en  trois  ou 
quatre  jours.  Qu'une  batterie  de  six  pièces  de  canon  et  une  com- 
pagnie d'artillerie  les  suivent.  Ce  mouvement  se  fera  également  en 
poste.  Un  chef  d'escadron  d'artillerie  se  rendra  d'avance  à  Angers 
pour  y  organiser  les  attelages.  Les  harnais  seront  envoyés  d'ici  en 
poste.  Faites  partir  également  en  poste  le  3'  bataillon  du  14%  qui 
est  à  Orléans.  De  sorte  que,  d'ici  à  quatre  jours ,  le  général  Brayer 
pourra  se  trouver  là  avec  ses  deux  régiments  de  la  jeune  Garde  et  le 
bataillon  du  14", 

Envoyez  le  général  Pajol  visiter  les  dépôts  sur  la  Loire.  Il  fera 
verser  d'un  régiment  sur  un  autre,  de  manière  à  mettre  sur-le-champ 
en  activité  tout  ce  qui  est  disponible. 

Aussitôt  que  vous  aurez  reçu  cette  lettre,  faites  partir  un  commis- 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.         221 

saire  des  guerres,  avec  de  l'argent,  pour  préparer  les  voitures  qui 
porteront  les  deux  régiments  de  la  jeune  Garde.  En  partant  d'ici  à 
deux  heures  du  matin,  cette  troupe  peut  arriver  à  Versailles  avant 
le  jour;  il  faut  qu'elle  trouve  là  des  voitures  pour  aller  plus  loin. 
Ces  deux  régiments  n'étant  qu'à  2,000  hommes  n'ont  besoin  que  de 
120  voitures  par  relais;  pour  un  régiment,  il  n'en  faudra  que  60.  Il 
faudrait  les  faire  partir  par  deux  routes  différentes ,  si  cela  se  peut 
sans  allonger  la  distance  ;  ou  bien  les  faire  partir  à  six  heures  d'in- 
tervalle, pour  que  les  relais  qui  auront  mené  le  1"  régiment  puissent 
rafraîchir  en  attendant  le  2'  régiment  et  le  conduire.  Ce  n'est  qu'à 
Versailles  qu'il  est  nécessaire  d'avoir  un  nombre  double  de  voilures. 
Il  sera  peut-être  plus  expéditif  que  vous  envoyiez  six  autres  pièces 
de  canon  en  poste  à  Saumur,  à  moins  que  vous  ne  soyez  bien  sûr 
d'en  avoir  de  plus  près. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"*  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


21954.  —  AU  MARECHAL  SOULT,  DUC  DE  DALMATIE, 

MAJOR  GÉNÉRAL,    A  PARIS. 

Paris,  22  mai  1815. 

Mon  Cousin,  demandez  six  ingénieurs  des  ponts  et  chaussées  qui 
connaissent  dans  le  plus  grand  détail  toutes  les  routes  et  les  localités 
des  départements  de  la  Belgique  et  de  la  rive  gauche  du  Rhin  ;  atta- 
chez-les à  la  suite  de  l'état-major  général. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21955. —  AU  MARÉCHAL  SOULT,  DUC  DE  DALMATIE, 

MAJOR  GÉNÉRAL,  A  PARIS. 

Paris,  22  mai  1813. 

Mon  Cousin ,  faites  connaître  au  général  Vandamme  que  son  em- 
placement sous  Chimay  démasque  trop  son  mouvement  ;  que  de  Ro- 
croy,  par  Couvin,  il  ne  se  trouve  qu'à  six  lieues  de  Philippeville.  Si 
je  prenais  l'offensive  par  la  gauche ,  le  centre  se  trouverait  à  Philip- 
peville, tandis  que  la  gauche  se  trouverait  à  Maubeuge.  Il  faut  donc 
que  la  route  de  Rocroy  à  Philippeville  soit  libre,  et  le  poste  de  Ma- 
rienbourg  l'assure  parfaitement.  Il  faudra,  le  plus  tôt  possible,  faire 
remplacer  la  cavalerie  qui  se  trouve  de  Bouillon  à  Charlemont  par 
des  partisans  et  par  des  gardes  nationales  montées  pour  servir  comme 
cavaliers  en  partisans. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


222         CORRESPOMDANCE  DE  NAPOLÉON   I".  —  1815. 
21956.  —  AU  MARÉCHAL  SOULT,  DUC  DE  DALMATIE, 

MAJOR  GÉNÉRAL,  A  PARIS. 

Paris,  22  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  faites  dresser  une  instruction  pour  que  le  comman- 
dement de  la  16*  division,  en  cas  de  guerre  et  que  Lille  soit  menacée, 
se  porte  entre  Lille  et  Dunkerque,  afin  de  veiller  à  ce  que  tous  les 
obstacles  soient  mis  à  profit  pour  la  défense  du  pays. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21957.  —AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris,  22  mai  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  la  garde  nationale  de  Lille  n'est  point 
encore  organisée.  Donnez  l'ordre  au  général  Lapoype  de  l'organiser 
et  d'y  mettre  des  hommes  du  peuple.  Si  cette  organisation  souffrait^ 
des  difficultés,  dites-lui  de  former  du  peuple  de  Lille  plusieurs  corps 
ou  bataillons  de  tirailleurs. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Archives  de  l'Empire. 

21958.  —  AU  COMTE  CARXOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris,  22  mai  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  je  vous  envoie  une  réponse  du  général 
Drouot  et  des  officiers  d'artillerie  au  mémoire  que  vous  m'avez  com- 
muniqué. Au  fait,  si  l'auteur  pouvait  se  charger,  à  un  prix  convenu 
et  sans  débaucher  les  ouvriers  de  nos  ateliers ,  de  monter  300  fusils 
par  jour,  moyennant  qu'on  lui  fournirait  les  baïonnettes,  baguettes, 
canons,  platines  et  les  bois  bruts,  ce  serait  un  service  qu'il  rendrait. 
Alors ,  opérant  pour  son  compte  et  responsable  des  armes ,  il  pour- 
rait mettre  en  pratique  la  forme  d'administration  qu'il  propose;  nous 
avons  des  pièces  de  rechange  pour  monter  150,000  fusils.  Nous 
avons,  en  oulre,  150,000  fusils  à  réparer  et  à  mettre  en  état.  Voilà 
donc  de  quoi  faire  300,000  fusils.  Jusqu'à  présent,  nous  n'avons  pu 
réparer  que  600  fusils  par  jour  et  n'en  monter  que  300;  il  faudrait 
donc  plus  d'une  année  pour  monter  nos  pièces  de  rechange ,  et  plus 
de  six  mois  pour  réparer  nos  150,000  fusils.  Sî  l'auteur  du  mémoire 
pouvait' se  charger  de  nous  monter  60,000  armes  à  raison  de  3  ou 
400  par  jour,  nos  aurions  nos  300,000  fusils  en  moins  de  six  mois. 
Les  platines  existent.  L'artillerie  s'occupe  actuellement  d'une  machine 
qui  fournira  1,000  platines  par  jour.  Les  ateHers  pourront  diriger 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON   I".  —  1815.         EU 

leurs  efforts  sur  d'autres  pièces ,  les  canons  en  profiteront.  Ce  qui 
importe  actuellement,  c'est  d'avoir  nos  300,000  armes  disponibles 
dans  le  plus  court  délai.  Pourquoi  l'auteur  n'entreprendrait-ll  pas  un 
marché,  puisqu'il  connaît  la  matière  et  qu'il  peut  disposer  de  beau- 
coup d'ouvriers  à  Paris? 

Napoléox. 

D'après  l'original.   Archives  de  l'Empire. 


21959.  —  DECRET. 

Paris,  22  mai  1815. 

Napoléon,  par  la  grâce  de  Dieu  et  les  constitutions  de  l'Empire, 
Empereur  des  Français , 

Voulant  donner  une  preuve  particulière  de  notre  satisfaction  au.^ 
communes  de  Chalon-sur-Saône,  Tournus  et  Saint-Jean-de-Losne , 
pour  la  conduite  qu'elles  ont  tenue  pendant  la  campagne  de  1814, 
nous  avons  décrété  et  décrétons  ce  qui  suit  : 

Article  premier.  L'aigle  de  la  Légion  d'honneur  fera  partie  des 
armes  de  ces  villes. 

Art.  2.  Nos  ministres  de  la  guerre,  de  l'intérieur,  et  notre  grand 
chancelier  de  la  Légion  d'honneur,  sont  chargés  de  l'exécution  du 
présent  décret. 

Napoléon. 

Extrait  du  Bulletin  des  Lois  du  25  mai  1815,  n»  31 . 


21960.  —AU  MARÉCHAL  DAVOLÏ,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUEP.RE ,    A  PARIS. 

Paris,  23  mai  1813. 

Mon  Cousin ,  il  est  contre  toutes  les  règles  que  le  trésor  paye  au- 
cune solde  pour  un  nouveau  corps  sans  un  décret  spécial.  Je  n'ai 
donc  jamais  pu  penser,  parce  que  ce  n'était  jamais  arrivé,  que  vous 
pussiez  m'engager  dans  une  dépense  de  40  millions,  sans  que  cela  ait 
été  médité  et  ensuite  arrêté  par  un  décret.  J'avais  approuvé  le  prin- 
cipe de  la  mesure  que  vous  aviez  proposée  ;  mais  vous  procédez  à 
l'exécution  de  manière  à  nous  jeter  dans  un  chaos,  car  généraux, 
adjudants  commandants,  colonels,  viendraient  inonder  nos  places. 
Faites  exécuter  mon  dernier  décret  sans  délai.  La  difûculté  ne  peut 
donc  tomber  que  sur  les  traitements  de  réforme;  et,  d'abord,  les 
généraux,  les  colonels  et  les  lieutenants-colonels  ne  sont  pas  dans 
ce  cas,  car,  sur  les  15,000,  je  n'en  prends  que  1,200.  Les  soldats 
doivent  d'abord  jouir  du  traitement  d'activité.  L'autre  question  sera 


224         CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON   I".  —  1815. 

traitée  dans  son  temps;  mais  il  y  aurait  de  la  témérité,  dans  la  pé- 
nurie de  nos  finances,  qui  est  telle  que  nos  services  les  plus  indis- 
pensables, même  la  solde  d'activité,  peuvent  manquer  d'un  moment 
à  l'autre,  à  s'engager  dans  des  dépenses  inutiles.  Quand  vous  me  pré- 
sentez les  bases  d'im  projet  tout  nouveau ,  l'adoption  du  principe 
n'est  qu'une  autorisation  pour  me  proposer  de  revêtir  l'exécution  de 
formes  légales.  Ordonnez  donc  l'exécution  de  mon  décret,  qui  seul 
peut  nous  faire  connaître  à  quoi  nous  nous  engageons. 

Il  est  aussi  de  principe  que  jamais  on  ne  dispose  d'un  officier  gé- 
néral sans  mon  approbation.  Je  me  vois  ainsi  obligé  de  recommencer 
tout  le  travail  des  divisions  actives  ,  où  l'on  a  mis  des  généraux  qui 
ne  peuvent  me  convenir. 

Les  bureaux  de  la  guerrre  ont  également  oublié  tous  les  principes, 
en  vous  faisant  délivrer  des  ordonnances  pour  des  crédits  qui  n'étaient 
pas  compris  dans  la  distribution  mensuelle.  Cela  ruine  le  crédit  de 
la  trésorerie  et  est  contraire  à  l'usage  de  tous  les  temps;  quand  je» 
dis  de  tous  les  temps ,  je  ne  parle  pas  du  gouvernement  royal ,  dont 
je  ne  connais  pas  la  marche  en  détail ,  mais  c'est  contraire  à  l'ordre 
qui  a  été  observé  dans  les  finances  depuis  le  Directoire.  Il  faut  donc 
régulariser  cela.  Portez  dans  les  demandes  de  crédit  pour  juin  tout 
ce  que  vous  avez  ordonnancé  au  delà  de  vos  crédits  mensuels ,  et 
désormais  n'ordonnancez  plus  rien  que  jusqu'à  concurrence  du 
crédit  du  mois,  sans  quoi  vous  entraveriez  le  service,  vous  annule- 
riez vos  ordonnances ,  et  nous  ne  pourrions  plus  nous  comprendre. 
Il  entre  dans  la  responsabilité  du  trésor  que,  quarante  jours  après  que 
vos  ordonnances  ont  été  délivrées  en  conséquence  des  crédits  men- 
suels, elles  soient  soldées;  mais,  si  vous  ordonnancez  au  delà  des 
limites  de  ce  crédit,  tout  devient  chaos.  Quand  j'accorde  un  crédit 
mensuel,  je  le  base  sur  les  ressources  et  sur  les  recettes  ;  le  ministre 
du  trésor  est  convenu  qu'il  a  ces  moyens ,  et  dès  lors  il  doit  pourvoir 
aux  dépenses  qui  y  sont  proportionnées. 

Un  autre  article  dont  j'ai  à  vous  entretenir,  c'est  celui  des  remontes. 
Vous  avez  fait  des  fonds  à  différents  régiments  qui  devaient  acheter  : 
mais  les  régiments  n'achètent  pas;  c'est  donc  un  crédit  qui  reste 
mort.  Également  vous  avez  fait  un  marché  pour  deux  millions ,  et 
vous  avez  fait  un  crédit  en  conséquence  :  cependant  ces  marchés  ne 
se  remplissent  pas;  c'est  encore  un  crédit  mort. 

Le  trésor  est  la  base  de  tout,  et  je  ne  puis  avoir  action  sur  le  trésor 
qu'autant  que  vous  vous  conformez  aux  règles  et  que  vous  ménagez 
le  plus  possible  les  fonds.  Cela  est  tellement  vrai,  qu'il  était  d'usage 
que  les  ordonnances  rappelassent  non-seulement  le  crédit  du  budget. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815.         225 

mais  le  crédit  mensuel  auxquels  elles  s'appliquaient.  Il  me  semble 
que  les  bureaux  de  la  guerre  ont  oublié  les  formes  qui  ont  été  en 
vigueur  pendant  tant  d'années. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""'  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilii. 


21961.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MIMSTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  23  mai  1815. 

Mon  Cousin,  dans  l'état  des  remontes,  je  ne  vois  le  dépôt  de 
Versailles  porté  que  pour  2,800  chevaux  :  cependant  il  doit  fournir 
7,000  chevaux,  plus  1,000  chevaux  de  trait;  ce  qui  fait  8,000,  Vous 
portez  zéro  aux  cuirassiers  et  dragons  :  cependant  le  dépôt  de  Ver- 
sailles doit  fournir  1,000  chevaux  à  chaque  arme;  et  il  en  a  déjà 
fourni  aux  carabiniers. 

Les  remontes  n'avancent  pas.  Personne  n'est  à  la  tête  de  notre 
cavalerie,  et  je  vois  que,  depuis  le  mois  de  mars,  la  cavalerie  n'a  fait 
d'autres  progrès  que  ceux  résultant  des  chevaux  pris  à  la  gendarmerie. 
Cet  objet  est  de  la  plus  haute  importance.  Il  faut  autoriser  les  corps 
qui  sont  portés  pour  les  2,000  chevaux  à  envoyer  des  officiers  de 
recrutement  et  à  acheter  des  chevaux  un  à  un.  Le  général  Bourcier 
veut  y  mettre  trop  de  lenteur  et  de  méthode.  Il  faut  qu'il  envoie  des 
officiers  en  remonte  dans  les  départements  pour  acheter  des  che- 
vaux. Il  doit  seulement  leur  prescrire  de  ne  pas  dépasser  les  prix  du 
fournisseur.  Il  faut  enfin  résilier  les  marchés  qui  ne  s'exécutent  pas, 
ce  qui  rendra  des  ressources  disponibles. 

Il  faudrait  quelqu'un  à  la  tête  de  vos  bureaux  de  la  cavalerie.  L'ar- 
tillerie et  le  génie  ne  vont  bien  que  parce  qu'ils  sont  dirigés  par  des 
généraux  de  l'arme,  qui  savent  les  détails  et  s'occupent  de  la  pensée 
de  cette  partie.  Je  pense  que  le  général  Préval  serait  très-bien  à  la 
tête  de  tous  les  bureaux  de  la  cavalerie.  Vous  le  remplacerez  facile- 
ment par  un  aide  de  camp  ou  par  un  colonel  dans  la  direction  du 
dépôt  de  Beauvais.  H  y  a  beaucoup  de  faux  mouvements. 

Il  est  urgent  de  faire  faire  une  commande  de  2,000  chevaux  de 
gendarmerie  dans  les  départements  autres  que  ceux  qui  composent 
les  11",  9%  10%  8%  7^  et  19''  divisions  militaires,  et  de  faire,  dans 
ces  six  divisions,  un  appel  particulier  pour  les  cinq  régiments  qui 
sont  affectés  à  ces  localités.  Vous  pourrez  charger  le  maréchal  Su- 
chet ,  le  général  Clausel  et  le  maréchal  Brune  de  réunir  les  chefs  de 
la  gendarmerie  de  leurs  départements  et  de  se  concerter  avec  eux 
xxviii.  15 


226         CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEOM  I«^  —  1815. 

pour  faire  un  appel  des  chevaux  de  gendarmes,  proportionnellement 
à  ce  qu'ils  peuvent  fournir,  de  manière  à  arriver  à  compléter  prorap- 
tement  ces  corps. 

La  cavalerie  ne  va  d'aucune  manière.  C'est  tous  les  jours  que  les 
commandants  des  dépôts  doivent  vous  envoyer  un  état  abrégé  de  tout 
ce  qu'ils  reçoivent,  afin  que  les  bureaux  puissent  connaître  la  situa- 
tion des  hommes,  des  chevaux  et  des  selles.  Il  y  a  dans  cette  partie 
bien  de  l'apathie;  c'est  pourquoi  nous  n'avons  pas  encore  de  cavalerie. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""'  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21962.  —  AU  MARECHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  23  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  suppose  que  le  bataillon  du  14%  qui  doit  se  rendre^ 
d'Orléans  à  Angers  en  poste,  se  sera  embarqué  sur  la  Loire  à  Orléans. 
Les  deux  bataillons  de  la  Garde  qui  partent  aujourd'hui  de  Versailles 
auront  probablement  leurs  relais  sur  la  route  de  Chartres  et  de  Ven- 
dôme. Ils  joindront  la  Loire  à  Tours.  Il  faut  qu'à  Tours  des  bateaux 
soient  prêts  et  qu'ils  puissent  s'y  embarquer  pour  descendre  la  Loire 
jusqu'à  Angers.  Envoyez  un  officier  à  Versailles  pour  voir  s'il  serait 
encore  temps  de  les  faire  passer  de  Chartres  à  Orléans,  où  ils  s'em- 
barqueraient, ce  qui  coûterait  moins  et  serait  plus  tôt  fait.  Cepen- 
dant ,  si  les  relais  de  Chartres  à  Tours  étaient  commandés,  il  faudrait 
les  laisser  filer. 

Envoyez  aussi  un  officier  à  Orléans  pour  savoir  si  l'embarquement 
va  bien  et  combien  il  faut  pour  la  navigation  d'Orléans  à  Angers , 
afin  que,  si  nous  avons  encore  quelques  troupes  à  y  envoyer,  nous 
puissions  profiter  de  la  Loire. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


21963.  —  AL  MARECHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMLHL, 

MINISTRE  DK  LA   GUKRRE,  A   PARIS. 

Paris,  24  mai  1815. 

Mon  Cousin,  vous  ne  m'avez  encore  proposé  aucun  général  pour 
commander  dans  la  Vendée ,  dans  les  Deux-Sèvres ,  dans  la  Loire- 
Inférieure  et  dans  les  autres  départements  où  il  n'y  en  a  pas;  cette 
opération  cependant  est  bien  importante. 

J'apprends  que  le  général  Chambarlhac  est  allé  commander  à  Dijon; 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLÉON  I".  —  1815.  227 

celte  disposition  ne  m'a  pas  été  soumise.  Il  est  de  principe  pourtant 
qu'un  général  ne  peut  pas  recevoir  une  destination  sans  mon  appro- 
bation; on  ne  donne  le  commandement  d'une  division  militaire  ou 
d'un  département  que  par  un  décret. 

Je  vois  dans  un  journal  une  lettre  que  je  vous  ai  écrite  :  c'est,  de- 
puis que  je  suis  au  gouvernement,  la  première  fois  que  je  vois  pa- 
reille chose.  J'apprends  que  vous  envoyez  aux  journaux  des  extraits  de 
mes  lettres  et  de  celles  des  généraux  :  c'est  contraire  à  tous  les  prin- 
cipes et  même  à  la  décence.  11  est  désormais  nécessaire  que  mes 
lettres  ne  soient  connues  que  de  vous,  et  qu'il  n'en  soit  expédié  aucun 
extrait  à  vos  correspondants,  ni  même  à  vos  bureaux.  Votre  prédé- 
cesseur gardait  mes  lettres  dans  les  tiroirs  de  son  bureau,  et  faisait 
faire  dans  son  cabinet  l'extrait  des  ordres  auxquels  elles  donnaient  lieu. 

Napoléox. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'EckmiihI. 


21964.   —  AU   MARECHAL  DAVOLT,    PRINCE   D'ECKMLHL , 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A   PARIS. 

Paris,  24  mai  1815. 

Mon  Cousin  ,   donnez  ordre   que  le  général  Loverdo  soit  jugé , 
comme  ayant,  de  sa  propre  main,  tué  un  maire  du  Dauphiné. 

Napoléox. 

D'après  l'original  coram.  par  M™"  la  maréchale  princesse  d'EckmiihI. 


21965.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  24  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  vous  renvoie  les  lettres  de  la  Vendée.  Apportez 
aujourd'hui  au  conseil  l'état  de  toutes  les  mesures  prises  pour  ré- 
primer ces  mouvements,  des  généraux  qui  y  ont  été  envoyés,  et  des 
ressources  que  présentent  les  localités.  Ajoutez-y  les  nouvelles  que 
vous  avez  de  la  formation  des  bataillons  qui  s'organisent  à  Poitiers. 
Si  vous  pensez  qu'il  soit  utile  d'envoyer  200  chevaux  tout  harnachés 
à  Angers,  vu  les  retards  qu'on  aurait  à  s'en  procurer  sur  les  lieux, 
je  n'y  vois  pas  d'inconvénient. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M'"*  la  maréchale  princesse  d'EckmiihI. 


15. 


228  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

21966.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMLHL, 

MIXISTRK   DE  LA  GUERRE,  A    PARIS. 

Paris,  24  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  je  reçois  votre  lettre  relative  au  régiment  étranger. 
Il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  été  fait  aucunes  dispositions  pour  Thabille- 
ment  de  ce  régiment.  Faites  donc  ces  dispositions,  pour  que  les  ha- 
bits soient  confectionnés  aussitôt  que  les  hommes  arriveront. 

Je  n'approuve  pas  qu'on  envoie  à  Chambéry  le  cadre  d'un  bataillon 
du  31"  léger.  Il  peut  y  avoir  de  l'inconvénient  à  employer  aussi  promp- 
lement  des  déserteurs  contre  le  pays  d'où  ils  viennent.  Cela  don- 
nerait trop  d'avantages  à  l'ennemi  pour  l'espionnage.  Il  vaut  mieux 
laisser  ce  régiment  ù  Chalon ,  oii  on  s'en  servira  selon  les  circon- 
stances. 

Napoléon, 

D'après  l'original  comin.  par  M""*  la  maréchale  princesse  d'EckmiihI. 


21967.  — NOTE  POUR  LE  MINISTRE  DE  LA  MARINE. 

Paris,  25  mai  1815. 

Faire  un  plan  de  campagne  appliqué  aux  moyens  actuels  et  au 
budget.  Comme  nous  ne  sommes  pas  dans  le  cas  de  faire  de  la  dé- 
pense, on  pourrait  prendre,  pour  l'armement  des  bâtiments  légers, 
dans  les  magasins  des  vaisseaux  de  ligne,  en  évitant  de  détruire  des 
objets  d'un  échantillon  supérieur  pour  les  remplacer  par  un  échan- 
tillon inférieur,  ce  qui  serait  une  sorte  de  dilapidation. 

Revoir  les  règlements  sur  la  course,  afin  de  laisser  aux  équipages 
la  part  qu'on  prenait  pour  les  Invalides,  de  mieux  régler  la  réparti- 
tion des  parts  entre  les  officiers  et  les  hommes  de  l'équipage,  enfin 
d'éviter  que  l'administration  intervienne  dans  ces  partages.  Mais,  en 
laissant  la  libre  disposition  de  la  totalité  des  prises  aux  équijjages,  il 
faut  cependant  prendre  des  précautions  pour  empêcher  que  certaines 
personnes  s'enrichissent  aux  dépens  des  autres. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire 


21968.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,    A  PARIS. 

Paris,  25  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  reçois  votre  lettre  relative  à  la  formation  d'une 
compagnie  de  flanqueurs  à  Màcon.   Cette  compagnie  est  composée 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  !«■.  —  18  15.         229 

déjeunes  <]ens  qui  vont  être  de  la  conscription;  il  serait  plus  conve- 
nable de  les  incorporer  dans  un  régiment  de  ligne,  s'ils  veulent  être 
payés.  Si,  au  contraire,  ils  ne  demandent  pas  à.  être  payés,  il  faut 
qu'ils  entrent  dans  les  partisans  et  dans  les  bataillons  de  gardes  na- 
tionales d'élite.  Mais  il  faut  prendre  garde  de  tarir  la  source  des 
enrôlements  volontaires  par  la  formation  de  petits  corps  qui  coûte- 
ront beaucoup  au  trésor  et  qui  ne  seront  d'aucune  utilité. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21969.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  25  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  je  reçois  votre  lettre  de  ce  jour.  Réunissez  à  Dun- 
kerque  les  militaires  retraités  que  vous  faites  partir  de  Paris.  Il  serait 
fâcheux  que  la  capitale  se  dégarnît  trop  de  militaires,  car  la  popula- 
tion, sur  laquelle  il  faut  que  je  puisse  compter,  peut  avoir  besoin  de 
leur  secours.  Il  ne  faut  pas  non  plus  qu'on  les  force,  car  il  s'agit  ici 
d'un  moyen  d'esprit  public,  et,  s'ils  étaient  mécontents,  ils  ne  vau- 
draient plus  rien.  On  me  dit  qu'à  Paris  on  est  trop  rigoureux  sur  cela. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M'"?  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21970.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris ,  25  mai  1815. 

Mon  Cousin,  j'approuve  que  vous  fassiez  caserner  les  hommes  du 
corps  franc  de  Paris  et  que  vous  leur  fassiez  donner  les  vivres.  Je 
désire  également  que  vous  fassiez  sur-le-champ  Un  appel,  pour  le 
1"  juin,  à  tous  les  corps  francs  des  5',  3«,  4%  16'  et  l'"  divisions. 
Les  corps  francs  se  réuniront  au  chef-lieu  de  leur  département.  Les 
généraux  leur  donneront  des  ordres  sur  les  positions  qu'ils  doivent 
occuper.  Le  général  Rapp  pourra  placer  ceux  de  l'Alsace  le  long  du 
Rhin;  le  général  Gérard,  ceux  de  la  Moselle  aux  différents  débouchés 
de  la  Sarre.  Ces  troupes  auront  les  vivres  de  campagne  comme  les 
autres.  S'il  se  forme  des  corps  francs  en  Normandie,  dirigez-les  sur 
les  places  de  la  Somme.  Le  général  Vandamme  placera  ceux  de  la 
2«  division  en  avant  de  Charlemont  et  des  différentes  places.  Enfin 
ceux  que  vous  avez  dans  la  P'  division  se  réuniront  au  chef-lieu  de 


230         CORRESPOiVDANCE  DE  IVAPOLÉON  I".  —  1815. 

leur  département  pour  y  prendre  une  organisation  définitive.  Quand 
celui  de  Paris  sera-t-il  prêt?  Il  faudrait  fixer  Noyon  pour  son  point 
de  réunion. 

Napoléon. 

P.  S.  Le  général  Lecourbe  désignera,  à  portée  du  Jura  et  du  dé- 
bouché des  Vosges ,  le  lieu  où  ses  partisans  doivent  se  réunir. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 

21971.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  26  mai  1815. 

Mon  Cousin,  vous  me  proposez  un  projet  de  décret  pour  mettre  à 
votre  disposition  7  millions  pour  l'approvisionnement  des  places. 
Cette  marche  est  contraire  aux  formes  et  nous  embarrasserait.  Il  suffit 
que  ces  7  millions  soient  portés  dans  la  distribution  du  mois,  et  c'est 
ce  que  je  viens  de  faire.  Les  approvisionnements  de  siège  sont  censés 
monter  à  II  millions.  Vous  n'avez  encore  eu,  dans  les  distributions 
du  mois,  que  4  millions  ;  il  vous  faut  donc  7  millions. 

Vous  ne  devez  jamais  donner  d'ordonnance  sans  crédit  mensuel; 
ce  serait  une  chose  funeste  au  crédit  et  ne  ferait  qu'ajouter  aux  diffi- 
cultés. D'ailleurs,  ce  ne  serait  plus  une  ordonnance,  car  les  ordon- 
nances sont  affectées  sur  des  ressources  que  le  trésor  a  reconnues , 
et  sur  lesquelles  il  a  pris  engagement.  Or  une  ordonnance  qui  n'est 
pas  comprise  dans  le  crédit  mensuel  n'est  entrée  dans  aucune  équa- 
tion, et,  par  conséquent,  n'est  rien  du  tout,  ou  n'est  tout  au  plus 
qu'un  certificat  de  crédit. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M'»^  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21972.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  27  mai  1815. 

Mon  Cousin,  vous  me  dites  qu'il  se  trouve  à  Toulon  4,000  fusils 
rognés,  de  30  à  36  pouces.  Ces  fusils  sont  bons  pour  la  levée  en 
masse.  Ordonnez  qu'il  en  soit  livré  1,000  au  département  de  l'Isère, 
1,000  au  déparlement  de  l'Ain  ,  que  1,000  soient  envoyés  en  Corse 
pour  armer  les  nouveaux  bataillons. 

Faites  revenir  les  650  fusils  de  chasse  qui  sont  à  Douai,  les  650 


CORRESPOMDANCE  DE  NAPOLÉOIV  I".  —  1815.  231 

qui  sont  à  Toulouse,  les  7,400  de  la  Rochelle  et  les  2,000  de 
Cherbourg;  total,  10,700.  Faites-en  donner  2,000  aux  Vosges, 
2,000  aux  Ardennes,  2,000  au  Bas-Rhin,  2,000  au  Haut-Rhin, 
2,000  aux  montagnes  du  Jura.  Les  paysans  sauront  bien  les  arranger. 
11  faut  faire  rechercher  tous  ces  fusils  de  chasse.  Ce  qui  ne  sera  pas 
bon  pour  l'artillerie  sera  bon  pour  les  paysans. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M°i«  la  maréchale  princesse  d'Ëckmiilil. 


21973.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  27  mai  1815. 

Mon  Cousin,  vous  avez  à  Paris  deux  lieutenants  généraux,  l'un 
qui  commande  la  garde  nationale,  l'autre  qui  commande  les  tirail- 
leurs. Le  général  Hulin  commandera  la  place.  Il  faudrait  avoir  un 
bon  général  pour  commander  la  division  à  Paris ,  qui  prendrait  vos 
ordres  pour  tout  ce  qui  est  relatif  à  la  défense  de  Meaux ,  de  Melun, 
deNogent,  de  Montereau-Faut-Yonne ,  de  Château-Thierry,  Sens, 
et,  en  général,  de  toutes  les  avenues  de  Paris,  et  qui  pourrait  s'y 
porter ,  selon  les  circonstances ,  sans  déranger  en  rien  l'organisation 
de  Paris. 

A  Paris  ,  la  garde  nationale  est  organisée  ;  les  bataillons  de  tirail- 
leurs s'organisent  :  il  faut  maintenant  organiser  dans  les  deux  sous- 
préfectures  de  la  Seine  une  bonne  défense  ;  nommer  les  officiers  et 
savoir  le  nombre  d'hommes  que  chaque  village  doit  fournir. 

GÉNIE. 
Il  est  nécessaire  que ,  lundi  prochain ,  les  travaux  soient  com- 
mencés A  Saint-Denis,  pour  établir  les  fortifications  de  la  place  et  les 
batteries.  Donnez  ordre  qu'on  travaille  également  lundi  aux  deux 
flèches  qui  seront  établies  sur  les  grandes  rouies  qui  traversent  le 
canal  Saint-Denis ,  afin  que  ces  flèches  soient  finies  dans  la  semaine. 
Je  désirerais  que ,  lundi  prochain ,  les  ouvrages  de  l'embouchure  du 
canal  Saint-Denis  dans  le  bassin  de  l'Ourcq  fussent  tracés  et  com- 
mencés. Comme  sur  les  hauteurs  de  la  rive  gauche  les  ouvrages  ne 
sont  pas  tracés ,  il  serait  convenable  de  faire  des  traverses  fermées 
par  des  palissades,  à  chaque  barrière  sur  ce  côté  de  la  rivière. 

ARTILLERIE. 
Donnez  ordre  que,  lundi  prochain,  huit  pièces  d'artillerie,  savoir, 
deux  pièces  de   12,  quatre  pièces  de  6  et  deux  ohusiers,  soient 


232         CORRESPONDANCE   DE   NAPOLEON  K.  —  1815. 

transportés  à  Montmartre;  qu'une  compagnie  d'artillerie  y  soit  ca- 
semée;  qu'un  chef  de  bataillon  soit  nommé  commandant  de  Mont- 
martre; qu'un  capitaine  et  un  lieutenant  lui  soient  donnés  pour  ad- 
judants; qu'un  officier  de  marine  commande  l'artillerie;  qu'il  soit 
choisi  à  Montmartre  trois  petits  magasins  ,  dans  les  lieux  les  plus  à 
l'abri  ;  qu'il  y  soit  déposé  des  cartouches  et  deux  cents  coups  à  tirer 
par  pièce.  La  compagnie  et  l'officier  d'artillerie  travailleront  à  arranger 
les  plates-formes,  lesmerlons,  les  magasins,  et  à  mettre  tout  leur 
service  en  état.  Le  général  d'artillerie  et  le  général  Haxo  choisiront 
l'emplacement  des  magasins.  Il  serait  convenable  qu'il  y  eût  aussi 
dans  ces  magasins  des  artifices  et  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour 
éclairer  les  remparts,  au  besoin  les  avenues ,  la  nuit. 

Donnez  ordre  que  lundi  les  généraux  du  génie  et  de  l'artillerie  di- 
visent en  trois  parties  les  ouvrages  qui  sont  depuis  la  couronne  de 
Belleville  jusqu'à  Charenton  ;  qu'il  soit  choisi  des  magasins  à  portée 
et  qu'on  y  place  trois  batteries  d'artillerie,  chacune  de  huit  pièces, 
savoir  :  deux  de  12,  quatre  de  6  et  deux  obusiers,  avec  seulement 
deux  compagnies  d'artillerie  de  marine ,  qui  seront  destinées  à  servir 
ces  trois  batteries.  Nommez  également  trois  officiers  pour  commander 
chacun  le  tiers  de  ces  ouvrages.  Les  compagnies  d'artillerie  soigneront 
les  magasins  et  commenceront  à  arranger  les  plates-formes  pour  mettre 
les  pièces  en  batterie. 

Il  est  nécessaire  que  vous  nommiez  un  colonel  ou  chef  de  bataillon 
pour  commander  la  place  de  Saint-Denis,  et  qu'une  compagnie  d'ar- 
tillerie de  marine  s'y  rende  avec  huit  pièces  de  canon  et  y  travaille 
à  l'établissement  des  batteries.  Le  commandant  prendra  le  comman- 
dement de  la  garde  nationale ,  non-seulement  de  Saint-Denis ,  mais 
des  villages  voisins,  de  manière  à  réunir,  en  cas  d'alarme,  sans  rien 
tirer  de  Paris,  1,500  à  2,000  hommes  de  la  sous-préfecture  de 
Saint-Denis. 

Donnez  ordre  qu'il  soit  formé  aux  Invalides  deux  compagnies  de 
canonniers,  qui  s'exerceront  de  manière  que,  le  10  juin,  elles  puissent 
aller,  l'une,  caserner  à  Montmatre  avec  huit  autres  pièces  de  canon, 
et  la  seconde,  s'établir  dans  la  couronne,  du  côté  de  Belleville. 

Je  crois  que  trois  grands  chemins  traversent  le  canal,  depuis  le 
bassin  de  l'Ourcq  jusqu'à  son  embouchure  à  Saint-Denis;  on  mettra, 
dès  lundi  5  juin ,  des  canons  à  chacune  de  ces  routes  et  quatre  pièces 
à  l'embouchure  du  canal,  du  côté  de  l'Ourcq. 

D'ici  au  5  juin,  il  sera  placé  quatre  pièces  de  canon  à  la  redoute 
de  la  barrière  du  Trône,  entre  Vincennes  et  Paris. 

Ainsi  ces  dispositions  feront  un  premier  emploi  d'une  batterie  à 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.         233 

Saint-Denis ,  d'une  batterie  le  long  du  canal  Saint-Denis ,  d'une  bat- 
terie à  Montmartre,  de  trois  batteries  dans  les  ouvrages  de  Belleville, 
d'une  batterie  dans  les  ouvrages  de  Montreuil  et  d'une  batterie  dans 
les  ouvrages  de  la  barrière  du  Trône;  total,  huit  batteries  ou  soixante- 
quatre  pièces.  Je  désire  voir  toutes  ces  pièces  en  position,  que  les 
ouvrages  soient  faits  ou  non,  et  avec  leurs  magasins  établis  mardi, 
6  juin  ,  pour  en  passer  la  revue. 

Voyez  si  on  ne  pourrait  pas  former  aux  Invalides  quatre  compa- 
gnies de  canonniers,  qu'on  exercerait  sur-le-champ  au  canon.  Je 
désire  que  ce  mouvement  commence  lundi  prochain  29  mai,  et  soit 
achevé,  comme  je  viens  de  le  dire,  au  5  juin,  parce  que  je  voudrais 
que  cela  se  fit  avant  les  hostilités,  afin  que,  l'opération  se  continuant 
ensuite  jusqu'au  15  juin,  il  n'en  résulte  aucune  inquiétude  ni  com- 
motion dans  l'opinion. 

Faites-moi  connaître  quand  les  pièces  de  la  marine  du  Havre  arri- 
veront. 

Donnez  ordre  au  général  Hulin,  commandant  la  place,  au  général 
Durosnel  ,  commandant  la  garde  nationale,  au  général  Darricau, 
commandant  les  tirailleurs,  et  aux  généraux  d'artillerie  et  du  génie, 
de  se  réunir  et  de  dresser  procès-verbal  de  l'armement  qu'on  doit 
établir  sur  chaque  point,  de  régler  ainsi  l'emplacement  de  toute  l'ar- 
tillerie, et  enfin  d'arrêter  la  distribution  des  légions  et  des  tirailleurs 
entre  les  postes  qu'ils  doivent  défendre. 

Donnez  ordre  également  que,  le  lundi  5  juin,  les  pièces  d'artillerie 
de  8  et  de  4  soient  réunies  sur  l'emplacement  des  Invalides,  où  on 
établira  le  parc  de  ces  pièces  irrégulières. 

Je  pense  que  la  première  opération  de  l'armement  doit  être  de 
placer,  à  chaque  saillant,  des  pièces  de  gros  calibre,  supérieur  à 
celui  de  12  et  sur  affût  marin;  ensuite  de  placer,  sur  les  flancs,  des 
pièces  de  6  de  siège,  sur  affût  marin  ou  autre;  enfin  de  disposer  des 
batteries  mobiles  de  campagne,  qu'on  puisse  porter  le  long  de  chaque 
ligne.  Montmartre  est  à  peu  près  à  l'abri  de  toute  attaque,  de  sorte 
que  je  pense  qu'une  batterie  mobile  de  huit  pièces  y  sera  suffisante, 
avec  une  trentaine  de  pièces  de  siège.  On  n'y  a  besoin  d'artillerie  que 
pour  battre  dans  la  plaine  et  protéger  des  troupes  qui  se  rallieraient 
sur  la  hauteur.  Il  n'en  est  pas  de  même  des  ouvrages  de  la  butte 
Chaumont  et  de  Ménilniontant.  Ces  ouvrages,  qui  ont  2,000  toises 
de  développement,  sont  faibles  en  beaucoup  de  points.  On  ne  pourra 
les  bien  défendre  que  par  de  l'artillerie.  Il  faut  que  tous  les  saillants 
et  même  les  flancs  soient  armés  de  pièces  de  siège  ;  qu'on  ait ,  en 
outre ,   six  batteries  ou  quarante-huit  pièces  de  canon  mobiles ,  qui 


234         CORRESPONDAXfCE   DE  NAPOLÉON  ^^  —  1815. 

puissent  se  porter  sur  les  points  qui  seraient  plus  sérieusement  atta- 
qués. Saint-Denis  doit  avoir  besoin  au  moins  de  vingt  pièces  de  siège 
et  de  deux  batteries  mobiles.  Indépendamment  de  l'artillerie  qui  sera 
placée  dans  toutes  les  redoutes,  et  qui  sera  de  l'artillerie  de  siège, 
ou  toute  autre,  on  a  besoin,  pour  parcourir  la  ligne  du  canal,  au 
moins  de  quatre  batteries.  Indépendamment  de  l'armement  de  toutes 
les  redoutes,  depuis  Charonne  jusqu'à  la  Seine,  qui  seront  armées 
avec  de  l'artillerie  de  siège,  il  faut  aussi  quatre  batteries  pour  par- 
courir cette  ligne.  Cela  fera  donc  l'emploi  de  dix-sept  batteries  mo- 
biles ou  environ  cent  trente-six  pièces  de  canon.  Il  faut,  après 
cela,  deux  pièces  de  campagne  à  chaque  barrière.  Sur  la  rive  gauche, 
il  faudra  aussi  deux  pièces  de  campagne  à  chaque  barrière,  mais 
on  y  mettra  des  pièces  de  4  du  parc  des  Invalides.  Nous  avons,  à 
Vincennes,  cent  cinquante  pièces  de  campagne  sans  affût  :  il  faut 
s'en  procurer,  en  faire  venir  des  ports  et  autres  lieux  où  il  y  en  a, 
ou  en  mettre  sur-le-champ  en  construction  à  Paris.  x 

DÉFENSE  DU  TERRITOIRE  QUI  COUVRE  PARIS. 

La  défense  de  Meaux,  de  Melun,  la  tête  de  pont  à  établir  à  Tril- 
port,  la  défense  de  Château-Thierry,  de  Nogent,  de  Montereau, 
d'Arcis-sur-Aube,  doivent  être  sous  votre  commandement  immédiat 
et  sous  les  ordres  du  lieutenimt  général  de  la  division.  Chargez  une 
commission  d'officiers  d'artillerie  et  du  génie  d'établir  sur-le-champ 
la  défense  de  ces  différents  points.  Il  faudra  un  commandant  à  Meaux, 
et  de  l'artillerie.  La  sous-préfecture  de  Meaux  fournira,  sur  la  levée 
en  masse,  3  ou  4,000  hommes,  pour  tenir  garnison  quand  l'alarme 
sera  sonnée  dans  les  environs.  Le  pont  de  Nogent  est  de  la  plus  haute 
importance.  La  sous-préfecture  y  fournira  3,000  hommes  de  sa  levée 
en  masse.  Celle  de  Montereau  en  fournira  autant  pour  la  défense  de 
son  pont.  La  même  chose  aura  lieu  pour  Sens.  La  sous-préfecture 
d'Arcis-sur-Aube  fournira  également  3,000  hommes  de  sa  levée  en 
masse  pour  la  défense  des  redoutes  qui  seront  construites  sur  ce  point 
important.  Il  est  donc  nécessaire  de  faire  former  d'avance  des  com- 
pagnies d'artillerie  de  gardes  nationales  à  Meaux,  à  Nogent,  à  Sens, 
à  Montereau,  etc.,  et  d'envoyer  le  plus  tôt  possible  un  obusicr  et 
deux  pièces  dans  chacun  de  ces  endroits ,  pour  que  ces  canonniers 
puissent  s'exercer  aux  manœuvres. 

Je  désire  que  les  plans  qui  seront  arrêtés  pour  la  défense  de  Meaux, 
de  Nogent,  de  Montereau,  de  Melun,  d'Arcis-sur-Aube,  etc.,  me 
soient  remis. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"*  la  maréchale  princesse  d'EckmiihI. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815.         235 
21974   —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PIUXCE  D'EGKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  27  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  le  ministre  de  1 1  marine  a  un  grand  nombre  d'offi- 
ciers qui  sont  inutiles  et  qui  pourtant  sont  payés.  Je  désire  qu'ils 
soient  mis  à  votre  disposition  ,  et  que  vous  les  placiez  dans  toutes  les 
places  fortes ,  à  la  suite  des  parcs  et  dans  toutes  les  villes  qu'on  met 
à  l'abri  d'un  coup  de  main. 

Napoléon. 

D'après  rorijjinal  comm.  par  AI""'  la  maréchale  princesse  d'Eckmùhl. 


21975.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA  GUERRE,    A  PARIS. 

Paris.  27  mai  1815. 

Mon  Cousin,  il  est  probable  que  la  Garde  va  bientôt  partir;  il  ne 
restera  alors  plus  de  troupes  à  Paris.  Il  est  donc  important  que  le 
]"  juin,  au  plus  tard,  les  maréchaux  de  camp,  colonels,  chefs  de 
bataillon,  capitaines,  lieutenants  et  sous-lieutenants  des  bataillons 
de  tirailleurs  de  la  garde  nationale  soient  nommés;  que  les  contrôles 
soient  faits,  et  que  l'on  nomme  les  sous-officiers.  Il  est  nécessaire 
qu'ils  se  réunissent  pour  cela  le  2  ou  le  3  juin.  Il  est  nécessaire  que 
tous  les  officiers  aillent  dans  les  quartiers  pour  que  les  hommes  les 
connaissent,  et  qu'on  puisse  faire  le  premier  appel  aux  environs  du 
5  juin. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M'™  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 

21976. —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  27  mai  1815. 

Mon  Cousin,  le  26  mai  il  y  avait  à  Tours  500  Espagnols,  dont 
52  officiers,  composant  le  6*  régiment  étranger;  ils  manquaient  de 
tout  et  ne  pouvaient  pas  être  utilisés  :  est-ce  que  vous  n'avez  pas 
donné  des  ordonnances  pour  les  payer  et  faire  que  ces  500  hommes 
puissent  être  sur-le-champ  utilisés? 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


236         CORRESPONDANCE   DE   NAPOLEON  ^^  —  1815. 
21997.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  I.A  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  27  mai  1815. 

Mon  Cousin,  il  y  a  des  officiers  du  génie  et  des  officiers  d'artillerie 
espagnols  :  on  peut  s'y  fier;  attachez-en  à  la  place  de  Lyon,  à  la 
place  de  Paris,  et  envoyez  les  hommes  les  plus  sûrs  à  l'armée  du 
général  Clausel.  Ils  seront  mis  à  la  suite  et  jouiront  du  même  traite- 
ment que  les  Français. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"">  la  maréchale  princesse  d'Ëckmûhl. 


21978.  —  CIRCULAIRE 

AUX 

PRINCES,  MINISTRES  ET  GRANDS  OFFICIERS  DE  LA  COURONNE. 

Paris,  27  mai  1815.  v 

Les  membres  des  Collèges  électoraux  et  les  députés  à  la  chambre 
des  Représentants  arrivent  à  Paris.  Je  désire  que  vous  en  receviez  un 
certain  nombre  chaque  jour,  et  que  votre  maison  leur  soit  ouverte 
tous  les  soirs. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


21979.  —  AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur ,  a  paris. 

Paris,  27  mai  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot ,  écrivez  au  général  Lamarque,  com- 
mandant en  chef  l'armée  de  la  Loire ,  que  je  lui  confie  le  pouvoir  de 
destituer  les  sous-préfets,  les  maires,  commandants  et  officiers  de  la 
garde  nationale,  receveurs  d'arrondissement,  directeurs  de  contribu- 
tions, agents  de  l'enregistrement,  officiers  forestiers,  et  généralement 
tous  les  employés  d'administration  dont  il  aurait  à  se  plaindre;  que  je 
n'en  excepte  que  les  préfets,  lieutenants  généraux  de  police,  payeurs 
des  divisions  et  receveurs  de  département;  que,  s'il  avait  des  sujets 
de  mécontentement  contre  ceux-ci,  il  ait  soin  de  vous  en  informer  par 
courrier  extraordinaire  :  vous  m'en  rendrez  compte  sur-le-champ  pour 
que  j'avise  aux  destitutions  et  remplacements  nécessaires;  mais 
que,  pour  tous  autres,  il  peut  les  destituer  et  les  remplacer  par  des 
hommes  sûrs. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Archives  de  l'Empire. 


CORRESPONDANCE  DIC  NAPOLÉON  I".  _  1815.         237 
21980.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOLT,  PIUXCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE    LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris.  28  mai  1815. 

Mon  Cousin,  il  y  a  cent  quatre  bataillons,  destinés  pour  les  places 
du  Nord  ,  qui  formeraient  un  complet  de  54,000  hommes  pour  la 
garnison  des  places  de  première  ligne.  En  général,  ce  nombre  est 
trop  considérable.  Si  tous  les  bataillons  du  Nord,  du  Pas-de-Calais 
et  de  la  Seine-Inférieure  rejoignaient,  il  y  aurait  trop  de  monde  dans 
les  places,  surtout  au  Quesnoy,  à  Landrecies,  Avesnes  et  Maubeuge; 
mais  la  Seine-Inférieure  ne  fournira  que  sept  bataillons ,  dont  trois 
pour  Dunkerque ,  trois  pour  les  places  de  la  Somme  et  un  pour  le 
Havre.  On  peut  toujours  porter  le  Nord  pour  quatorze  bataillons; 
mais  il  n'en  fournira  pas  sept.  Ce  sera  beaucoup  si  on  en  tire  autant 
du  Pas-de-Calais.  Cela  fera  donc  une  diminution  de  vingt  et  un  ba- 
taillons, ou  de  15,000  bommes-,  ce  qui,  joint  à  l'incomplet  auquel  il 
faut  s'attendre  dans  la  plupart  des  autres  bataillons,  ne  donnera  plus 
que  le  nombre  strictement  nécessaire.  Toutefois  écrivez  au  général 
Frère,  commandant  la  16"  division,  de  parcourir  ses  places  et  d'agir 
d'après  les  principes  suivants. 

Il  faut  qu'il  y  ait,  au  5  juin  :  à  Dunkerque,  au  moins  4,000  bom- 
mes; à  Lille,  au  moins  6,000;  à  Condé,  2,500;  à  Valenciennes, 
3,500;  à  Landrecies,  1,500;  au  Quesnoy,  1,500;  à  Avesnes,  1,500; 
à  Maubeuge,  2,000;  à  Douai,  3,000;  à  Bouchain  ,  500;  total, 
26,000  bommes. 

Il  faut  également,  à  la  même  époque  :  à  Gravelines,  au  moins 
500  honimes  ;  à  Calais,  1,500;  à  Saint-Omer,  1,500;  à  Aire,  au 
moins  500;  à  Bétbune,  500;  àArras,  1,500;  à  Boulogne,  500; 
àHesdin,  500;  total,  7,000  bommes. 

C'est  donc  au  moins  33,000  bommes  qu'il  faut  avoir,  au  5  juin, 
dans  ces  différentes  places,  indépendamment  de  la  garde  nationale 
sédentaire. 

Si  donc,  par  une  raison  quelconque,  il  y  avait  plus  dans  une 
place  et  moins  dans  une  autre,  le  général  Frère  serait  autorisé  à  faire 
les  cbangements  convenables,  pour  qu'au  5  juin  les  cboses  se  trou- 
vent au  moins  dans  l'état  que  je  viens  d'indiquer. 

Vous  cbargerez  le  général  commandant  les  places  de  la  Somme  de 
faire  les  dispositions  convenables  pour  avoir,  au  10  juin  :  à  Abbe- 
ville,  1,500  bommes;  àDoullens,  500;  à  Péronne,  500;  à  Ham, 
500;  à  Soissons,   1,000;  à  la  Fère,  500;  total,  4,500  bommes. 

Bien  entendu  que,  s'il  peut  y  en  avoir  davantage,  tant  dans  les 


238         CORRESPONDANCE  DE   NAPOLEON  ^^  —  1815. 

places  de  première  que  dans  celles  de  deuxième  et  troisième  ligne , 
cela  vaudra  mieux.  Cependant,  comme  je  suis  pressé  de  voir  les 
places  de  première  ligne,  surtout  Dunkerque,  munies  de  leurs  gar- 
nisons, vous  ordonnerez  sur-le-champ  que,  outre  les  trois  bataillons 
de  l'Aube  qui  sont  déjà  destinés  à  Dunkerque,  trois  bataillons  de  la 
Seine-Inférieure,  le  bataillon  de  Seine-et-Marne  qui  est  à  Boulogne, 
celui  d'Eure-et-Loir  qui  est  à  Soissons,  et  celui  du  Loiret  qui  est 
à  la  Fère,  partent  sans  délai  pour  se  rendre  à  Dunkerque;  ce  qui 
complétera  sur-le-champ  la  garnison  de  cette  place  à  dix  bataillons, 
formant  5  ou  6,000  hommes.  Il  faut  qu'il  y  ait  à  Dunkerque  des 
armes  pour  compléter  l'armement  de  ces  5,000  hommes,  de  manière 
qu'au  5  juin  cette  place  puisse  être  investie. 

Pour  augmenter  les  autres  garnisons,  dirigez  le  bataillon  de  Seine- 
et-Oise  qui  est  à  Ham,  sur  Douai;  les  deux  bataillons  des  Ardennes 
qui  sont  à  Maubeuge,  à  Lille-  et  enfin  que  le  bureau  d'artillerie 
prenne  les  mesures  convenables  pour  qu'au  5  juin  toutes  ces  places 
soient  garnies  des  fusils  nécessaires. 

Vous  donnerez  ordre  que,  le  1"  ou  le  3  juin  ,  le  comte  d'Erlon 
retire  toutes  les  troupes  qu'il  a  dans  les  places,  afin  que  son  corps 
soit  tout  à  fait  mobile. 

Vous  remplacerez  les  bataillons  que  je  retire  de  Soissons,  de  Ham 
et  des  autres  places,  par  des  bataillons  qui  seront  fournis  plus  tard. 
Je  suppose  que  chacun  de  ces  bataillons  a  un  chef  de  bataillon  tiré 
de  la  ligne,  et  que,  réunis  par  deux  bataillons ,  ils  ont  un  colonel  ou 
un  major  pour  commandant;  enfin  qu'il  y  a  à  Dunkerque,  indépen- 
damment du  gouverneur ,  le  nombre  suffisant  de  généraux  et  d'offi- 
ciers supérieurs  pour  commander  une  aussi  forte  garnison. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™'  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 

21981.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  29  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  le  général  Clausel  se  plaint  du  mauvais  état  des  offi- 
ciers espagnols.  Depuis  longtemps  il  a  été  arrêté  qu'ils  jouiraient 
d'un  traitement  plus  fort  ;  je  ne  sais  pas  si  vous  m'avez  présenté  un 
projet  de  décret  afin  que  le  trésor  reconnaisse  cette  décision.  Je  ne  sais 
pas  non  plus  si  vous  avez  donné  des  ordres  pour  que  tous  vinssent  à 
Tours,  et  si  vous  avez  pris  des  mesures  pour  les  habiller  dans  cette  ville. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


CORHESPONDAMCE   DE  NAPOLÉON  I".  —  1815.  239 

21982.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT ,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  -29  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  il  me  vient  de  tous  côtés  des  réclamations  de  per- 
sonnes sensées  sur  les  difficultés  que  fait  le  général  Rourcier  pour  la 
réception  des  chevaux.  Tl  a  refusé  les  chevaux  de  neuf  ou  dix  ans;  il 
les  refuse  s'ils  ont  un  demi-pouce  plus  bas  que  l'ordonnance;  de  sorte 
qu'on  croit  que,  sans  cette  difficulté,  il  aurait  le  double  de  ce  qu'il  a.  Il 
faudrait  s'entendre  avec  lui  à  ce  sujet,  car  nos  besoins  sont  urgents, 
et  un  cheval  de  dix  ans,  bien  conformé,  vaut  encore  mieux  pour 
nous  qu'un  cheval  de  cinq  ans. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comra.  par  M'"'  la  maréchale  princesse  d'Eckmïilil. 


21983. —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE   LA  GUERRE,    A   PARIS. 

Paris,  29  mai  1815. 

Mon  Cousin ,  il  est  convenu  que  l'artillerie  de  la  marine  vient  par 
eau ,  qu'elle  ne  coûtera  rien  à  la  guerre  ,  et  que  la  marine  est  char- 
gée de  la  conduire  et  d'organiser  son  parc  aux  Invalides.  La  con- 
fection des  munitions  et  affûts  sera  également  aux  frais  de  la  marine. 

Je  vous  ai  déjà  écrit  qu'il  y  avait  à  Douai  et  à  Lille  une  grande 
quantité  d'artillerie  inutile.  Tirez  de  ces  deux  places  tout  ce  qui  est 
nécessaire  pour  armer  Laon ,  Soissons,  Vilry,  Langres,  etc.  Il  y  a 
également  une  grande  quantité  d'artillerie  à  Toulouse;  elle  y  est  inu- 
tile, et  je  pense  qu'il  serait  bon  d'en  diriger  partie  sur  Lyon  et  partie 
sur  la  Loire,  à  Orléans  et  à  Araboise.  Par  ce  moyen,  il  se  trouverait 
réuni  autour  de  Paris  toute  espèce  de  moyens  d'artillerie;  faites-moi 
un  rapport  là-dessus. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™'  la  mardchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21984.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  29  mai  1815. 

Mon  Cousin,  je  ne  pense  pas  qu'il  faille  habiller  les  fédérés  des 
faubourgs.  Cela  nous  conduirait  à  des  dépenses  énormes  et  sans  but 
d'utilité.  Je  ne  pense  pas  non  plus  qu'il  faille  leur  donner  des  fusils, 
puisque  je  vois  que  les  gardes  nationales  d'élite  ,  dans  les  places 


240         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  1".  —  1815. 

fortes,  n'en  ont  pas;  que  la  guerre  peut  être  déclarée  et  les  places 
investies,  et  que  mes  garnisons  ne  sont  qu'à  moitié  armées. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21985.  — AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE    DE    LA    GUERRE,    A    PARIS. 

Paris,  29  mai  1815. 

Mon  Cousin,  j'apprends,  par  une  dépêche  télégraphique,  que  vous 
faites  débarquer  à  Saint-Malo  l'artillerie  de  la  marine  qui  devait  venir 
par  mer.  Le  transport  de  ces  mauvaises  pièces  de  fer  coûtera,  par  la 
voie  de  terre,  plus  qu'elles  ne  valent.  Vous  avez  pour  principe  d'ad- 
ministration que  l'argent  n'est  rien,  tandis  qu'au  contraire,  dans  les 
circonstances  où  nous  sommes,  l'argent  est  tout. 

Si  la  levée  des  cinquante-cinq  bataillons  ne  peut  pas  avoir  lieu,' 
laissez-la  aller. 

La  solde  va  manquer  partout ,  et  on  ne  pourra  pas  satisfaire  aux 
dépenses  les  plus  urgentes  du  ministère.  J'avais  ordonné  que  la 
marine  ferait  tous  les  frais  de  ces  transports  d'artillerie  sur  son 
budget;  au  lieu  de  cela,  vous  vous  en  chargez.  Aussi  l'artillerie 
demande-t-elle  des  millions  pour  son  service. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


21986. —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris  ,  29  mai  1815. 

Mon  Cousin,  il  résulte  de  l'avis  du  Conseil  d'Etat  que  vous  devez 
considérer  les  conscrits  de  1815  comme  en  congé,  et  que  vous  devez 
les  rappeler.  D'après  l'état  que  vous  m'avez  remis,  85,000  ont  déjà 
servi  et  37,000  sont  des  départements  les  meilleurs  et  les  mieux 
disposés.  Cela  ne  peut  donc  pas  faire  une  affaire.  Mais,  sur  les 
85,000  déjà  appelés,  il  y  en  aura  beaucoup  à  ôter,  tels  que  ceux  de 
la  Vendée,  de  la  Sarthe,  et  enfln  de  tous  les  départements  où  nous 
n'avons  pas  rappelé  les  vieux  militaires  et  qui,  dans  le  moment 
actuel,  ont  une  opinion  douteuse.  Remettez-m'en  l'état.  Il  faudra  les 
rappeler  plus  tard.  Mais  nous  devons  trouver  tout  de  suite,  sur  la 
masse,  une  ressource  de  80  à  90,000  hommes.  Faites-moi  le  décret 
qui  ordonne  cet  appel,  et  présentez-m'en  la  répartition  entre  les  dif- 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  _  1815.         241 

férents  régiments,  en  partant  du  principe  que  donne  le  lieu  où  sont  les 
dépôts.  H  en  faudra  appeler  30,000  pour  la  jeune  Garde. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiibl. 


21987.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRIXCE  D'ECKMLHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  29  mai  1815. 

Mon  Cousin,  les  cinq  batteries  que  j'ai  passées  en  revue  hier  par- 
tiront demain  30  pour  Compiègne.  J'ai  remarqué  que  plusieurs 
caissons  n'avaient  pas  leur  petite  boîte  à  graisse,  ni  toutes  leurs 
pièces  de  rechange,  comme  le  veut  l'ordonnance.  Beaucoup  n'avaient 
pas  leur  prolonge  de  rechange.  Ordonnez  que  tout  cela  soit  complété. 
Donnez  des  ordres  pour  que,  le  3  ou  le  -4  juin  ,  je  puisse  voir  les 
quatre  autres  batteries  de  la  vieille  Garde. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™'  la  maréchale  princesse  d'Eckmiibl. 


21988.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE    LA  GUERRE,  A    PARIS. 

Paris,  29  mai  1815. 

Mon  Cousin,  il  ne  faut  faire  partir  aucun  détachement  de  la  gen- 
darmerie de  Paris  pour  l'armée  :  cette  gendarmerie,  étant  soldée  par 
la  ville  de  Paris ,  doit  être  gardée  pour  son  service ,  et  ne  peut  être 
employée  au  dehors  que  momentanément  et  pour  une  excursion  de 
quelques  jours  ;  mais  un  service  Oxe  à  l'armée  serait  contraire  au 
principe  de  sa  création. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiilil. 


21989. —  AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  29  mai  1815. 

Mon  Cousin,  le  1",  le  5*  et  le  7'  de  hussards  ont  beaucoup  de 
monde;  les  colonels,  que  j'ai  vus  ce  matin,  m'ont  dit  qu'ils  auraient 
bientôt  2,000  hommes.  Mon  intention  est  que  vous  donniez  des 
ordres  pour  qu'aucun  de  ces  régiments  ne  reçoive  plus  d'hommes 
qu'il  ne  lui  en  revient;  qu'on  ne  monte,  cette  année,  aucun  homme, 
s'il  n'a  servi  déjà ,  et  que  tous  les  volontaires  soient  dirigés  sur  l'in- 

XXVllI.  ig 


2*2         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

fanterie,  aux  dépôts  les  pins  voisins.  Ils  seront  sur-le-champ  habillés, 
et  accroîtront  d'autant  notre  infanterie.  Quant  aux  hommes  qui  ont 
servi  dans  la  cavalerie  et  qui  excèdent  le  complet,  on  les  enverra  sur 
des  régiments  de  cuirassiers ,  de  dragons  ou  de  chasseurs. 

Ainsi  cette  lettre  contient  deux  principes  :  1*  je  ne  veux  monter, 
cette  année,  aucun  homme  qui  n'ait  servi  dans  la  cavalerie;  2°  donner 
sur-le-champ  des  ordres  pour  que  tous  les  régiments  de  cavalerie 
qui  ont  des  hommes  au-dessus  de  leur  complet  envoient  à  l'infan- 
terie les  hommes  qui  ont  servi  dans  l'infanterie,  et  aux  cuirassiers, 
dragons  et  chasseurs  les  hommes  qui  ont  servi  dans  la  cavalerie.  Par 
exemple.  Beau  vais  contient  le  12*  et  le  20»  de  dragons;  ces  deux 
régiments  pourraient  fournir  300  chevaux,  s'ils  avaient  des  hommes  : 
donnez  donc  des  ordres  pour  que  les  régiments  qui  sont  à  Beauvais, 
ou  qui  y  arrivent,  fournissent  ces  hommes.  Faites  aussi  envoyer  des 
hommes  aux  dépôls  de  cuirassiers  et  de  dragons  qui  sont  les  plus 
faibles.  v 

Cependant  il  me  paraît  nécessaire  de  ne  refuser  aucuns  volon- 
taires, et,  quelques  jours  après,  de  les  diriger  comme  il  est  dit  ci- 
dessus. 

Napoléon. 

D'après  l'origiiuil  comm.  par  M'""  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


21990. —AU  VICE-AMIUAL  DUC  DEGRÉS, 

MINISTRE  DE  LA  MARINE,  A  PARIS. 

Paris,  29  mai  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès,  je  vous  renvoie  votre  dépèche  de  Toulon. 
Il  est  nécessaire  que  vous  fassiez  un  rapport,  pour  le  ministre  des 
relations  exiérieures,  de  ce  qui  est  arrivé  à  la  Melpomène,  à  la  Dryade, 
à  d'autres  bàtimenis  et  aux  débarquements  qui  ont  jeté  des  agents  et 
des  fusils  sur  nos  côtes  '. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  duchesse  Decrès. 


21991.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris.  30  mai  1815. 

Mon  Cousin,  plusieurs  régiments  de  cuirassiers  ont  des  hommes 
montés  à  leurs  dé[)ôts;  ils  retardent  de  les  envoyer  aux  régiments 
pour  raison  de  défaut  de  cuirasses  :  faites-leur  connaître  que  ce  n'est 

«  Voir  la  note  de  la  pièce  22007  et  le  n»  22023. 


CORRESPONfDANCE   DE  NAPOLEON  l".  —  1815.  243 

pas  une  raison;  que  vous  dirigerez  l'envoi  des  cuirasses  sur  les  esca- 
drons de  guerre;  que  les  hommes  qu'ils  ont  disponibles  ne  doivent 
pas  perdre  un  moment  pour  rejoindre  les  escadrons  de  guerre,  puis- 
qu'on peut  se  battre  sans  cuirasse.  Je  crois  que  le  11*  régiment  est 
dans  ce  cas. 

Il  y  a  aussi  des  corps  où  c'est  le  manque  de  sabres  qui  relarde  les 
départs  :  écrivez  également  que  cela  ne  doit  pas  empêcher  les  hommes 
de  partir,  et  que  vous  faites  adresser  les  sabres  aux  escadrons  de 
guerre. 

En  général,  il  serait  nécessaire  que  vous  fissiez  une  circulaire  à 
cet  égard.  L'ennemi  peut  nous  attaquer  d'un  moment  à  l'autre,  et  il 
est  nécessaire  d'avoir  le  plus  de  monde  que  nous  pourrons  à  l'armée. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M'"°  la  marëchale  priacesse  d'EckmiihI. 


21992. —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL  , 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  30  mai  1815. 

Mon  Cousin,  faites-moi  connaître  si  l'artillerie  est  arrivée  à  Lyon. 
Donnez  des  ordres  pour  qu'avant  le  5  juin  on  mette  en  batterie  huit 
pièces  de  canon  à  la  tête  du  pont  Morand,  quatre  au  pont  de  la  Guil- 
lotière,  quatre  à  l'extrémité  de  Perrache,  près  du  pont,  ce  qui  fera 
deux  batteries;  deux  batteries,  ou  seize  pièces,  dans  les  redoutes 
entre  Saône  et  Rhône,  et  deux  batteries,  ou  seize  pièces,  sur  la 
vieille  enceinte  ;  ce  qui  fera  l'emploi  de  six  batteries  ou  quarante- 
huit  pièces.  Qu'on  choisisse  des  magasins  à  portée  des  batleries. 
Enfin  qu'on  nomme  des  officiers  d'artillerie  et  commandanis  pour 
tous  ces  forts.  Recommandez  qu'aussitôt  que  les  pièces  de  siège 
seront  arrivées  on  commence  à  en  placer  aux  saillants. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™"  la  maréchale  princesse  d'Eckmiih!. 


21993.  —  AU  VICE-AMIRAL  DUC  DECRÈS, 

MINISTRE  DE   LA  MARINE  ,   A  PARIS. 

Paris,  30  mai  1815. 

Monsieur  le  Duc  Decrès ,  j'ai  porté  dans  la  distribution  de  juin 
300,0(i0  francs  pour  les  colonies,  dont  250,000  pour  l'ile  d'Elbe. 
Faites-y  passer  le  plus  tôt  possible  une  gabare  churgée  de  farine,  en 
quantité  suffisante  pour  nourrir  12,000  habitants  pendant  deux 
mois.  Donnez  ordre  au  gouverneur  de  mettre  ces  farines  en  vente  à 

16. 


254         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  l".  —  1815. 

un  prix  tel  que  vous  y  perdiez  le  moins  possible,  en  venant  toutefois 
au  secours  des  habitants.  Le  produit  de  cette  vente  servira  d'autant 
pour  les  dépenses  de  la  colonie. 

Napoléon. 

D'après  l'original  coinm.  par  M"""  la  duchc-sse  Decrès. 


21994.   —  AU   GÉNÉRAL  COMTE  DROUOT, 

AIDE-MAJOR  DE  LA  GARDE  IMPÉRIALE,   A  PARIS. 

Paris,  30  mai  1815. 

Monsieur  le  Comte  Drouot,  il  faut  préparer  le  départ  de  la  Garde 
pour  le  5  juin,  pour  tout  délai.  Failes-moi  connaître  quelle  sera  la 
force  des  quatre  régiments  de  la  division  de  chasseurs  et  de  la  division 
de  grenadiers,  ce  qui  fera  huit  bataillons  par  division;  qui  comman- 
dera ;  quelle  artillerie  y  sera  attachée;  qui  restera  à  Paris  pour  com- 
mander les  dépôts.  Je  désire  que  deux  régiments  déjeune  Garde 
puissent  partir  également  le  5  juin  pour  rejoindre  les  deux  régiments 
qui  sont  déjà  à  Compiègne.  Vous  prendrez  dans  les  tirailleurs  et 
voltigeurs  tout  ce  qui  est  disponible  pour  mettre  ces  régiments  au 
complet. 

Je  compte  ainsi  avoir  sous  les  armes  au  moins  8,000  hommes  de 
vieille  Garde  et  4,000  de  jeune  Garde;  total,  12,000  hommes  d'in- 
fanterie. 

Les  lanciers  rouges  formeront  deux  régiments;  chaque  régiment, 
de  quatre  escadrons;  aussitôt  qu'il  sera  possible,  on  en  formera  trois 
régiments,  ce  qui  fera  douze  escadrons. 

Les  chasseurs  auront  la  même  organisation  ;  les  dragons  formeront 
deux  régiments;  les  grenadiers  à  cheval  formeront  également  deux 
régiments.  On  composera  ainsi  deux  divisions  de  cavalerie,  une  de 
cavalerie  légère  et  l'autre  de  grosse  cavalerie. 

Toutes  les  administrations  et  les  équipages  du  train  doivent  partir 
le  même  jour  5.  Faites-moi  connaître  la  situation  des  ambulances, 
des  boulangers,  et  la  destination  définitive  de  l'ariillerie. 

11  y  aura  probablement  une  bataille  bientôt.  Je  n'ai  pas  besoin  de 
vous  faire  sentir  de  quelle  importance  extrême  il  sera  pour  nous 
d'avoir  nos  batteries  de  12.  Concertez-vous  avec  Évain,  et  voyez  à 
prendre  toutes  les  mesures  pour  que  les  quatre  batteries  de  vieille 
Garde  qui  restent  à  partir  puissent  partir,  au  plus  tard,  le  5  juin. 
Voyez  s'il  sera  possible  d'avoir  une  batterie  à  cheval  de  jeune  Garde. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Dëpôt  de  la  guerre. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  ^^  —   1815.         245 
21995.  —  NOTE  POUR  LA  DÉFENSE  DE  PARIS. 

Paris,  30  mai  1815. 

Je  calcule,  pour  les  ouvrages  qui  défendent  Paris,  un  homme  par 
toise,  un  autre  homme  de  réserve  pour  les  points  les  plus  menacés  et 
les  plus  à  la  convenance  de  l'ennemi,  el  un  homme  de  réserve  dans 
la  ville.  Ce  qui  ferait,  l'enceinte  étant  de  12,000  toises,  36,000 
hommes,  dont  12,000  de  service  dans  les  ouvrages,  12,000  en 
réserve  pour  secourir  les  ouvrages,  et  12,000  dans  la  ville. 

Je  pense  que,  sur  la  rive  qui  ne  serait  pas  menacée,  un  demi- 
homme  ou  un  tiers  d'homme  serait  sufGsant  :  on  peut  supposer  que 
quelques  hommes  de  cavalerie  s'étendent  sur  les  deux  rives ,  mais  il 
est  impossible  que  150,000  hommes  viennent  se  placer  partout. 

L'enceinte,  s'il  n'y  avait  aucun  obstacle,  serait  de  24,000  toises; 
mais  Haxo  calculera  de  combien  elle  serait  ici  :  il  faut  dépasser  la 
Marne,  Saint-Denis,  Charenton,  Vincennes,  ce  qui  pourrait  faire 
peut-être  une  circonférence  de  40,000  toises.  11  faudra  donc  sup- 
poser qu'avec  une  armée  de  150,000  hommes  l'ennemi  se  divisera 
en  trois  ou  quatre  corps  pour  bloquer  Paris. 

J'ai  toujours  vu  le  génie,  dans  le  tracé  des  ouvrages  de  campagne, 
faire  ses  plates-formes  de  manière  que  l'ingénieur  désigne  par  là  les 
emplacements  pour  le  canon.  C'est  une  fausse  mesure  d'envisager 
ainsi  l'armement  :  il  faut  que  l'on  puisse  mettre  du  canon  autant  que 
l'ouvrage  peut  en  contenir,  d'après  le  principe  que  l'on  se  bat  à  coups 
de  canon  comme  on  se  bat  à  coups  de  poing.  Je  voudrais  donc  que 
les  ouvrages  de  campagne  eussent  une  batterie  continue,  de  manière 
à  pouvoir  mettre  sur  une  face  douze  à  quinze  pièces  de  canon. 

D'après  la  copie.  Dépôt  de  la  guerre. 


21996.  —  NOTE  POUR  LE  DUC  DE  VICENCE. 

Paris,  . .  mai  1815  '. 

Il  est  possible  que  la  Chambre  fasse  une  motion  pour  le  Roi  de 
Rome  tendant  à  faire  ressortir  l'horreur  que  doit  inspirer  la  conduite 
de  l'Autriche.  Cela  serait  d'un  bon  effet. 

Meneval  doit  faire  un  rapport  daté  du  lendemain  de  son  arrivée.  Il 
tracera,  depuis  Orléans  jusqu'à  l'époque  de  son  départ  de  Vienne,  la 
conduite  tenue  par  l'Autriche  et  les  autres  puissances  à  l'égard  de 
rimpérarice  :  la  violation  du  traité  de  Fontainebleau,  puisqu'on  l'a 
arrachée,  ainsi  que  son  fils,  à  l'Empereur;  il  fera  ressortir  l'indignation 

*  Sans  date  de  jour. 


246        CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  Ie^  —  1815. 

que  montra  à  cel  égard,  à  Vienne,  sa  grand'mère,  la  reine  de  Sicile. 
Il  doit  appuyer  parliculièrement  sur  la  séparation  du  Prince  Impérial 
de  sa  mère,  sur  celle  avec  M"*  de  Montesquiou,  sur  ses  larmes  en  la 
quittant,  sur  les  craintes  de  M""  de  Montesquiou  relatives  à  la  sûreté, 
à  l'existence  du  jeune  prince.  Il  traitera  ce  dernier  point  avec  la 
mesure  convenable. 

Il  parlera  de  la  douleur  qu'a  éprouvée  l'Impératrice  lorsqu'on  l'ar- 
racha à  l'Empereur.  Elle  a  élé  trente  jours  sans  dormir  lors  de 
l'embarquement  de  Sa  Majesté.  Il  appuiera  sur  ce  que  l'impéralrice 
est  réellement  prisonnière ,  puisqu'on  ne  lui  a  pas  permis  d'écrire  à 
l'Empereur,  et  qu'on  lui  a  même  fait  donner  sa  parole  d'honneur  de 
ne  jamais  lui  écrire  un  niot. 

Meneval  encadrera  dans  ce  rapport  tous  les  détails  qu'il  a  donnés 
à  l'Empereur,  et  qui  sont  de  nature  à  y  trouver  place  et  peuvent 
donner  à  ce  rapport  de  la  couleur. 

V 

D'après  la  copie.  Archives  des  affaires  étrangères. 


21997.   —  DISCOURS  DE  L'EMPEREUR 

AUX  DÉPUTÉS   DES  COLLÈGES  ÉLECTORAUX. 

Charap-de-Mars ,  l"juin  1815. 

Messieurs  les  Electeurs  des  Collèges  do  département  et  d'arrondis- 
sement, Messieurs  les  députés  des  armées  de  terre  et  de  mer  au 
Champ  de  Mai , 

Empereur,  consul,  soldat,  je  tiens  tout  du  peuple.  Dans  la  pro- 
spérité, dans  l'adversité,  sur  le  champ  de  bataille,  au  conseil,  sur  le 
trône,  dans  l'exil,  la  France  a  été  l'objet  unique  et  constant  de  mes 
pensées  et  de  mes  actions. 

Comme  ce  roi  d'Athènes,  je  me  suis  sacrifié  pour  mon  peuple, 
dans  l'espoir  de  voir  se  réaliser  la  promesse  donnée  de  conserver  à 
la  France  son  intégrité  naturelle,  ses  honneurs  et  ses  droits. 

L'indignation  de  voir  ces  droits  sacrés ,  acquis  par  vingt-cinq 
années  de  victoires ,  méconnus  et  perdus  à  jamais ,  le  cri  de  l'hon- 
neur français  flétri,  les  vœux  de  la  nation  m'ont  ramené  sur  ce  trône, 
qui  m'est  cher  parce  qu'il  est  le  palladium  de  l'indépendance,  de 
l'honneur  et  des  droits  du  peuple. 

Français,  en  traversant,  au  milieu  de  l'allégresse  publique,  les 
diverses  provinces  de  l'Empire,  pour  arriver  dans  ma  capitale,  j'ai 
dû  couipter  sur  une  longue  paix  :  les  nations  sont  liées  par  les 
traités  conclus  par  leurs  gouvernements,  quels  qu'ils  soient. 

Ma  pensée  se  portait  alors  tout  entière  sur  les  moyens  de  fonder 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  247 

notre  liberté  par  une  constitution  conforme  à  la  volonté  et  à  l'intérêt 
du  peuple.  J'ai  convoqué  le  Champ  de  Mai. 

Je  ne  larderai  pas  à  apprendre  que  les  princes  qui  ont  méconnu 
tous  les  principes,  froissé  l'opinion  et  les  plus  chers  intérêts  de  tant 
de  peuples,  veulent  nous  faire  la  guerre.  Ils  méditent  d'accroître  le 
royaume  des  Pays-Bas  et  de  lui  donner  pour  barrière  toutes  nos 
places  frontières  du  Nord,  et  de  concilier  les  différends  qui  les  divi- 
sent encore  en  se  partageant  la  Lorraine  et  l'Alsace. 

Il  a  fallu  se  préparer  à  la  guerre. 

Cependant,  devant  courir  personnellement  les  hasards  des  com- 
bats, ma  première  sollicitude  a  dû  être  de  constituer  sans  retard  la 
nation. 

Le  peuple  a  accepté  l'Acte  que  je  lui  ai  présenté. 

Français,  lorsque  nous  aurons  repoussé  ces  injustes  agressions,  et 
que  l'Europe  sera  convaincue  de  ce  qu'on  doit  aux  droits  et  à  l'indé- 
pendance de  vingt-huit  millions  de  Français,  une  loi  solennelle,  faite 
dans  les  formes  voulues  par  l'Acte  constitutionnel,  réunira  les  diffé- 
rentes dispositions  de  nos  constitutions,  aujourd'hui  éparses. 

Français,  vous  allez  retourner  dans  vos  départements.  Dites  aux 
citoyens  que  les  circonstances  sont  grandes;  qu'avec  de  l'union,  de 
l'énergie  et  de  la  persévérance,  nous  sortirons  victorieux  de  cette 
lutte  d'un  grand  peuple  contre  ses  oppresseurs;  que  les  générations 
à  venir  scruteront  sévèrement  notre  conduite;  qu'une  nation  atout 
perdu  quand  elle  a  perdu  l'indépendance.  Dites-leur  que  les  rois 
étrangers  que  j'ai  élevés  sur  le  trône,  ou  qui  me  doivent  la  conser- 
vation de  leur  couronne,  qui  tous,  au  temps  de  ma  prospérité,  ont 
brigué  mon  alliance  et  la  protection  du  peuple  français,  dirigent  au- 
jourd'hui tous  leurs  coups  contre  ma  personne.  Si  je  ne  voyais  que 
c'est  à  la  patrie  qu'ils  en  veulent,  je  mettrais  à  leur  merci  cette  exis- 
tence contre  laquelle  ils  se  montrent  si  acharnés.  Mais  dites  aussi 
aux  citoyens  que,  tant  que  les  Français  me  conserveront  les  sentiments 
d'amour  dont  ils  me  donnent  tant  de  preuves,  cette  rage  de  nos 
ennemis  sera  impuissante. 

Français,  ma  volonté  est  celle  du  peuple,  mes  droits  sont  les 
siens;  mon  honneur,  ma  gloire,  mon  bonheur,  ne  peuvent  être 
autres  que  l'honneur,  la  gloire  et  le  bonheur  de  la  France! 

Alors  l'archevêque  de  Bourjjes,  premier  aumônier,  faisant  les  fonctions 
de  grand  aumônier,  s'est  approché  du  trône,  a  présenté  à  genoux  les  saints 
Evangiles  à  l'Empereur,  qui  a  prêté  serment  en  ces  termes  : 

«  Je  jure  d'observer  et  de  faire  observer  les  constitutions  de 
l'Empire,  n 


248         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

Le  prince  arcbichancelier,  s'avançanf  au  pied  du  trône,  a  prononcé,  le 
premier,  le  serment  d'obéissance  aux  constitutions  et  de  fidélité  à  l'Em- 
pereur. 

L'assemblée  a  répé(é  d'une  voix  unanime  :  Nous  le  jurons! 

L'Empereur,  ayant  quitté  le  manteau  impérial,  s'est  levé  de 

son  trône,  s'est  avancé  sur  les  premières  marches;  les  tambours  ont  battu 
un  ban,  et  Sa  Majesté  a  parlé  en  ces  termes  : 

«  Soldais  de  la  Garde  nationale  de  l'Empire,  soldats  des  troupes 
de  terre  et  de  mer,  je  vous  confie  l'aigle  impériale  aux  couleurs  natio- 
nales; vous  jurez  de  la  défendre  au  prix  de  voire  sang  contre  les 
ennemis  de  la  patrie  et  de  ce  trône  !  Vous  jurez  quelle  sera  toujours 
votre  signe  de  ralliement!  Vous  le  jurez!  « 

Les  cris  universellement  prolongés  :  Nous  le  jurons  l  ont  retenti  dans 

l'enceinte 

Les  troupes  ont  marché  par  bataillons  et  par  escadrons  et  ont  environné 
le  trône.  L'Empereur  a  dit  :  ^ 

«  Soldats  de  la  Garde  nationale  de  Paris,  soldats  de  la  Garde 
impériale,  je  vous  confie  l'aigle  impériale  aux  couleurs  nationales. 
Vous  jurez  de  périr,  s'il  le  faut,  pour  la  défendre  contre  les  ennemis 
de  la  patrie  et  du  trône!  {Kous  le  jurons!)  Vous  jurez  de  ne  jamais 
reconnaître  d'autre  signe  de  ralliement!  [Nous  le  jurons!) 

»  Vous,  soldats  de  la  Garde  nationale  de  Paris,  vous  jurez  de  ne 
jamais  souffrir  que  l'étranger  souille  de  nouveau  la  capitale  de  la 
grande  nation.  C'est  à  votre  bravoure  que  je  la  confierai  !  [Nous  le 
jurons  !) 

»  Et  vous,  soldats  de  la  Garde  impériale,  vous  jurez  de  vous  sur- 
passer vous-mêmes  dans  la  campagne  qui  va  s'ouvrir,  et  de  mourir 
tous  plutôt  que  de  souffrir  que  les  étrangers  viennent  dicter  la  loi  à 
la  patrie  !  »   [Nous  le  jurons  !) 

Extrait  du  Moniteur  du  2  juin  1815. 


1 


21998.  —  AU  PRINCE  JOSEPH. 

Paris,  2  juin  1815. 

Mon  Frère,  ayant  résolu  de  réunir  la  chambre  des  Pairs  samedi 
prochain  à  trois  heures,  dans  le  lieu  que  nous  avons  désigné  pour 
ses  séances,  notre  intention  est  que  vous  vous  y  trouviez,  en  qualité 
de  prince  français,  et  que  vous  y  preniez  séance,  pour  contribuer  de 
votre  influence  à  tout  ce  qui  peut  être  utile  au  bien  de  l'Etat  et  à  la 
consolidation  de  notre  autorité  impériale. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  le  cabinet  de  S.  M.  l'Empereur. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  ^^  —  1815.  219 

21999. —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MIXISTBE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  3  juin  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  ordre  que  tous  les  régiments  de  cuirassiers 
envoient  tout  ce  qu'ils  ont  de  disponible  à  l'armée,  quand  même  ils 
n'auraient  pas  de  cuirasses.  Les  cuirasses  ne  sont  pas  indispensables 
pour  faire  la  guerre,  et,  quand  ils  seront  à  l'armée,  ils  recevront  des 
cuirasses  de  Paris. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comra.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmûli]. 


22000.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA   GUERRE,  A   PARIS. 

Paris,  3  juin  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  ordre  au  duc  d'Albufera  d'envoyer  3,000 
gardes  nationaux  du  Dauphiné  à  Marseille.  Ecrivez-lui  de  pousser 
les  fédérés  du  Dauphiné  et  de  Lyon  à  se  fédérer  avec  Marseille,  et 
au  maréchal  Brune  de  pousser  les  patriotes  de  Marseille  à  se  fédérer 
avec  Toulon,  Grenoble,  Lyon,  Tarascon,  Arles  et  le  Var. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""*  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


22001.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DELA    GUERRE,    A  PARIS. 

Paris,  3  juin  1815- 

Mon  Cousin,  je  vois  par  l'état  de  la  marine  qu'il  y  a  déjà  d'ar- 
rivé cent  cinquante  pièces  de  canon  à  Rouen,  et  que  soixante  et  dix 
pièces  sont  parties  le  29  de  Rouen  pour  Paris;  parmi  celles-là,  il  y 
en  a  trente  de  8.  Ceci  me  porterait  à  penser  qu'il  ne  faudrait  avoir 
aucun  caisson  de  8  et  employer  les  pièces  de  8 ,  quoique  sur  affûts 
de  campagne,  comme  pièces  de  siège,  et  avoir  les  boulets  et  les  gar- 
gousses  en  magasin,  comme  cela  se  ferait  pour  des  pièces  de  siège; 
il  faudrait  employer  de  niême  les  pièces  de  4;  de  manière  qu'on 
n'aurait  de  pièces  roulantes  dans  Paris  que  du  6,  du  12  et  des 
obusiers.  Les  autres  calibres  employés  dans  une  position  fixe  auraient 
leurs  munitions  dans  les  magasins,  et,  dès  lors,  il  ne  pourrait  y 
avoir  de  confusion. 

Je  désire  que  des  mesures  soient  prises  pour  que,  le  jour  même  de 
l'arrivée  de  ces  soixante  et  dix  pièces,  elles  soient  portées  aux  bat- 


250         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON   I".  —  1815. 

teries  qui  seront  établies.  On  les  placera  d'abord  sur  affûts  marins 
et  successivement  sur  affûts  de  place  et  de  côte,  aussitôt  qu'on  en  aura. 

Je  désire  que  vous  me  remettiez,  avant  le  6,  l'état  de  l'armement 
de  Paris  sur  les  deux  rives,  en  distinguant  l'artillerie  de  fer,  l'artillerie 
de  campagne,  avec  l'emplacement  et  un  état  de  la  réserve. 

Il  faudrait  aussi  commencer  bientôt  le  tracé  des  ouvrages  sur  la 
rive  gauche. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


22002.  —  AU  MARKCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MIXISTRË    DE    LA    GUERRE,    A    PARIS. 

Paris,  3  juin  1815. 

Mon  Cousin,  le  prince  Jérôme  sera  employé  à  l'armée  comme 
lieutenant  général.  Donnez-lui  ordre  de  partir  de  Paris  pour  aller 
prendre  le  commandement  de  la  6*  division,  sous  les  ordres  du 
général  Ueille.  Il  doit  s'y  rendre  de  suite. 

Donnez  ordre  au  baron  Girard  de  prendre  le  commandement  de  la 
7*  division.  11  est  nécessaire  qu'il  y  soit  rendu  le  7.  Il  remplacera  le 
général  Lamarque,  qui  a  reçu  une  autre  destination. 

Donnez  ordre  au  général  Duhesme  d'aller  prendre  le  comman- 
dement de  la  11"  division,  en  place  du  général  Lemoine,  que  vous 
emploierez  dans  le  commandement  d'une  division  militaire  ou  d'une 
place. 

Donnez  ordre  au  général  Guilleminot  de  se  rendre  au  quartier 
général,  où  il  sera  employé  auprès  du  major  général.  Donnez  ordre 
au  général  Revest  de  se  rendre  au  3*  corps ,  pour  y  remplir  les  fonc- 
tions de  chef  d'état  major. 

Donnez  ordre  aux  généraux  Mouton-Duvernet  et  Berthezène  de  se 
rendre  au  quartier  général  de  l'armée  du  Nord.  Envoyez-y  également 
les  généraux  Gruycr,  qui  commande  dans  la  Haute-Saône;  Baille  de 
Saint-Pol,  qui  commande  dans  la  Lozère;  Veiland,  Jeannet,  Ray- 
mond et  Deschamps.  Envoyez  de  même  au  quartier  général  de 
l'armée  de  la  Moselle  et  à  celui  de  l'armée  du  Rhin,  deux  maréchaux 
de  camp  de  plus  que  n'en  comporte  l'organisation;  qu'ils  s'y  rendent 
le  plus  tôt  possible. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'EcLmûfal. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  251 

22003.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PUINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris.  J<  juin  1815. 

Mon  Cousin,  vous  trouverez  ci-jointe  la  copie  des  ordres  que  je 
donne  pour  la  cavalerie  de  l'armée.  Le  maréchal  Groucliy  la  com- 
mandera en  chef.  Donnez-lui  un  chef  d'élat-major  et  un  général  d'ar- 
tillerie. Tous  les  généraux  à  la  suite  seront  à  sa  disposition.  Dounez 
ordre  au  maréchal  Grouchy  d'être  le  5  à  Laon,  d'y  passer  la  revue  de 
ses  régiments,  de  pourvoir  à  leur  organisation  et  de  faire  distribuer 
des  cartouches,  afln  que,  le  10,  on  puisse  entrer  en  campagne. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™»  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


22004.  —  AU  MARECHAL  SOULT,  DUC  DE  DALMATIE, 

MAJOR  GÉNÉRAL,  A  PARIS. 

Paris,  3  juin  1815. 

Mon  Cousin,  la  cavalerie  de  l'armée  sera  commandée  conformé- 
ment à  l'état  ci-joint.  Expédiez  en  conséquence  tous  les  ordres.  In- 
dépendamment de  ce,  vous  mettrez  à  la  suite  des  différents  corps 
d'armée  les  généraux  Curely,  Girardin,  Gautherin,  Lion  et  d'Aigre- 
mont;  ils  seront  sous  les  ordres  des  généraux  commandant  les  corps 
de  cavalerie;  et  le  maréchal  Grouchy,  commandant  en  chef  de  la 
cavalerie,  les  emploiera  selon  les  circonstances. 

Les  généraux  Bron,  Bessières,  d'Haugéranville,  Montbrun,  Dela- 
poinle,  IVolff,  Letellier,  seront  à  la  disposition  du  ministre  de  la 
guerre  pour  commander  des  dépôts  et  faire  des  inspections,  ainsi  que 
les  généraux  Fresia,  Pully,  Lahoussaye  et  Lagrange. 

Il  est  nécessaire  qu'il  soit  attaché  un  commissaire  des  guerres  et 
un  olGcier  supérieur  d'artillerie  à  chacun  des  corps  de  cavalerie,  et 
qu'indépendamment  de  ce  il  y  ait  un  général  d'artillerie  attaché  au 
maréchal  Grouchy  pour  commander  l'artillerie  de  la  cavalerie. 

Donnez  ordre  au  maréchal  Grouchy  de  partir  au  plus  tard  le  5, 
pour  se  rendre  à  Laon ,  y  organiser  et  passer  la  revue  de  tous  ses  ré- 
giments, les  mettre  en  état  d'entrer  en  campagne,  écrire  aux  dépôts 
pour  qu'ils  se  hâtent  d'accroître  les  escadrons  de  guerre,  s'assurer 
que  tous  les  hommes  sont  armés  et  leur  faire  distribuer  des  car- 
touches. 

Napoléon. 

D'après  l'original  conun.  par  M""»  la  marëchale  priacesse  d'Eckmiihl. 


252         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 
22005. —  AU  MARÉCHAL  SOULT,  DUC  DE  DALMATIE , 

MAJOIl   GÉNÉRAL,   A  PARIS. 

Paris.  3  juin  1815. 

Remettez-moi  un  projet  de  mouvement  pour  le  corps  du  général 
Gérard  ou  de  la  Moselle,  en  le  masquant  le  plus  possible  à  l'ennemi, 
pour  que  ce  corps  se  porte  sur  Philippeville.  11  faudrait  qu'il  y  fut 
rendu  le  12,  en  marchant  le  plus  vite  possible.  Vous  me  ferez  con- 
naître qui  commandera  alors  à  Metz  et  à  Nancy.  Vous  donnerez  sur- 
le-champ  l'ordre  d'interrompre  les  communications,  et  l'on  renforcera 
tous  les  postes,  Thionville,  Longwy,  Metz,  etc. 

Faites-moi  connaîlre  la  situation  de  la  garde  nationale  de  Nancy, 
et  si  cette  division  est  dans  le  cas  de  marcher  pour  couvrir  Metz  et 
remplacer  la  division  de  la  Moselle.  L'ennemi  nous  menaçant  sérieu- 
sement du  côté  de  Metz,  cette  division  s'appuierait  sur  les  Vosges, 
qui  appuieraient  la  gauche  du  général  Rapp. 

Ma  Garde  sera  toute  rendue  à  Soissons  le  10,  et  peut-être  le  13  à 
Avesnes;  il  faut  donc  que  le  6*  corps  parte  le  9  pqur  se  porter  sur 
Avesnes.  Remettez-moi  un  croquis  où  la  marche  des  colonnes  soit 
tracée,  et  qui  marque  les  jours  où  le  P"",  le  2*,  le  3",  le  6®  corps  et 
celui  de  la  Moselle  se  mettront  en  mouvement,  et  les  positions  que, 
le  13,  ces  corps,  ainsi  que  la  Garde  et  la  réserve  de  cavalerie,  de- 
vront occuper,  et  la  force  que  j'aurai  alors  en  infanlerie,  cavalerie 
et  artillerie. 

Remettez-moi  un  état  général  de  la  situation  des  corps  d'armée  du 
Nord,  de  la  Moselle,  du  Rhin  et  du  Jura,  ainsi  que  l'organisation 
de  toutes  les  divisions  de  réserve  de  la  garde  nationale,  et  la  compo- 
sition de  toutes  les  garnisons. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


22006.  —  AU  GENERAL  COMTE  DROUOT, 

AIDE-MAJOR    DE   LA  GARDE    IMPÉRIALE,   A   PARIS. 

Paris,  3  juin  1813. 

Vous  ferez  partir  demain  4,  et  au  plus  tard,  pour  tout  délai, 
après-demain  5  au  matin,  les  quatre  batteries  de  la  vieille  Garde, 
les  batteries  de  la  jeune  Garde,  tout  ce  qui  reste  des  équipages  mili- 
taires, les  administrations  de  la  Garde,  la  compagnie  des  sapeurs, 
la  compagnie  des  marins,  les  quatre  compagnies  d'ouvriers  de  la 
marine,  la  compagnie  des  boulangers  et  les  autres  ouvriers  de  la 
Garde,  lesquels  se  rendront  à  Soissons  par  Dammartin. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON   I".  —  1815.  253 

Vous  donnerez  ordre  à  tout  ce  qu'il  y  a  de  la  Garde  à  Compiègne, 
jeune  Garde,  artillerie,  cavalerie,  de  se  rendre  également  à  Soissons. 

Vous  ferez  partir  aussi,  lundi  5,  pour  se  rendre  à  Soissons  :  le 
1"  régiment  de  lanciers,  fort  de  quatre  escadrons  et  faisant  au  moins 
400  chevaux;  le  1"  et  le  2"  régiment  de  chasseurs,  chacun  fort  de 
400  chevaux,  ce  qui  fera  le  fond  de  la  1"  division;  le  1"  régiment 
de  dragons  et  le  1"  régiment  de  grenadiers  à  cheval,  chacun  de 
quatre  escadrons;  total  de  celte  première  colonne,  cinq  régiments 
ou  2,000  chevaux. 

Vous  ferez  partir  aussi  60  gendarmes,  de  manière  à  compléter, 
avec  les  40  qui  sont  à  l'armée,  le  nombre  de  100. 

Vous  ferez  partir,  mardi  6 ,  le  2'  régiment  de  lanciers  rouges ,  le 
3*  de  chasseurs,  le  2°  de  dragons  et  le  2*  de  grenadiers,  ce  qui  fera 
1,600  chevaux  qui  se  rendront  également  à  Soissons.  Ces  colonnes 
iront  à  Soissons  en  trois  jours,  de  manière  à  y  être  le  8  ou  le  9. 

Vous  donnerez  ordre  égalenient  que  les  trois  régiments  de  lanciers 
et  les  1"  et  2°  de  chasseurs,  chacun  fort  de  400  hommes,  partent  le 
plus  tôt  possible;  et  vous  vous  assurerez  que  des  mesures  sont  prises 
pour  que  cela  ne  puisse  pas  tarder. 

Tous  ces  détachements  de  la  Garde  prendront  la  route  de  Dam- 
marlin. 

Vous  ferez  partir,  également  lundi,  les  3'  et  4"  de  chasseurs  à  pied  ; 
mardi ,  les  3«  et  4*  de  grenadiers  à  pied  ;  mercredi ,  les  deux  4"  ré- 
giments de  grenadiers  et  chasseurs  avec  les  deux  3"'  régiments  de 
voltigeurs  et  tirailleurs,  et  vous  prendrez  mes  ordres  mercredi  pour 
le  départ,  jeudi,  des  deux  1"'  régiments  de  grenadiers  et  de  chas- 
seurs, de  sorte  que,  le  10,  toute  la  Garde,  artillerie,  infanterie, 
cavalerie,  équipages  militaires,  génie  et  administrations ,  se  trouve 
réunie  à  Soissons. 

Vous  donnerez  des  ordres  pour  que,  le  10,  toute  la  Garde  ait 
quatre  jours  de  pain  biscuilé,  et  que  ses  caissons  ordinaires  et  auxi- 
liaires soient  chargés  de  pain  ;  enfin  qu'à  celte  époque  elle  présente 
un  corps  formé  de  trois  divisions  d'infanterie,  de  deux  divisions  de 
cavalerie  et  d'une  réserve  d'artillerie.  Toutes  les  ambulances,  toute 
l'artillerie  et  les  différents  détachements  seront  à  leurs  postes. 

Vous  demanderez  à  l'artillerie  une  compagnie  de  pontonniers  pour 
l'attacher  aux  marins  et  aux  sapeurs  de  la  Garde.  Ayez  un  bon  officier 
de  pontonniers. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


254         CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I«^  —  i815. 
22007.  —  AU  VIGE-AVIIRAL  DUC  DEGRÉS, 

MINISTRE    DE    LA  MARINE,   A   PARIS. 

Paris.  3  juin  1815. 

Il  est  nécessaire  que  vous  fassiez  un  rapport  sur  toutes  les  insultes 
que  les  Anglais  ont  faites  du  côté  de  la  mer  depuis  mon  débarque- 
ment, il  faut  que  vous  fassiez  un  très-grand  détail  de  toute  l'affaire 
de  la  Melpomène  ' . 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 

22008.  — AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris.  3  juin  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  je  vous  envoie  un  rapport  que  le  duc 
de  Padoue  m'adresse  directement.  Vous  devez  lui  mander  que  je  ne 
puis  comprendre  comment  les  dépenses  de  la  Corse  doivent  monter  à 
400,000  francs  par  mois,  aujourd'hui  qu'il  n'y  a  plus  de  troupes  de 
ligne  en  Corse  et  que  les  dépenses  de  la  guerre  se  réduisent  à  la  gen- 
darmerie el  aux  bataillons  du  pays  qu'il  lèvera,  mais  qui  ne  sont  pas 
encore  levés;  qu'il  faut  faire  un  budget  et  avoir  pour  règle  de  diminuer 
la  dépense  en  renvoyant  sur  le  continent  tous  les  ofliciers  d'étal-major 
et  autres  qui  seraient  inutiles;  qu'il  doit  aussi  réduire  la  gendarmerie 
à  ce  qu'elle  a  toujours  été,  en  renvoyant  en  France  la  plus  grande 
partie  de  ce.  qui  s'y  trouve  de  natifs  du  continent;  que  je  crois  qu'on 
en  a  envoyé  beaucoup  de  France  dont  on  se  méfiait  alors;  que  je  dési- 
rerais qu'il  en  formât  des  compagnies  de  100  hommes  qu'on  dirigerait 
sur  Marseille,  où  ces  mêmes  hommes  seront  utiles;  qu'il  peut  ainsi 
diminuer  de  beaucoup  ses  dépenses;  qu'il  doit  bien  penser  que,  dans 
la  situation  actuelle  des  affaires  de  l'Empire,  le  service  de  la  Corse  de- 
vra se  suffire  à  lui-même  ;  qu'il  doit  régler  les  dépenses  sur  ce  principe. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Archives  de  l'Empire. 


22009.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 
ministre  de  la  guerre,  a  paris. 

Paris,  5  juin  1815. 

Mon  Cousin,  je  pense  qu'il  faut  envoyer  le  général  Dulauloy  à 

iLa  frégate  la  Meipomènfi ,  envoyée  en  Italie  pour  y  prendre  Madame  Mère, 
avait  été  attaquée,  le  29  avril  1815,  par  les  Anglais,  sans  qu'il  y  eût  eu  décla- 
ration de  guerre.  La  mission  confiée  à  cette  frégate  fut  remplie  par  la  Dryade. 
(Voir  le  Moniteur  du  17  juin  1815.) 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.         255 

Lyon,  comme  gouverneur  et  pour  avoir  la  haute  main  et  présider  à 
tous  les  préparatifs  de  défense. 

Donnez-lui  les  instructions  suivantes  : 

1°  Activer  les  travaux  des  forlilications  et  leur  armement,  de  ma- 
nière à  avoir  cent  pièces  de  canon  en  batterie  et  une  cinquantaine  de 
pièces  en  réserve; 

2°  Armer  et  organiser  la  garde  nationale,  de  manière  à  avoir 
10,000  hommes  avec  les  faubourgs;  la  composer  d'hommes  sûrs;  y 
nommer  des  lieulenants  généraux,  des  maréchaux  de  camp,  et  assez 
d'ofliciers  ayant  fait  la  guerre  et  capables  de  bien  commander; 

3°  Avoir  un  dépôt  de  munilions  suffisant  pour  un  long  siège; 

4°  Diriger  les  fortifications  de  manière  à  fortifier  d'abord  la  tête  de 
pont  des  Brotleaux,  les  barrières  et  pont-levis  de  la  Guillotière,  le 
pont  de  Perrache,  les  hauteurs  entre  Saône  et  Rhône  et  les  hauteurs 
de  la  rive  droite  de  la  Saône;  prolonger  ensuite  la  défense  en  cou- 
vrant la  Guillotière  par  des  ouvrages  avancés,  de  manière  que,  si  on 
était  forcé  d'abandonner  le  faubourg,  on  fiit  couvert  par  le  Rhône. 

Napoléon. 

D'après  l'original  coium.  par  M°"  la  maréchale  princesse  d'Eckmùhl. 


22010. —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA   GUERRE,    A   PARIS. 

Paris,  5  juin  1815. 

Mon  Cousin,  indépendamment  de  3,200  cannonniers  qui  se 
trouvent  à  Paris,  conformément  à  votre  leltre  du  4  juin,  il  faudrait 
tirer  3  ou  400  hommes  des  différents  lycées  de  Paris,  en  choisissant 
les  jeunes  gens  d'un  âge  supérieur  à  dix-sept  ans. 

Je  ne  pense  pas  qu'il  faille  faire  des  compagnies  de  canonniers  de 
fédérés,  ni  de  gardes  nationales. 

Il  faudrait  écrire  au  minisire  de  l'intérieur  pour  voir  si  l'on  ne 
pourrait  pas  faire  six  compagnies  de  canonniers  de  100  hommes 
chacune,  composées  de  jeunes  gens  de  l'Ecole  de  médecine;  ce  qui 
ferait  600  hommes  de  l'Ecole  de  médecine,  400  hommes  des  lycées, 
total  1,000  hommes,  et  porterait  l'artillerie  à  4,200  hommes,  ce 
qui  est  suffisant.  Les  écoles  pourraient  donner  aussi  quelques  canon- 
niers à  Lyon. 

Le  calcul  que  vous  faites  de  5  hommes  par  batterie  est  trop  fort. 
On  fera  à  Paris  comme  dans  toutes  les  places ,  où  on  détache  une 
partie  de  l'infanterie  pour  aider  aux  pièces. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™"  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


256  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 

22011.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  5  juin  1815. 

Mon  Cousin ,  j'ai  pris  un  décret  pour  fixer  les  aides  de  camp  du 
prince  Jérôme.  Vous  verrez  que  mon  intention  est  qu'il  ne  garde  avec 
lui  aucun  des  officiers  ivestphaliens  qui  l'ont  accompagné.  11  n'aura 
qu'un  Allemand,  qui  fera  auprès  de  lui  les  fonctions  d'écuyer.  Aus- 
sitôt que  vous  aurez  les  états  de  service  de  ces  officiers,  vous  pourrez 
les  employer  dans  leurs  grades. 

Napoléon. 

D'après  l'original  conira.  par  M""  la  maréchale  princesse  (l'Eckmiihl. 


22012. —AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,   A  PARIS. 

Paris,  6  juin  1815.  v 

Mon  Cousin,  il  est  arrivé  ou  il  arrivera  300  officiers  du  royaume 
d'Italie.  Il  faut  avant  tout  leur  donner  du  pain  et  les  traiter  comme 
étant  en  activité.  Vous  pourrez  en  mettre  à  la  disposition  du  maré- 
chal Brune,  dans  le  Midi,  et  du  général  Dulauloy,  à  Lyon;  vous 
pourrez  aussi  en  faire  venir  à  Paris.  Ce  sont  tous  hommes  sûrs  et 
condamnés  à  mort  par  l'Autriche. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"'^  la  maréchale  princesse  d'Eckmiibl. 


22013.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  6  juin  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  des  ordres  sur-le-champ,  par  le  télégraphe  et 
par  estafette,  au  bataillon  des  Volontaires  lyonnais  qui  était  destiné 
pour  la  jeune  Garde ,  et  qui  demande  à  grands  cris  qu'on  lui  tienne 
cette  promesse,  de  se  rendre  sur-le-champ  à  Paris;  il  brûlera  toutes 
les  étapes.  Autorisez  le  commandant  à  admettre  les  jeunes  gens  qui 
voudront  y  entrer.  Ce  balaillon  a  250  hommes  qui  ont  été  dans  le 
Puy-de-Dôme;  ils  doivent  rejoindre  sur-le-champ  leur  bataillon  et  le 
suivre  à  Paris. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comra.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I''^  —  1815.         257 
22014.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE   LA  GUERRE,   A    PARIS. 

Paris,  6  juin  1815. 

Mon  Cousin ,  donnez  des  ordres  et  prenez  des  mesures  pour  qu'au 
12  juin  il  y  ait  à  Paris,  en  position  aux  différents  ouvrages  et  aux 
différentes  barrières,  au  moins  deux  cents  pièces  de  canon.  Faites- 
moi  connaître  quand  le  premier  convoi  des  pièces  de  la  marine 
arrivera. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"'  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


22015.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  6  juin  1815. 

Mon  Cousin,  j'apprends  qu'il  y  a  à  Lyon  5,000  fusils  à  réparer  : 
faites-les  remettre  à  la  garde  nationale  de  Lyon.  Ordonnez  qu'on  éta- 
blisse auprès  de  celte  garde  un  atelier  de  réparation;  on  prendra  les 
frais  sur  le  produit  de  la  vente  de  ces  fusils. 

Il  n'y  avait  le  1*'  juin  à  Lyon  que  cinquante  bouches  à  feu  sur 
affûts  :  ordonnez  qu'on  mette  en  construction  dans  cette  ville  des  af- 
fûts de  cote  et  de  place. 

11  n'y  avait  que  10,000  kilogrammes  de  poudre  et  300,000  car- 
touches :  faites  augmenter  cet  approvisionnement. 

J'ai  déjà  autorisé  qu'on  travaillât  à  fortifier  le  faubourg  de  la  Guil- 
lotière;  bien  entendu  que  la  chute  de  ce  faubourg  n'influera  en  rien 
sur  la  défense  de  la  place.  Faites  faire  à  Lyon  de  nouveaux  fonds 
pour  les  travaux  des  fortifications,  afin  qu'on  ne  manque  pas  d'argent. 

Napoléon. 

D'après  ^'original  comm.  par  M°>°  la  maréchale  princesse  d'Ëckmûhi. 


22016.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,   A  PARIS. 

Paris,  6  juin  1815. 

Mon  Cousin ,  il  est  important  que  le  général  Gazan  parte  demain 

pour  son  commandement  de  la  Somme;  qu'il  visite  toutes  ses  places, 

reconnaisse  tous  les  ponts,  et  mette  tout  en  bon  état  de  défense,  afin 

qu'Abbeville,  Amiens,  Péronne,  Ham  et  Saint-Quentin  se  trouvent  à 

xxvnr.  17 


258         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

l'abri,  et  que  tous  les  passages  soient  gardés  et  à  l'abri  de  la  cavalerie 
légère. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiibl. 


22017. —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris,  6  juin  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  ordre  au  duc  d'Albufera  qu'au  10  juin  il  ait 
commencé  la  formation  de  son  camp  entre  Genève  et  Lyon,  pour 
couvrir  cette  grande  ville  du  côté  de  la  Suisse;  ce  qui  a  pour  but 
aussi  de  menacer  la  Suisse.  Ce  camp  appuiera  la  droite  du  corps  du 
Jura.  11  sera  composé  des  bataillons  d'élite  de  la  19'  division.  Le 
maréchal  duc  d'Albufera  n'a  pas  encore  fait  connaître  la  position  qu'il 
a  choisie. 

11  faut  qu'on  fasse  sortir  les  bataillons  de  Lyon  et  qu'on  les  dirige 
sur  la  position  ;  qu'au  20  juin  la  batterie  d'artillerie  s'y  trouve.  Faites- 
moi  connaître  le  lieutenant  général  qui  doit  commander  cette  divi- 
sion; qu'il  y  soit  Fendu  le  10  avec  les  maréchaux  de  camp;  qu'il  ait 
une  avant-garde  tout  à  fait  sur  la  frontière  de  la  Suisse,  et  que  la 
présence  de  ce  camp  fasse  déjà  diversion  pour  la  défense  de  toute  la 
frontière  du  Jura. 

Il  est  également  nécessaire  que,  du  10  au  15,  le  duc  d'Albufera 
ait  ses  troupes  réunies  en  avant  de  Chambéry,  fasse  retrancher  la 
position  de  Montmélian,  que  je  crois  la  plus  avantageuse,  et  qu'il 
fasse  connaîlre  la  position  des  deux  divisions  de  gardes  nationales  du 
Dauphiné  et  de  ses  deux  divisions  de  ligne.  En  occupant  une  position 
couverte  de  retranchements  et  bien  appuyée  sur  ses  flancs,  dans  la- 
quelle il  pourrait  appeler  la  division  de  Lyon,  dans  le  cas  où  il  n'y 
aurait  rien  à  craindre  de  la  Suisse,  il  doit  pouvoir  braver  l'effort  des 
Autrichiens,  dont  l'infanterie  est  si  médiocre.  Une  colonne  (Je  gardes 
nationaux  et  de  troupes  des  garnisons  pourrait  de  Briançon,  par  les 
montagnes,  inquiéter  toutes  les  vallées  jusqu'au  mont  Cenis. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M'"'  h.  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


.22018. —  AU  MARECHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

ministre  de  la  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  6  juin  1815. 

Mon  Cousin,  donnez  ordre  qu'au  10  juin  les  travaux  sur  la  rive 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«^  —  1815.         259 

droite  de  la  Saône  et  sur  les  hauteurs  de  Lyon  soient  tracés,  et  que 
le  25  juin  il  y  ait  déjà  des  pièces  en  batterie  sur  les  hauteurs. 
Ordonnez  que  toute  l'artillerie  de  Lyon  soit  en  batterie,  du  15  au 
20  juin,  et  que  les  batteries  soient  approvisionnées. 

Napolkom. 

D'après  l'original  comm.  par  M™«  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl, 


22019. —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  6  juin  1815. 

Mon  Cousin,  prenez  des  mesures  pour  qu'au  15  juin  il  y  ait  des 
canons  à  tous  les  ponts  de  la  Saône,  et  qu'on  ait  retranché  et  mis  en 
état  et  à  l'abri  de  la  cavalerie  ennemie  les  ponts  de  la  Saône. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"«  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


22020.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOLT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  6  juin  1813. 

Mon  Cousin,  donnez  les  ordres  les  plus  précis  pour  qu'au  10  juin 
il  y  ait  à  Château-Thierry,  à  Langres,  h  Vitry,  à  Laon,  à  Soissons, 
sur  les  remparts,  au  moins  la  moitié  de  l'artillerie  qui  est  destinée  à 
l'armement  de  ces  places,  et  que  les  batteries  soient  approvisionnées. 
Assurez-vous  que  des  mesures  soient  prises  pour  que,  au  plus  tard 
le  20  juin,  toute  l'artillerie  destinée  à  ces  places  soit  en  batterie. 

On  n'a  pas  encore  commencé  la  défense  de  Meaux,  de  Nogent-sur- 
Seine,  d'Arcis-sur-Aube,  de  Montereau  et  de  Sens.  Faites-moi  con- 
naître où  en  sont  les  projets. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"*  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


22021.— AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,  A  PARIS. 

Paris  ,  6  juin  1815. 

Mon  Cousin,  j'approuve  que  le  maréchal  de  camp  Henry,  ancien 
colonel  du  24*  de  ligne,  se  rende  en  toute  diligence  à  Lille,  pour 
commander  la  garde  nationale  de  cette  place.  Mais  je  voudrais  pour 
lieutenant  générai  un  homme  actif,  entreprenant  et  connu  pour  la 

17. 


260         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  P^.  —  181^ 

sûreté  de  ses  principes,  cette  ville  étant  le  but  de  toutes  les  intrigues 
de  l'ennemi. 

Napoléon, 

D'après  l'original  comm.  par  M"'"  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


22022.  —  AU  GENERAL  COMTE  DROUOT, 

AIDE-MAJOR  DE  LA  GARDE  IMPÉRIALE,   A  PARIS. 

Paris,  6  juin  1815. 

Monsieur  le  Général  Drouot,  la  Garde  a  fait  partir  hier  matin  cin- 
quante bouches  à  feu,  c'est-à-dire  six  batteries.  Ces  six  batteries 
avaient  400  chevaux  de  réquisition.  Elles  arriveront  demain  7  à  Sois- 
sons.  Faites-moi  connaître  si,  dans  la  journée  du  9,  les  400  chevaux 
du  train  qui  vont  relever  les  chevaux  de  réquisition  seront  arrivés. 
S'ils  ne  sont  pas  arrivés  k  cette  époque,  il  faut  que  les  400  chevaux 
de  réquisition  soient  donnés  aux  équipages  militaires  de  la  Garde,  qt 
que  les  chevaux  des  équipages  de  la  Garde  soient  donnés  à  l'artil- 
lerie, de  sorte  que  toute  mon  artillerie  soit  parfaitement  attelée, 
sauf  à  relever  les  chevaux  de  réquisition  par  les  chevaux  du  train 
quand  ils  arriveront. 

V^ous  avez  sans  doute  donné  des  ordres  à  Compiègne  pour  que  tout 
en  parte  pour  Soissons.  Ainsi  loule  l'artillerie  va  se  trouver  demain  7 
à  Soissons;  mon  intention  est  de  l'y  laisser  jusqu'au  9,  pour  s'y  réor- 
ganiser. Elle  partira  le  9  au  soir,  ou  le  10  nu  matin,  pour  se  rendre 
à  grandes  marches  sur  l'armée.  Faites-moi  connaître  quelle  sera  sa 
situation  au  9,  et  quand  elle  aura  rejoint. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Dépôt  de  la  guerre. 


22023.  —  DISCOURS  DE  L'EMPEREUR 

A  LA  SÉA^'CE  D'OUVERÏL'HE  DES  CHAMBRES. 

Palais  des  Rcpréscntanis,  7  juin  1815. 

Messieurs  de  la  chambre  des  Pairs  et  Messieurs  de  la  chambre  des 
Représentants,  depuis  trois  mois,  les  circonstances  et  la  confiance 
du  peuple  m'ont  revêtu  d'un  pouvoir  illimité.  Aujourd'hui  s'accomplit 
le  désir  le  plus  pressant  de  mon  cœur  :  je  viens  commencer  la  mo- 
naichie  constitutionnelle. 

Les  hommes  sont  impuissants  pour  assurer  l'avenir;  les  institutions 
seules  fixent  les  destinées  des  nations.  La  monarchie  est  nécessaire 
en  France  pour  garantir  la  liberté,  l'indépendance  et  les  droits  du 
peuple. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  261 

Nos  constitutions  sont  éparses  :  une  de  nos  plus  importantes  oc- 
cupations sera  de  les  réunir  dans  un  seul  cadre  et  de  les  coordonner 
dans  une  seule  pensée.  Ce  travail  reconamandera  l'époque  actuelle 
aux  générations  futures. 

J'ambitionne  de  voir  la  France  jouir  de  toute  la  liberté  possible; 
je  dis  possible ,  parce  que  l'anarchie  ramène  toujours  au  gouverne- 
ment absolu. 

Une  coalition  formidable  de  rois  en  veut  à  notre  indépendance; 
ses  armées  arrivent  sur  nos  frontières. 

La  frégate  la  Melpomène  a  été  attaquée  et  prise  dans  la  Méditerranée, 
après  un  combat  sanglant  contre  un  vaisseau  anglais  de  74.  Le  sang 
a  coulé  pendant  la  paix! 

Nos  ennemis  comptent  sur  nos  divisions  intestines.  Us  excitent  et 
fomenlent  la  guerre  civile.  Des  rassemblements  ont  lieu.  On  com- 
munique avec  Gand,  comme  en  1792  avec  Coblenz.  Des  mesures 
législatives  sont  indispensables  :  c'est  à  votre  patriotisme,  à  vos  lu- 
mières et  à  votre  attachement  à  ma  personne,  que  je  me  confie  sans 
réserve. 

La  liberté  de  la  presse  est  inhérente  à  la  Constitution  actuelle;  on 
n'y  peut  rien  changer  sans  altérer  tout  notre  .système  politique;  mais 
il  faut  des  lois  répressives,  surtout  dans  l'état  actuel  de  la  nation.  Je 
recommande  à  vos  méditations  cet  objet  important. 

Mes  ministres  vous  feront  successivement  connaître  la  situation  de 
nos  affaires. 

Les  finances  seraient  dans  un  état  satisfaisant  sans  le  surcroît  de 
dépenses  que  les  circonstances  actuelles  ont  exigé. 

Cependant  on  pourrait  faire  face  à  tout,  si  les  recettes  comprises 
dans  le  budget  étaient  toutes  réalisables  dans  l'année;  et  c'est  sur  les 
moyens  d'arriver  à  ce  résultat  que  mon  ministre  des  finances  fixera 
votre  attention. 

Il  est  possible  que  le  premier  devoir  du  prince  m'appelle  bientôt  à  la 
tète  des  enfants  de  la  nation  pour  combattre  pour  la  patrie.  L'armée 
et  moi  nous  ferons  notre  devoir. 

Vous,  Pairs  et  Représentants,  donnez  à  la  nation  l'exemple  de  la 
confiance,  de  l'énergie  et  du  patriotisme,  et,  comme  le  sénat  du 
grand  peuple  de  l'antiquité,  soyez  décidés  à  mourir  plutôt  que  de 
survivre  au  déshonneur  et  à  la  dégradation  de  la  France.  La  cause 
sainte  de  la  patrie  triomphera  ! 

Extrait  du  Moniteur  du  8  juin  1815. 


262         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  1"^.  _  1815. 
22024.  —AU  xMARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMIJHL, 

MINISTRE   DE  LA   GUERRE,    A   PARIS. 

Paris,  "7  juin  1815. 

Mon  Cousin ,  rannement  de  Paris  ne  me  paraît  pas  bien  détaillé  ; 
la  ligne  de  défense  ne  doit  pas  s'appuyer  à  Clichy,  mais  à  Saint-Denis. 
La  ligne  de  Saint-Denis  a  l'avantage  d'être  appuyée  par  la  ville  de 
Saint-Denis,  qui,  étant  susceptible  d'inondation,  est  un  poste  de  la 
plus  grande  force.  Ce  poste,  qui  appuie  la  gauche,  se  lie  aux  hauteurs 
de  Paris  par  un  long  canal  plein  d'eau ,  ayant  derrière  un  rempart  et 
en  avant  des  flèches.  Rien  ne  peut  avoir  ce  degré  de  force  entre  Clichy 
et  Montmartre  :  Clichy  ne  peut  pas  être  inondé;  le  canal,  qui  existe 
sur  Saint-Denis,  ne  peut  pas  exister  là,  et  enfin  la  ligne  de  Saint- 
Denis  met  en  seconde  ligne  tout  Montmartre,  les  quatre  moulins,  etc. 
Je  vous  renvoie  donc  cet  état,  pour  que  le  général  d'artillerie  rectifie 
son  armement  en  conséquence,  numérote  toutçs  les  flèches  en  avant 
du  canal  et  les  arme  toutes. 

Avant  de  travailler  à  la  seconde  ligne  entre  Clichy  et  Montmartre, 
il  faut  que  la  rive  gauche  soit  fortifiée. 

Jamais  armée  ne  s'engagera  entre  Montmartre  et  Saint-Denis, 
quand  même  le  canal  el  les  redoutes  qui  doivent  le  couvrir  n'existe- 
raient pas.  Une  deuxième  ligne  sur  Clichy  sera  cependant  nécessaire, 
mais  elle  est  d'un  ordre  inférieur,  et,  avant,  il  faut  travailler  à  la 
rive  gauche. 

Il  faut ,  dans  ces  changements ,  placer  à  chaque  barrière  de  Paris 
deux  pièces  de  canon.  Ces  pièces  flanqueront  les  promenades  autour 
des  murailles,  battront  les  principales  avenues  de  Paris,  et  d'ailleurs 
seront  là  à  portée  pour  aller  en  avant  sur  les  positions  qui  appuient 
les  ouvrages  avancés. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"»  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


1 


22025.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE   DE  LA  GUERRE,   A    PARIS. 

Paris,  7  juin  1815. 

Mon  Cousin ,  je  suppose  que  le  prince  Jérôme  et  les  généraux  Gi- 
rard et  Berthezène  sont  partis  pour  l'armée  du  Nord  ;  assurez-vous-en. 
Je  suppose  que  le  général  Pajol ,  le  comte  de  Valmy  et  le  maréchal 
Grouchy  sont  partis  pour  commander  la  cavalerie  ;  s'ils  ne  le  sont 
pas,  il  est  indispensable  qu'ils  partent  demain,  dans  la  journée. 

Donnez  ordre  au  maréchal  Mortier  d'être  rendu  à  Soissons  le  9  à 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815.         263 

midi,  où  il  prendra  le  commandement  général  de  toute  la  cavalerie 
de  la  Garde.  Mon  intention  est  de  lui  confier  plus  spécialement  le 
commandement  des  trois  divisions  de  la  jeune  Garde,  aussitôt  qu'elles 
seront  formées. 

Donnez  ordre  au  général  Duliesme  de  se  rendre  à  Soissons;  il 
prendra  le  commandement  de  la  1'*  division  de  la  jeune  Garde.  Le 
général  Barrois  sera  sous  ses  ordres;  il  aura  le  commandement  de  la 
2*  division  lorsqu'elle  sera  formée;  mais,  en  attendant,  il  suivra  la 
l"  division. 

Ordonnez  au  général  Bonet  de  partir  demain  pour  Metz;  il  prendra 
le  commandement  des  3'  et  4*  divisions  militaires,  et  il  manœuvrera, 
avec  toutes  les  troupes  qu'il  pourra  réunir  et  l^is  gardes  nationales  de 
Nancy,  pour  appuyer  le  général  Rapp.  Cette  mission  est  délicate  et 
de  la  plus  haute  importance. 

Je  suppose  que  le  général  Gazan  est  parti  pour  se  rendre  sur  la 
Somme. 

Tenez  la  main  à  ce  que  le  général  Dulauloy  parte  demain  pour 
Lyon. 

Mapolbon. 

B'après  l'original  comm.  par  M"»  la  mapéchale  princesse  d'Bckraûhl. 


22Q26.  — AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRL\CE  D'ECKMUHL., 

\UK1STRE   DE  LA  GUERRE.,   A   PARIS.. 

Raris,  7  juim  1)815. 

Mon  Cousin,  donnez  ordre  que,  à  dater  de  demain  8,  on  travaille 
aux  quatre  points  principaux  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine,  car  il 
est  indispensable  de  se  mettre  un  peu  en  équilibre.  Faites-moi  con- 
naître quand  ces  ouvrages  seront  tracés,  parce  qu'alors  je  les  par- 
courrai à  cheval. 

Réitérez  les  ordres  pour  que,  tous  les  jours,  on  mette  des  pièces 
en  batterie  à  Paris,  afin  qu'il  n'y  ait  pas  de  secousse  et  qu'insensible- 
ment tous  les  ouvrages  soient  garnis.  D'ailleurs ,  cette  vue  donnera 
confiance  au  peuple. 

Il  serait  à  souhaiter  qu'avant  le  25  il  puisse  y  avoir  quarante  pièces 
en  batterie  sur  les^  ouvrages  de  la  rive  gauche,  et  qu'à  cet  effet  les 
ouvrages  soient  assez  avancés. 

Napoléom. 

D'après  l'original  comm.  par  M"^*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiibl. 


264         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 
22027.  —AU  MARÉCHAL  SOULT,  DUC  DE  DALMATIE, 

MAJOR  GÉNÉRAL,   A  PARIS. 

Paris,  7  juin  1815. 

Donnez  les  ordres  les  plus  positifs  pour  que,  sur  toute  la  ligne  du 
Nord,  du  Rhin  et  de  la  Moselle,  toutes  communications  soient  fer- 
mées, et  qu'on  ne  laisse  passer  aucune  voiture  ni  diligence. 

Recommandez  qu'on  exerce  la  plus  grande  surveillance  pour  qu'au- 
cune lettre  ne  puisse  passer,  si  cela  est  possible.  Voyez  le  ministre  de 
la  police  et  des  finances  pour  qu'ils  écrivent  à  leurs  agents ,  pour  in- 
tercepter absolument  toutes  communications. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


22028.  —AU  MARÉCHAL  SOULT,  DUC  DE  DALMATIE, 

MAJOR  GÉNÉRAL,   A  PARIS.  ^ 

Paris,  7  juin  1815. 

Je  pense  qu'il  serait  convenable  que  vous  partissiez  demain  soir. 
Vous  vous  rendrez  droit  à  Lille  et  le  plus  incognito  possible,  afin  de 
faire  toutes  les  dispositions  pour  que  les  places  de  première  ligne 
soient  assurées,  et  faire  sortir  ce  qui  reste  encore  de  troupes  de  ligne 
à  Calais.  Vous  pourrez  faire  faire  les  versements  qu'exigent  les  cir- 
constances, soit  en  hommes,  soit  en  armes,  et  vous  verrez  à  donner 
une  destination  aux  bataillons  qui  doivent  arriver  d'ici  au  13.  Il  sera 
convenable  que  vous  preniez  bien  au  bureau  de  la  guerre  tous  les 
départs  des  bataillons  pour  le  Nord.  Assurez-vous  bien  surtout  de 
leur  habillement  et  armement.  Cela  vous  prendra  le  10.  Voyez  s'il  y 
a  suffisamment  de  commandants  généraux  et  s'il  y  a  un  bon  comman- 
dant de  citadelle.  Enfin  prescrivez  au  général  Lapoype  tout  ce  qui 
est  nécessaire. 

Le  11  vous  pourrez  vous  rendre  à  Maubeuge  et  à  Avesnes. 

Vous  viendrez  à  ma  rencontre  sur  la  route  de  Laon,  où  il  est  pro- 
bable que  je  serai  le  12.  Vous  prendrez  tous  les  derniers  renseigne- 
ments sur  la  position  de  l'ennemi;  vous  tâcherez  de  monter  un  bureau 
d'espionnage  à  Lille,  et  une  compagnie  d'hommes  qui  connaissent 
bien  les  chemins  de  la  Belgique.  Il  y  a  des  gardes  forestiers  des 
Ardennes  qui  communiquent  par  les  forêts  jusque  derrière  Bruxelles. 
Procurez-vous  un  officier  intelligent  qui  nous  procure  des  hommes 
qui  puissent  nous  servir. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


CORRESPONDAÎVfCE   DE  NAPOLEO.V  I".  _  1815.  265 

22029.  —  AU  MARÉCHAL  SOULT,  DUC  DE  DALMATIE  , 

MAJOR  GÉNÉRAL,   A  PARIS. 

Paris,  7  juin  1815. 

Donnez  ordre  au  comte  Lobau  de  porter,  le  9,  son  quartier  géné- 
ral à  Marie  ou  à  Vervins,  et  d'évacuer  entièrement  Laon  et  les  envi- 
rons, parce  que,  le  9  et  le  10,  toute  la  Garde  arrive  à  Laon. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


22030. —  AU  GÉNÉRAL  COMTE  BERTRAND, 

GRAND  MARÉCHAL  DU  PALAIS,  A  PARIS. 

Paris,  7  juin  1815, 

Donnez  ordre  que  toute  ma  Maison  qui  se  trouve  à  Gompiègne  se 
rende  demain  à  Soissons,  où  sera  mon  quartier  général. 

Concertez-vous  avec  le  grand  écuyer  et  le  maître  de  ma  garde-robe, 
afin  que,  s'il  me  nian(|ue  quelque  chose,  on  le  fasse  partir.  Comme 
je  camperai  souvent,  il  est  important  que  j'aie  mes  lits  de  fer  et  mes 
tentes.  Veillez  à  ce  que  mes  lunettes  soient  en  état. 

Il  est  nécessaire  que  le  grand  écuyer  me  fasse  connaître  quel  est 
l'écuyer  qui  sera  de  service  auprès  de  moi  lorsqu'il  sera  absent 
comme  ministre  des  relations  extérieures.  Il  est  nécessaire  aussi  que 
les  voitures  de  voyage  soient  prêtes  sans  qu'on  le  sache,  afin  que  je 
puisse  partir  deux  heures  après  en  avoir  donné  l'ordre.  11  est  pro- 
bable que  je  me  rendrai  en  droite  ligne  à  Soissons. 

Donnez  ordre  que  tous  mes  aides  de  camp,  mes  officiers  d'ordon- 
nance, les  aides  de  camp  de  mes  aides  de  camp  fassent  partir  leurs 
chevaux  pour  Soissons.  Il  est  indispensable  qu'ils  soient  partis  demain. 

D'après  la  minule.  Archives  de  l'Empire. 


22031.  —  AU  GÉNÉRAL  COMTE  DROUOT, 

AIDE-MAJOR  DE  LA  GARDE   IMPERIALE,  A  PARIS. 

Paris,  7  juin  1815. 

Faites  partir  demain  à  la  pointe  du  jour,  de  manière  à  arriver 
le  10  de  bonne  heure  à  Soissons,  les  deux  régiments  de  la  Garde. 
S'ils  peuvent  aller  en  deux  jours  à  Soissons,  qu'ils  y  aillent;  ils  y 
seraient  le  9;  sans  quoi,  qu'ils  approchent  de  manière  à  aller  le  10, 
s'ils  en  reçoivent  l'ordre,  entre  Soissons  et  Laon.  Toute  la  Garde 
doit  êlre  arrivée  le  9  au  soir  à  Soissons,  hormis  les  deux  régiments 
qui  partent   demain.   Reraetlez-moi  demain  matin  un   petit  état  à 


268  CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 

colonnes  qui  me  fasse  connaître  le  jour  du  départ  de  chaque  colonne 
et  de  son  arrivée  à  Soissons ,  et  proposez-moi  de  faire  partir  le  9  au 
matin  tout  ce  qui  serait  en  séjour  à  Soissons,  pour  se  rendre  à  Laon, 
et  le  10  au  matin  tout  ce  qui  serait  arrivé  le  9;  de  manière  que 
le  10  au  soir  toute  ma  Garde  serait  entre  Laon  et  Avesnes ,  hormis 
les  deux  régiments  qui  partent  demain,  qui  auront  dépassé  Soissons. 
En  faisant  partir  les  1'"  bataillons  de  chasseurs  et  de  grenadiers 
demain,  retenez  100  hommes  par  bataillon  (ce  qui  fera  400  hommes 
ici,  à  Paris;  cela  fera  25  hommes  par  compagnie),  en  prenant  les 
plus  jeunes  et  les  plus  dispos  pour  former  un  bataillon  provisoire, 
qui  sera  chargé  de  fournir  ma  Garde. 

Vous  donnerez  ordre  que,  le  12,  les  deux  i"  de  voltigeurs  et 
tirailleurs ,  avec  le  général  de  brigade  qui  doit  les  commander  , 
partent  pour  Laon ,  où  ils  arriveront  le  15  au  soir.  Cotte  brigade 
appartiendra  à  la  2^  division,  que  le  général  Barrois  commandera. 

J'ai  vu  avec  peine  que  les  deux  régiments  qui  étaient  partis  ce  matin 
n'avaient  qu'une  paire  de  souliers;  il  y  en  a  en  magasin;  il  faut  leur 
en  procurer  deux  dans  le  sac  et  une  aux  pieds. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Empire. 


22032.  —  AU  GÉNÉRAL  BARON  DEJEAN, 

AIDE  DE  CAMP  DE  l'eMPEREUR  ,  A  PARIS. 

Paris,  7  juin  1815. 

Partez  cette  nuit  pour  vous  rendre  à  Amiens,  à  Doulens,  à  Aire,  à 
Saint-OiJier,  à  Dunkerque.  Restez  quelques  heures  dans  chaque  place 
pour  m'en  faire  connaître  la  situation,  et  écrivez-moi  en  détail  de 
Dunkerque.  Faites-moi  connaître  qui  commande,  combien  il  y  a  de 
pièces  en  batterie,  l'état  des  approvisionnements  et  enfin  tout  ce  que 
vous  croirez  nécessaire  que  je  sache.  Donnez-moi  également  des 
renseignements  sur  Calais  et  sur  Bergues.  Revenez  ensuite  par  Lille, 
Douai,  Condé,  Valenciennes  et  toutes  nos  places  de  première  ligne, 
et  venez  m'attendre  à  Avesnes.  Ayez  soin  de  m'écrire  tous  les  jours. 

D'après  la  minute.  Archives  de  l'Eraiiire. 


22033.  —  OJIDRE. 

Paris,  7  juin  1815. 

L'officier  d'ordonnance' se  rendra  à  Saint-Valery-sur-Somme 

et  de  là  à  Abbeville,  à  Amiens  et  dans  toutes  les  places  de  la  Somme 

1  Le  nom  est  resté  en  blanc  sur  la  minute. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815.         267 

jusqu'à  Saint-Quentin.  Il  marquera  tous  les  endroits  où  il  y  a  des 
ponts  en  pierre  ou  en  bois,  les  travaux  qu'il  faudrait  y  faire,  quel 
parti  on  pourrait  tirer  de  postes  sur  la  Somme,  tels  que  Corbie,  etc. , 
et  enfin  tout  ce  qu'il  serait  nécessaire  de  faire  pour  défendre  la 
Somme.  De  Saint-Quentin  il  se  rendra  à  Guise  et  de  là  à  Avesnes , 
oii  il  attendra  de  nouveaux  ordres.  Il  écrira  tous  les  jours  tout  ce 
qu'il  apprendra  de  la  situation  des  corps  et  des  places,  combien  il  y 
a  de  pièces  en  batterie,  qui  est-ce  qui  y  commande,  combien  il  y  a 
de  gardes  nationales,  combien  on  en  attend,  etc.    • 

D'après  la  minute.  Archiïe    de  l'Empire. 


22034.  — AU  COMTE  CARNOT,  ministre  de  l'intérieur,  a  paris. 

Paris,  8  juin  1815. 

Monsieur  le  Comte  Carnot,  témoignez  mon  mécontentement  au 
préfet  de  Laval.  Il  n'a  rien  fait  dans  ces  circonstances  pour  se  mettre 
en  défense.  C'est  le  peuple  qui  a  été  obligé  de  tout  faire.  Le  préfet 
a  même  été  sur  le  point  de  tout  abandonner,  si  on  ne  l'avait  retenu. 
Il  paraît  que  le  maréchal  de  camp  qui  est  à  Laval  est  fuible  et  nul. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Archives  de  l'Empire. 


22035.  —  NOTE   DICTÉE  AU  DUC   DE  VICENCE, 

EN  CONSEIL  DES  MINISTUES. 

Paris,  8  juin  1815. 

Le  ministre  des  affaires  étrangères  communiquera  au:c  ministres 
d'Etat  son  rapport'  et  les  pièces  jointes.  Ce  rapport  portera  pour 
intitulé  :  Extrait  du  procès-verbal  du  conseil  des  minisires  du  ^  juin. 
On  indiquera,  à  la  suite  de  ce  rapport,  que  le  conseil  a  été  d'avis 
qu'il  ne  devait  être  rendu  public  que  le  jour  où  l'armée,  repoussant 
la  force  par  la  force,  se  mettrait  en  mouvement,  afin  de  ne  pas  donner 
l'éveil  à  l'ennemi  par  une  publicité  anticipée. 

Les  ministres  d'Etat  proposeront  à  l'Empereur  un  projet  de  mes- 
sage aux  deux  Chambres,  de  dix  à  douze  lignes. 

Le  ministre  des  affaires  étrangères  rédigera,  indépendamment  de 
son  rapport,  un  véritable  manifeste,  où  il  se  bornera  à  présenter 
l'enchaînement  des  faits. 

L'Empereur  juge  convenable  que  l'article  du  rapport  du  ministre 
des  affaires  étrangères  ^qui  concerne  l'Espagne  soit  réduit  à  très-peu 

'  Voir  dans  le  Moniteur  du  17  juin  le  rapport  dont  \\  s'agit,  adressé  par  le 
duc  de  Vicence  à  l'Empereur;  voir  aussi  la  note  de  la  pièce  n»  220Ô5. 


268         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

de  mots ,  dans  lesquels  on  évitera  fout  ce  qui  pourrait  agir  sur  cette 
nation  et  la  tirer  de  son  apalhie. 

En  terminant  son  rapport,  il  est  bon  que  le  ministre  fasse  en- 
tendre, par  des  phrases  de  prévoyance,  que,  quelles  que  puissent 
être  les  chances  probables  de  la  guerre,  comme  dans  toute  circon- 
stance on  ne  doit  négliger  aucun  de  ses  avantages,  il  paraît  conve- 
nable de  prévenir  et  de  ne  pas  laisser  arriver  les  Russes  qui  sont  en 
pleine  marche  et  qui  se  trouvaient  à  telle  époque  dans  tels  et  tels 
endroits;  que,  si  le  désir  de  conserver  la  paix  et  la  nécessité  d'at- 
tendre l'Assemblée  du  Champ  de  Mai  et  l'ouverture  des  Chambres 
ont  fait  différer  jusqu'à  présent  de  marcher  à  l'ennemi,  aujourd'hui 
que  les  moyens  de  l'Kmpereur  sont  réunis,  il  importe  de  ne  plus 
différer  et  d'ouvrir  immédiatement  la  lutte  qui  décidera  de  l'indépen- 
dance de  la  nation,  et  pour  laquelle  elle  fera  tous  les  sacrifices 
nécessaires,  etc. 

1 

D'après  l'original.  Archives  des  affaires  étrangères. 


22036.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LAGUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  9  juin  1815. 

Mon  Cousin,  je  crois  que  les  ordres  pour  le  départ  des  dépôts 
d'infanterie  des  places  fortes  ne  sont  pas  encore  donnés ,  qu'on  a  dit 
seulement  de  les  faire  partir  aussitôt  que  les  hostilités  commence- 
raient. Mon  intention  est  que  vous  les  fassiez  partir  le  12,  chacun 
pour  se  rendre  dans  les  directions  qui  sont  déjà  désignées.  Il  est 
important  de  refaire  un  état  général  de  tous  les  dépôts,  afin  de 
mettre  du  système  dans  cette  opération  et  de  retirer  les  dépôts  des 
endroits  qui  n'offrent  pas  assez  de  ressources.  Le  principe  doit 
toujours  être,  en  les  étendant ,  de  les  rapprocher  de  Paris. 

Napoléox. 

D'après  l'orijjinal  comm.  par  M""*  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 

22037.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,   A  PARIS. 

Paris,  9  juin  1815. 

Mon  Cousin,  envoyez-moi  l'état  des  partisans  qu'on  a  formés  dans 
les  différents  départements,  parce  qu'il  faudrait  donner  l'ordre  à 
tous  ceux  qui  auraient  été  formés  dans  les  15°,  14",  1",  16%  10*  et 
2'  divisions  militaires,  de  se  mettre  en  mouvement  pour  se  rendre 


CORRESPONDAX'CE  DE  NAPOLEOM  I".  —  1815.         âG9 

sur  les  frontières  du  Nord.  Il  serait  surtout  important,  s'il  y  en  a 
dans  les  Ardennes,  que  j'en  fusse  instruit,  afin  qu'ils  se  glissassent 
par  les  forêts  jusqu'au  cœur  de  la  Belgique.  H  faudrait  également 
des  partisans  dans  le  pays  Messin  et  la  Sarre,  pour  se  glisser  par  les 
montagnes  dans  l'intérieur  du  pays. 

11  est  bien  important  qu'au  13  juin,  pour  tout  délai,  toutes  les 
gardes  nationales  des  places  de  première  ligne  du  Nord,  du  Khin,  du 
Jura,  soient  parfaitement  armées,  surtout  celles  du  Nord  et  de  la 
Meuse. 

Il  est  important  aussi  que  vous  me  fassiez  connaître  si,  au  13  juin, 
il  se  trouvera  des  convois  de  poudre,  armes,  canons,  etc.,  à  portée 
des  frontières  du  Nord,  et  qui  soient  exposés  à  être  enlevés  par  des 
partis  ennemis. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckniiihl. 


22038.  —  REPONSE 

A  L'ADRESSE  DE  LA  CHAMBRE  DES  PAIRS  '. 

Palais  dfis  Tuileries,  11  juin  1815. 

Monsieur  le  Président  et  Messieurs  les  députés  de  la  chambre  des 
Pairs,  la  lutte  dans  laquelle    nous    sommes   engagés  est  sérieuse. 

1  ADRESSE  DE  LA  CHAMBRE  DES  PAIRS. 

«Sire,  votre  empressement  à  soumctlre  aux  formes  et  aux  règles  constitu- 
tionnelles le  pouvoir  absolu  que  les  circonstances  et  la  confiance  du  peuple  vous 
avaient  imposé,  les  nouvelles  garanties  données  aux  droits  de  la  nation,  le  dé- 
vouement (jui  vous  conduit  au  milieu  des  périls  que  va  braver  l'armée,  pénè- 
trent tous  les  cœurs  d'une  profonde  reconnaissance.  Les  Pairs  de  France  vien- 
nent offrir  à  Votre  Majesté  l'hommage  de  ce  sentiment. 

»  Vous  avez  manifesté,  Sire,  des  principes  qui  sont  ceux  de  la  nation  :  ils 
doivent  être  les  nôtres.  Oui,  tout  pouvoir  vient  du  peuple,  est  institué  pour  le 
peuple.  La  monarchie  constitutionnelle  est  nécessaire  au  peuple  français  comme 
garantie  de  sa  liberté  et  de  son  indépendance. 

»  Sire,  tandis  que  vous  serez  à  la  frontière,  à  la  tête  des  enfants  de  la  patrie, 
la  chambre  des  Pairs  concourra  avec  zèle  à  toutes  les  mesures  législatives  que 
les  circonstances  exigeront  pour  forcer  l'étranger  à  reconnaître  l'indépendance 
nationale  et  faire  triompher  dans  l'intérieur  les  principes  consacrés  par  la  vo- 
lonté du  peuple. 

1  L'intérêt  de  la  France  est  inséparable  du  vôtre.  Si  la  fortune  trompait  vos 
efforts,  des  revers.  Sire,  n'affaibliraient  pas  notre  persévérance  et  redouble- 
raient notre  attachement  pour  vous. 

■s  Si  les  succès  répondent  à  la  justice  de  notre  cause  et  aux  espérances  que 
nous  sommes  accoutumés  à  concevoir  de  voire  génie  et  de  la  bravoure  de  nos 
armées,  la  France  n'en  veut  d'autre  fruit  que  la  paix.    Nos  institutions  garan- 


270         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  _  1815. 
L'entraînement  de  la  prospérité  n'est  pas  le  danger  qui  nous  menace 
aujourd'hui.   C'est  sous    les  Fourches    Caudines   que  les   étrangers 
veulent  nous  faire  passer! 

La  justice  de  notre  cause,  l'esprit  public  de  la  nation  et  le  cou- 
rage de  l'armée  sont  de  puissants  motifs  pour  espérer  du  succès; 
mais,  si  nous  avions  des  revers,  c'est  alors  surtout  que  j'aimerais  à 
voir  déployer  toute  l'énergie  de  ce  grand  peuple;  c'est  alors  que  je 
trouverais  dans  la  chambre  des  Pairs  des  preuves  d'attachement  à  la 
patrie  et  à  moi. 

C'est  dans  les  temps  difficiles  que  les  grandes  nations  ,  comme  les 
grands  hommes,  déploient  toute  l'énergie  de  leur  caractère  et  devien- 
nent un  objet  d'admiration  pour  la  postérité. 

Monsieur  le  Président  et  Messieurs  les  députés  de  la  chambre  des 
Pairs,  je  vous  remercie  des  sentiments  que  vous  m'exprimez  au  nom 
de  la  chambre. 

V 

Extrait  du  Moniteur  du  12  juiu  J815. 


22039.  —  RÉPONSE 

A  L'ADRESSE  DES  REPRÉSENTANTS'. 

Palais  des  Tuileries,  11  juin  1815. 

Monsieur  le  Président  et  Messieurs  les  députés  de  la  chambre  des 
Représentants,  je  retrouve  avec  satisfaction  mes  propres  sentiments 

tissent  à  l'Europe  que  jamais  le  gouvernement  français  ne  peut  èlre  entraîné 
par  les  séductions  de  la  victoire.  i> 

Extrait  du  Moniteur  du  12  juin  1815. 

>  ADRESSE  DE  LA  CHAMBRE  DES  REPRÉSENTANTS. 

a  Sire,  la  chambre  des  Représentants  a  recueilli  avec  une  profonde  émotion 
les  paroles  émanées  du  trône  dans  la  séance  solennelle  où  Votre  Majesté ,  dé- 
posant le  pouvoir  extraordinaire  qu'elle  exerçait ,  a  proclamé  le  commencement 
de  la  monarchie  constitutionnelle. 

■%  Les  principales  bases  de  cette  monarchie  prolectrice  de  ia  liberté ,  de  l'éga- 
lité, du  bonheur  du  peuple,  ont  été  reconnues  par  Votre  Majesté,  qui,  se  por- 
tant d'elle-même  au-devant  de  tous  les  scrupules  comme  au-devant  de  tous  les 
vœux,  a  déclaré  que  le  soin  de  réunir  nos  constitutions  éparses  et  de  les  coor- 
donner était  une  des  plus  importantes  occupations  réservées  à  la  législature. 
Fidèle  à  sa  mission,  la  chambre  des  Représentants  remplira  la  tâche  qui  lui  est 
dévolue  dans  ce  noble  travail;  elle  demande  que,  pour  satisfaire  à  la  volonté 
publique  ainsi  qu'aux  vœux  de  Votre  Majesté,  la  délibération  nationale  rectifie 
le  plus  tôt  possible  ce  que  l'urgence  de  notre  situation  a  pu  produire  de  défec- 
tueux ou  laisser  d'imparfait  dans  l'ensemble  de  nos  constitutions. 

ï  Mais  en  même  temps ,  Sire ,  la  chambre  des  Représentants  ne  se  montrera 


CORRESPOx\DA]VGE   DE  NAPOLÉON  I<'^  —  18i5.  271 

dans  ceux  que  vous  m'exprimez.  Dans  ces  graves  circonslances,  ma 
pensée  est  absorbée  par  la  guerre  imminente,  au  succès  de  laquelle 
sont  allachcs  l'indépendance  et  l'honneur  de  la  France. 

Je  partirai  celte  nuit  pour  me  rendre  à  la  tête  de  mes  armées  :  les 
mouvements  des  différents   corps  ennemis  y  rendent  ma  présence 

pas  moins  empressée  de  proclamer  ses  senlimcnls  et  ses  principes  sur  la  lutte 
terrible  qui  menace  d'ensanglanter  l'Europe.  A  la  suite  d' (événements  désastreuï, 
la  France  envahie  ne  parut  nn  moment  écoutée  sur  l'établissement  de  sa  Consti- 
tution que  pour  se  voir  presque  aussitôt  soumise  à  une  charte  royale  émanée  da 
pouvoir  absolu ,  à  une  ordonnance  de  réformation  toujours  révocable  de  sa 
nature,  et  qui,  n'ayant  pas  l'assentiment  exprimé  du  peuple,  n'a  jamais  pu  être 
considérée  comme  obligatoire  pour  la  nation. 

n  Reprenant  aujourd'hui  l'exercice  de  ses  droits,  se  ralliant  autour  du  héros 
que  sa  confiance  investit  de  nouveau  do  gouvernement  de  l'Etat,  la  France 
s'étonue  et  s'afllige  de  voir  des  souverains  en  armes  lui  demander  raison  d'uQ 
changement  intérieur  qui  est  le  résultat  de  la  volonté  nationale  ,  et  qui  ne  porte 
atteinte  ni  aux  relations  existantes  avec  les  autres  gouvernements  ni  ù  leur  sé- 
curité. La  France  ne  peut  admettre  les  distinctions  à  l'aide  desquelles  les  puis- 
sances coalisées  cherchent  à  voiler  leur  agression.  Attaquer  le  monarque  de  son 
choix  ,  c'est  attaquer  l'indépendance  de  la  nation.  Elle  est  armée  tout  entière 
pour  défendre  cette  indépendance  et  pour  repousser  sans  exception  toute  famille 
et  tout  prince  qu'on  oserait  vouloir  lui  imposer.  Aucun  projet  ambitieux  n'entre 
dans  la  pensée  du  peuple  français;  la  volonté  même  du  prince  victorieux  serait 
impuissante  pour  entraîner  la  nation  hors  des  limites  de  sa  propre  défense.  Mais 
aussi,  pour  garantir  son  territoire,  pour  maintenir  sa  liberté,  son  honneur,  sa 
dignité,  elle  est  prête  à  tous  les  sacrilices.  Que  n'cst-il  permis,  Sire,  d'espérer 
encore  que  cet  appareil  de  guerre,  formé  peut-être  par  les  irritations  de  l'or- 
gueil et  par  des  illusions  que  chaque  jour  doit  affaiblir,  s'éloignera  devant  le 
besoin  d'une  paix  nécessaire  il  tous  les  peuples  de  l'Europe,  et  qui  rendrait  à 
Votre  Majesté  sa  compagne,  aux  Français  l'héritier  du  trône?  Mais  déjà  le  sang 
a  coulé ,  le  signal  des  combats  préparés  contre  l'indépendance  et  la  liberté  fran- 
çaises a  été  donné  au  nom  d'un  peuple  qui  porte  au  plus  haut  degré  l'enthou- 
siasme de  l'indépendance  et  de  la  liberté.  Sans  doute,  au  nombre  des  communi- 
cations que  nous  promet  Votre  Majesté,  les  Chambres  trouveront  la  preuve  des 
efforts  qu'elle  a  faits  pour  maintenir  la  paix  du  monde.  Si  tous  ces  efforts  doivent 
rester  inutiles,  que  les  malheurs  de  la  guerre  retombent  sur  ceux  qui  l'auront 
provoquée  ! 

ï  La  chambre  des  Représentants  n'attend  que  les  documents  qui  lui  sont  an- 
noncés pour  concourir  de  tout  son  pouvoir  aux  mesures  qu'exigera  le  succès 
d'une  guerre  aussi  légitime.  Il  lui  tarde,  pour  énoncer  son  vœu,  de  connaître 
les  besoins  et  les  ressources  de  l'Etat;  et,  tandis  que  Votre  Majesté,  opposant  à 
la  plus  injuste  agression  la  valeur  des  armées  nationales  et  la  force  de  son  génie, 
ne  cherchera  dans  la  victoire  qu'un  moyen  d'arriver  à  une  paix  durable ,  la 
chambre  des  Représentants  croira  marcher  vers  le  même  but  en  travaillant  sans 
relâche  au  pacte  dont  le  perfectionnement  doit  cimenter  encore  l'union  du  peuple 
et  du  trône  et  fortifier  aux  yeux  de  l'Europe,  par  l'amélioration  de  nos  institu- 
tions la  garantie  de  nos  engagements.  « 

Extrait  du  Moniteur  du  12  juin  1815. 


272         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815. 

indispensable.  Pendant  mon  absence,  je  verrais  avec  plaisir  qu'une 
commission  nommée  par  chaque  chambre  méditât  sur  nos  consti- 
tutions. 

La  Constitution  est  notre  point  de  ralliement;  elle  doit  être  notre 
étoile  polaire  dans  ces  moments  d'orage.  Toute  discussion  publique 
qui  tendrait  à  diminuer,  directement  ou  indirectement,  la  confiance 
qu'on  doit  avoir  dans  ses  dispositions  serait  un  malheur  pour  l'État; 
nous  nous  trouverions  au  milieu  des  écueils,  sans  boussole  et  sans 
direction.  La  crise  où  nous  sommes  engagés  est  forte.  N'imitons 
pas  l'exemple  du  Bas-Empire,  qui,  pressé  de  tous  côtés  par  les  Bar- 
bares, se  rendit  la  risée  de  la  postérité,  en  s'occupant  de  discussions 
abstraites  au  moment  où  le  bélier  brisait  les  portes  de  la  ville. 

Indépendamment  des  mesures  législatives  qu'exigent  les  circon- 
stances de  l'intérieur,  vous  jugerez  peut-être  utile  de  vous  occuper 
des  lois  organiques  destinées  à  faire  marcher  la  Constitution;  elles 
peuvent  être  l'objet  de  vos  travaux  publics  sans  aucun  inconvénient, 

Monsieur  le  Président  et  Messieurs  les  députés  de  la  chambre  des 
Représentants ,  les  sentiments,  exprimés  dans  votre  adresse  me  dé- 
montrent assez  l'attachement  de  la  chambre  à  ma  personne  et  tout  le 
patriotisme  dont  elle  est  animée.  Dans  toutes  les  affaires,  ma  marche 
sera  toujours  droite  et  ferme.  Aidez-moi  à  sauver  la  patrie.  Premier 
représentant  du  peuple,  j'ai  contracté  l'obligation,  que  je  renouvelle, 
d'employer,  dans  des  temps  plus  tranquilles,  toutes  les  prérogatives 
de  la  Couronne  et  le  peu  d'expérience  que  j'ai  acquise,  à  vous  secon- 
der dans  l'amélioration  de  nos  institutions.  ■ 

Extrait  du  Moniteur  du  12  juin  1815. 


220-40.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DU  LA  GUERRE,    A   PARIS. 

Paris,  11  juin  1815. 

Mon  Cousin ,  vous  ferez  connaître ,  par  estafette  et  par  le  télé- 
graphe, au  maréchal  Suchet  ',  que  les  hostilités  commenceront  le 
14,  et  que  de  ce  jour  il  peut  s'emparer  de  Montinélian.  S'il  est  in- 
dispensable qu'il  le  fasse  avant  ce  temps,  à  cause  des  mouvements 
de  l'ennemi,  il  y  est  autorisé.  Cependant  il  serait  à  désirer  qu'il  ne  le 
fît  pas  avant  le  15. 

Napoléon. 

D'après  roriginal  comm.  par  M™«  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 
1  Commandant  l'armée  des  Alpes. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I*^'.  —  1815.         273 
22041.  — AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  ,   A  PARIS. 

Paris,  II  juin  1815. 

Mon  Cousin,  cent  cinquante-huit  canons  de  la  marine  sont  arri- 
vés à  Paris  :  faites  en  sorte  qu'ils  se  trouvent  en  batterie  vers  le  20. 
11  en  arrivera  quatre-vingts  d'ici  au  20.  J'attache  une  grande  impor- 
tance h  ce  que  ces  deux  cent  quarante  pièces  de  canon  se  trouvent  en 
batterie  à  peu  près  à  cette  époque,  afin  que  je  sois  absolument  sans 
sollicitude  pour  la  ville  de  Paris.  Recommandez  qu'on  ne  mette  pas 
de  pièces  de  8  et  de  6  en  fer  ensemble.  Comme  on  a  mis  de  préfé- 
rence les  pièces  de  8  sur  la  rive  gauche,  il  faut  aussi  mettre  les 
pièces  en  fer. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™»  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


22042. —AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE   LA  GUERRE,    A  PARIS. 

Paris,  11  juin  1815. 

Mon  Cousin,  faites  appeler  le  maréchal  Ney;  s'il  désire  se  trouver 
aux  premières  batailles  qui  auront  lieu,  dites-lui  qu'il  soit  rendu 
le  14  à  Avesnes  ,  où  sera  mon  quartier  général. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"^  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


22043.  —  AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Paris,  11  juin  1815. 

Mon  Cousin,  faites  venir  le  maréchal  Masséna.  S'il  désire  se  ren- 
dre à  Metz ,  donnez-lui  le  gouvernement  de  Metz  et  le  commande- 
ment supérieur  des  3*  et  4*  divisions  militaires. 

Veillez  à  ce  que  Belliard  se  rende  à  l'armée  du  Nord. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 


22044.  —  ORDRE  GENERAL  DE  SERVICE 

PENDANT  L'ABSENCE  DE  L'EMPEREUR. 

Paris,  11  juin  1815. 

Nous  avons  réglé ,  pour  être  exécutées  pendant  notre  absence  ,  les 
dispositions  suivantes  : 

xxvm.  18 


274         CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

Tous  les  ministres  correspondront  avec  nous  pour  les  affaires  de 
leur  déparlement. 

Néanmoins  ils  se  rassembleront  tous  les  mercredis  de  chaque  se- 
maine au  palais  des  Tuileries ,  dans  la  salle  du  trône ,  et  sous  la 
présidence  de  notre  frère  le  prince  Joseph ,  pour  les  ohjets  relatifs  à 
leurs  attributions  respectives.  Les  affaires  concernant  les  opérations 
des  Chambres  y  seront  également  traitées  ;  elles  le  seront  également 
dans  les  conseils  des  ministres,  qui  se  tiendront,  sur  l'ordre  du 
président ,  plusieurs  jours  par  semaine  et  toutes  les  fois  que  les  cir- 
constances Texigeront. 

Notre  frère  Lucien  prendra  séance  dans  tous  les  conseils  et  y  aura 
voix  délibérative. 

Les  ministres  d'Etat ,  membres  de  la  chambre  des  Représentants  , 
siégeront  aux  conseils  des  ministres,  conformément  à  notre  décret 
de  ce  jour. 

Les  ministres  porteront  au  conseil  du  mercredi  les  objets  de  détail 
et  du  contentieux  de  leur  administration,  lesquels  seront  remis  au 
secrétaire  du  conseil  pour  nous  être  transmis.  Ils  seront,  à  cet  effet, 
portés  à  notre  secrétaire  d'Etat  par  un  officier  qui  sera  désigné  par 
notre  ministre  de  la  guerre ,  et  qui  se  rendra  chez  les  princes  et  les 
ministres  pour  prendre  leurs  ordres  et  partir  dans  les  vingt-quatre 
heures. 

Nous  entendons,  en  général,  que  toutes  les  affaires  qui,  dans 
l'ordre  du  gouvernement  et  de  l'administration,  ont  besoin  de  notre 
signature,  continuent  à  nous  être  présentées. 

Néanmoins,  et  dans  les  cas  urgents  où  il  y  aurait  une  détermina- 
tion à  prendre  excédant  les  bornes  de  l'autorité  ministérielle ,  et  sans 
qu'il  soit  possible  d'attendre  notre  décision ,  l'urgence  de  cette  déter- 
mination sera  mise  en  délibération,  et,  si  elle  est  reconnue,  l'objet 
à  déterminer  sera  délibéré  à  la  majorité  des  voix.  En  cas  de  partage, 
la  voix  de  notre  frère  le  prince  Joseph  sera  prépondérante. 

En  conséquence  du  procès-verbal  qui  sera  dressé  par  le  secrétaire 
du  conseil,  et  revêtu  de  la  signature  du  président  et  des  ministres 
présents,  le  ministre  du  département  que  l'affaire  concerne  sera  au- 
torisé à  exécuter  les  dispositions  qui  auront  été  délibérées  par  le 
conseil. 

Nous  entendons  nous  réserver  les  décisions  sur  l'initiative  des 
lois  et  sur  les  déterminations  à  prendre  dans  le  cas  oià  la  demande 
de  la  présentation  d'un  projet  de  loi  aurait  été  faite  par  l'une  des 
Chambres  et  adoptée  par  l'autre. 

Quant  à  ce  qui  pourra  concerner  les  amendements  à  faire  à  une 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.         275 

loi  proposée  aux  Chambres,  le  conseil  prononcera  par  une  délibéra- 
tion qui  aura  lieu  comme  il  a  été  dit  ci-dessus  pour  les  affaires  ur- 
gentes. 

Le  ministre  du  trésor  nous  enverra,  le  15  de  chaque  mois,  la 
distribution  des  fonds  pour  le  mois  suivant. 

Il  ne  pourra  être  fait  aucune  disposition  de  fonds  que  sur  une 
ordonnance  ministérielle  délivrée  en  conséquence  de  la  distribution. 

Les  dépèches  télégraphiques  transmises  à  Paris  ou  à  transmettre 
de  Paris  seront  portées  à  noire  frère  le  prince  Joseph ,  avant  qu'il 
puisse  y  être  donné  cours. 

Nos  ministres  nous  écriront  aussi  souvent  qu'ils  auront  à  nous  en- 
tretenir des  affaires  importantes  de  leur  département. 

Dans  le  cas  où  ils  auraient  des  craintes  sur  la  sûreté  des  dépêches, 
et  dans  ceux  où  nos  ministres  auraient  à  nous  rendre  compte  d'une 
affaire  très-secrète  et  d'une  importance  extraordinaire,  ils  pourront 
faire  usage  du  chiffre  du  secrétaire  d'Etat. 

Notre  ministre  de  la  guerre  fera  choix ,  chaque  jour,  pour  porter 
à  franc  élrier  les  dépêches  qui  nous  seront  adressées,  d'un  officier 
assez  intelligent  et  assez  adroit  pour  se  diriger  de  manière  à  éviter  les 
partis  ennemis. 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Archives  de  l'Empire. 


22045.  —  DECRET. 

Palais  de  l'Elysée,  11  juin  1815. 

Article  premier.  Il  est  accordé  à  la  veuve  du  général  de  division 
d'artillerie  Aubry  '  une  pension  de  2,000  francs. 

Art.  2.  Nos  ministres  de  la  guerre,  des  Gnances  et  du  trésor  sont 
chargés  de  l'exécution  du  présent  décret. 

D'après  la  copie  comm.  par  M.  le  comte  Dani. 


22046.  —AU  MARECHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECIi.\IUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Laon,  12  juin  1815. 

Mon  Cousin,  il  y  a  500  chevau-légers  polonais  à  Soissons ,  qui 

^  Le  général  Aubry  est  le  membre  du  Comité  de  salut  public  qui,  en  1795, 
avait  retiré  le  commandement  de  l'artillerie  de  l'armée  d'Italie  au  général  Bo- 
naparte, et  l'avait  mis  en  réforme.  Voir  dans  le  tome  I'^''  de  la  Correspondance, 
n°  55,  la  lettre  écrite  k  ce  sujet  par  le  général  Bonaparte  au  citoyen  Sucy,  le 
30  thermidor  an  III  (17  août  1795). 

18. 


276         CORRESPONDANCE   DE   NAPOLEON  I".  —  1815. 

n'ont  pas  de  chevaux  :  il  serait  bien  important  de  leur  en  procurer 
promptement;  ils  sont  tous  anciens  et  bons  cavaliers.  U  y  a  aussi  un 
dépôt  d'infanterie  polonaise  de  500  hommes,  qui  m'ont  paru  dans  le 
désordre  :  envoyez  un  inspecteur  aux  revues  qui  sera  chargé  de  l'or- 
ganiser. Il  en  formera  deux  bataillons;  tous  les  soldats  disponibles 
seront  dans  le  1"  bataillon;  on  se  servira,  pour  le  2%  des  prison- 
niers polonais  qu'on  fera.  Il  faudrait,  pour  ce  régiment,  un  colonel 
polonais  intelligent,  qui  pût  envoyer  des  ofûciers  dans  les  dépôts  de 
prisonniers  pour  recruter  des  Polonais,  en  leur  défendant  de  recruter 
des  Allemands.  J'attache  une  grande  importance  à  avoir  les  500  Po- 
lonais à  cheval  le  plus  tôt  possible.  Ils  ont  300  selles.  L'importance 
que  j'y  attache  est,  en  les  plaçant  aux  avant-postes,  d'aider  beau- 
coup la  désertion  des  Polonais. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M™»  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


22047.  —AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE,  A  PARIS. 

Laon,  12  juin  1815. 

Mon  Cousin,  le  préfet  du  département  de  l'Aisne  a  1,500  hom- 
mes de  la  conscription  de  1815  qui  sont  partis.  H  y  a  ici  plusieurs 
dépôts  de  régiments  qui  n'ont  pas  d'hommes  et  ont  des  habits,  ou 
en  confectionnent,  entre  autres  le  34%  qui  est  à  Soissons.  Je  pense 
que  ,  si  vous  répartissiez  cette  conscription  dans  les  dépôts  qui  sont 
dans  ce  déparlement,  en  proportion  des  habits  qu'ils  ont,  cela  ferait 
des  renforts  considérables  pour  l'armée ,  et  vous  épargneriez  huit 
jours  qu'ils  mettent  pour  aller  à  Paris  et  huit  jours  qu'ils  mettent  pour 
revenir;  et  encore  aura-t-on  des  habits  à  leur  donner  à  Paris? 

Je  pense  qu'il  faut  diriger  la  conscription  de  l'Alsace  sur  les  dé- 
pôts de  l'armée  du  Rhin;  l'idée  qu'ils  reviendront  en  Alsace  quand  ils 
seront  habillés  sera  un  nouveau  motif  de  zèle  pour  les  citoyens.  La 
même  chose  pour  l'armée  de  la  Moselle. 

Vous  prendrez  la  moitié  de  toute  la  conscription  pour  la  Garde  et 
laisserez  l'autre  moitié  dans  les  dépôts  les  plus  voisins  ;  vous  diri- 
gerez celle  du  Nord  et  du  Pas-de-Calais  sur  les  dépôts  de  la  Somme. 

Le  Dauphiué  est  menacé  ;  si  vous  en  retiriez  la  conscription  ,  cela 
ferait  un  mauvais  effet.  Il  faut  en  laisser  la  moitié  pour  les  dépôts  de 
l'armée  des  Alpes;  la  moitié  de  celle  de  la  8"  division  pour  les  dépôts 
de  l'armée  du  Var. 

Indépendamment  des  sept  bataillons  qu'a  fournis  le  département 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I*".  —  1815.         277 

de  l'Aisne,  ce  département  a,  prêts  à  entrer  dans  Laon  ,  2,000  fusi- 
liers, et  à  entrer  dans  Saint-Quentin,  2,000  fusiliers.  Il  est  hors  de 
doute  que,  dans  ce  département,  on  trouverait  autant  d'hommes 
qu'il  y  aurait  d'armes.  Je  réitère  la  demande  de  12,000  fusils,  qu'on 
répartirait  entre  Avesnes  ,  Guise,  Soissons  et  Laon.  Faites-moi  con- 
naître quand  ils  y  seront  rendus.  Ordonnez,  dans  ces  quatre  places, 
l'établissement  d'une  salle  d'armes. 

Les  gardes  nationales  du  Nord  continuent  à  arriver.  Le  maré- 
chal Soult,  qui  en  a  fait  la  revue,  me  mande  qu'il  leur  manque 
10,000  fusils.  11  faut  faire  les  dispositions  pour  en  avoir  le  plus  tôt 
possible,  car  des  gardes  nationales  sans  fusils  ne  servent  à  rien. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M"'"  la  maréchale  princesse  d'EckmiihL 


22048.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,   PRINCE  D'ECKMUHL, 

MINISTRE  DE   LA  GUERRE  ,    A   PARIS. 

Laon,  12  juin  1813. 

Mon  Cousin ,  Laon  est  beaucoup  plus  susceptible  de  faire  une 
bonne  place  que  Soissons  ;  mais  l'avantage  de  Soissons  est  de  se  trou- 
ver sur  l'Oise. 

Le  génie  a  demandé  40  pièces  pour  armer  Laon  ;  il  faut  activer 
l'arrivée  de  ces  pièces. 

Je  ne  trouve  ni  à  Laon  ni  à  Soissons  les  approvisionnements  que 
l'on  m'avait  promis  pour  l'armée. 

Napoléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""  la  maréchale  princesse  d'Eckmiihl. 


22049.  —  ORDRE  DU  JOUR. 

Avesnes,  13  juin  1815. 
POSITION  DE  L'ARMÉE  LE  14. 

Le  grand  quartier  général  sera  à  Beaumont. 

L'infanterie  de  la  Garde  impériale  sera  bivouaquée  à  un  quart  de 
lieue  en  avant  de  Beaumont  et  formera  trois  lignes  :  la  jeune  Garde, 
les  chasseurs  et  les  grenadiers.  M.  le  duc  de  Trévise  reconnaîtra 
l'emplacement  de  ce  camp.  Il  aura  soin  que  tout  soit  à  sa  place, 
artillerie,  ambulances,  équipages,  etc. 

Le  1'^  régiment  de  grenadiers  à  pied  se  rendra  à  Beaumont. 

La  cavalerie  de  la  Garde  impériale  sera  placée  en  arrière  de  Beau- 
mont, mais  les  corps  les  plus  éloignés  n'en  doivent  pas  être  à  une 
lieue. 


278         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

Le  2*  corps  prendra  position  à  Leers  '  ,  c'est-à-dire  le  plus  près 
possible  de  la  frontière,  sans  la  dépasser.  Les  quatre  divisions  de  ce 
corps  d'armée  seront  réunies  et  bivouaqueront  sur  deux  ou  quatre 
lignes  :  le  quartier  général  au  milieu,  la  cavalerie  en  avant,  éclai- 
rant tous  les  débouches ,  mais  aussi  sans  dépasser  la  frontière  et  la 
faisant  respecter  par  les  partisans  ennemis  qui  voudraient  la  violer. 
Les  bivouacs  seront  placés  de  manière  que  les  feux  ne  puissent  être 
aperçus  de  l'ennemi  ;  les  généraux  empêcheront  que  personne  ne  s'é- 
carte du  camp;  ils  s'assureront  que  la  troupe  est  pourvue  de  50  car- 
touches par  homme,  quatre  jours  de  pain  et  une  demi-livre  de 
viande;  que  l'artillerie  et  les  ambulances  sont  en  bon  état,  et  les 
feront  placer  à  leur  ordre  de  bataille.  Ainsi  le  2^  corps  sera  disposé 
à  se  mettre  en  marche  le  15 ,  à  trois  heures  du  matin,  si  l'ordie  en 
est  donné,  "pour  se  porter  sur  Charleroi  et  y  arriver  avant  neuf 
heures. 

Le  1"  corps  prendra  position  à  Solre-sur-Sambre,  et  il  bivoua* 
quera  aussi  sur  plusieurs  lignes;  observant,  ainsi  que  le  2°  corps, 
que  ses  feux  ne  puissent  être  aperçus  de  l'ennemi,  que  personne  ne 
s'écarte  du  camp ,  et  que  les  généraux  s'assurent  de  l'état  des  muni- 
tions, des  vivres  de  la  troupe,  et  que  l'artillerie  et  les  ambulances 
soient  placées  à  leur  ordre  de  bataille.  Le  I"  corps  se  tiendra  égale- 
ment prêt  à  partir  le  15,  à  trois  heures  du  matin  ,  pour  suivre  le 
mouvement  du  2"  corps,  de  manière  que,  dans  la  journée  d'après- 
deraain ,  ces  deux  corps  manœuvrent  dans  la  même  direction  et  se 
protègent. 

Le  3*  corps  prendra  demain  position  à  une  lieue  en  avant  de 
Beaumont,  le  plus  près  possible  de  la  frontière,  sans  cependant  la 
dépasser,  ni  souffrir  qu'elle  soit  violée  par  aucun  parti  ennemi.  Le 
général  Vandamme  tiendra  tout  le  monde  à  son  poste,  recomman- 
dera que  les  feux  soient  cachés  et  qu'ils  ne  puissent  être  aperçus  de 
l'ennemi.  11  se  conformera  d'ailleurs  à  ce  qui  est  prescrit  au  2'  corps 
pour  les  munitions,  les  vivres,  l'artillerie  et  les  ambulances,  et  pour 
être  prêt  à  se  mettre  en  mouvement  le  15,  à  trois  heures  du  matin. 

Le  6"  corps  se  portera  en  avant  de  Beaumont,  et  sera  bivouaqué 
sur  deux  lignes,  à  un  quart  de  lieue  du  3«  corps.  M.  le  comte  de 
Lobau  choisira  l'emplacement,  et  il  fera  observer  les  dispositions 
générales  qui  sont  prescrites  par  le  présent  ordre. 

M.  le  maréchal  Grouchy  portera  les  1",  2*,  3*  et  4*  corps  de 
cavalerie  en  avant  de  Beaumont,  et  les  établira  au  bivouac  entre 
cette  ville  et  Walcourt,    faisant  également  respecter  la  frontière, 

1  Leers-Fosteau. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON   I".  —  1815.         27» 

empêchant  que  personne  ne  la  dépasse  et  qu'on  se  laisse  voir,  ni  que 
les  feux  puissent  être  aperçus  de  l'ennemi;  et  il  se  tiendra  prêt  à 
partir  après-demain ,  à  trois  heures  du  malin ,  s'il  en  reçoit  l'ordre, 
pour  se  porter  sur  Charleroi  et  faire  l'avant-garde  de  l'armée.  Il 
recommandera  aux  généraux  de  s'assurer  si  tous  les  cavaliers  sont 
pourvus  de  cartouches,  si  leurs  armes  sont  en  bon  état,  s'ils  ont  les 
quatre  jours  de  pain  et  la  demi-livre  de  viande  qui  ont  été  ordonnés. 

L'équipage  de  ponts  sera  bivouaqué  derrière  le  6*  corps  et  en 
avant  de  l'infanterie  de  la  Garde  impériale. 

Le  parc  central  d'artillerie  sera  en  arrière  de  Beaumont. 

L'armée  de  la  Moselle  prendra  demain  position  en  avant  de  Phi- 
lippeville.  M.  le  comte  Gérard  la  disposera  de  manière  à  pouvoir 
partir  après-demain  15,  à  trois  heures  du  malin,  pour  y  joindre  le 
3*  corps  et  appuyer  son  mouvement  sur  Charleroi,  suivant  le  nouvel 
ordre  qui  lui  sera  donné.  Mais  le  général  Gérard  aura  soin  de  bien 
garder  son  flanc  droit  et  en  avant  de  lui  sur  toutes  les  directions  de 
Charleroi  et  de  N'amur. 

Si  l'armée  delà  Moselle  a  des  pontons  à  sa  suite,  le  général  Gérard 
les  fera  avancer  le  plus  possible,  afin  de  pouvoir  en  disposer. 

Tous  les  corps  d'armée  feront  marcher  en  tête  les  sapeurs  et  les 
moyens  de  passage  que  les  généraux  auront  réunis. 

Les  sapeurs  de  la  Garde  impériale,  les  ouvriers  de  la  marine  et 
les  sapeurs  de  la  réserve  marcheront  après  le  6*  corps  et  en  tête  de 
la  Garde. 

Tous  les  corps  marcheront  dans  le  plus  grand  ordre  et  serrés. 
Dans  le  mouvement  sur  Charleroi,  on  sera  disposé  à  profiter  de  tous 
les  passages,  pour  écraser  les  corps  ennemis  qui  voudraient  attaquer 
l'armée  ou  qui  manœuvreraient  contre  elle. 

Il  n'y  aura  à  Beaumont  que  le  grand  quartier  général  ;  aucun  autre 
ne  devra  y  être  établi ,  et  la  ville  sera  dégagée  de  tout  embarras. 

Les  anciens  règlements  sur  le  quarlier  général  et  les  équipages, 
sur  l'ordre  des  marches,  la  police  des  voilures  et  bagages  et  sur 
les  blanchisseuses  et  vivandières,  seront  remis  en  vigueur.  Il  sera  fait 
à  ce  sujet  un  ordre  général.  Mais,  en  attendant,  MM.  les  généraux 
commandant  les  corps  d'armée  prendront  des  dispositions  en  consé- 
quence, et  le  grand  prévôt  de  l'armée  fera  exécuter  ces  règlements. 

L'Empereur  ordonne  que  toutes  les  dispositions  contenues  dans  le 
présent  ordre  soient  tenues  secrètes  par  MM.  les  généraux. 

Par  ordre  de  l'Empereur, 
Le  maréchal  de  l'Empire,  major  général, 
Duc  DE  Dalmatie. 

D'après  l'original.  Dépôt  de  la  guerre. 


280         CORRESPONDANCE   DE  NAPOLÉON  I".  —  1815. 
22050.  —  AU  PRINCE  JOSEPH, 

PRÉSIDENT  DU   CONSEIL  DES   MINISTRES,  A  PARIS. 

Avesnes,  14  juin  1815,  au  matin. 

Mon  Frère,  je  porte  ce  soir  mon  quartier  impérial  à  Beanmont. 
Demain  15,  je  me  porterai  sur  Charleroi,  oii  est  l'armée  prussienne; 
ce  qui  donnera  lieu  à  une  bataille  ou  à  la  retraite  de  l'ennemi. 
L'armée  est  belle  et  le  temps  assez  beau;  le  pays  parfaitement  dis- 
posé. 

J'écrirai  ce  soir  si  l'on  doit  faire  les  communications  le  16'.  En 
attendant,  il  faut  que  l'on  se  prépare. 

Adieu. 

D'après  l'original  non  signé  comm.  par  le  cabinet  de  S.  M.  l'Empereur. 


22051.  —  AU  MARÉCHAL  DAVOUT,  PHINCE  D'ECKMUHL,  v 

MINISTRE    DE    LA    GUERRE,    A    PARIS. 

Avesnes,  14  juin  1815,  au  matin. 

Mon  Cousin,  je  passerai  la  Sambre  demain  15.  Si  les  Prussiens 
n'évacuent  pas,  nous  aurons  une  bataille. 

Suchet  doit  s'emparer  de  Montmélian  et  s'y  fortifier. 

Recommandez  qu'il  y  ait  10,000  fusils  à  Lyon  pour  armer  la 
garde  nationale,  et  que  les  pièces  soient  en  batterie. 

Faites  mettre  les  trois  cents  pièces  de  la  marine  en  batterie  à 
Paris;  qu'elles  y  soient  avant  le  25  de  ce  mois.  Faites  instruire  les 
compagnies  de  canonniers  des  lycées;  faites-les  aller  au  polygone  à 
Vincennes,  le  jeudi. 

Ne  prodiguez  pas  les  fusils  aux  fédérés;  nous  en  avons  grand 
besoin  partout.  Je  dirige  la  manufacture  de  Maubeuge  sur  Paris;  si 
vous  la  croyez  mieux  à  Soissons,  vous  pouvez  la  retenir  là. 

Ecrivez  à  Lecourbe  qu'il  doit  s'opposer  au  passage  du  Rhin; 
après,  au  passage  des  Vosges  et  du  Jura.  D'abord,  il  doit  soutenir 
la  position  de  Belfort;  après,  il  doit  soutenir  Langres  et  la  Saône; 
après,  l'Aube  et  la  Seine;  enfin,  l'Yonne. 

Suchet  doit,  en  dernière  analyse,  défendre  Lyon,  la  Saône  et  le 
Rhône. 

Rapp  doit  défendre  l'Alsace  le  plus  possible;  ensuite  les  Vosges; 
ensuite  la  Meurthe  et  la  Moselle;  enfin  la  Meuse,  la  Marne,  etc. 

Nai'oléon. 

D'après  l'original  comm.  par  M""'  la  maréchale  princesse  d'Eckmûhl. 
1  Voir  la  pièce  n"  22054. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815.  281 

22052.  —  A  L'ARMÉE. 

Avesnes,  14  juin  1815. 

Soldats,  c'est  aujourd'hui  l'anniversaire  de  Marengo  etdeFriedland, 
qui  décidèrent  deux  fois  du  destin  de  l'Europe.  Alors,  comme  après 
Austerlitz ,  comme  après  Wagram  ,  nous  fûmes  trop  généreux  ;  nous 
crûmes  aux  protestations  et  aux  serments  des  princes  que  nous  lais- 
sâmes sur  le  trône!  Aujourd'hui,  cependant,  coalisés  contre  nous, 
ils  en  veulent  à  l'indépendance  et  aux  droits  les  plus  sacrés  de  la 
France.  Ils  ont  commencé  la  plus  injuste  des  agressions.  Marchons 
donc  à  leur  rencontre  :  eux  et  nous  ne  sommes-nous  plus  les  mêmes 
hommes? 

Soldais ,  à  lena ,  contre  ces  mêmes  Prussiens  aujourd'hui  si  arro- 
gants, vous  étiez  un  contre  trois;  à  Montmirail,  un  contre  six. 

Que  ceux  d'entre  vous  qui  ont  été  prisonniers  des  Anglais  vous 
lassent  le  récit  de  leurs  pontons  et  des  maux  affreux  qu'ils  ont 
soufferts  ! 

Les  Saxons,  les  Belges,  les  Hanovriens,  les  soldats  de  la  Confé- 
dération du  Rhin ,  gémissent  d'être  obligés  de  prêter  leurs  bras  à  la 
cause  des  princes  ennemis  de  la  justice  et  des  droits  de  tous  les 
peuples.  Ils  savent  que  cette  coalition  est  insatiable.  Après  avoir 
dévoré  douze  millions  de  Polonais,  douze  millions  d'Italiens,  un  mil- 
lion de  Saxons,  six  millions  de  Belges,  elle  devra  dévorer  les  États 
de  deuxième  ordre  de  l'Allemagne. 

Les  insensés!  Un  moment  de  prospérité  les  aveugle.  L'oppression 
et  l'humiliation  du  peuple  français  sont  hors  de  leur  pouvoir.  S'ils 
entrent  en  France,  ils  y  trouveront  leur  tombeau. 

Soldats,  nous  avons  des  marches  forcées  à  faire,  des  batailles  à 
livrer,  des  périls  à  courir;  mais,  avec  de  la  constance,  la  victoire 
sera  à  nous  :  les  droits ,  l'honneur  et  le  bonheur  de  la  patrie  seront 
reconquis. 

Pour  tout  Français  qui  a  du  cœur,  le  moment  est  arrivé  de  vaincre 
ou  de  périr  ! 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Dépôt  de  la  guerre. 


22053.  —  ORDRE  DE  MOUVEMENT. 

Beaumont,  14  juin  1815. 

Demain  15,  à  deux  heures  et  demie  du  matin,  la  division  de  cava- 
lerie légère  du  général  Vandamme  montera  à  cheval  et  se  portera 
sur  la  route  de  Charleroi.  Elle  enverra  des  partis  dans  toutes  les 


282         CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON   I".  —  1815. 

directions  pour  éclairer  le  pays  et  enlever  les  postes  ennemis;  mais 
chacun  de  ces  partis  sera  au  moins  de  50  hommes.  Avant  de  mettre 
en  marche  la  division ,  le  général  Vandamme  s'assurera  qu'elle  est 
pourvue  de  cartouches. 

A  la  même  heure,  le  lieutenant  général  Pajol  réunira  le  1"  corps 
de  cavalerie  et  suivra  le  mouvement  de  la  division  du  général  Domon, 
qui  sera  sous  les  ordres  du  général  Pajol.  Les  divisions  du  1"  corps 
de  cavalerie  ne  fourniront  point  de  détachements  ;  ils  seront  pris  dans 
la  3'  division.  Le  général  Domon  laissera  sa  batterie  d'artillerie  pour 
marcher  après  le  I"  bataillon  du  3*  corps  d'infanterie;  le  lieutenant 
général  Vandamme  lui  donnera  des  ordres  en  conséquence. 

Le  lieutenant  général  Vandamme  fera  battre  la  diane  à  deux 
heures  et  demie  du  matin  ;  à  trois  heures ,  il  mettra  en  marche  sou 
corps  d'armée  et  le  dirigera  sur  Charleroi.  La  totalité  de  ses  bagages 
et  embarras  seront  parqués  en  arrière,  et  ne  se  mettront  en  marche 
qu'après  que  le  6^  corps  et  la  Garde  impériale  auront  passé.  Ils' 
seront  sous  les  ordres  du  vaguemestre  général,  qui  les  réunira  à  ceux 
du  6*  corps  ,  de  la  Garde  impériale  et  du  grand  quartier  général,  et 
leur  donnera  des  ordres  de  mouvement. 

Chaque  division  du  3'  corps  d'armée  aura  avec  elle  sa  batterie  et 
ses  ambulances;  toute  autre  voiture  qui  serait  dans  les  rangs  sera 
brûlée. 

M.  le  comte  de  Lobau  fera  battre  la  diane  à  trois  heures  et  demie, 
et  il  mettra  en  marche  le  6*  corps  d'armée  à  quatre  heures  pour 
suivre  le  mouvement  du  général  Vandamme  et  l'appuyer.  !l  fera 
observer,  pour  les  troupes,  l'artillerie,  les  ambulances  et  les  bagages, 
le  même  ordre  de  marche  qui  est  prescrit  au  3*  corps. 

Les  bagages  du  6*  corps  seront  réunis  à  ceux  du  3*,  sous  les 
ordres  du  vaguemestre  général,  ainsi  qu'il  est  dit. 

La  jeune  Garde  battra  la  diane  à  quatre  heures  et  demie,  et  se 
mettra  en  marche  à  cinq  heures;  elle  suivra  le  mouvement  du 
6'  corps  sur  la  route  de  Charleroi. 

Les  chasseurs  à  pied  de  la  Garde  battront  la  diane  à  quatre  heures, 
et  se  mettront  en  marche  à  cinq  heures  et  demie  pour  suivre  le 
mouvement  de  la  jeune  Garde. 

Les  grenadiers  à  pied  de  la  Garde  battront  la  diane  à  cinq  heures 
et  demie ,  et  partiront  à  six  heures  pour  suivre  le  mouvement  des 
chasseurs  à  pied. 

Le  même  ordre  de  marche  pour  l'artillerie ,  les  ambulances  et  les 
bagages  ,  prescrit  pour  le  3*  corps  d'infanterie  ,  sera  observé  dans  la 
Garde  impériale. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.         '283 

Les  bagages  de  la  Garde  seront  réunis  à  ceux  des  3°  et  6*  corps 
d'armée,  sous  les  ordres  du  vaguemestre  général,  qui  les  fera  mettre 
en  mouvement. 

M.  le  maréchal  Grouchy  fera  monter  à  cheval,  à  cinq  heures  et 
demie  du  matin,  celui  des  trois  corps  de  cavalerie  qui  sera  le  plus 
près  de  la  route,  et  il  lui  fera  suivre  le  mouvement  sur  Charleroi; 
les  deux  autres  corps  partiront  successivement  à  une  heure  d'inter- 
valle l'un  de  l'autre.  Mais  M.  le  maréchal  Grouchy  aura  soin  de 
faire  marcher  la  cavalerie  sur  les  chemins  latéraux  de  la  route  prin- 
cipale que  la  colonne  d'infanterie  suivra,  aOn  d'éviter  l'encombrement 
et  aussi  pour  que  sa  cavalerie  observe  un  meilleur  ordre. 

Il  prescrira  que  la  totalité  des  bagages  restent  en  arrière,  parqués 
et  réunis,  jusqu'au  moment  où  le  vaguemestre  général  leur  donnera 
l'ordre  d'avancer. 

M.  le  comte  Reille  fera  battre  la  diane  à  deux  heures  et  demie  du 
matin ,  et  il  mettra  en  marche  le  2*  corps  à  trois  heures  ;  il  le  diri- 
gera sur  Marchienne-au-Pont,  où  il  fera  en  sorte  d'être  rendu  avant 
neuf  heures  du  matin.  Il  fera  garder  tous  les  ponts  de  la  Sambre, 
afln  que  personne  ne  passe;  les  postes  qu'il  laissera  seront  successi- 
vement relevés  par  le  1"  corps;  mais  il  doit  lâcher  de  prévenir  l'en- 
nemi à  ces  ponts  pour  qu'ils  ne  soient  pas  détruits,  surtout  celui  de 
xVIarchienne ,  par  lequel  il  sera  probablement  dans  le  cas  de  débou- 
cher, et  qu'il  faudrait  faire  aussitôt  réparer  s'il  avait  été  endommagé. 

A  Thuin  et  à  Marchienne,  ainsi  que  dans  tous  les  villages  sur  sa 
route,  M.  le  comte  Reille  interrogera  les  habitants,  afin  d avoir 
des  nouvelles  des  positions  et  forces  des  armées  ennemies.  Il  fera 
aussi  prendre  les  lettres  dans  les  bureaux  de  poste  et  les  dépouillera 
pour  faire  aussitôt  parvenir  à  l'Empereur  les  renseignements  qu'il 
aura  obtenus. 

M.  le  comte  d'Erlon  mettra  en  marche  le  I"  corps  à  trois  heures 
du  matin,  et  le  dirigera  aussi  sur  Charleroi,  en  suivant  le  mouve- 
ment du  2'  corps,  duquel  il  gagnera  la  gauche  le  plus  tôt  possible , 
pour  le  soutenir  et  l'appuyer  au  besoin.  Il  tiendra  une  brigade  de 
cavalerie  en  arrière,  pour  se  couvrir  et  pour  maintenir  par  de  petits 
détachements  ses  communications  avec  Maubeuge.  Il  enverra  des 
partis  en  avant  de  celte  place,  dans  les  directions  de  Mons  et  de 
Binche,  jusqu'à  la  frontière,  pour  avoir  des  nouvelles  des  ennemis  et 
en  rendre  compte  aussitôt;  ces  partis  auront  soin  de  ne  pas  se  com- 
promettre et  de  ne  pas  dépasser  la  frontière. 

M.  le  comte  d'Erlon  fera  occuper  Thuin  par  une  division;  et,  si 
le  pont  de  cette  ville  était  détruit,  il  le  ferait  aussitôt  réparer,  en 


284        CORRESPOMDANCE  DE  NAPOLÉON  ^^  —  1815. 

même  temps  qu'il  fera  tracer  et  exécuter  immédiatement  une  tête  de 
pont  sur  la  rive  gauche.  La  division  qui  sera  à  Thuin  gardera  aussi 
le  pont  de  l'abbaye  d'Aulne,  où  M.  le  comte  d'Erlon  fera  également 
construire  une  tète  de  pont  sur  la  rive  gauche. 

Le  même  ordre  de  marche  prescrit  au  ^^  corps  pour  l'artillerie, 
les  ambulances  et  les  bagages ,  sera  observé  aux  2'  et  1"  corps,  qui 
feront  réunir  et  marcher  leurs  bagages  à  la  gauche  du  1*' corps  sous 
les  ordres  du  vaguemestre  le  plus  ancien. 

Le  4*  corps  (armée  de  la  Moselle)  a  reçu  ordre  de  prendre  au- 
jourd'hui position  en  avant  de  Philippeville.  Si  son  mouvement  est 
opéré  et  si  les  divisions  qui  composent  ce  corps  d'armée  sont  réunies, 
M.  le  lieutenant  général  Gérard  les  meltra  en  marche  demain,  à  trois 
heures  du  matin,  et  les  dirigera  sur  Charleroi.  Il  aura  soin  de  se 
tenir  à  hauteur  du  3'  corps,  avec  lequel  il  communiquera,  afin 
d'arriver  à  peu  près  en  même  temps  devant  Charleroi;  mais  le 
général  Gérard  fera  éclairer  sa  droite  et  tous  les  débouchés  qui  vont 
sur  Namur.  Il  marchera  serré  en  ordre  de  bataille,  et  fera  laisser  à 
Philippeville  tous  ses  bagages  et  embarras,  alin  que  son  corps 
d'armée,  se  trouvant  plus  léger,  se  trouve  à  même  de  manœuvrer. 

Le  général  Gérard  donnera  ordre  à  la  14'  division  de  cavalerie, 
qui  a  dû  aussi  arriver  aujourd'hui  à  Philippeville,  de  suivre  le  mou- 
vement de  son  corps  d'armée  sur  Charleroi,  où  cette  division  joindra 
le  4*  corps  de  cavalerie. 

Les  lieutenants  généraux  Reille,  Vandamme ,  Gérard  et  Pajol  se 
mettront  en  communication  par  de  fréquents  partis,  et  ils  régleront 
leur  marche  de  manière  à  arriver  en  masse  et  ensemble  devant  Char- 
leroi. Ils  mettront,  autant  que  possible,  à  l'avant-garde  des  officiers 
qui  parlent  flamand,  pour  interroger  les  habitants  et  en  prendre  des 
renseignements;  mais  ces  officiers  s'annonceront  comme  comman- 
dant des  partis,  sans  dire  que  l'armée  est  en  arrière. 

Les  lieutenants  généraux  Reille,  Vandamme  et  Gérard  feront 
marcher  tous  les  sapeurs  de  leurs  corps  d'armée  (ayant  avec  eux  des 
moyens  pour  réparer  les  ponts)  après  le  premier  régiment  d'infan- 
terie légère,  et  ils  donneront  ordre  aux  officiers  du  génie  de  faire 
réparer  les  mauvais  passages,  ouvrir  des  communications  latérales 
et  placer  des  ponts  sur  les  courants  d'eau  où  l'infanterie  devrait  se 
mouiller  pour  les  franchir. 

Les  marins,  les  sapeurs  de  la  Garde  et  les  sapeurs  de  la  réserve 
marcheront  après  le  premier  régiment  du  3°  corps.  Les  lieutenants 
généraux  Rogniat  et  Haxo  seront  à  leur  tête;  ils  n'emmèneront  avec 
eux  que  deux  ou  trois  voitures;  le  surplus  du  parc  du  génie  mar- 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.         285 

chera  à  la  gauche  du  3'  corps.  Si  on  rencontre  l'ennemi,  ces  troupes 
ne  seront  point  engagées,  mais  les  généraux  Rogniat  et  Haxo  les 
emploieront  aux  travaux  de  passages  de  rivière,  de  tètes  de  pont,  de 
réparation  de  chemins  et  d'ouverture  de  communications,  etc. 

La  cavalerie  de  la  Garde  suivra  le  mouvement  sur  Charleroi  et 
partira  à  huit  heures. 

L'Empereur  sera  à  l'avant -garde,  sur  la  route  de  Charleroi. 
MM.  les  lieutenants  généraux  auront  soin  d'envoyer  à  Sa  Majesté  de 
fréquents  rapports  sur  leurs  mouvements  et  les  renseignements  qu'ils 
auront  recueillis.  Ils  sont  prévenus  que  l'intention  de  Sa  Majesté  est 
d'avoir  passé  la  Sambre  avant  midi ,  et  de  porter  l'armée  à  la  rive 
gauche  de  celte  rivière. 

L'équipage  de  ponts  sera  divisé  en  deux  sections;  la  première  sec- 
tion se  subdivisera  en  trois  parties ,  chacune  de  5  pontons  et  5  ba- 
teaux d'avant-garde,  pour  jeter  trois  ponts  sur  la  Sambre.  Il  y  aura 
à  chacune  de  ces  subdivisions  une  compagnie  de  pontonniers. 

La  première  section  marchera  à  la  suite  du  parc  du  génie  après  le 
3"  corps. 

La  deuxième  section  restera  avec  le  parc  de  réserve  d'artillerie  à 
la  colonne  des  bagages;  elle  aura  avec  elle  la  4*  compagnie  de  pon- 
tonniers. 

Les  équipages  de  l'Empereur  et  les  bagages  du  grand  quartier  gé- 
néral seront  réunis  et  se  mettront  en  marche  à  dix  heures.  Aussitôt 
qu'ils  seront  passés,  le  vaguemestre  général  fera  partir  les  équipages 
de  la  Garde  impériale,  du  3*  corps  et  du  6'  corps;  en  même  temps, 
il  enverra  ordre  à  la  colonne  d'équipages  de  la  réserve  de  cavalerie 
de  se  mettre  en  marche  et  de  suivre  la  direction  que  la  cavalerie  aura 
prise. 

Les  ambulances  de  l'armée  suivront  le  quartier  général  et  marche- 
ront en  tête  des  bagages;  mais,  dans  aucun  cas,  ces  bagages,  ainsi 
que  les  parcs  de  réserve  de  l'artillerie  et  la  seconde  section  de  l'équi- 
page de  ponts,  ne  s'approcheront  à  plus  de  trois  lieues  de  l'armée, 
à  moins  d'ordres  du  major  général,  et  ils  ne  passeront  la  Sambre 
aussi  que  par  ordre. 

Le  vaguemestre  général  formera  des  divisions  de  ces  bagages ,  et  il 
y  mettra  des  ofticiers  pour  les  commander,  aQn  de  pouvoir  en  déta- 
cher ce  qui  sera  ensuite  appelé  au  quartier  général  ou  pour  le  service 
des  officiers. 

L'intendant  général  fera  réunir  à  cette  colonne  d'équipages  la  tota- 
lité des  bagages  et  transports  de  l'administration,  auxquels  il  sera  as- 
signé un  rang  dans  la  colonne. 


286         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I^r.  _  1815. 

'  Les  voitures  qui  seront  en  retard  prendront  la  gauche,  et  ne  pour- 
ront sorlir  du  rang  qui  leur  sera  donné  que  par  ordre  du  vague- 
mestre général. 

L'Empereur  ordonne  que  toutes  les  voitures  d'équipages  qui  seront 
trouvées  dans  les  colonnes  d'infanterie,  de  cavalerie  ou  d'artillerie, 
soient  brûlées ,  ainsi  que  les  voitures  de  la  colonne  des  équipages 
qui  quitteront  leur  rang  et  intervertiront  l'ordre  de  marche  sans  la 
permission  expresse  du  vaguemestre  général. 

A  cet  effet ,  il  sera  mis  un  détachement  de  50  gendarmes  à  la  dis- 
position du  vaguemestre  général,  qui  est  responsable,  ainsi  que  tous 
les  ofûciers  de  la  gendarmerie  et  les  gendarmes,  de  l'exécution  de 
ces  dispositions,  desquelles  le  succès  de  la  campagne  peut  dépendre. 

Par  ordre  de  l'Empereur  : 
Le  maréchal  de  l'Empire,  major  général, 
Duc  DE  Dalmatie. 
D'après  l'original.  Dëpôt  de  la  guerre.  \ 


22054.  —  AU  PKINCE  JOSEPH, 

PRÉSIDENT  DU  CONSEIL  DES  MINISTRES ,  A  PARIS. 

Beaumont,  15  juin  1815,  trois  heures  du  malin. 

Mon  Frère ,  l'ennemi  faisant  des  mouvements  pour  nous  attaquer, 
je  marche  à  sa  rencontre.  Les  hostilités  vont  donc  commencer  au- 
jourd'hui; ainsi  je  désire  que  l'on  fasse  les  communications  qui  ont 
été  préparées'.  Informez-en  le  duc  de  Vicence. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Archives  des  affaires  étrangères. 


22055.  —AU  PRIXCE  JOSEPH, 

PRÉSIDENT  DU  CONSEIL  DES  MINISTRES,   A  PARIS. 

Charleroi ,  15  juin  1815,  neuf  heures  du  soir. 

Monseigneur,  il  est  neuf  heures  du  soir.  L'Empereur,  qui  est  à 
cheval  depuis  trois  heures  du  matin,  rentre  accablé  de  fatigue.  Il  se 
jette  sur  son  lit  pour  s'y  reposer  quelques  heures.  Il  doit  remonter  à 
cheval  à  minuit.  Sa  Majesté  ne  pouvant  écrire  à  Votre  Altesse  me 
charge  de  lui  mander  ce  qui  suit  : 

«  L'armée  a  forcé  la  Sambre  près  Charleroi  et  placé  des  avant- 

1  Communications  à  faire  aux  Ctiambrcs;  elles  comprenaient  un  rapport  du 
due  de  Vicence  à  l'Empereur  sur  l'hostilité  des  puissances  coalisées  contre  la 
France,  et  sur  les  tentatives  vainement  faites  par  le  gouvernement  de  l'Empe- 
reur pour  arriver  à  des  négociations.  (Voir  le  Moniteur  du  17  juin  ,  oii  se  trouve 
le  rapport  du  duc  de  Vicence.  Voir  aussi  les  pièces  n"*  22035  et  22050.) 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  ^^  —  1815.         287 

gardes  à  moitié  chemin  de  Charleroi  à  Naraur  et  de  Charleroi  à 
Bruxelles.  Nous  avons  fait  1,500  prisonniers  et  enlevé  six  pièces  de 
canon.  Quatre  régiments  prussiens  ont  été  écrasés.  L'p]mpereur  a 
perdu  peu  de  monde.  Mais  il  a  fait  une  perte  qui  lui  est  très-sensible  : 
c'est  son  aide  de  camp,  le  général  Letort ,  qui  a  été  tué  sur  le  pla- 
teau de  Fleurus  en  commandant  une  charge  de  cavalerie.  L'enthou- 
siasme des  habitants  de  Charleroi  et  de  tous  les  pays  que  nous  tra- 
versons ne  peut  se  décrire.  Ce  sont  les  mêmes  sentiments  qu'en 
Bourgogne.  » 

L'Empereur  désire.  Monseigneur,  que  vous  fassiez  part  de  ces 
nouvelles  aux  ministres,  et  que  vous  voyiez  l'usage  qu'il  convient  d'en 
faire. 

11  est  possible  qu'il  y  ait  demain  une  affaire  très-importante. 

Le  premier  secrétaire  du  cabinet, 
Baron  Fain. 
D'après  l'original  comm.  par  le  cabinet  de  S.  M.  l'Emperear. 


22056.  —  BULLETIN  DE  L'ARMEE. 

Charleroi,  15  juin  1815,  au  soir. 

Le  14,  l'armée  était  placée  de  la  manière  suivante  : 

Le  quartier  impérial  à  Beaumont. 

Le  1"  corps,  commandé  par  le  général  d'Erlon,  était  à  Solre,  sur 
la  Sambre. 

Le  2'  corps ,  commandé  par  le  général  Reille ,  était  à  Ham-sur- 
Heure. 

Le  3*  corps,  commandé  par  le  général  Vandamme,  était  sur  la 
droite  de  Beaumont. 

Le  4^  corps ,  commandé  par  le  général  Gérard ,  arrivait  à  Philip- 
peville. 

Le  15,  à  trois  heures  du  matin ,  le  général  Reille  attaqua  l'ennemi 
et  se  porta  sur  Marchienne-au-Pont.  11  eut  différents  engagements 
dans  lesquels  sa  cavalerie  chargea  un  bataillon  prussien  et  Gt  300  pri- 
sonniers. 

A  une  heure  du  matin ,   l'Empereur  était  à  Jamioulx-sur-Heure. 

La  division  de  cavalerie  légère  du  général  Domon  sabra  deux  ba- 
taillons prussiens  et  fit  400  prisonniers. 

Le  général  Pajol  entra  à  Charleroi  à  midi.  Les  sapeurs  et  les  ma- 
rins de  la  Garde  étaient  à  l'avant-garde  pour  réparer  les  ponts;  ils 
pénétrèrent  les  premiers  en  tirailleurs  dans  la  ville.  Le  général  Clary, 


288         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

avec  le   1"  de  hussards,  se  porla  sur  Gosselies,   sur  la  route  de 
Bruxelles,  et  le  général  Pajol  sur  Gilly,  sur  la  route  de  Namur. 

A  trois  heures  après  midi,  le  général  Vandamme  déboucha  avec 
son  corps  sur  Gilly. 

Le  maréchal  Grouchy  arriva  avec  la  cavalerie  du  général  Exel- 
mans. 

L'ennemi  occupait  la  gauche  de  la  position  de  Fleurus.  A  cinq 
heures  après  midi,  l'Empereur  ordonna  l'attaque.  La  position  fut 
tournée  et  enlevée.  Les  quatre  escadrons  de  service  de  la  Garde, 
commandés  par  le  général  Letort,  aide  de  camp  de  l'Empereur,  en- 
foncèrent trois  carrés;  les  26*,  27'  et  28"  régiments  prussiens  furent 
mis  en  déroute.  Nos  escadrons  sabrèrent  4  ou  500  hommes  et  Grent  • 
1,500  prisonniers. 

Pendant  ce  temps,  le  général  Reille  passait  la  Sambre  à  Marchienne- 
au-Pont,  pour  se  porter  sur  Gosselies  avec  les  divisions  du  prince 
Jérôme  et  du  général  Bachelu,  attaquait  l'ennemi,  lui  faisait  250  pri- 
sonniers et  le  poursuivait  sur  la  route  de  Bruxelles. 

Nous  devînmes  ainsi  maîtres  de  toute  la  position  de  Fleurus. 

A  huit  heures  du  soir,  l'Empereur  rentra  à  son  quartier  général  à 
Charleroi. 

Cette  journée  coûte  à  l'ennemi  cinq  pièces  de  canon  et  2,000 
hommes,  dont  1,000  prisonniers.  Notre  perte  est  de  10  hommes  tués 
et  de  80  blessés,  la  plupart,  des  escadrons  de  service,  qui  ont  fait 
les  charges,  et  des  trois  escadrons  du  20*  de  dragons,  qui  ont  aussi 
chargé  un  carré  avec  la  plus  grande  intrépidité.  Notre  perte,  légère 
quant  au  nombre ,  a  été  sensible  à  l'Empereur,  par  la  blessure  grave 
qu'a  reçue  le  général  Letort,  son  aide  de  camp,  en  chargeant  à  la 
tête  des  escadrons  de  service.  Cet  officier  est  de  la  plus  grande  dis- 
tinction. Il  a  été  frappé  d'une  balle  au  bas-ventre,  et  le  chirurgien 
fait  craindre  que  sa  blessure  ne  soit  mortelle. 

Nous  avons  trouvé  à  Charleroi  quelques  magasins.  La  joie  des 
Belges  ne  saurait  se  décrire.  Il  y  a  des  villages  qui,  à  la  vue  de  leurs 
libérateurs ,  ont  formé  des  danses ,  et  partout  c'est  un  élan  qui  part 
du  cœur. 

Dans  le  rapport  de  l'état-major  général ,  on  insérera  les  noms  des 
officiers  et  soldats  qui  se  sont  distingués. 

L'Empereur  a  donné  le  commandement  de  la  gauche  au  prince  de 
la  Moskova,  qui  a  eu  le  soir  son  quartier  général  aux  Quatre-Che- 
mins',  sur  la  route  de  Bruxelles. 

Le  duc  de  Trévise,  à  qui  l'Empereur  avait  donné  le  commandement 

1  Les  Quatre-Bras. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«^  —  1815.         289 

de  la  jeune  Garde,  est  resté  à  Beaumont,  malade  d'une  sciatique  qui 
l'a  forcé  de  se  mettre  au  lit. 

Le  4'  corps ,  commandé  par  le  général  Gérard ,  arrive  ce  soir  à 
Chàtelet.  Le  général  Gérard  a  rendu  compte  que  le  lieutenant  gé- 
néral Bourmont,  le  colonel  Clouet  et  le  chef  d'escadron  Villoulreys 
ont  passé  à  l'ennemi.  Un  lieutenant  du  11'  de  chasseurs  a  également 
passé  à  l'ennemi.  Le  major  général  a  ordonné  que  ces  déserteurs 
fussent  sur-le-champ  jugés  conformément  aux  lois. 

Rien  ne  peut  peindre  le  bon  esprit  et  l'ardeur  de  l'armée.  Elle  re- 
garde comme  un  événement  heureux  la  désertion  de  ce  petit  nombre 
de  traîtres,  qui  se  démasquent  ainsi. 

Extrait  du  Moniteur  du  18  juin  1815. 


22057.  — AU  PRINCE  JOSEPH, 

PRÉSIDENT  DU  CONSEIL  DES  MINISTRES,  A  PARIS. 

Cliarleroi,  16  juin  1815. 

Mon  Frère,  le  bulletin  vous  fera  connaître  ce  qui  s'est  passé.  Je 
porte  mon  quartier  général  à  Fleurus.  Nous  sommes  en  grand  mou- 
vement. Je  regrette  beaucoup  la  perte  du  général  Letort.  La  perte  de 
la  journée  d'hier  est  peu  considérable  et  porte  presque  toute  sur  les 
quatre  escadrons  de  service. 

La  confiscation  des  biens  des  traîtres  qui  forment  des  rassemble- 
ments à  Gand  est  nécessaire. 

Napoléon. 

Letort  va  mieux. 

D'après  l'original  comm.  par  le  cabinet  de  S.  AI.  l'Empereur. 


22058.  — AU  MARECHAL  NEY,  PRINCE  DE  LA  MOSKOVA, 

COMMANDANT  l'aILE  GAUCHE  DE  l' ARMÉE  DU  NORD. 

Charleroi,  16  juin  1815. 

Mon  Cousin ,  je  vous  envoie  mon  aide  de  camp  le  général  Fla- 
hault,  qui  vous  porte  la  présente  lettre.  Le  major  général  a  dû  vous 
donner  des  ordres,  mais  vous  recevrez  les  miens  plus  tôt,  parce  que 
mes  officiers  vont  plus  vite  que  les  siens.  Vous  recevrez  l'ordre  de 
mouvement  du  jour,  mais  je  veux  vous  en  écrire  en  détail,  parce  que 
c'est  de  la  plus  haute  importance. 

Je  porte  le  maréchal  Grouchy  avec  les  3'  et  4"  corps  d'infanterie 
sur  Sombreffe;  je  porte  ma  Garde  à  Fleurus  ,  et  j'y  serai  de  ma  per- 
sonne avant  midi.  J'y  attaquerai  l'ennemi  si  je  le  rencontre,  et  j'éclai- 
xxvin.  19 


290         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

rerai  la  route  jusqu'à  Gembloux.  Là,  d'après  ce  qui  se  passera,  je 
prendrai  mon  parti  :  peut-être  à  trois  heures  après  midi,  peut-être 
ce  soir.  Mon  intention  est  que ,  immédiatement  après  que  j'aurai  pris 
mon  parti,  vous  soyez  prêt  à  marcher  sur  Bruxelles.  Je  vous  ap- 
puierai avec  la  Garde,  qui  sera  à  Fleurus  ou  à  Sombreffe,  et  je  dé- 
sirerais arriver  à  Bruxelles  demain  matin.  Vous  vous  mettriez  en 
marche  ce  soir  même,  si  je  prends  mon  parti  d'assez  bonne  heure 
pour  que  vous  puissiez  en  être  informé  de  jour  et  faire  ce  soir  trois 
ou  quatre  lieues  et  être  demain  à  sept  heures  du  matin  à  Bruxelles. 

Vous  pouvez  donc  disposer  vos  troupes  de  la  manière  suivante  i 

Première  division,  à  deux  lieues  en  avant  des  Quatre-Chemins  ', 
s'il  n'y  a  pas  d'inconvénient;  six  divisions  d'infanterie  autour  des 
Quatre-Chemins,  et  une  division  à  Marbais,  afin  que  je  puisse  l'at- 
tirer à  moi  à  Sombreffe,  si  j'en  avais  besoin;  elle  ne  retarderait  d'ail- 
leurs pas  votre  marche  ; 

Le  corps  du  comte  de  Valmy,  qui  a  3,000  cuirassiers  d'élite,  à 
l'intersection  du  chemin  des  Romains  et  de  celui  de  Bruxelles,  afin 
que  je  puisse  l'attirer  à  moi  si  j'en  avais  besoin.  Aussitôt  que  mon 
parti  sera  pris,  vous  lui  enverrez  l'ordre  de  venir  vous  rejoindre. 

Je  désirerais  avoir  avec  moi  la  division  de  la  Garde  que  commande 
le  général  Lefebvre-Desnoëttes ,  et  je  vous  envoie  les  deux  divisions 
du  corps  du  comte  de  Valmy  pour  la  remplacer.  Mais,  dans  mon 
projet  actuel,  je  préfère  placer  le  comte  de  Valmy  de  manière  à  le 
rappeler  si  j'en  avais  besoin,  et  ne  point  faire  faire  de  fausses  marches 
au  général  Lefebvre-Desnoëttes,  puisqu'il  est  probable  que  je  me  dé- 
ciderai ce  soir  à  marcher  sur  Bruxelles  avec  la  Garde.  Cependant 
couvrez  la  division  Lefebvre  par  les  divisions  de  cavalerie  d'Erlon  et  de 
Reille,  afin  de  ménager  la  Garde  :  s'il  y  avait  quelque  échauffourée 
avec  les  Anglais,  il  est  préférable  que  ce  soit  sur  la  ligne  que  sur  la 
Garde. 

J'ai  adopté  comme  principe  général,  pendant  cette  campagne,  de 
diviser  mon  armée  en  deux  ailes  et  une  réserve.  Votre  aile  sera  com- 
posée des  quatre  divisions  du  1"  corps,  des  quatre  divisions  du 
2*  corps,  de  deux  divisions  de  cavalerie  légère  et  de  deux  divisions 
du  corps  du  comte  de  Valmy.  Cela  ne  doit  pas  être  loin  de  45  à 
50,000  hommes. 

Le  maréchal  Grouchy  aura  à  peu]  près  la  même  force  et  comman- 
dera l'aile  droite. 

La  Garde  formera  la  réserve ,  et  je  me  porterai  sur  l'une  ou  l'autre 
aile,  selon  les  circonstances. 

*  Les  Quatre-Bras. 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  1er.  __  1815,         291 

Le  major  général  donne  les  ordres  les  plus  précis  pour  qu'il  n'y 
ait  aucune  difficulté  sur  l'obéissance  à  vos  ordres  lorsque  vous  serez 
détaché,  les  commandants  de  corps  devant  prendre  mes  ordres  direc- 
tement quand  je  me  trouve  présent. 

Selon  les  circonstances ,  j'affaiblirai  l'une  ou  l'autre  aile ,  en  aug- 
mentant ma  réserve. 

Vous  sentez  assez  l'importance  attachée  à  la  prise  de  Bruxelles. 
Cela  pourra  d'ailleurs  donner  lieu  à  des  incidents,  car  un  mouve- 
ment aussi  prompt  et  aussi  brusque  isolera  l'armée  anglaise  de  Mons, 
Ostende,  etc. 

Je  désire  que  vos  dispositions  soient  bien  faites ,  pour  qu'au  pre- 
mier ordre  vos  huit  divisions  puissent  marcher  rapidement  et  sans 
obstacle  sur  Bruxelles. 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Dépôt  de  la  guerre. 


22059.  —  AU  MARECHAL  COMTE  GROUCHY, 

COMMANDANT  l'aILE  DROITE  DE  l'aRMÉE  DU  NORD. 

Charleroi,  16  juin  1815. 

Mon  Cousin,  je  vous  envoie  Labédoyère,  mon  aide  de  camp,  pour 
vous  porter  la  présente  lettre.  Le  major  général  a  dû  vous  faire  con- 
naître mes  intentions  ;  mais ,  comme  il  a  des  officiers  mal  montés , 
mon  aide  de  camp  arrivera  peut-être  avant. 

Mon  intention  est  que,  comme  commandant  l'aile  droite,  vous 
preniez  le  commandement  du  3'  corps  que  commande  le  général 
Vandamme,  du  4'  corps  que  commande  le  général  Gérard,  des  corps 
de  cavalerie  que  commandent  les  généraux  Pajol ,  Milhaud  et  Exel- 
mans;  ce  qui  ne  doit  pas  faire  loin  de  50,000  hommes.  Rendez-vous 
avec  cette  aile  droite  à  Sombreffe.  Faites  partir  en  conséquence,  de 
suite,  les  corps  des  généraux  Pajol,  Milhaud,  Exelmans  et  Van- 
damme, et,  sans  vous  arrêter,  continuez  voire  mouvement  sur  Som- 
breffe. Le  4*  corps,  qui  est  à  Chàlelet,  reçoit  directement  l'ordre  de 
se  rendre  à  Sombreffe  sans  passer  par  Fleurus.  Cette  observation  est 
importante,  parce  que  je  porte  mon  quartier  général  à  Fleurus  et 
qu'il  faut  éviter  les  encombrements.  Envoyez  de  suite  un  officier  au 
général  Gérard  pour  lui  faire  connaître  votre  mouvement,  et  qu'il 
exécute  le  sien  de  suite. 

Mon  intention  est  que  tous  les  généraux  prennent  directement  vos 
ordres;  ils  ne  prendront  les  miens  que  lorsque  je  serai  présent.  Je 
serai  entre  dix  et  onze  heures  à  Fleurus;  je  me  rendrai  à  Sombreffe, 

19. 


292         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

laissant  ma  Garde,  infanterie  et  cavalerie,  à  Fleurus;  je  ne  la  con- 
duirais à  Sombreffe  qu'en  cas  qu'elle  fût  nécessaire.  Si  l'ennemi 
est  à  Sombreffe,  je  veux  l'attaquer;  je  veux  même  l'attaquer  à  Gem- 
bloux  et  m'emparer  aussi  de  cette  position,  mon  intention  étant, 
après  avoir  connu  ces  deux  positions,  de  partir  cette  nuit,  et  d'opérer 
avec  mon  aile  gauche,  que  commande  le  maréchal  Ney,  sur  les  An- 
glais. Ne  perdez  donc  point  un  moment,  parce  que  plus  vite  je  pren- 
drai mon  parti,  mieux  cela  vaudra  pour  la  suite  de  mes  opérations. 
Je  suppose  que  vous  êtes  à  Fleurus.  Communiquez  constamment 
avec  le  général  Gérard,  afln  qu'il  puisse  vous  aider  pour  attaquer 
Sombreffe,  s'il  était  nécessaire. 

La  division  Girard  est  à  portée  de  Fleurus  -,  n'en  disposez  point  à 
moins  de  nécessité  absolue,  parce  qu'elle  doit  marcher  toute  la  nuit. 
Laissez  aussi  ma  jeune  Garde  et  toute  son  artillerie  à  Fleurus. 

Le  comte  de  Valmy ,  avec  ses  deux  divisions  de  cuirassiers ,  maiv 
che  sur  la  route  de  Bruxelles;  il  se  lie  avec  le  maréchal  Ney,  pour 
contribuera  l'opération  de  ccsoir,  à  l'aile  gauche. 

Comme  je  vous  l'ai  dit,  je  serai  de  dix  à  onze  heures  à  Fleurus. 
Envoyez-moi  des  rapports  sur  tout  ce  que  vous  apprendrez.  Veillez  à 
ce  que  la  route  de  Fleurus  soit  libre.  Toutes  les  données  que  j'ai 
sont  que  les  Prussiens  ne  peuvent  point  nous  opposer  plus  de 
40,000  hommes. 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Dépôt  de  la  guerre. 


22060.  —  ORDRE 

A  CHAQUE  COMMANDANT  DE  CORPS  D'ARMÉE. 

18  juin  1815,  onze  heures  du  matin. 

Une  fois  que  toute  l'armée  sera  rangée  en  bataille,  à  peu  près  à 
une  heure  après  midi ,  au  moment  où  l'Empereur  en  donnera  l'ordre 
au  maréchal  Ney ,  l'attaque  commencera  pour  s'emparer  du  village 
de  Mont-Saint-Jean,  oii  est  l'intersection  des  routes.  A  cet  effet,  la 
batterie  de  12  du  2*  corps  et  celle  du  6*  se  réuniront  à  celle  du 
1"  corps.  Ces  vingt-quatre  bouches  à  feu  tireront  sur  les  troupes  de 
Mont-Saînt-Jean  ,  et  le  comte  d'Erlon  commencera  l'attaque ,  en  por- 
tant en  avant  sa  division  de  gauche  et  la  soutenant,  suivant  les  cir- 
constances, par  les  divisions  du  1"  corps. 

Le  2*  corps  s'avancera  à  mesure  pour  garder  la  hauteur  du  comte 
d'Erlon. 


CORRESPOXDANCE   DE  IVAPOLEOM  I".  —  1815.         293 

Les  compagnies  de  sapeurs  du  1"  corps  seront  prêtes  pour  se  bar- 
ricader sur-le-champ  à  Monl-Saint-Jean. 

D'après  la  copie.  Dépôt  de  la  guerre. 


22061.  —  BULLETIN  DE  L'ARMEE. 

Laon,  20  juin  1815. 
BATAILLE  DE  LIG\Y,  SOUS  FLEURUS. 

Le  16  au  malin  l'armée  occupait  les  positions  suivantes  : 

L'aile  gauche,  commandée  par  le  maréchal  duc  d'Elchingen,  et 
composée  du  i"  et  du  2°  corps  d'infanterie  et  du  2"  de  cavalerie, 
occupait  les  positions  de  Frasnes. 

L'aile  droite,  commandée  par  le  maréchal  Grouchy,  et  composée 
des  3*  et  4*  corps  d'infîinterie  et  du  3*  corps  de  cavalerie,  occupait 
les  hauteurs  derrière  Fleurus. 

Le  quartier  général  de  l'Empereur  était  à  Charleroi,  oii  se  trou- 
vaient la  Garde  impériale  et  le  6*  corps. 

L'aile  gauche  eut  l'ordre  de  marcher  sur  les  Quatre-Bras ,  et  la 
droite  sur  Sombreffe.  L'Empereur  se  porta  à  Fleurus  avec  sa  réserve. 

Les  colonnes  du  maréchal  Grouchy  étant  en  marche  aperçurent , 
après  avoir  dépassé  Fleurus,  l'armée  ennemie,  commandée  par  le 
feld-niiiréchal  Blùcher,  occupant  les  plateaux  du  moulin  de  Bussy^ 
par  la  gauche  le  village  de  Sombreffe,  et  prolongeant  sa  cavalerie 
fort  en  avant  sur  la  route  de  Namur;  sa  droite  était  à  Saint-Amand  et 
occupait  ce  gros  village  avec  de  grandes  forces,  ayant  devant  elle  un 
ravin  qui  formait  sa  position. 

L'Empereur  fut  reconnaître  la  force  et  les  positions  de  l'ennemi ,  et 
résolut  d'attaquer  sur-le-champ.  Il  fallut  faire  un  changement  de 
front,  la  droite  eu  avant  et  en  pivotant  sur  Fleurus. 

Le  général  Vandamme  marcha  sur  Saint-Amand ,  le  général  Gé- 
rard sur  Ligny  et  le  maréchal  Grouchy  sur  Sombreffe.  La  troisième 
division  du  2°  corps,  commandée  par  le  général  Girard,  marcha  en 
réserve  derrière  le  corps  du  général  Vandamme.  La  Garde  se  rangea 
à  la  hauteur  de  Fleurus,  ainsi  que  les  cuirassiers  du  général  Milhaud. 

A  trois  heures  après  midi  ces  dispositions  furent  achevées.  La 
division  du  général  Lefol,  faisant  partie  du  corps  du  général  Van- 
damme, s'engagea  la  première  et  s'empara  de  Saint-Amand,  d'où 
elle  chassa  l'ennemi  à  la  baïonnette.  Elle  se  maintint,  pendant  tout 
le  combat,  au  cimetière  et  au  clocher  de  Saint-Amand.  Mais  ce 
village,  qui  est  très-étendu,   fut  le  théâtre   de  différents  combats 


294         CORRESPONDANCE  DE   NAPOLEON  I".  —  1815. 

pendant  la  soirée;  iout  le  corps  du  général  Vandamme  y  fut  engagé, 
et  l'ennemi  y  engagea  des  forces  considérables. 

Le  général  Girard ,  placé  en  réserve  du  corps  du  général  Van- 
damme ,  tourna  le  village  par  sa  droite  et  s'y  battit  avec  sa  valeur 
accoutumée.  Les  forces  respectives  étaient  soutenues  de  part  et  d'au- 
tre par  une  soixantaine  de  bouches  à  feu. 

A  la  droite  ,  le  général  Gérard  s'engagea  avec  le  4*  corps  au  village 
de  Ligny,  qui  fut  pris  et  repris  plusieurs  fois. 

Le  maréchal  Grouchy ,  à  l'extrême  droite,  et  le  général  Pajol 
combattirent  au  village  de  Sombreffe.  L'ennemi  montra  de  80  à 
90,000  hommes  et  un  grand  nombre  de  pièces  de  canon. 

A  sept  heures ,  nous  étions  maîtres  de  tous  les  villages  situés  sur 
le  bord  du  ravin  qui  couvrait  la  position  de  l'ennemi  ;  mais  celui-ci 
occupait  encore  avec  toutes  ses  masses  le  plateau  du  moulin  de  Bussy. 
L'Empereur  se  porta  avec  sa  Garde  au  village  de  Ligny  ;  le  générçil 
Gérard  fit  déboucher  le  général  Pécheux  avec  ce  qui  lui  restait  de 
réserve,  presque  toutes  les  troupes  ayant  été  engagées  dans  ce  village. 
Huit  bataillons  de  la  Garde  débouchèrent  à  la  baïonnette,  et  derrière 
eux  les  quatre  escadrons  de  service,  les  cuirassiers  du  général  Delort, 
ceux  du  général  Milhaud  et  les  grenadiers  à  cheval  de  la  Garde.  La 
vieille  Garde  aborda  à  la  baïonnette  les  colonnes  ennemies  qui  étaient 
sur  les  hauteurs  de   Bussy ,  et  en  un  instant  couvrit  de  morts  le 
champ  de  bataille.  L'escadron  de  service  attaqua  et  rompit  un  carré, 
et  les  cuirassiers  poussèrent  l'ennemi  dans  toutes  les  directions.  A 
sept  heures  et  demie ,  nous  avions  quarante  pièces  de  canon ,  beau- 
coup de  voitures ,  des  drapeaux  et  des  prisonniers ,  et  l'ennemi  cher- 
chait son  salut  dans  une  retraite  précipitée.  A  dix  heures,  la  bataille 
était  finie ,  et  nous  nous  trouvions  maîtres  de  tout  le  champ  de  ba- 
taille. 

Le  général  Liitzow,  partisan,  a  été  fait  prisonnier.  Les  prisonniers 
assurent  que  le  feld-maréchal  Bliicher  a  été  blessé.  L'élite  de  l'ar- 
mée prussienne  a  été  détruite  dans  cette  bataille.  Sa  perte  ne  peut 
être  moindre  de  15,000  hommes;  la  nôtre  est  de  3,000  hommes 
tués  ou  blessés. 

A  la  gauche,  le  maréchal  Ney  avait  marché  sur  les  Quatre-Bras 
avec  une  division  qui  avait  culbuté  une  division  anglaise  qui  s'y  trou- 
vait placée.  Mais,  attaqué  par  le  prince  d'Orange  avec  25,000  hom- 
mes ,  partie  Anglais ,  partie  Hanovriens  à  la  solde  de  l'Angleterre ,  il 
se  replia  sur  sa  position  de  Frasnes.  Là  s'engagèrent  des  combats 
multipliés;  l'ennemi  s'attachait  à  le  forcer,  mais  il  le  fit  vainement. 
Le  duc  d'Elchingen  attendait  le  1"  corps,  qui  n'arriva  qu'à  la  nuit;  il 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I".  —  1815.  295 

se  borna  à  garder  sa  position.  Dans  un  carré  attaqué  par  le  8*  régi- 
ment de  cuirassiers,  le  drapeau  du  69"  régiment  d'infanterie  anglais 
est  tombé  entre  nos  mains.  Le  prince  de  Brunswick  a  été  tué.  Le 
prince  d'Orange  a  été  blessé.  On  assure  que  l'ennemi  a  eu  beaucoup 
de  personnages  et  de  généraux  de  marque  tués  ou  blessés.  On  porte 
la  perte  des  Anglais  à  4  ou  5,000  bommes;  la  nôtre,  de  ce  côté,  a 
été  très-considérable  :  elle  s'élève  à  4,200  bommes  tués  ou  blessés. 
Ce  combat  a  fini  à  la  nuit.  Lord  Wellington  a  ensuite  évacué  les 
Qualre-Bras  et  s'est  porté  sur  Genappe. 

Dans  la  matinée  du  17,  l'Empereur  s'est  rendu  aux  Quatre-Bras, 
d'où  il  a  marcbé  pour  attaquer  l'armée  anglaise;  il  l'a  poussée  jus- 
qu'à l'entrée  de  la  forêt  de  Soigne,  avec  l'aile  gauche  et  la  réserve. 
L'aile  droite  s'est  portée  par  Sombreffe ,  à  la  suite  du  feld-maréchal 
Bliicher,  qui  se  dirigeait  sur  Wavre,  oii  il  paraissait  vouloir  se  placer. 

A  dix  beures  du  soir,  l'armée  anglaise,  occupant  Mont-Saint-Jean 
par  son  centre ,  se  trouva  en  position  en  avant  de  la  forêt  de  Soigne; 
il  aurait  fallu  pouvoir  disposer  dé  trois  heures  pour  l'attaquer;  on 
fut  donc  obligé  de  remettre  au  lendemain. 

Le  quartier  général  de  l'Empereur  fut  établi  à  la  ferme  du  Caillou, 
près  Plancenoit.  La  pluie  tombait  par  torrents.  Ainsi,  dans  la  jour- 
née du  16  ,  la  gauche,  la  droite  et  la  réserve  ont  été  également  en- 
gagées à  une  distance  d'à  peu  près  deux  lieues. 

BATAILLE  DE  MONT-SAINT-JEAN. 

A  neuf  heures  du  matin ,  la  pluie  ayant  un  peu  diminué ,  le 
1"  corps  se  mit  en  mouvement  et  se  plaça,  la  gauche  à  la  route  de 
Bruxelles  et  vis-à-vis  le  village  de  Mont-Saint-Jean ,  qui  paraissait  le 
centre  de  la  position  de  l'ennemi.  Le  2*  corps  appuya  sa  droite  à  la 
route  de  Bruxelles,  et  sa  gauche  à  un  petit  bois,  à  portée  de  canon 
de  l'armée  anglaise.  Les  cuirassiers  se  portèrent  en  réserve  derrière  , 
et  la  Garde  en  réserve  sur  les  hauteurs.  Le  6"  corps ,  avec  la  cavale- 
rie du  général  Domon,  sous  les  ordres  du  comte  Lobau,  fut  destiné 
à  se  porter  en  arrière  de  notre  droite,  pour  s'opposer  à  un  corps 
prussien  qui  paraissait  avoir  échappé  au  maréchal  Grouchy  et  être 
dans  l'intention  de  tomber  sur  notre  flanc  droit,  intention  qui  nous 
avait  été  connue  par  nos  rapports  et  par  une  lettre  d'un  général  prus- 
sien que  portait  une  ordonnance  prise  par  nos  coureurs.  Les  troupes 
étaient  pleines  d'ardeur. 

On  estimait  les  forces  de  l'armée  anglaise  à  80,000  hommes;  on 
supposait  que  le  corps  prussien ,  qui  pouvait  être  en  mesure  vers  le 
soir,  pouvait  être  de  15,000  hommes.  Les  forces  ennemies  étaient 


296         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  _  1815. 

donc  de  plus  de  90,000  hommes;  les  nôtres  étaient  moins  nom- 
breuses. 

A  midi ,  tous  les  préparatifs  étaient  terminés,  et  le  prince  Jérôme, 
commandant  une  division  du  2*  corps,  destinée  à  en  former  l'ex- 
trême gauche,  se  porta  sur  le  bois  dont  l'ennemi  occupait  une  partie. 
La  canonnade  s'engagea;  l'ennemi  soutint  par  trente  pièces  de  canon 
les  troupes  qu'il  avait  envoyées  pour  garder  le  bois.  Nous  fîmes  aussi 
de  notre  côté  des  dispositions  d'artillerie.  A  une  heure,  le  prince  Jé- 
rôme fut  maître  de  tout  le  bois,  et  toute  l'armée  anglaise  se  replia 
derrière  un  rideau.  Le  comte  d'Erlon  attaqua  alors  le  village  de 
Mont-Saint-Jean  et  fit  appuyer  son  attaque  par  quatre-vingts  pièces 
de  canon.  Il  s'engagea  là  une  épouvantable  canonnade,  qui  dut  beau- 
coup faire  souffrir  l'armée  anglaise.  Tous  les  coups  portaient  sur  le 
plateau.  Une  brigade  de  la  1"  division  du  comte  d'Erlon  s'empara  du 
village  de  Mont-Saint-Jean  ;  une  seconde  brigade  fut  chargée  par  un 
corps  de  cavalerie  anglaise,  qui  lui  fit  éprouver  beaucoup  de  pertes.' 
Au  même  moment,  une  division  de  cavalerie  anglaise  chargea  la 
batterie  du  comte  d'Erlon  par  sa  droite,  et  désorganisa  plusieurs  piè- 
ces ;  mais  les  cuirassiers  du  général  Milhaud  chargèrent  cette  divi- 
sion, dont  trois  régiments  furent  rompus  et  écharpés. 

11  était  trois  heures  après  midi.  L'Empereur  fit  avancer  la  Garde 
pour  la  placer  dans  la  plaine,  sur  le  terrain  qu'avait  occupé  le 
1"  corps  au  commencement  de  l'action,  ce  corps  se  trouvant  déjà 
en  avant.  La  division  prussienne,  dont  on  avait  prévu  le  mouvement, 
commença  alors  à  s'engager  avec  les  tirailleurs  du  comte  Lobau ,  en 
plongeant  son  feu  sur  tout  notre  flanc  droit.  Il  était  convenable , 
avant  de  rien  entreprendre  ailleurs,  d'attendre  l'issue  qu'aurait  cette 
attaque.  A  cet  effet,  tous  les  moyens  de  la  réserve  étaient  prêts  à  se 
porter  au  secours  du  comte  Lobau  et  à  écraser  le  corps  prussien  lors- 
qu'il se  serait  avancé. 

Cela  fait,  l'Empereur  avait  le  projet  de  mener  une  attaque  par  le 
village  de  Mont-Saint-Jean,  dont  on  espérait  un  succès  décisif;  mais» 
par  un  mouvement  d'impatience  si  fréquent  dans  nos  annales  mili- 
taires, et  qui  nous  a  été  souvent  si  funeste,  la  cavalerie  de  réserve, 
s'étant  aperçue  d'un  mouvement  rétrograde  que  faisaient  les  Anglais 
pour  se  mettre  à  l'abri  de  nos  batteries ,  dont  ils  avaient  déjà  tant 
souffert,  couronna  les  hauteurs  de  Mont-Saint-Jean  et  chargea  l'in- 
fanterie. Ce  mouvement ,  qui,  fait  à  temps  et  soutenu  par  les  réser- 
ves, devait  décider  de  la  journée,  fait  isolément  et  avant  que  les 
affaires  de  la  droite  fussent  terminées,  devint  funeste.  N'ayant  aucun 
moyen  de  le  contremander ,  l'ennemi  montrant  beaucoup  de  masses 


CORRESPOJVDANCli   DE  NAPOLÉON  I".  —  1815.         297 

d'infanterie  et  de  cavalerie,  et  les  deux  divisions  de  cuirassiers  étant 
engagées,  toute  notre  cavalerie  courut  au  même  moment  pour  sou- 
tenir ses  camarades.  Là,  pendant  trois  heures,  se  firent  de  nom- 
breuses charges  qui  nous  valurent  l'enfoncement  de  plusieurs  carrés 
et  six  drapeaux  de  l'infanterie  anglaise,  avantage  hors  de  proportion 
avec  les  pertes  qu'éprouvait  notre  cavalerie  par  la  mitraille  et  les  fu- 
sillades. Il  était  impossible  de  disposer  de  nos  réserves  d'infanterie 
jusqu'à  ce  qu'on  eût  repoussé  l'altaque  de  flanc  du  corps  prussien. 
Cette  attaque  se  prolongeait  toujours  et  perpendiculairement  sur 
notre  flanc  droit.  L'Empereur  y  envoya  le  général  Duhesme  avec  la 
jeune  Garde  et  plusieurs  batteries  de  réserve.  L'ennemi  fut  contenu, 
fut  repoussé  et  recula  ;  il  avait  épuisé  ses  forces  et  l'on  n'en  avait 
plus  rien  à  craindre.  C'est  ce  moment  qui  était  celui  indiqué  pour 
une  attaque  sur  le  centre  de  l'ennemi. 

Comme  les  cuirassiers  souffraient  par  la  mitraille,  on  envoya  qua- 
tre bataillons  de  la  moyenne  Garde  pour  proléger  les  cuirassiers, 
soutenir  la  position,  et,  si  cela  était  possible,  dégager  et  faire  recu- 
ler dans  la  plaine  une  partie  de  notre  cavalerie.  On  envoya  deux  au- 
tres bataillons  pour  se  tenir  en  potence  sur  l'extrême  gauche  de  la 
division  qui  avait  manœuvré  sur  nos  flancs,  afin  de  n'avoir  de  ce  côté 
aucune  inquiétude;  le  reste  fut  disposé  en  réserve,  partie  pour  occu- 
per la  potence  en  arrière  de  Mont-Saint-Jean ,  partie  sur  le  plateau , 
en  arrière  du  champ  de  bataille  qui  formait  notre  position  de  retraite. 

Dans  cet  état  de  choses,  la  bataille  était  gagnée;  nous  occupions 
toutes  les  positions  que  l'ennemi  occupait  au  commencement  de  l'ac- 
tion; notre  cavalerie  ayant  été  trop  tôt  et  mal  employée,  nous  ne 
pouvions  plus  espérer  de  succès  décisifs.  Mais  le  maréchal  Grouchy, 
ayant  appris  le  mouvement  du  corps  prussien,  marchait  sur  le  der- 
rière de  ce  corps ,  ce  qui  nous  assurait  un  succès  éclatant  pour  la 
journée  du  lendemain.  Après  huit  heures  de  feu  et  de  charges  d'in- 
fanterie et  de  cavalerie ,  toute  l'armée  voyait  avec  satisfaction  la  ba- 
taille gagnée  et  le  champ  de  bataille  en  notre  pouvoir. 

Sur  les  huit  heures  et  demie,  les  quatre  bataillons  de  la  moyenne 
Garde  qui  avaient  été  envoyés  sur  le  plateau  au  delà  de  Mont-Saint- 
Jean  pour  soutenir  les  cuirassiers ,  étant  gênés  par  la  mitraille  de 
l'ennemi,  marchèrent  à  la  baïonnette  pour  enlever  ses  batteries.  Le 
jour  finissait;  une  charge  faite  sur  leur  flanc  par  plusieurs  escadrons 
anglais  les  mit  en  désordre;  les  fuyards  repassèrent  le  ravin;  les 
régiments  voisins,  qui  virent  quelques  troupes  appartenant  à  la  Garde 
à  la  débandade,  crurent  que  c'était  de  la  vieille  Garde  et  s'ébranlèrent  : 
les  cris  Tout  est  perdu!  La  Garde  est  repoussée!  se  firent  entendre. 


^98  CORRESPONDANCE   DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

Les  soldats  prétendent  même  que  sur  plusieurs  points  des  malveillants 
apostés  ont  crié  Sauve  qui  peut!  Quoi  qu'il  en  soit,  une  (erreur  pa- 
nique se  répandit  tout  à  la  fois  sur  tout  le  champ  de  bataille;  on  se 
précipita  dans  le  plus  grand  désordre  sur  la  ligne  de  communication; 
les  soldats,  les  canonniers,  les  caissons  se  pressaient  pour  y  arriver; 
la  vieille  Garde  qui  était  en  réserve  en  fut  assaillie,  et  fut  elle-même 
entraînée. 

Dans  un  instant,  l'armée  ne  fut  plus  qu'une  masse  confuse,  toutes 
les  armes  étant  mêlées ,  et  il  était  impossible  de  reformer  un  corps. 
L'ennemi,  qui  s'aperçut  de  celte  étonnante  confusion,  fit  déboucher 
des  colonnes  de  cavalerie;  le  désordre  augmenta;  la  confusion  de 
la  nuit  empêcha  de  rallier  les  troupes  et  de  leur  montrer  leur  erreur. 

Ainsi  une  bataille  terminée,  une  journée  finie,  de  fausses  mesures 
réparées,  de  plus  grands  succès  assurés  pour  le  lendemain  ,  tout  fut 
perdu  par  un  moment  de  terreur  panique.  Les  escadrons  de  service 
même,  rangés  à  côté  de  l'Empereur,  furent  culbutés  et  désorganisés 
par  ces  flots  tumultueux,  et  il  n'y  eut  plus  d'autre  chose  à  faire  que 
de  suivre  le  torrent.  Les  parcs  de  réserve,  les  bagages  qui  n'avaient 
point  repassé  la  Sambre,  et  tout  ce  qui  était  sur  le  champ  de  ba- 
taille, sont  restés  au  pouvoir  de  l'ennemi.  Il  n'y  a  eu  même  aucun 
moyen  d'attendre  les  troupes  de  notre  droite;  on  sait  ce  que  c'est  que 
la  plus  brave  armée  du  monde,  lorsqu'elle  est  mêlée  et  que  son  or- 
ganisation n'existe  plus. 

L'Empereur  a  passé  la  Sambre  à  Charleroi  le  19,  à  cinq  heures  du 
malin.  Philippeville  et  Avesnes  ont  été  donnés  pour  point  de  réunion. 
Le  prince  Jérôme ,  le  général  Morand  et  les  autres  généraux  y  ont 
déjà  rallié  une  partie  de  l'armée.  Le  maréchal  Grouchy,  avec  le 
corps  de  la  droite,  opère  son  mouvement  sur  la  basse  Sambre. 

La  perte  de  l'ennemi  doit  avoir  été  très-grande ,  à  en  juger  par  les 
drapeaux  que  nous  lui  avons  pris  et  par  les  pas  rétrogrades  qu'il 
avait  faits;  la  nôtre  ne  pourra  se  calculer  qu'après  le  ralliement  des 
troupes.  Avant  que  le  désordre  éclatât,  nous  avions  déjà  éprouvé  des 
pertes  considérables  ,  surtout  dans  notre  cavalerie,  si  funestement  et 
pourtant  si  bravement  engagée.  Malgré  ces  pertes,  cette  valeureuse 
cavalerie  a  constamment  gardé  la  position  qu'elle  avait  prise  aux  An- 
glais, et  ne  l'a  abandonnée  que  quand  le  tumulte  et  le  désordre  du 
champ  de  bataille  l'y  ont  forcée.  Au  milieu  de  la  nuit  et  des  obstacles 
qui  encombraient  la  route ,  elle  n'a  pu  elle-même  conserver  son  or- 
ganisation. 

L'artillerie,  comme  à  son  ordinaire,  s'est  couverte  de  gloire. 

Les  voitures  du  quartier  général  étaient  restées  dans  leur  position 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«^  —  1815.         299 

ordinaire ,  aucun  mouvement  rétrograde  n'ayant  été  jugé  nécessaire. 
Dans  le  cours  de  la  journée ,  elles  sont  tombées  entre  les  mains  de 
l'ennemi. 

Telle  a  été  l'issue  de  la  bataille  de  Mont-Saint-Jean,  glorieuse 
pour  les  armées  françaises ,  et  pourtant  si  funeste. 

Extrait  du  Moniteur  du  21  juin  1815. 


22062.  —  MESSAGE  A  LA  CHAMBRE  DES  REPRÉSENTANTS  '. 

Palais  de  l'Elysée,  21  juin  1815. 

Monsieur  le  Président ,  après  les  batailles  de  Ligny  et  de  Mont-Saint- 
Jean  ,  et  après  avoir  pourvu  au  ralliement  de  l'armée  à  Avesnes  et 
à  Philippeville ,  à  la  défense  des  places  frontières  et  à  celle  des  villes 
de  Laon  et  de  Soissons,  je  me  suis  rendu  à  Paris  pour  concerter 
avec  mes  ministres  les  mesures  de  la  défense  nationale ,  et  m'enten- 
dre  avec  les  Chambres  sur  tout  ce  qu'exige  le  salut  de  la  patrie. 

J'ai  formé  un  comité  du  ministre  des  affaires  étrangères ,  du  comte 
Carnot  et  du  duc  d'Otrante,  pour  renouveler  et  suivre  des  négocia- 
tions avec  les  puissances  étrangères,  afln  de  connaître  leurs  vérita- 
bles intentions,  et  de  mettre  un  terme  à  la  guerre,  si  cela  est  compa- 
tible avec  l'indépendance  et  l'honneur  de  la  nation.  Mais  la  plus 
grande  union  est  nécessaire ,  et  je  compte  sur  la  coopération  et  le 
patriotisme  des  Chambres  et  sur  leur  attachement  à  ma  personne. 

J'envoie  au  milieu  de  la  Chambre,  comme  commissaires,  le  prince 
Lucien  et  les  ministres  des  affaires  étrangères,  de  la  guerre,  de  l'in- 
térieur et  de  la  police  générale ,  pour  porter  le  présent  Message ,  et 
donner  les  communications  et  les  renseignements  que  la  Chambre 
pourra  désirer. 

Napoléon. 

D'après  l'original.  Archives  du  Corps  législatif. 


22063.  —  DÉCLARATION  AU  PEUPLE  FRANÇAIS. 

Français ,  en  commençant  la  guerre  pour  soutenir  l'indépendance 
nationale ,  je  comptais  sur  la  réunion  de  tous  les  efforts ,  de  toutes 

'       Extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  de  la  chambre  des  Pairs,  du  21  juin. 

« A  huit  heures  et  demie,  le  prince  archichancelier  déclare  que  la 

séance  est  reprise.  Il  donne  la  parole  au  prince  Lucien. 

»  Le  prince  est  à  la  tribune ,  comme  commissaire  extraordinaire  de  l'Empe- 
reur ;  il  apporte  un  Message  de  Sa  Majesté  ;  il  demande  à  le  communiquer  en 
comité  secret » 

Ce  Message  n'a  pas  été  retrouvé  aux  Archives  de  l'Empire. 


300         CORRESPONDANCE   DE  NAPOLÉON  ^^  —  1815. 

les  volontés,  et  sur  le  concours  de  toutes  les  autorités  nalionales; 
j'étais  fondé  à  espérer  le  succès,  et  j'avais  bravé  toutes  les  déclara- 
tions des  puissances  contre  moi. 

Les  circonstances  paraissent  changées. 

Je  m'offre  en  sacriûce  à  la  haine  des  ennemis  de  la  France.  Puis- 
sent-ils être  sincères  dans  leurs  déclarations  et  n'en  avoir  jamais 
voulu  qu'à  ma  personne! 

Ma  vie  politique  est  terminée ,  et  je  proclame  mon  Gis ,  sous  le 
titre  de  Napoléon  II ,  Empereur  des  Français. 

Les  ministres  actuels  formeront  provisoirement  le  conseil  de  gou- 
vernement. L'intérêt  que  je  porte  à  mon  fils  m'engage  à  inviter  les 
Chambres  à  organiser,  sans  délai,  la  régence  par  une  loi. 

Unissez-vous  tous  pour  le  salut  public,  et  pour  rester  une  nation 
indépendante. 

Au  Palais  de  l'Elysée,  le  22  juin  1815. 

Napoléon. 

D'après  la  copie.  Archives  de  la  justice. 


22064.  —  A  M.  BARBIER,  bibliothécaire  de  l'empereur. 

Paris,  25  juin  1815. 

Le  grand  maréchal  prie  M.  Barbier  de  vouloir  bien  apporter,  de- 
main ,  à  la  Malmaison  : 

1°  La  liste  des  10,000  volumes  et  des  gravures,  comme  celles 
des  voyages  de  Denon  et  de  la  commission  d'Egypte,  dont  l'Empe- 
reur avait  plusieurs  milHers  ; 

2"  Des  ouvrages  sur  l'Amérique  ; 

3*  Un  état  particulier  de  tout  ce  qui  a  été  imprimé  sur  l'Empereur 
pendant  ses  diverses  campagnes. 

Il  faut  compléter  la  bibliothèque  de  voyage,  qui  doit  se  composer 
de  toutes  les  bibliothèques  de  campagne,  et  y  joindre  plusieurs  ou- 
vrages sur  les  Etats-Unis. 

Dans  la  grande  bibliothèque,  il  faut  une  collection  complète  du 
Moniteur,  la  meilleure  encyclopédie,  les  meilleurs  dictionnaires. 

La  grande  bibliothèque  devra  être  consignée  à  une  maison  améri- 
caine, qui  la  fera  passer  en  Amérique  par  le  Havre. 

Par  ordre  de  l'Empereur  : 
Le  grand  maréchal  du  palais, 

Bertrand. 
D'après  l'original  comm.  par  M,  Louis  Barbier. 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815.         301 
22065.  —  A  L'ARMÉE. 

La  Malmaison,  25  juin  1815. 

Soldats ,  quand  je  cède  à  la  nécessité  qui  me  force  de  m'éloigner 
de  la  brave  armée  française ,  j'emporte  avec  moi  l'heureuse  certitude 
qu'elle  justifiera,  par  les  services  éminents  que  la  patrie  attend 
d'elle ,  les  éloges  que  nos  ennemis  eux-mêmes  ne  peuvent  pas  lui  re- 
fuser. 

Soldats,  je  suivrai  vos  pas,  quoique  absent.  Je  connais  tous  les 
corps,  et  aucun  d'eux  ne  remportera  un  avantage  signalé  sur  l'ennemi, 
que  je  ne  rende  justice  au  courage  qu'il  aura  déployé.  Vous  et  moi, 
nous  avons  été  calomniés.  Des  hommes  indignes  d'apprécier  vos  tra- 
vaux ont  vu ,  dans  les  marques  d'attachement  que  vous  m'avez  don- 
nées ,  un  zèle  dont  j'étais  le  seul  objet  :  que  vos  succès  futurs  leur 
apprennent  que  c'était  la  patrie  par-dessus  tout  que  vous  serviez  en 
m'obéissant ,  et  que ,  si  j'ai  quelque  part  à  votre  affection ,  je  le  dois 
à  mon  ardent  amour  pour  la  France,  notre  mère  commune. 

Soldats,  encore  quelques  efforts  et  la  coalition  est  dissoute.  Napo- 
léon vous  reconnaîtra  aux  coups  que  vous  allez  porter. 

Sauvez  l'honneur,  l'indépendance  des  Français;  soyez  jusqu'à  la 
On  tels  que  je  vous  ai  connus  depuis  vingt  ans,  et  vous  serez  invin- 
cibles '. 

Napoléon. 

Extrait  des  Mémoires  de  Napoléon. 


22066.  —  AU  PRINCE  RÉGENT  D'ANGLETERRE. 

lled'Aix,  14  juillet  1815. 

Altesse  Royale ,  en  butte  aux  factions  qui  divisent  mon  pays  et  à 
l'inimitié  des  puissances  de  l'Europe,  j'ai  terminé  ma  carrière  politi- 
que, et  je  viens ,  comme  Thémistocle,  m'asseoir  au  foyer  du  peuple 
britannique.  Je  me  mets  sous  la  protection  de  ses  lois,  que  je  ré- 
clame de  Votre  Altesse  Royale,  comme  du  plus  puissant,  du  plus 
constant  et  du  plus  généreux  de  mes  ennemis. 

Napoléon. 

D'après  \e  fac-similé  de  la  lettre  autographe. 


22067.  —  PROTESTATION. 

En  mer,  à  bord  du  Bellérophon ,  4  août  1815. 

Je  proteste  solennellement  ici ,  à  la  face  du  ciel  et  des  hommes , 
contre  la  violation  de  mes  droits  les  plus  sacrés,  en  disposant,  par 
1  Le  gouvernement  provisoire  interdit  la  publication  de  cette  proclamation. 


302         CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I".  —  1815. 

la  force ,  de  ma  personne  el  de  ma  liberté.  Je  suis  venu  librement  à 
bord  du  Bellérophon  :  je  ne  suis  pas  prisonnier;  je  suis  l'hôte  de 
l'Angleterre.  J'y  suis  venu  moi-même  à  l'instigation  du  capitaine,  qui 
dit  avoir  des  ordres  du  gouvernement  de  me  recevoir  et  de  me  con- 
duire en  Angleterre  avec  ma  suite,  si  cela  m'était  agréable.  Je  me  suis 
présenté  de  bonne  foi  pour  venir  me  mettre  sous  la  protection  de  ses 
lois. 

Aussitôt  que  j'eus  mis  le  pied  sur  le  Bellérophon,  je  fus  au  foyer 
du  peuple  britannique.  Si  le  gouvernement,  en  donnant  des  ordres 
au  capitaine  du  Bellérophon  de  me  recevoir  ainsi  que  ma  suite ,  n'a 
voulu  que  tendre  un  piège,  une  embûche,  il  a  forfait  à  l'honneur  et 
flétri  son  pavillon. 

Si  un  tel  acte  se  consommait,  ce  serait  en  vain  que  les  Anglais 
viendraient  à  l'avenir  parler  de  leur  loyauté,  de  leurs  lois  et  de  leur 
liberté  :  la  foi  britannique  se  trouverait  perdue  dans  l'hospitalité  du 
Bellérophon. 

J'en  appelle  à  l'histoire  ^  elle  dira  qu'un  ennemi ,  qui  fit  vingt  ans 
la  guerre  au  peuple  anglais  ,  vint  librement ,  dans  son  infortune , 
chercher  un  asile  sous  ses  lois  ;  et  quelle  plus  éclatante  preuve  pou- 
vait-il donner  de  son  estime,  de  sa  confiance?  Mais  comment  répon- 
dit l'Angleterre  à  une  telle  magnanimité?  Elle  feignit  de  tendre  une 
main  hospitalière  à  cet  ennemi,  et,  quand  il  se  fut  livré  de  bonne  foi, 
elle  l'immola! 

Napoléon. 

Extrait  des  Récits  de  la  Captivité,  etc.,  par  M.  de  Montholon. 


FIN   DU   VINGT-HUITIÈME  VOLUME. 


TABLE   ANALYTIQUE 

DU  TOME  XXVIII'. 


Nota. ^  Les  dates  inscrites  entre  parenthèses  sont  les  dates  des  lettres  de  l'Emperear» 
Les  chiJTres  placés  à  la  fin  des  phrases  indiquent  les  pages. 


Acte  additionnel.  —  (22  avril  1815.) 
Préambule  :  efforts  de  l'Empereur, 
pendant  tout  son  règne  ,  pour  perfec- 
tionner les  lois  politiques  de  la  France  ; 
tous  les  actes  qui  ont  formé  les  con- 
stitutions de  l'Empire  ont  été  soumis 
à  l'acceptation  du  peuple;  le  but  de 
l'Empereur  était  d'organiser  un  «  sys- 
tème fédératif  européen  »  ;  causes  qui 
ont  fait  ajourner  l'établissement  de  plu- 
sieurs institutions  intérieures,  destinées 
plus  spécialement  à  protéger  la  liberté 
des  citoyens  ;  l'Empereur  soumet  ces 
nouvelles  institutions  à  la  sanction  du 
peuple,   sous  le  titre  A'ucte  additionnel; 

—  modifications  apportées  à  la  consti- 
tution de  la  chambre  des  Pairs  :  le 
nombre  de  ses  membres  est  illimité  ; 
ils  sont  héréditaires  ;  ils  prennent 
séance  à  vingt  et  un  ans  et  ont  voix 
déiibérative  à  vingt-cinq  ;  extension  des 
pouvoirs  de  la  chambre  des  Pairs  : 
droit  d'amendement;  faculté  d'inviter 
le  gouvernement  à  proposer  des  lois  sur 
des  objets  déterminés;  pouvoir  discré- 
tionnaire attribué  à  la  chambre  des 
Pairs  pour  le  jugement  des  ministres; 

—  constitution  de  la  seconde  chambre 
dite  des  Représentants  :  mode  de  no- 
mination et  inamovibilité  des  présidents 
des  collèges  électoraux;  élection  directe  ; 
condition  d'éligibilité  ;  la  limite  d'âge 
est  fixée  à  vingt-cinq  ans  au  lieu  de 
quarante;  suppression  du  cens  électo- 
ral; indemnité  accordée  aux  Représen- 
tants pendant  les  sessions  et  pour  les 
frais  de  voyage  ;  —  représentation  spé- 
ciale de  l'industrie  et  de  la  propriété 


manufacturière  et  commerciale  ;  mode 
d'élection  de  cette  nouvelle  catégorie  de 
Représentants;  —  renouvellement  de 
droit  et  intégral  delà  Chambre  tous  les 
cinq  ans  ;  extension  des  pouvoirs  de  la 
chambre  des  Représentants  ;  nomination 
du  président  par  la  Chambre  ;  droit 
d'amendement;  fkculté  d'inviter  le  gou- 
vernement à  proposer  des  lois  sur  des 
objets  déterminés  ;  droit  de  prononcer 
la  mise  en  accusation  des  ministres; 
aucun  impôt  direct  ou  indirect  ne  peut 
être  perçu,  aucun  emprunt  ne  peut  être 
fait,  aucun  domaine  de  l'Etat  ne  peut 
être  aliéné,  aucune  levée  d'hommes  ne 
peut  être  ordonnée,  aucune  partie  du 
territoire  ne  peut  être  échangée  sans 
une  loi  préalable  ;  vote  annuel  du  bud- 
get; inviolabilité  des  Représentants  pen- 
dant les  sessions;  publicité  des  séances^ 

—  nécessité  d'un  contre-seing  minis- 
tériel pour  tous  les  actes  du  gouverne- 
ment; termes  d'après  lesquels  la  res- 
ponsabilité des  ministres  est  établie  ;. 
extension  de  la  responsabilité  aux  com- 
mandants d'armée  de  terre  et  de  mer; 
promesse  de  modifier  par  une  loi  l'article 
75  de  la  constitution  de  l'an  viii  sur  la 
nécessité  d'une  autorisation  préalable 
pour  la  poursuite  des  agents  du  gou- 
vernement; —  liberté  de  la  presse; 
suppression  de  toute  censure  préalable  ; 
compétence  exclusive  du  jury  pour  les 
délits  de  presse  ;  règlement  de  ce  droit  ; 

—  conditions  restrictives  pour  les  dé- 
clarations d'état  de  siège.  —  Le  peuple 
français  interdit  au  gouvernement,  aux 
Chambres,  aux  citoyens  toute  proposition 


^  Cette  table  a  été  rédigée  par  M.  Blandeau. 


304 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  !«'. 


tendant  au  rétablissement  des  Bourbons, 
de  l'ancienne  noblesse ,  des  droits  féo- 
daux, d'aucun  culte  privilégié,  et  de 
toute  mesure  contraire  à  l'irrévocabilité 
de  la  vente  des  domaines  nationaux, 
122  à  129.  —  V.  Chambre  des  Pairs, 
Chamrre  des  Représentants,  Champ-de- 
Mai  et  Napoléon  I*^'". 

AiGBEUONT  (Baron  d')  ,  maréchal  de  camp, 
251. 

Ajaccio,  chef-lieu  du  département  de  la 
Corse.  —  (20  mai  1815.)  Armement 
de  cette  place  ;  projet  de  l'Empereur  de 
fortifier  les  hauteurs  d' Ajaccio  ,  202 , 
203.  —  V.  Corse  (Ile  de). 

Alexandre  F"",  empereur  de  Russie.  — 
(12  mai  1815.)  Le  duc  de  Rovigo  est 
chargé  de  publier  dans  le  Journal  de 
l'Empire  le  récit  de  ce  qui  se  passa 
après  la  bataille  d'Austerlitz  lorsque 
l'empereur  Alexandre  fut  coupé  par  le 
maréchal  Davout;  billet  de  l'empereur 
Alexandre  autorisant  le  général  Mer- 
veldt  à  affirmer  au  maréchal  Davout 
l'existence  d'un  armistice  entre  les 
armées  de  France  et  de  Russie  ;  docu- 
ments démontrant  que  l'armistice  invo- 
qué n'existait  pas  encore  avec  l'armée 
russe,  181  à  183. 

Alfort  (Kcole  vétérinaire  d').  —  (30  avril 
1815.)  Chargée  du  service  de  deux 
batteries  d'artillerie  de  la  réserve  de 
Paris,  144.  —  (lei'mai. )  Ordre  d'or- 
ganiser deux  compagnies  d'artillerie  à 
l'École  d'AlforI,  146. 

(Allent  (Chevalier),  maître  des  requêtes, 
major  du  génie,  72. 

Andréossv  (Comte) ,  lieutenant  général , 
président  de  la  section  de  la  guerre  au 
Conseil  d'État.  —  (3  avril  1815.) 
Chargé  de  proposer  à  l'Empereur  un 
projet  de  décret  pour  l'organisation  des 
gardes  nationales  ;  bases  de  cette  orga- 
nisation, 72  à  75. 

Andrieux,  lieutenant  de  vaisseau,  comman- 
dant le  brick  le  Zéphyre ,  en  croisière  à 
l'île  d'Elbe,  10  et  11. 

Angers,  chef-lieu  du  département  de  Maine- 
et-Loire.  —  (22  mai  1815.)  Ordre  de 
mettre  le  château  d'Angers  en  état  de 
défense  ;  troupes  réunies  à  Angers  pour 
combattre  l'insurrection  de  la  Vendée, 
214  à  216. 

Angleterre  (Royaume  d').  —  (7  avril 
1815.)  Le  ministre  des  affaires  étran- 
gères est  chargé  de  préparer  un  rapport 


sur  les  relations  de  la  France  avec 
l'Angleterre  et  les  réponses  du  gouver- 
nement anglais,  80.  —  (18  mai.)  Le 
comte  Chaptal  propose  à  l'Empereur  de 
remettre  en  vigueur  le  décret  de  Milan 
sur  les  droits  des  neutres,  si  les  Anglais 
renouvellent  leurs  arrêts  du  Conseil 
de  1807:  observations  de  l'Empereur 
sur  le  préjudice  que  l'application  de  ce 
système  causerait  au  commerce  ;  de- 
mande de  renseignements  sur  les  stipu- 
lations des  traités  de  Paris  et  de  Gand 
relatives  au  droit  maritime  de  l'Angle- 
terre, et  le  système  suivi  par  cette  puis- 
sance depuis  l'existence  de  ces  traités, 
199,  200.  —  (21  mai.)  L'Angleterre 
favorise  l'insurrection  de  la  Vendée  par 
des  envois  d'armes,  de  munitions  et  d'ar- 
tillerie, et  par  le  débarquement  d'an- 
ciens chefs  vendéens,  212.  —  (14  juil- 
let.) L'Empereur  annonce  au  prince 
régent  qu'il  vient  se  mettre  sous  la  pro- 
tection des  lois  britanniques,  301.  — 
(4  aoiît.  )  Protestation  de  l'Empereur 
contre  la  conduite  du  gouvernement  an- 
glais, 301,  302.  — V.  Caulaincourt  et 
Chaptal. 

AxTiBiis ,  chef-lieu  de  canton  du  dépar- 
tement du  Var.  —  (l^r  mars  1815.) 
Accueil  hostile  fait  au  détachement 
envoyé  pour  occuper  celte  ville,  11.  — 
V.  112. 

Approvisionnements.  —  (27  avril  1815.) 
Formation  de  magasins  à  Avesnes  pour 
100,000  hommes  et  20,000  chevaux, 
pendant  dix  jours  ;  ordre  d'établir  des 
magasins  à  Guise,  Laon,  Soissons,  etc.  ; 
ordre  de  faire  partir  pour  Laon  six 
compagnies  d'équipages  pour  le  service 
des  vivres,  135.  —  (3  mai.)  Instruc- 
tions pour  l'approvisionnement  de  l'ar- 
mée et  des  places,  158  à  160.  — 
(16  mai.)  Plaintes  de  l'Empereur  snr 
le  service  des  vivres  dans  le  Nord  ; 
nouveaux  ordres  pour  la  formation  de 
magasins  à  Soissons ,  Laon  et  Avesnes; 
instructions  données  à  l'intendant  géné- 
ral pour  l'approvisionnement  de  l'armée 
du  Nord,  194  à  196.  —  V.    Davout. 

Approvisionnements  de  guerri;.  —  (27  avril 
1815.)  Ordre  pour  l'approvisionnement 
des  places  d' Avesnes ,  Guise,  Soissons, 
Maubeuge ,  Landrecies ,  Valenciennes , 
CondéetPhilippeville,  135. — (26  mai.) 
Allocation  pour  l'approvisionnement  des 
places  fortes,  230.  —  (30  mai.)  Ap- 


TABLE  ANALYTIQUE. 


3o; 


provisionnement  de  Paris  et  de  Lyon , 
235.  —  V.  Davout. 
Armée  (Organisation  de  T).  —  (26  mars 
1815.)  Formation  de  huit  corps  d'ob- 
servation ;  leur  composition  ;  lieux  où  ils 
se  réunissent;  généraux  chargés  de  leur 
commandement;  création  d'un  comité 
de  défense  du  territoire  ;  sa  composi- 
tion ;  ses  attributions,  36,  37.  — 
(27  mars.)  Projet  d'organisation  de  la 
cavalerie  :  formation  de  trois  divisions 
de  cuirassiers  et  de  quatre  divisions  de 
dragons  ;  leur  artillerie  ;  la  cavalerie  lé- 
gère est  attachée  aux  différents  corps 
d'armée;  ordre  pour  la  remonte  de  la 
cavalerie;  —  rappel  des  militaires  en 
semestre  et  en  congés  illimités  ;  organi- 
sation des  3''',  4*^5  et  5'^'*  bataillons  ;  — 
projet  de  formation  de  l'armée  du  Nord, 
41  à  44.  —  (28  mars.)  Création  de  six 
régiments  de  tirailleurs  et  de  six  régi- 
ments de  voltigeurs  de  la  jeune  Garde, 
46  à  48.  —  (29  mars.)  Nouveaux  or- 
dres pour  la  remonte  de  la  cavalerie, 
49.  —  (30  mars.)  Composition  des  six 
premiers  corps  d'armée  ;  nomination  des 
commandants  de  ces  corps,  55  à  57.  — 
(2  avril.)  Instructions  pour  l'équipement 
et  la  remonte  de  la  cavalerie;  organisa- 
tion de  la  cavalerie  du  4^  corps  d'obser- 
vation ;  —  projet  d'organisation  du  gé- 
nie de  l'armée,  62  à  64.  —  (3  avril.) 
Composition  des  6",  7«^  et  8^  corps;  gé- 
néraux chargés  de  leur  commandement  ; 
formation  de  cinq  régiments  étrangers; 
■organisation  de  la  cavalerie  légère,  68  à 
71.  —  (10  avril.)  Appel  de  100,000 
gardes  nationaux  pour  garder  les  fron- 
tières; —  création  de  trois  comités  de 
défense  pour  les  frontières  du  Nord,  des 
Vosges,  du  Jura  et  des  Alpes  ;  —  me- 
sures à  prendre  pour  la  rentrée  sous  les 
drapeaux  des  anciens  soldats  de  la  rive 
gauche  du  Rhin,  de  la  Belgique  et  d'I- 
talie, 85  à  89.  — (14  avril.)  Ordre 
pour  la  formation  de  trois  équipages  de 
pont  et  l'organisation  du  service  des 
pontonniers,  97.  — (15  avril.)  Instruc- 
tions pour  la  remonte  de  la  cavalerie  ; 
—  création  de  nouveaux  ateliers  pour  la 
fabrication  des  armes,  99  à  102.  — 
(17  avril.)  Organisation  du  7*^  corps; 
formation  d'un  9''  corps  en  Provence  ; 
composition  de  ce  corps,  106,  107. — 
(30  avril.)  Décret  pour  la  formation  de 
quatre  armées  et  trois  corps  d'observa- 


tion, savoir  :  l'Année  du  iVorrf  occupant 
les  2"  et  16*^  divisions  militaires,  l'Ar- 
mée de  la  Moselle  occupant  les  3®  et  4*' 
divisions,  l'Armée  du  Rhin  et  l'Armée  des 
Alpes ,  le  corps  d'observation  du  Jura, 
celui  du  Var  et  celui  des  Pyrénées  ; 
composition  de  ces  armées  et  de  ces 
corps,  142,  143.  —  (3  mai.)  Projet  de 
formation  de  quatre  autres  armées  de 
réserve,  à  Paris,  à  Lyon,  à  Bordeaux  el 
à  Toulouse,  IGO,  161.  —  (12  mai.) 
Mesures  prises  pour  le  recrutement  de 
l'armée  du  Nord,  177, 178.  — (15  mai.) 
Nouvelles  instructions  pour  la  remonte 
et  l'équipement  de  la  cavalerie,  191, 
192.  —  (20  mai.)  Composition  de  l'ar- 
mée des  Alpes,  207.  —  (3  juin.)  Plu- 
sieurs généraux  reçoivent  ordre  de  se 
rendre  au  quartier  général  de  l'armée 
du  Nord  ;  le  maréchal  Grouchy  est  nomme 
commandant  en  chef  de  la  cavalerie  ; 
formation  de  son  état-major,  251.  — 
(16  juin.)  Organisation  définitive  de 
l'armée,  289,  290,  291.  — V.  Davout 
et  Napoléox  F"". 
Armkr  {Opérations  de  V).  —  (27  mars 
1815.)  Étude  des  positions  de  la  Mo- 
selle et  du  Rhin  qui  peuvent  permettre 
aux  différents  corps  de  combiner  leurs 
opérations,  44.  —  (27  avril.)  Ordre 
éventuel  donné  aux  l*"",  2*,  3*'et  4'' corps 
de  se  réunir  et  de  prendre  position  der- 
rière la  Sambre,  si  l'ennemi  commençait 
les  hostilités,  133,  134.  —  (15  mai.) 
Instructions  données  aux  lieutenants  gé- 
néraux chargés  de  la  défense  des  fron- 
tières, 192.  —  (7  juin.)  Le  duc  de 
Dalmatie  reçoit  ordre  de  partir  pour 
l'armée  afin  de  prendre  les  dispositions 
nécessaires  pour  la  défense  des  places 
de  première  ligne,  achever  l'organisation 
des  différents  corps  et  prendre  des  ren- 
seignements sur  la  position  de  l'ennemi  ; 
ordre  de  fermer  toutes  les  communica- 
tions sur  les  lignes  du  Nord ,  du  Rhin 
et  de  la  Moselle,  264.  —  (12  juin.) 
Départ  «le  l'Empereur  pour  l'armée,  275. 

—  (13  juin.)  Ordre  du  jour  indiquant 
aux  différents  corps  les  positions  qu'ils 
doivent  occuper  autour  de  Beaumout, 
277  à  279.  —  (14  juin.)  Marche  de 
l'armée  sur  Charleroi;  ordre  de  mouve- 
ment des  différents  corps,  281  à  286. 

—  (15  juin.)  L'armée  force  le  passage 
de  la  Sambre  près  Charleroi  et  met  en 
déroute  quatre  régiments  prussiens;  l'en- 

20 


306 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I". 


nemi  perd  1,500  prisonniers  et  six  piè- 
ces de  canon  ;  —  le  général  Reille  ,  en 
se  portant  sur  Marchiennes  avec  les  di- 
visions du  prince  Jérôme  et  du  général 
Bachelu ,  renconire  un  corps  prussien  à 
Montigny-le-Tilleul  et   le  met   en  dé- 
route; pertes  de  l'ennemi,  287,  288. — 
(Du  16  au  20  juin.)  L'Empereur  divise 
l'armée  en  deux  ailes  et  une  réserve  for- 
mant le  centre  :  l'aile  gauche,  composée 
des  quatre  divisions  du  l*""  corps,  des 
quatre   divisions  du  2*'  corps,  de  deux 
divisions  de  cavalerie  légère  et  des  deux 
divisions  du  corps  du  comte  de  Valmy 
(environ  45,000  hommes),  est  placée 
sous  les  ordres  du  prince  de  la  Mos- 
kova;  l'aile  droite,  à  peu  près  de  même 
force,  est  confiée  au  maréchal  Grouchy  ; 
la  Garde  et  le  6^  corps  forment  la  ré- 
serve ;  —  le  prince  de  la  Moskova  re- 
çoit  ordre  d'attaquer    la    position    des 
Quatre-Bras  et  de  se  tenir  prêt  à  mar- 
cher sur  Bruxelles,  occupé  par  les  An- 
glais ;  le  maréchal  Grouchy  se  porte  sur 
Sombreffe  et  Fleurus  pour  attaquer  l'ar- 
mée  prussienne;   l'Empereur,   qui  oc- 
cupe Charleroi  avec  le  centre  de  l'armée, 
se  tient  prêt  à  appuyer  l'une  ou  l'autre 
aile  ,  selon  les  circonstances  ;  —  bataille 
de  Ligny,  sous  Fleurus  :  positions  occu- 
pées par  les  armées  française  et  prus- 
sienne;   attaque  des  villages  situés  sur 
le  bord  dii  ravin  qui  couvre  la  position 
de  l'ennemi  ;  prise  de  ces  villages;  Blii- 
cher  occupe  encore  avec  toutes  ses  for- 
ces le  plateau  du  moulin  de  Bussy,  lors- 
que l'Empereur  débouche  avec  sa  Garde 
et  la  grosse  cavalerie  au-dessus  du  vil- 
lage de  Ligny  et  enlève  la   position  de 
l'ennemi;  pertes  de  l'armée  prussienne 
dans  cette  bataille;  — combat  des  Qua- 
tre-Bras :  pendant  que  le  centre  et  l'aile 
droite  de  l'armée  française  gagnent  la 
bataille  de  Ligny  sur  les  Prussiens  ^  le 
prince  de  la  Moskova  attaque  les  Anglais 
aux  Quatre-Bras,  et,  malgré  son  infério- 
rité numérique ,  maintient   sa  position  ; 
—  le  lendemain  de  ces  deux  batailles , 
l'Empereur  porte  l'aile  droite  sur  Som- 
breffe et  Wavre,  à  la  suite  de  Bliicher, 
et  se  rend  lui-même  avec  sa  réserve  aux 
Quatre-Bras  pour  attaquer  l'armée  an- 
glaise ,    qui    occupe    Mont- Saint- Jean  ; 
circonstance    qui   force    l'Empereur    à 
remettre  l'attaque  au  lendemain; — ba- 
taille de  Mont- Saint- Jean  :  positions  oc- 


cupées par  les  différents  corps  ;  enthou- 
siasme des  troupes;  forces  de  l'armée 
anglaise;  le  prince  Jérôme  se  porte  sur 
le  bois  de  Goumont  occupé  par  les  An- 
glais et  les  Hanovriens  et  s'en  empare  ; 
prise  du  village  de  Mont-Saint-Jean  par 
le  comte  d'Erlon  et  le  général  Milhaud  ; 
l'armée  française  est  maîtresse  de  toutes 
les  positions  de  l'ennemi  ;  panique  oc- 
casionnée par  une  charge  de  la  cavalerie 
anglaise  ;  confusion  qui  se  répand  dans 
l'armée;  conséquences  de  cette  bataille; 
retraite  de  l'armée  sur  Philippeville  et 
Avesnes,   289  à  299.  —  V.  Davout  et 
Napoléon  P^ 
ARRiGHr,  duc  de  Padoue,  lieutenant  géné- 
ral.  —  (10  avril   1815.)  Envoyé   en 
Corse  avec  des  pouvoirs  extraordinaires  ; 
instructions  qu'il  reçoit  pour  l'organisa- 
tion de  la  garde  nationale,  le  remplace- 
ment des  employés  nommés  par  le  roi , 
la  formation  d'un  bataillon  corse  pour  la 
défense  de  l'ile  d'Elbe  et  la  distribution 
de   récompenses  aux   habitants    qui  se 
sont  distingués  par  leur  patriotisme,  89. 
—  (12  mai.)  Il  reçoit  ordre  de  diriger 
sur  Toulon  les  régiments  qui  sont  dans 
cette  île,  en  y  joignant  deux  bataillons 
de  volontaires  corses,  177.  —  V.  Corse 
(Ile  de). 
Artillerie (del'armée.)  — (25  mars  181 5.) 
Formation  d'un  équipage  de  ]  50  bouches 
à  feu,  26.  —  (27  mars.)  Une  batterie 
d'artillerie  légère  est  attachée  à  chacune 
des  divisions  de  cavalerie  et  une  batterie 
à  pied  aux  divisions  d'infanterie,  41  , 
42.  —  (27  avril.)   Nomination  du  gé- 
néral Ruty  au  commandement  de  l'artil- 
lerie de  l'armée  ;  projet  d'organisation 
de  l'artillerie  et  du  parc  de  réserve  de 
Vincennes;    emploi    du    personnel    de 
l'artillerie  de  marine  pour  le  service  de 
l'armée;   organisation  de  l'artillerie  des 
1*"",  2e^  3e  et  6"^  corps  d'armée,  134  à 
137.  —  (14  mai.)  Organisation  de  l'ar- 
tillerie de  la  Garde  ;    ordre  de  porter 
toutes  les  batteries  à  pied  et  à  cheval  à 
six  pièces  de  12  et  deux  obusiers,  184, 
1 85.  —  V.  Armée  (Organisation  de  l'). 
Artillerie  (des places).  — (24avril  1815.) 
Armement     et     approvisionnement     de 
guerre  de  Paris,  130.   —  (30  avril). 
Organisation  de  30  batteries  d'artillerie 
pour    la  défense  de   Paris,    144.    — 
(10  mai.)   Le  ministre  de  la   marine 
reçoit  ordre  de  faire  expédier  du  Havre 


TABLE  ANALYTIQUE. 


307 


à  Paris  trois  cents  bouches  à  feu  en  fer, 
pour  compléter  l'armement  de  Paris  et 
des  places  de  Soissons,  Reims,  Vitry, 
Laon,  Château-Thierry,  Langres,  etc., 
171.  —  (27  mai.)  Ordres  pour  l'ar- 
mement des  travaux  de  défense  de  Paris, 
232,  233.  —  (5  juin.)  Projet  de  for- 
mation de  dix  compagnies  d'artillerie 
composées  d'élèues  de  l'Ecole  de  méde- 
cine et  des  lycées  et  destinées  à  la  dé- 
fense de  Paris,  134,  255.  —  V.  Da- 

VOUT. 

AcBRY,  lieutenant  général  d'artillerie,  — 
(11  juin  1815.)  Concession  d'une  pen- 
sion de  2,000  fr.  à  sa  veuve,  275. 

AuGEREAU ,  duc  de  Gastiglione ,  maréchal 
de  France.  —  (1"  mars  1815.)  Con- 
séquences de  sa  défection,  1  et  2.  — 
(10  avril.)  Le  ministre  de  la  guerre  re- 
çoit ordre- de  le  rayer  de  la  liste  des 
maréchaux  ;  demande  de  renseignements 


sur  sa  position  de  fortune  pour  loi  ac- 
corder une  pension  de  retraite  ,  88. 

AuLTANNE  (Baron  d'),  lieutenant  général, 
111. 

AuxoxNE ,  chef-lieu  de  canton  du  départe- 
ment delà  Côte-d'Or.  —  (27  avril  1815.) 
Ordre  de  mettre  cette  place  en  état  de 
défense  ;  la  garde  nationale  d'Auxonne 
est  chargée  de  la  défense  des  ponts  de 
la  Saône,  136. 

AuESNES,  chef-lieu  d'arrondissement  du  dé- 
partement du  Nord.  —  (27  avril  1815.) 
Ordre  de  former  dans  cette  ville  des 
magasins  pour  100,000  hommes  et 
20,000  chevaux,  pendant  dix  jours;  le 
général  Reille  reçoit  ordre  de  porter  le 
quartier  général  du  2*^  corps  à  Avesnes  ; 
approvisionnement  de  guerre  de  cette 
place,  132,  134.  —  (20  juin.)  Re- 
traite de  l'armée  sur  Avesnes,  298. 


B 


Bachblu  (Baron) ,  lieutenant  général.  — 
(15  juin  1815.)  La  division  Bachelu 
concourt  au  combat  de  Montigny-le- 
Tilleul;  pertes  de  l'ennemi,  288. 

Bade  (Grand-duché  de).  —  (3  avril  1815.) 
Le  duc  de  Vicence  reçoit  ordre  d'adres- 
ser des  réclamations  au  gouvernement 
badois  à  cause  de  son  refus  de  laisser 
passer  les  courriers  diplomatiques,  et 
de  lui  faire  observer  que  cette  conduite 
est  contraire  au  droit  des  gens ,  66. 

Baille  de  Saint-Pol  (Baron),  maréchal  de 
camp  du  génie,  250. 

Balinski,  capitaine  des  chevau-légers  de 
la  Garde  impériale,  6. 

Barbier,  bibliothécaire  de  l'Empereur.  — 
(25  juin  1815.)  Chargé  de  composer  une 
bibliothèque  de  voyage  et  une  grande 
bibliothèque  pour  l'Empereur;  mesures 
qu'il  doit  prendre  pour  l'expédition  de  la 
grande  bibliothèque  en  Amérique,  300. 

Barrois  (Baron,)  lieutenant  général.  — 
(14  mai  1815.)  Chargé  du  comman- 
dement de  la  l"^"  division  de  la  jeune 
Garde  ;  départ  de  cette  division  pour 
Compiègne;  son  organisation,  184. 

Baldus  (Jean- Louis- Amable  de).  —  (19 
avril  1815.)  Chargé  de  se  rendre  auprès 
du  roi  de  Naples  après  l'insuccès  du 
mouvement  offensif  de  l'armée  napoli- 
taine en  Italie,  et  de  l'engager  à  fixer 
pendant    quelque   temps    sa    résidence 


entre  Grenoble  et  Sisteron ,  jusqu'à  ce 
que  les  circonstances  lui  permettent  de 
venir  à  Paris,   112,   113.  —  V.  Joa- 

CHIM  MURAT. 

Bavav  ,  chef-lieu  de  canton  du  départe- 
ment du  Nord.  —  (27  avril  1815.) 
Travaux  de  défense  de  cette  place,  133. 

Beaumomt,  place  forte  du  département  du 
Nord.  —  (27  avril.)  Ordre  pour  les 
travaux  de  défense  de  cette  place,  133. 

Bedoch  (Chevalier),  député  de  la  Corrëze, 
113  et  179. 

Belléropho.m  (Le),  vaisseau  anglais  à  bord 
duquel  l'Empereur  se  rendit ,  après  sa 
seconde  abdication ,  pour  demander 
l'hospitalité  britannique,  301  ,  302. 

Belliard  (Comte),  lieutenant  général  de 
cavalerie.  —  (11  juin.  )  Reçoit  ordre 
de  se  rendre  à  l'armée  du  Nord,  273. 

Bernard  (Chevalier),  colonel  du  génie, 
aide  de  camp  de  l'Empereur.  —  (20 
avril  1815.)  Nommé  membre  du  comité 
de  défense  du  territoire  de  l'Empire,  114. 

Bernotti,  capitaine,  officier  d'ordonnance 
de  l'Empereur,  20. 

Berthezème  (Baron) ,  lieutenant  général. 
—  (3  juin  1815.)  Reçoit  ordre  de  se 
rendre  au  quartier  général  de  l'armée 
du  Nord,  250. 

Berthier,  prince  de  Neuchâtel  et  de  Wa- 
gram,  maréchal  de  France.  —  (10  avril 
1815.)  Intention  de  l'Empereur  de  le 

20. 


308 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I". 


rayer  de  la  liste  des  maréchaux  ;  demande 
de  renseignements  sur  sa  position  de 
fortune  pour  lui  accorder  une  pension 
de  retraite,  88. 

Bertrand  (Comte),  lieutenant  général  du 
génie,  grand  maréchal  du  Palais.  — 
(13  mars  1815.)  Chargé  de  prendre  les 
mesures  nécessaires  pour  la  publication 
du  décret  de  dissolution  de  la  chambre 
des  Pairs  et  de  la  chambre  des  Com- 
munes; —  investi  des  fonctions  de  ma- 
jor général  de  l'armée,  8.  —  (25  mars.) 
Instructions  qui  lui  sont  données  pour 
l'organisation  du  personnel  de  la  Maison 
de  l'Empereur,  29.  —  (27  avril.)  Chargé 
de  faire  partir  pour  Compiègne  un  ser- 
vice de  guerre  de  la  Maison  de  l'Em- 
pereur, 138.  —  (5  mai.)  Observations 
qui  lui  sont  adressées  sur  le  budget  des 
théâtres,  162.  —  (7  mai.)  Le  général 
Bertrand  est  chargé  d'envojer  des  se- 
cours à  des  habitants  de  l'île  d'Elbe, 
163.  —  (19  mai.)  Il  reçoit  ordre  de 
remettre  à  l'Empereur  une  liste  de  cent 
vingt  personnes  pour  la  composition  de 
la  chambre  des  Pairs,  202.  —  (7  juin.) 
Ordre  de  départ  de  la  Maison  de  l'Em- 
pereur pour  le  quartier  général  de  l'ar- 
mée, 265. 

Bessières  (Baron),  lieutenant  général,  251. 

BiGNON  (Baron) ,  sous-secrétaire  d'Etat  au 
ministère  des  affaires  étrangères.  — 
(28  mars  1815.)  Chargé  de  faire  une 
histoire  du  congrès  de  Vienne;  instruc- 
tions qui  lui  sont  données  à  ce  sujet,  48. 

Bigot  de  Préameneu  (Comte),  directeur  gé- 
néral des  cultes.  —  (17  avril  1815.) 
Reçoit  ordre  d'accepter  la  démission  de 
l'évêque  de  Vannes  et  de  veiller  à  te 
que  le  chapitre  donne  ses  pouvoirs  à  un 
homme  bien  intentionné,  105. 

Bli;cher,  général  de  cavalerie,  comman- 
dant en  chef  l'armée  prussienne.  — 
(20  juin  1815.)  Battu  par  l'armée  fran- 
çaise à  Ligny;  pertes  de  son  armée,  29'4. 

Boissy-d'Anglas  ,  pair  de  France,  113. 

Bonet  (Comte),  lieutenant  général.  — 
(7  juin  1815.)  Chargé  du  commande- 
ment des  3"^  et  4"^  divisions  militaires; 
instructions  qui  lui  sont  données,  263. 

Bordeaux,  chef-lieu  du  département  de  la 
Gironde.  —  (30  mars  1815.)  Instruc- 
tions données  aux  généraux  Clausel  et 
Morand  pour  l'occupation  de  cette  ville, 
53.  —  (5  avril.)  Pacification  de  Bor- 
deaux ;  embarquement   de   la  duchesse 


d'Angoulème,  78.  —  V.  Cljlsel  et  Mo- 
raxd. 

BoRDESouLLE  (Baron) ,  lieutenant  général , 
107. 

Bci;rcii:r  (Comte) ,  lieutenant  général  de 
cavalerie.  —  (2  avril  1815.)  Chargé  du 
commandement  du  dépôt  de  remonte  de 
Versailles;  instructions  qui  lui  sont 
données,  62  à  6  4.  — (22  mai.)  Plain- 
tes de  l'Empereur  sur  le  service  de  la 
remonte,  225.  —  V.  62,  167,  181  et 
239.  —  V.  Versailles. 

BouRMOXT  (Comte  de)  ,  lieutenant  général. 

—  (15  juin  1815.)  Déserte  à  l'ennemi  ; 
ordre  de  le  mettre  en  jugement,   289. 

BoYER  (Baron),  premier  chirurgien  de  l'Em- 
pereur, 29,  30. 

Braver  (Baron),  lieutenant  général.  — 
(11  mars  1815.)  Reçoit  ordre  de  se  di- 
riger avec  sa  division  sur  Paris,  14.  , — 
(3  avril.)  Nommé  commandant  de  la 
19*^  division;  composition  de  cette  di- 
vision, 68.  —  (16  avril.)  Les  gardes 
nationales  réunies  à  Lyon  sont  placées 
sous  son  commandement,  104.  — 
(22  mai.)  Il  est  envoyé  dans  la  Vendée 
avec  deux  régiments  de  la  jeune  Garde, 
220,  221. 

Brest,  port  français  sur  l'Océan.  —  (9  avril 
1815.)  Remplacement  du  préfet  mari- 
time; instructions  données  au  duc  De- 
crès  pour  le  choix  des  commandants  de 
la  marine  qui  doivent  être  envoyés  à 
Brest ,  83.  —  V.  Decrès  et  Marine  im- 

rÉllIALE. 

Briche  (Baron),  lieutenant  général ,  111. 

Brom  (Haron),  maréchal  de  camp,  251. 

Brune,  maréchal  de  France.  —  (16  avril 
1815.)  Nommé  gouverneur  des  dépar- 
tements de  la  Provence,  104. — (12  mai.) 
Chargé  de  la  formation  du  corps  d'ar- 
mée des  Alpes,  177.  —  (22  mai.)  Me- 
sures de  sûreté  publique  qu'il  est  chargé 
de  prendre  à  Marseille  ;  ordres  qu'il  re- 
çoit pour  la  formation  du  corps  d'obser- 
vation du  Var,  218,  219.  —  V.  Ar- 
uÉB  (Organisation   de  /')    et   Marseille. 

Brum  (Baron),  maréchal  de  camp.  — 
(22  mai  1815.)  Ordre  d'arrestation  de 
ce  général  ,218. 

Bruslart  (Chevalier  de),  maréchal  de  camp. 

—  (23  mars  1815.)  Ordre  de  le  mettre 
en  arrestation,  23.  —  (11  mai.)  L'Em- 
pereur demande  un  rapport  sur  le  pro- 
jet d'assassinat  imputé  à  ce  général , 
173. 


TABLE   ANALYTIQUE. 


309 


Bruvére  (Chevalier),  maître  des  requêtes, 
chargé  de  la  direction  des  travaux  pu- 
hiics  de  la  Seine,  28. 

Budget.  —  (14.  avril  1815.)  Ressources 
extraordinaires  du  budget  :  vente  des 
biens  des  communes  et  des  bois  de  l'E- 


tat ;  centimes  extraordinaires  de  guerre  ; 
emploi  de  ces  ressources  pour  liquider 
l'arriéré  des  ministères  et  les  dettes  con- 
tractées par  les  villes  pendant  l'invasion, 
96.  —  V.  Gauom  et  Molliev. 
BuoijET,  maréchal  de  camp,  54. 


Caffarelli  (Comte) ,  lieutenant  général , 
aide  de  camp  de  l'Empereur.  — (27  mars 
181 5.)  Instructions  qui  lui  sont  don- 
nées pour  la  réorganisation  des  gardes 
nationales  de  la  13''  division  militaire, 
39,  40.  —  (11  mai.)  11  est  chargé  de 
faire  un  rapport  sur  l'emploi  des  crédits 
accordés  pour  l'habillement  des  troupes 
en  1815;  observations  de  l'Empereur 
sur  la  qualité  des  draps,  173. 

Caisse  ue  l'uxtraordinaire.  —  (6  avril 
1815.)  Création  de  celte  caisse  pour 
secourir  les  habitants  des  déparlements 
de  la  Champagne,  de  la  Lorraine  et  de 
l'Alsace,  victimes  de  l'invasion  ;  fonds 
dont  se  compose  cette  caisse;  le  comte 
Defermon  en  est  nommé  directeur,  80. 
—  V.  Defermox. 

Calvi  ,  chef-lieu  d'arrondissement  du  dé- 
partement de  la  Corse.  —  (20  mai  1815.) 
Importance  de  cette  place;  ordre  d'y 
concentrer  toutes  les  ressources  militai- 
res de  l'île,  202,  203.  —  V.  Corse 
(Ile  de). 

CAMBAcÉRiis  (Prince) ,  duc  de  Parme,  ar- 
chichancelier  de  l'Empire,  chargé  du 
portefeuille  de  la  justice.  —  (14  avril 
1815.)  Reçoit  ordre  de  faire  un  rap- 
port sur  les  émigrés,  94.  — (18  avril.) 
Il  est  chargé  de  proposer  à  l'Empereur 
des  mesures  répressives  contre  les  indi- 
vidus qui  font  acte  d'hostilité  au  gou- 
vernement,  107. 

CflHBRONXE  (Baron),  maréchal  de  camp, 
commandant  le  l*-'**  régiment  de  chas- 
seurs de  la  Garde,  6,  17. 

Canmes  ,  chef-lieu  de  canton  du  départe- 
ment du  Var,  1 1. 

Carxot  (Coni(e),  lieutenant  général  du  gé- 
nie, ministre  de  l'intérieur. — (25  mars 
18 15.)  Ordres  qui  lui  sont  donnés  pour  la 
reprise  des  travaux  publics  à  Paris,  28. 
—  (26  mars.  )  Il  est  chargé  de  présenter  à 
l'Empereur  un  projet  de  décret  pour  la 
réorganisation  de  l'Université,  38.  — 
(27  mars.)  La  direction  des  gardes  na- 
tionales est  remise  dans  les  attributions 


de  son  ministère;  instructions  générales 
pour  l'organisation  de  ces  corps,  39, 40. 
—  (6  avril.)  Réorganisation  des  muni- 
cipalités et  des  gardes  nationales  de  la 
19«  division  militaire,  79.  — (12  avril.) 
Formation  d'une  commission  pour  exa- 
miner la  question  des  entrepôts  et  des 
ports  francs,  92,  93.  —  (14  avril.) 
Instructions  données  au  comte  Carnot 
pour  l'administration  de  la  Corse  et  l'or- 
ganisation de  quatre  bataillons  de  chas- 
seurs destinés  à  la  défense  de  cette  tie, 
94,  95.  — (20  avril.)  Projet  de  décret 
pour  le  renouvellement  des  municipali- 
tés et  des  sous-préfets  de  l'Empire; 
mode  de  nomination  des  nouveaux  titu- 
laires; même  opération  pour  le  rempla- 
cement des  commandants  et  officiers  des 
gardes  nationales  ;  enquête  sur  les  ad- 
ministrations et  régies;  instructions  spé- 
ciales à  donner  aux  commissaires  ex- 
traordinaires chargés  de  l'exécution  de 
ces  ordres,  113,  114.  —  (22  avril.) 
Décret  pour  la  formation  de  deux  ré- 
giments de  lanciers  de  garde  nationale 
dans  les  départements  du  Haut-Rhin  et 
du  Bas-Rhin  ;  instructions  pour  le  re- 
crutement ,  l'équipement  et  la  remonte 
de  ces  corps,  118.  —  (24  avril.)  Le 
ministre  de  l'intérieur  reçoit  ordre  de 
faire  fabriquer  dans  chaque  départe- 
ment une  certaine  quantité  de  piques 
pour  suppléer  à  l'insuffisance  du  nom- 
bre de  fusils  et  de  faux,  129.  — 
(29  avril.)  Ordres  qui  lui  sont  donnés 
pour  l'évaluation  et  le  payement  des  in- 
demnités dues  aux  communes  et  aux 
particuliers  victimes  de  l'invasion;  mode 
de  liquidation  de  ces  indemnités,  139, 
140.  —  (10  mai.)  Mutations  indiquées 
par  l'Empereur  dans  le  personnel  des 
préfets,  172.  —  (12  mai.)  Répartition 
de  la  levée  des  bataillons  de  garde  na- 
tionale d'après  la  population  des  dé- 
parlements, 179,  180.  —  (21  mai.) 
Autorisation  accordée  aux  préfets  d'or- 
ganiser, comme  en  1814,   des  compa- 


310 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I". 


gnies  de  réserve,  211.  —  V.  56,  57, 
156,  202  et  222. —V.  Corsb  (Ile de). 
Gardes  nationales  et  Université. 
Caroline.  —  V.   Marie-Annunciade-Caro- 

LINE. 

Casalta,  maréchal  de  camp.  —  (20  mai 
1815.)  Intention  de  l'Empereur  de  rem- 
ployer dans  la  23>'  division  militaire, 
204. 

Caulaincourt,  duc  de  Vicence ,  général  de 
division,  ministre  des  affaires  étrangères. 

—  (28  mars  1815.)  Instructions  qui 
lui  sont  données  pour  la  publication 
d'une  histoire  du  congrès  de  Vienne,  des 
traités  de  Campo-Formio,  Lunéville, 
Amiens,  Presbourg,  Tiisit,  et  des  affai- 
res d'Espagne,  avec  les  pièces  originales 
et  les  lettres  à  l'appui  ;  —  il  reçoit  or- 
dre de  publier  chaque  jour  dans  le  Mo- 
niteur des  articles  destinés  à  éclairer  l'o- 
pinion publique  sur  les  conflits  d'intérêts 
des  diverses  puissances  européennes,  48, 
49. — (3  avril.)  Réclamations  qu'il  doit 
adresser  au  gouvernement  badois  à  cause 
de  son  refus  de  laisser  passer  les  cour- 
riers diplomatiques; — envoi  d'agents  se- 
crets auprès  des  puissances  restées  fidè- 
les à  la  France  pour  leur  faire  connaître 
les  intentions  et  les  bonnes  dispositions 
de  l'Empereur  à  leur  égard,  65,  66. — 
(7  avril.)  Intention  de  l'Empereur  de 
faire  publier  dans  le  Moniteur  les  docu- 
ments relatifs  aux  rapports  de  la  France 
avec  l'Angleterre ,  la  Suisse  et  le  roi  de 
Naples,  80,  81.  -:-(]0  avril.)  Ordre 
d'envoyer  un  chargé  d'affaires  à  Con- 
stantinople  et  un  ministre  à  Naples,  85. 

—  (15  avril.)  Demande  d'un  rapport 
sur  la  conduite  du  roi  de  Naples  pen- 
dant la  campagne  de  1814;  note  de 
l'Empereur  pour  la  rédaction  de  ce  rap- 
port, 98,  99.  —  (19  avril.)  Envoi  de 
M.  Baudus  auprès  du  roi  de  Naples 
après  l'insuccès  du  mouvement  offensif 
de  l'armée  napolitaine  en  Italie  ;  instruc- 
tions qui  lui  sont  données,  112,  113. 

—  V.  Murât. 

Cavalerie.  —  V.  Armée  (^Organisation 
de  r). 

Chabert,  lieutenant  général.  —  (17  avril 
1815.)  —  Chargé  du  commandement 
d'une  division  de  gardes  nationales  du 
Dauphiné  attachée  au  7''  corps;  com- 
position de  cette  division,  106. 

Chalon-sur-Saône,  chef-lieu  d'arrondisse- 
ment du  département  de  Saône-et-Loire. 


—  (14  mars  1815.)  Arrivée  de  l'Empe- 
reur dans  cette  ville,  15.  —  (27  avril.) 
Formation  de  l'artillerie  de  la  garde  na- 
tionale ,  144.  —  (pf  mai.)  Éloge  du 
patriotisme  des  habitants  de  cette  ville, 
151.  —  (22  mai.)  Décret  autorisant 
la  ville  de  Chalon-sur-Saône  à  placer 
l'aigle  de  la  Légion  d'honneur  dans  ses 
armes,  223.  —  V.  Napoléon  F"'. 

Chambarlhac  (Baron  de)  ,  lieutenant  géné- 
ral, 226. 

Chambéry,  chef-lieu  du  département  du 
Mont-Blanc.  — (26  mars  1815.)  Réu- 
nion du  6"  corps  d'observation  près  de 
cette  ville   pour  couvrir  les  Alpes ,  37. 

Chambre  des  Pairs.  —  (13  mars  1815.) 
Décret  de  dissolution  de  cette  chambre  ; 
motifs  de  cette  dissolution  ,7,8.  — 
(22  avril.)  Institution  par  Y  Acte  addi- 
tionnel d'une  nouvelle  chambre  des 
Pairs  :  hérédité  de  la  pairie;  les  Paifs 
prennent  séance  à  vingt  et  un  ans  et 
ont  vois  délibérative  à  vingt-cinq  ;  invio- 
labilité des  Pairs  pendant  la  durée  des 
sessions;  compatibilité  delà  qualité  de 
Pair  avec  toutes  fonctions  publiques, 
hors  celles  de  comptables  ;  publicité  des 
séances;  extension  des  pouvoirs  de  la 
chambre  des  Pairs  :  droit  d'amende- 
ment; faculté  d'inviter  le  gouvernement 
à  proposer  des  lois  sur  des  objets  déter- 
minés ;  pouvoir  discrétionnaire  attribué 
à  la  chambre  des  Pairs  pour  caracté- 
riser les  délits  commis  par  les  ministres 
et  infliger  la  peine,  122  à  129.  — 
(19  mai.)  L'Empereur  charge  le  prince 
Joseph  de  lui  remettre  une  liste  de  cent 
vingt  personnes  pour  la  composition  de 
la  chambre  des  Pairs;  pareille  demande 
est  adressée  aux  ministres,  au  général 
Bertrand  et  au  comte  de  Montesquiou- 
Fezensac,  201.  —  (7  juin.)  Discours 
de  l'Empereur  à  la  séance  d'ouverture 
des  Chambres,  260,  261.  —  (8  juin.) 
Demande  d'un  projet  de  message  à  la 
chambre  des  Pairs  pour  annoncer  l'ou- 
verture prochaine  des  hostilités,  267, 
268.  —  (II  juin.)  Adresse  de  la  cham- 
bre des  Pairs  ;  réponse  de  l'Empereur 
à  celte  adresse,  269,  270.  —  (I5juin.  ) 
Le  prince  Joseph  reçoit  ordre  de  com- 
muniquer à  la  chambre  des  Pairs  un 
rapport  du  duc  de  Vicence  sur  l'hosti- 
lité des  puissances  coalisées  contre  la 
France,  elles  tentatives  vainement  faites 
pour  arriver  à  des  négociations,  286.  — 


TABLE  ANALYTIQUE. 


311 


(21  juin.)  Le  prince  Lucien  porte  un 
message  de  l'Empereur  à  la  chambre  des 
Pairs,  299.  —  V.  Acte  additionnkl. 
Chambre  des  Représentants.  —  (13  mars 
1815.)  Décret  de  dissolution  de  la 
chambre  des  Communes  ;  motifs  de  cette 
dissolution,  7,  8.  —  (22  avril.)  Con- 
stitution par  VActe  additionnel  de  la 
nouvelle  chambre  des  Représentants  : 
élection  directe  ;  conditions  d'éligibilité  : 
la  limite  d'âge  des  candidats  est  fisée  à 
vingt-cinq  ans  au  lieu  de  quarante; 
suppression  du  cens  électoral  ;  indem- 
nité accordée  aux  représentants  durant 
les  sessions  ;  —  représentation  spéciale 
de  l'industrie  et  de  la  propriété  manu- 
facturière et  commerciale  ;  —  renouvelle- 
ment de  droit  et  intégral  de  la  chambre 
des  Représentants  tous  les  cinq  ans  ; 
extension  des  pouvoirs  de  cette  Cham- 
bre ;  nomination  du  président  par  la 
ChamI'.re  ;  droit  d'amendement  ;  faculté 
d'inviter  le  gouvernement  à  proposer  des 
lois  sur  des  objets  déterminés;  droit 
de  prononcer  la  mise  en  accusation  des 
ministres  ;  aucun  impôt  direct  ou  indi- 
rect ne  peut  être  perçu ,  aucun  emprunt  ne 
peut  avoir  lieu,  aucun  domaine  de  l'Etat 
ne  peut  être  aliéné,  aucune  levée  d'hom- 
mes ne  peut  être  ordonnée ,  sans  une 
loi  préalable  ;  vote  annuel  du  budget  ; 
—  inviolabilité  des  Représentants  pen- 
dant les  sessions;  publicité  des  séances, 
122  à  129.  —  (30  avril.)  Convocation 
des  députes  à  l'assemblée  du  Champ-de- 
Mai,  142.  —  (7  juin.)  Discours  de 
l'Empereur  à  la  séance  d'ouverture  des 
Chambres,  260,  261.  —  (8  juin.) 
Demande  d'un  projet  de  message  à 
la  chambre  des  Représentants  pour 
annoncer  l'ouverture  prochaine  des  hos- 
tilités, 267,  268.  —  (11  juin.)  Adresse 
de  la  chambre  des  Représentants;  ré- 
ponse de  l'Empereur  à  cette  adresse, 
270  à  272.  —  (15  juin.)  Le  prince 
Joseph  reçoit  ordre  de  communiquer  à 
la  chambre  des  Représentants  un  rapport 
du  duc  de  Vicence  sur  l'hostilité  des 
puissances  coalisées  contre  la  France, 
et  les  tentatives  vainement  faites  pour 
arriver  à  des  négociations ,  286.  — 
(21  juin.)  Message  de  l'Empereur  à  la 
chambre  des  Représentants,  299.  — 
V.  Acte  additionnel,  GHaMP-DE-Mfli  et 
Collèges  électoraux. 
Cbamp-db-Mai.  —  (13  mars  1815.)  Con- 


vocation des  collèges  électoraux,  à  Paris, 
en  Assemblée  extraordinaire  du  Champ- 
de-Mai,  8.  —  (30  avril.)  Les  disposi- 
tions hostiles  des  puissances  étrangères 
décident  l'Empereur  à  ne  pas  attendre 
l'acceptation  de  VActe  additionnel  par  le 
peuple  ;  les  collèges  électoraux  sont  con- 
voqués à  bref  délai  pour  l'élection  des 
députés,  et  les  nouveaux  élus  sont  ap- 
pelés à  l'assemblée  du  Champ-de-Mai, 
141,  142.  —  (l'^r  juin.)  Assemblée 
du  Champ-de-Mai;  discours  de  l'Em- 
pereur aux  électeurs  des  collèges  de 
département  et  d'arrondissement;  l'Em- 
pereur prête  serment  d'observer  les  con- 
stitutions de  l'Empire  ;  serment  du  prince 
archichancelier  répété  par  toute  l'assem- 
blée; discours  que  l'Empereur  adresse 
à  la  garde  nationale  et  aux  troupes  de 
terre  et  de  mer,  en  leur  confiant  l'aigle 
impériale,  246  à  248.  —  V.  Acte  ad- 
ditionnel. Collèges  électoraux  et  Napo- 
léon I«f. 

Chaftal,  comte  de  Chanteloup,  ministre 
d'État,  directeur  général  du  commerce 
et  des  manufactures.  —  (18  mai  1815.) 
Propose  à  l'Empereur  de  remettre  en 
vigueur  le  décret  de  Milan  sur  les  droits 
des  neutres  ;  observations  de  l'Empe- 
reur sur  le  préjudice  que  l'application 
de  ce  système  causerait  au  commerce, 
199,  200.  —  V.  Commerce. 

Charbonnier  (Louis) ,  lieutenant  général. 
—  (22  mai  1815.)  Nommé  comman- 
dant d'armes  à  Givet,  217. 

Chartrand,  maréchal  de  camp.  —  (14  mai 
1815.)  Chargé  du  commandement  d'une 
brigade  de  la  l""^  division  de  la  jeune 
Garde,  184. 

Chastel  (Baron) ,  lieutenant  général ,  24. 

Chatuau  -  Thierry,  chef- lieu  d'arrondis- 
sement du  département  de  l'Aisne.  — 
(27  mars  1815.)  Plan  de  défense  de 
cette  ville,  41. 

Chaunot  ,  lieutenant  d'infanterie  de  la 
Garde,  6. 

Chautard  ,  capitaine  de  frégate ,  comman- 
dant la  flottille  de  l'île  d'Elbe,  10. 

Clarï,  maréchal  decamp  de  cavalerie,  287. 

Clausel  (Baron)  ,  lieutenant  général.  — 
(26  mars  1815.)  Chargé  du  comman- 
dement du  7*^  corps  d'observation;  in- 
structions qui  lui  sont  données;  com- 
position de  ce  corps,  37.  —  (27  mars.) 
Ce  général  est  chargé  de  réorganiser  les 
gardes  nationales  des  IP  et  21*^  divi- 


312 


CORRESPONDANCE   DE  NAPOLÉON  1er. 


sions  militaires,  39,  40.  —  (30  mars.) 
Il  reçoit  ordre  de  marcher  sur  Bor- 
deaux pour  occuper  cette  ville,  53.  — 
(3  avril.  )  Le  corps  d'armée  placé  sous  les 
ordres  du  général  Clausel  prend  le  nom 
de  Corps  d'observation  des  Pyrénées  ou 
8e  corps,  69,  70.  —  (22  mai.)  Ce  gé- 
néral est  chargé  de  concourir  à  la  ré- 
pression des  troubles  de  la  Vendée,  215. 
—  V.    49,  82,   225.  —  V.  Bordeaux. 

Clouet,  colonel,  chef  d'élat-major  du  gé- 
néral Bourmont.  —  (15  juin  1815.) 
Déserte  à  l'ennemi;  ordre  de  le  mettre 
en  jugement,  289. 

COLLÉfiES  ÉLECTORAUX.  —  (13  mafs  1815.) 
Convocation  des  collèges  électoraux  à 
Paris  en  assemblée  extraordinaire  du 
Champ-de-Mai,  8.  —  (22  avril.)  Mode 
de  nomination  et  inamovibilité  des  prési- 
dents des  collèges  électoraux,  à  partir  de 
1816;  élection  directe;  conditions  d'é- 
ligibilité; représentation  spéciale  de 
l'industrie  et  de  la  propriété  manufactu- 
rière et  commerciale  ;  renouvellement 
de  droit  et  intégral  de  la  Chambre  tous 
les  cinq  ans,  122  à  129.  —  (30  avril.) 
Motifs  qui  déterminent  l'Empereur  à 
faire  procéder  à  l'élection  des  députés, 
sans  attendre  l'acceptation  de  VActe  ad- 
ditionnel psir  le  peuple,  142.  —  V.  Acte 

ADDITIONXEL  et  ChAMBREDES  REPRÉSENTANTS. 

CoLLix  DE  SussY  (Comte),  ministre  d'État, 
premier  président  de  la  Cour  des  comptes, 
20  et  92. 

CoMDE,  capitaine  d'infanterie  de  la  Garde,  6. 

Comité  de  défense.  —  (20  avril  1815.) 
Membres  qui  le  composent;  le  comité 
de  défense  reçoit  ordre  de  s'occuper 
d'abord  de  l'exécution  des  ouvrages  de 
campagne  nécessaires  sur  les  frontières 
du  Nord  et  du  Rhin,  ensuite  de  ceux  de 
la  Somme  et  des  Vosges,  enfin  de  ceux  du 
Jura  et  des  Alpes;  il  est  chargé,  en  outre, 
de  remettre  à  l'Empereur  une  description 
des  frontières ,  des  places  fortes  et  des 
inondations,  114.  — V.  Génie  iiiLiTAiiiK. 

CoMMKRGi;.  —  (18  mai  1815.)  Proposition 
du  comte  Chaptal  de  remettre  en  vi- 
gueur le  décret  de  Milan  sur  les  droits 
des  neutres,  si  les  Anglais  renouvellent 
leurs  arrêts  du  Conseil  de  1807  ;  obser- 
vations de  l'Kmpereur  sur  le  préjudice 
que  l'application  de  ce  système  occa- 
sionnerait au  commerce  ;  demande  de 
renseignements  sur  les  stipulations  des 
traités  de  Paris  et  de  Gand  relatives  au 


droit  maritime  de  l'Angleterre ,  et  sur 
le  système  appliqué  par  cette  puissance 
depuis  la  signature  de  ces  traités,  199, 
200.  —  V.  Chaptal. 

Commissaires  extraordinsires.  —  (20  avril 
1815.)  Envoi  de  commissaires  extraor- 
dinaires dans  les  divisions  militaires; 
attributions  qui  leur  sont  confiées  pour 
le  renouvellement  des  municipalités  et 
le  remplacement  des  sous-préfets,  des 
commandants  et  officiers  des  gardes  na- 
tionales, des  fonctionnaires  et  employés 
des  diverses  administrations,  113,  114. 

Condé-sur-l'Escalt,  place  forte  et  chef- 
lieu  de  canlon  du  département  du  Nord. 

—  (27  avril  1815.)  Approvisionnement 
de  guerre  de  cette  place,  134. 

Conseil  d'État.  —  (26  mars  1815.) 
Adresse  du  Conseil  d'Etat  :  consécration 
de  la  légitimité  du  gouvernement  im- 
périal par  les  votes  du  peuple  ;  illégalité 
des  actes  qui  se  sont  accomplis  en  pré- 
sence des  armées  ennemies  et  sous  la  domi- 
nation étrangère;  l'Empereur,  en  remon- 
tant sur  le  trône,  en  vertu  du  seul  principe 
de  légitimité  que  la  France  ait  reconnu, 
rétablit  le  peuple  dans  ses  droits;  — 
réponse  de  l'Empereur,  31  à  33. 

Conseil  municipal  de  Paris.  —  (26  mars 
1815.)  Réponse  de  l'Empereur  à  l'adresse 
du  Conseil  municipal  de  Paris,  35. 

CoxsTAXTixoPLE,  Capitale  de  la  Turquie.  — 
(10  avril  1815.)  Le  ministre  des  affaires 
étrangères  reçoit  ordre  d'envoyer  un 
chargé  d'affaires  à  Constantinople,  85. 

CoiiBiNEAU  (Baron) ,  lieutenant  général  de 
cavalerie ,  aide  de  camp  de  l'Empereur. 

—  (3  avril  1815.)  Envoyé  à  Lyon  pour 
seconder  le  général  Grouchy  et  com- 
battre l'insurrection  des  Marseillais,  76. 

—  (21  mai.)  Mission  qui  lui  est  donnée 
dans  la  Vendée  ;  troupes  placées  sous 
ses  ordres  pour  combattre  l'insurrection 
des  départements  de  l'Ouest,  211. 

CoRNUEL,  capitained'artilleriedelaGarde,  6. 

Corps  francs.  —  (22  arril  1815.)  Décret 
pour  l'organisation  des  corps  francs  ; 
mode  de  nomination  des  commandants; 
conditions  exigées  des  candidats;  recru- 
tement des  corps  francs;  leur  organisa- 
tion ;  leur  armement  et  leur  équipement  ; 
ordre  de  service  des  corps  francs ,  en 
cas  d'envahissement  du  territoire;  dis- 
positions spéciales  pour  les  prises  : 
sommes  allouées  par  l'État  pour  les 
prisonniers  ennemis,  suivant  leur  grade; 


TABLE  ANALYTIQUE. 


313 


répartition  de  ces  sommes  et  profits, 
d'après  les  principes  de  partage  adoptés 
pour  les  armements  en  course  dans  les 
guerres  maritimes,  116,  117.  — 
(l"'  mai.)  Faculté  donnée  aux  généraux 
commandants  d'armée  de  confier  la  di- 
rection des  corps  francs  aux  lieutenants 
généraux  commandants  des  ailes,  aux 
commandants  des  départements  ou  aux 
commandants  des  places  sur  lesquelles 
ces  corps  doivent  s'appuyer,  mais  en 
laissant  à  ces  corps  l'indépendance  de 
leurs  mouvements,  150.  —  (25  mai.) 
Mesures  prises  pour  le  casernement  et 
l'entretien  du  corps  franc  de  Paris  ;  appel 
des  corps  francs  des  1''',  3",  4^,  5"  et 
16"  divisions  militaires;  positions  que 
ces  corps  doivent  occuper  sur  les  fron- 
tières du  Nord  et  du  Rhin,  229,  230. 

—  (9  juin.)  Instructions  spéciales  pour 
le  service  des  corps  francs  des  l'^'",  2", 
1 0",  1 4",  1 5"  et  1 6«  divisions  militaires, 
268.  —  V.  Davout  et  Napoléon  I«'^ 

Corse  (Ile  de) ,  dans  la  Méditerranée.  — 

—  (2  3  mars  1 8 1 5 .  )  Rappel  des  troupes 
françaises  ;  formation  de  quatre  batail- 
lons corses  pour  la  garde  de  l'île  ;  in- 
structions pour  la  croisière  ;  le  général 
de  Launay  est  nommé  gouverneur  de  la 
Corse,  21  à  23.  —  (10  avril).  Disso- 
lution de  la  junte  ;  —  le  duc  de  Padoue 
est  envoyé  en  Corse  avec  des  pouvoirs 
extraordinaires  ;  instructions  qui  lui  sont 
données  pour  l'organisation  de  la  garde 
nationale,  le  remplacement  des  em- 
ployés nommés  par  le  roi ,  la  formation 
d'un  bataillon  corse  destiné  à  la  défense 
de  l'île  d'KIbe,  et  la  distribution  de  ré- 
compenses aux  habitants  qui  se  sont 
distingués- par  leur  patriotisme,  89.  — 
(14  avril).  Instructions  pour  l'adminis- 
tration et    la  défense  de  la  Corse ,  94. 

—  (12  mai.)  Le  duc  de  Padoue  reçoit 
ordre  de  diriger  sur  Toulon  les  régiments 


qui  sont  dans  l'île ,  et  d'y  joindre  deux 
bataillons  de  volontaires  corses,  1  77.  — 
(20  mai.)  Nouvelles  mesures  ordonnées 
pour  la  défense  de  la  Corse;  concentra- 
tion des  ressources  militaires  à  Ajaccio 
et  à  Calvi  ;  armement  de  ces  places  ; 
opinion  de  l'Empereur  sur  les  autres 
places  de  l'île  ;  projet  d'organisation  de 
la  gendarmerie  ;  recommandation  de  ne 
pas  négliger  l'exportation  des  bois;  uti- 
lité de  cette  exportation  pour  le  pays  et 
pour  l'approvisionnement  de  la  marine, 
202  à  206.  —  (21  mai.)  Projet  d'in- 
corporer 500  Corses  dans  la  jeune 
Garde  et  300  dans  la  vieille  Garde , 
209,  210.  —  V.  Arrighi. 

CoRsiN  (Baron) ,  maréchal  de  camp ,  86 , 
202. 

CoRvisART  .(Baron) ,  premier  médecin  de 
l'Empereur,  29. 

CosMAO  Kerjulikv  (Baron),  contre-amiral, 
83. 

CoTTV,  colonel  d'artillerie,  directeur  gé- 
néral des  forges  d'artillerie.  —  (15  avril 
1815.)  Chargé  d'organiser  de  nouveaux 
ateliers  pour  la  fabrication  des  armes, 
101. 

Cour  de  cassation.  —  (26  mars  1815.) 
Réponse  de  l'Empereur  à  l'adresse  de  la 
Cour  de  cassation  ,  34. 

Cour  des  comptes.  —  (26  mars  1815.) 
Réponse  de  l'Empereur  à  l'adresse  de 
la  Cour  des  comptes,  35. 

Cour  impériale  de  Paris.  —  (26  mars  1815.) 
Réponse  de  l'Empereur  à  l'adresse  de  la 
Cour  impériale  de  Paris,  35. 

CuMEO  d'Orn'ano,  colonel,  commandant  de 
place  à  Antibes,  87. 

Curelv  (Baron),  maréchal  de  camp,  251. 

CuRiAL  (Baron),  lieutenant  général,  com- 
mandant la  19'-'  division  militaire.  — 
(2  mai  1815.)  Intention  de  l'Empereur 
de  lui  confier  la  défense  de  Lyon,  153. 

CuRTO  (Baron),  maréchal  de  camp,   111. 


D 


Dalesme  (Baron) ,  lieutenant  général.  — 
(10  avril  1815.)  Nommé  gouverneur  de 
l'île  d'Elbe;  instructions  qui  lui  sont 
données,  85.  —  V.  23,  94,  95.  — 
V.  Elbe  (Ile  d'). 

Dambrav  (Charles  -  Henry) ,  ancien  garde 
des  sceaux,  107. 

Dabricao  (Baron),  lieutenant  général.  — 
(12  mai  1815.)  Désigné  pour  comman- 


der les  tirailleurs  de  la  garde  nationale 
de  Paris  (fédérés),  174. 

David  (Chevalier),  membre  de  l'Institut, 
premier  peintre  de  l'Empereur,  29. 

Davout,  prince  d'Eckmiihl,  maréchal  de 
France.  —  (21  mars  1815.)  Nommé 
ministre  de  la  guerre  ;  instructions  qui 
lui  sont  données  pour  la  réorganisation 
de  la  l'°<^ division  militaire  elles  moave. 


314 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I". 


ments de  troupes,  18,  19. — (23  mars.) 
Ordre  pour  la  fabrication  des  armes  ;  — 
organisation  militaire  de  la  Corse,  23, 
2-4.    —    (25    mars.)    Formation   d'un 
équipage  de  150  bouches  à  feu,  26. — 
(26  mars.)  Instructions  pour  l'organi- 
sation de  huit  corps  d'observation  à  Lille, 
Va!enciennes,Mézières,  Thionville,  Stras- 
bourg ,    Chambéry ,  Bayonne  et  Paris  ; 
composition  de  ces  corps  ;  —  création 
d'un  comité  de  défense  du  territoire,  36, 
37.  —  (27  mars.)  Ordres  divers  :  mise 
en  état  de  défense  des  places  de  la  Fère, 
Soissons  et  Château-Thierry  ;  rappel  des 
militaires  en  semestre  et  en  congés  illi- 
mités ;  formation  des  3*^^,  4**  et  5"^*  ba- 
taillons; organisation  de   l'artillerie  de 
l'armée;  impulsion  donnée  à  la  fabrica- 
tion des  armes  ;  armement   des  places 
fortes  ;  travaux  de  défense  de  Lyon  et  de 
Grenoble  ;  projet  d'organisation  de  l'ar- 
mée du  Nord  ;  étude  des  positions  de  la 
Moselle  et  du  Rhin  pour  combiner  les 
opérations    éventuelles    des    différents 
corps,  41  à  44. — (29  mars.)  Mesures 
militaires  pour  la  pacification  des  mou- 
vements insurrectionnels  du   Midi  ;  — 
instructions  pour  la  remonte  de  la  cava- 
lerie, 48,  49.  —  (2  avril.)  Ordre  de 
centraliser  à  Versailles  toute  l'opération 
des  remontes  et  de  concentrer  les  ap- 
provisionnements de  guerre  entre  Paris 
et  la  Loire  ;  instructions  pour  l'habille- 
ment  des    corps  ;   formation    de    la    5^ 
et  de  la    7^  division  de  cavalerie;  — 
projet  d'organisation  du  génie  de  l'ar- 
mée ;  —  nouvel  ordre  d'accélérer  la  fa- 
brication et  la  réparation  des  armes,  61 
à  65.  —  (3  avril.)  Composition  des 6"^, 
7^  et  8*^  corps;  —  formation  de  cinq 
régiments  étrangers  ;  —  organisation  de 
la  cavalerie  légère,  68  à  72.  —  (8  avril.) 
Ordres  pour  les  mouvements  de  trou- 
pes, 81  ,    82.  —  (10  avril.)  Appel  de 
100,000  gardes  nationaux  pour  garder 
les  frontières  ;  mesures  pour  leur  arme- 
ment ;  —  organisation  militaire  de  l'île 
d'Elbe; — formation  de  trois  comités  de 
défense  des  frontières  des  Vosges,  du 
Jura  et  des  Alpes; — réorganisation  de  la 
8**  division  militaire;  — nomination  des 
commandants  et  officiers  des  gardes  na- 
tionales de  la  16*'  division  militaire;  — 
mesures  à  prendre  pour  la  rentrée  sous 
les  drapeaux  des  anciens  soldats  de  la 
rive  gauche  du  Rhin,  de  la  Belgique  et 


d'Italie,  85  à  88. — (11  avril.)  Instruc- 
tions pour  la  défense  des  frontières  ; 
garnisons  des  places  ;  étude  des  posi- 
tions stratégiques,  passages  de  rivières, 
lignes  de  canaux ,  débouchés  de  forets  ; 
système  d'inondation  dans  le  Nord  ;  em- 
ploi des  gardes  nationales  sédentaires 
des  2e.  3e,  4e,  5«,  6»  et  7^  divisions 
militaires,  89  à  91.  —  (14  avril.)  Or- 
dre pour  la  formation  de  trois  équipages 
de  pont  et  l'organisation  du  service  des 
pontonniers,  97. — (15  avril.)  Instruc- 
tions pour  la  remonte  de  la  cavalerie; 

—  organisation  de  nouveaux  ateliers 
pour  la  fabrication  des  armes,  99  à  101. 

—  (18  avril.)  Ordre  de  diriger  sur  les 
corps  d'armée  les  troupes  disponibles 
aux  dépôts;  — avis  de  la  destitution  de 
plusieurs  généraux,  108  à  111.  — 
(22  avril.)  Décret  pour  l'organisation 
des  corps  francs,  116,  117. — (27  avril.,) 
Ordres  divers  :  formation  de  magasins 
pour  l'armée  à  Avesnes,  Guise,  Laon  et 
Soissons  ;  envoi  de  compagnies  d'équipa- 
ges militaires  à  Laon  pour  le  service  des 
vivres;  organisation  des  ambulances  des 
jer^  ge  gj  3e  corps;  approvisionnement 
de  guerre  des  places  d'Avesnes ,  Mau- 
beuge,  Landrecies,  Coudé,  Valencien- 
nes  et  Philippeville;  travaux  de  dé- 
fense de  Maubeuge,  Bavay,  Beaumont 
et  des  têtes  de  pont  de  la  Sambre;  re- 
connaissance des  positions  militaires  de 
la  frontière;  positions  que  doivent  occu- 
per les  1*"",  2e,  3e  et  4e  corps;  réunion 
de  ces  corps  en  cas  d'attaque  de  l'en- 
nemi; projet  d'organisation  de  l'artille- 
rie de  l'armée  et  du  parc  de  réserve  de 
Vincennes;  travaux  de  défense  de  Lyon 
et  de  Langres  ;  armement  de  Sisterou  et 
d'Auxonne;  organisation  de  l'artillerie 
des  1er,  ge,  3e,  6e  corps,  et  des  gardes 
nationales  de  Dijon,  Saint -Jean-de- 
Losne,  Chalon-sur-Saône,  Mâcon,  Tour- 
nus  et  Villefranche ,  132  à  137. — 
(29  avril.)  Demande  d'un  projet  de  dé- 
cret pour  l'envoi  du  duc  de  Trévise  en 
mission  extraordinaire  dans  les  dépar- 
tements du  Nord  ;  objet  de  cette  mission, 
138,  139.  —  (30  avril.)  Intention  de 
l'Empereur  de  confier  au  prince  d'Eck- 
miihl,  pendant  la  durée  de  la  guerre, 
outre  le  portefeuille  de  la  guerre,  le 
gouvernement  de  Paris  et  le  commande- 
ment en  chef  des  gardes  nationales,  des 
levées  en  masse  et  des  troupes  de  ligne 


TABLE   ANALYTIQUE. 


réunies  à  Paris;  instructions  de  l'Em- 
pereur pour  la  défense  de  cette  capitale  : 
organisation  du  personnel  et  du  matériel 
de  l'artillerie;  construction  de  redoutes 
sur  les  hauteurs  de  Paris  ;  troupes  pla- 
cées sous  les  ordres  du  prince  d'Eck- 
miihl  pour  la  défense  de  cette  capitale; 
—  ordre  de  mettre  Montbéliard  en  état 
de  défense  et  de  faire  armer  Pierre -Châ- 
tel,  Salins,  le  passage  des  Echelles  et  le 
fort  de  l'Ecluse  ;  même  ordre  pour  Sis- 
leron  et  Pont-Saint-Esprit  :  travaux  de 
défense  des  passages  des  Vosges  et  du 
Jura,  142  à  147.  —  (l^r  mai.)  Or- 
dres pour  l'organisation  et  la  mohilisa- 
tion  des  gardes  nationales  ;  formation 
des  régiments  et  des  divisions  de  réserve  ; 
leur  destination  ;  instructions  pour  l'or- 
ganisation et  le  service  de  la  levée  en 
masse,  147  à  153.  —  (2  mai.)  Ordres 
pour  l'armement  et  les  travaux  de  dé- 
fense de  Lyon,  153  à  155. — (3  mai.) 
Instructions  pour  le  service  des  vivres  de 
l'armée  ;  —  projet  de  formation  de  qua- 
tre armées  de  réserve  :  à  Paris ,  Lyon , 
Bordeaux  et  Toulouse,  158  à  161.  — 
(9  mai.)  Ordres  pour  l'évacuation  des 
places  fortes  par  les  troupes  de  ligne  et 
leur  remplacement  par  les  gardes  natio- 
nales; nouvelles  mesures  à  prendre  pour 
fortifier  les  passages  des  Vosges  et  du 
Jura,  l'armement  et  l'approvisionnement 
des  places  fortes  ;  —  ordre  pour  le 
payement  de  la  solde  des  troupes,  163 
à  169.  —  (12  mai.)  Projet  de  décret 
pour  annuler  l'ordonnance  royale  rela- 
tive à  la  dotation  et  à  l'administration 
des  Invalides  et  rétablir  l'ancienne  or- 
ganisation; —  emploi  des  officiers  de 
l'armée  pour  la  formation  des  bataillons 
de  gardes  nationales;  —  instructions 
générales  à  donner  aux  lieutenants  gé- 
néraux commandant  les  divisions  mili- 
taires et  aux  généraux  commandant  les 
gardes  nationales  ;  —  mesures  à  pren- 
dre pour  la  défense  du  territoire;  — 
ordre  de  rendre  aux  régiments  les  nu- 
méros qu'ils  avaient  en  1813  ,  174  à 
179.  —  (13  mai.)  Intention  de  l'Em- 
pereur de  faire  publier  dans  le  Journal 
de  VEmpire  le  récit  de  ce  qui  se  passa 
après  la  bataille  d'Austerlitz ,  lorsque 
l'empereur  Alexandre  fut  coupé  par  le 
maréchal  Davout,  180,  181. — (14mai.) 
Organisation  de  l'artillerie  et  des  ambu- 
lances de  la  jeune  et  de  la  vieille  Garde, 


315 

185.  —  (15  mai.)  Décret  pour  la  for- 
mation de  vingt-quatre  bataillons  de  fé- 
dérés à  Paris;  —  ordres  pour  la  mise 
en  état  de  défense  des  places  de  la 
Somme  et  la  reconnaissance  des  ponts 
qu'il  faudrait  garder  ou  couper  ;  travaux 
de  défense  de  Laon ,  Saint-Quentin  et 
Reims;  —  remonte  et  équipement  de  la 
cavalerie  ;  —  instructions  pour  les  lieu- 
tenants généraux  chargés  de  la  défense 
des  frontières,  189  à  193.  — (16  mai.) 
Or  Jre  pour  la  formation  d'hôpitaux  dans 
les  places  fortes  et  sur  la  ligne  d'éva- 
cuation de  l'armée  ;  — instructions  pour 
le  service  des  vivres  de  l'armée  du  Nord  ; 
—  mouvements  de  troupes  pour  prolé- 
ger la  frontière  du  Rhin  et  celle  de 
Suisse,  193  à  197.  —  (20  mai.)  Me- 
sures à  prendre  pour  la  défense  de  la 
Corse; — modifications  à  introduire  dans 
le  Code  pénal  militaire  conformément 
aux  dispositions  de  Y  Acte  additionnel, 
202  à  205.  —  (22  mai.)  Ordre  de 
fortifier  et  d'armer  Dijon  ;  —  formation 
de  l'armée  de  la  Loire  ;  armement  des 
châteaux  d'.Angers  et  de  Saumur;  — 
ordre  de  mettre  en  état  de  défense  les 
forts  Saint-Nicolas  et  Saint- Jean,  à  Mar- 
seille; même  ordre  pour  Monlreuil  et 
Dunkerque  ,  213  à  216.  —  (23  mai.) 
Observations  de  l'Empereur  sur  l'ineié- 
cntion  des  règles  relatives  aux  dépenses 
de  la  guerre  ;  ordre  de  ne  jamais  dispo- 
ser d'un  officier  général  sans  l'approba- 
tion de  l'Empereur;  plaintes  sur  le  ser- 
vice de  la  remonte,  223  à  225.  — 
(27  mai.)  Ordre  d'employer  les  officiers 
de  marine  dans  les  places  fortes  ou  à  la 
suite  des  parcs,  235.  —  (29  mai.) 
Projet  de  décret  pour  l'appel  de  80  à 
90,000  hommes  sur  la  classe  de  1315, 
240.  —  (3  juin.)  Ordre  de  réunir  la 
Garde  à  Soissons,  253.  —  (5  juin.) 
Organisation  de  l'artillerie  destinée  à  la 
défense  de  Paris,  255.  —  (9  juin.) 
Instructions  pour  le  service  des  corps 
francs,  268.  —  V.  24  ,  25  ,  58,  78  , 
93,  103,  105,  116,  118,  129,  156, 
162,  167,  209,  218,  235,  250,  272 
et  276.  — V.  Armée  {^Organisation de V) 
et  Napoléon  I*"". 
Decrès  (Duc),  vice-amiral ,  ministre  de  la 
marine.  —  (23  mars  1815.)  Reçoit 
ordre  de  relarder  le  départ  des  expédi- 
tions pour  Terre-Neuve  jusqu'à  ce  que 
l'Angleterre  se  soit  déclarée  ;  instructions 


316 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I". 


qui  lui  sont  données  pour  les  croisières, 
21  ,  22.  —  (27  mars.)  Mesures  qu'il 
est  chargé  de  prendre  pour  la  défense 
de  Brest ,  Rochefort ,  Toulon  et  Cher- 
bourg, 38.  —  (5  avril.)  Il  est  chargé 
d'ouvrir  des  négociations  avec  Saint- 
Domingue  et  de  renouveler  le  personnel 
des  agents  de  la  Guadeloupe  et  de  la 
Martinique,  77.  —  (6  avril.)  Il  reçoit 
ordre  de  mettre  les  îles  Saint-Marcouf 
en  état  de  défense,  79.  —  (9  avril.) 
Instructions  qui  lui  sont  données  pour 
le  choix  des  commandants  de  la  marine; 
remplacement  du  préfet  maritime  de 
Brest  et  du  commandant  de  Dunkerque, 
83.  —  (H  avril.)  Instructions  pour 
l'emploi  des  ressources  de  la  marine; 
ordre  pour  l'armement  éventuel  d'une 
partie  des  escadres;  emploi  d'une  partie 
des  officiers  de  vaisseau  et  d'artillerie 
de  marine  à  la  défense  des  côtes  et  des 
établissements  maritimes,  98.  —  (17 
avril.)  Ordre  de  mettre  en  commission 
une  escadre  de  cinq  vaisseaux  et  de  trois 
frégates ,  et  d'envoyer  des  bâtiments 
légers  à  Constantinople,  Naples  ,  Alger, 
Tunis  et  Maroc,  pour  porter  des  nouvelles 
deFranceauxagents  diplomatiques,  105. 

—  (22  avril.)  Intention  de  l'Empereur 
d'employer  le  budget  de  la  marine  au 
profit  de  l'armée  de  terre  et  de  la  dé- 
fense de  l'État;  projet  de  décret  pour  la 
formation  de  bataillons  d'ouvriers  de 
marine  pour  la  défense  des  ports ,  l'em- 
ploi de  l'artillerie  de  marine  pour  la 
défense  des  frontières ,  et  pour  l'organi- 
sation de  quarante  à  soixante  bataillons 
d'équipages  ;  —  rappel  des  instructions 
données  pour  la  Guadeloupe,  la  Marti- 
nique et  Saint-Domingue,    120,    121. 

—  (3  mai.)  Plaintes  de  l'Empereur  à 
cause  des  retards  apportés  au  recrute- 
ment des  marins  et  à  l'organisation  des 
compagnies ,  bataillons  et  régiments  des- 
tinés à  la  défense  du  territoire,    161. 

—  (20  mai.)  Ordre  de  ne  pas  négliger 
les  exportations  de  bois  de  la  Corse  : 
utilité  de  ces  exportations  pour  le  pays 
et  pour  l'approvisionnement  de  Toulon, 
206.  —  (25  mai.)  Préparation  d  un 
plan  de  campagne  pour  les  bâtiments 
légers  de  la  marine;  révision  des  règle- 
ments sur  la  course  pour  la  répartition 
des  prises  entre  les  officiers  elles  hommes 
d'équipages.  228.  —  (30  mai.)  Ordre 
d'approvisionner  l'ile  d'Elbe,  243,  244. 


—  (3  juin.)  Demande  d'un  rapport  sur 
les  insultes  faites  à  notre  marine  par  les 
Anglais  et  l'attaque  de  la  frégate  la 
Melpomène  sans  qu'il  y  eût  déclaration 
de  guerre,  254.  — V.  21,  52,  138, 
206  et  242.  —  V.    Marixe  françaisk. 

Defermom  (Comte),  ministre  d'Etal,  prési- 
dent de  la  section  des  finances  au  Con- 
seil d'État.  —  (6  avril  1815.)  Nommé 
directeur  de  la  caisse  de  l'extraordinaire 
créée  pour  secourir  les  déparlements  de 
la  Champagne,  de  la  Lorraine  et  de 
l'Alsace  victimes  de  l'invasion  ;  instruc- 
tions qui  lui  sont  données ,  80.  — 
V.  Caisse  du  l'extraordinaire. 

Dejeax  (Jean-François- Aimé),  comte,  lieu- 
tenant général ,  premier  inspecteur  gé- 
néral du  génie.  —  (26  mars  1815.) 
Nommé  président  du  comité  de  défense 
du  territoire;  composition  de  ce  comité, 
ses  attributions,  36,  37.  —  (2  mai.) 
Somme  mise  à  la  disposition  du  général 
Dejean  pour  l'exécution  des  travaux  de 
défense  de  Paris;  instructions  qui  lui 
sont   données   pour  ces  travaux,    157. 

V.     86,    114.    V.    GÉME  MILITAIRE. 

Dejeax'  (Pierre-François-Marie-Auguste) , 
baron,  lieutenant  général,  aide  de  camp 
de  l'Empereur.  —  (24  avril  1815.) 
Envoyé  en  mission  dans  les  départe- 
ments de  l'Oise,  de  la  Somme,  du  Pas- 
de-Calais  et  du  Nord ,  pour  inspecter 
les  places  fortes  et  les  corps  d'armée  de 
la  frontière  du  Nord  ;  instructions  qui 
lui  sontdonnées,  131,  132. — (7  juin.) 
Nouvelle  mission  qui  lui  est  confiée  pour 
l'inspection  des  places  de  la  frontière 
du  Nord,  266. 

Deladoude  (Comte) ,  lieutenant  général,  — 
(27  mars  1815.)  Instructions  qu'il  re- 
çoit pour  la  réorganisation  des  gardes 
nationales  des  9"^  et  10*^  divisions  mili- 
taires, 36,  40.  —  (12  mai.)  Il  est 
chargé  de  former  des  colonnes  mobiles 
pour  dissiper  les  bandes  insurgées  de 
la  Vendée,  177.  —  (15  mai.)  Troupes 
placées  sous  ses  ordres  pour  pacifier  la 
Vendée,  190.  —  (17  mai.)  Demande 
d'un  projet  de  décret  lui  attribuant  les 
pouvoirs  de  haute  police  dans  la  Vendée, 
198,  199.  —  V.  214,  219,  221. 

Delaître  (Baron),  préfet  de  Seine-et-Oise, 
172. 

Delapointe  (Baron),  maréchal  de  camp, 
251. 

Delort  (Baron) ,  lieutenant  généra!  de  ca- 


TABLE   ANALYTIQUE. 


Valérie.  —  (20  juin  1815.)  Prend  part 
à  la  balaiie  de  Ligny,  29  4. 

Démons,  lieulenantd'artiiieriede la  Garde,  6. 

Dknniée  (Baron),   intendant  général ,   36. 

Denon  (Baron),  membre  de  l'Institut,  di- 
recteur général  des  musées,  29. 

Dequeux,  lieutenant  d'infanterie  delà  Garde 
impériale,  6. 

DiiSBURiiAux  (Baron),  lieutenant  général.  — 
(15  mai  1815.)  Instructions  qui  lui  sont 
données  pour  la  défense  du  département 
du  Bas-Rhin,  192. 

Desmazis,  auditeur  au  Conseil  d'État,  ad- 
ministrateur des  palais  impériaux,  29. 

Dessaix  (Comte) ,  lieutenant  général.  — 
(26  mars  1815.)  Chargé  du  commande- 
ment du  6"-"  corps  d'observation  ;  com- 
position de  ce  corps  ,  37.  —  (27  mars.) 
Instructions  qu'il  reçoit  pour  la  réor- 
ganisation des  gardes  nationales  de  la 
19«  division  militaire,  39,  40.  —  (30 
mars.  )  Il  est  chargé  d'occuper  le  pont 
de  la  Drôme  et  d'arrêter  les  bandes  insur- 
gées de  la  Provence,  53.  —  V.  72,  103. 

Dessoles  (Comte),  lieutenant  générai,  111. 

Deyeux  ,  membre  de  l'Institut,  premier 
pharmacien  de  l'Empereur,  30. 

Dijo.v,  chef-lieu  du  département  de  la 
Côte-d'Or.  —  (22  mai  1815.)  Ordre 
de  fortifier  et  d'armer  celte  ville,  213. 

DoMONT  (Baron),  lieutenant  général  de  ca- 
valerie. —  (15juinl8]5.)  Met  en  déroute 
deux  bataillons  prussiens  qui  défendaient 
le  passage  de  la  Sambre  et  leur  fait 
400  prisonniers,  287. 

Drouet  (Comte  d'Erlon) ,  lieutenant  géné- 
ral. —  (21  mars  1815.)  Rétabli  dans 
le  commandement  de  la  16«  division  mi- 
litaire, à  Lille,  19.  — (26  mars.  )  Chargé 
du  commandement  du  1"''  corps  d'obser- 
vation ;  composition  de  ce  corps ,  36. 
—  (27  avril.)  Il  reçoit  ordre  de  porter 
son  quartier  général  à  Valenciennes  et  de 
réunir  ses  troupes  entre  Condé  et  Valen- 
ciennes ;  instructions  qui  lui  sont  don- 
nées, 133.  —  (14juin.)  Marche- du  le"" 
corps  sur  Marchiennes  et  sur  Thuin  pour 
s'emparer  des  passages  de  la  Sambre , 
283.  —  (20  juin.)  L'éloignement  du 
1'^'' corps  compromet  les  résultats  du  com- 
bat des  Quatre-Bras;  ce  corps  prend  part 
à  la  bataille  de  Mont-Saint-Jean,  294  à 
297.  —  V.  43,  45  ,  55 ,  1 31 ,  238.  — 
V.  AiiHÉE  (^Opérations  de  V)  et  Nev. 

Drouot  (Comte),  lieutenant  général  d'artil- 
lerie, aide  de  camp  de  l'Empereur,  aide- 


317 

major  de  la  Garde  impériale.  —  (28  mars 
1815.)  Chargé  de  l'organisation  de  six 
régiments  de  tirailleurs  et  de  six  régiments 
de  voltigeurs  de  la  jeune  Garde  ;  instruc- 
tions qui  lui  sont  données,  47,  48.  — 
(17  mai.)  Il  reçoit  ordre  de  faire  partir 
les  cadres  de  deux  régiments  de  tirailleurs 
de  la  jeune  Garde  pour  Rouen  et  Amiens  ; 
instructions  qui  lui  sont  données  pour 
le  recrutement  et  l'équipement  de  ces 
deux  régiments  ;  mesures  générales  qu'il 
doit  prendre  pour  le  recrutement  de  la 
Garde,  197,  198.  —  (30  mai.)  Il  re- 
çoit ordre  de  préparer  le  départ  de  la 
Garde  pour  l'armée  ;  effectif  de  l'infan- 
terie et  de  la  cavalerie  ;  organisation  de 
l'artillerie,  244.  —  V.  90,  222,  265, 
266.  —  V.  Armée  [Organisation  de  t), 
Gahde  impériale  et  Napoléon  pr. 

Dubois  (Baron) ,  chirurgien-accoucheur  de 
l'Impératrice,  30. 

Dubois  (Comte),   conseiller    d'État,  156. 

DuFouR  (Baron) ,  lieutenant  général.  — 
(30  mars  1815.)  Chargé  du  comman- 
dement de  la  5"  division  du  2*  corps 
d'observation,  55. 

DuHnsMB  (Comte) ,  lieutenant  général.  — 
(3  juin  1815.)  Chargé  du  commande- 
ment de  la  ll'^  division  de  l'armée  du 
Nord,  250.  —  (7  juin.)  Nommé  com- 
mandant de  la  l^e  division  de  la  jeune 
Garde,  263. 

DuLAULOY  (Comte),  lieutenant  général  d'ar- 
tillerie. —  (5  juin  1815.)  Nommé 
gouverneur  de  Lyon  ;  instructions  qui  lui 
sont  données  pour  activer  les  travaux 
des  fortifications,  approvisionner  la  ville, 
organiser  et  armer  la  garde  nationale, 
254,  255.  —  V.  Génie  militaire  et 
Lyon. 

DuMONT  (André).  —  (10  mai  1815.)  Dé- 
signé pour  la  préfecture  du  Pas-de- 
Calais,  172. 

Dumoulin,  capitaine,  officier  d  ordonnance 
de  l'Empereur.  —  (27  mars  1815.) 
Mission  politique  qui  lui  est  confiée  dans 
les  départements  de  l'Ouest,  46. 

Duxkerquk,  port  sur  la  Manche  et  chef- 
lieu  d'arrondissement  du  département 
du  Nord.  —  (9  avril  1815.)  Rempla- 
cement du  commandant  de  la  marine, 
83. 

Dupo.VT  (Comte),  lieutenant  général,  111. 

DiiRosxEL  (Comte),  lieutenant  général, 
commandant  la  garde  nationale  de  Paris, 
233. 


318 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I^r. 


E 


Écluse  (Fort  de  1'),  département  de  l'Ain. 
—  (30  avril  1815.)  Travaux  de  défense 
et  armement  de  ce  fort,  145. 

Écoi.E  DE  MÉDECINE.  —  (5  juin  1815.) 
Projet  de  former  six  compagnies  d'ar- 
tillerie composées  de  jeunes  gens  de 
l'École  de  médecine,  255.  —  V.  Paris. 

École  polytechnique.  —  (27  avril  1815.) 
Chargée  du  service  d'une  partie  des  batte- 
ries du  parc  de  réserve  de  Vincennes 
destinées  à  la  défense  de  Paris ,  135.  — 
(!•"'  mai.)  Ordre  d'exercer  les  élèves  de 
cette  Ecole  à  la  manœuvre  des  pièces  de 
campagne,  146. — V.  Artillerie  et  Paris. 

Elbe  (Ile  d'),  dans  la  Méditerranée.  — 
(23  mars  1815.)  Relation  de  la  marche 
de  l'Empereur  de  l'île  d'Elbe  à  Paris , 
9  à  17.  —  (10  avril.)  Envoi  d'une  fré- 
gate à  Porto-Ferrajo  pour  y  prendre 
Madame  Mère  ;  —  nomination  du  géné- 
ral Dalesme  au  commandement  de  l'île; 


—  témoignage  de  satisfaction  donné  par 
l'Empereur  aux  habitants  de  l'île  d'Elbe  ; 
garnison  de  cette  île;  mesures  ordon- 
nées pour  sa  défense  ;  —  armement  de 
Porto-Ferrajo,  85,  86.  —  (30  mai.) 
Ordre  d'approvisionner  celte  île,  243, 
244.  —  V.  Bertrand,  Dalesme  et  Na- 
poléon !«■■. 

Elisa  Napoléon,  princesse,  95. 

Esclavage.  —  (29  mars  1815.)  Décret 
pour  la  suppression  de  la  traite  des 
noirs;  peines  édictées  contre  les  con- 
trevenants, 51. 

EvAiN  (Baron),  maréchal  de   camp,  245. 

Exelmans  (Baron),  lieutenant  général  de 
cavalerie.  —  (16  juin  1815.)  Le  corps 
de  cavalerie  commandé  par  ce  général 
fait  partie  de  l'aile  droite  de  l'armée  et 
prend  part  à  la  bataille  de  Ligny,  291 .' 

—  V.  25,  45,  288.  —  V.  Armée 
[Opérations  de  l'). 


Fédérés.  —  (14  mai  1815.)  Adresse  lue 
à  l'Empereur  par  les  fédérés  des  fau- 
bourgs Saint-Antoine  et  Saint-Marceau  ; 
réponse  de  l'Empereur,  187,  188.  — 
(15  mai.)  Décret  pour  la  formation  de 
vingt-quatre  bataillons  de  fédérés  à 
Paris  ;  composition  de  ces  bataillons  ; 
leur  organisation  en  régiments  et  en 
brigades  ;  un  lieutenant  général  et  six 
maréchaux  de  camp  doivent  être  chargés 
de  l'inspection  et  du  commandement  de 
ce  corps;  choix  des  colonels,  lieute- 
nants-colonels et  officiers  parmi  les  of- 
ficiers en  activité;  ordre  de  désigner 
d'avance  à  chaque  brigade  les  hauteurs 
et  fortifications  qu'elle  aura  à  défendre  ; 
armement  et  équipement  de  ce  corps, 
189,  190.  —  (3  juin.)  Ordre  donné 
au  duc  d'Albufera  et  au  maréchal 
Brune  d'organiser  la  fédération  dans  les 
villes  du  Midi,  249.  —  V.  Darricau, 
Napoléon  l*^""  et  Paris. 

Fère  (La)  ,  chef-lieu  de  canton  du  dépar- 
tement de  l'Aisne.  —  (27  mars  1815.) 
Le  ministre  de  la  guerre  reçoit  ordre  de 
présenter  à  l'Empereur  un  plan  de  dé- 
fense de  cette  place  et  d'y  établir  des 
ateliers  pour  la  réparation  des  armes, 
41  à  43. 

Ferrier,  directeur  général  des  douanes,  92. 


Finances.  —  (27  mars  1815.)  Réorgani- 
sation du  personnel  des  finances,  39. 
—  V.  Gaudin. 

Flahault  (Comte  de),  lieutenant  général, 
aide  de  camp  de  l'Empereur,  169,  257. 

Fontaine  ,  membre  de  l'Institut ,  premier 
aichitecte  de  l'Empereur.  —  (26  mars 
1815.)  Instructions  qui  lui  sont  don- 
nées pour  les  travaux  du  Louvre,  38. 

Fontainebleau,  chef-lieu  d'arrondissement 
du  département  de  Seine-et-Marne.  — 
(20  mars  1815.)  Arrivée  de  l'Empe- 
reur dans  cette  ville,  1 5. 

FoucHÉ,  duc  d'Otrante,  ministre  de  la  po- 
lice générale.  —  (21  mars  1815.) 
Reçoit  ordre  de  surveiller  les  princes  de 
la  famille  des  Bourbons,  17,  18.  — 
(11  mai.)  Chargé  de  remettre  à  l'Em- 
pereur un  rapport  sur  les  affaires  Man- 
breuil  et  Brusiart ,  172,  173.  — 
(17  mai.)  Mesures  qu'il  doit  prendre 
pour  la  sûreté  publique  dans  la  9*  divi- 
sion militaire,  198,  199.  — (20  mai.) 
Instructions  qui  lui  sont  données  pour 
la  répression  des  troubles  de  l'Ouest, 
206.  —  V.  51,  184,  193,  201. 

FouRNiER  (Baron),  lieutenant  général, 
202. 

François  1*='' ,  empereur  d'Autriche.  — 
(1er  avril  1815.)  L'Empereur  lui  an- 


TABLE  ANALYTIQUE. 


nonce  sa  rentrée  à  Paris  et  le  prie  de 
hâter  le  retour  de  l'Impératrice  et  du 
Roi  de  Rome,  60,  61. 

Frère  (Comte) ,  lieutenant  général,  237. 

Fresia  (Baron),  lieutenant  général,  251. 

Fressinet,  maréchal  de  camp,  24. 

Friaxt  (Comte),  lieutenant  général,  com- 


319 

pied  de  la 


mandant  les  grenadiers 
Garde,  182. 
Fririon  (Baron),  lieutenant  général,  chargé 
du  commandement  des  dépôts  de  la 
l""^  division  militaire.  —  (12  mai  1815.) 
Reçoit  ordre  d'activer  l'organisation  des 
ses,  4es  et  5«s  bataillons,  179. 


G 


Galeazzim,  commissaire  général  à  l'île 
d'Elbe.  —  (25  mars  1815.)  Nommé 
préfet  du  département  de  Maine-et- 
Loire  ;  instructions  qui  lui  sont  don- 
nées, 28. 

Gamot,  préfet  de  l'Yonne,  15. 

Ganteaume  (Comte),  vice-amiral,  gou- 
verneur de  Toulon,  23. 

Gap,  chef-lieu  du  département  des  Hautes- 
Alpes.  —  (6  mars  1815.)  Arrivée  de 
l'Empereur  à  Gap;  proclamation  adres- 
sée aux  habitants  des  Hautes  et  Basses- 
Alpes,  6. 

Garde  impériale.  —  (l^""  mars  1815.) 
Proclamation  de  la  Garde  à  l'armée,  4 
à  6.  —  (21  mars.)  Remise  des  aigles  à 
la  Garde,  17.  —  (28  mars.)  Création 
de  six  régiments  de  tirailleurs  et  de  six 
régiments  de  voltigeurs  de  la  jeune 
Garde  ;  le  général  Drouot  est  chargé  de 
leur  organisation,  47,  48.  —  (12  mai.) 
Formation  de  quatre  nouveaux  régi- 
ments de  la  Garde,  178.  —  (14  mai.) 
Départ  de  la  1'"''  division  de  la  jeune 
Garde  pour  Compiègne  ;  —  formation 
des  ambulances  de  la  jeune  et  de  la 
vieille  Garde,  185.  —  (17  mai.)  Envoi 
de  cadres  de  tirailleurs  de  la  jeune 
Garde  à  Rouen  et  à  Amiens,  mesures 
à  prendre  pour  le  recrutement  et  l'ha- 
billement de  ces  régiments  ;  instructions 
générales  pour  faciliter  le  recrutement 
de  la  Garde,  197,  198.  —  (21  mai.) 
Intention  de  l'Empereur  d'incorporer 
500  Corses  dans  la  jeune  Garde  et  300 
dans  la  vieille  Garde,  209,  210.  — 
(22  mai.)  Envoi  de  deux  régiments  de 
la  jeune  Garde  dans  la  Vendée,  220.  — 
(30  mai.)  Le  général  Drouot  reçoit 
ordre  de  préparer  le  départ  de  la  Garde 
pour  l'armée  ;  effectif  de  l'infanterie  et 
de  la  cavalerie  ;  organisation  de  l'artil- 
lerie, 244.  —  (7  juin.)  Le  duc  de 
Trévise  est  chargé  du  commandement 
de  la  cavalerie  de  la  Garde;  le  général 
Duhesme   est  nommé  commandant  de 


la  pe  division  de  la  jeune  Garde,  263. 
—  (13  juin.)  Ordre  du  jour  indiquant 
les  positions  que  les  différents  corps 
de  la  Garde  doivent  occuper  autour  de 
Ikaumont,  277  à  279.  —  (14  juin.) 
Marche  de  la  Garde  sur  Charleroi; 
ordre  de  mouvement  des  différents 
corps,  281  à  286.  —  (15  juin.)  Les 
escadrons  de  service  de  la  Garde  mettent 
en  déroute  trois  régiments  prussiens  et 
leur  font  1,500  prisonniers,  288.  — 
(16  juin.)  La  Garde  forme  la  réserve 
de  l'armée  ;  elle  est  placée  entre  l'aile 
droite  (Grouchy)  et  l'aile  gauche  (Ney) 
pour  se  porter  sur  l'une  ou  l'autre,  selon 
les  circonstances,  290.  —  (20  juin.) 
Position  occupée  par  la  Garde  à  la  ba- 
taille de  Ligny;  la  prise  du  village  de 
Ligny  par  la  Garde  assure  le  succès  de  la 
bataille  ;  la  Garde  à  la  bataille  de  Mont- 
Saint-Jean,  293  à  299.  —  V.  Armée 
(Organisation  de  l'),  Drouot  et  Napo- 
léon I"^"*. 
Gardes  nationales.  —  (27  mars  1815.) 
La  direction  des  gardes  nationales  est 
replacée  dans  les  attributions  du  minis- 
tère de  l'intérieur  ;  instructions  généra- 
les pour  la  réorganisation  des  gardes 
nationales  ;  faculté  donnée  aux  comman- 
dants des  divisions  militaires  de  faire 
tous  les  changements  d'officiers  qu'ils 
croiront  utiles  ;  —  ordre  de  remplacer 
toutes  les  garnisons  des  places  fortes  par 
les  gardes  nationales,  39  à  43.  — 
(3  avril.)  Projet  de  décret  pour  l'orga- 
nisation des  gardes  nationales;  bases  de 
cette  organisation  :  mode  de  recrute- 
ment; nomination  des  officiers;  habille- 
ment et  armement  ;  mise  en  activité  de 
la  garde  nationale  des  places  fortes  ;  in- 
structions spéciales  pour  les  gardes  na- 
tionales du  département  du  Nord,  72  à 
75.  —  (6  avril.)  Réorganisation  des 
gardes  nationales  de  la  19e  division  mi- 
litaire en  y  incorporant  le  dixième  de  la 
population,   79.  —  (10  avril.)  Appel 


320 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I«'. 


de  100,000  gardes  nationaai  pour  gar- 
der les  frontières;  mesures  à  prendre 
pour  leur  armement,  85.  — Le  général 
Sebasliani  est  chargé  de  l'organisation 
des  gardes  nationales  de  la  16''  division 
militaire;  instructions  qui  lui  sont  don- 
nées ;  généraux  et  ofQciers  places  sous 
ses  ordres  pour  cette  organisation,  87. 
(16  avril.)  Allocution  de  l'Empereur  à 
la  garde  nationale,  102,  10-3.  — 
(17  avril.)  Organisation  des  gardes  na- 
tionales du  Dauphiiié;  une  division  com- 
posée de  seize  bataillons  de  grenadiers 
ou  chasseurs  est  attachée  au  7^  corps; 
les  autres  bataillons  reçoivent  ordre 
d'occuper  Grenoble,  Briançon  et  les  au- 
tres places  de  la  frontière,  106,  107. — 
(20  avril.)  Projet  de  décret  pour  le  re- 
nouvellement de  tous  les  officiers  et 
commandants  des  gardes  nationales  de 
l'Empire;  mode  de  nomination  des  nou- 
veaux officiers,  114.  —  (22  avril.)  Dé- 
cret pour  la  formation  de  deux  régi- 
ments de  lanciers  de  gardes  nationales 
dans  les  départements  du  Haut-Rhin  et 
du  Bas-Rhin;  mesures  ordonnées  pour 
la  formation  de  pareils  corps  dans  les 
2e,  S",  4«,  6«,  7e  et  lO^  divisions  mi- 
litaires; instructions  pour  l'équipement 
et  la  remonte  de  ces  corps,  118.  — 
(27  avril.)  Ordre  pour  l'organisation  des 
gardes  nationales  de  la  2"  division;  leur 
destination;  leur  équipement  ;  formation 
de  l'artillerie  des  gardes  nationales  de 
Dijon  ,  Chalon-sur-Saône  ,  Saint-Jean- 
de-Losne,  Tournus  et  Villefranche;  en- 
voi de  maréchaux  de  camp  et  d'officiers 
dans  la  18^  division  militaire  pour 
commander  les  gardes  nationales  séden- 
taires,  134,  136.  —  (30  avril.)  Divi- 
sions de  gardes  nationales  attachées  aux 
armées  du  Nord  ,  de  la  Moselle ,  du 
Rhin  et  des  Alpes  pour  aider  aux  opéra- 
tions militaires;  —  intention  de  l'Em- 
pereur de  donner  au  prince  d'Eckmûhl 
le  commandement  des  gardes  nationales 
réunits  à  Paris  ;  —  la  défense  du  Jura 
est  confiée  aux  gardes  nationales  des 
6",  18"  et  19"  divisions  militaires,  143. 
—  (l^r  mai.)  Ordre  pour  la  répartition 
des  bataillons  de  gardes  nationales  entre 
les  diverses  armées  ;  formation  de  régi- 
ments et  de  divisions  de  gardes  natio- 
nales ;  effectif  des  bataillons  destinés  au 
service  des  places,  147  à  150.  — 
(2  mai.)  Instructions  pour  le  choix  des 


officiers  de  la  garde  nationale  de  Paris, 
156.  —  (9  mai.)  Les  commandants 
d'armée  reçoivent  ordre  de  retirer  toutes 
les  troupes  de  ligne  des  places  fortes  et 
de  les  remplacer  par  les  gardes  natio- 
nales, 163  à  165.  —  (12  mai.)  Em- 
ploi des  officiers  de  l'armée  pour  la 
formation  des  bataillons  de  gardes  natio- 
nales ;  organisation  de  vingt-quatre  ba- 
taillons à  Paris;  projet  de  formation  de 
douze  bataillons  pour  la  défense  de 
Lyon  ;  —  ordre  de  répartir  la  levée  des 
trois  mille  bataillons  de  gardes  nationa- 
les d'après  la  population  des  départe- 
ments, 174  à  181.  —  (22  mai.)  Dé- 
sarmement et  réorganisation  de  la  garde 
nationale  de  Marseille,  218. — (6  juin.) 
Formation  d'un  camp  de  gardes  natio- 
nales entre  Genève  et  Lyon  pour  cou- 
vrir celte  dernière  ville  et  menacer  la 
Suisse,  257.  —  V.  Carnot  et  DavouV. 
GauDiN,  duc  de  Gaëte,  ministre  des  finan- 
ces. —  (27  mars  1815.)  Chargé  de 
réorganiser  le  personnel  des  finances , 
39.  —  (31  mars.)  Il  reçoit  ordre  de 
présenter  à  l'Empereur  un  rapport  sur 
la  situation  financière,  59.  —  (3  avril.) 
Instructions  qui  lui  sont  données  pour 
le  règlement  du  budget  et  la  vente  des 
biens  nationaux;  —  il  est  chargé  de 
présenter  à  l'Empereur  un  travail  géné- 
ral sur  les  biens  de  la  famille  des  Bour- 
bons pour  régler  les  dettes  des  différen- 
tes branches  de  cette  famille,  66  à  68. 

—  V.  97,  104. 

GauTHERiN  (Baron),  maréchal  de  camp, 
251. 

Gauthier,  maréchal  de  camp,  182. 

Gazan  i)k  la  Peyrièbe  (Comte),  lieutenant 
général.  —  Chargé  du  commandement 
du  département  de  la  Somme  ;  instruc- 
tions qui  lui  sont  données  pour  la  dé- 
fense d'Abbeville,  Amiens,  Péronne , 
Ham  et  Saint-Quentin,  257. 

Gendarmerie.  — (15  mai  1815.)  Envoi  de 
gendarmes  d'élite  dans  la  Vendée,  190. 

—  (20  mai.)  Projet  d'organisation  de 
la  gendarmerie  de  la  23"  division  mili- 
taire (Corse),  204.  —  (22  mai.)  For- 
mation de  trois  escadrons  et  quatre 
bataillons  de  gendarmerie  dans  les  dé- 
parlements de  l'Ouest,  214,  215.  — 
(3  juin.)  Organisation  de  la  gendarme- 
riedel'armée  du  Nord,  252. — (14juin.) 
Un  détachement  de  gendarmes  est  mis  à 
la   disposition  du  vaguemestre  général 


TABLE  ANALYTIQUE. 


321 


de  l'armée  du  Nord  pour  l'exécution  des 
mesures  d'ordre,  286. 
GÉNIE  MILITAIRE.  —  (27  mars  1815.)  Plan 
de  défense  de  la  Fère,  Soissons  et  Châ- 
teau-Thierry ;  travaux  de  défense  de 
Lyon  et  de  Grenoble,  41  à  45.  — 
(2  avril.)  Projet  d'organisation  du  génie 
de  l'armée,  65.  —  (11  avril.)  Forma- 
tion de  trois  commissions  pour  la  dé- 
fense des  frontières  ;  étude  des  positions 
importantes  :  passages  de  rivières,  ligne 
de  canaux ,  débouchés  de  forêts  ,  etc.  ; 
établissement  de  fortifications  de  campa- 
gne ;  système  d'inondation  dans  le  Nord, 
89,  90.  —  (20  avril.)  Formation  du 
comité  de  défense  du  territoire  ;  ordre 
des  travaux  de  ce  comité  :  il  doit  s'oc- 
cuper d'abord  des  ouvrages  de  campagne 
des  frontières  du  \ord  et  du  Rhin,  en- 
suite de  ceux  de  la  Somme  et  des  Vos- 
ges, enfin  de  ceux  du  Jura  et  des  Alpes  ; 
il  est  chargé  en  outre  de  remettre  à 
l'Empereur  une  description  des  frontiè- 
res, des  places  fortes  et  des  inondations, 
115.  —  (27  avril.)  Travaux  de  défense 
du  camp  retranché  de  Maubeuge  ;  or- 
dres pour  les  travaux  de  défense  de 
Lyon,  de  Langres,  d'Auxonne  et  des 
ponts  de  la  Saône,  136,  137.  — 
(1*"'  mai.)  Les  généraux  Haxo  et  Ro- 
gniat  reçoivent  ordre  de  tracer  des  re- 
doutes sur  les  hauteurs  de  Montmartre, 
Ménilmoutaot,  Belleville,  et  de  recon- 
naître les  autres  positions  à  fortifier  pour 
compléter  la  défense  de  Paris,  152,  153. 
—  (2  mai.)  Ressources  mises  à  la  dis- 
position du  génie  pour  l'exécution  immé- 
diate des  travaux  de  défense  de  Paris  et 
des  environs,  157.  —  (15  mai.)  Le 
général  Rogniat  est  chargé  de  l'inspec- 
tion des  places  de  la  Somme  et  de  la 
reconnaissance  des  ponts  ;  ordres  pour 
les  travaux  de  défense  de  Saint-Quentin, 
Laon  et  Reims,  190.  — (20  mai.)  Pro- 
jet de  construction  d'ouvrages  de  dé- 
fense sur  les  hauteurs  d'Ajaccio; — nou- 
veaux ordres  pour  les  travaux  de  défense 
de  Lyon,  203,  207.  —  (22  mai.)  Or- 
dre d'attacher  à  l'état-major  général  de 
l'armée  six  ingénieurs  des  ponts  et 
chaussées  qui  connaissent  toutes  les  rou- 
tes et  localités  de  la  Belgique  et  de  la 
rive  gauche  du  Rhin,  221.  — (30  mai.) 
Ordre  de  disposer  les  plates-formes  des 
ouvrages  destinés  à  la  défense  de  Paris, 
de  telle  sorte  qu'ils  puissent  recevoir  sur 


chaque  face  douze  ou  quinze  pièces  de 
canon,  245.  —  (7  juin.)  Importance 
de  la  position  de  Saint-Denis  pour  la 
défense  de  Paris;  ordre  de  numéroter 
et  d'armer  toutes  les  flèches  placées  en 
avant  du  canal  ;  fortifications  de  la  rive 
gauche,  262.  — (14 juin.)  Les  troupes 
du  génie  commandées  par  les  généraux 
Rogniat  et  Haxo  suivent  le  mouvement 
de  l'armée  sur  Charleroi;  instructions 
qui  leur  sont  données  pour  les  travaux  de 
passage  de  rivières,  les  fortifications  des 
tètes  de  pont  et  l'ouverture  des  commu- 
nications de  l'armée,  284.  ^V.  Dejean 
et  Rogniat. 
Georges  IV,  prince  régent  d'Angleterre. — 
(14  juillet  1815.)  L'Empereur  annonce 
à  ce  prince  qu'il  vient  se  mettre  sous  la 
protection  des   lois   britanniques,    301. 

—  (4  août.)  Protestation  de  l'Empe- 
reur contre  la  conduite  du  gouverne- 
ment anglais,  301,  302. 

Gérard  (Baron)  ,  lieutenant  général.  — 
(26  mars  1815.)  Chargé  du  comman- 
dement du  4*^  corps  d'observation  ;  com- 
position de  ce  corps,  37.  — (27  mars.) 
Instructions  données  au  général  Gérard 
pour  la  réorganisation  des  gardes  natio- 
nales des  3"  et  4'"  divisions  militaires, 
39,  40.  —  (2  avril.)  Organisation  de 
la  cavalerie  du  4«'  corps,  64. — (9mai.  ) 
Le  général  Gérard  reçoit  ordre  de  faire 
évacuer  par  ses  troupes  toutes  les 
places  fortes,  en  y  laissant  pour  garni- 
son les  gardes  nationales  et  l'artillerie 
nécessaires,  et  d'assurer  ses  moyens  de 
communication  avec  le  général  Rapp, 
164.  —  (14  juin.)  Marche  du  4«  corps 
sur  Charleroi,  284.  —  (16  juin.)  Ce 
corps  fait  partie  de  l'aile  droite  de  l'ar- 
mée et  prend  part  à  la  bataille  de  Li- 
gny,  291  à  294.  —  V.  Armée  {Opéra- 
tions de  l'). 

Girard  (Baron) ,  lieutenant  général.  — 
(30  mars  1815.)  Nommé  commandant 
de  la  2'*  division  de  cuirassiers,  57.  — 
(3  avril.)  Chargé  du  commandement  de 
la  18''  division  d'infanterie;  composi- 
tion de  cette  division,  68.  —  (3  juin.) 
Nommé  commandant  de  la  7"^  division 
de  l'armée  du  Nord,  250.  —  (20  juin.) 
Le  général  Girard  à  la  bataille  de  Li- 
gny  ;  éloge  de  sa  bravoure,   293,  294. 

—  V.  76,  104,  106. 

Girardin  (Alexandre-Louis-Robert,  comte 
de),  lieutenant  généra!  4e  cavalerie,  251 . 

21 


322 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I". 


GiRARDiv  (Cécile-Stanislas-Xavier,  comte  de)  , 
préfet  de  la  Seine-Inférieure.  — (18  mai 
1815.)  Intention  de  l'Empereur  de  Je 
rappeler  auprèsdu  prince  Joseph,  comme 
premier  ccuj'er,  172. 

Grenoble,  chef-lieu  du  département  de  l'I- 
sère. —  (9  mars  1815.)  Arrivée  de 
l'Empereur  dans  cette  ville;  proclama- 
tion aux  habitants  de  l'Isère,  6,  7.  — 
(27  mars.)  Travaux  de  défense  de  Gre- 
noble, 44.  —  (2  mai.)  Armement  de 
cette  place,  156.  —  V.  13,  64. 

Grouchy  (Comte),  lieutenant  général  de  ca- 
valerie. —  (30  mars  1815.)  Chargé  du 
commandement  supérieur  de  la  T^  et  de 
la  19^  division  militaire;  instructions 
qui  lui  sont  données,  59.  —  (8  avril.) 
Nommé  commandant  du  corps  d'obser- 
vation des  Alpes;  composition  de  ce 
corps,  81.  —  (11  avril.)  Chargé  de 
faire  embarquer  le  duc  d'Angouléme  à 
Cette  et  d'exiger  de  lui  la  promesse  de 
restituer  les  diamants  de  la  couronne , 
91.  —  (16  avril.)  Il  reçoit  ordre  de 
porter  son  quartier  général  à  Chambéry, 
104.  —  (17  avril.)  Le  général  Grou- 
chy est  nommé  maréchal  de  France  ; 
instructions  qui  lui  sont  données  pour 
les  opérations  du  7^  corps,  107.  — 
(26  avril.)  Il  est  remplacé  dans  son 
commandement  par  le  duc  d'Albufera 
et  rappelé  à  Paris,  132.  —  (3  juin.) 
Nommé  commandant  en  chef  de  la  cava- 
lerie de  l'armée  du  Nord  ;  composition 
de  son  état-major;  il  reçoit  ordre  de  se 
rendre  à  Laon  pour  y  passer  la  revue  de 
ses  troupes  et  pourvoir  à  leur  organisa- 


tion, 251.  —  (14  juin.)  Alarche  de 
l'armée  sur  Charleroi;  ordre  de  mouve- 
ment de  la  cavalerie,  283.  — (20juin.) 
Le  maréchal  Grouchy  est  chargé  du 
commandement  de  l'aile  droite  de  l'ar- 
mée, composée  des  3*  et  4'^  corps  d'in- 
fanterie, et  du  3"  corps  de  cavalerie; 
bataille  de  Ligny  livrée  aux  Prussiens 
par  l'aile  droite  et  le  centre  de  l'armée 
française;  résultats  de  cette  bataille; 
pertes  de  l'ennemi  ;  —  l'Empereur 
compte  sur  l'arrivée  du  corps  du  maré- 
chal Grouchy  à  Mont-Saint-Jean  pour 
obtenir  un  succès  décisif,  293  à  299. 
—  V.  72,  86,  106,  262.  —V.  Armée 
{Opérations  de  t)  et  Napoléon  \". 

GnuvER,  maréchal  de  camp,  250. 

Guadeloupe  (La),  île  d'Amérique,  une  des 
Antilles  françaises.  —  (5  avril  1815.) 
Le  ministre  de  la  marine  reçoit  ordre  de 
renouveler  le  personnel  des  agents  dei 
cette  colonie,  77.  —  V.  Dec/iès. 

GuDLM  (Comte),  lieutenant  général,  181. 

Guillaume-Frédéric  ,  duc  de  Brunswick- 
OEls.  —  (20  juin  1815.)  Tué  à  la  ba- 
taille de  Ligny,  294. 

GuiLLEMiN'OT  (Comtc),  lieutenant  général. — 
(3  juin  1815.)  Attaché  au  quartier  gé- 
néral de  l'armée  du  Nord,  250. 

Guise,  chef-lieu  de  canton  du  département 
de  l'Aisne.  —  (27  avril  1815.)  Appro- 
visionnement de  guerre  de  cette  place, 
134.  —  V.  Artillerie  (des  places). 

GuYOT  (Comte),  lieutenant  général,  com- 
mandant les  grenadiers  à  cheval  de  la 
Garde  impériale,  25. 


H 


HasTREL  (Baron  d'),  lieutenant  général , 
178. 

Haxo  (Baron) ,  lieutenant  général  du  génie. 
—  (1*"^  mai  1815.)  Chargé  de  tracer 
les  ouvrages  de  défense  des  hauteurs 
de  Montmartre,  Ménilmontant  et  Belle- 
ville  ,  et  de  reconnaître  les  autres  po- 
sitions à  fortifier  pour  compléter  la 
défense  de  Paris,  152,  153.  — 
(14  juin.)  Le  général  Haxo  est- atta- 
ché à  l'armée  du  Nord  ;  troupes  pla- 
cées sous  ses  ordres  pour  les  travaux 
de  passage  des  rivières ,  les  fortifications 
des  léles    de   pont    et   l'ouverture  des 


communications ,    284.    —   V.    Gé.me 

MILITAIRE. 

Henry  (Baron),  maréchal  de  camp.  — 
(6  juin  1815.)  Nommé  commandant  de 
la  garde  nationale  de  Lille,  259. 

HniBERT  DE  Flégny  (Baron),  102. 

Hogexdorp  (Comte),  lieutenant  général, 
aide  de  camp  de  l'Empereur.  — (22  mai 
1815.)  Nommé  gouverneur  du  château 
de  Nantes,  214. 

Hortense-Eugénie,  reine,  105. 

Hulin  (Comte),  lieutenant  général,  com- 
mandant la  l"'  division  militaire,  231. 
—  V.  DavouT  et  Paris. 


TABLE  ANALYTIQUE. 


323 


I 


Impôts.  —  (22  avril  1815.)  Dispositions 
de  l'Acte  additionnel  pour  les  lois  d'im- 
pôt, 126.  —  V.  Acte  additiov.vkl. 

Industrie.  —  (22  avril  1815.)  Représen- 
tation spéciale  de  l'industrie  et  de  la 
propriété  manufacturière  et  commerciale 
à  la  chambre  des  Représentants;  mode 
d'élection  de  ces  Représentants,    126. 

V.    ACTB  ADDITIONNEL. 


Insurrection  nationale.  — V.  Levée  en  masse. 

Invalides.  —  (12  mai  1815.)  Intention 
de  l'Empereur  d'annuler  l'ordonnance 
royale  relative  à  la  dotation  et  à  l'ad- 
ministration des  Invalides,  et  de  rétablir 
l'ancienne  organisation,  174.  -^—  (27 
mai.)  Ordre  de  former  aux  Invalides 
quatre  compagnies  d'artillerie  pour  la 
défense  de  Paris,  234. 


Jeannet,  maréchal  de  camp,  250. 

Jerhan'owski  (Baron),  major  des  chevau- 
légers  de  la  Garde,  6. 

Jérôme  Napoléon,  roi.  —  (3  juin  1815.) 
Reçoit  ordre  de  se  rendre  à  l'armée  du 
Nord  et  d'y  prendre  le  commandement 
de  la  6"  division,  250.  —  (5  juin.) 
Décret  relatif  aux  aides  de  camp  et  à 
l'écuyer  de  ce  prince,  256.  —  (15 
juin.)  La  division  du  roi  Jérôme  con- 
court à  la  défaite  des  Prussiens  à  l'en- 
trée du  bois  de  Montigny-le-Tilleul  et 
les  poursuit  sur  la  route  de  Bruxelles; 
pertes  de  l'ennemi,  288.  —  (20  juin.  ) 
Cette  division  prend  part  au  combat  des 
Quatre-Bras  ;  —  bataille  de  Mont-Saint- 
Jean  :  le  roi  Jérôme  se  porte  sur  le 
bois  de  Goumont,  occupé  par  les  An- 
glais et  les  Hanovriens ,  et  s'en  empare, 
295.  —  V.  262,  298.  —  V.  Armée 
(Opérations  de  l'). 

JoACBiM  Murât,  roi  des  Deux-Siciles.  — 
(30  mars  1815.)  L'Empereur  l'informe 
de  son  retour  à  Paris,  52.  —  (10  avril.) 
Envoi  d'un  ambassadeur  à  Naples;  me- 
sures à  prendre  pour  informer  le  roi  de 
Naples  de  l'heureux  état  des  affaires  eu 
France,  85.  —  (15  avril.)  Le  ministre 
des  affaires  étrangères  reçoit  ordre  de 
rédiger  un  rapport  sur  la  conduite  du 
roi  de  Naples  pendant  la  campagne  de 
1814;  note  de  l'Empereur  à  ce  sujet  : 
ses  griefs  contre  le  roi  de  Naples  ;  re- 
commandation de  le  favoriser  en  parlant 
du  congrès,  et  de  relever  l'injustice  de 
la  conduite  de  l'Angleterre  et  de  l'Au- 
triche envers  ce  prince,  98,  99.  — 
(19  avril.)  M.  Baudus  est  envoyé  au- 
près du  roi  de  Naples  après  l'insuccès 


du  mouvement  offensif  de  l'armée  napo- 
litaine en  Italie;  il  est  chargé  de  l'en- 
gager à  fixer  pendant  quelque  temps  sa 
résidence  entre  Grenoble  et  Sisteron  , 
jusqu'à  ce  que  les  circonstances  lui 
permettent  de  venir  à  Paris,  112,  113. 
—  V.  Caulaincourt  et  Napoléon  I^"". 

Joseph  Napoléon,  roi,  grand  électeur.  — 
(22  avril  1815.)  Reçoit  communication 
du  projet  de  constitution,  avec  autori- 
sation d'y  consigner  ses  observations ._ 
121.  —  (19  mai.)  Chargé  de  remettre 
à  l'Empereur  une  liste  de  cent  vingt 
personnes  pour  la  composition  de  la 
chambre  des  Pairs,  201.  —  (2  juin.) 
Le  roi  Joseph  est  autorisé  à  prendre 
séance  à  la  chambre  des  Pairs,  en  qualité 
de  prince  français,  248.  —  (11  juin.) 
Il  est  chargé  de  la  présidence  du  con- 
seil des  ministres  pendant  l'absence  de 
l'Empereur,  273.  —  (14  juin.)  Nou- 
velles de  l'armée,  280.  —  (15  juin.) 
Le  roi  Joseph  reçoit  ordre  de  commu- 
niquer aux  Chambres  un  rapport  du  duc 
de  Vicence  sur  l'hostilité  des  puissances 
coalisées  contre  la  France,  et  les  tenta- 
tives vainement  faites  pour  arriver  à  des 
négociations;  —  nouvelles  de  l'armée 
qui  lui  sont  adressées  ;  avis  du  passage 
de  la  Sambre  et  de  la  défaite  de  quatre 
régiments  prussiens ,  286 ,  287.  — 
V.  Napoléon  V^. 

JouAN  (Golfe),  dans  la  Méditerranée,  sur  la 
côte  sud-est  du  département  du  Var.  — 
(l*""  mars  1815.)  Débarquement  de 
l'Empereur  au  golfe  Jouan  ;  proclama- 
tions adressées  au  peuple  français  et  à 
l'armée,  1  à  7. 


21. 


324 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLÉON  I«r. 


K 


Kellëbmann,  duc  de  Valmy,  maréchal  de 
France.  —  (10  avril  1815.)  Intention 
de  l'Empereur  de  le  rayer  de  la  liste 
des  maréchaux;  demande  de  renseigne- 
ments sur  sa  position  de  fortune  pour 
lui  accorder  une  pension  de  retraite , 
88. 

Kellermanm,  comte  de  Valmy,  lieutenant 
général  de  cavalerie.  —  (7  juin  1815.) 
Chargé  du  commandement  d'un  corps 


de  cavalerie  à  l'armée  du  Nord  ,  262. 
—  (16  juin.)  Ce  corps  fait  partie  de 
l'aile  gauche  de  l'armée,  sous  les  ordres 
du  prince  de  la  Moskova,  292.  —  (20 
juin.)  Il  prend  part  à  la  bataille  de 
Mont-Saint-Jean,  296,  297.  —  V.  Ar- 
mée (Opérations  de  /'). 

Klei\  (Comte),  lieutenant  général,  181. 

Koutousof-Smolenskoi  (Michel),  feld-maié- 
chal  de  l'année  russe,  181,  182. 


Labédoyèrk  ,  colonel  du  7^  de  ligne.  — 
(7  mars  1815.)  Quitte  la  division  de  Gre- 
noble pour  se  porter  à  la  rencontre  de 
l'Empereur;  il  réunit  son  régiment  aux 
troupes  impériales,  13.  —  (16  juin.) 
Nommé  maréchal  de  camp  et  aide  de 
camp  de  l'Empereur  ;  —  chargé  de  por- 
ter les  ordres  de  l'Empereur  au  maré- 
chal Grouchy ,  avant  la  bataille  de  Li- 
gny,  291. 

LjEtitia.  —  V.  Marie-L^titia. 

Lagrange  (Comte),  lieutenant  général,  251. 

Lahoussave  (Baron  de),  lieutenant  générai, 
251. 

Lamahque  (Comte),  lieutenant  général.  — 
(22  mai  1815.)  Nommé  commandant 
en  chef  de  l'armée  de  la  Loire  ;  forma- 
tion de  cette  armée,  214,  215.  —  (27 
mai.)  Pouvoirs  exceptionnels  confiés  à 
ce  général  pour  le  remplacement  des 
fonctionnaires,  employés  et  officiers  des 
gardes  nationales  de  l'Ouest,  236. 

Lameth  (Alexandre,  baron  de).  —  (15 
avril  1815.)  Nommé  préfet  de  la 
Somme;  chargé  de  l'organisation  des 
gardes  nationales  de  ce  département, 
102.  —  (10  mai.)  Intention  de  l'Em- 
pereur de  l'appeler  au  Conseil  d'Etat, 
172. 

Lamourette  ,  capitaine  d'infanterie  de  la 
Garde  impériale,  6. 

Landrecies,  place  forte  et  chef-lieu  de 
canton  du  déparlement  du  Nord.  — 
(27  avril  1815.)  Approvisionnement  de 
guerre  de  cette  place,  1 34. 

Langbes  ,  chef-lieu  d'arrondissement  du 
département  de  la  Haute-Marne.  — 
(20  avril  1815.)  Ordre  d'armer,  de  for- 
tifier et  d'approvisionner  cette  place,  115. 

I.ANouE ,  lieutenant  ^a''''"^"^  ^^  '^ 
Garde,   6. 


Laon  ,  chef-lieu  du  département  de  l'Aisne. 

—  (27  avril  1815.)  Formation  dans 
cette  ville  de  magasins  pour  l'armée  ; 
envoi  de  six  compagnies  d'équipages 
militaires  pour  le  service  des  vivres, 
134.  —  (15  mai.)Le  génie  du  6®  corps 
est  chargé  de  mettre  cette  place  en  état 
de  défense,  190. 

Lapi,  général  de  brigade,    à  l'île  d'Elbe. 

—  (10  avril  1815.)  Placé  sous  les  or- 
dres du  général  Dalesme;  éloge  de  sa 
conduite,  85. 

Lapoïpe  (Comte  de)  ,  lieutenant  général , 
gouverneur  de  la  16"  division  militaire. 

—  (22  mai  1815.)  Reçoit  ordre  d'orga- 
niser la  garde  nationale  de  Lille,   222. 

Lasalcette   (Baron),   lieutenant    général. 

—  (27  mars  1815.)  Instructions  qu'il 
reçoit  pour  l'organisation  des  gardes  na- 
tionales de  la  7"  division  militaire,  39, 
40.  —  (30  mars.)  Il  est  chargé  de  dé- 
fendre le  Dauphiné  contre  les  insurgés 
de  la  Provence;  troupes  placées  sous 
son  commandement,  53.  —  (3  avril.) 
Il  reçoit  ordre  de  manœuvrer  pour  ga- 
rantir Lyon,  72. 

Launav  (Baron  de),  maréchal  de  camp.  — 
(23  mars  1815.)  Nommé  gouverneur 
de  la  Corse,  23. 

Lauriston  (Law,  comte  de),  lieutenant  gé- 
néral, 58. 

Lebru\,  prince,  duc  de  Plaisance.  —  (15 
mai  1815.)  Paroles  bienveillantes  de 
l'Empereur  en  rendant  au  duc  de  Plai- 
sance le  litre  d'architrésorier,  193. 

Lebrux  (Charles) ,  duc  de  Plaisance,  lieu- 
tenant général.  —  (2l»  mars  1815.) 
Chargé  provisoirement  du  commande- 
ment du  3^  corps  d'observation  ;  com- 
position de  ce  corps,  37.  —  (27  mars.) 
Instructions    qu'il  reçoit  pour  la  réor- 


TABLE  ANALYTIQUE. 


îjanisation  des  gardes  nationales  de   la 
2<=  division  militaire  ,  39  ,  40. 

Leclerc  des  Essarts  (Comte),  maréchal  de 
camp,  111. 

Lecourbi:,  lieutenant  général.  —  (27  mars 
1815.)  Chargé  du  commandement  de 
la  6*=  division  militaire  et  du  corps  d'ob- 
servation du  Jura,  44.  —  (9  mai.) 
Il  reçoit  ordre  de  réunir  son  corps  d'ar- 
mée devant  Belfort,  de  manière  à  être 
protégé  par  cette  place,  travaux  de  dé- 
fense qu'il  doit  faire  exécuter  pour  pro- 
téger son  camp;  ordres  qui  lui  sont 
donnés  pour  la  mise  en  état  de  défense 
des  passages  du  Jura,  l'armement  et 
l'approvisionnement  des  places  fortes  de 
la  6"  division,  165  à  169.  —  (15  mai.) 
Il  est  chargé  d'observer  les  bords  du 
Rhin  et  les  débouchés  de  Bâle;  concours 
éventuel  qu'il  doit  donner  aux  généraux 
Molitor  et  Desbureaus  pour  la  défense 
des  gorges  des  Vosges,  1 92.  —  (16  mai.  ) 
Il  reçoit  ordre  de  faire  venir  à  Belfort 
la  division  de  gardes  nationaux  réunie  à 
Vesoul ,  et  de  transférer  son  quartier 
général  à  Altkirch,  en  plaçant  son  ar- 
tillerie mobile  aux  passages  du  Rhin , 
195.  —  (14  juin.)  Instructions  qui  lui 
sont  données  pour  les  opérations  de  son 
corps  d'armée ,  280. 

Lefol,  lieutenant  généra!,  commandant 
une  division  du  3"  corps.  —  (20  juin.) 
Cette  division  s'empare  du  village  de 
Saint-Amand  à  la  bataille  deLigny,  293. 

LioMAROis  (Comte),  lieutenant  général,  aide 
de  camp  de  l'Empereur.  ' —  (24  mars 
1815.)  Chargé  du  commandement  de 
la  15*  division  militaire,  24.  — 
(27  mars.)  Instructions  qui  lui  sont 
données  pour  la  réorganisation  des  gardes 
nationales  des  14<^  et  15"  divisions  mi- 
litaires, 39,  40,  —  (12  mai.)  Il  reçoit 
ordre  de  former  des  colonnes  mobiles 
pour  faire  rejoindre  les  réfractaires,  177. 

Lemoixh,  lieutenant  général ,  250. 

Lktelliei!,  maréchal  de  camp,  251. 

Letort  (Baron)  ,  lieutenant  général  de  ca- 
valerie, aide  de  camp  de  l'Empereur. 
—  (15  juin  1815.)  Blessé  mortellement 
au  combat  de  Gilly,  sur  le  plaleau  de 
Fleurus;  éloge  de  ce  général,  278  à  289. 

Levée  ex  masse.  —  (Icr  mai  1815.)  Son 
organisation  par  département;  elle  se 
compose  de  la  garde  nationale,  des 
gardes  forestiers ,  de  la  gendarmerie  et 
de    tous  les  citoyens   qui   veulent    s'y 


joindre;  les  généraux  commandant  en 
chef  les  armées  sont  chargés  de  la  di- 
rection des  levées  en  masse;  ils  doivent 
indiquer,  dans  chaque  déparlement,  les 
ponts ,  défilés  et  villes  fermées  que  les 
levées  en  masse  doivent  plus  spécia- 
lement défendre ,  et  désigner  les  posi- 
tions qui  peuvent  servir  de  point  d'appui 
pour  la  défense  du  pays,    150,   151. 

—  V.  Corps  Fraxcs. 

Lhermitte  (Baron),    contre-amiral,   105. 

Liberté  de  la  presse.  —  V.  Acte  addi- 
tionnel. 

Liberté  des  crLT'is.  —  V.  Acte  additionnel. 

Liberté  individuelle.  —  V.  Acte  addi- 
tionnel. 

Lille  ,  chef-lieu  du  département  du  Nord. 

—  (26  mars  1815.)  Le  1<""  corps  d'ob- 
servation se  réunit  dans  cette  ville,  36. 

—  (3  avril.)  Instructions  relatives  à 
l'organisation  et  au  service  de  la  garde 
nationale  du  département  du  Nord ,  73 
à  75.  —  (22  mai.)  Le  général  Lapoype 
est  chargé  de  l'organisation  de  la  garde 
nationale  de  Lille,  222.  —  (6  juin.) 
Nomination  du  général  Henry  au  com- 
mandement de  cette  garde  nationale,  259. 

Lion  (Comte),  lieutenant  général,  251. 

LocBERS,  capitaine  d'infanterie  de  la  Garde 
impériale,  6. 

Louis  -  Antoine  ,  duc  d'Angoulême  — 
(11  avril  1815.)  Générosité  de  l'Em- 
pereur envers  ce  prince;  le  général 
Grouchy  reçoit  ordre  de  veiller  à  la  sû- 
reté du  duc  d'Angoulême  et  de  le  faire 
embarquer  à  Cette  en  se  bornant  à  exi- 
ger de  lui  la  promesse  de  restituer  les 
diamants  de  la  Couronne,  91. 

Louis -Napoléon  ,  roi,  connétable  de  l'Em- 
pire. —  (14  avril  1815.)  Règlement 
des  arrérages  de  son  apanage,  95. 

Louise-Marie-Thérèss;-Bathilde  d'Orléans, 
duchesse  de  Bourbon.  — (3  avril  1815.) 
L'Empereur  accorde  une  pension  de 
150,000  francs  à  la  duchesse  de  Bour- 
bon; conditions  auxquelles  cette  pension 
est  accordée,  67. 

Loverdo  (Comte  de)  ,   maréchal  de  camp. 

—  (24  mai  1815.)  Ordre  de  le  tra- 
duire en  jugement ,  227. 

Lucien,  prince  de  Canino.  —  (11  juin 
1815.)  Autorisé  à  prendre  séance  aux 
conseils  des  ministres,  274.  —  (21  juin.) 
Ce  prince  porte  un  message  de  l'Em- 
pfreur  à  la  chambre  des  Pairs  et  à  celle 
des  Représentants,  299. 


326 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  Ie^ 


Lyon,  chef-lieu  du  département  du  Rhône. 
—  (13  mars  1815.)  Arrivée  de  l'Em- 
pereur dans  cette  ville;  il  y  signe  le  dé- 
cret de  dissolution  de  la  chambre  des 
Pairs  et  de  la  chambre  des  Communes  ; 
proclamation  aux  Lyonnais;  réponse  à 
une  députation  de  Lyonnais,  7  à  9.  — 
(27  mars.  )  Travaux  de  défense  de  Lyon  ; 
projet  de  fortifier  les  hauteurs  qui  l'en- 
vironnent, 44.  —  (6  avril.)  Le  comte 
Rœderer  est  chargé  de  réorganiser  la 
municipalité  et  la  garde  nationale  de 
Lyon,  79.  —  (27  avril.)  Ordres  pour 
les  travaux  de  défense  de  cette  ville , 
136.  —  (2  mai.)  Ordre  de  disposer 
.un  parc  de  dix  batteries  pour  défendre 
Lyon;  emploi  de  l'Ecole  vétérinaire, 
d'un  bataillon  d'artillerie  de  marine  et 
de  deux  compagnies  de  gardes  nationales 
pour  le  service  de  ces  batteries  ;  troupes 
chargées  de  la  défense  de  cette  ville  ; 
intention  de  l'Empereur  de  confier  au 
général  Curial  le  commandement  de 
cette  place  ;  nouveaux  ordres  pour  l'exé- 
cution de  travaux,  de  défense  à  Lyon  ; 
établissement  d'un  pont-levis  au  pont  de 
la  Guillotière;  construction  d'une  tête  de 
pont  aux  Brotteaux;  réparations  aux 
murs  d'enceinte;  construction  de  re- 
doutes sur  les  hauteurs  entre  la  Saône 
et  le  Rhône;  ordre  d'armer  sans  retard 


ces  ouvrages  de  défense,  154,  155.  — 
(10  mai.)  Le  ministre  de  la  marine  re- 
çoit ordre  de  diriger  sur  Lyon  un  parc 
de  cent  bouches  à  feu  de  la  marine  pour 
compléter  l'armement  de  cette  place, 
171.  —  (12  mai.)  Nouvelles  instruc- 
tions pour  les  fortifications  de  Lyon  ; 
opinion  de  l'Empereur  sur  la  facilité  de 
défendre  le  Rhône,  173.  —  (20  mai.) 
Ordre  d'armer  les  ouvrages  de  défense 
entre  la  Saône  et  le  Rhône,  208.  — 
(30  mai.)  Armement  des  têtes  des  ponts 
Morand  ,  Perrache  et  de  la  Guillotière  , 
245.  —  (5 juin.)  Le  général  Dulauloyest 
nommé  gouverneur  de  Lyon;  instruc- 
tions qui  lui  sont  données  pour  activer 
les  travaux  des  fortifications,  approvi- 
sionner cette  ville  pour  un  long  siège, 
organiser  et  armer  la  garde  nationale , 
254.  —  (6  juin.)  Ordre  d'incorporer 
dans  la  jeune  Garde  un  bataillon  de  «o-i 
lontaires  lyonnais  qui  en  a  fait  la  de- 
mande ;  nouveaux  ordres  pour  l'arme- 
ment, l'approvisionnement  de  guerre  et 
les  fortifications  de  Lyon  ;  formation 
d'un  camp  de  gardes  nationales  entre 
Genève  et  Lyon  pour  couvrir  cette  der- 
nière ville  et  menacer  la  Suisse,  257  à 
259.  —  V.  13,  14,  71  ,  72,  76  et 
147.  —  V.  Génie  militaire  et  Napo- 
léon P''. 


M 


jMagdonald  ,  duc  de  Tarente  ,  maréchal  de 
France ,  25. 

Maçon,  chef-lieu  du  département  de  Saône- 
et-Loire.  —  (13  mars  1815.)  Arrivée 
de  l'Empereur  dans  cette  ville ,  15.  — 
(27  avril.)  Formation  de  l'artillerie  de 
la  garde  nationale,  136. 

Maison  (Comte),  lieutenant  général,  107, 
111,  115. 

Mallet  (Chevalier),  lieutenant-colonel  de 
la  Garde  impériale,  6. 

Mallet,  lieutenant  d'infanterie  de  la 
Garde ,  6. 

Marchant  (Baron) ,  intendant  général  de 
l'armée.  —  (6  avril  1815.)  Nommé 
commissaire  extraordinaire  à  Dijon  ;  in- 
structions qui  lui  sont  données,  79. 

Marf.scot  (Comte  de),  lieutenant  général 
du  génie.  —  (10  avril  1815.)  Nommé 
président  d'un  des  trois  comités  de  dé- 
fense des  frontières  ;  instructions  qui  lui 
sont  données,  86. 


Maret,  duc  de  Bassano,  ministre  secrétaire 
d'État.  —  (5  avril  1815.)  Chargé  de 
faire  connaître  à  Lyon  la  pacification  de 
Bordeaux  et  l'embarquement  de  la  du- 
chesse d'Angoulême,  78. 

Marib-Annunciade- Caroline  ,  reine  des 
Deux-Siciles,  105. 

Marie-Laetitia,  Madame  Mère.  —  (10  avril 
1815.)  Envoi  d'une  frégate  à  Porto- 
Ferrajo  (île  d'Elbe)  pour  y  prendre  Ma- 
dame Mère,  84. 

Marie-Louise,  Impératrice  des  Français. 
—  (30  mai  1815.)  Rapport  demandé 
au  baron  Meneval  sur  la  conduite  tenue 
par  l'Autriche  et  les  autres  puissances  à 
l'égard  de  l'Impératrice,  l'état  de  capti- 
vité dans  lequel  cette  princes.se  est  rete- 
nue et  la  séparation  du  Prince  Impérial 
de  sa  mère,  245. 

Marik-Padline  ,  princesse  Borghese,  du- 
chesse de  Guastalla.  — (10  avril  1815.) 
Envoi  d'une  frégate  à  Viareggio,  près  de 


TABLE  ANALYTIQUE. 


327 


Lucques,  pour  s'informer  des  nouvelles 
de  celte  princesse,  et  l'embarquer  si  elle 
y  est,  84. 

Marie-Thérèsk-Charlotte,  duchesse  d'An- 
goulème.  —  (5  avril  1815.)  Son  em- 
barquement à  Bordeaux,  78.  . 

Marine  française.  • —  (23  mars  1815.)  In- 
structions pour  les  croisières;  les  comman- 
dants reçoivent  ordre  d'user  d'une  grande 
circonspection  et  de  s'abstenir  de  tout 
acte  d'hostilité;  étal  des  croisières  de  la 
Corse  et  de  l'île  d'Elbe;  instructions 
spéciales  données  à  leurs  commandants; 
ordre  de  retarder  le  départ  des  expédi- 
tions pour  Terre-Neuve  jusqu'à  ce  que 
l'Angleterre  se  soit  déclarée,  21,  22. — 
(27  mars.)  Mesures  prises  pour  la  dé- 
fense des  établissements  maritimes,  38. 

—  (9  avril.)  Remplacement  du  préfet 
maritime  de  Brest  et  du  commandant  de 
Dunkerque;  instructions  pour  le  choix 
des  commandants  de  la  marine,  82.  — 

—  (10  avril.)  Envoi  d'une  frégate  à 
Porto-Ferrajo  (île  d'Elbe)  pour  y  pren- 
dre Madame  Mère,  84.  —  (14  avril.) 
Instructions  pour  l'emploi  des  ressour- 
ces de  la  marine  ;  ordre  pour  l'armement 
éventuel  d'une  partie  des  escadres;  em- 
ploi des  officiers  de  vaisseau  et  dartil- 
lerie  de  marine  à  la  défense  des  côtes 
et  des  établissements  maritimes,  98.  — 
(17  avril.)  Ordre  démettre  en  commis- 
sion une  escadre  de  cinq  vaisseaux  et  de 
trois  frégates,  105.  —  (22  avril.)  In- 
tention de  l'Empereur  d'employer  le 
budget  de  la  marine  au  profit  de  l'ar- 
mée de  terre  et  de  la  défense  de  l'État; 
projet  de  décret  pour  la  formation  de 
bataillons  d'ouvriers  destinés  à  la  dé- 
fense des  ports,  l'emploi  de  l'artillerie 
de  marine  à  la  défense  des  frontières  et 
l'organisation  de  quarante  à  soixante  ba- 
taillons d'équipages,  120.  121.  — 
(27  avril.)  Un  bataillon  d'artillerie  de 
marine  et  plusieurs  compagnies  d'équi- 
pages de  marins  sont  chargés  de  servir, 
avec  l'Ecole  polytechnique,  les  batteries 
du  parc  de  Viucennes  destinées  à  la  dé- 
fense de  Paris,  134.  —  (3  mai.)  Plain- 
tes de  l'Empereur  à  cause  du  retard  ap- 
porté à  l'organisation  des  régiments  de 
marins,  161.  —  (10  mai.)  Le  ministre 
de  la  marine  reçoit  ordre  de  diriger  sur 
Paris  trois  cents  bouches  à  feu  en  fer  et 
cent  bouches  sur  Lyon  pour  compléter 
l'armement  de  ces  villes  et  des  places  de 


Soissons,  Reims,  Vitry,  Laon,  Château- 
Thierry,  Langres,  etc.,  171,  172.  — 
(20  mai.)  Ordre  de  ne  pas  négliger 
l'exportation  des  bois  de  la  Corse  ;  uti- 
lité de  cette  exportation  pour  l'approvi- 
sionnement de  la  marine ,  2t)6.  — 
(25  mai.)  Étude  d'un  plan  de  campagne 
pour  les  bâtiments  légers  de  la  marine  ; 
révision  des  règlements  sur  la  course 
pour  la  répartition  des  prises,  228.  — 
(3  juin.)  Demande  d'un  rapport  sur  les 
insultes  faites  à  la  marine  française  de- 
puis le  retour  de  l'Empereur  et  l'attaque 
de  la  frégate  la  Melpomène,  sans  qu'il  y 
eût  déclaration  de  guerre,  254.  —  U. 
Degrés  et  Napoléov  I^"". 

Marhont,  duc  de  Raguse ,  maréchal  de 
France.  —  (P""  mars  1815.)  Consé- 
quences de  sa  défection,  1,2.  — 
(10  avril.)  Ordre  de  le  rayer  de  la  liste 
des  maréchaux,  88. 

Marseille,  chef-lieu  du  département  des 
Bouches-du -Rhône.  — (12  avril  1815.) 
Nomination  d'une  commission  pour  con- 
cilier les  intérêts  des  fabriques  de 
France  avec  les  franchises  du  port  de 
Marseille,  92,  93.  —  (16  avril.)  Paci- 
fication de  cette  ville,  102.  — (22  mai.) 
Ordre  d'armer  les  forts  Saint-Nicolas  et 
Saint-Jean,  à  Marseille;  dissolution  et 
réorganisation  de  la  garde  nationale  ; 
mesures  de  sûreté  publique  prises  dans 
cette  ville,  216  à  218. 

Martinique  (La),  île  d'Amérique,  une  des 
Antilles  françaises.  —  (5  avril  1815.). 
Le  ministre  de  la  marine  reçoit  ordre 
de  renouveler  le  personnel  des  agents  de 
cette  colonie,  77.  —  V.  Degrés. 

Massëxa,  prince  d'Essling,  maréchal  de 
France,  commandant  les  troupes  de  la 
8^  division  militaire,  19.  —  (27  mars 
1815.)  laslructions  qu'if  reçoit  pour  la 
réorganisation  des  gardes  nationales  de 
sa  division,  39,  40.  — (18  avril. )L'Em- 
pereur  le  félicite  d'avoir  résisté  aux  or- 
dres du  duc  d'Angoulême  qui  lui  en- 
joignaient de  livrer  Toulon  et  Antibes 
aux  Anglais  et  d'avoir  conservé  ces  vil- 
les <à  la  France  ;  intention  de  l'Empereur 
d'utiliser  les  services  de  ce  maréchal, 
112.  —  (11  juin.)  Le  ministre  de  la 
guerre  est  chargé  de  proposer  au  prince 
d'Essling  le  gouvernement  de  Metz  et  le 
commandement  supérieur  des  3*^  et  4*^ 
divisions  militaires,  273. — V.  23,  86. 

Maubeuge,  place  forte  et  chef-lieu  de  can- 


328 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  r«r. 


tondu  départeœent  du  Nord.  — (27  avril 
1815.)  Travaux  ordonnés  pour  la  dé- 
fense de  cette  place;  le  général  Reille 
reçoit  ordre  de  placer  une  division  du 
2*  corps  à  Maubeuge  et  en  avant  de 
cette  ville,  de  reconnaître  toutes  les  po- 
sitions de  cette  place  et  de  la  frontière, 
et  de  fortifier  les  têtes  de  pont  sur  la 
Sambre  ;  travaux  de  défense  et  d'arme- 
ment du  camp  retranché  de  Maubeuge, 
132,   135. 

MftUBRKuiL  (Marie -Armand- G uerri  de), 
marquis  d'Orvault.  —  (11  mai  1815.) 
L'Empereur  demande  un  rapport  sur 
l'affaire  Maubreuil,  avec  toutes  les  piè- 
ces à  l'appui;  intention  de  publier  ces 
pièces  dans  le  Moniteur,  172,  173. 

Uaurice  Mathieu  de  la  Rrdorte  (Comte), 
lieutenant  général.  —  (5  avril  181 5.«) 
Nommé  commandant  de  la  10*^  division 
militaire,  à  Toulouse,  78. 

Meaux,  chef-lieu  d'arrondissement  du  dé- 
partement de  Seine  -  et  -  Marne.  — 
(27  mai  1815.)  Ordre  d'arrêter  un  plan 
pour  la  défense  de  cette  ville,  234. 

Meneval  (Baron),  secrétaire  des  comman- 
dements de  l'impératrice  Marie-Louise. 
—  (30  mai  1815.)  Chargé  de  faire  un 
rapport  sur  la  conduite  tenue  par  l'Au- 
triche et  les  autres  puissances  à  l'égard 
de  l'Impératrice  et  du  Roi  de  Rome, 
245. 

Mehueldt  (Comte  de),  commandant  en  chef 
la  réserve  autrichienne,  181,  183.  — 
V.   Dauout. 

Mézières,  place  forte,  chef-lieu  du  dépar- 
tement des  Ardennes. — (26  mars  1815.) 
Réunion  du  3'^  corps  d'occupation  dans 
cette  place,  37. 

MiLHAUD  (Comte) ,  lieutenant  général.  — 
(30  mars  1815.)  Chargé  du  comman- 
dement delà  1  ■■'■  division  de  cavalerie, 
56.  —  (16  juin.)  Placé  sous  les  ordres 
du  maréchal  Grouchy;  prend  part  à  la 
bataille  de  Ligny,  291  à  293. 

MftLiTOR  (Comte),  lieutenant  général.  — 
(15  mai  1815.)  Instructions  qui  lui 
sont  données  pour  la  défense  de  l'Al- 
sace ;  il  reçoit  ordre  de  défendre  les  gor- 
ges des  Vosges,  si  l'évacuation  de  l'Al- 
sace devenait  nécessaire,  et  de  s'entendre 
avec  les  généraux  Lecourbe  et  Desbu- 
reauz  pour  la  défense  de  cette  partie  du 
territoire,  192. 

Mollien  (Comte) ,  ministre  du  trésor  pu- 
blic —  (14  avril   1815.)  Ordre  qu'il 


reçoit  pour  le  payement  des  rentes  dues 
aux  princes  et  princesses  de  la  famille 
de  l'Kmpereur  ;  —  il  est  chargé  de  faire 
un  rapport  sur  le  produit  de  la  vente  des 
biens  des  communes,  sur  celle  des  bois 
de  l'État  et  sur  les  centimes  extraordi- 
naires de  guerre;  instructions  qui  lui 
sont  données  pour  l'emploi  de  ces  res- 
sources, 95,  96.  —  (9  mai.)  Ordre 
qu'il  reçoit  pour  le  payement  des  dé- 
penses de  l'armée,  170. — V.  66,  184. 

MoMPiiz,  capitaine  d'infanterie  delà  Garde, 
6. 

MovcEv  (Adrien),  duc  de  Conegliano,  ma- 
réchal de  France,  20. 

MoMCKY  (Comte),  colonel,  commandant  le 
^*^  régiment  de  hussards.  —  (25  mars 
1815.)  Remplacé  dans  son  commande- 
ment, 26. 

Monnieiî  (Comte),  lieutenant  général,  111. 

Mo\TALivET  (Comte  de)  ,  intendant  général 
de  la  Couronne.  —  (25  mars  1815.) 
Reçoit  ordre  de  réintégrer  le  personnel 
de  la  Maison  de  l'Empereur;  instruc- 
tions qui  lui  sont  données  pour  les  tra- 
vaux du  Louvre  et  des  autres  propriétés 
de  la  Couronne,  29,  30.  —  (9  avril.) 
Il  est  chargé  de  remettre  à  Carie  Vernet 
un  témoignage  de  satisfaction  de  l'Em- 
pereur pour  le  tableau  de  la  bataille  de 
Marengo,  83. 

MoN'TBRUN  (Chevalier  de),  maréchal  de  camp, 
251. 

Montesquiou-Fezensac  (Comte  de),  lieute- 
nant général,  grand  chambellan  de  l'Em- 
pereur. —  (25  mars  1815.)  Nommé 
surintendant  des  théâtres,  2  9. — (]9mai.  ) 
Il  est  chargé  de  remettre  à  l'Empereur 
une  liste  de  cent  vingt  personnes  pour 
la  composition  de  la  chambre  des  Pairs, 
202. 

Mo.\TFORT  (Baron),  maréchal  de  camp,  154. 

Montpellier,  chef-lieu  du  département  de 
l'Hérault.  —  (5  avril  1815.)  Le  géné- 
ral Morand  reçoit  ordre  de  se  rendre 
dans  cette  ville  pour  la  pacifier,  78. 

Montreoil-sur-Mer,  chef-lieu  d'arrondisse- 
ment du  département  du  Pas-de-Calais. 
—  (10  mai  1815.)  Ordre  de  mettre 
cette  place  en  état  de  défense,  170. 

Mora.nd  (Comte),  lieutenant  général.  — 
(26  mars  1815.)  Chargé  de  centraliser 
à  Nantes  une  armée  active  pour  la  ré- 
pression des  troubles  des  départements 
de  l'Ouest,  36.  —  (27  mars.)  Instruc- 
tions qu'il  reçoit  pour  la  réorganisation 


TABLE  ANALYTIQUE. 


329 


des  gardes  nationales  de  la  12^  division 
militaire,  39,  40.  —  (30  mars.)  Il  est 
investi  de  pouvoirs  extraordinaires  pour 
pacifier  les  départements  de  l'Ouest  et 
du  Midi  ;  troupes  placées  sous  son  com- 
mandement; instructions  qui  lui  sont 
données,  53,  54.  — (3  avril.)  Latitude 
qui  lui  est  laissée  pour  les  mouvements 
des  troupes,  69.  —  (5  avril.)  Il  reçoit 
ordre  de  se  porter  sur  Toulouse  pour 
pacifier  celte  ville;  même  ordre  pour 
Montpellier,  77,  78.  —  V.  25,  49,72, 
81  et  298. 

MoROM,  maréchal  de  camp,  204. 

AlORTiER ,  duc  de  Trévise ,  maréchal  de 
France.  —  (29  avril  1815).  Demande 
d'un  projet  de  décret  pour  l'envoi  du 
duc  de  Trévise  en  mission  extraordi- 
naire dans  les  départements  du  Nord  ; 
objet  de  cette  mission  :  prendre  toutes 
les  mesures  nécessaires  pour  la  défense 
des  places,  assurer  leurs  approvisionne- 
ments, accélérer  les  travaux  du  génie  et 
de  l'artillerie,  opérer  les  déplacements 
nécessaires  dans  le  personnel  des  com- 
mandants ,  officiers,  etc.  ;  passer  la  re- 
vue des  gardes  nationales  et  stimuler  le 
zèle  et  le   patriotisme  des  populations, 


138,  139.  —  (7  juin.)  Leduc  de  Tré- 
vise est  chargé  de  commander  provisoi- 
rement la  cavalerie  de  la  Garde  :  inten- 
tion de  l'Empereur  de  lui  confier  le 
commandement  de  trois  divisions  de  la 
jeune  Garde,  262.  —  (15  juin.)  Le 
duc  de  Trévise,  à  qui  l'Empereur  avait 
donné  le  commandement  de  la  jeune 
Garde,  reste  malade  à  Beaumont,  288. 

V.    GaHDE   lyPÉRIALK. 

MouTO.v,  comte  de  Lobau,  lieutenant  géné- 
ral. —  (21  mars  1815.)  Chargé  du 
commandement  de  la  K*^  division  mili- 
taire, 18.  —  (3  avril.)  Nommé  com- 
mandant du  6^  corps;  composition  de 
ce  corps,  68,  69.  —  (7  juin.)  Il  reçoit 
ordre  de  porter  son  quartier  général  à 
Vervins  ou  à  Marie,  265.  —  (14  juin.) 
Marche  du  6*  corps  sur  Charleroi,  281. 

—  1 20  juin.)  Le  6^  corps  prend  part 
aux  batailles  de  Ligny  et  de  Mont-Saint- 
Jean,  293  à  298.  —  V.  37,  184,  — 
V.  Armée  (^Opérations  de  t'). 

MouTON-DuvEBNET,  lieutenant  général.  — 
(3  juin  1815.)  Reçoit  ordre  de  se  rendre 
au  quartier  général  de  l'armée  du  Nord, 
250.  —  V.  Armée  [Organisation  de  /'). 

MuRAT.    V.    JOACHIM  MuRAT. 


N 


Nantes,  chef-lieu  du  département  de  la 
Loire-Inférieure.  —  (23  mai  1815.) 
Armement  du  château  de  Nantes;  me- 
sures militaires  prises  dans  cette  ville 
pour  combattre  l'insurrection  de  la  Ven- 
dée, 214,  215. 

Naples,  capitale  du  royaume  des  Deux- 
Siciles.  —  (10  avril  1815.)  Envoi  d'un 
ministre  à  Naples,  84.  V.  Joacbim  Na- 
poléon. 

Napoléon  I*"",  Empereur  des  Français.  — 
(Du  l'^''  au  20  mars  1815.)  Arrivée  de 
l'Empereur  au  golfe  Jouan  ;  proclama- 
tion qu'il  adresse  au  peuple  et  à  l'ar- 
mée ;  son  départ  pour  Grenoble  ;  accueil 
enthousiaste  qu'il  reçoit  à  Cannes , 
Grasse,  Barrême,  Digne,  Gap  et  Saint- 
Bonnet;  incident  de  la  Mure  :  un  ba- 
taillon du  5"  de  ligne  envoyé  de  Gre- 
noble pour  arrêter  sa  marche  court  à  lui 
en  criant  Vive  t' Empereur  !  et  se  réunit 
au  bataillon  de  l'île  d'Elbe  ;  rencontre 
du  7»  de  ligne  entre  Vizille  et  Gre- 
noble :  ce  régiment ,  commandé  par  le 
colonel  Labédoyère,  se  réunit  aussi  aux 


troupes  impériales;  entrée  de  l'Empe- 
reur à  Grenoble;  réception  des  autorités 
de  l'Isère;  revue  des  troupes  de  la  di- 
vision militaire;  marche  de  l'Empe- 
reur de  Grenoble  à  Lyon  ;  son  avant- 
garde  ,  composée  d'un  détachement  du 
4^  de  hussards ,  arrive  au  faubourg  de 
la  Guillotière  et  fraternise  avec  le  13^ 
de  dragons  et  les  autres  troupes  qui 
gardent  le  pont  ;  arrivée  de  l'Empereur 
à  Lyon  ;  acclamations  enthousiastes  de 
la  population  ;  revue  des  troupes;  l'Em- 
pereur dirige  sur  Paris  les  nouveaux 
régiments  qui  viennent  de  l'accueillir  et 
donne  un  peu  de  repos  à  ceux  qui  l'ont 
suivi;  décrets  de  Lyon  :  dissolution  des 
chambres  du  roi;  convocation  du 
Champ-de-Mai  ;  proclamation  aux  Lyon- 
nais; ordre  expédié  au  prince  de  la 
Moskova  de  rejoindre  l'Empereur  à 
Chalon-sur-Saône;  promesse  de  l'Em- 
pereur de  recevoir  ce  maréchal  comme 
le  lendemain  de  la  bataille  de  la  Mos- 
kova ;  départ  de  Lyon  ;  marche  sur 
Mâcon  et   Chalon;    l'Empereur  trouve 


330 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I". 


dans  la  Bourgogne  les  mêmes  senti- 
ments sympathiques  que  dans  les  mon- 
tagnes du  Dauphiné  ;  il  est  rejoint  à 
Auxerre  par  le  prince  de  la  Aloskova; 
arrivée  de  l'Empereur  à  Fontainebleau; 
l'armée  qui  l'accompagne  est  forte  de 
quatre  divisions;  entrée  de  l'Empereur 
à  Paris;  l'armée  tout  entière  se  porte 
spontanément  à  sa  rencontre;  l'Empe- 
reur passe,  le  lendemain,  la  revue  de 
l'armée  de  Paris;  allocution  qu'il  lui 
adresse  ;  enthousiasme  des  troupes  et  du 
peuple;  réflexions  sur  la  marche  de 
l'Empereur  de  Cannes  à  Paris,  9  à  17. 
—  (Du  21  au  30  mars.)  Nomination 
•du  prince  d'Eckmiihl  au  ministère  de  la 
guerre;  —  réorganisation  de  la  P®  di- 
vision militaire;  —  réponses  de  l'Em- 
pereur aux  adresses  des  ministres,  du 
Conseil  d'Etat,  de  la  Cour  de  cassation, 
de  la  Cour  des  Comptes ,  de  la  Cour 
impériale  et  du  Conseil  municipal  de 
Paris;  —  création  de  travaux  d'utilité 
publique  ;  —  mutations  dans  le  per- 
sonnel des  préfets;  —  abolition  de  la 
traite  des  noirs  ;  —  circonspection  re- 
commandée au  commandant  de  la  croi- 
sière du  Levant  pour  ne  rien  préjuger 
et  éviter  tout  ce  qui  pourrait  faire 
croire  à  des  intentions  hostiles  ;  —  or- 
dres donnés  pour  la  garde  des  fron- 
tières ;  —  plan  de  l'Empereur  pour 
l'armement  de  la  France  ;  —  formation 
de  six  corps  d'armée  sur  les  frontières, 
sous  le  titre  de  corps  d'observation  ; 
projet  de  former  ultérieurement  un  7" 
et  un  8^  corps  ;  —  formation  des  4*^ 
et  5*^*  bataillons;  —  rappel  sous  les 
drapeaux  de  tous  les  sous-ofliciers  et 
soldats  éloignés  de  l'armée;  —  reconsti- 
tution de  la  Garde  impériale;  —  ordres 
relatifs  aux  troubles  de  la  Vendée  et  du 
Midi,  18  à  58.  —  (Du  1"  au  10 
avril.  )  L'Empereur  informe  sou  beau- 
père  ,  François  d'Autriche ,  de  sa  ren- 
trée en  France  et  le  prie  de  hâter  le  re- 
tour de  l'impératrice  Marie-Louise  et 
du  Roi  de  Rome;  —  il  annonce  aussi 
son  retour  anx  divers  souverains  ;  — 
envoi  d'agents  près  des  cours  qu'il  sup- 
pose restées  fidèles  à  la  France  pour 
leur  faire  connaître  ses  intentions  et  ses 
bonnes  dispositions  à  leur  égard  ;  — 
mesures  à  prendre  pour  rallier  la  Suède 
à  la  France  ;  —  plaintes  à  adresser  au 
gouvernement  du  grand-duché  de  Bade 


à  cause  du  refus  de  laisser  passer  les 
courriers  de  cabinet;  —  création  de  la 
caisse  dite  de  l'extraordinaire  pour  se- 
courir les  habitants  de  la  Champagne, 
de  la  Lorraine  et  de  l'Alsace  victimes  de 
l'invasion;  —  projet  de  décret  relatif 
aux  biens  de  la  famille  des  Bourbons; 
intention  de  l'Empereur  d'accorder  une 
pension  de  150,000  francs  à  la  du- 
chesse de  Bourbon  ;  —  projet  d'organi- 
sation et  de  mobilisation  des  gardes  na- 
tionales; —  allocution  de  l'Empereur 
à  l'armée  pour  annoncer  la  pacification 
du  Midi,  60  à  83.  —  (Du  10  au  20 
avril.)  Envoi  d'une  frégate  à  l'île  d'Elbe 
pour  y  prendre  Madame  Mère  ;  —  l'Em- 
pereur ne  voulant  pas  user  de  repré- 
sailles avec  la  famille  des  Bourbons,  or- 
donne que  le  duc  d'AngouIême ,  fait 
prisonnier  dans  le  Midi ,  soit  embarqué 
à  Cette,  et  que  des  mesures  soient 
prises  pour  sa  sûreté;  —  nomination 
d'une  commission  pour  examiner  la 
question  des  entrepôts  et  des  ports 
francs  ;  —  mesures  financières  em- 
ployées pour  couvrir  les  dépenses  pu- 
bliques; —  règlement  des  arrérages  de 
rente  dus  aux  menlbres  de  la  famille 
impériale;  —  opinion  de  l'Empereur 
sur  la  conduite  du  roi  de  Naples  en 
1814  et  en  1815;  preuves  d'intérêt 
qu'il  lui  donne  après  l'insuccès  du 
mouvement  offensif  de  l'armée  napoli- 
taine en  Italie;  —  demande  d'un  rap- 
port sur  les  émigrés  et  sur  les  mesures 
à  prendre  pour  réprimer  leur  hostilité  ; 

—  allocution  de  l'Empereur  à  la  garde 
nationale  de  Paris,  84  à  113.  —  (Du 
20  au  30  avril.)  Envoi  de  commissaires 
extraordinaires  dans  les  divisions  mili- 
taires, pour  renouveler  les  municipali- 
tés, réorganiser  les  gardes  nationales  et 
remplacer  les  fonctionnaires  et  em- 
ployés qui  n'offrent  pas  les  garanties 
nécessaires  ;  —  droit  nouveau  créé  par 
YActe  additionnel;  dispositions  de  cet 
Acte  ;  —  convocation  des  collèges  élec- 
toraux pour  la  nomination  des  députés  ; 

—  mesures  à  prendre  pour  les  indem- 
nités dues  par  l'Etat  aux  départements 
et  aux  communes  pour  les  réquisitions 
de  1813  et  1814;  —  ordres  divers  : 
organisation  des  corps  francs  dans  tous 
les  départements  de  l'Empire;  —  em- 
ploi des  ressources  de  la  marine  à  la 
défense  du  territoire;  —  formation  de 


TABLE  ANALYTIQUE. 


331 


magasins  pour  l'armée;  —  mise  en  état 
de  défense  des  places  fortes;  —  tra- 
vaux du  camp  retranché  de  Maubeuge  ; 

—  mesures  pour  la  défense  de  Paris  ;  la 
marine  est  appelée  à  concourir  à  cette 
défense;  —  intention  de  confier  au 
prince  d'Eckmiihl  le  gouvernement  de 
Paris  et  le  commandement  des  gardes 
nationales  ,  des  levées  en  masse  et  des 
troupes  réunies  dans  cette  capitale;  — 
organisation  définitive  de  l'armée  :  dé- 
cret pour  la  formation  de  quatre  armées 
et  de  trois  corps  d'observation ,  1 1 3  à 
144.  —  (Du  l»""  au  5  mai.)  Détails 
d'organisation  de  ces  armées  ;  communi- 
cation faite  aux  généraux  qui  les  com- 
mandent du  système  adopté  pour  la  dé- 
fense du  territoire;  —  organisation  de 
la  levée  en  masse;  —  emploi  des  gardes 
nationales  pour  la  défense  des  places 
fortes  et  rendre  les  troupes  de  ligne  dis- 
ponibles ;  —  travaux  du  génie  pour  la 
défense  des  frontières  ;  —  instructions 
pour  le  service  des  vivres  de  l'armée  ; 
projet  de  formation  de  quatre  armées 
de  réserve  avec  la  conscription  de  1815  ; 

—  création  d'ateliers  d'habillement  pour 
ces  armées,  144  à  161.  —  (Du  7  au 
14  mai.)  Envoi  de  secours  à  des  habi- 
tants de  l'île  d'Elbe;  —  ordre  de  ren- 
dre aux  régiments  les  numéros  qu'ils 
avaient  en  1813;  —  mesures  prises 
par  l'Empereur  pour  assurer  le  paye- 
ment des  services  de  l'armée  ;  — 
répartition  des  levées  de  gardes  natio- 
nales d'après  la  population  des  dépar- 
tements ;  —  organisation  du  service  des 
pontonniers,  162  à  185.  —  (Du  14 
au  22  mai.)  Réponse  de  l'Empereur  à 
l'adresse  du  collège  électoral  de  Seine- 
et-Oise;  —  décret  d'organisation  de 
vingt-quatre  bataillons  de  fédérés  à 
Paris  ;  réponse  de  l'Empereur  à  l'adresse 
des  fédérés  des  faubourgs  Saint-Antoine 
et  Saint- Marceau  ;  —  mesures  néces- 
sitées par  les  troubles  de  la  Vendée; 
ordre  de  former  une  armée  de  la 
Loire  ;  —  organisation  des  services  ad- 
ministratifs de  l'armée  du  Nord  ;  no- 
mination du  duc  de  Dalmatie  aux  fonc- 
tions de  major  général  de  cette  armée; 

—  observations  de  l'Empereur  sur  la 
proposition  du  comte  Chapfal  de  re- 
mettre en  vigueur  le  décret  de  Milan  re- 
latif aux  neutres  ;  intention  de  l'Empe- 
reur de  ne  prendre  une  détermination 


sur  ce  point  important  que  lorsqu'il 
connaîtra  l'application  que  l'Angleterre 
veut  faire  de  son  code  maritime  et  les 
stipulations  qui  ont  pu  intervenir  dans 
les  traités  de  Paris  et  de  Gand  ;  —  avis 
demandés  pour  le  choix  des  membres  de 
la  nouvelle  chambre  des  Pairs,  186  à 
219.  —  (Du  25  au  30  mai.)  Rapport 
demandé  au  baron  Meneval  sur  la  con- 
duite tenue  par  l'Autriche  et  les  autres 
puissances  à  l'égard  de  l'Impératrice  et 
du  Roi  de  Rome;  —  demande  d'un 
plan  de  campagne  pour  la  marine;  in- 
tention de  l'Empereur  d'armer  les  bâti- 
ments légers  pour  la  course  ;  libre  dis- 
position des  prises  laissée  aux  équipages; 
ordre  pour  leur  répartition  ;  —  instruc- 
tions générales  pour  les  travaux  de  dé- 
fense et  l'armement  de  Paris;  note  de 
l'Empereur  pour  la  défense  de  Paris, 
220  à  245.  —  (Du  P'^  au  6  juin.) 
Assemblée  du  Champ-de-Mai  :  discours 
de  l'Empereur  aux  députés  des  collèges 
électoraux  ;  serment  qu'il  prononce 
d'observer  et  de  faire  observer  la  Con- 
stitution ;  allocution  qu'il  adresse  à  la 
garde  nationale  et  aux  troupes  de  terre 
et  de  mer  ;  —  rapport  demandé  au 
ministre  de  la  marine  sur  les  insultes 
faites  à  notre  pavillon  depuis  le  débar- 
quement de  l'Empereur;  —  complé- 
ment d'organisation  de  l'armée  da 
Nord  ;  nomination  du  roi  Jérôme  au 
commandement  de  la  6*^  division  de 
l'armée;  décret  relatif  aux  aides  de 
camp  et  à  l'écuyer  de  ce  prince  ;  ordre 
de  départ  de  la  Garde  pour  Soissons; 
—  instructions  données  au  duc  d'Al- 
bufera  pour  les  opérations  de  l'armée 
des  Alpes,  246  à  255.  —  (Du  7  au 
11  juin.)  Discours  de  l'Empereur  à  la 
séance  d'ouverture  des  Chambres;  — 
demande  d'un  projet  de  message  aux 
Chambres  pour  leur  annoncer  l'ouver- 
ture des  hostilités  ;  intention  de  l'Em- 
pereur de  prévenir  l'ennemi  et  de  pro- 
fiter de  ses  moyens  d'action  ;  —  ordre 
général  de  service  pendant  l'absence  de 
l'Empereur  ;  le  prince  Joseph  est 
chargé  de  la  présidence  du  Conseil  des 
ministres  ;  —  adresses  de  la  chambre 
des  Pairs  et  de  la  chambre  des  Repré- 
sentants; réponses  de  l'Empereur  à  ces 
adresses;  —  ordre  de  fermer  les  com- 
munications sur  toute  la  ligne  du  Nord, 
du  Rhin  et  de  la  Moselle;  —  nouvelles 


332 


CORRESPOîVDxINGE  DE  NAPOLEON  I". 


instructions  pour  l'armement  et  les  Ira- 
taux  de  défense  de  Paris;  —  départ  de 
la  Garde  pour  Soissons,  260  à  275.  — 
(Du  12  au  20  juin.)  Départ  de  l'Em- 
pereur pour  l'armée  ;  son  arrivée  à 
Avesnes;  ordre  du  jour  indiquant  les 
positions  que  les  différents  corps  doivent 
occuper  autour  de  Beaumont;  procla- 
mation à  l'armée  ;  ordre  de  mouvement 
de  l'armée  ;  l'Empereur  culbute  les 
corps  prussiens  qui  défendent  le  pas- 
sage de  la  Sambre ,  enlève  Charleroi  et 
prend  position  entre  les  deux  armées 
ennemies;  —  combat  de  Giliy  :  défaite 
des  Prussiens;  —  plan  de  campagne  de 
l'Empereur  consistant  à  porter  l'aile 
droite  et  le  centre  de  l'armée  contre  les 
Prussiens  en  faisant  occuper  par  son 
aile  gauche  la  position  des  Quatre-Bras 
pour  tenir  en  échec  l'armée  anglaise  ; 
exécution  de  ce  plan  :  le  prince  de  la 
Moskova,  chargé  du  commandement  de 
l'aile  gauche,  reçoit  ordre  d'occuper  les 
Quatre-Bras,  pendant  que  le  maréchal 
Grouchy,  avec  l'aile  droite,  se  porle  sur 
Sombreffe  et  Fleurus;  le  centre,  sous 
les  ordres  directs  de  l'Empereur,  se 
tient  prêt  à  soutenir  le  mouvement  de 
l'aile  droite;  instructions  données  au 
prince  de  la  Moskova  et  au  maréchal 
Grouchy;  troupes  placées  sous  le  com- 
mandement de  ces  deux  maréchaux  ;  — 
bataille  de  Ligny  ,  sous  Fleurus  :  des- 
cription du  champ  de  bataille;  disposi- 
tions prises  par  l'Empereur  pour  l'at- 
taque des  villages  de  Saint-Amand , 
Sombreffe  et  Ligny;  prise  de  Saint- 
Amand  et  de  Sombreffe;  résistance  que 
le  général  Gérard  rencontre  au  village 
de  Ligny  ;  l'Empereur  débouche  sur  ce 
village  avec  sa  Garde  et  la  grosse  cava- 
lerie et  culbute  l'armée  prussienne  ;  ré- 
sultats de  la  bataille  de  Ligny;  —  l'Em- 
pereur charge  le  maréchal  Grouchy  de 
suivre  les  mouvements  de  l'armée  de 
Blùcher  et  de  la  contenir,  pendant  qu'il 
se  porte  lui-même,  avec  sa  réserve,  sur 
les  Quatre-Bras  pour  y  attaquer  l'armée 
anglaise;  l'heure  avancée  de  la  journée 
le  force  à  différer  la  bataille  jusqu'au 
lendemain;  il  établit  son  quartier  gé- 
néral à  la  ferme  du  Caillou,  près  Plan- 
cenoit;  —  bataille  de  Mont-Saint-Jean 
(Waterloo)  :  position  occupée  par  l'ar- 
mée anglaise  autour  du  village  de  Mont- 
Saint-Jean  ;    évaluation    des  forces  de 


cette  armée;  dispositions  ordonnées  par 
l'Empereur;  prise  du  bois  de  Goumont 
et   du   village   de    Mont-Saint-Jean  ;  la 
bataille      paraît      gagnée  ,      lorsqu'une 
charge   de   quelques   escadrons    anglais 
occasionne     une      panique     parmi     les 
troupes  qui  gardent  le  plateau  de  Mont- 
Saint-Jean  ;  cette  panique,  en  se  répan- 
dant,   amène    une  confusion    générale 
dans  l'armée  ;   désastre  qui  en  résulte  ; 
ses  résultats;  —  l'Empereur  repasse  la 
Sambre  à  Charleroi  et  indique  Philippe- 
ville  et  Avesnes  comme  poinis  de  réu- 
nion à  ses  troupes,  275  à  298.  —  (Du 
21  au  25  juin.)  Message  de  l'Empereur 
à  la  chambre  des  Beprésentants  ;   autre 
message  porté  par  le  prince  Lucien  à  la 
chambre  des  Pairs;  —   déclaration  au 
peuple  français  ;  —  abdication  de  l'Em- 
pereur ;    il    proclame   son    fils   sous    le 
nom  de  Napoléon  II  ;  il  charge  les  mi- 
nistres   de    former    provisoirement    un 
conseil     de    gouvernement;    invitation 
qu'il  adresse  aux  Chambres  d'organiser 
sans  délai   la  régence   par  une   loi  ;  — 
proclamation  à  l'armée,  299  à  301.  — 
(14   juillet.)    L'Empereur  annonce   au 
prince  régent  d'Angleterre  qu'il  vient  se 
mettre  sous  la  protection  des  lois  britan- 
niques ,  301.  —   (4  août.  )  Il  se  rend 
sur    le  Bellérophon ,    ou   on   le   retient 
captif;    protestation    qu'il    adresse    au 
gouvernement  anglais,   301,   302.    — 
V.  AcTi;  ADDITIONNEL  ct  Akhée  [Opéra- 
tions de  l'). 
Napoléon-François-Charles-Joseph  ,  prince 
impérial,  roi  de  Rome. —  (30  mai  1815.) 
Rapport  demandé  au  baron  Meneval  sur 
la  conduite  tenue   par  l'Autriche  et  les 
autres  puissances   à  l'égard   du  Roi  de 
Rome  et  l'enlèvement  de  ce  prince  à  sa 
mère  et  à  M'""  de  Montesquiou,  sa  gou- 
vernante, 245.  —  (22  juin.)  L'Empe- 
reur   proclame   son   fils  Empereur  des 
Français  sous  le  nom  de  Napoléon  II, 
300.*—  V.  Napoléo.v  I". 
Nëigrk  (Baron),   maréchal   de  camp,   in- 
specteur général  d'artillerie.  —  (2  mai 
1815.)  Mention   d'un  rapport  fait    par 
ce  général  sur  le  calibre  des  pièces  du 
parc  de  Vincennes,  156. 
Nev,  prince  de  la  Moskova,  duc  d'Elchin- 
gen,  maréchal  de  France.  —  (13  mars 
1815.)  Reçoit  ordre  de  rejoindre  l'Em- 
pereur   à    Chalon-sur-Saône  ,     9.    — 
(27  mars.)   Chargé  de  l'inspection  des 


TABLE  ANALYTIQUE. 


333 


places  forles  de  la  frontière  du  Nord, 
45.  —  (11  juin.)  L'Empereur  fait  in- 
viter le  prince  de  la  Moskova  à  se 
rendre  sans  délai  au  quartier  général 
de  l'armée,  à  Avesnes,  «  s'il  veut  assis- 
ter à  la  première  bataille,  »  273,  274. 
—  (15  juin.)  Le  prince  de  la  Mos- 
kova  est  nommé  commandant  de  l'aile 
gauche  de  l'armée,  288.  — (20  juin.)  Il 
reçoit  ordre  de  marcher  sur  la  position 
des  Quatre-Bras  et  d'y  attaquer  l'armée 


anglaise;  combat  des  Qaatre-Bras,  dont 
le  succès  reste  indécis;  —  le  prince  de 
la  Moskova  à  la  bataille  de  Mont-Saint- 
Jean,  294  à  298.  —  V.  Armée  {Opéra- 
tions de  V)  et  Napoléon  I*"". 

Nogent-sub-Sei.\e,  chef-lieu  d'arrondisse- 
ment du  département  de  l'Aube.  — 
(27  mai  1815.)  Ordre  d'arrêter  un 
plan  pour  la  défense  de  cette  ville,  234. 

NoiROT ,  colonel  de  la  gendarmerie  de  la 
22»  division  militaire,  198. 


Pajol  (Baron),  lieutenant  général  de  cava- 
lerie. —  (2.T  mars  1815.)  Chargé  du 
commandement  des  troupes  réunies  à 
Orléans,  26.  —  (27  mars.)  Instruc- 
tions qui  lui  sont  données  pour  la  réor- 
ganisation des  gardes  nationales  de  la 
22e  division  militaire,  39,  40.  — 
(7  juin.)  Nommé  commandant  du  l*"'' 
corps  de  cavalerie  de  l'armée  du  Nord, 
262.  —  (16  juin.)  l.e  l'^'"  corps  fait 
partie  de  l'aile  droite  de  l'armée  et 
prend  part  à  la  bataille  de  Ligny,  291. 
—  V.  219,  281  et  288. 

Paris,  capitale  de  l'Empire  français.  — 
(20  mars  1815.)  Arrivée  de  l'Empereur 
dans  cette  capitale,  16.  —  (25  mars.) 
Il  ordonne  au  ministre  de  l'intérieur  d'y 
organiser  des  travaux  publics,  28.  — 
(27  mars.)  Création  d'ateliers  pour  la 
réparation  des  armes ,  42  ,  43.  ■ — 
(2  avril.)  Ordre  de  réunir  le  matériel 
de  guerre  de  l'armée  aux  environs  de 
Paris,  61.  —  (24  avril.)  Armement  et 
approvisionnement  de  guerre  de  cette 
capitale,  130.  —  (27  avril.)  Organisa- 
tion d'un  parc  d'artillerie  à  Vincennes 
pour  la  défense  de  Paris;  le  service 
des  batteries  est  confié  à  l'École  poly- 
technique et  à  l'artillerie  de  marine, 
134.  —  (30  avril.)  Intention  de  l'Em- 
pereur de  confier  au  prince  d'Ëckmiihl, 
en  cas  de  guerre ,  le  gouvernement  de 
Paris;  instructions  qui  sont  données  à 
ce  maréchal  pour  la  défense  de  cette 
ville;  effectif  des  troupes  destinées  à 
être  placées  sous  son  commandement, 
144,  145.  —  (1"  mai.)  Les  généraux 
Haxo  et  Rogniat  sont  chargés  de  tracer 
des  redoutes  à  Montmartre,  Ménilmon- 
tant ,  Belleville ,  et  de  reconnaître  les 
autres  positions  à  fortifier  pour  complé- 
ter la  défense  de  Paris,   152,  153.   — 


(2  mai.)  Instructions  pour  le  choix  des 
officiers  de  la  garde  nationale  ;  —  allo- 
cation pour  l'exécution  immédiate  des 
travaux  de  défense,  156,  157.  — 
(10  mai.)  Le  ministre  de  la  marine 
reçoit  ordre  de  diriger  sur  Paris  trois 
cents  bouches  à  feu  en  fer  pour  complé- 
ter l'armement  de  cette  capitale,  171  , 
172.  —  Adresse  des  fédérés  des  fau- 
bourgs Saint-Antoine  et  Saint-Marcean  ; 
réponse  de  l'Empereur ,  187,  188.  — 
(15  mai.)  Décret  pour  la  formation  de 
vingt-quatre  bataillons  de  fédérés  à 
Paris;  composition  de  ces  bataillons; 
leur  organisation  en  régiments  et  en 
brigades  ;  ordre  de  désigner  d'avance  à 
chaque  brigade  les  hauteurs  et  fortifica- 
tions qu'elle  aura  à  défendre;  armement 
et  équipement  de  ce  corps,  189,  190. 
—  (27  mai.)  Instructions  générales 
pour  la  défense  de  Paris  ;  mesures  à 
prendre  pour  la  sûreté  des  villes  qui 
environnent  celte  capitale;  organisation 
de  la  garde  nationale .  et  des  tirailleurs 
des  arrondissements  de  Sceaux  et  de 
Saint-Denis;  ordre  de  tracer  les  ou- 
vrages de  défense  de  l'embouchure  du 
canal  Saint-Denis  ;  armement  de  Mont- 
martre et  de  la  redoute  de  la  barrière 
du  Trône  ;  confection  de  palissades 
pour  fermer  les  barrières  de  la  rive 
gauche  de  la  Seine,  231  à  235.  — 
(30  mai.)  Note  de  l'Empereur  pour  la 
défense  de  Paris  :  calcul  des  forces 
nécessaires  pour  défendre  l'enceinte  ; 
ordre  de  disposer  des  ouvrages  de 
campagne  de  telle  sorte  qu'ils  puissent 
recevoir  sur  chaque  face  douze  ou  quinze 
pièces  de  canon,  245.  —  (5  juin.) 
Projet  de  formation  de  dix  compagnies 
d'artillerie  composées  d'élèves  de  l'Ecole 
de  médecine  et  des  lycées  de  Paris,  255. 


334 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I". 


—  (7  jnin.)  Importance  de  la  position 
de  Saint-Denis  pour  la  défense  de 
Paris;  ordre  de  rectifier  l'armement,  en 
appuyant  la  ligne  de  défense  à  Saint- 
Denis  :  armement  des  flèches  placées 
en  avant  du  canal  ;  ordre  de  fortifier 
la  rive  gauche,  262.—  V.  37,  62,  93, 
146  et  262.  —  V.  Génie  militaire  et 
Napoléon  !•"", 

Pauline.  —  V.  Marie-Pauline. 

PÉCHEUx  (Baron),  lieutenant  général,  com- 
mandant une  division  du  4*  corps.  — 
(20  juin  1815.)  Prend  part  à  la  bataille 
de  Ligny,  294. 

PÉRiGNON  (Comte),  maréchal  de  France.  — 
(10  avril  1815.)  Intention  de  l'Empe- 
reur de  le  rayer  de  la  liste  des  maré- 
chaux ;  demande  de  renseignements  sur 
la  position  de  fortune  de  ce  maréchal 
pour  lui  accorder  une  pension  de  re- 
traite, 88. 

Périgord  (Comte  de)  ,  maréchal  de  camp , 
111. 

Perrin  (Victor),  duc  de  Bellune,  maréchal 
de  France,  88  et  107. 

Pierre-Chatel  (Fort  de) ,  département  de 
l'Ain.  —  (30  avril  1815.)  Travaux  de 
défense  et  armement  de  ce  fort,    145. 

Pire  (  Baron  ) ,  lieutenant  général.  — 
(27  avril  1815.)  Chargé  du  commande- 
ment de  la  6"  et  de  la  19"  division  de 
l'armée  ;  instructions  qui  lui  sont  don- 
nées, 133,  134,  144  et  194. 


Police.  —  V.  Fouché. 

PoNTÉcouLANT  (ComteDE),  pair  de  France, 
113. 

Pontonniers.  —  (13  mai  1815.)  Organi- 
sation des  équipages  de  pont  de  l'armée 
du  Nord  ;  demande  de  renseignements 
sur  la  largeur  des  canaux  de  Condé ,  de 
Bruges ,  de  Bruxelles ,  de  la  Samhre , 
de  la  Meuse ,  de  l'Escaut ,  et  sur  le 
nombre  de  pontons  nécessaire  pour  jeter 
des  ponts  sur  ces  cours  d'eau,  182, 
183.  —  (17  mai.)  Organisation  d'un 
équipage  à  Douai,  197.  —  V.  Davout 
et  Génie  militaire. 

Porto-Ferrajo  ,  port  et  chef-lieu  de  l'île 
d'Elbe.  —  (23  mars  1815.)  Envoi  d'un 
bataillon  de  600  hommes  à  Porto-Fer- 
rajo, 21.  — (10  avril.)  Ordre  d'envoyer 
une  frégate  à  Porto-Ferrajo  pour  y 
prendre  Madame  Mère,  84.  —  V.  Elbe 
(lie  d'). 

PoRTO-LoNGONE ,  port  de  l'île  d'Elbe.  — 
(18  avril  1815.)  Ordre  de  désarmer 
cette  place  ,86. 

Ports  francs.  —  (12  avril  1815.)  For- 
mation d'une  commission  pour  examiner 
la  question  des  entrepôts  et  des  ports 
francs,  92  à  94. 

Préval  (Comte) ,  lieutenant  général.  — 
(23  mai  1815.)  Désigné  par  l'Empereur 
pour  diriger  les  bureaux  de  la  cavalerie 
au  ministère  de  la  guerre,  225. 

PuLLv  (ComteDE),  lieutenant  général,  251. 


Q 


Qcinette  de  Rochemont  (Baron),  conseiller 
d'Etat ,  directeur  général  de  la  compta- 
bilité des  communes  et  des  hospices  au 


ministère  de  l'intérieur.  —  (10  mai 
1815.)  Désigné  par  l'Empereur  pour  la 
préfecture  de  la  Somme,  172. 


R 


Radet  (Baron),  lieutenant  général  de  gen- 
darmerie, 59. 

Ramel  de  Nogaret  (Jacques).  —  (10  mai 
1815.)  Intention  de  l'Empereur  de  l'ap- 
peler à  la  préfecture  de  Seine-et-Oise , 
172. 

Raoul,  capitaine  d'artillerie  de  la  Garde,  6. 

Rapp  (Comte),  lieutenant  général.  — 
(30  mars  1815.)  Chargé  du  comman- 
dement du  5"  corps  d'observation  ;  com- 
position de  ce  corps,  56.  —  (9  mai.)  In- 
structions pour  la  réunion  des  troupes , 
la  surveillance  du  Rhin  et  la  défense  des 
places  fortes;  positions  que  le  5^  corps 


doit  occuper;  effectif  de  ce  corps,  164. 
—  (14  juin.)  Ordres  donnés  au  général 
Rapp  pour  ses  opérations  militaires  :  il 
doit  défendre  l'Alsace  le  plus  longtemps 
possible ,  ensuite  les  Vosges ,  et  enfin 
la  Meurthe ,  la  Moselle ,  la  Meuse ,  la 
Marne,  etc.,  280.  —V.  167,  169, 
192  et  195.  —  V.  Armée  (Organisation 
de  r). 

Raymond  ,  maréchal  de  camp ,  250. 

Razout  (Baron  de),  lieutenant  général, 
25. 

Real  (Comte),  conseiller  d'Etat,  156. 

Regnaud  db  Saint-Jean- d'Angely  (Comte), 


TABLE  ANALYTIQUE. 


335 


ministre  d'État,  président  de  la  sec- 
tion de  l'intérieur  au  Conseil  d'État , 
156. 
Reille  (Comte) ,  lieutenant  général.  — 
(26  mars  1815.)  Chargé  du  comman- 
dement du  2"  corps,  37.  —  (30  mars.) 
Composition  de  ce  corps;  positions  qu'il 
occupe  sur  la  frontière  du  Nord,  55, 
56.  —  (27  avril.)  Le  général  Reille 
reçoit  ordre  de  porter  son  quartier  gé- 
néral à  Avesnes  et  de  réunir  ses  cinq 
divisions  derrière  la  Samhre  ;  instruc- 
tions qui  lui  sont  données,  132,  133. 

—  (14  juin.)  Marche  du  2"  corps  sur 
Marchiennes  pour  s'emparer  des  passages 
delaSambre,  282,  283.  — (15  juin.) 
Le  général  Reille  a  plusieurs  engage- 
ments avec  l'ennemi  et  lui  fait  300  pri- 
sonniers, 286.  —  (20  juin.)  Le 2'" corps 
prend  part  au  combat  des  Quatre-Bras 
et  à  la  bataille  de  Mont-Saint- Jean,  293 
à  298.  —  V.  43,  45,  48,  131  et  132. 

—  V.  .(iRMÉE  (^Opérations  de  l'). 
Reims  ,  chef-lieu  d'arrondissement  du  dé- 
partement de  la  Marne.  —  (15  mai 
1815.)  Le  génie  du  6^  corps  est  chargé 
de  mettre  cette  ville  en  état  de  défense, 
190. 

Responsabilité  ministérielle.  —  V.    Acte 

ADDITIONNEL. 

Revest  (Baron),  maréchal  de  camp.  — 
(3  juin  1815.)  Nommé  chef  d'état- 
major  du  3*^  corps  d'armée,  250. 

RoEDERER  (Comte),  sénateur,  commissaire 
extraordinaire  dans  les  7*=,  8^  et  19*  di- 


visions militaires.  —  (6  avril  1815.) 
Ordres  qui  lui  sont  donnés,  79. 

Rogni.1t  (Baron),  lieutenant  général  du 
génie.  —  (20  avril  1815.)  Nommé 
membre  du  comité  de  défense  du  terri- 
toire de  l'Empire,  114.  —  (P'  mai.) 
Chargé  de  tracer  des  redoutes  sur  les 
hauteurs  de  Montmartre ,  de  Ménilmon- 
tant,  de  Belleville ,  et  de  reconnaître 
les  autres  positions  à  fortifier  pour  com- 
pléter la  défense  de  Paris,  152,  153. 
—  (15  mai.  )  Chargé  d'inspecter  les  tra- 
vaux de  défense  des  places  de  la  Somme 
et  de  reconnaître  les  ponts  qu'il  faut 
garder  ou  couper,  190,  191.  — 
(14  juin.)  Il  reçoit  ordre  de  s'emparer 
du  pont  de  Charleroi;  instructions  qui 
lui  sont  données  pour  les  travaux  de 
passage  de  rivières,  de  réparation  de 
chemins  et  d'ouverture  de  communica- 
tions, 284.  —  V.  Génie  militaire. 

Roujoux  (Baron  de),  préfet  du  Pas-de- 
Calais.  —  (10  mai  1815.)  Désigné 
pour  la  préfecture  d'Eure-et-Loir,  172. 

RouL,  chef  d'escadron  de  cavalerie,  officier 
d'ordonnance  de  l'Empereur,  12. 

Roussel  (Baron) ,  lieutenant  général.  — 
(2  avril  1815.)  Chargé  du  commande- 
ment du  dépôt  de  remonte  de  Versailles; 
instructions  qui  lui  sont  données  ,  62 
à  64. 

RoTY  (Baron),  lieutenant  général  d'artil- 
lerie. —  (27  avril  1815.)  Chargé  du 
commandement  de  l'artillerie  de  l'armée, 
134.  —  V.  Artillerie  (de  l'armée.) 


Saint-Cyr  (École  militaire  de).  —  (l*""  mai 
1815.)  Ordre  de  former  à  cette  école 
quatre  compagnies  pour  le  service  de 
quatre  batteries  d'artillerie,  146. 

Saint-Dems  ,  chef-lieu  d'arrondissement  du 
département  de  la  Seine.  —  (27  mai 
1815.)  Organisation  de  la  garde  na- 
tionale et  des  bataillons  de  tirailleurs 
de  cet  arrondissement;  travaux  de  dé- 
fense de  l'embouchure  du  canal  de 
Saint-Denis,  231  à  235.  —  (7  juin.) 
Importance  de  la  position  de  Saint-Denis 
pour  la  défense  de  Paris  ;  ordre  d'ar- 
mer toutes  les  flèches  placées  en  avant 
du  canal,  262.  — Génie  uilitaire  et 
Paris. 

Saint-Domingue,  île  d'Amérique.  —  (5  avril 
1815.)  Le  ministre  de  la  marine  reçoit 


ordre  d'ouvrir  des  négociations  avec  l'île 
Saint-Domingue ,  77. 

Saint-Jean-de-Losne  ,  chef-lieu  de  canton 
du  département  de  la  Côte-d'Or.  — 
(!<"■  mai  1815.)  Éloge  du  patriotisme 
de  ses  habitants,  151.  —  (22  mai.) 
Décret  autorisant  la  ville  de  Saint-Jean- 
de-Losne  à  placer  l'aigle  de  la  Légion 
d'honneur  dans  ses  armes,  223. 

Saint-Marcouf,  îles  de  la  Manche,  arron- 
dissement de  Vaiognes.  —  (6  avril  1815.) 
Le  ministre  de  la  marine  reçoit  ordre  de 
mettre  ces  îles  en  état  de  défense,  79. 

Saint-Quentin  ,  chef-lieu  d'arrondissement 
du  département  de  l'Aisne.  — •  (15  mai 
1815.)  Le  génie  du  2"  corps  est  chargé 
de  mettre  cette  place  en  état  de  défense  , 
190. 


336 


CORRESPONDANCE  DE  NAPOLEON  I^r. 


Saint- Yox,  capitaine,  officier  d'ordonnance 
de  l'Empereur.  —  (27  mars  1815.) 
Mission  politique  qui  lui  est  confiée 
dans  les  départements  de  l'Est  et  du 
Nord,  46. 
Salins  ,  chef-lieu  de  canton  du  départe- 
ment du  Jura.  —  (30  avril  1815.)  Tra- 
vaux de  défense  et  armement  de  celte 
place  forte,  145. 
Santé  (Service  de).  —  (27  avril  1815.) 
Formation  des  ambulances  des  1"",  2^ 
et  3«  corps  d'armée,  134.  — (14  mai.) 
Organisation  des  ambulances  de  la 
jeune  et  de  la  vieille  Garde,  185.  — 
(16  mai.)  Ordre  de  former  des  hôpi- 
taux dans  les  places  fortes  et  sur  la 
ligne  d'évacuation  par  Boissons,  193. 
—  (14  juin.)  Instructions  pour  le  ser- 
vice des  ambulances  de  l'armée,  285. 
SflUMUR ,  chef-lieu  d'arrondissement  du 
département  de  Maine-et-Loire.  — 
(22  mai  1815.)  Ordre  de  mettre  le 
château  de  Saumur  en  état  de  défense, 
214. 
Savary  ,  duc  de  Rovigo ,  lieutenant  géné- 
ral ,  premier  inspecteur  général  de  la 
gendarmerie.  —  (12  mai  1815.) 
Chargé  de  publier  dans  le  Journal  de 
l'Empire  le  récit  de  l'incident  qui  se 
passa  après  Austerlitz  lorsque  l'empe- 
reur Alexandre  fut  coupé  par  le  maré- 
chal Davout,  181  à  183.  — V.  Davout. 
ScEY    (Comte    de),    ancien    préfet,    107, 

115. 
ScHULTz,    capitaine   des   chevau-légers   de 

la  Garde  impériale,  6. 
Sebastiani    (Comte) ,    lieutenant   général. 
—  (10  avril  1815.)  Chargé  de  l'organi- 
sation    des    gardes     nationales    de    la 
16*^  division  militaire;  instructions  qui 
lui  sont  données,  87. 
SiMMER    (Baron) ,    lieutenant  général.    — 
(27  avril   1815.)  Nommé  commandant 
delà  19*"  division,  133. 
Simon  de  la  Mortière  (Chevalier) ,  maré- 
chal  de    camp.    —    (20    mai   1815.) 
Témoignage  de  satisfaction  qui  lui  est 
donné  par  l'Empereur,  203,  204. 
SisTERON,    chef-lieu    d'arrondissement  du 
département     des     Basses- Alpes.     — 
(5  mars  1815.)  Le  général  Cambronne 
s'empare  du  pont  et  de  la  citadelle   de 
Sisteron.  —  (27  avril.)  Importance  de 
cette  position,  136. 
SoissoNS,    chef-lieu   d'arrondissement    du 
département  de  l'Aisne.    —   (27  mars 


1815.)  Ordre  de  mettre  cette  place  en 
état  de  défense,  41.  —  V.  134,  194, 
259,  262,  265  et  277. 

SouHAM  (Comte),  lieutenant  général,  111. 

Soolt,  duc  de  Dalmatie,  maréchal  de 
France ,  major  général  de  l'armée.  — 
(21  mai  1815.)  Fixation  de  son  traite- 
ment comme  maréchal  et  comme  géné- 
ral en  chef  ;  indemnité  qui  lui  est 
accordée  pour  dépenses  d'état-major, 
frais  de  bureau  et  de  poste,  210.  — 
(22  mai.)  11  reçoit  ordre  d'attacher  à 
l'état-major  général  six  ingénieurs  des 
ponts  et  chaussées  qui  connaissent  la 
Belgique  et  la  rive  gauche  du  Rhin  , 
221.  —  (3  juin,)  11  est  chargé  de  pré- 
parer un  projet  de  mouvement  du  corps 
de  la  Moselle  sur  Philippeville,  en  mas- 
quant ce  mouvement  à  l'ennemi,  et  de 
remettre  à  l'Empereur  un  état  général 
de  la  situation  des  corps  d'armée  ha 
Nord,  de  la  Moselle,  du  Rhin  et  du 
Jura,  252.  —  (7  juin.)  Le  duc  de 
Dalmatie  reçoit  ordre  de  partir  pour 
l'armée  afin  de  prendre  les  dispositions 
nécessaires  pour  la  défense  des  places 
de  première  ligne ,  achever  l'organisa- 
tion des  différents  corps  et  prendre  des 
renseignements  sur  la  position  de  l'en- 
nemi, 264,  265.  —  V.  222  et  264. 
—  V.  Armée   (Opérations  de  V). 

Strasbourg,  chef-lieu  du  département  du 
Bas-Rhin.  — (26  mars  1815.)  Réunion 
du  5'^  corps  d'observation  près  de  cette 
ville,  37. 

SucHET ,  duc  d'Albafera ,  maréchal  de 
France.  —  (26  avril  1815.)  Nommé 
commandant  de  l'armée  des  Alpes  et 
des  T^  et  19''  divisions  militaires;  il 
établit  son  quartier  général  à  Cham- 
béry,  132.  —  (16  mai.)  Il  reçoit  ordre 
de  placer  la  division  de  réserve  de  Lyon 
aux  débouchés  de  Genève,  pour  couvrir 
Lyon  et  établir  une  communication  avec 
la  division  de  Besançon  chargée  de 
garder  les  débouchés  du  Jura,  196.  — 
(20  mai.)  Composition  de  l'armée  des 
Alpes;  appui  qu'elle  doit  trouver  dans 
les  corps  d'observation  du  Var  et  du 
Jura  ;  —  ordre  de  presser  les  travaux 
de  défense  de  Lyon,  207.  —  (6  juin.) 
Le  duc  d'Albufera  reçoit  ordre  de 
réunir  l'armée  des  Alpes  dans  une  posi- 
tion retranchée  en  avant  de  Chambéry, 
et  de  former  un  camp  de  gardes  natio- 
nales entre  Genève  et  Lyon  pour  couvrir 


TABLE   ANALYTIQUE. 


337 


celle  dernière  ville  et  menacer  la  Suisse,  Sugxy,  lieutenant  général   d'artillerie.  — 

258.  —  (11  juin.)   Il   est  informé   de  (10  mai    1815.)  Chargé  de  la  direction 

l'ouverture  prochaine  (les  hostilités;  in-  du  parc  d'artillerie  des  Invalides,  171. 

structions  qui  lui  sont  données  pour  les  Suissk.  —  (7  avril  1815.)  Le  ministre  des 

opérations  de   l'armée  des  Alpes,  272.  affaires  étrangères  est   chargé  de  pré- 

—  V.    19,    37,    45,    57,  225,    249  parer  un  rapport  sur  les  relations  de  la 

et  280.  France  avec  le  gouvernement  suisse,  80. 


T 


T/iLLKYRA\D  (Comte  Auguste  de)  ,  ex-mi- 
nistre en  Suisse.  — (21  avril  1815.) 
Poursuites  dirigées  contre  lui,   115. 

Tkstb  (Baron) ,  lieutenant  général,  25. 

TiiiiATHES.  —  (5  mai  1815.)  Observations 

"^  sur  le  budget  des  théâtres,  162. 

Thibaupusu  (Comte) ,  conseiller  d'État.  — 
Nommé  commissaire  extraordinaire  à  Di- 
jon ;  instructionsqui  lui  sont  données, 79. 

Thibault,  lieutenant  d'infanterie  de  la 
Garde,  6. 

Thionville  ,  chef-lieu  d'arrondissement  du 
département  de  la  Moselle.  —  (26  mars 
1815.)  Réunion  du  4°  corps  d'observa- 
tion dans  cette  place, ,37. 

Toulon,  port  français  sur  la  Méditer- 
ranée.—  (18  avril  1815.)  L'Empereur 
félicite  le  maréchal  Masséna  d'avoir 
résisté  aux  ordres  du  duc  d'Angouième 
qui  lui  enjoignaient  de  livrer  cette  ville 


aux  Anglais ,  et  de  l'avoir  conservée  à 
la  France,  112. 

Toulouse  ,  chef-iieu  du  département  de  la 
Haute-Garonne.  —  (5  avril  1815.)  Le 
général  Morand  reçoit  ordre  de  se  diri- 
ger sur  cette  ville  pour  la  pacifier,  78. 

TouRNUs ,  chef-lieu  de  canton  du  départe- 
ment de  Saône-et-Loire.  —  (14  mars 
1815.)  Éloge  de  la  conduite  des  habi- 
tants de  cette  ville  pendant  l'invasion 
des  alliés,  15.  —  (22  mai.)  Décret 
autorisant  la  ville  de  Tournus  à  placer 
l'aigle  de  la  Légion  d'honneur  dans  ses 
armes,  223.  —  V.   137  et  151. 

Travot  (Baron),  lieutenant  général,  215. 

Troude  (Baron),  contre-amiral,  83. 

Tulle  ,  chef-lieu  du  département  de  la 
Corrèze.  —  (23  mars  1815.)  Impulsion 
donnée  à  la  fabrication  des  armes  dans 
cette  ville,  24. 


u 

Université.  —  (26  mars  1815.)  Demande  d'un  projet  de  décret  pour  la  réorganisation 
de  l'Université,  38, 


V 


VâLENCiENNES ,  chcf-  Heu  d'arrondisscmeut 
du  département  du  Nord.  —  (26  mars 
1815.)  Réunion  du  2<'  corps  d'observa- 
tion dans  cette  ville,  40.  —  (27  avril.) 
Approvisionnement  de  guerre  de  cette 
place,  134. 

Vandamme  (Comte),  lieutenant  général, 
commandant  le  3*^  corps  d'armée.  — 
(27  avril  1815.)  Reçoit  ordre  de  réunir 
le  3"  corps  entre  Rocroy  et  Mézières; 
instructions  en  cas  d'ouverture  des  hos- 
tilités, 133,  134.  —  (9  mai.)  II  reçoit 
ordre  de  réunir  toutes  ses  troupes  et  de 
laisser  la  garde  des  places  fortes  aux 
gardes  nationales;  position  que  son 
corps  d'armée  doit  occuper  entre  Rocroy 
«t  Philippeville  pour  pouvoir  se  réunir 
à  l'armée  du  Nord ,  dont  il  fait  partie, 
165.  —  (15  mai.)  Mesures  éventuelles 

xxvm. 


que  ce  générai  doit  prendre  pour  la 
défense  des  ponts  de  la  Meuse  et  des 
débouchés  de  la  Marne,  192.  — 
(14  juin.  )  Marche  du  3^  corps  surChar- 
leroi,  281.  —  (16  juin.)  Ce  corps 
fait  partie  de  l'aile  droite  de  l'armée  et 
prend  part  à  la  bataille  de  Ligny,  291 
à  294.  —  V.  Armée  (Opérations  de  V). 

Veaux  (Baron) ,  maréchal  de  camp.  — 
(27  avril  1815.)  Chargé  de  concourir  à 
la  défense  de  la  Saône  ;  opinion  de  l'Em- 
pereur sur  ce  général,  137. 

Vedel  (Comte),  lieutenant  général,  gou- 
verneur de  la  14''  division  militaire.  — 
(12  mai  1815.)  Reçoit  ordre  de  former 
des  colonnes  mobiles  pour  faire  rejoindre 
les  réfractaires,  178. 

Vkiland  (Baron),  maréchal  de  camp,  250. 

Vebdikr   (Comte),    lieutenant  général.    — 

22 


338 


CORRESPONDANCK  DE  NAPOLEON  I". 


(22  mai  1815.)  Chargé  du  commande- 
ment de  la  8'^  division   militaire,  219. 

Verxet  (Cari),  peintre,  membre  de  l'Insti- 
tut. —  Témoignage  de  satisfaction  qu'il 
reçoit  de  l'Empereur  pour  son  tableau 
de  la  bataille  de  Marengo,  83. 

Versailles  ,  chef-lieu  du  département  de 
Seine-et-Oise.  —  (23  mars  1815.)  Im- 
pulsion donnée  à  la  fabrication  des  ar- 
mes dans  celte  ville,  24.  —  (2  avril.) 
Ordre  de  centraliser  à  Versailles  toule 
l'opération  desremontes,  61. — (14  mai.) 
Adresse  du  corps  électoral  de  Seine-et- 
Oise;  réponse  de  l'Empereur,  186,  187. 

Victor.  —  V.   Perrin. 

Villefraxchk-scr-Saôxe,  chef-lieu  d'arron- 
dissement du  département  du  Rhône. — 
(13  mars  1815.)  Arrivée  de  l'Empereur 
dans  cette  ville,  14.  —  (27  avril.)  For- 
mation de  l'artillerie  de  la  garde  natio- 
nale, 136. 


Villoutkevs,  chef  d'escadron.  — (15  juin 
1815.)  Déserte  à  l'ennemi;  ordre  de  le 
mettre  en  jugement,  289. 

Vixcen'nes  (Fort  de),  près  Paris.  —  (23mars 
1815.)  Instructions  pour  l'approvision- 
nement de  guerre  de  Vincennes,  23  , 
24,  —  (27  mars.)  Ordre  de  diriger  sur 
cette  place  tous  les  fusils  qui  se  trouvent 
dans  les  manufactures  d'armes,  42.  — 
(27  avril.)  Organisation  du  parc  d'ar- 
tillerie de  Vincennes,  137. 

Violette,  contre-amiral,  83. 

ViOMÉML  (Baron  de),  maréchal  de  camp,  5. 

Vitbv-le-Fra\çois,  chef- lieu  d'arrondisse- 
ment du  département  de  la  Marne.  — 
(22  avril  1815.)  Ordre  d'armer  ci^tte 
place,  118. 

Vizille,  chef-lieu  de  canton  du  départe- 
ment de  l'Isère.  —  (7  mars  1815.) 
Arrivée  de  l'Empereur  dans  celte  ville; 
accueil  enthousiaste  qu'il  y  reçoit,  13. 


w 


Walaioden  (Comte  de),  colonel  autrichien, 
181. 

Wellington  (Arthur  Wellesley,  duc  de^  , 
commandant  en  chef  l'armée  anglaise 
—  (20  juin  1815.)  Pertes  de  son  ar- 
mée  an  combat  des   Qualie-Bras  ;   — 


position  occupée  par  l'armée  anglaise  à 
la  bataille  de  i\Iont-Saint-.lean  ;  évalua- 
tion des  forces  de  cette  armée  ;  bataille 
de  Mont-Saint- Jean,  294  à  298. 
IVoLFF  (Baron),  maréchal  de  camp, 
251. 


LISTE   DES   PERSONNES 

A    QUI    LES    LETTRES    SONT   ADRESSÉES. 


AxDRÉossv  (Comte),  lieutenant  général,  pré- 
sident (le  la  section  de  la  guerre  au  Con- 
seil d'État,  72. 

BauBiKR,  bibliothécaire  de  l'Empereur,  346. 

Bebt.iaxd  (Comte),  lieutenant  général, 
grand  maréchal  du  Palais,  20,  29,  138, 
162,  163  et  205. 

BifiOTDE  Prkamexeu  (Comte),  directeur  gé- 
néral des  cultes,  105. 

Cii'FARKLLi  (Comte),  lieutenant  général, 
aide  de  camp  de  l'Empereur,   173. 

CAMii.iCKRÈs  (Prince),  duc  de  Parme,  ar- 
chichancelier  de  l'Empire ,  chargé  du 
portefeuille  de  la  justice,  94  et  107. 

CiiixoT  (Comte),  lieutenant  général,  mi- 
nistre de  l'intérieur,  28,  38.  39,  79, 
89,  94,  102,  113,  118,  129,  156, 
172.  179,  202,  211,  222,  236,  254 
et  267. 

Caulai.vcolrt  ,  duc  de  Vicence  ,  lieutenant 
général,  ministre  des  affaires  étrangères, 
48,  65,  66,  80,  85,  98,  112,  245  et 
267. 

CoLLi.v ,  comte  de  Sussy  ,  ministre  d'Etat, 
premier  président  de  la  Cour  des  comp- 
tes, 20. 

CoiiuiXKAU  (Baron) ,  lieutenant  général , 
aide  de  camp  de  l'Empereur,  76  et  211. 

Davout,  prince  d'Eckmiihl,  maréchal  de 
France,  ministre  de  la  guerre,  18,  22  à 
26,  36,  41  à  45,  48  à  51,  53,  55, 
58,  59,  61  à  05,  68,  71,  78,  81,84, 
85  à  89,  91,  93,  97,  99,  100,  102, 
103,  105,  108,  110,  111,  114,  115, 
118,  119,  130,  131,  132,  134,  135, 
136,  137, 138,  144  à  160,  162, 163, 
167  à  170,  173  à  179,  182,  184, 
185,  190  à  197,  202  à  205,  209, 
210,  213  à  219,  223  à  243,  249  à 
251 ,  254  à  259,  262, 263,  268,  272, 
273,  275  à  277  et  280. 

Degrés  (Duc),  vice-amiral,  ministre  de  la 
marine,  21,  22,  38,  52,  77,  79,  83, 
84,  98,  105,  120,  121,  138,  161, 
206,  228,  242,  243  et  254. 

Defkrhox  (Comte),  conseiller  d'État,   80. 

Dejkan  (Jean-François-.'limé),  comte,  lieu- 
tenant général,  premier  inspecteur  gé- 
néral du  génie,  157. 


Dejea\  (Pierre -François -Marie- Auguste)  , 
baron,  lieutenant  général,  aide  de  camp 
de  l'Empereur,  131  et  266. 

Drouot  (Comte),  lieutenant  général,  aide- 
major  de  la  Carde  impériale,  1 97,  244, 
252,  260  et  265. 

Dl'mol'li.v,  capitaine,  officier  d'ordonnance 
de  l'Empereur,  46. 

Fontaine,  membre  de  l'Institut,  premier 
architecte  de  l'Empereur,  38. 

FoucHE,  duc  d'Otrante,  ministre  de  la  po- 
lice générale,  17,  51,  172,  184,  193, 
198,  201  et  206. 

François  I"^'',  empereur  d'Autriche,  60. 

(ÎAUDiN,  duc  de  Gaiite,  ministre  des  finan- 
ces, 39,  59,  60,  66  à  68,  97  et  104. 

Georges  IV,  prince  régent  d'Angleterre, 
301. 

Grouchv  (Comte),  maréchal  de  France,  91 
et  291. 

JoAfiHiM  Napoîéox,  roi  de  Naples,  52. 

Joseph  Napoléon,  roi,  121,  201,  248, 
280,  286  et  289. 

Lebrun,  prince,  duc  de  Plaisance,  archi- 
trésorier  de  l'Empire.  193. 

Maret,  duc  de  Bassano,  ministre  secrétaire 
d'Etat,  24  et  78. 

ilAssÉxA ,  prince  d'Essling ,  maréchal  de 
France,    112. 

MoLLiEN  (Comte),'  ministre  du  trésor  pu- 
blic, 95,  170  et  184. 

Moncey,  duc  de  Conégliano ,  maréchal  de 
France,  20. 

AIoNTALivuT  (Comte  ce),  intendant  général 
de  la  couronne,  29,  30  et  83. 

.Montesql'iou-Fezensac  (Comte  de)  ,  lieute- 
nant général,  grand  chambellan  de  l'Em- 
pereur, 29. 

Ney,  prince  de  la  Moskora,  duc  d'EIchin- 
gen,  maréchal  de  France,  9,  45  et  289. 

Rapp  (Comte),  lieutenant  général,  208. 

Savary,  duc  de  Roïigo,  lieutenant  général, 
premier  inspecteur  général  de  la  gen- 
darmerie, 181. 

SoL'LT,  duc  de  Dalmatie,  maréchal  de 
France,  major  général  de  l'armée,  221, 
222,  251,  252,  264  et  265. 

SucHET ,  duc  d'Albufera ,  maréchal  de 
France,  46  et  207. 


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TABLE 

DES  MATIÈRES   DU  TOME  XXVIII. 


page». 

Correspondance  du  l^""  mars  au  4  août  1815 1 

Table  analytique 303 

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