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Full text of "Cours de liturgie romaine, ou, Explication historique, littérale et mystique des cérémonies de l'église : a l'usage du clergé (prolégomènes-messe-bréviaire-rituel)"

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COURS 


DE 


LITURGIE  ROMAINE 


n 


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ÉTUDE  COMPLÈTE 

DU    CHRISTIANISME 

A  L'USAGE  DIS  OATÉOHISMES  Dl  PBRSSYÉRANOI 

Par  H.  l'abbé  DOX7BLET 

Ghanoina  d'Arrai,  aattnr  de  Stdnt'Paulf  /etuS'Chritt,  etc. 

8  beattx  yolumes  in>12.  Prix,  franco tOfr.  50 

On  it  dani  l'Univers  dn  1er  geptembre  1888  ; 

En  00  moment  où  l'on  se  préoeenpe  partout  et  à  jatte  titre  de  rinitmetion  religieuse  ;  où 
es  paroisses,  les  pensionnats  catholioues,  les  familles  chrétiennes,  riralisent  de  zèle  ^or 
donner  aux  jeunes  gens  et anz  jeunes  nlles,  les  notions  complètes  et  approfondies  delà  religion, 
nous  offrons  à  tous,  arec  la  plus  ferme  confiance  ce  nouyeau  Traité,  dont  le  nom  de  l'auteur 
est  la  plus  grande  garantie. 

Ce  Traité  de  la  religion  a  pour  premier  avantage,  qu'il  est  absolument  complet,  dans  une 
mémo  suite  et  dans  un  plan  parfaitement  homogène.  Dogme  j  Morale,  Histoire  sainte.  Apolo- 
gétique, PreuTOS  saisissantes  de  la  drrioité'du  Chtisiiani6me>  Réfutation  des  erreurs  scienti- 
fiques et  historiques.  Exposé  comjplet  et  approfondi  de  l'Eglise,  des  sacrements,  des  «omman- 
dements,  de  tous  les  deroirs  de  la  Tie  chrétienne,  etc.,  tout  est  traité  aTec  cette  rerre,  ce 
eharme  particulier  d'exposition,  cette  clarté,  cette  stlureté  absolue  de  doctrine  qui  signalent 
tons  les  autres  ouvrages  de  M.  le  chanoine  Doublet. 

Ces  trois  volumes  serviront  admirablement  au  clergé  des  paroisses,  aux  maltresses  de 
pensionnats  catholiques,  aux  aumôniers  des  communautés  religieuses.  En  même  temps  leur 
forme  attrayante  leur  fraiera  dans  les  familles  du  monde  la  plus  facile  et  la  plus  fructueuse 


CENT  QUATRE-VINGT  QUATRE  MÉDITATIONS 

A  L'USAGE  DES  PRÉDICATEDRS 

Par  M.  l'abbé  DOUBLET,  chanoine  d'Arras,  auteur  de  Saint-Paul^ 
de  Jézus-Christ,  des  Psaumes  étudiés  en  vue  de  la  prédication. 

8  volumes  in-12,  franco  :  10  tr.  50. 

TRAITÉ   DES  INDULGENCES 

ET  RECUEIL  DE  DÉVOTIONS  INDUL6ENCIÉES 

Par  M.  l'abbé  OASTELBOU,  vicaire  de  Sainte-Elisabeth,  à  Paris. 
Z  volumes  in-12,  prix  :  7  francs. 

Cet  deux  rolnmes  contiennent  le  résumé  le  plus  exact  et  le  plus  complet  de  tous  les  traités 
d'indulgences  parus  jusqu'à  ce  jour.  Les  pasteurs  des  âmes  et  même  les  simples  fidèles  qui 
recherchent  une  instruction  sûre  et  solide  ytroureroot  rangées  et  classées  dans  le  meilleur 
ordre,  clairement  exposées  et  résolues,  toutes  les  questions  dogmatiques  et  pratiques  relatÎTes 
aux  indulgences,  tant  en  général  ou'en  particulier,  ainsi  qu'an  Jubilé,  aux  eonfiréries  et 
ÂsaottiationB  pieuses  ou  charitables  de  tonte  sorte. 


IMPIIHKIIX  eilfitALI  DB  CBATILLOM-eUB-SKlini.  —  A.  PIOBAT. 


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COURS 

UTURGIEROMAINE 

ou 
IXPLIOATION  HISTORIQUE,  LITTÉRÂLB  &  HTSTIQUl 

DES  CÉRÉMONIES  DE  L'ÉGLISE 
▲  l'usagb  des  séminaires  et  du  GLERaÉ. 

(MISSEL  -  BRÉVIAIRE  -  RITUEL) 
Par  m.  th.   BfiBMABD, 

PRÊTRE  DE  SAINT'SULPICE. 

Fili  hominis,  pone  cor  tuain  et 
▼id«. .  •  de  uniTeniB  cœremoniis  domûs  Domini 

EZECH.,  ZLIV,  5. 


LS    BRÊVIAIRK 
TOHB  SECOND 


PARIS 

BERCHE  ET  TRALIN,  ÉDITEURS 

69 1  RUE  DB  RBNNBS,   69 

1887 

Tons  droit!  réftrrte. 


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o  a  8  i  ^ 


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2  DBS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

du  lever  du  soleil  à  son  coucher ,  et  la  nuit ,  du 
coucher  du  soleil  à  son  lever.  Les  douze  heures  de 
nuit  formaient  quatre  veilles  de  trois  heures  cha- 
cune, vigiliœ^  et  les  gardes,  chez  les  Romains,  se  rem- 
plaçaient après  chaque  veille.  (Vegetius,  de  re  mili- 
tari L.  III,  c.  8.)  Ces  quatre  parties  de  la  nuit  sont 
clairement  désignées  par  ce  verset  du  saint  Evan- 
gile :  Vigilate^  nescitis  enim  quando  Dominus  veniet, 
sero,  an  mediâ  nocte,  an  galli  canlu,  an  mane,  (Marc 
xin,  35.)  Saint  Luc  en  parle  aussi,  quand  il  dit  des 
pasteurs  de  Bethléem,  à  l'occasion  de  Noël  :  «  Et  pas- 
tores  erant  in  regione  eâdem  vigilantes  et  custodien- 
tes  vigilias  noctis  super  gregem  suum.  (1 1,  8.)  Il  nous 
rapporte  plus  loin  les  paroles  de  Notre-Seigneur , 
qui  empruntait  aux  veilles  de  la  nuit  sa  parabole  : 
«  Et  si  venerit  in  secundâ  vigiliâ,  et  si  in  tertiâ  vigiliâ 
venerit,,,  (xn,  38.)  Saint  Mathieu  nous  apprend  qu'on 
était  à  la  quatrième  veille  de  la  nuit  quand  le  Sau- 
veur vint  à  ses  apôtres,  marchant  sur  les  flots  :  quartâ 
autem  vigiliâ  noctis  venit  ad  eos  ambulans.  (xiv,  25.) 

La  première  veille,  du  coucher  du  soleil,  vers  six 
heures  du  soir  ,  à  neuf  heures  s'appelait  Vesper, 
de  la  planète  de  Vénus  qui  se  lève  quand  le  soleil 
disparait;  la  seconde,  de  neuf  heures  du  soir  à  minuit, 
concubium,  parce  que  c'était  le  moment  du  coucher, 
et  aussi  conticinium,  parce  que,  dit  Varron,  c'est  le 
moment  le  plus  calme  de  la  nuit  (In  Marci,);  la 
troisième  veille  finissait  vers  trois  heures  du  matin, 
et  s'appelait  mediâ  nocte,  et  gallicinium^  du  premier 
chant  du  coq;  la  quatrième  enfin  et  la  dernière  ter- 
minait la  nuit,  de  trois  heures  à  six  heures  du  ma- 
tin, vers  le  lever  du  soleil,  et  se  nommait  pour  cela 
Matutinum,  mane  diluculo.  (Arnobe,   In  ps.  cxxix.) 

Telle  était  la  division  de  la  nuit  chez  les  Hébreux  et 
chez  les  Romains.  Ils  divisaient  aussi  le  jour  usuel  en 
douze  parties  :  de  là  ces  paroles  de  Notre-Seigneur  : 


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LEURS  NOMS  BT  LEUR  NOMBRE.         3 

Norme  suntduodecim  korx  dieil  (Joan.  xi,  9.)  La  pre- 
mière s'appelait  Prima  (hora);  la  deuxième,  secunda; 
la  troisième,  tertia,  etc...  et  la  douzième  ou  la  dernière, 
duodecima.  Mais,  pour  qu'il  y  eût  harmonie  dans  ces 
divisions  du  jour  et  de  la  nuit,  on  distingua  les  douze 
heures  du  jour  en  quatre  parties  égales,  et  de  trois 
heures  aussi  environ;  c'étaient  autant  de  stations  pour 
les  gardes  militaires,  qui  se  relevaient  alors  comme 
celles  de  la  nuit.  (Vegetius.)  Chacune  prenaitle  nom  de 
l'heure  qui  la  commençait  ;*  ainsi  la  première  partie, 
commençant  avec  la  première  heure  du  jour,  s'appe- 
lait Primey  prima,  et  s'étendait  de  six  heures  à  neuf 
heures  du  matin  ;  la  seconde  partie  commençait  à  neuf 
heures  pour  finir  à  midi,  et  se  nommait  Tierce,  tertia, 
parce  que  neuf  heures  correspondait  à  la  troisième 
heure  du  jour  ;  la  troisième  partie,  de  midi  à  trois 
heures,  s'appelait  Sexte,  sexta^  parce  que  midi  ré- 
pondait à  la  sixième  heure  ;  et  la  quatrième  enfin,  de 
trois  heures  à  six  heures  du  soir,  None,  nona,  parce 
que  trois  heures  correspondait  à  la  neuvième  heure 
du  jour. 

L'Eglise  s'est  inspirée,  pour  sa  prière  publique,  de 
cette  division  du  temps.  Elle  voulait  ainsi  continuer 
sans  interruption  la  louange  que  la  terre  doit  à  son 
Créateur  et  Rédempteur,  et  sanctifier  toutes  les  heures 
du  jour  et  de  la  nuit.  Les  Matines  qui,  avec  leurs  trois 
nocturnes  et  les  Laudes,  se  partagent  ki  nuit,  sanc- 
tifieront les  quatre  veilles  anciennes  ;  'Prime  sera  con- 
sacrée à  la  première  heure,  ou  plutôt  aux  trois  pre- 
mières heures  du  jour,  et  les  rayons  naissants  du  so- 
leil lui  emprunteront  une  voix  pour  célébrer  le  Dieu 
qui  a  créé  la  lumière  et  répandu  sur  le  monde  les 
splendeurs  de  la  Foi  :  Jam  lucis  or to sidère,.,  (Hymn. 
Prim.)  —  Tierce  sera  l'heure  sainte,  Hora  sacra, 
affectée  à  cette  heure  bénie  où  l'Esprit  sanctifica- 
teur descendit  sur  les  apôtres  :  Nunc^  Sonate  nobis 


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DSS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

...  {Hymn.  Tert.)  C'était  alors,  en  effet,  la  troi- 
îure  du  jour,  dit  le  texte  sacré  :  cum  sit  hora 
ia  (Act.  II,  15),  c'est-à-dire  neuf  heures  du  ma- 
heure  de  Tierce  comprendra  le  temps  de  neuf 
t  midi.  Le  milieu  du  jour,  où  souvent  la  nature 
e  est  énervée,  aura  aussi  sa  prière,  appelée 
►arce  que  le  temps  qui  lui  est  consacré  com- 
L  la  sixième  heure,  c'est-à-dire  à  midi,  pour  se 
r  à  trois  heures  :  Qui  temperas  rerum  vices... 
alorem  noxium...  {Hymn,  Sext.)  —  Mais  il  est 
nt  de  bien  finir  la  journée,  et  Theure  de  None 
era  cette  grâce  delà  persévérance  pour  les  trois 
5S  heures  du  jour,  c'est-à-dire  de  la  neuvième 
izième,  ou  de  trois  heures  à  six  heures  du  soir  : 
Deus  tenax  vigor^  Immotus  in  te  permanens 
Non.)  La  douzième  heure  devait  être  sanctifiée 
Jlansde  la  reconnaissance,  et  les  Vêpres,  le  soir 
le  soleil  se  couche,  les  offriront  au  Seigneur  : 
r,  pueri  Dominum.  —  Magnificat  anima  mea 
m.  {Ps.  Vesp.)  Les  Complies,  enfin,  {Compte- 

en  nous  préparant  au  sommeil  de  la  nuit, 
ront  dignement  l'office  divin  :  Procul  rece^ 
)mnia  ,  et  noxium  pkantasmata...  {Hymn. 
) 

lesdifférentes  heures  del'office  divin  font  mon- 
\  le  ciel  une  louange  continue  ;  ainsi  la  prière 
3  le  jpur  et  la  nuit  ;  ainsi  l'Eglise  rend 
sse  à  Dieu,  par  ses  ministres  sacrés,  les  devoirs 

sont  dus.  Mais  il  nous  faut  entrer  dans  plus  de 
pour  connaître  à  fond  les  heures  canoniales; 
1  étudierons  l'origine,  le  symbolisme  et  les 
iturgiques. 


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MATINES  BT  LAUDES.  $ 

CHAPITRE  I. 

MA'TINES   ET   LAUDES. 

(Rub.  gen.  Tit.  XIU  et  XIV.) 

Les  Matines  et  les  Laudes  constituent,  à  proprement 
parler,  le  commencement  de  l'office,  c'est  pourquoi 
la  rubrique  générale  en  parle  tout  d'abord;  elles  sont 
la  prière  et  la  louange  de  la  nuit,  dit  le  cardinal 
Bona  :  «  Noctumi  autem  et  laudes  ad  nocturnam  sy- 
naxim  pertinent,  »  (Div.  Psalm.  t.  III.)  L'office  divin 
commence  avec  la  nuit,  parce  que  le  jour  ecclésias- 
tique, comme  ceux  des  fêtes  chez  les  Hébreux,  com- 
mence au  coucher  du  soleil  pour  se  terminer  au  même 
moment  le  lendemain. 

Nous  réunissons  ici  les  matines  et  les  laudes,  parce 
qu'elles  ne  font  pas  deux  heures  distinctes  ;  ce  qu'il 
nous  faut  prouver  avant  tout. 

[  Les  auteurs,  il  est  vrai,  sont  divisés  sur  ce  point,  et 
on  peut  voir  dans  Suarez  les  preuves  de  l'une  et  de 
l'autre  opinion.  {De  Relig.  1.  IV,  c.  6.)  Mais  la  plupart 
ne  reconnaissent  dans  matines  et  laudes  qu'une  seule 
heure  canoniale.  Voici  les  différentes  raisons  qui  nous 
font  partager  cet  avis  : 

1®  Le  grand  nombre  des  auteurs  qui  admettent  sept 
heures  canoniales  et  non  huit;  ce  qui  a  fait  dire  à 
Suarez  que  cette  opinion  est  la  plus  commune  :  corn- 
munior  sententia.  (loc.  cit.) 

2*  La  manière  de  compter  les  heures,  si  ordinaire 
et  si  répandue  dans  TEglise,  que,  d'après  Soto,  le 
sentiment  opposé  ne  mériterait  pas  qu'on  y  fit  atten- 
tion :  «  adeo  vulgati  et  communi  modo  loquendi  totius 
Ecclesiœ  recepta  (sentèntia)  est^  priorem  omnino  au- 
diendam  non  esse,  »  {Deinst.  1.  X.  9,  5,  art.  4.) 

3°  Le  glossaire,  expliquant  dans  notre  sens  un  texte 
du  droit  qu'on  oppose  à  la  thèse  ^ 

i.  Voici  ce  texte  :  Prophetd  dicente  :  Septies  in  die  laudem  dixi 

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6  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

4*  L*autorité  du  bréviaire  romain  qui  appelle  d'un 
même  nom  matines  et  laudes,  matutinum.  Nous  li- 
sons, en  effet,  dans  leâ  rubriques  générales  (Tit.  XXIV, 
n.  5)  :  In  vigiliis  preces  feriales  dicimtur  tantum  ad 
matutinum  et  per  horas.  Mais  les  prières  feriales  se 
disent  à  laudes  et  jamais  à  matines  ;  le  mot  matuti- 
num désigne  donc  ici  une  heure  composée  de  mati- 
nes et  de  laudes. 

La  rubrique  dit  encore  (Tit.  XXXII,  n.  1)  que  chaque 
heure  doit  se  terminer  par  :  Dominus  vobiscum^  Be- 
nedicamus  Domino,  Fidelium  et  Pater  noster.  Or  rien 
de  tout  cela  n'est  indiqué  dans  le  bréviaire  à  la  fin 
de  matines,  et  on  ne  le  dit  qu'après  laudes;  les  mati- 
nes neconstituentdoncpasune  heure  distincte  des  lau- 
des. Gavantus  invoque  aussi  ces  textes  de  la  rubrique 
en  faveur  de  la  thèse,  (sect.  iv,  c.  n,  n.  1  et  2.) 

Nous  lisons  enfin  dans  le  bréviaire,  après  les  matines 
de  Noël  :  Et  dicto  Benedicamus  Domino,  celebratur 
prima  Missa...  et  il  n'est  pas  question  du  Fidelium 
animœ,  qui  se  dit  après  toutes  les  heures.  Gardellini  en 
donnepour  raison  que  matines  et  laudes  ne  sontqu'une 
heure  canoniale:  «  Unameamdem  horam  constituunt.., 
Absoluto  matutino,  hora  rêvera  non  terminatur,,.  Cur 
excludiiur  (Je  verset  Fidelium)?  Quia  nempe,  abso" 
lutis  noctumisy  non  terminatur  hora...  Absoluto  matu^ 

tibU  hic  septenarius  numerus  a  nobis  impletur  :  Matutinurrij  Prima, 
Tertia,  Sexta,  Nona,  Vesperae  et  Completorium..,  Denocturnis 
vigiliis  idem  ipse  Propheta  ait  :  medià  nocte  surgebam  tibi.  (G.  I. 
de  Celebr.  Miss.)  Le  droit  semble  donc  reconnaître  sept  heures 
pour  l'office  du  jour,  et  de  plus  un  office  de  la  nuit,  c'est-à-dire 
tout  au  moins  huit  heures.  C'est  là  surtout  ce  qui  faisait  ad- 
mettre à  plusieurs  auteurs  anciens,  comme  Amalaire,  Haoul 
de  Tongces,  l'abbé  Rupert,  Hugues  de  Saint- Victor,  huit  heures 
et  non  sept  dans  l'office  divin.  Mais  le  texte,  en  distinguant 
ici  de  Matines  les  veilles  nocturnes,  n'en  fait  pas  pour  cela  deux 
heures  séparées;  l'office  divin,  au  contraire,  y  est  expressément 
indiqué  comme  réalisant,  par  les  sept  heures  canoniales,  la 
figure  de  la  prière  sept  fois  répétée  de  David. 


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MATINES  KT  LAUDES.  7 

tino  absolut  a  nequit  credi  hora,  cum  integram  horam 
matutinumcumlaudibus  constituât.  »  [Nota  ad  décret. 
3  apr.  1830.)  Mais  alors,  dira-t-on,  pourquoi  la  même 
rubrique  de  Noël  nous  fait-elle  chanter  après  les  ma- 
tines et  avant  la  Messe,  Toraison  du  jour,  avec  les  ver- 
sets ordinaires  :  Dominus  vobiscum  et  Benedicamus 
Domino?  On  a  voulu  que  l'oraison  de  la  messe  termi- 
nât les  matines,  pour  observer  ce  qui  a  lieu  dans 
Toffice  de  la  nuit,  où  l'évangile  et  Voraison  de  la 
messe  du  jour  ont  toujours  une  place,  à  cause  de 
l'harmonie  qui  existe  entre  ces  deux  grandes  mani- 
festations du  culte.  L'oraison,  une  fois  introduite, 
devait  avoir  les  versets  accessoires  qui  raccompagnent 
toujours. 

La  thèse  que  nous  venons  d'établir  n'est  pas  pu- 
rement spéculative,  comme  on  pourrait  le  croire  tout 
d'abord;  de  cette  question  dépend,  en  effet,  la  manière 
de  terminer  matines  et  de  commencer  laudes,  quand 
on  les  sépare.  Si  nous  n'avons  pas  deux  heures  dis- 
tinctes on  comprend  le  décret  de  la  S.  Cong.  des  Rites 
(18  mars  1883)  d'après  lequel  il  ne  faut  ajouter  après 
le  Te  Deuniy  que  l'oraison  du  jour,  et  pour  une  rai- 
son particulière  indiquée  plus  haut,  mais  rien  avant 
laudes,  quand  on  les  reprend.  (Voir  t.  3,  p.  9.)  Dans  le 
cas  contraire,  il  faudrait  terminer  matines  et  com- 
mencer laudes  comme  les  autres  heures.  De  plus,  si 
l'office  divin  se  compose  de  huit  heures  distinctes,  et 
non  de  sept,  le  symbolisme  de  ce  dernier  nombre,  si 
bien  appliqué  par  les  plus  graves  auteurs  à  la  divi- 
sion de  l'office  divin,  disparaît  aussitôt  (t.  3,  p.  116  et 
suiv.);  on  enlève  ainsi  à  l'office  un  de  ses  plus  gracieux 
caractères,  dont  Suarez  faisait  même  une  raison  de 
convenance  et  comme  à  priori,  en  faveur  de  la  thèse. 
(De  Relig.  c.  vi.) 

Matines  et  laudes  cependant  sont  plus  distinctes 
que  les  parties  d'une  autre  heure;  l'une  est,  à  propre- 


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8  DES  DIFFÉRENTES  flEURES  CANONIALES. 

ment  parler,  Toffice  de  la  nuit,  et  l'autre,  celui  de 
l'aurore.  Aussi  les  séparait-on  primitivement  par  de 
longs  intervalles,  et  nous  pouvons  le  faire  encore  au- 
jourd'hui. De  là  les  deux  articles  suivants. 

Art.  I.  Matines. 

Les  matines  surtout  sont  la  partie  de  l'office  que  le 
droit  canonique  ordonnait  aux  clercs  de  réciter  pen- 
dant la  nuit  :  «  PrâBcipientes...  est  divimim  officium 
noctumum  pariter  et  diumum...  célèbrent.  »  (C.  Do- 
lentes^  de  celebr.  Miss.)  De  là  leur  nom  de  Noctumum, 
officium  noctumale.  Celui  de  matines^  matutinum^  a 
la  même  étymologie  que  matin,  et  vient  de  matuta^ 
mater  matuta,  la  déesse  de  l'aurore;  il  a  été  donné  à  la 
partie  de  l'office  qui  nous  occupe,  soit  parce  qu'on  de- 
vaitla  terminer,  pour  le  plus  tard,  à  Taurore;  soit  plu- 
tôt, comme  le  dit  le  card.  Bona,  parce  que  déjà  dès 
le  temps  de  Gassien,  on  chantait  matines  immédiate- 
ment avant  laudes,  c'est-à-dire  le  matin,  puisque 
celles-ci  étaient  toujours  célébrées  au  lever  de  Taurore. 
(De  div,  Psalm,  c.  vu.)  Nous  ferons  connaître  ici  l'ori- 
gine historique  et  mystique  des  matines, leur  composi- 
tion, et  la  manière  de  les  célébrer  au  chœur. 

§   I.  —  ORIGINE  HISTORIQUE  ET  MYSTIQUE. 

Les  lévites,  dans  l'ancienne  loi,  avaient  pendant  la 
nuit  un  ministère  à  remplir  auprès  des  autels,  nous 
dit  le  texte  sacré  ;  ils  devaient  chanter  les  louanges 
de  Jehova:  Bi sunt principes  cantorum.,,  quiinexedris 
morabantur  ut  die  ac  nocte  jugiter  suo  ministerio  de- 
servirent,  (I  Paralip.ix,  33.)  David  se  levait  la  nuit  pour 
prier  le  Seigneur,  etcomposer  despsaumes  àsa gloire  : 
Memor  fui  nocte  nominis  tuiy  Deus  meus.  —  Clama- 
bo..,  et  nocte.  —  Anticipaverunt  vigilias  oculi  met. 
—  Media  nocte  surgebam  ad  confitendum  tibi.  (Ps. 
cxvui,  VI,  Lxxvi,  Giv,  cxxx,    xxxviii.)  Jésus-Christ  lui- 


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-■'^^Tif^/-':":- 


Il  ATI  N  B  s*  —  OMOINB  HMTORIQUI  Sî  MTtTIQUB.  9 

même  passait  souvent  les  nuits  en  prière  :  Et  eratper- 
noetans  in  oratione  Dei.  (Luc.  vi,  12.)  Paul  et  Silas  cé- 
lébraient dans  la  prison,  au  milieu  de  la  nuit,  le  nom 
du  Seigneur  :  Media  atitem  nocte,  Paulus  et  Silas  oran- 
tes  laudabant  Deum^  et  audiebant  eos  qui  in  custodiâ 
erant.  (Act.  xvi,  25.) 

Afin  d'imiter  de  si  nobles  exemples,  TEglise  institua 
pour  la  nuit  une  prière  publique  et  solennelle  ;  elle 
voulait  perpétuer  sa  louange  au  moment  où  les  cieux 
par  leur  scintillement,  proclament  si  bien  la  puissance 
du  Créateur  :  Cœli  enarrant  gloriam  Dei,  et  opéra  ma- 
nuum  ejus  annuntiat  firmamentum.  (Ps,  xvni.)  Elle 
voulait  sanètifier  la  nuit,  qui  vit  s'accomplir  ou  com- 
mencer nos  principaux  mystères,  ceux  de  Noël  et  de  la 
Passion  :  mystères  figurés  aussi  pendant  la  nuit,  quand 
l'Ange  exterminateur  épargnait  les  maisons  teintes  du 
sang  de  l'Agneau,  et  sauvait  les  Hébreux.  Elle  savait 
enfin,  avec  saint  Ambroise,  ^ue  la  nuit  est  pour  les 
âmes  un  temps  plein  de  périls  :  t  Multa  enim  in  illo 
tempore  tentamenta  proserpunt  •  (In  Ps.  cxvui),  et 
cette  bonne  Mère,  dit  le  cardinal  Bona,  confie  la  garde 
de  ses  enfants  à  ses  ministres  sacrés  ,  sentinelles 
vigilantes,  comme  autrefois  les  Romains  distribuaient 
à  leurs  soldats  les  veilles  nocturnes.  {Div.  Psalm, 
c.  m,  n.  1.) 

Tels  sont  les  motifs  qui  portèrent  l'Eglise  à  instituer 
les  Matines.  Elle  y  conviait  même  les  simples  fidèles, 
qui  aimaient  à  s'y  rendre;  et  les  Pères  les  plus  an- 
ciens, l'histoire  de  l'Eglise,  les  chroniques  des  ordres 
religieux,  nous  parlent  souvent  de  ces  pieuses  réunions 
dans  la  nuit.  (Thomasâin,  discipl.  eccles,  1. 1, 1.  ii,  c.  74 
et  79.)  Elles  servirent  même  de  prétexte  aux  païens, 
dans  les  premiers  siècles,  pour  inventer  d'affreuses 
calomnies  contre  les  chrétiens  qu'ils  appelaient  :  Natio 
lucifugax  et  latebrosa,  nous  disent  TertuUien,  Athéna- 
gore,  Arnobe,  saint  Justin  et  Minutius  Félix,  dans  leurs 


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iO  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

apologies.  Saint  Grégoire  de  Tours  (vi*  siècle.)  nous 
dit  que,  de  son  temps,  tous  les  prêtres  se  faisaient 
un  devoir  d'assister  à  Toffice  de  la  nuit,  et  que  lui- 
même,  étant  à  Paris,  s'empressa  de   réciter  chaque 
nuit  l'office  avec  le  clergé  de  saint  Julien  :  t  Nos  média 
entes,  ingressi  sumtis  basilicamexplere  cur- 
Franc,  ix,  vi.)  Eginhard,  auteur  d'une  vie 
lagne,  nous  apprend  que  ce  prince  assis- 
lent  aux  offices  du  jour  et  de  la  nuit,  dans 
i  du  palais  *.  Béranger,  roi  d'Italie,  au  x« 
,  assassiné  la  nuit,  dans  une  église  où  il 
du  pour  assister  à  l'office  de  Matines,  ce 
it  tous  les  jours.  La  fidélité  de  saint  Con- 
te de  Constance  en  934,  à  se  lever  chaque 
•  réciter  l'office  ,  le  rendit  témoin    de  la 
\n  miraculeuse  de  Notre-Dame  des  Ermites 
m,  par  Notre-Seigneur  lui-même.  (Voir  en- 
s,  Bist  de  tVÉglise^  tom.  XIX,  p.    446   et 
it   Edmond,   archevêque  de    Cantorbéry 
ècle,  Louis  de  Beaumont,  archevêque  de 
^,  et  saint  Antoine  de  Florence,  à  la  même 
manquaient  jamais  de  réciter  matines  la 
eur  cathédrale  ou  dans  leur  chapelle  privée. 

lagne  (742-814)  est  le  prince  chrétien  qui  a  le  plus 
liturgie  Romaine  dont  il  propagea  les  rites  et  le 
»  vastes  états.  Nous  avons  de  lui  un  livre  qu'il  dé- 
D,  de  Sacrificio  Missœ  et  Ratione  rituum  Ecclesise, 
tirculaire  de  Baptismo  e jusque  ritibusy  adressée  à 
hevêque  de  Milan,  et  une  préface  à  VHomiliaire  que 
1  composa  sur  son  invitation,  pour  les  ofiîces  de  PE- 
ne  si  belle  et  si  connue  du  Veni  Creator  lui  est  aussi 
plusieurs  avec  beaucoup  de  fondement.  <  On  ne 
ditD.  Guéraoger,  si  on  voulait  rapporter  tout  ce 
agne  a  fait  en  faveur  de  la  liturgie  ;  la  matière 
[ante,  qu'elle  demanderait,  pour  ainsi  dire,  un 
îial.  »  Darras  entre  ici  dans  les  détails  les  plus 
et  nous  y  renvoyons  nos  lecteurs.  {Hist.  de  VE- 
Vil,  ch.  S,  n.  33-34,  pages  493-500.) 


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M  ATI  NBS:  —  orighib  historique  bt  ktstiqub.  i  1 

Saint  François  de  Sales  nous  dit  avoir  connu  un 
jeune  libertin  qui  fut  converti,  lorsque,  une  nuit, 
entendant  chanter  Toffice  dans  l'église  des  Chartreux 
de  Paris,  il  y  entra,  et  vit  avec  quelle  piété  les  moines 
priaient  à  cette  heure  avancée.  {Traité  de  l'amour  de 
Dieu,  vin.)  ^  Touchant  spectacle,  en  effet,  que  celui  du 
clergé,  des  religieux  et  du  peuple  réunis  ainsi  pour 
louer  et  prier  Dieu  dans  le  silence  des  nuits,  au  mo- 
ment où  tout  semble  dormir  sur  la  terre,  et  oublier 
son  Créateur  ;  écho  fidèle  du  concert  des  cieux  dans  le 
silence  delà  nature.  Les  monastères  continuent  ces 
traditions  antiques,  et  dans  plusieurs  communautés 
d'hommes  et  même  de  femmes,  on  se  lève  la  nuit 
pour  l'office  divin  :  victimes  innocentes,  qui  sacri- 
fient pour  nous  leur  sommeil,  et  chantent  les  louan- 
ges de  Dieu,  tandis  que  tant  d'autres  ne  pensent  pas  à 
lui  ou  l'offensent. 

La  nuit,  du  reste,  est  on  ne  peut  plus  favorable  à  la 
prière,  dit  le  cardinal  Bona  :  «  Noctumum  tempus, 
maanme  opportunum  adadorandum.»(DiY.fsalm,c.  iv, 
I  l.)Rien  ne  porte,  en  effet,  au  recueillement,  dit  saint 
Bernard,  comme  le  silence  des  nuits  :  «  Tempus  feria- 
tum  commodius  aptiusque  est^  cura  profundum  noc- 
tumus  sopor  indicit  silentium.  »  (Serm.  ult.  in  Gant.) 
«  La  prière  à  ce  moment,  continue  le  premier,  est  plus 
fervente;  elle  monte  avec  plus  d'efficacité  vers  le  ciel, 
alors  que  Dieu  et  nos  anges  en  sont, pour  ainsi  dire, les 
seuls  témoins  ;  une  brillante  auréole  l'entoure,  celle  du 
silence  et  de  la  mortification  ;  aucun  bruit  extérieur  ne 
vient  la  troubler  ;  elle  n'est  pas  distraite  par  la  solli- 
citude du  jour,  ni  compromise  par  les  regards  curieux 
ou  adulateursd'une  assistance  nombreuse.  Insigne  pré- 

i .  On  sait  que  le  massacre  de  la  Saint-Barthélemj  eut  pour 
signal  le  son  de  la  cloche  qui  annonçait  matines,  ce  qui  fait 
dire  à  Brantôme  dans  ses  mémoires  :  L'heure  doncques  de  la 
nuit  et  des  matines  de  cette  sanglante  feste  étant  venue,.. 


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42  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

rogative  de  la  nuit  pour  la  prière  I  Nuits  sacrées,  plus 
splendides  alors  que  la  plus  éclatante  lumière  :  O  insi- 
gnam  nocturni  temporisprserogativam  !  0  sacras  noctes 
omni  luce  splendidiores.  •  (Loc.  cit.) 

liant  des  matines  pendant  la  nuit  était  donc  au- 
universel,  et  remonte  à  la  plus  haute  anti- 
1,'Eglise  voulut  encore  sanctifier  ainsi  la  nuiten- 
3t  s'inspirant  des  quatre  veilles  observées  chez 
iples  anciens,  elle  divisa  les  matines  en  trois 
nés  ou  parties  distinctes,  affectés  aux  trois  pre- 
veilles  :  le  premier,  de  six  heures  à  neuf 
du  soir;  le  deuxième,  de  neuf  heures  à  minuit, 
oisième,  de  minuit  à  trois  heures  du  matin.  Les 
5,  office  de  l'aurore,  correspondaient  à  la  qua- 
veille,  de  trois  heures  à  six  heures.  C'est  pour- 
LU  moins  la  nuit  des  fêtes,  nous  dit  Benoît  XIV, 
is  nocturnes  se  chantaient  séparément,  et  à 
le  des  veilles.  On  se  levait  trois  ou  quatre  fois 
office,  dit  saint  Thomas  d'Aquin  :  «  Antiquitus 
2tur  nocturna  divisim  secundum  très  vigilias 
»  de  là  ce  conseil  de  saint  Jérôme  à  la  vierge 
liium  :  Bis  et  ter  nocte  surgendiim  est.  Ce  fait 
[ue  nous  explique  pourquoi  la  théologie  nous 
de  séparer  de  trois  heures  chacun  des  noc- 
même  sans  raison.  L'Eglise  connaissait  la 
•  des  premiers  chrétiens  et  leur  ardente  cha- 
Tantus  erat  ardor  charitatis,  ut  quater  in  nocte 
nt  ad  adorationem  »,  dit  le  cardinal  Bona. 
la  nature  aurait  parfois  trop  souffert  de  cette 
ption  de  sommeil  plusieurs  fois  répétée; 
ourquoi,  dès  le  tenips  de  saint  Germain  de 
196),  les  clercs,  comme  les  gardes  romaines, 
is  en  quatre  catégories,  se  relevaient  à  cha- 
lie  pour  chanter  l'office.  On  peut  voir  dans  Bâ- 
tons ces  détails  intéressants.  {Ann.  51,  n.  69 
I   Les   solennités  moindres,  comme  les  fériés, 


V. 


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MATINES*  ^  ORIGINS  H18T0RIQUB  IT  MTBTIQUX.  19 

par  exemple,  n'avaient  qu'un  nocturne,  chanté  vers 
minuit,  au  commencement  de  la  troisième  veille. 
Plus  tard,  la  charité  se  refroidissant,  dit  Durand  de 
Monde,  algescente  charitate^  on  ne  se  leva  plus  qu'une 
fois  au  milieu  de  la  nuit,  pour  chanter  d'un  seul  trait 
les  matines  entières.  On  finit  même  par  ne  les  plus 
célébrer  que  vers  le  matin  et  avant  l'aurore,  ajoutant 
alors  immédiatement  les  laudes  à  matines.  {Ration. 
Div,  off.  1.  X,  De  NodtumiSy  n.  3.)  C'est  ce  qui  a  lieu 
maintenant  encore  dans  certains  ordres  religieux. 
Quelques-uns  pensent  que  ce  dernier  mode  de  chanter 
tout  l'office  de  la  nuit  en  une  seule  fois  était  déjà  pra- 
tiqué plus  anciennement  aux  fêtes  moins  solennelles. 

Durand  de  Monde  et  avant  lui,  saint  Cyprien,  don- 
nent à  la  division  en  quatre  parties  de  l'office  de  nuit, 
une  raison  mystique,  que  nous  pouvons  ajouter  aux 
précédentes.  Le  saint  évêque  de  Carthage,  appelé  par 
le  cardinal  Bona  le  prince  de  l'éloquence  chrétienne, 
est  convaincu  que  l'Église,  dans  les  trois  nocturnes,  a 
voulu  rappeler  le  souvenir  de  la  sainte  Trinité.  (Serm. 
6.)  D'après  Durand  de  Mende,  elle  a  voulu  prémunir 
ses  enfants  contre  les  quatre  principaux  ennemis  :  le 
démon,  les  méchants  de  la  terre,  la  concupiscence  et 
le  monde.  {Ration.  Div.  off.  1.  V,  n.  4,  5  et  6.) 

Telle  est  l'origine  historiqueet  mystique  des  Matines. 
L'Eglise  aujourd'hui,  en  conservant  les  trois  noctur- 
nes, n'impose  plus  à  ses  clercs  l'obligation  de  les  dire 
la  nuit.  Mais,  pour  se  rapprocher  le  plus  possible  de 
la  discipline  ancienne,  et  en  souvenir  des  veilles  anti- 
ques, elle  permet  de  les  réciter  la  veille,  alors  que  le 
soleil  est  plus  près  de  son  coucher  que  de  son  midi,  et 
que  le  jour  ecclésiastique  a  vraiment  commencé.  Pour 
la  même  raison,  elle  fait  un  devoir  de  les  réciter 
avant  la  messe,  afin  qu'ils  n'appartiennent  pas  à  l'of- 
fice du  jour.  (Voir  sur  cette  dernière  obligation  le 
tom.  n,  p.  6S  et  suiv.) 


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«4  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

§11.—  COMPOSITIONS   DES   MATINES. 

La  rubrique  générale  est  suffisamment  claire  et 
précise  sur  ce  point.  La  voici,  avec  quelques  dévelop- 
w^^«^««#s  qui  ne  seront  cependant  pas  inutiles. 

(Tit.  XIII.) 

[atines,  sauf  certains  jours  oti  le  contraire  est 
on  récite  régulièrement  et  selon  la  diversité  des 
es  prières  suivantes,  et  en  cet  ordre  :  Paternoster, 
ta.  Credo,  à  voix  basse  ;  puis  Tofficiant  dit  à  baute 
hmine,  labia  mea,  etc.  en  se  signant  la  boucbe,  et 
adjutorium,  etc.,  en  se  signant  avec  la  main  ou- 
ipuis  le  front  jusqu'à  la  poitrine,  et  de  Tépaule 
Il  répaule  droite  (ce  qu*on  observe  au  commence- 
toutes  les  beures,  lorsqu'on  dit  Deus  in  adjuto- 
>n  récite  ensuite  Gloria  Patri,  et  le  reste,  comme 
aencement  du  psautier,  puis  Tinvitatoire,  suivant 
u  temps  ou  du  saint,  avec  le  psaume  Venite  exuU 
e  la  manière  indiquée  en  tête  du  psautier.  Après 
le  et  la  répétition  de  Tinvitatoire,  on  récite  rbymne 
s  ou  du  saint.  » 

verrons  bientôt,  quand  il  sera  question  de 
\  de  ces  prières,  pourquoi  elles  commencent 
atines  et  les  autres  heures, 
cependant  des  offices  qui  n'ont  pas  toutes  ces 
pour  des  raisons  qui  seront  expliquées  ailleurs; 
s  mots  de  la  Rubrique  :  Nisi  aliter  in  quibus- 
éusannotetur.  Ainsi,  aux  matines  de  TEpipha- 
)remière  antienne  et  le  premier  psaume  suivent 
atement  le  Pater ^  VAve  et  le  Credo^  sans  le  Do- 
bia  mea  aperies,  le  Dem  in  adjutorium^  Tinvi- 
ît  rbymne;  il  en  est  de  même  aux  matines  des 
sauf  Finvitatoire. 

marquera  que  l'hymne  se  dit  à  matines,  dès  le 
icement,  après  Tinvitatoire  et  avant  lés  psau- 
mdis  qu'à  laudes  elle  suit  ces  derniers.  Voici 


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MATINBSi  —  LBTTK  COMPOSITION.  f  5 

pourquoi  :  l'hymne  est  un  chant  joyeux,  et  Tinvîtatoire 
convie  à  la  joie  :  Venite,  exultemtis  Domino^  il  amène 
donc  tout  naturellement  l'hymne.  Le  cardinal  Bon  a 
donne  une  autre  explication:  «  Si  Tin vitatoire, dit-il, 
n'a  pas  suffi  pour  exciter  les  cœurs,  peut-être  encore 
endormis  en  ce  temps  de  la  nuit,  l'hymne,  par  son  ca- 
ractère joyeux,  vient  les  éveiller  et  les  mieux  disposer 
au  dévot  chant  des  psaumes.  {Div.  Psal.  c,  xvi,  §  ix,4.) 
Cette  hymne  a  généralement  pour  objet  la  fête  du  jour, 
ou  le  temps  actuel  de  l'année  liturgique.  Mais  de  la  Pen- 
tecôte à  l'Avent,  alors  que  l'Eglise  ne  célèbre  aucun 
mystère  en  particulier,  elle  s'inspire  de  l'esprit  géné- 
ral des  matines  et  de  la  nuit  où  elles  étaient  primitive- 
ment chantées  ^ 

€  2.  Aux  fêtes  doubles  ou  semi-doubles,  on  récite  neuf 
psaumes  (et  un  plus  grand  nombre  à  l'office  du  dimanche 

^  Racine  a  traduit  en  vers  magnifiques  les  hymnes  du  temps 
que  nous  récitons  à  matines,  à  laudes  et  à  yèpres,  pendant  la 
semaine.  Voici  celle  du  lundi  à  matines  : 

Tandis  que  le  sommeil,  réparant  la  nature, 

Tient  enchaînés  le  travail  et  le  hruit, 
Nous  rompons  ses  liens,  6  clarté  toujours  pure. 

Pour  te  louer  dans  la  profonde  nuit. 

Que  dès  notre  réveil,  notre  voix  te  bénisse  ; 

Qu*à  te  chercher  notre  cœur  empressé 
Toffre  ses  premiers  yœux,  et  que  par  toi  finisse 

Le  jour  par  toi  saintement  commencé  1 

L'astre  dont  la  présence  écarte  la  nuit  sombre 
Viendra  bientôt  recommencer  son  tour  : 

0  TOUS,  noirs  ennemis,  qui  tous  glissez  dans  Tombre» 
Disparaissez  à  rapproche  du  jour. 

Nous  t'implorons,  Seigneur  ;  tes  bontés  sont  nos  armes; 

De  tout  péché  rends-nous  purs  à  tes  yeux  ; 
Fais  que,  t'ayant  chanté  dans  ce  séjour  de  larmes, 

Nous  te  ckantions  dans  le  repos  des  cieux. 

Exauce,  Père  Saint,  notre  ardente  prière; 

Vei^,  son  Fils,  Esprit,  leur  nœud  divin  ; 
Dieu  qui,  tout  éclatant  de  ta  propre  lumière, 

R^nes  au  del  sans  principe  et  tans  An. 


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16  DBS  DIFFÉRBNTBS  HBURBS  CANONIALES. 

comme  le  psautier  Tludique)  avec  leurs  antiennes  et  les 
versets  appropriés  au  temps  ou  à  la  fête.  On  ajoute  neuf 
leçons,  huit  et  quelquefois  neuf  répons,  comme  c'est  mar- 
qué en  son  lieu.  Le  tout  est  distribué  entre  les  trois  noc- 
turnes de  la  manière  suivante. 

Les  offices  du  rit  double  et  du  rit  semi-double  ont  géné- 
ralement trois  nocturnes,  dont  chacun  a  trois  psaumes, 
trois  antiennes  et  trois  leçons.  Le  nombre  trois  rap- 
pelle ici,  comme  partout  dans  la  sainte  Liturgie,  le 
mystère  de  la  Trinité  à  qui  s'adresse  l'office.  Il  devait 
en  être  ainsi  dès  la  première  heure  canoniale  :  «  Ut 
Trinitati  placere  possimus,  »  dit  Durand  de  Mende. 
{Ration.  Div.  offic.  1.  V,  de  Nocturnis,  n.  16.)  C'est  aussi 
la  remarque  de  Suarez,  qui  cite  à  l'appui  Pévèque  de 
Carthage.  (/oc.  cit.)  Le  même  nombre  exprime  encore 
les  trois  vertus  théologales,  qui  sont  comme  Tàme  du 
culte  et  du  saint  office.  (Bacuez.) 

Durand  de  Mende  et  beaucoup  d'auteurs  après  lui, 
voient  de  plus  dans  les  trois  nocturnes  et  leurs  divi- 
sions ternaires,  les  trois  âges  du  monde  :  l'ère  primi- 
tive, l'ère  mosaïque  et  l'ère  chrétienne,  composées 
chacune  de  trois  parties  distinctes  :  la  première,  d'A- 
dam à  Noé,deNoé  à  Abraham,  d'Abraham  à  Moïse.  — 
La  deuxième,  de  Moïse  à  David,  de  David  à  la  transmi- 
gration de  Babylone,  de  celle-ci  à  Jésus-Christ.  —  La 
troisième  enfin,  qui  comprend  la  prédication  des  apô- 
tres, le  temps  des  persécutions  et  des  hérésies,  et  la 
paix  relative  qui  suivit  ces  époques  troublées.  (Ration, 
div.  offic.  De  Noct.  n.  16.)  Notre  office,  en  effet,  n'est- 
il  pas  comme  le  résumé  de  toutes  les  prières  qui  sont 
montées  vers  Dieu  depuis  la  création  de  l'homme. 

Les  psaumes,  antiennes  et  leçons  qui,  les  jours  de 
fêtes  sont  au  nombre  de  neuf  àmatirffes,  signifient,  d'a- 
près Durand  de  Mende,  les  neuf  chœurs  des  anges,  dont 
l'office  divin  est  un  écho  sur  la  terre:  «  mérita  et  nos  y 
ui...  et  novem  ardinibus  Angelorum  sociare  possimus 


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MATINES.  —  LBUR  ooMPOsmoM.  17 

m  noetumali  offido^sub  Antiphonarum^  Psalmorum... 
Lectionum  novenario.  {L.  V,  c.  3,  n.  16.)  Gavantus 
admet  aussi  ce  gracieux  symbolisme. 

Le  dimanche,  il  y  a  dix-huit  psaumes  à  matines, 
dont  douze  au  premier  nocturne,  et  trois  aux  deux 
autres.  Voici  la  raison  de  cette  différence  :  les  matines 
du  dimanche  n'avaient  autrefois,  comme  aujourd'hui 
celles  des  fériés  et  des  fêtes  simples,  qu'un  nocturne  et 
douze  psaumes;  nous  verrons  bientôt  la  signification  de 
ce  dernier  nombre;  quand,  plus  tard,  on  voulut  distin- 
guer du  rit  simple  celui  du  dimanche,  et  l'élever  au 
rang  des  semi-doubles,  les  deux  autres  nocturnes  y 
furent  ajoutés,  mais  le  premier  conserva  son  ancien 
caractère. 

«  3.  Au  premier  nocturne,  on  récite  trois  psaumes  et 
trois  antiennes,  c'est-4-dire  une  antienne  après  chacun 
des  psaumes.  Pendant  le  temps  pascal,  ou  depuis  le  di- 
manche in  albis  jusqu  à  la  Pentecôte,  (sauf  à  l'ofiice  de 
l'Ascension),  les  trois  psaumes  de  chaque  nocturne  sont 
récités  sous  une  seule  antienne.  A  la  fin  des  psaumes, 
après  la  dernière  antienne,  on  dit  le  verset,  puis  le  Pater 
noster,...  Et  ne  nos  inducas..,  Tabsoiution  Fxaicdi,  la  béné- 
diction Benedictione  perpétua,  et  les  autres  bénédictions 
désignées  à  chaque  leçon,  comme  elles  sont  marquées  au 
premier  dimanche  de  TAvent.  Puis  on  dit  les  trois  leçons 
de  l'Écriture  occurrente  selon  le  temps  (à  moins  que  d'au- 
tres soient  désignées)  ;  et  on  fait  suivre  chaque  leçon  d'un 
répons  approprié  à  Toffice,  et  pris  au  propre  du  temps 
ou  à  celui  des  saints,  selon  l'office,  ou  encore  au  commun, 
quand  même  les  leçons  du  premier  nocturne  seraient 
de  l'Écriture  occurrente. 

Les  matines  du  temps  pascal  n'ont  qu'une  antienne 
pour  les  trois  psaumes  de  chaque  nocturne.  Cet  office 
étant  alors  essentiellement  un  office  joyeux,  on  ne  veut 
pas  interrompre  le  chant  des  psaumes  qui  constituent 
surtout  la  louange.  Un  autre  motif  a  été  d'abréger  en  si- 
gne de  joie  cet  office  pascal,  la  longueur  et  la  multipli- 


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18  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

cité  des  prières  étant  regardées  liturgiquement  comme 
un  signe  de  pénitence. 

Pour  cette  même  raison,  les  matines  de  Pâques  et  de 

la  Pentecôte  sont  encore  plus  abrégées,  puisqu'elles 

n'ont  qu'un  nocturne  et  trois  psaumes;  et  de  plus  on  ne 

voulait  pas  prolonger  les  offices  de  ces  nuits  solennelles, 

illait  préparer  ou  baptiser  de  nombreux  caté- 

aes. 

cension  et  son  octave  reprennent,  quoique  dans 
>s  pascal,  les  trois  antiennes  de  chaque  nocturne, 
avait  plus  le  même  motif  de  joie,  puisque  ce 
e  est  mêlé  de  tristesse.  L'Epoux  céleste,  en  effet, 
t,  visiblement  du  moins,  son  Église  en  montant 
>  ainsi  que  nous  le  rappelle  si  bien  l'extinction 
*ge  pascal  à  la  messe  du  jour. 

A  la  fin  du  dernier  répons  de  chaque  nocturne,  on 
Gloria  Patri  et  Ton  répète  la  partie  du  répons, 
il  est  marqué  au  troisième  répons  du  premier  di- 
I  de  TA  vent,  sauf  indication  contraire.  » 
lu  second  nocturne,  on  dit  trois  autres  psaumes,  les 
les,  les  versets,  le  Pater  y  l'absolution  Ipsius  pietas 
énédictions  correspondantes,  comme  il  est  marqué 
aier  dimanche  de  TAvent,  trois  leçons  d'un  sermon 
res  ou  de  la  vie  du  saint  dont  on  fait  l'office,  et 
n  répons  à  chacune  de  ces  leçons. 
Au  troisième  nocturne,  on  dit  trois  autres  psau- 
ec  les  antiennes,  comme  ci-dessus;  après  la  troi- 
intienne,  le  verset,  le  Pater  noster^  l'absolution 
\lis  et  les  bénédictions  comme  elles  sont  marquées 
mier  dimanche  de  TA  vent,  correspondantes  à  cha- 
js  leçons,  qui  seront  de  Thomélie  de  l'évangile  du 
>u  de  la  fête,  selon  la  qualité  de  l'office.  Après  la  sep- 
t  la  huitième  leçon,  on  dit  le  répons  qui  convient 
e,  c'est-à-dire  un  répons  après  chaque  leçon;  par- 
me,  on  en  dit  un  après  la  neuvième  leçon,  comme 
arqué  en  son  lieu.  A  la  fin  du  dernier  répons,  hui- 
u  neuvième,  on  dit  Gloria  Patri,  comme  ci-dessus. 


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MÀTINBS*  — uuft  ooMPOsmoN.  19 

sauf  indication  contraire.  Si  Ton  ne  dit  pas  un  neuvième 
répons,  le  Te  Deum  est  récité  après  la  dernière  leçon. 

Tout  ce  qui  concerne  dans  le  détail  les  éléments 
constitutifs  de  matines  et  des  autres  heures,  comme 
les  psaumes,  les  leçons,  les  répons,  etc.,  sera  expliqué 
dans  la  troisième  section. 

«  7.  Dans  l'ofQce  dé  trois  leçons,  on  dit,  à  matines, 
Pater  noster^Ave  Maria,  Credo,Domine,  labia  mea  aperies, 
etc.  L'invitatoire  et  Thymne  de  la  férié,  à  roffice  férial,  se 
récitent  comme  au  psautier,  s'ils  ne  sont  pas  au  propre  du 
temps.  Les  jours  de  fête,  on  les  prend  au  commun  des 
saints.  On  récite  le  nocturne  de  la  férié,  comme  au  psau- 
tier, c'est-à-dire  douze  psaumes  avec  six  antiennes,  et  au 
temps  pascal  avec  Tunique  antienne  A//e/ma.  Ces  psaumes 
se  récitent  également  à  Tofûce  férial  et  aux  fêtes  simples. 

Nous  avons  déjà  vu  pourquoi  l'office  d'une  fête  sim- 
ple est  emprunté  à  la  fois  à  l'office  férial  et  à  celui  des 
fêtes.  L'office  n*a  jamais  qu'un  nocturne,  pour  le  dis- 
tinguer de  ceux  qui  sont  plus  solennels.  Ses  douze 
psaumes  ont  aussi  leur  signification  mystique:  ils  rap- 
pellent les  douze  heures  de  la  nuit,  la  nuit  complète, 
ainsi  sanctifiée  par  la  psalmodie,  dit  Hugues  de  Saint- 
Victor  (Spect.  Ecoles,  c.  3.)  «  L'Eglise  témoigne  par  là, 
dit  M.  Olier,  le  désir  qu'elle  aurait  de  consacrer  tous  les 
instants  de  la  nuit  au  culte  de  Dieu,  et  de  lui  chantera 
chaque  heure  un  cantique  nouveau.  »  (Exercices  du 
séminaire,  p.  161.)  C'était  aussi  la  pensée  de  Durand 
de  Monde  :  «  Et  quidem  in  illis  duodecim  psalmis,  ut 
nos  Deo  debere  servire  in  duodecim  noctis  horis  ostenda- 
mus,  cuilibet  hor9  unum  psalmum  attribuentes,  cum 
non  possumus  jugiter  Deo  servire,  »(Z>e  Nocturnis 
c.  3,  «.  27.)  Ce  nombre  nous  fait  aussi  penser  au  ciel, 
la  Jérusalem  céleste,  qui,  d'après  l'Apocalypse,  a  rfowz^ 
portes  et  douze  colonnes,  et  où  sont  les  douze  tribus  et 
12000  prédestinés,  c'est-à-dire  tous  les  élus,  ainsi 
qu'à  l'Église  de  la  terre,  fondée  par  les  douze  Apôtres 


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20  DBS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

et  ouverte  à  toutes  les  nations,  puisque  le  nombre 
douze  exprime  l'universalité. 

«  8.  Après  les  psaumes  et  les  antiennes,  on  dit  le  verset 
à  l'office  férial,  comme  au  psautier;  aux  fêtes»  comme  au 
commun  des  saints.  Ce  verset»  pour  les  fêtes  de  trois  leçons, 
se  prend,  suivant  les  fériés»  au  nocturne  du  commun  où  Ton 
a  pris  les  répons,  comme  il  sera  expjiqué  ci-dessous  dans  les 
rubriques  des  versets  et  des  répons.  Après  le  verset,  on  dit 
le  Pater  noster,  l'absolution  et  les  bénédictions,  comnie 
on  le  verra  ci-dessous,  dans  la  rubrique  des  absolutions  et 
des  bénédictions,  A  l'office  de  la  férié,  les  trois  leçons,  s'il 
n'y  a  point  d'bomélie,  sont  de  l'Ecriture  occurrente,  au 
propre  du  temps;  s'il  y  a  une  bomélie,  les  trois  leçons  lui 
appartiennent.  Aux  jours  de  fête,  on  prend  à  l'Écriture 
occurrente  la  première  et  la  seconde  leçon  ;  la  troisième 
est  du  saint.  S'il  y  a  deux  leçons  du  saint,  la  première 
seulement  sera  de  l'Ecriture,  et  les  autres  seront  du  saint. 

«  9.  Dans  les  fériés  hors  du  temps  pascal,  on  dit  un 
répons  après  la  troisième  leçon,  ce  qui  en  fait  trois;  pendant 
le  temps  pascal  et  les  jours  de  fête,  on  ne  récite  que  deux 
répons,  c'est-à-dire  après  la  première  et  après  la  seconde 
leçon  seulement.  A  la  fin  du  dernier  répons,  c'est-à-dire 
du  deuxième  ou  du  troisième,  on  dit  le  Gloria  Patri,  en 
répétant  la  partie  du  répons,  sauf  indication  contraire. 
Ces  répons  se  prennent,  pour  TofQee  des  saints,  au  com- 
mun des  saints,  et  pour  l'office  fériai,  aux  dimanches, 
quand  les  fériés  n'en  ont  pas  d'assignés;  l'ordre  à  suivre 
ebt  indiqué  dans  la  rubrique  des  répons.  S'il  n'y  a  pas  de 
troisième  répons,  on  le  remplace  par  le  Te  Deum.  » 

§  III. —  DE  LA  CÉLÉBRATION  DE  MATINES  AU  CHŒUR. 

Si  l'on  n'est  obligé  à  aucun  rit  extérieur  dans  la  réci- 
tation privée  de  l'office,  il  n'en  est  pas  de  même  pour  la 
célébration  au  chœur  ;  c'est  pourquoi  nous  en  résume- 
rons les  règles  à  chaque  partie,  en  nous  inspirant  du 
Cérémonial  des  Évêques;  ce  livre  liturgique,  nous  l'a- 
vons dit,  est  obligatoire  pour  toutes  les  Églises  ,  dans 
ce  qui  leur  est  applicable,  et  a  servi  de  thème  à  nos  di- 
vers cérémoniaux.  (T.  I,  p.  41  et  suiv.) 


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MATINBS*  —  LBUR^CéLÉBlATIOM  AU  OHOIUR.  21 

Voici  donc  les  règles  à  suivre  dans  le  chant  de  mati- 
nes; nous  en  suivrons  pas  à  pas  les  cérémonies;  chacun 
des  officiers  pourra  facilement,  selon  le  besoin,  y  dis- 
cerner ce  qui  le  concerne. 

M*  I.  Matines  loleimeUei. 

1.  Le  célébrant  se  rend  en  habit  de  chœur  au  bas  de 
PauteU  précédé  de  deux  chantres  en  surplis  etducéré- 
moniaire.  {Csrem.  Episc.y  1.  II,  c.  vi.)  Il  n'y  a  pas,  en 
commençant,  de  chapiers  ni  d'acolytes,  les  matines 
étant,  par  leur  nature,  moins  solennelles  que  les  laudes. 

2.  Arrivés  au[bas  de  Tautel,  ils  se  mettent  tous  qua- 
tre à  genoux,  pour  se  recueillir  et  prier  un  instant.  {Cx- 
rem.  Ep.  id.)  Le  chœur  en  fait  autant;  on  peut  réci- 
ter alors  ri4/)m. 

3.  Le  célébrant,  accompagné  du  cérémoniaire,  se 
rend  ensuite  à  la  stalle  ou  à  sa  banquette,  et  les  deux 
chantres  vont  à  leurs  places,  qui  seraient,  dans  le  pre- 
mier cas,  devant  le  célébrant.  {Cserem,  Episc.)  Celui-ci 
pourrait,  selon  la  disposition  des  lieux,  se  rendre  direc* 
tement  à  sa  stalle,  sans  passer  par  la  sacristie,  ni  aller 
aubasdel'autel.  Devant  lui  est  un  pupitre,  couvert 
d'un  voile,  et  sur  lequel  on  a  placé  le  livre  d'Heures. 
(Çserem.  Ep.) 

4.  Tous  s'asseyent  un  instant,  pour  préparer  l'of- 
fice. 

5.  L'officiant  se  lève  et  dit  à  voix  basse  Pater,  Ave^ 
Credo.  (Cxrem,  Episc)  Tout  le  monde,  debout  et  tourné 
vers  l'autel,  en  fait  autant.  Le  célébrant  chante  en- 
suite, et  avec  les  signes  ordinaires  :  Domine^  labia  mea 
aperies  ; — DeuSy  inadjutorium^  etle  chœur  lui  répond. 

6.  Les  deux  chantres  se  rendent  au  milieu  du  chœur, 
devant  un  pupitre  sans  voile,  pour  chanter  l'invi- 
tatoire.  Le  chœur  est  debout  ;  tous  cependant  se  met- 
tent à  genoux  à  ces  mots  :  Venite^  €tdoremu$,  etproei- 
damus  ante  Deum,  pour  se  relever  aussitôt  après 
(Câsrem.  Episc.) 


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22  DES  DIFFÉREf^TES  HEURES  CANONIALES. 

7.  L'hymne  est  annoncée  au  célébrant  par  Tun  des 
-'-^ —  chantres,  que  l'autre  cependant  accompagne: 
it  ensuite  entonnée  par  le  célébrant,  et  continuée 
i  partie  du  chœur  qui  est  de  son  côté.  Les  stro- 
en  sont  chantées  alternativement,  ou  bien  l'or- 
Iterne  avec  le  chœur  entier.  {Cxrem.  Episc) 
udi  première  antienne  est  annoncée,  entonnée  et 
mée  de  la  même  manière  que  l'hymne.  {Cœrem. 

■) 

Les  deux  chantres  entonnent  au  milieu  du  chœur 
rant  le  pupitre,  le  premier  psaume  ;  ils  retour- 
snsuite  à  leur  place  devant  le  célébrant,  la  face 
ée  vers  l'autel,  et  le  chœur  s'assied.  [Cxrem, 

.) 

La  deuxième  antienne  est  annoncée  au  plus  digne 
lœur,  et  les  autres,  à  ceux  qui  viennent  après 
Cserem.Episc.) 

Tout  le  chœur  se  lève  quand  les  deux  chantres 
lencent  le  verset,  au  milieu  et  devant  le  pupitre. 

Après  le  répons  de  ce  verset ,  le  célébrant 
;e  Pater  noster.,..  Et  ne  nos  inducas  in  tentatio^ 
et  l'absolution.  (Id.) 

Pendant  le  verset,  le  cérémoniaire  avertit  celui 
oit  chanter  la  première  leçbn,  et  l'accompagne 
ipitre,  où  ils  font  tous  deux,  en  arrivant,  la  génu- 
n  à  l'autel  et  les  saints  au  chœur.  Le  lecteur  se 
Le  alors  vers  le  célébrant,  et  lui  demande,  incliné, 
lédiction.  Il  demeure  ainsi  durant  toute  la  for- 

que  le  célébrant  récite  debout. 
,  Le  chœur  s'assied  pendant  la  leçon. 
.  Le  lecteur,  en  disant  :  Tu  autem^  Domine^  mi- 
e  nobis^  fait  la  génuflexion  ;  après  quoi,  il  salue 
[Bur  et  retourne  à  sa  place,  accompagné  du  céré- 
aire.  {Id.) 
.  Tout  se  passe  au  deuxième  et  troisième  noc- 


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M  ATI  N  E  s*  —  lAUiEt  otLiBRATioif  au  chour.  23 

turne,  comme  au  premier,  avec  cette  différence,  tou- 
tefois, que  le  chœur  se  lève  pendant  le  texte  de  l'Évan- 
gile qui  précède  Thomélie. 

17.  On  commence  par  les  moins  dignes  pour  le  chant 
des  leçons.  (Levavasseur.) 

18.  Le  lecteur  tient  les  mains  jointes  ou  appuyées 
sur  le  livre.  {Cxrem,  Episc.) 

19.  Le  chœur  est  debout  pendant  les  bénédictions 
qui  précèdent  les  leçons.  (5  août  1663.  22  mars  1862.) 

20.  Vers  la  fin  du  troisième  nocturne,  on  apporte 
la  chape  au  célébrant.  {Cserem.  Episc)  Les  deux  chan- 
tres, et  même  ceux  des  laudes,  au  nombre  de  quatre 
ou  de  six,  prennent  aussi  des  chapes,  et  les  acolytes, 
leurs  chandeliers  ;  tous  viennent  auprès  du  célébrant 
pour  assister  à  la  dernière  leçon  et  à  l'intonation  du 
Te  Deum,  {Cœrem,  Episc)  La  lecture  de  la  leçon  par  le 
célébrant  et  le  chant  du  Te  Deum  demandaient  cette 
solennité  pour  la  fin  de  matines. 

21.  C'est  le  célébrant,  en  effet,  qui  dit  la  dernière  le- 
çon, après  avoir  demandé  la  bénédiction  au  plus  digne 
du  chœur  ;  s'il  n'y  avait  pas  d'autre  prêtre  pour  la  lui 
donnet,  il  dirait,  incliné  vers  l'autel  :  Jube^  Domine^ 
benedicere^  ajoutant  aussitôt  la  formule  de  la  bénédic- 
tion. {Caerem,  Episc) 

22.  Le  Te  Deum  est  annoncé  par  le  premier  cha- 
pier  au  célébrantj;  après  que  celui-ci  l'a  entonné,  les 
acolytes  et  les  chapiers  vont  à  leurs  places  ordi- 
naires, comme  àlaudes  et  à  vêpres.  Au  verset  Te  ergo^ 
qusesumus,  tous  se  mettent  à  genoux.  (Cœrem,  Ep.) 

23.  Après  le  Te  Deum,  les  chapiers  et  les  acolytes 
reviennent  devant  le  célébrant  et  tous  se  rendent  à  la 
banquette,  dans  le  sanctuaire,  pour  le  chant  des  lau- 
des, si  le  célébrant  était  à  sa  stalle  pendant  matines. 
Il  pourrait  aussi,  dans  ce  dernier  cas,  rester  à  sa  stalle 
pour  y  présider  les  laudes 


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U  DBS  DIFFiRBNTBS  HBURBS  GANONIALBS. 

N*  S.  Hatinai  des  morti. 
On  observe,  aux  matines  des  morts,  les  règles  pré- 
cédentes, à  l'exception  des  points  suivants  : 

1.  Le  célébrant  peut,  dès  le  commencement  de  ma- 
tines, prendre  la  chape,  ,oire  ou  simplement  Tétole; 
c'est  pour  mieux  honorer.^es  défunts. 

2.  Les  chantres  entonnent  toutes  les  antiennes,  Pof- 
flce  des  morts  étant  moins  solennel. 

3.  Le  chœur  reste  assis  au  verset  qui  suit  la  ré- 
pétition de  la  troisième  antienne  à  chaque  nocturne, 
et  pour  la  raison  précédente.  Il  ne  se  lève  que  pour  le 
Pater,  avant  la  première  leçon. 

4.  Il  n'y  a  pas  d'absolution  ni  de  bénédiction  avant 
les  leçons.  Ces  prières,  comme  nons  l'expliquerons 
bientôt,  ont  pour  objet  les  vivants,  et  l'on  ne  doit  s'oc- 
cuper ici  que  des  morts. 

5.  On  peut  faire  ou  omettre  les  saints  au  chœur,  selon 
l'usage  des  lieux.  (12  août  1854.) 

6.  Il  n'y  a  pas  d'acolytes  aux  matines  des  morts,  on 
n'a  pas  voulu  multiplier  la  lumière,  symbole  de  joie, 
par  respect  pour  la  triste  et  sombre  demeure  du  pur- 
gatoire. 

Art.  II. (Les  landes. 

Nous  en  dirons  d'abord  l'historique  et  le  symbo- 
lisme, et  ensuite  le  rit  et  la  composition. 

§  I.  —  HISTORIQUE  BT   SYMBOLISME   DES   LAUDES. 

Les  laudes%oui  ainsi  nommées,  dit  le  cardinal  Bona, 
à  cause  des  psaumes  et  des  cantiques,  chants  de 
louange  :  «  Cum  omne  officium  in  Dei  laudibus  decan- 
tandis  occupetur^  hoc  tamen  speciali  laudum  nomine 
censetur...  quod potissimum laudes sonet  divinas.  »  (De 
Div.  Psalm.  c.  v,  §  2.  De  laudibus^  n^  1.)  Hugues  de 
Saint-Victor  l'avait  déjà  fait  observer  avant  lui.  (lib. 
II  de  Ecoles,  offic.  ex.) 

On  les  récitait  autrefois,  avons-nous  dit^  avant  la 


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ES  DIFFERENTES  HEURES  CANONIALES. 

aire  à  V ordinaire  du  temps.  Voici  cependant  en 
lymne  des  laudes  du  dimaiiche  :  JEterne  re- 
ditor.  Elle  fut  composée  par  saint  Ambroise, 
il  était  comme  prisonnier  avec  son  peuple 
jlise  de  Milan,  et  menacé  au  dehors  par  les 
B  Timpératrice  Justine.  Le  grand  Évoque  s'y 
la  fois  de  ces  graves  conjonctures  et  de  Theure 

teur  éternel  de  toutes  choses,  tu  régis  la  nuit 
ir,  tu  fais  succéder  le  temps  au  temps  pour 
nos  angoisses. 

le  moment  où  la  lumière  nocturne  éclaire  le 
et  sépare  ainsi  comme  la  nuit  de  la  nuit,  (a 
)tem  segregans.)  Le  héraut  du  jour  a  jeté  son 
lal  pour  appeler  les  premiers  rayons  du  soleil, 
at  de  l'aurore  a  dissipé  les  ténèbres;  on  voit 
ser  aussitôt  les  conciliabules  de  Terreur;  ils 
1  leur  pouvoir  malfaisant, 
l'heure  où  le  nautonier  respire  après  les  alar- 
Dit  se  calmer  la  tempête;  c'est  l'heure  où 
i  colonne  de  l'Eglise,  obtint  le  pardon  de  sa 
la  pleurant. 

Qs-nous  pleins  d'ardeur;  Toiseau  vigilant  ré- 
courages endormis;  il  nous  reproche  le  som- 
)ndamne  ceux  qui  ne  Técoutent  pas. 
:hant  du  coq,  renaît  l'espérance,  le  salut 
mr  les  âmes  qui  souffrent,  le  poignard  de 
rentre  dans  le  fourreau,  la  foi  revient  aux 
idèles. 

0  Christ  I  0  soleil  de  justice  I 
nos  cœurs  endurcis  romps  l'assoupissement  ; 
sipe  l'ombre  épaisse  où  les  plonge  le  vice, 
que  ton  divin  jour  y  brille  à  tout  moment 

Gloire  à  toi,  Trinité  profonde, 
e,  Fils,  Esprit-Saint,  qu'on  t'adore  toujours 
it  que  Tastre  des  temps  éclairera  le  monde, 
quuid  les  siècles  même  auront  fini  leur  cours. 


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%«  DBS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

hâehorâ,  dit  Durand  de  Mende,  laudandus  esiy  gui  nos 
per  suam  sanctam  Resurrectionem  salvavit,  »  (Ration, 
div.  offic.  De  Matutinis  laiidibus,c.  4,  n.  1.)  C'est  pour- 
quoi les  psaumes  et  le  cantique  des  laudes  expriment 
les  sentiments  du  Sauveur  au  sortir  du  tombeau  :  son 
admiration  pour  la  grandeur  de  Dieu,  son  Père,  sa 
reconnaissance  pour  ses  bienfaits,  et  son  zèle  pour  sa 
gloire,  auxquels  nous  devons  alors  nous  unir. 

Les  laudes  sont  encore  comme  le  premier  sacrifice 
du  matin,  qui  devait  s'offrir  au  Seigneur  dans  le  tem- 
ple, et  prâudent  ainsi  au  Sacrifice  eucharistique  : 
«  Bâc  horâ,  dit  le  cardinal  Bona,  diei  primitias  quasi 
holocaustum  matutinum^  olim  in  lege  prseceptuniy 
offerimus  psallentes  Domino  :  Deus,  Detis  meus^  ad  te 
de  lucevigilo.  »  {De  Laubibus  %  2,  n.  2.) 

Elles  attirent  enfin  les  grâces  de  Dieu  sur  la  journée 
entière  dont  nous  lui  offrons  ainsi  les  prémices,  et 
nous  sommes  mieux  disposés  au  travail  par  cette  pre- 
mière prière.  «  Eveillés  à  cette  heure  et  le  cœur  tourné 
vers  Dieu,  disait  saint  Chrysostome,  nous  avons  plus 
d'ardeur  pour  les  travaux  du  jour.  »  {Hom.  ii  m  Gènes,) 

Le  rit  et  la  composition  des  laudes,  dont  nous  par- 
lerons bientôt,  nous  donneront  encore  quelques  dé- 
tails sur  leur  signification  mystique. 

Prudence,  le  Pindare  chrétien,  a  chanté  Tauroreet 
son  pieux  symbolisme,  dans  un  poème  dont  l'Eglise 
a  pris  une  partie  pour  former  l'hymne  des  laudes  du 
mercredi  ;  il  a  ici  tout  naturellement  sa  place,  et  en 
voici  la  traduction  : 

HYMNE  AU  MATIN  K 

Nuit,  et  vous  ténèbres,  sombres  nuages  par  qui  tout  est 
confus  dans  la  nature,  voici  la  lumière,  le  ciel  blanchit,  c'est 
la  venue  du  Christ,  retirez -vous, 

\.  HYMNU8   MATUTINU8. 

«  Noz,  et  tenébrs»  et  nubila  Lax  intrat,  albesoit  poliu, 

GonfoM  mondi  et  tnrbida,  Ghritiat  Tenit,  dite«diU. 


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LKb  LAUUJSS*  "  BIVTORIQUX  ht  tfTMBOUSiaE. 


t9 


n  s'est  déchiré  aux  premiers  rayons  du  soleil,  le  voile 
obscur  qui  couvrait  la  terre,  et  la  présence  de  l'astre  bril- 
lant rend  aux  objets  leur  couleur. 

Ainsi  bientôt,  au  jour  glorieux  et  lumineux  du  Christ,  se- 
ront dissipées  les  ténèbres  et  déchirés  les  nuages  qui  envelop- 
paient nos  cœurs  coupables. 

Personne  alors  ne  pourra  plus  cacher  les  secrets  desseins 
de  son  âme  ;  les  pensées  les  plus  intimes  seront  dévoilées  à 
cette  aurore  nouvelle. 

Le  larron,  avant  le  jour,  se  livre  impunément  au  mal  dans 
les  ténèbres;  mais  la  lumière,  ennemie  de  la  fraude,  ne  laisse 
pas  le  larcin  ignoré. 

Le  fourbe  artificieux  et  rusé  aime  à  se  cacher  dans  la  nuit, 
l'adultère,  cet  homme  de  ténèbres,  se  plaît  dans  l'obscurité 
qui  doit  favoriser  ses  turpitudes. 

Mais  voici  que  le  soleil  se  lève  étincelant  ;  il  lui  apporte 
le  regret,  la  honte  et  le  remords,  car  personne  ne  peut,  sous 
l'œil  de  la  lumière,  se  livrer  hardiment  au  péché. 

Qui  ne  rougit,  le  matin,  des  coupes  qu'il  a  vidées  sans  pu- 
deur, alors  que  la  passion  se  calme  et  que  le  débauché  même 
apprécie  la  tempérance. 

Oui,  c'est  le  moment  d'une  vie  sérieuse.  Personne  ne  se  livre 
.  plus  au  plaisir  et  tous  cachent  leurs  folies  sous  un  air  austère. 

C'est  l'heure  propice  où  chacun  vnque  à  ses  affaires  :  sol- 
dat, citoyen,  matelot,  artisan,  laboureur  et  marchand. 

La  gloire  du  forum  attire  celui-ci;  celui-là  est  entraîné 
par  l'appel  terrible  de  la  trompette  guerrière  L'homme  de 
négoce  d'un  côté,  le  villageois  de  l'autre,  tous  soupirent  après 
un  gain  sordide. 


«  Caligo  terra  soinditar, 
Pereussa  solis  spieaio  : 
Rebasque  jam  color  redit, 
Valta  nitentis  siderûT, 

«  Sic  nostra  mox  obsonritas, 
Fraud  sque  pectas  conaciam. 
Raptis  retectnm  nubibut, 
Régnante  pallescet  Deo. 

«  Tnoc  non  licebit  claudere, 
Qaod  qnisque  fascum  cogitât  : 
Sed  mane  clarescent  novo 
Sécréta  mentis  prodita. 

«  Far  ante  lacem  squalido 
Impune  peccat  tempore  : 
Sed  lux  doits  contraria 
Latere  furtum  non  sinit. 

«  Versata  frans  et  callida 
Amat  tenebris  obtegi 
Aplamqne  noctem  turpibns 
Adulter  oocaltus  foyet. 


«  Sol  ecee  surgit  ignens, 
Piget,  pudescit,  pœnitet, 
Neo  teste  quisquam  lumine 
Peccare  constanter  potest. 

«fQuis  mane  sumptis  neqniter 
Non  erobescit  poculis, 
Gum  fit  libido  temperans 
Gastumque  nugator  sapit  ? 

«  Nunc,  nunc,  seTerum  Tiritar, 
Nunc  nemo  tentât  ludicnim, 
Inepta  nunc  omnes  sua 
Vullu  colorant  serio. 

«  tiso  hora  canctis  atîlis 
Quâ  quisque,  quo  studet  gerat: 
Miles,  togatus,  navita, 
Opifex,  arator,  Insifltor, 

«  Illum  forensis  gloria 
Huuc  triste  raptat  classicom  ; 
Mercator  hinc  ac  rusticns, 
Avara  suspiraat  lacra. 

2. 


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30 


DÈS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 


Mais  nous  qtii  ne  savons  ce  que  c'est  qae  le  gain  et  iMsnre, 
nous  qui  sommes  inhabiles  dans  l'art  de  la  parole  et  im- 
puissants dans  celui  de  la  guerre,  nous  ne  connaissons  que  toi, 
0  Christ. 

C'est  toi  que  nous  apprenons  à  prier  à  genoux  dans  la  pu- 
TAtA  At  la  simplicité  de  nos  cœurs,  par  nos  paroles  et  nos 
concerts,  par  nos  larmes  et  nos  cantiques. 
!t  le  seul  gain  que  nous  recherchons  :  dans  cette  seule 
[ue  nous  passons  notre  vie  et  ce  devoir  nous  occupe  en- 
[uand  le  soleil  reparaît  brillant  à  son  lever. 
i  donc  attentif  aux  sentiments  de  nos  cœurs,  et  jette  un 
i  bienveillant  sur  notre  vie  entière.  Il  est  en  nous  beau- 
ie  souillures,  que  ta  lumière  les  fasse  disparaître. 
3  que  nous  persévérions  tels  que  tu  nous  avais  formés 
rd,  après  nous  avoir  purifiés  dans  l'eau  du  Jourdain, 
i  ton  doux  visage,  ô  roi  de  Pastre  de  l'Orient,  illumine 
)  les  ténèbres  du  monde  ont  depuis  obscurci, 
de  sainteté,  qui  rends  blanche  comme  le  lait  la  plus 
substance  ;  toi  qui  changes  l'ébène  en  cristal,  efface 
minie  de  nos  crimes. 


n  de  nous  donc  l'aveuglement  qui  si  longtemps,  par  de 
;es  chutes,  nous  a. précipités  dsins  de  folles  erreurs. 
I  cette  lumière  du  Christ  nous  apporte  le  calme  et  nous 
purs  à  ses  yeux.  Ne  proférons  aucune  parole  perfide, 
is  aucune  pensée  ténébreuse. 

dnsi  se  passe  notre  vie  :  que  notre  langue  ne  soit  pas 
>ngère  ;  que  nos  mains,  que  nos  yeux  ne  blessent  pas 
été  afin  que  le  péché  ne  souille  pas  notre  corps. 

«  At  nos,  lucelli,  ao  fenorif 
Fandique  prorsus  nesoii 
Nec  arte  fortes  bellica, 
Te,  Christe,  solom  norimas. 

«  Te  mente  pnra  et  simplid 
Te  voce,  te  cantu  pio 
Rogare  currato  genu 
Flendo  et  canendo  discîmas. 

«  His  nos  lucramur  queestiboi, 
Hac  arte  tantum  Tivimus  : 
Hœc  inchoamus  munera, 
Gom  sol  resurgens  emicat. 

«  Intende  nostris  sensibus, 
Vitamqne  totam  despice  : 
Snnt  Qiulta  fuois  illita 
QnaB  lace  porgentur  tua. 

«  Dnrare  nos  taies  jubé 
Quales  remotis  sordibas 
Nitere  pridem  jusseras 
Jordane  tinctos  flumine. 


«  Qaodcmnqae  noz  mondi  dehine 
Infecit  atris  nubibus, 
Tu,  rex  eoi  sideris, 
Vultn  sereno  illumina. 

«  Tu,  sancte,  qui  tetram  picem 
Candore  tingîs  lacteo 
Ebenoque  crystallum  facis, 
Delicta  terge  livida. 

«  Tandem  facessat  cœoltas, 
QuflB  nosmet  in  prsceps  diu 
Lapsos  sinistris  gressibus 
Errore  traxit  devio. 

«  Hsc  lux  serenum  conférât 
Purosque  nos  prsstet  sibi. 
Nihîl  loquamur  subdolum 
Volvamus  obscurum  nibil. 

«  Sic  tota  decurrat  dies 
Ne  lingua  mendax,  nemanus 
Oculive  pecoent  lubrici, 
Ne  noTa  corpus  inquinet. 


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LES  LAUDES.  —  historiqub  wtsykbousmm.  31 

n  est,  au-dessus  de  nos  tôtes.  un  œil  qui  scrute  nos  actions, 
chaque  jour  depuis  le  matin  dé  l'enfance  jusqu'au  soir  de  la 
vieillesse. 

Il  est  le  témoin  et  le  juge  ;  il  connaît  toutes  les  pensées  de 
notre  âme,  et  personne  ne  peut  tromper  sa  justice. 


§  II.  -—  RIT   ET   COMPOSITION  DES  LAUDES. 

La  rubrique  s'exprime  ainsi  sous  le  Tit.  XIV  : 

«  1.  Au  commencement  de  laudes,  après  le  Te  Deum  ou 
après  le  dernier  répons,  l'ofûciant  dit  immédiatement  Deus 
in  adjutorium  etc.,  comme  plus  haut,  et  l'on  récite  les  psau- 
mes, le  cantique  Benedicite  ou  un  autre,  suivant  les  fériés 
en  dehors  du  Temps  pascal,  et  les  antiennes  correspon- 
dantes à  rofâce.  Les  dimanches  de  l'année  (  excepté  de  la 
septuagésime  au  dimanche  des  Rameaux  inclusivement),  à 
l'office  férial  du  Temps  pascal  et  aux  fêtes  de  neuf  ou  de 
trois  leçons,  les  psaumes  et  le  cantique  se  prennent  au 
psautier  du  dimanche.  Aux  dimanches  compris  entre  la 
septuagésime  et  le  dimanche  des  Rameaux  inclusivement, 
ces  psaumes  se  récitent  comme  il  est  marqué  en  cet  en- 
droit. Ai'oflQce  férial  de  Tannée,  hors  du  Temps  pascal,  on 
les  récite  comme  au  psautier. 

i<  2.  Les  antiennes  des  dimanches»  quand  elles  ne  sont 
pas  spéciales,  se  disent  comme  au  psautier.  Aux  fêtes  de 
trois  ou  de  neuf  leçons,  quand  elles  ne  sont  pas  spéciales 
non  plus,  on  les  prend  au  commun.  Après  les  psaumes,  on 
récite  le  capitule,  Thymne,  le  verset,  l'antienne  du  canti- 
que Benedictus,  ce  cantique  lui-même  et  l'oraison  ;  le 
tout,  suivant  la  qualité  de  l'ofQce  du  Temps  ou  de  la 
fête. 

i(  3.  Quand  on  doit  réciter  les  prières,  on  le  fait  avant 
la  première  oraison.  De  même,  quand  on  doit  faire  les 
commémoraisons  de  la  Croix,  de  la  sainte  Vierge,   de 


«  Speotilator  adttat  desnpar  a  Hic  tastif ,  hio  est  arbiter, 

Qui  nos  diebos  ommbns  Hio  intnetur,  qaidquid  est 

Actuique  nostros  prospioit  Humana  qnod  mens  oonoipit  : 

▲  lue  prima  in  re^ienim.  Hono  nemo  fallit  judicem. 

(Cathemerinon,  H) 


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rt  DBS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

saint  Joseph,  des  Apôlres,  du  Patron  cl  de  la  Paix,  c'est 
après  cette  oraison,  à  moins  qu'il  n*y  ait  mémoire  d'une 
fête,  car  elle  vi.3nt  toujoui*s  avant  celles  ci-dessus  énu- 
mérées.  Des  rubriques  spéciales  parlent  des  suffrages 
communs. 

«  4.  Avant  l'oraison,  on  dit  Dominus  vobiscnm,  et  Ore^ 
mm.  Après  la  dernière  oraison,  on  répète  Dominus  voéw- 
cum,  puis  Benedicamus  Domino ,  le  ver&et  Fidelium  animœ^ 
Pattr  noster,  Dominus  det  nobis  suam pacem,  et  l'antienne 
de  la  sainte  Vierge,  telle  qu'on  la  trouve  à  la  fin  de  Com- 
piles, si  toutefois  on  quitte  le  chœur  ;  sinon,  on  la  récite  à 
la  fin  de  la  dernière  heure,  à  moins  qu'on  ne  dise  aussitôt 
la  messe,  ou  l'office  des  morts,  les  psaumes  de  la  pénitence, 
les  litanies,  comme  il  est  marqué  dans  une  rubrique  spé- 
ciale. » 


Les  laudes  ne  forment  pas  une  heure  distincte,  avons- 
nous  dit;  on  doit  les  commencer  cependant  comme  les 
autres  par  le  Deus  in  adjutorium,  etc.  C'est  à  cause  de 
la  ressemblance  parfaite  qu'elles  ont  avec  les  vêpres. 
«  C'est  aussi,  dit  Gavantus,  pour  montrer  qu'on  peut 
les  séparer  de  matines  :  «  Bespondeo  :  initium  illud 
datum  esse  ut  possity  ex  causât  dividi  matutinum  a 
laudibiis.  (sect.  IV,  c.  u,  n.  2.) 

Si,  de  fait,  on  séparait  matines  de  laudes,  beaucoup 
d'auteurs  pensent  qu'il  faudrait  ajouter  encore  avant 
celles-ci  Pa/er  et  Ave.  (Ainsi  Gavantus,  Merati,  Lohner* 
de  Herdt.)  Ce  n'a  jamais  été  notre  avis,  ces  deux  par- 

i.  Le  P.  Loboer,  jésuite  allemand,  vivait  au  commencement 
du  XVII*  siècle.  Nous  avons  de  lui  deux  volumes  liturgiques, 
souvent  cités  par  les  auteurs,  et  qui  font  autorité.  Instructio 
practica  prima  de  SS.  Missas  Sacriflcio,  jiÂXta  ritum  Romanœ  Ec- 
clesiœ  offerendo,  unà  mm  rubricis  ejusdem  Missx^  brevibus  notis 
illustratis, —  Instructio  practica  secunda  delloris  Canonicis^  juxta 
rubricas  Breviarii  Romani^  rite  recitandis  ;  in  quâ  etiam  ipsx 
rubricx,  noiis  brevibus  illustratœy  et  Martyrologio  Romano  no- 
mina  suis  accentibus  signata^  continentur. 


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iilS  LAUraS*  —  vn  wt  ooÊtfOÊmem.  93 

tiesne  faisant  qu'une  heure  canoniale;  et  d'ailleurs 
pourquoi  la  Rubrique  n'en  parle4-elle  pas  ici,  alors 
qu'elle  prescrit  le  Piiter  et  VAve  pour  les  autres  heu- 
res, quand  même  on  les  réciterait  sans  interruption  ? 
Mais  la  S.  Gong,  des  Rites,  avons-nous  dit,  a  tran- 
ché la  question  dans  notre  sens  par  son  décret  du 
18  mai  1883. 

Les  psaumes  des  laudes,  au  nombre  de  huit  en  réalité, 
sont  censés  n'en  former  que  cinq,  le  3®  et  le  4<^  :  Deus^ 
Deus  meus  et  Deus  misereatur  sont  réunis  en  un  seul,  et 
il  en  est  de  même  pour  les  trois  derniers  :  Laudate  Do- 
mimjon  de  cœlis,  —  Cantate  Domino  —  et  Laudate 
Domiman  in  sanctis  ejus.  De  là  aussi  cinq  antiennes 
seulement. 

Nous  pouvons  admettre  ici,  avec  de  graves  auteurs, 
de  touchants  symbolismes  :  «  Les  psaumes  de  laudes, 
dit  M.  Bacuez,  atteignent  le  nombre  de  huit,  nombre 
des  béatitudes,  symbole  de  la  vie  du  ciel.  »  (Le  saint 
office,  des  laudes.)  Les  laudes  semblent  être  en  effet, 
ainsi  que  les  autres  heures  de  l'office,  un  écho  de  la 
louange  du  ciel  qui  ne  finit  jamais.  Elles  ont  aussi 
pour  objet,  avons-nous  dit,  la  Résurrection  du  Sau- 
veur; mais  ce  mystère,  où  Jésus  se  revêtit  de  la  vie 
glorieuse  pour  ne  plus  la  quitter,  nous  rappelle,  en  nous 
en  donnant  l'espérance,  que  nous  y  sommes  appelés 
nous-mêmes. 

Par  l'union  de  plusieurs  d'entré  eux,  ces  huit  psau- 
mes se  réduisent  à  cinq;  c'est  pour  nous  enseigner, dit 
Durand  de  Mende,  que  nous  devons  veiller  pendant  le 
le  jour  sur  nos  cinq  sens  et  en  éviter  ou  réparer  les 
excès:  <(  In  laudibus  quinque psalmi  dicuntur  ut  quin- 
quesensuum  reparatio  notetur.  »  (Loc.  cit.  n.  7.)  Les 
auteurs,s'inspirant  de  cette  pensée,ajoutent  que  les  cinq 
psaumes  nous  rappellent  aussi  les  cinq  plaies  du  Sau- 
veur d'où  nous  est  venue  la  grâce  qui  purifie  et  nous 
fait  éviter  les  fautes,  et  les  cinq  flambeaux  des  vierges 


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34  'DES  DIFFÉRENTES  HEURES  GANONIilLES. 

prudentes,  image,  on  le  sait^  de  la   vigilance  chré- 
ne. 

5  3®  psaume  Dem^  Deus  meus^  et  le  4®  Deus  miserea* 
%ostri,  n'en  forment  qu'un,  parce  qu'ils  expriment 
pour  Dieu  et  l'autre  pour  le  prochain  un  même 
îment  d'amour,  et  se  réunissent  ainsi  dans  la  même 
Il  de  charité  :  sentiments  qui  doivent  être  en  nos 
s  dès  le  commencement  du  jour.  A  cette  raison  mys- 
B,  Durand  de  Mende  en  ajoute  d'autres  que  nous  ne 
oduirons  pas  ici,  comme  étant,  ce  nous  semble,  d'un 
bolisme  exagéré.  [De  Matutinis  laudibuSy  c.  iv, 
5). 

)s  trois  derniers  psaumes  sont  également  unis  en- 
ble,  à  cause  de  l'identité  de  leur  objet  comme  on 
3  voir,  et  aussi,  d'après  les  auteurs,  pour  signifier 
ion  des  trois  Eglises,  triomphante,  militante,  et 
frante,  dans  une  même  louange  à  la  Trinité,  lors« 
à  la  fin  des  temps,  brillera  l'aurore  du  jour  éternel, 
loi  qu'il  en  soit,  les  psaumes  de  laudes  sont 
eucharistiques  ou  de  louanges;  ils  expriment  les 
iments  du  Sauveur  ressuscité  et  ceux  de  l'Eglise  à 
ne  des  bienfaits  divins. 

premier, en  effet,  Dommw^re^namï,  est  un  hynme 
iré  par  la  création  du  monde  et  la  Rédemption; 
s  ressuscité  laisse  échapper  de  son  cœur,  avant  de 
ter  au  ciel,  sa  reconnaissance  et  sa  joie  pour  les 
oreilles  opérées  à  la  gloire  de  son  Père.  N'est-il  pas 
:  à  nos  cœurs,  d'offrir  ainsi  à  Dieu  dès  l'aurore, 
Qion  avec  Jésus-Christ,  notre  admiration  et  notre 
n  de  grâces?  La  nature  semble  reprendre  alors  une 
'^elle  vie,  et  nous  fait  penser  au  bienfait  plus  grand 
re  de  la  Rédemption.  Ce  psaume  est  omis  les  jours 
initence  et  de  deuil,  à  cause  de  la  joie  qu'il  respire; 
\  remplace  alors  par  le  Miserere  mei,  Deus^  que  tout 
Qude  connaît. 
\  deuxième  psaume  de  laudes,  Jubilate  DeOy  nous 


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LES  LAUDES*  ~  Rrr  bt  composition.  35 

invite  d'une  manière  plus  pressante  encore  à  la  joie  et 
à  la  reconnaissance  ;  il  y  est  de  nouveau  question  des 
bienfaits  du  Seigneur,  dans  Tordre  naturel  et  dans  Tor- 
dre surnaturel.  En  le  récitant,  nous  pouvons  nous  unir 
à  Jésus  ressuscité  et  aux  saints  dont  la  gloire  est  pour 
nous  un  sujet  d'espérance. 

On  ne  dit  pas  ce  psaume  quand  le  premier  est  omi^, 
et  pour  la  même  raison  ;  il  est  remplacé  alors  par  un 
autre  que  le  bréviaire  indique,  et  où  se  trouve  toujours, 
de  fait,  un  sentiment  de  tristesse  ou  de  repentir.  C'est, 
pour  le  lundi,  le  ps.  v,  Verba  mea;  pour  le  mardi,  Judica 
me  (xLu);  pour  le  mercredi,  Te  decet  hymnus  (lxiv)  ; 
pour  le  jeudi,  Domine  ^factus  es  refugium  nobis(Lxxx.ix); 
pour  le  vendredi,  Exaudi  Domine  (cxlii),  et  pour  le  sa- 
medi, Bonum  est  confiteri  Domino  (xci). 

Les  deux  psaumes  Dens^  Deus  meus  (lxii)  et  Deus 
misereatur  nostriÇhXYi),  quiformentcommele troisième 
de  laudes,  expriment  un  zèle  ardent  pour  lagloire  deDieu 
et  le  salut  des  âmes  ;  sentiment  dont  Tâme  du  Sauveur 
était  toute  remplie,  et  que  nous  devons  avoir  dès  le  com- 
mencement du  jour.  Jamais  ils  ne  sont  omis,  à  cause 
de  ces  mots  :  Deus,  Deus  meus,  ad  te  de  luce  vigilo^  si 
bien  adaptés  à  Theure  matinale  des  laudes. 

Le  quatrième  n'est  pas  un  psaume  proprement  dit, 
jsï^\^\m  cantique,  c'est-à-dire,  un  de  ces  hymnes'fle  joie 
inspirés  par  l'action  de  grâce,  après  un  bienfait  signalé. 
Les  laudes  ont  toujours  un  de  ces  cantiques,  à  cause  de 
leur  caractère  particulier.  Celui  du  dimanche  et  des 
fêtes  est  le  Benedicite  omnia  opéra  Domini  Domino  ^ 
chanté  par  les  trois  enfants  de  la  fournaise  alors  que 
les  flammes  n'osaient  les  atteindre.  {Daniel,  m.)  C'est, 
en  effet,  le  plus  remarquable  de  tous,  par  Tévénement 
qui  en  fut  l'occasion  et  par  les  sentiments  qu'il  ex- 
prime, sentiments  de  Jésus-Christ  lui-même,  le  Prêtre 
éternel,  lorsque  après  avoir  consommé  Tœuvre  de  la 
Rédemption,  il  remontait  vers  son  Père,  dont  la  gloire 


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36  DBS  DIFFÉRENTES  HEUBBS  CANONIALES^ 

était  à  jamais  infiniment  proclamée  et  réparée  par  son 
sang;  ainsi,  les  ministres  sacrés,  en  répétant  ce  can- 
tique à  la  première  heure  du  jour,  doivent-ils  se  re- 
garder comme  les  interprètes  de  la  création,  obligés  de 
rendre  au  nom  de  tous,  à  la  majesté  infinie  les  devoirs 
de  la  louange  et  de  l'adoration,  qu'ils  comprennent 
âiieux  que  personne. 

Le  cinquième  psaume  de  laudes  est  composé  des  trois 
qui  terminent  le  psautier;  ce  senties  mêmes  sentiments 
d'admiration,  de  reconnaissance  et  d'amour,  la  même 
louange,  suggérés  à  toute  créature  et  à  tous  les  âges 
de  la  vie.  «  Enfin,  dit  saint  François  de  Sales,  après 
avoir  composé  un  grand  nombre  de  psaumes  avec 
cette  inscription  Laudate  Dominun,  et  s'être  adressé  à 
toutes  les  créatures  pour  les  exciter  à  bénir  le  Maître 
souverain,  le  divin  Psalmist^  parcourt  encore  et  énu- 
mère  une  grande  variété  de  moyens  et  d'instruments, 
propres  à  célébrer  les  louanges  de  cette  éternelle  bonté  ; 
puis,  comme  tombant  en  défaillance,  il  conclut  toute 
sa  psalmodie  par  cette  suprême  aspiration  :  Omnis 
spiritus  laudet  Dominum  ;  c'est-à-dire ,  que  tout  ce 
qui  a  vie  ne  vive  et  ne  respire  que  pour  bénir  son  sou- 
verain Auteur.  »  {Traité  de  C amour  de  Dieu^  vi,  9.)  Ces 
sentiments  conviennent  aussi  à  Jésus  ressuscité  et  aux 
prêtres  de  la  loi  nouvelle;  nous  ne  nous  lasserons 
pas  de  les  redire,  si  le  zèle  divin  embrase  nos  âmes, 
et  si  nous  désirons  que  Dieu  soit  toujours  connu,  aimé, 
loué  davantage. 

Ces  trois  psaumes  ne  sont  jamais  omis  non  plus,  à 
cause  du  trait  caractéristique  des  laudes. 

Les  psaumes  et  le  cantique  sont  toujours  les  tnêmes 
aux  laudes  des  dimanches  (ceux  de  la  Septuagésime  à 
Pâques  exceptés),  du  temps  pascal -et  des  fêtes,  parce 
qu'il  n'y  a  pas  en  ces  jours  le  motif  de  tristesse  ou  de 
pénitence  qui  fait  remplacer  parfois  quelques-uns  d'en- 
tre eux. 


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DBS  PETITES  HEURES  EN  GÉNÉRAL.  37 

L'hymne  se  dit,  à  laudes,  après  les  psaumes,  parce 
qu'il  n'y  avait  plus  la  même  raison  qu'à  matines  de 
la  réciter  dès  le  commencement,  et  aussi  par  respect 
pour  ces  paroles^  de  saint  Paul  :  t  PsaimiSy  hymnis  et 
canticis  spiritualibus ,  inlgraliâ  cantantes  in  cordibus 
vestris  Deo.  »  (Coloss.  m,  16.) 

Après  l'hymne,  on  récite  le  Benedicttis  Domintis 
Detis  Israël^  cantique  de  la  loi  nouvelle,  si  approprié 
à  l'office  de  laudes.  Zacharie,  en  effet,  y  rend  grâces  à 
Dieu  pour  l'avènement  du  Verbe  incarné,  le  vrai  so- 
leil de  justice  qui,  alors  à  son  aurore,  allait  bientôt  dis- 
siper les  ténèbres  de  la  nuit. 

Les  cérémonies  du  chant  des  laudes  sont  les  mêmes 
que  pour  celui  des  vêpres;  nous  les  ferons  connaître 
plus  bas, 

CHAPITRE  n. 

LES   PETITES   HEURES. 

On  appelle  ainsi  communément  Prime^  Tierce^  Sexte 
et  None^  soit  parce  que,  n'ayant  généralement  que  trois 
psaumes,  elles  sont  plus  courtes  que  les  autres  heures, 
soit  parce  qu'on  leur  donne  moins  de  solennité.  Comme 
elles  ont  des  caractères  communs,  nous  traiterons 
d'abord  des  petites  heures  en  général,  et  ensuite  de 
chacune  en  particulier. 

Art.  L  Des  Petites  Heures  en  général. 

Parmi  leurs  caractères  communs,  il  en  est  un  plus 
frappant  que  les  autres;  le  psaume  Beati  immacu- 
tati  se  dit  tous  les  jours  et  se  partage  les  petites 
heures;  nous  devons  en  parler  à  part  et  tout  d'abord. 


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38  DES  DIFF&RENTES  HEURES  CANONIALES. 

§  I.  —  DU  PSAUME  Beati  immaculati  in  via. 

C'est  le  cxviii®  et  le  plus  long  du  psautier.  On  pour- 
rait l'appeler  :  Psaume  de  la  loi  ou  du  bon  plaisir  de 
Dieu,  ou  encore  :  Bonheur  de  celui  qui  observe  la  loi  du 
Seigneur.  Il  occupe  dans  l'office  divin  une  place  trop 
importante,  pour  ne  pas  en  faire  ici  une  étude  spéciale, 
quoique  succincte;  nos  cœurs  seront  ainsi  mieux  pré- 
munis contre  la  routine  ou  Tennui  qui  pourrait  naî- 
tre de  sa  répétition  fréquente.  Après  avoir  dit  Tau- 
teur,  les  divisions  et  la  beauté  du  psaume,  nous  en 
donnerons  une  courte  analyse  et  indiquerons  les  mo- 
tifs qu'a  eus  TEglise  de  nous  le  faire  réciter  tous  les 
jours. 

Ce  psaume  n'a  pas  de  titre  dans  la  Vulgate  ni  dans 
l'Hébreu;  il  paraît  être  de  David,  à  cause  surtout  de  la 
ressemblance  avec  le  Ps.  xviii®,  où  le  saint  Roi  exalte 
aussi  la  loi  du  Seigneur.  Il  Taurait  composé  pour 
être  chanté  par  les  Juifs,  lorsque,  trois  fois  l'année,  ils 
devaient  se  rendre  à  Jérusalem.  Quelques-uns  cepen- 
dant Tattribuent  à  Esdras,  au  retour  de  la  captivité,  ou 
à  un  auteur  inconnu,  durant  la  captivité  même.  Thalho- 
fer,  qui  a  si  bien  traduit  les  psaumes  en  vue  du  bré- 
viaire, est  de  cette  dernière  opinion.  D'après  lui,  l'au- 
teur serait  un  jeune  poète  juif,  qui  exprime  ici  les 
sentiments  de  sa  nation  pour  la  loi  sainte.  Ce  peuple, 
malheureux  et  captif,  aimait  et  pratiquait  cette  loi  de 
son  mieux,  malgré  les  contradictions  des  païens,  et  le 
voile  que  ses  fautes  avaient  jeté  sur  son  intelligence  et 
sur  son  cœur;  obstacle  qui  lui  faisait  sentir  d'une  ma- 
nière plus  pressante  encore  le  besoin  qu'il  avait  de  son 
Dieu  pour  demeurer  fidèle. 

Le  psaume  est  alphabétique,  et  composé  de  vingt-deux 
strophes  de  huit  distiques.  Chaque  strophe  ou  oc- 
tonaire,en  efifet,  commence  par  un?e  lettre  de  l'alphabet 
hébreu;  c'était  pour  en  faciliter  le  chant  et  la  lecture. 


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DES  PETITES  HEURES  EN  GÉNÉRAL.  39 

Ces  acrostiches  de  huit  versets,  le  Jiombre  de  laperfec- 
rfon,  faisaient  dire  à  saint  Hilaire  que  «  le  psaume  cxvni* 
renfermait  tout  ce  que  nous  devions  savoir  pour  la 
pratique  de  la  vie»  {Tract,  in  cxni  Ps.)^  et  à  l'abbé  Ru- 
pert,  après  saint  Ambroise,  que  ce  psaume  était  Tal- 
phabet  des  enfants  de  Dieu,  et  que  toute  la  perfection, 
depuis  Y  alpha  jusqu'à  Voméga,  y  était  contenue  dans 
ses  éléments  essentiels. 

Le  psaume  a  donc  22  octonaires,  dont  nous  verrons 
bientôt  la  disposition  dans  le  bréviaire  et  dans  la  Bible, 
176  versets  ou  distiques  et  352  vers.  L'Eglise  a  voulu 
le  diviser  entre  les  petites  heures  qui  sont  l'office  du 
jour  proprement  dit,  et  en  autant  de  parties  qu'il  y  a 
d'heures  dans  la  journée;  elle  a  réuni  pour  cela  les  oc- 
tonaires deux  à  deux.  Mais  ainsi  réunis,  ces  derniers 
ne  donnaient  que  11  parties,  tandis  qu'il  y  a  12  heures; 
on  y  suppléa  par  le  psaume  lui',  Deus^  in  nomine  tuo^ 
qui  sert  d'introduction  aux  petites  heures.  Le  psaume 
Beati  immaculati  est  ainsi  divisé  :  à  prime,  les  4  pre- 
miers octonaires,  formant  deux  divisions,  sont  placés 
après  le  premier  psaume,  et  à  chacune  des  petites  heu- 
res suivantes,  il  y  a  3  divisions  formées  de  6  octonaires. 

Les  auteurs  ont  vu  dans  les  deux  octonaires  de  chaque 
division,  comprenant  16  versets,  les  bonnes  œuvres  re- 
commandées par  la  loi,  qui  se  résume  dans  l'amour  de 
Dieu  et  du  prochain;  elles  sont,  en  effet,  au  nombre  de 
16,  exprimées  dans  les  deux  vers  suivants,  si  l'on  y 
ajoute  le  jeûne  et  la  prière,  dans  le  sens  que  les  théo- 
logiens donnent  ici  à  ces  deux  mots  : 

Visite,  poto,  cibo,  redimo,  tego,  colligo,  condo, 
Consule,  carpe,  doce,  solare,  fer,  ora. 

Le  nombre  huit  exprimerait  le  bonheur  parfait  du 
ciel  que  l'observation  de  la  loi  nous  mérite,  et  le  nom- 
bre trois  la  sainte  Trinité,  à  qui  s'adresse  Tofâce  du 
jouTi  comme  les  matines  de  la  nuit. 


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40  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

Les  Pères  et  les  Docteurs  ont  loué  la  beauté  de  ce 
psaume,  qui  est  à  leurs  yeux  comme  Tabrégé  le  plus  ex- 
cellent de  la  morale  évangélique.  Cassiodore  le  compa- 
rait à  un  fleuve  profond  et  limipide:  a  Est  altissimuspro- 
funditate  sensuum^  qui,  more  nobiliorum  fluviorum, 
lents  ire  conspicitur^  cum  nimis  profundus  esse  nosca- 
tur,  »  {Expos,  inps.  cxviii.)  Saint  Ambroiserappelait  un 
jardin  aux  fruits  délicieux  et  le  cellier  du  Saint-Esprit  : 
Paradisus  pomorum,  et  apotheca  Spiritus  Sancti;  ce 
psaume,  à  son  avis,  l'emporte  sur  les  autres,  comme 
Téclat  du  soleil  sur  les  étoiles;  et  le  saint  docteur  com- 
posa tout  un  ouvrage  en  vingt-deux  discours  pour  l'ex- 
pliquer à  son  peuple.  (Expositio  in  ps.  cxvni.)  Saint 
Augustin  en  admirait  la  profondeur  et  la  simplicité, 
et  en  fit  Tobjet  de  trente  instructions:  «  Utpotui^  psal- 
mum  illum  magnum  pertractavi  et  exposui,  »  dit-il. 
{Enarrationes  in  ps.  cxvni.  Prœf.)  Saint  Hilaire  aurait 
voulu  que  chaque  fidèle  l'apprit  par  cœur,  pour  en 
méditer  sans  cesse  et  partout  les  sentiments.  Durand 
de  Monde  disait  que  l'Eglise  savourait  chaque  jour  le 
parfum  de  cette  plante  aromatique,  dont  la  vertu  ré- 
jouit Dieu  et  réconforte  les  âmes  :  t  Ecclesia  rumi- 
nât illum  per  horas  velut  species  aromaticas  paradisi. 
ut  sit  spes  aromatica  Deo  et  mundo.  »  [De  Prima  c  v, 
n.  5.)  Bellarmin,  si  compétent  en  cette  matière,  dit 
dans  son  Explication  des  psaumes,  que  celui-ci  l'em- 
porte sur  les  autres  à  plusieurs  titres,  parmi  lesquels, 
l'élégance  et  l'utilité  :  «  Bic  psalmus  tribus  in  re^ 
bus  omnibus  aliis  antecellit  :  i^  utilitate,  ut  totus 
moralis  et  hortatorius  ad  vitam  secundum  legem  Dei 
instituendam^  et  ea  causa  est  cur  quotidie  ab  Ecclesia 
frequentatur ;  2*  longitudine.,.  Z""  elegantiâ  et  artificio 
alphabetico.  »  Pascal  était  tout  transporté  quand  il 
s'entretenait  avec  ses  amis  de  la  beauté  de  ce  psaume, 
(c  Quanta  prolixior  et  apertior,  dit  Bellanger,  /an^()  prâss- 
tantior  etprofundior^  »  —  «  Il  n'y  aquerÇsprit  de  Dieu, 


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DES  PETITES  HEURES  EN  GÉNËRAL.  41 

dit  le  p.  Berthier,  qui  puisse  donner  autant  de  sens  et 
suggérer  autant  d'affections,  relativement  au  seul  et 
même  objet.  »  —  «  Il  nous  parait,  dit  enfin  M.  le  Hir, 
que  Ton  pourrait  tirer  de  la  seule  lecture  ou  exposition 
de  ce  psaume,  une  preuve  frappante  de  la  divinité 
d'une  religion  qui  inspire  de  tels  sentiments  d*amour 
tendre,  vif  et  désintéressé  pour  la  loi  de  Dieu.  Le  psal- 
miste  va  jusqu'à  verser  des  larmes  et  à  se  consumer 
pour  cette  loi  qu'il  voit  transgressée,  méprisée  par  les 
méchants.  L'homme  cherche  en  vain  de  tels  sentiments 
en  lui-même,  il  faut  que  la  grâce  les  y  forme.  Aussi  ne 
trouve-t-on  rien  d'analogue  dans  toutes  les  littératures, 
ni  dans  toutes  les  philosophies  profanes.  »  (Lespsau- 
mes,  p.  276.) 

Nous  ne  pouvons  pas,  en  récitant  le  saint  office, 
méditer  suffisamment  ce  beau  psaume;  beaucoup  de 
ces  pieux  sentiments,  de  ces  élans  embrasés  échappent 
alors  à  l'esprit  et  au  cœur.  C'est  pourquoi,  il  est  bon  de 
l'étudier  attentivement,  au  moins  une  fois,  pour  s'en 
assimiler  les  idées,  avec  l'intention  de  le  réciter  ensuite 
tous  les  jours,  tel  que  nous  l'aurons  compris  et  goûté. 
On  pourrait  se  servir  pour  cette  étude  de  quelques  bons 
commentaires,  comme  ceux  de  saint  Ambroise,  ,de 
saint  Augustin,  de  Bellarmin,  du  P.  Berthier,  d'Aqua- 
viva,général  des  Jésuites  en  1581  {Meditationes  in  psal. 
cxviii),  de  l'abbé  Toursel  ^  {Enchiridion  horarum),  etc. 
Mais,  c'est  surtout  par  Tesprit  de  prière  et  de  recueille- 
ment qu'on  se  pénétrera  mieux  de  l'esprit  du  Psalmiste 
et  de  ses  sentiments. 

L'abondance  des  matières  ne  nous  permettant  pas 
d'ajouter  ici  une  traduction  littérale  que  nous  avions 
d'abord  faite  du  psaume,  il  nous  suffira  d'en  donner  une 
analyse  succincte,  avec  la  disposition  liturgique  et  bi- 
blique des  divisions  et  des  octonaires. 

I.  Cet  opuscule  de  l'abbé  Toursel,  publié  en  i866,  renferme, 
en  effet,  un  commentaire  exact  et  pieux  dups.  cxvm®. 


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4S  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

L'objet  du  psaume  est  donc  la  loi  de  Dieu  et  le  bon- 
heur de  ceux  qui  Tobservent.  L'auteur  inspiré  fait  Té- 
loge  de  cette  loi  qu'il  désigne  par  des  mots  différents, 
pour  la  présenter  sous  tous  ses  aspects  :  Lex,  mandata^ 
via,  judicia^  testimonial  prœceptay  justitia^  œquitas, 
justificationes,  sermones,  verbum^  eloquinm^  veritas.  Il 
demande  au  Seigneur  de  la  connaître  de  plus  en  plus, 
promet  de  l'observer  fidèlement,  implore  le  secours  di- 
vin pour  triompher  des  obstacles,  soupire  après  les 
consolations  que  cette  loi  donne,  et  proteste  de  sa  fidé- 
lité contre  les  dires  menteurs  de  ses  ennemis.  Mais 
entrons  dans  quelques  détails. 

A  PRIME. 

1"  DIVISION  DU  PSAUME  :  Beat!  immacnlati.  {f,  i-16.) 

l^'  OcTO^kmE.  AlephK  (1-8.)  La  loi  rend  heureux  ceux 
qui  l'observent,  et  qui  cherchent  Dieu  dans  la  simpli- 
cité de  leur  cœur  ;  elle  est  d'ailleurs  d'une  étroite  obli- 
gation :  double  motif  qui  inspire  au  Psalmiste  le  désir 
d'y  être  fidèle. 

2®  OcTONAiRE.  Beth.  (9-16.)  Cette  loi  est  le  fondement 
d'une  vie  sainte;  aussi,  jaloux  de  plaire  au  Seigneur,  le 
Psalmiste  le  prie  de  ne  pas  permettre  qu'il  s'écarte  ja- 
mais de  ses  commandements,  qui  sont  dans  son  esprit, 
dans  sa  mémoire,  sur  ses  lèvres  et  dans  son  cœur. 

2«  DIVISION  :  Rétribue  servo  tuo.  (i7-32.) 

3®  OcTONAiRE.  Ghimel,  (17-24.)  Le  Psalmiste  demande 
à  Dieu  la  lumière  et  la  force  nécessaires  pour  vivre 
dans  l'observation  de  sa  loi;  le  désir  qu'il  en  a  est  d'au- 
tant plus  légitime,  que,  loin  de  cette  loi,  il  n'y  a  que 
malédiction.  Mais  sa  fidélité  l'expose  au  mépris  des 

1 .  Ce  mot  et  les  suivants  analogues  désignent,  comme  on  le 
sait,  les  lettres  de  Palphabet  hébraïque. 


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DES  PETITES  HEURES  EN  GÉNÉRAL.  43 

hommes,    et  il  voudrait  bien  être  soustrait  à   cette 
épreuve. 

4*  OcTONAiRK.  Daleth.  (25-32.)  Entraîné  sans  cesse 
vers  la  terre  et  hors  de  la  loi  sainte  par  le  poids  de 
la  concupiscence,  il  demande  au  Seigneur  d'êtr 
rieux,  et  de   connaître,  de  plus  en  plus  cel 
qui  le  préservera  de  l'iniquité,  et  à  laquelle  il 
solu  plus  quejamaisde  se  conformer. 

A  TIERCE. 
3«  DIVISION  DU  PSAUME  i  Legem  pone  mihi.  (32 

5«  OcTONATRB.  Hé.  (33-40.)  Le  Psalmiste,  de  ne 
demande  Tintelligence  plus  approfondie  de  la 
bonne  volonté  pour  l'observer,  et  le  secours  c 
contre  les  séductions  des  sens,  afin  de  ne  pas  i 
l'opprobre  attaché  à  la  violation  d'une  loi  si  ai 
et  qu'il  désire  vivement  pratiquer. 

6*  OcTONAiRE.  Faw.  (41-48.)  Aidé  de  cette  grâc 
sollicite,  et  qu'il  prie  Dieu  de  lui  conserver  toi 
il  se  glorifiera,  devant  ceux  qui  le  méprisent 
confiance  en  la  loi,  et  gardera  celle-ci  en  son  es 
dans  son  cœur,  la  publiant  partout  par  ses  œu^ 
par  ses  paroles. 

4«  DIVISION  :  Hemor  esto  verbi  tni.  (49-64.) 

7«0cT0NAiRE.  Zain.  (49-56.)Le  souvenir  des  pro: 
et  des  miséricordes  de  Dieu  pour  ceux  qui  obser-v 
loi,  l'a  consolé  et  fortifié  dans  les  épreuves  de 
les  violateurs  decetteloi,au  contraire,  le  rempliî 
d'horreur;  et  sa  joie  était  de  penser  à  Dieu  et  de 
sa  loi  sainte. 

8*  OcTONAiRB.  Heth.  (57-64.)  Il  apris  leSeigneu 
son  partage,  et  sera  toujours  fidèleà  sa  loi;  puiss 
seconder  toujours  ses  efforts  afin  qu'il  la  pratiqua 
gré  les  obstacles  I  II  a  confiance  aussi  en  la  prier 
la  société  des  hommes  vertueux,  qui  seront  son 


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44  DBS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

5*  DIVISION  :  Bonitatem  fecisti.  (65-80.) 

9«  OcTONAiRB.  Teth.  (65-72.)  La  bonté,  la  science  et 
la  prudence  lui  sont  nécessaires  pour  observer  la  loi, 
«dont  il  fait  ses  délices  au  milieu  des  persécutions;  il 
les  demande  à  Dieu,  et  bénit  ses  disgrâces  qui  lui  ont 
fait  mieux  connaître  et  pratiquer  la  loi! 

10*  OcTONAiRB.  Yod.  (73-80.)  Daigne  son  Créateur  et 
l'Auteur  de  la  loi,  lui  en  donner  déplus  en  plus  l'intel- 
ligence, pour  l'édification  et  la  consolation  des  justes. 
Humilié  par  ses  fautes,  il  invoque  pourceuxqui  crai* 
gnent  le  Seigneur  et  pour  lui,  mais  contre  les  pécheurs, 
la  divine  miséricorde. 

A  SEXTE. 

6e DIVISION  DU  PSAUME:  Dofecit In salntaro tniim. (8i-96.) 

!!•  OcTONAiRB.  Caph.  (81-88.)  Son  âme  languit 
dans  l'attente  du  secours  qu'il  implore  contre  ses 
persécuteurs,  dont  la  malice  et  les  perfides  conseils 
n'ont  pu  vaincre  son  obéissance  à  la  loi. 

12*  OcTONAiRE.  Lamed,  (89-96.)  Les  effets  constants  et 
admirables  de  la  loi  dans  l'univers,  et  la  consolation 
qu'il  y  a  trouvée,  sont  pour  le  Psalmiste*un  nouveau 
motif  de  ne  pas  l'enfreindre.  On  ne  comprendra  jamais 
toute  la  perfection  de  cette  loi. 

7<»  DIVISION  :  Qnomodo  dilexi  legem  tuam.  (97-1  i2.) 

13®  OcTONAiRE.  Mem,  (97-104.)  Il  expose  les  fruits 
précieux  qu'il  a  retirés  de  la  méditation  et  de  l'amour 
des  lois  divines. 

14®  OcTONAiRE.  A^wn.  (105-112.)  La  loi,  en  effet,  est 
la  lumière  qui  l'éclairé  et  qui  le  dirige  dans  les  droits 
sentiers;  aussi,  fait-il  le  serment  d'y  être  toujours  fi- 
dèle; et  conjure-t-il  le  Seigneur  de  seconder  ses  dispo- 
sitions et  son  zèle  ;  les  efforts  des  méchants  ne  la  lui 
feront  pas  transgresser;  elle  est  la  joie  de  son  cœur,  et 
la  récompense  couronnera  sa  fidélité. 


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DES  PETITES  HEURES  EN  GÉNÉRAL.  45 

8^  DIVISION  :  Iniqaos  odio  habui.  (Ii3-i28.) 

IS®  OcTONAiRB.  Samech,  (il3-120.)Oui,il  aime  la  loi, 
et,  à  Texemple  de  Dieu,  déteste  les  impies  qui  la  violent. 
Puisse-t-il  ainsi  l'aimer  toujours,  et  ne  pas  mériter  les 
châtiments  divins  I  il  en  demande  la  grâce. 

16®  OcTONAiRB.  Aîn,  (121-128.)  Il  prie  le  Seigneur 
de  le  secourir  contre  ses  ennemis,  en  considération  de 
son  innocence,  de  son  dévouement  et  de  sa  fidélité  à 
la  loi. 

A  NONE. 

9^  DIVISION  DU  PSAUME  *.  HirablUa  tostimonia  tua. 
(129-144.) 

17«Ogtonairb.  Phé.  (i29-136.)Plein  d'admiration  pour 
les  beautés  et  les  avantages  de  la  loi,  il  demande  encore 
instamment  le  secours  divin  pour  la  pratiquer,  sans  se 
laisser  abattre  jamais  par  les  épreuves  et  la  calomnie. 

18®  OcTONAiRB.  Tsadé.  (137-144.)  Rien  n'est  injuste 
dans  cette  loi,  et  il  gémit  de  la  voir  transgressée;  pour 
lui,  rien  ne  l'en  détachera,  elle  est  immuable  et  pleine 
de  justice;  elle  fait  sa  consolation. 

10^  DIVISION  :  Glamavi  in  toto  corde  meo.  (145-160.) 

19*  OcTONAiRE.  Koph.  (145-152.)  Puisse  le  Seigneur 
exaucer  son  ardent  désir  de  connaître  et  de  pratiquer 
de  plus  en  plus  sa  loi  I  Puisse-t-il,  au  nom  de  sa  misé- 
ricorde et  de  son  immuable  vérité,  lui  venir  en  aidel 

20®  OcTONAiRE.  Resch.  (153-160.)  Il  invoque  de  nou- 
veau le  secours  divin  contre  ses  ennemis,  puisque  son 
cœur  a  toujours  défendu  sa  loi  avec  zèle  et  amour. 

Il*'  DIVISION  :  Principes  persecnti  snnt  me  gratis.  (161-176.) 

21®  OcTONAiRE.  \Schin.  (161-168.)  Oui,  au  milieu  des 
persécutions,  il  n'a  jamais  cessé  de  respecter,  d*aimer 

3. 

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46  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

et  d'observer  la  loi,  sourcedepaîx  inaltérable pourceux 
qui  lui  sont  fidèles. 

22«  OcTONAiRE.  Thav.  (169-176.)  En  terminant,  lePsal- 
miste  demande,  avec  une  nouvelle  instance,  de  connaî- 
tre parfaitement  la  loi,  de  la  pratiquer  toujours  fidèle- 
ment etd'être  délivré desennemis  de  sonâme;  il  donne 
à  Dieu  pour  motifs  ses  promesses  divines,  la  fidélité  de 
son  serviteur,  et  la  reconnaissance  qu'il  lui  en  témoi- 
gnera tous  les  jours  de  sa  vie. 

Tel  est  le  psaume  cxviii.  L'Eglise  a  ses  raisons  en 
nous  le  faisant  réciter  chaque  jour,  sans  exception  au- 
cune. Elle  veut  nous  rappeler  que  notre  vie  entière  doit 
se  passer  dans  l'accomplissement  de  la  volonté  deDieu, 
et  nous  faire  demander  sans  cesse  pour  nous  et  pour  les 
autres,  une  grâce  si  salutaire  à  tous,  et  si  glorieuse  à 
Dieu.  Les  intérêts  divins  et  ceux  des  âmes,  ainsi  que 
toute  la  sainteté,  se  résument,  en  effet,  dans  la  fidélité 
à  la  loi  de  Dieu.  Mais  l'Eglise  pouvait-elle  trouver  pour 
un  but  si  grave  et  si  important,  pour  cette  prière,  des 
accents  plus  humbles,  plus  ardents  et  plus  variés?  Ne 
fallait-il  pas  que  ce  psaume  inspiré,  où  sont  indiqués 
avec  les  avantages  de  la  loi,  les  moyens  de  la  pratiquer 
et  les  obstacles  qui  s'y  opposent,  les  sentiments  et  les 
dispositions  qu'elle  demande  de  nous,  résonnât  chaque 
jour  sur  les  lèvres  et  dans  le  cœur  des  ministres  sacrés  ? 
Nous  devons  non  seulement  observer  nous-iûèmes  et 
mieux  que  personne,  la  loi,  mais  encore  la  faire  aimer 
et  pratiquer  aux  autres. 

On  voulut,  au  commencement  du  siècle  dernier,  alors 
^que  le  goût  des  innovations  cherchait  à  modifier  les 
prières  de  l'Eglise,  enlever  ce  psaume  des  petites  heu- 
res. On  prétextait  la  monotonie  d'une  répétition  qui  se 
faisait  tous  les  jours,  et  d'une  même  idée  qui  revenait 
sans  cesse.  Mais  des  réclamations  s'élevèrent  de  tou- 
tes parts  ;  Bossuet  lui-même  protesta,  et  le  psaume 
Beati  immaculati  fut  maintenu.  Sans  doute  il  n'offre 

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lES  PBTITE5  HEURES  EN  GÉNÉRAL.  47 

pas  la  variété  qu'on  peut  trouver  dans  les  autres,  mais, 
ne  croyons  pas  à  des  répétitions  oiseuses  et  monoto- 
nes, et  qui  seraient  sans  plan  ni  logique;  M.  Lehir  a 
vengé  de  ces  objections  notre  psaume  liturgique  (L^5 
psaumes^  p.  276);  du  reste,  une  pieuse  expérience  ne 
prouve-t-elle  pas  qu'on  y  trouve  toujours,  en  le  réci- 
tant, quelque  application  nouvelle?  Le  cœur  enfin,  n'ai- 
me-t-il  pas  à  exprimer  ce  qu'il  désire  et  ce  qui  le  préoc- 
cupe ?  «  L'amour  n'a  qu'un  mot,  a  écrit  Lacordaire,  et 
en  le  disant  toujours,  il  ne  le  répète  jamais.  »  {Vie  de 
saint  Dominique f  ch.  vi.) 

§  U. —  DE  QUELQUES   AUTRES    GARAGTÈBES  COMMUNS 
AUX  PETITES   HEURES. 

!•  Elles  ont  d'abord  le  même  nom  générique.  Nous 
avons  dit  plus  haut  pourquoi  on  les  appelle  ainsi  Pe- 
tites Aewrô5, par  opposition  à  matines,  laudes  et  vêpres 
qui  sont  appelées  majeures, 

2®  Les  petites  heures,  prime  y  comprise  ordinai- 
rement, n'ont  que  trois  psaumes,  ou  trois  divisions  du 
psaume  Beati  immaculaii;  caractère  particulier  à  ces 
heures.  C'est  pour  sanctifier  les  trois  heures  du  jour 
auxquelles  se  rapporte  chacune  d'elles,  et,  selon  la  pen- 
sée de  M.  Olier,  pour  nous  y  faire  honorer,  d'un  culte 
continu,  la  sainte  Trinité.  «  C'est  encore,  dit  Durand 
de  Monde,  pour  nous  prémunir  durant  la  journée  en- 
tière contre  les  assauts  ennemis  de  la  triple  concu- 
piscence. {De  primây  c.  v,  n.  4.) 

3®  Les  divisions  du  psaume  Beati  immaculaii  se 
terminent  par  la  doxologie  ordinaire  :  Gloria  Patri... 
On  a  voulu  rompre  la  monotonie  de  la  lecture  ou  du 
chant,  et  nous  rappeler  aussi  que  nous  devons  par 
l'office  et  par  les  œuvres  du  jour  glorifier  la  Trinité 
sainte.  (Durand  de  Mende,  loc.  cit.) 

4®  L'hymne,  aux  quatre  petites  néures,  se  dit  avant 
les  psaumes,  comme  à  matines,  contrairement  à  ce  qui 


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48  DBS  DIFFERENTES  HEURES  CàNONlÂLES. 

86  fait  à  laudes,  à  vêpres  et  à  complies.  Le  cardinal 
Berna  nous  en  donne  cette  raison  :  a  Aux  petites  heu- 
»  res,  dit-il,  et  en  plein  jour,  l'âme  distraite  par  les  oc- 
»  cupations  de  la  vie,  a  besoin  d'être  aussitôt  rappelée 
»  aux  choses  de  Dieu  et  à  son  amour  ;  or,  c'est  ce  que 
»  fait  le  chant  suave  et  joyeux  de  l'hymne,  qui  remplit 
»  de  louanges  notre  bouche  et  nos  cœurs.  »  «  In  cxteris 
diumis  horis  hymnus  prxcedit  psalmoSj  quia  curis 
quotidianis  occupatum  cor,  ad  dulcedinem  diviniamoris, 
hymnico  personante  concentu^  re trahi  débet...  Hym- 
nus aliquando  prœcedit,  ut  laude  Dei  repleatur  os  nos- 
trum.  »  (Div.  psal.  c.  xvi,  §  ix.  De  hymnis.) 

S^'.Les  hymnes  sont  toujours  les  mêmes  aux  petites 
heures  et  ne  varient  pas,  comme  dans  les  autres  par- 
ties de  l'office,  complies  exceptées.  On  a  voulu  ainsi 
les  adapter  à  l'heure  du  jour  où  Ton  se  trouve,  et  aux 
besoins  spirituels  qu'on  peut  y  avoir  :  «  Quoniam  quo- 
libet diCj  dit  Durand  de  Monde,  prœmissâ  liberatione 
egemus.  »  {De  prima,  n.  2.)L'hymnede  tierce  varie  ce- 
pendant à  laPentecôte  ;  elle  y  est  remplacée  par  le  Veni 
Creator,  pour  un  motif  que  tout  le  monde  comprend  ; 
et  encore,  comme  nous  le  verrons  en  son  lieu,  le  chan- 
gement ici  n'est  pas  substantiel,  puisque  Thynme  or- 
dinaire est  aussi  une  invocation  à  TEsprit-Saint. 

6**  Le  rit  des  petites  heures  est  toujours  semi-double, 
et  les  antiennes  n'y  sont  jamais  doublées.  Les  fidèles, 
en  effet,  conviés,  nous  l'avons  vu,àroffice  delà  nuit  et 
de  Taurore,  l'étaient  encore  à  celui  des  vêpres  qui  termi- 
nait la  journée;  mais  on  ne  les  appelait  pas  aux  quatre 
heures  canoniales  du  jour,  à  cause  de  leurs  occupations. 
Ces  heures  n'eurent  pas,  dès  lors,  la  même  solennité 
dans  le  culte.  Durand  de  Mende  {Quid  sit  ofjicium, 
c.  I,  n.  26.)  et  le  cardinal  Bona  (De  Antiphonis,  n.  3) 
donnent  ici  une  raison  mystique.  L'antienne,  comme 
nous  le  verrons  bientôt,  exprime  la  charité  envers  le 
prochain;  on  ne  fait  d'abord>  à  l'office  du  jour,  que  la 

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PRIMB.  49 

commencer  pour  la  reprendre  ensuite  en  entier,  par- 
ce que,  durant  la  vie  présente,  figurée  par  cet  office, 
la  charité  n'est  qu'imparfaite  et  ne  reçoit  sa  consom- 
mation qu'au  ciel,  après  s'être  exercée  sur  la  terre. 

Tels  sont  les  caractères  communs  aux  petites  heu- 
res ;  il  nous  faut  maintenant  étudier  chacune  d'elles. 

Art.  II.  Des  Petites  Heures  en  particulier. 

Elles  sont,  nous  l'avons  dit,  au  nombre  de  quatre, 
correspondant  à  Tancienne  division  du  jour  en  quatre 
parties,  d'où  leurs  noms  de  Prime^  Tierce^  Sexte  et 
None, 

§  [.  —  Prime. 

Après  avoir  dit  l'origine  et  le  symbolisme  de  prime, 
nous  en  expliquerons  la  rubrique. 

TU,  I.  Origine  et  symbolisme. 

Prime  doit  donc  son  nom  à  l'heure  où  on  la  récitait 
autrefois,  et  qui  était  la  première  du  jour,  prima  hora, 
correspondant  à  six  heures  du  matin.  Cette  partie  de  l'of- 
fice comprenait  aussi,  avons-nous  dit,  la  première  di- 
vision du  jour  ou  les  trois  premières  heures  de  six  à  neuf 
du  matin.  Les  Constitutions  apostoliques  semblaient  en 
parler  déjà:  «  Precationes  facile  manCy  tertiâ  horâ  ac 
sextâ,,.  ManCy  grattas  agenies  quod  illuminavit  nos, 
nocte  suhlatâ  et  reddito  die.  »  (Lib.  VIII, c.  34.)  Ce  texte 
et  un  autre  de  saint  Ambroise  [Hexameron^  1.  IV,  c.  1 
et  1.  VI,  c.  xn.),  ainsi  que  des  raisons  de  convenance 
et  d'analogie  ont  fait  dire  à  Turrianus  [Traité  des  ca- 
nons des  Apôtres... )y  à  Duranti  {De  ritibus  eccles.)  et  à 
Suarez  {de  horis  can.  1.  IV,  c.  v,  n.  8)  *  que  prime 

1.  Saarez,  Jésuite  espagnol  (i548-16i7),  est  l'un  de  nos 
plus  grands  théologiens.  Une  douce  piété  le  disputait  en  lui 
à  une  science  étendue  :  «  Je  donnerais,  disait-il,  toutes  mes 
œuvres  pour  le  mérite  d'un  Ave  Maria  »  et  au  moment  de  sa 
mort  :  c  Je  ne  pensais  pas  qu'il  fût  si  doux  de  mourir.  »  Nous 
avons  de  lui  23  vol.  in-f»,  presque  tous  sur  la  théologie  dogma- 


ui^rtiz^y  CiOOglC 


80  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

remontait  aux  temps  apostoliques.  Mais  Francolini 
{Traité  du  temps  des  heures  canoniales^  158i),  le  car- 
dinal Bona  {Div,  ps,  c.  vi,  sect.  IV  de  Prima),  Merati  {In 
Gav.  thesaur.  tom.  11...),  et  plusieurs  autres,  ne  veulent 
pas  qu'elle  soit  antérieure  au  v*  siècle.  Cassien  (433), 
d'après  son  propre  témoignage,  aurait  institué  cette 
heure  canoniale  dans  son  monastère  de  Bethléem, 
afin  d'occuper  pieusement  les  moines,  durant  le  temps 
qui  séparait  laudes  de  tierce  (Lib.  III  de  Inst.  cœnob. 
c.  3,  4  et  6.);  le  fait,  dit  Bona,  ne  saurait  être  mis  en 
doute.  Ce  pieux  cardinal  et  les  auteurs  qui  suivent 
son  opinion,  disent  que  le  Mane  des  Constitutions  apos- 
toliques, mentionné  encore  par  saint  Jérôme,  saint 
Ambroise  et  d'autres  Pères,  désigne  les  laudes  et  non 
l'heure  de  prime;  l'hymne  Jam  lucis  orto  sidère,  qui 
est  de  saint  Ambroise,  prouverait  seulement  que  l'é- 
vêque  de  Milan  l'avait  composée  d'abord  pour  être 
chantée  hors  de  l'office,  et  qu'on  l'y  introduisit  dans 
la  suite. 

On  pourrait  ainsi  concilier  les  deux  opinions  :  prime, 
quant  à  la  substance  du  moins,  remonterait  à  la  plus 
haute  antiquité  ;  et  dès  le  temps  des  Constitutions  apos- 
toliques et  des  premiers  Pères,  on  chanta  des  psaumes 
au  lever  du  soleil  dans  l'assemblée  des  fidèles,  pour  ho- 
norer les  mystères  de  cette  première  heure  du  jour. 
Mais  cet  office  ne  devint  une  heure  canoniale  qu'au 
temps  de  Cassien,  où  on  lui  donna  le  rit  et  la  forme  des 
autres  heures,  avec  le  nom  qu'elle  a  encore  aujourd'hui. 
Nous  lisons  dans  la  vie  de  saint  Adalric,  évèque  d'Augs- 
bourg  en  925,  qu'après  avoir  présidé  l'office  canonial 
de  la  nuit  à  trois  heures  du  matin,  il  récitait  au  point 

tique  et  morale.  Nous  recommandons  ici,  en  particulier,  son 
Traité  De  Sacramento  et  Sacrificio  Eucharistiœy  et  son  travail  :  De 
Horis  canonicis,  dans  le  traité  de  Religione,  On  y  trouvera  des 
documents  intéressants  pour  le  symbolisme  et  l'histoire  de  la 
liturgie. 


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PRIME.  51 

du  jour  l'office  des  morts  avec  prime,  et  assistait  en- 
suite à  la  messe  capitulaire. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  son  origine,  cette  partie  de 
l'office,  certainement  très  ancienne,  est  bien  placée 
au  commencement  du  jour,  alors  que  le  soleil  parait  à 
l'horizon.  L'astre  naissant  nous  rappelle  tout  na- 
turellement le  Soleil  de  justice  qui  s'est  levé  sur  la 
terre  pour  Téclairer  de  sa  doctrine  et  la  réchauffer  de 
son  amour  ;  n'est-il  pas  naturel  que  TEglise  élève  en  ce 
moment  vers  le  Verbe  Incarné  nos  esprits  et  nos  cœurs  ? 
Il  était  convenable  aussi  de  consacrer  les  premiers  ins- 
tants du  jour  par  la  prière,  avant  de  nous  livrer  aux  tra- 
vaux. Ainsi  Notre-Seigneur  nous  invite-t-il  à  chercher 
d'abord  le  royaume  des  cieux.  (Math.w,  33.)  Ainsi  Dieu, 
dans  l'ancienne  loi,  voulait-il  qu'on  lui  oJBfrît  les  pré- 
mices. (Ex.  XIII,  12.)  Avec  le  Psalmiste,  nous  faisons 
la  guerre  à  nos  ennemis,  dès  le  matin  (Ps.  10),  et  au 
lever  du  soleil,  nous  rendons  nos  devoirs  à  Dieu, 
suivant  l'exemple  du  Sage.  (Sap.  xxi,  28.)  Nous  at- 
tirons enfin  sur  notre  journée,  selon  la  pensée  d'Ama- 
laire(lib.  IV,  dediv.  of/îc.  c.  2),  les  bénédictions  du 
divin  Pasteur  pour  qu'il  nous  garde,  et  chasse  au  loin 
les  loups  perfides.  L'hymne  et  les  prières  de  prime, 
comme  nous  allons  le  voir,  s'inspirent  de  toutes  ces 
pensées. 

La  première  heure  du  jour,  ou  six  heures,  affectée 
à  prime,  eut  aussi  ses  touchants  mystères,  auxquels 
nous  pouvons  nous  unir,  en  récitant  cette  petite  heure. 
C'est  vers  six  heures  du  matin,  que  Notre-Seigneur 
fut  conspué,  méprisé,  souffleté  chez  Caïphe,  et  traîné 
devant  Pilate  comme  un  criminel.  {Math,  xxvii,  1.) 
Deux  jours  après,  à  la  même  heure,  les  saintes  femmes 
vinrent  au  sépulcre  pour  embaumer  le  corps  du  Sau- 
veur, qui  ne  s'y  trouva  plus  (iHf arc.  xvi,2.);  enfin,  vers 
six  heures  encore,  eut  lieu  plus  tard  la  pêche  miracu- 
leuse. {Joan.  XXI,  4.)  Puissent-ils,  ces  pieux  souvenirs. 


I       Bt 


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52  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

nous  donner  le  courage  de  supporter  les  humiliations 
du  jour,  nous  inspirer  la  résolution  de  répandre  sur 
le  corps  mystique  du  Seigneur,  les  âmes,  le  parfum  de 
nos  vertus,  et  de  tout  faire  pour  en  gagner  beaucoup 
à  Jésus-Christ. 
M  He  Lantages,  fondateur  du  séminaire  du  Puy,  ai- 
se rappeler,  en  récitant  prime,  les  sentiments 
s  à  l'égard  de  son  Père,  au  moment  de  son  in- 
3n  et  de  sa  naissance  ;  nous  tenons  ce  détail 
lême,  dont  il  parlait  ainsi  en  tierce  personne  : 
les  matins,  son  premier  soin  était  d'adorer  le 
acement  de  la  vie  de  Jésus  dans  le  sein  de 
.  Marie.  Puis,  commençant  l'office,  il  faisait 
loses  :  1**  en  l'honneur  du  dévouement  avecle- 
divin  Sauveur  s'offrit  à  son  Père  pour  être  im- 
sa  gloire,  et  pour  racheter  les  hommes  par  le 
B  de  la  croix,  il  s'offrait  lui-même  à  Dieu  dans 
tention  semblable,  et  prononçait  de  tout  son 
n  union  avec  Jésus-Christ,  ces  paroles  du  pre- 
saume  de  prime  :  Voluntarie  sacrificabo  tibiy  et 
)or  nomini  tuo,  Domine,  quoniam  bonum  esl. 
honneur  de  l'amour  ineffable  avec  lequel  Jésus 
la  à  son  Père,  pour  faire  constamment  et  ponc- 
ent sa  volonté  sur  la  terre,  protestant  qu'il  em- 
t  cette  loi  sainte  et  qu'il  la  porterait  toujours 
l  de  son  cœur,  in  medio  cordis,  cet  ecclésias- 
appliquaità  réciter,  avec  toute  la  dévotion  dont 
capable,  le  psaume  Beati  immaculati,  dont  cha- 
set  est  un  éloge  de  la  volonté  de  Dieu  et  une 
ition  de  fidélité  à  ses  lois.  Il  semble  qu'on  ne 
apporter  de  meilleures  dispositions  à  cet  office 
iin,  et  que  cette  pratique  est  fondée  sur  les 
es  les  plus  solides,  comme  sur  les  conceptions 
touchantes,  n  (Instructions  ecclésiastiques,  Tit, 
sous-diaconat,  c.  iv.) 


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PRIME.  53 

N.  2.  La  Bubrique.  (Tit.  lY.) 
Composition  de  Prime.  —  Symbole  de  saint  Athanase. —  Martyrologe. 

La  rubrique  de  prime  nous  donnera  lieu,  sur  tous 
ces  points,  à  des  explications  importantes.  La  voici  d'a- 
bord : 

«  1.  A  prime  on  commence  par  réciter /^o^er  noster^  Ave 
Maria,  Credo,  à  voix  basse,  puis  Deus  in  adjutorium  etc., 
l'hymne  Jam  lucis  orto  sidère,  et  Tantienne  qui  convient. 
Pour  les  fêtes,  on  prend  à  laudes  les  antiennes  de  chaque 
heure  successivement,  en  omettant  la  quatrième,  comme 
on  le  dira  ci-après  dans  la  rubrique  des  antiennes.  Puis  on 
récite  les  psaumes  qui  se  disent  les  dimanches  et  les  fériés 
comme  au  psautier.  Aux  fêtes  et  pendant  le  temps  pascal, 
on  n'en  récite  que  trois,  comme  il  est  indiqué  en  ce  même 
endroit. 

»  2.  Après  Tantienne,  on  dit  le  capitule  fiegi  sœculo- 
rum  ;  à  Tofûce  de  la  férié,  hors  le  temps  pascal,  c'est  le 
capitule  Pacem;  on  dit  ensuite  le  répons  bref  Christe,  Fili 
Dei  vivi,  etc.  Après  quoi,  à  Toflice  double  et  pendant  les 
octaves,  on  récite  immédiatement  l'oraison  Domine,  Deus 
omnipotens.  Aux  autres  offices,  on  dit  le  Kyrie  eleison  et 
les  prières  qui  suivent,  le  tout  comme  au  psautier.  Au  verset 
Adjutorium,  Tofficiant  se  signe  du  front  à  la  poitrine .  Quand 
on  récite  seul  son  office,  on  ne  dit  qu'une  fois  le  Confiteor, 
en  omettant  les  paroles  tibi  Pater,  ou  vobis  fratres,  et, 
te  Pater,  ou  vos  fratres ',  on  dit  de  la  même  manière, 
Misereatur  nostri,  peccatis  nostris,  perducat  nos ,  la  même 
règle  est  observée  à  compiles.  A  l'office  férial,  quand  on  a 
dit  les  prières  à  laudes,  on  ajoute  les  autres  prières  qui  se 
trouvent  au  psautier. 

»  3.  Après  l'oraison  de  prime,  ou,  dans  le  petit  office  de 
la  Sainte  Vierge,  après  son  oraison,  on  dit  le  Benedicamus, 
puis,  au  chœur,  on  lit  le  martyrologe,  et  ensuite  Pretiosa 
et  le  reste,  récité  même  par  ceux  qui,  disant  l'office  hors 
du  chœur,  n'ont  pas  à  lire  le  martyrologe.  Enfin  pour 
l'absolution  du  capitule,  aux  fêtes  et  à  certains  autres  jours, 
on  dit,  à  la  place  de  la  leçon  brève,  le  capitule  de  none, 
s'il  est  propre,  ou  bien  celui  du  commun.  Dans  les  autres 


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94  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

temps,  on  prend,  les  jours  de  dimanches  et  de  fériés,  la 
leçon  brève  assignée  dans  le  psautier  à  Toffice  du  temps.  » 

Le  Pater ^  VAve  et  le  Credo^  commencent  Toffice  du 
jour  comme  ils  avaient  commencé  matines,  Toffice  de 
la  nuit  ;  nous  verrons  pourquoi  dans  la  troisième  sec- 
tion. 

L'hymne  Jam  lucis  orto  sidère  est  de  saint  Am- 
broise;  certains  critiques  ont  objecté  l'assonance  ou 
les  rimes  qui  seraient,  dit-on,  de  date  plus  récente; 
mais  plusieurs  autres  hymnes  que  tout  le  monde 
attribue  au  saint  Evêque  et  celles  de  plusieurs  hymno- 
graphes  contemporains,  comme  saint  Damase  et  saint 
Hilaire  de  Poitiers,  nous  offrent  le  même  caractère. 

L*hymne  fut  intégralement  acceptée  par  la  révision 
d'Urbain  VIII,  à  Texception  de  la  doxoîogie.  L'auteur 
s'est  inspiré  du  lever  du  soleil,  moment  où  il  voulait 
qu'on  la  récitât,  et  c'est  pourquoi  l'Eglise  l'adopta  pour 
l'heure  de  prime;  elle  ne  pouvait,  en  effet,  mieux  con- 
venir à  cette  heure.  Il  nous  suffira  d'en  donner  ici  un 
petit  commentaire. 

I 

Jam  lucis  orto  sidère, 
Deum  precemur  supplices, 
Ut  in  diurnis  actibus 
Nos  seryet  a  nocentibus. 

Dès  le  lever  du  soleil,  l'Eglise  nous  exhorte  à  prier 
avec  une  humble  confiance,  afin  que  Dieu  préserve  nos 
actions,  durant  la  journée  présente,  de  toute  influence 
mauvaise  qui  pourrait  les  corrompre. 

II 

Linguam  refraenans  tempérât, 
Ne  litis  horror  insonet  ; 
Visum  fo vende  cootegat, 
Ne  vanitates  hauriat. 

Il  y  a  surtout  deux  causes  de  péchés  en  nous  :  la  lan- 

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PRIME.  55 

gue  qui  sème  l'horrible  discorde,  et  les  yeux  qui  font 
entrer  dans  notre  âme  la  convoitise  et  les  vanités.  Aussi, 
après  le  début  général  de  la  première  strophe,  Thymne 
entre  dans  le  détail,  et  l'Eglise  demande  à  Dieu  d'a- 
bord de  mettre  un  frein  à  notre  langue  et  de  régler 
notre  vue. 

III 

Sint  pura  cordis  intima, 
Absistat.  et  vecordia: 
Garnis  terat  superbiam, 
Potus  cibique  parcitas. 

Mais  le  cœur  aussi  doit  être  pur  et  sans  souillures, 
et  il  faut  pour  cela  que  la  tempérance  dans  le  boire 
et  le  manger  maîtrise  la  ^hair  qui,  dans  son  orgueil, 
veut  dominer  et  se  révolter  :  c'est  l'objet  de  la  troi- 
sième strophe. 

IV 

Ut  cum  dies  abscesserit, 
Noctemque  sors  reduxerit, 
Mundi  per  abstinentiam, 
Ipsi  canamus  gloriam. 

Cette  pureté,  cette  exemption  de  fautes,  heureux 
fruits  de  la  mortification  de  la  langue,  des  yeux,  du 
corps  en  général  et  du  cœur,  nous  permettra,  quand  le 
jour  sera  fini  et  que  viendra  la  nuit,  de  célébrer  digne- 
ment les  louanges  de  Dieu  dans  une  prière  du  soir,  qui 
lui  dira  notre  reconnaissance.  Si  nous  obtenons  ainsi 
chaque  jour  cette  admirable  pureté,  nous  irons  au  soir 
de  la  vie  et  quand  la  mort  sera  venue,  chanter  au  ciel 
une  louange  éternelle. 

Telle  est  l'hymne  de  prime  «  où,  dit  l'abbé  Pimont, 
sous  les  âpretés  apparentes  d'un  style  merveilleuse- 
ment condensé,  se  pressent  les  plus  rares  beautés.  » 
(Les  hymnes  du  bréviaire  romain,  tom.  I.  hymne  à 
prime.  *). 

I.  M.  Pabbé  Pinaont,  vicaire  de  Notre-Dame  de  Plaisance, 


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56  DBS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES- 

ès  l'hymne  et  rantienne,  vient  le  psaume  lui* 
)  pouvait  être  mieux  placé.  Composé,  en  effet, 
ivid,  lorsque  la  trahison  des  Ziphéens  allait  le 
omber  entre  les  mains  de  Saul,(I  Reg.  xxiii,  19 
)  il  nous  fait  implorer  le  secours  de  Dieu  contre 
memis,  et  nous  invite  à  la  confiance:  prière  et 
lents  des  plus  opportuns  en  commençant  la 
ie.  Le  V.  6:  Voluntarie  sacrifîcabo  tibi  et  confite'- 
)mini  tuo,  exprime  bien  ce  sacrifice  de  louange 
tous  offrons  à  Dieu  dès  le  matin.  Le  psaume 
nt  si  parfaitement  à  prime,  qu'on  le  récite 
rs,  comme  le  psaume  Beati  immaculati,  soit 
ffices  du  dimanche  et  des  fêtes,  soit  à  ceux  des 

limanche  et  les  simples  fériés,  prime  a  quatre 
les  au  lieu  de  trois,  le  samedi  et  le  temps  pas- 
ceptés;  il  y  a  là  certainement  un  motif  de  pè- 
te. Nous  voyons,  en  effet,  que  les  psaumes  et  les 
s  sont  toujours  plus  nombreux  dans  un  office 
a  pas  une  fête  pour  objet.  On  comprend  dès 
>urquoi  l'exception  faite  en  faveur  du  samedi, 
ré  à  la  très  Sainte  Vierge,  et  du  temps  pascal, 
mt  en  quelque  sorte  assimilés  à  des  jours  de 
Le  quatrième  psaume  est  ajouté  après  le  pre- 
ui  doit  toujours  commencer  prime,  et  avant  le 
mmaculati,  pour  ne  pas  interrompre  celui-ci.  Il 
3  avec  les  fériés,  afin  que  tout  le  psautier  soit  ré- 
irant  la  semaine,  si  l'on  y  faisait  chaque  jour  l'of- 

fait  paraître  un  travail  remarquable  sur  les  Eymnes 
'.aire  romain  :  Etudes  critiques^  littéraires  et  mystiques. 
rons  déjà  les  hymnes  domiaicales  et  fériales  du  psautier 

du  temps.  (Avent,  Noël,  Epiphanie,  Carême,  Passion, 
ie  Pâques,  Ascension,  Pentecôte,  Trinité,  Saint  Sacre- 
Ces  études,  dont  le  titre  dit  suffisamment  les  divers 
,  accusent  une  grande  érudition  et  une  saine  critique  ; 

avis,  nous  n'avons  rien  de  mieux,  pour  le  moment, 
3  matière. 


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PRIME.  57 

fîce  du  temps.  Mais  ces  psaumes  intercalés,  ont  le  même 
objet  que  le  premier:  Deus  innomine  tuo^ei  sont  tou- 
jours en  harmonie  avec  le  but  de  prime.  C'est  une 
prière  contre  les  ennemis  de  la  journée,  ou  du  moins, 
un  sentiment  de  confiance  en  Dieu.  Les  voici  :  le  di- 
manche :  Confitemini  Domino  (cxvii)  ;  le  lundi  :  Domini 
est  terra  (xxni);  le  mardi  :  Ad  te  y  Domine,  levavi  ani- 
mam.  meam  (xxiv)  ;  le  mercredi  :  Judica  me,  (xxv)  ; 
le  jeudi  :  Dominus  régit  me  (xxu)  ;  et  le  vendredi  : 
DeuSy  Deus  meus  (xxi). 

Après  les  psaumes  on  récite,  le  dimanche,  quand 
on  en  fait  Tofûce,  le  symbole  de  saint  Athanase. 
Voici  ce  qu'en  dit  la  rubrique  au  titre  XXXIII  : 

On  récite  le  symbole  de  saint  Athanase  à  prime,  après 
le  psaume  Rétribue,  tous  les  dimanches  de  Tannée,  quand 
on  fait  l*office  du  dimanche,  excepté  les  dimanches  dans 
les  octaves  de  Noël,  de  TÉpiphanie,  de  l'Ascension  et  du 
Saint-Sacrement,  et  les  dimanches  de  Pâques  et  de  la 
Pentecôte,  où  Ton  ne  récite  que  les  trois  psaumes  ordinaires, 
comme  aux  fêtes.  On  le  dit  aux  dimanches  dans  les  autres 
octaves,  et  le  dimanche  de  la  Trinité,  jamais  un  autre 
jour,  ni  même  le  dimanche  quand  on  y  célèbre  une  fête 
double.  A  la  fin  de  ce  symbole,  on  dit  le  Gloria  Patri.» 

Le  symbole  de  saint  Athanase  est  un  admirable  ré- 
sumé de  la  doctrine  catholique  sur  les  mystères  de  la 
sainte  Trinité  et  de  rincarnation.  Baronius  Tattribue 
à  l'illustre  Docteur  dont  il  porte  le  nom  et  qui,  d'après 
hii,  l'aurait  composé  à  Rome,  comme  un  monument  so- 
lennel de  sa  foi.  (Annales.  Ann.  340.  n.  11.)  Au  rapport 
deVossins  (Dissertationes  de  tribus  SYmbolisApostolico, 
Athanasiano  et  Constantinopolitano),  quelques-uns  lui 
donnent  pour  auteur  Eusèbe  de  Verceil  ;  Mérati  dit 
qu'il  pourrait  bien  avoir  été  composé  en  France. 
(Sect.  V.  c.  XX.)  L'auteur  en  est  donc  inconnu  :  •  On 
n  a  élevé  en  ces  derniers  temps,  dit  Darràs,  quelques 
»  doutes  sur  l'authenticité  de  cette  formule  de  foi«  On 


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58  DBS  DIFFtRBNTBS  HBURBS  GANONIALBS. 

»  la  suppose  une  œuvre  collective  plutôt  que  la  pro- 
»  duction  spontanée  du  génie  d'Athanase.  Cela  peut 
»  être  ;  mais  ce  qui  n'est  pas  douteux,  c'est  qu'elle  ne 
»  dut  son  crédit  qu'au  patronage  de  l'illustre  Confes- 
»  seur  ;  s'il  ne  l'a  pas  composée  lui-même,  il  l'a  du 
»  moins  adoptée,  et  couverte  de  l'autorité  irréfraga- 
»  ble  de  son  nom.  »  (Hist.  de  l'Eglise^  T.  X.)  Quoi- 
qu'il en  soit,  le  symbole  de  saint  Athanase,  si  plein 
de  doctrine,  de  précision  et  de  clarté,  est  très  ancien. 
Nous  en  trouvons  des  exemplaires  au  moins  à  partir 
du  vn*  siècle,  et  il  est  souvent  cité  depuis  ce  temps- 
là.  Un  concile  d'Autun,  de  670,  en  fait  mention;  Théo- 
dulphed'Orléans  l'expliquait  en  Tannée  800;  un  évoque 
de  Bâle,  Ayton,  prescrivit  à  ses  clercs,  vers  la  même 
époque,  de  le  direà  prime.  Bathérius,  évêque  de  Vérone 
en  930,  voulait  que  ses  prêtres  l'apprissent  par  cœur, 
comme  le  symbole  des  apôtres  et  celui  de  la  messe. 

On  le  récitait  autrefois  tous  les  jours  à  prime,  nous 
apprend  Honorius  d'Autun  {Gemma  animae,  lib.  II,  c. 
Lix)  ;  les  Chartreux  ont  conservé  cet  usage.  Il  n'est 
plus  récité  maintenant  qu'à  l'office  du  dimanche, 
parce  que  ce  jour  est  consacré  à  la  sainte  Trinité,  et 
que  le  principal  mystère  du  Verbe  incarné,  sa  résur- 
rection, eut  lieu  le  dimanche.  On  ne  pouvait  l'omettre 
non  plus  en  la  fête  même  de  la  Trinité.  Mais  si  ce  der- 
nier mystère  cependant  était  titulaire  d'une  église,  on 
ne  dirait  le  symbole  que  le  dimanche  de  la  fête  et 
celui  de  son  octave,  et  non  les  six  autres  jours.  (5  mai 
1736.) 

Le  Gioria  Patri  devait  tout  naturellement  terminer 
ce  magnifique  symbole  *. 

1.  On  peut  consulter  sur  le  symbole  de  saint  Athanase,  dans 
le  tome  XXVIII  de  la  Patrolog.  grecque  de  Migne,  la  disserta- 
tion intitulée:  Diatribœ  in  symbolum  Quicumque,  col.  1568- 
i604.  Le  P.  Lebrun  a  commenté  ce  symbole  dans  son  EX' 
TpHeatwn  delaMeêse. 


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fRIMI.  91 

Prime,  comme  les  autres  Heures  de  l'office,  a  son 
capitule.  Il  y  en  a  deux  différents,  l'un  pour  l'office 
des  fêtes  et  des  dimanches,  et  l'autre  pour  celui  des 
fériés  :  tous  deux  s'inspirent  de  la  même  pensée  quant 
au  fond.  Celui  des  fêtes  est  un  souhait  de  gloire  au 
seul  Dieu  véritable,  au  Roi  immortel  et  invisible  des 
siècles,  au  Dieu  Trinité;  nous  promettons  implicite- 
ment de  travailler  tout  le  jour  à  sa  glorification, 
sans  la  compromettre  en  rien  dans  notre  conduite,  et 
nous  en  demandons  la  grâce.  Ce  capitule  est  tiré  de  la 
première  épltre  à  Timothée  (1,  17)  :  Régi  sœculorum 
immortalL..  Celui  des  fériés  est  emprunté  au  pro- 
phète Zacharie.  (vni,  19.)  D  nous  rappelle  que  nous 
devons  passer  le  jour  dans  la  paix  avec  Dieu,  avec  le 
prochain  et  avec  nous-même,  et  dans  la  vérité  :  Pa- 
cem  et  veritatem  diligitey   ait  Dominus  omnipotens. 

Un  répons  bref  suit  le  capitule.  On  l'appelle  ainsi, 
comme  ceux  des  autres  petites  heures,  par  opposition  aux 
grands  répons  des  matines.  Il  est  toujours  le  même  à 
prime.  Nous  demandons  à  Jésus-Chri^st  sa  grâce  pour 
accomplir  nos  devoirs  et  combattre  nos  ennemis,  du- 
rant la  journée  présente.  Il  y  a  dans  ce  répons  bref,  un 
verset  qui  change  assez  souvent,  parce  qu'on  a  voulu 
donner  une  fois  de  plus,  dans  cette  première  heure  ca- 
noniale du  jour,  un  souvenir  spécial  au  mystère  célébré, 
quand  il  est  plus  important;  c'est  le  verset  :  Qui  sedes 
ad  dexteram  Patris,  remplacé  de  la  manière  suivante  : 
pendant  l'avent:  Quiventurus  es  in  mundum;  —à Noël  : 
Qui  natus  es  de  Maria  Virgine;  —  à  l'Epiphanie  :  Qui 
apparuistihodie;  — à  certains  offices  de  la  Passion  :  Qui 
pro  nobis  pati  dignatus  es,  —  Qui  passus  es  propter 
nostram  salutem,  —  Qui  vuineratus  es  pro  nobis^  — 
Qui  tuo  nos  sanguine  redemisti;  —  durant  le  temps  Pas- 
cal: Que  surrexisti  à  mortuis;  —  à  l'Ascension:  Qui 
scandis  super  sidéra;  —  aux  offices  de  Saint-Sulpice  : 
la  Yie  intérieure  de  Notre-Seigneur  :  Quiplenus  es  omni 


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60  DBS  DIFFÉRENTES  HBURBS  CANONIALES. 

grattât  —  le  Sacerdocede  Notre-Seigneur  :  Quiessacer- 
dosin  mtemum^  —  la  Vie  intérieure  de  Marie  :  Qui  rési- 
des in  Maria  Virgine;  —  aux  offices  du  Saint-Sacrement 
et  de  la  très  sainte  Vierge  :  Qui  natus  es  de  Maria  Vir^ 
giîie.  L'ordo  indique  ces  changements  par  cette  abré- 
viation :  Ad  Prim.  t ...  Le  verset  propre  se  dit  pen- 
dant toute  l'octave  de  la  fête,  même  aux  offices  qui  ne 
sont  pas  de  cette  octave,  pourvu  qu'il  ne  survienne  pas 
une  autre  fête  qui  aurait  aussi  à  prime  son  verset. 

Ce  qui  suit  le  capitule  et  le  répons  bref,  appartient 
exclusivement  à  Theure  de  prime  ;  c'est  la  lecture  du 
Martyrologe  et  une  série  de  prières. 

La  rubrique  particulière  de  prime  prescrit  de  lire,  au 
chœur,  le  martyrologe  après  l'oraison  Domine,  Deusom- 
nipotens.  Cette  lecture  n'est  pas  obligatoire  dans  la  réci- 
tation privée,  et  on  y  supplée  au  réfectoire,  dans  certai- 
nes communautés.  Nous  avons  indiqué,  dans  les  prolé- 
gomènes généraux,  l'origine  du  martyrologe  ainsi  que 
les  règles  et  les  motifs  de  sa  lecture.  (T.  I,  p.  44.) 
L'Eglise  veut  ainsi  nous  offrir,  dès  le  commencement 
du  jour,  des  modèles  et  des  protecteurs  :  «  Hic  finis^  dit 
le  cardinal  Bona,  et  scopus  est,  ob  quem  Ecclesia  sin- 
gulis  diebus  post  primam  legi  voluit  martyrologium,  ut 
eorum  facta  imitemur  quorum  exitus  admiramur,  » 
(Div.  Psalm.  c.xYi^  §  19:  Delectionemartyrologii,)  La 
lecture  a  toujours  pour  objet  les  saints  du  lendemain, 
afin  de  nous  mieux  préparer  à  célébrer  leurs  fêtes,  qui 
du  reste  commencent  la  veille,  dans  le  Calendrier  ecclé- 
siastique. 

Le  t.  et  Foraison  qui  suivent  sont  inspirés  par  la 
lecture  du  martyrologe;  nous  y  célébrons  la  mort 
sainte  et  souvent  glorieuse  des  Élus  :  t.  Pretiosa  in 
conspectuDomini;  5?.  Mors  sanctorum  ejus  (Ps.  cxv,  5), 
et  nous  implorons  leur  secours  :  Sancfa  Maria  et  om- 
nés  sancti  intercédant  pro  nobis  ad  Dominum^  ut  nos 
mereanur  abeo  adjuvari  et  salvari^  qui  tivit Ces 


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PRIME.  61 

prières  sont   comme  une  conclusion  du  Martyrologe. 

Celles  qui  le  précèdent  immédiatement  ou  qui  le 
suivent  encore,  sont  on  ne  peut  plus  appropriées  à 
rheure  de  prime.  Le  but,  en  effet,  que  TEglise  s'est 
proposé  dans  cette  première  heure  est  surtout,  nous 
l'avons  dit,  de  nous  prémunir  contre  les  dangers  du 
jour  et  de  nous  obtenir  les  grâces  dont  nous  y  aurons 
besoin;  or,  voici  ces  prières. 

t.  Levez-vous,  ô  Jésus,  venez  à  notre  secours. 

flf.  Et  délivrez-nous  de  nos  [ennemis  à  cause  de  votre 
saint  nom.  (Ps.  XLIIL  dern.  vers.) 

ORAISON 

Seigneur,  Dieu  tout-puissant,  qui  nous  avez  permis 
de  voir  le  commencement  de  ce  jour,  secourez-nous 
de  votre  protection  si  efficace,  afin  que,  durant  la 
journée  présente,  nous  ne  commettions  aucun  péché, 
mais  que  nos  paroles,  nos  pensées  et  nos  œuvres  soient 
appliquées,  au  contraire,  à  l'observation  de  votre  loi. 
t.  0  mon  Dieu,  voyez  le  besoin  que  j'ai  de  votre  se- 
cours. 

Çr.  Hâtez-vous,  Seigneur,  de  me  venir  en  aide.  (Ps. 
LXIX,  2.) 

«  Cette  invocation  est  répétée  trois  fois,  dit  Durand 
de  Monde,  à  cause  de  nos  trois  grands  ennemis  :  le  dé- 
mon, le  monde  et  la  chair,  et  aussi  parce  qu'elle  s'a- 
dresse aux  trois  personnes  divines,  ce  qui  explique  la 
doxologie  qui  termine  la  triple  invocation.  (Lib.  V, 
c.  Y  de  Prima  18.) 

Le  Gloria  Patri  amène  une  autre  invocation  à  la  Tri- 
nité sainte:  humble  et  instante  prière  à  sa  divine  misé- 
ricorde :  Kyrie  eleison^  Christe  eleison.,  Kyrie  eleison. 

he  Pater  ^  la  prière  par  excellence,  devait  avoir  ici  sa 
place,  puisque  nous  y  demandons  tout  ce  qu'on  peut 
désirer  pour  soi-même  ou  pour  la  gloire  de  Dieu. 

t.  Jetez,  ô  mon  Dieu,  sur  vos  serviteurs  et  vos  créa- 

4 


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62  DIS  DIFFÉRENTES  HEURES   CANONIALES. 

tures,  un  regard  d'amour  ;  dirigez  tout  ce  qu'ils  font 
vers  le  bien.  i^.  Que  la  lumière  du  Seigneur  brille  sur 
nous  pour  guider  nos  pas  !  Que  toutes  nos  œuvres  diri- 
gées par  vous,  ô  mon  Dieu,  opéra  manuum  nostrarum, 
n'aient  qu'un  but  :  votre  gloire  et  votre  volonté  :  et  opus 
manuum  nostrarum  dirige.  (Ps.  lxxxix,  2  dern.  vers-.) 

Ce  but  est  indiqué  par  la  Doxologie  qui  suit  encore: 
Gloria  Patri. 

ORAISON. 

«  Oui,  Seigneur  mon  Dieu,  Roi  du  ciel  et  de  la  terre, 
daignez  aujourd'hui  diriger,  sanctifier,  maîtriser  et 
gouverner  dans  le  sens  de  votre  loi  et  de  l'accomplisse- 
ment de  vos  préceptes,  nos  cœurs  et  nos  corps,  nos  sens 
et  nos  paroles,  tout  ce  que  nous  ferons  ;  nous  vous  le 
demandons,  afin  que  maintenant  et  toujours,  nous  mé- 
ritions, avec  le  secours  de  votre  grâce,  d'être  exempts 
du  péché  et  de  nous  maintenir  dans  la  voie  du  salut.  » 

Une  leçon  brève  conclut  l'heure  de  prime.  Tirée  de 
TEcriture,  elle  vient  là  comme  sanctifier  nos  études  et 
nos  travaux  du  jour.  «  Il  la  fallait  plus  courte  que  les 
leçons  des  nocturnes,  dit  le  cardinal  Bona,  parce  que 
c'est  le  moment  du  travail  où  l'on  ne  doit  pas  trop  al- 
longer la  prière.  »  (De  lectionibus,)  Dans  l'office  des  fô- 
tes,  cette  leçon  brève  est  toujours  le  capitule  de  none  ; 
ainsi  la  première  petite  heure  nous  donne  le  même  en- 
seignement que  la  dernière,  et  toutes  deux  se  termi- 
nent en  reportant  nos  pensées  et  nos  cœurs  vers 
l'objet  de  la  fête. 

Une  formule  de  bénédiction,  qui  a  toujours  en  vue 
la  sanctification  du  jour,  précède  laleçon  brève,  comme 
toutes  les  leçons  de  l'office  :  Lies  et  actus  nostros  in  sud 
pace  disponat  Dominus  omnipotens. 

Cette  leçon  brève  est  suivie  d'une  dernière  prière, 
élan  de  confiance  qui,  avec  la  bénédiction  demandée 
à  Dieu  et  un  pieux  souvenir  donné  aux  âmes  du  pur- 


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PRIMB.  63 

gatoire,  termine  on  ne  peut  mieux  la  première  heure 
du  jour  :  t.  Adjutorium  nostrum  in  nomine  Domini.  — 
Tji.  Qui  fecit  cœlum  et  terram.  (Ps.  cxxiii,  fin.) 

Dominusnos  benedicat^  et  ab  omnimalo  defendat^  et 
ad vitam perducat  âstemam,  G'e&i  laformuledela  béné- 
diction finale,  que  nous  retrouvons  équivalemment  à 
la  fin  de  compiles,  commençant  ainsi  la  journée  comme 
nous  la  finissons.  Cette  bénédiction  est  demandée  par 
ces  mots  Benedicite  iv.  Deus:  Bénisse z-nous,  ô  mon 
Dieu,  ou  mieux  Bénissez-nous;  on  s'adresserait  alors 
à  Tabbé  ou  au  président  du  chœur  censé  présent,  et  qui 
répondrait  :  Deus^  Dieu  va  vous  bénir  par  nos  mains, 
va  nous  bénir  tous.  —  «  A  la  fin  de  prime,  en  effet, 
dit  Grancolas ,  le  célébrant  donne  sa  bénédiction  : 
Benedicite,  Dominus  nos  benedicat;  cela  est  aussi  à  la 
fin  de  Compiles.  C'était  Tancien  usage  de  donner  la  bé- 
nédiction à  la  fin  de  chaque  office,  et  les  évoques  le  font 
encore  aujourd'hui  solennellement.  »  (De  Toffice  divin. 
Déprime,  etc.) 

Etfideliumanimœpermisericordiam  Dei  requiescant 
inpace.  —  ^m^.  Notre  dernière  pensée  sera,  comme 
dans  les  autres  heures  de  l'office,  pour  le  soulagement 
des  défunts  :  admirable  communion  de  souvenir  ou  de 
prière  entre  les  trois  Eglises  du  triomphe,  du  combat 
et  de  la  souffrance. 

On  ne  fait  pas  de  signe  de  croix,  pour  ne  pas  trop  le 
multiplier,  à  Deus  in  adjutorium  qui,  trois  fois  répété, 
suit  Tinvocation  Sancta  Maria  et  omnes  sancti^  ni  à 
V Adjutorium  nostrum  qui  précède  immédiatement  la 
formule  de  bénédiction  ;  mais  il  faut  le  faire  à  Domi- 
nus  nos  benedicat ^  le  signe  de  croix  accompagnant  tou- 
jours la  bénédiction,  ainsi  qu'à  IMc^w/ormm  nostrum 
qui  précède  le  Confiteor^  quand  on  dit  les  prières,  la 
raison  de  multiplicité  n'existant  plus  alors. 

Nous  terminons  ici  tout  ce  qui  concerne  prime.  Cette 
première  heure  canoniale  du  jour,  comme  il  est  facile 


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(^  DIS  DIFFtRBNTBS  HBURES  CANONIALES. 

de  le  voir,  est  une  belle  prière  du  matin,  et  l'on  n'en 
récite  pas  d'autre,  dans  certains  ordres  religieux. 

§11.  —   TIERCE,    8EXTB  ET  NONE. 

Nous  réunissons  ces  trois  petites  heures  pour  nous 
conformer  à  la  rubrique  ;  elles  ont,  du  reste,  des  carac- 
tères communs  d'origine  et  de  composition  qui  per- 
mettent d'abord  de  les  grouper  ainsi. 

Leur  origine  remonte  aux  temps  apostoliques,  en  ce 
sens,  du  moins,  que  les  apôtres  et  les  premiers  chré- 
tiens priaient  déjà  aux  trois  heures  du  jour  qui  leur 
correspondent.  Saint  Pierre  nous  dit  que  l'Esprit-Saint 
descendit  sur  lui  et  sur  ses  frères  à  la  troisième  heure 
du  jour,  alors  qu'ils  étaient  en  prière,  (Act.  ii,  16.)  Il 
ne  manquait  pas  lui-même  de  monter  chaque  jour,;?owr 
y  prier  à  r heure  de  sexte,  sur  la  terrasse  de  Simon  le 
Corroyeurqui  lui  avait  donné  l'hospitalité.  (Id.  X,  9.) 
Le  même  Apôtre  se  rendait  enfin  au  Temple  à  l'heure  de 
None  avec  saint  Jean,  quand  le  paralytique  fut  par  lui 
guéri  miraculeusement.  Il  est  fait  mention  de  ces  trois 
petites  heures  dès  les  premiers  siècles:  ainsi  les  Cons- 
titutions Apostoliques,  monument  très  ancien,  les 
nomment  expressément:  Precationes  facite,..horâ  ter^ 
tiâ, sextâ  et  nonâ.  (Lib.  VIII,  c.  34.)  TertuUien,  dans  son 
livre  de  jejuniisy  explique  pourquoi  l'Eglise  fait  prier 
aux  heures  de  tierce,  desexte  et  de  none.  Clément  d'A- 
lexandrie, dans  les  Stromates,  dit  que  c'est  pour  honorer 
la  Sainte  Trinité.  (1.  VII.)  Saint  Cyprien,dans  son  livre 
De  Oratione  domi7îicâ,no\is  donne  en  desparoles  cTor ,dit 
Bona,lesensdes  heures  canoniales  parmi  lesquelles  on 
trouve  mentionnées  :  tierce,  sexte  et  none.  Saint  Atha- 
nase,  dans  son  livre  de  Virginitate  et  meditatione,  s'ex- 
prime ainsi  :  Post  Tertiam  synaxes  conjicies,  quoniam 
eâ  horâ  defixum  est  lignum  crucis;  sextâ  horâ  absolves 
deprecationes  cumpsalmis,ploratu  etsupplicationibus, 
quoniam  hâc  horâpependit  Filius  Dei  in  Cruce  ;  nonâ 


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TIERCE,  SEXTE  ET  NONB. 

hofâ  rursîim  in  hymnis  et  glorificationibus  eris 
niam  hâc  horâ  Dominus^  in  cruce  pendens^  rei 
jçpe'nYwm.  Saint  Epiphane  nous  apprend  dans  s 
des  Pères  (Lib.  V), qu'il  fit  célébrer  dans  son  monj 
les  heures,  de  tierce,  de  sexte  et  de  none,  et  se^ 
coutume  des  anciens^  more  majorum.  Saint  Chi 
tome,  commentant  le  verset  du  psaume  c?:viii®:  s 
in  die  laudem  dixi  tibi^  fait  remarquer  que  les 
pieuses  suivent  cet  exemple,  la  nuit,  au  lever  du  i 
aux  heures  de  tierce,  de  sexte  et  de  none,  an  couch 
soleil  et  avant  de  prendre  leur  repas.  Saint  Jérôme 
vait  à  la  vierge  Eustochium:  «  Eoram  tertiam^  se. 
nonamquoque^  et  vesperam,  nemo  estquinesciatj 
22.)  Saint  Augustin  nomme  expressément  les  m 
petitesheuresdansson discours 55^.  Inutilede  proL 
davantage  ces  citationsJNos  troispetites  heures, p( 
fond  du  moins,  et  en  tant  que  prière  publique  re 
tant  donc  jusqu'aux  apôtres,  ce  qui  les  faisait  af 
Apostoliques,  par  Tertullien. 

La  rubrique  va  nous  montrer  maintenant,  s( 
titre  XVI,  comment  elles  sont  composées  : 


«  1.  Au  commencement  de  tierce,  de  sexte  et  de 
on  dit  :  Pater  noster,  Ave  Maria,  \Deus  in  adjutc 
l'hymne  et  les  psaumes  comme  au  psautier.  Les  antie 
selon  la  qualité  de  Toffice,  se  disent  suivant  l'ordre 
que  sous  le  titre  précédent.  Après  les  psaumes  et 
tienne,  on  récite  le  capitule  et  le  répons  bref,  suivant 
la  qualité  de  l'office.  Quand  il  n'y  en  a  pas  au  prop 
Temps,  on  les  prend,  les  dimanches  et  les  fériés,  au 
tier.  Aux  fêtes,  on  les  prend  au  conmiun,  s'il  n'y  en 
au  propre  des  saints.  Après  le  répons  bref,  on  di 
minus  vobiscum,  et  l'oraison  qui  se  trouve  au  prop 
temps,  ou  au  propre  des  saints,  si  on  fait  l'office 
saint,  et  à  défaut  de  celle-ci,  on  prend  l'oraison  du  com 

«  2.  On  répète  après  l'oraison  Dominus  vobiscum,  i 
dit  ensuite  :  Benedicamus  Domino,  Fidelium  animiaeei 

4. 


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66  DES  DIFEÈRBNTBS  HEURES  CANONIALES. 

noster,  à  voix  basse»  comme  on  l'explique  pour  l'Oraison 
Dominicale.  » 

Telle  est  la  rubrique  commune  à  ces  trois  petites 
heures;  elles  ont  cependant  quelques  traits  particuliers 
dont  il  nous  faut  parler  maintenant. 

XI.  1.  TieroA. 

Tierce,  Tertia^  est  donc  l'heure  canoniale  qui  répond 
à  la  troisième  heure  du  jour,  ou  neuf  heures;  elle  com- 
prend aussi  la  deuxième  partie  de  l'ancienne  division 
dujour,c*est-à-dire,de  neuf^heures  à  midi.Duranti  nous 
apprend  que  cette  heure  était  appelée  heure  d^or^  hora 
aurea{de  Rit.  Eccl.c,  vin);  on  la  nomme  dans  le  droit: 
Heure  sainte  ou  sacrée,  Hora  sacra.  (Dist.  44.  c.  de  Con- 
secr,)  Mais  pourquoi  ces  beaux  noms  donnés  à  tierce? 
C'est  parce  qu'elle  correspond  aune  heure  plus  remar- 
quable que  toutes  les  autres,  dit  l'abbé  Rupert:  acœte^ 
ris  illustratior  est,  »  {De  Div.  o//îc.l.X,  c.  18.)  A  neuf 
heures  du  matin,  en  effet,  Notre  Seigneur  fut  condamne 
à  mort,  comme  l'observent  saint  Ignace  martyr  (£'/?.  ad 
Trallian.)y  et  saint  Athanase  (Lib.  de  Virginitate);  à 
lures  aussi,  s'accomplit  le  grand  miracle  de  la 
ite,  qui  donne  à  cette  heure  son  plus  grand  éclat, 
Lt  Isidore.  {DeEcclesioffic.X  I.)  L'Eglise  devait 
er  par  la  prière  une  heure  si  sainte  :  «  Quomodo, 
le  Gard.  Bona,  hâc  horâ  tacere  poterit,  quamtot 
\da  mysteria  ipsaque  Spiritus-Sancti  gratta  cœ- 
charismatum  sacramentis  nobilitarunt?  (De 
I  Mais  l'intention  de  l'Eglise  est  surtout  d'hono- 
iescente  du  Saint-Esprit  sur  les  apôtres,  nous 
lt  Basile.  {In  Reg.  suscip.  disp,  q.  37.) 
mne  de  tierce,  en  effet,  s'inspire  de  ce  grand 
lent  et  nous  fait  soupirer  après  la  venue  du  Saint- 
ians  nos  âmes.  Elle  est  de  saint  Ambroise,  d'a- 
témoignage  formel  d'Hincmar  de  Reims  au  neu- 
nècle,  et  porte  avec  elle  tous  les  caractères  d'au- 


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TIERCE.  67 

thenticité  :  élévation  des  pensées,  mystique  profonde» 
onction  pénétrante,  poésie  d'une  allure  brève  et  aus- 
tère, et  surtout  des  expressions  familières  au  grand  é vé- 
que  de  Milan. 

Nunc,  Sancte  nobis  Spiritus, 
Unum  Patri  cum  Filio, 
Dignare  promptus  ingeri 
Nostro  refusus  pectori. 

Nunc  :  à  cette  heure  solennelle  de  la  Pentecôte. 

Nobis,  «  lié  de  si  près  et  comme  mêlé  aux  deux  mots 
«  sancte  Spiritus,  dit  Tabbé  Pimont,  ce  mot  est  le  premier 
«  trait  de  cette  opération  intérieure  et  profonde  de  TEs- 
f  prit-Saint,  siénergiquement  exprimée  ensuite  par  le 
€c  verbe  ingeri,  avec  lequel  il  se  trouve  en  relation.  » 
«  (Hymne  de  Tierce.) 

Unum  Patri  cum  Filio  :  c'est  l'unité  de  Substance, 
avec  le  Père  et  le  Fils,  et  la  distinction  des  Personnes. 

Promptus:  le  Saint-Esprit  est  prompt  à  se  communi- 
quer comme  la  lumière  et  la  flamme. 

Ingeri  :  il  pénètre  l'âme  de  toute  part  et  dans  toutes 
ses  facultés. 

Nostro  refusus  pectori  (refusus  pour  rursus  infusus)  : 
allusion  à  la  Pentecôte  que  nous  désirons  voir  se  repro- 
duire en  nous. 

Os,  lingua,  mens,  sensus,  yigor, 
Gonfessionem  personent; 
Flammescat  igné  charitas, 
Accendat  ardor  proximos. 

«  Que  notre  visage,  notre  langue,  notre  esprit,  notre 
cœur,  notre  activité,  que  tout  en  nous,  transfiguré  par 
votre  venue,  publie  vos  louanges;  que  le  feu  de  votre 
charité  brille  en  nous,  que  son  ardeur  nous  embrase 
tous!  » 

Telle  est  cette  hymne  si  simple  en  apparence,  mais 
en^réalité  si  belle  et  si  élevée;  ce  qui  faisait  dire  à  Deny s 


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68  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

irlreux:  «  Hune  brevem  hymrmm  non  brevinec 
devotione cantemus  (Opéra).  *  » 
jour  de  la  Pentecôte  et  pendant  l'octave,  elle  est 
icée  par  le  Veni^  Creator  Spiritus,  cette  hymne 
•telle  appelée  par  D.  Guéranger  :  «  un  cantique 
rs  nouveau  et  toujours  inépuisable.  »  Saint  Hu- 
ibbé  de  Cluny  au  xi®  siècle,  eut  le  premier  la  pen- 
atroduire  le  Ve?ii  Creator  dans  l'office  de  tierce,  au 
e  la  Pentecôte,  et  l'Eglise  romaine  adopta  ce  pieux 
dans  sa  liturgie,  vers  le  xu®  siècle.  On  en  com- 
laraison.Le  Veni  Creator  est  l'hymne  de  laPen- 
et  de  l'Esprit-Saint,  aucune  autre  ce  jour-là  ne 
la  remplacer  à  rheure  de  tierce,  consacrée  àTEs- 
nctificateur  et  à  son  mystère.  Les  deux  hymnes, 
oute,  ont  le  même  objet,  mais  on  voulait,  par  ce 
îment,  fixer  mieux  l'attention, 
première  strophe  du  Vent  Creator  est  toujours 
e  à  genoux,  pour  exprimer  ainsi  la  Divinité  du 
ïsprit  et  notre  humble  confiance, 
jouvenir  du  glorieux  mystère  qui  en  fait  Tobjet, 
est  la  seule  des  petites  heures,  qui  puisse  être 
efois  célébrée  solennellement;  c'est  quand  l'évê- 
îcie  lui-même,  et  aussi,  d'après  les  auteurs,  le 
i  la  Pentecôte,  dans  toutes  les  églises.  Le  céré- 
ides  évêques(L.  II,  c.  viii,  5,  6,  18)  indique  la 
'e  de  chanter  tierce,  quand  elle  est  présidée  par 
le;  dans  ce  cas,  on  y  observe  les  mêmes  cérémo- 
ii'à  laudes  et  à  vêpres, 
on  chante  ainsi  tierce,  il  faut  toujours  le  faire 


snys  le  Chartreux,  religieux  de  Ruremonde,  mourut 
.  Il  servit  l'Eglise  par  son  savoir  et  ses  vertus  ;  son 
de  la  contemplation  le  fit  surnommer  aussi  le  DoC" 
itique.  Nous  avons  dans  les  2  vol.  in-fo  de  ses  œuvres, 
nentaire  de  plusieurs  hymnes  du  bréviaire  qui  parut  à 
1642,  sous  ce  titre  :  Dionysii  Carthusiani  Hymnorum 
)eterum  eeclesiasticorum  pia  nec  minus  eruàUa  enarratio. 


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SEXTË.  69 

avant  la  grand'  messe  dont  Theure  canonique  aux 
jours  de  fêles  est  précisément  de  neuf  à  dix  heures, 
d'après  un  décret  du  pape  saint  Télesphore.  «  L'Eglise 
»  a  choisi  cette  heure  dans  tout  le  cours  de  Tannée,  dit 
»  D.  Guéranger,  comme  la  plus  propice  pour  l'offrande 
»  du  saint  sacrifice,  auquel  préside  FEsprit-Saînt  dans 
»  toute  la  puissance  de  son  opération.  »  {V Année  litur 
gique.  Temps  pascal,  le  jour  de  la  Pentecôte.) 

Le  capitule  de  tierce,  aux  jours  de  fêtes,  est  toujours 
celui  des  laudes;  l'Eglise  veut  ainsi  unir,  par  un  lien 
commun,  Tofflce  de  la  nuit  et  celui  du  jour  qui  font  un 
seul  et  même  office. 

Au  t.  14®  du  premier  psaume  de  tierce,  il  y  a  une 
variante  dans  les  éditions  des  bréviaires  ;  les  unes 
portent  :  Et  loquebar  in  testimoniis  tuis,  et  les  autres  : 
de  testimoniis  tuis.  La  première  version  est  la  vraie, 
comme  étant  celle  de  la  Vulgate  (12  Aug.  1854),  mais 
le  sens  est  le  même,  et  le  texte  hébreu  se  prête  aux  deux 
versions. 

L'histoire  nous  a  conservé  le  souvenir  d'un  miracle 
qui  se  fit  deux  fois  à  l'heure  de  tierce,  en  la  fête  de 
la  Pentecôte  :  un  globe  de  feu  descendit  sur  les  Frères 
Prêcheurs  de  Montpellier,  en  1247,  au  moment  où  ils 
chantaient  au  chœur  le  Veni  Creator  (Ferdinand  de 
Castille,  Histoire  de  l'ordre  de  saint  Dominique,  1.  I, 
c.  Lxi),  et  plus  tard,  à  Rome,  sur  saint  Philippe  de 
Néri,en  la  même  circonstance.  {Sa  Vie.)  Dieu  ne  multi- 
plie pas  ses  prodiges;  mais  soyons  assurés  qu'il  nous 
dispensera  les  dons  et  les  fruits  du  Saint-Esprit  si  nous 
récitons  tierce  avec  ferveur. 

N.  2.  Sexte. 

C'est  l'heure  canoniale  qui  répond  à  la  sixième 
heure  ou  à  midi,  et  aussi  à  la  troisième  division  du 
jour,  de  midi  à  trois  heures  du  soir.  Le  milieu  du  jour, 
avec  la  fatigue  qu'il  entraîne  après  lui  et  son  soleil 


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70  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES- 

plus  ardent,  devait  être  sanctifié  par  la  prière.  Le  dé- 
mon, en  effet,  profite  de  ces  circonstances  pour  nous 
tenter,  et  nous  avons  besoin  de  la  grâce  pour  vaincre 
ce  démon  du  midi,  comme  l'appelait  David  :  «  Non  ti- 
mebis..,  ah  incursu  et  dgemonio  meridiano.  »  (Ps.  XG,  5 
et  6.)  L'auteur  de  Thymne  s'est  évidemment  inspiré  de 
cette  pensée.  Après  avoir  exalté  la  puissance  de  Dieu, 
qui  a  tout  fait  avec  une  sage  mesure,  et  la  splendeur  du 
matin,  et  les  feux  du  midi,  il  le  prie  d'éteindre  en  nous 
ou  parmi  nous,  le  feu  de  la  discorde  et  celui  des  pas- 
sions, non  moins  contraires  à  la  paix  du  cœur  qu'à  la 
santé  du  corps. 

Rector  potens,  verax  Deus, 
Qui  temperas  rerum  yices, 
Splendore  mane  illuminas 
Et  ignibus  meridiem. 

Extingue  flammas  litium, 
Aufer  calorem  noxium, 
Gonfer  salutem  corporum 
Yeramque  paœm  cordium. 

L'hymne  offre  tous  les  caractères  des  hymnes  Am- 
brosiermes  et  appartient,  en  effet,  au  saint  Docteur  : 
îî  c'est  toujours,  dit  Biraghi  S  la  même  main,  le  même 
souffle,  la  même  harmonie.  » 

Mais  l'heure  de  midi  a  aussi  ses  mystères  :  celui  de 
l'ineffable  entretien  de  Jésus  avec  la  Samaritaine  :  Erat 
enim  hora  sexta  {Joarm.  iv,  6  et  seq.)  ;  de  la  mission 
que  saint  Pierre  reçut  pour  la  conversion  des  Gentils  : 
Adscendit  Petrus  in  superiora  ut  oraret  circa  horara 
sextam  (Act.  x,  9);  et  des  ténèbres  qui  enveloppèrent  le 
monde  quand  Jésus  fut  élevé  sur  la  croix  :  A  sextd 
autem  horâ  tenebrœ  factœ  sunt  usque  ad  horam  nonam. 
(Math,  xxvii,  45.)  «  Aliud  spectaculum  est  horâ  sextd 

i.  Louis  Biraghi,  directeur  de  la  Bibliothèque  Ambrosienne, 
a  donné,  en  1862,  uo  commentaire  italien  des  hymnes  du  glo- 
rieux éTôque  de  Milan. 


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SEXTE.  7i 

exhibiiuniy  dit  le  pieux  cardinal  Bona,  aliud  mysticum 
hâc  horâ  impletum  quod  animum  meum  magis percel- 
lit^  commovetviscera,  concutitmentem^  calamum  urget  : 
ChristuSy  Dei  Filius^  heu^  quantum  in  hoc  nomine  et 
doloris  et  sensûs!  Jesus^  inquam,  Salvator  mundi^ 
hâc  ipsâ  horâ  pro  salutc  nostrâ  crudeliter  crucifixv^  • 
(Div.  Psalm.  de  sexta.)  «  Il  convenait  donc  que  l*Eg 
à  cette  heure,  dit  Durand  de  Mende,  offrît  à  Diei 
louange,  et  lui  rendit  grâces.  {De  sextâ,) 

Nous  aussi,  nous  devons  puiser  dans  ces  touchi 
souvenirs,  de  nouveaux  motifs  de  prier  alors  avec 
deur,  en  union  avec  Jésus-Christ,  pour  lasanctifica 
des  âmes,  l'extension  de  l'Eglise,  Taccomplissemen 
la  volonté  de  Dieu  sur  la  terre. 

Un  autre  mystère  s'accomplit  à  cette  heure,  d'à] 
une  tradition  très  ancienne.  Les  Constitutions  apo 
liques  nous  disent,  en  effet,  que  Notre-Seigneur  me 
au  ciel  à  midi.  (Lib.  IV,  c.  19.)  Nous  pouvons  dès  1 
pour  alimenter  notre  foi  et  fixer  davantage  notre 
tention,  nous  unir,  en  récitant  sexte,  aux  sentim 
des  disciples  et  de  Marie,  quand  ils  virent  le  Seigi 
s'élever  dans  la  nue,  après  en  avoir  reçu  la  dern 
bénédiction  *.  Mais,  écoutons  ici  D.  Guérang 
«  Une  tradition  descendue  des  premiers  siècles,  et 
firmée  par  les  révélations  des  saints,  nous  appi 
que  l'heure  de  l'Ascension  du  Sauveur  fut  l'heur 
midi.  Les  Carmélites  de  la  réforme  de  Sainte  Thd 
honorent  d'un  culte  particulier  ce  pieux  souveni 
l'heure  où  nous  sommes,  elles  sont  réunies  au  ch 
vaquant  debout  à  la  contemplation  du  dernier 
mystères  de  Jésus,  et  suivant  l'Emmanuel,  de  lape 
et  du  cœur,  aussi  haut  que  son  vol  divin  l'emporl 

i.  C'est  à  cause  de  cette  tradition  yénérable  que  dan: 
glise  de  Saint-Sernin  de  Toulouse,  on  donne  chaque  ann 
jour  de  PAscension  à  midi»  un  salât  très  solennel  du  S 
Sacrement. 


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72  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

«  Suivons-le  aussi  nous-mêmes  ;   mais  avant  de 

fixer  nos  regards  sur  le  radieux  midi  qui  éclaire  son 

triomphe,  revenons  un  moment  par  la  pensée  à  son 

point  de  départ.  C'est  à  minuit,  au  sein  des  ténèbres, 

rr,,',!  /S^iaie  tout  à  coup  dans  Tétable  de  Bethléem.  Cette 

locturne  et  silencieuse  convenait  au  début  de 

ion,  son  œuvre  tout  entière  était  devant  lui, 

,e-trois  années  devaient  être  employées  à  Tac- 

.  Cette  mission  se  déroule  année  par  année, 

r  jour,  et  elle  allait  touchant  à  sa  fin,  lorsque 

tmes,  dans  leur  malice,  se  saisirent  de  lui  etl'at- 

nt  à  une  croix.  On   était  au  milieu  du  jour 

1  parut  élevé  dans  les  airs  ;  mais  son  Père  ne 

pas    que  le  soleil  éclairât  ce  qui    était  une 

Ltion  et  non  pas  un  triomphe.  D'épaisses  ténè- 

ivraient  la  terre  entière  ;  cette  journée  fut  sans 

uand  le  soleil  reparut,  il  était  déjà  l'heure  de 

Trois  jours  après,  il  sortait  du  tombeau  aux 

•s  rayons  de  l'aurore. 

ird'hui  (l'Ascension),  à  ce  moment  même  (midi), 
rre  est  consommée.  Jésus  a  payé  de  son  sang 
n  de  nos  péchés,  il  a  vaincu  la  mort  en  ressus- 
glorieux  :  n'a-t-il  pas  le  droit  de  choisir  pour 
art  l'heure  où  le  soleil,  son  image,  verse  tous 
,  et  inonde  de  lumière  cette  terre  que  son  Ré- 
ir  va  échanger  pour  le  ciel  ?  Salut  donc,  heure 
deux  fois  sacrée,  puisque  tu  nous  redis  cha- 
et  la  miséricorde  et  la  victoire  de  notre  Emma- 
oire  à  lui  pour  la  double  auréole  que  tu  portes  ; 
ie  l'homme  par  la  croix,  et  l'entrée  de  l'homme 
ime  des  cieux  1 

l'êtes-vous  pas  aussi  vous-même  le  midi  de 
s,  ô  Jésus,  soleil  de  justice?  Cette  plénitude  de 
à  laquelle  nous  aspirons,  cette  ardeur  de  Ta- 
ernel  qui  seul  peut  nous  rendre  heureux,  où 
rerons-nous,  sinon  en  vous  qui  êtes  venu  ici- 


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HONI.  73 

bas  éclairer  nos  ténèbres  et  fondre  nos  glaces?  Dans 

cette  espérance,  nous  écoutons  les  mélodieuses  paroles 

de  Gertrude,  votre  fidèle  épouse,  et  nous  sollicitons  la 

grâce  de  pouvoir  un  jour  les  répéter  après  elle  :  «  0 

»  amour,  ô  midi  dont  l'ardeur  est  si  douce»  tous  êtes 

»  l'heure  du  repos  sacré,  et  la  paix  entière  que  l'on 

»  goûte  en  vous  fait  nos  délices.  0  mon  Bien-aimé, 

»  élu  et  choisi  au-dessus  de  toute  créature,  faites-moi 

»  savoir,  montrez-moi  le  lieu  où  vous  paissez   votre 

»  troupeau,  où  vous  prenez  votre  repos  à  l'heure  de 

»midi.  Mon  cœur  s'enflamme  à  la  pensée  de  vos  doux 

»  loisirs  à  ce  moment  !  Oh  I  s'il  m'était  donné  d'appro- 

»  cher  de  vous  assez  près  pour  n'être  plus  seulement  près 

»  de  vous,  mais  en  vous  !  Par  votre  influence,  ô  soleil 

»  de  justice,  toutes  les  fleurs  des  vertus  sortiraient  de  moi 

»  qui  ne  suis  que  cendre  et  poussière.  Fécondée  par 

»  vos  rayons,  ô  mon  maître  et  mon  époux,  mon  âme 

»  produirait  les  nobles  fruits  de  toute  perfection.  En- 

»  levée  de  cette  vallée  de  misères,  admise  à  contem- 

»  pler  vos  traits  si  désirés,  mon  bonheur  éternel  serait 

M  de  penser  que  vous  n'avez  pas  dédaigné,  ô  miroir 

»  sans  tache,  de  vous  unir  à  une  paysanne  telle  que 

»  moi.  »  {L  Année  liturgique.  Le  temps  Pascal,  t.  III, 

L'Ascension.) 

XI.  8.  Xlone. 

L'heure  de  none  correspond  à  la  9®  heure  du  jour, 
ou  à  trois  heures  du  soir,  et  comprend  aussi  la  qua- 
trième partie  de  l'ancienne  division  du  jour,  c'est-à-dire 
de  trois  heures  à  six  heures  du  soir. 

Le  soleil  qui  baisse  alors  sensiblement  à  l'horizon, 
nous  annonce  le  déclin  du  jour.  C'est  pourquoi  l'hymne 
nous  invite  à  redoubler  d'ardeur  pour  demander  à 
Dieu  et  obtenir  de  sa  bonté,  que  notre  journée,  notre 
vie,  se  terminent  heureusement.  Cette  hymne  est  en- 
core de  saint  Ambroise,  et  on  la  trouve  dans  les  plus  an- 
ciens uianuscrits  de  l'Église  de  Milan. 

i 


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DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

Rerum»  Deus,  tenax  yigor, 
Immotus  in  te  permanens, 
Lucis  diurnae  tempora 
Successibus  determinans. 

Si  au  Dieu  immuable,  dont  la  puissance  infinie  con 
aux  êtres  la  force  et  la  vie,  au  Dieu  régulateur 
[eil,querhymne s'adresse;  elle  nous  insinue  déjà 
tu  de  persévérance  dont  nous  avons  besoin  pour 
ner  dignement  et  le  jour  et  la  vie,  vertu  qui  fait 
t  explicite  de  la  strophe  suivante  : 

Largire  lumen  yespere 
Quo  yita  nusquam  décidât, 
Sed  prœmium  mortis  sacrœ 
Perennis  instet  gloria. 

onnez-nous,  ô  mon  Dieu,  avec  la  persévérance  de 
e  jour,  la  lumière  indéfectible  de  l'éternité,  cette 
sans  fin  qui  sera  le  prix  d'une  sainte  mort.  » 
s  la  neuvième  heure  ou  trois  heures  du  soir,  n'est 
ilement  pour  nous  le  présage  de  la  fin  du  jour  ou 
vie.  A  cette  heure  même  Notre  Seigneur,  après 
lemandé  grâce  pour  ses  bourreaux,  consommait 
Lvreet  mourait  sur  la  croix:  circahoram  nonarriy 
Yisvocemagnâyemisit  spirittim,  (Math,  xxvii,  46, 
C'est  pourquoi,  dit  le  cardinal  Bona,  nous  de- 
is  réciter  none,  les  yeux  pleins  de  larmes  et  le 
plein  de  sanglots  :  Hsecce  potissima  ratio  est, 
lam  adhorse  nonse  celebranda  mysteria  non  sine 
'mis  atque  singultibus  convenire  debemtcs.  »  {De 

;i  cette  heure  de  none,  regardée  chez  les  anciens 
5  néfaste,  à  cause  de  son  imperfection  (neufman- 
l'une  unité  pour  atteindre  la  perfection  du  nom- 
,  est  devenue  l'heuredu  salut  etde  ladélivrance. 
lergé  tenu  à  l'office  du  chœur,  comme  celui  dés 
cathédrales,  collégiales  et  conventuelles,  doit 
ains  cas,  réciter  sexte  et  iione  avant  midi,  ce  à 


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VÊPRES.  75 

quoi  Ton  n'est  jamais  obligé  dans  la  récitation  privée. 
La  rubrique  du  missel,  en  effet,  (tit.  xv,  de  horâ  celé- 
brandi  missam)  s'exprime  ainsi  :  «  La  messe  conven- 
»  tuelle  et  solennelle  doit  se  dire  dans  l 'ordre suivant  : 
»  aux  fêtes  simples  et  aux  fériés,  après  sexte  dite 
»  au  chœur;  dans  l'Avent,  le  Carême,  les  Quatre-Temps 
»  et  les  Vigiles  où  l'on  jeûne,  après  none,  si  la  messe 
»  est  de  la  férié...  Le  2  novembre,  la  messe  des  Morts 
»  doit  être  aussi  chantée  après  none.  Il  en  est  de  même 
»  delà  messe  votive  solennelle,  pour  une  cause  grave  et 
»  avec  concours,  et  aussi,  d'après  une  réponse  de  la 
»  Sacrée  Congrégation,  delà  messe  votive  des  solennités 
»  transférées  au  dimanche  par  le  cardinal  Caprara.  » 
Ces  règles  sont  un  souvenir  de  la  discipline  ancienne 
qui  ne  permettait  pas,  en  ces  jours  moins  solennels, 
de  rompre  le  jeûne  avant  l'heure  de  sexte  ou  de  none, 
c'est-à-dire,  avant  midi  ou  trois  heures.  (Bona,  Div. 
Psalm.  De  nonâ,  %  III.) 

CHAPITRE  III. 

VÊPRES. 

Nous  dirons  l'origine  et  la  composition  des  vêpres, 
leur  célébration  au  chœur,  la  convenance  d'y  assister 
pour  la  sanctification  du  dimanche. 

Art.  I.  Origine  des  Vêpres. 

Vêpres  est  une  des  heures  les  plus  solennelles.  On 
Ta  toujours  regardée  dans  l'Eglise,  comme  correspon- 
dant au  sacrifice  du  soir  chez  les  Hébreux,  sacrifice  de 
louanges  et  d'actions  de  grâces  qui  devait  être  offert 
dans  le  Temple  à  la  fin  du  jour,  et  faisait  le  pendant  du 
sacrifice  du  matin.  Ainsi  le  sacrifice  enveloppait,  dans 
Pancien  Testament,  pour  mieux  la  sanctifier,  la  jour- 
née entière.  (iSororf.  xxix,  36.)  La  loi  nouvelle  a  aussi 
son  sacrifice  du  matin,  sacrifice  véritable  et  aux  fruits 
infinis,  dont  tous  les  autres  n'étaient  ^ue  la  figure  ; 


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76  DBS  DIFFÉRBNTBS  HBURBS  CANONIALBS. 

mais,  pour  des  raisons  que  Ton  donne  ailleurs,  elle  ne 
veut  pas  le  reproduire  à  la  fin  du  jour;  la  prière  pu- 
blique avec  ses  hymnes  et  ses  cantiques  y  suppléera, 
elles  vêpres  seront  comme  notre  sacrifice  du  soir  :  sa- 
crifice de  louanges  et  d'actions  de  grâces,  qui  pour 
être  moins  efficace  et  moins  solennel  que  la  messe,  ne 
laisse  pas  de  rendre  àDieu,  au  nom  delà  société  chré- 
tienne, les  devoirs  qui  lui  sont  dus:  Tibi  sacrificabo 
hostiam  lundis  etnomen  Domini  invocabo.  (P$.  cxv,  7.) 

Le  nom  de  vêpres,  donné  à  cette  heure  canoniale, 
lui  vient,  d'après  saint  Isidore  de  Séville,  de  Pas- 
tre  Vénus  (Vesper^  Hesper,  Imepoç)  qui  apparaît  au 
coucher  du  soleil;  elle  correspond,  en  effet,  à  la  dou- 
zième et  dernière  heure  du  jour,  c'est-à-dire  à  six 
heures;  c'est  pourquoi  on  l'appelait  aussi  duodecima. 

Son  origine,  comme  celle  de  tierce,  de  sexte  et  de 
none,  remonte,  au  moins  quanta  la  substance,  au  temps 
des  apôtres.  Les  Constitutions  apostoliques  voulaient 
déjà  qu'on  se  réunit  dans  l'Eglise,  le  matin  et  le  soir 
pour  y  prier  et  chanter  des  psaumes  :  «  Convenue  in 
ecclesiam  singulis  diebus^  mane  etvespere^  adcanendos 
pscUmos  etprecationes  in  templo  Domini  faciendas  (L. 
II,  c.  Lix.);  au  L.vni.  (c.  xxxiv),  elles  nomment  expressé- 
ment les  vêpres  :  Precationes  facite^  iertiâ^sextâ^  nonâ, 
vespere.  TertuUien,  en  expliquant  laraison  de  nos  heures 
canoniales  nomme  aussi  les  vêpres.  (Lib.  de  jejuniis.) 
Origène,  dans  son  troisième  livre  sur  Job,  recommande 
les  prières  du  matin  et  du  soir  : . . .  vespertinas  deprecatio- 
nés.  Saint  Cyprien  nous  dit,  dans  son  livre  de  V Oraison 
dominicale,  les  mystères  cachés  dans  les  différentes  par- 
ties de  l'office,  et  il  y  fait  mention  des  vêpres.  Saint 
Athanase  voulait  que  la  prière  à  la  douzième  heure  fût 
plus  longue  et  plus  solennelle,  comme  étant  la  dernière 
du  jour.  Saint  Epiphane  nomme  les  vêpres  parmi  les 
heuresque  les  anciens  avaient  instituées  (L.  IV,  De  viHs 
patrum).  Saint  Augustin  recommandait  aux  fidèles  de 

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VfiPRKS.  77 

son  temps  d'assister  auxyêpres  le  samedi,  pour  mieuxse 
préparer  au  dimanche.  (Serm,  251,  ef^  tempore.)  Saint 
Jérôme  {contra  VigiL) y  Cassien  (dediurnA,  3.  orat.  c. 
vm),  saint  Ambroise(mP5.  cxviu),  un  concile  de  Franc- 
fort en  794,  Grégoire  IX  et  Alexandre  III dans  les  décré- 
tâtes (Extrav.  deferiis  cl,  2),  exhortaient  les  chrétiens 
à  sanctifier  le  dimanche  en  assistant  aux  l'^'et  aux  2«8 
vêpres  qui  le  commençaient  et  le  terminaient.  Nous 
pourrions  encore  multiplier  ces  citations  :  «  Toujours 
»  et  partout,  dans  la  pensée  des  chrétiens,  dit  Mgr 
»  Freppeljle  sacrifice  du  matin, c'est-à-dire  l'immolation 
»  mystique  de  l'agneau  rédempteur,  cet  acte  essentiel 
»  de  la  religion,  a  eu  son  complément  dans  cet  autre 
*>  acte  de  louange  qu'on  peut  appeler  en  quelque  sorte 
»  le  sacrifice  du  soir  :  sacrificium  vespertinum.  Saint  Au- 
i>  gustin  en  avait  donné  la  raison  (Lib.  II  ad  inquis. 
»  Januariiy  c.  xiv)  :  Après  la  fonction  principale  de  la  li- 
»  turgie,  quoi  de  meilteur  pour  l'assemblée  des  chré- 
»  tiens  que  léchant  des  psaumes  et  des  hymnes,  quoi 
»  de  plus  utile,  quoi  de  plus  saint  I  Quidmeliùs  a  con- 
»  gregatis  christianis  fiat^  quid  utiliiis^  quid  sanctius, 
»  omninonon  video,  »  {Instruc,  pastor,  sur  F  assistance 
à  V office  des  vêpres.) 

L'office  des  vêpres  est  donc  des  plus  anciens.  Il  a  pour 
but  de  nous  faire  encore  louer  le  Seigneur  à  la  fin  du 
jour  et  le  remercier  des  grâces  et  des  bienfaits  reçus. 
L'Eglise  nous  y  fait  soupirer  aussi  après  le  jour  éternel 
qui  ne  finira  pas,  et  le  repos  absolu  qui  suivra  les  fati- 
gues de  la  vie.  Nous  verrons  bientôt  que  tout  dans 
l'office  des  vêpres  s'inspire  de  ces  pensées  :  «  Comme 
»  le  soir  termine  le  jour ,  dit  saint  Ambroise,  nous  devons 
»  rendre  grâces  à  Dieu  par  le  chant  des  psaumes  et 
»  célébrer  sa  gloire  avec  ces  suaves  accents;  nous  de- 
»  vous  lui  demander,  après  les  luttes  de  la  vie,  le  repos 
»  des  vainqueurs  qui  sera  enfin  la  récompense  du  tra- 
»  vail.  »  {Comment,  in  Malach.c,  2,  in  fine.) 


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78  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

Nous  pouvons  de  plus,  dans  l'office  des  vêpres,  ho- 
norer un  touchant  mystère  qui  s'accomplit  alors  :  ce 
fut  l'heure,  en  efifet,  vespere  facto  (Math,  xxvi,  20),  où 
Jésus-Christ  institua  le  sacrement  et  le  sacrifice  de 
l'Eucharistie  :  «  Suave  souvenir,  dit  le  cardinal  Bona, 
qui  ne  doit  pas  nous  échapper  dans  la  louange  et  la 
prière  du  soir  :  «  Tantam  vero  mysteriorum  profun-- 
ditatem^  vespertino  temporel  in  vespere  suœ passionis 
operatus  est  DominuSy  ut  nosetiam^  invesperiinœ  syna- 
xis  celebratione,  memoriam  abundantise  suavitatis  ejus 
eructemus,  »  (Div.  psalm.  de  Vesperis,)  «  C'est  donc 
avec  raison,  dit  Durand  de  Mende,  que  l'Eglise,  à  cette 
heure  des  vêpres,  rend  grâces  à  Jésus-Christ.  »  {De  Ves- 
péris.)  Nous  disons  encore  au  Seigneur,  après  l'avoir 
remercié,  ce  que  lui  dirent  à  la  même  heure  du  jour, 
les  disciples  d'Emmaûs  :  Mane  nobisciim.  Domine^ 
quoniam  advesperascit  :  Restez  avec  nous.  Seigneur,  car 
les  ténèbres  vont  nousjenvahir. 

Le  cardinal  Bona,  ému  à  ce  dernier  souvenir,  com- 
mente ici  ces  paroles,  avec  toute  la  piété  et  Tefifusion  de 
son  cœur  : 

«  Mane  nobiscum^  Domine ^  manenobiscum^  quoniam 
advesperascit.  Déjà  l'étoile  du  soir  annonce  les  ténèbres 
de  la  nuit;  la  tristesse  s'empare  de  nous,  le  déses- 
poir menace  de  nous  engloutir,  les  eaux  de  toute 
part  ont  envahi  notre  âme,  et  nous  sommes  sans 
soutien.  Déjà  l'horrible  tempête  agite  nos  cœurs,  le 
froid  de  l'iniquité  nous  saisit,  la  glace  s'amoncelle; 
déjà  notre  conscience  blessée  redoute  le  jugement.  De- 
meurez  avec  nous,  ô  Seigneur  si  bon,  car  sans  vous  nous 
ne  pouvons  rien,  nous  ne  sommes  rien.  Vous  êtes  no- 
tre consolation,  notre  refuge,  notre  courage,  notre  for- 
teresse en  face  de  l'ennemi.  Voyez,la  nuit  de  la  perfidie 
nous  enveloppe  tous,  partout  s'efiface  la  lumière  de  la 
vérité;  les  crimes  ont  prévalu,  la  charité  s'éteint;  nous 
élevons  vers  vous  les  yeux  pour  ne  pas  périr.  Demeu- 


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VÊPRES.  79 

rez  avec  nous^  afin  que  les  ténèbres  ne  soient  pas  victo- 
rieuses, et  que  la  lumière  de  notre  pauvre  vallée  d'ici- 
bas  ne  s'éteigne  pas  dans  la  nuit.  La  fin  de  notre  vie  ap- 
proche, c'est  le  soir  qui  s'annonce,  arrachez-nous  aux 
puissances  ténébreuses,  ne  vous  éloignez  pas  de 
nous  dans  votre  colère.  Si  vous  êtes  avec  nous,  nous 
n'aurons  rien  à  craindre  au  milieu  des  ombres  de  la 
mort;  mais,  entourés  de  votre  grâce  lumineuse,  nous 
brillerons  des  splendeurs  de  la  vie,  dans  la  région 
même  des  morts.  Il  fait  si  bon  être  avec  vous,  ô  très 
doux  Jésus,  demeurez^  et  ne  vous  éloignez  pas;  mon- 
trez-nous votre  miséricordieux  visage  et  nous  serons 
sauvés.  Voici  que  les  ombres  du  soir  s'étendent  de  plus 
en  plus;  elle  vient  la  nuit  osbcure,  où  Ton  ne  peut 
plus  travailler,  demeurez  avec  nous;  fermez  notre  porte 
au  dehors,  jusqu'à  ce  que  les  ténèbres  se  soient  dissi- 
pées, et  que  de  nouveau  brille  votre  lumière;  vous  ou- 
vrirez alors  nos  âmes  à  une  foi  plus  vive,  à  un  amour 
plus  ardent.  Vous  habitez  sur  les  hauteurs,  vous  vous 
élevez  sur  les  chérubins,  vous  volez  sur  les  ailes  des 
vents;  aussi,  vos  serviteurs  ne  peuvent  arriver  jusqu'à 
vous,  si  vous-même  ne  descendez  jusqu'à  eux;  ou  si, 
du  moins,  vous  n'attirez  à  vous  ceux  qui  vous  cher- 
chent :  mais,  vous  Tavez  promis  :  j'attirerai  tout  à 
moij  je  suis  avec  vous  jusqu'à  la  consommation  des 
siècles.  Souvenez-vous  de  votre  parole  qui  nous  a  donné 
l'espérance,  et  restez  avec  nous  au  soir  de  cette  vie; 
alors  quand  viendra  l'horrible  nuit  du  trépas,  vous  nous 
tirerez  de  cette  prison  de  la  vie  pour  confesser  vo- 
tre nom,  et  nous  conduirez  dans  votre  admirable  de- 
meure. Là,  il  n'y  a  plus  ni  ténèbres,  ni  tristesse,  mais 
une  lumière  éternelle,  une  joie  véritable,  une  allégresse 
sans  fin.  Là,  nous  raconterons  ce  qui  s'est  opéré  sur  la 
route,  et  comment  nous  vous  avons  reconnu  à  la  frac- 
tion du  pain;  là,  nous  nous  réjouirons  en  vous,  et  nous 
chanterons  à  jamais  vos  louanges;  là,  nous  serons 


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80  DES  DIFFËRBNTBS  HEURES  CANONIALES. 

assis  avec  vous»  au  sein  d'une  paix  magnifique,  dans 
les  tabernacles  d'où  est  bannie  la  crainte,  au  sein  d'un 
repos  inaltérable.  »  (Div.  Psalm.  De  Vesperis^  §  IV.)  ^ 

Art.  n.  Composition  des  Vêpres. 

La  rubrique  générale  nous  la  fait  connaître  sous  le 
titre  xvn  ;  il  nous  suffira  d'y  ajouter  quelques  explica- 
tions au  point  de  vue  historique  et  mystique  : 

«  1.  A  vêpres,  on  commence  par  dire  Pater  noster^  Ave 
Maria,  Deus  in  adjutoriuniy  puis  cinq  psaumes  et  cinq  an- 
tiennes, comme  au  propre  ou  au  commun  des  saints.  Les 
dimanches  et  jours  de  fériés,  on  dit  toujours  les  antiennes 
et  les  psaumes  comme  au  psautier,  (au  temps  pascal,  il  n'y 
a  qu'une  antienne.  Alléluia)  à  moins  que^des  antiennes  pro- 
pres et  d'autres  psaumes  ne  soient  assignés,  comme  aux 
dimanches  de  rÀvent  et  aux  trois  jours  qui  précèdent 
Pâques. 

»  2.  Après  les  psaumes  et  les  antiennes,  on  dit  le  capi- 
tule, l'hymne,  le  verset,  l'antienne  de  Magnificat^  le  can- 
tique, et  l'oraison;  tout  est  du  Temps  ou  du  saint, 
suivant  la  qualité  de  l'office. 

»  3.  Quand  on  doit  réciter  les  prières,  on  les  dit  avant 
l'oraison  ;  les  commémoraisons  de  la  Croix,  de  la  Sainte 
Vierge,  de  S.  Joseph,  des  Apôtres,  du  patron  et  de  la  paix, 
se  disent  après  l'oraison,  comme  l'indique  la  rubrique  spé- 
ciale. On  termine  l'office  des  vêpres  comme  celui  des  autres 
heures,  d 

Les  psaumes  des  vêpres  sont  toujours  au  nombre 
de  cinq  :  «  C'est,  dit  Durand  de  Monde,  1®  pour  hono- 
rer les  cinq  plaies  du  Sauveur,  qui  ofifritpour  nous  le  sa- 
crifice de  son  corps,  au  soir  de  sa  vie  ;  2®  pour  expier 

i.  L'heure  des  vêpres,  on  le  sait,  fut  ensanglantée  en  1282, 
comme  celle  des  matines,  par  un  affreux  massacre  des  Français 
en  Sicile,  appelé  pour  cela  dans  l'histoire  :  Vêpres  siciliennes. 
C'est  aussi  au  moment  des  vêpres  que  saint  Thomas  de  Can- 
torbery  fut  immolé  au  pied  des  autels  par  les  courtisans  de 
Henri  U,  jaloux  de  mettre  à  exécution  une  parole  inconsidérée 
de  leur  Prince.  (Brev.  rom.  29  dec.) 


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VÊPRES.  81 

les  fautes  du  jour  dont  les  cinq  sens  ont  pu  être  la  cause; 
et  3°  enfin,  pour  nous  prémunir  par  les  cinq  lampes 
des  vierges  sages  ou  par  la  vigilance  chrétienne,  con- 
tre les  dangers  de  la  nuit.  {Ration.  Div.  off.  De  Vesperis^ 
c.  11,  n.3.) 

Ces  psaumes  ne  varient  pas,  le  dimanche  et  les 
fêtes,  excepté  dans  les  offices  de  la  Sainte  Vierge,  des 
vierges  et  des  veuves,  et  aussi  pour  les  secondes  vêpres 
où  le  dernier  psaume  est  généralement  changé.  Voici 
dans  leur  ordre  liturgique  ceux  qui  se  récitent  le  plus 
souvent  :  Diant  Dominus  Domino  meo  (cix)  ;  Confitebor 
tibiy  Domine  (ex)  ;  Beatus  vir  (cxi)  ;  Laudate^pueri^  Do- 
minum  (cxii)  ;  In  exitu  Israël  (cxiii),  ou  Latidate  Domi- 
num  omnes  gentes  (cxvi)  aux  1*^  vêpres  des  fêtes.  Cet 
ordre  est  celui  de  la  Bible;  l'Eglise  n'a  eu  qu'à  le 
suivre,  parce  que  tous  ces  psaumes  sont  en  parfaite  har- 
monie avec  l'esprit  et  le  sens  des  vêpres  :  remercier 
Dieu  des  grâces  de  la  Rédemption,  reçues  durant  le 
jour  et  la  vie  entière,  et  soupirer  après  le  repos  éter- 
nel. 

Dans  le  premier  psaume,  en  efi'et,  Dixit  Dominus 
Domino  meo,  David  a  célébré  les  gloires  du  Rédemp- 
teur Jassis  à  la  droite  de  son  Père  par  le  mérite  de  ses 
humiliations  et  de  sa  mort,  et  de  là  triomphant  sur  tous 
ses  ennemis  ;  ainsi  le  psaume  nous  fait-il  espérer  que 
le  ciel  sera  la  récompense  de  nos  travaux  et  de  nos 
mérites.  Il  nous  rappelle  encore  le  sacerdoce  de  Jésus- 
Christ,  exercé  pour  la  première  fois  le  soir  de  la  Cène  : 
Juravit  Dominus  et  non  pœnitebit  eum  :  Tu  es  sacerdos 
in  œtemum  secundum  ordinem  Melchisedech.  Le  Dixit 
Dominus  convient  si  bien  à  l'heure  des  Vêpres,  qu'il 
n'y  est  jamais  omis  les  jours  de  dimanches  et  de  fêtes. 

Le  second  psaume,  Confitebor  tibi.  Domine,  peut  s'in- 
tituler :  louange  à  Dieu  pour  ses  bienfaits.  Il  avait  donc 
aussi  sa  place  à  l'office  des  vêpres,  d'autant  plus  que 
l'institution  de  l'Eucharistie  y  est  de  nouveau  rappelée: 

5. 

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82  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

Memoriam  fecit  mirabilium  suorum,  misericors  et 
miserator  Dominus,  escam  dédit  timentibics  se.  Saint 
Pierre  Nolasque  mourut  en  récitant  ce  beau  psaume 
dont  il  alla  continuer  les  accents  dans  les  cieux. 

Le  troisième,  Beatus  t;fr,que  les  prophètes  Aggée  et 
Zacharie  firent  chanter  aux  Juifs,  au  retour  de  la  capti- 
vité, nous  dit  le  bonheur  du  juste  :  doux  souvenir  qui 
repose  l'esprit  et  le  cœur  à  la  fin  du  jour  et  delà  vie,  et 
nous  fait  soupirer  après  la  récompense. 

Le  quatrième,  Laudate^  puert,  Dominum,  est  une 
hymne  de  reconnaissance  dont  les  accents  ne  peuvent 
que  fortifier  une  âme  faible  ou  découragée,  au  soir 
d'une  journée  laborieuse. 

Le  cinquième  enfin,  In  exitu  Israël,  a  pour  objet  la  déli- 
vrance du  peuple  hébreu,  figure  de  la  Pâque  nouvelle 
et  de  la  Résurrection  que  nous  célébrons  dans  Toffice 
dominical,  et  souvenir  d'espérance. 

Les  jours  de  fêtes,  on  dit,  pour  cinquième  psaume, 
l'un  des  suivants  : 

Laudate  Dominum  omnes  ff entes  (cxvi),  élan  d'actions 
de  grâces  pour  le  bienfait  de  la  Rédemption,  et  quesaint 
François  Xavier,  lisons-nous  dans  sa  vie,  ne  pou- 
vait se  lasser  de  redire.  Il  est  généralement  affecté 
aux  premières  vêpres  et  quelquefois  aux  secondes. 

Credidi(cxiY)y  aux  2"  vêpres  des  Martyrs.  Ce  psaume 
célèbre  en  efi^et  leur  glorieuse  mort  :  Pretiosa  in  cons^ 
pectu  Domini  mors  sanctorum  ejus,  et  remercie  Dieu 
des  grâces  qui  leur  furent  accordées  surtout  au  moment 
du  triomphe  :  Quid  retribuam  Domino  ;  —  Dirupisti 
vincula  mea.  Il  y  est  fait  mention  aussi  du  sacrifice  eu- 
charistique :  Calicem  salutaris  accipiam. 

Mémento  Domine  David  (cxxxi),  aux  2^*  vêpres  des 
confesseurs  pontifes;  c'est  à  cause  surtout  des  allusions 
du  Psalmiste  au  sacerdoce  chrétien  et  aux  pontifes  de 
la  loi  nouvelle,  (v.  1,  9,  37.) 

Laudaj  Jérusalem^  Dominum  (cil vu),  aux  vêpres  de 


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VÊPRES.  83 

la  Dédicace.  Jérusalem  y  est  la  figure  du  temple  chrétien 
et  du  ciel,  et  aussi  de  TEgiise  et  de  Tâme  fidèle  qui  re- 
mercient Dieu  de  ses  bienfaits. 

Dans  les  offices  de  Marie,  des  vierges  et  des  veuves, 
les  psaumes  varient,  sauf  deux  seulement;  les  trois 
autres  ont  un  caractère  spécial  qui  convient  à  Tobjet  de 
ces  offices,  et  ne  sont  pas  moins  des  chants  de  recon- 
naissance :  Laetatus  sum  in  his  (cxxi)  ;  —  Nisi  Dominus 
œdificaverit  domum  (cxxvi);  —  Lauda^  Jérusalem^  Do- 
minum.  Il  y  est  question  du  temple  du  Seigneur,  figure 
ici  de  ces  âmes  vierges  et  pures,  d'où  la  reconnais- 
sance s'est  élevée  si  spontanée  et  si  ardente  vers  le  Sei- 
gneur. 

Ainsi  les  psaumes  des  vêpres  sont  parfaitement  en 
harmonie  avec  l'office  du  soir. 

Nous  parlerons  ailleurs  des  antiennes,  des  capitules 
et  des  hymnes  qui  varient  avec  les  offices.  Remarquons 
seulement  ici  les  hymnes  du  Temps,  où  le  but  des  vê- 
pres, en  rapport  avec  la  circonstance  du  soir,  est  tou- 
jours si  clairement  indiqué  : 

Celle  du  dimanche  :  Lucis  Creator  optime^  est  de 
saint  Grégoire  le  Grand,  d'après  Topinion  la  plus 
commune. 

Lucis  Creator  optime, 
Lucem  dierum  proferens, 
Primordiis  lucis  noyœ 
Mundi  parans  originem. 

Le  soleil  qui  disparait  inspire  à  l'auteur  et  à  l'E- 
glise un  acte  de  reconnaissance,  pour  le  don  précieux 
de  la  lumière  qui  prélude  aux  bienfaits  plus  étendus 
de  toute  la  création. 

Qui  mane  junctum  vesperi 
Diem  vocari  prsBcipis  ; 
lUabitur  tetrum  chaos; 
Audi  preces  cum  fletibus. 

C'est  un  acte  de  reconnaissance  aussi  pour  le  jour 

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84  DBS  DIPPtRElfTBS  HEURES  CANONIALES. 

qui  vient  de  finir,  et  pour  les  bienfaits  que  nous  y  avons 
reçus.  Mais  la  nuit  qui  s'avance  est  une  image  de  Taf- 
freux  chaos,  et  Pâme  effrayée  supplie  avec  larmes  le 
Seigneur  d'exaucer  sa  prière  : 

Ne  mens  grayata  crimine, 
Vit»  sit  exul  mimere, 
Dum  nil  perenne  cogitât, 
Seseque  culpis  illigat. 

«  Ne  permettez  pas  que  les  âmes,  accablées  sous  le 
poids  de  leurs  fautes,  perdent  jamais  la  vie  du  cieL 
Qu'elles  n'oublient  pas  les  choses  éternelles,  pour  s'en- 
gager de  plus  en  plus  dans  les  liens  du  pédié.  » 

Gœleste  pulset  ostium. 
Vitale  tollat  prœmium, 
Vitemus  omne  noxium, 
Purgemus^omne  pessimum. 

«  Faites  qu'au  moins  le  repentir,  à  la  fin  de  leur 
vie,  les  fasse  frapper  efficacement  à  la  porte  des  cieux, 
pour  y  recevoir  la  récompense  de  la  vie  véritable  ; 
ou  mieux  encore,  puissions-nous,  sans  attendre  le  der- 
nier moment,  expier  dès  maintenant  nos  fautes,  et 
éviter  d'en  commettre  encore.  » 

«  Cette  hymne  des  vêpres  dominicales,  dit  l'abbé 
»  Pimont,  fut  la  première  qui  retentit  à  nos  oreilles  ; 
»  alors  enfant  de  quelques  années  à  peine,  nous  n'a- 
»  vionspas  encore  sans  doute  l'intelligence  de  ces  mâles 
»  accents  ;  et  déjà  cependant,  notre  âme  toute  neuve 
»  en  savourait  les  délices,  et  faisait  écho  par  ce  pieux 
»  tressaillement  qu'excitent  les  joies  pures  du  ciel. 
n  C'est  qu'il  y  a  dans  la  mélodie  de  ce  chant  si  limpide 
»  et  si  ferme,  je  ne  sais  quel  charme,  tout  à  la  fois 
»  plein  de  force  et  de  suavité,  qui  saisit  et  captive  le 
»  cœur  à  tous  les  âges  de  la  vie.  »  (Les  Hymnes  du 
brév.  rom.y  Hymne  aux  vêpres  du  dim.) 

Nous  ne  pouvons  pas  citer  ici  en  entier  les  hymnes 
des  fériesi  qui  toutes  ont  la  coupe  heureuse  desjdlirases 


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VÊPRES.  85 

et  la  noble  harmonie  des  hymnes  Ambrotienn 
toujours  un  chant  de  reconnaissance  pour 
bienfait  signalé  du  Seigneur,  dans  Tordre  na 
L'hymne  du  lundi  chante  l'œuvre  du  deuxiè 
de  la  création,  ou  la  séparation  des  eaux  p^ 
marnent: 

Immense  cœli  Gonditor, 
Qui  mixia  ne  confunderent, 
Aquse  fluenta  dividens, 
Gœlum  dedisti  limitem. 

L'auteur  en  prend  occasion  de  remercier  D 
le  don  de  la  foi  qui  éclaire  les  abîmes  du  doi 
l'incrédulité,  et  de  lui  demander  un  accroisse 
cette  vive  lumière  : 

Lucem  fides  adaugeat, 
Sic  luminis  jubar  ferai: 
Haec  vana  cuncta  proterat, 
Banc  falsa  nulla  comprimant. 

L'hymne  du  mardi  a  pour  objet  l'œuvre  du  t 
jour,  ou  la  séparation  de  la  terre  d'avec  les 
la  puissance  que  Dieu  lui  donne  de  produire  si 
des  jQeurs  et  des  fruits. 

TeHuris  aime  Creator, 
Mundi  solum  qui  separans, 
Pulsis  aquse  molestiis 
Terram  dedisti  immobilem. 

Ut  germen  aptimi  proferens 
Fulvis  décora  floribus, 
Faecunda  fructu  sisteret, 
Pastumque  gratum  redderet. 

La  terre  est  ici  l'image  de  notre  âme.  Aussi, 
nous  fait-elle  implicitement  remercier  Dieu 
condité  dont  il  l'enrichit,  dans  l'ordre  nature] 
l'ordre  surnaturel,  et  nous  demandons  que  c( 
spirituel,  souvent  désolé  par  les  eaux  du  mal,  r( 
sous  la  douce  influence  de  la  grâce,  toute  sa  fécc 
fleurs  et  en  fruits  de  salut. 


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86  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

Mentis  perust»  Yuloera 
Munda  virore  gratis  ; 
Ut  facta  fletu  diluât, 
Motusque  pravos  atterat.  ^ 

L'hymne  du  mercredi  nous  fait  célébrer,  en  une 
poésie  de  la  plus  noble  simplicité,  l'œuvre  du  qua- 
trième jour  :  la  création  du  soleil,  de  la  lune  et  des 
étoiles.  Il  faut  lire  attentivement  ces  strophes  si  belles 
où  l'admiration  du  poète  se  traduit  comme  en  traits 
de  feu,  dignes  des  astres  brillants  qui  l'inspirent.  Dieu 
est  appelé  très  saint  dès  le  début,  au  lieu  de  tout-puis- 
sant, parce  que  le  ciel,  avec  ses  globes  lumineux  si 
éclatante  et  si  purs,  est  un  reflet  de  la  sainteté  divine. 

Gœli  Deus  sanctissime. 
Qui  lucidas  mundi  plagas 
Gandore  pingis  igneo 
Angens  décore  lumine; 


i.  Voici  la  belle  traduction  de  Racine  : 

Ta  sagesse,  grand  Dieu,  dans  tes  œuvres  tracée. 

Débrouilla  le  chaos  ; 
Et,  fixant  sur  son  poids  la  terre  balancée, 

La  sépara]des  flots. 

Par  là,  son  sein  fécond  de  fleurs  et  de  feuiUages 

L'embellit  tous  les  ans, 
L'enrichit  de  doux  fruits,  couvre  de  pâturages 

Ses  vallons  et  ses  champs. 

Seigneur,  fais  de  ta  grâce  à  notre  âme  abattue 

Goûter  les  fruits  heureux  ; 
Et  que  puissent  nos  pleurs,  de  la  chair  corrompue 

Eteindre  en  nous  les  feux  I 

Que  sans  cesse  nos  cœurs,  loin  du  sentier  des  vices, 

Suivent  tes   volontés  I 
Qu'innocents  à  tes  yeux,  ils  fondent  leurs  délices 

Sur  tes  seules  bontés  t 

Règne,  6  Père  Eternel,  Fils,  Sagesse  incréée, 
Esprit  Saint,  Dieu  de  paix, 

Qui  fait  changer  du  temps  llnconstante  durée. 
Et  ne  change  jamais. 

(Poésies  diverses). 


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VÊPRES.  87 

Quarto  die,  qui,  flammeam 
Dum  solis  accendis  rotam, 
LuDse  ministras  ordinem, 
Yagosque  cursus  siderum; 

Le  ciel  de  notre  âme  a  aussi  son  soleil,  ses  étoiles 
brillantes  qui  la  guident:  c'est  la  foi,  la  doctrine  de 
Jésus-Christ,  la  grâce,  pour  lesquelles  nous  remercions 
aussi  le  Seigneur  dans  ces  strophes.  La  dernière,  en 
harmonie  avec  celles  qui  précèdent,  nous  fait  deman- 
der à  Dieu  de  chasser  loin  de  nous  les  ténèbres,  et  de 
nous  rendre  de  plus  en  plus  saints  et  purs. 

Expelle  ûoctem  cordium; 
Absterge  sordes  mentium  ; 
Résolve  culpae  vinculum  ; 
Eyerte  moles  criminum. 

L'hymne  du  jeudi  a  pour  objet  la  création  des  oiseaux 
et  des  poissons  qui  tous  prirent  comme  naissance  au 
sein  des  eaux;  les  uns  furent  enchaînés  dans  Ta- 
bime  et  les  autres  lancés  sous  les  voûtes  du  ciel  :  sym- 
bole des  âmes  ici-bas,  laissées  dans  les  chaînes  de  l'i- 
dolâtrie '  et  du  péché,  ou  affranchies  de  ces  liens  par 
la  grâce,  motif  encore  ici  de  notre  reconnaissance. 

Magnae  Deus  potentise. 
Qui  fertili  natos  aquâ 
Partim  relinquis  gurgiti, 
Partim  levas  in  aéra... 

Ces  pensées  ont  inspiré  la  prière  des  deux  dernières 
strophes.  «  Daigne  le  Seigneur  ne  jamais  permettre  que 
nos  âmes  purifiées  par  son  sang,  se  replongent  dans 
Tabime  du  péché  par  le  désespoir,  ou,  s'élèvent  par  la 
présomption  dans  les  régions  vertigineuses  de  Tor- 
gueil.  » 

Largire  cunctis  servulis 
Quos  mundat  unda  Sanguinis, 
Nescire  lapsus  criminum 
Nec  ferre  mortis  iœdium  : 


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88  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

Ut  culpa  ûullum  déprimai» 
Nullum  efferat  jactantia  : 
Elisa  mens  ne  concidat  : 
Elata  mens  ne  corruat. 

L'hymne  du  vendredi  a  pour  objet  l'œuvre  admira- 
ble du  sixième  jour  :  la  création  de  l'homme  qui  suivit 
celle  des  animaux,  dont  il  est  le  souverain.  Que  de  bien- 
faits et  de  grâces  n'implique-t-elle  pes  !  Nous  en  remer- 
cions ici  le  Créateur. 

Hominis  superne  Gonditor 

Et  nous  lui  demandons  d'être  soumis  nous-mêmes 
à  ses  lois,  en  nous  faisant  triompher  de  nos  passions 
rebelles. 

Repelle  quod,  cupidinis 
Giente  vi,  nos  impetit... 

«  Ces  maternels  accents  de  l'Eglise,  dit  encore  ici 
»  l'abbé  Pimont,  qui  s'élèvent  dans  la  strophe  finale  à 
»  la  plus  haute  expression  du  langage  mystique,  rap- 
»  pellent  admirablement,  d'une  part,  les  immortelles 
»  destinées  duRoidelacréation,etderautre,  les  moyens 
»  iùfaillibles  pour  lui  de  les  réaliser  par  la  paix  avec 
»  Dieu,  qui  distribue  les  dons  de  la  grâce  ici-bas,  et 
»  là-haut  les  palmes  de  la  gloire.  »  {Hymne  à  vêpres  de 
la  VP  férié.) 

Da  gaudiorum  prœmia, 
Da  gratiarum  munera; 
DissolYe  litis  vincula, 
Adstringe  pacis  fœdera. 

L'hymne  enfin  du  samedi  s'adresse  à  la  Sainte  Tri- 
nité qui  prit  un  repos  mystique  en  ce  jour  du  sabbat. 
Nous  la  prions,  au  déclin  du  soleil,  de  nous  accorder  de 
plus  en  plus  le  saint  amour,  gage  de  notre  persévé- 
rance ici-bas,  et  la  grâce  de  célébrer  sa  louange  dans 
les  cieux,  après  l'avoir  fait  chaque  jour  fidèlement, 

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va  PB  ES.  89 

Jam  sol  recedît  igneus; 
Tu  lux,  perennîs  Unitas, 
Nostris,  beata  Trinitas, 
Infimde  lumen  cordibus. 

Te  mane  laudum  carminé, 
Te  deprecamur  vesperè; 
Digneris  ut  te,  supplices, 
Laudemus  inter  cœlites. 

Après  rhymne,  le  verset  et  l'antienne,  on  dit  le  Ma- 
gnificat; c'est  le  plus  sublime  cantique  inspiré  au  cœur 
le  plus  noble  et  le  plus  saint  pour  la  plus  insigne  faveur. 
L'Eglise  ne  pouvait  pas  adopter  pour  ses  vêpres  un  plus 
beau  chant  de  reconnaissance.  Il  est  là,  comme  à  part,  en 
dehors  des  psaumes  et  après  l'hymne,  pour  mieux  fixer 
notre  attention,  et  il  résume  ainsi  notre  louange  dans 
le  sacrifice  du  soir.  Nous  savons  dans  quelles  circons- 
tances Marie  le  fit  jaillir  de  son  cœur,  ce  qui  le  rend 
plus  propre  encore  à  Toffice  de  vêpres.  Ce  fut  au  terme 
de  son  voyage  à  Hébron,  probablement  vers  le  soir, 
et  au  sujet  de  Tincamation  qui  s'était  accomplie  en  elle 
au  couchant  duf  soleil,  ver  g  ente  mundi  vespere^  comme 
parle  la  tradition.  Saint  Ambroise  appelle  ce  cantique 
Y  extase  de  F  humilité.  Il  exprime  en  eflfet  les  sentiments 
qui  se  pressaient  dans  l'âme  de  la  très  sainte  Vierge 
à  la  pensée  de  sa  maternité  divine  :  la  foi,  l'humilité, 
la  reconnaissance  et  l'admiration  pour  la  puissance  et 
la  bonté  de 'son  Dieu  dans  cette  œuvre. 

Mais,  comme  les  grâces  reçues  durant  le  jour  et  la 
vie  entière  ne  sont  que  le  résultat  de  l'Incarnation, 
comme  nos  rapports  avec  ce  mystère  sont  des  plus  inti- 
mes, nous  devons  nous  associer  aux  sentiments  de 
Marie,  et  jamais  notre  reconnaissance  ne  revêtira  une 
expression  plus  parfaite  et  plus  belle. 

Bossuet  dans  ses  Elévations^  L.  Dupont  dans  ses  Mé- 
ditations de  la  Foi,  le  P.  Berthier  dans  ses  Réflexions 
spirituelles j  Dissertation  sur  le  Magnificat,  et  beaucoup 


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90  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

d'autres,  ont  commenté  cet  admirable  cantique;  le 
grand  Corneille  Ta  traduit  en  vers  *.  Tout  le  monde 
en  connaît  le  texte  et  sa  sublime  simplicité.  «  Il  y 
a,  dit  Léon  XIII,  dans  ce  cantique  immortel  que  Tau- 
guste  Mère  de  Dieu  entonna  sous  l'inspiration  du 
Saint-Esprit,  une  noblesse  supérieure  aux  œuvres  hu- 
maines. »  (Bref  au  révérendissime  Abbé  de  Lérins,.. 
22  nov.  1886.) 

«  Mais,  quelle  est  cette  voix,  s'écrie  ici  Monseigneur 
Freppel,  qui  s'élève  dans  le  lieu  saint,  à  la  fin  de 
l'hymne  des  vêpres,  pleine  de  douceur  et  de  majesté, 
comme  pour  couronner  la  prière  publique  par  un  hom- 
mage le  plus  grand  et  le  plus  solennel  de  tous?  Le 
royal  Prophète  vient  de  résumer  dans  ses  chants  les 
espérances,  les  vœux  et  les  soupirs  de  tous  les  justes  de 

1.  CANTIQUE  A  LA  SAINTE  VIERGE 

Après  un  si  haut  privilège. 
Dont  il  plaît  au  Seigneur  de  me  gratifier, 
Je  me  dois  toute  entière  à  le  magnifier. 
Et  mon  silence  ingrat  serait  un  sacrilège. 

Quand  même  je  voudrais  me  taire, 
Un  doux  emportement  parlerait  malgré  mol  ; 
Et  cet  excès  d'honneur  m*est  une  forte  loi. 
D'épanouir  mon  âme  en  Dieu  mon  salutaire. 

n  a  regardé  ma  bassesse, 
n  a  du  haut  des  cieux  daigné  s'en  souvenir; 
Et  depuis  ce  moment  tout  le  siècle  à  venir 
Publiera  mon  bonheur  par  des  chants  d'allégresse. 

La  merveille  tant  attendue. 
De  son  pouvoir  en  moi  fait  voir  Timmensité  ; 
Et  je  dois  de  son  nom  bénir  la  sainteté. 
Dont  la  vive  splendeur  sur  moi  s'est  répandue. 

De  sa  miséricorde  sainte 
L'efiort  de  race  en  race  enfin  tombe  sur  nous  ; 
Il  en  fait  part  à  ceux  qui  craignent  son  courroux, 
Et  je  porte  le  prix  d'une  si  digne  crainte. 

Son  bras  a  montré  sa  puissance , 
Les  projets  les  plus  vains,  il  les  a  dispersés; 
Les  desseins  les  plus  fiers,  il  les  a  renversés; 
Et  du  plus  haut  orgueil  abattu  l'insolence. 


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VÊPRES.  91 

TAncien  Testament;  les  saints  de  la  nouvelle  alliance 
ont  salué  de  leurs  pieux  transports  l'avènement  du  rè- 
gne de  Dieu  sur  la  terre;  quelle  bouche  humaine  pourra 
surpasser  désormais  ce  concert  unanime  de  louanges 
et  d'adoration?  Ah!  il  est  une  créature  bénie  entre 
toutes,  et  sur  les  lèvres  de  laquelle  la  prière  publi- 
que prend  un  caractère  d'incomparable  grandeur.  C'est 
bien  à  elle,  à  l'auguste  Vierge,  Mère  de  Dieu,  reine  des 
anges  et  des  hommes,  qu'il  appartient  de  glorifier  le 
Seigneur  au  nom  de  la  race  humaine  dont  elle  est  l'or- 
nement et  la  gloire.  A  elle,  que  toutes  les  nations  appel- 
lent bienheureuse,  de  se  faire  l'interprète  de  notre  re- 
connaissance envers  cette  bonté  miséricordieuse,  qui 
étend  ses  bienfaits  de  génération  en  génération.  A  elle, 
pour  qui  se  sont  opérées  de  si  grandes  choses,  d'exalter  la 
toute-puissance  de  celui  qui  élève  les  humbles  et  abaisse 
les  superbes,  rassasie  les  pauvres  du  pain  de  la  vérité  et 
laisse  les  riches  de  la  terre  dans  leur  abondance  sté- 
rile. A  elle  enfin,  en  qui  notre  délivrance  a  pris  son 

Les  plus  invincibles  Monarques 
Se  sont  vus  par  sa  main  à  leur  trône  arrachés; 
Et  ceux  que  la  poussière  avait  tenus  cachés, 
Ont  reçu  de  son  choix  les  glorieuses  marques. 

Par  des  faveurs  vraiment  solides, 
n  a  rempli  de  biens  ceux  que  pressait  la  faim  ; 
Et  ceux  qui  puisaient  Tor  chez  eux  à  pleine  main, 
Sa  juste  défaveur  les  a  renvoyés  vuides. 

C'est  ce  qui  nous  donne  assurance 
Qu'U  a  pris  Israël  en  sa  protection, 
Et  n*a  point  oublié  la  grâce  dont  Sion 
Avait  droit  de  flatter  son  illustre  espérance. 

n  la  promit  avec  tendresse, 
Abraham  et  ses  fils  en  eurent  son  serment  : 
Tout  ce  qu'il  leur  jura  parait  en  ce  moment, 
Et  ce  miracle  enûn  dégage  sa  promesse. 

Gloire  au  Père,  cause  des  causes. 
Gloire  au  Verbe  incarné,  gloire  à  TEsprit  divin; 
Telle  soit  maintenant,  et  teUe  encore  sans  Un, 
Qu*eUe  était  en  tous  trois  avant  toutes  les  choses. 

{Œuvres  diverses.) 


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92  DBS  DIFFÉRBNTBS  HBURBS  CANONIALES. 

origine,  de  célébrer  l'alliance  conclue  autrefois  avec 
le  Père  des  croyants  et  accomplie  pour  jamais  dans  le 
nouvellsraël,  c'est-à-dire  dans  l'Eglise  du  Dieu  vivant. 
Admirable  cantique,  qui  tient  à  la  fois  du  psaume  et 
de  l'hymne,  unissant  dans  ses  versets  qui  paraissent 
autant  de  strophes,  la  gravité  doctrinale  à  l'enthou- 
siasme lyrique;  prière  sublime  que  toute  langue 
chrétienne  répète  depuis  dix-huit  siècles,  qui  est 
devenue  le  chant  d'allégresse  de  toutes  nos  fêtes  et  de 
toutes  nos  solennités,  parce  qu'il  y  a  dans  cette  voix 
de  la  Vierge  triomphante,  un  accent  vraiment  céleste, 
et  fait  du  Magnificat  comme  un  prélude  de  Téternel 
Alléluia.  »  (JnsL  Pasior.  sur  T  assis  tance  à  ^office  des 
vêpres .) 

Après  le  Magnificat^  suit  l'oraison  qui  se  dit  toujours 
à  la  fin  des  heures  canoniales. 

Le  Pater  doit  terminer  les  vêpres,  dans  la  récitation 
privée,  si  on  les  séparait  de  compiles,  mais  l'Antienne 
finale  de  la  Sainte  Vierge  n'y  est  pas  obligatoire. 

Les  vêpres  du  Samedi  Saint  à  cause  de  la  longueur 
de  l'office  qui  a  précédé,  n'ont  qu'un  psaume  et  le  Ma- 
gnificat, avec  une  antienne  correspondante. 

Il  y  aurait  faute  vénielle  à  réciter,  sans  raison,  vêpres 
avant  midi,  en  dehors  du  carême.  Cette  heure,  en  effet, 
correspond  à  la  fin  du  jour.  Mais  on  peut  les  réciter 
dès  après  midi,  d'après  un  usage  approuvé  par  tous 
les  auteurs. 

Pendant  le  Carême,  à  partir  du  premier  samedi  in- 
clusivement, on  doit,  au  chœur,  chanter  vêpres  avant 
midi,  excepté  les  dimanches;  il  est  louable  de  faire  de 
même  dans  la  récitation  privée,  quoiqu'il  n'y  ait  pas 
d'obligation.  C'est  en  souvenir  de  ladiscipline  ancienne, 
où,  pendant  le  Carême,  on  ne  rompait  le  jeûne  que  vers 
six  heures  du  soir,  après  le  chant  des  vêpres.  Le  repas 
principal  ayant  été  avancé  dans  la  suite  à  midi,  on  a 
conservé  l'usage  de  chanter  les  vêpres  auparavant.  Il 


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VÊPRES.  n 

n'est  pas  permis  de  devancer  ainsi  vêpres  les  diman- 
ches du  Carême,  parce  qu'on  n'a  jamais  jeûné  ces 
jours-là.  Ce  privilège  ou  cette  obligation  ne  commence 
que  le  premier  samedi  seulement,  avec  le  Carême  litur- 
gique proprement  dit,  et  ne  comprend  pas  les  complies. 
Au  chœur,  on  chante  ainsi  les  vêpres  après  la  grand'- 
messe,  c'est-à-dire  vers  dix  heures  du  matin;  c'est 
pourquoi  on  peut  aussi  les  réciter  vers  la  même  heure 
en  son  particulier. 

Art.  III.  Célébration  des  Vêpres  an  chœnr. 

Elle  peut  être  solennelle  ou  non,  selon  que  le  célébrant 
a  la  chape  et  encense  Tautel,  ou  qull  préside  en  simple 
surplis  et  sans  encensement. 

Nous  entrerons  ici  dans  quelques  détails,  parce  que 
cet  office  a  lieu  partout  le  dimanche,  et  que  les  cérémo- 
nies des  laudes  sont  en  tout  semblables  à  celles  des  vê- 
pres. (Voir  ce  que  nous  avons  déjà  dit,  t.  III,  p.  96-100.) 

§  I.  —CÉLÉBRATION  SOLENNELLE. 

On  peut  toujours  chanter  solennellement  les  vêpres, 
c'est-à-dire,  avec  chape  et  encensement,  le  dimanche 
ainsi  que  les  fêtes  qui  sont  au  moins  du  rit  double 
majeur.  On  ne  pourrait  pas,  en  dehors  du  dimanche, 
chanter  ainsi  les  vêpres  d'un  double  mineur,  d'un  semi- 
double  ou  d'un  simple,  ainsi  que  d'une  férié.  (Cœrem. 
Episc,  1.  n,  c.  m,  I  17.) 

Il  peut  y  avoir  deux,  quatre  ou  six  chapiers  selon 
le  jlegré  de  la  solennité.  Le  cérémonial  des  évêques  a 
réglé  ce  point  de  la  manière  suivante  :  Il  y  a  six  cha- 
piers aux  fêtes  les  plus  solennelles,  comme  Noël,  l'Epi- 
phanie, (saint  Joseph),  Pâques,  l'Ascension,  la  Pentecôte, 
la  Fête-Dieu,  saint  Pierre  et  saint  Paul,  l'Assomption, 
la  Toussaint,  (l'Immaculée  Conception),  le  Patron  ou  le 
Titulaire,  la  Dédicace.  Il  y  en  a  quatre  aux  fêtes  qui 
suivent  immédiatement  les  précédentes  :  ainsi,  les  deux 
jours  après  Noël,  après  Pâques  et  après  la  Pentecôte;  la 

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n     DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES 

Circoncision,  (le  Saint  Nom  de  Jésus),  la  PurijBication, 
l'Annonciation,  la  Nativité  de  la  sainte  Vierge,  la 
sainte  Trinité  et  la  Nativité  de  saint  Jean-Baptiste. 
Aux  autres  fètes,  ainsi  qu'aux  vêpres  du  dimanche, 
il  n'y  a  que  deux  chapiers  seulement.  (Lib.  II,  c.  m, 
§  16  et  17.) 

Les  chapiers  ou  pluvialistes  doivent  être  au  moins 
tonsurés.  (29  mars  1659,  19  juillet  1670, 10  mai  1744.) 
(Voir  tom.I,p.  389.  Chape.) 

Les  chapes  sont  de  la  couleur  de  l'office  qui  a  ses 
vêpres  au  moins  à  partir  du  capitule. 

Le  célébrant  ne  doit  pas  avoir  l'étole,  alors  même 
qu'il  n'aurait  que  le  surplis,  à  moins  que  les  vêpres  ne 
soient  chantées  devant  le  Saint-Sacremntexposé,  à  cause 
de  Tencensement.  (7  septembre  1658,  17  décembre 
1828,  11  septembre  1847,  26  avril  1854.) 

Le  célébrant  ne  doit  pas  prendre  sa  chape  à  partir  du 
capitule  seulement,  ou  du  Magnificat,  Cet  usage  n'est 
toléré  que  pour  certains  ordres  religieux,  dont  le  chœur 
n'est  pas  en  vuedu  public.  (17  septembre  1607,  20  juil- 
let 1593  ;  —  Merati,  Le  Vavasseur,  etc.) 

On  est  debout  au  chant  du  Magnificat^  à  cause  du 
sens  et  de  la  solennité  du  cantique  ;  il  faut  se  signer 
au  premier  verset,  pour  mieux  commencer  cette  magni- 
fique louange. 

Nous  pouvons  maintenant  résumer  ainsi  les  céré- 
monies des  vêpres  solennelles,  d'après  Martinuccietles 
auteurs  les  plus  autorisés. 

Après  avoir  salué  la  croix  de  la  sacristie,  les  officiers 
des  vêpres  se  rendent  au  sanctuaire  dans  l'ordre  sui- 
vant: les  deux  acolytes,  le  cérémoniaire,  les  chapiers 
deux  à  deux,  sll  y  en  a  au  moins  quatre,  et  le  célébrant 
entre  les  deux  chapiers  les  plus  dignes,  qui  relèvent  un 
peu  sa  chape,  ce  qu'ils  ont  soin  de  faire  chaque  fois 
que  le  célébrant  est  en  marche.  Les  chapiers  et  le  célé- 
brant seuls  ont  la  tête  couverte. 


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VÊPRES.  95 

Arrivés  au  bas  de  l'autel,  tous  se  rangent  sur  une 
même  ligne,  et,  la  tète  découverte,  font  la  génuflexion 
si  le  Saint -Sacrement  est  dans  le  tabernacle,  sinon 
le  célébrant  et  les  chapiers  font  l'inclination  à  la  croix, 
et  les  acolytes  et  le  cérémonaire  la  génuflexion. 

Pendant  que  le  célébrant  et  les  chapiers  s'agenouil- 
lent sur  la  dernière  marche  pour  réciter  VAperiy  les 
acolytes  déposent  leurs  chandeliers  aux  deux  côtés  de 
l'autel,  sur  le  premier  degré  ou  m  plano.les  éteignent, 
et  regagnent  leur  place  au  chœur. 

La  prière  terminée,  le  célébrant  accompagné  des 
chapiers,  se  dirige  vers  son  siège,  qui  est  dans  le  sanc- 
tuaire, du  côté  de  l'Epitre,  ou  à  la  première  stalle  du 
chœur,  et  s'assied.  On  a  dû  placer  devant  lui,  dans  le 
premier  cas,  un  pupitre  couvert  d'un  voile  de  soie  et 
de  la  couleur  du  jour.  Les  chapiers  sont  debout  devant 
le  célébrant,  en  face  les  uns  des  autres,  mais  évitant  de 
tourner  le  dos  à  l'autel.  Le  chœur,  s'assied  aussi  et  se 
couvre.  Ce  repos  est  pour  préparer  l'office  dans  les 
livres  de  chant. 

Au  signal  donné  par  le  cérémoniaire,  le  célébrant  se 
lève  et  tout  le  chœur  avec  lui  ;  il  entonne  Deus  in 
adjutoriumy  en  faisant  le  signe  de  la  croix,  pendant  le- 
quel le  cérémoniaire  relève  un  peu  la  chape. 

Vers  la  fin  du  Sicut  eral^  le  premier  chapier,  accom- 
pagné du  cérémoniaire,  s'avance  en  face  du  célébrant, 
le  salue  et  lui  annonce  la  première  antienne  que  celui- 
ci  entonne  ;  après  quoi  le  chapier  salue  de  nouveau  et 
reprend  sa  place,  ce  que  font  pareillement  les  autres, 
s'ûs  sont  plus  de  deux.  Après  l'antienne,  deux  chantres 
en  surplis  entonnent  au  milieu  du  chœur  le  premier 
psaume  jusqu'à  la  médiante,  ayant  soin  de  faire  la 
génuflexion  avant  et  après,  et  de  se  saluer  en  se  retirant. 
A  ces  mots  :  Sede  a  dextris  meis,  le  chœur  s'assied  et  se 
couvre. 

Les  antiennes  des  psaumes  suivants  sont  annoncées 


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96  DBS  DIFFÉREiNTBS  HEURES  GiLNONIALES. 

aux  prêtres  les  plus  dignes,  alternativement  d'un  côté 
lutre  du  chœur,  par  Tundes  deux  chantres,  ou 
iernier  chapier,  s'il  yen  avait  plus  de  deux;  Tan- 
du  second  psaume  doit  toujours  être  portée  au 
gne,  quand  même  il  siégerait  du  côté  du  célé- 

hœur  tout  entier  se  lève  dès  que  celui  à  qui  le 
5  annonce  l'antienne  se  lève  pour  entonner 
t.  Episç,  1.  II,  c.  m,  a.  8.)  Sur  la  fin  du  dernier 
3,  les  acolytes  rallument  leurs  cierges  et  viennent 
îr  à  la  droite  et  à  la  gauche  du  célébrant,  jusqu'à 
celui-ci  ait  chanté  le  capitule  ;  les  chapiers  se 
t  devant  lui. 

îs  la  répétition  de  la  dernière  antienne,  le  célé- 
ie  lève  pour  chanter  le  capitule,  et  tout  le  chœur 
li. 

id  le  capitule  est  chanté,  le  premier  chapier  se 
levant  le  célébrant  pour  lui  annoncer  l'hymne, 
celle-ci  a  été  entonnée,  les  chapiers  regagnent 
laces,  et  les  acolytes  reportent  leurs  chandeliers, 
ans  les  éteindre.  Si  l'on  doit  s'agenouiller  à  la 
ire  strophe,  les  acolytes  seuls  restent  debout, 
\  la  fin  de  l'hymne,  le  thuriféraire  va  préparer 
ceusoir  ;  les  chapiers,  s'il  y  en  a  plusdedeux,  re- 
nt  devant  le  célébrant,  et  les  deux  derniers  vont 
ser  devantrautel,au  moment  voulu,  pour  chanter 
set;  à  leur  défaut,  les  deux  chantres  en  surplis 
nt  ce  verset,  après  quoi,  le  premier  chapier  an- 
au  célébrant  l'antienne  du  Magnificat^  pendant 
ie  on  s'assied.  Durant  ce  temps  le  thuriféraire  ap- 
I.  Le  célébrant  se  lève  à  l'intonation  du  cantique, 
sa  barrette  au  premier  chapier  ou  au  cérémo- 
,  et,  les  mains  jointes,  se  dirige  vers  l'autel,  suivi 
lapiers;  il  y  monte,  et  après  l'avoir  baisé,  se 
à  droite,  met  l'encens  dans  l'encensoir,  le  bénit 
Bi  formule  ordinaire,  et  encense  l'autel  comme  à 


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YÉPRBS.  97 

Vlntroît  de  la  messe,  en  récitant  le  Magnificat  alterna- 
tivement avec  les  chapiers. 

Si  le  Saint-Sacrement  n'est  pas  à  l'autel  du  chœur, 
le  célébrant^^t  les  chapiers,  la  tête  couverte,  et  précé- 
dés du  thuriféraire,  des  acolytes,  du  cérémoniaire  et 
de  quelques  membres  du  clergé,  se  rendent  à  l'autel 
où  se  conserve  la  sainte  Eucharistie  ;  c'est  là  qu'a  lieu 
l'encensement.  On  revient  au  chœur  dans  le  même 
ordre. 

Le  célébrant  retourne  à  sa  place  pour  être  encensé 
de  trois  coups  parle  premier  chapier.  Le  dernier  cha- 
pier,  s'ils  sont  plus  de  deux,  ou  le  thuriféraire,  dans  le 
cas  contraire,  encense  après  de  deux  coups  les  cha- 
noines, les  autres  chapiers,  le  Supérieur  de  l'église,  et 
d'un  coup  seulement  les  autres  membres  du  chœur. 
Le  thuriféraire  encense  le  dernier  chapier  si  celui-ci  a 
fait  les  encensements  qui  précèdent,  puis  les  acolytes  et 
le  peuple.  L'encensement  doit  être  terminé  dès  que  le 
célébrant,  tourné  vers  l'autel,  chante  Dominus  vobis- 
cum  et  l'oraison.  Les  chapiers  et  les  acolytes  sont  là 
comme  pour  le  capitule.  Après  la  dernière  oraison,  s'il 
y  en  a  plusieurs,  les  deux  derniers  chapiers  ou,  à  leur 
défaut,  les  deux  chantres  en  surplis  chantent  au  milieu 
du  sanctuaire  ou  du  chœur  le  Benedicamus  Domino  ; 
le  célébrant  dit  d'une  voix  médiocre  le  yersei  Fidelium 
animâS^  et,  à  voix  basse,  le  Pater  noster^  ajoutant  d'une 
voix  médiocre  encore:  Dominus  det  nobissuampacem; 
puis,  si  les  compiles  ne  se  disent  pas  après  vêpres,  il 
entonne  l'antienne  de  la  Sainte  Vierge  qu'on  chante  de- 
bout ou  à  genoux,  suivant  le  temps.  Enfin,  après  avoir 
salué  l'autel  et  le  clergé,  le  célébrant  retourne  à  la  sa- 
cristie, dans  le  même  ordre  qu'il  était  venu. 


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98  DES  DIFFÉRENTES   HEURES  CANONIALES. 

§  II.  —  CÉLÉBRATION   NON  SOLENNELLE. 

C'est,  avons-nous  dit,  la  célébration  des  vêpres  sans 
encensement  ni  chape.  Aucun  ministre  n'est  ici  né- 
cessaire, à  Texception  des  chantres.  {Cœremon.  Episc. 

1.  II,  C.  III.) 

L'officiant  est  en  simple  surplis, mais  sansétole.  {id. 
1 1.)  11  peut  demeurer  à  sa  place  ordinaire,  on  pren- 
dre la  première  place  d'un  des  côtés  du  chœur,  ou  en- 
core se  mettre  ailleurs,  selon  l'usage.  (21  Nov.  1626; 
24  Mai  1659;  17  Juin  1706.) 

Les  ecclésiastiques  qui  se  rendraient  au  chœur  avec 
lui,  au  commencement,  doivent  le  suivre,  les  plus  di- 
gnes les  premiers,  et  non  le  précéder.  (21  Nov.  1636.) 
Deux  d'entre  eux  peuvent  l'accompagner. 

L'officiant  se  met  à  genoux  sur  le  plus  bas  degré  de 
l'autel,  et  au  milieu,  pour  réciter  VAperi.  (Caerem. 
Episc.) 

Il  se  rend  ensuite  à  sa  place,  et  après  avoir  dit  Pater ^ 
Ave,  commence  Deics  in  adjuioriumy  en  faisant  le  si- 
gne de  la  croix. 

L*officiant  entonnela  première  antienne  que  le  chœur 
continue,  si  l'office  est  du  rit  double;  le  chœur  s'assied 
et  se  couvre,  après  que  le  chantre  a  entonné  le  psaume. 

Les  autres  antiennes  sont  entonnées  par  ceux  qui 
sont  au  chœur,  en  commençant  par  les  jplus  dignes. 

Les  cinq  psaumes  et  la  dernière  antienne  chantés, 
Tofficiant  se  découvre,  se  lève,  dit  le  capitule  et  en- 
tonne l'hymne. 

Le  verset  qui  suit  est  chanté  par  deux  clercs  ou  deux 
chantres. 

L'officiant  entonne  l'antienne  du  Magni/icaty  et  dit 
ensuite,  en  temps  convenable,  Dominus  vobiscum^  les 
oraisons  prescrites,  et  le  verset  Fidelium^  après  qu'on 
a  chanté  Benedicamus  Domino. 

Si  on  devait  dire  les  prières  fériales,  l'officiant  les 


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VÊPRES.  99 

chanterait  sans  inflexion  de  voix,  et  se  lèverait  pour 
les  oraisons. 

Art.  IV.  De  la  convenance  d'assister  anz  Vêpres  le 
dimanche. 

Nous  ne  ferons  ici  que  reproduire,  en  partie,  la  belle 
Instruction  Pastorale  de  Mgr  Freppel  sur  ce  sujet.  (18 
oct.  1878.) 

«  La  sanctification  du  dimanche  consiste  principale- 
ment dans  Tassistance  à  Tauguste  sacrifice  de  nos  au- 
tels. Vous  comprenez  tous  la  gravité  de  cette  obligation 
dont  nul  chrétien,  digne  de  ce  nom,  n'oserait  se  dis- 
penser; et,  certes,  il'n'est  pas  de  spectacle  plus  beau  ni 
plus  consolant  quedevoir,  le  jour  du  Seigneur,  une  pa- 
roisse entière,  grands  et  petits,  riches  et  pauvres,  s'a- 
cheminer vers  le  temple  en  habits  de  fêtes,  pour  s'as- 
socier de  cœur  et  d'âme  à  cet  acte  sublime,  par  où  la 
terre  se  relie  au  ciel  dans  l'hommage  le  plus  parfait 
que  l'homme  puisse  rendre  à  Dieu  son  Créateur  etson 
Sauveur. 

Et  cependant,  N.T.C.F.,  cet  actede  religion,  quelque 
grand  qu'il  puisse  être,  suffit-il  à  lui  seul  pour  l'obser- 
vation pleine  et  entière  delà  loi  divine  et  du  précepte  ec- 
clésiastique ?  Une  demi-heure  ou  une  heure  même 
donnée  à  Dieu,  dans  un  jour  qui  lui  est  dû  tout  entier, 
remplit-elle  complètement  l'idée  qu'on  doit  se  former 
d'une  sanctification  véritable  des  dimanches  et  des  fêtes? 
Peuvent-ils  se  flatter  de  répondre  à  tout  ce  que  Dieu  et 
l'Eglise  ont  droit  de  leur  demander,  ceux  qui,  se  bor- 
nant à  remplir  cette  prescription  essentielle  passent  le 
reste  du  jour  dans  les  distractions  et  dans  l'oisiveté, 
sans  consacrer  un  instant  de  plus  à  la  prière  et  à  l'ado- 
ration ?  Est-ce  ainsi  que  la  coutume,  fidèle  interprète 
des  lois  a  compris  et  appliqué  celle  du  dimanche  ?  La 
tradition  chrétienne,  cette  autorité  toujours  vivante  et  à 
laquelle  chaque  siècle  vient  ajouter  un  nouveau  poids,  a- 


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iOO  DBS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

t-elle  resserré  le  service  divin  dans  des  limites  si  étroi- 
tes ?Non,  assurément.  En^nstituant  Toffice  des  vêpres 
comme  une  partie  intégrante  de  la  liturgie  dominicale, 
l'Eglise  a  suffisamment  montré  combien  elle  désire 
que  tous  ses  enfants  y  assistent  pour  sanctifier  de 
leur  mieux  la  seconde  partie  du  dimanche.  Et  ce  n*est 
pas  sans  une  vive  douleur  que  nous  voyons  des  per- 
sonnes, même  pieuses,  se  dispenser  avec  facilité  des 
vêpres  de  leur  paroisse,  soit  pour  se  livrer  à  des  oc- 
cupations purement  profanes,  soit  pour  chercher  ail- 
leurs !des  pratiques  de  dévotion  qui,  n'ayant  pas  la 
même  sanction  ni  la  même  autorité,  ne  sauraient 
leur  offrir  les  mêmes  avantages  spirituels.  Voilà  pour- 
quoi nous  regardons  comme  un  devoir  d'insister  au- 
près de  vous  sur  Texcellence  d'un  office  qui,  tant  par 
son  antiquité  et  son  universalité  que  par  son  objet 
même,  occupe  le  premier  rang  dans  la  liturgie  de  l'E- 
glise après  le  saint  sacrifice  de  la  messe.  Nous  croi- 
rions avoir  puissamment  travaillé  au  bien  de  vos  âmes, 
si  nos  pressantes  exhortations  avaient  pour  résultat 
de  vous  ramener  à  une  pratique  consacrée  par  tous 
les  siècles  chrétiens,  et  qu*uu  nombre  trop  considéra- 
ble de  fidèles  ne  craignent  pas  de  négliger  aujour- 
d'hui, au  grand  détriment  de  leur  vie  religieuse  et 
morale. 

I 

C'est  le  propre  du  peuple  d'Israël  d'avoir  servi  en 
toute  chose  de  figure  et  de  préparation  à  l'Eglise  catho- 
lique, qui  est  l'organisation  définitive  du  règne  de  Dieu 
sur  la  terre.  Il  n'est  pas  étonnant,  dès  lors,  que  nous 
trouvions  dans  la  prière  publique,  telle  que  l'Ancien 
Testament  Tavait  établie  et  formulée,  une  image  anti- 
cipée de  la  liturgie  chrétienne.  Or,  en  tête  du  saint 
livre,  qui  était  pour  la  nation  choisie  le  code  des  révé- 
lations divines,  on  lisait  ces  mots,    par  lesquels  s'ou- 


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VËPRBS.  101 

vre  le  récit  de  la  création  :  «  du  soir  et  du  matin  se 
forma  le  premier  jour  :  »  factumque  est  vespere  et 
mane  dies  unus,  (Genèse  IS.)  Comme  pour  répondre 
à  ces  deux  grandes  divisions  du  jour  et  pour  consacrer 
l'une  et  Tautre,  la  loi  mosaïque  instituait  un  double 
sacrifice  de  louanges  et  d'actions  de  grâces  :  le  sa- 
crifice du  matin,  et  celui  du  soir  :  unum  mane,  et  al- 
terum  vespere,  (Exode,  xxix,  39.)  Ce  n'est  pas  le  matin 
seulement  que  le  psalmiste  méditait  sur  les  grandeurs 
divines  :  in  matutinis  meditabor  in  te  ;  (Ps.  lxii,  7),  mais 
ses  mains  s'élevaient  encore  vers  le  ciel  avec  le  sacri- 
fice du  soir:  elevatio  manuummearum  sacrificiumves" 
pertinum,  (Ps.  cxl,  2.)  Ainsi  le  chant  des  psaumes 
et  des  hymnes  sacrés  se  prolongeait-il  dans  le  tem- 
ple de  Jérusalem  entre  ces  deux  actes  principaux  du 
service  divin,  entre  le  sacrifice  du  matin  et  le  sacrifice 
du  soir  ;  et  quand  Je  royal  Prophète  disait  au  Seigneur  : 
«Sept  fois  le  jour  je  célèbre  vos  louanges  :  septies  in  die 
laudemdixitibiÇ?s.cxyiii^  164),  il  préludait  àla  grande 
voix  de  TEglise,  en  indiquant  d'avance  dans  quel  or- 
dre elle  allait  distribuer  les  heures  de  la  prière  publi- 
que pour  toute  la  suite  des  siècles. 

Dès  l'origine,  en  effet,  nous  voyons  s'introduiredans 
l'Eglise  et  s'organiser,  outre  la  célébration  du  sacrifice 
eucharistique,  acte  essentiel  du  culte  chrétien,  cette  au- 
tre partie  de  Toffice  divin  qui  devait  compléter  la  litur- 
gie sacrée.  Avec  le  même  soin  qu'il  mettait  à  inculquer 
aux  Corinthiens  la  nécessité  de  participer  àla  Gène  du 
Seigneur,  saint  Paul  n'avait-il  pas  recommandé  aux 
fidèles  de  Colosses  de  s'édifier  mutuellement  par  des 
psaumes,  des  hymnes  et  des  cantiques  spirituels  :  Do- 
centes  et  commonentes  vosmetipsos  psalmis,  hymnis  et 
canticis  spiritualibm?  (I  Gorinth.  ii;  Col.  m,  16.)  Les 
premiers  chrétiens  n'eurent  garde  de  négliger  une 
pratique  qui,  usitée  sousTancienne  loi,  venait  de  rece- 
voir de  la  loi  nouvelle  une  sanction  plus  haute  encore  ; 

6. 


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i02  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

et  c'étaitavec  raisonque  saint  Augustin  pouvait  dire  : 
<(  Quant  au  chant  des  hymnes  et  des  psaumes,  nous 
avons  là-dessus  l'exemple  du  Seigneur  lui-même  et  des 
5  :  De  hymnis  et  psalmis  canendis  ipsius  Do- 
t  apostolorum  habemus  et  exempta  et  prœcepta.^^ 
19.)  Si  haut  que  les  témoignages  de  l'histoire 
ermettent  de  remonter  dans  les  fastes  de  la  li- 
chrétienne,  nous  y  trouvons,  marquée  dans  ses 
îs  lignes,  cette  admirable  distribution  des  heu- 
aoniales,  qui  s'échelonnent  de  distance  en  dis- 
tout le  long  du  jour,  entrecoupant  le  travail  par 
>re  publique,  appropriant  la  psalmodie  à  chacune 
[Visions  du  temps,  qu'elles  sanctifient  par  la 
je  divine  depuis  l'aurore  jusqu'au  crépuscule, 
'éprendre  le  lendemain  l'hymne  de  l'adoration 
Dmpue  la  veille. 

s  doute  le  soin  des  affaires  et  les  nécessités  de  la 
permettaient  pas  aux  fidèles  de  la  primitive 
de  participer  à  tout  l'ensemble  de  cet  office  divin 
B  bonne  heure,  doit  être  réservé  plus  spéciale- 
aux  ministres  du  Seigneur.  Mais  du  moins,  se 
int-ils  une  sainte  habitude  de  s'y  associer  dans 
ux  parties  principales.  Ouvrons  le  recueil  des 
itutions  apostoliques^  monument  vénérable  de  ces 
reculés  :  «  Rassemblez-vous  dans  l'église  deux 
jour,  y  est-il  dit  aux  fidèles,  le  matin  et  le  soir, 
y  chanter  des  psaumes  et  faire  des  prières  dans 
iple  du  Seigneur  :  »  Convenue  in  ecclesiam  sin-- 
diebtis  mane  et  vespere  ad  canendos  psalmos  et 
liones  in  templo  Domini  faciendas  (L.  II,  c.  xix).  Ce 
pas  aux  dimanches  et  aux  jours  de  fête  seulement 
5  bornaient  ces  recommandations;  elles  s'éten- 
t  à  tous  les  jours  de  la  semaine.  C'est  qu'en  effet, 
e  récrivait  Origène,  le  chrétien  qui  a  l'intelligence 
religion  est  persuadé  que  chaque  jour  est  pour 
ijour  de  dimanche,  un  jour  du  Seigneur,  semper 


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VÊPRES.  103 

agit  dies  Domini  et  nunquam  non  habet  diem  domi- 
nicain (L.  VII  contre  Celse).  Telle  était  aussi  ropinion 
de  Clément  d'Alexandrie,  quand  il  disait  que,  pour  un 
chrétien,  tous  les  jours  de  la  vie  sont  des  jours  de  fête 
dont  tous  les  moments  doivent  être  consacrés  à  Dieu 
d'une  manière  ou  d'une  autre:  per  totam  ergo  vitam 
diem  festumagimus,  (Strom.  1.  VII.)  Et  saint  Jean  Chry- 
sostôme  ne  s'exprimait  pas  autrement  lorsqu'il  rap- 
pelait aux  fidèles  que  la  vie  présente  est  en  quelque 
sorte  une  fête  continuelle;  vraie  image  de  la  grande 
fête  de  l'éternité  :  semper  enim  nobis  est  festivitas. 
(Tom.  V,  serm.  56.)  Magnifique  pensée  que  saint  Basile 
complétait  à  son  tour,enmontrantdans  lasemaine  l'oc- 
tave du  dimanche,  d'où  elle  part  et  où  elle  revient  sans 
cesse,  soit  pour  en  prolonger  le  souvenir,  soit  pour  en 
préparer  le  retour.  {De  spir.  sancto^  c.  xxvn.) 

Si  tels  étaient  les  sentiments  et  la  pratique  des  chré- 
tiens dans  les  premiers  temps  de  î'Eglise,  si  la  fer- 
veur et  la  vivacité  de  leur  foi,  les  portaient  à  s'unir 
extérieurement  aux  prières  des  heures  canoniales, 
même  les  jours  de  la  semaine,  est-ce  trop  vous  de- 
mander, N.  T.  C.  F.  que  d'insister  auprès  de  vous  sur 
l'assistance  régulière  à  l'office  du  matin  et  à  celui  du 
soir,  du  moins  les  dimanches  et  les  jours  de  fête? 
Comment  ne  pas  sentir  à  quelles  limites  étroites  la 
préoccupation  des  intérêts  terrestres  a  réduit  parmi 
nous  le  tribut  de  la  louange  divine,  lorsqu'on  entend 
V^MiQuxàQi Constitutions  Apostoliques  recommander  à 
de  simples  fidèles  de  «  s'associer  aux  prières  de  l'E- 
glise, à  prime,  à  tierce,  à  sexte,  à  none,  à  vêpres  ?  » 
{Precationes  facite  mane^  tertia^  sexta,  nona^  vespere 
atque  adgallicantum.  {Constit,  apost.  1.  VIII,  c.  xxxiv.) 
Devant  de  tels  exemples  et  de  telles  leçons  qui  nous 
arrivent  de  nos  pères  dans  la  foi,  ne  sommes-nous 
pas  en  droit  de  vous  répéter  avec  saint  Jean  Chrysos- 
tôme  :  «  Dieu  vous  a  abandonné  six  parties  de  la  se- 


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104         DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

maine,  pour  s'en  réserver  une  seule  :  Tibi  sex  imper- 
tiit  partes,  sibi  unum  reliqtiit;  ne  faut-il  pas,  à  tout 
le  moins,  que  cette  journée  unique  lui  soit  consacrée 
tout  entière,  et  que,  le  soir  comme  le  matin,  vous  pre- 
niez part  à  la  prière  publique,  pour  sanctifier  le  peu 
de  temps  que  le  service  divin  enlève  aux  soins  et  aux 
vanités  du  siècle?  »  (Homil.  xxiv.) 

Et,  non  seulement,  N.  T.  C.  F.,  l'assistance  aux  vê- 
pres du  dimanche  était  considérée  dans  ces  âges  de 
foi  comme  le  meilleur  moyen  de  compléter  la  sanc- 
tification du  jour  que  Dieu  s'est  réservé,  mais  encore 
le  respect  des  fidèles  pour  le  saint  jour  du  dimanche 
était  tel,  qu'ils  s'y  préparaient  dès  la  veille  en  assis- 
tant régulièrement  aux  vêpres  du  samedi.  Cette  pieuse 
pratique,  qui  avait  son  fondement  dans  les  prescriptions 
de  l'ancienne  loi  (Lévitique,xxni,  32.),  saint  Augustin 
la  recommandait  avec  instance  aux  chrétiens  de  son 
temps  :  «  Prenons  garde,  leur  disait-il,  que  le  repos 
dominical  ne  devienne  pour  nous  chose  vaine;  pour 
le  rendre  fructueux,  ayons  soin  de  vaquer  au  culte 
divin  depuis  les  vêpres  du  samedi  jusqu'aux  vêpres 
du  dimanche.  »  (Sermon  2^1,  de  iempore.)  Ainsi  s'ex- 
priment à  la  suite  du  grand  évêque  d'Hippone,  saint 
Jérôme  et  Cassien,  saint  Ambroise  et  saint  Epiphane, 
le  concile  de  Laodicée  et  celui  de  Francfort,  le  pape 
Grégoire  IX  et  le  pape  Alexandre  III.  (Saint  Jérôme, 
contraVigilantium  ;  Cassien,  de  dium^  1.  3,  orat.,  c. 
vin  ;  Saint  Ambroise,  in  psalm.  118  ;  saint  Epiphane, 
Expos,  fidei  cath.  23  ;  Concile  de  Francfort  en  794, 
Vt  dies  dominica  a  vespera  usque  in  vesperam  serve- 
tur  ;  Décrétales  de  Grégoire  IX,  Extrav.  de  Feriisy  c.  i, 
2  ;  Alexandre  III,  ibid.)  Préluder  à  la  sanctification  du 
dimanche  par  l'assistance  aux  vêpres  du  samedi,  c'é- 
tait un  pieux  usage  que  nous  voyons  se  prolonger  jus- 
qu'au xn®  siècle,  et  qui  montre  avec  quelle  scrupu- 
leuse fidélité  l'on  s'appliquait  à  célébrer  le  jour  com- 


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VÊPRES.  !05 

mémoratif  de  la  Création,  de  la  résurrection  du  Sei- 
gneur, de  la  descente  de  l'Esprit  Saint  sur  les  apôtres, 
de  la  promulgation  de  l'Evangile,  en  un  mot,  de  l'é- 
tablissement du  règne  de  Dieu  sur  la  terre. 

Car  si  déjà  les  vêpres  du  samedi  avaient,  dans  l'es- 
prit des  fidèles,  une  si  haute  importance,  comme  pré- 
paration à  la  fête  du  lendemain,  à  plus  forte  raison 
les  vêpres  du  dimanche  étaient-elles  envisagées  comme 
une  partie  intégrante  de  l'office  divin.  Les  popula- 
tions s'y  portaient  en  foule,  heureuses  de  s'unir  à  la 
prière  de  l'Eglise  dans  la  seconde  comme  dans  la  pre- 
mière partie  du  jour  plus  spécialement  consacré  à  la 
louange  divine.  Soit  que  la  psalmodie  se  rapprochât 
davantage  de  la  simple  récitation,  comme  dans  l'E- 
glise d'Alexandrie  (saint  Augustin,  Confes,^  lib.  X,c. 
xxxm  :  Ut  pronuncianti  vicinior  essei  quam  canenii)  ou 
qu'elle  prît  le  caractère  du  chant  proprement  dit, 
comme  dans  d'autres  églises  de  l'Orient  {Ibid.^  1.  IX, 
c.  vu),  soit  qu'un  seul  élevât  la  voix  au  milieu  du  silence 
et  du  recueillement  général,  ou  bien  que  tout  le  peu- 
ple chrétien  confondit  ses  accents  dans  le  chant  al- 
tjBrnatif  des  psaumes,  introduit  par  saint  Ambroise  en 
Occident  [ibid.)  et  en  Orient  par  Diodore  évèque  de 
Tarse,  et  par  Flavien  évêque  d'Antioche  (Théodoret, 
Hist.  1.  n,  c.  xxiv),  l'assistance  à  l'office  des  vêpres  du 
dimanche  était  une  pratique  universelle.  En  s'asso- 
ciant  du^cceur  et  des  lèvres  aux  chants  de  la  prière 
liturgique,  toutes  les  âmes  vraiment  chrétiennes  pou- 
vaient se  dire  avec  saint  Augustin  :  «  Que  de  douces 
larmes  n'ai-je  pas  versées,  ô  mon  Dieu,  en  écoutant 
vos  hymnes  et  vos  cantiques  :  Quantum  flevi  in  hymr 
nis  et  canticis  tuis  I  La  voix  de  votre  Eglise  me  rem- 
plit jusqu'au  fond  de  l'âme.  A  mesure  que  les  suaves 
accents  de  la  prière  retentissaient  à  mon  oreille,  la 
vérité  pénétrait  dans  mon  cœur  qu'elle  enflammait 
d'amour.  Sous  l'impression  de  piété  que  j'en  éprouvais, 


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106         DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

des  larmes  d'émotioD  coulaient  de  mes  yeux,  et  je 
m'en  trouvais  bien  :  currebant  lacrymse^  et  bene  rnihi 
erat  cum  eis.  » 

Ne  VOUS  étonnez  pas  dès  lors,  N.  T.  C.  F. ,  que  l'assis- 
tance aux  vêpres,  du  dimanche  ait  été,  de  la  part  des 
papes  et  des  évèques,  des  Pères  et  des  conciles,  l'objet 
de  recommandations  si  vives  et  si  pressantes.  «  S'il  vous 
est  prescrit  de  vous  abstenir  les  jours  de  fête  de  toute 
œuvre  servile,  écrivait  le  pape  Nicolas  P'  aux  Bulgares, 
c'est  afin  que  les  chrétiens  puissent  se  réunir  plus  li- 
brement à  l'église,  pour  y  chanter  des  psaumes,  des 
hymnes  et  des  cantiques  spirituels  :  «  Ut  liberius  ad 
Ecclesiam  in  psalmis  et  canticis  spiritualibus  insistere 
valeat  christianus  *.  Là-dessus,  il  n'y  a  qu'une  voix  dans 
toute  la  tradition  chrétienne.  En  Italie,  c'est  le  troisième 
concile  de  Milan  qui  exhorte  les  fidèles  à  sanctifier  le  di- 
manche par  l'assistance  régulière  au  divin  office  des  vê- 
pres: Ut  divinis  prœsertim  Vesperarum  officiispraesen^ 
tesreligiose pieque  adsint,  (Acta  Ecclesi.  Mediol^  p.  85 
et  86.)  En  France,  c'est  le  concile  de  Tours,  tenu  en  813, 
c  fait  un  devoir  de  persévérer  dans  la  louange 

c  i  dans  l'action  de  grâces  jusqu'après  vêpres  :^ 

j  inicâ  oportet  omnes  christianos  in  laude  Dei  et 

^  m  actione  usque  ad  Vesperam  perseverare  ^. 

(  oncile  de  Reims,  de  l'année  1583,  qui  ajoute 

au  saint  sacrifice  de  la  messe  la  prédication  de  la  pa- 
role de  Dieu  et  l'office  des  vêpres  comme  un  double 
exercice  de  religion  et  de  piété  également  utile  pour  la 
sanctification  pleine  et  entière  des  dimanches  et  des 
jours  de  fêtes  :  Diebus  dominicis  et  festis  in  suas  paro- 
chias  populus  conveniat;  et  MissâBy  et  Concioni  ac  Ves- 
péris  intersit.  Dans  ces  paroles,  N.  T.  C.  F.,  vous  venez 
d'entendre  le  langage  de  tous  les  temps  et  de  tous  les 
lieux.  Toujours  et  partout,  dans  la  pensée  des  chrétiens, 

1.  Nicolaus  I,  ad  Bulgares,  c.  X  et  XI. 
2»  Goncil.  Tur.  can.40. 


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VÊPRES.  107 

sacrifice  du  matin,  c'est-à-dire  Timmolation  mysti- 
que de  l'Agneau  Rédempteur,  cet  acte  essentiel  de  la 
religion,  a  eu  son  complément  dans  cet  autre  sacri- 
fice de  louanges  qu'on  peut  appeler  en  quelque  sorte  le 
sacrifice  du  soir,  sacrificium  vespertinum.  Saint  Au- 
gustin en  avait  donné  la  raison.  Après  la  fonction  prin- 
cipale de  la  liturgie,  quoi  de  meilleur  pour  l'assemblée 
des  chrétiens  que  le  chant  des  psaumes  et  des  hymnes, 
quoi  de  plus  utile,  quoi  de  plus  saint?  Quid  melius  a 
congregatis  christianis  fiat^  guidutilius,  guid  sanctiuSy 
omnino  non  video.  (Lib.  II,  adinguisit.  Januarii^  c.  xix.) 
C'est  qu'en  eflfet,  N.  T.  C.  F.,  Toffice  des  vêpres,  si  vé- 
nérable par  son  antiquité  et  son  universalité,  acquiert 
aux  yeux  du  chrétien  un  nouveau  caractère  d'excel- 
lence et  de  grandeur,  lorsqu'on  l'envisage  en  lui-même 
et  dans  les  différentes  parties  qui  le  composent.  Il  sem- 
ble que  l'Eglise  ait  voulu  réunir  dans  cet  office  toutes 
les  beautés  de  TEcriture  Sainte  et  de  la  Tradition  pour 
offrir  à  ses  enfants  le  vrai  modèle  de  la  prière  publi- 
que. 

II. 

Saint  Paul  a  tracé  les  grandes  lignes  de  l'office  des 
vêpres,  quand  il  écrivait  aux  premiers  fidèles  :  «  Ins- 
truisez-vous et  exhortez-vous  mutuellement  dans  les 
psaumes,  les  hymnes  et  les  cantiques  spirituels.  »  Do- 
centes  et  commonentes  vosmetipsos  psalmis^  hymnis  et 
canticis  spiritualibus  (Ep.  aux  Coloss.  III,  15  et  16.)  Tel 
est,  en  effet,  le  triple  élément  que  TEglise  a  fait  entrer 
dans  le  sacrifice  de  louange  par  lequel  s'achève  et  se 
complète  la  sanctification  du  dimanche,  sacrificium 
vespertinum.  Elle  a  pris  sur  les  lèvres  du  psalmiste  le 
premier  thème  de  ses  chants;  elle  y  a  mêlé,  dans  une 
sainte  harmonie,  les  accents  les  plus  sublimes  qu'elle 
ait  pu  emprunter  aux  livres  de  la  Nouvelle  Alliance;  et 
enfin,  se  souvenant  que  la  lyre  sacrée  a  passé  dans 


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108         DBS  DIFF2RBNTBS  HBURBS  GANONULBS. 

ses  propres  mains,  elle  a  su  en  tirer  à  son  tour  une 
louange  parfaite.  Le  psaume,  l'hymne,  le  cantique  spi- 
rituel, couronnés  par  la  prière  du  prêtre,  résumant 
les  vœux  de  tout  un  peuple  dans  un  cri  final  de  recon- 
naissance et  d'amour,  voilà  cette  heure  solennelle  en- 
tre toutes,  par  où  se  termine  le  service  divin,  et  où  la 
voix  de  l'homme  fait  écho  à  la  parole  de  Dieu  dans 
un  concert  merveilleux  de  louanges,  d'actions  de  grâ- 
ces et  de  bénédictions 

Tel  est,  N.  T.  C.  F. ,  dan  s  ses|trai  ts  principaux,  ce  magni- 
fique office  des  vêpres  que  l'Eglise  a  placé  dans  l'après- 
midi  du  dimanche;  pour  vous  offrir  le  meilleur  moyen 
de  sanctifier  la  seconde  partie  du  jour  consacré  au 
culte  divin.  Grandes  seraient  notre  joie  et  notre  conso- 
lation, si  nos  instances  avaient  pour  résultat  de  vous 
ramener  à  une  pratique  dont  nous  ne  saurions  trop 
faire  ressortir  l'excellence  et  la  haute  utilité.  L'expé- 
rience nous  l'apprend  tous  les  jours  :  la  désertion  de 
l'office  des  vêpres  est  l'indice  non  équivoque  d'un  af- 
faiblissement notable  dans  la  vie  chrétienne  :  c'est 
d'ordinaire  le  premier  pas  vers  l'oubli  total  du  troi- 
sième commandement  de  Dieu.  Là  où  ce  grand  exer- 
cice religieux  est  abandonné,  l'on  voit  s'introduire  im- 
médiatement à  la  place  de  la  prière  publique,  les  jeux 
et  les  plaisirs  défendus,  les  stations  trop  prolongées 
dans  les  lieux  de  divertissements,  toutes  ces  habitu- 
des d'oisiveté  et  de  mollesse  qui  portent  une  si  grave 
atteinte  aux  bonnes  mœurs.  Bien  loin  de  contri- 
buer à  la  sanctification  des  âmes,  la  seconde  partie  du 
dimanche,  restée  vide  de  tout  acte  et  de  tout  sentiment 
religieux  devient  au  contraire  pour  beaucoup  une  oc- 
casion de  mal  et  une  source  de  profanations.  L'assis- 
tance régulière  à  l'office  des  vêpres  serait  le  meilleur 
préservatif  contre  le  désordre  moral,  et  le  moyen  le 
plus  efficace  pour  contenir  les  récréations  permises 
dans  les  limites  d'une  juste  modération.  L'on  n'est 


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VÊPRBS.  109 

guère  porter  à  abuser  d'un  repos  ou  d'un  délassement 
nécessaires,  lorsqu'au  sortir  du  temple  on  a  Tâme  en- 
core toute  pénétrée  des  chants  et  des  prières  de  la 
Sainte  Eglise.  Heureuses  les  paroisses  où  ces  traditions 
de  foi  et  de  piété  ont  conservé  toute  leur  force!  Elles 
chantent  au  Seigneur  le  cantique  toujours  ancien  et 
toujours  nouveau;  et  la  louange  divine  demeure  au 
milieu  d'elles  comme  dans  l'assemblée  des  saints  :  Laus 
ejus  in  ecclesiâ  sanctorum. 

Ainsi  que  nous  le  disions  au  début  de  cette  instruc- 
tion pastorale,  il  est  des  personnes  même  pieuses  qui  se 
dispensent  trop  facilement  des  vêpres  de  leur  paroisse, 
dans  les  villes  surtout.  Et  c'est  avec  peine  que  nous 
les  voyons  rechercher  de  préférence  telle  ou  telle 
dévotion  en  usage  dans  des  chapelles  particulières,  au 
lieu  d'assister  à  l'office  plus  spécialement  institué  par 
l'Eglise  pour  compléter  la  sanctification  du  dimanche. 
Nous  ne  nous  lasserons  pas  de  le  répéter,  rien  ne  sau- 
rait valoir  en  avantages  spirituels  la  participation  à  cette 
prière  publique  qui,  tant  par  son  antiquité  et  son 
universalité  que  par  son  objet  même,  occupe  le  premier 
rang  dans  la  liturgie  catholique  après  le  saint  sacrifice 
de  la  messe.  Et  comme  d'ailleurs,  dans  notre  diocèse 
le  salut  du  Saint-Sacrement  suit  toujours  les  vêpres  du 
dimanche,  il  ne  saurait  y  avoir  aucun  motif  d'abandon- 
ner l'Eglise  paroissiale  pour  satisfaire  ailleurs  la  piété 
envers  la  divine  Eucharistie.  Nous  devons  l'édification 
à  ceux  qui  font  partie  avec  nous  de  la  même  famille 
religieuse  :  et  comment  les  édifier,  quand  nous  appa- 
raissons si, rarement  au  milieu  d'eux,  habitués  que  nous 
sommes  à  renfermer  notre  dévotion  dans  les  limites 
d'une  chapelle  étrangère  à  la  paroisse  ?  Quoi  de  plus  beau 
etdeplus  touchant  que  le  spectacle  d'une  assemblée  de 
fidèles,  réunis  autour  de  son  propre  pasteur,  et  chan- 
tant de  con^rt  les  louanges  de  Dieu?  Cette  douce 
satisfaction,  nous  l'éprouverions  chaque  dimanche,  si 
T.  ni  7 


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î\0  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

tous  se  faisaient  une  sainte   habitude  d'assister  régu- 
lièrement à  1  office  des  vêpres.  Puisse,  N.  T.  C.  F.,  la 
voix  de  votre  premier  pasteur  pénétrer  jusqu'au  fond 
de  vos  âmes,  et  obtenir  un  résultat  qui   nous  tient  si 
entau  cœur!  C'est  le  vœu  que  nous   formons, 
Ls  rappelant  une  dernière  fois  cette  recomman- 
de l'apôtre  aux  chrétiens  de  son  temps  :  «  Que 
Die  de  Jésus-Christ  demeure  en  vous  dans  toute 
dtudeetvous  comble  de  sagesse;  et  vous  mêmes 
isez-vous  et  exhortez-vous   mutuellement  dans 
lûmes,  les   hymnes  et  les  cantiques  spirituels, 
int  à  Dieu  daus   vos  cœurs,    par  sa  grâce  :  In 
cantantes  in  cordibus  veslris  Deo.  »  * 

CHAPITRE  IV. 

LES  GOMPLIES. 

,  —  But  et  symbolisme. —  Leur  composition.  —  Chant  des 
compiles.  —  Conclusion  du  Card.  Bona. 

Complies  (de  Completorium,  achèvement,  cou- 
nent)  sont  ainsi  nommées,  soit  parce  qu'elles 
ent  l'ofûce  du  jour,  soit  parce  que  avec  elles 
it  les  autres  occupations.  Le  Vén.  Bède  ad- 
première  interprétation  (De  Médit.  Passion, 
\per  7  Horas);  et  saint  Benoit  (Reg,),  Amalaire 
,  c.  8.),  Hugues  de  Saint  Victor  {Spec.  c.  v),  la 
e.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  complies  constituent 
aent  la  dernière  heure  canoniale  et  saint  Benoit, 
5  a  établies,  voulut  en  faire  la  dernière  action 
r. 

cardinal  Giraud,  mort  archevêque  de  Camhrai,  le  i4 
50,  a  fait  aussi  sur  l'office  des  vêpres  une  belle  homélie. 
LViri%  jour  de  la  dédicace,  1828,  t.  VI.)  Voici  les  autres 
lurgiques  traités  par  l'éloquent  Prélat  dans  ses  Homélies 
Dstructions  pastorales:  Les  Quatre-Temps  (1828);  les 
as  (1829);  le  zèle  des  églises  (  !83o);  le  cimetière  (1838); 
les  (i84i);  paraphrase  de  la  salutation  Angélique  (i848). 


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LES  GOMPLIES.  ii< 

Cette  heure  fut  donc  ajoutée  à  l'office  en  dernier  lieu, 
et  nous  avons  nommé  saint  Benoit  comme  en  ayant 
été  l'instituteur  au  vi®  siècle.  Le  cardinal  Bona  prouve, 
en  effet,  tout  au  long,  œquiore  lance  librandâ,  dit-il, 
que  les  complies  ne  remontent  pas  au  delà  du  saint 
Patriarche,  et  qu'avant  lui,  on  n'en  trouve  aucune 
înentiondans  les  auteurs  grecs  et  les  auteurs  latins  : 
«  Errant  igitur  toto  cœlo,  conclut-il,  qui  ab  ipsis  apos- 
toits  originem  completorio  fuisse  asseverant.  »  (Div. 
Psalm,  De  complet,)  Les  textes  de  saint  Augustin 
(2*  régula)^  de  saint  Jérôme  {Reg.  monachorum)^  et 
de  saint  Basile  {Reg,  q.  37,)  où,  d'après  quelques 
auteurs  (Bellarmin,  Suarez,  Duranti),  il  serait  question 
des  complies,  sont  apocryphes,  ou  n'ont  en  vue  que 
l'heure  des  vêpres.  Tous  ces  textes  sont  discutés  dans  le 
Cardinal  Bona.  {loc,  cit.)  Gavantus  concilie  les  deux 
opinions  sur  l'origine  des  complies,  en  disant  que 
dans  les  premiers  siècles,  et  au  temps  de  saint  Am- 
hroise  et  de  saint  Basile,  c'était  plutôt  un  rudiment 
de  complies  qu'une  heure  canoniale  distincte  :  Ve- 
rum  in  primis  temporibus,  rude  fuit  potius  quam 
completum  completorium,  {Thésaurus  sacr.  rit,  sect.  v. 
De  Complet,) 

Saint  Benoit  nous  parait  donc  être  l'auteur  des 
complies  ;  il  les  institua  d'abord  pour  ses  religieux,  et 
l'Eglise  les  adopta  pour  ses  clercs.  Au  ch.  42  de  la 
règle,  en  effet,  le  saint  fondateur  ordonne  à  ses  disciples 
de  se  réunir  au  cloître,  le  soir,  avant  le  coucher,  pour 
y  faire  une  petite  lecture  spirituelle  et  réciter  ensuite. 
à  l'église  les  dernières  prières  du  jour  qui  compléteront 
t office  divin.  Cette  pieuse  lecture  disposait  ainsi  à  la 
prière.  Ceci  nous  explique  pourquoi  l'heure  de  com- 
plies, contrairement  à  toutes  les  autres,  commence 
par  une  leçon.  L'Eglise  ajouta  cette  heure  à  son  office 
pour  nous  préparer  au  sommeil  de  la  nuit. 

Le  temps  liturgique  où  l'on  devrait  réciter  complies, 


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U2  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

"■  donc  historiquement  et  dans  l'intention  de  TE- 

vcrsle  crépuscule  du  soir,  alors  que  le  dernier 
est  achevé,  et  que  la  journée  se  termine, 
eure  de  compiles,  en  nous  préparant  au  repos  de 
t,  doit  aussi  nous  faire  penser  à  la  mort,  dont 
imeil  est  l'image  :  finis  autem  of fictif  dit  le  cardi- 
mdi,  finis  etiamnostri  nos  admonet.  Aussi,  comme 
e  verrons  bientôt,  tout  nous  parle,  dans  les  com- 
de  ces  deux  états  qui  réclament  le  secours  divin. 
)orte,  en  effet,  d'être  protégé  durant  la  nuit  con- 
;  attaques  du  démon,  de  n'y  être  pas  surpris  par 
rt.  Combien  se  sont  endormis  d'un  sommeil  pai- 
)our  s*éveiller ,  sans  beaucoupde  préparation,  dans 
ternité,  et  peut-  être,  dans  les  brasiers  de  l'enfer  I 
>orte  aussi  de  bien  mourir,  et  de  demander  sou- 
Si  Dieu,  pour  ce  moment  redoutable  les  grâces  dont 
besoin. 

Ls  pouvons  encore,  en  récitant  les  compiles, nous 
Brdes  mystères  qui  s'accomplirent  alors:  A  cette 
tardive,  eut  lieu  la  sanglante  agonie  de  Jésus, 
a  méditation  donne  le  courage  aux  âmes  éprou- 
/"ers  le  soir  encore, Notre-Seigneurfutdéposédans 
beau,  pour  nous  apprendre  à  vivre  de  la  vie  in- 
re  et  cachée;  aussi  l'office  de  compiles  fait-il  allu- 
i  ces  douloureux  mystères.  Ainsi  le  souvenir  de 
rt  et  du  tombeau,  les  allusions  à  l'agonie  et  à  la 
-ure  du  Sauveur,  répandent  sur  la  dernière  heure 
iale  une  sainte  tristesse,  toujours  tempérée  ce- 
nt par  un  rayon  d'espérance, 
ci  les  différentes  parties  de  compiles,  telles  qu'elles 
noncées  par  la  rubrique,  sous  le  titre  XVIII: 

On  commence  immédiatement  compiles  par  la  ie- 
ève  comme  au  psautier;  puis  on  dit  :  Pater  noster, 
eor,  Misereatur,  Indulgentiam,  Converte  nos,  Deus 
/^ormm,  Tantienne,  les  psaumes,  l'hymne,  le  capitule, 
)ns  bref,  le  cantique  avec  son  antienne,  tout  comme 


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LBS  COMPLIBS.  M3 

à  la  fin  du  psautier.  Après  l'antienne,  on  récite  l'oraison 
les  jours  de  fête  double,  et  pendant  les  octaves;  dans  les 
autres  offices,  on  dit,  avant  Toraison  le  Kyrie  eleison  et 
les  autres  prières  comme  au  psautier. 

»2.  Après  \QWQTS/Qi  Benedicat  et  custodiatnos,  etc., on  dit 
une  des  antiennes  de  la  Sainte  Vierge,  avec  le  verset  et 
Toraison.  Puis,  Divinum  auxilium,  Pater  noster^  Ave  Ma- 
ria  et  Credo,  à  voix  basse.  » 

L'heure  commence  donc  par  une  leçon,  caractère  ex- 
clusivement propre  aux  compiles.  Saint  Benoit  voulait 
que  cette  prière  du  soir  commençât  par  une  pieuse 
lecture,  pour  mieux  disposer  l'esprit  des  moines,  dis- 
trait par  les  occupations  du  jour  :  «  Ex  hac  vero  ma- 
ri nasticâ  constùutiofie,  dit  le  cardinal  Bona,  ratio 
»  colligitur  quâ  factura  est  ut^  praater  caaterarum  ho- 
»  rarum  comuetudinem^  hoc  officium  a  lectione  in- 
»  choetur.  »  —  «  Lectio  brevis^  dit  Gavantus,  ortum 
habuit  ab  lectione  ad  quam^  horâ  completorii,  conve- 
niebant  praesertim  monachi.  »  [Thesaurm  sacr.  Rit,  De 
completorio,  sect.  iv,  c.vi.) 

Cette  lecture  ne  se  faisait  pas  d'abord  à  l'église,  mais 
dans  lajsalle  capitulaire.  On  se  rendait  ensuite  au  chœur 
pour  l'examen  de  conscience  suivi  du  Cofifiteor,  après 
quoi,  les  compiles  proprementdites  commençaient  par 
la  psalmodie.  C'est  en  souvenir  de  cet  ancien  usage 
queles  trois  derniers  jours  de  la  semaine  sainte,  on 
commence  compiles  par  le  Cofifiteor  sans  leçon  brève. 
Celle-ci  parfaitement  adaptée  au  sens  des  compiles  est 
tirée  de  la  première  épître  de  saint  Pierre.  La  bénédic- 
tion qui  la  précède,  comme  toute  autre  leçon,  de- 
mande à  Dieu  une  nuit  tranquille  au  point  de  vue  spi- 
rituel surtout,  et  une  sainte  mort:  «  Noctemquietamet 
finem  perfectum  concédât  nobis  Dominusomnipotens,» 
La  leçon  brève  nous  exhorte  ensuite  à  la  vigilance  et 
àla  modération,  pour  nousprémunir  contre  les  attaques 
de  l'adversaire,  le  démon,  ce  lion  rugissant  qui  rôde 


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114  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

toujours  cherchant  une  proie  ;  elle  nous  invite  aussi 
d'une  manière  énergique  et  pressante  à  lui  résister 
avec  ce  courage  que  donne  l'esprit  de  foi.  «  Fratres^ 
sobrii  estote  et  vigilate^  quia  adversarius  vester  diabo- 
lus^  tanqnamleo  rugieuH  circuit ^quxnns  quem  dévore t^ 
cui  resistile  fortes  in  fide,  »  (I  PeLr.  v.  Set  9.) 

Nous  répondons  à  cette  exhortation  de  l'Apôtre  et 
de  PEglise  par  un  cri  de  confiance  qui  exprime  notre 
résolution:  t.  Adjiitorium  nosirtim  innomine  Domini^ 
I)?.  Qui  fecit  cselum  etterram,  (Ps.  cxxiii.)  On  fait  le  si- 
gne de  la  croix  aux  premières  paroles,  pour  montrer 
que  notre  confiance  est  fondée  sur  les  mérites  du  Ré- 
dempteur. Ce  verset  était  l'ancienne  formule  de  béné- 
diction que  l'Abbé  donnait  à  ses  religieux  après  la  lec- 
ture, et  avant  dequitter  la  salle  capitulaire.  (Grancolas, 
Det office  divin,  Tit.  de  t office  des  vêpres  et  des  corn- 
plies.) 

Le  Pater  devait  avoir  sa  place  au  commencement  de 
cette  prière  qui  termine  toutes  celles  du  jour. 

Le  Confiteor  nous  rappelle  l'examen  de  conscience 
que  les  religieux  faisaient  à  l'église,  après  la  lecture. 
Cette  prière  de  repentir,  au  souvenir  de  ses  fautes, 
convient  du  reste  à  ce  moment  où  nous  allons  pren- 
dre notre  sommeil,  figure  de  celui  delà  mort. 

Quand  on  récite  seul  les  compiles,  il  Tautometlredans 
le  Confiteor ce^  mots .  Vobisfratres^ — vosfratres,  etdire: 
—  Misereaturnostri^ — peccatisfiostris^  — perducatnos, 
Gavantus  voudrait  que,  lorsqu'on  est  au  moins  deux  à 
réciterl'officejonne  changeât  rien  autextedu*)réviaire, 
mais  que  le  plus  digne  dit  alors  :  vobis  fratres,  et  l'au- 
tre: Tibi  Pater ^  de  môme  qu'ils  disent  entre  eux  :  Domi- 
nus  vobiscum;  et  cum  spiritu  tuo.  Mais  un  décret  de 
la  sacrée  congrégation  des  Rites,  du  12nov.  1831,  per- 
met de  réciter  alors  une  seule  fois  et  ensemble  ces 
prières  en  y  faisant  le  changement  que  la  rubrique  in- 
dique, pour  le  cas  où  l'on  est  seul.  Les  religieuses  ne 


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LBS  GOMPLIES.  115 

doivent  pas  changer  le  mot  Pater,  par  Mater,  Sorores^ 
parcequ'ell  3S  piirlsnt  alors,  corome  les  ministres  saci  es, 
au  nom  de  l'Eglise.  (  18  aug.  1629.) 

Après  ces  préliminaires  d'humilité,  nous  demandons 
à  Dieu  de  vouloir  bien  convertir  nos  âmes  à  son  amour  : 
Converte  nos,  Deus,  salutaris  nos(er(?s.  lxxxiv,4),  fai- 
sant en  même  temps,  pour  ce  motif,  un  signe  de  croix 
sur  le  cœur.  Le  sens  de  la  réponse  à  ce  verset  est  facile 
à  compreidre  :  Et  averte  tram  tuam  a  nobis.  (Id.)  Hélas  ! 
puissions-nous  n'être  pas  surpris  dans  le  sommeil  ou 
dans  11  vie  par  la  colère  divine,  que  nous  avons  peut- 
être  si  souvent  méritée  I 

Le  verset  qui  suit,  Deics  in  adjutorium  meum^ 
prière  toujours  opportune  au  début  d'un  acte  impor- 
tant, commence  aussi  toutes  les  heures  de  l'office. 

Les  quatre  psaumes  de  complies  expriment,  d'après 
Amalaire  (L.  IV,  c.  8),Gavantus  et  Durand  de  Mende, 
(De  Completorio)  les  quatre  éléments  ou  humeurs  con- 
stitutives du  corps  humain  qui,  troublées  dans  leur 
harmonie,  peuvent  être  la  cause  pour  nous  de  beau- 
coup de  fautes.  Aussi,  demandons-nous  avec  le  Psal- 
miste,  la  répression  de  ces  fautes  et  une  grâce  de 
préservation.  Ne  pourrions-nous  pas  voir  aussi  dans 
ce  nombre,  les  quatre  fins  de  l'homme,  et, dans  les 
psaumes  eux-mêmes,  les  sentiments  que  doivent  nous 
inspirer  les  approches  de  la  nuit  et  la  pensée  de  la 
mort? 

Dans  le  premier  de  ces  psaumes,  en  effet,  Cum  in- 
vocarem  (iv),  sont  exprimés,  par  une  âme  qui  s'est  re- 
pliée sur  elle-même,  la  contrition  de  ses  fautes,  le  dé- 
tachement des  créatures  et  l'amour  de  Dieu  seul,  où 
Ton  trouve  le  repos  et  la  paix.  Ces  sentiments  doivent 
être  les  nôtres  à  la  fin  du  jour  où  nous  avons  expéri- 
menté notre  faiblesse,  la  vanité  des  créatures,  et  le  be- 
soin de  repos  :  w  Filii  hominum,  usquequo  gravi  corde  J 
Ut  quid  diligitis  vanitatem  et  quœrilis  mendacium?  — 


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116  DBS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

Quœ  dicitis  in  cordibus  vestris^  in  cubilibus  vestris  corn- 
pungimini.  —  In  pace  in  idipsum^  dormiam  etrequies- 
»(v.3,5,9etl0.) 

second,  In  te,  Domine,  speravi  (xxx),  nous  fait 
ider  à  Dieu  son  secours  contre  les  ennemis  qui 
issailient  jour  et  nuit,  et  durant  toute  la  vie;  pleins 
îfiance,  nous  remettons  «ntre  ses  mains  notre 
yant  le  sommeil  et  pour  le  moment  de  la  mort  : 
Domine,  speravi,  non  confundar  in  œternum  :  in 
â  tuâ  libéra  me,  —  Esto  mihi  in  Deum  protecto- 
t  in  domum  refugii,  iitsalvum  me  facias, — Educes 
laqueo  hoc  quem  absconderunt  mihi,  quoniam 
orotector  meus, —  In  manus  tuas  commendo  spi- 
meum,.*  (v.  1.  3,  5  et  6.)  Ces  dernières  paroles 
t  à  jamais  consacrées  sur  la  croix  et  proposées  aux 
mts.  Puissions-nous,  avec  saint  Nicolas  de  Myre, 
r  dévotement  ce  psaume  sur  notre  lit  de  mort, 
idre  le  dernier  soupir  eu  répétant  avec  Jésus  ex- 
l  et  en  union  avec  lui  :  In  manus  tuas,  commendo 
immeum,  {Offic,  S,  Nicol.  6  dec,  in  Brev,  Rom,) 
ux  celui  qui  s'endort  ainsi  chaque  soir  dans  les 
lu  Seigneur  ! 

)saume  xxx  n'est  pas  en  entier  dans  les  compiles, 
l'il  a  25  versets  dans  la  Bible.  Les  six  premiers 
aient  seuls  convenir  plus  spécialement  à  la  cir- 
nce,  surtout  à  cause  du  sixième  :  In  manus  tuas. 
lauvour,  dit  ici  Durand  de  Mende,  après  avoir  ré- 
î  sixième  verset  du  psaume  sur  la  croix,  rendit  le 
jr  soupir,  et  c'était  précisément  le  sixième  âge  du 
3,  et  le  sixième  jour  de  la  semaine  ;  il  faut  donc 
rachetés  ainsi  par  sa  mort,  nous  laissions  le 
le  à  ces  mots  et  au  sixième  verset,  pour  le  repos 
nmeil,  mais  sans  interrompre  la  vigilance  de  nos 
:  ainsi,  tandis  que  le  corps  de  Jésus  était  dans  le 
au,  la  divinité  ne  perdait  rien  de  sa  vie  et  de  son 
é,  »  (De  completorio,  1.  V,  c.  x,  n.  5.) 


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LES  COMPLIES.  H7 

Le  troisième  psaume  :  Qui  habitat  in  adjutorio  Al- 
tissimi  (xc),  est  un  acte  de  confiance  en  Dieu  qui  saura 
bien,  par  sa  providence  et  par  ses  Anges,  nous  protéger 
durant  la  nuit  et  toujours  contre  les  embûches  de  nos 
ennemis  :  sentiment  qui  doit  bannir  de  notre  âme  la 
frayeur  :  «  Ipse  liberavit  me  de  laqueo  venantium.  — 
Scapulissuis  obumbrabit  tibi,  —  Scuto  circumdabit  te 
Veritas  ejus  :  non  timebis  a  timoré  nocturno.  —  A  ne- 
gotio  perambulante  in  tenebris.  —  Quoniam  angelis 
suis  mandavit  de  te,  ut  custodiant  te  in  omnibus  viis 
tuis. —  In  manibus  portabunt  te,  fie  forte  ofjendas  ad 
lapidem  pedem  tuum,  (v.  3,  4,  5,  6  et  12.)  Il  faudrait 
le  citer  en  entier.  Ne  dirait-on  pas  une  mère  qui, 
par  tous  les  moyens,  protège  le  berceau  de  son  fils  et 
place  à  son  chevet  une  garde  vigilante?  Saint  Ber- 
nard a  merveilleusement  commenté  tout  ce  psaume, 
et  Bellarmin  lui  a  consacré  douze  instructions. 

Le  quatrième  enfin  :  Ecce  nunc  benedicite  (cxxxiii) 
nous  porte  à  élever  nos  cœurs  vers  Dieu  et  vers  le  ta- 
bernacle, si  nous  venions  à  nous  éveiller  dans  la  nuit  ; 
salutaire  conseil  qui  nous  prémunit  contre  les  dangers 
de  l'imagination,  et  les  surprises  d'une  âme  en- 
gourdie :  In  noctibus  extollite  manus  vestras  in  Sancta, 
et  benedicite  Dominum.  (y.  3.)  Heureux  aussi  celui 
qui,  des  bras  de  la  mort,  s'éveillera  devant  Dieu  dans 
la  louange  et  la  reconnaissance  I 

Les  quatre  psaumes  sont  suivis  de  l'hymne  :  Te,  lu- 
ois  ante  terminum.  Elle  est  de  saint  Ambroise,  et  Me- 
rati  nous  apprend  qu'on  l'a  toujours  dite  à  Compiles, 
dans  l'Eglise  de  Rome,  (m  Gav.) 

Cette  hymne  résume  admirablement  les  sentiments 
des  psaumes  précédents  ;  c'est  une  prière  qui  à  la  fin 
du  jour,  nous  fait  demander  au  Dieu  tout  bon  et  tout- 
puissant,  de  veiller  sur  nous  comme  un  gardien  fidèle. 

Te,  lucis  aTjte  terminum, 
Rerum  Creator  poscimus, 
ï.  II.  7. 


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SS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

Ut,  pro  luâ  clemeutia, 
»      Sis  prœsul  el  custodia. 

î  prions  surtout  de  vouloir  bien  nous  pré- 
5  rêves  dangereux  et  des  illusions  nocturnes, 
laîner  l'ennemi,  qui  voudrait  souiller  nos 
los  âmes. 

Procul  recédant  somnia 
Et  Doctium  phantasoiata, 
Hostemque  nostrum  comprime, 
Ne  poUuantur  corpora. 

•istes,  faussement  timorés,  ont  critiqué  sans 
tte  dernière  strophe,  comme  blessant  la  chaste 
c  mais,  dit  avec  raison  l'abbé  Piroont,  une  at- 
plus  franche  et  plus  révérentielle  leur  eût 
que  rien  n'est  si  noblement  chaste  que  ce 
jf,  où  la  simplicité  du  mot  est  certainement  le 
r  indice  de  la  sainteté  de  l'auteur.  »  {Hymne 
s.)  Prudence,  au  goût  exquis  et  à  l'âme  élevée, 
'aint  de  dire  aussi  dans  ses  vers  : 

Quam  rara  culpa  morum 
Non  polluit  fréquenter. 


Procul,  0  procul,  vagantum 
Portenta  somniorum  ! 

(Gathem,  Hymn.ante  somnwn.) 

Prsesto  est  pudicis,  nec  patitur  sacrœ 
Integritatis  munera  pollui. 

(^eristeph.   xiv.   s,  Agnetis,) 

'homas,  le  docteur  angélique,  ne  craint  pas 
de  renvoyer  ses  lecteurs  à  notre  hymne, 
rémunir  contre  les  dangers  de  la  nuit  :  Undey 
n  sero  cantatur  : 

Hostemque  nostrum  comprime. 
Ne  poUuantur  corpora. 

2»  Q.  CLiv.       .  K.) 


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LES  GOMPLIES.  119 

Le  capitule,  emprunté  à  Jérémie  (xiv,9)5  rappelle 
à  Dieu:  qu'il  est  en  nom  par  sa  grâce;  que  nous  avons 
invoqué  y  pour  la  nuit  et  le  moment  de  la  mort^  la 
puissance  de  son  fiom^  et  qu'il  ne  peut  pas  nous  aban- 
donner en  ce  moment  critique. 

Le  répons  bref  s'inspire  de  la  pensée  générale  des 
Compiles,  qui  doit  alors  dominer  en  nous  :  In  manus 
tuasy  Domine,  commendo  spiritum  meum;  redemisti 
nos^  Domine^  Deus  veritatis:  «  non,  vous  n'abandonne- 
rez pas,  vous  ne  laisserez  pas  périr  ceux  que  vous  avez 
rachetés.  »  Le  bréviaire  nous  apprend  qu'un  grand 
nombre  de  saints  aimèrent  à  prononcer  ces  paroles  en 
expirant,  voulant  ainsi  associer  leur  dernier  soupir  à 
celui  de  Jésus.  Ainsi:  saint  Etienne,  saint  Basile,  saint 
Jean  de  Matha,  saint  Hyacinthe,  saint  Nicolas  de  To- 
lentino,  saint  Vincent  Ferrier,  saint  François  de  Paule, 
saint  Jean  de  Dieu,  saint  François  Xavier,  etc. 

Le  verset  qui  suit  ce  répons  ne  pouvait  pas  être,  à  la 
fois,  plus  gracieux  et  plus  touchant  :  Cusiodi  nos^  Do- 
mine^ ut  pupillam  oculi  :  sub  umbrâ  alarum  tuarum 
protège  ?iOs,  (Ps.  xvi,  8.)  Nous  sommes  chers  à  Dieu 
comme  la  prunelle  de  son  œil  ;  nous  sommes  protégés 
par  sa  providence  comme  les  poussins  sous  l'aile 
de  leur  mère. 

Suit  le  cantique  du  saint  vieillard  Siméon.  C'est  bien 
celui  qui  convenait  le  mieux  aux  Compiles  :  Nunc  di- 
mittis  servum  tuum,  Domine,  s^cundum  verbum  tuum 
in  pace.  Comme  il  fait  bon  le  redire  au  soir  d'une 
journée  fatigante,  employée  au  service  de  Dieu,  et  où 
nous  avons  éprouvé  sa  miséricorde  pour  nous  et  pour 
nos  frères  I  Quia  viderunt  oculi  mei,  salufare  tuum^ 
quod  parasti  ante  faciem  omnium  populorum.  Comme 
il  fait  bon  le  redire  aussi  au  soir  d'une  journée  apos- 
tolique où  nous  avons  fait  connaître  Jésus-Christ, 
éclairé  les  âmes,  et  contribué  à  leur  véritable  gran- 
deur, ainsi  qu'à  la  gloire  de  l'Eglise  I  Lumen  àd  rêve- 


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120  DBS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

lationem  gentium  etgloriamplebis  ttcaSy  Israël.  Comme 
ce  cantique  d'un  vieillard  qui  ne  demande  plus  qu'à 
mourir,  sera  propre  à  nous  consoler  à  la  fin  de  notre 
vie  sacerdotale  où  nous  aurons  combattu  les  bons  com- 
bats, surtout  s'il  nous  est  permis  de  voir  alors  notre 

nx. j^^^  connu,  mieux  aimé,  mieux  servi  par  nos 

Que  de  fois  les  saints  n'ont-ils  pas  récité  ce  di- 
itique  avec  un  ardent  désir  de  la  mort  et  du 
ure  bénie  de  leur  délivrance,  heureux  terme  de 
ravaux  t  Faisons  comme  eux. 
.  Faber  a  parlé  du  Nunc  dimittis  dans  des  pages 
que  nous  reproduirons  ailleurs,  et  qu'il  termine 
mots  si  en  rapport  avec  notre  sujet  : 
»us  les  siècles  répéteront  ce  cantique  qui  ren- 
toute  la  poésie  chrétienne  de  l'âme  fatiguée  de 
Il  donne  une  voix  au  détachement  céleste  et  à 
teté  des  innombrables  élus.  Pour  les  cœurs  de 
s  de  fidèles,  c'est  la  lumière  du  soir  après  les 
laborieuses  du  jour.  Les  dernières  Compiles 
Iglise  doit  chanter  avant  la  nuit  qui  verra  le  ju- 
t  commencer,  et  apparaître  le  Seigneur  du  côté 
ient,  seront  remplies  de  la  suavité  mélodieuse 
ire  cantique  de  Siméon.  »  {Au  pied  de  la  croix. 
Prophétie  de  Siméon.) 

tienne  qui  accompagne  le  cantique  exprime  une 
mvelle,  toujours  en  harmonie  avec  l'idée  gé- 
des  compiles  :  c'est,  que  notre  âme,  gardée  par 
neur  et  bien  disposée,  veille  avec  Jésus-Christ, 
s  unie  à  lui,  toujours  attentive  à  ses  volontés, 
que  nos  membres  fatigués  reposeront  dans  le 
il.  L'âme  de  Jésus,  en  eflfet,  ne  cessait  pas  d'être 
i  Verbe  et  aux  volontés  de  Dieu  le  Père,  tandis 
n  corps  était  dans  le  tombeau  ;  admirable  dis- 
1  dans  laquelle  nous  devons  nous  endormir 
soir  pour  n'avoir  pas  à  craindre  un  terrible  ré- 
X  pieds  du  Souverain  Juge  :  Salva  noSy  Domine, 


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LES  GOMPLIES.  i2i 

vxQilantes^  ciistodi  nos  dormienteSi  ut  vigilemus  cum 
Cnrisio,  et  requiescamus  in  pace. 

L'oraison  des  Compiles,  comme  toutes  celles  de  l'of- 
fice, résume  admirablement  ce  que  nous  y  avons  de- 
mandé; mais  ici,  la  prière  semble  revêtir  un  caractère 
plus  touchant  encore  ;  on  y  prie  le  Seigneur  de  visiter 
la  maison,  la  communauté,  la  famille  où  l'on  se  trouve, 
c'est-à-dire,  d'y  manifester  sa  présence  par  les  effets 
de  sa  protection,  et  d'en  éloigner  l'ennemi  ;  on  le  prie 
de  confier  cet  asile  aux  saints  Anges,  pour  que  la  paix 
y  règne  toujours,  la  paix  de  la  grâce  surtout,  et 
qu'ainsi  les  bénédictions  du  ciel  ne  cessent  de  l'ei^ve- 
lopper  :  Visita  qusesumus^  Domine^  habitationem  is- 
tam^  et  omnes  insidias  inimici  ah  eâ  longe  repelle  :  An- 
gelitui  sancti  habitent  in  eâ^  qui  nos  in  pace  custodiant, 
et  benedictio  tua  sit  super  nos  semper.  Avec  quelle  fer- 
veur, le  séminariste,  le  prêtre  des  paroisses,  les  supé- 
rieurs des  communautés,  ne  doivent-ils  pas  réciter 
cette  prière  I  Hélas  !  tandis  qu'ils  ont  à  réparer  les 
forces  de  la  nature  par  le  sommeil,  et  qu'ils  ne  peuvent 
plus  veiller  autour  d'eux,  le  démon  veille  pour  inspirer 
le  mal  et  ravager  le  troupeau.  N'est-il  pas  à  désirer 
que  les  anges  du  ciel  soient  là  pour  suppléer  à  notre 
vigilance  et  neutraliser  les  efforts  de  Satan?  Dans  plu- 
sieurs communautés,  par  une  heureuse  inspiration, 
cette  oraison  des  complies  fait  partie  de  la  prière  du 
soir,  comme  celle  de  Prime,  Domine  Deus  omnipotens, 
est  entrée  dans  la  prière  du  matin.  L'oraison  Visita, 
qugesumus  ne  se  disait  d'abord  que  dans  les  ordres 
monastiques  et  au  dortoir,  après  le  chant  des  Com- 
plies :  Visita  habitationem  istam,  signifiait  donc  le 
lieu  du  repos  ;  et  c'était  le  Supérieur  qui  la  récitait. 
Les  bréviaires  indiquaient  alors  à  cet  endroit  des  com- 
piles la  prière  suivante  que  nous  avons  dans  le  sacra- 
mentaire  de  saint  Grégoire  :  Illumina^  quœsumuSy  Do- 
mine Deus  y  tenebras  nostras,  et  totius  hujus  noctis  tu 


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422  DBS  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

a  nohts  repelle  propitius.  On  lui  substitua  plus  tard 

l'oraison  Visita^  quaBsumus.  (Grancolas,  De  l'office  dû 

vin  :  Vêpres  et  Compiles,) 

Le  t.  Benedicamus  Domino^  et  son  i)?.  Deo  grattas^ 

SA  p4r>îtAnt  à  la  fin  des  complies  comme  à  toutes  les 
lis  ici,  c'est  un  cri  de  reconnaissance  pour 
eçues  durant  le  jour,  et  qui  nous  méritera, 
t,de  nouvelles  faveurs, 
leur  des  monastères  bénissait  ses  religieux 
iprès  les  i/:nnnlies  et  avant  le  coucher  ;  rien 
naturel.  Aujourd'hui  encore,  après  le  chant 
rfice,  dernier  exerci  ^e  du  jour,  les  moines,  en 
passent  devant  l'Abbé  qui  asperge  de  l'eau 
m  d'eux  comme  pour  les  bénir.  La  bénédic- 
ie  ainsi  par  le  supérieur  après  les  complies, 
\  peu  un  rit  même  de  l'heure  canoniale,  et 
ile  d'Aix-la-Chapelle  en  faisait  un  précepte  : 
io  post  Completorium  a  sacerdote  dicatur, 
actuelle  nous  fait  demander  directementàla 
té,  source  des  grâces,  de  vouloir  bien  nous 
}dicat  etctistodiatnos  omnipotens  et  miseri- 
is,  Pater  et  Filius  etSpiritus  Sanctus,  Comme 
tous  besoin  à  ce  moment-là  d'être  bénis 
leur,  cette  formule  n'est  jamais  changée; 
toe,  s'il  présidait  au  chœur  les  complies, 
pas,  mais  demanderait  à  Dieu  la  bénédic- 
i  et  pour  les  autres  :  Benedicat  et  custodiat 
t  sur  soi  le  signe  de  la  croix  à  ces  mots  : 
'ius  et  Spiritus  Sanctus,,  pour  exprimer  que 
as  a  mérité  cette  grâce.  La  formule  était 
llement  amenée  par  les  derniers  mots  de 
Visita  nos...  et  benedictio  tua  sit  super  nos 
3  Benedicamus  Domino  de  la  reconnais- 
les  a  suivis,  dispose  le  Seigneur  à  mieux 
encore, 
îhant  spectacle  nous  oifre  ici  la  foi!  C'est 


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LES  GOMPLIES.  423 

rÉglise  entière  qui,  à  la  fin  du  jour  et  au  moment  du 
repos  universel,  demande  au  Seigneur,  par  ses  minis- 
tres sacrés,  de  vouloir  bien  la  bénir,  elle  et  ses  en- 
fants, et  d'éloigner,  par  sa  toute -puissance,  les  traits 
ennemis  qui  pourraient  blesser  ou  tuer  les  âmes  :  Be- 
nedicat  et  custodiat  nos^  omnipotens  Deus;  elle  s'in- 
cline, les  cieux  s'abaissent,  et  le  Père,  le  Fils,  le  Saint- 
Esprit  répandent  alors  sur  le  monde,  leurs  dernières  et 
abondantes  bénédictions  :  Pater  et  Filius  et  Spiritus 
Sanctus,  Oh!  qu'il  en  soit  ainsi  toujours  !  i4?wen/Nous 
aussi,  ouvrons  toutes  les  issues  de  notre  âme  à  cette 
bénédiction  finale. 

Mais,  la  grâce  nous  vient  par  Marie;  et  nous  de- 
vons lui  confier  celles  que  nous  avons  reçues  ;  c'est 
pourquoi  l'Eglise  nous  fait  terminer  l'office  par  une 
antienne  à  la  Sainte  Vierge,  qui  varie  selon  le  temps. 
Elle  n'était  pas  obligatoire  tout  d'abord,  et  les  bréviaires 
n'en  parlent  pas,  jusqu'au  xvi»  siècle.  La  dévotion 
privée  cependant,  ou  des  ordonnances  particulières  la 
faisaient  réciter  bien  longtemps  auparavant.  Nangis, 
dans  la  vie  de  saint  Louis,  roi  de  France,  nous  apprend 
qu'on  la  chantait  déjà  de  son  temps  à  la  fin  de  com- 
piles :  «  in  fine  completorii  specialis  Antiphona  B.  Ma- 
riœ  Virginis  altâ  voce  cantabatur,  »  C'est  au  moment 
où  Ton  chantait,  le  soir,  le  Salve  Begina,  dans  l'église 
de  Spire,  que  saint  Bernard  y  ajouta  les  trois  dernières 
invocations  :  O  démens^  o  pia,  o  dnlcis  Virgo  Maria. 
Un  Concile  d'Espagne,  en  1302,  prescrivait  le  chant  du 
Salve  Begina  tous  les  jours,  après  les  Compiles  :  «  In 
laudem  sanctse  Virginis^  in  singulis  diebus,  post  corn" 
pletorium,  canatur  salve  Begina  altâ  voce^  cum  versu  : 
Orapro  nobis,  ef  oratio  :  Concède  nos.  » 

Saint  Pie  V,  s'inspirant  du  bréviaire  du  cardinal  de 
Sainte-Croix,  rendit  obligatoires  les  antiennes  de  la 
sainte  Vierge  que  nous  récitons  aujourd'hui,  et  en  fit 
une  partie  intégrante  des  compiles.  «  Post  versumBe- 


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124  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES* 

ei  custodiat  no$^  dit  la  rubrique,  dicitur  una 
phonis  B.  Mariss  Virginis^  cum  versiculo  et 
?  ut  ibidem.  Ainsi  TÉglise,  qui  nous  fait  invo- 
secours  de  Marie  au  commencement  de  toutes 
es,  en  remet  le  fruit  à  la  fin  sous  sa  protection 
îUe.  Ces  antiennes  rappellent  le  mystère  du 
Bt  la  part  que  cette  divine  Mère  y  a  prise.  Il  est 
salutaire  de  terminer  ainsi  l'office  par  ce  sou- 
ette  invocation  du  cœur,  qui  nous  permet  d'u- 
lère  et  le  Fils  dans  le  culte  public,  comme 
mons  à  le  faire  dans  nos  prières  privées. 
iter^  VAve  et  le  Credo  qui,  à  Matines,  avaient 
icéToffice  divin,  en  sont  aussi  le  couronnement. 
1  prière  publique  et  solennelle  de  l'Église,  est 
mcadrée  par  ces  trois  grandes  formules,  les  plus 
es  et  les  plus  vénérables,  et  dont  l'office  divin 
ier  n'est,  pour  ainsi  dire,  que  le  développement. 
ces  trois  prières,  finissent  les  complies,  la  der- 
s  heures  canoniales.  C'est  une  belle  prière  du 
itles  éléments,  à  cause  décela,  sont  les  mêmes 
innée,  excepté  Tantienne  des  psaumes  durant 
»s  pascal,  et  celle  du  Nunc  dimittis  le  samedi 
>tte  dernière,  pas  plus  que  les  autres  jours,  ne 
e  doublée,  les  complies  à  cause  de  leur  ca- 
plus  intime  ou  de  leur  origine  plus  récente, 
jamais  de  solennité. 

Louis,  roi  de  France,  au  rapport  de  son  his- 
Taisait  chanter  complies  après  le  repas  du 
obligeait  ses  enfants  et  toute  sa  famille  à  y  as- 

Volebat  quodsinguli  essent  cum  ipso  ad  Corn- 
w,  quod  post  cœnam  suam  quotidie  solemniter 
*e  faciebat,9 

les  monastères,  la  journée  se  termine  encore 
tant  des  complies,  sans  autre  prière  ;  chacun 

ensuite  au  dortoir,  en  attendant  que  la  cloche 

de  nouveau  à  l'office  de  la  nuit. 


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LES  GOMPLIES.  125 

Léchant  des  complies  n'offre  aucune  difficulté.  Nous 
ferons  seulement  observer  que  :  1®  le  lecteur  doit  être 
médiocrement  incliné  vers  celui  qui  préside,  en  di- 
sant :  Jube^  Domnej  benedicere,  et  qu'il  doit  rester 
ainsi  jusqu'à  la  fin  de  la  bénédiction  {Cœrem.  Episc); 
2®  qu'il  doit  chanter  la  leçon  brève,  tourné  vers  l'au- 
tel, et  faire  la  génuflexion  à  ces  mots  :  Tu  autem^  Do- 
mine,  miserere  nobis  {Cœrem.  Episc.)-,  3®  que  le  chœur 
doit  se  tourner  vers  l'officiant,  en  disant  au  Confiteor  : 
et  tibi...  et  te...  Pater;  4^  que  si  l'évêque  était  présent 
aux  complies,  sans  officier  lui-même,  celui  qui  préside- 
rait devrait  s'incliner  profondément  vers  le  prélat  avant 
de  dire  :  Indulgentiamy  absolutionem,  et  avant  Benedi- 
cat  et  cusiodiat  nos  omnipotens  Deus.  (Cœrem.  Episc.) 
Il  lui  demanderait  ainsi  la  permission  d'implorer  pour 
tous  la  bénédiction  divine. 

Le  cardinal  Bona  termine  son  chapitre  XI  des  Com- 
plies par  le  §  intitulé  :  Completorio  ferventius  adesse 
debemics  multis  de  causis  ;  nous  le  reproduirons 
ici  pour  l'édification  des  lecteurs.  «  Nous  devons  à 
cette. heure,  dit-il,  réparer  les  défauts  de  la  jour- 
née entière;  et  si  nous  n'avons  pas  assisté  aux  au- 
tres parties  de  l'office  avec  tout  le  soin  et  la  dévo- 
tion voulus,  il  nous  faut  du  moins,  à  complies, 
compenser  la  négligence  dans  nos  autres  prières,  par 
une  piété  et  une  ferveur  plus  grandes.  Que  le  reli- 
gieux donc  ne  manque  jamais  au  chant  de  cette 
heure  canoniale,  sans  une  très  grave  nécessité.  C'est 
là  une  tradition  bien  chère  aux  enfants  de  saint  Do- 
minique. Théodoric  nous  apprend,  dans  la  vie  de  leur 
glorieux  fondateur,  qu'ils  attendaient  avec  une  sainte 
impatience  l'heure  de  complies  et  qu'ils  s'y  préparaient 
comme  à  un  office  solennel,  se  recommandant  aux 
prières  les  uns  des  autres  pour  cet  heureux  moment. 
Les  maîtres  de  la  vie  spirituelle  nous  ont  énuméré  les 
nombreuses  raisons  qui  doivent  nous  faire  aimer  cette 


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126  DES  DIFFÉRENTES  HEURES  CANONIALES. 

heure  canoniale.  C'est  l'heure  où  nous  passons  des  la- 
beurs de  la  vie  active  à  la  contemplation  calme  et  tran- 
quille dos  choses  du  ciel  ;  c'est  pourquoi  nous  y 
chantons  le  cantique  du  saint  Vieillard  :  Nunc  dimitlis 
servum  tuumj  Domine^  secundum  verbum  tuum  in 
pace.  Il  est  écrit  des  impies  qu'ils  ne  connaissent  pas 
la  paix;  mais  les  justes  s'endorment  sans  crainte,  et 
leur  sommeil  est  doux  et  paisible.  Quand  Isaïe  disait 
d'eux  :  Je  leur  ai  donné  la  paix  y  eomme  l'heureux  fruit 
de  leurs  lèvres^  il  voulait  parler  de  la  paix  que  nous 
procure  cette  heure  bénie...  L'épouse  n'a-t-elle  pas 
cherché  son  bien-aimé  dans  le  repos  et  le  silence  de  la 
nuitl  C'est  le  moment,  en  effet,  le  plus  opportun  pour 
les  élans  du  saint  amour,  les  investigations  de  la  sa- 
gesse chrétienne,  les  accroissements  de  la  grâce.  La 
nuit,  mais  c'est  la  fin  du  travail,  l'éloignement  du 
trouble,  l'oubli  de  ses  nombreuses  fatigues.  La  nuit, 
mais  c'est  le  temps  du  silence,  du  recueillement  ; 
c'est  enfin  l'heure  de  goûter  combien  le  Seigneur  est 
doux.  Or,  les  complies  nous  préparent  à  prendre  avec 
Dieu  cet  ineffable  repos.  Ainsi  faisait  le  saint  Roi;  qui, 
distrait  le  jour  par  les  soins  de  son  royaume,  prélu- 
dait en  quelque  manière  à  nos  complies  par  ces  pa- 
roles :  «  Non,  je  ne  m* étendrai  point  sur  ma  couche, 
nony  je  ne  donnerai  point  à  mes  yeux  le  sommeil^  ni 
le  repos  à  mes  paupières,  avant  d'avoir  ouvert  dans  le 
secret  de  mon  âme^  un  sanctuaire  au  Seigneur,  pour 
nCy  entretenir  avec  lui,  »  (Ps.  cxxii.)  Puis-je  donc  moi 
aussi,  direz-vous,  préparer  ce  sanctuaire  au  Seigneur? 
Oui,  et  selon  sa  parole,  y  goûter  ses  délices;  lui-même 
a  désigné  votre  cœur  pour  cela,  s'il  est  humble,  con- 
trit et  attentif.  (Is.  lxii.)  La  récitation  pieuse  et  fer- 
vente de  complies  vous  fait  ainsi  préparer  votre  cœur, 
et  son  béni  sanctuaire.  Qui  donc,  enfin,  ne  voudrait  pas, 
à  cette  heure  du  soir,  s'armer  efficacement  contre  les 
princes  des  ténèbres  dont  la  puissance  est  plus  grande 


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LES  GOMPLIES.  427 

encore  pendant  la  nuit?  Or,  ces  armes  puissaates,  les 
compiles  nous  les  donnent:  c'est  la  prière  inspirée  par 
ces  dangers  de  la  nuit,  c'est  Taspersion  de  l'eau  bénite, 
la  bénédiction  du  Supérieur,  la  solennelle  invocation 
à  la  bienheureuse  Marie. 

«  Ne  serait-il  pas  honteux  de  passer  sans  fruit  ce 
temps  si  précieux  où  nous  devons  examiner  les  actions 
du  jour  et  recommander  à  Dieu,  avec  larmes,  ?a  fin 
de  notre  vie,  le  moment  de  notre  mort?  Car,  le  som- 
meil, comme  l'aditPlutarque  {de  Consol.  ad  AppolL)^ 
est  un  apprentissage  de  la  mort;  il  en  est  comme  le 
frère,  selon  l'expression  des  plus  graves  auteurs. 
Athénagore,  en  effet,  nous  fait  remarquer,  dans  son 
livre  sur  la  re'surrection.que  l'homme  endormi  ressem- 
ble beaucoup  à  celui  qui  est  mort  ;  les  anciens  ont 
quelquefois  représenté  la  nuit  sous  la  figure  d'une 
f?mme  ayant  à  ses  côtés  deux  enfants,  l'un  noir,  l'autre 
éclatant  de  blancheur,  avec  les  épigraphes  du  sommeil 
et  de  la  mort.  Les  défunts  se  sont  endormis  dans  le 
Seigneur,  et  ceux  dont  le  sommeil  s'est  emparé,  sont 
pour  nous  comme  s'ils  n'étaient  plus.  Aussi,  la  terre 
sainte  où  sont  déposés  les  ossements  de  nos  frères  est- 
elle  appelée  cimtf^/^re,d'unmot  grec  qui  veut  dire  dor- 
milorium;ei  l'Ecriture,  parlant  de  ceux  qui,  pleins 
d'espérance,  sont  morts  dans  le  Seigneur,  dit  simple- 
ment qu'ils  se  sont  endormis.  C'est  pourquoi,  selon  la 
pensée  d'Amalaire,  l'office  de  compiles  peut  être  assi- 
milé à  une  recommandation  de  l'âme  au  sortir  de  cette 
vie  ;  en  efi'et,  ne  demandons-nous  pas  à  Dieu,  en  re- 
mettant notre  esprit  entre  ses  mains,  de  nous  laisser 
en  paix  par  delà  le  tombeau?  Aussi,  terminerons-nous 
bien  notre  journée  si,  dans  la  récitation  de  compiles, 
nous  nous  souvenons  de  notre  fin  dernière.  Non,  rien 
n'est  plus  efficace  que  ce  souvenir  pour  ramener  les 
âmes  des  voies  du  vice  dans  le  chemin  de  la  vertu  ; 
il  n'est  pas  d'homme  si  terrestre  et  si  grossier  qui,  à 


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i28  LBS  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

5ée,  ne  soit  saisi  de  frayeur  et  porté  à  une 
îure.  Qui  donc,  en  entendant  ces  paroles  et 
ant  ne  serait  pas  dans  l'épouvante?  :  «  Il  ne 
a  instant  pour  mourir,  et  de  cet  instant  qui 
inement  le  nôtre,  dépend  Tétcrnité.  »  Corn- 
)as  en  tirer  cette  conclusion  pratique  :«  Ap- 
nous  à  bien  vivre,  tandis  qu'il  en  est  temps 
(Div.  psalm.  c.  xi^De  complet,  §  IV.) 
lictum  de  completorio^  ajoute  ici  le  pieux  et 
irdinal,  jam  iacendum  et  quiescendum  est. 
utem  summe  et  perfecte  quiescere^  a  Creato- 
lude  nunqiiam  cessare.  »  A  son  exemple,  en 
t  ce  que  nous  avions  à  dire  des  compiles, 
prêterons  pas  non  plus  notre  travail,  et  nous 
erons  à  la  gloire  de  Dieu,  étudiant  mainte- 
divers  éléments  qui  composent  les  heures 
s. 

SECTION  lU. 

\  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 
(Rub.  gen.  Brev.  Tit.  xix-xixvi.) 

îque  générale  du  bréviaire,  après  avoir  parlé 
Qc  des  heures  canoniales,  s'occupe  des  élé- 
i  les  composent,  depuis  le  Pater  et  l'invita- 
[u'aux  antiennes  finales  de  la  sainte  Vierge, 
mi,  ces  éléments,  les  uns  sont  communs  à 
heures,  et  les  autres,  particuliers  à  quel- 
d'entre  elles;  delà,  deux  divisions  générales 
feront  intervertir,  il  est  vrai,  l'ordre  assigné 
ubrique,  mais,  d'où  s'ensuivra  pour  notre 
is  de  suite  et  de  clarté. 


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LE  a  PATER  »  ET  L'«AVE  ».  «29 

CHAPITRE  I. 

DES  ÉLÉMENTS  COMMUNS  A  TOUTES  LES  HEURES 
CANONIALES. 

Ce  sont  :  le  Pater  et  YAve^  —  les  invocations  qui 
commencent  et  terminent  les  heures,  —  les  hymnes, 
—  les  antiennes,  —  les  psaumes,  —  les  versets  pro- 
prement dits,  —  les  capitules  —  et  Toraison. 

Article  I.  Le  Pater  et  rAve. 

Voici  d'abord  ce  que  dit  la  rubrique  sous  le  titre 
XXXII,  après  quoi  nous  entrerons  dans  quelques  dé- 
tails sur  l'une  et  l'autre  de  ces  prières. 

«  i.  L'Oraison  dominicale  Pater  noster,  et  la  Salutation 
angéiique  Ave  Maria,  se  disent  toujours  à  voix  basse 
avant  toutes  les  heures,  excepté  à  compiles,  au  commen- 
cement desquelles,  après  la  leçon  brève  et  le  verset  Adju- 
torïum  nostrum,  on  ne  dit  que  Paternoster  également  à  voix 
basse.  A  la  fin  de  compiles,  aussitôt  après  Toraison  de  la 
Sainte  Vierge,  on  dit  Pater  noster,  Ave  Maria,  et  Credo,  le 
tout  encore  à  voix  basse.  A  la  fin  des  heures  et  après  le 
verset  Fidelîum  animas,  on  dit  de  même  à  voix  basse  le  Pa^^r 
noster  seulement,  à  moins  qu'on  ne  récite  aussitôt  après  , 
l'office  de  la  Sainte  Vierge,  car  alors,  c'est  à  la  fin  de  cet 
office  que  se  dit  le  Pater  noster  comme  ci-dessus,  à  moins 
aussi  qu'une  autre  heure  ne  vienne  à  la  suite.  On  dit  alors 
dans  ce  dernier  cas,  une  fois  seulement  le  Pater  noster  avec 
VAve  Manna,  au  commencement  de  l'heure  suivante,  et 
quand  elle  est  finie,  le  Pater  noster,  en  sorte  qu'on  le  ré- 
cite toujours  à  la  fin  de  la  dernière  heuer.  Si  les  vêpres 
sont  immédiatement  suivies  de  compiles,  après  le  Fïdelium 
animae,  on  commence  le  verset  Juhe,  Domne,    benedicere. 

«  )t.  Quand,  à  la  fin  de  l'oraison  dominicale,  on  doit 
prononcer  à  haute  voix  ces  mots  :  Et  ne  nos  inducas,  il 
faut,  au  commencement,  prononcer  de  la  même  manière, 
Pater  noster  \  par  exemple,  aux  Prières  et  autres  cas  ana- 
logues. Ailleurs,  on  ne  les  dit  jamais  à  haute  voix,  mais 


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430        LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

à  voix  basse  en  entier.  A  laudes  et  à  vêpres,  lorsqu'à  l'office 
de  la  fé  ie,  on  récite  les  prières,  le  tout  se  dit  à  haute  voix 
par  J'ofticiant. 

«  3.  On  dit  toujours  la  Silutation  angélique  avant  l'office 
de  la  Sainte  Vierge,  quand  il  n'est  pas  joint  à  un  autre 
office  du  Seigneur,  car,  dans  ce  dernier  cas,  il  suffit  de  l'a- 
voir récitée  au  commencement  avec  l'Oraison  dominicale.  » 

§  I.  —  LE  Pater  ou  l'oraison  dominicale. 

Le  Pater,  au  commencemoat  des  heures  canoniales, 
n'est  obligatoire  que  depuis  saint  Pie  V.  On  le  disait 
cependant  déjà  dans  les  ordres  monastiques,  el  au 
moins  dès  le  xiii'  siècle  :  «  Dimisso  officiisigno,  lisons- 
nous,  en  eJBfet,  dans  les  Us  de  Citeaux,  orationem  su- 
per misericordias  faciant,  id  est,  Pater  noster  et  Credo 
in  Deum^  antequam  versiim  «  Deus  in  adjutorium  »  de^ 
cantent.  »  (c.  68«.)  Durand  de  Mende  en  parlait  de 
son  temps  comme  d'une  coutume  louable  :  «  Ideo  lau- 
dabili  consuetudine  inductum  est  ut  sacerdos,  ante  ca- 
nonicarum  horarum  initia  et  in  fine,  dominicain  Ora- 
tionem,submissâ  voce,  praemittat.  »  (lib.  V,  c.  ii,  6.) L'u- 
sage n'était  pas  antérieur  au  xiu*  siècle,  puisque  les 
règles  monastiques  des  x%  xi*  et  xu*  siècles,  dont 
l'office  divin  servait  de  modèle  à  celui  des  prêtres  sé- 
culiers, n'en  disent  rien;  saint  Benoit  n'eu  fait  pas 
mention  non  plus  dans  sa  règle.  Le  Pater,  au  com- 
mencement de  l'office  fut  introduit  peu  à  peu  par  la 
dévotion  des  religieux  et  des  fidèles,  qui  récitaient 
alors  cette  prière  en  silence  et  en  leur  particulier, 
comme  préparation.  De  là  est  venue  la  rubrique  de  ne 
le  réciter  encore  aujourd'hui  qu'à  voix  basse. 

Le  Pater  est  maintenant  obligatoire,  et  depuis  saint 
Pie  V,  avons-nous  dit:  «  Oratio  Dominica,  Pater  nos- 
ter, semper  dicitur  secreto  ante  omnes  Horas,  prêter- 
guam  ad  completorium.*  {n,  1.  Rub.)  Les  complies,  il 
est  vrai,  commencent  par  la  leçon  brève,  mais  le 
Pater  ne  s'y  trouve  pas  moins  peu  après. 


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LE  «  PATER  ».  431 

Rien  n'était  plus  convenable  que  de  commencer 
ainsi  les  heures  canoniales  par  le  Pater,  dont  elles  ne 
sont,  pour  ainsi  dire,  que  le  commentaire.  Cette  ad- 
mirable prière,  d'après  le  cardinal  Bona,  dispose  aussi 
notre  âme  à  célébrer  avec  plus  de  recueillement  et  de 
ferveur,  les  louaoges  de  Dieu  :  «  Et  apte  quidem  ab 
hac  orationeinitiumsumitur  officiorum^  ut  y  abactis  ejus 
virtute  musais  morientibus,  mens  tranquillior  facta 
ad  pangendas  Dei  laudes  praeparetur  et  devotionis  sua- 
vitatem  admittat.  »  (Div.  Psalm.  c.  xvi,  1 1,  De  Oral. 
Dom.  n.  4.) 

Le  Pater  est  encore  obligatoire  à  la  fin  des  Heures. 
Cet  usage,  devenu  maintenant  une  loi,  paraît  plus  an- 
cien que  le  premier.  Un  Concile  de  Gironne  en  Espa- 
gne, au  VI»  siècle,  Pavait  déjà  consacré  par  un  décret 
qui  se  trouve  dans  le  droit  {De  consecr.  dist.  V.  Id 
semper  ),  et  Durand  de  Mende  a  pu  dire  qu'il  appar- 
tient à  la  primitive  Eglise  :  «  In  primitive  Ecclesiâ  post 
guamlibet  Boram  absque  aliâ  oratione^  dicebatur.  » 
(loc.  cit.)  Cette  prière,  en  effet,  devait  conclure  les 
heures  canoniales,  comme  en  étant  le  résumé  le  plus 
fidèle  et  le  plus  autorisé,  a  Par  là  aussi,  dit  le  cardi- 
nal Bona,  nous  empêchons  que  l'ennemi  ne  vienne 
enlever  de  nos  cœurs  le  bon  grain  de  la  parole  divine 
semé  pendant  la  récitation  de  Toffice,  et  étouffer,  par 
lesfeux  impurs  de  la  concupiscence,  l'esprit  de  ferveur 
allumé  par  la  prière.  »  (loc.  cit.)  «  Id  statutum^  avait 
dit  avant  lui  Durand  de  Mende,  ne  diabolus  de  corde 
sacerdotis  rapiat^  si  quid  boni  ibi  seminatum  est.  » 
(loc.  cit.) 

Le  Pater  seul  termine  ainsi  chacune  des  heures, 
sans  Ave,  ni  Credo,  si  ce  n'est  à  la  fin  des  compiles. 

Il  est  omis  quand  on  passe  immédiatement  d'une 
heure  à  une  autre,  excepté  encore  aux  compiles,  qui 
seraient  suivies  des  matines  du  lendemain;  les  com- 
piles se  terminent  toujours  de  la  même  manière,  par 


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132         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

le  Pater,  suivi  de  VAve  et  du  Credo  ,  parce  qu'avec 
elles  finit  Tofflce  du  jour. 

Le  Pater  serait  encore  omis  à  la  fin  d'une  heure, 
les  complies  toujours  exceptées,  qui  serait  immédiate- 
ment suivie  de  l'office  de  la  sainte  Vierge  ou  des 
morts,  des  Psaumes  de  la  pénitence  ou  des  litanies 
des  saints.  Mais  on  ne  l'omettrait  pas  dans  le  cas  où 
la  messe  suivrait,  parce  que  celle-ci  est  tout  à  fait  dis- 
tincte de  l'office  divin. 

Nous  avons  dit  ailleurs  que  le  Pater  n'est  pas  obli- 
gatoire, quand  on  s'arrête  après  un  nocturne  ou  après 
matines,  parce  que  nous  n'avons  ici  que  les  partiels 
d'une  même  heure.  C'est  pourquoi,  la  nuit  de  Noël, 
on  ne  le  dit  pas  après  matines,  avant  de  commencer 
la  messe. 

A  la  fin  des  heures,  il  se  récite  toujours  à  voix  basse, 
comme  au  commencement  et  pour  le  même  motif, 
c'est-à-dire  pour  nous  rappeler  qu'on  ne  le  ditSait  pas 
alors  autrefois:  «  C'est  aussi,  dit  le  cardinal Bona,  pour 
exprimer  nos  sentiments  d'humilité  devant  Celui  qui 
scrute  l'intérieur  de  nos  âmes,  et  pour  nous  ensei- 
gner que  Dieu  a  moins  pour  agréable  l'éclat  et  le  son 
de  la  voix,  que  la  pureté  intérieure  et  la  componction 
sincère  du  cœur.  » 

Le  Pater  se  récite  aussi  dans  le  cours  de  l'office, 
ainsi  :  à  chaque  nocturne,  avant  la  première  leçon  ; 
à  prime,  après  Sancta  Maria;  et  dans  les  prières 
qui  se  disent  quelquefois  à  laudes,  à  vêpres,  aux 
petites  heures  et  à  complies.  Ce  rit  parait  être  aussi 
ancien  que  les  heures  elles-mêmes;  il  est  men- 
tionné dans  la  règle  de  saint  Benoit  (Chap.  xni), 
qui  se  tait  cependant  sur  la  récitation  du  Pater  au 
(  it  et  à  la  fin  de  l'office.  De  même  que 

1  inicale  fut  une  des  premières  prières  du 

saint  sacrifice,  de  même  nous  pouvons  être  certains 
qu'elle  fut   un  des  premiers  éléments  du  bréviaire. 


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LE  «PATER».  <33 

Cette  prière,  enseignée  par  le  Seigneur  lui-même,  de- 
vait résonner  tout  naturellement  avec  les  psaumes 
de  David,  parmi  ces  fidèles  qui,  selon  le  témoignage 
de  saint  Justin,  se  réunissaient  pour  prier  Dieu  et 
chanter  la  louange  au  Père,  au  Fils  et  au  Saint  Esprit 
(Apolog.  1.);  elle  avait  certainement  sa  place,  et  une 
place  d'honneur,  dans  l'office  divin  des  premiers  âges 
qui,  d'après  saint  Jérôme,  consistait  dans  la,  prière,  la 
psalmodie  et  la  lecture  de  l'Ecriture  sainte.  (In  vitâ 
S,  Hilarionis).  i  Le  Pater,  dit  le  cardinal  Bona,  résumé 
cle  la  Psalmodie,  devait  suivre  celle-ci,  au  milieu  de 
l'office  :  quia  totius  psalmodix  brevem  continet  ana- 
cephalœosim.»  «  Il  nousTr appelle  ainsi,  disait  saint  Be- 
noit, que  nos  actions  et  nos  prières  ne  sauraient  être 
agréables  à  Dieu  si  nous  avions  de  l'aversion  pour  nos 
frères.  »  (Beg,  c.  13.) 

On  en  récite  alors  à  haute  voix  tantôt  la  formule  en- 
tière et  tantôt  une  partie  seulement.  Le  premier  mode 
est  suivi  dans  les  grandes  prières  des  laudes  et  des 
vêpres:  Ad  laudes  vero  et  advesperas,  quando  in  fe- 
riali  officio  dicuntur  preces,  totum  dicitur  clarâ  voce 
ab  Bebdomadario.  (Rub.  gen.)  Le  second,  dans  les 
autres  endroits  indiqués  :  Quando  in  fine  orationis  do- 
minicœ  proferendum  est  clarâ  voce:  Et  ne  nos  indu- 
cas.,,  semper  in  principio  eâdem  voce  proferuntur  hxc 
duo  verba  :  Pater  noster,  ut  in  precibus  et  similibus. 
(Rub.  gen.)  Le  cardinal  Bona  nous  donne  la  raison  de 
ce  dernier  rit  :  «  C'est,  dit-il,  pour  affirmer  hautement 
tous  ensemble  que  nous  acquiesçons  aux  demandes  fai- 
tes en  silence  par  chacun,  et  que  nous  les  oJBfrons  tou- 
tes à  Dieu,  les  uns  pour  les  autres:  idque  proptereafit, 
ut  palam  ab  omnibus  communi  consensu  confirmetur 
quod  unusquique  oravit  sub  silentio.  »  (Loc.  cit.) 

Les  auteurs,  et  en  grand  nombre,  ont  commenté 
l'oraison  dominicale,  dont  le  pieux  cardinal  dit  avec 
raison  :  nulla  dignior,  nulla  utilior^  nulla  efficacior. 


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i34         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Nous  avons  reproduit  dans  notre  Explication  de  la 
messe  (T.  II,  p.  262  et  suiv.)  le  commentaire  qu'on  en 
faisait  aux  catéchumènes  dès  les  premiers  siècles  de 
TEglise,  et  qui  est  le  plus  ancien.  En  voici  un  autre  que 
nous  a  laissé  saint  Thomas  dans  sa  Somme  théologi- 
que ;  il  est  non  moins  concis  et  non  moins  énergique  ^ 
«  L'oraison  dominicale  t.3t  la  plus  parfaite  des 
prières,  car,  comme  dit  saint  Augustin  dans  sa  lettre 
à  Proba,  si  nous  prions  comme  il  faut,  nous  ne  pou- 
vons dire  ni  demander  autre  ch(ise  au  fond,  que  ce 
qui  est  renfermé  dans  celle-ci.  La  prière,  en  effet, 
n'est  que  l'expression  de  nos  désirs  auprès  de  Dieu; 
mais  alors,  nous  ne  pouvons  raisonnablement  de- 
mander à  Dieu  que  ce  qu'il  nous  est  permis  de  dési- 

i.  Saint  Thomas  d'Aquin  (1227-1-274)  s'est  acquis  un  ûom  im- 
morlel  oon  seulement  dans  la  théologie  par  sa  Somme^  mais  dans 
la  liturgie,  par  Poftice  du  Saint  Sacrement  et  la  Prose  Lauda 
Sion  qu'il  a  composés.  Nous  avons  aussi  de  lui  un  livre  sur 
la  messe  intitulé  :  Expositio  missœ,  —  La  fêle  du  saint  Sacre- 
ment venait  d'être  instituée  par  Urbain  IV,  en  1264,  àJa  suite 
d'une  révélation  faite  à  sainte  Julienne  de  Cologne.  Il  fallait 
pour  PEglise  universelle,  si  heureuse  de  cet  é\énement,  un  of- 
fice qui  répondît  à  la  grandeur  du  sujet.  Saiut  Thomas  (l'A(iuin 
fut  choisi  pour  le  composer  ;  et  on  y  retrouve  partout  le  génie, 
la  méthode  et  le  cœur  du  Prince  de  l'Ecole  et  du  Docteur  An- 
gélique. Tout  y  est  merveilleusement  choisi  ou  conçu.  Chacun 
des  répons  de  Matines  a  toujours  deux  sentences  tirées  de  l'An- 
cien et  du  Nouveau  Testament,  qui  rendent  ainsi  témoignage 
au  grand  mystère  ;  les  hymnes  y  sont  suaves,  en  même  temps 
que  profondément  théologiques  ;  Santeuil  disait  qu'il  donnerait 
voloutiers  toutes  ses  poésies  pour  la  seule  strophe  du  Vtrbum 
supernum  : 

Se  nascens  dédit  socium, 

Convescens  in  edulium, 

Se  moriens  in  pretium, 

Se  regnans  dat  in  praemium. 

Nous  avons  parlé  du  Lauda  Sion  au  tome  II,  p.  135  et  suiv. 
Cette  prose  et  Poftice  du  Saint  Sacrement,  l'un  des  plus 
beaux  de  la  Liturgie,  ont  fait  dire  de  son  auteur  qu'iZ  s'est 
trouvé  le  poète  le  plus  sublime  du  xm^  siècle. 


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136         LBS  ÉLfiMBNTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

crement,  et  le  pain,  la  principale  nourriture  ;  d'où 
saint  Mathieu  a  mis  supersubstantialem  qui  veut 
dire  principal^  selon  l'interprétation  de  saint  Jérôme. 

«  Le  second  moyen  qui  nous  conduit  accidentellement 
et  indirectement  à  notre  fin,  consiste  dans  l'éloigne- 
ment  des  obstacles.  Il  y  en  a  trois  qui  peuvent  s'oppo- 
ser à  notre  bonheur  éternel  :  le  péché  d'abord,  qui 
exclut  directement  du  royaume  des  cieux,  selon  cette 
parole  de  saint  Paul  aux  Corinlh.  vi  :  ni  les  fomica- 
teurs,nile$  idolâtres..,  ne  posséderont  le  ciel;  or,  Té- 
loignement  du  péché  fait  l'objet  de  la  cinquième  de- 
mande :  Dimitte  nobis,  débita  nostra.  La  tentation  qui 
veut  nous  empêcher  d'obéir  à  Dieu  :  nous  demandons 
précisément  dans  la  sixième  demande  de  ne  pas  y 
succomber  :  Et  ne  nos  inducas  in  tentationem  ;  nous 
n'y  demandons  pas  de  n'avoir  pas  de  tentations,  mais 
de  n'être  pas  vaincus  par  elles.  Enfin  les  pénalités  de 
la  vie  présente,  entant  que  nuisibles  à.  la  vie  corpo- 
relle, peuvent  l'être  à  Toblention  de  notre  fin  :  d'où 
la  septième  demande  :  Libéra  nos  a  malo.  »  (2*  2*® 
q.  83,  art.  9.) 

Bossuet  a  donné  une  explication  simple  et  familière 
du  Pater  dans  son  Catéchisme  de  Meaux,  et  une  autre 
plus  profonde  et  plus  élevée  dans  ses  Méditations  sur 
les  Evangiles  {Sermon  sur  la  montagne,  XXIP  jour  — 
xxvii)  ;  sainte  Thérèse  l'a  expliqué  aussi  pour  les  âmes 
avancées  dans  les  voies  de  l'oraison.  {Chemin  de  la 
perfection^  ch.  xxvn — xui.)  Tout  le  monde  connaît 
enfin  la  touchante  paraphrase,  appelée  le  Pater  de  la 
Jardinière^  et  composée  au  milieu  du  xvu*  siècle,  à 
Paris,  par  une  femme  du  peuple^ 

h.  I.  Notre  Père  qui  êtes  aux  deux. 

Que  je  suis  heureuse,  mon  Dieu,  de  vous  avoir  pour  Père, 
et  que  j'ai  de  joie  de  songer  que  le  ciel  doit  être  un  jour  ma 
demeure  !  Faites-moi  la  grâce  de  ne  point  dégénérer  de  la  qua- 


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.ÉHENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Qtpas  Piniquité  ;  Adveniat  regnum  tuum, 
BC  soin  ce  qui  peut  faire  plaisir  à  Pennemi 
at  voluntas  tua,  qui  s'efforcent  d'obéir  à 
ivine  ;  Panem  nostrum  quotidianum  da 
[ui  ont  renoncé  au  luxe  et  aux  délices  du 
Itte  nobis  débita  nostray(\m  pardonnent  à 
nt  offensés  ;  Et  ne  nos  inducas  in  tentaiio- 
'exposent  pas  eux-mêmes  ni  les  autres  à  la 
d libéra  nos  a  malOy  qui  ont  déclaré  à  Satan 
éternelle.  Ce  n'est  pas  tant  l'intelligence 
)n  de  cette  prière  qui  contribue  à  la  gloire 
la  vie  et  les  bonnes  mœurs  de  celui  qui  la 
',Ep.  24.) 

§  IL  —  L'Ave  Maria 

LA  SALUTATION   ANGÉLIQUE. 

na,  comme  on  le  sait,  se  compose  :  1®  des 
mge:  Ave^  gratia  plena^  Dominus  tecum^ 
in  mulieribus  (Luc.  i,  28)  ;  2°  de  celles 
sabeth  :  Et  benedictus  fructus  ventris  tui. 
de  cette  invocation  de  l'Eglise  au  Concile 

rdon  de  tout  mon  cœur  ;  mais  pour  ceux  qui 
je  leur  pardonne  ;  je  vous  prie,  mon  Dieu,  de 
e  bien  que  je  me  souhaite  &  moi-même. 

[.  Ne  m'induisez  point  en  tentation. 

s  voyez  de  combien  d'ennemis  je  suis  entourée, 
mpossible,  sans  votre  grâce,  de  ne  point  suc- 
suggestions,  je  vous  la  demande  de  tout  cœur. 

VIII.  Mais  délivrez-nous  du  mal. 

ade,  ô  mon  Dieu,  de  me  délivrer  du  plus  grand 
ux  qui  est  le  péché,  qui  seul,  peut  me  l'aire 
ce. 

Ainsi  soit'il. 

ide,  ô  mon  Dieu,  par  ce  mot,  l'accomplisse- 
les  demandes  que  je  viens  de  faire.  (Prières  à 
raisse  Saint- Sulpice,  deuxième  partie.  Le  Pater 


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L'«AVE  MARIA  ».  i39 

d'Ephèse:  Sancta  Maria^  Mater  Dei^orapro  nobis. 
Le  saint  Concile  voulut  faire  ainsi  une  réparation  so- 
lennelle à  Marie  pour  les  blasphèmes  de  Nestorius, 
en  insérant  dans  la  prière  le  mot  qui  exprimait  le 
dogme  proclama,  Gcotoxo;  ';  4*  enfin,  des  paroles  ap- 
prouvées par  TEglise  :  Nunc  et  in  horâ  mortis  nostrx  ; 
celles-ci  n'y  furent  ajoutées  que  vers  le  commencement 
du  XVI®  siècle,  puisqu'on  ne  les  trouve,  dit  Grancolas, 
dans  aucun  bréviaire  avant  Tannée  1 500  ;  le  premier  qui 
en  ait  fait  mention  est  celui  du  Cardinal  de  Sainte-Croix 
publié  en  15352. 
La  salutation  angélique  ne  fut  ajoutée  au  commence- 

\.  «  Marie,  mère  de  Dieu,  c'est  la  foi  de  tous  les  âges,  la  foi 
1  de  l'Orient  et  de  l'Occident,  la  foi  de  tous  les  Pères  et  de  tous 
»  les  docteurs,  depuis  S  Ambroise  jusqu'à  S.  Bernard;  l'écho 
3»  religieux  des  siècles  répétant  leurs  hymnes  et  leurs  cantiques 
»  en  l'honneur  de  la  Maternité  divine.  Un  seul  homme,  limpie 
»  Nestorius,  vient  troubler  ce  concert  universel.  Il  conteste  à 
»  Marie  le  plus  glorieux  de  ses  privilèges  ;  l'Eglise  entière  fré- 
»  mit  d'horreur  à  ce  blasphème.  Un  concile  est  convoqué  à 
»  Ephèse.  L'ennemi  aux  portes  de  la  ville  y  eût  jeté  moins 
»  d'alarmes  que  le  péril  d'une  croyance  si  chère.  Le  peu- 
»  pie  consterné  attend  dans  le  silence  la  décision  de  l'au- 
»  guste  assemblée.  Seulement  on  entend  par  intervalles  ce  cri 
»  de  détresse  :  Conservez-nous  Marie,  Marie,  Mère  de  Dieu. 
»  Bientôt  le  blasphémateur  est  confondu.  Mille  cris  de  joie 
»  frappent  l'air.  Chaque  famille  croit  avoir  retrouvé  sa  mère, 
»  en  retrouvant  celle  de  son  Dieu.  On  dirait, à  leurs  transports, 
»  que  Marie  leur  est  donnée  pour  la  première  fois.  Ce  n'est 
1  plus  cette  Ephèse  idolâtre,  qui  se  soulevait  naguère  en  pous- 
•  sant  des  clameurs  pour  défendre  le  temple  de  sa  grande  Diane, 
1  Le  culte  de  l'innocence  triomphe,  là  où  avaient  régné  les  dis- 
>  solutions  du  paganisme,  et  une  Vierge  céleste  est  assise  sur 
1  les  autels  que  souillait  une  impure  idole.  >  (Gard.  Giraud, 
Paraph,  de  la  Salutation  Angélique,) 

2.  Nous  trouvons  dans  un  livre  de  prières,  de  l'an  647,  com- 
posé par  Sévère  ,  patriarche  d'Alexandrie,  une  formule  d^Ave 
Maria  presque  identique  à  la  nôtre  :  «  Pax  tibi.  Maria,  plena 
gratiâ;  Dominus  tecum;  benedicta  tu  inter  mulieres,  et  btnedtctus 
fructus  qui  est  in  utero,  Jésus  Christfts,  =  Sancta  Maria,  Mater 
Deif  ora  pro  nobis,  inquam^  peccatoribus.  Amen,  > 


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s  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

Toffice  que  longtemps  après  le  Pater ^  et  seu- 
lu  xvi*  siècle  ;  on  ne  la  voit,  en  effet,  dans  au- 
iaire  avant  cette  époque  ;  le  cardinal  de  Sainte- 
Grancolas,  est  le  premier  qui  Tait  insérée  dans 
(De  l'ofif.  divin.  Des  prières  partie.  Patei\ 
do.)  UAve  Maria  étant  récité  au  commence- 
s  heures  du  petit  office  de  la  sainte  Vierge, 
ise  disant  tous  les  jours  avant  l'office  canonial 
1.  III,  cap.  n),  on  ne  croyait  pas  devoir  l'a- 
ce dernier.  Mais  saint  Pie  V  ordonna  de  le 
ind  il  eut  supprimé  l'obligation  de  réciter  l'of- 
sainte  Vierge  :  on  avait  ainsi  un  vestige  de  la 
B  ancienne  touchant  ce  dernier  office,  et  le  se- 
Marie,  dit  le  cardinal  Bona,  était  imploré  au 
îementde  chaque  heure  :  Uthac  brevi  oratione 
auxilium  singulis  horis  imploremus.  Le  saint 
iu  emprunta  le  rit  au  bréviaire  du  cardinal 
i-Croix,  qu'il  abolissait  aussi  par  sa  bulle. 
se  nous  met  ainsi  devant  les  yeux,  en  Marie, 
le  parfait  de  l'union  que  nous  devons  avoir 
mme-Dieu,  en  récitant  l'office.  Puissions-nous, 
jLpression  de  saint  Ambroise,  être  tout  péné- 
'esprit  qui  animait  la  Vierge  incomparable, 
le  priait  !  SU  in  singulis  spiritiis  Mariœ  ut  ma- 
lominum  t  Demandons-lui  donc,  par  cette  invo 
e  vouloir  bien  suppléer  à  notre  insuffisance, 
itf  ma  commence  avec  le  Pa^^  toutes  les  heu- 
liales,  moins  celle  decomplies,  qui,  en  retour, 
le  par  cette  prière  et  a,  de  plus,  une  antienne 
a  Sainte  Vierge.  On  ne  le  dit  pas  à  la  fin  des 
leures,  en  souvenir  de  l'ancien  rit,  où  VAve 
appartenait  pas  à  l'office.  On  ne  ledit  pas  non 
s  l'intervalle  des  heures,  afin  de  mettre  une 
3  entre  cette  prière  et  le  Pater,  de  beaucoup 
uste  et  plus  solennel, 
ateurs  chrétiens,  les   auteurs  ascétiques  ont 


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L'«  AVE  MARIA  ».  i4i 

aimé  à  paraphraser  VAve  Maria.  Mentionnons  ici  sur- 
tout le  cardinal  Giraud  {Instruction  pastor.  Carême 
1848.  Paraphrase  de  la  Salutation  angélique  t.  IV)  et 
les  belles  pages  de  M.  Nicolas.  {La  sainte  Vierge^  ^  " 
ch.  I.)  ((  Nous  ne  pouvons  rien  offrir  à  Marie,  de 
gracieux,  dit  le  cardinal  Bona,  que   cette  saluta 
message  pour  elle  de  sa  haute  dignité,  et  comme 
rore  du  salut  et  de  tout  TÉvangile.  A  ce  mome 
double  rosée  descendit  du  ciel  sur  la  terre,  qui  ei 
vint  féconde  et  engendra  le  Sauveur.  »  [Div.  Ps 
c.  xvi,  I  II.  De  angel.  salut.)  *  «  La  Salutation  A 
»  lique,  dit  M.  Nicolas,  est   tout  ensemble  une 
»  fession  de  foi,  une  bénédiction  et  une  invoca 
»  L'Ave  est  toujours  annexé  au  Pater  comme  le 
»  de  notre  adoption  et  le  fondement  de  notre 
»  fiance.  »  —  «  En  effet,  dit  le  B.    Canisius,  i 
que,  formés  par  le  divin  enseignement,  les  fidèl 
sont  déclarés  enfants  d'adoption  par  le  Christ,  et 
pour  appeler  sur  leurs  têtes  les  vrais  biens  et  en  éc 
les  maux,  ils  ont  prié  le  Père  céleste,  ils  aiment  à 
cendre  au  souvenir  sacré  de  cette  Vierge  qui  en: 

i.  Rien  n'est  suaye  comme  le  préambule  du  pieux  Gai 
à  ce  paragraphe  de  la  Salutation  angélique  :  <c  Quoties  st 
fert  occasio  de  laudibus  intemeratse  Virginis  Deiparae  disse 
vellem  profecto,  ut  melle  purior  meus  diffiueret  sermo,  cum 
eorporis  mei  membra  verterentur  in  linguas,  quitus,  si  m 
meritis  ipsius  (quis  enim  hoc  possity  illo  excepta  cujus  pc 
non  habet  finem  /),  at  saltem  pro  meo  affectu^  clementissim 
ginx  prasrogativas  œtemum  duraturis  praeconiis  celebraren 
quoniam  peccatorum  pondère  pressus,  rerumque  labentium 
coinquinatus,  sublimioris  sapientiœ  illapsu  indignissimm 
jure  cogor  praefari  veniam,  et  linguam  fari  gestientem  ju 
lentii  repagulis  cohibere,  Dicent  alii  quibus  serenior  illun 
lestis  gratise  radiuSy  dicent  uberius  illibatœ  virginis  encorti 
Angelicœ  salutationis  excellentiam  copiosius  explicabunt 
autem  tenuitatis  mex  consciusy  qux  ad  meum  facient  insti 
pauds  expédiant.  Constat  hœc  salutatio  duabus  partibus^ 
et petitione...  » 


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iHENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

lédempteur,  et  qui  a  jeté  dans  le  Christ 
déments  du  salut  humain.  »  {De  Maria 
ïne,  1.  III,  c.  X.)  —  «  Par  sa  fin  (la  2* 
ne  M.  Nicolas,  la  Salutation  Angélique 
se  rattacher  heureusement  à  l'Oraison 
['accompagne  admirablement.  Dans  cette 
1,  nous  venons  de  prier  nous-mêmes 
Père  céleste,  et  de  lui  remettre  en  quel- 
placet  ;  quoi  de  plus  naturel  que  de  nous 
aussitôt  à  la  Très  Sainte  Vierge,  pour 
de  l'appuyer,  de  suppléer  à  l'insuffî- 
rières  par  les  siennes,  d'entrer  dans  nos 

de  plus  naturel,  dis-je,  surtout  après 
î,  dans  toutes  les  paroles  qui  précèdent, 
es  de  crédit  de  la  sainte  Vierge  auprès 
1  nous  rappelant  que  nous  ne  sommes 
^s  pécheurs,  qui  ne  saurions  trop  avoir 
e  notre  indignité  et  de  nos  besoins,  à 
t  de  notre  vie  coupable,  maintenant  et  à 
-e  mort,  qui  décidera  éternellement  de 
3quel  cette  Vierge  Sainte  est  devenue  la 

Chaque  mot,  chaque  lettre,  pour  ainsi 
imirable  prière,  considérée  surtout  dans 
ec  le  Pater,  a  un  sens,  un  goût,  un  trait 
àce  et  de  suave  profondeur.  On  ne  sau- 
rer,  dans  toutes  les  parties  qui  sont  ve- 
îment  la  composer,  l'harmonie  logique 
qui  en  fait  comme  une  floraison  du  divin 
a  inspirées,  pour  leur  faire  porter  dans 
la  redisent  avec  l'intelligence  de  la  foi 
i  de  l'amour,  des  fruits  d'onction,  de 
.  » 

Maria,  tel  est  le  lien  qui  l'unit  au  Pater 
liturgie  et  dans  la  pieuse  pratique  des 
jre  des  plus  agréables  à  Marie,  nous  di- 
3t  qui  nous  vaut  bien  des  grâces  :  «  Cette 


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L'«AVE  MARIA».  143 

salutation,  dit  saint  Alphonse  de  Liguori,  plat 
coup  à  la  Très  Sainte  Vierge,  puisqu'il  sembL 
lui  renouvelle  alors  l'allégresse  qu'elle  ressent 
que  l'Ange  Gabriel  vint  lui  annoncer  qu'elle 
Mère  de  Dieu.  Répétons-la  donc  souvent.  Qui 
salue  Marie,  sera  aussi  salué  par  elle,  qui  lui  ré 
en  lui  obtenant  quelque  grâce.  Quand  on  récil 
Maria^  le  ciel  s'en  réjouit,  l'enfer  en  frémit,  le 
s'enfuit.  »  {JLes  gloires  de  Marie.  De  l'Ave  i 
«  Je  donnerais  tojs  mes  ouvrages,  disait  î 
»  pour  le  mérite  d'un  Ave  Maria  bien  récité.  »  - 
terminerons  enfin  par  celte  page  de  Lacordai 
de  celles  qui  effacent  toutes  les  autres,  dit  M.  N 
(c  Lorsque  l'archange  Gabriel  fut  envoyé  de  Di 
bienheureuse  Vierge  Marie,  pour  lui  annoncer  : 
tère  de  l'Incarnation  du  Fils  de  Dieu  dans  son 
sein,  il  la  salua  en  ces  termes  :  «  Je  vous  salue, 
de  grâce,  le  Seigneur  est  avec  vous,  vous  êtei 
entre  toutes  les  femmes.  »  Ces  paroles,  les  plu 
reuses  qu'aucune  créature  ait  entendues,  se  son 
tées  d'âge  en  âge  sur  les  lèvres  des  chrétiens  ; 
fond  de  cette  vallée  de  larmes,  ils  ne  cessent  de 
à  la  Mère  de  leur  Dieu  :  «  Je  vous  salue,  Marie 
hiérarchies  du  ciel  avaient  député  un  de  leurs 
l'humble  fille  de  David  pour  lui  adresser  cette  gl( 
Salutation;  et  mainteaant  qu'elle  est  assise  au 
des  Anges  et  de  tous  les  chœurs  célestes,  le  g^t 
main  qui  l'eut  pour  fille  et  pour  sœur,  lui  i 
d'ici-bas  Ja  salutation  angélique  :  «  Je  vous 
Marie.  »  Quand  elle  l'entendit  pour  la  premiè 
de  la  bouche  de  Gabriel,  elle  conçut  aussitû 
ses  flancs  très  purs  le  Verbe  de  Dieu  ;  et  main 
chaque  fois  qu'une  bouche  humaine  lui  répète  ce 
qui  furent  le  signal  de  sa  Maternité,  ses  entrail] 
meuvent  au  souvenir  d'un  ipoment  qui  n'eut  p 
semblable  au  ciel  et  sur  la  terre,  et  toute  l'étei 


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144         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

remplit  du  bonheur  qu'elle  ressent.  ^  (Vie  de  saint 
Dominique.) 

Le  Pater  et  VAve  se  disent  debout  au  chœur.  Cette 
posture  a  paru  plus  convenable  dans  la  louange  pu- 
blique et  solennelle,  à  moins  que  celle-ci  ne  se  trans- 
forme en  psalmodie,  en  lecture  ou  en  récitatif,  car  alors 
:i  ^^^  permis  de  s'asseoir  pour  éviter  la  fatigue. 

Article  IL  Invocations  brèves 
qui  commencent  ou  terminent  les  heures. 

sont  de  petits  versets  et  répons  dont  les  uns  se 
it  au  commencementdes  heures  canoniales,  et  les 
3S  à  la  fin. 

I.  —  INVOCATIONS    BRÈVES    QUI  COMMENCENT 
LES    HEURES    CANONIALES. 

»s  voici  :  Domine,  labia  mea  aperies...,,  à  matines; 
^erte  noSy  Deus,  salut  aris  nos  ter....,  k  complies; 
,  in  adjutorium meum  intende... ,  Gloria  Patri..., 
^,  Alléluia  ou  Laus  tibi.  Domine,  Rex  aeternœ 
»,  à  toutes  les  Heures.  La  plupart  de  ces  pieuses 
ules  sont  accompagnées  d'un  signe  de  croix,  que 
expliquerons  aussi. 

office  ne  commençait  pas  anciennement  par  ces 
5S  prières,  mais  par  la  psalmodie.  C'est  en  souve- 
e  ce  rit  ancien  que,  les  trois  derniers  jours  de  la 
ine  sainte,  après  le  P«/er  et  l'^lt;^  et,  à  matines 
prime,  après  le  Credo,  on  passe  immédiatement 
itienne  ou  aux  psaumes.  Le  deuil  et  la  tristesse 
ait  choisir  ces  trois  jours  pour  cette  suppres- 
:  «  Pendant  un  très  long  temps,  dit  Grancolas, 
oines  mêmes  commençaient  Toffice  par  la  psal- 
B,  comme  nous  faisons  encore  les  trois  jours 
t  Pâques.  »  {De  t office  divin ^  m*  titre.) 
isieurs  de  ces  prières  se  récitaient,  dans  les  mo- 
res en  particulier  et  dès  le  réveil,  avant  d'aller  à 


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rCEMENT.        U5 

dans  la  règle 
que  chacun  dc- 
ies,  et  os  mettra 
annuntiabit  laudem  liiam,  en  guise  d'antienne,  et  tout 
le  psaume  lxw  iDens,  in  adjutorium  meum  intende\ 
Domine  ad  adjuvatidum  me  festhm.  en  le  faisant  sui- 
vre du  Gloria  Patri\  Le  concile  d'Aix-la-Chapelle, en 
8i 6.  faisait  aux  clercs  la  même  obligation  :  w  Nocturnis 
horis  cum  ad  opus  divmum  de  lecto  siirrcxerit  clericuSy 
primum  signurn  sibi  sanctœ  Crucis  impoiiat  per  i/tvo- 
cationem  sanctœ  Trinitatis  ;  deindè  dicat  vcrsum  :  Z)o- 
m^ine^labiamea  aperies..,  Deiis^  in  adjutorium  menm 
intende...  iotum cum  Gloria  Patri^  et  ad  oratorium  fes* 
tinet.  »  On  récita  peu  à  peu  ces  prières  au  commence- 
ment de  l'office,  dont  elles  furent  ainsi  comme  une  pré- 
paration en  commun;  mais  on  le3  abiégea  pour  ne 
pas  prolonger  l'office,  ne  réservant  du  psaume  lxix" 
que  le  premier  verset:  Deus  in  adjutorium,,. 

Nous  ne  saurions  dire  quand  eut  lieu  ce  chargement. 
Ce  ne  fut  pas  partout  à  la  même  époque,  ni  de  la  même 
manière.  Amalaire,  au  neuvième  siècle, nous  parle  déjà 
du  verset  Llomine^  labia  mea  aperies^k  matines  :  «  Nous 
commençons  les  nocturnes, dit-il,  par  le  verset  Domine^ 
labia...  parce  que,  ayant  fermé  nos  lèvres  pendant  la 
nuit,  nous  prions  le  Seigneur  de  nous  les  ouvrir  pour 
chanter  ses  louanges.  »(L.  iv'c.  9.)  Saint  Benoît,  au  vi« 
siècle,  mentionne  expressément  dans  sa  règle  le  verset 
Deus  in  adjutorium...  comme  devant  commencer  les 
heures  canoniales  du  jour  :  «  /n  primis  semper  diumis 
Horis,  dicatur  versus  :  Deus  in  adjutorium  meum  in^ 
tende  (c.  18)  ;  mais  on  n'en  voit  pas  de  trace  avant 

i.  Saint  Chrodegand,  évèque  de  Metz,  mort  en  766,  établit 
pour  ses  chanoines  et  ses  clercs,  la  vie  commuoe  et  rédigea 
dans  ce  but  une  règle  célèbre,  où  Pon  trouve  beaucoup  de 
détails  précieux  pour  l'histoire  de  la  Liturgie.  (Voir  Darras, 
Histoire  de  VEglisef  T.  17,  p.  340  :  Régie  de  saint  Chrodegand.) 
T.n.  9 

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146         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

saint  Benoît,  et  le  témoignage  de  Cassien  sur  la  récita- 
tion de  ce  verset  par  les  moines  plus  anciens,  ne  se 
rapporte  pas  à  Toffice  public,  mais  à  la  prière  privée, 
d'après  le  P.  Lorin,  jésuite  d'une  grande  érudition. 
(In  Ps.  69.)  Le  verset  Converte  nos  des  compiles,  fut 
ajouté  bien  plus  tard;  Hjgues  de  Saint- Victor,  au 
xii®  siècle,  est  un  des  premiers  qui  en  parlent  et  en 
expliquent  le  sens  (Inspec,  c.  3);  et  encore  toutes  les 
Eglises  ne  l'avaient  pas  adopté  à  la  fin  du  xviu®  siè- 
cle, d'après  ces  paroles  du  cardinal  Bona  :  «  In  compte- 
torio  autem  preeponitur  ferè  ab  omnibus  Ecclesiis  Ps, 
Lxxxiv  versicuius:  Converte  nos,  Deus...  »  Durand  de 
Mende,  au  xvi®  siècle,  explique  déjà  pourquoi  ces  dif- 
férentes prières  sont  récitées  au  commencement  des 
heures.  (Lib.  V,c.  2,  n.  7-9;  17-22.)  Nous  allons  le  faire 
nous-même.  Le  chœur,  durant  ce  temps,  est  tourné 
vers  l'autel,  parce  que  nous  implorons  alors  le  secours 
divin  pour  une  action  sainte  et  des  plus  importantes. 

JX^  I.  c  Bomine,  labia  mea  aperies  >• 

Cette  prière  se  dit  au  commencement  de  matines, 
et  au  moins  depuis  le  ix*  siècle.  C'est  le  verset  17  du 
Miserere  mei  Deus  (Ps.  l.)  :  Domine  labia  mea  aperies 
et  os  meum  anmmtiabit  laudem  tuam.  On  l'appelait 
anciennement  :  versus  apertionis.  Convaincus  de  no- 
tre indignité  et  de  notre  impuissance,  nous  demandons 
la  grâce  actuelle  et  la  pureté  de  cœur,  sans  lesquelles 
on  ne  saurait  prier  comme  il  faut  et  être  agréable  à  Dieu. 
Tel  est  le  sens  de  ces  mots  :  Domine,  labia  mea  aperies^ 
d'après  saint  Augustin  (Lib.  VII,  cap  vni,  contra 
Pelag,)  et  saint  Ambroise  :  «  Cujus  ergo  labiaaperit  Do- 
minus  hune  peccati  absolvitreatu.  »  [In  Psalm.  50.)  «  Les 
lèvres,  dit  le  cardinal  Bona,  désignent  surtout  le 
cœur,  car  elles  ne  sont  pas  moins  l'expression  de  la 
pensée  que  de  l'amour  :  usus  labiorum  non  tantum  ad 
eloquiumy  sed  etiam  ad  osculum^  est.  » 


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<^  DOMINE,  LABU  MEA  APERIBS.  »  i47 

Il  faut  prononcer  ces  paroles  avec  les  sentiments  du 
roi  David,  si  humble  et  si  repentant,  c'est-à-dire  avec 
humilité,  confiauceet  ferveur.  Notre  misère  sans  doute, 
pourrait  nous  confondre,  mais  si  l'Esprit  de  Notre- 
Seigneur  est  en  nous,  notre  louange  et  notre  prière  ne 
seront  autres  que  les  accents  de  son  cœur.  «  Songez, 
écrivait  le  cardinal  de  BéruUe  à  ses  filles  du  Carmel, 
que  vous  faites  cet  office  en  union  avec  notre  divin 
Sauveur...  Vous  ne  louez  Dieu  qu'à  l'aide  de  ce  divin 
Adorateur,  que  dans  l'esprit  de  cet  Homme-Dieu, 
que  par  la  grâce  et  la  vertu  qui  nous  viennent  de 
cette  source.  Pensez-y  bien  et  pensez-y  souvent; 
car  cette  pensée  est  fondamentale  dans  la  vie  chré- 
tienne et  parfaite.  Vous  ne  seriez  qu'un  pur  néant 
devant  la  face  de  Dieu,  si  vous  n'étiez  membres  de  son 
Fils,  incorporés  au  Sauveur  par  sa  grâce,  vivifiés  en 
lui  par  son  esprit,  et  ne  faisant  qu'un  avec  lui  en  l'u- 
nité sacrée  qu'il  a  avec  son  Père.  Sans  lui  donc,  et 
sans  les  qualités  que  vous  recevez  de  lui,  vous  n'êtes 
rien,  vous  ne  pouvez  rien,  et  vous  ne  seriez  pas  di- 
gnes de  proférer  les  louanges  divines.  C'est  cotte 
vérité  que  vous  professez  eu  commençant  votre  office 
par  ces  paroles  :  Domine^  labia  mea  aperieSy  et  os 
meum  annuntiabit  laudem  ttiam,  » 

Nous  faisons  un  signe  de  croix  en  disant  :  Domine^ 
labia  mea  aperies,  pour  commencer  Toffice,  par  ce  signe 
sacré,  comme  toute  action  importante;  et  nous  le  fai- 
sons sur  la  bouche,  parce  que  notre  louange  s'adresse 
à  la  Trinité  tout  entière,  et  que  nous  avons  besoin  de  la 
grâce  méritée  par  la  croix,  pour  être  purifiés  et  pour 
prier  dignement.  La  pensée  ne  se  porte-t- elle  pas  ici 
vers  l'ange  qui  purifia  les  lèvres  du  prophète  avec  un 
charbon  ardent?  (Is.  vi.  5  et  seq.)  Prions  ce  séraphin 
et  aussi  notre  ange,  de  vouloir  bien  purifier  notre 
prière,  avant  de  la  présenter  à  Dieu. 


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148         LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 
V^  2.  c  BeuSy  in  adjutorium  meum  intende  >. 

C'est  le  premier  verset  du  Ps.  lxix.  Cassien  nous 
apprend  que  les  anciens  moiues  et  solitaires  aimaient 
à  le  répéter;  et  il  explique  ensuite  avec  amour  cette 
invocation,  qu'il  appelle  :  formula  pietatts,  jugis  ora- 
tio.  «  Ce  verset,  dit-il,  renferme  tous  les  sentiments 
que  peut  exprimer  à  Dieu  la  nature  humaine;  il  con- 
vient à  tous  les  états  ;  il  sert  de  bouclier  contre  tous 
les  traits  ennemis.  C'est,  au  milieu  des  dangers  de 
la  vie,  une  invocation  puissante  au  Çeigneur,  l'hum- 
ble aveu  de  notre  impuissance,  l'expression  d'une 
crainte  vigilante  et  continuelle,  le  cri  de  notre  fragi- 
lité, l'accent  d'une  confiance  absolue,  l'assurance  que 
notre  prière  sera  exaucée,  que  Dieu  est  toujours  prêt 
à  nous  secourir,  que  le  secours  nous  viendra  pour 
l'heure  présente.  Celui,  en  effet,  qui  invoque  ainsi  son 
protecteur,  dit  assez  qu'il  est  certain  de  sa  bienveil- 
lante présence.  Ce  verset  est  plein  d'amour  pour  le 
Seigneur,decraintepourSatan,dedéfiance  de  soi-même 
aumilieudes  dangersqui  nousentourent,6tnous  recon- 
naissons ne  pouvoir  être  délivrés  que  par  le  divin  dé- 
fenseur. Ce  verset  est  un  rempart  inexpugnable,  une 
impénétrable  cuirasse,  un  bouclier  des  plus  forts  pour 
ceux  que  les  démons  combattent.  Ce  verset  salutaire, 
nous  devons  toujours  l'avoir  sur  les  lèvres,  et  dans  l'é- 
preuve, pour  en  être  d élivrés  ou  soulagés,  et  dans  la  pros- 
périté, pour  n'être  pas  les  jouets  de  l'orgueil.  Méditez 
sans  cesse  en  votre  cœur  ces  paroles;  ne  cessez  jamais 
de  les  redire  au  Seigneur,  dans  vos  courses,  dans  vos 
travaux,  dans  les  fonctions  de  votre  ministère;  n'en 
perdez  jamais  le  souvenir,  même  quand  il  vous  faut 
veiller  aux  besoins  de  la  vie  corporelle.  «  {Collât,  X, 
c.  9  et  10.) 

Telles  sont  les  belles  pensées  de  Cassien  sur  cette 
courte  prière,  dont  nous  ne  saurions  dire  la  prof  on- 


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«  DEUS,  IN  ADJUTORIUM   MEUM  INTENDE.  »         149 

deur  et  la  suavité.  Méditons-en  quelquefois  les  paroles 
dans  Toraison,  et  TEsprit-Saint  nous  la  fera  mieux 
comprendre  et  goûter  :  Deus  in  adjutorium  meum  in- 
tende ;  Dominey  ad  adjuvandum  me  festina. 

L'Eglise  savait  l'opportunité  de  cette  invocation  au 
commencement  des  heures  canoniales  :  «  C'est  surtout 
quand  nous  voulons  prier,  dit  le  cardinal  Bona,  que 
les  démons  redoublent  d'efiforts  :  Tanio  antem  sollici- 
tius  divinum  auxilium  initio  orationis  invocandum  est, 
quanto  acrius  eo  lempore  invisibiles  hosles  conlra  nos 
certamen  instituunt.  »  [loc.  cit.)  «  Lorsque  le  signal  est 
doiiné  d'emboucher  la  trompette  spirituelle  pour  la 
louange  divine,  dit  saint  Jean  Climaque,  les  ennemis 
invisibles  accourent  aussitôt.  Les  uns  veulent  nous 
faire  prolonger  le  sommeil,  en  nous  insinuant  que 
nous  arriverons  assez  à  tenaps  à  l'office.  Les  autres, 
une  fois  la  prière  commencée,  assoupissent  nos  sens 
par  la  somnolence;  ceux-ci  nous  portent  aux  distrac- 
tions extérieures,  ceux-là  nous  fatiguent  le  corps.  Ils 
inspirent  de  mauvaises  pensées,  font  prendre  une  pos- 
ture molle  et  sensuelle,  provoquent  à  rire,  excitent 
Pimpatience  et  l'ennui;  la  psalmodie,  par  leurs  sug- 
gessions  malignes,  est  tantôt  lente  et  tantôt  précipi- 
tée. »  {Grad.  18.) 

Le  signe  de  la  croix  accompagne  l'invocation,  parce 
qu'elle  s'adresse^  la  sainte  Trinité,  et  que  notre  con- 
fiance est  dans  la  Croix  du  Sauveur. 

Nous  pourrions  avec  beaucoup  de  fruit  réciter  encore 
cette  prière  au  moment  delà  tentation,  ou  quand  nous 
sommes  accablés  par  les  épreuves  et  les  difficultés  de  la 
vie  ;  mais  il  faut  le  faire  toujours  avec  un  grand  esprit  de 
foi.  t  Quand  on  a  dit  à  Dieu:  In adjntoritim  meum  in- 
tende,  dit  saint  François  de  Sales,  s'imaginer  qu'il 
répond  :  Et  vous,  soyez  attentif  à  ma  présence  et  à 
ma  parole.  »  Nous  lisons  dans  la  vie  du  vén.  Per- 
boyre,  digne    enfant   de  saint  Vincent  de  Paul,  que. 


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150         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

lorsqu'il  disait  ces  paroles,  c* était  avec  un  sentiment 
profond  du  besoin  qu'il  avait  de  l'assistance  divine^ 
et  avec  d'ardentes  aspiratiojis  pour  attirer  la  grâce  du 
ciel.  »  Saint  Charles  recommandait  à  ses  prêtres  de  se 
ranimer  dans  la  ferveur  en  les  récitant.  {Sa  vie.) 

N<>  8.  La  Doxologie  Gloria  Patri. 

La  première  partie  :  Gloria  Patri  et  Filio  et  Spiritui 
Sancto,  serait  de  tradition  apostolique,  malgré  le  té- 
moignage de  Walafrid  Strabon,  qui  l'attribue  au  con- 
cile de  Nicée.  {De  reb.  eccl.  c.  25.)  Saint  Basile,  en 
effet,  dans  son  Livre  sur  le  Saint-Esprit,  àïi  que  cette 
prière  était  déjà  récitée  par  les  anciens  :  Quod  a  Ma- 
joribus  nostris  dictum  est^  et  nos  dicimus^  et  les  textes 
qu'il  apporte  en  preuve,  la  font  remonter  jusqu'au 
Pape  saint  Clément,  jusqu'aux  apôtres  ^   La  même 

\,  Saint  Clément,  Pape  (67-76),  premier  écrivain  de  PE- 
glise,  en  serait  aussi  le  plus  ancien  liturgiste  s*ii  était  Pauteur 
dos  Constitutions  apostoliques.  Mais  la  criti  jue  ne  permet  pas 
de  lui  attribuer  ce  monument  important.  Il  n'a  pas  moins 
miriLé  de  la  liturgie  par  Pinstitution  de  Sf'pt  Notaires,  chargés 
de  recueillir  dans  la  ville  de  Rome  les  actes  des  martyrs,  les 
dates  de  leur  mort  et  los  épitaplïes  de  leurs  tombeaux  :  docu- 
ments précieux  qui  furent  les  premiers  éléments  du  martyro- 
loge, de  nos  calendriers,  et  des  légendes  du  bréviaire. 

Le  nom  de  ce  grand  pape,  contemporain  de  saint  Pierre, 
nous  rappelle  ici  ce  que  la  liturgie  doit  aux  Pontifes  Romains 
des  trois  premiers  siècles.  Ces  détails,  donnés  par  le  Liber  Bon- 
tificalis  et  le  bréviaire  romain,  ne  manquent  pas  d  intérêt. 

Saint  Lin  (66-67)  ordonna  que  les  femmes  n'entreraient 
dans  Pé.i?lise  que  la  tête  voilée. 

Saint  Clément  (67  76).  Nous  en  avons  parlé  plus  haut. 

Saint  Clet  (77-83)  divisa  Rome  en  vingt-cinq  églises  parois- 
siales, où  l'on  administrait  le  Baptême  et  la  Pénitence  aux  païens 
convertis. 

Saint  \naclet  (83-96)  construisit  le  tombeau  de  saint  Pierre 
et  fixa  la  sépulture  des  pontifes  romains  :  «  LEvêque,  offrant  le 
saint  Sacrifice,  écrivait-il,  doit  avoir  ses  témoins,  et  en  plus 
grand  nombre  que  les  Prêtres;  aux  jours  solennels,  qu'il  ait 


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LA  D0X0L06IB  GLORIA  PATRL  I5i 

thèse  est  établie  par  Baronius.  {Ann.  371^  n.  71  et 
seq.)  Le  concile  de  Nicée  ajouta  seulement  la  seconde 
partie  :  Sicut  erat  in  principio,  et  nunc  et  semper^  et 

donc  à  ses  côtés  sept,  cinq  ou  trois  diacres  ;  en  avant  et  en 
arrière,  se  tiendront  les  sous-diacres  et  les  autres  ministres, 
revêtus  des  ornements  sacrés.  Formant  cercle  à  droite  et  à 
gauche,  les  prêtres  seront  debout,  le  visage  modestement 
baissé,  dans  l'attitude  de  l'humilité  et  du  recueillement.  Ils 
seront  la  garde  de  l'Evêque  contre  les  projets  malveillants,  et 
s'uniront  au  Sacriûce.  Après  la  Consécration,  tous  recevront 
l'Eucharistie,  et  ceux  qui  s'y  refuseraient  seraient  écartés  du 
sanctuaire.  Telle  est  la  discipline  que  nous  ont  laissée  les  apô- 
tres, et  que  l'Eglise  romaine  a  conservée.  »  (Epist,  \.  c.  IL) 

Saint  Evariste  (96-108)  détermina  d'une  manière  définitive 
les  vingt-cinq  paroisses  romaines,  et  régla  que  l'Evêque,  en 
prêchant,  serait  aussi  assisté  de  sept  diacres. 

Saint  Alexandre  (1 08- H 7)  défendit  d'ajouter  autre  chose  que 
le  pain  et  le  vin  aux  offrandes  apportées  à  l'autel  par  les  fi- 
dèles ;  il  fit  le  précepte  formel  du  mélange  mystérieux  dans  le 
calice  à  la  messe,  ajouta  au  Canon  ces  paroles:  qui  pridie  quam 
pateretuTy  et  ordonna  de  conserver  toujours  dans  l'église  l'eau 
bénite  mêlée  de  sel,  en  exhortant  les  chrétiens  d'en  emporter 
chez  eux  et  de  s'en  servir  contre  les  démons. 

Saint  Sixte  I  (117-127),  décréta  que  les  vases  sacrés  ne  pour- 
raient être  touchés  que  par  les  clercs,  et  que  le  peuple  s'uni- 
rait au  Prêtre  pour  chanter  le  Sanctus  à  la  messe. 

Saint  Télesphore  (127-138);  (voir  t.  II,  p.  iOl,  not.  1.) 

Ssint  Pie  I  (  142-150),  dans  ses  lettres  dont  Baronius  dit 
qu'elles  sont  toutes  d'or,  ordonne  de  célébrer  partout  la  fête 
de  P&ques,  le  dimanche,  comme  on  le  faisait  à  Rome,  parle  du 
Colobium  (la  Tunique),  comme  un  insigne  alors  de  l'épiscopat 
(voir  t.  I,  p.  396),  et  recommande  d'honorer  les  saintes  Re- 
liques. 

Saint  Anicet  (150-161)  défend  aux  clercs  de  nourrir  et  de  soi- 
gner leur  chevelure. 

Saint  Soter  (162-170)  prescrivit  à  tous  de  communier  le  Jeudi- 
Saint,  à  moins  qu'on  n'en  fût  indigne  ;  il  défendit  aux  vierges 
consacrées  à  Dieu  de  toucher  les  linges  sacrés,  et  de  porter 
ou  d'entretenir  Pencensoir  dans  l'assemblée  des  fidèles. 

Saint  Victor  (185-197)  publia  une  constitution  solennelle  pour 
que  la  fête  de  Pâques  fût  partout  célébrée  U  dimancl»e,  et  dé- 
créta que,  dans  le  cas  de  nécessité,  on  pouvait  conférer  le  Baptême 
avec  toute  espèce  d'eau  naturelle. 


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152    LIS  ÉLÉMBNTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

in  sœcula  sœculorum  ;  ce  fut  pour  mieux  affirmer  con- 
tre Ârius  la  consubstanlialité  du  Verbe.   Le  fait  est 
rappelé  par  le  premier  concile  de  Vaison  (337),  qui 
fit  le  décret  suivant  :  «  Quia  non  solum  in  Sede  Apos- 
tolicâ,  sed  etiamper  tottim  ofienlem  et  totam  Africam 
vel  Italiam,  pr opter  hœreticorum  astutiam  quâ  Dei 
m  non  semper  cum  Pâtre  fuisse^  sed  a  tempore 
se,  blasphémant  y  in  omnibus  ciausulis  post  Gloria 
...^Sicut  erat  in  principio  et  nunc  et  semper^  et  in 
asadculornm.  Amen,  dicitur^  etiam  nos  in  univer- 
:clesiis  nostris  hoc  ita  dicendum  essedecernimus.  » 
doxologie,  ainsi  toujours  en  usage  dans  l'Eglise, 
t  récitée  que  plus  tard,  à  la  fia  des  psaumes  ;  on 
sait  déjà  cependant  dès  le  vi«  et  le  v®  siècle.  Le 
Vigile  nous  le  dit  positivement  pour  le  vi*:  in  fine 

ïi  Zéphjrin  (197-!Î17)  statua  que  les  Ordinations  devaient 

e  en  présence  du  clergé  et  des  fidèles  ;  que  les  ministres 

îurs  porteraient  les  oblations  aux  prêtres  sur  des  patènes 

re  ;  que  PËvêque,  en  célébrant  la  messe,  serait  assii>té 

us  les  Prêtres,  rangés  autour   de  lui  ;  que  ceux-ci   rece- 

t  de  sa  main  la  Couronne  consacrée  (la  sainte  hostie),  et 

es  ravoir  reçue,  ils  la  distribueraient  au  peuple. 

it  Callixtel  (2 17-222)  porta  à  quatre  par  an  les  jeûnes  dusa- 

jusque  là  au  nombre  de  trois  seulement.  C'était  le  jeûne 

titre-Temps  déûnitivement  institué. 

it  Urbain  I  (222-230)  aurait  commencé  Tusage  des  vases 

en  argent,  mais  sans  porter  de  décret  sur  ce   poiut; 

t  lui-môme  vingt-cinq  patènes  de  ce  métal  à  différentes 

(  de  Rome. 

it  Etienne  I  (254-260)  défend  aux  prêtres  et  aux  diacres 

ervir  &  l'autel  de  leurs  vêtements  ordinaires;  il  en  veut 

s  somptueux  ou  de  plus  convenables,  quoique  la  forme 

môme  que  celle  des  vêtements  laïques.  (T.  I,  p.  308.) 

\i  Félix  I   (269-274)  rend  désormais  obligatoire  la  célé- 

n  du  saint  sacrifice  sur  un  autel  qui  ait  des  reliques. 

it  Ëutvchien  (275-283)  veut  qu'on  enveloppe  les  corps  des 

rs  dans  de  riches  étoffes. 

it  Gaïus  enfin  (283-295)  nomme  tous  les  Ordres,  depuis 

erioce  et  l'Ë.ûscopat  jusqu'à  celui  de  Portier,  dans  un 

qui  défend  les  Ordinations  per  saltum. 


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LA  D0X0L06IB  GLORIA  PATRI.  153 

omnium  psalmorum  dici  ab  omnibus  ex  more  Gloria 
Palri  (Ep.  i);  et  un  concile  de  Narbonne,  en  589, 
l'ordonnait  expressément.  Mais  Cassien  au  v®  siècle, 
nous  assure  que  cette  pratique  existait  déjà  chez  les 
occidentaux.  (L.  I.  Inst.  c.  8.)  C'est  le  Pape  saint  Da- 
mase  qui,  d'après  le  bréviaire  romain,  aurait  intro- 
duit ce  rit  :  Statuit  ut  in  fine  cujusque  psalmi  dice- 
retur  Gloria  Patri  et  Filio  et  Spiritui  Sancto, 

Le  Psaume  txix®  une  fois  retrai  ché  comme  prépa- 
ration à  l'office,  on  n'en  retint  plus  que  le  premier 
verset,  ,Z)é:w5,  iriadjutorium  et  la  conclusion  :  Gloria 
Patri-,  de  là,  cette  doxologie  au  commencement  des 
heures  ;  elle  y  est  donc  aussi  ancienne  que  les  autres 
versets  :  Domine^  labia  mea,,.  et  Deus^  in  adjutorium 
meumintendc... 

«  Nous  devons  réciter  et  chanter  avec  tout  le  res- 
pect possible,  dit  le  cardinal  Bona,  cet  hymne  de  gloire 
composé  par  les  apôtres,  augmenté  par  les  Pères  de 
Nicée,  et  reçu  de  l'Eglise  entière  ;  ceux  qui  le  récite- 
raient sans  attention,  sembleraient  plutôt  blasphémer 
que  glorifier  le  Seigneur.  » 

Le  pieux  et  savant  Gerson  a  composé  tout  un  traité 
moral  et  mystique  sur  le  Gloria  Patri.  (Pars  3.  Ana- 
gogicum  de  Verbo  et  hymno  Gloina  in  excelsis  Deo 
Patri  et  Filio  et  Spiritui  Sancto,)  «  Etudiez  le  Gloria 
Patri,  disait  saint  François  d'Assise  à  l'un  de  ses  frè- 
res, vous  y  trouverez  toute  la  substance  des  Ecritu- 
res. » 

Nous  souhaitons  dans  ce  verset  que  la  sainte  Tri- 
nité reçoive  sur  la  terre,  comme  au  ciel,  la  gloire  qui 
lui  est  due,  par  l'adoration,  l'obéissance  et  l'amour. 
«  Mais  n'oublions  pas,  dit  le  cardinal  Bona,  de  rendre 
nous-mêmes,  avant  tout,  gloire  à  Dieu  par  nos  senti- 
ments intérieurs  et  notre  conduite.  »  —  «  Lorsque  en 
effet,  dit  saint  Jean  Chrysostiîme,  nous  chantons  les 
louanges  de  Dieu  sans  que  notre  vie  soit  conforme  à 

T.  II.  9. 

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454         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

sa  loi,  nous  le  déshonorons  au  lieu  de  contribuer  à  sa 
gloire.  »  Saint  Grégoire  VII,  légat  alors  du  Saint-Siège, 
voulant  convaincre  de  simonie  un  prélat  qui  avait 
corrompu  ses  juges,  lui  ordonna  de  réciter  le  Gloria 
Patrij  mais  celui-ci  ne  put  jamais  prononcer  le  nom 
du  Saint-Esprit  que  son  péché  offensait  plus  direc- 
tement; il  confessa  aussitôt  sa  faute,  et  acheva  la 
Doxologie. 

N«  4.  L'  c  Amen  ». 

Nous  avons  déjà  parlé  de  ce  mot  hébreu  qui  revient 
si  souvent  dans  la  liturgie  sacrée  et  dans  nos  prières. 
(T.  II,  p.  112  et  suiv.)  C'est  à  la  fois  une  assertion, 
un  souhait,  ou  un  acquiescement  au  sujet  de  ce  qui 
vient  d'être  dit  :  lia  est,  lia  fiât  ;  //  en  est  ainsi,  quil 
en  soit  ainsi!  On  doit  le  réciter  avec  une  foi  vive  et 
une  pleine  confiance,  avec  toute  l'ardeur  du  zèle  et  du 
saint  amour. 

«  Amen!  ainsi  soit-il  !  s'écrie  le  cardinal  Giraud,  en 
terminant  sa  belle  paraphrase  de  VAve  Maria^  c'est 
par  ce  vœu  que  l'Eglise  couronne  toutes  ses  prières,  et 
les  marque  comme  d'un  dernier  sceau  et  d'une  su- 
prême consécration...  Amen!  c'est  la  formule  abrégée 
de  toute  adoration  et  de  toute  action  de  grâces.  — 
Amen!  c'est  le  vœu  de  l'espérance;  nous  le  formulons 
ici  bas  dans  les  amertumes  de  l'exil.  —  Amen  !  c'est 
le  vœu  de  la  possession  et  de  la  jouissance  elle-même  ; 
les  saints  le  répètent  devant  le  trône  de  l'Agneau, 
dans  le  ravissement  de  la  joie  et  l'extase  du  bonheur. 
—  Amen!  acte  de  foi,  c'est  l'adhésion  de  l'esprit  à 
toutes  les  vérités  renfermées  dans  la  prière.  — Amen! 
acte  d'amour,  c'est  la  sympathie  du  cœur  à  tous  les 
sentiments,  à  toutes  les  affections  qu'elle  exprime.  — 
Amen!  acte  d'obéissance,  c'est  l'acceptation  par  la 
volonté  de  tous  les  désirs  qu'elle  nous  rappelle.  » 


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L'«ALLBLUU».  155 

N«  5.  L'  «  AUeluia  >. 

On  ajoute  encore  au  commencement  des  heures, 
Alléluia.  Il  est  remplacé,  de  la  septuagésime  à  Pâ- 
ques, par  ces  mots  :  Laus  tibi  Domine^  Rex  œternas 
gloriœ,  (Voir  t.  II,  p.#  139  et  suiv.)  Ce  cantique  de 
louange  et  de  joie  résonnait  sur  la  harpe  de  David  {Ps. 
civ),  et  dans  le  temple  de  Jérusalem  {Tob,  xni,  22)  ; 
saint  Jean  Tentendit  au'  sein  de  l'Eglise  triom- 
phante. {Apoc.  XIX,  1.)  Ne  devait-il  pas  résonner  aussi 
au  sein  de  l'Eglise  d'ici-bas,  dans  ses  temples  sacrés, 
sur  les  lèvres  de  ceux  à  qui  est  confiée  la  prière  ^uhM- 
qa^'^U Alléluia  a  sa  place  dans  le  sacrifice  £'wc«m- 
tique-,  on  le  retrouvera  dans  l'office  divin,  qui  est  aussi 
le  sacrifice  de  louanges  et  d'action  de  grâces.  Mais  cette 
exhortation  vive  et  pressante  des  anges  et  des  saints 
entre  eux,  alléluia,  «  Louez  Dieu  »,  devait  marquer  le 
commencement  des  heures  ;  ainsi  les  ministres  sacrés 
s'exhortent  mutuellement  à  louer  le  Seigneur,  et  invi- 
tent toutes  les  créatures  à  le  faire  comme  eux. 

Dès  qu'on  eut  désigné  les  prières  que  nous  expli- 
quons, comme  introduction  aux  heures  canoniales, 
V Alléluia  y  fut  ajouté.  Saint  Benoit  consacre,  en  effet, 
dans  sa  règle,  un  chapitre  tout  entier,  le  quiuzième, 
à  déterminer  le  temps  où  l'on  devra  le  chanter  pen- 
dant le  saint  office;  il  dit  expressément  qu'il  faut  le 
faire  aux  nocturnes  et  à  toutes  les  heures,  les  vêpres 
exceptées.  Le  saint  fondateur  exclut  ici  les  laudes  et 
les  vêpres,  parce  que  ces  deux  heures  canoniales, 
spécialement  consacrées  à  la  louange,  sont  comme  un 
alléluia  continu.  Nous  apprenons  par  Cassien,  par 
saint  Isidore  de  Séville  et  d'autres  auteurs,  que  les  psau- 
mes se  terminaient  tous  par  le  Gloria  Patri  et  V Allé- 
luia; il  était  dès  lors  naturel  d'ajouter  ce  dernier  au 
commencement  des  heures,  quand  on  y  récita  le  pre- 
mier verset  du  Ps.  lxix,  et  sa  doxologie.  «  On  sup- 
prima tout  le  Ps.  Deus^  in  adjutoritmi,  dit  Grancolas, 


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150         LRS  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

mais  on  a  retenu  le  premier  verset,   et  le  dernier, 
Gloria  Patrie  ainsi  que  Valleluia  qui  se  disaient  au- 
trefois à  la  fin  de  chaque  psaume.  »  —  «  Post  Gloria 
Patrie  disait  auxui*  siècle  Durand  de  Mende, en  parlant 
du  commencement  de  l'office, 5?/ A/VciVwr  Alléluia.  » 
Ta  mot,   nous  Tavons  dit  ailleurs,  nous  vient  de 
halleloH'iah^  Louez  Dieu  *.  Il  dit  plus  que 
Deurriy  à  cause  de  l'empressement  et  de  la 
1   ne  peut  rendre  dans  la  traduction  ;  c'est 
lEglise  Ta  conservé  dans  son  idiome,  pour 
li  enlever  de  son  énergie  :  «  Deo  Alleluiay 
rdinal   Bona,  habet  acclamationem^  et  ju- 
rxhortationem  ad  laudes   Dei   concinendas^ 
uno  latino  vocabulo  sufficienter  exprimi  ne- 
ajores  nostj'i  primitivam  Hebraici  idiomatis 
turam  retinuerunt.  m  (loc  cit.) 
"éloge  (ju'en  font  les  auteurs.  L'abbé  Ru- 
V Alléluia  est  plein  de   mystères;   il  nous 
la  Jérusalem  céleste  ;  il  est  tombé  comme 
ce    rosée   dans  le  cœur  des  patriarches  et 
iète«;,  et  le  Saint-Esprit  en  a  répandu  tous 
les  sur  les  lèvres  apostoliques.  Il  nous  rap- 
banquet  (fternel  des  anges  et  des  saints  qui 
louer  Dieu  sans  cesse,  et  à  célébrer  le  bon- 

it-on  que  Duranti  (L.  II,  D.  de  lit.  Eccles.  c.  20) 
lu  fj^rec  ce  mot  alléluia  ?  «  f^on  possum  non  irasci^ 
losano  prœsidi  Duranto,  dit  ici  Bona.  Saiat  Anselme 
ér^  (lii  cap,  XIX  Apoc.)  pensait  que  V Alléluia  n'ap- 
L  aucuue  langue  de  la  terre,  mais  à  celle  des  Anges  : 
îiiC(jre  ici  Boua,  sed  omnis  homo  aliquid  humauum 
\uandoque  bonus  dormital  homerus.  » 
*ôuie  explique  ainsi  ce  mot  :  Allé,  cantate  —  /u,  lau- 
ad  domtnum  ;  et  samt  Augustin  :  A/,  salvum  —  le, 
fac.  Notre  explication  est  la  seule  vraie.  Les  auteurs 
âge  ont  souvent  inter^rét^  ce  mot  d'une  manière  in- 
tans s'occuper  de  l'et^mologie.  Ainsi  Pierre  d'Au- 
i  autres  :  A/,  Altissimus  —  le,  levât  us  est  in  cruce  — 
/  ApostoU  —  iayjam  surrexit. 


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L*«ALLKLUIA».  457 

heur  toujours  nouveau  de  leur  vision  béatiflque.  » 
{De  div.  offic.  1.  I,  c.  35.)  —  Le  vén.  Bède  :  «  L'E- 
glise a  bien  fait,  de  nous  faire  chanter  partout  le  mot 
hébreu  lui-même,  puisqu'il  convie  à  la  joie  les  fidèles 
réunis  dans  une  même  foi  et  un  même  amour,  et 
qu'il  excite  leurs  désirs  vers  cette  patrie  céleste  où 
il  n'y  a  pas  diversité  de  langage.  »  (Hom.  in  Dom, 
Ascem.)  —  Amalaire  :  «  UAlleiuia^  c'est  la  louange 
du  Seigneur  et  l'éternele  joie  des  élus.  »  (L.  111,  c.  13.) 
—  S.  Isidore  :  «  U Alléluia  résonne  au  ciel  et  sur  la 
terre;  là-haut,  sans  interruption,  au  sein  d'une  joie 
parfaite,  d'une  manière  ineffable,  sans  modules  sen- 
sibles, car  c'est  le  cantique  des  anges;  il  résonne 
ici-bas  d'une  man.ère  suave  et  dans  un  concert  una- 
nime de  sons  joyeux,  mais  du  sein  de  l'exil,  car 
le  peuple  chrétien  le  chante.  »  (Brev.  Mozarab.)  — 
S.  Augustin  :  «  UAlleluia,  mais  ce  sera  notre  conti- 
nuelle et  douce  occupation  dans  les  cieux...  c'est  pour- 
quoi chantons-le  dignement  sur  la  terre,  pour  mériter 
de  le  chanter  éternellement.  Notre  nourriture  au  ciel 
sera  Alléluia;  noire  repos  dans  l'activité.  Alléluia; 
notre  bonheur,  i4//e/w/a,  c'est-à-dire,  toujours  louange 
au  Seigneur.  »(In  Ps.  83.  — Serm.  7.  de  duab.  pisca- 
tion.)  —  S.  Paulin  «  Les  vieillards,  aiment  à  mêler 
leurs  voix  à  celle  de  l'assemblée,  dans  le  saint  of- 
fice, et  tout  le  bercail  retentit  de  ce  cantique  toujours 
nouveau  Alléluia  *  ».  —  Enfin  Sidoine  Apollinaire  : 
«  Les  rameurs  eux-mêmes,  fout  retentir  les  rivages, 
en  l'honneur  du  Christ,  du  chant  joyeux  de  V Allé- 
luia^ en  frappant  les  eaux  en  cadence  ^  ». 

\,  Hinc  senior  socîœ  congaudet  lurba  catervae. 

Alléluia  no  vis  balat  ovile  choris.  (Kp.  18.) 
2.  Gurvorum  hinc  chorus  helciariorum, 

CoDcinenlibus  Alkluia  ripis, 

Ad  Cbrislum  lovât  amicum  celeusma.  (L.  n.  Ëp.  i2.) 
(Celeusmay  du  grec  xiXcv^fta,  cris  des  matelots  pour  s'exciler 
au  travail.) 


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458         LES  ÉLâMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

"^ — >elons-nous  encore  ici  les  pressantes  paroles 
t  Augustin  :  «  Nous  vous  exhortons,  mes  frè- 
-il,  à  chanter  V Alléluia  pour  louer  le  Sei- 
Mais  faites-le  de  tout  votre  cœur,  pour  que 
uange  ne  soit  pas  seulement  dans  la  voix  et  sur 
res,  mais  surtout  dans  votre  âme,  dans  votre 
as  toutes  vos  actions.  Nous  chantons  V Alléluia 
église  quand  nous  y  sommes  assemblées,  et  il 
que  là  s'arrête  notre  louange  au  Seigneur.  Mais 

toujours  chrétiennement,  et  notre  louange 
s  continuera;  car,  si  notre  langue  se  tait  pour 
ra,  notre  vie  entière  le  redira  aux  oreilles  de 
ui  sauront  entendre  les  cris  du  cœur.  Donc, 
res,  que  notre  louange  ne  consiste  pas  seulement 
(  son  des   paroles,  mais   que  tout  en  nous  la 

et  la  voix,  et  les  actes,  et  la  vie  tout  entière  : 
fratres,  non  tantum  ad  sonum  attendue  ;  cum 
?  Deum,  toti  laudate;  caniet  vita,  cantent  fada.  » 
6  inter  50.) 

iracle  est  venu  quelquefois  nous  montrer  com- 
lleluia  est  agréable  au  Seigneur.  Saint  Germain 
j,  nous  dit  saint  Fortunat  de  Poitiers  son  his- 
éteignit  un  grand  incendie  au  chant  de  ce  can- 
5aint  Germain  d'Auxerre,  en  faisant  chanter 
fa,  mit  en  déroute  l'armée  des  Saxons  qui  me- 
BS  Anglais,  en  Bretagne.  Une  voix  mystérieuse, 
)ort  de  Sozomène,  entonna  V Alléluia  dans  le 
ie  Sérapis,  à  Alexandrie,  pour  annoncer  qu'il 
îtruit,  et  remplacé  par  un  temple  au  vrai  Dieu  : 
ustifia  l'événement.  (L.  VII,  c.  20.) 
e  V Alléluia  de  la  terre,  si  souvent  répété  par 
•.es  et  nos  cœurs,  être  pour  nous  le  prélude  de 
a  éternel  !  Heureux  ce  fervent  et  jeune  lévite 
massacré  par  les  ariens,  nous  dit  le  Martyro- 

moment  où  il  le  chantait  au  chœur  ! 

Septuagésime  à  Pâques,  Y  Alléluia  est  rem- 


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L*  «ALLELUIA  ».  15'i 

placé  au  commencement  des  heures  par  ces  mots  : 
Laits  tibzy  Domine,  Rex  œterrm  gloriœ  ;  c'est  le  même 
sens,  mais  non  la  même  expression  d'allégresse;  celle- 
ci  ne  convenait  pas  aux  jours  de  pénitence. 

Alexandre  II,  d'après  Honorius  d'Autun  (L.  VI)  et 
Gavantus,  fit  un  décret  sur  ce  dernier  point,  en  1073. 
Mais  le  changement  de  V Alléluia  et  son  interruption 
à  Toffice  et  à  la  messe,  durant  ce  temps,  avaient  déjà 
lieu  bien  avant  le  xi«  siècle  ;  on  croit  cette  pratique 
aussi  ancienne  que  le  rit  de  1*^4 //e/wm  lui-même  et  que 
la  distinction  des  divers  temps  liturgiques.  Saint  Banoit 
au  vi*  siècle  (Reg.  15)  et  saint  Isidore  de  Séville  au  vn« 
{de  div.  off.  1.  I,  c.  13)  nous  en  parlaient  déjà,  el  ce 
dernier,  comme  étant  observée  depuis  longtemps  dans 
l'Eglise  d'Espagne.  Alcuin,  à  la  fin  du  viu*  siècle,  dit 
expressément  que,  depuis  la  Septuagésime,  on  dit  en 
latin  :  Laus  tibi.  Domine,  au  lieu  de  V Alléluia  hébraï- 
que «  parce  que  la  langue  latine  est  d'une  dignité  moin- 
dre que  celle  des  Hébreux, et  que  les  sentiments  d'humi- 
lité conviennent  mieux  alors  qu'en  tout  autre  temps.  » 
(C.  de  Sepluages,).  Saint  Yves  de  Chartres  et  l'abbé 
Rupert  au  xn®  siècle,  en  donnaient  une  raison  plus 
acceptable:  a  V Alléluia,  disait  le  premier,  signifie  la 
gloire  du  ciel,  et  le  temps  de  la  Septuagésime  est  con- 
sacré à  la  pénitence  et  au  deuil.  »  {De  Sacram,  dedic). 
—  «  Par  un  sentiment  d'ordre  et  de  convenance,  dit  le 
second,  V Alléluia  est  banni  alors  de  nos  lèvres,  parce 
que  ce  temps-là  signifie  l'état  du  peuple  juif  que  le 
Christ  n'avait  pas  racheté  encore,  et  notre  long  et  pé- 
nible pèlerinage  ici-bas.  »  (L.  IV,  c.  5.) 

V Alléluia,  pour  le  même  motif,  est  retranché  à  la 
messe  et  aux  offices  des  défunts.  Il  n'en  fut  pas  toujours 
ainsi  cependant,  parce  que  la  mort,  aux  yeux  de  la  foi, 
peut  être  considérée  comme  une  délivrance,  et  le  com- 
mencement  d  une  vie  meilleure.  Ainsi  saint  Jér  ^me  nous 
apprend  qu'aux  obsèques  de  Fabiola,  les  voûtes  sacrées 


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460         LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

retentissaient  du  chant  de  ri4//^/w/a  et  des  psaumes 
il  en  fut  de  môme  à  cell^js  de  sainte  Rade- 
s  dit  Baronius.  (Ann.  590,  n.  49.) 
il  mozarabique  n'exclut  pas  des  offices  fu- 
lleluia;  la  Messe  des  Morts  y  commence 
its:  Tu  es  portio  mea^  Domine^  alléluia^  in 
tium,  alleiuia,  alléluia.  Le  môme  rit  est  en- 
é  chez  les  Grecs. 

N.  6*  «  Couverte  nos  ». 

ière  heure  de  l'office  divin,  matines,  com- 
>ar  une  prière  spéciale  qui  lui  sert  d'ia- 
:  Domine,  labia  mea  aperies,  la  dernière, 
aura  aussi  la  sienne  :  Couverte  nos,  Deus, 
losier,  —  Et  averte  iram  iuam  a  nobis. 
5.)  Hugues  de  Saint-Victor  (xi®  siècle)  men- 
jà  ce  verset  pour  le  commencement  des  com- 
spec.  c.  3.)  Durand  de  Mende  en  donne 
;Son:  «  Nous  pouvons  pécher  de  trois  ma- 
;-il,  par  le  cœur,  la  parole  et  l'action, 
matines  nous  fait  demander  le  pardon  pour 
lis  discours;  le  Deus  in  adjutorium,  pour 
léfendus,  et  le  Couverte  nos,  pour  les  affec- 
ibles  :  «  Tribus  diversis  modis  horœ  inchoan- 
et..,  Completoj'ium  pcr  Couverte  nos,  con^ 
nm  cordis.  »  (L.  V,  c.  2,  4,  8.)  L'auteur, 
ir  cette  prière,  ajoute  :  «  L'Eglise  nous  fait 
•  avec  raison  les  compiles  par  ConveiHe  nos. 
r  dit  l'office  tout  le  long  du  jour,  il  est  im- 
e  notre  àme  n'y  ail  rien  à  se  reprocher.  Et 
lent  être  exempt  de  toute  faute  à  la  fin  d'une 
trayante?  Comment,  au  moins,  Timperfec- 
lit-elle  pas  déparé  plusieurs  de  nos  actes  ? 
lieu  de  s'humilier  le  soir  devant  Dieu,  et 
\  nous  faisons  tout  d'abord  en  commençant 
•nière  prière.  »  (L.  V,  c.  x,  n.  2.) 


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LB  SI6NB  DE  LA  CBOIX.  461 

Concerte  nos^  en  effet,  est  à  proprement  parler  le 
commencement  de  complie<î.  Tout  ce  qui  précède,  nous 
l'avons  vu,  comme  :  la  leçon  brève,  VAHjutorium  nos- 
irum^  le  Confiteor,  ne  lui  appartenait  pas  autrefois. 

Nous  faisons  le  signe  de  la  croix  sur  le  cœur  en 
disant  ce  verset,  parce  que  la  conversion  doit  être 
avant  tout  intérieure,  et  que  le  signe  de  la  croix  sur 
la  poitrine,  dit  saint  Chrysostome,  réprime  les  mouve- 
ments désordonnés  du  cœur.  {Hom.  83  in  Math,) 

N°  7.  Le  signe  de  la  Croix. 

La  rubrique  prescrit  de  le  faire  au  commencement 
des  heures,  et  souvent  encore  dans  le  cours  des  offices. 
Tertullien  nous  apprend  que  les  premiers  chrétiens 
aimaient  à  ne  rien  entreprendre  sans  ce  signe  sacré  : 
n  Ad  omnem  progressum  atque  promotiim^  adomnem 
cuiitum  etexitum^  ad  vestitum  et  caiceatum,  ad  lavacra^ 
admemas.ad  lumina^  adcubilta,adsedilia^  quâcumque 
noscomersatioexercet^frontem  Crucis  signaculo  tenui- 
mus.  »  (lib.  de  Coronâ  milit.  c.  3.)  Le  signe  de  la  croix 
devait  donc  commencer  aussi  la  prière  publique.  Nous 
aimons  à  penser  avec  Grancolas  {loc,  cit.)^  que  cette 
pratique  est  aussi  ancienne  que  Toffice  même,  et  que 
toujours,  pour  les  motifs  déjà  donnés,  les  petites 
prières  du  commencement  furent  accompagnées  de  ce 
signe.  «  Ainsi,  dit  le  Gard.  Bona,  nous  avons  coutume 
de  placer  la  récitation  de  toutes  les  heures  canoniales 
sous  la  protection  du  signe  salutaire  de  la  croix,  car, 
en  demandant  alors  à  Dieu  son  secours  pour  la  prière, 
nous  devons  nous  prémunir  des  pièges  du  démon  ;  or, 
la  vertu  de  ce  signe  sacré  fait  fuir  et  confond  les  en- 
nemis de  notre  àme,  tandis  que  Dieu  nous  fortifie  et 
nous  console  dans  la  psalmodie.  » 

Nous  croyons  devoir  entrer  ici,  avec  certains  auteurs, 
dans  quelques  détails  sur  l'usage  et  la  vertu  du  signe 
de  la  croix.  Puissions-nous  ainsi  faire  aimer  de  plus 


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162         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

en  plus  cette  pieuse  pratique  qui  revient  si  souvent 
dans  l'office  divin,  à  la  sainte  messe,  dans  Tadmi- 
nistration  des  sacrements,  et  dans  nos  autres  fonc- 
tions I  «  Tous  les  mystères,  disait  saint  Chrysos- 
tome,  s'opèrent  avec  le  signe  de  la  croix  :  qu'il 
s'agisse,  en  effet,  de  régénérer  par  le  saint  baptême, 
de  servir  la  nourriture  sacrée,  d'élever  aux  saints 
ordres,  ou  de  faire  toute  autre  fonction,  partout  appa- 
raît le  signe  du  salut.  »  {In  Matlh.  hom.  54.) —  «  C*est 
par  le  mystère  ou  le  signe  de  la  croix,  disait  Saint  Yves 
de  Chartres,  que  les  ignorants  sont  catéchisés,  les  fi- 
dèles sanctifiés  par  le  baptême,  les  clercs  élevés  aux 
saints  ordres,  que  les  temples  sont  dédiés  au  Seigneur, 
les  autels  et  les  fonts  du  baptême  consacrés,  et  les  sa- 
crements distribués.  »  (Sermo  :  Quare  Deus  nattes  et 
passus  sii.) 

L'usage  de  faire  ainsi  le  sigûe  de  la  croix  sur  soi- 
même,  sur  les  objets  et  sur  les  personnes,  est  des  plus 
anciens.  «  C'est  une  tradition  qui  nous  vient  des  apô- 
tres, dit  le  père  CoUin,  et  qui  s'est  perpétuée  jusqu'à 
nous.  »  {Traité  du  signe  de  la  croix^  chap.  iv  et  v.) 
TertuUien,  en  nous  rappelant  que  les  premiers  fidèles 
avaient  soin  de  marquer  souvent  leur  front  du  signe 
de  lacrtix,  ajoute  :  «  Si  on  nous  demande  la  légitimité 
de  cette  pratique  par  la  sainte  Ecriture,  nous  ne  sau- 
rions trouver  de  texte  ;  mais  on  peut  hardiment 
répondre  que  la  tradition  l'a  établie,  que  la  coutume  l'a 
autorisée,  et  que  la  foi  la  fait  partout  observer.  »  (L. 
de  coron,  mtV.c.  3.)Eusèbe  de  Césarée  donnait  le  signe 
de  la  croix  comme  caractéristique  des  vrais  fidèles  : 
Vîillum  signant  Christi sigillo.  {Demonst.Évang,  1.  ix, 
Demonstr.  14.)  Saint  Antoine,  au  rapport  de  saint  Atha- 
nase,  recommandait  cette  pratique  à  ceux  qui  avaient 
peur  des  démons.  {In  vira  S.  Anton,  n.  13.)  Saint 
Cyrille  de  Jérusalem  faisait  de  même  à  ses  auditeurs. 
«  In  fronte  confidenter^  idqtie  ad  omnia^  digitis  crux 


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LE  SIGNE  DE  LA  CROIX.  163 

pro  signaculo  efficiatiir,  »  {Catech,  13,  n.  36,)  Le  diacre 
Jean  nous  apprend  que  saint  Grégoire  le  Grand  se  fit 
peindre  tenant  de  la  main  gauche  TEvangile,  et  fai- 
sant  de  la  droite  le  signe  de  la  croix. 

Quant  à  Tusage  de  faire  le  signe  sacré  sur  les 
objets  et  sur  les  personnes,  nous  avons  des  preuves 
non  moins  formelles  qu'il  est  très  ancien.  Tertul- 
lîen  disait  à  sa  femme  que,  si  elle  venait  à  se  marier 
plus  tard  à  un  païen,  elle  ne  pourrait  pas  se  cacher 
de  lui,  en  faisant  le  signe  de  la  croix  sur  elle-même, 
ou  sur  son  lit  avant  dn  prendre  le  repos.  (L.  2Âd  Uxor, 
c.  5.)  Saint  Athanase  voulait  qu'on  fit  le  signe  de  la 
croix  sur  soi,  et  sur  les  murs  de  sa  cellule,  pour  ré- 
sister aux  démons.  Saint  Basile  nous  dit  que  l'usage 
de  faire  le  signe  de  la  croix  sur  ceux  qui  mettent  leur 
espérance  en  Jésus-Christ,  est  un  des  plus  universel- 
lement répandus.  (Tract,  de  Spiritu-Sanct.  c.  27.) 
Saint  Chrysostome  exhortait  les  parents  à  l'imprimer 
sur  le  front  de  leurs  enfants.  Nous  voyons  enfin  partout 
dans  la  tradition  que,  dès  les  premiers  siècles,  on  fai- 
sait le  signe  de  la  croix  sur  les  catéchumènes  et  sur 
les  objets  qu'on  voulait  bénir. 

Un  usage  si  constant,  si  universel  et  si  ancien  sup- 
pose l'efficacité  du  signe  de  la  croix.  Les  faits  et  les 
textes  sont  si  nombreux,  qu'on  en  ferait  un  volume, 
dit  le  card.  Bona.  Saint  Clément  de  Rome  appelle  le 
signe  de  la  croix  un  préservatif  puissant  et  universel  : 
munit issima  rerum  omnium  custodia  {Const.  Apost. 
1.  1,  c.  xvi)  ;  saint  Ignace,  martyr,  la  ruine  de  satan, 
perditio  diaboli  (Ep.  ad  Philipp.);  Origène,  la  terreur 
des  démons  (Hom.  6  in  Exod.)  ;  saint  Jérôme,  un  sou- 
lagement à  la  douleur  (Ep.  ad  Eustach.)  ;  saint  Chry- 
sostome, le  frein  des  passions  (Hom.  22  in  Matth.)  ; 
saint  Ephrem,  une  cuirasse  dans  les  dangers  (Serm,  de 
vivifica  Cruce);  Prudence,  un  antidote  contre  le  péché: 
«  Si  vous  voulez  être  chaste,  dit-il,  faites  le   signe 


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LE  SIGNE  DE  LA  GBOIX.  405 

nocent  111,  on  faisait  cependant  le  signe  de  la  croix 
avec  les  trois  premiers  doij^ts  étendus  et  unis,  et  les 
deux  autres  plies  ;  c'était,  dit  le  pieux  Pontife,  pour 
exprimer  le  mystère  de  la  sainte  Trinité.  (De  Myst, 
MislA.  Il,c.  45.) 

3°  Mais  c'est  avec  le  pouce  serlement  qu'on  fait  im- 
médiatement et  par  contact  un  petit  signe  de  croix 
sur  le  front,  les  lèvres  ou  le  cœur  ;  la  nature  ici 
de  ce  rit  le  demande.  On  tourne  alors,  pour  plus  de 
grâce,  la  paume  de  la  main  vers  cette  partie  du  corps. 

4°  Le  grand  signe  de  croix  sur  soi  même  se  fait  en 
portant  la  main  droite  du  front  à  l'estomac,  et  de  l'é- 
paule gauC'iC  à  l'épaule  droite,  la  paume  de  la  main 
tournée  en  dedans.  Quelques  auteurs  anciens  voulaient 
que  l'on  commençât  par  l'épaule  droite,  comme  étant 
la  plus  digne,  et  parce  qu'elle  représentait  les  gentils, 
convertis  après  les  j;iifs.  Innocent  III  était  de  ce  sen- 
timent :  «  Ita  quod  a  siiperiori  descendat  inferius^  et  a 
dextrâ  transeat  ad  sinistram  ;  quia  Christus  de  cœlo 
descendit  ad  terrarn^  et  a  Judœis  transivit  ad  Gentes. 
(loc.  cit.)  Les  Novatiens  faisaient  ainsi  pour  un  autre 
motif;  ils  avaient  en  abomination  la  main  gauche, 
d'où  le  nom  de  sinistres,  que  leur  donna  le  concile  de 
Constantinople.  «  L'une  et  l'autre  manière  est  bonne 
et  sainte,  disait  Luc,  évèque  de  Tyr;  l'une  et  l'autre 
nous  fait  triompher  de  Tennemi,  pourvu  que  là  foi 
simple  et  véritable  accompagne  notre  signe  de  croix.  » 
(L,  IL  c.  15.)  Le  premier  mode  a  prévalu  dans  l'E- 
glise depuis  au  moins  le  xin®  siècle,  et  du  vivant 
même  d'innocejit  III.  L'épaule  gauche,  dans  ce  cas, 
exprime  la  misère,  le  travail,  l'affliction  qui  précèdent 
la  gloire  et  lavie  bienheureuse  représentées  par  l'épaule 
droite  :  Lœva  ejxis  sub  capitemeo,  disent  les  Cantiques, 
et  dextera  illius  amplexabiturme.  (n,  6.) 

5®  On  n'a  pas  toujours  employé  la  même  formule  en 
faisant  le  signe  de  la  Croix.  Voici  les  principales  :  In 


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INVOCATIONS  BRÈVES  DE  LA  FIN.  167 

faire  ce  signe  vénérable,  soit  qu'on  le  fasse  sur  soi- 
même,  soit  qu'on  le  fasse  sur  d'autres  personnes  ou 
sur  des  objets.  On  ne  peut  nullement  approuver  cette 
immodestie  et  cette  précipitation  avec  lesquelles  plu- 
sieurs, même  parmi  les  ministres  des  saints  autels, 
font  ce  respectable  signe;  ce  qui  est  une  preuve  non 
équivoque  qu'ils  ne  sont  pas  assez  pénétrés  du  respect 
que  mérite  et  exige  une  si  auguste  cérémonie,  et  de  la 
décence  et  modestie  que  l'on  doit  garder  lorsqu'il  est 
question  d'en  faire  usage.  Qu'ils  y  fassent  donc  plus 
attention,  et  qu'ils  réforment  sérieusement  toutes 
ces  immodesties  et  toutes  ces  indécences  dans  lesquelles 
ils  sont  tombés  jusqu'ici  en  employant  ce  signe  salu- 
taire. »  (Gh.  III.)  —  (Voir  ddJisV Etendard  de  la  Croix, 
de  saint  François  de  Sales,  leliv.  III  :  En  P honneur  et 
vertu  du  signe  de  la  croix,) 

§     II.     INVOCATIONS     BRÈVES      QUI     TERMINENT      LES 
HEURES  CANONIALES. 

On  ajoute  après  la  deraière  Oraison,  d'après  la  ru- 
brique :  Dominm  vobiscum^  ï\t.  Et  cum  spiritu  tuo, 
ou  à  la  place  :  Domine,  exaudi  orationem  meam.  v^.  Et 
clamormeusadte  veniat.si  Ton  n'est  pas  au  moins  dia- 
cre. — Benedicamus  Domino,  ijf .  Deo  gratias  —  Fidelium 
animœper  miser  icordiam  Dei  reqidescantinpace.Amen, 
remplacé  à  Compiles  par  une  formule  de  bénédiction 
avec  Amen  aussi  pouri^.  (Rub,  gen.  Tit.  xxx,  n.  3.)  —  A 
Laudes,  on  ajoute  encore  après  ce  dernier  verset,  avant 
l'Antienne  finale  de  la  Sainte  Vierge:  Pater  noster  et 
Dominus  det  no  bis  suam  pacem,  et  vitamœtemam. 
Amen  {Tit,  xiv,  n.  4),  et  après  l'Antienne  :  Divinum 
auxilium  maneat  semper  nobiscum,  ijf.  Amen.  (Rub. 
part,  in  fine  Completorii.)  Si  une  petite  heure  ou  plu- 
sieurs suivaient  immédiatement  laudes,  ces  dernières 
prières  ne  seraient  dites  qu'après. 
L'heure  de  prime  a  une  terminaison   particulière  : 


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LE  «  DOMINUS  YOBISCUM  ».  169 

etpro  eis  orat,  dit  Durand  de  Mende  ;  et  post  orationem 
iterum  dîcit  :  Dominusvobiscum^q,  rf.  :  sigratiam  Dei 
impelrastis,  in  illâ  perseverate.  (De  prima  n.  17.)  Il 
peut  aussi  leur  souhaiter  alors,  et  plus  spécialement  à 
ceux  qui  lui  sont  chers,  tous  les  secours  dont  ils  ont 
besoin,  tous  les  biens  qu'ils  désirent. 

Le  chœur,  s'il  est  présent,  et  le  peuple  en  sa  personne, 
répond  au  célébrant  par  un  souhait  analogue  :  Ei 
cum  spiritu  tuo.  On  demande  à  Dieu,  dit  saint  Pierre 
Damien,  qu'il  soit  aussi  avec  lui,  afin  que  sa  prière 
soit  plus  efficace,  et  qu'il  s'acquitte  dignement  de  sa 
sainte  fonction.  »  (Opusc.  xi,  Lib.  qui  appellatur 
Domimis  vobiscum  ^)  On  demande  aussi  pour  lui  les 
grâces  qui  font  l'objet  des  oraisons,  et  dont  il  peut  avoir 
besoin  :  «  El  iterum  populus  dicit  :  Et  cum  spiritu  tuOy 
ac  sidicat:  or  asti  pro  no  bis,  etnospro  te  oramus.  » 
(Durand  de  Mende,  tococitato.) 

Celai  qui  est  seul  en  r 'citant  l'office,  ne  doit  pas 
moins  dire:  Dominus  vobiscum^  eiréipondTe:  Et  cum 
spiritu  tuo.  A  la  fin  duxi^  siècle,  des  moines  inquiets  n'o- 
saient pas  réciter  ces  versets  quand  ils  priaient  seulsdans 
leurs  cellules  :  Pouvons-nous  décemment,  disaient-ils, 
souhaiter  aux  murs  et  aux  meubles  d'avoir  le  Seigneur 
avec  eux  :  Dominus  vobiscum;  et  répondre,  au  nom  de 
ces  êtres  inanimés  :  Et  cum  spiritu  tuo  ?  D'autre 
part,  ils  croyaient  pécher,  en  omettant  ainsi  une 
partie  de  l'office.  De  là  leur  inquiétude.   Saint  Pierre 


4.  Staint  Pierre  Damien,  cardinal  et  évêque  d'Ostie 
iOTô)  t  a  laissé,  dit  D.  Gaéranger,  de  nombreux  monuments 
de  son  génie  et  de  son  savoir  liturgiques.  »  Nous  citerons  enlre 
autres  ses  traités  :  De  sefUem  horis  canonicts. —  Contra  sedentes 
t  empare  divini  officii,  —  et  son  livre  sur  le  Dominus  vobiscum. 
Le  card.  Bona  appelait  ce  dernier  un  opuscule  délicieux^  un 
vrai  nectar^  et  disait  que  tout  ami  de  Ja  science  ecclésiastique 
devait  le  lire.  (Uiv,  psalm,  c.  xvi,  §  xviii,  3.)  Saint  Pierre  Da- 
mien a  composé  aussi  bcîaucoup  d'autienoes,  de  répons  et 
d'hymnes,  dont  quelques-uns  sont  très  remarquables. 
T.u.  iO 


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MENTS  DES  HEURES  CANONIALES- 

rs  consulté,  et  il  composa  pour  répondre 
l'intéressant  opuscule  cité  plus  haut, 
n  solitaire,  nommé  Léon,  comme  pour 
i-même,  et  commence  par  cet  humble 
préambule  :  «  Domino  Leoniy  amore 
Uis  incluso,  Pelrus  peccator  monachuSy 
Te  patrem^  te  doctorem^  te  magistrum 
ctum  mihi  prx  cunctis  pêne  mortalibns 
stion  paraissait  au  saint  Docteur  difficile 
Unde  nobis^  dum  solutio  qnœritur^  ad 
mpoHus  mens  œque  nescia  provocattir  ? 
estionum  vallatus  angustiis,  ad  angelvm. 
consuetudinem  redeo^  ad  fontem  non 
lentiâB,  sed  divine  potius  sapientix  trito 

indiqué  l'origine  du  Dominus  vobisciim 
sacrés,  et  donné  le  sens  de  la  réponse  : 
tuo  (c.  ni),  lesaint  docteur  dit  pourquoi 
'omettre  quand  on  est  seul:  1<^ c'est  une 
que  la  tradition  ecclésiastique  a  placée 
iivin;  or,  la  parole  divine  et  la  tradition 
lies,  ne  doivent  pas  être  altérées  par  le 
î.  IV.)  2°  L'Église  composée  de  plusieurs 
ine  cependant  par  la  foi,  et  comme  tout 
3un,  par  les  dons  du  Saint-Esprit  et  la 
rtu  de  cetle  union  intime  des  chrétiens, 
t  à  tous,  peut  se  dire  d'un  seul  ;  il  n'y  a 
irdité.  si  un  seul  est  censé  parler  au  nom 
ous  disent  implicitement  la  prière  d'un 
ms  l'assemblée  des  fidèles,  disons-nous 
Exaiidi  me  y  —  custodi  animam  meam,\ 
sommes  seuls,  nous  ne  disons  pas  moins 
nme  si  notre  prière  était  formulée  par 
Deo  adjutori  nostro  ;  jubilate  Deo  Jacob, 
®  Si,  pour  la  raison  que  ces  moines 
faut    retrancher:    ûominus  vobiscum^ 


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de  l'office  quand  nous  serons  seuls,  comme,  par  exem- 
ple. Venite^  exultemus,  —  Regem  martyrum^  venite^ 
adoremus.  —  Nocte  surgentes^  vigilemus  omnes.  — 
Somno  refectis  artuhus,  siirgamus  omnes  ociùs.  Mais 
quelle  perturbation  dans  l'office  divin,  si  Ton  omet 
ainsi  les  hymnes,  les  leçons,  les  oremus  et  tant  d'autres 
prières  qui  sont  au  pluriel  ;  ou,  si  par  un  excès  de 
rigidité,  on  substitue  partout  le  nombre  singulier? 
4°  Nos  Pères  ne  veulent  pas  de  ces  changements, 
parce  que,  en  vertu  de  l'unité,  nous  l'avons  dit,  ce  qu'un 
membre  de  TÉglise  dit  ou  fait  dans  les  offices,  c'est  au 
nom  de  l'Église  et  pour  tous  qu'il  le  dit  et  le  fait.  (C.  vu.) 
5®  Le  ministre  sacré,  à  plus  forte  raison,  représente 
l'Église,  et  parle  pour  elle  ou  en  son  nom.  (C.  x.)  6®  Les 
souverainsPontifes,lesévèques,tous  les  prêtres  Vénéra- 
bles ne  laissent  pas  de  dire  au  pluriel  voé/^cwm,  alors 
même  quMs  sont  seuls.  (G.  xni.)  7®  Dans  le  Baptême,  on 
fait  répondre  le  parrain  pour  l'enfant;  pourquoi  ne 
pourrons-nous  pas  répondre  pour  les  autres  en  disant: 
Et  cum  spiritu  tuol  (C.  xvi.)  8**  Ces  versets  ainsi 
récités  sont  un  gage  de  paix  et  d'union  entre  les 
ministres  du  culte  sacré  et  les  fidèl'îs;  or  celui  qui 
récite  seul  son  office  doit  considérer  les  fidèles  comme 
présents  devant  lui  par  la  pensée  et  par  le  cœur.  » 
(C.  xviii.) 

Cet  extrait  de  saint  Pierre  Damien  nous  a  fait 
comprendre  de  plus  en  plus  le  sens  du  verset  qui  nous 
occupe. 

Il  faut  être  au  moins  diacre,  d'après  la  Rubrique, 
pour  dire  Dominus  vobisatm;  les  sous-diacres  et 
les  ministres  inférieurs  doivent  le  remplacer  par  :  - 
Domine,  exandi  orationem  meam  (Ps.  lxxxiv,  6,  7); 
Et  clamor  meus  ad  te  ventât.  (Ps.  ci,  i.)  Au  xni* 
siècle,  les  diacres  ne  disaient  pas  encore,  au  moins 
communément,  le  Dominus  vobiscum  dans  la  récita- 


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f.ÉMKNTS  DES  HEURES  CAN OIIIALBS. 

;e;  ils  ne  Ij  chaulaient  qu'à  !a  messe  et  à 
u  du  cierge  pascal.  Le  pouvoir  commença 
Te  accordé  au  temps  de  Durand  de  Mende, 
Duvait  pas  :  «  Diaconns  non  dicit  Dominus 
^  horas^  eo  qnod  non  ila  gerit  typnm 
er  Booz  hac  salntatione  usns  est.  S^int 
iod  in  divinis  officiis  licite  possvnt  hoc 
)rokibitum  non  legatur  ;  quibus  generalis 
3  coniradicit^  ut  se  inferiores  sacerdotihits 
y  (L.  IV,  c.  14,  n.  8.) 
aujourd'hui  ne  leur  conteste  ce  droit  qui 
îomme  inhérent  au  pouvoir  de  chanter 
ont  le  prologue  est  toujours  :  Dominus 
diacre  est  ainsi  plus  intimement  associé 

dans  Toffice  divin,  comme  il  Test  à  la 
rant  le  calice  avec  le  célébrant,  comme  il 
lans  l'administration  solennelle  du  Bap- 
Sdication.  Cette  formule  ne  saurait  passer 
)ur  lui  ;  il  répand  déjà    sur   la  terre  les 

du  ciel,  par  cette  salutation  que  saint 
pagite    appelait    divine  :    Divinissimam 

{De  Eccies,  Eierarch,) 
Navarre  nous  fait  remarquer  qu'un  prê- 
cre  excommunié,  obligé  quand  même  au 
nalgré  la  censure,  ne  pourrait  pas  dire 
iscum^  parce  que  c'est  le  privilège  d'un 
Dnt  ils  sont  indignes  :  quia  pertinet  ad 
rdinis  quâ  ille  indigyius  effectus  est.  (De 
16.) 

cre,  par  la  formule  Domine^  exaudi  oratio- 
e  prie  pas  moins  le  Seigneur  pour  l'Église 
le  il  le  fait  durant  tout  l'office  ;  son  ordi- 
Hu  d'un  caractère  public  qui  le  constitue 
nt  des  fidèles  auprès  de  Dieu.  Raoul  de 
fin  du  xiv^  siècle,  mentionne  le  Domine^ 
nem  meam  pour  ceux  qui  ne  peuvent  pas 


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LE  «  BBNEDICâMUS  DOMINO  ».  173 

dire  Dominus  vobisctim.  (Prop.  20.)  Cette  prière  est  au 
singulier,  par  respect  pour  le  texte  sacré  qu'elle  repro- 
duit, et  aussi  par  un  sentiment  d'humilité  qui  convient 
au  sous-diacre,  mais  celui-ci  ne  demamie  pas  moins 
à  Dieu,  pour  lui-même  et  pour  tous,  les  grâces  qui 
font  Tobjet  des  oraisons  de  Toffice.  et  aussi  celles  dont 
ils  ont  l)esoin.  L'Église  et  le  peuple  s'unissent  à  lui 
pour  le  même  objet  :  Et  clamor  meus  ad  te  veniat. 

Le  docteur  Navarre  avertit  le  sous-diacre,  et  avec 
raison,  de  ne  pas  répéter  ces  paroles,  si  les  prières  des 
fériés  ou  des  semi-doubles  avaient  précédé  Toraison, 
parce  qu'elles  s'y  trouvent  déjà.  {In  MiscelL  de  oral. 
n.  6.)  i<  Ad vitœidam  baùtologiam^  »  dit  Gavantus  qui 
fait  la  même  remarque. 

Quand  il  y  a  plusieurs  oraisons  à  laudes  et  à  vêpres, 
le  t.  Dominus  vobiscum  ou  Domine^  exaudi  orationem 
meafn^  ne  se  dit  qu'une  fois  avanLla  première,  et  après 
la  dernière;  c'est  un  prélude  des  oraisons  pour  obtenir 
les  grâces  qu'on  y  a  mentionnées,  et  une  conclusion 
dans  le  même  but. 

n°  2.  Le  f  Benedioamus  Domino  ». 

Au  IX®  siècle,  Amalaire  faisait  déjà  remarquer  que 
l'oraison  de  l'office  était  suivie  du  Benedicamiis  Do- 
m,ino  et  de  son  répons  :  Deo  gratias  :  «  subscquiiur  Bene- 
dictio  et  gratiamm  actio.  »  (L.  IV,  c.  4.)  —  «  Finaliter 
aulempost  orationem^  disait  Durand  deMende,  dicitw* 
Benedicamus  Domino ,  »  (L.  V,  c.  2,  n.  62.)  Hugues  de 
Saint-Victor,  au  xn®  siècle,  en  donnait  ainsi  le  motif: 
«  Les  religieux  avant  de  se  retirer,  dit-il,  demandaient 
toujours  au  Supérieur  sa  bénédiction,  et  il  convenait  de 
même  de  la  demander  à  Dieu  à  la  fin  de  chaque  heure: 
qtiœ  et  congrue  a  Deo  petenda  est  in  fine  cujuslibet 
hone.  Ce  rit  nous  rappelle  aussi  que  le  Seigneur,  avant 
de  monter  au  ciel,  bénit  ^es  apôtres,  et  que  ceux-ci 


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174       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

l'adorèrent  une  dernière  fois,  en  action  de  grâces.  » 
(L.  II,  de  offic.  c.  4  et  1.  IV,  c.  4.) 

Le  cardinal  Bona  l'explique  ainsi  à  son  tour:  «  C'est, 
dit-il,  pour  inviter  les  fidèles,  qui  doivent  à  Dieu  leur 
vie  naturelle  et  leur  vie  surnaturelle,  de  continuer  à 
le  bénir  en  dehors  de  Toffîce,  au  moins  par  leurs  bonnes 
actions.  On  répond  Deo  grattas^  pour  que  le  sacrifice 
de  louanges  se  termine,  comme  celui  du  matin,  par  les 
accents  de  la  reconnaissance.  »  (C.  xvi,  4,  2.) 

Ce  verset,  Benedicamus  Domino^  évidemment  ins- 
piré parle  psaume  en,  où  nous  trouvons  plusieurs  fois: 
Benedic  anima  mea^  Domino^  —  Benedicite  Domino^ 
aurait  donc  deux  sens,  d'après  les  auteurs  ;  celui  de 
bénédiction  demandée,  et  de  louanges.  Le  mot  bénir^ 
en  effet,  en  est  susceptible.  On  bénit  quelqu'un  en  atti- 
rant sur  lui  les  bénédictions  du  ciel;  on  le  bénit 
aussi  en  célébrant  ses  bienfaits.  Dans  le  premier  sens, 
notre  verset  voudrait  dire  :  Puisse  le  Seigiieur  nous 
combler  de  ses  bénédictions  !  Demandons-lui  cette  grâce  ; 
ainsi  l'interprétaient  Amalairc  et  Hugues  de  Saint- Vic- 
tor. Il  signifierait  dans  le  second  sens,  admis  par 
Durand  de  Mende  et  le  cardinal  Bona  :  Bénissons, 
louons  le  Seigneur,  et  c'est  le  plus  naturel.  Ce  verset 
résumerait  alors  l'heure  canoniale  qu'on  vient  de 
réciter. 

Le  ïfi.  Deo  gratias,  digne  écho  du  verset  qui  précède, 
est  emprunté  à  la  première  épitre  aux  Corinthiens  (ix, 
15)  :  Gratias  Deo  super  inenarrabili  dono  ejus. 

On  comprend  pourquoi  l'on  chante  au  chœur  ces 
versets,  avec  plus  de  solennité  que  les  versets  ordinai- 
res. Des  enfants  sont  ordinairement  choisis  pour  cela, 
ce  qui  s'observait  déjà  au  xii<*  siècle,  puisque  Hugues  de 
Saint-Victor  en  donnait  ainsi  la  raison  :  «  C'est  parce 
que  la  louange  qui  s'adresse  à  Dieu  n'est  qu'une  faible 
voix  d'enfant,  par  rapport  à  ses  grandeurs  :  «  Omnis 
laus  puerilis  est  respectu    Dei  quem  laudamuSj    et 


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«  FIDELIUM  ANIMiB».  i75 

quidquidhoc  dicipoiest,  minus  est  laudeDei.  »  (In  spec. 
c.  3.)  Durand  de  Mende  la  donne  aussi  :  «  Diciiur 
quandoqnea  pueris...  ac  si  dicat  Ecclesia  :  laudamus^ 
sed  laiidando  non  suf/icimus^  quia  supereminentia 
Dei eloquiumnostrum  et  intcllectum  superat.  »  (L.  V,  c. 
2,  n.  63.)  Nous  croyons  que  c'est  pour  être  plus  agréa- 
ble à  Dieu,  par  allusion  à  ce  verset  du  ps.  viii  :  Exorein- 
fantium  et  lacteritium  perfecisti  laudem.  Ainsi  Jésus 
se  complaisait  dans  la  louange  que  répétaient  les 
enfants  lors  de  son  entrée  triomphante  à  Jérusalem. 
{Math.  XXI,  15-17.) 

Rappelons-nous,  en  disant  ces  versets,  que  Dieu  ne 
reçoit  de  la  plupart  des  hommes  que  l'ingratitude  et  le 
mépris  au  lieu  de  la  louange.  Puisse  notre  vie  louer 
encore  et  toujours  le  Seigneur,  quand  nos  mains  ont 
quitté  le  bréviaire,  et  nos  lèvres  cessé  de  prier  !  «  Lingua 
ad  horam  laudat^  disait  saint  Augustin,  vita  semper 
laudat.  »  Puissions-nous  répéter  souvent  de  bouche  et 
de  cœur  ce  cri  de  la  reconnaissance:  Benedicamus  Do- 
mino,  —  Deo  gratins  I  dont  on  peut  dire  avec  le 
saint  évêque  d'Hippone  :  Quo  nec  dici  brevius,  nec 
audiri  lœlius^  nec  intelligi  gra?idius,  fiec  agi  fructuo- 
sius,  » 

n.  8.  Fidelium  animœ.  —  Dominus  det  nobis  suam  paoem.  — 
Divinum  auzUium. 

I.  «  Fidelium  anima  ». 

«  La  piété  de  l'Église  envers  les  défunts,  dit  Gavan- 
tus,  fait  qu'après  avoir  terminé  Toffice  divin,  si  pro- 
fitable aux  vivants,  elle  a  un  souvenir  solennel  et  une 
dernière  prière  pour  les  défunts  :  c'est  le  veiset  Fide- 
lium aîiimse.  »  (Thesaur.  Rtib.  Brev.  sect.  v,  c.  xxii.) 
Ainsi  le  sacrifice  de  louange  aura-t-il,  comme  la  messe, 
un  Mémento  des  morts  ;  ainsi  à  l'office  comme  à  l'autel, 
les  trois  Eglises,  triomphante,  militante  et  souffrante, 
seront-elles  unies,  dans  un  même  souvenir.  Il  parait 
cependant  que  ce   rit  n'est   pas  ancien,  dit  Gavan- 


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476         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

tus.  On  dut  lintroluire  dans  les  h3ures  canonia- 
les, quand  l'orfice  des  morts,  ajouté  à  certains  jours, 
ne  fut  plus  obligatoire.  Saint  Pie  V  alors  en  serait  l'au- 
teur, il  en  est  question  plusieurs  fois  dans  la  Rubri- 
que générale. 

Le  t.  Fidelium  anirme  serait  donc  un  rouvenir  de 
l'office  des  d'funts  qui  se  récitait  autrefois  après  l'office 
du  jour,  et  dont  saint  Pie  V  abalit  le  précepte  ;  c'est 
pourquoi  on  l'omet  après  les  vêpres  et  les  laudes  de 
la  Toussaint,  si  les  vêpres  et  les  matines  des  morts 
suivent  immédiatement. 

OnToinet  aussi  après  les  laudes  et  les  vêpres  chan- 
tées |>ar  Tévêque  ou  en  sa  présence;  après  les  vêpres 
devant  le  saint  Sacrement  exposé,  quand  le  salut  suit 
immédiatement,  et  enfin  après  compiles.  Voici  le 
motif  de  ces  trois  exceptions  :  1®  Les  coinplies,  nous  l'a- 
vons vu,  se  terminOiit  par  une  f()rmule  de  bénédiction  : 
Benedicat  et  cusfodiat  nos...  mais  ce  rit,  ayant  exclusi- 
vement pour  objet  les  vivants  et  l'heureuse  issue  delà 
nuit,  semblait  devoir  exclure  le  souvenir  des  défunts. 
2^  Les  vêpres  ou  les  laudes  prés.dées  par  Tévêque  ou 
chantées  en  sa  présence  se  terminent  aussi  par  la 
bénédiction  pontificale,  cérémonie  qui  nous  vient  de 
la  b 'néiiction  doun  'e  autrefois  pir  le  célébrant  ou 
Tabbé  après  chaque  partie  de  1  office.  (Grancolas,  de 
lolf.  div.  de  Prime.)  3®L3  salât  qui  suit  immédiatement 
les  vêpres  devant  le  saint  Sacrement  exposé,  ne  cons- 
titue avec  elles  qu'une  même  fonction,  pourvu  toute- 
fois que  le  célébrant  ne  quitte  pas  Tautel  et  que  le 
Salut  commence  par  le  Tantum  ergo  sans  autres  chants 
préalables  :  «  Sans  ces  deux  considérations,  dit  Leva- 
vasseur,  il  semble  qu'il  faudrait  dire  Fidelium  et  le 
reste  comme  à  l'ordinaire.  » 

Le  sens  du  verset  est  facile  à  comprendre  :  Fidelium 
animas  per  misericordiam  Deirequiescant  inpace .  A  men. 
Nous  prions  là  pour  les  âmes  des  défunts  qui  sont  m  jrts 


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«  DOMJNUS  DET  NOBIS  SUAM  PACEM  ».  «77 

dans  la  communion  de  l'Église,  parce  que  les  excom- 
muniés ou  ceux  qui  ne  sont  pa^  ses  enfants,  seraient-ils 
en  pur^jatoire,  n'ont  aucune  part  à  ses  suffrages  pu- 
blics et  solennels  :  Fidelmm  animse.  Nous  deman- 
dons que  ces  âmes  reposent  au  sein  de  la  paix  éter- 
nelle ;  milgré  l'espérance  et  l'amour,  malgré  leur 
acquiescement  à  la  volonté  divine,  elles  n'ont  qu'une 
paix  imparfaite,  à  cause  de  la  souffrance  et  de  la  pri- 
vation de  Dieu,  qui  les  font  soupirer  après  la  déli- 
vrance. Ce  n'est  pas  le  trouble  de  l'enfer  avec  son  dé- 
sesfjoir  et  sa  haine,  mais  ce  n'est  pas  non  plus  la 
sérénité  du  ciel;  que  notre  prière  soit  fervente  et  nous 
hâterons  leur  bonheur  :  Requiescant  in  pace  I  Mais 
c'est  Dieu  q  li,  dans  sa  miséricorde  veut  bien  accepter 
nos  expiations  et  nos  vœux  pour  leur  soulagement  ou 
leur  délivrance  :  Per  misericordiam  Dei.  Oh  !  qu'il  en 
soit  ainsi  !  Amen  !  c'est  ledésir  de  l'Église  et  des  fidèles 
qui  répond  au  nôtre. 

II.  «  Dominus  det  nobis  suam  pacem  «>• 

Ce  verset  et  le  ripons  :  Et  vitam  œternam,  Amen^^Q 
disent  à  la  fin  des  laudes,  et  avant  1  antienne  finale  de 
la  Sainte  Vierge  ;  si  toutefois  une  ou  plusieurs  autres 
heures  devaient  suivre  laudes,  on  ne  les  dirait,  ainsi 
que  l'antienne  de  la  Sainte  Vierge,  qu'a  la  fin  de  l'heure 
qui  terminerait  la  récitation  actuelle.  Us  se  disent 
aussi,  mais  au  chœur  seulement,  à  la  fin  des  vêpres, 
si  on  les  séparait  de  compiles,  et  à  la  fin  de  la  petite 
heure  qui  terminerait  l'olfice  du  chœur.  On  ne  les  dit 
jamais  à  l'office  des  morts,  parce  qu'ils  ont  les  vivants 
pour  objet.  Durand  de  Mende  nous  apprend  que  déjà, 
de  son  temps,  quelques-uns  ajoutaient  ainsi  ce  ver- 
set à  la  fin  des  heures  :  «  Quidam  eliam  in  fine  hora- 
rum  dicunt:  Dominus  det  ?iobis  suam  pacem.  »  (L.  V, 
c.  2,  no  6  ) 

Nous  demandons  la  paix  du  Seigneur,  la  grâce  en 
nos  âmes,  et  la  vie  éternelle  après  la  mort.  C'est  tout 


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178       LES  ÉLfiMBNTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

à  la  fois  comme  un  résumé  de  l'office  et  un  prélude 

des  antiennes  finales  de  la  Sainte  Vierge.  Toutes  les 

faveurs  demandées  dans  l'office  divin  ne  se  rc^sument- 

elles  pas,  en  effet,  en  celles  d'une  vie  sainte  ici-bas  et 

du  salut  éternel  ?  Ces  deux  grâces  font  aussi  l'objet 

des  antiennes  finales  de  la  Sainte  Vierge,  du  Salve, 

ria  surtout,  et  nous  les  demandons  par  Marie,  dis- 

atricedes  bienfaits  divins  et  la  porte  du  ciel.  Ainsi 

îrset  et  le  répons  :  Domintis  det  nobis  suam  pacem^ 

itam  astemam,  servent  aussi  d'introduction  à  ces 

junes,  et  c'est  pourquoi  on  ne  les  dit  qu'avec  elles. 

i  cependant  une  exception  pour  compiles,  parce 

la  formule  de  bénédiction  qui  précède,  Benedicat 

)mnipotens  Deus,  renferme  implicitement  le  même 

'  que  le  verset:  Dominus  det  iiobis  suam  pacem. 

*     III.  «  Divinum  auxilîum  ». 

S  versets,  en  g'^néral,  sont  comme  une  oraison 
atoire,  un  trait  du  cœur  vers  le  ciel  :  «  Hoc  habet 
ilare  versus,  dit  Gavantus,  utexcifet  corda  ad  fa- 
Dei,  »  fc.  X.  de  versfbns,  1 .)  C'est  pourquoi  l'Eglise 
toujours  à  terminer  par  l'un  d'eux  son  office  ; 
i  choisi  celui-ci  pour  la  fin  des  laudes  et  des  com- 
;  que  pouvons-nous  mieux  désirer  les  uns  pour 
utres,  en  nous  séparant  après  l'office  du  jour  et 
L  nuit,  que  la  continuité  du  secours  divin  ?  Divinum 
Hum  maneat  semper  nobiscum  î 
i  répond  Amen.  Remarquons  ici  que  le  sacrifice 
lutel  se  termine  par  ces  mots  :  Deo  gratias,  ou  un 
de  reconnaissance,  et  l'office  divin,  par  un  ardent 
'  d'être  exaucé.  i4m(?/i.  La  messe,en  effet, est  surtout 
acrifice  eucharistique  ou  d'actions  de  grâces,  tan- 
ue  l'office  est  à  proprement  parler  une  prière. 

Art.  III.  Des  Hymnes, 
hymne,  du  grec  5[jlvo;,  lequel  vient  de  u^co  je  chante, 
ne  prière,  une  louange  au  Seigneur,  destinéeà  être 
tée,  et  divisée,  pour  cela,  en  strophes  mesurées. 


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DES  HYMNES.  i79 

Saint  Isidore  de  Séville  la  définissait  ainsi  :  Carmina 
qtiœcumque  in  laudem  Deihymni  vocantur.{  L.  D.  de 
div.  offic.  c.  VI.)  Saint  Augustin  nous  disait  déjà 
que  trois  éléments  constituaient  Thymne  :  la  louange, 
ayant  Dieu  pour  objet,  et  le  chant  :  «  Bymni  sunt  cantus 
continentes  laudem  Dei.  Si  sit  laus  et  non  sit  Dei^  non 
est  hymniis  ;  si  sit  laus  Dei  et  non  cantetur  non  est  hym- 
nus,  Oportet^  ut  sit  hymnus,  habeat  haec  tria  :  et  lau* 
dem,et  Dei^  et  canticum.  •  (In  Ps.  lxxii,  1.)  Les  hym- 
nes en  l'honneur  de  la  Sainte  Vierge  et  des  saints 
n'en  sont  pas  moins  aussi  une  louange  à  Dieu,  par 
leur  terme  final. 

Après  un  aperçu  général  sur  les  hymnes  du  bré- 
viaire romain,  nous  donnerons  les  principes  qui  en 
règlent  le  chant  ou  la  récitation. 

§1.    —  APERÇU    GÉNÉRAL    SUR    LES    HYMNES 
DU    BRÉVIAIRE    ROMAIN. 

«  De  toutes  les  branches  si  multiples  et  si  variées  de 
l'art  chrétien,  dit  Tabbé  Pimont,  nous  n'en  trouvons 
pas  qui  offrent  aux  explorations  de  la  critique  un 
champ  plus  étendu  que  l'hymnographie  du  bréviaire 
romain.  Ce  fonds  liturgique  dont  nul  autre,  si  ce 
n'est  peut-être  celui  de  Tantiphonaire,  n'é*»ale  la  ri- 
chesse, a  de  tout  temps  fixé  l'attention  des  hommes 
sérieux;  mais  jamais  autant  qu'à  notre  époque,  il 
n'avait,  ce  semble,  passionné  l'érudit,  et  provoqué  de 
si  laborieuses  et  de  si  ardentes  investigations.  »  (Intro- 
duction.) De  nombreux  travaux,  depuis  surtout  le 
xvi«  siècle,  prouvent  en  effet  combien  cette  partie 
offre  d'intérêt.  On  peut  en  voir  le  catalogue  instruc- 
tif dans  rintroJuction  citée  plus  haut,  et  dans  le 
recemus  qui  la  suit.  Ne  pouvant  faire  ici  sur  Cette  ma- 
tière une  étude  qui  nous  entraînerait  trop  loin,  nous 
dirons  comment  les  hymnes  furent  i:itroduites  dans 
le  bréviaire  romain,  quel  en  est  le  caractère,  et  quels 
en  sont  les  auteurs  et  les  commentateurs. 


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180        LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES- 
N'  1.  Origine  des  hymnes  dans  le  bréviaire. 

isage  ,  dans  rassemblée  des  fidèles,  des  hymnes 
3S  chants  rhytmés,  autres  que  les  psaumes  et 
mtiques,  remonte  aussi  haut  que  TEi^lise.  Saint 

nous  rapprend  dans  ses  immortelles  épjtres: 
?mini  spiritu^  loquentes  vobismetipsis  in  psalmisy 
nmis  et  canticis  spiritualibus^  cantantes  et  psal- 
r  in  cordibus   vestris  Domino.  {Ephes.  v.    18  et 

Docenfes  et  commonenfes  vosmetipsos  psalmiSy 
lis  et  canticis  spirilualibus^  in  gratià  contantes 
rdibus  ves/ris  Deo.  (Coloss.  m,  16.)  De  nombreux 
ignages,  réunis   par    le   savant   Père    Arevalo, 

cuvent  aussi  pour  les  doux  premiers  siècles. 
modia  Hispanica  K)  Il  cite  Clément  d'Alexandrie, 
;tes  du  martyre  de  saint  Ignace  les  Constitutions 
oliques,  Pline  le  jeune,  Philon  et  beaucoup  d'au- 

L*iiymne  de  Clément  d'Alexandrie  au  Christ 
ïur  est  arrivée  jusqu'à  nous.  {De  Pedagogo^  1.  III), 
st  la  plus  ancienne  que  nous  connaissions  ^.  Il 

ausiin  Arevalo,  célèbre  jésuite  espagnol  du  siècle  dernier, 
lié,  avec  d'excellentes  éditions  de  Prudence  et  de  saînt 
I  de  Se  ville,  un  savant  ouvrage,  Hymnodia  Hispanica. 
ï,  1786  in-4°.)  Ce  dernier  appartient  à  la  liturgie  par  une 
ation  remar  juable  :  De  Hymnis  ecclesiasticis,  «  que  nous 
uns,  dit  D.  Guéranger,  comme  un  des  plus  précieux  monu- 
de  la  science  liturgique.  » 

3i^i  la  traduction  que  nous  en  a  faite  D.  duéranger  : 
lin  dei  jouaes  coursiers  indomptés,  ailes  dos  oiseaux  qui 
le  s'égarent,  gouveruail  assuré  de  l'enfance,  pasteur  des 
IX  du  Roi;  i^s  simples  enfants,  rassemble-les  pour  louer 
nent,  ciiauter  avec  candeur,  d'une  bouche  innocente,  le 
;s  enfauts,  lo  Christ. 

Roi  des  saints.  Verbe,  triomphateur  suprême,  dispensa- 
ï  la  sapie.ice  du  Père,  du  Irès-flaut;  toi,  l'appui  dans 
ies,  heureux  de  toute  éternité,  sauveur  de  la  race  mortelle, 

steur,  agriculteur,  frein,  gouvernail,  aile  céleste  du  très 
roupeau;  pêcheur  des  hommes  rachetés,  amorçant  à  Pé- 


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DES  HYMNES.  18l 

est  donc  certain  que  de  tout  temps,  on  a  chanté  des 
hymnes  dans  les  assemblées  des  chrétiens,  et  que  cet 
usage  se  pratiquait  tout  d'abord  au  moins  en  dehors 
de  Toffice  proprement  dit. 

Mais  ces  hypmes  faisaient-elles  partie  réellement 
de  l'office,  comme  aujourd'hui?  Nous  le  croyons  ;  et, 
depuis  au  moins  le  m®  ou  iv^  siècle,  nous  avons  des 
témoignages  formais  pour  certaines  Églises  d'orient  et 
d'occident.  Un  concile  d'Antioche  (289-270)  écrit  au 
pape  saint  Denys  que  Paul  de  Samosate  supprimait 
dans  son  Église,  comme  étant  trop  récents  et  composés 
par  des  auteurs  nouveaux^  certains  cantiques  chantés 
en  t honneur  de  Jésus-Christ.  (Eusèbe,  Bist,  eccles, 
vui,  30.)  Saint  Denys  d'Alexandrie,  pour  gagner  à  la 
bonne  cause  un  millénaire,  évoque  égyptien,  le  loue 
,  de  son  zèle  à  composer  des  hymnes  qui  étaient  chantées 
dans  l'église  d'après  un  usage  reçu.  (L.  iide  Promis- 
stoniôus.  )  Au  iv«  siècle,  le  concile  de  Laodicée  défend 
d'introduire  dans  les  offices  des  hymnes  qui  ne  seraient 
pas  approuvées.  Saint  Basile  nous  dit  que  l'usage  des 
hymnes  était  universel  on  Orient.  {Ep.  adNeoces.  cleric) 
Saint  Grégoire  de  Nazianze  distingue  leur  chant  de  la 

ternelle  vie  l'ionocent  poisson,  arraché  à  l'onde  ennemie  de  la 
mer  du  vice  . 

«  Sois  leur  guide,  ô  Pasteur  des  brebis  spirituelles  I  ô  Saint  1 
sois  leur  guide.  Hoi  des  enfants  sans  tache  I  les  vestiges  du 
Christ  sont  la  voie  du  ciel. 

«ParcTie  incessante,  éternité  sans  bornes,  lumière  sans  fin, 
source  de  miséricorde,  auteur  de  toute  vertu,  vie  irréprochable 
de  ceux  qui  louent  Dieu. 

«  0  Christ,  ô  Jésus!  nous  qui,  de  nos  tendres  bouches,  suçons 
le  lait  céleste  exprimé  des  douces  mamelles  de  ta  sagesse,  la 
grâce  des  grâces;  patits  enfants,  abreuvés  de  la  rosée  de  l'esprit 
qui  découle  de  ta  parole  nourrissante,  chantons  ensemble  des 
louanii^s  ingénieuses,  des  hjmnes  sincères  à  J.-G.  Hoi. 

<  Chantons  les  saintes  récompenses  de  la  doctrine  de  vie. 
Chantons  avec  simplosse  Tgafant  tout-puissant,  chœur  pacifique, 
enfants  du  Christ,  troupe  innocente,  chantons  ensemble  le  Dieu 
de  la  paix.  » 

T« lU  .  ii 


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iBt        LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

psalmodie  :  modulata  laus  est  hymnus  ;  cum  caniione 
psalmus  est  psalmodia.  Saint  Grégoire  de  Nysse,  enfin, 
nous  apprend  que  la  nuit  de  Pâques  se  passait  tout 
entière  à  chanter  des  psaumes,  des  hymnes  et  des  can- 
tiques spirituels...  per  totam  noctem  in  psalmis,  hym,- 
nis  et  cantionibusspiritualibus,  {Orat.  de  fesio  Paschœ.) 
Elle  est  donc  fausse,  Tassertion  de  Grancolas,  qu'on 
ne  trouve  point  d'hymnes  chez  les  Grecs. 

En  Occident,  saint  Hilaire  de  Poitiers  (370)  composa 
pour  son  Église  tout  un  livre  d'hymnes  qui  n'est  pas 
arrivé  jusqu'à  nous,  mais  dont  nous  parlent  saint 
Jérôme  {Script.  Eccies.  cataL)  et  saint  Isidore  de  Sé- 
ville.  {De  offic.  eccies.  1. 1,  c.  vi.)  Saint  Augustin  nous 
raconte  comment  saint  Ambroise,  enfermé  avec  son 
peuple  dans  Téglise  de  Milan,  par  la  persécution  de 
Justine,  occupait  les  fidèles  par  léchant  des  psaumes  et 
des  hymnes  qu'il  avait  composés  lui-même,  et  que 
nous  chantons  encore.  L'Église  de  Milan  avait  alors 
certainement  des  hymnes  dans  son  office,  puisque 
saint  Paulin  dit  dans  la  vie  de  saint  Ambroise  :  Boc 
in  tempore^  primum  antiphonœ^  hymni  ac  vùjilix  (les 
psaumes)  in  Ecclesiâ  Mediolanensi  celcbrari  cœperunt\ 
cujus  celebritatis  devotiOy  usque  in  hodiemum  diem^ 
non  solum  in  Ecclesiâ  Mediolanensi  verum  per  omnes 
pêne  Occidentis  provincias  manet.  Au  vi®  siècle,  les 
textes  sont  encore  plus  formels  et  sans  aucune 
équivoque  :  «  Hymni  matutini  et  vespertini  4>mnino 
decantentur,  »  décrétait  le  concile  d'Agde.  (806.) 
Saint  Gésaire  d'Arles,  en  802,  prescrivait  à  ses  clercs 
de  chanter  tous  les  jours  l'office  de  tierce,  de  sexte  et 
de  none,  avec  les  hymnes  convenables.  Ses  règles  ad 
Virgines,  promulguées  en  842,  et  celles  de  saint  Au- 
rélien,  en  855,  ordonnaient  aussi  que  dans  les  mo- 
nastères d'hommes  et  de  femmes,  on  ajoutât  à  l'office 
divin  des  hymnes  au  nombre  de  treize,  et  parmi 
lesquelles    on    en  voit  deux   de    saint    Ambroise: 


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DES  niAUÈl  m 

JËtethe  ^efMfii  Conditor,  et  Splendor  PdièM&  gloriœ. 
(Tomasi,  Op.  II  ad  lectorem,  de  hymnario.)  Saint 
Benoit  dans  sa  règle  (433)  mentionne  aussi  les  hymnes. 

Au  vn®  siècle,  le  quatrième  concile  de  Tolède  pro- 
testa contre  certains  esprits  exagérés  et  contre  le  con- 
cile de  Braga  lui-même  (863),  qui  ne  voulaient  chanter 
dans  Toffice  divin  que  des  extraits  des  Ecritures,  et 
rejetaient  toute  autre  composition  poétique  :  «  Que  Ton 
doive  chanter  des  hymnes,  disait  le  concile,  nous  avons 
pour  cela  l'exemple  du  Sauveur  et  des  apôtres,  car  le 
Seigneur  lui-même  en  dit  une,  nous  apprend  saint 
Matthieu  :  ethymno  diclo^  exierunt  in  montem  Oliveti  ; 
et  l'apôtre  Paul  écrivait  aux  Ephésiens  :  Implemini 
spiriiu,  loquentes  vobismelipsis,   in  psalmis  et  hymnis 
et    canticis  spiritualibus.    Il  existe,   en    outre,  des 
hymnes  qui  sont  dues  àTart  humain,  pour  célébrer  la 
louange  de  Dieu  et  les  triomphes  des  apôtres  et  des 
martyrs,   comme   sont  celles  que  les    bienheureux 
docteurs  Hilaire  et  Ambroise  ont  produites.  Cependant 
quelques-uns  réprouvent  ces  hymnes  parce  qu'elles 
ne  font  pas  partie  du  canon  des  Écritures,  et  ne  sont 
pas  de  tradition  apostolique.    Qu'ils   rejettent  donc 
aussi  cette  autre,  composée  par  les  hommes  et  qui 
termine  lesf  psaumes:    Gloria  Patri..,^  et  celle  que 
chantaient  les  anges  quand  naquit  le  Christ  :  Gloria 
in  excelsis  Deo...  Les  docteurs  n'ont-ils  pas  beaucoup 
ajouté  à  cette  dernière?  Faut-il  qu'on  cesse  de  la  chan- 
ter dans  l'église,  parce  qu'on  ne  trouve  point  cette  ad- 
dition dans  la  sainte  Écriture?  On  a  composé   des 
hymnes,  comme  on  a  composé  des  messes,  des  orai- 
sons, des  formules  diverses;  et,  si  l'on  ne  devait  plus 
Téciter  aucune  de  ces  prières,  autant  vaudrait  suppri- 
mer nos  offices.  » 

A  quelle  époque  TÉglise  de  Rome  a-t-elle  introduit 
les  hymnes  dans  sa  liturgie,  devenue  celle  de  toute 
l'Eglise  latine  ?  Depuis  quand,  en  un  mot,  les  hymnes 


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i84         LBS  ÉLAMBNTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

font-elles  partie  du  bréviaire  romain  ?  Il  y  *a  partage 
ici  d'opinions  :  les  uns,  et  en  plus  grand  nombre, 
comme  Mabillon  (Supplem.  cd  iv  lib.  de  div.  of/ic. 
Amalarii,  t.  ii),  Tomasi  (In  annotation,  ad  Responso- 
rialeet  Aniiph.  Rom.  Eccles.)ei  Grancolas  (Commun/. 
histor.  sur  le.  bréviaire  romain),  veulent  que  ce  soit  au 
xi%  XII**  ou  xiii*  siècle.  Le  savant  P.  Arevalo  prétend  que 
Toffice  romain  a  des  hymnes  depuis  Tépoque  Ambro- 
sienne,  ou,  au  plus  tard,  depuis  saint  Benoit  ;  il  taxe 
la  première  opinion  d'erreur  invétérée  :  errorem  in- 
veterakim.  [Bymnodia  Hispanica,..  §  xvii,  n.  95.) 
D'autres,  moins  affirmatifs,  assignent  comme  date 
probable  le  ix*  siècle,  et  comme  date  certaine,  la  fin 
du  x«  ;  c'est  le  sentiment  de  Tabbé  Pimont,  et  le  nôtre 
aussi,  après  avoir  pesé  les  raisons  des  uns  et  des  au- 
tres. Les  preuves  apportées  par  le  P.  Arevalo,  en  fa- 
veur de  l'époque  bénédictine,  ne  sont  pas  concluantes. 
Le  savant  espagnol  allègue,  en  effet,  l'autorité  du 
bréviaire,  qui  reconnaît  saint  Gélase  P*"  (4%)  et 
saint  Léon  II  (684)  comme  auteurs  de  plusieurs  hym- 
nes sacrées  *.  Mais,  si  les  hymnes  de  ces  Ponti- 
fes avaient  fait  partie  de  l'office  divin,  nous  en  retrouve- 
rions des  traces  dans  les  manuscrits  du  temps.  Saint 
Grégoire  le  Grand  (590)  a,  lui  aussi,  certainement  com- 
posé des  hymnes  que  nous  trouvons  encore  au  bré- 
viaire romain;  ne  pouvons-nous  pas  dire  qu'on  les  y 

1.  S«  Léon  II.  Pape  de  682  à  684,  est  appelé  dans  le  Liber 
PontificaUs  :  vir  eloquentissimus,  cantilenâ  ac  psalmodia  praBci- 
puus,  et  in  earum  sensibus  subtilissimà  exercitatione  elimatus. 
L'historien  Platinanous  apprend  que,  versé  aussi  dans  lamusi* 
que,  ce  pontife  régla  la  psalmodie  et  réforma  le  chant  des  hym- 
nes :  masicis  etiam  eruditus  fuit,  dit  le  Bréviaire  romain,  ipse 
enim  sacros  hymnos  et  psalmos  in  Ecdesid  ad  coneentum  melio- 
rem  redaxit,  (28  jun.)  S'agit-il  ici  d'hymnes  proprement  dites, 
ou  encore  d'iiymnes  chantées  dans  le  corps  de  l'oftice  môme  ? 
S.  Léon  aurait  aussi,  d'après  l'abbé  Leboeuf,  perfectionné  le 
Hetpomoiial  de  saint  Grégoire  le  Grand. 


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DES  HYMNES.  185 

a  insérées  plus  tard?  Il  paraîtrait  que  le  glorieux 
Pontife  composa  ces  hymnes  avant  son  exaltation 
sur  le  Siège  de  Pierre,  pour  Tusage  du  monastère  qu'il 
avait  fondé  à  Rome  et  qu'il  gouverna  pendant  cinq 
ans.  Sans  doute,  et  nous  le  reconnaissons,  d'après 
le  témoignage  de  saint  Paulin  et  de  saint  Isidore  de 
Séville,  cités  plus  haut,  les  hymnes  de  saint  Am- 
broise  étaient  chantées  dans  les  Églises  dj'Occident, 
mais  l'Église  de  Rome  n'y  est  pas  mentionnée. 

Les  preuves  que  nous  allons  donner  en  faveur  de 
rinsertion  des  hymnes  dans  le  bréviaire  romain 
dès  les  IX®  et  x®  siècles,  montreront  suffisamment 
la  fausseté  de  la  première  opinion,  qui  ne  la  fait  re- 
monter au  plus  tôt  qu'au  xi®  siècle. 

C'est  :  1°  une  donation  faite,  en  902,  à  l'église  de 
Saint-Valentin,  où'  se  trouvent  inscrits  :  une  messe, 
deux  antipbonaires,  un  livre  pour  le  chant  de  la  Pas- 
sion, et  deux  Bymnaires^  tous  livres  d'offices  évidem- 
ment. 2**  Le  témoignage  de  Raoul  de  Tongres  (m.  en 
1041),  qui  parle  des  vieitx  hymnahes  de  Rome,  et  en 
énumère  un  certain  nombre  d'hymnes,  {de  canonum 
observcnitiâ  prop.  xiii.)  Ce  témoignage  du  com- 
mencement du  XI®  siècle  nous  permet  bien  de  reporter 
au  moins  vers  le  x®  ces  livres,  appelés  déjà  vieux 
hymnaires  paiV  l'auteur.  3^  Les  t/^deCluny,  qui  datent 
du  commencement  du  x®  siècle,  et  où  il  est  fait  men- 
tion très  explicitement  des  hymnes  de  F  Église  romaine. 
(L.  I,  c.  CLii.)  4®  L'autorité  de  ft.  Guéranger;  il  recon- 
naît que  Rome  adopta  les  hymnes  dans  son  office,  au 
plus  tard  vers  le  x®  siècle. 

On  pourrait  se  demander  pourquoi  cette  Église,  la 
mère  et  maîtresse  de  toutes  les  autres,  ne  le  fit  pas 
plus  tôt,  alors  que  celles  de  l'Occident,  au  moins  dès 
le  VI®  siècle,  retentissaient  du  chant  des  hymnes  chré- 
tiennes. L'illustre  Abbé  de  Solesme  dit  que  l'Eglise 
craignait  d'altérer,  par  la  mesure  poétique,  la  sim- 


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186       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

plicité  et  peut-être  même  le  sens  de  ses  prières  litur-» 
giques  :  «  Le  respect  dû  aux  formules  saiutes,  sou- 
vent tirées  des  Écritures,  et  qu'il  fallait  réduire  en 
chant,  ne  permettait  pas  de  les  soumettre  à  une  me- 
sure qui  en  eût  souvent  altéré  la  simplicité,  et  quel- 
quefois même  le  sens  ;  le  chant  de  l'Église,  quoique 
puisé  dans  les  modes  antiques,  n'avait  pour  thème 
que  des  morceaux  en  prose  et  d'un  rhythme  vague 
et  souvent  irrégulier.  On  voyait  que  les  pontifes  avaient 
cherché  plutôt  à  instruire  les  fidèles  par  la  doctrine  con- 
tenue dans  les  paroles  sacrées,  qu'à  ravir  leurs  oreilles 
par  la  richesse  d'une  harmonie  trop  complète.  Toutefois 
les  besoins  du  culte  avaient  donné  naissance,  dans 
l'Église  de  Rome,  à  un  grand  nombre  de  pièces  de 
chant,  toutes  en  prose  pour  les  paroles;  car,  à  la  dif- 
férence de  celle  de  Milan,  et  de  presque  toutes  les  au- 
tres, elle  n'admettait  pas  d'hymnes.  »  {Instit.  lUurg. 
T.  I,  p.  170  et  171.) 

Ce  délai  de  l'Eglise  romaine  pouvait  bien  aussi  lui 
être  inspiré  par  cette  sage  et  prudente  lenteur  que  nous 
remarquons  toujours  en  elle,  quand  il  s'agit  d'intro- 
duire quelque  élément  nouveau  dans  son  culte  ou 
dans  sa  discipline. 

N<>  2.   Caractère  des  Hymnes  du  bréviaire. 

Aucune  partie  de  la  liturgie  sacrée  n'a  été  plus  vio- 
lemment attaquée,  et  avec  moins  de  ménagement, 
que  les  hymnes  du  bréviaire  romain,  et  cela,  au  sein 
même  de  l'Église.  On  nous  pardonnera  de  reproduire 
ici  quelques-uns  de  ces  jugements  injustes,  passionnés, 
et  souvent  injurieux  :  «  Ce  sont  des  prières  cousues  de 
fautes  prosodiques,  ineptes,  d'un  style  barbare,  sans 
mesure  pratique,  écrivait  Becichemus,  au  xvi«  siècle  : 
sunt  omnes  fere  mendosi,  ineptie  barbarie  refecH^ 
nullâque  pedum  ratione  ^  nullo  syllabarum  mensu 
composùi;  aussi  provoquent-elles  le  sourire  des  éru- 
dits,  et  inspirent-elles  aux  prêtres  lettrés  le  mépris 


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DES  HYMNES.  iS7 

des  rites  ecclésiastiques  :  Ut  ad  risum  eruditos  conci- 
ient,  et  ad  contemptum  ecclesiastici  ritûs  vel  litteraios 
sacerdotes  inducarU  »  {Prmf.  an  recueil  de  Ferreri)  ; 
il  ajoute  à  son  mépris  par  une  note  plus  méprisante 
encore  :  «  Litteraios  dixi  ;  nam  cœteri  qui  swit  sacri 
patrimonii  helluones^  sine  scientiâ^  sine  sapientiây 
satis  habenty  ut  dracones  s  tare  juxta  arcam  Domini  \ . .  » 
—  «  J'ai  donné  tout  mon  soin  à  ce  recueil  d'hymnes 
nouvelles,  écrivait  Ferreri  au  pape  Clément  VII,  parce 
que  les  prêtres  érudits  et  amis  de  la  bonne  latinité, 
obligés  cependant  de  louer  Dieu  en  un  style  barbare, 
sont  exposés  à  en  rire,  et  à  mépriser  ainsi  les  choses 
saintes,  »  [Epist.  dedic)  Santeuil  ne  craignait  pas  d'ap- 
peler nos  hymnes  «  un  produit  de  l'ignorance,  l'op- 
probre de  la  langue  romaine,  les  restes  honteux  des 
premiers  âges,  le  résultat  d'un  délire  ^  »  (fie'rf/c.  à  l'abbé 

^  Martin  Becichemus,  recteur  de  rAcadémie  de  Pavie, 
au  xvi^  siècle,  fît  une  préface  à  l'Hjmnaire  de  Ferreri,  dont 
nous  avons  déjà  parlé.  Les  paroles  que  nous  venons  de  citer  et 
quelques  autres  encore,  prouvent  que  l'auteur  n'avait  pas 
assez  de  partialité  dans  sa  critique,  pour  faire  autorité. 

2.  Santeuil  (Jean,  1630-1697),  diacre  et  chanoine  régulier  de 
Saint- Victor,  occupe  sans  contredit  un  rang  distingué  parmi  les 
poètes  latins.  Il  appartient  à  l'histoire  de  la  liturgie  par  les 
hymnes  qu'il  fournit  au  bréviaire  parisien  réformé  de  Uarlay, 
et  surtout  au  bréviaire  réformé  de  Gluny,  dont  il  fut  l'hymno- 
graphe.  Ces  deux  réformes  n'étaient  qu'une  révolution  la- 
mentable contre  le  bréviaire  romain,  à  laquelle  Santeuil  con- 
tribua puissamment;  le  souvenir  de  ce  dernier,  inséparable 
désormais  des  nouveautés  gallicanes,  ne  peut  qu'être  néfaste 
pour  la  liturgie.  Ses  hymnes,  du  reste,  malgré  leur  mérite  lit- 
téraire, contesté  cependant  par  le  P.  Arevalo  et  Dom  Guéran- 
ger,  ne  répondaient  pas  suffisamment  aux  élans  du  cœur  et  à 
l'esprit  de  prière;  aussi  n'ont-elles  pu  remplacer  nos  hymnes 
romaines.  Nous  ne  les  trouvons  plus  guère  que  dans  leur 
propre  recueil,  et  les  vieux  bréviaires  gallicans.  Ajouterons- 
nous  que  Pauleur  lui-même  n'avait  pas  les  qualités  morales  que 
requérait  saint  Bernard  dans  le  poète  liturgiste,  et  qui  ont  brillé 
d'un  si  vif  éclat  dans  les  hjmnogrâphes  de  l'Eglise  grecque  et 
de  l'Église  latine?  (Voir  1. 1,  p.  i  18,  not.  2.)  Voici  le  portrait  que 


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188        LB8  ÉLÉMENTS  DBS  ffBURBS  GANONULBS. 

de  Cluny,  le  trop  fameux  cardinal  de  Bouillon.)  «  Que 
nos  hymnes  anciennes  sont  mal  bâties,  s'écriait  à  la 
fin  du  xvii*  siècle,  Adrien  de  Valois  ;  ceux  qui  les 
ont  faites   n'avaient  pas  la  moindre  ombre  de  bon 

trace  de  SanteuH,  La  Bruyère  :  t  Voulez- vous  quelque  autre  pro" 
dige?  Concevez  un  homme  facile,  doux,  complaisant,  traitable; 
et  tout  d'un  coup  violent,  colère,  fougueux,  capricieux.  Imaginez- 
vous  un  homme  simple,  ingénu,  crédule,  badin,  volage,  nn  en- 
fant en  cheveux  gris;  mais  permettez -lui  de  se  recueillir,  ou  plu- 
tôt de  se  livrer  à  un  génie  qui  agiten  lui,  j'ose  dire  sans  qu'il  j 
prenne  part,  et  comme  à  son  insu:  quelle  voix!  quelle  élévation  ! 
quelles  images  1  quelle  latinité  1  Parlez-vous  d'une  même  per- 
sonne? me  direz-vous.  Oui,  du  même,  de  Théodas  et  de  lui  seul. 
Il  crie,  il  s'agite,  il  se  roule  à  terie,  il  se  relève,  il  tourne,  il 
éclate;  et  du  milieu  de  cette  tempête,  il  sort  une  lumière  qui 
brille  et  qui  réjouit.  Disons-le  sans  figure,  il  parle  comme  un 
fou,  il  pense  comme  un  homme  sage.  Il  dit  ridiculement  des 
choses  vraies,  et  follement  des  choses  sensées  et  raisonnables. 
On  est  surpris  de  voir  éclore  le  bon  sens  de  la  bouffonnerie, 
parmi  les  grimaces  et  les  contorsions.  Qu'ajouterai-je  davan- 
tage? Il  dit  et  il  fait  mieux  qu'il  ne  sait.  Ce  sont  en  lui  comme 
deux  â.mes  qui  ne  se  connaissent  point,  qtii  ne  dépendent  point 
l'une  de  l'autre,  qui  ont  chacune  leur  tour,  ou  leurs  fonctions 
toutes  séparées.  Il  manquerait  un  trait  à  cette  peinture  si  sur- 
prenante, si  j'oubliais  de  dire  qu'il  est  tout  à  la  fois  avide  et  in- 
satiable de  louanges,  prêt  à  se  jeter  aux  yeux  de  ses  critiques, 
et  dans  le  fond  assez  docile  pour  profiter  dé  leurs  censures.  Je 
commence  à  me  persuader  moi-même  que  j'ai  fait  le  portrait  de 
deux  personnages  tout  différents;  il  ne  serait  pas  même  impossible 
d'eu  trouver  un  troisième  dans  Théodas,  car  il  est  bon  homme.  » 
Saint-Simon  le  peint  ainsi  à  son  tour,  après  nous  avoir  appris 
qu'il  mourut  dans  un  repas,  victime  d'une  mauvaise  plaisante- 
rie à  laquelle  on  fut  entraîné  par  son  humeur  joviale  :  «  Plein 
de  feu,  d'esprit,  des  caprices  les  plus  plaisants,  qui  le  rendaient 
de  la  plus  excellente  compagnie,  bon  convive,  surtout  aimant  le 
vin  et  la  bonne  chère,  mais  sans  débauche;  et  qui,  avec  son  esprit 
et  des  talents  aussi  peu  propres  au  cloître,  étailpourtant  dans  le 
foodaussi  bon  religieux,  qu'avec  un  tel  esprit  il  pouvait  l'être.  > 
Claude  Santeuil,  frère  du  précédent  et  surnommé  Maglorianus^ 
parce  qu'il  était  du  séminaire  de  Saint-Magloire,  mourut  en 
1684.  Il  composa  aussi  pour  le  bréviaire  de  Paris,  des  hym- 
nes qui  l'emportaient  sur  celles  de  son  ûrère  par  l'onction  et 
la  simplicité. 


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DES  HYMNES.  189 

jsens.  »  {Valesiana  ^)  Nos  hymnes  sacrées  n'ont  pas 
été  mieux  traitées  dans  notre  siècle,  où  on  leur  a  pro- 
digué les  injures;  ainsi  :  Jean-Baptiste  Saignes^;  Tabbé 
Salvan,  de  Toulouse  :  Recherches  historiques  sur  la  li^ 
turgie  en  général,  et  celle  du  diocèse  de  Toulouse  en 
particulier  {i%^^)',Vdibhé  Laborde,  Lettres  parisiennes 
ou  discussions  sur  les  deux  liturgies,  parisienne  et  ro- 
maine (1855)  ;  Lettres  sur  le  bréviaire  romain^  par 
un  curé  de  campagne  (1878),  etc. 

La  violence  de  Tattaque  a  fait  tomber  quelquefois 
les  défenseurs  dans  une  exagération  contraire.  D'a- 
près quelques-uns,  Thymnaire  romain  a  des  chefs- 
d œuvre  comme  la  poésie  de  t ancienne  Rome  ;  nos 
hymnes  ont  une  beauté  propre^  une  originale  splen- 
deur ;  elles  sont  d'un  style  inimitabky  que  celui  d'Ho- 
TOA^e  rie  saurait  jamais  remplacer,  et  l'expression  la 
plus  vraie,  la  plus  juste,  la  plus  adéquate  de  la  grande 
pensée  chrétienne^  aussi  bien  classiques  dans  leur  genre 
que  le  sont  dans  le  mode  profane  les  plus  célèbres  œuvres 
de  C  illustre  poète  ;  c'est  un  style  nouveau,  qui  n'a  riende 
compaî'able  dans  le  classique.  Nos  hymnes  liturgi- 
ques sont  parfaites  en  leur  genre,  on  ne  saurait  faire 
mieux  ;  et  même  sous  le  rapport  littéraire,  la  cri- 
tique n*est  plus  permise.  Peu  s'en  faut  que  ces  au- 
teurs ne  censurent  Léon  X,  Clément  VII  et  Urbain 
VIII  d'avoir  essayé  de  substituer  un  nouvel  Hymnaire 


K,  Adrien  de  Valois  (.l607-i69-2)  historiographe  de  Louis  XIV, 
a  laissé  parmi  ses  ouvrages  une  dissertation  liturgique  :  dis- 
ceptatio  de  basilids^  où  il  traite  de  la  signification  du  nom  basi- 
lica  donné  aux  anciennes  églises. 

2.  Saignes,  ancien  Doctrinaire,  a  composé  plusieurs  ouvrages, 
dont  un  appartient  à  la  liturgie,  De  la  littérature  des  offices  divins 
(^8•29);  plein  d'admiration  pour  les  hymnes  et  les  proses 
nouvelles,  Tauteur  y  professe  un  dédain  ridicule  et  grotesque 
pour  l'ancienne  poésie  liturgique  :  «  Sous  ce  point  de  vue^  dit 
D.  Guéranger,  l'ouvrage  est  monumental.  », 
T.  u.  Hé 


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190       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

à  Tancion,  ou  du  moins  d'avoir  corrigé  celui-ci  de  cer- 
taines fautes  et  imperfections  manifestes. 

Ici  encore,  la  vérité  nous  paraît  être  dans  un  juste 
milieu;  nous  sommes  convaincus  qu'avec  certaines 
explications  et  concessions  de  part  et  d'autre,  on  fini- 
rait par  s'entendre,  laissant  à  tout  jamais,  les  uns, 
d'injustes  et  acerbes  critiques,  et  les  autres,  une 
louange  exagérée  ;  tous  se  réuniraient  ainsi  dans 
une  appréciation  juste  et  vraie  de  l'Hymnaire  romain. 

Voici  donc  les  propositions  que  nous  croyons  pou- 
voir formuler  et  prouver,  et  d'où  ressortira  le  caractère 
de  nos  hymnes  liturgiques,  assez  beau  déjà  pour 
nous  les  faire  aimer,  et  parfois  admirer. 

Première  proposition.  La  plupart  des  hymnes  ro^ 
maines  n'ont  pas  f  élégance  poétique  des  odes  dHo- 
race^  ou  des  hymnes  de  Sanieuil  et  de  Coffin  *.  —  Il  ne 
saurait  y  avoir  ici  de  contradicteurs  sérieux.  «  Les 
saints  Pères,  dit  Urbain  VIII  dans  sa  bulle  Quamms 
aliàs  du  17  juin  1644,  avaient  plutôt  ébauché  que 
perfectionné  leurs  hymnes.  »  Lorsque  Clément  VII, 
dans  son  bref  du  il  déc.  1823,  disait  que  le  nouvel 
Hymuaire  de  Ferreri,  remarquable  par  la  latinité, 
la  mesure  et  le  sens,  ne  pouvait  qu'ajouter  à  la  splen- 
deur  du  culte  divin  et  servir  à  l'avantage  commun, 
n'avouait-il  pas  implicitement  que  ces  hymnes  nou- 

^.  Charles  Cofûn  (1676-4740),  successeur  de  RolJin  dans  l'ad- 
ministration du  collège  de  Beauvais,  à  Paris,  est  principalement 
connu  par  les  hymnes  qu'il  composa  pour  le  nouveau  bréviaire 
parisien,  sous  Charles  de  VintimilJe.  Poète  latin  d'une  grande 
valeur,  il  est  supérieur  à  Santeuil  pour  le  véritable  génie  de  la 
poésie  sacrée,  où  il  s'inspire  moins  de  l'élégance  prosodique» 
que  des  accents  d'une  noble  et  onctueuse  simplicité.  L'auteur  était 
malheureusement  Janséniste  notoire,  et  l'on  vit  ce  fait  humi- 
liant pour  la  liturgie  parisienne,  que  son  bymnographe  obstiné 
ne  put  être  admis  aux  sacrements  avant  de  mourir.  Les  hym- 
nes de  Coffin  eurent  le  même  sort  que  celles  de  Santeuil,  et  ne 
purent  jamais  définitivement  prévaloir  contre  les  hymnes  ro- 
maines. 


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DES  HYMNES.  i91 

velles  l'emportaient  pour  l'élégance  et  la  forme  poéti- 
que? «  Les  hymnes  de  Rome  ne  sont  pas  belles  à  la 
manière  de  celles  de  Santeuil  et  des  Odes  d'Horace,  » 
disait  Mgr  Fallu  du  Parc  dans  son  mandement 
qui  introduisait  à  Blois  la  liturgie  romaine.  L'abbé 
Pimont  reconnaît  dans  l'hymne  de  prime  des  âpre- 
tés  apparentes-,  dans  celle  des  autres  petites  heures, 
une  allure  brève  et  austère;  dans  quelques  vers 
du  Lucis  Creator  optime,  de  vêpres,  une  naïve 
simplicité  égale  à  la  brièveté.  «  On  ne  peut  pas  soute- 
nir, dit  M.  Bacuez,  que  toutes  les  hymnes  joi- 
gnent la  beauté  de  l'expression  au  mérite  de  la  pen- 
sée... Il  s'en  rencontre  un  certain  nombre  qui  parais- 
sent négligées  au  point  de  vue  du  style  et  de  la  proso- 
die. »  {Le  saint  office^  des  Hymnes.) 

Hàtonsnous  d'ajouter  que  nous  n'avons  pas  com- 
pris dans  notre  proposition  toutes  les  hymnes  ro- 
maines. Plusieurs  d'entre  elles,  en  effet,  sont  d'une 
beauté  littéraire  incontestable  et  ne  le  cèdent  pas, 
même  pour  l'élégance  poétique,  aux  chefs-d'œuvre 
des  poètes  anciens  et  de  nos  hymnographes  modernes. 
Ainsi  l'hymne  du  dimanche,  Mterne  rerum  Conditor, 
dont  Clicthoue  disait  :  totus  apprime  stiavis^  est  admo- 
dum  elegans  *  ;  celle  des  matines  du  lundi  :  Somno  re- 
feetis  artubus^  dont  l'abbé  Pimont  a  dit  avec  raison  : 
«  Pensées  graves  et  nobles  sous  un  ton  bref  et  nette- 
ment tranché;  diction  pure  et  ferme  dans  un  vers  tou- 
jours correct;  >»  Splendor  jEtemœ  glorix^  des  laudes  du 
lundi,  regardé  comme  le  chef-d'œuvre  de  l'hymno- 

\.  Glîcthouc,  docteur  de  Sorbonoe,  mort  en  1543,  fut  un  des 
premiers  qui  combattirent  Luther.  Parmi  ses  ouvrages,  qu'ii- 
rasme  appelait  :  Vberrimum  rerum  optimarumfontem,  nous  remar- 
quons VEluddatorium  Ecclesiasticum;  c'est  un  commentaire  pré- 
cieux du  canon  de  la  Messe,  des  hj^mnes  et  de  plusieurs  autres 
prières,  qui  eut  d'abord  un  grand  nombre  d'éditions.  Son  Anti- 
Lutherus  et  ses  autres  écrits  contre  la  Réforme  lui  ont  fait  aussi 
traiter  plusieurs  points  liturgiques. 


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192       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

graphie  chrétienne  et  dont  Michel  Timothée  a  écrit: 
«c  Inter  omnes  hymnos^  nullus  isto  sanclior^  dignior^ 
humilior^  eloquior  et  spirilualior  est  ^  »  JEtema 
cœli  gloria^  des  laudes  du  vendredi,  dont  la  pre- 
mière Strophe  respire  tout  à  la  fois  la  plus  su- 
blime grandeur  et  la  plus  douce  piété;  les  hymnes  du 
Très  Saint  Sacrement,  parmi  lesquelles  le  Verbum  su- 
pernum  prodiem  excitait  l'admiration  de  Santeuil  : 
«  Je  donnerais,  dit-il,  toutes  mes  hymnes  pour  l'hon- 
neur d'avoir  composé  la  strophe  :  Se  naseens  dédit  so- 
cium,.,  ;  nous  pourrions  ajouter  VAve  maris  Stella 
et  bien  d'autres  encore. 

La  plupart  de  nos  hymnes  sont  conformes  aux  rè- 
gles de  la  versification  latine,  ou  s'en  écartent  fort 
peu  ;  leur  mesure  est  celle  de  la  forme  lyrique  la  plus 
populaire,  et  en  admet  tous  les  genres. 

Un  certain  nombre  cependant  n'o.nt  que  le  rythme 
syllabique,  lequel  consiste,  on  le  sait,  dans  le  nombre 
de  syllabes  combmé  avec  l'accent  tonique,  l'assonance 
ou  la  rime.  Ce  genre  de  versification  avait  précédé 
chez  les  Latins  le  système  prosodique  des  Grecs,  et  s'y 
maintint  toujours  dans  la  poésie  populaire.  Nos  pre- 
miers poètes  chrétiens,  saint  Paulin  de  Noie,  par  exem- 
ple, lui  donnaient  même  la  préférence,  comme  étant 
mieux  approprié  au  chant  liturgique  exécuté  par  l'as- 
semblée des  fidèles. 

2*  Proposition.  Nos  hymnes  ont  les  principaux  élé- 
ments  de  la  beauté  poétique,  —  Ces  éléments  sont  en 
effet  :  l'élévation  des  pensées,  la  beauté  des  sentiments, 
la  vivacité  de  l'expression,  l'onction  de  la  forme.  Or,  les 

\ .  Michel  Timothée,  auteur  italien  du  xvi«  siècle,  a  fait  pa- 
raître sur  les  hjmaes,  en  \  582,  une  étude  remarquable  où  Pon 
trouve  de  très  heureux  aperçus  à  Teadroit  du  symbolisme  et  de 
la  mystique.  Kn  voici  le  titre  :  In  hymnos  ecdesiasticos  ferme  om- 
nes Michaelis  Timothei  Galeensis  brevis  eluddatio  libris  quatuor 
compreiiensa  ac  numeris  distincta.  Opus  Umge  utiUssimum4 


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DES  HYMNES.  i93 

hymnes  romaines  ne  le  cèdent  en  rien,  sous  ce  rapport, 
aux  plus  belles  productions  de  la  poésie  antique  ou  mo- 
derne, les  odes  d'Horace  et  les  hyn^nes  des  bréviaires 
gallicans  leur  sont  même  ici  de  beaucoup  inférieures. 
Aussi  souscrivons-nous  de  grand  cœur  à  Tappréciationsi 
juste  et  si  saine  de  M,  Bacuez  :  «  Le  chrétien  y  trou- 
vera... une  élévation  de  vues,  une  abondance  dépen- 
sées, une  pureté  de  sentiments  admirables.  Sous  le 
rapport  des  grandes  pensées  et  des  beaux  sentiments, 
nos  hymnes  n'ont  à  redouter  aucune  comparaison.... 
De  ce  c5té  on  aura  l'élégance,  la  facilité,  l'éclat,  mais 
aussi  la  froideur  et  le  vide.  D'autre  part,  des  négli- 
gences,... mais  quelle  profondeur!  quelle  plénitude! 
et  quelle  portée  !  Chaque  mot  est  une  allusion,  retrace 
une  image,  ouvre  un  horizon;  les  sens  abondent,  se 
multiplient,  se  superposent,  comme  dans  l'Écriture; 
l'esprit  trouve,  en  les  lisant,  non  seulement  de  quoi 
occuper  sa  pensée,  mais  de  quoi  choisir  et  varier  sa 
nourriture  et  ses  délices...  (Le  saint  office.  — Des  hym- 
nes.) 

Si  nous  voulions  prouver  directement  notre  deuxième 
proposition,  il  faudrait  faire  de  chacune  de  nos  hym- 
nes, une  analyse  littéraire  et  une  étude  à  part.  Mais  ce 
travail  nous  entraînerait  trop  loin  et  nous  renvoyons 
nos  lecteurs  au  livre  de  l'abbé  Pimont,  si  complet  sur 
cette  matière.  Voici  cependant  quelques  extraits,  où  la 
beauté  poétique,  dans  ses  divers  éléments,  apparaît 
davantage. 

i^  L'élévation  et  la  profondeur  des  pensées. 

L'hymne  du  lundi  à  laudes  est  sous  ce  rapport, 
une  des  plus  belles.  Elle  s'adressetour  à  tour  aux  trois 
Personnes  divines  :  elle  demande  au  Verbe,  splendeur 
étemelle  du  Père^  vrai  soleil  de  vérité^  d'inonder  nos 
âmes  de  l'infusion  de  son  Esprit.  Elle  invoque  le  Père 
tout-puissant,  maître  absolu  de  la  grâce  et  de  la  gloire 
pour  nous  faire  éviter  le  mal,  et  pratiquer  la  vertu. 


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494        LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Au  Christ,  elle  demande  encore  de  nous  fortifier  de  sa 
chair  adorable,  de  nous  abreuver  aux  sources  pures  de 
la  foi,  de  nous  enrichir  des  dons  du  Saint-Esprit;  elle 
souhaite  ardemment  que  nos  jours  aient  pour  aurore 
l'innocence;  que  la  foi  brûlante  en  soit  le  midi,  que  la 
vertu  n'y  ait  pas  de  soir  ou  de  déclin  :  que  le  Verbe 
enfin  apparaisse  à  nos  âmes  tel  qu'il  est  dans  le  sein 
du  Père,  pour  les  éclairer  encore  au  seuil  de  l'Eter- 
nité. Comme  on  le  voit,  les  grandes  et  profondes  pen- 
sées abondent  ici  ;  la  première  et  la  dernière  strophe 
surtout  sont  vraimentgrandioses,  et  cette  hymne  occupe 
a vÂc raison  le  premier  rang  dans l'hymnographie  chré- 
tienne K 

i.  Voir  le  texte  même  dans  le  bréviaire.  En  voici  la  traduc- 
tion par  Jean  Racine  : 

Source  ineffable  de  lumière. 
Verbe,  en  qui  l'Eternel  contemple  sa  beauté, 
Astre  dont  le  soleil  n'est  que  l'ombre  grossière. 
Sacré  jour,  dont  le  jour  emprunte  sa  clarté. 

Lève-toi,  soleil  adorable, 
Qui  de  réternité  ne  fait  qu'un  heureux  jour  : 
Fais  briller  à  nos  yeux  ta  clarté  secourable, 
Et  répands  dans  nos  cœurs  le  feu  de  ton  amtur. 

Prions  aussi  l'auguste  Père, 
Le  Père,  dont  la  gloire  a  devancé  les  temps, 
Le  Père  tout-puissant  en  qui  le  monde  espère, 
Qu'il  soutienne  d'en  haut  ses  fragiles  enfants. 

Donne-nous  un  ferme  courage, 
Brise  la  noire  dent  du  serpent  envieux  : 
Que  le  calme,  grand  Dieu,  suive  de  près  l'orage  ; 
Fais- nous  faire  toujours  ce  qui  plait  à  tes  yeux. 

Guide  notre  âme  dans  ta  route, 
Rends  notre  cœur  docile  à  ta  divine  loi  : 
Remplis-nous  d'un  espoir  que  n'ébranle  aucun  doute, 
Et  que  jamais  Terreur  n'altère  notre  foi. 

O  Christ,  sois  notre  pain  céleste  ; 
Que  l'eau  d'une  foi  vive  abreuve  notre  cœur  : 
Ivres  de  ton  esprit,  sobres  pour  tout  le  reste. 
Daigne  à  tes  combattants  inspirer  la  vigueur. 


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DES  HYMNES.  195 

2*  Beauté  des  sentiments  : 

LE    REPENTIR  : 

Vides  mahim  quod  fecimus, 
Occulta  Dostra  pandimus; 
Preces  gementes  fuadimus, 
Dimiite  quod  peccavimus. 
(Matines  du  mercredU) 

LA    FERVEUR  : 

Pulsis  procul  torporibus, 
Surgamus  omnes  ocius, 
Et  DOcte  quaeramus  Deum 
Propheta  sicut  prœcipit. 
{âîatines  du  dimanche,) 

LA    PIÉTÉ   : 

Te  lingua  primùm  concinat, 
Te  mentis  ardor  ambiat, 
Ut  actuum  sequentium 
Tu,  Sancte,  sis  exordium. 
(Matines  du  lundi.) 

LA  CONFIANCE  ET  LES  SAINTS  DÉSIRS  : 

Veni,  Creator  Spiritus, 
Mentes  tuorum  visita, 
Impie  supernÀ  gratiél 
Quae  tu  creasti  pectora. 

Que  la  pudeur  chaste  et  vermeille 
Imite  sur  leur  front  la  pudeur  du  matin  : 
Aux  clartés  du  midi  que  leur  foi  soit  pareille  ; 
Que  leur  persévérance  ignore  le  déclin. 

L'aurore  luit  sur  Thémisphère  : 
Que  Jésus  dans  nos  cœurs  daigne  luire  aujourd'hui 
Jésus  qui  tout  entier  est  dans  son  divin  Père, 
CSomme  son  divin  Père  est  tout  entier  en  lui, 

Gloire  à  toi,  Trinité  profonde. 
Père,  Fils,  Esprit- Saint,  qu'on  adore  toujours. 
Tant  que  l'astre  des  temps  éclairera  le  monde, 
Et  quand  les  siècles  même  auront  fini  leur  cours. 

{Poésies  0 


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i96       LBS  ftLÉMBNTS  DES  HEURES  GAlfONULBS. 

Accende  lumen  sensibus, 
Infunde  amorem  cordibus, 
Infirma  nostri  corporis  . 
Viriute  firmans  perpeti. 
{Veniy  Creator,) 

LÀ  CHASTETÉ  '. 

Te  deprecamur  supplices 
Nostris  ut  addas  sensibus 
Nescire  prorsus  omnia 
Gorruptionis  vulnera. 

{Hymn.  des  Vierges,) 

3®  Vivacité  de  rexpression. 

D'après  M.  Taine,  ce  caractère  est  le  t  fruit  de  la 
véritable  poésie,  qui  ne  fait  que  répéter  coup  sur  coup 
quelque  mot  passionné.  Le  poète  chrétien  pense  à  Dieu, 
par  une  suite  d'images  courtes,  accumulées,  passion- 
nées, comme  une  file  d'éclairs...»  (Hist,  de  la  litlérat. 
anglaise.)  «  Dans  ces  simples  et  touchantes  strophes, 
dit  le  vicomte  de  Sarcus,  Tâme  s'élève  sur  deux  ailes, 
la  foi  et  l'espérance  ;  la  misère  de  l'homme  y  jette  un 
cri  de  détresse  vers  celui  qui  s'est  immolé  pour  le 
genre  humain.  »  (Étude  sur  le  dévetopp.  artist,  etlittér, 
de  la  société  moderne  pendant  les  quinze  premiers  siè^ 
clés  de  tère  chrétienne.)  Voici  quelques-unes  de  ces 
strophes  : 

Jam  nunc,  paterna  claritas. 

Te  posiulamus  affatim  ; 

Absint  faces  libidinis 

Et  omnis  actus  noxius. 

Ne  fœda  sit  vel  lubrica, 
Gompago  nostri  corporis, 
Ob  cujus  ignés  ignibus 
Avernus  urat  acrius. 
(Matines  du  dimanche,) 

Tu  lux  refulge  sensibus, 
Mentisque  somnum  discute; 
Te  nostra  vox  primùm  sonet. 
Et  ora  solvamus  tibi. 

{Laudes  du  dimanche.) 


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408       fiB8  ftLÉMBNTS  DBS  BBURBS  CANONIALES. 

Nous  ne  sommes  embarrassés  que  pour  le  choix 

Jesu,  Idbante^respice 
Et  nos  Tideodo  corrige; 
Si  respicis,  labes  cadunt, 
Fletuque  culpa  solvitur. 
(Laudes  du  dimanche.) 

Vides  malum  quod  fecimus; 
Occulla  oostra  pandimus; 
Preces  gementes  fuodimus; 
Dimitte  quod  peccavimus. 
{Matines  du  mercredi.) 

Te,  Ghriste,  solum  oovimus; 
Te,  meote  purà  et  simplici, 
Fleodo  et  caneodo,  quaesumus, 
Inteode  nostris  seosibus. 
(Laudes  du  mercredi.) 

Multum  quidem  peccavimus, 
Sed  parce  confîtentibus; 
Ad  laudem  tui  nomiois, 
Gonfer  medelam  languidis. 
(Vêpres  du  carême.) 

Panis  angelicus  fit  panis  hominum, 
Dat  panis  cœlicus  figuris  termiDum; 
0  res  mirabilis,  maoducat  DomiDum 
Pauper,  servus  et  humilis. 
(Office  du  Saint'Saa'ement.) 

Jesu,  dulcis  memoria 
Dans  vera  cordis  gaudia, 
Sed  super  rael  et  omnia 
Ejus  dulcis  praesentia. 

Nil  canitur  sua^ius, 
Nil  auditur  jucundlus, 
Nil  cogitatur  dulcius» 
Quam  Jésus,  Dei  Filius. 
(Office  du  saint  Nom  de  Jésus.) 

Monstra  te  esse  matrem, 
Sumat  per  te  preces 
Qui  pro  Dobis  natus, 
Tulit  esse  tuus. 


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DBS  HYMNES.  iM 

Virgo  singularis, 
Inter  omoes  mitis, 
Nos  culpissolutos, 
Mîtes  fac  et  castos. 

Vitam  prsesta  puram^ 
Iter  para  tutum, 
Ut,  videntes  Jesum, 
Semper  collsetemur. 

(Ave  Maris  Stella,) 

Ainsi,  nous  trouvons  dans  nos  hymnes  chrétiennes 
les  quatre  éléments  de  la  beauté  poétique.  Celle  des 
laudes  du  dimanche,  une  des  plus  belles  de  saint  Am- 
broise,  les  renferme  tous  à  la  fois;  ce  qui  lui  donne  un 
éclat  ravissant.  On  pourra  s'en  convaincre  par  la  lec- 
ture du  texte  dont  M.  Hainglaise  a  fait  lui-même  une 
belle  traduction  dans  son  Recueil  de  Poésies  lyriques 
chrétiennes  *. 

1.  LE  DIMANCHE  À  LAUDES. 

(Traduction  libre  de  l'hymne  :  Sterne  rtrum  Conditor.) 

0  divin  Créateur  du  ciel  et  de  la  terre, 

Vous  nous  donnez  les  jours,  vous  nous  donnez  les  nuits; 

Du  temps  et  des  saisons  la  course  régulière 

Allège  nos  travaux  et  charme  nos  ennuis. 

Le  coq,  héraut  du  jour,  a  pressenti  Taurore, 
Et  la  profonde  nuit  retentit  de  ses  chants; 
L*obscurité  blanchit  :  le  jour  n*est  pas  encore, 
Et  de  faibles  lueurs  s'étendent  sur  les  champs. 

Du  soleil  et  du  jour  l'étoile  avant-courrière 
Fait  voir  l'azur  des  cieux,  lève  leur  voile  épais  : 
Satan  fuit  aux  rayons  de  sa  blanche  lumière, 
Et  l'homme  malfaisant  s'éloigne  et  disparait. 

Au  cri  du  coq  déjà  sur  le  liquide  abime, 

Sur  des  flots  apaisés,  s'élance  le  nocher  ; 

Quand  Pierre  entend  ce  cri,  ses  pleurs  lavent  son  crime  : 

De  TEglise  il  devient  l'immobile  rocher. 

Levons-nous!  Surmontons  un  attrait  qui  nous  tente; 
Cet  oiseau  vigilant  condamne  nos  langueurs  : 
A  ses  cris  redoublés,  à  sa  voix  éclatante, 
Ou*un  profond  repentir  t'éveille  dan»  nos  cœurs  ! 


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200        LES  ÉLÏMBNTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Disième  proposition.  Les  hymnes  du  bréviaire  ro- 
,  ont  dans  la  période^  une  simplicité  et  une  cond- 
fue  demande  l'élan  de  la  prière,  surtout  quand  elle 
\tre  chantée, 

st  ici  un  nouveau  trait  de  beauté;  il  donne  à 
hymnes  comme  un  cachet  des  saints  Livres; 
rayonnent  ainsi,  toute  proportion  gardée,  de  la 
é  même  des  Écritures.  Leur  composition  est 
itement  en  harmonie  avec  le  but  qui  en  fait 
prière,  et  une  prière  liturgique  et  chantée, 
phrase,  dit  Tabbé  Pimont  après  M.  de  Maistre, 
déroule  pas  en  vaines  superfétations  littéraires, 
le  dans  ces  hymnes  prétentieuses  de  nos  bréviaires 
)visés,  qui  pleurent  ce  beau  style  qui  avait  un 


À  ce  cri  matinal  reparait  Tespérance  : 
Le  malade  affaibli  voit  ses  maux  allégés  ; 
Le  crime  fuit  le  jour  :  la  clarté  qui  commence 
Ramène  aussi  la  foi  dans  les  cœurs  affligés. 

0  Jésus  !  vous  voyez  nos  chutes  lamentables  ; 
Que  votre  doux  regard  relève  des  pécheurs  : 
Rendez-nous^  dans  le  bien,  fermes,  inébranlables. 
Et  de  tous  nos  péchés,  lavez-nous  dans  nos  pleurs. 

0  Soleil  éternel}  rayonnez  dans  notre  âme! 
Que  la  nuit  de  nos  sens  cède  aux  clartés  du  jour; 
Quand  la  voix  vous  bénit,  pour  vous  le  cœur  s'enflamme  : 
A  vous  nos  premiers  chants,  à  vous  tout  notre  amour  ; 

Adorons  le  Seigneur,  unique,  indivisible  : 
Père,  FiU,  Esprit-Saint,  d'éternelle  splendeur! 
Gloire  à  la  Trinité,  lumière  inaccessible. 
Gloire  à  jamais  à  Dieu,  le  divin  Créateur. 

(Deuxième  Partie,  hymnes  des  heures  canoniales.) 

ecueil  poétique  de  M.  Hainglaise  a  pour  nous  un  intérêt 
jue  de  plus.  Il  renferme,  en  effet,  la  traduction  de  plu- 
psaumes,  cantiques,  hymnes,  antiennes  et  autres  prières 
e  ainsi  que  des  chants  nombreux  sur  nos  saintes  cér<5mo- 
Qs  poésies  sacrées  sont  souvent  signées  par  de  grands  mal- 
-amartine,  Delille,  LeFrancdePompignan,de  Fontanes, 
aptistç  Rousseau,  Jean  et  Louis  Racine^  Pierre  Corneille. 


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DBS  HYMNBS.  20i 

nom  entre  tous  les  autres  styles,  et  qui^du  sanctuaire 
où  vibraient  ses  accents,  s'élançait  dans  la  mémoire 
du  peuple  et  s'y  gravait  à  jamais.  » 

Nous  pouvons  appliquer  ici  ce  que  M.  Le  Hir  disait 
des  hymnes  de  saint  Ephrem  :  «  Pour  sonder  la  pro- 
fondeur des  impressions  qu'elles  laissaient  dans  les 
âmes,  il  ne  suffirait  pas  de  les  lire  dans  le  texte  ori- 
ginal, d'admirer  la  vivacité  du  trait,  le  tour  ingénieux 
et  concis  de  la  phrase...  il  faudrait  surtout  les  enten- 
dre chanter.  Le  chant,  outre  l'agrément  de  la  mélodie 
et  l'attention  qu'il  captive, en  charmant  l'oreille,  donne 
à  l'esprit  le  temps  de  la  réflexion,  et,  par  suite,  s'ac- 
commode admirablement  au  demi-jour  du  trait  pres- 
que énigmatique.  Ce  qui,  dans  une  prose  rapide,  sur- 
charge l'attention  et  la  fatigue,  la  soutient,  au  contraire, 
dans  la  musique  sérieuse  et  destinée  à  l'instruction  des 
masses.  >x  (5.  Ephrem  et  la  poésie  lyrique  au  iv^  siècle. 
Étud.  relig.  mars  1868.) 

Oui,  nos  hymnes,  dans  leur  totalité,  forment  un 
monument  liturgique  de  la  plus  grande  valeur,  qui 
s'harmonise  parfaitement  avec  les  auti'ès  parties  de 
l'office:  hymnes  parfois  si  belles  de  noblesse  et  de  sim- 
plicité, d'ardeur  et  de  concision,  si  parfumées  de  l'es- 
prit de  prière,  et  qui  se  prêtent  si  bien  aux  modulations 
du  chant  populaire  i 

On  ne  saurait  méconnaître  les  rapports  qui  existent 
entre  les  hymnes  du  bréviaire  et  les  psaumes  en  par- 
ticulier ;  aussi  leurs  destinées  sont  communes  dans  le 
champ  de  l'appréciation  humaine,  admirés  ensemble 
ou  ensemble  dédaignés.  Dans  les  hymnes  comme  dans 
les  psaumes,  c'est  toujours  le  langage  d'une  âme  qui 
prie  ou  loue  le  Seigneur,  dans  la  vivacité  et  la  simpli- 
cité de  sa  foi  :  langage  nouveau,  poésie  souvent  primi- 
tive si  l'on  veut,  qui  ne  caresse  pas  l'oreille  par  la  ca- 
dence du  mètre  ou  l'harmonie  des  phrases,  mais  qui, 
à  la  manière  des  psaumes,  fait  s'épancher  le  cœur  en 


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202        LBS  ÉLÉMfilNTS  ÛBS  ËBUÉBS  GANONIALBâ. 

affections  touchantes,   avec  la  simplicité    d'un   en- 
fant. 

On  ne  prie  que  difficilement  avec  les  hymnes   de 
Santeuil,  de  Coffin,  et  même  de  Ferreri,  où  la  préoccu- 
pation de  la  forme  a  une  si  large  part  aux  dépens  de 
la  piété.  Mais  «  l'Esprit  qui  s'était  reposé  surnos  hym- 
es,  dit  D.  Guéranger,  leur  avait  ôté  toute  res- 
ce  avec  ces  piétés  humaines  qu'un  délire  pro- 
ipire.  Un  ineffable  gémissement  s'échappait 
3oitrine,  mais  si  tendre,  si  humble  et  si  doux 
lise,  qui  est  la  tourterelle  de  la  montagne,  Ta 
)ur  le  thème  des  chants  qui  consolent  son  veu- 
{Instit,  liturg,  tom.  II,  p.  121.) 
se,  en  effet,  comme  le  Psalmiste  inspiré,  ne 
\  de  recherche  et  d'emphase  dans   sa  prière; 
s  fait  parler  à  Dieu  comme  l'enfant  à  sa  mère, 
le  pauvre  qui  remercie  ou  implore,  sans  de 
formules.  De  là,    sa  prédilection  pour    ces 
sacrées,  dont  les  périodes  simples  et  concises 
ient  mieux  tout  à  la  fois  aux  élans  delà  prière 
ant  liturgique. 

quelques  exemples  de  cette  concision  et  de 
iphcité  de  période.  On  y  verra  que  les  in  ver- 
ut  généralement  exclues  et  que  presque  cha- 
s  offre  un  sens  complet,  ce  qui  donne  à  la 
hantée  un  accent  inimitable. 

Extingue  flammas  litium; 
Aufer  calorem  noxium, 
Confer  salutem  corporum, 
Veranaque  pacem  cordium. 

{Sexte.) 

Àufer  ienebraâ  mentittni) 
Fuga  catervas  daemonum, 
Ëxpelie  somaolentianij 
Ne  pigritantes  obruati 

{MtxtiiUû  du  mardi,) 


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DBS  HYMNES*  203 

Jesu,  spes  pœnitentibus, 
Quam  pius  es  petentibus  t 
Quam  bonus  tequœreaiibus! 
Sed  quid  invenientibus? 

Nec  lingua  valet  dicere, 
Nec  littera  exprimere  : 
Expertus  potest  credere 
Quid  sit  Jesum  diligere. 

Mane  nobiscum,  Domine, 
Et  nos  illustra  lumine, 
Pulsâ  mentis  caligine, 
Mundum  reple  dulcedine. 

(Saint  nom  de  Jésus.) 

0  salutaris  Hostia, 
Quae  cœli  pandis  ostium  t 
Bella  premunt  hostilia; 
Da  robur,  fer  auxilium. 

(Office  du  S.  Sacr,) 

Hostem  repfillas  longius, 
Pacemque  do  nés  protinùs; 
Ductore  sic  te  praevio, 
Vitemus  omne  noxium. 

(Venif  Creator.) 

Ave,  maris  stella, 
Dei  Mater  aima, 
Atque  semper  virgo, 
Félix,  cœli  porta. 

Sol  va  vincla  reis, 
Profer  lumen  cœcis, 
Mala  nostra  pelle, 
Bona  cunctalposce. 

(Ave  maris  Stella.) 

4«  Proposition...  Le  caractère  général  des  hymnes 
romaines  est  donc  d^ exprimer  vivement  et  avec  onction 
les  nobles  idées  et  les  beaux  sentiments  de  tordre  surna- 
turel ^mais  d^ une  manière  simple  et  sans  prétention  pro- 
sodique^ tout  en  ayant  cependant  un  rythme  véritable 
qui  le  dispute  parfois  aux  meilleures  compositions. 


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204       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES- 

"^^  caractère,  qui  ressort  évidemment  des  proposi- 
prJcédentes,  est  bien  celui  qui  convient  à  nos 
es  sacrées.  Le  rang  qu'elles  occupent  dans  la  li- 
I,  à  côté  des  psaumes  et  des  homélies  des  Pères, 
lature,  qui  en  fait  une  louange  et  une  prière 
5es,  le  demandaient  impérieusement.  Ily  a  donc 
e  beauté  d'un  ordre  à  part,  reflet  de  la  beauté 
ue,  et  que  les  odes  d'Horace  et  de  Santeuil 
lient  nous  envier.  L'esprit  et  le  cœur  y  trouvent 
ment  substantiel  et  suave,  et  souvent  un  vérita- 
saint  enthousiasme. 

;t  ce  qui  nous  explique  le  crédit  dont  les  hymnes 
nés  ont  toujours  joui  dans  l'Eglise,  à  travers  les 
i,  et  leur  maintien  dans  la  liturgie  sacrée,  mal- 
s  efforts  plusieurs  fois  renouvelés  de  leur  substi- 
m  hymnaire  nouveau. 

ju'au  XVI*  siècle,  en  efiTet,  partout  et  toujours 
Loura  d'estime  et  de  vénération  les  hymnes  am- 
nnes  et  celles  qui  leur  furent  associées  dans  le 
Elles  excitaient  l'admiration  de  saint  Augustin 
'.);  saint  Thomas,  dans  sa  Somme  théologique,  les 
^^ec  éloges,  et  Denys  le  Chartreux  nous  en  a  laissé 
5S  beau  commentaire.  Personne,  parmi  les  ordres 
mx  et  le  clergé,  n'eut  la  pensée,  pendant  plus  de 
ècles,  de  s'élever  contre  ces  hymnes  et  de  les 
ler;  l'Eglise  avait  cependant  alors  des  génies 
son  sein. 

s  vint  le  siècle  de  Léon  X  et  de  la  Renaissance, 
prits  se  tournaient  vers  l'art  antique  et  païen, 
le  seul  idéal  des  lettres  et  des  beaux-arts  ; 
ymnes  parurent  bientôt  d'une  simplicité  cho- 
e  à  ces  admii*ateurs  exclusifs  des  poètes  profanes. 
;a  d'abord  les  infractions  prosodiques,  et  tel  fut 
d*un  ouvrage,  paru  sous  le  nom  de  Wimpheling, 
13,  et  ayant  pour  iiire:Hi/mni  de  tempore  et  de 
i..,  secundutn  legem  carminis  diligenter  emen-^ 


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DBS  HYMNES.  205 

dati  K  Mais  bientôt  on  ne  voulut  plus  de  ces  hym- 
nes anciennes  ;  Léon  X,  cédant  à  son  goût  person- 
nel et  à  celui  qiii  était  alors  généralement  répandu, 
conçut  le  projet  d'un  hymnaire  nouveau  pour  le 
bréviaire  romain  '.  L*évêque  Ferreri  de  Vicence 
fut  chargé  de  le  composer.  Clément  VIT,  grand  ama- 
teur aussi  de  Tingénieuse  antiquité,  l'approuva  en 
1523,et,sans  le  prescrire, en  permit  l'usage.  Mais  Tœu- 
vre  de  Ferreri  dut  bientôt  le  céder  aux  hymnes  an- 
ciennes qui  avaient  pour  elles  l'approbation  des  siè- 
cles, et  on  n'en  parla  plus.  «On  trouve  dans  les  com- 
positions de  Ferreri,  dit  D.  Guéranger,  toutes  les  ima- 
ges et  toutes  les  allusions  aux  croyances  et  aux  usages 
païens  qu'on  pourrait  rencontrer  dans  Horace.  Toute- 
fois, pour,  être  juste,  il  faut  dire  aussi  que  plusieurs 
de  ces  hymnes  sont  simples  et  belles...,  en  dépit  delà 
forme  trop  servilement  imitée  des  œuvres  d'une  litté- 
rature païenne...  ;  elles  sont'certainement  préférables  à 
la  plupartde  celles  qui  ornent  les  modernes  bréviaires 
de  France,   et,    parce  quelles    sont  au  fond  l'œuvre 

i.  Wimpheling,  prêtre  du  diocèse  de  Spire,  au  commen- 
cement du  XVI®  siècle,  est  l'auteur  d'un  poème  intitulé  :  De  Lau- 
dibus  et  cœremoniis  Ecclesiœ,  et  d'un  traité  sur  les  auteurs  des 
hymmes  et  des  séquences. 

2.  LéonX  (1475-1521)  de  l'illustre  famille  des  Médicis,  eut  le 
premier  la  pensée  de  réformer  la  liturgie  dans  ce  qu'elle  pou- 
vait avoir  alors  de  défectueux,  réforme  que  Saint  Pie  V  et  ses 
successeurs,  sous  l'impulsion  du  Concile  de  Trente,  menèrent  à 
si  bonne  fin.  Mais  le  moment  n'était  pas  favorable.  L'engoué- 
ment  de  l'époque  pour  la  littérature  profane  et  les  classiques  an* 
ciens,  [qui  régnait  aussi  à  la  cour  du  Pontife  lettré,  devait 
fausser  le  sens  de  ces  premiers  essais  de  réforme.  Les  poètes  et 
les  prosateurs  délicats,  qui  entouraient  Léon  X,  pensèrent,  en 
effet,  qu'il  fallait  avant  tout  et  surtout  substituer  aux  formules 
vieillies  du  latin  liturgique  les  formes  de  l'élégance  païenne,  et 
l'Aymnaire  ancien  fut  sacrifié  dans  leurs  délibérations,  approu- 
vées par  le  Pontife.  Ferreri  de  Vicence,  comme  nous  Pavons  dit, 
fut  chargé  de  l'bjmnaire  nouveau,  dont  Léon  X  ne  vit  pas  le 
couronnement. 

T.  II,  ii 


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iM       LfiS  ËLtMBNTS  bBS  ËEtiAËS  GANONIALËâ. 

d'une  inspiration  forte  et  pure,  qui  se  reconnaît  en- 
core à  travers  le  masque  de  la  diction  classique,  et  sur- 
tout parce  qu'elles  ont  été  approuvées  par  le  Saint- 
Siège  qui,  s'il  a  plus  tard  révoqué  cette  sanction,  ne 
l'eût  du  moins  jamais  donnée  si  ces  hymnes  n'eus- 
sent renfermé  une  doctrine  pure.  »  {Inst.  liturg. 
1. 1,  p.  370.) 

Sous  le  pontificat  de  Paul  III,  on  tenta  de  nouveaux 
efforts,  et  plusieurs  hymnaires  parurent;  entre  autres 
ceux  de  Nicolas  Archius  et  de  Laurent  Frizzolius  *; 
mais  ce  fut  en  vain,  et  les  hymnes  romaines  ne  pu- 
rent être  dépossédées  de  leur  place  dans  la  liturgie. 
Saint  Pie  V,  qui  révisa  le  Bréviaire  romain,  ne  voulut 
pas  toucher  aux  hymnes.  Clément  VIII  l'imita,  et  ne 
fit  qu'en  introduire  quelques  nouvelles. 

Urbain  VllI  était  monté  sur  le  trône  pontifical. 
Poète  distingué  et  déjà  connu  par  plusieurs  beaux 
poèmes,  il  devait,  ce  semt)le,  couronner  la  réforme 
tentée  par  Léon  X,  si  elle  était  si  urgente  qu'a  voulu 
le  dire  une  certaine  école.  Or  le  savant  Pontife  voulut 
seulement  corriger  les  hymnes  du  bréviaire  et  non 
les  remplacer  par  d'autres.  Ce  travail  fut  confié  aux 
Pères  Jésuites  Strada,  Galluzi  et  Petrucci,  et  la  révi- 
sion, promulguée  par  le  bref  Divinam  psalmodiam 
du  25  janvier  1630,  «acte  de  condescendance,  plutôt 
qu'une  œuvre  de  nécessité,  dit  Mgr.  de  Gonny;  Ur- 
bain VIII  voulut  accorder  quelque  chose  aux  faiblesses 

1.  Paul  ni,  pape  de  1834  à  1840,  approuva  le  bréviaire  si  abrégé 
du  cardinal  Quignonez»  doût  nous  avoas  parlé  au  commence- 
ment de  ce  volume,  et  qui,  après  40  ans  seulement  d'existence, 
l'ut  aboli  par  la  réforme  de  Saint  Pie  V.  Le  pontife,  dans  son 
approbation,  ne  le  prescrivait  pas  ;  il  ne  faisdit  que  le  permet- 
tre aux  clercs  séculiers,  et  encore  tallait-il  le  demander  expres- 
sément au  Saint-Siège.  Paul  III  ne  regardait  donc  ce  bréviaire 
que  comme  une  transition  entre  le  bréviaire  ancien,  dont  les  offices 
pouvaient  être  onéreux  par  trop  de  longueur,  et  une  réforme 
plus  parfaite  qui,  du  reste,  ne  se  ût  pas  attendre. 


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DES  HYMNES.  207 

littéraires  des  temps  qui  ont  suivi  la  Renaissance.  » 
{Liturgie  Lyonnaise,)  Aussi  le  Pontife  ne  pressa-t-il 
pas  l'exécution  de  son  Bref,  sur  ce  qui  regardait  les 
hymnes  corrigées,  dont  le  fond,  du  reste,  n'était  pas 
modifié,  ni  le  cachet  antique  notablement  altéré. 
D.  Guéranger  nous  apprend  ce  qu'il  advint  de  cette  ré- 
vision :  «  Il  fut  impossible,  dit-il,  d'établir  l'usage  des 
hymnes  corrigées  dans  la  basilique  de  Saint-Pierre, 
mais  elles  s'étendirent  rapidement  dans  les  autres 
Églises  de  Rome,  d'Italie,  et  même  de  la  chrétienté, 
hors  en  France.  Ceux  de  nos  diocèses  qui  suivaient  le 
Romain  pur  préférèrent,  en  général,  garder  les  an- 
ciennes.'On  rencontre  peu  d'éditions  du  bréviaireavant 
1789,  dans  lesquelles  les  nouvelles  se  trouvent;  en- 
core, le  plus  souvent,  sont-elles  renvoyées  à  la  fin,  en 
manière  d*appendice.  Au  contraii^,  les  éditions  pu- 
bliées depuis  douze  ou  quinze  ans  ont,  presque  tou- 
tes, reproduit  uniquement  les  hymnes  corrigées. 
Quant  aux  ordres  religieux,  ceux  qui  sont  astreints  au 
bréviaire  romain  embrassèrent  les  nouvelles  hymnes, 
excepté  toutefois  les  Franciscains  des  provinces  de 
France.  Les  ordres  et  congrégations  monastiques 
gardèrent  les  anciennes.  La  congrégation  de  Saint- 
Maur  est  la  seule  qui,  après  diverses  variations,  ait 
enfin  adopté  définitivement  lacorrection  d'Urbain  VIII. 
Aujourd'hui  encore,  dans  Rome,  les  Bénédictins  du 
Mont-Cassin,  les  Cisterciens,  les  Chartreux,  etc.,  chan- 
tent les  anciennes  hymnes  :  elles  sont  également  res- 
tées en  usage  dans  le  bréviaire  dominicain.  »  [Instit.  Li- 
turg,)  Tout  ceci  est  en  faveur  de  nos  hymnes,  dont  on  re- 
connaissait ainsi  le  mérite,  la  beauté,  et  ce  caractère  à 
part  qui,  parmi  tous  les  poèmes  du  genre,  en  a  fait 
une  prière  vraiment  liturgique  et  populaire. 

Vers  le  milieu  du  xvu®  siècle,  nos  hymnes  parta- 
gèrent le  sort  de  la  liturgie  romaine  dans  plusieurs 
diocèses  de  France,  et  disparurent  avec  elle.  Les  poè- 


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208        LES  ÉLÉMENTS  DES  HEUBES  CANONIALES. 

tes  contemporains  durent  composer  un  hymnaire 
pour  les  nouveaux  bréviaires  gallicans,  notamment 
pour  ceux  de  Paris  et  de  Rouen.  Ce  furent  surtout  Jean 
Santeuil,  Claude  son  frère,  et  Coffin.  Mais  le  xix®  siè- 
cle a  vu  disparaître  à  leur  tour  ces  hymnes  avec  ces 
bréviaires,  et  les  anciennes  ont  repris  partout  leur 
place  dans  le  culte  sacré,  avec  l'unité  liturgique.  Si 
les  hymnes  modernes  avaient  eu  cette  supériorité  que 
des  esprits  prévenus  se  plaisent  à  exalter  encore,  l'E- 
glise aurait  certainement  puisé  à  ce  fécond  répertoire. 
Elle  ne  l'a  point  fait.  Une  fois  tout  au  plus,  elle  a 
poussé  la  condescendance  jusqu'à  faire  l'essai,  bientôt 
abandonné,  de  ces  recueils.  L'Eglise  a  donc  pensé 
que  son  hymnaire  ancien  était  préférable  à  tous  les 
nouveaux.  On  né  dira  pas  qu'elle  a  manqué,  pour  ce 
jugement,  d'hommes  intelligents  et  sages.  Aussi,  tandis 
que  nos  hymnes  romaines  ont  captivé  les  esprits  et 
inspiré  de  nombreux  et  savants  commentaires,  «  il 
n'est  venu  à  l'esprit  de  personne,  dit  l'abbé  Pimont, 
de  s'appliquer  sérieusement  à  l'interprétation  de 
ces  productions  faciles,  où  le  vers  horatien  se  joue 
plus  ou  moins  élégamment,  sans  doute,  mais  qui 
demeurent  généralement  fermées  aux  larges  et  pro- 
fonds horizons  du  mysticisme,'et  dan  s  lesquelles  l'âme, 
qui  vise  Dieu  d'abord  et  qui  se  hâte  avant  tout  d'al- 
ler à  lui,  se  trouve  le  plus  souvent  attardée  par  un  vain 
luxe  de  mots  qui  l'embarrassent  toujours,  quand  ils 
ne  l'amusent  pas.  Notre  vieil  hymnaire,  au  contraire, 
où,  sous  l'écorce  d'une  diction  qui  déconcerte  quelque- 
fois par  son  étonnante  simplicité,  on  sent  circuler  la 
sève  divinedes  Ecritures,  et  où  si  souvent  dans  un  seul 
mot  se  condensent  tant  de  choses  à  la  fois  pour  l'esprit 
et  surtout  pour  le  cœur,  est,  sans  contredit,  après  le 
Psautier,  le  recueil  liturgique  dont  les  commentateurs 
se  sont  le  plus  occupés,  non  seulement  parmi  nous, 
mais  chez  les  dissidents  eux-mêmes.  (T.  I,  Introd.) 


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DBS  HYMNES.  209 

Ces  lignes  résument  admirablement  tout  ce  que  nous 
avons  dit  sur  le  caractère  gérïérâl  des  hymnes  romai- 
nes, et  nous  amènent  à  faire  connaître  maintenant  les 
auteurs  et  les  commentateurs  de  ces  hymnes. 

N<>  8.  Les  auteurs  et  les  commentateurs  des  hymnes 
romaines* 

I.  —  Les  Auteurs. 
A  l'exemple  de  Gavantus,  nous  suivrons  Tordre  al- 
phabétique des  hymnes,  indiquant  l'auteur  de  cha- 
cune, ou  du  moins  le  siècle  où  elle  fut  composée. 

Hymnes.  Offices.  Antenrs  ou  siècles. 

Adregias  Agni  dapes,  Dim.  in  Albis.  S.  Ambroise^  m  397. 

JBtemaChristimunera,  Otî.  des  Apôtres,  id. diaprés D.Ceilier. 

JBternacœli  glona.  Fer.  VI  à  laudes.  S.Ambroise.* 

JBteme  Rectorsiderum.  Anges  gardiens.  Bellarmin,  m.  1621. 

JSternererumConditor,  Dim.  à  Laud.  S.  Ambroise. 

JSlet^ne  Reoi  altissime.  Ascension.  S.  Ambroise. 

Aies  dieinuntius.  Fer.  III  à  Laud.  Prudence,  m.  413. 

AHo  ex  Olympi  vertice.  Dédicace.  DU  ix«  au  xv^siècle. 

Antra    deserti   teneris  S.Jean-Bapt.  Paul,    diacre    d'A- 
sub  annis.  quilée,  m.  774  * . 

A  solis  ortûs  cardine,  Noël.  Sedulius,  m.  430*. 

AspicCf  infami  Deus.  Off.  de  la  Passion.  xvii«  ou  zviii«  siècle. 

Aspice  ut  Verbum.  Agonie  de  N.  S.  idem. 

Athleta  ChristU  S.  Venant.  id, 

Atictor  béate  sœculù  Sacré-Cœur.  id. 

1.  Paul,  diacre  d'Aquilée,  et  moine  du  Mont-Gassin,  mort  en 
801,  est  surtout  connu  par  son  Histoire  des  Lombards,  Didier, 
dernier  roi  de  ce  peuple,  en  ût  son  secrétaire,  et  Charlemagne 
l'appela  à  sa  cour,  puis  à  Metz,  pour  j  fonder  des  écoles.  Nous 
le  citons  ici  à  cause  de  l'hymne  Ut  queant  laxis^  dont  il  est 
Fauteur,  et  que  l'Eglise  a  divisée  en  trois  parties  pour  l'office 
de  S.  Jean-Baptiste,  et  à  cause  aussi  d'un  Homiliaire,  ou  recueil 
d'flomélies  des  Pères,  qu'il  rédigea  pour  les  offices  divins. 

2.  Sedulius,  prêtre  et  poète  chrétien  du  v®  siècle,  n'est  guère 
connu  que  par  son  poème  latin  de  la  Vie  de  Jésus-Christ ,  inti- 
tulé Paschale  carmen.  Une  des  h;ymnes  de  Noél  :  A  solis  ortùs 
cardine.  et  une  autre  de  lÉpiphanie  :  Cmdelis  Herodes,  sont  de 
lui,  ainsi  que  l'introït  de  la  messe  de  Beatâ  :  Sulve^  sancta  Pa- 
renSf  et  l'antienne  de  Noël  :  Qenuit  puerpera  Regem, 

T.  JU  12* 


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2i0       LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

HjiDBM.  Offieet.  Antean  oaûèelM. 

AudiybenigneConditor,  Carême.  S.Grég.le  Gr.m.  604. 

Audipreeor.  Réf.  des  pécheurs.  S.Bernard,  m.  il53. 

Audit  tyrannus.  SS.  Inaocents.         Prudence,  m.  413. 

Aurora  cœlum  purpu^  Dim.  ap.  Pâques.    S.  Anibroise,m.  397. 

rat. 
Aurora    jam    spargit  Samedi  à  Laud.  idem. 

polum. 
Ave,  maris  Stella,         Off.de  la  S*  Vierge,  S.Bernard  ^ 


Beata  nobis  gaudia. 
Béate  Pastcry  Peire, 


Pentecôte.  S.Hilaire,  m.  367  *. 

S.  Pierre  aux  liens.  Elpis,  femme    de 
Boéce,  m.  524. 


Christe,  sanctorum  de- 

eus. 
Christo  profusum  son- 

guinem. 
Cœlestis  Agni  nuptias. 

Cœlestisurbs  Jérusalem, 
Cœli  Deus  sanctissime. 
C<Blitum,Josephy  decus, 
Consors  Patemi  lumi- 

nis. 
Corpus  domas  jejuniis, 
Creator  aima  àiaerum. 
Crudelis  Herodes. 
Custodes  hominum. 


SS.  MichelyGabriel, 
Raphaël. 
Martyrs. 

Ste  Julienne  de  Fal- 
conieri. 
Dédicace. 
Fer.  IVàVôpres. 
S.  Joseph. 
Fer.  lU  à  Matines. 

S.  Jean  de  Kentj. 
Avent. 
Epiphanie. 
Anges  Gardiens. 


Raban  Maur,  m.856. 

S.  Ambroise. 

Laurentini,m.  4719. 

Du  «•  au  XV*  siècle. 
S.  Ambroise. 
xvu*  ou  xvni*  siècle. 
S.  Ambroise. 

xviii«  siècle. 
S.  Ambroise. 
Sedulius,  m.  430. 
Bellarmin,  m.  1621. 


1.  Le  savant  François  Goster,  jésuite  de  Malines,  m.  en  1619, 
attribue,  en  effet,  cette  hymne  au  saint  abbé  de  Clairvaux. 

2.  Georges  Cassander  et  Grégoire  Fabricius  donnent  à  cette 
hymne  saint  Hilaire  pour  auteur.  Le  premier,  docteur  fla- 
mand (1515-1560)  combattit  avec  zèle,  mais  pas  toujours  avec 
les  principes  d'une  pure  orthodoxie,lcs  nouveautés  de  la  réforme. 
Nous  avons  de  lui  un  savant  recueil  de  passages  des  auteurs 
ecclésiastiques  sur  toutes  les  parties  de  la  messe, intitulé:  Litar- 
gia  deRitu  et  ordine  dominicaBcœnœcelebrandœexvariisscriptori' 
bus.  Il  uous  a  laissé  deux  autres  recueils  liturgiques  moins 
importants,  l'un  composé  d'Hymnes  et  l'autre  de  Collectes  ou 
Oraisons. 


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Hymnes* 

Décora  lux  aetemitatis. 


DBS  HYMNES. 
OfSces. 

SS.Pierre  et  Paul. 


Deus  tuorum  militum.     Com.d'un  martyr. 
Domare  cordis  impetùs,  Ste  Elisabeth. 
Lum  nocte  pukâ  Luci-  S.  Venant. 
fer. 


Eccejam  noctis, 
Egregie  Doctory  Paule, 


Dim.  à  laudes. 
S.  Paul. 


En  Clara  vox  redarguit  Avent. 
En  ut  superba.  Sacré-Caeur. 

Exite  Sion  filise.  Couronne  d'épines. 

Ex  more  docti  mystico,  Dim.  à  Matin. 
Exultet  orbis.  Les  apôtres. 


Festivis  resonent. 
Fortem  virili  pectore. 


Précieux  Sang. 
Stes  femmes. 


Gloriamsacrœsindonis,  Linceul  de  N.  S. 

Hœc  est  dies,  Ste  Thérèse. 

Eominis  supeme  Con-  Fer.  IV  à  vêpres. 

ditor. 
Immense  cœliConditor,    Fer.  Il  à  Vêpres. 
Invicte  Martyr.  D'un  martyr. 


2H 

Antenrs  on  sièdet. 

Elpis ,     femme    de 
Boêce,  m.  524. 
S.  Ambroise,  m.  397. 
Urbain  VIlI,m.i 644. 
XVII* ou  XVI 11®  siècle, 


S.Grég.leGr.m.604. 
Elpis ,    femme    de 
Boêce. 

S.  Ambroise. 
xvii«ou  XVIII®  siècle. 

idem. 
S.Grég.leGr.m.640. 
Du  ix«  au  x«  siècle. 

XVII*  ou  XVIII*»  siècle. 
Sylvio  Ântoniani,m. 
i603*. 
xvii«ouxviii«siècle. 

Urbain  VIIL 
S.  Ambroise. 

S.  Ambroise. 

Du  IX®  au  xv«  siècle. 


1.  Le  cardinal  Antoniano  Sylvio  (1540-1603)  se  lit  remarquer 
dès  son  enfance  par  un  grand  talent  poétique.  A  dix  ans,  il  faisait 
des  vers  impromptus  sur  tous  les  sujets  proposés.  Le  fait  suivant, 
aussi  gracieux  que  singulier,  décida  de  sa  fortune.  Dans  une 
réunion  où  se  trouvaient  plusieurs  cardinaux,  on  donna  à 
l'enfant  un  bouquet  pour  l'offrir  à  celui  qui  serait  pape  un 
jour,  et  l'enfant  le  présenta  au  cardinal  de  Médicis,  avec  un 
éloge  en  vers  improvisés.  L'*on  X  se  souvint  plus  tard  de  la 
coïncidence,  et  nomma  Antoniano  professeur  au  Collège  ro- 
main. Pie  V  le  lit  secrétaire  du  Sacré  Collège,  et  Clément  VIII 
l'honora  de  la  pourpre.  Il  fut  un  des  sept  membres  de  la  com- 
mission à  qui  le  Pontife  confia  une  nouvelle  révision  du  bré- 
viaire et  du  missel  romains,  et  mourut  à  l'âge  de  63  ans, 
recommandabie  par  toutes  les  vsrtua  qui  font  l'ornement  du 
sacerdoce. 


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242       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 


Hjmne* . 

Irajusta  Conditoris, 
Jste  Confessor. 
Iste  quem  lœti, 

Jam  Christus  astra  as- 

eenderat. 
Jam  lucis  orto  sidère. 
Jam  sol  recedU  igneus. 
Jesui  corona  celsior. 
Jesu,  corona  Virginum, 
Jesu,  decus  angelicum. 
Jesu,  dulcis  amor  meus, 
Jesu^  dukis  memoria. 
JesUjRedempt,  omnium, 
Jesu  Redempt.  omnium, 
JesUf  Rex  admirabilis. 

Legis  figuris, 

Lucis  Creqtor  optime. 


Offices.  JkatearsoQ  lièdet* 

Précieux  sang.  xvii«ouxviii«siècle. 
Gomm.desConfes.  Du  ix«au  xv»  siècle. 
S.Joseph.  XVI  i«ou  XV  m®  siècle. 


Pentecôte. 

Prime. 

Trin.etSam.àvêpr. 
Gonf.  noQ  Pont. 
Com.des  Vierges. 
S.  Nom  de  Jésus. 
Linceul  de  N.S. 
S.  Nom  de  Jésus. 
Conf.  Pontife. 
Noël. 
S.  Nom  de  Jésus. 

Couronnes  d'ép. 
Dim.  à  vêpres. 


Lustra    sex   qui    jam  Passion. 

peregiL 
Lux  aima,  Jesu^  men»  Transôguration. 

tium. 
Lux  ecce  surgit  aurea.    Fer.  V  à  laud. 
Lux  0  décora  patriœ.    SS.GyrilleetMéthode 


Magnœ  Deus  potentiœ. 
Maria  castis  osculis. 


Fer.  V  à  vêpres. 
Ste  Madeleine. 


Martinx  celebri.  Ste  Martine. 

Martyr  Dei  Venantius,  S.  Venant. 
Mémento  rerum  Condit,  Petit  oif.de  la  Ste  V. 
Miris  modis  repente,      S.  Pierre -ès-liens. 


Mœrentes  oculis. 
Mysterium  mirabile. 


Passion. 
Linceul  de  N.  S. 


S.Ambroise,m.397. 

idem. 

id. 

id. 

id. 
S.  Bernard,  m. li 53. 
xvii®  ou  xviii»  sièc. 
S.  Bernard. 
IX®  au  XV*  siècle. 
S.  Ambroise. 
S.  Bernard. 

XVII®  ou  xviii®  sièc. 
S.  Grég.   le  Grand, 

m.  604. 
Claudien  Mamert 

m.  462. 
Urbain  VIlI,m.  1644. 

Prudence,  m.  413. 
Léon  XUL 

S.  Ambroise. 
S.  Odon  de  Gluny,  m. 
942  « . 

Urbain  VIÎI. 
XVII®  ou  XVIII®  sièc. 
S.  Ambroise. 
S.  Paulin  d'Aquilée, 
m.  804  «. 

XVII®  ou  xviii®  sièc. 
id. 


1.  S.  Odon  (879-942),  second  abbé  de  Gluoy,  et  l'arbitre  des 
princes  de  l'Eglise  et  des  rois,  composa  aussi  des  hymnes  et 
des  antiennes  en  l'honneur  de  saint  Martin,  dans  la  cathédrale 
duquel  il  était  chanoine  avant  d'avoir  pris  l'habit  monastique. 

2.  S.  Paulin,  patriarche  d'Aquilée,  en  777,  que  Gharlema- 
gne  appelait  MiJkitre  de  grammaire  et  très  vénérable^  a  composé 
plusieurs  hymnes  en  grands  iambiqueSé 


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DBS  HYMNES. 


213 


Hyant». 

Nocte  surgentes, 
Nox^  atra  rerum. 
Nox  et  tenebrx. 


OffiOM 

Dim.  à  matines. 
Fer.  V  à  matines 
Fer.  IV  à  laud. 


JNunCy  Sancte  nobis  SpU  Tierce. 
ritus. 


Antenrt  ou  aièclM. 

S.Grég.leGr.m.604. 
S.  Ambroise,  m.  397. 
Prudence,  m.  413. 
S.  Ambroise. 


O  glmosa  Virginum. 

O  nimis  feiix, 

Opus  decusque, 

O  quoi  undis, 

O  singularis  femina. 


Petit  Off.  de  la  Ste  S.  Fortunat  de  Poi- 


Vierge. 
S.  Jean-Baptiste. 

Ste  EUnabeUi. 
N.D.des7  Douleurs. 
Réf.  des  pécheurs. 


O  sola  magnarum  tir-  Epiphanie 

hium, 
O  sol  salutis. 
O  Stella  Jacob, 


Laudes  du  carême. 
Pureté  de  Marie. 


Pange  lingua.,»  Corpo- 

ris. 
Pange  Ungua, .  lauream. 

Peuchale  mundo  gaud, 
Pater  supemi  luminis. 

Placarey  Christe,  servuL 
Prxclara  custos  Virgi- 
num. 
Primo  die  quo  Trinitas, 


SS.  Sacrement. 

Temps  de  la  Pas- 
sion. 
Apôt.  Temps  pasc. 
Ste  Madeleine. 

Toussaint. 
Imm.    Concep.  et 
Pureté  de  Marie. 
Dim.  à  matines. 


tiers,  m.  600. 
Paul  d'Aquilée,  m. 

774. 
Urbain  VIII,m.l644. 
xvii«ouxviii«siècle. 
S.  Pierre    Damien, 

m.  1073. 
Prudence. 

ix«  au  XV*  siècle. 
XVI 1"  ou  XVIII®  sièc. 

S.  Thomas  d'Aquin, 

m.  4274. 
Claudien     Mamert, 

m.  473  *. 
S.  Ambroise. 
S.  Odon  de   Cluny. 

m.  942. 
Raban  Maur,  m.847. 
XVII"  ou  xviii®  sièc. 

S.Grég.leGr.  ». 


1.  Jusqu'au  xvii«  siècle/ on  attribuait  cette  hymne  à  saint 
Fortunat  de  Poitiers;  mais,  depuis,  les  critiques  les  plus  auto- 
risés, et  pour  d'excellentes  raisons  qu^on  peut  lire  dans  une 
note  savante  de  l'abbé  Pimont  {Fascic.  III.  p.  70),  lui  ont  donné 
comme  auteur  Claudien  Mamert,  mort  en  473.  C'était  un  prêtre  de 
Vienne,  frère  de  saint  Mamert,  évoque  de  la  même  ville,  et  l'un 
des  homines  les  plus  savants  de  son  temps.  Il  mit  en  ordre  un 
recueil  d^e  psaumes  et  de  leçons  à  l'usage  de  l'Église  de  Vienne^ 
et  composa  plusieurs  hymnes,  pçirmi  lesquelles  le  Pan^e,  linguaj 
gloriosif  de  la  Passion. 

2.  D.  Guéranger  l'attribue  à  saint  Ambroise,  contrairement 
à  l'opidion  commune. 


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ti4       LES  ÉLtMENTS  DBS  BBURES  CANONIALES. 


HfniMt.                        OffieM. 

Ànteon  oa  tièeiei. 

Quwnam  lingua.             Ste  Lance. 

xvii«  ou  xviiie  sièc. 

Quemterray  porUus.       Petit  Off.  de  la  Ste  S.  Fortunat  de  Poi- 

Vierge. 

tiers,  m.  600. 

ftie  certvm.        Sacré  Cœur. 

xvn«  ou  xvm«  sièc. 

fue     Christum  Transfiguration. 

tis. 

nque  in  orbe,      S.  Pierre  aux  liens. 

Prudence,  m.  4^3. 

S.  Paulin  d'AquiJée, 

m.  804. 

)oten$.               Sexte. 

S.Ambroise,m.  397. 

olio.                  S.  Hermenegilde. 

Urbain  VUl,m.  4644. 

iperni.                Ste  Thérèse. 

Urbain  VIÏI. 

>eator  optime.    Fer.  III  à  matines. 

S.  Ambroise. 

Deus,    tenax  None. 

idem. 

'iosemartyrum,  Com.  des  Martyrs 

S.Grég.Ie  Gr.m.604. 

pUerneeœlitum,  Dim.  à  matines. 

S.  Ambroise. 

m  ChristL          N.  D.  AuxiJialrice. 

xix«  siècle. 

ilorum  turbine.   Passion. 

xvn«  ou  xvin«  siècle. 

olemniis.            SS.  Sacrement. 

S.  Thomas  d'Aquin, 

m.  i274. 

œiemaB  dator,     Toussaint. 

RabanMaur,m.847. 

humansB  sator.    Ascension. 

S.  Ambroise. 

fChristivulnera,  Précieux  Sang. 

XVII*  ou  xviii»  siècle. 

,  Clavi  et Laneea,  Ste  Lance. 

idem. 

,  flores    MoTty-  SS.  Innocents. 

Prudence. 

Maier    Utud  Compassion. 

Jacopone   de   Todi, 

m.  4306*. 

I  B.  Jacques  de  Benedictis,  plus  connu  sous  le  nom  de 
ae  de  Todi,  poète  italien,  mort  en  4306,  était  l'ami  et  le 
iporain  de  Dante.  IlsedonnatoutàDieuaprèslamort  tra- 
ie son  épouse,  et  entra  dans  l'ordre  des  frères  mineurs, 
n  lui  a  consacré  dans  ses  œuvres  (Tom.  V)  la  page  sui- 

opone,  entrant  dans  le  cloître,  le  trouvait  déjà  tout  reten- 
des cantiques  de  saint  Bonaventure  et  de  saint  François; 
n'étonne  donc  plus  qu'il  les  ait  continués,  surpassés,  et 
converti,  abîmé  dans  les  prières  et  dans  les  jeûnes,  y 
iivé  des  vers  immortels. 

vait  à  choisir  entre  les  exemples  de  ses  deux  maîtres,  en- 
chants  italiens  de  saint  François  et  les  séquences  latines 
it  Bonaventure.  La  séquence,  en  vers  syllabiqur  '  rimes, 


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DES  HYMNES.  215 

Hymnes.  Offices.  Autenn  oa  sitelet* 

Sedibus  cœlinitidis  re-  SS.  Cyrille  et  Mé-  Léon  XIII. 

ceptos.  thode. 

Somnorefectis  artubus.  Fer.  II  à  matines.  S.Ambrobe,m.397. 
Splendor  paterme  gUh  Fer.  II  à  laudes.  idem. 

riœ, 
Stabat  Mater,  Compassion.  Jacopone    de  Todi. 

m.  1306. 
SummœDeusclementiœ,  N.D.des  7  Douleurs.  xvii«ou  xviiPsièc. 
Summw  parms,  Trinité   et  Samedi  S.Ambroise,m.397. 

à  matines. 
Summi  Parentis  Filio.    Sacré-Cœur.  xvii»  ou  xviii*  sièc. 

Summi  Parentis  unice.  Ste  Madeleine.         S.   Odon  de  Cluny, 

m.  942. 
Te,  Redemptoris.  N.  D.  auxiliatrice.    xix«  siècle. 

Te,  Joseph,  célèbrent,     S.  Joseph.  xvii*  ou  xyiii»  siècle. 

Telluris  aime  Conditor,  Fer.  III  à  vêpres.      S.  Âmbroise. 
Te  luds  ante  terminum,  Complies.  idem. 

Te^MateralmaNuminis,  Maternité  de  Marie,  xvii*  ou  xviii«  siècle. 

plaisait  aux  oreilles  du  peuple  par  une  cadence  plus  saisissable 
que  la  prosodie  savante  des  anciens.  Introduite  dans  l'Église  dès 
le  temps  de  saint  Augustin,  cultivée  dans  les  écoles  du  moyen- 
âge,  elle  venait  d'atteindre,  au  xiii°  siècle,  le  plus  beau 
moment  de  sa  floraison.  Saint  Thomas  avait  écrit  ses  admira- 
bles proses  pour  la  fête  du  SS.  Sacrement,  et  le  Dies  irXy  qu'on 
attribuait  au  pape  Innocent  III,  faisait  gronder  ses  strophes  me- 
naçantes sous  la  voûte  des  églises.  Jacopone  y  fit  gémir  la  Vierge 
désolée,  et  composa  le  Stabat  Mater  dolorosa. 

•  La  liturgie  catholique  n'a  rien  de  plus  touchant  que  cette  com- 
plainte si  triste,  dont  les  strophes  monotones  tombent  comme 
des  larmes  ;  si  douce,  qu'on  j  reconnaît  bien  une  douleur  toute 
divine  et  consolée  par  les  anges;  si  simple  enfin,  dans  son  latin 
populaire,  que  les  femmes  et  les  enfants  en  comprennent  la 
moitié  par  les  mots,  l'autre  moitié  par  le  chant  et  par  le  cœur. 
Cette  œuvre  incomparable  suffirait  à  la  gloire  de  Jacopone  mais, 
en  même  temps  que  le  Stabat  du  Calvaire,  il  av&it  voulu  compo- 
ser le  Stabat  de  la  crèche,  où  paraissait  la  vierge  Mère  dans  toute 
la  joie  de  l'enfantement.  Il  l'écrivit  sur  les  mêmes  mesures  et 
les  mêmes  rimes;  tellement  qu'on  pourrait  douter  un  moment 
quel  fut  le  premier,  du  chaot  de  douleur  ou  du  chant  d'allé- 
gresse. Cependant  la  postérité  a  fait  un  choix  entre  ces  deux 
perles  semblables  ;  et,  tandis  qu'elle  conservait  l'une  avec  amour 
elle  laissait  l'autre  enfouie.  Je  crois  le  Stabat  Mater  speeiosa 


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2i6        LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HBURES  CANONIALES. 


Te  splendor  et  virtus, 
Tibij  Christs,  splendor. 
Tinctam  ergo  Christi, 
Tristes  erant  Apostolû 

Tu  natale  solum. 
Tu  Trinitatis  unitas. 

Ut  queant  Iaxis. 


Offices. 

S.  Michel.,  . 
S.  RaphaêL 
Ste  Lance. 


Antears  on  siècles. 

Raban  Maur,  m.  847. 

idem, 
xvu"  ou  xviii*  siècle. 


Ck>ni.    des  Apôtres  S.AinbFoiseyin.397. 
dans  le  T.  Pascal. 

Ste  Martine.  Urbain  Vni,m.  1644. 

Fer.  VI  à  matines.  S.  Ambroise. 


S.  Jean-Bapt. 


Veniy  Creator  Spiritus.  Pentecôte. 
Venit  e  cœlo.  Agonie  de  N.  S. 

Yerbum  supemum  pro'  Avent. 

diens. 
Verbum  supernum  pro-  SS.  Sacrement. 

diens. 


Paul,diac.d*Aquilée9 
m.  774. 

Charlemagne,  814. 
XVII®  ou  via*  siècle. 
S.  Ambroise. 

S.  Thomas  d'Aquin, 
,  m.  1274. 


encore  inédit;  et,  quand  j'essaie  d'en  traduire  quelques  strophes 
je  sens  s'échapper  l'intraduisible  charme  de  la  langue,  de  la 
mélodie,  et  de  la  naïveté  antique:*  Elle  était  debout,  la  gracieuse 
»  Mère,  auprès  de  la  paille,  elle  se  tenait  joyeuse,  tandis  que 
•  gisait  son  enfant.  —  Son  âme  réjouie,  tressaillante  et  tout 
»  embrasée,  était  traversée  d'un  rajon  d'allégresse.  —  Quel  est 
»  l'homme  qui  ne  se  réjouirait  pas,  s'il  voyait  la  Mère  du  Christ 
â  dans  UQ  si  doux  passe-temps  ?  —  Qui  pourrait  ne  point  par- 
â  tager  sa  félicité,  s'il  contemplait  la  mèredu  Christ  jouant  avec 
B  son  jeune  Fils  ?  —  Pour  les  péchés  de  sa  nation,  elle  vit  le 
B  Christ  au  milieu  des  bêtes,  et  livré  â  la  froidure. .—  Elle  vit 
B  le  Christ,  son  doux  enfaut,  vagissant  misiis  adoré,  sous  un  vil 
B  abri.  —  Devant  le  Christ,  né  dans  la  crèche,  les  citoyens  du 
»  ciel  viennent  chanter  avec  une  hnmense  joie.  —  Debout  se 
>  tenaient  le  vieillard  et  la  Vierge,  sans  parole  et  sans  langage, 
»  le  cœur  mort  de  surprise.  » 

Je  m'arrête,  et  je  ne  sais  si  la  grâce  de  ce  court  tableau  me 
trompe,  en  me  rappelant  une  vieille  peinture  de  Lorenzo  di 
Credi.  On  y  voit,  au  premier  plan,  l'enfant  Jésus  couché  par 
terre  sur  un  peu  de  paille  ;  auprès,  se  tiennent  saint  Joseph 
debout,  s'appuyant  sur  son  bâton,  et  la  vierge  Marie  agenouil- 
lée, dans  tout  le  recueillement  d'une  sainte  et  dans  toute  la  joie 
d'une  jeune  mère.  A  ses  côtés  et  derrière  e^e,  paraissent  les 
anges:  et  le  peintre  n'a  pas  oublié  le  bœuf  et  l'âne,  ces  deux 
bons  serviteurs,  àqulle  peuple  faisait  partager  la  joie  de  Noël.  » 


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DES  HYMNES.  2(17 

Hymnes.  Offices.  Àntears  oa  nèeles. 

VexUlaRegisprodeunU  Temps  de  la  Passion  S.  Fortunat  de  Poi- 
et  off.  de  la  Croix.        tiers,  m;  600. 

Virginis  proies,  Comm.des  Vierges.  ix«  au  xy«  siècle. 

Virgo  virginum.  Compassion.  Jacopone  de  Todi, 

m.  4306. 

II.  —  Les  commentateurs. 

Nos  hymnes  ont  inspiré  de  nombreux  et  excellents 
commentaires;  il  est. bon  d'y  recourir,  surtout  pour 
les  endroits  qui  sont  plus  difficiles.  Celui  qui  con- 
naît le  véritable  sens  littéral  ou  mystique  de  ces  poésies 
liturgiques  ne  peut  que  les  réciter  ou  les  chanter  avec 
plus  de  ferveur  encore.  Voici  donc  la  liste  des  princi- 
paux commentateurs,  par  ordre  chronologique;  on  en 
trouvera  une  énumération  plus  complète  dans  Zac- 
caria  {Bibliotheca  Ritualisa). 

l®Clicthoue(1515)  :  Elucidatoriumecclesiasticumad 
of/icmm  divinum  pertinentia  plenius  exponens.  L'au- 
teur est  complet  au  point  de  vue  littéraire  et  prati- 
que, mais  la  partie  du  cœur  y  est  négligée,  et  l'on 
voudrait  y  voir  plus  de  réflexions  pieuses. 

2®  Denys  le  Chartreux  (1542)  :  Hymnorum  aliquot 
veterum  ecclesiastkorum  pia  nec  minus  erudita  enar- 
ratio.    On  le  trouve  à  la  fin  d'un  volume  du  même 

1.  Zaccaria,  jésuite  italien  (H  14-1795),  fut  un  des  hommes  les 
plus  versés  dans  la  science  ecclésiastique,  et  en  même  temps, 
des  plus  dévoués  au  Saint-Siège  pour  en  défendre  les  préro- 
gatives. Ses  ouvrages  imprimés  s'élèvent  au  nombre  dej  cent 
six.  Le  plus  important  parmi  ses  travaux  liturgiques,  est  la 
Bibliotheca  RUualis  en  3  vol.  in-4°,  riche  collection  biblio- 
graphique, et  d'un  prix  inappréciable  pour  l'histoire  de  la 
liturgie.  Le  savant  et  laborieux  auteur  nous  a  laissé  en- 
core pour,  ce  qui  nous  concei '^e  :  1®  Onomasticon  rituale  «e- 
lectum,  dictionnaire  liturgique  a'ime  haute  portée  scientifique, 
et  accessible  à  un  plus  grand  nombre  de  personnes  que  le 
précédent;  —  2<»  De  usu  librorum  liturgicorumin  rébus  theologicis; 
—  3*»  Traité  DelTAnno  Santo,  et4«  des  Annotations  au  livre  des 
Moturs  des  chrétiens  de  Fleurj,  ainsi  que  de  nombreux  et  sa* 
vants  articles  dans  les  Revues  d'Italie. 

T.  u.  13 


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^18   LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES- 

auteur.   Ilj  a  dans  ce  travail  de  très  heureux  aper- 
çus au  sujet  du  symbolisme  et  de  la  mystique. 

3*  Cassandre  (1556):  Hymni  ecclesiastici^  prxsertim 
qui  Ambrosiani  dicuntur,mulH$  locis  aucti  et  recogni- 
tL..  cum  scholiis  opportunis  in  locis  adjectis.  C'est 
un  recueil  qui  se  fait  surtout  remarquer  par  des  notes 
curieuses. 

4*  Michel  Tîmothée  (1582)  :  In  Hymnos  ecclesiasti- 
cos  ferme  omnes...  brevis  elucidatio.  Cet  ouvrage, 
Tun  des  plus  utiles  pour  comprendre  les  hymnes,  sa- 
tisfait en  même  temps  l'esprit  et  le  cœur. 

5"  Palantîeri  (1606)  :  Explanatio  illustriss,  Joan. 
Paul.  Palanterii  in  hymnos  ecclesiasticos.  On  y  trouve 
le  même  esprit  que  dans  le  précédent*. 

6®  Le  P.  Grégoire  de  Marsala  (1646)  :  Hymno- 
dia  sanctorum  Palrum  quœ  a  S,  Rom,  Ecoles,  per  an- 
num  decantari  solet,.  commeniariis  uberrimis  expie- 
ta^  omnibus  sacrae  Scripturâs  studiosis  ac  concionatori" 
bus  apprime  utilis  :  ouvrage  d'une  exubérance  un 
peu  confuse,  mais  dans  lequel  on  retrouve  tout  ce  qui 
a  été  dit  par  les  auteurs  plus  anciens,  mêlé  aux 
réflexions  particulières  de  l'auteur  qui  ne  sont  pas 
sans  mérite. 

7^  Le  B.  cardinal  Thomas!  (1747)  :  Bymnarium. 
Ce  livre,  comme  tous  ceux  du  savant  et  pieux  au- 
teur, est  des  plus  sérieux,  et  jouit  d'une  très  grande 
autorité. 

8®  Du  Méril(1843)  :  Poésies  populaires  latines ^  anté- 
rieures au  XII®  siècle  ;  ouvrage  utile,  surtout  pour  la 
question  du  nouveau  système  de  versification  (accent 
tonique,  assonance,  rime,  etc.),  d'après  lequel  un  cer- 
tain nombre  de  nos  hymnes  sont  composées. 

9®Daniel(1841-1856):  Thesaurm  hymnologicus,  sive 
hymnorum^  eanticorum,  sequentiarum  circà  annum 

i .  Palaotieri  était  franciscain,  et  évèque  de  Gédonia^  au  com- 
mencement du  XYU*  siècle. 


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DES  HYMNES.  219 

MD  usitatorum  collectio  amplissima.  Carmina  colle- 
git,  apparatu  critico  omavit,  vetetuminterpretum  no- 
tas selectas  suasque  adjecit  Daniel,  Le  travail  répond 
aux  promesses  de  son  titre  *. 

10®  Reithmeier  (1883)  :  Flores  Patrum  latinorum  et 
Bymni  ecclesiasticiy  recueil  fait  sur  les  meilleures  édi- 
tions et  enrichi  de  notes  brèves  et  précieuses. 

11*  Enfin,  et  surtout  Tabbé  Pimoat  (1874)  :  Les 
Hymnes  du  Bréviaire  Romain.  Une  savante  introduc- 
tion nous  fait  connaître  Torîgine  des  hymnes,  leur 
insertion  au  bréviaire,  le  caractère  général  du  style, 
la  lutte  de  Thymiiographie  romaine  avec  la  Renais- 
sance, et  enfin  la  réforme  d'Urbain  VIII.  On  trouve  en- 
suite dans  le  corps  de  l'ouvrage,  sur  chacune  des 
hymnes  étudiées  à  part,  une  critique  littéraire  et  une 
explication  littérale  et  mystique  qui  ne  laisse  rien 
à  désirer.Tout  n'est  pas  encore  paru. 

%  II.  —  PRIHGIPBS  LITURGIQUES  SUR  LA  RÉCITATION 
ET    LE  CHANT  DBH    HYMNES. 

Nous  aurons  suffisamment  expliqué  ces  principes, 
en  commentant  le  texte  de  la  Rubrique.  (Tit.  xx,  de 
Eymnis.) 

«  1.  On  dit  une  hymne  à  chaque  heure,  excepté  à  Toffice 
des  morts,  et  depuis  le  Jeudi-Saint  jusqu'aux  >FÔpres  du 
samedi  in  albis  exclusivement.  » 

Les  hymnes,  en  effet,  firent  toujours  partie  des  fêtes 
sacrées,  comme  étant  l'expression  vive  et  joyeuse  des 
sentiments  de  l'homme  envers  la  Divinité;  aucune  so- 

\ .  Daniel,  docteur  protestaat  de  l'université  de  Halle,  s'est  ac- 
quisdesdroits  à  la  reconnaissance  des  catholiques,  parla  collec- 
tion liturgique  m3ntioaûtie  plus  haut.  Les  notes  et  scholies  y 
sont  pleines  d'érudition.  On  remarque  partout  un  grand  respect 
pour  le  culte  du  SS.  Sacremeot,  et  la  plus  sincère  impartialité. 
L'auteur  ne  craint  pas  d'admirer,  quand  il  7  a  lieu,  la  belle 
et  suave  poésie  de  nos  h/mnes. 


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220       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

lennité  chez  les  Hébreux,  aucune  réunion  dans  le  tem- 
ple, où  ne  résonnât  le  chant  des  psaumes  et  des  canti- 
ques, élans  sacrés  de  leurs  pieux  transports.  L'Ëglise 
voulut  aussi  que  Thymne  chrétienne  vint  embellir  ses 
heures  canoniales,  et  mêler  les  poétiques  accents  de 
sa  louange  à  ceux  des  psaumes  Inspirés.  De  là  cette 
rubrique  :  Hymni  semper  dicuntur  in  quâlibel  horâ. 

11  y  a  cependant  une  exception  pour  les  trois  der- 
niers jours  de  la  Semaine-Sainte,  pour  l'octave  de  Pâques 
et  pour  Toffice  des  morts.  L'hymne, en  effet,d'après  tous 
les  auteurs,  profanes  ou  religieux,  est  un  cantique  de 
louange  et  de  joie  :  «  Oportebat  nos  y  disait  Epictète, 
laudare  et  celebrare  Numen..,^  decet  canere  hymnum 
Deo  »  (L.  I,  c.  16.) ;  et  Sophocle:  «  Hymnus  est  Dei  laus 
per  Carmen,  t)  ei;  Ôeov  ùSr).  »  —  «  Modulata  laus  est 
hymnus  » ,  disait  à  son  tour  saint  Grégoire  de  Nazianze  ; 
—  et  saint  Augustin  :  «  Hymnus,  cantus  cum  laude 
Dei,  »  (InPs.  72.)  Mais  alors  il  ne  convenait  pas  de 
chanter  des  hymnes  aux  offices  de  tristesse  et  de  deuil. 
L'hymne  semblait  aussi  n'avoir  plus  de  raison  d'être 
dans  l'octave  pascale,  dont  l'office  tout  entier  est  un 
cantique  de  joie. 

L'absence  d'hymne,  en  ces  jours  bien  choisis,  nous 
rappelle  aussi  les  premiers  temps,  où  l'office  n'en  avait 
pas,  mais  était  composé  seulement  de  psaumes  et  des 
leçons  de  l'Ecriture. 

«  2.  A  matines,  l*hymne  se  dit  après  le  psaume  Venite 
et  la  répétition  de  i'Invitatoire,  excepté  le  jour  de  l'Epi- 
phanie. A  laudes  et  à  vêpres,  elle  se  dit  après  le  capitule  ; 
aux  petites  heures,  avant  les  psaumes;  à  compiles,  après 
les  psaumes  et  l'antienne.  » 

L'hymne  occupe  donc,  dans  l'office  divin,  trois  places 
différentes  :  à  matines  et  aux  petites  heures,  elle  est 
avant  les  psaumes;  à  vêpres  et  à  laudes,  après  le  ca- 
pitule; à  compiles,  avant  ce  dernier,  mais  après 
les  psaumes.  Tout  ici,  comme  partout  ailleurs,  a  sa 


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Iff^^'^'fe^^.: 


DES  HYMNES.  221 

raison  d'être.  L'Invîtatoîre,  qui  excite  à  la  joie  :  Venue, 
earî///emw5  Z)omi;io, amenait  tout  naturellementrhymne. 
Le  cardinal  Bona  donne  une  autre  raison  :  «  Si  Tlnvi- 
tatoire,  dit-il,  n'a  pas  suffi  pour  exciter  les  cœurs, 
peut-être  encore  endormis  au  milieu  de  la  nuit, 
l'hymne,  par  son  caractère  joyeux,  le  fera,  et  ils  seront 
mieux  disposés  au  dévot  chant  des  psaumes.  »  {Div. 
Psalm.  c.  XVI,  |  vi,  n.  4.)  Le  même  auteur  nou 
dit  plus  loin  pourquoi  Phymne  précède  aussi  les 
psaumes  dans  les  petites  heures  :  «  On  est  alors  en 
plein  jour,  dit-il,  et  Tàme,  déjà  distraite  par  les  occu- 
pations de  la  vie,  doit  être  au  plus  vite  rappelée  aux 
sentiments  de  la  prière  et  aux  pensées  de  Dieu.  Or  le 
chant  suave  et  joyeux  de  l'hymne  remplit  aussitôt  de 
louanges  nos  cœurs  ettnos  lèvres.  (C.  xvi,  |  ix,  4.) 

L'hymne  suit  les  psaumes  à  toutes  les  autres  heures; 
c'est  par  respect  pour  la  parole  de  saint  Paul,  qui 
semblait  indiquer  cet  ordre,  quand  il  exhortait  les 
jBdèles  à  louer  le  Seigneur  in  Psalmis,  Hymnis  et  Can- 
ticis.  (Eph.  V,  19  et  seq.  —  Coloss.  m,  16.)  «  Notre  Ame, 
du  reste,  dit  le  cardinal  Bona,  n'a  nul  besoin  alors 
d'être  excitée  au  chant  des  psaumes  par  le  chant  préa- 
lable d'une  hymne.  » 

Celle-ci  précède  le  capitule  à  compiles,  contraire- 
ment à  ce  qui  se  fait  à  laudes  et  à  vêpres.  C'est  parce 
que  le  répons  bref,  à  cause  de  son  harmonie  avec  le 
capitule,  suit  immédiatement  ce  dernier. 

La  rubrique,  en  indiquant  la  place  de  l'hymne  à 
matines,  fait  une  exception  :  prseterquam  in  die  Epi- 
phanie. Le  jour  de  l'Epiphanie,  en  effet,  il  n'y  a 
pas  d'invitatoire,  ni  par  conséquent  d'hymne  après, 
ces  deux  parties  étant  corrélatives.  Nous  verrons  pour- 
quoi l'office  commence  alors  par  l'antienne  et  les 
psaumes. 

«  3.  A  l'office  du  Temps,  on  récite  les  hymnes  du  Psau- 
tier, quand  il  n'y  en  a  pas  au  Propre  du  Temps.  Les  hym- 


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:S  ÉLÉMENTS  D«S  HEURES  CANONIALES. 

sautier  assignées  pow  les  dimaDches  et  les  fériés 
it  depuis  l'octave  de  la  Pentecôte  jusqu'à  l'A  vent, 
3  dimanche  dans  Toctave  du  SS.  Sacrement,  et 
►ctave  de  l'Epiphanie  jusqu'au  premier  dimanche 
e  exclusivement.  Dans  l'office  des  saints,  on  les 
Propre  des  Saints,  et,  s'il  n'y  en  a  pas,  au  Gom- 

l'avons  ici  qa'une  observation  à  faire,  au  sujet 
me  Iste  Confessor.  Une  rubrique  particulière 
lu  commun  des  Confesseurs,  de  changer  les 
niers  vors  de  la  première  strophe,  quand  ce 
;  le  jour  même  de  la  mort  du  saint.  Ce  chan- 
3st  indiqué  au  Propre  des  saints  par  Tabrévia- 
t.  V.  [mtitatur  ter  tins  versus).  Au  lieu  de  : 


Kac  die  lœtus  meruit  beatas 
Scandere  sedes. 


alors  : 

Hac  die  lœtus  meruit  supremos 
Laudis  honores, 

ière  version  indique  explicitement  le  jour  de  la 
n*a  plus  d'application  en  dehors  de  ce  jour, 
le  la  formule  substituée  convient  alors  parfai- 
Le  saint,  en  effet,  a  mérité  qu'on  lui  rende, 
le  sa  fête^  les  honneurs  du  culte  public.  Voici 
règles  de  ce  changement  : 
on  célèbre  la  fête  du  saint  le  jour  même 
lort,  il  faut  dire  :  Beatas  scandere  sedeSy  et 
iant  toute  l'octave,  celle-ci  n'étant  que  la 
tinuée.  On  dit  :  Supremos  laudis  honores^ 
me  translation  fixe  ou  accidentelle,  la  fête 
;  célébrée  le  jour  même  de  la  mort  du  saint, 
1701,) 

e  doute  si  le  jour  de  la  fête  est  celui  de  la 
vaut  mieux,  d'après  de  Herdt,  faire  le  chan- 
car  les  paroles  en  sont  toujours  vraies.  Si 


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DBS  HYMNBS.  n^ 

Toffice  était  transféré  immédiatement  après  le  jour  de 
la  mort,  et  avait  ses  premières  vêpres,  au  moins 
à  partir  du  capitule,  on  ne  ferait  le  changement  dans 
aucune  partie  de  l'office;  Thymne  des  premières  vê- 
pres, en  effet,  a  été  récitée  le  jour  même  de  la  mort,  et 
tout  l'office  doit  se  continuer  comme  il  a  été  commencé. 
Si  Toffice,  ainsi  transféré  immédiatement  après  le 
jour  de  la  mort,  n'avait,  la  veille  aux  vêpres,  qu'une 
simple  mémoire,  on  ferait  le  changement,  puisque  la 
raison  ci-dessus  n'existe  pas.  (13  juin  1682.)  Le  chan- 
gement ne  se  ferait  pas,  si  l'office  ayant  une  octave 
était  transféré  dans  les  huit  jours.  L'octave  entière,  en 
effet,  continuation  de  la  fête,  n'est,  par  cela  même, 
qu'une  extension  du  jourde  la  mort.  (2  septembre  1741.) 
La  sacrée  Congrégation  des  rites  a  répondu,  le  3 
mars  1761,  que,  si  l'on  récitait  les  hymnes  non  corri- 
gées, on  pouvait  omettre  ou  faire  le  changement,  selon 
l'ancien  usage  de  son  Église.  A  Toffice  des  Stigmates 
de  saint  François  d! Assise^  il  faut  toujours  dire  : 

Hac  die  Uetus  meruit  beata 
Vulnera  Christù 

(2  sept.  1741  —7  août  1871.) 

«  4.  De  Noël  à  l'Epiphanie,  le  jour  du  SS.  Sacrement  et 
pendant  Toctave,  et  aussi  toutes  les  fois  qu'on  récite  un  of- 
fice  de  la  Sainte  Vierge,  de  neuf  ou  de  trois  leçons,  môme  au 
Temps  Pascal,  à  la  nn  de  toutes  les  hymnes  (excepté  à  la 
fin  de  rhymne  Ave  maris  stellay  et  de  Thymne  des  Laudes 
du  SS.  Sacrement,  qui  ont  la  dernière  strophe  propre)  on 
dit  :  Jesu  tibi  sit  gloria.  Qui  natus  es  de  Virgtne,  comme  au 
petit  office  de  la  Sainte  Vierge.  Cela  doit  s'observer  même 
aux  hymnes  des  saints  dont  on  célèbre  la  fête  pendant  ce 
temps  ou  ces  octaves,  pourvu  que  ces  hymnes  soient  de 
même  mesure  et  qu'elles  n'aient  pas  la  dernière  strophe 
propre,  comme  l'hymne  de  la  Sainte  Croix  à  Vêpres,  et 
celle  de  l'office  de  plusieurs  Martyrs  à  Matines. 

«  5.  Le  jour  de  l'Epiphanie  et  pendant  l'octave,  on  dit 


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224       LES  ÉLÉMBNTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

à  la  un  de  toutes  les  hymnes  :  Jesu^  tibi  sit  gloria^  Qui  ap- 
paruisti  gentibus, 

c  6.  Depuis  le  dimaDche  in  albis  jusqu'à  l'Ascension, 
ainsi  que  le  jour  de  la  Pentecôte  et  durant  son  octave,  on 
dit  à  la  fin  de  toutes  les  hymnes  :  Deo  Patri  sit  gloria,  Et 
Filio  qui  a  mortuïs,,.  et  cela,  même  aux  fêtes  des  saints  qui 
arriveraient  pendant  le  Temps  Pascal,  mais  avec  les  res- 
trictions du  n®  4. 

«  7.  De  l'Ascension  à  la  Pentecôte,  excepté  à  l'hymne 
Salutis  humanœ  Sator,  on  dit  :  Jesu,  tibi  sit  gloria^  Qui 
Victor  tn  cœlum  redis,,,  môme  aux  fêtes  qu*on  aurait  a  cé- 
lébrer en  ce  temps-là. 

«  8.  Le  jour  de  la  Transliguration  de  Notre-Seigneur, 
on  dit  :  Jesu,  tibi  sit  gloria,  Qui  te  révélas  parvulis...  Dans 
les  autres  temps,  on  termine  les  hymnes  comme  il  est  mar- 
qué. i> 

Les  cinq  numéros  précédents  nous  indiquent  les 
changements  à  faire  dans  la  doxologie.  Il  nous  faut 
donner  à  ce  sujet  quelques  explications. 

L'Eglise  a  voulu  que  Thymne,  cantique  de  louange 
comme  les  psaumes,  eût  aussi  comme  eux  sa  doxologie, 
résumé  du  poème,  et  en  harmonie  avec  lui.  Quoi  qu'en 
aient  pensé  certains  auteurs,  Tusage  de  ces  doxologies 
est  aussi  ancien  que  celui  des  hymnes;  saint  Ambroise, 
d'après  Hincmar  de  Reims  {Lib.  de  non  trinâ  Deitate)^ 
aurait  composé  celles  qui  concluent  les  hymnes  am- 
brosiennes. 

La  doxologie  des  hymnes  varie  souvent  avec  le  temps 
liturgique,  et  avec  les  fêtes  de  Notre-Seigneur  et  de  la 
Sainte-Vierge. 

Celle  du  Temps  ou  d'une  octave  est  conservée  à 
tous  les  offices  qu'on  célèbre  alors,  quand  même  on 
n'y  ferait  pas  mémoire  de  ce  temps  ou  de  cette  octave, 
à  moins  que  ces  offices  n'aient  aussi  une  doxologie 
propre.  (29  nov.  1755.) 

Le  changement  de  doxologie,  quand  il  doit  avoir 
lieu,  se  fait  à  toutes  les  hymnes  de  l'office,  mais  à  la 


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DES  HYMNES.  '225 

condition  qu'elles  soient  de  même  mesure  que  la  doxo- 
logie  propre,  à  cause  du  chant  et  de  l'harmonie  poé- 
tique. 

Cette  règle  a  plusieurs  exceptions;  le  changement 
ne  se  fait  pas  :  1®  à  l'hymne  des  matines  du  commun 
de  plusieurs  martyrs,  ni  à  celle  des  premières  vêpres 
de  la  Croix,  de  saint  Venant,  de  saint  Jean  deKenty. 

Voici  les  doxologies  de  ces  hymnes: 

Te  nimc,  Redemiptor^  quœsumus, 
Ut  martyrum  eonsortio 
Jungas  precantes  servulos 
In  sempitema  sœcula. 

Te,  fons  salutis,  Trinitas, 
CoUaudet  omnis  spiritus  : 
Quitus  crucis  victoriam 
Largiris,  adde  prsemium, 

SU  laus  Patri,  sit  FiliOy 
Tibiqypf  sancte  Spiritus  ; 
Da  per  preces  Venantii 
Beata  nobis  gaudia, 

0  una,  semper  Trinitas  î 
0  trina  Semper  Unitas  ! 
La,  s^jpplicante  Cantio, 
Mterna  nobis  prœmia, 

La  mention  explicite  qu'on  a  voulu  fairedes  martyrs, 
de  la  Croix,  et  des  deux  saints  dans  ces  conclusions,  dis- 
paraîtrait avec  une  autre  doxologie.  Ces  dernières  stro- 
phes, du  reste,  sont  comme  des  doxologies  propres  qui 
excluent,  en  vertu  de  la  règle  donnée  plus  haut,  celle 
du  Temps  ou  des  octaves.  Gavantus  nous  apprend 
à  les  distinguer  des  doxologies  communes:  «  La  der- 
nière strophe  peut  être  considérée  comme  propre,  dit- 
il,  lorsque,  en  retranchant  ce  qu'elle  a  de  spécial,  on 
retranche  par  cala  même  la  demande  ajoutée  à  la 
glorification  de  la  Trinité:  Bymni  habent  ultimumver- 
sumproprium,  hoc  est  ita  proprium,  utsi'careat  solito 

T.  II.  i3. 


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tu       LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

fine^  careat  petitione  quai  fit  ad  Deum  ante  glorifica- 
Honem  SS.  Trinitatis,  vel  simul  cum  eâdem  glorifica- 
tione.  »  Tétamo  en  donne  une  définition  qui  nous 
parait  plus  exacte,  plus  générale  et  plus  claire:  «  Illos 
hymnos  habere  ultimum  versum  proprium  qui^  in  fine ^ 
non  exprimant  gloriam  Trinitatis^  aut  prseter  gloriam 
Trinitatis  aliquid  aliud  exprimunt  *.  » 

2®  Le  changement  de  doxologiene  se  fait  jamais  non 
plus  :  à  VAve  maris  Stella^  au  Verbum  supemumprch- 
diens^  ni  au  Veni  Creator  ;  celui-ci  a  deux  doxologies 
différentes,  Tune  pour  le  Temps  Pascal  : 

Deo  Patri  sit  gloria^ 
Et  Filio  qui  a  mortuis 
Surrexity  ac  Paraclito, 
In  sempitema  sxcula. 

Et  Tautre  pour  le  temps  ordinaire  : 

Deo  Patri  sit  gloria^ 
Ejusque  soli  Filio, 
Cum  Spiritu  ParaelitOy 
Nunc  et  per  omne  sxculum, 
(7  apr.  et  28  juil  1832.) 

Les  hymnes  de  la  fête  appelée  :  Expectatio  partes  B, 
M.  F.  étant  les  mêmes  que  celles  de  TAvent,  en  con- 
servent aussi  la  conclusion.  (23  mai  1835.) 

Si  deux  offices  pçcurrentg  î^vaieQt  chacun  leur  doxo- 
logie  propre,  on  prendrs^it  celle  de  celui  qui,  d'^prè? 
les  règles  de  l'occurrence,  remporterait  sur  l'autre, 

3i  deux  offices,  ayaut  aussi  leur  doxologie  propre, 
étaient  en  concurrence,  on  dirait,  à  yêpres  et  à  oom-? 
plies,  celle  dont  Toffice  a  les  vêpres  eptière^,  qu  m 
moins  à  partir  du  capitule.  (33  mai  18350  l**hyiiane 

1.  Tétamo,  prêtrç  ^icili^n,  flt  p^ri^ître,  de  1779  à  1784,  unbçl 
oijvrftge  de  liturgie  pratique  en  8  volume?  in-4'>  :  Mt^rium  Li- 
turgico-TheologieO'MoraleySive  sacri  rîius^  InstituHones  EoelesiaS' 
Uc9f  morumque  disciplina,  r^otanda  singulis  temporibui  atqti^ 
éi^^m  mm  gçcl^sig^ti^i  ^i  <wiiH$. 


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DBS  HYMNES.  2)7 

des  vêpres,  en  effet,  appartient  dans  ce  cas  à  cet  of- 
fice, ainsi  que  l'heure  des  complies  et  son  hymne. 

Lorsqu'un  seul  des  offices  en  concurrence  a  une 
doxologie  propre,  on  la  dit  à  Thymne  des  vêpres  et 
des  complies,  pourvu  qu'il  y  ait  au  moins  mémoire  de 
cet  office  à  vêpres  (iÎMÔ.  ad  Complet,  in  offre.  B.  M.  V. 
in  Sabbato;  —  il  Mart.  1871);  sinon  cette  doxologie 
propre  serait  omise,  parce  que  cet  office  ne  commence 
alors  qu'aux  matines  suivantes,  ou  s'est  terminé  à  none 
du  jour. 

Les  dimanches  de  l'Avent  prennent  la  doxologie 
d'une  octave  occur rente,  comme  serait,  par  exemple, 
celle  de  l'Immaculée  Conception.  (S  mai  1736.) 

La  doxologie  propre  aux  hymnes  de  quelques  saints, 
comme  saint  Venant  et  saint  Jean  de  Kenty,  ne  se  dit 
pas  aux  petites  heures  ni  à  complies;  ce  privilège  n'ap- 
partient qu'aux  fêtes  de  N.  S.  et  de  la  très  Sainte 
Vierge.  (19  juin  1700.  —  12  novembre  1831.) 

Les  Temps  de  TAvent  et  de  la  Passion  n'ont  pas 
de  doxologie  propre;  il  n'y  a  que  ceux  indiqués  dans 
la  rubrique  générale,  et  il  faut  s'en  tenir  là.  (21  jan- 
vier 1662.) 

Il  est,  sur  les  hymnes,  d'autres  principes  liturgiques 
que  nous  devons  ajouter  ici: 

*  1®  On  ne  doit  jamais  omettre  les  hymnes  histori^uesy 
parce  qu'elles  forment  une  légende  complète.  Si 
Tune  d'elles  ne  pouvait  avoir  sa  place  ordinaire,  elle 
serait  attribuée  à  une  autre  heure  canoniale,  ou  uni^, 
selon  le  cas,  à  une  autre  hymne.  (12  novembre.  1831.) 

2**  Pour  le  cbftut  des  hymnes  d'une  même  mesure, 
il  faut  prendi-e  celui  du  Temps  qù  l'on  se  tf  ouve,  qu  ce- 
lui de  l'octave  que  l'on  célèbrQ.  (^^  iRftvP  iÇ26?  ^^P.^ 
torium  chori.) 

3®  Toutje  chœur  est  alors  debout,  comme  il  convient 
au  chant  de  la  louange:  ^  Siando  hymnus  cantatur^  dit 
Burand  de  Mende,  in  ereetione  eorperum  ostendentes 


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228       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

%  laudando  Deum^  corda  sursum  erecta  habere 

is  .»  (1.  V,  c.  II,  n.  24.) 

i  se  met  à  genoux,  cependant,  à  la  première 

du  Vent  Creator  et  à^YAve  maris  Stella^  et 
endant  celle  du  Pange  lingua  qui  commence 
mots  :  Tantum  ergo  sacramentum,  quand  le 
acrement  est  exposé  ;  s'il  ne  Tétait  pas,  on  s'en 
it  à  la  coutume,  des  lieux.  (4  aug.  1663.)  Le 
BS  paroles  demande  ici  cette  posture  humble 
iliante. 

['office  du  dimanche  et  à  celui  des  fêtes  célébrées 
u  certain  éclat  extérieur,  ainsi  qu'au  chant  so- 
dé tierce,  les  hymnes  sont  entonnées  par  le  cé- 
;,  fùt-il  même  évèque;  c'est  parce  qu'elles  ont 
rs  un  caractère  de  solennité  auquel  ces  cir- 
ices  ajoutent  encore.  Mais  un  seul  chantre,  et 
célébrant,  entonne  l'hymne  à  compiles  et  aux 

heures,  ainsi  qu'à  tout  l'office  de  la  férié  et 
itres  qui  seraient  célébrés  sans  solennité  ;  à 
toutefoi|  que  l'usage  des  Eglises  n'en  réserve 
3  dernier  cas  l'intonation  à  l'officiant.  (Çœrem, 
1.  II,  c.  m;  Direct,  chori.) 
es  acolytes  ne  demeurent  devant  le  célébrant  que 
it  l'intonation  de  l'hymne.  Ils  vont  aussitôt  après 
r  leurs  chandeliers  sur  les  degrés  de  l'autel  et 
rent  à  leur  place.  C'est,  d'une  part,  à  cause  de 
unité  de  l'hymne  et  pour  honorer  le  célébrant  ; 
'autre,  pour  ne  pas  trop  se  fatiguer  à  porter 
îs  chandeliers  durant  tout  le  chant  de  l'hymne. 

Article  IV.  —  Des  Antiennes. 

5  en  ferons  connaître  l'origine  et  le  but  ainsi 
règles  liturgiques. 

§   I.   BUT  ET  ORIGINE  DES  ANTIENNES. 

itienne,  (du  grec  'AvTiçttivy),  sonus  contra^  écho, 
lui  répond  à  un  autre),  est  une  petite  invocation 


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DES  ANTIENNES.  229 

OU  une  courte  sentence,  inspirée  par  les  différentes 
idées  de  l'office  et  qui  correspond  au  chant  des  psau- 
mes; de  là  son  nom.  Elle  précède  et  suit  toujoui 
effet,  ces  derniers. 

CassiodoT^e  en  attribue  Torigine  à  saint  Ignace 
tyr,  pour  rOrient  (In  Tripart,  1.  X,c.  9),  et  6ranc( 
saint  Ambroise,  pour  l'Occident.  (I  Part.c.  3.)  Ma 
auteurs  ne  parlaient  que  du  chant  alternatif  des 
/mes,  appelés  aussi  pour  cela:  Antiennes,  Antipi 
Le  pape  saint  Célestin,  en  instituant,  d'après  le 
Pontificalis^  que  la  messe  commencerait  par  un  ps 
de  David  et  une  antienne,  introduisait  celle-ci 
l'office  divin  ;  «  nous  voyons  dès  lors,  dit  Dom 
ranger,  les  antiennes  eu  usage,  soit  dans  la  ps 
die  des  heures,  soit  dans  la  célébration  de  la  me 
Saint  Grégoire  le  Grand,  à  la  fin  du  vi*  siècle,  pi 
déjà  un  Antiphonaire^  dont  la  deuxième  partie  r< 
mait  des  répons  et  des  antiennes,  et  qui  n'éta 
la  révision,  enrichie  par  lui,  d'un  recueil  plu 
cien. 

Ainsi,  l'usage  des  antiennes  ne  remonte  pas 
haut  que  Toffice  lui-même.  «  Autrefois,  ditGran 
on  chantait  les  psaumes  sans  antiennes,  et  cela  no 
resté  le  jour  de  Pâques  et  sa  semaine  aux  petites  h( 
et  les  trois  jours  avant  Pâques.  Dans  la  suite,  o 
blit  les  antiennes.  »  (  De  l'office  divin,  des  Ancien 

Leur  nombre  n'était  pas  déterminé,  et  l'on 
quelquefois  plusieurs  psaumes  sous  la  mêm( 
tienne;  ce  rit  ancien  nous  est  conservé  aux  j 
heures,  au  premier  nocturne  du  dimanche  et  d 
temps  Pascal. 

Agobard,  archevêque  de  Lyon,  au  milieu  d 
siècle,  faisant  revivre  un  principe  condamné  par  1 
trième  concile  de  Tolède,  ne  voulait,  dans  l'office  ( 
et  par  conséquent  pour  les  antiennes,  que  des  e^ 
de  l'Ecriture.  «  Il  ne  fallait  pas  offrir  à  Dieu,  disait- 


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230       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

feu  étranger;  »  comme  si  toute  parole  vraie  ne  venait 
pas  de  Dieu,  selon  la  remarque  du  cardinal  Bona  ^  Im- 
bues en  partie  de  ce  principe  faux,  plusieurs  Eglises 
de  France,  et  celle  de  Paris  surtout,  rejetaient  de  leur 
bréviaire  particulier  toute  antienne  d'origine  purement 
ecclésiastique.  Mais  l'Eglise  deRome  n'a  jamais  fait  dif- 
ficulté d'admettre  dans  sa  liturgie  des  paroles  hu- 
maines quand,  après  les  avoir  contrôlées,  elle  les  ju- 
geait dignes  de  son  culte.  Aussi  les  antiennes  du  bré- 
viaire i*omain  sont,  tantôt  des  extraits  de  l'Ecriture, 
tantôt  des  textes  sacrés  combinés  ensemble  de  ma- 
nière à  former  un  nouveau  sens,  selon  Tobjet  delà  fête, 
tantôt  enfin,  une  composition  purement  humaine 
empruntée  aux  écrits  des  Pères,  aux  actes  des  martyrs 
ou  à  la  vie  des  saints.  Quelquefois,  les  antiennes  ne 
concordent  pas  avec  les  versets  de  l'Ecriture  dont  elles 
sont  tirées;  cela  vient  de  ce  que  saint  Pie  V,  ayant 
ordonné  d'insérer  dans  le  bréviaire  la  version  de  la 
Vulgate,  on  ne  le  fit  que  pour  les  psaumes  et  les  le- 
çons ;  les  antiennes  y  furent  conservées  d'après  l'an- 
cienne italique. 

Mais  pourquoi  celles-ci  dans  l'office  divin  ?  Ce 
fut,  tout  d'abord,  pour  reposer  un  instant  l'esprit  de 
la  récitation  ou  du  chant  des  psaumes,  dont  la  conti- 

i.  Agobard,  le  célèbre  archevêque  de  Lyon,  mérite  une 
place  dans  Pbistoire  de  la  liturgie  par  sa  controverse  avec 
Amedaire,  Pillustre  diacre  de  Metz.  Geluî-ci,  dans  son  Antt- 
phqnaire  poiftano-galUcan,  aY^it  heurté  la  réforme  ppér^e  p^if 
4gobar(i  4?ns  h  lit^rgje  Ijonnjiisp;  il  y  laissaj|;,  selon  les  tra- 
ditions de  PEglise  de  Rome,  plusieurs  pièces  liturgiques  de 
composition  humaine,  tandis  que  l'archevêque  do  Lyon  ne 
voulait  dans  Pofûce  que  des  extraits  de  PEcriture,  et  avajt  re- 
tranché tout  le  resta  qui,  disait-il  dans  un  langage  exagéré, 
était  pour  \^  vmi^s  ^perflu^  ou  qpprpchaif  4¥  ^h§ïi¥v[^e  ef  (^i 
»nçn^P»P'e.  Pe  \è^  uqe  vive  ponÇrovers^  entre  ce^  4eux  gran4s 
hpmn^es,  daps  laquelle  Àgobard  écrivit  contre  Amaiaire  trojs 
opuscules  :  De  Pialmodid,  De  correctione  Anliphonarii,  Liber 
adoeirsui  Amalwfium;  mais  la  vérité  était  av«o  le  diaore  de  ïleti. 


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DES  ANTIENNES,  23i 

nuité  aurait  pu  devenir  monotone.  On  ne  voulut 
pas  cependant  le  distraire  de  l'objet  de  Toffice,  et  c'est 
pourquoi  les  antiennes  s'inspirent  de  la  fête  ou  du 
mystère  du  jour,  et  souvent  aussi  du  psaume  qui  les 
suit.  Ainsi,  ces  petites  prières  ou  ces  courtes  sentences 
sont  pour  Tâme  une  nouvelle  source  de  lumière  et 
d'édification.  (Voirie P.  Guyet,  Heortologia, Wl,  IV,  4  *.) 

L'antienne  ajoute  encore  à  la  solennité  de  l'office, 
d'où  Raoul  de  Tongres  expliquait  pourquoi  il  y  en  avait 
plusieurs  aux  grandes  heures,  et  une  seule  aux  petites  : 
«  plures  antiphonœ  nobiliorihtis  duntur  Boris,  matutino 
et  vesperis,  non  autem  aliis  Boris  quœ  humiliter  celé- 
brari  debent.  »  (Prop.  10.) 

De  graves  et  pieux  auteurs  ont  aussi  donné  à  l'an- 
tienne en  général  une  signification  mystique.  L'un 
des  premiers  est  Amalaire,  au  commencement  du 
IX®  siècle.  Comme  de  son  temps  l'antienne  était  en» 
tonnée  par  l'un  des  chœurs  et  chantée  par  les  deux 
réunis  après  la  psalmodie  du  psaume,  le  savant 
diacre  de  Metz  y  a  vu  le  symbole  de  la  charité  qui 
doit  unir  tous  les  cœurs  et  animer  nos  bonnes  œu- 
vres: «  Quel  est  donc,  dit-il,  le  sens  de  l'antienne: 
Quœ  sit  (mtiphona'i  C'est  la  vertu  de  charité,  qui 
met  en  commun  les  œuvres  de  ceux  qui  sont  frères 
en  Jésus-Christ;  le  psaume  signifie  la  bonne  œuvre, 
6t  l'antienne  la  charité,  par  laquelle  chacun  cède  à 
l'autre  le  mérite  de  ce  qu'il  fait,  L'î^ntienne  est  chwtée 
par  deux  qhœurs,  parce  que  la  charité  suppose  m 

{,  J^e  P,  Gqyet,  jésuitp  ff^nçais,  yivait  ft\i  miljeii  du  xvii®  siè- 
cle. Son  traité:  Heortologia,  ^ve  defestis  propriU  loçorum  et  Èco/e- 
siarum,  est  admirable  d'érudition,  et  lui  a  fait  un  nom  justement 
mérité  dans  la  scieûce  liturgique.  On  trouve  à  la  pn  de  ep 
Yolt|cqe  in-f^,  un  gr^nd  nofpbre  d'hjmnes  ppinp^sées  oq  ri^toun 
cb^?  par  routeur,  pt  qijj  fvpeftt  ipsérées  d^Djs  plusieurs  ^ré-» 
yiaires  gallicans  ;  elles  ne  valent  pas  à  beaucoup  près  celles  de 
Santeuîl.  Nous  avons  encore  du  savant  jésuite  un  Ordo  p^r- 
peluus  divini  offkii. 


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232   LKS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

moins  deux  personnes  unies,  mais  elle  est  entonnée 
avant  le  psaume,  afin  que  la  charité  vienne  en  vivifier 
le  chant  et  toutes  nos  actions  en  général  qui,  sans  elle, 
raient  pas  méritoires.  ))(1.  IV,  c.  7.)  Il  estàremar- 
comment  après  Amalaire  tous  les  autres  ont  vu 
illement  ici  la  belle  vertu  de  charité.  Ce  touchant 
3olisme  leur  sert  à  expliquer  tout  ce  qui  régit 
Dtiennes:  «  A  certains  jours,  dit  Hugues  de  Saint- 
)r,  on  ne  fait  qu'annoncer  Tantienne,  terminée 
ite  à  la  fin  du  psaume,  pour  exprimer  que  la  cha- 
commencée  sur  la  terre,  aura  au  ciel  sa  consom- 
on.  »  [SpecuU  c.  3.)  «  Le  ton  des  psaumes,  dit  Du- 
de  Mende,  se  mesure  sur  l'antienne  comme  le 
te  de  nos  œuvres  sur  la  charité...  Chantée  alter- 
;rement  par  les  deux  chœurs,  elle  exprime  cette 
ière  vertu  qui  unit  les  âmes  dans  les  mêmes 
iments.  »  (L.  V,  c.  ii,  n.26.)  «  On  double  aux 
les  antiennes,  dit  le  cardinal  Bona,  parce  qu'en 
ur  la  ferveur  et  la  charité  doivent  être  plus  gran- 
Un  seul  entonne  d'abord,  et  le  chœur  continue, 
parce  que  la  charité  se  répand  de  Jésus-Christ, 
en  est  le  foyer  et  la  cause  méritoire,  dans  tous 
aembres,  soit  parce  que  l'amour  de  Dieu  a  pré- 
t  le  nôtre.  Au  temps  pascal,  le  nombre  des  an- 
les  diminue,  parce  que  le  clergé  est  suffisam- 
t  excité  à  l'amour  divin  par  le  joyeux  et  glorieux 
;ère.  »  (C.  XVI,  §  x,  de  Antiphonis,)  Saint  Isidore 
avilie  donne  à  l'antienne  un  autre  symbolisme: 
e  rappelle  par  son  étymologie,  dit-il,  les  deux 
3hins  et  les  deux  Testaments  qui  se  font  écho  dans 
uange  divine.  »  {deEtymolog.  c.  vi.)  «  C'est  pour- 
,  ajoute  Durand  de  Mende,  les  deux  chœurs,  en 
tant  l'antienne  et  le  psaume,  ne  sont  pas  tournés 
l'autel,  mais  se  regardent  mutuellement.  »  {Loc, 


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DBS  ANTIENNES.  233 

§n.  LA    RUBRIQUE    SUR    LES  ANTIENNES. 

Nous  la  trouvons  au  Tit.  XXI  des  rubriques  géné- 
rales :  De  Antiphonis.  La  voici  avec  les  explications 
qu'elle  comporte. 

«  1.  A  tous  les  offices  du  jour  et  delà  nuit,  on  joint  tou- 
jours aux  psaumes,  des  antiennes,  soit  une  seule,  soit  plu- 
sieurs, selon  la  diversité  de  l'ofûce  et  des  heures.  » 

Les  trois  derniers  jours  de  la  semaine  sainte  et 
l'octave  de  Pâques  font  ici  exception  ;  ils  n'ont  pas 
d'antiennes  pour  les  psaumes  à  leurs  petites  heures 
ni  à  compiles  ;  c'est  en  souvenir  des  temps  anciens 
où  il  n'y  en  avait  aucune  à  l'office.  On  a  choisi  ces 
jours  parce  que  l'antienne,  selon  la  pensée  de  Raoul 
de  Tongres,  donne  à  l'office  un  caractère  de  solennité 
qui  ne  convenait  pas  aux  Jeudi,  Vendredi  et  Samedi 
saints,  et  parce  qu'on  a  voulu,  dans  l'octave  pascale, 
abréger  les  petites  heures  en  signe  de  joie,  la  longueur 
de  la  prière  étant  considérée  comme  un  acte  de  péni- 
tence. Les  petites  heures  et  les  compiles  en  tout  autre 
temps,  ainsi  que  les  nocturnes  dans  le  temps  pascal, 
n'ont  jamais  qu'une  antienne;  c'est  pour  la  même  rai- 
son qui  a  fait  abréger  l'office  de  Pâques,  et  parce  que 
les  autres  heures  susdites  ne  sont  pas  assez  solennel- 
les. Ce  rit  particulier  rappelle  l'époque  où  le  nombre 
des  antiennes  n'était  pas  déterminé. 

«  2.  Si  Ton  fait  Tofflce  du  temps,  c'est-à-dire,  du  diman- 
che ou  de  la  férié,  on  dit  les  antiennes  comme  au  psau- 
tier... Elles  sont  placées  avec  les  psaumes  aux  vêpres  du 
dimanche  et  des  fériés,  à  compiles  et  aux  nocturnes  (raôme 
quand  il  s'agit  d'un  office  de  trois  leçons,  c'est-à-dire 
d'une  fête  simple)  et  ne  se  changent  jamais,  si  ce  n'est  au 
temps  pascal  où  l'on  ne  dit  que  l'antienne  Alléluia,  Il  faut 
excepter  aussi  le  temps  de  l'A  vent  où  il  y  a  des  antien- 
nes propres  pour  les  vêpres  et  pour  les  nocturnes  du  diman- 
che. A  laudes  et  aux  autres  heures,  les  antiennes  varient 


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234       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

selon  la  diversité  des  temps  comme  il  est  marqué  au  propre 
du  Temps.  Quand  il  n'y  a  pas  d'antiennes  propres,  on  dit 
toujours  celles  du  psautier. 

Les  antiennes  de  Magnificat,  marquées  au  Pro- 
1  Temps  le  samedi  pour  le  premier  dimanche  de 
3  mois,  se  prennent  au  dimanche  le  plus  rapproché 
lendes  ou  qui  tombe  le  jour  même  des  calendes, 
3  il  a  été  dit  ci-dessus  à  la  rubrique  des  dimanches 
si  à  la  rubrique  du  mois  d'août  ;  on  place  tou- 
le  samedi,  l'antienne  de  Magnificat  qui  est  jointe  au 
Le  l'Ecriture  qu'on  doit  lire  le   lendemain  diman- 

Aux  fêtes  de  neuf  leçons,  on  dit,  à  vêpres,  les  antien- 
I  laudes,  à  moins  qu'il  n'y  en  ait  de  propres, 
me  aux  petites  heures,  soit  à  l'office  du  Temps, 
lelui  des  saints,  quand  il  y  a  des  antiennnes  propres 
s  et  point  aux  heures,  on  prend  celles  de  laudes  dans 
suivant,  en  omettant  la  quatrième  :  la  première  à 
la  seconde  à  tierce,  la  troisième  à  sexte  et  la  cin- 
i  à  none.  » 

premières  et  les  secondes  vêpres,  les  laudes  et  les 
heures  ont,  en  effet,  tantôt  des  antiennes  dif- 
(s,  et  tantôt  les  mêmes,  et  ces  antiennes  sont 
s,  ou  du  commun.  La  solennité  de  la  fête,  la 
du  mystère  ou  les  qualités  du  saint,  la  richesse 
it  célébré,  le  complément  des  idées  secondaires 
Ice  ont  inspiré  cette  variété  de  rites  pour  lesan- 
;.  Lorsque,  aux  petites  heures,  on  prend  les  an- 
;  de  laudes,  il  y  en  a  une  de  trop,  et  c'est  la 
îme  qui  est  alors  laissée,  parce  qu'elle  n*est  pas 
)  aux  psaumes,  mais  à  un  cantique,  dit  Gavantus: 
\t  antiphona  pro  cantico^  non  pro  psalmo. 

\ux  petites  heures  des  fériés  de  l'Avent  qui  n'ont 
itiennes  propres  à  laudes,  on  prend  celles  des  lau- 
dimanche  précédent.  Mais,  lorque  ces  fériés  ont 
iennes  propres  à  laudes,  on  prend  celles-ci. 
Pendant  le  temps  pascal,  aux  offices  de  neuf  ou 


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DES  ANTIENNES.  235 

de  trois  leçons,  on  récite  les  psaumes  de  chaque  noc- 
turne sous  une  seule  antienne  correspondant  à  l'office, 
comme  on  Tindique  en  son  lieu  ;  et  à  la  fin  de  toutes  les 
antiennes  on  ajoute  Alléluia^  quand  il  n'y  est  pas  mar- 
qué .  De  la  Septuagésime  à  Pâques  on  l'omet,  s'il  est  marqué, 
sans  rien  ajouter  à  sa  place.  » 

h' Alléluia  est,  en  effet,  un  cri  joyeux  et  triomphal  que 
rÉglise  aime  à  répéter  dans  le  temps  pascal,  consacré 
au  triomphe  et  à  la  joie  de  la  Résarrection  ;  mais  il 
lie  saurait  convenir  aux  jours  de  pénitence. 

«  7.  Aux  vêpres,  aux  matines  et  aux  laudes  des  fêtes  dou- 
bles, les  antiennes  se  disent  en  entier  avant  les  psaumes  ou 
les  cantiques,  et  se  répètent  après  intégralement.  Aux  autres 
heures  et  aux  offices  qui  ne  sont  pas  du  rit  double,  on  dit 
seulement  les  premiers  mots  de  l'antienne  avant  le  psaume 
ou  le  cantique,  puis  on  la  récite  en  entier  à  la  fin.  Quand 
l'antienne  est  tirée  du  premier  verset  du  psaume  ou  du 
cantique  et  commence  par  les  mêmes  mots,  on  ne  répète 
pas»  après  l'antienne,  le  commencement  du  psaume  ou  du 
cantique,  maison  continue  depuis  l'endroit  où,  selon  le  rit 
du  jour,  s'arrête  l'antienne,  à  moins  qu'elle  ne  soit  inter- 
rompue par  Alléluia.  » 

La  récitation  ou  le  chant  de  toute  l'antienne  avant  et 
après  les  psaumes  est  une  marque  de  solennité;  c'est 
pourquoi  on  double  l'antienne  à  certains  offices,  ap- 
pelés pour  cela  offices  doubles,  dit  Gavantus  :  inde 
dicitur  esse  officium  duplex  ;  et  on  ne  le  fait  pas  à 
certains  autres,  ou  aux  heures  moins  solennelles, 
comme  les  petites  heures  et  les  compiles. 

Gavantus  fait  encore  sur  la  dernière  partie  de  ce 
numéro  7  une  observation  sage  :  «  il  ne  faudrait  pas 
commencer  Tantienne  par  une  seule  syllabe,  ni  couper 
le  sens  d'une  manière  absurde.  »  On  évitera  donc,  par 
exemple,  de  dire  à  l'office  semi-double  des  Vierges  : 
Heec  ;  à  celui  des  confesseurs  non  pontifes  :  Domine, 
quinque,  etc.  Le  mieux  est  de  s'arrAter  aux  astérisques 


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236       LES  ÉLÉMENTS  DÉS  HEURES  CANONIALES. 

qui  sont    ordinairement  marquées  dans  le  bréviaire. 
Quand  Tantienne  est  prise  en  entier  du  commence- 
ment du  psaume,  et  sans  Alléluia  final,  ou  commence 
par  ses  premiers  mots,  il  ne  faut  pas  répéter  ces  mots 
"    'e  verset  du  psaume,  mais  prendre  celui-ci  là  où 
tienne  a  fini.  L'Eglise,  en  effet,  ne  veut  pas  que 
5  la  prière  publique  nous    redisions  à  Dieu   les 
les  paroles,  sans  un  motif  de  chant  ou  de  dévotion 
elle  est  seule  juge.  Cette  défense  que  nous  ron- 
rons plusieurs  fois  dans  les  rubriques,  devrait  dé- 
ner  les  scrupuleux  de  toute  répétition  inutile  qui 
[ue  Tesprit,  dessèche  le  cœur,  et  déplait  à  Dieu  et 
îglise. 

Tantienne  semblable  au  premier  verset  du 
ime  était  terminée  par  un  Alléluia^  il  faudrait 
endre  le  psaume  au  premier  verset  parce  que 
i-ci  ne  serait  pas  absolument  identique  à  Tan- 
[le. 

\,  Les  antiennes  propres  de  roffice  du  Temps  ou   des 

s,  l'emportent  toujours  sur  celles   du  psautier  et  du 

nun  des  saints. 

).  Quand  on  fait  mémoire  d'un  office,  on  dit  toujours 

t  l'oraison,  Tantienne  etle  verset  correspondants  de  cet 

i,  en  so 'te  qu'à  vêpres  on  prend  l'antienne  de  Magnificat 

laudes  celle  de  Benedictus,  avec  les  versets  qui  sont  in- 

3s  après  l'hymne. 

0.  Les  antiennes  de  la  Sain  te- Vierge,  placées  à  la  fin 

lomplies,  se  disent  de  la  manière  indiquée  dans  une 

que  spéciale.  » 

^s  n®*  9  et  10  font  mention  de  certaines  antiennes 
sont  comme  isolées  et  n'accompagnent  pas  les 
mes  ;  ce  sont  les  mémoires  proprement  dites,  les 
âges  communs  et  les  antiennes  finales  de  la  Sainte- 
ge  dont  nous  avons  déjà  parlé  ou  parlerons  plus 

y  a  aussi  les  grandes  antiennes  0  qu'on  récite  à 

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DBS  ANTIENNES.  237 

vêpres  comme  antiennes  de  Magnificat  ou  comme  mé- 
moires du  Temps,  les  sept  jours  avant  Noël.  Elles  nous 
rappellent  les  désirs  ardents  des  Patriarches  après  la 
venue  du  Messie  et  doivent  exciter  les  nôtres  pour  la 
naissance  ou  la  vie  du  Sauveur  dans  les  âmes  ;  c'est 
pourquoi  on  les  double  toujours  à  Toffice  férial,  conti- 
nue Durand  de  Mende  :  ad  explicanda  iterata  suspiria 
Saiictorum  Patrum.  Leur  nombre  est  de  sept,  pour 
consacrer  une  semaine  à  la  préparation  plus  immé- 
diate et  plus  fervente,  dit  Gavantus  :  «  utper  octavam 
an  te  Nativitatem  Domini  accendamur  erg  a  Christum 
venturiim  »  (Sect.  VI,c.ii),  «et pour  exprimer,  continue 
Durand  de  Mende,  que  le  Sauveur,  ayant  la  plénitude 
des  sept  dons  du  Saint  Esprit,  devait  par  sa  grâce  dé- 
livrer les  Juifs  et  les  Gentils  des  misères  qui  les  dé- 
solaient. »  (Lib.  VI,  c.  Il)  Clichtoue,  dans  son  Eulicida- 
torium,  M.  Gosselin  dans  ses  Instructions  sur  les  fêtes, 
et  D.  Guéranger  dans  ÏAnne'e  liturgique  :  tAvent,  ont 
commenté  ces  belles  antiennes  qui  doivent  toujours 
être  chantées  solennellement. 

«  Tous  les  jours,  à  Vêpres,  dit  ce  dernier,  on  chante 
une  Antienne  solennelle  qui  est  un  cri  vers  le  Messie, 
et  dans  laquelle  on  lui  donne  chaque  Jour  quelqu'un 
des  titres  qui  lui  sont  attribués  dans  TEcriture. 

L'instant  choisi  pour  faire  entendre  ce  sublime  ap- 
pel à  la  charité  du  Fils  de  Dieu,  est  l'heure  des  vêpres, 
parce  que  c'est  sur  le  soir  du  monde,  vergente  mundi 
vespere^  que  le  Messie  est  venu.  On  les  chante  à  Ma- 
gnificat, pour  marquer  que  le  Sauveur  que  nous 
attendons  nous  viendra  par  Marie.  On  les  chante  deux 
fois,  avant  et  après  Je  cantique,  comme  dans  les  fêtes 
doubles,  en  signe  de  plus  grande  solennité  ;  et  même 
Tusage  antique  de  plusieurs  Églises  était  de  les  chan- 
ter trois  fois,  savoir  :  avant  le  cantique  lui-même, 
avant  Gloria  Patriy  et  après  Sicut  erat.  Enfin,  ces  ad- 


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238        LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

mirables  Antiennes,  qui  contiennent  toute  la  moelle 
de  la  Liturgie  de  PAvent,  sont  ornées  d'un  chant  plein 
avité  et  de  mélodie  ;  et  les  diverses  Églises  ont 
lu  Tusage  de  les  accompagner  d'une  pompe  toute 
culière,  dont  les  démonstrations  toujours  expres- 
varient  suivant  les  lieux,  »  {VAvent,  xvii  décem- 
Commencement  des  grandes  Antiennes.) 
land  il  y  a  des  choristes  au  chœur,  les  antiennes 
vêpres,  des  matines  et  des  laudes  doivent  être 
ralement  annoncées  à  ceux  qui  les  entonnent.  Ce 
naintenant  une  marque  de  respect  et  d'honneur, 
Lde  ce  qu'autrefois  onn'avait  pas  d'antiphonaires  ; 
il  était  nécessaire  d'annoncer  l'antienne  à  ceux 
devaient  ainsi  Tentonner  sans  livre  (Grancolas). 
baye  de  Saint-Riquier,  en  effet,  qui  avait  jusqu'à 
moines,  ne  possédait  pour  l'usage  du  chœur,  nous 
Claude  de  Vert,  que  sept  psautiers  manuscrits,  et 
ntiphonaires  et  autres  livres  de  chant  y  étaient 
i  rares. 

IX  vêpres,  aux  matines  et  aux  laudes  du  dimanche 
les  offices  doubles  célébrés  avec  une  certaine 
mité,  ainsi  qu'à  tierce  solennelle  et  à  complies, 
lébrant  entonne  toujours  la  première  antienne  des 
imes  et  celle  des  Cantiques  Magnificat,  Nunc 
Mis  et  Benedictus.  Les  autres  antiennes  sont  en- 
ées  alternativement  par  les  plus  dignes  du  chœur 
continue  ensuite  l'antienne.  Après  les  psaumes, 
:  chantres  reprennent  les  premiers  mots  de  Tan- 
ie  que  tout  le  chœur  achève, 
iix  offices  des  fériés  et  à  ceux  qui  se  chantent 
solennité,  comme  aussi  à  complies  et  aux  petites 
es,  les  antidnnes  ne  sont  pas  annoncées,  môme 
élébrant,  et  le  chœur  reprend  l'antienne  à  la  fin 
saume,  sans  en  laisser  l'initiative  aux  chantres. 


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DES  PSAUMES.  239 

Art.  ¥.  —  Des  Psaumes. 

Les  psaumes  constituent  la  partie  principale  de  l'of- 
fice divin  et  aussi  la  plus  ancienne.  Toujours,  en  effet, 
on  les  a  chantés  ou  récités  dans  la  prière  publique, 
qui  semblait  même  tout  d'abord  n'avoir  pour  élément 
que  ces  cantiques  sacrés  :  ils  en  forment  encore  au- 
jourd'hui comme  le  fond  et  l'essence.  Pourquoi  s'en 
étonner  ?  Les  psaumes  ne  furent-ils  pas  inspirés 
pour  exprimer  à  Dieu  tous  les  sentiments  d'une 
âme  chrétienne  dans  ses  divers  états,  et  ceux  de 
Jésus-Christ  à  l'égard  de  son  Père  ?  Le  Saint-Esprit 
n'avait  pas  seulement  en  vue  les  besoins  et  les  de- 
voirs de  l'écrivain  sacré  et  de  son  peuple,  mais  sur- 
tout ceux  de  l'Eglise  et  de  ses  enfants  ;  on  y  trouve 
tous  les  élans  du  cœur  :  la  plus  vive  expression  de  la 
crainte  et  de  l'amour,  du  repentir  et  de  la  confiance, 
de  la  reconnaissance  et  de  l'adoration  ;  l'Église  ne 
pouvait  pas  emprunter  pour  sa  prière  une  variété  de 
formules  plus  belle  et  plus  féconde.  Aussi,  à  l'exem- 
ple de  l'Eglise  Judaïque,  figure  de  ce  qu'elle  devait 
être  et  faire  elle-même,  elle  a  voulu  que  ses  ministres 
sacrés  fissent  résonner  jour  et  nuit  dans  son  sein  ces 
touchants  et  sublimes  cantiques. 

Après  avoir  donné  quelques  notions  générales  sur 
les  psaumes,  nous  les  considérerons  dans  l'office  divin. 

§  I.   NOTIONS  Q6NÉRA.LBS  SUR  LKS  PSAUMES. 

Nombre.  —  Divisiou.  —  Anthentieité.  —  Auteur.  •—  Inspiration.  — 
Beauté  morale  et  littéraire-  —:  Motif  de  les  étudier. 

Avec  Gavantus  et  le  Cardinal  Bona,  nous  résumons 
ici  les  notions  préliminaires  les  {dus  pratiques  sur 
les  psaumes  ;  elles  suffiront  à  nous  faire  aimer  de 
plus  en  plus  le  psautier  et  à  nous  le  faire  étudier 
avec  plus  d*ardeur  encore,  surtout  en  vue  de  l'office 
divin. 

Les  psaumes  sont  appelés  en   hébreu  ThéhilUmy 


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240       LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

laudesy  louanges^  parce  que  la  plupart  d'entre  eux  cé- 
lèbrent les  bienfaits  et  les  louanges  de  Dieu.  Le 
nom  français  et  latin  vient  du  grec  ^0Lk\L6<;  que  leur  ont 
donné  les  Septante,  parce  que  les  psaumes  étaient 
chantés  dans  l'assemblée  des  juifs,  et  ordinairement 
au  son  des  instruments  ;  <j*àXXeiv,  en  effet,  veut  dire  : 
toucher  un  instrument  à  cordes^  et  ^xk\i.6ç  désigne  l'air 
ainsi  joué  avec  ou  sans  accompagnement  de  la  voix, 
et,  par  extension,  le  poème  lui-même. 

Les  psaumes  sont  donc  des  hymnes  sacrés  et  poéti- 
ques ;  ils  ont  pour  objet  les  attributs  et  les  bienfaits 
du  Seigneur,  des  événements  remarquables  passés 
ou  futurs,  les  devoirs  et  les  besoins  de  l'homme,  les 
pieux  sentiments  de  son  cœur. 

LeurnomAreest  décent  cinquante.  Le  cent  cinquante- 
unième  qui  se  trouve  à  la  fin  du  psautier  grec  et  du 
psautier  syriaque,  et  qui  célèbre  la  mort  de  Goliath, 
est  certainement  apocryphe. 

La  bible  hébraïque  et  la  vulgate  ne  comptent  pas  les 
psaumes  de  la  même  manière.  C'est  parce  que,  pri- 
mitivement ,  les  divisions  n'étaient  pas  marquées 
dans  les  manuscrits.  Jusqu'au  psaume  ix,  il  n'y  a  pas 
de  différence,  mais  la  vulgate,  réunissant  le  ix«  et  le  x« 
du  texte  hébreu,  est  en  retard  d'un  psaume  sur  celui- 
ci,  d'où  le  psaume  X  de  la  vulgate  est  lexi®  de  Thébreu. 
La  vulgate  réunit  encore  les  psaumes  civ  et  cv,  et  se 
trouve  en  retard  de  deux  psaumes  cette  fois  ;  le  civ® 
de  la  vulgate  est  le  cvi"  de  l'hébreu.  Mais,  comme  la 
vulgate  partage  en  deux  le  psaume  cvi«  de  l'hébreu, 
elle  n'est  plus  en  retard  que  d'un  psaume,  et  cela  jus- 
qu'au cxLVi®;  celui-ci,  étant  également  séparé  en  deux 
par  la  vulgate,  l'accord  est  rétabli  et  se  continue  jus- 
qu'à la  fin.  La  vulgate  suit  en  tout  ceci  les  Septante. 
Cette  différence  dans  la  division  n'altère  pas  le  fond 
des  choses,  et  n'a  d'importance  que  pour  vérifier  la 
citation  que  les  auteurs  font  des  psaumes  tantôt  d'a« 


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DBS  PSAUMES. 

près  l'hébreu  et  tantôt  d'après  le  grec  et  la 
U ordre  des  psaumes  dans  nos  bibles  n'e 
ni  sur  la  date  de  leur  composition,  ni  sur  une 
au  moins  suffisamment  connue  des  idées  qu 
ferment.  Bellarmin  cependant  a  cru  voir 
psautier  un  ordre  logique  ;  il  y  aurait  d'après 
parties  :  la  première  (ï-l)  se  rapporterait  ai 
pénitentes  ;  la  deuxième  (li-c)  aux  âmes  qui 
trées  dans  la  voie  de  la  perfectioiï  ;  et  la  tr 
(ci-cl)  aux  âmes  déjà  parfaites. 

Il  est  une  autre  division  logique  mieux  et 
fondée  sur  l'objet  principal  du  psaume.  Certî 
teurs,  comme  M.  Rault,  les  divisent  à  ce  poin 
Qïi  prophétiques^  historiques  et  moraux.  Ladi\ 
M.  Vigouroux  nous  parait  plus  complète  et  p 
cise  tout  à  la  fois  :  elle  n'est  au  fond  que  celle 
Athanase  dans  son  épitre  à  Marcellin  :  1* 
en  l'honneur  de  Dieu;  —  2®  Hymnes  en  l'hon 
Jérusalem  et  du  Temple  ;  —  3®  Psaumes  de  pri 
4°  Psaumes  didactiques  et  moraux;  — 5°  Psaur 
phétiques; — 6<*  Psaumes  historiques.  (On 
voir  les  détails  dans  le  Manuel  Biblique,  t.  II,  n.  6 
Le  psautier,  tel  que  nous  l'avons  aujourd'h 
le  texte  hébreu,  dans  la  version  des  Septante 
la  vulgate,  est  certainement  authentique,  et  reco 
tous  comme  tel,  sans  discussion  aucune.  Mais 
ne  veut  pas  dire  ici  que  le  psaume  apparti( 
jours  à  des  auteurs  certains  ou  à  des  époqi 
cises  ;  ces  points  sont  quelquefois  controversé 
thenticité  dont  il  s'agit  consiste  en  ce  que  1 
reçu  le  psautier  des  mains  des  Juifs,  non  sei 
comme  une  partie  de  la  Bible  sacrée,  mai 
comme  un  livre  liturgique  dont  la  synagogui 
vait  régulièrement  dans  les  assemblées  relif 
rien  n'était  plus  facile  à  constater,  en  coni 
nos  psautiers  actuels  avec  les  anciens  des  Juii 

T.  lU  4 


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242       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

L'opinion  la  plus  probable  donne  aux  psaumes  plu- 
sieurs auteurs,  tout  en  reconnaissant  que  David  en  a 
composé  la  plus  grande  partie.  Le  second  livre  des 
paralipomtaes  (xxix,  30),  les  rabbins  anciens  et  mo- 
dernes les  plus  savants,  les  Pères  les  plus  autorisés  dans 
l'interprétation  des  saints  Livres,  les  critiques  protes- 
tants les  plus  habiles,  les  meilleurs  exégètes  catholi- 
ques, admettent  cette  opinion,  corroborée  encore  par 
les  titres  des  psaumes,  par  les  faits  historiques  qui  y  sont 
racontés  et  par  les  différences  de  style.  Aussi,  croyons- 
nous  que  David,  auteur  de  la  plupart  des  psaumes,  ne 
l'est  pas  de  tous,  et  qu'on  doit  en  général  les  attribuer  à 
ceux  dont  ils  portent  Tinscriplion,  comme  Asaph  et 
certains  autres,  à  moins  que  le  psaume  lui-même  ne 
le  permette  pas.  Un  grand  nombre  de  ceux  qui  sont 
anonymes  doivent  être  aussi  attribués  au  saint  roi. 
Et  tous  sont  certainement  antérieurs  au  temps  des 
Machabées.  (150  ans  avant  Jésus-Christ.) 

Il  est  inutile  de  prouver  Y  inspiration  des  psaumes, 
reconnue  par  TÉglise  judaïque,  par  Notre-Seigneur,  par 
les  apôtres  et  par  toute  l'Église  chrétienne,  et  solennel- 
lement définie  par  le  saint  concile  de  Trente,  (sess.  iv.) 
Les  difficultés  des  rationahstes,  au  sujet  de  certains 
psaumes  imprécatoires  ou  qui  semblent  contraires  à 
l'immortalité  de  Tâme,  ne  sont  pas  sérieuses  ;  aucun 
dogme  n'est  nié  dans  les  psaumes,  et  Ton  explique  par- 
faitement les  malédictions  qui  s'y  trouvent. 

Mais  nous  devons  nous  arrêter  sur  la  beauté  des 
psaumes  qui  nous  les  fera  mieux  goûter  encore  dans 
la  récitation  de  l'office.  Les  psaumes ,  tout  le  monde 
en  convient,  sont  remarquables  par  leur  beauté  mo- 
rale et  littéraire. 

La  beauté  morale  dont  il  s'agit  ici  comprend  les 
faits,  la  doctrine,  les  principes  de  conduite  et  les  for- 
mules de  prière;  nous  pouvons  ainsi  la  distinguer  en 
hQdLiiié  historique,  dogmatiqueei  pratique. 


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^x:"'^  'ï'vtr^.w^f  z 


DES  PSAUMES.  243 

L'histoire,  en  effet,  a  sa  beauté  morale  ;  c'est 
quand  elle  relate  des  faits  dont  l'intérêt,  l'impor- 
tance ou  l'éclat  font  naître  en  nos  âmes  les  plus 
nobles  sentiments  et  les  excitent  aux  plus  grandes 
vertus.  Mais  le  psautier  contient  d'une  part  les  plus 
belles  parties  des  livres  historiques  de  Pancien  Testa- 
ment, et  de  l'autre,  par  anticipation,  les  faits  surna- 
turels et  divins  qui  ont  servi  de  base  à  la  société  chré- 
tienne. Or  qui  ne  sait  que  l'histoire  de  l'ancien  Tes- 
tament surpasse  en  beauté  par  son  importance,  ses 
leçons,  son  éclat,  tous  les  faits  de  l'histoire  profane? 
Les  psaumes  en  font  revivre  à  nos  yeux  le  splendide 
tableau.  Bossuet,  tout  épris  déjà  de  cette  beauté,  s'é- 
criait :  «  Le  livre  des  psaumes  a  été  surtout  composé 
pour  célébrer  et  nous  rappeler  à  tout  jamais  les  gran- 
des actions  de  David  et  de  ses  ancêtres,  les  actions  de 
Dieu  même,  et  pour  servir  de  monument  éternel  à  notre 
confiance  et  à  notre  foi  ;  c'est  pourquoi  le  Seigneur  a 
voulu  communiquer  au  Psalmiste  son  esprit  supé- 
rieur et  divin.  »  (Prsef.  in  psalm.  c.  1,  3.)  Mais 
que  dirons-nous  des  psaumes  prophétiques,  où  se 
déroule  par  anticipation  la  plus  belle  histoire  des 
temps  à  venir:  celle  d'un  Dieu  fait  homme  et  de  tous 
ses  mystères,  celle  de  son  Église  avec  ses  persécutions, 
ses  combats,  ses  triomphes?  Bossuet  en  résume  encore 
la  beauté  historique  dans  une  page  admirable  qui 
commence  par  ces  mots  :  «  David  l'a  vu  de  loin  (le 
Messie),  et  il  Ta  chanté  dans  ses  psaumes  avec  une 
magnificence  que  rien  n'égalera  jamais.  »  (Disc,  sur 
fhist,  univers,  2®  part.  c.  iv.)  Après  avoir  terminé  son 
étude  des  psaumes  à  ce  point  de  vue  des  faits  ra- 
contés ou  prédits,  l 'illustre  évêque  de  Meaux  s'écrie 
dans  un  pieux  enthousiasme  :  «  Quisergo  tam  languidus 
quem  ista  non  moveant!  Quis  non  fide  vivâ  Davidicos 
sonet  psalmos  rerum  gestarum  memores,  praesentium 
testes,,  praescios  futuroruml  (Prxf.  in  psalm.  c.  1.  7.) 


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244   LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Les  psaumes  n'ont  pas  une  beauté  dogmatique 
moins  grande.  S.  Basile  a  dit  qu'on  y  trouve  une 
Théologie  complète,  et  S.  Augustin,  tous  les  fonde- 
ments de  la  foi^  de  •  r espérance  et  de  la  charité. 
N'exposent- ils  pas  à  nos  yeux  tout  le  dogme  chré- 
tien, et  ces  grandes  vérités  qui  servent  de  base  et  de 
fondement  aux  vertus  théologales  et  à  la  morale 
entière?  Comme  rien  n'est  plus  beau,  dans  le  vasle 
champ  de  la  vérité,  que  les  enseignements  de  notre 
foi,  les  assises  de  notre  espérance,  les  motifs  de  notre 
charité,  que  le  dogme  catholique  en  un  mol,  il  en  re- 
jaillit sur  le  psautier  une  véritable  beauté  dogmati- 
que. Celui-ci  nous  déroule,  en  effet,  toutes  les  vérités 
surnaturelles  et  les  horizons  les  plus  variés  sur  Dieu, 
sur  rhomme  et  sur  l'Homme-Dieu.  C'est  Dieu  d'abord 
avec  la  perfection  de  ses  attributs  et  son  action  mer- 
veilleuse ici-bas.  Il  occupe  une  si  large  place  dans  les 
psaumes  que,  sur  150,  seize  seulement  ne  men- 
tionnent pas  son  nom  divin  dès  I3  premier  verset. 
L'homme  nous  y  apparaît  aussi  avec  sa  valeur  mo- 
rale d'une  part  :  sa  grandeur,  son  empire  sur  la  créa- 
tion, son  élévation  qui  atteint  presque  aux  perfections 
angéliques,  son  origine,  sa  fin,  et  de  l'autre  avec  sa 
chute  originelle,  ses  erreurs,  sa  faiblesse  et  ses  infidé- 
lités. Nous  y  voyons  le  besoin  qu'il  a  de  son  Dieu,  le 
bonheur  qu'il  trouve  à  son  service,  les  plus  touchants 
motifs  de  repentir  et  d'amour ,  les  caractères  vrais  et 
saisissants  du  juste  et  du  pécheur.  Tout  ce  que  nous 
apprend  sur  l'homme  une  dogmatique  profonde,  éle- 
vée, nous  le  trouvons  dans  les  psaumes.  Mais,  c'est 
THomme-Dieu  surtout  qui  fait  l'objet  du  psautier.  De 
tous  les  livres  de  T Ancien  Testament,  aucun  n'en  a 
parlé  comme  lui  :  «  Rien  de  ce  qui  regarde  Jésus- 
Christ,  dit  Cassiodore,  n'a  été  omis,  ni  son  humanité 
avec  ses  touchants  ou  terribles  mystères,  ni  sa 
nature  divine  qui  le  fait  le  coéternel  et  l'égal  de  son 


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DBS  PSAUMES.  245 

Père,  ni  son  Église  avec  ses  combats  et  ses  triomphes.  » 

Il  est  une  autre  beauté  morale  des  psaumes,  non  moins 
remarquable  que  la  beauté  historique  et  dogmatique  : 
celle  qui  résulte  des  principes  de  conduite  et  des  for- 
mules de  prières,  et  que  nous  avons  appelée  pour 
cela  beauté  pratique. 

On  Ta  dit,  et  rien  n*est  plus  vrai,  le  psautier  est  un 
traité  complet  de  morale,  un  manuel  des  plus  belles 
prières. 

Il  renferme,  en  effet,  les  principes  les  plus  complets, 
les  plus  purs  et  les  plus  beaux  de  morale.  «  Vous  comp- 
teriez plutôt,  dit  Bossuet,  les  étoiles  du  ciel  que  les 
sentences  du  psautier  qui,  à  ce  point  de  vue,  a  une 
beauté  à  part  :  sedin  moralibuSy  singularem  habent  gra- 
tiam.  (loc.  cit.)  Nous  trouvons  en  lui  seul,  continue- 
t-il,  tous  les  avantages  épars  do  la  Sainte  Ecriture, 
pour  la  perfection  de  Thomme,  et  les  bonnes  œuvres 
de  la  vie  ;  ce  qui  lui  donne  une  singulière  et  magnifi- 
que puissance  pour  élever  le  cœur  de  Thomme  vers 
Dieu,  »  —  «  Tout  ce  qui  regarde  la  morale  et  la  con- 
duite, dit  M.  Glaire,  y  répond  à  la  pureté  de  la  doc- 
trine. »  Nos  devoirs  envers  Dieu,  envers  le  prochain, 
envers  nous-mêmes,  y  sont  retracés  d'une  manière 
énergique,  entraînante.  Et  pour  sauvegarder  ces  prin- 
cipes et  mieux  en  assurer  l'observation,  le  Psalmiste 
inspiré  consacre  Tun  de  ses  plus  beaux  cantiques  à  la 
louange  et  à  Tamour  de  la  loi  ;  c'est  le  psaume  cxviii*, 
dont  nous  avons  déjà  parlé. 

Admirable  résumé  de  la  plus  pure  morale,  les  psau- 
mes nous  offrent  aussi  les  plus  belles  formules  de 
prières.  On  y  trouve  les  sentiments  les  plus  suaves 
pour  Dieu,  les  plus  vifs  élans  vers  le  Ciel,  tous  les 
accents  du  cœur  dans  ses  divers  états  ou  besoins.  A  ce 
seul  point  de  vue  déjà,  les  psaumes  seraient  encore  ce 
qu'il  y  a  de  plus  beau  dans  la  Sainte  Ecriture.  «  Ja- 
mais, dit  Lamartine,  la  fibre  humaine  n'a  résonné 
I.  lu  14. 

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246       LBS  ÉLÉMENTS  DSS  HEURES  CANONIALES. 

d'accents  si  intimes,  si  pénétrants,  si  graves.  Jamais 
la  pensée  ne  s*est  adressée  si  haut  et  n'a  crié  si  juste  ; 
jamais  Tâme  de  l'homme  ne  s'est  répandue  devant 
Dieu  en  expressions  et  en  sentiments  si  tendres  et  si 
déchirants.  Tous  les  gémissements  du  cœur  humain 
ont  trouvé  leurs  voix  et  leurs  notes  sur  les  livres  et  sur 
la  harpe  du  Barde  sacré.  »  {Voy,  en  Orient,)  Com- 
ment nous  en  étonner?  «  Les  psaumes,  dit  TertuUien, 
sont  la  voix  et  le  langage  de  Jésus-Christ.  »  Ils  sont 
aussi  la  voix  de  T 'Eglise. 

Voici  du  reste  ce  qu'ont  pensé  de  l'utilité  et  de  la 
beauté  morale  des  psaumes  les  saints  Pères  et  d'autres 
graves  auteurs  : 

Saint  Athanase  :  «  Chacun  s'y  voit  dépeint,  et  y 
remarque  les  différents  mouvements  qui  se  passent 
au  fond  de  son  cœur,  s'il  est  dans  la  joie  ou  la  tris- 
tesse, dans  la  ferveur  ou  l'attiédis  sèment,  dans  l'espé- 
rance ou  la  crainte  ;  il  y  apprend  à  gémir  sur  ses  fau- 
tes, à  implorer  le  secours  de  Dieu  dans  les  périls  et  les 
tentations,  à  lui  témoigner  sa  reconnaissance  pour  les 
grâces  reçues,  à  chanter  ses  louanges  avec  amour,  à 
apprécier  les  hommes  à  leur  juste  valeur,  à  ne  mettre 
sa  confiance  qu'en  Dieu.  »  {Opusc,  inps.) 

Saint  Ambroise  :  «  Les  psaumes  conviennent  à  tous 
et  sont  doux  à  tous  les  âges.  Ils  sont  répétés  par  les 
empereurs  et  font  la  joie  des  peuple^.  Le  cJiant  des 
psaumes  dissipe  la  frayeur  de  la  nuit  et  délasse  des 
fatigues  du  jour,  Au  chant  des  psaumes  les  cœurs  de 
pierre  sont  amollis  ;  nous  avons  vu  pleurer  les  plus 
durp,  et  les  plus  impitoyables  se  laisser  fléchir,  I^a 
doctrine  y  est  mêlée  à  la  grâce  du  langage  ;  on  les 
chante  pour  ge  réjouir,  on  les  étudie  pour  s'instruire,  « 

Saint  Basile  :  «  Le  psaume  eslU  tranquillité  de  l'âme 
et  le  porte-rétendard  de  la  paix  ;  il  chasse  les  troubles  et 
les  iBuctuations  de  l'esprit,  comprime  Ift  colère,  détruit 


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DES  PSAUMBS.  247 

le  luxe,  suggère  la  tempérance,  fortifie  ramitié,  éteint 
la  discorde,  rapproche  les  ennemis.  » 

La  Harpe  :  «  C'est  le  feu  de  l'amour  divin  qui 
anime  les  psaumes  ;  le  Psalmiste  en  est  enflammé,  et  le 
répand  dans  ses  chants  et  dans  notre  âme...  Vous  qui 
êtes  malheureux,  affligés,  opprimés,  allez  chercher  le 
soulagement  et  l'espérance  dans  Sénèque  et  les  autres 
philosophes,  et  vous  me  direz  comment  vous  vous  en 
serez  trouvés  ;  moi,  je  lirai  TÉcriture,  et  surtout  les 
psaumes.  {Le  Psautier  en  français,  dise,  prélim., 
3'  partie.) 

Monseigneur  Plantier  :«  David  est  le  contemporain  de 
toutes  les  époques,  le  frère,rami,le  conseilIer,leconsola- 
teur,  le  poète  de  tous  les  humains...  Chacun  peut,  dans 
des  situations  de  cœur  ou  de  fortune  analogues  à  celles 
dont  il  subit  les  dramatiques  vicissitudes,  s'approprier 
ses  expressions,  et  faire  après  trente  siècles,  des  ac- 
cords échappés  à  la  lyre  du  Roi-Prophète,récho  de  ses 
propres  sentiments  et  la  mélodie  de  sa  pensée.  »  {Etu- 
des littéraires  sur  les  Poètes  bibliques,  8*  leçon,  David.) 

Lacordaire  :  «  David  n'est  pas  seulement  prophète, 
il  est  le  prince  de  la  prière  et  le  théologien  de  l'Ancien 
Testament.  C'est  avec  ses  psaumes  que  prie  l'Église 
universelle  ;  et  elle  trouve  dans  cette  prière,  outre  la 
tendresse  du  cœur  et  la  magnificence  de  la  poésie,  les; 
enseignements  d'une  foi  qui  a  tout  su  du  Dieu  de  la 
création,  et  tout  prévu  du  Dieu  de  la  rédemption.  Le 
psautier  était  le  manuel  de  la  piété  de  nos  pères;  on 
le  voyait  sur  la  table  du  panvre,  comme  sur  le  prier 
dieu  des  rois.  Il  est  encore  aujourd'hui,  dans  la  main 
du  prêtre,  le  trésor  où  il  puise  les  aspirations  qui  le 
conduisent  à  l'autel,  l'arohe  qui  l'^compagne  au?c  pé- 
rils du  monde,  comme  au  désert  de  la  méditation.  Nul 
autre  que  David  n'a  mieux  prié;  nul  autre,  préparé 
par  plus  de  malheurs  et  plus  de  gloire,  par  plus  de 
vicissitudes  et  plus  de  paix,  n'a  mieux  chuinté  la  foi 


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2M   LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

de  tous  les  âges,  et  mieux  pleuré  les  fautes  de  tous, 
les  hommes.  Il  est  le  père  de  Tharmonie  spirituelle,  le 
musicien  de  Téternité  dans  les  tristesses  du  temps,  et 
sa  voix  se  prête  à  qui  la  veut  pour  gémir,  pour  invo- 
quer, pour  intercéder,  pour  louer,  pour  adorer...  11 
n'y  a  pas  dans  la  vie  de  l'homme  un  péril,  une  joie, 
une  amertume,  un  abattement,  une  ardeur,  pas  un 
nuage  et  pas  un  soleil  qui  ne  soient  en  David,  et  que 
sa  harpe  n'émeuve  pour  en  faire  un  don  de  Dieu  et  un 
souffle  d'immortalité.  »  {Mélanges.  Du  culte  de  Jé- 
sus-Christ dans  les  Écritures.) 

M.  Poujoulat  :  «  Étonnante  destinée  des  chants  du 
Roi-Prophète...  après  avoir  fait  l'aliment,  la  consola- 
tion, l'appui,  le  bonheur,  l'étude  et  l'admiration  des 
plus  sublimes  génies  et  des  âmes  héroïques  ou  les  plus 
pures  dont  s'honore  le  passé,...  ils  retentissent  encore, 
à  3000  ans  de  leur  naissance,  dans  les  cathédrales  de 
nos  cités,  comme  dans  les  églises  des  villages,  et  sont 
reditsparle  paavre,par  le  savant  comme  par  l'ignorant, 
aux  quatre  coins  de  l'univers.»  {Hist,  de  Jérusalem,i,l.) 

Nous  pourrions  encore  multiplier  les  citations,  cel- 
les-ci suffiront,  avec  ce  que  nous  avons  dit  précédem- 
ment, à  nous  faire  bénir  TÉglise  qui,  dans  son  office, 
nous  met  si  souvent  sur  les  lèvres  de  si  beaux  canti- 
ques; ajoutons,  cependant,  que  le  psautier  occupe 
encore  dans  la  littérature  et  la  poésie  une  place  à  part, 
et  l'office  en  reçoit  ainsi  une  beauté  nouvelle. 

Le  Psalmiste,  en  effet,  comme  tous  les  poètes,  se 
distingue  des  prosateurs  par  un  style  plus  vif  et  plus 
imagé;  il  a  aussi  son  rythme  et  sa  cadence,  constitués 
surtout  par  le  parallélisme,  et, de  plus, d'après  plusieurs 
Orientalistes,  par  une  vraie  mesure  prosodique  ^ 

1.  Le  parallélisme  chez  les  Hébreux  est,  comme  on  le  sait, 
la  division  d'une  période  eu  deux  ou  plusieurs  membres,  le 
plus  souvent  égaux,  et  qui  se  correspondent  toujours  par*  leurs 
termes,  tantôt  synonymes  (Ps.  cxiii),  tantôt  oppos'^'^  (P>  xix. 


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DES  PSAUMES.  249 

Mais   le  témoignage  d'auteurs  compétents  et  Texa- 
men  du  livre  nous  prouvent  de  plus  que  le  psautier  J 

est  un  livre  de  la  plus  belle  poésie.  I 

Saint  Jérôme,  si  versé  dans  la  littérature  profane, 
ne  craignait  pas  d'avancer  que  nous  avions  dans  les 
psaumes  toutes  les  beautés  de  Simonide,  de  Pindare, 
et  d'Horace.  Lowth,  célèbre  professeur  de  poésie  à  l'Uni- 
versité d'Oxford,  va  jusqu'à  appeler  divine  la  beauté 
poétique  des  psaumes.  {De  sacra  poesi  Eebr.)  Bossuet, 
dans  sa  préface  sur  le  psautier,  a  un  chapitre  intitulé  : 
he  grandi  eloquentiâ  et  suavitate  psalmorum  ;  il  y  dé- 
montre que  les  psaumes  sont  remarquables  par  la  su- 
blimité des  pensées,  la  grandeur  des  images,  la  beauté 
des   comparaisons,    l'impétuosité   des   mouvements, 
la  douceur  et  la  vivacité  des  sentiments,  en  un  mot, 
par  tout  ce  qui  constitue  essentiellement  la  plus  belle 
poésie,  «  Quid  sublimiùs?. . .  Nihil  viviaiùs, . .  Compara- 
tiones...  quœ ingeniorum  acuerent  diligentiam,.,  Quis 
poetices,  ac  prœsertim  quis  odarum  genius,  qui  impetiis 
taies?  »  —  «  Les  psaumes  de  David,  dit  Nodier,  litté- 
rateur distingué  du  xvin®  siècle,  passent  chez  tous  les 
peuples  pour  l'ouvrage  le  plus  complet  que  la  poésie 
lyrique  ait  produit.  »  —  M.  de  Maistre  place  David 
au-dessus  de  Pindare,  le  prince  des  poètes  lyriques 
d'Athènes  et  de  Rome.  {Soirée  de  Saint-Pétersbourg .) 
«  QuanJ  les  poèmes  de  David,  dit  la  Harpe,  ne  no  as 
auraient  été  transmis  que  comme  des  productions  pu- 
rement humaines...  ils  seraient  encore,  par  les  beautés 
uniques  dont  ils  brillent,  dignes  de  l'admiration  et  de 
Tétude  de  tous  ceux  qui  ont  le  sentiment  du  beau.  »  ^ 

f-2),  et  quelquefois  encore,  par  une  simple  ressemblance  de  me- 
sure ou  de  construction  grammaticale.  (Ps.  xviii.) 

i.  Marot,  dans    Tépitre  dédicatoire  de   sa  traduction  des 
psaumes  à  François  P',  s'exprime  ainsi  : 

t  0  doncques.  Roi,  prends  l'œuvre  de  David  î 
Œuvre  plutôt  du  Dieu  qui  le  ravit  ; 


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cC--;:F^r^- 


250       LKS  ÉLÉMENTS  DBS  HBURBS  GANONIALBS. 

Lamartine,  épris  d'enthousiasme  pour  notre  poète 
inspiré,  s'écrie  :  «  David  est  le  premier  des  poètes  du 
sentiment,  c'est  le  roi  des  lyriques.  »  —  «  Nul  autre 
inspirateur  lyrique,  dit  enfin  Mgr  Plantier,  n'a 
joui  par  le  passé  d'une  popularité  si  glorieuse.  N'est- 
ce  pas  une  éclatante  preuve  que  nos  poètes  n'ont  pas 
mieux  parlé  que  David  le  langage  du  cœur...  Comme 
tous  les  grands  poètes  lyriques,  il  a  passé  par  le  feu 
des  traducteurs,  et,  chose  incontestable,  il  en  est  sorti 
le  plus  souvent  plein  de  nerf,  de  moelleux  et  de  vie.  » 

Nous  pourrions  montrer  maintenant,  si  nous  avions 
à  faire  une  étude  approfondie  des  psaumes,  qu'ils  se 
distinguent  parmi  les  poèmes  profanes  par  tous  les  ca- 
ractères qui,  d'après  La  Harpe,  font  l'essence  de  toute 
poésie  :  sublimité  des  pensées  et  des  expressions,  ri- 
chesse et  grandeur  des  tableaux,  beauté  des  comparai- 
sons, impétuosité  des  mouvements,  onction  enfin  et 
vivacité  des  sentiments.  Mais  ceci  nous  entraînerait 
trop  loin,  il  nous  suffira  d'en  dire  quelques  mots  seu- 
lement. 

Bossuet,  admirant  cette  sublimité  de  pensée  et  d'ex- 
pression, l'appelle  une  belle  éloquence  :  «  Et  quidem 

Dont  il  devint  poète  en  un  moment. 
Le  plus  parfait  dessous  le  firmament 


Quant  est  de  l'art  aux  muses  réservé, 
Homère,  grec,  ne  Ta  mieux  observé. 
Pas  ne  faut  donc  qu'auprès  de  lui  Horace 
Se  mette  en  jeu,  s'il  ne  veut  perdre  grâce  ; 
Car  par  sus  lui  vole  notre  poète 
Gomme  ferait  l'aigle  sur  l'alouette. 
Soit  à  écrire  en  beaux  lyriques  vers, 
Soit  à  toucher  la  lyre  en  sens  divers. 

Si  Orpheus  jadis  l'eût  entendue, 

La  sienne  il  eût  à  quelqu'arbre  pendue. 

Si  Arion  l'eût  ouï  résonner, 

Plus  de  la  sienne  il  n'eût  voulu  sonner  ; 

Et  si  Phosbus,  un  coup  l'eût  écoutée, 

La  sienne  il  eût  en  cent  pièces  boutée.  » 


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DBS  PSAUMES.  251 

grandem  eloquentiam  haec  faciunt  :  primum  rerum  su- 
blimitas,  tum  tantis  rébus  apta  verba...  Quant  magnum 
illud!  Quam  simplexl  Quam  splendidum!  Quid  su- 
blimiusl.,.  » 

La  grandeur  et  la  richesse  des  descriptions  et  des 
tableaux  en  font  quelquefois  un  véritable  chef-d'œuvre. 
«  J*invite,  dit  La  Harpe,  ceux  qui  ont  lu  les  descrip- 
tions d'Homère  et  de  Virgile,  à  les  comparer  avec  celles 
du  psaume  xvn'  ;  celui  qui  a  dit  le  premier  :  «  In- 
clinavit  cœlos  et  descendit  »,  n'en  demeure  pas  moins, 
malgré  Racine  et  Voltaire,  qui  ont  voulu  l'imiter,  le 
poète  qui  a  tracé  en  trois  mots  la  plus  grande  image 
que  jamais  l'imagination  ait  conçue.  »  Le  Batteux,  de 
Reims,  si  connu  par  son  cours  de  littérature,  a  trouvé 
dans  le  psaume  cm®  le  tableau  de  la  création  si  achevé, 
qu'il  a  voulu  en  donner  une  analyse  littéraire  com- 
plète. 

Les  comparaisons  sont  empruntées  par  le  Psalmiste 
aux  objets  qui  l'entourent;  il  les  choisit  avec  bonheur, 
et  leur  donne,  quand  il  le  faut,  la  noblesse  ou  la  grâce 
que  le  sujet  demande.  Quelques-unes  atteignent  même 
la  perfection  du  genre.  Jean-Baptiste  Rousseau  voulut 
traduire  en  vers  celle  du  ps.  xxxvi®,  et  Mgr.  Plantier 
l'a  commentée  magnifiquement  dans  ses  Etudes  litté- 
raires de  la  Bible. 

Tout,  dans  les  psaumes,  est  plein  aussi  de  mouve- 
ments vifs  et  rapides,  qui  multiplient  les  figures,  et 
font  passer  subitement  d'un  objet  à  un  autre;  de  là 
nait  cette  inépuisable  variété  qui  ne  laisse  pas  lan- 
guir un  instant  le  lecteur  le  moins  attentif.  «  Le  lec- 
teur y  reconnaîtra  partout  une  véritable  poésie,  dit 
Bossuet,  le  genre  de  l'ode,  les  transports,  les  mou- 
vements amenés  les  uns  par  les  autres,  les  transi- 
tions rapides,  en  un  mot  une  manière  d'écrire  tout  en 
actions.  » 

Mais  ce  qui  charme  surtout  dans  les  psaumes,  c'est 


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252        LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

ronction  et  la  vivacité  des  sentiments,  inspirés  par  l'a- 
mour le  plus  pur,  le  plus  tendre,  le  plus  ardent  tout 
à  la  fois.  Seul,  un  cœur  exquis,  ayant  pour  objet  un 
Dieu  infiniment  bon  et  aimable,  et,  comme  inspira- 
teur, TEsprit-Saint  lui-même,  pouvait  concevoir  et  ex- 
primer de  si  beaux  sentiments.  «  David,  s'écrie  La- 
martine, est  le  premier  des  poètes  du  sentiment.  » 

Résumant  tout  ce  que  nous  avons  dit  sur  la  beauté 
morale  et  littéraire  du  psautier,  Bossuet  s'écrie  :  t  l'ous 
les  psaumes  sont  beaux,  il  faudrait  les  analyser^  les 
expliquer  tous,  » 

Nous  devons  signaler  ici  les  suivants  : 

II,  VIII,  XVII,  XVIII,  XXI,  XXII,  XXIII,  XXVIII,  XXXII,  XXXVI,  XL, 
XLI,  XLIV,  XLIX,  L,  LXIV,  LXVII,  LXXI,  LXXII,  LXXIII,  LXXVI,  LXXVDI, 
LXXlI,    LXXXI,    LXXXIII,    LXXXIV,     LXXXVIII,    LXXXIX,    XC,   XCI,  XCII, 

xciii,  xcv,  xcviï,  cif,  cm,  cvi,  cix,  ex,  cxiii,  cxvii,  cxvm,  cxxi, 

CXXVII,  CXXXII,  CXXXVI,  CXXXVIII,  CXLIÏI,  CXLVII. 

«  Quel  effet,  ditFleury,  ne  devaient  pas  produire  dans 
le  temple,  les  chants  des  cantiques  sacrés,  déjà  si  beaux 
par  eux-mêmes.  Qu'on  se  représente  cette  multitude 
accourue  à  Jérusalem  de  toutes  les  parties  de  la  Judée 
pour  assister  aux  solennités  religieuses,  et  qui  remplis- 
sait la  cour,  les  galeries  et  l'intérieur  du  temple,  le 
grand  nombre  de  prêtres  et  de  lévites  vêtus  de  blanc, 
occupés  autour  des  victimes  et  de  l'autel  et  aux  rites  sa- 
crés; et  soudain,  au  milieu  de  cette  magnifique  splen- 
deur, l'harmonie  des  psaumes  chantés  et  accompagnés 
par  4000  voix  ou  instruments.  »  Ce  spectacle,  l'Eglise 
le  reproduit,  autant  que  possible,  dans  son  office  pu- 
blic, et  elle  veut  nous  familiariser  avec  tous  les  senti- 
ments de  ces  psaumes  divins,  on  faisant  de  ceux-ci  la 
partie  principale  de  son  bréviaire.  A  nous  de  les  étudier 
avec  soin,  avec  esprit  de  foi,  pour  mieux  les  compren- 
dre et  les  réciter  ensuite  avec  plus  d'attention  et  de 
ferveur.  Nous  pourrons  ainsi  mieux  nous  unir  aux  sen- 
timents du  Psalmiste,  et  la  récitation  en  sera  plus  glo- 


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LES  PSAUXES^.  tB3 

rieuse  à  Dieu  et  plus  utile  à  nos  âmes.  <c  Que  les  eo* 
clésiastiques,  disait  le  5*  concile  de  Milève,  s'appli- 
quent à  Tinterprétation  des  psaumes,  afin  de  mieux 
embraser  leur  cœur.  » — «  Le  prêtre  qui  ne  connaîtrait 
pas  le  psautier,  disait  saint  Augustin,  mériterait  à  peine 
ce  nom.»  Bellarmin  se  plaignait  au  pape  Paul  Y  en  lui 
dédiant  son  pieux  commentaire,  de  ce  que  les  psau- 
mes étaient  si  peu  compris  :  «  Liber  psalmorum  guem 
Ecclesiastici  omnes  leguni  et  pauci  admodum  tniellu 
ffunt.  »  On  peut  se  servir  utilement  pour  Tétude  des 
psaumes  des  commentaires  de  Bellarmin,  du  P.  Ber- 
thier  et  de  Bellanger,  ainsi  que  des  notes  courtes  mais 
substantielles  de  Bossuet  *. 

§  2.   LBS   PSAUMES  DAKS   L^OFFIGE  DIVIK. 

La  Rnbriqae.  —  Nombre  et  choix  des  Psaumes.  —  Le  c  Gloria 
Patri  ».  —  Le  chant.  —  Les  règles  du  chœur. 

C'est  l'explication  du  titre  xxii  de  la  Rubrique  r  De 
psalmisy  dont  voici  d'abord  la  teneur. 

«  i.Dansrofïice  du  temps,  les  psaumes  se  disent  à  toutes 
lesheuresdesdimanches  et  des  fériés,  suivant  l'ardre  du  psau- 
tier, sauf  indication  contraire  dans  le  propre  du  temps.  Aux 
jours  de  fêtes  on  les  récite  comme  ils  y  sont  marqués,  sinon 
il  faut  les  prendre  au  commun  des  saints. 

<(  2.  Les  psaumes  des  laudes  du  dimanche  et  le  cantique 
Benedicite  se  récitent  à  toutes  les  fêtes  de  l'année  et  aux 
fériés  du  temps  pascal. 

«  3.  Le  psaume  ConfitemintsQ  récite  à  prime  avec  les  autreg 
marqués  au  psautier,  tous  les  dimanches  (quand  on  fait 
roffîce  du  dimanche  comme  au  psautier,  même  les  diman- 
ches dans  les  octaves  des  saints),  depuis  le  troisième  diman. 

1.  Nous  voudri(»i  s  pouvoir  un  jour  expliquer  tous  les  psau- 
mes en  vue  du  bréviaire,  heureux  d'offrir  ainsi  aux  Ordres 
religieux  et  aux  Ordres  sacrés  un  nouveau  travail  qui,  nous 
l'espérons,  ne  serait  pas  moins  utile  qu'intéressant.  On  trou- 
vera du  moins,  en  appendice  à  la  fin  du  volume,  l'explication 
du  psaume  lxvii*  siurgat  BeuSj  le  plus  difficile  de  tous,  et  qui 
revient  quelquefois  dans  l'olfice  divin. 


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254        LES  ËLËMBNTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

che  après  la  Pentecôte  inclusivement  jusqu'à  Noël  exclusi- 
vement, et  depuis  le  second  dimanche  après  l'Epiphanie 
inclusivement  jusqu'à  la  Septuagésime  exclusivement.  Mais, 
de  la  Septuagésime  à  Pâques,  on  le  remplace  par  le  psaume 
Dominusregnavit, parce  qu'iladéjà  été  récité  àlaudes après 
le  p&aumé  Miserere  y  comme  il  est  dit  en  son  lieu.  Pendant  le 
temps  pascal,  depuis  le  dimanche  in  Albis  inclusivement 
jusqu'à  l'Ascension  exclusivement,  on  ne  récite  lejdimanche  à 
prime  que  trois  psaumes,  comme  aux  fêtes,  et  l'on  y  ajoute 
le  symbole  de  saint  Athanase.  Dans  l'office  férial,  hors 
le  temps  pascal,  on  récite  à  prime,  à  la  place  du  Confitemini, 
un  des  psaumes  assignés  àchaque  férié.  Aux  fériés  du  temps 
pascal»  aux  fôtes  de  Tannée  et  le  samedi,  qu'on  y  fasse 
l'officedelaSainte-Viergeoudelaférie,  on  neréciteà  prime 
que  trois  psaumes  :  Deusinnômine  tuo,  Beati  immaculati 
et  Rétribue.  Il  en  est  de  môme  si  la  fête,  qui  est  alors  au 
moins  du  rit  double,  se  célèbre  le  dimanche. 

ic  4.  Le  dimanche,  quand  on  fait  l'office  du  dimanche 
comme  au  psautier,  on  ajoute  toujours  à  prime,  après  les 
psaumes,  le  symbole  de  saint  Athanase  Quicumque^  comme^ 
il  est  dit  ailleurs. 

«  5.  Les  psaumes  de  tierce,  de  sexte,  de  none  et  de  com- 
piles ne  changent  jamais;  ils  se  disent  comme  au  psautier, 
soit  à  l'office  des  saints,  soit  à  celui  du  temps. 

<(  6.  Les  psaumes  des  vêpres  du  dimanche  se  récitent  le 
plus  souvent  aux  vêpres  des  fêtes,  sauf  le  dernier  qui  varie. 
Le  changement  à  cette  règle  est  toujours  indiqué  en  son 
lieu.  Pendantles  octaves,  on  récite  à  vêpres  les  psaumes  des 
secondes  vêpres  de  la  fête  ;  mais  aux  premières  vêpres  du 
jour  de  l'octave,  on  récite  ceux  des  premières  vêpres 
sauf  indication  contraire. 

«  7.  A  la  fin  des  psaumes  on  dit  toujours  Gloria  Patrie 
excepté  les  psaumes  Deus,  Dem  meus,  ad  te  de  luce  vigilo, 
et  Laudate  Dominum  de  cœlis..,  qui  se  joignent  aux  au- 
tres; le  Gloria  Patri  ne  se  dit  alors  qu'à  la  fin  du  dernier, 
comme  il  est  marqué  en  son  lieu.  En  outre,  on  ne  dit  pas  le 
Gloria  Pa^n  pendant  les  trois  derniers  jours  de  la  semaine 
sainte,  ni  à  Toffice  des  morts  où  on  le  remplace  par  :  Re^ 


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LES3PSAUMES*  255 

qidem  œternam  dona  m,  />omfne,quand  môme  Toffice  serait 
pour  un  seul  défunt. 

ft  8.  Afin  de  conserver  dans  toute  sa  pureté  l'édition  de  la 
«acrée  Vulgate,  même  quant  aux  points  et  aux  séparations 
marquées  dans  les  Bibles,  on  a  ajouté  un  astérisque  pour 
faire  en  cet  endroit  la  note  musicale  qui  indique  la  mé- 
dianteet  le  milieu  du  verset.  » 

Les  psaumes  firent  toujours  partie  de  l'office  divin. 
Ils  n'étaient  pas,  tout  d'abord,  accompagnés  d'autres 
prières,  si  ce  n'est  de  l'Oraison  Dominicale  et  du  Sym- 
bole. Saint  Paul  recommandait  déjà  aux  fidèles  de  son 
temps  de  chanter  les  psaumes  dans  leurs  assemblées 
religieuses  :  Implemini  Spiritu  Sancto,  loquentes  vobis- 
inetipsis  inpsalmis,,.  etcanticis  spiritualibus,  (Ephes. 
V,  18-19.)  Docentes  et  commonentes  vosmetipsos  psal- 
mis...  et  canticis  spiritualibus^  in  gratiâ  cantantes  in 
cordibusvestris  Deo.  (Coloss.  m,  16.)  Les  Constitutions 
apostoliques  voulaient  qu*uri  lecteur  entonnât  les  Psau- 
mes de  David  après  la  lecture  sacrée.  (L.  VIIL)  Saint  De- 
nys  TAréopagite  nous  décrit  le  chant  des  psaumes  et 
des  cantiques  exécuté  par  les  clercs,  et  qui  formait, 
dit-il,  un  concert  harmonieux.  [De  Hierarch.  Ecoles. 
c.  3.)  S.  Ignace,  martyr,  dans  sa  lettre  auxPhilippiens, 
salue  les  personnes  consacrées  à  Dieu  qui,  à  certaines 
heures  du  jour,  s'adressaient  au  ciel  par  le  chant  des 
psaumes  et  par  de  ferventes  prières.  Cassien  nous  ap- 
prend jusqu'au  nombre  des  psaumes  que  les  moines  du 
premier  siècle  chantaient  à  l'office  du  soir  et  de  la  nuit. 
(L.  II,  c.  5.)  Les  psaumes  seraient  donc  de  tradition 
apostolique  dans  Toffice  divin  ;  le  Pape  saint  Pontien 
(238)  à  qui,  d'après  Ribadeneira,  l'auteur  de  sa  vie,  ap- 
partient le  premier  décret  sur  la  récitation  des  psaumes 
dans  les  heures  canoniales,  n'aurait  fait  que  sanction- 
ner une  loi  déjà  existante. 

Mais  rien  cependant  n'était  réglé  pour  le  nombre  et 
le  choix  des  psaumes;  on  en  récitait  ou  chantait  plus  oa 


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25«       LBB  ËLÉMBNTa  DBS  iBUagS  GANONIALBS  . 

moins,  selon  les  différentes  Eglises,  et  quelquefois  trop 
peu,  comme  l'observait  saint  Damase  dans  sa  lettre  à 
saint  Jérôme.  (Tom.  I,  ConciL)  C'est  pourquoi  ce  Pon- 
tife, sur  la  prière  de  l'Empereur  Théodose,  chargea  le 
saint  Docteur  de  déterminer  les  psaumes  qui,  les  di- 
manches et  les  fériés,  devraient  faire  partie  des  diffé- 
rentes heures  canoniales.  Ce  travail  convenait  bien  à 
saint  Jérôme  qui  avait  revu  deux  fois  la  version  ita- 
lique du  psautier.  Il  assigna  dix-huit  psaumes  aux  ma- 
tines du  dimanche,  douze  à  celles  des  fériés  et  neuf 
à  celles  des  fêtes;  s'inspirant  de  ce  que  faisait  déjà 
saint  Ambroise,  il  divisa  le  psaume  cxviii''  en  plu- 
sieurs parties  destinées  aux  petites  heures.  Un  dé- 
cret pontifical  rendit  aussitôt  obligatoire  cette  disposi- 
tion. Raoul  de  Tongres  (Prop.  10)  et  Baronius  {Ann.  60) 
nous  ont  donné  ces  détails.  S.  Grégoire  VII  renouvela 
plus  tard  ce  décret  :  «  Omnibus  diebus  aliis  (exceptis 
Pasch.  et  Pcntec.)  per  totum  annum^  si  festivitas  est, 
novempsalmoset  novem  kctiones  dicimus,  Aliis  autem 
diebus^  duodecim  psalmos  et  ires  lectiones...  récita^ 
mm.  In  diebus  Dominicis  octodecim  psalmos  et  novem 
lectiones  celebramus.  {De  Const.  distinct,  v.  In  die.} 

Le  nombre  des  psaumes  assignés  à  chaque  heure 
de  l'office  divin  est  donc  déterminé,  depuis  long- 
temps, de  la  manière  suivante  :  Les  matines  du  di- 
manche en  ont  dix-huit,  celles  des  fériés  douze,  et  cel- 
les des  fêtes  neuf.  —Les  laudes  en  ont  toujours  sept, 
mais  dont  cinq  sont  réunis  en  deux.  —  1®  Deus^  Deu$ 
meus  y  et  Deus  misereatur;  2°  Laudate  Dominum  de  eœ- 
lis^  Cantate  Domino  canticum  novum^  et  Laudate 
Dominum  in  sanctis  ejuSy  ce  qui,  avec  le  cantique  fait 
comme  cinq  psaumes  pour  les  laudes.  Les  petites 
heures  ont  chacune  trois  psaumes  ou  plutôt  trois 
parties  du  psaume  cxvni,  excepté  prime,  dont  le  pre- 
mier psaume  est  le  cinquante-troisième  :  fiem  in 
nomine  tuosabmm  me  fod  et  qui,  à  l'of&ce  du  diman- 


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LES  PSAUMES.  257 

che  et  des  fériés  (excepté  celles  du  temps  pascal  et  le 
samedi)  a  un  psaume  de  plus  qui  varie  chaque  jour. 
Les  vêpres  en  ont  cinq  qui  varient  selon  les  fêtes  ou 
les  fériés.  Les  complies,  quatre  seulement. 

Les  auteurs,  comme  Durand  de  Mende,  le  cardinal 
Bona,  Gavantus  et  autres  ont  cherché  les  raisons  de  ces 
nombres  divers.  Nous  les  avons  déjà  données  dans  la 
seconde  section  de  cette  seconde  partie,  quand  il  s'a- 
gissait de  chaque  heure  en  particulier,  et  nous  y  ren- 
voyons nos  lecteurs. 

Les  psaumes  sont  distribués  dans  l'office  divin  de 
manière  à  ce  qu'on  réciterait  chaque  semaine  le  psau- 
tier tout  entier,  si  l'on  n'y  faisait  jamais  que  l'office  du 
temps.  Nous  avons,  en  effet,  aux  matines  du  dimanche 
dix-huit  psaumes,  et  à  celles  des  six  autres  fériés  réu- 
nies, soixante-douze;  aux  laudes  du  dimanche,  sept  (le 
cantique  n'étant  pas  un  psaume  ;)  celles  des  fériés  ont 
un  psaume  nouveau  commun  à  toutes,  le  Miserere,  et 
six  psaumes  propres,  un  pour  chaque  férié  (les  autres 
psaumes  étant  toujours  ceux  des  laudes  dominicales). 
Les  petites  heures  ont  un  psaume  commun  :  Beati  im- 
maculati^  et  Prime  a  de  plus,  chaque  jour,  le  psaume  : 
Deus^  in  nomine  tuo  salvum  me  fac,  et  un  autre  après 
celui-là,  le  samedi  excepté,  ce  qui  en  fait  six  nouveaux, 
consacrés  à  cette  heure  de  prime.  Les  vêpres  du  diman- 
che en  ont  cinq  qui  ne  varient  pas;  celles  des  six  fériés 
suivantes,  cinq  autres  qui  varient  pour  chacune,  c'est- 
à-dire  trente.  Les  complies  enfin  en  ont  quatre;  ce  qui 
fait  cent  cinquante  et  un  psaumes,  ou  le  psautier  tout 
entier  plus  un,  à  cause  de  la  répétition  du  xcix®  Jubi- 
late  *.  Aussi,    appelait-on  quelquefois   le  bréviaire  : 

i.  L'addition,  en  effet,  nous  donne  151  psaumes;  mais  le 
xcix*  Jubilate  Deo,  récité  aux  laudes  du  Dimanche,  l'est  encore 
aux  matines  ou  aux  laudes  fériales  du  samedi,  suiyant  le  cas  ; 
il  se  trouve  dès  lors  compté  deux  fois  ici,  ce  qui  nous  ramène 
au  nombre  exact  150  du  psautier. 


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258       LÉS  élément;  DBS  HEURES  CANONIALES. 

le  Psautier  et  la  Psalmodie:  «  Ab  aliis  Psalmodia... 
dicisolet  »,  disait  le  cardinal  Bona,  qui  a  intitulé  son 
traité  sur  Toffice  divin  :  de  divinâ  Psalmodia. 

Comment  nous  étonner  de  cette  part  magnifique  don- 
née par  TEglise  aux  psaumes  dans  Toffice  divin?  Le 
Psalmiste  inspiré,  d'après  le  témoignage  des  saints 
docteurs,  n*a  fait  que  reproduire  par  anticipation  les 
sentiments  de  Jésus-Christ,  et  ceux  de  l'âme  chré- 
tienne dans  les  différents  états  où  elle  peut  se  trouver. 
Les  psaumes  sont  donc  ici  comme  la  voix  du  chef  et  des 
membresjunis  dans  une  même  prière  auprès  duDieutrois 
fois  saint;  l'Eglise  ne  pouvait  pas  trouver  de  formules 
plus  belles  et  plus  parfaites,  a  Par  les  psaumes,  disait 
saint  Augustin,  nous  adressons  à  Dieu  la  louange  et  la 
prière  qu'il  a  lui-même  inspirées.  Quia  in  psalmislau- 
davit  se  DeuSy  ideo  invertit  homo  quemadmodum  laudet 
Deum.  »  (In  Ps.  144.)  «  Le  livre  des  psaumes,  disait 
saint  Basile,  renferme  tout  ce  qu'il  y  a  d'utile  dans  les 
autres  livres  de  l'Ecriture  Sainte  pour  toutes  sortes  de 
personnes.  »  {BomeL  in  Ps,  1.)  «  Que  le  psaume,  disait 
saint  Ephrem,  soit  souvent  sur  vos  lèvres;  on  y  trouve 
la  paix  de  l'âme  et  tous  les  sentiments  qui  portent  à  la 
paix.  Le  psaume  invite  les  anges  à  nous  secourir;  iljnous 
protège  contre  les  frayeurs  de  la  nuit,  nous  délasse  des 
fatigues  du  jour;  il  charme  les  solitudes,  instruit,  ex- 
cite et  soutient;  c'est  la  voix  de  l'Eglise  elle-même;  la 
psalmodie  embellit  nos  fêtes,  et  donne  la  joie  ou  le  re- 
pentir; c'est  une  occupation  angélique,  un  colloque  de 
la  terre  avec  le  ciel,  une  prière  de  suave  parfum,  les 
psaumes  sont  un  présent  des  cieux.  Ne  cessons  jamais 
de  les  dire  et  de  les  chanter  dans  nos  demeures  et  au 
dehors,  en  voyage  ou  dans  la  retraite,  le  jour  et  la 
nuit;  ils  entretiennent  la  piété,  donnent  à  notre  esprit 
le  sérieux  d'une  occupation  sainte,  et  nous  font  louer 
Dieu  avec  les  chœurs  angéliques.  »  (Tom.  /  oper,)  «  Le 
psaume,  dit  enfin  saint  Bernard,  est  une  suave  nourri- 


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LES  PSAUMES.  t5ft 

ture  au  cœur  du  chrétien,  plus  délicieuse  encore  que  le 
miel,  quand  on  sait  le  goûter  et  le  comprendre;  l'âme 
y  trouve  une  abondance  de  vie,  et  peut  offrir  par  lui  au 
Seigneur  un  sacrifice  de  louange  qui  lui  est  agréable 
et  nous  le  rend  propice  avec  toute  sa  cour.  »  (In  canU 
serra.  7.) 

L'Eglise,  en  assignant  ainsi  les  psaumes  aux  différen- 
tes heures  de  Toffice  et  aux  jours  delà  semaine,  a  suivi 
généralement  l'ordre  biblique.  Mais  cet  ordre  a  été 
quelquefois  interverti  pour  donner  à  certaines  heures, 
comme  les  laudes,  les  petites  heures,  les  vêpres  et  les 
complies,  des  psaumes  qui  semblaient  tout  particuliè- 
rement leur  convenir;  nous  avons  montré  en  son 
Ueu  cette  belle  harmonie. 

L'Eglise  ne  s'est  pas  moins  inspirée  de  l'objet  des 
fêtes  en  déterminant  les  psaumes  de  leur  office,  à  ma- 
tines et  à  vêpres,  car  ceux  des  laudes,  des  petites 
heures  et  des  complies  sont  toujours  les  mêmes,  pour 
des  raisons  déjà  données.  Quand  on  sait  le  découvrir, 
la  récitation  du  bréviaire  en  est  plus  recueillie.  Quel- 
ques versets  et  même  un  seul,  ont  suffi  parfois  à  fixer 
le  choix  du  psaume,  mais  toujours  celui-ci  a  trait 
par  quelque  endroit  au  saint  ou  au  mystère  célé- 
bré. Voici  des  exemples  qui  feront  mieux  comprendre 
cette  pensée.  Les  versets  en  regard  du  psaume  sont 
ceux  surtout  qui  l'ont  fait  préférer  aux  autres  pour 
l'office  en  question  : 

OFFICE    DBS   APOTRES. 

A  Matines.  —  1^'  Nocturne. 

Psaume  xvn.  —  Cœlienarrànt  gloriam  Dei.  —  Cœli 
enarrant  gloriam  De»,  et  opéra  manuum  ejus  annuntiat  firma- 
mentum  (1).  Non  sunt  loquelœy  ne  que  sermoneSy  quorum  non  au- 
diantur  voces  eorum  (3).  In  omnem  ierram  exivitsonus  eorum,  et 
in  fines  orbis  terrœ  verba  eorum  (4). 

Ps.  XXXIII.  —  Benedicam  Dominum.  —  Benedicam  Domi- 
num  in  omni  tempore:8emper  laus  ejus  in  ore  meo {{)...  Audiant 


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Hê       LBS  ËLËNBNT8  nS  HBURIS  CANONIALES. 

mammti  ft  Imientwr  (2).  Magnif^ateDùminum  meeunif  et  exaUe- 
mm  nomen  ejus  in  idipsum  (3).  Accediteadeum,  et  illuminaminù.. 
(5).  Immittet  Angélus  Domini  in  ctrcuitu  timentium  eum^  et  eripiet 
eos  (7).  VenitCf  fUii,  audite  me  :  timorem  Domini  doeebo  v^s  (il). 
Clamavenmt  justif  et  Dominus  exaudivit  eos  (17). 
*  Ps.  XLiv  :  Eructavit  cor  meum.  —  Pro  patribus  tuis 
naii  sunt  tibi  filii  :  Constitues  eos  principes  super  omnem  terram 
(18).  Memores  erunt  nominis  tui^  in  omni  generatUme  et  generatio- 
nem  (19)»  Propterea  populi  conjitebuntur  tibi  in  seternum...  (20). 

OVFIGB  d'un  martyr. 

A  Matines.  —  3*  Nocturne. 

Psaume  x  :  In  Domino  con/ido.  —  m  Domino  confido  : 
quomodo  dieitis  animm  mese  :  transmigra  vn  montem  sicut  pas- 
ser (i)  7  Quoniam  ecce  peccatores  intenderunt  arcum,  paraverunt 
sagittas  suas  in  pharetrà^  ut  sagittent  in  obscure  rectos  corde  (2). 

...  Justus  autem  quid  fecit  (3)?  Quoniam  justus  Dominus  et  Jus- 
titias  dilexit  :  œquitatem  vidit  vultus  ejus  {%). 

Les  autres  psaumes  sont  ceux  de  Toffîce  d'un  con- 
fesseur et  ne  conviennent  pas  moins  au  martyr. 

OFFIGB  DE   PLUSIEURS  MARTYRS. 

A  Matines.  —  2®  Nocturne. 

Psaume  xv  :  Conserva  me.  —  Conserva  me,  Domine^ 
quoniam  speram  inte[\).  Providebam  Dominum  inconspectameo 
semper  :  quoniam  a  dextris  est  mihi,  ne  commovear{%).  Propter  koe 
Uetatum  est  cor  meum^  et  exîUtavit  lingua  mea:  insuper  et  caro 
mea  requiescet  in  spe  (9).  Quoniam  non  derelinques  animam  meam 
in  infemo  ;  nec  dabis  sanctum  tuum  videre  corruptionem  (10), 

3*  Nocturne. 

Ps.  XXXII  :  Eamltate  justi.  —  Ecce  ocuH  Domini  super 
metuentes  eum,  et  in  eis  qui  sperant  super  misericordid  ejus  (18). 
Vt  eruat  a  morte  animas  eorum^  et  alat  eos  in  famé  (19). 

Ps.  xxxai  :  Benedicam  Dominum.  —  Exquisivi  Domi- 
ntim,  et  exaudivit  me  :  et  ex  omnibus  tribulationibus  meis  m- 
p%Ut  me  (4).  Iste  pauper  clarnavit^  et  Dominus  exaudivit  eum; 
et  de  omnibus  tribulatUmibus  ejus  salvavit  eum  (6).  Immittet 


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LES  PSAUMES.  261 

Angélus  Domini  in  circuitu  timentium  eum^  et  eripiei  eos  (7). 
Clamaverunt  justi  etDominus  exaudivit  eos,  et  ex  omnibuis  tribu- 
lationibus  eorum  liberavit  eos  (17).  Juxta  est  Dominus  iis  qui  tri- 
bulato  sunt  corde,..  (18).  Multae  tribulationes  justorum;  et  de 
omnibus  his  liberabit  eos  Domiuus  (19).  Custodit  Dominus  omnia 
ossa  eorum,  unum  ex  his  ne  conteretur  (20). 

Ps.  XLV  :  Deus  nosier  refugium.  —  mus  noster  refu- 
gium  et  virtus  :  adjutor  in  tribulationibus  quœ  invenerunt  nos 
nimis  (i).  Dominus  virtutum  nobiscum;  susceptor  noster  Deus 
Jacob  (H). 

Les  autres  psaumes  sont  ceux  de  l'office  suivant  et 
ne  conviennent  pas  moins  aussi  aux  martyrs. 

OFFICE  DES  CONFESSEURS 
PONTIFES  OU  NON  PONTIFES. 

Les  neuf  psaumes  des  matines  conviennent  tous  en 
entier  à  Tobjet  de  cet  office.  Le  l«^  Beaius  vir,  célèbre 
les  vertus  et  le  bonheur  du  juste.  —  Le  2®,  Quare 
fremuerunt  génies,  raconte  la  victoire  du  Juste  par 
excellence,  Notre  Seigneur,  et  des  saints,  et  les  vains 
complots  des  impies.  —  Le  3«,  Domine,  quid  multiplia 
coti  sunt,  chante  la  délivrance  du  juste  du  milieu  de 
ses  ennemis.  —  Le  4®,  Cum  invocarem,  exprime  sa 
confiance  en  Dieu.  —  Le  5®,  Verba  mea,  son  recours  à 
la  prière.  —  Le  6®,  Dominus  noster,  son  exaltation  dans 
Tordre  surnaturel.  —  Le  7*,  Domine,  guis  habitabit, 
est  un  ravissant  portrait  de  l'âme  sainte.  —  Le  8*, 
Domine,  in  virtute  tuâ,  un  tableau  de  sa  gloire  dans  le 
ciel  et  de  la  confusion  des  méchants.  —  Le  9*  enfin, 
Domini  est  terra,  nous  décrit  son  entrée  dans  les  ta- 
bernacles éternels. 

OFFICE   DES   VIER(SES. 

Lé  1^  psaume  de  Matines  :  Domine,Dominus  noster, 
rappelle  que  la  virginité  rend  presque  égal  aux  Anges  : 
Minuisti  eum  paulo  minus  ab  AngeUs.  —  Le  2*,  Cœli 
enarrant  gloriam  Dei^  que  Jésus  est  l'époux  des  vier- 

T.  Il,  15. 

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262       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

ges  :  Et  ipse  tanquam  sponstis  procedens  de  thalamo 
suo,  et  que  les  vierges,  dans  leurs  combats,  se  sont 
conservées  immaculées  et  sans  souillures  :  Si  mei  non 
fuerint  dominati  tune  immaculatus  ero,  et  emundabor 
a  delicto  maximo.  —  Le  3®,  Domini  est  terra^  qu'il  faut 
être  innocent  et  pur  afin  d'entrer  au  ciel:  Quisascendet 
inmontem  Domini?,..  Innocens  inanibus  etmundo  cor- 
de. —  Le  4®,  Eructavitcor  meum^  célèbre  la  beauté  des 
vierges,  leur  titre  d'épouse  et  de  reine,  Ja  complaisance 
que  prend  en  elles  le  divin  Roi  :  Specie  tuâ  et pulchri- 
tudinetuâ^  intende ^prospereprocede et  régna,  —  Adsti- 
titreginaa  dextristuis  in  vestitu  déaurato^  circumdata 
varietate,  —  Audi,  filia,  et  vide.  —  Et  concupiscet  Rex 
decorem  tuum.  —  Omnis  gloria  ejus  filiœ  régis  abintus. 

—  Le  5®,  Deus  noster,  refugium  et  virtus,  nous  ap- 
prend que  Tâme  des  vierges  est  ce  tabernacle  aimé, 
sanctifié  par  le  Seigneur,  et  où  règne  une  paix  profonde: 
Sanctificavit  tabemaculum  suum  A  Itissimus.  —  Deus  in 
medio  ejus,  non  commovebitur^  adjuvabit  eam  Deus 
mane  diluculo.  —  Le  6®,  Magnus  Dominus,  célèbre  les 
merveilles  opérées  par  Dieu  dans  cette  âme  :  Magnus 
Dominus  et  laudabilis  nimis  in  civitate  Dei  nostri,  in 
monte  saticto  ejus.  —  Deus  fundavit  eam  in  œteimum. 

—  Lœtetur  mons  Sion,  et  exultent  filix  Judae  propter 
judicia  tua.  Domine.  —  Quoniam  hic  est  Deus,  Deus 
noster.  Dans  les  7®,  8®  et  9®,  c'est  la  reconnaissance 
qu'expriment  au  Seigneur  les  Vierges,  explicitement 
désignées  par  ces  versets  du  8®  :  Adorate  eum  omnes 
Angeli  ejus.  —  Et  exultaverunt  filise  Judx  propter  ju- 
dicia tua^  Domine. 

OFFICE  DE  LA  SAINTE  VIERGE. 

Tous  les  psaumes  où,  d'après  les  Pères,  il  s'agit  de 
Marie,  au  moins  dans  un  sens  accommodatice,  sont 
réunis  dans  son  office  : 


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LES  PSAUMfiS.  263 

1®'  Nocturne. 

Ps.  VIII.  Domine^  Dominus  noster.  — Marie,  dans 
l'Eglise  et  dans  le  ciel,  est  comme  la  lune  au  milieu 
des  étoiles,  créée  par  la  puissance  et  la  bonté  de  Dieu, 
et  qui  excite  l'admiration  du  Psalmiste  :  Quoniam  vi- 
debo  cœlos  tuos,  opéra  digitorum  iuorum,  lunam  et 
stellas,  quœ  tu  fundasti,  (v.  4.) 

Ps.  xvni.  Cœli  enarrant  gloriam  ï)ei.  — Elle  est 
même  ce  brillant  soleil  en  qui  le  Verbe  établit  sa  de- 
meure, et  d'où  il  s'élança  joyeux  pour  fournir  sa  car- 
rière: In  sole  posuit  tabemaculum  suum^  et  ipse  tan- 
quam  sponsus  procedens  de  thalamo  suo  ;  exultavit  ut 
gigas  ad  currendam  viam.  (v.  S  et  6.) 

Ps.  XXIII.  —  Domini  est  terra.  Elle  est  encore  excel- 
lemment parmi  ces  âmes  innocentes  et  pures,  qui  ne 
cherchent  que  le  Seigneur;  aussi  le  Roi  des  vierges 
est-il  descendu  dans  son  sein  virginal,  attiré  par  tant 
de  vertus  :  Innôcens  manibus  et  mundo  corde.  —  Heec 
est  gêner atio  quâsrentium  Dominum. —  A  ttollite portas^ 
principes,  vestras^  et  introibit  Rex  gloriae,  (v^4,  6.)  ' 

2«  Nocturne. 
Ps.  XLiv.  Eructavit  cor  meum.  —  Mariejest  la  Reine 
du  ciel,  assise  à  la  droite  de  son  Fils  et  resplendissante 
de  gloire;  aussi  bien  la  vit-on  sur  la  terre  tout  quit- 
ter pour  se  consacrer  à  son  Dieu  ;  le  Seigneur  prit 
toujours  en  elle  ses  complaisances,  tant  son  âme  était 
belle  de  vertus  ;  les  Vierges,  en  se  donnant  à  l'Epoux, 
n'ont  fait  qu'imiter  son  exemple  :  Specie  tuâ  et  pul- 
chritudine  tuâ  intende,  prospère  procède  et  régna.  — 
Adstitit  regina  a  dextris  tuis  in  vestitu  deauratOy  cir- 
cumdata  varielate.  —  Audi^  filia,  et  vide,  et  inclina 
aurem  tuam;  et  obliviscere  populum  tuum,  et  domum 
patris  tui.  —  Et  concupiscet  Rex  décorent  tuum.'^^ — 
Omnis  gloria  ejus  filise  régis  ab  intus.  —  Adducentur 
Régi  virgines  post  eàm,  (v.  5,  11,  12.  13.  iSet  l^.)-- 

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2M       LES  ÉLÉMENTS  MB  SBURB3  CANONIALES. 

Ps.  XLV.  Deus  noster  refugium.  —  Marie  est  la  vierge 
par  excellence,  immaculée  dans  sa  conception,  et  tou- 
jours sans  tache,  toujours  victorieuse  de  Satan,  com,- 
blée  de  grâces,  temple  ineffable  du  Saint-Esprit  :  Flu- 
minis  impetus  lœtificat  civitatem  Dei;  sanctificavtt 
tabemaculum  suum  Altissimus.  —  Deus  in  medio  ejus 
non  commovebitur  ;  adjuvabit  eam  Deus  mane  dilu- 
culo.  (v.  4  et  5.) 

Ps.  Lxxxvi.  Fundamenta  ejus.  —  Tout  en  elle  fut 
saint;  Dieu  Taima  plus  qu'aucune  autre  créature  ;  le 
ciel  et  la  terre  ont  chanté  sa  louange  ;  le  Verbe  in- 
carné Ta  choisie  pour  sa  mère;  les  Ecritures  ont  célé- 
bré ses  grandeurs;  auprès  d'elle  on  trouve  un  abri 
doux  et  assuré  :  Fundamenta  ejus  in  moniibus  sanctis  ; 
diligit  Dominus portas  Sion  super  omnia  tabemacula 
Jacob.  —  Gloriosa  dicta  sunt  de  te,  civitas  Dei.  — 
Numquid  Sion  dicet  :  Homo  et  homo  natus  est  in  eâ.  — 
Dominus nan*abit  in  Scripturis...  horum  qui  fuervnt 
in  eâ.  —  Sicut  lœtantium  omnium  habitatio  est  in  te. 
(v.  1,  2,  B,  6  et  7.) 

3*  Nocturne. 

Les  trois  Psaumes  :  Cantate  Domino  canticum  no- 
vum  :  cantate...  (xcv),  —  Dominus  regnavit,  exul- 
tet...  (xcvi)  et  cantate  Domino  canticum  novum  : 
quia,.,  (xcvii),  sont  ici  comme  le  Magnificat  anticipé  de 
Marie.  La  Mère  du  Verbe  incarné,  dans  Tapplication 
qu'en  fait  TEglise,  nous  y  invite  à  louer  le  Seigneur 
pour  les  merveilles  qu'il  a  daigné  opérer  en  elle,  et 
pour  le  mystère  du  Rédempteur  auquel  elle  fut  si  inti- 
mement associée. 

OFFICE  DE   NOËL. 

Tous  les  psaumes  de  matines  célèbrent  ici  la  gloire 
du  Verbe  Incarné.  Ainsi,  le  !«'  :  Quare  fremuerunt 


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DES  PSAUMES.  «65 

gefkies  (n),  où  nous  lisons  les  complots  des  méchants 
contre  le  Christ,  ainsi  que  sa  royauté,  sa  filiation  di- 
vine, son  héritage  universel  :  Convenerunt  in  unum 
adversus  Dominum  et  adversus  Christum  ejus.  — 
Effo  autem  constituius  sum  Rex  ab  eo  super  Sion^ 
moniem  sanctum  ejus.  —  Dominus  dixit  ad  me  ;  Fi- 
lius  meus  es  tUy  ego  hodie  genui  te.  —  Postula  a  me^ 
et  dabo  tibi  gentes  hmreditatem  tuam. 

Le  2*,  Cœli  enarrant  gloriam  Dei  (xviii),  nous  mon- 
tre le  Verbe  divin  descendant  du  ciel  sur  la  terre,  pour 
accomplir  sa  mission  et  répandre  sa  lumière  et  son 
amour  :  Et  ipse  tanqtuzm  sponsus  procedens  de  tka- 
lamo  suo.  —  Exultavit  ut  gigas  ad  currendam  viam  : 
a  summo  cœlo  egressioejus.  —  Nec  est  qui  seabscondat 
a  calore  ejus. 

Le  3®,  Eructavit  cor  meum  (xliv),  nous  décrit  la 
beauté  de  son  corps  et  de  son  âme,  et  affirme  son 
règne  éternel  :  Speciosus  forma  prss  filiis  hominum^ 
diffusa  est  gratia  in  labiis  tuis.  —  Specie  tuâ  et  put- 
chritudine  tuâ  intende,  prospère  procède,  et  régna.  — 
Sedes  tua,  Deus,  in  sœculum  ssbcuH. 

Dans  le  4%  Magnus  Dominus  (xLvn),  la  majesté  de 
Notre-Seigneur  Jésus-Christ  nous  apparaît ,  faisant 
resplendir  Bethléem,  nos  temples  et  son  Eglise  :  Ma- 
gnus Dominus  et  laudabilis  nimis  in  civitate  Dei  nos- 
tri,  in  monte  sancto  ejus.  —  Quoniam  hic  est  Deus, 
Detùs  noster  in  xtemum...  ipse  régit  nos  in  sœcula. 

Dans  le  5*,  Deus,  judicium  tuum  Régi  da  (lxxi),  le 
règne  bienfaisant,  juste  et  pacifique  du  Fils  de  Dieu  : 
Descendet  sicutpluvia  in  vellus,  et  sicut  stillicidia  stil- 
lantia  super  terram.  —  Orietur  in  diebus  ejusjustitia 
et  abundantia  pacis. 

Le  6*,  Benedixisti,  Domine,  terram  tuam  (lxxxiv), 
célèbre  dans  l'Incarnation  la  rencontre  heureuse  de  la 
miséricorde  et  de  la  justice,  pleinement  satisfaites  : 
Mùertcordia  et  veritas  oiviaveruni  sibi,  justitia  et 


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266       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

pax  osculatae  sunt.  —  Veritas  de  terra  orta  est^  et  jus- 
titia  de  cœlo  prospexit. 

Dans  le  7®,  Misericordias  Domini  (lxxxviii),  Jésus 
nous  est  montré  comme  le  Médiateur  efficace  et  puis- 
sant entre  Dieu  le  Père  et  les  hommes  :  Ipse  invocabit 
me  :  Pater  meus  es  tu.  —  Et  ego  primogenitum  po- 
nam  illius^  excelsum  prm  regibus  terrae. 

Le  8«  :  Cantate  Domino  (xcv),  annonce  la  conver- 
sion du  monde  païen  qui  reconnaîtra  Jésus-Christ  pour 
son  Chef  et  pour  son  Dieu.  Quoniam  magnus  Domintis 
et  laudabilis  nimis,  terribilis  est  super  omnes  deos.  — 
Confessio  et  pulchritudo  in  conspectu  ejus,  —  Afferte 
Domino^  patrim  gentium^  afferte  Domino  gloriam  et 
honorera.  —  Tollite  hostias  et  introite  in  atria  efus. 

Le  9®,  enfin  :  Cantate  Domino..,  quia  mirabilia 
(xcvn),  a  pour  objet  la  propagation  de  TEvangile  par 
toute  la  terre  :  Notum  fecit  Dominus  salutare  suum, 
in  conspectu  gentium  revelavit  justitiam  suam.  — 
Viderunt  omnes  termini  terrœ  salutare  Dei  nostri.  — 
Jubilate  in  conspectu  Régis  Domini. 

Il  en  est  ainsi  pour  les  offices  des  autres  mystères  ; 
la  piété  peut  y  constater  la  même  harmonie  entre  l'ob- 
jet et  les  psaumes. 

Nous  avons  dit  que,  dans  l'office  des  fêtes,  les  psau- 
mes des  vêpres  étaient  généralement  les  mêmes.  Ily  a 
cependant  quelquefois  des  changements  que  la  fête  ou 
le  mystère,  ici  encore,  inspire  toujours.  Raoul  de  Ton- 
gres  expliquait  déjà  ces  changements,au  commencement 
du  XV*  siècle.  (Prop.  10.)  Les  trois  psaumes  propres  aux 
secondes  vêpres  des  apôtres  :  Credidi^  —  In  conver- 
tendo^  —  Domine  y  probasti  me,  ont  pour  objet  la  pré- 
dication des  apôtres,  la  puissance  que  Dieu  leur  a 
donnée  dans  le  monde  et  la  gloire  dont  il  les  a  revêtus. 
Le  ps.  Credidi^  aux  secondes  vêpres  des  martyrs,  nous 
dit  la  foi  vive  et  la  magnanimité  de  ces  héros,  au  mi- 
lieu des  tourments.  Le  Mémento,  Domine,  David,  ^ux 


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LES  PSAUMES.  267 

secondes  vêpres  des  Confesseurs  Pontifes,  exalte  la 
gloire  et  la  sainteté  du  sacerdoce  :  Sacer dotes  tui  in- 
duaniurjustitiam^  et  sancti  tui  exultent.  —  Sacerdotes 
ejus  induam  salutari,  et  sancti  ejus  exultatione  exul- 
tabunt.  Les  trois  psaumes  qui  sont  propres  aux  vêpres 
de  la  très  Sainte  Vierge  :  Lœtatus  sum,  —  Nisi  Domi- 
nus,  —  Lauda  Jérusalem,  peuvent  s'appliquer  à  la 
maternité  de  Marie,  dont  le  sein  virginal  fut  un  tem- 
ple si  agréable  au  Seigneur.  Nous  les  retrouvons  aux 
vêpres  des  vierges,  parce  que  Dieu  a  fait  aussi  sa  de- 
meure de  choix,  mais  dans  un  autre  sçns,  de  leurs 
âmes  aii  pures.  Le  dernier  de  ces  psaumes,  Lawrf«,  7^- 
Tusalerti,  Dominum,  se  récite  aussi  aux  vêpres  dé  la 
Dédicace,  parce  que  la  Jérusalem  des  Juifs  était  ri- 
mage  de  nos  temples  chrétiens  *. 

Il  est  des  auteurs  qui  proposent  à  notre  piété  une 
autre  manièred'appliquer  lepsaume  à  l'objet  de  l'office; 
leur  travail,  qui  ne  manque  pas  de  fondement,  ne  con- 
cerne que  le  commun  des  saints  à  matines,  où  les  psau- 
mes varient.  L'Eglise,  d'après  leur  pieuse  observation, 
veut  ainsi  honorer  la  vocation  du  saint  dans' sa  nature, 
sa  réalisation  sur  la  terre  et  sa  récompense  au  ciel. 
On  peut  voir  dans  M.  Bacuez,  Tapplication  de  ces  prin- 
cipes. La  voici  pour  le  commun  des  apôtres  et  des 
vierges. 

\ .  Talhofer,  docteur  allemand,  chanoine  d'Augsbourg  et  pro- 
fesseur de  théologie  pastorale  à  l'Université  d'Eichstœdt  en  Ba- 
Tière,  a  montré  l'harmonie  des  psaumes  avec  le  saint  offîce, 
dans  un  ouvrage  pieux  et  savant  dont  la  traduction  le  rendrait 
accessible  à  un  plus  grand  nombre.  En  voici  le  titre  :  Expli- 
cation des  psaumes,  étudiés  surtout  en  vue  de  leur  usage  liturgi- 
que dans  le  bréviaire  romain,  le  Missel,  le  Pontifical  et  le  Rituel, 
et  suivi  d'un  appendice  contenant  V explication  des  cantiques  de 
V ancien  Testament  qui  se  rencontrent  dans  le  Bréviaire  Romain, 


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268       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

COMMUN  DES    APOTRES. 

I*"^  Nocturne,  L'apostolat  dans  les  idées  de  Dieu. 

Ps.  XVIII.  Cœlienarrant,  Mission  donnée  à  l'apôtre, 
pour  évangéliser  le  monde. 

Ps.  XXXIII.  Benedicam  Dominum.  Bénédictions  as- 
surées à  ses  travaux  et  à  ses  prières. 

Ps.  XLiY.  Eructavit.  Victoire  définitive  et  triomphe 
qui  l'attend. 
!!•  Nocturne.  L'apostolat  réalisé  dans  la  vie  du  saint. 

Ps.  xLvu  Omnes  gentes.  Soutenu  par  la  divine 
grâce,  l'apôtre  parcourt  le  monde  et  soumet  les  na- 
tions au  Dieu  d'Abraham. 

Ps.  LX.  Exatidi..,  deprecationem.  Il  rend  à  ses 
frères  le  droit  qu'ils  avaient  perdu  à  l'héritage  du 
Ciel. 

Ps.  LXiiu  Exaudi...  ôrationem.  11  surmonte  tous 
les  obstacles  et  fait  cesser  toutes  les  oppositions. 
III^  Nocturne.  L'apostolat  glorifié  dans  la  personne  du 
saint. 

Ps.  Lxxiv.  Confitebimur.  Sa  grandeur  au  ciel  est 
proportionnée  à  ses  abaissements  et  à  ses  peines  sur 
la  terre. 

Ps.  xcvi.  Dominus  regnavit^  eùcultet.  Joie  qu'il 
goûte  en  voyant  son  œuvre  accomplie  dans  ce 
monde. 

Ps.  xcviii.  Dominus  regnavit^  irascantur.  Part 
qu'il  reçoit  à  l'empire  du  Sauveur  en  récompense 
de  son  éminente  justice. 

COMMUN  DES  VIERGES. 

P'  Nocturne.  La  virginité  dans  les  idées  de  Dieu. 

Ps.  viii.  Domine^  Dominus.  Estime  dont  jouit  au- 
près de  Dieu  cette  vertu  angélique. 

Ps.  xviii.  Cœli.  Eloges  qu'elle  méritfe,  et  influence 
qu'elle  exerce. 


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DBS  PSAUMES.  269 

Ps.  XXIII.  Dondni.  Gloire  et  bénédiction  qui  seront 
son  partage. 
II*  Nocturne.  La  virginité  sur  la  terre. 

Ps.  xLiv.  Eructavit.  L'âme  virginale  s'attache  à 
son  époux  et  le  suit  avec  une  généreuse  ardeur. 

Ps.xLV.  Deus  noster.  Elle  résiste  aux  épreuves,  et 
persévère  par  la  vertu  du  Sauveur. 

Ps.  xLYii.  Magnus  Dominus.   Son  amour  la  rend 
fidèle  et  constante  jusqu'à  la  mort. 
III*  Nocturne.  La  virginité  au  ciel. 

Ps.  xcv.  Cantate.  L^âme  pure  s'unit  à  son  époux 
et  entre  avec  lui  dans  son  glorieux  repos. 

Ps.  xcvi.  Dominus  regnavit.  Elle  participe  à  son 
règne  et  jouit  de  son  triomphe  dans  TEglise. 

Ps.  xcvii.  Cantate,.,  quia.  Elle  reçoit  de  sa  main 
la  couronne  de  gloire.  »  (Le  saint  office.  —  Des 
Matines.) 

Continuons  maintenant  à  expliquer  la  Rubrique. 

Il  faut  ajouter  le  Gloria  Patri  après  chaque  psaume, 
sauf  les  exceptions  indiquées.  Le  bréviaire  romain 
nous  apprend  que  le  pape  saint  Damase  (38S)  intro- 
duisit ce  rit  :  Statuit  ut...  in  fine  cujusque  Psalmi 
diceretur  Gloria  Patri  et  Filio^  et  Spiritui  sancto. 
Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  fait,  que  le  cardinal  Bona  sem- 
ble contester  mais  qui  est  admis  par  le  cardinal  Ba- 
ronius  (ann.  382)  et  par  Gavantus,  il  est  certain, 
d'après  le  témoignage  du  pape  Vigile  (Ëpist.  1)  et  de 
Cassien  (Inst.  1. 1,  c.  viii),  qu'on  chantait  déjà  le  Gloria 
Patri  après  les  psaumes,  dès  le  v*  siècle.  Nous  avons 
expliqué  ailleurs  cette  doxologie,  qui  est  de  tradition 
apostolique  dans  sa  première  partie,  et  dont  la  se- 
conde appartient  aux  Pères  de  Nicée. 

Le  Gloria  Patri  fut  ajouté  à  la  fin  des  psaumes, 
pour  les  séparer  les  uns  des  autres  dans  le  chant, 
et  obvier  ainsi  à  la  monotonie.  L'Eglise  voulait  aussi 
que  la  louange  de  la  terre,  unie  si  intimement  à  celle 


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270       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

du  ciel,  fît  écho  au  Trisagion  angélîque.  «  Les  psau- 
Jcités  ou  chantés,  ajoute  Durand  de  Mende, 
u  reste  autant  de  bonnes  actions  après  chacune 
lies  il  convenait  de  rendre  gloire  au  Dieu  Tri- 
qui  doit  se  rapporter  tout  le  bien  qui  se  fait  ici- 
i.  IV,  c.  II,  n.  17.) 

le  récite  pas  cependant  le  Gloria  Patri  à  l'office 
)rt8,  où  il  est  remplacé  par  le  verset  :  Requiem 
m  dona  eis  ,  Domine ,  ni  les  trois  derniers 
le  la  semaine  sainte.  «  La  doxologie,  en  effet, 
^antus,  est  un  accent  de  joie  qui  ne  peut  avoir 
m  ces  offices  de  deuil  :  quia  versus  est  Isetitiœ 
œroris.  »  (sect.  iv,  c.  8.) 

ad  l'Eglise  réunit  plusieurs  psaumes  en  un  seul, 
5  à  laudes,  ou  en  divise  un  seul  en  plusieurs, 
3  à  prime,  le  Gloria  Patri  se  met  là  où  le  psaume 
î  complet  et  en  entier,  par  la  division  ou  par 
i  liturgique. 

\  nous  reste  plus  qu'à  dire  un  mot  du  chant  des 
es. 

psaumes,  comme  l'indiquent  leur  origine  histo- 
et  leur  etymologie  (^oLk^Loçy  ^aXkew),  étaient 
5s  surtout  à  être  chantés.  Après  avoir  résonné 
harpe  et  les  lèvres  de  David  et  des  autres  au- 
nspirés,  leur  mélodie  se  mêlait  toujours  aux  cé- 
ies  sacrées  dans  le  Tabernacle  et  dans  le  tem- 
terrompue  durant  la  captivité,  elle  fut  reprise 
)i  après  le  retour. 

jlise  chrétienne,  en  empruntant  aux  Hébreux  ces 
les  que  le  Saint-Esprit  avait  inspirés  pour  elle 
t,  aimait  aussi,  dès  les  premiers  jours,  à  les 
pagner  de  ses  chants.  Saint  Paul  nous  le  dit  : 
\tes  et  psallentes.  (Ephes.  v,  19.)  —  Psalmis  in 
Gantantes.  (Coloss.  ni,  16.)  Les  Constitutions 
liques  (L.  VIII),  saint  Denis  TAréopagite  {De 
cL  Eccles.  L.  3),  saint  Ignace,  martyr,  dans 


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DES  PSAUMES.  27! 

sa  lettre  aux  Ephésiens,  et  saint  Justin  dans  sa  se- 
conde Apologie,  parlent' du  chant  des  psaumes  exé- 
cuté par  les  clercs  dans  les  offices  divins;  ce  n'était 
tout  d'abord,  d'après    saint  Isidore  de   Séville   (De 
o^c.  div,,  1. 1.  c.  v)  et  saint  Augustin  [Confess.  1.  X, 
c.  xxxiii)  qu'un  simple  récitatif.  «  Tammodico  flexu 
vocis   faciebat  sonare  lectorem  psalmi,  ut  pronun- 
iianti  vicinior  esset  quant   canenti  »,  disait  ce  der- 
nier. Tantôt  un  seul,  au  rapport  de  Cassien,  se  levait 
au  milieu  de  l'assemblée  pour  chanter  les   psaumes 
(1.  II,  c.  v),  et  tantôt  le  peuple  et  le  clergé   formaient 
un  seul  chœur  :  «  Un  lecteur,  disaient  les  Constitutions 
apostoliques,  doit  entonner  les  psaumes  de  David,  et 
le  peuple  chanter  les  versets  en  reprise.  »  Mais,  comme 
en  certains  endroits  il  ne  régnait  pas  dans  le  chant 
en  commun  une  parfaite  harmonie,  le  Concile  de  Lao- 
dicée,  en  320,  crut  devoir  faire    le  décret  suivant  : 
A<  Que  personne  ne  chante  dans  l'église,  si  ce  n'est  les 
chantres  réguliers  ou  canoniques,  qui  montent  sur  la 
tribune  destinée  à  cet  usage  pour  y  exécuter  le  chant 
marqué  sur  la  membrane,  in  membranâ.  »  —  Les  clercs 
ainsi  préposés  au  chant  étaient  appelés  Psalmistes  ; 
un  rit  spécial,  que  nous  trouvons  encore  dans  le  Ponti- 
fical, conférait  le  Psalmistal  par  le  ministère  du  prê- 
tre :  «  Psalmista,  id  est  cantor,  potestsolâjussione  Pres^ 
ùyteri,  officium  suscipere  cantandi,  dicente  sibi  Presby- 
tero  :  Viie^  ut  quod  ore  cantas  corde  credas^  et  quod 
corde  credis,  operibus  comprobes.  »  Office  honorable, 
dont  le  Pontife  devait  dégrader  un  indigne  par  cette 
formule  :  «  Quia  quod  ore  eantasti  corde  non  credidisti, 
nec  opère  implevisti,  ideo  cantandi  officium  inEcclesiâ 
JDei  a  te  amovimus.  »  (Pars  3*  de  officio  psalmistatûs.) 
Les  auteurs  sont  partagés  sur  celui  qui  le  premier 
introduisit  le  chant  alternatif  des  psaumes  ou  à  deux 
chœurs  :   «  de  altemo  cantUy   dit   Gavantus,  magna 
çitiaBStio  quis  fuerit  aucior.  »  (loc.  cit.)  Il  paraîtrait  que 


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nt       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

ce  mode  commença  d'abord  en  Orient.  L'historiea 
Socratedit  que  saint  Ignace  martyr  Tinstituale  premier, 
après  une  vision  où  les  anges  chantaient  alternativement 
les  louanges  de  Dieu.  (L.  VI,  c.  vin.)Théodoret  lui  donne 
pour  auteurs  deux  prêtres  d'Antioche  qui  vivaient  en 
l'année  350  :  «  Ht  primi^  dit-il,  psallentium  choros  in 
duos  partes  diviserunt^  et  Davidicos  hymnos  altemis 
canere  docuerunty  quod  Antiochis  fieri  cœptum  ad 
ultimos  terrarum  fines perlatum  est.  »  (L.  Il,  c.  xiv.)  Le 
chant  alternatif  des  psaumes  était  certainement  connu» 
en  Orient,  dès  le  commencement  du  iv*  siècle,  puisque 
saint  Basile  (370)  répondit  à  ceux  qui  l'accusaient  de 
nouveauté  sur  ce  point,  qu'il  avait  suivi  l'exemple  d'un 
grand  nombre  d'autres  Églises  où,  dit-il,  «  in  duos  par* 
tesdivisi^  altemis  succinentes  psallunt.  »  {Ep.  63,  ad 
Neocesar,) 

Cette  manière 4e  chanter  ne  fut  introduite  en  Occi- 
dent que  vers  la  fin  du  iv®  siècle.  Saint  Ambroise  l'éta- 
blit le  premier  dans  son  Eglise  pour  occuper  pieuse- 
ment les  fidèles  qui  s'y  étaient  renfermés  avec  lui, 
durant  la  persécution  de  Justine.  Saint  Augustin,  témoin 
du  fait,  l'a  consigné  dans  ses  confessions  :  «  Ttmc 
hymni  etpsalmi  utcanerentursecundum  morem  Orien- 
talium  institutum  est.,..  Et  ex  ilio..,.  per  cœtera  or- 
bis.  »  (L.  IX,  Conf.  VI.)  Verslemême  temps,  le  pape  saint 
Damase  en  fit  un  décret  général  pour  l'Eglise  entière, 
nous  dit  le  bréviaire  romain  :  «  Statuit  uty  quod  plu- 
ribusjam  locis  erat  inusu^  psalmi  per  omnes  ecclesias 
die  noctuque  ab  alternis  canerentur.  »  (Die  XI.  D.) 

Le  chant  alternatif  fut  ainsi  introduit  par  la  natute 
des  choses,  et  pour  donner  à  la  psalmodie  plus  de  va- 
riété.Il  exprime  aussi  l'émulation  que  les  chrétiens  doî*- 
vent  avoir  entre  eux  pour  les  bonnes  œuvres,  dit  Hu- 
gues de  Saint-Victor  {In  spec,^  c.  m),  et  la  charité  qui 
nous  fait  porter  le  fardeau  les  uns  des  autres,  dit  Du- 
rand de  Mende.  (Ration,  1.  V,  c.  n.)  C'est  encore,  d'après 


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DBS  PSAUMES.  2  3 

saint  Isidore  de  Séville,  une  imitation  du  cbant  des 
Séraphins  alter  ad  alterum. 

Saint  Augustin  nous  a  dit  les  émotions  de  son  âme 
au  chant  des  hymnes  et  des  cantiques  dans  la  basili- 
que de  Milan  :  «  Que  de  fois,  le  cœur  vivement  ému,  j'ai 
pleuré,  d  mon  Dieu,  lorsque  retentissait  doucement  la 
voix  mélodieuse  de  votre  Eglise  I  Vos  paroles  s'insi- 
nuaient dans  mes  oreilles,  la  vérité  pénétrait  douce- 
ment dans  mon  âme,  la  piété  et  la  ferveur  pénétraient 
tout  mon  être,  mes  larmes  coulaient  avec  abondance 
et  j'étais  heureux.  »  (L.  IX,  c.  vi  et  vu.  *)  Saint  Basile 
veut  que  le  chant  des  Psaumes  ait  été  institué  pour 
enflammer  nos  cœurs  et  nous  élèvera  Dieu  par  cette 
sainte,  joyeuse  et  fortifiante  harmonie  {In  Ps.).  Saint 
Ghrysostome  dit  que  le  chant  a  la  vertu  de  charmer 
les  passions,  de  dégager  notre  âme  des  sens,  de  lui  faire 
goûter  les  chastes  délices  de  la  vérité.  «  Rien,  dit-il, 
n'élève  autant  l'âme,  rien  ne  la  maintient  dans  sa  no- 
ble exaltation,  ne  la  détache  de  la  terre,  ne  l'affranchit 
des  liens  du  corps;  rien  ne  la  pénètre  de  l'amour  de 
la  sagesse  et  ne  lui  inspire  autant  de  mépris  pour  les 

i.  Yoici  ce  beau  texte  en  entier  :  Quantwn  flevi  in  hymnis  et 
canticis  Mb  y  suave  senantis  Ecelesix  tuœ  vocibus  cammotus  a4sri'' 
ter!  Voces  ilîœ  influebant  auribus  mfiis  et  eHquabatur  veritas  in 
cor  meum  ;  et  exœstuabat  inde  affectus  pieiatis^  et  currebant  la- 
crymXy  et  bene  mihi  erat  eum  ds.  Non  longe  cœperat  Mediolanen" 
$is  Bcclesia  genus  hoc  consolationis  et  exhortationis  celebraref 
tnagno  ^udio  fratrum  concinentium  vocibus  et  cordibus.  Nimirum 
anmus  wat  aut  novk  multo  amplius^  cum  Justina,  Valentiniani  régis 
pueri  mater^  hominem  tuum  Ambrosium  persequeretur^  hasresis 
suas  causa  quà  fuerat  seducta  ab  Arianis,  Excubabat  pia  plebs  in 
eccîesiây  mori  parata  cum  episcopo  suo,  servo  tuo,  Ibi  mater  mea^ 
ancilla  tua,  sollicitudinis  et  vigiliarum  primas  tenens,  orationi' 
bus  vivebat.  Nos  adhuc  frigidi  a  calore  Spiritûs  tui  excitabamur 
tameni  civitate  attonitd  atque  turbatà.  Tune  hymni  et  psalmi  ut 
cpnerentur  secundum  morem  orientalem  partium^  ne  populus  mœ- 
roris  tœdio  contabesceret^  institutum  est;  et  exilloin  hodiemum 
retentum,  muHis  jam  ac  pêne  omnibus  gregibus  ttiis,  etper  extera 
cfbis  imUantibus.  >  (ùmfess.  l.  ix,  c.  6  et  7.) 


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274    LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

choses  d'ici-bas,  que  le  psaume  chanté  en  mesure,  que 

la  mélodie  du  cantique  divin.  Notre  nature  se  complaît 

tellement  dans  le  chant  des  hymnes,  elle  y  trouve  de 

si  suaves  délices,  qu'on  ne  parvient  à  calmer  que  par 

oyen  les  enfants  qui  pleurent.  »  {In  Ps.  xli.) 

Ambroise  compare  le  chant  des  psaumes  aux 

le  la  mer  dont  le  flux  et  le  reflux  nous  est  repré- 

par  cette  multitude  qui  chante  à  deux  chœurs,  et 

lit  de  ses  vagues  par  la  voix  des  hommes  et 

■emmes,  des  jeunes  gens  et  des  vierges.  {He- 

,1.111.) 

5  psaumes  doivent  donc  être  chantés  alternative- 
par  les  deux  chœurs.  Ces  deux  chœurs  peuvent 
brmés  par  les  chantres  entre  eux,  ou  par  les  assis- 
,  clercs  ou  laïques,  ou  encore  par  les  chantres  et 
pgé  d'une  part,  et  les  fidèles  de  l'autre.  Ce  dernier 
I  était  suivi  dans  la  basilique  de  Milan,  au  temps 
lint  Ambroise  ;  saint  Augustin  louait  son  peu- 
8  chanter,  alors  même  qu'il  ne  comprenait  pas 
urs  les  paroles.  {Tract,  xxii,  in  Joamu)  Un  soliste 
rait  aussi,  à  cause  de  la  solennité,  et  pour  quel- 
uns  des  psaumes,  alterner  avec  les  deux  chœur? 
is.  Nous  avons  vu  cette  pratique  observée  a  v 
s  des  Constitutions  apostoliques, 
chantait  autrefois  les  psaumes  debout,  d'après 
noignage  de^saint  Basile  et  de  saint  Chrysostome  : 
ontemplatione  surgentes  ad  psalmodiam  instituun- 
>  dit  le  premier  dans  son  épitre  lxiii®,  en  parlant 
loines.  —  «  Adstantque  sacro  choroy  expansis^ 
lanibics  concinant  hymnos,  »  dit  le  second.  {Hom. 
\  I  Tim.)  Un  concile  d'Aix-la-Chapelle,  en  816, 
3nnait  aussi:  In  choro..,  religiosissime  standum 
psallendum  ;  cet  usage  existait  encore  au  xm*' 
>,  puisque  Durand  de  Mende  dit  dans  son  Rational  : 
nos  stantes  dicimus.  Les  Constitutions  aposto- 
s  voyaient  dans  cette  posture  la  ferveur  de  l'âme 


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DBS  PSAUMES.  275 

ressuscitée  à  la  grâce  de  J.-G.  «  Qui  resurrexit  neces^ 
sario  débet  stars;  Tertullien,  une  marque  d'intré- 
pidité pour  les  saints  combats.  Saint  Jérôme  recomman- 
dait à  la  noble  Lœta  d'accoutumer  sa  fille  à  chanter  les 
psaumes  debout,  comme  une  guerrière  de  J.-C.  :  Stare 
in  acte  quasi  bellatricem  Christi.  Seuls,  les  prêtres 
qui  entouraient  Tévêque  à  Tautel  ou  à  son  trône,  au 
fond  de  l'abside,  pouvaient  s'asseoir.  Peu  à  peu  Ton 
permit  à  ceux  qui  étaient  âgés  ou  infirmes  de  s'ap- 
puyer sur  des  bâtons  ou  sur  de  petits  supports,  appelés 
pour  céldL  Indulgence  et  Miséricorde  ;  de  là  nous  est  venu 
le  nom  de  stalles  {stando)^  parce  qu'ainsi  appuyé  on 
était  plutôt  debout  qu'assis. 

Il  fut  permis  dans  la  suite  à  tout  le  clergé  de  s'as- 
seoir pendant  le  chant  des  psaumes  ;  le  concile  de  Bâle 
en  1431  paraît  être  un  des  premiers  à  avoir  introduit 
ce  nouveau  rit.  La  fatigue  en  fut  le  motif,  mais  on 
peut  dire  aussi  que  le  chant  des  psaumes  est  un  réci- 
tatif, un  colloque  pieux  entre  les  deux  chœurs,  auxquels 
dès  lors  cette  posture  convient. 

Le  chœur,  pour  cette  dernière  raison,  est  couvert 
pendant  le  chant  des  psaumes,  mais  il  doit  se  décou- 
vrir au  Gloria  Patri  en  signe  de  respect.  Le  concile  de 
Bâle  voulait  même  qu'on  se  levât  alors. 

Le  chœur  se  découvre  aussi  aux  mots  suivants  de 
certains  psaumes  ou  de  certains  cantiques  :  Sanctum  et 
terribile  nomen  ejus.  —  Sit  nomen  Domini  benedic- 
tum.  —  Non  nobis,  Domine^  non  nobis,  sed  nomini  tuo 
da  gloriam,  —  Benedicamus  Patrem  et  Filium  cura 
Sancto  Spiritu. 

On  ne  se  découvre  pas  au  verset  Requiem  œtemam^ 
qui  remplace  le  Gloria  Patri  daxis  l'office  des  morts.  Il 
n'y  a  plus  la  même  raison  ;  les  âmes  du  Purgatoire 
nous  demandent  plutôt  notre  pitié  que  le  respect,  et 
l'Eglise  ne  nous  fait  découvrir,  quand  il  s'agit  des  dé- 
funts, qu'aux  noms  de  ceux  qui  sont  canonisés. 


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27ê       LES  fiLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONULBS. 

On  ne  sedécouvrepas  aux  mots  Jesu  meo  du  cantique 
d'Habacuc,  chanté  aux  laudes  du  vendredi  saint; 
ils  ne  désignent  pas,  en  effet,  Notre -Seigneur  Jésus- 
Christ,  et  n'ont  que  le  sens  commun  de  libérateur. 

A  vêpres,  à  matines,  à  laudes  et  à  tierce  chantées 
avec  une  certaine  solennité,  tous  les  psaumes  sont 
entonnés  par  deux  chantres  jusqu'à  la  médiante  ou 
jusqu'à  la  fin  du  premier  verset,  selon  la  coutume  des 
lieux.  {Manuel  des  Cérem.  Rom.)  Le  second  chœur 
chante  le  deuxième  verset,  et  les  deux  chœurs  conti- 
nuent  ensuite  le  psaume  alternativement.  Ce  rit  ne 
serait  pas  observé  si  l'office  était  de  la  férié  ou  célébré 
sans  solennité  ;  un  seul  chantre  alors  entonnerait  les 
paumes.  {Cxrem.  Episc.-^  Direct,  chori  *.) 

Aux  petites  heures  et  à  compiles,  un  seul  chantre 
entonne  le  premier  psaume,  et  les  autres  se  continuent 
sans  interruption. 

Art.  VI.  Des  Versets. 
Leur  nature.  —  Leur  raison  d'être.  -^  Le  chant.  —  La  Rubrique. 

Les  Versets  sont  de  courtes  aspirations  vers  le  ciel 
ou  de  petites  maximes,  toujours  en  harmonie  avec 
l'office  dont  ils  font  partie.  Ainsi,  par  exemple,  dans 
l'office  des  martyrs  :  t.  Laètamini  in  Domino  et  exul- 
tate  jusii.  Çr.  Et  gloriamini  omnes  recti  corde.  — 
t.  Exultent  justi  in  conspectu  Dei.  5?.  Et  delectentur  in 
lâBtitiâé  —  t.  Justi  autem  in  perpetuum  vivent.  5?.  Et 
apud  Dominum  est  merces  eorum.  —  t.  Exultabunt 
Sancti  ingloriâ.îji,  Lœtabuntur  in  cubilibus  suis.  Dans 
l'office  des  Vierges  :  t.  Specie  iuâet  pulchritudine  tuâ. 
i(f.  Intende,  prospère  procedcy  et  régna.  — t.  Adjuvabit 
eam  Deus  vultu  suo.  Çr.  Deus  in  medio  ejus  non  corn- 
movebitur.  — ^  t.  Elegit  eam  Deus  et  prseelegii  eam. 
]$.  In  tabemaculo  suo  kabitare  facit  eam.  —  t.  Diffusa 

i.  Guidetti  est  Pauieur  du  JHreetorium  chori. 

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DBS  VBRSBTS.  277 

est  gratta  in  labiis  tuis.  i)f.  Propterea  benedixit  te  Dem 
hiœterîium.  Dans  Toffice  du  dimanche:  t.  Memor 
fui  nocte  nominis  tui^  Domine.  Vji,  Et  custodivi  legem 
tuant,  —  t.  Quoniam  tu  illuminas  lucemam  meam^ 
Domine.  Çr.  Deus  meus  illumina  tenebras  meas,  — 
t.  Exaltare^  Domine^  in  virtute  tuâ,  ^.  Cantabimus 
et  psallemus  virtutes  tuas.  —  t.  Dominus  regnavit  de- 
corem  induit.  Vft.  Induit  Dominus  fortitudinem  et 
praecinxit  se  virtute.  —  t.  Dirigatur,  Domine^  oratio 
mea.  i)f.  Sicut  incensum  in  conspectu  tuo. 

Comme  on  le  voit,  les  versets  sont  composés  d'un 
verset  proprement  dit  et  d'un  répons^  ainsi  nommé 
parce  qu'il  répond  toujours  au  verset  pour  la  longueur 
et  le  sens.  Tous  deux  sont  tirés  ordinairement  de  l'E- 
criture Sainte.  On  peut  les  comparer  aux  oraisons 
jaculatoires  si  connues  dans  la  vie  chrétienne,  et  au 
bouquet  spirituel  si  gracieusement  décrit  par  saint 
François  de  Sales. 

Ils  sont  placés  dans  l'office  divin,  entre  la  dernière 
antienne  et  le  Pater  de  chaque  nocturne,  et  après  les 
hymnes  de  laudes  et  de  vêpres,  les  commémoraisons 
et  les  répons  qui  suivent  les  leçons,  et  les  répons  brefs 
des  petites  heures. 

Leur  nom  vient  du  latin  Versus  qui  exprime  une 
direction  :  a  vertendo^  disent  Alcuin,  Amalaire,  Bona, 
Merati,  Gavantus  et  tous  les  auteurs  :  cette  éty- 
mologie  commune  est  ensuite  par  eux  diversement  ex- 
pliquée. «  Le  verset  est  ainsi  appelé,  dit  Amalaire, 
parce  qu'il  tourne  et  dirige  nos  cœurs  vers  Dieu.  » 
{Lib.  IV,  c.  43.)  «  Parce  que,  dit  Bona,  nous  nous  tour- 
nons alors  vers  l'autel,  pour  que  notre  esprit,  s'il  est 
distrait,  revienne  à  la  pensée  de  Dieu  (c.  xvi,  §  xiii)  ; 
c'est  aussi  l'explication  de  Durand  de  Mende.  (L.  V,  c.  2, 
B.  40  et  seq.)  De  Herdt  veut  qu'on  l'appelle  ainsi,  soit 
parce  que  le  chœur  se  tourne  vers  Vautel  en  le  chan- 
tant, soit  parce  que,  avec  le  verset  nous  passons  des 
T.  n.  1<J 


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27g       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

psaumes  aux  leçons,  et  des  hymnes  aux  antiennes  ou 
aux  oraisons.  (Pars,  IV,  Tit.  xxiv.) 

«  Les  versets,  dit  encore  Durand  de  Mende,  préparent 
à  mieux  écouter  les  leçons  pendant  lesquelles,  à  cause 
de  leur  longueur  et  parce  qu'on  est  assis,  Tesprit 
pourrait  s'assoupir.  »  {loc.  cit)  Ajoutons,  qu'après  le 
chant  joyeux  de  l'hymne  ils  favorisent  le  recueillement, 
et  qu'avant  les  oraisons,  ils  disposent  nos  cœurs  à  ces 
prières  si  importantes.  Quoi  qu'il  en  soit,le  verset  ravive 
toujours  au  moins  l'attention  :  «  Ut^  eomediante^  omnes 
mentes  rêver tantur  ad  Deum  »,  dit  de  Herdt.  (loc.  cit,) 

C'est  pourquoi  le  chœur  est  toujours  debout  et 
tourné  vers  Tautel  quand  on  le  chante,  excepté  à  l'of- 
fice des  ténèbres  et  à  celui  des  morts  qui  n'ont  aucun 
caractère  de  solennité. 

Le  verset  proprement  dit  est  chanté  par  deux  voix, 
et  tout  le  chœur  y  répond. 

Les  versets  des  matines,  et  ceux  qui  suivent  les 
hymnes  à  laudes  et  à  vêpres  sont  regardés  générale- 
ment comme  plus  solennels  que  ceux  des  petites 
heures,  des  compiles  et  des  commémoraisons.  C'est 
pourquoi  on  leur  adapte  un  chant  festival  :  avec  un 
neume  plus  long  quand  l'office  est  du  rit  double,  avec 
un  neume  moins  long  quand  l'office  est  du  dimanche 
ou  du  rit  semi-double.  Les  versets  des  petites  heures 
et  des  compiles  ont  le  même  chant  que  celui  de  ce 
dernier  office;  ceux  des  fériés  et  des  fêtes  simples 
ont  un  chant  férial  ;  les  versets  des  commémoraisons 
ont  un  chant  plus  simple  encore,  avec  le  seul  abaisse- 
ment d'une  tierce  mineure  sur  la  dernière  syllabe;  et 
ceux  de  l'office  des  morts  et  des  ténèbres,  une  termi- 
naison particulière  bien  connue.  Toutes  ces  règles  sont 
données  par  leDirectorium  Choriel  les  livres  de  chant; 
il  faut  les  observer,  car  l'Eglise  a  voulu  ainsi  distin- 
guer les  offices  entre  eux,  et  les  parties  des  offices 
auxquelles  ces  versets  se  rattachent. 


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DES  VERSETS,  279 

Au  temps  pascal,  on  ajoute  à  tous  les  versets  Al- 
léluia en  signe  de  joie;  il  faut  excepter  cependant 
ceux  qui  composent  les  prières  dans  Toffice  divin 
«  parce  que,  dit  Gavantus,  ces  prières  sont  plutôt  ins- 
pirées par  la  tristesse  et  Thumilité  que  par  la  joie  » 
{De  versibus,  c.  x);  elles  nesedisent,  en  effet,  qu'àTof- 
fice  férial  ou  semi-double. 

A  Pâques  et  pendant  son  octave,  il  n'y  a  pas  de  ver- 
sets, si  ce  n'est  au  nocturne,  parce  qu'il  n'y  a  pas 
d'hymnes  ni  de  répons  brefs,  et  cela,  pour  abréger 
l'office  en  signe  de  joie,  dit  Gavantus. 

Nous  avons  dit,  en  parlant  des  mémoires,  qu'il  fal- 
lait changer  les  versets  indiqués,  si  on  les  avait  déjà 
récités. 

On  ne  saurait  préciser  à  quelle  époque  les  versets 
furent  introduits  dans  l'office  divin. 

La  rubrique  sur  les  versets  ne  demande  aucune 
explication  littérale.  En  voici  la  teneur  sous  le  titre 
XXIV®  : 

«  4.  Les  versets  se  disent  toujours,  à  matines,  après  le 
dernier  psaume  et  la  dernière  antienne  des  nocturnes,  qu'il 
y  ait  àTofûce  trois  nocturnes  ou  qu'il  n'y  en  ait  qu'un  seul. 
A  laudes  et  à  vêpres,  on  dit  le  verset  après  l'hymne  ;  aux  pe- 
tites  heures,  on  le  dit  à  la  suite  du  répons  bref,  après  la 
répétition  d'une  partie  du  répons,  et  après  le  Gloria  Patri, 

«  2.  A  Pâques  et  pendant  Toctave,  jusqu'aux  vêpres  du 
samedi  in  albis  exclusivement,  on  ne  dit  qu'un  verset  au 
nocturne,  et  aucun  aux  autres  heures,  comme  il  est  mar- 
qué en  son  lieu. 

«  3.  Quand  on  fait  quelque  mémoire,  on  dit  toujours, 
après  l'antienne  de  l'office  dont  on  fait  mémoire,  le  verset 
qui  se  trouve  dans  cet  office  après  l'hymne  des  vêpres  et  des 
laudes,  sauf  indication  contraire. 

«  4.  Pendant  le  temps  pascal,  on  ajoute  toujours  Alléluia 
à  ces  versets,  mais  non  à  ceux  des  prières  ni  au  Pretiosa 
de  prime,  ni  au  verset  proprement  dit  qui  suit  le  petit  ré- 
pons et  son  astérisque  dans  les  grands  répons  de  matines. 


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Wwm^ 


Kè       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

«  5.  Aux  fêtes  de  trois  leçons,  on  dit,  après  touslespsau- 
mesde  la  férié  et  leurs  antiennes,  le  verset  du  commun  des 
saints,  dans  Tordre  suivant  :  le  lundi  et  le  jeudi,  le  verset 
du  premier  nocturne;  le  mardi  et  le  vendredi,  celui  du  se- 
cond nocturne;  le  mercredi,  celui  du  troisième. 

«  6.  Les  versets  placés,  au  psautier,  à  laudes  et  à  vêpres, 
se  disent  toujours,  quand  il  n'y  en  a  pas  d'autres  désignés 
au  propre  du  temps.  » 

Art.  VU.  Le  Capitule. 

Origine.  —  Son  rapport  avec  l'office.  —  Principes  liturgiques.  — 
La  Rubrique. 

Si  nous  ne  savons  pas  à  quelle  époque  les  versets 
furent  introduits  dans  l'office  ^divin,  l'ancienneté  des 
capitules  nous  est  suffisamment  attestée  par  des 
témoignages  du  vi®  et  du  iv«  siècle.  Le  concile  d'Agde 
entre  autres  (506)  ordonne  de  les  réciter  après  les 
psaumes.  (Can.  21.) 

Le  capitule,  comme  on  le  sait,  est  une  petite  leçon 
de  l'Écriture  empruntée  généralement  à  Tépître  de  la 
messe;  d'oîi  ses  noms  divers  que  nous  trouvons  déjà 
dans  Raoul  deTongres  (Prop.  13  et  14)  :  Lectio  brevts^ 
iecHunculay  versiculus,  et  surtout  capitulum  (capitule), 
qui  lui  fut  donné  plus  communément.  Ce  dernier  veut 
dire,  d'après  saint  Anselme  (c.  8  in  Hebrdeos)  :  brevis 
multorum  compléxio,  formule  qui  embrasse  beaucoup 
en  peu  de  mots.  Il  est  permis,  en  effet,  de  voir  ce  sens 
dans  le  diminutif  de  la  racine,  caput,  capere.  D'après  Du- 
rand de  Monde  (1.  V,  c.  ii,  n.  80)  et  Gavantus  {De  Ca- 
pilulisy  c.  xv),  Capitule  signifierait  que  cette  petite  le- 
çon des  heures  est  extraite  d'un  chapitre  {caput)  de 
l'Ecriture  sainte:  chapitre  qui  est  toujours  indiqué 
dans  le  bréviaire. 

Toutes  les  heures  de  l'office  ont  leur  capitule.  Si  nous 
en  croyons  le  vénérable  Bède  (1.  II.  Expos,  in  Esdr. 
c.  2),  l'usage  en  serait  venu  de  ce  que  les  Juifs,  au 
temps  d'Esdras,  lisaient  quatre  fois  le  jour  le  volume 
delà  loi.  (II  Esdr.ix^  3.)  L'Églisechrétienne  voulut  aussi 


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DU  CAPITULE.  281 

lire  la  sainte  Écriture,  à  la  messe  et  à  Tofflce  divin. 
De  même  que  dans  le  saint  sacrifice  nous  avons  les 
épitres  et  l'Évangile,  de  même,  dans  le  bréviaire  de 
chaque  jour,  aous  aurons  à  lire  le  texte  sacré  et  les 
homélies.  Ces  leçons  seront  plus  longues  et  plus 
nombreuses  à  matines,  l'office  de  la  nuit,  parce 
que,  débarrassé  alors  du  travail  de  la  journée,  on  pou- 
vait donner  plus  de  temps  à  la  prière;  mais  elles  fu- 
rent abrégées  à  l'office  du  jour,  à  cause  des  occupa- 
tions diverses,  et  formèrent  ainsi  nos  capitules. 

Matines  n'a  pas  de  capitule,  parce  qu'elle  a  déjà  ses 
leçons  ;  elle  forme  du  reste  une  seule  heure  avec  lau- 
des. 

Extrait  de  l'Écriture  sainte,  le  capitule  est  emprunté 
généralement  à  l'épître  de  la  messe;  ainsi  se  trouve 
resserré  de  plus  en  plus  le  lien  qui  existe  entre  la 
messe  et  l'office  divin,  nos  deux  sacrifices  de  louange. 
Le  capitule  a  toujours  un  rapport  intime  avec  l'office, 
comme  l'épître  avec  celui  de  la  messe.  Dans  l'office 
des  apôtres,  par  exemple,  les  capitules  nous  les  mon- 
trent comme  étant  les  fondements  de  l'Église  {Vêpres)^ 
les  thaumaturges  par  excellence  (Sexte),  et  des  mar- 
tyrs généreux  (None),  Dans  l'office  des  confesseurs  non 
pontifes,  ils  célèbrent  la  sainteté  de  ces  héros  chré- 
tiens ;  dans  celui  des  Vierges,  avec  la  douce  humilité 
de  leur  sexe,  la  beauté  et  la  gloire  de  leur  virginité,  et 
ainsi  de  tous  les  capitules  dans  les  autres  offices. 
Ceux  de  prime  et  de  compiles  cependant  ne  sont 
jamais  empruntés  à  l'épître  de  la  messe.  Celui  de 
prime  est  toujours  extrait  du  !«'  chapitre  de  l'épître  à 
Timothée,  pour  Toffice  du  dimanche  et  des  fêtes  :  Régi 
s3BCulorumimmortali,...^Qi du  chap.  8  de  Zacharie pour 
l'office  de  la  férié  :  Pacem  et  veritatem;  le  capitule  de 
compUes  appartient  toujours  au  chap.  14®  de  Jéré- 
mie.  Nous  avons  dit  pourquoi  cette  exception,  en  expli- 
quant ces  heures  canoniales. 

T.  n.  16. 


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282        LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Les  capitules,  extraits  ainsi  de  l'Écriture  sainte,  dif- 
fèrent cependant  quelquefois  de  la  Vulgate.  C'est 
parce  que  saint  Pie  V,  en  voulant  que  cette  version 
fût  adoptée  dans  le  bréviaire  romain,  ne  l'exigea  pas 
absolument  pour  toutes  les  parties  de  l'office  et  laissa 
quelquefois  le  texte  de  l'ancienne  italique,  comme  il  le 
fit  aussi  pour  certaines  parties  de  la  messe.  «  L'auto- 
rité de  l'Église  nous  suffirait  ici,  à  défaut  de  toute  au- 
tre raison,  dit  Gavantus.  »  (Sect.  V,  c.  xv,  n.  10. —  Voir 
le  commentaire  de  Mérati  sur  ce  chapitre  de  Gavantus.) 

Aux  offices  des  fêtes  et  de  certains  dimanches  de 
l'année,  il  n'y  a  que  trois  capitules  différents  pour 
toutes  les  heures,  prime  et  compiles  exceptées.  Celui 
des  vêpres,  en  effet,  est  le  même  à  laudes  et  à  tierce  ; 
sexte  etnoneont  chacune  le  sien.  Le  même  capitule, 
trois  fois  répété  pour  n'en  former  en  tout,  avec  les 
deux  autres,  que  trois  différents,  n'est-ce  pas  un 
nouveau  souvenir  à  la  sainte  Trinité,  ce  mystère 
adorable,  objet  primaire  du  culte,  et  que  nous  rencon- 
trons si  souvent  dans  les  cérémonies  de  l'office  divin? 

Le  capitule,  donnant  à  l'office  une  certaine  solen- 
nité, est  toujours  récité  par  le  célébrant,  à  moins  que 
TEvêque  n'assiste  à  son  trône,  car  alors  ce  serait  un 
des  chapiers  ou  des  chantres  qui  le  chanterait.  Tout  le 
chœur  se  lève  à  ce  moment.  Cet  extrait  de  l'Ecriture, 
court  et  saisissant,  placé  au  milieu  de  l'office  dont  il 
est  comme  le  résumé,  méritait  cet  honneur.  Aux 
offices  pontificaux,  l'évêque  ne  chante  jamais  le  ca- 
pitule, pour  établir  sur  ce  point  une  différence  entre 
lui  et  le  simple  prêtre  :  c'est  le  sous-diacre  de  la 
messe,  un  chantre,  ou  l'hebdomadaire  qui  le  récite, 
suivant  les  cas  ou  les  usages  des  lieux.  (Voir  le  céré- 
monial des  évêques,  ou  les  auteurs  qui  ont  décrit  l'of- 
fice pontifical,  comme  Le  Vavasseur,  de  Conny,  etc.) 

On  ne  demande  pas  de  bénédiction  avant  le  capitule, 
comme  on  le  fait  avant  les  leçons,  parce  qu'il  e^t  ré* 


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DU  CAPITULE-  283 

cité,  dit  Amalaire,  par  le  prêtre  célébrant  qui  repré- 
sente Jésus-Christ.  (L.  XIV,  c.  3.) 

Le  livre  sacré  d'où  les  capitules  sont  extraits  n'est 
pas  annoncé,  comme  pour  l'épitre  de  la  messe  et  les 
grandes  leçons  de  l'office.  Hugues  de  Saint- Victor  (L. 
II,  de  offic,  c.  3)  et  Durand  de  Mende  (L.  V,  c.  ii,  n. 
82)  en  donnent  une  raison  que  nous  n'admettons  pas  : 
«  A  la  messe,  disent-ils,  l'épitre  est  lue  pour  le  peuple 
qui,  sans  le  titre,  ne  saurait  pas  d'où  elle  est  tirée  ; 
tandis  que  les  leçons  de  l'office  sont  lues  pour  les 
clercs  et  par  les  clercs  qui  connaissent  assez  l'Écriture 
sainte.  »  La  véritable  raison,  selon  nous,  en  est  dans 
la  brièveté  des  capitules,  et  aussi  parce  qu'ils  sont  em- 
pruntés généralement  à  l'épitre  de  la  messe,  dont  le 
titre  est  par  ailleurs  annoncé. 

On  ne  dit  pas,  à  la  fin  du  capitule,  la  conclusion  des 
leçons  :  Tu  autem  Domine^  miserere  nobis^  «  parce  que, 
dit  Gavantus  après  Durand  de  Mende,  il  n'est  pas  assez 
long  pour  qu'on  y  ait  eu,  en  le  lisant,  des  distractions 
coupables  :  et  prasterea^  in  breviori  lectione  facilius 
culpa  evitatury  praesertim  a  perfecto  viro  qualem  re- 
présentai  Hebdomadaritis^  qui  capitula  récitât.  »  (Sect. 
V.  c.  XV,  n.  7.) 

Mais  on  répond  Deo  gratias^  comme  à  la  fin  des  le- 
çons, pour  remercier  Dieu  des  vérités  enseignées  par 
sa  divine  parole,  ou  des  grâces  que  nous  y  voyons 
mentionnées. 

Voici  maintenant  la  rubrique  sur  les  capitules 
(Tit.  xxix)  :  elle  nous  donnera  lieu  à  quelques  expli- 
cations nouvelles  qui  terminent  tout  ce  que  nous  avons 
à  dire  sur  ce  sujet. 

c<  4.  Après  les  psaumes  et  les  antiennes,  à  vêpres,  à 
laudes  et  aux  autres  heures,  on  dit  toujours  le  capitule, 
excepté  du  Jeudi-Saint  aux  vêpres  du  samedi  in  Alôis  ex- 
clusivement, et  à  Tofûce  des  morts.  A  complies,  on  dit  le 
capitule  après  l'hymne.  » 


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284       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Les  trois  derniers  jours  de  la  semaine  sainte  et 
Toffice  des  morts  sont  exceptés,  parce  que  le  capi- 
tule a  un  certain  caractère  de  solennité  qu'on  ne  veut 
pas  donner  aux  offices  de  tristesse  et  de  deuil.  Une  rai- 
son de  brièveté  a  fait  excepter  aussi  Toctave  de  Pâques 
qui  est  toute  de  joie,  et  où  TÉglise  a  voulu  pour  cela 
un  office  plus  court. 

Si  le  capitule  se  dit  régulièrement  après  les  psau- 
mes, c'est  pour  le  placer  au  milieu  de  Toffice  dont  il 
résume  l'objet,  et  pour  reposer  un  instant  l'esprit  et  le 
cœur,  avant  de  reprendre  le  chant  des  hymnes  et  des 
cantiques.  A  compiles,  comme  le  capitule  est  suivi  d'un 
répons  bref,  on  n'a  pas  voulu  séparer  par  l'hymne  ces 
deux  parties  qui  se  suivent  toujours  ailleurs  dans  l'of- 
fice. C'est  pourquoi  on  le  dit  alors  après  l'hynme, 
tandis  qu'il  la  précède  à  laudes  et  à  vêpres. 

«  2.  Les  capitules  du  dimanche,  placés  au  psautier,  se 
disent  aux  premières  et  aux  secondes  vêpres,  à  laudes  et 
aux  petites  heures,  depuis  le  troisième  dimanche  après  la 
Pentecôte  jusqu'à  l'A  vent,  et  depuis  le  second  dimanche 
après  l'Epiphanie  jusqu'à  la  Septuagésime.  Les  capitules  des 
fériés  se  disent  après  l'octave  de  la  Pentecôte  jusqu'à  l'A- 
vent,  et  depuis  l'octave  de  l'Epiphanie  jusqu'au  premier 
dimancheduCarême.  Dans  les  autres  temps,  onlesdit  comme 
au  propre  du  Temps;  si  c'est  l'office  d'un  saint,  comme  au 
propre  des  saints,  quand  il  y  a  un  capitule  propre,  sinon, 
comme  au  commun  des  saints.  Le  capitule  de  prime  et  de 
complies  (quand  il  ne  doit  pas  être  omis)  est  invariable  et 
comme  au  psautier. 

«  3.  Aux  dimanches,  depuis  l'avent  jusqu'à  l'octave  de 
l'Epiphanie,  et  depuis  la  Septuagésime  jusqu'au  troisième  di- 
manche après  la  Pentecôte,  aux  fériés  du  temps  pascal  et  à 
toutes  les  fêtes,  on  dit  régulièrement  à  laudes,  à  tierce  et 
aux  secondes  vêpres,  le  capitule  des  premières  vêpres,  sauf 
quelques  exceptions  indiquées  quand  il  y  a  lieu. 

((  4.  Aux  fériés  du  temps  pascal,  on  dit^  à  prime,  le  ca- 
pitule Regt  sgeculorum,  comme  aux  dimanches  et  aux  fêtes. 
Après  le  capitule,  on  répond  toujours  :  Deo  gratiasi  » 

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DE  L'ORÀISON.  285 

Art.  VIII.  De  rOraison. 

Sa  natare.  —  Oraisons  diverses.  —  Nombre.  —  Excellence.  —  Anti- 
quité. —  «  Dominus  vobiscum  »  et  «  Oremus  >.  —  Principes  litar- 
giqaes.  —  La  rubrique.  —  Le  chant. 

Nous  avons  dit,  au  commencement  du  volume  pré- 
cédent, les  rapports  intimes  entre  la  sainte  messe  et 
l'office  divin.  L'oraison  est  dans  celui-ci  ce  qu'est  la 
communion  dans  le  saint  sacrifice.  La  communion 
nous  fait  participer  au  Corps  et  au  Sang  de  Jésus-Christ, 
à  sa  personne  sacrée,  à  sa  vie  divine  ;  l'oraison  nous 
fait  communier  à  ses  vertus  et  à  ses  mystères,  alors 
même  qu'elle  a  les  saints  pour  objet. 

L'oraison,  en  effet,  qui  résume  admirablement  les 
vertus  des  saints,  imitateurs  de  Jésus-Christ,  ou  l'es- 
prit et  le  fruit  du  mystère,  nous  en  fait  demander  une 
participation  ici-bas,  po,ur  être  ensuite  associés  à  la 
vie  de  Jésus  dans  le  ciel.  Oh  I  qu'elles  sont  belles  ces 
oraisons,  composées  en  grand  nombre  par  les  saints 
et  les  pontifes  des  premiers  siècles  1  Elles  ne  furent 
jamais  insérées  dans  l'office  que  l'Église  ne  les  sanc- 
tionnât de  son  autorité  à  la  fois  si  grande  et  si  éclai- 
rée, de  son  autorité  infaillible  I 

Nous  voudrions  réunir  ici  toutes  les  oraisons  du 
bréviaire,  afin  qu'on  pût  mieux  les  apprécier  par  cette 
vue  d'ensemble  ;  elles  formeraient  ainsi  un  des  plus 
beaux  recueils  de  prières.  Voici  celles  que  nous  croyons 
devoir  signaler,  et  dont  chacim  pourra  facilement  cons- 
tater la  beauté,  la  concision,  l'harmonie  avec  l'office 
auquel  elles  appartiennent: 

I.  Le  temps  liturgique  :  Deuxième  dimanche  del'A- 
vent,  dimanche  de  laSeptuagésime,  mercredi  des  Cen- 
dres, premier  dimanche  du  Carême,  les  trois  derniers 
jours  de  la  semaine  Sainte,  les  Rogations. 

U.  Mystères  de  Notre-Seigneur:  Noël,  l'Epiphanie, 
le  Saint  Nom  de  Jésus,  la  Transfiguration,  le  Ttès-Saint 


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LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  GANONULBS. 

lient,  le  Sacré-Coeur  de  Jésus,  le  Très-Saint  Ré- 
ieur,  la  prière  de  Jésus  au  Jardin  des. Olives,  la 
in^  la  Couronne  d'épines,  la  Lance  et  les  saints 
le  Saint  Suaire,  les  cinq  Plaies,  le  Précieux  Sang, 
tation  de  la  Sainte  Croix,  Pâques,  TAscension,  la 
îôte,  la  Sainte  Trinité. 

Mystères  de  la  Sainte-  Vierge  :  Llmmaculée- 
ption,  la  Nativité,  le  Saint  Nom  de  Marie,  la  Pré- 
ion  de  Marie,  TAnnonciation,  la  Pureté  de  Marie, 
•ification,  la  Compassion  ou  les  sept  Douleurs  de 
,  l'Assomption,  le  Cœur  très  pur  de  Marie,  le  Pa- 
je  de  Marie,  le  saint  Rosaire,  Notre-Dame  Auxi- 
e,  Notre-Dame  de  la  Merci. 
Les  Saints  :  La  Toussaint,  les  saints  Anges,  le 
lage  de  saint  Joseph,  la  Nativité  de  saint  Jean- 
ite,  S.  Pierre  et  S.  Paul,  S.  Jean  TÉvangéliste, 
enne,  les  saints  Innocents,  S.  Laurent,  S.  Gré- 
VII,  S.  Pierre  Célestin,  S.  Pie  V,  S.  Jérôme, 
ornas  d'Aquin,  S.  François  de  Sales,  S.  Charles 
née,  les  Stigmates  de  S .  François  d'Assise,  S .  Fran- 
avier,  S.  Louis  de  Gonzague,    Sainte  Thérèse, 

Madeleine  de  Pazzi,  Sainte  Ajine,  Sainte  Moni- 
lainte  Chantai. 

oraisons  du  commun  des  Saints  ne  sont  pas 

expressives  et  appropriées  à  l'objet  de  Tof- 

'aison  est  toujours  celle  de  la  messe,  afin  de  re- 
isemble  ces  deux  grandes  manifestations  du  culte 
Prime  et  compiles  cependant  ont  une  oraison  à 
5ui  ne  varie  jamais  ;  la  nature  de  ces  heures 
iales  le  demandait,  comme  nous  l'avons  montré 
i  lieu. 

*y  a  qu'une  oraison  dans  les  heures,  excepté 
le,  où  l'Église  nous  fait,  à  dessein,  multiplier 
^re  au  commencement  du  jour.  Le  but  de  l'orai- 
[ue  nous  allons  faire  connaître  en  excluait  la 


1 


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DE  L'ORAISON.  287 

pluralité.  Les  mémoires  que  souvent  on  doit  faire 
à  vêpres  et  à  laudes  ne  se  rapportent  pas  à  l'objet 
même  de  Toffice  et  ne  lui  sont  que  secondaires.  Le 
rit  mozarabique  diffère  ici  du  romain,  car  il  admet  plu- 
sieurs oraisons,  ainsi  Fofôce  de  saint  Etienne  en  a 
jusqu'à  vingt  et  une. 

L'Église  a  voulu  résumer  les  fruits  et  la  grâce  de 
tout  Toffice,  et  de  chaque  heure  en  particulier, 
pour  les  demander  à  Dieu,  dans  une  dernière  et  pres- 
sante prière;  c'est  pourquoi  l'oraison  se  dit  toujours  à  la 
fin,  ainsi  que  l'ordonnait  le  concile  d'Agde  en  506  ;  de 
là  aussi  lui  est  venu  le  nom  de  Collecte  :  «  Brevius^ 
culâs  orationes  quas  collectas  rvuncupamus^  »  dit  le 
cardinal  Bona. 

Aussi  l'oraison  est-elle  regardée  comme  une  des 
parties  les  plus  importantes  de  l'office  divin  ;  ce  nom 
Oratio,  qui  lui  est  donné  au  milieu  de  tant  d'autres 
invocations,  montre  assez  qu'elle  est  ici  la  prière  par 
excellence.  Tandis  que,  du  moins  quelquefois,  les  capi- 
tules peuvent  être  dits  et  les  hymnes  entonnées  par  un 
autre  que  le  célébrant,  toujours  celui-ci,  fût-il  évo- 
que, chante  l'oraison  ;  et  lorsque  le  Souverain  Pon- 
tife procède  solennellement  à  une  canonisation,  c'est 
lui  qui,  le  premier,  récite  en  face  du  ciel  et  de  la  terre, 
l'oraison  du  nouveau  saint. 

L'usage  des  oraisons  dans  l'office  est  très  ancien.  Il 
remonte  au  moins  au  temps  de  saint  Jérôme,  puisque 
ce  docteur,  décrivant,  dans  la  vie  de  saint  Hilarion,  ce 
qu'était  l'office  de  son  temps,  s'exprime  Bim&i:<(Sac7*as 
Scripturasmemoriter  tenens^post  orationes  etpsalmoSy 
quasi  Deo prœsente,  recitabat  ».  Saint  Gélase,  d'après 
l'abbé  Bernon  {de  Miss,  c.  i.),  composa  plusieurs  orai- 
sons pour  l'office  :  Fecit  sacramentorum  Prœfationes 
et  orationes,  cauto  sermone,  avait  déjà  dit  de  \\x\\q Liber 
Pontificalis.  Saint  Ambroise  fit  de  même,  d'après  Ho- 
norius  d'Autun.  (Gemm.  animas^  h  l,c.87.)  Saint  Gré-» 


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MB   LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

goire  le  Grand  revit  les  araisons  qui  étaieut  en  usage, 
en  composa  de  nouvelles  et  les  distribua  mieux  dans 
l'office  divin,  nous  dit  Walafrid  Strabon.  {De  reb.  éc- 
oles, c.  22.) 

Claude  d'Espence,  recteur  de  l'université  de  Paris, 
a  fait  tout  un  commentaire  sur  Torigiae,  Tantiquité, 
les  auteurs,  le  but  et  Tusage  des  oraisons  dans  la  li- 
turgie romaine.  ^ 

L'oraison  de  Toffice  est  précédée,  comme  celle  de  la 
messe,  du  Dominusvobiscum  et  de  VOremtiSy  et  termi- 
née comme  elle  aussi  par  la  grande  conclusion.  Tout 
ce  que  nous  avons  dit  de  ces  parties  accessoires  dans  le 
t.  II  de  la  messe  (pag.  104  et  suiv.,)  et  au  commencement 
de  ce  volume  a  ici  son  application.  Il  n'y  a  que  les  dif- 
férences suivautes  :  1"  L'invitation  Oremus  qui,  à  la 
messe,  ne  se  dit  quedeux  fois,  quandil  y  aplusieurs  orai- 
sons, à  la  pre^lière  et  à  la  seconde,  se  dit  à  l'office  avant 
chacune  d'elles  ;  c'est  parce  que,  à  la  messe,  les  oraisons 
se  suivent  immédiatement,  tandis  qu'à  l'office,  elles  sont 
toujours  précédées,  et  par  conséquent  interrompues 
entre  elles,  par  une  antienne  et  son  verset.  2®  Les  an- 
tiennes finales  de  la  sainte  Vierge  n'ont  pas  la  grande 
conclusion,  parce  qu'elles  ne  sont  pas  regardées  comme 
parties  intrinsèques  de  l'office,  quoiqu'elles  en  soient 
une  partie  intégrante.  3"  L'oraison  de  l'office  des  Ténè- 
bres :  Respice  qusesumus^  Domine^  n'est  pas  précédée 
du  Dominiis  vobiscum,  en  haine  du  salut  perfide  de 
Judas,  dit  Amalaire  (L.  IV,  c.  21)  ;  ni  de  VOremm 
parce  que  les  fidèles,  tout  recueillis  par  les  graves  pen- 

1.  Claude  d'Espence  (Claudius  Espenciens)  naquit  à  Gh&lons- 
sur-Marne,  en  15H,  et  mourut  en  4571.  Docteur  de  Sorbonne 
et  recteur  de  l'université  de  Paris,  il  était  très  versé  dans  les 
sciences  ecclésiastiques  et  profanes.  Ses  nombreux  ouvrages 
latins  forment  déjà  un  vol.  in-f.  ;  mais  ils  ne  sont  pas  toujours 
exempts  de  reproche,  et  deux  d'entre  eux  furent  mis  à  l'Index, 
donec  corrig.  :  Collectanea  de  eontinentid.  —  In  epistolam  D.  Fauli 
apoatoli  ad  Titum  commentariiis. 


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DE  L*ORAISON. 

sées  de  ces  jours,  et  à  genoux  déjà  pour  la  récit 
du  Miserere,  n'ont  pas  besoin  d'être  invités  à  s'ui 
prêtre  dans  cette  dernière  oraison. 

Le  célébrant  dit  toujours  l'oraison  debout,  ej 

pendant  Tofûce  des  Ténèbres;  le  chœur  est  d 

aussi,  excepté  aux  offices  des  morts,  et  quand  lei 

res  qui  précèdent  quelquefois  l'oraison  doivent  S( 

à  genoux.   Cette  posture  du  célébrant  et  du  ( 

est  un  souvenir  de  la  discipline  ancienne,  où  l'on 

généralement    debout,    pour  exprimer   la    fei 

d'après  les  Constitutions  apostoliques,  et  aussi  Tir 

dite  de  notre  foi,  d'après  saint  Jérôme  et  Terti 

(Grancolas,  de  l'office  divin,  tit.  xi.)  Les  except 

cette  règle  que  nous  avons  mentionnées  pour  les 

de  la  semaine  sainte,  des  morts  et  de  certaines 

sont  inspirées  par  l'esprit  d'humilité  qui  convier 

particulièrement  alors.  «  Le  célébrant,  dit  Gavi 

en  récitant  à  genoux  l'oraison  de  l'office  des 

bres,  veut  imiter  l'humilité  de  Jésus-Christ  dur 

passion.  »  ^Sect.  VI,  c.  xni,  n.  20.)  Ajoutons  ic 

récite  cette  dernière  oraison  à  voix  médiocre, 

signifier  la  tristesse  de  ces  jours,  et  qu'il  er 

voix  basse  la  conclusion,    pour  laisser  Tassi 

sous  l'impression  des    dernières  paroles  :  non 

tavit  manibus  tradi  nocentium,  et  crucis  subi 

mentum, 

La  rubrique  générale  sous  le  titre  xxx,  nous 
plusieurs  des  détails  ci-dessus  et  quelques  autr 
core.  La  voici  : 

a  1.  A  vêpres  et  à  laudes,  on  rlit  l'oraison  immédis 
après  le  Magnificat  ou  le  Benedictus  et  leurs  antieni 
cepté  quand  on  doit  rériter  le^  prières,  car  celles-ci 
alors  cette  antienne,  et  l'oraison  vient  après.  A  prim 
autres  petites  heures,  l'oraison  se  dit  après  le  réponi 
moins  qu'on  ne  doive  réciter  les  prières,  car  Toraisc 
dit  alors  qu'aprèselles.  A  complies,  l'oraison  suit  l'a 

T«  II.  il 


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290       LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

Salva  nos  si  l'on  ne  récite  p£^s  les  prières,  qui,  dans  ce  cas, 
sont  suivies  de  l'oraison. 

«2.  A  prime  et  à  compiles,  on  ne  change  jamais  les  orai- 
sons du  psautier,  excepté  pendant  les  trois  derniers  jours 
de  la  semaine  sainte;  en  ces  jours,  à  toutes  les  heures 
et  jusqu'à  none  du  samedi  saint  inclusivement,  après  le 
psaume  Miserere,  on  récite  l'oraison  du  jour,  comme  il  est 
marqué  en  son  lieu.  Aux  autres  heures,  en  dehors  de  ce 
temps, on  ditrégulièrement  Toraison  des  premières  vêpres. 
Pendant  le  carôme,  aux  Quatre-Temp)s,  aux  Vigiles  et  le 
lundi  des  Rogations,  l'oraison  des  laudes  ne  se  dit  qu*à  tierce, 
à  sexte  et  à  none.  Aux  vêpres  qui  suivent,  sic'est  une  férié, 
on  dit  ou  une  autre  oraison  propre,  comme  en  carême, 
ou  celle  du  dimanche  précédent,  comme  aux  autres  fériés. 
Cette  oraison  du  dimanche  précédent  se  récite  toujours  à 
l'ofûce  de  la  férié  pendant  la  semaine,  quand  il  n'y  a  pas 
d'oraison  propre.  Dans  les  octaves,  on  dit  l'oraison  comme 
au  jour  de  la  fête,  et  aussi  le  jour  de  l'octave  s'il  n'en  a  pas 
de  propre. 

«  3.  Avant  l'oraison  même  quand  on  récite  seul  son  ofQce, 
on  dit  toujours  le  verset />ommti5  vobiscum^  et  on  répond: 
Et  cum  spiriiu  tuo.  Ce  verset  ne  doit  pas  être  dit  par  le 
clerc  qui  n'est  pas  au  moins  diacre,  ni  par  un  diacre  en 
présence  d'un  prêtre,   sans  son  autorisation.  Celui  qui 
n'a  pas  reçu  l'ordre  du  diaconat  doit  dire,  à  la  place  du 
verset  précédent  :  Domine,  exaudi  orationem  meam,ei  l'on 
répond  :  Et  clamor  meus  ad  teveniat.  On  dit  ensuite  :  Ore- 
mus,  puisl'oraison:  s'il  n'y  en  a  qu'une,  lorsqu'elle  est  ter- 
minée et  qu'on  a  répondu  Amen,  on  répète  le  verset  Do- 
minas  vobiscum,  ou  Domine,  exaudi.  Mais  si  l'on  doit  ré- 
citer plusieurs  oraisons,  on  dit  avant  chacune,  l'antienne 
et  le  verset,  puis  Oremus  ;  après  la  dernière  oraison  on  ré- 
pète Dominus  vobiscum^  puis  on  dit  Benedicamus  Domino, 
avec  la  réponse  Deo  gratias,  et  le  verset  Fidelium  animse; 
cependant  on  omet  ce  dernier  après  Benedicamus  Domino, 
avant  le  Pretiosa  de  prime,  avant  le  verset  Benedicat  de 
compiles,  et  toutes  les  fois  qu'une  heure  est  suivie  immé- 
diatement du  petit  office  de  la  Saiute  Vierge^  de  l'ofûce  des 
morts,  des  sept  psaumes  de  la  pénitence  ou  des  litanies. 


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DE  L'ORAISON.  .  291 

«4.  Si  Toraison  est  adressée  au  Père,  od  termine  par  ces 
mots '.perDominum  ;  si  c'est  au  Fils,  par  Quivivis  et 
Si  le  Fils  est  mentionné  au  commencement  de  i'ora 
dit  Per  eumdem  ;  s  il  l*est  à  la  fin,  on  dit  :  Qui  tec 
et  régnai.  S'il  est  fait  mention  du  Saint-Esprit,  on 
unitate  ejusdem  Spiritûs  Sanctï,  etc. 

«  5.  Lorsqu'il  y  a  plusieurs  oraisons,  la  première 
dit  sous  la  conclusion  Per  Dominum,  ou  autrement^ 
les  règles  précédentes;  les  autres  orai>ons,sauf  la  d 
n*ont  pas  de  conclusion,  mais  avant  chacune  d*elle 
Oremus,  excepté  à  l'office  des  morts  oCi  les  oraisons 
sent  d'une  autre  manière. 

De  même  aux  litanies,  toutes  les  oraisons,  se  dise 
uu  seul  Oremusy  comme  il  est  marqué  en  son  lieu. 

On  peut  voir  dans  le  tome  second  de  lo 
(P.  110  et  suiv.)  ce  que  nous  avons  dit  au  su 
conclusions. 

Nous  n'ajouterons  ici  que  trois  réflexions: 
l'office  était  transféré,  on  ne  devrait  pas  ometti 
l'oraison,  ces  mots  :  Huncdîem,  hodiernam  dien 
senlemdiem,  ni  les  changer;  il  faudrait  tout  ; 
consulter  la  sacrée  Congrégation  des  rites.  (7  s 
bre  1816.) 

Si  l'oraison  à  dire  était  la  même  qu'une  aut 
récitée  dans  l'office,  il  faudrait  prendre  dans  le 
sons  du  commun,  la  première  ou  la  seconde,  s 
le  cas. 

On  ne  devrait  pas  supprimer  le  Fidelium  ap: 
raison,  si  la  messe  suivait  immédiatement  une 
heure.  (14  apr.  1742.) 

Le  Directorium  chori  donne  à  son  tour  les 
pour  le  chant  des  oraisons,  les  voici  :  On  distin 
chant  festival  et  le  chant  férial. 

Le  chant  festival  a  deux  inflexions.  La  pr 
ut-si-la-ut,  appelée  point  principal,  et  qui  se  U 
les  derniers  mots  du  premier  membre  de  phras( 


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292.   LBS  tL&MBNTS  DBS  HBURBS  GANONULBS. 

que  ordinairement  par  le  signe  :  ;  la  seconde,  uM% 
appelée  demi-point  et  qui  se  fait  sur  les  derniers  mots 
du  second  membre  de  phrase  marqué  assez  souvent 
par  le  signe;.  Quand  Toraison  est  trop  courte,  on  ne 
fait  que  la  première  inflexion,  ou  même  on  n'en  fait  au- 
cune. La  conclusion  a  aussi  les  deux  inflexions  :  le  demi- 
point  au  mot  iuum,  et  le  point  principal  a  ces  autres  : 
Sancli  Deus.  Dans  les  conclusions  gui  tecum,  qui  vivisy 
on  ne  fait  évidemment  que  le  point  principal. 

Le  chant  festival  est  employé  aux  fêtes  doubles  ou 
semi-doables  ainsi  qu'aux  offices  du  dimanche,  mais 
seulement  à  matines,  à  laudes,  à  vêpres,  ou  à  tierce 
chantée  solennellement. 

Le  chant  férial  n'a  pas  d'inflexion,  et  Toraison  se 
chante  recio  iono.  On  l'emploie  aux  fêtes  simples  et 
aux  fériés,  ainsi  qu'aux  petites  heures  et  à  complies 
de  toutes  les  fiâtes,  tierce  quelquefois  exceptée,  comme 
nous  l'avons  dit. 

L'oraison  finale  de  la  Sainte  Vierge  et  celle  Dirigere 
de  prime  sont  chantées  aussi  sur  un  ton  férial,  mais 
qui  diffère  du  précédent  par  une  petite  infleiion  d'w/ 
en  la  sur  la  dernière  syllabe  de  l'oraison  et  de  la  con- 
clusion. 

CHAPITRE  II. 

DBS    ÉLÉMENTS    DB    L'OFFIGB  DIVIN  PARTIGULIBRS  A 
CERTAINES    HEURES   CANONIALES. 

Ce  sont  :  le  Credo  ou  Symbole  des  Apôtres,  qui  ne 
se  récite  qu'à  matines,  à  prime  et  à  complies;  —  17w- 
vitaloirCy  les  absolutions  et  les  bénédictions  y  les  leçons^ 
les  répons  et  le  Te  Deum,  qui  sont  particuliers  à  mati- 
nes; —  les  Cantigues  à  laudes,  à  vêpres  et  à  complies; 
—  les  Prières  et  les  Suffrages  communs^  qui  se  disent 
aux  heures  de  certains  offices  moins  solennels;  —  et 
enfin  les  Antiennes  de  la  très  sainte  Vierge^  qui  ter- 
minent les  laudes  et  les  complies. 


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DU  «  CREDO  ».  293^ 

Art.  I.  —  Du  •  Credo  »  on  Symbole  des  Apôtres. 

La  rubrique.  —Origine  du  Symbole  des  Apôtres.—  Son  usage.  — 
Principes  liturgiques.  —  Commentateurs.—  Eloge  des  Pères. 

Le  Credo  ou  Symbole  des  Apôtres  se  dit  avant  ma- 
tines et  avant  prime,  après  les  compiles,  et  dans  les 
prières  qu'on  ajoute  quelquefois  à  ces  deux  dernières 
heures .  Ainsi  le  veut  la  rubrique  générale,  titre  xxxni,  1  : 

«  On  dit  toujours  le  Symbole  des  Apôtres  avant  matines 
et  prime  et  à  la  un  de  compiles,  après  la  Salutation  An- 
gélique, le  tout  à  voix  b^sse,  lors  même  qu*on  doive  le  ré- 
péter à  prime  et  à  complies  avec  les  prières.  Quand  on  le 
dit  avec  les  prières,  à  prime  et  à  complies,  on  prononce  à 
haute  voix  les  mois  Credo  in  Deum^  et  ces  auttes  de  la  un 
Camis  resurrectionem.,,.  Le  reste  se  dit  à  voix  basse.  » 

Le  symbole  (du  grec  (TU(iëà>>£iy,  mettre  ensemble) 
est  le  résumé  de  nos  principaux  dogmes,  le  signe  et 
la  profession  de  foi  qui  rallie  les  enfants  de  l'Eglise 
pour  les  distinguer  de  ceux  qui  ne  le  sont  pas.  11  y  a 
plusieurs  symboles  de  foi  ;  celui  qui  nous  occupe  en 
ce  moment  est  le  plus  ancien  ;  on  l'appelle  Symbole 
des  Apjtres,  parce  qu'il  fut  composé  par  les  apôtres 
eux-mêmes.  Les  autres  symboles  dont  nous  avons 
parlé  ailleurs,  c'est-à-dire,  ceux  de  Nicée,  de  Constan- 
tinople,  et  de  saint  Athanase,  n'en  sont  que  le  déve- 
loppement. 

Les  apôtres,  en  effet,  allaient  se  séparer  pour  évan- 
géliser  le  monde  ;  ils  voulurent  laisser  à  l'Eglise  un 
monument  de  la  foi,  où  seraient  inscjits  les  princi- 
paux dogmes  et  mystères,  et  un  étendard  qui  ser- 
vit de  ralliement  aux  disciples  de  Jésus-Christ.  Le 
symbole  fut  rédigé,  soit,  comme  le  dit  Baronius,  après 
une  entente  commune  sur  les  différents  points,  soit, 
d'après  quelques  auteurs  entre  autres  saint  Augus- 
tin, en  réunissant  les  articles  que  chacun  d'eux  énon- 


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294        LES  ÉLÉMENTS  DES   HEURES  CANONIALES. 

çait  par  inspiration  divine  *.  Le  fait  est  incontesta- 
ble, et  transmis  par  les  auteurs  anciens,  comme  Tertul- 
lien  {de  vel.  Virg,  c.  i),  Tabbé  Rufin  {In  prœf. 
Symb,  Apost.),  saint  Jérôme  (Epist,  LIX  ad  Pam- 
mach.),  saint  Léon  {Epist.  XCVI),  saint  Fortunat 
{In  praef.  Apost,),  saint  Clément  pape  {Ep.  X,  3, 
ad  S.  Jac.)  et  beaucoup  d*autres.  «  Ce  fut,  dit  Baro- 
nius,  la  seconde  anaée  de  l'empereur  Claude  et  l'an 
44  de  Jésus-Christ.  »  {Annal,  Eccles,  ann.  44,  n.  14.) 
«  Aujourd'hui  encore,  dit  Darras,  à  Test  de  Jérusa- 
lem, sur  le  flanc  de  la  colline  des  Oliviers,  non  loin  du 
lieu  où  Jésus  montant  au  ciel  laissa  la  dernière  em  - 
preinte  de  ses  pas  sur  le  sol  terrestre,  on  montre  une 
grotte  taillée  dans  le  rocher,  où,  loin  des  Césars,  et  sans 
se  préocc  iper  des  agitations  de  Rome  et  de  la  Judée, 
douze  pêcheurs  se  réunirent  pour  formuler,  en  un 
symbole  immortel,  la  foi  qui  devait  conquérir  le 
monde...  Donc  les  apôtres,  avant  de  partir  pour  leur 
mission  lointaine,  dressèrent  cet  étendard.  Jadis  les 
fils  de  Noé,  avant  de  se  partager  le  monde^  avaient 
élevé  un  édifice  de  bitume  et  de  briques,  dont  le  som- 
met devait  toucher  le  ciel  :  les  apôtres  érigent,  en 
pierres  vivantes  et  en  perles  divines,  le  monument 

i.  S.  Augustin  énunaère  ainsi  les  articles  que  chacun  des 
apôtres  aurait  formulés  :  «  Cujus  iSymboli)  textum  vobis  modo, 
Deo  annuente^  dicemus,  Petrus  dixit  :  Credo  in  Deam  Patrem 
omnipott^ntem.  Joannes  dixit  ;  Creatorem  cœli  et  terrœ,  Jacobus 
dixit  :  Credo  et  in  Jesum  Chris tum  FUium  ejus  unicum,  Dominum 
nostrum,  Andréas  dixit  :  Qui  conceptus  est  de  Spiritu  Sancto, 
natus  ex  Maria  Virgine.  Philippus  ait  :  Passus  sub  Pontio  Pilato, 
crucifixus,  mortuus  et  sepuUus.  Thomas  ait  :  Descendit  ad  infe- 
ros  :  tertiâ  die  resurrexit  a  mortuis.  Bartholomœus  dixit  :  Ascen- 
dit  ad  cœlos,  sedet  ad  dexteram  Dei  Patris  omnipotentis.  Ma- 
thxus  dixit  :  Inde  venturus  est  judicare  vivos  et  mortuos.  Jacobus 
Alphaei  :  Credo  et  in  Spiritum  Sanctum,  Sanctam  Ecclesiam  ca- 
thoUcam.  Stmon  Zelotis  :  Sanctorum  communionem,  Remtssionem 
peccatorum.  Judas  Jacobi  :  Camis  resurrectionern,  Mathias  eom' 
plevit  :  Vitamœtemam,  Amen,  »  (De  Temp-  Serm.  GXV.) 


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DU  «  CREDO  i».  295 

d'une  foi  qui  bravera  tous  les  efforts  ennemie,  que  les 
vents  n'ébranleront  point,  que  la  foudre  ne  renversera 
jamais,  que  les  orages,  les  tempêtes  seront  impuis- 
sants à  ruiner.  La  tour  de  Torgueil  demeura  inachevée 
par  suite  de  la  confusion  des  langues  ;  la  tour  de  la 
foi  se  fonda  sur  la  science  de  toutes  les  langues,  et  la 
réunion  en  Jésus-Cùrist  de  tous  les  idiomes  de  l'uni- 
vers. »  {Hisi.  de  f  Eglise,  tom.  S,  p.  436  et  suiv.) 
«  Nos  Pères,  disait  Rufin  au  iv®  siècle,nous  ont  ap- 
pris qu'après  l'Ascension  du  Sauveur,  alors  que  le  Saint- 
Esprit,  descendu  sur  les  apôtres,  leur  eut  conimuniqué 
le  don  des  langues  les  plus  diverses,  en  sorte  qu'aucun 
peuple,  si  lointain  et  si  barbare  qu'il  fùl',  ne  pouvait 
échapper  à  l'action  de  leur  zèle,  il  leur  fut  ordonné,  par 
Dieu  lui-même,  d'aller  porter  l'Évangile  â  toutes  leé  na- 
tions de  l'univers.  Sur  le  point  de  se  séparer,  ils  rédi- 
gèrent une  règle  de  foi  commune,  pour  que  leur  en- 
seignement à  tous  les  futurs  disciples  du  Christ  fût  le 
même,  et  lui  donnèrent  avec  raison  le  nom  dé  sym- 
bole. Ce  mot  grec,  en  effet,  a  la  double  signification  de 
signe  et  de  résumé  collectif.  »  {Inprxf,  expos,  Symb. 
Apost.) 

Dès  ce  moment,  le  Symbole  des  Apôtres  eut  sa  place 
dans  le  culte  public  et  privé.  On  l'expliquait  aux  ca- 
téchumènes, qui  devaient  en  rendre  compte  et  le  savoir 
par  cœur;  on  le  lisait  solennellement,  nous  apprend  Ba- 
ronius,  au  sein  des  conciles  généraux,  dans  la  première 
session,  {ioc.  cit.)  Saint  Ambroise  ordonnait  aux  fidèles 
de  le  réciter  chaque  jour.  (L.  3  de  Virgin,)  «  Qu'il  soit 
devant  vos  yeux  le  matin  et  à  votre  coucher,  disait  saint 
Augustin,  comme  un  miroir  fidèle,  pour  y  considérer 
où  en  est  votre  foi.  (Eom.  42.)  Saint  Damase,  au  rapport 
du  cardinal  Bona  et  de  Gavantus,  établit  qu'on  le  réci- 
terait à  toutes  les  heures  de  l'office  divin,  et  ce  rit  était 
encore  observé  au  temps  de  Durand  de  Mendé:  «  Triplex 
estsymbolum,  dit-il  :prifnumestsymbolum  Apostolorum 


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296        LSS  ÉLÉMENTS  DSS  HEURES  CANONIALES. 

quod  videlicet  ex  institutione  Damasi  papa  dicitur  ta- 
eiteper ferlas  in  singulis  canonicis  horis.  »  (L.  IVjC.  26, 
D.  6.)  Comment  le  symbole  n'aurait-il  pas  été  inséré 
dans  Toffice  divin,  qui  en  est  comme  la  paraphrase? 

La  rubrique  nous  a  dit  d*abord  qu'on  ne  le  récitait 
maintenant  qu'à  matines,àprime  et  à  compiles.  L'Eglise 
veut  nous  mettre  devant  les  yeux,  avant  matines 
le  résumé  des  dogmes  et  des  mystères,  afin  d'exci- 
ter notre  foi  à  ces  grandes  vérités  dont  le  bréviaire 
s'inspire  ;  nous  le  récitons  encore  au  commencement 
de  prime  et  à  lafin  de  compiles,  pour  commencer  la  jour- 
née par  un  nouvel  acte  de  foi,  et  montrer  le  soir  que 
nous  y  avons  persévéré. 

Le  Symbole  est  encore  indiqué,  à  certains  jours, 
parmi  les  prières  de  prime  et  de  compiles,  en  sou- 
venir des  temps  anciens,  où  on  le  disait  plus,  sou- 
vent et  à  chaque  heure  canoniale;  Gavantus  en  donne 
ici  une  raison  mystique  un  peu  forcée. 

Le  Credo f  au  commencement  de  matines  et  de  prime 
ainsi  qu'à  la  fin  de  l'office,  n'est  obligatoire  que  de* 
puis  saint  Pie  Y.  L'usage  en  existait  cependant  dès 
lexui®  siècle  dans  quelques  monastères,  puisque  les  Us 
de  Citeaux  en  parlent  :  «  Dimisso  officii  signo,  orationem 
super  misericordias  facianty  idest,  Pater  nos  fer  et  Credo 
in  Deum,  antiquum  versum  Deus  in  adjutorium  décan- 
tent. »  (C.  68®.)  Mais  le  clergé  séculier  ne  suivait  pas 
encore  alors  cette  pratique,  puisque  Durand  de  Mende 
ne  mentionne  le  Credo  que  dans  les  prières  de  prime. 
(L.  V,  c.  5,  de  Prima,  n.  H.) 

En  dehors  des  prières,  on  le  récite  à  voix  basse  :  c'est, 
d'après  saint  Thomas,  pour  exprimer  que  le  Symbole 
fut  rédigé  et  transmis  au  moment  des  persécutions  et 
comme  dans  le  silence,  alors  que  la  foi  n'était  pas  en- 
core publiquement  annoncée  (2"  2'  Quœst.  I,  art.  ix 
ad6)  ^;  cest  aussi,  d'après  Merati,  pour  rappeler  qu'au- 

4.  On  sait,  en  effet,  que  le  Symbole  des  Apôtres,  au  com- 


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DU  «GRBDO  297 

irefois  on  ne  le  disait  pas  avant  les  heures  :  tu  vetusta- 
Hs  aligna  ratio  haberetur,  (In  Gav,  sect.  v,  c.  m.)  Mais 
alors  pourquoi,  dans  les  prières  de  prime  et  de  corn- 
plies,  le  commencement  et  la  fin  du  Symbole  :  Credo 
in  Deum...,  Garnis  resurrectionem..,  sont-ils  récités  à 
haute  voix?  Durand  de  Monde,  le  cardinal  Bona,  Gavan- 
tus  et  Merati  nous  disent  que  c'est  pour  exprimer,  d'a- 
près saint  Paul,  que  la  foi  doit  être  avant  tout  au  fond 
du  cœur,  et  se  traduire  ensuite  au  dehors  par  la  parole 
et  les  œuvres. 

Inutile  de  donner  ici  une  explication  du  Symbole, 
puisqu'on  la  trouve  partout.  Il  nous  suffira  d'indiquer, 
pour  ceux  qui  aiment  les  sources  précieuses  de  l'anti- 
quité :  l'exposition  de  Rufio,  que  le  cardinal  Bona  appelle 
dignissima  et  que  Ton  trouve  parmi  les  œijvres  de  saint 
Cyprien;  saint  Ambroise  :  Tractalus  in  Symbolum 
Apost.;  saint  Augustin  :  de  fide  et  Symboloy  de  Symbo/o 
ad  Catechum.  ;  saint  Chrysostome,  Hom,  de  Symb.  ; 
saint  Fortunat  de  Poitiers,  exeyes,  in  Symb.;  saint 
Thomas  d'Aquin,  Opttsc,  16;  et  enfin  le  catéchisme  du 
concile  de  Trente  qui  a  consacré  à  l'explication  du 
Symbole  toute  sa  première  partie. 

Mais,  pour  nous  exciter  à  réciter  le  Credo  avec 
plus  de  respect  et  d'attention  encore,  rappelons-nous  ce 
qu'en  ont  dit  les  Pères  :  «  Le  Symbole,  dit  saint  Au- 
gustin, est  un  résumé  si  concis,  si  complet  de  la  foi, 
qu'il  éclaire  suffisamment  sur  les  dogmes  chrétiens, 
sans  fatiguer  la  mémoire  ;  l'esprit  y  apprend  beau- 
coup en  peu  de  mots  ;  on  y  trouve  comme  une  vertu 
sacramentelle  qui  nourrit  l'àme  des  croyants.  Tous 

mencement  de  l'Eglise  et  au  temps  des  persécutions,  n'était 
transmis  que  par  la  parole  et  non  par  l'écriture.  Les  cstéchu* 
mènes  à  qui,  par  exception,  on  en  conGuit  une  copie,  devaient 
la  rendre  quelques  jours  avant  leur  Baptême;  de  là  cette  parole 
de  saint  Augustin  aux  futurs  baptisés  :  date  symbolum,  rendez 
le  êymbole. 

t.  II.  17. 


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298   LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

les  mystères  sont  là  parfaitement  résumés  dans  une 
profession  de  foi  qui  ne  semble  formulée  que  pour  les 
petits  enfants,  mais  qui  offre  à  tous,  les  aliments  so- 
lides delà  foi,  de  l'espérance  et  de  la  charité.  »  (Serm. 
109  et  131  de  Temp,)  Saint  Pierre  Ch r y sologue l'appelle 
un  gage  de  salut,  Tétendard  de  la  vie,  le  préservatif 
de  la  foi  (serm.  59);  saint  Cyrille  assure  que  nous 
y  trouvons  tout  ce  qu'il  faut  pour  bien  vivre  (Ep.  29 
ad  Acacium  Episc);  saint  Léon  le  regarde  comme 
un  glaive  puissant  contre  les  hérésies  (Ep.  3  ad 
Pulcheriam  Augustam)  ;  Cassîen  y  voit  le  résumé  de 
l'Ecriture  Sainte  «  laissé  aux  hommes  par  Dieu  pour 
aider  leur  mémoire  et  leur  intelligence  »  (L.  VI  de 
Incam,  c.  4);  saint  Eucher  de  Lyon  compare  le  Sym- 
bole à  un  lingot  d'or,  à  un  écrin  de  pierres  précieuses, 
et  il  ajoute  :  «  Ainsi  les  apôtres,  soucieux  de  notre 
salut,  ont  voulu  condenser  dans  une  page  la  doctrine 
révélée,  afin  qu'elle  fût  à  la  portée  des  esprits  et  des 
cœurs  les  plus  vulgaires,  et  qu'elle  oflfrit  à  tous  sa  di- 
vine Sagesse  comme  un  chant  suave  et  facile  à  re- 
tenir. »  (Hom.  H  de  Symbolo.) 

Le  bréviaire  nous  apprend  que  saint  Pierre  de 
Vérone,  martyr  du  xin«  siècle,  frappé  à  mort  par  les 
hérétiques,  voulut  réciter  le  Symbole  avant  d'expirer. 
(29  apr.)  Puisse  aussi  cette  profession  salutaire  de 
notre  foi,  exciter  notre  confiance  «t  notre  courage  dans 
les  derniers  combats  de  la  viet 

Art.  n.  De  l'Invitatoire. 

Sa  nature.  —  Son  but.  ~  Son  origine.  —  Explication  de  la 
rubrique.  —  Le  chant.  —  Le  psaume  :  Venite^  exiUtemus. 

L'Invitatoire  est  une  antienne  qui  se  dit  chaque  jour 
au  commencement  de  matines,  avant  le  Ps.  xciv,  Te- 
niiCy  exultemus,  et  qui  se  répète,  en  tout  ou  en  par- 
tie, après  certaines  divisions  du  psaume.  Ce  nom  fut 
donné  aussi  par  extension  au  psaume  lui-même,  ainsi 


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DE  LInVITATÔIRÈ.       '  199 

combiné  avec  Tantienne.  La  rubrique,  en  effet, 
prend  Tinvitatoire  dans  ces  deux  sens  au  titre  xix®. 

Son  but,  comme  le  nom  Tindique,  Invitatorium^ 
était  d'exciter  les  cœurs  à  la  louange  divine,  quand  il 
fallait  commencer  Toffice  de  la  nuit,  alors  que  Pâme 
et  les  sens  pouvaient  être  encore  engourdis.  C*est  pour- 
quoi, dans  la  règle  du  Maître,  il  est  appelé  Respon- 
sorium  hortationis  (c.  44),  et  sonus  dans  la  liturgie 
Mozarabique.  Aussi  le  cardinal  Bona  compare-t-il  Tin- 
vitatoire  au  son  de  la  trompette  qui  rassemble  les 
troupes  au  combat  :  «  ainsi,  dit-il,  l'assemblée  des  chré- 
tiens, est  comme  une  armée  rangée  en  bataille,  et 
nous  sommes  appelés  à  la  psalmodie  prolongée  de  la 
nuit  par  la  voix  du  Saint-Esprit  qui  nous  dit  :  Vernie ^ 
exultemus  Domino.  »  {Div.  Psalm.  cxvi,  n.  1.) 

L'invitatoire,  en  effet,  s'inspire  toujours  de  cette 
pensée  dans  le  psaume  et  l'antienne.  Celle-ci  de  plus, 
résume  admirablement  Tesprit  ou  le  but  de  chaque 
office  particulier,  dont  elle  est  comme  le  thème  et 
Vargumentum.  C'est  pourquoi  l'antienne  de  llnvita- 
toire  varie  avec  l'office,  tandis  que  ce  psaume  est  tou- 
jours le  même:  joyeuse  et  pressante  invitation  de  louer 
Dieu  à  cause  de  sa  grandeur,  de  sa  justice  et  de  sa 
bonté.  Nous  expliquerons  bientôt  le  psaume.  On  con- 
naît assez  les  invitatoires  proprement  dits,  si  variés 
dans  leurs  formules  touchantes.  Leur  nombre  était 
encore  plus  grand  avant  saint  Pie  V  ;  Raoul  de 
Tongres,  au  xvi*  siècle,  nous  apprend  que  chaque 
férié  avait  le  sien.  (Prop.  15.) 

L'invitatoire,  dans  l'office  divin,  est  d'une  origine 
ancienne.  Un  concile  d'Aix-la-Chapelle,  en  817,  ordon- 
nait de  remettre  à  l'office  des  morts.  Amalaire  en 
expliquait  le  sens  au  ix»  siècle.  (L.  IV,  c.  ix.)  Alcuin, 
en  780,  disait  pourquoi  l'office  de  TEpiphanie  n'en  a 
point.  (Cap.  de  Theophaniâ.)  Nous  avons  vu  que  la 
liturgie  Mozarabique  (633)  lui  donnait  un  nom  par- 


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800       LES  tLtMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

ticulier.  La  règle  enfin  de  saint  Benoit  le  mentionne 
expressément  et  détermine  les  jours  où  le  psaume  seul 
doit  être  chanté  sans  antienne,  (c.  9  et  11.) 

L'idée  de  Tinvitatoire  pour  le  commencement  de 

l'office  serait  venue,  d'après  Grancolas  (L.  II,  c.  ii) 

et  Merati  (m  Gav.  c.  v),  d'un  usage  suivi  dans  les 

anciens  monastères,  uù  les  moines  étaient  réveillés 

pour  l'office  de  la  nuit  par  ces  premiers   mots  du 

psaume:  Venite^  adoremus  Dominum.  On  fit  bientôt  du 

e  entier  l'invitatoire.  (c.  I,  c.  27.)  L'antienne 

ircalée  parmi  les  versets,  comme  on  le  faisait 

îs  autres  antiennes,  et  aussi  pour  nous  bien  pé- 

de  l'objet  de  l'office  qu'elle  rappelle  en  peu 

ts. 

vitatoire  est  donc  une  invitation  à  la  louange 
;  mais  les  religieux  et  les  clercs  doivent  toujours 
êts  à  la  prière,  tandis  que  les  fidèles  pouvaient 
besoin  d'y  être  excités,  surtout  pour  l'office  de 
;  c'est  pourquoi  primitivement  les  matines  n'a- 
d'in vitatoire  que  les  dimanches  et  les  fêtes,  c'est- 
les  jours  où  les  fidèles  venaient  y  assister.  Ama- 
it  les  anciens  ordos  romains  nous  apprennent 
ûl:  «  à  Rome,  en  effet,  lisons-nous  dans  ces 
rs,  il  y  avait  aux  grandes  fêtes  de  l'année  deux 
de  nuit,  l'un  dans  la  chapelle  Pontificale,  où  le 
i  n'était  pas  admis,  et  l'autre,  auquel  tous  pou- 
assister;  celui  ci  seul  avait  son  invitatoire,  » 
'ubrique  actuelle  en  veut  un  pour  tous  les  offi- 
peu  d'exceptions  près.  Elle  s'exprime  ainsi  dans 
B  xix«  : 

3n  dit  toujours  l'invitatoire  à  matines,  avec  le  psaume 
,  exultemus,  suivant  l'ordre  indiqué  en  tète  du  psau- 
mais  il  varie  selon  la  qualité  de  Toffice,  comme  on 
au  commun  et  au  propre  du  Temps,  ainsi  qu'au 
!  et  au  commun  des  Saints. 
On  ne  dit  pas  Tinvitatoire  le  jour  de  l'Ëpiphaniey  ni 


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DE  LINVITATOIRE. 

les  trois  jours  qui  précèdent  Pâques,  comme  il  est  m 
en  son  lieu,  ni  à  l*of!]ce  des  morts  pendant  l'année 
le  jour  de  la  Commémoraison  de  tous  les  fidèles  dé 
lejour  delamortoude  la  sépulture,  et  toutes  les  fois 
récite  les  trois  nocturnes.  » 

LMnvitatoire  se  dit  donc  maintenant  tous  les  j 
excepté  ceux  ci-dessus  mentionnés.  N'est-il  pas  toi 
opportun,  en  effet,  avant  de  commencer  l'offic 
bien  fixer  notre  attention  sur  son  objet,  et  d'excii 
nous  Tesprit  de  prière?  Or,  tel  est  le  but  de  Tinvita 
que  nous  pouvons  comparer  au  texte  du  discour; 
V Adoration  dans  l'oraison  mentale  :  pensée  mère 
toutes  les  autres  ne  sont  que  le  développement,  ( 
commun  vers  lequel  tout  doit  tendre. 

Le  bréviaire  nous  indique  en  tôte  du  psautier, 
ment  il  faut  diviser  le  psaume  et  répéter  Tinvita 
Laissant  ici  de  côté  le  symbolisme  un  peu  forcé  d 
dinal  Bona,  nous  dirons  qu'on  n'a  pas  voulu  rép^ 
entier  Tinvitatoire  après  chaque  verset,  pour  i 
allonger  l'office,  et  que  l'ordre  naturel  amena 
lors  six  répétitions  complètes  et  trois  incomplètes 
tienne  devant  commencer  et  clore  cette  partie  d 
fice.  Le  sens  des  versets  a  inspiré  et  détermi 
divisions  du  psaume. 

Pendant  le  temps  de  la  Passion,  à  l'office  dud 
che  ctde  la  férié,  le  commencement  de  la  4«  div 
Bodie  si  vocem  ejus  audieritis^  nolite  obdurare 
veslra,  identique  à  l'invitatoire,  est  omis  ;  on 
cette  division  à  ces  mots  :  sicui  in  exacerbatiom 
plus,  le  psaume  n'ayant  pas  de  Gloria  Pati 
répète  à  la  fin  deux  fois  et  en  entier  Tinvitatoire. 
part.  Dom.  de  Passione^  ad  Matutin.) 

Pour  la  même  raison  d'identité,  la  fin  de  la  1' 
sion  du  psaume  :  Prœoccupemus  faciem  ejus. 
omise  le  dimanche  de  la  Septuagésime  et  les 
suivants  ;  l'office  de  ces  dimanches  a  pour  invit 


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302       LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

en  effet  :  Prmoccupemxis  faciem  Dominiy  et  inpsalmis 
jubilemtis  eu 

Mais  pourquoi  n'y  a-t-il  pas  d'invitatoîre  le  jour  de 
TEpiphanie,  les  trois  derniers  jours  de  la  Semaine 
Sainte,  et  aux  offices  des  morts  qui  ne  sont  pas  solen- 
nels? 

Parmi  les  psaumes  de  TEpiphanie,  à  matineâ^  se 
trouvait  déjà  le  xciv®,  Venue,  exuliemus,  dont  le  sens 
s'adapte  si  bien  à  l'esprit  du  mystère;  on  retrancha 
dès  lors  Tinvitatoire,  pour  ne  pas  répéter  deux  fois  le 
psaume  dans  une  même  partie  de  l'office,  d'après  un 
principe  admis  en  liturgie  :  Non  bis  in  idem.  Cette  raison 
était  déjà  donnée  par  Durand  du  Mende.  (L.  VI,  c.  xvi, 
n.  9.)  Aussi,  dans  les  ordres  religieux  qui  récitaient 
descantiquesetnondes  psaumes  au  3®  nocturne,  comme 
chez  les  Feuillants,  Tinvitatoire  n'était  pas  omis  le  jour 
de  TEpiphanie;  ce  qui  s'observe  encore  chez  les  Char- 
treux. L'invitatoire  n'est  omis  que  le  jour  de  la  fête  et 
non  pendant  l'octave;  c'est  pour  ne  pas  multiplier  une 
exception  si  grave,  et  peut-être  aussi  parce  que  la  raison 
mystique  indiquée  plus  bas,  ne  semble  pas  avoir  autant 
son  application;  dans  ce  dernier  cas  on  remplace  au  3™* 
nocturne  le  ps.  Venite,  exuùemus  par  le  lxxxvi®.  Durand 
de  Mende  ajoute  à  la  raison  matérielle  donnée  plus  haut, 
plusieurs  raisons  mystiques  dont  la  première  et  la  meil- 
leure est  admise  par  Hugues  de  Saint- Victor  {In  specul. 
c.  3.)?  Gavantus,  Merati  et  tous  les  auteurs.  «  L'in- 
vitatoire,  dit-il,  est  omis  ce  jour-là  pour  honorer  l'em- 
pressement des  Mages  à  venir  adorer  le  Sauveur,  sans 
autre  invitation  que  celle  de  l'étoile.  » 

L'office  des  morts  et  celui  des  trois  derniers  jours  de 
la  Semaine  Sainte  devaient  exclure  aussi  l'invitatoire 
avec  son  psaume  xciv®,  dont  le  premier  verset  exprime 
la  joie:  Venite^  exuUemus  Domino,  jubilemus  Deo.Ce 
rit  rappelle  de  plus  les  temps  anciens,  où  l'invitatoire 
n'avait  pas  encore  été  introduit  :  «  Il  n'y  en  avait  pas 


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DK  L'INVITATOIRE.  303 

autrefois,  dit  Grancolas,  et  cela  est  resté  à  matines  du  jour 
de  l'Epiphanie  et  aux  trois  jours  avant  Pâques.  »  (De 
Voffice  div.  de  PInvitaioire,)  On  récite  cependant  Pin- 
vilatoireaux  offices  des  morts  qui  ont  trois  nocturnes, 
parce  qu'ils  sont  plus  solennels. 

Léchant  de  Tinvitatoire  a  toujours,  en  effet,  une  cer- 
taine solennité,  parce  que  l'idée  qu'il  renferme  est  la 
principale  de  l'office  divin,  et  que  toutes  les  autres  lui 
sont  comme  subordonnées.  G  est  pourquoi  deux  chan- 
tres au  milieu  du  chœur  et  devant  l'autel  le  chan- 
tent seuls  et  assez  lentement;  les  autres  ne  font  que 
répondre  en  répétant  l'antienne.  Raoul  de  Tongres 
recommandait  déjà  de  le  chanter  gravement  et  sans 
précipitation  :  Omnino protrahendo  et  morose^  et  il  ne 
faisait  que  reproduire  en  cela  un  décret  du  concile 
d'Aix-la-Chapelle  en  816  :  arf  nocturnas  vigilias  post 
gloriam  psalmi  xciv,  quem  subtrahendo  et  morose  vo- 
lumus  dici.  Les  jours  de  fêtes  solennelles  il  était  d'u- 
sage à  Cluny  de  joindre  au  chantre  ou  à  l'hebdomadier 
pour  cette  partie  de  l'office,  plusieurs  autres  chantres 
en  aubes  ou  en  chapes.  Ces  mêmes  jours,  à  Nar- 
bonne,  Tinvitatoire  et  l'hymne  étaient  chantés  par 
douze  chapiers,  et  à  Laon,  on  le  répétait  trois  fois. 

Le  but  de  l'invitatoire  nous  dit  assez  comment  nous 
devons  le  réciter  ou  le  chanter.  Ne  semble-t-il  pas  alors 
que  TEglise  du  ciel  convie  celle  de  la  terre  à  louer  son 
divin  Époux  ?  «  Hier,  écrivait  saint  François  de  Sales, 
le  jour  de  saint  Pierre-ès  liens,  tandis  qu'on  chantait  au 
chœur  l'invitatoire:  Le  Roi  des  Apôtres^  venez,  adorons- 
le,  j'eus  un  si  doux  et  si  aimable  sentiment  que  rien 
plus;  et  soudain  je  désirai  qu'il  s'épanchât  sur  tout  mon 
cœur.  »  {Lettre  734«.) 

Rien  aussi  n'excite  dans  nos  cœurs  le  désir  et 
l'amour  de  la  divine  louange,  comme  le  psaume  xciv®  : 
David,  en  efifet,  et  l'Eglise  avec  lui,  nous  invitent  à  ren- 
dre à  Dieu  nos  devoirs  d'adoration,  de  louanges,  d'à- 


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304       LB8  ÉLÉMBHTS  DBS  HBURB8  CANONULBS. 

mour  et  de  compoDCtion,  en  nous  unissitnt  à  tous  les 
sentiments  exprimés  par  le  sacré  cantique:  Venue,  exul- 
temus  Domino^  jubilemus  Deo,  salutari  noslro  ;presoc- 
cupemus  faciem  ejus  in  cor^fessione,  et  in  psalmis  ju- 
bilemus  et..,  Vetiite,  adoremusj  et  procidamus  ante 
Deum  :  ploremus  caram  Domino.  Les  motifs  de  ces 
devoirs  nous  y  sont  indiqués  :  c'est  la  grandeur  et  la 
majesté  de  Dieu  :  Quoniam  Deus  magnus  Dominus^  et 
Bex  mjgnus  super  omnes  deos;  sa  miséricorde  et  sa 
bonté  :  Quoniam  non  repellet  Dominus  plebem  suam; 
son  souverain  domaine  et  sa  puissance:  Quia  in  manu 
ejus  sunt  omnes  fines  terras  ;  et  altitudines  montium  ipse 
conspicit.  Quoniam  ipsius  est  mare  et  ipse  fecit  illud, 
etaridam  fundaverunt  manus  ejus;  notre  dépendance 
enfin  :  Qui  fecit  nos  ;  quia  ipse  est  Dominus  Deus  nos^ 
ter^  nos  auiem  populus  ejus  et  oves  pascum  ejus.  Le 
psaume  nous  invite  encore  à  correspondre  aux  grâces 
de  l'office  divin  :  Hodie  si  vocem  ejus  audieritis,  nolite 
obdurare  corda  vestra,  et  il  nous  met  devant  les  yeux 
lajustice  divine  qui  punit  autrefois  dans  le  désert  les 
Hébreux  infidèles  :  sicut  in  exacerbatione  secundum 
diem  tentationis  in  deserio,  ubi  tentaverunt  me  Patres 
vestri...  quibus  juravi  in  irâmeâ  si  introibunt  in  re- 
quiem  meam. 

Tel  est,  en  abrégé,  le  sens  de  ce  psaume  dont  on 
aura  des  explications  plus  étendues  dans  le  cardinal 
Bona  (Div.  Psalm.  c.  xvi,  §,  viii,  n.  2),  le  P.  Bertbier, 
Bellarmin,  etc.  Ce  dernier  dit  avec  raison  :  «  Ce  psaume 
convient  à  tous  les  temps,  à  tous  les  lieux,  et  à  tous 
les  fidèles,  car  il  renferme  une  invitation  à  louer  Dieu 
de  bouche  et  de  cœur,  et  par  nos  actes.  Aussi  l'Eglise 
catholique  a-t-elle  voulu  avec  beaucoup  de  sagesse 
que  ce  psaume  commençât  la  psalmodie  de  la  nuit, 
qui,  â  causede  sa  longueur,  devait  être  précédéede  cette 
exhortation  préparatoire.  »  {Explan,  in  Ps.  ;  Ps.  xciv.) 

Le  psaume  xciv*  n'est  pas  lemdmedans  l'invitatoire 


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DBS  ABSOLUTIONS  ET  DBS  BÉNÉDICTIONS         305 

que  dans  la  Vulgate  efau  3®  nocturne  de  l'Epiphanie, 
Les  psaumes  du  nocturne  et  de  la  Vulgate,  en  effet, 
sont  d'après  le  ^psautier  gallican,  tandis  que  celui  de 
Tinvltatoire  reproduit  la  version  du  psautier  romain. 

Art.  IIL  Des  Absolutions  et  des  Bénédictioiis  avant 
les  leçons. 

Il  s'agit  ici  des  absolutions  et  des  bénédictions  de 
matines.  Le  titre  xxv  de  la  rubrique  est  ainsi  conçu, 
pour  les  distinguer  des  autres  formules  d'absolutions 
et  de  bénédictions  que  nous  trouvons  à  prime  et  à 
com plies,  et  dont  nous  avons  déjà  parlé.  Voici  d'a- 
bord la  rubrique  : 

«  i.  Les  absolutions  {et  les  bénédictions  se  disent  dans 
leur  ordre,  à  roffice  de  neuf  leçons,  comme  elles  sont  mar- 
quées au  premier  dimanche  de  TAvent,  et  après  le  verset 
et  le  Pater  noster.  Il  faut  excepter  les  matines  des  ténèbres 
et  de  TolBce  des  morts,  où  il  n'y  a  pas  d'absolutions  ni  de 
bénédictions. 

«  2*  Quand  on  fait  Toilice  d'une  férié  dont  les  trois  leçons 
appartiennent  à  V  iilcnture  occurreate,  on  prend  l'absolution 
et  Jesbéné  lictionsau  premier  dimanchedcrAvenf,  d'après 
l'ordre  suivant:  le  lundi  et  le  jeudi,  on  dit  l'absolution 
et  les  bénédictions  du  premier  nocturne;  le  mardi  et  le  ven- 
dredi,  celles  du  second  nocturne  ;  le  mercredi  et  le  samedi, 
celles  du  troisième. 

«  3.  Si  les  trois  leçons  appartiennent  à  l'homélie  sur  l'É» 
vangiie,  on  dit  l'absolution  suivant  l'ordre  des  féries; 
comme  ci-dessus:  mais  les  bénédictions  se  disent  toujours 
comme  au  troisième  nocturne,  c'est-à-dire,  la  première 
sera  Eoangelica  lecllo,  la  seconde,  Divinum  auxiliuniy  et  la 
troisième.  Ad  societatèm.  Si  l'ollice  à  trois  leçons  est  d'un 
saint,  l'absolution  se  dit  en  suivant  l'ordre  des  fériés  comme 
ci-dessus;  mais  les  bénédictions  se  disent  toujours  comme 
au  troisième  nocturne,  et  de  cette  manière  :  la  première, 
Jlle  nos  benedicat  ;  la  seconde  Cujus  ou  Quorum  ou  Qua- 
rum  festum  colimus  ;  la  troisième  Ad  societatèm. 

«  4.  Quand  on  fait  l'office  de  la  Sainte  Vierge  in  sabbato, 


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306       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

on  dit  rabsolution  et  les  bénédictions  comme  elles  sont 
indiquées  dans  son  petit  office,  à  la  fin  du  bréviaire.  » 

Telle  est  la  rubrique  pour  les  absolutions  et  les 
'"  tions  des  nocturnes;  il  nous  faut  maintenant 
successivement  des  unes  et  des  autres. 

$  I.   DBS  ABSOLUTIONS. 

[)pelle  ainsi  certaines  formules  de  prières  qui 
immédiatement  le  i'a/^r,  avant  les  leçons  des 
î.  Elles  terminaient  autrefois  le  nocturne,  alors 
leçons  ne  faisaient  pas  encore  partie  de  Tof- 
là  leur  nom  absoliUiones,  (fin,  terminaison)  d'a- 
ralieri.  (tom.  2du.  302,  n.3.)  Aujourd'hui  encore 
ière  semblable  termine  prime  et  compiles  : 
tsnos  benedicat.,.  — Benedicat  et  custodiat  nos 
Cens  et  misericors  Dominus.  Gavantus  veut  que 
leur  ait  été  donné  de  la  troisième  qui  a  pour 
ibsolution  des  péchés:  A  vinculis  peccatorum 
um  absolvat  nos  omnipolens  et  misericors  Domi- 
)ct.  c.  XI,  n.  2). 

ae  nocturne  a  donc  son  absolution.  C'est  toujours 
ocation  à  la  miséricorde  de  Dieu  pour  le  par- 
les fautes.  En  voici  les  formules  : 

ïoct.    —  Notre    Sei^eur   Jésus-Christ,    daignez 
les  prières  de  vos  serviteurs  et  avoir  pitié  de  nous: 
avec  le  Père  et  le  Saint-Esprit... 
)ct,  —  Puissent  nous  venir  en  aide  la  miséricorde 
nmisération  de  Celui  qui,  avec  le  Père  et  le  Saint- 

'oct.  —  Que  le  Seigneur  tout-puissant  et  miséricor- 
3US  délivre  des  liens  du  péché. 

d  les  absolutions  terminaient  les  nocturnes, 
3omme  on  le  voit, une  conclusion  touchante;  on 
lait  à  Dieu  le  pardon  des  fautes  commises  pen- 
ffice  divin,  et  de  toutes  celles  de  la  vie  pour  les- 
on  ne  saurait  trop  implorer  la  miséricorde  in- 


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DES  ABSOLUTIONS  AYANT  LES  LEÇONS.  307 

finie.  Leur  but  aujourd'hui  est  de  demander^  Dieu  un 
cœur  pur,  afin  de  comprendre  et  de  goûter  sa  parole  que 
les  leçons  vont  nous  faire  entendre.  Telle  était  déjà,  au 
XII®  siècle,  la  pensée  de  l'abbé  Rupert  (L.  I,  c.  ii)  et 
de  Huguesde  Saint- Victor.  {In  specuL  c.  3.) 

Les  absolutions,  dans  roFQce  divin,  datent  donc  au 
moins  de  cette  époque.  D.  Martène  et  Bernard  abbé  du 
Mont-Cassin  au  xiv*  siècle,  les  voient  implicitement 
indiquées  dans  le  chap.  9  de  la  règle  de  saint  Benoit. 
Leur  origine  est,  défait,  antérieure  à  celle  des  leçons, 
puisque  Cavalieri  nous  apprend  qu'elles  terminaient 
autrefois  les  nocturnes;  elle  est  dès  lors  très  ancienne 
comme  le  conclut  Merati  :  Videtur  usus  ille  antiqidssi' 
mus.  (In  Gav^  loc.  cit.) 

11  n'y  a  pas  d'absolutions  à  l'office  des  morts,  parce 
que  notre  pensée  est  tout  entière  aux  défunts. 

Il  n'y  en  a  pas  non  plus  les  trois  derniers  joursdela  se- 
maine sainte.  Leur  office  lugubre  appelé  office  rfes/^n^- 
bres  ressemble  assez  à  celui  des  morts.  Pénétrée  du  reste 
de  la  Passion  du  Sauveur,  notre  âme  n'a  nul  besoin  de 
préparation  pour  entendre  les  leçons  qui  nous  la  rap- 
pellent. 11  fallait  aussi,  en  vertu  d'un  principe  souvent 
évoqué  dans  notre  cours,  que  le  rit  ancien  du  bré- 
viaire où  les  absolutions  n'étaient  pas  connues,  eût 
sa  trace  quelque  part,  et  l'on  a  choisi  pour  cela  ces  jours 
de  deuil  et  de  tristesse.  «  Toutes  ces  choses,  dit  Gran- 
colas  (  Versets^  Pater ^  Absolutions  et  Bénédictions.) y  ne 
se  disaient  point  autrefois,  comme  il  parait  par  l'of- 
ficedes  trois  jours  avant  Pâques.  Y/)e/'o//îce  divin^  §  des 
versets,  du  Pater...) 

La  rubrique  indique  l'absolution  qu'il  faut  prendre 
parmi  les  trois,  quand  l'office  n'a  qu'un  nocturne  x'est 
la  première  pour  le  lundi  et  le  jeudi,  la  deuxième  pour 
le  mardi  et  le  vendredi;  et  la  troisième  pour  le  mer- 
credi et  le  samedi.  Voici  la  raison  de  cet  ordre  :  on  a 
voulu  prendre  tout  naturellement  la  première  le  pre- 


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908       LÉS  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

mier  jour,  la  deuxième  le  second  jour,  et  la  troisième 

le  troisième  jour,  après  quoi  il  a  fallu  recommencer 

pour  les  jours  qui  suivent,  et  la  première  alors  rêve* 

nait  le  jeudi,  la  deuxième  le  vendredi  et  la  troisième  le 

samedi. 

La  formule  des  absolutions,  dans  l'office  public,  est 

[ir  le  célébrant;  n'est-ce  pas  à  lui  qu'il  appartient 

ûer  la  miséricorde  et  le  secours  divins  sur  l'as- 

ée  des  fidèles? 

§  II.   DBS   BÉNÉDICTIONS. 

absolutioîis  avaient  pour  but  de  détruire  en  nous 
icle  aux  fruits  de  la  [)aroIe  de  Dieu,  le  péché  Les 
c/20/i^  demandent  que  nos  âmes  soient  sanctifiées 
tenues  par  cette  divine  parole.  Voici  quelle  en 
riginedans  l'office  divin, 
^u'uu  moiae  devait  faire  une  pieuse  lecture  en 
ou  en  particulier,  pendant  l'office  ou  ailleurs, 
andait  toujours  auparavant,  pour  bien  s'en  ac- 
r,  !a  bénédiction  à  l'Abbé  du  monastère  par 
ots  :  BenediCy  Pater.  (Merati,  Bona,  Granco- 
Clet  usage  très  ancii^n  fut  bientôt  adopté  dans 
semblées  des  fidèles,  et  le  lecteur  y  demandait 
rs  la  bénédiction,  par  la  même  formule,  à  celui 
ésidait  :  formule  que  nous  trouvons  en  tète  de 
iirs  homélies  manuscrites  des  Pères  et  des 
ns  de  saint  Ephrem,  qu'au  rapport  de  saint  Je- 
[>n  lisait  publiquement  dans  l'église.  {De  vitit 
)  Les  leçons  qui,  dans  l'office  divin,  devaient 
rigine  à  ces  lectures  publiques,  durent  être 
lées  aussi  de  la  même  bénédiction.  Ce  rit  litur- 
parait  dès  lors  aussi  ancien  que  les  leçons  elles- 
5,  et  remonte  par  cons^-quent  au  iv*  ou 
le.  6retser,dans  le  plus  important  de  ses  ouvra- 
)e  Cruee,    établit  cette  haute  antiquité,  et  expli- 


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DES  BENftDIGTIONS  AVANT  LES  LEÇONS.  309 

que  on  ne  peut  mieux  tout  ce  qui  regarde  les  bénédic* 
tions  *. 

Le  lecteur  demande  donc  la  bénédiction,  avant 
chaque  leçon,  au  célébrant  qui  préside  rassemblée. 
C'est  pour  obtenir  la  permission  d'annoncer  la  parole 
de  Dieu,  t<  selon  l'avis  de  saint  Paul  aux  Romains,  dit 
l'abbé  Rupert  :  Peiit  benedictionem  ul  mittatur  »  (L.  I, 
c.  12,  de  div.  offic.)  et  pour  obtenir  aussi  la  grâce  de  le 
bien  faire  et  d'en  profiter  lui-même.  Ce  dernier  motif 
personnel  fait  que  le  lecteur  ne  demande  pas  de  béné- 
diction à  l'office  des  jeudi,  vendredi  et  samedi  saints,  ni 
à  celui  des  morts,  car  sa  pensée  est  tout  entière  alors 
aux  défunts  ou  à  la  Victime  du  Calvaire. 

Nous  avons  expliqué  déjà  dans  notre  2®  vol.  de  la  Messe 
(p.  143  et  suiv.)  la  formule  par  laquelle  on  demande  ces 
bénédictions  :  <c  Jube^  Domne^  benedicere:  Commandez- 
vous  à  vous-même^  Seigneur^  de  me  bénir ^  et  d'après 
saint  Pierre  Damien  :  Ordonnez^  Maître^  à  celui  que 
vous  désignerez^  de  me  bénir  :  «  et  ainsi,  dit-il,  le  lec- 
teur, par  un  sentiment  d'humilité,  ne  demande  pas 
directement  la  bénédiction  au  célébrant.  »  (L.  De  Do- 
minus  vobiscum,  c.  2.) 

Le  lecteur,  d*après  Cataldy  et  les  auteurs  liturgiques, 
demande  cette  bénédiction  profondément  incliné,  et  se 
tient  ainsi  durant  toute  la  formule  ou  réponse  du  célé- 
brant. Celui-ci,  pour  correspondre  à  l'humilité  du  lec- 
teur, ajoute  encore  saint  Pierre  Damien,  ne  veutordon- 

<•  Jean  Gretser,  célèbre  jésuite  du  xyii*  siècle,  est  connu  par 
son  zèle  contre  la  réforme,  et  par  ses  nombreux  ouvrages  qui 
forment  l'un  des  plus  vastes  répertoires  de  l'érudition  catholi- 
que, 17  vol.  in-fo.  Il  a  composé  sur  la  liturgie  plusieurs  traités 
intéressants  dont  voici  les  titres  :  De  sacris  peregrinationibtis^ 
Hbri  IV.  —  De  EnclesiasHcis  ProeessionibuSi  libri  H.  —  Podonip- 
tron  $eu  Pedilaciuniy  hoc  esty  de  more  lavandi  pedes  perigrino^ 
rumet  kospitum.  —  De  funere  christiano^  libri  III.  —  De  Fe^tis^ 
libri  II.  —  De  Benedictionibus^  lib.  II,  et  de  maledictionibus.  — 
et  enfin  De  êanctd  Cruce 


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dfO        LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

ner  à  persoone  de  le  bénir,  ni  le  faire  lui-même,  et  de- 
mande à  Dieu  pour  lui  cette  grâce  ;  aussi  ces  formules 
ne  sont-elles  pas  accompagnées  du  signe  de  la  croix, 
comme  à  la  Grand'Messe. 

Les  voici  : 

l^  Nocturne. 

i.  Que  le  Père  étemel  nous  bénisse  tous  d'une  incessaute 
bénédiction  t 

2.  Que  le  Fils  unique  de  Dieu  daigne  nous  bénir  et  nous 
aider I 

3.  Que  la  grâce  du  Saint-Esprit  éclaire  nos  facultés  et 
dirige  nos  cœurs  t 

IP  Nocturne. 

4.  Que  Dieu  le  Père  tout-puissant  nous  soit  clément  et 
propice  t 

5.  Que  le  Gbrist  nous  donne  les  joies  de  la  vie  éternelle  t 

6.  Que  Dieu  le  Saint-Esprit;  excite  en  nous  le  feu  de  son 
amour  I 

IIP  Nocturne. 

7.  Que  la  lecture  de  l'Evangile  soit  notre  protection  et 
notre  salut  t 

8.  Que  le  secours  divin  soit  toujours  avec  nous  et  en 
noust 

9.  Que  le  Roi  des  anges  nous  conduise  en  la  société  des 
éiust 

Comme  on  le  voit,  les  Personnes  de  la  Sainte  Trinité 
sont  invoquées  tour  à  tour  dans  les  six  premières  béné- 
dictions: «  ei  rectissimey  ut  patet  t ,  dit  Gavantus.  {loc. 
cit.)  La  Sainte  Trinité  n'est-elle  pas,  en  effet,  la 
source  des  grâces  que  donne  la  bénédiction? 

Il  n'en  est  pas  de  même  au  IIP  nocturne,  pour  des 
raisons  particulières  qui  demandaient  un  autre  sens. 
Ainsi  la  septième  leçon  commençant  par  les  premiers 


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DK$  BfiNÉDIGTIONS  AVANT  LES  LEÇONS.  311 

mots  de  rEvangile  du  jour  suivis  de  rhomélie,  on  a 
voulu  que  la  septième  bénédiction  s'inspirât  de  cette 
circonstance  :  Evangelica  lectio  sit  nobis  salus  et  pro^ 
tectio.  La  huitième  a  été  consacrée  au  souvenir  du 
saint  dont  on  fait  l'office,  et  auquel  il  était  si  naturel 
de  s'adresser  pour  obtenir  les  bénédictions  du  ciel  : 
Cujus  {quorum^  quarum)  festum  colimiis,  ipse  (ipsa^ 
ipsi,  ipsâSj  ipsa  Virgo  virginum)  intercédât  {intercé- 
dant) pro  nobis  ad  Dominum,  On  a  choisi  le  III®  noc- 
turne pour  cette  formule,  parce  que  la  béDédiction 
précédente,  ne  s'adressant  pas  au  Père,  permettait 
un  changement  dans  les  deux  qui  suivaient.  Quand 
Toffice  n'est  pas  d'un  saint  ou  de  la  Sainte  Vierge, 
on  donne  à  cette  huitième  bénédiction  une  formule 
générale  qui  s'adresse  à  Dieu,  sans  distinction  des 
Personnes  :  Divinum  auxilium  maneat  semper  no* 
biscum,  La  neuvième,  en  tant  que  la  dernière  de 
matines,  demande  à  Notre-Seigneur,  objet  principal 
du  culte  public,  ce  qui  est  le  but  final  de  tout  l'office  : 
la  gloire  de  Dieu  et  la  possession  du  ciel,  en  compa- 
gnie des  élus:  Ad societatem civium  supemorum per- 
ducat  nos  Rex  Angelorum  *. 

Lorsque  la  neuvième  leçon  est  une  homélie  sur  l'E- 
vangile, on  dit  comme  formule  de  bénédiction  :  Per 
evangelica  dkta  deleantur  nostra  delicta.  C'est  pour 
la  mettre  encore  en  harmonie  avec  les  paroles  sa- 
crées qui  précèdent  immédiatement  oette  leçon. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  sur  l'ordre  et  les  for- 
mules des  bénédictions  concerne  l'office  &  trois  noc- 
turnes. Celui  de  trois  leçons  nécessite  sur  ce  point  des 

1 .  Aux  deux  offices  de  S.  Michel,  on  dit  Quorum  festum  cott- 
mus,  parce  que  l'Église,  en  la  personne  de  leur  chef,  implore 
aussi  le  secours  de  tous  les  anges.  Mais  aux  fêtes  de  S.  Gabriel 
et  de  S.  Raphaël,  il  faut  prendre  la  formule  ordinaire  :  Cujus 
festum  colimus,  parce  que  le  secours  de  ces  anges  est  sçul  ici 
invoqué.  (i3  sept.,  4692.) 


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312       LBS  ÉLÉM£NÎS  D£S  HBURBS  GANONIALBS. 

changements  que  la  rubrique  nous  a  fait  connattre. 
Les  voici  : 

Si  Toffice  à  un  seul  nocturne  ou  à  trois  leçons  n'a 
pas  d'homélie  sur  TEvangil^,  on  prend  les  bénédic- 
tions dans  Tordre  indiqué  pour  chaque  nocturne  au 
commencement  du  bréviaire,  c'est-à-dire  celles  du  l^^ 
nocturne,  le  lundi  et  le  jeudi;  celles  du  2*  nocturne, 
le  mardi  et  le  vendredi,  et  celles  du  3*  nocturne,  le 
mercredi  et  le  samedi.  Dans  ce  dernier  cas  cependant,, 
puisqu'il  n'y  a  pas  eu  d'Evangile^  on  remplace  la  pre- 
mière: Evangelica  leclio^  par  cette  autre  :  llle  nos 
benedicat  qui  sine  fine  vivit  el  régnât. 

Si  cet  office  de  trois  leçons  sans  homélie  avait  un 
saint  pour  objet,  on  prendrait  encore  comme  deuxième 
bénédiction  la  formule  Cujus  ou  quorum^  quarum^ 
festum  colimm,  et  non  :  Divinum  auxiliumy  pour  la 
raison  que  nous  avons  donnée  plus  haut. 

Si  l'office  à  trois  leçons  avait  une  homélie  sur  TE- 
vangile,  on  prendrait  toujours  les  bénédictions  du 
troisième  nocturne  Evangelica  lectio.  —  Dioinum  au- 
xilium.  —  Ad  societatem  :  —  L'Evangile,  en  effet, 
demandant  la  première  de  ces  bénédictions,  on  a 
voulu  continuer  par  les  deux  suivantes. 

Avant  de  lire  la  9®  leçon,  le  célébrant  demande  la 
bénédiction  au  plus  digne  du  chœur,  même  non  prêtre, 
qui  lui  répond  par  la  formule  ordinaire.  Celui-ci,  en 
effet,  n'a  pas  à  béoir  dans  le  sens  strict  du  mot,  mais  il 
ne  fait  que  demander  à  Dieu  la  bi3nédiction. 

Le  Cérémonial  des  Evèquôs  veut  cependant  que  le 
prélat  officiant  ne  s'adresse  à  personne  avant  la  lec- 
ture de  la  9^  leçon,  mais  à  Dieu  seul,  en  changeant  le 
mioi DomnedsLïxs  la  formule,  par  Domine:  Jube^  Domine ^ 
benedicere;  le  chœur,  dans  cocas,  répond  immédia- 
tement i4/neri.  Ildemanderait  néaumoinsla  bénédiction 
à  un  légat,  ou  à  un  prélat  supérieur  qui  serait  présent, 
et  celui-ci  répondrait  par  la  for  mule,  ordinaire;  tous 


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DES  BÉNÉDICTIONS  AVANT  LES  LEÇONS.  343 

deux  auraient  soin  de  se  faire  mutuellement  un  salut 
préalable.  (L.  II.  c.  v,  n,  9.) 

Le  chœur,  qui  est  debout  pendant  l'absolution  et  la 
première  bénédiction,  reste  assis  mais  se  découvre  aux 
autres  formules  de  bénédiction  récitées  par  le  célé- 
brant; il  ne  se  lève  que  lorsque  le  célébrant  demande 
lui-même  la  bénjédiction.  {Martinucci) 

Des  esprits  inquiets,  nous  apprend  saint  Pierre  Da- 
mien  (L.  III  de  Virgin.)^  se  demandaient  ici  encore  si, 
récitant  seuls  le  saint  office,  ils  devaient  dire  ou 
omettre  la  formule  :  Jube^  Domne^  benedicere  :  la 
dire?  mais  elle  semblait  alors  ne  s'adresser  à  personne» 
et  remettre  était  manquer  à  un  précepte  formel.  Le 
saint  Docteur,  dans  son  opuscule  De  Dominus  vobis- 
cunij  démontra  la  légitimité  de  la  règle,  même  dans 
ce  cas.  «  Celui  qui  est  tenu  à  l'office  divin,  dit*il,  n'est 
pas  alors  une  personne  privée;  il  prie  au  nom  de 
rÉglise  qui,  tout  entière,  s'adresse  à  Dieu  par  sa  bou- 
che. »  Nous  comprendrons  mieux  le  sens  de  ces 
courtes  formules  dans  la  récitation  privée,  si  nous 
considérons  que  celle-ci  est  à  la  fois  un  mémorial  et 
un  supplément  de  la  récitation  publique  au  chœur  ; 
il  faut  donc  alors  nous  unir  d'esprit  à  ceux  de  nos  frè- 
res qui,  par  une  psalmodie  commune,  peuvent  donner 
à  leur  prière  toute  son  expression  liturgique.  Il  est 
facile,  en  effet,  de  se  représenter  qu'on  demande 
ces  bf^nédictions  aux  supérieurs  de  l'Église  au  nom  de 
laquelle  on  prie,  ou  encore,  en  élevant  sa  pensée  plus 
haut,  à  Dieu  même.  Quant  auxrt^ponses,ne  sont-elles 
pas  autant  de  prières  que  nous  faisons  réellement  pour 
nous  et  pour  l'Eglise  entière?  ;  Nos...  nobis.,.  in  cor* 
dibus  nostris,..  délie  ta  nostra. 

Prononçons-les  donc  toujours  avec  respect  et  dévo- 
tion ces  belles  et  touchaAtes  formules.  Comment,  eu 
effet,  ne  pas  dire  du  fond  du  cœur  et  avec  toute  la 
ferveur  de  notre  âme  celles-ci,  par  exemple  :  Spiritûs 
t.  n.  it 


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314       LES  fiLtMRNTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

sancti  gratiailluminetsensus  et  corda  nostra,  —  Deus 
Pater  omnipoteiis  sit  nohis  propitius  et  démens.  — 
Christus  perpétuée  det  7îobis  gaudia  vitœ.  —  Ignem 
sut  amoris  accendat  Deus  in  cordibus  nostris.  —  Divi- 
num  auxilium  maneat  semper  nobiseum.  —  Cujus 
festum  colimus  ipsa  Virgo  virginum  intercédât  pro  no- 
bis  ad  Dominum'i  M.  Olier,  lisons-nous  dans  ses  mé- 
moires, aimait  à  les  savourer.  «  Un  jour  de  saint  Jo- 
seph, dit-il,  comme  je  prononçais  ces  paroles  de  mon 
othce:  Benedictione  perpétua,.,  il  me  sembla  que  la 
main  libérale  de  mon  Dieu  versait  avec  abondance  sa 
grâce  en  mon  cœur.  J'en  avais  Tàme  si  remplie,  j'étais 
si  touché  de  tant  d'amour,  que  pendant  un  quart 
d'heure  je  ne  pus  que  répéter  continuellement.  0 
amour ^ô  amour!  que  ferai-je  pour  vous?  0  mon 
amour,  pourquoi  m'aimez  vous  tant,  et  pourquoi  tant 
de  grâces?  »  {Mém.  tom  I,  p.  261). 

Art.  IV.  Des  Leçons. 

On  entend  par  leçons  de  l'office  des  extraits  deTEcri- 
ture,  de  la  vie  des  saints  ou  des  écrits  des  P^res,  qui 
sont  lus  après  les  psaumes  de  chaque  nocturne;  de  là 
leur  nom,  dit  Bouvry,  après  Lohner  etGavantus:«  Lee- 
tiones  ita  dicunturquia  communiter  non  cantantur^  sed 
leguntur.  »  (Pars  II,se«;t.ui.  Tit.xxvii.)Etdefait,  même 
dans  l'office  chanté,  les  leçons  ne  sont  jamais  que  lues 
ou  récitées;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  le  premier  noc- 
turne dt  s  trois  derniers  jours  de  la  semaipe  sainte,  à 
cause  des  Lamentations  si  graves  et  si  solennelles  de 
Jérémie. 

Donnons  avant  tout  la  rubrique,  afin  de  ne  pas  in- 
terrompre le  cours  de  notre  explication. 

§  I.  —  liA.  RUBRIQUE  SUR  LES  LEÇONS. 
(Tit.  XXVI.) 

((  i.  Les  leçons  se  lisent  à  matines  après  les  psaumes  des 
nocturnes^  les  antiennes,  lés  versets,  les  absolutions  et  les 


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DBS  LBÇONS.  315 

bénédictions,  comme  ci-dessus.  Aux  fêtes  doubles  ou  semi- 
doubles,  on  récite  neuf  leçons,  c'est-à-dire  trois  à  chaque 
nocturne.  Aux  fériés  et  aux  fêtes  simples,  on  n'en  dit  que 
trois. 

«  2.  Aux  offices  de  neuf  leçons,  on  les  dit  de  la  manière 
suivante.  Au  premier  nocturne,  on  lit  toujours  les  trois 
leçons  de  TEcriture  qui  sont  désignées  pour  chaque 
jour  à  l'office  du  Temps?,  quand  il  n'y  en  a  pas  de  spéciales 
en  son  lieu  ou  au  commun  des  saints.  Au  second  nocturne, 
si  Ton  récite  l'office  d'un  saint,  les  trois  leçons  se  lisent  de 
la  vie  du  saint,  ou  bien  d'un  sermon  ou  d'un  traité  qui  s'y 
rapporte;  à  défaut  de  leçons  propres  on  lit  celles  du  com- 
mun des  saints.  On  a  aussi  recours  au  commun  pour  com- 
pléter le  nombre  de  trois  leçons,  quand  l'office  du  saint  n'a 
qu'une  ou  deux  leçons  propres.  A  l'office  du  dimanche  ou 
à  un  autre  de  neuf  leçons  per  annum,  et  même  à  celui 
d'une  octave,  on  lit  les  trois  leçons  du  sermon  ou  du 
traité  qui  s'y  trouvent.  Au  troisiè  ne  nocturne,  ce  sont  tou- 
jours les  trois  leçons  de  l'homélie  sur  l'Evangile,  pla- 
cées au  propre  ou  au  commun  ;  la  première  leçon  de  l'ho- 
mélie est  toujours  précédée  du  commencement  de  son 
Evangile,  môme  pendant  les  octaves.  On  excepte  de  cette 
règle  les  matines  des  Ténèbres  avant  Pâques  et  les  matines 
des  morts,  comme  il  est  marqué  en  son  lieu. 

«  3.  Si,  dans  un  office  de  neuf  leçons  où  l'on  ne  dit  pas 
de  neuvième  répons,  il  arrive  défaire  mémoire  d'un  saint 
qui  a  sa  leçon  propre,  on  lit  celle-ci  pour  neuvième  leçon. 
S'il  en  a  deux,  on  les  réunit  en  une  seule  ;  on  omet  la  neu- 
vième leçon  de  l'office  à  neuf  leçons,  ou  on  l'unit  à  la  hui- 
tième. Si,  le  même  jour,  survient  un  dimanche  ou  une  fé- 
rié qui  ait  son  homélie,  on  omet  aussi  la  neuvième  leçon  de 
l'office  du  s  tint,  et  on  la  remplace  par  cette  homélie  dont  on 
récite  alors  la  première  leçon  ou  les  trois  unies  ensemble. 

«  4.  A  l'office  de  trois  leçons,  si  c'est  une  férié,  ces 
leçons  se  lisent  de  l'Ecriture,  à  moins  qu'elles  ne  soient  de 
l'homélie,  car  alors  on  omet  les  leçons  de  l'Ecriture  pour  lire 
celles  de  l'homélie;  si  c'est  l'office  d'un  saiit  qui  a  seule- 
ment deux  leçons  propres,  la  première  sera  de  l'Ecriture, 
en  sorte  qu'on  en  lise  une  seule  ou  les  trois  réunies  ensem- 


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316       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

ble;  la  deuxième  et  la  troisième  seront  du  saint.  Si  le  saint 
n'en  a  qu'une  soit  du  propre,  soit  du  commun^  la  première 
et  la  seconde  seront  de  rEcnture,et  la  troisième  du  saint: 
on  observe  les  mêmes  règles  à  l'office  de  la  Sainte  Vierge  in 
sabbato, 

«c  5.  LesleçonsderEcritnre>àrof!ice  du  temps  pendant 
Tannée,  sont  distribuées  de  telle  sorte,  qu'on  en  lit  une  par* 
tio  cbaque  jour,  même  à  roilice  des  saints,  lorsqu'on  n'en 
assigne  pas  d'autres,  comme  il  a  été  dit. 

«  6.  Les  commencements  des  livres  de  la  sainte  Ecri- 
ture, qui  se  lisent  presque  toujours  le  dimanche,  se  placent 
le  jour  où  ils  sont  marqués,  môme  si  l'on  fait  l'ofïice  d*un 
saint,  à  moins  qu'à  cette  fête  ne  soient  assignées  d'autres 
leçons  propres  de  TEcriture  ou  du  commun  ;  car  alors  le 
commencement  de  la  leçon  de  TEcriture  est  transféré  au 
premier  jour  libre,  et  les  leçons  de  la  même  Ecriture  assi- 
gnées à  ce  jour  se  lisent  avec  les  précédentes  ou  s'omet- 
tent, de  sorte  qu'on  ne  doit  plus  les  reprendre  le  jour  sui- 
vant, mais  qu'on  doit  lire  cellesdu  jour  occurrent,  auxquel- 
les on  peut  du  reste  les  joindre  encore.  On  observe  tou- 
jours ces  mêmes  règles,  quand  on  omet  parfois  les  leçons 
de  l'Ecriture  occurrente. 

«7.  Lorsque,  pendant  h  temps  pascal,  le  commence- 
ment d'une  épitre  cathoiique  ou,  pendant  le  mois  de  no- 
vembre, le  commencement  de  l'un  des  petits  Prophètes,  se 
trouve  empêché  dans  celte  semaine  par  une  fête  de  neuf  le- 
çons ayant  des  leçons  propres  de  l'Ecriture,  le  commence- 
ment de  cette  épître  ou  de  ce  prophète  se  place  au  jour  sui- 
vant, si  c'est  possible,  pourvu  que  ce  jour-là  ne  soit  pas  em- 
pêché par  le  commencement  d'un  autre  livre  sacré  ou  par 
une  autre  fête  ;  sinon,  on  le  lit  au  premier  jour  libre  pré- 
cédent, en  sorte  qu'il  trouve  toujours  sa  place,  dût-on  lire 
plusieurs  commencements  de  livi-es  le  même  jour. 

«  8.  On  a  distribué  un  nombre  de  leçons  de  l'Ecriture 
correspondante  celui  des  semaines  qui  peuvent  se  trouver 
entre  l'Epiphanie  et  la  Septuagésime,  et  entre  la  Pentecôte 
et  l'A  vent.  Lorsque  le  nombre  des  dimanches  et  des  semai- 
nes après l'Epiphaiiie  vient  à  être  diminué,  dès  que  survient 
le  dimanche  de  la  Septuagésime,  on  omet  ce  qui  reste  des 


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DBS  LBÇONS.  3(7 

épttres  de  saint  Paul  qui  correspondent  au  nombre  de  ces 
dimanches  et  de  ces  semaines,  bien  qu'on  n*ait  encore  rien 
lu  de  quelques-unes  d'entre  elles.  On  agit  de  même  pour 
les  livres  des  Rois  qui  se  lisent  de  roctave  de  la  Pentecôte 
au  premier  dimanche  d'août  quand  le  nombre  des  diman- 
ches après  la  Pentecôte  assignés  à  ces  livres  vient  à  être 
incomplet  ;  on  omet  alors  les  leçons  de  ces  livres,  et  on 
lit  l'Ecriture  marquée  pour  le  mois  d*août.  Si  l'on  fait  par 
anticipation,  un  jour  de  férié,  Toflice  d'un  dimanche 
après  l'Epiphanie,  de  la  manière  indiquée  aux  n.  4  et  5 
de  la  rubrique  des  dimanches,  on  lit,  les  jours  qui  sui- 
vent rofïice  du  dimanche  anticipé,  les  épitres  de  saint 
Paul  assignées  à  ce  dimanche  et  aux  jours  suivants,  omet- 
tant les  leçons  de  la  semaine  précé  lente.  On  indijue  en 
son  lieu  ce  qui  doit  être  fait,  lorsqu'un  mois  auquel  sont 
assignés  ciUvq  dimanches,  n'en  a  que  quatre. 

«9.  Lesle^ons  de  l'Ecriture  placéesau  commun  des  saints 
se  lisent  aux  fêtes  auxquelles  elles  sont  assignées  par  le 
propre  des  saints  dans  l'année.  Il  en  est  de  même,  quand  on 
célèbre  solennellement  une  fête  dans  sa  propre  Église,  ou 
quand  une  fête  de  neuf  leçons  tombe  pendant  le  carême, 
les  Quatre-Temps,  le  lundi  des  Rogations  et  la  vigile  de 
l'Ascension,  jours  où  dans  l'oHice  du  Temps  ne  sont  pas 
assignées  des  leçons  de  l'Ecriture,  mais  de  l'homélie,  on  re- 
court alors  les  jours  de  fête,  aux  leçons  de  l'Ecriture  pla- 
cées au  commun  des  saints.  Si  le  jour  octave  d'une  fête 
survient  en  une  de  ces  fériés,  on  répète  au  premier  nocturne 
de  ce  jour  octave  les  leçons  lues  au  premier  nocturne  de 
la  fête  ;  si  c'est  un  jour  dans  l'octave,  on  les  prendra  au 
lommun.  Les  autres  leçons  du  deuxième  et  du  troisième 
nocturne  placées  au  commun  des  saints  se  lisent  aussi 
quand  elles  sont  indiquées  au  Propre  dessants,  et  quand 
une  fête  se  célèbre  dans  une  Église  avec  neuf  leçons  en 
vertu  d'une  coutume  ou  d'une  solennité  extraordinaire,  et 
qu'elle  n'a  pas  de  leçons  propres  et  approuvées. 

«  10.  Les  leçons  du  premier  nocturne  se  lisent  avec  le  uî  re 

du  livre   d'oCi  elles  sont  tirées,  sauf  indication  contraiie. 

Celles    du   second    nocturne   se    lisent    aussi   avec    leur 

titre  et  le  nom  de  l'auteur,  quand  elles  sont  extraites  d'un 

T.  u.  18. 


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3i8       LB8  ËLËIIBNTS  DBS  HBURBS  GANONIALBS. 

sermon  ou  d'un  traité  ;  dans  le  cas  contraire  on  ne  lit 
pas  de  titre.  De  même  au  troisième  nocturne,  on  commence 
les  leçons  proprement  dites  par  le  nom  de  Tauteur  de  Tho- 
mélie. 

«  il.  A  la  fin  de  chaque  leçon,  on  dit:  Tu  autem,  Domt^ 
ne,  miserere  nobis,  et  Ton  répond  :  Deo  gratias.  On  fait  de 
même  aux  leçons  brèves  du  commencement  de  complies, 
et  à  la  fin  de  prime,  après  Pretiosa,  excepté  pendant  les 
trois  derniers  jours  de  la  semaine  sainte  et  à  l'office  des 
morts,  comme  il  est  marqué  en  son  lieu.  » 

§  II.  —    EXPLICATION   DE   LA   RUBRIQUE   SUR    LES 
LEÇONS. 

Nous  aurons  à  donner  pour  cela  des  notions  géné- 
rales, et  à  expliquer  ensuite  successivement  tout  ce  qui 
regarde  les  leçons  des  trois  nocturnes. 

n.  1.  —  Notions^énérales  sur  les  laçons. 

Origine.  —  Nombre.  —  Etendue.  —  Titres.  —  Approbation.  — 
Le  Chant. 

Les  leçons  du  bréviaire  ont  pour  origine  un  usage 
de  Taucienne  Loi  et  des  premiers  jours  de  1  Eglise.  Les 
lévites  devaient  lire  distinctement  au  peuple  assemblé 
les  livres  saints.  (II  Esdr.  viii,  85.)  Quand  le  Sauveur 
entrait  dans  la^synagogue  pour  y  lire  et  expliquer 
les  prophètes,  il  ne  faisait  qu'observer  ce  qui  se  prati- 
quait là  chez  lesJuifs  tous  les  samedis  (Lt^.  iv,  xvi),  ce 
que  Moïse  observait  lui-même  (Ex.  xxiv,  vu),  ce  que  re- 
commandait le  Deutéronome.  (xxxi,  ii.)  Nous  appre- 
nons de  saint  Paul  (Coloss.  iv,  16)  et  de  saint  Justin 
{Apolog.  Il)  qu'on  lisait  aussi  les  livres  saints  dans 
l'assemblée  des  fidèles,  et  les  homélies  des  Pères  nous 
attestent^encore  comment  les  premiers  Pasteurs  ai- 
maiœt  à  les  expliquer  après  cette  lecture.  Cet  usage, 
qui  introduisit  dans  la  messe  l'Epitre  et  l'Ëvangile, 
donna  lieu  aussi,  dans  Toffice,  aux  leçons  deTÉcriture 
et  des  Pères,  des  actes  des  martyrs  et  de  la  vie  des 


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DES  LEÇONS.  319 

saints.  Ces  pieuses  lectures  offraient  de  trop  précieux 
avantages,  pour  que  l'Eglise  ne  les  insérât  pas  dans 
son  culte  et  sa  liturgie,  u  Par  la  prière,  disait  saint 
Augustin,  nous  parlons  à  Dieu  ;  dans  la  lecture,  c'est 
Dieu  qui  nous  parle:  «  Cum  oramus^  ipsicum  Deo  lo- 
quimur  ;  cum  vero  legimus^  Deus  nobiscum  loquitur.  » 
(Serm.  cxii,  de  Temp.  )  «  Par  la  prière,  dit  le  card. 
fiona,  nous  attirons  sur  nous  la  miséricorde  de  Dieu  ; 
parla  lecture,  nous  apprenons  comment  nous  devons 
le  servir.  »  (Div.  Psal.  détection,) —  «  Ingens  bonum 
est  lectio,  dit  saint  Chrysostome,  quas  facit  animam 
optimis  moribus  prœditam^  et  mentem  in  cœhim 
transfert,  »  (Hom.  35,  in  Gen.) 

Les  leçons  furent  assignées  à  matines,  l'office  de  la 
nuit,  parce  qu'on  voulait  ainsi  occuper  suffisamment 
les  clercs  et  les  moines  qui,  pour  la  prière,  avaient 
interrompu  leur  sommeil.  Le  silence  et  le  recueille- 
ment de  la  nuit  étaient  du  reste  favorables  à  la  mé- 
ditation que  les  leçons  suggèrent:  «  Attentive  au  bien 
de  ses  enfants,  dit  le  cardinal  Bona,  l'Eglise  crut  de- 
voir ajouter  au  chant  nocturne  des  psaumes,  la  lec- 
ture des  lettres  sacrées  et  des  Pères,  afin  que  les  es- 
prits fatigués  et  distraits  fussent  réconfortés  par  cette 
nourriture  et  éclairés  par  ces  lumières.  »  {iac.  cit.) 

A  quelle  époque  l'Eglise  a-t-elle  inséré  les  leçons 
dans  son  office?  Il  paraîtrait,  d'après  une  lettre  de 
Théodemare,  abbé  du  Mont-Cassin,  à  Charlemagne,  et 
relatée  par  le  diacre  Jean,  que  saint  Gn^goire  le  Grand 
(590-604)  aurait  introduit  le  premier  des  leçons  dans 
TofBce  de  Rome  :  «  In  Ecclesiâ  Romand  sacras  Scrip- 
turas  legi  mos  non  fuerit  ante  8,  Gregorii  papse  tem- 
pora,  »  (De  vit.  saint  Greg.)  On  n'y  lisait  pas  non  plus 
les  actes  des  martyrs  ni  les  homélies  des  Pères,  avant 
le  pape  Adrien  (772-775),  d'après  un  ancien  ordo  de 
Rome.  Les  leçons  insérées  ainsi  pour  la  première  fois 
dans  l'office    par  saint  Grégoire  le  Grand,     n'étaient 


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320         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

donc  empruntées  qu'à  l'Ëcriture  sainte.  Ce  fut  sans 
doute  pour  se  conformer  au  troisième  concile  de  Car- 
thage  (398)  qui  défendait  de  lire  autre  chose  dans  les 
ofBces  publics:  Utpreetercanonicas  Scripturas  nihilin 
Ecclesiâ  legatur^  et  à  la  décision  du  pape  saint  Gélase 
(492-496.)  Celui-ci,  dans  le  concile  de  Rome,  avait 
prohibé  dans  l'église  la  lecture  des  actes  des  martyrs, 
comme  n'étant  pas,  en  général  et  sauf  des  exceptions, 
sufQsamment  authentiques. 

Tel  fut  d'abord  l'usage  de  l'Eglise  de  Rome  par  rap- 
port aux  leçons.  Mais  celles-ci,  dans  quelques  autres 
Eglises,  faisaient  partie  de  Toffice  divin  dès  avant 
saint  Grégoire.  Ainsi  saint  Ambroise  nous  apprend  que 
dans  son  Église,  au  moment  des  leçons,  le  chant  des 
psaumes  était  suspendu,  et  qu*il  régnait  dans  l'assem- 
blée le  plus  profond  silence,  pourlesentendie.  (/w/>5.  i.) 
Sidoine  Apollinaire,  en  486,  loue  Claudien,  parent  de 
saint  Avît  de  Vienne,  d'avoir  distribué  des  leçons  dans 
l'office  pour  toute  l'année.  (L.  IV,  £/>.  2.)  Musœus  de 
Marseille  détermina  celles  qu'on  devait  réciter  auxdif- 
férentes  fêtes.  Saint  Césaire  d'Arles  (500)  recomman- 
dait d*y  être  attentif;  il  mentionne  les  actes  des  martyrs 
qu'on  devait  lire  en  leurs  fêtes,  et  il  fit  lui-même  un  re- 
cueil d'homélies  pour  l'office  de  chaque  jour.  (Serm. 
140  et  300  :  —  Vita  ejus,  1. 1,  c.  31).  Saint  Benoit  assi- 
gnait douze  leçons  pour  son  office,  prises  dans  l'ancien 
et  le  nouveau  Testament,  et  dans  les  explications  des 
Pères.  Saint  Grégoire  enfin  défendit  à  l'Eglise  deRa- 
venne  et  à  quelques  autres  de  l'Italie  de  lire  ses  Mo- 
rales dans  l'église  et  à  l'office  divin  :  Neque  enim  volOy 
dum  in  hac  came  sum,  si  quœ  dixisse  me  contigit^  ea 
facile  hominibus  innotescere  :  humilité  dont  le  Saint 
nous  donne  ici  un  touchant  exemple.  L'Église  d'Orient 
avait  aussi,  dans  les  temps  anciens,  ses  leçons  litur- 
giques. En  effet,  le  concile  in  Trullo  (692)  défend  de 
lire  à  l'office  les  actes  apocryphes  des  martyrs.  Saint 


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DE6  LEÇONS.  32i 

Ghrysostome  recommande  qu'on  soit  bien  attentif  pen* 
dant  les  leçons  (Hom.  de  Jonath.  et  David^  et  Hom.  8 
ad  Bebr.),  et  le  concile  de  Laodicée,  en  320,  décréta 
que  la  leçon  suivrait  toujours  la  récitation  des  psau- 
mes, et  qu'elle  serait  plus  longue  à  matines  qu'aux 
petites  heures.  (Can.  17.) 

Les  leçons  de  Tofûce  divin  étaient  donc  en  usage  en 
Orient,  et  dans  certaines  Églises  des  Gaules  et  d'Italie, 
avant  que  Rome  les  eût  adoptées,  ce  qui  eut  lieu, 
avons-nous  dit,  sous  Gr/goire  le  Grand.  D.  Mabillon, 
il  est  vrai,  les  croit  antérieures  à  ce  Pontife,  même 
dans  l'office  romain.  Il  s*appuie  sur  le  fait  de  saint 
Gélase  qui  déterminait,  au  concile  de  Rome,  les  leçons 
à  lire  ou  à  laisser  dans  TÉglise,  et  sur  un  décret  du 
pape  saint  Grégoire  lui-môme  (L.  IV,£/>.  44)  qui  or- 
donnait aux  diacres  de  ne  chanter  que  l'Evangile,  et  de 
réserver  les  leçons  pour  les  sous-diacres  et  les  ordres 
mineurs.  (D.  Mabillon,  In  disquisit.  de  Cursu  Galiic. 
n.  9.)  Maisest-il  biencertain  qu'il  s'agisse  des  leçons  de 
l'office,  et  non  pas  seulement  de  celles  de  la  messe  et 
d'autres  lectures  publiques  ?  Nous  nous  en  tiendrons 
au  texte  de  Théodemare,  cité  plus  haut,  et  à  l'autorité 
du  diacre  Jean  qui  le  rapporte  et  en  admet  la  véracité. 

Le  nombre  des  leçons  ne  fut  pas  toujours  uni- 
forme. Les  moines  de  la  Thébaïde,  au  rapport  de  Gran- 
colas,  n'en  disaient  que  deux  pendant  la  nuit.  L'office 
de  Milan  n'en  eut  jamais  que  trois.  Saint  Benoit  en 
veut  douze  aux  fêtes  de  l'année,  et  une  seulement  pen- 
dant l'été,  soit  parce  que  les  nuits  sont  plus  courtes, 
comme  il  s'en  explique  lui-même  au  chap.  10,  soit  à 
cause  des  grands  travaux,  comme  l'expliquent  Bernard, 
abbé  du  Mont-Cassin,  et  Turrecremata.  (Exposino  in 
Reg,  S.  Bened.)  Le  concile  de  Laodicée,  d'après  Denys 
le  Petit,  aurait  prescrit  une  leçon  après  chacun  des 
psaumes  :  prâsscribens  quod  in  conventu  firlelium. . .  per 
psabnos  singtiios  recenseri  deheant  leciiones.  C'est  de 


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322   LES  ÉLËMBNTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

là,  selon  Mérati  (Sect.  V,  c.  xii),  que  l'Eglise  de  Rome 
a  voulu  neuf  leçons  aux  matimes  de  trois  nocturnes, 
qui  ont  généralement  neuf  psaumes;  et  par  analogie 
elle  a  donné  trois  leçons  à  Toffice  d'un  seul  nocturne. 
Amalaire,  au  ix«  siècle,  nous  apprenait  déjà  que  Tof- 
fice  romain  n'avait  jamais  à  matines  plus  de  neuf 
leçons,  ni  moins  de  trois.  Les  neuf  leçons,  d'après  lui, 
nous  unissent  aux  neuf  chœurs  des  anges,  et  les  trois 
du  nocturne  signifient  l'annonce  de  la  parole  de  Dieu 
dans  les  trois  époques  :  avant  la  Loi  Mosaïque,  sous 
cette  Loi,  et  sous  la  Loi  de  grâce.  (L.  IV,  c.  9  et  11.) 
L'office  divin  en  effet  est  un  écho  du  concert  angé- 
lique.  Mais  les  trois  leçons  rappelleraient*mieux,  selon 
nous,  la  sainte  Trinité,  objet  de  la  louange  des  cieux 
et  de  la  nôtre  ici-bas. 

La  longueur  des  leçons  n'était  pas  déterminée  pri- 
mitivement; le  lecteur  continuait  jusqu'à  ce  qu'on 
l'avertit  de  s'arrêter:  Quantum  ahhati  visum  fuerit^ 
tantum  legatur  ;  quando  signum  fecerit,  qui  legit  sine 
morâ  consurgaty  disait  la  règle  d'Aurélien.  Saint  Cé- 
saire  faisait  lire  trois  pages  à  chaque  leçon.  Les  Us  de 
Cluny  assignaient  la  Genèse  à  la  semaine  de  la  Septua- 
gésime,   divisaient  tout   Isaïe  en  six   fois,  TEpitre 
aux  Romains  en  deux...  {Uldaricus,  1.  I,  c.  i.)  L'auteur 
de  la  vie  de  Charlemagne  nous  apprend  que  ce  prince 
arrêtait  le  lecteur  par  un  petit  sifflement,  sibilo  linguas. 
Le  premier  du  chœur  le  faisait  plus  généralement  par 
ces  mots  :  Tu  autem^   Domine;  le  lecteur  s'arrêtait 
aussitôt  et  achevait  la  formule  par  ces  dMivQ^  :  miserere 
nobis;  on  répondait,  Deo  graiias^  et  de  là  nous  est  ve- 
nue la  conclusion  actuelle.  Le  lecteur  demande  ainsi  à 
Dieu  le  pardon  de  ses  négligences  qui  ont  pu  facilement 
se  glisser  dans  la  pieuse  lecture,  dit  l'abbé  Rupert(L.  I, 
De  div.  o/fic.  c.  13),  d'oîi  le  terme  Domine^  et  non 
pas  Domne.  II  fait  à  ces  mots  la  génuflexion  comme  un 
humble  suppliant.  [Cxrem.  Episc.  1.  II,  c.  vi.)  Bauldry 


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DES  LEÇONS.  323 

ne  voudrait  pas  que  le  célébrant  paré  la  fît  en  termi- 
nant sa  leçon,  «  excepta  célébrante  parato,  »  (Pars  II, 
c.  XV,  n.  3.) 

Le  chœur,  en  répondant  Deo  grattas ^  remercie  Dieu 
de  lui  avoir  fait  entendre  ainsi  sa  divine  parole.  Les 
leçons  des  trois  derniers  jours  de  la  semaine  sainte  et 
de  l'office  des  morts  n'ont  pas  cette  conclusion,  parce 
que  le  lecteur  et  les  assistants  ne  sont  occupés  que 
des  défunts  ou  de  la  Passion  du  Sauveur. 

La  conclusion  des  leçons  nous  amène  à  parler  du 
Titre  qui  se  trouve  au  commencement  de  chacune,  à 
moins  qu'elle  ne  soit  une  lé«:ende  de  saint.  II  annonce, 
en  caractères  identicpies  aux  leçons,  le  livre  de  l'Ecri- 
ture et,  d'une  manière  générale,  le  discours  ou  Tho- 
mélie  des  Pères  d'où  elles  sont  extraites  :  De  libro  Gène- 
sis,  —  Sermo  sancti  Bieronymi  Presbyteri.  —  Lectio 
SanctiEvangelii  secundum  Lucam,  —  Homilia  sancti 
Germaniy  episcopi.  On  doit  lire  ces  titres,  et  laisser 
les  indications  plus  précises  qui  suivent  mais  en  plus 
petits  caractères;  ainsi,  pour  ceux  que  nous  avons  cités 
en  exemple  :  Cap.  2.  —  De  Assumpt.  B.  M.  V.  —  In 
Prœsent.  Deiparm^  etc. 

Aucune  leçon  ne  peut  être  affectée  à  un  office  sans 
l'approbation  du  Saint-Siège.  (31  jul.  1665.)  Celles  qui 
sont  approuvées  pour  un  diocèse  ne  le  sont  pas  par 
cela  même  pour  un  autre;  les  mêmes  motifs  de  con- 
cession peuvent  ne  pas  exister.  (Gav.  sect.  III,  c.  xii, 
n.  14.)  Dans  le  doute  s'il  y  a  une  approbation  suffisante, 
il  faut  s'en  tenir  au  bréviaire  commun.  (22  aug.  1818.) 
Si  Toffice  concédé  n'avait  pas  encore  de  leçons  assi- 
gnées, on  prendrait  celles  du  commun,  en  se  confor- 
mant à  la  rubrique  générale  pour  le  premier  nocturne. 
(20  mars  1683.) 

Le  chœur  est  assis  et  couvert  pendant  les  leçons, 
comme  on  s'assied  ordinairement  en  écoutant  une  lec- 
ture, excepté  toutefois  pendant  le  texte  de  l'Évangile 


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324         LBS  £LBMBNTS  DJSS  HEURES  GANOl^IALES. 

qui  précède  la  7*  leçon  et  quelquefois  la  9*  :  Prohi- 
bendum  est  non  modo  clericis,  sed  etiam  iaîcis,  disait 
saint  Pierre  Damien,  ut  nisi^  sicut  mos  est^  inter  noc- 
turniofficiilectionesnemo  sedeat.  »  (Opusc.  33.)  Le  lec- 
teur était  assis  lui-même  autrefoi?^  au  moins  en^plu- 
sieurs  Eglises,  alors  que  les  leçons,  comme  nousTavons 
vu,  étaient  beaucoup  plus  longues.  «  Légat  frater 
folia  tria  et  oret,  disait  la  règle  de  saint  Césaire  d'Ar- 
les, legat  alia  tria^  et  levet  se,  »  Il  reste  debout  aujour- 
d'hui et  doit  tenir  ses  mains  appuyées  sur  le  livre, 
comme  font  le  prêtre  et  le  sous-diacre  à  la  messe,  en 
lisant  Tépitre. 

Les  leçons  se  chantent  r^c/o  ^ono,  excepté  Tinflexion 
qui  se  fait  à  la  fin  de  chaque  phrase,  et  de  ut  en  fa 
sur  la  dernière  syllabe  et  sur  celle  de  la  conclusion.  A 
Tofûce  des  Ténèbres  on  termine  les  leçons  avec  Tin- 
flexion  finale  des  psaumes,  les  Lamentations  exceptées, 
etàToffice  des  morts  comme  à  celui  des  Ténèbres. 

Telles  sont  les  notions  générales  que  nous  avions  à 
donner  sur  les  leçons.  Celles  du  premier  nocturne 
sont  toujours  empruntées  à  l'Ancien  ou  au  Nouveau 
Testament,  moins  TEvangile.  Celles  du  2®,  aux  légendes 
des  saints,  ou  aux  écrits  des  Pères;  et  celles  du  3®,  à 
une  homélie  sur  l'Évangile  de  la  fôte  ou  du  jour. 
Les  règles  ne  sont  plus  les  mêmes  quand  l'office  n'a 
qu'un  nocturne  :  tout  ceci  requiert  des  explications 
particulières,  objet  des  numéros  suivants. 

NO  2.  —  Leçons  du  I''  Nocturne. 

Leur  objet.  —  Diviâioa  des  livres  saints  dans  l^année  liturgique.  — 
L*Ecriture  occurreote.  —  Le  commencement  d*un  Livre  et  ses  rè- 
gles. —  L'histoire  des  Machabées. 

Les  Leçons  du  1"  nocturne,  avons-nous  dit,  sont 
toujours  de  lAncien  ou  du  Nouveau  Testament,  àl'ex- 
ceptioa  de  l'Évangile  qui  est  réservé  au  3*  nocturne. 
L'Écriture  Sainte,  en  effet,  élément  le  plus  ancien  de 


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DES  LEÇONS. 

Toffice  par  les  psaumes,  devait  s'y  trouver  encor 
premirr  rang,  comme  sujet  de  lecture.  Nous  i 
même  vu  que,  daus  les  premiers  siècles,  en  cerl 
Éiilises  du  moins,  les  leçons  n'étaient  prises  que 
les  livres  saints.  Un  vestige  do  cet  ancien  usage 
est  resté  dans  Torfice  férial,  quand  il  n'a  pas 
mélie,  et  dans  celui  des  morts. 

L'ofjce  d'un  seul  nocturne,  qui  n'a  pasd'hc 
ou  un  saint  pour  objet,  emprunte  ses  trois  leçor 
sainte  Écriture.  Quand  cet  office  est  d'un  saint,  1j 
mière  leçon  est  toujours  de  l'Écriture,  et  ai 
2®,  si  la  légende  du  Saint  n'en  formait  qu'un 
a  voulu  nous  faire  lire  ainsi  dans-  Tofûce  divin  la  ] 
de  Dieu,  comme  on  faisait  dans  les  temps  ancie 
par  respect  pour  cette  divine  parole. 

Toute  la  sainte  Écriture  ne  pouvait  trouver 
dans  les  leçons  du  1"  nocturne,  à  cause  de  leui 
veté  ;  mais  chacun  des  livres  y  est  représenté,  e: 
deux  ou  trois  de  moindre  importance  :  les  Juges, 
et  fîsrfra^;  excepté  aussi  le  saint  Évangile,  qui  est  \ 
du  3®  nocturne  :  «  Ex  praedictis  libris  aliquid  quo 
est  legendum  »,  dit  Qavantus. 

Ces  livres  sont  disposés  dans  un  certain  ordi 
le  même  auteur  appelle  Ordo  Ecclesiasticas  par 
sition  à  VOrdre  biblique  et  chronologique.  Le 
de  Gratien,  au  xii«  siècle,  indiquait  déjà  cet 
presque  le  même  que  celui  de  nos  jours.  (Cap.  il 
Romana  distinct,  xv.)  Ainsi  l'aurait  formulé,  d 
Mérati,  saint  Grégoire  VU  gui  confirmait  une 
que  dvîjà  observée  dans  TEglise  de  Rome.  (s( 
c.  XII,  n.  4.)  Voici  cet  or.ire  indiqué  dans  le  d 
le  Penfateuqne^  depuis  la  Septuagésime  jusq 
quinzaine  de  la  Passion.  —  Jéréme,  pendant 
quinzaine.  —  Les  Homélies  sur  l  Éoangile,  à  I 
et  pendant  son  octave.  —  De  l'octave  do  I 
inclusivement    à  la  Pentecôte  :  VApocalypsi 


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326         LES  ËLËMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Actes  des  Apôtres  et  les  Epîtres  canoniques,  —  De 
la  Pentecôte  au  mois  d'août  :  les  Livres  des  Rois  et  des 
Paralipomènes,  —  Au  mois  d'août,  Salomon.  —  En 
septembre  Job^  Tobie^  Esther  :  et  Esdras,  —  En  octo- 
bre, les  Machabées.  —  En  novembre:  Ezéchiel^  Da- 
niel et  les  Petits  Prophètes.  —  Isaïe  pendant  TA  vent. 
B  Noël  à  la  Septuagésime,   les  Epîtres  de  saint 

ici  Tordre  actuel  : 
iidant  TA  vent  :  Isaîe. 
Noël  à  la   Septuagésime  :  les  Epîtres  de  saint 

la  Septuagésime  au  dimanche  de  la  Passion  :  la 

se  et  V Exode. 

adant  la  quîYizaine  de  la;Passion  :  Urémie. 

rant  le   Temps   Pascal  :  les  Actes    des  Apôtres^ 

^calypse,  l'Epître  de  saint  Jacques,  les  deux  Epîtres 

lint  Pierre,  les  deux  premières  Epîtres  de  saint 

et  celle  de  saint  Jude. 

la  Pentecôte  au  mois  d'août  :  les  IV  Livres  des 

mois  d'août  :  Les  Proverbes,  tEcclésiaste,  la  Sa- 
,  l  Ecclésiastique. 

septembre  :  Tobie,  Judith,  Esther,  Job. 
octobre  :  Les  deux  Livres  des  Machabées. 
novembre  enfin  :  Ézéchiel,  Daniel,  et  les  douze 
Prophètes  K 

fous  trouvons  en  tête   de  plusieurs  bréviaires  les  vers 
Lts  qui  indiquent  cet  ordre  : 

Disce  per  hoc  scriptum  quid  sit,  vel  quando  legendum. 
Adventus  proprie  vult  sermones  Isaiae. 
Post  Natale  sacrum  récitât  sacra  lectio  Paulum. 
Quinque  llbros  Moysi  tibl  Septua  Quadraque  misit. 
Vult  sibi  scripta  legi  Jeremise  Passio  Christi. 
ictus  Apostolicus  sequitur  post  Pascha  legendus. 
Elinc  Apocalypsim  lege,  Canonicasque  vicissim. 
Post  Pentecosten  Hegum  liber  exit  in  hostem. 
[nde  per  Augustunî  retinet  Sapientia  scutum. 


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DÈS  LEÇONS.  327 

Ne  figurent  pas  dans  celte  liste  :  Les  trois  derniers 
livres  du  Pentateuque^  Josué,  lesJuges^  Ruth^Esdras^ 
les  Paralipomènes,  les  Psaumes,  le  Cantique  des  Canti- 
ques^ et  la  3®  épître  de  saint  Jean.  En  voici  la  raison  : 
nous  lisons  les  Paralipomènes  à  l'office  de  la  Dédi- 
cace, et  le  Cantique  des  Cantiques  à  plusieurs  fêtes 
delà  Sainte  Vierge,  comme  celles  de  la  Nativité,  del'As- 
somption,  du  saint  Cœur  de  Marie, de  sa  Pureté,  etc.. 
Le  Pentateuque  est  suffisamment  représenté  par  la 
Genèse  et  TExode.  Le  livre  de  Josué  n'est  que  la  con- 
tinuation ou  le  complément  du  Pentateuque;  Ruth^ 
qu'un  appendice  du  Livre  des  Juges^  qui  a  beaucoup 
de  rapport  dans  ses  conclusions  pratiques  pour 
nous  avec  celui  des  Rois.  Esdras^  regardé  comme  l'an* 
leur  des  Paralipomènes^  et  aussi  des  3*  et  4®  livres 
des  Rois  par  ^plusieurs,  a  déjà  sa  place  dans  les 
leçons  du  bréviaire.  Les  psaumes  sont  déjà  récités 
avant  les  leçons,  et  enfin  la  3^  Épître  de  saint  Jean 
n'a  d'intérêt  général  que  dans  quelques-uns  de  ses 
versets. 

Les  auteurs,  et  surtout  Ga  van  tus  qui  résume  ici  Ama- 
laire,  l'abbé  Rupert  et  Durand  de  Monde,  ont  cherché 
la  raison  de  Tordre  que  la  rubrique  assigne  aux  livres 
sacrés,  dans  les  leçons  du  bréviaire;  M'.  Bacuez  a 
parfaitement  commenté  ces  auteurs  en  rattachant  leurs 
pensées  à  une  division  générale  de  l'office  qui  s'inspire 
des  mystères  du  Sauveur  et  que  nous  avons  adoptée, 
(voir  notre  t.  I  du  bréviaire^  p.  110  et  IH.) 

«  Gomme  ces  mystères,  tableau  vivant  des  disposi- 
tions du  Sauveur,  dit-il,  les  livres  de  la  Sainte  Écriture 
autre  expression  de  son  esprit,  remplissent  le  saint 
office  et  se  partagent  le  cours  de  Tannée.  Or  il  y  a 

Per  totum  mensem  Sapiens  Salomon  tenet  ensem. 
Gantât  September  Job,  Tobiam,  Judith,  Esther. 
X  Octobri  mense  Machabsea  trophsea  recense. 
Isti  Ezechiel,  Daniel  durabunt  mense  Novembri. 
Postea  tu  répètes  bis  sex  in  une  Propbetaa. 


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328         LES  ËLtMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

entre  les  uns  et  les  autVes  un  rapport  trop  sensible  et 
une  harmonie  trop  soutenue  pour  que  cette  correspon- 
dance puisse  venir  du  hasard.  Voici,  du  reste,  dans 
quel  ordre  ces  livres  se  succèdent,  et  à  quelle  époque 
ils  se  trouvent  placés. 

Durant  TA  vent,  c'est-à-dire  dans  l'attente  de  la  Na- 
tivité, on  lit  les  prophéties  d'isaïe,  Tévangélisté  anti- 
cipé du  Verbe  fait  chair. 

De  Noël  à  la  Septuagésime,  alors  qu'on  doit  com- 
mencer une  vie  nouvelle  avec  Jésus-Christ,  on  lit  saint 
Paul,  l'Apôtre  par  excellence  du  Dieu  Sauveur,  celui 
qui  a  prêché  avec  le  plus  de  zèle  sa  venue  en  ce 
monde,  et  qui  fait  le  mieux  connaitre  les  fruits  qu'il 
doit  produire  dans  lésâmes. 

A  la  Septuagésime,  où  s'annonce  le  temps  de  la  pé- 
nitence, on  prend  la  Genèse,  pour  se  rappeler  la  péché 
du  premier  homme,  cause  de  notre  chute,  et  toutes  les 
misères  dont  Notre-Seigneur  nous  a  délivrés  par  sa 
mort. 

Jérémiese  lit  entre  la  Passion  et  Pâques,  parce  qu'il 
a  prédit  et  figuré,  plus  clairement  qu'aucun  autre,  les 
souifrancesdu  Sauveur. 

Après  Pâques  viennent  les  Actes  des  Apôtres,  qui 
montrent  les  fruits  de  la  r<5surrection  du  Sauveur,  et 
retracent  les  origines  de  l'Église,  la  ferveur  des  pre- 
miers fidèbs;  puis  l'Apocalypse,  évangile  du  Sauveur 
triomphant,  révélation  merveilleuse  du  royaume  qu'il 
s'est  ac{uis  et  de  la  gloire  oîi  il  est  entré  par  son  As- 
cension; enfin  les  épitres  de  saint  Jacjues,  de  saint 
Pierre,  de  saint  Jean,  et  de  saint  Jude,  qui  toutes  ren- 
dent hommage  au  Sauveur  ressuscité  et  à  la  puissance 
merveilleuse  de  sa  grâce. 

Aussitôt  après  la  Pentecôte,  on  reprend  la  suite  des 
livres  historiques,  interrompue  au  temps  de  la  Passion. 

Les  ecclésiastiques,  destinés  à  remplacer  sur  la 
terre  le  Pontife  sùprômë,  trouvent,  dans  les  livres 


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DES  LEÇONS.  329 

des  Rois,  des  modèles  en  rapport  avec  leur  vocation. 
C'est  Samuel,  ce  lévite  selon  le  cœur  de  Dieu,  qui  mé- 
rita, par  son  innocence  et  son  dévouement,  d'être 
substitué  aux  enfants  d'Héli  dans  le  gouvernement 
d'Israël;  c'est  Saûl,  choisi  d'abord  pour  ses  excellentes 
qualités,  puis  rejeté  pour  son  orgueil  et  son  ingrati- 
tude; c'est  David,  tour  à  tour  pasteur  de  troupeaux  et 
pasteur  des  peuples,  persécuté  et  victorieux,  pécheur 
et  pénitent;  c'est  Salomon,  si  sage  et  si  fidèle  dans  sa 
jeunesse,  ensuite  si  aveugle  et  si  coupable;  enfin  ce 
sont  les  prophètes  Élie  et  Elisée,  ^qui  soutiennent,  au 
péril  de  leur  vie,  le  culte  du  vrai  Dieu.  Suivant  Ru- 
pert,  les  deux  premiers  de  ces  livres,  où  l'on  voit  Da- 
vid, en  butte  à  mille  ennemis,  sortir  de  toutes  les 
épreuves  et  s'asseoir  glorieux  sur  le  trône,  rappellent 
les  combats  que  l'Église  eut  à  soutenir  aussitôt  après 
la  Pentecôte,  et  la  victoire  qu'elle  finit  par  remporter 
sur  ses  persécuteurs.  Les  derniers,  qui  s'ouvrent  par 
la  séparation  des  deux  royaumes  et  qui  sont  pleins 
des  récits  les  plus  affligeants,  sont  une  allusion  aux 
schismes  et  aux  hérésies  qui  succédèrent  aux  persécu- 
tions, et  qui  enlevèrent  plus  d'enfants  à  l'Église  que 
les  tortures  des  plus  cruels  tyrans. 

A  la  suite  des  hérésies  et  des  persécutions,  sont 
venus  les  grands  Docteurs,  appelés  de  Dieu  à  éclairer 
l'Église  et  à  faire  estimer  et  respecter  sa  doctrine. 
Aussi  les  livres  Sapientiaux  :  les  Proverbes,  l'Ecclé- 
siaste,  la  Sagesse,  l'Ecclésiastique,  succèdent-ils  aux 
Rois.  On  les  lit  dans  le  mois  d'août,  pour  fortifier  la 
foi  et  animer  la  charité  et  la  ferveur. 

Dans  les  mois  de  septembre  et  d'octobre,  les  exem- 
ples viennent  encore  à  l'appui  des  conseils.  On  voit 
dans  les  histoires  de  Job,  des  deux  Tobie,  de  Judith, 
d'Esther,  les  plus  beaax  traits  de  force,  de  justice,  de 
tempérance  et  de  prudence.  Chacune  de  ces  vertus  est 
mite  à  l'épreuve,  et  toutes  sent  récompeasées  suivant 


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330       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

leur  mérite.  Les  victoires  des  Machabées  nous  rappel- 
lent en  outre  que  la  vie  présente  est  une  lutte  conti- 
nuelle, que  notre  âme  est  entourée  d'ennemis  aussi 
bien  que  l'Église,  et  que,  pour  l'une  comme  pour  l'au- 
tre, il  n'y  a  de  vrai  soutien  qu'en  Dieu,  et  de  repos 
qu'au  ciel. 

Enfin,  dans  le  dernier  mois,  Ezéchiel,  Daniel,  et  les 
autres  prophètes,  dont  les  oracles  ont  soutenu,  animé, 
consolé  l'ancien  peuple  jusqu'aux  approches  du  Messie, 
viennent  renouveler  leurs  exhortations  et  leurs  promes- 
ses, et  annoncent  Tavénement  prochain  du  Fils  de 
Dieu. 

Ainsi  chaque  livre,  soit  de  TAncien  Testament,  soit 
du  Nouveau,  vient  à  son  tour,  au  moment  de  Tannée 
où  Ion  est  le  mieux  disposé  pour  le  comprendre  et  pour 
en  profiter;  et,  loin  de  distraire  l'esprit  du  mystère 
que  l'on  célèbre,  il  offre  un  moyen  de  plus  pour  en  sai- 
sir le  sens  et  pour  s'en  pénétrer.  »  (Le  saint  office^ 
divisions  générales.) 

Les  saints  h  vres,  ainsi  distribués  dans  les  différentes 
parties  deTannéeliturgique,  forment  dans  le  bréviaire, 
au  propre  du  Temps,  ce  qu'on  appelle  l'Écriture  occur- 
rente.  (L'Ecriture  qui  est  marquée,  quœ  occurrit^  à  cha- 
que jour  de  ces  divers  Temps  liturgiques,  divisés  en 
semaines.)  C'est  là  qu'on  prend  les  leçons  du  i^^  ou,  en 
partie,  de  Tunique  nocturne,  à  moins  que  la  rubrique 
particulière  n'en  désigne  d'autres,  ce  qui  arrive  géné- 
ralement en  certaines  fêtes  plus  solennelles  :  ainsi  cel- 
les du  rit  double  majeur  et  au-dessus,  des  Docteurs 
et  de  quelques  autres,  comme  :  les  Stigmates  de  saint 
François  d'Assise,  saint  Joseph  Cupertin,  etc..  On  a 
voulu  donner  à  ces  fêtes  des  leçons  qui  leur  fussent 
plus  appropriées;  mais  elles  ne  sont  pas  moins  emprun- 
tées, dans  ce  cas,  à  l'Ecriture  Sainte.  Les  jours  dans 
une  octave,  y  compris  le  huitième,  ont  généralement 
au  !••*  nocturne  les  leçons  de  l'Ecriture  occurrente,  à 


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^^m^^^:^:^C'- 


DSS  LEÇONS.  331 

moins  que  le  bréviaire,  comme  en  roctavede  TAssomp- 
tion,  ne  marque  autrement.  Ces  jours  n'ayant  que  le  rit 
double  ou  semi-double,  ne  devaient  pas  avoir  ordinai- 
rement le  privilège  du  rit  supérieur,  quand  une  raison 
spéciale  ne  le  demandait  pas. 

Lorsque  le  Propre  des  Saints  indique  TEcriture  oc- 
currente,  et  qu'à  la  férié  où  l'on  se  trouve,  il  n'y  a 
qu'une  homélie  de  FEvangile,  comme  pendant  le  Ca- 
rême, les  Quatre-Temps  et  les  Rogations,  on  prend  au 
Commun  des  saints  les  leçons  du  l^^  nocturne.  Il  faut 
excepter  cependant  les  jours  d'une  octave  dont  la  fête 
môme  aurait  des  leçons  propres;  on  prend  alors  ces 
leçons,  et  non  celles  du  commun,  si  la  férié  n'a  pas 
d'Ecriture  occurrente.  (Gav.  De  Lectionibus,  n.  14.) 

L'office  du  Commun  des  Saints  a  toujours,  en  effet, 
à  son  premier  nocturne  des  leçons  de  l'Ecriture  pour 
satisfaire  au  cas  précédent  et  à  celui  d'un  office  plus 
solennel  qui  n'aurait  pas  de  leçons  propres. 

Quelquefois  même,  outre  ces  leçons  du  commun  au 
!•'  nocturne  (et  aussi  au  2®  et  au  3®)  on  en  trouve  d'au- 
tres à  la  fin  du  même  Commun.  Les  premières  indi- 
quées dans  l'office  même  s'appellent  alors  :  les  leçons 
1°  loco;  et  les  autres,  2°,  3°  loco.  Cette  variété  de  leçons 
est  quelquefois  demandée  par  l'objet  même  de  la  fête. 
Quand  on  doit  dire  celles  du  commun,  sans  autre  indica- 
tion dans  le  bréviaire  ou  dans  l'ordo,  c'est  le  3®  nocturne 
qui  règle  celles  à  prendre,  et  l'ordre  est  le  même.  (23 
mars  1835.)  S'ilarrivaitquelesleçonsdu3®nocturne  ne 
fussent  pas  indiquées  au  moins  par  l'Evangile  de  la 
Messe,  on  les  déterminerait  alors  d'après  l'oraison,  si 
elle  était  du  commun.  (11  sept.  1845.)  Enfin,  dans  le 
cas  où  ni  l'Evangile,  ni  l'oraison  ne  seraient  du  com- 
mun, on  choisirait  les  leçons  qui  paraîtraient  plus  en 
harmonie  avec  la  fête.  (23  juin  1736.) 

On  ne  peut  pas  évidemment  réciter  en  entier  les  li- 
vres de  l'Ecriture  distribués  dans  le  cours  de  Paanée; 


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»lt        LB8  tLtMBNTS  DIS  HIURBS  GAN0NIALB8 

mais  le  commencement  de  ces  livres  est  toujours  in- 
séré dans  Toffice;  c'est  ce  qu'on  appelle  en  style  litur- 
gique :  Le  commencement  de  f  Ecriture,  Initia  S.  Scrip^ 
turx.  On  prend  ici  la  partie  pour  le  tout.  Le  commen- 
cement de  TEcriture  se  lit  ordinairement  le  dimanche, 
premier  jour  de  la  semaine.  Si  Tuf  fiée  de  ce  jour  avait 
au  l*""  nocturne  des  leçons  propres,  on  commencerait 
le  livre  au  premier  jour  non  empêché.  Quand  plusieurs 
livres  de  l'Ëcriture  doivent  être  commencés  dans  la 
même  semaine,  il  peut  se  faire,  à  cause  des  empêche- 
ments survenus,  que  quelqu'un  d'entre  eux  ne  le  puisse 
pas  être  aux  fériés  suivantes;  on  anticipe  alors  aux 
fériés  précédentes.  {Rub.  gen.  n.  7.) 

La  translation  ou  l'anticipation  du  commencement 
de  rÉcriture  doit  se  faire,  quand  même  on  devrait 
commencer  plusii'urs  livres  le  même  jour;  mais  à  con- 
dition que  ce  soit  dans  la  semaine,  et  jamais  le  di- 
manche. 

Il  n'est  jamais  permis  non  plus  de  faire  cette  trans- 
lation ou  anticipation  en  dehors  de  la  semaine  qui  lui 
est  assignée;  c'est  ce  que  nous  devons  conclure  du  n®  7 
de  la  rubriquî,  avec  Gavaiitus  (Sect.  V,  c.  xii,  n.  12) 
et  Cavalieri  (Tom.  II,  decr.  312,  n.  1.)  La  semaine 
suivante  ou  la  précédente  ayant  son  livre  ou  ses  livres 
saints  à  elle,  il  pourrait  y  avoir  une  trop  grande  con- 
fusion, un  trop  grand  dérangement  d'ordre. 

Les  règles  précédentes  admettent  cependant  les  ex- 
ceptions que  voici  :  i®  Le  dimanche  de  la  Septuagésime, 
on  laisse  les  épitres  de  saint  Paul  qu'on  n'aurait  pas 
lues  encore;  la  Genèse  est  réservée  à  ce  temps-là,  et 
les  épitres  de  saint  Paul  sont  considérées  comme  for- 
mant un  seul  livrequi  a  d  jà  été  commencé,  dit  Gavan- 
tus.  2^  On  laisse  également  les  livres  des  Rois  non 
commrncés,  quand  arrive  le  1®'  dimanche  d'août: 
K  suf/icitenimy  dit  encore  ici  le  savant  liturgiste,  quod 
de  eis  ieetuisitpHmuêf  velseeundus  liber,  n  3*  Si  l'on 


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DES  LESONS.  333 

faisait,  avant  le  samedi  qui  précède,  l'office  anticipé 
d'un  dimanche  après  FEpiphanie,  on  lirait  les  jours 
suivants  TEcrilure  assignée  à  ce'  dimanche  et  à  sa  se- 
maine, ainsi  que  l'harmonie  semble  le  demander. 
i^  Lorsque,  à  cause  du  nombre  variable  de  dimanches 
entre  laPenteCvîteetrAvent,  lai®  semainede  septembre 
n'a  pas  de  place,  on  anticipe  au  jeudi  précédent  le  com- 
mencementdu  livred'Esther;  c'est  pour  observer  le  prin- 
cipe que  tout  commencement  de  livre  sacré  doit  être  lu, 
à  moins  d'impossibilité.  Ceci  n'a  pas  lieu  pour  la  5®  se- 
maine de  novembre  qui  n'aurait  pas  de  place,  parce 
qu'il  y  a  pour  chacun  de  ses- jours  un  commencement 
d'Ecriture.  On  retranche  alors  la  2®  semaine,  dont  le 
livre  d'Ecriture  occurrente  est  le  même  que  pendant  la 
semaine  précédente.  Chacune  des  semaines  suivantes 
étant  alors  anticipée,  la  5®  devient  la  4®. 

Quand  on  transfère  à  une  autre  férié  le  commence- 
ment d'un  livre,  il  faut  prendre  les  trois  leçons  du 
nocturne,  à  moins  que  la  lecture  du  commencement 
de  plusieurs  livres  n'ait  lieu  le  même  jour,  auquel  cas 
on  ne  prendrait  qu'une  ou  deux  leçons,  selon  l'occur- 
rence. 

Il  pourrait  arriver  que  le  commencement  d'un  livre 
ne  pût  tout  à  la  fois,  ni  être  lu  en  son  jour,  ni  être 
transféré  ou  anticipé  dans  la  même  semaine,  à  cause  de 
leçons  propres  assignées  au  premier  nocturne;  on  le 
récite  alors  à  l'office  de  cette  semaine  qui  est  d'un  rit 
inférieur,  ou,  si  le  rit  est  le  même,  à  celui  qui  est  d'une 
dignité  ou  solennité  moindre,  ou  enfin  à  l'office  du  jour 
auquel  coïncidait  le  commencement  du  livre,  s'il  y 
avait  parité  sous  tous  ces  rapports,  substituant  ainsi  ce 
dernier  aux  leçons  propres.  (5  jul.  1698.  —  27  mart. 
1779.  —  Cavalieri,  tom.  II,  decr.  312,  n.  4,  —  de 
Herdt,  parsiv,  n.  338.)  Le  cas  peut  se  présenter,  sur- 
tout dans  les  4*  et  5*  semaines  de  novembre,  dont  pres- 
que ehacuQ  des  jours  est  assigné  à  quelqu'un  des  petits 
T.  n.  19. 


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334       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Prophètes.  C'est  toujours  en  vertu  du  principe  que  tout 
commencement  d'Ecriture  doit  être  lu,  en  dehors  des 
exceptions  légitimes  que  nous  avons  indiquées. 

Lorsqu'on  transfèreàune  férié  suivantele  commence- 
ment d'un  livre,  il  faut  ensuite,  les  autres  jours,  pas- 
ser aux  leçons  du  même  livre  qui  leur  sont  assignées. 

Les  leçons  de  l'Ecriture  qui  n'ont  pas  de  commence- 
ment de  livre  ne  sont  pas  transférées  ni  anticipées,  la 
raison  ici  n'étant  plus  la  même.  Voici  cependant  deux 
exceptions  à  cette  règle  :  1°  Les  leçons  des  trois  premiers 
jours  de  la  5®  semaine  d'octobre  sont  consacrées  à  l'his- 
toire des  Machabées,  c'est-à-dire,  au  martyre  d'Eléazar, 
d'une  mère  intrépide  et  de  ses  sept  enfants,  sous  An- 
tiochus  Epiphane;  mais  ces  leçons  ne  commencent  pas 
le  second  livre  des  Machabées,  puisqu'elles  sont  extrai- 
tes du  chap.vi®;  et  cependant,  quandlaS®  semained'oc- 
tobren'a  pas  de  place,  on  les  anticipe  aux  trois  derniers 
jours  delà  semaine  précédente.  [Rub.part,  au  jeudi  de 
la  IV®  sem.  d'ocL)  L'Eglise  veut  ainsi  nous  mettre  cha- 
que année  sous  les  yeux  la  foi  héroïque  de  ces  martyrs 
de  l'ancienne  Loi.  On  ne  doit  pas  cependant  les  anticiper 
au  delà  du  jeudi,  et  on  les  omettrait  si  les  trois  derniers 
jours  de  la  4®  semaine  se  trouvaient  empêchés.  {Rub, 
part.)  Les  autres  jours,  en  effet,  sont  déjà  pris  par  le 
commencement  du  livre.  Si  le  jeudi  de  cette  semaine 
était  seul  empêché,  ou  même  le  vendredi,  on  ne  pren- 
drait pas,  le  jour  suivant,  le  commencement  de  l'his- 
toire, mais  la  continuation  par  les  leçons  assignées  au 
lundi  ou  au  mardi  de  la  5®  semaine.  Il  ne  fallait  pas  tout 
à  fait  assimiler  ces  chapitres  des  Machabées  à  un  com- 
mencement délivre,  chacune  des  trois  leçons,  du  reste, 
renferme  un  récit  complet  :  le  martyre  d'Eléazar, 
ou  celui  des  enfants  et  de  leur  mère.  Le  silence 
de  la  rubrique  sur  ce  point  laisse  subsister  le  prin- 
cipe général,  et  ainsi  l'ont  interprété  les  auteurs. 
(De  Herdt  et  autres.)  Quand  la  S®  semaine  d'octobre  n'est 


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•DES  LEÇONS.  335 

pas  supprimée,  "si  quelqu'un  des  premiers  jours  assi- 
gnés à  l'histoire  des  Machabées  est  empêché,  on  prend 
au  premier  jour  libre  Je  commencement  de  cette  histoire, 
qu'on  peut  laisser  inachevée,  si  les  jours  suivants  n'en 
permettent  pas  la  continuation.  {Rub,  part.)  Rien  n'o- 
blige, en  effet,  d'unir  ensemble  les  leçons  de  plusieurs 
fériés  afin  de  terminer  cette  histoire,  on  le  pourrait 
cependant.  {Mub.  gén.  n.  3, 4  et  6.) 

2*  La  seconde  exception  concerne  les  dimanches 
de  la  Sexagésime  et  de  la  Quinquagésime,  ainsi  que  les 
2®,  3®,  et  4»  dimanches  de  Carême,  dont  les  le- 
çons, au  1®'  nocturne,  ne  commencent  pas  de  Livres.  Si 
l'un  de  ces  dimanches  est  empêché  par  une  fête  plus 
privilégiée  qui  a  ses  leçons,  on  transfère  celles  du  l®"* 
nocturne  du  dimanche  au  premier  jour  qui  n'en  aurait 
pas  de  propres.  (26  nov.  1735—  13jan.  1877  — i4c/. 
S.  Sedisy  vol.  10,  fol.  95.)  Ces  leçons,  en  effet,  commen- 
cent l'histoire  des  principaux  personnages  de  l'Ancien 
Testament  :  Noé,  Abraham,  Jacob,  Joseph  et  Moïse. 

Ici  se  termine  notre  explication  sur  les  leçons  du  1" 
nocturne  ou  de  la  Sainte  Ecriture;  les  détails  qui  pour- 
raient manquer  encore  sont  dans  la  rubrique  même 
donnée  plus  haut,  et  n'ont  pas  besoia  de  commentai- 
res. Si  nous  devons  lire  ou  écouter  avec  attention 
toutes  les  leçons  de  l'office,  à  plus  forte  raison  celles-là, 
d'après  le  conseil  de  saint  Paul  à  Timothée  :  attende 
kctioni.  (I  Tim.  IV,  13.)  Omnis  scriptura  divinitus  ins- 
pirata  utilis  est  ad  docendum^  adarguendum^adcorri-- 
piendum,  ad  erudiendum  in  justitiâ,  ut  perfectus  sit 
homo  Deiy  ad  omne  opus  bonum  instructus.  (Il  Tim. 
16  et  17.)  «  La  Sainte  Ecriture,  dit  saint  Grégoire, 
est  comme  un  miroir  où  nous  pouvons  constater 
l'état  de  notre  âme.  Là,  nous  reconnaissons  ce  qu'il  y  a 
de  beau  ou  de  répréhensible;  nous  constatons  nos 
progrès  ou  notre  éloignement  de  la  perfection.  Des 
traits  édifiants  y  sont  rapportés  pour  exciter  notre 


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13e    LBS  tLÉMBNTS  DBS  HBURBS  CANONIALES. 

oourage;  maUon  y  voit  aussi  des  défaillances,  afin 
de  nous  maiiite.nr  daas  la  vigiianca  et  dans  la  crainte 
de  Dieu.  )»  {In  Mor.  ii,  1.) 

Ifo  8,  ^  Leçons  du  II*  Ifootuma. 

Les  légendes  des  saints  et  les  extraits  des  Pères  dans  le  bréviaire 
romain.  ^  Autorité  des  légendes.  —  Le  lectionnaire  antique.  — 
Obscurité  de  certaines  leçons.  •—  Principes  liturgiques.  — L'oc- 
tayaire  romain. 

Les  leçons  du  second  nocturne  ont  pour  objet  les 
légendes  des  saints  ou  les  extraits  des  Pères. 

On  ne  lisait  tout  d'abord  dans  l'office,  avons-nous 
dit,  que  TEcriture  Sainte.  Les  Actes  des  martyrs  et  les 
écrits  des  Pères  n'y  furent  introduits  que  plus  tard. 
Ce  ne  fut  pas  avant  le  viii*  siècle  dans  TEglise  de  Rome, 
d'après  un  ancien  ordo  romain,  conservé  dans  la  bi- 
bliothèque de  saint  Gall,  et  édité  par  le  savant  cardinal 
Tommasi;  nous  y  voyons  qu'avant  le  pape  Adrien  P', 
les  actes  des  martyrs  n'étaient  guère  lus  que  dans 
leur  propre  église.  En  voici  le  texte  :  «  Passiones  sanc- 
torum  vel  gesta  ipsorum^  usque  ad  Hadriani  iemr 
poTQ^  tantummodo  ibi  legebantur^  ubi  ecdesia  ipsius 
sancti  vel  titulus  erat.  Ipse  vero  a  tempore  suo  reci- 
tarijussit^  et  in  ecclesiâ  S.  Pétri  legendas  esse  consti- 
tuit,  »  Mais  l'usage  existait  déjà  au  vi«  siècle  en  France 
et  dans  certaines  Églises  d'Italie.  Ainsi  saint  Benoit 
avait  introduit  parmi  les  douze  leçons  de  son  office,  en- 
tre celles  de  l'Ancien  et  celles  du  Nouveau  Testament, 
les  homélies  des  Pères;  saint  Grégoire  le  Grand  écri- 
vait à  l'évêque  de  Ra venue  de  choisir,  pour  les  lec- 
tures de  l'office  divin,  les  extraits  des  Pères  au  lieu 
de  ses  Morales  sur  Job;  et  saint  Césaire  d'Arles  fait 
mention,  dans  ses  discours,  des  vies  de  saints  et  des 
écrits  des  Pères  qu'on  lisait  de  son  temps  comme  le- 
çons liturgiques.  {Serm.  140  et  300.) 

I<i'u9ï4j[§  de  Ur^  aimi  jL»  vie  des  saints  a  ion  orjgae 


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DBS  LBÇONS.  137 

dans  la  lecture  de  l'Ecriture  Sainte,  où  sont  consignés 
les  traits  édifiants  de  plusieurs  grands  personnages,  et 
dans  celle  des  Actes  des  Martyrs  qui  se  faisait  ancien- 
nement dans  l'assemblée  des  fi.Jèles,  au  rapnnrt  Ha 
Augustin.  (Serm.  2  de  S.  Siephano.) 

Les  commentaires  que  les  évoques  faisaient 
criture  pendant  la  messe,  et  la  lecture  de  leur: 
et  de  celles  du  Pape  à  ce  moment-là,  introd 
aussi  dans  les  leçons  de  Toffice  les  écrits  des 

Paul  diacre  (770)  aurait  le  premier,  d'aprèî 
tus,  composé  les  légendes  du  bréviaire  roma 
cette  assertion  est  insoutenable,  dit  Mérati  :  < 
suoplacito  verilatem  minime  est  assecutus  », 
rien  ne  prouve  que  cet  auteur  ait  écrit  aucun 
saint.  C*est  le  Liber  Ponti/icalis  qui  a  fourni  le 
des  des  Papes  anciens.  (Voir  notre  tome  I  de  h 
p.  183  note.)  Le  bréviaire  romain  fut  revu  ds 
partie  des  légendes,  et  avec  la  plus  grande  al 
parles  cardinaux  Bellarmin  et  Baronius,  qui  en 
chèrent  tout  ce  qui  n'était  pas  suffisamment 
Qément  VIII  approuva  leur  travail. 

Tous  les  saints  dont  l'office  est  au  moins 
semi-double  ont  une  légende  au  bréviaire; 
d'exception  que  pour  saint  Georges,  martyr  (2 
par  défaut,  peut-être,  de  documents  authe 
Il  en  est  de  même  généralement  des  autre 
du  rit  simple  ou  pour  lesquels  une  mémoii 
est  indiquée,  à  cause  de  leur  occurrence  fixe 
autre  office.  La  légende  sert,  dans  ce  dernier  c 
leçon,  à  moins  d'empêchement  légitime.  Non 
dit  généralement^  parce  que  plusieurs  de  ce 
n'ont  pas  de  légende,  soit  pour  le  motif  indic 
haut,  ainsi  saint  Valentin  du  14  février  et  le 
Martyrs  du  29  juillet;  soit  parce  qu'ils  coïncid 
jours  avec  une  vigile  dont  l'homélie  sur  l'Evang 
la  lég^ode  iautile  comme  9®  leçon,  ou  parce  qu( 


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338         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

occurrent  n'admet  pas  de  9*  leçon  étrangère,  ainsi  saint 
Télesphore  la  veille  de  l'Epiphanie,  et  saint  Hygin 
dans  son  octave;  ainsi  saint  Romain,  le  9  août,  veille 
de  saint  Laurent,  et  saint  Eusèbe,  le  14,  veille  de  l'As- 
somption; soit  enfin  parce  qu'ils  arrivent  toujours  en 
^  le  dont  les  fériés  ont  une  homélie  sur  TEvangile, 
ns  l'octave  de  Pâques  qui  n'admet  pas  de  leçon 
^ère,  ainsi  saint  Lucius,  et  les  saintes  femmes 
tue  et  Félicité,  dans  le  mois  de  mars. 
:e  exception  nous  rappelle  en  tout  cas,  le  temps 
actes  des  martyrs  et  la  vie  des  saints  n'étaient 
icore  admis  dans  les  leçons  de  l'office, 
int  aux  leçons  des  Pères,  c'est  Alcuin  et  le  diacre 
fui,  sur  l'instigation  de  Charlemagne,  en  auraient 
Lard  composé  le  premier  recueil  complet  pour 
ô  cours  de  l'année,  auquel  on  donna  le  nom  de 
mnaire.  Une  lettre  de  Charlemagne  lui-même  aux 
irs  de  ses  Etats,  reproduite  par  Mabillon  (Tom. 
n.  Benedict)  et  publiée  avant  lui  par  le  Char- 
Surius,  en  1576,  nous  fait  connaître  ce  fait.  Ce 
1  avait  pour  titre  :  Opiis  prœclarum  omnium  ho- 
*um  et  postillarum  ven&abilium  ac  egregiorum 
rum  Gregorii,  Augusttniy  Hieronymi^  Ambrosii, 
Ericiy  Leonis,  Maximi,  Joannis  Episcopi,  atqice 
nis,  integraliter  de  Tempore  et  sanctis  totiusanni 
um^  cum  qtiibusdam  eorum  sparsim  interpositts 
nibus  hinc  indesuis  locis  collée tis^coaptis  tempo- 
inpartem  hyemalem  et  œstivam  divisum, 
a  dans  le  bréviaire  romain,  aux  deuxièmes  et  aux 
imes  nocturnes,  plus  de  1300  leçons  différentes, 
des  Pères,  des  Docteurs,  ou  de  simples  écrivains 
iastiques.  Les  plus  beaux  noms  de  la  tradition 
lique  soit  grecque  soit  latine  brillent  parmi  ces  au- 
:  saint  Cyprien,  saint  Hilaire,  saint  Athanase, 
lUx  saints  Cyrille  de  Jérusalem  et  d'Alexandrie, 
Basile,  saint  Grégoire  de  Nazianze,  saint  Am- 


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DES  LEÇONS^  339 

broise,  saint  Augustin,  saint  Jérôme,  saint  Jean  Chry- 
sostome,  saint  Léon,  saint  Grégoire  le  Grand,  saint 
JeanDamascène,  saint  Bernard,  saint  Thomas  d'Aquin, 
saint  Bernardin  de  Sienne,  etc.  La  Bulle  dogmatique 
Ineffabilis  de  Pie  IX  a  fourni  à  roffice  de  l'Immaculée 
Conception  et  de  son  octave  les  leçons  du  2®  nocturne. 

Ces  leçons,  ces  légendes  des  saints  forment,  sans 
contredit,  un  des  plus  riches  recueils.  Les  actes  de  nos 
martyrs,  les  vertus  et  les  principaux  faits  de  nos  héros 
chrétiens  y  sont  admirablement  résumés,  et  nous 
avons,  dans  les  extraits  des  Pères  et  des  Docteurs,  des 
enseignements  toujours  utiles,  parfois  profonds  et 
sublimes  sur  TEcriture,  le  Temps  liturgique  et  les  di- 
vers mystères.  Des  critiques  exagérés,  mus  souvent, 
implicitement  du  moins,  par  trop  de  préventions  con- 
tre les  traditions  romaines  d'une  part,  et  de  l'autre, 
par  un  trop  grand  enthousiasme  pour  les  bréviaires 
gallicans,  ont  porté  sur  nos  leçons  des  jugements  trop 
sévères,  et  même  injustes.  D'après  eux,  les  légen- 
des des  saints  ne  sont  pas  toujours  fondées  sur  les 
principes  d'une  critique  vraie,  et  plusieurs  sont  faus- 
ses, cDmme  l'ont  prouvé,  disent-ils,  l'abbé  Fleury, 
Baillet,  Nain  le  Tillemont,  et  Launoy,  (le  dénicheur 
de  saints).  Les  extraits  des  Pères  et  des  docteurs; 
ajoutent-ils,  sont  souvent  obscurs,  d'un  goût  équivo- 
que, empreints  d'un  mysticisme  outré;  on  aurait  pu 
trouver  beaucoup  mieux  dans  la  patrologie  grecque 
ou  latine,  et  le  choix  est  mal  fait.  Ces  critiques  exces- 
sives ou  injustes  sont  de  plus  en  plus  emportées  par  le 
courant  qui  entraine  vers  Rome  et  ses  Pontifes  les  es- 
prits et  les  cœurs,  et  qui  a  produit  si  heureusement 
Tunité  liturgique.  Mais  il  nous  faut  répondre  en  quel- 
ques mots  : 

Deux  objections  principales  étaient  faites  d'abord 
contre  nos  légendes  romaines  :  Pourquoi  tant  de  mi- 
racles, de  dons  surnaturels,  de  faits  héroïques  et  par- 


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340         LBS  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES* 

fois  singuliers?  N'y  a-t-il  pas  là  de  quoi  ébrwiler  la  toi 
du  lecteur,  ou  du  moins  le  décourager  ?  et  quel  profil 
dans  ces  exemples  inimitables?  Le  bréviaire  romain, 
du  reste,  n'a-t-il  pas  admis  un  peu  trop  à  la  légère  l'a- 
poHolat  chez  nous  des  premiers  saints  ou  des  premiers 
pontifes,  et  la  critique  ne  vient-elle  pas  assez  souvent 
le  convaincre  d'erreur?  Tel  est  à  peu  près  le  langage 
dô  Baillet  (Vie  des  Saints  et  Recueil  de  ses  lettres)  et  de 
quelques  autres,  langage  qui  sent  un  peu,  il  faut  l'a- 
vouer, le  rationalisme. 

Nous  accordons  tout  d'abord,  pour  être  juste,  que 
les  faits  relatés  dans  le  bréviaire  romain,  ne  sont  pas 
couverts  pour  cela  de  rinfaillibilité  de  l'Eglise;  la 
critique  peut  les  examiner,  les  discuter,  et  en  pro- 
voquer, s'il  y  a  lieu,  la  rectification.  C'est  ce  que  le 
Saint-Siège  a  fait  plusieurs  fois  lui-même,  et  de  là  les 
réformes  sur  ce  point  de  saint  Pie  V,  de  Clément  VIII 
et  d'Urbain  VIII,  auxquelles  ont  coopéré  de  savants  et 
judicieux  critiques,  comme  Baronius  et  Bellarmin. 
«  Il  n'est  pas  défendu,  dit  Benoit  XIV,  d'exposer 
avec  respect  au  Siège  apostolique  les  raisons  graves 
qu'on  pourrait  avoir  de  saspecter  tel  ou  tel  fait,  en  lui 
laissant  le  soin  de  les  apprécier,  et  de  faire  une  cor- 
rection historique,  s'il  le  faut.  »  {De  Canoniz.  Sanct. 
1.  IV,  p.  II,  c.  xni,  n.  7  et  8.  et  c.  xvii,  n.  9  et  10.) 
Léon  XIII  lui-même,  n'a-t-il  pas  corrigé  encore  dans 
ces  derniers  temps  plusieurs  de  nos  leçons? 

Mais  doit-on  pour  cela  jeter  sur  nos  pieuses  légendes 
en  général,  la  défiance  et  le  soupçon?  Ne  faut-il  pas, 
au  contraire,  à  moins  de  fortes  raisons,  les  entourer 
de  déférence  et  de  respect?  L'Eglise,  en  les  adoptant, 
leur  a  donné  par  cela  même  une  grande  autorité,  puis- 
qu'elle ne  l'a  fait  qu'après  l'examen  sérieux  d'hommes 
compétents  et  choisis  dont  elle  a  contrôlé  le  travail  par 
sa  haute  sagesse.  Pourrait-on  mettre  dès  lors  trop  de  eir- 
oonspectioa  et  de  réserveàcensurer  une^euvre  qui  apour 


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DES  LEÇONS.  d4i 

elle  toutes  les  présomptions  ?  «  Ceux,  disait  du  Perron, 
qui  entreprendraient  de  montrer  qu'il  y  a  dans  Toffice 
public  de  l'Eglise  des  leçons  fabuleuses,  s'y  trouveraient 
fortempêch  s.  »  {Réplique  au  Roi  d  Angleterre ^s ^  vi.) 
Des  découvertes  inattendues,  de  nouvelles  données  his- 
toriques sont  venues  plusieurs  fois  venger  le  bréviaire 
romain  d'une  critique  passionnée.  Baronius  nous  ra- 
conte lui-même  qu'en  préparant  la  révision  de  ses  lé- 
gendes et  du  martyrologe,  il  hésitait  à  laisser  au  pape 
saint  Félix  1"  le  titre  de  martyr;  mais  on  découvrit  sur 
ces  entrefaites  le  tombeau  du  saint  avec  cette  inscrip- 
tion authentique  :  Felicis  martyris-,  le  récit  du  Liber 
Pontificalis  et  de  nos  livres  liturgiques  fut  ainsi  con- 
firmé. On  verra  dans  la  vie  de  sainte  Cécile  par 
D.  Guéranger  (Ch.  23  et  24)  comment  des  décou- 
vertes récentes  ont  vengé  les  Actes  de  cette  illustre 
martyre,  que  plusieurs  révoquaient  en  doute  Des 
travaux  modernes  ont  aussi  prouvé  que  nos  prin- 
cipales Eglises  de  France  remontent  aux  premiers 
siècles,  et  que  saint  Sylvestre  baptisa  Constantin.  «Tout 
n'est  pas  encore  dit  sur  les  assertions  erronées  et  gra- 
vement partiales  des  Fleury,  des  Baillet,  des  TilJe- 
mont,  des  Launoy,  dit  Mgr.  Darboy.  On  serait  étonné 
de  la  longue  liste  des  causes  indignement  jugées,  et 
des  procès  qui  restent  à  réviser.  »  [Œuvres  de  saint 
DeniSy  introd.  p.  80.) 

Pourquoi  jeter  aussi  le  dédain  ou  le  ridicule  sur  les 
leçons  des  Pères  que  nous  lisons  dans  le  bréviaire  ro- 
main? Quelle  admirable  doctrine  n'y  trouve-t-on  pas! 
que  de  beaux  sentiments!  quelle  vive  lumière!  que 
d'onction!  et  parfois  même  quelle  éloquence!  «  11  y  a, 
dit  saint  Augustin,  une  beauté  de  forme,  une  noblesse 
de  langage,  une  sublimité  d'éloquence  qui  naissent 
d'elles-m!^mes,pour  ainsi  dire,  etquirt^suUent  naturel- 
lement de  la  grandeur  des  idées,  de  la  force  des  convic- 
tions,  de  la  vivacité  des  sentiments.  Les  Père$  s'y  élèvent 


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342        LBS  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

souvent,  sans  y  prétendre,  sans  s'y  complaire,  et  comme 
à  leur  insu.  »  L'Eglise  a  emprunté  souvent  ces  beaux 
îs  de  la  tradition,  et  parce  que  quelquefois,  pour 
mieux  en^harmonie  les  extraits  des  livres  et  des 
s  avec  l'objet  de  la  fête  ou  du  temps  liturgi- 
e  aura  dû  laisser  des  interprétations  mystiques 
ce  un  peu  forcées,  voudrait-on  Tobliger  à  trôn- 
as pages  ou  à  les  abandonner?  Du  reste,  si 
ids  génies  qui  s'appellent  saint  Augustin,  saint 
e  le  Grand,  saint  Chrysostome,  saint  Ambroise, 
jrnard,  etc.,  n'ont  pas  dédaigné  de  parler  ainsi  à 
iditeurs,  devons-nous  dédaigner  nous-mêmes 
mtendre,  et  ne  pouvons-nous  pas  en  retirer 
^  fruit? 

ines  leçons  du  bréviaire,  dit-on  encore,  ne  sont- 
3  trop  obscures?  Peut-être,  en  effet,  nous  ne  pou- 
ut  comprendre  à  la  première  lecture,  mais  le 
;  l'esprit  y  trouveront,  même  alors,  quelque 
:  salutaire.  Ajoutons  que  le  fruit  en  serait  plus 
;i,  pour  les  approfondir  davantage,  on  faisait 
xfois  de  ces  leçons  l'objet  de  ses  méditations  ou 
ectures  *. 


mi  les  leçons  du  bréviaire  dont  le  sens  offre  une  cer- 
[îculté,  la  plus  obscure  est,  sans  contredit,  celle  de  S. 
B  que  nous  lisons  au  troisième  nocturne  des  martyrs, 
oco^  comme  huitième  leçon.  Mais  nous  ferons  observer 
î  trouve  au  milieu  de  deux  autres  parfaitement  claires 
Docteur,  et  aussi  touchantes  qu'instructives.  L'Église 
oulu  tronquer  le  texte. 

cependant  une  paraphrase  qui  permettra  d'en  com- 
le  sens  : 

Lc  mentionne  seulement  quatre  béatitudes  enseignées 
igneur;  S.  Mathieu,  huit  au  contraire.  Mais  il  n'y  a 
intradiction  :  Dans  les  huit  de  S.  Mathieu  sont  évi- 
;  comprises  les  quatre  de  S.  Luc,  et  dans  celles-ci  les 
5.  Mathieu.  S.  Luc,  en  effet,  veut  exprimer  les  quatre 
rdinales,  auxquelles  se  rapportent  toutes  les  vertus  et, 
^quent,  les  huit  béatitudes.  Le  but  de  S.  Mathieu  est  de 


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DES  LEÇONS.  343 

Les  leçons  du  2«  nocturne  sont  donc  consacrées  aux 
légendes  des  saints  ou  aux  extraits  des  Pères.  On 
donna  en  France,  pendant  les  xv®,  xvi®  et  xvii^siècles, 
une  part  exagérée  aux  premières,  puisque  les  neuf  le- 
çons de  l'office  leur  étaient  exclusivement  consacrées, 
comme  on  peut  le  voir  dans  les  bréviaires  du  temps  : 
abus  condamnable,. qui  rompait  avec  les  traditions 
anciennes,  et  qu'on  a  depuis  heureusement  éliminé. 

On  prend  au  commun,  en  commençant  par  la  pre- 
mière, les  leçons  qui  seraient  nécessaires  pour  com- 
pléter les  trois  du  second  nocturne,  si  la  légende  n'y 
suffisait  pas. 

Si  le  bréviaire  n'indique  pas  les  leçons  du  2®  noc- 
turne, on  les  prend  au  commun,  l^  ou  2^  loco,  suivant 
le  rang  qu'y  occupent  celles  du  3®  nocturne.  (23  mart. 
1835.)  Si  les  leçons  du  3®  nocturne  n'étaient  détermi- 
nées, ni  par  le  bréviaire,  ni  par  l'évangile  de  la 
messe,  ni  même  par  l'oraison,  on  choisirait  pour  le 
2®  nocturne  celles  qui  paraîtraient  le  plus  en  harmonie 
avec  la  fête  (23  juin  1736)  ;  dans  le  doute,  il  faudrait 
s'arrêter  aux  leçons  1®  loco, 

nous  découvrir,  dans  ces  huit  béatitudes,  le  sens  d'un  nombre 
mystique  :  il  a  voulu  dire  que,  par  la  totalité  des  vertus,  nous 
arriverons  à  la  totalité,  à  la  perfection  de  la  gloire.  En  effet, 
plusieurs  psaumes  ont  pour  titre  :  Pro  ociaoâ,  pour  le  huitième 
jour,  c'est-à-dire  pour  le  jour  de  la  résurrection,  qui  est  la 
plénitude  des  temps  et  le  commencement  de  la  gloire.  Et,  dans 
î'Ecclésiast.  (xi,  2),  vous  avez  l'ordre  de  donner  une  part  à  /luif, 
sans  doute  une  part  de  vos  biens  à  tous  les  pauvres,  mais  pro- 
bablement aussi  une  part  de  votre  activité  à  ces  huit  béatitu- 
des, c'est-à-dire  à  la  totalité  des  vertus,  pour  arriver  aux  huit 
béatitudes  célestes,  c'est-à-dire  à  la  totalité,  à  la  perfection  de 
la  gloire,  à  la  gloire  complète  du  ciel.  Car,  de  même  que  l'oc- 
tave de  notr<»  espérance  de  la  gloire  en  est  la  perfection,  la  to- 
talité, la  plénitude,  de  môme  l'octave  des  vertus  en  est  aussi  la 
plénitude,  la  totalité.  D'où  en  définitive,  S.  Mathieu  veut  expri- 
mer, par  les  huit  béatitudes,  ces  huit  vertus  qui  conduisent  au 
ciel  sous  huit  aspects  divers,  et  nous  dire  que  si  nous  prati- 
quons toutes  les  vertus,  nous  aurons  la  plénitude  de  la  gloire.  * 


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144       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Dans  les  octaves  particulières  des  patrons  et  autres 
qui  ne  isont  pas  au  calendrier  général   ni  dans  le 
bréviaire,  on  peut  avoir  recours,  pour  le  choix  des  le- 
çons, aux  Octavaires  approuvés,  et  c'est  plus  facile.  Il 
faut  alors,  si  on  avait  dû,  les  jours  précédents,  laisser 
Toctave  les  leçons  de  Toctavaire,  à  cause  d'une 
iccurrente,  changer,  la  première  fois  qu'on  les 
l,le  iiivQ De  sermone,..  par  Sermo.,.  ;  la  première 
lie  suppose  qu'on  a  déjà  lu  de  ce  discours,  la  se- 
,  qu'on  en  lit  pour  la  première  fois.  {Octav,  Rom. 
)e  lectionibus)  *»    Si   Ton  ne  se  sert  pas  de  l'oc- 
e,  il  faut  répéter  au  2®  nocturne  les  leçons  de  la 
;i  celle-ci  a  pour  objet  un  mystère  de  Notre-Sei- 
'.  Si  c'est  la  fête  d'un  saint,  on  prend  les  leçons  du 
lun  {^  et  2^  loco  alternativement,  et  jusqu'au 
octave  inclusivement.  (15  apr.  i880;  De  Herdt, 
V,  de  officio  octav.  Patroni,  n.  246:  resp.  2.  m 
lit.  1883.) 

N»  4.  —  Leçons  du  III^  Nocturne. 

r  objet.  —  Principes  liturgiques.  —  La  ^  Leçon.  —  Bègles 
du  chœur. 

leçons  du  3®  nocturne,  à  l'exception  de  l'office 
lorts  et  des  trois  derniers  jours  de  la  semaine 
>,  ont  toujours  pour  objet  une  homélie  sur  Té- 
lé du  jour.  Quelquefois  cependant  la  3®  leçon  de 

Octavaire  romain  fut  composé  par  Gavantus,  et  approuvé 
1rs  fois  avec  éloges  par  la  S.  congrégation  des  Riles.  Le 
x\  BeJlarnain  en  faisait  le  plus  grand  cas.  Ce  livre  a  pour 
Jctavarium  romanum  ieu  liber  complectens  lecUones  ii  et 
.  recitandas  infra  octavas  festorum^  prœsertim  patronO' 
corum,  et  titularium  Ecclt^simiim^  quœ  cum  octavis  celé- 
U'bmt,  juxta  Rubricas  Breviarii  Romani^  a  S.  R.  C.  ad 
ol'ûs  Ordinis  Ecclesiaram  approbaium» 
\  faut  pas  prendre  à  la  leitre  le  mot  recitandnSy  car  l'Oc- 
I  n'est  pas  obligatoire,  mais  on  peut  très  utilement  s'en 
partout,  sans  autorisation  préalable. 


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BES  LEÇONS.  311 

cd  nocturne,  9*  de  tout  l'ofâce,  est  remplacée  par  une 
autre  homélie,  ou  par  la  légende  d'un  saint  dont  on 
ne  fait  que  mémoire. 

Lévangile  n'était  point  lu  tout  d'abord  à  V 
divin,  mais  à  la  messe  seulement.  On  empruntai 
autres  livres  du  Nouveau  Testament  les  leçons  ( 
nocturne.  Celles  du  l^^  nocluine  étaient  tirées  de 
cien,  et  avaient  leu-  s  commentaires  dans  les  leço 
deuxième,  quand  celles-ci  n'avaient  pas  pour  obje 
légende  de  saint.  L'office  des  trois  derniers  jours 
semaine  sainte  nous  offre  encore  dans  les  leçoi 
ordre  prescrit  par  la  règle  de  saint  Benoit. 

On  voulut,  plus  tard,  que  la  lecture  de  l'évÊ 
et  son  explication  eussent  aussi  leur  place  dans  1( 
viaire  comme  à  la  messe,  à  cause  du  lien  qui  un 
deux  actes  solennels;  ainsi  ont-ils  chaque  jour  le  r 
évangile.  Mais  à  l'office,  on  n'en  lit,  pour  abrégei 
le  commencement,  parce  que  l'homélie  devait  s 
aussitôt  et  ne  pouvait  se  renvoyer  à  un  autre  noct 
comme  on  le  faisait  dans  le  2«  pour  Texplicatio 
premières  leçons. 

Ce  rit  remonte  au  moins  au  vni«  siècle,  pu 
Charlemagne  recommandait  aux  Lecteurs  de  ses 
VHomiliaire  rédigé  par  ses  soins.  IJ  faudrait  i 
reculer  cette  époque  pour  certaines  Églises,  celle 
les  entre  autres,  dont  Tévêque  saint  Césaire 
formé  aussi  un  recueil  d'homélies  pour  l'office. 

Voici  maintenant,  sur  les  leçons  du  3^  noct 
les  explications  que  la  rubrique  semble  demande 

1°  Si  le  bréviaire  n'indiquait  pas  les  leçons  ( 
nocturne,  on  prendrait  au  commun  l'homélie  su 
vangile  de  la  messe  ;  celle-ci  et  l'office  ont  touj 
en  effet,  le  même  évangile,  comme  nous  l'avoni 
Si  révangile  de  la  messe  n'était  pas  non  plus  ind 
OQ  prendrait  Thomélie  sur  l'évangile  de  la  me 
UqueUe  appartiendrait  roraisoa  da  l'office  ;  si 


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346       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

oraison  n'était  pas  désignée,  on  prendrait  i'iiomélie 
de  Tévangile  qui  paraîtrait  le  plus  conforme  à  l'office; 
dans  le  doute  enfin,  les  leçons  du  commun  1**  loco. 
(11  sept.  1841,  23  juin  1736.) 

2*^  Dans  les  octaves  qui  ne  sont  pas  au  bréviaire 
ni  au  Propre  diocésain,  comme  celles  des  patrons  lo- 
caux, on  peut  encore  se  servir  de  Toctavaire  romain; 
sinon,  il  faut  répéter  les  leçons  de  la  fête,  quand  c'est 
un  mystère  de  Notre-Seigneur  ;  mais  on  prend  celles 
du  commun,  quand  c'est  la  fête  d'un  saint.  11  est 
permis  alors  d'alterner  ou  non  avec  les  leçons  h.^  et  2*^ 
loco\  si  Ton  alterne,  il  faut  alterner  aussi  à  l'évangile 
de  la  messe,  et  reprendre  au  jour  octave  l'évangile  et 
les  leçons  de  la  fête. 

3°  Quand,  pour  le  jour  octave,  est  indiquée  la 
même  homélie  que  celle  de  la  fête,  on  peut,  au  lieu 
de  cette  homélie,  dire  celle  du  premier  jour  dans  Toc- 
tave  qui  n'aurait  pas  été  lue  à  cause  d'une  fête  occur- 
rente;  le  cas  peut  se  présenter  dans  les  octaves  de  saint 
Jean-Baptiste  et  de  la  Dédicace  (7  sept.  1816,  27 
août  1836);  mais  il  n'y  a  pas  d'obligation  aie  faire: 
legi  posse^  dit  de  Herdt.  (Pars  iv.  de  lect.  2®  et  3® 
noct.  et  9®  lect.) 

4*^  Quand  une  fête  arrive  un  dimanche  ou  une  férié  qui 
a  sa  messe  propre,  ou  encore  un  jour  de  fête  simple  ou 
simplifiée,  on  fait  mémoire  de  ces  jours  à  matines  par 
une  9®  leçon,  qui  est  l'homélie  de  leur  évangile,  ou  la 
légende  du  saint.  L'évangile  qui  sera  lu  à  la  fin  de  la 
messe,  à  la  place  de  celui  de  saint  Jean,  devait  avoir 
aussi  sa  mention  à  l'office.  On  a  voulu  pareillement 
nous  édifier  par  la  vie  du  saint  dont  l'occurrence  ne 
permettait  de  faire  qu'une  simple  mémoire.  C'est  un 
vestige  enfin  des  temps  anciens,  où  Ton  récitait  deux 
offices  le  même  jour.  La  9®  leçon  est  cependant  omise 
dans  les  cas  suivants  :  1**  Les  dimanches  où  Ton  ne 
dit  pas  lé  Te  Deum.  Les  matines  ont  alors  un  9®  ré- 


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DES  LEÇONS.  347 

pons  toujours  en  harmonie  avec  l'office  du  jour,  et  qui 
ne  le  serait  pas  avec  une  9®  leçon  étrangère,  ou  avec  la 
légende  du  saint  dont  on  fait  mémoire.  2®  Quand  l'of- 
fice n'a  que  trois  leçons;  ce  nombre  déjà  rest 
permettait  pas  de  le  diminuer  encore  par  ] 
étrangère  à  l'office.  3<*  Pendant  Toctave  du  S; 
crement,   quand  l'office  est  de  l'octave.  Il  n 
pas   interrompre   les  explications  des  Pères 
grand  mystère  de  l'Eucharistie,  dont  on  ne  saui 
parler.  4°  Quand  la  leçon  du  saint  dont  on  fait  r 
n'est  pas  historique;  le  motif  d'édification  doi 
haut  pour  la  9®  leçon  n'existe  plus  alors.  Unexl 
Pères    peut   être    quelquefois   historique,    et 
de  9®  leçon  ;  ainsi  la  leçon  de  saint  Grégoire 
zianze  sur  les  sept  frères   Machabées,  le  1 
et  celle  de   saint  Grégoire  le  Grand  pour  sair 
cité,  le  23  novembre.  5°  Aux  fêtes  de  premier 
s'il  s'agit  d'un   saint  dont  l'office  est  simple 
plifié,  ou  d'une  vigile,  celle  de  l'Epiphanie  e 
La    solennité  exclut    toute    mémoirer  d'un  s 
ne  permet  pas  non  plus  qu'une  vigile  consac 
pénitence  y  trouve  place;  la  vigile  de  l'Epiphî 
pas  ce  caractère  au  même  degré.  6®  Pendant 
rême  ainsi  qu'aux  fériés  des  Quatre-Temps  et 
des    Rogations,    l'homélie    d'jine  -» vigile    es 
toujours  omise.  L'homélie  de  ces  fériés  l'empi 
celle  de  la  vigile  dans  un  office  à  neuf  leçons, 
avons  dit  que  l'office  à  trois  leçons  n'a  jamj 
changée;  il  en  est  de  même  pendant  l'A  vent, 
mélie  d'un  jour  de  l'octave,  y  compris  le  8®, 
jamais  de  9®  leçon  à  moins  d'un  induit.  (Rub. 
n.   10,  3    janv.    1663.)   Ce  privilège   n'est 
qu'aux  homélies  des   dimanches   et  des  fér 
évangile,   du   reste,  a  déjà  été   mentionné 
même  de  la  fête  *•  8**  On    omettrait  aussi, 

i.  C'est  peut-être  parce  que  cette  raison  n'existe  pi 


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348       LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

9*  leçon,  rhom^ie  d'une  férié  qui  aurait  le  mémo 
évan  Jle  que  celui  de  la  fête  ;  c'est  ce  qui  a  lieu  lors- 
qu'un des  jours  dos  Quatre-Temps  de  TAvent  coïncide 
avec  celui  de  la  fête  delà  Sainte  Vierge  du  18  décem- 
bre appek^e  :  Expectatio  partûs  B,  Marias  Virg.  (4  sept. 
1773.  27  janv.  1877).  Non  bis  in  idem,  dit  le  principe. 
9®  Enfin,  on  ne  dit  pas  non  plus  comme  9®  leçoa 
Thomélie  du  vendrf^di  après  TAscension,  cet  évangile 
étant  le  même  que  celui  dii  dimanche  précédent,  et 
cet  office  étant  assimilé  à  celui  de  l'octave. 

5®  Lorsque  la  légende  qui  doit  servir  de  9®  leçon  en 
comprend  plusieurs,  on  les  réunit  en  une  seule.  L'É- 
glise nous  veut  donner  en  entier  les  enseignements 
qui  résultent  de  la  vie  des  Saints. 

6®  Si  la  9®  leçon  est  une  homélie,  on  peut  lire 
ad  libitum  les  troisleçons  quila  renferment, ou  lapre* 
mière  seulement.  [Rub.) 

7®  Quand  on  doit  remplacer  par  une  leçon  étrangère 
la  9®  de  l'office  occurrent,  on  peut  aussi  ad  libitum 
omettre  celle-ci,  ou  l'ajouter  à  la  8®  leçon  précédente. 
Il  est  un  cas  cependant  où  il  faudrait  l'ajouter,  c'est 
quand  cette  9®  leçon  contient  l'éloge  du  saint,  comme 
dans  Toffice  de  saint  Joseph,  des  Sept  Frères  martyrs, 
et  des  saints  Nérée,  Achillée,  etc.  (23  mai  1835.) 

8®  La  légende  du  saint  et  l'homélie  du  diman- 
che ou  de  la  férié,  peuvent  être  en  occurrence  dans  un 
office,  comme  9®  leçon.  La  légende  alors  le  cède  à  l'ho- 
mélie, à  cause  de  l'évangile. 

9®  Une  fôtedont  la  9®  leçon  doit  être  remplacée  par 
une  a  .tre  est  quelquefois  transférée;  on  prendrait  dans 
ce  cas  sa  9®  leçon  au  commun,  si  l'office  n'avait  pas  de 

S.  Congre^,  des  rites,  en  approuvant  le  Propre  d»  R-^ims,  a  per- 
mis de  réciter  à  l'ofiice  de  S.  Rémi,  coïncidaut  avec  le  jour  Oc- 
tave de  l'Epiphanie,  l'homélie  de  ce  jour  comme  9«  leçon. 
L'évangile  du  j6ur  octave  de  l'Epiphanie,  en  efifet,  est  différent 
de  celui  de  la  fête  môme. 


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LES  RÉPONS  DBS  LtÇOlfS.  349 

leçons  propres  au  3*  nocturne;  si  l'office  en  avait,  on 
diviserait  la  8*  dans  le  cas  où  celle-ci  ne  serait  pas  sui- 
vie d'une  9®  propre.  Le  bréviaire  indique  souvent  par 
un  astérisque  la  division  à  faire. 

10^  Au  chœur,  la  première  leçon  du  3®  nocturne  de- 
vrait être  lue  par  un  prêtre  ou  par  un  diacre,  à  cause 
du  commencement  de  Tévangile,  pendant  lequel  tousse 
tiennent  debout  par  respect.  Le  chœur  est  encore  debout 
quand  le  célébrant  lit  la  9®  leçon.  Celui-ci,  pour  plus  de 
solennité  prend  alors  la  chape,  et  les  acolytes  sont  de- 
vant lui,  leurs  chandeliers  allumés. 

Art.  V.  Des  Répons. 

La  rubrique,  sous  les  deux  titres  consécutifs  XXVII 
et  X\  III,  parle  des  r^pous  qui  suivent  immédiatement 
les  leçons,  etde  ceux  des  petites  heures,  à  cause  de  leur 
analogie.  Raoul  de  Tongres  appelait  déjà  les  premiers, 
grands  répons.  (Prop.  12.)  Les  seconds  se  nomment  ré- 
pons brefs. 

I.   DEa  RÉPONS    QUI  SUIVENT    LES   LEÇONS. 

But  et  origine  de  ces  Répons.  —  Leur  composition.  —  La  rubrique. 
—  Le  8«  Répons.  —  Le  ctiant. 

L'Église  a  voulu  qu'après  les  leçons,  alors  surtout 
qu'elLs  étaient  plus  longues,  notre  attention  se  repo- 
sât quelque  peu  sur  ce  qui  venait  d'être  lu,  pour  en 
recueillir  mieux  les  fruits;  ce  but  apparaît  on  ne 
pleut  plusclaireiUent  dans  les  traits  qui,  le  samedi  saint, 
suivent  toujours  un  certain  nomr)re  de  prophéties. 
«  L'Église,  dit  Amalaire,  veut,  par  ces  cantiques  spiri- 
tue's,  soulager  l'attention  et  élever  mieux  nos  âmes, 
pendant  la  lecture.  Elle  nous  exprime  son  désir  de  nous 
voir,  non  seulement  lire  la  parole  de  Dieu,  mais  encore 
la  pratiquer.  »  (L.  IV,  c.  3,  Ùeord.  Antiph.  c,  4.)  «  C*est, 
dit  Bugaes  de  Saint-Yiotor,  eemme  Uû  assentiment  à 
ff.n.  t% 


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350        LES  ÈL&MBNTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

ce  qui  vient  d'être  lu.  »  (In  specuL  c.  7.)  C'est  encore, 
d'après  Durand  de  Mende,  une  action  de  grâces,  surtout 
parle  Gloria  Patri  qu'on  y  ajoute.  (L.  IV,  c.  19.) 

Cette  partie  des  matines  est  appelle  répons,  respon- 
soria,  «  parce  que,  dit  Tabbé  Rupert,  ils  répondent  aux 
leçons  parle  sens:  Responsorium^  a  respondendoj  quia 
respondet  lectionibus,  tristia  trisiibus,  lœta  lœtis,  suc- 
culente choro  »  {De  ofjic,  1.  I,  c.  15);  ou  encore,  selon 
saint  Isidore  de  Séville,  parce  que  le  chant  en  est  al- 
terné au  chœur  avec  la  lecture  des  leçons.  {De  offi,  1. 1, 
c.  8.) 

On  appelait  aussi  le  répons  historia,  parce  qu'il  fait 
suite  à  l'histoire,  aux  traits  rapportés  dans  les  leçons 
précédentes  :  ainsi  les  nomment  le  Micrologue  du  ix® 
siècle  (c.  32),  Raoul  de  Tongres  au  xv«  (Prop.  12),  et 
la  rubrique  elle-même  :  «  Cum  autem  dicitur  aligna 
dominica  esse  prima  mensis  in  quâ  primo  ponitur  ini- 
tium  libri  de  scripturâ  cum  suâ  historiâ,  id  est,  cum 
responsoriis...  (Tit.  IV,  De  Dominicis,  n.  7.) 

Il  paraîtrait,  d'après  saint  Isidore  de  Séville  {De  offic. 
Div.  I,  c.  8),  Raban  MauretPapias,le  grammairien  du 
XI®  siècle,  que  les  répons  furent  d'abord  introduits  dans 
l'office  divin  par  les  Églises  d'Italie.  «  Responsoria,  dit  ce 
dernier,  Itali  tradiderunt  antequam  Grœci  antiphonas, 
inde  dicta  quod  alio  canere  desinente,  alter  respondeat: 
et  in  hoc  differunt  ab  antiphonis,  quia  in  responsoriis 
tmus  versum  dicit,  in  illis  autem  antiphonarum  versibus 
chori  alternant.  »  (Vocahularium  latinum.)  Les  Églises 
de  France  et  d'Espagne  les  auraient  ensuite  adoptés. 
Mais  les  répons,  comme  le  prouve  le  savant  cardinal 
Tommasi,  étaient  déjà  connus  dès  avant  saint  Grégoire 
le  Grand  dans  les  autres  parties  de  la  liturgie  romaine. 
Ce  pontife,  ayant  introduitles  leçons  dans  l'office  de 
Rome,  y  introduisit  aussi  les  répons  *. 

1.  Voici,  à  l'occasion  des  répons  liturgiques»  le.  trait  que  nous 
a  laissé  le  moine  de  saint  GaU|  auteur  des  Cfes^a  CoToliUagdi 


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LES  RÉPONS  DES  LBÇDNS.  331 

Après  avoir  recueilli  et  révisé  ceux  qui  existaient 
déjà,  il  eu  composa  de  nouveaux  lui-même,  et  les 
réunit  tous  dans  la  2®  partie  de  son  Antiphonaire, 
appelé  pour  cela  Responsorial,  et  où  se   trouvaient 

et  qui  nous  en  montre  une  fois  de  plus  l'ancienneté  dans  Pof- 
fice  divin: 

»  Une  fois,  dit  cet  historien,  le  jour  de  la  Vigile  de  S.  Mar- 
tin (10  novembre),  la  nouvelle  d'une  vacance  de  siège  étant  sur- 
venue à  la  Cour,  Gharlemagne  fit  appeler  un  des  clercs  du  pa- 
lais, aussi  distingué  par  la  noblesse  de  son  origine  que  par  sa 
science  personnelle,  et  le  nomma  à  l'évêché  vacant.  Au  comble 
de  la  joie,  ce  clerc  n'eut  rien  de  plus  pressé  que  d'inviter  à  ta- 
ble ses  amis,  les  officiers  du  palais,  avec  les  délégués  de  son 
futur  diocèse.  Il  passa  la  soirée  en  un  grand  festin,  et  oublia 
l'office  de  la  nuit,  qui  se  célébrait  solennellement  en  cette  vi- 
gile, particulièrement  chère  à  la  piété  nationale  des  Gaules.  Or, 
le  maître  de  chapelle,  en  distribuant  d'avance,  selon  l'usage, 
les  diverses  parties  de  Toffice  que  chaque  clerc  aurait  à  chan- 
ter, avait  designé  pour  celui-ci  le  répons  de  S.  Martin  :  Domine, 
si  adhuc  populo  tuo  sum  necessarius,  auquel  tout  le  chœur  devait 
répondre  :  Fiat  voluntas  tua.  Quand  on  fut  arrivé  à  ce  point  de 
l'office  des  matines,  après  le  chant  de  la  leçon  correspondante, 
il  se  fît  un  grand  silence,  et  tout  le  chœur  resta  muet.  Le  clerc 
qui  devait  entonner  le  répons  n'était  pas  à  sa  place  ;  tous  les 
regards  se  tournaient  vers  sa  stalle  vide,  et  nul  ne  prenait  la 
parole.  Gharlemagne,  qui  avait  vu  toute  cette  scène,  dit  :  t  Que 
quelqu'un  entonne,  cantet  aUquis,  »  L'embarras  ne  fit  que  re- 
doubler, nul  n'osait  se  produire,  lorsqu'un  clerc  de  pauvre  nais- 
sance, que  le  roi  gardait  dans  sa  chapelle  par  charité,  entonna, 
non  point  le  répons,  qu'il  n'avait  pas  sous  les  yeux,  mais  l'o- 
raison dominicale.  Toutes  les  figures  exprimèrent  alors  un 
mouvement  d'hilarité,  que  le  roi  réprima  d'un  signe.  Le  pau- 
vre clerc  continua  donc  sans  interruption,  et  s'arrêta  juste  après 
ces  mots:  A.dveniat  regnumtuum,  auxquels  tout  le  chœur  de  ré- 
pondre, selon  le  rit  accoutumé  :  Fiat  voluntas  tua.  Les  matines 
achevées,  Gharlemagne,  de  retour  dans  la  salle  du  Palais  où 
il  se  réchauffait  au  foyer,  ad  caminum,  manda  le  pauvre  clerc 
et  chantre  novice.  —  «Qui  vous  a  charge  d'entonner  le  répons? 
lui  demanda  t-il  d'un  ton  sévère.  »  —  Epouvanté,  le  clerc  ré- 
pondit humblement  :  G 'est  vous-même,  Seigneur,  quand  vous 
avez  dit  :  Cantet  aliquis.  »  —  «  G'est  bien,  dit  le  roi,  mais  pour- 
quoi choisissiez-vous  l'oraison  dominicale  ?»  —  «  Gracieux  roi, 
mon  doux  Seigneur,  répondit-il,  je  n'avais  pas  sous  les  yeux 


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Z%t       LES  ÉLÉMBNTS  DIS  HBURBS  CANONIALES. 

aussi  les  antiennes  \  Maurice  de  Sully,  évoque  de 
Paris  (1195),  a  composé  les  répons  de  l'office  des 
morts;  saint  François  d'Assise,  ceux  du  dimanche  de 
la  Passion,  et  saint  Thomas  d'Aquin  ceux  du  Saint-Sa- 
crement. 

Les  répons  sont  généralement  composés  des  paroles 
de  TEcriture  combinées  ensemble,  et  formant  un  tout 
qui  n'est  pas  de  la  même  manière  dans  le  texte  sacré; 
mais  les  Actes  des  Saints  et  des  Martyrs  en  ont  ins- 
piré plusieurs,  surtout  dans  les  offices  propres,  comme 
ceux  de  saint  Clément,  de  saint  Martin,  de  sainte  Cécile, 
etc.  On  y  trouve  toujours  comme  un  écho  des  leçons  ou 
de  la  fête.  Un  certain  nombre  d'entre  eux  ont  été  com- 
mentés par  Clichtoue,  dans  son  Elucidatorium. 

les  paroles  du  répons;  nul  autour  de  moi  ne  pouvait  ou  ne  vou- 
lait me  les  suggérer.  Pour  ne  pas  déplaire  à  votre  domination 
souveraine,  je  voulais  chanter,  puisque  vous  l'ordonniez,  mais 
chanter  des  paroles  qui  pussent  se  rapporter  à  la  finale  du  chœur  : 
Fiaivoluntus  tua.  Voilà  pourquoi,  j'ai  choisi  Poraison  dominicale. 
—  «  Eh  bien,  reprit  Charlemagne,  en  élevant  la  voix  de  manière 
à  être  entendu  par  tous  les  princes  qui  Tentouraient,  il  j  a  un 
orgueilleux  que  j'avais  désigné  pour  un  évêché  vacant,  et  qui 
n'a  su  honorer,  ni  le  Dieu  dont  il  est  le  ministre,  ni  le  roi  dont 
il  est  le  serviteur.  Il  a  passé  cette  nuit  sainte  à  table;  vous  l'avez 
remplacé  au  chœur,  vous  serez  évêque  à  sa  place.  »> 

i.  Oa  lit  en  tête  du  Responsorial  manuscrit  de  saint  Gall 
les  vers  suivants  en  l'honneur  de  saint  Grégoire  le  Grand  : 
Hoc  quoque  Gregorius,  Patres  de  more  secutus, 

Instauravit  opus  ;  auxit  et  in  melius. 
His  vi$?ili  GJerus  mentem  conamine  suldat 
Ordinibus,  pascens  hoc  sua  corda  favo. 
Quem  pia  sollicitis  solerlia  nisibus,  omni 

Scripturœ  cnmpo  legit  et  explicuit. 
Garmina  diversas  sunt  hsBC  celebranda  per  horas, 

Sollicitam  rectis  mentem  adhibete  8onis, 
Discite  verborum  légales  pergore  cal! es, 

Dulciaque  egregiia  jungiie  dicta  modis. 
Verborum  ne  cura  sonos,  ne  cura  sonorum, 

Verborum  normas  nuilificaro  queat. 
Quicquld  honore  Dei  studiis  celcbratur  honeslis, 
Hoc  summis  jungit  mitia  corda  choris. 

(Publié  par  1«  B.  ThMnmMi.) 


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LES  RÉPONS  DES  LEVONS.  181 

L'aspect  général  de  nos  répons  est  connu  de  tous. 
On  y  voit  deux  parties  :  le  iv.  divisé  aussi  en  deux  par 
un  astérisque,  et  le  t.  Après  ce  verset,  le  re'pons  est  re- 
pris à  partir  du  signe  *.  Il  y  a  quelquefois  plusieurs 
\ersets  et  plusieurs  astérisques.  Les  reprises  sont  de 
simples  retours  à  une  môme  idée,  qui  fait  suite  à  la 
première  partie  du  ij?.,  mais  elles  ne  sont  pas  toujours 
liées  pour  le  sens  avec  le  t.  qui  précède;  c'est  que  les 
répons, comme  les  autres  parties  de  rot'fîce,  étaient  ori- 
ginairement destinés  à  être  chantés.  Ainsi  le  refrain  et 
les  rép  '^titions  dans  un  cantique  ou  dans  un  chœur,  ne 
sont  pas  toujours  en  harmonie  directe  et  explicite, 
quant  au  sens,  avec  les  couplets  ou  les  strophes  précé- 
dentes. Mérati  fait  observer  cependantqu'ilseraitmieux, 
quand  on  doit  composer  des  répons  pour  quelque  office 
nouveau,  ou  quand  la  séparation  n'est  pas  indiquée,  de 
disposer  celle-ci  de  manière  à  former  avec  le  t,  qui  pré- 
.cède  un  sens  convenable,  et  non  pas  une  phrase  inco- 
hérente. {In  Gav.  Sect.  V,  c.  xiii,  observ.  n.  1.)  Cette 
observation  du  savant  liturgiste  est  inspirée  par  la  dis- 
cipline actuelle,  où  Toffice  n'est  plus  essentiellement 
chanté;  ajoutons  cependant  que  la  plupart  de  nos  ré- 
pons y  sont  conformes,  comme  chacun  peut  le  consta- 
ter. Raoul  de  Tongres  (Prop.  12)  et  Durand  de  Monde 
(L.  V,  c.  2.)  qui  nous  faisaient  déjà  remarquer  ces  ré- 
pétitions, en  ont  donné  des  explications  mystiques  un 
peu  forcées,  à  notre  avis.  Nous  ne  nous  y  arrêterons 
pas. 

Le  Gloria  Patri  est  ajouté  au  dernier  répons  de  cha- 
que nocturne.  Cette  doxologie  ne  fut  introduite  qu^un 
peu  plus  tard,  d'après  Amalaire  :  «  Non  enim  ab  initio 
cum  cantabanfur  ' responsor ia  cantabatur  Gloria,,. 
Prisais  temporibus  non  cantabatur  Gloria  post  ver" 
sunîy  sed  repetebatur  responsorium,..  a  modernis  vero 
apostolicis  additus  est  hymnus  Gloria  Patri  et  Filio  et 
Sptriiui  Sancto  post  versum.  »  {De  ordin.  Antiphon. 

T.  II«  20« 


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354       LES  ÉLÉMENTS  DÉS  HEURES  CANONIALES. 

c.  1,  et  18.)  Nous  avons  encore  un  vestige  des  anciens 
rénons  sans  la  doxologie,  dans  ceux  du  temps  dé  la 
ion.  Le  B.  Thommasi  pense  que  ce  rit  fut  emprunté 
a  liturgie  romaine  à  la  règle  de  saint  Benoit,  qui 
nnait  le  Gloria  Patri,  au  moins  au  3*  répons.  Le 
rième  concile  de  Tolède,  en  663,  voulait  aussi  qu'on 
citât,  excepté  aux  offices  de  tristesse  et  de  deuil,  oîi 
devait  répéter  le  répons  jusqu'au  t.  :  «  Ut  in  lœtis 
atur  Gloria^  in  tristioribusrepetatur  principium.  » 
i.  IS.)  C'est  ce  que  la  rubrique  actuelle  prescrit 
re  dans  ce  cas. 

1  récitait  d'abord  tout  le  Gloria  Patri  ;  puis,  au 
is  dès  le  temps  de  Raoul  de  Tongres,  on  en  re- 
cha  le  Sicut  erat,  «  Gloria  Patri post  Responsorium 
\3B  in  libris  antiquis  requiritur  intègre  cantatum 
\otam  toni,  sicut  facimus  post  Introitum  ;  et  quia 
eris  non  plaçait  totum  cantariy  ideo  decise  canta- 
usque  ad  Sicut  erat.  »  {De  observât,  canon.  Prop. 

5  Gloria  Patrie  ainsi  ajouté  au  répons  qui  ter- 
3  chaque  nocturne,  nous  fait  remercier  Dieu  des 
es  reçues  dans  cette  partie  de  l'office.  «  In  fine 
tur  Gloria  Patrie  dit  Amalaire,  ut  de  omnibus 
s  ac  datis  laudemus  Creatorem.  »  (loc.  cit.)  C'est 
i  la  remarque  du  Card.  Bona.  {Div  Psalm.  c.  xvi, 
,  n.  2.) 

s  l^""  Dimanche  de  l'Avent  ainsi  que  les  jours  de 
et  de  Pâques,  le  l**"  répons  du  i®'  nocturne  a  aussi 
bria  Patri;  n'est-ce  pas  en  souvenir  du  rit  ancien 
on  chantait  la  doxologie  à  chaque  répons?  On 
it  choisi  ces  trois  jours,  spécialement  consacrés  à 
Sdemption,  parce  qu'on  ne  pouvait  trop  multiplier 
Dtes  de  reconnaissance  pour  un  si  grand  bienfait, 
ae  nous  reste  plus  qu'à  exposer  la  rubrique  sur 
épons,  en  y  ajoutant  les  explications  nécessaires. 


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LES  RÉPONS  DES  LEÇONS  355 

Titre  xxvii. 

«  1.  Les  répons  se  disent  à  matines  après  les  leçons, 
c'est-à-dire  qu'on  lit  un  répons  après  chaque  leçon,  comme 
on  verra  ci-après. 

«  2.  Aux  fôte=)  de  neuf  leçons  (excepté  celle  des  SS.  Inno- 
cents, quand  elle  tombe  le  dimanche)  et  tous  les  dimanches, 
depuis  l'octave  de  Pâques  inclusivement  jusqu'à  l'A  vent 
exclusivement,  et  depuis  le  dimanche  dansToctave  de  Noël 
inclusivement  jusqu'à  la  Septuagésime  exclusivement, 
on  ne  dit  que  huit  répons;  à  la  fin  du  troisième,  du  sixième 
et  du  huitième,  on  dit  Glorm  Patri,  en  répétant  une  partie 
du  répons,  ce  qui  se  fait  régulièrement  à  la  fin  du  dernier 
répons  de  chaque  nocturne,  à  l'offîce  soit  de  neuf  soit  de 
trois  leçons,  excepté  peniant  le  temps  de  la  Passion  où 
l'on  répète,  à  la  place  du  Gloria  Patri,  le  répons  depuis  le 
commencement.  Il  faut  excepter  aussi  l'oHice  des  morts,  où 
l'on  remplace  le  Gloria  Patri  par  Requiem  xternam.  Ce  ver- 
set Gloria  Patri  se  dit,  à  certains  jours,  dans  le  premier 
répons,  comme  il  est  marqué  en  son  lieu.  Ces  jours-là,  après 
la  neuvième  leçon,  quand  il  n'y  a  que  huit  répons,  on  dit 
immidiatement  l'hymne  Te  Deum. 

La  9®  leçon  n*a  pas  de  répons  lorsqu'elle  est  suivie 
du  Te  Deum,  parce  que  celui-ci  en  tient  suffisam- 
ment lieu  ;  mais  il  y  a  toujours  un  9®  répons  quand, 
pour  une  raison  que  nous  dirons  bientôt,  les  matines 
n'ont  pas  de  Te  Deum. 

Le  Gloria  Patri  des  répons  est  retranché  dans  les 
offices  des  morts  et  du  Temps  de  la  Passion,  à  cause 
de  leur  caractère  de  tristesse  et  de  deuil. 

«  3.  Aux  dimanches  de  l'Avent,  et  aux  dimanches  depuis 
la  Septuagésime  jusqu'au  dimanche  des  Rameaux  inclusive- 
ment ,  ainsi  que  pendant  les  trois  derniers  jours  de  la  se- 
maine sainte,  on  dit  neuf  répons,  parce  qu'il  n'y  a  pas 
alors  de  Te  Deum, 

«  4.  A  l'office  de  trois  leçons,  quand  c'est  une  fête,  et  aux 
fériés  du  temps  pascal,  depuis  le  dimanche  in  Albis  jusqu'à 
l'Ascension  (sauf  le  lundi  des  Rogations  dont  l'office  a  un 


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M«         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

troisième  répons)  on  dit  deux  répons,  parce  que  le  Te  Deum 
doit  être  récité  après  la  troisième  leçon.  Ces  répons  se  pren- 
nent, pour  les  fêtes,  au  commun  des  saints  ;  et,  pour  les 
fériés  <lu  temps  pascal,  quand  ils  ne  sont  pas  spéciaux, 
au  dimanche  où  ils  ont  d'abord  été  placés,  dans  Tordre 
suivant  :  Le  lundi  et  le  jeudi,  le  premier  et  le  second 
répons  du  premier  nocturne  ;  le  mardi  et  le  vendredi,  le 
premier  et  le  second  répons  du  deuxième  nocturne;  le 
mercredi,  le  premier  et  le  second  du  troisième. 

€  5.  Aux  autres  fériés,  en  dehors  du  temps  pascal,  comme 
on  ne  récite  pas  le  Te  Deum,  il  faut  dire  trois  répons 
dans  l'ordre  suivant  :  le  lundi  et  le  jeudi,  les  trois  répons 
du  premier  nocturne  du  dimanche  précédent  auquel  ils 
avaient  d'abord  été  assignés;  le  mardi  et  le  vendredi,  les 
trois  du  second  nocturne;  le  mercredi  et  le  samedi,  quand 
on  fait  en  ce  dernier  jour  l'office  de  la  férié,  les  trois  répons 
du  troisième  nocturne  .  Mais  à  ce  troisième  nocturne 
depuis  le  troisième  dimanche  après  la  Pentecôte  inclusive- 
ment jusqu'à  l'A  vent  exclusivement,  il  n'y  a  qu'un  répons* 
à  prendre  pour  la  semaine,  le  septième,  (puisque  le  répons 
Duo  Seraphim  ne  se  dit  que  le  dimanche)  ;  c'est  pourquoi 
le  mercredi  et  le  samedi,  quand  on  devra  prendre  les  répons 
au  troisième  nocturne,  le  premier  répons  sera  le  septième 
du  dimanche,  et  le  second  et  le  troisième,  le  second  et  le 
troisième  répons  de  la  férié  suivante;  c'est-à-dire  après  la 
seconde  et  la  troisième  leçon,  on  dit  le  second  et  le  troisième 
répons  qui  sont  le  deuxième  et  le  troisième  du  lundi 
suivant,  s'il  a  des  répons  propres  ;  si  au  contraire  il 
n'en  a  pas,  on  dit  le  second  et  le  troisième  répons  du 
premier  nocturne  de  ce  diman-^he.  De  l'octave  de  l'E- 
piphanie à  la  Septuagésime,  il  y  a  des  répons  propres 
pour  chaque  férié,  excepté  le  samedi  où  l'on  dit,  quand  on 
y  fait  l'office  de  la  férié,  le  répons  du  mercredi.  » 

Le  8®  répons  de  l'office  des  dimanches  après  la  Pen- 
tecôte est  toujours  Duo  Seraphim,  parce  que  le  diman- 
che est  spécialement  consacré  à  la  très  sainte  Trinité, 
dont  ce  répons  célèbre  la  louange.  L'Eglise,  en  effet,  y 
A  réuni  le  cantique  de$  Séraphius  qu'entendit  le  .Pro- 


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LES  RÉPONS  DES  LEÇONS.  357 

phète,  «  Duo  Seraphim  clamabant  alter  ad  alterum  *  : 
Sancttcs,  Sanctus,  Sanctiis,  Dominus  Deus  Sabaoth  *  : 
Plena  est  omnis  terra  gloriâ  ejiis  (Is.  vi,  2  et  3),  et 
Taffirmation  si  belle  et  si  explicite  du  profond  mystère 
par  saint  Jean  :  t.  Très  sunt  qui  testimonium  dant  in 
cœlOy  Pater,  Verhum  et  Spiritus  Sanctus  :  et  hi  très 
unum  sunt.  (Joann.  v,  7.) 

«  6.  On  prend  les  répons  à  l'endroit  où  ils  sont  d'abord 
placés,  au  commencement  du  mois  ou  du  livre,  et  on  les 
répète  les  dimanches  suivants  de  ce  mois  qui  n'en  ont  pas 
de  spéciaux,  ou  bien,  tant  qu'on  fait  la  lecture  du 
livre  d'où  ils  sont  tirés.  Les  répons  assignés  aux  fériés, 
dans  la  première  semaine  du  mois,  se  répètent  dans  le  même 
ordre  aux  fériés  des  semaines  suivantes,  jusqu'à  ce  qu'on 
en  désigne  de  nouveaux.  Quand  il  n'y  en  a  pas  de  propres, 
on  les  prend  toujours  aux  nocturnes  du  dimanche,  dans 
l'ordre  ci-dessus  indi  lué. 

«  7.  Si  les  répons  du  premier  nocturne  dominical  où 
ils  sont  placés  pour  la  première  fois,  ne  peuvent  se  dire 
ce  dim  inche-là,  à  cause  d'une  fôte  double  qui  survient,  on 
les  place  au  premier  jour  de  la  semaine  où  l'on  fait  l'oiïice 
de  la  férié,  et  on  omet  les  répons  propres  que  cette  férié 
pourrait  avoir.  S'il  ne  se  trouve,  dans  toute  la  semaine, 
aucun  jour  où  rolTice  soit  de  la  férié,  ces  répons  se  placeront 
la  sem  ine  suivante, ou  le  premier  dimanche  libre,  pourvu 
qu'on  n*ait  pas  à  y  reporter  d'au  très  répons,  sinon,  ils  sont 
omis  cette  année-là.  Quant  aux  répons  assignés  à  certaines 
fériés  de  la  semaine,  s'ils  ne  peuvent  se  dire  le  jour  où  ils  sont 
placés  à  cause  d'une  fête  qui  survient,  on  ne  doit  pas  les 
transférer  à  un  autre  jour,  mais  les  omettre.  » 

Les  répons  du  1  ^'  nocturne,  dans  Toffice  du  dimanche, 
sont  assimilés  ici  aux  livres  de  l'Ecriture,  parce  qu'ils 
sont  ex  raits généralement  du  livre  qui  compose  huirs 
leçons  correspondantes,  et  qu'ils  changent  avec  lui. 
C'est  pour(uoi  on  veut  toujours,  autant  que  possible, 
que  ces  répons  soient  récités,  de  même  qu'on  doit 
toujours  réciter  le  commencement  d'un  livre  sacré;  de 


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388       LBS  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

là  les  règles  des  deux  n^*  précédents.  Ces  règles  ne 
s'appliquent  pas  seulement  aux  dimanches  qui  suivent 
la  Pentecôte,  mais  encore  à  ceux  de  la  Septuagésime 
à  Pâques,  et  à  ceux  de  TAvent.  (Guyet.  1.  IV,  c.  17,  9, 
2  ;  de  Herdt,  pars  l\,De  Responsoriis  post  Lect.) 

«c  8.  Pendant  Je  temps  pascal,  à  la  un  du  répons  et  avant 
le  verset,  on  ajoute  alléluia.  » 

Il  s*agit  ici  des  répons  qui  n'auraient  pas  déjà  d'«/- 
leluia.  On  n*en  ajoute  qu'un,  pour  les  distinguer  des 
répons  brefs  du  même  temps  pascal,  qui  en  ont 
deux.  Cet  Alléluia  doit  être  placé  après  le  i^.,  et 
non  après  le  t.  ou  l'astérisque.  Nous  avons  dit  plusieurs 
fois  que  l'Eglise  aime  à  multiplier,  dans  le  temps 
Pascal,  ce  cri  de  joie  et  de  reconnaissance  venu  du 
ciel.  Si  le  répons  était  déjà  terminé  par  un  ou  plu- 
sieurs Alléluia,  on  n'en  ajouterait  pas  d'autre,  et  on 
les  réciterait  comme  ils  sont  marqués.  Il  y  en  a  deux 
dans  l'office  des  apfttres  et  des  martyrs  du  temps 
Pascal,  parce  que  cet  office  est  plus  triomphal  que 
celui  des  confesseurs  et  des  vierges. 

Nous  devons  ajouter  quelques  particularités  sur  les 
répons. 

1^  L'astérisque  désigne  la  partie  du  répons  qui  doit 
être  'répétée  après  le  verset,  et  après  le  Gloria  Patri^ 
quand  on  doit  le  dire.  Il  y  a  quelquefois  2  ou  3  asté- 
risques ;  dans  ce  cas,  la  répétition  ne  se  fait  que  d'un 
astérisque  à  l'autre,  et  non  jusqu'au  t.,  de  sorte  que  la 
1'®  répétition  va  du  premier  astérisque  au  secpnd;  la 
seconde,  du  second  au  verset  ou  au  troisième  astéris- 
que, s'il  y  en  a  trois.  Cette  règle  nous  est  explicite- 
ment indiquée  dans  le  répons  du  1"  dimanche  de 
l'A  vent,  qui  a  trois  astérisques,  par  le  Rituel  dans  le 
chant  du  Libéra  qui  en  a  deux,  et  par  les  décrets 
suivants:  6   sep.  1834,  12  sep.  1840,  et  7  déc.  1844. 

2*^  On  reprend  quelquefois,  après  le  Gloria  Patri,  le 


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l 


LES  RÉPONS  DES  LEÇONS*  859 

répons  jusqu'au  verset,  ainsi,  le  !•'  dimanche  de 
TAvent,  les  jours  de  Noël  et  de  Pâques,  et  au  Libéra 
des  défunts  ;  c'est  pour  donner  plus  de  solennité  à 
ces  répons  et  plus  d'instance  à  la  prière. 

3°  Le  8®  répons,  dans  le  commun  de  plusieurs  mar- 
tyrs, est,  dans  certains  cas,  changé  en  celui-ci  :  Bsec 
est  vera  fraternitas,..  C'est  lorsque  Toffice  a  pour  ob- 
jet des  frères  selon  la  chair,  et  non  pas  seulement  les 
membres  d'une  même  communauté,  comme  quelques- 
uns  le  pensaient.  (13  mars  180i,  25  août  1878.)   Il 
faudrait,  pour  cette  dernière  application  de  la  rubrique, 
un  privilège  spécial,  comme  l'ont  obtenu  les  Frères  Mi- 
neurs. Si,  parmi  les  martyrs  de  cet  office,  quelques-uns 
seulement  sont  frères,  on  ne  dit  pas  moins  ce  répons, 
pourvu  que  les  frères  soient  plus  nombreux  que  les 
autres  ;  c'est  ce  qui  arrive  pour  l'office  des  Sept  Frères 
martyrs  et  des  saintes  Rufine  et  Seconde.  {Brev.  Rom. 
10  juillet.)  Il  en  serait  de  même,  si  les  frères  mar- 
tyrs, en  nombre  égal  avec  leurs  compagnons,  étaient 
nommés  les  premiers,  parce  qu'il   s'agirait  principa- 
lement d'eux:  ainsi,  quand  leur  fête  est  renvoyée 
après  le  temps  Pascal,  pour  les  deux  frères  saint  Nérée 
'et  saint  Achillée,  qui  ont  le  même  office  avec  sainte 
Domitille  et  saint  Pancrace,  tous  martyrs.  (12  mai.) 
Telle  est,  pour  ce  dernier  point,  la  doctrine  de  de  Herdt, 
fondée  sur  un  décret  du26  septembre  1706,  et  sur  les 
indications  du  missel,  dans  la  messe  de  ces  mêmes 
saints,  oîi  le  répons  Bœc  est  vera  fratemitas  sert  de 
Graduel.  L'office  de  saint  Eustacheet  de  ses  compa- 
gnons (20  septembre)  a  bien  deux  frères  martyrs  pour 
objet,  puisque  les   compagnons   du   soldat  chrétien 
étaient  son  épouse  et  ses  deux  fils;  mais  il  ne  s'agit  pas 
principalement  de  ces  derniers,  le  père  étant  surtout 
l'objet  de  la  fête;  c'est  pourquoi  le  8«  répons  n'est  pas 
changé. 
On  connaît  ce  répons  touchant  en  l'honneur  des 


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366       LBS  ËLAMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

martyrs  qu'unissent  encore  ici  les  liens  du  sang  versé 
pour  J.-C.  Oui,  ceux-là  sont  vraiment  frères  qui^  au 
milieu  des  /dus  terribles  combats^  n'ont  jamais  souillé^ 
par  la  honte,  leur  sang  fraternel,  qui  n'ont  pas  craint 
de  mourir  ensemble,  pour  imiter  et  suivre  leur  maître 
commun^  J.-C,  ;  plusieurs  d'entre  eux  ont  méprisé, 
pour  le  royaume  des  cteux,  les  avantages  dun  palais  ; 
tous,  les  promesses  dun  tyran.  Oh  t  qu'il  est  doux  et 
consolant  dêtre  encore  ainsi  unis  et  frères  dans  la 
fidélité  à  Dieu  et  jusque  dans  le  martyre/ 

i^  Le  S**  répons  du  commun  d'un  mirlyr  est  aussi 
quehiuôfois  remplacé  par  cet  autre  :  Domine  prasve- 
nisti  eum,..  C'est  lorsque  le  héros  est  mort  par  suite  de 
mauvais  iriâtements  subis  pour  sa  foi,  mais  non  par 
reflusion  du  sang.  (18  janv.  1693.)  Ainsi,  les  saints 
Eusèba,  Marcel,  Jean,  Silvère,  Martin  et  Pontien, 
comme  on  peut  le  voir  dans  les  leçons  du  bréviaire  ; 
le  répons  ordinaire  ne  leur  conviendrait  pas. 

5°  L'office  des  Docteurs,  presque  en  tout  semblable 
à  celui  des  confesseurs,  pontifes  ou  non,  a  aussi  un 
8®  répons  spécial;  on  y  célèbre  la  doctrine  et  la  sa- 
gesse, la  gloire  et  la  récompanse  de  ces  maîtres  qui,, 
éclairés  du  ciel,  brillèrent  avec  tant  d'éclat  dans  TE- 
glise. 

6*  Les  répons  doivent  être  chantés  de  la  manière 
suivante:  Deux  chantres  entonnent  le  répons,  qui  est 
continué  jusqu*au  verset  par  le  chœur.  Ils  chantent 
ensuiti  le  verset,  et  le  chœur  reprend  à  l'astérisque.  Le 
Gloria  Patri,  quand  il  fait  pa  tiedu  répons,  est  aussi 
réservé  aux  chantres.  Si  le  répons  doit  être  répété  en 
entier,  les  deux  chantres  l'entonnent,  et  le  chœur  con- 
tinue comme  au  commencement. 

§   II.    DES    RÉF0M8    BREFS. 

Le  nom.  —  Le  y.  du  répons  bref  à  prime.  —  Les  Alléluia.  —  Le 
chant.  —  La.  Rubrique. 

On  appelle  répons  brefs  ceux  qui  se  disent  aux  petites 

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LES  RÉPONS  BREFS.  à61 

heures  et  à  complies  après  le  capitule.  Le  chœur  y 
répond  au  célébrant,  et  ils  sont,  déplus,  composés  de 
parties  qui  se  répondent  entre  elles.  De  là,  leur  nom 
de  répons  auquel  on  ajoute  le  qualificatif  de  brefs ^  pour 
les  distinguer  de  ceux  qui  suivent  les  leçons,  dit 
Lohner,  et  aussi  parce  qu'ils  sont  plus  courts  en  eux- 
mêmes  et  duns  leur  notation. 

Ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  sur  Torigine,  la 
nature  et  le  sens  mystique  des  grands  répons  leur 
convient  aussi.  Comme  les  premiers,  ils  s'inspirent 
toujours  de  la  fête  ou  du  mystère.  Chacun  d'eux  a  le 
Gloria  Patriy  parce  qu'il  n'y  a  qu'un  répons  aux  pe- 
tites heures,  tandis  que  matines  en  ont  trois  pour  chaque 
nocturne.  Déjà  le  quatrième  concile  de  Tolède,  en  663, 
retranchait  ce  Gloria  Patri  dans  les  offices  du  temps 
de  la  Passion,  comme  aux  répons  de  matines,  et  pour  la 
même  raison  de  tristesse. 

Les  petites  heures  et  les  complies  des  jeudi,  vendredi 
et  samedi  saints  n'ont  pas  de  répons  brefs.  On  a 
voulu,  en  signe  de  deuil,  réduire  le  plus  possible  l'of- 
fice de  ces  jours  à  sa  forme  primitive. 

Les  vêpres  et  les  laudes  n'ont  jamais  de  répons 
brefs,  parce  que  l'hymne  y  suit  le  capitule  et  supplée 
largement  au  but  et  à  l'idée  de  ces  répons. 

Les  répons  brefs  varient  selon  les  offices,  excepté  à 
prime  et  à  complies  où  ils  sont  toujours  les  mêmes. 
Les  circonstances  du  temps  où  se  disent  ces  heures, 
dont  l'une  est  la  première  et  l'autre  la  dernière  du 
jour,  l'emportent  ici  sur  l'objet  de  la  fête. 

Celui  de  prime  a  cependant  quelquefois  Une  petite 
variante  dans  son  t.  :  Qui  sedes  ad  dexieram  Patris.  Ce 
dernier  change  en  effet  souvent  dans  les  offices  de 
N.-S.  ou  de  la  sainte  Vierge.  Ainsi,  pour  le  temps  de 
TAvent  :  Qui  venturus  es  in  mundum,  —  pour  Noël  : 
Qui  natus  es  de  Maria  Virgine,  —  pour  l'Epiphanie  : 
Qui  apparuisti  hodie^  —  pour  le  temps  Pascal  :  Qui 

T.  K.  21 


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362        LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

sutrexisti  a  mortuis^  —  pour  TAscension  :  Qui  scandis 
super  sidéra^  etc.  et  pour  les  offices  de  la  sainte  Vierge, 
Qui  natus  es  de  Maria  Virgine.  Ces  versets  s'inspirent 
alors,  comme  on  le  voit,  de  Tobjet  de  la  fête  qu'on  a 
voulu  rappeler  au  commencement  de  prime  par  Pan- 
tienne,  à  la  fin  par  la  leçon  brève,  et  au  milieu  par 
ce  t.  propre.   Le  changement  doit  se  faire  pendant 
tout  le  temps  liturgique  ou  toute  Toctavedela  fête  aux- 
quels il  est  assigné,  quand  même  on   ne  ferait  de 
ceux-ci   ni  office  ni  mémoire.  Mais,  si  l'office  à  faire 
ces  jours-là  avait  son  verset  propre,  on  laisserait  le 
premier;    ainsi,    pendant   l'octave    de    l'Immaculée 
Conception,  on  dit  le  t.  Qui  natus  es,  au  lieu  de  celui 
de  l'A  vent  :  Qui  venturus  es.  L'office  de  ces  fêtes  étant 
préféré,  on  doit  lui  conserver  son  verset  à  prime.  (Bou- 
vry.) 

Il  y  a  cependant  deux  exceptions  :  à  l'office  de  la 
fête  appelée  :  Expectatio  partes  B.  M,  Virg.,  on  con- 
serve le  t.  de  TAvent  :  Qui  venturus  es  in  mundum 
(26  nov.  1735),  et  à  celui  de  N.-D.  des  Sept  Douleurs 
on  dit,  au  lieu  du  t.  Qui  natus  es^  celui  des  offices  de 
la  Passion  :  Qui  passus  es  pro  homine.  —  Quipassus 
es  propter  nostram  salutem  ;  le  sens  de  ces  versets  si 
approprié  aux  mystères  de  ces  deux  fêtes  a  motivé 
l'exception. 

Durant  le  temps  Pascal,  on  ajoute  à  tous  les  répons 
brefs,  et  par  conséquent  à  ceux  de  prime  et  de  compiles, 
car  la  rubrique  ne  distingue  pas,  deux  Alléluia  après 
le  premier  ^.  et  avant  le  premier  t.,  et  un  seul  après 
ceux  qui  terminent.  Les  deux  premiers  Alléluia  consti- 
tuent ainsi  la  partie  du  i^.  qu'il  faut  reprendre  après 
le  premier  t.  Raoul  de  Tongres  (Prop.  12)  et  saint 
Benoît  (c.  24)  mentionnaient  déjà  cette  addition  pascale, 
«  dont  la  raison  évidente,  dit  Gavantus,  est  la  grande 
joie  que  la  brièveté  du  répons  ne  suffisait  pas  à  ren- 
dre, »  (Sect.  V,  c.  XIV.  n.  5.)  Le  même  motif  n'existait 


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LES  RÉPONS  BREFS.  363 

pas  pour  les  répons  des  nocturnes  beaucoup  plus 
longs.  Le  t.  et  le  ^.  qui  terminent  n'ont  qu'un  seul 
Alléluia,  d'après  la  règle  générale  des  t.  et  des  i|f.  pen- 
dant le  temps  Pascal. 

Il  est  des  fêtes  où,  même  en  dehors  du  temps  Pas- 
cal, on  ajoute  ces  Alléluia  aux  répons  brefs  de  tierce, 
de  sexte  et  de  none.  Ce  sont  Noël,  la  Circoncision, 
l'Epiphanie,  le  Saint-Sacrement,  la  Transfiguration,  et 
l'Invention  de  la  Sainte-Croix  :  autant  de  fêtes  de  joie 
pour  l'Eglise  et  pour  les  âmes  chrétiennes.  L'addition  ce- 
pendant ne  se  fait  pas  alors  aux  répons  brefs  de  prime 
et  de  compiles,  dont  le  sens  général  ne  s'inspire  pas 
de  ces  fêtes.  On  a  voulu  aussi  [les  distinguer  des  ré- 
pons brefs  du  temps  Pascal. 

Au  chœur,  deux  choristes  chantent  jusqu'au  premier 
t/lei)^.,  qui  est  aussitôt  répété  par  tous.  Ils  chantent  en- 
suite le  t.  et  le  chœur  reprend  le  içi.,  à  partir  de  l'as- 
térisque. Les  chantres  poursuivent  par  le  Gloria  Patri, 
quand  il  ne  doit  pas  être  retranché,  et  le  chœur,  lais- 
sant le  Sicut  erat,  reprend  le  ^,  tout  entier  jusqu'au 
premier  verset.  Le  verset  final  et  le  i|f.  sont  chantés 
alternativement  par  les  deux  chantres  et  le  chœur. 

Aux  fériés  de  l'Avent  et  du  Carême,  quand  on  en 
fait  l'office,  il  n'y  a  qu'un  seul  chantre  pour  les  répons 
brefs. 

La  rubrique  du  titre  XXVIII  ne  saurait  offrir  aucune 
difficulté  après  les  explications  précédentes.  La  voici  : 

«  1.  Les  répons  brefs  se  disent  après  le  capitule  à  prime, 
tierce,  sexte  et  none,  et  à  complies,  excepté  pendant  les 
trois  derniers  jours  de  la  semaine  sainte  jusqu'à  none  du 
samedi  in  Albis  inclusivement.  A  prime  et  à  complies^  ils 
se  disent  toujours  comme  au  psautier.  Il  en  est  de  même 
aux  autres  heures,  quand  c'est  l'office  d'un  dimanche  ou 
d'une  férié  pendant  l'année.  Pendant  l'avent,  le  carême^ 
le  temps  de  la  Passion  et  le  temps  pascal,  on  les  dit  comme 
ils  sont  marqués  au  propre  du  Temps.  Les  jours  de  fêtes, 


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364       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

quand  il  n*y  en  a  pas  de  spéciaux,  on  les  prend  au  commun 
des  Saints. 

«  2.  A  la  fin  du  répons  bref,  on  dit  Gloria  Patri  et  on 
répète  le  répons  delà  manière  marquée  dans  le  psautier  à 
prime,  excepté  au  temps  de  la  Passion,  où  le  Gloria  Patri 
ne  se  dit  pas  à  Toffice  du  Temps,  mais  où  Ton  récite  seule- 
ment le  répons  bref  depuis  le  commencement.  (L'exception 
est  inspirée  par  un  motif  de  deuil  et  de  tristesse,) 

«  3.  Au  répons  bref  de  prime,  pendant  TAvent,  on  dit: 
Qui  venturus  es  in  mundum,  au  lieu  de  Qui  sedes,,,,  tant 
aux  dimanches  et  fériés,  qu'aux  fêtes,  excepté  à  celle  de 
rimmaculée  Conception  de  la  Sainte  Vierge  et  pendant 
l'octave.  De  Noël  à  l'Epiphanie,  même  aux  fêtes  occurrentes, 
le  jour  de  la  fête  du  Saint-Sacrement  et  pendant  l'octave, 
à  tous  les  offices  de  la  Sainte  Vierge,  soit  de  neuf,  soit  de 
trois  leçons,  même  aux  fêtes  ou  aux  dimanches  qui  tombent 
dans  ces  octaves,  on  dit  :  Qui  natus  es  de  Maria  Virgine, 
Le  jour  de  l'Epiphanie  et  pendant  l'octave,  et  aussi  le  jour 
de  la  Transfiguration  :  Qui  apparuisti  kodie.  Depuis  le 
dimanche  in  Albis  inclusivement  jusqu'à  l'Ascension  exclu- 
sivement, à  l'office  soit  du  Temps,  soit  des  saints,  excepté 
à  l'office  de  la  Sainte  Vierge  :  Qui  surrexisti  a  mor- 
tuis.  De  l'Ascension  à  la  Pentecôte,  exclusivement:  Qui 
scandis  super  sidéra.  A  la  Pentecôte  et  aux  autres  temps  de 
l'année,  soit  à  l'office,  du  temps,  soit  à  celui  des  saints  :  Qui 
sedes  ad  dexteram  Patris,  comme  au  psautier. 

«  4.  Les  répons  brefs  des  autres  heures,  placés  au  premier 
dimanche  de  l'Avent,  se  disent  pendant  tout  l'Avent,  quand 
on  fait  l'office  du  Temps.  De  même,  ceux  qui  sont  placés 
au  premier  dimanche  du  Carême  se  disent  jusqu'au  diman- 
che de  la  Passion  exclusivement.  Et  ceux  qui  sont  assignés 
au  dimanche  de  la  Passion  se  disent  jusqu'au  jeudi  saint  ex- 
clusivement. Ceux  du  dimanche  in  Albis  se  disent  jusqu'à 
l'Ascension  exclusivement,  et  ceux  d'une  fête  ayant  octave, 
pendant  toute  l'octave,  quand  on  en  fait  l'office.  A  l'office 
de  la  Sainte  Vierge,  soit  de  neuf  soit  de  trois  leçons,  ex- 
cepté le  jour  de  l'Assomption,  on  dit  toujours  les  répons 
brefs  du  commun  des  Vierges.  {Marie  n* est-elle  pas  la  reine 
des  Vierges  2) 


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LE  «  TE  DEUM  ».  365 

«  5.  Pendant  le  temps  pascal,  depuis  le  dimanche  in 
Albis  jusqu'au  samedi  après  la  Pentecôte  inclusivement,  à 
la  un  du  répons  bref,  et  avant  le  premier  verset,  on  dit 
deux  Alléluia  qu'on  répète  après  ce  même  verset  pour  rem- 
placer la  partie  du  répons  omise  ;  à  la  fin  du  second  verset  on 
dit  un  seul  Alléluia^  à  l'office  du  Temps  et  à  celui  des  saints, 
comme  il  est  marqué  à  la  rubrique  du  samedi  m  A  lois.  En 
dehors  du  temps  pascal,  bien  qu'à  certaines  fêtes  on  ajoute 
Alléluia  aux  répons  brefs  de  tierce,  de  sexte  et  de  none, 
on  ne  le  fait  pas  néanmoins  à  prime  ni  à  compiles. 

Art.  VI.  Le  «  Te  Deum  ». 

Son  rôle  dans  l'office  divin.  —-  Sa  beauté.  —  Son  auteur.  —  La 
rubrique.  —  Principes  liturgiques. 

Le  Te  Deum  esta  l'office  divin  ce  que  l'hymne angéli- 
que  est  à  la  sainte  messe  t  nouveau  rapport  entre  eux 
de  ces  deux  actes  principaux  du  culte.  Dès  le  début  du 
Sacrifice,  en  effet,  le  Gloria  in  excelsis  nous  unit  aux 
anges  pour  louer  Dieu,  et  surtout  le  Verbe,  au  sujet  des 
mystères  de  la  Rédemption  qui  yont  se  renouveler  à 
l'autel  ;  et  le  Te  Deum,  dès  la  première  heure  de  l'office, 
est  une  louange  et  une  action  de  grâces  à  la  Trinité 
sainte  et  au  Verbe  incarné  qui,  par  l'office  divin,  nous 
font  participer  aux  fruits  rédempteurs.  Aussi  ces  deux 
hymnes  sont-elles  comme  inséparables  dans  la  liturgie; 
le  Gloria  in  excelsis  est  récité  à  la  messe  quand  les 
matines  ont  eu  leur  Te  Deum.  Ces  deux  chants  sont 
dignes  en  effet  l'un  de  l'autre,  et  le  dernier  ne  le 
cède  en  rien  au  cantique  des  anges.  Quelle  prière  a 
jamais  trouvé  des  accents  plus  solennels?  Où  donc 
l'admiration,  la  louange  et  la  reconnaissance  ont-elles 
revêtu  une  expression  plus  sublime?  «  Ce  n'est  pas 
une  composition,  dit  M.  de  Maistre,  c'est  une  effusion  f 
c'est  une  poésie  brûlante,  affranchie  de  tout  mètre; 
cest  un  dithyrambe  divin,  dû  à  l'enthousiasme,  volant 
de  ses  propres  ailes,  méprisant  toutes  les  ressources 
de  l'art.  Je  doute  que  la  foi,  l'amour,  la  reconnaissance 


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9H       LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES* 

aient  ptiië  jamais  de  langage  plus  vrai  et  plus  péné- 
trant. »  {Soirées  de  Saint-Pétersbourg.  Entret,  VII.) 
Comme  le  Gloria  in  excelsisy  le  Te  Deum  a  deux 
parties  bien  distinctes  et  de  même  nature.  La  première, 
depuis  le  commencement  jusqu'à  ces  mots:  Tu  Rex 
ffloriœ,  Christe,  s'adresse  d'abord  à  la  sainte  Trinité 
dont  elle  exalte,  en  union  avec  les  anges,  les  apôtres, 
les  prophètes  et  les  martyrs,  l'unité  substantielle  et  les 
divins -attributs,  entre  autres:  la  sainteté,  la  toute-puis- 
sance, le  domaine  souverain.  Cette  première  partie  loue 
ensuite  et  célèbre,  en  union  avec  toute  l'Eglise,  le  Père 
dans  son  infinie  majesté,  le  Fils  dans  sa  génération 
éternelle,  et  l'Esprit  sanctificateur.  La  seconde  partie 
a  tout  spécialement  pour  objet  le  Verbe  et  ses  princi- 
paux mystères  :  l'Incarnation  et  la  Rédemption,  sa 
sortie  du  tombeau  et  son  Ascension  au  ciel,  son  règne 
sans  fin  à  la  droite  du  Père  et  son  dernier  avènement 
pour  juger  le  monde.  De  là  les  supplications  pressantes 
qui  suivent,  pour  que  J.-C. ,  en  nous  faisant  participer 
aux  bienfaits  de  son  sang,  nous  introduise  dans  le  glo- 
rieux séjour  des  élus,  après  nous  avoir  sanctifiés  ici-bas 
et  conduits,  comme  un  bon  Pasteur,  jusqu'au  but  éter- 
nel. Nous  promettons,  en  retour,  de  louer  et  de  servir 
sans  cesse  le  Seigneur,  lui  demandant,  à  cette  fin,  sa 
grâce  pour  la  journée  qui  commence,  et  implorant  une 
dernière  fois  la  bonté  de  son  cœur,  pour  lequel  nous  fai- 
sons profession  d'une  confiance  sans  bornes  et  qui  ne 
sera  jamais  déçue.  Tel  est  le  Te  Deum  avec  ses  beaux 
sentiments. 

Mgr  Cousseau,  mort  évêque  d'Angoulème,  en  fait 
ainsi  l'analyse  littéraire  :  «  Le  Te  Deum  n'est  pas  en 
vers  proprement  dits  :  il  est  composé  de  versets  sans 
mesure  fixe.  Mais,  s'il  n'a  point  cette  harmonie  régu- 
lière de  Virgile  et  d'Horace,  il  en  a  une  autre  plus 
large,  qui  consiste  dans  la  convenance  et  le  rapport 
exact  des  mots,  de  leur  son  et  de  leur  mesure  avec  les 


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LE  «  TE  DEUM  ».  367 

idées  qu'ils  expriment.  Qui  pourrait  méconnaître  ce 
genre  d'harmonie  dans  ces  fins  de  versets  si  graves 
et  si  solennelles  :  Omnis  terra  veneratur,,.  universœ 
Polestates  ?  Quel  bel  effet  ne  produit  pas  le  mélange  de 
Tiambe  rapide  avec  le  grave  spondée  dans  cet  admi- 
rable tableau  des  chœurs  célestes,  des  apôtres,  des 
martyrs,  chantant,  de  concert  avec  TEglisede  la  terre, 
la  gloire  du  Père  éternel  :  Te  gloriosus  Aposlolorum 
chorus...  Te  Martyrum  candidatus...  Te  per  orbem 
terrarum!,...  Et,  après  C3tte  magnifique  énumération 
de  tout  ce  qui  rend  hommage  à  la  majesté  de  Dieu, 
ne  Voit-on  pas  paraître  cette  immense  majesté  elle- 
même  dans  ce  verset  de  trois  mots  seulement,  mais 
composé  tout  entier  de  syllabes  longues  :  Patrem  im- 
mensâs  majestalis  ?  Ce  ne  sont  pas  les  formes  régulières 
de  la  poésie  latine,  mais  ce  sont  les  formes  plus  libres 
de  la  poésie  hébraïque,  de  cette  poésie  de  David  et 
d'Isaïe,  telle  qu'elle  éclate  encore  dans  la  version  des 
Septante,  et  jusque  dans  la  Vulgate.  »  {Mémoire  sur 
le  Te  Deum  *.) 

Quel  est  l'auteur  de  cette  hymne  appelée  par  le  car- 
dinal Bona,  un  cantique  divinement  composé.  On  a  cru 
longtemps,  et  plusieurs,  parmi  lesquels  Darras,  le 
croient  encore  aujourd'hui,  qu'elle  fut  composée  par 
saint  Ambroise  et  saint  Augustin,  après  que  celui-ci  eut 
reçu  le  baptême.  Transportés  de  reconnaissance,  l'un 
pour  la  grâce  ineffable  du  sacrement,  et  l'autre  pour  la 
conquête  que  l'Eglise  venait  de  faire  ainsi  sur  les  Mani- 
chéens, ils  auraient  tous  deux,  par  une  inspiration  sou- 


i.  Mgr  Gousseau  était  alors  chanoine  de  la  cathédrale  de  Poi- 
tiers. L'opuscule  en  question  (1839)  lui  donne  une  place  dans 
Phistoire  de  la  liturgie.  L'auteur  fit  paraître  l'année  suivante 
un  second  mémoire  sur  Vancienne  liturgie  du  diocèse  de  Poi- 
tiers^ et  sur  les  monuments  qui  nous  en  restent  :  travail  remar- 
quable, où  Ton  regrette  certains  préjugés  du  temps  en  faveur 
des  liturgies  gallicanes. 


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368       LBS  ÉLÉMBNTS  DBS  HEURBS  GANONIALBS. 

daine,  exprimé  Jes  sentiments  qui  se  pressaient  dans 
leurs  âmes.  Telle  fut  d'abord  l'opinion  commune,  à 
laquelle  souscrivit  Suarez.  De  là  le  titre  donné  au  Te 
Deum  :  Hymne  de  saint  Ambroise  et  de  saint  Augustin^ 
qui  se  trouve  encore  dans  le  bréviaire  après  matines. 
«On  ne  peut  avoir  pour  appuyer  ce  titre,  dit  D.  Guéran- 
ger,  que  des  conjectures  et  une  possession  qui  n'est 
pas  très  ancienne.  »  {Instit,  Liturg.  T.  I,  p.  115.)  La 
chronique  attribuée  à  saint  Dace,  archevêque  de  Milan 
au  VI*  siècle,  sur  laquelle  repose  surtout  cette  opinion, 
est  en  effet  d'origine  plus  récente.  Mérati  prouve  lon- 
guement, d'après  Muratori  et  D.  Mabillon,  quelle  est 
de  Landulphe  le  Vieux,  historiographe  de  Milan  au 
XI*  siècle  *.  (Sect.    V,  c.    vu,   de  hym.  Te  Deum.) 

1.  Voici  le  texte  de  cette  chronique,  telle  que  nous  la  trouvons 
dans  l'histoire  de  Landulphe  publiée  par  le  célèbre  Muratori 
(tom.  4.  Script  rerum  Italie)  :  <  Eodem  temporecontigit  ut  qui- 
dam sapiens,  tamen  errore  Manichseorum  seductus,  nomine  Au- 
gustinus,  argumentis  dialecticse  armatus,  et  postea  Dei  Fidelis 
et  Catholicus  vivens  Episcopus,  eùm  in  Ecdesiâ  hyemali^  non  ord' 
tionis  curiositate  neque  secundum  causam  utilem  videndi  et  au- 
diendi  Dominici  mysteriif  sed  reprehendi  gratià^  B,  Ambrosium 
de  Incamatione  Domini  ad  populum  invenisset  tractantem  et  prœ- 
dicantem,  oblitus  sui  et  suarum  omnium  cogitationum,  pollens 
et  tremenSf  omnibus  qui  erant  et  videntibus,  obriguit,  Qmn  etiam^ 
finitâ  admonitione  quam  ad  populum  Ambrosius  ministrabat^ 
privatim  Augustinus  pervenit;  at  B,  Ambrosius,  cognitâ  ejus 
scientid  patefactâque  ejus  disciplina  quid  in  arte  valeret, 
qualiter  in  fide  catholicâ  dissentiret,  et  pei*  Spiritum  Sanctum 
cognoscens,  qualiter  que  Fidelis  et  Catholicus  futurus  es  set,  pla- 
cidissime  et  multum  cfiàritative  eum  suscepU,,,  Tandem  nutu  di- 
vino  non  post  multos  dies,  sicut  multi,,  videniibus  et  sibi  consen- 
Hentibus,  palam  observaverunt,  sic  in  Fontibus  qui  B*  Joannis  ads- 
cribuntur,  Deo  opitulante,  a  B.  Ambrosio,  cunctis  fidelibus  hujms 
urbis  adstantibus  et  videniibus,  in  nomine  sanctas  et  individus 
Trinitatis  baptizatus  et  confirmatus  est.  In  quibus  fontibus,  prout 
Spiritus  Sanctus  dabat  eloqui  illis,  Te  Deum  laudamus  decantau' 
tes,  cunctis  qui  aderant  audientibus  et  videntibus,  simulque  mi- 
rantibus,  id  posteris  ediderunt  quod  ab  universà  Ecdesiâ  Catho- 
liùi  usque  hodie  tenetur,  et  religiose  decantatur,  et  quasi  ditaii 


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LE  «TE  DEUM»  '369 

Comment  saint  Augustin,  en  nous  racontant  son  bap- 
tême dans  le  livre  de  ses  C  on  fessions  (ix,  6),  n'aurait- 
il  pas  mentionné  cette  circonstance  à  la  fois  solennelle 
et  touchante?  Aussi,  pour  ces  raisons  et  surtout  parce 
que,  dès  le  temps  le  plus  ancien,  Thymne  était  ap- 
pelée Ambrosienne^  D.  Martène  (c.//,  adReg.S.  Bened.), 
Lohner  (Instrtœi.  pracL  deofil.  div,  pars  2.  tit.  I.  §.  11), 
Gavantus  et  d'autres  encore  attribuent  le  Te  Deum 
à  saint  .Ambroise   seul  ;  mais    l'antique  appellation 
à'hymnus  ambrosianus  ne  prouverait  pas  absolument 
lathèse,  selon  la  remarque  de  Merati,  parce  qu'on  nom- 
mait ainsi  toutes  les  hymnes, composées  ou  non  par  le 
saint  Docteur;  ce  fait  est  confirmé  par  le  savant  Schul- 
ting{Biblioth.  ecclesiasL^  pars  2, c.  sect.  2,c.  7.)  et  par 
Walafrid   Strabon.  {De  rébus  ecclesiast.  c.  25.)  Cette 
hymne  en  prose,  du  reste,  comme  le  dit  avec  raison 
D.  Guéranger,  n^a  rien  de  commun  avec  les  véri- 
tables hymnes  de  saint  Ambroise,  qui  sont  mesurées. 
On  a  donné  d'autres  auteurs  au  Te  Deum,  parmi 
lesquels  le  plus  connu  est  saint  Hilaire  de  Poitiers.  Mgr. 
Cousseau,  dans  Topuscule  cité,  a  fait,  en  faveur  de 
ce  dernier,   une  thèse  qui  a  pour  base   surtout  le 
témoignage  d'Abbon  de  Fleury  (x«  siècle)  et  certaines 
analogies  entre  le  langage  du  saint  Docteur  de  Poitiers, 
et  les  accents  du  Te  Deum.  «  Cet  opuscule,  dit  D.  Gué- 
ranger  nous  a  semblé  très  insuffisant  pour  démontrer 
la  thèse  difficile  que  l'auteur  s'est  proposée.  »   {lac. 
cit.)   Merati,   en  terminant    sa  longue  dissertation, 
inclinerait  à  penser  que  l'auteur  pourrait  bien  être 
saint  Hilaire  d'Arles  ou  un  ancien  moine  de  Lérins, 
parce  que  les  derniers  versets  semblaient  indiquer  que 
l'hymne  était  destinée  à  matines.  Mais  il  n'en  con- 
clut pas  moins  que  nous  sommes  sur  ce  point  dans 

multis  divitiis  et  inestimabilibtis  margaritis,mutuo  in  Deo  lœtantes, 
et  cum  gratiarum  actione  cibum  sumentes,  lœtati  sunt  et  gaudio 
magno  gavisi  in  Domino  confortati  sunt.  » 

T.  M  21, 


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370       LÉS  ÉLËMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

une  incertitude  complète.  Ainsi  pensons-nons,  après 
D.  Guéranger  et  plusieurs  autres  auteurs.  «  Il  est 
fortement  douteux,  dit  Tabbé  Jos.  Schmid,  dans  son 
Précis  dePatrologie,  si  le  cantique  ambrosien  :  Te  Deum 
laudamuSy  provient  effectivement  du  saint  Evêque  de 
Milan.  »  (S.  Amb.)  Darras  ici  est  trop  sévère  et  exagéré. 
«  Malgré  les  efforts  de  la  critique  moderne  qui  veut  tout 
détruire,  dit-il,  la  tradition  constante  de  l'Eglise  a  tou- 
jours rattaché  l'origine  du  Te  Deum  à  ce  grand  fait  de 
rhistoire  ecclésiastique  (le  baptême  de  saint  Augus- 
tin). Pour  notre  part,  nous  maintenons  la  tradition,  et 
nous  déclarons  qu'on  n*a  point  encore  produit  d'argu- 
ment sérieux  qui  autorise  à  l'abandonner.  »  (T.  10, 
p.  853.) 

Si  l'auteur  du  Te  Deum  nous  est  inconnu,  cette 
hymne  n'en  est  pas  moins  d'une  grande  beauté  et  d'une 
origine  ancienne.  «  Elle  remonte,  dit  D.  Guéranger  à 
une  antiquité  voisine  de  saint  Ambroise,  puisqu'elle  est 
citée  dans  la  Règle  de  saint  Benoit,  qui  a  dû  être  écrite 
dans  la  moitié  du  sixième  siècle.  »  Le  saint  Fondateur, 
en  effet,  dit  expressément  :  Postquartum  fiesponsorium^ 
incipiat  Abbas  TeDeumlaudamus,..  (Reg,  c.  ii.)  Mais 
avant  lui  samt  Césaire  d'Arles,  successeur  de  saint  Hi- 
laire  (500), avait  introduit  déjàle  Te  Deum  dans  l'office 
divin.  Merati  croit  qu'il  en  a  parlé  le  premier. 

Voici  maintenant  comment  s'exprime  la  Rubrique 
sous  le  Titre  XXXI. 

«  4.  L'hymne  Te  Deum  se  dit  à  toutes  les  fêtes  de  Tannée, 
soit  de  trois,  soit  de  neuf  leçons,  et  pendant  leurs  octaves. 
Il  faut  excepter  la  fête  des  SS.  Innocents,  à  moins  qu'elle 
ne  tombe  le  dimanche,  mais  la  fête  seulement,  et  non  le 
jour  octave.  Le  Te  Deum  se  dit  encore  tous  les  dimanches, 
depuis  Pàquesinclusivement  jusqu'à  TA  vent  exclusivement, 
et  de  Noël  inclusivement  à  la  Septuagésime  exclusivement, 
ainsi  qu'à  toutes  les  fériés  du  temps  Pascal,  depuis  le  ôU 
manche  in  Albis  jusqu'à  l'Ascension,  le  lundi  des  Roga- 
tions excepté. 


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LB  «  TE  DBUM  ».  374 

«  2.  Mais  on  omet  cette  hymme  les  dimanches  de  i'Avent, 
et  ceux  depuis  la  Septuagésime  jusqu'au  dimanche  des  Ra- 
meaux inclusivement,  ainsi  qu*aux  fériés  en  del 
temps  Pascal. 

«  3.  Le  neuvième  ou  le  troisième  répons  est  rc 
lorsqu'on  dit  le  Te  Beum;  cette  hymne  suit  alor 
diatement  la  dernière  leçon. 

«  4.  Quand  on  ne  doit  pas  le  dire^  il  faut  le  re 
par  le  neuvième  ou  le  troisième  répons,  après  U 
commence  aussitôt  les  laudes.  Celles-ci  suivent  d 
immédiatement  le  Te  Deum,  quand  on  le  dit, 
la  nuit  de  Noël,  où  Ton  récite  alors  Toraison,  suivie 
de  la  messe,  comme  il  est  marqué  en  son  lieu.  » 

LeTeDeum  se  récitedonc  àla  fin  de  matines  : 
de  louange  et  de  reconnaissance,  qui  avait  s 
marquée  entre  Toffice  nocturne  et  celui  de  Taui 

Tous  les  offices  ne  l'ont  pas.  Au  ix*  siècle,  c 
disait,  à  Rome,  qu'à  ceux  des  Pontifes,  d'après 
laire.  {Prolog,  de  ordin.  Antiph,)  Le  Microîogi 
apprend  qu'au  xi®  siècle,  on  le  récitait  tous  les  ( 
ches  et  aux  fêtes  de  neuf  leçons,  excepté  toute 
la  Septuagésime  à  Pâques  et  pendant  l'Avent. 
46  et47.j  Innocent  III,  au  xiii*  siècle,  rappela 
ne  fallait  pas  dire  le  Te  Deum  aux  quasi-fêtes  : 
profestis  dicendum  {de  celebr.  Miss,  c.  conc 
c'est-à-dire,  comme  l'explique  Raoul  de  Tongr 
fêtes  simples.  {Prop,  13.)  Les  jours  exceptés  maii 
par  la  rubrique  sont  ceux  de  tristesse  et  de  péri 
ou  encore  ceux  qui  n'ont  pas  de  solennité  ;  V 
était  trop  joyeuse  et  trop  solennelle,  dit  Gav 
«  Plenus  IstitiSy  et  ideo  in  prœdictis  omittitur. 

On  ne  le  dit  pas  non  plus  aux  offices  des  mort 
la  même  raison  de  tristesse. 

Le  célébrant,  revêtu  de  la  chape,  entonne  le  Ti 
qui  lui  est  annoncé  ;  distinction  que  demandait 
ractère  de  l'hymne. 


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372       LB8  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

Les  deux  chœurs  la  continueut  ensuite  alternative- 
ment»  séparant  aussi  les  Sanctus.  (2  mai  1801.) 

L'orgue  peut  alterner  avec  le  chœur  ;  mais  celui-ci 
doit  toujours  chanter  le  t.  Te  ergo  quœsumus  {Cx- 
rem.  episc,  L  I,  c.  xxviii,  §  vi.),  supplication  touchante 
qui  devait  être  explicitement  formulée.  L'instrument 
peut  accompagner  ce  verset  comme  tous  les  autres. 
(Gajetan.  Comment,  in  |  VI.  n.  III.) 

Le  chœur  est  debout  pendant  le  chant  du  Te  Deum 
comme  pour  les  hymnes,  excepté  au  verset  Te  ergo 
quœsumusy  qui  demande  la  posture  des  suppliants. 

Pendant  que  l'orgue  alterne  avec  le  chœur,  une 
voix  doit  réciter  intelligiblement  les  versets  qui  ne 
sont  point  chantés  :  Sed  advertendum  erit  ut,  quando- 
qiieper  organum  figuratur  aliquid  cantari  seu  respon- 
deri  alternative...,  abaliquo  dechoro  intelligibile  voce 
pronuntietur  id  quod  ab  organo  respondendum  est. 
(Cœrem.  Episc.  loc.  cit.  §  vu.) 

Art.  VU.  Les  cantiques. 

Outre  les  psaumes,  élément  constitutif  de  toutes 
les  heures  canoniales  et  dont  nous  avons  parlé  pour 
cela  dans  le  premier  chapitre,  les  laudes,  les  vêpres 
et  les  complies  ont  de  plus  des  cantiques  qui  leur 
sont  exclusivement  assignés. 

Ces  derniers,  dans  le  langage  liturgique,  sont  des 
hymnes  sacrés,  assez  semblables  aux  psaumes  pour  la 
configuration  ;  chants  de  reconnaissance  pour  la  plu- 
part et  que  nous  ont  aussi  transmis  les  saints  livres.  • 

Eutychimus,  savant  moine  basilien  [du  xii*  siècle, 
nous  apprend,  après  plusieurs  Pères  anciens,  que,  chez 
les  Hébreux,  les  psaumes  étaient  chantés  sur  des  ins- 
truments, sur  la  harpe  surtout,  et  les  cantiques  par  le 
seul  concours  de  voix  humaines.  {Comment,  in  Psalm.) 
Moïse  est  le  premier  auteur  des  cantiques.  (Exod,  xv.) 
Il  y  en  a  plusieurs  dans  l'Ancien  Testament;  la  plupart 
sont  eucharistiques^  ou  une  action  de  grâces  :  ainsi, 


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LES  CANTIQUES.  373 

celui  de  Moïse  après  le  passage  de  la  mer  Rouge,  de 
Débora  après  la  mort  de  Sisara,  de  Judith  après  celle 
d'Holopherne,  des  trois  enfants  dans  la  fournaise,  etc. 
D'autres  sont  prophétiques j  celui  d'Isaïe,  par  exemple, 
qui,  sous  la  parabole  d'une  vigne  bien-aimée ,  prédit 
les  malheurs  de  son  peuple  autrefois  si  fidèle  (c.  v.), 
et  celui  d'Habacuc  qui,  pour  consoler  les  Juifs,  leur  an- 
nonçait le  Messie  Rédempteur,  (c.  m.)  Les  autres  enfin 
sont  impétratoireSy  comme  celui  où  Moïse  appelait  sur 
les  rebelles  ingrats  les  vengeances  du  ciel  et  de  la  terre. 

Le  Nouveau  Testament  a  aussi  ses  cantiques:  celui 
delà  très  sçiinte  Vierge,  après  queTAngelui  eut  annoncé 
sa  maternité  divine  {Luc^  i)  ;  celui  de  Zacharie,  quand 
la  parole  lui  fut  rendue  à  la  naissance  de  saint  Jean- 
Baptiste (/rf.  i);  et  enfin  celui  du  saint  vieillard  Siméon. 
(/rf.2.) 

L'Eglise  a  voulu  enrichir  sa  prière  de  [ces  canti- 
ques, et  elle  en  a  choisi  dix  des  plus  beaux. 

Voici  la  rubrique  sur  ce  point  (Tit.  XXIII.)  : 

«  4.  A  Toffice  du  Temps,  dimanche  et  fériés,  on  dit  les 
cantiques  à  laudes,  à  vêpres  et  à  compiies,  suivant  Tordre 
marqué  dans  le  psautier. 

«  2.  Aux  fêtes  et  au  temps  Pascal,  on  dit  toujours  à  lau- 
des le  cantique  Benedicite,  comme  le  dimanche;  à  la  fin 
on  n'ajoute  pas,  comme  aux  autres  cantiques,  le  Gloria 
Patri  et  on  ne  répond  pas  Amen.  Ceux  des  fériés,  indiqués 
au  psautier,  ne  se  disent  qu'à  l'office  férial,  en  dehors  du 
temps  pascal. 

«  3.  Les  cantiques  ^ônerfic^i/5.  Magnificat  etNunc  dimit- 
tis  se  disent  toujours  à  leur  place,  comme  au  psautier.  » 

Parmi  les  cantiques  choisis  par  TEglise  pour  l'office 
divin,  sept  appartiennent  à  l'Ancien  Testament,  et 
sont  nommés  pour  cela  cantiques  anciens  par  le  card. 
Bona;  les  trois  autres  se  trouvent  dans  le  saint  Évangile, 
d'où  leur  nom  de  cantiques  évangéliques  *. 

h .  Le  grand  Corneille  a  traduit  en  vers  les  trois  cantiques 


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374       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

§  I.  —  CANTIQUES   ANCIENS. 

L'heure  des  laudes  leur  fut  assignée,  et  dous  les 
trouvons  toujours  entre  le  3®  et  le  5*  psaume.  L'Eglise, 
voulant  avec  raison  introduire  les  plus  beaux  canti- 
ques de  l'Ancien  Testament  dans  son  office,  a  choisi  les 
laudes,  parce  qu'elles  sont  consacrées  plus  spécialement 
à  la  louange,  et  que  les  cantiques  sont  généralement 
eucharistiques;  mais  les  psaumes  devaient  avoir  la 
prépondérance,  et  c'est  pourquoi  les  cantiques  sont  pla- 
cés entre  le  3®  et  le  5«,  comme  pour  ne  faire  qu'un 
avec  eux.  Chaque  férié  a  le  sien  dans  l'office  du  Temps, 
pour  donner  ainsi  place  à  un  plus  grand  nombre.  Le 
Benedecite,  réservé  au  dimanche,  est  conservé  dans 
les  offices  des  fêtes  et  du  temps  Pascal,  à  cause  de  son 
caractère  particulier,  que  nous  étudierons  bientôt. 
Voici  comment  ces  cantiques  anciens  sont  distribués 
dans  les  fériés  et  les  différents  offices  :  Benedicite  omnia 
opéra  Domini  Domino,  pour  le  dimanche,  les  jours  de 
fêtes  et  le  temps  Pascal.  —  Confitebor  tibi,  Domine, 
pour  le  lundi.  —  Ego  dixi:  in  dimidin  dierum  meo- 
rum,  pour  le  mardi.  —  Exultavit  cor  meum,  pour  le 
mercredi.  —  Canîemus  Domino,  pour  le  jeudi.  —  Do- 
mine^ audivi  çuditionem  tuam,  pour  le  vendredi,  — 
Audite,  cœli,  qum  loquor^  pour  le  samedi. 

19°  1.  —  Le  cantique  du  dimanche  et  des  fôtes. 

«  Benedicite  omnia  opéra  Domini  Domino.  (Daniel  c.  m,  57-88.) 

C'est  le  cantique  des  trois  jeunes  Hébreux  dans  la 
fournaise,  quand  ils  virent  la  flamme  respecter  jusqu'à 
leurs  vêtements  et  se  transformer  pour  eux  en  rosée 
bienfaisante:  fait  miraculeux  qui  nous  est  raconté 
avec  tous  ses  détails  dans  le  livre  de  Daniel,  (c.  m.) 
C'est  aussi  le  plus  beaudes  cantiques  de  l'Ancien  Testa- 
ment, appelé  celeberrimum  par  Merati,  et  par  les  an- 

évangéliques,  celui  des  enfants  dans  la  fournaise  et  cinquante 
psaumes.  (Voir  ses  (Euvres  diverses,) 


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LES  CANTIQUES  ANCIENS.  375 

ciens  :  Taction  de  grâces  par  excellence,  Benedictiones. 
Jamais,  en  effet,  après  le  Magnificat,  la  reconnaissance 
n'emprunta  des  accents  plus  vifs,  plus  spontanés,  plus 
ardents.  A  la  vue  de  ces  flammes  actives  qui  les  entou- 
raient de  toutes  parts  sans  les  atteindre,  et  dont  ce- 
pendant le  premier  contact  avait  tué  les  bourreaux;  à 
la  vue  de  l'ange  qui  excitait  autour  d'eux  un  souffle  ca- 
fratchissant  et  répandait  sur  leur  tête  une  douce  ro- 
sée, les  trois  enfants  ne  savent  comment  exalter  la 
puissance  et  la  bonté  de  leur  Dieu  qu'ils  voulaient  ser- 
vir aux  dépens  de  leur  vie.  Us  invitent  toutes  les  créa- 
tures à  louer  avec  eux  et  pour  eux  le  Seigneur  :  les 
anges  et  tous  les  habitants  des  cieux;  les  nuées  qui  fé- 
condent la  terre  et  les  énergies  que  Dieu  a  partout  ré- 
pandues dans  la  nature  ;  le  soleil,  la  lune  et  tous  les  as- 
tres qui  les  accompagnent;  les  pluies  et  les  rosées  bien- 
faisantes ;  les  vents  impétueux  et  les  violentes  tempêtes; 
la  chaleur  et  les  feux  de  l'été,  le  froid  rigoureux  qui 
semble  brûler  les  campagnes;  la  rosée  et  les  bruines;  la 
froidure  et  la  gelée;  les  glaciers  et  les  neiges;  la  beauté 
du  jour  et  Thorreur  de  la  nuit  ;  la  lumière  et  l'obscu- 
rité, la  foudre  étincelante  et  les  sombres  nuages;  tous 
les  phénomènes  en  un  mot  qui  nous  viennent  des  cieux. 
Puis,  la  terre  et  toutes  ses  richesses;  les  collines  et  les 
montagnes,  avec  leur  belle  végétation  et  celle  des  plai- 
nes ;  les  sources  jaillissantes,  les  mers  et  les  fleuves 
majestueux;  les  monstres  marins  et  tout  ce  qui  se 
meut  dans  les  eaux,  les  oiseaux  si  nombreux  du  ciel  ; 
les  animaux  domestiques  et  les  bêtes  sauvages;  les 
hommes  enfin;  toutes  les  beautés  de  la  terre,  en  un 
mot,  avec  ses  habitants.  Mais  parmi  les  hommes,  il 
en  est  dont  la  louange  est  plus  agréable  à  Dieu,  et 
les  enfants  de  la  fournaise  les  invitent  tout  parti- 
culièrement :  c'est  le  peuple  choisi  d'Israël  ;  ce  sont 
les  prêtres  des  autels  et  les  vrais  serviteurs  de  Jého- 
vah;  les  cœurs  et  les  intelligences  des  justes,  des 


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376         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

saints,  de  ceux  surtout  dont  Phumilité  plus  grande 
plait  davantage  au   Seigneur.  Après  quoi,  les  trois 

5  héros  s'unissent  avec  transport  à  cette  louange 

rselle  de  la  terre  et  des  cieux  K 

oici  la  traduction  de  Pierre  Corneille  : 

)uYrages  du  Très-Haut,  effets  de  sa  parole, 

Bénissez  le  Seigneur  ; 
It  jusqu'au  bout  des  temps,  de  Tun  à  l'autre  pôle, 

Exaltez  sa  grandeur. 

LDges  qui  le  voyez  dans  sa  splendeur  entière, 

Bénissez  le  Seigneur; 
lieux  qu'il  a  peints  d'azur,  et  revêt  de  lumière, 

Exaltez  sa  grandeur. 

Saux  sur  le  firmament  par  sa  main  suspendues. 

Bénissez  le  Seigneur  ; . 
'ertus>  par  sa  clémence  en  tous  lieux  répandues^ 

Exaltez  sa  grandeur. 

oleil,  qui  fais  le  jour,  lune,  qui  perces  l'ombre. 

Bénissez  le  Seigneur  ; 
Itoiles,  par  vos  feux  comme  par  votre  nombre, 

Exaltez  sa  grandeur. 

rouillards,  féconde  pluie,  et  vous,  douce  rosée. 

Bénissez  le  Seigneur; 
ents  à  qui  notre  terre  est  sans  cesse  exposée. 

Exaltez  sa  grandeur. 

eux  dont  la  douce  ardeur  ouvre  et  pare  la  terre, 

Bénissez  le  Seigneur; 
roids  dont  l'âpre  rigueur  la  ravage  et  resserre, 

Exaltez  sa  grandeur. 

dmirables  trésors  de  gelée  et  de  glaces, 

Bénissez  le  Seigneur; 
3ur  qui  nous  fais  tout  voir  et  nuit  qui  tout  effaces, 

Exaltez  sa  grandeur. 

énèbres  et  clartés,  dans  vos  constants  partages. 

Bénissez  le  Seigneur  ; 
rmes  de  la  colère,  éclairs,  foudres,  orages, 

Exaltez  sa  grandeur. 

erre,  que  son  vouloir  enrichit  ou  désole. 

Bénissez  le  Seigneur; 
t  jusqu'au  bout  des  temps,  de  l'un  à  l'autre  pôle, 

Exaltez  sa  grandeur. 


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LES  CANTIQUES  ANCIENS.  377 

L'Église,  pour  abréger  ce  cantique  a  retranché  pres- 
que à  tous  les  versets  la  seconde  partie  :  Laudate  et 
superexaltate  eum  in  smcula^  ce  qui  réduit  à  19  ver- 
sets seulement  le  nombre  de  33  que  nous  trouvons 
dans  la  Bible.  Entre  le  18'  et  le  dernier,  la  liturgie  en 

Monts  sourcilleux  et  fiers,  agréables  collines, 

Bénissez  le  Seigneur; 
Doux  présents  de  la  terre,  herbes,  fruits  et  racines, 

Exaltez  sa  grandeur. 

Délicieux  ruisseaux,  inépuisables  sources, 

Bénissez  le  Seigneur  ; 
Fleuves  et  vastes  mers  qui  terminez  leurs  courses, 

Exaltez  sa  grandeur. 

Poissons  qui  sillonnez  la  campagne  liquide, 

Bénissez  le  Seigneur  ; 
Hôtes  ailés  des  airs,  vous  qui  peuplez  leur  vide. 

Exaltez  sa  grandeur. 

Animaux  que  son  ordre  a  mis  sous  notre  empire, 

Bénissez  le  Seigneur; 
Hommes,  qu'il  a  faits  rois  de  tout  ce  qui  respire, 

Exaltez  sa  grandeur. 

Israël  qu'il  choisit  pour  unique  héritage, 

Bénissez  le  Seigneur  ; 
Et  d'un  climat  à  l'autre,  ainsi  que  d'âge  en  âge, 

Exaltez  sa  grandeur. 

Prêtres,  de  ses  bienfaits  sacrés  dépositaires. 

Bénissez  le  Seignear  ; 
Partout  prêchez  sa  loi,  célébrez  ses  mystères. 

Exaltez  sa  grandeur. 

Ames  justes,  esprits  en  qui  la  grâce  abonde, 

Bénissez  le  Seigneur  ; 
Humbles,  si  méconnus,  si  dédaignés  du  monde, 
Exaltez  sa  grandeur . 

Mais  sur  tous,  Misael,  Ananie,  Azarie, 

Bénissez  le  Seigneur  ; 
Et  tant  qu'il  lui  plaira  vous  conserver  la  vie. 

Exaltez  sa  grandeur. 

Bénissez  tous  le  Père,  et  le  Fils  ineffable, 

Avec  TEsprit  divin; 
Rendons  honneur  et  gloire  à  leur  être  immuable, 

Exaltons-le  sans  fin  t. 

(CEttvre*  diverses.) 


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378       LBS  ÉLfiMBNTS  DBS  HBURES  GANONIALBS. 

a  intercalé  un  nouveau  qui  est  étranger  au  texte  sacré  : 
Benedicamus  Patrem  et  Filium  cum  Sancto  Spiritu  ; 
laudemus  et  superexaltemus  eum  in  ssecula  ;  c'est  la 
doxologie  qui  termine  aussi  les  psaumes,  mais  ici  sous 
une  formule  différente  plus  en  harmonie  avec  la  confi- 
guration des  autres  versets.  Le  dernier  :  Benedictus  es, 
Domine  Jn  firmamento  cœli;  et  laudabiliSy  et  gloriosus 
et  superexaltatus  in  sœcula^  est,  à  peu  de  chose  près, 
le  56®  qui,  dans  le  chapitre  m  de  Daniel,  précède  im- 
médiatement le  cantique  des  trois  enfants,  à  l'endroit 
où  l'Eglise  l'a  pris  pour  son  office.  Dans  la  Bible,  en 
effet,  le  cantique  commence  au  verset  52  :  Benedictus  es 
Domine  Deus  Patrum  nostrorum.  Par  ce  verset  et  les 
quatre  suivants,  les  jeunes  Hébreux  expriment  directe- 
ment à  Dieu  leur  reconnaissance,  et  c'est  là  comme  la 
première  partie  de  cantique  ;  puis  à  partir  du  58®  jus- 
qu'à la  fin,  ils  invitent  toute  créature  à  s'inspirer  de 
leurs  sentiments,  comme  nous  l'avons  vu.  L'Eglise  n'a 
emprunté  pour  son  office  que  cette  seconde  partie,  en 
la  terminant  toutefois  par  le  t.  56  qui  résume  à  la  fois 
la  première  et  tout  le  cantique. 

Mais,  dira-t-on,  pourquoi  convier  ainsi  les  créatures 
dénuées  de  raison  à  une  louange  qu'elles  ne  sauraient 
rendre  elles-mêmes?  Quel  sens  peuvent  bien  avoir  ces 
paroles  ?  Saint  Augustin  nous  répond  que  les  créatures 
sont  une  manifestation  des  attributs  divins  et  qu'elles 
font  ainsi  louer  Dieu  à  qui  sait  les  comprendre  :  «  Cum 
ab  intelligentibus  considerantur^peripsa  laudaturDeuSy 
et  cum  per  ipsa  laudatur  Deus^  quodammodo  et  ipsa 
laudant  Deum,  »  {In  Ps.  cxlxiii.)  Or  le  cantique  nous 
fait  désirer,  par  cette  invitation  chaleureuse,  qu'il  en 
soit  ainsi.  «  Mais  de  plus,  dit  Lessius,  il  ne  nous  est 
pas  inutile  de  désirer  aussi  que  la  nature  entière  loue 
pour  nous  et  avec  nous  le  Seigneur,  qu'elle  le  bénisse 
et  lui  rende  grâces.  Ces  désirs  sans  doute,  en  soi  inef- 
ficaces, ne  laissent  pas  d'être  grandement  méritoires, 


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LES  CANTIQUES  ANCIENS.  379 

parce  qu'ils  sont  le  signe  de  notre  reconnaissance  et 
de  notre  ardent  amour  pour  Dieu.  »  {De perfect.  Divin. 
XII,  XIX,  168.) 

Tel  est  donc  ce  cantique  si  beau  qui  servit  de  fil 
conducteur  à  Mgr  de  la  Bouillerie  dans  la  composition 
de  son  livre  suave  sur  le  Symbolisme  de  la  nature  : 
«Fil  d'or,  en  vérité,  dit-il,  hymne  sublime  où leprophète 
réunit  toutes  les  œuvres  de  la  création  en  un  immense 
concert  pour  bénir  le  Très-Haut.  »  (Introd.  p.  15.) 
Aussi  TEglisenous  fait-elle  réciter  ce  cantique  aux  lau- 
des dudimanchequiavu  commencer  l'œuvre  de  la  créa- 
tion, et  à  celles. de  tous  les  offices  qui  ont  un  caractère 
de  fête.  Il  est  facile  de  voir  que  notre  action  de  grâces 
après  le  saint  sacrifice  peut  y  puiser  de  nobles  élans. 
(Voir  le  T.  II,  de  la  messe,  p.  313  et  suiv.) 

Le  cantique  n'a  pas  de  Gloria  Patri  parce  que  le 
t,  Benedicamus  Patrem  en  tient  lieu. 

Le  chœur  cependant  ne  se  découvre  pas  à  ce  verset, 
et  n'est  pas  tenu  de  le  chanter,  s'il  alterne  avec  l'orgue, 
parce  que  ce  n'est  pas  une  doxologie  proprement  dite. 

Nous  ne  saurions  trop  nous  unir,  en  répétant  ce  can- 
tique, aux  sentiments  de  foi,  de  reconnaissance  et  d'a- 
mour qu'il  exprime  si  bien.  Ces  désirs  véhéments  des 
trois  jeunes  Hébreux  embrasaient  l'âme  de  saint  Fran- 
çois d'Assise  et  lui  ont  inspiré  son  beau  cantique  du 
soleil  ou  r hymne  de  la  création  :  «  Tout  rempli  des 
idées  et  des  sentiments  du  cantique  sacré,  il  invitait, 
dit  saint  Bonaventure,  les  fleuves  et  les  mers,  les  mon- 
tagnes et  les  vallées,  les  prairies  et  les  troupeaux  de 
bêtes,  les  hommes  et  les  anges,  à  louer  leur  Créateur  ; 
et  il  demeurait  au  centre  de  ce  concert  comme  un  mu- 
sicien inspiré,  résumant  dans  son  âme  toutes  les  su- 
blimes harmonies.  »  (Leg,  S.  Francisco  c.  ix.)  «  Hé- 
las, mon  Dieu,  s'écriait  M.  Olier,  combien  de  fois  m'avez- 
vous  fait  éprouver  tous  oes  désirs  !  Combien  de  fois 
m'avez-vous  donné  ce  zèle  d'avoir  cent  mille  et  cent 


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380       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

millions  de  cœurs  pour  y  répandre  le  sentiment  de 
votre  amour  !...  Mon  grand  souhait,  Seigneur,  c'est 
que  vous  soyez  honoré,  glorifié,  vénéré  par  toute  créa- 
ture.... Je  voudrais,  ô  mon  Tout,  que  toutes  les  créa- 
tures fussent  converties  en  langues  pour  vous  bénir 
et  vous  louer  !...  »  {Sa  vie,  tome  II.)  Le  Père  Cépari, 
auteur  de  la  vie  de  sainte  Madeleine  de  Pazzi,  nous 
raconte  que  Dieu  daigna  répondre  un  jour  à  la  sainte 
qui  lui  demandait  en  quoi  le  Benedicite  opéra  Domini 
pouvait  contribuer  à  sa  gloire  :  «  Ma  fille,  quand  on 
prononce  ces  paroles  avec  ferveur,  et  que,  du  fond  du 
cœur,  on  appelle  toutes  les  créatures  pour  me  louer, 
c'est  à  mes  yeux  comme  si  elles  s'unissaient  réellement 
pour  me  bénir  :  la  louange  d'un  seul  équivaut  devant 
moi  à  la  louange  de  tous.  » 

N<»  2.  Les  Cantiques  des  Fériés. 

I®.    LUNDI. 

Le  cantique  d'Isaïe.  —  Confitebor  tibi  Domine  (Is.  xii.) 

Dans  la  délivrance  de  la  captivité  qui  apparaît  à  son 
regard  prophétique,  Isaïe  voit  celle  du  genre  humain 
par  le  Messie,  et  remercie  déjà  le  Seigneur  pour  les 
bienfaits  de  la  Rédemption.  L'Eglise  a  fixé  ce  cantique 
au  lundi,  ou  seconde  férié  de  la  semaine.  Nous  ne 
rapporterons  pas  ici  la  raison  donnée  à  ce  choix  par 
Durand  de  Mende  et  qui  nous  paraît  d'un  mysticisme 
outré.  (L.  V,  c.  4,  n.  23.)  Après  avoir  béni  le  Sei- 
gneur pour  les  œuvres  de  la  création  dans  le  canti- 
que Benedicite  du  dimanche,  la  liturgie  nous  invite 
le  jour  suivant  à  le  remercier  pour  l'œuvre  de  la 
Rédemption  qui  est  une  création  nouvelle  ;  c'est  la 
pensée  de  Bossuet  :  «  Canilur  Fer,  II  ad  memoriam 
sempiternam  solutae  captivitatis  per  salvatorem  Chris* 
tum,  »  (Veteris  et  Nov.  Testam.  Cantica.  —  Canticum 
Isaï<e  consolationis  et  spei.) 

Isaïe  remercie  donc  le  Seigneur  d'avoir  enfin  apaisé 
sa  colère,  et  de  vouloir  bien  les  consoler  par  l'espérance 


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LES  CANTIQUES  ANCIENS.  381 

d'un  Messie  Rédempteur.  Il  le  voit  déjà  ce  divin  Sau- 
veur de  son  peuple  et  du  monde,  et  son  âme  est  en 
sécurité  dans  la  paix  et  la  confiance.  Comment  louer 
dignement  le  Dieu  tout-puissant  qui  veut  sauver  les 
hommes.  Nous  pourrons  venir  désormais  puiser  avec 
empressement  et  avec  joie  dans  ses  plaies  adorables  et 
dans  son  cœur,  dans  ses  sacrements  divins,  toutes  les 
grâces,  tous  les  secours  abondants.  Oui,  la  Rédemp- 
tion est  une  œuvre  magnifique  et  divine  qu'il  faut  par- 
tout proclamer.  Oui,  le  Seigneur  d'Israël,  le  verbe  in- 
carné qui,  malgré  sa  grandeur  et  sa  sainteté  daigne 
habiter  parmi  nous  et  répandre  ainsi  ses  bienfaits, 
doit  exciter  la  louange,  la  reconnaissance  et  l'allégresse 
de  Sion,  de  l'Eglise  universelle. 


11°.   MARDI. 


Le  cantique  d'Ezéchias.  —  Ego  dixi  :  In  dimidio 
dierum  meorum,  {Is.  xxxviii,  10-20.) 

Le  cantique  si  touchant  du  pieux  monarque  est  as- 
signé par  TEglise  au  mardi,  la  troisième  férié.  Ce  n'est 
pas  sans  raison,  «  car, dit  Gavantus,  la  sagesse,  et  non  le 
hasard,  a  présidé  à  la  distribution  de  tous  ces  canti- 
ques entre  les  jours  de  la  semaine.  »  Les  bienfaits  sur- 
naturels de  la  Rédemption  faisaient  l'objet  du  précé- 
dent ;  rien  déplus  naturel  que  de  passer  le  jour  suivant 
à  ceux  de  l'ordre  naturel,  et  de  choisir  pour  cela  le 
cantique  qui  s'y  rapportait.  Le  bienfait  de  la  vie  sem- 
ble les  résumer  tous,  en  effet,  et  le  roi  Ezéchias  remercie 
le  Seigneur  de  lui  accorder  la  prolongation  de  ses  jours. 
Mais  nous  pouvons  encore,  selon  la  pensée  de  Bossuet, 
élever  nos  regards  plus  haut  et  jusqu'à  Téternelle  vie 
qui  ne  finira  jamais. 

Thalhofer,  qui  a  si  bien  étudie  les  psaumes  dans 
leurs  rapports  avec  l'office  divin,  nous  fait  remarquer 
que  l'Eglise  a  choisi  aussi  avec  raison  ce  cantique  pour 
les  laudes  des  morts.  La  première  partie  (t  1-5),  dit-il, 
nous  fait  entendre  les  accents  plaintifs  des  âmes  qui, 


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382    LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES 

dans  le  Purgatoire,  gémissent  et  souffrent  loin  du 
Seigneur;  et  celles-ci,  dans  la  seconde  partie  (6-11), 
remercient  le  ciel  d'une  délivrance  prochaine  qu'elles 
regardent  déjà  comme  réalisée.  {Interprétation  des 
Psaumes.  —  Les  Cantiques,)  Voici  comment  J.  B.  Rous- 
seau a  traduit  cette  belle  prière  : 


J*ai  TU  mes  tristes  journées 
Décliner  vers  leur  peochant  ; 
Au  midi  de  mes  années 
Je  touchais  à  mon  couchant  : 
La  Mort,  déployant  ses  ailes, 
Couvrait  d'ombres  éternelles 
La  clarté  dont  je  jouis  ; 
Et  dans  cette  nuit  funeste, 
Je  cherchais  en  vain  le  reste 
De  mes  jours  évanouis. 

Grand  Dieu»  votre  main  réclame 
Les  dons  que  j'en  ai  reçus  , 
Elle  vient  couper  la  trame 
Des  jours  qu'elle  m'a  tissus. 
Mon  dernier  soleil  se  lève 
Et  votre  souffle  m'enlève 
De  la  terre  des  vivants, 
Comme  la  feuille  séchée. 
Qui,  de  sa  tige  arrachée, 
Devient  le  jouet  des  vents. 

Comme  un  lion  plein  de  rage, 
Le  mal  a  brisé  mes  os. 
Le  tombeau  m*ouvre  un  passage 
Dans  ses  lugubres  cachots. 
Victime  faible  et  tremblante, 
A  cette  image  sanglante, 
Je  soupire  nuit  et  jour. 
Et  dans  ma  crainte  mortelle 
Je  suis  comme  l'hirondelle 
Sous  les  griffes  du  vautour. 

Ainsi,  de  cris  et  d^alarmes 
Mon  mal  semblait  se  nourrir, 
Et  mes  yeux  noyés  de  larmes 
Étaient  lassés  de  s'ouvrir. 
Je  disais  à  la  nuit  sombre  : 
0  nuit,  tu  vas  dans  ton  ombre 
M'ensevelir  pour  toujours  I 
Je  redisais  à  l'aurore: 
Le  jour  que  tu  fais  éclore 
Est  le  dernier  de  mes  jours. 


Mon  âme  est  dans  les  ténèbres. 
Mes  sens  sont  placés  d'effroi  ; 
Écoutez  mes  cris  funèbres, 
Dieu  juste,  répondez-moi. 
Mais  enfin  sa  main  propice 
A  comblé  le  précipice 
Qui  s^entr'ouvrait  sous  mes  pas 
Son  secours  me  fortifie. 
Et  me  fait  trouver  la  vie 
Dans  les  horreurs  du  trépas. 

Seigneur,  il  faut  ^ue  la  terre 
Connaisse   en  moi  vos  bienfaits  : 
Vous  ne  m^avez  fait  la  guerre 
Que  pour  me  donner  la  paix. 
Heureux  l'homme  à  qui  la  grâce 
Départ  ce  don  efficace 
Puisé  dans  ses  saints  trésors; 
Et  qui,  rallumant  ses  flammes, 
Trouve  la  santé  de  l'âme 
Dans  les  souffrances  du  corps. 

C*est  pour  sauver  la  mémoire 
De  vos  immortels  secours; 
C'est  pour  vous,  pour  votre  gloire, 
Que  vou  prolongez  nos  jours. 
Non,  non,  yos  bontés  sacrées 
Ne  seront  point  célébrées 
Dans  l'horreur  des  monuments  ; 
La  Mert,  aveugle  et  muette, 
Ne  sera  point  1  interprète 
De  vos  saints  commandements. 

Mais  ceux  gui  de  sa  menace, 
Comme  moi  sont  rachetés. 
Annonceront  à  leur  race 
Vos  célèbres  vérités. 
J'irai,  Seigneur,  dans  vos  temples 
Réchauffer  par  mes  exemples 
Les  mortels  les  plus  glacés  ; 
Et  vous  offrant  mon  hommage, 
Leur  montrer  l'uniaue  usajge 
Des  jours  que  vous  leur  laisses. 


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LES  CANTIQUES  ANCIENS.  383 

III».    MERCREDI. 

Le  cantique  d'Anne  :  —  Exultavii  cor  meum  in 
Domino.  (1  Reg.  ii,  1-10.) 

Le  1«'  livre  des  Rois  nous  retrace,  au  chapiti 

douleur  qu'éprouvait  Tépousedu  lévite  Elcana 

voir  pas  d'enfant,  le  dialogue  d'Anne,  à  ce  suj 

son  époux  et  le  grand-prêtre  Héli,  son  bonheu 

elle  se  vit  mère,  son  empressement  enfin  àoffrii 

gneur  le  jeune  Samuel,  ce  fils  si  désiré.  Mais  bi 

reconnaissance  éclate  en  transports  plus  véb 

dans  un  admirable  cantique  que  le  livre  sacré 

transmis  au  chap.  IL  «  Sous  le  souffle  d'une  ins] 

prophétique, dit Bossuet,  Anne,  figure  de  la  mira 

fécondité  de  Marie,  exalte,  et  presque  dans  les 

termes  que  le  Magnificat^  la  grâce  du  Testamei 

veau.  »  {Vet.  et  nov.  Test,  cantic,  —  Canticun 

gratiarum  actionis  propheticum,)  La  mère  de  I 

fait  souvent  allusion  dans  ce  cantique  aux  perse 

de  son  orgueilleuse  rivale  Phenenna.  Aussi  TEgl 

trele  motif  donné  par  le  grand  Evèque  de  Meau] 

selon  la  pensée  de  Durand  de  Mende,  ajouter  a 

tifs  de  notre  reconnnaissance  exposés  dans  les 

ques  précédents,  celui  de  son  triomphe  et  de  n 

toires  sur  les  ennemis  du  salut.  C'est  ce  qu 

placer  ce  cantique  aux  laudes  du  mercredi. 

Les  réflexions  qui  précèdent  nous  aideront  à 
comprendre  cet  hymne  précurseur  du  Magnifi 

IVO.    JEUDI. 

Le  cantique  de  la  mer  Bouge  :  Cantemus  Domino  :  Gloric 
magnificatus  est,  (Exod.,  xv,  i-19.) 

C'est  le  chant  magnifique  de  Moïse  après  le  p 
de  la  mer  Rouge  ;  ce  miracle  délivrait  les  Hébr 
la  captivité  d'Egypte  et  leur  ouvrait  la  voie 
Terre  Promise.  Ce  cantique  était  comme  le  ce 


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384        LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

ment  de  rimmolation  et  de  la  manducation  de  l'Agneau 
pascal.  Aussi  l'Eglise  Ta-t-elle  assigné  aux  laudes  du 
jeudi,  jour  commémoratifde  la  Pâques  chrétienne  où 
commença  le  sacrifice  de  l'Agneau  divin.  Pouvait-il 
avoir  surtout  une  place  plus  marquée  que  dans  les 
laudes  du  Jeudi-Saint  ? 

Le  cantique  de  la  mer  Rouge  est  le  premier  hymne 
qui  ait  existé,  et  aussi  le  plus  beau  de  l'ancienne 
aUiance  :  «  Il  peut  passer  à  bon  droit,  dit  Rollin,  pour 
une  des  plus  éloquentes  pièces  de  Fantiquilé.  Le  tour 
en  est  grand,  les  pensées  nobles,  le  style  sublime  et 
magnifique,  les  expressions  fortes,  les  figures  hardies  : 
tout  y  est  plein  de  choses  et  d'idées  qui  frappent  l'es- 
prit et  saisissent  l'imagination.  Cette  pièce  surpasse 
tout  ce  que  les  profanes  ont  en  ce  genre.  »  {Traité  des 
Etudes.)  «  Tout  est  beau  dans  ce  chant  de  triomphe, 
dit  M.  Laurens,  sans  même  excepter  la  dernière  stro- 
phe où  un  critique  a  vu  une  conclusion  trop  simple  en 
comparaison  de  ce  qui  précède.  Cette  conclusion  au 
contraire,  qui  résume  tout  l'objet  du  cantique,  était  un 
refrain  final  destiné  à  être  chanté  en  chœur  par  tout 
le  peuple;  il  termine  donc  admirablement  tout  le  mor- 
ceau. »  {Morceaux  choisis  de  la  Bible,  Partie  poétique.) 
Mais  la  solennité,  le  grandiose  de  la  scène  où  cet 
hymne  fut  composé  et  chanté  y  ajoute  encore  :  t  J'ai 
peine  à  me  figurer,  dit  Mgr  Plantier,  une  position  plus 
grandiose  et  plus  inspiratrice.  Qu'ajouterons-nous  à  la 
position  de  cet  homme,  dont  le  trépied  repose  encore  en- 
tre un  peuple  de  tyrans  submergés  et  un  peuple  d'es- 
claves affranchis  ;  entre  une  servitude  de  400  ans  qui 
cesse  et  un  avenir  indéfini  de  liberté  qui  s'entr'ouvre; 
entre  un  dénuement  absolu  de  ressources  militaires  du 
côté  de  ses  concitoyens,  et  le  Seigneur  qui,  suppléant 
par  son  secours  à  cette  absence  de  forces',  soulève  la 
nature  en  faveur  de  l'opprimé  qui  s'échappe  et  contre 
l'oppresseur  qui  le  poursuit.  »  {Etudes  Bibliques.) 


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LES  CANTIQUES  ANCIENS.  385 

V<*.    VENDREDI. 
Le  cantique  d'Habacuc  :  Domine,  audivi  auditionem  tuam.  (c.  m.) 

Ce  cantique  a  rendu  Habacuc  célèbre  entre  tous  les 
petits  prophètes.  Le  docteur  Lowth,dans  sa:  Poésie  sa- 
crée des  Hébreux,  affirme  que  cette  prière  est  le  chef- 
d'œuvre  de  Tode  hébraïque  :  «  A  ce  même  genre,  dit  le 
critique  anglais,  appartient  surtout  la  prière  du  pro- 
phète Habacuc,  modèle  remarquable  de  ce  sublime, 
particulier  à  Tode,  qui  est  dû  en  grande  partie  à  une 
digression  tout  à  la  fois  très  hardie  et  très  naturelle. 
Le  prophète,  instruit  d'avance  des  jugements  de  Dieu, 
des  calamités  qui  vont  fondre  sur  les  Israélites  par  le 
ministère  des  Chaldéens,  et  des  châtiments  que  ceux-ci 
subiront  à  leur  tour,  en  même  temps  frappé  de  ter- 
reur et  ranimé  par  l'espérance  et  la  confiance  en  la 
bonté  divine,  supplie  le  Très-Haut  de  hâter  la  déli- 
vrance et  le  rétablissement  de  sa  nation  :  Oh  !  Jéhovah! 
f  ai  entendu  ton  oracle,  etci  »  Ici  se  présente  naturelle- 
ment à  tous  les  esprits  la  ressemblance  de  la  captivité 
deBabylone  et  de  celle  de  l'Egypte.  Avec  quelle  con- 
venance le  prophète  peut  demander  au  Seigneur,  en 
poursuivant  la  prière  qu'il  lui  adresse,  de  daigner  ve- 
nir promptement  au  secours  de  ce  même  peuple,  en  fa- 
veur duquel  il  fit  éclater  autrefois  tant  de  prodiges  ? 
Avec  quelle  efficacité  il  peut  raffermir  les  âmes  pieuses, 
en  leur  rappelant  que  leur  Dieu,  qui  jadis  par  sa 
puissance  infinie  arracha  les  Israélites  à  des  maux 
si  cruels,  pourra  bien  renouveler  les  mêmes  mer- 
veilles pour  venger  leur  postérité?  Mais  il  a  omis 
toutes  les  formules  qui  lui  préparaient  l'accès  à  ces 
nouvelles  idées,  par  la  raison  qu'elles  s'offraient  d'el- 
les-mêmes; et  dans  une  matière  qui  brillait  de  tant  de 
clarté,  sans  s'arrêter  à  chercher  l'entrée  de  sa  nouvelle 
carrière,  il  s'y  est  élancé  avec  une  impétuosité  surpre- 
nante et  inattendue  :  Dieu^  sorti  de  Théman,  etc.  Le 

T.  II,  22 


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386       LES  ÉLÉMENTS  lES  HEURES  CANONIALES- 

prophète  déploie  autant  de  magnificence  en  ornant 
cette  idée  qu'en  Fabordant;  choisissant  dans  ce  trésor 
de  merveilles  les  traits  les  plus  nobles,  qu'il  embellit 
ensuite  par  les  couleurs,  les  images,  lea  figures  les 
plus  brillantes,  et  par  Télocution  la  plus  pompeuse; 
mettant  enfin  le  comble  en  donnant  un  nouveau  prix 
à  tant  de  sublimité,  par  l'élégance  singulière  de  )ik 
conclusion  :  Maisnon^je  tressaillirai  en  Jéhovah^  etc. 
Si  quelques  légers  nuages,  qu'on  ne  peut  attribuer 
qu'à  l'antiquité  de  cette  composition,  n'y  répandaient 
un  peu  d'obscurité,  il  n'en  existerait  point  en  son  genre 
d'aussi  belle  et  d'aussi  achevée.  »  {Lee,  xxvui,  t.  IL) 

Toute  analyse  de  ce  cantique  en  déparerait  la 
beauté.  Le  texte  seul  ou  une  traduction  fidèle  peut 
nous  en  montrer  l'éclat.  Herder,  le  Fénelon  de  l'Alle- 
magne, disait  en  parlant  de  toute  la  prophétie  d'Ha- 
bacuc  en  général  :  «  Je  serais  presque  tenté  d'appeler 
ce  livre  la  couronne  des  chants  lyriques  de  la  poésie 
des  Hébreux  »,  et  Eichhorn  :  «  Je  ne  connais  rien  de 
plus  magnifique  et  de  plus  sublime  que  l'hymne  divin 
qui  termine.  » —  «Prière,  dit  M.  Vigoureux,  qui  est  une 
composition  sans  rivale  pour  la  hardiessedela  concep- 
tion, la  sublimité  des  pensées  et  la  majesté  de  la 
diction.  »  {Manuel  Biblique.  T.  IL) 

L'Eglise  ne  pouvait  oublier  cette  prière  dans  le  choix 
de  ses  cantiques  liturgiques.  Elle  l'a  désignée  pour 
les  laudes  du  vendredi,  parce  qu'on  y  voit  célébrées 
les  victoires  du  Rédempteur  qui  ont  commencé  sur  le 
Calvaire,  le  vendredi  saint  ;  et  aussi,  ajoute  Gavantus 
citant  Honorius  d'Autun,  parce  qu'il  y  est  fait  allu- 
sion à  la  croix  par  ces  mots  du  verset  6  :  Comua 
inmanibusejus.  Beaucoup  d'auteurs,  en  effet,  dit  Mé- 
nochius,  interprètent  ainsi  ces  mots,  et  avec  raison  : 
«  Non  maie  interpretantur  multi  de  cruce^  in  cujus 
comibus  confixm  sunt  manus  Christi,  per  quam  fortis- 
sime  adversarios  vicit,  (In  Habacuc.) 


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LES  CANTIQUES  ANCIENS.  387 

Ce  cantique  est  récité  au  moins  une  fois  Tannée, 
aux  laudes  du  vendredi  saint.  Le  chœur  ne  doit  pas  se 
découvrir  au  mot  Jesu  du  verset  30,  parce  que  ce  n'est 
pas  ici  un  nom  propre  désignant  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ,  mais  un  nom  commun  qui  signifie  salut  et  sau- 
veur. 

VI°.    SAMEDI. 
Cantique  de  Moïse  Aicdite,  cœli,  qtiœ  loquor.  {Deuter.  xxxii.,  1-43.  ) 

Ce  cantique  est  le  dernier  de  Moïse  ;  il  est  appelé  pour 
cela  le  chant  du  cygne.  C'est  une  pressante  exhortation 
à  suivre  la  loi  de  Dieu,  surtout  par  le  souvenir  des  biens 
et  des  maux  qui  en  furent  toujours  la  sanction.  Nous 
le  récitons  le  samedi,  «parcequ'en  ce  jour,  dit  le  véné- 
rable Bède,  se  faisait  autrefois,  chez  les  Hébreux*  la 
lecture  de  la  Loi  »  (In  Lucam)  ;  raison  que  suggère 
aussi  le  savant  Alcuin.  {De  celebr.  Missee.) 

Bossuet  expose  ainsi  l'objet  de  ce  cantique,  où  n'ap- 
parait  en  rien  la  voix  défaillante  d'un  vieillard.  «  Un 
peuple  sorti  de  l'esclavage,  et  tenu  quarante  ans  dans 
un  désert,  arrive  tout  formé  à  la  terre  qu'il  doit  occu- 
per. Moïse  le  mène  à  la  porte,  et,  averti  de  sa  fin  pro- 
chaine, il  annonce  à  Josué  ce  qu'il  reste  à  faire.  Mais, 
avant  que  de  mourir,  il  composa  ce  long  et  admirable 
cantique,  qui  commence  par  ces  paroles  :  CieuXj  en- 
tendez ma  voix  ;  terre ^  écoute  les  paroles  de  ma  bou- 
che. Dans  ce  silence  de  la  nature,  il  parle  d'abord  au 
peuple  avec  une  force  inimitable,  et  prévoyant  ses 
infidélités,  il  lui  en  découvre  l'horreur.  Tout  d'un  coup, 
il  sort  de  lui-même,  comme  trouvant  tout  discours 
humain  au-dessous  d'un  sujet  si  grand,  il  rapporte  ce 
que  Dieu  dit,  et  il  le  fait  avec  tant  de  hauteur  et  de 
bonté,  qu'on  ne  sait  ce  qui  l'inspira  le  plus,  ou  la 
crainte  et  la  confusion,  ou  l'amour  et  la  confiance... 
Si,  en  entendant  les  autres  prophètes,  on  croit  enten- 


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388       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

dre  des  hommes  inspirés  de  Dieu,  c'est  pour  ainsi 
dire  Dieu  même  qu'on  croit  entendre  dans  la  voix  de 
Moïse.  »  (Disc,  sur  l'histoire  universelle.) 

Nous  récitons  ce  cantique  au  moins  une  fois  chaque 
année,  aux  laudes  du  samedi  saint.  Lowth  a  dit  do.  lui 
avec  raison  :  «  L'exorde  est  plein  d'élégance,  et  surtout 
de  majesté;  Fordonnance  et  le  plan  sont  simples,  na- 
turels, convenables  au  caractère  du  sujet;  l'ordre  his- 
torique est  presque  partout  exactement  observé;  on  y 
remarque  une  variété  extraordinaire  dans  les  idées 
principales  ;  c'est,  tour  à  tour,  la  vivacité  de  la  justice 
de  Dieu,  son  amour  paternel,  ses  bontés  infinies  pour 
le  peuple  qu'il  s'est  choisi,  l'ingratitude,  la  révolte  de 
ce  peuple;  c'est  le  feu  de  l'indignation  divine,  les  me- 
naces terribles  du  Seigneur,  retracées  par  ime  proso- 
popée  dont  la  magnificence  surpasse  tout  ce  que  la 
poésie  possède  de  plus  précieux  dans  ses  trésors;  ce- 
pendant, la  douceur  et  la  miséricorde  viennent,  par  in- 
tervalles, tempérer  l'ardeur  de  ce  courroux  redouta- 
ble, qui  semble  enfin  s'éteindre  et  se  perdre  dans  les 
consolations  et  les  promesses.  Pour  ce  qui  concerne 
l'élévation  des  pensées,  la  véhémence  des  sentiments, 
la  vivacité  du  style  et  des  figures,  on  ne  peut  rien  dire 
qui  ne  soit  au-dessous  de  la  réalité.  Ce  sont  dès  phra- 
ses poétiques,  animées,  pressées,  qui  jaillissent  avec 
feu,  enrichies  de  pensées  élevées,  d'expressions  vives, 
de  tournures  neuves  et  variées  ;  effet  de  l'élan  rapide 
avec  lequel  l'esprit  du  poète  s'élance  d'un  objet  à  un 
autre,  dans  l'impuissance  de  se  fixer  à  un  seul  et  de 
s'arrêter  dans  la  [même  situation.  Telle  est,  en  un  mot, 
la  nature  du  sujet  de  ce  poème  qu'il  se  rapprochebeau- 
coup  du  style  et  du  coloris  de  la  poésie  prophétique  : 
d'où  il  suit  qu'il  réunit  à  cette  grandeur  et  à  cette 
variété  qui  forment  le  caractère  propre  de  la  prophétie, 
toute  l'énergie,  toute  la  fougue  et  toute  la  hardiesse 
du  genre  lyrique.  »  (Lee.  15  et  28.) 

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LES  CANTIQUES  ÉYANGÉLIQUES*  389 

Tels  sont  les  plus  beaux  cantiques  de  l'Ancien 
Testament,  que  TÉglise  a  choisis  pourToffice  divin,  et 
qui  ajoutent  encore  à  Téclat  et  à  la  majesté  de  la  prière 
publique. 

§    II.   LES   CANTIQUES    ÉVANGÉLIQUE8. 

Nous  avons  déjà  parlé  de  ces  cantiques  au  com- 
mencement du  volume,  à  propos  des  heures  canonia- 
les en  particulier.  Il  nous  faut  compléter  ici,  après 
quelques  notions  générales,  ce  qui  reste  à  dire  de 
chacun  d'eux. 

NO  1.  Notions  générales. 

Place  de  ces  cantiques  dans  Toffice  divin.  •—  Leur  chant  au  chœur. 

Le  Nouveau  Testament  a  aussi  ses  cantiques,  dont  la 
beauté  ne  le  cède  en  rien  aux  précédents.  Ils  ne  sont 
qu'au  nombre  de  trois,  et  les  Évangélistes  nous 
les  ont  conservés.  L'ordre  liturgique  les  présente 
ainsi  :  Le  cantique  de  Zacharie  ou  le  Benedictus^  ce- 
lui de  la  sainte  Vierge  ou  le  Magnificat^  et  celui 
du  saint  vieillard  Siméon,  ou  le  Nunc  dimittis.  L'É- 
glise, en  effet,  les  a  aussi  introduits  dans  le  bréviaire 
mais  en  dehors  des  psaumes  cette  fois,  à  cause  de 
leur  dignité  plus  grande;  elle  leur  assigne  pour  la 
même  raison  les  deux  heures  canoniales  les  plus 
solennelles  et  celle  qui  termine  le  jour  ;  leur  parfaite 
harmonie  avec  ces  heures  diverses  fait  qulls  ne  sont 
jamais  omis.  Le  Benedictus,  comme  on  le  sait,  se  dit 
à  laudes,  le  Magnificat  à  vêpres,  et  le  Nunc  dimittis 
à  compiles.  Ils  sont  placés  à  la  fin  des  heures,  parce 
que  ces  cantiques  devaient  encore  ajouter  à  la  louange 
des  psaumes  et  des  hymnes  sacrées.  Par  eux,  en  effet, 
nous  remercions  Dieu  chaque  jour  des  grands  bien- 
faits de  l'Incarnation  et  de  la  Rédemption. 

La  solennité  de  ces  trois  cantiques  a  aussi  inspiré  les 
rites  qui,  au  chœur,  en  règlent  le  chant  : 

1**  L'intonation  de  chacun  de  leurs  versets,  au  moins 

T.  II.  22. 

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390       LES.fiLÉMBNTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

pour  le  Magnificat  et  le  Benedictus,  est  toujours  festi- 
vale,  les  dimanches  et  fêtes  doubles  y  compris  les 
trois  derniers  jours  de  la  semaine  sainte.  Remar- 
quons ici  que  la  modulation  particulière  pour  les  can- 
tiques qui  se  trouve  au  2"  et  au  8®  tons,  ne  se  fait 
qu'aux  fêtes  doubles  de  1"  et  de  2«  classe.  Les  autres 
jours,  sauf  Tintonation  du  premier  verset  qui  leur  est 
spéciale,  on  emploie  l'intonation  festivale  commune. 
Aux  fêtes  semi-doubles,  l'intonation  solennelle  ne  se 
fait  qu'au  premier  verset  de  ces  cantiques,  chantés 
néanmoins  plus  gravement.  Le  Nunc  dimittis  a  tou- 
jours l'intonation  fériale,  les  complies  n'étant  jamais 
solennelles.  Le  chant  de  ce  cantique  doit  être  ce- 
pendant plus  grave  que  celui  des  psaumes.  Aux  offices 
des  fêtes  simples,  des  fériés  et  des  morts,  l'intonation 
des  cantiques  est  toujours  fériale  et  simple. 

2®  Au  chœur,  on  fait  le  signe  delà  croix  en  commen- 
çant le  premier  verset  de  ces  cantiques  ;  le  Cérémonial 
des  Évoques  l'insinue  (lib.  II,  §  xiv;  c.  vu,  %  m),  et 
ainsi  le  veulent  Gavantus,  Jean  Belelh  '  et  autres  au- 
teurs. C'est  pour  exprimer  le  mystère  de  la  Rédemption 
qui  en  est  l'objet. 

3*»  Le  chœur  est  debout  durant  le  chant  de  ces  can- 
tiques parce  qu'ils  sont  une  action  de  grâces. 

4*  Enfin,  quand  les  laudes  et  les  vêpres  sont  solen- 
nelles, c'est-à-dire  chantées  avec  la  chape,  on  encense, 
au  Benedictus  et  au  Magnificat,  l'autel,  le  célébrant 
et  le  chœur,  comme  pendant  la  messe  à  Tofifertoire. 
La  solennité  de  ces  heures  et  de  ces  cantiques  a  ins- 
piré ce  rit  parfaitement  en  harmonie,  du  reste,  avec 
le  sens  de  ces  derniers  :  l'autel,  en  effet,  représente 

i.  Jean  Beleth,  recteur  de  PUniversité  de  Paris,  publia  eo 
1162  un  traité  liturgique  très  important  sous  le  titre  :  Ratiotuile 
àivinorum  officiorum.  On  le  trouve  quelquefois  h  la  suite  ^u 
nationale  de  Durand^de  Mende. 


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LES  CANTIQUES  ÉVANGÉLIQUES.  391 

Jésus-Christ;  rencensement,  runion  du  prêtre  et  des 
fidèles  dans  une  même  louange. 

Ifo  2.  Le  cantique  de  Zaoharie  ou  le  Benedictus,  (Luc.  i,  68-79.) 

Dans  l'ordre  chronologique,  le  Benedictus  vient 
après  le  Magnificat,  mais  TEglise  nous  le  fait  réciter 
à  laudes  et  avant  les  deux  autres  cantiques  :  l^  parce 
qu'il  se  rapporte  à  saint  Jean-Baptiste,  dont  la  nais- 
sance était  comme  Taurore  du  Messie  et  que  Theure 
des  laudes  est  celle  de  Taurore  ;  2®  à  cause  du  dernier 
verset  :  Illuminare  his  qui  in  tenebris...  sedenty  qui  se 
rapporte  si  bien  à  ce  moment  de  la  nuit  où  Tastre 
commence  à  dissiper  les  ténèbres;  3*  enfin,  parce  que 
le  Magnificat  devait  être  réservé  à  Theure  de  vêpres 
la  plus  solennelle,  et  que  le  Nunc  dimittis  était  vrai- 
ment le  cantique  de  la  fin  du  jour. 

On  connaît  Toccasion  du  Benedictus.  Sainte  Elisa- 
beth, jusqu'alors  stérile,  mit  au  monde  un  fils;  saint 
Zacharie,  interrogé  sur  le  nom  qu'il  fallait  donner 
à  l'enfant,  écrivit  sur  des  tablettes:  Jean  est  son  nom,  A 
l'instant  le  vieillard,  qui  était  resté  muet  depuis  l'ap- 
parition de  l'ange,  recouvra  la  parole  pour  bénir  le 
Seigneur.  Rempli  de  l'Esprit  prophétique,  l'heureux 
père  entonna  son  admirable  cantique.  (Luc.  c,  1, 
87-67.) 

«  Chanté  chaque  nuit  dans  nos  églises,  dit  l'abbé 
Fouard,  l'hymne  du  saint  vieillard  est  comme  un  écho 
des  prophéties  d'Israël.  Jéhovah  visite  son  peuple 
pour  le  sauver  de  ses  ennemis,  de  la  main  de  ceux 
qui  le  haïssent  :  la  Rédemption  se  révèle  aux  yeux  du 
Lévite,  telle  que  la  contemplaient  Moïse  mourant, 
Ezéchiel  et  tant  d'autres,  puissante  comme  la  corne 
de  l'animal  farouche  qui  répand  autour  de  soi  la  ter- 
teur.  Mais,  sous  ces  rudes  images,  derniers  vestiges 
d'une  ère  qui  s'évanouissait,  une  influence  plus  douce 
est  déjà  sensible.  Le  salut  d'Israël  n'est  plus  ce  que 


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392       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  GANONULES. 

rêvaient  les  Juifs  charnels  :  le  triomphe  de  leur  race, 
les  joies  et  les  richesses  de  ce  monde  ;  c'est  le  salut 
dans  la  justice  et  la  sainteté  par  la  pénitence  et  la 
rémission  des  péchés.  Le  Dieu  de  Zacharie  n'est  plus 
le  Jéhovah  qui  sème  sur  ses  pas  l'épouvante  et  la 
mort,  mais  le  Dieu  aux  entrailles  de  miséricorde  se  le- 
vant sur  le  monde  comme  une  lumière  bénie.  Que  si, 
à  la  différence  des  aubes  de  la  terre,  cet  Orient  mer- 
veilleux apparaît,  non  à  l'horizon,  mais  au  plus  haut 
des  cieux,  c'est  pour  marquer  qull  n'embrasera 
pas  le  monde  des  feux  dévorants  du  midi,  mais,  ré- 
pandra sur  lui  des  clartés  douces  comme  l'aurore. 
Sous  une  forme  juive,  ce  chant  est  donc  chrétien. 
Frappé  de  sa  beauté  dans  l'original  chananéen, 
saint  Luc  a  tenté  d'en  reproduire  non  seulement  les 
pensées,  mais  les  images  les  plus  étrangères  au  génie 
grec.  Delà  l'obscurité  et  en  même  temps  le  charme 
de  cet  hymne. 

«  Béni  soit  le  Seigneur,  le  Dieu  dlsraël,  parce  qu'il  a 
regardé  et  délivré  son  peuple. 

»  Il  nous  a  suscité  dans  la  maison  de  David,  son  enfant, 
une  force  invincible  (une  corne),  notre  salut. 

»  (Selon  qu'il  l'avait  promis  par  la  bouche  des  prophètes 
dès  Torigine  des  temps;) 

»  Ce  salut,  loin  de  nos  ennemis,  hors  des  maias  de  ceux 
qui  nous  haïssent,  (il  Topérera.) 

•  Pour  accomplir  sa  miséricorde  envers  nos  pères,  pour 
se  souvenir  de  son  alliance  sainte,  du  serment  qu'il  a  juré 
à  Abraham,  notre  père, 

»  De  faire  que,  sans  crainte,  arrachés  aux  mains  de  nos 
ennemis,  nous  l'adorions  dans  la  justice  et  la  sainteté,  en 
sa  présence  et  tous  les  jours  de  notre  vie. 

»  Et  vous,  enfant,  vous  serez  appelé  prophète  du  Très- 
Haut  : 

»  Vous  marcherez  devant  le  Seigneur  pour  lui  préparer 
les  voi  3S,  pour  montrer  à  son  peuple  le  salut  dans  le  pardon 


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LES  GiLNTIQUES  ÉYÀN6ÉLIQUES.  [393 

de  ses  péchés,  le  pardon  par  les  entrailles  de  miséricorde 
de  notre  Dieu. 

»  Par  elles  un  astre  se  levant  au  plus  haut  des  cieux  nous 
a  visités  ; 

»  Pour  éclairer  ceux  qui  sont  assis  dans  les  ténèbres  et 
à  Tombre  de  la  mort, 

»  Pour  diriger  nos  pas  dans  les  voies  de  la  paix.  » 
(La  vie  de  N,  S,  Jésus-Christ,  L,  1,  c.  ii.  Naissance  du  Précurseur,) 

Zacharie,  comme  on  le  voit,  rend  grâces  à  Dieu 
pour  le  bienfait  de  la  Rédemption  qui  va  délivrer  son 
peuple  et  dont  son  fils  nouveau-né  sera  le  précur- 
seur fidèle.  «  Ce  cantique,  dit  le  Manuel  Biblique, 
reflète  la  joie  du  père,  ravi  par  la  naissance  miracu- 
leuse de  son  fils,  la  religion  du  prêtre  qui  ne  voit  de 
grand  que  le  service  de  Dieu  et  la  sanctification  des 
âmes,  enfin  les  lumières,  l'inspiration,  le  ravissement 
du  prophète.  »  (T.  IM^Naissance  de  Jean-Baptiste,)  ^^ 
récitons  jamais  ce  cantique  sans  remercier  humble- 
ment le  Seigneur  de  notre  vocation  qui  nous  a  fait 
aussi  les  Précurseurs  de  Jésus-Christ,  et  les  prophètes 
du  Très-Haut.  Ne  sommes-nous  pas  appelés,  comme 
saint  Jean-Baptiste,  à  faire  connaître  aux  hommes  le 
Dieu  Rédempteur  et  à  leur  enseigner  la  voie  de  la  pé- 
nitence et  du  salut? 

NO  8.  Le  cantique  de  Marie  ou  le  «  Magnificat.  » 

(Luc.  I.  46-55.) 

L'Église  a  réservé  pour  la  partie  la  plus  solennelle  de 
Toffice  divin,  le  plus  beau,  le  plus  solennel  de  ses  can- 
tiques, sublime  et  simple  tout  à  la  fois.  «  Quedirai-je 
sur  ce  divin  cantique?  s'écrie  Bossuet;  sa  simplicité,  sa 
hauteur  qui  passe  mon  intelligence  m'invite  plutôt  au 
silence  qu'à  parler.  Si  vous  voulez  que  je  parle,  ô  Dieu  I 
formez  vous-même  mes  paroles.  »  ÇElev.  sur  les  Mys- 
tères-, 14®  sem.,  V«  Elev.  Le  Cantique  de  Marie,  !'• 
partie.) 


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394       LES  tLtMBNTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

Marie  rendait  visite  à  sa  cousine  Elisabeth  dont  un 
ange  lui  avait  révélé  la  stérilité  féconde.  Inspirée  du 
ciel  à  son  tour  et  oubliant  son  propre  bonheur,  la 
femme  de  Zacharie  exalte  aussitôt  la  maternité  divine 
de  sa  sainte  et  glorieuse  parente.   «  Et  Marie,  pour 
toute  réponse,  dit  M.  Fillion,  transformée  par  l'Esprit- 
Saint  en  une  lyre  harmonieuse,  entonne  son  admi- 
rable cantique...  Les  grandes  merveilles  accomplies 
par  Jéhovah  avaient  inspiré  plusieurs  fois  déjà  des 
cantiques  à  des  femmes  d'Israël...  Il  était  réservé  à 
Marie  de  chanter  la  merveille  des  merveilles,  l'œuvre 
de  la  Rédemption,  dans  un  hymne  qui  est  le  couron- 
nement des  cantiques  de  l'Ancienne  Alliance,  le  pré- 
lude de  tous  les  cantiques  du  Nouveau  Testament. 
Hymne  sublime,  en  effet,  dans  sa  simplicité;  chant 
magnifique  d'actions  de  grâces,  dont  TEglise  se  sert 
chaque  jour  pour  remercier  Dieu  de  ses  bienfaits... 
Au  point  de  vue  de  la  forme,  le  Magnificat  a  tous  les 
caractères  que  la  poésie  revêtait  chez  les  Hébreux  : 
on  y  trouve  le  rythme  et  surtout  le  parallélisme  des 
membres.  Il  ressemble  aux  psaumes  eucharistiques  de 
David.  Ce  beau   poème  s'échappa  spontanément  du 
cœur  de  Marie,  sous  l'inspiration  divine,  à  l'occasion 
des  paroles  d'Elisabeth  :  c'est  donc  une  véritable  im- 
provisation, l'effusion  jusque-là  comprimée  d'une  âme 
profondément  émue  par  les  grâces  du  ciel,  mais  qui 
n'avait  pas  encore  trouvé  l'occasion  de  s'épancher  au 
dehors...  Les  exégèses  rapprochant  ces  simples  mots: 
Ait  Maria  de  la  formule  :  exclamavit  voce  magnâ  et 
dixit,  qui  avait  introduit  l'allocution  de  la  mère  de 
saint  Jean,  aiment  à  faire  ressortir  la  douce  sérénité, 
la  profonde  quiétude  qui  régnent  dans  le  cantique  de 
Marie.  C'est  là,  en  réalité,  un  caractère  frappant  du 
Magnificat  dont  le  lyrisme  respire  un  calme  vraiment 
divin.  »  {Evangile  selon  saint  Luc^  ch.  ii.  Commen- 
taire,) 


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LES  CANTIQUES  ÊYANGÉLIQUES.  395 

Marie  s'écria  donc  dans  son  extase  sublime  : 

Mon  âme  glorifie  le  Seigneur, 

Et  mon  esprit  a  tressailli  d'allégresse  en  Dieu,  mon  Sau* 
veur, 

Parce  qu'il  a  regardé  la  bassesse  de  sa  servante;  voici 
que  désormais  toutes  les  nations  me  proclameront  bien- 
heureuse. 

Car  Celui  qui  est  tout-puissant  a  fait  en  moi  de  grandes 
choses  ;  son  nom  trois  fois  saint  nous  en  dit  au^i  la  sain- 
teté parfaite. 

Et  sa  miséricorde  infinie  se  répand  d'âge  en  âge  sur  tous 
ceux  qui  le  craignent. 

Il  a  déployé  la  force  de  son  bras  ;  il  a  déjoué  les  vains 
projets  des  superbes,  dissipé  les  orgueilleuses  pensées  de 
leur  cœur. 

Il  a  renversé  les  puissants  de  leur  trône,  et  élevé  les 
humbles  qui  s'abaissaient. 

Il  a  comblé  de  biens  l'indigence,  et  dépouillé  les  riches 
de  la  terre,  qu'il  a  renvoyés  les  mains  vides. 

Sa  miséricorde,  qu'il  ne  pouvait  oublier,  a  relevé  Israël 
de  sa  ruine,  et  l'a  pris  dans  ses  bras  comme  un  fils  bien- 
aimé. 

Ainsi  qu'il  l'avait  annoncé  et  promis  pour  toujours  à 
nos  pères,  surtout  à  Abraham  et  à  sa  postérité. 

Ily  a  dans  le  Magnificat  trois  strophes  et  trois  parties 
distinctes  :  Marie  loue  d'abord  et  remercie  le  Seigneur 
pour  sa  maternité  divine,  et  pour  la  part  qu'elle  a  ainsi 
dans  le  mystère  de  la  Rédemption,  malgré  sa  bassesse 
(1-4);  puis,  généralisant  sa  pensée,  elle  célèbre  la 
puissance  et  la  bonté  de  Dieu  qui  aime  à  s'exercer  de 
préférence  envers  les  petits  et  les  humbles  (5-8)  ;  elle 
annonce  enfin  que  le  peuple  d'Israël  sera  toujours  l'hé- 
ritier des  promesses,  dans  l'œuvre  opérée  par  son  Fils 
pour  le  salut  du  monde  (9-10).  Mais,  comme  l'observe 
le  docteur  Schegol,  le  premier  verset  est  comme  le 
thème  du  cantique,  et  on  pourrait  le  répéter  après 
chacun  des  autres. 


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396       LES  &LÉMBNTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Les  auteurs  nous  font  remarquer  combien  Marie 
était  habituée  au  lai^gage  des  Ecritures,  combien  elle 
en  nourrissait  son  esprit  et  son  cœur,  puisqu'il  n'est 
presque  pas  d'expression  dans  le  Magnificat  qui  ne  soit 
déjà  dansle  Psalmiste  ou  dans  les  Prophètes.  Le  P.  Pa- 
trizi  a  recueilli  tous  les  passages  de  l'Ancien  Testament 
dont  Marie  à  dû  se  souvenir  en  improvisant  son 
cantique.  {De  Evangeliis,  lib.  III,  dissert,  xi.)  «  Qu'on 
ne  s'étonne  pas,  ajoute  Fabbé  Fouard,  de  voir  les  sen- 
timents de  Marie  s'exhaler  sous  une  forme  poétique. 
En  Orient,  où  le  chant  est  l'expression  naturelle 
de  toute  émotion,  il  suffit  de  quelques  pensées  pour 
alimenter  un  poème.  Inspirée  par  le  souvenir  des 
hymnes  d'Israël,  et  par  la  grâce  dont  elle  était  l'objet, 
la  Vierge  trouva,  sous  l'action  de  l'Esprit  divin,  ce  can- 
tique simple  et  sublime.  »  (Vie  de  N.  S.  Jéstcs-Christ, 
L.  I,  ch.  3,  II,  La  Visitation.) 

Nous  ne  saurions  trop  méditer  ce  divin  cantique;  non- 
seulement  il  nous  offre  d'admirables  sentiments  de  re- 
ligion et  d'amour,  mais  on  y  découvre  le  cœur  de  Marie 
tout  entier,  avec  les  perfections  de  la  Mère  d'un  Dieu. 
Les  ecclésias  tiques  y  verront  surtout  les  dispositions  dont 
ils  doivent  être  pénétrés  eux-mêmes  à  l'égard  du  sacer- 
doce.et  de  ses  fonctions.  Dieu  aussi  a  fait  en  l'âme  du 
prêtre  de  grandes  choses,  des  merveilles  de  grâces,  et  il 
nous  a  tirés  souvent  de  l'abjection  pour  nous  placer 
parmi  les  princes  de  son  peuple.  Dans  nos  mains  et  dans 
notre  cœur  descend  chaque  jour  à  l'autel  le  Filsglorieux 
de  Marie;  par  notre  ministère,  s'opèrent  dansl'ordre 
surnaturel  des  prodiges  sans  nombre  :  les  pécheurs 
sont  ramenés  à  Dieu,  les  âmes  faibles  affermies  dans 
le  bien,  les  cœurs  indigents  rassasiés  et  enrichis,  les 
vrais  fidèles,  dignes  enfants  d'Abraham,  bénis,  affran- 
chis, sanctifiés.  A  nous  donc  d'entrer  dans  l'esprit  de 
cette  divine  Mère,  en  récitant  le  Magnificat;  à  nous  de 
réaliser  le  vœu  du  grand  Docteur  de  Milan  :  «  Stt  in 


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LES  CANTIQUES  ÉYAN6ÉLIQUES.  397 

singulis  Mariae  anima  ut  magnificet  Dominum  ;  sit  in 
singulis  spiritus  Maries  ut  exultet  in  Deo  salutari  suo.  » 
Bossuet,  s'adressant  à  tous  ceux  qui  ont  Toccasion 
de  réciter,  de  chanter  ou  d'entendre  le  Magnificat  de 
Marie,  conclut  ainsi  :  «  Chantons  donc  sa  béatitude  avec 
la  nôtre  ;  publions  qu'elle  est  bjenheureuse;  et  agrégeons- 
nous  à  ceux  qui  la  regardent  comme  leur  mère.  Prions 
cette  nouvelle  Eve  qui  a  guéri  la  plaie  de  la  première,  au 
lieu  du  fruit  défendu  dont  nous  sommes  morts,  de  nous 
montrer  le  fruit  béni  de  ses  entrailles.  Unissons-nous 
au  saint  cantique,  où  Marie  a  chanté  notre  délivrance 
future.  Disons-nous  avec  saint  Ambroise  :  «  Que  l'âme 
de  Marie  soit  en  nous  pour  glorifier  le  Seigneur  :  que 
l'esprit  de  Marie  soit  en  nous  pour  être  ravis  de  joie 
en  Dieu  notre  Sauveur.  »  Comme  Marie,  mettons  notre 
paix  à  voir  tomber  toute  la  gloire  du  monde,  et  le  seul 
règne  de  Dieu  exalté,  et  sa  volonté  accomplie.  {Elévations 
sur  les  mystères^  14*  semaine,  viii*  Elév.) 

NO  4.  Le  cantique  de  Slméon  ou  le  c  Hune  dhnittif  .• 

(Luc.  II,  29-32.) 

On  sait  que  le  saint  vieillard  Siméon,  après  avoir  reçu 
au  templerEnfant  Jésus  dans  ses  bras,  exalta  la  gloire 
du  divin  Rédempteur,  et  ne  désira  plus  que  mourir. 
Telle  fut  l'occasion,  tel  fut  l'objet  de  ce  nouveau  can- 
tique connu  de  tous,  dont  l'Eglise  a  fait  aussi  sa  prière, 
et  que  Bossuet  a  si  bien  commenté  pour  les  âmes  chré- 
tiennes [Elév,  sur  les  myst.  18®  sem.  10®  Elév.)  : 

«  Laissez  maintenant.  Seigneur,  aller  en  paix  auprès  de 
ses  pères  votre  serviteur,  selon  la  parole  que  vous  m'en 
avez  donnée, 

»  Puisque  mes  yeux  ont  vu  le  Sauveur, 

»  Que  vous  destiniez  à  la  terre  ; 

»  Lumière  des  nations  qui  leur  fera  connaître  les  véri- 
tés du  salut,  ij  sera  aussi  la  gloire  dTsraêl,  votre  peuple 
choisi.  » 

Le  P.  Faber  a  écrit,  dans  plusieurs  de  ses  livres,  des 

T.u.  23 


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398         LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HBURBS  CANONIALES. 

pag6S  ravissantes  au  sujet  de  ce  cantique.  Malgré  les 
extraits  que  nous  en  avons  cités  en  parlan  t  des  compiles, 
on  nous  permettra  de  les  réunir  ici  en  un  tout  qui,  nous 
en  sommes  sClrs,  charmera  et  édifiera  le  lecteur.  «  Le 
deuxième  jour  de  février  était  arrivé.  Joseph  etMarie, 
avecPEnfant,  quittent  le  lieu  où  ces  quarante  jours  s'é- 
taient envolés  aussi  rapidement  qu'une  vision  céleste. 
(VElable  de  Bethléem.)  Us  tournent  autour  de  la  lisière 
de  la  colline  étroite  sur  laquelle  est  bâtie  la  cité.  Les  vi- 
gnes taillées  qui  couvrent  les  coteaux  escarpés  ont  à 
peine  commencé  à  verser  les  larmes  printanières  par 
la  blessure  que  leur  a  faite  le  couteau  du  vigneron. 
Mais  les  champs  de  blé  oil  glana  Ruth  sont  verts,  et 
le  soleil  brillant  d'un  printemps  précoce  luit  sur  les 
roches  grises  qui  avoisinent  la  tombe  de  Rachel.  On 
aperçoit  les  toits  de  la  sainte  cité  avec  le  glorieux 
temple,  qui  brille  au-dessus  de  tout  ce  qui  l'entoure. 
C'est  vers  ce  temple,  son  propra  temple,  que  se  di- 
rigeait l'Enfant-Dieu,  devenu  visible  aux  hommes. 

D'autres  personnes  s'en  approchaient  pour  les 
sacrifices  du  matin  ;  parmi  elles,  se  trouvait  le  vieil- 
lard Siméon,  dont  les  fleurs  du  tombeau  couronnaient 
la  tète  vénérable;  il  avait  survécu  à  ses  propres  jours, 
ainsi  qu'aux  hommes,  aux  choses,  aux  sympathies, 
aux  associations  de  son  temps.  Il  n'avait  aucun  rapport 
avec  l'esprit  de  l'époque,  il  était  supérieur  à  la  vaine 
politique  du  temps  ;  il  ne  prenait  aucune  part  aux  lut- 
tes et  aux  disputes  des  pharisiens  et  des  saducéens.  Le 
mondeluisemblaitdevenirde  jour  en  jour  plus  pervers 
et  plus  insupportable  :  c'était  un  séjour  de  moins  en 
moins  hospitalier  pour  lui,  de  moins  en  moins  toléra- 
ble  pour  son  âme  fatiguée.  {Le  pied  de  la  Croix.  —  Pro- 
phétie  de  Siméon.) 

Les  Juifs  vertueux  le  connaissaient  bien  ;  ils  disaient 
de  lui  qu'il  était  un  homme  juste,  égal  et  honnête, 
n'aspirant  à  rien,  ne  réclamant  aucun  privilège,  tou- 


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LÊ&  CANTIOUES  ÉVANGÉLIQUKS.  3Ô9 

jours  prêt  à  céder,  prompt,  exact,  réfléchi  et  évitant 
toute  iraportunité  dans  ses  rapports  avec  les  autres,  ne 
donnant  sujet  de  plainte  à  personne,  modeste  et  maî- 
tre de  lui-même,  attentif,  et  cependant  discret  et  ré- 
servé :  tel  était  le  caractère  qui  le  distinguait  de  tous 
ses  religieux  concitoyens.  Mais  à  sa  justice  édifiante,  il 
ajoutait  encore  Texemple  touchant  et  entraînant  de  la 
plus  tendre  piété.  La  dévotion  était  la  vie  même  de  son 
âme  et  régnait  dans  son  cœur.  Comme  un  grand  nom- 
bre de  saints  personnages,  il  avait  attaché  ses  affec- 
tions à  un  objet  qui  ressemblait  à  une  vision  béatifi- 
que.  Il  fallait  qu'il  vit  le  Christ  du  Seigneur  avant 
de  mourir.    On  dirait   qu'il  y   a  dans  sa  dévotion 
quelque  chose    d'opiniâtre    et   d'imaginaire;  et  en 
réalité,  ce  n'est  ^ju'un  degré  plus  éminent  de  sain- 
teté. Il  a  jeté  sa  vie  comme  dans   un  moule  unique. 
C'était  une  vie  de  désirs,  une  vie  de  veilles,  une  vie  d'at- 
tente, dont  Tobjet  était  longtemps  différé,  mais  qui  ne 
désespérait  jamais  de  voir  la  consolation  d'Israël.  Il  y 
a  dans  sa  prière  une  persévérance  qui  fera  fléchir  la 
volonté  de  Dieil.  C'était  le  feu  d'un  immense  amour 
qui  brûlait  dans  la  simplicité  de  son  cœur,  et  le  Saint- 
Esprit  aimait  à  résider  au  milieu  de  ces  flammes  inno- 
centes. Il  lui  avait  révélé  que  son  attente  opiniâtre 
était  un  culte  cher  à  Dieu,  que  sa  volonté  serait  ac- 
complie, et  que,  dans  sa  vieillesse,  avant  d'être  enlevé 
à  la  terre,  il  verrait  de  ses  yeux  la  beauté  du  Christ  du 
Seigneur.  11  fréquentait  donc  habituellement  le  Tem- 
ple ;  n'était-ce  pas  là,  en  effet  que  vraisemblablement 
il  devait  rencontrer  le  Christ  ?  {Bethléem.  —  Les  pre» 
miers  adorateurs,) 

Il  se  rendait,  ce  jour-là,  au  sacrifice  du  matin.  Y 
venait-il  avec  une  prévision  claire  ou  avec  de  spirituels 
pressentiments,  que  lui  inspirait  son  amour?  Qui 
pourrait  le  dire?  {Le  Pied  de  la  croix ^loc.  cit.) 

Comme  Dieu  donne  toujours  plus  qu'il  ne  promet, 


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400         LBS  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Siméon,  non  seulement,  vit  le  Christ,  mais  il  put  même 
le  prendre  dans  ses  bras,  et  sans  doute  aussi,  déposer 
un  baiser  tout  tremblant  du  plus  profond  respect  sur 
les  lèvres  humaines  du  Créateur.  Comment,  sans  cela,  ses 
lèvres  auraient-elles  pu  chanter  un  cantique  aussi  ra- 
vissant, cantique  qui  rappelle  d'une  manière  si  tou- 
chante un  magnifique  coucher  du  soleil,  que  Ton  serait 
tenté  de  croire  que  toute  la  beauté  des  plus  belles  soi- 
rées de  la  terre,  depuis  la  création,  a  passé  en  lui  pour 
le  remplir  de  charmes  paisibles  et  tranquilles?  Il  était 
bien  âgé  pour  un  poète,  mais  l'âge  n'avait  ni  desséché 
ni  épuisé  son  cœur. 

Le  vieillard  infirme  soutenait  vaillamment  dans  ses 
bras  la  force  du  Tout-Puissant.  Il  élevait  la  lumière  du 
monde  au  milieu  de  son  propre  temgfe,  précisément  à 
l'instant  où  lui-même  allait  s'éteindre  dans  la  lumière 
inaccessible  d'une  glorieuse  éternité.  Ses  yeux,que l'âge 
avait  affaiblis  et  que  les  larmes  obscurcissaient,  regar- 
daient dans  les  yeux  profonds  de  l'Enfant  de  Bethléem, 
et  ceux-ci  étaient  pour  sa  foi  des  sources  de  lumière 
éternelle.   C'était  la  vision  qu'il   avait  contemplée 
toute  sa  vie.  11  avait   pleuré  sur  les  malheureux  d'Is- 
raël, et  bien  plus  encore  sur  les  égarements  de  ses  con- 
citoyens privés  de  pasteurs;  mais  il  avait  toujours  vu 
à   travers  ses  larmes,  de  même  qu'à  travers  une 
épaisse  pluie  d'orage,  qui  s'agite  çà  et  là  comme  un 
immense   voile,  nous  pouvons  voir,  lorsque  le  vent 
vient  à  la  soulever  lentement,  une  montagne  belle,  ra- 
dieuse  et    éclairée  par  le   soleil  qui   illumine    ses 
flancs  recouverts  de  jaunes  et  riches  moissons...  En  ce 
moment  finissait  le  soir  de  la  vie.  La  pluie  avait  passé; 
et  la  montagne  du  Seigneur  apparaissait,  non  pas  seu- 
lement brillante  mais  tellement  rapprochée,  qu'il  au- 
rait pu  croire  que  ses  yeux  le  trompaient.  Mais  non,  la 
face  de  Jésus  touchait  la  sienne.  Le  ciel  était  venu 
à  lui  sur  la  terre.   C'était    le  ciel  de  son  propre 


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DES  PRIÈRES.  40! 

choix.  Etrange  ami  de  son  pays  et  de  son  peuple  I 
il  avait  mieux  aimé  voir  le  Messie  sur  la  terre,  et  ainsi 
être  assuré  que  le  pauvre  Israël  le  posséderait,  que 
d'aller  longtemps  auparavant,  enlevé  par  une  mort 
plus  précoce,  contempler  le  Verbe  à  travers  la  paisible 
obscurité  du  sein  d'Abraham.  N'était-ce  pas  le  plus 
ravissant  des  mystères  de  voir  ses  bras,  qu'une  longue 
suite  d'années  avait  affaiblis  et  rendus  tremblants, 
envelopper  avec  tant  d'amour  l'éternité  toujours  jeune 
de  Dieu?  N'était-ce  pas  assez  pour  Si raéon?  N'était-ce 
pas  plus  que  suffisant?  {Bethléem,  loc.  cit.) 

Il  est  pénible  pour  lui  de  se  séparer  du  doux 
fardeau  qu'il  porte;  dans  cette  extrême  vieillesse,  les 
souffles  de  l'inspiration  remplissent  son  âme,  et  au  mi- 
lieu du  silence  du  temple,  il  chante  son  Nunc  dimit- 
tis,  comme  Zacharie  avait  chanté  son  Benedictus,  et 
Marie  son  Magnificat.  [Le  Pied  de  la  Croix,  loc.  cit.) 

On  dit  que  des  rossignols  ont  chanté  jusqu'à  en 
mourir;  ainsi  mourut  Siméon,  non  delà  douce  fatigue 
de  son  attente  prolongée,  mais  de  la  plénitude  de  sa 
joie,  de  la  satisfaction  de  ses  désirs,  de  cette  nouvelle 
jeunesse  spirituelle  dont  le  contact  de  l'Enfant  éternel 
avait  pénétré  sa  vieillesse.  Laissant  son  âme  s'exhaler 
dans  une  mélodie  que  le  ciel  pourrait  bien  lui  envier  et 
qu'il  ne  pourrait  pas  surpasser,  il  mourut,  les  lèvres 
ouvertes,  pour  chanter  ce  cantique  qui  charmera  les 
nations  futures.  (Bethléem.) 

Joseph  même  fut  ravi  dans  une  extase  d'admira- 
tion ;  Marie  s'émerveilla  des  paroles  si  profondes,  si 
belles,  si  vraies  de  Siméon;  elle  savait  mieux  que  per- 
sonne que  son  enfant  était  réellement  la  lumière  du 
monde.  »  [Le  Pied  de  la  Croix.) 

Art.  VIII.  Des  prières. 

Tel  est  le  titre  xxxiv®  de  la  Rubrique  :  De  Precibus: 
c<  ces  prières,  dit  celle-ci,  sont  des  versets  qui  se  disent 


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402       LBS  &LÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

quelquefois  avant  Toraison  et  qui  commencent  par 
Kyrie  eleison^  ou  par  Pater  noster  »  (n®.  1.) 

Les  autres  versets  de  l'office  divin  sont  assez  géné- 
ralement historiques  :  In  omnem  terram  exivit  sonus 
eorum.  —  Justus  nt  palma  florebit  —  Amavit  eum 
Domintis  et  omavit  eum^  etc.,  etc.  Ceux  dont  il  s'agit  ici 
sont  toujours  des  prières  ou  une  exhortation  à  prier  ; 
de  là  leur  nom  liturgique. 

Ces  prières  font  partie  depuis  très  longtemps  de  Tof- 
fice  divin.  Nous  en  avons  pour  témoins  :  Hugues  de 
Saint- Victor  au  xn®  siècle  (/w  spec.^  c.  3.),  le  Microlo^ 
gue  au  xi«  (c.  50),  Amalaireau  ix®  (L.  3,  c.  6.  —  De 
ord.  antiph.  c.  7),  et  S.  Isidore  de  Sévilie  au  vi«  (L.  I, 
De  Offi.,  c.  6). 

On  ne  les  récite  cependant  qu'aux  offices  moins  so- 
lennels, comme  sont  ceux  du  rit  semi-double,  et  au- 
dessous!;  la  multiplicité  et  la  longueur  des  prières,  en 
effet,  nous  en  avons  fait  plusieurs  fois  la  remarque, 
sont  regardées  par  l'Eglise  comme  une  charge  et  une 
pénitence.  Ce  caractère  dès  lors  ne  paraissait  pas  conve- 
nir aux  offices  d'un  rit  supérieur  ou  d'une  plus  grande 
importance. 

La  rubrique  a  placé  ces  versets  immédiatement  avant 
l'oraison  pour  que  celle-ci  en  ait  plus  d'efficacité; 
de  là,  ajoute  Amalaire,  l'invocation  du  Kyrie  eleison^ 
répétée  plusieurs  fois  au  commencement,  (lib.  3,  c.  6.) 
Ces  prières,  du  reste,  ces  oraisons  jaculatoires,  traits 
enflammés  de  notre  foi  et  de  notre  espérance,  ne  peu- 
vent que  nous  obtenir  de  plus  en  plus  les  grâces  de 
Dieu  pour  les  travaux  du  «jour  ou  pour  le  repos  de  la 
nuit. 

On  distingue  les  prières  dominicales  |[et  les  prières 
fériales. 

%  I.  DES   PRIÈRES    DOMIKIGALBS. 

Nous  ne  récitons  ces  prières  qu'à  prime  et  à  com- 
piles dans  les  offices  du  rit  semi-double  ou  d'un  rit 


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LES  PRIÈRES  dominicales:  403 

inférieur  qui  n'admettrait  pas  les  prières  fériales.  On 
les  omet  aux  offices  doubles;  il  en  est  de  même  de  quel- 
ques of Qces  du  rit  semi-double  indiqués  dans  le  n^  2 
suivant  de  la  rubrique. 

Les  prières  dominicales  à  prime  et  à  complies,  telles 
qu'on  les  trouve  au  psautier,  ne  se  disent  ni  aux  fêtes  dou- 
bles, ni  pendant  les  octaves,  ni  la  vigile  de  TËpiphanie, 
ni  encore  le  vendredi  et  le  samedi  après  Toctave  de  l'As- 
cension, alors  même  qu'on  ferait,  dans  une  octave,  l'office 
du  dimanche  ou  d'une  autre  fête  semi-double.  C'est  à  cause 
de  Toctave,  en  effet,  qu'on  ne  les  récite  pas  ;  en  dehors  de 
ces  cas,  on  les  dit  toujours. 

Les  offices  qui  n'admettent  pas  les  prières  domi- 
nicales ont  une  certaine  solennité  ou  supériorité  qui 
explique  la  règle;  ainsi  le  rit  double  ne  laisse  après  lui 
que  des  degrés  inférieurs  ;  les  jours  d'une  octave  par- 
ticipent à  la  solennité  de  la  fête;  la  vigile  de  l'Epipha- 
nie a  une  importance  à  part,  et  les  deux  jours  qui  sui- 
vent l'octave  de  l'Ascension  lui  sont  assimilés. 

On  récite  debout  les  prières  dominicales  pour  les 
distinguer  des  prières  fériales  qui,  affectées  plus  spécia- 
lement aux  jours  de  pénitence,  sont  récitées  à  genoux. 

Quand  on  doit  les  chanter,  c'est  avec  rinflexion  d'ut 
en  la,  excepté  Kyrie  eleison  et  Dominus  vobiscum  qui 
se  disent  recto  tono,  ainsi  que  VAmen  quand  il  forme 
seul  le  répons  d'un  verset.  Le  Confiteor  à  prime  et  à 
compiles  ne  séchante  jamais,  mais  se  récite  posément 
et^ d'une  voix  grave. 

Rien  n'est  touchant  comme  ces  accents  d'une  âme 
qui  implore  le  secours  divin,  comme  ces  élévations 
du  cœur  vers  le  Dieu  des  miséricordes.  Les  voici  : 

N»  1.  Prières  dominicales  de  Prime. 

Elles  commencent  par  Kyrie...  Chrute...  Kyrie, 
eleison  :  invocation  laissée  dans  cet  idiome,  dit 
saint  Isidore  de  Séville,  pour  montrer  la  première  ori- 


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i04       LES  tLtMENTS  DBS  HEURES  CANONULBS. 

gîne  de  ces  prières  qui  furent  d'abord  ajoutées  à  Toffice 
par  l'Eglise  grecque.  (L.  I.  De  offi.  c.  6.)  Nous  aimons 
mieux  la  raison  indiquée  dans  notre  t.  II  de  la  Messe, 
(p.  97),  où  se  trouve  aussi  expliquée  cette  invocation. 
«  On  la  répète  ici  trois  fois  en  l'honneur  de  la  Sainte 
Trinité,  dit  Amalaire,  Ter  dicitur  ad  Trinitatem.  »  (L. 
3,  c.  2.) 

Le  Pater,  la  prière  par  excellence,  devait  se  trouver 
et  dès  le  commencement  parmi  ces  versets  qui  sont  ap- 
pelés simplement  \ç^%  prières. 

Après  le  Pater  vient  avec  raison  le  Credo,  puisque 
celui-ci  est  le  résumé  de  la  foi  et  de  l'espérance  qui 
inspirent  toutes  nos  prières. 

Pour  mettre  en  harmonie,  autant  que  possible,  le 
Pater  et  le  Credo  avec  les  prières  dominicales  propre- 
ment dites,  on  a  transformé  en  versets  et  répons  la  fin 
de  ces  deux  formules  :  t.  Et  ne  nos  inducas  in  tenta- 
tionem.  ??.  Sedliberanos  a  malo,  —  t.  Carnis  resurrec- 
tionem.  ft.  Vitam  «temam.  Amen,  Le  reste,  excepté  les 
premiers  mots  Pater  noster,  Credo  in  Deum,  qui  lés  an- 
noncent, doit  se  dire  à  voix  basse. 

On  pourrait  se  demander  pourquoi  VAve  Maria  ne 
se  trouve  pas  ici.  Mais  observons  qu'il  ne  se  dit  pas 
non  plus  dans  le  corps  des  grandes  prières  liturgi- 
ques, telles  que  la  messe,  les  heures  canoniales,  l'ad- 
ministration des  sacrements.  On  n'a  pas  voulu  l'assi- 
miler en  tout  à  l'oraison  dominicale.  Cependant,  à 
cause  de  son  origine  et  de  sa  beauté,  comme  nous 
Pavons  vu,  il  commence  et  termine  quelquefois  Tof- 
fice  divin. 

Après  ces  grandes  et  belles  formules  du  Pater  et  du 
Credo  qui  accompagnent  toutes  les  prières  un  peu  im- 
portantes, suivent  les  versets  proprement  dits  : 

t.  Vers  vom  s'élève,  6  mon  Dieu,  ma  voix  suppliante. 
Ç.  Et  dès  le  matin  ma  prière  a  prévenu  vos  miséricordes. 
(Ps.  LXXXVII,  14.) 


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LES  PRIÈRES  DOMINICALES.  405 

Tel  est  le  début  de  ces  aspirations  touchantes  :  pa- 
roles sacrées,  bien  en  rapport  avec  l'heure  de  prime. 

t.  Qu3  mes  lèvres  soient  fécondes  en  louanges. 
R.  Pour  célébrer  dignement  tout  le  long  du  jour  vos  ma- 
gnificences. (Ps.  LXX,  8.) 

Si  Dieu  nous  donne  sa  grâce  avec  abondance  et  que 
nous  y  soyons  fidèles,  non  seulement  nos  prières  mais 
encore  nos  œuvres  seront  une  louange  continue. 

t.  Détournez,  Seigneur,  vos  regards  de  mes  fautes. 
I|?.  Et  daignez  les  effacer  de  plus  en  plus  dans  mon  âme. 
(Ps.  L,  10.) 

.  Le  péché  nous  rendrait  indignes  de  louer  et  de  prier 
Dieu  comme  il  faut;  c'est  pourquoi  nous  devons  lui  de- 
mander sans  cesse  le  pardon  de  nos  fautes,  n'ayant 
jamais  la  certitude  de  l'avoir  obtenu. 

t.  Faites  que  mon  cœur  soit  pur,  ô  mon  Dieu, 
i^.  Et   que  le  plus  intime  de   mon  être  soit  toujours 
animé  d'une  intention  droite.  (Ps.  l,  11.) 

Le  cœur  chaste  et  pur  est  si  pressant  dans  la  prière, 
et  nos  actions,  nos  pensées,  nos  désirs  sont  si  agréa- 
blés  à  Dieu  quand  le  souffle  d'une  intention  bonne  et 
surnaturelle  les  anime  ! 

t.  Ne  me  rejetez  pas  de  votre  présence. 
R.  Laissez-moi  toujours  sous  la  douce  influence  de  vo- 
tre  Esprit-Saint.  (Ps.  l,  12.) 

Qu'adviendrait-il,  si  Dieu  ne  voulait  pas  nous  écou- 
ter, si  le  Saint-Esprit  ne  nous  aidait  pas  dans  la  prière? 

t.  Donnez  à  mon  cœur  la  joie  qu'on  éprouve  à  la  vue 
de  votre  secours. 

I>!.  Et  par  votre  Esprit  de  force  rendez-moi  plus  courageux 
dans  l'accomplissement  de  mes  devoirs.  (Ps.  l,  13.) 

L'âme  est  joyeuse  et  en  paix  quand  elle  espère  dans 
le  secours  divin  :  elle  est  pleine  de  courage  et  d'ardeur 
quand  l'Esprit-Saint  lui-même  daigne  la  fortifier. 
T.  II,  23. 


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406       LES  ÉL&MBNTS  DBS  HBURBS  CANONIALES. 

t.  Oui,  mon  secours,  mon  espérance  est  dans  le  nom 
du  Seigneur. 
9.  Qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre.  (Ps.  cxxiiiy  8.) 

Rien  dans  la  prière  ne  plaît  à  Dieu,  comme  l'humble 
confiance  eu  sa  bonté  et  en  sa  toute-puissance. 

En  disant  ici  le  t.  Adjuiorium  nostrum  in  nomme 
Domini,  on  doit  faire  au  chœur  le  signe  de  Croix.  (Rub. 
yen.tit.xv,  n.  2.)  C'est  pour  montrer  que  notre  confiance 
en  Dieu  repose  sur  les  mérites  de  la  Croix,  «  et  aussi, 
nous  dit  Gavantus,  parce  que  la  rémission  des  péchés, 
objet  des  formules  suivantes,  ne  se  fait  que  par  la 
même  vertu  de  la  Croix.  »  (C.  xvii,  De  Predbus^  n.  H.) 

Suit  le  Confiteor^  expression  touchante  d'humilité, 
de  cette  vertu  qui  doit] toujours  accompagner  la  prière. 
Nous  Pavons  expliqué  déjà  avec  les  deux  formules 
Misereatiir  et  Indulgentiam  qui  en  sont  le  complément. 
(T.  II  de  la  Messe,  p.  88  et  suiv.) 

Ce  que  nous  avons  dit  des  changements  à  faire 
dans  la  récitation  privée  des  compiles  doit  s'appliquer 
encore  ici. 

Les  versets  et  répons  qui  suivent  se  retrouvent  à 
la  fin  du  Te  Deum. 

t.  Daignez,  Seigneur,  en  ce  jour, 
^t.  Me  préserver  du  péché. 

Est-il  une  prière  plus  opportune  ?  Heureux  les  jours 
que  ne  souille  pas  le  péché  !  heureux  celui  qui  persé- 
vère dans  la  grâce  de  Dieu  ! 

t  Ayez  pitié  de  nous.  Seigneur, 

^  Ayez  pitié  de  nous.  (Ps.  cxxii,  3.) 

C'est  de  nouveau  le  Kyrie  eleison  qui  encadre  ainsi 
de  son  humble  et  touchante  invocation  les  prières 
dominicales  déprime. 

t.  Couvrez-nous,  Seigneur,  de  votre  miséricorde, 
î^.  Ainsi  que  nous  Tavons  toujours  espéré.   (Ps.  xxxii, 
22.) 


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LES  PRIÈRES  DOMINICALES.  407 

Ce  dernier  verset  résume  tout  ce  que  nous  pouvons 
désirer,  tout  ce  que  Toffice  divin  nous  fait  demander 
à  Dieu  pour  nous  et  pour  les  autres. 

NO  2.  Prières  dominioales  des  oomplies. 

Après  le  Kyrie  eleison^  le  Pater  et  le  Credo  qui 
commencent  ces  prières  comme  celles  de  prime,  vien- 
nent les  versets  proprement  dits.  Ils  se  divisent  en 
deux  parties  distinctes  :  la  première  est  un  sentiment 
de  reconnaissance  pour  les  grâces  de  la  journée,  avec 
une  demande  implicite  de  nouveaux  secours  ;  la  se- 
conde, une  série  d'invocations  inspirées  par  la  nuit 
qui  commence  ;  elles  sont  à  peu  près  les  mêmes  qu'à 
prime. 

t.  Soyez  béni,  Seigneur,  Dieu  de  nos  pères, 
l^.  Vous,  dont  on  ne  saurait  trop  exalter  la  puissance  et 
la  gloire.  (Dan.  m,  52.) 

Si  les  enfants  de  la  fournaise  et  les  justes  de  l'An- 
cien Testament  devaient  bénir  et  louer  le  Seigneur, 
combien  plus  les  chrétiens  et  les  prêtres  de  la  loi  nou- 
velle? 

t.  Oui,  bénissons  Dieu,  Trinité  sainte.  Père,  Fils  et 
Saint-Esprit. 

I|;.  Célébrons  sa  louange,  exaltons-la  par-dessus  tout  et 
dans  tous  les  siècles. 

C'est  le  t.  que  TEglise  ajouta  au  cantique  de  ses 
laudes  dominicales,  Benedicite,  Notre  Dieu,  le  Dieu 
d'Israël,  s'est,  depuis  l'Evangile,  explicitement  révélé 
à  nous  avec  sa  Trinité  de  personnes,  et  il  ne  suffit 
plus  maintenant  de  l'honorer  dans  son  Unité  substan- 
tielle. 

t.  Déjà  le  ciel  nous  dit  assez  votre  gloire; 
l^.  Et  tous  les  êtres  réunis  sont  moins  dignes  que  vous 
de  louange  et  d'honneur.  (Dan.  in,  56.) 

Le  ciel,  semé  d'étoiles,  nous  révèle  assez  la  magni- 
ficence de  Dieu,  et  doit  exciter  nos  transports.  Que 


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408       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

serait-ce  donc  s'il  nous  était  permis  de  voir  toutes  les 
beautés  de  la  création,  toutes  les  merveilles  de  Tordre 
surnaturel,  toutes  les  splendeurs  du  ciel,  séjour  des 
élus? 

Après  ces  versets  de  louange  et  de  reconnaissance, 
vient  la  seconde  partie  des  Prières,  ou  les  supplica- 
tions proprement  dites,  que  nous  avons  vues  dans  les 
prières  de  prime,  excepté  la  suivante  : 

t.  Que  le  Seigneur  miséricordieux  et  tout-puissant  dai- 
gne aussi  nous  bénir,  et  nous  protéger  durant  la  nuit. 
Qf.  Amen. 

Dieu,  qui  ne  se  laisse  pas  vaincre  en  générosité, 
aime  à  bénir  et  à  protéger  ceux  qui  ont  souci  de  sa 
louange  et  de  sa  gloire. 

Dans  le  verset  qui  suit,  les  mots  die  isto  du  Te  Deum 
et  de  l'heure  de  prime  sont  remplacés  par  ces  autres 
nocte  istdj  parce  que  les  compiles  nous  préparentà  bien 
passer  la  nuit. 

g  IX.   DBS  PRIÈRES   FÉRIALES. 

Elles  ne  sont  ajoutées  qu'à  l'office  de  la  férié,  et 
encore  seulement  en  certains  jours  plus  spécialement 
consacrés  à  la  pénitence.  De  là  leur  nom  liturgique  : 
Prières  fériales,  et  celui  de  flebiles  que  leur  donnait 
Amalaire.  {De  ord.  antiph.  c.  7.)  Dans  ce  cas,  cha- 
cune des  heures  a  ces  prières,  tandis  que  les  Domi- 
nicales ne  sont  récitées  qu'à  prime  et  à  compiles.  Les 
prières  fériales  des  laudes  et  des  vêpres  sont  les  mêmes, 
le  psaume  excepté  ;  celles  de  tierce,  de  sexte  et  de 
none  diffèrent  des  précédentes,  mais  non  entre 
elles.  Les  prières  fériales  et  les  prières  dominicales  de 
prime  ne  diffèrent  pas  non  plus,  si  ce  n'est  qu'on 
ajoute  aux  premières  im  certain  nombre  de  versets 
nouveaux.  Les  compiles  ont  toujours  les  mêmes  prières, 
que  l'office  soit  férial  ou  semi-double. 

Voici  la  rubrique  sur  les  prières  fériales  et  les  ex- 


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LES  PRIÈRES  FÉRULES.  409 

plications  qu'elle  pourrait  demander.  C'est  1 
sous  le  titre  xxxiv,  dont  nous  avons  déjà  vu 
premiers  n°*. 

«  3.  Les  prières  fériales,  marquées  à  laudes 
heures  du  psautier,  ne  se  disent,  et  à  genoux,  qu*a 
de  TA  vent,  du  Carême,  des  Quatre-Temps  et  des  V 
l'on  jeûne,  excepté  la  vigile  de  Noël  ainsi  que  la  vig 
Quatre-Temps  de  la  Pentecôte.  Aux  autres  fériés  de 
on  ne  dit  jamais  que  les  prières  dominicales,  mais 
mettre  à  genoux.  » 

On  récitait  autrefois,  et  jusqu'à  saint  Pie  V,  lei 
fériales  à  chaque  heure  de  tout  office  férial 
et  vêpres  exceptées.  Ces  prières  ne  se  dise 
depuis,  qu'à  certaines  fériés  et  vigiles,  ma 
à  toutes  les  heures,  sans  aucune  exceptii 
jours  désignés  par  la  rubrique  sont  spéci 
consacrés  à  la  pénitence,  et  l'Eglise  a  voulu  p 
multiplier  ses  prières  dans  l'office  qui  les  a  poi 

Par  vigiles  où  Ton  jeûne,  vigilùe  quad  jep 
il  faut  entendre  aussi  celles  qui,  de  droit  c 
entraîneraient  le  jeûne,  si  un  induit  n'avait 
accordé;  dès  lors  toutes  les  vigiles  sont  ici  coi 
(11  mars  1830.)  La  rubrique  cependant  exce 
raison  la  vigile  de  Noël,  ainsi  que  la  vigil 
Quatre-Temps  de  la  Pentecôte  dont  les  offices 
pas  du  rit  férial,  et  qui  n'ont  pas  un  cara 
pénitence. 

Au  chœur,  on  doit  réciter  les  prières  férial 
noux,  pour  la  même  raison  qui  les  fait  ajout 
offices.  Le  Micrologue  (c.  50)  et  Hugues  de  Sair 
mentionnaient  déjà  ce  rit  :  «  In  aliis  diebus  ger 
timus  adprecesy  »  disait  ce  dernier  {loc,  ciV.)  0; 
pas  tenu  dans  la  récitation  privée.  (12  nov.  Il 

«  4.  Aux  fériés  de  TA  vent,  du  Carême  et  dei 
Temps,  on  dit  les  prières  fériales  même  à  vêpres 


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410       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

a  pas  de  fête  le  lendemain.  A  compiles,  on  récite  les  priè- 
res dominicales  accoutumées,  mais  à  genoux.  Les  prières 
sont  récitées  à  genoux  par  rofficiant  jusqu'au  verset  Do- 
minus  vobtscum,  avant  la  première  oraison,  et  par  les  assis- 
tants, jusqu'au  verset  Benedicamus  Domino,  après  la  der- 
nière. » 

Il  faut  entendre  ces  mots  :  jusqu'au  t.  Dominus  vo- 
biscum  dans  le  sens  d'exclusivement,  parce  que  cette 
invitation  ne  fait  qu'un  pour  ainsi  dire  avec  l'oraison. 
En  est-il  de  même  pour  les  mots  qui  suivent  :  jusqu'au 
t.  Benedicamus  Domino^  et  les  assistants,  restés  à 
genoux  pour  l'oraison,  devraient-ils  se  lever  immédia- 
tement après  ?  Gavantus  pense  qu'ils  le  pourraient 
au  moins,  puisque  la  rubrique  s'explique  dans  les 
mêmes  termes,  et  que  le  chœur  se  lève  pour  le  Benedi- 
camus Domino,  à  la  fin  de  la  messe  d'une  férié  ma- 
jeure. 11  admettrait  cependant  qu'on  pourrait  rester  à 
genoux  jusqu'à  la  fin,  surtout  si  l'antienne  de  la  sainte 
Vierge  devait  suivre  aussitôt,  afin  de  n'avoir  pas  à  se 
remettre  à  genoux  presque  immédiatement  après;  il 
ajoute  que  la  rubrique  ne  s'y  oppose  pas  :  «  Neque 
rubrica  adversatur.  » 

((  5.  Aux  vigiles,  on  ne  récite  les  prières  fériales  qu'à  mati- 
nes et  aux  petites  heures,  et  non  aux  vêpres  suivantes  qui 
appartiendraient  à  une  fête.  Si  la  vigile  de  saint  Mathias 
était  suivie  du  mercredi  des  Cendres,  on  réciterait  à  vêpres 
les  prières  fériales,  bien  qu'on  doivedireToraisondu  diman- 
che précédent  et  non  delà  vigile.  La  même  règle  est  obser- 
vée lorsque,  aucune  fête  de  neuf  leçons  ne  survenant  le 
vendredi  et  le  samedi  des  Quatre-Temps  de  septembre,  on 
y  fait  l'office  de  la  férié  ;  on  récite  alors  les  prières  aux 
vêpres  du  vendredi,  bien  qu'on  doive  dire  l'oraison  du  di- 
manche précédent  et  non  celle  de  la  férié  des  Quatre- 
Temps.  » 

Les  vêpres,  en  effet,  dans  ces  deux  derniers  cas,  ne 
sont  pas  moins  de  la  vigile  ou  des  Quatre-Temps,  mal- 


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LES  PRIÈRES  FÉRIALBS.  411 

gré  Toraison,  qui,  à  cause  d'un  autre  principe,  est 
celle  du  dimanche  précédent. 

«  6.  Le  psaume  Miserere  se  dit  avec  les  prières  à  vêpres 
seulement,  et  le  psaume  De  profundis  à  laudes.  A  Tof- 
fice  des  morts,  on  récite  les  psaumes  indiqués.  » 

Le  Ps.  Miserere  meiy  indiqué  pour  les  vêpres  vers 
la  fin  des  prières  fériales,  était  déjà  mentionné  par 
Raoul  de  Tongres.  (Prop.  22.)  On  le  disait  aussi  aux 
prières  des  laudes.  Mais,  comme  il  était  déjà  récité 
parmi  les  psaumes  des  laudes  fériales,  on  l'a  remplacé 
depuis  1550  par  le  De  profundis  (cxxix).  Ces  deux 
psaumes  de  deuil  et  de  pénitenfe,  de  larmes  et  de  dou- 
leur, conviennent  ici.  Us  sont  récités  alternativement 
par  les  deux  chœurs  qui  les  psalmodient  seulement  et 
ne  les  chantent  pas.  Le  premier  chœur  commence  et  dit 
le  premier  verset. 

L'office  des  morts  a  aussi  ses  prières  qui  précèdent 
immédiatement  Toraison,  et  parmi  lesquelles  se  trouve 
également  un  psaume  :  le  De  profundis  pour  les  laudes 
et  Lauda,  anima  mea  (cxlv)  pour  les  vêpres.  Ces 
psaumes,  si  bien  appropriés  à  la  circonstance,  ne  se 
disent  pas  cependant  le  jour  de  la  Commémoraison  gé- 
nérale des  défunts;  ni  en  celui  que  la  liturgie  appelle  : 
dies  obitûs  seu  depositionis  ;  Toffice  des  morts  y  est 
alors  plus  solennel,  et  on  a  voulu  lui  donner  cette  dis- 
tinction. 

Le  Pater ^  indiqué  dans  les  prières  des  vêpres  et  des 
laudes,  est  dit  à  haute  voix  par  le  célébrant,  excepté 
les  dernières  paroles  :  Sed  libéra  nos  a  malo  ;  celles-ci, 
formant  un  répons  aux  paroles  précédentes  :  Et  ne 
nos  inducas  intentationem,  sont  récitées  par  le  chœur. 
Cette  manière  de  réciter  ici  le  Pater  donne  à  ces  prières 
fériales  un  caractère  particulier  de  supplication.  Le 
célébrant,  d'après  la  rubrique,  doit  le  faire  à  genoux. 
(Merati,  sect,  V,  c.  xvin,  ad  notât,  ii,  iv.) 

On  chante  les  prières  fériales  ainsi  que  leur  psaume, 


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412       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

recto  tono  et  sans  baisser  le  ton  A* ut  en  la.  (9  mai 
1739— 22  mars  1652.) 

Les  prières  qui  termineot  l'office  des  morts  se  chan- 
tent avec  l'inflexion  à! ut  en  /a,  excepté  le  psaume  qui 
se  dit  recto  tono. 

Voi.îi  maintenant  ces  prières  fériales,  dont  Hugues 
de  Saint- Victor  disait  :  «  Nous  y  trouvons  toutes  les 
manières  de  prier  que  nous  recommande  l'Apdtre 
dans  sa  première  épitre  à  Timothée  :  La  supplication 
qui  nous  fait  implorer  la  délivrance  de  nos  maux  et 
le  pardon  de  nos  fautes  :  Ostende  nobis  misericordiam 
tuam  ;  la  demande  qu^  a  pour  objet  les  secours  et  les 
grâces  dont  nous  avons  besoin  :  Convertere,  DominCy 
usquequo;  l'action  de  grâces:  Confiteanturtibi^  Domine  ^ 
opéra  tua,  —  Benedic  anima  mea  Domino  ;  la  recom- 
mandation à  Dieu  du  prochain  et  surtout  de  nos  su- 
périeurs dans  Tordre  spirituel  et  dans  Tordre  tempo- 
rel: Domine  salvum  fac  regem,  —  Oremus  proPonttfice 
nostro  N.  »  (L.  ii  De  of/ic.  c.  iv.) 

NO  1.  Prières  fériales  des  laudes. 

Elles  commencent,  comme  les  autres  prières,  par  le 
Kt^rie  eleison  et  le  Pater ^  et  sont  suivies  des  versets  pro- 
prement dits  : 

t.  Je  ne  cesserai  de  vous  le  redire,  Seigneur  :  ayez  pitié 
de  moi. 
I|;.  Guérissez  dans  mon  âme  les  plaies  du  péché.  (Ps.  xl,  4.) 

Le  péché  fait  à  Tâme  des  blessures  que  le  pardon  ne 
cicatrise  pas  toujours  entièrement  :  faiblesse  plus 
grande,  charité  moins  vive,  dettes  contractées  envers 
la  justice  divine,  etc. 

t.  Tournez  enfin  vos  regards  vers  nous,  ô  mon  Dieu.  ! 
^.  Et  laissez-vous  toucher  par  les  prières  de  vos  servi- 
teurs. (Ps.  LXXXIX,  13.)    . 

Chargés  de  la  prière  publique,  nous  parlons  au  nom 
de  tous.  Quand  le  Seigneur  daigne  s'incliner  vers  nous, 


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LBS  PRIÈRES  FÉRIALES.  4i3 

c'est  qu'il  veut  bien  écouter  nos  prières,  et  les  exau* 
cer. 

t.  Que  votre  miséricorde,  Seigneur,  8'étende  sur  nous, 
IV.  Ainsi  que  nous  l'avons  toujours  espéré. 

Nous  avons  déjà  vu  ces  versets. 

t.  Que  vos  prêtres  soient  de  plus  en  plus  ornés  de  vertus. 

ïji.  Et  vos  élus,  vos  enfants,  tressailliront  d'allégresse  à 
cette  vue  et  au  souvenir  de  vos  bontés  pour  tous.  (Ps. 
cxxxi,  9.) 

Toucbante  prière  pour  nous  !  Répétons-la  souvent  et 
de  tout  notre  cœur.  Le  prêtre  ne  saurait  être  assez  saint. 
Daigne  le  Seigneur  nous  orner  tous  de  vertus  t  Quelle 
joie  n'en  recevront  pas  l'Église  et  le  ciel,  témoins  d'un 
sacerdoce  qui  glorifiera  Dieu  et  sauvera  les  âmes,  (/n- 
dîianturjustitiam,  pour  induant^  est  un  hébraïsme.) 

t.  Aidez,  sauvez  et  sanctiûez,  Seigneur,  ceux  qui  nous 
gouvernent. 
Ijf.  Exaucez  nos  prières  pour  eux  en  ce  jour.  (Ps.  xix,  9.) 

L'Église  ne  saurait  oublier  nos  maîtres  dans  l'ordre 
temporel.  Saint  Paul  faisait  déjà  aux  chrétiens  un  de- 
voir de  prier  pour  eux.  Gavantus  veut  que  ce  mot 
rey^m  désigne  ici  la  première  autorité  sur  la  terre  ou  le 
Pape,  «  mais,  dit  avec  raisonMerati,  nous  necomprenons 
pas  l'assertion  du  savant  liturgiste;  il  est  certain  qu'il 
s'agit  des  princes,  comme  Tindique  Tordre  des  idées.  Le 
verset  précédent,  en  effet,  se  rapporte  au  clergé,  par 
conséquent  à  son  chef  suprême;  celui-ci,  aux  princes 
temporels,  et  le  suivant,  au  peuple,  (loc.  cit.  n.  11.)  On 
ne  doit  rien  changer  dans  ce  verset  quelle  que  soit  la 
forme  du  gouvernement  :  le  mot  regem  qui,  dans  le 
psautier,  concernait  David,  comprend  ici  tout  chef  de 
l'État  en  général. 

t.  Secourez,  sauvez  aussi  votre  peuple,  ô  mon  Dieu,  et 
bénissez-le,  car  il  est  votre  héritage. 

Yj^.  Dirigez-le  dans  les  bonnes  voies,  l'élevant  toujours 


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414       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

de  yertus  en  vertus,  jusqu'au  sommet  de  réternité  bien- 
heureuse. (Ps.  XXVII,  8.) 

Ces  versets  appellent  ainsi  sur  le  peuple  chrétien,  sur  * 
les  âmes  qui  nous  sont  confiées,  les  bénédictions  de 
Dieu,  la  sainteté,  le  salut  éternel.  Quel  religieux  ou 
quel  prêtre  ne  les  réciterait  pas  avec  ferveur? 

t.  Souvenez-vous  de  votre  famille. 
I^.  De  pes  enfants  qui,  dès  l'origine,  sont  vraiment  les 
vôtres.  (Ps.  Lxxui,  2.) 

Dieu,  en  effet,  dès  le  commencement  du  monde 
d'abord,  et  du  christianisme  ensuite,  eut  toujours  une 
famille  et  des  enfants  fidèles  qui  l'ont  reconnu,  aimé, 
servi  comme  un  Père.  Il  est  bon  d'ajouter  à  cette  pen- 
sée de  la  grande  famille  chrétienne,  sa  paroisse,  sa 
congrégation  religieuse,  sa  propre  famille  tant  spiri- 
tuelle que  temporelle. 

t.  Que  la  paix  soit  dans  vos  forteresses,  ô  Jérusalem, 
l^.  Et  l'abondance  dans  vos  tours.  (Ps.  cxxi,  7.) 

C'est  l'abondance  de  la  grâce  et  la  paix  surnaturelle 
que  nous  demandons  ici  pour  l'Église  et  pour  les  âmes; 
mais  notre  intention  peut  avoir  aussi  pour  objet  la 
paix  et  les  avantages  temporels  de  notre  patrie  terres- 
tre. 

t.  Prions  aussi  pour  les  fidèles  défunts. 
I^.  Donnez-leur,  ô  mon  Dieu,  le  repos  éternel,  et  que 
la  lumière  indéfectible  brille  à  leurs  yeux. 

L'Église  ne  pouvait  oublier  dans  ces  prières  de  deuil 
et  de  pénitence  les  âmes  qui  souffrent  dans  le  Purga- 
toire. Nous  en  rencontrons  partout  le  souvenir  dans  la 
liturgie  sainte,  et  à  l'office  divin  comme  à  l'autel,  leur 
soulagement  et  leur  délivrance  sont  l'objet  de  nos 
vœux. 

t.  Qu'elles  reposent  en  paix,  ces  Âmes  saintes  qui  souf- 
fent. 
I^.  Amen,  qu'il  en  soit  ainsi! 


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LES  PRIÈRES  FÉRULES.  415 

Pieuse  insistance!  Puisse  une  foi  vive,  une  ar- 
dente charité,  animer  toujours  en  nous  ces  touchantes 
prières  pour  nos  chers  défunts. 

t.  Prions  aussi  pour  nos  frères  absents. 
I|;.  Secourez  et  sauvez  vos  serviteurs  qui  espèrent  en  vous, 
ô  mon  Dieu. 

Que  de  souvenirs  peuvent  souvent  nous  rappeler 
ces  paroles  :  c'est  peut-être  un  ami,  un  frère,  un  pa- 
rent bien-aimé,  qui  sont  loin  de  nous  et  ont  besoin  de 
prières.  Nous  les  recommandons  à  Dieu  comme  des 
serviteurs  qui  espèrent  ou  doivent  espérer  en  lui. 

t.  Pour  les  affligés  et  les  captifs  ; 
ïji.  Délivrez-les  de  leurs  maux  et  de  leurs  épreuves,  ô  Dieu 
dlsraël. 

Ils  sont  nombreux  ceux  qui  souffrent  !  Combien  d'af- 
fligés soupirent  après  la  consolation  1  Combien  gémis- 
sent dans  les  fers  pour  expier  devant  la  société  leurs 
fautes,  sans  résignation  peut-être  et  sans  mérite!  Com- 
bien subissent  le  joug  d*un  esclavage  plus  honteux 
encore,  celui  du  péché.  Tous  ont  besoin  de  la  déli- 
vrance, et  nous  prions  pour  eux  :  Libéra  eos,  Deus 
htaéi,  tx  omnibus  iribulationibus  suis.  « 

t.  A  tous  ceux  qui  ont  ainsi  besoin  de  vous.  Seigneur, 
envoyez  de  votre  sanctuaire  le  secours. 

I|!.  Protégez-les,  défendez-les  du  haut  de  Sion  où  vous 
h«J)itez.  (Ps.  XIX,  2.) 

C'est  une  formule  générale  quijembrasse  tous  les  be- 
soins, pour  n'en  oublier  aucun. 

t*  Seigneur,  écoutez  ma  prière. 

I^.  Et  que  mes  cris  suppliants  s'élèvent  jusqu'à  vous. 
(Ps.  CI,  1.) 

Ce  verset  que  l'Église  nous  met  si  souvent  sur  les 
lèvres,  est  ici  comme  une  introduction  au  psaume  qui 
suit,  le  cxxix®  si  connu  de  tous.  Le  De  Profundis^  en  effet, 
est  la  prière  des  Araesdu  Purgatoire,  mais  aussi  un  appel 


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416       LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

du  pécheur  contrit  à  la  miséricorde  de  Dieu.  Cedemier 
aspect  l'a  fait  choisir  pour  les  prières  fériales  :  «  Chant 
extraordinaire  que  chacun  de  nous  a  répété  sur  sa 
propre  douleur,  dit  Emile  Oliivier,  explosion  d'abord 
d'un  déchirement  individuel,  explosion  d'un  pathéti- 
que tellement  expressif  que,  n'ayant,  ni  auparavant  ni 
depuis,  rien  entendu  de  comparable,  l'Église  en  a  fait 
la  lamentation  liturgique  des  adieux  suprêmes.  »  (Z)ts- 
cours  pour  sa  réception  à  F  Académie  française)  *. 

!•  Le  comte  A.  de  Marcellus  a  ainsi  traduit  en  vers  le  De 
Profundis  : 

Da  fond  de  cet  abtme  où  rèfirnent  les  alannes. 

Où  je  subis  tes  justes  lois, 
Seigneur,  c'est  dans  ton  sein  que  j*épanche  mes  larmes, 

Seigneur  f  daigne  écouter  ma  Yoix  ! 

Ton  oreiUe  attentive  à  mon  humble  prière 

En  la  confiant  à  ton  cœur. 
Eveillera  l'amour,  qui  d'un  juge  sévère 

Vaincra  l'inflexible  rigueur. 

Si  tu  juges,  Seigneur,  les  péchés  du  coupable. 

Selon  ta  justice  et  ta  loi, 
Qui  pourra  soutenir  ton  regard  formidable  ? 

Quel  mortel  est  pur  devant  toi  ? 

Mais  ton  cœur  paternel  gémit  de  ma  souffrance. 

Ton  œil  voit  mon  triste  abandon  ; 
Ta  promesse,  Seigneur,  soutient  mon  espérance» 

Et  j'attends  l'heure  du  pardon. 

La  main  qui  me  châtie  est  la  main  de  mon  Père  : 

J'adore  et  bénis  sa  rigueur, 
En  tremblant  sous  ses  coups,  c'est  en  lui  que  j'espère» 

Mon  Juge  sera  mon  Sauveur  f 

Oui,  soit  qu'au  jour  naissant,  des  briUantes  étoiles 

L'aube  fasse  pâlir  le  feu, 
Soit  que  la  sombre  nuit  vienne  étendre  ses  voiles, 

Mon  cœur  soupire  après  son  Dieu  t 

La  bonté  du  Seigneur  surpasse  sa  justice  : 

C'est  le  Dieu  clément,  le  Dieu  fort  t 
Pour  sauver  ses  élus  sa  main  libératrice 

Dompte  les  enfers  et  la  mort. 

Un  jour  il  confondra  les  trames  criminelles 
De  l'impie  en  vain  révolté  ; 


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LES  PRIÈRES  FÉRULES.  4i7 

Les  versets  qui  suivent  le  psaume  résument  tous 
ceux  qui  out  précédé. 

t.  Oui,  Seigneur,  Dieu  des  vertus,  Dieu  de  la  grâce  et  de 
la  puissance,  daignez,  en  nous  délivrant  de  nos  maux,  nous 
ramener  à  vous. 

I|;.  Montrez-nous  votre  bienveillant  visage,  et  nous  serons 
assurés  du  secours,  nous  serons  sauvés.  (Ps.  lxxix,  7.) 

t,  0  Christ,  levez-vous,  venez  à  notre  secours. 

Ijf.  Et  pour  l'honneur  de  votre  nom,  consommez  notre 
délivrance. 

Ce  dernier  verset  est  imité  du  ps.  xliii,  26.  C'est  à 
Jésus-Christ  plus  spécialement  que  nous  nous  adres- 
sons, en  terminant,  comme  étant  notre  médiateur 
entre  son  Père  et  nous.  La  gloire  de  son  nom  est 
intéressée  à  l'efficacité  de  sa  médiation  et  de  nos 
prières. 

Ifo  2.  I^lèras  férUles  de  Piime. 

Elles  ont  comme  deux  parties,  Tune  composée  des 
prières  dominicales  de  la  même  heure,  jusqu'au  Con- 
fiteor  exclusivement,  et  l'autre,  de  versets  plus  nom- 
breux qui  leur  sont  ajoutés.  Ces  versets  ont,  comme 
les  autres,  la  prière  et  la  louange  pour  objet;  et  la 
louange  dans  les  prières,  nous  Pavons  dit,  dispose  le 
cœur  de  Dieu  à  nous  exaucer.  Voici  ces  derniers  ver- 
sets; il  suffira  de  les  rappeler  ici  pour  en  comprendre 
les  sentiments  émus  et  les  applications  que  chacun 
peut  en  faire. 

t.  Délivrez-moi  des  méchants.  Seigneur,  et  de  Satan  leur 
chef,  • 

II  saura  dégager  ceux  qui  lui  sont  âdôles 
Des  chaînes  de  Tiniquité. 

Seigneur,  qu'auprès  de  toi  ton  serviteur  oublie 

De  son  exU  les  longs  travaux  ; 
C'est  dans  ton  sein,  grand  Dieu,  qu'est  la  paix  et  la  vie  : 

Donne-moi  l'étemel  repos  t 

(Poésies  diverses.) 


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418         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

I^.  Délivrez-moi  des  hommes  pervers.  (Ps.  cxxxix,  2.) 
t.  Délivrez-moi  de  mes  ennemis  qui  en  veulent  surtout 
à  mon  salut,  6  mon  Dieu. 
I^.  Délivrez-moi  de  leurs  assauts  perfides.  (Ps.  lxviii, 

i.) 

t.  Eloignez-moi  de  ceux  qui  passent  leur  vie  dans  l'ini- 
quité. 

I^.  Protégez-moi  contre  ces  hommes  de  sang  qui  tuent 
les  Ames,  (Ps,  lviii,  2.) 

t.  Et  ainsi,  je  pourrai  sans  défection  célébrer  voter 
gloire. 

Ijf.  Et  vous  offrir  chaque  jour  mes  devoirs  et  mes  vœux. 
(Ps.  LX,  9.) 

t.  Daignez-nous  exaucer,  6  Dieu  notre  Sauveur, 

I^.  Vous  qui  êtes  Tespérance  de  tous  ceux  qui  habitent 
les  terres  les  plus  éloignées,  les  mers  les  plus  lointaines. 
(Ps.  LXIX,  6.) 

t.  Venez  à  mon  secours,  ô  mon  Dieu, 

ft.  Seigneur,  hâtez-vous  de  me  secourir,  (lxix,  2.) 

t.  0  vous  dont  la  sainteté  est  divine^  toute-puissante, 
éternelle» 

Ift,  Ayez  pitié  de  nous. 

t.  Bénissez  le  Seigneur,  ô  mon  âme. 

Qf.  Et  que  tout  ce  qui  est  en  moi  célèbre  son  nom 
(Ps.  cii,  1.) 

t.  Bénissez  le  Seigneur,  6  mon  âme, 

I^.  Et  n'oubliez  jamais  ses  bienfaits  (Ps.  gii,2.) 

t.  C'est  lui  qui  vous  a  miséricordieusement  pardonné 
vos  fautes> 

Çf.  Et  qui  peut  guérir  toutes  vos  infirmités.  (Ps.  cii,  3.) 

t.  C'est  lui  qui  vous  a  retirée  de  la  mort. 

ïji.  Et  qui,  dans  son  inépuisable  bonté,^  veut  couronner 
un  jour  votre  persévérance.  (Ps.  en,  4.) 

Qf.  C'est  lui  qui  peut  rassasier  de  biens  vos  désirs, 

Cf.  Et  rendre  à  vos  forces  épuisées  la  vigueur  de  l'aigle 
et  de  vos  jeunes  années.  (Ps.  cii,  6.) 

Les  versets  qui  suivent  avec  le  Confiteor  sont  les 
mêmes  qu'aux  prières  dominicales  de  prime. 


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LES  PRIÈRES  FÉRULES.  419 

N«  8.  Prières  fériales  des   trois  autres  petites  heures  et  des 
complies. 

Beaucoup  plus  courtes  qu'à  prime,  les  prières  fériales 
de  tierce,  de  sexte  et  de  none,  ne  sont  composées  que 
du  commencement  et  de  la  fin  de  celles  des  laudes  : 
Kyrie  eleison^  —  Pater  noster^  —  Domine  Deus  virtu- 
tUTHy  couverte  nos^  —  Exurge^  Christe^  adjuva  nos,  — 
Domine  exaudi  orationem  meam.  0  n  a  voulu  par  là  con- 
server le  souvenir  de  l'ancienne  règle  qui  faisait  réci- 
ter chaque  jour,  aux  petites  heures  de  tout  office  fé- 
rial,  les  prières  des  laudes. 

Celles  des  complies  sont  les  mêmes  que  les  prières 
dominicales .  de  cette  heure  ;  mais  au  chœur,  on 
doit  les  dire  à  genoux.  Comme  rien  n'est  changé,  jus- 
qu'à l'oraison  du  moins,  à  cette  dernière  heure  du 
jour,  l'Église  n'a  pas  voulu  non  plus  en  changer  les 
prières,  quand  le  rit  de  l'office  les  demandait. 

Ifo  4.  Prières  fériales  des  vêpres. 

La  seule  différence  entre  ces  prières  et  celles  des 
laudes  consiste  dans  le  psaume  Miserere  qui  remplace 
ici  le  De  Profundis.  Les  rapports  intimes  de  ces  deux 
heures  solennelles,  qui  ont  plus  spécialement  la  louange 
pour  objet,  ne  demandaient  pas  qu'on  en  variât  les  priè- 
res. 

Nous  n'avons  donc  ici  qu'à  nous  occuper  du  psaume 
dont  une  explication  ne  paraîtra  pas  déplacée,  vu  sur- 
tout que  la  liturgie  nous  le  fait  souvent  réciter. 

On  sait  quelle  fut  l'occasion  du  Ps.  Miserere.  David 
venait  d'entendre  le  prophète  Nathan  lui  reprocher 
son  adultère  et  son  homicide  ;  c'était  un  an  après  sa 
chute  ;  le  Roi  coupable,  touché  d'un  profond  repen- 
tir, composa  ce  psaume,  expression  fidèle  des  sen- 
timents de  son  âme,  et  le  plus  bel  acte  de  contri- 
tion. <c  Jamais,  dit  M*  de  Maistre,  le  repentir  ne 


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420         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

parla  un  langage  plus  vrai,  plus  pathétique,  plus 
touchant.  » 

En  voici  d'abord  l'analyse,  et  ensuite  l'explication. 

Analyse.  —  David  reconnaissant  Pénormité  de  sa 
faute,  conjure  le  Seigneur  de  lui  pardonner  et  de  le 
purifier  de  plus  en  plus,  V  à  cause  de  sa  miséricorde 
infinie  (v.  1-2)  et  2<»  de  Thumble  aveu  qu'il  en  fait 
(3-4);  3®  parce  que  Dieu  seul  est  son  juge  (5);  4®  parce 
qu'il  était  faible  de  sa  nature  corrompue  (6)  ;  parce 
que  jusqu'alors  il  a  été  simple  et  droit  (7).  Le  Roi  de- 
mande  ensuite  à  Dieu  de  lui  accorder  la  grâce,  la  joie, 
toutes  les  heureuses  conséquences  du  pardon  (8-13),  et 
il  promet  en  retour  de  travailler  à  sa  gloire  et  de  lui 
offrir  fidèlement  le  sacrifice  de  sa  louange  et  de  son  re- 
pentir (15-18.).  Il  le  supplie  enfin,  en  considération  de 
son  peuple,  de  ne  pas  le  punir.  (19-20.) 

Explication. 

1.  Ayez  pitié  de  moi,  Seigneur,  vous,  dont  la  miséri- 
corde est  si  grande. 

Miserere  mei:  digne  début  d'un  pareil  cantique  ;  le 
Roi  pénitent  n'ose  pas  dire  :  Deus  meuSy  comme  il  Ta 
fait  tant  de  fois  :  le  mot  meus  suppose  une  certaine 
tendresse  du  cœur  et  une  familiarité  que  David  ne  pou- 
vait alors  se  permettre  :  Miserere  mei^  Deus, 

2.  Innombrables  sont  vos  bontés,  daignez  effacer  mon 
crime. 

La  justification,  qui  nous  obtient  le  repentir,  ne 
couvre  pas  seulement  la  tache  du  péché,  comme 
le  disent  les  protestants,  mais  l'efface  et  la  détruit. 

3.  Purifiez-moi  de  plus  en  plus  de  mes  fautes,  rendez  la 
blancheur  à  mon  âme,  noircie  par  le  péché. 

Amplius  lava  me^  car  il  savait  par  Nathan  que  Dieu 
lui  avait  déjà  pardonné.  David  demande  ici  que  le 
Seigneur  enlève  de  plus  en  plus  de  son  âme  les  traces 


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LES  PRIÈRES  FËRIALES.  421 

du  péché  laissées  après  le  pardon  :  concupiscence  plus 
vive,  inclination  plus  forte  et  faiblesse  plus  grande. 

4.  Je  reconnais  la  malice,  retendue  de  mon  iniquité,  qui 
est  toujours  présente  à  mon  esprit. 

David  ne  se  fait  pas  d'illusion,  et  rien  n'est  touchant 
comme  son  humble  aveu. 

5.  J'ai  péché  contre  vous  seul  et  devant  vous  ;  votre 
bonté  brillera  d'un  vif  éclat  par  la  sentence  du  pardon,  et 
sera  ainsi  vengée  de  vos  ennemis  qui  ne  la  reconnaissent 
pas. 

C'est  le  troisième  motif  allégué.  «  Si  j'avais  oflfensé 
tout  autre  que  vous,  je  ne  devrais  pas  espérer  le  par- 
don ;  mais  j'ai  péché  contre  vous  seul,  et  en  votre 
présence,  loin  des  regards  humains,  contre  vous,  mon 
seul  accusateur  et  mon  juge  ;  aussi  serez- vous  justifié 
dans  vos  attributs  divins  par  votre  sentence  de  par- 
don, ut  justiftceris  in  sermonibus  tuis,  et  me  jugeant 
avec  cette  miséricorde,  vous  serez  y^ngé  de  vos  en- 
nemis qui  ne  veulent  pas  reconnaître  vos  bontés  : 
etvincas  cum  judicaris,  (On  a  donné  à  ce  verset  d'autres 
interprétations,  la  nôtre  est  plus  conforme  à  l'unité  du 
psaume.). 

6.  Souvenez-vous  que  j'ai  été  conçu  dans  l'iniquité,  et 
que  j'ai  reçu  de  ma  mère  une  vie  souillée  dès  le  premier 
instant  parle  péché. 

La  faute  originelle,  si  clairement  affirmée  ici,  laisse 
dans  notre  nature  des  plaies  profondes,  d'où  naît 
pour  la  volonté  une  grande  faiblesse  ;  elle  est  ainsi 
comme  la  source  de  tous  les  autres  péchés  :  de  là  le 
pluriel,  in  iniquitatibus^  in  peccatis,  dans  la  Vulgate 
et  les  Septante. 

7.  N'avez- vous  pas  toujours  aimé  en  moi  la  droiture  et 
la  sincérité  du  cœur  ?  aussi  m'avez-vous  découvert  les  mys- 
tères inconnus  et  profonds  de  votre  sagesse. 

C'est  le  dernier  motif  invoqué  par  David  pour  ob- 
T.  n.  24 


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422         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

tenir  son  pardon.  «  Mon  crime,  veut  dire  le  Roi  péni- 
tent, n'a  été  qu'un  moment  de  faiblesse.  Daignez  me 
pardonner,  en  vue  de  cette  droiture  habituelle  de  mon 
âme  qui  m'a  valu  déjà  de  votre  part  de  si  grandes 
faveurs. 

8.  Oui,  vous  m'aspergerez  avec  l'hysope,  et  je  serai  de 
plus  en  plus  puriûé;  vous  répandrez  dans  mon  âme  l'eau  de 
la  grâce  qui  lui  donnera  la  blancheur  de  la  neige. 

David  fait  ici  allusion  aux  cérémonies  expiatoires 
qui  purifiaient  les  lépreux  et  tous  ceux  qui  avaient 
contracté  quelque  impureté  légale.  Son  âme  ne  sera 
pas  seulement  purifiée  de  ses  fautes,  mais  encore  en- 
richie de  la  grâce. 

9.  Vous  ferez  alors  entendre  à  mon  cœur  des  paroles  de 
consolation  et  de  joie  qui  feront  tressaillir  de  bonheur  le 
plus  intime  de  mon  être,  jusque  là  brisé  par  la  douleur. 

La  paix  et  la  joie  suivent  en  effet  le  pardon. 

10.  Ne  pensez  plus  à  mes  fautes,  effacez-les  de  votre  sou- 
venir, comme  elles  sont  effacées  de  mon  âme. 

Un  fils  au  cœur  délicat  ne  voudrait  pas  que  son  père 
pût  môme  penser  à  ses  torts,  après  qu'ils  sont  pardonnes. 

11.  Créez  en  moi  un  cœur  pur  qui  résiste  mieux  aux  ten- 
tations futures;  donnez-moi  une  intelligence  plus  éclairée, 
une  volonté  plus  droite,  d'où  ne  proviennent  désormais  que 
de  saintes  affections. 

L'âme,  que  le  vice  impur  a  souillée,  doit  être  comme 
reconstituée,  crea^  innova,  pour  avoir  son  premier 
éclat  et  sa  première  énergie;  car  ce  vice,  plus  que  tous 
les  autres,  laisse  en  elle  des  inclinations  et  des  entraî- 
nements funestes. 

12.  Ne  me  rejetez  pas  d  e  votre  présence  ;  ne  me  sous- 
trayez pas  aux  salutaires  influences  et  aux  lumières  de  vo- 
tre Esprit-Saint. 

David  demande  à  Dieu  de  lui  continuer  les  faveurs 
et  les  intimités  de  son  amitié  première* 


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LES  PRI&RES  FÉRULES.  423 

13.  Rendez-moi,  pure  et  abondante,  la  joie  de  la  conver- 
sion que  votre  grâce  a  opérée  dans  mon  coeur;  donnez-moi 
de  persévérer,  soutenu  par  votre  esprit  de  force. 

La  triste  expérience  du  passé  le  fait  maintenant  se 
défier  de  lui-même. 

14.  Et  le  scandale  sera  réparé  par  mon  zèle  à  vous  faire 
connaître  et  servir  dé.^ormais,  d'où  s'en  suivra,  je  l'espère, 
la  conversion  de  plusieurs. 

Nous  devons,  en  effet,  puiser  un  zèle  nouveau  dans 
le  souvenir  de  nos  fautes  pardonnées. 

15.  Que  le  sang  versé  pour  un  affreux  adultère  ne  re- 
tombe jamais  sur  moi,  ô  Seigneur,  de  qui  seul  j'attends 
mon  salut;  et  ma  langue  à  jamais  publiera  vos  bontés  qui 
m'ont  rendu  la  justice. 

Dans  le  repentir  et  Thumilité  que  lui  inspire  de  plus 
en  plus  l'horreur  de  ses  crimes,  David  fait  allusion  au 
meurtre  d'Urias  et  de  ses  soldats,  suite  funeste  d'une 
honteuse  passion. 

16.  Vous  délierez  ainsi  mes  lèvres  qui  n'osaient  plus  par- 
ler de  vous  ;  et  ma  bouche,  de  nouveau,  célébrera  vos  lou- 
anges. 

La  reconnaissance  effective  suit  toujours  le  vrai  re- 
pentir. 

17.  Si  vous  aviez  désiré  de  moi  des  victimes  grossières, 
je  vous  les  aurais  immolées  aussitôt  en  grand  nombre;  mais 
ce  n'est  point  là  ce  que  vous  me  demandiez  pour  le  moment. 

18.  Le  sacriûce  que  le  pécheur  doit  surtout  offrir  à  Dieu 
est  celui  d'une  âme  brisée  par  le  repentir;  tandis  que  vous 
pouvez  rejeter  les  holocaustes  charnels,  toujours  un  cœur 
contrit  et  humilié  vous  est  une  victime  agréable. 

Motif  de  confiance  pour  le  pécheur,  et  précieux  en- 
seignements pour  les  directeurs  des  âmes. 

19.  Ayez  pitié.  Seigneur,  de  mon  peuple,  de  Sion  qui 
prospérera  de  plus  en  plus  et  verra  tous  ses  remparts  s'é- 
lever, si  vous  ne  châtiez  pas  avec  rigueur  son  Roi  péni- 
tent, dont  vous  relèverez  le  courage  par  un  pardon  absolu. 


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424       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Ainsi  le  salut,  la  sanctification  des  âmes  sont  inté* 
ressés  à  ce  que  le  pasteur  soit  saint,  béni  de  Dieu,  plein 
de  courage. 

20.  Et  alors  voire  cœur  se  réjouira  des  oblations  et  des 
victimes,  des  holocaustes  nombreux  que  nous  viendrons 
vous  offrir  avec  amour  et  reconnaissance. 

Rien  n'est  beau  comme  le  spectacle  du  prêtre  et  des 
fidèles  que  la  reconnaissance  réunit  au  pied  des  au- 
tels pour  célébrer  les  bienfaits  du  Seigneur. 

Selon  plusieurs  interprètes  autorisés,  les  deux  der- 
niers versets  furent  ajoutés  au  psaume  de  David  par 
le  peuple  ou  par  Esdras  après  la  captivité;  voici, 
d'après  eux,  quel  en  serait  le  sens  :  pleins  d'admiration 
pour  les  miséricordes  de  Dieu  à  l'égard  de  David,  ils 
le  conjurent  de  traiter  de  même  Sion  au  retour  de 
Texil,  et  de  l'aider  à  rebâtir  Jérusalem  et  son  temple, 
afin  que  le  culte  divin  y  soit  rétabli  dans  toute  sa 
splendeur.  Nous  pouvons,  nous  aussi,  demander  à 
Dieu  de  renouveler,  pour  lésâmes  et  pour  les  pécheurs, 
ce  qu'il  a  fait  pour  le  saint  Roi  pénitent,  afin  qu'il  en 
soit  aimé  et  servi  désormais. 

Tel  est  le  psaume  Miserere  si  touchant  et  si  beau. 
Mais  hélas  I  pouvons-nous  dire  avec  M.  de  la  Jugie  qui 
a  traduit  en  vers  tout  le  Psautier  d'après  Thébreu, 
quelle  traduction  vaudra  jamais  ces  versets  latins,con- 
sacrés  pour  nous  par  les  plus  vives  émotions  de  la  pitié 
et  du  repentir?  Et  il  ajoute  :  «  Si,  comme  moi,  vous 
avez  enteodu  le  chant  du  Miserere  dans  la  chapelle 
Sixtine,à  l'heure  où  la  nuit  jette  ses  premières  ombres 
sur  la  fresque  de  Michel-Ange,  n'essayez  pas  même  de 
lire  mes  vers  *.  »  11  est  facile  de  voir  pourquoi  l'Eglise 
nous  le  fait  réciter  aux  laudes  de  la  férié,  dans  les 

1.  Voici  néanmoins  la  traduction  du  savant  et  pieux  poète: 

Dieu,  prends  pitié  de  moi  dans  ta  miséricorde, 
Pardonne-moi  seloil  tes  immenses  bontés  t 


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LES  PRIÈRES  FÉRIALES.  425 

grandes  prières  des  vêpres,  à  Toffice  des  morts,  et 
parmi  les  psaumes  pénitenciaux.  «  Ne  le  répétons  ja- 
mais, dit  le  P.  Berthier,  sans  entrer  dans  les  senti- 
ments du  saint  Roi  ;  et  si  nous  Pavons  imité  dans  ses 
fautes,  qu*il  soit  notre  modèle  par  sa  pénitence.  »  (Ré- 
flexions  sur  les  psaumes.) 

Où  Toffense  abonda,  que  ton  amour  déborde  ; 
Lave,  lave  ma  honte  et  mes  iniquités. 

Aht  je  connais  mon  crime;  il  m*6st  présent  sans  cesse. 
J'ai  péché  contre  toi;  toi  seul,  je  te  bravais  I... 
Fidèle  à  ta  clémence,  intègre  à  ta  promesse. 
Juge  mon  repentir  et  non  pas  mes  forfaits. 

C'est  dans  l'iniquité  que  me  conçut  ma  mère. 
Tu  le  sais  ;  je  naquis  esclave  du  péché. 
Ce  qui  peut  te  fléchir,  c'est  un  aveu  sincère  : 
Ce  secret,  à  mon  cœur,  tu  ne  Tas  point  caché. 

Oui,  je  suis  devant  toi  tel  qu'un  lépreux  immonde, 
Toi-même  avec  Fhysope  arrose  le  pécheur; 
n  sera  par.  Mon  Dieu,  que  ta  grâce  m'inonde  ; 
Et  la  neige  des  monts  aura  moins  de  blancheur. 

Qu'eUe  se  fasse  entendre  à  mon  âme  ravie, 
Ta  parole  de  paix,  dont  l'espoir  est  si  doux. 
Qu'ils  tressaillent  joyeux  sous  ton  souffle  de  vie. 
Mes  os  que  tu  broyas  au  jour  de  ton  courroux. 

Détourne  tes  regards  qu'irrite  mon  ofiense. 

Tous  mes  péchés.  Seigneur,  efiace-les  enfin. 

Grée  en  moi.  Dieu  propice,  un  cœur  plein  d'innocence; 

Qu'un  esprit  généreux  renaisse  dans  mon  sein. 

Ne  me  rejette  pas,  souillé,  loin  de  ta  face  ; 
L'esprit  de  sainteté,  ne  me  le  ravit  pas. 
0ht  rends-moi  le  bonheur  qu'on  goûte  avec  ta  grâce. 
Que  ton  esprit  de  force  affermisse  mes  pas. 
J'enseignerai  ta  voie  au  pécheur  qui  s'abuse  ; 
Par  moi,  dans  tes  sentiers,  reviendront  les  méchants. 
Délivre-moi,  mon  Dieu,  de  ce  sang  qui  m'accuse!... 
Pour  louer  ta  justice,  éclateront  mes  chants. 

Seigneur,  ouvre  ma  bouche,  et  que  ma  voix  encore 
Annonce  à  l'univers  la  gloire  de  ton  nom. 
Si  tu  les  désirais.  Dieu  Sauveur  que  j'implore 
Ah  t  je  t'aurais  offert  des  victimes...  Mais,  non  t.. 

Le  sacrifice  à  Dieu  vraimentjdigne  de  plaire, 
C'est  un  esprit  en  deuil,  par  le  remords  brisé  : 
T.  II.  24. 


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426       LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 
Art.  IX.  Des  suffrages  commims. 

Nous  devons  en  parler  d'abord  d'une  manière  géné- 
rale, avant  de  les  étudier  en  particulier. 

§  I.  DES  SUFFRAGES  COMMUNS  EN  GÉNÉRAL. 

Le  titre  xxxv*  de  la  rubrique  dont  les  suffrages  ^font 
l'objet  est  ainsi  conçu  :  De  Commemorationibus  commu- 
nibusseu  de  suffragiis  sanctorum  ;  on  les  appelle  Corn- 
mémoraisons^  mémoires  communes^  parce  qu'elles  sont 
communes  à  certaines  classes  d'offices;  et  suffrages  des 
saints  parce  que  tous,  excepté  ceux  de  la  croix  et  pour  la 
paix,  et  quelquefois  aussi  celui  du  titulaire,  s'adressent 
à  la  Sainte  Vierge  ou  à  quelque  saint,  poiir  en  obtenir  le 
suffrage  ou  le  secours.   Raoul  de  Tongres  en  parlait 
déjà  et  les  appelait  Memoriae^  ce  qui  est  le  même  que 
commémoraisons.   (Prop.  14.)  Honorius  d'Autun,  au 
XII*  siècle,  les  nommait  suffrages  (Gemm.  animât,  1.  3, 
c.  45),  et  la  rubrique  actuelle  a  conservé  ces  deux 
noms  anciens.  Durand  de  Monde  nous  apprend  qu'au 
xiii®  siècle,  on  faisait  ces  mémoires  à  toutes  les  heures 
de  l'office  en  certaines  Eglises,  parce  que  nous  avons 
toujours  besoin  de  Tassistance  des  saints  :  «  Semper 
sanctorum  suffragiis  indigemus  ;  idcirco  in  plerisque 
Ecclesiis^  in  singulis  horis^  post  Benedicamus^  suffra- 
gia  sanctorum  sub/iciuntur,  »  (Ration.  Div.  off.  I,  v. 
c.  II,  n.  64.) 

Uii  ôcfettt  brisé,  coûtrit,  victime  volontaire, 
Jamais  de  toi,  grand  Dieu  !  ne  sera  méprisé. 

Que  Sion  cependant,  soit  ta  chère  demeuré  : 
Ô  Maître  soUYèraln,  protège-la  toujours  ; 
Bénis  Jérusalem  ;  que  par  toi  Vienne  l'heure, 
Où  seront  achevés  Ses  remparts  et  ses  tourâ. 

Alors»  nous  te  devrons  de  pieux  sacrifices. 
L'offrande  et  ThôlocaUsté  èU  tribut  solennel  ; 
Dans  nos  fêtes  àloï's,  soUs  teâ  regards  propices 
Nos  UitireaUx  immolés  chàr|rieront  ton  autel. 
{Les  p8aame$  d'après  Vhébteu^  Ps.  90^  Miser^ere  inei  Deus,    se- 
ùundmm,) 


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LES  SUFFRAGES  COMMUNS.  427 

Voici  à  ce  sujet  la  règle  actuelle  donnée  par  la  ru- 
brique : 

«  1.  Les  Gommé moraisons  communes  ou  les  Suffrages  de 
saints,  marqués  au  psautier  après  les  vêpres  du  samedi,  se 
disent  à  la  fin  de  vêpres  et  de  laudes,  depuis  l'octave  de 
l'Epiphanie  jusqu'au  dimanche  de  la  Passion  exclusivement, 
et  depuis  l'octave  de  la  Pentecôte  jusqu'à  l'A  vent  exclusi- 
vement, les  jours  de  dimanches,  de  fériés  ou  de  fêtes  (à 
moinsque  l'oflice  ne  soit  double  ou  dans  une  octave  ;  quand 
même,  dans  cette  octave,  on  ferait  roffice  d'un  dimanche  ou 
d'un  semi-double.)  On  leur  adjoint  la  commémoraison  du 
patron  ou  du  titulaire  de  l'Église,  avant  ou  après  la  com- 
mémoraison de  la  Sainte  Vierge  et  des  apôtres,  suivant 
sa  dignité,  de  telle  sorte  qu'on  place  en  dernier  lieu  la 
commémoraison  de  la  paix.  A  l'office  férial,  on  récite  avant 
toutes  ces  mémoires,  la  commémoraison  de  la  croix  qui 
se  trouve  au  psautier  après  les  laudes  du  lundi. 

((  2.  Au  temps  Pascal,  on  dit  une  autre  commémoraison 
de  la  croix,  comme  elle  est  marquée  aux  laudes  du  lundi 
qui  suit  le  dimanche  in  a/6i5,  et  on  ne  dit  que  cette  mémoire, 
omise  cependant,  comme  les  autres,  dans  les  offices  doubles 
et  pendant  les  octaves. 

«  3.  Quand  on  doit  faire  mémoire  d'une  fête  occurrente, 
on  la  fait  toujours  avant  les  suffrages  accoutumés,  même 
avant  la  commémoraison  de  la  croix. 

«4.  On  ne  fait  pas  la  commémoraison  de  la  Sainte  Vierge 
quand  on  dit  son  petit  office,  ni  quand  on  récite  un  autre 
de  ses  offices.  » 

La  rubrique  a  déterminé  les  offices  qui  admettent 
ces  commémoraisons  communes.  Tels  sont  ceux  d'un 
rit  semi-double  et  au-dessous;  la  liturgie,  comme  nous 
l'avons  vu,  multiplie  alors  ses  prières,  parce  que  ces  of- 
fices sont  moins  solennels,  et  qu'ils  auront  ainsi  plu- 
sieurs mémoires,  de  même  que  la  messe  correspondante 
a  plusieurs  oraisons.  Pour  des  motifs  indiqués  plus  bas, 
TEglise  voulait  nous  faire  invoquer  de  temps  en  temps 
les  saints,  ou  honorer  les  mystères,  objet  des  commé- 


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428        LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

moraisons  communes;  mais  elle  a  choisi  ces  jours 
moins  solennels  pour  ne  pas  distraire  nos  pensées  et 
nos  cœurs  de  l'objet  principal  en  un  jour  d'un  rit  supé- 
rieur et  privilégié:  «  Excluduntur..,  ab  of/icio  denique 
duplici  et  ab  oclavis,  ad  majorem  celebritatem^  «  dit 
Gavalieri. 

Les  suffrages  sont  omis  pendant  TAvent  et  dans  le 
temps  de  la  Passion;  pendant  l'Avent,  parce  que,  dit 
Gavantus,  nous  ne  pouvons  guère,  ce  semble,  invoquer 
les  saints  avant  la  naissance  de  celui  qui  les  a  sancti- 
fiés; et  nous  ne  devons  pas  demander  la  paix  qui  ne 
fut  annoncée  au  monde  que  parles  anges  de  Bethléem. 
Les  suffrages  sont  encore  omis  durant  le  temps  de  la 
Passion,  parce  que,  dit  Durand  de  Mende,  l'Eglise  veut 
tourner  uniquement  nos  regards  et  nos  cœurs  vers  l'a- 
dorable victime  à  laquelle  cette  quinzaine  est  spéciale- 
ment consacrée  (1.  6,  c.  60)  «  Item  tempore  Passionis,  dit 
Gavantus,  w^wni  Christocrucifixo^  vacemus.  »  (Sect.  V, 
c.  xvin,  n.  17.)  Il  n'était  pas  convenable  non  plus  de 
demander  la  paix  pour  nous,  en  un  temps  où  nous  ho- 
norons les  souffrances  et  la  mort  du  Sauvenr. 
Pendant  le  temps  Pascal,  on  ne  fait  que  la  mémoire 
I  commune  de  la  croix,  ce  qui  était  déjà  mentionné  dans 

;  plusieurs  anciens  manuscrits.  L'Eglise  n'a  pas  voulu 

j  multiplier  les  prières  en  ces  jours  de  joie  chrétienne,  ni 

■  distraire  les  esprits  du  grand  et  glorieux  mystère.  La 

I  commémoraison  de  la  croix  y  est  cependant  conservée 

«  parce  que,  dit  Gavantus,  Jésus-Christ  ressuscité  n'en 
a  pas  moins  conservé  les  plaies  de  son  corps  qu'il  se 
plaisait  à  montrer  à  ses  disciples,  comme  preuve  de  sa 
résurrection.  »  (Sect.  VI,  c.  xiv,  n.  3.) 

Les  mémoires  communes  ne  se  font  jamais  qu'après 
les  commémoraisons  particulières,  parce  que  celles-ci, 
appartenant  à  l'office  proprement  dit,  sont  regardées 
comme  plus  importantes  :  «  hâsc  enim  pertinet  ad  offi- 
cium  :  »  dit Bouvry.(Pars.  Il.Sect.  m,  Tit.xxxv,  rub.l,  6.) 


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LBS  SUFFRAGES  COMMUNS.  429 

Le  bréviaire  indique  l'ordre  à  suivre  dans  les  suffra- 
ges communs,  et  nous  aurons  bientôt  à  expliquer  les 
détails  et  les  raisons  de  cet  ordre. 

§  II.  DBS  SUFFRAGES   COMMUNS  EN  PARTICULIER. 

Ils  sont  au  nombre  de  six,  et  ont  pour  objet:  la  Croix, 
la  Sainte  Vierge,  saint  Joseph»  les  apôtres  saint  Pierre 
et  saint  Paul,  le  Titulaire  ou  le  Patron,  la  Paix. 

NO  1.  Commémoraison  de  1»  croix. 

Elle  ne  se  fait  qu'aux  offices  des  fériés  et  dans  le 
temps  Pascal. 

L'Eglise  veut  nous  rappeler  le  mystère  de  la  croix 
dans  Toffice  férial  qui  a  toujours  un  caractère  de  tris- 
tesse; elle  le  fait  aussi  dans  le  temps  Pascal,  pour  la  rai- 
son donnée  plus  haut;  ce  mystère  de  souffrance  et  de 
gloire  devrait  toujours  être  présent  à  notre  pensée.  Le 
Micrologue,  au  xi"*  siècle,  en  indiquait  déjà  la  mémoire  à 
Toffice.  (c.  44.)  «Nous  faisons  mémoire  de  la  très  sainte 
croix,  dit  élégamment  le  cardinal  Bona,  afin  que  nous 
puissions  recueillir  les  fruits  de  ce  superbe  palmier, 
qui  sont  :  la  fuite  des  démons,  l'affermissement  de  la 
vertu,  l'extinction  des  vices.  »  {Div.  Psalm,  c.  xvi,  § 
XX.  n.  i.)  0  Mais  alors,  se  demande  ici  Gavantus,  pour- 
quoi ne  fait-on  pas  tous  les  jours  commémoraison  de 
la  croix  :  «  miror  cur  de  Cruce  a  quâ  pendet  nostra  sa- 
lies  nonnisi  fiât  in  feriali  officiai  »  (Sect,  V,  c.  xviii, 
n.  2.)  «  C'est  uniquement,  répond  Merati  tout  édifié 
du  pieux  étonnement  de  son  maître,  pour  qu'il  y  ait 
une  différence  entre  les  fêtes  et  les  fériés.  » 

La  commémoraison  de  la  croix  occupe  toujours  la 
première  place,  quand  même  celles  qui  suivraient  se-, 
raient  d'une  dignité  plus  grande,  comme,  par  exemple, 
si  la  sainte  Trinité,  le  Saint  Esprit,  le  Saint  Sacrement, 
étaient  titulaires  de  l'Eglise.  (25  septembre  1852.)  C'est 
parce  que,  disent  Cavalieri  et  Bouvry,  elle  semble  ap- 


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430       LBS  ÉL&MBNTS  DBS  HBURBS  GANONULBS. 

partenir  per  se  et  ex  naturâ  m,  à  l'office  férial;  ce  qui 
explique  dans  le  bréviaire  sa  place  à  part  et  en  dehors 
des  autres  suffrages. 

La  formule  de  cette  commémoraison  varie  dans  le 
temps  Pascal.  Elle  est  alors  en  harmonie  avec  le  mys- 
tère de  la  Résurrection.  Voici  donc  ces  différentes  for- 
mules. 

I.  Pour  les  fériés  en  dehors  du  temps  Pascal. 

Ant.  Par  le  signe  puissant  de  la  croix,  délivrez-nous  de 
nos  ennemis,  ô  vous  qui  êtes  notre  Dieu. 

C'est  une  des  antiennes  de  laudes,  dans  l'office  de 
V Invention  de  la  sainte  Croix.  Les  âmes  pieuses  aiment 
à  réciter  le  soir  ces  paroles  :  Per  signum  crucis,  en  as- 
pergeant leur  lit  d'eau  bénite.  On  peut  aussi  les 
dire  au  moment  de  la  tentation,  en  faisant  le  si^ne 
de  la  croix. 

t.  Que  par  la  vertu  de  cette  même  croix,  toute  la  terre 
vous  adore  et  chante  vos  louanges. 

I)f.  Et  qu'elle  célèbre  ainsi  la  gloire  de  votre  nom,  Sei- 
gneur. 

Ce  verset  est  emprunté  au  Ps.  lxv.  L'Eglise,  en  l'a- 
doptant pour  la  mémoire  et  pour  l'office  de  la  croix, 
nous  dit  assez  quel  en  est  ici  le  sens.  La  croix,  en  effet, 
par  ses  enseignements,  ses  mérites,  sa  vertu,  ralliera 
de  plus  en  plus  les  peuples  sous  une  même  croyance, 
et  nous  devons  hâter,  par  nos  vœux,  la  complète  vic- 
toire de  ce  glorieux  étendard. 

Oraison.  —  Daignez,  Seigneur,  nous  conserver  toujours 
dans  votre  paix,  nous  tous  que  vous  avez  rachetés  par  le 
bois  salutaire  de  votre  sainte  croix. 

Cette  mémoire  est  donc  une  louange,  une  action  de 
grâces  et  une  prière  au  Dieu  Sauveur  qui  donne  à  sa 
croix  une  si  grande  efficacité. 


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LES  SUFFRAGES  COMMUNS*  43i 

n.  Pour  le  temps  Pascal. 

Ant.  des  vêpres.  Celui  qui  a  subi  les  humiliations  et  le 
supplice  de  la  croix,  a  brisé  par  cette  même  croix  la  pierre 
dn  sépulcre,  et  reprenant  sa  puissance,  comme  une  arme 
invincible,  a  vaincu  la  mort  en  ressuscitant  le  troisième 
jour. 

Cette  antienne  si  belle  est  aussi  celle  du  Magnificat^ 
aux  secondes  vêpres  de  l'Invention  de  la  sainte  Croix. 
Ainsi  serons-nous  un  jour  glorifiés  avec  Jésus-Christ, 
si  nous  savons  souflfrir  avec  lui  et  accepter  en  esprit 
de  foi  les  humiliations  et  les  épreuves  de  la  vie. 

Ant,  des  laudes.  Jésus  crucifié  est  ressuscité  d'entre  les 
morts,  et  nous  a  rachetés  par  sa  cix)ix. 

Douce  pensée  d'espérance!  La  résurrection  glorieuse 
de  Jésus-Christ  nous  est  un  gage  de  la  nôtre,  si  nous 
n'abusons  pas  de  son  sang  rédempteur,  versé  sur  la 
croix. 

t.  Oui,  publiez  partout  chez  les  nations, 

^.  Que  le  Seigneur  a  triomphé,  et  règne  par  sa  croix. 

La  troisième  strophe  du  Vexilla  Begis,  qui  fait  elle- 
même  allusion  à  une  parole  de  David,  a  inspiré  ce 
verset. 

L'arbre  au  fruit  défendu  fut  l'instrument  dont  le 
démon  se  servit  pour  nous  perdre,  et  l'arbre  de  la 
croix  fut  celui  de  notre  rédemption.  Puissions-nous, 
prêtres  de  Jésus-Christ,  missionnaires  du  Saint  Evan- 
gile, chrétiens  fervents,  brûler  d'un  saint  zèle  pour 
faire  connaître  et  admirer  le  triomphe  de  la  croix  et 
lui  gagner  de  nombreux  disciples  ! 

Oraison  :  —  0  mon  Dieu,  qui  avez  voulu  que  votre  divin 
Fils  fût  cloué  pour  nous  au  gibet  de  la  croix,  afin  d'enlever 
à  nos  ennemis,  par  la  vertu  de  cette  même  croix,  tout  pou- 
voir sur  nos  âmes,  accordez  à  vos  serviteurs  et  à  vos  en- 
fants, d'obtenir  un  jour  par  la  même  vertu,  la  grâce  et  la 
gloire  de  la  résurrection  bienheureuse. 


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432       LES  SLÉMBNTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

''Ile  oraison  est  empruntée  à  la  messe  du  vendredi 
;  dans  le  missel  Ambrosien  ;  elle  est,  comme  le 
^t  et  les  antiennes,  en  parfaite  harmonie  avec  le 
lère  de  la  croix. 

NO  2.  Suffrage  de  la  Sainte  Vierge. 

irie  est  la  reine  de  tous  les  saints,  la  dispensa- 
des  grâces,  notre  Mère,  la  patronne  enfin  de 
ise  universelle.  Elle  devait  donc  avoir  sa  place, 
ant  tous  les  saints  mais  après  la  croix,  dans  les 
âges  communs,  où  nous  l'invoquons  pour  les  be- 
I  de  tous. 

mtienne  est  tirée  des  œuvres  de  saint  Augustin 
n.  18.);  elle  accompagne  souvent  le  Magnificat 
les  offices  qui  ont  la  sainte  Vierge  ou  ses  mystères 
objet.  Fulbert,  évêque  de  Chartres  en  1007,  Pau- 
Qtroduite  le  premier,  paralt-il,  dans  l'office  divin  ^ 
tte  prière  nous  fait  invoquer  Marie,  si  puissante 
bonne,  pour  le  clergé,  les  ordres  religieux  et  le 

'ulbert,  évoque  de  Chartes  de  1007  à  1029,  ami  du  pieux 
ibert,  et  fort  considéré  des  princes  de  son  temps,  posa  les 
nents  de  la  merveilleuse  cathédrale  que  nous  admirons 
\  aujourd'hui.  Nous  remarquons  dans  ses  ouvrages,  qui  stfnt 
Burrivés  jusqu'à  nous,  des  répons,  des  hymnes  et  des  sé- 
ïs  dont  il  dota  la  liturgie  Homaine  Française,  et  qui  sont 
a  plupart  d'une  grande  beauté.  On  en  jugera  par  les  trois 
(  en  vers,  destinés  à  l'office  de  la  Nativité  de  Marie;  pla- 
Eglises  d'Europe  les  adoptèrent  après  celles  de  Chartres 
•*rance  ;  le  roi  Robert  en  avait  composé  le  chant. 

^,  Solem  justitiae,  Regem  paritora  supremum  *, 

Stella  Maria  maris  hodie  proeessit  ad  ortom  t 
t*  Cemere  divinum  lumen  gaudete  fidèles  *. 
Stella  Maria... 
t«  ^.  Stirps  Jesse  virgam  produxit,  virgoque  ûorem  *. 
Et  super  hune  florem  requiescit  Spiritus  aimas. 
y,  Virgo,  Dei  Genilrix,  virga  est,  flos  Filius  ejus  * 
Et  super  hune  florem... 
[e  H,  Ad  nutum  Domini  nostrum  ditantis  honorem  *, 
Sicut  spina  rosam  genuit  Judsea  Mariam. 
y.  Ut  vitium  virtus  operiret,  gratia  colpam  *. 
Sicut  spina  rosam... 


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LES  SUFFRAGES  COMMUNS.  433 

peuple,  pour  tous  ceux  qui  mettent  en  elle  leur  con- 
fiance, et  spécialement  pour  les  pauvres  et  les  pé- 
cheurs, pour  les  affligés  et  les  faibles  qui  ont  un  plus 
grand  besoin  de  son  secours.  Le  cardinal  Pie,  évêque 
de  Poitiers,  en  a  fait  une  belle  paraphrase  dont  nous  dé- 
tachons les  passages  suivants  : 

«  Sancta  Maria^  succurre  miseris  :  Marie,  secou- 
rez les  malheureux!  C'est  vous  dire  de  secourir  le 
monde  entier 0  scribes  de  ce  temps,  vous  me  de- 
mandez s*il  existe  encore  des  malheureux  au  dix-neu- 
vième siècle,  et  je  vous  demande,  moi,  où  ils  ne  sont 
pas?...  Venez,  ô  Marie,  venez  au  secours  de  tant  de 
peuples  malheureux,  de  tant  de  nations  délaissées...  Et 
ne  refusez  pas  non  plus  votre  maternelle  assistance  à 
tant  d'infortunes  privées,  à  tant  de  misères  domes- 
tiques, dont  nous  sommes  les  témoins  et  les  confidents. 
0  Marie,  venez  en  aide  à  ces  infortunés,  qui  n'ont  pas 
conscience  de  leur  propre  misère;  ouvrez-leur  les 
yeux  sur  eux-mêmes  :  succurre  miseris. 

Juva  pusillanimes  :  aidez  les  faibles,  les  pusillani- 
mes. La  défaillance  est  partout  :  défaillance  chez  les 
princes,  défaillance  chez  les  peuples,  défaillance  chez 
les  individus,  défaillance  même  chez  les  chrétiens... 
Les  méchants  sont  en  très  petit  nombre  en  comparaison 
des  faibles...  Les  volontés  sont  sans  force,  les  caractères 
sans  décision,  parce  que  les  intelligences  sont  sans 
lumière,  sans  ampleur,  sans  largeur,  sans  profon- 
deur; elles  sont  sans  fermeté,  sans  consistance... 
Sainte  Marie,  venez  en  aide  à  ce  monde  de  pusilla- 
nimes. 0  Marie,  vous  avez  donné  à  la  terre  Jésus  le 
Verbe  de  Dieu,  Jésus,  le  Christ  qui  est  la  vertu  et  la 
sagesse  de  Dieu...  Faites  rentrer  Jésus  dans  les  âmes  ; 
faites-le  habiter  par  la  foi  dans  les  cœurs...  Une  Ame 
n'est  plus  petite,  n'est  plus  étroite,  n'est  plus  faible, 
elle  est  grande  et  au  large,  elle  est  forte,  quand  elle 
porte  le  Christ. 


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ES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

e  flebiles  :  consolez  les  affligés,  je  parle  ici  aux 
rétiens...  Le  monde  continue  de  se  réjouir... 
ue  vous,  enfants  de  Dieu,  vous  serez  dans  la 
...  oui,  vraiment,  nous  sommes  irisies,  fiebiles. 
rs  qui  pleurent,  c'est  notre  cas,  à  chaque  ins- 
is  sentons  notre  âme  toute  larmoyante...  Non 
nous  nous  plaignions  de  porter  Tépreuve  trop 
le;  instruits  à  l'école  de  l'histoire  sacrée  et  des 
Ecritures,  nous  avons  l'haleine  longue  pour 
et  pour  souffrir,  mais  enfin,  nous  savons  que 
irist  a  dit:  Bienheureux  ceux  qui  pleurent  parce 
ront  consolés,  et  nous  ne  sommes  point  indif- 
t  la  consolation.  Nous  savons,  ô  Marie,  que  les 
)nt  industrieuses  pour  adoucir,  pour  étancher 
es  de  leurs  enfants;  elles  connaissent  des  airs 
rment,  des  balancements  qui  endorment.  0 
e  votre  voix  et  de  votre  main  maternelle,  con- 
ïrcez,  calmez  votre  famille  en  pleurs  :  Refove 

'0  populo:  priez  pour  le  peuple...  Sainte  Marie, 
irlachrétienté,  pour  le  mondechrétien.  Comme 
s  de  Mardochée,  la  nation  des  justes  est  pro 
nt  troublée  par  la  crainte  des  maux  qu'on  lui 
..  0  notre  Esther,  ô  Reine  toujours  agréée  du 
îz  pour  votre  peuple  dont  les  nouveaux  Aman 
u  la  ruine.  Priez,  et  votre  prière  di'jouera  leurs 
5;  priez,  et  votre  prière  sera  le  salut  du  peuple 
:  Ora  pro  populo. 

eni  pro  clero:  et  parce  que  le  peuple  chrétien 
jle  qu'à  l'aide  de  la  doctrine  et  de  la  grâce  dis- 
par  le  sacerdoce,  c'est  un  orage  plus  terrible, 
)ète  plus  effroyable  quejamais  contre  le  clergé... 
témoin  des  insultes,  des  mépris,  des  attentats 
ioté  contre  tout  l'ordre  auquel  j'ai  l'honneur 
3nir,  je  m'adresse  à  vous  en  disant:  Sainte 
itervenez  pour  le  clergé,  intervenez  pour  la 


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LES  SUFFRAGES  COMMUNS.  435 

tribu  ecclésiastique,  qui  est  votre  tribu  privilégiée,  in- 
terveuez  surtout  pour  le  chef,  pour  l'hiérarque  suprême 
du  clergé...  sancta  Maria,  interveni  pro  clero. 

Intercède  pro  devoto  femineo  sexu  :  l'Eglise  qui  sub- 
siste par  la  hiérarchie,  subsiste  aussi  par  la  prière  des 
saintes  âmes  vouées  à  la  pratique  des  conseils  et  de 
la  perfection  évangéliques...  Sainte  Marie,  intercédez  en 
faveur  de  ces  familles  religieuses  qui  se  placent  sous 
votre  égide;  intercédez  pour  ces  vierges  consacrées  qui 
sont  votre  cortège  de  prédi  ection  de  la  terre,  jusqu'au 
jour  où  elles   seront  votre  cortège  des  cieux,  pour 
ces  maisons  de  la  pénitence,  de  l'oraison,  de  la  psal- 
modie, de  la  charité,  qui  sont,  mêm^^.  pour  ceux  qui  les 
poursuivent  de  leurs  calomnies,  le  plus  puissant  pré- 
servatif contre  les  foudres  du  ciel.  Et  puisque  le  sexe 
féminin,  dans  le  monde  comme  dans  l'Eglise,  s'est 
montré  l'appui  le  plus  solide  de  la  religion,  puisque 
le  zèle  des  épouses,  des  mères,  des  sœurs,  a  été  si  pro- 
pice au  bien  de  la  société   et  de  la  famille,  étendez 
votre  main  protectrice,  ô  sainte  Mère  de  Jésus,  sur  ces 
êtres  si  utiles  à  tous  ceux  qui  les  entourent;  maintenez- 
les  à  la  hauteur  où  leurs  vertus  les  ont  placés,  et  que, 
sous  votre  égide  maternelle,  la  femme  demeure  en 
possession  de  Testime  et  de  l'admiration  dont  elle  est 
universellement  l'objet  :  Sancta  Maria^  intercède  pro 
devoto  femineo  sexu. 

Sentiant  omnes  tuum  juvamen^  quicumque  célébrant 
tuam  sanctam  commemorationem  :  enfin,  A  Marie,  que 
tous  ceux-là  ressentent  votre  protectionqui  célèbrent  au- 
jourd'hui  »  (Homélie  prononcée  dans  l'Eglise  prima- 

tiale  de  saint  A  ndré  de  Bordeaux,  pour  la  fête  d! inaugu- 
ration de  la  statue  de  N',  D.  d* Aquitaine.  (19  mai  1863.) 

Les  mots  pro  populo,  dans  l'antienne,  signifient  les 
simples  fidèles;  pro  clero,le  clergé  séculier  ou  régulier; 
pro  devoto  femineo  sexuy  les  religieuses  consacrées 
àJ)i6u. 


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436       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Le  verset  et  l'oraisoD  qui  suivent  sont  souvent  ré- 
pétés dans  la  sainte  liturgie.  Dans  le  verset,  nous 
rappelons  à  Marie  sa  maternité  divine  et  sa  sainteté 
qii  la  font  si  puissante  auprès  de  Dieu  :  Orapro  nobis, 
sancta  Dei  Genitrix^  et  nous  la  prions  de  nous  faire  par- 
ticiper avec  abondance  aux  promesses  de  Jésus-Christ, 
c'est-à-dire,  à  la  grâce  et  à  la  gîoire  qu'il  nous  a  méri- 
tées, et  qu'il  promdttait  au  monde  du  haut  de  sa 
croix  :  Ut  digni  efficiamur  promissionihus  Christi, 

L'Oraison  nous  fait  demander  à  Dieu  pour  nous 
et  pour  les  autres  une  faveur  qui  les  résume  toutes  : 
la  santé  de  Tâme  et  du  corps  dont  nous  avons  besoin 
pour  vaquer  à  nos  devoirs,  et  surtout  pour  travailler 
énergiquement  à  notre  salut  :  perpétua  mentis  et  cor- 
poris sanitate  gaudere\  et  par  suite,  TiUoignement  de  la 
tristesse  exagérée  si  funeste  à  l'âme,  la  délivrance 
d'un  exil  si  douloureux  et  les  joies  éternelles, 
a  prœsenti  liberari  tristitiâ  et  œtemâ  perfrui  lœtitiâ  ; 
ces  faveurs  nous  les  implorons  toujours  par  l'inter- 
cession si  puissante  et  si  dévouée  de  la  Vierge  Ma- 
rie: et  gloriosâ  Beatae  Marix  semper  Virginis  interces- 
sione. 

De  Toctave  de  l'Epiphanie  à  la  Purification,  on  change 
ce  verset  et  cette  oraison  par  d'autres  plus  appropriés 
aux  mystères  du  Temps;  ce  sont  alors  les  mêmes  que 
ceux  de  VAlma  Redemptoris  Mater,  à  partir  de  Noël. 

Le  suffrage  de  la  sainte  Vierge  est  omis  dans  les 
offices  qui  ont  déjà  pour  objet  un  de  ses  mystères,  ou 
du  moins,  une  de  ses  mémoires;  c'est  en  vertu  d'un 
principe  liturgique  plusieurs  fois  rappelé  :  Non  fit  bis 
in  idem. 

Le  petit  office  de  la  sainte  Vierge,  obligatoire  autre- 
fois à  certains  jours,  en  dehors  de  l'office  ordinaire, 
ne  l'est  plus  maintenant.  On  omettait  alors  à  l'office  du 
jour,  si  le  rit  exigeait  les  suffrages  communs,  celui  de 
la  sainte  Viergeje  petit  office  y  suppléant  suffisamment. 


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LES  SUFFRAGES  COMMUNS.  437 

La  même  règle  serait  observée  si  Ton  récitait  par  dévo- 
tion le  petit  office  de  la  sainte  Vierge,  un  jour  où  l'office 
obligatoire  admet  les  suffrages.  (Cavalîeri,tom.  lIDecr. 
291.  —  De  Herdt,  pars  4*  n»  367.)  Mais  si  la  sainte 
Vierge  était  titulaire  de  l'église  ou  patron  du  lieu,  on 
n'en  ferait  pas  moins  la  mémoire  parmi  les  suffrages 
communs,  malgré  la  récitation  du  petit  office.  (2  oct. 
1683.)  La  sainte  Vierge  serait  considérée,  dans  ce 
dernier  office,  comme  patronne  générale  de  l'Église,  et 
dans  les  sufl'rages,  comme  titulaire  ou  patronne  parti- 
culière. 

Dans  le  cas  où  la  sainte  Vierge,  sous  le  vocable  de 
quelqu'un  de  ses  titres  ou  de  ses  mystères,  est  ainsi 
titulaire  de  l'église  ou  patronne  du  lieu,  l'antienne 
Sancta  Maria  avec  son  verset  et  Toraison,  sert  à  la 
fois  de  suffrage  commun  et  de  sufl'rage  patronal,  et 
n'est  récitée  qu'une  fois. 

Saint  Fidèle  de  Sigmaringen,  ce  glorieux  martyr  de 
Tordre  Franciscain,  si  dévot  à  Marie  et  à  son  saint  ro- 
saire, ne  se  lassait  pas  de  répéter  cette  antienne.  Puis- 
sions-nous la  réciter  avec  ferveur  au  moins  quand 
l'Église  nous  la  met  sur  les  lèvres,  dans  les  suffrages 
communs  ou  dans  les  offices  de  la  très  sainte  Vierge  I 

NO  3.  Suffrage  de  saint  Joseph. 

Pie  IX,  de  douce  et  sainte  mémoire,  ayant,  par  un 
bref  du  7  juillet  1871,  déclaré  saint  Joseph  patron  de 
l'Église  universelle,  statua  qu'on  rendrait  dès  lors  au 
saint  Patriarche  les  honneurs  dus  aux  patrons  litur- 
giques :  c'est-à-dire,  la  récitation  du  Credo  à  sa  fête 
primaire  et  à  celle  de  son  patronage,  la  mention  du 
saint,  dans  l'oraison  A  cunctis,  et  sa  mémoire  dans  les 
suffrages  communs. 

Voici  le  bref  Pontifical  si  glorieux  à  la  mémoire  de 
saint  Joseph. 


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438       LIS  ÉLÉMKlfTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

PIE  IX,  PAPE, 

Ad  perpetuam  rei  memoriam. 

«  L'Eglise  catholique  honore  avec  raison  d'un  culte  plus 
étendu,  et  vénère  avec  un  sentiment  toutparticulierde piété 
intime  saint  Joseph,  couronné  d'honneur  et  de  gloire  dans 
les  cieux.  ))ieu  le  Père,  en  efîet,  a  choisi  parmi  tous  les  saints 
cet  illustre  etbienheureux  Patriarche  pourêtre  ici-bas  le  très 
chaste  et  véritable  Epoux  de  l'Immaculée  Vierge  Marie,  et 
le  père  putatif  de  son  Fils  unique;  il  Ta  comblé  et  enrichi  de 
grâces  toutes  singulières,  en  vue  de  ces  titres  et  de  ces 
fonctions  sublimes.  C'est  pourquoi,  les  pontifes  romains 
nos  prédécesseurs,  voulant  accroître  de  plus  en  plus,  et 
exciter  plus  ar  iemment  dans  les  coeurs  dcis  fidèles  la  véné- 
ration et  la  piété  envers  ce  saint  patriarche,  ne  manquè- 
rent jamais,  quand  Toccasion  se  présentait,  de  lui  dé- 
cerner de  nouveaux  et  plus  grands  honneurs  dans  le 
culte  public.  Il  sufïira  de  rappeler  parmi  ces  pontifes,  nos 
prédéceseurs  d'heureuse  mémoire,  Sixte  IV,  qui  fit  in- 
sérer la  fétede  saint  Joseph  dans  le  bréviaire  et  le  missel  ro- 
mains; Grégoire  XV,  dont  le  décret  du  8  mai  i62i  rendit 
c(*tte  fête  obligatoire  pour  tous,  sous  le  rit  double  mineur; 
Clément  X,  qui,  le  6  décembre  1670,  réleva  au  nt  de  2"* 
classe  ;  Clément  XI,  à  qui  nous  devons  une  messe  et  un 
oiïice  propre  du  saint,  promulgués  par  un  décret  du  4  fé- 
vrier i744  ;  et  enfin  BenoitXIlI,  qui  ordonna  le  i9  décem- 
bre 1726,  d'ajouter  le  nom  du  saint  patriarche  dans  les  li- 
tanies. Dès  que  nous  fûmes  élevé  nous- môme,  par  un  secret 
jugement  de  Dieu,  à  la  chaire  suprême  de  Pierre,  touché 
par  les  exemples  de  si  nobles  préJé-^esseurs,  et  inspiré  par 
la  dévotion  singulière  que  nous  avons  toujours  eue  dès  notre 
jeunesse  pour  le  saint  Patriarche,  nous  avons  avec  joie 
étendu  à  l'É^^lise  universelle,  et  sous  le  rit  de  2™*  classe,  son 
patronage  que  plusieurs  Eglises  célébraient  déjà  en  vertu 
d'un  induit  Apostolique.  Mais,  tn  ces  derniers  temps  où 
Ton  a  déclaré  à  l'Église  de  Jésus-Christ  une  guerre  cruelle 
et  ténébreuse,  la  dévotion  des  fidèles  envers  saint  Joseph 
s'est  tellement  accrue,  que,  do  toutes  parts,  nous  sont  arri- 
vées de  nombreuses  et  ferventes  suppliques,  pour  déclarer 
saint  Joseph  patron  de  l'Église  universelle.  Le  motif  allégué 


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LES  SUFFRAGES  COMMUNS.  439 

était  d'obtenir  plus  eiUcacement  de  la  miséricorde  de  Dieu, 
par  les  inérites  et  riotercession  de  saint  Joseph,  l'éloigne- 
ment  des  maux,  qui,  en  ces  temps  lamentables,  nous  pres- 
sent de  toutes  parts.  Ces  demandes  nous  sont  venues  sur- 
tout pendant  leConcile œcuménique  du  Vatican,  et  de  toutes 
lespartiesdelachrétienté.Piusieursde  nosvénérables  Frères 
les  cardinaux  et  évéques  de  TÉglise  romaine  nous  les  ont 
réitérées  plusieurs  fois,  ce  qui  est  plus  important  encore. 
C'est  pourquoi,  touché  de  ces  vœux,  et  après  avoir  invoqué 
la  lumière  divine,  nous  avons  cru  devoir  accé  !erà  tant  de 
pieux  désirs,  et,  par  un  décret  de  notre  sacrée  congréga- 
tion des  Rites,  publié  dans  la  Basilique  le  8  décembre  1870, 
jour  de  l'Immaculée  Conception  de  son  Epouse,  nous  avons 
solennellement  déclaré  le  bienheureux  patriarche  Joseph 
patron  de  l'Église  universelle,  en  élevant  sa  fête  du  19 
mars  au  rit  de  1'°  classe,  sans  octave  cependant,  à  cause 
du  carême.  Et  parce  qu'il  était  juste,  dès  lors,  d'attribuer 
à  saint  Joseph,  dans  le  culte  public,  les  honneurs  et  préro- 
gatives décernés  par  larubriqueaux  patrons  principaux.... 
nous  avons  ordonné  ce  qui  suit:  Désormais,  on  ajoutera  le 
Crerfo  à  la  Messe  de  la  fête  primaire  de  saint  Joseph  et  à  celle 
de  son  patronage  ;  le  nom  du  saint  sera  inséré  dans  l'oraison 
A  cunctis  par  ces  mots  :  cum  beato  Joseph,  après  celui  delà 
Sainte  Vierge,  et  avant  tous  les  autres,  à  l'exception  de 
saint  Jean-B iptiste  et  des  anges.  Enfin,  on  ajoutera,  dans 
le  môme  ordre  que  ci^dessus,  le  suffrage  de  saint  Joseph 
aux  suffrages  communs;  la  formule  en  sera  la  suivante: 
Aux  vêpres:  Ant.  Ecce  fidelis  servus  etprudens^  quem  comti- 
tuit  Dominus  super  famillam  suam.  t.  Gloria  et  divitix  in 
domo  ejus,  ïji.  Et  justitia  ejus  manet  m  sxculum  sxculi,  A 
laudes;  Ant.  Ipse  Jésus  erat  incipiens  quasi  annorum  tri- 
ginta  ut  putabatur  filius  Joseph,  If.  Os  justi  meditabitur  sa^ 
pientiam.  if?.  Et  lingua  ejus  loquet ur  judicium,  Orai^^on  : 
Deus,  qui  ineffabili  providentiâ  beatum  Joseph  sanctissimae 
Genitricis  tuœ  sponsum  eligere  dignatus  es,  prœsta,  quœ- 
sumus,  ut  quem  protectorem  veneramur  in  terris,  intercesso- 
rem  habere  mereamur  in  cœlis.   Ces  dispositions,  nous   les 

voulons,  los  ordonnons 

Donné  à  Rome,  près  de  Saint  Pierre. ,.  le  7  jaillet  iSll... 


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440       LBS  ÉLfiHBNTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

On  jdoitdoDC  ajouter  maintenant  aux  suffrages  com- 
muns celui  de  saint  Joseph  :  privilège  glorieux  à  no« 
tre  Saint,  et  dont  l'Église,  le  sacerdoce  et  les  âmes 
ne  peuvent  que  recevoir  de  précieux  avantages. 
Le  nouveau  suffrage  vient  après  celui  de  la  sainte 
Vierge,  la  plus  noble  des  créatures,  mais  avant  tous  les 
,  excepté  ceuxde  saint  Jean-Baptiste  et  des  Anges, 
rniers,  en  effet,  sont  regardés  commentant  d'une 
é  plus  grande  :  les  anges,  à  cause  de  leur  nature 
lelle,  et  le  saint  Précurseur  par  sa  mission  publi- 
ais tous  les  autres  saints  sont,  aux  yeux  de  l'Église 
s  sa  liturgie,  inférieurs  à  saint  Joseph. Ses  titres 
iix,  ses  mérites,  ses  vertus,  lui  donnent,  en  effet, 
e  de  Sdarez,  de  sainte  Thérèse,  de  saint  Bernard 
)eaucoup  d'autres  une  place  à  part, 
lint  Joseph  était  le  titulaire  ou  le  patron  d'une 
particulière,  on  n*en  ferait  pas  d'autre  mémoire 
iffrages  que  celui  indiqué  plus  haut, 
itienne  et  le  verset  des  vêpres,  empruntés  aux 
les  vêpres  de  la  fête  primaire  du  19  mars,  nous 
les  vertus  de  saint  Joseph,  sa  fidélité,  sa  pru- 
,  son  éminente  sainteté,  qui  lui  ont  valu  ses 
eurs.  Ceux  des  laudes,  empruntés  aux  laudes 
ime  jour,  célèbrent  son  plus  beau  titre  de  gloire, 
ravoir  été  le  père  putatif  et  nourricier  de  Jésus 
loux  de  Marie;  titre  glorieux  qui  lui  valut  aussi 
ésorsde  sagesse  et  de  sainteté.  L'oraison  est  celle 
tronage  de  saint  Joseph.  Nous  y  demandons  à  No- 
igneur,  Dieu  tout-puissant, qui  a  ainsi  honoré  saint 
1  :  Deus,  qui  ineffabiliprovidentiâ  beatum  Joseph 
ssimœ  Getiitricis  tuœsponsumeligere  dignatus  es^ 
uloir  bien  écouter  au  ciel,  en  notre  faveur,  Tin- 
sion  si  dévouée  de  celui  qu'il  nous  est  permis  de 
er  ici-bas  comme  notre  protecteur  :  utçuempro- 
?w  veneramur  in  terris^  intercessorem  habere 
imur  in  cœlis. 


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LBS  SUFFRAGES  COMMUNS.  44i 

Heureux  celui  qui  honore  avec  amour  saint  Joseph, 
ce  protecteur  si  bon  et  si  puissant  !  Heureux  celui  qui, 
durant  la  vie  et  au  moment  de  la  mort,  a  recours  avec 
confiance  à  sonpxtronage!  Et  béni  soit  le  pieux  Pon- 
tife qui  nous  permet  ainsi,  dans  TofQce  divin,  d'implo- 
rer pour  l'Église  entière  le  secours  de  ce  glorieux  pa- 
tron. 

NO  4.  Suffrage  des  Apôtres. 

Il  s'agit  ici  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul  qui 
sont  aussi  les  patrons  de  TÉ^lise  universelle,  dit  avec 
raison  Gayantus.  Saint  Pierre  fut,  en  effet,  le  premier 
chef  de  l'Église,  et  saint  Paul,  Tapôtre  des  gentils  qui 
devaient  former  la  plus  grande  partie  des  chrétiens. 
Le  Micrologue  mentionnait  déjà  le  suffrage  des  saints 
Apôtres  dans  roffice  divin,  (c.  44.) 

II  n'y  a  pour  les  deux  qu'une  même  commémoraison 
«  parce  que,  dit  Durand  de  Monde,  unis  ensemble  durant 
la  vie  par  un  amour  tout  particulier  et  par  leurs  travaux 
dans  Rome,  et  unis  encore  dans  la  mort  par  le  martyre 
qui  leur  ouvrit  le  môme  jour  les  portes  du  ciel,  ils  ne 
devaient  pas  être  séparés  dans  la  mémoire  que  l'Église 
en  fait.  »  (L.  V,  c.  ii,  n.  64.) 

Dans  les  églises  où  saint  Pierre  et  saint  Paul  seraient 
patrons  ou  titulaires,  on  ne  réciterait  pas,  aux  suf- 
frages, d'autre  commémoraison  en  l'honneur  des  saints 
Apôtres;  celle-ci  suffirait,  alors  même,  disent  Guyet 
(1.  III,  c.  xvi,  9. 8)  et  Bouvry  (pars  II,  sect.  m,  Tit.  xxxv. 
Rub.  2.),  que  ce  titre  ne  conviendrait  qu'à  l'un  d'eux, 
comme  par  exemple  dans  les  églises  qui  auraient  pour 
titulaire  ou  patron  saint  Pierre  aux  liens^  ou  la  Conver- 
sion de  saint  Paul.  La  raison  qui  les  fait  réunir  dans 
le  suffrage  commun  semble  devoir  encore  s'opposer  ici 
à  leur  séparation. 

La  formule  entière  du  suffrage  est  empruntée  à 
l'office  du  jour  octave  dçs  saints  Apôtres,  le  6  juillet, 

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442        LBS  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Les  antieriHes  et  le  verset  nous  rappellent  leur  glorieuse 
mission,  fécondée  par  un  grand  zèle  apostolique, 
ainsi  que  leur  union  intime  durant  la  vie  et  dans  la 
mort.  L'oraison  nous  fait  demander  à  Notre-Seigneur 
Jésus-Christ,  par  le  miracle  qui  sauva  saint  Pierre  des 
flots  et  saint  Paul  d'un  triple  naufrage,  et  par  leurs 
mérites  personnels,  de  nous  conduire  à  travers  les 
dangers  de  ce  monde  jusqu'à  la  g'oire  éternelle. 

En  récitant  les  suffrages  des  saints  Apôtres,  ayons 
en  vue  surtout  le  successeur  de  saint  Pierre  qui,  au 
milieu  de  dangers  nombreux  et  pressants,  souffre 
et  se  dévoue  pour  nous  tous.  Pensons  aussi  à  la 
sainte  Église  romaine  que  les  flots  courroucés  en- 
tourent de  toute  part;  à  notre  Mère  dont  le  triomphe 
et  la  gloire  doivent  être  l'objet  de  nos  vœux,  le  but  de 
notre  vie;  et,  tout  disposés  à  nous  dépenser  et  à  mou- 
rir pour  elle,  rappelons-nous  ces  nobles  paroles,  ces 
beaux  sentiments  deBossuet  :  «  Si  je  t'oublie,  Église  ro- 
maine, puissé-je  m'oublier  moi-même!  Que  ma  langue 
se  sèche  et  demeure  immobile  dans  ma  bouche  si  je 
ne  te  mets  au  commencement  de  tous  mes  cantiques  I  » 
{Serm.  sur  F  unité  de  l'Église,) 

no  6.  Suffrage  du  Patron  ou  du  titulaire  de  l'église. 

Nous  avons  dit  ailleurs  la  diff(^rence  entre  le  titulaire 
d'une  église  et  le  patron  du  lieu.  Le  titulaire  est  le  saint 
ou  le  mystère  sous  le  vocable  duquel  une  église  a  été 
bénite  ou  consacrée;  il  n'affecte  que  cette  église  et  lui 
donne  son  nom.  Le  patron  est  un  saint  qui  représente 
auprès  de  Dieu  les  intérêts  du  lieu  placé  Uturgique- 
ment  sous  sa  protection. 

Mais  la  rubrique  générale  du  bréviaire  :  titre  xxxv, 
n.  1;  et  celle  qui  se  trouve  dans  les  suffrages  com- 
muns après  celui  des  apôtres,  n'entendent  par  ces 
mots:  de patrono  vel  titulo^  titulari  ecclesim^  que  le 
titulaire  de  l'église,    appelé   aussi   patron  de  cette 

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LES  SUFFRAGES  COMMUNS.  443 

église,  pour  le  cas  où  le  titulaire  est  un  saint.  Un  mys- 
tère, eu  effet,  ne  peut  pas  être  patron,  c'est-à-dire  un 
intercesseur  auprès  de  Dieu.  Le  mot  patron  n'a  donc 
pas  ici  sa  sigaification  propre,  mais  se  rapporte  à  l'é- 
glise et  en  désigne  le  titulaire  ;  la  formule:  Depatrono 
vel  tihdari  ecc/e6'tâ?équivautdoncà  celle-ci  :  Depatrono 
ecclesis  vel  titularr  ecclesiae^  et  non  De  patrono  loci 
vel  titulari  ecclesix.  Cetle  interprétation  ressort  d'une 
rubrique  particulière  à  la  fin  des  laudes  du  dimanche 
où  nous  lisons  :  Fiunt  commemorationes  de  Apostolis 
et  de  patrono  ecclesiae,  et  la  sacrée  congrégation  des 
Rites  Ta  confirmée  par  son  décret  du  23  septembre  1848. 
Il  est  donc  certain  que  ces  mo\.%  patron  et  titulaire  dé- 
signent le  môme  objet,  quand  il  s'agit  des  suffrages,  et 
ne  se  rapportent  qu'au  titulaire,  saint  ou  mystère,  sous 
le  vocable  duquel  une  église  a  été  bénite  ou  consacrée. 
Cavalieri  et  Gavantus  voulaient,  mais  à  tort,  que  ce 
mot  de  patrono  désignât  aussi  le  patron  du  lieu.  Nous 
verrons  bientôt  ce  qu'il  faut  penser  du  véritable  patron 
liturgique,  dans  cette  question  des  suffrages  communs. 
Voici  les  règles  sur  le  suffrage  qui  nous  occupe  en  ce 
moment  et  dont  nous  avons  déterminé  l'objet. 

i^  Dans  les  suffrages  communs,  on  doit  faire  mé- 
moire du  titulaire  (ou  patron)  de  l'église,  en  l'honneur 
et  sous  le  vocable  duquel  cette  église  a  été  consacrée, 
ou  même  seulement  bénite;  ainsi  Ta  expliqué  un  décret 
de  la  sacrée  Congr.  des  rites  du  2  septembre  1871.  Le 
titulaire  peut  être  une  des  Personnes  divines,  un  mys- 
tère ou  un  saint. 

2^  Ce  suffrage  est  omis,  si  l'office  a  déjà  pour  objet  le 
titulaire.  Tel  serait  le  cas  où  un  prêtre  réciterait  l'of- 
fice votif  des  saints  Anges,  titulaire  de  son  église.  C'est 
toujours  à  cause  du  principe  non  bis  in  idem.  On  n'o- 
mettrait pas  cependant  la  commémoraison  commune 
de  la  croix,  à  l'office  férial,  là  où  l'église  serait  dédiée 
au  Saint-Sauveur,  ou  à   quelqu'un  des  autres  mys- 


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444       LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

tares  de  la  Passion,  parce  que  ces  objets  ne  sont  pas 
les  mêmes  (23  août  1704)  :  quia  œquivalere  non  cen- 
sentur,  dit  avec  raison  de  Herdt. 

Le  suffrage,  dont  le  saint  ou  le  mystère  serait  fêté  le 
lendemain,  devrait  s'omettre  aux  laudes  dans  le  cas  où 
la  fête  aurait  une  vigile,  car  la  vigile  en  a  fait  déjà 
mémoire,  au  moins  par  Toraison. 

3^  Si  une  église  a  plusieurs  titulaires  avec  offices  dis- 
tincts, on  ne  fait  que  le  suffrage  du  principal.  (20 
novembre  1683.) 

4^  Le  suffrage  du  titulaire  se  fait  à  laudes  par  Tan- 
tienne  et  le  verset  de  Benedictus  et  Toraison  de  la  fête, 
et  à  vêpres,  par  Tantienne  et  le  verset  des  secondes 
vêpres  avec  la  même  oraison.  On  les  prend  au  propre 
de  l'office;  à  son  défaut,  ou  encore  si  ces  formules 
sont  trop  particulières  au  jour  de  la  fête,  on  les  prend 
au  commun.  Il  faut  changer  dans  l'oraison  les 
mots  :  naiivitatem,  natalttia^  solemnitatem^  par  ce- 
lui de  commemorationem,  et  omettre  :  hune  diem,  ho- 
diema^  annua  dies,  ou  autres  semblables.  S'il  fallait 
changer  une  oraison  du  commun  qui  a  déjà  été  récitée 
dans  les  mêmes  vêpres  ou  laudes,  et  que  le  commun 
des  saints  n'en  eût  qu'une,  on  prendrait,  pour  les  Doc- 
teurs ouïes  Abbés,  celled'un  Confesseur  pontife  ou  non 
pontife,  selon  le  cas;  et  pour  les  Vierges  et  les  Veuves 
non  martyres,  l'oraison  /ndulgentiam,  en  y  omettant 
le  qualificatif  de  martyre,  pour  les  premières,  et 
ceux  de  vierge  et  de  martyre  pour  les  secondes.  Lors- 
que l'antienne  qui  doit  servir  de  suffrage  a  un  Alléluia 
au  propre  ou  au  commun,  on  doit  le  dire,  si  cette 
antienne  exprime  l'idée  de  la  joie  ou  de  la  victoire,  si- 
non il  faut  l'omettre.  (29  novembre  1738.) 

Si  la  croix,  la  sainte  Vierge  dans  quelqu'un  de  ses 
mystères,  saint  Joseph,  saint  Pierre  et  saint  Paul  ou 
Tun  des  deux  seulement,  était  le  titulaire  de  l'église,  on 
prendrait  pour  leur  çommémoraison  dan^  les  suffrage^ 


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LBS  SUFFRAGES  COMMUNS.  445 

communs  celle  qui  s'y  trouve  déjà.  (30  mart.  1621  ; 
—  ]2  ap.  1667;  —  12  jan.  1669;  —  16  Oct.  1743.) 

5®  Lacommémoraison  du  titulaire  se  fait  dans  Tordre 
suivant,  indiqué  sommairement  par  le  bréviaire,  mais 
jamais,  avons-nous  dit,  avant  celle  de  la  croix  :  la  sainte 
Trinité  ou  une  des  Personnes  divines  dans  quelqu'un 
de  ses  mystères,  avant  la  sainte  Vierge;  les  anges  ou 
saint  Jean-Baptiste,  avant  saint  Joseph  ;  saint  Pierre 
et  saint  Paul  ou  tout  autre  apôtre,  après  S.  Joseph.  La 
commémoraison  des  saints,  même  apôtres,  doit  être 
placée  après  celle  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul.  Si 
la  fête  de  tous  les  Saints  était  le  titulaire,  on  n'en  pla- 
cerait  pas  moins  la  mémoire  après  celle  des  apôtres 
saint  Pierre  et  saint  Paul.  Les  litanies  ont  inspiré  Tordre 
ci-dessus.  Si  Ton  avait  à  faire  la  commémoraison  du  titu- 
laire de  Téglise  et  celle  du  patron  du  lieu,  il  faudrait  sui- 
vre Tordre  indiqué  plus  haut;  si  leur  rang  étaitle même, 
comme  s'il  s'agissait  de  deux  apôtres, de  deux  martyrs, 
de  deux  confesseurs,  etc.,  on  ferait  passer  le  titulaire 
avant  lepatron,  en  vertu  d'un  principe  liturgique  expli- 
qué ailleurs,  et  qui,  dans  certains  cas,  donne  à  une  fête 
plus  particulière  la  priorité  sur  une  fête  plus  générale. 

Tous  ceux  qui,  faisant  partie  du  clergé  d'une  église, 
sont  tenus  à  l'office  du  titulaire  ou  du  patron  de  cette 
église,  doivent  aussi  en  faire  mémoire  aux  sujBfrages 
communs;  les  autres  n'y  sont  pas  tenus,  quoique  rési- 
dant  sur  la  paroisse  de  cette  église.  (21  juillet  185S;  — 
2  septembre  1871.) 

Mais  il  s'agit  ici  et  dans  les  termes  de  la  rubrique, 
d'une  église  et  non  d'un  oratoire  public.  Le  clergé 
des  séminaires,  des  hôpitaux,  des  couvents,  n'est  pas 
obligé  de  faire  l'office  du  titulaire  ou  du  patron  de  ses 
oratoires  publics,  à  moins  que  ceux-ci  ne  soient  consacrés 
(12  nov.  1831  ;  —  18  juillet  1885);  il  n'est  pas  tenu  dès 
lors  à  la  commémoraison  de  ce  titulaire  ou  de  ce  patron 
4wsle$  si^ffra^es  communs,  sauf  U  restriction  ci-deç- 


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446       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

SUS.  De  Herdl  (Pars  IV,  n.  369)  cite  un  décret  d'après 
lequel  les  élèves  des  grands  séminaires  seraient  tenus 
au  sujBfragedu  titulaire  de  leur  chapelle,  pourvu  qu'elle 
fût  publique  (18  septembre  1877);  mais  il  faut  enten- 
dre ceci  d'une  église  proprement  dite,  qui  serait  en 
même  temps  chapelle  du  séminaire,  ou  en  d'autres 
termes,  d'une  église  à  laquelle  le  séminaire  serait 
annexé. 

D'après  ce  même  décret,  les  religieux  seraient  cepen- 
dant tenus  au  suffrage  du  titulaire  de  leur  église, 
parce  qu'ils  doivent  en  faire  Toffice. 

Le  prêtre,  attaché  à  deux  églises  distinctes,  comme 
par  exemple  celui  qui  serait  le  curé  de  deux  paroisses, 
ou  qui  aurait  deux  bénéfices,  ne  serait  tenu  qu'au  suf- 
frage d'un  seul  titulaire,*'  quoiqu'il  doive  faire  la  fête 
des  deux  (2  avril  1667);  c'est  pour  ne  pas  multii)lier 
les  suffrages  :  «  Betieficiatos^  dit  le  décret,  non  tenei'i 
quotidie  facere  commemorationem  de  sancto  seu  de 
sanctis  utriusque  beneficii  simplicis.  Comme  de  Herdt, 
nous  pouvons  étendre  au  curé  des  deux  paroisses  ce 
décret  qui,  pris  à  la  lettre,  semble  ne  s'appliquer 
qu'aux  bénéficiers.  11  faut  choisir  alors  le  titulaire  de 
sa  résidence,  ou  le  titulaire  principal,  si  Ton  réside 
également  dans  les  deux. 

Doit-on  faire  aussi  le  suffrage  du  Patron  du  lieu, 
du  royaume,  du  diocèse,  de  la  ville,  ou  de  la  paroisse, 
soit  en  l'ajoutant  à  celui  du  titulaire,  soit  à  sa  place, 
quand  on  n'appartient  au  clergé  d'aucune  église, 
comme  les  aumôniers,  les  directeurs  et  élèves  d'un 
grand  séminaire?  Gavantus  (Sect  V,  c.  xviii,  n.  7.)  et 
Cavalieri  (tom.  I  dec.  48.)  le  voudraient,  mais  d'après 
les  déclarations  de  la  sacrée  Congrégation  des  Rites 
(8  avril  1656, 17  juin  1677,23  septembre  1837  et  autres), 
il  semble  qu'on  n'est  tenu  au  suffrage  d'aucun  patron 
proprement  dit,  à  moins  qu'il  n'y  ait  une  coutume 
contraire.  La  rubrique,  en  effet,  no  parle  que  du  titu- 


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LES  SUFFRAGES  COMMUNS.  447 

laire  ou  patron  de  l'église  à  cause  de  sa  dignité  :  pro 
dignitate  illius,  disent  les  auteurs.  Merati,  (Sect.  V,  c. 
XVIII,  n.  8)  Guyet  (1.  IIL  c.  xvii,  q.  q,)  et  de  Herdt  (Pars 
IV,  n.  369)  sont  de  cet  avis.  Ce  dernier  {loc,  cit.  2®) 
semble  ici  se  contredire  quand  il  oblige  le  clergé  d'un 
séminaire  au  suffrage  du  patron  local.  Le  décret  du 
18  septembre  1877,  qu'il  cite  à  l'appui,  répond  à  un 
cas  particulier  et  suppose  probablement  une  coutume 
existante. 

Soit  que  nous  ayons  à  faire  le  suffrage  du  titulaire, 
ou  celui  du  patron,  nous  aimerons  ainsi  à  honorer  de 
temps  en  temps  et  en  dehors  de  leurs  fêtes,  les  mystères 
ouïes  Saiats  avecqui  nous  avons  des  rapports  si  intimes. 
Ils  sont  les  défenseurs  et  les  protecteurs  de  nos  églises 
et  des  lieux  que  nous  habitons;  nous  participons  avec 
plus  d'abondance  à  la  grâce  du  mystère;  les  saints  se 
plaisent  plus  spécialement  à  nous  aider  du  haut  du 
ciel;  il  convient  dès  lors  d'honorer  ainsi  plus  sou- 
vent leur  mémoire  dans  Toffice  divin,  de  nous  élever 
fréquemment  jusqu'à  eux  par  la  prière,  l'esprit  et  le 
cœur. 

Ifo  6.  Le  suffrage  pour  la  paix. 

L'Église  est  souvent  comparée  par  les  orateurs  sa- 
crés et  par  les  Pères  à  un  navire  aumilieu  des  flots  cour- 
roucés. Toujours,  en  efl'et,  elle  est  combattue  ici-bas, 
tantôt  dans  son  dogme,  sa  morale  ou  son  culte,  tantôt 
dans  son  chef,  ses  pasteurs,  ses  enfants,  ou  encore 
dans  ses  institutions  et  ses  œuvres;  et  cela  depuis  son 
berceau oùlessanglantes persécutions voulurenten  vain 
l'étouffer,  depuis  les  premiers  siècles  oîi  les  hérésies 
s'efforcèrent  de  mettre  la  division  dans  son  sein.  L'É- 
glise, à  l'exemple  de  son  àivin  fondateur,  a  toujours 
souffert  et  n'a  jamais  goûté  de  véritable  repos.  Elle  a 
donc  besoin  de  paix  pour  elle-même  ;  elle  en  a  besoin 
aussi  pour  ses  enfants,  pour  les  âmes  chrétiennes  que 


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448         LBS  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

le  monde  et  le  démon  persécutent  sans  cesse,  et  qui 
trouvent  partout  et  to  ijours,  en  elles-mêmes  et  au  de- 
hors, des  occasions  de  combat.  C'est  pourquoi  l'Église 
nous  fait  demander  souvent  dans  la  prière  publique, 
pour  elle  et  pour  ses  enfants,  le  bienfait  de  la  paix;  de 
là  ce  dernier  suffrage  dans  son  office. 

«  Il  vient  en  dernier  lieu,  dit  Gavantus,  parce  que  la 
paix  résumetous  les  autres  bienfaits.  »  (Sect.  V,  c.  xvm, 
n.  5.) 

Voici  cette  commémoraîson  finale  si  pleine  de  foi 
et  de  confiance,  et  que  les  circonstances  rendent  sou- 
vent plus  touchante  encore. 

Ant.  Donnez  la  paix  à  nos  jours  si  souvent  troublés,  ô 
Seigneur;  en  vous  seul  nous  avons  confiance,  car  aucun  autre 
que  vous,  ô  notre  Dieu,  ne  peut  combattre  efficacement  pour 
nous. 

t.  Que  la  paix  règne  dans  vos  murailles,  ô  Jérusalem, 
sainte  Église  de  Dieu,  âmes  chrétiennes. 

Q;.  Et  que  dans  vos  tours  soit  l'abondance,  fruit  de  cette 
paix.  (Ps.  Gxxi,  7.) 

Chmson.  0  mon  Dieu,  de  qui  viennent  tous  les  saints 
désirs,  tous  les  sages  conseils,  toutes  les  œuvres  équita- 
bles :  autant  de  biens  qui  procurent  la  paix  et  dont  l'absence 
ne  produit  que  le  trouble  et  la  division,  donnez  à  tous  vos 
serviteurs  cettepaix  véritable  que  le  monde  ne  peut  donner; 
nos  cœurs  alors,  tqut  entiers  à  vos  commandements,  moins 
troublés  et  distraits  par  les  frayeurs  ennemies,  goûteront 
des  jours  plus  tranquilles  sous  votre  protection  paternelle, 
et  vous  serviront  avec  plus  de  joie  et  d'ardeur  *. 

Art.  X.  Les  antiennes  finales  de  la  sainte  Vierge. 

Ces  antiennes  terminent,  en  effet,  les  heures  cano- 
niales. Elles  sont  obligatoires,  même  dans  l'office  privé, 

1 .  Mgr  Freppel,  dans  une  lettre  circulaire  pour  les  prières 
publiques  à  l'occasion  de  la  rentrée  des  chambres,  a  magnifique- 
ment commenté  cette  oraison  de  la  paix,  en  l'appliquant  aux 
ci?coi|stançesf  du  temps,  (lettre  ^rç,  clu6  Jai^v.  W79.) 


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LES  ANTIENNES  FINALES  DE  LA  SAINTE  VIERGE.    449 

à  la  fin  de  laudes  et  de  compiles.  Au  chœur,  elles  le 
sont  encore  à  la  fia  d'une  petite  heure  ou  des  vêpres, 
si  Pon  se  relire.  Nous  avons  à  parier  de  ces  antien- 
nes eh  général,  et  de  chacune  d'elles  en  particulier. 

§  I.    DES    ANTIENNES   FINALES    DE    LA    SAINTE   VIERGE 
EN    GÉNÉRAL. 

Voici  d'abord  comment  la  Rubrique  s'exprime  à  leur 
sujet.  (Titre  xxxvi:  De  Aritiphonis  Beatx  Mariœ  Virgi- 
nis  in  fine  cfjicii.) 

4.  Les  Antiennes  de  la  sainte  Vierge  placées  à  la  fin  du 
psautier,  après  complies,  sont  récitées  chacune  suivant  le 
Temps,  comme  il  est  marqué,  excepté  pendant  les  trois 
derniers  jours  de  la  semaine  sainte. 

2.  On  ne  les  dit,  en  dehors  du  chœur,  qu'à  la  fin  de  com- 
plies et  à  la  fin  de  laudes  après  matines,  si  on  termine  là 
rofQce,  ou,  si  Ton  poursuit,  à  la  fin  de  la  dernière  heure. 
Au  chœur,  on  les  dit  toujours  quand,  à  la  fin  d'une  heure, 
on  doit  se  retirer. 

3.  On  les  omet  toujours  après  une  heure  qui  est  suivie 
de  l'office  des  morts,  des  sept  Psaumes  de  la  pénitence  ou 
des  Litanies.  Il  faut  cependant  excepter  complies,  à  la  fin 
desquelles  on  n'omet  jamais  ces  antiennes,  même  dans  ce 
cas.  On  ne  les  récite  pas  non  plus,  quand  la  messe  suit 
immédiatement  une  des  heures.  Elles  se  disent  à  genoux, 
excepté  les  dimanches  depuis  les  premières  vêpres  du  sa- 
medi et  tout  le  temps  Pascal.  L'officiant  se  lève  pour  l'o- 
raison. 

Les  antiennes  finales  de  la  sainte  Vierge  ne  furent 
ajoutées  que  plus  tard  à  l'office  divin,  puisque,  d'après 
Gavantus,  les  anciens  monuments  n'en  parlent  pas.  Me- 
rati, dont  l'érudition  consciencieuse  est  connue  de  tous, 
nous  assure  qu'il  ne  les  a  rencontrées  dans  aucun  bré- 
viaire, avant  le  xvi«  siècle.  (Sect.  V,  c.  xxn,  Nov.  observ. 
n.  1.)  Il  parait  cependant  que  les  Franciscains,  dès 
le  xui*,  chantaient  une  de  ces  antiennes  après  complies, 
et  Gavantus  cite  à  l'appui  les  annales  des  Frères  Mi- 


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450         LES  ÉLÉMENTS  OBS  HEURES  CANONIALES. 

neurs  de  Tannée  1249,  n.  2.  Cet  usage,  observé 
aussi,  d'après  D.  Marlène  {De  Antiq.  monach.  ritib, 
c.  12,  n.  17),  dans  certains  monastères  bénédictins, 
aurait  ensuite  passé,  mais  plus  tard,  dans  Toffice  ro- 
main. «  Sunt  addimentum  quoddam  sera  in  brevia-- 
ritim  romanum  invectum»  ditCavalieri.  (Tom.  II,  dec. 
337.  n.  1.)  Ce  serait  vers  le  commencement  du  xvi®  siè- 
cle, s'il  fallait  en  croire  un  bréviaire  édité  à  Venise  en 
1521,  qui  attribue  Tintroduction  de  ces  antiennes  à 
Clément  VI. 

L'Eglise  veut  ainsi  nous  faire  obtenir  par  Marie,  auxi- 
liatrice  du  genre  humain,  le  pardon  des  fautes  qui 
nous  auraient  échappé  durant  Tofflce,  et  nous  donner 
aussi  Poccasion  de  recourir  plus  souvent  à  son  mater- 
nel et  puissant  patronage.  Marie,  en  effet,  protège  et 
met  à  Tabri  des  tempêtes  les  âmes  tourmentées;  elle 
offre  son  bras  secourable  à  ceux  que  voudrait  perdre 
le  monde,  et  brise  les  efforts  ennemis;  Marie,  toujours 
prête  à  nous  secourir,  et  le  jour  et  la  nuit,  et  à  "haque 
instant  de  la  vie;  Marie,  à  qui  tout  obéit  sur  la  terre, 
au  ciel  et  dans  les  enfers,  et  jusqu'aux  éléments  eux- 
mêmes,  Marie  enfin  à  qui  nous  devons  l'éclat  des  bon- 
nes mœurs  et  le  mérite  des  bonnes  œuvres.  Nous  ai- 
mons à  dire  le  Sub  tuiim  après  les  principales  actions  de 
la  journée;  rien,  dès  lors,  n'est  plus  convenable  que 
de  terminer,  par  une  invocation  à  Marie,  l'acte  si 
solennel  de  la  prière  publique.  Nous  confions  aussi 
à  cette  mère  si  bonne  le  fruit  de  l'office  divin,  avec 
le  regret  peut-être  de  ne  nous  en  être  pas  acquittés 
comme  il  faut,  et  la  résolution  de  mieux  faire. 
«  Pieuse  et  salutaire  institution  de  l'Eglise,  dit  le 
card.  Bona  :  Saluberrimo  consilio  decrevit  Ecclesia. 

Ces  antiennes  finales,  au  nombre  de  quatre,  se  disent 
tous  les  jours  et  à  tous  les  offices,  excepta  les  trois  der- 
niers jours  de  la  semaine  sainte  et  les  offices  des  morts. 
Touchantes  formules  de  prière  à  Marie,  elles  n'en  sont 


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LES  ANTIENNES  FINALES  DE  LA  SAINTE  VIERGE.    451 

pas  moins  une  louange  à  cette  Reine,  à  cette  Mère  si 
glorieuse;  aussi  un  ancien  cérémonial  du  xv®  siècle 
les  appelait-il  :  Laudes  Beatx  Marise.  On  comprend  dès 
lors  pourquoi  ces  hymnes  de  gloire  et  de  joie  ne  se  font 
plus  entendre  aux  offices  ou  aux  jours  indiqués  plus 
haut. 

Les  raisons,  qui  ont  porté  l'Eglise  à  nous  faire  ré- 
citer ces  antiennes  finales,  devaient  s'appliquer  au 
moins  à  laudes  età  vêpres  qui  terminent,  celles-ci,  Tof- 
fice  du  jour  et  celles-là,  l'office  de  la  nuit:  d'où  l'obli- 
gation de  les  dire  à  la  fin  de  ces  heures,  même  dans  la 
récitation  privée.  Si  cependant  on  continuait  l'office 
après  laudes,  l'antienne  de  la  sainte  Vierge  ne  serait  dite 
qu'à  la  fin  de  la  petite  heure  où  l'on  s'arrêterait.  Mais  elle 
n'est  jamais  omise  après  compiles,  alors  même  que  ma- 
tines suivraient  immédiatement.  11  faut  terminer  com- 
plètement l'office  du  jour  avant  de  commencer  celuidu 
lendemain  ;  la  rubrique  est  formelle  sur  tous  ces  poiiits. 
Elle  veut  aussi  que  le  chœur  ne  se  sépare  jamais  après 
une  heure  quelconque  sans  la  terminer  par  cette  an- 
tienne. La  solennité  et  la  durée  de  l'office  demandaient 
qu'on  s'adressât  alors  solennellement  à  Marie  pour 
lui  en  recommander  les  fruits,  et  mieux  obtenir  le  par- 
don de  ses  fautes,  plus  faciles  en  un  office  plus  long. 
C'est  en  vertu  de  cette  règle  que  le  chant  des  vêpres  se 
termine  toujours  par  l'antienne  de  la  saiate  Vierge, 
quand  il  n'est  pas  suivi  des  compiles. 

Cette  antienne  est  encore  omise,  quand  la  messe,  ou 
l'office  des  morts, les  Psaumes  pénitentiaux  ouïes  lita- 
nies des  saints  doivent  suivre  immédiatement.  Ces  priè- 
res liturgiques  ne  sont  censées  faire  qu'un  office  avec 
le  précédent.  Mais  Tomission  n'aurait  jamais  lieu, 
quand  même,  après  les  complies. 

On  récite  àgenoux,  à  l'exception  de  certains  jours,  les 
antiennes  finalesde  la  sainte  Vierge,  parce  qu'elle  s  sont 
des  supplications  solennelles  :  Suceur re  cadenti.surgere 


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452       LBS  ÉLÉMBNTS  DBS  HBURBS  GANONIALBS. 

qui  curât  y  populo.  — Etpro  nobis  Christum  exora.  — 
Ora  pro  nobis  Deum.  —  Ad  te  damamus^  exules  filU 
Ev3e;  ad  te  suspiramus  cémentes  et  /lentes,..  Mais  le 
célébrant  dit  toujours  debout  Toraison.  Les  jours  excep* 
tés  sont:  le  dimanche,  depuis  les  vêpres  du  samedi 
inclusivement,  et  tous  les  jours  du  temps  Pascal.  Le 
joyeux  mystèrede  la  Résurrection  qu'on  y  célèbre  alors 
plus  ou  moins  explicitement  ne  veut  pas  d'une  posture 
humiliée.  Voici  le  sens  de  l'exception  :  1°  Elle  comprend 
les  vêpres  du  samedi,  parce  que  le  jour  ecclésiastique  et 
dès  lors  ledimanche,  commence  la  veille  aux  premières 
vêpres.  2°  Il  en  est  de  même  en  carême,  quand  on  dit 
vêpres  avant  midi  ;  ces  vêpres  n'appartiennent  pas 
moins  déjà  au  dimaoche  liturgique.  (16  aug.  1853). 
3^  L'exception  s'étend  jusqu'à  la  fin  du  dimanche 
ou  minuit,  s'il  s'agit  de  l'office  qui  appartient  à  ce 
jour-là  (12  nov.  1831);  et  jusqu'au  crépuscule  seule- 
ment, c'est-à-dire  au  coucher  du  soleil,  s'il  s'agit  des 
matines  anticipées  du  lundi.  (7  sep.  1816  ;  —  22  aug. 
1818;  —12  nov.  1831.) 

§    IL  DES  ANTIENNES   FINALES   DE  LA  SAINTE  VIERGE 
EN    PARTICULIER. 

Ces  antiennes  sont  au  nombre  de  quatre,  avons-nous 
dit  :  Aima  Redemptoris Mater;  — Ave^  Begina  cœlorum; 
—  Regina  cœli,  lœtare;  —  Salve ,  Regina.  La  rubrique 
particulière,  qui  précède  chacuned'elles  après  compiles, 
détermine  à  quelle  époque  de  Tannée  on  doit  les  dire. 

n.  1.  f  Aima  Bedemptoris  Mater.  • 

Nous  récitons  cette  première  antienne  depuis  les  vê- 
pres du  samedi  avant  le  1®'  dimanche  de  l'A  vent  inclu- 
sivement, jusqu'aux  2«»  vêpres  de  la  Purification  inclu- 
sivement aussi,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  jusqu'à 
compiles  de  ce  jour  exclusivement.  Ce  dernier  point  ne 
serait  pas  moins  observé,  si  la  fête  de  la  Purification 
était  célébrée  avec  octave  ou  bien  transférée,  et  VAlrri^ 


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LES  ANTIENNES  FINALES  DE  LA  SAINTE  VIERGE.  453 

ne  serait  plus  récité  aux  compiles  du  2  février.  (11  jan. 
1681;  —  10  jan.  1693.  —  4  avril  170S.) 

Celle  antienne,  en  effet,  convient  au  sainttemps  de  TA- 
vent  et  à  celui  qui  s'écoule  entre  Noël  et  la  Purification  : 
temps  liturgiques  où  Ton  célèbre  le  mystère  de  Noël 
et  de  l'enfance  du  Sauveur,  et,  par  conséquent,  les 
gloires  et  les  joies  de  la  maternité  divine.  Après  avoir 
salué  Marie,  comme  la  Mère  immaculée  du  Rédempteur, 
devenue  ainsi  la  porte  du  ciel  etTétoile  de  la  mer  ora- 
geuse du  monde,  nous  lui  demandons  de  vouloir  bien 
secourir  son  peuple  tombé  qui  s'efforce  de  réparer  ses 
chutes,  et  d'avoir  pitié  des  pauvres  pécheurs.  Comment 
ne  le  ferait-elle  pas  efficacement,  alors  que,  Mère  de 
Dieu  et  toujours  Vierge,  d'après  U  message  de  l'Ar- 
change, elle  est  si  paissante  au  ciel? 

Tel  est  le  sens  de  VAlma  Bedemptoris  Mater^  com- 
posé en  vers  hexamètres,  plus  remarquables  de  senti- 
ments que  de  poésie  : 

Aima  Redemptoris  Mater,  quœ  pervia  cœli 
Porta  maoes  et  stella  maris,  succurre  cadenti, 
Surgere  qui  curât,  populo  :  tu  quœ  geouisti, 
Natura  mirante,  tuum  sanctum  Genitorem, 
Yirgo  prius  ac  posterius,  Gabrielis  ab  ore 
Sumens  illud  Ave,  peccatorum  miserere. 

L'auteur  en  serait,  et  D.  Guéranger  ne  le  met  pas  eu 
doute,  Hermann  Goutract,  bénédictin  de  Reicheneau, 
en  Souabe,  vers  le  xi«  siècle.  Il  devait  à  un  don  parti- 
culier de  Marie  la  science  et  la  doctrine  qui  en  ont  fait 
un  prodige  pour  son  temps. 

Le  verset  et  l'oraison  qui  suivent  l'antienne  ne  sont 
pas  les  mêmes  à  partir  des  premières  vêpres  de  la 
Nativité,  et  pour  une  raison  bien  claire,  dit  Gavantus. 
On  a  voulu  les  mettre  en  harmonie  avec  le  temps 
liturgique  de  l'A  vent  et  avec  celui  de  Noël,  qui  diffèrent 
entreeux.  Pendant  TA  vent  nous  célébrons  le  mystère  de 
riûcarnatiou  dans  le  sein  de  Marie,  et  à  Noël,  celui  de 


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454         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

la  Nativité  deN.-S.,  fruit  divin  que  nous  donna  Marie, 
et  qui  ne  porta  aucune  atteiate  à  sa  virginité. 

If.  2.  f  Ave,  Regina  oœlorum.  • 

On  ignore  l'auteur  de  cette  antienne,  introduite  dans 
Toffice  divin  par  Clément  VI,  au  xiv®  siècle.  Le  verset 
Dignare  m^,  d'après  saint  Jérôme,  est  de  saint  Ephrem, 
et  Toraison  Concède^  misericors  Deus^  celle  que  nous 
récitons  à  l'office  commun  de  la  Sainte  Vierge. 

V Ave  Regina  se  dit  depuis  lesconiplies  du  2  février 
inclusivement  jusqu'au  jeudi  saint  exclusivement. 
C'estalorsle  temps  de  la  Septuagésime,  du  Carême  et  de 
la  Passion,  c'est-à-dire  de  la  préparation  aux  fêtes  de 
Pâques,  anniversaire  glorieux  où  le  monde  fut  sous- 
trait à  Tempire  de  Satan.  Marie  eut  une  grande  part  à 
ce  mystère  du  triomphe  et  de  la  délivrance;  aussi 
son  antienne  ravive-t-elle  ici  notre  espérance,  en 
nous  montrant  le  ciel  ouvert  par  les  mérites  du  Ré- 
dempteur, et  la  puissante  intercession  de  sa  Mère 
pour  nous  y  faire  entrer.  La  sainte  Vierge,  en  effet, 
règne  dans  les  cioux,  où  son  Fils  veut  bien  lui  obéir 
encore  :  Ave^  Regina  cœlorum.  Elle  est  la  maîtresse 
des  anges,  dentelle  peut  nous  ouvrir  les  rangs  glorieux, 
pour  nous  associer  à  leurs  concerts  :  Ave^  Domina  An- 
gelorum  ;  la  tige  immaculée,  Tarbre  fécond  qui  nous 
a  donné  la  fleur  et  le  fruit  du  salut  :  Salve,  radix  ; 
la  porte  dorée  par  où  le  Rédempteur  est  entré  dans  le 
monde:  salve,  porta \  le  foyer  d'amour  d'où  s'est 
échappée  sur  la  terra  la  lumière  incréée  :  ex  qtiâ 
mundo  lux  est  or  ta;  la  Vierge  Mère  à  qui  ce  titre  a 
valu  tant  de  gloire  :  Gaiide,  Virgo  gloriosa  ;  plus  ri- 
che et  plus  belle  en  vertus  que  tous  les  anges  et  les 
saints  :  super  omnes  speciosa  ;  digne  de  la  vénération 
du  ciel  et  de  la  terre  par  tous  ses  privilèges  :  Vale,  o 
valde  décora-,  digne  aussi  de  notre  confiance  entière, 


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LES  ANTIENNES  FINALES  DE  LA  SAINTE  VIERGE.    455 

par  sa  puissance  auprès  de  son  Fils  :  Et  pro  nobis 
Christum  exora. 

Les  nobles  accents,  les  ardentes  aspirations  de  plu- 
sieurs Docteurs,  comme  saint  Athanase,  saint  Epbrem, 
saint  Ildefonse  et  quelques  autres,  ont  fourni  les  élé- 
ments de  cette  antienne  :  hymne  pieuse,  lyrisme  filial, 
qui  applaudit  avec  foi  et  amour  à  toutes  les  grandeurs 
de  Marie. 

n .  8.  «  Regina  cœli.  » 

Le  savant  historien  de  Modène,  Sigonio  (xvi«  siècle), 
raconte  ainsi  Poriginede  cette  nouvelle  antienne:  c'était 
en  596;  une  peste  horrible  ravageait  la  ville  de  Rome; 
saint  Grégoire  le  Grand,  pour  apaiser  lacolère  de  Dieu  et 
faire  cesser  le  fléau,  ordonna  des  jeûnes  et  des  prières 
qui  devaient  se  terminer  le  saint  jour  de  Pâques  par  une 
procession  générale.  Il  se  rendit  lui-même  ce  jour-là 
dans  Téglise  d8i'i4mca?//,yprit  danssesmainsTimage 
de  la  sainte  Vierge  qu'on  dit  avoir  été  peinte  par  saint 
Luc,  et  la  porta  processionnellement,  suivi  du  clergé  et 
d'une  foule  innombrable,  jusqu'à  Saint-Pierre.  On  était 
arrivé  sur  le  po  it  Ceiius,  devant  le  môle  d'Adrien,  lors- 
que des  voix  célestes  se  firent  entendre  dans  les  airs; 
elles  chantaient  très  distinctement  :  Regina  cœli  et  le 
reste  de  Tantiennejusqu'au dernier  verset:  Oraprono- 
bisDeum,  alléluia,  qui  fut  ajouté  au  même  instant  par 
le  Pontife  et  son  peuple.  On  vit  alors  apparaître,  sur  le 
mausolée,  un  ange  remettant  son  épée  dans  le  four- 
reau, et  la  peste  cessa  dès  le  jour  même.  »  (De  regno 
Italico^  libri  XX,  1.  1.)  Merati  ne  veut  pas  admettre 
ce  récit,  et  admire  la  crédulité  de  Gavantus.  Mais 
nous  sommes  bien  plus  étonné  de  son  incrédulité  à 
lui  qui  ne  veut  pas  se  rendre  au  témoignage  d'un  his- 
torien dont  la  sage  critique  se  fait  tout  particulièrement 
remarquer  dans  cet  ouvrage.  Le  fait  est  déplus  con- 
firmé parla  statue  de  saint  Michel,  qu'on  érigea  sur  le 


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456       LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

môle  d'Adrien,  appelé  depuis  château  Saint- Ange^  par 
Tiascriptioa  Regina  cœli,  Isetare^  placée  à  la  voûte  de 
VAra  cœli,  et  par  le  privilège  qu'ont  les  religieux 
de  ce  sanctuaire  de  chanter  cette  antienne,  toutes  les 
fois  qu'on  y  fait  des  processions  ou  des  prières  pu- 
bliques. 

Le  Regina  cœli  est  un  chant  d'allégresse  à  Marie: 
Regina  cœli,  lâstare^  alléluia,  à  Marie,  tout  heureuse  de 
la  Résurrection  de  son  fils  :  Quia  quem  meruisti  por- 
tare,  alléluia,  Resurrexit  sicut  dlxit^  alle/uia,  et  dont 
dont  nous  implorons  le  secours  puissant  auprès  de 
Dieu  :  Ora  pro  nobis  Deum,  alléluia.  Les  anges  s'ins- 
pirèrent de  la  fête  de  Pâques  où  se  faisait  la 
procession  solennelle,  pour  demander  à  Marie  qu'elle 
fil  participer  la  ville  de  Rome  à  sa  joie  maternelle,  en 
la  délivrant^du  fléau.  Cette  antienne  était  toute  dési- 
gnée pour  letempsPascal,  et  nous  associe  à  Tallrgresse, 
au  ravissement  de  l'heureuse  Mère.  Nous  récitons,  en 
effet,  le  Regina  cœli  depuis  les  compiles  du  samedi 
saint  inclusivement  jusqu'à  none,  inclusivement  aussi, 
du  samedi  après  la  Pentecôte. 

Ifo  4.  c  Salve  Begina.  > 

L'antienne  si  belle  et  si  connue  du  Salve  Regina  eut 
aussi  pour  auteur,  d'après  Merati  et  D.  Guéranger, 
le  pieux  et  savant  moine  de  Reicheneau,  Hermann 
Contract,  dont  nous  avons  déjà  parlé.  Durand  de  Mende 
l'attribue  cependant  à  Pierre  de  Compostelle,  qui  vi- 
vait au  XII®  siècle,  et  d'autres  à  Adhémar  de  Monteil, 
évêque  du  Puy,  qui  l'aurait  composée  avant  de  partir 
pour  la  première  croisade,  d'où  le  nom  :  Antiphona 
dePodio,  qu'on  lui  a  quelquefois  donné. 

Les  dernières  paroles:  0  démens,  opia,  o  dulcis  Virgo 
Maria,  furent  ajoutées  par  saint  Bernard,  d'après  la 
chronique  de  Spire  (l.xii.)Le  saint  abbé  de  Clairvaux, 
envoyéenAll6magn6CommelégatduSaiat*Siàge,entrait 


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LES  ANTIENNES  FINALES  DE  LA  SAINTE  VIERGE.    457 

dans  la  cathédrale  de  Spire,  au  moment  où  l'on  termi- 
nait au  chœur  l'antienne  Salve  Regina;  aussitôt,  comme 
par  inspiration,  il  se  mit  à  genoux,  et  ajouta  ces  trois  in- 
vocations finales.  Merati  révoque  en  doute,  ici  encore, 
cette  pieuse  légende,  mais  le  fait  est  suffisamment  con- 
firmé par  la  plaque  d'airain  scellée  à  l'endroit  même  où 
saint  Bernard  se  serait  prosterné,  et  sur  laquelle  sont 
gravées  ces  invocations,  par  l'usage  de  chanter 
solennellement  celles-ci,  chaque  année,  à  cette  place, 
et  enfin  par  Tassentiment  presque  unanime  des  au- 
teurs. N'est-ce  pas  aussi  pour  la  même  raison  que 
les  Cistercieus,enfants  de  saint  Bernard,  chantent  cha- 
que soir  celte  antienne  avec  solennité,  après  compiles? 

Grégoire  IX,  au  xiii®  siècle,  aurait,  d'après  l'historien 
de  Modène,  introduit  le  Salve  Regina  dans  les  offices 
publics.  Nous  apprenons  de  Guillaume  de  Nangis  (m. 
en  1302)  que  saint  Louis,  roi  de  France,  le  faisait  réci- 
ter chaque  jour  après  compiles.  Un  décret  du  con- 
cile d'Espagne,  en  1302,  était  ainsi  conçu  :  <«  On  devra 
chanter  tous  les  jours  après  compiles,  en  l'honneur 
de  la  très  sainte  Vierge,  le  Salve  Regina  avec  le  verset 
Orapronobis  et  l'oraison  Concède.  wLes  Franciscains 
récitaient  aussi  cette  antienne  dans  l'office  divin,  dès 
le  XIII®  siècle,  et  le  cardinal  Quignonez,  au  xiv®,  l'inséra 
dans  son  bréviaire  abrégé.  Saint  Pie  V  Ta  insérée 
dans  le  bréviaire  romain,  si  elle  n'y  était  pas  déjà  au- 
paravant *. 

Plusieurs  ordres  religieux,  comme  les  Carmes,  les 

i.  Sa  Sainte  Léon  XIII,  plein  de  confiance  en  cette  belle  prière, 
a  ordonné  que,  à  la  fin  de  chaque  messe  basse,  le  prêtre  la  réci- 
terait au  pied  de  l'autel,  avec  le  verset  accoutumé  et  deux  oraisons 
propres,  et  après  trois  Ave  Maria,  Il  faut  dire  à  genoux  ces  prières 
pour  gagner  Pindulgence  de  trois  cents  jours  accordée  par  le 
Souverain  Pontife;  les  assistants  doivent  répondre  aux  A-oe  Maria 
et  au  verset,  et  réciter  tout  le  Salve  Uegina  en  même  temps  que 
le  célébrant.  (Dec.  urhi  et  orbiy  7  janv.  1886;  —S.  C.  Rit.  20 
août  i 886;  — decr.  uU.) 

uiu  26 

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45$        LES  ËLfiMBNTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

Cisterciens,  les  Chartreux,  les  Dominicains,  ont  des  rè- 
gles diverses  sur  le  Salve  Regina.  Le  bréviaire  romain 
nous,  le  fait  réciter  ou  chanter  depuis  les  premières 
vêpres  dft  la  Trinité  inclusivement,  jusqu'aux  vêpres 
du  premier sitnaedi  de  TAvent  exclusivement. 

Le  commenceHieat  de  TAntienne  a  subi  un  petit 
changement;  il  y  arak  primitivement,  et  encore  au 
XIV®  siècle,  Salve ^  Regina  mmricordiâB.  On  y  intercala 
plus  tard  le  mot  mater,  comme  étant  mieux  en  rap- 
port avec  celui  de  misertcordiae. 

Le  tome  II  des  œuvres  de  saint  Bemftid  renferme 
quatre  sermons  sur  le  Salve  Regina  :  le  premier  com- 
mente ces  paroles  :  Salve,  Regina  miser icordiae,  inia^ 
dulcedo,  spes  nostra,  salve,  —  Le  2®  :  Ad  te  clamamus^ 
exules  filii  Evœ.  — \»qZ^  :  Ad  te  suspiramus,  gementes 
et  /lentes  in  hac  lacrymarum  valle.  Le  4®,  malgré 
le  même  titre  :  In  antiphonam  Salve  Regina,  a  pour 
objet,  d'une  manière  générale,  la  sainteté  de  Marie. 
Ces  quatre  sermons  toutefois  ne  sont  pas  du  saint  Doc- 
teur, d'après  une  note  d'Horslius,  qui  nous  a  donné  la 
meilleure  édition  de  ses  œuvres,  note  approuvée  par 
D.  Mabillon.  Ils  n'ea  sont  pas  moins  édifiants  pour  ceux 
qui  voudraient  les  lire  et  s'en  servir.  A  la  suite,  se 
trouve  une  pieuse  méditation  sur  le  Salve  Regina,  qui 
est  aussi  dans  les  opuscules  de  saint  Bonaventure.  (cap. 
19,  pars  3.  Stimuli  amoris.) 

Tout  le  moude  connaît  la  belle  paraphrase  de  saint 
Alphonse  de  Liguori.  On  y  voit,  avec  les  suaves  ré- 
flexions du  saint  Docteur,  tout  ce  que  les  conciles  et  les 
Pères  de  PÉglise  ont  dit  de  plus  touchantet  de  plus  beau 
sur  la  Mère  de  Dieu,  pour  établir  son  culte  et  enflam- 
mer notre  amour. 

Nous  sommes  heureux  de  terminer  notre  travail 
sur  roffice  divin  par  cette  belle  antienne  de  la  sainte 
Vierge.  Daigne  Marie  le  bénir,  comme  elle  a  daigné 
bénir  notre  Explication  de  la  Messe/ 


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LES  ANTIENNES  FINALES  DE  LA  SAINTE  VIERGE.    459 

L'Église  nous  fait  remettre  entre  ses  mains  tout  le 
fruit  du  bréviaire  par  la  récitation  de  ces  antiennes 
finales;  de  même  nous  confions  ici  à  notre  puissante 
et  bonne  Mère  tout  le  fruit  de  ces  nouvelles  études  sut 
l'office  divin. 

Salut  et  gloire  à  vous,  Reine  de  l'Église  et  du  clergé, 
du  ciel  et  de  la  terre;  à  vous  qui  nous  aidez  à  rendre 
chaque  jour  à  la  Majesté  divine,  en  union  avec  les  an- 
ges, et  par  la  vertu  de  votre  Fils  et  de  son  Esprit,  les 
devoirs  qui  lui  sont  dus;  à  vous,  qui  avez  une  part 
dans  ces  louanges  :  Salve  Regina, 

Mère  de  Dieu,  vous  êtes  aussi  pour  nous  une  mère 
de  miséricorde  et  d'amour,  suppléez  à  notre  impuis- 
sance, et  ce  grand  devoir  de  la  prière  publique  sera 
moins  imparfait  :  Mater  misericordiœ. 

Rendez  efficace,  éloquente,  cette  prière  de  chaque 
jour,  en  mettant  sur  nos  lèvres  l'onction,  et  dans  nos 
cœurs  la  confiance,  ô  vous  que  nous  saluons  notre  vie, 
notre  suavité,  notre  espérance  :  Vita^  dulcedo,  etspes 
nostra^  salve. 

Que  de  fois,  dans  la  récitation  du  bréviaire,  nous 
nous  adressons  à  vous,  au  nom  de  tous,  du  fond  de 
l'exil,  pauvres  enfants  d'Eve  coupable!  Que  de  fois, 
dans  cette  vallée  de  larmes,  nos  soupirs,  inspirés  par 
la  souffrance  ou  le  repentir,  s'élèvent  vers  vous  :  Ad 
te  clamamns,  exules  filii  Evœ,  ad  te  suspiramus^  ge- 
mentes  et  /lentes  in  hac  lacrymarum  valle. 

Daignez,  ô  notre  avocate  si  puissante  et  si  bonne, 
tourner  vos  regards  de  miséricorde  vers  nous  et  vers 
tous  ceux  qui  ont  besoin  de  votre  secours  :  Eia  ergo^ 
advjcata  nostra^  illos  tuos  miséricordes  oculos  ad  nos 
converte. 

Et,  quand  sera  fini  le  triste  pèlerinage,  présentez- 
nous  vous-inème  à  Jésus,  votre  divin  Fils  qui,  par  vous, 
sa  Mère,  nous  accueillera  si  bien  aux  parvis  éternels  : 


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460         LES  ÉLÉMENTS  DBS  HEURES  CANONIALES. 

Et  Jesum  benedictum  fructum  ventris  tui  nobis  post 
hoc  exilium  ostende. 

Ne  nous  refusez  pas  ces  faveurs;  ainsi  sera  plus  ef- 
ficace pour  la  gloire  de  Dieu,  pour  TEglise,  pour  nos 
frères  et  pour  nous,  Toffice  divin,  la  solennelle  prière 
qui  nous  fut  confiée  au  jour  béni  du  sous-diaconat.  Nous 
en  mettons  tous  les  fruits  entre  vos  mains,  aidez-nous 
à  nous  acquitter  toujours  dignement  de  cette  fonction, 
ô  Vierge  Marie,  gardienne  de  nos  serments,  vous  si 
clémente  et  si  bonne,  vous,  après  Jésus-Christ,  notre 
plus  parfait  modèle  dans  la  prière  :  o  démens,  o  pia, 
0  dulcis  Virgo  Maria  I 

CONCLUSION. 

Notre  conclusion  sera  celle  du  pieux  et  savant  cardi- 
nal Bona»  dont  le  beau  traité  De  Divinâ  Psalmodia 
avait  le  même  objet  que  le  nôtre. 

•c  Nous  terminons  ici  ce  que  nous  avions  à  dire  sur 
la  divine  Psalmodie,  non  pas,  hélas!  pour  en  rehaus- 
ser l'éclat  et  la  majesté,  mais  selon  que  nous  Ta  per- 
mis notre  faiblesse.  Nous  aurions. pu  sans  doute,  dans 
nos  recherches  à  travers  les  plaines  fécondes  et  les 
beaux  jardins  des  écrits  des  Pères,  recueillir  des  trésors 
plus  abondants  et  plus  précieux,  qui  auraient  mieux 
orné  notre  pauvre  travail;  mais  il  nous  a  semblé  pré- 
férable de  nous  modérer,  dans  ces  matériaux  innom- 
brables, laissant  à  ceux  qui  nous  suivent,  de  quoi  tra- 
vailler encore.  Comme  nous  avons  eu  recours  si  sou- 
vent à  ces  Pères  vénérés  dans  cette  explication  du  bré- 
viaire, nous  pouvons  bien,  en  la  terminant,  leur  em- 
prunter aussi  quelques  paroles  qui  nous  paraissent  ap- 
propriées à  la  circonstance.  Et  d'abord,  rappelons  à 
nos  pieux  lecteurs,  chargés  de  la  prière  publique  par 
leur  ordre  sacré,  ce  que  le  grand  saint  Denis  TAréopa- 
gite  disait  à  son  Timothée  à  la  fin  de  son  livre  sur  la 


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CONCLUSION.  461 

divine  Hiérarchie  :  «  Ce  spectacle  de  notre  sainte  Hié- 
rarchie dans  l'Eglise  de  Dieu,  mou  fils,  spectacle  si 
beau  par  son  harmonie  et  son  unité,  je  ne  l'ai  fait 
qu'entrevoir,  d'autres  esprits  plus  élevés  et  plus  péné- 
trants en  verront  mieux  la  divine  et  radieuse  beauté  t 
A  vous-même  aussi,  j'en  suis  sûr,  cette  beauté  appa- 
raîtra plus  éclatante  et  plus  divine,  si  vous  méditez  ce 
que  nous  avons  dit,  vous  servant  de  nos  premières 
données,  comme  d'autant  de  degrés  pour  vous  élever 
plus  haut.  Je  vous  prie  de  me  communiquer  ensuite 
ces  lumières  plus  vives  que  vous  recevrez,  ces  aspects 
plus  saisissants  de  la  vérité  que  vous  pourrez  décou- 
vrir; car,  j'en  ai  la  confiance,  le  peu  que  je  vous  en  ai 
dit  suffira  déjà  à  faire  jaillir  dans  votre  âme  les  étin-  . 
celles  du  feu  divin  que  le  Seigneur  y  a  mises.  »  Ainsi 
parlait  saint  Denis  à  sondisciple.  Je  répéterai  aussi  ce  que 
le  martyr  saint  Maxime  écrivait  à  lafîn  de  son  opuscule 
sur  la  Mystique  de  l'Eglise  :  «  Telles  sont  les  doctrines 
que  nous  venons  d'exposer  de  notre  mieux  dans  ce  livre, 
laissant  toutefois  des  aperçus  plus  élevés  et  plus  pro- 
fonds que  nous  n'avons  pas  osé  scruter.  Nous  prions  le 
lecteur  d'être  indulgent  pour  notre  faiblesse,  car  celui 
qui  donne  selon  la  mesure  de  son  pouvoir  est  digne 
plutôt  de  bienveillance  que  de  censure.  Dieu  lui-même 
n'a-t-il  pas  pour  agréable  et  ne  daigne-t-il  pas  recevoir 
tout  ce  que  nous  lui  offrons  de  notre  mieux,  avec 
droiture  et  sincérité  de  cœur,  alors  même  que  le  don  se- 
rait de  peu  de  valeur  aux  yeux  des  riches  de  ce  monde?» 
Voici  encore  la  conclusion  du  Théophaste  d'Enée  de 
Gaza,  le  philosophe  chrétien  :  «  Arrivé  au  terme  de  mon 
travail  j'offre  à  Dieu  un  sacrifice  d'action  de  grâces;  ce 
n'est  pas  l'immolation  de  victimes  humbles  ou  super- 
bes, comme  en  offraient  les  païens  à  leurs  divinités 
selon  la  coutume  des  lieux,  mais  l'offrande  d'un  cœur 
de  plus  en  plus  purifié  où  le  Seigneur  puisse  voir 
son  image.  0  Roi,  ô  Père,  ô  Créateur  de  toutes  choses; 

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462         LES  ÉLÉMENTS  DES  HEURES  CANONIALES. 

ô  Sagesse  incréée,  ô  Verbe  par  qui  tout  a  été  fait;  ô  Es- 
prit-Saint, par  qui  Dieu  répand  sur  toute  créature  sa 
'  icorde  et  son  amour,  le  bienfait  de  la  conservation, 
fectionnemeiitet  la  sanctification  des  êtres  raison- 
s;  ô  Trinité  divine  et  Unité  sainte,  conservez  en 
le  souvenir  de  vos  merveilles  et  de  vos  bontés, 
anez-nous  votre  Eternité  bienheureuse.  »  A  ces 
:  sentiments  qui  nous  conviennent  si  bien,  en  ter- 
nt  ce  travail  de  la  Divine  Psalmodie^  nous  ne 
irons  pas  de  nous  approprier  comme  épilogue 
asée  du  poète  Juvencus,  dans  le  prologue  de  son 
ire  Evangélique:  «  La  prévision  qu'un  jour  Tena- 
ment  universel  détruira  cette  œuvre,  et  que,  pro- 
iment  bien  avant  ce  dernier  des  jours,  le  monde 
■érent,  oublieux  ou  mieux  servi  n'en  voudra  plus, 
e  trouble  pas.  Car  notre  humble  travail,  nous  l'es- 
as,  servira  du  moins  à  nous  soustraire  au  feu  de 
1ère  divine  et  à  celui  de  l'enfer  lorsque,  descendant 
radieux  sur  les  nuées  qui  vomissent  la  flamme,  le 
st,  la  gloire  de  son  Père,  viendra  s'asseoir  sur  son 
B  élevé  pour  juger  les  nations.  »  Concluons  enfin 
cette  courte  prière  que  faisait  à  Dieu  saint  Augus- 
n  terminant  ses  livres  sur  la  Trinité:  «  Seigneur, 
eu  unique,  et  Dieu  Trinité,  tout  ce  que  j'ai  dit  de 
)us  dans  cet  ouvrage  et  avec  votre  secours,  que  vos 
lèles  serviteurs,  vos  enfants  daignent  l'accepter  et 
\  profiter.  Mais  ce  que  la  nature  ou  la  vanité  au- 
ient  pu  m'inspirer,  daignez,  ô  mon  Dieu,  me  le 
irdonner,  et  puissent  faire  de  même  les  pieux  lec- 
urs,  vos  amis.  Amen.  »  {De  Divinâ  Psalmodia.  Cap. 
i.  3,  Operis  clausula  etpro  eâ  gratiarum  actio.) 


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NOTA.  463 

Nota.  —  Nous  avons  connu  trop  tard,  pour  l'insérer  en  son 
lieu,  un  décret  de  la  s.  congrégation  des  Rites  du  M  août  1886, 
qui  fait,  en  faveur  des  offices  de  la  Passion,  une  exception  &  la 
3«  règle  de  l'occurrence  (t.   I,  p.  340).  Désormais  c< 
quoique  ayant  pour  objet  une  fête  secondaire,  ne  doi^ 
le  céder  à  une  fête  primaire  du  même  rite. 

Voici  la  teneur  de  ce  d^icret  à  Pévêque  de  Namur  : 

c  Officia  Dominicœ  Passionis,  tam  in  concurrentid  quan 
rentiâ  cum  quovis  festo  principali  sive  primario  ejusd 
praecedeniiam  obtinere.  • 

Atque  ita  declaravit  ac  servari  mandavit,  die  \  1  Aug 

Pro  Emo  ac  Bmo  Gard.  D.  Bartolini,  S.  H.  G 
A.  Gard.  Sefarin.. 


FIN   DE   l'explication    DU   BRÉVIAIRE. 


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APPENDICE  PREMIER. 

EXAMENS  PARTICULIERS  SUR  l'OFFIGE  DIVIN, 

Par  M.  TronsoD. 

5  Explication  de  la  Messe  est  suivie  de  plusieurs 
[ces;  l'un  d'eux  a  pour  objet:  les  fautes  qui  se  corn- 
le  plus  fréquemment  dans  la  célébration  des  saints 
s,et  \xn  autre:  le  résumé  des  cérémonies  delà  messe 
l'est  un  sujet  d'examen  utile,  même  pour  les  prê- 
plus  pieux  et  les  plus  vénérables,  rien  n'étant 
îileque  de  contracter,  avec  le  temps,  dans  lesfonc- 
acrées,  quelque  habitude  défectueuse.  Le  même 
ous  fait  ajouter  ici,  à  la  fin  de  notre  Explication  du 
e,  les  examens  particuliers  sur  roifice  divin,  par 
Qson. 

nment  il  faut  se  préparer  pour  bien  dire  Toffice  divin. 

siminons  comment  nous  nous  préparons  à  réciter 

divin. 

t  que  de  commencer,   avons-nous  excité   en  nous 

vive  de  la  présence  de  Dieu  et  de  la  souveraine 

de  celui  à  qui  nous  allons  parler  ? 
3ns-nous  de  purifier  notre  cœur  par  un  acte  de  con- 
pour  éviter  ce  terrible  reproche  que  Dieu  fait  au  pé- 
Co rament  oses-tu  annoncer  mes  louanges  avec  un 
uillé  de  crimes  ? 

ïtori  autem  dixit  Deus  :  Quare  tu  enarras  justitias 
assumis  testamentum,  etc.  {Psal,  49.) 
s-nouseuun  soin  particulier  d'écarter  de  notreesprit 
es  choses  qui  pourraient  nous  distraire,  et  surtout 
iixquelles  nous  avons  quelque  attache,  et  dont  nous 
ujet  de  croire  que  la  pensée  nous  reviendrait  dans 
;  du  saint  oiïîce  ? 

debes  facere  quod  ait  propheta  :  scopebam  spiritum 
donec  incalescat  Spiritus  tuus  ex  devota  médita- 
affectum  et  desiderium  concipiat.  {D.  Gerhard  Zut- 
le  Spir,  Ac$n9.J 


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EXAMENS  PARTICULIERS  SUR  L*OFFIGE  DIVIN.    465 

Studeant  oratione  devota  et  recollectione  animi  interna 
divinum  prœvenire  officium.  (S.  Bonav.  spec,  displ,  p.  2. 
c.  l.et  Inst.  No.  p.  i.  c.   4.) 

Nous  sommes-nous  recueillis  et  tenus  quelque  temps 
en  silence,  particulièrement  quand  il  a  fallu  le  dire  au  sor- 
tir d'une  étude  applicante,  ou  d'une  affaire  séculière,  pour 
laisser  dissiper  les  impressions  qu'elles  nous  avaient  faites, 
et  pour  nous  mettre  en  état  de  recevoir  celle  du  Saint-Esprit? 

Nous  sommes-nous  unis  à  Jésus-Christ,  qui  est  la  par- 
faite louange  de  son  Père  ?  et  avons-nous  invoqué  l'Es- 
prit de  l'Eglise,  au  nom  de  laquelle  nous  allons  rendre  à 
Dieu  cet  hommage  ? 

In  unione  or*Àtionum  ac  meritorum  Christî  Jesu  gratiam 
ad  officium  débite  persolvendum  petat,  (S.  Bonav,  Ibid,) 

Avons-nous  demandé  ce  divin  Esprit,  par  l'intercession 
de  la  très  sainte  Vierge  et  des  saints,  dont  nous  devons 
faire  l'office,  désirant  de  joindre  nos  louanges  à  celles  qu'ils 
donnent  à  Dieu  dans  le  Ciel  ? 

Avons-nous  pris  toujours  les  intentions,  soit  générales, 
soit  particulières  que  nous  devions  prendre;  ne  manquant 
jamais  d'entrer  dans  celle  de  Notre-Seigneur  et  de  toute 
l'Eglise,  et  d'en  choisir  qui  fussent  conformes  au  temps  et 
aux  besoins  où  nous  nous  trouvons? 

Pour  prévenir  les  distractions  et  leur  fermer  l'entrée  de 
notre  cœur,  nous  sommes-nous  remplis  de  quelque  sainte 
considération,  qui  pût  exciter  notre  dévotion  et  nous 
donner  de  la  ferveur  ?  et  avons-nous  choisi  autant  que  le 
bon  ordre  de  la  Communauté  le  permettait  le  temps  et  les 
lieux  où  nous  serions  le  moins  dissipés? 

Enfin,  avons-nous  eu  soin  de  prévoir  et  de  marquer 
notre  office  avant  que  de  le  commencer  ?  et  notre  négli- 
gence en  cela,  aussi  bien  qu'à  nous  instruire  des  rubriques, 
ne  nous  a-t-elie  pas  fait  tomber  dans  des  distractions  et  des 
fautes  sans  nombre  ? 

n.  Des  dispositions  avec  lesquelles  on  doit  dire  l'office  divin. 

Examinons  avec  quelles  dispositions  nous  récitons  le 
saint  office  ;  et  si  nous  le  disons  de  Ja  manière  que  l'Egfise 
le  souhaite;  Digne^  attente  ac  dévote,  [Orat,  rec.  ante  Offic) 

10  Pour  le  dire  dignement,  avons-nous  bien  fait  réflexion 


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466  APPENDIGB  PREMIER. 

que  Dieu  était  présent  et  que  c'était  comme  à  lui-même  que 
nous  parlions?  Nous  sommes- nous  regardés  comme  des  ins- 
truments qui  ont  besoin  d'être  animés  de  son  Esprit  pour 
bénir  son  saint  Nom  ?  L'avons-nous  dit  avec  tout  le  respect 
et  toute  la  vénération  que  demande  une  si  haute  majesté? 
Cum  timoré  et  humilùate.  tanquam  Deo  visibiliter  praesente, 
psaUant.  (S,  Bona.pec.  discip.  p.  1.  c.  15.) 

2**  Pour  le  dire  attentivement,  avons-nous  pris  un  grand 
soin  de  renoncer  à  toutes  sortes  de  distractions,  sous  quel- 
que beau   prétexte  qu'elles  se  soient  présentées  ? 

Munda  cor  meum  ab  omnibus  vanis  perversis  et  alienis 
cogitationibus,   [Ibid.) 

Avons-nous  même  rejeté  les  bonnes  pensées  qui  étaient 
hors  de  temps  et  qui  ne  convenaient  pasà  Toffice,  aussi  bien 
que  les  mauvaises, et  les  indifférentes? 

Avons-nous  tâch*^,  suivant  le  conseil  des  saints,  d'exciter 
en  nous  les  divers  sentiments  qui  sont  exprimés  dans 
les  psaumes  ou  de  nous  occuper  de  quelque  perfection 
de  Dieu,  de  quelque  mystère  de  Notre-Seigneur,  de  quel- 
que vertu  du  saint  dont  nous  faisons  rofïice  ou  de  quel- 
que autre  sujet  de  piété  selon  le  temps  et  selon  nos  besoins; 
ou  bien  de  nous  tenir  unis  simplement  à  Notre-Sei- 
gneur et  à  tous  les  devoirs  qu'il  rend  à  Dieu  son  Père? 

Si  orat  psalmuSf  orate  ;  si  gémit,  gemite  ;  si  gralulatur^ 
gaudete  ;  si  timet,  timete.  (S.  Aug,  in  Ps.  30.) 

Pour  le  dire  dévotement,  l'avons-nous  dit  avec  amour, 
ayant  le  cœur  tout  pénétré  des  avantages,  de  l'excellence 
et  des  beautés  du  saint  office  ?  Avec  ferveur,  nous  aban- 
donnant aux  bons  mouvements,  aux  saintes  affections  et  à 
ces  heureux  transports  que  le  Saint-Esprit  opère  ordinaire- 
ment dans  les  âmes  ferventes  ?  Avec  joie,  nous  f  âsant 
un  singulier  plaisir  de  ce  saint  emploi  et  ne  reconnais- 
sant pas  de  plus  grand  bonheur  que  d'être  d'^s  hosties 
de  louanges,  consumées  à  la  gloire  de  Dieu? 

IV.  De  Texlérieur  qu'il  faut  garder  en  disant  l'office  divin. 

Examinons  si,  en  récitant  le  saint  office  nous  gardons 
extérieurement  les  règles  que  les  saints  nous  donnent  pour 
le  bien  dire. 


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,  EXAMENS  PÂBTIGULIËHS  SUR  L'OP'FIGE  DIVIN.     467 

DistinclCy  intègre^  continue, rêver  enter  ^  ordinale.  {S.  Bo- 
nav,  spec,  discipL  p.  1,  c.  16.) 

1*^  Le  disons-DOus  distinctement ,  gardant  les  pauses  ordi- 
naires, au  milieu  et  à  la  fin  de  chaque  verset,  n'anticipant 
point  les  uns  sur  les  autres,  quand  nous  le  disons  en  com^ 
munauté,  articulant  bien  tous  les  mots  sans  qu'une  pronon- 
ciation trop  négligée  ou  trop  précipitée  nous  en  fasse  re- 
trancher la  moindre  syllabe  ? 

Ve7bo7^m  prolatione  non  prœcipiti,  vel  inarticulatâ,  sed 
intégra  ac  certis  quibusdam  cœsuris  et  intervallis  distmctâ» 
{Synod.  Tur.  Ann.  1583.) 

Non  in  gutture  vel  inter  dentés,  seu  deglutiendo  et  syn- 
copando  dictiones  vel  verba.  {Conc.  Basileens.  sess.  22. 
c.  qtmliter,) 

2"  Le  disons-nous  entièrement,  faisant  scrupule  d'en 
omettre  la  moindre  partie  et  prenant  bien  garde  qu'il  ne 
nous  en  échappe  quoi  que  ce  soit  pour  le  vouloir  dire  par 
cœur,  pour  nous  trop  fier  à  notre  mémoire  ou  pour  ne  vou- 
loir pas  prendre  la  peine  de  lire  dans  notre  bréviaire? 
Intègre  y  ut  de  dicendis  nihil  omtttant.  (S.  Bonav  specul, 
diseip.p.  i  ;  c.  16.) 

3®  Lediaons-nous  sans  interruption,  et  n'est-ce  point 
pour  n'aimer  pas  assez  ce  saint  exercice,  ou  pour  avoir  trop 
de  légèreté,  que  nous  l'interrompons  à  la  première  occasion 
qui  se  présente,  et  sous  le  moindre  prétexte  ? 

Interruptiones  in  eo  non  fiante  nisi  urgente  necessitate. 
(Ibid.  ) 

4*  Le  disons-nous  avec  ordre  :  quant  à  la  substance,  ne 
disant  point  un  office  pour  un  autre  :  quant  à  la  manière^ 
observant  toutes  les  rubriques  :  quant  au  temps,  le  disant 
aux  heures  marquées,  sans  nous  donner  la  liberté  de  l'a- 
vancer ou  de  le  retarder  selon  qu'il  nous  plait  ? 

Ordinatein  substantiâ,  tempore  et  modo.  {S.  Bonav,  specuL 
ibid.) 

h^  Le  disons-nous  religieusement,  c'est-à-dire  avec  toute 
la  modestie  et  toute  la  révérence  que  demande  une  si  sainte 
action  ? 

Avec  modestie,  nous  tenant  dans  une  posture  décente 
sans  nous  courber  sur  un  banc  ou  nous  renverser  sur  un 
giège  ;    sans   étendre  ni   croiser  les    jambes  ;  sans  ap- 


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468  APPENDICE  DEUXIÈME. 

puyer  la  tête  ni  la  tourner  légèrement  de  côté  et  d'aatre  ; 
sans  saluer  ni  regarder  ceux  qui  passent  devant  nous  ? 

In  officio  curanda  magnopere  reverentia  et  honestas,  cum 
ubique  sit  eadem  cui  tune  loquimur  et  adstamtis  Deitas  et 
maj estas,  (ibid.) 

Avec  révérence,  nous  tenant  inclinés,  à  genoux,  d^out 
ou  assis,  couverts  ou  découverts,  selon  qu'il  nous  est  mar- 
qué dans  nos  cérémonies? 

Enfin,  ne  nous  dispensons-nous  point  trop  aisément 
de  ces  règles,  lorsque  nous  disons  notre  office  en  particu- 
lier ;  et  n'avons-nous  pas  cru  que,  n'étant  observés  de 
personne,  nous  pouvions  nous  donner  plus  de  liberté 
jusqu'à  le  dire  quelquefois  dans  le  lit,  sous  prétexte  de  la 
moindre  incommodité  ?  » 


APPENDICE  DEUXIÈME. 

DU    CHANT    ECCLÉSIASTIQUE. 

Nous  donnons  ici,  pour  nous  conformer  à  l'usage  géné- 
ralement admis  par  les  liturgistes,  un  chapitre  sur  le  chant 
ecclésiastique.  Le  cardinal  Bona,  en  effet,  de  Garpo  et 
autres,  ont  traité  ce  sujet  à  l'occasion  de  Tof  Jce  divin, 
qui  fournit  au  chant  sa  plus  abondante  matière.  Pour  être 
complet,  sans  entrer  néanmoins  dans  tous  les  détails, 
nous  parlerons  successivement  du  plain-chant,  et,  à  cause 
de  son  accompagnement,  de  l'orgue  et  de  la  musique  sa- 
crée. 

CHAPITRE  I. 

DU   PLAIN-GHANT. 

Nous  en  dirons  d'abord  l'origine,  la  beauté  et  l'utilité 
pour  les  fidèles; puis  la  nécessité  de  sa  connaissance  et  de 
son  étude  pour  le  clergé. 


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DU  CHANT  ECCLÉSIASTIQUE. 
Art.  I.  —  Origine,  beauté  et  utilité  du  plain-chanl 

Le  plain-chant  est  le  chant  officiel  de  TÉglise.  So 
gine  est  des  plus  antiques  et  des  plus  vénérables,  pui 
d'après  S.  Augustin,  elle  remonte  à  Jésus-Christ  lui-i 
et  aux  apôtres.  S.  Paul,  en  effet,  en  parle  déjà  dai 
Épîtres.  {Fphes.  v,  19.  —  Coloss,  m,  16.)  Ilest  prc 
que  ces  premiers  chants  furent  une  imitation  des 
dies  judaïques  appliquées  au  culte  nouveau.  Quoi 
en  soit,  ils  étaient  d'une  grande  simplicité  :  c'était  ] 
une  psalmodiequ'un  chant  proprement  dit,  etcen'ej 
plHS  tard,  quand  l'Église  put  enfin  jouir  d'une  liber 
quise  par  trois  siècles  de  persécutions,  que  le  chant  se  1 
forma  peu  à  peu  et  revêtit  des  formes  plus  riches  e 
variées. 

Les  évéques  et  les  souverains  pontifes  eux-mêm 
craignirent  pas  d'y  donner  tous  leurs  soins.  S.  Amh 
pour  n'en  citer  qu'un  exemple,  régla  lui-même  la  to 
et  le  mode  d'exécution  des  psaumes  et  des  hymnes  qu 
chantait  dans  sa  cathédrale  ;  il  en  composa  mémi 
sieurs.  De  nombreux  évêques  suivirent  son  exemple^ 
c'est  surtout  au  pape  S.  Grégoire  le  Grand  que  revi 
gloire  d'avoir  donné  au  plain-chant  sa  constitution  c 
tive.  Aussi  son  nom  fut-il  à  jamais  attaché  à  cette  i 
qui  devait  se  perpétuer  dans  l'Eglise,  et  le  plain- 
fut  nommé  le  chant  Grégorien.  Le  diacre  Jean,  histor 
grand  Pape,  nous  dit  qu'on  montrait  encore  d 
temps  le  siège  d'où  il  dorinait  1  ui-môme  des  leçons  de  ( 
le  livre  dans  lequel  ses  élèves  chantaient  et  la  férul( 
il  se  servait  pour  les  corriger  et  les  reprendre.  S.  Gr 
fut  donc  l'auteur  du  chant  grégorien,  perfection: 
Adrien  II  *  et  Gharlemagne,  simplifié  dans  son  étu< 

\ .  Adrien  II,  pape  de  867  à  872,  aurait,  d'après  un 
manuscrit  du  Liber  pontificalis,  complété  en  plusieurs  e 
PAntiphonaire  romain,  et  remis  en  vigueur  le  chant  des 
et  des  séquences  à  la  messe  solennelle.  Les  tropes,  doc 
avons  parlé  dans  notre  second  volume  de  la  Messe,  p.  209  e 
seraient  donc  antérieurs  au  xi°  siècle  et  plus  anciens  qi 
disent  communément  les  auteurs. 

T.  u.  21 


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470  APPENDICE  DBOXItMB* 

Guy  d'Arezzo  S  et  qui  a  traversé  les  siècles  avec  sa 
phrase  vénérable,  sa  majesté,  son  onction,  son  caractère 
exclusivement  religieux  «.  L'œuvre  de  saint  Grégoire  le 
Grand  faillit  périr  àjamaisaux  xiv^'et  xv^  siècles,  sousles in- 
flf^xions  bizarres  et  capricieuses  du  D^cAan^  qui  absorbait  et 
faisait  disparaître  le  motet  Grégorien^  mais  une  réprobation 
solennelle  de  ces  nouveautés  sauva  l'œuvre  en  péril.  Noos 
avons  reproduit  dans  la  notice  de  Jean  XXII,  la  Bulle  Docta 


1.  Gujr  d'Arezzo,  abbé  bénédictin  de  S.  Pierre  d'ATillane, 
au  commencement  duxi*  siècle,  est  connu  de  tous  par  son  nou- 
veau système  de  notation  musicale,  qui  simplifia  l'étude  du 
chant  et  servit  au  perfectionnement  de  la  musique  sacrée.  On 
sait  qu'il  désigna  les  différents  sons  de  la  gamme,  non  plus  par 
des  lettres,  mais  par  des  syllabes  invariables,  empruntées  à  la 
première  strophe  de  Phymne  de  S.  Jean  :  Ut^  ré,  mt,  /"a,  sol^ 
la.  «  Cette  méthode  si  simple,  dit  D.  Guéranger,  réduisant  en 
pur  mécanisme  la  pratique  de  la  gamme,  simplifia  prodigieu- 
sement Tétude  du  chant,  en  sorte  qu'on  put  l'apprendre  aux  en- 
fants avec  autant  de  facilité  qu'on  leur  enseigne  à  épeler  et  à 
lire  l'écriture.  »  L'illustre  moine  arrangea  lui-même  tout  unAn- 
tiphonaire  d'après  sa  nouvelle  méthode.  Nous  avons  encore  de 
lui  un  traité  de  la  musique  intitulé  Micrologue^  et  un  opuscule 
De  mensurà  Monockordi. 

2.  En  souvenir  du  service  important  qu'avait  ainsi  rendu  S. 
Grégoire,  on  chantait  encore  solennellement  au  moyen  âge, 
dans  certaines  églises,  avant  Vlntroit  de  la  messe  du  premier 
dimanche  de  PAvent  ou  de  l'année  ecclésiastique,  les  vers  sui- 
vants attribués  au  pape  Adrien  II. 

Gregorios  praBSul,  meritis  et  nomine  dignus, 
Unde  genus  dacit,  summum  conscendit  honorem  : 
Quem  vit»  splendore  soae  mentisque  sagaci 
Ingenio  potius  compsit,  quam  comptas  ab  illo  est. 
Ipse  Patrum  monimenta  sequeas,  renovavit  et  auxit 
Garmina,  in  officiis  retinet  qu»  circulas  anni, 
Quœ  clerus  dalci  Domino  modalamine  solvat, 
Mystica  dam  vit»  supplex  libamina  tractât  : 
Suaviter  hsec  proprius  servat  dalcedo  nitellas  ; 
Si  qaod  voce  soaat,  fido  mens  pectore  gestet. 
Nec  damor  tantam  Domini  sublimis  ad  aores, 
Ouantam  voce  humilis  placido  de  corde  propinqoat. 
HsBC  juvenam  sectitur  amor,  maturior  svo, 
Laadibus  his  instans»  œternas  tendat  ad  auras. 
{Àntiphan.  S.  Grég.  ex  manuscripto,  ix*,  x*,  xi«  sœcuL) 


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BU  CHANT  ECCLÉSIASTIQUE.  Âli 

Sanctorum  du  Pontifd  à  ce  sujet  (T.  II  de  la  Messe,  p.272, 
note  1.)  Elle  proclame  la  beauté  du  chant  grégorien  et  con- 
damne l'abus  du  déchant,  mais  sans  proscrire  pour  cela  une 
musique  sainte  et  mélodieuse  qui,  s'inspirant  du  rythme  an- 
cien, ne  pourrait  qu'élever  l'âme  à  Dieu. 

Le  chant  grégorien  est  donc  devenu  la  règle  et  le  mode 
de  toutes  les  Églises,  et,  de  nos  jours  encore,  malgré  les  al- 
térations qu'il  a  subies,  il  est  demeuré  la  base  de  tout  le 
chant  ecclésiastique. 

La  sollicitude  des  premiers  Pasteurs  pour  le  plain-chant 
ne  doit  pas  nous  étonner,  si  nous  considérons  son  impor- 
tance au  point  de  vue  des  effets  qu'il  est  appelé  à  produire 
sur  les  fidèles.  Tandis  que  la  musique  profane  a  pour  but 
de  flatter  les  sens,  le  but  du  plain-chant  est  de  charmer 
notre  âme.  Il  s'adresse  directement  à  elle,  il  Télève  et  l'u- 
nit à  Dieu.  Il  est  comme  la  traduction  de  ses  pensées  inti- 
mes, lorsqu'elle  se  trouve  au  pied  des  autels.  C'est  la  voix 
de  la  prière,  et  ses  mélodies  ne  font  que  donner  plus  de  relief 
au  texte  liturgique.  Tour  à  tour  ses  accents  sont  tristes  ou 
j ,  v^iix,  doux  ou  terribles,  selon  qu'ils  doivent  inviter  à  la 
lia.;»*  ^e  ou  .\l?»  joie,  à  l'espérance  ou  à  la  crainte.  Qui  a  pu, 
..^6  é  II  »  ion,  ptéter  roreilie  à  la  majesté  redoutable  des 
t  .a.itssuhlimesde  l'Église  en  un  jour  de  funérailles  ?  Quel 
^  ^^l  celui  dont  le  cœur  n'a  pas  tressailli,  alors  que  sous  les 
^  >ûtes  sacrées  éclate  comme  un  coup  de  tonnerre  la  som- 
bre mélodie  du  Dies  irœ  ?  Ne  voit-on   pas  alors  se   dé- 
rouler réellement  devant  soi  la  grande  scène  du  jugement  ? 
Ne  croit-on  pas  entendre  le  son  de  la  terrible  trompette  re- 
tentir à  travers  les  tombeaux  ?  La  musique  moderne  n'a 
rien  produit  de  plus  saisissant.  Mozart  avec  tout  son  génie, 
Chérubini  avec  toute  sa  science,  n'ont  pu  surpasser  l'anti- 
que mélodie  que  nous  a  léguée  le  moyen-âge.  «  Je  ne  sache 
pas,  dit  Gounod,  une  œuvre  sortie  du  cerveau  d'un  grand 
maître,  qui  puisse  affronter  le  parallèle  avec  la  majesté  re- 
doutable]de  ces  chants  sublimes  que  nous  entendons  chaque 
jour  dans  nos  temples,  dans  les  cérémonies  funèbres,  le 
Dies  irx  et  le  De  profundis.  Rien  n'atteint  à  cette  hauteur 
ni  à  cette  puissance  d'expression  et  d'impression.  » 

Que  dire  du  répons  Libéra  me,  qui  termine  l'office*?  On 
trouve  dansée  morceau  unegrandeur>  une  véhémence^qui 

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rJtâ 


472  APPENDICE  DEUXIÈME- 

fait  songer  au  jugement  dernier  de  Michel-Ange.  «Délivrez- 
moi,  Seigneur,  de  la  mort  éternelle,  en  ce  jour  terrible  où 
vous  briserez  cieux  et  terre,  quand  vous  viendrez  punir  le 
monde  par  le  feu.»  D'abord  plaintiveet  suppliante, la  mélo- 
quitte  bientôt  le  ton  de  la  prière  pour  suivre  le  texte, et 
idre  en  traits  rapides   l'effrayant    cataclysme  du  der- 
jour.  Alors  une  voix  seule  gémit  tristement  :  «  Me 
Si  tremblant  et  rempli  de  crainte  en  l'attente  du  Juge- 
it  et  de  la  colère  à  venir.  »  Le  chœur  répond,  expliquant 
B  colère,  «  Quand  vous  briserez  les  cieux  et  la  terre  ». 
'effroi  va  grandissant,  quand  des  voix  nouvelles  rap- 
înt  la  terrible  phrase  du  Dies  irœ  :  «  Ce  jour-là  sera 
jour  de  colère,  de  malheur,  et  de  misère,  jour  toutrem- 
i'amertume  ».  La  frayeur  est  à  son  comble.  Alors,  par 
contraste  touchant,  une  voix  d'enfant  demande  grâce  : 
i  ne  pourra  résister  à  cette  prière  de  l'innocence  ;  il  ac- 
lera  «  le  repos  éternel  aux  âmes  des  défunts,  et  pour 
luira  la  lumière  éternelle.  »  Chacun  des  sentiments  si 
es  de  ce  drame  est  rendu  avec  une  vérité  saisissante 
la  mélodie  grégorienne. 

a  musique  moderne  s'est  servie  des  mêmes  paroles; 
deurs  maîtres  ont  produit  de  belles  pages,  aucun  n'a 
igaler  l'effet  du  plain-chant  dans  sa  terrible  et  grandiose 
vision.  ^ 

arlerons-nous  du  Kyrie  pour  le  temps  du  Cai   ne?  ""ette 
ible  prière  a  dû  être  composée  sous  le  cilice  t*  i  «  -  "1 
un  de  ces  chrétiens  fervents,  dont  les  péniU  n.: 
blent  fabuleuses,  tant  elles  sont  héroïques.  «  -^ 
z  pitié  de  nous!  »  Le  front  dans  la  poussière,  le  i      !•    . 
à  peine  lever  vers  Dieu  un  regard  suppliant,  i'     '.    * 
l'extrême  limite  grave  du  ton,  la  mélodie  s'élt    • 
Iques  degrés  seulement;  image  sensible  de  l'humili  • 
lu  repentir.  Avec  le  Christe  eleison,  elle  devient  \  :   - 
ssante.  C'est  au  fils  de  Dieu,  mort  sur  la  croix  pc  . 
leter  l'humanité  coupable  que  s'adresse  cette  invocatio;. 
pécheur,  à  cette  pensée,  reprend  espoir,  et  sa  voix  s'at 
ait,  en  offrant  sa  prière  au  divin  Rédempteur.  La  mé- 
e,  reprenant  le  deuxième  membre  du  Kyrie  y  le  reproduit 
de^^éplus  haut,  puis,  avec  une  douceur  infinie,  la  phrase 
3scend  peu  à  peu  jusqu'à  la  note  finale.  Dans  le  dernier 


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T^^^"^,. 


DU  CBANT  ECCLÉSIASTIQUE.  473 

Kyrie,  partant  de  la  dominante,  la  voix  s'élance  jusqu'aux 
notes  aiguës  du  mode,  développant  toujours  le  même  mo- 
tif, et  le  représente  sous  une  forme  nouvelle  et  plus  riche 
encore.  Elle  est  forte,  elle  est  éclatante,  c'est  le  cri  de  la 
contrition  parfaite  qui  doit  monter  jusqu'au  trône  de  Dieu 
et  obtenir  le  pardon,  fût-ce  même  par  la  violence. 

Est-il  besoin  de  signaler  les  beautés  de  ces  chants,  rem- 
plis d'une  si  poignante  tristesse,  où  TEglise  pleure  les  souf- 
frances et  la  mort  de  son  Christ?  L'âme  peut-elle  rester 
insensible  aux  douloureux  accents  des  Lamentations  ou  du 
«  Christus  factus  est  »  du  jeudi-saint  ?  Peut-elle,  sans 
émotion,  entendre  les  reproches  pleins  de  douceur  et  de 
mélancolie  du  Sauveur  à  son  peuple  ingrat  :  Popule  meus, 
quid  feci  tibi?...  Ego  eduxi  te  de  JEgypto,  demerso  Pha- 
raone  in  mare  Rubrum,  et  tu  me  tradidisti  principious  Sa^ 
cei'dotum.,.  Ego  ante  teaperuimare,  et  tu,  aperuisti  lanceâ 
latus  meum;  etc.. 

Mais  l'Eglise  n'est  pas  moins  touchanle  dans  ses  hymnes 
de  triomphe,  que  dans  ses  chants  de  deuil.  Enteodez-vous 
les  accents  joyeux  avec  lesquels  elle  nous  appelle,  dans 
VAdesCe  Fidèles^  à  la  crèche  de  Bethléem?  Ecoutez  le  Gloria 
laus  du  jour  des  Rameaux,  ou  enco  e  la  prose  Lauda  Sion 
du  jour  de  la  Fêle  Dieu,  et  dtes  si  la  musique  profane 
a  jamais  t'ruvé  des  accents  plus  suaves  et  plus  vrais!  Qu'on 
nous  permette  d'analyser-,  comme  exemple  de  styie  joyeux, 
l'Introït  de  Noël  :  «  Puer  nalus  est  noois!  »  On  dirait  un 
héraut  d'acines,  annonçant  avec  éclat  au  monde  entier  la 
naissance  du  Roi  si  longtemps  désiré,  si  impatiemment 
attendu.  Mais  ce  Roi,  ce  Dieu  feit  homme,  il  devient  notre 
frère  :  et  filius  dctus  est  noôls;  la  \oix,  plus  tendre,  repre- 
nant le  même  motif,  Tadoucit  et  termine  cette  première 
période  dans  une  contemp'alion  d'amour  devant  le  divin 
Jésus.  Mais,  de  nouveau,  la  méJodie  s'élève  plus  brillante, 
elle  atteiat  les  cordes  les  plus  hautes  du  mode,,  car  ce  Nou- 
veau-oé  po-"te  le  signe  de  la  toute-puissance  ;  cet  eafant 
est  le  Fils  de  Dieu,  son  nom  est  l'Ange  du  grand  ConseiL 
«  Chantez  donc  au  Seigneur  un  cantique  nouveau,»  nous 
dit  l'Eglise,  et  tout  le  peuple,  enthousiasmé  des  merveilles 
que  Dieu  a  faites,  reprend  l'admirable  antienne  :  Puer 
natus  est  nobis  ' 


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474  APPENDICE  DEUXIÈME. 

Nous  pourrions  encore,  comme  exemple  de  style  joyeux, 
analyser  le  Regina  cceli,  qui  célèbre  la  gloire  de  Marie, 
Reine  du  ciel,  au  jour  de  la  résurrection  de  Jésus-Christ, 
son  Fils.  Qui  n'a  remarqué  dans  cette  antienne,  Téclatante 
beauté  du  Besurrexit  sicut  dixit^  et  la  douceur  infinie  du 
verset  Ora  pro  nobis  Deum,  Combien  ces  simples  phrases 
de  plain-chant  laissent  loin  derrière  elles  tous  ces  fie- 
gina  cœli  modernes  en  style  et  en  mouvement  qui  rap- 
pellent parfois  un  peu  trop  la  danse,  selon  la  remarque  du 
Père  Lambi  Hotte. 

Ricbe  et  fécond  pour  exprimer  tour  à  tour  la  tristesse  et 
la  joie,  le  deuil  et  le  triomphe,  le  plain-chant  nous  offre 
quelquefois,  dans  un  même  morceau,  ces  sentiments,  par 
un  contraste  qui  étonne,  émeut  et  ravit  toute  âme  sen- 
sible. Ainsi,  dans  le  Te  Deum,  nous  voyons  les  premiers 
versets  prendre  une  fierté  d'allure,  un  coup  d'aile,  qui 
frappe  les  moins  attentifs,  et  qu'on  ne  saurait  méconnaître; 
mais  bientôt,  l'enthousiasme  et  la  force  font  place  à  la 
douceur  et  à  la  prière.  Les  versets  :  Te  ergo  quassumus; 
jEtema  fac;  Salvum  faCy  et  surtout  :  In  te.  Domine,  spe- 
ravi,  forment  le  plus  grand  contraste  avec  les  autres  parties 
de  ce  chant  triomphal. 

Ce  double  caractère  n'est  pas  moins  sensible  dans  le 
splendide  graduel  du  jeudi-saint  :  Christm  factus  est.  Les 
sentiments  à  y  traduire  étaient  de  deux  sortes  :  d'abord, 
la  tristesse  et  les  abaissements  du  Christ,  se  faisant  victime 
obéissante,  et  mourant  sur  une  croix  infâme,  pour  racheter 
rhomme  coupable  ;  ensuite,  la  gloire  de  ce  môme  Christ, 
qui,  tout  abaissé  qu'il  paraît,  n'en  est  pas  moins  le  grand 
Dieu  de  l'univers. 

M.  l'abbé  J.  Bonhomme  a  fait  de  ce  morceau  une  analyse 
que  nous  sommes  heureux  de  citer  ici  :  «  La  voix,  dit-il, 
se  tient  dans  les  cordes  peu  élevées  du  6®  mode;  elle  re- 
monte avec  un  effort  sensible  sur  ces  paroles,  usqtie  ad 
mortem,  jusqu'à  la  mort  !  Mais  quelle  mort  !  ajoute  l'apôtre  : 
la  mort  de  la  croix.  La  mélodie  a  quelque  chose  d'âpre  et 
d'amer  :  elle  s'abat  brusquement  sur  le  mot  crucis,  d'une 
tierce  au-dessous  de  la  tonique,  et  puis  un  neume  ou  voca- 
lise, prolongé  sur  des  notes  pleines  de  tristesse  et  de  dpu- 


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DU  CHANT  ECCLÉSIASTIQUE.  475 

ceuPy  semble  Técho  d'une  plainte  qui  sort  de  toutes  Ips 
poitrines  des  chrétiens  attristés. 

«  Voilà  un  premier  tableau.  Mais  tout  va  changer.  Ce 
Christ  qui  est  mort,  ce  Christ  qui  a  voulu  expier  sur  la 
croix,  c'est  le  Fils  de  Dieu;  et  voilà  pourquoi  Dieu  l'a  élevé 
jusqu'à  Lut\  et  Lui  a  donné  un  nom  au-dessus  de  tout  nom. 
Tel  est  le  verset  chanté  en  solo.  Le  ton  n'est  plus  le  même  : 
au  lieu  du  6*^  mode  qui  descend,  et  n'a  pas  le  droit  de 
monter,  voici  le  5®  mode,  le  joyeux,  le  glorieux,  dont  la 
gamme  étendue  se  prête  à  la  traduction  de  la  nouvelle 
idée.  La  voix  s'élève  d'abord  à  la  quinte,  s'y  soutient,  et 
puis,  dans  une  vocalise  prolongée,  s'élance  à  l'octave,  qu'elle 
dépasse  même  d'un  degré,  comme  si  l'échelle  ordinaire  du 
mode  était  insuffisante  à  rendre  l'élévation  du  Christ.  Elle 
ne  redescendra  que  pour  faire  entendre,  dans  un  neume 
harmonieux,  repris  par  tout  le  chœur,  un  dernier  écho  de 
tant  de  souffrance  et  de  tant  de  gloire!  »  (Principes  d*une 
véritable  restauration  du  chant  Grégorien.) 

Comment  se  fait-il  donc  qu'un  chant  si  beau  produise 
ordinairement  si  peu  d'effet?  C'est  qu'on  l'exécute  mal.  On 
oublie  que  le  plain-chant  est  une  roélo'lie  d'un  rythme 
particulier,  mais  d'une  grâce  et  d'une  légèreté  tout  à  fait 
remarquables.  Les  chantres  d'églises  exécutent  trop  sou- 
vent le  plain-chant  par  routine  et  sans  intelligence. 
On  les  enlend  quelquefois  forcer  tellement  leurs  voix, 
«  que  les  sons  qu'ils  produisent,  dit  M.  Branchereau,  res- 
semblent plutôt  à  un  mugissement  qu'à  un  chant.  »Ils 
saccadent  et  martellent  les  morceaux,  sans  plus  obser- 
ver le  repos  et  la  valeur  des  notes  que  le  sens  mélodique. 
Tantôt  leur  exécution  est  lente,  traînante,  et  propre 
à  ennuyer  les  fidèles.  Tantôt,  au  contraire,  elle  est  d'une 
précipitation  scandaleuse  :  on  les  dirait  pressés  de  finir  ou 
inspirés  plutôt  par  une  préoccupation  de  vanité  mondaine 
que  par  une  pensée  de  foi  et  le  désir  de  la  louange  divine. 

Citons  ici  les  sages  conseils  que  donnait  à  ses  religieux 
saint  Bernard  :  «  Ne  traînons  pas  trop  la  psalmodie,  leur 
disait-il,  mais  chantons  rondement  et  d'une  voix  animée. 
Commençons  et  finissons  tous  ensemble  la  !'•  et  la  2«  partie 
de  chaque  verset.  Que  personne  ne  traîne  après  les  autres, 
en  insistant  sur  la  dernière  qrllabe.  Faisons,  à  la  médiante. 


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APPENDICE  DEUXIÈME. 

ause  bien  marquée.  Que  nul  ne  se  permette,  ni  de 
iger  le  son  de  sa  voix  après  le  chœur,  ni  d'appuyer 
îs  finales.  Ayez  toujours  l'oreille  attentive,  afin  de 
lencer  et  de  finir  tous  ensemble.  Ne  craignez  pas  de 
U"  votre  voix;  prenez  garde  de  ne  prononcer  que  la 
ï  des  mots,  ou  de  passer  des  mots  entiers.  Ne  chantez 
'une  manière  molle,  négligée,  efféminée,  mais  pro- 
z  d'un  ton  mâle  et  avec  affection  les*  paroles   du 
Esprit.  »(Apud  Gard.  Bona:  De  Div,  Psalm.  xvii. 
le  voit,  ce  sont  précisément  les  abus  que  saint  Ber- 
recommandait  d'éviter,  qui  rendent  souvent  notre 
chant  actuel  monotone,  sans  charme,  et  si  peu  expres- 
ul  doute  que  l'observation  des  avis  du  saint  religieux 
ait  seule  lui  rendre  son  ancienne  beauté  et  son  véri- 
caractère.  Peut-être  aussi,  pourrait-on  chercher  l'une 
luses  de  la  décadence  du  plain-chant  dans  l'abandon 
ncienne  pratique  du  chant  en  commun.  Qu'on  nous 
îtte,  puisque  l'occasion  s'en  présente,  de  dire  ici  un 
îur  cette  question.  Les  écrits  des  saints  Pères  nous 
mnent  qu'à  l'origine,  les  fidèles  célébraient  en  commun 
uanges  du  Très-Haut  ;  leurs  pieux  concerts  le  remer- 
it  de  ses  grâces,  et  faisaient  monter  vers  lui  les  accents 
reconnaissance.  Cet  usage  était  si  répandu  du  temps 
int  Jérôme,  qu'au  témoignage  de  ce  Père,  les  fidèles 
ent  par  cœur  les  psaumes  et  les  hymnes  de  l'Eglise,  et 
5  connaissaient  pas  d'autre  poésie.  «  En  quelque  lieu 
ous  dirigiez  vos  pas,  dit-il  dans  une  lettre  à  sainte  Mar- 
ie laboureur  chante  de  joyeux  Alléluia,  le  moisson- 
,  baigné   de   sueur,    s'encourage   par  le   chant   des 
mes,  et  le  vigneron,  taillant  sa  vigne,  fait  retentir  les 
ies  accents  du  royal  Psalmiste.  »  Saint  Basile  nous 
3nd  qu'à  certains  jours  le  lieu  saint  retentissait  des 
ts  de  tout  le  peuple.  Saint  Isidore  de  Damiette  nomme 
)sitivement  les  femmes  (L.  I,  c.  90),  et  saint  Grégoire 
azianze  dit  à  sa  mère  de  n'ouvrir  la  bouche,  dans  le 
ie  sacré,  que  pour  la  sainte  louange.  (L.  II,  c.  76.) 
t  Fortunat,  évoque  de  Poitiers,  au  vi®  siècle,  affirme 
out  le  monde  chantait  les  psaumes  en  commun  d'après 
re  de  l'évoque  : 


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DU  CHANT  ECCLÉSIASTIQUE.  477 

«  Pontiflcis  monitis,  clerus,  plebs  psallit  et  infans  *.  » 
La  raison  et  rutilité  du  chant  collectif  est  facile  à  saisir. 
Le  chant,  en  effet,  est^corome  l'expression  la  plus  sublime 
de  la  prière;  c'est  le  cri  de  Tâme  qui  ne  peut  plus  renfer- 
mer sa  reconnaissance,  et  l'on  comprend  que  Dieu  soit 
particulièrement  sensible  à  ce  témoignage  de  gratitude, 
surtout  lorsqu'il  lui  est  rendu  par  tout  un  peuple,  assemblé 
pour  le  remercier  solennellement  de  ses  bienfaits.  C'était 
d'ailleurs  de  cette  façon  que,  dans  l'ancienne  Loi,  les  Hé- 
breux célébraient  les  louanges  du  Seigneur,  quand,  par 
quelque  miracle  éclatant,  il  les  avait  une  fois  de  plus  tirés 
des  mains  de  leurs  ennemis.  Témoins  le  cantique  de  Moïse, 
après  le  passage  de  la  mer  Rouge,  celui  de  Débora,  etc.. 
Et  cependant,  aujourd'hui  que  les  grâces  ne  sont  ni  moins 
nombreuses  ni  moins  signalées  qu'autrefois,  lorsque  arrive 
une  de  ces  grandes  solennités  où  l'église  célèbre  un  des 
bienfaits  insignes  de  Dieu,  non-seulement  la  plupart  des 
chrétiens  oublient  leurs  obligations,  mais  le  petit  nombre 
de  ceux  qui  restent  fidèles,  sont  là  muets  et  comme  in- 
différents à  la  louange  divine. 

Que  de  vives  et  salutaires  émotions  pour  Tâme,  si  le 
peuple  entier  faisait  retentir  les  voûtes  du  sanctuaire  des 
graves  et  mélodieux  accents  du  chant  sacré!  Quel  précieux 
moyen  d'attirer  les  bénédictions  de  Dieu,  et  d'entretenir 
la  foi  dans  les  cœurs!  Aussi,  de  nos  jours,  plusieurs 
évéques  ont  écrit,  sur  ce  point,  des  lettres  aussi  belles  que 
pressantes  pour  raviver  dans  nos  fêtes  l'élan  populaire  des 
anciens  jours.  Il  nous  suffira  de  rappeler  ici  les  paroles 
de  Son  Eminence  Monseigneur  l'archevêque  de  Reims: 
«  Nous  ne  saurions  trop  louer  ni  trop  encourager  les  es- 
sais qui  ont  été  faits  dans  cette  voie,  et  qui  ont  trouvé 
leur  première  récompense  dans  le  succès  qu'ils  ont  obtenu. 
Il  est  de  toute  évidence,  en  effet,  que  la  désertion  de 
l'église,  qui  nous  attriste  en  tant  d'endroits,  est  due,  en 
partie,  au  peu  d'intérêt  que  présentent  les  offices,  et  au 
peu  de  part  que  les  fidèles  sont  appelés  à  y  prendre.  Il 
n'est  pas  moins  évident  qu'un  des  moyens  les  plus  puissants 
et  les  plus  à  notre  portée  pour  attirer  les  populations  dans 


i.  Vie  de  S.  Germain  de  Paris. 

I.  n.  27. 


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478  APPENDICE  DEUXIÈME. 

les  églises  et  pour  les  y  retenir,  c'est  de  les  intéresser  en 
les  initiant  aux  choses  qui  s'y  font,  et  particulièrement  au 
chant  des  louanges  de  Dieu.  Certainement,  la  diffusion  de 
ce  chant  redeviendrait,  dans  le  présent  et  dans  l'avenir,  un 
excellent  moyen  de  conserver  les  pratiques  chrétiennes  au 
sein  de  nos  populations.  »  {Lettre  circulaire  sur  la  parti- 
cipation du  peuple  au  chant  de  V église,,,  28  octobre  1884.) 

Art.  IL  —  Nécessité  de  la  connaissance  et  de  l'étude  du 
plain-chant  pour  le  clergé. 

Il  est  évident,  d'après  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut 
sur  l'utilité  du  plain-chant,  que  sa  connaissance  intéresse 
au  plus  haut  point  le  clergé.  «  Le  plain-chant,  dit 
avec  raison  M.  Branchereau,  est  une  des  branches  de  la 
science  ecclésiastique.,.  Et  les  Pères  du  concile  de  Trente, 
énumérant,  dans  leur  décret  sur  l'institution  des  Sémi- 
naires, les  objets  qui  devaient  être  enseignés  aux  clercs,  en 
font  une  mention  spéciale.  »  [Manuel  du  choriste  *.) 

Mais,  de  nos  jours,  cette  étude  acquiert  une  importance 
toute  particulière.  Le  prêtre,  en  effet,  pouvait  se  reposer 
autrefois,  en  ce  qui  concerne  le  chant,  sur  l'aide  d'un  auxi- 
liaire qui,  aujourd'hui,  lui  fait  généralement  défaut;  il 
demeure  seul  chargé  de  cette  partie  du  culte  public.  Aussi, 
n'hé.sitons-nous  pas  à  dire,  qu'à  l'heure  présente,  un  prêtre 
incapable  d'enseigner  à  ses  enfants  les  premiers  éléments 
du  chant,  afin  de  les  exercer  et  de  s'assurer  des  chantres 
pour  l'avenir,  est  privé  d'un  des  moyens  les  plus  considé- 
rables d'entretenir  la  foi  dans  sa  paroisse.  Car  c'est  une 
vérité  d'expérience,  que,  du  jour  oh  l'on  ne  chante  plus 
à  l'église,  l'assistance  aux  offices  diminue,  et  la  foi  va 
chaque  jour  en  s'affaiblissant  et  en  se  perdant  davantage. 

1.  M.  Branchereau,  supérieur  du  grand  séminaire  d'Orléans, 
a  composé  un  Manuel  du  Choriste  ou  Théorie  et  pratique  du 
chant  liturgique,  que  nous  recommandons  vivement  aux  sémi 
naines  et  à  tous  ceux  qui  doivent  s'occuper  du  plain-chant  : 
«  Travail  destiné  à  faire  connaître  et  aimer  de  plus  en  plus  le 
chant  liturgique  »,  dit  Mgr  Pévèque d'Orléans. —  «  Ouviage  sa- 
vant et  clair,  dit  Mgr  Parchevèque  do  Rennes,  qui,  en  facilitant 
l'ôlude  du  chant  liturgique  à  l'élève,  et  l'enseignement  au  maî- 
tre, aura  rendu  au  clergé  et  aux  fidèles  un  signalé  service.  > 


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DU  CHANT  ECCLÉSIASTIQUE*  479 

Envisagé  de  cette  façon,  le  chant  devient  un  véritable 
apostolat.  Mais,  pour  cela,  il  faut  que  le  prêtre  ait  d'abord 
une  connaissance  sérieuse  et  complète  du  plain-chant.  C'est 
cette  connaissance  que  TEglise  a  voulu  lui  procurer,  lors- 
qu'elle a  établi  des  cours  de  chant  dans  les  séminaires. 
Quoique  peu  nombreux,  ces  cours  pourraient  cependant 
être  d'une  grande  utilité.  Divisés  en  plusieurs  classes, 
selon  la  force  de  ceux  qui  doivent  en  suivre  les  leçons,  il 
serait  bon  qu'on  y  suivît,  afin  de  les  rendre  plus  profitables, 
une  méthode  et  un  programme  déterminés.  Chaque  classe 
devrait  avoir  son  but  bien  marqué;  on  pourrait,  par  exem- 
ple, se  contenter,  dans  les  commencements,  de  l'élude  des 
éléments,  puis,  on  s'élèverait  peu  à  peu,  chaque  année, 
jusqu'à  une  connaissance  complète  et  approfondie  des  prin- 
cipes. De  cette  façon,  le  séminariste  qui,  durant  le  temps 
de  son  séminaire,  se  serait  fait  un  devoir  d'apporter  à  ces 
classes  tous  ses  soins  et  toute  son  attention,  se  trouverait 
certainement  en  mesure  de  faire  face  aux  éventualités  qui 
peuvent  se  rencontrer  dans  la  pratique  du  ministère. 

Mais,  il  est  encore  une  raison  pour  les  clercs  de  ne  pas 
négliger  le  plain-chant.  C'est  là,  en  effet.  Tune  des  parties 
importantes  de  leurs  fonctions.  L'Eglise  leur  confie  l'exé- 
cution de  ses  mélodies;  ils  doivent  avoir  à  cœur  de  s'ac- 
quitter convenablement  de  cet  office.  Plus  tard,  en  effet, 
ne  serait-ce  pas  une  véritable  humiliation  pour  eux,  que  de 
ne  pouvoir  exécuter  convenablement  les  chants  les  plus 
simples  :  le  Pater ^  la  Préface^  Vite  Mt'ssa  est?  Et  ne  seraient- 
ils  pas  exposés  à  la  critique  ou  aux  réflexions  malignes  des 
paroissiens  qui  seraient,  sur  ce  point,  plus  habiles?  «  Il 
n'est  pas  donné  à  tous,  dit  M.  Branchereau,  d'avoir  un 
chant  agréable  ;  mais  il  y  a,  dans  la  manière  de  chanter, 
une  perfv^ction  relative  à  laquelle  chacun  peut  et  doit 
prétendre.  »  [Politesse  et  convenances  ecclésiastiques.) 

Le  cardinal  Bona  ne  pouvait  pardonner  à  aucun  ecclé- 
siastique l'indifTérence  ou  l'ignorance  dans  cette  partie  de 
l'art  chrétien.  «  J'ai  honte,  disait-il,  de  ce  que  la  plupart 
des  clercs,  si  souvent  occupés  du  chant  liturgique,  l'igno- 
rent. »  {De  Div.  Psalm.  xvii.) 

M.  Tronson,  dans  ses  Examens  particuliers^  exprime  les 


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é80  APPENDICE  DEUXIÈME. 

mêmes  pensées  :  «  Avons-nous  fait  attention,  dit-il,  pour 
nous  exciter  à  étudier  le  chant  : 

»  !<>  Que  TEglise,  chargeant  les  ecclésiastiques  de  chanter 
les  offices  divins,  aussi  bien  que  de  tous  lesautres  devoirs  de 
la  religion,  elle  désire  qu'ils  aient  une  capacité  suffisante 
pour  s'en  bien  acquitter? 

»  2®  Que  c'est  une  chose  honteuse  de  voir  des  ecclésias- 
tiques, dans  un  chœur,  et  en  surplis,  ne  savoir  pas  annon- 
cer une  antienne,  ou  entonner  un  psaume? 

»  3°  Qu'un  office  mal  chanté  expose  les  sacrés  mystères 
et  ceux  qu|  les  célèbrent  au  mépris  des  peuples,  qui  ne 
jugent  pour  l'ordinaire  de  l'excellence  de  nos  mystères  que 
par  la  manière  décente  dont  on  les  traite,  et  du  mérite  de 
ceux  qui  y  sont  employés,  que  par  la  grâce  et  la  dignité 
avec  laquelle  on  les  voit  chanter  et  officier? 

4°  Qu'il  est  déplorable  que  des  laïques  et  des  paysans, 
revêtus  dechapes,  chantent  les  saints  offices,  parce  que  les 
ecclésiastiques  ne  savent  pas  chanter,  ou  parce  qu'ils  ne 
s'en  veulent  pas  donner  la  peine?  »  [Premier  examen  du 
chant  ecclésiastique.) 

Cette  étude,  disons-le  sans  détours,  est  donc  un  devoir 
de  conscience;  agir  autrement,  c'est  aller  contre  la  volonté 
formelle  de  l'Eglise,  exprimée  dans  ses  conciles,  et  contre 
les  règlements  des  Séminaires.  Soyons  persuadés  d'ailleurs, 
qu'il  n'est  pas  indigne  de  nous,  de  nous  occuper  de  cette 
matière,  quand  des  prélats  comme  saint  Ambroise  et  saint 
Grégoire  nous  ont  donné  les  premiers  l'exemple;  quand 
des  monarques  tels  que  Charlemagne  et  Robert  le  Pieux  en 
ont  recommandé  et  favorisé  l'étude,  et  que  des  savants  de 
premier  ordre  comme  Boèceet  Cassiodore,  ou  des  religieux 
éminents  comme  saint  Bernard  et  Odon  de  Gluny,  en  ont 
fait  l'objet  de  leurs  travaux. 

CHAPITRE  II. 

DE  l'orgue    et    de  tA    MUSIQUE  SACRÉE. 

Art.  I.  —  De  l'Orgue.  ■—  harmonium. 
Après  avoir  parlé  du  plain-chant,  nous  dirons  quelques 
mots  de  l'orgue,  son  complément  indispensable.  Sans  lui, 
en  effet,  le  plain-chant  perd  de  son  charme,  ses  accents 


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DU  CHANT  ECCLÉSIASTIQUE,  -orgue.  481 

ont  quelque  chose  de  moins  mélodieux  et  de  moins  expres- 
sif. C'est  que  Torgue,  sous  des  mains  habiles,  trouve  une 
note  pour  tous  les  sentiments,  et  Deliile  a  parfaitement 
traduit  cette  pensée,  lorsqu'il  dit  de  Torganiste  : 

Sous  ses  rapides  mains,  le  sentiment  voyage, 
Chaque  touche  a  sa  voix,  chaque  fil  son  langage  : 
Il  monte,  il  redescend  sur  l'échelle  des  tons, 
Et  forme  sans  désordre  un  dédale  de  sons. 
Quelle  variété!  Que  de  force  et  de  grâce! 
Il  frappe,  il  attendrit,  il  soupire,  il  menace. 
Tel,  au  gré  de  son  souffle,  ou  terrible,  ou  flatteur, 
Le  vent  fracasse  un  chêne  ou  caresse  une  fleur  ! 

{Les  trois  règnes  de  la  nature.  Chant  II,  VAir.) 

Le  cardinal  Bona,  avant  lui,  avait  ainsi  résumé  les  avan- 
tages de  l'orgue  :  «  par  ses  accents,  dit-il,  il  réjouit  les  âmes 
tristes,  et  donne  un  avant-goût  des  joies  de  la  cité  céleste. 
Il  excite  les  tièdes  et  soutient  les  fervents  ;  les  justes  y  trou- 
vent un  redoublement  d'amour,  et  les  pécheurs,  un  attrait 
à  la  componction...  »  Nous  ne  nous  arrêterons  pas  plus 
longtempssur  cette  matière;  il  nous  suffira  de  donner,  d'a- 
près le  Cérémonial  des  Evéques,  les  règles  liturgiques  de 
l'orgue,  concernant  le  temps  où  il  doit  jouer.  Nous  ferons 
auparavant  remarquer  que  quand  nous  employons  l'expres- 
sion :  on  ne  doit  pas  toucher  t  orgue,  nous  entendons  parla, 
que  l'orgue  ne  doit  pas  jouer  seul  et  remplacer  les  paroles, 
car  il  est  bien  entendu  qu'il  peut  toujours  accompagner  le 
plain-chant, 

I  —  1**  Il  convient,  sauf  les  restrictions  ci-après,  de  tou- 
cher l'orgue  tous  les  dimanches  et  jours  de  fêtes  chômées. 

2°  On  ne  doit  pas  toucher  l'orgue  les  dimanches  et  fériés 
de  TAvent  et  du  Carême,  excepté  aux  fétesqui  tombent  dans 
ce  temps,  et  que  l'Eglise  célèbre  avec  une  certaine  solennité. 
Telles  sont  :  les  fêtes  de  saint  Mathias,  de  saint  Thomas 
d'Aquin,  de  saint  Grégoire  le  Grand,  de  saint  Joseph,  patron 
de  l'Eglise  catholique,  de  l'Annonciation  de  la  B.  V.  M.,  et 
autres  semblables,  c'est-à-dire,  comme  on  le  pense  assez 
communément,  les  fêtes  doubles.  Il  faut  excepter  également, 
si  telle  est  la  coutume,  les  messes  votives  de  la  très  sainte 
Vierge  qui  se  célèbrent  solennellement  le  samedi.  (14  avril 


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482  APPENDICE  DEUXIÈME- 

1753.)  On  excepte  encore  :  le  3«  dimanche  de  l'Avent  et  le 
4*  da  Carême,  mais  à  la  messe  seulement,  d'après  Marti- 
nucci;  le  jeudi-saint,  à  la  messe,  jusqu'à  la  lin  du  Gloria  in 
excelsis;  le  samedi- saint,  à  la  messe,  depuis  le  commen- 
cement du  Gloria  in  excelsts^  et  à  vêpres, 
oork^  touche  l'orgue  toutes  les  fois  que  le  diacre  et  le  sous- 
ortent  la  dalmatique  et  la  tuniqne,  quand  môme 
IV  serait  violette.  Ainsi,  les  dimanches  de  la  Septua- 
de  la  Sexagésime  et  de  la  Quinquagésime,  à  la 
t  aux  vêpres,  quand  môme  celles-ci  seraient  du  di- 
.  (Martinucci,  L.  II,  p.  142;  L.  VI,  p.  17.) 
ne  touche  pas  Torgue  à  la  messe  ni  à  l'ofQce  des 
(  In  mïssis  et  officm  defunctorum,  nec  organo,  nec 
quam  figuratam  vocant,  utitur,  sed  cantu  firmo, 
am  tempore  Adventûs  et  Qtmdragesimœ  in  ferialibns 
mvenit  adhiberi,  »  (Cœr.  Episc.  L.  I,  c.  xxviii,  g  13.) 
missây  dit  Martinucci,  nulloprorsm  modosonabitur 
»  (Liber  V,  cap.  xxii.) 

touche  l'orgue  à  l'entrée  de  TEvêque,  d'un  légat, 
dinal,  ou  d'un  prélat  que  l'Evêque  veut  honorer, 
'au  moment  où  ils  se  mettent  à  genoux  pour  prier, 
s  offices  auxquels  on  touche  l'orgue,  quand  il  est 
de  le  faire,  sont  :  la  messe,  les  matines  solennel- 
audes  et  les  vêpres.  Il  n'e^t  pas  d'usage  de  le  faire 
pes  heures.  On  doit  cependant  excepter  tierce,  le 
la  Pentecôte,  et  quand  TÉvêque  officie  pontiûca- 

.e  service  de  l'orgue,  pour  chacun  des  offices  ci- 
lentionnés,  doit  être  réglé  de  la  manière  suivante: 
messe,  l'orgue  alterne  avec  le  chœur  au  Kyrie,  au 
n  excelsis,  à  la  Prose,   au  Sanctus,  et  à  VAgnva 

peut  jouer  encore  à  la  place  du  Graduel,  de 
ire,  pendant  l'Elévation,  mais  d'un  ton  plus  grave 
loux,  à  la  place  de  l'antienne  Ck>ramunion»  Après 
sa  est,  le  répons  Deo  gratias  peut  être  remplacé  par 

si  telle  e.-t  la  coutume.  (11  sept.  1847.)  • 
le  ne  remplace  aucune  parole  pendant  le  Credo. 
res,  on  touche  l'orgue  à  la  fin  de  chaque  psaume, 
3ut  tenir  lieu  de  répétition  de  l'antienne.  De  plus, 
tlterne  avec  le  chœur  à  l'hymne  et  au  Magnificat, 


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DU  CHANT  ECCLÉSIASTIQUE.  —  oroub.  483 

A  matines,  l'orgue  alterne  avec  le  chœur  à  l'hymne,  aux 
répons  et  au  Te  Deum,  On  le  touche  aussi  à  la  fin  de  cha-* 
que  psaume,  pour  la  répétition  de  Tantienne.  Aux  matines 
des  fêtes  principales,  lorsqu'on  les  chante  solennellement, 
on  peut  toucher  Toi^ue  depuis  la  sortie  du  célébrant  de  la 
sacristie  jusqu'au  commencement  de  Poffice  ;  il  en  est  de 
même  pour  les  vêpres  et  autres  fonctions  solennelles. 

A  laudes,  on  suit  les  mômes  règles  qu'à  vêpres. 

IV.  Autres  principes  généraux:  1<*  à  vêpres  et  à  matines,  le 
1"  verset  et  le  Gloria  Patri  des  cantiques,  la  4"  strophe  et 
la  doxologie  des  hymnes,  les  strophes  et  les  versets  durant 
lesquels  le  chœur  doit  être  à  genoux,  comme  le  Teergo  quœ- 
sumus  dans  le  Te  Deum,  seront  toujours  chantés  par  le 
chœur,  lors  même  que  celui-ci  aurait  dit  le  verset  précé- 
dent, 

2»  Quand  l'orgue  joue  pour  remplacer  le  chant  de  quel- 
ques paroles,  celles-ci  doivent  être  prononcées  d'une  ma- 
nière intelligible  par  quelqu'un  du  chœur. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  précédemment  s'applique  au 
grand  orgue,  à  l'orgue  proprement  dit.  En  est-il  de  même 
du  petit  orgue,  dans  les  églises  où  il  existe?  Les  auteurs  ne 
sont  pas  d'accord  sur  ce  point;  selon  nous,  le  petit  orgue 
peut  en  tout  temps,  comme  le  grand  orgue  d'ailleurs,  ac- 
compagner le  chant;  mais  on  doit,  en  temps  prohibé, 
lui  appliquer  les  règles  du  grand  orgue,  c'est-à-dire,  qu'il 
ne  peut  remplacer  le  chant  des  paroles. 

Certaines  églises  pauvres  enfin,  ont,  de  nos  jours,  rem- 
placé l'orgue,  trop  coûteux  pour  elles,  par  Tharmonium. 
D'après  nous,  l'orgue  et  l'harmonium  ne  présentant  dediffé- 
rence  que  dans  le  timbre  et  le  plus  ou  moins  d'intensité  des 
sons,  on  doit  assimiler  ce  dernier  au  petit  orgue. 

Qu'on  nous  permette,  avant  de  terminer  ce  qui  concerne 
l'orgue,  de  rappeler  aux  organistes  chrétiens  les  paroles 
de  deux  illustres  évêqu^^s,  justement  préoccupés  des  splen- 
deurs du  culte  :  «  Un  organiste  digne  de  ce  nom,  dit  Mgr 
Parisis,  ne  sort  jamais  du  style  grave  de  l'inspiration  reli- 
gieuse. Tantôt,  par  la  combinaison  mystérieuse  ou  la  riche 
abondance  d'une  large  harmonie,  il  exprime  le  sérieux  des 
méditations  profondes  et  la  multitude  des  supplications 
diverses  de  l'assemblée  chrétienne;  tantôt,  par  des  mélodies 


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484  APPENDICE  DEUXIÈME. 

plus  8imples,;jl  représente  les  supplications  solitaires  de  Tâme 
chrétienne,  qui  gémit  de  ses  fautes,  et  soupire  vers  le  lieu 
de  son  repos;  le  plus  souvent  il  enveloppe,  dans  des  accords 
nombreux  et  fermes,  la  simplicité  majestueuse  du  chant 
liturgique.  »  —  «Si  vous  avez  un  organiste,  dit  d'autre  part 
le  cardinal  de  Bonald,  faites-lui  comprendre  qu'il  n'est  pas 
appelé  pour  faire,  devant  les  fidèles,  l'étalage  d'une  science 
d'exécution  qui  ne  connaît  point  de  difficultés,  et  pour  re- 
tracer d'une  main  habile  toutes  les  réminiscences  d'une  mu- 
sique théâtrale  et  passionnée.  Son  devoir  est  d'accompagner 
le  chant  de  l'Eglise  afin  d'effacer  en  quelque  sorte,  par  les 
accords  simples  et  religieux  de  son  magniûque  instrument, 
toutes  les  défectuosités  des  voix  peu  exercées.  Il  faut  que 
les  fidèles  viennent  dans  nos  temples,  non  pas  pour  ad- 
mirer les  effets  de  l'orgue,  mais  pour  chanter  et  prier  avec 
\\iU»  {Lettre  pastorale,  1847.) 

Art.  II.  De  la  Musique  sacrée. 

L'orgue  nous  amène  natui^ellement  à  parier  de  la  mu- 
sique sacrée.  Elle  peut  quelquefois  être  employée  dans  le 
culte  ;  TEglise  n'en  a  proscrit  que  les  abus;  mais  pour 
être  tolérée,  elle  doit  remplir  certaines  conditions  :  la  pre- 
mière de  toutes,  c'est  qu'elle  n'exécute  que  des  morceaux 
dignes,  par  leur  gravité,  du  temple  et  du  Dieu  quil'habite.  Elle 
doit  exciter  les  fidèles  au  recueillement,  et  non  à  la  dissi- 
pation. Aussi,  faut-il  proscrire  cette  musique  sautillante, 
bonne  pour  le  théâtre  mais  indigne  de  l'église. 

Ces  principes  sont  admirablement  développés  dans 
une  Instruction,  adressée  par  le  secrétaire  de  la  con- 
grégation des  Rites  aux  évéques  d'Italie,  sur  cette  im- 
portante question,  «  et  dont  la  portée,  disait  à  juste  titre  le 
Journal  de  Borne,  dépasse  nos  frontières.  »  Nous  ne  sau- 
rions mieux  faire  que  de  la  reproduire  en  entier.  «  Beau- 
coup de  nos  lecteurs,  dit  la  Semaine  religieuse  d^ Angers 
en  donnant  ce  document,  comprendront  combien  il 
serait  désirable  qu'un  règlement  de  même  nature  fût  suivi 
dans  nos  diocèses  de  France,  oti  bien  des  abus  se  sont 
également  introduits.  Tous  ceux  qui  par  devoir  de  leur 
charge,  ou  simplement  par  zèle,  s'occupent  du  chant  dans 
nos  églises  paroissiales  ou  chapelles,  peuvent  du  moins 


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DU  CHANT  ECCLÉSIASTIQUE.  -  musiqub ^Slcréb.      485 

s'inspirer  de  Tesprit  qui  a  dicté  ce  règlement,  que  nous  re- 
produisons en  entier,  et  qui  a  obtenu  pleine  approbation 
du  Souverain  Pontife.  » 

Voici  le  texte  de  cette  Instruction  remarquable  auxévê- 
qués  d  Italie  : 

Monseigneur, 

Afin  d'apporter  un  remède  efficace  aux  graves  abus  qui 
se  sont  introduits  dans  la  musique  sacrée,  pour  diverses 
églises  d'Italie,  on  a  rédigé  un  règlement  annexé  à  la  présente 
lettre  circulaire;  ce  règlement,  par  les  soins  de  la  Société 
de  Sainte  Cécile  d'accord  avec  l'autorité  ecclésiastique,  a 
déjà  reçu  exécution  dans  les  archidiocèses  de  Naples.  de 
Milan,  et  d'ailleurs,  et  il  a  obtenu  pleine  approbation  du 
Souverain  Pontife. 

En  le  portant  à  la  connaissance  de  Votre  Grandeur, 
je  vous  prie  de  veiller  à  ce  que  les  règles  contenues  dans 
cette  pièce  soient  accueillies  dans  les  églises  de  ce  diocèse, 
comme  celles  qui  servent  à  maintenir  dans  leur  ma- 
jesté et  sainteté  une  partie  si  importante  de  la  Liturgie  sa- 
crée et  à  en  écarter  les  mélodies  inconvenantes  et  profanes. 

Dans  la  confiance  que  Votre  Grandeur,  en  sa  prudente 
et  pastorale  sollicitude,  travailleraet  mettra  en  pratique 
dans  le  diocèse  qui  lui  est  confié  les  prescriptions  de  ce 
règlement,  c'est  avec  plaisir  que  je  me  déclare,  etc.  etc. 

Laurent  Salviati, 
Secrétaire  de  la  Congrégation  des  Rites. 

Règlement  pour  la  musique  sacrée. 

§  I.    RÈGLES    GÉNÉRALES    POUR    LA    MUSIQUE 

SACRÉE,   FIGURÉE,   VOCALE,    INSTRUMENTALE, 

PERMISE    ET    DÉFENDUE    DANS    l'ÉGLISE. 

Art.  l^'  La  musique  vocale  figurée  *,  permise  dans 
réglise,  est  seulement  ce^e  dont  les  chants  graves  et  pieux 
conviennent  à  la  maison  du  Seigneur,  et  auxdivineslouan- 
ges,  et  servent,  en  suivant  le  sens  de  la  parole  sacrée,  à 
exciter  les  fidèles  à  la  dévotion.  La  composition  de  la 
musique  vocale  figurée  se  réglera  sur  ces  principes,  môme 

\ .  Ce  terme  est  pris  par  opposition  avec  le  plain-chant. 

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486  APPBNDICB  DBUXIÉMB. 

quand  elle  est  accompagnée  de  Toi^e  et  d'autres  instru- 
ments. 

Art.  2  —  La  musique  figurée  d'orgue  doit  répondre 
au  caractère  lié,  harmonique  et  grave  de  cet  instrument. 
L'iQstrumentale  doit,  en  général,  soutenir  noblement  le 
chant  et  non  l'écraser  par  des  fracas;  les  interltdes  d'orgue 
et  d'orchestre  doivent  toujours,  étant  originaux,  répondre 
au  sérieux  de  la  sacrée  liturgie. 

Alt.  3  —  La  langue  propre  de  notre  Eglise  étant  la  la- 
tine, cette  langue  devra  être  seule  employée  dans  la  com- 
position musicale  saci  ée  figurée.  Les  motets  seront  composés 
sur  des  paroles  prises  dansTEcriture  sainte,  le  bréviaire,  le 
missel  Romain,  les  hymnes  de  Saint  Thomas  d'Aquin,  d'un 
autre  saint  Docteur,  ou  d'autres  hymnes  et  prières  approu- 
vées et  usitées  dans  l'Eglise. 

Art.  4  —  La  musique  vocale  et  instrumentale  défendue 
dans  l'église  est  celle  qui,  par  son  type,  par  la  forme 
qu'elle  revêt,  tend  à  distraire  les  auditeurs  dans  la  maison 
de  prière. 

g  n.     DÉFENSES  SPÉCIALES  POUR  LA  MUSIQUE   DE 
CHANT    DANS    L'ÉGLISB. 

Art.  5.  — On  défend  expressément  dans  t église  ioniemU' 
sique  de  chant  composée  sur  des  motifs  ou  réminiscences 
de  théâtre  ou  profanes,  ou  encore  qui  serait  composée 
en  des  formes  très  légères  ou  molles,  comme  seraient  les 
gabalette  ou  cabalette,  les  récitatifs  trop  poussés  dans  la 
manière  théâtrale,  etc.  On  permet  les  so/t,  les  rfwos,  les 
triosy  pourvu  qu'ils  aient  le  caractère  de  la  mélodie  sacrée, 
et  soient  liés  à  l'ensemble  de  la  composition. 

Art.  6.  —  Toute  musique  est  interdite,  où  les  paroles  du 
texte  sacré  seraient  omises,  même  pour  la  moindre  par- 
tie, transposées,  découpées,  ou  trop  répétées,  ou  peu  intel- 
ligibles. 

Art.  7.  —  Il  est  défendu  de  diviser  en  morceaux  trop 
détachés  les  versets  du  texte  sacré  dans  le  Kyrie^ÏQ  Gloria^ 
le  Credo,  etc.,  aux  dépens  de  l'unité  de  l'ensemble, 
comme  aussi  d'omettre  ou  de  précipiter  le  chant  de  cer- 
taines parties  de  l'office,  telles  que  les  répons  à  l'ofTiciant, 
l'introït,  la  séquence,  le  Sanctus  et  le  Benedictus,VAgnusk\9i, 


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DU  CHANT  ECCLÉSIASTIQUK.  —  musique  sAOnii.        487 

messe;  les  psaumes,  les  antiennes,  Thymne,  le  Magnificat, 
à  vêpres.  Cependant  l'omission  du  Graduel,  du  Trait,  de 
rOffertoire,  de  la  Communion,  en  certaines  circonstances 
particulières,  par  exemple  le  manque  de  voix,  est  toléré  avec 
la  suppléance  de  Torgue. 

Art.  8.  —  Il  est  interdit  de  faire  un  mélange  désordonné 
de  chant  figuré  et  de  plain-chant  ;  par  conséquent,  il  est 
défendu  de  faire  ce  qu'on  appelle  des  points  musicaux 
(points  d'orgue) dans  \h  Passion,  o\i  l'on  doit  suivre  scrupu- 
leusement rolîice  liturgique.  On  permet  seulement  les 
répons  de  la  foule  en  musique  poliphone,  sur  le  modèle  de 
récole  romaine,  particulièrement  dans  Palestrina. 

Art.  9.  —  Tout  chant  est  interdit  qui  prolong^^rait  les 
offices  divins  au  delà  des  limites  prescrites  de  midi  pour 
la  sainte  messe,  d^V  Ave  Maria  pour  les  vêpres  et  la  bé- 
nédiction :  excepté  dans  les  églises  où  y  il  a  des  privilèges 
et  des  coutumes  non  réprouvées,  où  les  offices  peuvent 
s'étendre  au  delà  de  dix  heures,  en  se  remettant  à  la  déci- 
sion de  l'ordinaire. 

Art.  10.  —  L'usage  de  certaines  inflexions  de  voix 
trop  affectées  est  interdit,  comme  de  faire  trop  de  bruit 
en  battant  la  mesure  et  en  donnant  des  ordres  aux  exécu- 
tants, de  tourner  le  dos  à  l'autel,  de  bavarder  ou  de  faire 
tout  autre  acte  déplacé  dans  le  lieu  saint.  Il  serait  désira- 
ble que  la  tribune  de  chant  ne  fût  pas  construite  sur  la 
grande  porte  du  temple  et  que  les  exécutants  fussent  autant 
que  possible  invisibles,  suivant  que  le  réglera  en  sa  prudence 
le  Révérendissime  Ordinaire. 

§  III.    DÉPENSES  SPÉCIALES  POUR  LA  MUSIQUE    ORGA- 
NIQUE ET   INSTRUMENTALE  DANS  L'ÉGLISE, 

Art.  11.  —  Il  est  sévèrement  interdit  de faireentendre,dans 
l'église,  même  la  plus  petite  partie  d'une  réminiscence 
d'œuvre  théâtrale,  de  morceaux  de  danse  de  toute  espèce 
tels  que  :  polka^  valse,  mazurka,  menuet,  rondo,  scottish, 
varsovienne,  quadrille,  contredanse,  polonaise,  etc.  ;  de  mor- 
ceaux profanes,  etc.,  comme  hymnes  nationaux,  chants 
populaires,  amoureux  ou  bouffions,    romances,   etc. 

Art.l2.  —  Sont  défendus  les  instrumentstrop  bruyants 
comme  tambours,  grosse  caisse,  cymbales  et  autres,  aussi 


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APPENDICE  DEUXIÈME. 

struments  propres  aux  artistes  forains,  et  le 
s  trompettes  pourtant,  les  flûtes,  les  tira- 
instruments  de  cette  espèce,  qui  furent  en 
leuple  d'Israël  pour  accompagner  les  louan- 
îhants  et  les  psaumes  de  Davi  J ,  sont  permis, 
qu'on  en  use  avec  habileté  et  modération 
l'occasion  du  Tantum  ergo,  à  la  bénédic- 
Sacrement. 

i  est  défendu  d'improviser,  comme  on  dit, 
antaisie),  sur  l'orgue  à  ceux  qui  ne  savent 
avenablement,  c'est-à-dire  de  manière  à  res- 
ilement  les  règles  de  l'art  musical,  mais 
gent  la  piété  et  le  recueillement  des  fidèles, 
iut  observer,  dans  la  composition,  les  règles 

ine  soit  pas  divisé  en  trop  de  parties  sépa- 
à  la  manière  dramaîique.  Que  le  Credo 
iposé  tout  à  la  suite,  et,  s'il  est  partagé  en 
îrtants,  que  les  morceaux  soient  disposés  de 
mer  un  tout  bien  uni.  Qu'on  évite,  autant 
s  so/i,  les  cadences  à  la  manière  du  chant 
des  éclats  de  voix,  pour  ne  pas  dire  des 
lent  les  fidèles  de  leur  dévotion.  Et  surtout 
n  à  tenir  les  mots  dans  l'ordre  qu'ils  occu- 
pe, sans  interversion. 

§IV. 

15  et  16  sont  relatifs  à  des  recommandations 
ont  nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  en 
ite  liberté  étant  d'ailleurs  laissée  aux  Ré- 
Jrdinaires  de  choisir  en  dehors  des  indica- 
iriat  de  la  sacrée  congrégation  des  Rites. 

Outre  le  répertoire  de  la  musique  sacrée 
let  aussi  celui  de  la  musique  manuscrite 
serve  auprès  des  diverses  églises  et  chapel- 
les instituts  ecclésiastiques,  pourvu  que  le 
it  par  une  commission  spéciale  intitulée 
f,  qui  devraôtre  fondée  dans  touslesdiocèses, 

ïinspecteur  diocésain  de  la  musique  sacrée, 
mce  immédiate  des  ordinaires. 


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DU  CHANT  ECCLÉSIASTIQUE.  —  musique  ! 

Art.  48.  —  On  ne  permettra  donc  dans  1 
l'exécution  des  morceaux  édités  ou  inédits,  q 
dans  Vlndex-répertoire  diocésain  porteront  le 
le  timbre  et  le  visa  de  la  commission  de  So 
de  son  inspecteur  président,  qui,  d'accord  av 
sion,  et  toujours  sous  la  dépendance  de  Toi 
préjudice  des  supérieurs  locaux,  pourra  sur 
Texécution  sur  place,  demander  à  exami 
sacristie  les  morceaux  exécutés  ou  à  exécute 
répondent  aux  règles  et  aux  papiers  approuvéi 
par  le  timbre  et  le  visa,  et  il  pourra  en  référé 
et  provoquer  en  ce  but  l'application  de  mesur 
contre  ceux  qui  transgresseraient. 

Art.  19  —  Les  organistes  et  les  maître! 
donneront  tous  leurs  soins  et  tout  leur  talent  j 
exécution  possibledela  musique  cataloguée  en 
Ils  pourront  ainsi  employer  leur  savoir  à  l'en 
velles  compositions,  pourvu  qu'elles  soient  c 
règles  susdites,  dont  personne  ne  peut  se  c 
membres  mêmes  delà  commission  seront  assu 
vision  mutuelle  de  leurs  travaux. 

Art.  20.  —  A  tous  curés  et  recteurs  d'égli 
l'exécution  de  ï Index-répertoire  de  musique 
par  la  Commission  de  Sainte- Cécile,  et  app 
Révérendissime  Ordinaire,  même  sous  peine  d' 
l'ordre  en  cas  de  transgression.  Cet  Index-répi 
être  par  la  suite  augmenté  de  compositions  no 

Art.  21.  —  Les  dites  commissions  seront  C( 
clésiastiques  et  aussi  de  séculiers  experts  di 
musicales  et  animés  d'un  esprit  profondémei 
V inspecteur  diocésain  sera  toujours  ecclésias 
minalion  et  l'institution  de  tous  les  membres 
droit  aux  ordinaires  diocésains. 

§  V,   DISPOSITIONS    POUR    L'AMÉLI0RATI< 
DE    LA    MUSIQUE    SACRÉE  ET    DES    É( 

Art.  22.  —  Pour  préparer  le  meilleur  avei 
que  sacréeen  Italie, il  serait  désirable  que  les 
mes  Ordinaires  pussent  fonder  et  perfectionne 
dans  leurs  instituts  ecclésiastiques^  surtout  c 


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APPENDICB  TaOISI&HB. 

^oles  de  musique /^^urée,  suivant  les  méthodes 
faites  et  les  plus  autorisées.  A  cet  effet,  il  se- 
n  que  dans  les  principaux  centres  de  la  pénin- 
/rtt  des  écoles  spéciales  de  musique  sacrée 
ie  bons  chanteurs,  des  organistes  et  maîtres 

comme  celas*est  fait  à  Milan. 
-  Le  présent  règlement  sera  envoyé  à  tous 
dissi mes  Ordinaires,  qui  le  communiqueront 
IX  organistes  et  aux  maîtres  .de  chapelle  de 
es  respectifs,  et  sera  mis  en  vigueur  un  mois 
imunication  de  l'ordinaire, 
ent  devra  être  affiché  sur  un  tableau  posé  dans 
rès  de  la  place  de  rorganiste,afin  qu'il  ne  soit 

aucun   cas,  transgressé. 


APPENDICE  TROISIÈME. 

LE  PSAUME  «  BXURGAT  DEU8  ». 

—  Analyse.  —  ExpUcation.  —  Utilité  du  psaume.  — 
ace  dans  TofÛce  divin.  —  Mesure  poétique. 

I.   PRÉLIMINAIRES, 
culte  du  Psaume.  —  Auteur  et  occasion.  ~  Objet. 

et  difficulté  du  psaume,  «  Le  ps.Lxvii®,  dit  avec 
le  de  Lethielleux,  occupe  une  place  à  part  dans 
int  à  cause  des  beautés  qu'il  renferme,  qu'à  rai- 
3ultés  qu'il  présente.  »  —  «C'est  en  effet,  dit  le 
irprotestant  Delitzch,  un  psaume  dans  le  style 
élevant  au  plus  haut  faîte  du  sentiment  et  de 
Q  poétique.  »  —  «  Ce  psaume,  dit  à  son  tour 
e,  est  une  des  plus  magnifiques  créations  de  la 
ae  ;  le  lyrisme  y  atteint  la  plus  sublime  éléva- 
rpelui  aconsacré  plusieurs  pages  pour  le  venger 
mts  de  Voltaire,  qui  l'appelait  une  chanson  de 
de.  «  L-ode,  dit-il,  a-t-elle  un  élan  plus  rapide  ? 
IX  Pindare,  auxHorace,  aux  Malherbe,  auxRous- 
manderaient  autre  chose  dansun  chant  d'inau- 
[Disc,  préliminaire  sur  les  psaumes.)  Bellenger 


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LB  PSAUME  «  fiXURGAT  DEUS  ».  491 

a  dit  de  ce  psaume  :«5^y/o  sublimi  scriptus,  plenus  figuris, 
metaphoris,  poelicis  descriptionibus»,  et  Bellarmia  :  n  Ple- 
nus est  poeticis  descriptiombm  admirabilibus,  ut  propte9*ea 
tanto  est  puchrior,  tanto  sit  etiam  difficilior,  »  Tous  les 
auteurs  s'accordent  à  reconnaître,  avec  le  savant  cardinal, 
que  ce^saume,  Tun  des  plus  beaux  sans  doute,  est  aussi 
le  plus  difficile.  «  C'est  le  plus  difficile  à  comprendre  de 
toute  la  collection,  dit  M.  Vigouroux.  »  —  «  In  eo,  tôt 
ferme  sunt  scopuli,  tôt  labyrtnthi,  quot  t^ersus,  quoi  verba,  » 
dit  Bellenger,  qui  rappelle  la  croix  et  le  tourment  des  in- 
terprètes. 

2*  Auteur  et  occasion  du  psaume.  Quelle  en  fut  l'occasion? 
Les  commentateurs  sont  ici  partagés,  le  titre  ne  nous  indi- 
quant que  Tauteur  et  l'objet  général  :  Psalmus  cantict,  ipsi 
David,  psaume  cantique,  ou  psaume  triomphal  et  d'action  de 
grâces  solennelles,  composé  par  David.  Quelques-uns  croient, 
avec  Bellenger,  que  ce  psaume  a  été  composé  après  une  vic- 
toire des  Israélites  sur  les  Syriens,  les  Ammonites  ou  tout 
autre  peuple  ennemi.  D'autres,  en  plus  grand  nombre,  et 
avec  plus  de  raison,  pensent  que  David  le  composa,  pour 
être  chanté  lorsque  l'arche  du  Seigneur  fut  solennellement 
transportée  de  la  maison  d'Obédédom  à  Jérusalem,  sur  le 
mont  deSion  (Il  Iteg,  vi).  (Bellarmin,  Bossuet,  etc.)  L'arche, 
en  effet,  qui  avait  été  prise  pir  les  Philistins,  sous  le  grand 
prêtre  Héli  (I  Reg.  iv),  fut  rendue  par  eux  sous  le  gouver- 
nement de  Samuel,  et  laissée  dans  la  maison  d'Aminadab, 
jusqu'au  règne  de  David;  après  l'avoir  laissée  trois  mois  dans 
la  maison  d'Obédédom,  le  saint  roi  la  transporta  solennelle- 
ment à  Jérusalem.  Le  chapitre  VI*  du  II*  livre  des  Rois, 
nous  raconte  avec  quelle  joie  et  quelle  solennité  se  fit  cette 
translation.  Il  nous  dit,  entre  autres  choses,  qu'il  y  avait 
sept  chœurs  de  musiciens  et  de  chanteurs,  ce  qu'insinue 
aussi  notre  cantique. 

3*  Objet.  Le  psaume  est  parfaitement  en  harmonie  avec 
la  translation  de  l'arche,  qui,  de  Moïse  à  David,  avait  si 
si  souvent  conduit  les  Hébreux  à  la  victoire.  Notre  cantique 
a  pour  objet,  en  effet,les  triomphes  et  les  prodiges  dont  le  Sei- 
gneur, dans  son  arche,  a  favorisé  le  peuple  d'Israël,  la  mar- 
che triomphale  de  Jéhovah  vers  la  montagne  de  Sion,  où 
il  va  faire  sa  résidencci  et  enfin  un  appel  pressant  à  la  con- 


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492  APPENDICE  TROISIÈME. 

fiance  dans  le  bras  divin  contre  les  ennemis  qui  restent 
encore,  et  qui  reconnaîtront  un  jour,  eux  aussi  ,  le  Dieu 
d'Israël.  Mais  l'hymne  inspiré  s'é!ève  parfois,  sinon  tou- 
jours, jusqu'au  Messie,  dont  il  célèbre  la  victoire  sur  le  pé- 
ché et  l'enfer,  par  sa  Résurrection,  son  Ascension  au  ciel  et 
la  promulgation  de  son  évangile.  Saint  Paul  autorise  ce 
sens  figuré  dans  son  épîtreaux  Ephésiens  (vi,  8),  etrÉglise 
le  confirme,  en  insérant  ce  psaume  dans  l'office  de  la  Pen- 
tecôte. 

II.   ANALYSE. 

Il  y  a  donc  trois  idées  principales  dans  ce  psaume  :  i** 
victoires  du  passé  ;  2°  marche  triomphale  vers  Sion;  3°  vic- 
toires de  l'avenir.  Mais  il  nous  faut  donner  une  analyse 
plus  détaillée,  qui  nous  guidera  mieux  dans  l'intelligence 
et  l'explication  du  texte. 

1°  Introduction  générale  au  cantique  par  un  cri  d'en- 
thousiasme à  la  gloire  de  Jéhovah  qui  se  met  en  marche, 
et  par  une  vive  exhortation  aux  assistants  de  se  réjouir  et 
de  célébrer  cette  gloire  (2-5).  Pour  les  exciter  davantage  à 
la  joie  et  à  la  louange,  David  exalte  les  prodiges  que 
Dieu,  porté  dans  son  arche,  a  opérés  en  faveur  d'Israël.  Il 
rappelle  d'abord  sa  miséricorde  et  sa  puissance  en  général 
(6),  puis  la  sortie  de  l'Egypte  (7),  les  miracles  du  désert 
(8-11),  la  conquête  de  la  terre  promise  (12-15). 

2°  La  montagne  de  Sion  est  choisie  par  le  Seigneur  pour 
être  sa  demeure  au  milieu  de  son  peuple,  d*où  il  fera 
trembler  ses  ennemis  (16-24);  marche  triomphale  de  l'arche 
et  de  Jéhovah  (25-28). 

3°  David  implore  le  secours  divin  pour  l'avenir  (29-31), 
et,  à  la  vue  des  victoires  futures  d'Israël,  il  invite  les  rois 
et  les  peuples  à  reconnaître  et  à  louer  le  vrai  Dieu  (32-36). 

III.    EXPLICATION. 

Une  traduction  littérale  et  d*un  seul  trait,  avec  quelques 
notes  au  bas  des  pages,  fera  mieux  saisir  le  sens  de  ce 
psaume. Il  faut  se  rappeler,  dès  le  début,  la  scène  grandiose: 
l'arche,  portée  par  les  Lévites,  se  met  en  mouvement  ;  le 
cortège  s'ébranle,  et  les  chœurs,  accompagnés  de  nombreux 
instruments,  commencent  Thymne  sacré,  qu'ils  continuent 
ensuite  avec  un  saint  enthousiasme. 


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LE  PSAUME  «  EXURGAT  DEUS  ». 


493 


Le  i"  verset  est  consacré  au  titre  :  In  finem^  psalmus 
canlici,  ipsi  David  :  Psaume  triomphal  et  d'action  de 
grâces,  composé' par  David,  pour  être  à  jamais  chanté. 
Dans  le  texte  hébraïque,  au  lieu  de  m  finem,  on  lit  :  Prœ- 
fecto  chori,  ce  qui  veut  dire  :  coilflé  tout  spécialement  nu 
Maître  de  chœur  pour  être  exécuté. 


2.  Exurgat  Deus,  et  dissi- 
pentur  inimici  ejus,  et  fugiant 
qui  oderunt  eum,  a  facie 
ejus. 

3.  Sicut  deûcit  fumus,  defi- 
ciant  ;  sicut  fluit  cera  a  facie 
ignis,  sic  pereant  peccatores 
a  facie  Dei. 

4.  Et  justi  epulentur,  et 
exultent  in  conspectu  Dei  ;  et 
delectentur  in  laetitiâ. 


5.  Cantate  Dec,  psalraum 
dicite  nomini  ejus  ;  iter  facite 
eî,  qui  ascendit  super  occa- 
sum;  Dominus  nomen  illi. 

Ëxultatein  conspectu  ejus; 
turbabuntur  a  facie  ejus, 


6.  Patris  orphanorum, 
judicia  viduarum. 
Deus  in  loco  sancto  suc; 


et 


2.  Que  Jéhovah  se  lève  et  que 
ses  ennemis  soient  confondus. 
Qu'ils  fuient  à  son  approche,  ceux 
qui  n'eurent  jamais  pour  lui  que  de 
la  haine. 

3.  Qu'ils  disparaissent  comme 
s'évanouit  la  fumée.  Qu'ils  péris- 
sent devant  le  Seigneur,  ces  mé- 
chants, comme  la  cire  fond  sur  le 
feu. 

4.  Mais  que  les  justes  se  réjouis- 
sent en  présence  de  Dieu,  comme 
à  la  table  d'un  festin,  et  qu'ils  sa- 
vourent les  délices  du  bonheur  et 
de  la  joie. 

5.  Chantez  à  la  gloire  de  Dieu, 
célébrez  son  nom  par  des  cantiques, 
ouvrez  les  voies  à  celui  qui  s'a- 
vance des  régions  d'Occident  ;  il 
s'appelle  Jéhovah.Réjouissez-vous 
en  sa  présence,  qui  fera  trembler 
les  pécheurs  ; 

6.  Oui,  tressaillez  dejoieenpré- 
sence  de  celui  qui  est  le  père  des 
orphelins,  et  le  juge  vengeur  des 
veuves,  qui  n'ont  plus  leur  soutien; 
car  Dieu  est  vraiment  ici  dans  son 
sanctuaire. 


2.  Beau  prologue  à  ce  cantique,  début  plein  d*entrain  pour  cette 
marche  triomphale.  Ce  sont  les  paroles  même  que  Moïse  disait 
à  haute  voix,  lorsque,  en  changeant  de  campement,  l'arche  était  éle- 
vée de  terre,  et  que  le  peuple  se  remettait  en  marche.  (Nwm.  x,  35.) 

5.  La  maison  d*Obédédom,  d*où  Ton  transportait  l'arche,  était  à 
Toccident,  par  rapport  à  Jérusalem. 

6.  De  Tarche,  en  efiet,  Dieu  manifestait  sa  présence. 

T.  u«  28 


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494 


APPENDICE  TROISIÈME. 


7.  C'est  lui  qui  a  donné  une  pa- 
trie à  son  peuple»  alors  qu'il  n'en 
avait  plus.  Il  a  délivré  par  sa 
puissance  nos  pères  captifs,  dont 
le  malheur  excitait  sa  colère 
contre  leurs  persécuteurs,  et  dont 
la  captivité  si  dure  ressemblait  à 
un  tombeau. 

8.  0  Dieu,  quand  vous  sortiez  de 
l'Egjpte,  en  tête  de  votre  peuple 
délivré,  quand  vous  traversiez  le 
désert, 

9.  La  terre  s'est  ébranlée  dans 
tous  ses  éléments,  par  les  prodi- 
ges que  vous  avez  opérés  :  un  vio- 
lent orage  a  déchiré  le  ciel,  en  pré- 
sence du  Dieu  du  Sinaî,  du  Dieu 
d'Israël. 

iO.  Votre peuple,héritier des  pro- 
messes, vous  l'avez  favorisé  d'une 
eau  miraculeuse  et  d'une  manne 
jusqu'alors  inconnue;  il  était  af- 
faibli par  les  privations,  et  vous 
l'avez  ainsi  réconforté. 

11.  Une  multitude  de  petits  ani- 
maux s'est  trouvée  soudain  au  mi- 
lieu d'eux  ;  votre  douce  bonté  les 
leur  avait  préparés  pour  subvenir 
à  leur  indigence. 

12.  Mais  voici  que  le  Seigneur, 
par  de  nombreuses  victoires,  a  fé- 
condé la  parole  des  hérauts  qui 
devaient   les  chanter. 


7.  Deus  qui  inhabitare  facit 
unius  moris  in  domo  ; 

Qui  educit  vinctos  in  forti- 
tudine,8imiliter  eos  qui  exas- 
pérant, qui  habitant  in  sepul- 
cris. 


8.  Deus,  cum  egredereris 
in  conspectu  populi  tui,  cum 
pertransires  in  deserto; 

9.  Terra  mota  est,  etenim 
cœli  distilla  verunt  a  facie  Dei 
Sinaî,  a  facie  Dei  Israël. 


iO.  Pluviam  voluntariam 
segregabis,  Deus,  hsereditati 
tuœ  ;  et  infirmata  est,  tu  ve- 
ro  perfecisti  eam. 


H.Animalia  tua  habita- 
bunt  in  eà;  parasti  in  duice- 
dine  tuâ  pauperi,  Deus. 


12.  Dominus  dabit  verbum 
evangelizantibus ,  virtute 
multA. 


7.  On  a  donné  divers  sens  à  ce  verset;  le  nôtre  est  plus  conforme 
à  THébreu  et  à  la  suite  des  idées;  il  s'agit  de  la  délivrance  de  TE- 
gypte,  dont  il  est  question  aussi  daus  le  verset  suivant. 

8  Allusion  à  la  colonne  de  nuée  qui  guidait  les  Hébreux. 

9.  La  promulgation  de  la  loi  sur  le  Sinaî.  Ce  verset  s'explique 
par  le  cantique  de  Débora,  auquel  David  semble  l'avoir  emprunté. 
{Judic.  V,  4-5.) 

10.  C'est  le  miracle  de  la  manne  et  de  Teau  du  rocher.  Ce  ver- 
set s'explique  aussi  par  le  v.  24«  du  ps.  lxxvii. 

11.  Les  cailles  tombées,  d'après  M.  Lehir. 

12.  Allusion  à  l'entrée  des  Hébreux  dans  la  terre  promise  et  à 
leurs  victoires,  pour  la  conquérir  et  la  possédeir  en  paix. 


k.. 


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LE  PSAUMB  t  EXUR&ÀT  DBUS  >. 


495 


13.  Rex  virtutumdilectidi- 
iecti;  et  speciei  domus  divi- 
dere  spolia. 


14.  Si  dormiatis  inter  me- 
dios  cleros,  pennœ  columbœ 
deargentatœ,  et  posteriora 
dorsi  ejus  inpallore  auri. 


15.  Dum  discernît  cœlestis 
pcges  super  eam,  nive  deal- 
babuntur  in  Selmon; 


1&.  Mons  Dei,  mons  pin- 
coagulatus,    mons 


Mons 


pmguis  : 

17.  Ut  quid  suspicamini 
montes  coagulatos  ? 

Mons  in  quo  beoeplacitum 
est  Deo  habita  re  in  eo;  etenim 
Dominus  habitabit  in  finem. 


13.  Et  le  roi  des  armées,  le  roi 
du  peuple  très  cher  à  son  cœur, 
fera  partager  le  butin  aux  femmes 
des  guerriers,  ornement  de  la 
maison. 

14«  Dormant  tranquilles  au  mi- 
lieu  de  vos  héritages,  des  terres 
que  Dieu  tous  a  choisies,  vous  se- 
rez comme  la  colombe  aux  ailes 
d'argent,  au  plumage  dont  Véclat 
ressemble  à  celui  de  Por. 

15.  Et  tandis  que  le  Roi  du  ciel 
chassera  de  la  terre  promise  les 
rois,  ses  premiers  possesseurs,  les 
vainqueurs  seront  comme  la  neige 
qui  brille  sur  le  Selmon. 

16.  Le  Selmon  est  une  montagne 
très  élevée,  une  montagne  fer- 
tile, et  aux  crêtes  superbes;  une 
montagne  des  plus  fertiles. 

17.  Mais,  pourquoi  les  admirez- 
vous,  ces  magnifiques  montagnes  ? 
Voici  celle  où  il  a  plu  au  Seigneur 
de  venir  habiter.  Oui,  Jéhovah 
y  fixera  pour  toujours  sa  de- 
meure. 


i^.  Dilecti  dilecti,  héhraïsmQ  pour  dilectissimi.  Le  mot  dabit  dix 
verset  précédent  est  ici  sous-entendu  devant  le  verbe  dividere.  — 
Rex  virtutum  :  Ce  roi  est  Jéhovah,  ou  mieux  les  chefs  des  armées 
qui  apportent  ainsi  à  la  maison  le  butin  partagé,  pour  que  les 
femmes  en  disposent.  -  speciei  domûs  :  Dans  le  Ps.  lxxvii,  61, 
les  femmes  sont  appelées  de  ce  même  nom  :  species  domûs. 

14  et  15.  Ces  deux  versets,  les  plus  difficiles,  sont,  dit  M.  Vi- 
gouroux,  «  d'une  obscurité  impénétrable  »  ;  notre  explication  se 
rattache  le  mieux  au  sens  général  :  il  s'agit  de  la  tranquille  pos- 
session de  la  terre  promise.  —  Cum  dormieritis  inter  medios  clerosy 
eritis  sicut  pennâs  columhse  deargentatœ,  cujus  posteriora  dorsi  sunt 
in  pallore  auri.  Ces  figures  expriment  la  paix  et  les  richesses  des 
Israélites  dans  la  terre  promise.  La  neige,  par  sa  blancheur,  est 
aussi  une  image  du  bonheur  et  de  la  prospérité.  Le  Selmon  était 
une  montagne  d'Ephraïm,  habituellement  couverte  de  neige. 

16.  Le  Selmon  fait  penser  David  à  la  montagne  de  Sion  où  il  va 
placer  l'arche.  Mons  Det,  hébraïsme,  pour  mons  valde  excelsus, 

17.  Le  mont  de  Sion  était  le  but  de  la  marche  triomphale. 


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496 


APPENDICE  TROISIÈME. 


18.  Son'char  estplus  fort  quedix 
mille  chariots  de  guerre,  plus 
fort  que  des  milliers  d'anges 
jo  jeux.  Le  Seigneur  est  là  au  milieu 
d'eux,  dans  son  sanctuaire,  comme 
autrefois  sur  le  Sinaï. 

i9.  Vous  êtes  monté  sur  ces  hau- 
teurs, traînant  à  Yotre  suite  de 
nombreux  captifs  ;  vous  avez 
recueilli  de  riches  dépouilles  pour 
les  distribuer  aux  hommes  de 
votre  cœur,  à  votre  peuple,  et 
même  à  ceux  qui  ne  croyaient 
pas  d'abord  que  le  Seigneur  habi- 
tât parmi  nous. 

20.  Qu'il  soit  béni,  le  Seigneur, 
aujourd'hui  et  toujours;  le  Dieu 
de  nos  délivrances  continuera  de 
nous  {guider  dans  une  voie  pros- 
père. 

21.  Oui,  notre  Dieu  est  le  Dieu 
qui  sauve  des  dangers;  à  lui  seul 
tout-puissant,  il  appartient  d'ar- 
racher au  trépas  et  de  faire  échap- 
per à  la  mort. 

22.  Aussi  du  haut  de  Sion,  écra- 
sera-t-il  la  tête  de  ses  ennemis  ;  il 
brisera  le  front  altier  de  ceux  qui 
se  plaisent  dans  leurs  voies  crimi- 
nelles. 

23.  Le  Seigneur  Ta  dit  en  effet  :  je 


48.  GurrusjDei  decemmllli- 
bus  multiplex,  millia  lœtan- 
tium;  Dominus  in  eis,  in 
Sina,  in  Sancto. 


19.  Ascendisti  in  altum, 
cepisti  captivitatem;  acce- 
pisti  dona  in  hominibus; 

Etenim  non  credentes  in- 
habitare  Dominum  Deum. 


20.  Benedictus  Dominus 
die  quotidie;  prosperum  iter 
faciet  nobis  Deus  salutarium 
nostrorum. 

21.  Deus  noster,  Deussal- 
vos  faciendi;  et  Domini  Do- 
mini  exitus  mortis. 


22.  Verumtamen  Deus 
confringetcapita  inimicorum 
suorum;  verticem  capilli  pe- 
rambulantium  in  delictis 
suis. 

23.  Dixit  Dominus  :   Ex 


18.  Ce  char  de  Jéhovahest  Tarche  dont  le  propitiatoire  était  cou- 
vert par  deux  chérubins  aux  ailes  étendues,  et  formait  ainsi  comme 
le  trône  divin  ;  Tarche  sainte,  qui  leur  a  fait  remporter  de  si  bril- 
lantes victoires. 

19.  David  voit  déjà  Tarche  établie  sur  le  mont  de  Sion.  Ces  nom- 
breux captifs  sont  les  Hébreux  sortis  de  l'Egypte  et  les  ennemis 
vaincus.  In  hominibus  :  les  peuples  voisins  qui  s'étaient  associés  au 
peuple  hébreu.  —  S.  Paul  a  cité  textuellement  ce  verset,  en  l'appli- 
quant à  l'Ascension  de  J.-G.  {Eph.  iv,  7-10.) 

21.  Domini  Domini ^  hébraïsme  exprimant  le  superlatif. 

23.  Basan,  pays  fertile,  au  N.-E.  de  Jérusalem  ;  il  appartenait  au 
roi  Og,  le  plus  redoutid)le  ennemi  dlsraël,  qui  fut  vaincu  et  dé- 
pouillé de  ses  terres  par  les  Hébreux.  David  mentionne  ici  Basan, 


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LB  PSAUME  «  BXUR6AT  DSUS  ».  497 

BasaDconYertam,conYcrtam  les  arracherai  de  Basan;  je  les 
in  profundum  maris  ;  précipiterai  dans  les  profondeurs 

de  la  mer. 

2t     Ut    intingatur    pes      24.  Le  carnage  que  j'en  ferai  sera 

tuus  in  sanguine;  lingua  ca-  si  horrible,  que  vos  pieds  se  bai- 

num  tuorum  ex  inimicis,  ab  gneront  dans  le  sang  et  que  la 

ipso.  langue  de   yos  chiens    en    sera 

toute  rougie. 

25.  Viderunt  ingressus  25.  Mais  voici  que  les  tribus 
tuos,  Deus,  ingressus  Dei  d'Israël  ont  vu  votre  entrée  dans 
mei  ;  régis  mei  qui  est  in  Jérusalem  ;  la  marche  triomphale 
sancto.  de  mon  Dieu,  de  mon  Roi,  qui 

trône  en  son  arche,  le  sanctuaire 
de  sa  divinité. 

26.  Praevenerunt  principes      26.  En  tête,  se  sont  avancés  les 
conjuncti    psallentibus,     in  princes  des  peuples,   môles  aux 
medio  juvencularum  tympa-  musiciens  et  aux  chantres,    au 
nistriarum.  milieu  des  jeunes  filles  qui  bat- 
tent du  tambourin. 

27.  In  ecclesiis  benedicite      27.  «  Dans  ce  cortège  triomphal 
Deo    Domino,   de    fontibus  et  dans  vos  assemblées,  disaient- 
Israël,  ils,  bénissez  le  Seigneur,  Dieu  tout- 
puissant,  ô  vous  tous,  issus  de  la 
race  d'Israël.  » 

28.  Ibi  Benjamin  adoles-  28.  Là  se  trouvent  le  jeune  Ben- 
centulus,  in  mentis  excessu.  jamin  dans  le  ravissement  de  son 

Principes  Juda,  duces  eo-  &me;  les  princes  de  Juda,  chefs 
rum  ;  principes  Zabulon,prin-  des  tribus,  et  ceux  de  Zabulon  et 
cipes  Nephtali.  de  Nephtali. 

29.  Manda,  Deus,   virtuti      29.  Commandez,  Seigneur,    k 
tuae;    confirma  hoc,   Deus,  votre'puissance;  affermissez,  con- 
quod  operatus  es  in  nobis;      tinuez  ce  que  vous  avez  fait  en  no- 
tre faveur; 


pour  signifier  les  plus  puissants  ennemis.  Il  fait  allusion  aussi  à 
la  destruction  de  Tarmée  Egyptienne  dans  les  flots  de  la  mer 
Rouge. 

24.  Ut,  pour  Ita  ut.  —  Ce  verset  a  été  indignement  parodié  par 
Voltaire. 

23.  C'est  maintenant  la  description  de  la  marche  triomphale, 
ainsi  parfaitement  amenée. 

28.  David  comprend  toutes  les  tribus  dans  ces  quatre;  peut-être 
aussi  ne  nomme -t-il  que  celles-ci,  parce  qu'elles  ouvraient  la  mar- 
che et  que  les  autres  suivaient. 

T.  lU  ^' 

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49S  APPENDICE  TROISIÈME. 

30.  Les  rois  étrangers,  recon-  30.  A  teinplo  tuo  in  Jeru- 
naissant  votre  force  et  votre  pro-  salem,  tibi  offerent  reges 
tection  sur  nous,  viendront  vous  munera. 

offHr  leurs  présents  dans  votre 
sanctuaire,  à  Jérusalem,  et  leurs 
offrandes  s'élèveront  du  temple 
vers  vous. 

31.  Réprimez  les  bêtes  sauvages  3i.  locrepa  feras  arundi- 
des  roseaux;  elles  sont  pour  nous  Dis;  congregatio  taurorum 
comme  une  troupe  de  taureaux  in  vaccis  populorum,  ut  ex- 
ardents et  furieux  au  milieu  des  éludant  eos  qui  probati  sunt 
génisses,  afin  de  cbasser  de  leurs  argento. 

terres  ceuxqui,pour  les  conquérir,      Dissipa  gentes  quse  bella 
furent  éprouvés  comme  l'argent  volunt. 
dans  la  fournaise.  Confondez,  dis- 
sipez ces  nations  qui  veulent  et 
nous  font  la  guerre. 

32.  Aussi  bien,  du  fond  de  TE-  32.  Venient  legati  ex 
gjpte,il  nous  viendra  des  ambas-  iEgypto;  iËtbiopiaprsevcniet 
sadeurs  pour  conclure  la  paix;  TE-  manus  ejus  Deo 

thiopie  offrira  la  première  à  notre 
Dieu  des  prières  et  des  présents. 

33.  Royaumes  de  la  terre,  re-  33.  Régna  terr»,  cantate 
connaissez,  célébrez,  chantez  le  DeQ,psallite  Domino ;psallite 
vrai  Dieu,  Deo, 

34.  Qui  monte  au  sommet  élevé  34.  Qui  ascendit  super  cœ- 
de  Sîon,  vers  TOrient.  Il  saura  lum  cœli,  ad  orientem.  Ecce 
donner  à  sa  voix  Téclat  de  sa  dabitvocisuœvocemvirtutis. 
puissance. 


31.  E$i[yptiens,  Philistins,  Ass3rriens,  Ethiopiens,  tous  habitants 
des  bords  du  Nil,  du  Tigre  ou  de  l'Euphrate.  Feras  arundinis  quse 
sunt  ut  congregatio  taurorum  in  vaccis  populorum  (au  milieu  des 
génisses  domestiques.) 

32.  Prophéties  des  victoires  futures  des  Hébreux  et  de  la  paix 
avec  les  peuples  voisins  sous  Salomon  et  ses  successeurs.  (III  jRe^. 
i\î,  IV,  x...)  On  sait  que  ce  prince  épousa  la  âlle  du  roi  d'Egypte, 
et  que  la  reine  de  Saba  et  de  l'Ethiopie  vint  à  Jérusalem  offrir 
des  présents. 

33.  David,  dans  un  même  esprit  prophétique,  exhorte  les  nations 
&  reeonnattre  le  vrai  Dieu. 

34.  Super  cœlum  cœli,  hébraïsme  pour  sommet  élevé.  Sion  était  à 
l'Orient  par  rapport  à  la  maison  d*Obédédom  d*où  Ton  transportait 
)'areher 


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LB  PSAUME  «  EXUBGAT  DEUS  ».  499 

35 .  Date  gloriam  Deo  super  35 .  Rendez  gloire  à  Dieu  pour  les 
Israël;  maguiGcentia  ejus,  et  bienfaits  dont  il  a  comblé  Israël; 
virtus  ejus  in  nubibus.  sa  magnificence,   en  effet,  et  sa 

puissance  se  sont  élevées  alors  jus- 
qu'aux nues. 

36.  Mirabilis  Deus in  sanctis  36.  Oui, Dieu  est  admirable  dans 
suis  ;  Deus  Israël  ipse  dabit  son  sanctuaire,  dans  son  arcbe,  et 
Tirtutem  et  fortitudioemple-  aussi  dans  ses  saints,  sanctuaires 
bi  su8e.  Benedictus  Deus  !         de  sa  grâce  et  de  sa  divinité.  C'est 

lui-même.  Dieu  d'Israël,  qui  a 
donné  et  donnera  encore  à  son  peu- 
ple le  courage  et  la  force  pour  vain- 
cre ses  ennemis,  et  jouir  en  paix 
de  son  héritage.  Qu'il  soit  à  ja- 
mais béni  ! 

IV.  UTILITÉ  DU  PSAUME. 

Les  commentateurs:  Bellarmin,  Bellenger  et  autres,  ont 
appliqué  tout  le  Psaume  à  Jésus-Christ  et  aux  merveilles  du 
Testament  Nouveau,  ce  qui  ajoute  encore  à  sa  beauté  et  à 
son  utilité.  Aussi  lira-t-on  ces  auteurs  avec  fruit  et  édiQ- 
cation.  Nous  ne  pouvons  pas  les  suivre  ici  dans  ces  nou- 
veaux développements,  fondés  du  reste  sur  l'autorité  de 
saint  Paul  qui  applique  à  Notre-Seigneur  le  v.  19  [Ephes, 
IV,  8),  et  sur  celle  de  l'Église,  qui  a  inséré  ce  même  verset 
plusieurs  fois  dans  Toffice  de  l'Ascension  et  le  psaume  entier 
dans  celui  de  la  Pentecôte.  Mais,  avertis  qu'il  s'agit  dans 
ce  psaume  du  Messie  libérateur,  de  sa  victoire  sur  l'enfer 
elle  péché,  de  son  trioniphe  au  jour  de  l'Ascension,  de  la 
promulgation  de  sa  loi,  qui  commença  solennellement  le 
jour  de  la  Pentecôte,  de  la  conversion  des  peuples,  et  de 
l'Église  enfln,  nous  saurons  distinguer  ses  sensdiversdansle 
recueillement  et  la  prière,  alors  même  que  nous  ne  verrions 
pas  toujours  l'enchaînement  des  idées.  Le  sens  littéral  que 
nous  avons  donné  ne  laissera  pas  cependant  que  de  nous 
être  utile,  car  il  nous  montre  labontédu  Dieu  tout-puissant 
pour  le  peuple  qu'il  aime,  et  sa  justice  contre  les  méchants. 

35.  Figure  pour  exprimer  combien  magnifiquement  Israël  a 
ressenti  les  effets  de  ces  attributs  divins. 

36.  David  revient,  en  terminant,  à  Tidée  de  Tarche,  et  les  deux 
derniers  mots  du  verset  sont  comme  la  conclusion  du  Psaume, 


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500  APPENDICE  TROISIÈME. 

V.  PLACE  DU  PSAUME  DANS  L'OFFICE  DIVIN, 

L'ordre  biblique  amenait  le  psaume  Exurgat  Deus  à 
Tofûce  férial  du  mercredi.  Il  en  est  de  même  dans  le  bré- 
viaire mozarabique,  où  Ton  voit,  à  cette  même  férié,  une 
oraison  qui  s'inspire  du  sens  figuré  du  psaume  :  «  Domine^ 
»  quiascendis  in  altum,  captivant  dticens  captivitatem,  nos 
»  a  captivitatediaboli  victoriœ  tttœ  erue  triumphis,  ut  dona 
»  tua  dum  hominibus  tribuis,  ipsos  homines  donorum  tuorum 
»  reddas  ex  toto  participes.  »  L'Église  a  inséré  de  plus  le 
psaume  dans  les  matines  de  la  Pentecôte,  avons-nous  dit, 
confirmant  par  là  l'interprétation  mystique  dont  nous  avons 
parlé  plus  baut.  C'est  ce  qui  nous  a  valu  de  l'illustre  évêque 
de  Poitiers,  le  cardinal  Pie,  pour  le  jour  de  la  Pentecôte,  une 
belle  parapbrase  appliquée  aux  épreuves  de  l'Eglise.  (T.  IV, 
p.  453  et  suiv.)  Le  psaume  lxvii*  se  retrouve  aussi,  en  tout 
ou  en  partie,  dans  l'office  de  l'Ascension,  à  la  messe  de  la 
Pentecôte,  dans  lescérémonies  de  la  consécration  ou  de  la 
réconciliation  d'une  église,  et  dans  celles  de  l'exorcisme 
d'un  possédé.  Il  est  facile  de  voir,  après  ce  que  nous  en 
avons  dit,  comment  il  avait  ainsi  sa  place  dans  ces  prières 
liturgiques. 

VI.   MESURE  POÉTIQUE. 

82  vers  en  8  strophes  : 

strophes       versets  rors. 

1'® .  .     2-5  ...  10.  .  .  Introduction  générale. 

2®.  .  .    5-11.  .  .  14.  .  .  Bienfaits  passés  du  Seigneur. 

3'..  .  12-15.  .  .    9.  .  .  Conquêle  de  la  terre  promise. 

4*. .  .  16-20.  .  .  10.  .  .  Le  mont  de  Sion  devient  la  de- 
meure de  Jébovab. 

5*.  .  .  21-24.  .  .  10.  .  .  Dieu  fait  trembler  de  là  ses  en- 
nemis. 

6'.  .  .  25-28.  .  .    9.  .  .  Marche  triomphale  de  l'Arche. 

7*.  .  .  29-31.  .  •    8.  .  .  Imprécationscontrelesennemis. 

8*.  .  .  32-36.  .  .  12.  .  .  Victoires  futures. 


FIN  DU  TOME  SECOND. 


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TABLE 

DES  NOTICES  LITUR6IC0-BIBLI06RAPHIQUES. 


Adrien  II.  II,  469. 

Agobard,  II,  230. 

AllHïrgotti,  I,  28. 

Alexandre  !«'  (saint),  n,  151. 

AllioU,  I,  5. 

Anadet  (saint),  II,  150. 

Anicet  (saint),  II,  151. 

Antoniano  (le  cardinal),  II,  211. 

Arago  (François),  1, 157. 

Arevalo  (le  Père),  II,  180. 

Art  de  vérifier  les  dates,  (r)1, 226 

Basile  le  Grand  (saint),  I,  56. 

Becichemns,  II,  187. 

Beieth  (Jean),  II,  390. 

Bellarmin  (le  cardinal),  I,  7. 

Biraghi,  II,  70. 

Blondel,  I,  173. 

Branchereau,  II,  478. 

Gains  (saint),  II,  152. 

Gallixte  !•',  II,  152. 

Gaprara  (le  cardinal),  I,  362. 

Carpo  (de),  I,  12. 

Cassandre  (Georges),  II,  210. 

Cassien,  I,  29. 

Célestin  W  (saint),  I,  16. 

Charlemagne,  II,  10. 

Chrodegand  (saint),  II,  145. 

aavius  (le  Père),  I,  168. 

Clément  I"  (saint),  II,  150. 

Clément  VII,  I,  21. 

Clet  (saint),  II,  150. 


Clicthoue,  II,  191. 

Coffin  (Charles),  II,  190. 

Corneille  (Pierre),  II,  373, 

Cousseau  (Mgr.),  II,  367. 

Damien  Pierre  (saint),  II,  169. 

Daniel,  II,  219. 

Delambre,  I,  211. 

Denys  le  chartreux,  II,  68. 

Denys  (le  peUt),  I,  176. 

Ephrem  (saint),  I,  38. 

Espence  (Glande  d'),  H,  288. 

Etienne  I»'  (saint),  II,  152. 

Eutichien  (saint)  II,  152. 

Evariste  (saint),  II,  151. 

Félix  1er  (saint),  U,  152. 

Ferreri,  I,  20. 

François  d'Assise  (saint),  I,  18. 

François  de  Sales  (saint),  I,  35. 

Fulbert,  II,  432. 

Gauss,  I,  211, 

Giraud  (le  cardinal),  II.  110. 

Gousset  (le  cardinal),  I,  81. 

Grégoire  VII  (saint),  1, 10. 

Gretser,  II,  309. 

Guidetti.  II,  276. 

Guy  (d'Arezzo),  H,  470. 

Guyet  aePère),II,  231. 

Hainglaise,  11^  200. 

Haymon,  I,  19. 

Jacopone  de  Tody,  II,  214. 

Jérôme  (saint),  I,  11. 


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BOS 


TABLB  DES  NOTICES. 


Kosma  de  Papi,  I,  251. 

LtpUee,  I,  187. 

Uon  le  Grand  (saint)»  I,  16. 

Léon  n  (saint),  n,  184. 

Léon  X,  II,  205. 

Léon  XIII,  I,  26. 

UUo,  I,  168. 

Lin  (saint),  II,  150. 

Lohner,  II,  32. 

Magre,  (l'abbé),  II,  261. 

Mamert  (Claadien),  II,  213. 

Méton,  1, 162. 

Michel  Timotbée,  II,  192. 

Mnlbbaûer,  I,  273. 

Octavaire  Romain  (!'),  II,  344. 

Odon  de  Cluny  (saint),  II,  212. 

Ouvrard  (Fabbé),  I,  45. 

Palantieri,  11,  218. 

Paul  III,  II,  206. 

Paul  V,  1, 326, 

Paul  d'AquUée,  II,  209. 

PauUn  d*Aquilée,  II,  212. 

Peyronnet  (l'abbé  de),  1,  11. 

Pie  I,  (saint),  n,  151. 

Pie  VI,  I,  24. 

Pie  VII,  I,  358. 

Pie  IX,  I,  25. 


Pierre  d*AiUy,  1, 150. 
Pimont  a*abbé),  H,  55. 
Pont  (Louis  du),  1, 107. 
Quignomez  (le  cardinal),  I,  22. 
Racine  (Jean),  II,  15. 
Regiomontamus,  1,151» 
Saignes,  II,  189. 
Santeuil  (Claude),  II,  188. 
SantenU  (Jean),  II,  187. 
Sedulius,  II,  209. 
Siivestre  I  (saint),  1, 189. 
Sixte  I  (saint),  n,  151. 
Soter  (saint).  Il,  151. 
Snarez,  II,  49. 
Tetamo,  II,  226. 
Thalhofer,  II,  267. 
Thomas  d'Aquin  (saint),  II,  134. 
Toursel  (l*abbé),  II,  41. 
Urbain  I«r  (saint),  II,  152. 
Urbain  II  (le  bienheureux),  I,  323. 
Urbain  VIII,  I,  24. 
ValenUn  (l*abbé),  î,  78. 
Valois  (Adrien  de),  II,  189. 
Victor  I  (saint),  n,  151. 
Wimpheling,  II,  205. 
Zaccaria,  II,  217. 
Zépbirin  (saint),  II,  152. 


FIN  DE  LA  TABLE  DES  NOTICES. 


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TABLE  DES  MATIÈRES 


8BCTI0K  II.  —  Des  parties  de  TofOce  divin  ou  des  différentes 

heures  canoniales 

Chap.  I.  —  Matines  et  laudes •    •    •    . 

Art.  I.  —  Matines 

Parag.  I.  —  Origine  historique  et  mystique    •    •    «     . 

Parag.  II .  —  Composition  des  matines 

No  1 .  —  Matines  solennelles 

No  2.  —  Matines  des  morts 

Art.  II.  —  Les  laudes 

Parag.  I.  —  Historique  et  symbolisme  des  laudes    •    • 
Parag.  II.  —  Bit  et  composition  des  laudes  .    •    •    . 

Chap.  II.  —  Les  petites  Heures 

Art.  I.  —  Des  petites  heures  en  général 

Parag.  I.  —  Du  psaume  :  Beati  immaculati  in  via,    . 
Parag.  II.  —  De  quelques  autres  caractères  communs 

aux  petites  heures 

Art.  U.  —  Des  petites  heures  en  particulier 

Parg.  1.  -  Prime 

No  1.  —  Origine  et  symbolisme    ...".... 

N*  2.    —  La  rubrique  —  (Composition  de  prime; 

Symbole  de  saint  Athanase.  —  Martyrologe)    .    . 

Parag.  IL  —  Tierce,  sezte  et  none 

N*  1.  —  Tierce 

No  2.  Sexte 

N03.  —  None 

Chap.  UI.  —  Vêpres 

Art.  1.  —  Leur  origine 

Art.  IL  —  Leur  composition 

Art.  III.  —  Célébration  des  vêpres  au  Chœur   •    •    .     • 

Parag.  I.  —  Célébration  solenneUe • 

Parag.  II.  —  Célébration  non  solennelle 

Art.  IV.  —  De  la  convenance  d'assister  aux  vêpres  le 

dimanche 

Chap.  IV.  —  Les  compiles.  —  (Origine,  —  But  et  symbo- 
lisme. —  Leur  composition.  —  Chant  de  compiles.  — 

Conclusion  du  cardinal  Bona) 

Section  IlL  —  Les  éléments  des  heures  canoniales  .... 

Chap.  I.  —  Des  élémenfs  communs  à  toutes  les  heures  ca- 

nonlalei  •....•••••••*«.. 


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504  TABLE  DES  MATIÈRES. 

Art.  I.  Le  «  Pater  »  et  T  «  Ave  » 129 

PftMiy.  I.  —  Le  «  Pater  »...•....,.  130 

.  II.  —  V^Ave  Maria  » 138 

—  InTOcatîona  brèyes  qui  commencent  et  termi- 

et  heures 144 

.  I.  —  InTOcations  brèves  du  coomiencement.     •  144 

.  —  c  Domine,  labia  mea  » 146 

.  —  «  Deus,  in  adjutorium  meutn  intende  »    .     •  148 

.  —  Le  Doxologie  :  «  Gloria  Patri  »    •    •     .     .  150 

:.  —  V^Amen  »••••• 154 

.  —  V^AUeluia» 155 

>.  —  «  Couverte  nos  » 160 

.  Le  signe  de  la  Croix 161 

.  IL  —  Invocations    brèves   qui  terminent  les 

•es  canoniales *••.*••  167 

.  •-' a  Domintu  vobitcîim  » 168 

I. — «  Benedicamus  Domino  :k     •..•••  173 
.  —  Fidelium  anima,  —  Dominm  det  nobis  suam 

xem,  —  Divinum  auxilium  »•••••••  175 

«  Fidelium  aninue  o 175 

inDomintis  det  nobis  mam  pacem  » 177 

«  Divinum  auxilium  »  •    .• 178 

—  Les  hymnes  ...    « 178 

I.  ~  Aperçu  générai  sur  les  hymnes  du  bré- 

■e  romain  ••••••' 179 

.  — .  Leur  origine  dans  le  bréviaire  romain    •    •  180 

.  —  Leur  caractère .     •     •     . 186 

'  Prop.  — -  La  plupart  des  hymnes  romaines  n*ont 
pas  l'élégance  poétique  des  odes  d'Horace  et  des 

bymnes  de  Santeuil  et  de  Goffin 190 

Prop.  —  Nos  hymnes  ont  les  principaux  élé- 
ments de  la  beauté  poétique 192 

•  Prop.  —  Les  hymnes  da  bréviaire  romain  ont, 
lans  la  période,  une  simplicité  et  une  concision 
D[ue  demande  rélan  de  la  prière,  surtout  quand 

aie  doit  être  i^hantée    ..........  200 

8  Prop.  — •  Le  caractère  général  des  hymnes  ro- 

[naines  est  donc  etc • 203 

.   -^    Les  auteurs   et  les  commentateurs    des 

mnes  romaines .•  209 

Les  auteurs   •    •     •    • 209 

Les  commentateurs 217 

II.  —  Principes  liturgiques  sur  la  récitation  et  le 

t  des  hymnes.    • 219 

—  Des  antiennes •    •    •    •  228 

I.  Origine  et  but  des  antiennes 228 

IL  —  La  rubrique  •     • 233 

—  Des  psaumes 239 

I.  —  Notions  générales  sur  les  psaumes.  — 


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TABLE  DES  MATIÈRES.  505 

(Nombre.  ~  Division.  -—  Authenticité.  —  Aateur.  — 
Inspiration.  —  Beauté  morale  et  littéraire.  —  Motifs 

de  les  étudier) 239 

Parag.  II.  —  Les  psaumes  dans  Toffice  divin.  —  (La 
rubrique.  —  Nombre  et  choix  des  psaumes.  —  Le 
et  Gloria  Patrh,—  Le  chant.—  Les  règles  du  chœur).      253 
Art.  VI.    —Des  versets.   (Leur  nature.  —  Leur  raison 

d*étre.  —  Le  chant.  —  La  rubrique).     ..*...      276 
Art.  VII.  ~  Le  'Capitule.  (Origine.  —  Son  rapport  avec 

Tôffice.  —  Principes  liturgiques.  —  La  rubrique.)    *     .      280 
Art.  VIII.  —  De  l'oraison.  (Sa  nature.  —  Oraisons  di- 
•  verse».  —  Nombre.—  Excellence.—  Antiquité.—  «  Do- 
minus  vobiscum  et  Oremus  ». —  Principes  liturgiques.— 

La  rubrique.  —Le  chant.) 285 

Chap.  II.  —  Des  éléments  de  Toffice  divin  particuliers  à 

certaines  heures  canoniales •     .      292 

Art.  I.    —  Du  n  Credo  ».    (La  rubrique.—  Origine  du 
symbole  des  apôtres.  —  Son  usage.   —  Principes  litur- 
giques. —  Commentateurs.  —  Eloge  des  Pères.).     .     .      293 
Art.  IL  —  De  l'Tnvitatpire.  —  (Sa  notion.  —  Son  but. 

—  Son  origine..— Explication  de  la  rubrique.  —  Le  chant. 

—  Le  psaume  :  Venite,  exultemus.) 298 

Art.  III.  —  Des  absolutions  et  des  bénédictions  avant  les 

leçons 305 

Parag.  1.  —  Des  absolutions 306 

Parag.  II.  —  Des  bénédictions 308 

Art.  IV.  —  Des  leçons 314 

Parag.  I.  —:  La  rubrique  sur  les  leçons.     .*•...  314 

Parag.  Explication  de  cette  rubrique    ......  318 

No  1.  —  Notions  générales  sur  les  Leçons,  —  (Origine. 

—  Nombre.  —Longueur.—  Les  Titres.  —  Approba- 
tion. —  Le  Chant.) ....  318 

N«  2.  —   Leçons  du  I«f  nocturne.    (Leur  objet.  — 
Division  des  Livres  Saints  dans  Tannée  liturgique. 

—  rjEcriture  occurrente.  —  Le  commencement  d'un 
Livre  et  ses  règles.  —  L'histoire  des  Machabées.)    .      324 

No  3.  —  Leçons  du  II«  Nocturne.  —  (Les  légendes 
des  Saints  et  les  extraits  des  Pères  dans  le  bréviaire 
romain.  —  Autorité  des  légendes.  —  Le  Lectionnaire 
antique.  —  Obscurité  de  certaines  leçons.  —  Prin- 
cipes liturgiques.  —  L'Octavaire  romain).  .  .  .  336 
N«  4.  —  Leçons  du  III«  Nocturne.  (Leur  objet.  — 
Principes  liturgiques.  —La  IX«  Leçon.— Règles  du 

*  chœur.) 3*4 

Art.  V.  —  Des  répons 349 

Parag.  I.  —  Des  répons  qui  suivent  les  leçons.  (But  et 
origine.  —  Leur  composition,  —  La  rubrique.  —  Le 

Ville  répons.  —  Le  chant.) 349 

Parag.  II.  —  Des  répons  brefs.  (Leur  Nom.  —  Le  ver- 
T.  H.  29 


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506  TABLB  DBS  MATIÈRES. 

set  du  répons  bref  à  prime.  —  Les  a  Alléluia  ».  -^  Le 

ebtni.  -*  La  rabrique.) 360 

Art.  VI.  —  Le  Te  Deum,  (Son  rôle  dans  Tofflce  divin. 
—  Sa  beauté.  —  Son  auteur.  —  La  rubrique  —  Prin- 
cipes liturgiques) 365 

Art.  VIT.  —  Des  cantiques 372 

Parag.  I.  —  Cantiques  anciens 374 

No  i.  —  Cantique  du  dimanche  et  des  f&tes  :  Benedi- 

cite,  omnia  opéra 374 

N®  2.  —  Les  cantiques  des  fériés 380 

1<>.  Lundi.  —  Cantique  disais  :  a  Confitibor  tibi^  Dch- 

mine.» 380 

i\  Mardi.  —  Cantique  d*Ezéchias  :  «  Ego  cUxi  :  In 

dimidio  dierum  meorum  y* 381 

3<^.  Mercredi.  —  Le  cantique  d*Anne  :  t  Exultavil 

cor  meum  in  Domino 383 

40.  Jeudi.  —  Le  cantique  de  la  mer  Ronge  :  et  Can- 

temui  Domino  :  glorio$e  enim 383 

5*.  Vendredi.  —  Le  cantique  d*Habacuc  :  «  Domine^ 

audivi  auditionem  iuam 385 

6<>.  Sftmedi.  -^  Le  cantique  de  Moyse  :  Audite,  cœli, 

qtue  loqttor, 387 

P^rag.   n.  —  Les  cantiques  évangéliques 389 

N<*  1.  Notions  générales.  (Place  de  ces  cantiques  dans 

Tof^ce  divin.— Leur  chant  au  chœur.)    ....  389 

N<*  2.  Le  cantique  de  Zacharie  ou  le  «  Benedictus  >    .  391 

No  3.  —  Le  cantique  de  Marie  ou  le  «  Magnificat  ».  .  393 
No  4.  —  Le  cantique  de  Siméon  ou  le  «  Nunc  c2i- 

mittis  » 397 

Art.  Vm.  —  Des  prières .  401 

Parag*  L  —  Des  prières  dominicales 402 

No  1.  Prières  dominicales  de  prime 403 

No  2.  ^  Prières  dominicales  des  compiles  ....  407 

Parag,  IJU  —  Des  Prières  fériales 408 

No  iu,  -^  Prières  fériales  des  laudes 412 

N**  2.  —  Prières  fériales  de  prime 417 

No  3.   ^   Prières    fériales  des   trois  antres  petites 

heuses  et  des  compiles 419 

No  4*  ^  Prières  fériales  des  lèpres 419 

Art.  IX.  —  Des  sufihrages  communs 436 

Parag.  I.  -^  Des  siâ^ages  communs  en  général .     .    .  426 

Parag.  II.  —  Des  suffrages  communs  en  particulier.     .  429 

No  1.  — .  CommémoraiiBoh  de'  la  Croix    .....  429 

No  2.  —  Suffrage  de  la  sainte  Viei^ge 432 

No  3.  —  Suffirage  de  saint  Joseph   ......  437 

No  4.  —  Suffrage  des  Apôtres 441 

No  S —  Suffrage  du  patron  ou  du  tituldre  de  l'église.  442 

N.0  6.  —  Suffrage  pour  la  paix    •.....•  447 

Art.  X.  —  Les  antiennes  finales  de  la  sainte  Vierge.    •  448 


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TABLE  DES  MATIÈRES.  507 

Parag.  I.  Des  antieDoes  finales  de  la  sainte  Vierge  en 

générai 449 

Parag.  II.  —  De  ces  antiennes  finales  en  particulier.  .  452 

N^  i, '-' 9  Aima  Redemptoris  Mater  j> 452 

N«  2.  —  «  Ave,  Regina  cœlorum  » 454 

N®  3.  —  «  Regina  cœli  » 455 

No  4.  —  a  Salvey  Regina  » •  456 

Conclnsion     ....     * 460 

Nota 463 

Appendice  premier.    Eiamens  particuliers  sur  rolfice  divin, 

par  M.  Tronson 464 

appendice  deuxième.  —  Du  chant  ecclésiastique 468 

Chap.  I.  —  Du  plain-chant 468 

Art.  I.  —  Origine,  beauté  et  utilité  du  plain-chant.     .     .  469 
Art.  11.  —  Nécessité  de  sa  connaissance  et  de  son  étude 

pour  Je  clergé 478 

Chap.  II.  —  De  rOrgue  et  de  la  musique  sacrée    ....  480 

Art.  L  — ■  De  TOrgue.  —  Harmonium 480 

Art.  II.  —  De  la  musique  sacrée 484 

Appendice  troisième.  Le  psaume  :  Exurgat  Deus.   (Préliminai- 
res. —  Analyse.  —Explication.—  L'utilité  du  psaume.-—  Sa 

place  dans  Tofflce  divin.  —  Mesure  poétique.)    ....  490 

Tai>le  des  Notices  liturgico-bibliographiques 501 

Table  des  Matières 503 


FIN  DE  LA  TABLE  DES  MATIÈRES  DU  TOME  SECOND. 


IMrKiMiaiB    «iMiRALB   DB   CH  AT  ILLOM-BUB-BBIIIB  .  —  A»  riCIAT. 


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