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COURS
DE
LITURGIE ROMAINE
n
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ÉTUDE COMPLÈTE
DU CHRISTIANISME
A L'USAGE DIS OATÉOHISMES Dl PBRSSYÉRANOI
Par H. l'abbé DOX7BLET
Ghanoina d'Arrai, aattnr de Stdnt'Paulf /etuS'Chritt, etc.
8 beattx yolumes in>12. Prix, franco tOfr. 50
On it dani l'Univers dn 1er geptembre 1888 ;
En 00 moment où l'on se préoeenpe partout et à jatte titre de rinitmetion religieuse ; où
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donner aux jeunes gens et anz jeunes nlles, les notions complètes et approfondies delà religion,
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est la plus grande garantie.
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mémo suite et dans un plan parfaitement homogène. Dogme j Morale, Histoire sainte. Apolo-
gétique, PreuTOS saisissantes de la drrioité'du Chtisiiani6me> Réfutation des erreurs scienti-
fiques et historiques. Exposé comjplet et approfondi de l'Eglise, des sacrements, des «omman-
dements, de tous les deroirs de la Tie chrétienne, etc., tout est traité aTec cette rerre, ce
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forme attrayante leur fraiera dans les familles du monde la plus facile et la plus fructueuse
CENT QUATRE-VINGT QUATRE MÉDITATIONS
A L'USAGE DES PRÉDICATEDRS
Par M. l'abbé DOUBLET, chanoine d'Arras, auteur de Saint-Paul^
de Jézus-Christ, des Psaumes étudiés en vue de la prédication.
8 volumes in-12, franco : 10 tr. 50.
TRAITÉ DES INDULGENCES
ET RECUEIL DE DÉVOTIONS INDUL6ENCIÉES
Par M. l'abbé OASTELBOU, vicaire de Sainte-Elisabeth, à Paris.
Z volumes in-12, prix : 7 francs.
Cet deux rolnmes contiennent le résumé le plus exact et le plus complet de tous les traités
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ÂsaottiationB pieuses ou charitables de tonte sorte.
IMPIIHKIIX eilfitALI DB CBATILLOM-eUB-SKlini. — A. PIOBAT.
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COURS
UTURGIEROMAINE
ou
IXPLIOATION HISTORIQUE, LITTÉRÂLB & HTSTIQUl
DES CÉRÉMONIES DE L'ÉGLISE
▲ l'usagb des séminaires et du GLERaÉ.
(MISSEL - BRÉVIAIRE - RITUEL)
Par m. th. BfiBMABD,
PRÊTRE DE SAINT'SULPICE.
Fili hominis, pone cor tuain et
▼id«. . • de uniTeniB cœremoniis domûs Domini
EZECH., ZLIV, 5.
LS BRÊVIAIRK
TOHB SECOND
PARIS
BERCHE ET TRALIN, ÉDITEURS
69 1 RUE DB RBNNBS, 69
1887
Tons droit! réftrrte.
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o a 8 i ^
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2 DBS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
du lever du soleil à son coucher , et la nuit , du
coucher du soleil à son lever. Les douze heures de
nuit formaient quatre veilles de trois heures cha-
cune, vigiliœ^ et les gardes, chez les Romains, se rem-
plaçaient après chaque veille. (Vegetius, de re mili-
tari L. III, c. 8.) Ces quatre parties de la nuit sont
clairement désignées par ce verset du saint Evan-
gile : Vigilate^ nescitis enim quando Dominus veniet,
sero, an mediâ nocte, an galli canlu, an mane, (Marc
xin, 35.) Saint Luc en parle aussi, quand il dit des
pasteurs de Bethléem, à l'occasion de Noël : « Et pas-
tores erant in regione eâdem vigilantes et custodien-
tes vigilias noctis super gregem suum. (1 1, 8.) Il nous
rapporte plus loin les paroles de Notre-Seigneur ,
qui empruntait aux veilles de la nuit sa parabole :
« Et si venerit in secundâ vigiliâ, et si in tertiâ vigiliâ
venerit,,, (xn, 38.) Saint Mathieu nous apprend qu'on
était à la quatrième veille de la nuit quand le Sau-
veur vint à ses apôtres, marchant sur les flots : quartâ
autem vigiliâ noctis venit ad eos ambulans. (xiv, 25.)
La première veille, du coucher du soleil, vers six
heures du soir , à neuf heures s'appelait Vesper,
de la planète de Vénus qui se lève quand le soleil
disparait; la seconde, de neuf heures du soir à minuit,
concubium, parce que c'était le moment du coucher,
et aussi conticinium, parce que, dit Varron, c'est le
moment le plus calme de la nuit (In Marci,); la
troisième veille finissait vers trois heures du matin,
et s'appelait mediâ nocte, et gallicinium^ du premier
chant du coq; la quatrième enfin et la dernière ter-
minait la nuit, de trois heures à six heures du ma-
tin, vers le lever du soleil, et se nommait pour cela
Matutinum, mane diluculo. (Arnobe, In ps. cxxix.)
Telle était la division de la nuit chez les Hébreux et
chez les Romains. Ils divisaient aussi le jour usuel en
douze parties : de là ces paroles de Notre-Seigneur :
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LEURS NOMS BT LEUR NOMBRE. 3
Norme suntduodecim korx dieil (Joan. xi, 9.) La pre-
mière s'appelait Prima (hora); la deuxième, secunda;
la troisième, tertia, etc... et la douzième ou la dernière,
duodecima. Mais, pour qu'il y eût harmonie dans ces
divisions du jour et de la nuit, on distingua les douze
heures du jour en quatre parties égales, et de trois
heures aussi environ; c'étaient autant de stations pour
les gardes militaires, qui se relevaient alors comme
celles de la nuit. (Vegetius.) Chacune prenaitle nom de
l'heure qui la commençait ;* ainsi la première partie,
commençant avec la première heure du jour, s'appe-
lait Primey prima, et s'étendait de six heures à neuf
heures du matin ; la seconde partie commençait à neuf
heures pour finir à midi, et se nommait Tierce, tertia,
parce que neuf heures correspondait à la troisième
heure du jour ; la troisième partie, de midi à trois
heures, s'appelait Sexte, sexta^ parce que midi ré-
pondait à la sixième heure ; et la quatrième enfin, de
trois heures à six heures du soir, None, nona, parce
que trois heures correspondait à la neuvième heure
du jour.
L'Eglise s'est inspirée, pour sa prière publique, de
cette division du temps. Elle voulait ainsi continuer
sans interruption la louange que la terre doit à son
Créateur et Rédempteur, et sanctifier toutes les heures
du jour et de la nuit. Les Matines qui, avec leurs trois
nocturnes et les Laudes, se partagent ki nuit, sanc-
tifieront les quatre veilles anciennes ; 'Prime sera con-
sacrée à la première heure, ou plutôt aux trois pre-
mières heures du jour, et les rayons naissants du so-
leil lui emprunteront une voix pour célébrer le Dieu
qui a créé la lumière et répandu sur le monde les
splendeurs de la Foi : Jam lucis or to sidère,., (Hymn.
Prim.) — Tierce sera l'heure sainte, Hora sacra,
affectée à cette heure bénie où l'Esprit sanctifica-
teur descendit sur les apôtres : Nunc^ Sonate nobis
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DSS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
... {Hymn. Tert.) C'était alors, en effet, la troi-
îure du jour, dit le texte sacré : cum sit hora
ia (Act. II, 15), c'est-à-dire neuf heures du ma-
heure de Tierce comprendra le temps de neuf
t midi. Le milieu du jour, où souvent la nature
e est énervée, aura aussi sa prière, appelée
►arce que le temps qui lui est consacré com-
L la sixième heure, c'est-à-dire à midi, pour se
r à trois heures : Qui temperas rerum vices...
alorem noxium... {Hymn, Sext.) — Mais il est
nt de bien finir la journée, et Theure de None
era cette grâce delà persévérance pour les trois
5S heures du jour, c'est-à-dire de la neuvième
izième, ou de trois heures à six heures du soir :
Deus tenax vigor^ Immotus in te permanens
Non.) La douzième heure devait être sanctifiée
Jlansde la reconnaissance, et les Vêpres, le soir
le soleil se couche, les offriront au Seigneur :
r, pueri Dominum. — Magnificat anima mea
m. {Ps. Vesp.) Les Complies, enfin, {Compte-
en nous préparant au sommeil de la nuit,
ront dignement l'office divin : Procul rece^
)mnia , et noxium pkantasmata... {Hymn.
)
lesdifférentes heures del'office divin font mon-
\ le ciel une louange continue ; ainsi la prière
3 le jpur et la nuit ; ainsi l'Eglise rend
sse à Dieu, par ses ministres sacrés, les devoirs
sont dus. Mais il nous faut entrer dans plus de
pour connaître à fond les heures canoniales;
1 étudierons l'origine, le symbolisme et les
iturgiques.
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MATINES BT LAUDES. $
CHAPITRE I.
MA'TINES ET LAUDES.
(Rub. gen. Tit. XIU et XIV.)
Les Matines et les Laudes constituent, à proprement
parler, le commencement de l'office, c'est pourquoi
la rubrique générale en parle tout d'abord; elles sont
la prière et la louange de la nuit, dit le cardinal
Bona : « Noctumi autem et laudes ad nocturnam sy-
naxim pertinent, » (Div. Psalm. t. III.) L'office divin
commence avec la nuit, parce que le jour ecclésias-
tique, comme ceux des fêtes chez les Hébreux, com-
mence au coucher du soleil pour se terminer au même
moment le lendemain.
Nous réunissons ici les matines et les laudes, parce
qu'elles ne font pas deux heures distinctes ; ce qu'il
nous faut prouver avant tout.
[ Les auteurs, il est vrai, sont divisés sur ce point, et
on peut voir dans Suarez les preuves de l'une et de
l'autre opinion. {De Relig. 1. IV, c. 6.) Mais la plupart
ne reconnaissent dans matines et laudes qu'une seule
heure canoniale. Voici les différentes raisons qui nous
font partager cet avis :
1® Le grand nombre des auteurs qui admettent sept
heures canoniales et non huit; ce qui a fait dire à
Suarez que cette opinion est la plus commune : corn-
munior sententia. (loc. cit.)
2* La manière de compter les heures, si ordinaire
et si répandue dans TEglise, que, d'après Soto, le
sentiment opposé ne mériterait pas qu'on y fit atten-
tion : « adeo vulgati et communi modo loquendi totius
Ecclesiœ recepta (sentèntia) est^ priorem omnino au-
diendam non esse, » {Deinst. 1. X. 9, 5, art. 4.)
3° Le glossaire, expliquant dans notre sens un texte
du droit qu'on oppose à la thèse ^
i. Voici ce texte : Prophetd dicente : Septies in die laudem dixi
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6 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
4* L*autorité du bréviaire romain qui appelle d'un
même nom matines et laudes, matutinum. Nous li-
sons, en effet, dans leâ rubriques générales (Tit. XXIV,
n. 5) : In vigiliis preces feriales dicimtur tantum ad
matutinum et per horas. Mais les prières feriales se
disent à laudes et jamais à matines ; le mot matuti-
num désigne donc ici une heure composée de mati-
nes et de laudes.
La rubrique dit encore (Tit. XXXII, n. 1) que chaque
heure doit se terminer par : Dominus vobiscum^ Be-
nedicamus Domino, Fidelium et Pater noster. Or rien
de tout cela n'est indiqué dans le bréviaire à la fin
de matines, et on ne le dit qu'après laudes; les mati-
nes neconstituentdoncpasune heure distincte des lau-
des. Gavantus invoque aussi ces textes de la rubrique
en faveur de la thèse, (sect. iv, c. n, n. 1 et 2.)
Nous lisons enfin dans le bréviaire, après les matines
de Noël : Et dicto Benedicamus Domino, celebratur
prima Missa... et il n'est pas question du Fidelium
animœ, qui se dit après toutes les heures. Gardellini en
donnepour raison que matines et laudes ne sontqu'une
heure canoniale: « Unameamdem horam constituunt..,
Absoluto matutino, hora rêvera non terminatur,,. Cur
excludiiur (Je verset Fidelium)? Quia nempe, abso"
lutis noctumisy non terminatur hora... Absoluto matu^
tibU hic septenarius numerus a nobis impletur : Matutinurrij Prima,
Tertia, Sexta, Nona, Vesperae et Completorium.., Denocturnis
vigiliis idem ipse Propheta ait : medià nocte surgebam tibi. (G. I.
de Celebr. Miss.) Le droit semble donc reconnaître sept heures
pour l'office du jour, et de plus un office de la nuit, c'est-à-dire
tout au moins huit heures. C'est là surtout ce qui faisait ad-
mettre à plusieurs auteurs anciens, comme Amalaire, Haoul
de Tongces, l'abbé Rupert, Hugues de Saint- Victor, huit heures
et non sept dans l'office divin. Mais le texte, en distinguant
ici de Matines les veilles nocturnes, n'en fait pas pour cela deux
heures séparées; l'office divin, au contraire, y est expressément
indiqué comme réalisant, par les sept heures canoniales, la
figure de la prière sept fois répétée de David.
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•'^'•■.F*-
^e-'
MATINES KT LAUDES. 7
tino absolut a nequit credi hora, cum integram horam
matutinumcumlaudibus constituât. » [Nota ad décret.
3 apr. 1830.) Mais alors, dira-t-on, pourquoi la même
rubrique de Noël nous fait-elle chanter après les ma-
tines et avant la Messe, Toraison du jour, avec les ver-
sets ordinaires : Dominus vobiscum et Benedicamus
Domino? On a voulu que l'oraison de la messe termi-
nât les matines, pour observer ce qui a lieu dans
Toffice de la nuit, où l'évangile et Voraison de la
messe du jour ont toujours une place, à cause de
l'harmonie qui existe entre ces deux grandes mani-
festations du culte. L'oraison, une fois introduite,
devait avoir les versets accessoires qui raccompagnent
toujours.
La thèse que nous venons d'établir n'est pas pu-
rement spéculative, comme on pourrait le croire tout
d'abord; de cette question dépend, en effet, la manière
de terminer matines et de commencer laudes, quand
on les sépare. Si nous n'avons pas deux heures dis-
tinctes on comprend le décret de la S. Cong. des Rites
(18 mars 1883) d'après lequel il ne faut ajouter après
le Te Deuniy que l'oraison du jour, et pour une rai-
son particulière indiquée plus haut, mais rien avant
laudes, quand on les reprend. (Voir t. 3, p. 9.) Dans le
cas contraire, il faudrait terminer matines et com-
mencer laudes comme les autres heures. De plus, si
l'office divin se compose de huit heures distinctes, et
non de sept, le symbolisme de ce dernier nombre, si
bien appliqué par les plus graves auteurs à la divi-
sion de l'office divin, disparaît aussitôt (t. 3, p. 116 et
suiv.); on enlève ainsi à l'office un de ses plus gracieux
caractères, dont Suarez faisait même une raison de
convenance et comme à priori, en faveur de la thèse.
(De Relig. c. vi.)
Matines et laudes cependant sont plus distinctes
que les parties d'une autre heure; l'une est, à propre-
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8 DES DIFFÉRENTES flEURES CANONIALES.
ment parler, Toffice de la nuit, et l'autre, celui de
l'aurore. Aussi les séparait-on primitivement par de
longs intervalles, et nous pouvons le faire encore au-
jourd'hui. De là les deux articles suivants.
Art. I. Matines.
Les matines surtout sont la partie de l'office que le
droit canonique ordonnait aux clercs de réciter pen-
dant la nuit : « PrâBcipientes... est divimim officium
noctumum pariter et diumum... célèbrent. » (C. Do-
lentes^ de celebr. Miss.) De là leur nom de Noctumum,
officium noctumale. Celui de matines^ matutinum^ a
la même étymologie que matin, et vient de matuta^
mater matuta, la déesse de l'aurore; il a été donné à la
partie de l'office qui nous occupe, soit parce qu'on de-
vaitla terminer, pour le plus tard, à Taurore; soit plu-
tôt, comme le dit le card. Bona, parce que déjà dès
le temps de Gassien, on chantait matines immédiate-
ment avant laudes, c'est-à-dire le matin, puisque
celles-ci étaient toujours célébrées au lever de Taurore.
(De div, Psalm, c. vu.) Nous ferons connaître ici l'ori-
gine historique et mystique des matines, leur composi-
tion, et la manière de les célébrer au chœur.
§ I. — ORIGINE HISTORIQUE ET MYSTIQUE.
Les lévites, dans l'ancienne loi, avaient pendant la
nuit un ministère à remplir auprès des autels, nous
dit le texte sacré ; ils devaient chanter les louanges
de Jehova: Bi sunt principes cantorum.,, quiinexedris
morabantur ut die ac nocte jugiter suo ministerio de-
servirent, (I Paralip.ix, 33.) David se levait la nuit pour
prier le Seigneur, etcomposer despsaumes àsa gloire :
Memor fui nocte nominis tuiy Deus meus. — Clama-
bo.., et nocte. — Anticipaverunt vigilias oculi met.
— Media nocte surgebam ad confitendum tibi. (Ps.
cxvui, VI, Lxxvi, Giv, cxxx, xxxviii.) Jésus-Christ lui-
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-■'^^Tif^/-':":-
Il ATI N B s* — OMOINB HMTORIQUI Sî MTtTIQUB. 9
même passait souvent les nuits en prière : Et eratper-
noetans in oratione Dei. (Luc. vi, 12.) Paul et Silas cé-
lébraient dans la prison, au milieu de la nuit, le nom
du Seigneur : Media atitem nocte, Paulus et Silas oran-
tes laudabant Deum^ et audiebant eos qui in custodiâ
erant. (Act. xvi, 25.)
Afin d'imiter de si nobles exemples, TEglise institua
pour la nuit une prière publique et solennelle ; elle
voulait perpétuer sa louange au moment où les cieux
par leur scintillement, proclament si bien la puissance
du Créateur : Cœli enarrant gloriam Dei, et opéra ma-
nuum ejus annuntiat firmamentum. (Ps, xvni.) Elle
voulait sanètifier la nuit, qui vit s'accomplir ou com-
mencer nos principaux mystères, ceux de Noël et de la
Passion : mystères figurés aussi pendant la nuit, quand
l'Ange exterminateur épargnait les maisons teintes du
sang de l'Agneau, et sauvait les Hébreux. Elle savait
enfin, avec saint Ambroise, ^ue la nuit est pour les
âmes un temps plein de périls : t Multa enim in illo
tempore tentamenta proserpunt • (In Ps. cxvui), et
cette bonne Mère, dit le cardinal Bona, confie la garde
de ses enfants à ses ministres sacrés , sentinelles
vigilantes, comme autrefois les Romains distribuaient
à leurs soldats les veilles nocturnes. {Div. Psalm,
c. m, n. 1.)
Tels sont les motifs qui portèrent l'Eglise à instituer
les Matines. Elle y conviait même les simples fidèles,
qui aimaient à s'y rendre; et les Pères les plus an-
ciens, l'histoire de l'Eglise, les chroniques des ordres
religieux, nous parlent souvent de ces pieuses réunions
dans la nuit. (Thomasâin, discipl. eccles, 1. 1, 1. ii, c. 74
et 79.) Elles servirent même de prétexte aux païens,
dans les premiers siècles, pour inventer d'affreuses
calomnies contre les chrétiens qu'ils appelaient : Natio
lucifugax et latebrosa, nous disent TertuUien, Athéna-
gore, Arnobe, saint Justin et Minutius Félix, dans leurs
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iO DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
apologies. Saint Grégoire de Tours (vi* siècle.) nous
dit que, de son temps, tous les prêtres se faisaient
un devoir d'assister à Toffice de la nuit, et que lui-
même, étant à Paris, s'empressa de réciter chaque
nuit l'office avec le clergé de saint Julien : t Nos média
entes, ingressi sumtis basilicamexplere cur-
Franc, ix, vi.) Eginhard, auteur d'une vie
lagne, nous apprend que ce prince assis-
lent aux offices du jour et de la nuit, dans
i du palais *. Béranger, roi d'Italie, au x«
, assassiné la nuit, dans une église où il
du pour assister à l'office de Matines, ce
it tous les jours. La fidélité de saint Con-
te de Constance en 934, à se lever chaque
• réciter l'office , le rendit témoin de la
\n miraculeuse de Notre-Dame des Ermites
m, par Notre-Seigneur lui-même. (Voir en-
s, Bist de tVÉglise^ tom. XIX, p. 446 et
it Edmond, archevêque de Cantorbéry
ècle, Louis de Beaumont, archevêque de
^, et saint Antoine de Florence, à la même
manquaient jamais de réciter matines la
eur cathédrale ou dans leur chapelle privée.
lagne (742-814) est le prince chrétien qui a le plus
liturgie Romaine dont il propagea les rites et le
» vastes états. Nous avons de lui un livre qu'il dé-
D, de Sacrificio Missœ et Ratione rituum Ecclesise,
tirculaire de Baptismo e jusque ritibusy adressée à
hevêque de Milan, et une préface à VHomiliaire que
1 composa sur son invitation, pour les ofiîces de PE-
ne si belle et si connue du Veni Creator lui est aussi
plusieurs avec beaucoup de fondement. < On ne
ditD. Guéraoger, si on voulait rapporter tout ce
agne a fait en faveur de la liturgie ; la matière
[ante, qu'elle demanderait, pour ainsi dire, un
îial. » Darras entre ici dans les détails les plus
et nous y renvoyons nos lecteurs. {Hist. de VE-
Vil, ch. S, n. 33-34, pages 493-500.)
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M ATI NBS: — orighib historique bt ktstiqub. i 1
Saint François de Sales nous dit avoir connu un
jeune libertin qui fut converti, lorsque, une nuit,
entendant chanter Toffice dans l'église des Chartreux
de Paris, il y entra, et vit avec quelle piété les moines
priaient à cette heure avancée. {Traité de l'amour de
Dieu, vin.) ^ Touchant spectacle, en effet, que celui du
clergé, des religieux et du peuple réunis ainsi pour
louer et prier Dieu dans le silence des nuits, au mo-
ment où tout semble dormir sur la terre, et oublier
son Créateur ; écho fidèle du concert des cieux dans le
silence delà nature. Les monastères continuent ces
traditions antiques, et dans plusieurs communautés
d'hommes et même de femmes, on se lève la nuit
pour l'office divin : victimes innocentes, qui sacri-
fient pour nous leur sommeil, et chantent les louan-
ges de Dieu, tandis que tant d'autres ne pensent pas à
lui ou l'offensent.
La nuit, du reste, est on ne peut plus favorable à la
prière, dit le cardinal Bona : « Noctumum tempus,
maanme opportunum adadorandum.»(DiY.fsalm,c. iv,
I l.)Rien ne porte, en effet, au recueillement, dit saint
Bernard, comme le silence des nuits : « Tempus feria-
tum commodius aptiusque est^ cura profundum noc-
tumus sopor indicit silentium. » (Serm. ult. in Gant.)
« La prière à ce moment, continue le premier, est plus
fervente; elle monte avec plus d'efficacité vers le ciel,
alors que Dieu et nos anges en sont, pour ainsi dire, les
seuls témoins ; une brillante auréole l'entoure, celle du
silence et de la mortification ; aucun bruit extérieur ne
vient la troubler ; elle n'est pas distraite par la solli-
citude du jour, ni compromise par les regards curieux
ou adulateursd'une assistance nombreuse. Insigne pré-
i . On sait que le massacre de la Saint-Barthélemj eut pour
signal le son de la cloche qui annonçait matines, ce qui fait
dire à Brantôme dans ses mémoires : L'heure doncques de la
nuit et des matines de cette sanglante feste étant venue,..
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42 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
rogative de la nuit pour la prière I Nuits sacrées, plus
splendides alors que la plus éclatante lumière : O insi-
gnam nocturni temporisprserogativam ! 0 sacras noctes
omni luce splendidiores. • (Loc. cit.)
liant des matines pendant la nuit était donc au-
universel, et remonte à la plus haute anti-
1,'Eglise voulut encore sanctifier ainsi la nuiten-
3t s'inspirant des quatre veilles observées chez
iples anciens, elle divisa les matines en trois
nés ou parties distinctes, affectés aux trois pre-
veilles : le premier, de six heures à neuf
du soir; le deuxième, de neuf heures à minuit,
oisième, de minuit à trois heures du matin. Les
5, office de l'aurore, correspondaient à la qua-
veille, de trois heures à six heures. C'est pour-
LU moins la nuit des fêtes, nous dit Benoît XIV,
is nocturnes se chantaient séparément, et à
le des veilles. On se levait trois ou quatre fois
office, dit saint Thomas d'Aquin : « Antiquitus
2tur nocturna divisim secundum très vigilias
» de là ce conseil de saint Jérôme à la vierge
liium : Bis et ter nocte surgendiim est. Ce fait
[ue nous explique pourquoi la théologie nous
de séparer de trois heures chacun des noc-
même sans raison. L'Eglise connaissait la
• des premiers chrétiens et leur ardente cha-
Tantus erat ardor charitatis, ut quater in nocte
nt ad adorationem », dit le cardinal Bona.
la nature aurait parfois trop souffert de cette
ption de sommeil plusieurs fois répétée;
ourquoi, dès le tenips de saint Germain de
196), les clercs, comme les gardes romaines,
is en quatre catégories, se relevaient à cha-
lie pour chanter l'office. On peut voir dans Bâ-
tons ces détails intéressants. {Ann. 51, n. 69
I Les solennités moindres, comme les fériés,
V.
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MATINES* ^ ORIGINS H18T0RIQUB IT MTBTIQUX. 19
par exemple, n'avaient qu'un nocturne, chanté vers
minuit, au commencement de la troisième veille.
Plus tard, la charité se refroidissant, dit Durand de
Monde, algescente charitate^ on ne se leva plus qu'une
fois au milieu de la nuit, pour chanter d'un seul trait
les matines entières. On finit même par ne les plus
célébrer que vers le matin et avant l'aurore, ajoutant
alors immédiatement les laudes à matines. {Ration.
Div, off. 1. X, De NodtumiSy n. 3.) C'est ce qui a lieu
maintenant encore dans certains ordres religieux.
Quelques-uns pensent que ce dernier mode de chanter
tout l'office de la nuit en une seule fois était déjà pra-
tiqué plus anciennement aux fêtes moins solennelles.
Durand de Monde et avant lui, saint Cyprien, don-
nent à la division en quatre parties de l'office de nuit,
une raison mystique, que nous pouvons ajouter aux
précédentes. Le saint évêque de Carthage, appelé par
le cardinal Bona le prince de l'éloquence chrétienne,
est convaincu que l'Église, dans les trois nocturnes, a
voulu rappeler le souvenir de la sainte Trinité. (Serm.
6.) D'après Durand de Mende, elle a voulu prémunir
ses enfants contre les quatre principaux ennemis : le
démon, les méchants de la terre, la concupiscence et
le monde. {Ration. Div. off. 1. V, n. 4, 5 et 6.)
Telle est l'origine historiqueet mystique des Matines.
L'Eglise aujourd'hui, en conservant les trois noctur-
nes, n'impose plus à ses clercs l'obligation de les dire
la nuit. Mais, pour se rapprocher le plus possible de
la discipline ancienne, et en souvenir des veilles anti-
ques, elle permet de les réciter la veille, alors que le
soleil est plus près de son coucher que de son midi, et
que le jour ecclésiastique a vraiment commencé. Pour
la même raison, elle fait un devoir de les réciter
avant la messe, afin qu'ils n'appartiennent pas à l'of-
fice du jour. (Voir sur cette dernière obligation le
tom. n, p. 6S et suiv.)
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«4 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
§11.— COMPOSITIONS DES MATINES.
La rubrique générale est suffisamment claire et
précise sur ce point. La voici, avec quelques dévelop-
w^^«^««#s qui ne seront cependant pas inutiles.
(Tit. XIII.)
[atines, sauf certains jours oti le contraire est
on récite régulièrement et selon la diversité des
es prières suivantes, et en cet ordre : Paternoster,
ta. Credo, à voix basse ; puis Tofficiant dit à baute
hmine, labia mea, etc. en se signant la boucbe, et
adjutorium, etc., en se signant avec la main ou-
ipuis le front jusqu'à la poitrine, et de Tépaule
Il répaule droite (ce qu*on observe au commence-
toutes les beures, lorsqu'on dit Deus in adjuto-
>n récite ensuite Gloria Patri, et le reste, comme
aencement du psautier, puis Tinvitatoire, suivant
u temps ou du saint, avec le psaume Venite exuU
e la manière indiquée en tête du psautier. Après
le et la répétition de Tinvitatoire, on récite rbymne
s ou du saint. »
verrons bientôt, quand il sera question de
\ de ces prières, pourquoi elles commencent
atines et les autres heures,
cependant des offices qui n'ont pas toutes ces
pour des raisons qui seront expliquées ailleurs;
s mots de la Rubrique : Nisi aliter in quibus-
éusannotetur. Ainsi, aux matines de TEpipha-
)remière antienne et le premier psaume suivent
atement le Pater ^ VAve et le Credo^ sans le Do-
bia mea aperies, le Dem in adjutorium^ Tinvi-
ît rbymne; il en est de même aux matines des
sauf Finvitatoire.
marquera que l'hymne se dit à matines, dès le
icement, après Tinvitatoire et avant lés psau-
mdis qu'à laudes elle suit ces derniers. Voici
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MATINBSi — LBTTK COMPOSITION. f 5
pourquoi : l'hymne est un chant joyeux, et Tinvîtatoire
convie à la joie : Venite, exultemtis Domino^ il amène
donc tout naturellement l'hymne. Le cardinal Bon a
donne une autre explication: « Si Tin vitatoire, dit-il,
n'a pas suffi pour exciter les cœurs, peut-être encore
endormis en ce temps de la nuit, l'hymne, par son ca-
ractère joyeux, vient les éveiller et les mieux disposer
au dévot chant des psaumes. {Div. Psal. c, xvi, § ix,4.)
Cette hymne a généralement pour objet la fête du jour,
ou le temps actuel de l'année liturgique. Mais de la Pen-
tecôte à l'Avent, alors que l'Eglise ne célèbre aucun
mystère en particulier, elle s'inspire de l'esprit géné-
ral des matines et de la nuit où elles étaient primitive-
ment chantées ^
€ 2. Aux fêtes doubles ou semi-doubles, on récite neuf
psaumes (et un plus grand nombre à l'office du dimanche
^ Racine a traduit en vers magnifiques les hymnes du temps
que nous récitons à matines, à laudes et à yèpres, pendant la
semaine. Voici celle du lundi à matines :
Tandis que le sommeil, réparant la nature,
Tient enchaînés le travail et le hruit,
Nous rompons ses liens, 6 clarté toujours pure.
Pour te louer dans la profonde nuit.
Que dès notre réveil, notre voix te bénisse ;
Qu*à te chercher notre cœur empressé
Toffre ses premiers yœux, et que par toi finisse
Le jour par toi saintement commencé 1
L'astre dont la présence écarte la nuit sombre
Viendra bientôt recommencer son tour :
0 TOUS, noirs ennemis, qui tous glissez dans Tombre»
Disparaissez à rapproche du jour.
Nous t'implorons, Seigneur ; tes bontés sont nos armes;
De tout péché rends-nous purs à tes yeux ;
Fais que, t'ayant chanté dans ce séjour de larmes,
Nous te ckantions dans le repos des cieux.
Exauce, Père Saint, notre ardente prière;
Vei^, son Fils, Esprit, leur nœud divin ;
Dieu qui, tout éclatant de ta propre lumière,
R^nes au del sans principe et tans An.
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16 DBS DIFFÉRBNTBS HBURBS CANONIALES.
comme le psautier Tludique) avec leurs antiennes et les
versets appropriés au temps ou à la fête. On ajoute neuf
leçons, huit et quelquefois neuf répons, comme c'est mar-
qué en son lieu. Le tout est distribué entre les trois noc-
turnes de la manière suivante.
Les offices du rit double et du rit semi-double ont géné-
ralement trois nocturnes, dont chacun a trois psaumes,
trois antiennes et trois leçons. Le nombre trois rap-
pelle ici, comme partout dans la sainte Liturgie, le
mystère de la Trinité à qui s'adresse l'office. Il devait
en être ainsi dès la première heure canoniale : « Ut
Trinitati placere possimus, » dit Durand de Mende.
{Ration. Div. offic. 1. V, de Nocturnis, n. 16.) C'est aussi
la remarque de Suarez, qui cite à l'appui Pévèque de
Carthage. (/oc. cit.) Le même nombre exprime encore
les trois vertus théologales, qui sont comme Tàme du
culte et du saint office. (Bacuez.)
Durand de Mende et beaucoup d'auteurs après lui,
voient de plus dans les trois nocturnes et leurs divi-
sions ternaires, les trois âges du monde : l'ère primi-
tive, l'ère mosaïque et l'ère chrétienne, composées
chacune de trois parties distinctes : la première, d'A-
dam à Noé,deNoé à Abraham, d'Abraham à Moïse. —
La deuxième, de Moïse à David, de David à la transmi-
gration de Babylone, de celle-ci à Jésus-Christ. — La
troisième enfin, qui comprend la prédication des apô-
tres, le temps des persécutions et des hérésies, et la
paix relative qui suivit ces époques troublées. (Ration,
div. offic. De Noct. n. 16.) Notre office, en effet, n'est-
il pas comme le résumé de toutes les prières qui sont
montées vers Dieu depuis la création de l'homme.
Les psaumes, antiennes et leçons qui, les jours de
fêtes sont au nombre de neuf àmatirffes, signifient, d'a-
près Durand de Mende, les neuf chœurs des anges, dont
l'office divin est un écho sur la terre: « mérita et nos y
ui... et novem ardinibus Angelorum sociare possimus
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MATINES. — LBUR ooMPOsmoM. 17
m noetumali offido^sub Antiphonarum^ Psalmorum...
Lectionum novenario. {L. V, c. 3, n. 16.) Gavantus
admet aussi ce gracieux symbolisme.
Le dimanche, il y a dix-huit psaumes à matines,
dont douze au premier nocturne, et trois aux deux
autres. Voici la raison de cette différence : les matines
du dimanche n'avaient autrefois, comme aujourd'hui
celles des fériés et des fêtes simples, qu'un nocturne et
douze psaumes; nous verrons bientôt la signification de
ce dernier nombre; quand, plus tard, on voulut distin-
guer du rit simple celui du dimanche, et l'élever au
rang des semi-doubles, les deux autres nocturnes y
furent ajoutés, mais le premier conserva son ancien
caractère.
« 3. Au premier nocturne, on récite trois psaumes et
trois antiennes, c'est-4-dire une antienne après chacun
des psaumes. Pendant le temps pascal, ou depuis le di-
manche in albis jusqu à la Pentecôte, (sauf à l'ofiice de
l'Ascension), les trois psaumes de chaque nocturne sont
récités sous une seule antienne. A la fin des psaumes,
après la dernière antienne, on dit le verset, puis le Pater
noster,... Et ne nos inducas.., Tabsoiution Fxaicdi, la béné-
diction Benedictione perpétua, et les autres bénédictions
désignées à chaque leçon, comme elles sont marquées au
premier dimanche de TAvent. Puis on dit les trois leçons
de l'Écriture occurrente selon le temps (à moins que d'au-
tres soient désignées) ; et on fait suivre chaque leçon d'un
répons approprié à Toffice, et pris au propre du temps
ou à celui des saints, selon l'office, ou encore au commun,
quand même les leçons du premier nocturne seraient
de l'Écriture occurrente.
Les matines du temps pascal n'ont qu'une antienne
pour les trois psaumes de chaque nocturne. Cet office
étant alors essentiellement un office joyeux, on ne veut
pas interrompre le chant des psaumes qui constituent
surtout la louange. Un autre motif a été d'abréger en si-
gne de joie cet office pascal, la longueur et la multipli-
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18 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
cité des prières étant regardées liturgiquement comme
un signe de pénitence.
Pour cette même raison, les matines de Pâques et de
la Pentecôte sont encore plus abrégées, puisqu'elles
n'ont qu'un nocturne et trois psaumes; et de plus on ne
voulait pas prolonger les offices de ces nuits solennelles,
illait préparer ou baptiser de nombreux caté-
aes.
cension et son octave reprennent, quoique dans
>s pascal, les trois antiennes de chaque nocturne,
avait plus le même motif de joie, puisque ce
e est mêlé de tristesse. L'Epoux céleste, en effet,
t, visiblement du moins, son Église en montant
> ainsi que nous le rappelle si bien l'extinction
*ge pascal à la messe du jour.
A la fin du dernier répons de chaque nocturne, on
Gloria Patri et Ton répète la partie du répons,
il est marqué au troisième répons du premier di-
I de TA vent, sauf indication contraire. »
lu second nocturne, on dit trois autres psaumes, les
les, les versets, le Pater y l'absolution Ipsius pietas
énédictions correspondantes, comme il est marqué
aier dimanche de TAvent, trois leçons d'un sermon
res ou de la vie du saint dont on fait l'office, et
n répons à chacune de ces leçons.
Au troisième nocturne, on dit trois autres psau-
ec les antiennes, comme ci-dessus; après la troi-
intienne, le verset, le Pater noster^ l'absolution
\lis et les bénédictions comme elles sont marquées
mier dimanche de TA vent, correspondantes à cha-
js leçons, qui seront de Thomélie de l'évangile du
>u de la fête, selon la qualité de l'office. Après la sep-
t la huitième leçon, on dit le répons qui convient
e, c'est-à-dire un répons après chaque leçon; par-
me, on en dit un après la neuvième leçon, comme
arqué en son lieu. A la fin du dernier répons, hui-
u neuvième, on dit Gloria Patri, comme ci-dessus.
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MÀTINBS* — uuft ooMPOsmoN. 19
sauf indication contraire. Si Ton ne dit pas un neuvième
répons, le Te Deum est récité après la dernière leçon.
Tout ce qui concerne dans le détail les éléments
constitutifs de matines et des autres heures, comme
les psaumes, les leçons, les répons, etc., sera expliqué
dans la troisième section.
« 7. Dans l'ofQce dé trois leçons, on dit, à matines,
Pater noster^Ave Maria, Credo,Domine, labia mea aperies,
etc. L'invitatoire et Thymne de la férié, à roffice férial, se
récitent comme au psautier, s'ils ne sont pas au propre du
temps. Les jours de fête, on les prend au commun des
saints. On récite le nocturne de la férié, comme au psau-
tier, c'est-à-dire douze psaumes avec six antiennes, et au
temps pascal avec Tunique antienne A//e/ma. Ces psaumes
se récitent également à Tofûce férial et aux fêtes simples.
Nous avons déjà vu pourquoi l'office d'une fête sim-
ple est emprunté à la fois à l'office férial et à celui des
fêtes. L'office n*a jamais qu'un nocturne, pour le dis-
tinguer de ceux qui sont plus solennels. Ses douze
psaumes ont aussi leur signification mystique: ils rap-
pellent les douze heures de la nuit, la nuit complète,
ainsi sanctifiée par la psalmodie, dit Hugues de Saint-
Victor (Spect. Ecoles, c. 3.) « L'Eglise témoigne par là,
dit M. Olier, le désir qu'elle aurait de consacrer tous les
instants de la nuit au culte de Dieu, et de lui chantera
chaque heure un cantique nouveau. » (Exercices du
séminaire, p. 161.) C'était aussi la pensée de Durand
de Monde : « Et quidem in illis duodecim psalmis, ut
nos Deo debere servire in duodecim noctis horis ostenda-
mus, cuilibet hor9 unum psalmum attribuentes, cum
non possumus jugiter Deo servire, »(Z>e Nocturnis
c. 3, «. 27.) Ce nombre nous fait aussi penser au ciel,
la Jérusalem céleste, qui, d'après l'Apocalypse, a rfowz^
portes et douze colonnes, et où sont les douze tribus et
12000 prédestinés, c'est-à-dire tous les élus, ainsi
qu'à l'Église de la terre, fondée par les douze Apôtres
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20 DBS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
et ouverte à toutes les nations, puisque le nombre
douze exprime l'universalité.
« 8. Après les psaumes et les antiennes, on dit le verset
à l'office férial, comme au psautier; aux fêtes» comme au
commun des saints. Ce verset» pour les fêtes de trois leçons,
se prend, suivant les fériés» au nocturne du commun où Ton
a pris les répons, comme il sera expjiqué ci-dessous dans les
rubriques des versets et des répons. Après le verset, on dit
le Pater noster, l'absolution et les bénédictions, comnie
on le verra ci-dessous, dans la rubrique des absolutions et
des bénédictions, A l'office de la férié, les trois leçons, s'il
n'y a point d'bomélie, sont de l'Ecriture occurrente, au
propre du temps; s'il y a une bomélie, les trois leçons lui
appartiennent. Aux jours de fête, on prend à l'Écriture
occurrente la première et la seconde leçon ; la troisième
est du saint. S'il y a deux leçons du saint, la première
seulement sera de l'Ecriture, et les autres seront du saint.
« 9. Dans les fériés hors du temps pascal, on dit un
répons après la troisième leçon, ce qui en fait trois; pendant
le temps pascal et les jours de fête, on ne récite que deux
répons, c'est-à-dire après la première et après la seconde
leçon seulement. A la fin du dernier répons, c'est-à-dire
du deuxième ou du troisième, on dit le Gloria Patri, en
répétant la partie du répons, sauf indication contraire.
Ces répons se prennent, pour TofQee des saints, au com-
mun des saints, et pour l'office fériai, aux dimanches,
quand les fériés n'en ont pas d'assignés; l'ordre à suivre
ebt indiqué dans la rubrique des répons. S'il n'y a pas de
troisième répons, on le remplace par le Te Deum. »
§ III. — DE LA CÉLÉBRATION DE MATINES AU CHŒUR.
Si l'on n'est obligé à aucun rit extérieur dans la réci-
tation privée de l'office, il n'en est pas de même pour la
célébration au chœur ; c'est pourquoi nous en résume-
rons les règles à chaque partie, en nous inspirant du
Cérémonial des Évêques; ce livre liturgique, nous l'a-
vons dit, est obligatoire pour toutes les Églises , dans
ce qui leur est applicable, et a servi de thème à nos di-
vers cérémoniaux. (T. I, p. 41 et suiv.)
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MATINBS* — LBUR^CéLÉBlATIOM AU OHOIUR. 21
Voici donc les règles à suivre dans le chant de mati-
nes; nous en suivrons pas à pas les cérémonies; chacun
des officiers pourra facilement, selon le besoin, y dis-
cerner ce qui le concerne.
M* I. Matines loleimeUei.
1. Le célébrant se rend en habit de chœur au bas de
PauteU précédé de deux chantres en surplis etducéré-
moniaire. {Csrem. Episc.y 1. II, c. vi.) Il n'y a pas, en
commençant, de chapiers ni d'acolytes, les matines
étant, par leur nature, moins solennelles que les laudes.
2. Arrivés au[bas de Tautel, ils se mettent tous qua-
tre à genoux, pour se recueillir et prier un instant. {Cx-
rem. Ep. id.) Le chœur en fait autant; on peut réci-
ter alors ri4/)m.
3. Le célébrant, accompagné du cérémoniaire, se
rend ensuite à la stalle ou à sa banquette, et les deux
chantres vont à leurs places, qui seraient, dans le pre-
mier cas, devant le célébrant. {Cserem, Episc.) Celui-ci
pourrait, selon la disposition des lieux, se rendre direc*
tement à sa stalle, sans passer par la sacristie, ni aller
aubasdel'autel. Devant lui est un pupitre, couvert
d'un voile, et sur lequel on a placé le livre d'Heures.
(Çserem. Ep.)
4. Tous s'asseyent un instant, pour préparer l'of-
fice.
5. L'officiant se lève et dit à voix basse Pater, Ave^
Credo. (Cxrem, Episc) Tout le monde, debout et tourné
vers l'autel, en fait autant. Le célébrant chante en-
suite, et avec les signes ordinaires : Domine^ labia mea
aperies ; — DeuSy inadjutorium^ etle chœur lui répond.
6. Les deux chantres se rendent au milieu du chœur,
devant un pupitre sans voile, pour chanter l'invi-
tatoire. Le chœur est debout ; tous cependant se met-
tent à genoux à ces mots : Venite^ €tdoremu$, etproei-
damus ante Deum, pour se relever aussitôt après
(Câsrem. Episc.)
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22 DES DIFFÉREf^TES HEURES CANONIALES.
7. L'hymne est annoncée au célébrant par Tun des
-'-^ — chantres, que l'autre cependant accompagne:
it ensuite entonnée par le célébrant, et continuée
i partie du chœur qui est de son côté. Les stro-
en sont chantées alternativement, ou bien l'or-
Iterne avec le chœur entier. {Cxrem. Episc)
udi première antienne est annoncée, entonnée et
mée de la même manière que l'hymne. {Cœrem.
■)
Les deux chantres entonnent au milieu du chœur
rant le pupitre, le premier psaume ; ils retour-
snsuite à leur place devant le célébrant, la face
ée vers l'autel, et le chœur s'assied. [Cxrem,
.)
La deuxième antienne est annoncée au plus digne
lœur, et les autres, à ceux qui viennent après
Cserem.Episc.)
Tout le chœur se lève quand les deux chantres
lencent le verset, au milieu et devant le pupitre.
Après le répons de ce verset , le célébrant
;e Pater noster.,.. Et ne nos inducas in tentatio^
et l'absolution. (Id.)
Pendant le verset, le cérémoniaire avertit celui
oit chanter la première leçbn, et l'accompagne
ipitre, où ils font tous deux, en arrivant, la génu-
n à l'autel et les saints au chœur. Le lecteur se
Le alors vers le célébrant, et lui demande, incliné,
lédiction. Il demeure ainsi durant toute la for-
que le célébrant récite debout.
, Le chœur s'assied pendant la leçon.
. Le lecteur, en disant : Tu autem^ Domine^ mi-
e nobis^ fait la génuflexion ; après quoi, il salue
[Bur et retourne à sa place, accompagné du céré-
aire. {Id.)
. Tout se passe au deuxième et troisième noc-
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M ATI N E s* — lAUiEt otLiBRATioif au chour. 23
turne, comme au premier, avec cette différence, tou-
tefois, que le chœur se lève pendant le texte de l'Évan-
gile qui précède Thomélie.
17. On commence par les moins dignes pour le chant
des leçons. (Levavasseur.)
18. Le lecteur tient les mains jointes ou appuyées
sur le livre. {Cxrem, Episc.)
19. Le chœur est debout pendant les bénédictions
qui précèdent les leçons. (5 août 1663. 22 mars 1862.)
20. Vers la fin du troisième nocturne, on apporte
la chape au célébrant. {Cserem. Episc) Les deux chan-
tres, et même ceux des laudes, au nombre de quatre
ou de six, prennent aussi des chapes, et les acolytes,
leurs chandeliers ; tous viennent auprès du célébrant
pour assister à la dernière leçon et à l'intonation du
Te Deum, {Cœrem, Episc) La lecture de la leçon par le
célébrant et le chant du Te Deum demandaient cette
solennité pour la fin de matines.
21. C'est le célébrant, en effet, qui dit la dernière le-
çon, après avoir demandé la bénédiction au plus digne
du chœur ; s'il n'y avait pas d'autre prêtre pour la lui
donnet, il dirait, incliné vers l'autel : Jube^ Domine^
benedicere^ ajoutant aussitôt la formule de la bénédic-
tion. {Caerem, Episc)
22. Le Te Deum est annoncé par le premier cha-
pier au célébrantj; après que celui-ci l'a entonné, les
acolytes et les chapiers vont à leurs places ordi-
naires, comme àlaudes et à vêpres. Au verset Te ergo^
qusesumus, tous se mettent à genoux. (Cœrem, Ep.)
23. Après le Te Deum, les chapiers et les acolytes
reviennent devant le célébrant et tous se rendent à la
banquette, dans le sanctuaire, pour le chant des lau-
des, si le célébrant était à sa stalle pendant matines.
Il pourrait aussi, dans ce dernier cas, rester à sa stalle
pour y présider les laudes
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U DBS DIFFiRBNTBS HBURBS GANONIALBS.
N* S. Hatinai des morti.
On observe, aux matines des morts, les règles pré-
cédentes, à l'exception des points suivants :
1. Le célébrant peut, dès le commencement de ma-
tines, prendre la chape, ,oire ou simplement Tétole;
c'est pour mieux honorer.^es défunts.
2. Les chantres entonnent toutes les antiennes, Pof-
flce des morts étant moins solennel.
3. Le chœur reste assis au verset qui suit la ré-
pétition de la troisième antienne à chaque nocturne,
et pour la raison précédente. Il ne se lève que pour le
Pater, avant la première leçon.
4. Il n'y a pas d'absolution ni de bénédiction avant
les leçons. Ces prières, comme nons l'expliquerons
bientôt, ont pour objet les vivants, et l'on ne doit s'oc-
cuper ici que des morts.
5. On peut faire ou omettre les saints au chœur, selon
l'usage des lieux. (12 août 1854.)
6. Il n'y a pas d'acolytes aux matines des morts, on
n'a pas voulu multiplier la lumière, symbole de joie,
par respect pour la triste et sombre demeure du pur-
gatoire.
Art. II. (Les landes.
Nous en dirons d'abord l'historique et le symbo-
lisme, et ensuite le rit et la composition.
§ I. — HISTORIQUE BT SYMBOLISME DES LAUDES.
Les laudes%oui ainsi nommées, dit le cardinal Bona,
à cause des psaumes et des cantiques, chants de
louange : « Cum omne officium in Dei laudibus decan-
tandis occupetur^ hoc tamen speciali laudum nomine
censetur... quod potissimum laudes sonet divinas. » (De
Div. Psalm. c. v, § 2. De laudibus^ n^ 1.) Hugues de
Saint-Victor l'avait déjà fait observer avant lui. (lib.
II de Ecoles, offic. ex.)
On les récitait autrefois, avons-nous dit^ avant la
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ES DIFFERENTES HEURES CANONIALES.
aire à V ordinaire du temps. Voici cependant en
lymne des laudes du dimaiiche : JEterne re-
ditor. Elle fut composée par saint Ambroise,
il était comme prisonnier avec son peuple
jlise de Milan, et menacé au dehors par les
B Timpératrice Justine. Le grand Évoque s'y
la fois de ces graves conjonctures et de Theure
teur éternel de toutes choses, tu régis la nuit
ir, tu fais succéder le temps au temps pour
nos angoisses.
le moment où la lumière nocturne éclaire le
et sépare ainsi comme la nuit de la nuit, (a
)tem segregans.) Le héraut du jour a jeté son
lal pour appeler les premiers rayons du soleil,
at de l'aurore a dissipé les ténèbres; on voit
ser aussitôt les conciliabules de Terreur; ils
1 leur pouvoir malfaisant,
l'heure où le nautonier respire après les alar-
Dit se calmer la tempête; c'est l'heure où
i colonne de l'Eglise, obtint le pardon de sa
la pleurant.
Qs-nous pleins d'ardeur; Toiseau vigilant ré-
courages endormis; il nous reproche le som-
)ndamne ceux qui ne Técoutent pas.
:hant du coq, renaît l'espérance, le salut
mr les âmes qui souffrent, le poignard de
rentre dans le fourreau, la foi revient aux
idèles.
0 Christ I 0 soleil de justice I
nos cœurs endurcis romps l'assoupissement ;
sipe l'ombre épaisse où les plonge le vice,
que ton divin jour y brille à tout moment
Gloire à toi, Trinité profonde,
e, Fils, Esprit-Saint, qu'on t'adore toujours
it que Tastre des temps éclairera le monde,
quuid les siècles même auront fini leur cours.
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%« DBS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
hâehorâ, dit Durand de Mende, laudandus esiy gui nos
per suam sanctam Resurrectionem salvavit, » (Ration,
div. offic. De Matutinis laiidibus,c. 4, n. 1.) C'est pour-
quoi les psaumes et le cantique des laudes expriment
les sentiments du Sauveur au sortir du tombeau : son
admiration pour la grandeur de Dieu, son Père, sa
reconnaissance pour ses bienfaits, et son zèle pour sa
gloire, auxquels nous devons alors nous unir.
Les laudes sont encore comme le premier sacrifice
du matin, qui devait s'offrir au Seigneur dans le tem-
ple, et prâudent ainsi au Sacrifice eucharistique :
« Bâc horâ, dit le cardinal Bona, diei primitias quasi
holocaustum matutinum^ olim in lege prseceptuniy
offerimus psallentes Domino : Deus, Detis meus^ ad te
de lucevigilo. » {De Laubibus % 2, n. 2.)
Elles attirent enfin les grâces de Dieu sur la journée
entière dont nous lui offrons ainsi les prémices, et
nous sommes mieux disposés au travail par cette pre-
mière prière. « Eveillés à cette heure et le cœur tourné
vers Dieu, disait saint Chrysostome, nous avons plus
d'ardeur pour les travaux du jour. » {Hom. ii m Gènes,)
Le rit et la composition des laudes, dont nous par-
lerons bientôt, nous donneront encore quelques dé-
tails sur leur signification mystique.
Prudence, le Pindare chrétien, a chanté Tauroreet
son pieux symbolisme, dans un poème dont l'Eglise
a pris une partie pour former l'hymne des laudes du
mercredi ; il a ici tout naturellement sa place, et en
voici la traduction :
HYMNE AU MATIN K
Nuit, et vous ténèbres, sombres nuages par qui tout est
confus dans la nature, voici la lumière, le ciel blanchit, c'est
la venue du Christ, retirez -vous,
\. HYMNU8 MATUTINU8.
« Noz, et tenébrs» et nubila Lax intrat, albesoit poliu,
GonfoM mondi et tnrbida, Ghritiat Tenit, dite«diU.
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LKb LAUUJSS* " BIVTORIQUX ht tfTMBOUSiaE.
t9
n s'est déchiré aux premiers rayons du soleil, le voile
obscur qui couvrait la terre, et la présence de l'astre bril-
lant rend aux objets leur couleur.
Ainsi bientôt, au jour glorieux et lumineux du Christ, se-
ront dissipées les ténèbres et déchirés les nuages qui envelop-
paient nos cœurs coupables.
Personne alors ne pourra plus cacher les secrets desseins
de son âme ; les pensées les plus intimes seront dévoilées à
cette aurore nouvelle.
Le larron, avant le jour, se livre impunément au mal dans
les ténèbres; mais la lumière, ennemie de la fraude, ne laisse
pas le larcin ignoré.
Le fourbe artificieux et rusé aime à se cacher dans la nuit,
l'adultère, cet homme de ténèbres, se plaît dans l'obscurité
qui doit favoriser ses turpitudes.
Mais voici que le soleil se lève étincelant ; il lui apporte
le regret, la honte et le remords, car personne ne peut, sous
l'œil de la lumière, se livrer hardiment au péché.
Qui ne rougit, le matin, des coupes qu'il a vidées sans pu-
deur, alors que la passion se calme et que le débauché même
apprécie la tempérance.
Oui, c'est le moment d'une vie sérieuse. Personne ne se livre
. plus au plaisir et tous cachent leurs folies sous un air austère.
C'est l'heure propice où chacun vnque à ses affaires : sol-
dat, citoyen, matelot, artisan, laboureur et marchand.
La gloire du forum attire celui-ci; celui-là est entraîné
par l'appel terrible de la trompette guerrière L'homme de
négoce d'un côté, le villageois de l'autre, tous soupirent après
un gain sordide.
« Caligo terra soinditar,
Pereussa solis spieaio :
Rebasque jam color redit,
Valta nitentis siderûT,
« Sic nostra mox obsonritas,
Fraud sque pectas conaciam.
Raptis retectnm nubibut,
Régnante pallescet Deo.
« Tnoc non licebit claudere,
Qaod qnisque fascum cogitât :
Sed mane clarescent novo
Sécréta mentis prodita.
« Far ante lacem squalido
Impune peccat tempore :
Sed lux doits contraria
Latere furtum non sinit.
« Versata frans et callida
Amat tenebris obtegi
Aplamqne noctem turpibns
Adulter oocaltus foyet.
« Sol ecee surgit ignens,
Piget, pudescit, pœnitet,
Neo teste quisquam lumine
Peccare constanter potest.
«fQuis mane sumptis neqniter
Non erobescit poculis,
Gum fit libido temperans
Gastumque nugator sapit ?
« Nunc, nunc, seTerum Tiritar,
Nunc nemo tentât ludicnim,
Inepta nunc omnes sua
Vullu colorant serio.
« tiso hora canctis atîlis
Quâ quisque, quo studet gerat:
Miles, togatus, navita,
Opifex, arator, Insifltor,
« Illum forensis gloria
Huuc triste raptat classicom ;
Mercator hinc ac rusticns,
Avara suspiraat lacra.
2.
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30
DÈS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
Mais nous qtii ne savons ce que c'est qae le gain et iMsnre,
nous qui sommes inhabiles dans l'art de la parole et im-
puissants dans celui de la guerre, nous ne connaissons que toi,
0 Christ.
C'est toi que nous apprenons à prier à genoux dans la pu-
TAtA At la simplicité de nos cœurs, par nos paroles et nos
concerts, par nos larmes et nos cantiques.
!t le seul gain que nous recherchons : dans cette seule
[ue nous passons notre vie et ce devoir nous occupe en-
[uand le soleil reparaît brillant à son lever.
i donc attentif aux sentiments de nos cœurs, et jette un
i bienveillant sur notre vie entière. Il est en nous beau-
ie souillures, que ta lumière les fasse disparaître.
3 que nous persévérions tels que tu nous avais formés
rd, après nous avoir purifiés dans l'eau du Jourdain,
i ton doux visage, ô roi de Pastre de l'Orient, illumine
) les ténèbres du monde ont depuis obscurci,
de sainteté, qui rends blanche comme le lait la plus
substance ; toi qui changes l'ébène en cristal, efface
minie de nos crimes.
n de nous donc l'aveuglement qui si longtemps, par de
;es chutes, nous a. précipités dsins de folles erreurs.
I cette lumière du Christ nous apporte le calme et nous
purs à ses yeux. Ne proférons aucune parole perfide,
is aucune pensée ténébreuse.
dnsi se passe notre vie : que notre langue ne soit pas
>ngère ; que nos mains, que nos yeux ne blessent pas
été afin que le péché ne souille pas notre corps.
« At nos, lucelli, ao fenorif
Fandique prorsus nesoii
Nec arte fortes bellica,
Te, Christe, solom norimas.
« Te mente pnra et simplid
Te voce, te cantu pio
Rogare currato genu
Flendo et canendo discîmas.
« His nos lucramur queestiboi,
Hac arte tantum Tivimus :
Hœc inchoamus munera,
Gom sol resurgens emicat.
« Intende nostris sensibus,
Vitamqne totam despice :
Snnt Qiulta fuois illita
QnaB lace porgentur tua.
« Dnrare nos taies jubé
Quales remotis sordibas
Nitere pridem jusseras
Jordane tinctos flumine.
« Qaodcmnqae noz mondi dehine
Infecit atris nubibus,
Tu, rex eoi sideris,
Vultn sereno illumina.
« Tu, sancte, qui tetram picem
Candore tingîs lacteo
Ebenoque crystallum facis,
Delicta terge livida.
« Tandem facessat cœoltas,
QuflB nosmet in prsceps diu
Lapsos sinistris gressibus
Errore traxit devio.
« Hsc lux serenum conférât
Purosque nos prsstet sibi.
Nihîl loquamur subdolum
Volvamus obscurum nibil.
« Sic tota decurrat dies
Ne lingua mendax, nemanus
Oculive pecoent lubrici,
Ne noTa corpus inquinet.
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LES LAUDES. — historiqub wtsykbousmm. 31
n est, au-dessus de nos tôtes. un œil qui scrute nos actions,
chaque jour depuis le matin dé l'enfance jusqu'au soir de la
vieillesse.
Il est le témoin et le juge ; il connaît toutes les pensées de
notre âme, et personne ne peut tromper sa justice.
§ II. -— RIT ET COMPOSITION DES LAUDES.
La rubrique s'exprime ainsi sous le Tit. XIV :
« 1. Au commencement de laudes, après le Te Deum ou
après le dernier répons, l'ofûciant dit immédiatement Deus
in adjutorium etc., comme plus haut, et l'on récite les psau-
mes, le cantique Benedicite ou un autre, suivant les fériés
en dehors du Temps pascal, et les antiennes correspon-
dantes à rofâce. Les dimanches de l'année ( excepté de la
septuagésime au dimanche des Rameaux inclusivement), à
l'office férial du Temps pascal et aux fêtes de neuf ou de
trois leçons, les psaumes et le cantique se prennent au
psautier du dimanche. Aux dimanches compris entre la
septuagésime et le dimanche des Rameaux inclusivement,
ces psaumes se récitent comme il est marqué en cet en-
droit. Ai'oflQce férial de Tannée, hors du Temps pascal, on
les récite comme au psautier.
i< 2. Les antiennes des dimanches» quand elles ne sont
pas spéciales, se disent comme au psautier. Aux fêtes de
trois ou de neuf leçons, quand elles ne sont pas spéciales
non plus, on les prend au commun. Après les psaumes, on
récite le capitule, Thymne, le verset, l'antienne du canti-
que Benedictus, ce cantique lui-même et l'oraison ; le
tout, suivant la qualité de l'ofQce du Temps ou de la
fête.
i( 3. Quand on doit réciter les prières, on le fait avant
la première oraison. De même, quand on doit faire les
commémoraisons de la Croix, de la sainte Vierge, de
« Speotilator adttat desnpar a Hic tastif , hio est arbiter,
Qui nos diebos ommbns Hio intnetur, qaidquid est
Actuique nostros prospioit Humana qnod mens oonoipit :
▲ lue prima in re^ienim. Hono nemo fallit judicem.
(Cathemerinon, H)
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rt DBS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
saint Joseph, des Apôlres, du Patron cl de la Paix, c'est
après cette oraison, à moins qu'il n*y ait mémoire d'une
fête, car elle vi.3nt toujoui*s avant celles ci-dessus énu-
mérées. Des rubriques spéciales parlent des suffrages
communs.
« 4. Avant l'oraison, on dit Dominus vobiscnm, et Ore^
mm. Après la dernière oraison, on répète Dominus voéw-
cum, puis Benedicamus Domino , le ver&et Fidelium animœ^
Pattr noster, Dominus det nobis suam pacem, et l'antienne
de la sainte Vierge, telle qu'on la trouve à la fin de Com-
piles, si toutefois on quitte le chœur ; sinon, on la récite à
la fin de la dernière heure, à moins qu'on ne dise aussitôt
la messe, ou l'office des morts, les psaumes de la pénitence,
les litanies, comme il est marqué dans une rubrique spé-
ciale. »
Les laudes ne forment pas une heure distincte, avons-
nous dit; on doit les commencer cependant comme les
autres par le Deus in adjutorium, etc. C'est à cause de
la ressemblance parfaite qu'elles ont avec les vêpres.
« C'est aussi, dit Gavantus, pour montrer qu'on peut
les séparer de matines : « Bespondeo : initium illud
datum esse ut possity ex causât dividi matutinum a
laudibiis. (sect. IV, c. u, n. 2.)
Si, de fait, on séparait matines de laudes, beaucoup
d'auteurs pensent qu'il faudrait ajouter encore avant
celles-ci Pa/er et Ave. (Ainsi Gavantus, Merati, Lohner*
de Herdt.) Ce n'a jamais été notre avis, ces deux par-
i. Le P. Loboer, jésuite allemand, vivait au commencement
du XVII* siècle. Nous avons de lui deux volumes liturgiques,
souvent cités par les auteurs, et qui font autorité. Instructio
practica prima de SS. Missas Sacriflcio, jiÂXta ritum Romanœ Ec-
clesiœ offerendo, unà mm rubricis ejusdem Missx^ brevibus notis
illustratis, — Instructio practica secunda delloris Canonicis^ juxta
rubricas Breviarii Romani^ rite recitandis ; in quâ etiam ipsx
rubricx, noiis brevibus illustratœy et Martyrologio Romano no-
mina suis accentibus signata^ continentur.
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iilS LAUraS* — vn wt ooÊtfOÊmem. 93
tiesne faisant qu'une heure canoniale; et d'ailleurs
pourquoi la Rubrique n'en parle4-elle pas ici, alors
qu'elle prescrit le Piiter et VAve pour les autres heu-
res, quand même on les réciterait sans interruption ?
Mais la S. Gong, des Rites, avons-nous dit, a tran-
ché la question dans notre sens par son décret du
18 mai 1883.
Les psaumes des laudes, au nombre de huit en réalité,
sont censés n'en former que cinq, le 3® et le 4<^ : Deus^
Deus meus et Deus misereatur sont réunis en un seul, et
il en est de même pour les trois derniers : Laudate Do-
mimjon de cœlis, — Cantate Domino — et Laudate
Domiman in sanctis ejus. De là aussi cinq antiennes
seulement.
Nous pouvons admettre ici, avec de graves auteurs,
de touchants symbolismes : « Les psaumes de laudes,
dit M. Bacuez, atteignent le nombre de huit, nombre
des béatitudes, symbole de la vie du ciel. » (Le saint
office, des laudes.) Les laudes semblent être en effet,
ainsi que les autres heures de l'office, un écho de la
louange du ciel qui ne finit jamais. Elles ont aussi
pour objet, avons-nous dit, la Résurrection du Sau-
veur; mais ce mystère, où Jésus se revêtit de la vie
glorieuse pour ne plus la quitter, nous rappelle, en nous
en donnant l'espérance, que nous y sommes appelés
nous-mêmes.
Par l'union de plusieurs d'entré eux, ces huit psau-
mes se réduisent à cinq; c'est pour nous enseigner, dit
Durand de Mende, que nous devons veiller pendant le
le jour sur nos cinq sens et en éviter ou réparer les
excès: <( In laudibus quinque psalmi dicuntur ut quin-
quesensuum reparatio notetur. » (Loc. cit. n. 7.) Les
auteurs,s'inspirant de cette pensée,ajoutent que les cinq
psaumes nous rappellent aussi les cinq plaies du Sau-
veur d'où nous est venue la grâce qui purifie et nous
fait éviter les fautes, et les cinq flambeaux des vierges
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34 'DES DIFFÉRENTES HEURES GANONIilLES.
prudentes, image, on le sait^ de la vigilance chré-
ne.
5 3® psaume Dem^ Deus meus^ et le 4® Deus miserea*
%ostri, n'en forment qu'un, parce qu'ils expriment
pour Dieu et l'autre pour le prochain un même
îment d'amour, et se réunissent ainsi dans la même
Il de charité : sentiments qui doivent être en nos
s dès le commencement du jour. A cette raison mys-
B, Durand de Mende en ajoute d'autres que nous ne
oduirons pas ici, comme étant, ce nous semble, d'un
bolisme exagéré. [De Matutinis laudibuSy c. iv,
5).
)s trois derniers psaumes sont également unis en-
ble, à cause de l'identité de leur objet comme on
3 voir, et aussi, d'après les auteurs, pour signifier
ion des trois Eglises, triomphante, militante, et
frante, dans une même louange à la Trinité, lors«
à la fin des temps, brillera l'aurore du jour éternel,
loi qu'il en soit, les psaumes de laudes sont
eucharistiques ou de louanges; ils expriment les
iments du Sauveur ressuscité et ceux de l'Eglise à
ne des bienfaits divins.
premier, en effet, Dommw^re^namï, est un hynme
iré par la création du monde et la Rédemption;
s ressuscité laisse échapper de son cœur, avant de
ter au ciel, sa reconnaissance et sa joie pour les
oreilles opérées à la gloire de son Père. N'est-il pas
: à nos cœurs, d'offrir ainsi à Dieu dès l'aurore,
Qion avec Jésus-Christ, notre admiration et notre
n de grâces? La nature semble reprendre alors une
'^elle vie, et nous fait penser au bienfait plus grand
re de la Rédemption. Ce psaume est omis les jours
initence et de deuil, à cause de la joie qu'il respire;
\ remplace alors par le Miserere mei, Deus^ que tout
Qude connaît.
\ deuxième psaume de laudes, Jubilate DeOy nous
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LES LAUDES* ~ Rrr bt composition. 35
invite d'une manière plus pressante encore à la joie et
à la reconnaissance ; il y est de nouveau question des
bienfaits du Seigneur, dans Tordre naturel et dans Tor-
dre surnaturel. En le récitant, nous pouvons nous unir
à Jésus ressuscité et aux saints dont la gloire est pour
nous un sujet d'espérance.
On ne dit pas ce psaume quand le premier est omi^,
et pour la même raison ; il est remplacé alors par un
autre que le bréviaire indique, et où se trouve toujours,
de fait, un sentiment de tristesse ou de repentir. C'est,
pour le lundi, le ps. v, Verba mea; pour le mardi, Judica
me (xLu); pour le mercredi, Te decet hymnus (lxiv) ;
pour le jeudi, Domine ^factus es refugium nobis(Lxxx.ix);
pour le vendredi, Exaudi Domine (cxlii), et pour le sa-
medi, Bonum est confiteri Domino (xci).
Les deux psaumes Dens^ Deus meus (lxii) et Deus
misereatur nostriÇhXYi), quiformentcommele troisième
de laudes, expriment un zèle ardent pour lagloire deDieu
et le salut des âmes ; sentiment dont Tâme du Sauveur
était toute remplie, et que nous devons avoir dès le com-
mencement du jour. Jamais ils ne sont omis, à cause
de ces mots : Deus, Deus meus, ad te de luce vigilo^ si
bien adaptés à Theure matinale des laudes.
Le quatrième n'est pas un psaume proprement dit,
jsï^\^\m cantique, c'est-à-dire, un de ces hymnes'fle joie
inspirés par l'action de grâce, après un bienfait signalé.
Les laudes ont toujours un de ces cantiques, à cause de
leur caractère particulier. Celui du dimanche et des
fêtes est le Benedicite omnia opéra Domini Domino ^
chanté par les trois enfants de la fournaise alors que
les flammes n'osaient les atteindre. {Daniel, m.) C'est,
en effet, le plus remarquable de tous, par Tévénement
qui en fut l'occasion et par les sentiments qu'il ex-
prime, sentiments de Jésus-Christ lui-même, le Prêtre
éternel, lorsque après avoir consommé Tœuvre de la
Rédemption, il remontait vers son Père, dont la gloire
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36 DBS DIFFÉRENTES HEUBBS CANONIALES^
était à jamais infiniment proclamée et réparée par son
sang; ainsi, les ministres sacrés, en répétant ce can-
tique à la première heure du jour, doivent-ils se re-
garder comme les interprètes de la création, obligés de
rendre au nom de tous, à la majesté infinie les devoirs
de la louange et de l'adoration, qu'ils comprennent
âiieux que personne.
Le cinquième psaume de laudes est composé des trois
qui terminent le psautier; ce senties mêmes sentiments
d'admiration, de reconnaissance et d'amour, la même
louange, suggérés à toute créature et à tous les âges
de la vie. « Enfin, dit saint François de Sales, après
avoir composé un grand nombre de psaumes avec
cette inscription Laudate Dominun, et s'être adressé à
toutes les créatures pour les exciter à bénir le Maître
souverain, le divin Psalmist^ parcourt encore et énu-
mère une grande variété de moyens et d'instruments,
propres à célébrer les louanges de cette éternelle bonté ;
puis, comme tombant en défaillance, il conclut toute
sa psalmodie par cette suprême aspiration : Omnis
spiritus laudet Dominum ; c'est-à-dire , que tout ce
qui a vie ne vive et ne respire que pour bénir son sou-
verain Auteur. » {Traité de C amour de Dieu^ vi, 9.) Ces
sentiments conviennent aussi à Jésus ressuscité et aux
prêtres de la loi nouvelle; nous ne nous lasserons
pas de les redire, si le zèle divin embrase nos âmes,
et si nous désirons que Dieu soit toujours connu, aimé,
loué davantage.
Ces trois psaumes ne sont jamais omis non plus, à
cause du trait caractéristique des laudes.
Les psaumes et le cantique sont toujours les tnêmes
aux laudes des dimanches (ceux de la Septuagésime à
Pâques exceptés), du temps pascal -et des fêtes, parce
qu'il n'y a pas en ces jours le motif de tristesse ou de
pénitence qui fait remplacer parfois quelques-uns d'en-
tre eux.
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DBS PETITES HEURES EN GÉNÉRAL. 37
L'hymne se dit, à laudes, après les psaumes, parce
qu'il n'y avait plus la même raison qu'à matines de
la réciter dès le commencement, et aussi par respect
pour ces paroles^ de saint Paul : t PsaimiSy hymnis et
canticis spiritualibus , inlgraliâ cantantes in cordibus
vestris Deo. » (Coloss. m, 16.)
Après l'hymne, on récite le Benedicttis Domintis
Detis Israël^ cantique de la loi nouvelle, si approprié
à l'office de laudes. Zacharie, en effet, y rend grâces à
Dieu pour l'avènement du Verbe incarné, le vrai so-
leil de justice qui, alors à son aurore, allait bientôt dis-
siper les ténèbres de la nuit.
Les cérémonies du chant des laudes sont les mêmes
que pour celui des vêpres; nous les ferons connaître
plus bas,
CHAPITRE n.
LES PETITES HEURES.
On appelle ainsi communément Prime^ Tierce^ Sexte
et None^ soit parce que, n'ayant généralement que trois
psaumes, elles sont plus courtes que les autres heures,
soit parce qu'on leur donne moins de solennité. Comme
elles ont des caractères communs, nous traiterons
d'abord des petites heures en général, et ensuite de
chacune en particulier.
Art. L Des Petites Heures en général.
Parmi leurs caractères communs, il en est un plus
frappant que les autres; le psaume Beati immacu-
tati se dit tous les jours et se partage les petites
heures; nous devons en parler à part et tout d'abord.
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38 DES DIFF&RENTES HEURES CANONIALES.
§ I. — DU PSAUME Beati immaculati in via.
C'est le cxviii® et le plus long du psautier. On pour-
rait l'appeler : Psaume de la loi ou du bon plaisir de
Dieu, ou encore : Bonheur de celui qui observe la loi du
Seigneur. Il occupe dans l'office divin une place trop
importante, pour ne pas en faire ici une étude spéciale,
quoique succincte; nos cœurs seront ainsi mieux pré-
munis contre la routine ou Tennui qui pourrait naî-
tre de sa répétition fréquente. Après avoir dit Tau-
teur, les divisions et la beauté du psaume, nous en
donnerons une courte analyse et indiquerons les mo-
tifs qu'a eus TEglise de nous le faire réciter tous les
jours.
Ce psaume n'a pas de titre dans la Vulgate ni dans
l'Hébreu; il paraît être de David, à cause surtout de la
ressemblance avec le Ps. xviii®, où le saint Roi exalte
aussi la loi du Seigneur. Il Taurait composé pour
être chanté par les Juifs, lorsque, trois fois l'année, ils
devaient se rendre à Jérusalem. Quelques-uns cepen-
dant Tattribuent à Esdras, au retour de la captivité, ou
à un auteur inconnu, durant la captivité même. Thalho-
fer, qui a si bien traduit les psaumes en vue du bré-
viaire, est de cette dernière opinion. D'après lui, l'au-
teur serait un jeune poète juif, qui exprime ici les
sentiments de sa nation pour la loi sainte. Ce peuple,
malheureux et captif, aimait et pratiquait cette loi de
son mieux, malgré les contradictions des païens, et le
voile que ses fautes avaient jeté sur son intelligence et
sur son cœur; obstacle qui lui faisait sentir d'une ma-
nière plus pressante encore le besoin qu'il avait de son
Dieu pour demeurer fidèle.
Le psaume est alphabétique, et composé de vingt-deux
strophes de huit distiques. Chaque strophe ou oc-
tonaire,en efifet, commence par un?e lettre de l'alphabet
hébreu; c'était pour en faciliter le chant et la lecture.
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DES PETITES HEURES EN GÉNÉRAL. 39
Ces acrostiches de huit versets, le Jiombre de laperfec-
rfon, faisaient dire à saint Hilaire que « le psaume cxvni*
renfermait tout ce que nous devions savoir pour la
pratique de la vie» {Tract, in cxni Ps.)^ et à l'abbé Ru-
pert, après saint Ambroise, que ce psaume était Tal-
phabet des enfants de Dieu, et que toute la perfection,
depuis Y alpha jusqu'à Voméga, y était contenue dans
ses éléments essentiels.
Le psaume a donc 22 octonaires, dont nous verrons
bientôt la disposition dans le bréviaire et dans la Bible,
176 versets ou distiques et 352 vers. L'Eglise a voulu
le diviser entre les petites heures qui sont l'office du
jour proprement dit, et en autant de parties qu'il y a
d'heures dans la journée; elle a réuni pour cela les oc-
tonaires deux à deux. Mais ainsi réunis, ces derniers
ne donnaient que 11 parties, tandis qu'il y a 12 heures;
on y suppléa par le psaume lui', Deus^ in nomine tuo^
qui sert d'introduction aux petites heures. Le psaume
Beati immaculati est ainsi divisé : à prime, les 4 pre-
miers octonaires, formant deux divisions, sont placés
après le premier psaume, et à chacune des petites heu-
res suivantes, il y a 3 divisions formées de 6 octonaires.
Les auteurs ont vu dans les deux octonaires de chaque
division, comprenant 16 versets, les bonnes œuvres re-
commandées par la loi, qui se résume dans l'amour de
Dieu et du prochain; elles sont, en effet, au nombre de
16, exprimées dans les deux vers suivants, si l'on y
ajoute le jeûne et la prière, dans le sens que les théo-
logiens donnent ici à ces deux mots :
Visite, poto, cibo, redimo, tego, colligo, condo,
Consule, carpe, doce, solare, fer, ora.
Le nombre huit exprimerait le bonheur parfait du
ciel que l'observation de la loi nous mérite, et le nom-
bre trois la sainte Trinité, à qui s'adresse Tofâce du
jouTi comme les matines de la nuit.
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40 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
Les Pères et les Docteurs ont loué la beauté de ce
psaume, qui est à leurs yeux comme Tabrégé le plus ex-
cellent de la morale évangélique. Cassiodore le compa-
rait à un fleuve profond et limipide: a Est altissimuspro-
funditate sensuum^ qui, more nobiliorum fluviorum,
lents ire conspicitur^ cum nimis profundus esse nosca-
tur, » {Expos, inps. cxviii.) Saint Ambroiserappelait un
jardin aux fruits délicieux et le cellier du Saint-Esprit :
Paradisus pomorum, et apotheca Spiritus Sancti; ce
psaume, à son avis, l'emporte sur les autres, comme
Téclat du soleil sur les étoiles; et le saint docteur com-
posa tout un ouvrage en vingt-deux discours pour l'ex-
pliquer à son peuple. (Expositio in ps. cxvni.) Saint
Augustin en admirait la profondeur et la simplicité,
et en fit Tobjet de trente instructions: « Utpotui^ psal-
mum illum magnum pertractavi et exposui, » dit-il.
{Enarrationes in ps. cxvni. Prœf.) Saint Hilaire aurait
voulu que chaque fidèle l'apprit par cœur, pour en
méditer sans cesse et partout les sentiments. Durand
de Monde disait que l'Eglise savourait chaque jour le
parfum de cette plante aromatique, dont la vertu ré-
jouit Dieu et réconforte les âmes : t Ecclesia rumi-
nât illum per horas velut species aromaticas paradisi.
ut sit spes aromatica Deo et mundo. » [De Prima c v,
n. 5.) Bellarmin, si compétent en cette matière, dit
dans son Explication des psaumes, que celui-ci l'em-
porte sur les autres à plusieurs titres, parmi lesquels,
l'élégance et l'utilité : « Bic psalmus tribus in re^
bus omnibus aliis antecellit : i^ utilitate, ut totus
moralis et hortatorius ad vitam secundum legem Dei
instituendam^ et ea causa est cur quotidie ab Ecclesia
frequentatur ; 2* longitudine.,. Z"" elegantiâ et artificio
alphabetico. » Pascal était tout transporté quand il
s'entretenait avec ses amis de la beauté de ce psaume,
(c Quanta prolixior et apertior, dit Bellanger, /an^() prâss-
tantior etprofundior^ » — « Il n'y aquerÇsprit de Dieu,
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DES PETITES HEURES EN GÉNËRAL. 41
dit le p. Berthier, qui puisse donner autant de sens et
suggérer autant d'affections, relativement au seul et
même objet. » — « Il nous parait, dit enfin M. le Hir,
que Ton pourrait tirer de la seule lecture ou exposition
de ce psaume, une preuve frappante de la divinité
d'une religion qui inspire de tels sentiments d*amour
tendre, vif et désintéressé pour la loi de Dieu. Le psal-
miste va jusqu'à verser des larmes et à se consumer
pour cette loi qu'il voit transgressée, méprisée par les
méchants. L'homme cherche en vain de tels sentiments
en lui-même, il faut que la grâce les y forme. Aussi ne
trouve-t-on rien d'analogue dans toutes les littératures,
ni dans toutes les philosophies profanes. » (Lespsau-
mes, p. 276.)
Nous ne pouvons pas, en récitant le saint office,
méditer suffisamment ce beau psaume; beaucoup de
ces pieux sentiments, de ces élans embrasés échappent
alors à l'esprit et au cœur. C'est pourquoi, il est bon de
l'étudier attentivement, au moins une fois, pour s'en
assimiler les idées, avec l'intention de le réciter ensuite
tous les jours, tel que nous l'aurons compris et goûté.
On pourrait se servir pour cette étude de quelques bons
commentaires, comme ceux de saint Ambroise, ,de
saint Augustin, de Bellarmin, du P. Berthier, d'Aqua-
viva,général des Jésuites en 1581 {Meditationes in psal.
cxviii), de l'abbé Toursel ^ {Enchiridion horarum), etc.
Mais, c'est surtout par Tesprit de prière et de recueille-
ment qu'on se pénétrera mieux de l'esprit du Psalmiste
et de ses sentiments.
L'abondance des matières ne nous permettant pas
d'ajouter ici une traduction littérale que nous avions
d'abord faite du psaume, il nous suffira d'en donner une
analyse succincte, avec la disposition liturgique et bi-
blique des divisions et des octonaires.
I. Cet opuscule de l'abbé Toursel, publié en i866, renferme,
en effet, un commentaire exact et pieux dups. cxvm®.
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4S DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
L'objet du psaume est donc la loi de Dieu et le bon-
heur de ceux qui Tobservent. L'auteur inspiré fait Té-
loge de cette loi qu'il désigne par des mots différents,
pour la présenter sous tous ses aspects : Lex, mandata^
via, judicia^ testimonial prœceptay justitia^ œquitas,
justificationes, sermones, verbum^ eloquinm^ veritas. Il
demande au Seigneur de la connaître de plus en plus,
promet de l'observer fidèlement, implore le secours di-
vin pour triompher des obstacles, soupire après les
consolations que cette loi donne, et proteste de sa fidé-
lité contre les dires menteurs de ses ennemis. Mais
entrons dans quelques détails.
A PRIME.
1" DIVISION DU PSAUME : Beat! immacnlati. {f, i-16.)
l^' OcTO^kmE. AlephK (1-8.) La loi rend heureux ceux
qui l'observent, et qui cherchent Dieu dans la simpli-
cité de leur cœur ; elle est d'ailleurs d'une étroite obli-
gation : double motif qui inspire au Psalmiste le désir
d'y être fidèle.
2® OcTONAiRE. Beth. (9-16.) Cette loi est le fondement
d'une vie sainte; aussi, jaloux de plaire au Seigneur, le
Psalmiste le prie de ne pas permettre qu'il s'écarte ja-
mais de ses commandements, qui sont dans son esprit,
dans sa mémoire, sur ses lèvres et dans son cœur.
2« DIVISION : Rétribue servo tuo. (i7-32.)
3® OcTONAiRE. Ghimel, (17-24.) Le Psalmiste demande
à Dieu la lumière et la force nécessaires pour vivre
dans l'observation de sa loi; le désir qu'il en a est d'au-
tant plus légitime, que, loin de cette loi, il n'y a que
malédiction. Mais sa fidélité l'expose au mépris des
1 . Ce mot et les suivants analogues désignent, comme on le
sait, les lettres de Palphabet hébraïque.
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DES PETITES HEURES EN GÉNÉRAL. 43
hommes, et il voudrait bien être soustrait à cette
épreuve.
4* OcTONAiRK. Daleth. (25-32.) Entraîné sans cesse
vers la terre et hors de la loi sainte par le poids de
la concupiscence, il demande au Seigneur d'êtr
rieux, et de connaître, de plus en plus cel
qui le préservera de l'iniquité, et à laquelle il
solu plus quejamaisde se conformer.
A TIERCE.
3« DIVISION DU PSAUME i Legem pone mihi. (32
5« OcTONATRB. Hé. (33-40.) Le Psalmiste, de ne
demande Tintelligence plus approfondie de la
bonne volonté pour l'observer, et le secours c
contre les séductions des sens, afin de ne pas i
l'opprobre attaché à la violation d'une loi si ai
et qu'il désire vivement pratiquer.
6* OcTONAiRE. Faw. (41-48.) Aidé de cette grâc
sollicite, et qu'il prie Dieu de lui conserver toi
il se glorifiera, devant ceux qui le méprisent
confiance en la loi, et gardera celle-ci en son es
dans son cœur, la publiant partout par ses œu^
par ses paroles.
4« DIVISION : Hemor esto verbi tni. (49-64.)
7«0cT0NAiRE. Zain. (49-56.)Le souvenir des pro:
et des miséricordes de Dieu pour ceux qui obser-v
loi, l'a consolé et fortifié dans les épreuves de
les violateurs decetteloi,au contraire, le rempliî
d'horreur; et sa joie était de penser à Dieu et de
sa loi sainte.
8* OcTONAiRB. Heth. (57-64.) Il apris leSeigneu
son partage, et sera toujours fidèleà sa loi; puiss
seconder toujours ses efforts afin qu'il la pratiqua
gré les obstacles I II a confiance aussi en la prier
la société des hommes vertueux, qui seront son
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44 DBS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
5* DIVISION : Bonitatem fecisti. (65-80.)
9« OcTONAiRB. Teth. (65-72.) La bonté, la science et
la prudence lui sont nécessaires pour observer la loi,
«dont il fait ses délices au milieu des persécutions; il
les demande à Dieu, et bénit ses disgrâces qui lui ont
fait mieux connaître et pratiquer la loi!
10* OcTONAiRB. Yod. (73-80.) Daigne son Créateur et
l'Auteur de la loi, lui en donner déplus en plus l'intel-
ligence, pour l'édification et la consolation des justes.
Humilié par ses fautes, il invoque pourceuxqui crai*
gnent le Seigneur et pour lui, mais contre les pécheurs,
la divine miséricorde.
A SEXTE.
6e DIVISION DU PSAUME: Dofecit In salntaro tniim. (8i-96.)
!!• OcTONAiRB. Caph. (81-88.) Son âme languit
dans l'attente du secours qu'il implore contre ses
persécuteurs, dont la malice et les perfides conseils
n'ont pu vaincre son obéissance à la loi.
12* OcTONAiRE. Lamed, (89-96.) Les effets constants et
admirables de la loi dans l'univers, et la consolation
qu'il y a trouvée, sont pour le Psalmiste*un nouveau
motif de ne pas l'enfreindre. On ne comprendra jamais
toute la perfection de cette loi.
7<» DIVISION : Qnomodo dilexi legem tuam. (97-1 i2.)
13® OcTONAiRE. Mem, (97-104.) Il expose les fruits
précieux qu'il a retirés de la méditation et de l'amour
des lois divines.
14® OcTONAiRE. A^wn. (105-112.) La loi, en effet, est
la lumière qui l'éclairé et qui le dirige dans les droits
sentiers; aussi, fait-il le serment d'y être toujours fi-
dèle; et conjure-t-il le Seigneur de seconder ses dispo-
sitions et son zèle ; les efforts des méchants ne la lui
feront pas transgresser; elle est la joie de son cœur, et
la récompense couronnera sa fidélité.
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DES PETITES HEURES EN GÉNÉRAL. 45
8^ DIVISION : Iniqaos odio habui. (Ii3-i28.)
IS® OcTONAiRB. Samech, (il3-120.)Oui,il aime la loi,
et, à Texemple de Dieu, déteste les impies qui la violent.
Puisse-t-il ainsi l'aimer toujours, et ne pas mériter les
châtiments divins I il en demande la grâce.
16® OcTONAiRB. Aîn, (121-128.) Il prie le Seigneur
de le secourir contre ses ennemis, en considération de
son innocence, de son dévouement et de sa fidélité à
la loi.
A NONE.
9^ DIVISION DU PSAUME *. HirablUa tostimonia tua.
(129-144.)
17«Ogtonairb. Phé. (i29-136.)Plein d'admiration pour
les beautés et les avantages de la loi, il demande encore
instamment le secours divin pour la pratiquer, sans se
laisser abattre jamais par les épreuves et la calomnie.
18® OcTONAiRB. Tsadé. (137-144.) Rien n'est injuste
dans cette loi, et il gémit de la voir transgressée; pour
lui, rien ne l'en détachera, elle est immuable et pleine
de justice; elle fait sa consolation.
10^ DIVISION : Glamavi in toto corde meo. (145-160.)
19* OcTONAiRE. Koph. (145-152.) Puisse le Seigneur
exaucer son ardent désir de connaître et de pratiquer
de plus en plus sa loi I Puisse-t-il, au nom de sa misé-
ricorde et de son immuable vérité, lui venir en aidel
20® OcTONAiRE. Resch. (153-160.) Il invoque de nou-
veau le secours divin contre ses ennemis, puisque son
cœur a toujours défendu sa loi avec zèle et amour.
Il*' DIVISION : Principes persecnti snnt me gratis. (161-176.)
21® OcTONAiRE. \Schin. (161-168.) Oui, au milieu des
persécutions, il n'a jamais cessé de respecter, d*aimer
3.
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46 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
et d'observer la loi, sourcedepaîx inaltérable pourceux
qui lui sont fidèles.
22« OcTONAiRE. Thav. (169-176.) En terminant, lePsal-
miste demande, avec une nouvelle instance, de connaî-
tre parfaitement la loi, de la pratiquer toujours fidèle-
ment etd'être délivré desennemis de sonâme; il donne
à Dieu pour motifs ses promesses divines, la fidélité de
son serviteur, et la reconnaissance qu'il lui en témoi-
gnera tous les jours de sa vie.
Tel est le psaume cxviii. L'Eglise a ses raisons en
nous le faisant réciter chaque jour, sans exception au-
cune. Elle veut nous rappeler que notre vie entière doit
se passer dans l'accomplissement de la volonté deDieu,
et nous faire demander sans cesse pour nous et pour les
autres, une grâce si salutaire à tous, et si glorieuse à
Dieu. Les intérêts divins et ceux des âmes, ainsi que
toute la sainteté, se résument, en effet, dans la fidélité
à la loi de Dieu. Mais l'Eglise pouvait-elle trouver pour
un but si grave et si important, pour cette prière, des
accents plus humbles, plus ardents et plus variés? Ne
fallait-il pas que ce psaume inspiré, où sont indiqués
avec les avantages de la loi, les moyens de la pratiquer
et les obstacles qui s'y opposent, les sentiments et les
dispositions qu'elle demande de nous, résonnât chaque
jour sur les lèvres et dans le cœur des ministres sacrés ?
Nous devons non seulement observer nous-iûèmes et
mieux que personne, la loi, mais encore la faire aimer
et pratiquer aux autres.
On voulut, au commencement du siècle dernier, alors
^que le goût des innovations cherchait à modifier les
prières de l'Eglise, enlever ce psaume des petites heu-
res. On prétextait la monotonie d'une répétition qui se
faisait tous les jours, et d'une même idée qui revenait
sans cesse. Mais des réclamations s'élevèrent de tou-
tes parts ; Bossuet lui-même protesta, et le psaume
Beati immaculati fut maintenu. Sans doute il n'offre
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lES PBTITE5 HEURES EN GÉNÉRAL. 47
pas la variété qu'on peut trouver dans les autres, mais,
ne croyons pas à des répétitions oiseuses et monoto-
nes, et qui seraient sans plan ni logique; M. Lehir a
vengé de ces objections notre psaume liturgique (L^5
psaumes^ p. 276); du reste, une pieuse expérience ne
prouve-t-elle pas qu'on y trouve toujours, en le réci-
tant, quelque application nouvelle? Le cœur enfin, n'ai-
me-t-il pas à exprimer ce qu'il désire et ce qui le préoc-
cupe ? « L'amour n'a qu'un mot, a écrit Lacordaire, et
en le disant toujours, il ne le répète jamais. » {Vie de
saint Dominique f ch. vi.)
§ U. — DE QUELQUES AUTRES GARAGTÈBES COMMUNS
AUX PETITES HEURES.
!• Elles ont d'abord le même nom générique. Nous
avons dit plus haut pourquoi on les appelle ainsi Pe-
tites Aewrô5, par opposition à matines, laudes et vêpres
qui sont appelées majeures,
2® Les petites heures, prime y comprise ordinai-
rement, n'ont que trois psaumes, ou trois divisions du
psaume Beati immaculaii; caractère particulier à ces
heures. C'est pour sanctifier les trois heures du jour
auxquelles se rapporte chacune d'elles, et, selon la pen-
sée de M. Olier, pour nous y faire honorer, d'un culte
continu, la sainte Trinité. « C'est encore, dit Durand
de Monde, pour nous prémunir durant la journée en-
tière contre les assauts ennemis de la triple concu-
piscence. {De primây c. v, n. 4.)
3® Les divisions du psaume Beati immaculaii se
terminent par la doxologie ordinaire : Gloria Patri...
On a voulu rompre la monotonie de la lecture ou du
chant, et nous rappeler aussi que nous devons par
l'office et par les œuvres du jour glorifier la Trinité
sainte. (Durand de Mende, loc. cit.)
4® L'hymne, aux quatre petites néures, se dit avant
les psaumes, comme à matines, contrairement à ce qui
ï
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48 DBS DIFFERENTES HEURES CàNONlÂLES.
86 fait à laudes, à vêpres et à complies. Le cardinal
Berna nous en donne cette raison : a Aux petites heu-
» res, dit-il, et en plein jour, l'âme distraite par les oc-
» cupations de la vie, a besoin d'être aussitôt rappelée
» aux choses de Dieu et à son amour ; or, c'est ce que
» fait le chant suave et joyeux de l'hymne, qui remplit
» de louanges notre bouche et nos cœurs. » « In cxteris
diumis horis hymnus prxcedit psalmoSj quia curis
quotidianis occupatum cor, ad dulcedinem diviniamoris,
hymnico personante concentu^ re trahi débet... Hym-
nus aliquando prœcedit, ut laude Dei repleatur os nos-
trum. » (Div. psal. c. xvi, § ix. De hymnis.)
S^'.Les hymnes sont toujours les mêmes aux petites
heures et ne varient pas, comme dans les autres par-
ties de l'office, complies exceptées. On a voulu ainsi
les adapter à l'heure du jour où Ton se trouve, et aux
besoins spirituels qu'on peut y avoir : « Quoniam quo-
libet diCj dit Durand de Monde, prœmissâ liberatione
egemus. » {De prima, n. 2.)L'hymnede tierce varie ce-
pendant à laPentecôte ; elle y est remplacée par le Veni
Creator, pour un motif que tout le monde comprend ;
et encore, comme nous le verrons en son lieu, le chan-
gement ici n'est pas substantiel, puisque Thynme or-
dinaire est aussi une invocation à TEsprit-Saint.
6** Le rit des petites heures est toujours semi-double,
et les antiennes n'y sont jamais doublées. Les fidèles,
en effet, conviés, nous l'avons vu,àroffice delà nuit et
de Taurore, l'étaient encore à celui des vêpres qui termi-
nait la journée; mais on ne les appelait pas aux quatre
heures canoniales du jour, à cause de leurs occupations.
Ces heures n'eurent pas, dès lors, la même solennité
dans le culte. Durand de Mende {Quid sit ofjicium,
c. I, n. 26.) et le cardinal Bona (De Antiphonis, n. 3)
donnent ici une raison mystique. L'antienne, comme
nous le verrons bientôt, exprime la charité envers le
prochain; on ne fait d'abord> à l'office du jour, que la
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PRIMB. 49
commencer pour la reprendre ensuite en entier, par-
ce que, durant la vie présente, figurée par cet office,
la charité n'est qu'imparfaite et ne reçoit sa consom-
mation qu'au ciel, après s'être exercée sur la terre.
Tels sont les caractères communs aux petites heu-
res ; il nous faut maintenant étudier chacune d'elles.
Art. II. Des Petites Heures en particulier.
Elles sont, nous l'avons dit, au nombre de quatre,
correspondant à Tancienne division du jour en quatre
parties, d'où leurs noms de Prime^ Tierce^ Sexte et
None,
§ [. — Prime.
Après avoir dit l'origine et le symbolisme de prime,
nous en expliquerons la rubrique.
TU, I. Origine et symbolisme.
Prime doit donc son nom à l'heure où on la récitait
autrefois, et qui était la première du jour, prima hora,
correspondant à six heures du matin. Cette partie de l'of-
fice comprenait aussi, avons-nous dit, la première di-
vision du jour ou les trois premières heures de six à neuf
du matin. Les Constitutions apostoliques semblaient en
parler déjà: « Precationes facile manCy tertiâ horâ ac
sextâ,,. ManCy grattas agenies quod illuminavit nos,
nocte suhlatâ et reddito die. » (Lib. VIII, c. 34.) Ce texte
et un autre de saint Ambroise [Hexameron^ 1. IV, c. 1
et 1. VI, c. xn.), ainsi que des raisons de convenance
et d'analogie ont fait dire à Turrianus [Traité des ca-
nons des Apôtres... )y à Duranti {De ritibus eccles.) et à
Suarez {de horis can. 1. IV, c. v, n. 8) * que prime
1. Saarez, Jésuite espagnol (i548-16i7), est l'un de nos
plus grands théologiens. Une douce piété le disputait en lui
à une science étendue : « Je donnerais, disait-il, toutes mes
œuvres pour le mérite d'un Ave Maria » et au moment de sa
mort : c Je ne pensais pas qu'il fût si doux de mourir. » Nous
avons de lui 23 vol. in-f», presque tous sur la théologie dogma-
ui^rtiz^y CiOOglC
80 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
remontait aux temps apostoliques. Mais Francolini
{Traité du temps des heures canoniales^ 158i), le car-
dinal Bona {Div, ps, c. vi, sect. IV de Prima), Merati {In
Gav. thesaur. tom. 11...), et plusieurs autres, ne veulent
pas qu'elle soit antérieure au v* siècle. Cassien (433),
d'après son propre témoignage, aurait institué cette
heure canoniale dans son monastère de Bethléem,
afin d'occuper pieusement les moines, durant le temps
qui séparait laudes de tierce (Lib. III de Inst. cœnob.
c. 3, 4 et 6.); le fait, dit Bona, ne saurait être mis en
doute. Ce pieux cardinal et les auteurs qui suivent
son opinion, disent que le Mane des Constitutions apos-
toliques, mentionné encore par saint Jérôme, saint
Ambroise et d'autres Pères, désigne les laudes et non
l'heure de prime; l'hymne Jam lucis orto sidère, qui
est de saint Ambroise, prouverait seulement que l'é-
vêque de Milan l'avait composée d'abord pour être
chantée hors de l'office, et qu'on l'y introduisit dans
la suite.
On pourrait ainsi concilier les deux opinions : prime,
quant à la substance du moins, remonterait à la plus
haute antiquité ; et dès le temps des Constitutions apos-
toliques et des premiers Pères, on chanta des psaumes
au lever du soleil dans l'assemblée des fidèles, pour ho-
norer les mystères de cette première heure du jour.
Mais cet office ne devint une heure canoniale qu'au
temps de Cassien, où on lui donna le rit et la forme des
autres heures, avec le nom qu'elle a encore aujourd'hui.
Nous lisons dans la vie de saint Adalric, évèque d'Augs-
bourg en 925, qu'après avoir présidé l'office canonial
de la nuit à trois heures du matin, il récitait au point
tique et morale. Nous recommandons ici, en particulier, son
Traité De Sacramento et Sacrificio Eucharistiœy et son travail : De
Horis canonicis, dans le traité de Religione, On y trouvera des
documents intéressants pour le symbolisme et l'histoire de la
liturgie.
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PRIME. 51
du jour l'office des morts avec prime, et assistait en-
suite à la messe capitulaire.
Quoi qu'il en soit de son origine, cette partie de
l'office, certainement très ancienne, est bien placée
au commencement du jour, alors que le soleil parait à
l'horizon. L'astre naissant nous rappelle tout na-
turellement le Soleil de justice qui s'est levé sur la
terre pour Téclairer de sa doctrine et la réchauffer de
son amour ; n'est-il pas naturel que TEglise élève en ce
moment vers le Verbe Incarné nos esprits et nos cœurs ?
Il était convenable aussi de consacrer les premiers ins-
tants du jour par la prière, avant de nous livrer aux tra-
vaux. Ainsi Notre-Seigneur nous invite-t-il à chercher
d'abord le royaume des cieux. (Math.w, 33.) Ainsi Dieu,
dans l'ancienne loi, voulait-il qu'on lui oJBfrît les pré-
mices. (Ex. XIII, 12.) Avec le Psalmiste, nous faisons
la guerre à nos ennemis, dès le matin (Ps. 10), et au
lever du soleil, nous rendons nos devoirs à Dieu,
suivant l'exemple du Sage. (Sap. xxi, 28.) Nous at-
tirons enfin sur notre journée, selon la pensée d'Ama-
laire(lib. IV, dediv. of/îc. c. 2), les bénédictions du
divin Pasteur pour qu'il nous garde, et chasse au loin
les loups perfides. L'hymne et les prières de prime,
comme nous allons le voir, s'inspirent de toutes ces
pensées.
La première heure du jour, ou six heures, affectée
à prime, eut aussi ses touchants mystères, auxquels
nous pouvons nous unir, en récitant cette petite heure.
C'est vers six heures du matin, que Notre-Seigneur
fut conspué, méprisé, souffleté chez Caïphe, et traîné
devant Pilate comme un criminel. {Math, xxvii, 1.)
Deux jours après, à la même heure, les saintes femmes
vinrent au sépulcre pour embaumer le corps du Sau-
veur, qui ne s'y trouva plus (iHf arc. xvi,2.); enfin, vers
six heures encore, eut lieu plus tard la pêche miracu-
leuse. {Joan. XXI, 4.) Puissent-ils, ces pieux souvenirs.
I Bt
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52 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
nous donner le courage de supporter les humiliations
du jour, nous inspirer la résolution de répandre sur
le corps mystique du Seigneur, les âmes, le parfum de
nos vertus, et de tout faire pour en gagner beaucoup
à Jésus-Christ.
M He Lantages, fondateur du séminaire du Puy, ai-
se rappeler, en récitant prime, les sentiments
s à l'égard de son Père, au moment de son in-
3n et de sa naissance ; nous tenons ce détail
lême, dont il parlait ainsi en tierce personne :
les matins, son premier soin était d'adorer le
acement de la vie de Jésus dans le sein de
. Marie. Puis, commençant l'office, il faisait
loses : 1** en l'honneur du dévouement avecle-
divin Sauveur s'offrit à son Père pour être im-
sa gloire, et pour racheter les hommes par le
B de la croix, il s'offrait lui-même à Dieu dans
tention semblable, et prononçait de tout son
n union avec Jésus-Christ, ces paroles du pre-
saume de prime : Voluntarie sacrificabo tibiy et
)or nomini tuo, Domine, quoniam bonum esl.
honneur de l'amour ineffable avec lequel Jésus
la à son Père, pour faire constamment et ponc-
ent sa volonté sur la terre, protestant qu'il em-
t cette loi sainte et qu'il la porterait toujours
l de son cœur, in medio cordis, cet ecclésias-
appliquaità réciter, avec toute la dévotion dont
capable, le psaume Beati immaculati, dont cha-
set est un éloge de la volonté de Dieu et une
ition de fidélité à ses lois. Il semble qu'on ne
apporter de meilleures dispositions à cet office
iin, et que cette pratique est fondée sur les
es les plus solides, comme sur les conceptions
touchantes, n (Instructions ecclésiastiques, Tit,
sous-diaconat, c. iv.)
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PRIME. 53
N. 2. La Bubrique. (Tit. lY.)
Composition de Prime. — Symbole de saint Athanase. — Martyrologe.
La rubrique de prime nous donnera lieu, sur tous
ces points, à des explications importantes. La voici d'a-
bord :
« 1. A prime on commence par réciter /^o^er noster^ Ave
Maria, Credo, à voix basse, puis Deus in adjutorium etc.,
l'hymne Jam lucis orto sidère, et Tantienne qui convient.
Pour les fêtes, on prend à laudes les antiennes de chaque
heure successivement, en omettant la quatrième, comme
on le dira ci-après dans la rubrique des antiennes. Puis on
récite les psaumes qui se disent les dimanches et les fériés
comme au psautier. Aux fêtes et pendant le temps pascal,
on n'en récite que trois, comme il est indiqué en ce même
endroit.
» 2. Après Tantienne, on dit le capitule fiegi sœculo-
rum ; à Tofûce de la férié, hors le temps pascal, c'est le
capitule Pacem; on dit ensuite le répons bref Christe, Fili
Dei vivi, etc. Après quoi, à Toflice double et pendant les
octaves, on récite immédiatement l'oraison Domine, Deus
omnipotens. Aux autres offices, on dit le Kyrie eleison et
les prières qui suivent, le tout comme au psautier. Au verset
Adjutorium, Tofficiant se signe du front à la poitrine . Quand
on récite seul son office, on ne dit qu'une fois le Confiteor,
en omettant les paroles tibi Pater, ou vobis fratres, et,
te Pater, ou vos fratres ', on dit de la même manière,
Misereatur nostri, peccatis nostris, perducat nos , la même
règle est observée à compiles. A l'office férial, quand on a
dit les prières à laudes, on ajoute les autres prières qui se
trouvent au psautier.
» 3. Après l'oraison de prime, ou, dans le petit office de
la Sainte Vierge, après son oraison, on dit le Benedicamus,
puis, au chœur, on lit le martyrologe, et ensuite Pretiosa
et le reste, récité même par ceux qui, disant l'office hors
du chœur, n'ont pas à lire le martyrologe. Enfin pour
l'absolution du capitule, aux fêtes et à certains autres jours,
on dit, à la place de la leçon brève, le capitule de none,
s'il est propre, ou bien celui du commun. Dans les autres
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94 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
temps, on prend, les jours de dimanches et de fériés, la
leçon brève assignée dans le psautier à Toffice du temps. »
Le Pater ^ VAve et le Credo^ commencent Toffice du
jour comme ils avaient commencé matines, Toffice de
la nuit ; nous verrons pourquoi dans la troisième sec-
tion.
L'hymne Jam lucis orto sidère est de saint Am-
broise; certains critiques ont objecté l'assonance ou
les rimes qui seraient, dit-on, de date plus récente;
mais plusieurs autres hymnes que tout le monde
attribue au saint Evêque et celles de plusieurs hymno-
graphes contemporains, comme saint Damase et saint
Hilaire de Poitiers, nous offrent le même caractère.
L*hymne fut intégralement acceptée par la révision
d'Urbain VIII, à Texception de la doxoîogie. L'auteur
s'est inspiré du lever du soleil, moment où il voulait
qu'on la récitât, et c'est pourquoi l'Eglise l'adopta pour
l'heure de prime; elle ne pouvait, en effet, mieux con-
venir à cette heure. Il nous suffira d'en donner ici un
petit commentaire.
I
Jam lucis orto sidère,
Deum precemur supplices,
Ut in diurnis actibus
Nos seryet a nocentibus.
Dès le lever du soleil, l'Eglise nous exhorte à prier
avec une humble confiance, afin que Dieu préserve nos
actions, durant la journée présente, de toute influence
mauvaise qui pourrait les corrompre.
II
Linguam refraenans tempérât,
Ne litis horror insonet ;
Visum fo vende cootegat,
Ne vanitates hauriat.
Il y a surtout deux causes de péchés en nous : la lan-
Digitizedby VjOOQIC "
PRIME. 55
gue qui sème l'horrible discorde, et les yeux qui font
entrer dans notre âme la convoitise et les vanités. Aussi,
après le début général de la première strophe, Thymne
entre dans le détail, et l'Eglise demande à Dieu d'a-
bord de mettre un frein à notre langue et de régler
notre vue.
III
Sint pura cordis intima,
Absistat. et vecordia:
Garnis terat superbiam,
Potus cibique parcitas.
Mais le cœur aussi doit être pur et sans souillures,
et il faut pour cela que la tempérance dans le boire
et le manger maîtrise la ^hair qui, dans son orgueil,
veut dominer et se révolter : c'est l'objet de la troi-
sième strophe.
IV
Ut cum dies abscesserit,
Noctemque sors reduxerit,
Mundi per abstinentiam,
Ipsi canamus gloriam.
Cette pureté, cette exemption de fautes, heureux
fruits de la mortification de la langue, des yeux, du
corps en général et du cœur, nous permettra, quand le
jour sera fini et que viendra la nuit, de célébrer digne-
ment les louanges de Dieu dans une prière du soir, qui
lui dira notre reconnaissance. Si nous obtenons ainsi
chaque jour cette admirable pureté, nous irons au soir
de la vie et quand la mort sera venue, chanter au ciel
une louange éternelle.
Telle est l'hymne de prime « où, dit l'abbé Pimont,
sous les âpretés apparentes d'un style merveilleuse-
ment condensé, se pressent les plus rares beautés. »
(Les hymnes du bréviaire romain, tom. I. hymne à
prime. *).
I. M. Pabbé Pinaont, vicaire de Notre-Dame de Plaisance,
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56 DBS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES-
ès l'hymne et rantienne, vient le psaume lui*
) pouvait être mieux placé. Composé, en effet,
ivid, lorsque la trahison des Ziphéens allait le
omber entre les mains de Saul,(I Reg. xxiii, 19
) il nous fait implorer le secours de Dieu contre
memis, et nous invite à la confiance: prière et
lents des plus opportuns en commençant la
ie. Le V. 6: Voluntarie sacrifîcabo tibi et confite'-
)mini tuo, exprime bien ce sacrifice de louange
tous offrons à Dieu dès le matin. Le psaume
nt si parfaitement à prime, qu'on le récite
rs, comme le psaume Beati immaculati, soit
ffices du dimanche et des fêtes, soit à ceux des
limanche et les simples fériés, prime a quatre
les au lieu de trois, le samedi et le temps pas-
ceptés; il y a là certainement un motif de pè-
te. Nous voyons, en effet, que les psaumes et les
s sont toujours plus nombreux dans un office
a pas une fête pour objet. On comprend dès
>urquoi l'exception faite en faveur du samedi,
ré à la très Sainte Vierge, et du temps pascal,
mt en quelque sorte assimilés à des jours de
Le quatrième psaume est ajouté après le pre-
ui doit toujours commencer prime, et avant le
mmaculati, pour ne pas interrompre celui-ci. Il
3 avec les fériés, afin que tout le psautier soit ré-
irant la semaine, si l'on y faisait chaque jour l'of-
fait paraître un travail remarquable sur les Eymnes
'.aire romain : Etudes critiques^ littéraires et mystiques.
rons déjà les hymnes domiaicales et fériales du psautier
du temps. (Avent, Noël, Epiphanie, Carême, Passion,
ie Pâques, Ascension, Pentecôte, Trinité, Saint Sacre-
Ces études, dont le titre dit suffisamment les divers
, accusent une grande érudition et une saine critique ;
avis, nous n'avons rien de mieux, pour le moment,
3 matière.
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PRIME. 57
fîce du temps. Mais ces psaumes intercalés, ont le même
objet que le premier: Deus innomine tuo^ei sont tou-
jours en harmonie avec le but de prime. C'est une
prière contre les ennemis de la journée, ou du moins,
un sentiment de confiance en Dieu. Les voici : le di-
manche : Confitemini Domino (cxvii) ; le lundi : Domini
est terra (xxni); le mardi : Ad te y Domine, levavi ani-
mam. meam (xxiv) ; le mercredi : Judica me, (xxv) ;
le jeudi : Dominus régit me (xxu) ; et le vendredi :
DeuSy Deus meus (xxi).
Après les psaumes on récite, le dimanche, quand
on en fait Tofûce, le symbole de saint Athanase.
Voici ce qu'en dit la rubrique au titre XXXIII :
On récite le symbole de saint Athanase à prime, après
le psaume Rétribue, tous les dimanches de Tannée, quand
on fait l*office du dimanche, excepté les dimanches dans
les octaves de Noël, de TÉpiphanie, de l'Ascension et du
Saint-Sacrement, et les dimanches de Pâques et de la
Pentecôte, où Ton ne récite que les trois psaumes ordinaires,
comme aux fêtes. On le dit aux dimanches dans les autres
octaves, et le dimanche de la Trinité, jamais un autre
jour, ni même le dimanche quand on y célèbre une fête
double. A la fin de ce symbole, on dit le Gloria Patri.»
Le symbole de saint Athanase est un admirable ré-
sumé de la doctrine catholique sur les mystères de la
sainte Trinité et de rincarnation. Baronius Tattribue
à l'illustre Docteur dont il porte le nom et qui, d'après
hii, l'aurait composé à Rome, comme un monument so-
lennel de sa foi. (Annales. Ann. 340. n. 11.) Au rapport
deVossins (Dissertationes de tribus SYmbolisApostolico,
Athanasiano et Constantinopolitano), quelques-uns lui
donnent pour auteur Eusèbe de Verceil ; Mérati dit
qu'il pourrait bien avoir été composé en France.
(Sect. V. c. XX.) L'auteur en est donc inconnu : • On
n a élevé en ces derniers temps, dit Darràs, quelques
» doutes sur l'authenticité de cette formule de foi« On
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58 DBS DIFFtRBNTBS HBURBS GANONIALBS.
» la suppose une œuvre collective plutôt que la pro-
» duction spontanée du génie d'Athanase. Cela peut
» être ; mais ce qui n'est pas douteux, c'est qu'elle ne
» dut son crédit qu'au patronage de l'illustre Confes-
» seur ; s'il ne l'a pas composée lui-même, il l'a du
» moins adoptée, et couverte de l'autorité irréfraga-
» ble de son nom. » (Hist. de l'Eglise^ T. X.) Quoi-
qu'il en soit, le symbole de saint Athanase, si plein
de doctrine, de précision et de clarté, est très ancien.
Nous en trouvons des exemplaires au moins à partir
du vn* siècle, et il est souvent cité depuis ce temps-
là. Un concile d'Autun, de 670, en fait mention; Théo-
dulphed'Orléans l'expliquait en Tannée 800; un évoque
de Bâle, Ayton, prescrivit à ses clercs, vers la même
époque, de le direà prime. Bathérius, évêque de Vérone
en 930, voulait que ses prêtres l'apprissent par cœur,
comme le symbole des apôtres et celui de la messe.
On le récitait autrefois tous les jours à prime, nous
apprend Honorius d'Autun {Gemma animae, lib. II, c.
Lix) ; les Chartreux ont conservé cet usage. Il n'est
plus récité maintenant qu'à l'office du dimanche,
parce que ce jour est consacré à la sainte Trinité, et
que le principal mystère du Verbe incarné, sa résur-
rection, eut lieu le dimanche. On ne pouvait l'omettre
non plus en la fête même de la Trinité. Mais si ce der-
nier mystère cependant était titulaire d'une église, on
ne dirait le symbole que le dimanche de la fête et
celui de son octave, et non les six autres jours. (5 mai
1736.)
Le Gioria Patri devait tout naturellement terminer
ce magnifique symbole *.
1. On peut consulter sur le symbole de saint Athanase, dans
le tome XXVIII de la Patrolog. grecque de Migne, la disserta-
tion intitulée: Diatribœ in symbolum Quicumque, col. 1568-
i604. Le P. Lebrun a commenté ce symbole dans son EX'
TpHeatwn delaMeêse.
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fRIMI. 91
Prime, comme les autres Heures de l'office, a son
capitule. Il y en a deux différents, l'un pour l'office
des fêtes et des dimanches, et l'autre pour celui des
fériés : tous deux s'inspirent de la même pensée quant
au fond. Celui des fêtes est un souhait de gloire au
seul Dieu véritable, au Roi immortel et invisible des
siècles, au Dieu Trinité; nous promettons implicite-
ment de travailler tout le jour à sa glorification,
sans la compromettre en rien dans notre conduite, et
nous en demandons la grâce. Ce capitule est tiré de la
première épltre à Timothée (1, 17) : Régi sœculorum
immortalL.. Celui des fériés est emprunté au pro-
phète Zacharie. (vni, 19.) D nous rappelle que nous
devons passer le jour dans la paix avec Dieu, avec le
prochain et avec nous-même, et dans la vérité : Pa-
cem et veritatem diligitey ait Dominus omnipotens.
Un répons bref suit le capitule. On l'appelle ainsi,
comme ceux des autres petites heures, par opposition aux
grands répons des matines. Il est toujours le même à
prime. Nous demandons à Jésus-Chri^st sa grâce pour
accomplir nos devoirs et combattre nos ennemis, du-
rant la journée présente. Il y a dans ce répons bref, un
verset qui change assez souvent, parce qu'on a voulu
donner une fois de plus, dans cette première heure ca-
noniale du jour, un souvenir spécial au mystère célébré,
quand il est plus important; c'est le verset : Qui sedes
ad dexteram Patris, remplacé de la manière suivante :
pendant l'avent: Quiventurus es in mundum; —à Noël :
Qui natus es de Maria Virgine; — à l'Epiphanie : Qui
apparuistihodie; — à certains offices de la Passion : Qui
pro nobis pati dignatus es, — Qui passus es propter
nostram salutem, — Qui vuineratus es pro nobis^ —
Qui tuo nos sanguine redemisti; — durant le temps Pas-
cal: Que surrexisti à mortuis; — à l'Ascension: Qui
scandis super sidéra; — aux offices de Saint-Sulpice :
la Yie intérieure de Notre-Seigneur : Quiplenus es omni
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60 DBS DIFFÉRENTES HBURBS CANONIALES.
grattât — le Sacerdocede Notre-Seigneur : Quiessacer-
dosin mtemum^ — la Vie intérieure de Marie : Qui rési-
des in Maria Virgine; — aux offices du Saint-Sacrement
et de la très sainte Vierge : Qui natus es de Maria Vir^
giîie. L'ordo indique ces changements par cette abré-
viation : Ad Prim. t ... Le verset propre se dit pen-
dant toute l'octave de la fête, même aux offices qui ne
sont pas de cette octave, pourvu qu'il ne survienne pas
une autre fête qui aurait aussi à prime son verset.
Ce qui suit le capitule et le répons bref, appartient
exclusivement à Theure de prime ; c'est la lecture du
Martyrologe et une série de prières.
La rubrique particulière de prime prescrit de lire, au
chœur, le martyrologe après l'oraison Domine, Deusom-
nipotens. Cette lecture n'est pas obligatoire dans la réci-
tation privée, et on y supplée au réfectoire, dans certai-
nes communautés. Nous avons indiqué, dans les prolé-
gomènes généraux, l'origine du martyrologe ainsi que
les règles et les motifs de sa lecture. (T. I, p. 44.)
L'Eglise veut ainsi nous offrir, dès le commencement
du jour, des modèles et des protecteurs : « Hic finis^ dit
le cardinal Bona, et scopus est, ob quem Ecclesia sin-
gulis diebus post primam legi voluit martyrologium, ut
eorum facta imitemur quorum exitus admiramur, »
(Div. Psalm. c.xYi^ § 19: Delectionemartyrologii,) La
lecture a toujours pour objet les saints du lendemain,
afin de nous mieux préparer à célébrer leurs fêtes, qui
du reste commencent la veille, dans le Calendrier ecclé-
siastique.
Le t. et Foraison qui suivent sont inspirés par la
lecture du martyrologe; nous y célébrons la mort
sainte et souvent glorieuse des Élus : t. Pretiosa in
conspectuDomini; 5?. Mors sanctorum ejus (Ps. cxv, 5),
et nous implorons leur secours : Sancfa Maria et om-
nés sancti intercédant pro nobis ad Dominum^ ut nos
mereanur abeo adjuvari et salvari^ qui tivit Ces
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PRIME. 61
prières sont comme une conclusion du Martyrologe.
Celles qui le précèdent immédiatement ou qui le
suivent encore, sont on ne peut plus appropriées à
rheure de prime. Le but, en effet, que TEglise s'est
proposé dans cette première heure est surtout, nous
l'avons dit, de nous prémunir contre les dangers du
jour et de nous obtenir les grâces dont nous y aurons
besoin; or, voici ces prières.
t. Levez-vous, ô Jésus, venez à notre secours.
flf. Et délivrez-nous de nos [ennemis à cause de votre
saint nom. (Ps. XLIIL dern. vers.)
ORAISON
Seigneur, Dieu tout-puissant, qui nous avez permis
de voir le commencement de ce jour, secourez-nous
de votre protection si efficace, afin que, durant la
journée présente, nous ne commettions aucun péché,
mais que nos paroles, nos pensées et nos œuvres soient
appliquées, au contraire, à l'observation de votre loi.
t. 0 mon Dieu, voyez le besoin que j'ai de votre se-
cours.
Çr. Hâtez-vous, Seigneur, de me venir en aide. (Ps.
LXIX, 2.)
« Cette invocation est répétée trois fois, dit Durand
de Monde, à cause de nos trois grands ennemis : le dé-
mon, le monde et la chair, et aussi parce qu'elle s'a-
dresse aux trois personnes divines, ce qui explique la
doxologie qui termine la triple invocation. (Lib. V,
c. Y de Prima 18.)
Le Gloria Patri amène une autre invocation à la Tri-
nité sainte: humble et instante prière à sa divine misé-
ricorde : Kyrie eleison^ Christe eleison., Kyrie eleison.
he Pater ^ la prière par excellence, devait avoir ici sa
place, puisque nous y demandons tout ce qu'on peut
désirer pour soi-même ou pour la gloire de Dieu.
t. Jetez, ô mon Dieu, sur vos serviteurs et vos créa-
4
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62 DIS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
tures, un regard d'amour ; dirigez tout ce qu'ils font
vers le bien. i^. Que la lumière du Seigneur brille sur
nous pour guider nos pas ! Que toutes nos œuvres diri-
gées par vous, ô mon Dieu, opéra manuum nostrarum,
n'aient qu'un but : votre gloire et votre volonté : et opus
manuum nostrarum dirige. (Ps. lxxxix, 2 dern. vers-.)
Ce but est indiqué par la Doxologie qui suit encore:
Gloria Patri.
ORAISON.
« Oui, Seigneur mon Dieu, Roi du ciel et de la terre,
daignez aujourd'hui diriger, sanctifier, maîtriser et
gouverner dans le sens de votre loi et de l'accomplisse-
ment de vos préceptes, nos cœurs et nos corps, nos sens
et nos paroles, tout ce que nous ferons ; nous vous le
demandons, afin que maintenant et toujours, nous mé-
ritions, avec le secours de votre grâce, d'être exempts
du péché et de nous maintenir dans la voie du salut. »
Une leçon brève conclut l'heure de prime. Tirée de
TEcriture, elle vient là comme sanctifier nos études et
nos travaux du jour. « Il la fallait plus courte que les
leçons des nocturnes, dit le cardinal Bona, parce que
c'est le moment du travail où l'on ne doit pas trop al-
longer la prière. » (De lectionibus,) Dans l'office des fô-
tes, cette leçon brève est toujours le capitule de none ;
ainsi la première petite heure nous donne le même en-
seignement que la dernière, et toutes deux se termi-
nent en reportant nos pensées et nos cœurs vers
l'objet de la fête.
Une formule de bénédiction, qui a toujours en vue
la sanctification du jour, précède laleçon brève, comme
toutes les leçons de l'office : Lies et actus nostros in sud
pace disponat Dominus omnipotens.
Cette leçon brève est suivie d'une dernière prière,
élan de confiance qui, avec la bénédiction demandée
à Dieu et un pieux souvenir donné aux âmes du pur-
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PRIMB. 63
gatoire, termine on ne peut mieux la première heure
du jour : t. Adjutorium nostrum in nomine Domini. —
Tji. Qui fecit cœlum et terram. (Ps. cxxiii, fin.)
Dominusnos benedicat^ et ab omnimalo defendat^ et
ad vitam perducat âstemam, G'e&i laformuledela béné-
diction finale, que nous retrouvons équivalemment à
la fin de compiles, commençant ainsi la journée comme
nous la finissons. Cette bénédiction est demandée par
ces mots Benedicite iv. Deus: Bénisse z-nous, ô mon
Dieu, ou mieux Bénissez-nous; on s'adresserait alors
à Tabbé ou au président du chœur censé présent, et qui
répondrait : Deus^ Dieu va vous bénir par nos mains,
va nous bénir tous. — « A la fin de prime, en effet,
dit Grancolas , le célébrant donne sa bénédiction :
Benedicite, Dominus nos benedicat; cela est aussi à la
fin de Compiles. C'était Tancien usage de donner la bé-
nédiction à la fin de chaque office, et les évoques le font
encore aujourd'hui solennellement. » (De Toffice divin.
Déprime, etc.)
Etfideliumanimœpermisericordiam Dei requiescant
inpace. — ^m^. Notre dernière pensée sera, comme
dans les autres heures de l'office, pour le soulagement
des défunts : admirable communion de souvenir ou de
prière entre les trois Eglises du triomphe, du combat
et de la souffrance.
On ne fait pas de signe de croix, pour ne pas trop le
multiplier, à Deus in adjutorium qui, trois fois répété,
suit Tinvocation Sancta Maria et omnes sancti^ ni à
V Adjutorium nostrum qui précède immédiatement la
formule de bénédiction ; mais il faut le faire à Domi-
nus nos benedicat ^ le signe de croix accompagnant tou-
jours la bénédiction, ainsi qu'à IMc^w/ormm nostrum
qui précède le Confiteor^ quand on dit les prières, la
raison de multiplicité n'existant plus alors.
Nous terminons ici tout ce qui concerne prime. Cette
première heure canoniale du jour, comme il est facile
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(^ DIS DIFFtRBNTBS HBURES CANONIALES.
de le voir, est une belle prière du matin, et l'on n'en
récite pas d'autre, dans certains ordres religieux.
§11. — TIERCE, 8EXTB ET NONE.
Nous réunissons ces trois petites heures pour nous
conformer à la rubrique ; elles ont, du reste, des carac-
tères communs d'origine et de composition qui per-
mettent d'abord de les grouper ainsi.
Leur origine remonte aux temps apostoliques, en ce
sens, du moins, que les apôtres et les premiers chré-
tiens priaient déjà aux trois heures du jour qui leur
correspondent. Saint Pierre nous dit que l'Esprit-Saint
descendit sur lui et sur ses frères à la troisième heure
du jour, alors qu'ils étaient en prière, (Act. ii, 16.) Il
ne manquait pas lui-même de monter chaque jour,;?owr
y prier à r heure de sexte, sur la terrasse de Simon le
Corroyeurqui lui avait donné l'hospitalité. (Id. X, 9.)
Le même Apôtre se rendait enfin au Temple à l'heure de
None avec saint Jean, quand le paralytique fut par lui
guéri miraculeusement. Il est fait mention de ces trois
petites heures dès les premiers siècles: ainsi les Cons-
titutions Apostoliques, monument très ancien, les
nomment expressément: Precationes facite,..horâ ter^
tiâ, sextâ et nonâ. (Lib. VIII, c. 34.) TertuUien, dans son
livre de jejuniisy explique pourquoi l'Eglise fait prier
aux heures de tierce, desexte et de none. Clément d'A-
lexandrie, dans les Stromates, dit que c'est pour honorer
la Sainte Trinité. (1. VII.) Saint Cyprien,dans son livre
De Oratione domi7îicâ,no\is donne en desparoles cTor ,dit
Bona,lesensdes heures canoniales parmi lesquelles on
trouve mentionnées : tierce, sexte et none. Saint Atha-
nase, dans son livre de Virginitate et meditatione, s'ex-
prime ainsi : Post Tertiam synaxes conjicies, quoniam
eâ horâ defixum est lignum crucis; sextâ horâ absolves
deprecationes cumpsalmis,ploratu etsupplicationibus,
quoniam hâc horâpependit Filius Dei in Cruce ; nonâ
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TIERCE, SEXTE ET NONB.
hofâ rursîim in hymnis et glorificationibus eris
niam hâc horâ Dominus^ in cruce pendens^ rei
jçpe'nYwm. Saint Epiphane nous apprend dans s
des Pères (Lib. V), qu'il fit célébrer dans son monj
les heures, de tierce, de sexte et de none, et se^
coutume des anciens^ more majorum. Saint Chi
tome, commentant le verset du psaume c?:viii®: s
in die laudem dixi tibi^ fait remarquer que les
pieuses suivent cet exemple, la nuit, au lever du i
aux heures de tierce, de sexte et de none, an couch
soleil et avant de prendre leur repas. Saint Jérôme
vait à la vierge Eustochium: « Eoram tertiam^ se.
nonamquoque^ et vesperam, nemo estquinesciatj
22.) Saint Augustin nomme expressément les m
petitesheuresdansson discours 55^. Inutilede proL
davantage ces citationsJNos troispetites heures, p(
fond du moins, et en tant que prière publique re
tant donc jusqu'aux apôtres, ce qui les faisait af
Apostoliques, par Tertullien.
La rubrique va nous montrer maintenant, s(
titre XVI, comment elles sont composées :
« 1. Au commencement de tierce, de sexte et de
on dit : Pater noster, Ave Maria, \Deus in adjutc
l'hymne et les psaumes comme au psautier. Les antie
selon la qualité de Toffice, se disent suivant l'ordre
que sous le titre précédent. Après les psaumes et
tienne, on récite le capitule et le répons bref, suivant
la qualité de l'office. Quand il n'y en a pas au prop
Temps, on les prend, les dimanches et les fériés, au
tier. Aux fêtes, on les prend au conmiun, s'il n'y en
au propre des saints. Après le répons bref, on di
minus vobiscum, et l'oraison qui se trouve au prop
temps, ou au propre des saints, si on fait l'office
saint, et à défaut de celle-ci, on prend l'oraison du com
« 2. On répète après l'oraison Dominus vobiscum, i
dit ensuite : Benedicamus Domino, Fidelium animiaeei
4.
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66 DES DIFEÈRBNTBS HEURES CANONIALES.
noster, à voix basse» comme on l'explique pour l'Oraison
Dominicale. »
Telle est la rubrique commune à ces trois petites
heures; elles ont cependant quelques traits particuliers
dont il nous faut parler maintenant.
XI. 1. TieroA.
Tierce, Tertia^ est donc l'heure canoniale qui répond
à la troisième heure du jour, ou neuf heures; elle com-
prend aussi la deuxième partie de l'ancienne division
dujour,c*est-à-dire,de neuf^heures à midi.Duranti nous
apprend que cette heure était appelée heure d^or^ hora
aurea{de Rit. Eccl.c, vin); on la nomme dans le droit:
Heure sainte ou sacrée, Hora sacra. (Dist. 44. c. de Con-
secr,) Mais pourquoi ces beaux noms donnés à tierce?
C'est parce qu'elle correspond aune heure plus remar-
quable que toutes les autres, dit l'abbé Rupert: acœte^
ris illustratior est, » {De Div. o//îc.l.X, c. 18.) A neuf
heures du matin, en effet, Notre Seigneur fut condamne
à mort, comme l'observent saint Ignace martyr (£'/?. ad
Trallian.)y et saint Athanase (Lib. de Virginitate); à
lures aussi, s'accomplit le grand miracle de la
ite, qui donne à cette heure son plus grand éclat,
Lt Isidore. {DeEcclesioffic.X I.) L'Eglise devait
er par la prière une heure si sainte : « Quomodo,
le Gard. Bona, hâc horâ tacere poterit, quamtot
\da mysteria ipsaque Spiritus-Sancti gratta cœ-
charismatum sacramentis nobilitarunt? (De
I Mais l'intention de l'Eglise est surtout d'hono-
iescente du Saint-Esprit sur les apôtres, nous
lt Basile. {In Reg. suscip. disp, q. 37.)
mne de tierce, en effet, s'inspire de ce grand
lent et nous fait soupirer après la venue du Saint-
ians nos âmes. Elle est de saint Ambroise, d'a-
témoignage formel d'Hincmar de Reims au neu-
nècle, et porte avec elle tous les caractères d'au-
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TIERCE. 67
thenticité : élévation des pensées, mystique profonde»
onction pénétrante, poésie d'une allure brève et aus-
tère, et surtout des expressions familières au grand é vé-
que de Milan.
Nunc, Sancte nobis Spiritus,
Unum Patri cum Filio,
Dignare promptus ingeri
Nostro refusus pectori.
Nunc : à cette heure solennelle de la Pentecôte.
Nobis, « lié de si près et comme mêlé aux deux mots
« sancte Spiritus, dit Tabbé Pimont, ce mot est le premier
« trait de cette opération intérieure et profonde de TEs-
f prit-Saint, siénergiquement exprimée ensuite par le
€c verbe ingeri, avec lequel il se trouve en relation. »
« (Hymne de Tierce.)
Unum Patri cum Filio : c'est l'unité de Substance,
avec le Père et le Fils, et la distinction des Personnes.
Promptus: le Saint-Esprit est prompt à se communi-
quer comme la lumière et la flamme.
Ingeri : il pénètre l'âme de toute part et dans toutes
ses facultés.
Nostro refusus pectori (refusus pour rursus infusus) :
allusion à la Pentecôte que nous désirons voir se repro-
duire en nous.
Os, lingua, mens, sensus, yigor,
Gonfessionem personent;
Flammescat igné charitas,
Accendat ardor proximos.
« Que notre visage, notre langue, notre esprit, notre
cœur, notre activité, que tout en nous, transfiguré par
votre venue, publie vos louanges; que le feu de votre
charité brille en nous, que son ardeur nous embrase
tous! »
Telle est cette hymne si simple en apparence, mais
en^réalité si belle et si élevée; ce qui faisait dire à Deny s
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68 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
irlreux: « Hune brevem hymrmm non brevinec
devotione cantemus (Opéra). * »
jour de la Pentecôte et pendant l'octave, elle est
icée par le Veni^ Creator Spiritus, cette hymne
•telle appelée par D. Guéranger : « un cantique
rs nouveau et toujours inépuisable. » Saint Hu-
ibbé de Cluny au xi® siècle, eut le premier la pen-
atroduire le Ve?ii Creator dans l'office de tierce, au
e la Pentecôte, et l'Eglise romaine adopta ce pieux
dans sa liturgie, vers le xu® siècle. On en com-
laraison.Le Veni Creator est l'hymne de laPen-
et de l'Esprit-Saint, aucune autre ce jour-là ne
la remplacer à rheure de tierce, consacrée àTEs-
nctificateur et à son mystère. Les deux hymnes,
oute, ont le même objet, mais on voulait, par ce
îment, fixer mieux l'attention,
première strophe du Vent Creator est toujours
e à genoux, pour exprimer ainsi la Divinité du
ïsprit et notre humble confiance,
jouvenir du glorieux mystère qui en fait Tobjet,
est la seule des petites heures, qui puisse être
efois célébrée solennellement; c'est quand l'évê-
îcie lui-même, et aussi, d'après les auteurs, le
i la Pentecôte, dans toutes les églises. Le céré-
ides évêques(L. II, c. viii, 5, 6, 18) indique la
'e de chanter tierce, quand elle est présidée par
le; dans ce cas, on y observe les mêmes cérémo-
ii'à laudes et à vêpres,
on chante ainsi tierce, il faut toujours le faire
snys le Chartreux, religieux de Ruremonde, mourut
. Il servit l'Eglise par son savoir et ses vertus ; son
de la contemplation le fit surnommer aussi le DoC"
itique. Nous avons dans les 2 vol. in-fo de ses œuvres,
nentaire de plusieurs hymnes du bréviaire qui parut à
1642, sous ce titre : Dionysii Carthusiani Hymnorum
)eterum eeclesiasticorum pia nec minus eruàUa enarratio.
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SEXTË. 69
avant la grand' messe dont Theure canonique aux
jours de fêles est précisément de neuf à dix heures,
d'après un décret du pape saint Télesphore. « L'Eglise
» a choisi cette heure dans tout le cours de Tannée, dit
» D. Guéranger, comme la plus propice pour l'offrande
» du saint sacrifice, auquel préside FEsprit-Saînt dans
» toute la puissance de son opération. » {V Année litur
gique. Temps pascal, le jour de la Pentecôte.)
Le capitule de tierce, aux jours de fêtes, est toujours
celui des laudes; l'Eglise veut ainsi unir, par un lien
commun, Tofflce de la nuit et celui du jour qui font un
seul et même office.
Au t. 14® du premier psaume de tierce, il y a une
variante dans les éditions des bréviaires ; les unes
portent : Et loquebar in testimoniis tuis, et les autres :
de testimoniis tuis. La première version est la vraie,
comme étant celle de la Vulgate (12 Aug. 1854), mais
le sens est le même, et le texte hébreu se prête aux deux
versions.
L'histoire nous a conservé le souvenir d'un miracle
qui se fit deux fois à l'heure de tierce, en la fête de
la Pentecôte : un globe de feu descendit sur les Frères
Prêcheurs de Montpellier, en 1247, au moment où ils
chantaient au chœur le Veni Creator (Ferdinand de
Castille, Histoire de l'ordre de saint Dominique, 1. I,
c. Lxi), et plus tard, à Rome, sur saint Philippe de
Néri,en la même circonstance. {Sa Vie.) Dieu ne multi-
plie pas ses prodiges; mais soyons assurés qu'il nous
dispensera les dons et les fruits du Saint-Esprit si nous
récitons tierce avec ferveur.
N. 2. Sexte.
C'est l'heure canoniale qui répond à la sixième
heure ou à midi, et aussi à la troisième division du
jour, de midi à trois heures du soir. Le milieu du jour,
avec la fatigue qu'il entraîne après lui et son soleil
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70 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES-
plus ardent, devait être sanctifié par la prière. Le dé-
mon, en effet, profite de ces circonstances pour nous
tenter, et nous avons besoin de la grâce pour vaincre
ce démon du midi, comme l'appelait David : « Non ti-
mebis.., ah incursu et dgemonio meridiano. » (Ps. XG, 5
et 6.) L'auteur de Thymne s'est évidemment inspiré de
cette pensée. Après avoir exalté la puissance de Dieu,
qui a tout fait avec une sage mesure, et la splendeur du
matin, et les feux du midi, il le prie d'éteindre en nous
ou parmi nous, le feu de la discorde et celui des pas-
sions, non moins contraires à la paix du cœur qu'à la
santé du corps.
Rector potens, verax Deus,
Qui temperas rerum yices,
Splendore mane illuminas
Et ignibus meridiem.
Extingue flammas litium,
Aufer calorem noxium,
Gonfer salutem corporum
Yeramque paœm cordium.
L'hymne offre tous les caractères des hymnes Am-
brosiermes et appartient, en effet, au saint Docteur :
îî c'est toujours, dit Biraghi S la même main, le même
souffle, la même harmonie. »
Mais l'heure de midi a aussi ses mystères : celui de
l'ineffable entretien de Jésus avec la Samaritaine : Erat
enim hora sexta {Joarm. iv, 6 et seq.) ; de la mission
que saint Pierre reçut pour la conversion des Gentils :
Adscendit Petrus in superiora ut oraret circa horara
sextam (Act. x, 9); et des ténèbres qui enveloppèrent le
monde quand Jésus fut élevé sur la croix : A sextd
autem horâ tenebrœ factœ sunt usque ad horam nonam.
(Math, xxvii, 45.) « Aliud spectaculum est horâ sextd
i. Louis Biraghi, directeur de la Bibliothèque Ambrosienne,
a donné, en 1862, uo commentaire italien des hymnes du glo-
rieux éTôque de Milan.
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SEXTE. 7i
exhibiiuniy dit le pieux cardinal Bona, aliud mysticum
hâc horâ impletum quod animum meum magis percel-
lit^ commovetviscera, concutitmentem^ calamum urget :
ChristuSy Dei Filius^ heu^ quantum in hoc nomine et
doloris et sensûs! Jesus^ inquam, Salvator mundi^
hâc ipsâ horâ pro salutc nostrâ crudeliter crucifixv^ •
(Div. Psalm. de sexta.) « Il convenait donc que l*Eg
à cette heure, dit Durand de Mende, offrît à Diei
louange, et lui rendit grâces. {De sextâ,)
Nous aussi, nous devons puiser dans ces touchi
souvenirs, de nouveaux motifs de prier alors avec
deur, en union avec Jésus-Christ, pour lasanctifica
des âmes, l'extension de l'Eglise, Taccomplissemen
la volonté de Dieu sur la terre.
Un autre mystère s'accomplit à cette heure, d'à]
une tradition très ancienne. Les Constitutions apo
liques nous disent, en effet, que Notre-Seigneur me
au ciel à midi. (Lib. IV, c. 19.) Nous pouvons dès 1
pour alimenter notre foi et fixer davantage notre
tention, nous unir, en récitant sexte, aux sentim
des disciples et de Marie, quand ils virent le Seigi
s'élever dans la nue, après en avoir reçu la dern
bénédiction *. Mais, écoutons ici D. Guérang
« Une tradition descendue des premiers siècles, et
firmée par les révélations des saints, nous appi
que l'heure de l'Ascension du Sauveur fut l'heur
midi. Les Carmélites de la réforme de Sainte Thd
honorent d'un culte particulier ce pieux souveni
l'heure où nous sommes, elles sont réunies au ch
vaquant debout à la contemplation du dernier
mystères de Jésus, et suivant l'Emmanuel, de lape
et du cœur, aussi haut que son vol divin l'emporl
i. C'est à cause de cette tradition yénérable que dan:
glise de Saint-Sernin de Toulouse, on donne chaque ann
jour de PAscension à midi» un salât très solennel du S
Sacrement.
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72 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
« Suivons-le aussi nous-mêmes ; mais avant de
fixer nos regards sur le radieux midi qui éclaire son
triomphe, revenons un moment par la pensée à son
point de départ. C'est à minuit, au sein des ténèbres,
rr,,',! /S^iaie tout à coup dans Tétable de Bethléem. Cette
locturne et silencieuse convenait au début de
ion, son œuvre tout entière était devant lui,
,e-trois années devaient être employées à Tac-
. Cette mission se déroule année par année,
r jour, et elle allait touchant à sa fin, lorsque
tmes, dans leur malice, se saisirent de lui etl'at-
nt à une croix. On était au milieu du jour
1 parut élevé dans les airs ; mais son Père ne
pas que le soleil éclairât ce qui était une
Ltion et non pas un triomphe. D'épaisses ténè-
ivraient la terre entière ; cette journée fut sans
uand le soleil reparut, il était déjà l'heure de
Trois jours après, il sortait du tombeau aux
•s rayons de l'aurore.
ird'hui (l'Ascension), à ce moment même (midi),
rre est consommée. Jésus a payé de son sang
n de nos péchés, il a vaincu la mort en ressus-
glorieux : n'a-t-il pas le droit de choisir pour
art l'heure où le soleil, son image, verse tous
, et inonde de lumière cette terre que son Ré-
ir va échanger pour le ciel ? Salut donc, heure
deux fois sacrée, puisque tu nous redis cha-
et la miséricorde et la victoire de notre Emma-
oire à lui pour la double auréole que tu portes ;
ie l'homme par la croix, et l'entrée de l'homme
ime des cieux 1
l'êtes-vous pas aussi vous-même le midi de
s, ô Jésus, soleil de justice? Cette plénitude de
à laquelle nous aspirons, cette ardeur de Ta-
ernel qui seul peut nous rendre heureux, où
rerons-nous, sinon en vous qui êtes venu ici-
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HONI. 73
bas éclairer nos ténèbres et fondre nos glaces? Dans
cette espérance, nous écoutons les mélodieuses paroles
de Gertrude, votre fidèle épouse, et nous sollicitons la
grâce de pouvoir un jour les répéter après elle : « 0
» amour, ô midi dont l'ardeur est si douce» tous êtes
» l'heure du repos sacré, et la paix entière que l'on
» goûte en vous fait nos délices. 0 mon Bien-aimé,
» élu et choisi au-dessus de toute créature, faites-moi
» savoir, montrez-moi le lieu où vous paissez votre
» troupeau, où vous prenez votre repos à l'heure de
»midi. Mon cœur s'enflamme à la pensée de vos doux
» loisirs à ce moment ! Oh I s'il m'était donné d'appro-
» cher de vous assez près pour n'être plus seulement près
» de vous, mais en vous ! Par votre influence, ô soleil
» de justice, toutes les fleurs des vertus sortiraient de moi
» qui ne suis que cendre et poussière. Fécondée par
» vos rayons, ô mon maître et mon époux, mon âme
» produirait les nobles fruits de toute perfection. En-
» levée de cette vallée de misères, admise à contem-
» pler vos traits si désirés, mon bonheur éternel serait
M de penser que vous n'avez pas dédaigné, ô miroir
» sans tache, de vous unir à une paysanne telle que
» moi. » {L Année liturgique. Le temps Pascal, t. III,
L'Ascension.)
XI. 8. Xlone.
L'heure de none correspond à la 9® heure du jour,
ou à trois heures du soir, et comprend aussi la qua-
trième partie de l'ancienne division du jour, c'est-à-dire
de trois heures à six heures du soir.
Le soleil qui baisse alors sensiblement à l'horizon,
nous annonce le déclin du jour. C'est pourquoi l'hymne
nous invite à redoubler d'ardeur pour demander à
Dieu et obtenir de sa bonté, que notre journée, notre
vie, se terminent heureusement. Cette hymne est en-
core de saint Ambroise, et on la trouve dans les plus an-
ciens uianuscrits de l'Église de Milan.
i
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DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
Rerum» Deus, tenax yigor,
Immotus in te permanens,
Lucis diurnae tempora
Successibus determinans.
Si au Dieu immuable, dont la puissance infinie con
aux êtres la force et la vie, au Dieu régulateur
[eil,querhymne s'adresse; elle nous insinue déjà
tu de persévérance dont nous avons besoin pour
ner dignement et le jour et la vie, vertu qui fait
t explicite de la strophe suivante :
Largire lumen yespere
Quo yita nusquam décidât,
Sed prœmium mortis sacrœ
Perennis instet gloria.
onnez-nous, ô mon Dieu, avec la persévérance de
e jour, la lumière indéfectible de l'éternité, cette
sans fin qui sera le prix d'une sainte mort. »
s la neuvième heure ou trois heures du soir, n'est
ilement pour nous le présage de la fin du jour ou
vie. A cette heure même Notre Seigneur, après
lemandé grâce pour ses bourreaux, consommait
Lvreet mourait sur la croix: circahoram nonarriy
Yisvocemagnâyemisit spirittim, (Math, xxvii, 46,
C'est pourquoi, dit le cardinal Bona, nous de-
is réciter none, les yeux pleins de larmes et le
plein de sanglots : Hsecce potissima ratio est,
lam adhorse nonse celebranda mysteria non sine
'mis atque singultibus convenire debemtcs. » {De
;i cette heure de none, regardée chez les anciens
5 néfaste, à cause de son imperfection (neufman-
l'une unité pour atteindre la perfection du nom-
, est devenue l'heuredu salut etde ladélivrance.
lergé tenu à l'office du chœur, comme celui dés
cathédrales, collégiales et conventuelles, doit
ains cas, réciter sexte et iione avant midi, ce à
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VÊPRES. 75
quoi Ton n'est jamais obligé dans la récitation privée.
La rubrique du missel, en effet, (tit. xv, de horâ celé-
brandi missam) s'exprime ainsi : « La messe conven-
» tuelle et solennelle doit se dire dans l 'ordre suivant :
» aux fêtes simples et aux fériés, après sexte dite
» au chœur; dans l'Avent, le Carême, les Quatre-Temps
» et les Vigiles où l'on jeûne, après none, si la messe
» est de la férié... Le 2 novembre, la messe des Morts
» doit être aussi chantée après none. Il en est de même
» delà messe votive solennelle, pour une cause grave et
» avec concours, et aussi, d'après une réponse de la
» Sacrée Congrégation, delà messe votive des solennités
» transférées au dimanche par le cardinal Caprara. »
Ces règles sont un souvenir de la discipline ancienne
qui ne permettait pas, en ces jours moins solennels,
de rompre le jeûne avant l'heure de sexte ou de none,
c'est-à-dire, avant midi ou trois heures. (Bona, Div.
Psalm. De nonâ, % III.)
CHAPITRE III.
VÊPRES.
Nous dirons l'origine et la composition des vêpres,
leur célébration au chœur, la convenance d'y assister
pour la sanctification du dimanche.
Art. I. Origine des Vêpres.
Vêpres est une des heures les plus solennelles. On
Ta toujours regardée dans l'Eglise, comme correspon-
dant au sacrifice du soir chez les Hébreux, sacrifice de
louanges et d'actions de grâces qui devait être offert
dans le Temple à la fin du jour, et faisait le pendant du
sacrifice du matin. Ainsi le sacrifice enveloppait, dans
Pancien Testament, pour mieux la sanctifier, la jour-
née entière. (iSororf. xxix, 36.) La loi nouvelle a aussi
son sacrifice du matin, sacrifice véritable et aux fruits
infinis, dont tous les autres n'étaient ^ue la figure ;
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76 DBS DIFFÉRBNTBS HBURBS CANONIALBS.
mais, pour des raisons que Ton donne ailleurs, elle ne
veut pas le reproduire à la fin du jour; la prière pu-
blique avec ses hymnes et ses cantiques y suppléera,
elles vêpres seront comme notre sacrifice du soir : sa-
crifice de louanges et d'actions de grâces, qui pour
être moins efficace et moins solennel que la messe, ne
laisse pas de rendre àDieu, au nom delà société chré-
tienne, les devoirs qui lui sont dus: Tibi sacrificabo
hostiam lundis etnomen Domini invocabo. (P$. cxv, 7.)
Le nom de vêpres, donné à cette heure canoniale,
lui vient, d'après saint Isidore de Séville, de Pas-
tre Vénus (Vesper^ Hesper, Imepoç) qui apparaît au
coucher du soleil; elle correspond, en effet, à la dou-
zième et dernière heure du jour, c'est-à-dire à six
heures; c'est pourquoi on l'appelait aussi duodecima.
Son origine, comme celle de tierce, de sexte et de
none, remonte, au moins quanta la substance, au temps
des apôtres. Les Constitutions apostoliques voulaient
déjà qu'on se réunit dans l'Eglise, le matin et le soir
pour y prier et chanter des psaumes : « Convenue in
ecclesiam singulis diebus^ mane etvespere^ adcanendos
pscUmos etprecationes in templo Domini faciendas (L.
II, c. Lix.); au L.vni. (c. xxxiv), elles nomment expressé-
ment les vêpres : Precationes facite^ iertiâ^sextâ^ nonâ,
vespere. TertuUien, en expliquant laraison de nos heures
canoniales nomme aussi les vêpres. (Lib. de jejuniis.)
Origène, dans son troisième livre sur Job, recommande
les prières du matin et du soir : . . . vespertinas deprecatio-
nés. Saint Cyprien nous dit, dans son livre de V Oraison
dominicale, les mystères cachés dans les différentes par-
ties de l'office, et il y fait mention des vêpres. Saint
Athanase voulait que la prière à la douzième heure fût
plus longue et plus solennelle, comme étant la dernière
du jour. Saint Epiphane nomme les vêpres parmi les
heuresque les anciens avaient instituées (L. IV, De viHs
patrum). Saint Augustin recommandait aux fidèles de
Mj^ DigitizedbyCjOOglC
VfiPRKS. 77
son temps d'assister auxyêpres le samedi, pour mieuxse
préparer au dimanche. (Serm, 251, ef^ tempore.) Saint
Jérôme {contra VigiL) y Cassien (dediurnA, 3. orat. c.
vm), saint Ambroise(mP5. cxviu), un concile de Franc-
fort en 794, Grégoire IX et Alexandre III dans les décré-
tâtes (Extrav. deferiis cl, 2), exhortaient les chrétiens
à sanctifier le dimanche en assistant aux l'^'et aux 2«8
vêpres qui le commençaient et le terminaient. Nous
pourrions encore multiplier ces citations : « Toujours
» et partout, dans la pensée des chrétiens, dit Mgr
» Freppeljle sacrifice du matin, c'est-à-dire l'immolation
» mystique de l'agneau rédempteur, cet acte essentiel
» de la religion, a eu son complément dans cet autre
*> acte de louange qu'on peut appeler en quelque sorte
» le sacrifice du soir : sacrificium vespertinum. Saint Au-
i> gustin en avait donné la raison (Lib. II ad inquis.
» Januariiy c. xiv) : Après la fonction principale de la li-
» turgie, quoi de meilteur pour l'assemblée des chré-
» tiens que léchant des psaumes et des hymnes, quoi
» de plus utile, quoi de plus saint I Quidmeliùs a con-
» gregatis christianis fiat^ quid utiliiis^ quid sanctius,
» omninonon video, » {Instruc, pastor, sur F assistance
à V office des vêpres.)
L'office des vêpres est donc des plus anciens. Il a pour
but de nous faire encore louer le Seigneur à la fin du
jour et le remercier des grâces et des bienfaits reçus.
L'Eglise nous y fait soupirer aussi après le jour éternel
qui ne finira pas, et le repos absolu qui suivra les fati-
gues de la vie. Nous verrons bientôt que tout dans
l'office des vêpres s'inspire de ces pensées : « Comme
» le soir termine le jour , dit saint Ambroise, nous devons
» rendre grâces à Dieu par le chant des psaumes et
» célébrer sa gloire avec ces suaves accents; nous de-
» vous lui demander, après les luttes de la vie, le repos
» des vainqueurs qui sera enfin la récompense du tra-
» vail. » {Comment, in Malach.c, 2, in fine.)
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78 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
Nous pouvons de plus, dans l'office des vêpres, ho-
norer un touchant mystère qui s'accomplit alors : ce
fut l'heure, en efifet, vespere facto (Math, xxvi, 20), où
Jésus-Christ institua le sacrement et le sacrifice de
l'Eucharistie : « Suave souvenir, dit le cardinal Bona,
qui ne doit pas nous échapper dans la louange et la
prière du soir : « Tantam vero mysteriorum profun--
ditatem^ vespertino temporel in vespere suœ passionis
operatus est DominuSy ut nosetiam^ invesperiinœ syna-
xis celebratione, memoriam abundantise suavitatis ejus
eructemus, » (Div. psalm. de Vesperis,) « C'est donc
avec raison, dit Durand de Mende, que l'Eglise, à cette
heure des vêpres, rend grâces à Jésus-Christ. » {De Ves-
péris.) Nous disons encore au Seigneur, après l'avoir
remercié, ce que lui dirent à la même heure du jour,
les disciples d'Emmaûs : Mane nobisciim. Domine^
quoniam advesperascit : Restez avec nous. Seigneur, car
les ténèbres vont nousjenvahir.
Le cardinal Bona, ému à ce dernier souvenir, com-
mente ici ces paroles, avec toute la piété et Tefifusion de
son cœur :
« Mane nobiscum^ Domine ^ manenobiscum^ quoniam
advesperascit. Déjà l'étoile du soir annonce les ténèbres
de la nuit; la tristesse s'empare de nous, le déses-
poir menace de nous engloutir, les eaux de toute
part ont envahi notre âme, et nous sommes sans
soutien. Déjà l'horrible tempête agite nos cœurs, le
froid de l'iniquité nous saisit, la glace s'amoncelle;
déjà notre conscience blessée redoute le jugement. De-
meurez avec nous, ô Seigneur si bon, car sans vous nous
ne pouvons rien, nous ne sommes rien. Vous êtes no-
tre consolation, notre refuge, notre courage, notre for-
teresse en face de l'ennemi. Voyez,la nuit de la perfidie
nous enveloppe tous, partout s'efiface la lumière de la
vérité; les crimes ont prévalu, la charité s'éteint; nous
élevons vers vous les yeux pour ne pas périr. Demeu-
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VÊPRES. 79
rez avec nous^ afin que les ténèbres ne soient pas victo-
rieuses, et que la lumière de notre pauvre vallée d'ici-
bas ne s'éteigne pas dans la nuit. La fin de notre vie ap-
proche, c'est le soir qui s'annonce, arrachez-nous aux
puissances ténébreuses, ne vous éloignez pas de
nous dans votre colère. Si vous êtes avec nous, nous
n'aurons rien à craindre au milieu des ombres de la
mort; mais, entourés de votre grâce lumineuse, nous
brillerons des splendeurs de la vie, dans la région
même des morts. Il fait si bon être avec vous, ô très
doux Jésus, demeurez^ et ne vous éloignez pas; mon-
trez-nous votre miséricordieux visage et nous serons
sauvés. Voici que les ombres du soir s'étendent de plus
en plus; elle vient la nuit osbcure, où Ton ne peut
plus travailler, demeurez avec nous; fermez notre porte
au dehors, jusqu'à ce que les ténèbres se soient dissi-
pées, et que de nouveau brille votre lumière; vous ou-
vrirez alors nos âmes à une foi plus vive, à un amour
plus ardent. Vous habitez sur les hauteurs, vous vous
élevez sur les chérubins, vous volez sur les ailes des
vents; aussi, vos serviteurs ne peuvent arriver jusqu'à
vous, si vous-même ne descendez jusqu'à eux; ou si,
du moins, vous n'attirez à vous ceux qui vous cher-
chent : mais, vous Tavez promis : j'attirerai tout à
moij je suis avec vous jusqu'à la consommation des
siècles. Souvenez-vous de votre parole qui nous a donné
l'espérance, et restez avec nous au soir de cette vie;
alors quand viendra l'horrible nuit du trépas, vous nous
tirerez de cette prison de la vie pour confesser vo-
tre nom, et nous conduirez dans votre admirable de-
meure. Là, il n'y a plus ni ténèbres, ni tristesse, mais
une lumière éternelle, une joie véritable, une allégresse
sans fin. Là, nous raconterons ce qui s'est opéré sur la
route, et comment nous vous avons reconnu à la frac-
tion du pain; là, nous nous réjouirons en vous, et nous
chanterons à jamais vos louanges; là, nous serons
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80 DES DIFFËRBNTBS HEURES CANONIALES.
assis avec vous» au sein d'une paix magnifique, dans
les tabernacles d'où est bannie la crainte, au sein d'un
repos inaltérable. » (Div. Psalm. De Vesperis^ § IV.) ^
Art. n. Composition des Vêpres.
La rubrique générale nous la fait connaître sous le
titre xvn ; il nous suffira d'y ajouter quelques explica-
tions au point de vue historique et mystique :
« 1. A vêpres, on commence par dire Pater noster^ Ave
Maria, Deus in adjutoriuniy puis cinq psaumes et cinq an-
tiennes, comme au propre ou au commun des saints. Les
dimanches et jours de fériés, on dit toujours les antiennes
et les psaumes comme au psautier, (au temps pascal, il n'y
a qu'une antienne. Alléluia) à moins que^des antiennes pro-
pres et d'autres psaumes ne soient assignés, comme aux
dimanches de rÀvent et aux trois jours qui précèdent
Pâques.
» 2. Après les psaumes et les antiennes, on dit le capi-
tule, l'hymne, le verset, l'antienne de Magnificat^ le can-
tique, et l'oraison; tout est du Temps ou du saint,
suivant la qualité de l'office.
» 3. Quand on doit réciter les prières, on les dit avant
l'oraison ; les commémoraisons de la Croix, de la Sainte
Vierge, de S. Joseph, des Apôtres, du patron et de la paix,
se disent après l'oraison, comme l'indique la rubrique spé-
ciale. On termine l'office des vêpres comme celui des autres
heures, d
Les psaumes des vêpres sont toujours au nombre
de cinq : « C'est, dit Durand de Monde, 1® pour hono-
rer les cinq plaies du Sauveur, qui ofifritpour nous le sa-
crifice de son corps, au soir de sa vie ; 2® pour expier
i. L'heure des vêpres, on le sait, fut ensanglantée en 1282,
comme celle des matines, par un affreux massacre des Français
en Sicile, appelé pour cela dans l'histoire : Vêpres siciliennes.
C'est aussi au moment des vêpres que saint Thomas de Can-
torbery fut immolé au pied des autels par les courtisans de
Henri U, jaloux de mettre à exécution une parole inconsidérée
de leur Prince. (Brev. rom. 29 dec.)
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VÊPRES. 81
les fautes du jour dont les cinq sens ont pu être la cause;
et 3° enfin, pour nous prémunir par les cinq lampes
des vierges sages ou par la vigilance chrétienne, con-
tre les dangers de la nuit. {Ration. Div. off. De Vesperis^
c. 11, n.3.)
Ces psaumes ne varient pas, le dimanche et les
fêtes, excepté dans les offices de la Sainte Vierge, des
vierges et des veuves, et aussi pour les secondes vêpres
où le dernier psaume est généralement changé. Voici
dans leur ordre liturgique ceux qui se récitent le plus
souvent : Diant Dominus Domino meo (cix) ; Confitebor
tibiy Domine (ex) ; Beatus vir (cxi) ; Laudate^pueri^ Do-
minum (cxii) ; In exitu Israël (cxiii), ou Latidate Domi-
num omnes gentes (cxvi) aux 1*^ vêpres des fêtes. Cet
ordre est celui de la Bible; l'Eglise n'a eu qu'à le
suivre, parce que tous ces psaumes sont en parfaite har-
monie avec l'esprit et le sens des vêpres : remercier
Dieu des grâces de la Rédemption, reçues durant le
jour et la vie entière, et soupirer après le repos éter-
nel.
Dans le premier psaume, en efi'et, Dixit Dominus
Domino meo, David a célébré les gloires du Rédemp-
teur Jassis à la droite de son Père par le mérite de ses
humiliations et de sa mort, et de là triomphant sur tous
ses ennemis ; ainsi le psaume nous fait-il espérer que
le ciel sera la récompense de nos travaux et de nos
mérites. Il nous rappelle encore le sacerdoce de Jésus-
Christ, exercé pour la première fois le soir de la Cène :
Juravit Dominus et non pœnitebit eum : Tu es sacerdos
in œtemum secundum ordinem Melchisedech. Le Dixit
Dominus convient si bien à l'heure des Vêpres, qu'il
n'y est jamais omis les jours de dimanches et de fêtes.
Le second psaume, Confitebor tibi. Domine, peut s'in-
tituler : louange à Dieu pour ses bienfaits. Il avait donc
aussi sa place à l'office des vêpres, d'autant plus que
l'institution de l'Eucharistie y est de nouveau rappelée:
5.
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82 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
Memoriam fecit mirabilium suorum, misericors et
miserator Dominus, escam dédit timentibics se. Saint
Pierre Nolasque mourut en récitant ce beau psaume
dont il alla continuer les accents dans les cieux.
Le troisième, Beatus t;fr,que les prophètes Aggée et
Zacharie firent chanter aux Juifs, au retour de la capti-
vité, nous dit le bonheur du juste : doux souvenir qui
repose l'esprit et le cœur à la fin du jour et delà vie, et
nous fait soupirer après la récompense.
Le quatrième, Laudate^ puert, Dominum, est une
hymne de reconnaissance dont les accents ne peuvent
que fortifier une âme faible ou découragée, au soir
d'une journée laborieuse.
Le cinquième enfin, In exitu Israël, a pour objet la déli-
vrance du peuple hébreu, figure de la Pâque nouvelle
et de la Résurrection que nous célébrons dans Toffice
dominical, et souvenir d'espérance.
Les jours de fêtes, on dit, pour cinquième psaume,
l'un des suivants :
Laudate Dominum omnes ff entes (cxvi), élan d'actions
de grâces pour le bienfait de la Rédemption, et quesaint
François Xavier, lisons-nous dans sa vie, ne pou-
vait se lasser de redire. Il est généralement affecté
aux premières vêpres et quelquefois aux secondes.
Credidi(cxiY)y aux 2" vêpres des Martyrs. Ce psaume
célèbre en efi^et leur glorieuse mort : Pretiosa in cons^
pectu Domini mors sanctorum ejus, et remercie Dieu
des grâces qui leur furent accordées surtout au moment
du triomphe : Quid retribuam Domino ; — Dirupisti
vincula mea. Il y est fait mention aussi du sacrifice eu-
charistique : Calicem salutaris accipiam.
Mémento Domine David (cxxxi), aux 2^* vêpres des
confesseurs pontifes; c'est à cause surtout des allusions
du Psalmiste au sacerdoce chrétien et aux pontifes de
la loi nouvelle, (v. 1, 9, 37.)
Laudaj Jérusalem^ Dominum (cil vu), aux vêpres de
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VÊPRES. 83
la Dédicace. Jérusalem y est la figure du temple chrétien
et du ciel, et aussi de TEgiise et de Tâme fidèle qui re-
mercient Dieu de ses bienfaits.
Dans les offices de Marie, des vierges et des veuves,
les psaumes varient, sauf deux seulement; les trois
autres ont un caractère spécial qui convient à Tobjet de
ces offices, et ne sont pas moins des chants de recon-
naissance : Laetatus sum in his (cxxi) ; — Nisi Dominus
œdificaverit domum (cxxvi); — Lauda^ Jérusalem^ Do-
minum. Il y est question du temple du Seigneur, figure
ici de ces âmes vierges et pures, d'où la reconnais-
sance s'est élevée si spontanée et si ardente vers le Sei-
gneur.
Ainsi les psaumes des vêpres sont parfaitement en
harmonie avec l'office du soir.
Nous parlerons ailleurs des antiennes, des capitules
et des hymnes qui varient avec les offices. Remarquons
seulement ici les hymnes du Temps, où le but des vê-
pres, en rapport avec la circonstance du soir, est tou-
jours si clairement indiqué :
Celle du dimanche : Lucis Creator optime^ est de
saint Grégoire le Grand, d'après Topinion la plus
commune.
Lucis Creator optime,
Lucem dierum proferens,
Primordiis lucis noyœ
Mundi parans originem.
Le soleil qui disparait inspire à l'auteur et à l'E-
glise un acte de reconnaissance, pour le don précieux
de la lumière qui prélude aux bienfaits plus étendus
de toute la création.
Qui mane junctum vesperi
Diem vocari prsBcipis ;
lUabitur tetrum chaos;
Audi preces cum fletibus.
C'est un acte de reconnaissance aussi pour le jour
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84 DBS DIPPtRElfTBS HEURES CANONIALES.
qui vient de finir, et pour les bienfaits que nous y avons
reçus. Mais la nuit qui s'avance est une image de Taf-
freux chaos, et Pâme effrayée supplie avec larmes le
Seigneur d'exaucer sa prière :
Ne mens grayata crimine,
Vit» sit exul mimere,
Dum nil perenne cogitât,
Seseque culpis illigat.
« Ne permettez pas que les âmes, accablées sous le
poids de leurs fautes, perdent jamais la vie du cieL
Qu'elles n'oublient pas les choses éternelles, pour s'en-
gager de plus en plus dans les liens du pédié. »
Gœleste pulset ostium.
Vitale tollat prœmium,
Vitemus omne noxium,
Purgemus^omne pessimum.
« Faites qu'au moins le repentir, à la fin de leur
vie, les fasse frapper efficacement à la porte des cieux,
pour y recevoir la récompense de la vie véritable ;
ou mieux encore, puissions-nous, sans attendre le der-
nier moment, expier dès maintenant nos fautes, et
éviter d'en commettre encore. »
« Cette hymne des vêpres dominicales, dit l'abbé
» Pimont, fut la première qui retentit à nos oreilles ;
» alors enfant de quelques années à peine, nous n'a-
» vionspas encore sans doute l'intelligence de ces mâles
» accents ; et déjà cependant, notre âme toute neuve
» en savourait les délices, et faisait écho par ce pieux
» tressaillement qu'excitent les joies pures du ciel.
n C'est qu'il y a dans la mélodie de ce chant si limpide
» et si ferme, je ne sais quel charme, tout à la fois
» plein de force et de suavité, qui saisit et captive le
» cœur à tous les âges de la vie. » (Les Hymnes du
brév. rom.y Hymne aux vêpres du dim.)
Nous ne pouvons pas citer ici en entier les hymnes
des fériesi qui toutes ont la coupe heureuse desjdlirases
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VÊPRES. 85
et la noble harmonie des hymnes Ambrotienn
toujours un chant de reconnaissance pour
bienfait signalé du Seigneur, dans Tordre na
L'hymne du lundi chante l'œuvre du deuxiè
de la création, ou la séparation des eaux p^
marnent:
Immense cœli Gonditor,
Qui mixia ne confunderent,
Aquse fluenta dividens,
Gœlum dedisti limitem.
L'auteur en prend occasion de remercier D
le don de la foi qui éclaire les abîmes du doi
l'incrédulité, et de lui demander un accroisse
cette vive lumière :
Lucem fides adaugeat,
Sic luminis jubar ferai:
Haec vana cuncta proterat,
Banc falsa nulla comprimant.
L'hymne du mardi a pour objet l'œuvre du t
jour, ou la séparation de la terre d'avec les
la puissance que Dieu lui donne de produire si
des jQeurs et des fruits.
TeHuris aime Creator,
Mundi solum qui separans,
Pulsis aquse molestiis
Terram dedisti immobilem.
Ut germen aptimi proferens
Fulvis décora floribus,
Faecunda fructu sisteret,
Pastumque gratum redderet.
La terre est ici l'image de notre âme. Aussi,
nous fait-elle implicitement remercier Dieu
condité dont il l'enrichit, dans l'ordre nature]
l'ordre surnaturel, et nous demandons que c(
spirituel, souvent désolé par les eaux du mal, r(
sous la douce influence de la grâce, toute sa fécc
fleurs et en fruits de salut.
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86 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
Mentis perust» Yuloera
Munda virore gratis ;
Ut facta fletu diluât,
Motusque pravos atterat. ^
L'hymne du mercredi nous fait célébrer, en une
poésie de la plus noble simplicité, l'œuvre du qua-
trième jour : la création du soleil, de la lune et des
étoiles. Il faut lire attentivement ces strophes si belles
où l'admiration du poète se traduit comme en traits
de feu, dignes des astres brillants qui l'inspirent. Dieu
est appelé très saint dès le début, au lieu de tout-puis-
sant, parce que le ciel, avec ses globes lumineux si
éclatante et si purs, est un reflet de la sainteté divine.
Gœli Deus sanctissime.
Qui lucidas mundi plagas
Gandore pingis igneo
Angens décore lumine;
i. Voici la belle traduction de Racine :
Ta sagesse, grand Dieu, dans tes œuvres tracée.
Débrouilla le chaos ;
Et, fixant sur son poids la terre balancée,
La sépara]des flots.
Par là, son sein fécond de fleurs et de feuiUages
L'embellit tous les ans,
L'enrichit de doux fruits, couvre de pâturages
Ses vallons et ses champs.
Seigneur, fais de ta grâce à notre âme abattue
Goûter les fruits heureux ;
Et que puissent nos pleurs, de la chair corrompue
Eteindre en nous les feux I
Que sans cesse nos cœurs, loin du sentier des vices,
Suivent tes volontés I
Qu'innocents à tes yeux, ils fondent leurs délices
Sur tes seules bontés t
Règne, 6 Père Eternel, Fils, Sagesse incréée,
Esprit Saint, Dieu de paix,
Qui fait changer du temps llnconstante durée.
Et ne change jamais.
(Poésies diverses).
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VÊPRES. 87
Quarto die, qui, flammeam
Dum solis accendis rotam,
LuDse ministras ordinem,
Yagosque cursus siderum;
Le ciel de notre âme a aussi son soleil, ses étoiles
brillantes qui la guident: c'est la foi, la doctrine de
Jésus-Christ, la grâce, pour lesquelles nous remercions
aussi le Seigneur dans ces strophes. La dernière, en
harmonie avec celles qui précèdent, nous fait deman-
der à Dieu de chasser loin de nous les ténèbres, et de
nous rendre de plus en plus saints et purs.
Expelle ûoctem cordium;
Absterge sordes mentium ;
Résolve culpae vinculum ;
Eyerte moles criminum.
L'hymne du jeudi a pour objet la création des oiseaux
et des poissons qui tous prirent comme naissance au
sein des eaux; les uns furent enchaînés dans Ta-
bime et les autres lancés sous les voûtes du ciel : sym-
bole des âmes ici-bas, laissées dans les chaînes de l'i-
dolâtrie ' et du péché, ou affranchies de ces liens par
la grâce, motif encore ici de notre reconnaissance.
Magnae Deus potentise.
Qui fertili natos aquâ
Partim relinquis gurgiti,
Partim levas in aéra...
Ces pensées ont inspiré la prière des deux dernières
strophes. « Daigne le Seigneur ne jamais permettre que
nos âmes purifiées par son sang, se replongent dans
Tabime du péché par le désespoir, ou, s'élèvent par la
présomption dans les régions vertigineuses de Tor-
gueil. »
Largire cunctis servulis
Quos mundat unda Sanguinis,
Nescire lapsus criminum
Nec ferre mortis iœdium :
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88 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
Ut culpa ûullum déprimai»
Nullum efferat jactantia :
Elisa mens ne concidat :
Elata mens ne corruat.
L'hymne du vendredi a pour objet l'œuvre admira-
ble du sixième jour : la création de l'homme qui suivit
celle des animaux, dont il est le souverain. Que de bien-
faits et de grâces n'implique-t-elle pes ! Nous en remer-
cions ici le Créateur.
Hominis superne Gonditor
Et nous lui demandons d'être soumis nous-mêmes
à ses lois, en nous faisant triompher de nos passions
rebelles.
Repelle quod, cupidinis
Giente vi, nos impetit...
« Ces maternels accents de l'Eglise, dit encore ici
» l'abbé Pimont, qui s'élèvent dans la strophe finale à
» la plus haute expression du langage mystique, rap-
» pellent admirablement, d'une part, les immortelles
» destinées duRoidelacréation,etderautre, les moyens
» iùfaillibles pour lui de les réaliser par la paix avec
» Dieu, qui distribue les dons de la grâce ici-bas, et
» là-haut les palmes de la gloire. » {Hymne à vêpres de
la VP férié.)
Da gaudiorum prœmia,
Da gratiarum munera;
DissolYe litis vincula,
Adstringe pacis fœdera.
L'hymne enfin du samedi s'adresse à la Sainte Tri-
nité qui prit un repos mystique en ce jour du sabbat.
Nous la prions, au déclin du soleil, de nous accorder de
plus en plus le saint amour, gage de notre persévé-
rance ici-bas, et la grâce de célébrer sa louange dans
les cieux, après l'avoir fait chaque jour fidèlement,
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va PB ES. 89
Jam sol recedît igneus;
Tu lux, perennîs Unitas,
Nostris, beata Trinitas,
Infimde lumen cordibus.
Te mane laudum carminé,
Te deprecamur vesperè;
Digneris ut te, supplices,
Laudemus inter cœlites.
Après rhymne, le verset et l'antienne, on dit le Ma-
gnificat; c'est le plus sublime cantique inspiré au cœur
le plus noble et le plus saint pour la plus insigne faveur.
L'Eglise ne pouvait pas adopter pour ses vêpres un plus
beau chant de reconnaissance. Il est là, comme à part, en
dehors des psaumes et après l'hymne, pour mieux fixer
notre attention, et il résume ainsi notre louange dans
le sacrifice du soir. Nous savons dans quelles circons-
tances Marie le fit jaillir de son cœur, ce qui le rend
plus propre encore à Toffice de vêpres. Ce fut au terme
de son voyage à Hébron, probablement vers le soir,
et au sujet de Tincamation qui s'était accomplie en elle
au couchant duf soleil, ver g ente mundi vespere^ comme
parle la tradition. Saint Ambroise appelle ce cantique
Y extase de F humilité. Il exprime en eflfet les sentiments
qui se pressaient dans l'âme de la très sainte Vierge
à la pensée de sa maternité divine : la foi, l'humilité,
la reconnaissance et l'admiration pour la puissance et
la bonté de 'son Dieu dans cette œuvre.
Mais, comme les grâces reçues durant le jour et la
vie entière ne sont que le résultat de l'Incarnation,
comme nos rapports avec ce mystère sont des plus inti-
mes, nous devons nous associer aux sentiments de
Marie, et jamais notre reconnaissance ne revêtira une
expression plus parfaite et plus belle.
Bossuet dans ses Elévations^ L. Dupont dans ses Mé-
ditations de la Foi, le P. Berthier dans ses Réflexions
spirituelles j Dissertation sur le Magnificat, et beaucoup
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90 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
d'autres, ont commenté cet admirable cantique; le
grand Corneille Ta traduit en vers *. Tout le monde
en connaît le texte et sa sublime simplicité. « Il y
a, dit Léon XIII, dans ce cantique immortel que Tau-
guste Mère de Dieu entonna sous l'inspiration du
Saint-Esprit, une noblesse supérieure aux œuvres hu-
maines. » (Bref au révérendissime Abbé de Lérins,..
22 nov. 1886.)
« Mais, quelle est cette voix, s'écrie ici Monseigneur
Freppel, qui s'élève dans le lieu saint, à la fin de
l'hymne des vêpres, pleine de douceur et de majesté,
comme pour couronner la prière publique par un hom-
mage le plus grand et le plus solennel de tous? Le
royal Prophète vient de résumer dans ses chants les
espérances, les vœux et les soupirs de tous les justes de
1. CANTIQUE A LA SAINTE VIERGE
Après un si haut privilège.
Dont il plaît au Seigneur de me gratifier,
Je me dois toute entière à le magnifier.
Et mon silence ingrat serait un sacrilège.
Quand même je voudrais me taire,
Un doux emportement parlerait malgré mol ;
Et cet excès d'honneur m*est une forte loi.
D'épanouir mon âme en Dieu mon salutaire.
n a regardé ma bassesse,
n a du haut des cieux daigné s'en souvenir;
Et depuis ce moment tout le siècle à venir
Publiera mon bonheur par des chants d'allégresse.
La merveille tant attendue.
De son pouvoir en moi fait voir Timmensité ;
Et je dois de son nom bénir la sainteté.
Dont la vive splendeur sur moi s'est répandue.
De sa miséricorde sainte
L'efiort de race en race enfin tombe sur nous ;
Il en fait part à ceux qui craignent son courroux,
Et je porte le prix d'une si digne crainte.
Son bras a montré sa puissance ,
Les projets les plus vains, il les a dispersés;
Les desseins les plus fiers, il les a renversés;
Et du plus haut orgueil abattu l'insolence.
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VÊPRES. 91
TAncien Testament; les saints de la nouvelle alliance
ont salué de leurs pieux transports l'avènement du rè-
gne de Dieu sur la terre; quelle bouche humaine pourra
surpasser désormais ce concert unanime de louanges
et d'adoration? Ah! il est une créature bénie entre
toutes, et sur les lèvres de laquelle la prière publi-
que prend un caractère d'incomparable grandeur. C'est
bien à elle, à l'auguste Vierge, Mère de Dieu, reine des
anges et des hommes, qu'il appartient de glorifier le
Seigneur au nom de la race humaine dont elle est l'or-
nement et la gloire. A elle, que toutes les nations appel-
lent bienheureuse, de se faire l'interprète de notre re-
connaissance envers cette bonté miséricordieuse, qui
étend ses bienfaits de génération en génération. A elle,
pour qui se sont opérées de si grandes choses, d'exalter la
toute-puissance de celui qui élève les humbles et abaisse
les superbes, rassasie les pauvres du pain de la vérité et
laisse les riches de la terre dans leur abondance sté-
rile. A elle enfin, en qui notre délivrance a pris son
Les plus invincibles Monarques
Se sont vus par sa main à leur trône arrachés;
Et ceux que la poussière avait tenus cachés,
Ont reçu de son choix les glorieuses marques.
Par des faveurs vraiment solides,
n a rempli de biens ceux que pressait la faim ;
Et ceux qui puisaient Tor chez eux à pleine main,
Sa juste défaveur les a renvoyés vuides.
C'est ce qui nous donne assurance
Qu'U a pris Israël en sa protection,
Et n*a point oublié la grâce dont Sion
Avait droit de flatter son illustre espérance.
n la promit avec tendresse,
Abraham et ses fils en eurent son serment :
Tout ce qu'il leur jura parait en ce moment,
Et ce miracle enûn dégage sa promesse.
Gloire au Père, cause des causes.
Gloire au Verbe incarné, gloire à TEsprit divin;
Telle soit maintenant, et teUe encore sans Un,
Qu*eUe était en tous trois avant toutes les choses.
{Œuvres diverses.)
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92 DBS DIFFÉRBNTBS HBURBS CANONIALES.
origine, de célébrer l'alliance conclue autrefois avec
le Père des croyants et accomplie pour jamais dans le
nouvellsraël, c'est-à-dire dans l'Eglise du Dieu vivant.
Admirable cantique, qui tient à la fois du psaume et
de l'hymne, unissant dans ses versets qui paraissent
autant de strophes, la gravité doctrinale à l'enthou-
siasme lyrique; prière sublime que toute langue
chrétienne répète depuis dix-huit siècles, qui est
devenue le chant d'allégresse de toutes nos fêtes et de
toutes nos solennités, parce qu'il y a dans cette voix
de la Vierge triomphante, un accent vraiment céleste,
et fait du Magnificat comme un prélude de Téternel
Alléluia. » (JnsL Pasior. sur T assis tance à ^office des
vêpres .)
Après le Magnificat^ suit l'oraison qui se dit toujours
à la fin des heures canoniales.
Le Pater doit terminer les vêpres, dans la récitation
privée, si on les séparait de compiles, mais l'Antienne
finale de la Sainte Vierge n'y est pas obligatoire.
Les vêpres du Samedi Saint à cause de la longueur
de l'office qui a précédé, n'ont qu'un psaume et le Ma-
gnificat, avec une antienne correspondante.
Il y aurait faute vénielle à réciter, sans raison, vêpres
avant midi, en dehors du carême. Cette heure, en effet,
correspond à la fin du jour. Mais on peut les réciter
dès après midi, d'après un usage approuvé par tous
les auteurs.
Pendant le Carême, à partir du premier samedi in-
clusivement, on doit, au chœur, chanter vêpres avant
midi, excepté les dimanches; il est louable de faire de
même dans la récitation privée, quoiqu'il n'y ait pas
d'obligation. C'est en souvenir de ladiscipline ancienne,
où, pendant le Carême, on ne rompait le jeûne que vers
six heures du soir, après le chant des vêpres. Le repas
principal ayant été avancé dans la suite à midi, on a
conservé l'usage de chanter les vêpres auparavant. Il
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VÊPRES. n
n'est pas permis de devancer ainsi vêpres les diman-
ches du Carême, parce qu'on n'a jamais jeûné ces
jours-là. Ce privilège ou cette obligation ne commence
que le premier samedi seulement, avec le Carême litur-
gique proprement dit, et ne comprend pas les complies.
Au chœur, on chante ainsi les vêpres après la grand'-
messe, c'est-à-dire vers dix heures du matin; c'est
pourquoi on peut aussi les réciter vers la même heure
en son particulier.
Art. III. Célébration des Vêpres an chœnr.
Elle peut être solennelle ou non, selon que le célébrant
a la chape et encense Tautel, ou qull préside en simple
surplis et sans encensement.
Nous entrerons ici dans quelques détails, parce que
cet office a lieu partout le dimanche, et que les cérémo-
nies des laudes sont en tout semblables à celles des vê-
pres. (Voir ce que nous avons déjà dit, t. III, p. 96-100.)
§ I. —CÉLÉBRATION SOLENNELLE.
On peut toujours chanter solennellement les vêpres,
c'est-à-dire, avec chape et encensement, le dimanche
ainsi que les fêtes qui sont au moins du rit double
majeur. On ne pourrait pas, en dehors du dimanche,
chanter ainsi les vêpres d'un double mineur, d'un semi-
double ou d'un simple, ainsi que d'une férié. (Cœrem.
Episc, 1. n, c. m, I 17.)
Il peut y avoir deux, quatre ou six chapiers selon
le jlegré de la solennité. Le cérémonial des évêques a
réglé ce point de la manière suivante : Il y a six cha-
piers aux fêtes les plus solennelles, comme Noël, l'Epi-
phanie, (saint Joseph), Pâques, l'Ascension, la Pentecôte,
la Fête-Dieu, saint Pierre et saint Paul, l'Assomption,
la Toussaint, (l'Immaculée Conception), le Patron ou le
Titulaire, la Dédicace. Il y en a quatre aux fêtes qui
suivent immédiatement les précédentes : ainsi, les deux
jours après Noël, après Pâques et après la Pentecôte; la
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n DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES
Circoncision, (le Saint Nom de Jésus), la PurijBication,
l'Annonciation, la Nativité de la sainte Vierge, la
sainte Trinité et la Nativité de saint Jean-Baptiste.
Aux autres fètes, ainsi qu'aux vêpres du dimanche,
il n'y a que deux chapiers seulement. (Lib. II, c. m,
§ 16 et 17.)
Les chapiers ou pluvialistes doivent être au moins
tonsurés. (29 mars 1659, 19 juillet 1670, 10 mai 1744.)
(Voir tom.I,p. 389. Chape.)
Les chapes sont de la couleur de l'office qui a ses
vêpres au moins à partir du capitule.
Le célébrant ne doit pas avoir l'étole, alors même
qu'il n'aurait que le surplis, à moins que les vêpres ne
soient chantées devant le Saint-Sacremntexposé, à cause
de Tencensement. (7 septembre 1658, 17 décembre
1828, 11 septembre 1847, 26 avril 1854.)
Le célébrant ne doit pas prendre sa chape à partir du
capitule seulement, ou du Magnificat, Cet usage n'est
toléré que pour certains ordres religieux, dont le chœur
n'est pas en vuedu public. (17 septembre 1607, 20 juil-
let 1593 ; — Merati, Le Vavasseur, etc.)
On est debout au chant du Magnificat^ à cause du
sens et de la solennité du cantique ; il faut se signer
au premier verset, pour mieux commencer cette magni-
fique louange.
Nous pouvons maintenant résumer ainsi les céré-
monies des vêpres solennelles, d'après Martinuccietles
auteurs les plus autorisés.
Après avoir salué la croix de la sacristie, les officiers
des vêpres se rendent au sanctuaire dans l'ordre sui-
vant: les deux acolytes, le cérémoniaire, les chapiers
deux à deux, sll y en a au moins quatre, et le célébrant
entre les deux chapiers les plus dignes, qui relèvent un
peu sa chape, ce qu'ils ont soin de faire chaque fois
que le célébrant est en marche. Les chapiers et le célé-
brant seuls ont la tête couverte.
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VÊPRES. 95
Arrivés au bas de l'autel, tous se rangent sur une
même ligne, et, la tète découverte, font la génuflexion
si le Saint -Sacrement est dans le tabernacle, sinon
le célébrant et les chapiers font l'inclination à la croix,
et les acolytes et le cérémonaire la génuflexion.
Pendant que le célébrant et les chapiers s'agenouil-
lent sur la dernière marche pour réciter VAperiy les
acolytes déposent leurs chandeliers aux deux côtés de
l'autel, sur le premier degré ou m plano.les éteignent,
et regagnent leur place au chœur.
La prière terminée, le célébrant accompagné des
chapiers, se dirige vers son siège, qui est dans le sanc-
tuaire, du côté de l'Epitre, ou à la première stalle du
chœur, et s'assied. On a dû placer devant lui, dans le
premier cas, un pupitre couvert d'un voile de soie et
de la couleur du jour. Les chapiers sont debout devant
le célébrant, en face les uns des autres, mais évitant de
tourner le dos à l'autel. Le chœur, s'assied aussi et se
couvre. Ce repos est pour préparer l'office dans les
livres de chant.
Au signal donné par le cérémoniaire, le célébrant se
lève et tout le chœur avec lui ; il entonne Deus in
adjutoriumy en faisant le signe de la croix, pendant le-
quel le cérémoniaire relève un peu la chape.
Vers la fin du Sicut eral^ le premier chapier, accom-
pagné du cérémoniaire, s'avance en face du célébrant,
le salue et lui annonce la première antienne que celui-
ci entonne ; après quoi le chapier salue de nouveau et
reprend sa place, ce que font pareillement les autres,
s'ûs sont plus de deux. Après l'antienne, deux chantres
en surplis entonnent au milieu du chœur le premier
psaume jusqu'à la médiante, ayant soin de faire la
génuflexion avant et après, et de se saluer en se retirant.
A ces mots : Sede a dextris meis, le chœur s'assied et se
couvre.
Les antiennes des psaumes suivants sont annoncées
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96 DBS DIFFÉREiNTBS HEURES GiLNONIALES.
aux prêtres les plus dignes, alternativement d'un côté
lutre du chœur, par Tundes deux chantres, ou
iernier chapier, s'il yen avait plus de deux; Tan-
du second psaume doit toujours être portée au
gne, quand même il siégerait du côté du célé-
hœur tout entier se lève dès que celui à qui le
5 annonce l'antienne se lève pour entonner
t. Episç, 1. II, c. m, a. 8.) Sur la fin du dernier
3, les acolytes rallument leurs cierges et viennent
îr à la droite et à la gauche du célébrant, jusqu'à
celui-ci ait chanté le capitule ; les chapiers se
t devant lui.
îs la répétition de la dernière antienne, le célé-
ie lève pour chanter le capitule, et tout le chœur
li.
id le capitule est chanté, le premier chapier se
levant le célébrant pour lui annoncer l'hymne,
celle-ci a été entonnée, les chapiers regagnent
laces, et les acolytes reportent leurs chandeliers,
ans les éteindre. Si l'on doit s'agenouiller à la
ire strophe, les acolytes seuls restent debout,
\ la fin de l'hymne, le thuriféraire va préparer
ceusoir ; les chapiers, s'il y en a plusdedeux, re-
nt devant le célébrant, et les deux derniers vont
ser devantrautel,au moment voulu, pour chanter
set; à leur défaut, les deux chantres en surplis
nt ce verset, après quoi, le premier chapier an-
au célébrant l'antienne du Magnificat^ pendant
ie on s'assied. Durant ce temps le thuriféraire ap-
I. Le célébrant se lève à l'intonation du cantique,
sa barrette au premier chapier ou au cérémo-
, et, les mains jointes, se dirige vers l'autel, suivi
lapiers; il y monte, et après l'avoir baisé, se
à droite, met l'encens dans l'encensoir, le bénit
Bi formule ordinaire, et encense l'autel comme à
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YÉPRBS. 97
Vlntroît de la messe, en récitant le Magnificat alterna-
tivement avec les chapiers.
Si le Saint-Sacrement n'est pas à l'autel du chœur,
le célébrant^^t les chapiers, la tête couverte, et précé-
dés du thuriféraire, des acolytes, du cérémoniaire et
de quelques membres du clergé, se rendent à l'autel
où se conserve la sainte Eucharistie ; c'est là qu'a lieu
l'encensement. On revient au chœur dans le même
ordre.
Le célébrant retourne à sa place pour être encensé
de trois coups parle premier chapier. Le dernier cha-
pier, s'ils sont plus de deux, ou le thuriféraire, dans le
cas contraire, encense après de deux coups les cha-
noines, les autres chapiers, le Supérieur de l'église, et
d'un coup seulement les autres membres du chœur.
Le thuriféraire encense le dernier chapier si celui-ci a
fait les encensements qui précèdent, puis les acolytes et
le peuple. L'encensement doit être terminé dès que le
célébrant, tourné vers l'autel, chante Dominus vobis-
cum et l'oraison. Les chapiers et les acolytes sont là
comme pour le capitule. Après la dernière oraison, s'il
y en a plusieurs, les deux derniers chapiers ou, à leur
défaut, les deux chantres en surplis chantent au milieu
du sanctuaire ou du chœur le Benedicamus Domino ;
le célébrant dit d'une voix médiocre le yersei Fidelium
animâS^ et, à voix basse, le Pater noster^ ajoutant d'une
voix médiocre encore: Dominus det nobissuampacem;
puis, si les compiles ne se disent pas après vêpres, il
entonne l'antienne de la Sainte Vierge qu'on chante de-
bout ou à genoux, suivant le temps. Enfin, après avoir
salué l'autel et le clergé, le célébrant retourne à la sa-
cristie, dans le même ordre qu'il était venu.
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98 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
§ II. — CÉLÉBRATION NON SOLENNELLE.
C'est, avons-nous dit, la célébration des vêpres sans
encensement ni chape. Aucun ministre n'est ici né-
cessaire, à Texception des chantres. {Cœremon. Episc.
1. II, C. III.)
L'officiant est en simple surplis, mais sansétole. {id.
1 1.) 11 peut demeurer à sa place ordinaire, on pren-
dre la première place d'un des côtés du chœur, ou en-
core se mettre ailleurs, selon l'usage. (21 Nov. 1626;
24 Mai 1659; 17 Juin 1706.)
Les ecclésiastiques qui se rendraient au chœur avec
lui, au commencement, doivent le suivre, les plus di-
gnes les premiers, et non le précéder. (21 Nov. 1636.)
Deux d'entre eux peuvent l'accompagner.
L'officiant se met à genoux sur le plus bas degré de
l'autel, et au milieu, pour réciter VAperi. (Caerem.
Episc.)
Il se rend ensuite à sa place, et après avoir dit Pater ^
Ave, commence Deics in adjuioriumy en faisant le si-
gne de la croix.
L*officiant entonnela première antienne que le chœur
continue, si l'office est du rit double; le chœur s'assied
et se couvre, après que le chantre a entonné le psaume.
Les autres antiennes sont entonnées par ceux qui
sont au chœur, en commençant par les jplus dignes.
Les cinq psaumes et la dernière antienne chantés,
Tofficiant se découvre, se lève, dit le capitule et en-
tonne l'hymne.
Le verset qui suit est chanté par deux clercs ou deux
chantres.
L'officiant entonne l'antienne du Magni/icaty et dit
ensuite, en temps convenable, Dominus vobiscum^ les
oraisons prescrites, et le verset Fidelium^ après qu'on
a chanté Benedicamus Domino.
Si on devait dire les prières fériales, l'officiant les
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VÊPRES. 99
chanterait sans inflexion de voix, et se lèverait pour
les oraisons.
Art. IV. De la convenance d'assister anz Vêpres le
dimanche.
Nous ne ferons ici que reproduire, en partie, la belle
Instruction Pastorale de Mgr Freppel sur ce sujet. (18
oct. 1878.)
« La sanctification du dimanche consiste principale-
ment dans Tassistance à Tauguste sacrifice de nos au-
tels. Vous comprenez tous la gravité de cette obligation
dont nul chrétien, digne de ce nom, n'oserait se dis-
penser; et, certes, il'n'est pas de spectacle plus beau ni
plus consolant quedevoir, le jour du Seigneur, une pa-
roisse entière, grands et petits, riches et pauvres, s'a-
cheminer vers le temple en habits de fêtes, pour s'as-
socier de cœur et d'âme à cet acte sublime, par où la
terre se relie au ciel dans l'hommage le plus parfait
que l'homme puisse rendre à Dieu son Créateur etson
Sauveur.
Et cependant, N.T.C.F., cet actede religion, quelque
grand qu'il puisse être, suffit-il à lui seul pour l'obser-
vation pleine et entière delà loi divine et du précepte ec-
clésiastique ? Une demi-heure ou une heure même
donnée à Dieu, dans un jour qui lui est dû tout entier,
remplit-elle complètement l'idée qu'on doit se former
d'une sanctification véritable des dimanches et des fêtes?
Peuvent-ils se flatter de répondre à tout ce que Dieu et
l'Eglise ont droit de leur demander, ceux qui, se bor-
nant à remplir cette prescription essentielle passent le
reste du jour dans les distractions et dans l'oisiveté,
sans consacrer un instant de plus à la prière et à l'ado-
ration ? Est-ce ainsi que la coutume, fidèle interprète
des lois a compris et appliqué celle du dimanche ? La
tradition chrétienne, cette autorité toujours vivante et à
laquelle chaque siècle vient ajouter un nouveau poids, a-
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iOO DBS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
t-elle resserré le service divin dans des limites si étroi-
tes ?Non, assurément. En^nstituant Toffice des vêpres
comme une partie intégrante de la liturgie dominicale,
l'Eglise a suffisamment montré combien elle désire
que tous ses enfants y assistent pour sanctifier de
leur mieux la seconde partie du dimanche. Et ce n*est
pas sans une vive douleur que nous voyons des per-
sonnes, même pieuses, se dispenser avec facilité des
vêpres de leur paroisse, soit pour se livrer à des oc-
cupations purement profanes, soit pour chercher ail-
leurs !des pratiques de dévotion qui, n'ayant pas la
même sanction ni la même autorité, ne sauraient
leur offrir les mêmes avantages spirituels. Voilà pour-
quoi nous regardons comme un devoir d'insister au-
près de vous sur Texcellence d'un office qui, tant par
son antiquité et son universalité que par son objet
même, occupe le premier rang dans la liturgie de l'E-
glise après le saint sacrifice de la messe. Nous croi-
rions avoir puissamment travaillé au bien de vos âmes,
si nos pressantes exhortations avaient pour résultat
de vous ramener à une pratique consacrée par tous
les siècles chrétiens, et qu*uu nombre trop considéra-
ble de fidèles ne craignent pas de négliger aujour-
d'hui, au grand détriment de leur vie religieuse et
morale.
I
C'est le propre du peuple d'Israël d'avoir servi en
toute chose de figure et de préparation à l'Eglise catho-
lique, qui est l'organisation définitive du règne de Dieu
sur la terre. Il n'est pas étonnant, dès lors, que nous
trouvions dans la prière publique, telle que l'Ancien
Testament Tavait établie et formulée, une image anti-
cipée de la liturgie chrétienne. Or, en tête du saint
livre, qui était pour la nation choisie le code des révé-
lations divines, on lisait ces mots, par lesquels s'ou-
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VËPRBS. 101
vre le récit de la création : « du soir et du matin se
forma le premier jour : » factumque est vespere et
mane dies unus, (Genèse IS.) Comme pour répondre
à ces deux grandes divisions du jour et pour consacrer
l'une et Tautre, la loi mosaïque instituait un double
sacrifice de louanges et d'actions de grâces : le sa-
crifice du matin, et celui du soir : unum mane, et al-
terum vespere, (Exode, xxix, 39.) Ce n'est pas le matin
seulement que le psalmiste méditait sur les grandeurs
divines : in matutinis meditabor in te ; (Ps. lxii, 7), mais
ses mains s'élevaient encore vers le ciel avec le sacri-
fice du soir: elevatio manuummearum sacrificiumves"
pertinum, (Ps. cxl, 2.) Ainsi le chant des psaumes
et des hymnes sacrés se prolongeait-il dans le tem-
ple de Jérusalem entre ces deux actes principaux du
service divin, entre le sacrifice du matin et le sacrifice
du soir ; et quand Je royal Prophète disait au Seigneur :
«Sept fois le jour je célèbre vos louanges : septies in die
laudemdixitibiÇ?s.cxyiii^ 164), il préludait àla grande
voix de TEglise, en indiquant d'avance dans quel or-
dre elle allait distribuer les heures de la prière publi-
que pour toute la suite des siècles.
Dès l'origine, en effet, nous voyons s'introduiredans
l'Eglise et s'organiser, outre la célébration du sacrifice
eucharistique, acte essentiel du culte chrétien, cette au-
tre partie de Toffice divin qui devait compléter la litur-
gie sacrée. Avec le même soin qu'il mettait à inculquer
aux Corinthiens la nécessité de participer àla Gène du
Seigneur, saint Paul n'avait-il pas recommandé aux
fidèles de Colosses de s'édifier mutuellement par des
psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels : Do-
centes et commonentes vosmetipsos psalmis, hymnis et
canticis spiritualibm? (I Gorinth. ii; Col. m, 16.) Les
premiers chrétiens n'eurent garde de négliger une
pratique qui, usitée sousTancienne loi, venait de rece-
voir de la loi nouvelle une sanction plus haute encore ;
6.
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i02 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
et c'étaitavec raisonque saint Augustin pouvait dire :
<( Quant au chant des hymnes et des psaumes, nous
avons là-dessus l'exemple du Seigneur lui-même et des
5 : De hymnis et psalmis canendis ipsius Do-
t apostolorum habemus et exempta et prœcepta.^^
19.) Si haut que les témoignages de l'histoire
ermettent de remonter dans les fastes de la li-
chrétienne, nous y trouvons, marquée dans ses
îs lignes, cette admirable distribution des heu-
aoniales, qui s'échelonnent de distance en dis-
tout le long du jour, entrecoupant le travail par
>re publique, appropriant la psalmodie à chacune
[Visions du temps, qu'elles sanctifient par la
je divine depuis l'aurore jusqu'au crépuscule,
'éprendre le lendemain l'hymne de l'adoration
Dmpue la veille.
s doute le soin des affaires et les nécessités de la
permettaient pas aux fidèles de la primitive
de participer à tout l'ensemble de cet office divin
B bonne heure, doit être réservé plus spéciale-
aux ministres du Seigneur. Mais du moins, se
int-ils une sainte habitude de s'y associer dans
ux parties principales. Ouvrons le recueil des
itutions apostoliques^ monument vénérable de ces
reculés : « Rassemblez-vous dans l'église deux
jour, y est-il dit aux fidèles, le matin et le soir,
y chanter des psaumes et faire des prières dans
iple du Seigneur : » Convenue in ecclesiam sin--
diebtis mane et vespere ad canendos psalmos et
liones in templo Domini faciendas (L. II, c. xix). Ce
pas aux dimanches et aux jours de fête seulement
5 bornaient ces recommandations; elles s'éten-
t à tous les jours de la semaine. C'est qu'en effet,
e récrivait Origène, le chrétien qui a l'intelligence
religion est persuadé que chaque jour est pour
ijour de dimanche, un jour du Seigneur, semper
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VÊPRES. 103
agit dies Domini et nunquam non habet diem domi-
nicain (L. VII contre Celse). Telle était aussi ropinion
de Clément d'Alexandrie, quand il disait que, pour un
chrétien, tous les jours de la vie sont des jours de fête
dont tous les moments doivent être consacrés à Dieu
d'une manière ou d'une autre: per totam ergo vitam
diem festumagimus, (Strom. 1. VII.) Et saint Jean Chry-
sostôme ne s'exprimait pas autrement lorsqu'il rap-
pelait aux fidèles que la vie présente est en quelque
sorte une fête continuelle; vraie image de la grande
fête de l'éternité : semper enim nobis est festivitas.
(Tom. V, serm. 56.) Magnifique pensée que saint Basile
complétait à son tour,enmontrantdans lasemaine l'oc-
tave du dimanche, d'où elle part et où elle revient sans
cesse, soit pour en prolonger le souvenir, soit pour en
préparer le retour. {De spir. sancto^ c. xxvn.)
Si tels étaient les sentiments et la pratique des chré-
tiens dans les premiers temps de î'Eglise, si la fer-
veur et la vivacité de leur foi, les portaient à s'unir
extérieurement aux prières des heures canoniales,
même les jours de la semaine, est-ce trop vous de-
mander, N. T. C. F. que d'insister auprès de vous sur
l'assistance régulière à l'office du matin et à celui du
soir, du moins les dimanches et les jours de fête?
Comment ne pas sentir à quelles limites étroites la
préoccupation des intérêts terrestres a réduit parmi
nous le tribut de la louange divine, lorsqu'on entend
V^MiQuxàQi Constitutions Apostoliques recommander à
de simples fidèles de « s'associer aux prières de l'E-
glise, à prime, à tierce, à sexte, à none, à vêpres ? »
{Precationes facite mane^ tertia^ sexta, nona^ vespere
atque adgallicantum. {Constit, apost. 1. VIII, c. xxxiv.)
Devant de tels exemples et de telles leçons qui nous
arrivent de nos pères dans la foi, ne sommes-nous
pas en droit de vous répéter avec saint Jean Chrysos-
tôme : « Dieu vous a abandonné six parties de la se-
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104 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
maine, pour s'en réserver une seule : Tibi sex imper-
tiit partes, sibi unum reliqtiit; ne faut-il pas, à tout
le moins, que cette journée unique lui soit consacrée
tout entière, et que, le soir comme le matin, vous pre-
niez part à la prière publique, pour sanctifier le peu
de temps que le service divin enlève aux soins et aux
vanités du siècle? » (Homil. xxiv.)
Et, non seulement, N. T. C. F., l'assistance aux vê-
pres du dimanche était considérée dans ces âges de
foi comme le meilleur moyen de compléter la sanc-
tification du jour que Dieu s'est réservé, mais encore
le respect des fidèles pour le saint jour du dimanche
était tel, qu'ils s'y préparaient dès la veille en assis-
tant régulièrement aux vêpres du samedi. Cette pieuse
pratique, qui avait son fondement dans les prescriptions
de l'ancienne loi (Lévitique,xxni, 32.), saint Augustin
la recommandait avec instance aux chrétiens de son
temps : « Prenons garde, leur disait-il, que le repos
dominical ne devienne pour nous chose vaine; pour
le rendre fructueux, ayons soin de vaquer au culte
divin depuis les vêpres du samedi jusqu'aux vêpres
du dimanche. » (Sermon 2^1, de iempore.) Ainsi s'ex-
priment à la suite du grand évêque d'Hippone, saint
Jérôme et Cassien, saint Ambroise et saint Epiphane,
le concile de Laodicée et celui de Francfort, le pape
Grégoire IX et le pape Alexandre III. (Saint Jérôme,
contraVigilantium ; Cassien, de dium^ 1. 3, orat., c.
vin ; Saint Ambroise, in psalm. 118 ; saint Epiphane,
Expos, fidei cath. 23 ; Concile de Francfort en 794,
Vt dies dominica a vespera usque in vesperam serve-
tur ; Décrétales de Grégoire IX, Extrav. de Feriisy c. i,
2 ; Alexandre III, ibid.) Préluder à la sanctification du
dimanche par l'assistance aux vêpres du samedi, c'é-
tait un pieux usage que nous voyons se prolonger jus-
qu'au xn® siècle, et qui montre avec quelle scrupu-
leuse fidélité l'on s'appliquait à célébrer le jour com-
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VÊPRES. !05
mémoratif de la Création, de la résurrection du Sei-
gneur, de la descente de l'Esprit Saint sur les apôtres,
de la promulgation de l'Evangile, en un mot, de l'é-
tablissement du règne de Dieu sur la terre.
Car si déjà les vêpres du samedi avaient, dans l'es-
prit des fidèles, une si haute importance, comme pré-
paration à la fête du lendemain, à plus forte raison
les vêpres du dimanche étaient-elles envisagées comme
une partie intégrante de l'office divin. Les popula-
tions s'y portaient en foule, heureuses de s'unir à la
prière de l'Eglise dans la seconde comme dans la pre-
mière partie du jour plus spécialement consacré à la
louange divine. Soit que la psalmodie se rapprochât
davantage de la simple récitation, comme dans l'E-
glise d'Alexandrie (saint Augustin, Confes,^ lib. X,c.
xxxm : Ut pronuncianti vicinior essei quam canenii) ou
qu'elle prît le caractère du chant proprement dit,
comme dans d'autres églises de l'Orient {Ibid.^ 1. IX,
c. vu), soit qu'un seul élevât la voix au milieu du silence
et du recueillement général, ou bien que tout le peu-
ple chrétien confondit ses accents dans le chant al-
tjBrnatif des psaumes, introduit par saint Ambroise en
Occident [ibid.) et en Orient par Diodore évèque de
Tarse, et par Flavien évêque d'Antioche (Théodoret,
Hist. 1. n, c. xxiv), l'assistance à l'office des vêpres du
dimanche était une pratique universelle. En s'asso-
ciant du^cceur et des lèvres aux chants de la prière
liturgique, toutes les âmes vraiment chrétiennes pou-
vaient se dire avec saint Augustin : « Que de douces
larmes n'ai-je pas versées, ô mon Dieu, en écoutant
vos hymnes et vos cantiques : Quantum flevi in hymr
nis et canticis tuis I La voix de votre Eglise me rem-
plit jusqu'au fond de l'âme. A mesure que les suaves
accents de la prière retentissaient à mon oreille, la
vérité pénétrait dans mon cœur qu'elle enflammait
d'amour. Sous l'impression de piété que j'en éprouvais,
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106 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
des larmes d'émotioD coulaient de mes yeux, et je
m'en trouvais bien : currebant lacrymse^ et bene rnihi
erat cum eis. »
Ne VOUS étonnez pas dès lors, N. T. C. F. , que l'assis-
tance aux vêpres, du dimanche ait été, de la part des
papes et des évèques, des Pères et des conciles, l'objet
de recommandations si vives et si pressantes. « S'il vous
est prescrit de vous abstenir les jours de fête de toute
œuvre servile, écrivait le pape Nicolas P' aux Bulgares,
c'est afin que les chrétiens puissent se réunir plus li-
brement à l'église, pour y chanter des psaumes, des
hymnes et des cantiques spirituels : « Ut liberius ad
Ecclesiam in psalmis et canticis spiritualibus insistere
valeat christianus *. Là-dessus, il n'y a qu'une voix dans
toute la tradition chrétienne. En Italie, c'est le troisième
concile de Milan qui exhorte les fidèles à sanctifier le di-
manche par l'assistance régulière au divin office des vê-
pres: Ut divinis prœsertim Vesperarum officiispraesen^
tesreligiose pieque adsint, (Acta Ecclesi. Mediol^ p. 85
et 86.) En France, c'est le concile de Tours, tenu en 813,
c fait un devoir de persévérer dans la louange
c i dans l'action de grâces jusqu'après vêpres :^
j inicâ oportet omnes christianos in laude Dei et
^ m actione usque ad Vesperam perseverare ^.
( oncile de Reims, de l'année 1583, qui ajoute
au saint sacrifice de la messe la prédication de la pa-
role de Dieu et l'office des vêpres comme un double
exercice de religion et de piété également utile pour la
sanctification pleine et entière des dimanches et des
jours de fêtes : Diebus dominicis et festis in suas paro-
chias populus conveniat; et MissâBy et Concioni ac Ves-
péris intersit. Dans ces paroles, N. T. C. F., vous venez
d'entendre le langage de tous les temps et de tous les
lieux. Toujours et partout, dans la pensée des chrétiens,
1. Nicolaus I, ad Bulgares, c. X et XI.
2» Goncil. Tur. can.40.
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VÊPRES. 107
sacrifice du matin, c'est-à-dire Timmolation mysti-
que de l'Agneau Rédempteur, cet acte essentiel de la
religion, a eu son complément dans cet autre sacri-
fice de louanges qu'on peut appeler en quelque sorte le
sacrifice du soir, sacrificium vespertinum. Saint Au-
gustin en avait donné la raison. Après la fonction prin-
cipale de la liturgie, quoi de meilleur pour l'assemblée
des chrétiens que le chant des psaumes et des hymnes,
quoi de plus utile, quoi de plus saint? Quid melius a
congregatis christianis fiat^ guidutilius, guid sanctiuSy
omnino non video. (Lib. II, adinguisit. Januarii^ c. xix.)
C'est qu'en eflfet, N. T. C. F., Toffice des vêpres, si vé-
nérable par son antiquité et son universalité, acquiert
aux yeux du chrétien un nouveau caractère d'excel-
lence et de grandeur, lorsqu'on l'envisage en lui-même
et dans les différentes parties qui le composent. Il sem-
ble que l'Eglise ait voulu réunir dans cet office toutes
les beautés de TEcriture Sainte et de la Tradition pour
offrir à ses enfants le vrai modèle de la prière publi-
que.
II.
Saint Paul a tracé les grandes lignes de l'office des
vêpres, quand il écrivait aux premiers fidèles : « Ins-
truisez-vous et exhortez-vous mutuellement dans les
psaumes, les hymnes et les cantiques spirituels. » Do-
centes et commonentes vosmetipsos psalmis^ hymnis et
canticis spiritualibus (Ep. aux Coloss. III, 15 et 16.) Tel
est, en effet, le triple élément que TEglise a fait entrer
dans le sacrifice de louange par lequel s'achève et se
complète la sanctification du dimanche, sacrificium
vespertinum. Elle a pris sur les lèvres du psalmiste le
premier thème de ses chants; elle y a mêlé, dans une
sainte harmonie, les accents les plus sublimes qu'elle
ait pu emprunter aux livres de la Nouvelle Alliance; et
enfin, se souvenant que la lyre sacrée a passé dans
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108 DBS DIFF2RBNTBS HBURBS GANONULBS.
ses propres mains, elle a su en tirer à son tour une
louange parfaite. Le psaume, l'hymne, le cantique spi-
rituel, couronnés par la prière du prêtre, résumant
les vœux de tout un peuple dans un cri final de recon-
naissance et d'amour, voilà cette heure solennelle en-
tre toutes, par où se termine le service divin, et où la
voix de l'homme fait écho à la parole de Dieu dans
un concert merveilleux de louanges, d'actions de grâ-
ces et de bénédictions
Tel est, N. T. C. F. , dan s ses|trai ts principaux, ce magni-
fique office des vêpres que l'Eglise a placé dans l'après-
midi du dimanche; pour vous offrir le meilleur moyen
de sanctifier la seconde partie du jour consacré au
culte divin. Grandes seraient notre joie et notre conso-
lation, si nos instances avaient pour résultat de vous
ramener à une pratique dont nous ne saurions trop
faire ressortir l'excellence et la haute utilité. L'expé-
rience nous l'apprend tous les jours : la désertion de
l'office des vêpres est l'indice non équivoque d'un af-
faiblissement notable dans la vie chrétienne : c'est
d'ordinaire le premier pas vers l'oubli total du troi-
sième commandement de Dieu. Là où ce grand exer-
cice religieux est abandonné, l'on voit s'introduire im-
médiatement à la place de la prière publique, les jeux
et les plaisirs défendus, les stations trop prolongées
dans les lieux de divertissements, toutes ces habitu-
des d'oisiveté et de mollesse qui portent une si grave
atteinte aux bonnes mœurs. Bien loin de contri-
buer à la sanctification des âmes, la seconde partie du
dimanche, restée vide de tout acte et de tout sentiment
religieux devient au contraire pour beaucoup une oc-
casion de mal et une source de profanations. L'assis-
tance régulière à l'office des vêpres serait le meilleur
préservatif contre le désordre moral, et le moyen le
plus efficace pour contenir les récréations permises
dans les limites d'une juste modération. L'on n'est
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VÊPRBS. 109
guère porter à abuser d'un repos ou d'un délassement
nécessaires, lorsqu'au sortir du temple on a Tâme en-
core toute pénétrée des chants et des prières de la
Sainte Eglise. Heureuses les paroisses où ces traditions
de foi et de piété ont conservé toute leur force! Elles
chantent au Seigneur le cantique toujours ancien et
toujours nouveau; et la louange divine demeure au
milieu d'elles comme dans l'assemblée des saints : Laus
ejus in ecclesiâ sanctorum.
Ainsi que nous le disions au début de cette instruc-
tion pastorale, il est des personnes même pieuses qui se
dispensent trop facilement des vêpres de leur paroisse,
dans les villes surtout. Et c'est avec peine que nous
les voyons rechercher de préférence telle ou telle
dévotion en usage dans des chapelles particulières, au
lieu d'assister à l'office plus spécialement institué par
l'Eglise pour compléter la sanctification du dimanche.
Nous ne nous lasserons pas de le répéter, rien ne sau-
rait valoir en avantages spirituels la participation à cette
prière publique qui, tant par son antiquité et son
universalité que par son objet même, occupe le premier
rang dans la liturgie catholique après le saint sacrifice
de la messe. Et comme d'ailleurs, dans notre diocèse
le salut du Saint-Sacrement suit toujours les vêpres du
dimanche, il ne saurait y avoir aucun motif d'abandon-
ner l'Eglise paroissiale pour satisfaire ailleurs la piété
envers la divine Eucharistie. Nous devons l'édification
à ceux qui font partie avec nous de la même famille
religieuse : et comment les édifier, quand nous appa-
raissons si, rarement au milieu d'eux, habitués que nous
sommes à renfermer notre dévotion dans les limites
d'une chapelle étrangère à la paroisse ? Quoi de plus beau
etdeplus touchant que le spectacle d'une assemblée de
fidèles, réunis autour de son propre pasteur, et chan-
tant de con^rt les louanges de Dieu? Cette douce
satisfaction, nous l'éprouverions chaque dimanche, si
T. ni 7
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î\0 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
tous se faisaient une sainte habitude d'assister régu-
lièrement à 1 office des vêpres. Puisse, N. T. C. F., la
voix de votre premier pasteur pénétrer jusqu'au fond
de vos âmes, et obtenir un résultat qui nous tient si
entau cœur! C'est le vœu que nous formons,
Ls rappelant une dernière fois cette recomman-
de l'apôtre aux chrétiens de son temps : « Que
Die de Jésus-Christ demeure en vous dans toute
dtudeetvous comble de sagesse; et vous mêmes
isez-vous et exhortez-vous mutuellement dans
lûmes, les hymnes et les cantiques spirituels,
int à Dieu daus vos cœurs, par sa grâce : In
cantantes in cordibus veslris Deo. » *
CHAPITRE IV.
LES GOMPLIES.
, — But et symbolisme. — Leur composition. — Chant des
compiles. — Conclusion du Card. Bona.
Complies (de Completorium, achèvement, cou-
nent) sont ainsi nommées, soit parce qu'elles
ent l'ofûce du jour, soit parce que avec elles
it les autres occupations. Le Vén. Bède ad-
première interprétation (De Médit. Passion,
\per 7 Horas); et saint Benoit (Reg,), Amalaire
, c. 8.), Hugues de Saint Victor {Spec. c. v), la
e. Quoi qu'il en soit, les complies constituent
aent la dernière heure canoniale et saint Benoit,
5 a établies, voulut en faire la dernière action
r.
cardinal Giraud, mort archevêque de Camhrai, le i4
50, a fait aussi sur l'office des vêpres une belle homélie.
LViri% jour de la dédicace, 1828, t. VI.) Voici les autres
lurgiques traités par l'éloquent Prélat dans ses Homélies
Dstructions pastorales: Les Quatre-Temps (1828); les
as (1829); le zèle des églises ( !83o); le cimetière (1838);
les (i84i); paraphrase de la salutation Angélique (i848).
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LES GOMPLIES. ii<
Cette heure fut donc ajoutée à l'office en dernier lieu,
et nous avons nommé saint Benoit comme en ayant
été l'instituteur au vi® siècle. Le cardinal Bona prouve,
en effet, tout au long, œquiore lance librandâ, dit-il,
que les complies ne remontent pas au delà du saint
Patriarche, et qu'avant lui, on n'en trouve aucune
înentiondans les auteurs grecs et les auteurs latins :
« Errant igitur toto cœlo, conclut-il, qui ab ipsis apos-
toits originem completorio fuisse asseverant. » (Div.
Psalm, De complet,) Les textes de saint Augustin
(2* régula)^ de saint Jérôme {Reg. monachorum)^ et
de saint Basile {Reg, q. 37,) où, d'après quelques
auteurs (Bellarmin, Suarez, Duranti), il serait question
des complies, sont apocryphes, ou n'ont en vue que
l'heure des vêpres. Tous ces textes sont discutés dans le
Cardinal Bona. {loc, cit.) Gavantus concilie les deux
opinions sur l'origine des complies, en disant que
dans les premiers siècles, et au temps de saint Am-
hroise et de saint Basile, c'était plutôt un rudiment
de complies qu'une heure canoniale distincte : Ve-
rum in primis temporibus, rude fuit potius quam
completum completorium, {Thésaurus sacr. rit, sect. v.
De Complet,)
Saint Benoit nous parait donc être l'auteur des
complies ; il les institua d'abord pour ses religieux, et
l'Eglise les adopta pour ses clercs. Au ch. 42 de la
règle, en effet, le saint fondateur ordonne à ses disciples
de se réunir au cloître, le soir, avant le coucher, pour
y faire une petite lecture spirituelle et réciter ensuite.
à l'église les dernières prières du jour qui compléteront
t office divin. Cette pieuse lecture disposait ainsi à la
prière. Ceci nous explique pourquoi l'heure de com-
plies, contrairement à toutes les autres, commence
par une leçon. L'Eglise ajouta cette heure à son office
pour nous préparer au sommeil de la nuit.
Le temps liturgique où l'on devrait réciter complies,
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U2 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
"■ donc historiquement et dans l'intention de TE-
vcrsle crépuscule du soir, alors que le dernier
est achevé, et que la journée se termine,
eure de compiles, en nous préparant au repos de
t, doit aussi nous faire penser à la mort, dont
imeil est l'image : finis autem of fictif dit le cardi-
mdi, finis etiamnostri nos admonet. Aussi, comme
e verrons bientôt, tout nous parle, dans les com-
de ces deux états qui réclament le secours divin.
)orte, en effet, d'être protégé durant la nuit con-
; attaques du démon, de n'y être pas surpris par
rt. Combien se sont endormis d'un sommeil pai-
)our s*éveiller , sans beaucoupde préparation, dans
ternité, et peut- être, dans les brasiers de l'enfer I
>orte aussi de bien mourir, et de demander sou-
Si Dieu, pour ce moment redoutable les grâces dont
besoin.
Ls pouvons encore, en récitant les compiles, nous
Brdes mystères qui s'accomplirent alors: A cette
tardive, eut lieu la sanglante agonie de Jésus,
a méditation donne le courage aux âmes éprou-
/"ers le soir encore, Notre-Seigneurfutdéposédans
beau, pour nous apprendre à vivre de la vie in-
re et cachée; aussi l'office de compiles fait-il allu-
i ces douloureux mystères. Ainsi le souvenir de
rt et du tombeau, les allusions à l'agonie et à la
-ure du Sauveur, répandent sur la dernière heure
iale une sainte tristesse, toujours tempérée ce-
nt par un rayon d'espérance,
ci les différentes parties de compiles, telles qu'elles
noncées par la rubrique, sous le titre XVIII:
On commence immédiatement compiles par la ie-
ève comme au psautier; puis on dit : Pater noster,
eor, Misereatur, Indulgentiam, Converte nos, Deus
/^ormm, Tantienne, les psaumes, l'hymne, le capitule,
)ns bref, le cantique avec son antienne, tout comme
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LBS COMPLIBS. M3
à la fin du psautier. Après l'antienne, on récite l'oraison
les jours de fête double, et pendant les octaves; dans les
autres offices, on dit, avant Toraison le Kyrie eleison et
les autres prières comme au psautier.
»2. Après \QWQTS/Qi Benedicat et custodiatnos, etc., on dit
une des antiennes de la Sainte Vierge, avec le verset et
Toraison. Puis, Divinum auxilium, Pater noster^ Ave Ma-
ria et Credo, à voix basse. »
L'heure commence donc par une leçon, caractère ex-
clusivement propre aux compiles. Saint Benoit voulait
que cette prière du soir commençât par une pieuse
lecture, pour mieux disposer l'esprit des moines, dis-
trait par les occupations du jour : « Ex hac vero ma-
ri nasticâ constùutiofie, dit le cardinal Bona, ratio
» colligitur quâ factura est ut^ praater caaterarum ho-
» rarum comuetudinem^ hoc officium a lectione in-
» choetur. » — « Lectio brevis^ dit Gavantus, ortum
habuit ab lectione ad quam^ horâ completorii, conve-
niebant praesertim monachi. » [Thesaurm sacr. Rit, De
completorio, sect. iv, c.vi.)
Cette lecture ne se faisait pas d'abord à l'église, mais
dans lajsalle capitulaire. On se rendait ensuite au chœur
pour l'examen de conscience suivi du Cofifiteor, après
quoi, les compiles proprementdites commençaient par
la psalmodie. C'est en souvenir de cet ancien usage
queles trois derniers jours de la semaine sainte, on
commence compiles par le Cofifiteor sans leçon brève.
Celle-ci parfaitement adaptée au sens des compiles est
tirée de la première épître de saint Pierre. La bénédic-
tion qui la précède, comme toute autre leçon, de-
mande à Dieu une nuit tranquille au point de vue spi-
rituel surtout, et une sainte mort: « Noctemquietamet
finem perfectum concédât nobis Dominusomnipotens,»
La leçon brève nous exhorte ensuite à la vigilance et
àla modération, pour nousprémunir contre les attaques
de l'adversaire, le démon, ce lion rugissant qui rôde
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114 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
toujours cherchant une proie ; elle nous invite aussi
d'une manière énergique et pressante à lui résister
avec ce courage que donne l'esprit de foi. « Fratres^
sobrii estote et vigilate^ quia adversarius vester diabo-
lus^ tanqnamleo rugieuH circuit ^quxnns quem dévore t^
cui resistile fortes in fide, » (I PeLr. v. Set 9.)
Nous répondons à cette exhortation de l'Apôtre et
de PEglise par un cri de confiance qui exprime notre
résolution: t. Adjiitorium nosirtim innomine Domini^
I)?. Qui fecit cselum etterram, (Ps. cxxiii.) On fait le si-
gne de la croix aux premières paroles, pour montrer
que notre confiance est fondée sur les mérites du Ré-
dempteur. Ce verset était l'ancienne formule de béné-
diction que l'Abbé donnait à ses religieux après la lec-
ture, et avant dequitter la salle capitulaire. (Grancolas,
Det office divin, Tit. de t office des vêpres et des corn-
plies.)
Le Pater devait avoir sa place au commencement de
cette prière qui termine toutes celles du jour.
Le Confiteor nous rappelle l'examen de conscience
que les religieux faisaient à l'église, après la lecture.
Cette prière de repentir, au souvenir de ses fautes,
convient du reste à ce moment où nous allons pren-
dre notre sommeil, figure de celui delà mort.
Quand on récite seul les compiles, il Tautometlredans
le Confiteor ce^ mots . Vobisfratres^ — vosfratres, etdire:
— Misereaturnostri^ — peccatisfiostris^ — perducatnos,
Gavantus voudrait que, lorsqu'on est au moins deux à
réciterl'officejonne changeât rien autextedu*)réviaire,
mais que le plus digne dit alors : vobis fratres, et l'au-
tre: Tibi Pater ^ de môme qu'ils disent entre eux : Domi-
nus vobiscum; et cum spiritu tuo. Mais un décret de
la sacrée congrégation des Rites, du 12nov. 1831, per-
met de réciter alors une seule fois et ensemble ces
prières en y faisant le changement que la rubrique in-
dique, pour le cas où l'on est seul. Les religieuses ne
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LBS GOMPLIES. 115
doivent pas changer le mot Pater, par Mater, Sorores^
parcequ'ell 3S piirlsnt alors, corome les ministres saci es,
au nom de l'Eglise. ( 18 aug. 1629.)
Après ces préliminaires d'humilité, nous demandons
à Dieu de vouloir bien convertir nos âmes à son amour :
Converte nos, Deus, salutaris nos(er(?s. lxxxiv,4), fai-
sant en même temps, pour ce motif, un signe de croix
sur le cœur. Le sens de la réponse à ce verset est facile
à compreidre : Et averte tram tuam a nobis. (Id.) Hélas !
puissions-nous n'être pas surpris dans le sommeil ou
dans 11 vie par la colère divine, que nous avons peut-
être si souvent méritée I
Le verset qui suit, Deics in adjutorium meum^
prière toujours opportune au début d'un acte impor-
tant, commence aussi toutes les heures de l'office.
Les quatre psaumes de complies expriment, d'après
Amalaire (L. IV, c. 8),Gavantus et Durand de Mende,
(De Completorio) les quatre éléments ou humeurs con-
stitutives du corps humain qui, troublées dans leur
harmonie, peuvent être la cause pour nous de beau-
coup de fautes. Aussi, demandons-nous avec le Psal-
miste, la répression de ces fautes et une grâce de
préservation. Ne pourrions-nous pas voir aussi dans
ce nombre, les quatre fins de l'homme, et, dans les
psaumes eux-mêmes, les sentiments que doivent nous
inspirer les approches de la nuit et la pensée de la
mort?
Dans le premier de ces psaumes, en effet, Cum in-
vocarem (iv), sont exprimés, par une âme qui s'est re-
pliée sur elle-même, la contrition de ses fautes, le dé-
tachement des créatures et l'amour de Dieu seul, où
Ton trouve le repos et la paix. Ces sentiments doivent
être les nôtres à la fin du jour où nous avons expéri-
menté notre faiblesse, la vanité des créatures, et le be-
soin de repos : w Filii hominum, usquequo gravi corde J
Ut quid diligitis vanitatem et quœrilis mendacium? —
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116 DBS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
Quœ dicitis in cordibus vestris^ in cubilibus vestris corn-
pungimini. — In pace in idipsum^ dormiam etrequies-
»(v.3,5,9etl0.)
second, In te, Domine, speravi (xxx), nous fait
ider à Dieu son secours contre les ennemis qui
issailient jour et nuit, et durant toute la vie; pleins
îfiance, nous remettons «ntre ses mains notre
yant le sommeil et pour le moment de la mort :
Domine, speravi, non confundar in œternum : in
â tuâ libéra me, — Esto mihi in Deum protecto-
t in domum refugii, iitsalvum me facias, — Educes
laqueo hoc quem absconderunt mihi, quoniam
orotector meus, — In manus tuas commendo spi-
meum,.* (v. 1. 3, 5 et 6.) Ces dernières paroles
t à jamais consacrées sur la croix et proposées aux
mts. Puissions-nous, avec saint Nicolas de Myre,
r dévotement ce psaume sur notre lit de mort,
idre le dernier soupir eu répétant avec Jésus ex-
l et en union avec lui : In manus tuas, commendo
immeum, {Offic, S, Nicol. 6 dec, in Brev, Rom,)
ux celui qui s'endort ainsi chaque soir dans les
lu Seigneur !
)saume xxx n'est pas en entier dans les compiles,
l'il a 25 versets dans la Bible. Les six premiers
aient seuls convenir plus spécialement à la cir-
nce, surtout à cause du sixième : In manus tuas.
lauvour, dit ici Durand de Mende, après avoir ré-
î sixième verset du psaume sur la croix, rendit le
jr soupir, et c'était précisément le sixième âge du
3, et le sixième jour de la semaine ; il faut donc
rachetés ainsi par sa mort, nous laissions le
le à ces mots et au sixième verset, pour le repos
nmeil, mais sans interrompre la vigilance de nos
: ainsi, tandis que le corps de Jésus était dans le
au, la divinité ne perdait rien de sa vie et de son
é, » (De completorio, 1. V, c. x, n. 5.)
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LES COMPLIES. H7
Le troisième psaume : Qui habitat in adjutorio Al-
tissimi (xc), est un acte de confiance en Dieu qui saura
bien, par sa providence et par ses Anges, nous protéger
durant la nuit et toujours contre les embûches de nos
ennemis : sentiment qui doit bannir de notre âme la
frayeur : « Ipse liberavit me de laqueo venantium. —
Scapulissuis obumbrabit tibi, — Scuto circumdabit te
Veritas ejus : non timebis a timoré nocturno. — A ne-
gotio perambulante in tenebris. — Quoniam angelis
suis mandavit de te, ut custodiant te in omnibus viis
tuis. — In manibus portabunt te, fie forte ofjendas ad
lapidem pedem tuum, (v. 3, 4, 5, 6 et 12.) Il faudrait
le citer en entier. Ne dirait-on pas une mère qui,
par tous les moyens, protège le berceau de son fils et
place à son chevet une garde vigilante? Saint Ber-
nard a merveilleusement commenté tout ce psaume,
et Bellarmin lui a consacré douze instructions.
Le quatrième enfin : Ecce nunc benedicite (cxxxiii)
nous porte à élever nos cœurs vers Dieu et vers le ta-
bernacle, si nous venions à nous éveiller dans la nuit ;
salutaire conseil qui nous prémunit contre les dangers
de l'imagination, et les surprises d'une âme en-
gourdie : In noctibus extollite manus vestras in Sancta,
et benedicite Dominum. (y. 3.) Heureux aussi celui
qui, des bras de la mort, s'éveillera devant Dieu dans
la louange et la reconnaissance I
Les quatre psaumes sont suivis de l'hymne : Te, lu-
ois ante terminum. Elle est de saint Ambroise, et Me-
rati nous apprend qu'on l'a toujours dite à Compiles,
dans l'Eglise de Rome, (m Gav.)
Cette hymne résume admirablement les sentiments
des psaumes précédents ; c'est une prière qui à la fin
du jour, nous fait demander au Dieu tout bon et tout-
puissant, de veiller sur nous comme un gardien fidèle.
Te, lucis aTjte terminum,
Rerum Creator poscimus,
ï. II. 7.
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SS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
Ut, pro luâ clemeutia,
» Sis prœsul el custodia.
î prions surtout de vouloir bien nous pré-
5 rêves dangereux et des illusions nocturnes,
laîner l'ennemi, qui voudrait souiller nos
los âmes.
Procul recédant somnia
Et Doctium phantasoiata,
Hostemque nostrum comprime,
Ne poUuantur corpora.
•istes, faussement timorés, ont critiqué sans
tte dernière strophe, comme blessant la chaste
c mais, dit avec raison l'abbé Piroont, une at-
plus franche et plus révérentielle leur eût
que rien n'est si noblement chaste que ce
jf, où la simplicité du mot est certainement le
r indice de la sainteté de l'auteur. » {Hymne
s.) Prudence, au goût exquis et à l'âme élevée,
'aint de dire aussi dans ses vers :
Quam rara culpa morum
Non polluit fréquenter.
Procul, 0 procul, vagantum
Portenta somniorum !
(Gathem, Hymn.ante somnwn.)
Prsesto est pudicis, nec patitur sacrœ
Integritatis munera pollui.
(^eristeph. xiv. s, Agnetis,)
'homas, le docteur angélique, ne craint pas
de renvoyer ses lecteurs à notre hymne,
rémunir contre les dangers de la nuit : Undey
n sero cantatur :
Hostemque nostrum comprime.
Ne poUuantur corpora.
2» Q. CLiv. . K.)
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LES GOMPLIES. 119
Le capitule, emprunté à Jérémie (xiv,9)5 rappelle
à Dieu: qu'il est en nom par sa grâce; que nous avons
invoqué y pour la nuit et le moment de la mort^ la
puissance de son fiom^ et qu'il ne peut pas nous aban-
donner en ce moment critique.
Le répons bref s'inspire de la pensée générale des
Compiles, qui doit alors dominer en nous : In manus
tuasy Domine, commendo spiritum meum; redemisti
nos^ Domine^ Deus veritatis: « non, vous n'abandonne-
rez pas, vous ne laisserez pas périr ceux que vous avez
rachetés. » Le bréviaire nous apprend qu'un grand
nombre de saints aimèrent à prononcer ces paroles en
expirant, voulant ainsi associer leur dernier soupir à
celui de Jésus. Ainsi: saint Etienne, saint Basile, saint
Jean de Matha, saint Hyacinthe, saint Nicolas de To-
lentino, saint Vincent Ferrier, saint François de Paule,
saint Jean de Dieu, saint François Xavier, etc.
Le verset qui suit ce répons ne pouvait pas être, à la
fois, plus gracieux et plus touchant : Cusiodi nos^ Do-
mine^ ut pupillam oculi : sub umbrâ alarum tuarum
protège ?iOs, (Ps. xvi, 8.) Nous sommes chers à Dieu
comme la prunelle de son œil ; nous sommes protégés
par sa providence comme les poussins sous l'aile
de leur mère.
Suit le cantique du saint vieillard Siméon. C'est bien
celui qui convenait le mieux aux Compiles : Nunc di-
mittis servum tuum, Domine, s^cundum verbum tuum
in pace. Comme il fait bon le redire au soir d'une
journée fatigante, employée au service de Dieu, et où
nous avons éprouvé sa miséricorde pour nous et pour
nos frères I Quia viderunt oculi mei, salufare tuum^
quod parasti ante faciem omnium populorum. Comme
il fait bon le redire aussi au soir d'une journée apos-
tolique où nous avons fait connaître Jésus-Christ,
éclairé les âmes, et contribué à leur véritable gran-
deur, ainsi qu'à la gloire de l'Eglise I Lumen àd rêve-
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120 DBS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
lationem gentium etgloriamplebis ttcaSy Israël. Comme
ce cantique d'un vieillard qui ne demande plus qu'à
mourir, sera propre à nous consoler à la fin de notre
vie sacerdotale où nous aurons combattu les bons com-
bats, surtout s'il nous est permis de voir alors notre
nx. j^^^ connu, mieux aimé, mieux servi par nos
Que de fois les saints n'ont-ils pas récité ce di-
itique avec un ardent désir de la mort et du
ure bénie de leur délivrance, heureux terme de
ravaux t Faisons comme eux.
. Faber a parlé du Nunc dimittis dans des pages
que nous reproduirons ailleurs, et qu'il termine
mots si en rapport avec notre sujet :
»us les siècles répéteront ce cantique qui ren-
toute la poésie chrétienne de l'âme fatiguée de
Il donne une voix au détachement céleste et à
teté des innombrables élus. Pour les cœurs de
s de fidèles, c'est la lumière du soir après les
laborieuses du jour. Les dernières Compiles
Iglise doit chanter avant la nuit qui verra le ju-
t commencer, et apparaître le Seigneur du côté
ient, seront remplies de la suavité mélodieuse
ire cantique de Siméon. » {Au pied de la croix.
Prophétie de Siméon.)
tienne qui accompagne le cantique exprime une
mvelle, toujours en harmonie avec l'idée gé-
des compiles : c'est, que notre âme, gardée par
neur et bien disposée, veille avec Jésus-Christ,
s unie à lui, toujours attentive à ses volontés,
que nos membres fatigués reposeront dans le
il. L'âme de Jésus, en eflfet, ne cessait pas d'être
i Verbe et aux volontés de Dieu le Père, tandis
n corps était dans le tombeau ; admirable dis-
1 dans laquelle nous devons nous endormir
soir pour n'avoir pas à craindre un terrible ré-
X pieds du Souverain Juge : Salva noSy Domine,
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LES GOMPLIES. i2i
vxQilantes^ ciistodi nos dormienteSi ut vigilemus cum
Cnrisio, et requiescamus in pace.
L'oraison des Compiles, comme toutes celles de l'of-
fice, résume admirablement ce que nous y avons de-
mandé; mais ici, la prière semble revêtir un caractère
plus touchant encore ; on y prie le Seigneur de visiter
la maison, la communauté, la famille où l'on se trouve,
c'est-à-dire, d'y manifester sa présence par les effets
de sa protection, et d'en éloigner l'ennemi ; on le prie
de confier cet asile aux saints Anges, pour que la paix
y règne toujours, la paix de la grâce surtout, et
qu'ainsi les bénédictions du ciel ne cessent de l'ei^ve-
lopper : Visita qusesumus^ Domine^ habitationem is-
tam^ et omnes insidias inimici ah eâ longe repelle : An-
gelitui sancti habitent in eâ^ qui nos in pace custodiant,
et benedictio tua sit super nos semper. Avec quelle fer-
veur, le séminariste, le prêtre des paroisses, les supé-
rieurs des communautés, ne doivent-ils pas réciter
cette prière I Hélas ! tandis qu'ils ont à réparer les
forces de la nature par le sommeil, et qu'ils ne peuvent
plus veiller autour d'eux, le démon veille pour inspirer
le mal et ravager le troupeau. N'est-il pas à désirer
que les anges du ciel soient là pour suppléer à notre
vigilance et neutraliser les efforts de Satan? Dans plu-
sieurs communautés, par une heureuse inspiration,
cette oraison des complies fait partie de la prière du
soir, comme celle de Prime, Domine Deus omnipotens,
est entrée dans la prière du matin. L'oraison Visita,
qugesumus ne se disait d'abord que dans les ordres
monastiques et au dortoir, après le chant des Com-
plies : Visita habitationem istam, signifiait donc le
lieu du repos ; et c'était le Supérieur qui la récitait.
Les bréviaires indiquaient alors à cet endroit des com-
piles la prière suivante que nous avons dans le sacra-
mentaire de saint Grégoire : Illumina^ quœsumuSy Do-
mine Deus y tenebras nostras, et totius hujus noctis tu
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422 DBS DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
a nohts repelle propitius. On lui substitua plus tard
l'oraison Visita^ quaBsumus. (Grancolas, De l'office dû
vin : Vêpres et Compiles,)
Le t. Benedicamus Domino^ et son i)?. Deo grattas^
SA p4r>îtAnt à la fin des complies comme à toutes les
lis ici, c'est un cri de reconnaissance pour
eçues durant le jour, et qui nous méritera,
t,de nouvelles faveurs,
leur des monastères bénissait ses religieux
iprès les i/:nnnlies et avant le coucher ; rien
naturel. Aujourd'hui encore, après le chant
rfice, dernier exerci ^e du jour, les moines, en
passent devant l'Abbé qui asperge de l'eau
m d'eux comme pour les bénir. La bénédic-
ie ainsi par le supérieur après les complies,
\ peu un rit même de l'heure canoniale, et
ile d'Aix-la-Chapelle en faisait un précepte :
io post Completorium a sacerdote dicatur,
actuelle nous fait demander directementàla
té, source des grâces, de vouloir bien nous
}dicat etctistodiatnos omnipotens et miseri-
is, Pater et Filius etSpiritus Sanctus, Comme
tous besoin à ce moment-là d'être bénis
leur, cette formule n'est jamais changée;
toe, s'il présidait au chœur les complies,
pas, mais demanderait à Dieu la bénédic-
i et pour les autres : Benedicat et custodiat
t sur soi le signe de la croix à ces mots :
'ius et Spiritus Sanctus,, pour exprimer que
as a mérité cette grâce. La formule était
llement amenée par les derniers mots de
Visita nos... et benedictio tua sit super nos
3 Benedicamus Domino de la reconnais-
les a suivis, dispose le Seigneur à mieux
encore,
îhant spectacle nous oifre ici la foi! C'est
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LES GOMPLIES. 423
rÉglise entière qui, à la fin du jour et au moment du
repos universel, demande au Seigneur, par ses minis-
tres sacrés, de vouloir bien la bénir, elle et ses en-
fants, et d'éloigner, par sa toute -puissance, les traits
ennemis qui pourraient blesser ou tuer les âmes : Be-
nedicat et custodiat nos^ omnipotens Deus; elle s'in-
cline, les cieux s'abaissent, et le Père, le Fils, le Saint-
Esprit répandent alors sur le monde, leurs dernières et
abondantes bénédictions : Pater et Filius et Spiritus
Sanctus, Oh! qu'il en soit ainsi toujours ! i4?wen/Nous
aussi, ouvrons toutes les issues de notre âme à cette
bénédiction finale.
Mais, la grâce nous vient par Marie; et nous de-
vons lui confier celles que nous avons reçues ; c'est
pourquoi l'Eglise nous fait terminer l'office par une
antienne à la Sainte Vierge, qui varie selon le temps.
Elle n'était pas obligatoire tout d'abord, et les bréviaires
n'en parlent pas, jusqu'au xvi» siècle. La dévotion
privée cependant, ou des ordonnances particulières la
faisaient réciter bien longtemps auparavant. Nangis,
dans la vie de saint Louis, roi de France, nous apprend
qu'on la chantait déjà de son temps à la fin de com-
piles : « in fine completorii specialis Antiphona B. Ma-
riœ Virginis altâ voce cantabatur, » C'est au moment
où Ton chantait, le soir, le Salve Begina, dans l'église
de Spire, que saint Bernard y ajouta les trois dernières
invocations : O démens^ o pia, o dnlcis Virgo Maria.
Un Concile d'Espagne, en 1302, prescrivait le chant du
Salve Begina tous les jours, après les Compiles : « In
laudem sanctse Virginis^ in singulis diebus, post corn"
pletorium, canatur salve Begina altâ voce^ cum versu :
Orapro nobis, ef oratio : Concède nos. »
Saint Pie V, s'inspirant du bréviaire du cardinal de
Sainte-Croix, rendit obligatoires les antiennes de la
sainte Vierge que nous récitons aujourd'hui, et en fit
une partie intégrante des compiles. « Post versumBe-
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124 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES*
ei custodiat no$^ dit la rubrique, dicitur una
phonis B. Mariss Virginis^ cum versiculo et
? ut ibidem. Ainsi TÉglise, qui nous fait invo-
secours de Marie au commencement de toutes
es, en remet le fruit à la fin sous sa protection
îUe. Ces antiennes rappellent le mystère du
Bt la part que cette divine Mère y a prise. Il est
salutaire de terminer ainsi l'office par ce sou-
ette invocation du cœur, qui nous permet d'u-
lère et le Fils dans le culte public, comme
mons à le faire dans nos prières privées.
iter^ VAve et le Credo qui, à Matines, avaient
icéToffice divin, en sont aussi le couronnement.
1 prière publique et solennelle de l'Église, est
mcadrée par ces trois grandes formules, les plus
es et les plus vénérables, et dont l'office divin
ier n'est, pour ainsi dire, que le développement.
ces trois prières, finissent les complies, la der-
s heures canoniales. C'est une belle prière du
itles éléments, à cause décela, sont les mêmes
innée, excepté Tantienne des psaumes durant
»s pascal, et celle du Nunc dimittis le samedi
>tte dernière, pas plus que les autres jours, ne
e doublée, les complies à cause de leur ca-
plus intime ou de leur origine plus récente,
jamais de solennité.
Louis, roi de France, au rapport de son his-
Taisait chanter complies après le repas du
obligeait ses enfants et toute sa famille à y as-
Volebat quodsinguli essent cum ipso ad Corn-
w, quod post cœnam suam quotidie solemniter
*e faciebat,9
les monastères, la journée se termine encore
tant des complies, sans autre prière ; chacun
ensuite au dortoir, en attendant que la cloche
de nouveau à l'office de la nuit.
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LES GOMPLIES. 125
Léchant des complies n'offre aucune difficulté. Nous
ferons seulement observer que : 1® le lecteur doit être
médiocrement incliné vers celui qui préside, en di-
sant : Jube^ Domnej benedicere, et qu'il doit rester
ainsi jusqu'à la fin de la bénédiction {Cœrem. Episc);
2® qu'il doit chanter la leçon brève, tourné vers l'au-
tel, et faire la génuflexion à ces mots : Tu autem^ Do-
mine, miserere nobis {Cœrem. Episc.)-, 3® que le chœur
doit se tourner vers l'officiant, en disant au Confiteor :
et tibi... et te... Pater; 4^ que si l'évêque était présent
aux complies, sans officier lui-même, celui qui préside-
rait devrait s'incliner profondément vers le prélat avant
de dire : Indulgentiamy absolutionem, et avant Benedi-
cat et cusiodiat nos omnipotens Deus. (Cœrem. Episc.)
Il lui demanderait ainsi la permission d'implorer pour
tous la bénédiction divine.
Le cardinal Bona termine son chapitre XI des Com-
plies par le § intitulé : Completorio ferventius adesse
debemics multis de causis ; nous le reproduirons
ici pour l'édification des lecteurs. « Nous devons à
cette. heure, dit-il, réparer les défauts de la jour-
née entière; et si nous n'avons pas assisté aux au-
tres parties de l'office avec tout le soin et la dévo-
tion voulus, il nous faut du moins, à complies,
compenser la négligence dans nos autres prières, par
une piété et une ferveur plus grandes. Que le reli-
gieux donc ne manque jamais au chant de cette
heure canoniale, sans une très grave nécessité. C'est
là une tradition bien chère aux enfants de saint Do-
minique. Théodoric nous apprend, dans la vie de leur
glorieux fondateur, qu'ils attendaient avec une sainte
impatience l'heure de complies et qu'ils s'y préparaient
comme à un office solennel, se recommandant aux
prières les uns des autres pour cet heureux moment.
Les maîtres de la vie spirituelle nous ont énuméré les
nombreuses raisons qui doivent nous faire aimer cette
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126 DES DIFFÉRENTES HEURES CANONIALES.
heure canoniale. C'est l'heure où nous passons des la-
beurs de la vie active à la contemplation calme et tran-
quille dos choses du ciel ; c'est pourquoi nous y
chantons le cantique du saint Vieillard : Nunc dimitlis
servum tuumj Domine^ secundum verbum tuum in
pace. Il est écrit des impies qu'ils ne connaissent pas
la paix; mais les justes s'endorment sans crainte, et
leur sommeil est doux et paisible. Quand Isaïe disait
d'eux : Je leur ai donné la paix y eomme l'heureux fruit
de leurs lèvres^ il voulait parler de la paix que nous
procure cette heure bénie... L'épouse n'a-t-elle pas
cherché son bien-aimé dans le repos et le silence de la
nuitl C'est le moment, en effet, le plus opportun pour
les élans du saint amour, les investigations de la sa-
gesse chrétienne, les accroissements de la grâce. La
nuit, mais c'est la fin du travail, l'éloignement du
trouble, l'oubli de ses nombreuses fatigues. La nuit,
mais c'est le temps du silence, du recueillement ;
c'est enfin l'heure de goûter combien le Seigneur est
doux. Or, les complies nous préparent à prendre avec
Dieu cet ineffable repos. Ainsi faisait le saint Roi; qui,
distrait le jour par les soins de son royaume, prélu-
dait en quelque manière à nos complies par ces pa-
roles : « Non, je ne m* étendrai point sur ma couche,
nony je ne donnerai point à mes yeux le sommeil^ ni
le repos à mes paupières, avant d'avoir ouvert dans le
secret de mon âme^ un sanctuaire au Seigneur, pour
nCy entretenir avec lui, » (Ps. cxxii.) Puis-je donc moi
aussi, direz-vous, préparer ce sanctuaire au Seigneur?
Oui, et selon sa parole, y goûter ses délices; lui-même
a désigné votre cœur pour cela, s'il est humble, con-
trit et attentif. (Is. lxii.) La récitation pieuse et fer-
vente de complies vous fait ainsi préparer votre cœur,
et son béni sanctuaire. Qui donc, enfin, ne voudrait pas,
à cette heure du soir, s'armer efficacement contre les
princes des ténèbres dont la puissance est plus grande
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LES GOMPLIES. 427
encore pendant la nuit? Or, ces armes puissaates, les
compiles nous les donnent: c'est la prière inspirée par
ces dangers de la nuit, c'est Taspersion de l'eau bénite,
la bénédiction du Supérieur, la solennelle invocation
à la bienheureuse Marie.
« Ne serait-il pas honteux de passer sans fruit ce
temps si précieux où nous devons examiner les actions
du jour et recommander à Dieu, avec larmes, ?a fin
de notre vie, le moment de notre mort? Car, le som-
meil, comme l'aditPlutarque {de Consol. ad AppolL)^
est un apprentissage de la mort; il en est comme le
frère, selon l'expression des plus graves auteurs.
Athénagore, en effet, nous fait remarquer, dans son
livre sur la re'surrection.que l'homme endormi ressem-
ble beaucoup à celui qui est mort ; les anciens ont
quelquefois représenté la nuit sous la figure d'une
f?mme ayant à ses côtés deux enfants, l'un noir, l'autre
éclatant de blancheur, avec les épigraphes du sommeil
et de la mort. Les défunts se sont endormis dans le
Seigneur, et ceux dont le sommeil s'est emparé, sont
pour nous comme s'ils n'étaient plus. Aussi, la terre
sainte où sont déposés les ossements de nos frères est-
elle appelée cimtf^/^re,d'unmot grec qui veut dire dor-
milorium;ei l'Ecriture, parlant de ceux qui, pleins
d'espérance, sont morts dans le Seigneur, dit simple-
ment qu'ils se sont endormis. C'est pourquoi, selon la
pensée d'Amalaire, l'office de compiles peut être assi-
milé à une recommandation de l'âme au sortir de cette
vie ; en efi'et, ne demandons-nous pas à Dieu, en re-
mettant notre esprit entre ses mains, de nous laisser
en paix par delà le tombeau? Aussi, terminerons-nous
bien notre journée si, dans la récitation de compiles,
nous nous souvenons de notre fin dernière. Non, rien
n'est plus efficace que ce souvenir pour ramener les
âmes des voies du vice dans le chemin de la vertu ;
il n'est pas d'homme si terrestre et si grossier qui, à
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i28 LBS ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
5ée, ne soit saisi de frayeur et porté à une
îure. Qui donc, en entendant ces paroles et
ant ne serait pas dans l'épouvante? : « Il ne
a instant pour mourir, et de cet instant qui
inement le nôtre, dépend Tétcrnité. » Corn-
)as en tirer cette conclusion pratique :« Ap-
nous à bien vivre, tandis qu'il en est temps
(Div. psalm. c. xi^De complet, § IV.)
lictum de completorio^ ajoute ici le pieux et
irdinal, jam iacendum et quiescendum est.
utem summe et perfecte quiescere^ a Creato-
lude nunqiiam cessare. » A son exemple, en
t ce que nous avions à dire des compiles,
prêterons pas non plus notre travail, et nous
erons à la gloire de Dieu, étudiant mainte-
divers éléments qui composent les heures
s.
SECTION lU.
\ ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
(Rub. gen. Brev. Tit. xix-xixvi.)
îque générale du bréviaire, après avoir parlé
Qc des heures canoniales, s'occupe des élé-
i les composent, depuis le Pater et l'invita-
[u'aux antiennes finales de la sainte Vierge,
mi, ces éléments, les uns sont communs à
heures, et les autres, particuliers à quel-
d'entre elles; delà, deux divisions générales
feront intervertir, il est vrai, l'ordre assigné
ubrique, mais, d'où s'ensuivra pour notre
is de suite et de clarté.
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LE a PATER » ET L'«AVE ». «29
CHAPITRE I.
DES ÉLÉMENTS COMMUNS A TOUTES LES HEURES
CANONIALES.
Ce sont : le Pater et YAve^ — les invocations qui
commencent et terminent les heures, — les hymnes,
— les antiennes, — les psaumes, — les versets pro-
prement dits, — les capitules — et Toraison.
Article I. Le Pater et rAve.
Voici d'abord ce que dit la rubrique sous le titre
XXXII, après quoi nous entrerons dans quelques dé-
tails sur l'une et l'autre de ces prières.
« i. L'Oraison dominicale Pater noster, et la Salutation
angéiique Ave Maria, se disent toujours à voix basse
avant toutes les heures, excepté à compiles, au commen-
cement desquelles, après la leçon brève et le verset Adju-
torïum nostrum, on ne dit que Paternoster également à voix
basse. A la fin de compiles, aussitôt après Toraison de la
Sainte Vierge, on dit Pater noster, Ave Maria, et Credo, le
tout encore à voix basse. A la fin des heures et après le
verset Fidelîum animas, on dit de même à voix basse le Pa^^r
noster seulement, à moins qu'on ne récite aussitôt après ,
l'office de la Sainte Vierge, car alors, c'est à la fin de cet
office que se dit le Pater noster comme ci-dessus, à moins
aussi qu'une autre heure ne vienne à la suite. On dit alors
dans ce dernier cas, une fois seulement le Pater noster avec
VAve Manna, au commencement de l'heure suivante, et
quand elle est finie, le Pater noster, en sorte qu'on le ré-
cite toujours à la fin de la dernière heuer. Si les vêpres
sont immédiatement suivies de compiles, après le Fïdelium
animae, on commence le verset Juhe, Domne, benedicere.
« )t. Quand, à la fin de l'oraison dominicale, on doit
prononcer à haute voix ces mots : Et ne nos inducas, il
faut, au commencement, prononcer de la même manière,
Pater noster \ par exemple, aux Prières et autres cas ana-
logues. Ailleurs, on ne les dit jamais à haute voix, mais
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430 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
à voix basse en entier. A laudes et à vêpres, lorsqu'à l'office
de la fé ie, on récite les prières, le tout se dit à haute voix
par J'ofticiant.
« 3. On dit toujours la Silutation angélique avant l'office
de la Sainte Vierge, quand il n'est pas joint à un autre
office du Seigneur, car, dans ce dernier cas, il suffit de l'a-
voir récitée au commencement avec l'Oraison dominicale. »
§ I. — LE Pater ou l'oraison dominicale.
Le Pater, au commencemoat des heures canoniales,
n'est obligatoire que depuis saint Pie V. On le disait
cependant déjà dans les ordres monastiques, el au
moins dès le xiii' siècle : « Dimisso officiisigno, lisons-
nous, en eJBfet, dans les Us de Citeaux, orationem su-
per misericordias faciant, id est, Pater noster et Credo
in Deum^ antequam versiim « Deus in adjutorium » de^
cantent. » (c. 68«.) Durand de Mende en parlait de
son temps comme d'une coutume louable : « Ideo lau-
dabili consuetudine inductum est ut sacerdos, ante ca-
nonicarum horarum initia et in fine, dominicain Ora-
tionem,submissâ voce, praemittat. » (lib. V, c. ii, 6.) L'u-
sage n'était pas antérieur au xiu* siècle, puisque les
règles monastiques des x% xi* et xu* siècles, dont
l'office divin servait de modèle à celui des prêtres sé-
culiers, n'en disent rien; saint Benoit n'eu fait pas
mention non plus dans sa règle. Le Pater, au com-
mencement de l'office fut introduit peu à peu par la
dévotion des religieux et des fidèles, qui récitaient
alors cette prière en silence et en leur particulier,
comme préparation. De là est venue la rubrique de ne
le réciter encore aujourd'hui qu'à voix basse.
Le Pater est maintenant obligatoire, et depuis saint
Pie V, avons-nous dit: « Oratio Dominica, Pater nos-
ter, semper dicitur secreto ante omnes Horas, prêter-
guam ad completorium.* {n, 1. Rub.) Les complies, il
est vrai, commencent par la leçon brève, mais le
Pater ne s'y trouve pas moins peu après.
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LE « PATER ». 431
Rien n'était plus convenable que de commencer
ainsi les heures canoniales par le Pater, dont elles ne
sont, pour ainsi dire, que le commentaire. Cette ad-
mirable prière, d'après le cardinal Bona, dispose aussi
notre âme à célébrer avec plus de recueillement et de
ferveur, les louaoges de Dieu : « Et apte quidem ab
hac orationeinitiumsumitur officiorum^ ut y abactis ejus
virtute musais morientibus, mens tranquillior facta
ad pangendas Dei laudes praeparetur et devotionis sua-
vitatem admittat. » (Div. Psalm. c. xvi, 1 1, De Oral.
Dom. n. 4.)
Le Pater est encore obligatoire à la fin des Heures.
Cet usage, devenu maintenant une loi, paraît plus an-
cien que le premier. Un Concile de Gironne en Espa-
gne, au VI» siècle, Pavait déjà consacré par un décret
qui se trouve dans le droit {De consecr. dist. V. Id
semper ), et Durand de Mende a pu dire qu'il appar-
tient à la primitive Eglise : « In primitive Ecclesiâ post
guamlibet Boram absque aliâ oratione^ dicebatur. »
(loc. cit.) Cette prière, en effet, devait conclure les
heures canoniales, comme en étant le résumé le plus
fidèle et le plus autorisé, a Par là aussi, dit le cardi-
nal Bona, nous empêchons que l'ennemi ne vienne
enlever de nos cœurs le bon grain de la parole divine
semé pendant la récitation de Toffice, et étouffer, par
lesfeux impurs de la concupiscence, l'esprit de ferveur
allumé par la prière. » (loc. cit.) « Id statutum^ avait
dit avant lui Durand de Mende, ne diabolus de corde
sacerdotis rapiat^ si quid boni ibi seminatum est. »
(loc. cit.)
Le Pater seul termine ainsi chacune des heures,
sans Ave, ni Credo, si ce n'est à la fin des compiles.
Il est omis quand on passe immédiatement d'une
heure à une autre, excepté encore aux compiles, qui
seraient suivies des matines du lendemain; les com-
piles se terminent toujours de la même manière, par
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132 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
le Pater, suivi de VAve et du Credo , parce qu'avec
elles finit Tofflce du jour.
Le Pater serait encore omis à la fin d'une heure,
les complies toujours exceptées, qui serait immédiate-
ment suivie de l'office de la sainte Vierge ou des
morts, des Psaumes de la pénitence ou des litanies
des saints. Mais on ne l'omettrait pas dans le cas où
la messe suivrait, parce que celle-ci est tout à fait dis-
tincte de l'office divin.
Nous avons dit ailleurs que le Pater n'est pas obli-
gatoire, quand on s'arrête après un nocturne ou après
matines, parce que nous n'avons ici que les partiels
d'une même heure. C'est pourquoi, la nuit de Noël,
on ne le dit pas après matines, avant de commencer
la messe.
A la fin des heures, il se récite toujours à voix basse,
comme au commencement et pour le même motif,
c'est-à-dire pour nous rappeler qu'on ne le ditSait pas
alors autrefois: « C'est aussi, dit le cardinal Bona, pour
exprimer nos sentiments d'humilité devant Celui qui
scrute l'intérieur de nos âmes, et pour nous ensei-
gner que Dieu a moins pour agréable l'éclat et le son
de la voix, que la pureté intérieure et la componction
sincère du cœur. »
Le Pater se récite aussi dans le cours de l'office,
ainsi : à chaque nocturne, avant la première leçon ;
à prime, après Sancta Maria; et dans les prières
qui se disent quelquefois à laudes, à vêpres, aux
petites heures et à complies. Ce rit parait être aussi
ancien que les heures elles-mêmes; il est men-
tionné dans la règle de saint Benoit (Chap. xni),
qui se tait cependant sur la récitation du Pater au
( it et à la fin de l'office. De même que
1 inicale fut une des premières prières du
saint sacrifice, de même nous pouvons être certains
qu'elle fut un des premiers éléments du bréviaire.
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LE «PATER». <33
Cette prière, enseignée par le Seigneur lui-même, de-
vait résonner tout naturellement avec les psaumes
de David, parmi ces fidèles qui, selon le témoignage
de saint Justin, se réunissaient pour prier Dieu et
chanter la louange au Père, au Fils et au Saint Esprit
(Apolog. 1.); elle avait certainement sa place, et une
place d'honneur, dans l'office divin des premiers âges
qui, d'après saint Jérôme, consistait dans la, prière, la
psalmodie et la lecture de l'Ecriture sainte. (In vitâ
S, Hilarionis). i Le Pater, dit le cardinal Bona, résumé
cle la Psalmodie, devait suivre celle-ci, au milieu de
l'office : quia totius psalmodix brevem continet ana-
cephalœosim.» « Il nousTr appelle ainsi, disait saint Be-
noit, que nos actions et nos prières ne sauraient être
agréables à Dieu si nous avions de l'aversion pour nos
frères. » (Beg, c. 13.)
On en récite alors à haute voix tantôt la formule en-
tière et tantôt une partie seulement. Le premier mode
est suivi dans les grandes prières des laudes et des
vêpres: Ad laudes vero et advesperas, quando in fe-
riali officio dicuntur preces, totum dicitur clarâ voce
ab Bebdomadario. (Rub. gen.) Le second, dans les
autres endroits indiqués : Quando in fine orationis do-
minicœ proferendum est clarâ voce: Et ne nos indu-
cas.,, semper in principio eâdem voce proferuntur hxc
duo verba : Pater noster, ut in precibus et similibus.
(Rub. gen.) Le cardinal Bona nous donne la raison de
ce dernier rit : « C'est, dit-il, pour affirmer hautement
tous ensemble que nous acquiesçons aux demandes fai-
tes en silence par chacun, et que nous les oJBfrons tou-
tes à Dieu, les uns pour les autres: idque proptereafit,
ut palam ab omnibus communi consensu confirmetur
quod unusquique oravit sub silentio. » (Loc. cit.)
Les auteurs, et en grand nombre, ont commenté
l'oraison dominicale, dont le pieux cardinal dit avec
raison : nulla dignior, nulla utilior^ nulla efficacior.
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i34 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
Nous avons reproduit dans notre Explication de la
messe (T. II, p. 262 et suiv.) le commentaire qu'on en
faisait aux catéchumènes dès les premiers siècles de
TEglise, et qui est le plus ancien. En voici un autre que
nous a laissé saint Thomas dans sa Somme théologi-
que ; il est non moins concis et non moins énergique ^
« L'oraison dominicale t.3t la plus parfaite des
prières, car, comme dit saint Augustin dans sa lettre
à Proba, si nous prions comme il faut, nous ne pou-
vons dire ni demander autre ch(ise au fond, que ce
qui est renfermé dans celle-ci. La prière, en effet,
n'est que l'expression de nos désirs auprès de Dieu;
mais alors, nous ne pouvons raisonnablement de-
mander à Dieu que ce qu'il nous est permis de dési-
i. Saint Thomas d'Aquin (1227-1-274) s'est acquis un ûom im-
morlel oon seulement dans la théologie par sa Somme^ mais dans
la liturgie, par Poftice du Saint Sacrement et la Prose Lauda
Sion qu'il a composés. Nous avons aussi de lui un livre sur
la messe intitulé : Expositio missœ, — La fêle du saint Sacre-
ment venait d'être instituée par Urbain IV, en 1264, àJa suite
d'une révélation faite à sainte Julienne de Cologne. Il fallait
pour PEglise universelle, si heureuse de cet é\énement, un of-
fice qui répondît à la grandeur du sujet. Saiut Thomas (l'A(iuin
fut choisi pour le composer ; et on y retrouve partout le génie,
la méthode et le cœur du Prince de l'Ecole et du Docteur An-
gélique. Tout y est merveilleusement choisi ou conçu. Chacun
des répons de Matines a toujours deux sentences tirées de l'An-
cien et du Nouveau Testament, qui rendent ainsi témoignage
au grand mystère ; les hymnes y sont suaves, en même temps
que profondément théologiques ; Santeuil disait qu'il donnerait
voloutiers toutes ses poésies pour la seule strophe du Vtrbum
supernum :
Se nascens dédit socium,
Convescens in edulium,
Se moriens in pretium,
Se regnans dat in praemium.
Nous avons parlé du Lauda Sion au tome II, p. 135 et suiv.
Cette prose et Poftice du Saint Sacrement, l'un des plus
beaux de la Liturgie, ont fait dire de son auteur qu'iZ s'est
trouvé le poète le plus sublime du xm^ siècle.
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136 LBS ÉLfiMBNTS DBS HEURES CANONIALES.
crement, et le pain, la principale nourriture ; d'où
saint Mathieu a mis supersubstantialem qui veut
dire principal^ selon l'interprétation de saint Jérôme.
« Le second moyen qui nous conduit accidentellement
et indirectement à notre fin, consiste dans l'éloigne-
ment des obstacles. Il y en a trois qui peuvent s'oppo-
ser à notre bonheur éternel : le péché d'abord, qui
exclut directement du royaume des cieux, selon cette
parole de saint Paul aux Corinlh. vi : ni les fomica-
teurs,nile$ idolâtres.., ne posséderont le ciel; or, Té-
loignement du péché fait l'objet de la cinquième de-
mande : Dimitte nobis, débita nostra. La tentation qui
veut nous empêcher d'obéir à Dieu : nous demandons
précisément dans la sixième demande de ne pas y
succomber : Et ne nos inducas in tentationem ; nous
n'y demandons pas de n'avoir pas de tentations, mais
de n'être pas vaincus par elles. Enfin les pénalités de
la vie présente, entant que nuisibles à. la vie corpo-
relle, peuvent l'être à Toblention de notre fin : d'où
la septième demande : Libéra nos a malo. » (2* 2*®
q. 83, art. 9.)
Bossuet a donné une explication simple et familière
du Pater dans son Catéchisme de Meaux, et une autre
plus profonde et plus élevée dans ses Méditations sur
les Evangiles {Sermon sur la montagne, XXIP jour —
xxvii) ; sainte Thérèse l'a expliqué aussi pour les âmes
avancées dans les voies de l'oraison. {Chemin de la
perfection^ ch. xxvn — xui.) Tout le monde connaît
enfin la touchante paraphrase, appelée le Pater de la
Jardinière^ et composée au milieu du xvu* siècle, à
Paris, par une femme du peuple^
h. I. Notre Père qui êtes aux deux.
Que je suis heureuse, mon Dieu, de vous avoir pour Père,
et que j'ai de joie de songer que le ciel doit être un jour ma
demeure ! Faites-moi la grâce de ne point dégénérer de la qua-
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.ÉHENTS DES HEURES CANONIALES.
Qtpas Piniquité ; Adveniat regnum tuum,
BC soin ce qui peut faire plaisir à Pennemi
at voluntas tua, qui s'efforcent d'obéir à
ivine ; Panem nostrum quotidianum da
[ui ont renoncé au luxe et aux délices du
Itte nobis débita nostray(\m pardonnent à
nt offensés ; Et ne nos inducas in tentaiio-
'exposent pas eux-mêmes ni les autres à la
d libéra nos a malOy qui ont déclaré à Satan
éternelle. Ce n'est pas tant l'intelligence
)n de cette prière qui contribue à la gloire
la vie et les bonnes mœurs de celui qui la
',Ep. 24.)
§ IL — L'Ave Maria
LA SALUTATION ANGÉLIQUE.
na, comme on le sait, se compose : 1® des
mge: Ave^ gratia plena^ Dominus tecum^
in mulieribus (Luc. i, 28) ; 2° de celles
sabeth : Et benedictus fructus ventris tui.
de cette invocation de l'Eglise au Concile
rdon de tout mon cœur ; mais pour ceux qui
je leur pardonne ; je vous prie, mon Dieu, de
e bien que je me souhaite & moi-même.
[. Ne m'induisez point en tentation.
s voyez de combien d'ennemis je suis entourée,
mpossible, sans votre grâce, de ne point suc-
suggestions, je vous la demande de tout cœur.
VIII. Mais délivrez-nous du mal.
ade, ô mon Dieu, de me délivrer du plus grand
ux qui est le péché, qui seul, peut me l'aire
ce.
Ainsi soit'il.
ide, ô mon Dieu, par ce mot, l'accomplisse-
les demandes que je viens de faire. (Prières à
raisse Saint- Sulpice, deuxième partie. Le Pater
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L'«AVE MARIA ». i39
d'Ephèse: Sancta Maria^ Mater Dei^orapro nobis.
Le saint Concile voulut faire ainsi une réparation so-
lennelle à Marie pour les blasphèmes de Nestorius,
en insérant dans la prière le mot qui exprimait le
dogme proclama, Gcotoxo; '; 4* enfin, des paroles ap-
prouvées par TEglise : Nunc et in horâ mortis nostrx ;
celles-ci n'y furent ajoutées que vers le commencement
du XVI® siècle, puisqu'on ne les trouve, dit Grancolas,
dans aucun bréviaire avant Tannée 1 500 ; le premier qui
en ait fait mention est celui du Cardinal de Sainte-Croix
publié en 15352.
La salutation angélique ne fut ajoutée au commence-
\. « Marie, mère de Dieu, c'est la foi de tous les âges, la foi
1 de l'Orient et de l'Occident, la foi de tous les Pères et de tous
» les docteurs, depuis S Ambroise jusqu'à S. Bernard; l'écho
3» religieux des siècles répétant leurs hymnes et leurs cantiques
» en l'honneur de la Maternité divine. Un seul homme, limpie
» Nestorius, vient troubler ce concert universel. Il conteste à
» Marie le plus glorieux de ses privilèges ; l'Eglise entière fré-
» mit d'horreur à ce blasphème. Un concile est convoqué à
» Ephèse. L'ennemi aux portes de la ville y eût jeté moins
» d'alarmes que le péril d'une croyance si chère. Le peu-
» pie consterné attend dans le silence la décision de l'au-
» guste assemblée. Seulement on entend par intervalles ce cri
» de détresse : Conservez-nous Marie, Marie, Mère de Dieu.
» Bientôt le blasphémateur est confondu. Mille cris de joie
» frappent l'air. Chaque famille croit avoir retrouvé sa mère,
» en retrouvant celle de son Dieu. On dirait, à leurs transports,
» que Marie leur est donnée pour la première fois. Ce n'est
1 plus cette Ephèse idolâtre, qui se soulevait naguère en pous-
• sant des clameurs pour défendre le temple de sa grande Diane,
1 Le culte de l'innocence triomphe, là où avaient régné les dis-
> solutions du paganisme, et une Vierge céleste est assise sur
1 les autels que souillait une impure idole. > (Gard. Giraud,
Paraph, de la Salutation Angélique,)
2. Nous trouvons dans un livre de prières, de l'an 647, com-
posé par Sévère , patriarche d'Alexandrie, une formule d^Ave
Maria presque identique à la nôtre : « Pax tibi. Maria, plena
gratiâ; Dominus tecum; benedicta tu inter mulieres, et btnedtctus
fructus qui est in utero, Jésus Christfts, = Sancta Maria, Mater
Deif ora pro nobis, inquam^ peccatoribus. Amen, >
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s ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
Toffice que longtemps après le Pater ^ et seu-
lu xvi* siècle ; on ne la voit, en effet, dans au-
iaire avant cette époque ; le cardinal de Sainte-
Grancolas, est le premier qui Tait insérée dans
(De l'ofif. divin. Des prières partie. Patei\
do.) UAve Maria étant récité au commence-
s heures du petit office de la sainte Vierge,
ise disant tous les jours avant l'office canonial
1. III, cap. n), on ne croyait pas devoir l'a-
ce dernier. Mais saint Pie V ordonna de le
ind il eut supprimé l'obligation de réciter l'of-
sainte Vierge : on avait ainsi un vestige de la
B ancienne touchant ce dernier office, et le se-
Marie, dit le cardinal Bona, était imploré au
îementde chaque heure : Uthac brevi oratione
auxilium singulis horis imploremus. Le saint
iu emprunta le rit au bréviaire du cardinal
i-Croix, qu'il abolissait aussi par sa bulle.
se nous met ainsi devant les yeux, en Marie,
le parfait de l'union que nous devons avoir
mme-Dieu, en récitant l'office. Puissions-nous,
jLpression de saint Ambroise, être tout péné-
'esprit qui animait la Vierge incomparable,
le priait ! SU in singulis spiritiis Mariœ ut ma-
lominum t Demandons-lui donc, par cette invo
e vouloir bien suppléer à notre insuffisance,
itf ma commence avec le Pa^^ toutes les heu-
liales, moins celle decomplies, qui, en retour,
le par cette prière et a, de plus, une antienne
a Sainte Vierge. On ne le dit pas à la fin des
leures, en souvenir de l'ancien rit, où VAve
appartenait pas à l'office. On ne ledit pas non
s l'intervalle des heures, afin de mettre une
3 entre cette prière et le Pater, de beaucoup
uste et plus solennel,
ateurs chrétiens, les auteurs ascétiques ont
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L'« AVE MARIA ». i4i
aimé à paraphraser VAve Maria. Mentionnons ici sur-
tout le cardinal Giraud {Instruction pastor. Carême
1848. Paraphrase de la Salutation angélique t. IV) et
les belles pages de M. Nicolas. {La sainte Vierge^ ^ "
ch. I.) (( Nous ne pouvons rien offrir à Marie, de
gracieux, dit le cardinal Bona, que cette saluta
message pour elle de sa haute dignité, et comme
rore du salut et de tout TÉvangile. A ce mome
double rosée descendit du ciel sur la terre, qui ei
vint féconde et engendra le Sauveur. » [Div. Ps
c. xvi, I II. De angel. salut.) * « La Salutation A
» lique, dit M. Nicolas, est tout ensemble une
» fession de foi, une bénédiction et une invoca
» L'Ave est toujours annexé au Pater comme le
» de notre adoption et le fondement de notre
» fiance. » — « En effet, dit le B. Canisius, i
que, formés par le divin enseignement, les fidèl
sont déclarés enfants d'adoption par le Christ, et
pour appeler sur leurs têtes les vrais biens et en éc
les maux, ils ont prié le Père céleste, ils aiment à
cendre au souvenir sacré de cette Vierge qui en:
i. Rien n'est suaye comme le préambule du pieux Gai
à ce paragraphe de la Salutation angélique : <c Quoties st
fert occasio de laudibus intemeratse Virginis Deiparae disse
vellem profecto, ut melle purior meus diffiueret sermo, cum
eorporis mei membra verterentur in linguas, quitus, si m
meritis ipsius (quis enim hoc possity illo excepta cujus pc
non habet finem /), at saltem pro meo affectu^ clementissim
ginx prasrogativas œtemum duraturis praeconiis celebraren
quoniam peccatorum pondère pressus, rerumque labentium
coinquinatus, sublimioris sapientiœ illapsu indignissimm
jure cogor praefari veniam, et linguam fari gestientem ju
lentii repagulis cohibere, Dicent alii quibus serenior illun
lestis gratise radiuSy dicent uberius illibatœ virginis encorti
Angelicœ salutationis excellentiam copiosius explicabunt
autem tenuitatis mex consciusy qux ad meum facient insti
pauds expédiant. Constat hœc salutatio duabus partibus^
et petitione... »
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iHENTS DBS HEURES CANONIALES.
lédempteur, et qui a jeté dans le Christ
déments du salut humain. » {De Maria
ïne, 1. III, c. X.) — « Par sa fin (la 2*
ne M. Nicolas, la Salutation Angélique
se rattacher heureusement à l'Oraison
['accompagne admirablement. Dans cette
1, nous venons de prier nous-mêmes
Père céleste, et de lui remettre en quel-
placet ; quoi de plus naturel que de nous
aussitôt à la Très Sainte Vierge, pour
de l'appuyer, de suppléer à l'insuffî-
rières par les siennes, d'entrer dans nos
de plus naturel, dis-je, surtout après
î, dans toutes les paroles qui précèdent,
es de crédit de la sainte Vierge auprès
1 nous rappelant que nous ne sommes
^s pécheurs, qui ne saurions trop avoir
e notre indignité et de nos besoins, à
t de notre vie coupable, maintenant et à
-e mort, qui décidera éternellement de
3quel cette Vierge Sainte est devenue la
Chaque mot, chaque lettre, pour ainsi
imirable prière, considérée surtout dans
ec le Pater, a un sens, un goût, un trait
àce et de suave profondeur. On ne sau-
rer, dans toutes les parties qui sont ve-
îment la composer, l'harmonie logique
qui en fait comme une floraison du divin
a inspirées, pour leur faire porter dans
la redisent avec l'intelligence de la foi
i de l'amour, des fruits d'onction, de
. »
Maria, tel est le lien qui l'unit au Pater
liturgie et dans la pieuse pratique des
jre des plus agréables à Marie, nous di-
3t qui nous vaut bien des grâces : « Cette
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L'«AVE MARIA». 143
salutation, dit saint Alphonse de Liguori, plat
coup à la Très Sainte Vierge, puisqu'il sembL
lui renouvelle alors l'allégresse qu'elle ressent
que l'Ange Gabriel vint lui annoncer qu'elle
Mère de Dieu. Répétons-la donc souvent. Qui
salue Marie, sera aussi salué par elle, qui lui ré
en lui obtenant quelque grâce. Quand on récil
Maria^ le ciel s'en réjouit, l'enfer en frémit, le
s'enfuit. » {JLes gloires de Marie. De l'Ave i
« Je donnerais tojs mes ouvrages, disait î
» pour le mérite d'un Ave Maria bien récité. » -
terminerons enfin par celte page de Lacordai
de celles qui effacent toutes les autres, dit M. N
(c Lorsque l'archange Gabriel fut envoyé de Di
bienheureuse Vierge Marie, pour lui annoncer :
tère de l'Incarnation du Fils de Dieu dans son
sein, il la salua en ces termes : « Je vous salue,
de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtei
entre toutes les femmes. » Ces paroles, les plu
reuses qu'aucune créature ait entendues, se son
tées d'âge en âge sur les lèvres des chrétiens ;
fond de cette vallée de larmes, ils ne cessent de
à la Mère de leur Dieu : « Je vous salue, Marie
hiérarchies du ciel avaient député un de leurs
l'humble fille de David pour lui adresser cette gl(
Salutation; et mainteaant qu'elle est assise au
des Anges et de tous les chœurs célestes, le g^t
main qui l'eut pour fille et pour sœur, lui i
d'ici-bas Ja salutation angélique : « Je vous
Marie. » Quand elle l'entendit pour la premiè
de la bouche de Gabriel, elle conçut aussitû
ses flancs très purs le Verbe de Dieu ; et main
chaque fois qu'une bouche humaine lui répète ce
qui furent le signal de sa Maternité, ses entrail]
meuvent au souvenir d'un ipoment qui n'eut p
semblable au ciel et sur la terre, et toute l'étei
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144 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
remplit du bonheur qu'elle ressent. ^ (Vie de saint
Dominique.)
Le Pater et VAve se disent debout au chœur. Cette
posture a paru plus convenable dans la louange pu-
blique et solennelle, à moins que celle-ci ne se trans-
forme en psalmodie, en lecture ou en récitatif, car alors
:i ^^^ permis de s'asseoir pour éviter la fatigue.
Article IL Invocations brèves
qui commencent ou terminent les heures.
sont de petits versets et répons dont les uns se
it au commencementdes heures canoniales, et les
3S à la fin.
I. — INVOCATIONS BRÈVES QUI COMMENCENT
LES HEURES CANONIALES.
»s voici : Domine, labia mea aperies...,, à matines;
^erte noSy Deus, salut aris nos ter...., k complies;
, in adjutorium meum intende... , Gloria Patri...,
^, Alléluia ou Laus tibi. Domine, Rex aeternœ
», à toutes les Heures. La plupart de ces pieuses
ules sont accompagnées d'un signe de croix, que
expliquerons aussi.
office ne commençait pas anciennement par ces
5S prières, mais par la psalmodie. C'est en souve-
e ce rit ancien que, les trois derniers jours de la
ine sainte, après le P«/er et l'^lt;^ et, à matines
prime, après le Credo, on passe immédiatement
itienne ou aux psaumes. Le deuil et la tristesse
ait choisir ces trois jours pour cette suppres-
: « Pendant un très long temps, dit Grancolas,
oines mêmes commençaient Toffice par la psal-
B, comme nous faisons encore les trois jours
t Pâques. » {De t office divin ^ m* titre.)
isieurs de ces prières se récitaient, dans les mo-
res en particulier et dès le réveil, avant d'aller à
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rCEMENT. U5
dans la règle
que chacun dc-
ies, et os mettra
annuntiabit laudem liiam, en guise d'antienne, et tout
le psaume lxw iDens, in adjutorium meum intende\
Domine ad adjuvatidum me festhm. en le faisant sui-
vre du Gloria Patri\ Le concile d'Aix-la-Chapelle, en
8i 6. faisait aux clercs la même obligation : w Nocturnis
horis cum ad opus divmum de lecto siirrcxerit clericuSy
primum signurn sibi sanctœ Crucis impoiiat per i/tvo-
cationem sanctœ Trinitatis ; deindè dicat vcrsum : Z)o-
m^ine^labiamea aperies.., Deiis^ in adjutorium menm
intende... iotum cum Gloria Patri^ et ad oratorium fes*
tinet. » On récita peu à peu ces prières au commence-
ment de l'office, dont elles furent ainsi comme une pré-
paration en commun; mais on le3 abiégea pour ne
pas prolonger l'office, ne réservant du psaume lxix"
que le premier verset: Deus in adjutorium,,.
Nous ne saurions dire quand eut lieu ce chargement.
Ce ne fut pas partout à la même époque, ni de la même
manière. Amalaire, au neuvième siècle, nous parle déjà
du verset Llomine^ labia mea aperies^k matines : « Nous
commençons les nocturnes, dit-il, par le verset Domine^
labia... parce que, ayant fermé nos lèvres pendant la
nuit, nous prions le Seigneur de nous les ouvrir pour
chanter ses louanges. »(L. iv'c. 9.) Saint Benoît, au vi«
siècle, mentionne expressément dans sa règle le verset
Deus in adjutorium... comme devant commencer les
heures canoniales du jour : « /n primis semper diumis
Horis, dicatur versus : Deus in adjutorium meum in^
tende (c. 18) ; mais on n'en voit pas de trace avant
i. Saint Chrodegand, évèque de Metz, mort en 766, établit
pour ses chanoines et ses clercs, la vie commuoe et rédigea
dans ce but une règle célèbre, où Pon trouve beaucoup de
détails précieux pour l'histoire de la Liturgie. (Voir Darras,
Histoire de VEglisef T. 17, p. 340 : Régie de saint Chrodegand.)
T.n. 9
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146 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
saint Benoît, et le témoignage de Cassien sur la récita-
tion de ce verset par les moines plus anciens, ne se
rapporte pas à Toffice public, mais à la prière privée,
d'après le P. Lorin, jésuite d'une grande érudition.
(In Ps. 69.) Le verset Converte nos des compiles, fut
ajouté bien plus tard; Hjgues de Saint- Victor, au
xii® siècle, est un des premiers qui en parlent et en
expliquent le sens (Inspec, c. 3); et encore toutes les
Eglises ne l'avaient pas adopté à la fin du xviu® siè-
cle, d'après ces paroles du cardinal Bona : « In compte-
torio autem preeponitur ferè ab omnibus Ecclesiis Ps,
Lxxxiv versicuius: Converte nos, Deus... » Durand de
Mende, au xvi® siècle, explique déjà pourquoi ces dif-
férentes prières sont récitées au commencement des
heures. (Lib. V,c. 2, n. 7-9; 17-22.) Nous allons le faire
nous-même. Le chœur, durant ce temps, est tourné
vers l'autel, parce que nous implorons alors le secours
divin pour une action sainte et des plus importantes.
JX^ I. c Bomine, labia mea aperies >•
Cette prière se dit au commencement de matines,
et au moins depuis le ix* siècle. C'est le verset 17 du
Miserere mei Deus (Ps. l.) : Domine labia mea aperies
et os meum anmmtiabit laudem tuam. On l'appelait
anciennement : versus apertionis. Convaincus de no-
tre indignité et de notre impuissance, nous demandons
la grâce actuelle et la pureté de cœur, sans lesquelles
on ne saurait prier comme il faut et être agréable à Dieu.
Tel est le sens de ces mots : Domine, labia mea aperies^
d'après saint Augustin (Lib. VII, cap vni, contra
Pelag,) et saint Ambroise : « Cujus ergo labiaaperit Do-
minus hune peccati absolvitreatu. » [In Psalm. 50.) « Les
lèvres, dit le cardinal Bona, désignent surtout le
cœur, car elles ne sont pas moins l'expression de la
pensée que de l'amour : usus labiorum non tantum ad
eloquiumy sed etiam ad osculum^ est. »
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<^ DOMINE, LABU MEA APERIBS. » i47
Il faut prononcer ces paroles avec les sentiments du
roi David, si humble et si repentant, c'est-à-dire avec
humilité, confiauceet ferveur. Notre misère sans doute,
pourrait nous confondre, mais si l'Esprit de Notre-
Seigneur est en nous, notre louange et notre prière ne
seront autres que les accents de son cœur. « Songez,
écrivait le cardinal de BéruUe à ses filles du Carmel,
que vous faites cet office en union avec notre divin
Sauveur... Vous ne louez Dieu qu'à l'aide de ce divin
Adorateur, que dans l'esprit de cet Homme-Dieu,
que par la grâce et la vertu qui nous viennent de
cette source. Pensez-y bien et pensez-y souvent;
car cette pensée est fondamentale dans la vie chré-
tienne et parfaite. Vous ne seriez qu'un pur néant
devant la face de Dieu, si vous n'étiez membres de son
Fils, incorporés au Sauveur par sa grâce, vivifiés en
lui par son esprit, et ne faisant qu'un avec lui en l'u-
nité sacrée qu'il a avec son Père. Sans lui donc, et
sans les qualités que vous recevez de lui, vous n'êtes
rien, vous ne pouvez rien, et vous ne seriez pas di-
gnes de proférer les louanges divines. C'est cotte
vérité que vous professez eu commençant votre office
par ces paroles : Domine^ labia mea aperieSy et os
meum annuntiabit laudem ttiam, »
Nous faisons un signe de croix en disant : Domine^
labia mea aperies, pour commencer Toffice, par ce signe
sacré, comme toute action importante; et nous le fai-
sons sur la bouche, parce que notre louange s'adresse
à la Trinité tout entière, et que nous avons besoin de la
grâce méritée par la croix, pour être purifiés et pour
prier dignement. La pensée ne se porte-t- elle pas ici
vers l'ange qui purifia les lèvres du prophète avec un
charbon ardent? (Is. vi. 5 et seq.) Prions ce séraphin
et aussi notre ange, de vouloir bien purifier notre
prière, avant de la présenter à Dieu.
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148 LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
V^ 2. c BeuSy in adjutorium meum intende >.
C'est le premier verset du Ps. lxix. Cassien nous
apprend que les anciens moiues et solitaires aimaient
à le répéter; et il explique ensuite avec amour cette
invocation, qu'il appelle : formula pietatts, jugis ora-
tio. « Ce verset, dit-il, renferme tous les sentiments
que peut exprimer à Dieu la nature humaine; il con-
vient à tous les états ; il sert de bouclier contre tous
les traits ennemis. C'est, au milieu des dangers de
la vie, une invocation puissante au Çeigneur, l'hum-
ble aveu de notre impuissance, l'expression d'une
crainte vigilante et continuelle, le cri de notre fragi-
lité, l'accent d'une confiance absolue, l'assurance que
notre prière sera exaucée, que Dieu est toujours prêt
à nous secourir, que le secours nous viendra pour
l'heure présente. Celui, en effet, qui invoque ainsi son
protecteur, dit assez qu'il est certain de sa bienveil-
lante présence. Ce verset est plein d'amour pour le
Seigneur,decraintepourSatan,dedéfiance de soi-même
aumilieudes dangersqui nousentourent,6tnous recon-
naissons ne pouvoir être délivrés que par le divin dé-
fenseur. Ce verset est un rempart inexpugnable, une
impénétrable cuirasse, un bouclier des plus forts pour
ceux que les démons combattent. Ce verset salutaire,
nous devons toujours l'avoir sur les lèvres, et dans l'é-
preuve, pour en être d élivrés ou soulagés, et dans la pros-
périté, pour n'être pas les jouets de l'orgueil. Méditez
sans cesse en votre cœur ces paroles; ne cessez jamais
de les redire au Seigneur, dans vos courses, dans vos
travaux, dans les fonctions de votre ministère; n'en
perdez jamais le souvenir, même quand il vous faut
veiller aux besoins de la vie corporelle. « {Collât, X,
c. 9 et 10.)
Telles sont les belles pensées de Cassien sur cette
courte prière, dont nous ne saurions dire la prof on-
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« DEUS, IN ADJUTORIUM MEUM INTENDE. » 149
deur et la suavité. Méditons-en quelquefois les paroles
dans Toraison, et TEsprit-Saint nous la fera mieux
comprendre et goûter : Deus in adjutorium meum in-
tende ; Dominey ad adjuvandum me festina.
L'Eglise savait l'opportunité de cette invocation au
commencement des heures canoniales : « C'est surtout
quand nous voulons prier, dit le cardinal Bona, que
les démons redoublent d'efiforts : Tanio antem sollici-
tius divinum auxilium initio orationis invocandum est,
quanto acrius eo lempore invisibiles hosles conlra nos
certamen instituunt. » [loc. cit.) « Lorsque le signal est
doiiné d'emboucher la trompette spirituelle pour la
louange divine, dit saint Jean Climaque, les ennemis
invisibles accourent aussitôt. Les uns veulent nous
faire prolonger le sommeil, en nous insinuant que
nous arriverons assez à tenaps à l'office. Les autres,
une fois la prière commencée, assoupissent nos sens
par la somnolence; ceux-ci nous portent aux distrac-
tions extérieures, ceux-là nous fatiguent le corps. Ils
inspirent de mauvaises pensées, font prendre une pos-
ture molle et sensuelle, provoquent à rire, excitent
Pimpatience et l'ennui; la psalmodie, par leurs sug-
gessions malignes, est tantôt lente et tantôt précipi-
tée. » {Grad. 18.)
Le signe de la croix accompagne l'invocation, parce
qu'elle s'adresse^ la sainte Trinité, et que notre con-
fiance est dans la Croix du Sauveur.
Nous pourrions avec beaucoup de fruit réciter encore
cette prière au moment delà tentation, ou quand nous
sommes accablés par les épreuves et les difficultés de la
vie ; mais il faut le faire toujours avec un grand esprit de
foi. t Quand on a dit à Dieu: In adjntoritim meum in-
tende, dit saint François de Sales, s'imaginer qu'il
répond : Et vous, soyez attentif à ma présence et à
ma parole. » Nous lisons dans la vie du vén. Per-
boyre, digne enfant de saint Vincent de Paul, que.
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150 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
lorsqu'il disait ces paroles, c* était avec un sentiment
profond du besoin qu'il avait de l'assistance divine^
et avec d'ardentes aspiratiojis pour attirer la grâce du
ciel. » Saint Charles recommandait à ses prêtres de se
ranimer dans la ferveur en les récitant. {Sa vie.)
N<> 8. La Doxologie Gloria Patri.
La première partie : Gloria Patri et Filio et Spiritui
Sancto, serait de tradition apostolique, malgré le té-
moignage de Walafrid Strabon, qui l'attribue au con-
cile de Nicée. {De reb. eccl. c. 25.) Saint Basile, en
effet, dans son Livre sur le Saint-Esprit, àïi que cette
prière était déjà récitée par les anciens : Quod a Ma-
joribus nostris dictum est^ et nos dicimus^ et les textes
qu'il apporte en preuve, la font remonter jusqu'au
Pape saint Clément, jusqu'aux apôtres ^ La même
\, Saint Clément, Pape (67-76), premier écrivain de PE-
glise, en serait aussi le plus ancien liturgiste s*ii était Pauteur
dos Constitutions apostoliques. Mais la criti jue ne permet pas
de lui attribuer ce monument important. Il n'a pas moins
miriLé de la liturgie par Pinstitution de Sf'pt Notaires, chargés
de recueillir dans la ville de Rome les actes des martyrs, les
dates de leur mort et los épitaplïes de leurs tombeaux : docu-
ments précieux qui furent les premiers éléments du martyro-
loge, de nos calendriers, et des légendes du bréviaire.
Le nom de ce grand pape, contemporain de saint Pierre,
nous rappelle ici ce que la liturgie doit aux Pontifes Romains
des trois premiers siècles. Ces détails, donnés par le Liber Bon-
tificalis et le bréviaire romain, ne manquent pas d intérêt.
Saint Lin (66-67) ordonna que les femmes n'entreraient
dans Pé.i?lise que la tête voilée.
Saint Clément (67 76). Nous en avons parlé plus haut.
Saint Clet (77-83) divisa Rome en vingt-cinq églises parois-
siales, où l'on administrait le Baptême et la Pénitence aux païens
convertis.
Saint \naclet (83-96) construisit le tombeau de saint Pierre
et fixa la sépulture des pontifes romains : « LEvêque, offrant le
saint Sacrifice, écrivait-il, doit avoir ses témoins, et en plus
grand nombre que les Prêtres; aux jours solennels, qu'il ait
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LA D0X0L06IB GLORIA PATRL I5i
thèse est établie par Baronius. {Ann. 371^ n. 71 et
seq.) Le concile de Nicée ajouta seulement la seconde
partie : Sicut erat in principio, et nunc et semper^ et
donc à ses côtés sept, cinq ou trois diacres ; en avant et en
arrière, se tiendront les sous-diacres et les autres ministres,
revêtus des ornements sacrés. Formant cercle à droite et à
gauche, les prêtres seront debout, le visage modestement
baissé, dans l'attitude de l'humilité et du recueillement. Ils
seront la garde de l'Evêque contre les projets malveillants, et
s'uniront au Sacriûce. Après la Consécration, tous recevront
l'Eucharistie, et ceux qui s'y refuseraient seraient écartés du
sanctuaire. Telle est la discipline que nous ont laissée les apô-
tres, et que l'Eglise romaine a conservée. » (Epist, \. c. IL)
Saint Evariste (96-108) détermina d'une manière définitive
les vingt-cinq paroisses romaines, et régla que l'Evêque, en
prêchant, serait aussi assisté de sept diacres.
Saint Alexandre (1 08- H 7) défendit d'ajouter autre chose que
le pain et le vin aux offrandes apportées à l'autel par les fi-
dèles ; il fit le précepte formel du mélange mystérieux dans le
calice à la messe, ajouta au Canon ces paroles: qui pridie quam
pateretuTy et ordonna de conserver toujours dans l'église l'eau
bénite mêlée de sel, en exhortant les chrétiens d'en emporter
chez eux et de s'en servir contre les démons.
Saint Sixte I (117-127), décréta que les vases sacrés ne pour-
raient être touchés que par les clercs, et que le peuple s'uni-
rait au Prêtre pour chanter le Sanctus à la messe.
Saint Télesphore (127-138); (voir t. II, p. iOl, not. 1.)
Ssint Pie I ( 142-150), dans ses lettres dont Baronius dit
qu'elles sont toutes d'or, ordonne de célébrer partout la fête
de P&ques, le dimanche, comme on le faisait à Rome, parle du
Colobium (la Tunique), comme un insigne alors de l'épiscopat
(voir t. I, p. 396), et recommande d'honorer les saintes Re-
liques.
Saint Anicet (150-161) défend aux clercs de nourrir et de soi-
gner leur chevelure.
Saint Soter (162-170) prescrivit à tous de communier le Jeudi-
Saint, à moins qu'on n'en fût indigne ; il défendit aux vierges
consacrées à Dieu de toucher les linges sacrés, et de porter
ou d'entretenir Pencensoir dans l'assemblée des fidèles.
Saint Victor (185-197) publia une constitution solennelle pour
que la fête de Pâques fût partout célébrée U dimancl»e, et dé-
créta que, dans le cas de nécessité, on pouvait conférer le Baptême
avec toute espèce d'eau naturelle.
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152 LIS ÉLÉMBNTS DES HEURES CANONIALES.
in sœcula sœculorum ; ce fut pour mieux affirmer con-
tre Ârius la consubstanlialité du Verbe. Le fait est
rappelé par le premier concile de Vaison (337), qui
fit le décret suivant : « Quia non solum in Sede Apos-
tolicâ, sed etiamper tottim ofienlem et totam Africam
vel Italiam, pr opter hœreticorum astutiam quâ Dei
m non semper cum Pâtre fuisse^ sed a tempore
se, blasphémant y in omnibus ciausulis post Gloria
...^Sicut erat in principio et nunc et semper^ et in
asadculornm. Amen, dicitur^ etiam nos in univer-
:clesiis nostris hoc ita dicendum essedecernimus. »
doxologie, ainsi toujours en usage dans l'Eglise,
t récitée que plus tard, à la fia des psaumes ; on
sait déjà cependant dès le vi« et le v® siècle. Le
Vigile nous le dit positivement pour le vi*: in fine
ïi Zéphjrin (197-!Î17) statua que les Ordinations devaient
e en présence du clergé et des fidèles ; que les ministres
îurs porteraient les oblations aux prêtres sur des patènes
re ; que PËvêque, en célébrant la messe, serait assii>té
us les Prêtres, rangés autour de lui ; que ceux-ci rece-
t de sa main la Couronne consacrée (la sainte hostie), et
es ravoir reçue, ils la distribueraient au peuple.
it Callixtel (2 17-222) porta à quatre par an les jeûnes dusa-
jusque là au nombre de trois seulement. C'était le jeûne
titre-Temps déûnitivement institué.
it Urbain I (222-230) aurait commencé Tusage des vases
en argent, mais sans porter de décret sur ce poiut;
t lui-môme vingt-cinq patènes de ce métal à différentes
( de Rome.
it Etienne I (254-260) défend aux prêtres et aux diacres
ervir & l'autel de leurs vêtements ordinaires; il en veut
s somptueux ou de plus convenables, quoique la forme
môme que celle des vêtements laïques. (T. I, p. 308.)
\i Félix I (269-274) rend désormais obligatoire la célé-
n du saint sacrifice sur un autel qui ait des reliques.
it Ëutvchien (275-283) veut qu'on enveloppe les corps des
rs dans de riches étoffes.
it Gaïus enfin (283-295) nomme tous les Ordres, depuis
erioce et l'Ë.ûscopat jusqu'à celui de Portier, dans un
qui défend les Ordinations per saltum.
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LA D0X0L06IB GLORIA PATRI. 153
omnium psalmorum dici ab omnibus ex more Gloria
Palri (Ep. i); et un concile de Narbonne, en 589,
l'ordonnait expressément. Mais Cassien au v® siècle,
nous assure que cette pratique existait déjà chez les
occidentaux. (L. I. Inst. c. 8.) C'est le Pape saint Da-
mase qui, d'après le bréviaire romain, aurait intro-
duit ce rit : Statuit ut in fine cujusque psalmi dice-
retur Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto,
Le Psaume txix® une fois retrai ché comme prépa-
ration à l'office, on n'en retint plus que le premier
verset, ,Z)é:w5, iriadjutorium et la conclusion : Gloria
Patri-, de là, cette doxologie au commencement des
heures ; elle y est donc aussi ancienne que les autres
versets : Domine^ labia mea,,. et Deus^ in adjutorium
meumintendc...
« Nous devons réciter et chanter avec tout le res-
pect possible, dit le cardinal Bona, cet hymne de gloire
composé par les apôtres, augmenté par les Pères de
Nicée, et reçu de l'Eglise entière ; ceux qui le récite-
raient sans attention, sembleraient plutôt blasphémer
que glorifier le Seigneur. »
Le pieux et savant Gerson a composé tout un traité
moral et mystique sur le Gloria Patri. (Pars 3. Ana-
gogicum de Verbo et hymno Gloina in excelsis Deo
Patri et Filio et Spiritui Sancto,) « Etudiez le Gloria
Patri, disait saint François d'Assise à l'un de ses frè-
res, vous y trouverez toute la substance des Ecritu-
res. »
Nous souhaitons dans ce verset que la sainte Tri-
nité reçoive sur la terre, comme au ciel, la gloire qui
lui est due, par l'adoration, l'obéissance et l'amour.
« Mais n'oublions pas, dit le cardinal Bona, de rendre
nous-mêmes, avant tout, gloire à Dieu par nos senti-
ments intérieurs et notre conduite. » — « Lorsque en
effet, dit saint Jean Chrysostiîme, nous chantons les
louanges de Dieu sans que notre vie soit conforme à
T. II. 9.
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454 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
sa loi, nous le déshonorons au lieu de contribuer à sa
gloire. » Saint Grégoire VII, légat alors du Saint-Siège,
voulant convaincre de simonie un prélat qui avait
corrompu ses juges, lui ordonna de réciter le Gloria
Patrij mais celui-ci ne put jamais prononcer le nom
du Saint-Esprit que son péché offensait plus direc-
tement; il confessa aussitôt sa faute, et acheva la
Doxologie.
N« 4. L' c Amen ».
Nous avons déjà parlé de ce mot hébreu qui revient
si souvent dans la liturgie sacrée et dans nos prières.
(T. II, p. 112 et suiv.) C'est à la fois une assertion,
un souhait, ou un acquiescement au sujet de ce qui
vient d'être dit : lia est, lia fiât ; // en est ainsi, quil
en soit ainsi! On doit le réciter avec une foi vive et
une pleine confiance, avec toute l'ardeur du zèle et du
saint amour.
« Amen! ainsi soit-il ! s'écrie le cardinal Giraud, en
terminant sa belle paraphrase de VAve Maria^ c'est
par ce vœu que l'Eglise couronne toutes ses prières, et
les marque comme d'un dernier sceau et d'une su-
prême consécration... Amen! c'est la formule abrégée
de toute adoration et de toute action de grâces. —
Amen! c'est le vœu de l'espérance; nous le formulons
ici bas dans les amertumes de l'exil. — Amen ! c'est
le vœu de la possession et de la jouissance elle-même ;
les saints le répètent devant le trône de l'Agneau,
dans le ravissement de la joie et l'extase du bonheur.
— Amen! acte de foi, c'est l'adhésion de l'esprit à
toutes les vérités renfermées dans la prière. — Amen!
acte d'amour, c'est la sympathie du cœur à tous les
sentiments, à toutes les affections qu'elle exprime. —
Amen! acte d'obéissance, c'est l'acceptation par la
volonté de tous les désirs qu'elle nous rappelle. »
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L'«ALLBLUU». 155
N« 5. L' « AUeluia >.
On ajoute encore au commencement des heures,
Alléluia. Il est remplacé, de la septuagésime à Pâ-
ques, par ces mots : Laus tibi Domine^ Rex œternas
gloriœ, (Voir t. II, p.# 139 et suiv.) Ce cantique de
louange et de joie résonnait sur la harpe de David {Ps.
civ), et dans le temple de Jérusalem {Tob, xni, 22) ;
saint Jean Tentendit au' sein de l'Eglise triom-
phante. {Apoc. XIX, 1.) Ne devait-il pas résonner aussi
au sein de l'Eglise d'ici-bas, dans ses temples sacrés,
sur les lèvres de ceux à qui est confiée la prière ^uhM-
qa^'^U Alléluia a sa place dans le sacrifice £'wc«m-
tique-, on le retrouvera dans l'office divin, qui est aussi
le sacrifice de louanges et d'action de grâces. Mais cette
exhortation vive et pressante des anges et des saints
entre eux, alléluia, « Louez Dieu », devait marquer le
commencement des heures ; ainsi les ministres sacrés
s'exhortent mutuellement à louer le Seigneur, et invi-
tent toutes les créatures à le faire comme eux.
Dès qu'on eut désigné les prières que nous expli-
quons, comme introduction aux heures canoniales,
V Alléluia y fut ajouté. Saint Benoit consacre, en effet,
dans sa règle, un chapitre tout entier, le quiuzième,
à déterminer le temps où l'on devra le chanter pen-
dant le saint office; il dit expressément qu'il faut le
faire aux nocturnes et à toutes les heures, les vêpres
exceptées. Le saint fondateur exclut ici les laudes et
les vêpres, parce que ces deux heures canoniales,
spécialement consacrées à la louange, sont comme un
alléluia continu. Nous apprenons par Cassien, par
saint Isidore de Séville et d'autres auteurs, que les psau-
mes se terminaient tous par le Gloria Patri et V Allé-
luia; il était dès lors naturel d'ajouter ce dernier au
commencement des heures, quand on y récita le pre-
mier verset du Ps. lxix, et sa doxologie. « On sup-
prima tout le Ps. Deus^ in adjutoritmi, dit Grancolas,
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150 LRS ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
mais on a retenu le premier verset, et le dernier,
Gloria Patrie ainsi que Valleluia qui se disaient au-
trefois à la fin de chaque psaume. » — « Post Gloria
Patrie disait auxui* siècle Durand de Mende, en parlant
du commencement de l'office, 5?/ A/VciVwr Alléluia. »
Ta mot, nous Tavons dit ailleurs, nous vient de
halleloH'iah^ Louez Dieu *. Il dit plus que
Deurriy à cause de l'empressement et de la
1 ne peut rendre dans la traduction ; c'est
lEglise Ta conservé dans son idiome, pour
li enlever de son énergie : « Deo Alleluiay
rdinal Bona, habet acclamationem^ et ju-
rxhortationem ad laudes Dei concinendas^
uno latino vocabulo sufficienter exprimi ne-
ajores nostj'i primitivam Hebraici idiomatis
turam retinuerunt. m (loc cit.)
"éloge (ju'en font les auteurs. L'abbé Ru-
V Alléluia est plein de mystères; il nous
la Jérusalem céleste ; il est tombé comme
ce rosée dans le cœur des patriarches et
iète«;, et le Saint-Esprit en a répandu tous
les sur les lèvres apostoliques. Il nous rap-
banquet (fternel des anges et des saints qui
louer Dieu sans cesse, et à célébrer le bon-
it-on que Duranti (L. II, D. de lit. Eccles. c. 20)
lu fj^rec ce mot alléluia ? « f^on possum non irasci^
losano prœsidi Duranto, dit ici Bona. Saiat Anselme
ér^ (lii cap, XIX Apoc.) pensait que V Alléluia n'ap-
L aucuue langue de la terre, mais à celle des Anges :
îiiC(jre ici Boua, sed omnis homo aliquid humauum
\uandoque bonus dormital homerus. »
*ôuie explique ainsi ce mot : Allé, cantate — /u, lau-
ad domtnum ; et samt Augustin : A/, salvum — le,
fac. Notre explication est la seule vraie. Les auteurs
âge ont souvent inter^rét^ ce mot d'une manière in-
tans s'occuper de l'et^mologie. Ainsi Pierre d'Au-
i autres : A/, Altissimus — le, levât us est in cruce —
/ ApostoU — iayjam surrexit.
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L*«ALLKLUIA». 457
heur toujours nouveau de leur vision béatiflque. »
{De div. offic. 1. I, c. 35.) — Le vén. Bède : « L'E-
glise a bien fait, de nous faire chanter partout le mot
hébreu lui-même, puisqu'il convie à la joie les fidèles
réunis dans une même foi et un même amour, et
qu'il excite leurs désirs vers cette patrie céleste où
il n'y a pas diversité de langage. » (Hom. in Dom,
Ascem.) — Amalaire : « UAlleiuia^ c'est la louange
du Seigneur et l'éternele joie des élus. » (L. 111, c. 13.)
— S. Isidore : « U Alléluia résonne au ciel et sur la
terre; là-haut, sans interruption, au sein d'une joie
parfaite, d'une manière ineffable, sans modules sen-
sibles, car c'est le cantique des anges; il résonne
ici-bas d'une man.ère suave et dans un concert una-
nime de sons joyeux, mais du sein de l'exil, car
le peuple chrétien le chante. » (Brev. Mozarab.) —
S. Augustin : « UAlleluia, mais ce sera notre conti-
nuelle et douce occupation dans les cieux... c'est pour-
quoi chantons-le dignement sur la terre, pour mériter
de le chanter éternellement. Notre nourriture au ciel
sera Alléluia; noire repos dans l'activité. Alléluia;
notre bonheur, i4//e/w/a, c'est-à-dire, toujours louange
au Seigneur. »(In Ps. 83. — Serm. 7. de duab. pisca-
tion.) — S. Paulin « Les vieillards, aiment à mêler
leurs voix à celle de l'assemblée, dans le saint of-
fice, et tout le bercail retentit de ce cantique toujours
nouveau Alléluia * ». — Enfin Sidoine Apollinaire :
« Les rameurs eux-mêmes, fout retentir les rivages,
en l'honneur du Christ, du chant joyeux de V Allé-
luia^ en frappant les eaux en cadence ^ ».
\, Hinc senior socîœ congaudet lurba catervae.
Alléluia no vis balat ovile choris. (Kp. 18.)
2. Gurvorum hinc chorus helciariorum,
CoDcinenlibus Alkluia ripis,
Ad Cbrislum lovât amicum celeusma. (L. n. Ëp. i2.)
(Celeusmay du grec xiXcv^fta, cris des matelots pour s'exciler
au travail.)
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458 LES ÉLâMENTS DBS HEURES CANONIALES.
"^ — >elons-nous encore ici les pressantes paroles
t Augustin : « Nous vous exhortons, mes frè-
-il, à chanter V Alléluia pour louer le Sei-
Mais faites-le de tout votre cœur, pour que
uange ne soit pas seulement dans la voix et sur
res, mais surtout dans votre âme, dans votre
as toutes vos actions. Nous chantons V Alléluia
église quand nous y sommes assemblées, et il
que là s'arrête notre louange au Seigneur. Mais
toujours chrétiennement, et notre louange
s continuera; car, si notre langue se tait pour
ra, notre vie entière le redira aux oreilles de
ui sauront entendre les cris du cœur. Donc,
res, que notre louange ne consiste pas seulement
( son des paroles, mais que tout en nous la
et la voix, et les actes, et la vie tout entière :
fratres, non tantum ad sonum attendue ; cum
? Deum, toti laudate; caniet vita, cantent fada. »
6 inter 50.)
iracle est venu quelquefois nous montrer com-
lleluia est agréable au Seigneur. Saint Germain
j, nous dit saint Fortunat de Poitiers son his-
éteignit un grand incendie au chant de ce can-
5aint Germain d'Auxerre, en faisant chanter
fa, mit en déroute l'armée des Saxons qui me-
BS Anglais, en Bretagne. Une voix mystérieuse,
)ort de Sozomène, entonna V Alléluia dans le
ie Sérapis, à Alexandrie, pour annoncer qu'il
îtruit, et remplacé par un temple au vrai Dieu :
ustifia l'événement. (L. VII, c. 20.)
e V Alléluia de la terre, si souvent répété par
•.es et nos cœurs, être pour nous le prélude de
a éternel ! Heureux ce fervent et jeune lévite
massacré par les ariens, nous dit le Martyro-
moment où il le chantait au chœur !
Septuagésime à Pâques, Y Alléluia est rem-
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L* «ALLELUIA ». 15'i
placé au commencement des heures par ces mots :
Laits tibzy Domine, Rex œterrm gloriœ ; c'est le même
sens, mais non la même expression d'allégresse; celle-
ci ne convenait pas aux jours de pénitence.
Alexandre II, d'après Honorius d'Autun (L. VI) et
Gavantus, fit un décret sur ce dernier point, en 1073.
Mais le changement de V Alléluia et son interruption
à Toffice et à la messe, durant ce temps, avaient déjà
lieu bien avant le xi« siècle ; on croit cette pratique
aussi ancienne que le rit de 1*^4 //e/wm lui-même et que
la distinction des divers temps liturgiques. Saint Banoit
au vi* siècle (Reg. 15) et saint Isidore de Séville au vn«
{de div. off. 1. I, c. 13) nous en parlaient déjà, el ce
dernier, comme étant observée depuis longtemps dans
l'Eglise d'Espagne. Alcuin, à la fin du viu* siècle, dit
expressément que, depuis la Septuagésime, on dit en
latin : Laus tibi. Domine, au lieu de V Alléluia hébraï-
que « parce que la langue latine est d'une dignité moin-
dre que celle des Hébreux, et que les sentiments d'humi-
lité conviennent mieux alors qu'en tout autre temps. »
(C. de Sepluages,). Saint Yves de Chartres et l'abbé
Rupert au xn® siècle, en donnaient une raison plus
acceptable: a V Alléluia, disait le premier, signifie la
gloire du ciel, et le temps de la Septuagésime est con-
sacré à la pénitence et au deuil. » {De Sacram, dedic).
— « Par un sentiment d'ordre et de convenance, dit le
second, V Alléluia est banni alors de nos lèvres, parce
que ce temps-là signifie l'état du peuple juif que le
Christ n'avait pas racheté encore, et notre long et pé-
nible pèlerinage ici-bas. » (L. IV, c. 5.)
V Alléluia, pour le même motif, est retranché à la
messe et aux offices des défunts. Il n'en fut pas toujours
ainsi cependant, parce que la mort, aux yeux de la foi,
peut être considérée comme une délivrance, et le com-
mencement d une vie meilleure. Ainsi saint Jér ^me nous
apprend qu'aux obsèques de Fabiola, les voûtes sacrées
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460 LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
retentissaient du chant de ri4//^/w/a et des psaumes
il en fut de môme à cell^js de sainte Rade-
s dit Baronius. (Ann. 590, n. 49.)
il mozarabique n'exclut pas des offices fu-
lleluia; la Messe des Morts y commence
its: Tu es portio mea^ Domine^ alléluia^ in
tium, alleiuia, alléluia. Le môme rit est en-
é chez les Grecs.
N. 6* « Couverte nos ».
ière heure de l'office divin, matines, com-
>ar une prière spéciale qui lui sert d'ia-
: Domine, labia mea aperies, la dernière,
aura aussi la sienne : Couverte nos, Deus,
losier, — Et averte iram iuam a nobis.
5.) Hugues de Saint-Victor (xi® siècle) men-
jà ce verset pour le commencement des com-
spec. c. 3.) Durand de Mende en donne
;Son: « Nous pouvons pécher de trois ma-
;-il, par le cœur, la parole et l'action,
matines nous fait demander le pardon pour
lis discours; le Deus in adjutorium, pour
léfendus, et le Couverte nos, pour les affec-
ibles : « Tribus diversis modis horœ inchoan-
et.., Completoj'ium pcr Couverte nos, con^
nm cordis. » (L. V, c. 2, 4, 8.) L'auteur,
ir cette prière, ajoute : « L'Eglise nous fait
• avec raison les compiles par ConveiHe nos.
r dit l'office tout le long du jour, il est im-
e notre àme n'y ail rien à se reprocher. Et
lent être exempt de toute faute à la fin d'une
trayante? Comment, au moins, Timperfec-
lit-elle pas déparé plusieurs de nos actes ?
lieu de s'humilier le soir devant Dieu, et
\ nous faisons tout d'abord en commençant
•nière prière. » (L. V, c. x, n. 2.)
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LB SI6NB DE LA CBOIX. 461
Concerte nos^ en effet, est à proprement parler le
commencement de complie<î. Tout ce qui précède, nous
l'avons vu, comme : la leçon brève, VAHjutorium nos-
irum^ le Confiteor, ne lui appartenait pas autrefois.
Nous faisons le signe de la croix sur le cœur en
disant ce verset, parce que la conversion doit être
avant tout intérieure, et que le signe de la croix sur
la poitrine, dit saint Chrysostome, réprime les mouve-
ments désordonnés du cœur. {Hom. 83 in Math,)
N° 7. Le signe de la Croix.
La rubrique prescrit de le faire au commencement
des heures, et souvent encore dans le cours des offices.
Tertullien nous apprend que les premiers chrétiens
aimaient à ne rien entreprendre sans ce signe sacré :
n Ad omnem progressum atque promotiim^ adomnem
cuiitum etexitum^ ad vestitum et caiceatum, ad lavacra^
admemas.ad lumina^ adcubilta,adsedilia^ quâcumque
noscomersatioexercet^frontem Crucis signaculo tenui-
mus. » (lib. de Coronâ milit. c. 3.) Le signe de la croix
devait donc commencer aussi la prière publique. Nous
aimons à penser avec Grancolas {loc, cit.)^ que cette
pratique est aussi ancienne que Toffice même, et que
toujours, pour les motifs déjà donnés, les petites
prières du commencement furent accompagnées de ce
signe. « Ainsi, dit le Gard. Bona, nous avons coutume
de placer la récitation de toutes les heures canoniales
sous la protection du signe salutaire de la croix, car,
en demandant alors à Dieu son secours pour la prière,
nous devons nous prémunir des pièges du démon ; or,
la vertu de ce signe sacré fait fuir et confond les en-
nemis de notre àme, tandis que Dieu nous fortifie et
nous console dans la psalmodie. »
Nous croyons devoir entrer ici, avec certains auteurs,
dans quelques détails sur l'usage et la vertu du signe
de la croix. Puissions-nous ainsi faire aimer de plus
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162 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
en plus cette pieuse pratique qui revient si souvent
dans l'office divin, à la sainte messe, dans Tadmi-
nistration des sacrements, et dans nos autres fonc-
tions I « Tous les mystères, disait saint Chrysos-
tome, s'opèrent avec le signe de la croix : qu'il
s'agisse, en effet, de régénérer par le saint baptême,
de servir la nourriture sacrée, d'élever aux saints
ordres, ou de faire toute autre fonction, partout appa-
raît le signe du salut. » {In Matlh. hom. 54.) — « C*est
par le mystère ou le signe de la croix, disait Saint Yves
de Chartres, que les ignorants sont catéchisés, les fi-
dèles sanctifiés par le baptême, les clercs élevés aux
saints ordres, que les temples sont dédiés au Seigneur,
les autels et les fonts du baptême consacrés, et les sa-
crements distribués. » (Sermo : Quare Deus nattes et
passus sii.)
L'usage de faire ainsi le sigûe de la croix sur soi-
même, sur les objets et sur les personnes, est des plus
anciens. « C'est une tradition qui nous vient des apô-
tres, dit le père CoUin, et qui s'est perpétuée jusqu'à
nous. » {Traité du signe de la croix^ chap. iv et v.)
TertuUien, en nous rappelant que les premiers fidèles
avaient soin de marquer souvent leur front du signe
de lacrtix, ajoute : « Si on nous demande la légitimité
de cette pratique par la sainte Ecriture, nous ne sau-
rions trouver de texte ; mais on peut hardiment
répondre que la tradition l'a établie, que la coutume l'a
autorisée, et que la foi la fait partout observer. » (L.
de coron, mtV.c. 3.)Eusèbe de Césarée donnait le signe
de la croix comme caractéristique des vrais fidèles :
Vîillum signant Christi sigillo. {Demonst.Évang, 1. ix,
Demonstr. 14.) Saint Antoine, au rapport de saint Atha-
nase, recommandait cette pratique à ceux qui avaient
peur des démons. {In vira S. Anton, n. 13.) Saint
Cyrille de Jérusalem faisait de même à ses auditeurs.
« In fronte confidenter^ idqtie ad omnia^ digitis crux
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LE SIGNE DE LA CROIX. 163
pro signaculo efficiatiir, » {Catech, 13, n. 36,) Le diacre
Jean nous apprend que saint Grégoire le Grand se fit
peindre tenant de la main gauche TEvangile, et fai-
sant de la droite le signe de la croix.
Quant à Tusage de faire le signe sacré sur les
objets et sur les personnes, nous avons des preuves
non moins formelles qu'il est très ancien. Tertul-
lîen disait à sa femme que, si elle venait à se marier
plus tard à un païen, elle ne pourrait pas se cacher
de lui, en faisant le signe de la croix sur elle-même,
ou sur son lit avant dn prendre le repos. (L. 2Âd Uxor,
c. 5.) Saint Athanase voulait qu'on fit le signe de la
croix sur soi, et sur les murs de sa cellule, pour ré-
sister aux démons. Saint Basile nous dit que l'usage
de faire le signe de la croix sur ceux qui mettent leur
espérance en Jésus-Christ, est un des plus universel-
lement répandus. (Tract, de Spiritu-Sanct. c. 27.)
Saint Chrysostome exhortait les parents à l'imprimer
sur le front de leurs enfants. Nous voyons enfin partout
dans la tradition que, dès les premiers siècles, on fai-
sait le signe de la croix sur les catéchumènes et sur
les objets qu'on voulait bénir.
Un usage si constant, si universel et si ancien sup-
pose l'efficacité du signe de la croix. Les faits et les
textes sont si nombreux, qu'on en ferait un volume,
dit le card. Bona. Saint Clément de Rome appelle le
signe de la croix un préservatif puissant et universel :
munit issima rerum omnium custodia {Const. Apost.
1. 1, c. xvi) ; saint Ignace, martyr, la ruine de satan,
perditio diaboli (Ep. ad Philipp.); Origène, la terreur
des démons (Hom. 6 in Exod.) ; saint Jérôme, un sou-
lagement à la douleur (Ep. ad Eustach.) ; saint Chry-
sostome, le frein des passions (Hom. 22 in Matth.) ;
saint Ephrem, une cuirasse dans les dangers (Serm, de
vivifica Cruce); Prudence, un antidote contre le péché:
« Si vous voulez être chaste, dit-il, faites le signe
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LE SIGNE DE LA GBOIX. 405
nocent 111, on faisait cependant le signe de la croix
avec les trois premiers doij^ts étendus et unis, et les
deux autres plies ; c'était, dit le pieux Pontife, pour
exprimer le mystère de la sainte Trinité. (De Myst,
MislA. Il,c. 45.)
3° Mais c'est avec le pouce serlement qu'on fait im-
médiatement et par contact un petit signe de croix
sur le front, les lèvres ou le cœur ; la nature ici
de ce rit le demande. On tourne alors, pour plus de
grâce, la paume de la main vers cette partie du corps.
4° Le grand signe de croix sur soi même se fait en
portant la main droite du front à l'estomac, et de l'é-
paule gauC'iC à l'épaule droite, la paume de la main
tournée en dedans. Quelques auteurs anciens voulaient
que l'on commençât par l'épaule droite, comme étant
la plus digne, et parce qu'elle représentait les gentils,
convertis après les j;iifs. Innocent III était de ce sen-
timent : « Ita quod a siiperiori descendat inferius^ et a
dextrâ transeat ad sinistram ; quia Christus de cœlo
descendit ad terrarn^ et a Judœis transivit ad Gentes.
(loc. cit.) Les Novatiens faisaient ainsi pour un autre
motif; ils avaient en abomination la main gauche,
d'où le nom de sinistres, que leur donna le concile de
Constantinople. « L'une et l'autre manière est bonne
et sainte, disait Luc, évèque de Tyr; l'une et l'autre
nous fait triompher de Tennemi, pourvu que là foi
simple et véritable accompagne notre signe de croix. »
(L, IL c. 15.) Le premier mode a prévalu dans l'E-
glise depuis au moins le xin® siècle, et du vivant
même d'innocejit III. L'épaule gauche, dans ce cas,
exprime la misère, le travail, l'affliction qui précèdent
la gloire et lavie bienheureuse représentées par l'épaule
droite : Lœva ejxis sub capitemeo, disent les Cantiques,
et dextera illius amplexabiturme. (n, 6.)
5® On n'a pas toujours employé la même formule en
faisant le signe de la Croix. Voici les principales : In
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INVOCATIONS BRÈVES DE LA FIN. 167
faire ce signe vénérable, soit qu'on le fasse sur soi-
même, soit qu'on le fasse sur d'autres personnes ou
sur des objets. On ne peut nullement approuver cette
immodestie et cette précipitation avec lesquelles plu-
sieurs, même parmi les ministres des saints autels,
font ce respectable signe; ce qui est une preuve non
équivoque qu'ils ne sont pas assez pénétrés du respect
que mérite et exige une si auguste cérémonie, et de la
décence et modestie que l'on doit garder lorsqu'il est
question d'en faire usage. Qu'ils y fassent donc plus
attention, et qu'ils réforment sérieusement toutes
ces immodesties et toutes ces indécences dans lesquelles
ils sont tombés jusqu'ici en employant ce signe salu-
taire. » (Gh. III.) — (Voir ddJisV Etendard de la Croix,
de saint François de Sales, leliv. III : En P honneur et
vertu du signe de la croix,)
§ II. INVOCATIONS BRÈVES QUI TERMINENT LES
HEURES CANONIALES.
On ajoute après la deraière Oraison, d'après la ru-
brique : Dominm vobiscum^ ï\t. Et cum spiritu tuo,
ou à la place : Domine, exaudi orationem meam. v^. Et
clamormeusadte veniat.si Ton n'est pas au moins dia-
cre. — Benedicamus Domino, ijf . Deo gratias — Fidelium
animœper miser icordiam Dei reqidescantinpace.Amen,
remplacé à Compiles par une formule de bénédiction
avec Amen aussi pouri^. (Rub, gen. Tit. xxx, n. 3.) — A
Laudes, on ajoute encore après ce dernier verset, avant
l'Antienne finale de la Sainte Vierge: Pater noster et
Dominus det no bis suam pacem, et vitamœtemam.
Amen {Tit, xiv, n. 4), et après l'Antienne : Divinum
auxilium maneat semper nobiscum, ijf. Amen. (Rub.
part, in fine Completorii.) Si une petite heure ou plu-
sieurs suivaient immédiatement laudes, ces dernières
prières ne seraient dites qu'après.
L'heure de prime a une terminaison particulière :
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LE « DOMINUS YOBISCUM ». 169
etpro eis orat, dit Durand de Mende ; et post orationem
iterum dîcit : Dominusvobiscum^q, rf. : sigratiam Dei
impelrastis, in illâ perseverate. (De prima n. 17.) Il
peut aussi leur souhaiter alors, et plus spécialement à
ceux qui lui sont chers, tous les secours dont ils ont
besoin, tous les biens qu'ils désirent.
Le chœur, s'il est présent, et le peuple en sa personne,
répond au célébrant par un souhait analogue : Ei
cum spiritu tuo. On demande à Dieu, dit saint Pierre
Damien, qu'il soit aussi avec lui, afin que sa prière
soit plus efficace, et qu'il s'acquitte dignement de sa
sainte fonction. » (Opusc. xi, Lib. qui appellatur
Domimis vobiscum ^) On demande aussi pour lui les
grâces qui font l'objet des oraisons, et dont il peut avoir
besoin : « El iterum populus dicit : Et cum spiritu tuOy
ac sidicat: or asti pro no bis, etnospro te oramus. »
(Durand de Mende, tococitato.)
Celai qui est seul en r 'citant l'office, ne doit pas
moins dire: Dominus vobiscum^ eiréipondTe: Et cum
spiritu tuo. A la fin duxi^ siècle, des moines inquiets n'o-
saient pas réciter ces versets quand ils priaient seulsdans
leurs cellules : Pouvons-nous décemment, disaient-ils,
souhaiter aux murs et aux meubles d'avoir le Seigneur
avec eux : Dominus vobiscum; et répondre, au nom de
ces êtres inanimés : Et cum spiritu tuo ? D'autre
part, ils croyaient pécher, en omettant ainsi une
partie de l'office. De là leur inquiétude. Saint Pierre
4. Staint Pierre Damien, cardinal et évêque d'Ostie
iOTô) t a laissé, dit D. Gaéranger, de nombreux monuments
de son génie et de son savoir liturgiques. » Nous citerons enlre
autres ses traités : De sefUem horis canonicts. — Contra sedentes
t empare divini officii, — et son livre sur le Dominus vobiscum.
Le card. Bona appelait ce dernier un opuscule délicieux^ un
vrai nectar^ et disait que tout ami de Ja science ecclésiastique
devait le lire. (Uiv, psalm, c. xvi, § xviii, 3.) Saint Pierre Da-
mien a composé aussi bcîaucoup d'autienoes, de répons et
d'hymnes, dont quelques-uns sont très remarquables.
T.u. iO
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MENTS DES HEURES CANONIALES-
rs consulté, et il composa pour répondre
l'intéressant opuscule cité plus haut,
n solitaire, nommé Léon, comme pour
i-même, et commence par cet humble
préambule : « Domino Leoniy amore
Uis incluso, Pelrus peccator monachuSy
Te patrem^ te doctorem^ te magistrum
ctum mihi prx cunctis pêne mortalibns
stion paraissait au saint Docteur difficile
Unde nobis^ dum solutio qnœritur^ ad
mpoHus mens œque nescia provocattir ?
estionum vallatus angustiis, ad angelvm.
consuetudinem redeo^ ad fontem non
lentiâB, sed divine potius sapientix trito
indiqué l'origine du Dominus vobisciim
sacrés, et donné le sens de la réponse :
tuo (c. ni), lesaint docteur dit pourquoi
'omettre quand on est seul: 1<^ c'est une
que la tradition ecclésiastique a placée
iivin; or, la parole divine et la tradition
lies, ne doivent pas être altérées par le
î. IV.) 2° L'Église composée de plusieurs
ine cependant par la foi, et comme tout
3un, par les dons du Saint-Esprit et la
rtu de cetle union intime des chrétiens,
t à tous, peut se dire d'un seul ; il n'y a
irdité. si un seul est censé parler au nom
ous disent implicitement la prière d'un
ms l'assemblée des fidèles, disons-nous
Exaiidi me y — custodi animam meam,\
sommes seuls, nous ne disons pas moins
nme si notre prière était formulée par
Deo adjutori nostro ; jubilate Deo Jacob,
® Si, pour la raison que ces moines
faut retrancher: ûominus vobiscum^
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de l'office quand nous serons seuls, comme, par exem-
ple. Venite^ exultemus, — Regem martyrum^ venite^
adoremus. — Nocte surgentes^ vigilemus omnes. —
Somno refectis artuhus, siirgamus omnes ociùs. Mais
quelle perturbation dans l'office divin, si Ton omet
ainsi les hymnes, les leçons, les oremus et tant d'autres
prières qui sont au pluriel ; ou, si par un excès de
rigidité, on substitue partout le nombre singulier?
4° Nos Pères ne veulent pas de ces changements,
parce que, en vertu de l'unité, nous l'avons dit, ce qu'un
membre de TÉglise dit ou fait dans les offices, c'est au
nom de l'Église et pour tous qu'il le dit et le fait. (C. vu.)
5® Le ministre sacré, à plus forte raison, représente
l'Église, et parle pour elle ou en son nom. (C. x.) 6® Les
souverainsPontifes,lesévèques,tous les prêtres Vénéra-
bles ne laissent pas de dire au pluriel voé/^cwm, alors
même quMs sont seuls. (G. xni.) 7® Dans le Baptême, on
fait répondre le parrain pour l'enfant; pourquoi ne
pourrons-nous pas répondre pour les autres en disant:
Et cum spiritu tuol (C. xvi.) 8** Ces versets ainsi
récités sont un gage de paix et d'union entre les
ministres du culte sacré et les fidèl'îs; or celui qui
récite seul son office doit considérer les fidèles comme
présents devant lui par la pensée et par le cœur. »
(C. xviii.)
Cet extrait de saint Pierre Damien nous a fait
comprendre de plus en plus le sens du verset qui nous
occupe.
Il faut être au moins diacre, d'après la Rubrique,
pour dire Dominus vobisatm; les sous-diacres et
les ministres inférieurs doivent le remplacer par : -
Domine, exandi orationem meam (Ps. lxxxiv, 6, 7);
Et clamor meus ad te ventât. (Ps. ci, i.) Au xni*
siècle, les diacres ne disaient pas encore, au moins
communément, le Dominus vobiscum dans la récita-
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f.ÉMKNTS DES HEURES CAN OIIIALBS.
;e; ils ne Ij chaulaient qu'à !a messe et à
u du cierge pascal. Le pouvoir commença
Te accordé au temps de Durand de Mende,
Duvait pas : « Diaconns non dicit Dominus
^ horas^ eo qnod non ila gerit typnm
er Booz hac salntatione usns est. S^int
iod in divinis officiis licite possvnt hoc
)rokibitum non legatur ; quibus generalis
3 coniradicit^ ut se inferiores sacerdotihits
y (L. IV, c. 14, n. 8.)
aujourd'hui ne leur conteste ce droit qui
îomme inhérent au pouvoir de chanter
ont le prologue est toujours : Dominus
diacre est ainsi plus intimement associé
dans Toffice divin, comme il Test à la
rant le calice avec le célébrant, comme il
lans l'administration solennelle du Bap-
Sdication. Cette formule ne saurait passer
)ur lui ; il répand déjà sur la terre les
du ciel, par cette salutation que saint
pagite appelait divine : Divinissimam
{De Eccies, Eierarch,)
Navarre nous fait remarquer qu'un prê-
cre excommunié, obligé quand même au
nalgré la censure, ne pourrait pas dire
iscum^ parce que c'est le privilège d'un
Dnt ils sont indignes : quia pertinet ad
rdinis quâ ille indigyius effectus est. (De
16.)
cre, par la formule Domine^ exaudi oratio-
e prie pas moins le Seigneur pour l'Église
le il le fait durant tout l'office ; son ordi-
Hu d'un caractère public qui le constitue
nt des fidèles auprès de Dieu. Raoul de
fin du xiv^ siècle, mentionne le Domine^
nem meam pour ceux qui ne peuvent pas
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LE « BBNEDICâMUS DOMINO ». 173
dire Dominus vobisctim. (Prop. 20.) Cette prière est au
singulier, par respect pour le texte sacré qu'elle repro-
duit, et aussi par un sentiment d'humilité qui convient
au sous-diacre, mais celui-ci ne demamie pas moins
à Dieu, pour lui-même et pour tous, les grâces qui
font Tobjet des oraisons de Toffice. et aussi celles dont
ils ont l)esoin. L'Église et le peuple s'unissent à lui
pour le même objet : Et clamor meus ad te veniat.
Le docteur Navarre avertit le sous-diacre, et avec
raison, de ne pas répéter ces paroles, si les prières des
fériés ou des semi-doubles avaient précédé Toraison,
parce qu'elles s'y trouvent déjà. {In MiscelL de oral.
n. 6.) i< Ad vitœidam baùtologiam^ » dit Gavantus qui
fait la même remarque.
Quand il y a plusieurs oraisons à laudes et à vêpres,
le t. Dominus vobiscum ou Domine^ exaudi orationem
meafn^ ne se dit qu'une fois avanLla première, et après
la dernière; c'est un prélude des oraisons pour obtenir
les grâces qu'on y a mentionnées, et une conclusion
dans le même but.
n° 2. Le f Benedioamus Domino ».
Au IX® siècle, Amalaire faisait déjà remarquer que
l'oraison de l'office était suivie du Benedicamiis Do-
m,ino et de son répons : Deo gratias : « subscquiiur Bene-
dictio et gratiamm actio. » (L. IV, c. 4.) — « Finaliter
aulempost orationem^ disait Durand deMende, dicitw*
Benedicamus Domino , » (L. V, c. 2, n. 62.) Hugues de
Saint-Victor, au xn® siècle, en donnait ainsi le motif:
« Les religieux avant de se retirer, dit-il, demandaient
toujours au Supérieur sa bénédiction, et il convenait de
même de la demander à Dieu à la fin de chaque heure:
qtiœ et congrue a Deo petenda est in fine cujuslibet
hone. Ce rit nous rappelle aussi que le Seigneur, avant
de monter au ciel, bénit ^es apôtres, et que ceux-ci
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174 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
l'adorèrent une dernière fois, en action de grâces. »
(L. II, de offic. c. 4 et 1. IV, c. 4.)
Le cardinal Bona l'explique ainsi à son tour: « C'est,
dit-il, pour inviter les fidèles, qui doivent à Dieu leur
vie naturelle et leur vie surnaturelle, de continuer à
le bénir en dehors de Toffîce, au moins par leurs bonnes
actions. On répond Deo grattas^ pour que le sacrifice
de louanges se termine, comme celui du matin, par les
accents de la reconnaissance. » (C. xvi, 4, 2.)
Ce verset, Benedicamus Domino^ évidemment ins-
piré parle psaume en, où nous trouvons plusieurs fois:
Benedic anima mea^ Domino^ — Benedicite Domino^
aurait donc deux sens, d'après les auteurs ; celui de
bénédiction demandée, et de louanges. Le mot bénir^
en effet, en est susceptible. On bénit quelqu'un en atti-
rant sur lui les bénédictions du ciel; on le bénit
aussi en célébrant ses bienfaits. Dans le premier sens,
notre verset voudrait dire : Puisse le Seigiieur nous
combler de ses bénédictions ! Demandons-lui cette grâce ;
ainsi l'interprétaient Amalairc et Hugues de Saint- Vic-
tor. Il signifierait dans le second sens, admis par
Durand de Mende et le cardinal Bona : Bénissons,
louons le Seigneur, et c'est le plus naturel. Ce verset
résumerait alors l'heure canoniale qu'on vient de
réciter.
Le ïfi. Deo gratias, digne écho du verset qui précède,
est emprunté à la première épitre aux Corinthiens (ix,
15) : Gratias Deo super inenarrabili dono ejus.
On comprend pourquoi l'on chante au chœur ces
versets, avec plus de solennité que les versets ordinai-
res. Des enfants sont ordinairement choisis pour cela,
ce qui s'observait déjà au xii<* siècle, puisque Hugues de
Saint-Victor en donnait ainsi la raison : « C'est parce
que la louange qui s'adresse à Dieu n'est qu'une faible
voix d'enfant, par rapport à ses grandeurs : « Omnis
laus puerilis est respectu Dei quem laudamuSj et
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« FIDELIUM ANIMiB». i75
quidquidhoc dicipoiest, minus est laudeDei. » (In spec.
c. 3.) Durand de Mende la donne aussi : « Diciiur
quandoqnea pueris... ac si dicat Ecclesia : laudamus^
sed laiidando non suf/icimus^ quia supereminentia
Dei eloquiumnostrum et intcllectum superat. » (L. V, c.
2, n. 63.) Nous croyons que c'est pour être plus agréa-
ble à Dieu, par allusion à ce verset du ps. viii : Exorein-
fantium et lacteritium perfecisti laudem. Ainsi Jésus
se complaisait dans la louange que répétaient les
enfants lors de son entrée triomphante à Jérusalem.
{Math. XXI, 15-17.)
Rappelons-nous, en disant ces versets, que Dieu ne
reçoit de la plupart des hommes que l'ingratitude et le
mépris au lieu de la louange. Puisse notre vie louer
encore et toujours le Seigneur, quand nos mains ont
quitté le bréviaire, et nos lèvres cessé de prier ! « Lingua
ad horam laudat^ disait saint Augustin, vita semper
laudat. » Puissions-nous répéter souvent de bouche et
de cœur ce cri de la reconnaissance: Benedicamus Do-
mino, — Deo gratins I dont on peut dire avec le
saint évêque d'Hippone : Quo nec dici brevius, nec
audiri lœlius^ nec intelligi gra?idius, fiec agi fructuo-
sius, »
n. 8. Fidelium animœ. — Dominus det nobis suam paoem. —
Divinum auzUium.
I. « Fidelium anima ».
« La piété de l'Église envers les défunts, dit Gavan-
tus, fait qu'après avoir terminé Toffice divin, si pro-
fitable aux vivants, elle a un souvenir solennel et une
dernière prière pour les défunts : c'est le veiset Fide-
lium aîiimse. » (Thesaur. Rtib. Brev. sect. v, c. xxii.)
Ainsi le sacrifice de louange aura-t-il, comme la messe,
un Mémento des morts ; ainsi à l'office comme à l'autel,
les trois Eglises, triomphante, militante et souffrante,
seront-elles unies, dans un même souvenir. Il parait
cependant que ce rit n'est pas ancien, dit Gavan-
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476 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
tus. On dut lintroluire dans les h3ures canonia-
les, quand l'orfice des morts, ajouté à certains jours,
ne fut plus obligatoire. Saint Pie V alors en serait l'au-
teur, il en est question plusieurs fois dans la Rubri-
que générale.
Le t. Fidelium anirme serait donc un rouvenir de
l'office des d'funts qui se récitait autrefois après l'office
du jour, et dont saint Pie V abalit le précepte ; c'est
pourquoi on l'omet après les vêpres et les laudes de
la Toussaint, si les vêpres et les matines des morts
suivent immédiatement.
OnToinet aussi après les laudes et les vêpres chan-
tées |>ar Tévêque ou en sa présence; après les vêpres
devant le saint Sacrement exposé, quand le salut suit
immédiatement, et enfin après compiles. Voici le
motif de ces trois exceptions : 1® Les coinplies, nous l'a-
vons vu, se terminOiit par une f()rmule de bénédiction :
Benedicat et cusfodiat nos... mais ce rit, ayant exclusi-
vement pour objet les vivants et l'heureuse issue delà
nuit, semblait devoir exclure le souvenir des défunts.
2^ Les vêpres ou les laudes prés.dées par Tévêque ou
chantées en sa présence se terminent aussi par la
bénédiction pontificale, cérémonie qui nous vient de
la b 'néiiction doun 'e autrefois pir le célébrant ou
Tabbé après chaque partie de 1 office. (Grancolas, de
lolf. div. de Prime.) 3®L3 salât qui suit immédiatement
les vêpres devant le saint Sacrement exposé, ne cons-
titue avec elles qu'une même fonction, pourvu toute-
fois que le célébrant ne quitte pas Tautel et que le
Salut commence par le Tantum ergo sans autres chants
préalables : « Sans ces deux considérations, dit Leva-
vasseur, il semble qu'il faudrait dire Fidelium et le
reste comme à l'ordinaire. »
Le sens du verset est facile à comprendre : Fidelium
animas per misericordiam Deirequiescant inpace . A men.
Nous prions là pour les âmes des défunts qui sont m jrts
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« DOMJNUS DET NOBIS SUAM PACEM ». «77
dans la communion de l'Église, parce que les excom-
muniés ou ceux qui ne sont pa^ ses enfants, seraient-ils
en pur^jatoire, n'ont aucune part à ses suffrages pu-
blics et solennels : Fidelmm animse. Nous deman-
dons que ces âmes reposent au sein de la paix éter-
nelle ; milgré l'espérance et l'amour, malgré leur
acquiescement à la volonté divine, elles n'ont qu'une
paix imparfaite, à cause de la souffrance et de la pri-
vation de Dieu, qui les font soupirer après la déli-
vrance. Ce n'est pas le trouble de l'enfer avec son dé-
sesfjoir et sa haine, mais ce n'est pas non plus la
sérénité du ciel; que notre prière soit fervente et nous
hâterons leur bonheur : Requiescant in pace I Mais
c'est Dieu q li, dans sa miséricorde veut bien accepter
nos expiations et nos vœux pour leur soulagement ou
leur délivrance : Per misericordiam Dei. Oh ! qu'il en
soit ainsi ! Amen ! c'est ledésir de l'Église et des fidèles
qui répond au nôtre.
II. « Dominus det nobis suam pacem «>•
Ce verset et le ripons : Et vitam œternam, Amen^^Q
disent à la fin des laudes, et avant 1 antienne finale de
la Sainte Vierge ; si toutefois une ou plusieurs autres
heures devaient suivre laudes, on ne les dirait, ainsi
que l'antienne de la Sainte Vierge, qu'a la fin de l'heure
qui terminerait la récitation actuelle. Us se disent
aussi, mais au chœur seulement, à la fin des vêpres,
si on les séparait de compiles, et à la fin de la petite
heure qui terminerait l'olfice du chœur. On ne les dit
jamais à l'office des morts, parce qu'ils ont les vivants
pour objet. Durand de Mende nous apprend que déjà,
de son temps, quelques-uns ajoutaient ainsi ce ver-
set à la fin des heures : « Quidam eliam in fine hora-
rum dicunt: Dominus det ?iobis suam pacem. » (L. V,
c. 2, no 6 )
Nous demandons la paix du Seigneur, la grâce en
nos âmes, et la vie éternelle après la mort. C'est tout
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178 LES ÉLfiMBNTS DES HEURES CANONIALES.
à la fois comme un résumé de l'office et un prélude
des antiennes finales de la Sainte Vierge. Toutes les
faveurs demandées dans l'office divin ne se rc^sument-
elles pas, en effet, en celles d'une vie sainte ici-bas et
du salut éternel ? Ces deux grâces font aussi l'objet
des antiennes finales de la Sainte Vierge, du Salve,
ria surtout, et nous les demandons par Marie, dis-
atricedes bienfaits divins et la porte du ciel. Ainsi
îrset et le répons : Domintis det nobis suam pacem^
itam astemam, servent aussi d'introduction à ces
junes, et c'est pourquoi on ne les dit qu'avec elles.
i cependant une exception pour compiles, parce
la formule de bénédiction qui précède, Benedicat
)mnipotens Deus, renferme implicitement le même
' que le verset: Dominus det iiobis suam pacem.
* III. « Divinum auxilîum ».
S versets, en g'^néral, sont comme une oraison
atoire, un trait du cœur vers le ciel : « Hoc habet
ilare versus, dit Gavantus, utexcifet corda ad fa-
Dei, » fc. X. de versfbns, 1 .) C'est pourquoi l'Eglise
toujours à terminer par l'un d'eux son office ;
i choisi celui-ci pour la fin des laudes et des com-
; que pouvons-nous mieux désirer les uns pour
utres, en nous séparant après l'office du jour et
L nuit, que la continuité du secours divin ? Divinum
Hum maneat semper nobiscum î
i répond Amen. Remarquons ici que le sacrifice
lutel se termine par ces mots : Deo gratias, ou un
de reconnaissance, et l'office divin, par un ardent
' d'être exaucé. i4m(?/i. La messe,en effet, est surtout
acrifice eucharistique ou d'actions de grâces, tan-
ue l'office est à proprement parler une prière.
Art. III. Des Hymnes,
hymne, du grec 5[jlvo;, lequel vient de u^co je chante,
ne prière, une louange au Seigneur, destinéeà être
tée, et divisée, pour cela, en strophes mesurées.
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DES HYMNES. i79
Saint Isidore de Séville la définissait ainsi : Carmina
qtiœcumque in laudem Deihymni vocantur.{ L. D. de
div. offic. c. VI.) Saint Augustin nous disait déjà
que trois éléments constituaient Thymne : la louange,
ayant Dieu pour objet, et le chant : « Bymni sunt cantus
continentes laudem Dei. Si sit laus et non sit Dei^ non
est hymniis ; si sit laus Dei et non cantetur non est hym-
nus, Oportet^ ut sit hymnus, habeat haec tria : et lau*
dem,et Dei^ et canticum. • (In Ps. lxxii, 1.) Les hym-
nes en l'honneur de la Sainte Vierge et des saints
n'en sont pas moins aussi une louange à Dieu, par
leur terme final.
Après un aperçu général sur les hymnes du bré-
viaire romain, nous donnerons les principes qui en
règlent le chant ou la récitation.
§1. — APERÇU GÉNÉRAL SUR LES HYMNES
DU BRÉVIAIRE ROMAIN.
« De toutes les branches si multiples et si variées de
l'art chrétien, dit Tabbé Pimont, nous n'en trouvons
pas qui offrent aux explorations de la critique un
champ plus étendu que l'hymnographie du bréviaire
romain. Ce fonds liturgique dont nul autre, si ce
n'est peut-être celui de Tantiphonaire, n'é*»ale la ri-
chesse, a de tout temps fixé l'attention des hommes
sérieux; mais jamais autant qu'à notre époque, il
n'avait, ce semble, passionné l'érudit, et provoqué de
si laborieuses et de si ardentes investigations. » (Intro-
duction.) De nombreux travaux, depuis surtout le
xvi« siècle, prouvent en effet combien cette partie
offre d'intérêt. On peut en voir le catalogue instruc-
tif dans rintroJuction citée plus haut, et dans le
recemus qui la suit. Ne pouvant faire ici sur Cette ma-
tière une étude qui nous entraînerait trop loin, nous
dirons comment les hymnes furent i:itroduites dans
le bréviaire romain, quel en est le caractère, et quels
en sont les auteurs et les commentateurs.
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180 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES-
N' 1. Origine des hymnes dans le bréviaire.
isage , dans rassemblée des fidèles, des hymnes
3S chants rhytmés, autres que les psaumes et
mtiques, remonte aussi haut que TEi^lise. Saint
nous rapprend dans ses immortelles épjtres:
?mini spiritu^ loquentes vobismetipsis in psalmisy
nmis et canticis spiritualibus^ cantantes et psal-
r in cordibus vestris Domino. {Ephes. v. 18 et
Docenfes et commonenfes vosmetipsos psalmiSy
lis et canticis spirilualibus^ in gratià contantes
rdibus ves/ris Deo. (Coloss. m, 16.) De nombreux
ignages, réunis par le savant Père Arevalo,
cuvent aussi pour les doux premiers siècles.
modia Hispanica K) Il cite Clément d'Alexandrie,
;tes du martyre de saint Ignace les Constitutions
oliques, Pline le jeune, Philon et beaucoup d'au-
L*iiymne de Clément d'Alexandrie au Christ
ïur est arrivée jusqu'à nous. {De Pedagogo^ 1. III),
st la plus ancienne que nous connaissions ^. Il
ausiin Arevalo, célèbre jésuite espagnol du siècle dernier,
lié, avec d'excellentes éditions de Prudence et de saînt
I de Se ville, un savant ouvrage, Hymnodia Hispanica.
ï, 1786 in-4°.) Ce dernier appartient à la liturgie par une
ation remar juable : De Hymnis ecclesiasticis, « que nous
uns, dit D. Guéranger, comme un des plus précieux monu-
de la science liturgique. »
3i^i la traduction que nous en a faite D. duéranger :
lin dei jouaes coursiers indomptés, ailes dos oiseaux qui
le s'égarent, gouveruail assuré de l'enfance, pasteur des
IX du Roi; i^s simples enfants, rassemble-les pour louer
nent, ciiauter avec candeur, d'une bouche innocente, le
;s enfauts, lo Christ.
Roi des saints. Verbe, triomphateur suprême, dispensa-
ï la sapie.ice du Père, du Irès-flaut; toi, l'appui dans
ies, heureux de toute éternité, sauveur de la race mortelle,
steur, agriculteur, frein, gouvernail, aile céleste du très
roupeau; pêcheur des hommes rachetés, amorçant à Pé-
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DES HYMNES. 18l
est donc certain que de tout temps, on a chanté des
hymnes dans les assemblées des chrétiens, et que cet
usage se pratiquait tout d'abord au moins en dehors
de Toffice proprement dit.
Mais ces hypmes faisaient-elles partie réellement
de l'office, comme aujourd'hui? Nous le croyons ; et,
depuis au moins le m® ou iv^ siècle, nous avons des
témoignages formais pour certaines Églises d'orient et
d'occident. Un concile d'Antioche (289-270) écrit au
pape saint Denys que Paul de Samosate supprimait
dans son Église, comme étant trop récents et composés
par des auteurs nouveaux^ certains cantiques chantés
en t honneur de Jésus-Christ. (Eusèbe, Bist, eccles,
vui, 30.) Saint Denys d'Alexandrie, pour gagner à la
bonne cause un millénaire, évoque égyptien, le loue
, de son zèle à composer des hymnes qui étaient chantées
dans l'église d'après un usage reçu. (L. iide Promis-
stoniôus. ) Au iv« siècle, le concile de Laodicée défend
d'introduire dans les offices des hymnes qui ne seraient
pas approuvées. Saint Basile nous dit que l'usage des
hymnes était universel on Orient. {Ep. adNeoces. cleric)
Saint Grégoire de Nazianze distingue leur chant de la
ternelle vie l'ionocent poisson, arraché à l'onde ennemie de la
mer du vice .
« Sois leur guide, ô Pasteur des brebis spirituelles I ô Saint 1
sois leur guide. Hoi des enfants sans tache I les vestiges du
Christ sont la voie du ciel.
«ParcTie incessante, éternité sans bornes, lumière sans fin,
source de miséricorde, auteur de toute vertu, vie irréprochable
de ceux qui louent Dieu.
« 0 Christ, ô Jésus! nous qui, de nos tendres bouches, suçons
le lait céleste exprimé des douces mamelles de ta sagesse, la
grâce des grâces; patits enfants, abreuvés de la rosée de l'esprit
qui découle de ta parole nourrissante, chantons ensemble des
louanii^s ingénieuses, des hjmnes sincères à J.-G. Hoi.
< Chantons les saintes récompenses de la doctrine de vie.
Chantons avec simplosse Tgafant tout-puissant, chœur pacifique,
enfants du Christ, troupe innocente, chantons ensemble le Dieu
de la paix. »
T« lU . ii
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iBt LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
psalmodie : modulata laus est hymnus ; cum caniione
psalmus est psalmodia. Saint Grégoire de Nysse, enfin,
nous apprend que la nuit de Pâques se passait tout
entière à chanter des psaumes, des hymnes et des can-
tiques spirituels... per totam noctem in psalmis, hym,-
nis et cantionibusspiritualibus, {Orat. de fesio Paschœ.)
Elle est donc fausse, Tassertion de Grancolas, qu'on
ne trouve point d'hymnes chez les Grecs.
En Occident, saint Hilaire de Poitiers (370) composa
pour son Église tout un livre d'hymnes qui n'est pas
arrivé jusqu'à nous, mais dont nous parlent saint
Jérôme {Script. Eccies. cataL) et saint Isidore de Sé-
ville. {De offic. eccies. 1. 1, c. vi.) Saint Augustin nous
raconte comment saint Ambroise, enfermé avec son
peuple dans Téglise de Milan, par la persécution de
Justine, occupait les fidèles par léchant des psaumes et
des hymnes qu'il avait composés lui-même, et que
nous chantons encore. L'Église de Milan avait alors
certainement des hymnes dans son office, puisque
saint Paulin dit dans la vie de saint Ambroise : Boc
in tempore^ primum antiphonœ^ hymni ac vùjilix (les
psaumes) in Ecclesiâ Mediolanensi celcbrari cœperunt\
cujus celebritatis devotiOy usque in hodiemum diem^
non solum in Ecclesiâ Mediolanensi verum per omnes
pêne Occidentis provincias manet. Au vi® siècle, les
textes sont encore plus formels et sans aucune
équivoque : « Hymni matutini et vespertini 4>mnino
decantentur, » décrétait le concile d'Agde. (806.)
Saint Gésaire d'Arles, en 802, prescrivait à ses clercs
de chanter tous les jours l'office de tierce, de sexte et
de none, avec les hymnes convenables. Ses règles ad
Virgines, promulguées en 842, et celles de saint Au-
rélien, en 855, ordonnaient aussi que dans les mo-
nastères d'hommes et de femmes, on ajoutât à l'office
divin des hymnes au nombre de treize, et parmi
lesquelles on en voit deux de saint Ambroise:
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DES niAUÈl m
JËtethe ^efMfii Conditor, et Splendor PdièM& gloriœ.
(Tomasi, Op. II ad lectorem, de hymnario.) Saint
Benoit dans sa règle (433) mentionne aussi les hymnes.
Au vn® siècle, le quatrième concile de Tolède pro-
testa contre certains esprits exagérés et contre le con-
cile de Braga lui-même (863), qui ne voulaient chanter
dans Toffice divin que des extraits des Ecritures, et
rejetaient toute autre composition poétique : « Que Ton
doive chanter des hymnes, disait le concile, nous avons
pour cela l'exemple du Sauveur et des apôtres, car le
Seigneur lui-même en dit une, nous apprend saint
Matthieu : ethymno diclo^ exierunt in montem Oliveti ;
et l'apôtre Paul écrivait aux Ephésiens : Implemini
spiriiu, loquentes vobismelipsis, in psalmis et hymnis
et canticis spiritualibus. Il existe, en outre, des
hymnes qui sont dues àTart humain, pour célébrer la
louange de Dieu et les triomphes des apôtres et des
martyrs, comme sont celles que les bienheureux
docteurs Hilaire et Ambroise ont produites. Cependant
quelques-uns réprouvent ces hymnes parce qu'elles
ne font pas partie du canon des Écritures, et ne sont
pas de tradition apostolique. Qu'ils rejettent donc
aussi cette autre, composée par les hommes et qui
termine lesf psaumes: Gloria Patri..,^ et celle que
chantaient les anges quand naquit le Christ : Gloria
in excelsis Deo... Les docteurs n'ont-ils pas beaucoup
ajouté à cette dernière? Faut-il qu'on cesse de la chan-
ter dans l'église, parce qu'on ne trouve point cette ad-
dition dans la sainte Écriture? On a composé des
hymnes, comme on a composé des messes, des orai-
sons, des formules diverses; et, si l'on ne devait plus
Téciter aucune de ces prières, autant vaudrait suppri-
mer nos offices. »
A quelle époque TÉglise de Rome a-t-elle introduit
les hymnes dans sa liturgie, devenue celle de toute
l'Eglise latine ? Depuis quand, en un mot, les hymnes
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i84 LBS ÉLAMBNTS DES HEURES CANONIALES.
font-elles partie du bréviaire romain ? Il y *a partage
ici d'opinions : les uns, et en plus grand nombre,
comme Mabillon (Supplem. cd iv lib. de div. of/ic.
Amalarii, t. ii), Tomasi (In annotation, ad Responso-
rialeet Aniiph. Rom. Eccles.)ei Grancolas (Commun/.
histor. sur le. bréviaire romain), veulent que ce soit au
xi% XII** ou xiii* siècle. Le savant P. Arevalo prétend que
Toffice romain a des hymnes depuis Tépoque Ambro-
sienne, ou, au plus tard, depuis saint Benoit ; il taxe
la première opinion d'erreur invétérée : errorem in-
veterakim. [Bymnodia Hispanica,.. § xvii, n. 95.)
D'autres, moins affirmatifs, assignent comme date
probable le ix* siècle, et comme date certaine, la fin
du x« ; c'est le sentiment de Tabbé Pimont, et le nôtre
aussi, après avoir pesé les raisons des uns et des au-
tres. Les preuves apportées par le P. Arevalo, en fa-
veur de l'époque bénédictine, ne sont pas concluantes.
Le savant espagnol allègue, en effet, l'autorité du
bréviaire, qui reconnaît saint Gélase P*" (4%) et
saint Léon II (684) comme auteurs de plusieurs hym-
nes sacrées *. Mais, si les hymnes de ces Ponti-
fes avaient fait partie de l'office divin, nous en retrouve-
rions des traces dans les manuscrits du temps. Saint
Grégoire le Grand (590) a, lui aussi, certainement com-
posé des hymnes que nous trouvons encore au bré-
viaire romain; ne pouvons-nous pas dire qu'on les y
1. S« Léon II. Pape de 682 à 684, est appelé dans le Liber
PontificaUs : vir eloquentissimus, cantilenâ ac psalmodia praBci-
puus, et in earum sensibus subtilissimà exercitatione elimatus.
L'historien Platinanous apprend que, versé aussi dans lamusi*
que, ce pontife régla la psalmodie et réforma le chant des hym-
nes : masicis etiam eruditus fuit, dit le Bréviaire romain, ipse
enim sacros hymnos et psalmos in Ecdesid ad coneentum melio-
rem redaxit, (28 jun.) S'agit-il ici d'hymnes proprement dites,
ou encore d'iiymnes chantées dans le corps de l'oftice môme ?
S. Léon aurait aussi, d'après l'abbé Leboeuf, perfectionné le
Hetpomoiial de saint Grégoire le Grand.
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DES HYMNES. 185
a insérées plus tard? Il paraîtrait que le glorieux
Pontife composa ces hymnes avant son exaltation
sur le Siège de Pierre, pour Tusage du monastère qu'il
avait fondé à Rome et qu'il gouverna pendant cinq
ans. Sans doute, et nous le reconnaissons, d'après
le témoignage de saint Paulin et de saint Isidore de
Séville, cités plus haut, les hymnes de saint Am-
broise étaient chantées dans les Églises dj'Occident,
mais l'Église de Rome n'y est pas mentionnée.
Les preuves que nous allons donner en faveur de
rinsertion des hymnes dans le bréviaire romain
dès les IX® et x® siècles, montreront suffisamment
la fausseté de la première opinion, qui ne la fait re-
monter au plus tôt qu'au xi® siècle.
C'est : 1° une donation faite, en 902, à l'église de
Saint-Valentin, où' se trouvent inscrits : une messe,
deux antipbonaires, un livre pour le chant de la Pas-
sion, et deux Bymnaires^ tous livres d'offices évidem-
ment. 2** Le témoignage de Raoul de Tongres (m. en
1041), qui parle des vieitx hymnahes de Rome, et en
énumère un certain nombre d'hymnes, {de canonum
observcnitiâ prop. xiii.) Ce témoignage du com-
mencement du XI® siècle nous permet bien de reporter
au moins vers le x® ces livres, appelés déjà vieux
hymnaires paiV l'auteur. 3^ Les t/^deCluny, qui datent
du commencement du x® siècle, et où il est fait men-
tion très explicitement des hymnes de F Église romaine.
(L. I, c. CLii.) 4® L'autorité de ft. Guéranger; il recon-
naît que Rome adopta les hymnes dans son office, au
plus tard vers le x® siècle.
On pourrait se demander pourquoi cette Église, la
mère et maîtresse de toutes les autres, ne le fit pas
plus tôt, alors que celles de l'Occident, au moins dès
le VI® siècle, retentissaient du chant des hymnes chré-
tiennes. L'illustre Abbé de Solesme dit que l'Eglise
craignait d'altérer, par la mesure poétique, la sim-
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186 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
plicité et peut-être même le sens de ses prières litur-»
giques : « Le respect dû aux formules saiutes, sou-
vent tirées des Écritures, et qu'il fallait réduire en
chant, ne permettait pas de les soumettre à une me-
sure qui en eût souvent altéré la simplicité, et quel-
quefois même le sens ; le chant de l'Église, quoique
puisé dans les modes antiques, n'avait pour thème
que des morceaux en prose et d'un rhythme vague
et souvent irrégulier. On voyait que les pontifes avaient
cherché plutôt à instruire les fidèles par la doctrine con-
tenue dans les paroles sacrées, qu'à ravir leurs oreilles
par la richesse d'une harmonie trop complète. Toutefois
les besoins du culte avaient donné naissance, dans
l'Église de Rome, à un grand nombre de pièces de
chant, toutes en prose pour les paroles; car, à la dif-
férence de celle de Milan, et de presque toutes les au-
tres, elle n'admettait pas d'hymnes. » {Instit. lUurg.
T. I, p. 170 et 171.)
Ce délai de l'Eglise romaine pouvait bien aussi lui
être inspiré par cette sage et prudente lenteur que nous
remarquons toujours en elle, quand il s'agit d'intro-
duire quelque élément nouveau dans son culte ou
dans sa discipline.
N<> 2. Caractère des Hymnes du bréviaire.
Aucune partie de la liturgie sacrée n'a été plus vio-
lemment attaquée, et avec moins de ménagement,
que les hymnes du bréviaire romain, et cela, au sein
même de l'Église. On nous pardonnera de reproduire
ici quelques-uns de ces jugements injustes, passionnés,
et souvent injurieux : « Ce sont des prières cousues de
fautes prosodiques, ineptes, d'un style barbare, sans
mesure pratique, écrivait Becichemus, au xvi« siècle :
sunt omnes fere mendosi, ineptie barbarie refecH^
nullâque pedum ratione ^ nullo syllabarum mensu
composùi; aussi provoquent-elles le sourire des éru-
dits, et inspirent-elles aux prêtres lettrés le mépris
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DES HYMNES. iS7
des rites ecclésiastiques : Ut ad risum eruditos conci-
ient, et ad contemptum ecclesiastici ritûs vel litteraios
sacerdotes inducarU » {Prmf. an recueil de Ferreri) ;
il ajoute à son mépris par une note plus méprisante
encore : « Litteraios dixi ; nam cœteri qui swit sacri
patrimonii helluones^ sine scientiâ^ sine sapientiây
satis habenty ut dracones s tare juxta arcam Domini \ . . »
— « J'ai donné tout mon soin à ce recueil d'hymnes
nouvelles, écrivait Ferreri au pape Clément VII, parce
que les prêtres érudits et amis de la bonne latinité,
obligés cependant de louer Dieu en un style barbare,
sont exposés à en rire, et à mépriser ainsi les choses
saintes, » [Epist. dedic) Santeuil ne craignait pas d'ap-
peler nos hymnes « un produit de l'ignorance, l'op-
probre de la langue romaine, les restes honteux des
premiers âges, le résultat d'un délire ^ » (fie'rf/c. à l'abbé
^ Martin Becichemus, recteur de rAcadémie de Pavie,
au xvi^ siècle, fît une préface à l'Hjmnaire de Ferreri, dont
nous avons déjà parlé. Les paroles que nous venons de citer et
quelques autres encore, prouvent que l'auteur n'avait pas
assez de partialité dans sa critique, pour faire autorité.
2. Santeuil (Jean, 1630-1697), diacre et chanoine régulier de
Saint- Victor, occupe sans contredit un rang distingué parmi les
poètes latins. Il appartient à l'histoire de la liturgie par les
hymnes qu'il fournit au bréviaire parisien réformé de Uarlay,
et surtout au bréviaire réformé de Gluny, dont il fut l'hymno-
graphe. Ces deux réformes n'étaient qu'une révolution la-
mentable contre le bréviaire romain, à laquelle Santeuil con-
tribua puissamment; le souvenir de ce dernier, inséparable
désormais des nouveautés gallicanes, ne peut qu'être néfaste
pour la liturgie. Ses hymnes, du reste, malgré leur mérite lit-
téraire, contesté cependant par le P. Arevalo et Dom Guéran-
ger, ne répondaient pas suffisamment aux élans du cœur et à
l'esprit de prière; aussi n'ont-elles pu remplacer nos hymnes
romaines. Nous ne les trouvons plus guère que dans leur
propre recueil, et les vieux bréviaires gallicans. Ajouterons-
nous que Pauleur lui-même n'avait pas les qualités morales que
requérait saint Bernard dans le poète liturgiste, et qui ont brillé
d'un si vif éclat dans les hjmnogrâphes de l'Eglise grecque et
de l'Église latine? (Voir 1. 1, p. i 18, not. 2.) Voici le portrait que
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188 LB8 ÉLÉMENTS DBS ffBURBS GANONULBS.
de Cluny, le trop fameux cardinal de Bouillon.) « Que
nos hymnes anciennes sont mal bâties, s'écriait à la
fin du xvii* siècle, Adrien de Valois ; ceux qui les
ont faites n'avaient pas la moindre ombre de bon
trace de SanteuH, La Bruyère : t Voulez- vous quelque autre pro"
dige? Concevez un homme facile, doux, complaisant, traitable;
et tout d'un coup violent, colère, fougueux, capricieux. Imaginez-
vous un homme simple, ingénu, crédule, badin, volage, nn en-
fant en cheveux gris; mais permettez -lui de se recueillir, ou plu-
tôt de se livrer à un génie qui agiten lui, j'ose dire sans qu'il j
prenne part, et comme à son insu: quelle voix! quelle élévation !
quelles images 1 quelle latinité 1 Parlez-vous d'une même per-
sonne? me direz-vous. Oui, du même, de Théodas et de lui seul.
Il crie, il s'agite, il se roule à terie, il se relève, il tourne, il
éclate; et du milieu de cette tempête, il sort une lumière qui
brille et qui réjouit. Disons-le sans figure, il parle comme un
fou, il pense comme un homme sage. Il dit ridiculement des
choses vraies, et follement des choses sensées et raisonnables.
On est surpris de voir éclore le bon sens de la bouffonnerie,
parmi les grimaces et les contorsions. Qu'ajouterai-je davan-
tage? Il dit et il fait mieux qu'il ne sait. Ce sont en lui comme
deux â.mes qui ne se connaissent point, qtii ne dépendent point
l'une de l'autre, qui ont chacune leur tour, ou leurs fonctions
toutes séparées. Il manquerait un trait à cette peinture si sur-
prenante, si j'oubliais de dire qu'il est tout à la fois avide et in-
satiable de louanges, prêt à se jeter aux yeux de ses critiques,
et dans le fond assez docile pour profiter dé leurs censures. Je
commence à me persuader moi-même que j'ai fait le portrait de
deux personnages tout différents; il ne serait pas même impossible
d'eu trouver un troisième dans Théodas, car il est bon homme. »
Saint-Simon le peint ainsi à son tour, après nous avoir appris
qu'il mourut dans un repas, victime d'une mauvaise plaisante-
rie à laquelle on fut entraîné par son humeur joviale : « Plein
de feu, d'esprit, des caprices les plus plaisants, qui le rendaient
de la plus excellente compagnie, bon convive, surtout aimant le
vin et la bonne chère, mais sans débauche; et qui, avec son esprit
et des talents aussi peu propres au cloître, étailpourtant dans le
foodaussi bon religieux, qu'avec un tel esprit il pouvait l'être. >
Claude Santeuil, frère du précédent et surnommé Maglorianus^
parce qu'il était du séminaire de Saint-Magloire, mourut en
1684. Il composa aussi pour le bréviaire de Paris, des hym-
nes qui l'emportaient sur celles de son ûrère par l'onction et
la simplicité.
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DES HYMNES. 189
jsens. » {Valesiana ^) Nos hymnes sacrées n'ont pas
été mieux traitées dans notre siècle, où on leur a pro-
digué les injures; ainsi : Jean-Baptiste Saignes^; Tabbé
Salvan, de Toulouse : Recherches historiques sur la li^
turgie en général, et celle du diocèse de Toulouse en
particulier {i%^^)',Vdibhé Laborde, Lettres parisiennes
ou discussions sur les deux liturgies, parisienne et ro-
maine (1855) ; Lettres sur le bréviaire romain^ par
un curé de campagne (1878), etc.
La violence de Tattaque a fait tomber quelquefois
les défenseurs dans une exagération contraire. D'a-
près quelques-uns, Thymnaire romain a des chefs-
d œuvre comme la poésie de t ancienne Rome ; nos
hymnes ont une beauté propre^ une originale splen-
deur ; elles sont d'un style inimitabky que celui d'Ho-
TOA^e rie saurait jamais remplacer, et l'expression la
plus vraie, la plus juste, la plus adéquate de la grande
pensée chrétienne^ aussi bien classiques dans leur genre
que le sont dans le mode profane les plus célèbres œuvres
de C illustre poète ; c'est un style nouveau, qui n'a riende
compaî'able dans le classique. Nos hymnes liturgi-
ques sont parfaites en leur genre, on ne saurait faire
mieux ; et même sous le rapport littéraire, la cri-
tique n*est plus permise. Peu s'en faut que ces au-
teurs ne censurent Léon X, Clément VII et Urbain
VIII d'avoir essayé de substituer un nouvel Hymnaire
K, Adrien de Valois (.l607-i69-2) historiographe de Louis XIV,
a laissé parmi ses ouvrages une dissertation liturgique : dis-
ceptatio de basilids^ où il traite de la signification du nom basi-
lica donné aux anciennes églises.
2. Saignes, ancien Doctrinaire, a composé plusieurs ouvrages,
dont un appartient à la liturgie, De la littérature des offices divins
(^8•29); plein d'admiration pour les hymnes et les proses
nouvelles, Tauteur y professe un dédain ridicule et grotesque
pour l'ancienne poésie liturgique : « Sous ce point de vue^ dit
D. Guéranger, l'ouvrage est monumental. »,
T. u. Hé
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190 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
à Tancion, ou du moins d'avoir corrigé celui-ci de cer-
taines fautes et imperfections manifestes.
Ici encore, la vérité nous paraît être dans un juste
milieu; nous sommes convaincus qu'avec certaines
explications et concessions de part et d'autre, on fini-
rait par s'entendre, laissant à tout jamais, les uns,
d'injustes et acerbes critiques, et les autres, une
louange exagérée ; tous se réuniraient ainsi dans
une appréciation juste et vraie de l'Hymnaire romain.
Voici donc les propositions que nous croyons pou-
voir formuler et prouver, et d'où ressortira le caractère
de nos hymnes liturgiques, assez beau déjà pour
nous les faire aimer, et parfois admirer.
Première proposition. La plupart des hymnes ro^
maines n'ont pas f élégance poétique des odes dHo-
race^ ou des hymnes de Sanieuil et de Coffin *. — Il ne
saurait y avoir ici de contradicteurs sérieux. « Les
saints Pères, dit Urbain VIII dans sa bulle Quamms
aliàs du 17 juin 1644, avaient plutôt ébauché que
perfectionné leurs hymnes. » Lorsque Clément VII,
dans son bref du il déc. 1823, disait que le nouvel
Hymuaire de Ferreri, remarquable par la latinité,
la mesure et le sens, ne pouvait qu'ajouter à la splen-
deur du culte divin et servir à l'avantage commun,
n'avouait-il pas implicitement que ces hymnes nou-
^. Charles Cofûn (1676-4740), successeur de RolJin dans l'ad-
ministration du collège de Beauvais, à Paris, est principalement
connu par les hymnes qu'il composa pour le nouveau bréviaire
parisien, sous Charles de VintimilJe. Poète latin d'une grande
valeur, il est supérieur à Santeuil pour le véritable génie de la
poésie sacrée, où il s'inspire moins de l'élégance prosodique»
que des accents d'une noble et onctueuse simplicité. L'auteur était
malheureusement Janséniste notoire, et l'on vit ce fait humi-
liant pour la liturgie parisienne, que son bymnographe obstiné
ne put être admis aux sacrements avant de mourir. Les hym-
nes de Coffin eurent le même sort que celles de Santeuil, et ne
purent jamais définitivement prévaloir contre les hymnes ro-
maines.
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DES HYMNES. i91
velles l'emportaient pour l'élégance et la forme poéti-
que? « Les hymnes de Rome ne sont pas belles à la
manière de celles de Santeuil et des Odes d'Horace, »
disait Mgr Fallu du Parc dans son mandement
qui introduisait à Blois la liturgie romaine. L'abbé
Pimont reconnaît dans l'hymne de prime des âpre-
tés apparentes-, dans celle des autres petites heures,
une allure brève et austère; dans quelques vers
du Lucis Creator optime, de vêpres, une naïve
simplicité égale à la brièveté. « On ne peut pas soute-
nir, dit M. Bacuez, que toutes les hymnes joi-
gnent la beauté de l'expression au mérite de la pen-
sée... Il s'en rencontre un certain nombre qui parais-
sent négligées au point de vue du style et de la proso-
die. » {Le saint office^ des Hymnes.)
Hàtonsnous d'ajouter que nous n'avons pas com-
pris dans notre proposition toutes les hymnes ro-
maines. Plusieurs d'entre elles, en effet, sont d'une
beauté littéraire incontestable et ne le cèdent pas,
même pour l'élégance poétique, aux chefs-d'œuvre
des poètes anciens et de nos hymnographes modernes.
Ainsi l'hymne du dimanche, Mterne rerum Conditor,
dont Clicthoue disait : totus apprime stiavis^ est admo-
dum elegans * ; celle des matines du lundi : Somno re-
feetis artubus^ dont l'abbé Pimont a dit avec raison :
« Pensées graves et nobles sous un ton bref et nette-
ment tranché; diction pure et ferme dans un vers tou-
jours correct; >» Splendor jEtemœ glorix^ des laudes du
lundi, regardé comme le chef-d'œuvre de l'hymno-
\. Glîcthouc, docteur de Sorbonoe, mort en 1543, fut un des
premiers qui combattirent Luther. Parmi ses ouvrages, qu'ii-
rasme appelait : Vberrimum rerum optimarumfontem, nous remar-
quons VEluddatorium Ecclesiasticum; c'est un commentaire pré-
cieux du canon de la Messe, des hj^mnes et de plusieurs autres
prières, qui eut d'abord un grand nombre d'éditions. Son Anti-
Lutherus et ses autres écrits contre la Réforme lui ont fait aussi
traiter plusieurs points liturgiques.
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192 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
graphie chrétienne et dont Michel Timothée a écrit:
«c Inter omnes hymnos^ nullus isto sanclior^ dignior^
humilior^ eloquior et spirilualior est ^ » JEtema
cœli gloria^ des laudes du vendredi, dont la pre-
mière Strophe respire tout à la fois la plus su-
blime grandeur et la plus douce piété; les hymnes du
Très Saint Sacrement, parmi lesquelles le Verbum su-
pernum prodiem excitait l'admiration de Santeuil :
« Je donnerais, dit-il, toutes mes hymnes pour l'hon-
neur d'avoir composé la strophe : Se naseens dédit so-
cium,., ; nous pourrions ajouter VAve maris Stella
et bien d'autres encore.
La plupart de nos hymnes sont conformes aux rè-
gles de la versification latine, ou s'en écartent fort
peu ; leur mesure est celle de la forme lyrique la plus
populaire, et en admet tous les genres.
Un certain nombre cependant n'o.nt que le rythme
syllabique, lequel consiste, on le sait, dans le nombre
de syllabes combmé avec l'accent tonique, l'assonance
ou la rime. Ce genre de versification avait précédé
chez les Latins le système prosodique des Grecs, et s'y
maintint toujours dans la poésie populaire. Nos pre-
miers poètes chrétiens, saint Paulin de Noie, par exem-
ple, lui donnaient même la préférence, comme étant
mieux approprié au chant liturgique exécuté par l'as-
semblée des fidèles.
2* Proposition. Nos hymnes ont les principaux élé-
ments de la beauté poétique, — Ces éléments sont en
effet : l'élévation des pensées, la beauté des sentiments,
la vivacité de l'expression, l'onction de la forme. Or, les
\ . Michel Timothée, auteur italien du xvi« siècle, a fait pa-
raître sur les hjmaes, en \ 582, une étude remarquable où Pon
trouve de très heureux aperçus à Teadroit du symbolisme et de
la mystique. Kn voici le titre : In hymnos ecdesiasticos ferme om-
nes Michaelis Timothei Galeensis brevis eluddatio libris quatuor
compreiiensa ac numeris distincta. Opus Umge utiUssimum4
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DES HYMNES. i93
hymnes romaines ne le cèdent en rien, sous ce rapport,
aux plus belles productions de la poésie antique ou mo-
derne, les odes d'Horace et les hyn^nes des bréviaires
gallicans leur sont même ici de beaucoup inférieures.
Aussi souscrivons-nous de grand cœur à Tappréciationsi
juste et si saine de M, Bacuez : « Le chrétien y trou-
vera... une élévation de vues, une abondance dépen-
sées, une pureté de sentiments admirables. Sous le
rapport des grandes pensées et des beaux sentiments,
nos hymnes n'ont à redouter aucune comparaison....
De ce c5té on aura l'élégance, la facilité, l'éclat, mais
aussi la froideur et le vide. D'autre part, des négli-
gences,... mais quelle profondeur! quelle plénitude!
et quelle portée ! Chaque mot est une allusion, retrace
une image, ouvre un horizon; les sens abondent, se
multiplient, se superposent, comme dans l'Écriture;
l'esprit trouve, en les lisant, non seulement de quoi
occuper sa pensée, mais de quoi choisir et varier sa
nourriture et ses délices... (Le saint office. — Des hym-
nes.)
Si nous voulions prouver directement notre deuxième
proposition, il faudrait faire de chacune de nos hym-
nes, une analyse littéraire et une étude à part. Mais ce
travail nous entraînerait trop loin et nous renvoyons
nos lecteurs au livre de l'abbé Pimont, si complet sur
cette matière. Voici cependant quelques extraits, où la
beauté poétique, dans ses divers éléments, apparaît
davantage.
i^ L'élévation et la profondeur des pensées.
L'hymne du lundi à laudes est sous ce rapport,
une des plus belles. Elle s'adressetour à tour aux trois
Personnes divines : elle demande au Verbe, splendeur
étemelle du Père^ vrai soleil de vérité^ d'inonder nos
âmes de l'infusion de son Esprit. Elle invoque le Père
tout-puissant, maître absolu de la grâce et de la gloire
pour nous faire éviter le mal, et pratiquer la vertu.
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494 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
Au Christ, elle demande encore de nous fortifier de sa
chair adorable, de nous abreuver aux sources pures de
la foi, de nous enrichir des dons du Saint-Esprit; elle
souhaite ardemment que nos jours aient pour aurore
l'innocence; que la foi brûlante en soit le midi, que la
vertu n'y ait pas de soir ou de déclin : que le Verbe
enfin apparaisse à nos âmes tel qu'il est dans le sein
du Père, pour les éclairer encore au seuil de l'Eter-
nité. Comme on le voit, les grandes et profondes pen-
sées abondent ici ; la première et la dernière strophe
surtout sont vraimentgrandioses, et cette hymne occupe
a vÂc raison le premier rang dans l'hymnographie chré-
tienne K
i. Voir le texte même dans le bréviaire. En voici la traduc-
tion par Jean Racine :
Source ineffable de lumière.
Verbe, en qui l'Eternel contemple sa beauté,
Astre dont le soleil n'est que l'ombre grossière.
Sacré jour, dont le jour emprunte sa clarté.
Lève-toi, soleil adorable,
Qui de réternité ne fait qu'un heureux jour :
Fais briller à nos yeux ta clarté secourable,
Et répands dans nos cœurs le feu de ton amtur.
Prions aussi l'auguste Père,
Le Père, dont la gloire a devancé les temps,
Le Père tout-puissant en qui le monde espère,
Qu'il soutienne d'en haut ses fragiles enfants.
Donne-nous un ferme courage,
Brise la noire dent du serpent envieux :
Que le calme, grand Dieu, suive de près l'orage ;
Fais- nous faire toujours ce qui plait à tes yeux.
Guide notre âme dans ta route,
Rends notre cœur docile à ta divine loi :
Remplis-nous d'un espoir que n'ébranle aucun doute,
Et que jamais Terreur n'altère notre foi.
O Christ, sois notre pain céleste ;
Que l'eau d'une foi vive abreuve notre cœur :
Ivres de ton esprit, sobres pour tout le reste.
Daigne à tes combattants inspirer la vigueur.
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DES HYMNES. 195
2* Beauté des sentiments :
LE REPENTIR :
Vides mahim quod fecimus,
Occulta Dostra pandimus;
Preces gementes fuadimus,
Dimiite quod peccavimus.
(Matines du mercredU)
LA FERVEUR :
Pulsis procul torporibus,
Surgamus omnes ocius,
Et DOcte quaeramus Deum
Propheta sicut prœcipit.
{âîatines du dimanche,)
LA PIÉTÉ :
Te lingua primùm concinat,
Te mentis ardor ambiat,
Ut actuum sequentium
Tu, Sancte, sis exordium.
(Matines du lundi.)
LA CONFIANCE ET LES SAINTS DÉSIRS :
Veni, Creator Spiritus,
Mentes tuorum visita,
Impie supernÀ gratiél
Quae tu creasti pectora.
Que la pudeur chaste et vermeille
Imite sur leur front la pudeur du matin :
Aux clartés du midi que leur foi soit pareille ;
Que leur persévérance ignore le déclin.
L'aurore luit sur Thémisphère :
Que Jésus dans nos cœurs daigne luire aujourd'hui
Jésus qui tout entier est dans son divin Père,
CSomme son divin Père est tout entier en lui,
Gloire à toi, Trinité profonde.
Père, Fils, Esprit- Saint, qu'on adore toujours.
Tant que l'astre des temps éclairera le monde,
Et quand les siècles même auront fini leur cours.
{Poésies 0
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i96 LBS ftLÉMBNTS DES HEURES GAlfONULBS.
Accende lumen sensibus,
Infunde amorem cordibus,
Infirma nostri corporis .
Viriute firmans perpeti.
{Veniy Creator,)
LÀ CHASTETÉ '.
Te deprecamur supplices
Nostris ut addas sensibus
Nescire prorsus omnia
Gorruptionis vulnera.
{Hymn. des Vierges,)
3® Vivacité de rexpression.
D'après M. Taine, ce caractère est le t fruit de la
véritable poésie, qui ne fait que répéter coup sur coup
quelque mot passionné. Le poète chrétien pense à Dieu,
par une suite d'images courtes, accumulées, passion-
nées, comme une file d'éclairs...» (Hist, de la litlérat.
anglaise.) « Dans ces simples et touchantes strophes,
dit le vicomte de Sarcus, Tâme s'élève sur deux ailes,
la foi et l'espérance ; la misère de l'homme y jette un
cri de détresse vers celui qui s'est immolé pour le
genre humain. » (Étude sur le dévetopp. artist, etlittér,
de la société moderne pendant les quinze premiers siè^
clés de tère chrétienne.) Voici quelques-unes de ces
strophes :
Jam nunc, paterna claritas.
Te posiulamus affatim ;
Absint faces libidinis
Et omnis actus noxius.
Ne fœda sit vel lubrica,
Gompago nostri corporis,
Ob cujus ignés ignibus
Avernus urat acrius.
(Matines du dimanche,)
Tu lux refulge sensibus,
Mentisque somnum discute;
Te nostra vox primùm sonet.
Et ora solvamus tibi.
{Laudes du dimanche.)
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408 fiB8 ftLÉMBNTS DBS BBURBS CANONIALES.
Nous ne sommes embarrassés que pour le choix
Jesu, Idbante^respice
Et nos Tideodo corrige;
Si respicis, labes cadunt,
Fletuque culpa solvitur.
(Laudes du dimanche.)
Vides malum quod fecimus;
Occulla oostra pandimus;
Preces gementes fuodimus;
Dimitte quod peccavimus.
{Matines du mercredi.)
Te, Ghriste, solum oovimus;
Te, meote purà et simplici,
Fleodo et caneodo, quaesumus,
Inteode nostris seosibus.
(Laudes du mercredi.)
Multum quidem peccavimus,
Sed parce confîtentibus;
Ad laudem tui nomiois,
Gonfer medelam languidis.
(Vêpres du carême.)
Panis angelicus fit panis hominum,
Dat panis cœlicus figuris termiDum;
0 res mirabilis, maoducat DomiDum
Pauper, servus et humilis.
(Office du Saint'Saa'ement.)
Jesu, dulcis memoria
Dans vera cordis gaudia,
Sed super rael et omnia
Ejus dulcis praesentia.
Nil canitur sua^ius,
Nil auditur jucundlus,
Nil cogitatur dulcius»
Quam Jésus, Dei Filius.
(Office du saint Nom de Jésus.)
Monstra te esse matrem,
Sumat per te preces
Qui pro Dobis natus,
Tulit esse tuus.
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DBS HYMNES. iM
Virgo singularis,
Inter omoes mitis,
Nos culpissolutos,
Mîtes fac et castos.
Vitam prsesta puram^
Iter para tutum,
Ut, videntes Jesum,
Semper collsetemur.
(Ave Maris Stella,)
Ainsi, nous trouvons dans nos hymnes chrétiennes
les quatre éléments de la beauté poétique. Celle des
laudes du dimanche, une des plus belles de saint Am-
broise, les renferme tous à la fois; ce qui lui donne un
éclat ravissant. On pourra s'en convaincre par la lec-
ture du texte dont M. Hainglaise a fait lui-même une
belle traduction dans son Recueil de Poésies lyriques
chrétiennes *.
1. LE DIMANCHE À LAUDES.
(Traduction libre de l'hymne : Sterne rtrum Conditor.)
0 divin Créateur du ciel et de la terre,
Vous nous donnez les jours, vous nous donnez les nuits;
Du temps et des saisons la course régulière
Allège nos travaux et charme nos ennuis.
Le coq, héraut du jour, a pressenti Taurore,
Et la profonde nuit retentit de ses chants;
L*obscurité blanchit : le jour n*est pas encore,
Et de faibles lueurs s'étendent sur les champs.
Du soleil et du jour l'étoile avant-courrière
Fait voir l'azur des cieux, lève leur voile épais :
Satan fuit aux rayons de sa blanche lumière,
Et l'homme malfaisant s'éloigne et disparait.
Au cri du coq déjà sur le liquide abime,
Sur des flots apaisés, s'élance le nocher ;
Quand Pierre entend ce cri, ses pleurs lavent son crime :
De TEglise il devient l'immobile rocher.
Levons-nous! Surmontons un attrait qui nous tente;
Cet oiseau vigilant condamne nos langueurs :
A ses cris redoublés, à sa voix éclatante,
Ou*un profond repentir t'éveille dan» nos cœurs !
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200 LES ÉLÏMBNTS DES HEURES CANONIALES.
Disième proposition. Les hymnes du bréviaire ro-
, ont dans la période^ une simplicité et une cond-
fue demande l'élan de la prière, surtout quand elle
\tre chantée,
st ici un nouveau trait de beauté; il donne à
hymnes comme un cachet des saints Livres;
rayonnent ainsi, toute proportion gardée, de la
é même des Écritures. Leur composition est
itement en harmonie avec le but qui en fait
prière, et une prière liturgique et chantée,
phrase, dit Tabbé Pimont après M. de Maistre,
déroule pas en vaines superfétations littéraires,
le dans ces hymnes prétentieuses de nos bréviaires
)visés, qui pleurent ce beau style qui avait un
À ce cri matinal reparait Tespérance :
Le malade affaibli voit ses maux allégés ;
Le crime fuit le jour : la clarté qui commence
Ramène aussi la foi dans les cœurs affligés.
0 Jésus ! vous voyez nos chutes lamentables ;
Que votre doux regard relève des pécheurs :
Rendez-nous^ dans le bien, fermes, inébranlables.
Et de tous nos péchés, lavez-nous dans nos pleurs.
0 Soleil éternel} rayonnez dans notre âme!
Que la nuit de nos sens cède aux clartés du jour;
Quand la voix vous bénit, pour vous le cœur s'enflamme :
A vous nos premiers chants, à vous tout notre amour ;
Adorons le Seigneur, unique, indivisible :
Père, FiU, Esprit-Saint, d'éternelle splendeur!
Gloire à la Trinité, lumière inaccessible.
Gloire à jamais à Dieu, le divin Créateur.
(Deuxième Partie, hymnes des heures canoniales.)
ecueil poétique de M. Hainglaise a pour nous un intérêt
jue de plus. Il renferme, en effet, la traduction de plu-
psaumes, cantiques, hymnes, antiennes et autres prières
e ainsi que des chants nombreux sur nos saintes cér<5mo-
Qs poésies sacrées sont souvent signées par de grands mal-
-amartine, Delille, LeFrancdePompignan,de Fontanes,
aptistç Rousseau, Jean et Louis Racine^ Pierre Corneille.
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DBS HYMNBS. 20i
nom entre tous les autres styles, et qui^du sanctuaire
où vibraient ses accents, s'élançait dans la mémoire
du peuple et s'y gravait à jamais. »
Nous pouvons appliquer ici ce que M. Le Hir disait
des hymnes de saint Ephrem : « Pour sonder la pro-
fondeur des impressions qu'elles laissaient dans les
âmes, il ne suffirait pas de les lire dans le texte ori-
ginal, d'admirer la vivacité du trait, le tour ingénieux
et concis de la phrase... il faudrait surtout les enten-
dre chanter. Le chant, outre l'agrément de la mélodie
et l'attention qu'il captive, en charmant l'oreille, donne
à l'esprit le temps de la réflexion, et, par suite, s'ac-
commode admirablement au demi-jour du trait pres-
que énigmatique. Ce qui, dans une prose rapide, sur-
charge l'attention et la fatigue, la soutient, au contraire,
dans la musique sérieuse et destinée à l'instruction des
masses. >x (5. Ephrem et la poésie lyrique au iv^ siècle.
Étud. relig. mars 1868.)
Oui, nos hymnes, dans leur totalité, forment un
monument liturgique de la plus grande valeur, qui
s'harmonise parfaitement avec les auti'ès parties de
l'office: hymnes parfois si belles de noblesse et de sim-
plicité, d'ardeur et de concision, si parfumées de l'es-
prit de prière, et qui se prêtent si bien aux modulations
du chant populaire i
On ne saurait méconnaître les rapports qui existent
entre les hymnes du bréviaire et les psaumes en par-
ticulier ; aussi leurs destinées sont communes dans le
champ de l'appréciation humaine, admirés ensemble
ou ensemble dédaignés. Dans les hymnes comme dans
les psaumes, c'est toujours le langage d'une âme qui
prie ou loue le Seigneur, dans la vivacité et la simpli-
cité de sa foi : langage nouveau, poésie souvent primi-
tive si l'on veut, qui ne caresse pas l'oreille par la ca-
dence du mètre ou l'harmonie des phrases, mais qui,
à la manière des psaumes, fait s'épancher le cœur en
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202 LBS ÉLÉMfilNTS ÛBS ËBUÉBS GANONIALBâ.
affections touchantes, avec la simplicité d'un en-
fant.
On ne prie que difficilement avec les hymnes de
Santeuil, de Coffin, et même de Ferreri, où la préoccu-
pation de la forme a une si large part aux dépens de
la piété. Mais « l'Esprit qui s'était reposé surnos hym-
es, dit D. Guéranger, leur avait ôté toute res-
ce avec ces piétés humaines qu'un délire pro-
ipire. Un ineffable gémissement s'échappait
3oitrine, mais si tendre, si humble et si doux
lise, qui est la tourterelle de la montagne, Ta
)ur le thème des chants qui consolent son veu-
{Instit, liturg, tom. II, p. 121.)
se, en effet, comme le Psalmiste inspiré, ne
\ de recherche et d'emphase dans sa prière;
s fait parler à Dieu comme l'enfant à sa mère,
le pauvre qui remercie ou implore, sans de
formules. De là, sa prédilection pour ces
sacrées, dont les périodes simples et concises
ient mieux tout à la fois aux élans delà prière
ant liturgique.
quelques exemples de cette concision et de
iphcité de période. On y verra que les in ver-
ut généralement exclues et que presque cha-
s offre un sens complet, ce qui donne à la
hantée un accent inimitable.
Extingue flammas litium;
Aufer calorem noxium,
Confer salutem corporum,
Veranaque pacem cordium.
{Sexte.)
Àufer ienebraâ mentittni)
Fuga catervas daemonum,
Ëxpelie somaolentianij
Ne pigritantes obruati
{MtxtiiUû du mardi,)
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DBS HYMNES* 203
Jesu, spes pœnitentibus,
Quam pius es petentibus t
Quam bonus tequœreaiibus!
Sed quid invenientibus?
Nec lingua valet dicere,
Nec littera exprimere :
Expertus potest credere
Quid sit Jesum diligere.
Mane nobiscum, Domine,
Et nos illustra lumine,
Pulsâ mentis caligine,
Mundum reple dulcedine.
(Saint nom de Jésus.)
0 salutaris Hostia,
Quae cœli pandis ostium t
Bella premunt hostilia;
Da robur, fer auxilium.
(Office du S. Sacr,)
Hostem repfillas longius,
Pacemque do nés protinùs;
Ductore sic te praevio,
Vitemus omne noxium.
(Venif Creator.)
Ave, maris stella,
Dei Mater aima,
Atque semper virgo,
Félix, cœli porta.
Sol va vincla reis,
Profer lumen cœcis,
Mala nostra pelle,
Bona cunctalposce.
(Ave maris Stella.)
4« Proposition... Le caractère général des hymnes
romaines est donc d^ exprimer vivement et avec onction
les nobles idées et les beaux sentiments de tordre surna-
turel ^mais d^ une manière simple et sans prétention pro-
sodique^ tout en ayant cependant un rythme véritable
qui le dispute parfois aux meilleures compositions.
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204 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES-
"^^ caractère, qui ressort évidemment des proposi-
prJcédentes, est bien celui qui convient à nos
es sacrées. Le rang qu'elles occupent dans la li-
I, à côté des psaumes et des homélies des Pères,
lature, qui en fait une louange et une prière
5es, le demandaient impérieusement. Ily a donc
e beauté d'un ordre à part, reflet de la beauté
ue, et que les odes d'Horace et de Santeuil
lient nous envier. L'esprit et le cœur y trouvent
ment substantiel et suave, et souvent un vérita-
saint enthousiasme.
;t ce qui nous explique le crédit dont les hymnes
nés ont toujours joui dans l'Eglise, à travers les
i, et leur maintien dans la liturgie sacrée, mal-
s efforts plusieurs fois renouvelés de leur substi-
m hymnaire nouveau.
ju'au XVI* siècle, en efiTet, partout et toujours
Loura d'estime et de vénération les hymnes am-
nnes et celles qui leur furent associées dans le
Elles excitaient l'admiration de saint Augustin
'.); saint Thomas, dans sa Somme théologique, les
^^ec éloges, et Denys le Chartreux nous en a laissé
5S beau commentaire. Personne, parmi les ordres
mx et le clergé, n'eut la pensée, pendant plus de
ècles, de s'élever contre ces hymnes et de les
ler; l'Eglise avait cependant alors des génies
son sein.
s vint le siècle de Léon X et de la Renaissance,
prits se tournaient vers l'art antique et païen,
le seul idéal des lettres et des beaux-arts ;
ymnes parurent bientôt d'une simplicité cho-
e à ces admii*ateurs exclusifs des poètes profanes.
;a d'abord les infractions prosodiques, et tel fut
d*un ouvrage, paru sous le nom de Wimpheling,
13, et ayant pour iiire:Hi/mni de tempore et de
i.., secundutn legem carminis diligenter emen-^
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DBS HYMNES. 205
dati K Mais bientôt on ne voulut plus de ces hym-
nes anciennes ; Léon X, cédant à son goût person-
nel et à celui qiii était alors généralement répandu,
conçut le projet d'un hymnaire nouveau pour le
bréviaire romain '. L*évêque Ferreri de Vicence
fut chargé de le composer. Clément VIT, grand ama-
teur aussi de Tingénieuse antiquité, l'approuva en
1523,et,sans le prescrire, en permit l'usage. Mais Tœu-
vre de Ferreri dut bientôt le céder aux hymnes an-
ciennes qui avaient pour elles l'approbation des siè-
cles, et on n'en parla plus. «On trouve dans les com-
positions de Ferreri, dit D. Guéranger, toutes les ima-
ges et toutes les allusions aux croyances et aux usages
païens qu'on pourrait rencontrer dans Horace. Toute-
fois, pour, être juste, il faut dire aussi que plusieurs
de ces hymnes sont simples et belles..., en dépit delà
forme trop servilement imitée des œuvres d'une litté-
rature païenne... ; elles sont'certainement préférables à
la plupartde celles qui ornent les modernes bréviaires
de France, et, parce quelles sont au fond l'œuvre
i. Wimpheling, prêtre du diocèse de Spire, au commen-
cement du XVI® siècle, est l'auteur d'un poème intitulé : De Lau-
dibus et cœremoniis Ecclesiœ, et d'un traité sur les auteurs des
hymmes et des séquences.
2. LéonX (1475-1521) de l'illustre famille des Médicis, eut le
premier la pensée de réformer la liturgie dans ce qu'elle pou-
vait avoir alors de défectueux, réforme que Saint Pie V et ses
successeurs, sous l'impulsion du Concile de Trente, menèrent à
si bonne fin. Mais le moment n'était pas favorable. L'engoué-
ment de l'époque pour la littérature profane et les classiques an*
ciens, [qui régnait aussi à la cour du Pontife lettré, devait
fausser le sens de ces premiers essais de réforme. Les poètes et
les prosateurs délicats, qui entouraient Léon X, pensèrent, en
effet, qu'il fallait avant tout et surtout substituer aux formules
vieillies du latin liturgique les formes de l'élégance païenne, et
l'Aymnaire ancien fut sacrifié dans leurs délibérations, approu-
vées par le Pontife. Ferreri de Vicence, comme nous Pavons dit,
fut chargé de l'bjmnaire nouveau, dont Léon X ne vit pas le
couronnement.
T. II, ii
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iM LfiS ËLtMBNTS bBS ËEtiAËS GANONIALËâ.
d'une inspiration forte et pure, qui se reconnaît en-
core à travers le masque de la diction classique, et sur-
tout parce qu'elles ont été approuvées par le Saint-
Siège qui, s'il a plus tard révoqué cette sanction, ne
l'eût du moins jamais donnée si ces hymnes n'eus-
sent renfermé une doctrine pure. » {Inst. liturg.
1. 1, p. 370.)
Sous le pontificat de Paul III, on tenta de nouveaux
efforts, et plusieurs hymnaires parurent; entre autres
ceux de Nicolas Archius et de Laurent Frizzolius *;
mais ce fut en vain, et les hymnes romaines ne pu-
rent être dépossédées de leur place dans la liturgie.
Saint Pie V, qui révisa le Bréviaire romain, ne voulut
pas toucher aux hymnes. Clément VIII l'imita, et ne
fit qu'en introduire quelques nouvelles.
Urbain VllI était monté sur le trône pontifical.
Poète distingué et déjà connu par plusieurs beaux
poèmes, il devait, ce semt)le, couronner la réforme
tentée par Léon X, si elle était si urgente qu'a voulu
le dire une certaine école. Or le savant Pontife voulut
seulement corriger les hymnes du bréviaire et non
les remplacer par d'autres. Ce travail fut confié aux
Pères Jésuites Strada, Galluzi et Petrucci, et la révi-
sion, promulguée par le bref Divinam psalmodiam
du 25 janvier 1630, «acte de condescendance, plutôt
qu'une œuvre de nécessité, dit Mgr. de Gonny; Ur-
bain VIII voulut accorder quelque chose aux faiblesses
1. Paul ni, pape de 1834 à 1840, approuva le bréviaire si abrégé
du cardinal Quignonez» doût nous avoas parlé au commence-
ment de ce volume, et qui, après 40 ans seulement d'existence,
l'ut aboli par la réforme de Saint Pie V. Le pontife, dans son
approbation, ne le prescrivait pas ; il ne faisdit que le permet-
tre aux clercs séculiers, et encore tallait-il le demander expres-
sément au Saint-Siège. Paul III ne regardait donc ce bréviaire
que comme une transition entre le bréviaire ancien, dont les offices
pouvaient être onéreux par trop de longueur, et une réforme
plus parfaite qui, du reste, ne se ût pas attendre.
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DES HYMNES. 207
littéraires des temps qui ont suivi la Renaissance. »
{Liturgie Lyonnaise,) Aussi le Pontife ne pressa-t-il
pas l'exécution de son Bref, sur ce qui regardait les
hymnes corrigées, dont le fond, du reste, n'était pas
modifié, ni le cachet antique notablement altéré.
D. Guéranger nous apprend ce qu'il advint de cette ré-
vision : « Il fut impossible, dit-il, d'établir l'usage des
hymnes corrigées dans la basilique de Saint-Pierre,
mais elles s'étendirent rapidement dans les autres
Églises de Rome, d'Italie, et même de la chrétienté,
hors en France. Ceux de nos diocèses qui suivaient le
Romain pur préférèrent, en général, garder les an-
ciennes.'On rencontre peu d'éditions du bréviaireavant
1789, dans lesquelles les nouvelles se trouvent; en-
core, le plus souvent, sont-elles renvoyées à la fin, en
manière d*appendice. Au contraii^, les éditions pu-
bliées depuis douze ou quinze ans ont, presque tou-
tes, reproduit uniquement les hymnes corrigées.
Quant aux ordres religieux, ceux qui sont astreints au
bréviaire romain embrassèrent les nouvelles hymnes,
excepté toutefois les Franciscains des provinces de
France. Les ordres et congrégations monastiques
gardèrent les anciennes. La congrégation de Saint-
Maur est la seule qui, après diverses variations, ait
enfin adopté définitivement lacorrection d'Urbain VIII.
Aujourd'hui encore, dans Rome, les Bénédictins du
Mont-Cassin, les Cisterciens, les Chartreux, etc., chan-
tent les anciennes hymnes : elles sont également res-
tées en usage dans le bréviaire dominicain. » [Instit. Li-
turg,) Tout ceci est en faveur de nos hymnes, dont on re-
connaissait ainsi le mérite, la beauté, et ce caractère à
part qui, parmi tous les poèmes du genre, en a fait
une prière vraiment liturgique et populaire.
Vers le milieu du xvu® siècle, nos hymnes parta-
gèrent le sort de la liturgie romaine dans plusieurs
diocèses de France, et disparurent avec elle. Les poè-
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208 LES ÉLÉMENTS DES HEUBES CANONIALES.
tes contemporains durent composer un hymnaire
pour les nouveaux bréviaires gallicans, notamment
pour ceux de Paris et de Rouen. Ce furent surtout Jean
Santeuil, Claude son frère, et Coffin. Mais le xix® siè-
cle a vu disparaître à leur tour ces hymnes avec ces
bréviaires, et les anciennes ont repris partout leur
place dans le culte sacré, avec l'unité liturgique. Si
les hymnes modernes avaient eu cette supériorité que
des esprits prévenus se plaisent à exalter encore, l'E-
glise aurait certainement puisé à ce fécond répertoire.
Elle ne l'a point fait. Une fois tout au plus, elle a
poussé la condescendance jusqu'à faire l'essai, bientôt
abandonné, de ces recueils. L'Eglise a donc pensé
que son hymnaire ancien était préférable à tous les
nouveaux. On né dira pas qu'elle a manqué, pour ce
jugement, d'hommes intelligents et sages. Aussi, tandis
que nos hymnes romaines ont captivé les esprits et
inspiré de nombreux et savants commentaires, « il
n'est venu à l'esprit de personne, dit l'abbé Pimont,
de s'appliquer sérieusement à l'interprétation de
ces productions faciles, où le vers horatien se joue
plus ou moins élégamment, sans doute, mais qui
demeurent généralement fermées aux larges et pro-
fonds horizons du mysticisme,'et dan s lesquelles l'âme,
qui vise Dieu d'abord et qui se hâte avant tout d'al-
ler à lui, se trouve le plus souvent attardée par un vain
luxe de mots qui l'embarrassent toujours, quand ils
ne l'amusent pas. Notre vieil hymnaire, au contraire,
où, sous l'écorce d'une diction qui déconcerte quelque-
fois par son étonnante simplicité, on sent circuler la
sève divinedes Ecritures, et où si souvent dans un seul
mot se condensent tant de choses à la fois pour l'esprit
et surtout pour le cœur, est, sans contredit, après le
Psautier, le recueil liturgique dont les commentateurs
se sont le plus occupés, non seulement parmi nous,
mais chez les dissidents eux-mêmes. (T. I, Introd.)
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DBS HYMNES. 209
Ces lignes résument admirablement tout ce que nous
avons dit sur le caractère gérïérâl des hymnes romai-
nes, et nous amènent à faire connaître maintenant les
auteurs et les commentateurs de ces hymnes.
N<> 8. Les auteurs et les commentateurs des hymnes
romaines*
I. — Les Auteurs.
A l'exemple de Gavantus, nous suivrons Tordre al-
phabétique des hymnes, indiquant l'auteur de cha-
cune, ou du moins le siècle où elle fut composée.
Hymnes. Offices. Antenrs ou siècles.
Adregias Agni dapes, Dim. in Albis. S. Ambroise^ m 397.
JBtemaChristimunera, Otî. des Apôtres, id. diaprés D.Ceilier.
JBternacœli glona. Fer. VI à laudes. S.Ambroise.*
JBteme Rectorsiderum. Anges gardiens. Bellarmin, m. 1621.
JSternererumConditor, Dim. à Laud. S. Ambroise.
JSlet^ne Reoi altissime. Ascension. S. Ambroise.
Aies dieinuntius. Fer. III à Laud. Prudence, m. 413.
AHo ex Olympi vertice. Dédicace. DU ix« au xv^siècle.
Antra deserti teneris S.Jean-Bapt. Paul, diacre d'A-
sub annis. quilée, m. 774 * .
A solis ortûs cardine, Noël. Sedulius, m. 430*.
AspicCf infami Deus. Off. de la Passion. xvii« ou zviii« siècle.
Aspice ut Verbum. Agonie de N. S. idem.
Athleta ChristU S. Venant. id,
Atictor béate sœculù Sacré-Cœur. id.
1. Paul, diacre d'Aquilée, et moine du Mont-Gassin, mort en
801, est surtout connu par son Histoire des Lombards, Didier,
dernier roi de ce peuple, en ût son secrétaire, et Charlemagne
l'appela à sa cour, puis à Metz, pour j fonder des écoles. Nous
le citons ici à cause de l'hymne Ut queant laxis^ dont il est
Fauteur, et que l'Eglise a divisée en trois parties pour l'office
de S. Jean-Baptiste, et à cause aussi d'un Homiliaire, ou recueil
d'flomélies des Pères, qu'il rédigea pour les offices divins.
2. Sedulius, prêtre et poète chrétien du v® siècle, n'est guère
connu que par son poème latin de la Vie de Jésus-Christ , inti-
tulé Paschale carmen. Une des h;ymnes de Noél : A solis ortùs
cardine. et une autre de lÉpiphanie : Cmdelis Herodes, sont de
lui, ainsi que l'introït de la messe de Beatâ : Sulve^ sancta Pa-
renSf et l'antienne de Noël : Qenuit puerpera Regem,
T. JU 12*
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2i0 LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
HjiDBM. Offieet. Antean oaûèelM.
AudiybenigneConditor, Carême. S.Grég.le Gr.m. 604.
Audipreeor. Réf. des pécheurs. S.Bernard, m. il53.
Audit tyrannus. SS. Inaocents. Prudence, m. 413.
Aurora cœlum purpu^ Dim. ap. Pâques. S. Anibroise,m. 397.
rat.
Aurora jam spargit Samedi à Laud. idem.
polum.
Ave, maris Stella, Off.de la S* Vierge, S.Bernard ^
Beata nobis gaudia.
Béate Pastcry Peire,
Pentecôte. S.Hilaire, m. 367 *.
S. Pierre aux liens. Elpis, femme de
Boéce, m. 524.
Christe, sanctorum de-
eus.
Christo profusum son-
guinem.
Cœlestis Agni nuptias.
Cœlestisurbs Jérusalem,
Cœli Deus sanctissime.
C<Blitum,Josephy decus,
Consors Patemi lumi-
nis.
Corpus domas jejuniis,
Creator aima àiaerum.
Crudelis Herodes.
Custodes hominum.
SS. MichelyGabriel,
Raphaël.
Martyrs.
Ste Julienne de Fal-
conieri.
Dédicace.
Fer. IVàVôpres.
S. Joseph.
Fer. lU à Matines.
S. Jean de Kentj.
Avent.
Epiphanie.
Anges Gardiens.
Raban Maur, m.856.
S. Ambroise.
Laurentini,m. 4719.
Du «• au XV* siècle.
S. Ambroise.
xvu* ou xvni* siècle.
S. Ambroise.
xviii« siècle.
S. Ambroise.
Sedulius, m. 430.
Bellarmin, m. 1621.
1. Le savant François Goster, jésuite de Malines, m. en 1619,
attribue, en effet, cette hymne au saint abbé de Clairvaux.
2. Georges Cassander et Grégoire Fabricius donnent à cette
hymne saint Hilaire pour auteur. Le premier, docteur fla-
mand (1515-1560) combattit avec zèle, mais pas toujours avec
les principes d'une pure orthodoxie,lcs nouveautés de la réforme.
Nous avons de lui un savant recueil de passages des auteurs
ecclésiastiques sur toutes les parties de la messe, intitulé: Litar-
gia deRitu et ordine dominicaBcœnœcelebrandœexvariisscriptori'
bus. Il uous a laissé deux autres recueils liturgiques moins
importants, l'un composé d'Hymnes et l'autre de Collectes ou
Oraisons.
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Hymnes*
Décora lux aetemitatis.
DBS HYMNES.
OfSces.
SS.Pierre et Paul.
Deus tuorum militum. Com.d'un martyr.
Domare cordis impetùs, Ste Elisabeth.
Lum nocte pukâ Luci- S. Venant.
fer.
Eccejam noctis,
Egregie Doctory Paule,
Dim. à laudes.
S. Paul.
En Clara vox redarguit Avent.
En ut superba. Sacré-Caeur.
Exite Sion filise. Couronne d'épines.
Ex more docti mystico, Dim. à Matin.
Exultet orbis. Les apôtres.
Festivis resonent.
Fortem virili pectore.
Précieux Sang.
Stes femmes.
Gloriamsacrœsindonis, Linceul de N. S.
Hœc est dies, Ste Thérèse.
Eominis supeme Con- Fer. IV à vêpres.
ditor.
Immense cœliConditor, Fer. Il à Vêpres.
Invicte Martyr. D'un martyr.
2H
Antenrs on sièdet.
Elpis , femme de
Boêce, m. 524.
S. Ambroise, m. 397.
Urbain VIlI,m.i 644.
XVII* ou XVI 11® siècle,
S.Grég.leGr.m.604.
Elpis , femme de
Boêce.
S. Ambroise.
xvii«ou XVIII® siècle.
idem.
S.Grég.leGr.m.640.
Du ix« au x« siècle.
XVII* ou XVIII*» siècle.
Sylvio Ântoniani,m.
i603*.
xvii«ouxviii«siècle.
Urbain VIIL
S. Ambroise.
S. Ambroise.
Du IX® au xv« siècle.
1. Le cardinal Antoniano Sylvio (1540-1603) se lit remarquer
dès son enfance par un grand talent poétique. A dix ans, il faisait
des vers impromptus sur tous les sujets proposés. Le fait suivant,
aussi gracieux que singulier, décida de sa fortune. Dans une
réunion où se trouvaient plusieurs cardinaux, on donna à
l'enfant un bouquet pour l'offrir à celui qui serait pape un
jour, et l'enfant le présenta au cardinal de Médicis, avec un
éloge en vers improvisés. L'*on X se souvint plus tard de la
coïncidence, et nomma Antoniano professeur au Collège ro-
main. Pie V le lit secrétaire du Sacré Collège, et Clément VIII
l'honora de la pourpre. Il fut un des sept membres de la com-
mission à qui le Pontife confia une nouvelle révision du bré-
viaire et du missel romains, et mourut à l'âge de 63 ans,
recommandabie par toutes les vsrtua qui font l'ornement du
sacerdoce.
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242 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
Hjmne* .
Irajusta Conditoris,
Jste Confessor.
Iste quem lœti,
Jam Christus astra as-
eenderat.
Jam lucis orto sidère.
Jam sol recedU igneus.
Jesui corona celsior.
Jesu, corona Virginum,
Jesu, decus angelicum.
Jesu, dulcis amor meus,
Jesu^ dukis memoria.
JesUjRedempt, omnium,
Jesu Redempt. omnium,
JesUf Rex admirabilis.
Legis figuris,
Lucis Creqtor optime.
Offices. JkatearsoQ lièdet*
Précieux sang. xvii«ouxviii«siècle.
Gomm.desConfes. Du ix«au xv» siècle.
S.Joseph. XVI i«ou XV m® siècle.
Pentecôte.
Prime.
Trin.etSam.àvêpr.
Gonf. noQ Pont.
Com.des Vierges.
S. Nom de Jésus.
Linceul de N.S.
S. Nom de Jésus.
Conf. Pontife.
Noël.
S. Nom de Jésus.
Couronnes d'ép.
Dim. à vêpres.
Lustra sex qui jam Passion.
peregiL
Lux aima, Jesu^ men» Transôguration.
tium.
Lux ecce surgit aurea. Fer. V à laud.
Lux 0 décora patriœ. SS.GyrilleetMéthode
Magnœ Deus potentiœ.
Maria castis osculis.
Fer. V à vêpres.
Ste Madeleine.
Martinx celebri. Ste Martine.
Martyr Dei Venantius, S. Venant.
Mémento rerum Condit, Petit oif.de la Ste V.
Miris modis repente, S. Pierre -ès-liens.
Mœrentes oculis.
Mysterium mirabile.
Passion.
Linceul de N. S.
S.Ambroise,m.397.
idem.
id.
id.
id.
S. Bernard, m. li 53.
xvii® ou xviii» sièc.
S. Bernard.
IX® au XV* siècle.
S. Ambroise.
S. Bernard.
XVII® ou xviii® sièc.
S. Grég. le Grand,
m. 604.
Claudien Mamert
m. 462.
Urbain VIlI,m. 1644.
Prudence, m. 413.
Léon XUL
S. Ambroise.
S. Odon de Gluny, m.
942 « .
Urbain VIÎI.
XVII® ou XVIII® sièc.
S. Ambroise.
S. Paulin d'Aquilée,
m. 804 «.
XVII® ou xviii® sièc.
id.
1. S. Odon (879-942), second abbé de Gluoy, et l'arbitre des
princes de l'Eglise et des rois, composa aussi des hymnes et
des antiennes en l'honneur de saint Martin, dans la cathédrale
duquel il était chanoine avant d'avoir pris l'habit monastique.
2. S. Paulin, patriarche d'Aquilée, en 777, que Gharlema-
gne appelait MiJkitre de grammaire et très vénérable^ a composé
plusieurs hymnes en grands iambiqueSé
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DBS HYMNES.
213
Hyant».
Nocte surgentes,
Nox^ atra rerum.
Nox et tenebrx.
OffiOM
Dim. à matines.
Fer. V à matines
Fer. IV à laud.
JNunCy Sancte nobis SpU Tierce.
ritus.
Antenrt ou aièclM.
S.Grég.leGr.m.604.
S. Ambroise, m. 397.
Prudence, m. 413.
S. Ambroise.
O glmosa Virginum.
O nimis feiix,
Opus decusque,
O quoi undis,
O singularis femina.
Petit Off. de la Ste S. Fortunat de Poi-
Vierge.
S. Jean-Baptiste.
Ste EUnabeUi.
N.D.des7 Douleurs.
Réf. des pécheurs.
O sola magnarum tir- Epiphanie
hium,
O sol salutis.
O Stella Jacob,
Laudes du carême.
Pureté de Marie.
Pange lingua.,» Corpo-
ris.
Pange Ungua, . lauream.
Peuchale mundo gaud,
Pater supemi luminis.
Placarey Christe, servuL
Prxclara custos Virgi-
num.
Primo die quo Trinitas,
SS. Sacrement.
Temps de la Pas-
sion.
Apôt. Temps pasc.
Ste Madeleine.
Toussaint.
Imm. Concep. et
Pureté de Marie.
Dim. à matines.
tiers, m. 600.
Paul d'Aquilée, m.
774.
Urbain VIII,m.l644.
xvii«ouxviii«siècle.
S. Pierre Damien,
m. 1073.
Prudence.
ix« au XV* siècle.
XVI 1" ou XVIII® sièc.
S. Thomas d'Aquin,
m. 4274.
Claudien Mamert,
m. 473 *.
S. Ambroise.
S. Odon de Cluny.
m. 942.
Raban Maur, m.847.
XVII" ou xviii® sièc.
S.Grég.leGr. ».
1. Jusqu'au xvii« siècle/ on attribuait cette hymne à saint
Fortunat de Poitiers; mais, depuis, les critiques les plus auto-
risés, et pour d'excellentes raisons qu^on peut lire dans une
note savante de l'abbé Pimont {Fascic. III. p. 70), lui ont donné
comme auteur Claudien Mamert, mort en 473. C'était un prêtre de
Vienne, frère de saint Mamert, évoque de la même ville, et l'un
des homines les plus savants de son temps. Il mit en ordre un
recueil d^e psaumes et de leçons à l'usage de l'Église de Vienne^
et composa plusieurs hymnes, pçirmi lesquelles le Pan^e, linguaj
gloriosif de la Passion.
2. D. Guéranger l'attribue à saint Ambroise, contrairement
à l'opidion commune.
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ti4 LES ÉLtMENTS DBS BBURES CANONIALES.
HfniMt. OffieM.
Ànteon oa tièeiei.
Quwnam lingua. Ste Lance.
xvii« ou xviiie sièc.
Quemterray porUus. Petit Off. de la Ste S. Fortunat de Poi-
Vierge.
tiers, m. 600.
ftie certvm. Sacré Cœur.
xvn« ou xvm« sièc.
fue Christum Transfiguration.
tis.
nque in orbe, S. Pierre aux liens.
Prudence, m. 4^3.
S. Paulin d'AquiJée,
m. 804.
)oten$. Sexte.
S.Ambroise,m. 397.
olio. S. Hermenegilde.
Urbain VUl,m. 4644.
iperni. Ste Thérèse.
Urbain VIÏI.
>eator optime. Fer. III à matines.
S. Ambroise.
Deus, tenax None.
idem.
'iosemartyrum, Com. des Martyrs
S.Grég.Ie Gr.m.604.
pUerneeœlitum, Dim. à matines.
S. Ambroise.
m ChristL N. D. AuxiJialrice.
xix« siècle.
ilorum turbine. Passion.
xvn« ou xvin« siècle.
olemniis. SS. Sacrement.
S. Thomas d'Aquin,
m. i274.
œiemaB dator, Toussaint.
RabanMaur,m.847.
humansB sator. Ascension.
S. Ambroise.
fChristivulnera, Précieux Sang.
XVII* ou xviii» siècle.
, Clavi et Laneea, Ste Lance.
idem.
, flores MoTty- SS. Innocents.
Prudence.
Maier Utud Compassion.
Jacopone de Todi,
m. 4306*.
I B. Jacques de Benedictis, plus connu sous le nom de
ae de Todi, poète italien, mort en 4306, était l'ami et le
iporain de Dante. IlsedonnatoutàDieuaprèslamort tra-
ie son épouse, et entra dans l'ordre des frères mineurs,
n lui a consacré dans ses œuvres (Tom. V) la page sui-
opone, entrant dans le cloître, le trouvait déjà tout reten-
des cantiques de saint Bonaventure et de saint François;
n'étonne donc plus qu'il les ait continués, surpassés, et
converti, abîmé dans les prières et dans les jeûnes, y
iivé des vers immortels.
vait à choisir entre les exemples de ses deux maîtres, en-
chants italiens de saint François et les séquences latines
it Bonaventure. La séquence, en vers syllabiqur ' rimes,
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DES HYMNES. 215
Hymnes. Offices. Autenn oa sitelet*
Sedibus cœlinitidis re- SS. Cyrille et Mé- Léon XIII.
ceptos. thode.
Somnorefectis artubus. Fer. II à matines. S.Ambrobe,m.397.
Splendor paterme gUh Fer. II à laudes. idem.
riœ,
Stabat Mater, Compassion. Jacopone de Todi.
m. 1306.
SummœDeusclementiœ, N.D.des 7 Douleurs. xvii«ou xviiPsièc.
Summw parms, Trinité et Samedi S.Ambroise,m.397.
à matines.
Summi Parentis Filio. Sacré-Cœur. xvii» ou xviii* sièc.
Summi Parentis unice. Ste Madeleine. S. Odon de Cluny,
m. 942.
Te, Redemptoris. N. D. auxiliatrice. xix« siècle.
Te, Joseph, célèbrent, S. Joseph. xvii* ou xyiii» siècle.
Telluris aime Conditor, Fer. III à vêpres. S. Âmbroise.
Te luds ante terminum, Complies. idem.
Te^MateralmaNuminis, Maternité de Marie, xvii* ou xviii« siècle.
plaisait aux oreilles du peuple par une cadence plus saisissable
que la prosodie savante des anciens. Introduite dans l'Église dès
le temps de saint Augustin, cultivée dans les écoles du moyen-
âge, elle venait d'atteindre, au xiii° siècle, le plus beau
moment de sa floraison. Saint Thomas avait écrit ses admira-
bles proses pour la fête du SS. Sacrement, et le Dies irXy qu'on
attribuait au pape Innocent III, faisait gronder ses strophes me-
naçantes sous la voûte des églises. Jacopone y fit gémir la Vierge
désolée, et composa le Stabat Mater dolorosa.
• La liturgie catholique n'a rien de plus touchant que cette com-
plainte si triste, dont les strophes monotones tombent comme
des larmes ; si douce, qu'on j reconnaît bien une douleur toute
divine et consolée par les anges; si simple enfin, dans son latin
populaire, que les femmes et les enfants en comprennent la
moitié par les mots, l'autre moitié par le chant et par le cœur.
Cette œuvre incomparable suffirait à la gloire de Jacopone mais,
en même temps que le Stabat du Calvaire, il av&it voulu compo-
ser le Stabat de la crèche, où paraissait la vierge Mère dans toute
la joie de l'enfantement. Il l'écrivit sur les mêmes mesures et
les mêmes rimes; tellement qu'on pourrait douter un moment
quel fut le premier, du chaot de douleur ou du chant d'allé-
gresse. Cependant la postérité a fait un choix entre ces deux
perles semblables ; et, tandis qu'elle conservait l'une avec amour
elle laissait l'autre enfouie. Je crois le Stabat Mater speeiosa
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2i6 LBS ÉLÉMENTS DBS HBURES CANONIALES.
Te splendor et virtus,
Tibij Christs, splendor.
Tinctam ergo Christi,
Tristes erant Apostolû
Tu natale solum.
Tu Trinitatis unitas.
Ut queant Iaxis.
Offices.
S. Michel., .
S. RaphaêL
Ste Lance.
Antears on siècles.
Raban Maur, m. 847.
idem,
xvu" ou xviii* siècle.
Ck>ni. des Apôtres S.AinbFoiseyin.397.
dans le T. Pascal.
Ste Martine. Urbain Vni,m. 1644.
Fer. VI à matines. S. Ambroise.
S. Jean-Bapt.
Veniy Creator Spiritus. Pentecôte.
Venit e cœlo. Agonie de N. S.
Yerbum supemum pro' Avent.
diens.
Verbum supernum pro- SS. Sacrement.
diens.
Paul,diac.d*Aquilée9
m. 774.
Charlemagne, 814.
XVII® ou via* siècle.
S. Ambroise.
S. Thomas d'Aquin,
, m. 1274.
encore inédit; et, quand j'essaie d'en traduire quelques strophes
je sens s'échapper l'intraduisible charme de la langue, de la
mélodie, et de la naïveté antique:* Elle était debout, la gracieuse
» Mère, auprès de la paille, elle se tenait joyeuse, tandis que
• gisait son enfant. — Son âme réjouie, tressaillante et tout
» embrasée, était traversée d'un rajon d'allégresse. — Quel est
» l'homme qui ne se réjouirait pas, s'il voyait la Mère du Christ
â dans UQ si doux passe-temps ? — Qui pourrait ne point par-
â tager sa félicité, s'il contemplait la mèredu Christ jouant avec
B son jeune Fils ? — Pour les péchés de sa nation, elle vit le
B Christ au milieu des bêtes, et livré â la froidure. .— Elle vit
B le Christ, son doux enfaut, vagissant misiis adoré, sous un vil
B abri. — Devant le Christ, né dans la crèche, les citoyens du
» ciel viennent chanter avec une hnmense joie. — Debout se
> tenaient le vieillard et la Vierge, sans parole et sans langage,
» le cœur mort de surprise. »
Je m'arrête, et je ne sais si la grâce de ce court tableau me
trompe, en me rappelant une vieille peinture de Lorenzo di
Credi. On y voit, au premier plan, l'enfant Jésus couché par
terre sur un peu de paille ; auprès, se tiennent saint Joseph
debout, s'appuyant sur son bâton, et la vierge Marie agenouil-
lée, dans tout le recueillement d'une sainte et dans toute la joie
d'une jeune mère. A ses côtés et derrière e^e, paraissent les
anges: et le peintre n'a pas oublié le bœuf et l'âne, ces deux
bons serviteurs, àqulle peuple faisait partager la joie de Noël. »
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DES HYMNES. 2(17
Hymnes. Offices. Àntears oa nèeles.
VexUlaRegisprodeunU Temps de la Passion S. Fortunat de Poi-
et off. de la Croix. tiers, m; 600.
Virginis proies, Comm.des Vierges. ix« au xy« siècle.
Virgo virginum. Compassion. Jacopone de Todi,
m. 4306.
II. — Les commentateurs.
Nos hymnes ont inspiré de nombreux et excellents
commentaires; il est. bon d'y recourir, surtout pour
les endroits qui sont plus difficiles. Celui qui con-
naît le véritable sens littéral ou mystique de ces poésies
liturgiques ne peut que les réciter ou les chanter avec
plus de ferveur encore. Voici donc la liste des princi-
paux commentateurs, par ordre chronologique; on en
trouvera une énumération plus complète dans Zac-
caria {Bibliotheca Ritualisa).
l®Clicthoue(1515) : Elucidatoriumecclesiasticumad
of/icmm divinum pertinentia plenius exponens. L'au-
teur est complet au point de vue littéraire et prati-
que, mais la partie du cœur y est négligée, et l'on
voudrait y voir plus de réflexions pieuses.
2® Denys le Chartreux (1542) : Hymnorum aliquot
veterum ecclesiastkorum pia nec minus erudita enar-
ratio. On le trouve à la fin d'un volume du même
1. Zaccaria, jésuite italien (H 14-1795), fut un des hommes les
plus versés dans la science ecclésiastique, et en même temps,
des plus dévoués au Saint-Siège pour en défendre les préro-
gatives. Ses ouvrages imprimés s'élèvent au nombre dej cent
six. Le plus important parmi ses travaux liturgiques, est la
Bibliotheca RUualis en 3 vol. in-4°, riche collection biblio-
graphique, et d'un prix inappréciable pour l'histoire de la
liturgie. Le savant et laborieux auteur nous a laissé en-
core pour, ce qui nous concei '^e : 1® Onomasticon rituale «e-
lectum, dictionnaire liturgique a'ime haute portée scientifique,
et accessible à un plus grand nombre de personnes que le
précédent; — 2<» De usu librorum liturgicorumin rébus theologicis;
— 3*» Traité DelTAnno Santo, et4« des Annotations au livre des
Moturs des chrétiens de Fleurj, ainsi que de nombreux et sa*
vants articles dans les Revues d'Italie.
T. u. 13
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^18 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES-
auteur. Ilj a dans ce travail de très heureux aper-
çus au sujet du symbolisme et de la mystique.
3* Cassandre (1556): Hymni ecclesiastici^ prxsertim
qui Ambrosiani dicuntur,mulH$ locis aucti et recogni-
tL.. cum scholiis opportunis in locis adjectis. C'est
un recueil qui se fait surtout remarquer par des notes
curieuses.
4* Michel Tîmothée (1582) : In Hymnos ecclesiasti-
cos ferme omnes... brevis elucidatio. Cet ouvrage,
Tun des plus utiles pour comprendre les hymnes, sa-
tisfait en même temps l'esprit et le cœur.
5" Palantîeri (1606) : Explanatio illustriss, Joan.
Paul. Palanterii in hymnos ecclesiasticos. On y trouve
le même esprit que dans le précédent*.
6® Le P. Grégoire de Marsala (1646) : Hymno-
dia sanctorum Palrum quœ a S, Rom, Ecoles, per an-
num decantari solet,. commeniariis uberrimis expie-
ta^ omnibus sacrae Scripturâs studiosis ac concionatori"
bus apprime utilis : ouvrage d'une exubérance un
peu confuse, mais dans lequel on retrouve tout ce qui
a été dit par les auteurs plus anciens, mêlé aux
réflexions particulières de l'auteur qui ne sont pas
sans mérite.
7^ Le B. cardinal Thomas! (1747) : Bymnarium.
Ce livre, comme tous ceux du savant et pieux au-
teur, est des plus sérieux, et jouit d'une très grande
autorité.
8® Du Méril(1843) : Poésies populaires latines ^ anté-
rieures au XII® siècle ; ouvrage utile, surtout pour la
question du nouveau système de versification (accent
tonique, assonance, rime, etc.), d'après lequel un cer-
tain nombre de nos hymnes sont composées.
9®Daniel(1841-1856): Thesaurm hymnologicus, sive
hymnorum^ eanticorum, sequentiarum circà annum
i . Palaotieri était franciscain, et évèque de Gédonia^ au com-
mencement du XYU* siècle.
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DES HYMNES. 219
MD usitatorum collectio amplissima. Carmina colle-
git, apparatu critico omavit, vetetuminterpretum no-
tas selectas suasque adjecit Daniel, Le travail répond
aux promesses de son titre *.
10® Reithmeier (1883) : Flores Patrum latinorum et
Bymni ecclesiasticiy recueil fait sur les meilleures édi-
tions et enrichi de notes brèves et précieuses.
11* Enfin, et surtout Tabbé Pimoat (1874) : Les
Hymnes du Bréviaire Romain. Une savante introduc-
tion nous fait connaître Torîgine des hymnes, leur
insertion au bréviaire, le caractère général du style,
la lutte de Thymiiographie romaine avec la Renais-
sance, et enfin la réforme d'Urbain VIII. On trouve en-
suite dans le corps de l'ouvrage, sur chacune des
hymnes étudiées à part, une critique littéraire et une
explication littérale et mystique qui ne laisse rien
à désirer.Tout n'est pas encore paru.
% II. — PRIHGIPBS LITURGIQUES SUR LA RÉCITATION
ET LE CHANT DBH HYMNES.
Nous aurons suffisamment expliqué ces principes,
en commentant le texte de la Rubrique. (Tit. xx, de
Eymnis.)
« 1. On dit une hymne à chaque heure, excepté à Toffice
des morts, et depuis le Jeudi-Saint jusqu'aux >FÔpres du
samedi in albis exclusivement. »
Les hymnes, en effet, firent toujours partie des fêtes
sacrées, comme étant l'expression vive et joyeuse des
sentiments de l'homme envers la Divinité; aucune so-
\ . Daniel, docteur protestaat de l'université de Halle, s'est ac-
quisdesdroits à la reconnaissance des catholiques, parla collec-
tion liturgique m3ntioaûtie plus haut. Les notes et scholies y
sont pleines d'érudition. On remarque partout un grand respect
pour le culte du SS. Sacremeot, et la plus sincère impartialité.
L'auteur ne craint pas d'admirer, quand il 7 a lieu, la belle
et suave poésie de nos h/mnes.
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220 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
lennité chez les Hébreux, aucune réunion dans le tem-
ple, où ne résonnât le chant des psaumes et des canti-
ques, élans sacrés de leurs pieux transports. L'Ëglise
voulut aussi que Thymne chrétienne vint embellir ses
heures canoniales, et mêler les poétiques accents de
sa louange à ceux des psaumes Inspirés. De là cette
rubrique : Hymni semper dicuntur in quâlibel horâ.
11 y a cependant une exception pour les trois der-
niers jours de la Semaine-Sainte, pour l'octave de Pâques
et pour Toffice des morts. L'hymne, en effet,d'après tous
les auteurs, profanes ou religieux, est un cantique de
louange et de joie : « Oportebat nos y disait Epictète,
laudare et celebrare Numen..,^ decet canere hymnum
Deo » (L. I, c. 16.) ; et Sophocle: « Hymnus est Dei laus
per Carmen, t) ei; Ôeov ùSr). » — « Modulata laus est
hymnus » , disait à son tour saint Grégoire de Nazianze ;
— et saint Augustin : « Hymnus, cantus cum laude
Dei, » (InPs. 72.) Mais alors il ne convenait pas de
chanter des hymnes aux offices de tristesse et de deuil.
L'hymne semblait aussi n'avoir plus de raison d'être
dans l'octave pascale, dont l'office tout entier est un
cantique de joie.
L'absence d'hymne, en ces jours bien choisis, nous
rappelle aussi les premiers temps, où l'office n'en avait
pas, mais était composé seulement de psaumes et des
leçons de l'Ecriture.
« 2. A matines, l*hymne se dit après le psaume Venite
et la répétition de i'Invitatoire, excepté le jour de l'Epi-
phanie. A laudes et à vêpres, elle se dit après le capitule ;
aux petites heures, avant les psaumes; à compiles, après
les psaumes et l'antienne. »
L'hymne occupe donc, dans l'office divin, trois places
différentes : à matines et aux petites heures, elle est
avant les psaumes; à vêpres et à laudes, après le ca-
pitule; à compiles, avant ce dernier, mais après
les psaumes. Tout ici, comme partout ailleurs, a sa
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Iff^^'^'fe^^.:
DES HYMNES. 221
raison d'être. L'Invîtatoîre, qui excite à la joie : Venue,
earî///emw5 Z)omi;io, amenait tout naturellementrhymne.
Le cardinal Bona donne une autre raison : « Si Tlnvi-
tatoire, dit-il, n'a pas suffi pour exciter les cœurs,
peut-être encore endormis au milieu de la nuit,
l'hymne, par son caractère joyeux, le fera, et ils seront
mieux disposés au dévot chant des psaumes. » {Div.
Psalm. c. XVI, | vi, n. 4.) Le même auteur nou
dit plus loin pourquoi Phymne précède aussi les
psaumes dans les petites heures : « On est alors en
plein jour, dit-il, et Tàme, déjà distraite par les occu-
pations de la vie, doit être au plus vite rappelée aux
sentiments de la prière et aux pensées de Dieu. Or le
chant suave et joyeux de l'hymne remplit aussitôt de
louanges nos cœurs ettnos lèvres. (C. xvi, | ix, 4.)
L'hymne suit les psaumes à toutes les autres heures;
c'est par respect pour la parole de saint Paul, qui
semblait indiquer cet ordre, quand il exhortait les
jBdèles à louer le Seigneur in Psalmis, Hymnis et Can-
ticis. (Eph. V, 19 et seq. — Coloss. m, 16.) « Notre Ame,
du reste, dit le cardinal Bona, n'a nul besoin alors
d'être excitée au chant des psaumes par le chant préa-
lable d'une hymne. »
Celle-ci précède le capitule à compiles, contraire-
ment à ce qui se fait à laudes et à vêpres. C'est parce
que le répons bref, à cause de son harmonie avec le
capitule, suit immédiatement ce dernier.
La rubrique, en indiquant la place de l'hymne à
matines, fait une exception : prseterquam in die Epi-
phanie. Le jour de l'Epiphanie, en effet, il n'y a
pas d'invitatoire, ni par conséquent d'hymne après,
ces deux parties étant corrélatives. Nous verrons pour-
quoi l'office commence alors par l'antienne et les
psaumes.
« 3. A l'office du Temps, on récite les hymnes du Psau-
tier, quand il n'y en a pas au Propre du Temps. Les hym-
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:S ÉLÉMENTS D«S HEURES CANONIALES.
sautier assignées pow les dimaDches et les fériés
it depuis l'octave de la Pentecôte jusqu'à l'A vent,
3 dimanche dans Toctave du SS. Sacrement, et
►ctave de l'Epiphanie jusqu'au premier dimanche
e exclusivement. Dans l'office des saints, on les
Propre des Saints, et, s'il n'y en a pas, au Gom-
l'avons ici qa'une observation à faire, au sujet
me Iste Confessor. Une rubrique particulière
lu commun des Confesseurs, de changer les
niers vors de la première strophe, quand ce
; le jour même de la mort du saint. Ce chan-
3st indiqué au Propre des saints par Tabrévia-
t. V. [mtitatur ter tins versus). Au lieu de :
Kac die lœtus meruit beatas
Scandere sedes.
alors :
Hac die lœtus meruit supremos
Laudis honores,
ière version indique explicitement le jour de la
n*a plus d'application en dehors de ce jour,
le la formule substituée convient alors parfai-
Le saint, en effet, a mérité qu'on lui rende,
le sa fête^ les honneurs du culte public. Voici
règles de ce changement :
on célèbre la fête du saint le jour même
lort, il faut dire : Beatas scandere sedeSy et
iant toute l'octave, celle-ci n'étant que la
tinuée. On dit : Supremos laudis honores^
me translation fixe ou accidentelle, la fête
; célébrée le jour même de la mort du saint,
1701,)
e doute si le jour de la fête est celui de la
vaut mieux, d'après de Herdt, faire le chan-
car les paroles en sont toujours vraies. Si
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DBS HYMNBS. n^
Toffice était transféré immédiatement après le jour de
la mort, et avait ses premières vêpres, au moins
à partir du capitule, on ne ferait le changement dans
aucune partie de l'office; Thymne des premières vê-
pres, en effet, a été récitée le jour même de la mort, et
tout l'office doit se continuer comme il a été commencé.
Si Toffice, ainsi transféré immédiatement après le
jour de la mort, n'avait, la veille aux vêpres, qu'une
simple mémoire, on ferait le changement, puisque la
raison ci-dessus n'existe pas. (13 juin 1682.) Le chan-
gement ne se ferait pas, si l'office ayant une octave
était transféré dans les huit jours. L'octave entière, en
effet, continuation de la fête, n'est, par cela même,
qu'une extension du jourde la mort. (2 septembre 1741.)
La sacrée Congrégation des rites a répondu, le 3
mars 1761, que, si l'on récitait les hymnes non corri-
gées, on pouvait omettre ou faire le changement, selon
l'ancien usage de son Église. A Toffice des Stigmates
de saint François d! Assise^ il faut toujours dire :
Hac die Uetus meruit beata
Vulnera Christù
(2 sept. 1741 —7 août 1871.)
« 4. De Noël à l'Epiphanie, le jour du SS. Sacrement et
pendant Toctave, et aussi toutes les fois qu'on récite un of-
fice de la Sainte Vierge, de neuf ou de trois leçons, môme au
Temps Pascal, à la nn de toutes les hymnes (excepté à la
fin de rhymne Ave maris stellay et de Thymne des Laudes
du SS. Sacrement, qui ont la dernière strophe propre) on
dit : Jesu tibi sit gloria. Qui natus es de Virgtne, comme au
petit office de la Sainte Vierge. Cela doit s'observer même
aux hymnes des saints dont on célèbre la fête pendant ce
temps ou ces octaves, pourvu que ces hymnes soient de
même mesure et qu'elles n'aient pas la dernière strophe
propre, comme l'hymne de la Sainte Croix à Vêpres, et
celle de l'office de plusieurs Martyrs à Matines.
« 5. Le jour de l'Epiphanie et pendant l'octave, on dit
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224 LES ÉLÉMBNTS DBS HEURES CANONIALES.
à la un de toutes les hymnes : Jesu^ tibi sit gloria^ Qui ap-
paruisti gentibus,
c 6. Depuis le dimaDche in albis jusqu'à l'Ascension,
ainsi que le jour de la Pentecôte et durant son octave, on
dit à la fin de toutes les hymnes : Deo Patri sit gloria, Et
Filio qui a mortuïs,,. et cela, même aux fêtes des saints qui
arriveraient pendant le Temps Pascal, mais avec les res-
trictions du n® 4.
« 7. De l'Ascension à la Pentecôte, excepté à l'hymne
Salutis humanœ Sator, on dit : Jesu, tibi sit gloria^ Qui
Victor tn cœlum redis,,, môme aux fêtes qu*on aurait a cé-
lébrer en ce temps-là.
« 8. Le jour de la Transliguration de Notre-Seigneur,
on dit : Jesu, tibi sit gloria, Qui te révélas parvulis... Dans
les autres temps, on termine les hymnes comme il est mar-
qué. i>
Les cinq numéros précédents nous indiquent les
changements à faire dans la doxologie. Il nous faut
donner à ce sujet quelques explications.
L'Eglise a voulu que Thymne, cantique de louange
comme les psaumes, eût aussi comme eux sa doxologie,
résumé du poème, et en harmonie avec lui. Quoi qu'en
aient pensé certains auteurs, Tusage de ces doxologies
est aussi ancien que celui des hymnes; saint Ambroise,
d'après Hincmar de Reims {Lib. de non trinâ Deitate)^
aurait composé celles qui concluent les hymnes am-
brosiennes.
La doxologie des hymnes varie souvent avec le temps
liturgique, et avec les fêtes de Notre-Seigneur et de la
Sainte-Vierge.
Celle du Temps ou d'une octave est conservée à
tous les offices qu'on célèbre alors, quand même on
n'y ferait pas mémoire de ce temps ou de cette octave,
à moins que ces offices n'aient aussi une doxologie
propre. (29 nov. 1755.)
Le changement de doxologie, quand il doit avoir
lieu, se fait à toutes les hymnes de l'office, mais à la
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DES HYMNES. '225
condition qu'elles soient de même mesure que la doxo-
logie propre, à cause du chant et de l'harmonie poé-
tique.
Cette règle a plusieurs exceptions; le changement
ne se fait pas : 1® à l'hymne des matines du commun
de plusieurs martyrs, ni à celle des premières vêpres
de la Croix, de saint Venant, de saint Jean deKenty.
Voici les doxologies de ces hymnes:
Te nimc, Redemiptor^ quœsumus,
Ut martyrum eonsortio
Jungas precantes servulos
In sempitema sœcula.
Te, fons salutis, Trinitas,
CoUaudet omnis spiritus :
Quitus crucis victoriam
Largiris, adde prsemium,
SU laus Patri, sit FiliOy
Tibiqypf sancte Spiritus ;
Da per preces Venantii
Beata nobis gaudia,
0 una, semper Trinitas î
0 trina Semper Unitas !
La, s^jpplicante Cantio,
Mterna nobis prœmia,
La mention explicite qu'on a voulu fairedes martyrs,
de la Croix, et des deux saints dans ces conclusions, dis-
paraîtrait avec une autre doxologie. Ces dernières stro-
phes, du reste, sont comme des doxologies propres qui
excluent, en vertu de la règle donnée plus haut, celle
du Temps ou des octaves. Gavantus nous apprend
à les distinguer des doxologies communes: « La der-
nière strophe peut être considérée comme propre, dit-
il, lorsque, en retranchant ce qu'elle a de spécial, on
retranche par cala même la demande ajoutée à la
glorification de la Trinité: Bymni habent ultimumver-
sumproprium, hoc est ita proprium, utsi'careat solito
T. II. i3.
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tu LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
fine^ careat petitione quai fit ad Deum ante glorifica-
Honem SS. Trinitatis, vel simul cum eâdem glorifica-
tione. » Tétamo en donne une définition qui nous
parait plus exacte, plus générale et plus claire: « Illos
hymnos habere ultimum versum proprium qui^ in fine ^
non exprimant gloriam Trinitatis^ aut prseter gloriam
Trinitatis aliquid aliud exprimunt *. »
2® Le changement de doxologiene se fait jamais non
plus : à VAve maris Stella^ au Verbum supemumprch-
diens^ ni au Veni Creator ; celui-ci a deux doxologies
différentes, Tune pour le Temps Pascal :
Deo Patri sit gloria^
Et Filio qui a mortuis
Surrexity ac Paraclito,
In sempitema sxcula.
Et Tautre pour le temps ordinaire :
Deo Patri sit gloria^
Ejusque soli Filio,
Cum Spiritu ParaelitOy
Nunc et per omne sxculum,
(7 apr. et 28 juil 1832.)
Les hymnes de la fête appelée : Expectatio partes B,
M. F. étant les mêmes que celles de TAvent, en con-
servent aussi la conclusion. (23 mai 1835.)
Si deux offices pçcurrentg î^vaieQt chacun leur doxo-
logie propre, on prendrs^it celle de celui qui, d'^prè?
les règles de l'occurrence, remporterait sur l'autre,
3i deux offices, ayaut aussi leur doxologie propre,
étaient en concurrence, on dirait, à yêpres et à oom-?
plies, celle dont Toffice a les vêpres eptière^, qu m
moins à partir du capitule. (33 mai 18350 l**hyiiane
1. Tétamo, prêtrç ^icili^n, flt p^ri^ître, de 1779 à 1784, unbçl
oijvrftge de liturgie pratique en 8 volume? in-4'> : Mt^rium Li-
turgico-TheologieO'MoraleySive sacri rîius^ InstituHones EoelesiaS'
Uc9f morumque disciplina, r^otanda singulis temporibui atqti^
éi^^m mm gçcl^sig^ti^i ^i <wiiH$.
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DBS HYMNES. 2)7
des vêpres, en effet, appartient dans ce cas à cet of-
fice, ainsi que l'heure des complies et son hymne.
Lorsqu'un seul des offices en concurrence a une
doxologie propre, on la dit à Thymne des vêpres et
des complies, pourvu qu'il y ait au moins mémoire de
cet office à vêpres (iÎMÔ. ad Complet, in offre. B. M. V.
in Sabbato; — il Mart. 1871); sinon cette doxologie
propre serait omise, parce que cet office ne commence
alors qu'aux matines suivantes, ou s'est terminé à none
du jour.
Les dimanches de l'Avent prennent la doxologie
d'une octave occur rente, comme serait, par exemple,
celle de l'Immaculée Conception. (S mai 1736.)
La doxologie propre aux hymnes de quelques saints,
comme saint Venant et saint Jean de Kenty, ne se dit
pas aux petites heures ni à complies; ce privilège n'ap-
partient qu'aux fêtes de N. S. et de la très Sainte
Vierge. (19 juin 1700. — 12 novembre 1831.)
Les Temps de TAvent et de la Passion n'ont pas
de doxologie propre; il n'y a que ceux indiqués dans
la rubrique générale, et il faut s'en tenir là. (21 jan-
vier 1662.)
Il est, sur les hymnes, d'autres principes liturgiques
que nous devons ajouter ici:
* 1® On ne doit jamais omettre les hymnes histori^uesy
parce qu'elles forment une légende complète. Si
Tune d'elles ne pouvait avoir sa place ordinaire, elle
serait attribuée à une autre heure canoniale, ou uni^,
selon le cas, à une autre hymne. (12 novembre. 1831.)
2** Pour le cbftut des hymnes d'une même mesure,
il faut prendi-e celui du Temps qù l'on se tf ouve, qu ce-
lui de l'octave que l'on célèbrQ. (^^ iRftvP iÇ26? ^^P.^
torium chori.)
3® Toutje chœur est alors debout, comme il convient
au chant de la louange: ^ Siando hymnus cantatur^ dit
Burand de Mende, in ereetione eorperum ostendentes
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228 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
% laudando Deum^ corda sursum erecta habere
is .» (1. V, c. II, n. 24.)
i se met à genoux, cependant, à la première
du Vent Creator et à^YAve maris Stella^ et
endant celle du Pange lingua qui commence
mots : Tantum ergo sacramentum, quand le
acrement est exposé ; s'il ne Tétait pas, on s'en
it à la coutume, des lieux. (4 aug. 1663.) Le
BS paroles demande ici cette posture humble
iliante.
['office du dimanche et à celui des fêtes célébrées
u certain éclat extérieur, ainsi qu'au chant so-
dé tierce, les hymnes sont entonnées par le cé-
;, fùt-il même évèque; c'est parce qu'elles ont
rs un caractère de solennité auquel ces cir-
ices ajoutent encore. Mais un seul chantre, et
célébrant, entonne l'hymne à compiles et aux
heures, ainsi qu'à tout l'office de la férié et
itres qui seraient célébrés sans solennité ; à
toutefoi| que l'usage des Eglises n'en réserve
3 dernier cas l'intonation à l'officiant. (Çœrem,
1. II, c. m; Direct, chori.)
es acolytes ne demeurent devant le célébrant que
it l'intonation de l'hymne. Ils vont aussitôt après
r leurs chandeliers sur les degrés de l'autel et
rent à leur place. C'est, d'une part, à cause de
unité de l'hymne et pour honorer le célébrant ;
'autre, pour ne pas trop se fatiguer à porter
îs chandeliers durant tout le chant de l'hymne.
Article IV. — Des Antiennes.
5 en ferons connaître l'origine et le but ainsi
règles liturgiques.
§ I. BUT ET ORIGINE DES ANTIENNES.
itienne, (du grec 'AvTiçttivy), sonus contra^ écho,
lui répond à un autre), est une petite invocation
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DES ANTIENNES. 229
OU une courte sentence, inspirée par les différentes
idées de l'office et qui correspond au chant des psau-
mes; de là son nom. Elle précède et suit toujoui
effet, ces derniers.
CassiodoT^e en attribue Torigine à saint Ignace
tyr, pour rOrient (In Tripart, 1. X,c. 9), et 6ranc(
saint Ambroise, pour l'Occident. (I Part.c. 3.) Ma
auteurs ne parlaient que du chant alternatif des
/mes, appelés aussi pour cela: Antiennes, Antipi
Le pape saint Célestin, en instituant, d'après le
Pontificalis^ que la messe commencerait par un ps
de David et une antienne, introduisait celle-ci
l'office divin ; « nous voyons dès lors, dit Dom
ranger, les antiennes eu usage, soit dans la ps
die des heures, soit dans la célébration de la me
Saint Grégoire le Grand, à la fin du vi* siècle, pi
déjà un Antiphonaire^ dont la deuxième partie r<
mait des répons et des antiennes, et qui n'éta
la révision, enrichie par lui, d'un recueil plu
cien.
Ainsi, l'usage des antiennes ne remonte pas
haut que Toffice lui-même. « Autrefois, ditGran
on chantait les psaumes sans antiennes, et cela no
resté le jour de Pâques et sa semaine aux petites h(
et les trois jours avant Pâques. Dans la suite, o
blit les antiennes. » ( De l'office divin, des Ancien
Leur nombre n'était pas déterminé, et l'on
quelquefois plusieurs psaumes sous la mêm(
tienne; ce rit ancien nous est conservé aux j
heures, au premier nocturne du dimanche et d
temps Pascal.
Agobard, archevêque de Lyon, au milieu d
siècle, faisant revivre un principe condamné par 1
trième concile de Tolède, ne voulait, dans l'office (
et par conséquent pour les antiennes, que des e^
de l'Ecriture. « Il ne fallait pas offrir à Dieu, disait-
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230 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
feu étranger; » comme si toute parole vraie ne venait
pas de Dieu, selon la remarque du cardinal Bona ^ Im-
bues en partie de ce principe faux, plusieurs Eglises
de France, et celle de Paris surtout, rejetaient de leur
bréviaire particulier toute antienne d'origine purement
ecclésiastique. Mais l'Eglise deRome n'a jamais fait dif-
ficulté d'admettre dans sa liturgie des paroles hu-
maines quand, après les avoir contrôlées, elle les ju-
geait dignes de son culte. Aussi les antiennes du bré-
viaire i*omain sont, tantôt des extraits de l'Ecriture,
tantôt des textes sacrés combinés ensemble de ma-
nière à former un nouveau sens, selon Tobjet delà fête,
tantôt enfin, une composition purement humaine
empruntée aux écrits des Pères, aux actes des martyrs
ou à la vie des saints. Quelquefois, les antiennes ne
concordent pas avec les versets de l'Ecriture dont elles
sont tirées; cela vient de ce que saint Pie V, ayant
ordonné d'insérer dans le bréviaire la version de la
Vulgate, on ne le fit que pour les psaumes et les le-
çons ; les antiennes y furent conservées d'après l'an-
cienne italique.
Mais pourquoi celles-ci dans l'office divin ? Ce
fut, tout d'abord, pour reposer un instant l'esprit de
la récitation ou du chant des psaumes, dont la conti-
i. Agobard, le célèbre archevêque de Lyon, mérite une
place dans Pbistoire de la liturgie par sa controverse avec
Amedaire, Pillustre diacre de Metz. Geluî-ci, dans son Antt-
phqnaire poiftano-galUcan, aY^it heurté la réforme ppér^e p^if
4gobar(i 4?ns h lit^rgje Ijonnjiisp; il y laissaj|;, selon les tra-
ditions de PEglise de Rome, plusieurs pièces liturgiques de
composition humaine, tandis que l'archevêque do Lyon ne
voulait dans Pofûce que des extraits de PEcriture, et avajt re-
tranché tout le resta qui, disait-il dans un langage exagéré,
était pour \^ vmi^s ^perflu^ ou qpprpchaif 4¥ ^h§ïi¥v[^e ef (^i
»nçn^P»P'e. Pe \è^ uqe vive ponÇrovers^ entre ce^ 4eux gran4s
hpmn^es, daps laquelle Àgobard écrivit contre Amaiaire trojs
opuscules : De Pialmodid, De correctione Anliphonarii, Liber
adoeirsui Amalwfium; mais la vérité était av«o le diaore de ïleti.
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DES ANTIENNES, 23i
nuité aurait pu devenir monotone. On ne voulut
pas cependant le distraire de l'objet de Toffice, et c'est
pourquoi les antiennes s'inspirent de la fête ou du
mystère du jour, et souvent aussi du psaume qui les
suit. Ainsi, ces petites prières ou ces courtes sentences
sont pour Tâme une nouvelle source de lumière et
d'édification. (Voirie P. Guyet, Heortologia, Wl, IV, 4 *.)
L'antienne ajoute encore à la solennité de l'office,
d'où Raoul de Tongres expliquait pourquoi il y en avait
plusieurs aux grandes heures, et une seule aux petites :
« plures antiphonœ nobiliorihtis duntur Boris, matutino
et vesperis, non autem aliis Boris quœ humiliter celé-
brari debent. » (Prop. 10.)
De graves et pieux auteurs ont aussi donné à l'an-
tienne en général une signification mystique. L'un
des premiers est Amalaire, au commencement du
IX® siècle. Comme de son temps l'antienne était en»
tonnée par l'un des chœurs et chantée par les deux
réunis après la psalmodie du psaume, le savant
diacre de Metz y a vu le symbole de la charité qui
doit unir tous les cœurs et animer nos bonnes œu-
vres: « Quel est donc, dit-il, le sens de l'antienne:
Quœ sit (mtiphona'i C'est la vertu de charité, qui
met en commun les œuvres de ceux qui sont frères
en Jésus-Christ; le psaume signifie la bonne œuvre,
6t l'antienne la charité, par laquelle chacun cède à
l'autre le mérite de ce qu'il fait, L'î^ntienne est chwtée
par deux qhœurs, parce que la charité suppose m
{, J^e P, Gqyet, jésuitp ff^nçais, yivait ft\i miljeii du xvii® siè-
cle. Son traité: Heortologia, ^ve defestis propriU loçorum et Èco/e-
siarum, est admirable d'érudition, et lui a fait un nom justement
mérité dans la scieûce liturgique. On trouve à la pn de ep
Yolt|cqe in-f^, un gr^nd nofpbre d'hjmnes ppinp^sées oq ri^toun
cb^? par routeur, pt qijj fvpeftt ipsérées d^Djs plusieurs ^ré-»
yiaires gallicans ; elles ne valent pas à beaucoup près celles de
Santeuîl. Nous avons encore du savant jésuite un Ordo p^r-
peluus divini offkii.
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232 LKS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
moins deux personnes unies, mais elle est entonnée
avant le psaume, afin que la charité vienne en vivifier
le chant et toutes nos actions en général qui, sans elle,
raient pas méritoires. ))(1. IV, c. 7.) Il estàremar-
comment après Amalaire tous les autres ont vu
illement ici la belle vertu de charité. Ce touchant
3olisme leur sert à expliquer tout ce qui régit
Dtiennes: « A certains jours, dit Hugues de Saint-
)r, on ne fait qu'annoncer Tantienne, terminée
ite à la fin du psaume, pour exprimer que la cha-
commencée sur la terre, aura au ciel sa consom-
on. » [SpecuU c. 3.) « Le ton des psaumes, dit Du-
de Mende, se mesure sur l'antienne comme le
te de nos œuvres sur la charité... Chantée alter-
;rement par les deux chœurs, elle exprime cette
ière vertu qui unit les âmes dans les mêmes
iments. » (L. V, c. ii, n.26.) « On double aux
les antiennes, dit le cardinal Bona, parce qu'en
ur la ferveur et la charité doivent être plus gran-
Un seul entonne d'abord, et le chœur continue,
parce que la charité se répand de Jésus-Christ,
en est le foyer et la cause méritoire, dans tous
aembres, soit parce que l'amour de Dieu a pré-
t le nôtre. Au temps pascal, le nombre des an-
les diminue, parce que le clergé est suffisam-
t excité à l'amour divin par le joyeux et glorieux
;ère. » (C. XVI, § x, de Antiphonis,) Saint Isidore
avilie donne à l'antienne un autre symbolisme:
e rappelle par son étymologie, dit-il, les deux
3hins et les deux Testaments qui se font écho dans
uange divine. » {deEtymolog. c. vi.) « C'est pour-
, ajoute Durand de Mende, les deux chœurs, en
tant l'antienne et le psaume, ne sont pas tournés
l'autel, mais se regardent mutuellement. » {Loc,
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DBS ANTIENNES. 233
§n. LA RUBRIQUE SUR LES ANTIENNES.
Nous la trouvons au Tit. XXI des rubriques géné-
rales : De Antiphonis. La voici avec les explications
qu'elle comporte.
« 1. A tous les offices du jour et delà nuit, on joint tou-
jours aux psaumes, des antiennes, soit une seule, soit plu-
sieurs, selon la diversité de l'ofûce et des heures. »
Les trois derniers jours de la semaine sainte et
l'octave de Pâques font ici exception ; ils n'ont pas
d'antiennes pour les psaumes à leurs petites heures
ni à compiles ; c'est en souvenir des temps anciens
où il n'y en avait aucune à l'office. On a choisi ces
jours parce que l'antienne, selon la pensée de Raoul
de Tongres, donne à l'office un caractère de solennité
qui ne convenait pas aux Jeudi, Vendredi et Samedi
saints, et parce qu'on a voulu, dans l'octave pascale,
abréger les petites heures en signe de joie, la longueur
de la prière étant considérée comme un acte de péni-
tence. Les petites heures et les compiles en tout autre
temps, ainsi que les nocturnes dans le temps pascal,
n'ont jamais qu'une antienne; c'est pour la même rai-
son qui a fait abréger l'office de Pâques, et parce que
les autres heures susdites ne sont pas assez solennel-
les. Ce rit particulier rappelle l'époque où le nombre
des antiennes n'était pas déterminé.
« 2. Si Ton fait Tofflce du temps, c'est-à-dire, du diman-
che ou de la férié, on dit les antiennes comme au psau-
tier... Elles sont placées avec les psaumes aux vêpres du
dimanche et des fériés, à compiles et aux nocturnes (raôme
quand il s'agit d'un office de trois leçons, c'est-à-dire
d'une fête simple) et ne se changent jamais, si ce n'est au
temps pascal où l'on ne dit que l'antienne Alléluia, Il faut
excepter aussi le temps de l'A vent où il y a des antien-
nes propres pour les vêpres et pour les nocturnes du diman-
che. A laudes et aux autres heures, les antiennes varient
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234 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
selon la diversité des temps comme il est marqué au propre
du Temps. Quand il n'y a pas d'antiennes propres, on dit
toujours celles du psautier.
Les antiennes de Magnificat, marquées au Pro-
1 Temps le samedi pour le premier dimanche de
3 mois, se prennent au dimanche le plus rapproché
lendes ou qui tombe le jour même des calendes,
3 il a été dit ci-dessus à la rubrique des dimanches
si à la rubrique du mois d'août ; on place tou-
le samedi, l'antienne de Magnificat qui est jointe au
Le l'Ecriture qu'on doit lire le lendemain diman-
Aux fêtes de neuf leçons, on dit, à vêpres, les antien-
I laudes, à moins qu'il n'y en ait de propres,
me aux petites heures, soit à l'office du Temps,
lelui des saints, quand il y a des antiennnes propres
s et point aux heures, on prend celles de laudes dans
suivant, en omettant la quatrième : la première à
la seconde à tierce, la troisième à sexte et la cin-
i à none. »
premières et les secondes vêpres, les laudes et les
heures ont, en effet, tantôt des antiennes dif-
(s, et tantôt les mêmes, et ces antiennes sont
s, ou du commun. La solennité de la fête, la
du mystère ou les qualités du saint, la richesse
it célébré, le complément des idées secondaires
Ice ont inspiré cette variété de rites pour lesan-
;. Lorsque, aux petites heures, on prend les an-
; de laudes, il y en a une de trop, et c'est la
îme qui est alors laissée, parce qu'elle n*est pas
) aux psaumes, mais à un cantique, dit Gavantus:
\t antiphona pro cantico^ non pro psalmo.
\ux petites heures des fériés de l'Avent qui n'ont
itiennes propres à laudes, on prend celles des lau-
dimanche précédent. Mais, lorque ces fériés ont
iennes propres à laudes, on prend celles-ci.
Pendant le temps pascal, aux offices de neuf ou
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DES ANTIENNES. 235
de trois leçons, on récite les psaumes de chaque noc-
turne sous une seule antienne correspondant à l'office,
comme on Tindique en son lieu ; et à la fin de toutes les
antiennes on ajoute Alléluia^ quand il n'y est pas mar-
qué . De la Septuagésime à Pâques on l'omet, s'il est marqué,
sans rien ajouter à sa place. »
h' Alléluia est, en effet, un cri joyeux et triomphal que
rÉglise aime à répéter dans le temps pascal, consacré
au triomphe et à la joie de la Résarrection ; mais il
lie saurait convenir aux jours de pénitence.
« 7. Aux vêpres, aux matines et aux laudes des fêtes dou-
bles, les antiennes se disent en entier avant les psaumes ou
les cantiques, et se répètent après intégralement. Aux autres
heures et aux offices qui ne sont pas du rit double, on dit
seulement les premiers mots de l'antienne avant le psaume
ou le cantique, puis on la récite en entier à la fin. Quand
l'antienne est tirée du premier verset du psaume ou du
cantique et commence par les mêmes mots, on ne répète
pas» après l'antienne, le commencement du psaume ou du
cantique, maison continue depuis l'endroit où, selon le rit
du jour, s'arrête l'antienne, à moins qu'elle ne soit inter-
rompue par Alléluia. »
La récitation ou le chant de toute l'antienne avant et
après les psaumes est une marque de solennité; c'est
pourquoi on double l'antienne à certains offices, ap-
pelés pour cela offices doubles, dit Gavantus : inde
dicitur esse officium duplex ; et on ne le fait pas à
certains autres, ou aux heures moins solennelles,
comme les petites heures et les compiles.
Gavantus fait encore sur la dernière partie de ce
numéro 7 une observation sage : « il ne faudrait pas
commencer Tantienne par une seule syllabe, ni couper
le sens d'une manière absurde. » On évitera donc, par
exemple, de dire à l'office semi-double des Vierges :
Heec ; à celui des confesseurs non pontifes : Domine,
quinque, etc. Le mieux est de s'arrAter aux astérisques
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236 LES ÉLÉMENTS DÉS HEURES CANONIALES.
qui sont ordinairement marquées dans le bréviaire.
Quand Tantienne est prise en entier du commence-
ment du psaume, et sans Alléluia final, ou commence
par ses premiers mots, il ne faut pas répéter ces mots
" 'e verset du psaume, mais prendre celui-ci là où
tienne a fini. L'Eglise, en effet, ne veut pas que
5 la prière publique nous redisions à Dieu les
les paroles, sans un motif de chant ou de dévotion
elle est seule juge. Cette défense que nous ron-
rons plusieurs fois dans les rubriques, devrait dé-
ner les scrupuleux de toute répétition inutile qui
[ue Tesprit, dessèche le cœur, et déplait à Dieu et
îglise.
Tantienne semblable au premier verset du
ime était terminée par un Alléluia^ il faudrait
endre le psaume au premier verset parce que
i-ci ne serait pas absolument identique à Tan-
[le.
\, Les antiennes propres de roffice du Temps ou des
s, l'emportent toujours sur celles du psautier et du
nun des saints.
). Quand on fait mémoire d'un office, on dit toujours
t l'oraison, Tantienne etle verset correspondants de cet
i, en so 'te qu'à vêpres on prend l'antienne de Magnificat
laudes celle de Benedictus, avec les versets qui sont in-
3s après l'hymne.
0. Les antiennes de la Sain te- Vierge, placées à la fin
lomplies, se disent de la manière indiquée dans une
que spéciale. »
^s n®* 9 et 10 font mention de certaines antiennes
sont comme isolées et n'accompagnent pas les
mes ; ce sont les mémoires proprement dites, les
âges communs et les antiennes finales de la Sainte-
ge dont nous avons déjà parlé ou parlerons plus
y a aussi les grandes antiennes 0 qu'on récite à
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DBS ANTIENNES. 237
vêpres comme antiennes de Magnificat ou comme mé-
moires du Temps, les sept jours avant Noël. Elles nous
rappellent les désirs ardents des Patriarches après la
venue du Messie et doivent exciter les nôtres pour la
naissance ou la vie du Sauveur dans les âmes ; c'est
pourquoi on les double toujours à Toffice férial, conti-
nue Durand de Mende : ad explicanda iterata suspiria
Saiictorum Patrum. Leur nombre est de sept, pour
consacrer une semaine à la préparation plus immé-
diate et plus fervente, dit Gavantus : « utper octavam
an te Nativitatem Domini accendamur erg a Christum
venturiim » (Sect. VI,c.ii), «et pour exprimer, continue
Durand de Mende, que le Sauveur, ayant la plénitude
des sept dons du Saint Esprit, devait par sa grâce dé-
livrer les Juifs et les Gentils des misères qui les dé-
solaient. » (Lib. VI, c. Il) Clichtoue, dans son Eulicida-
torium, M. Gosselin dans ses Instructions sur les fêtes,
et D. Guéranger dans ÏAnne'e liturgique : tAvent, ont
commenté ces belles antiennes qui doivent toujours
être chantées solennellement.
« Tous les jours, à Vêpres, dit ce dernier, on chante
une Antienne solennelle qui est un cri vers le Messie,
et dans laquelle on lui donne chaque Jour quelqu'un
des titres qui lui sont attribués dans TEcriture.
L'instant choisi pour faire entendre ce sublime ap-
pel à la charité du Fils de Dieu, est l'heure des vêpres,
parce que c'est sur le soir du monde, vergente mundi
vespere^ que le Messie est venu. On les chante à Ma-
gnificat, pour marquer que le Sauveur que nous
attendons nous viendra par Marie. On les chante deux
fois, avant et après Je cantique, comme dans les fêtes
doubles, en signe de plus grande solennité ; et même
Tusage antique de plusieurs Églises était de les chan-
ter trois fois, savoir : avant le cantique lui-même,
avant Gloria Patriy et après Sicut erat. Enfin, ces ad-
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238 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
mirables Antiennes, qui contiennent toute la moelle
de la Liturgie de PAvent, sont ornées d'un chant plein
avité et de mélodie ; et les diverses Églises ont
lu Tusage de les accompagner d'une pompe toute
culière, dont les démonstrations toujours expres-
varient suivant les lieux, » {VAvent, xvii décem-
Commencement des grandes Antiennes.)
land il y a des choristes au chœur, les antiennes
vêpres, des matines et des laudes doivent être
ralement annoncées à ceux qui les entonnent. Ce
naintenant une marque de respect et d'honneur,
Lde ce qu'autrefois onn'avait pas d'antiphonaires ;
il était nécessaire d'annoncer l'antienne à ceux
devaient ainsi Tentonner sans livre (Grancolas).
baye de Saint-Riquier, en effet, qui avait jusqu'à
moines, ne possédait pour l'usage du chœur, nous
Claude de Vert, que sept psautiers manuscrits, et
ntiphonaires et autres livres de chant y étaient
i rares.
IX vêpres, aux matines et aux laudes du dimanche
les offices doubles célébrés avec une certaine
mité, ainsi qu'à tierce solennelle et à complies,
lébrant entonne toujours la première antienne des
imes et celle des Cantiques Magnificat, Nunc
Mis et Benedictus. Les autres antiennes sont en-
ées alternativement par les plus dignes du chœur
continue ensuite l'antienne. Après les psaumes,
: chantres reprennent les premiers mots de Tan-
ie que tout le chœur achève,
iix offices des fériés et à ceux qui se chantent
solennité, comme aussi à complies et aux petites
es, les antidnnes ne sont pas annoncées, môme
élébrant, et le chœur reprend l'antienne à la fin
saume, sans en laisser l'initiative aux chantres.
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DES PSAUMES. 239
Art. ¥. — Des Psaumes.
Les psaumes constituent la partie principale de l'of-
fice divin et aussi la plus ancienne. Toujours, en effet,
on les a chantés ou récités dans la prière publique,
qui semblait même tout d'abord n'avoir pour élément
que ces cantiques sacrés : ils en forment encore au-
jourd'hui comme le fond et l'essence. Pourquoi s'en
étonner ? Les psaumes ne furent-ils pas inspirés
pour exprimer à Dieu tous les sentiments d'une
âme chrétienne dans ses divers états, et ceux de
Jésus-Christ à l'égard de son Père ? Le Saint-Esprit
n'avait pas seulement en vue les besoins et les de-
voirs de l'écrivain sacré et de son peuple, mais sur-
tout ceux de l'Eglise et de ses enfants ; on y trouve
tous les élans du cœur : la plus vive expression de la
crainte et de l'amour, du repentir et de la confiance,
de la reconnaissance et de l'adoration ; l'Église ne
pouvait pas emprunter pour sa prière une variété de
formules plus belle et plus féconde. Aussi, à l'exem-
ple de l'Eglise Judaïque, figure de ce qu'elle devait
être et faire elle-même, elle a voulu que ses ministres
sacrés fissent résonner jour et nuit dans son sein ces
touchants et sublimes cantiques.
Après avoir donné quelques notions générales sur
les psaumes, nous les considérerons dans l'office divin.
§ I. NOTIONS Q6NÉRA.LBS SUR LKS PSAUMES.
Nombre. — Divisiou. — Anthentieité. — Auteur. •— Inspiration. —
Beauté morale et littéraire- —: Motif de les étudier.
Avec Gavantus et le Cardinal Bona, nous résumons
ici les notions préliminaires les {dus pratiques sur
les psaumes ; elles suffiront à nous faire aimer de
plus en plus le psautier et à nous le faire étudier
avec plus d*ardeur encore, surtout en vue de l'office
divin.
Les psaumes sont appelés en hébreu ThéhilUmy
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240 LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
laudesy louanges^ parce que la plupart d'entre eux cé-
lèbrent les bienfaits et les louanges de Dieu. Le
nom français et latin vient du grec ^0Lk\L6<; que leur ont
donné les Septante, parce que les psaumes étaient
chantés dans l'assemblée des juifs, et ordinairement
au son des instruments ; <j*àXXeiv, en effet, veut dire :
toucher un instrument à cordes^ et ^xk\i.6ç désigne l'air
ainsi joué avec ou sans accompagnement de la voix,
et, par extension, le poème lui-même.
Les psaumes sont donc des hymnes sacrés et poéti-
ques ; ils ont pour objet les attributs et les bienfaits
du Seigneur, des événements remarquables passés
ou futurs, les devoirs et les besoins de l'homme, les
pieux sentiments de son cœur.
LeurnomAreest décent cinquante. Le cent cinquante-
unième qui se trouve à la fin du psautier grec et du
psautier syriaque, et qui célèbre la mort de Goliath,
est certainement apocryphe.
La bible hébraïque et la vulgate ne comptent pas les
psaumes de la même manière. C'est parce que, pri-
mitivement , les divisions n'étaient pas marquées
dans les manuscrits. Jusqu'au psaume ix, il n'y a pas
de différence, mais la vulgate, réunissant le ix« et le x«
du texte hébreu, est en retard d'un psaume sur celui-
ci, d'où le psaume X de la vulgate est lexi® de Thébreu.
La vulgate réunit encore les psaumes civ et cv, et se
trouve en retard de deux psaumes cette fois ; le civ®
de la vulgate est le cvi" de l'hébreu. Mais, comme la
vulgate partage en deux le psaume cvi« de l'hébreu,
elle n'est plus en retard que d'un psaume, et cela jus-
qu'au cxLVi®; celui-ci, étant également séparé en deux
par la vulgate, l'accord est rétabli et se continue jus-
qu'à la fin. La vulgate suit en tout ceci les Septante.
Cette différence dans la division n'altère pas le fond
des choses, et n'a d'importance que pour vérifier la
citation que les auteurs font des psaumes tantôt d'a«
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DBS PSAUMES.
près l'hébreu et tantôt d'après le grec et la
U ordre des psaumes dans nos bibles n'e
ni sur la date de leur composition, ni sur une
au moins suffisamment connue des idées qu
ferment. Bellarmin cependant a cru voir
psautier un ordre logique ; il y aurait d'après
parties : la première (ï-l) se rapporterait ai
pénitentes ; la deuxième (li-c) aux âmes qui
trées dans la voie de la perfectioiï ; et la tr
(ci-cl) aux âmes déjà parfaites.
Il est une autre division logique mieux et
fondée sur l'objet principal du psaume. Certî
teurs, comme M. Rault, les divisent à ce poin
Qïi prophétiques^ historiques et moraux. Ladi\
M. Vigouroux nous parait plus complète et p
cise tout à la fois : elle n'est au fond que celle
Athanase dans son épitre à Marcellin : 1*
en l'honneur de Dieu; — 2® Hymnes en l'hon
Jérusalem et du Temple ; — 3® Psaumes de pri
4° Psaumes didactiques et moraux; — 5° Psaur
phétiques; — 6<* Psaumes historiques. (On
voir les détails dans le Manuel Biblique, t. II, n. 6
Le psautier, tel que nous l'avons aujourd'h
le texte hébreu, dans la version des Septante
la vulgate, est certainement authentique, et reco
tous comme tel, sans discussion aucune. Mais
ne veut pas dire ici que le psaume apparti(
jours à des auteurs certains ou à des époqi
cises ; ces points sont quelquefois controversé
thenticité dont il s'agit consiste en ce que 1
reçu le psautier des mains des Juifs, non sei
comme une partie de la Bible sacrée, mai
comme un livre liturgique dont la synagogui
vait régulièrement dans les assemblées relif
rien n'était plus facile à constater, en coni
nos psautiers actuels avec les anciens des Juii
T. lU 4
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242 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
L'opinion la plus probable donne aux psaumes plu-
sieurs auteurs, tout en reconnaissant que David en a
composé la plus grande partie. Le second livre des
paralipomtaes (xxix, 30), les rabbins anciens et mo-
dernes les plus savants, les Pères les plus autorisés dans
l'interprétation des saints Livres, les critiques protes-
tants les plus habiles, les meilleurs exégètes catholi-
ques, admettent cette opinion, corroborée encore par
les titres des psaumes, par les faits historiques qui y sont
racontés et par les différences de style. Aussi, croyons-
nous que David, auteur de la plupart des psaumes, ne
l'est pas de tous, et qu'on doit en général les attribuer à
ceux dont ils portent Tinscriplion, comme Asaph et
certains autres, à moins que le psaume lui-même ne
le permette pas. Un grand nombre de ceux qui sont
anonymes doivent être aussi attribués au saint roi.
Et tous sont certainement antérieurs au temps des
Machabées. (150 ans avant Jésus-Christ.)
Il est inutile de prouver Y inspiration des psaumes,
reconnue par TÉglise judaïque, par Notre-Seigneur, par
les apôtres et par toute l'Église chrétienne, et solennel-
lement définie par le saint concile de Trente, (sess. iv.)
Les difficultés des rationahstes, au sujet de certains
psaumes imprécatoires ou qui semblent contraires à
l'immortalité de Tâme, ne sont pas sérieuses ; aucun
dogme n'est nié dans les psaumes, et Ton explique par-
faitement les malédictions qui s'y trouvent.
Mais nous devons nous arrêter sur la beauté des
psaumes qui nous les fera mieux goûter encore dans
la récitation de l'office. Les psaumes , tout le monde
en convient, sont remarquables par leur beauté mo-
rale et littéraire.
La beauté morale dont il s'agit ici comprend les
faits, la doctrine, les principes de conduite et les for-
mules de prière; nous pouvons ainsi la distinguer en
hQdLiiié historique, dogmatiqueei pratique.
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^x:"'^ 'ï'vtr^.w^f z
DES PSAUMES. 243
L'histoire, en effet, a sa beauté morale ; c'est
quand elle relate des faits dont l'intérêt, l'impor-
tance ou l'éclat font naître en nos âmes les plus
nobles sentiments et les excitent aux plus grandes
vertus. Mais le psautier contient d'une part les plus
belles parties des livres historiques de Pancien Testa-
ment, et de l'autre, par anticipation, les faits surna-
turels et divins qui ont servi de base à la société chré-
tienne. Or qui ne sait que l'histoire de l'ancien Tes-
tament surpasse en beauté par son importance, ses
leçons, son éclat, tous les faits de l'histoire profane?
Les psaumes en font revivre à nos yeux le splendide
tableau. Bossuet, tout épris déjà de cette beauté, s'é-
criait : « Le livre des psaumes a été surtout composé
pour célébrer et nous rappeler à tout jamais les gran-
des actions de David et de ses ancêtres, les actions de
Dieu même, et pour servir de monument éternel à notre
confiance et à notre foi ; c'est pourquoi le Seigneur a
voulu communiquer au Psalmiste son esprit supé-
rieur et divin. » (Prsef. in psalm. c. 1, 3.) Mais
que dirons-nous des psaumes prophétiques, où se
déroule par anticipation la plus belle histoire des
temps à venir: celle d'un Dieu fait homme et de tous
ses mystères, celle de son Église avec ses persécutions,
ses combats, ses triomphes? Bossuet en résume encore
la beauté historique dans une page admirable qui
commence par ces mots : « David l'a vu de loin (le
Messie), et il Ta chanté dans ses psaumes avec une
magnificence que rien n'égalera jamais. » (Disc, sur
fhist, univers, 2® part. c. iv.) Après avoir terminé son
étude des psaumes à ce point de vue des faits ra-
contés ou prédits, l 'illustre évêque de Meaux s'écrie
dans un pieux enthousiasme : « Quisergo tam languidus
quem ista non moveant! Quis non fide vivâ Davidicos
sonet psalmos rerum gestarum memores, praesentium
testes,, praescios futuroruml (Prxf. in psalm. c. 1. 7.)
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244 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
Les psaumes n'ont pas une beauté dogmatique
moins grande. S. Basile a dit qu'on y trouve une
Théologie complète, et S. Augustin, tous les fonde-
ments de la foi^ de • r espérance et de la charité.
N'exposent- ils pas à nos yeux tout le dogme chré-
tien, et ces grandes vérités qui servent de base et de
fondement aux vertus théologales et à la morale
entière? Comme rien n'est plus beau, dans le vasle
champ de la vérité, que les enseignements de notre
foi, les assises de notre espérance, les motifs de notre
charité, que le dogme catholique en un mol, il en re-
jaillit sur le psautier une véritable beauté dogmati-
que. Celui-ci nous déroule, en effet, toutes les vérités
surnaturelles et les horizons les plus variés sur Dieu,
sur rhomme et sur l'Homme-Dieu. C'est Dieu d'abord
avec la perfection de ses attributs et son action mer-
veilleuse ici-bas. Il occupe une si large place dans les
psaumes que, sur 150, seize seulement ne men-
tionnent pas son nom divin dès I3 premier verset.
L'homme nous y apparaît aussi avec sa valeur mo-
rale d'une part : sa grandeur, son empire sur la créa-
tion, son élévation qui atteint presque aux perfections
angéliques, son origine, sa fin, et de l'autre avec sa
chute originelle, ses erreurs, sa faiblesse et ses infidé-
lités. Nous y voyons le besoin qu'il a de son Dieu, le
bonheur qu'il trouve à son service, les plus touchants
motifs de repentir et d'amour , les caractères vrais et
saisissants du juste et du pécheur. Tout ce que nous
apprend sur l'homme une dogmatique profonde, éle-
vée, nous le trouvons dans les psaumes. Mais, c'est
THomme-Dieu surtout qui fait l'objet du psautier. De
tous les livres de T Ancien Testament, aucun n'en a
parlé comme lui : « Rien de ce qui regarde Jésus-
Christ, dit Cassiodore, n'a été omis, ni son humanité
avec ses touchants ou terribles mystères, ni sa
nature divine qui le fait le coéternel et l'égal de son
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DBS PSAUMES. 245
Père, ni son Église avec ses combats et ses triomphes. »
Il est une autre beauté morale des psaumes, non moins
remarquable que la beauté historique et dogmatique :
celle qui résulte des principes de conduite et des for-
mules de prières, et que nous avons appelée pour
cela beauté pratique.
On Ta dit, et rien n*est plus vrai, le psautier est un
traité complet de morale, un manuel des plus belles
prières.
Il renferme, en effet, les principes les plus complets,
les plus purs et les plus beaux de morale. « Vous comp-
teriez plutôt, dit Bossuet, les étoiles du ciel que les
sentences du psautier qui, à ce point de vue, a une
beauté à part : sedin moralibuSy singularem habent gra-
tiam. (loc. cit.) Nous trouvons en lui seul, continue-
t-il, tous les avantages épars do la Sainte Ecriture,
pour la perfection de Thomme, et les bonnes œuvres
de la vie ; ce qui lui donne une singulière et magnifi-
que puissance pour élever le cœur de Thomme vers
Dieu, » — « Tout ce qui regarde la morale et la con-
duite, dit M. Glaire, y répond à la pureté de la doc-
trine. » Nos devoirs envers Dieu, envers le prochain,
envers nous-mêmes, y sont retracés d'une manière
énergique, entraînante. Et pour sauvegarder ces prin-
cipes et mieux en assurer l'observation, le Psalmiste
inspiré consacre Tun de ses plus beaux cantiques à la
louange et à Tamour de la loi ; c'est le psaume cxviii*,
dont nous avons déjà parlé.
Admirable résumé de la plus pure morale, les psau-
mes nous offrent aussi les plus belles formules de
prières. On y trouve les sentiments les plus suaves
pour Dieu, les plus vifs élans vers le Ciel, tous les
accents du cœur dans ses divers états ou besoins. A ce
seul point de vue déjà, les psaumes seraient encore ce
qu'il y a de plus beau dans la Sainte Ecriture. « Ja-
mais, dit Lamartine, la fibre humaine n'a résonné
I. lu 14.
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246 LBS ÉLÉMENTS DSS HEURES CANONIALES.
d'accents si intimes, si pénétrants, si graves. Jamais
la pensée ne s*est adressée si haut et n'a crié si juste ;
jamais Tâme de l'homme ne s'est répandue devant
Dieu en expressions et en sentiments si tendres et si
déchirants. Tous les gémissements du cœur humain
ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les livres et sur
la harpe du Barde sacré. » {Voy, en Orient,) Com-
ment nous en étonner? « Les psaumes, dit TertuUien,
sont la voix et le langage de Jésus-Christ. » Ils sont
aussi la voix de T 'Eglise.
Voici du reste ce qu'ont pensé de l'utilité et de la
beauté morale des psaumes les saints Pères et d'autres
graves auteurs :
Saint Athanase : « Chacun s'y voit dépeint, et y
remarque les différents mouvements qui se passent
au fond de son cœur, s'il est dans la joie ou la tris-
tesse, dans la ferveur ou l'attiédis sèment, dans l'espé-
rance ou la crainte ; il y apprend à gémir sur ses fau-
tes, à implorer le secours de Dieu dans les périls et les
tentations, à lui témoigner sa reconnaissance pour les
grâces reçues, à chanter ses louanges avec amour, à
apprécier les hommes à leur juste valeur, à ne mettre
sa confiance qu'en Dieu. » {Opusc, inps.)
Saint Ambroise : « Les psaumes conviennent à tous
et sont doux à tous les âges. Ils sont répétés par les
empereurs et font la joie des peuple^. Le cJiant des
psaumes dissipe la frayeur de la nuit et délasse des
fatigues du jour, Au chant des psaumes les cœurs de
pierre sont amollis ; nous avons vu pleurer les plus
durp, et les plus impitoyables se laisser fléchir, I^a
doctrine y est mêlée à la grâce du langage ; on les
chante pour ge réjouir, on les étudie pour s'instruire, «
Saint Basile : « Le psaume eslU tranquillité de l'âme
et le porte-rétendard de la paix ; il chasse les troubles et
les iBuctuations de l'esprit, comprime Ift colère, détruit
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DES PSAUMBS. 247
le luxe, suggère la tempérance, fortifie ramitié, éteint
la discorde, rapproche les ennemis. »
La Harpe : « C'est le feu de l'amour divin qui
anime les psaumes ; le Psalmiste en est enflammé, et le
répand dans ses chants et dans notre âme... Vous qui
êtes malheureux, affligés, opprimés, allez chercher le
soulagement et l'espérance dans Sénèque et les autres
philosophes, et vous me direz comment vous vous en
serez trouvés ; moi, je lirai TÉcriture, et surtout les
psaumes. {Le Psautier en français, dise, prélim.,
3' partie.)
Monseigneur Plantier :« David est le contemporain de
toutes les époques, le frère,rami,le conseilIer,leconsola-
teur, le poète de tous les humains... Chacun peut, dans
des situations de cœur ou de fortune analogues à celles
dont il subit les dramatiques vicissitudes, s'approprier
ses expressions, et faire après trente siècles, des ac-
cords échappés à la lyre du Roi-Prophète,récho de ses
propres sentiments et la mélodie de sa pensée. » {Etu-
des littéraires sur les Poètes bibliques, 8* leçon, David.)
Lacordaire : « David n'est pas seulement prophète,
il est le prince de la prière et le théologien de l'Ancien
Testament. C'est avec ses psaumes que prie l'Église
universelle ; et elle trouve dans cette prière, outre la
tendresse du cœur et la magnificence de la poésie, les;
enseignements d'une foi qui a tout su du Dieu de la
création, et tout prévu du Dieu de la rédemption. Le
psautier était le manuel de la piété de nos pères; on
le voyait sur la table du panvre, comme sur le prier
dieu des rois. Il est encore aujourd'hui, dans la main
du prêtre, le trésor où il puise les aspirations qui le
conduisent à l'autel, l'arohe qui l'^compagne au?c pé-
rils du monde, comme au désert de la méditation. Nul
autre que David n'a mieux prié; nul autre, préparé
par plus de malheurs et plus de gloire, par plus de
vicissitudes et plus de paix, n'a mieux chuinté la foi
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2M LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
de tous les âges, et mieux pleuré les fautes de tous,
les hommes. Il est le père de Tharmonie spirituelle, le
musicien de Téternité dans les tristesses du temps, et
sa voix se prête à qui la veut pour gémir, pour invo-
quer, pour intercéder, pour louer, pour adorer... 11
n'y a pas dans la vie de l'homme un péril, une joie,
une amertume, un abattement, une ardeur, pas un
nuage et pas un soleil qui ne soient en David, et que
sa harpe n'émeuve pour en faire un don de Dieu et un
souffle d'immortalité. » {Mélanges. Du culte de Jé-
sus-Christ dans les Écritures.)
M. Poujoulat : « Étonnante destinée des chants du
Roi-Prophète... après avoir fait l'aliment, la consola-
tion, l'appui, le bonheur, l'étude et l'admiration des
plus sublimes génies et des âmes héroïques ou les plus
pures dont s'honore le passé,... ils retentissent encore,
à 3000 ans de leur naissance, dans les cathédrales de
nos cités, comme dans les églises des villages, et sont
reditsparle paavre,par le savant comme par l'ignorant,
aux quatre coins de l'univers.» {Hist, de Jérusalem,i,l.)
Nous pourrions encore multiplier les citations, cel-
les-ci suffiront, avec ce que nous avons dit précédem-
ment, à nous faire bénir TÉglise qui, dans son office,
nous met si souvent sur les lèvres de si beaux canti-
ques; ajoutons, cependant, que le psautier occupe
encore dans la littérature et la poésie une place à part,
et l'office en reçoit ainsi une beauté nouvelle.
Le Psalmiste, en effet, comme tous les poètes, se
distingue des prosateurs par un style plus vif et plus
imagé; il a aussi son rythme et sa cadence, constitués
surtout par le parallélisme, et, de plus, d'après plusieurs
Orientalistes, par une vraie mesure prosodique ^
1. Le parallélisme chez les Hébreux est, comme on le sait,
la division d'une période eu deux ou plusieurs membres, le
plus souvent égaux, et qui se correspondent toujours par* leurs
termes, tantôt synonymes (Ps. cxiii), tantôt oppos'^'^ (P> xix.
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DES PSAUMES. 249
Mais le témoignage d'auteurs compétents et Texa-
men du livre nous prouvent de plus que le psautier J
est un livre de la plus belle poésie. I
Saint Jérôme, si versé dans la littérature profane,
ne craignait pas d'avancer que nous avions dans les
psaumes toutes les beautés de Simonide, de Pindare,
et d'Horace. Lowth, célèbre professeur de poésie à l'Uni-
versité d'Oxford, va jusqu'à appeler divine la beauté
poétique des psaumes. {De sacra poesi Eebr.) Bossuet,
dans sa préface sur le psautier, a un chapitre intitulé :
he grandi eloquentiâ et suavitate psalmorum ; il y dé-
montre que les psaumes sont remarquables par la su-
blimité des pensées, la grandeur des images, la beauté
des comparaisons, l'impétuosité des mouvements,
la douceur et la vivacité des sentiments, en un mot,
par tout ce qui constitue essentiellement la plus belle
poésie, « Quid sublimiùs?. . . Nihil viviaiùs, . . Compara-
tiones... quœ ingeniorum acuerent diligentiam,., Quis
poetices, ac prœsertim quis odarum genius, qui impetiis
taies? » — « Les psaumes de David, dit Nodier, litté-
rateur distingué du xvin® siècle, passent chez tous les
peuples pour l'ouvrage le plus complet que la poésie
lyrique ait produit. » — M. de Maistre place David
au-dessus de Pindare, le prince des poètes lyriques
d'Athènes et de Rome. {Soirée de Saint-Pétersbourg .)
« QuanJ les poèmes de David, dit la Harpe, ne no as
auraient été transmis que comme des productions pu-
rement humaines... ils seraient encore, par les beautés
uniques dont ils brillent, dignes de l'admiration et de
Tétude de tous ceux qui ont le sentiment du beau. » ^
f-2), et quelquefois encore, par une simple ressemblance de me-
sure ou de construction grammaticale. (Ps. xviii.)
i. Marot, dans Tépitre dédicatoire de sa traduction des
psaumes à François P', s'exprime ainsi :
t 0 doncques. Roi, prends l'œuvre de David î
Œuvre plutôt du Dieu qui le ravit ;
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cC--;:F^r^-
250 LKS ÉLÉMENTS DBS HBURBS GANONIALBS.
Lamartine, épris d'enthousiasme pour notre poète
inspiré, s'écrie : « David est le premier des poètes du
sentiment, c'est le roi des lyriques. » — « Nul autre
inspirateur lyrique, dit enfin Mgr Plantier, n'a
joui par le passé d'une popularité si glorieuse. N'est-
ce pas une éclatante preuve que nos poètes n'ont pas
mieux parlé que David le langage du cœur... Comme
tous les grands poètes lyriques, il a passé par le feu
des traducteurs, et, chose incontestable, il en est sorti
le plus souvent plein de nerf, de moelleux et de vie. »
Nous pourrions montrer maintenant, si nous avions
à faire une étude approfondie des psaumes, qu'ils se
distinguent parmi les poèmes profanes par tous les ca-
ractères qui, d'après La Harpe, font l'essence de toute
poésie : sublimité des pensées et des expressions, ri-
chesse et grandeur des tableaux, beauté des comparai-
sons, impétuosité des mouvements, onction enfin et
vivacité des sentiments. Mais ceci nous entraînerait
trop loin, il nous suffira d'en dire quelques mots seu-
lement.
Bossuet, admirant cette sublimité de pensée et d'ex-
pression, l'appelle une belle éloquence : « Et quidem
Dont il devint poète en un moment.
Le plus parfait dessous le firmament
Quant est de l'art aux muses réservé,
Homère, grec, ne Ta mieux observé.
Pas ne faut donc qu'auprès de lui Horace
Se mette en jeu, s'il ne veut perdre grâce ;
Car par sus lui vole notre poète
Gomme ferait l'aigle sur l'alouette.
Soit à écrire en beaux lyriques vers,
Soit à toucher la lyre en sens divers.
Si Orpheus jadis l'eût entendue,
La sienne il eût à quelqu'arbre pendue.
Si Arion l'eût ouï résonner,
Plus de la sienne il n'eût voulu sonner ;
Et si Phosbus, un coup l'eût écoutée,
La sienne il eût en cent pièces boutée. »
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DBS PSAUMES. 251
grandem eloquentiam haec faciunt : primum rerum su-
blimitas, tum tantis rébus apta verba... Quant magnum
illud! Quam simplexl Quam splendidum! Quid su-
blimiusl.,. »
La grandeur et la richesse des descriptions et des
tableaux en font quelquefois un véritable chef-d'œuvre.
« J*invite, dit La Harpe, ceux qui ont lu les descrip-
tions d'Homère et de Virgile, à les comparer avec celles
du psaume xvn' ; celui qui a dit le premier : « In-
clinavit cœlos et descendit », n'en demeure pas moins,
malgré Racine et Voltaire, qui ont voulu l'imiter, le
poète qui a tracé en trois mots la plus grande image
que jamais l'imagination ait conçue. » Le Batteux, de
Reims, si connu par son cours de littérature, a trouvé
dans le psaume cm® le tableau de la création si achevé,
qu'il a voulu en donner une analyse littéraire com-
plète.
Les comparaisons sont empruntées par le Psalmiste
aux objets qui l'entourent; il les choisit avec bonheur,
et leur donne, quand il le faut, la noblesse ou la grâce
que le sujet demande. Quelques-unes atteignent même
la perfection du genre. Jean-Baptiste Rousseau voulut
traduire en vers celle du ps. xxxvi®, et Mgr. Plantier
l'a commentée magnifiquement dans ses Etudes litté-
raires de la Bible.
Tout, dans les psaumes, est plein aussi de mouve-
ments vifs et rapides, qui multiplient les figures, et
font passer subitement d'un objet à un autre; de là
nait cette inépuisable variété qui ne laisse pas lan-
guir un instant le lecteur le moins attentif. « Le lec-
teur y reconnaîtra partout une véritable poésie, dit
Bossuet, le genre de l'ode, les transports, les mou-
vements amenés les uns par les autres, les transi-
tions rapides, en un mot une manière d'écrire tout en
actions. »
Mais ce qui charme surtout dans les psaumes, c'est
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252 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
ronction et la vivacité des sentiments, inspirés par l'a-
mour le plus pur, le plus tendre, le plus ardent tout
à la fois. Seul, un cœur exquis, ayant pour objet un
Dieu infiniment bon et aimable, et, comme inspira-
teur, TEsprit-Saint lui-même, pouvait concevoir et ex-
primer de si beaux sentiments. « David, s'écrie La-
martine, est le premier des poètes du sentiment. »
Résumant tout ce que nous avons dit sur la beauté
morale et littéraire du psautier, Bossuet s'écrie : t l'ous
les psaumes sont beaux, il faudrait les analyser^ les
expliquer tous, »
Nous devons signaler ici les suivants :
II, VIII, XVII, XVIII, XXI, XXII, XXIII, XXVIII, XXXII, XXXVI, XL,
XLI, XLIV, XLIX, L, LXIV, LXVII, LXXI, LXXII, LXXIII, LXXVI, LXXVDI,
LXXlI, LXXXI, LXXXIII, LXXXIV, LXXXVIII, LXXXIX, XC, XCI, XCII,
xciii, xcv, xcviï, cif, cm, cvi, cix, ex, cxiii, cxvii, cxvm, cxxi,
CXXVII, CXXXII, CXXXVI, CXXXVIII, CXLIÏI, CXLVII.
« Quel effet, ditFleury, ne devaient pas produire dans
le temple, les chants des cantiques sacrés, déjà si beaux
par eux-mêmes. Qu'on se représente cette multitude
accourue à Jérusalem de toutes les parties de la Judée
pour assister aux solennités religieuses, et qui remplis-
sait la cour, les galeries et l'intérieur du temple, le
grand nombre de prêtres et de lévites vêtus de blanc,
occupés autour des victimes et de l'autel et aux rites sa-
crés; et soudain, au milieu de cette magnifique splen-
deur, l'harmonie des psaumes chantés et accompagnés
par 4000 voix ou instruments. » Ce spectacle, l'Eglise
le reproduit, autant que possible, dans son office pu-
blic, et elle veut nous familiariser avec tous les senti-
ments de ces psaumes divins, on faisant de ceux-ci la
partie principale de son bréviaire. A nous de les étudier
avec soin, avec esprit de foi, pour mieux les compren-
dre et les réciter ensuite avec plus d'attention et de
ferveur. Nous pourrons ainsi mieux nous unir aux sen-
timents du Psalmiste, et la récitation en sera plus glo-
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LES PSAUXES^. tB3
rieuse à Dieu et plus utile à nos âmes. <c Que les eo*
clésiastiques, disait le 5* concile de Milève, s'appli-
quent à Tinterprétation des psaumes, afin de mieux
embraser leur cœur. » — « Le prêtre qui ne connaîtrait
pas le psautier, disait saint Augustin, mériterait à peine
ce nom.» Bellarmin se plaignait au pape Paul Y en lui
dédiant son pieux commentaire, de ce que les psau-
mes étaient si peu compris : « Liber psalmorum guem
Ecclesiastici omnes leguni et pauci admodum tniellu
ffunt. » On peut se servir utilement pour Tétude des
psaumes des commentaires de Bellarmin, du P. Ber-
thier et de Bellanger, ainsi que des notes courtes mais
substantielles de Bossuet *.
§ 2. LBS PSAUMES DAKS L^OFFIGE DIVIK.
La Rnbriqae. — Nombre et choix des Psaumes. — Le c Gloria
Patri ». — Le chant. — Les règles du chœur.
C'est l'explication du titre xxii de la Rubrique r De
psalmisy dont voici d'abord la teneur.
« i.Dansrofïice du temps, les psaumes se disent à toutes
lesheuresdesdimanches et des fériés, suivant l'ardre du psau-
tier, sauf indication contraire dans le propre du temps. Aux
jours de fêtes on les récite comme ils y sont marqués, sinon
il faut les prendre au commun des saints.
<( 2. Les psaumes des laudes du dimanche et le cantique
Benedicite se récitent à toutes les fêtes de l'année et aux
fériés du temps pascal.
« 3. Le psaume ConfitemintsQ récite à prime avec les autreg
marqués au psautier, tous les dimanches (quand on fait
roffîce du dimanche comme au psautier, même les diman-
ches dans les octaves des saints), depuis le troisième diman.
1. Nous voudri(»i s pouvoir un jour expliquer tous les psau-
mes en vue du bréviaire, heureux d'offrir ainsi aux Ordres
religieux et aux Ordres sacrés un nouveau travail qui, nous
l'espérons, ne serait pas moins utile qu'intéressant. On trou-
vera du moins, en appendice à la fin du volume, l'explication
du psaume lxvii* siurgat BeuSj le plus difficile de tous, et qui
revient quelquefois dans l'olfice divin.
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254 LES ËLËMBNTS DES HEURES CANONIALES.
che après la Pentecôte inclusivement jusqu'à Noël exclusi-
vement, et depuis le second dimanche après l'Epiphanie
inclusivement jusqu'à la Septuagésime exclusivement. Mais,
de la Septuagésime à Pâques, on le remplace par le psaume
Dominusregnavit, parce qu'iladéjà été récité àlaudes après
le p&aumé Miserere y comme il est dit en son lieu. Pendant le
temps pascal, depuis le dimanche in Albis inclusivement
jusqu'à l'Ascension exclusivement, on ne récite lejdimanche à
prime que trois psaumes, comme aux fêtes, et l'on y ajoute
le symbole de saint Athanase. Dans l'office férial, hors
le temps pascal, on récite à prime, à la place du Confitemini,
un des psaumes assignés àchaque férié. Aux fériés du temps
pascal» aux fôtes de Tannée et le samedi, qu'on y fasse
l'officedelaSainte-Viergeoudelaférie, on neréciteà prime
que trois psaumes : Deusinnômine tuo, Beati immaculati
et Rétribue. Il en est de môme si la fête, qui est alors au
moins du rit double, se célèbre le dimanche.
ic 4. Le dimanche, quand on fait l'office du dimanche
comme au psautier, on ajoute toujours à prime, après les
psaumes, le symbole de saint Athanase Quicumque^ comme^
il est dit ailleurs.
« 5. Les psaumes de tierce, de sexte, de none et de com-
piles ne changent jamais; ils se disent comme au psautier,
soit à l'office des saints, soit à celui du temps.
<( 6. Les psaumes des vêpres du dimanche se récitent le
plus souvent aux vêpres des fêtes, sauf le dernier qui varie.
Le changement à cette règle est toujours indiqué en son
lieu. Pendantles octaves, on récite à vêpres les psaumes des
secondes vêpres de la fête ; mais aux premières vêpres du
jour de l'octave, on récite ceux des premières vêpres
sauf indication contraire.
« 7. A la fin des psaumes on dit toujours Gloria Patrie
excepté les psaumes Deus, Dem meus, ad te de luce vigilo,
et Laudate Dominum de cœlis.., qui se joignent aux au-
tres; le Gloria Patri ne se dit alors qu'à la fin du dernier,
comme il est marqué en son lieu. En outre, on ne dit pas le
Gloria Pa^n pendant les trois derniers jours de la semaine
sainte, ni à Toffice des morts où on le remplace par : Re^
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LES3PSAUMES* 255
qidem œternam dona m, />omfne,quand môme Toffice serait
pour un seul défunt.
ft 8. Afin de conserver dans toute sa pureté l'édition de la
«acrée Vulgate, même quant aux points et aux séparations
marquées dans les Bibles, on a ajouté un astérisque pour
faire en cet endroit la note musicale qui indique la mé-
dianteet le milieu du verset. »
Les psaumes firent toujours partie de l'office divin.
Ils n'étaient pas, tout d'abord, accompagnés d'autres
prières, si ce n'est de l'Oraison Dominicale et du Sym-
bole. Saint Paul recommandait déjà aux fidèles de son
temps de chanter les psaumes dans leurs assemblées
religieuses : Implemini Spiritu Sancto, loquentes vobis-
inetipsis inpsalmis,,. etcanticis spiritualibus, (Ephes.
V, 18-19.) Docentes et commonentes vosmetipsos psal-
mis... et canticis spiritualibus^ in gratiâ cantantes in
cordibusvestris Deo. (Coloss. m, 16.) Les Constitutions
apostoliques voulaient qu*uri lecteur entonnât les Psau-
mes de David après la lecture sacrée. (L. VIIL) Saint De-
nys TAréopagite nous décrit le chant des psaumes et
des cantiques exécuté par les clercs, et qui formait,
dit-il, un concert harmonieux. [De Hierarch. Ecoles.
c. 3.) S. Ignace, martyr, dans sa lettre auxPhilippiens,
salue les personnes consacrées à Dieu qui, à certaines
heures du jour, s'adressaient au ciel par le chant des
psaumes et par de ferventes prières. Cassien nous ap-
prend jusqu'au nombre des psaumes que les moines du
premier siècle chantaient à l'office du soir et de la nuit.
(L. II, c. 5.) Les psaumes seraient donc de tradition
apostolique dans Toffice divin ; le Pape saint Pontien
(238) à qui, d'après Ribadeneira, l'auteur de sa vie, ap-
partient le premier décret sur la récitation des psaumes
dans les heures canoniales, n'aurait fait que sanction-
ner une loi déjà existante.
Mais rien cependant n'était réglé pour le nombre et
le choix des psaumes; on en récitait ou chantait plus oa
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25« LBB ËLÉMBNTa DBS iBUagS GANONIALBS .
moins, selon les différentes Eglises, et quelquefois trop
peu, comme l'observait saint Damase dans sa lettre à
saint Jérôme. (Tom. I, ConciL) C'est pourquoi ce Pon-
tife, sur la prière de l'Empereur Théodose, chargea le
saint Docteur de déterminer les psaumes qui, les di-
manches et les fériés, devraient faire partie des diffé-
rentes heures canoniales. Ce travail convenait bien à
saint Jérôme qui avait revu deux fois la version ita-
lique du psautier. Il assigna dix-huit psaumes aux ma-
tines du dimanche, douze à celles des fériés et neuf
à celles des fêtes; s'inspirant de ce que faisait déjà
saint Ambroise, il divisa le psaume cxviii'' en plu-
sieurs parties destinées aux petites heures. Un dé-
cret pontifical rendit aussitôt obligatoire cette disposi-
tion. Raoul de Tongres (Prop. 10) et Baronius {Ann. 60)
nous ont donné ces détails. S. Grégoire VII renouvela
plus tard ce décret : « Omnibus diebus aliis (exceptis
Pasch. et Pcntec.) per totum annum^ si festivitas est,
novempsalmoset novem kctiones dicimus, Aliis autem
diebus^ duodecim psalmos et ires lectiones... récita^
mm. In diebus Dominicis octodecim psalmos et novem
lectiones celebramus. {De Const. distinct, v. In die.}
Le nombre des psaumes assignés à chaque heure
de l'office divin est donc déterminé, depuis long-
temps, de la manière suivante : Les matines du di-
manche en ont dix-huit, celles des fériés douze, et cel-
les des fêtes neuf. —Les laudes en ont toujours sept,
mais dont cinq sont réunis en deux. — 1® Deus^ Deu$
meus y et Deus misereatur; 2° Laudate Dominum de eœ-
lis^ Cantate Domino canticum novum^ et Laudate
Dominum in sanctis ejuSy ce qui, avec le cantique fait
comme cinq psaumes pour les laudes. Les petites
heures ont chacune trois psaumes ou plutôt trois
parties du psaume cxvni, excepté prime, dont le pre-
mier psaume est le cinquante-troisième : fiem in
nomine tuosabmm me fod et qui, à l'of&ce du diman-
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LES PSAUMES. 257
che et des fériés (excepté celles du temps pascal et le
samedi) a un psaume de plus qui varie chaque jour.
Les vêpres en ont cinq qui varient selon les fêtes ou
les fériés. Les complies, quatre seulement.
Les auteurs, comme Durand de Mende, le cardinal
Bona, Gavantus et autres ont cherché les raisons de ces
nombres divers. Nous les avons déjà données dans la
seconde section de cette seconde partie, quand il s'a-
gissait de chaque heure en particulier, et nous y ren-
voyons nos lecteurs.
Les psaumes sont distribués dans l'office divin de
manière à ce qu'on réciterait chaque semaine le psau-
tier tout entier, si l'on n'y faisait jamais que l'office du
temps. Nous avons, en effet, aux matines du dimanche
dix-huit psaumes, et à celles des six autres fériés réu-
nies, soixante-douze; aux laudes du dimanche, sept (le
cantique n'étant pas un psaume ;) celles des fériés ont
un psaume nouveau commun à toutes, le Miserere, et
six psaumes propres, un pour chaque férié (les autres
psaumes étant toujours ceux des laudes dominicales).
Les petites heures ont un psaume commun : Beati im-
maculati^ et Prime a de plus, chaque jour, le psaume :
Deus^ in nomine tuo salvum me fac, et un autre après
celui-là, le samedi excepté, ce qui en fait six nouveaux,
consacrés à cette heure de prime. Les vêpres du diman-
che en ont cinq qui ne varient pas; celles des six fériés
suivantes, cinq autres qui varient pour chacune, c'est-
à-dire trente. Les complies enfin en ont quatre; ce qui
fait cent cinquante et un psaumes, ou le psautier tout
entier plus un, à cause de la répétition du xcix® Jubi-
late *. Aussi, appelait-on quelquefois le bréviaire :
i. L'addition, en effet, nous donne 151 psaumes; mais le
xcix* Jubilate Deo, récité aux laudes du Dimanche, l'est encore
aux matines ou aux laudes fériales du samedi, suiyant le cas ;
il se trouve dès lors compté deux fois ici, ce qui nous ramène
au nombre exact 150 du psautier.
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258 LÉS élément; DBS HEURES CANONIALES.
le Psautier et la Psalmodie: « Ab aliis Psalmodia...
dicisolet », disait le cardinal Bona, qui a intitulé son
traité sur Toffice divin : de divinâ Psalmodia.
Comment nous étonner de cette part magnifique don-
née par TEglise aux psaumes dans Toffice divin? Le
Psalmiste inspiré, d'après le témoignage des saints
docteurs, n*a fait que reproduire par anticipation les
sentiments de Jésus-Christ, et ceux de l'âme chré-
tienne dans les différents états où elle peut se trouver.
Les psaumes sont donc ici comme la voix du chef et des
membresjunis dans une même prière auprès duDieutrois
fois saint; l'Eglise ne pouvait pas trouver de formules
plus belles et plus parfaites, a Par les psaumes, disait
saint Augustin, nous adressons à Dieu la louange et la
prière qu'il a lui-même inspirées. Quia in psalmislau-
davit se DeuSy ideo invertit homo quemadmodum laudet
Deum. » (In Ps. 144.) « Le livre des psaumes, disait
saint Basile, renferme tout ce qu'il y a d'utile dans les
autres livres de l'Ecriture Sainte pour toutes sortes de
personnes. » {BomeL in Ps, 1.) « Que le psaume, disait
saint Ephrem, soit souvent sur vos lèvres; on y trouve
la paix de l'âme et tous les sentiments qui portent à la
paix. Le psaume invite les anges à nous secourir; iljnous
protège contre les frayeurs de la nuit, nous délasse des
fatigues du jour; il charme les solitudes, instruit, ex-
cite et soutient; c'est la voix de l'Eglise elle-même; la
psalmodie embellit nos fêtes, et donne la joie ou le re-
pentir; c'est une occupation angélique, un colloque de
la terre avec le ciel, une prière de suave parfum, les
psaumes sont un présent des cieux. Ne cessons jamais
de les dire et de les chanter dans nos demeures et au
dehors, en voyage ou dans la retraite, le jour et la
nuit; ils entretiennent la piété, donnent à notre esprit
le sérieux d'une occupation sainte, et nous font louer
Dieu avec les chœurs angéliques. » (Tom. / oper,) « Le
psaume, dit enfin saint Bernard, est une suave nourri-
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LES PSAUMES. t5ft
ture au cœur du chrétien, plus délicieuse encore que le
miel, quand on sait le goûter et le comprendre; l'âme
y trouve une abondance de vie, et peut offrir par lui au
Seigneur un sacrifice de louange qui lui est agréable
et nous le rend propice avec toute sa cour. » (In canU
serra. 7.)
L'Eglise, en assignant ainsi les psaumes aux différen-
tes heures de Toffice et aux jours delà semaine, a suivi
généralement l'ordre biblique. Mais cet ordre a été
quelquefois interverti pour donner à certaines heures,
comme les laudes, les petites heures, les vêpres et les
complies, des psaumes qui semblaient tout particuliè-
rement leur convenir; nous avons montré en son
Ueu cette belle harmonie.
L'Eglise ne s'est pas moins inspirée de l'objet des
fêtes en déterminant les psaumes de leur office, à ma-
tines et à vêpres, car ceux des laudes, des petites
heures et des complies sont toujours les mêmes, pour
des raisons déjà données. Quand on sait le découvrir,
la récitation du bréviaire en est plus recueillie. Quel-
ques versets et même un seul, ont suffi parfois à fixer
le choix du psaume, mais toujours celui-ci a trait
par quelque endroit au saint ou au mystère célé-
bré. Voici des exemples qui feront mieux comprendre
cette pensée. Les versets en regard du psaume sont
ceux surtout qui l'ont fait préférer aux autres pour
l'office en question :
OFFICE DBS APOTRES.
A Matines. — 1^' Nocturne.
Psaume xvn. — Cœlienarrànt gloriam Dei. — Cœli
enarrant gloriam De», et opéra manuum ejus annuntiat firma-
mentum (1). Non sunt loquelœy ne que sermoneSy quorum non au-
diantur voces eorum (3). In omnem ierram exivitsonus eorum, et
in fines orbis terrœ verba eorum (4).
Ps. XXXIII. — Benedicam Dominum. — Benedicam Domi-
num in omni tempore:8emper laus ejus in ore meo {{)... Audiant
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Hê LBS ËLËNBNT8 nS HBURIS CANONIALES.
mammti ft Imientwr (2). Magnif^ateDùminum meeunif et exaUe-
mm nomen ejus in idipsum (3). Accediteadeum, et illuminaminù..
(5). Immittet Angélus Domini in ctrcuitu timentium eum^ et eripiet
eos (7). VenitCf fUii, audite me : timorem Domini doeebo v^s (il).
Clamavenmt justif et Dominus exaudivit eos (17).
* Ps. XLiv : Eructavit cor meum. — Pro patribus tuis
naii sunt tibi filii : Constitues eos principes super omnem terram
(18). Memores erunt nominis tui^ in omni generatUme et generatio-
nem (19)» Propterea populi conjitebuntur tibi in seternum... (20).
OVFIGB d'un martyr.
A Matines. — 3* Nocturne.
Psaume x : In Domino con/ido. — m Domino confido :
quomodo dieitis animm mese : transmigra vn montem sicut pas-
ser (i) 7 Quoniam ecce peccatores intenderunt arcum, paraverunt
sagittas suas in pharetrà^ ut sagittent in obscure rectos corde (2).
... Justus autem quid fecit (3)? Quoniam justus Dominus et Jus-
titias dilexit : œquitatem vidit vultus ejus {%).
Les autres psaumes sont ceux de Toffîce d'un con-
fesseur et ne conviennent pas moins au martyr.
OFFIGB DE PLUSIEURS MARTYRS.
A Matines. — 2® Nocturne.
Psaume xv : Conserva me. — Conserva me, Domine^
quoniam speram inte[\). Providebam Dominum inconspectameo
semper : quoniam a dextris est mihi, ne commovear{%). Propter koe
Uetatum est cor meum^ et exîUtavit lingua mea: insuper et caro
mea requiescet in spe (9). Quoniam non derelinques animam meam
in infemo ; nec dabis sanctum tuum videre corruptionem (10),
3* Nocturne.
Ps. XXXII : Eamltate justi. — Ecce ocuH Domini super
metuentes eum, et in eis qui sperant super misericordid ejus (18).
Vt eruat a morte animas eorum^ et alat eos in famé (19).
Ps. xxxai : Benedicam Dominum. — Exquisivi Domi-
ntim, et exaudivit me : et ex omnibus tribulationibus meis m-
p%Ut me (4). Iste pauper clarnavit^ et Dominus exaudivit eum;
et de omnibus tribulatUmibus ejus salvavit eum (6). Immittet
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LES PSAUMES. 261
Angélus Domini in circuitu timentium eum^ et eripiei eos (7).
Clamaverunt justi etDominus exaudivit eos, et ex omnibuis tribu-
lationibus eorum liberavit eos (17). Juxta est Dominus iis qui tri-
bulato sunt corde,.. (18). Multae tribulationes justorum; et de
omnibus his liberabit eos Domiuus (19). Custodit Dominus omnia
ossa eorum, unum ex his ne conteretur (20).
Ps. XLV : Deus nosier refugium. — mus noster refu-
gium et virtus : adjutor in tribulationibus quœ invenerunt nos
nimis (i). Dominus virtutum nobiscum; susceptor noster Deus
Jacob (H).
Les autres psaumes sont ceux de l'office suivant et
ne conviennent pas moins aussi aux martyrs.
OFFICE DES CONFESSEURS
PONTIFES OU NON PONTIFES.
Les neuf psaumes des matines conviennent tous en
entier à Tobjet de cet office. Le l«^ Beaius vir, célèbre
les vertus et le bonheur du juste. — Le 2®, Quare
fremuerunt génies, raconte la victoire du Juste par
excellence, Notre Seigneur, et des saints, et les vains
complots des impies. — Le 3«, Domine, quid multiplia
coti sunt, chante la délivrance du juste du milieu de
ses ennemis. — Le 4®, Cum invocarem, exprime sa
confiance en Dieu. — Le 5®, Verba mea, son recours à
la prière. — Le 6®, Dominus noster, son exaltation dans
Tordre surnaturel. — Le 7*, Domine, guis habitabit,
est un ravissant portrait de l'âme sainte. — Le 8*,
Domine, in virtute tuâ, un tableau de sa gloire dans le
ciel et de la confusion des méchants. — Le 9* enfin,
Domini est terra, nous décrit son entrée dans les ta-
bernacles éternels.
OFFICE DES VIER(SES.
Lé 1^ psaume de Matines : Domine,Dominus noster,
rappelle que la virginité rend presque égal aux Anges :
Minuisti eum paulo minus ab AngeUs. — Le 2*, Cœli
enarrant gloriam Dei^ que Jésus est l'époux des vier-
T. Il, 15.
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262 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
ges : Et ipse tanquam sponstis procedens de thalamo
suo, et que les vierges, dans leurs combats, se sont
conservées immaculées et sans souillures : Si mei non
fuerint dominati tune immaculatus ero, et emundabor
a delicto maximo. — Le 3®, Domini est terra^ qu'il faut
être innocent et pur afin d'entrer au ciel: Quisascendet
inmontem Domini?,.. Innocens inanibus etmundo cor-
de. — Le 4®, Eructavitcor meum^ célèbre la beauté des
vierges, leur titre d'épouse et de reine, Ja complaisance
que prend en elles le divin Roi : Specie tuâ et pulchri-
tudinetuâ^ intende ^prospereprocede et régna, — Adsti-
titreginaa dextristuis in vestitu déaurato^ circumdata
varietate, — Audi, filia, et vide. — Et concupiscet Rex
decorem tuum. — Omnis gloria ejus filiœ régis abintus.
— Le 5®, Deus noster, refugium et virtus, nous ap-
prend que Tâme des vierges est ce tabernacle aimé,
sanctifié par le Seigneur, et où règne une paix profonde:
Sanctificavit tabemaculum suum A Itissimus. — Deus in
medio ejus, non commovebitur^ adjuvabit eam Deus
mane diluculo. — Le 6®, Magnus Dominus, célèbre les
merveilles opérées par Dieu dans cette âme : Magnus
Dominus et laudabilis nimis in civitate Dei nostri, in
monte saticto ejus. — Deus fundavit eam in œteimum.
— Lœtetur mons Sion, et exultent filix Judae propter
judicia tua. Domine. — Quoniam hic est Deus, Deus
noster. Dans les 7®, 8® et 9®, c'est la reconnaissance
qu'expriment au Seigneur les Vierges, explicitement
désignées par ces versets du 8® : Adorate eum omnes
Angeli ejus. — Et exultaverunt filise Judx propter ju-
dicia tua^ Domine.
OFFICE DE LA SAINTE VIERGE.
Tous les psaumes où, d'après les Pères, il s'agit de
Marie, au moins dans un sens accommodatice, sont
réunis dans son office :
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LES PSAUMfiS. 263
1®' Nocturne.
Ps. VIII. Domine^ Dominus noster. — Marie, dans
l'Eglise et dans le ciel, est comme la lune au milieu
des étoiles, créée par la puissance et la bonté de Dieu,
et qui excite l'admiration du Psalmiste : Quoniam vi-
debo cœlos tuos, opéra digitorum iuorum, lunam et
stellas, quœ tu fundasti, (v. 4.)
Ps. xvni. Cœli enarrant gloriam ï)ei. — Elle est
même ce brillant soleil en qui le Verbe établit sa de-
meure, et d'où il s'élança joyeux pour fournir sa car-
rière: In sole posuit tabemaculum suum^ et ipse tan-
quam sponsus procedens de thalamo suo ; exultavit ut
gigas ad currendam viam. (v. S et 6.)
Ps. XXIII. — Domini est terra. Elle est encore excel-
lemment parmi ces âmes innocentes et pures, qui ne
cherchent que le Seigneur; aussi le Roi des vierges
est-il descendu dans son sein virginal, attiré par tant
de vertus : Innôcens manibus et mundo corde. — Heec
est gêner atio quâsrentium Dominum. — A ttollite portas^
principes, vestras^ et introibit Rex gloriae, (v^4, 6.) '
2« Nocturne.
Ps. XLiv. Eructavit cor meum. — Mariejest la Reine
du ciel, assise à la droite de son Fils et resplendissante
de gloire; aussi bien la vit-on sur la terre tout quit-
ter pour se consacrer à son Dieu ; le Seigneur prit
toujours en elle ses complaisances, tant son âme était
belle de vertus ; les Vierges, en se donnant à l'Epoux,
n'ont fait qu'imiter son exemple : Specie tuâ et pul-
chritudine tuâ intende, prospère procède et régna. —
Adstitit regina a dextris tuis in vestitu deauratOy cir-
cumdata varielate. — Audi^ filia, et vide, et inclina
aurem tuam; et obliviscere populum tuum, et domum
patris tui. — Et concupiscet Rex décorent tuum.'^^ —
Omnis gloria ejus filise régis ab intus. — Adducentur
Régi virgines post eàm, (v. 5, 11, 12. 13. iSet l^.)--
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2M LES ÉLÉMENTS MB SBURB3 CANONIALES.
Ps. XLV. Deus noster refugium. — Marie est la vierge
par excellence, immaculée dans sa conception, et tou-
jours sans tache, toujours victorieuse de Satan, com,-
blée de grâces, temple ineffable du Saint-Esprit : Flu-
minis impetus lœtificat civitatem Dei; sanctificavtt
tabemaculum suum Altissimus. — Deus in medio ejus
non commovebitur ; adjuvabit eam Deus mane dilu-
culo. (v. 4 et 5.)
Ps. Lxxxvi. Fundamenta ejus. — Tout en elle fut
saint; Dieu Taima plus qu'aucune autre créature ; le
ciel et la terre ont chanté sa louange ; le Verbe in-
carné Ta choisie pour sa mère; les Ecritures ont célé-
bré ses grandeurs; auprès d'elle on trouve un abri
doux et assuré : Fundamenta ejus in moniibus sanctis ;
diligit Dominus portas Sion super omnia tabemacula
Jacob. — Gloriosa dicta sunt de te, civitas Dei. —
Numquid Sion dicet : Homo et homo natus est in eâ. —
Dominus nan*abit in Scripturis... horum qui fuervnt
in eâ. — Sicut lœtantium omnium habitatio est in te.
(v. 1, 2, B, 6 et 7.)
3* Nocturne.
Les trois Psaumes : Cantate Domino canticum no-
vum : cantate... (xcv), — Dominus regnavit, exul-
tet... (xcvi) et cantate Domino canticum novum :
quia,., (xcvii), sont ici comme le Magnificat anticipé de
Marie. La Mère du Verbe incarné, dans Tapplication
qu'en fait TEglise, nous y invite à louer le Seigneur
pour les merveilles qu'il a daigné opérer en elle, et
pour le mystère du Rédempteur auquel elle fut si inti-
mement associée.
OFFICE DE NOËL.
Tous les psaumes de matines célèbrent ici la gloire
du Verbe Incarné. Ainsi, le !«' : Quare fremuerunt
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DES PSAUMES. «65
gefkies (n), où nous lisons les complots des méchants
contre le Christ, ainsi que sa royauté, sa filiation di-
vine, son héritage universel : Convenerunt in unum
adversus Dominum et adversus Christum ejus. —
Effo autem constituius sum Rex ab eo super Sion^
moniem sanctum ejus. — Dominus dixit ad me ; Fi-
lius meus es tUy ego hodie genui te. — Postula a me^
et dabo tibi gentes hmreditatem tuam.
Le 2*, Cœli enarrant gloriam Dei (xviii), nous mon-
tre le Verbe divin descendant du ciel sur la terre, pour
accomplir sa mission et répandre sa lumière et son
amour : Et ipse tanqtuzm sponsus procedens de tka-
lamo suo. — Exultavit ut gigas ad currendam viam :
a summo cœlo egressioejus. — Nec est qui seabscondat
a calore ejus.
Le 3®, Eructavit cor meum (xliv), nous décrit la
beauté de son corps et de son âme, et affirme son
règne éternel : Speciosus forma prss filiis hominum^
diffusa est gratia in labiis tuis. — Specie tuâ et put-
chritudine tuâ intende, prospère procède, et régna. —
Sedes tua, Deus, in sœculum ssbcuH.
Dans le 4% Magnus Dominus (xLvn), la majesté de
Notre-Seigneur Jésus-Christ nous apparaît , faisant
resplendir Bethléem, nos temples et son Eglise : Ma-
gnus Dominus et laudabilis nimis in civitate Dei nos-
tri, in monte sancto ejus. — Quoniam hic est Deus,
Detùs noster in xtemum... ipse régit nos in sœcula.
Dans le 5*, Deus, judicium tuum Régi da (lxxi), le
règne bienfaisant, juste et pacifique du Fils de Dieu :
Descendet sicutpluvia in vellus, et sicut stillicidia stil-
lantia super terram. — Orietur in diebus ejusjustitia
et abundantia pacis.
Le 6*, Benedixisti, Domine, terram tuam (lxxxiv),
célèbre dans l'Incarnation la rencontre heureuse de la
miséricorde et de la justice, pleinement satisfaites :
Mùertcordia et veritas oiviaveruni sibi, justitia et
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266 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
pax osculatae sunt. — Veritas de terra orta est^ et jus-
titia de cœlo prospexit.
Dans le 7®, Misericordias Domini (lxxxviii), Jésus
nous est montré comme le Médiateur efficace et puis-
sant entre Dieu le Père et les hommes : Ipse invocabit
me : Pater meus es tu. — Et ego primogenitum po-
nam illius^ excelsum prm regibus terrae.
Le 8« : Cantate Domino (xcv), annonce la conver-
sion du monde païen qui reconnaîtra Jésus-Christ pour
son Chef et pour son Dieu. Quoniam magnus Domintis
et laudabilis nimis, terribilis est super omnes deos. —
Confessio et pulchritudo in conspectu ejus, — Afferte
Domino^ patrim gentium^ afferte Domino gloriam et
honorera. — Tollite hostias et introite in atria efus.
Le 9®, enfin : Cantate Domino.., quia mirabilia
(xcvn), a pour objet la propagation de TEvangile par
toute la terre : Notum fecit Dominus salutare suum,
in conspectu gentium revelavit justitiam suam. —
Viderunt omnes termini terrœ salutare Dei nostri. —
Jubilate in conspectu Régis Domini.
Il en est ainsi pour les offices des autres mystères ;
la piété peut y constater la même harmonie entre l'ob-
jet et les psaumes.
Nous avons dit que, dans l'office des fêtes, les psau-
mes des vêpres étaient généralement les mêmes. Ily a
cependant quelquefois des changements que la fête ou
le mystère, ici encore, inspire toujours. Raoul de Ton-
gres expliquait déjà ces changements,au commencement
du XV* siècle. (Prop. 10.) Les trois psaumes propres aux
secondes vêpres des apôtres : Credidi^ — In conver-
tendo^ — Domine y probasti me, ont pour objet la pré-
dication des apôtres, la puissance que Dieu leur a
donnée dans le monde et la gloire dont il les a revêtus.
Le ps. Credidi^ aux secondes vêpres des martyrs, nous
dit la foi vive et la magnanimité de ces héros, au mi-
lieu des tourments. Le Mémento, Domine, David, ^ux
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LES PSAUMES. 267
secondes vêpres des Confesseurs Pontifes, exalte la
gloire et la sainteté du sacerdoce : Sacer dotes tui in-
duaniurjustitiam^ et sancti tui exultent. — Sacerdotes
ejus induam salutari, et sancti ejus exultatione exul-
tabunt. Les trois psaumes qui sont propres aux vêpres
de la très Sainte Vierge : Lœtatus sum, — Nisi Domi-
nus, — Lauda Jérusalem, peuvent s'appliquer à la
maternité de Marie, dont le sein virginal fut un tem-
ple si agréable au Seigneur. Nous les retrouvons aux
vêpres des vierges, parce que Dieu a fait aussi sa de-
meure de choix, mais dans un autre sçns, de leurs
âmes aii pures. Le dernier de ces psaumes, Lawrf«, 7^-
Tusalerti, Dominum, se récite aussi aux vêpres dé la
Dédicace, parce que la Jérusalem des Juifs était ri-
mage de nos temples chrétiens *.
Il est des auteurs qui proposent à notre piété une
autre manièred'appliquer lepsaume à l'objet de l'office;
leur travail, qui ne manque pas de fondement, ne con-
cerne que le commun des saints à matines, où les psau-
mes varient. L'Eglise, d'après leur pieuse observation,
veut ainsi honorer la vocation du saint dans' sa nature,
sa réalisation sur la terre et sa récompense au ciel.
On peut voir dans M. Bacuez, Tapplication de ces prin-
cipes. La voici pour le commun des apôtres et des
vierges.
\ . Talhofer, docteur allemand, chanoine d'Augsbourg et pro-
fesseur de théologie pastorale à l'Université d'Eichstœdt en Ba-
Tière, a montré l'harmonie des psaumes avec le saint offîce,
dans un ouvrage pieux et savant dont la traduction le rendrait
accessible à un plus grand nombre. En voici le titre : Expli-
cation des psaumes, étudiés surtout en vue de leur usage liturgi-
que dans le bréviaire romain, le Missel, le Pontifical et le Rituel,
et suivi d'un appendice contenant V explication des cantiques de
V ancien Testament qui se rencontrent dans le Bréviaire Romain,
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268 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
COMMUN DES APOTRES.
I*"^ Nocturne, L'apostolat dans les idées de Dieu.
Ps. XVIII. Cœlienarrant, Mission donnée à l'apôtre,
pour évangéliser le monde.
Ps. XXXIII. Benedicam Dominum. Bénédictions as-
surées à ses travaux et à ses prières.
Ps. XLiY. Eructavit. Victoire définitive et triomphe
qui l'attend.
!!• Nocturne. L'apostolat réalisé dans la vie du saint.
Ps. xLvu Omnes gentes. Soutenu par la divine
grâce, l'apôtre parcourt le monde et soumet les na-
tions au Dieu d'Abraham.
Ps. LX. Exatidi.., deprecationem. Il rend à ses
frères le droit qu'ils avaient perdu à l'héritage du
Ciel.
Ps. LXiiu Exaudi... ôrationem. 11 surmonte tous
les obstacles et fait cesser toutes les oppositions.
III^ Nocturne. L'apostolat glorifié dans la personne du
saint.
Ps. Lxxiv. Confitebimur. Sa grandeur au ciel est
proportionnée à ses abaissements et à ses peines sur
la terre.
Ps. xcvi. Dominus regnavit^ eùcultet. Joie qu'il
goûte en voyant son œuvre accomplie dans ce
monde.
Ps. xcviii. Dominus regnavit^ irascantur. Part
qu'il reçoit à l'empire du Sauveur en récompense
de son éminente justice.
COMMUN DES VIERGES.
P' Nocturne. La virginité dans les idées de Dieu.
Ps. viii. Domine^ Dominus. Estime dont jouit au-
près de Dieu cette vertu angélique.
Ps. xviii. Cœli. Eloges qu'elle méritfe, et influence
qu'elle exerce.
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DBS PSAUMES. 269
Ps. XXIII. Dondni. Gloire et bénédiction qui seront
son partage.
II* Nocturne. La virginité sur la terre.
Ps. xLiv. Eructavit. L'âme virginale s'attache à
son époux et le suit avec une généreuse ardeur.
Ps.xLV. Deus noster. Elle résiste aux épreuves, et
persévère par la vertu du Sauveur.
Ps. xLYii. Magnus Dominus. Son amour la rend
fidèle et constante jusqu'à la mort.
III* Nocturne. La virginité au ciel.
Ps. xcv. Cantate. L^âme pure s'unit à son époux
et entre avec lui dans son glorieux repos.
Ps. xcvi. Dominus regnavit. Elle participe à son
règne et jouit de son triomphe dans TEglise.
Ps. xcvii. Cantate,., quia. Elle reçoit de sa main
la couronne de gloire. » (Le saint office. — Des
Matines.)
Continuons maintenant à expliquer la Rubrique.
Il faut ajouter le Gloria Patri après chaque psaume,
sauf les exceptions indiquées. Le bréviaire romain
nous apprend que le pape saint Damase (38S) intro-
duisit ce rit : Statuit ut... in fine cujusque Psalmi
diceretur Gloria Patri et Filio^ et Spiritui sancto.
Quoi qu'il en soit de ce fait, que le cardinal Bona sem-
ble contester mais qui est admis par le cardinal Ba-
ronius (ann. 382) et par Gavantus, il est certain,
d'après le témoignage du pape Vigile (Ëpist. 1) et de
Cassien (Inst. 1. 1, c. viii), qu'on chantait déjà le Gloria
Patri après les psaumes, dès le v* siècle. Nous avons
expliqué ailleurs cette doxologie, qui est de tradition
apostolique dans sa première partie, et dont la se-
conde appartient aux Pères de Nicée.
Le Gloria Patri fut ajouté à la fin des psaumes,
pour les séparer les uns des autres dans le chant,
et obvier ainsi à la monotonie. L'Eglise voulait aussi
que la louange de la terre, unie si intimement à celle
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270 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
du ciel, fît écho au Trisagion angélîque. « Les psau-
Jcités ou chantés, ajoute Durand de Mende,
u reste autant de bonnes actions après chacune
lies il convenait de rendre gloire au Dieu Tri-
qui doit se rapporter tout le bien qui se fait ici-
i. IV, c. II, n. 17.)
le récite pas cependant le Gloria Patri à l'office
)rt8, où il est remplacé par le verset : Requiem
m dona eis , Domine , ni les trois derniers
le la semaine sainte. « La doxologie, en effet,
^antus, est un accent de joie qui ne peut avoir
m ces offices de deuil : quia versus est Isetitiœ
œroris. » (sect. iv, c. 8.)
ad l'Eglise réunit plusieurs psaumes en un seul,
5 à laudes, ou en divise un seul en plusieurs,
3 à prime, le Gloria Patri se met là où le psaume
î complet et en entier, par la division ou par
i liturgique.
\ nous reste plus qu'à dire un mot du chant des
es.
psaumes, comme l'indiquent leur origine histo-
et leur etymologie (^oLk^Loçy ^aXkew), étaient
5s surtout à être chantés. Après avoir résonné
harpe et les lèvres de David et des autres au-
nspirés, leur mélodie se mêlait toujours aux cé-
ies sacrées dans le Tabernacle et dans le tem-
terrompue durant la captivité, elle fut reprise
)i après le retour.
jlise chrétienne, en empruntant aux Hébreux ces
les que le Saint-Esprit avait inspirés pour elle
t, aimait aussi, dès les premiers jours, à les
pagner de ses chants. Saint Paul nous le dit :
\tes et psallentes. (Ephes. v, 19.) — Psalmis in
Gantantes. (Coloss. ni, 16.) Les Constitutions
liques (L. VIII), saint Denis TAréopagite {De
cL Eccles. L. 3), saint Ignace, martyr, dans
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DES PSAUMES. 27!
sa lettre aux Ephésiens, et saint Justin dans sa se-
conde Apologie, parlent' du chant des psaumes exé-
cuté par les clercs dans les offices divins; ce n'était
tout d'abord, d'après saint Isidore de Séville (De
o^c. div,, 1. 1. c. v) et saint Augustin [Confess. 1. X,
c. xxxiii) qu'un simple récitatif. « Tammodico flexu
vocis faciebat sonare lectorem psalmi, ut pronun-
iianti vicinior esset quant canenti », disait ce der-
nier. Tantôt un seul, au rapport de Cassien, se levait
au milieu de l'assemblée pour chanter les psaumes
(1. II, c. v), et tantôt le peuple et le clergé formaient
un seul chœur : « Un lecteur, disaient les Constitutions
apostoliques, doit entonner les psaumes de David, et
le peuple chanter les versets en reprise. » Mais, comme
en certains endroits il ne régnait pas dans le chant
en commun une parfaite harmonie, le Concile de Lao-
dicée, en 320, crut devoir faire le décret suivant :
A< Que personne ne chante dans l'église, si ce n'est les
chantres réguliers ou canoniques, qui montent sur la
tribune destinée à cet usage pour y exécuter le chant
marqué sur la membrane, in membranâ. » — Les clercs
ainsi préposés au chant étaient appelés Psalmistes ;
un rit spécial, que nous trouvons encore dans le Ponti-
fical, conférait le Psalmistal par le ministère du prê-
tre : « Psalmista, id est cantor, potestsolâjussione Pres^
ùyteri, officium suscipere cantandi, dicente sibi Presby-
tero : Viie^ ut quod ore cantas corde credas^ et quod
corde credis, operibus comprobes. » Office honorable,
dont le Pontife devait dégrader un indigne par cette
formule : « Quia quod ore eantasti corde non credidisti,
nec opère implevisti, ideo cantandi officium inEcclesiâ
JDei a te amovimus. » (Pars 3* de officio psalmistatûs.)
Les auteurs sont partagés sur celui qui le premier
introduisit le chant alternatif des psaumes ou à deux
chœurs : « de altemo cantUy dit Gavantus, magna
çitiaBStio quis fuerit aucior. » (loc. cit.) Il paraîtrait que
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nt LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
ce mode commença d'abord en Orient. L'historiea
Socratedit que saint Ignace martyr Tinstituale premier,
après une vision où les anges chantaient alternativement
les louanges de Dieu. (L. VI, c. vin.)Théodoret lui donne
pour auteurs deux prêtres d'Antioche qui vivaient en
l'année 350 : « Ht primi^ dit-il, psallentium choros in
duos partes diviserunt^ et Davidicos hymnos altemis
canere docuerunty quod Antiochis fieri cœptum ad
ultimos terrarum fines perlatum est. » (L. Il, c. xiv.) Le
chant alternatif des psaumes était certainement connu»
en Orient, dès le commencement du iv* siècle, puisque
saint Basile (370) répondit à ceux qui l'accusaient de
nouveauté sur ce point, qu'il avait suivi l'exemple d'un
grand nombre d'autres Églises où, dit-il, « in duos par*
tesdivisi^ altemis succinentes psallunt. » {Ep. 63, ad
Neocesar,)
Cette manière 4e chanter ne fut introduite en Occi-
dent que vers la fin du iv® siècle. Saint Ambroise l'éta-
blit le premier dans son Eglise pour occuper pieuse-
ment les fidèles qui s'y étaient renfermés avec lui,
durant la persécution de Justine. Saint Augustin, témoin
du fait, l'a consigné dans ses confessions : « Ttmc
hymni etpsalmi utcanerentursecundum morem Orien-
talium institutum est.,.. Et ex ilio..,. per cœtera or-
bis. » (L. IX, Conf. VI.) Verslemême temps, le pape saint
Damase en fit un décret général pour l'Eglise entière,
nous dit le bréviaire romain : « Statuit uty quod plu-
ribusjam locis erat inusu^ psalmi per omnes ecclesias
die noctuque ab alternis canerentur. » (Die XI. D.)
Le chant alternatif fut ainsi introduit par la natute
des choses, et pour donner à la psalmodie plus de va-
riété.Il exprime aussi l'émulation que les chrétiens doî*-
vent avoir entre eux pour les bonnes œuvres, dit Hu-
gues de Saint-Victor {In spec,^ c. m), et la charité qui
nous fait porter le fardeau les uns des autres, dit Du-
rand de Mende. (Ration, 1. V, c. n.) C'est encore, d'après
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DBS PSAUMES. 2 3
saint Isidore de Séville, une imitation du cbant des
Séraphins alter ad alterum.
Saint Augustin nous a dit les émotions de son âme
au chant des hymnes et des cantiques dans la basili-
que de Milan : « Que de fois, le cœur vivement ému, j'ai
pleuré, d mon Dieu, lorsque retentissait doucement la
voix mélodieuse de votre Eglise I Vos paroles s'insi-
nuaient dans mes oreilles, la vérité pénétrait douce-
ment dans mon âme, la piété et la ferveur pénétraient
tout mon être, mes larmes coulaient avec abondance
et j'étais heureux. » (L. IX, c. vi et vu. *) Saint Basile
veut que le chant des Psaumes ait été institué pour
enflammer nos cœurs et nous élèvera Dieu par cette
sainte, joyeuse et fortifiante harmonie {In Ps.). Saint
Ghrysostome dit que le chant a la vertu de charmer
les passions, de dégager notre âme des sens, de lui faire
goûter les chastes délices de la vérité. « Rien, dit-il,
n'élève autant l'âme, rien ne la maintient dans sa no-
ble exaltation, ne la détache de la terre, ne l'affranchit
des liens du corps; rien ne la pénètre de l'amour de
la sagesse et ne lui inspire autant de mépris pour les
i. Yoici ce beau texte en entier : Quantwn flevi in hymnis et
canticis Mb y suave senantis Ecelesix tuœ vocibus cammotus a4sri''
ter! Voces ilîœ influebant auribus mfiis et eHquabatur veritas in
cor meum ; et exœstuabat inde affectus pieiatis^ et currebant la-
crymXy et bene mihi erat eum ds. Non longe cœperat Mediolanen"
$is Bcclesia genus hoc consolationis et exhortationis celebraref
tnagno ^udio fratrum concinentium vocibus et cordibus. Nimirum
anmus wat aut novk multo amplius^ cum Justina, Valentiniani régis
pueri mater^ hominem tuum Ambrosium persequeretur^ hasresis
suas causa quà fuerat seducta ab Arianis, Excubabat pia plebs in
eccîesiây mori parata cum episcopo suo, servo tuo, Ibi mater mea^
ancilla tua, sollicitudinis et vigiliarum primas tenens, orationi'
bus vivebat. Nos adhuc frigidi a calore Spiritûs tui excitabamur
tameni civitate attonitd atque turbatà. Tune hymni et psalmi ut
cpnerentur secundum morem orientalem partium^ ne populus mœ-
roris tœdio contabesceret^ institutum est; et exilloin hodiemum
retentum, muHis jam ac pêne omnibus gregibus ttiis, etper extera
cfbis imUantibus. > (ùmfess. l. ix, c. 6 et 7.)
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274 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
choses d'ici-bas, que le psaume chanté en mesure, que
la mélodie du cantique divin. Notre nature se complaît
tellement dans le chant des hymnes, elle y trouve de
si suaves délices, qu'on ne parvient à calmer que par
oyen les enfants qui pleurent. » {In Ps. xli.)
Ambroise compare le chant des psaumes aux
le la mer dont le flux et le reflux nous est repré-
par cette multitude qui chante à deux chœurs, et
lit de ses vagues par la voix des hommes et
■emmes, des jeunes gens et des vierges. {He-
,1.111.)
5 psaumes doivent donc être chantés alternative-
par les deux chœurs. Ces deux chœurs peuvent
brmés par les chantres entre eux, ou par les assis-
, clercs ou laïques, ou encore par les chantres et
pgé d'une part, et les fidèles de l'autre. Ce dernier
I était suivi dans la basilique de Milan, au temps
lint Ambroise ; saint Augustin louait son peu-
8 chanter, alors même qu'il ne comprenait pas
urs les paroles. {Tract, xxii, in Joamu) Un soliste
rait aussi, à cause de la solennité, et pour quel-
uns des psaumes, alterner avec les deux chœur?
is. Nous avons vu cette pratique observée a v
s des Constitutions apostoliques,
chantait autrefois les psaumes debout, d'après
noignage de^saint Basile et de saint Chrysostome :
ontemplatione surgentes ad psalmodiam instituun-
> dit le premier dans son épitre lxiii®, en parlant
loines. — « Adstantque sacro choroy expansis^
lanibics concinant hymnos, » dit le second. {Hom.
\ I Tim.) Un concile d'Aix-la-Chapelle, en 816,
3nnait aussi: In choro.., religiosissime standum
psallendum ; cet usage existait encore au xm*'
>, puisque Durand de Mende dit dans son Rational :
nos stantes dicimus. Les Constitutions aposto-
s voyaient dans cette posture la ferveur de l'âme
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DBS PSAUMES. 275
ressuscitée à la grâce de J.-G. « Qui resurrexit neces^
sario débet stars; Tertullien, une marque d'intré-
pidité pour les saints combats. Saint Jérôme recomman-
dait à la noble Lœta d'accoutumer sa fille à chanter les
psaumes debout, comme une guerrière de J.-C. : Stare
in acte quasi bellatricem Christi. Seuls, les prêtres
qui entouraient Tévêque à Tautel ou à son trône, au
fond de l'abside, pouvaient s'asseoir. Peu à peu Ton
permit à ceux qui étaient âgés ou infirmes de s'ap-
puyer sur des bâtons ou sur de petits supports, appelés
pour céldL Indulgence et Miséricorde ; de là nous est venu
le nom de stalles {stando)^ parce qu'ainsi appuyé on
était plutôt debout qu'assis.
Il fut permis dans la suite à tout le clergé de s'as-
seoir pendant le chant des psaumes ; le concile de Bâle
en 1431 paraît être un des premiers à avoir introduit
ce nouveau rit. La fatigue en fut le motif, mais on
peut dire aussi que le chant des psaumes est un réci-
tatif, un colloque pieux entre les deux chœurs, auxquels
dès lors cette posture convient.
Le chœur, pour cette dernière raison, est couvert
pendant le chant des psaumes, mais il doit se décou-
vrir au Gloria Patri en signe de respect. Le concile de
Bâle voulait même qu'on se levât alors.
Le chœur se découvre aussi aux mots suivants de
certains psaumes ou de certains cantiques : Sanctum et
terribile nomen ejus. — Sit nomen Domini benedic-
tum. — Non nobis, Domine^ non nobis, sed nomini tuo
da gloriam, — Benedicamus Patrem et Filium cura
Sancto Spiritu.
On ne se découvre pas au verset Requiem œtemam^
qui remplace le Gloria Patri daxis l'office des morts. Il
n'y a plus la même raison ; les âmes du Purgatoire
nous demandent plutôt notre pitié que le respect, et
l'Eglise ne nous fait découvrir, quand il s'agit des dé-
funts, qu'aux noms de ceux qui sont canonisés.
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27ê LES fiLÉMENTS DBS HEURES CANONULBS.
On ne sedécouvrepas aux mots Jesu meo du cantique
d'Habacuc, chanté aux laudes du vendredi saint;
ils ne désignent pas, en effet, Notre -Seigneur Jésus-
Christ, et n'ont que le sens commun de libérateur.
A vêpres, à matines, à laudes et à tierce chantées
avec une certaine solennité, tous les psaumes sont
entonnés par deux chantres jusqu'à la médiante ou
jusqu'à la fin du premier verset, selon la coutume des
lieux. {Manuel des Cérem. Rom.) Le second chœur
chante le deuxième verset, et les deux chœurs conti-
nuent ensuite le psaume alternativement. Ce rit ne
serait pas observé si l'office était de la férié ou célébré
sans solennité ; un seul chantre alors entonnerait les
paumes. {Cxrem. Episc.-^ Direct, chori *.)
Aux petites heures et à compiles, un seul chantre
entonne le premier psaume, et les autres se continuent
sans interruption.
Art. VI. Des Versets.
Leur nature. — Leur raison d'être. -^ Le chant. — La Rubrique.
Les Versets sont de courtes aspirations vers le ciel
ou de petites maximes, toujours en harmonie avec
l'office dont ils font partie. Ainsi, par exemple, dans
l'office des martyrs : t. Laètamini in Domino et exul-
tate jusii. Çr. Et gloriamini omnes recti corde. —
t. Exultent justi in conspectu Dei. 5?. Et delectentur in
lâBtitiâé — t. Justi autem in perpetuum vivent. 5?. Et
apud Dominum est merces eorum. — t. Exultabunt
Sancti ingloriâ.îji, Lœtabuntur in cubilibus suis. Dans
l'office des Vierges : t. Specie iuâet pulchritudine tuâ.
i(f. Intende, prospère procedcy et régna. — t. Adjuvabit
eam Deus vultu suo. Çr. Deus in medio ejus non corn-
movebitur. — ^ t. Elegit eam Deus et prseelegii eam.
]$. In tabemaculo suo kabitare facit eam. — t. Diffusa
i. Guidetti est Pauieur du JHreetorium chori.
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DBS VBRSBTS. 277
est gratta in labiis tuis. i)f. Propterea benedixit te Dem
hiœterîium. Dans Toffice du dimanche: t. Memor
fui nocte nominis tui^ Domine. Vji, Et custodivi legem
tuant, — t. Quoniam tu illuminas lucemam meam^
Domine. Çr. Deus meus illumina tenebras meas, —
t. Exaltare^ Domine^ in virtute tuâ, ^. Cantabimus
et psallemus virtutes tuas. — t. Dominus regnavit de-
corem induit. Vft. Induit Dominus fortitudinem et
praecinxit se virtute. — t. Dirigatur, Domine^ oratio
mea. i)f. Sicut incensum in conspectu tuo.
Comme on le voit, les versets sont composés d'un
verset proprement dit et d'un répons^ ainsi nommé
parce qu'il répond toujours au verset pour la longueur
et le sens. Tous deux sont tirés ordinairement de l'E-
criture Sainte. On peut les comparer aux oraisons
jaculatoires si connues dans la vie chrétienne, et au
bouquet spirituel si gracieusement décrit par saint
François de Sales.
Ils sont placés dans l'office divin, entre la dernière
antienne et le Pater de chaque nocturne, et après les
hymnes de laudes et de vêpres, les commémoraisons
et les répons qui suivent les leçons, et les répons brefs
des petites heures.
Leur nom vient du latin Versus qui exprime une
direction : a vertendo^ disent Alcuin, Amalaire, Bona,
Merati, Gavantus et tous les auteurs : cette éty-
mologie commune est ensuite par eux diversement ex-
pliquée. « Le verset est ainsi appelé, dit Amalaire,
parce qu'il tourne et dirige nos cœurs vers Dieu. »
{Lib. IV, c. 43.) « Parce que, dit Bona, nous nous tour-
nons alors vers l'autel, pour que notre esprit, s'il est
distrait, revienne à la pensée de Dieu (c. xvi, § xiii) ;
c'est aussi l'explication de Durand de Mende. (L. V, c. 2,
B. 40 et seq.) De Herdt veut qu'on l'appelle ainsi, soit
parce que le chœur se tourne vers Vautel en le chan-
tant, soit parce que, avec le verset nous passons des
T. n. 1<J
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27g LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
psaumes aux leçons, et des hymnes aux antiennes ou
aux oraisons. (Pars, IV, Tit. xxiv.)
« Les versets, dit encore Durand de Mende, préparent
à mieux écouter les leçons pendant lesquelles, à cause
de leur longueur et parce qu'on est assis, Tesprit
pourrait s'assoupir. » {loc. cit) Ajoutons, qu'après le
chant joyeux de l'hymne ils favorisent le recueillement,
et qu'avant les oraisons, ils disposent nos cœurs à ces
prières si importantes. Quoi qu'il en soit,le verset ravive
toujours au moins l'attention : « Ut^ eomediante^ omnes
mentes rêver tantur ad Deum », dit de Herdt. (loc. cit,)
C'est pourquoi le chœur est toujours debout et
tourné vers Tautel quand on le chante, excepté à l'of-
fice des ténèbres et à celui des morts qui n'ont aucun
caractère de solennité.
Le verset proprement dit est chanté par deux voix,
et tout le chœur y répond.
Les versets des matines, et ceux qui suivent les
hymnes à laudes et à vêpres sont regardés générale-
ment comme plus solennels que ceux des petites
heures, des compiles et des commémoraisons. C'est
pourquoi on leur adapte un chant festival : avec un
neume plus long quand l'office est du rit double, avec
un neume moins long quand l'office est du dimanche
ou du rit semi-double. Les versets des petites heures
et des compiles ont le même chant que celui de ce
dernier office; ceux des fériés et des fêtes simples
ont un chant férial ; les versets des commémoraisons
ont un chant plus simple encore, avec le seul abaisse-
ment d'une tierce mineure sur la dernière syllabe; et
ceux de l'office des morts et des ténèbres, une termi-
naison particulière bien connue. Toutes ces règles sont
données par leDirectorium Choriel les livres de chant;
il faut les observer, car l'Eglise a voulu ainsi distin-
guer les offices entre eux, et les parties des offices
auxquelles ces versets se rattachent.
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DES VERSETS, 279
Au temps pascal, on ajoute à tous les versets Al-
léluia en signe de joie; il faut excepter cependant
ceux qui composent les prières dans Toffice divin
« parce que, dit Gavantus, ces prières sont plutôt ins-
pirées par la tristesse et Thumilité que par la joie »
{De versibus, c. x); elles nesedisent, en effet, qu'àTof-
fice férial ou semi-double.
A Pâques et pendant son octave, il n'y a pas de ver-
sets, si ce n'est au nocturne, parce qu'il n'y a pas
d'hymnes ni de répons brefs, et cela, pour abréger
l'office en signe de joie, dit Gavantus.
Nous avons dit, en parlant des mémoires, qu'il fal-
lait changer les versets indiqués, si on les avait déjà
récités.
On ne saurait préciser à quelle époque les versets
furent introduits dans l'office divin.
La rubrique sur les versets ne demande aucune
explication littérale. En voici la teneur sous le titre
XXIV® :
« 4. Les versets se disent toujours, à matines, après le
dernier psaume et la dernière antienne des nocturnes, qu'il
y ait àTofûce trois nocturnes ou qu'il n'y en ait qu'un seul.
A laudes et à vêpres, on dit le verset après l'hymne ; aux pe-
tites heures, on le dit à la suite du répons bref, après la
répétition d'une partie du répons, et après le Gloria Patri,
« 2. A Pâques et pendant Toctave, jusqu'aux vêpres du
samedi in albis exclusivement, on ne dit qu'un verset au
nocturne, et aucun aux autres heures, comme il est mar-
qué en son lieu.
« 3. Quand on fait quelque mémoire, on dit toujours,
après l'antienne de l'office dont on fait mémoire, le verset
qui se trouve dans cet office après l'hymne des vêpres et des
laudes, sauf indication contraire.
« 4. Pendant le temps pascal, on ajoute toujours Alléluia
à ces versets, mais non à ceux des prières ni au Pretiosa
de prime, ni au verset proprement dit qui suit le petit ré-
pons et son astérisque dans les grands répons de matines.
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Wwm^
Kè LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
« 5. Aux fêtes de trois leçons, on dit, après touslespsau-
mesde la férié et leurs antiennes, le verset du commun des
saints, dans Tordre suivant : le lundi et le jeudi, le verset
du premier nocturne; le mardi et le vendredi, celui du se-
cond nocturne; le mercredi, celui du troisième.
« 6. Les versets placés, au psautier, à laudes et à vêpres,
se disent toujours, quand il n'y en a pas d'autres désignés
au propre du temps. »
Art. VU. Le Capitule.
Origine. — Son rapport avec l'office. — Principes liturgiques. —
La Rubrique.
Si nous ne savons pas à quelle époque les versets
furent introduits dans l'office ^divin, l'ancienneté des
capitules nous est suffisamment attestée par des
témoignages du vi® et du iv« siècle. Le concile d'Agde
entre autres (506) ordonne de les réciter après les
psaumes. (Can. 21.)
Le capitule, comme on le sait, est une petite leçon
de l'Écriture empruntée généralement à Tépître de la
messe; d'oîi ses noms divers que nous trouvons déjà
dans Raoul deTongres (Prop. 13 et 14) : Lectio brevts^
iecHunculay versiculus, et surtout capitulum (capitule),
qui lui fut donné plus communément. Ce dernier veut
dire, d'après saint Anselme (c. 8 in Hebrdeos) : brevis
multorum compléxio, formule qui embrasse beaucoup
en peu de mots. Il est permis, en effet, de voir ce sens
dans le diminutif de la racine, caput, capere. D'après Du-
rand de Monde (1. V, c. ii, n. 80) et Gavantus {De Ca-
pilulisy c. xv), Capitule signifierait que cette petite le-
çon des heures est extraite d'un chapitre {caput) de
l'Ecriture sainte: chapitre qui est toujours indiqué
dans le bréviaire.
Toutes les heures de l'office ont leur capitule. Si nous
en croyons le vénérable Bède (1. II. Expos, in Esdr.
c. 2), l'usage en serait venu de ce que les Juifs, au
temps d'Esdras, lisaient quatre fois le jour le volume
delà loi. (II Esdr.ix^ 3.) L'Églisechrétienne voulut aussi
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DU CAPITULE. 281
lire la sainte Écriture, à la messe et à Tofflce divin.
De même que dans le saint sacrifice nous avons les
épitres et l'Évangile, de même, dans le bréviaire de
chaque jour, aous aurons à lire le texte sacré et les
homélies. Ces leçons seront plus longues et plus
nombreuses à matines, l'office de la nuit, parce
que, débarrassé alors du travail de la journée, on pou-
vait donner plus de temps à la prière; mais elles fu-
rent abrégées à l'office du jour, à cause des occupa-
tions diverses, et formèrent ainsi nos capitules.
Matines n'a pas de capitule, parce qu'elle a déjà ses
leçons ; elle forme du reste une seule heure avec lau-
des.
Extrait de l'Écriture sainte, le capitule est emprunté
généralement à l'épître de la messe; ainsi se trouve
resserré de plus en plus le lien qui existe entre la
messe et l'office divin, nos deux sacrifices de louange.
Le capitule a toujours un rapport intime avec l'office,
comme l'épître avec celui de la messe. Dans l'office
des apôtres, par exemple, les capitules nous les mon-
trent comme étant les fondements de l'Église {Vêpres)^
les thaumaturges par excellence (Sexte), et des mar-
tyrs généreux (None), Dans l'office des confesseurs non
pontifes, ils célèbrent la sainteté de ces héros chré-
tiens ; dans celui des Vierges, avec la douce humilité
de leur sexe, la beauté et la gloire de leur virginité, et
ainsi de tous les capitules dans les autres offices.
Ceux de prime et de compiles cependant ne sont
jamais empruntés à l'épître de la messe. Celui de
prime est toujours extrait du !«' chapitre de l'épître à
Timothée, pour Toffice du dimanche et des fêtes : Régi
s3BCulorumimmortali,...^Qi du chap. 8 de Zacharie pour
l'office de la férié : Pacem et veritatem; le capitule de
compUes appartient toujours au chap. 14® de Jéré-
mie. Nous avons dit pourquoi cette exception, en expli-
quant ces heures canoniales.
T. n. 16.
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282 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
Les capitules, extraits ainsi de l'Écriture sainte, dif-
fèrent cependant quelquefois de la Vulgate. C'est
parce que saint Pie V, en voulant que cette version
fût adoptée dans le bréviaire romain, ne l'exigea pas
absolument pour toutes les parties de l'office et laissa
quelquefois le texte de l'ancienne italique, comme il le
fit aussi pour certaines parties de la messe. « L'auto-
rité de l'Église nous suffirait ici, à défaut de toute au-
tre raison, dit Gavantus. » (Sect. V, c. xv, n. 10. — Voir
le commentaire de Mérati sur ce chapitre de Gavantus.)
Aux offices des fêtes et de certains dimanches de
l'année, il n'y a que trois capitules différents pour
toutes les heures, prime et compiles exceptées. Celui
des vêpres, en effet, est le même à laudes et à tierce ;
sexte etnoneont chacune le sien. Le même capitule,
trois fois répété pour n'en former en tout, avec les
deux autres, que trois différents, n'est-ce pas un
nouveau souvenir à la sainte Trinité, ce mystère
adorable, objet primaire du culte, et que nous rencon-
trons si souvent dans les cérémonies de l'office divin?
Le capitule, donnant à l'office une certaine solen-
nité, est toujours récité par le célébrant, à moins que
TEvêque n'assiste à son trône, car alors ce serait un
des chapiers ou des chantres qui le chanterait. Tout le
chœur se lève à ce moment. Cet extrait de l'Ecriture,
court et saisissant, placé au milieu de l'office dont il
est comme le résumé, méritait cet honneur. Aux
offices pontificaux, l'évêque ne chante jamais le ca-
pitule, pour établir sur ce point une différence entre
lui et le simple prêtre : c'est le sous-diacre de la
messe, un chantre, ou l'hebdomadaire qui le récite,
suivant les cas ou les usages des lieux. (Voir le céré-
monial des évêques, ou les auteurs qui ont décrit l'of-
fice pontifical, comme Le Vavasseur, de Conny, etc.)
On ne demande pas de bénédiction avant le capitule,
comme on le fait avant les leçons, parce qu'il e^t ré*
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DU CAPITULE- 283
cité, dit Amalaire, par le prêtre célébrant qui repré-
sente Jésus-Christ. (L. XIV, c. 3.)
Le livre sacré d'où les capitules sont extraits n'est
pas annoncé, comme pour l'épitre de la messe et les
grandes leçons de l'office. Hugues de Saint- Victor (L.
II, de offic, c. 3) et Durand de Mende (L. V, c. ii, n.
82) en donnent une raison que nous n'admettons pas :
« A la messe, disent-ils, l'épitre est lue pour le peuple
qui, sans le titre, ne saurait pas d'où elle est tirée ;
tandis que les leçons de l'office sont lues pour les
clercs et par les clercs qui connaissent assez l'Écriture
sainte. » La véritable raison, selon nous, en est dans
la brièveté des capitules, et aussi parce qu'ils sont em-
pruntés généralement à l'épitre de la messe, dont le
titre est par ailleurs annoncé.
On ne dit pas, à la fin du capitule, la conclusion des
leçons : Tu autem Domine^ miserere nobis^ « parce que,
dit Gavantus après Durand de Mende, il n'est pas assez
long pour qu'on y ait eu, en le lisant, des distractions
coupables : et prasterea^ in breviori lectione facilius
culpa evitatury praesertim a perfecto viro qualem re-
présentai Hebdomadaritis^ qui capitula récitât. » (Sect.
V. c. XV, n. 7.)
Mais on répond Deo gratias^ comme à la fin des le-
çons, pour remercier Dieu des vérités enseignées par
sa divine parole, ou des grâces que nous y voyons
mentionnées.
Voici maintenant la rubrique sur les capitules
(Tit. xxix) : elle nous donnera lieu à quelques expli-
cations nouvelles qui terminent tout ce que nous avons
à dire sur ce sujet.
c< 4. Après les psaumes et les antiennes, à vêpres, à
laudes et aux autres heures, on dit toujours le capitule,
excepté du Jeudi-Saint aux vêpres du samedi in Alôis ex-
clusivement, et à Tofûce des morts. A complies, on dit le
capitule après l'hymne. »
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284 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
Les trois derniers jours de la semaine sainte et
Toffice des morts sont exceptés, parce que le capi-
tule a un certain caractère de solennité qu'on ne veut
pas donner aux offices de tristesse et de deuil. Une rai-
son de brièveté a fait excepter aussi Toctave de Pâques
qui est toute de joie, et où TÉglise a voulu pour cela
un office plus court.
Si le capitule se dit régulièrement après les psau-
mes, c'est pour le placer au milieu de Toffice dont il
résume l'objet, et pour reposer un instant l'esprit et le
cœur, avant de reprendre le chant des hymnes et des
cantiques. A compiles, comme le capitule est suivi d'un
répons bref, on n'a pas voulu séparer par l'hymne ces
deux parties qui se suivent toujours ailleurs dans l'of-
fice. C'est pourquoi on le dit alors après l'hynme,
tandis qu'il la précède à laudes et à vêpres.
« 2. Les capitules du dimanche, placés au psautier, se
disent aux premières et aux secondes vêpres, à laudes et
aux petites heures, depuis le troisième dimanche après la
Pentecôte jusqu'à l'A vent, et depuis le second dimanche
après l'Epiphanie jusqu'à la Septuagésime. Les capitules des
fériés se disent après l'octave de la Pentecôte jusqu'à l'A-
vent, et depuis l'octave de l'Epiphanie jusqu'au premier
dimancheduCarême. Dans les autres temps, onlesdit comme
au propre du Temps; si c'est l'office d'un saint, comme au
propre des saints, quand il y a un capitule propre, sinon,
comme au commun des saints. Le capitule de prime et de
complies (quand il ne doit pas être omis) est invariable et
comme au psautier.
« 3. Aux dimanches, depuis l'avent jusqu'à l'octave de
l'Epiphanie, et depuis la Septuagésime jusqu'au troisième di-
manche après la Pentecôte, aux fériés du temps pascal et à
toutes les fêtes, on dit régulièrement à laudes, à tierce et
aux secondes vêpres, le capitule des premières vêpres, sauf
quelques exceptions indiquées quand il y a lieu.
(( 4. Aux fériés du temps pascal, on dit^ à prime, le ca-
pitule Regt sgeculorum, comme aux dimanches et aux fêtes.
Après le capitule, on répond toujours : Deo gratiasi »
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DE L'ORÀISON. 285
Art. VIII. De rOraison.
Sa natare. — Oraisons diverses. — Nombre. — Excellence. — Anti-
quité. — « Dominus vobiscum » et « Oremus >. — Principes litar-
giqaes. — La rubrique. — Le chant.
Nous avons dit, au commencement du volume pré-
cédent, les rapports intimes entre la sainte messe et
l'office divin. L'oraison est dans celui-ci ce qu'est la
communion dans le saint sacrifice. La communion
nous fait participer au Corps et au Sang de Jésus-Christ,
à sa personne sacrée, à sa vie divine ; l'oraison nous
fait communier à ses vertus et à ses mystères, alors
même qu'elle a les saints pour objet.
L'oraison, en effet, qui résume admirablement les
vertus des saints, imitateurs de Jésus-Christ, ou l'es-
prit et le fruit du mystère, nous en fait demander une
participation ici-bas, po,ur être ensuite associés à la
vie de Jésus dans le ciel. Oh I qu'elles sont belles ces
oraisons, composées en grand nombre par les saints
et les pontifes des premiers siècles 1 Elles ne furent
jamais insérées dans l'office que l'Église ne les sanc-
tionnât de son autorité à la fois si grande et si éclai-
rée, de son autorité infaillible I
Nous voudrions réunir ici toutes les oraisons du
bréviaire, afin qu'on pût mieux les apprécier par cette
vue d'ensemble ; elles formeraient ainsi un des plus
beaux recueils de prières. Voici celles que nous croyons
devoir signaler, et dont chacim pourra facilement cons-
tater la beauté, la concision, l'harmonie avec l'office
auquel elles appartiennent:
I. Le temps liturgique : Deuxième dimanche del'A-
vent, dimanche de laSeptuagésime, mercredi des Cen-
dres, premier dimanche du Carême, les trois derniers
jours de la semaine Sainte, les Rogations.
U. Mystères de Notre-Seigneur: Noël, l'Epiphanie,
le Saint Nom de Jésus, la Transfiguration, le Ttès-Saint
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LES ÉLÉMENTS DES HEURES GANONULBS.
lient, le Sacré-Coeur de Jésus, le Très-Saint Ré-
ieur, la prière de Jésus au Jardin des. Olives, la
in^ la Couronne d'épines, la Lance et les saints
le Saint Suaire, les cinq Plaies, le Précieux Sang,
tation de la Sainte Croix, Pâques, TAscension, la
îôte, la Sainte Trinité.
Mystères de la Sainte- Vierge : Llmmaculée-
ption, la Nativité, le Saint Nom de Marie, la Pré-
ion de Marie, TAnnonciation, la Pureté de Marie,
•ification, la Compassion ou les sept Douleurs de
, l'Assomption, le Cœur très pur de Marie, le Pa-
je de Marie, le saint Rosaire, Notre-Dame Auxi-
e, Notre-Dame de la Merci.
Les Saints : La Toussaint, les saints Anges, le
lage de saint Joseph, la Nativité de saint Jean-
ite, S. Pierre et S. Paul, S. Jean TÉvangéliste,
enne, les saints Innocents, S. Laurent, S. Gré-
VII, S. Pierre Célestin, S. Pie V, S. Jérôme,
ornas d'Aquin, S. François de Sales, S. Charles
née, les Stigmates de S . François d'Assise, S . Fran-
avier, S. Louis de Gonzague, Sainte Thérèse,
Madeleine de Pazzi, Sainte Ajine, Sainte Moni-
lainte Chantai.
oraisons du commun des Saints ne sont pas
expressives et appropriées à l'objet de Tof-
'aison est toujours celle de la messe, afin de re-
isemble ces deux grandes manifestations du culte
Prime et compiles cependant ont une oraison à
5ui ne varie jamais ; la nature de ces heures
iales le demandait, comme nous l'avons montré
i lieu.
*y a qu'une oraison dans les heures, excepté
le, où l'Église nous fait, à dessein, multiplier
^re au commencement du jour. Le but de l'orai-
[ue nous allons faire connaître en excluait la
1
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DE L'ORAISON. 287
pluralité. Les mémoires que souvent on doit faire
à vêpres et à laudes ne se rapportent pas à l'objet
même de Toffice et ne lui sont que secondaires. Le
rit mozarabique diffère ici du romain, car il admet plu-
sieurs oraisons, ainsi Fofôce de saint Etienne en a
jusqu'à vingt et une.
L'Église a voulu résumer les fruits et la grâce de
tout Toffice, et de chaque heure en particulier,
pour les demander à Dieu, dans une dernière et pres-
sante prière; c'est pourquoi l'oraison se dit toujours à la
fin, ainsi que l'ordonnait le concile d'Agde en 506 ; de
là aussi lui est venu le nom de Collecte : « Brevius^
culâs orationes quas collectas rvuncupamus^ » dit le
cardinal Bona.
Aussi l'oraison est-elle regardée comme une des
parties les plus importantes de l'office divin ; ce nom
Oratio, qui lui est donné au milieu de tant d'autres
invocations, montre assez qu'elle est ici la prière par
excellence. Tandis que, du moins quelquefois, les capi-
tules peuvent être dits et les hymnes entonnées par un
autre que le célébrant, toujours celui-ci, fût-il évo-
que, chante l'oraison ; et lorsque le Souverain Pon-
tife procède solennellement à une canonisation, c'est
lui qui, le premier, récite en face du ciel et de la terre,
l'oraison du nouveau saint.
L'usage des oraisons dans l'office est très ancien. Il
remonte au moins au temps de saint Jérôme, puisque
ce docteur, décrivant, dans la vie de saint Hilarion, ce
qu'était l'office de son temps, s'exprime Bim&i:<(Sac7*as
Scripturasmemoriter tenens^post orationes etpsalmoSy
quasi Deo prœsente, recitabat ». Saint Gélase, d'après
l'abbé Bernon {de Miss, c. i.), composa plusieurs orai-
sons pour l'office : Fecit sacramentorum Prœfationes
et orationes, cauto sermone, avait déjà dit de \\x\\q Liber
Pontificalis. Saint Ambroise fit de même, d'après Ho-
norius d'Autun. (Gemm. animas^ h l,c.87.) Saint Gré-»
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MB LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
goire le Grand revit les araisons qui étaieut en usage,
en composa de nouvelles et les distribua mieux dans
l'office divin, nous dit Walafrid Strabon. {De reb. éc-
oles, c. 22.)
Claude d'Espence, recteur de l'université de Paris,
a fait tout un commentaire sur Torigiae, Tantiquité,
les auteurs, le but et Tusage des oraisons dans la li-
turgie romaine. ^
L'oraison de Toffice est précédée, comme celle de la
messe, du Dominusvobiscum et de VOremtiSy et termi-
née comme elle aussi par la grande conclusion. Tout
ce que nous avons dit de ces parties accessoires dans le
t. II de la messe (pag. 104 et suiv.,) et au commencement
de ce volume a ici son application. Il n'y a que les dif-
férences suivautes : 1" L'invitation Oremus qui, à la
messe, ne se dit quedeux fois, quandil y aplusieurs orai-
sons, à la pre^lière et à la seconde, se dit à l'office avant
chacune d'elles ; c'est parce que, à la messe, les oraisons
se suivent immédiatement, tandis qu'à l'office, elles sont
toujours précédées, et par conséquent interrompues
entre elles, par une antienne et son verset. 2® Les an-
tiennes finales de la sainte Vierge n'ont pas la grande
conclusion, parce qu'elles ne sont pas regardées comme
parties intrinsèques de l'office, quoiqu'elles en soient
une partie intégrante. 3" L'oraison de l'office des Ténè-
bres : Respice qusesumus^ Domine^ n'est pas précédée
du Dominiis vobiscum, en haine du salut perfide de
Judas, dit Amalaire (L. IV, c. 21) ; ni de VOremm
parce que les fidèles, tout recueillis par les graves pen-
1. Claude d'Espence (Claudius Espenciens) naquit à Gh&lons-
sur-Marne, en 15H, et mourut en 4571. Docteur de Sorbonne
et recteur de l'université de Paris, il était très versé dans les
sciences ecclésiastiques et profanes. Ses nombreux ouvrages
latins forment déjà un vol. in-f. ; mais ils ne sont pas toujours
exempts de reproche, et deux d'entre eux furent mis à l'Index,
donec corrig. : Collectanea de eontinentid. — In epistolam D. Fauli
apoatoli ad Titum commentariiis.
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DE L*ORAISON.
sées de ces jours, et à genoux déjà pour la récit
du Miserere, n'ont pas besoin d'être invités à s'ui
prêtre dans cette dernière oraison.
Le célébrant dit toujours l'oraison debout, ej
pendant Tofûce des Ténèbres; le chœur est d
aussi, excepté aux offices des morts, et quand lei
res qui précèdent quelquefois l'oraison doivent S(
à genoux. Cette posture du célébrant et du (
est un souvenir de la discipline ancienne, où l'on
généralement debout, pour exprimer la fei
d'après les Constitutions apostoliques, et aussi Tir
dite de notre foi, d'après saint Jérôme et Terti
(Grancolas, de l'office divin, tit. xi.) Les except
cette règle que nous avons mentionnées pour les
de la semaine sainte, des morts et de certaines
sont inspirées par l'esprit d'humilité qui convier
particulièrement alors. « Le célébrant, dit Gavi
en récitant à genoux l'oraison de l'office des
bres, veut imiter l'humilité de Jésus-Christ dur
passion. » ^Sect. VI, c. xni, n. 20.) Ajoutons ic
récite cette dernière oraison à voix médiocre,
signifier la tristesse de ces jours, et qu'il er
voix basse la conclusion, pour laisser Tassi
sous l'impression des dernières paroles : non
tavit manibus tradi nocentium, et crucis subi
mentum,
La rubrique générale sous le titre xxx, nous
plusieurs des détails ci-dessus et quelques autr
core. La voici :
a 1. A vêpres et à laudes, on rlit l'oraison immédis
après le Magnificat ou le Benedictus et leurs antieni
cepté quand on doit rériter le^ prières, car celles-ci
alors cette antienne, et l'oraison vient après. A prim
autres petites heures, l'oraison se dit après le réponi
moins qu'on ne doive réciter les prières, car Toraisc
dit alors qu'aprèselles. A complies, l'oraison suit l'a
T« II. il
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290 LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
Salva nos si l'on ne récite p£^s les prières, qui, dans ce cas,
sont suivies de l'oraison.
«2. A prime et à compiles, on ne change jamais les orai-
sons du psautier, excepté pendant les trois derniers jours
de la semaine sainte; en ces jours, à toutes les heures
et jusqu'à none du samedi saint inclusivement, après le
psaume Miserere, on récite l'oraison du jour, comme il est
marqué en son lieu. Aux autres heures, en dehors de ce
temps, on ditrégulièrement Toraison des premières vêpres.
Pendant le carôme, aux Quatre-Temp)s, aux Vigiles et le
lundi des Rogations, l'oraison des laudes ne se dit qu*à tierce,
à sexte et à none. Aux vêpres qui suivent, sic'est une férié,
on dit ou une autre oraison propre, comme en carême,
ou celle du dimanche précédent, comme aux autres fériés.
Cette oraison du dimanche précédent se récite toujours à
l'ofûce de la férié pendant la semaine, quand il n'y a pas
d'oraison propre. Dans les octaves, on dit l'oraison comme
au jour de la fête, et aussi le jour de l'octave s'il n'en a pas
de propre.
« 3. Avant l'oraison même quand on récite seul son ofQce,
on dit toujours le verset />ommti5 vobiscum^ et on répond:
Et cum spiriiu tuo. Ce verset ne doit pas être dit par le
clerc qui n'est pas au moins diacre, ni par un diacre en
présence d'un prêtre, sans son autorisation. Celui qui
n'a pas reçu l'ordre du diaconat doit dire, à la place du
verset précédent : Domine, exaudi orationem meam,ei l'on
répond : Et clamor meus ad teveniat. On dit ensuite : Ore-
mus, puisl'oraison: s'il n'y en a qu'une, lorsqu'elle est ter-
minée et qu'on a répondu Amen, on répète le verset Do-
minas vobiscum, ou Domine, exaudi. Mais si l'on doit ré-
citer plusieurs oraisons, on dit avant chacune, l'antienne
et le verset, puis Oremus ; après la dernière oraison on ré-
pète Dominus vobiscum^ puis on dit Benedicamus Domino,
avec la réponse Deo gratias, et le verset Fidelium animse;
cependant on omet ce dernier après Benedicamus Domino,
avant le Pretiosa de prime, avant le verset Benedicat de
compiles, et toutes les fois qu'une heure est suivie immé-
diatement du petit office de la Saiute Vierge^ de l'ofûce des
morts, des sept psaumes de la pénitence ou des litanies.
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DE L'ORAISON. . 291
«4. Si Toraison est adressée au Père, od termine par ces
mots '.perDominum ; si c'est au Fils, par Quivivis et
Si le Fils est mentionné au commencement de i'ora
dit Per eumdem ; s il l*est à la fin, on dit : Qui tec
et régnai. S'il est fait mention du Saint-Esprit, on
unitate ejusdem Spiritûs Sanctï, etc.
« 5. Lorsqu'il y a plusieurs oraisons, la première
dit sous la conclusion Per Dominum, ou autrement^
les règles précédentes; les autres orai>ons,sauf la d
n*ont pas de conclusion, mais avant chacune d*elle
Oremus, excepté à l'office des morts oCi les oraisons
sent d'une autre manière.
De même aux litanies, toutes les oraisons, se dise
uu seul Oremusy comme il est marqué en son lieu.
On peut voir dans le tome second de lo
(P. 110 et suiv.) ce que nous avons dit au su
conclusions.
Nous n'ajouterons ici que trois réflexions:
l'office était transféré, on ne devrait pas ometti
l'oraison, ces mots : Huncdîem, hodiernam dien
senlemdiem, ni les changer; il faudrait tout ;
consulter la sacrée Congrégation des rites. (7 s
bre 1816.)
Si l'oraison à dire était la même qu'une aut
récitée dans l'office, il faudrait prendre dans le
sons du commun, la première ou la seconde, s
le cas.
On ne devrait pas supprimer le Fidelium ap:
raison, si la messe suivait immédiatement une
heure. (14 apr. 1742.)
Le Directorium chori donne à son tour les
pour le chant des oraisons, les voici : On distin
chant festival et le chant férial.
Le chant festival a deux inflexions. La pr
ut-si-la-ut, appelée point principal, et qui se U
les derniers mots du premier membre de phras(
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292. LBS tL&MBNTS DBS HBURBS GANONULBS.
que ordinairement par le signe : ; la seconde, uM%
appelée demi-point et qui se fait sur les derniers mots
du second membre de phrase marqué assez souvent
par le signe;. Quand Toraison est trop courte, on ne
fait que la première inflexion, ou même on n'en fait au-
cune. La conclusion a aussi les deux inflexions : le demi-
point au mot iuum, et le point principal a ces autres :
Sancli Deus. Dans les conclusions gui tecum, qui vivisy
on ne fait évidemment que le point principal.
Le chant festival est employé aux fêtes doubles ou
semi-doables ainsi qu'aux offices du dimanche, mais
seulement à matines, à laudes, à vêpres, ou à tierce
chantée solennellement.
Le chant férial n'a pas d'inflexion, et Toraison se
chante recio iono. On l'emploie aux fêtes simples et
aux fériés, ainsi qu'aux petites heures et à complies
de toutes les fiâtes, tierce quelquefois exceptée, comme
nous l'avons dit.
L'oraison finale de la Sainte Vierge et celle Dirigere
de prime sont chantées aussi sur un ton férial, mais
qui diffère du précédent par une petite infleiion d'w/
en la sur la dernière syllabe de l'oraison et de la con-
clusion.
CHAPITRE II.
DBS ÉLÉMENTS DB L'OFFIGB DIVIN PARTIGULIBRS A
CERTAINES HEURES CANONIALES.
Ce sont : le Credo ou Symbole des Apôtres, qui ne
se récite qu'à matines, à prime et à complies; — 17w-
vitaloirCy les absolutions et les bénédictions y les leçons^
les répons et le Te Deum, qui sont particuliers à mati-
nes; — les Cantigues à laudes, à vêpres et à complies;
— les Prières et les Suffrages communs^ qui se disent
aux heures de certains offices moins solennels; — et
enfin les Antiennes de la très sainte Vierge^ qui ter-
minent les laudes et les complies.
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DU « CREDO ». 293^
Art. I. — Du • Credo » on Symbole des Apôtres.
La rubrique. —Origine du Symbole des Apôtres.— Son usage. —
Principes liturgiques. — Commentateurs.— Eloge des Pères.
Le Credo ou Symbole des Apôtres se dit avant ma-
tines et avant prime, après les compiles, et dans les
prières qu'on ajoute quelquefois à ces deux dernières
heures . Ainsi le veut la rubrique générale, titre xxxni, 1 :
« On dit toujours le Symbole des Apôtres avant matines
et prime et à la un de compiles, après la Salutation An-
gélique, le tout à voix b^sse, lors même qu*on doive le ré-
péter à prime et à complies avec les prières. Quand on le
dit avec les prières, à prime et à complies, on prononce à
haute voix les mois Credo in Deum^ et ces auttes de la un
Camis resurrectionem.,,. Le reste se dit à voix basse. »
Le symbole (du grec (TU(iëà>>£iy, mettre ensemble)
est le résumé de nos principaux dogmes, le signe et
la profession de foi qui rallie les enfants de l'Eglise
pour les distinguer de ceux qui ne le sont pas. 11 y a
plusieurs symboles de foi ; celui qui nous occupe en
ce moment est le plus ancien ; on l'appelle Symbole
des Apjtres, parce qu'il fut composé par les apôtres
eux-mêmes. Les autres symboles dont nous avons
parlé ailleurs, c'est-à-dire, ceux de Nicée, de Constan-
tinople, et de saint Athanase, n'en sont que le déve-
loppement.
Les apôtres, en effet, allaient se séparer pour évan-
géliser le monde ; ils voulurent laisser à l'Eglise un
monument de la foi, où seraient inscjits les princi-
paux dogmes et mystères, et un étendard qui ser-
vit de ralliement aux disciples de Jésus-Christ. Le
symbole fut rédigé, soit, comme le dit Baronius, après
une entente commune sur les différents points, soit,
d'après quelques auteurs entre autres saint Augus-
tin, en réunissant les articles que chacun d'eux énon-
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294 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
çait par inspiration divine *. Le fait est incontesta-
ble, et transmis par les auteurs anciens, comme Tertul-
lien {de vel. Virg, c. i), Tabbé Rufin {In prœf.
Symb, Apost.), saint Jérôme (Epist, LIX ad Pam-
mach.), saint Léon {Epist. XCVI), saint Fortunat
{In praef. Apost,), saint Clément pape {Ep. X, 3,
ad S. Jac.) et beaucoup d*autres. « Ce fut, dit Baro-
nius, la seconde anaée de l'empereur Claude et l'an
44 de Jésus-Christ. » {Annal, Eccles, ann. 44, n. 14.)
« Aujourd'hui encore, dit Darras, à Test de Jérusa-
lem, sur le flanc de la colline des Oliviers, non loin du
lieu où Jésus montant au ciel laissa la dernière em -
preinte de ses pas sur le sol terrestre, on montre une
grotte taillée dans le rocher, où, loin des Césars, et sans
se préocc iper des agitations de Rome et de la Judée,
douze pêcheurs se réunirent pour formuler, en un
symbole immortel, la foi qui devait conquérir le
monde... Donc les apôtres, avant de partir pour leur
mission lointaine, dressèrent cet étendard. Jadis les
fils de Noé, avant de se partager le monde^ avaient
élevé un édifice de bitume et de briques, dont le som-
met devait toucher le ciel : les apôtres érigent, en
pierres vivantes et en perles divines, le monument
i. S. Augustin énunaère ainsi les articles que chacun des
apôtres aurait formulés : « Cujus iSymboli) textum vobis modo,
Deo annuente^ dicemus, Petrus dixit : Credo in Deam Patrem
omnipott^ntem. Joannes dixit ; Creatorem cœli et terrœ, Jacobus
dixit : Credo et in Jesum Chris tum FUium ejus unicum, Dominum
nostrum, Andréas dixit : Qui conceptus est de Spiritu Sancto,
natus ex Maria Virgine. Philippus ait : Passus sub Pontio Pilato,
crucifixus, mortuus et sepuUus. Thomas ait : Descendit ad infe-
ros : tertiâ die resurrexit a mortuis. Bartholomœus dixit : Ascen-
dit ad cœlos, sedet ad dexteram Dei Patris omnipotentis. Ma-
thxus dixit : Inde venturus est judicare vivos et mortuos. Jacobus
Alphaei : Credo et in Spiritum Sanctum, Sanctam Ecclesiam ca-
thoUcam. Stmon Zelotis : Sanctorum communionem, Remtssionem
peccatorum. Judas Jacobi : Camis resurrectionern, Mathias eom'
plevit : Vitamœtemam, Amen, » (De Temp- Serm. GXV.)
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DU « CREDO i». 295
d'une foi qui bravera tous les efforts ennemie, que les
vents n'ébranleront point, que la foudre ne renversera
jamais, que les orages, les tempêtes seront impuis-
sants à ruiner. La tour de Torgueil demeura inachevée
par suite de la confusion des langues ; la tour de la
foi se fonda sur la science de toutes les langues, et la
réunion en Jésus-Cùrist de tous les idiomes de l'uni-
vers. » {Hisi. de f Eglise, tom. S, p. 436 et suiv.)
« Nos Pères, disait Rufin au iv® siècle,nous ont ap-
pris qu'après l'Ascension du Sauveur, alors que le Saint-
Esprit, descendu sur les apôtres, leur eut conimuniqué
le don des langues les plus diverses, en sorte qu'aucun
peuple, si lointain et si barbare qu'il fùl', ne pouvait
échapper à l'action de leur zèle, il leur fut ordonné, par
Dieu lui-même, d'aller porter l'Évangile â toutes leé na-
tions de l'univers. Sur le point de se séparer, ils rédi-
gèrent une règle de foi commune, pour que leur en-
seignement à tous les futurs disciples du Christ fût le
même, et lui donnèrent avec raison le nom dé sym-
bole. Ce mot grec, en effet, a la double signification de
signe et de résumé collectif. » {Inprxf, expos, Symb.
Apost.)
Dès ce moment, le Symbole des Apôtres eut sa place
dans le culte public et privé. On l'expliquait aux ca-
téchumènes, qui devaient en rendre compte et le savoir
par cœur; on le lisait solennellement, nous apprend Ba-
ronius, au sein des conciles généraux, dans la première
session, {ioc. cit.) Saint Ambroise ordonnait aux fidèles
de le réciter chaque jour. (L. 3 de Virgin,) « Qu'il soit
devant vos yeux le matin et à votre coucher, disait saint
Augustin, comme un miroir fidèle, pour y considérer
où en est votre foi. (Eom. 42.) Saint Damase, au rapport
du cardinal Bona et de Gavantus, établit qu'on le réci-
terait à toutes les heures de l'office divin, et ce rit était
encore observé au temps de Durand de Mendé: « Triplex
estsymbolum, dit-il :prifnumestsymbolum Apostolorum
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296 LSS ÉLÉMENTS DSS HEURES CANONIALES.
quod videlicet ex institutione Damasi papa dicitur ta-
eiteper ferlas in singulis canonicis horis. » (L. IVjC. 26,
D. 6.) Comment le symbole n'aurait-il pas été inséré
dans Toffice divin, qui en est comme la paraphrase?
La rubrique nous a dit d*abord qu'on ne le récitait
maintenant qu'à matines,àprime et à compiles. L'Eglise
veut nous mettre devant les yeux, avant matines
le résumé des dogmes et des mystères, afin d'exci-
ter notre foi à ces grandes vérités dont le bréviaire
s'inspire ; nous le récitons encore au commencement
de prime et à lafin de compiles, pour commencer la jour-
née par un nouvel acte de foi, et montrer le soir que
nous y avons persévéré.
Le Symbole est encore indiqué, à certains jours,
parmi les prières de prime et de compiles, en sou-
venir des temps anciens, où on le disait plus, sou-
vent et à chaque heure canoniale; Gavantus en donne
ici une raison mystique un peu forcée.
Le Credo f au commencement de matines et de prime
ainsi qu'à la fin de l'office, n'est obligatoire que de*
puis saint Pie Y. L'usage en existait cependant dès
lexui® siècle dans quelques monastères, puisque les Us
de Citeaux en parlent : « Dimisso officii signo, orationem
super misericordias facianty idest, Pater nos fer et Credo
in Deum, antiquum versum Deus in adjutorium décan-
tent. » (C. 68®.) Mais le clergé séculier ne suivait pas
encore alors cette pratique, puisque Durand de Mende
ne mentionne le Credo que dans les prières de prime.
(L. V, c. 5, de Prima, n. H.)
En dehors des prières, on le récite à voix basse : c'est,
d'après saint Thomas, pour exprimer que le Symbole
fut rédigé et transmis au moment des persécutions et
comme dans le silence, alors que la foi n'était pas en-
core publiquement annoncée (2" 2' Quœst. I, art. ix
ad6) ^; cest aussi, d'après Merati, pour rappeler qu'au-
4. On sait, en effet, que le Symbole des Apôtres, au com-
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DU «GRBDO 297
irefois on ne le disait pas avant les heures : tu vetusta-
Hs aligna ratio haberetur, (In Gav, sect. v, c. m.) Mais
alors pourquoi, dans les prières de prime et de corn-
plies, le commencement et la fin du Symbole : Credo
in Deum..., Garnis resurrectionem.., sont-ils récités à
haute voix? Durand de Monde, le cardinal Bona, Gavan-
tus et Merati nous disent que c'est pour exprimer, d'a-
près saint Paul, que la foi doit être avant tout au fond
du cœur, et se traduire ensuite au dehors par la parole
et les œuvres.
Inutile de donner ici une explication du Symbole,
puisqu'on la trouve partout. Il nous suffira d'indiquer,
pour ceux qui aiment les sources précieuses de l'anti-
quité : l'exposition de Rufio, que le cardinal Bona appelle
dignissima et que Ton trouve parmi les œijvres de saint
Cyprien; saint Ambroise : Tractalus in Symbolum
Apost.; saint Augustin : de fide et Symboloy de Symbo/o
ad Catechum. ; saint Chrysostome, Hom, de Symb. ;
saint Fortunat de Poitiers, exeyes, in Symb.; saint
Thomas d'Aquin, Opttsc, 16; et enfin le catéchisme du
concile de Trente qui a consacré à l'explication du
Symbole toute sa première partie.
Mais, pour nous exciter à réciter le Credo avec
plus de respect et d'attention encore, rappelons-nous ce
qu'en ont dit les Pères : « Le Symbole, dit saint Au-
gustin, est un résumé si concis, si complet de la foi,
qu'il éclaire suffisamment sur les dogmes chrétiens,
sans fatiguer la mémoire ; l'esprit y apprend beau-
coup en peu de mots ; on y trouve comme une vertu
sacramentelle qui nourrit l'àme des croyants. Tous
mencement de l'Eglise et au temps des persécutions, n'était
transmis que par la parole et non par l'écriture. Les cstéchu*
mènes à qui, par exception, on en conGuit une copie, devaient
la rendre quelques jours avant leur Baptême; de là cette parole
de saint Augustin aux futurs baptisés : date symbolum, rendez
le êymbole.
t. II. 17.
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298 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
les mystères sont là parfaitement résumés dans une
profession de foi qui ne semble formulée que pour les
petits enfants, mais qui offre à tous, les aliments so-
lides delà foi, de l'espérance et de la charité. » (Serm.
109 et 131 de Temp,) Saint Pierre Ch r y sologue l'appelle
un gage de salut, Tétendard de la vie, le préservatif
de la foi (serm. 59); saint Cyrille assure que nous
y trouvons tout ce qu'il faut pour bien vivre (Ep. 29
ad Acacium Episc); saint Léon le regarde comme
un glaive puissant contre les hérésies (Ep. 3 ad
Pulcheriam Augustam) ; Cassîen y voit le résumé de
l'Ecriture Sainte « laissé aux hommes par Dieu pour
aider leur mémoire et leur intelligence » (L. VI de
Incam, c. 4); saint Eucher de Lyon compare le Sym-
bole à un lingot d'or, à un écrin de pierres précieuses,
et il ajoute : « Ainsi les apôtres, soucieux de notre
salut, ont voulu condenser dans une page la doctrine
révélée, afin qu'elle fût à la portée des esprits et des
cœurs les plus vulgaires, et qu'elle oflfrit à tous sa di-
vine Sagesse comme un chant suave et facile à re-
tenir. » (Hom. H de Symbolo.)
Le bréviaire nous apprend que saint Pierre de
Vérone, martyr du xin« siècle, frappé à mort par les
hérétiques, voulut réciter le Symbole avant d'expirer.
(29 apr.) Puisse aussi cette profession salutaire de
notre foi, exciter notre confiance «t notre courage dans
les derniers combats de la viet
Art. n. De l'Invitatoire.
Sa nature. — Son but. ~ Son origine. — Explication de la
rubrique. — Le chant. — Le psaume : Venite^ exiUtemus.
L'Invitatoire est une antienne qui se dit chaque jour
au commencement de matines, avant le Ps. xciv, Te-
niiCy exultemus, et qui se répète, en tout ou en par-
tie, après certaines divisions du psaume. Ce nom fut
donné aussi par extension au psaume lui-même, ainsi
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DE LInVITATÔIRÈ. ' 199
combiné avec Tantienne. La rubrique, en effet,
prend Tinvitatoire dans ces deux sens au titre xix®.
Son but, comme le nom Tindique, Invitatorium^
était d'exciter les cœurs à la louange divine, quand il
fallait commencer Toffice de la nuit, alors que Pâme
et les sens pouvaient être encore engourdis. C*est pour-
quoi, dans la règle du Maître, il est appelé Respon-
sorium hortationis (c. 44), et sonus dans la liturgie
Mozarabique. Aussi le cardinal Bona compare-t-il Tin-
vitatoire au son de la trompette qui rassemble les
troupes au combat : « ainsi, dit-il, l'assemblée des chré-
tiens, est comme une armée rangée en bataille, et
nous sommes appelés à la psalmodie prolongée de la
nuit par la voix du Saint-Esprit qui nous dit : Vernie ^
exultemus Domino. » {Div. Psalm. cxvi, n. 1.)
L'invitatoire, en effet, s'inspire toujours de cette
pensée dans le psaume et l'antienne. Celle-ci de plus,
résume admirablement Tesprit ou le but de chaque
office particulier, dont elle est comme le thème et
Vargumentum. C'est pourquoi l'antienne de llnvita-
toire varie avec l'office, tandis que ce psaume est tou-
jours le même: joyeuse et pressante invitation de louer
Dieu à cause de sa grandeur, de sa justice et de sa
bonté. Nous expliquerons bientôt le psaume. On con-
naît assez les invitatoires proprement dits, si variés
dans leurs formules touchantes. Leur nombre était
encore plus grand avant saint Pie V ; Raoul de
Tongres, au xvi* siècle, nous apprend que chaque
férié avait le sien. (Prop. 15.)
L'invitatoire, dans l'office divin, est d'une origine
ancienne. Un concile d'Aix-la-Chapelle, en 817, ordon-
nait de remettre à l'office des morts. Amalaire en
expliquait le sens au ix» siècle. (L. IV, c. ix.) Alcuin,
en 780, disait pourquoi l'office de TEpiphanie n'en a
point. (Cap. de Theophaniâ.) Nous avons vu que la
liturgie Mozarabique (633) lui donnait un nom par-
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800 LES tLtMENTS DES HEURES CANONIALES.
ticulier. La règle enfin de saint Benoit le mentionne
expressément et détermine les jours où le psaume seul
doit être chanté sans antienne, (c. 9 et 11.)
L'idée de Tinvitatoire pour le commencement de
l'office serait venue, d'après Grancolas (L. II, c. ii)
et Merati (m Gav. c. v), d'un usage suivi dans les
anciens monastères, uù les moines étaient réveillés
pour l'office de la nuit par ces premiers mots du
psaume: Venite^ adoremus Dominum. On fit bientôt du
e entier l'invitatoire. (c. I, c. 27.) L'antienne
ircalée parmi les versets, comme on le faisait
îs autres antiennes, et aussi pour nous bien pé-
de l'objet de l'office qu'elle rappelle en peu
ts.
vitatoire est donc une invitation à la louange
; mais les religieux et les clercs doivent toujours
êts à la prière, tandis que les fidèles pouvaient
besoin d'y être excités, surtout pour l'office de
; c'est pourquoi primitivement les matines n'a-
d'in vitatoire que les dimanches et les fêtes, c'est-
les jours où les fidèles venaient y assister. Ama-
it les anciens ordos romains nous apprennent
ûl: « à Rome, en effet, lisons-nous dans ces
rs, il y avait aux grandes fêtes de l'année deux
de nuit, l'un dans la chapelle Pontificale, où le
i n'était pas admis, et l'autre, auquel tous pou-
assister; celui ci seul avait son invitatoire, »
'ubrique actuelle en veut un pour tous les offi-
peu d'exceptions près. Elle s'exprime ainsi dans
B xix« :
3n dit toujours l'invitatoire à matines, avec le psaume
, exultemus, suivant l'ordre indiqué en tète du psau-
mais il varie selon la qualité de Toffice, comme on
au commun et au propre du Temps, ainsi qu'au
! et au commun des Saints.
On ne dit pas Tinvitatoire le jour de l'Ëpiphaniey ni
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DE LINVITATOIRE.
les trois jours qui précèdent Pâques, comme il est m
en son lieu, ni à l*of!]ce des morts pendant l'année
le jour de la Commémoraison de tous les fidèles dé
lejour delamortoude la sépulture, et toutes les fois
récite les trois nocturnes. »
LMnvitatoire se dit donc maintenant tous les j
excepté ceux ci-dessus mentionnés. N'est-il pas toi
opportun, en effet, avant de commencer l'offic
bien fixer notre attention sur son objet, et d'excii
nous Tesprit de prière? Or, tel est le but de Tinvita
que nous pouvons comparer au texte du discour;
V Adoration dans l'oraison mentale : pensée mère
toutes les autres ne sont que le développement, (
commun vers lequel tout doit tendre.
Le bréviaire nous indique en tôte du psautier,
ment il faut diviser le psaume et répéter Tinvita
Laissant ici de côté le symbolisme un peu forcé d
dinal Bona, nous dirons qu'on n'a pas voulu rép^
entier Tinvitatoire après chaque verset, pour i
allonger l'office, et que l'ordre naturel amena
lors six répétitions complètes et trois incomplètes
tienne devant commencer et clore cette partie d
fice. Le sens des versets a inspiré et détermi
divisions du psaume.
Pendant le temps de la Passion, à l'office dud
che ctde la férié, le commencement de la 4« div
Bodie si vocem ejus audieritis^ nolite obdurare
veslra, identique à l'invitatoire, est omis ; on
cette division à ces mots : sicui in exacerbatiom
plus, le psaume n'ayant pas de Gloria Pati
répète à la fin deux fois et en entier Tinvitatoire.
part. Dom. de Passione^ ad Matutin.)
Pour la même raison d'identité, la fin de la 1'
sion du psaume : Prœoccupemus faciem ejus.
omise le dimanche de la Septuagésime et les
suivants ; l'office de ces dimanches a pour invit
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302 LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
en effet : Prmoccupemxis faciem Dominiy et inpsalmis
jubilemtis eu
Mais pourquoi n'y a-t-il pas d'invitatoîre le jour de
TEpiphanie, les trois derniers jours de la Semaine
Sainte, et aux offices des morts qui ne sont pas solen-
nels?
Parmi les psaumes de TEpiphanie, à matineâ^ se
trouvait déjà le xciv®, Venue, exuliemus, dont le sens
s'adapte si bien à l'esprit du mystère; on retrancha
dès lors Tinvitatoire, pour ne pas répéter deux fois le
psaume dans une même partie de l'office, d'après un
principe admis en liturgie : Non bis in idem. Cette raison
était déjà donnée par Durand du Mende. (L. VI, c. xvi,
n. 9.) Aussi, dans les ordres religieux qui récitaient
descantiquesetnondes psaumes au 3® nocturne, comme
chez les Feuillants, Tinvitatoire n'était pas omis le jour
de TEpiphanie; ce qui s'observe encore chez les Char-
treux. L'invitatoire n'est omis que le jour de la fête et
non pendant l'octave; c'est pour ne pas multiplier une
exception si grave, et peut-être aussi parce que la raison
mystique indiquée plus bas, ne semble pas avoir autant
son application; dans ce dernier cas on remplace au 3™*
nocturne le ps. Venite, exuùemus par le lxxxvi®. Durand
de Mende ajoute à la raison matérielle donnée plus haut,
plusieurs raisons mystiques dont la première et la meil-
leure est admise par Hugues de Saint- Victor {In specul.
c. 3.)? Gavantus, Merati et tous les auteurs. « L'in-
vitatoire, dit-il, est omis ce jour-là pour honorer l'em-
pressement des Mages à venir adorer le Sauveur, sans
autre invitation que celle de l'étoile. »
L'office des morts et celui des trois derniers jours de
la Semaine Sainte devaient exclure aussi l'invitatoire
avec son psaume xciv®, dont le premier verset exprime
la joie: Venite^ exuUemus Domino, jubilemus Deo.Ce
rit rappelle de plus les temps anciens, où l'invitatoire
n'avait pas encore été introduit : « Il n'y en avait pas
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DK L'INVITATOIRE. 303
autrefois, dit Grancolas, et cela est resté à matines du jour
de l'Epiphanie et aux trois jours avant Pâques. » (De
Voffice div. de PInvitaioire,) On récite cependant Pin-
vilatoireaux offices des morts qui ont trois nocturnes,
parce qu'ils sont plus solennels.
Léchant de Tinvitatoire a toujours, en effet, une cer-
taine solennité, parce que l'idée qu'il renferme est la
principale de l'office divin, et que toutes les autres lui
sont comme subordonnées. G est pourquoi deux chan-
tres au milieu du chœur et devant l'autel le chan-
tent seuls et assez lentement; les autres ne font que
répondre en répétant l'antienne. Raoul de Tongres
recommandait déjà de le chanter gravement et sans
précipitation : Omnino protrahendo et morose^ et il ne
faisait que reproduire en cela un décret du concile
d'Aix-la-Chapelle en 816 : arf nocturnas vigilias post
gloriam psalmi xciv, quem subtrahendo et morose vo-
lumus dici. Les jours de fêtes solennelles il était d'u-
sage à Cluny de joindre au chantre ou à l'hebdomadier
pour cette partie de l'office, plusieurs autres chantres
en aubes ou en chapes. Ces mêmes jours, à Nar-
bonne, Tinvitatoire et l'hymne étaient chantés par
douze chapiers, et à Laon, on le répétait trois fois.
Le but de l'invitatoire nous dit assez comment nous
devons le réciter ou le chanter. Ne semble-t-il pas alors
que TEglise du ciel convie celle de la terre à louer son
divin Époux ? « Hier, écrivait saint François de Sales,
le jour de saint Pierre-ès liens, tandis qu'on chantait au
chœur l'invitatoire: Le Roi des Apôtres^ venez, adorons-
le, j'eus un si doux et si aimable sentiment que rien
plus; et soudain je désirai qu'il s'épanchât sur tout mon
cœur. » {Lettre 734«.)
Rien aussi n'excite dans nos cœurs le désir et
l'amour de la divine louange, comme le psaume xciv® :
David, en efifet, et l'Eglise avec lui, nous invitent à ren-
dre à Dieu nos devoirs d'adoration, de louanges, d'à-
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304 LB8 ÉLÉMBHTS DBS HBURB8 CANONULBS.
mour et de compoDCtion, en nous unissitnt à tous les
sentiments exprimés par le sacré cantique: Venue, exul-
temus Domino^ jubilemus Deo, salutari noslro ;presoc-
cupemus faciem ejus in cor^fessione, et in psalmis ju-
bilemus et.., Vetiite, adoremusj et procidamus ante
Deum : ploremus caram Domino. Les motifs de ces
devoirs nous y sont indiqués : c'est la grandeur et la
majesté de Dieu : Quoniam Deus magnus Dominus^ et
Bex mjgnus super omnes deos; sa miséricorde et sa
bonté : Quoniam non repellet Dominus plebem suam;
son souverain domaine et sa puissance: Quia in manu
ejus sunt omnes fines terras ; et altitudines montium ipse
conspicit. Quoniam ipsius est mare et ipse fecit illud,
etaridam fundaverunt manus ejus; notre dépendance
enfin : Qui fecit nos ; quia ipse est Dominus Deus nos^
ter^ nos auiem populus ejus et oves pascum ejus. Le
psaume nous invite encore à correspondre aux grâces
de l'office divin : Hodie si vocem ejus audieritis, nolite
obdurare corda vestra, et il nous met devant les yeux
lajustice divine qui punit autrefois dans le désert les
Hébreux infidèles : sicut in exacerbatione secundum
diem tentationis in deserio, ubi tentaverunt me Patres
vestri... quibus juravi in irâmeâ si introibunt in re-
quiem meam.
Tel est, en abrégé, le sens de ce psaume dont on
aura des explications plus étendues dans le cardinal
Bona (Div. Psalm. c. xvi, §, viii, n. 2), le P. Bertbier,
Bellarmin, etc. Ce dernier dit avec raison : « Ce psaume
convient à tous les temps, à tous les lieux, et à tous
les fidèles, car il renferme une invitation à louer Dieu
de bouche et de cœur, et par nos actes. Aussi l'Eglise
catholique a-t-elle voulu avec beaucoup de sagesse
que ce psaume commençât la psalmodie de la nuit,
qui, â causede sa longueur, devait être précédéede cette
exhortation préparatoire. » {Explan, in Ps. ; Ps. xciv.)
Le psaume xciv* n'est pas lemdmedans l'invitatoire
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DBS ABSOLUTIONS ET DBS BÉNÉDICTIONS 305
que dans la Vulgate efau 3® nocturne de l'Epiphanie,
Les psaumes du nocturne et de la Vulgate, en effet,
sont d'après le ^psautier gallican, tandis que celui de
Tinvltatoire reproduit la version du psautier romain.
Art. IIL Des Absolutions et des Bénédictioiis avant
les leçons.
Il s'agit ici des absolutions et des bénédictions de
matines. Le titre xxv de la rubrique est ainsi conçu,
pour les distinguer des autres formules d'absolutions
et de bénédictions que nous trouvons à prime et à
com plies, et dont nous avons déjà parlé. Voici d'a-
bord la rubrique :
« i. Les absolutions {et les bénédictions se disent dans
leur ordre, à roffice de neuf leçons, comme elles sont mar-
quées au premier dimanche de TAvent, et après le verset
et le Pater noster. Il faut excepter les matines des ténèbres
et de TolBce des morts, où il n'y a pas d'absolutions ni de
bénédictions.
« 2* Quand on fait Toilice d'une férié dont les trois leçons
appartiennent à V iilcnture occurreate, on prend l'absolution
et Jesbéné lictionsau premier dimanchedcrAvenf, d'après
l'ordre suivant: le lundi et le jeudi, on dit l'absolution
et les bénédictions du premier nocturne; le mardi et le ven-
dredi, celles du second nocturne ; le mercredi et le samedi,
celles du troisième.
« 3. Si les trois leçons appartiennent à l'homélie sur l'É»
vangiie, on dit l'absolution suivant l'ordre des féries;
comme ci-dessus: mais les bénédictions se disent toujours
comme au troisième nocturne, c'est-à-dire, la première
sera Eoangelica lecllo, la seconde, Divinum auxiliuniy et la
troisième. Ad societatèm. Si l'ollice à trois leçons est d'un
saint, l'absolution se dit en suivant l'ordre des fériés comme
ci-dessus; mais les bénédictions se disent toujours comme
au troisième nocturne, et de cette manière : la première,
Jlle nos benedicat ; la seconde Cujus ou Quorum ou Qua-
rum festum colimus ; la troisième Ad societatèm.
« 4. Quand on fait l'office de la Sainte Vierge in sabbato,
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306 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
on dit rabsolution et les bénédictions comme elles sont
indiquées dans son petit office, à la fin du bréviaire. »
Telle est la rubrique pour les absolutions et les
'" tions des nocturnes; il nous faut maintenant
successivement des unes et des autres.
$ I. DBS ABSOLUTIONS.
[)pelle ainsi certaines formules de prières qui
immédiatement le i'a/^r, avant les leçons des
î. Elles terminaient autrefois le nocturne, alors
leçons ne faisaient pas encore partie de Tof-
là leur nom absoliUiones, (fin, terminaison) d'a-
ralieri. (tom. 2du. 302, n.3.) Aujourd'hui encore
ière semblable termine prime et compiles :
tsnos benedicat.,. — Benedicat et custodiat nos
Cens et misericors Dominus. Gavantus veut que
leur ait été donné de la troisième qui a pour
ibsolution des péchés: A vinculis peccatorum
um absolvat nos omnipolens et misericors Domi-
)ct. c. XI, n. 2).
ae nocturne a donc son absolution. C'est toujours
ocation à la miséricorde de Dieu pour le par-
les fautes. En voici les formules :
ïoct. — Notre Sei^eur Jésus-Christ, daignez
les prières de vos serviteurs et avoir pitié de nous:
avec le Père et le Saint-Esprit...
)ct, — Puissent nous venir en aide la miséricorde
nmisération de Celui qui, avec le Père et le Saint-
'oct. — Que le Seigneur tout-puissant et miséricor-
3US délivre des liens du péché.
d les absolutions terminaient les nocturnes,
3omme on le voit, une conclusion touchante; on
lait à Dieu le pardon des fautes commises pen-
ffice divin, et de toutes celles de la vie pour les-
on ne saurait trop implorer la miséricorde in-
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DES ABSOLUTIONS AYANT LES LEÇONS. 307
finie. Leur but aujourd'hui est de demander^ Dieu un
cœur pur, afin de comprendre et de goûter sa parole que
les leçons vont nous faire entendre. Telle était déjà, au
XII® siècle, la pensée de l'abbé Rupert (L. I, c. ii) et
de Huguesde Saint- Victor. {In specuL c. 3.)
Les absolutions, dans roFQce divin, datent donc au
moins de cette époque. D. Martène et Bernard abbé du
Mont-Cassin au xiv* siècle, les voient implicitement
indiquées dans le chap. 9 de la règle de saint Benoit.
Leur origine est, défait, antérieure à celle des leçons,
puisque Cavalieri nous apprend qu'elles terminaient
autrefois les nocturnes; elle est dès lors très ancienne
comme le conclut Merati : Videtur usus ille antiqidssi'
mus. (In Gav^ loc. cit.)
11 n'y a pas d'absolutions à l'office des morts, parce
que notre pensée est tout entière aux défunts.
Il n'y en a pas non plus les trois derniers joursdela se-
maine sainte. Leur office lugubre appelé office rfes/^n^-
bres ressemble assez à celui des morts. Pénétrée du reste
de la Passion du Sauveur, notre âme n'a nul besoin de
préparation pour entendre les leçons qui nous la rap-
pellent. 11 fallait aussi, en vertu d'un principe souvent
évoqué dans notre cours, que le rit ancien du bré-
viaire où les absolutions n'étaient pas connues, eût
sa trace quelque part, et l'on a choisi pour cela ces jours
de deuil et de tristesse. « Toutes ces choses, dit Gran-
colas ( Versets^ Pater ^ Absolutions et Bénédictions.) y ne
se disaient point autrefois, comme il parait par l'of-
ficedes trois jours avant Pâques. Y/)e/'o//îce divin^ § des
versets, du Pater...)
La rubrique indique l'absolution qu'il faut prendre
parmi les trois, quand l'office n'a qu'un nocturne x'est
la première pour le lundi et le jeudi, la deuxième pour
le mardi et le vendredi; et la troisième pour le mer-
credi et le samedi. Voici la raison de cet ordre : on a
voulu prendre tout naturellement la première le pre-
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908 LÉS ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
mier jour, la deuxième le second jour, et la troisième
le troisième jour, après quoi il a fallu recommencer
pour les jours qui suivent, et la première alors rêve*
nait le jeudi, la deuxième le vendredi et la troisième le
samedi.
La formule des absolutions, dans l'office public, est
[ir le célébrant; n'est-ce pas à lui qu'il appartient
ûer la miséricorde et le secours divins sur l'as-
ée des fidèles?
§ II. DBS BÉNÉDICTIONS.
absolutioîis avaient pour but de détruire en nous
icle aux fruits de la [)aroIe de Dieu, le péché Les
c/20/i^ demandent que nos âmes soient sanctifiées
tenues par cette divine parole. Voici quelle en
riginedans l'office divin,
^u'uu moiae devait faire une pieuse lecture en
ou en particulier, pendant l'office ou ailleurs,
andait toujours auparavant, pour bien s'en ac-
r, !a bénédiction à l'Abbé du monastère par
ots : BenediCy Pater. (Merati, Bona, Granco-
Clet usage très ancii^n fut bientôt adopté dans
semblées des fidèles, et le lecteur y demandait
rs la bénédiction, par la même formule, à celui
ésidait : formule que nous trouvons en tète de
iirs homélies manuscrites des Pères et des
ns de saint Ephrem, qu'au rapport de saint Je-
[>n lisait publiquement dans l'église. {De vitit
) Les leçons qui, dans l'office divin, devaient
rigine à ces lectures publiques, durent être
lées aussi de la même bénédiction. Ce rit litur-
parait dès lors aussi ancien que les leçons elles-
5, et remonte par cons^-quent au iv* ou
le. 6retser,dans le plus important de ses ouvra-
)e Cruee, établit cette haute antiquité, et expli-
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DES BENftDIGTIONS AVANT LES LEÇONS. 309
que on ne peut mieux tout ce qui regarde les bénédic*
tions *.
Le lecteur demande donc la bénédiction, avant
chaque leçon, au célébrant qui préside rassemblée.
C'est pour obtenir la permission d'annoncer la parole
de Dieu, t< selon l'avis de saint Paul aux Romains, dit
l'abbé Rupert : Peiit benedictionem ul mittatur » (L. I,
c. 12, de div. offic.) et pour obtenir aussi la grâce de le
bien faire et d'en profiter lui-même. Ce dernier motif
personnel fait que le lecteur ne demande pas de béné-
diction à l'office des jeudi, vendredi et samedi saints, ni
à celui des morts, car sa pensée est tout entière alors
aux défunts ou à la Victime du Calvaire.
Nous avons expliqué déjà dans notre 2® vol. de la Messe
(p. 143 et suiv.) la formule par laquelle on demande ces
bénédictions : <c Jube^ Domne^ benedicere: Commandez-
vous à vous-même^ Seigneur^ de me bénir ^ et d'après
saint Pierre Damien : Ordonnez^ Maître^ à celui que
vous désignerez^ de me bénir : « et ainsi, dit-il, le lec-
teur, par un sentiment d'humilité, ne demande pas
directement la bénédiction au célébrant. » (L. De Do-
minus vobiscum, c. 2.)
Le lecteur, d*après Cataldy et les auteurs liturgiques,
demande cette bénédiction profondément incliné, et se
tient ainsi durant toute la formule ou réponse du célé-
brant. Celui-ci, pour correspondre à l'humilité du lec-
teur, ajoute encore saint Pierre Damien, ne veutordon-
<• Jean Gretser, célèbre jésuite du xyii* siècle, est connu par
son zèle contre la réforme, et par ses nombreux ouvrages qui
forment l'un des plus vastes répertoires de l'érudition catholi-
que, 17 vol. in-fo. Il a composé sur la liturgie plusieurs traités
intéressants dont voici les titres : De sacris peregrinationibtis^
Hbri IV. — De EnclesiasHcis ProeessionibuSi libri H. — Podonip-
tron $eu Pedilaciuniy hoc esty de more lavandi pedes perigrino^
rumet kospitum. — De funere christiano^ libri III. — De Fe^tis^
libri II. — De Benedictionibus^ lib. II, et de maledictionibus. —
et enfin De êanctd Cruce
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dfO LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
ner à persoone de le bénir, ni le faire lui-même, et de-
mande à Dieu pour lui cette grâce ; aussi ces formules
ne sont-elles pas accompagnées du signe de la croix,
comme à la Grand'Messe.
Les voici :
l^ Nocturne.
i. Que le Père étemel nous bénisse tous d'une incessaute
bénédiction t
2. Que le Fils unique de Dieu daigne nous bénir et nous
aider I
3. Que la grâce du Saint-Esprit éclaire nos facultés et
dirige nos cœurs t
IP Nocturne.
4. Que Dieu le Père tout-puissant nous soit clément et
propice t
5. Que le Gbrist nous donne les joies de la vie éternelle t
6. Que Dieu le Saint-Esprit; excite en nous le feu de son
amour I
IIP Nocturne.
7. Que la lecture de l'Evangile soit notre protection et
notre salut t
8. Que le secours divin soit toujours avec nous et en
noust
9. Que le Roi des anges nous conduise en la société des
éiust
Comme on le voit, les Personnes de la Sainte Trinité
sont invoquées tour à tour dans les six premières béné-
dictions: « ei rectissimey ut patet t , dit Gavantus. {loc.
cit.) La Sainte Trinité n'est-elle pas, en effet, la
source des grâces que donne la bénédiction?
Il n'en est pas de même au IIP nocturne, pour des
raisons particulières qui demandaient un autre sens.
Ainsi la septième leçon commençant par les premiers
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DK$ BfiNÉDIGTIONS AVANT LES LEÇONS. 311
mots de rEvangile du jour suivis de rhomélie, on a
voulu que la septième bénédiction s'inspirât de cette
circonstance : Evangelica lectio sit nobis salus et pro^
tectio. La huitième a été consacrée au souvenir du
saint dont on fait l'office, et auquel il était si naturel
de s'adresser pour obtenir les bénédictions du ciel :
Cujus {quorum^ quarum) festum colimiis, ipse (ipsa^
ipsi, ipsâSj ipsa Virgo virginum) intercédât {intercé-
dant) pro nobis ad Dominum, On a choisi le III® noc-
turne pour cette formule, parce que la béDédiction
précédente, ne s'adressant pas au Père, permettait
un changement dans les deux qui suivaient. Quand
Toffice n'est pas d'un saint ou de la Sainte Vierge,
on donne à cette huitième bénédiction une formule
générale qui s'adresse à Dieu, sans distinction des
Personnes : Divinum auxilium maneat semper no*
biscum, La neuvième, en tant que la dernière de
matines, demande à Notre-Seigneur, objet principal
du culte public, ce qui est le but final de tout l'office :
la gloire de Dieu et la possession du ciel, en compa-
gnie des élus: Ad societatem civium supemorum per-
ducat nos Rex Angelorum *.
Lorsque la neuvième leçon est une homélie sur l'E-
vangile, on dit comme formule de bénédiction : Per
evangelica dkta deleantur nostra delicta. C'est pour
la mettre encore en harmonie avec les paroles sa-
crées qui précèdent immédiatement oette leçon.
Tout ce que nous avons dit sur l'ordre et les for-
mules des bénédictions concerne l'office & trois noc-
turnes. Celui de trois leçons nécessite sur ce point des
1 . Aux deux offices de S. Michel, on dit Quorum festum cott-
mus, parce que l'Église, en la personne de leur chef, implore
aussi le secours de tous les anges. Mais aux fêtes de S. Gabriel
et de S. Raphaël, il faut prendre la formule ordinaire : Cujus
festum colimus, parce que le secours de ces anges est sçul ici
invoqué. (i3 sept., 4692.)
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312 LBS ÉLÉM£NÎS D£S HBURBS GANONIALBS.
changements que la rubrique nous a fait connattre.
Les voici :
Si Toffice à un seul nocturne ou à trois leçons n'a
pas d'homélie sur TEvangil^, on prend les bénédic-
tions dans Tordre indiqué pour chaque nocturne au
commencement du bréviaire, c'est-à-dire celles du l^^
nocturne, le lundi et le jeudi; celles du 2* nocturne,
le mardi et le vendredi, et celles du 3* nocturne, le
mercredi et le samedi. Dans ce dernier cas cependant,,
puisqu'il n'y a pas eu d'Evangile^ on remplace la pre-
mière: Evangelica leclio^ par cette autre : llle nos
benedicat qui sine fine vivit el régnât.
Si cet office de trois leçons sans homélie avait un
saint pour objet, on prendrait encore comme deuxième
bénédiction la formule Cujus ou quorum^ quarum^
festum colimm, et non : Divinum auxiliumy pour la
raison que nous avons donnée plus haut.
Si l'office à trois leçons avait une homélie sur TE-
vangile, on prendrait toujours les bénédictions du
troisième nocturne Evangelica lectio. — Dioinum au-
xilium. — Ad societatem : — L'Evangile, en effet,
demandant la première de ces bénédictions, on a
voulu continuer par les deux suivantes.
Avant de lire la 9® leçon, le célébrant demande la
bénédiction au plus digne du chœur, même non prêtre,
qui lui répond par la formule ordinaire. Celui-ci, en
effet, n'a pas à béoir dans le sens strict du mot, mais il
ne fait que demander à Dieu la bi3nédiction.
Le Cérémonial des Evèquôs veut cependant que le
prélat officiant ne s'adresse à personne avant la lec-
ture de la 9^ leçon, mais à Dieu seul, en changeant le
mioi DomnedsLïxs la formule, par Domine: Jube^ Domine ^
benedicere; le chœur, dans cocas, répond immédia-
tement i4/neri. Ildemanderait néaumoinsla bénédiction
à un légat, ou à un prélat supérieur qui serait présent,
et celui-ci répondrait par la for mule, ordinaire; tous
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DES BÉNÉDICTIONS AVANT LES LEÇONS. 343
deux auraient soin de se faire mutuellement un salut
préalable. (L. II. c. v, n, 9.)
Le chœur, qui est debout pendant l'absolution et la
première bénédiction, reste assis mais se découvre aux
autres formules de bénédiction récitées par le célé-
brant; il ne se lève que lorsque le célébrant demande
lui-même la bénjédiction. {Martinucci)
Des esprits inquiets, nous apprend saint Pierre Da-
mien (L. III de Virgin.)^ se demandaient ici encore si,
récitant seuls le saint office, ils devaient dire ou
omettre la formule : Jube^ Domne^ benedicere : la
dire? mais elle semblait alors ne s'adresser à personne»
et remettre était manquer à un précepte formel. Le
saint Docteur, dans son opuscule De Dominus vobis-
cunij démontra la légitimité de la règle, même dans
ce cas. « Celui qui est tenu à l'office divin, dit*il, n'est
pas alors une personne privée; il prie au nom de
rÉglise qui, tout entière, s'adresse à Dieu par sa bou-
che. » Nous comprendrons mieux le sens de ces
courtes formules dans la récitation privée, si nous
considérons que celle-ci est à la fois un mémorial et
un supplément de la récitation publique au chœur ;
il faut donc alors nous unir d'esprit à ceux de nos frè-
res qui, par une psalmodie commune, peuvent donner
à leur prière toute son expression liturgique. Il est
facile, en effet, de se représenter qu'on demande
ces bf^nédictions aux supérieurs de l'Église au nom de
laquelle on prie, ou encore, en élevant sa pensée plus
haut, à Dieu même. Quant auxrt^ponses,ne sont-elles
pas autant de prières que nous faisons réellement pour
nous et pour l'Eglise entière? ; Nos... nobis.,. in cor*
dibus nostris,.. délie ta nostra.
Prononçons-les donc toujours avec respect et dévo-
tion ces belles et touchaAtes formules. Comment, eu
effet, ne pas dire du fond du cœur et avec toute la
ferveur de notre âme celles-ci, par exemple : Spiritûs
t. n. it
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314 LES fiLtMRNTS DES HEURES CANONIALES.
sancti gratiailluminetsensus et corda nostra, — Deus
Pater omnipoteiis sit nohis propitius et démens. —
Christus perpétuée det 7îobis gaudia vitœ. — Ignem
sut amoris accendat Deus in cordibus nostris. — Divi-
num auxilium maneat semper nobiseum. — Cujus
festum colimus ipsa Virgo virginum intercédât pro no-
bis ad Dominum'i M. Olier, lisons-nous dans ses mé-
moires, aimait à les savourer. « Un jour de saint Jo-
seph, dit-il, comme je prononçais ces paroles de mon
othce: Benedictione perpétua,., il me sembla que la
main libérale de mon Dieu versait avec abondance sa
grâce en mon cœur. J'en avais Tàme si remplie, j'étais
si touché de tant d'amour, que pendant un quart
d'heure je ne pus que répéter continuellement. 0
amour ^ô amour! que ferai-je pour vous? 0 mon
amour, pourquoi m'aimez vous tant, et pourquoi tant
de grâces? » {Mém. tom I, p. 261).
Art. IV. Des Leçons.
On entend par leçons de l'office des extraits deTEcri-
ture, de la vie des saints ou des écrits des P^res, qui
sont lus après les psaumes de chaque nocturne; de là
leur nom, dit Bouvry, après Lohner etGavantus:« Lee-
tiones ita dicunturquia communiter non cantantur^ sed
leguntur. » (Pars II,se«;t.ui. Tit.xxvii.)Etdefait, même
dans l'office chanté, les leçons ne sont jamais que lues
ou récitées; il n'y a d'exception que pour le premier noc-
turne dt s trois derniers jours de la semaipe sainte, à
cause des Lamentations si graves et si solennelles de
Jérémie.
Donnons avant tout la rubrique, afin de ne pas in-
terrompre le cours de notre explication.
§ I. — liA. RUBRIQUE SUR LES LEÇONS.
(Tit. XXVI.)
(( i. Les leçons se lisent à matines après les psaumes des
nocturnes^ les antiennes, lés versets, les absolutions et les
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DBS LBÇONS. 315
bénédictions, comme ci-dessus. Aux fêtes doubles ou semi-
doubles, on récite neuf leçons, c'est-à-dire trois à chaque
nocturne. Aux fériés et aux fêtes simples, on n'en dit que
trois.
« 2. Aux offices de neuf leçons, on les dit de la manière
suivante. Au premier nocturne, on lit toujours les trois
leçons de TEcriture qui sont désignées pour chaque
jour à l'office du Temps?, quand il n'y en a pas de spéciales
en son lieu ou au commun des saints. Au second nocturne,
si Ton récite l'office d'un saint, les trois leçons se lisent de
la vie du saint, ou bien d'un sermon ou d'un traité qui s'y
rapporte; à défaut de leçons propres on lit celles du com-
mun des saints. On a aussi recours au commun pour com-
pléter le nombre de trois leçons, quand l'office du saint n'a
qu'une ou deux leçons propres. A l'office du dimanche ou
à un autre de neuf leçons per annum, et même à celui
d'une octave, on lit les trois leçons du sermon ou du
traité qui s'y trouvent. Au troisiè ne nocturne, ce sont tou-
jours les trois leçons de l'homélie sur l'Evangile, pla-
cées au propre ou au commun ; la première leçon de l'ho-
mélie est toujours précédée du commencement de son
Evangile, môme pendant les octaves. On excepte de cette
règle les matines des Ténèbres avant Pâques et les matines
des morts, comme il est marqué en son lieu.
« 3. Si, dans un office de neuf leçons où l'on ne dit pas
de neuvième répons, il arrive défaire mémoire d'un saint
qui a sa leçon propre, on lit celle-ci pour neuvième leçon.
S'il en a deux, on les réunit en une seule ; on omet la neu-
vième leçon de l'office à neuf leçons, ou on l'unit à la hui-
tième. Si, le même jour, survient un dimanche ou une fé-
rié qui ait son homélie, on omet aussi la neuvième leçon de
l'office du s tint, et on la remplace par cette homélie dont on
récite alors la première leçon ou les trois unies ensemble.
« 4. A l'office de trois leçons, si c'est une férié, ces
leçons se lisent de l'Ecriture, à moins qu'elles ne soient de
l'homélie, car alors on omet les leçons de l'Ecriture pour lire
celles de l'homélie; si c'est l'office d'un saiit qui a seule-
ment deux leçons propres, la première sera de l'Ecriture,
en sorte qu'on en lise une seule ou les trois réunies ensem-
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316 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
ble; la deuxième et la troisième seront du saint. Si le saint
n'en a qu'une soit du propre, soit du commun^ la première
et la seconde seront de rEcnture,et la troisième du saint:
on observe les mêmes règles à l'office de la Sainte Vierge in
sabbato,
«c 5. LesleçonsderEcritnre>àrof!ice du temps pendant
Tannée, sont distribuées de telle sorte, qu'on en lit une par*
tio cbaque jour, même à roilice des saints, lorsqu'on n'en
assigne pas d'autres, comme il a été dit.
« 6. Les commencements des livres de la sainte Ecri-
ture, qui se lisent presque toujours le dimanche, se placent
le jour où ils sont marqués, môme si l'on fait l'ofïice d*un
saint, à moins qu'à cette fête ne soient assignées d'autres
leçons propres de TEcriture ou du commun ; car alors le
commencement de la leçon de TEcriture est transféré au
premier jour libre, et les leçons de la même Ecriture assi-
gnées à ce jour se lisent avec les précédentes ou s'omet-
tent, de sorte qu'on ne doit plus les reprendre le jour sui-
vant, mais qu'on doit lire cellesdu jour occurrent, auxquel-
les on peut du reste les joindre encore. On observe tou-
jours ces mêmes règles, quand on omet parfois les leçons
de l'Ecriture occurrente.
«7. Lorsque, pendant h temps pascal, le commence-
ment d'une épitre cathoiique ou, pendant le mois de no-
vembre, le commencement de l'un des petits Prophètes, se
trouve empêché dans celte semaine par une fête de neuf le-
çons ayant des leçons propres de l'Ecriture, le commence-
ment de cette épître ou de ce prophète se place au jour sui-
vant, si c'est possible, pourvu que ce jour-là ne soit pas em-
pêché par le commencement d'un autre livre sacré ou par
une autre fête ; sinon, on le lit au premier jour libre pré-
cédent, en sorte qu'il trouve toujours sa place, dût-on lire
plusieurs commencements de livi-es le même jour.
« 8. On a distribué un nombre de leçons de l'Ecriture
correspondante celui des semaines qui peuvent se trouver
entre l'Epiphanie et la Septuagésime, et entre la Pentecôte
et l'A vent. Lorsque le nombre des dimanches et des semai-
nes après l'Epiphaiiie vient à être diminué, dès que survient
le dimanche de la Septuagésime, on omet ce qui reste des
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DBS LBÇONS. 3(7
épttres de saint Paul qui correspondent au nombre de ces
dimanches et de ces semaines, bien qu'on n*ait encore rien
lu de quelques-unes d'entre elles. On agit de même pour
les livres des Rois qui se lisent de roctave de la Pentecôte
au premier dimanche d'août quand le nombre des diman-
ches après la Pentecôte assignés à ces livres vient à être
incomplet ; on omet alors les leçons de ces livres, et on
lit l'Ecriture marquée pour le mois d*août. Si l'on fait par
anticipation, un jour de férié, Toflice d'un dimanche
après l'Epiphanie, de la manière indiquée aux n. 4 et 5
de la rubrique des dimanches, on lit, les jours qui sui-
vent rofïice du dimanche anticipé, les épitres de saint
Paul assignées à ce dimanche et aux jours suivants, omet-
tant les leçons de la semaine précé lente. On indijue en
son lieu ce qui doit être fait, lorsqu'un mois auquel sont
assignés ciUvq dimanches, n'en a que quatre.
«9. Lesle^ons de l'Ecriture placéesau commun des saints
se lisent aux fêtes auxquelles elles sont assignées par le
propre des saints dans l'année. Il en est de même, quand on
célèbre solennellement une fête dans sa propre Église, ou
quand une fête de neuf leçons tombe pendant le carême,
les Quatre-Temps, le lundi des Rogations et la vigile de
l'Ascension, jours où dans l'oHice du Temps ne sont pas
assignées des leçons de l'Ecriture, mais de l'homélie, on re-
court alors les jours de fête, aux leçons de l'Ecriture pla-
cées au commun des saints. Si le jour octave d'une fête
survient en une de ces fériés, on répète au premier nocturne
de ce jour octave les leçons lues au premier nocturne de
la fête ; si c'est un jour dans l'octave, on les prendra au
lommun. Les autres leçons du deuxième et du troisième
nocturne placées au commun des saints se lisent aussi
quand elles sont indiquées au Propre dessants, et quand
une fête se célèbre dans une Église avec neuf leçons en
vertu d'une coutume ou d'une solennité extraordinaire, et
qu'elle n'a pas de leçons propres et approuvées.
« 10. Les leçons du premier nocturne se lisent avec le uî re
du livre d'oCi elles sont tirées, sauf indication contraiie.
Celles du second nocturne se lisent aussi avec leur
titre et le nom de l'auteur, quand elles sont extraites d'un
T. u. 18.
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3i8 LB8 ËLËIIBNTS DBS HBURBS GANONIALBS.
sermon ou d'un traité ; dans le cas contraire on ne lit
pas de titre. De même au troisième nocturne, on commence
les leçons proprement dites par le nom de Tauteur de Tho-
mélie.
« il. A la fin de chaque leçon, on dit: Tu autem, Domt^
ne, miserere nobis, et Ton répond : Deo gratias. On fait de
même aux leçons brèves du commencement de complies,
et à la fin de prime, après Pretiosa, excepté pendant les
trois derniers jours de la semaine sainte et à l'office des
morts, comme il est marqué en son lieu. »
§ II. — EXPLICATION DE LA RUBRIQUE SUR LES
LEÇONS.
Nous aurons à donner pour cela des notions géné-
rales, et à expliquer ensuite successivement tout ce qui
regarde les leçons des trois nocturnes.
n. 1. — Notions^énérales sur les laçons.
Origine. — Nombre. — Etendue. — Titres. — Approbation. —
Le Chant.
Les leçons du bréviaire ont pour origine un usage
de Taucienne Loi et des premiers jours de 1 Eglise. Les
lévites devaient lire distinctement au peuple assemblé
les livres saints. (II Esdr. viii, 85.) Quand le Sauveur
entrait dans la^synagogue pour y lire et expliquer
les prophètes, il ne faisait qu'observer ce qui se prati-
quait là chez lesJuifs tous les samedis (Lt^. iv, xvi), ce
que Moïse observait lui-même (Ex. xxiv, vu), ce que re-
commandait le Deutéronome. (xxxi, ii.) Nous appre-
nons de saint Paul (Coloss. iv, 16) et de saint Justin
{Apolog. Il) qu'on lisait aussi les livres saints dans
l'assemblée des fidèles, et les homélies des Pères nous
attestent^encore comment les premiers Pasteurs ai-
maiœt à les expliquer après cette lecture. Cet usage,
qui introduisit dans la messe l'Epitre et l'Ëvangile,
donna lieu aussi, dans Toffice, aux leçons deTÉcriture
et des Pères, des actes des martyrs et de la vie des
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DES LEÇONS. 319
saints. Ces pieuses lectures offraient de trop précieux
avantages, pour que l'Eglise ne les insérât pas dans
son culte et sa liturgie, u Par la prière, disait saint
Augustin, nous parlons à Dieu ; dans la lecture, c'est
Dieu qui nous parle: « Cum oramus^ ipsicum Deo lo-
quimur ; cum vero legimus^ Deus nobiscum loquitur. »
(Serm. cxii, de Temp. ) « Par la prière, dit le card.
fiona, nous attirons sur nous la miséricorde de Dieu ;
parla lecture, nous apprenons comment nous devons
le servir. » (Div. Psal. détection,) — « Ingens bonum
est lectio, dit saint Chrysostome, quas facit animam
optimis moribus prœditam^ et mentem in cœhim
transfert, » (Hom. 35, in Gen.)
Les leçons furent assignées à matines, l'office de la
nuit, parce qu'on voulait ainsi occuper suffisamment
les clercs et les moines qui, pour la prière, avaient
interrompu leur sommeil. Le silence et le recueille-
ment de la nuit étaient du reste favorables à la mé-
ditation que les leçons suggèrent: « Attentive au bien
de ses enfants, dit le cardinal Bona, l'Eglise crut de-
voir ajouter au chant nocturne des psaumes, la lec-
ture des lettres sacrées et des Pères, afin que les es-
prits fatigués et distraits fussent réconfortés par cette
nourriture et éclairés par ces lumières. » {iac. cit.)
A quelle époque l'Eglise a-t-elle inséré les leçons
dans son office? Il paraîtrait, d'après une lettre de
Théodemare, abbé du Mont-Cassin, à Charlemagne, et
relatée par le diacre Jean, que saint Gn^goire le Grand
(590-604) aurait introduit le premier des leçons dans
TofBce de Rome : « In Ecclesiâ Romand sacras Scrip-
turas legi mos non fuerit ante 8, Gregorii papse tem-
pora, » (De vit. saint Greg.) On n'y lisait pas non plus
les actes des martyrs ni les homélies des Pères, avant
le pape Adrien (772-775), d'après un ancien ordo de
Rome. Les leçons insérées ainsi pour la première fois
dans l'office par saint Grégoire le Grand, n'étaient
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320 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
donc empruntées qu'à l'Ëcriture sainte. Ce fut sans
doute pour se conformer au troisième concile de Car-
thage (398) qui défendait de lire autre chose dans les
ofBces publics: Utpreetercanonicas Scripturas nihilin
Ecclesiâ legatur^ et à la décision du pape saint Gélase
(492-496.) Celui-ci, dans le concile de Rome, avait
prohibé dans l'église la lecture des actes des martyrs,
comme n'étant pas, en général et sauf des exceptions,
sufQsamment authentiques.
Tel fut d'abord l'usage de l'Eglise de Rome par rap-
port aux leçons. Mais celles-ci, dans quelques autres
Eglises, faisaient partie de Toffice divin dès avant
saint Grégoire. Ainsi saint Ambroise nous apprend que
dans son Église, au moment des leçons, le chant des
psaumes était suspendu, et qu*il régnait dans l'assem-
blée le plus profond silence, pourlesentendie. (/w/>5. i.)
Sidoine Apollinaire, en 486, loue Claudien, parent de
saint Avît de Vienne, d'avoir distribué des leçons dans
l'office pour toute l'année. (L. IV, £/>. 2.) Musœus de
Marseille détermina celles qu'on devait réciter auxdif-
férentes fêtes. Saint Césaire d'Arles (500) recomman-
dait d*y être attentif; il mentionne les actes des martyrs
qu'on devait lire en leurs fêtes, et il fit lui-même un re-
cueil d'homélies pour l'office de chaque jour. (Serm.
140 et 300 : — Vita ejus, 1. 1, c. 31). Saint Benoit assi-
gnait douze leçons pour son office, prises dans l'ancien
et le nouveau Testament, et dans les explications des
Pères. Saint Grégoire enfin défendit à l'Eglise deRa-
venne et à quelques autres de l'Italie de lire ses Mo-
rales dans l'église et à l'office divin : Neque enim volOy
dum in hac came sum, si quœ dixisse me contigit^ ea
facile hominibus innotescere : humilité dont le Saint
nous donne ici un touchant exemple. L'Église d'Orient
avait aussi, dans les temps anciens, ses leçons litur-
giques. En effet, le concile in Trullo (692) défend de
lire à l'office les actes apocryphes des martyrs. Saint
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DE6 LEÇONS. 32i
Ghrysostome recommande qu'on soit bien attentif pen*
dant les leçons (Hom. de Jonath. et David^ et Hom. 8
ad Bebr.), et le concile de Laodicée, en 320, décréta
que la leçon suivrait toujours la récitation des psau-
mes, et qu'elle serait plus longue à matines qu'aux
petites heures. (Can. 17.)
Les leçons de Tofûce divin étaient donc en usage en
Orient, et dans certaines Églises des Gaules et d'Italie,
avant que Rome les eût adoptées, ce qui eut lieu,
avons-nous dit, sous Gr/goire le Grand. D. Mabillon,
il est vrai, les croit antérieures à ce Pontife, même
dans l'office romain. Il s*appuie sur le fait de saint
Gélase qui déterminait, au concile de Rome, les leçons
à lire ou à laisser dans TÉglise, et sur un décret du
pape saint Grégoire lui-môme (L. IV,£/>. 44) qui or-
donnait aux diacres de ne chanter que l'Evangile, et de
réserver les leçons pour les sous-diacres et les ordres
mineurs. (D. Mabillon, In disquisit. de Cursu Galiic.
n. 9.) Maisest-il biencertain qu'il s'agisse des leçons de
l'office, et non pas seulement de celles de la messe et
d'autres lectures publiques ? Nous nous en tiendrons
au texte de Théodemare, cité plus haut, et à l'autorité
du diacre Jean qui le rapporte et en admet la véracité.
Le nombre des leçons ne fut pas toujours uni-
forme. Les moines de la Thébaïde, au rapport de Gran-
colas, n'en disaient que deux pendant la nuit. L'office
de Milan n'en eut jamais que trois. Saint Benoit en
veut douze aux fêtes de l'année, et une seulement pen-
dant l'été, soit parce que les nuits sont plus courtes,
comme il s'en explique lui-même au chap. 10, soit à
cause des grands travaux, comme l'expliquent Bernard,
abbé du Mont-Cassin, et Turrecremata. (Exposino in
Reg, S. Bened.) Le concile de Laodicée, d'après Denys
le Petit, aurait prescrit une leçon après chacun des
psaumes : prâsscribens quod in conventu firlelium. . . per
psabnos singtiios recenseri deheant leciiones. C'est de
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322 LES ÉLËMBNTS DES HEURES CANONIALES.
là, selon Mérati (Sect. V, c. xii), que l'Eglise de Rome
a voulu neuf leçons aux matimes de trois nocturnes,
qui ont généralement neuf psaumes; et par analogie
elle a donné trois leçons à Toffice d'un seul nocturne.
Amalaire, au ix« siècle, nous apprenait déjà que Tof-
fice romain n'avait jamais à matines plus de neuf
leçons, ni moins de trois. Les neuf leçons, d'après lui,
nous unissent aux neuf chœurs des anges, et les trois
du nocturne signifient l'annonce de la parole de Dieu
dans les trois époques : avant la Loi Mosaïque, sous
cette Loi, et sous la Loi de grâce. (L. IV, c. 9 et 11.)
L'office divin en effet est un écho du concert angé-
lique. Mais les trois leçons rappelleraient*mieux, selon
nous, la sainte Trinité, objet de la louange des cieux
et de la nôtre ici-bas.
La longueur des leçons n'était pas déterminée pri-
mitivement; le lecteur continuait jusqu'à ce qu'on
l'avertit de s'arrêter: Quantum ahhati visum fuerit^
tantum legatur ; quando signum fecerit, qui legit sine
morâ consurgaty disait la règle d'Aurélien. Saint Cé-
saire faisait lire trois pages à chaque leçon. Les Us de
Cluny assignaient la Genèse à la semaine de la Septua-
gésime, divisaient tout Isaïe en six fois, TEpitre
aux Romains en deux... {Uldaricus, 1. I, c. i.) L'auteur
de la vie de Charlemagne nous apprend que ce prince
arrêtait le lecteur par un petit sifflement, sibilo linguas.
Le premier du chœur le faisait plus généralement par
ces mots : Tu autem^ Domine; le lecteur s'arrêtait
aussitôt et achevait la formule par ces dMivQ^ : miserere
nobis; on répondait, Deo graiias^ et de là nous est ve-
nue la conclusion actuelle. Le lecteur demande ainsi à
Dieu le pardon de ses négligences qui ont pu facilement
se glisser dans la pieuse lecture, dit l'abbé Rupert(L. I,
De div. o/fic. c. 13), d'oîi le terme Domine^ et non
pas Domne. II fait à ces mots la génuflexion comme un
humble suppliant. [Cxrem. Episc. 1. II, c. vi.) Bauldry
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DES LEÇONS. 323
ne voudrait pas que le célébrant paré la fît en termi-
nant sa leçon, « excepta célébrante parato, » (Pars II,
c. XV, n. 3.)
Le chœur, en répondant Deo grattas ^ remercie Dieu
de lui avoir fait entendre ainsi sa divine parole. Les
leçons des trois derniers jours de la semaine sainte et
de l'office des morts n'ont pas cette conclusion, parce
que le lecteur et les assistants ne sont occupés que
des défunts ou de la Passion du Sauveur.
La conclusion des leçons nous amène à parler du
Titre qui se trouve au commencement de chacune, à
moins qu'elle ne soit une lé«:ende de saint. II annonce,
en caractères identicpies aux leçons, le livre de l'Ecri-
ture et, d'une manière générale, le discours ou Tho-
mélie des Pères d'où elles sont extraites : De libro Gène-
sis, — Sermo sancti Bieronymi Presbyteri. — Lectio
SanctiEvangelii secundum Lucam, — Homilia sancti
Germaniy episcopi. On doit lire ces titres, et laisser
les indications plus précises qui suivent mais en plus
petits caractères; ainsi, pour ceux que nous avons cités
en exemple : Cap. 2. — De Assumpt. B. M. V. — In
Prœsent. Deiparm^ etc.
Aucune leçon ne peut être affectée à un office sans
l'approbation du Saint-Siège. (31 jul. 1665.) Celles qui
sont approuvées pour un diocèse ne le sont pas par
cela même pour un autre; les mêmes motifs de con-
cession peuvent ne pas exister. (Gav. sect. III, c. xii,
n. 14.) Dans le doute s'il y a une approbation suffisante,
il faut s'en tenir au bréviaire commun. (22 aug. 1818.)
Si Toffice concédé n'avait pas encore de leçons assi-
gnées, on prendrait celles du commun, en se confor-
mant à la rubrique générale pour le premier nocturne.
(20 mars 1683.)
Le chœur est assis et couvert pendant les leçons,
comme on s'assied ordinairement en écoutant une lec-
ture, excepté toutefois pendant le texte de l'Évangile
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324 LBS £LBMBNTS DJSS HEURES GANOl^IALES.
qui précède la 7* leçon et quelquefois la 9* : Prohi-
bendum est non modo clericis, sed etiam iaîcis, disait
saint Pierre Damien, ut nisi^ sicut mos est^ inter noc-
turniofficiilectionesnemo sedeat. » (Opusc. 33.) Le lec-
teur était assis lui-même autrefoi?^ au moins en^plu-
sieurs Eglises, alors que les leçons, comme nousTavons
vu, étaient beaucoup plus longues. « Légat frater
folia tria et oret, disait la règle de saint Césaire d'Ar-
les, legat alia tria^ et levet se, » Il reste debout aujour-
d'hui et doit tenir ses mains appuyées sur le livre,
comme font le prêtre et le sous-diacre à la messe, en
lisant Tépitre.
Les leçons se chantent r^c/o ^ono, excepté Tinflexion
qui se fait à la fin de chaque phrase, et de ut en fa
sur la dernière syllabe et sur celle de la conclusion. A
Tofûce des Ténèbres on termine les leçons avec Tin-
flexion finale des psaumes, les Lamentations exceptées,
etàToffice des morts comme à celui des Ténèbres.
Telles sont les notions générales que nous avions à
donner sur les leçons. Celles du premier nocturne
sont toujours empruntées à l'Ancien ou au Nouveau
Testament, moins TEvangile. Celles du 2®, aux légendes
des saints, ou aux écrits des Pères; et celles du 3®, à
une homélie sur l'Évangile de la fôte ou du jour.
Les règles ne sont plus les mêmes quand l'office n'a
qu'un nocturne : tout ceci requiert des explications
particulières, objet des numéros suivants.
NO 2. — Leçons du I'' Nocturne.
Leur objet. — Diviâioa des livres saints dans l^année liturgique. —
L*Ecriture occurreote. — Le commencement d*un Livre et ses rè-
gles. — L'histoire des Machabées.
Les Leçons du 1" nocturne, avons-nous dit, sont
toujours de lAncien ou du Nouveau Testament, àl'ex-
ceptioa de l'Évangile qui est réservé au 3* nocturne.
L'Écriture Sainte, en effet, élément le plus ancien de
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DES LEÇONS.
Toffice par les psaumes, devait s'y trouver encor
premirr rang, comme sujet de lecture. Nous i
même vu que, daus les premiers siècles, en cerl
Éiilises du moins, les leçons n'étaient prises que
les livres saints. Un vestige do cet ancien usage
est resté dans Torfice férial, quand il n'a pas
mélie, et dans celui des morts.
L'ofjce d'un seul nocturne, qui n'a pasd'hc
ou un saint pour objet, emprunte ses trois leçor
sainte Écriture. Quand cet office est d'un saint, 1j
mière leçon est toujours de l'Écriture, et ai
2®, si la légende du Saint n'en formait qu'un
a voulu nous faire lire ainsi dans- Tofûce divin la ]
de Dieu, comme on faisait dans les temps ancie
par respect pour cette divine parole.
Toute la sainte Écriture ne pouvait trouver
dans les leçons du 1" nocturne, à cause de leui
veté ; mais chacun des livres y est représenté, e:
deux ou trois de moindre importance : les Juges,
et fîsrfra^; excepté aussi le saint Évangile, qui est \
du 3® nocturne : « Ex praedictis libris aliquid quo
est legendum », dit Qavantus.
Ces livres sont disposés dans un certain ordi
le même auteur appelle Ordo Ecclesiasticas par
sition à VOrdre biblique et chronologique. Le
de Gratien, au xii« siècle, indiquait déjà cet
presque le même que celui de nos jours. (Cap. il
Romana distinct, xv.) Ainsi l'aurait formulé, d
Mérati, saint Grégoire VU gui confirmait une
que dvîjà observée dans TEglise de Rome. (s(
c. XII, n. 4.) Voici cet or.ire indiqué dans le d
le Penfateuqne^ depuis la Septuagésime jusq
quinzaine de la Passion. — Jéréme, pendant
quinzaine. — Les Homélies sur l Éoangile, à I
et pendant son octave. — De l'octave do I
inclusivement à la Pentecôte : VApocalypsi
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326 LES ËLËMENTS DES HEURES CANONIALES.
Actes des Apôtres et les Epîtres canoniques, — De
la Pentecôte au mois d'août : les Livres des Rois et des
Paralipomènes, — Au mois d'août, Salomon. — En
septembre Job^ Tobie^ Esther : et Esdras, — En octo-
bre, les Machabées. — En novembre: Ezéchiel^ Da-
niel et les Petits Prophètes. — Isaïe pendant TA vent.
B Noël à la Septuagésime, les Epîtres de saint
ici Tordre actuel :
iidant TA vent : Isaîe.
Noël à la Septuagésime : les Epîtres de saint
la Septuagésime au dimanche de la Passion : la
se et V Exode.
adant la quîYizaine de la;Passion : Urémie.
rant le Temps Pascal : les Actes des Apôtres^
^calypse, l'Epître de saint Jacques, les deux Epîtres
lint Pierre, les deux premières Epîtres de saint
et celle de saint Jude.
la Pentecôte au mois d'août : les IV Livres des
mois d'août : Les Proverbes, tEcclésiaste, la Sa-
, l Ecclésiastique.
septembre : Tobie, Judith, Esther, Job.
octobre : Les deux Livres des Machabées.
novembre enfin : Ézéchiel, Daniel, et les douze
Prophètes K
fous trouvons en tête de plusieurs bréviaires les vers
Lts qui indiquent cet ordre :
Disce per hoc scriptum quid sit, vel quando legendum.
Adventus proprie vult sermones Isaiae.
Post Natale sacrum récitât sacra lectio Paulum.
Quinque llbros Moysi tibl Septua Quadraque misit.
Vult sibi scripta legi Jeremise Passio Christi.
ictus Apostolicus sequitur post Pascha legendus.
Elinc Apocalypsim lege, Canonicasque vicissim.
Post Pentecosten Hegum liber exit in hostem.
[nde per Augustunî retinet Sapientia scutum.
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DÈS LEÇONS. 327
Ne figurent pas dans celte liste : Les trois derniers
livres du Pentateuque^ Josué, lesJuges^ Ruth^Esdras^
les Paralipomènes, les Psaumes, le Cantique des Canti-
ques^ et la 3® épître de saint Jean. En voici la raison :
nous lisons les Paralipomènes à l'office de la Dédi-
cace, et le Cantique des Cantiques à plusieurs fêtes
delà Sainte Vierge, comme celles de la Nativité, del'As-
somption, du saint Cœur de Marie, de sa Pureté, etc..
Le Pentateuque est suffisamment représenté par la
Genèse et TExode. Le livre de Josué n'est que la con-
tinuation ou le complément du Pentateuque; Ruth^
qu'un appendice du Livre des Juges^ qui a beaucoup
de rapport dans ses conclusions pratiques pour
nous avec celui des Rois. Esdras^ regardé comme l'an*
leur des Paralipomènes^ et aussi des 3* et 4® livres
des Rois par ^plusieurs, a déjà sa place dans les
leçons du bréviaire. Les psaumes sont déjà récités
avant les leçons, et enfin la 3^ Épître de saint Jean
n'a d'intérêt général que dans quelques-uns de ses
versets.
Les auteurs, et surtout Ga van tus qui résume ici Ama-
laire, l'abbé Rupert et Durand de Monde, ont cherché
la raison de Tordre que la rubrique assigne aux livres
sacrés, dans les leçons du bréviaire; M'. Bacuez a
parfaitement commenté ces auteurs en rattachant leurs
pensées à une division générale de l'office qui s'inspire
des mystères du Sauveur et que nous avons adoptée,
(voir notre t. I du bréviaire^ p. 110 et IH.)
« Gomme ces mystères, tableau vivant des disposi-
tions du Sauveur, dit-il, les livres de la Sainte Écriture
autre expression de son esprit, remplissent le saint
office et se partagent le cours de Tannée. Or il y a
Per totum mensem Sapiens Salomon tenet ensem.
Gantât September Job, Tobiam, Judith, Esther.
X Octobri mense Machabsea trophsea recense.
Isti Ezechiel, Daniel durabunt mense Novembri.
Postea tu répètes bis sex in une Propbetaa.
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328 LES ËLtMENTS DES HEURES CANONIALES.
entre les uns et les autVes un rapport trop sensible et
une harmonie trop soutenue pour que cette correspon-
dance puisse venir du hasard. Voici, du reste, dans
quel ordre ces livres se succèdent, et à quelle époque
ils se trouvent placés.
Durant TA vent, c'est-à-dire dans l'attente de la Na-
tivité, on lit les prophéties d'isaïe, Tévangélisté anti-
cipé du Verbe fait chair.
De Noël à la Septuagésime, alors qu'on doit com-
mencer une vie nouvelle avec Jésus-Christ, on lit saint
Paul, l'Apôtre par excellence du Dieu Sauveur, celui
qui a prêché avec le plus de zèle sa venue en ce
monde, et qui fait le mieux connaitre les fruits qu'il
doit produire dans lésâmes.
A la Septuagésime, où s'annonce le temps de la pé-
nitence, on prend la Genèse, pour se rappeler la péché
du premier homme, cause de notre chute, et toutes les
misères dont Notre-Seigneur nous a délivrés par sa
mort.
Jérémiese lit entre la Passion et Pâques, parce qu'il
a prédit et figuré, plus clairement qu'aucun autre, les
souifrancesdu Sauveur.
Après Pâques viennent les Actes des Apôtres, qui
montrent les fruits de la r<5surrection du Sauveur, et
retracent les origines de l'Église, la ferveur des pre-
miers fidèbs; puis l'Apocalypse, évangile du Sauveur
triomphant, révélation merveilleuse du royaume qu'il
s'est ac{uis et de la gloire oîi il est entré par son As-
cension; enfin les épitres de saint Jacjues, de saint
Pierre, de saint Jean, et de saint Jude, qui toutes ren-
dent hommage au Sauveur ressuscité et à la puissance
merveilleuse de sa grâce.
Aussitôt après la Pentecôte, on reprend la suite des
livres historiques, interrompue au temps de la Passion.
Les ecclésiastiques, destinés à remplacer sur la
terre le Pontife sùprômë, trouvent, dans les livres
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DES LEÇONS. 329
des Rois, des modèles en rapport avec leur vocation.
C'est Samuel, ce lévite selon le cœur de Dieu, qui mé-
rita, par son innocence et son dévouement, d'être
substitué aux enfants d'Héli dans le gouvernement
d'Israël; c'est Saûl, choisi d'abord pour ses excellentes
qualités, puis rejeté pour son orgueil et son ingrati-
tude; c'est David, tour à tour pasteur de troupeaux et
pasteur des peuples, persécuté et victorieux, pécheur
et pénitent; c'est Salomon, si sage et si fidèle dans sa
jeunesse, ensuite si aveugle et si coupable; enfin ce
sont les prophètes Élie et Elisée, ^qui soutiennent, au
péril de leur vie, le culte du vrai Dieu. Suivant Ru-
pert, les deux premiers de ces livres, où l'on voit Da-
vid, en butte à mille ennemis, sortir de toutes les
épreuves et s'asseoir glorieux sur le trône, rappellent
les combats que l'Église eut à soutenir aussitôt après
la Pentecôte, et la victoire qu'elle finit par remporter
sur ses persécuteurs. Les derniers, qui s'ouvrent par
la séparation des deux royaumes et qui sont pleins
des récits les plus affligeants, sont une allusion aux
schismes et aux hérésies qui succédèrent aux persécu-
tions, et qui enlevèrent plus d'enfants à l'Église que
les tortures des plus cruels tyrans.
A la suite des hérésies et des persécutions, sont
venus les grands Docteurs, appelés de Dieu à éclairer
l'Église et à faire estimer et respecter sa doctrine.
Aussi les livres Sapientiaux : les Proverbes, l'Ecclé-
siaste, la Sagesse, l'Ecclésiastique, succèdent-ils aux
Rois. On les lit dans le mois d'août, pour fortifier la
foi et animer la charité et la ferveur.
Dans les mois de septembre et d'octobre, les exem-
ples viennent encore à l'appui des conseils. On voit
dans les histoires de Job, des deux Tobie, de Judith,
d'Esther, les plus beaax traits de force, de justice, de
tempérance et de prudence. Chacune de ces vertus est
mite à l'épreuve, et toutes sent récompeasées suivant
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330 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
leur mérite. Les victoires des Machabées nous rappel-
lent en outre que la vie présente est une lutte conti-
nuelle, que notre âme est entourée d'ennemis aussi
bien que l'Église, et que, pour l'une comme pour l'au-
tre, il n'y a de vrai soutien qu'en Dieu, et de repos
qu'au ciel.
Enfin, dans le dernier mois, Ezéchiel, Daniel, et les
autres prophètes, dont les oracles ont soutenu, animé,
consolé l'ancien peuple jusqu'aux approches du Messie,
viennent renouveler leurs exhortations et leurs promes-
ses, et annoncent Tavénement prochain du Fils de
Dieu.
Ainsi chaque livre, soit de TAncien Testament, soit
du Nouveau, vient à son tour, au moment de Tannée
où Ion est le mieux disposé pour le comprendre et pour
en profiter; et, loin de distraire l'esprit du mystère
que l'on célèbre, il offre un moyen de plus pour en sai-
sir le sens et pour s'en pénétrer. » (Le saint office^
divisions générales.)
Les saints h vres, ainsi distribués dans les différentes
parties deTannéeliturgique, forment dans le bréviaire,
au propre du Temps, ce qu'on appelle l'Écriture occur-
rente. (L'Ecriture qui est marquée, quœ occurrit^ à cha-
que jour de ces divers Temps liturgiques, divisés en
semaines.) C'est là qu'on prend les leçons du i^^ ou, en
partie, de Tunique nocturne, à moins que la rubrique
particulière n'en désigne d'autres, ce qui arrive géné-
ralement en certaines fêtes plus solennelles : ainsi cel-
les du rit double majeur et au-dessus, des Docteurs
et de quelques autres, comme : les Stigmates de saint
François d'Assise, saint Joseph Cupertin, etc.. On a
voulu donner à ces fêtes des leçons qui leur fussent
plus appropriées; mais elles ne sont pas moins emprun-
tées, dans ce cas, à l'Ecriture Sainte. Les jours dans
une octave, y compris le huitième, ont généralement
au !••* nocturne les leçons de l'Ecriture occurrente, à
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^^m^^^:^:^C'-
DSS LEÇONS. 331
moins que le bréviaire, comme en roctavede TAssomp-
tion, ne marque autrement. Ces jours n'ayant que le rit
double ou semi-double, ne devaient pas avoir ordinai-
rement le privilège du rit supérieur, quand une raison
spéciale ne le demandait pas.
Lorsque le Propre des Saints indique TEcriture oc-
currente, et qu'à la férié où l'on se trouve, il n'y a
qu'une homélie de FEvangile, comme pendant le Ca-
rême, les Quatre-Temps et les Rogations, on prend au
Commun des saints les leçons du l^^ nocturne. Il faut
excepter cependant les jours d'une octave dont la fête
môme aurait des leçons propres; on prend alors ces
leçons, et non celles du commun, si la férié n'a pas
d'Ecriture occurrente. (Gav. De Lectionibus, n. 14.)
L'office du Commun des Saints a toujours, en effet,
à son premier nocturne des leçons de l'Ecriture pour
satisfaire au cas précédent et à celui d'un office plus
solennel qui n'aurait pas de leçons propres.
Quelquefois même, outre ces leçons du commun au
!•' nocturne (et aussi au 2® et au 3®) on en trouve d'au-
tres à la fin du même Commun. Les premières indi-
quées dans l'office même s'appellent alors : les leçons
1° loco; et les autres, 2°, 3° loco. Cette variété de leçons
est quelquefois demandée par l'objet même de la fête.
Quand on doit dire celles du commun, sans autre indica-
tion dans le bréviaire ou dans l'ordo, c'est le 3® nocturne
qui règle celles à prendre, et l'ordre est le même. (23
mars 1835.) S'ilarrivaitquelesleçonsdu3®nocturne ne
fussent pas indiquées au moins par l'Evangile de la
Messe, on les déterminerait alors d'après l'oraison, si
elle était du commun. (11 sept. 1845.) Enfin, dans le
cas où ni l'Evangile, ni l'oraison ne seraient du com-
mun, on choisirait les leçons qui paraîtraient plus en
harmonie avec la fête. (23 juin 1736.)
On ne peut pas évidemment réciter en entier les li-
vres de l'Ecriture distribués dans le cours de Paanée;
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»lt LB8 tLtMBNTS DIS HIURBS GAN0NIALB8
mais le commencement de ces livres est toujours in-
séré dans Toffice; c'est ce qu'on appelle en style litur-
gique : Le commencement de f Ecriture, Initia S. Scrip^
turx. On prend ici la partie pour le tout. Le commen-
cement de TEcriture se lit ordinairement le dimanche,
premier jour de la semaine. Si Tuf fiée de ce jour avait
au l*"" nocturne des leçons propres, on commencerait
le livre au premier jour non empêché. Quand plusieurs
livres de l'Ëcriture doivent être commencés dans la
même semaine, il peut se faire, à cause des empêche-
ments survenus, que quelqu'un d'entre eux ne le puisse
pas être aux fériés suivantes; on anticipe alors aux
fériés précédentes. {Rub. gen. n. 7.)
La translation ou l'anticipation du commencement
de rÉcriture doit se faire, quand même on devrait
commencer plusii'urs livres le même jour; mais à con-
dition que ce soit dans la semaine, et jamais le di-
manche.
Il n'est jamais permis non plus de faire cette trans-
lation ou anticipation en dehors de la semaine qui lui
est assignée; c'est ce que nous devons conclure du n® 7
de la rubriquî, avec Gavaiitus (Sect. V, c. xii, n. 12)
et Cavalieri (Tom. II, decr. 312, n. 1.) La semaine
suivante ou la précédente ayant son livre ou ses livres
saints à elle, il pourrait y avoir une trop grande con-
fusion, un trop grand dérangement d'ordre.
Les règles précédentes admettent cependant les ex-
ceptions que voici : i® Le dimanche de la Septuagésime,
on laisse les épitres de saint Paul qu'on n'aurait pas
lues encore; la Genèse est réservée à ce temps-là, et
les épitres de saint Paul sont considérées comme for-
mant un seul livrequi a d jà été commencé, dit Gavan-
tus. 2^ On laisse également les livres des Rois non
commrncés, quand arrive le 1®' dimanche d'août:
K suf/icitenimy dit encore ici le savant liturgiste, quod
de eis ieetuisitpHmuêf velseeundus liber, n 3* Si l'on
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DES LESONS. 333
faisait, avant le samedi qui précède, l'office anticipé
d'un dimanche après FEpiphanie, on lirait les jours
suivants TEcrilure assignée à ce' dimanche et à sa se-
maine, ainsi que l'harmonie semble le demander.
i^ Lorsque, à cause du nombre variable de dimanches
entre laPenteCvîteetrAvent, lai® semainede septembre
n'a pas de place, on anticipe au jeudi précédent le com-
mencementdu livred'Esther; c'est pour observer le prin-
cipe que tout commencement de livre sacré doit être lu,
à moins d'impossibilité. Ceci n'a pas lieu pour la 5® se-
maine de novembre qui n'aurait pas de place, parce
qu'il y a pour chacun de ses- jours un commencement
d'Ecriture. On retranche alors la 2® semaine, dont le
livre d'Ecriture occurrente est le même que pendant la
semaine précédente. Chacune des semaines suivantes
étant alors anticipée, la 5® devient la 4®.
Quand on transfère à une autre férié le commence-
ment d'un livre, il faut prendre les trois leçons du
nocturne, à moins que la lecture du commencement
de plusieurs livres n'ait lieu le même jour, auquel cas
on ne prendrait qu'une ou deux leçons, selon l'occur-
rence.
Il pourrait arriver que le commencement d'un livre
ne pût tout à la fois, ni être lu en son jour, ni être
transféré ou anticipé dans la même semaine, à cause de
leçons propres assignées au premier nocturne; on le
récite alors à l'office de cette semaine qui est d'un rit
inférieur, ou, si le rit est le même, à celui qui est d'une
dignité ou solennité moindre, ou enfin à l'office du jour
auquel coïncidait le commencement du livre, s'il y
avait parité sous tous ces rapports, substituant ainsi ce
dernier aux leçons propres. (5 jul. 1698. — 27 mart.
1779. — Cavalieri, tom. II, decr. 312, n. 4, — de
Herdt, parsiv, n. 338.) Le cas peut se présenter, sur-
tout dans les 4* et 5* semaines de novembre, dont pres-
que ehacuQ des jours est assigné à quelqu'un des petits
T. n. 19.
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334 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
Prophètes. C'est toujours en vertu du principe que tout
commencement d'Ecriture doit être lu, en dehors des
exceptions légitimes que nous avons indiquées.
Lorsqu'on transfèreàune férié suivantele commence-
ment d'un livre, il faut ensuite, les autres jours, pas-
ser aux leçons du même livre qui leur sont assignées.
Les leçons de l'Ecriture qui n'ont pas de commence-
ment de livre ne sont pas transférées ni anticipées, la
raison ici n'étant plus la même. Voici cependant deux
exceptions à cette règle : 1° Les leçons des trois premiers
jours de la 5® semaine d'octobre sont consacrées à l'his-
toire des Machabées, c'est-à-dire, au martyre d'Eléazar,
d'une mère intrépide et de ses sept enfants, sous An-
tiochus Epiphane; mais ces leçons ne commencent pas
le second livre des Machabées, puisqu'elles sont extrai-
tes du chap.vi®; et cependant, quandlaS® semained'oc-
tobren'a pas de place, on les anticipe aux trois derniers
jours delà semaine précédente. [Rub.part, au jeudi de
la IV® sem. d'ocL) L'Eglise veut ainsi nous mettre cha-
que année sous les yeux la foi héroïque de ces martyrs
de l'ancienne Loi. On ne doit pas cependant les anticiper
au delà du jeudi, et on les omettrait si les trois derniers
jours de la 4® semaine se trouvaient empêchés. {Rub,
part.) Les autres jours, en effet, sont déjà pris par le
commencement du livre. Si le jeudi de cette semaine
était seul empêché, ou même le vendredi, on ne pren-
drait pas, le jour suivant, le commencement de l'his-
toire, mais la continuation par les leçons assignées au
lundi ou au mardi de la 5® semaine. Il ne fallait pas tout
à fait assimiler ces chapitres des Machabées à un com-
mencement délivre, chacune des trois leçons, du reste,
renferme un récit complet : le martyre d'Eléazar,
ou celui des enfants et de leur mère. Le silence
de la rubrique sur ce point laisse subsister le prin-
cipe général, et ainsi l'ont interprété les auteurs.
(De Herdt et autres.) Quand la S® semaine d'octobre n'est
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•DES LEÇONS. 335
pas supprimée, "si quelqu'un des premiers jours assi-
gnés à l'histoire des Machabées est empêché, on prend
au premier jour libre Je commencement de cette histoire,
qu'on peut laisser inachevée, si les jours suivants n'en
permettent pas la continuation. {Rub, part.) Rien n'o-
blige, en effet, d'unir ensemble les leçons de plusieurs
fériés afin de terminer cette histoire, on le pourrait
cependant. {Mub. gén. n. 3, 4 et 6.)
2* La seconde exception concerne les dimanches
de la Sexagésime et de la Quinquagésime, ainsi que les
2®, 3®, et 4» dimanches de Carême, dont les le-
çons, au 1®' nocturne, ne commencent pas de Livres. Si
l'un de ces dimanches est empêché par une fête plus
privilégiée qui a ses leçons, on transfère celles du l®"*
nocturne du dimanche au premier jour qui n'en aurait
pas de propres. (26 nov. 1735— 13jan. 1877 — i4c/.
S. Sedisy vol. 10, fol. 95.) Ces leçons, en effet, commen-
cent l'histoire des principaux personnages de l'Ancien
Testament : Noé, Abraham, Jacob, Joseph et Moïse.
Ici se termine notre explication sur les leçons du 1"
nocturne ou de la Sainte Ecriture; les détails qui pour-
raient manquer encore sont dans la rubrique même
donnée plus haut, et n'ont pas besoia de commentai-
res. Si nous devons lire ou écouter avec attention
toutes les leçons de l'office, à plus forte raison celles-là,
d'après le conseil de saint Paul à Timothée : attende
kctioni. (I Tim. IV, 13.) Omnis scriptura divinitus ins-
pirata utilis est ad docendum^ adarguendum^adcorri--
piendum, ad erudiendum in justitiâ, ut perfectus sit
homo Deiy ad omne opus bonum instructus. (Il Tim.
16 et 17.) « La Sainte Ecriture, dit saint Grégoire,
est comme un miroir où nous pouvons constater
l'état de notre âme. Là, nous reconnaissons ce qu'il y a
de beau ou de répréhensible; nous constatons nos
progrès ou notre éloignement de la perfection. Des
traits édifiants y sont rapportés pour exciter notre
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13e LBS tLÉMBNTS DBS HBURBS CANONIALES.
oourage; maUon y voit aussi des défaillances, afin
de nous maiiite.nr daas la vigiianca et dans la crainte
de Dieu. )» {In Mor. ii, 1.)
Ifo 8, ^ Leçons du II* Ifootuma.
Les légendes des saints et les extraits des Pères dans le bréviaire
romain. ^ Autorité des légendes. — Le lectionnaire antique. —
Obscurité de certaines leçons. •— Principes liturgiques. — L'oc-
tayaire romain.
Les leçons du second nocturne ont pour objet les
légendes des saints ou les extraits des Pères.
On ne lisait tout d'abord dans l'office, avons-nous
dit, que TEcriture Sainte. Les Actes des martyrs et les
écrits des Pères n'y furent introduits que plus tard.
Ce ne fut pas avant le viii* siècle dans TEglise de Rome,
d'après un ancien ordo romain, conservé dans la bi-
bliothèque de saint Gall, et édité par le savant cardinal
Tommasi; nous y voyons qu'avant le pape Adrien P',
les actes des martyrs n'étaient guère lus que dans
leur propre église. En voici le texte : « Passiones sanc-
torum vel gesta ipsorum^ usque ad Hadriani iemr
poTQ^ tantummodo ibi legebantur^ ubi ecdesia ipsius
sancti vel titulus erat. Ipse vero a tempore suo reci-
tarijussit^ et in ecclesiâ S. Pétri legendas esse consti-
tuit, » Mais l'usage existait déjà au vi« siècle en France
et dans certaines Églises d'Italie. Ainsi saint Benoit
avait introduit parmi les douze leçons de son office, en-
tre celles de l'Ancien et celles du Nouveau Testament,
les homélies des Pères; saint Grégoire le Grand écri-
vait à l'évêque de Ra venue de choisir, pour les lec-
tures de l'office divin, les extraits des Pères au lieu
de ses Morales sur Job; et saint Césaire d'Arles fait
mention, dans ses discours, des vies de saints et des
écrits des Pères qu'on lisait de son temps comme le-
çons liturgiques. {Serm. 140 et 300.)
I<i'u9ï4j[§ de Ur^ aimi jL» vie des saints a ion orjgae
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DBS LBÇONS. 137
dans la lecture de l'Ecriture Sainte, où sont consignés
les traits édifiants de plusieurs grands personnages, et
dans celle des Actes des Martyrs qui se faisait ancien-
nement dans l'assemblée des fi.Jèles, au rapnnrt Ha
Augustin. (Serm. 2 de S. Siephano.)
Les commentaires que les évoques faisaient
criture pendant la messe, et la lecture de leur:
et de celles du Pape à ce moment-là, introd
aussi dans les leçons de Toffice les écrits des
Paul diacre (770) aurait le premier, d'aprèî
tus, composé les légendes du bréviaire roma
cette assertion est insoutenable, dit Mérati : <
suoplacito verilatem minime est assecutus »,
rien ne prouve que cet auteur ait écrit aucun
saint. C*est le Liber Ponti/icalis qui a fourni le
des des Papes anciens. (Voir notre tome I de h
p. 183 note.) Le bréviaire romain fut revu ds
partie des légendes, et avec la plus grande al
parles cardinaux Bellarmin et Baronius, qui en
chèrent tout ce qui n'était pas suffisamment
Qément VIII approuva leur travail.
Tous les saints dont l'office est au moins
semi-double ont une légende au bréviaire;
d'exception que pour saint Georges, martyr (2
par défaut, peut-être, de documents authe
Il en est de même généralement des autre
du rit simple ou pour lesquels une mémoii
est indiquée, à cause de leur occurrence fixe
autre office. La légende sert, dans ce dernier c
leçon, à moins d'empêchement légitime. Non
dit généralement^ parce que plusieurs de ce
n'ont pas de légende, soit pour le motif indic
haut, ainsi saint Valentin du 14 février et le
Martyrs du 29 juillet; soit parce qu'ils coïncid
jours avec une vigile dont l'homélie sur l'Evang
la lég^ode iautile comme 9® leçon, ou parce qu(
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338 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
occurrent n'admet pas de 9* leçon étrangère, ainsi saint
Télesphore la veille de l'Epiphanie, et saint Hygin
dans son octave; ainsi saint Romain, le 9 août, veille
de saint Laurent, et saint Eusèbe, le 14, veille de l'As-
somption; soit enfin parce qu'ils arrivent toujours en
^ le dont les fériés ont une homélie sur TEvangile,
ns l'octave de Pâques qui n'admet pas de leçon
^ère, ainsi saint Lucius, et les saintes femmes
tue et Félicité, dans le mois de mars.
:e exception nous rappelle en tout cas, le temps
actes des martyrs et la vie des saints n'étaient
icore admis dans les leçons de l'office,
int aux leçons des Pères, c'est Alcuin et le diacre
fui, sur l'instigation de Charlemagne, en auraient
Lard composé le premier recueil complet pour
ô cours de l'année, auquel on donna le nom de
mnaire. Une lettre de Charlemagne lui-même aux
irs de ses Etats, reproduite par Mabillon (Tom.
n. Benedict) et publiée avant lui par le Char-
Surius, en 1576, nous fait connaître ce fait. Ce
1 avait pour titre : Opiis prœclarum omnium ho-
*um et postillarum ven&abilium ac egregiorum
rum Gregorii, Augusttniy Hieronymi^ Ambrosii,
Ericiy Leonis, Maximi, Joannis Episcopi, atqice
nis, integraliter de Tempore et sanctis totiusanni
um^ cum qtiibusdam eorum sparsim interpositts
nibus hinc indesuis locis collée tis^coaptis tempo-
inpartem hyemalem et œstivam divisum,
a dans le bréviaire romain, aux deuxièmes et aux
imes nocturnes, plus de 1300 leçons différentes,
des Pères, des Docteurs, ou de simples écrivains
iastiques. Les plus beaux noms de la tradition
lique soit grecque soit latine brillent parmi ces au-
: saint Cyprien, saint Hilaire, saint Athanase,
lUx saints Cyrille de Jérusalem et d'Alexandrie,
Basile, saint Grégoire de Nazianze, saint Am-
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DES LEÇONS^ 339
broise, saint Augustin, saint Jérôme, saint Jean Chry-
sostome, saint Léon, saint Grégoire le Grand, saint
JeanDamascène, saint Bernard, saint Thomas d'Aquin,
saint Bernardin de Sienne, etc. La Bulle dogmatique
Ineffabilis de Pie IX a fourni à roffice de l'Immaculée
Conception et de son octave les leçons du 2® nocturne.
Ces leçons, ces légendes des saints forment, sans
contredit, un des plus riches recueils. Les actes de nos
martyrs, les vertus et les principaux faits de nos héros
chrétiens y sont admirablement résumés, et nous
avons, dans les extraits des Pères et des Docteurs, des
enseignements toujours utiles, parfois profonds et
sublimes sur TEcriture, le Temps liturgique et les di-
vers mystères. Des critiques exagérés, mus souvent,
implicitement du moins, par trop de préventions con-
tre les traditions romaines d'une part, et de l'autre,
par un trop grand enthousiasme pour les bréviaires
gallicans, ont porté sur nos leçons des jugements trop
sévères, et même injustes. D'après eux, les légen-
des des saints ne sont pas toujours fondées sur les
principes d'une critique vraie, et plusieurs sont faus-
ses, cDmme l'ont prouvé, disent-ils, l'abbé Fleury,
Baillet, Nain le Tillemont, et Launoy, (le dénicheur
de saints). Les extraits des Pères et des docteurs;
ajoutent-ils, sont souvent obscurs, d'un goût équivo-
que, empreints d'un mysticisme outré; on aurait pu
trouver beaucoup mieux dans la patrologie grecque
ou latine, et le choix est mal fait. Ces critiques exces-
sives ou injustes sont de plus en plus emportées par le
courant qui entraine vers Rome et ses Pontifes les es-
prits et les cœurs, et qui a produit si heureusement
Tunité liturgique. Mais il nous faut répondre en quel-
ques mots :
Deux objections principales étaient faites d'abord
contre nos légendes romaines : Pourquoi tant de mi-
racles, de dons surnaturels, de faits héroïques et par-
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340 LBS ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES*
fois singuliers? N'y a-t-il pas là de quoi ébrwiler la toi
du lecteur, ou du moins le décourager ? et quel profil
dans ces exemples inimitables? Le bréviaire romain,
du reste, n'a-t-il pas admis un peu trop à la légère l'a-
poHolat chez nous des premiers saints ou des premiers
pontifes, et la critique ne vient-elle pas assez souvent
le convaincre d'erreur? Tel est à peu près le langage
dô Baillet (Vie des Saints et Recueil de ses lettres) et de
quelques autres, langage qui sent un peu, il faut l'a-
vouer, le rationalisme.
Nous accordons tout d'abord, pour être juste, que
les faits relatés dans le bréviaire romain, ne sont pas
couverts pour cela de rinfaillibilité de l'Eglise; la
critique peut les examiner, les discuter, et en pro-
voquer, s'il y a lieu, la rectification. C'est ce que le
Saint-Siège a fait plusieurs fois lui-même, et de là les
réformes sur ce point de saint Pie V, de Clément VIII
et d'Urbain VIII, auxquelles ont coopéré de savants et
judicieux critiques, comme Baronius et Bellarmin.
« Il n'est pas défendu, dit Benoit XIV, d'exposer
avec respect au Siège apostolique les raisons graves
qu'on pourrait avoir de saspecter tel ou tel fait, en lui
laissant le soin de les apprécier, et de faire une cor-
rection historique, s'il le faut. » {De Canoniz. Sanct.
1. IV, p. II, c. xni, n. 7 et 8. et c. xvii, n. 9 et 10.)
Léon XIII lui-même, n'a-t-il pas corrigé encore dans
ces derniers temps plusieurs de nos leçons?
Mais doit-on pour cela jeter sur nos pieuses légendes
en général, la défiance et le soupçon? Ne faut-il pas,
au contraire, à moins de fortes raisons, les entourer
de déférence et de respect? L'Eglise, en les adoptant,
leur a donné par cela même une grande autorité, puis-
qu'elle ne l'a fait qu'après l'examen sérieux d'hommes
compétents et choisis dont elle a contrôlé le travail par
sa haute sagesse. Pourrait-on mettre dès lors trop de eir-
oonspectioa et de réserveàcensurer une^euvre qui apour
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DES LEÇONS. d4i
elle toutes les présomptions ? « Ceux, disait du Perron,
qui entreprendraient de montrer qu'il y a dans Toffice
public de l'Eglise des leçons fabuleuses, s'y trouveraient
fortempêch s. » {Réplique au Roi d Angleterre ^s ^ vi.)
Des découvertes inattendues, de nouvelles données his-
toriques sont venues plusieurs fois venger le bréviaire
romain d'une critique passionnée. Baronius nous ra-
conte lui-même qu'en préparant la révision de ses lé-
gendes et du martyrologe, il hésitait à laisser au pape
saint Félix 1" le titre de martyr; mais on découvrit sur
ces entrefaites le tombeau du saint avec cette inscrip-
tion authentique : Felicis martyris-, le récit du Liber
Pontificalis et de nos livres liturgiques fut ainsi con-
firmé. On verra dans la vie de sainte Cécile par
D. Guéranger (Ch. 23 et 24) comment des décou-
vertes récentes ont vengé les Actes de cette illustre
martyre, que plusieurs révoquaient en doute Des
travaux modernes ont aussi prouvé que nos prin-
cipales Eglises de France remontent aux premiers
siècles, et que saint Sylvestre baptisa Constantin. «Tout
n'est pas encore dit sur les assertions erronées et gra-
vement partiales des Fleury, des Baillet, des TilJe-
mont, des Launoy, dit Mgr. Darboy. On serait étonné
de la longue liste des causes indignement jugées, et
des procès qui restent à réviser. » [Œuvres de saint
DeniSy introd. p. 80.)
Pourquoi jeter aussi le dédain ou le ridicule sur les
leçons des Pères que nous lisons dans le bréviaire ro-
main? Quelle admirable doctrine n'y trouve-t-on pas!
que de beaux sentiments! quelle vive lumière! que
d'onction! et parfois même quelle éloquence! « 11 y a,
dit saint Augustin, une beauté de forme, une noblesse
de langage, une sublimité d'éloquence qui naissent
d'elles-m!^mes,pour ainsi dire, etquirt^suUent naturel-
lement de la grandeur des idées, de la force des convic-
tions, de la vivacité des sentiments. Les Père$ s'y élèvent
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342 LBS ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
souvent, sans y prétendre, sans s'y complaire, et comme
à leur insu. » L'Eglise a emprunté souvent ces beaux
îs de la tradition, et parce que quelquefois, pour
mieux en^harmonie les extraits des livres et des
s avec l'objet de la fête ou du temps liturgi-
e aura dû laisser des interprétations mystiques
ce un peu forcées, voudrait-on Tobliger à trôn-
as pages ou à les abandonner? Du reste, si
ids génies qui s'appellent saint Augustin, saint
e le Grand, saint Chrysostome, saint Ambroise,
jrnard, etc., n'ont pas dédaigné de parler ainsi à
iditeurs, devons-nous dédaigner nous-mêmes
mtendre, et ne pouvons-nous pas en retirer
^ fruit?
ines leçons du bréviaire, dit-on encore, ne sont-
3 trop obscures? Peut-être, en effet, nous ne pou-
ut comprendre à la première lecture, mais le
; l'esprit y trouveront, même alors, quelque
: salutaire. Ajoutons que le fruit en serait plus
;i, pour les approfondir davantage, on faisait
xfois de ces leçons l'objet de ses méditations ou
ectures *.
mi les leçons du bréviaire dont le sens offre une cer-
[îculté, la plus obscure est, sans contredit, celle de S.
B que nous lisons au troisième nocturne des martyrs,
oco^ comme huitième leçon. Mais nous ferons observer
î trouve au milieu de deux autres parfaitement claires
Docteur, et aussi touchantes qu'instructives. L'Église
oulu tronquer le texte.
cependant une paraphrase qui permettra d'en com-
le sens :
Lc mentionne seulement quatre béatitudes enseignées
igneur; S. Mathieu, huit au contraire. Mais il n'y a
intradiction : Dans les huit de S. Mathieu sont évi-
; comprises les quatre de S. Luc, et dans celles-ci les
5. Mathieu. S. Luc, en effet, veut exprimer les quatre
rdinales, auxquelles se rapportent toutes les vertus et,
^quent, les huit béatitudes. Le but de S. Mathieu est de
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DES LEÇONS. 343
Les leçons du 2« nocturne sont donc consacrées aux
légendes des saints ou aux extraits des Pères. On
donna en France, pendant les xv®, xvi® et xvii^siècles,
une part exagérée aux premières, puisque les neuf le-
çons de l'office leur étaient exclusivement consacrées,
comme on peut le voir dans les bréviaires du temps :
abus condamnable,. qui rompait avec les traditions
anciennes, et qu'on a depuis heureusement éliminé.
On prend au commun, en commençant par la pre-
mière, les leçons qui seraient nécessaires pour com-
pléter les trois du second nocturne, si la légende n'y
suffisait pas.
Si le bréviaire n'indique pas les leçons du 2® noc-
turne, on les prend au commun, l^ ou 2^ loco, suivant
le rang qu'y occupent celles du 3® nocturne. (23 mart.
1835.) Si les leçons du 3® nocturne n'étaient détermi-
nées, ni par le bréviaire, ni par l'évangile de la
messe, ni même par l'oraison, on choisirait pour le
2® nocturne celles qui paraîtraient le plus en harmonie
avec la fête (23 juin 1736) ; dans le doute, il faudrait
s'arrêter aux leçons 1® loco,
nous découvrir, dans ces huit béatitudes, le sens d'un nombre
mystique : il a voulu dire que, par la totalité des vertus, nous
arriverons à la totalité, à la perfection de la gloire. En effet,
plusieurs psaumes ont pour titre : Pro ociaoâ, pour le huitième
jour, c'est-à-dire pour le jour de la résurrection, qui est la
plénitude des temps et le commencement de la gloire. Et, dans
î'Ecclésiast. (xi, 2), vous avez l'ordre de donner une part à /luif,
sans doute une part de vos biens à tous les pauvres, mais pro-
bablement aussi une part de votre activité à ces huit béatitu-
des, c'est-à-dire à la totalité des vertus, pour arriver aux huit
béatitudes célestes, c'est-à-dire à la totalité, à la perfection de
la gloire, à la gloire complète du ciel. Car, de même que l'oc-
tave de notr<» espérance de la gloire en est la perfection, la to-
talité, la plénitude, de môme l'octave des vertus en est aussi la
plénitude, la totalité. D'où en définitive, S. Mathieu veut expri-
mer, par les huit béatitudes, ces huit vertus qui conduisent au
ciel sous huit aspects divers, et nous dire que si nous prati-
quons toutes les vertus, nous aurons la plénitude de la gloire. *
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144 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
Dans les octaves particulières des patrons et autres
qui ne isont pas au calendrier général ni dans le
bréviaire, on peut avoir recours, pour le choix des le-
çons, aux Octavaires approuvés, et c'est plus facile. Il
faut alors, si on avait dû, les jours précédents, laisser
Toctave les leçons de Toctavaire, à cause d'une
iccurrente, changer, la première fois qu'on les
l,le iiivQ De sermone,.. par Sermo.,. ; la première
lie suppose qu'on a déjà lu de ce discours, la se-
, qu'on en lit pour la première fois. {Octav, Rom.
)e lectionibus) *» Si Ton ne se sert pas de l'oc-
e, il faut répéter au 2® nocturne les leçons de la
;i celle-ci a pour objet un mystère de Notre-Sei-
'. Si c'est la fête d'un saint, on prend les leçons du
lun {^ et 2^ loco alternativement, et jusqu'au
octave inclusivement. (15 apr. i880; De Herdt,
V, de officio octav. Patroni, n. 246: resp. 2. m
lit. 1883.)
N» 4. — Leçons du III^ Nocturne.
r objet. — Principes liturgiques. — La ^ Leçon. — Bègles
du chœur.
leçons du 3® nocturne, à l'exception de l'office
lorts et des trois derniers jours de la semaine
>, ont toujours pour objet une homélie sur Té-
lé du jour. Quelquefois cependant la 3® leçon de
Octavaire romain fut composé par Gavantus, et approuvé
1rs fois avec éloges par la S. congrégation des Riles. Le
x\ BeJlarnain en faisait le plus grand cas. Ce livre a pour
Jctavarium romanum ieu liber complectens lecUones ii et
. recitandas infra octavas festorum^ prœsertim patronO'
corum, et titularium Ecclt^simiim^ quœ cum octavis celé-
U'bmt, juxta Rubricas Breviarii Romani^ a S. R. C. ad
ol'ûs Ordinis Ecclesiaram approbaium»
\ faut pas prendre à la leitre le mot recitandnSy car l'Oc-
I n'est pas obligatoire, mais on peut très utilement s'en
partout, sans autorisation préalable.
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BES LEÇONS. 311
cd nocturne, 9* de tout l'ofâce, est remplacée par une
autre homélie, ou par la légende d'un saint dont on
ne fait que mémoire.
Lévangile n'était point lu tout d'abord à V
divin, mais à la messe seulement. On empruntai
autres livres du Nouveau Testament les leçons (
nocturne. Celles du l^^ nocluine étaient tirées de
cien, et avaient leu- s commentaires dans les leço
deuxième, quand celles-ci n'avaient pas pour obje
légende de saint. L'office des trois derniers jours
semaine sainte nous offre encore dans les leçoi
ordre prescrit par la règle de saint Benoit.
On voulut, plus tard, que la lecture de l'évÊ
et son explication eussent aussi leur place dans 1(
viaire comme à la messe, à cause du lien qui un
deux actes solennels; ainsi ont-ils chaque jour le r
évangile. Mais à l'office, on n'en lit, pour abrégei
le commencement, parce que l'homélie devait s
aussitôt et ne pouvait se renvoyer à un autre noct
comme on le faisait dans le 2« pour Texplicatio
premières leçons.
Ce rit remonte au moins au vni« siècle, pu
Charlemagne recommandait aux Lecteurs de ses
VHomiliaire rédigé par ses soins. IJ faudrait i
reculer cette époque pour certaines Églises, celle
les entre autres, dont Tévêque saint Césaire
formé aussi un recueil d'homélies pour l'office.
Voici maintenant, sur les leçons du 3^ noct
les explications que la rubrique semble demande
1° Si le bréviaire n'indiquait pas les leçons (
nocturne, on prendrait au commun l'homélie su
vangile de la messe ; celle-ci et l'office ont touj
en effet, le même évangile, comme nous l'avoni
Si révangile de la messe n'était pas non plus ind
OQ prendrait Thomélie sur l'évangile de la me
UqueUe appartiendrait roraisoa da l'office ; si
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346 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
oraison n'était pas désignée, on prendrait i'iiomélie
de Tévangile qui paraîtrait le plus conforme à l'office;
dans le doute enfin, les leçons du commun 1** loco.
(11 sept. 1841, 23 juin 1736.)
2*^ Dans les octaves qui ne sont pas au bréviaire
ni au Propre diocésain, comme celles des patrons lo-
caux, on peut encore se servir de Toctavaire romain;
sinon, il faut répéter les leçons de la fête, quand c'est
un mystère de Notre-Seigneur ; mais on prend celles
du commun, quand c'est la fête d'un saint. 11 est
permis alors d'alterner ou non avec les leçons h.^ et 2*^
loco\ si Ton alterne, il faut alterner aussi à l'évangile
de la messe, et reprendre au jour octave l'évangile et
les leçons de la fête.
3° Quand, pour le jour octave, est indiquée la
même homélie que celle de la fête, on peut, au lieu
de cette homélie, dire celle du premier jour dans Toc-
tave qui n'aurait pas été lue à cause d'une fête occur-
rente; le cas peut se présenter dans les octaves de saint
Jean-Baptiste et de la Dédicace (7 sept. 1816, 27
août 1836); mais il n'y a pas d'obligation aie faire:
legi posse^ dit de Herdt. (Pars iv. de lect. 2® et 3®
noct. et 9® lect.)
4*^ Quand une fête arrive un dimanche ou une férié qui
a sa messe propre, ou encore un jour de fête simple ou
simplifiée, on fait mémoire de ces jours à matines par
une 9® leçon, qui est l'homélie de leur évangile, ou la
légende du saint. L'évangile qui sera lu à la fin de la
messe, à la place de celui de saint Jean, devait avoir
aussi sa mention à l'office. On a voulu pareillement
nous édifier par la vie du saint dont l'occurrence ne
permettait de faire qu'une simple mémoire. C'est un
vestige enfin des temps anciens, où Ton récitait deux
offices le même jour. La 9® leçon est cependant omise
dans les cas suivants : 1** Les dimanches où Ton ne
dit pas lé Te Deum. Les matines ont alors un 9® ré-
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DES LEÇONS. 347
pons toujours en harmonie avec l'office du jour, et qui
ne le serait pas avec une 9® leçon étrangère, ou avec la
légende du saint dont on fait mémoire. 2® Quand l'of-
fice n'a que trois leçons; ce nombre déjà rest
permettait pas de le diminuer encore par ]
étrangère à l'office. 3<* Pendant Toctave du S;
crement, quand l'office est de l'octave. Il n
pas interrompre les explications des Pères
grand mystère de l'Eucharistie, dont on ne saui
parler. 4° Quand la leçon du saint dont on fait r
n'est pas historique; le motif d'édification doi
haut pour la 9® leçon n'existe plus alors. Unexl
Pères peut être quelquefois historique, et
de 9® leçon ; ainsi la leçon de saint Grégoire
zianze sur les sept frères Machabées, le 1
et celle de saint Grégoire le Grand pour sair
cité, le 23 novembre. 5° Aux fêtes de premier
s'il s'agit d'un saint dont l'office est simple
plifié, ou d'une vigile, celle de l'Epiphanie e
La solennité exclut toute mémoirer d'un s
ne permet pas non plus qu'une vigile consac
pénitence y trouve place; la vigile de l'Epiphî
pas ce caractère au même degré. 6® Pendant
rême ainsi qu'aux fériés des Quatre-Temps et
des Rogations, l'homélie d'jine -» vigile es
toujours omise. L'homélie de ces fériés l'empi
celle de la vigile dans un office à neuf leçons,
avons dit que l'office à trois leçons n'a jamj
changée; il en est de même pendant l'A vent,
mélie d'un jour de l'octave, y compris le 8®,
jamais de 9® leçon à moins d'un induit. (Rub.
n. 10, 3 janv. 1663.) Ce privilège n'est
qu'aux homélies des dimanches et des fér
évangile, du reste, a déjà été mentionné
même de la fête *• 8** On omettrait aussi,
i. C'est peut-être parce que cette raison n'existe pi
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348 LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
9* leçon, rhom^ie d'une férié qui aurait le mémo
évan Jle que celui de la fête ; c'est ce qui a lieu lors-
qu'un des jours dos Quatre-Temps de TAvent coïncide
avec celui de la fête delà Sainte Vierge du 18 décem-
bre appek^e : Expectatio partûs B, Marias Virg. (4 sept.
1773. 27 janv. 1877). Non bis in idem, dit le principe.
9® Enfin, on ne dit pas non plus comme 9® leçoa
Thomélie du vendrf^di après TAscension, cet évangile
étant le même que celui dii dimanche précédent, et
cet office étant assimilé à celui de l'octave.
5® Lorsque la légende qui doit servir de 9® leçon en
comprend plusieurs, on les réunit en une seule. L'É-
glise nous veut donner en entier les enseignements
qui résultent de la vie des Saints.
6® Si la 9® leçon est une homélie, on peut lire
ad libitum les troisleçons quila renferment, ou lapre*
mière seulement. [Rub.)
7® Quand on doit remplacer par une leçon étrangère
la 9® de l'office occurrent, on peut aussi ad libitum
omettre celle-ci, ou l'ajouter à la 8® leçon précédente.
Il est un cas cependant où il faudrait l'ajouter, c'est
quand cette 9® leçon contient l'éloge du saint, comme
dans Toffice de saint Joseph, des Sept Frères martyrs,
et des saints Nérée, Achillée, etc. (23 mai 1835.)
8® La légende du saint et l'homélie du diman-
che ou de la férié, peuvent être en occurrence dans un
office, comme 9® leçon. La légende alors le cède à l'ho-
mélie, à cause de l'évangile.
9® Une fôtedont la 9® leçon doit être remplacée par
une a .tre est quelquefois transférée; on prendrait dans
ce cas sa 9® leçon au commun, si l'office n'avait pas de
S. Congre^, des rites, en approuvant le Propre d» R-^ims, a per-
mis de réciter à l'ofiice de S. Rémi, coïncidaut avec le jour Oc-
tave de l'Epiphanie, l'homélie de ce jour comme 9« leçon.
L'évangile du j6ur octave de l'Epiphanie, en efifet, est différent
de celui de la fête môme.
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LES RÉPONS DBS LtÇOlfS. 349
leçons propres au 3* nocturne; si l'office en avait, on
diviserait la 8* dans le cas où celle-ci ne serait pas sui-
vie d'une 9® propre. Le bréviaire indique souvent par
un astérisque la division à faire.
10^ Au chœur, la première leçon du 3® nocturne de-
vrait être lue par un prêtre ou par un diacre, à cause
du commencement de Tévangile, pendant lequel tousse
tiennent debout par respect. Le chœur est encore debout
quand le célébrant lit la 9® leçon. Celui-ci, pour plus de
solennité prend alors la chape, et les acolytes sont de-
vant lui, leurs chandeliers allumés.
Art. V. Des Répons.
La rubrique, sous les deux titres consécutifs XXVII
et X\ III, parle des r^pous qui suivent immédiatement
les leçons, etde ceux des petites heures, à cause de leur
analogie. Raoul de Tongres appelait déjà les premiers,
grands répons. (Prop. 12.) Les seconds se nomment ré-
pons brefs.
I. DEa RÉPONS QUI SUIVENT LES LEÇONS.
But et origine de ces Répons. — Leur composition. — La rubrique.
— Le 8« Répons. — Le ctiant.
L'Église a voulu qu'après les leçons, alors surtout
qu'elLs étaient plus longues, notre attention se repo-
sât quelque peu sur ce qui venait d'être lu, pour en
recueillir mieux les fruits; ce but apparaît on ne
pleut plusclaireiUent dans les traits qui, le samedi saint,
suivent toujours un certain nomr)re de prophéties.
« L'Église, dit Amalaire, veut, par ces cantiques spiri-
tue's, soulager l'attention et élever mieux nos âmes,
pendant la lecture. Elle nous exprime son désir de nous
voir, non seulement lire la parole de Dieu, mais encore
la pratiquer. » (L. IV, c. 3, Ùeord. Antiph. c, 4.) « C*est,
dit Bugaes de Saint-Yiotor, eemme Uû assentiment à
ff.n. t%
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350 LES ÈL&MBNTS DBS HEURES CANONIALES.
ce qui vient d'être lu. » (In specuL c. 7.) C'est encore,
d'après Durand de Mende, une action de grâces, surtout
parle Gloria Patri qu'on y ajoute. (L. IV, c. 19.)
Cette partie des matines est appelle répons, respon-
soria, « parce que, dit Tabbé Rupert, ils répondent aux
leçons parle sens: Responsorium^ a respondendoj quia
respondet lectionibus, tristia trisiibus, lœta lœtis, suc-
culente choro » {De ofjic, 1. I, c. 15); ou encore, selon
saint Isidore de Séville, parce que le chant en est al-
terné au chœur avec la lecture des leçons. {De offi, 1. 1,
c. 8.)
On appelait aussi le répons historia, parce qu'il fait
suite à l'histoire, aux traits rapportés dans les leçons
précédentes : ainsi les nomment le Micrologue du ix®
siècle (c. 32), Raoul de Tongres au xv« (Prop. 12), et
la rubrique elle-même : « Cum autem dicitur aligna
dominica esse prima mensis in quâ primo ponitur ini-
tium libri de scripturâ cum suâ historiâ, id est, cum
responsoriis... (Tit. IV, De Dominicis, n. 7.)
Il paraîtrait, d'après saint Isidore de Séville {De offic.
Div. I, c. 8), Raban MauretPapias,le grammairien du
XI® siècle, que les répons furent d'abord introduits dans
l'office divin par les Églises d'Italie. « Responsoria, dit ce
dernier, Itali tradiderunt antequam Grœci antiphonas,
inde dicta quod alio canere desinente, alter respondeat:
et in hoc differunt ab antiphonis, quia in responsoriis
tmus versum dicit, in illis autem antiphonarum versibus
chori alternant. » (Vocahularium latinum.) Les Églises
de France et d'Espagne les auraient ensuite adoptés.
Mais les répons, comme le prouve le savant cardinal
Tommasi, étaient déjà connus dès avant saint Grégoire
le Grand dans les autres parties de la liturgie romaine.
Ce pontife, ayant introduitles leçons dans l'office de
Rome, y introduisit aussi les répons *.
1. Voici, à l'occasion des répons liturgiques» le. trait que nous
a laissé le moine de saint GaU| auteur des Cfes^a CoToliUagdi
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LES RÉPONS DES LBÇDNS. 331
Après avoir recueilli et révisé ceux qui existaient
déjà, il eu composa de nouveaux lui-même, et les
réunit tous dans la 2® partie de son Antiphonaire,
appelé pour cela Responsorial, et où se trouvaient
et qui nous en montre une fois de plus l'ancienneté dans Pof-
fice divin:
» Une fois, dit cet historien, le jour de la Vigile de S. Mar-
tin (10 novembre), la nouvelle d'une vacance de siège étant sur-
venue à la Cour, Gharlemagne fit appeler un des clercs du pa-
lais, aussi distingué par la noblesse de son origine que par sa
science personnelle, et le nomma à l'évêché vacant. Au comble
de la joie, ce clerc n'eut rien de plus pressé que d'inviter à ta-
ble ses amis, les officiers du palais, avec les délégués de son
futur diocèse. Il passa la soirée en un grand festin, et oublia
l'office de la nuit, qui se célébrait solennellement en cette vi-
gile, particulièrement chère à la piété nationale des Gaules. Or,
le maître de chapelle, en distribuant d'avance, selon l'usage,
les diverses parties de Toffice que chaque clerc aurait à chan-
ter, avait designé pour celui-ci le répons de S. Martin : Domine,
si adhuc populo tuo sum necessarius, auquel tout le chœur devait
répondre : Fiat voluntas tua. Quand on fut arrivé à ce point de
l'office des matines, après le chant de la leçon correspondante,
il se fît un grand silence, et tout le chœur resta muet. Le clerc
qui devait entonner le répons n'était pas à sa place ; tous les
regards se tournaient vers sa stalle vide, et nul ne prenait la
parole. Gharlemagne, qui avait vu toute cette scène, dit : t Que
quelqu'un entonne, cantet aUquis, » L'embarras ne fit que re-
doubler, nul n'osait se produire, lorsqu'un clerc de pauvre nais-
sance, que le roi gardait dans sa chapelle par charité, entonna,
non point le répons, qu'il n'avait pas sous les yeux, mais l'o-
raison dominicale. Toutes les figures exprimèrent alors un
mouvement d'hilarité, que le roi réprima d'un signe. Le pau-
vre clerc continua donc sans interruption, et s'arrêta juste après
ces mots: A.dveniat regnumtuum, auxquels tout le chœur de ré-
pondre, selon le rit accoutumé : Fiat voluntas tua. Les matines
achevées, Gharlemagne, de retour dans la salle du Palais où
il se réchauffait au foyer, ad caminum, manda le pauvre clerc
et chantre novice. — «Qui vous a charge d'entonner le répons?
lui demanda t-il d'un ton sévère. » — Epouvanté, le clerc ré-
pondit humblement : G 'est vous-même, Seigneur, quand vous
avez dit : Cantet aliquis. » — « G'est bien, dit le roi, mais pour-
quoi choisissiez-vous l'oraison dominicale ?» — « Gracieux roi,
mon doux Seigneur, répondit-il, je n'avais pas sous les yeux
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Z%t LES ÉLÉMBNTS DIS HBURBS CANONIALES.
aussi les antiennes \ Maurice de Sully, évoque de
Paris (1195), a composé les répons de l'office des
morts; saint François d'Assise, ceux du dimanche de
la Passion, et saint Thomas d'Aquin ceux du Saint-Sa-
crement.
Les répons sont généralement composés des paroles
de TEcriture combinées ensemble, et formant un tout
qui n'est pas de la même manière dans le texte sacré;
mais les Actes des Saints et des Martyrs en ont ins-
piré plusieurs, surtout dans les offices propres, comme
ceux de saint Clément, de saint Martin, de sainte Cécile,
etc. On y trouve toujours comme un écho des leçons ou
de la fête. Un certain nombre d'entre eux ont été com-
mentés par Clichtoue, dans son Elucidatorium.
les paroles du répons; nul autour de moi ne pouvait ou ne vou-
lait me les suggérer. Pour ne pas déplaire à votre domination
souveraine, je voulais chanter, puisque vous l'ordonniez, mais
chanter des paroles qui pussent se rapporter à la finale du chœur :
Fiaivoluntus tua. Voilà pourquoi, j'ai choisi Poraison dominicale.
— « Eh bien, reprit Charlemagne, en élevant la voix de manière
à être entendu par tous les princes qui Tentouraient, il j a un
orgueilleux que j'avais désigné pour un évêché vacant, et qui
n'a su honorer, ni le Dieu dont il est le ministre, ni le roi dont
il est le serviteur. Il a passé cette nuit sainte à table; vous l'avez
remplacé au chœur, vous serez évêque à sa place. »>
i. Oa lit en tête du Responsorial manuscrit de saint Gall
les vers suivants en l'honneur de saint Grégoire le Grand :
Hoc quoque Gregorius, Patres de more secutus,
Instauravit opus ; auxit et in melius.
His vi$?ili GJerus mentem conamine suldat
Ordinibus, pascens hoc sua corda favo.
Quem pia sollicitis solerlia nisibus, omni
Scripturœ cnmpo legit et explicuit.
Garmina diversas sunt hsBC celebranda per horas,
Sollicitam rectis mentem adhibete 8onis,
Discite verborum légales pergore cal! es,
Dulciaque egregiia jungiie dicta modis.
Verborum ne cura sonos, ne cura sonorum,
Verborum normas nuilificaro queat.
Quicquld honore Dei studiis celcbratur honeslis,
Hoc summis jungit mitia corda choris.
(Publié par 1« B. ThMnmMi.)
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LES RÉPONS DES LEVONS. 181
L'aspect général de nos répons est connu de tous.
On y voit deux parties : le iv. divisé aussi en deux par
un astérisque, et le t. Après ce verset, le re'pons est re-
pris à partir du signe *. Il y a quelquefois plusieurs
\ersets et plusieurs astérisques. Les reprises sont de
simples retours à une môme idée, qui fait suite à la
première partie du ij?., mais elles ne sont pas toujours
liées pour le sens avec le t. qui précède; c'est que les
répons, comme les autres parties de rot'fîce, étaient ori-
ginairement destinés à être chantés. Ainsi le refrain et
les rép '^titions dans un cantique ou dans un chœur, ne
sont pas toujours en harmonie directe et explicite,
quant au sens, avec les couplets ou les strophes précé-
dentes. Mérati fait observer cependantqu'ilseraitmieux,
quand on doit composer des répons pour quelque office
nouveau, ou quand la séparation n'est pas indiquée, de
disposer celle-ci de manière à former avec le t, qui pré-
.cède un sens convenable, et non pas une phrase inco-
hérente. {In Gav. Sect. V, c. xiii, observ. n. 1.) Cette
observation du savant liturgiste est inspirée par la dis-
cipline actuelle, où Toffice n'est plus essentiellement
chanté; ajoutons cependant que la plupart de nos ré-
pons y sont conformes, comme chacun peut le consta-
ter. Raoul de Tongres (Prop. 12) et Durand de Monde
(L. V, c. 2.) qui nous faisaient déjà remarquer ces ré-
pétitions, en ont donné des explications mystiques un
peu forcées, à notre avis. Nous ne nous y arrêterons
pas.
Le Gloria Patri est ajouté au dernier répons de cha-
que nocturne. Cette doxologie ne fut introduite qu^un
peu plus tard, d'après Amalaire : « Non enim ab initio
cum cantabanfur ' responsor ia cantabatur Gloria,,.
Prisais temporibus non cantabatur Gloria post ver"
sunîy sed repetebatur responsorium,.. a modernis vero
apostolicis additus est hymnus Gloria Patri et Filio et
Sptriiui Sancto post versum. » {De ordin. Antiphon.
T. II« 20«
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354 LES ÉLÉMENTS DÉS HEURES CANONIALES.
c. 1, et 18.) Nous avons encore un vestige des anciens
rénons sans la doxologie, dans ceux du temps dé la
ion. Le B. Thommasi pense que ce rit fut emprunté
a liturgie romaine à la règle de saint Benoit, qui
nnait le Gloria Patri, au moins au 3* répons. Le
rième concile de Tolède, en 663, voulait aussi qu'on
citât, excepté aux offices de tristesse et de deuil, oîi
devait répéter le répons jusqu'au t. : « Ut in lœtis
atur Gloria^ in tristioribusrepetatur principium. »
i. IS.) C'est ce que la rubrique actuelle prescrit
re dans ce cas.
1 récitait d'abord tout le Gloria Patri ; puis, au
is dès le temps de Raoul de Tongres, on en re-
cha le Sicut erat, « Gloria Patri post Responsorium
\3B in libris antiquis requiritur intègre cantatum
\otam toni, sicut facimus post Introitum ; et quia
eris non plaçait totum cantariy ideo decise canta-
usque ad Sicut erat. » {De observât, canon. Prop.
5 Gloria Patrie ainsi ajouté au répons qui ter-
3 chaque nocturne, nous fait remercier Dieu des
es reçues dans cette partie de l'office. « In fine
tur Gloria Patrie dit Amalaire, ut de omnibus
s ac datis laudemus Creatorem. » (loc. cit.) C'est
i la remarque du Card. Bona. {Div Psalm. c. xvi,
, n. 2.)
s l^"" Dimanche de l'Avent ainsi que les jours de
et de Pâques, le l**" répons du i®' nocturne a aussi
bria Patri; n'est-ce pas en souvenir du rit ancien
on chantait la doxologie à chaque répons? On
it choisi ces trois jours, spécialement consacrés à
Sdemption, parce qu'on ne pouvait trop multiplier
Dtes de reconnaissance pour un si grand bienfait,
ae nous reste plus qu'à exposer la rubrique sur
épons, en y ajoutant les explications nécessaires.
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LES RÉPONS DES LEÇONS 355
Titre xxvii.
« 1. Les répons se disent à matines après les leçons,
c'est-à-dire qu'on lit un répons après chaque leçon, comme
on verra ci-après.
« 2. Aux fôte=) de neuf leçons (excepté celle des SS. Inno-
cents, quand elle tombe le dimanche) et tous les dimanches,
depuis l'octave de Pâques inclusivement jusqu'à l'A vent
exclusivement, et depuis le dimanche dansToctave de Noël
inclusivement jusqu'à la Septuagésime exclusivement,
on ne dit que huit répons; à la fin du troisième, du sixième
et du huitième, on dit Glorm Patri, en répétant une partie
du répons, ce qui se fait régulièrement à la fin du dernier
répons de chaque nocturne, à l'offîce soit de neuf soit de
trois leçons, excepté peniant le temps de la Passion où
l'on répète, à la place du Gloria Patri, le répons depuis le
commencement. Il faut excepter aussi l'oHice des morts, où
l'on remplace le Gloria Patri par Requiem xternam. Ce ver-
set Gloria Patri se dit, à certains jours, dans le premier
répons, comme il est marqué en son lieu. Ces jours-là, après
la neuvième leçon, quand il n'y a que huit répons, on dit
immidiatement l'hymne Te Deum.
La 9® leçon n*a pas de répons lorsqu'elle est suivie
du Te Deum, parce que celui-ci en tient suffisam-
ment lieu ; mais il y a toujours un 9® répons quand,
pour une raison que nous dirons bientôt, les matines
n'ont pas de Te Deum.
Le Gloria Patri des répons est retranché dans les
offices des morts et du Temps de la Passion, à cause
de leur caractère de tristesse et de deuil.
« 3. Aux dimanches de l'Avent, et aux dimanches depuis
la Septuagésime jusqu'au dimanche des Rameaux inclusive-
ment , ainsi que pendant les trois derniers jours de la se-
maine sainte, on dit neuf répons, parce qu'il n'y a pas
alors de Te Deum,
« 4. A l'office de trois leçons, quand c'est une fête, et aux
fériés du temps pascal, depuis le dimanche in Albis jusqu'à
l'Ascension (sauf le lundi des Rogations dont l'office a un
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M« LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
troisième répons) on dit deux répons, parce que le Te Deum
doit être récité après la troisième leçon. Ces répons se pren-
nent, pour les fêtes, au commun des saints ; et, pour les
fériés <lu temps pascal, quand ils ne sont pas spéciaux,
au dimanche où ils ont d'abord été placés, dans Tordre
suivant : Le lundi et le jeudi, le premier et le second
répons du premier nocturne ; le mardi et le vendredi, le
premier et le second répons du deuxième nocturne; le
mercredi, le premier et le second du troisième.
€ 5. Aux autres fériés, en dehors du temps pascal, comme
on ne récite pas le Te Deum, il faut dire trois répons
dans l'ordre suivant : le lundi et le jeudi, les trois répons
du premier nocturne du dimanche précédent auquel ils
avaient d'abord été assignés; le mardi et le vendredi, les
trois du second nocturne; le mercredi et le samedi, quand
on fait en ce dernier jour l'office de la férié, les trois répons
du troisième nocturne . Mais à ce troisième nocturne
depuis le troisième dimanche après la Pentecôte inclusive-
ment jusqu'à l'A vent exclusivement, il n'y a qu'un répons*
à prendre pour la semaine, le septième, (puisque le répons
Duo Seraphim ne se dit que le dimanche) ; c'est pourquoi
le mercredi et le samedi, quand on devra prendre les répons
au troisième nocturne, le premier répons sera le septième
du dimanche, et le second et le troisième, le second et le
troisième répons de la férié suivante; c'est-à-dire après la
seconde et la troisième leçon, on dit le second et le troisième
répons qui sont le deuxième et le troisième du lundi
suivant, s'il a des répons propres ; si au contraire il
n'en a pas, on dit le second et le troisième répons du
premier nocturne de ce diman-^he. De l'octave de l'E-
piphanie à la Septuagésime, il y a des répons propres
pour chaque férié, excepté le samedi où l'on dit, quand on
y fait l'office de la férié, le répons du mercredi. »
Le 8® répons de l'office des dimanches après la Pen-
tecôte est toujours Duo Seraphim, parce que le diman-
che est spécialement consacré à la très sainte Trinité,
dont ce répons célèbre la louange. L'Eglise, en effet, y
A réuni le cantique de$ Séraphius qu'entendit le .Pro-
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LES RÉPONS DES LEÇONS. 357
phète, « Duo Seraphim clamabant alter ad alterum * :
Sancttcs, Sanctus, Sanctiis, Dominus Deus Sabaoth * :
Plena est omnis terra gloriâ ejiis (Is. vi, 2 et 3), et
Taffirmation si belle et si explicite du profond mystère
par saint Jean : t. Très sunt qui testimonium dant in
cœlOy Pater, Verhum et Spiritus Sanctus : et hi très
unum sunt. (Joann. v, 7.)
« 6. On prend les répons à l'endroit où ils sont d'abord
placés, au commencement du mois ou du livre, et on les
répète les dimanches suivants de ce mois qui n'en ont pas
de spéciaux, ou bien, tant qu'on fait la lecture du
livre d'où ils sont tirés. Les répons assignés aux fériés,
dans la première semaine du mois, se répètent dans le même
ordre aux fériés des semaines suivantes, jusqu'à ce qu'on
en désigne de nouveaux. Quand il n'y en a pas de propres,
on les prend toujours aux nocturnes du dimanche, dans
l'ordre ci-dessus indi lué.
« 7. Si les répons du premier nocturne dominical où
ils sont placés pour la première fois, ne peuvent se dire
ce dim inche-là, à cause d'une fôte double qui survient, on
les place au premier jour de la semaine où l'on fait l'oiïice
de la férié, et on omet les répons propres que cette férié
pourrait avoir. S'il ne se trouve, dans toute la semaine,
aucun jour où rolTice soit de la férié, ces répons se placeront
la sem ine suivante, ou le premier dimanche libre, pourvu
qu'on n*ait pas à y reporter d'au très répons, sinon, ils sont
omis cette année-là. Quant aux répons assignés à certaines
fériés de la semaine, s'ils ne peuvent se dire le jour où ils sont
placés à cause d'une fête qui survient, on ne doit pas les
transférer à un autre jour, mais les omettre. »
Les répons du 1 ^' nocturne, dans Toffice du dimanche,
sont assimilés ici aux livres de l'Ecriture, parce qu'ils
sont ex raits généralement du livre qui compose huirs
leçons correspondantes, et qu'ils changent avec lui.
C'est pour(uoi on veut toujours, autant que possible,
que ces répons soient récités, de même qu'on doit
toujours réciter le commencement d'un livre sacré; de
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388 LBS ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
là les règles des deux n^* précédents. Ces règles ne
s'appliquent pas seulement aux dimanches qui suivent
la Pentecôte, mais encore à ceux de la Septuagésime
à Pâques, et à ceux de TAvent. (Guyet. 1. IV, c. 17, 9,
2 ; de Herdt, pars l\,De Responsoriis post Lect.)
«c 8. Pendant Je temps pascal, à la un du répons et avant
le verset, on ajoute alléluia. »
Il s*agit ici des répons qui n'auraient pas déjà d'«/-
leluia. On n*en ajoute qu'un, pour les distinguer des
répons brefs du même temps pascal, qui en ont
deux. Cet Alléluia doit être placé après le i^., et
non après le t. ou l'astérisque. Nous avons dit plusieurs
fois que l'Eglise aime à multiplier, dans le temps
Pascal, ce cri de joie et de reconnaissance venu du
ciel. Si le répons était déjà terminé par un ou plu-
sieurs Alléluia, on n'en ajouterait pas d'autre, et on
les réciterait comme ils sont marqués. Il y en a deux
dans l'office des apfttres et des martyrs du temps
Pascal, parce que cet office est plus triomphal que
celui des confesseurs et des vierges.
Nous devons ajouter quelques particularités sur les
répons.
1^ L'astérisque désigne la partie du répons qui doit
être 'répétée après le verset, et après le Gloria Patri^
quand on doit le dire. Il y a quelquefois 2 ou 3 asté-
risques ; dans ce cas, la répétition ne se fait que d'un
astérisque à l'autre, et non jusqu'au t., de sorte que la
1'® répétition va du premier astérisque au secpnd; la
seconde, du second au verset ou au troisième astéris-
que, s'il y en a trois. Cette règle nous est explicite-
ment indiquée dans le répons du 1" dimanche de
l'A vent, qui a trois astérisques, par le Rituel dans le
chant du Libéra qui en a deux, et par les décrets
suivants: 6 sep. 1834, 12 sep. 1840, et 7 déc. 1844.
2*^ On reprend quelquefois, après le Gloria Patri, le
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l
LES RÉPONS DES LEÇONS* 859
répons jusqu'au verset, ainsi, le !•' dimanche de
TAvent, les jours de Noël et de Pâques, et au Libéra
des défunts ; c'est pour donner plus de solennité à
ces répons et plus d'instance à la prière.
3° Le 8® répons, dans le commun de plusieurs mar-
tyrs, est, dans certains cas, changé en celui-ci : Bsec
est vera fraternitas,.. C'est lorsque Toffice a pour ob-
jet des frères selon la chair, et non pas seulement les
membres d'une même communauté, comme quelques-
uns le pensaient. (13 mars 180i, 25 août 1878.) Il
faudrait, pour cette dernière application de la rubrique,
un privilège spécial, comme l'ont obtenu les Frères Mi-
neurs. Si, parmi les martyrs de cet office, quelques-uns
seulement sont frères, on ne dit pas moins ce répons,
pourvu que les frères soient plus nombreux que les
autres ; c'est ce qui arrive pour l'office des Sept Frères
martyrs et des saintes Rufine et Seconde. {Brev. Rom.
10 juillet.) Il en serait de même, si les frères mar-
tyrs, en nombre égal avec leurs compagnons, étaient
nommés les premiers, parce qu'il s'agirait principa-
lement d'eux: ainsi, quand leur fête est renvoyée
après le temps Pascal, pour les deux frères saint Nérée
'et saint Achillée, qui ont le même office avec sainte
Domitille et saint Pancrace, tous martyrs. (12 mai.)
Telle est, pour ce dernier point, la doctrine de de Herdt,
fondée sur un décret du26 septembre 1706, et sur les
indications du missel, dans la messe de ces mêmes
saints, oîi le répons Bœc est vera fratemitas sert de
Graduel. L'office de saint Eustacheet de ses compa-
gnons (20 septembre) a bien deux frères martyrs pour
objet, puisque les compagnons du soldat chrétien
étaient son épouse et ses deux fils; mais il ne s'agit pas
principalement de ces derniers, le père étant surtout
l'objet de la fête; c'est pourquoi le 8« répons n'est pas
changé.
On connaît ce répons touchant en l'honneur des
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366 LBS ËLAMENTS DES HEURES CANONIALES.
martyrs qu'unissent encore ici les liens du sang versé
pour J.-C. Oui, ceux-là sont vraiment frères qui^ au
milieu des /dus terribles combats^ n'ont jamais souillé^
par la honte, leur sang fraternel, qui n'ont pas craint
de mourir ensemble, pour imiter et suivre leur maître
commun^ J.-C, ; plusieurs d'entre eux ont méprisé,
pour le royaume des cteux, les avantages dun palais ;
tous, les promesses dun tyran. Oh t qu'il est doux et
consolant dêtre encore ainsi unis et frères dans la
fidélité à Dieu et jusque dans le martyre/
i^ Le S** répons du commun d'un mirlyr est aussi
quehiuôfois remplacé par cet autre : Domine prasve-
nisti eum,.. C'est lorsque le héros est mort par suite de
mauvais iriâtements subis pour sa foi, mais non par
reflusion du sang. (18 janv. 1693.) Ainsi, les saints
Eusèba, Marcel, Jean, Silvère, Martin et Pontien,
comme on peut le voir dans les leçons du bréviaire ;
le répons ordinaire ne leur conviendrait pas.
5° L'office des Docteurs, presque en tout semblable
à celui des confesseurs, pontifes ou non, a aussi un
8® répons spécial; on y célèbre la doctrine et la sa-
gesse, la gloire et la récompanse de ces maîtres qui,,
éclairés du ciel, brillèrent avec tant d'éclat dans TE-
glise.
6* Les répons doivent être chantés de la manière
suivante: Deux chantres entonnent le répons, qui est
continué jusqu*au verset par le chœur. Ils chantent
ensuiti le verset, et le chœur reprend à l'astérisque. Le
Gloria Patri, quand il fait pa tiedu répons, est aussi
réservé aux chantres. Si le répons doit être répété en
entier, les deux chantres l'entonnent, et le chœur con-
tinue comme au commencement.
§ II. DES RÉF0M8 BREFS.
Le nom. — Le y. du répons bref à prime. — Les Alléluia. — Le
chant. — La. Rubrique.
On appelle répons brefs ceux qui se disent aux petites
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LES RÉPONS BREFS. à61
heures et à complies après le capitule. Le chœur y
répond au célébrant, et ils sont, déplus, composés de
parties qui se répondent entre elles. De là, leur nom
de répons auquel on ajoute le qualificatif de brefs ^ pour
les distinguer de ceux qui suivent les leçons, dit
Lohner, et aussi parce qu'ils sont plus courts en eux-
mêmes et duns leur notation.
Ce que nous avons dit plus haut sur Torigine, la
nature et le sens mystique des grands répons leur
convient aussi. Comme les premiers, ils s'inspirent
toujours de la fête ou du mystère. Chacun d'eux a le
Gloria Patriy parce qu'il n'y a qu'un répons aux pe-
tites heures, tandis que matines en ont trois pour chaque
nocturne. Déjà le quatrième concile de Tolède, en 663,
retranchait ce Gloria Patri dans les offices du temps
de la Passion, comme aux répons de matines, et pour la
même raison de tristesse.
Les petites heures et les complies des jeudi, vendredi
et samedi saints n'ont pas de répons brefs. On a
voulu, en signe de deuil, réduire le plus possible l'of-
fice de ces jours à sa forme primitive.
Les vêpres et les laudes n'ont jamais de répons
brefs, parce que l'hymne y suit le capitule et supplée
largement au but et à l'idée de ces répons.
Les répons brefs varient selon les offices, excepté à
prime et à complies où ils sont toujours les mêmes.
Les circonstances du temps où se disent ces heures,
dont l'une est la première et l'autre la dernière du
jour, l'emportent ici sur l'objet de la fête.
Celui de prime a cependant quelquefois Une petite
variante dans son t. : Qui sedes ad dexieram Patris. Ce
dernier change en effet souvent dans les offices de
N.-S. ou de la sainte Vierge. Ainsi, pour le temps de
TAvent : Qui venturus es in mundum, — pour Noël :
Qui natus es de Maria Virgine, — pour l'Epiphanie :
Qui apparuisti hodie^ — pour le temps Pascal : Qui
T. K. 21
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362 LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
sutrexisti a mortuis^ — pour TAscension : Qui scandis
super sidéra^ etc. et pour les offices de la sainte Vierge,
Qui natus es de Maria Virgine. Ces versets s'inspirent
alors, comme on le voit, de Tobjet de la fête qu'on a
voulu rappeler au commencement de prime par Pan-
tienne, à la fin par la leçon brève, et au milieu par
ce t. propre. Le changement doit se faire pendant
tout le temps liturgique ou toute Toctavedela fête aux-
quels il est assigné, quand même on ne ferait de
ceux-ci ni office ni mémoire. Mais, si l'office à faire
ces jours-là avait son verset propre, on laisserait le
premier; ainsi, pendant l'octave de l'Immaculée
Conception, on dit le t. Qui natus es, au lieu de celui
de l'A vent : Qui venturus es. L'office de ces fêtes étant
préféré, on doit lui conserver son verset à prime. (Bou-
vry.)
Il y a cependant deux exceptions : à l'office de la
fête appelée : Expectatio partes B. M, Virg., on con-
serve le t. de TAvent : Qui venturus es in mundum
(26 nov. 1735), et à celui de N.-D. des Sept Douleurs
on dit, au lieu du t. Qui natus es^ celui des offices de
la Passion : Qui passus es pro homine. — Quipassus
es propter nostram salutem ; le sens de ces versets si
approprié aux mystères de ces deux fêtes a motivé
l'exception.
Durant le temps Pascal, on ajoute à tous les répons
brefs, et par conséquent à ceux de prime et de compiles,
car la rubrique ne distingue pas, deux Alléluia après
le premier ^. et avant le premier t., et un seul après
ceux qui terminent. Les deux premiers Alléluia consti-
tuent ainsi la partie du i^. qu'il faut reprendre après
le premier t. Raoul de Tongres (Prop. 12) et saint
Benoît (c. 24) mentionnaient déjà cette addition pascale,
« dont la raison évidente, dit Gavantus, est la grande
joie que la brièveté du répons ne suffisait pas à ren-
dre, » (Sect. V, c. XIV. n. 5.) Le même motif n'existait
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LES RÉPONS BREFS. 363
pas pour les répons des nocturnes beaucoup plus
longs. Le t. et le ^. qui terminent n'ont qu'un seul
Alléluia, d'après la règle générale des t. et des i|f. pen-
dant le temps Pascal.
Il est des fêtes où, même en dehors du temps Pas-
cal, on ajoute ces Alléluia aux répons brefs de tierce,
de sexte et de none. Ce sont Noël, la Circoncision,
l'Epiphanie, le Saint-Sacrement, la Transfiguration, et
l'Invention de la Sainte-Croix : autant de fêtes de joie
pour l'Eglise et pour les âmes chrétiennes. L'addition ce-
pendant ne se fait pas alors aux répons brefs de prime
et de compiles, dont le sens général ne s'inspire pas
de ces fêtes. On a voulu aussi [les distinguer des ré-
pons brefs du temps Pascal.
Au chœur, deux choristes chantent jusqu'au premier
t/lei)^., qui est aussitôt répété par tous. Ils chantent en-
suite le t. et le chœur reprend le içi., à partir de l'as-
térisque. Les chantres poursuivent par le Gloria Patri,
quand il ne doit pas être retranché, et le chœur, lais-
sant le Sicut erat, reprend le ^, tout entier jusqu'au
premier verset. Le verset final et le i|f. sont chantés
alternativement par les deux chantres et le chœur.
Aux fériés de l'Avent et du Carême, quand on en
fait l'office, il n'y a qu'un seul chantre pour les répons
brefs.
La rubrique du titre XXVIII ne saurait offrir aucune
difficulté après les explications précédentes. La voici :
« 1. Les répons brefs se disent après le capitule à prime,
tierce, sexte et none, et à complies, excepté pendant les
trois derniers jours de la semaine sainte jusqu'à none du
samedi in Albis inclusivement. A prime et à complies^ ils
se disent toujours comme au psautier. Il en est de même
aux autres heures, quand c'est l'office d'un dimanche ou
d'une férié pendant l'année. Pendant l'avent, le carême^
le temps de la Passion et le temps pascal, on les dit comme
ils sont marqués au propre du Temps. Les jours de fêtes,
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364 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
quand il n*y en a pas de spéciaux, on les prend au commun
des Saints.
« 2. A la fin du répons bref, on dit Gloria Patri et on
répète le répons delà manière marquée dans le psautier à
prime, excepté au temps de la Passion, où le Gloria Patri
ne se dit pas à Toffice du Temps, mais où Ton récite seule-
ment le répons bref depuis le commencement. (L'exception
est inspirée par un motif de deuil et de tristesse,)
« 3. Au répons bref de prime, pendant TAvent, on dit:
Qui venturus es in mundum, au lieu de Qui sedes,,,, tant
aux dimanches et fériés, qu'aux fêtes, excepté à celle de
rimmaculée Conception de la Sainte Vierge et pendant
l'octave. De Noël à l'Epiphanie, même aux fêtes occurrentes,
le jour de la fête du Saint-Sacrement et pendant l'octave,
à tous les offices de la Sainte Vierge, soit de neuf, soit de
trois leçons, même aux fêtes ou aux dimanches qui tombent
dans ces octaves, on dit : Qui natus es de Maria Virgine,
Le jour de l'Epiphanie et pendant l'octave, et aussi le jour
de la Transfiguration : Qui apparuisti kodie. Depuis le
dimanche in Albis inclusivement jusqu'à l'Ascension exclu-
sivement, à l'office soit du Temps, soit des saints, excepté
à l'office de la Sainte Vierge : Qui surrexisti a mor-
tuis. De l'Ascension à la Pentecôte, exclusivement: Qui
scandis super sidéra. A la Pentecôte et aux autres temps de
l'année, soit à l'office, du temps, soit à celui des saints : Qui
sedes ad dexteram Patris, comme au psautier.
« 4. Les répons brefs des autres heures, placés au premier
dimanche de l'Avent, se disent pendant tout l'Avent, quand
on fait l'office du Temps. De même, ceux qui sont placés
au premier dimanche du Carême se disent jusqu'au diman-
che de la Passion exclusivement. Et ceux qui sont assignés
au dimanche de la Passion se disent jusqu'au jeudi saint ex-
clusivement. Ceux du dimanche in Albis se disent jusqu'à
l'Ascension exclusivement, et ceux d'une fête ayant octave,
pendant toute l'octave, quand on en fait l'office. A l'office
de la Sainte Vierge, soit de neuf soit de trois leçons, ex-
cepté le jour de l'Assomption, on dit toujours les répons
brefs du commun des Vierges. {Marie n* est-elle pas la reine
des Vierges 2)
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LE « TE DEUM ». 365
« 5. Pendant le temps pascal, depuis le dimanche in
Albis jusqu'au samedi après la Pentecôte inclusivement, à
la un du répons bref, et avant le premier verset, on dit
deux Alléluia qu'on répète après ce même verset pour rem-
placer la partie du répons omise ; à la fin du second verset on
dit un seul Alléluia^ à l'office du Temps et à celui des saints,
comme il est marqué à la rubrique du samedi m A lois. En
dehors du temps pascal, bien qu'à certaines fêtes on ajoute
Alléluia aux répons brefs de tierce, de sexte et de none,
on ne le fait pas néanmoins à prime ni à compiles.
Art. VI. Le « Te Deum ».
Son rôle dans l'office divin. —- Sa beauté. — Son auteur. — La
rubrique. — Principes liturgiques.
Le Te Deum esta l'office divin ce que l'hymne angéli-
que est à la sainte messe t nouveau rapport entre eux
de ces deux actes principaux du culte. Dès le début du
Sacrifice, en effet, le Gloria in excelsis nous unit aux
anges pour louer Dieu, et surtout le Verbe, au sujet des
mystères de la Rédemption qui yont se renouveler à
l'autel ; et le Te Deum, dès la première heure de l'office,
est une louange et une action de grâces à la Trinité
sainte et au Verbe incarné qui, par l'office divin, nous
font participer aux fruits rédempteurs. Aussi ces deux
hymnes sont-elles comme inséparables dans la liturgie;
le Gloria in excelsis est récité à la messe quand les
matines ont eu leur Te Deum. Ces deux chants sont
dignes en effet l'un de l'autre, et le dernier ne le
cède en rien au cantique des anges. Quelle prière a
jamais trouvé des accents plus solennels? Où donc
l'admiration, la louange et la reconnaissance ont-elles
revêtu une expression plus sublime? « Ce n'est pas
une composition, dit M. de Maistre, c'est une effusion f
c'est une poésie brûlante, affranchie de tout mètre;
cest un dithyrambe divin, dû à l'enthousiasme, volant
de ses propres ailes, méprisant toutes les ressources
de l'art. Je doute que la foi, l'amour, la reconnaissance
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9H LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES*
aient ptiië jamais de langage plus vrai et plus péné-
trant. » {Soirées de Saint-Pétersbourg. Entret, VII.)
Comme le Gloria in excelsisy le Te Deum a deux
parties bien distinctes et de même nature. La première,
depuis le commencement jusqu'à ces mots: Tu Rex
ffloriœ, Christe, s'adresse d'abord à la sainte Trinité
dont elle exalte, en union avec les anges, les apôtres,
les prophètes et les martyrs, l'unité substantielle et les
divins -attributs, entre autres: la sainteté, la toute-puis-
sance, le domaine souverain. Cette première partie loue
ensuite et célèbre, en union avec toute l'Eglise, le Père
dans son infinie majesté, le Fils dans sa génération
éternelle, et l'Esprit sanctificateur. La seconde partie
a tout spécialement pour objet le Verbe et ses princi-
paux mystères : l'Incarnation et la Rédemption, sa
sortie du tombeau et son Ascension au ciel, son règne
sans fin à la droite du Père et son dernier avènement
pour juger le monde. De là les supplications pressantes
qui suivent, pour que J.-C. , en nous faisant participer
aux bienfaits de son sang, nous introduise dans le glo-
rieux séjour des élus, après nous avoir sanctifiés ici-bas
et conduits, comme un bon Pasteur, jusqu'au but éter-
nel. Nous promettons, en retour, de louer et de servir
sans cesse le Seigneur, lui demandant, à cette fin, sa
grâce pour la journée qui commence, et implorant une
dernière fois la bonté de son cœur, pour lequel nous fai-
sons profession d'une confiance sans bornes et qui ne
sera jamais déçue. Tel est le Te Deum avec ses beaux
sentiments.
Mgr Cousseau, mort évêque d'Angoulème, en fait
ainsi l'analyse littéraire : « Le Te Deum n'est pas en
vers proprement dits : il est composé de versets sans
mesure fixe. Mais, s'il n'a point cette harmonie régu-
lière de Virgile et d'Horace, il en a une autre plus
large, qui consiste dans la convenance et le rapport
exact des mots, de leur son et de leur mesure avec les
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LE « TE DEUM ». 367
idées qu'ils expriment. Qui pourrait méconnaître ce
genre d'harmonie dans ces fins de versets si graves
et si solennelles : Omnis terra veneratur,,. universœ
Polestates ? Quel bel effet ne produit pas le mélange de
Tiambe rapide avec le grave spondée dans cet admi-
rable tableau des chœurs célestes, des apôtres, des
martyrs, chantant, de concert avec TEglisede la terre,
la gloire du Père éternel : Te gloriosus Aposlolorum
chorus... Te Martyrum candidatus... Te per orbem
terrarum!,... Et, après C3tte magnifique énumération
de tout ce qui rend hommage à la majesté de Dieu,
ne Voit-on pas paraître cette immense majesté elle-
même dans ce verset de trois mots seulement, mais
composé tout entier de syllabes longues : Patrem im-
mensâs majestalis ? Ce ne sont pas les formes régulières
de la poésie latine, mais ce sont les formes plus libres
de la poésie hébraïque, de cette poésie de David et
d'Isaïe, telle qu'elle éclate encore dans la version des
Septante, et jusque dans la Vulgate. » {Mémoire sur
le Te Deum *.)
Quel est l'auteur de cette hymne appelée par le car-
dinal Bona, un cantique divinement composé. On a cru
longtemps, et plusieurs, parmi lesquels Darras, le
croient encore aujourd'hui, qu'elle fut composée par
saint Ambroise et saint Augustin, après que celui-ci eut
reçu le baptême. Transportés de reconnaissance, l'un
pour la grâce ineffable du sacrement, et l'autre pour la
conquête que l'Eglise venait de faire ainsi sur les Mani-
chéens, ils auraient tous deux, par une inspiration sou-
i. Mgr Gousseau était alors chanoine de la cathédrale de Poi-
tiers. L'opuscule en question (1839) lui donne une place dans
Phistoire de la liturgie. L'auteur fit paraître l'année suivante
un second mémoire sur Vancienne liturgie du diocèse de Poi-
tiers^ et sur les monuments qui nous en restent : travail remar-
quable, où Ton regrette certains préjugés du temps en faveur
des liturgies gallicanes.
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368 LBS ÉLÉMBNTS DBS HEURBS GANONIALBS.
daine, exprimé Jes sentiments qui se pressaient dans
leurs âmes. Telle fut d'abord l'opinion commune, à
laquelle souscrivit Suarez. De là le titre donné au Te
Deum : Hymne de saint Ambroise et de saint Augustin^
qui se trouve encore dans le bréviaire après matines.
«On ne peut avoir pour appuyer ce titre, dit D. Guéran-
ger, que des conjectures et une possession qui n'est
pas très ancienne. » {Instit, Liturg. T. I, p. 115.) La
chronique attribuée à saint Dace, archevêque de Milan
au VI* siècle, sur laquelle repose surtout cette opinion,
est en effet d'origine plus récente. Mérati prouve lon-
guement, d'après Muratori et D. Mabillon, quelle est
de Landulphe le Vieux, historiographe de Milan au
XI* siècle *. (Sect. V, c. vu, de hym. Te Deum.)
1. Voici le texte de cette chronique, telle que nous la trouvons
dans l'histoire de Landulphe publiée par le célèbre Muratori
(tom. 4. Script rerum Italie) : < Eodem temporecontigit ut qui-
dam sapiens, tamen errore Manichseorum seductus, nomine Au-
gustinus, argumentis dialecticse armatus, et postea Dei Fidelis
et Catholicus vivens Episcopus, eùm in Ecdesiâ hyemali^ non ord'
tionis curiositate neque secundum causam utilem videndi et au-
diendi Dominici mysteriif sed reprehendi gratià^ B, Ambrosium
de Incamatione Domini ad populum invenisset tractantem et prœ-
dicantem, oblitus sui et suarum omnium cogitationum, pollens
et tremenSf omnibus qui erant et videntibus, obriguit, Qmn etiam^
finitâ admonitione quam ad populum Ambrosius ministrabat^
privatim Augustinus pervenit; at B, Ambrosius, cognitâ ejus
scientid patefactâque ejus disciplina quid in arte valeret,
qualiter in fide catholicâ dissentiret, et pei* Spiritum Sanctum
cognoscens, qualiter que Fidelis et Catholicus futurus es set, pla-
cidissime et multum cfiàritative eum suscepU,,, Tandem nutu di-
vino non post multos dies, sicut multi,, videniibus et sibi consen-
Hentibus, palam observaverunt, sic in Fontibus qui B* Joannis ads-
cribuntur, Deo opitulante, a B. Ambrosio, cunctis fidelibus hujms
urbis adstantibus et videniibus, in nomine sanctas et individus
Trinitatis baptizatus et confirmatus est. In quibus fontibus, prout
Spiritus Sanctus dabat eloqui illis, Te Deum laudamus decantau'
tes, cunctis qui aderant audientibus et videntibus, simulque mi-
rantibus, id posteris ediderunt quod ab universà Ecdesiâ Catho-
liùi usque hodie tenetur, et religiose decantatur, et quasi ditaii
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LE «TE DEUM» '369
Comment saint Augustin, en nous racontant son bap-
tême dans le livre de ses C on fessions (ix, 6), n'aurait-
il pas mentionné cette circonstance à la fois solennelle
et touchante? Aussi, pour ces raisons et surtout parce
que, dès le temps le plus ancien, Thymne était ap-
pelée Ambrosienne^ D. Martène (c.//, adReg.S. Bened.),
Lohner (Instrtœi. pracL deofil. div, pars 2. tit. I. §. 11),
Gavantus et d'autres encore attribuent le Te Deum
à saint .Ambroise seul ; mais l'antique appellation
à'hymnus ambrosianus ne prouverait pas absolument
lathèse, selon la remarque de Merati, parce qu'on nom-
mait ainsi toutes les hymnes, composées ou non par le
saint Docteur; ce fait est confirmé par le savant Schul-
ting{Biblioth. ecclesiasL^ pars 2, c. sect. 2,c. 7.) et par
Walafrid Strabon. {De rébus ecclesiast. c. 25.) Cette
hymne en prose, du reste, comme le dit avec raison
D. Guéranger, n^a rien de commun avec les véri-
tables hymnes de saint Ambroise, qui sont mesurées.
On a donné d'autres auteurs au Te Deum, parmi
lesquels le plus connu est saint Hilaire de Poitiers. Mgr.
Cousseau, dans Topuscule cité, a fait, en faveur de
ce dernier, une thèse qui a pour base surtout le
témoignage d'Abbon de Fleury (x« siècle) et certaines
analogies entre le langage du saint Docteur de Poitiers,
et les accents du Te Deum. « Cet opuscule, dit D. Gué-
ranger nous a semblé très insuffisant pour démontrer
la thèse difficile que l'auteur s'est proposée. » {lac.
cit.) Merati, en terminant sa longue dissertation,
inclinerait à penser que l'auteur pourrait bien être
saint Hilaire d'Arles ou un ancien moine de Lérins,
parce que les derniers versets semblaient indiquer que
l'hymne était destinée à matines. Mais il n'en con-
clut pas moins que nous sommes sur ce point dans
multis divitiis et inestimabilibtis margaritis,mutuo in Deo lœtantes,
et cum gratiarum actione cibum sumentes, lœtati sunt et gaudio
magno gavisi in Domino confortati sunt. »
T. M 21,
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370 LÉS ÉLËMENTS DBS HEURES CANONIALES.
une incertitude complète. Ainsi pensons-nons, après
D. Guéranger et plusieurs autres auteurs. « Il est
fortement douteux, dit Tabbé Jos. Schmid, dans son
Précis dePatrologie, si le cantique ambrosien : Te Deum
laudamuSy provient effectivement du saint Evêque de
Milan. » (S. Amb.) Darras ici est trop sévère et exagéré.
« Malgré les efforts de la critique moderne qui veut tout
détruire, dit-il, la tradition constante de l'Eglise a tou-
jours rattaché l'origine du Te Deum à ce grand fait de
rhistoire ecclésiastique (le baptême de saint Augus-
tin). Pour notre part, nous maintenons la tradition, et
nous déclarons qu'on n*a point encore produit d'argu-
ment sérieux qui autorise à l'abandonner. » (T. 10,
p. 853.)
Si l'auteur du Te Deum nous est inconnu, cette
hymne n'en est pas moins d'une grande beauté et d'une
origine ancienne. « Elle remonte, dit D. Guéranger à
une antiquité voisine de saint Ambroise, puisqu'elle est
citée dans la Règle de saint Benoit, qui a dû être écrite
dans la moitié du sixième siècle. » Le saint Fondateur,
en effet, dit expressément : Postquartum fiesponsorium^
incipiat Abbas TeDeumlaudamus,.. (Reg, c. ii.) Mais
avant lui samt Césaire d'Arles, successeur de saint Hi-
laire (500), avait introduit déjàle Te Deum dans l'office
divin. Merati croit qu'il en a parlé le premier.
Voici maintenant comment s'exprime la Rubrique
sous le Titre XXXI.
« 4. L'hymne Te Deum se dit à toutes les fêtes de Tannée,
soit de trois, soit de neuf leçons, et pendant leurs octaves.
Il faut excepter la fête des SS. Innocents, à moins qu'elle
ne tombe le dimanche, mais la fête seulement, et non le
jour octave. Le Te Deum se dit encore tous les dimanches,
depuis Pàquesinclusivement jusqu'à TA vent exclusivement,
et de Noël inclusivement à la Septuagésime exclusivement,
ainsi qu'à toutes les fériés du temps Pascal, depuis le ôU
manche in Albis jusqu'à l'Ascension, le lundi des Roga-
tions excepté.
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LB « TE DBUM ». 374
« 2. Mais on omet cette hymme les dimanches de i'Avent,
et ceux depuis la Septuagésime jusqu'au dimanche des Ra-
meaux inclusivement, ainsi qu*aux fériés en del
temps Pascal.
« 3. Le neuvième ou le troisième répons est rc
lorsqu'on dit le Te Beum; cette hymne suit alor
diatement la dernière leçon.
« 4. Quand on ne doit pas le dire^ il faut le re
par le neuvième ou le troisième répons, après U
commence aussitôt les laudes. Celles-ci suivent d
immédiatement le Te Deum, quand on le dit,
la nuit de Noël, où Ton récite alors Toraison, suivie
de la messe, comme il est marqué en son lieu. »
LeTeDeum se récitedonc àla fin de matines :
de louange et de reconnaissance, qui avait s
marquée entre Toffice nocturne et celui de Taui
Tous les offices ne l'ont pas. Au ix* siècle, c
disait, à Rome, qu'à ceux des Pontifes, d'après
laire. {Prolog, de ordin. Antiph,) Le Microîogi
apprend qu'au xi® siècle, on le récitait tous les (
ches et aux fêtes de neuf leçons, excepté toute
la Septuagésime à Pâques et pendant l'Avent.
46 et47.j Innocent III, au xiii* siècle, rappela
ne fallait pas dire le Te Deum aux quasi-fêtes :
profestis dicendum {de celebr. Miss, c. conc
c'est-à-dire, comme l'explique Raoul de Tongr
fêtes simples. {Prop, 13.) Les jours exceptés maii
par la rubrique sont ceux de tristesse et de péri
ou encore ceux qui n'ont pas de solennité ; V
était trop joyeuse et trop solennelle, dit Gav
« Plenus IstitiSy et ideo in prœdictis omittitur.
On ne le dit pas non plus aux offices des mort
la même raison de tristesse.
Le célébrant, revêtu de la chape, entonne le Ti
qui lui est annoncé ; distinction que demandait
ractère de l'hymne.
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372 LB8 ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
Les deux chœurs la continueut ensuite alternative-
ment» séparant aussi les Sanctus. (2 mai 1801.)
L'orgue peut alterner avec le chœur ; mais celui-ci
doit toujours chanter le t. Te ergo quœsumus {Cx-
rem. episc, L I, c. xxviii, § vi.), supplication touchante
qui devait être explicitement formulée. L'instrument
peut accompagner ce verset comme tous les autres.
(Gajetan. Comment, in | VI. n. III.)
Le chœur est debout pendant le chant du Te Deum
comme pour les hymnes, excepté au verset Te ergo
quœsumusy qui demande la posture des suppliants.
Pendant que l'orgue alterne avec le chœur, une
voix doit réciter intelligiblement les versets qui ne
sont point chantés : Sed advertendum erit ut, quando-
qiieper organum figuratur aliquid cantari seu respon-
deri alternative..., abaliquo dechoro intelligibile voce
pronuntietur id quod ab organo respondendum est.
(Cœrem. Episc. loc. cit. § vu.)
Art. VU. Les cantiques.
Outre les psaumes, élément constitutif de toutes
les heures canoniales et dont nous avons parlé pour
cela dans le premier chapitre, les laudes, les vêpres
et les complies ont de plus des cantiques qui leur
sont exclusivement assignés.
Ces derniers, dans le langage liturgique, sont des
hymnes sacrés, assez semblables aux psaumes pour la
configuration ; chants de reconnaissance pour la plu-
part et que nous ont aussi transmis les saints livres. •
Eutychimus, savant moine basilien [du xii* siècle,
nous apprend, après plusieurs Pères anciens, que, chez
les Hébreux, les psaumes étaient chantés sur des ins-
truments, sur la harpe surtout, et les cantiques par le
seul concours de voix humaines. {Comment, in Psalm.)
Moïse est le premier auteur des cantiques. (Exod, xv.)
Il y en a plusieurs dans l'Ancien Testament; la plupart
sont eucharistiques^ ou une action de grâces : ainsi,
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LES CANTIQUES. 373
celui de Moïse après le passage de la mer Rouge, de
Débora après la mort de Sisara, de Judith après celle
d'Holopherne, des trois enfants dans la fournaise, etc.
D'autres sont prophétiques j celui d'Isaïe, par exemple,
qui, sous la parabole d'une vigne bien-aimée , prédit
les malheurs de son peuple autrefois si fidèle (c. v.),
et celui d'Habacuc qui, pour consoler les Juifs, leur an-
nonçait le Messie Rédempteur, (c. m.) Les autres enfin
sont impétratoireSy comme celui où Moïse appelait sur
les rebelles ingrats les vengeances du ciel et de la terre.
Le Nouveau Testament a aussi ses cantiques: celui
delà très sçiinte Vierge, après queTAngelui eut annoncé
sa maternité divine {Luc^ i) ; celui de Zacharie, quand
la parole lui fut rendue à la naissance de saint Jean-
Baptiste (/rf. i); et enfin celui du saint vieillard Siméon.
(/rf.2.)
L'Eglise a voulu enrichir sa prière de [ces canti-
ques, et elle en a choisi dix des plus beaux.
Voici la rubrique sur ce point (Tit. XXIII.) :
« 4. A Toffice du Temps, dimanche et fériés, on dit les
cantiques à laudes, à vêpres et à compiies, suivant Tordre
marqué dans le psautier.
« 2. Aux fêtes et au temps Pascal, on dit toujours à lau-
des le cantique Benedicite, comme le dimanche; à la fin
on n'ajoute pas, comme aux autres cantiques, le Gloria
Patri et on ne répond pas Amen. Ceux des fériés, indiqués
au psautier, ne se disent qu'à l'office férial, en dehors du
temps pascal.
« 3. Les cantiques ^ônerfic^i/5. Magnificat etNunc dimit-
tis se disent toujours à leur place, comme au psautier. »
Parmi les cantiques choisis par TEglise pour l'office
divin, sept appartiennent à l'Ancien Testament, et
sont nommés pour cela cantiques anciens par le card.
Bona; les trois autres se trouvent dans le saint Évangile,
d'où leur nom de cantiques évangéliques *.
h . Le grand Corneille a traduit en vers les trois cantiques
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374 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
§ I. — CANTIQUES ANCIENS.
L'heure des laudes leur fut assignée, et dous les
trouvons toujours entre le 3® et le 5* psaume. L'Eglise,
voulant avec raison introduire les plus beaux canti-
ques de l'Ancien Testament dans son office, a choisi les
laudes, parce qu'elles sont consacrées plus spécialement
à la louange, et que les cantiques sont généralement
eucharistiques; mais les psaumes devaient avoir la
prépondérance, et c'est pourquoi les cantiques sont pla-
cés entre le 3® et le 5«, comme pour ne faire qu'un
avec eux. Chaque férié a le sien dans l'office du Temps,
pour donner ainsi place à un plus grand nombre. Le
Benedecite, réservé au dimanche, est conservé dans
les offices des fêtes et du temps Pascal, à cause de son
caractère particulier, que nous étudierons bientôt.
Voici comment ces cantiques anciens sont distribués
dans les fériés et les différents offices : Benedicite omnia
opéra Domini Domino, pour le dimanche, les jours de
fêtes et le temps Pascal. — Confitebor tibi, Domine,
pour le lundi. — Ego dixi: in dimidin dierum meo-
rum, pour le mardi. — Exultavit cor meum, pour le
mercredi. — Canîemus Domino, pour le jeudi. — Do-
mine^ audivi çuditionem tuam, pour le vendredi, —
Audite, cœli, qum loquor^ pour le samedi.
19° 1. — Le cantique du dimanche et des fôtes.
« Benedicite omnia opéra Domini Domino. (Daniel c. m, 57-88.)
C'est le cantique des trois jeunes Hébreux dans la
fournaise, quand ils virent la flamme respecter jusqu'à
leurs vêtements et se transformer pour eux en rosée
bienfaisante: fait miraculeux qui nous est raconté
avec tous ses détails dans le livre de Daniel, (c. m.)
C'est aussi le plus beaudes cantiques de l'Ancien Testa-
ment, appelé celeberrimum par Merati, et par les an-
évangéliques, celui des enfants dans la fournaise et cinquante
psaumes. (Voir ses (Euvres diverses,)
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LES CANTIQUES ANCIENS. 375
ciens : Taction de grâces par excellence, Benedictiones.
Jamais, en effet, après le Magnificat, la reconnaissance
n'emprunta des accents plus vifs, plus spontanés, plus
ardents. A la vue de ces flammes actives qui les entou-
raient de toutes parts sans les atteindre, et dont ce-
pendant le premier contact avait tué les bourreaux; à
la vue de l'ange qui excitait autour d'eux un souffle ca-
fratchissant et répandait sur leur tête une douce ro-
sée, les trois enfants ne savent comment exalter la
puissance et la bonté de leur Dieu qu'ils voulaient ser-
vir aux dépens de leur vie. Us invitent toutes les créa-
tures à louer avec eux et pour eux le Seigneur : les
anges et tous les habitants des cieux; les nuées qui fé-
condent la terre et les énergies que Dieu a partout ré-
pandues dans la nature ; le soleil, la lune et tous les as-
tres qui les accompagnent; les pluies et les rosées bien-
faisantes ; les vents impétueux et les violentes tempêtes;
la chaleur et les feux de l'été, le froid rigoureux qui
semble brûler les campagnes; la rosée et les bruines; la
froidure et la gelée; les glaciers et les neiges; la beauté
du jour et Thorreur de la nuit ; la lumière et l'obscu-
rité, la foudre étincelante et les sombres nuages; tous
les phénomènes en un mot qui nous viennent des cieux.
Puis, la terre et toutes ses richesses; les collines et les
montagnes, avec leur belle végétation et celle des plai-
nes ; les sources jaillissantes, les mers et les fleuves
majestueux; les monstres marins et tout ce qui se
meut dans les eaux, les oiseaux si nombreux du ciel ;
les animaux domestiques et les bêtes sauvages; les
hommes enfin; toutes les beautés de la terre, en un
mot, avec ses habitants. Mais parmi les hommes, il
en est dont la louange est plus agréable à Dieu, et
les enfants de la fournaise les invitent tout parti-
culièrement : c'est le peuple choisi d'Israël ; ce sont
les prêtres des autels et les vrais serviteurs de Jého-
vah; les cœurs et les intelligences des justes, des
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376 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
saints, de ceux surtout dont Phumilité plus grande
plait davantage au Seigneur. Après quoi, les trois
5 héros s'unissent avec transport à cette louange
rselle de la terre et des cieux K
oici la traduction de Pierre Corneille :
)uYrages du Très-Haut, effets de sa parole,
Bénissez le Seigneur ;
It jusqu'au bout des temps, de Tun à l'autre pôle,
Exaltez sa grandeur.
LDges qui le voyez dans sa splendeur entière,
Bénissez le Seigneur;
lieux qu'il a peints d'azur, et revêt de lumière,
Exaltez sa grandeur.
Saux sur le firmament par sa main suspendues.
Bénissez le Seigneur ; .
'ertus> par sa clémence en tous lieux répandues^
Exaltez sa grandeur.
oleil, qui fais le jour, lune, qui perces l'ombre.
Bénissez le Seigneur ;
Itoiles, par vos feux comme par votre nombre,
Exaltez sa grandeur.
rouillards, féconde pluie, et vous, douce rosée.
Bénissez le Seigneur;
ents à qui notre terre est sans cesse exposée.
Exaltez sa grandeur.
eux dont la douce ardeur ouvre et pare la terre,
Bénissez le Seigneur;
roids dont l'âpre rigueur la ravage et resserre,
Exaltez sa grandeur.
dmirables trésors de gelée et de glaces,
Bénissez le Seigneur;
3ur qui nous fais tout voir et nuit qui tout effaces,
Exaltez sa grandeur.
énèbres et clartés, dans vos constants partages.
Bénissez le Seigneur ;
rmes de la colère, éclairs, foudres, orages,
Exaltez sa grandeur.
erre, que son vouloir enrichit ou désole.
Bénissez le Seigneur;
t jusqu'au bout des temps, de l'un à l'autre pôle,
Exaltez sa grandeur.
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LES CANTIQUES ANCIENS. 377
L'Église, pour abréger ce cantique a retranché pres-
que à tous les versets la seconde partie : Laudate et
superexaltate eum in smcula^ ce qui réduit à 19 ver-
sets seulement le nombre de 33 que nous trouvons
dans la Bible. Entre le 18' et le dernier, la liturgie en
Monts sourcilleux et fiers, agréables collines,
Bénissez le Seigneur;
Doux présents de la terre, herbes, fruits et racines,
Exaltez sa grandeur.
Délicieux ruisseaux, inépuisables sources,
Bénissez le Seigneur ;
Fleuves et vastes mers qui terminez leurs courses,
Exaltez sa grandeur.
Poissons qui sillonnez la campagne liquide,
Bénissez le Seigneur ;
Hôtes ailés des airs, vous qui peuplez leur vide.
Exaltez sa grandeur.
Animaux que son ordre a mis sous notre empire,
Bénissez le Seigneur;
Hommes, qu'il a faits rois de tout ce qui respire,
Exaltez sa grandeur.
Israël qu'il choisit pour unique héritage,
Bénissez le Seigneur ;
Et d'un climat à l'autre, ainsi que d'âge en âge,
Exaltez sa grandeur.
Prêtres, de ses bienfaits sacrés dépositaires.
Bénissez le Seignear ;
Partout prêchez sa loi, célébrez ses mystères.
Exaltez sa grandeur.
Ames justes, esprits en qui la grâce abonde,
Bénissez le Seigneur ;
Humbles, si méconnus, si dédaignés du monde,
Exaltez sa grandeur .
Mais sur tous, Misael, Ananie, Azarie,
Bénissez le Seigneur ;
Et tant qu'il lui plaira vous conserver la vie.
Exaltez sa grandeur.
Bénissez tous le Père, et le Fils ineffable,
Avec TEsprit divin;
Rendons honneur et gloire à leur être immuable,
Exaltons-le sans fin t.
(CEttvre* diverses.)
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378 LBS ÉLfiMBNTS DBS HBURES GANONIALBS.
a intercalé un nouveau qui est étranger au texte sacré :
Benedicamus Patrem et Filium cum Sancto Spiritu ;
laudemus et superexaltemus eum in ssecula ; c'est la
doxologie qui termine aussi les psaumes, mais ici sous
une formule différente plus en harmonie avec la confi-
guration des autres versets. Le dernier : Benedictus es,
Domine Jn firmamento cœli; et laudabiliSy et gloriosus
et superexaltatus in sœcula^ est, à peu de chose près,
le 56® qui, dans le chapitre m de Daniel, précède im-
médiatement le cantique des trois enfants, à l'endroit
où l'Eglise l'a pris pour son office. Dans la Bible, en
effet, le cantique commence au verset 52 : Benedictus es
Domine Deus Patrum nostrorum. Par ce verset et les
quatre suivants, les jeunes Hébreux expriment directe-
ment à Dieu leur reconnaissance, et c'est là comme la
première partie de cantique ; puis à partir du 58® jus-
qu'à la fin, ils invitent toute créature à s'inspirer de
leurs sentiments, comme nous l'avons vu. L'Eglise n'a
emprunté pour son office que cette seconde partie, en
la terminant toutefois par le t. 56 qui résume à la fois
la première et tout le cantique.
Mais, dira-t-on, pourquoi convier ainsi les créatures
dénuées de raison à une louange qu'elles ne sauraient
rendre elles-mêmes? Quel sens peuvent bien avoir ces
paroles ? Saint Augustin nous répond que les créatures
sont une manifestation des attributs divins et qu'elles
font ainsi louer Dieu à qui sait les comprendre : « Cum
ab intelligentibus considerantur^peripsa laudaturDeuSy
et cum per ipsa laudatur Deus^ quodammodo et ipsa
laudant Deum, » {In Ps. cxlxiii.) Or le cantique nous
fait désirer, par cette invitation chaleureuse, qu'il en
soit ainsi. « Mais de plus, dit Lessius, il ne nous est
pas inutile de désirer aussi que la nature entière loue
pour nous et avec nous le Seigneur, qu'elle le bénisse
et lui rende grâces. Ces désirs sans doute, en soi inef-
ficaces, ne laissent pas d'être grandement méritoires,
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LES CANTIQUES ANCIENS. 379
parce qu'ils sont le signe de notre reconnaissance et
de notre ardent amour pour Dieu. » {De perfect. Divin.
XII, XIX, 168.)
Tel est donc ce cantique si beau qui servit de fil
conducteur à Mgr de la Bouillerie dans la composition
de son livre suave sur le Symbolisme de la nature :
«Fil d'or, en vérité, dit-il, hymne sublime où leprophète
réunit toutes les œuvres de la création en un immense
concert pour bénir le Très-Haut. » (Introd. p. 15.)
Aussi TEglisenous fait-elle réciter ce cantique aux lau-
des dudimanchequiavu commencer l'œuvre de la créa-
tion, et à celles. de tous les offices qui ont un caractère
de fête. Il est facile de voir que notre action de grâces
après le saint sacrifice peut y puiser de nobles élans.
(Voir le T. II, de la messe, p. 313 et suiv.)
Le cantique n'a pas de Gloria Patri parce que le
t, Benedicamus Patrem en tient lieu.
Le chœur cependant ne se découvre pas à ce verset,
et n'est pas tenu de le chanter, s'il alterne avec l'orgue,
parce que ce n'est pas une doxologie proprement dite.
Nous ne saurions trop nous unir, en répétant ce can-
tique, aux sentiments de foi, de reconnaissance et d'a-
mour qu'il exprime si bien. Ces désirs véhéments des
trois jeunes Hébreux embrasaient l'âme de saint Fran-
çois d'Assise et lui ont inspiré son beau cantique du
soleil ou r hymne de la création : « Tout rempli des
idées et des sentiments du cantique sacré, il invitait,
dit saint Bonaventure, les fleuves et les mers, les mon-
tagnes et les vallées, les prairies et les troupeaux de
bêtes, les hommes et les anges, à louer leur Créateur ;
et il demeurait au centre de ce concert comme un mu-
sicien inspiré, résumant dans son âme toutes les su-
blimes harmonies. » (Leg, S. Francisco c. ix.) « Hé-
las, mon Dieu, s'écriait M. Olier, combien de fois m'avez-
vous fait éprouver tous oes désirs ! Combien de fois
m'avez-vous donné ce zèle d'avoir cent mille et cent
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380 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
millions de cœurs pour y répandre le sentiment de
votre amour !... Mon grand souhait, Seigneur, c'est
que vous soyez honoré, glorifié, vénéré par toute créa-
ture.... Je voudrais, ô mon Tout, que toutes les créa-
tures fussent converties en langues pour vous bénir
et vous louer !... » {Sa vie, tome II.) Le Père Cépari,
auteur de la vie de sainte Madeleine de Pazzi, nous
raconte que Dieu daigna répondre un jour à la sainte
qui lui demandait en quoi le Benedicite opéra Domini
pouvait contribuer à sa gloire : « Ma fille, quand on
prononce ces paroles avec ferveur, et que, du fond du
cœur, on appelle toutes les créatures pour me louer,
c'est à mes yeux comme si elles s'unissaient réellement
pour me bénir : la louange d'un seul équivaut devant
moi à la louange de tous. »
N<» 2. Les Cantiques des Fériés.
I®. LUNDI.
Le cantique d'Isaïe. — Confitebor tibi Domine (Is. xii.)
Dans la délivrance de la captivité qui apparaît à son
regard prophétique, Isaïe voit celle du genre humain
par le Messie, et remercie déjà le Seigneur pour les
bienfaits de la Rédemption. L'Eglise a fixé ce cantique
au lundi, ou seconde férié de la semaine. Nous ne
rapporterons pas ici la raison donnée à ce choix par
Durand de Mende et qui nous paraît d'un mysticisme
outré. (L. V, c. 4, n. 23.) Après avoir béni le Sei-
gneur pour les œuvres de la création dans le canti-
que Benedicite du dimanche, la liturgie nous invite
le jour suivant à le remercier pour l'œuvre de la
Rédemption qui est une création nouvelle ; c'est la
pensée de Bossuet : « Canilur Fer, II ad memoriam
sempiternam solutae captivitatis per salvatorem Chris*
tum, » (Veteris et Nov. Testam. Cantica. — Canticum
Isaï<e consolationis et spei.)
Isaïe remercie donc le Seigneur d'avoir enfin apaisé
sa colère, et de vouloir bien les consoler par l'espérance
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LES CANTIQUES ANCIENS. 381
d'un Messie Rédempteur. Il le voit déjà ce divin Sau-
veur de son peuple et du monde, et son âme est en
sécurité dans la paix et la confiance. Comment louer
dignement le Dieu tout-puissant qui veut sauver les
hommes. Nous pourrons venir désormais puiser avec
empressement et avec joie dans ses plaies adorables et
dans son cœur, dans ses sacrements divins, toutes les
grâces, tous les secours abondants. Oui, la Rédemp-
tion est une œuvre magnifique et divine qu'il faut par-
tout proclamer. Oui, le Seigneur d'Israël, le verbe in-
carné qui, malgré sa grandeur et sa sainteté daigne
habiter parmi nous et répandre ainsi ses bienfaits,
doit exciter la louange, la reconnaissance et l'allégresse
de Sion, de l'Eglise universelle.
11°. MARDI.
Le cantique d'Ezéchias. — Ego dixi : In dimidio
dierum meorum, {Is. xxxviii, 10-20.)
Le cantique si touchant du pieux monarque est as-
signé par TEglise au mardi, la troisième férié. Ce n'est
pas sans raison, « car, dit Gavantus, la sagesse, et non le
hasard, a présidé à la distribution de tous ces canti-
ques entre les jours de la semaine. » Les bienfaits sur-
naturels de la Rédemption faisaient l'objet du précé-
dent ; rien déplus naturel que de passer le jour suivant
à ceux de l'ordre naturel, et de choisir pour cela le
cantique qui s'y rapportait. Le bienfait de la vie sem-
ble les résumer tous, en effet, et le roi Ezéchias remercie
le Seigneur de lui accorder la prolongation de ses jours.
Mais nous pouvons encore, selon la pensée de Bossuet,
élever nos regards plus haut et jusqu'à Téternelle vie
qui ne finira jamais.
Thalhofer, qui a si bien étudie les psaumes dans
leurs rapports avec l'office divin, nous fait remarquer
que l'Eglise a choisi aussi avec raison ce cantique pour
les laudes des morts. La première partie (t 1-5), dit-il,
nous fait entendre les accents plaintifs des âmes qui,
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382 LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES
dans le Purgatoire, gémissent et souffrent loin du
Seigneur; et celles-ci, dans la seconde partie (6-11),
remercient le ciel d'une délivrance prochaine qu'elles
regardent déjà comme réalisée. {Interprétation des
Psaumes. — Les Cantiques,) Voici comment J. B. Rous-
seau a traduit cette belle prière :
J*ai TU mes tristes journées
Décliner vers leur peochant ;
Au midi de mes années
Je touchais à mon couchant :
La Mort, déployant ses ailes,
Couvrait d'ombres éternelles
La clarté dont je jouis ;
Et dans cette nuit funeste,
Je cherchais en vain le reste
De mes jours évanouis.
Grand Dieu» votre main réclame
Les dons que j'en ai reçus ,
Elle vient couper la trame
Des jours qu'elle m'a tissus.
Mon dernier soleil se lève
Et votre souffle m'enlève
De la terre des vivants,
Comme la feuille séchée.
Qui, de sa tige arrachée,
Devient le jouet des vents.
Comme un lion plein de rage,
Le mal a brisé mes os.
Le tombeau m*ouvre un passage
Dans ses lugubres cachots.
Victime faible et tremblante,
A cette image sanglante,
Je soupire nuit et jour.
Et dans ma crainte mortelle
Je suis comme l'hirondelle
Sous les griffes du vautour.
Ainsi, de cris et d^alarmes
Mon mal semblait se nourrir,
Et mes yeux noyés de larmes
Étaient lassés de s'ouvrir.
Je disais à la nuit sombre :
0 nuit, tu vas dans ton ombre
M'ensevelir pour toujours I
Je redisais à l'aurore:
Le jour que tu fais éclore
Est le dernier de mes jours.
Mon âme est dans les ténèbres.
Mes sens sont placés d'effroi ;
Écoutez mes cris funèbres,
Dieu juste, répondez-moi.
Mais enfin sa main propice
A comblé le précipice
Qui s^entr'ouvrait sous mes pas
Son secours me fortifie.
Et me fait trouver la vie
Dans les horreurs du trépas.
Seigneur, il faut ^ue la terre
Connaisse en moi vos bienfaits :
Vous ne m^avez fait la guerre
Que pour me donner la paix.
Heureux l'homme à qui la grâce
Départ ce don efficace
Puisé dans ses saints trésors;
Et qui, rallumant ses flammes,
Trouve la santé de l'âme
Dans les souffrances du corps.
C*est pour sauver la mémoire
De vos immortels secours;
C'est pour vous, pour votre gloire,
Que vou prolongez nos jours.
Non, non, yos bontés sacrées
Ne seront point célébrées
Dans l'horreur des monuments ;
La Mert, aveugle et muette,
Ne sera point 1 interprète
De vos saints commandements.
Mais ceux gui de sa menace,
Comme moi sont rachetés.
Annonceront à leur race
Vos célèbres vérités.
J'irai, Seigneur, dans vos temples
Réchauffer par mes exemples
Les mortels les plus glacés ;
Et vous offrant mon hommage,
Leur montrer l'uniaue usajge
Des jours que vous leur laisses.
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LES CANTIQUES ANCIENS. 383
III». MERCREDI.
Le cantique d'Anne : — Exultavii cor meum in
Domino. (1 Reg. ii, 1-10.)
Le 1«' livre des Rois nous retrace, au chapiti
douleur qu'éprouvait Tépousedu lévite Elcana
voir pas d'enfant, le dialogue d'Anne, à ce suj
son époux et le grand-prêtre Héli, son bonheu
elle se vit mère, son empressement enfin àoffrii
gneur le jeune Samuel, ce fils si désiré. Mais bi
reconnaissance éclate en transports plus véb
dans un admirable cantique que le livre sacré
transmis au chap. IL « Sous le souffle d'une ins]
prophétique, dit Bossuet, Anne, figure de la mira
fécondité de Marie, exalte, et presque dans les
termes que le Magnificat^ la grâce du Testamei
veau. » {Vet. et nov. Test, cantic, — Canticun
gratiarum actionis propheticum,) La mère de I
fait souvent allusion dans ce cantique aux perse
de son orgueilleuse rivale Phenenna. Aussi TEgl
trele motif donné par le grand Evèque de Meau]
selon la pensée de Durand de Mende, ajouter a
tifs de notre reconnnaissance exposés dans les
ques précédents, celui de son triomphe et de n
toires sur les ennemis du salut. C'est ce qu
placer ce cantique aux laudes du mercredi.
Les réflexions qui précèdent nous aideront à
comprendre cet hymne précurseur du Magnifi
IVO. JEUDI.
Le cantique de la mer Bouge : Cantemus Domino : Gloric
magnificatus est, (Exod., xv, i-19.)
C'est le chant magnifique de Moïse après le p
de la mer Rouge ; ce miracle délivrait les Hébr
la captivité d'Egypte et leur ouvrait la voie
Terre Promise. Ce cantique était comme le ce
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384 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
ment de rimmolation et de la manducation de l'Agneau
pascal. Aussi l'Eglise Ta-t-elle assigné aux laudes du
jeudi, jour commémoratifde la Pâques chrétienne où
commença le sacrifice de l'Agneau divin. Pouvait-il
avoir surtout une place plus marquée que dans les
laudes du Jeudi-Saint ?
Le cantique de la mer Rouge est le premier hymne
qui ait existé, et aussi le plus beau de l'ancienne
aUiance : « Il peut passer à bon droit, dit Rollin, pour
une des plus éloquentes pièces de Fantiquilé. Le tour
en est grand, les pensées nobles, le style sublime et
magnifique, les expressions fortes, les figures hardies :
tout y est plein de choses et d'idées qui frappent l'es-
prit et saisissent l'imagination. Cette pièce surpasse
tout ce que les profanes ont en ce genre. » {Traité des
Etudes.) « Tout est beau dans ce chant de triomphe,
dit M. Laurens, sans même excepter la dernière stro-
phe où un critique a vu une conclusion trop simple en
comparaison de ce qui précède. Cette conclusion au
contraire, qui résume tout l'objet du cantique, était un
refrain final destiné à être chanté en chœur par tout
le peuple; il termine donc admirablement tout le mor-
ceau. » {Morceaux choisis de la Bible, Partie poétique.)
Mais la solennité, le grandiose de la scène où cet
hymne fut composé et chanté y ajoute encore : t J'ai
peine à me figurer, dit Mgr Plantier, une position plus
grandiose et plus inspiratrice. Qu'ajouterons-nous à la
position de cet homme, dont le trépied repose encore en-
tre un peuple de tyrans submergés et un peuple d'es-
claves affranchis ; entre une servitude de 400 ans qui
cesse et un avenir indéfini de liberté qui s'entr'ouvre;
entre un dénuement absolu de ressources militaires du
côté de ses concitoyens, et le Seigneur qui, suppléant
par son secours à cette absence de forces', soulève la
nature en faveur de l'opprimé qui s'échappe et contre
l'oppresseur qui le poursuit. » {Etudes Bibliques.)
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LES CANTIQUES ANCIENS. 385
V<*. VENDREDI.
Le cantique d'Habacuc : Domine, audivi auditionem tuam. (c. m.)
Ce cantique a rendu Habacuc célèbre entre tous les
petits prophètes. Le docteur Lowth,dans sa: Poésie sa-
crée des Hébreux, affirme que cette prière est le chef-
d'œuvre de Tode hébraïque : « A ce même genre, dit le
critique anglais, appartient surtout la prière du pro-
phète Habacuc, modèle remarquable de ce sublime,
particulier à Tode, qui est dû en grande partie à une
digression tout à la fois très hardie et très naturelle.
Le prophète, instruit d'avance des jugements de Dieu,
des calamités qui vont fondre sur les Israélites par le
ministère des Chaldéens, et des châtiments que ceux-ci
subiront à leur tour, en même temps frappé de ter-
reur et ranimé par l'espérance et la confiance en la
bonté divine, supplie le Très-Haut de hâter la déli-
vrance et le rétablissement de sa nation : Oh ! Jéhovah!
f ai entendu ton oracle, etci » Ici se présente naturelle-
ment à tous les esprits la ressemblance de la captivité
deBabylone et de celle de l'Egypte. Avec quelle con-
venance le prophète peut demander au Seigneur, en
poursuivant la prière qu'il lui adresse, de daigner ve-
nir promptement au secours de ce même peuple, en fa-
veur duquel il fit éclater autrefois tant de prodiges ?
Avec quelle efficacité il peut raffermir les âmes pieuses,
en leur rappelant que leur Dieu, qui jadis par sa
puissance infinie arracha les Israélites à des maux
si cruels, pourra bien renouveler les mêmes mer-
veilles pour venger leur postérité? Mais il a omis
toutes les formules qui lui préparaient l'accès à ces
nouvelles idées, par la raison qu'elles s'offraient d'el-
les-mêmes; et dans une matière qui brillait de tant de
clarté, sans s'arrêter à chercher l'entrée de sa nouvelle
carrière, il s'y est élancé avec une impétuosité surpre-
nante et inattendue : Dieu^ sorti de Théman, etc. Le
T. II, 22
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386 LES ÉLÉMENTS lES HEURES CANONIALES-
prophète déploie autant de magnificence en ornant
cette idée qu'en Fabordant; choisissant dans ce trésor
de merveilles les traits les plus nobles, qu'il embellit
ensuite par les couleurs, les images, lea figures les
plus brillantes, et par Télocution la plus pompeuse;
mettant enfin le comble en donnant un nouveau prix
à tant de sublimité, par l'élégance singulière de )ik
conclusion : Maisnon^je tressaillirai en Jéhovah^ etc.
Si quelques légers nuages, qu'on ne peut attribuer
qu'à l'antiquité de cette composition, n'y répandaient
un peu d'obscurité, il n'en existerait point en son genre
d'aussi belle et d'aussi achevée. » {Lee, xxvui, t. IL)
Toute analyse de ce cantique en déparerait la
beauté. Le texte seul ou une traduction fidèle peut
nous en montrer l'éclat. Herder, le Fénelon de l'Alle-
magne, disait en parlant de toute la prophétie d'Ha-
bacuc en général : « Je serais presque tenté d'appeler
ce livre la couronne des chants lyriques de la poésie
des Hébreux », et Eichhorn : « Je ne connais rien de
plus magnifique et de plus sublime que l'hymne divin
qui termine. » — «Prière, dit M. Vigoureux, qui est une
composition sans rivale pour la hardiessedela concep-
tion, la sublimité des pensées et la majesté de la
diction. » {Manuel Biblique. T. IL)
L'Eglise ne pouvait oublier cette prière dans le choix
de ses cantiques liturgiques. Elle l'a désignée pour
les laudes du vendredi, parce qu'on y voit célébrées
les victoires du Rédempteur qui ont commencé sur le
Calvaire, le vendredi saint ; et aussi, ajoute Gavantus
citant Honorius d'Autun, parce qu'il y est fait allu-
sion à la croix par ces mots du verset 6 : Comua
inmanibusejus. Beaucoup d'auteurs, en effet, dit Mé-
nochius, interprètent ainsi ces mots, et avec raison :
« Non maie interpretantur multi de cruce^ in cujus
comibus confixm sunt manus Christi, per quam fortis-
sime adversarios vicit, (In Habacuc.)
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LES CANTIQUES ANCIENS. 387
Ce cantique est récité au moins une fois Tannée,
aux laudes du vendredi saint. Le chœur ne doit pas se
découvrir au mot Jesu du verset 30, parce que ce n'est
pas ici un nom propre désignant Notre-Seigneur Jésus-
Christ, mais un nom commun qui signifie salut et sau-
veur.
VI°. SAMEDI.
Cantique de Moïse Aicdite, cœli, qtiœ loquor. {Deuter. xxxii., 1-43. )
Ce cantique est le dernier de Moïse ; il est appelé pour
cela le chant du cygne. C'est une pressante exhortation
à suivre la loi de Dieu, surtout par le souvenir des biens
et des maux qui en furent toujours la sanction. Nous
le récitons le samedi, «parcequ'en ce jour, dit le véné-
rable Bède, se faisait autrefois, chez les Hébreux* la
lecture de la Loi » (In Lucam) ; raison que suggère
aussi le savant Alcuin. {De celebr. Missee.)
Bossuet expose ainsi l'objet de ce cantique, où n'ap-
parait en rien la voix défaillante d'un vieillard. « Un
peuple sorti de l'esclavage, et tenu quarante ans dans
un désert, arrive tout formé à la terre qu'il doit occu-
per. Moïse le mène à la porte, et, averti de sa fin pro-
chaine, il annonce à Josué ce qu'il reste à faire. Mais,
avant que de mourir, il composa ce long et admirable
cantique, qui commence par ces paroles : CieuXj en-
tendez ma voix ; terre ^ écoute les paroles de ma bou-
che. Dans ce silence de la nature, il parle d'abord au
peuple avec une force inimitable, et prévoyant ses
infidélités, il lui en découvre l'horreur. Tout d'un coup,
il sort de lui-même, comme trouvant tout discours
humain au-dessous d'un sujet si grand, il rapporte ce
que Dieu dit, et il le fait avec tant de hauteur et de
bonté, qu'on ne sait ce qui l'inspira le plus, ou la
crainte et la confusion, ou l'amour et la confiance...
Si, en entendant les autres prophètes, on croit enten-
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388 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
dre des hommes inspirés de Dieu, c'est pour ainsi
dire Dieu même qu'on croit entendre dans la voix de
Moïse. » (Disc, sur l'histoire universelle.)
Nous récitons ce cantique au moins une fois chaque
année, aux laudes du samedi saint. Lowth a dit do. lui
avec raison : « L'exorde est plein d'élégance, et surtout
de majesté; Fordonnance et le plan sont simples, na-
turels, convenables au caractère du sujet; l'ordre his-
torique est presque partout exactement observé; on y
remarque une variété extraordinaire dans les idées
principales ; c'est, tour à tour, la vivacité de la justice
de Dieu, son amour paternel, ses bontés infinies pour
le peuple qu'il s'est choisi, l'ingratitude, la révolte de
ce peuple; c'est le feu de l'indignation divine, les me-
naces terribles du Seigneur, retracées par ime proso-
popée dont la magnificence surpasse tout ce que la
poésie possède de plus précieux dans ses trésors; ce-
pendant, la douceur et la miséricorde viennent, par in-
tervalles, tempérer l'ardeur de ce courroux redouta-
ble, qui semble enfin s'éteindre et se perdre dans les
consolations et les promesses. Pour ce qui concerne
l'élévation des pensées, la véhémence des sentiments,
la vivacité du style et des figures, on ne peut rien dire
qui ne soit au-dessous de la réalité. Ce sont dès phra-
ses poétiques, animées, pressées, qui jaillissent avec
feu, enrichies de pensées élevées, d'expressions vives,
de tournures neuves et variées ; effet de l'élan rapide
avec lequel l'esprit du poète s'élance d'un objet à un
autre, dans l'impuissance de se fixer à un seul et de
s'arrêter dans la [même situation. Telle est, en un mot,
la nature du sujet de ce poème qu'il se rapprochebeau-
coup du style et du coloris de la poésie prophétique :
d'où il suit qu'il réunit à cette grandeur et à cette
variété qui forment le caractère propre de la prophétie,
toute l'énergie, toute la fougue et toute la hardiesse
du genre lyrique. » (Lee. 15 et 28.)
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LES CANTIQUES ÉYANGÉLIQUES* 389
Tels sont les plus beaux cantiques de l'Ancien
Testament, que TÉglise a choisis pourToffice divin, et
qui ajoutent encore à Téclat et à la majesté de la prière
publique.
§ II. LES CANTIQUES ÉVANGÉLIQUE8.
Nous avons déjà parlé de ces cantiques au com-
mencement du volume, à propos des heures canonia-
les en particulier. Il nous faut compléter ici, après
quelques notions générales, ce qui reste à dire de
chacun d'eux.
NO 1. Notions générales.
Place de ces cantiques dans Toffice divin. •— Leur chant au chœur.
Le Nouveau Testament a aussi ses cantiques, dont la
beauté ne le cède en rien aux précédents. Ils ne sont
qu'au nombre de trois, et les Évangélistes nous
les ont conservés. L'ordre liturgique les présente
ainsi : Le cantique de Zacharie ou le Benedictus^ ce-
lui de la sainte Vierge ou le Magnificat^ et celui
du saint vieillard Siméon, ou le Nunc dimittis. L'É-
glise, en effet, les a aussi introduits dans le bréviaire
mais en dehors des psaumes cette fois, à cause de
leur dignité plus grande; elle leur assigne pour la
même raison les deux heures canoniales les plus
solennelles et celle qui termine le jour ; leur parfaite
harmonie avec ces heures diverses fait qulls ne sont
jamais omis. Le Benedictus, comme on le sait, se dit
à laudes, le Magnificat à vêpres, et le Nunc dimittis
à compiles. Ils sont placés à la fin des heures, parce
que ces cantiques devaient encore ajouter à la louange
des psaumes et des hymnes sacrées. Par eux, en effet,
nous remercions Dieu chaque jour des grands bien-
faits de l'Incarnation et de la Rédemption.
La solennité de ces trois cantiques a aussi inspiré les
rites qui, au chœur, en règlent le chant :
1** L'intonation de chacun de leurs versets, au moins
T. II. 22.
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390 LES.fiLÉMBNTS DBS HEURES CANONIALES.
pour le Magnificat et le Benedictus, est toujours festi-
vale, les dimanches et fêtes doubles y compris les
trois derniers jours de la semaine sainte. Remar-
quons ici que la modulation particulière pour les can-
tiques qui se trouve au 2" et au 8® tons, ne se fait
qu'aux fêtes doubles de 1" et de 2« classe. Les autres
jours, sauf Tintonation du premier verset qui leur est
spéciale, on emploie l'intonation festivale commune.
Aux fêtes semi-doubles, l'intonation solennelle ne se
fait qu'au premier verset de ces cantiques, chantés
néanmoins plus gravement. Le Nunc dimittis a tou-
jours l'intonation fériale, les complies n'étant jamais
solennelles. Le chant de ce cantique doit être ce-
pendant plus grave que celui des psaumes. Aux offices
des fêtes simples, des fériés et des morts, l'intonation
des cantiques est toujours fériale et simple.
2® Au chœur, on fait le signe delà croix en commen-
çant le premier verset de ces cantiques ; le Cérémonial
des Évoques l'insinue (lib. II, § xiv; c. vu, % m), et
ainsi le veulent Gavantus, Jean Belelh ' et autres au-
teurs. C'est pour exprimer le mystère de la Rédemption
qui en est l'objet.
3*» Le chœur est debout durant le chant de ces can-
tiques parce qu'ils sont une action de grâces.
4* Enfin, quand les laudes et les vêpres sont solen-
nelles, c'est-à-dire chantées avec la chape, on encense,
au Benedictus et au Magnificat, l'autel, le célébrant
et le chœur, comme pendant la messe à Tofifertoire.
La solennité de ces heures et de ces cantiques a ins-
piré ce rit parfaitement en harmonie, du reste, avec
le sens de ces derniers : l'autel, en effet, représente
i. Jean Beleth, recteur de PUniversité de Paris, publia eo
1162 un traité liturgique très important sous le titre : Ratiotuile
àivinorum officiorum. On le trouve quelquefois h la suite ^u
nationale de Durand^de Mende.
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LES CANTIQUES ÉVANGÉLIQUES. 391
Jésus-Christ; rencensement, runion du prêtre et des
fidèles dans une même louange.
Ifo 2. Le cantique de Zaoharie ou le Benedictus, (Luc. i, 68-79.)
Dans l'ordre chronologique, le Benedictus vient
après le Magnificat, mais TEglise nous le fait réciter
à laudes et avant les deux autres cantiques : l^ parce
qu'il se rapporte à saint Jean-Baptiste, dont la nais-
sance était comme Taurore du Messie et que Theure
des laudes est celle de Taurore ; 2® à cause du dernier
verset : Illuminare his qui in tenebris... sedenty qui se
rapporte si bien à ce moment de la nuit où Tastre
commence à dissiper les ténèbres; 3* enfin, parce que
le Magnificat devait être réservé à Theure de vêpres
la plus solennelle, et que le Nunc dimittis était vrai-
ment le cantique de la fin du jour.
On connaît Toccasion du Benedictus. Sainte Elisa-
beth, jusqu'alors stérile, mit au monde un fils; saint
Zacharie, interrogé sur le nom qu'il fallait donner
à l'enfant, écrivit sur des tablettes: Jean est son nom, A
l'instant le vieillard, qui était resté muet depuis l'ap-
parition de l'ange, recouvra la parole pour bénir le
Seigneur. Rempli de l'Esprit prophétique, l'heureux
père entonna son admirable cantique. (Luc. c, 1,
87-67.)
« Chanté chaque nuit dans nos églises, dit l'abbé
Fouard, l'hymne du saint vieillard est comme un écho
des prophéties d'Israël. Jéhovah visite son peuple
pour le sauver de ses ennemis, de la main de ceux
qui le haïssent : la Rédemption se révèle aux yeux du
Lévite, telle que la contemplaient Moïse mourant,
Ezéchiel et tant d'autres, puissante comme la corne
de l'animal farouche qui répand autour de soi la ter-
teur. Mais, sous ces rudes images, derniers vestiges
d'une ère qui s'évanouissait, une influence plus douce
est déjà sensible. Le salut d'Israël n'est plus ce que
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392 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES GANONULES.
rêvaient les Juifs charnels : le triomphe de leur race,
les joies et les richesses de ce monde ; c'est le salut
dans la justice et la sainteté par la pénitence et la
rémission des péchés. Le Dieu de Zacharie n'est plus
le Jéhovah qui sème sur ses pas l'épouvante et la
mort, mais le Dieu aux entrailles de miséricorde se le-
vant sur le monde comme une lumière bénie. Que si,
à la différence des aubes de la terre, cet Orient mer-
veilleux apparaît, non à l'horizon, mais au plus haut
des cieux, c'est pour marquer qull n'embrasera
pas le monde des feux dévorants du midi, mais, ré-
pandra sur lui des clartés douces comme l'aurore.
Sous une forme juive, ce chant est donc chrétien.
Frappé de sa beauté dans l'original chananéen,
saint Luc a tenté d'en reproduire non seulement les
pensées, mais les images les plus étrangères au génie
grec. Delà l'obscurité et en même temps le charme
de cet hymne.
« Béni soit le Seigneur, le Dieu dlsraël, parce qu'il a
regardé et délivré son peuple.
» Il nous a suscité dans la maison de David, son enfant,
une force invincible (une corne), notre salut.
» (Selon qu'il l'avait promis par la bouche des prophètes
dès Torigine des temps;)
» Ce salut, loin de nos ennemis, hors des maias de ceux
qui nous haïssent, (il Topérera.)
• Pour accomplir sa miséricorde envers nos pères, pour
se souvenir de son alliance sainte, du serment qu'il a juré
à Abraham, notre père,
» De faire que, sans crainte, arrachés aux mains de nos
ennemis, nous l'adorions dans la justice et la sainteté, en
sa présence et tous les jours de notre vie.
» Et vous, enfant, vous serez appelé prophète du Très-
Haut :
» Vous marcherez devant le Seigneur pour lui préparer
les voi 3S, pour montrer à son peuple le salut dans le pardon
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LES GiLNTIQUES ÉYÀN6ÉLIQUES. [393
de ses péchés, le pardon par les entrailles de miséricorde
de notre Dieu.
» Par elles un astre se levant au plus haut des cieux nous
a visités ;
» Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et
à Tombre de la mort,
» Pour diriger nos pas dans les voies de la paix. »
(La vie de N, S, Jésus-Christ, L, 1, c. ii. Naissance du Précurseur,)
Zacharie, comme on le voit, rend grâces à Dieu
pour le bienfait de la Rédemption qui va délivrer son
peuple et dont son fils nouveau-né sera le précur-
seur fidèle. « Ce cantique, dit le Manuel Biblique,
reflète la joie du père, ravi par la naissance miracu-
leuse de son fils, la religion du prêtre qui ne voit de
grand que le service de Dieu et la sanctification des
âmes, enfin les lumières, l'inspiration, le ravissement
du prophète. » (T. IM^Naissance de Jean-Baptiste,) ^^
récitons jamais ce cantique sans remercier humble-
ment le Seigneur de notre vocation qui nous a fait
aussi les Précurseurs de Jésus-Christ, et les prophètes
du Très-Haut. Ne sommes-nous pas appelés, comme
saint Jean-Baptiste, à faire connaître aux hommes le
Dieu Rédempteur et à leur enseigner la voie de la pé-
nitence et du salut?
NO 8. Le cantique de Marie ou le « Magnificat. »
(Luc. I. 46-55.)
L'Église a réservé pour la partie la plus solennelle de
Toffice divin, le plus beau, le plus solennel de ses can-
tiques, sublime et simple tout à la fois. « Quedirai-je
sur ce divin cantique? s'écrie Bossuet; sa simplicité, sa
hauteur qui passe mon intelligence m'invite plutôt au
silence qu'à parler. Si vous voulez que je parle, ô Dieu I
formez vous-même mes paroles. » ÇElev. sur les Mys-
tères-, 14® sem., V« Elev. Le Cantique de Marie, !'•
partie.)
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394 LES tLtMBNTS DBS HEURES CANONIALES.
Marie rendait visite à sa cousine Elisabeth dont un
ange lui avait révélé la stérilité féconde. Inspirée du
ciel à son tour et oubliant son propre bonheur, la
femme de Zacharie exalte aussitôt la maternité divine
de sa sainte et glorieuse parente. « Et Marie, pour
toute réponse, dit M. Fillion, transformée par l'Esprit-
Saint en une lyre harmonieuse, entonne son admi-
rable cantique... Les grandes merveilles accomplies
par Jéhovah avaient inspiré plusieurs fois déjà des
cantiques à des femmes d'Israël... Il était réservé à
Marie de chanter la merveille des merveilles, l'œuvre
de la Rédemption, dans un hymne qui est le couron-
nement des cantiques de l'Ancienne Alliance, le pré-
lude de tous les cantiques du Nouveau Testament.
Hymne sublime, en effet, dans sa simplicité; chant
magnifique d'actions de grâces, dont TEglise se sert
chaque jour pour remercier Dieu de ses bienfaits...
Au point de vue de la forme, le Magnificat a tous les
caractères que la poésie revêtait chez les Hébreux :
on y trouve le rythme et surtout le parallélisme des
membres. Il ressemble aux psaumes eucharistiques de
David. Ce beau poème s'échappa spontanément du
cœur de Marie, sous l'inspiration divine, à l'occasion
des paroles d'Elisabeth : c'est donc une véritable im-
provisation, l'effusion jusque-là comprimée d'une âme
profondément émue par les grâces du ciel, mais qui
n'avait pas encore trouvé l'occasion de s'épancher au
dehors... Les exégèses rapprochant ces simples mots:
Ait Maria de la formule : exclamavit voce magnâ et
dixit, qui avait introduit l'allocution de la mère de
saint Jean, aiment à faire ressortir la douce sérénité,
la profonde quiétude qui régnent dans le cantique de
Marie. C'est là, en réalité, un caractère frappant du
Magnificat dont le lyrisme respire un calme vraiment
divin. » {Evangile selon saint Luc^ ch. ii. Commen-
taire,)
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LES CANTIQUES ÊYANGÉLIQUES. 395
Marie s'écria donc dans son extase sublime :
Mon âme glorifie le Seigneur,
Et mon esprit a tressailli d'allégresse en Dieu, mon Sau*
veur,
Parce qu'il a regardé la bassesse de sa servante; voici
que désormais toutes les nations me proclameront bien-
heureuse.
Car Celui qui est tout-puissant a fait en moi de grandes
choses ; son nom trois fois saint nous en dit au^i la sain-
teté parfaite.
Et sa miséricorde infinie se répand d'âge en âge sur tous
ceux qui le craignent.
Il a déployé la force de son bras ; il a déjoué les vains
projets des superbes, dissipé les orgueilleuses pensées de
leur cœur.
Il a renversé les puissants de leur trône, et élevé les
humbles qui s'abaissaient.
Il a comblé de biens l'indigence, et dépouillé les riches
de la terre, qu'il a renvoyés les mains vides.
Sa miséricorde, qu'il ne pouvait oublier, a relevé Israël
de sa ruine, et l'a pris dans ses bras comme un fils bien-
aimé.
Ainsi qu'il l'avait annoncé et promis pour toujours à
nos pères, surtout à Abraham et à sa postérité.
Ily a dans le Magnificat trois strophes et trois parties
distinctes : Marie loue d'abord et remercie le Seigneur
pour sa maternité divine, et pour la part qu'elle a ainsi
dans le mystère de la Rédemption, malgré sa bassesse
(1-4); puis, généralisant sa pensée, elle célèbre la
puissance et la bonté de Dieu qui aime à s'exercer de
préférence envers les petits et les humbles (5-8) ; elle
annonce enfin que le peuple d'Israël sera toujours l'hé-
ritier des promesses, dans l'œuvre opérée par son Fils
pour le salut du monde (9-10). Mais, comme l'observe
le docteur Schegol, le premier verset est comme le
thème du cantique, et on pourrait le répéter après
chacun des autres.
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396 LES &LÉMBNTS DES HEURES CANONIALES.
Les auteurs nous font remarquer combien Marie
était habituée au lai^gage des Ecritures, combien elle
en nourrissait son esprit et son cœur, puisqu'il n'est
presque pas d'expression dans le Magnificat qui ne soit
déjà dansle Psalmiste ou dans les Prophètes. Le P. Pa-
trizi a recueilli tous les passages de l'Ancien Testament
dont Marie à dû se souvenir en improvisant son
cantique. {De Evangeliis, lib. III, dissert, xi.) « Qu'on
ne s'étonne pas, ajoute Fabbé Fouard, de voir les sen-
timents de Marie s'exhaler sous une forme poétique.
En Orient, où le chant est l'expression naturelle
de toute émotion, il suffit de quelques pensées pour
alimenter un poème. Inspirée par le souvenir des
hymnes d'Israël, et par la grâce dont elle était l'objet,
la Vierge trouva, sous l'action de l'Esprit divin, ce can-
tique simple et sublime. » (Vie de N. S. Jéstcs-Christ,
L. I, ch. 3, II, La Visitation.)
Nous ne saurions trop méditer ce divin cantique; non-
seulement il nous offre d'admirables sentiments de re-
ligion et d'amour, mais on y découvre le cœur de Marie
tout entier, avec les perfections de la Mère d'un Dieu.
Les ecclésias tiques y verront surtout les dispositions dont
ils doivent être pénétrés eux-mêmes à l'égard du sacer-
doce.et de ses fonctions. Dieu aussi a fait en l'âme du
prêtre de grandes choses, des merveilles de grâces, et il
nous a tirés souvent de l'abjection pour nous placer
parmi les princes de son peuple. Dans nos mains et dans
notre cœur descend chaque jour à l'autel le Filsglorieux
de Marie; par notre ministère, s'opèrent dansl'ordre
surnaturel des prodiges sans nombre : les pécheurs
sont ramenés à Dieu, les âmes faibles affermies dans
le bien, les cœurs indigents rassasiés et enrichis, les
vrais fidèles, dignes enfants d'Abraham, bénis, affran-
chis, sanctifiés. A nous donc d'entrer dans l'esprit de
cette divine Mère, en récitant le Magnificat; à nous de
réaliser le vœu du grand Docteur de Milan : « Stt in
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LES CANTIQUES ÉYAN6ÉLIQUES. 397
singulis Mariae anima ut magnificet Dominum ; sit in
singulis spiritus Maries ut exultet in Deo salutari suo. »
Bossuet, s'adressant à tous ceux qui ont Toccasion
de réciter, de chanter ou d'entendre le Magnificat de
Marie, conclut ainsi : « Chantons donc sa béatitude avec
la nôtre ; publions qu'elle est bjenheureuse; et agrégeons-
nous à ceux qui la regardent comme leur mère. Prions
cette nouvelle Eve qui a guéri la plaie de la première, au
lieu du fruit défendu dont nous sommes morts, de nous
montrer le fruit béni de ses entrailles. Unissons-nous
au saint cantique, où Marie a chanté notre délivrance
future. Disons-nous avec saint Ambroise : « Que l'âme
de Marie soit en nous pour glorifier le Seigneur : que
l'esprit de Marie soit en nous pour être ravis de joie
en Dieu notre Sauveur. » Comme Marie, mettons notre
paix à voir tomber toute la gloire du monde, et le seul
règne de Dieu exalté, et sa volonté accomplie. {Elévations
sur les mystères^ 14* semaine, viii* Elév.)
NO 4. Le cantique de Slméon ou le c Hune dhnittif .•
(Luc. II, 29-32.)
On sait que le saint vieillard Siméon, après avoir reçu
au templerEnfant Jésus dans ses bras, exalta la gloire
du divin Rédempteur, et ne désira plus que mourir.
Telle fut l'occasion, tel fut l'objet de ce nouveau can-
tique connu de tous, dont l'Eglise a fait aussi sa prière,
et que Bossuet a si bien commenté pour les âmes chré-
tiennes [Elév, sur les myst. 18® sem. 10® Elév.) :
« Laissez maintenant. Seigneur, aller en paix auprès de
ses pères votre serviteur, selon la parole que vous m'en
avez donnée,
» Puisque mes yeux ont vu le Sauveur,
» Que vous destiniez à la terre ;
» Lumière des nations qui leur fera connaître les véri-
tés du salut, ij sera aussi la gloire dTsraêl, votre peuple
choisi. »
Le P. Faber a écrit, dans plusieurs de ses livres, des
T.u. 23
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398 LBS ÉLÉMENTS DBS HBURBS CANONIALES.
pag6S ravissantes au sujet de ce cantique. Malgré les
extraits que nous en avons cités en parlan t des compiles,
on nous permettra de les réunir ici en un tout qui, nous
en sommes sClrs, charmera et édifiera le lecteur. « Le
deuxième jour de février était arrivé. Joseph etMarie,
avecPEnfant, quittent le lieu où ces quarante jours s'é-
taient envolés aussi rapidement qu'une vision céleste.
(VElable de Bethléem.) Us tournent autour de la lisière
de la colline étroite sur laquelle est bâtie la cité. Les vi-
gnes taillées qui couvrent les coteaux escarpés ont à
peine commencé à verser les larmes printanières par
la blessure que leur a faite le couteau du vigneron.
Mais les champs de blé oil glana Ruth sont verts, et
le soleil brillant d'un printemps précoce luit sur les
roches grises qui avoisinent la tombe de Rachel. On
aperçoit les toits de la sainte cité avec le glorieux
temple, qui brille au-dessus de tout ce qui l'entoure.
C'est vers ce temple, son propra temple, que se di-
rigeait l'Enfant-Dieu, devenu visible aux hommes.
D'autres personnes s'en approchaient pour les
sacrifices du matin ; parmi elles, se trouvait le vieil-
lard Siméon, dont les fleurs du tombeau couronnaient
la tète vénérable; il avait survécu à ses propres jours,
ainsi qu'aux hommes, aux choses, aux sympathies,
aux associations de son temps. Il n'avait aucun rapport
avec l'esprit de l'époque, il était supérieur à la vaine
politique du temps ; il ne prenait aucune part aux lut-
tes et aux disputes des pharisiens et des saducéens. Le
mondeluisemblaitdevenirde jour en jour plus pervers
et plus insupportable : c'était un séjour de moins en
moins hospitalier pour lui, de moins en moins toléra-
ble pour son âme fatiguée. {Le pied de la Croix. — Pro-
phétie de Siméon.)
Les Juifs vertueux le connaissaient bien ; ils disaient
de lui qu'il était un homme juste, égal et honnête,
n'aspirant à rien, ne réclamant aucun privilège, tou-
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LÊ& CANTIOUES ÉVANGÉLIQUKS. 3Ô9
jours prêt à céder, prompt, exact, réfléchi et évitant
toute iraportunité dans ses rapports avec les autres, ne
donnant sujet de plainte à personne, modeste et maî-
tre de lui-même, attentif, et cependant discret et ré-
servé : tel était le caractère qui le distinguait de tous
ses religieux concitoyens. Mais à sa justice édifiante, il
ajoutait encore Texemple touchant et entraînant de la
plus tendre piété. La dévotion était la vie même de son
âme et régnait dans son cœur. Comme un grand nom-
bre de saints personnages, il avait attaché ses affec-
tions à un objet qui ressemblait à une vision béatifi-
que. Il fallait qu'il vit le Christ du Seigneur avant
de mourir. On dirait qu'il y a dans sa dévotion
quelque chose d'opiniâtre et d'imaginaire; et en
réalité, ce n'est ^ju'un degré plus éminent de sain-
teté. Il a jeté sa vie comme dans un moule unique.
C'était une vie de désirs, une vie de veilles, une vie d'at-
tente, dont Tobjet était longtemps différé, mais qui ne
désespérait jamais de voir la consolation d'Israël. Il y
a dans sa prière une persévérance qui fera fléchir la
volonté de Dieil. C'était le feu d'un immense amour
qui brûlait dans la simplicité de son cœur, et le Saint-
Esprit aimait à résider au milieu de ces flammes inno-
centes. Il lui avait révélé que son attente opiniâtre
était un culte cher à Dieu, que sa volonté serait ac-
complie, et que, dans sa vieillesse, avant d'être enlevé
à la terre, il verrait de ses yeux la beauté du Christ du
Seigneur. 11 fréquentait donc habituellement le Tem-
ple ; n'était-ce pas là, en effet que vraisemblablement
il devait rencontrer le Christ ? {Bethléem. — Les pre»
miers adorateurs,)
Il se rendait, ce jour-là, au sacrifice du matin. Y
venait-il avec une prévision claire ou avec de spirituels
pressentiments, que lui inspirait son amour? Qui
pourrait le dire? {Le Pied de la croix ^loc. cit.)
Comme Dieu donne toujours plus qu'il ne promet,
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400 LBS ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
Siméon, non seulement, vit le Christ, mais il put même
le prendre dans ses bras, et sans doute aussi, déposer
un baiser tout tremblant du plus profond respect sur
les lèvres humaines du Créateur. Comment, sans cela, ses
lèvres auraient-elles pu chanter un cantique aussi ra-
vissant, cantique qui rappelle d'une manière si tou-
chante un magnifique coucher du soleil, que Ton serait
tenté de croire que toute la beauté des plus belles soi-
rées de la terre, depuis la création, a passé en lui pour
le remplir de charmes paisibles et tranquilles? Il était
bien âgé pour un poète, mais l'âge n'avait ni desséché
ni épuisé son cœur.
Le vieillard infirme soutenait vaillamment dans ses
bras la force du Tout-Puissant. Il élevait la lumière du
monde au milieu de son propre temgfe, précisément à
l'instant où lui-même allait s'éteindre dans la lumière
inaccessible d'une glorieuse éternité. Ses yeux,que l'âge
avait affaiblis et que les larmes obscurcissaient, regar-
daient dans les yeux profonds de l'Enfant de Bethléem,
et ceux-ci étaient pour sa foi des sources de lumière
éternelle. C'était la vision qu'il avait contemplée
toute sa vie. 11 avait pleuré sur les malheureux d'Is-
raël, et bien plus encore sur les égarements de ses con-
citoyens privés de pasteurs; mais il avait toujours vu
à travers ses larmes, de même qu'à travers une
épaisse pluie d'orage, qui s'agite çà et là comme un
immense voile, nous pouvons voir, lorsque le vent
vient à la soulever lentement, une montagne belle, ra-
dieuse et éclairée par le soleil qui illumine ses
flancs recouverts de jaunes et riches moissons... En ce
moment finissait le soir de la vie. La pluie avait passé;
et la montagne du Seigneur apparaissait, non pas seu-
lement brillante mais tellement rapprochée, qu'il au-
rait pu croire que ses yeux le trompaient. Mais non, la
face de Jésus touchait la sienne. Le ciel était venu
à lui sur la terre. C'était le ciel de son propre
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DES PRIÈRES. 40!
choix. Etrange ami de son pays et de son peuple I
il avait mieux aimé voir le Messie sur la terre, et ainsi
être assuré que le pauvre Israël le posséderait, que
d'aller longtemps auparavant, enlevé par une mort
plus précoce, contempler le Verbe à travers la paisible
obscurité du sein d'Abraham. N'était-ce pas le plus
ravissant des mystères de voir ses bras, qu'une longue
suite d'années avait affaiblis et rendus tremblants,
envelopper avec tant d'amour l'éternité toujours jeune
de Dieu? N'était-ce pas assez pour Si raéon? N'était-ce
pas plus que suffisant? {Bethléem, loc. cit.)
Il est pénible pour lui de se séparer du doux
fardeau qu'il porte; dans cette extrême vieillesse, les
souffles de l'inspiration remplissent son âme, et au mi-
lieu du silence du temple, il chante son Nunc dimit-
tis, comme Zacharie avait chanté son Benedictus, et
Marie son Magnificat. [Le Pied de la Croix, loc. cit.)
On dit que des rossignols ont chanté jusqu'à en
mourir; ainsi mourut Siméon, non delà douce fatigue
de son attente prolongée, mais de la plénitude de sa
joie, de la satisfaction de ses désirs, de cette nouvelle
jeunesse spirituelle dont le contact de l'Enfant éternel
avait pénétré sa vieillesse. Laissant son âme s'exhaler
dans une mélodie que le ciel pourrait bien lui envier et
qu'il ne pourrait pas surpasser, il mourut, les lèvres
ouvertes, pour chanter ce cantique qui charmera les
nations futures. (Bethléem.)
Joseph même fut ravi dans une extase d'admira-
tion ; Marie s'émerveilla des paroles si profondes, si
belles, si vraies de Siméon; elle savait mieux que per-
sonne que son enfant était réellement la lumière du
monde. » [Le Pied de la Croix.)
Art. VIII. Des prières.
Tel est le titre xxxiv® de la Rubrique : De Precibus:
c< ces prières, dit celle-ci, sont des versets qui se disent
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402 LBS &LÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
quelquefois avant Toraison et qui commencent par
Kyrie eleison^ ou par Pater noster » (n®. 1.)
Les autres versets de l'office divin sont assez géné-
ralement historiques : In omnem terram exivit sonus
eorum. — Justus nt palma florebit — Amavit eum
Domintis et omavit eum^ etc., etc. Ceux dont il s'agit ici
sont toujours des prières ou une exhortation à prier ;
de là leur nom liturgique.
Ces prières font partie depuis très longtemps de Tof-
fice divin. Nous en avons pour témoins : Hugues de
Saint- Victor au xn® siècle (/w spec.^ c. 3.), le Microlo^
gue au xi« (c. 50), Amalaireau ix® (L. 3, c. 6. — De
ord. antiph. c. 7), et S. Isidore de Sévilie au vi« (L. I,
De Offi., c. 6).
On ne les récite cependant qu'aux offices moins so-
lennels, comme sont ceux du rit semi-double, et au-
dessous!; la multiplicité et la longueur des prières, en
effet, nous en avons fait plusieurs fois la remarque,
sont regardées par l'Eglise comme une charge et une
pénitence. Ce caractère dès lors ne paraissait pas conve-
nir aux offices d'un rit supérieur ou d'une plus grande
importance.
La rubrique a placé ces versets immédiatement avant
l'oraison pour que celle-ci en ait plus d'efficacité;
de là, ajoute Amalaire, l'invocation du Kyrie eleison^
répétée plusieurs fois au commencement, (lib. 3, c. 6.)
Ces prières, du reste, ces oraisons jaculatoires, traits
enflammés de notre foi et de notre espérance, ne peu-
vent que nous obtenir de plus en plus les grâces de
Dieu pour les travaux du «jour ou pour le repos de la
nuit.
On distingue les prières dominicales |[et les prières
fériales.
% I. DES PRIÈRES DOMIKIGALBS.
Nous ne récitons ces prières qu'à prime et à com-
piles dans les offices du rit semi-double ou d'un rit
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LES PRIÈRES dominicales: 403
inférieur qui n'admettrait pas les prières fériales. On
les omet aux offices doubles; il en est de même de quel-
ques of Qces du rit semi-double indiqués dans le n^ 2
suivant de la rubrique.
Les prières dominicales à prime et à complies, telles
qu'on les trouve au psautier, ne se disent ni aux fêtes dou-
bles, ni pendant les octaves, ni la vigile de TËpiphanie,
ni encore le vendredi et le samedi après Toctave de l'As-
cension, alors même qu'on ferait, dans une octave, l'office
du dimanche ou d'une autre fête semi-double. C'est à cause
de Toctave, en effet, qu'on ne les récite pas ; en dehors de
ces cas, on les dit toujours.
Les offices qui n'admettent pas les prières domi-
nicales ont une certaine solennité ou supériorité qui
explique la règle; ainsi le rit double ne laisse après lui
que des degrés inférieurs ; les jours d'une octave par-
ticipent à la solennité de la fête; la vigile de l'Epipha-
nie a une importance à part, et les deux jours qui sui-
vent l'octave de l'Ascension lui sont assimilés.
On récite debout les prières dominicales pour les
distinguer des prières fériales qui, affectées plus spécia-
lement aux jours de pénitence, sont récitées à genoux.
Quand on doit les chanter, c'est avec rinflexion d'ut
en la, excepté Kyrie eleison et Dominus vobiscum qui
se disent recto tono, ainsi que VAmen quand il forme
seul le répons d'un verset. Le Confiteor à prime et à
compiles ne séchante jamais, mais se récite posément
et^ d'une voix grave.
Rien n'est touchant comme ces accents d'une âme
qui implore le secours divin, comme ces élévations
du cœur vers le Dieu des miséricordes. Les voici :
N» 1. Prières dominicales de Prime.
Elles commencent par Kyrie... Chrute... Kyrie,
eleison : invocation laissée dans cet idiome, dit
saint Isidore de Séville, pour montrer la première ori-
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i04 LES tLtMENTS DBS HEURES CANONULBS.
gîne de ces prières qui furent d'abord ajoutées à Toffice
par l'Eglise grecque. (L. I. De offi. c. 6.) Nous aimons
mieux la raison indiquée dans notre t. II de la Messe,
(p. 97), où se trouve aussi expliquée cette invocation.
« On la répète ici trois fois en l'honneur de la Sainte
Trinité, dit Amalaire, Ter dicitur ad Trinitatem. » (L.
3, c. 2.)
Le Pater, la prière par excellence, devait se trouver
et dès le commencement parmi ces versets qui sont ap-
pelés simplement \ç^% prières.
Après le Pater vient avec raison le Credo, puisque
celui-ci est le résumé de la foi et de l'espérance qui
inspirent toutes nos prières.
Pour mettre en harmonie, autant que possible, le
Pater et le Credo avec les prières dominicales propre-
ment dites, on a transformé en versets et répons la fin
de ces deux formules : t. Et ne nos inducas in tenta-
tionem. ??. Sedliberanos a malo, — t. Carnis resurrec-
tionem. ft. Vitam «temam. Amen, Le reste, excepté les
premiers mots Pater noster, Credo in Deum, qui lés an-
noncent, doit se dire à voix basse.
On pourrait se demander pourquoi VAve Maria ne
se trouve pas ici. Mais observons qu'il ne se dit pas
non plus dans le corps des grandes prières liturgi-
ques, telles que la messe, les heures canoniales, l'ad-
ministration des sacrements. On n'a pas voulu l'assi-
miler en tout à l'oraison dominicale. Cependant, à
cause de son origine et de sa beauté, comme nous
Pavons vu, il commence et termine quelquefois Tof-
fice divin.
Après ces grandes et belles formules du Pater et du
Credo qui accompagnent toutes les prières un peu im-
portantes, suivent les versets proprement dits :
t. Vers vom s'élève, 6 mon Dieu, ma voix suppliante.
Ç. Et dès le matin ma prière a prévenu vos miséricordes.
(Ps. LXXXVII, 14.)
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LES PRIÈRES DOMINICALES. 405
Tel est le début de ces aspirations touchantes : pa-
roles sacrées, bien en rapport avec l'heure de prime.
t. Qu3 mes lèvres soient fécondes en louanges.
R. Pour célébrer dignement tout le long du jour vos ma-
gnificences. (Ps. LXX, 8.)
Si Dieu nous donne sa grâce avec abondance et que
nous y soyons fidèles, non seulement nos prières mais
encore nos œuvres seront une louange continue.
t. Détournez, Seigneur, vos regards de mes fautes.
I|?. Et daignez les effacer de plus en plus dans mon âme.
(Ps. L, 10.)
. Le péché nous rendrait indignes de louer et de prier
Dieu comme il faut; c'est pourquoi nous devons lui de-
mander sans cesse le pardon de nos fautes, n'ayant
jamais la certitude de l'avoir obtenu.
t. Faites que mon cœur soit pur, ô mon Dieu,
i^. Et que le plus intime de mon être soit toujours
animé d'une intention droite. (Ps. l, 11.)
Le cœur chaste et pur est si pressant dans la prière,
et nos actions, nos pensées, nos désirs sont si agréa-
blés à Dieu quand le souffle d'une intention bonne et
surnaturelle les anime !
t. Ne me rejetez pas de votre présence.
R. Laissez-moi toujours sous la douce influence de vo-
tre Esprit-Saint. (Ps. l, 12.)
Qu'adviendrait-il, si Dieu ne voulait pas nous écou-
ter, si le Saint-Esprit ne nous aidait pas dans la prière?
t. Donnez à mon cœur la joie qu'on éprouve à la vue
de votre secours.
I>!. Et par votre Esprit de force rendez-moi plus courageux
dans l'accomplissement de mes devoirs. (Ps. l, 13.)
L'âme est joyeuse et en paix quand elle espère dans
le secours divin : elle est pleine de courage et d'ardeur
quand l'Esprit-Saint lui-même daigne la fortifier.
T. II, 23.
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406 LES ÉL&MBNTS DBS HBURBS CANONIALES.
t. Oui, mon secours, mon espérance est dans le nom
du Seigneur.
9. Qui a fait le ciel et la terre. (Ps. cxxiiiy 8.)
Rien dans la prière ne plaît à Dieu, comme l'humble
confiance eu sa bonté et en sa toute-puissance.
En disant ici le t. Adjuiorium nostrum in nomme
Domini, on doit faire au chœur le signe de Croix. (Rub.
yen.tit.xv, n. 2.) C'est pour montrer que notre confiance
en Dieu repose sur les mérites de la Croix, « et aussi,
nous dit Gavantus, parce que la rémission des péchés,
objet des formules suivantes, ne se fait que par la
même vertu de la Croix. » (C. xvii, De Predbus^ n. H.)
Suit le Confiteor^ expression touchante d'humilité,
de cette vertu qui doit] toujours accompagner la prière.
Nous Pavons expliqué déjà avec les deux formules
Misereatiir et Indulgentiam qui en sont le complément.
(T. II de la Messe, p. 88 et suiv.)
Ce que nous avons dit des changements à faire
dans la récitation privée des compiles doit s'appliquer
encore ici.
Les versets et répons qui suivent se retrouvent à
la fin du Te Deum.
t. Daignez, Seigneur, en ce jour,
^t. Me préserver du péché.
Est-il une prière plus opportune ? Heureux les jours
que ne souille pas le péché ! heureux celui qui persé-
vère dans la grâce de Dieu !
t Ayez pitié de nous. Seigneur,
^ Ayez pitié de nous. (Ps. cxxii, 3.)
C'est de nouveau le Kyrie eleison qui encadre ainsi
de son humble et touchante invocation les prières
dominicales déprime.
t. Couvrez-nous, Seigneur, de votre miséricorde,
î^. Ainsi que nous Tavons toujours espéré. (Ps. xxxii,
22.)
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LES PRIÈRES DOMINICALES. 407
Ce dernier verset résume tout ce que nous pouvons
désirer, tout ce que Toffice divin nous fait demander
à Dieu pour nous et pour les autres.
NO 2. Prières dominioales des oomplies.
Après le Kyrie eleison^ le Pater et le Credo qui
commencent ces prières comme celles de prime, vien-
nent les versets proprement dits. Ils se divisent en
deux parties distinctes : la première est un sentiment
de reconnaissance pour les grâces de la journée, avec
une demande implicite de nouveaux secours ; la se-
conde, une série d'invocations inspirées par la nuit
qui commence ; elles sont à peu près les mêmes qu'à
prime.
t. Soyez béni, Seigneur, Dieu de nos pères,
l^. Vous, dont on ne saurait trop exalter la puissance et
la gloire. (Dan. m, 52.)
Si les enfants de la fournaise et les justes de l'An-
cien Testament devaient bénir et louer le Seigneur,
combien plus les chrétiens et les prêtres de la loi nou-
velle?
t. Oui, bénissons Dieu, Trinité sainte. Père, Fils et
Saint-Esprit.
I|;. Célébrons sa louange, exaltons-la par-dessus tout et
dans tous les siècles.
C'est le t. que TEglise ajouta au cantique de ses
laudes dominicales, Benedicite, Notre Dieu, le Dieu
d'Israël, s'est, depuis l'Evangile, explicitement révélé
à nous avec sa Trinité de personnes, et il ne suffit
plus maintenant de l'honorer dans son Unité substan-
tielle.
t. Déjà le ciel nous dit assez votre gloire;
l^. Et tous les êtres réunis sont moins dignes que vous
de louange et d'honneur. (Dan. in, 56.)
Le ciel, semé d'étoiles, nous révèle assez la magni-
ficence de Dieu, et doit exciter nos transports. Que
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408 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
serait-ce donc s'il nous était permis de voir toutes les
beautés de la création, toutes les merveilles de Tordre
surnaturel, toutes les splendeurs du ciel, séjour des
élus?
Après ces versets de louange et de reconnaissance,
vient la seconde partie des Prières, ou les supplica-
tions proprement dites, que nous avons vues dans les
prières de prime, excepté la suivante :
t. Que le Seigneur miséricordieux et tout-puissant dai-
gne aussi nous bénir, et nous protéger durant la nuit.
Qf. Amen.
Dieu, qui ne se laisse pas vaincre en générosité,
aime à bénir et à protéger ceux qui ont souci de sa
louange et de sa gloire.
Dans le verset qui suit, les mots die isto du Te Deum
et de l'heure de prime sont remplacés par ces autres
nocte istdj parce que les compiles nous préparentà bien
passer la nuit.
g IX. DBS PRIÈRES FÉRIALES.
Elles ne sont ajoutées qu'à l'office de la férié, et
encore seulement en certains jours plus spécialement
consacrés à la pénitence. De là leur nom liturgique :
Prières fériales, et celui de flebiles que leur donnait
Amalaire. {De ord. antiph. c. 7.) Dans ce cas, cha-
cune des heures a ces prières, tandis que les Domi-
nicales ne sont récitées qu'à prime et à compiles. Les
prières fériales des laudes et des vêpres sont les mêmes,
le psaume excepté ; celles de tierce, de sexte et de
none diffèrent des précédentes, mais non entre
elles. Les prières fériales et les prières dominicales de
prime ne diffèrent pas non plus, si ce n'est qu'on
ajoute aux premières im certain nombre de versets
nouveaux. Les compiles ont toujours les mêmes prières,
que l'office soit férial ou semi-double.
Voici la rubrique sur les prières fériales et les ex-
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LES PRIÈRES FÉRULES. 409
plications qu'elle pourrait demander. C'est 1
sous le titre xxxiv, dont nous avons déjà vu
premiers n°*.
« 3. Les prières fériales, marquées à laudes
heures du psautier, ne se disent, et à genoux, qu*a
de TA vent, du Carême, des Quatre-Temps et des V
l'on jeûne, excepté la vigile de Noël ainsi que la vig
Quatre-Temps de la Pentecôte. Aux autres fériés de
on ne dit jamais que les prières dominicales, mais
mettre à genoux. »
On récitait autrefois, et jusqu'à saint Pie V, lei
fériales à chaque heure de tout office férial
et vêpres exceptées. Ces prières ne se dise
depuis, qu'à certaines fériés et vigiles, ma
à toutes les heures, sans aucune exceptii
jours désignés par la rubrique sont spéci
consacrés à la pénitence, et l'Eglise a voulu p
multiplier ses prières dans l'office qui les a poi
Par vigiles où Ton jeûne, vigilùe quad jep
il faut entendre aussi celles qui, de droit c
entraîneraient le jeûne, si un induit n'avait
accordé; dès lors toutes les vigiles sont ici coi
(11 mars 1830.) La rubrique cependant exce
raison la vigile de Noël, ainsi que la vigil
Quatre-Temps de la Pentecôte dont les offices
pas du rit férial, et qui n'ont pas un cara
pénitence.
Au chœur, on doit réciter les prières férial
noux, pour la même raison qui les fait ajout
offices. Le Micrologue (c. 50) et Hugues de Sair
mentionnaient déjà ce rit : « In aliis diebus ger
timus adprecesy » disait ce dernier {loc, ciV.) 0;
pas tenu dans la récitation privée. (12 nov. Il
« 4. Aux fériés de TA vent, du Carême et dei
Temps, on dit les prières fériales même à vêpres
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410 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
a pas de fête le lendemain. A compiles, on récite les priè-
res dominicales accoutumées, mais à genoux. Les prières
sont récitées à genoux par rofficiant jusqu'au verset Do-
minus vobtscum, avant la première oraison, et par les assis-
tants, jusqu'au verset Benedicamus Domino, après la der-
nière. »
Il faut entendre ces mots : jusqu'au t. Dominus vo-
biscum dans le sens d'exclusivement, parce que cette
invitation ne fait qu'un pour ainsi dire avec l'oraison.
En est-il de même pour les mots qui suivent : jusqu'au
t. Benedicamus Domino^ et les assistants, restés à
genoux pour l'oraison, devraient-ils se lever immédia-
tement après ? Gavantus pense qu'ils le pourraient
au moins, puisque la rubrique s'explique dans les
mêmes termes, et que le chœur se lève pour le Benedi-
camus Domino, à la fin de la messe d'une férié ma-
jeure. 11 admettrait cependant qu'on pourrait rester à
genoux jusqu'à la fin, surtout si l'antienne de la sainte
Vierge devait suivre aussitôt, afin de n'avoir pas à se
remettre à genoux presque immédiatement après; il
ajoute que la rubrique ne s'y oppose pas : « Neque
rubrica adversatur. »
(( 5. Aux vigiles, on ne récite les prières fériales qu'à mati-
nes et aux petites heures, et non aux vêpres suivantes qui
appartiendraient à une fête. Si la vigile de saint Mathias
était suivie du mercredi des Cendres, on réciterait à vêpres
les prières fériales, bien qu'on doivedireToraisondu diman-
che précédent et non delà vigile. La même règle est obser-
vée lorsque, aucune fête de neuf leçons ne survenant le
vendredi et le samedi des Quatre-Temps de septembre, on
y fait l'office de la férié ; on récite alors les prières aux
vêpres du vendredi, bien qu'on doive dire l'oraison du di-
manche précédent et non celle de la férié des Quatre-
Temps. »
Les vêpres, en effet, dans ces deux derniers cas, ne
sont pas moins de la vigile ou des Quatre-Temps, mal-
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LES PRIÈRES FÉRIALBS. 411
gré Toraison, qui, à cause d'un autre principe, est
celle du dimanche précédent.
« 6. Le psaume Miserere se dit avec les prières à vêpres
seulement, et le psaume De profundis à laudes. A Tof-
fice des morts, on récite les psaumes indiqués. »
Le Ps. Miserere meiy indiqué pour les vêpres vers
la fin des prières fériales, était déjà mentionné par
Raoul de Tongres. (Prop. 22.) On le disait aussi aux
prières des laudes. Mais, comme il était déjà récité
parmi les psaumes des laudes fériales, on l'a remplacé
depuis 1550 par le De profundis (cxxix). Ces deux
psaumes de deuil et de pénitenfe, de larmes et de dou-
leur, conviennent ici. Us sont récités alternativement
par les deux chœurs qui les psalmodient seulement et
ne les chantent pas. Le premier chœur commence et dit
le premier verset.
L'office des morts a aussi ses prières qui précèdent
immédiatement Toraison, et parmi lesquelles se trouve
également un psaume : le De profundis pour les laudes
et Lauda, anima mea (cxlv) pour les vêpres. Ces
psaumes, si bien appropriés à la circonstance, ne se
disent pas cependant le jour de la Commémoraison gé-
nérale des défunts; ni en celui que la liturgie appelle :
dies obitûs seu depositionis ; Toffice des morts y est
alors plus solennel, et on a voulu lui donner cette dis-
tinction.
Le Pater ^ indiqué dans les prières des vêpres et des
laudes, est dit à haute voix par le célébrant, excepté
les dernières paroles : Sed libéra nos a malo ; celles-ci,
formant un répons aux paroles précédentes : Et ne
nos inducas intentationem, sont récitées par le chœur.
Cette manière de réciter ici le Pater donne à ces prières
fériales un caractère particulier de supplication. Le
célébrant, d'après la rubrique, doit le faire à genoux.
(Merati, sect, V, c. xvin, ad notât, ii, iv.)
On chante les prières fériales ainsi que leur psaume,
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412 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
recto tono et sans baisser le ton A* ut en la. (9 mai
1739— 22 mars 1652.)
Les prières qui termineot l'office des morts se chan-
tent avec l'inflexion à! ut en /a, excepté le psaume qui
se dit recto tono.
Voi.îi maintenant ces prières fériales, dont Hugues
de Saint- Victor disait : « Nous y trouvons toutes les
manières de prier que nous recommande l'Apdtre
dans sa première épitre à Timothée : La supplication
qui nous fait implorer la délivrance de nos maux et
le pardon de nos fautes : Ostende nobis misericordiam
tuam ; la demande qu^ a pour objet les secours et les
grâces dont nous avons besoin : Convertere, DominCy
usquequo; l'action de grâces: Confiteanturtibi^ Domine ^
opéra tua, — Benedic anima mea Domino ; la recom-
mandation à Dieu du prochain et surtout de nos su-
périeurs dans Tordre spirituel et dans Tordre tempo-
rel: Domine salvum fac regem, — Oremus proPonttfice
nostro N. » (L. ii De of/ic. c. iv.)
NO 1. Prières fériales des laudes.
Elles commencent, comme les autres prières, par le
Kt^rie eleison et le Pater ^ et sont suivies des versets pro-
prement dits :
t. Je ne cesserai de vous le redire, Seigneur : ayez pitié
de moi.
I|;. Guérissez dans mon âme les plaies du péché. (Ps. xl, 4.)
Le péché fait à Tâme des blessures que le pardon ne
cicatrise pas toujours entièrement : faiblesse plus
grande, charité moins vive, dettes contractées envers
la justice divine, etc.
t. Tournez enfin vos regards vers nous, ô mon Dieu. !
^. Et laissez-vous toucher par les prières de vos servi-
teurs. (Ps. LXXXIX, 13.) .
Chargés de la prière publique, nous parlons au nom
de tous. Quand le Seigneur daigne s'incliner vers nous,
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LBS PRIÈRES FÉRIALES. 4i3
c'est qu'il veut bien écouter nos prières, et les exau*
cer.
t. Que votre miséricorde, Seigneur, 8'étende sur nous,
IV. Ainsi que nous l'avons toujours espéré.
Nous avons déjà vu ces versets.
t. Que vos prêtres soient de plus en plus ornés de vertus.
ïji. Et vos élus, vos enfants, tressailliront d'allégresse à
cette vue et au souvenir de vos bontés pour tous. (Ps.
cxxxi, 9.)
Toucbante prière pour nous ! Répétons-la souvent et
de tout notre cœur. Le prêtre ne saurait être assez saint.
Daigne le Seigneur nous orner tous de vertus t Quelle
joie n'en recevront pas l'Église et le ciel, témoins d'un
sacerdoce qui glorifiera Dieu et sauvera les âmes, (/n-
dîianturjustitiam, pour induant^ est un hébraïsme.)
t. Aidez, sauvez et sanctiûez, Seigneur, ceux qui nous
gouvernent.
Ijf. Exaucez nos prières pour eux en ce jour. (Ps. xix, 9.)
L'Église ne saurait oublier nos maîtres dans l'ordre
temporel. Saint Paul faisait déjà aux chrétiens un de-
voir de prier pour eux. Gavantus veut que ce mot
rey^m désigne ici la première autorité sur la terre ou le
Pape, « mais, dit avec raisonMerati, nous necomprenons
pas l'assertion du savant liturgiste; il est certain qu'il
s'agit des princes, comme Tindique Tordre des idées. Le
verset précédent, en effet, se rapporte au clergé, par
conséquent à son chef suprême; celui-ci, aux princes
temporels, et le suivant, au peuple, (loc. cit. n. 11.) On
ne doit rien changer dans ce verset quelle que soit la
forme du gouvernement : le mot regem qui, dans le
psautier, concernait David, comprend ici tout chef de
l'État en général.
t. Secourez, sauvez aussi votre peuple, ô mon Dieu, et
bénissez-le, car il est votre héritage.
Yj^. Dirigez-le dans les bonnes voies, l'élevant toujours
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414 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
de yertus en vertus, jusqu'au sommet de réternité bien-
heureuse. (Ps. XXVII, 8.)
Ces versets appellent ainsi sur le peuple chrétien, sur *
les âmes qui nous sont confiées, les bénédictions de
Dieu, la sainteté, le salut éternel. Quel religieux ou
quel prêtre ne les réciterait pas avec ferveur?
t. Souvenez-vous de votre famille.
I^. De pes enfants qui, dès l'origine, sont vraiment les
vôtres. (Ps. Lxxui, 2.)
Dieu, en effet, dès le commencement du monde
d'abord, et du christianisme ensuite, eut toujours une
famille et des enfants fidèles qui l'ont reconnu, aimé,
servi comme un Père. Il est bon d'ajouter à cette pen-
sée de la grande famille chrétienne, sa paroisse, sa
congrégation religieuse, sa propre famille tant spiri-
tuelle que temporelle.
t. Que la paix soit dans vos forteresses, ô Jérusalem,
l^. Et l'abondance dans vos tours. (Ps. cxxi, 7.)
C'est l'abondance de la grâce et la paix surnaturelle
que nous demandons ici pour l'Église et pour les âmes;
mais notre intention peut avoir aussi pour objet la
paix et les avantages temporels de notre patrie terres-
tre.
t. Prions aussi pour les fidèles défunts.
I^. Donnez-leur, ô mon Dieu, le repos éternel, et que
la lumière indéfectible brille à leurs yeux.
L'Église ne pouvait oublier dans ces prières de deuil
et de pénitence les âmes qui souffrent dans le Purga-
toire. Nous en rencontrons partout le souvenir dans la
liturgie sainte, et à l'office divin comme à l'autel, leur
soulagement et leur délivrance sont l'objet de nos
vœux.
t. Qu'elles reposent en paix, ces Âmes saintes qui souf-
fent.
I^. Amen, qu'il en soit ainsi!
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LES PRIÈRES FÉRULES. 415
Pieuse insistance! Puisse une foi vive, une ar-
dente charité, animer toujours en nous ces touchantes
prières pour nos chers défunts.
t. Prions aussi pour nos frères absents.
I|;. Secourez et sauvez vos serviteurs qui espèrent en vous,
ô mon Dieu.
Que de souvenirs peuvent souvent nous rappeler
ces paroles : c'est peut-être un ami, un frère, un pa-
rent bien-aimé, qui sont loin de nous et ont besoin de
prières. Nous les recommandons à Dieu comme des
serviteurs qui espèrent ou doivent espérer en lui.
t. Pour les affligés et les captifs ;
ïji. Délivrez-les de leurs maux et de leurs épreuves, ô Dieu
dlsraël.
Ils sont nombreux ceux qui souffrent ! Combien d'af-
fligés soupirent après la consolation 1 Combien gémis-
sent dans les fers pour expier devant la société leurs
fautes, sans résignation peut-être et sans mérite! Com-
bien subissent le joug d*un esclavage plus honteux
encore, celui du péché. Tous ont besoin de la déli-
vrance, et nous prions pour eux : Libéra eos, Deus
htaéi, tx omnibus iribulationibus suis. «
t. A tous ceux qui ont ainsi besoin de vous. Seigneur,
envoyez de votre sanctuaire le secours.
I|!. Protégez-les, défendez-les du haut de Sion où vous
h«J)itez. (Ps. XIX, 2.)
C'est une formule générale quijembrasse tous les be-
soins, pour n'en oublier aucun.
t* Seigneur, écoutez ma prière.
I^. Et que mes cris suppliants s'élèvent jusqu'à vous.
(Ps. CI, 1.)
Ce verset que l'Église nous met si souvent sur les
lèvres, est ici comme une introduction au psaume qui
suit, le cxxix® si connu de tous. Le De Profundis^ en effet,
est la prière des Araesdu Purgatoire, mais aussi un appel
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416 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
du pécheur contrit à la miséricorde de Dieu. Cedemier
aspect l'a fait choisir pour les prières fériales : « Chant
extraordinaire que chacun de nous a répété sur sa
propre douleur, dit Emile Oliivier, explosion d'abord
d'un déchirement individuel, explosion d'un pathéti-
que tellement expressif que, n'ayant, ni auparavant ni
depuis, rien entendu de comparable, l'Église en a fait
la lamentation liturgique des adieux suprêmes. » (Z)ts-
cours pour sa réception à F Académie française) *.
!• Le comte A. de Marcellus a ainsi traduit en vers le De
Profundis :
Da fond de cet abtme où rèfirnent les alannes.
Où je subis tes justes lois,
Seigneur, c'est dans ton sein que j*épanche mes larmes,
Seigneur f daigne écouter ma Yoix !
Ton oreiUe attentive à mon humble prière
En la confiant à ton cœur.
Eveillera l'amour, qui d'un juge sévère
Vaincra l'inflexible rigueur.
Si tu juges, Seigneur, les péchés du coupable.
Selon ta justice et ta loi,
Qui pourra soutenir ton regard formidable ?
Quel mortel est pur devant toi ?
Mais ton cœur paternel gémit de ma souffrance.
Ton œil voit mon triste abandon ;
Ta promesse, Seigneur, soutient mon espérance»
Et j'attends l'heure du pardon.
La main qui me châtie est la main de mon Père :
J'adore et bénis sa rigueur,
En tremblant sous ses coups, c'est en lui que j'espère»
Mon Juge sera mon Sauveur f
Oui, soit qu'au jour naissant, des briUantes étoiles
L'aube fasse pâlir le feu,
Soit que la sombre nuit vienne étendre ses voiles,
Mon cœur soupire après son Dieu t
La bonté du Seigneur surpasse sa justice :
C'est le Dieu clément, le Dieu fort t
Pour sauver ses élus sa main libératrice
Dompte les enfers et la mort.
Un jour il confondra les trames criminelles
De l'impie en vain révolté ;
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LES PRIÈRES FÉRULES. 4i7
Les versets qui suivent le psaume résument tous
ceux qui out précédé.
t. Oui, Seigneur, Dieu des vertus, Dieu de la grâce et de
la puissance, daignez, en nous délivrant de nos maux, nous
ramener à vous.
I|;. Montrez-nous votre bienveillant visage, et nous serons
assurés du secours, nous serons sauvés. (Ps. lxxix, 7.)
t, 0 Christ, levez-vous, venez à notre secours.
Ijf. Et pour l'honneur de votre nom, consommez notre
délivrance.
Ce dernier verset est imité du ps. xliii, 26. C'est à
Jésus-Christ plus spécialement que nous nous adres-
sons, en terminant, comme étant notre médiateur
entre son Père et nous. La gloire de son nom est
intéressée à l'efficacité de sa médiation et de nos
prières.
Ifo 2. I^lèras férUles de Piime.
Elles ont comme deux parties, Tune composée des
prières dominicales de la même heure, jusqu'au Con-
fiteor exclusivement, et l'autre, de versets plus nom-
breux qui leur sont ajoutés. Ces versets ont, comme
les autres, la prière et la louange pour objet; et la
louange dans les prières, nous Pavons dit, dispose le
cœur de Dieu à nous exaucer. Voici ces derniers ver-
sets; il suffira de les rappeler ici pour en comprendre
les sentiments émus et les applications que chacun
peut en faire.
t. Délivrez-moi des méchants. Seigneur, et de Satan leur
chef, •
II saura dégager ceux qui lui sont âdôles
Des chaînes de Tiniquité.
Seigneur, qu'auprès de toi ton serviteur oublie
De son exU les longs travaux ;
C'est dans ton sein, grand Dieu, qu'est la paix et la vie :
Donne-moi l'étemel repos t
(Poésies diverses.)
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418 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
I^. Délivrez-moi des hommes pervers. (Ps. cxxxix, 2.)
t. Délivrez-moi de mes ennemis qui en veulent surtout
à mon salut, 6 mon Dieu.
I^. Délivrez-moi de leurs assauts perfides. (Ps. lxviii,
i.)
t. Eloignez-moi de ceux qui passent leur vie dans l'ini-
quité.
I^. Protégez-moi contre ces hommes de sang qui tuent
les Ames, (Ps, lviii, 2.)
t. Et ainsi, je pourrai sans défection célébrer voter
gloire.
Ijf. Et vous offrir chaque jour mes devoirs et mes vœux.
(Ps. LX, 9.)
t. Daignez-nous exaucer, 6 Dieu notre Sauveur,
I^. Vous qui êtes Tespérance de tous ceux qui habitent
les terres les plus éloignées, les mers les plus lointaines.
(Ps. LXIX, 6.)
t. Venez à mon secours, ô mon Dieu,
ft. Seigneur, hâtez-vous de me secourir, (lxix, 2.)
t. 0 vous dont la sainteté est divine^ toute-puissante,
éternelle»
Ift, Ayez pitié de nous.
t. Bénissez le Seigneur, ô mon âme.
Qf. Et que tout ce qui est en moi célèbre son nom
(Ps. cii, 1.)
t. Bénissez le Seigneur, 6 mon âme,
I^. Et n'oubliez jamais ses bienfaits (Ps. gii,2.)
t. C'est lui qui vous a miséricordieusement pardonné
vos fautes>
Çf. Et qui peut guérir toutes vos infirmités. (Ps. cii, 3.)
t. C'est lui qui vous a retirée de la mort.
ïji. Et qui, dans son inépuisable bonté,^ veut couronner
un jour votre persévérance. (Ps. en, 4.)
Qf. C'est lui qui peut rassasier de biens vos désirs,
Cf. Et rendre à vos forces épuisées la vigueur de l'aigle
et de vos jeunes années. (Ps. cii, 6.)
Les versets qui suivent avec le Confiteor sont les
mêmes qu'aux prières dominicales de prime.
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LES PRIÈRES FÉRULES. 419
N« 8. Prières fériales des trois autres petites heures et des
complies.
Beaucoup plus courtes qu'à prime, les prières fériales
de tierce, de sexte et de none, ne sont composées que
du commencement et de la fin de celles des laudes :
Kyrie eleison^ — Pater noster^ — Domine Deus virtu-
tUTHy couverte nos^ — Exurge^ Christe^ adjuva nos, —
Domine exaudi orationem meam. 0 n a voulu par là con-
server le souvenir de l'ancienne règle qui faisait réci-
ter chaque jour, aux petites heures de tout office fé-
rial, les prières des laudes.
Celles des complies sont les mêmes que les prières
dominicales . de cette heure ; mais au chœur, on
doit les dire à genoux. Comme rien n'est changé, jus-
qu'à l'oraison du moins, à cette dernière heure du
jour, l'Église n'a pas voulu non plus en changer les
prières, quand le rit de l'office les demandait.
Ifo 4. Prières fériales des vêpres.
La seule différence entre ces prières et celles des
laudes consiste dans le psaume Miserere qui remplace
ici le De Profundis. Les rapports intimes de ces deux
heures solennelles, qui ont plus spécialement la louange
pour objet, ne demandaient pas qu'on en variât les priè-
res.
Nous n'avons donc ici qu'à nous occuper du psaume
dont une explication ne paraîtra pas déplacée, vu sur-
tout que la liturgie nous le fait souvent réciter.
On sait quelle fut l'occasion du Ps. Miserere. David
venait d'entendre le prophète Nathan lui reprocher
son adultère et son homicide ; c'était un an après sa
chute ; le Roi coupable, touché d'un profond repen-
tir, composa ce psaume, expression fidèle des sen-
timents de son âme, et le plus bel acte de contri-
tion. <c Jamais, dit M* de Maistre, le repentir ne
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420 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
parla un langage plus vrai, plus pathétique, plus
touchant. »
En voici d'abord l'analyse, et ensuite l'explication.
Analyse. — David reconnaissant Pénormité de sa
faute, conjure le Seigneur de lui pardonner et de le
purifier de plus en plus, V à cause de sa miséricorde
infinie (v. 1-2) et 2<» de Thumble aveu qu'il en fait
(3-4); 3® parce que Dieu seul est son juge (5); 4® parce
qu'il était faible de sa nature corrompue (6) ; parce
que jusqu'alors il a été simple et droit (7). Le Roi de-
mande ensuite à Dieu de lui accorder la grâce, la joie,
toutes les heureuses conséquences du pardon (8-13), et
il promet en retour de travailler à sa gloire et de lui
offrir fidèlement le sacrifice de sa louange et de son re-
pentir (15-18.). Il le supplie enfin, en considération de
son peuple, de ne pas le punir. (19-20.)
Explication.
1. Ayez pitié de moi, Seigneur, vous, dont la miséri-
corde est si grande.
Miserere mei: digne début d'un pareil cantique ; le
Roi pénitent n'ose pas dire : Deus meuSy comme il Ta
fait tant de fois : le mot meus suppose une certaine
tendresse du cœur et une familiarité que David ne pou-
vait alors se permettre : Miserere mei^ Deus,
2. Innombrables sont vos bontés, daignez effacer mon
crime.
La justification, qui nous obtient le repentir, ne
couvre pas seulement la tache du péché, comme
le disent les protestants, mais l'efface et la détruit.
3. Purifiez-moi de plus en plus de mes fautes, rendez la
blancheur à mon âme, noircie par le péché.
Amplius lava me^ car il savait par Nathan que Dieu
lui avait déjà pardonné. David demande ici que le
Seigneur enlève de plus en plus de son âme les traces
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LES PRIÈRES FËRIALES. 421
du péché laissées après le pardon : concupiscence plus
vive, inclination plus forte et faiblesse plus grande.
4. Je reconnais la malice, retendue de mon iniquité, qui
est toujours présente à mon esprit.
David ne se fait pas d'illusion, et rien n'est touchant
comme son humble aveu.
5. J'ai péché contre vous seul et devant vous ; votre
bonté brillera d'un vif éclat par la sentence du pardon, et
sera ainsi vengée de vos ennemis qui ne la reconnaissent
pas.
C'est le troisième motif allégué. « Si j'avais oflfensé
tout autre que vous, je ne devrais pas espérer le par-
don ; mais j'ai péché contre vous seul, et en votre
présence, loin des regards humains, contre vous, mon
seul accusateur et mon juge ; aussi serez- vous justifié
dans vos attributs divins par votre sentence de par-
don, ut justiftceris in sermonibus tuis, et me jugeant
avec cette miséricorde, vous serez y^ngé de vos en-
nemis qui ne veulent pas reconnaître vos bontés :
etvincas cum judicaris, (On a donné à ce verset d'autres
interprétations, la nôtre est plus conforme à l'unité du
psaume.).
6. Souvenez-vous que j'ai été conçu dans l'iniquité, et
que j'ai reçu de ma mère une vie souillée dès le premier
instant parle péché.
La faute originelle, si clairement affirmée ici, laisse
dans notre nature des plaies profondes, d'où naît
pour la volonté une grande faiblesse ; elle est ainsi
comme la source de tous les autres péchés : de là le
pluriel, in iniquitatibus^ in peccatis, dans la Vulgate
et les Septante.
7. N'avez- vous pas toujours aimé en moi la droiture et
la sincérité du cœur ? aussi m'avez-vous découvert les mys-
tères inconnus et profonds de votre sagesse.
C'est le dernier motif invoqué par David pour ob-
T. n. 24
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422 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
tenir son pardon. « Mon crime, veut dire le Roi péni-
tent, n'a été qu'un moment de faiblesse. Daignez me
pardonner, en vue de cette droiture habituelle de mon
âme qui m'a valu déjà de votre part de si grandes
faveurs.
8. Oui, vous m'aspergerez avec l'hysope, et je serai de
plus en plus puriûé; vous répandrez dans mon âme l'eau de
la grâce qui lui donnera la blancheur de la neige.
David fait ici allusion aux cérémonies expiatoires
qui purifiaient les lépreux et tous ceux qui avaient
contracté quelque impureté légale. Son âme ne sera
pas seulement purifiée de ses fautes, mais encore en-
richie de la grâce.
9. Vous ferez alors entendre à mon cœur des paroles de
consolation et de joie qui feront tressaillir de bonheur le
plus intime de mon être, jusque là brisé par la douleur.
La paix et la joie suivent en effet le pardon.
10. Ne pensez plus à mes fautes, effacez-les de votre sou-
venir, comme elles sont effacées de mon âme.
Un fils au cœur délicat ne voudrait pas que son père
pût môme penser à ses torts, après qu'ils sont pardonnes.
11. Créez en moi un cœur pur qui résiste mieux aux ten-
tations futures; donnez-moi une intelligence plus éclairée,
une volonté plus droite, d'où ne proviennent désormais que
de saintes affections.
L'âme, que le vice impur a souillée, doit être comme
reconstituée, crea^ innova, pour avoir son premier
éclat et sa première énergie; car ce vice, plus que tous
les autres, laisse en elle des inclinations et des entraî-
nements funestes.
12. Ne me rejetez pas d e votre présence ; ne me sous-
trayez pas aux salutaires influences et aux lumières de vo-
tre Esprit-Saint.
David demande à Dieu de lui continuer les faveurs
et les intimités de son amitié première*
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LES PRI&RES FÉRULES. 423
13. Rendez-moi, pure et abondante, la joie de la conver-
sion que votre grâce a opérée dans mon coeur; donnez-moi
de persévérer, soutenu par votre esprit de force.
La triste expérience du passé le fait maintenant se
défier de lui-même.
14. Et le scandale sera réparé par mon zèle à vous faire
connaître et servir dé.^ormais, d'où s'en suivra, je l'espère,
la conversion de plusieurs.
Nous devons, en effet, puiser un zèle nouveau dans
le souvenir de nos fautes pardonnées.
15. Que le sang versé pour un affreux adultère ne re-
tombe jamais sur moi, ô Seigneur, de qui seul j'attends
mon salut; et ma langue à jamais publiera vos bontés qui
m'ont rendu la justice.
Dans le repentir et Thumilité que lui inspire de plus
en plus l'horreur de ses crimes, David fait allusion au
meurtre d'Urias et de ses soldats, suite funeste d'une
honteuse passion.
16. Vous délierez ainsi mes lèvres qui n'osaient plus par-
ler de vous ; et ma bouche, de nouveau, célébrera vos lou-
anges.
La reconnaissance effective suit toujours le vrai re-
pentir.
17. Si vous aviez désiré de moi des victimes grossières,
je vous les aurais immolées aussitôt en grand nombre; mais
ce n'est point là ce que vous me demandiez pour le moment.
18. Le sacriûce que le pécheur doit surtout offrir à Dieu
est celui d'une âme brisée par le repentir; tandis que vous
pouvez rejeter les holocaustes charnels, toujours un cœur
contrit et humilié vous est une victime agréable.
Motif de confiance pour le pécheur, et précieux en-
seignements pour les directeurs des âmes.
19. Ayez pitié. Seigneur, de mon peuple, de Sion qui
prospérera de plus en plus et verra tous ses remparts s'é-
lever, si vous ne châtiez pas avec rigueur son Roi péni-
tent, dont vous relèverez le courage par un pardon absolu.
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424 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
Ainsi le salut, la sanctification des âmes sont inté*
ressés à ce que le pasteur soit saint, béni de Dieu, plein
de courage.
20. Et alors voire cœur se réjouira des oblations et des
victimes, des holocaustes nombreux que nous viendrons
vous offrir avec amour et reconnaissance.
Rien n'est beau comme le spectacle du prêtre et des
fidèles que la reconnaissance réunit au pied des au-
tels pour célébrer les bienfaits du Seigneur.
Selon plusieurs interprètes autorisés, les deux der-
niers versets furent ajoutés au psaume de David par
le peuple ou par Esdras après la captivité; voici,
d'après eux, quel en serait le sens : pleins d'admiration
pour les miséricordes de Dieu à l'égard de David, ils
le conjurent de traiter de même Sion au retour de
Texil, et de l'aider à rebâtir Jérusalem et son temple,
afin que le culte divin y soit rétabli dans toute sa
splendeur. Nous pouvons, nous aussi, demander à
Dieu de renouveler, pour lésâmes et pour les pécheurs,
ce qu'il a fait pour le saint Roi pénitent, afin qu'il en
soit aimé et servi désormais.
Tel est le psaume Miserere si touchant et si beau.
Mais hélas I pouvons-nous dire avec M. de la Jugie qui
a traduit en vers tout le Psautier d'après Thébreu,
quelle traduction vaudra jamais ces versets latins,con-
sacrés pour nous par les plus vives émotions de la pitié
et du repentir? Et il ajoute : « Si, comme moi, vous
avez enteodu le chant du Miserere dans la chapelle
Sixtine,à l'heure où la nuit jette ses premières ombres
sur la fresque de Michel-Ange, n'essayez pas même de
lire mes vers *. » 11 est facile de voir pourquoi l'Eglise
nous le fait réciter aux laudes de la férié, dans les
1. Voici néanmoins la traduction du savant et pieux poète:
Dieu, prends pitié de moi dans ta miséricorde,
Pardonne-moi seloil tes immenses bontés t
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LES PRIÈRES FÉRIALES. 425
grandes prières des vêpres, à Toffice des morts, et
parmi les psaumes pénitenciaux. « Ne le répétons ja-
mais, dit le P. Berthier, sans entrer dans les senti-
ments du saint Roi ; et si nous Pavons imité dans ses
fautes, qu*il soit notre modèle par sa pénitence. » (Ré-
flexions sur les psaumes.)
Où Toffense abonda, que ton amour déborde ;
Lave, lave ma honte et mes iniquités.
Aht je connais mon crime; il m*6st présent sans cesse.
J'ai péché contre toi; toi seul, je te bravais I...
Fidèle à ta clémence, intègre à ta promesse.
Juge mon repentir et non pas mes forfaits.
C'est dans l'iniquité que me conçut ma mère.
Tu le sais ; je naquis esclave du péché.
Ce qui peut te fléchir, c'est un aveu sincère :
Ce secret, à mon cœur, tu ne Tas point caché.
Oui, je suis devant toi tel qu'un lépreux immonde,
Toi-même avec Fhysope arrose le pécheur;
n sera par. Mon Dieu, que ta grâce m'inonde ;
Et la neige des monts aura moins de blancheur.
Qu'eUe se fasse entendre à mon âme ravie,
Ta parole de paix, dont l'espoir est si doux.
Qu'ils tressaillent joyeux sous ton souffle de vie.
Mes os que tu broyas au jour de ton courroux.
Détourne tes regards qu'irrite mon ofiense.
Tous mes péchés. Seigneur, efiace-les enfin.
Grée en moi. Dieu propice, un cœur plein d'innocence;
Qu'un esprit généreux renaisse dans mon sein.
Ne me rejette pas, souillé, loin de ta face ;
L'esprit de sainteté, ne me le ravit pas.
0ht rends-moi le bonheur qu'on goûte avec ta grâce.
Que ton esprit de force affermisse mes pas.
J'enseignerai ta voie au pécheur qui s'abuse ;
Par moi, dans tes sentiers, reviendront les méchants.
Délivre-moi, mon Dieu, de ce sang qui m'accuse!...
Pour louer ta justice, éclateront mes chants.
Seigneur, ouvre ma bouche, et que ma voix encore
Annonce à l'univers la gloire de ton nom.
Si tu les désirais. Dieu Sauveur que j'implore
Ah t je t'aurais offert des victimes... Mais, non t..
Le sacrifice à Dieu vraimentjdigne de plaire,
C'est un esprit en deuil, par le remords brisé :
T. II. 24.
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426 LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
Art. IX. Des suffrages commims.
Nous devons en parler d'abord d'une manière géné-
rale, avant de les étudier en particulier.
§ I. DES SUFFRAGES COMMUNS EN GÉNÉRAL.
Le titre xxxv* de la rubrique dont les suffrages ^font
l'objet est ainsi conçu : De Commemorationibus commu-
nibusseu de suffragiis sanctorum ; on les appelle Corn-
mémoraisons^ mémoires communes^ parce qu'elles sont
communes à certaines classes d'offices; et suffrages des
saints parce que tous, excepté ceux de la croix et pour la
paix, et quelquefois aussi celui du titulaire, s'adressent
à la Sainte Vierge ou à quelque saint, poiir en obtenir le
suffrage ou le secours. Raoul de Tongres en parlait
déjà et les appelait Memoriae^ ce qui est le même que
commémoraisons. (Prop. 14.) Honorius d'Autun, au
XII* siècle, les nommait suffrages (Gemm. animât, 1. 3,
c. 45), et la rubrique actuelle a conservé ces deux
noms anciens. Durand de Monde nous apprend qu'au
xiii® siècle, on faisait ces mémoires à toutes les heures
de l'office en certaines Eglises, parce que nous avons
toujours besoin de Tassistance des saints : « Semper
sanctorum suffragiis indigemus ; idcirco in plerisque
Ecclesiis^ in singulis horis^ post Benedicamus^ suffra-
gia sanctorum sub/iciuntur, » (Ration. Div. off. I, v.
c. II, n. 64.)
Uii ôcfettt brisé, coûtrit, victime volontaire,
Jamais de toi, grand Dieu ! ne sera méprisé.
Que Sion cependant, soit ta chère demeuré :
Ô Maître soUYèraln, protège-la toujours ;
Bénis Jérusalem ; que par toi Vienne l'heure,
Où seront achevés Ses remparts et ses tourâ.
Alors» nous te devrons de pieux sacrifices.
L'offrande et ThôlocaUsté èU tribut solennel ;
Dans nos fêtes àloï's, soUs teâ regards propices
Nos UitireaUx immolés chàr|rieront ton autel.
{Les p8aame$ d'après Vhébteu^ Ps. 90^ Miser^ere inei Deus, se-
ùundmm,)
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LES SUFFRAGES COMMUNS. 427
Voici à ce sujet la règle actuelle donnée par la ru-
brique :
« 1. Les Gommé moraisons communes ou les Suffrages de
saints, marqués au psautier après les vêpres du samedi, se
disent à la fin de vêpres et de laudes, depuis l'octave de
l'Epiphanie jusqu'au dimanche de la Passion exclusivement,
et depuis l'octave de la Pentecôte jusqu'à l'A vent exclusi-
vement, les jours de dimanches, de fériés ou de fêtes (à
moinsque l'oflice ne soit double ou dans une octave ; quand
même, dans cette octave, on ferait roffice d'un dimanche ou
d'un semi-double.) On leur adjoint la commémoraison du
patron ou du titulaire de l'Église, avant ou après la com-
mémoraison de la Sainte Vierge et des apôtres, suivant
sa dignité, de telle sorte qu'on place en dernier lieu la
commémoraison de la paix. A l'office férial, on récite avant
toutes ces mémoires, la commémoraison de la croix qui
se trouve au psautier après les laudes du lundi.
(( 2. Au temps Pascal, on dit une autre commémoraison
de la croix, comme elle est marquée aux laudes du lundi
qui suit le dimanche in a/6i5, et on ne dit que cette mémoire,
omise cependant, comme les autres, dans les offices doubles
et pendant les octaves.
« 3. Quand on doit faire mémoire d'une fête occurrente,
on la fait toujours avant les suffrages accoutumés, même
avant la commémoraison de la croix.
«4. On ne fait pas la commémoraison de la Sainte Vierge
quand on dit son petit office, ni quand on récite un autre
de ses offices. »
La rubrique a déterminé les offices qui admettent
ces commémoraisons communes. Tels sont ceux d'un
rit semi-double et au-dessous; la liturgie, comme nous
l'avons vu, multiplie alors ses prières, parce que ces of-
fices sont moins solennels, et qu'ils auront ainsi plu-
sieurs mémoires, de même que la messe correspondante
a plusieurs oraisons. Pour des motifs indiqués plus bas,
TEglise voulait nous faire invoquer de temps en temps
les saints, ou honorer les mystères, objet des commé-
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428 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
moraisons communes; mais elle a choisi ces jours
moins solennels pour ne pas distraire nos pensées et
nos cœurs de l'objet principal en un jour d'un rit supé-
rieur et privilégié: « Excluduntur.., ab of/icio denique
duplici et ab oclavis, ad majorem celebritatem^ « dit
Gavalieri.
Les suffrages sont omis pendant TAvent et dans le
temps de la Passion; pendant l'Avent, parce que, dit
Gavantus, nous ne pouvons guère, ce semble, invoquer
les saints avant la naissance de celui qui les a sancti-
fiés; et nous ne devons pas demander la paix qui ne
fut annoncée au monde que parles anges de Bethléem.
Les suffrages sont encore omis durant le temps de la
Passion, parce que, dit Durand de Mende, l'Eglise veut
tourner uniquement nos regards et nos cœurs vers l'a-
dorable victime à laquelle cette quinzaine est spéciale-
ment consacrée (1. 6, c. 60) « Item tempore Passionis, dit
Gavantus, w^wni Christocrucifixo^ vacemus. » (Sect. V,
c. xvin, n. 17.) Il n'était pas convenable non plus de
demander la paix pour nous, en un temps où nous ho-
norons les souffrances et la mort du Sauvenr.
Pendant le temps Pascal, on ne fait que la mémoire
I commune de la croix, ce qui était déjà mentionné dans
; plusieurs anciens manuscrits. L'Eglise n'a pas voulu
j multiplier les prières en ces jours de joie chrétienne, ni
■ distraire les esprits du grand et glorieux mystère. La
I commémoraison de la croix y est cependant conservée
« parce que, dit Gavantus, Jésus-Christ ressuscité n'en
a pas moins conservé les plaies de son corps qu'il se
plaisait à montrer à ses disciples, comme preuve de sa
résurrection. » (Sect. VI, c. xiv, n. 3.)
Les mémoires communes ne se font jamais qu'après
les commémoraisons particulières, parce que celles-ci,
appartenant à l'office proprement dit, sont regardées
comme plus importantes : « hâsc enim pertinet ad offi-
cium : » dit Bouvry.(Pars. Il.Sect. m, Tit.xxxv, rub.l, 6.)
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LBS SUFFRAGES COMMUNS. 429
Le bréviaire indique l'ordre à suivre dans les suffra-
ges communs, et nous aurons bientôt à expliquer les
détails et les raisons de cet ordre.
§ II. DBS SUFFRAGES COMMUNS EN PARTICULIER.
Ils sont au nombre de six, et ont pour objet: la Croix,
la Sainte Vierge, saint Joseph» les apôtres saint Pierre
et saint Paul, le Titulaire ou le Patron, la Paix.
NO 1. Commémoraison de 1» croix.
Elle ne se fait qu'aux offices des fériés et dans le
temps Pascal.
L'Eglise veut nous rappeler le mystère de la croix
dans Toffice férial qui a toujours un caractère de tris-
tesse; elle le fait aussi dans le temps Pascal, pour la rai-
son donnée plus haut; ce mystère de souffrance et de
gloire devrait toujours être présent à notre pensée. Le
Micrologue, au xi"* siècle, en indiquait déjà la mémoire à
Toffice. (c. 44.) «Nous faisons mémoire de la très sainte
croix, dit élégamment le cardinal Bona, afin que nous
puissions recueillir les fruits de ce superbe palmier,
qui sont : la fuite des démons, l'affermissement de la
vertu, l'extinction des vices. » {Div. Psalm, c. xvi, §
XX. n. i.) 0 Mais alors, se demande ici Gavantus, pour-
quoi ne fait-on pas tous les jours commémoraison de
la croix : « miror cur de Cruce a quâ pendet nostra sa-
lies nonnisi fiât in feriali officiai » (Sect, V, c. xviii,
n. 2.) « C'est uniquement, répond Merati tout édifié
du pieux étonnement de son maître, pour qu'il y ait
une différence entre les fêtes et les fériés. »
La commémoraison de la croix occupe toujours la
première place, quand même celles qui suivraient se-,
raient d'une dignité plus grande, comme, par exemple,
si la sainte Trinité, le Saint Esprit, le Saint Sacrement,
étaient titulaires de l'Eglise. (25 septembre 1852.) C'est
parce que, disent Cavalieri et Bouvry, elle semble ap-
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430 LBS ÉL&MBNTS DBS HBURBS GANONULBS.
partenir per se et ex naturâ m, à l'office férial; ce qui
explique dans le bréviaire sa place à part et en dehors
des autres suffrages.
La formule de cette commémoraison varie dans le
temps Pascal. Elle est alors en harmonie avec le mys-
tère de la Résurrection. Voici donc ces différentes for-
mules.
I. Pour les fériés en dehors du temps Pascal.
Ant. Par le signe puissant de la croix, délivrez-nous de
nos ennemis, ô vous qui êtes notre Dieu.
C'est une des antiennes de laudes, dans l'office de
V Invention de la sainte Croix. Les âmes pieuses aiment
à réciter le soir ces paroles : Per signum crucis, en as-
pergeant leur lit d'eau bénite. On peut aussi les
dire au moment de la tentation, en faisant le si^ne
de la croix.
t. Que par la vertu de cette même croix, toute la terre
vous adore et chante vos louanges.
I)f. Et qu'elle célèbre ainsi la gloire de votre nom, Sei-
gneur.
Ce verset est emprunté au Ps. lxv. L'Eglise, en l'a-
doptant pour la mémoire et pour l'office de la croix,
nous dit assez quel en est ici le sens. La croix, en effet,
par ses enseignements, ses mérites, sa vertu, ralliera
de plus en plus les peuples sous une même croyance,
et nous devons hâter, par nos vœux, la complète vic-
toire de ce glorieux étendard.
Oraison. — Daignez, Seigneur, nous conserver toujours
dans votre paix, nous tous que vous avez rachetés par le
bois salutaire de votre sainte croix.
Cette mémoire est donc une louange, une action de
grâces et une prière au Dieu Sauveur qui donne à sa
croix une si grande efficacité.
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LES SUFFRAGES COMMUNS* 43i
n. Pour le temps Pascal.
Ant. des vêpres. Celui qui a subi les humiliations et le
supplice de la croix, a brisé par cette même croix la pierre
dn sépulcre, et reprenant sa puissance, comme une arme
invincible, a vaincu la mort en ressuscitant le troisième
jour.
Cette antienne si belle est aussi celle du Magnificat^
aux secondes vêpres de l'Invention de la sainte Croix.
Ainsi serons-nous un jour glorifiés avec Jésus-Christ,
si nous savons souflfrir avec lui et accepter en esprit
de foi les humiliations et les épreuves de la vie.
Ant, des laudes. Jésus crucifié est ressuscité d'entre les
morts, et nous a rachetés par sa cix)ix.
Douce pensée d'espérance! La résurrection glorieuse
de Jésus-Christ nous est un gage de la nôtre, si nous
n'abusons pas de son sang rédempteur, versé sur la
croix.
t. Oui, publiez partout chez les nations,
^. Que le Seigneur a triomphé, et règne par sa croix.
La troisième strophe du Vexilla Begis, qui fait elle-
même allusion à une parole de David, a inspiré ce
verset.
L'arbre au fruit défendu fut l'instrument dont le
démon se servit pour nous perdre, et l'arbre de la
croix fut celui de notre rédemption. Puissions-nous,
prêtres de Jésus-Christ, missionnaires du Saint Evan-
gile, chrétiens fervents, brûler d'un saint zèle pour
faire connaître et admirer le triomphe de la croix et
lui gagner de nombreux disciples !
Oraison : — 0 mon Dieu, qui avez voulu que votre divin
Fils fût cloué pour nous au gibet de la croix, afin d'enlever
à nos ennemis, par la vertu de cette même croix, tout pou-
voir sur nos âmes, accordez à vos serviteurs et à vos en-
fants, d'obtenir un jour par la même vertu, la grâce et la
gloire de la résurrection bienheureuse.
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432 LES SLÉMBNTS DES HEURES CANONIALES.
''Ile oraison est empruntée à la messe du vendredi
; dans le missel Ambrosien ; elle est, comme le
^t et les antiennes, en parfaite harmonie avec le
lère de la croix.
NO 2. Suffrage de la Sainte Vierge.
irie est la reine de tous les saints, la dispensa-
des grâces, notre Mère, la patronne enfin de
ise universelle. Elle devait donc avoir sa place,
ant tous les saints mais après la croix, dans les
âges communs, où nous l'invoquons pour les be-
I de tous.
mtienne est tirée des œuvres de saint Augustin
n. 18.); elle accompagne souvent le Magnificat
les offices qui ont la sainte Vierge ou ses mystères
objet. Fulbert, évêque de Chartres en 1007, Pau-
Qtroduite le premier, paralt-il, dans l'office divin ^
tte prière nous fait invoquer Marie, si puissante
bonne, pour le clergé, les ordres religieux et le
'ulbert, évoque de Chartes de 1007 à 1029, ami du pieux
ibert, et fort considéré des princes de son temps, posa les
nents de la merveilleuse cathédrale que nous admirons
\ aujourd'hui. Nous remarquons dans ses ouvrages, qui stfnt
Burrivés jusqu'à nous, des répons, des hymnes et des sé-
ïs dont il dota la liturgie Homaine Française, et qui sont
a plupart d'une grande beauté. On en jugera par les trois
( en vers, destinés à l'office de la Nativité de Marie; pla-
Eglises d'Europe les adoptèrent après celles de Chartres
•*rance ; le roi Robert en avait composé le chant.
^, Solem justitiae, Regem paritora supremum *,
Stella Maria maris hodie proeessit ad ortom t
t* Cemere divinum lumen gaudete fidèles *.
Stella Maria...
t« ^. Stirps Jesse virgam produxit, virgoque ûorem *.
Et super hune florem requiescit Spiritus aimas.
y, Virgo, Dei Genilrix, virga est, flos Filius ejus *
Et super hune florem...
[e H, Ad nutum Domini nostrum ditantis honorem *,
Sicut spina rosam genuit Judsea Mariam.
y. Ut vitium virtus operiret, gratia colpam *.
Sicut spina rosam...
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LES SUFFRAGES COMMUNS. 433
peuple, pour tous ceux qui mettent en elle leur con-
fiance, et spécialement pour les pauvres et les pé-
cheurs, pour les affligés et les faibles qui ont un plus
grand besoin de son secours. Le cardinal Pie, évêque
de Poitiers, en a fait une belle paraphrase dont nous dé-
tachons les passages suivants :
« Sancta Maria^ succurre miseris : Marie, secou-
rez les malheureux! C'est vous dire de secourir le
monde entier 0 scribes de ce temps, vous me de-
mandez s*il existe encore des malheureux au dix-neu-
vième siècle, et je vous demande, moi, où ils ne sont
pas?... Venez, ô Marie, venez au secours de tant de
peuples malheureux, de tant de nations délaissées... Et
ne refusez pas non plus votre maternelle assistance à
tant d'infortunes privées, à tant de misères domes-
tiques, dont nous sommes les témoins et les confidents.
0 Marie, venez en aide à ces infortunés, qui n'ont pas
conscience de leur propre misère; ouvrez-leur les
yeux sur eux-mêmes : succurre miseris.
Juva pusillanimes : aidez les faibles, les pusillani-
mes. La défaillance est partout : défaillance chez les
princes, défaillance chez les peuples, défaillance chez
les individus, défaillance même chez les chrétiens...
Les méchants sont en très petit nombre en comparaison
des faibles... Les volontés sont sans force, les caractères
sans décision, parce que les intelligences sont sans
lumière, sans ampleur, sans largeur, sans profon-
deur; elles sont sans fermeté, sans consistance...
Sainte Marie, venez en aide à ce monde de pusilla-
nimes. 0 Marie, vous avez donné à la terre Jésus le
Verbe de Dieu, Jésus, le Christ qui est la vertu et la
sagesse de Dieu... Faites rentrer Jésus dans les âmes ;
faites-le habiter par la foi dans les cœurs... Une Ame
n'est plus petite, n'est plus étroite, n'est plus faible,
elle est grande et au large, elle est forte, quand elle
porte le Christ.
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ES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
e flebiles : consolez les affligés, je parle ici aux
rétiens... Le monde continue de se réjouir...
ue vous, enfants de Dieu, vous serez dans la
... oui, vraiment, nous sommes irisies, fiebiles.
rs qui pleurent, c'est notre cas, à chaque ins-
is sentons notre âme toute larmoyante... Non
nous nous plaignions de porter Tépreuve trop
le; instruits à l'école de l'histoire sacrée et des
Ecritures, nous avons l'haleine longue pour
et pour souffrir, mais enfin, nous savons que
irist a dit: Bienheureux ceux qui pleurent parce
ront consolés, et nous ne sommes point indif-
t la consolation. Nous savons, ô Marie, que les
)nt industrieuses pour adoucir, pour étancher
es de leurs enfants; elles connaissent des airs
rment, des balancements qui endorment. 0
e votre voix et de votre main maternelle, con-
ïrcez, calmez votre famille en pleurs : Refove
'0 populo: priez pour le peuple... Sainte Marie,
irlachrétienté, pour le mondechrétien. Comme
s de Mardochée, la nation des justes est pro
nt troublée par la crainte des maux qu'on lui
.. 0 notre Esther, ô Reine toujours agréée du
îz pour votre peuple dont les nouveaux Aman
u la ruine. Priez, et votre prière di'jouera leurs
5; priez, et votre prière sera le salut du peuple
: Ora pro populo.
eni pro clero: et parce que le peuple chrétien
jle qu'à l'aide de la doctrine et de la grâce dis-
par le sacerdoce, c'est un orage plus terrible,
)ète plus effroyable quejamais contre le clergé...
témoin des insultes, des mépris, des attentats
ioté contre tout l'ordre auquel j'ai l'honneur
3nir, je m'adresse à vous en disant: Sainte
itervenez pour le clergé, intervenez pour la
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LES SUFFRAGES COMMUNS. 435
tribu ecclésiastique, qui est votre tribu privilégiée, in-
terveuez surtout pour le chef, pour l'hiérarque suprême
du clergé... sancta Maria, interveni pro clero.
Intercède pro devoto femineo sexu : l'Eglise qui sub-
siste par la hiérarchie, subsiste aussi par la prière des
saintes âmes vouées à la pratique des conseils et de
la perfection évangéliques... Sainte Marie, intercédez en
faveur de ces familles religieuses qui se placent sous
votre égide; intercédez pour ces vierges consacrées qui
sont votre cortège de prédi ection de la terre, jusqu'au
jour où elles seront votre cortège des cieux, pour
ces maisons de la pénitence, de l'oraison, de la psal-
modie, de la charité, qui sont, mêm^^. pour ceux qui les
poursuivent de leurs calomnies, le plus puissant pré-
servatif contre les foudres du ciel. Et puisque le sexe
féminin, dans le monde comme dans l'Eglise, s'est
montré l'appui le plus solide de la religion, puisque
le zèle des épouses, des mères, des sœurs, a été si pro-
pice au bien de la société et de la famille, étendez
votre main protectrice, ô sainte Mère de Jésus, sur ces
êtres si utiles à tous ceux qui les entourent; maintenez-
les à la hauteur où leurs vertus les ont placés, et que,
sous votre égide maternelle, la femme demeure en
possession de Testime et de l'admiration dont elle est
universellement l'objet : Sancta Maria^ intercède pro
devoto femineo sexu.
Sentiant omnes tuum juvamen^ quicumque célébrant
tuam sanctam commemorationem : enfin, A Marie, que
tous ceux-là ressentent votre protectionqui célèbrent au-
jourd'hui » (Homélie prononcée dans l'Eglise prima-
tiale de saint A ndré de Bordeaux, pour la fête d! inaugu-
ration de la statue de N', D. d* Aquitaine. (19 mai 1863.)
Les mots pro populo, dans l'antienne, signifient les
simples fidèles; pro clero,le clergé séculier ou régulier;
pro devoto femineo sexuy les religieuses consacrées
àJ)i6u.
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436 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
Le verset et l'oraisoD qui suivent sont souvent ré-
pétés dans la sainte liturgie. Dans le verset, nous
rappelons à Marie sa maternité divine et sa sainteté
qii la font si puissante auprès de Dieu : Orapro nobis,
sancta Dei Genitrix^ et nous la prions de nous faire par-
ticiper avec abondance aux promesses de Jésus-Christ,
c'est-à-dire, à la grâce et à la gîoire qu'il nous a méri-
tées, et qu'il promdttait au monde du haut de sa
croix : Ut digni efficiamur promissionihus Christi,
L'Oraison nous fait demander à Dieu pour nous
et pour les autres une faveur qui les résume toutes :
la santé de Tâme et du corps dont nous avons besoin
pour vaquer à nos devoirs, et surtout pour travailler
énergiquement à notre salut : perpétua mentis et cor-
poris sanitate gaudere\ et par suite, TiUoignement de la
tristesse exagérée si funeste à l'âme, la délivrance
d'un exil si douloureux et les joies éternelles,
a prœsenti liberari tristitiâ et œtemâ perfrui lœtitiâ ;
ces faveurs nous les implorons toujours par l'inter-
cession si puissante et si dévouée de la Vierge Ma-
rie: et gloriosâ Beatae Marix semper Virginis interces-
sione.
De Toctave de l'Epiphanie à la Purification, on change
ce verset et cette oraison par d'autres plus appropriés
aux mystères du Temps; ce sont alors les mêmes que
ceux de VAlma Redemptoris Mater, à partir de Noël.
Le suffrage de la sainte Vierge est omis dans les
offices qui ont déjà pour objet un de ses mystères, ou
du moins, une de ses mémoires; c'est en vertu d'un
principe liturgique plusieurs fois rappelé : Non fit bis
in idem.
Le petit office de la sainte Vierge, obligatoire autre-
fois à certains jours, en dehors de l'office ordinaire,
ne l'est plus maintenant. On omettait alors à l'office du
jour, si le rit exigeait les suffrages communs, celui de
la sainte Viergeje petit office y suppléant suffisamment.
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LES SUFFRAGES COMMUNS. 437
La même règle serait observée si Ton récitait par dévo-
tion le petit office de la sainte Vierge, un jour où l'office
obligatoire admet les suffrages. (Cavalîeri,tom. lIDecr.
291. — De Herdt, pars 4* n» 367.) Mais si la sainte
Vierge était titulaire de l'église ou patron du lieu, on
n'en ferait pas moins la mémoire parmi les suffrages
communs, malgré la récitation du petit office. (2 oct.
1683.) La sainte Vierge serait considérée, dans ce
dernier office, comme patronne générale de l'Église, et
dans les sufl'rages, comme titulaire ou patronne parti-
culière.
Dans le cas où la sainte Vierge, sous le vocable de
quelqu'un de ses titres ou de ses mystères, est ainsi
titulaire de l'église ou patronne du lieu, l'antienne
Sancta Maria avec son verset et Toraison, sert à la
fois de suffrage commun et de sufl'rage patronal, et
n'est récitée qu'une fois.
Saint Fidèle de Sigmaringen, ce glorieux martyr de
Tordre Franciscain, si dévot à Marie et à son saint ro-
saire, ne se lassait pas de répéter cette antienne. Puis-
sions-nous la réciter avec ferveur au moins quand
l'Église nous la met sur les lèvres, dans les suffrages
communs ou dans les offices de la très sainte Vierge I
NO 3. Suffrage de saint Joseph.
Pie IX, de douce et sainte mémoire, ayant, par un
bref du 7 juillet 1871, déclaré saint Joseph patron de
l'Église universelle, statua qu'on rendrait dès lors au
saint Patriarche les honneurs dus aux patrons litur-
giques : c'est-à-dire, la récitation du Credo à sa fête
primaire et à celle de son patronage, la mention du
saint, dans l'oraison A cunctis, et sa mémoire dans les
suffrages communs.
Voici le bref Pontifical si glorieux à la mémoire de
saint Joseph.
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438 LIS ÉLÉMKlfTS DBS HEURES CANONIALES.
PIE IX, PAPE,
Ad perpetuam rei memoriam.
« L'Eglise catholique honore avec raison d'un culte plus
étendu, et vénère avec un sentiment toutparticulierde piété
intime saint Joseph, couronné d'honneur et de gloire dans
les cieux. ))ieu le Père, en efîet, a choisi parmi tous les saints
cet illustre etbienheureux Patriarche pourêtre ici-bas le très
chaste et véritable Epoux de l'Immaculée Vierge Marie, et
le père putatif de son Fils unique; il Ta comblé et enrichi de
grâces toutes singulières, en vue de ces titres et de ces
fonctions sublimes. C'est pourquoi, les pontifes romains
nos prédécesseurs, voulant accroître de plus en plus, et
exciter plus ar iemment dans les coeurs dcis fidèles la véné-
ration et la piété envers ce saint patriarche, ne manquè-
rent jamais, quand Toccasion se présentait, de lui dé-
cerner de nouveaux et plus grands honneurs dans le
culte public. Il sufïira de rappeler parmi ces pontifes, nos
prédéceseurs d'heureuse mémoire, Sixte IV, qui fit in-
sérer la fétede saint Joseph dans le bréviaire et le missel ro-
mains; Grégoire XV, dont le décret du 8 mai i62i rendit
c(*tte fête obligatoire pour tous, sous le rit double mineur;
Clément X, qui, le 6 décembre 1670, réleva au nt de 2"*
classe ; Clément XI, à qui nous devons une messe et un
oiïice propre du saint, promulgués par un décret du 4 fé-
vrier i744 ; et enfin BenoitXIlI, qui ordonna le i9 décem-
bre 1726, d'ajouter le nom du saint patriarche dans les li-
tanies. Dès que nous fûmes élevé nous- môme, par un secret
jugement de Dieu, à la chaire suprême de Pierre, touché
par les exemples de si nobles préJé-^esseurs, et inspiré par
la dévotion singulière que nous avons toujours eue dès notre
jeunesse pour le saint Patriarche, nous avons avec joie
étendu à l'É^^lise universelle, et sous le rit de 2™* classe, son
patronage que plusieurs Eglises célébraient déjà en vertu
d'un induit Apostolique. Mais, tn ces derniers temps où
Ton a déclaré à l'Église de Jésus-Christ une guerre cruelle
et ténébreuse, la dévotion des fidèles envers saint Joseph
s'est tellement accrue, que, do toutes parts, nous sont arri-
vées de nombreuses et ferventes suppliques, pour déclarer
saint Joseph patron de l'Église universelle. Le motif allégué
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LES SUFFRAGES COMMUNS. 439
était d'obtenir plus eiUcacement de la miséricorde de Dieu,
par les inérites et riotercession de saint Joseph, l'éloigne-
ment des maux, qui, en ces temps lamentables, nous pres-
sent de toutes parts. Ces demandes nous sont venues sur-
tout pendant leConcile œcuménique du Vatican, et de toutes
lespartiesdelachrétienté.Piusieursde nosvénérables Frères
les cardinaux et évéques de TÉglise romaine nous les ont
réitérées plusieurs fois, ce qui est plus important encore.
C'est pourquoi, touché de ces vœux, et après avoir invoqué
la lumière divine, nous avons cru devoir accé !erà tant de
pieux désirs, et, par un décret de notre sacrée congréga-
tion des Rites, publié dans la Basilique le 8 décembre 1870,
jour de l'Immaculée Conception de son Epouse, nous avons
solennellement déclaré le bienheureux patriarche Joseph
patron de l'Église universelle, en élevant sa fête du 19
mars au rit de 1'° classe, sans octave cependant, à cause
du carême. Et parce qu'il était juste, dès lors, d'attribuer
à saint Joseph, dans le culte public, les honneurs et préro-
gatives décernés par larubriqueaux patrons principaux....
nous avons ordonné ce qui suit: Désormais, on ajoutera le
Crerfo à la Messe de la fête primaire de saint Joseph et à celle
de son patronage ; le nom du saint sera inséré dans l'oraison
A cunctis par ces mots : cum beato Joseph, après celui delà
Sainte Vierge, et avant tous les autres, à l'exception de
saint Jean-B iptiste et des anges. Enfin, on ajoutera, dans
le môme ordre que ci^dessus, le suffrage de saint Joseph
aux suffrages communs; la formule en sera la suivante:
Aux vêpres: Ant. Ecce fidelis servus etprudens^ quem comti-
tuit Dominus super famillam suam. t. Gloria et divitix in
domo ejus, ïji. Et justitia ejus manet m sxculum sxculi, A
laudes; Ant. Ipse Jésus erat incipiens quasi annorum tri-
ginta ut putabatur filius Joseph, If. Os justi meditabitur sa^
pientiam. if?. Et lingua ejus loquet ur judicium, Orai^^on :
Deus, qui ineffabili providentiâ beatum Joseph sanctissimae
Genitricis tuœ sponsum eligere dignatus es, prœsta, quœ-
sumus, ut quem protectorem veneramur in terris, intercesso-
rem habere mereamur in cœlis. Ces dispositions, nous les
voulons, los ordonnons
Donné à Rome, près de Saint Pierre. ,. le 7 jaillet iSll...
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440 LBS ÉLfiHBNTS DBS HEURES CANONIALES.
On jdoitdoDC ajouter maintenant aux suffrages com-
muns celui de saint Joseph : privilège glorieux à no«
tre Saint, et dont l'Église, le sacerdoce et les âmes
ne peuvent que recevoir de précieux avantages.
Le nouveau suffrage vient après celui de la sainte
Vierge, la plus noble des créatures, mais avant tous les
, excepté ceuxde saint Jean-Baptiste et des Anges,
rniers, en effet, sont regardés commentant d'une
é plus grande : les anges, à cause de leur nature
lelle, et le saint Précurseur par sa mission publi-
ais tous les autres saints sont, aux yeux de l'Église
s sa liturgie, inférieurs à saint Joseph. Ses titres
iix, ses mérites, ses vertus, lui donnent, en effet,
e de Sdarez, de sainte Thérèse, de saint Bernard
)eaucoup d'autres une place à part,
lint Joseph était le titulaire ou le patron d'une
particulière, on n*en ferait pas d'autre mémoire
iffrages que celui indiqué plus haut,
itienne et le verset des vêpres, empruntés aux
les vêpres de la fête primaire du 19 mars, nous
les vertus de saint Joseph, sa fidélité, sa pru-
, son éminente sainteté, qui lui ont valu ses
eurs. Ceux des laudes, empruntés aux laudes
ime jour, célèbrent son plus beau titre de gloire,
ravoir été le père putatif et nourricier de Jésus
loux de Marie; titre glorieux qui lui valut aussi
ésorsde sagesse et de sainteté. L'oraison est celle
tronage de saint Joseph. Nous y demandons à No-
igneur, Dieu tout-puissant, qui a ainsi honoré saint
1 : Deus, qui ineffabiliprovidentiâ beatum Joseph
ssimœ Getiitricis tuœsponsumeligere dignatus es^
uloir bien écouter au ciel, en notre faveur, Tin-
sion si dévouée de celui qu'il nous est permis de
er ici-bas comme notre protecteur : utçuempro-
?w veneramur in terris^ intercessorem habere
imur in cœlis.
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LBS SUFFRAGES COMMUNS. 44i
Heureux celui qui honore avec amour saint Joseph,
ce protecteur si bon et si puissant ! Heureux celui qui,
durant la vie et au moment de la mort, a recours avec
confiance à sonpxtronage! Et béni soit le pieux Pon-
tife qui nous permet ainsi, dans TofQce divin, d'implo-
rer pour l'Église entière le secours de ce glorieux pa-
tron.
NO 4. Suffrage des Apôtres.
Il s'agit ici de saint Pierre et de saint Paul qui
sont aussi les patrons de TÉ^lise universelle, dit avec
raison Gayantus. Saint Pierre fut, en effet, le premier
chef de l'Église, et saint Paul, Tapôtre des gentils qui
devaient former la plus grande partie des chrétiens.
Le Micrologue mentionnait déjà le suffrage des saints
Apôtres dans roffice divin, (c. 44.)
II n'y a pour les deux qu'une même commémoraison
« parce que, dit Durand de Monde, unis ensemble durant
la vie par un amour tout particulier et par leurs travaux
dans Rome, et unis encore dans la mort par le martyre
qui leur ouvrit le môme jour les portes du ciel, ils ne
devaient pas être séparés dans la mémoire que l'Église
en fait. » (L. V, c. ii, n. 64.)
Dans les églises où saint Pierre et saint Paul seraient
patrons ou titulaires, on ne réciterait pas, aux suf-
frages, d'autre commémoraison en l'honneur des saints
Apôtres; celle-ci suffirait, alors même, disent Guyet
(1. III, c. xvi, 9. 8) et Bouvry (pars II, sect. m, Tit. xxxv.
Rub. 2.), que ce titre ne conviendrait qu'à l'un d'eux,
comme par exemple dans les églises qui auraient pour
titulaire ou patron saint Pierre aux liens^ ou la Conver-
sion de saint Paul. La raison qui les fait réunir dans
le suffrage commun semble devoir encore s'opposer ici
à leur séparation.
La formule entière du suffrage est empruntée à
l'office du jour octave dçs saints Apôtres, le 6 juillet,
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442 LBS ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
Les antieriHes et le verset nous rappellent leur glorieuse
mission, fécondée par un grand zèle apostolique,
ainsi que leur union intime durant la vie et dans la
mort. L'oraison nous fait demander à Notre-Seigneur
Jésus-Christ, par le miracle qui sauva saint Pierre des
flots et saint Paul d'un triple naufrage, et par leurs
mérites personnels, de nous conduire à travers les
dangers de ce monde jusqu'à la g'oire éternelle.
En récitant les suffrages des saints Apôtres, ayons
en vue surtout le successeur de saint Pierre qui, au
milieu de dangers nombreux et pressants, souffre
et se dévoue pour nous tous. Pensons aussi à la
sainte Église romaine que les flots courroucés en-
tourent de toute part; à notre Mère dont le triomphe
et la gloire doivent être l'objet de nos vœux, le but de
notre vie; et, tout disposés à nous dépenser et à mou-
rir pour elle, rappelons-nous ces nobles paroles, ces
beaux sentiments deBossuet : « Si je t'oublie, Église ro-
maine, puissé-je m'oublier moi-même! Que ma langue
se sèche et demeure immobile dans ma bouche si je
ne te mets au commencement de tous mes cantiques I »
{Serm. sur F unité de l'Église,)
no 6. Suffrage du Patron ou du titulaire de l'église.
Nous avons dit ailleurs la diff(^rence entre le titulaire
d'une église et le patron du lieu. Le titulaire est le saint
ou le mystère sous le vocable duquel une église a été
bénite ou consacrée; il n'affecte que cette église et lui
donne son nom. Le patron est un saint qui représente
auprès de Dieu les intérêts du lieu placé Uturgique-
ment sous sa protection.
Mais la rubrique générale du bréviaire : titre xxxv,
n. 1; et celle qui se trouve dans les suffrages com-
muns après celui des apôtres, n'entendent par ces
mots: de patrono vel titulo^ titulari ecclesim^ que le
titulaire de l'église, appelé aussi patron de cette
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LES SUFFRAGES COMMUNS. 443
église, pour le cas où le titulaire est un saint. Un mys-
tère, eu effet, ne peut pas être patron, c'est-à-dire un
intercesseur auprès de Dieu. Le mot patron n'a donc
pas ici sa sigaification propre, mais se rapporte à l'é-
glise et en désigne le titulaire ; la formule: Depatrono
vel tihdari ecc/e6'tâ?équivautdoncà celle-ci : Depatrono
ecclesis vel titularr ecclesiae^ et non De patrono loci
vel titulari ecclesix. Cetle interprétation ressort d'une
rubrique particulière à la fin des laudes du dimanche
où nous lisons : Fiunt commemorationes de Apostolis
et de patrono ecclesiae, et la sacrée congrégation des
Rites Ta confirmée par son décret du 23 septembre 1848.
Il est donc certain que ces mo\.% patron et titulaire dé-
signent le môme objet, quand il s'agit des suffrages, et
ne se rapportent qu'au titulaire, saint ou mystère, sous
le vocable duquel une église a été bénite ou consacrée.
Cavalieri et Gavantus voulaient, mais à tort, que ce
mot de patrono désignât aussi le patron du lieu. Nous
verrons bientôt ce qu'il faut penser du véritable patron
liturgique, dans cette question des suffrages communs.
Voici les règles sur le suffrage qui nous occupe en ce
moment et dont nous avons déterminé l'objet.
i^ Dans les suffrages communs, on doit faire mé-
moire du titulaire (ou patron) de l'église, en l'honneur
et sous le vocable duquel cette église a été consacrée,
ou même seulement bénite; ainsi Ta expliqué un décret
de la sacrée Congr. des rites du 2 septembre 1871. Le
titulaire peut être une des Personnes divines, un mys-
tère ou un saint.
2^ Ce suffrage est omis, si l'office a déjà pour objet le
titulaire. Tel serait le cas où un prêtre réciterait l'of-
fice votif des saints Anges, titulaire de son église. C'est
toujours à cause du principe non bis in idem. On n'o-
mettrait pas cependant la commémoraison commune
de la croix, à l'office férial, là où l'église serait dédiée
au Saint-Sauveur, ou à quelqu'un des autres mys-
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444 LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
tares de la Passion, parce que ces objets ne sont pas
les mêmes (23 août 1704) : quia œquivalere non cen-
sentur, dit avec raison de Herdt.
Le suffrage, dont le saint ou le mystère serait fêté le
lendemain, devrait s'omettre aux laudes dans le cas où
la fête aurait une vigile, car la vigile en a fait déjà
mémoire, au moins par Toraison.
3^ Si une église a plusieurs titulaires avec offices dis-
tincts, on ne fait que le suffrage du principal. (20
novembre 1683.)
4^ Le suffrage du titulaire se fait à laudes par Tan-
tienne et le verset de Benedictus et Toraison de la fête,
et à vêpres, par Tantienne et le verset des secondes
vêpres avec la même oraison. On les prend au propre
de l'office; à son défaut, ou encore si ces formules
sont trop particulières au jour de la fête, on les prend
au commun. Il faut changer dans l'oraison les
mots : naiivitatem, natalttia^ solemnitatem^ par ce-
lui de commemorationem, et omettre : hune diem, ho-
diema^ annua dies, ou autres semblables. S'il fallait
changer une oraison du commun qui a déjà été récitée
dans les mêmes vêpres ou laudes, et que le commun
des saints n'en eût qu'une, on prendrait, pour les Doc-
teurs ouïes Abbés, celled'un Confesseur pontife ou non
pontife, selon le cas; et pour les Vierges et les Veuves
non martyres, l'oraison /ndulgentiam, en y omettant
le qualificatif de martyre, pour les premières, et
ceux de vierge et de martyre pour les secondes. Lors-
que l'antienne qui doit servir de suffrage a un Alléluia
au propre ou au commun, on doit le dire, si cette
antienne exprime l'idée de la joie ou de la victoire, si-
non il faut l'omettre. (29 novembre 1738.)
Si la croix, la sainte Vierge dans quelqu'un de ses
mystères, saint Joseph, saint Pierre et saint Paul ou
Tun des deux seulement, était le titulaire de l'église, on
prendrait pour leur çommémoraison dan^ les suffrage^
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LBS SUFFRAGES COMMUNS. 445
communs celle qui s'y trouve déjà. (30 mart. 1621 ;
— ]2 ap. 1667; — 12 jan. 1669; — 16 Oct. 1743.)
5® Lacommémoraison du titulaire se fait dans Tordre
suivant, indiqué sommairement par le bréviaire, mais
jamais, avons-nous dit, avant celle de la croix : la sainte
Trinité ou une des Personnes divines dans quelqu'un
de ses mystères, avant la sainte Vierge; les anges ou
saint Jean-Baptiste, avant saint Joseph ; saint Pierre
et saint Paul ou tout autre apôtre, après S. Joseph. La
commémoraison des saints, même apôtres, doit être
placée après celle de saint Pierre et de saint Paul. Si
la fête de tous les Saints était le titulaire, on n'en pla-
cerait pas moins la mémoire après celle des apôtres
saint Pierre et saint Paul. Les litanies ont inspiré Tordre
ci-dessus. Si Ton avait à faire la commémoraison du titu-
laire de Téglise et celle du patron du lieu, il faudrait sui-
vre Tordre indiqué plus haut; si leur rang étaitle même,
comme s'il s'agissait de deux apôtres, de deux martyrs,
de deux confesseurs, etc., on ferait passer le titulaire
avant lepatron, en vertu d'un principe liturgique expli-
qué ailleurs, et qui, dans certains cas, donne à une fête
plus particulière la priorité sur une fête plus générale.
Tous ceux qui, faisant partie du clergé d'une église,
sont tenus à l'office du titulaire ou du patron de cette
église, doivent aussi en faire mémoire aux sujBfrages
communs; les autres n'y sont pas tenus, quoique rési-
dant sur la paroisse de cette église. (21 juillet 185S; —
2 septembre 1871.)
Mais il s'agit ici et dans les termes de la rubrique,
d'une église et non d'un oratoire public. Le clergé
des séminaires, des hôpitaux, des couvents, n'est pas
obligé de faire l'office du titulaire ou du patron de ses
oratoires publics, à moins que ceux-ci ne soient consacrés
(12 nov. 1831 ; — 18 juillet 1885); il n'est pas tenu dès
lors à la commémoraison de ce titulaire ou de ce patron
4wsle$ si^ffra^es communs, sauf U restriction ci-deç-
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■ ' * ''*^?'^>;P^>-
446 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
SUS. De Herdl (Pars IV, n. 369) cite un décret d'après
lequel les élèves des grands séminaires seraient tenus
au sujBfragedu titulaire de leur chapelle, pourvu qu'elle
fût publique (18 septembre 1877); mais il faut enten-
dre ceci d'une église proprement dite, qui serait en
même temps chapelle du séminaire, ou en d'autres
termes, d'une église à laquelle le séminaire serait
annexé.
D'après ce même décret, les religieux seraient cepen-
dant tenus au suffrage du titulaire de leur église,
parce qu'ils doivent en faire Toffice.
Le prêtre, attaché à deux églises distinctes, comme
par exemple celui qui serait le curé de deux paroisses,
ou qui aurait deux bénéfices, ne serait tenu qu'au suf-
frage d'un seul titulaire,*' quoiqu'il doive faire la fête
des deux (2 avril 1667); c'est pour ne pas multii)lier
les suffrages : « Betieficiatos^ dit le décret, non tenei'i
quotidie facere commemorationem de sancto seu de
sanctis utriusque beneficii simplicis. Comme de Herdt,
nous pouvons étendre au curé des deux paroisses ce
décret qui, pris à la lettre, semble ne s'appliquer
qu'aux bénéficiers. 11 faut choisir alors le titulaire de
sa résidence, ou le titulaire principal, si Ton réside
également dans les deux.
Doit-on faire aussi le suffrage du Patron du lieu,
du royaume, du diocèse, de la ville, ou de la paroisse,
soit en l'ajoutant à celui du titulaire, soit à sa place,
quand on n'appartient au clergé d'aucune église,
comme les aumôniers, les directeurs et élèves d'un
grand séminaire? Gavantus (Sect V, c. xviii, n. 7.) et
Cavalieri (tom. I dec. 48.) le voudraient, mais d'après
les déclarations de la sacrée Congrégation des Rites
(8 avril 1656, 17 juin 1677,23 septembre 1837 et autres),
il semble qu'on n'est tenu au suffrage d'aucun patron
proprement dit, à moins qu'il n'y ait une coutume
contraire. La rubrique, en effet, no parle que du titu-
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LES SUFFRAGES COMMUNS. 447
laire ou patron de l'église à cause de sa dignité : pro
dignitate illius, disent les auteurs. Merati, (Sect. V, c.
XVIII, n. 8) Guyet (1. IIL c. xvii, q. q,) et de Herdt (Pars
IV, n. 369) sont de cet avis. Ce dernier {loc, cit. 2®)
semble ici se contredire quand il oblige le clergé d'un
séminaire au suffrage du patron local. Le décret du
18 septembre 1877, qu'il cite à l'appui, répond à un
cas particulier et suppose probablement une coutume
existante.
Soit que nous ayons à faire le suffrage du titulaire,
ou celui du patron, nous aimerons ainsi à honorer de
temps en temps et en dehors de leurs fêtes, les mystères
ouïes Saiats avecqui nous avons des rapports si intimes.
Ils sont les défenseurs et les protecteurs de nos églises
et des lieux que nous habitons; nous participons avec
plus d'abondance à la grâce du mystère; les saints se
plaisent plus spécialement à nous aider du haut du
ciel; il convient dès lors d'honorer ainsi plus sou-
vent leur mémoire dans Toffice divin, de nous élever
fréquemment jusqu'à eux par la prière, l'esprit et le
cœur.
Ifo 6. Le suffrage pour la paix.
L'Église est souvent comparée par les orateurs sa-
crés et par les Pères à un navire aumilieu des flots cour-
roucés. Toujours, en efl'et, elle est combattue ici-bas,
tantôt dans son dogme, sa morale ou son culte, tantôt
dans son chef, ses pasteurs, ses enfants, ou encore
dans ses institutions et ses œuvres; et cela depuis son
berceau oùlessanglantes persécutions voulurenten vain
l'étouffer, depuis les premiers siècles oîi les hérésies
s'efforcèrent de mettre la division dans son sein. L'É-
glise, à l'exemple de son àivin fondateur, a toujours
souffert et n'a jamais goûté de véritable repos. Elle a
donc besoin de paix pour elle-même ; elle en a besoin
aussi pour ses enfants, pour les âmes chrétiennes que
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448 LBS ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
le monde et le démon persécutent sans cesse, et qui
trouvent partout et to ijours, en elles-mêmes et au de-
hors, des occasions de combat. C'est pourquoi l'Église
nous fait demander souvent dans la prière publique,
pour elle et pour ses enfants, le bienfait de la paix; de
là ce dernier suffrage dans son office.
« Il vient en dernier lieu, dit Gavantus, parce que la
paix résumetous les autres bienfaits. » (Sect. V, c. xvm,
n. 5.)
Voici cette commémoraîson finale si pleine de foi
et de confiance, et que les circonstances rendent sou-
vent plus touchante encore.
Ant. Donnez la paix à nos jours si souvent troublés, ô
Seigneur; en vous seul nous avons confiance, car aucun autre
que vous, ô notre Dieu, ne peut combattre efficacement pour
nous.
t. Que la paix règne dans vos murailles, ô Jérusalem,
sainte Église de Dieu, âmes chrétiennes.
Q;. Et que dans vos tours soit l'abondance, fruit de cette
paix. (Ps. Gxxi, 7.)
Chmson. 0 mon Dieu, de qui viennent tous les saints
désirs, tous les sages conseils, toutes les œuvres équita-
bles : autant de biens qui procurent la paix et dont l'absence
ne produit que le trouble et la division, donnez à tous vos
serviteurs cettepaix véritable que le monde ne peut donner;
nos cœurs alors, tqut entiers à vos commandements, moins
troublés et distraits par les frayeurs ennemies, goûteront
des jours plus tranquilles sous votre protection paternelle,
et vous serviront avec plus de joie et d'ardeur *.
Art. X. Les antiennes finales de la sainte Vierge.
Ces antiennes terminent, en effet, les heures cano-
niales. Elles sont obligatoires, même dans l'office privé,
1 . Mgr Freppel, dans une lettre circulaire pour les prières
publiques à l'occasion de la rentrée des chambres, a magnifique-
ment commenté cette oraison de la paix, en l'appliquant aux
ci?coi|stançesf du temps, (lettre ^rç, clu6 Jai^v. W79.)
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LES ANTIENNES FINALES DE LA SAINTE VIERGE. 449
à la fin de laudes et de compiles. Au chœur, elles le
sont encore à la fia d'une petite heure ou des vêpres,
si Pon se relire. Nous avons à parier de ces antien-
nes eh général, et de chacune d'elles en particulier.
§ I. DES ANTIENNES FINALES DE LA SAINTE VIERGE
EN GÉNÉRAL.
Voici d'abord comment la Rubrique s'exprime à leur
sujet. (Titre xxxvi: De Aritiphonis Beatx Mariœ Virgi-
nis in fine cfjicii.)
4. Les Antiennes de la sainte Vierge placées à la fin du
psautier, après complies, sont récitées chacune suivant le
Temps, comme il est marqué, excepté pendant les trois
derniers jours de la semaine sainte.
2. On ne les dit, en dehors du chœur, qu'à la fin de com-
plies et à la fin de laudes après matines, si on termine là
rofQce, ou, si Ton poursuit, à la fin de la dernière heure.
Au chœur, on les dit toujours quand, à la fin d'une heure,
on doit se retirer.
3. On les omet toujours après une heure qui est suivie
de l'office des morts, des sept Psaumes de la pénitence ou
des Litanies. Il faut cependant excepter complies, à la fin
desquelles on n'omet jamais ces antiennes, même dans ce
cas. On ne les récite pas non plus, quand la messe suit
immédiatement une des heures. Elles se disent à genoux,
excepté les dimanches depuis les premières vêpres du sa-
medi et tout le temps Pascal. L'officiant se lève pour l'o-
raison.
Les antiennes finales de la sainte Vierge ne furent
ajoutées que plus tard à l'office divin, puisque, d'après
Gavantus, les anciens monuments n'en parlent pas. Me-
rati, dont l'érudition consciencieuse est connue de tous,
nous assure qu'il ne les a rencontrées dans aucun bré-
viaire, avant le xvi« siècle. (Sect. V, c. xxn, Nov. observ.
n. 1.) Il parait cependant que les Franciscains, dès
le xui*, chantaient une de ces antiennes après complies,
et Gavantus cite à l'appui les annales des Frères Mi-
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450 LES ÉLÉMENTS OBS HEURES CANONIALES.
neurs de Tannée 1249, n. 2. Cet usage, observé
aussi, d'après D. Marlène {De Antiq. monach. ritib,
c. 12, n. 17), dans certains monastères bénédictins,
aurait ensuite passé, mais plus tard, dans Toffice ro-
main. « Sunt addimentum quoddam sera in brevia--
ritim romanum invectum» ditCavalieri. (Tom. II, dec.
337. n. 1.) Ce serait vers le commencement du xvi® siè-
cle, s'il fallait en croire un bréviaire édité à Venise en
1521, qui attribue Tintroduction de ces antiennes à
Clément VI.
L'Eglise veut ainsi nous faire obtenir par Marie, auxi-
liatrice du genre humain, le pardon des fautes qui
nous auraient échappé durant Tofflce, et nous donner
aussi Poccasion de recourir plus souvent à son mater-
nel et puissant patronage. Marie, en effet, protège et
met à Tabri des tempêtes les âmes tourmentées; elle
offre son bras secourable à ceux que voudrait perdre
le monde, et brise les efforts ennemis; Marie, toujours
prête à nous secourir, et le jour et la nuit, et à "haque
instant de la vie; Marie, à qui tout obéit sur la terre,
au ciel et dans les enfers, et jusqu'aux éléments eux-
mêmes, Marie enfin à qui nous devons l'éclat des bon-
nes mœurs et le mérite des bonnes œuvres. Nous ai-
mons à dire le Sub tuiim après les principales actions de
la journée; rien, dès lors, n'est plus convenable que
de terminer, par une invocation à Marie, l'acte si
solennel de la prière publique. Nous confions aussi
à cette mère si bonne le fruit de l'office divin, avec
le regret peut-être de ne nous en être pas acquittés
comme il faut, et la résolution de mieux faire.
« Pieuse et salutaire institution de l'Eglise, dit le
card. Bona : Saluberrimo consilio decrevit Ecclesia.
Ces antiennes finales, au nombre de quatre, se disent
tous les jours et à tous les offices, excepta les trois der-
niers jours de la semaine sainte et les offices des morts.
Touchantes formules de prière à Marie, elles n'en sont
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LES ANTIENNES FINALES DE LA SAINTE VIERGE. 451
pas moins une louange à cette Reine, à cette Mère si
glorieuse; aussi un ancien cérémonial du xv® siècle
les appelait-il : Laudes Beatx Marise. On comprend dès
lors pourquoi ces hymnes de gloire et de joie ne se font
plus entendre aux offices ou aux jours indiqués plus
haut.
Les raisons, qui ont porté l'Eglise à nous faire ré-
citer ces antiennes finales, devaient s'appliquer au
moins à laudes età vêpres qui terminent, celles-ci, Tof-
fice du jour et celles-là, l'office de la nuit: d'où l'obli-
gation de les dire à la fin de ces heures, même dans la
récitation privée. Si cependant on continuait l'office
après laudes, l'antienne de la sainte Vierge ne serait dite
qu'à la fin de la petite heure où l'on s'arrêterait. Mais elle
n'est jamais omise après compiles, alors même que ma-
tines suivraient immédiatement. 11 faut terminer com-
plètement l'office du jour avant de commencer celuidu
lendemain ; la rubrique est formelle sur tous ces poiiits.
Elle veut aussi que le chœur ne se sépare jamais après
une heure quelconque sans la terminer par cette an-
tienne. La solennité et la durée de l'office demandaient
qu'on s'adressât alors solennellement à Marie pour
lui en recommander les fruits, et mieux obtenir le par-
don de ses fautes, plus faciles en un office plus long.
C'est en vertu de cette règle que le chant des vêpres se
termine toujours par l'antienne de la saiate Vierge,
quand il n'est pas suivi des compiles.
Cette antienne est encore omise, quand la messe, ou
l'office des morts, les Psaumes pénitentiaux ouïes lita-
nies des saints doivent suivre immédiatement. Ces priè-
res liturgiques ne sont censées faire qu'un office avec
le précédent. Mais Tomission n'aurait jamais lieu,
quand même, après les complies.
On récite àgenoux, à l'exception de certains jours, les
antiennes finalesde la sainte Vierge, parce qu'elle s sont
des supplications solennelles : Suceur re cadenti.surgere
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452 LBS ÉLÉMBNTS DBS HBURBS GANONIALBS.
qui curât y populo. — Etpro nobis Christum exora. —
Ora pro nobis Deum. — Ad te damamus^ exules filU
Ev3e; ad te suspiramus cémentes et /lentes,.. Mais le
célébrant dit toujours debout Toraison. Les jours excep*
tés sont: le dimanche, depuis les vêpres du samedi
inclusivement, et tous les jours du temps Pascal. Le
joyeux mystèrede la Résurrection qu'on y célèbre alors
plus ou moins explicitement ne veut pas d'une posture
humiliée. Voici le sens de l'exception : 1° Elle comprend
les vêpres du samedi, parce que le jour ecclésiastique et
dès lors ledimanche, commence la veille aux premières
vêpres. 2° Il en est de même en carême, quand on dit
vêpres avant midi ; ces vêpres n'appartiennent pas
moins déjà au dimaoche liturgique. (16 aug. 1853).
3^ L'exception s'étend jusqu'à la fin du dimanche
ou minuit, s'il s'agit de l'office qui appartient à ce
jour-là (12 nov. 1831); et jusqu'au crépuscule seule-
ment, c'est-à-dire au coucher du soleil, s'il s'agit des
matines anticipées du lundi. (7 sep. 1816 ; — 22 aug.
1818; —12 nov. 1831.)
§ IL DES ANTIENNES FINALES DE LA SAINTE VIERGE
EN PARTICULIER.
Ces antiennes sont au nombre de quatre, avons-nous
dit : Aima Redemptoris Mater; — Ave^ Begina cœlorum;
— Regina cœli, lœtare; — Salve , Regina. La rubrique
particulière, qui précède chacuned'elles après compiles,
détermine à quelle époque de Tannée on doit les dire.
n. 1. f Aima Bedemptoris Mater. •
Nous récitons cette première antienne depuis les vê-
pres du samedi avant le 1®' dimanche de l'A vent inclu-
sivement, jusqu'aux 2«» vêpres de la Purification inclu-
sivement aussi, ou, ce qui revient au même, jusqu'à
compiles de ce jour exclusivement. Ce dernier point ne
serait pas moins observé, si la fête de la Purification
était célébrée avec octave ou bien transférée, et VAlrri^
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LES ANTIENNES FINALES DE LA SAINTE VIERGE. 453
ne serait plus récité aux compiles du 2 février. (11 jan.
1681; — 10 jan. 1693. — 4 avril 170S.)
Celle antienne, en effet, convient au sainttemps de TA-
vent et à celui qui s'écoule entre Noël et la Purification :
temps liturgiques où Ton célèbre le mystère de Noël
et de l'enfance du Sauveur, et, par conséquent, les
gloires et les joies de la maternité divine. Après avoir
salué Marie, comme la Mère immaculée du Rédempteur,
devenue ainsi la porte du ciel etTétoile de la mer ora-
geuse du monde, nous lui demandons de vouloir bien
secourir son peuple tombé qui s'efforce de réparer ses
chutes, et d'avoir pitié des pauvres pécheurs. Comment
ne le ferait-elle pas efficacement, alors que, Mère de
Dieu et toujours Vierge, d'après U message de l'Ar-
change, elle est si paissante au ciel?
Tel est le sens de VAlma Bedemptoris Mater^ com-
posé en vers hexamètres, plus remarquables de senti-
ments que de poésie :
Aima Redemptoris Mater, quœ pervia cœli
Porta maoes et stella maris, succurre cadenti,
Surgere qui curât, populo : tu quœ geouisti,
Natura mirante, tuum sanctum Genitorem,
Yirgo prius ac posterius, Gabrielis ab ore
Sumens illud Ave, peccatorum miserere.
L'auteur en serait, et D. Guéranger ne le met pas eu
doute, Hermann Goutract, bénédictin de Reicheneau,
en Souabe, vers le xi« siècle. Il devait à un don parti-
culier de Marie la science et la doctrine qui en ont fait
un prodige pour son temps.
Le verset et l'oraison qui suivent l'antienne ne sont
pas les mêmes à partir des premières vêpres de la
Nativité, et pour une raison bien claire, dit Gavantus.
On a voulu les mettre en harmonie avec le temps
liturgique de l'A vent et avec celui de Noël, qui diffèrent
entreeux. Pendant TA vent nous célébrons le mystère de
riûcarnatiou dans le sein de Marie, et à Noël, celui de
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454 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
la Nativité deN.-S., fruit divin que nous donna Marie,
et qui ne porta aucune atteiate à sa virginité.
If. 2. f Ave, Regina oœlorum. •
On ignore l'auteur de cette antienne, introduite dans
Toffice divin par Clément VI, au xiv® siècle. Le verset
Dignare m^, d'après saint Jérôme, est de saint Ephrem,
et Toraison Concède^ misericors Deus^ celle que nous
récitons à l'office commun de la Sainte Vierge.
V Ave Regina se dit depuis lesconiplies du 2 février
inclusivement jusqu'au jeudi saint exclusivement.
C'estalorsle temps de la Septuagésime, du Carême et de
la Passion, c'est-à-dire de la préparation aux fêtes de
Pâques, anniversaire glorieux où le monde fut sous-
trait à Tempire de Satan. Marie eut une grande part à
ce mystère du triomphe et de la délivrance; aussi
son antienne ravive-t-elle ici notre espérance, en
nous montrant le ciel ouvert par les mérites du Ré-
dempteur, et la puissante intercession de sa Mère
pour nous y faire entrer. La sainte Vierge, en effet,
règne dans les cioux, où son Fils veut bien lui obéir
encore : Ave^ Regina cœlorum. Elle est la maîtresse
des anges, dentelle peut nous ouvrir les rangs glorieux,
pour nous associer à leurs concerts : Ave^ Domina An-
gelorum ; la tige immaculée, Tarbre fécond qui nous
a donné la fleur et le fruit du salut : Salve, radix ;
la porte dorée par où le Rédempteur est entré dans le
monde: salve, porta \ le foyer d'amour d'où s'est
échappée sur la terra la lumière incréée : ex qtiâ
mundo lux est or ta; la Vierge Mère à qui ce titre a
valu tant de gloire : Gaiide, Virgo gloriosa ; plus ri-
che et plus belle en vertus que tous les anges et les
saints : super omnes speciosa ; digne de la vénération
du ciel et de la terre par tous ses privilèges : Vale, o
valde décora-, digne aussi de notre confiance entière,
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LES ANTIENNES FINALES DE LA SAINTE VIERGE. 455
par sa puissance auprès de son Fils : Et pro nobis
Christum exora.
Les nobles accents, les ardentes aspirations de plu-
sieurs Docteurs, comme saint Athanase, saint Epbrem,
saint Ildefonse et quelques autres, ont fourni les élé-
ments de cette antienne : hymne pieuse, lyrisme filial,
qui applaudit avec foi et amour à toutes les grandeurs
de Marie.
n . 8. « Regina cœli. »
Le savant historien de Modène, Sigonio (xvi« siècle),
raconte ainsi Poriginede cette nouvelle antienne: c'était
en 596; une peste horrible ravageait la ville de Rome;
saint Grégoire le Grand, pour apaiser lacolère de Dieu et
faire cesser le fléau, ordonna des jeûnes et des prières
qui devaient se terminer le saint jour de Pâques par une
procession générale. Il se rendit lui-même ce jour-là
dans Téglise d8i'i4mca?//,yprit danssesmainsTimage
de la sainte Vierge qu'on dit avoir été peinte par saint
Luc, et la porta processionnellement, suivi du clergé et
d'une foule innombrable, jusqu'à Saint-Pierre. On était
arrivé sur le po it Ceiius, devant le môle d'Adrien, lors-
que des voix célestes se firent entendre dans les airs;
elles chantaient très distinctement : Regina cœli et le
reste de Tantiennejusqu'au dernier verset: Oraprono-
bisDeum, alléluia, qui fut ajouté au même instant par
le Pontife et son peuple. On vit alors apparaître, sur le
mausolée, un ange remettant son épée dans le four-
reau, et la peste cessa dès le jour même. » (De regno
Italico^ libri XX, 1. 1.) Merati ne veut pas admettre
ce récit, et admire la crédulité de Gavantus. Mais
nous sommes bien plus étonné de son incrédulité à
lui qui ne veut pas se rendre au témoignage d'un his-
torien dont la sage critique se fait tout particulièrement
remarquer dans cet ouvrage. Le fait est déplus con-
firmé parla statue de saint Michel, qu'on érigea sur le
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456 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
môle d'Adrien, appelé depuis château Saint- Ange^ par
Tiascriptioa Regina cœli, Isetare^ placée à la voûte de
VAra cœli, et par le privilège qu'ont les religieux
de ce sanctuaire de chanter cette antienne, toutes les
fois qu'on y fait des processions ou des prières pu-
bliques.
Le Regina cœli est un chant d'allégresse à Marie:
Regina cœli, lâstare^ alléluia, à Marie, tout heureuse de
la Résurrection de son fils : Quia quem meruisti por-
tare, alléluia, Resurrexit sicut dlxit^ alle/uia, et dont
dont nous implorons le secours puissant auprès de
Dieu : Ora pro nobis Deum, alléluia. Les anges s'ins-
pirèrent de la fête de Pâques où se faisait la
procession solennelle, pour demander à Marie qu'elle
fil participer la ville de Rome à sa joie maternelle, en
la délivrant^du fléau. Cette antienne était toute dési-
gnée pour letempsPascal, et nous associe à Tallrgresse,
au ravissement de l'heureuse Mère. Nous récitons, en
effet, le Regina cœli depuis les compiles du samedi
saint inclusivement jusqu'à none, inclusivement aussi,
du samedi après la Pentecôte.
Ifo 4. c Salve Begina. >
L'antienne si belle et si connue du Salve Regina eut
aussi pour auteur, d'après Merati et D. Guéranger,
le pieux et savant moine de Reicheneau, Hermann
Contract, dont nous avons déjà parlé. Durand de Mende
l'attribue cependant à Pierre de Compostelle, qui vi-
vait au XII® siècle, et d'autres à Adhémar de Monteil,
évêque du Puy, qui l'aurait composée avant de partir
pour la première croisade, d'où le nom : Antiphona
dePodio, qu'on lui a quelquefois donné.
Les dernières paroles: 0 démens, opia, o dulcis Virgo
Maria, furent ajoutées par saint Bernard, d'après la
chronique de Spire (l.xii.)Le saint abbé de Clairvaux,
envoyéenAll6magn6CommelégatduSaiat*Siàge,entrait
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LES ANTIENNES FINALES DE LA SAINTE VIERGE. 457
dans la cathédrale de Spire, au moment où l'on termi-
nait au chœur l'antienne Salve Regina; aussitôt, comme
par inspiration, il se mit à genoux, et ajouta ces trois in-
vocations finales. Merati révoque en doute, ici encore,
cette pieuse légende, mais le fait est suffisamment con-
firmé par la plaque d'airain scellée à l'endroit même où
saint Bernard se serait prosterné, et sur laquelle sont
gravées ces invocations, par l'usage de chanter
solennellement celles-ci, chaque année, à cette place,
et enfin par Tassentiment presque unanime des au-
teurs. N'est-ce pas aussi pour la même raison que
les Cistercieus,enfants de saint Bernard, chantent cha-
que soir celte antienne avec solennité, après compiles?
Grégoire IX, au xiii® siècle, aurait, d'après l'historien
de Modène, introduit le Salve Regina dans les offices
publics. Nous apprenons de Guillaume de Nangis (m.
en 1302) que saint Louis, roi de France, le faisait réci-
ter chaque jour après compiles. Un décret du con-
cile d'Espagne, en 1302, était ainsi conçu : <« On devra
chanter tous les jours après compiles, en l'honneur
de la très sainte Vierge, le Salve Regina avec le verset
Orapronobis et l'oraison Concède. wLes Franciscains
récitaient aussi cette antienne dans l'office divin, dès
le XIII® siècle, et le cardinal Quignonez, au xiv®, l'inséra
dans son bréviaire abrégé. Saint Pie V Ta insérée
dans le bréviaire romain, si elle n'y était pas déjà au-
paravant *.
Plusieurs ordres religieux, comme les Carmes, les
i. Sa Sainte Léon XIII, plein de confiance en cette belle prière,
a ordonné que, à la fin de chaque messe basse, le prêtre la réci-
terait au pied de l'autel, avec le verset accoutumé et deux oraisons
propres, et après trois Ave Maria, Il faut dire à genoux ces prières
pour gagner Pindulgence de trois cents jours accordée par le
Souverain Pontife; les assistants doivent répondre aux A-oe Maria
et au verset, et réciter tout le Salve Uegina en même temps que
le célébrant. (Dec. urhi et orbiy 7 janv. 1886; —S. C. Rit. 20
août i 886; — decr. uU.)
uiu 26
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45$ LES ËLfiMBNTS DES HEURES CANONIALES.
Cisterciens, les Chartreux, les Dominicains, ont des rè-
gles diverses sur le Salve Regina. Le bréviaire romain
nous, le fait réciter ou chanter depuis les premières
vêpres dft la Trinité inclusivement, jusqu'aux vêpres
du premier sitnaedi de TAvent exclusivement.
Le commenceHieat de TAntienne a subi un petit
changement; il y arak primitivement, et encore au
XIV® siècle, Salve ^ Regina mmricordiâB. On y intercala
plus tard le mot mater, comme étant mieux en rap-
port avec celui de misertcordiae.
Le tome II des œuvres de saint Bemftid renferme
quatre sermons sur le Salve Regina : le premier com-
mente ces paroles : Salve, Regina miser icordiae, inia^
dulcedo, spes nostra, salve, — Le 2® : Ad te clamamus^
exules filii Evœ. — \»qZ^ : Ad te suspiramus, gementes
et /lentes in hac lacrymarum valle. Le 4®, malgré
le même titre : In antiphonam Salve Regina, a pour
objet, d'une manière générale, la sainteté de Marie.
Ces quatre sermons toutefois ne sont pas du saint Doc-
teur, d'après une note d'Horslius, qui nous a donné la
meilleure édition de ses œuvres, note approuvée par
D. Mabillon. Ils n'ea sont pas moins édifiants pour ceux
qui voudraient les lire et s'en servir. A la suite, se
trouve une pieuse méditation sur le Salve Regina, qui
est aussi dans les opuscules de saint Bonaventure. (cap.
19, pars 3. Stimuli amoris.)
Tout le moude connaît la belle paraphrase de saint
Alphonse de Liguori. On y voit, avec les suaves ré-
flexions du saint Docteur, tout ce que les conciles et les
Pères de PÉglise ont dit de plus touchantet de plus beau
sur la Mère de Dieu, pour établir son culte et enflam-
mer notre amour.
Nous sommes heureux de terminer notre travail
sur roffice divin par cette belle antienne de la sainte
Vierge. Daigne Marie le bénir, comme elle a daigné
bénir notre Explication de la Messe/
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LES ANTIENNES FINALES DE LA SAINTE VIERGE. 459
L'Église nous fait remettre entre ses mains tout le
fruit du bréviaire par la récitation de ces antiennes
finales; de même nous confions ici à notre puissante
et bonne Mère tout le fruit de ces nouvelles études sut
l'office divin.
Salut et gloire à vous, Reine de l'Église et du clergé,
du ciel et de la terre; à vous qui nous aidez à rendre
chaque jour à la Majesté divine, en union avec les an-
ges, et par la vertu de votre Fils et de son Esprit, les
devoirs qui lui sont dus; à vous, qui avez une part
dans ces louanges : Salve Regina,
Mère de Dieu, vous êtes aussi pour nous une mère
de miséricorde et d'amour, suppléez à notre impuis-
sance, et ce grand devoir de la prière publique sera
moins imparfait : Mater misericordiœ.
Rendez efficace, éloquente, cette prière de chaque
jour, en mettant sur nos lèvres l'onction, et dans nos
cœurs la confiance, ô vous que nous saluons notre vie,
notre suavité, notre espérance : Vita^ dulcedo, etspes
nostra^ salve.
Que de fois, dans la récitation du bréviaire, nous
nous adressons à vous, au nom de tous, du fond de
l'exil, pauvres enfants d'Eve coupable! Que de fois,
dans cette vallée de larmes, nos soupirs, inspirés par
la souffrance ou le repentir, s'élèvent vers vous : Ad
te clamamns, exules filii Evœ, ad te suspiramus^ ge-
mentes et /lentes in hac lacrymarum valle.
Daignez, ô notre avocate si puissante et si bonne,
tourner vos regards de miséricorde vers nous et vers
tous ceux qui ont besoin de votre secours : Eia ergo^
advjcata nostra^ illos tuos miséricordes oculos ad nos
converte.
Et, quand sera fini le triste pèlerinage, présentez-
nous vous-inème à Jésus, votre divin Fils qui, par vous,
sa Mère, nous accueillera si bien aux parvis éternels :
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460 LES ÉLÉMENTS DBS HEURES CANONIALES.
Et Jesum benedictum fructum ventris tui nobis post
hoc exilium ostende.
Ne nous refusez pas ces faveurs; ainsi sera plus ef-
ficace pour la gloire de Dieu, pour TEglise, pour nos
frères et pour nous, Toffice divin, la solennelle prière
qui nous fut confiée au jour béni du sous-diaconat. Nous
en mettons tous les fruits entre vos mains, aidez-nous
à nous acquitter toujours dignement de cette fonction,
ô Vierge Marie, gardienne de nos serments, vous si
clémente et si bonne, vous, après Jésus-Christ, notre
plus parfait modèle dans la prière : o démens, o pia,
0 dulcis Virgo Maria I
CONCLUSION.
Notre conclusion sera celle du pieux et savant cardi-
nal Bona» dont le beau traité De Divinâ Psalmodia
avait le même objet que le nôtre.
•c Nous terminons ici ce que nous avions à dire sur
la divine Psalmodie, non pas, hélas! pour en rehaus-
ser l'éclat et la majesté, mais selon que nous Ta per-
mis notre faiblesse. Nous aurions. pu sans doute, dans
nos recherches à travers les plaines fécondes et les
beaux jardins des écrits des Pères, recueillir des trésors
plus abondants et plus précieux, qui auraient mieux
orné notre pauvre travail; mais il nous a semblé pré-
férable de nous modérer, dans ces matériaux innom-
brables, laissant à ceux qui nous suivent, de quoi tra-
vailler encore. Comme nous avons eu recours si sou-
vent à ces Pères vénérés dans cette explication du bré-
viaire, nous pouvons bien, en la terminant, leur em-
prunter aussi quelques paroles qui nous paraissent ap-
propriées à la circonstance. Et d'abord, rappelons à
nos pieux lecteurs, chargés de la prière publique par
leur ordre sacré, ce que le grand saint Denis TAréopa-
gite disait à son Timothée à la fin de son livre sur la
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CONCLUSION. 461
divine Hiérarchie : « Ce spectacle de notre sainte Hié-
rarchie dans l'Eglise de Dieu, mou fils, spectacle si
beau par son harmonie et son unité, je ne l'ai fait
qu'entrevoir, d'autres esprits plus élevés et plus péné-
trants en verront mieux la divine et radieuse beauté t
A vous-même aussi, j'en suis sûr, cette beauté appa-
raîtra plus éclatante et plus divine, si vous méditez ce
que nous avons dit, vous servant de nos premières
données, comme d'autant de degrés pour vous élever
plus haut. Je vous prie de me communiquer ensuite
ces lumières plus vives que vous recevrez, ces aspects
plus saisissants de la vérité que vous pourrez décou-
vrir; car, j'en ai la confiance, le peu que je vous en ai
dit suffira déjà à faire jaillir dans votre âme les étin- .
celles du feu divin que le Seigneur y a mises. » Ainsi
parlait saint Denis à sondisciple. Je répéterai aussi ce que
le martyr saint Maxime écrivait à lafîn de son opuscule
sur la Mystique de l'Eglise : « Telles sont les doctrines
que nous venons d'exposer de notre mieux dans ce livre,
laissant toutefois des aperçus plus élevés et plus pro-
fonds que nous n'avons pas osé scruter. Nous prions le
lecteur d'être indulgent pour notre faiblesse, car celui
qui donne selon la mesure de son pouvoir est digne
plutôt de bienveillance que de censure. Dieu lui-même
n'a-t-il pas pour agréable et ne daigne-t-il pas recevoir
tout ce que nous lui offrons de notre mieux, avec
droiture et sincérité de cœur, alors même que le don se-
rait de peu de valeur aux yeux des riches de ce monde?»
Voici encore la conclusion du Théophaste d'Enée de
Gaza, le philosophe chrétien : « Arrivé au terme de mon
travail j'offre à Dieu un sacrifice d'action de grâces; ce
n'est pas l'immolation de victimes humbles ou super-
bes, comme en offraient les païens à leurs divinités
selon la coutume des lieux, mais l'offrande d'un cœur
de plus en plus purifié où le Seigneur puisse voir
son image. 0 Roi, ô Père, ô Créateur de toutes choses;
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462 LES ÉLÉMENTS DES HEURES CANONIALES.
ô Sagesse incréée, ô Verbe par qui tout a été fait; ô Es-
prit-Saint, par qui Dieu répand sur toute créature sa
' icorde et son amour, le bienfait de la conservation,
fectionnemeiitet la sanctification des êtres raison-
s; ô Trinité divine et Unité sainte, conservez en
le souvenir de vos merveilles et de vos bontés,
anez-nous votre Eternité bienheureuse. » A ces
: sentiments qui nous conviennent si bien, en ter-
nt ce travail de la Divine Psalmodie^ nous ne
irons pas de nous approprier comme épilogue
asée du poète Juvencus, dans le prologue de son
ire Evangélique: « La prévision qu'un jour Tena-
ment universel détruira cette œuvre, et que, pro-
iment bien avant ce dernier des jours, le monde
■érent, oublieux ou mieux servi n'en voudra plus,
e trouble pas. Car notre humble travail, nous l'es-
as, servira du moins à nous soustraire au feu de
1ère divine et à celui de l'enfer lorsque, descendant
radieux sur les nuées qui vomissent la flamme, le
st, la gloire de son Père, viendra s'asseoir sur son
B élevé pour juger les nations. » Concluons enfin
cette courte prière que faisait à Dieu saint Augus-
n terminant ses livres sur la Trinité: « Seigneur,
eu unique, et Dieu Trinité, tout ce que j'ai dit de
)us dans cet ouvrage et avec votre secours, que vos
lèles serviteurs, vos enfants daignent l'accepter et
\ profiter. Mais ce que la nature ou la vanité au-
ient pu m'inspirer, daignez, ô mon Dieu, me le
irdonner, et puissent faire de même les pieux lec-
urs, vos amis. Amen. » {De Divinâ Psalmodia. Cap.
i. 3, Operis clausula etpro eâ gratiarum actio.)
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NOTA. 463
Nota. — Nous avons connu trop tard, pour l'insérer en son
lieu, un décret de la s. congrégation des Rites du M août 1886,
qui fait, en faveur des offices de la Passion, une exception & la
3« règle de l'occurrence (t. I, p. 340). Désormais c<
quoique ayant pour objet une fête secondaire, ne doi^
le céder à une fête primaire du même rite.
Voici la teneur de ce d^icret à Pévêque de Namur :
c Officia Dominicœ Passionis, tam in concurrentid quan
rentiâ cum quovis festo principali sive primario ejusd
praecedeniiam obtinere. •
Atque ita declaravit ac servari mandavit, die \ 1 Aug
Pro Emo ac Bmo Gard. D. Bartolini, S. H. G
A. Gard. Sefarin..
FIN DE l'explication DU BRÉVIAIRE.
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APPENDICE PREMIER.
EXAMENS PARTICULIERS SUR l'OFFIGE DIVIN,
Par M. TronsoD.
5 Explication de la Messe est suivie de plusieurs
[ces; l'un d'eux a pour objet: les fautes qui se corn-
le plus fréquemment dans la célébration des saints
s,et \xn autre: le résumé des cérémonies delà messe
l'est un sujet d'examen utile, même pour les prê-
plus pieux et les plus vénérables, rien n'étant
îileque de contracter, avec le temps, dans lesfonc-
acrées, quelque habitude défectueuse. Le même
ous fait ajouter ici, à la fin de notre Explication du
e, les examens particuliers sur roifice divin, par
Qson.
nment il faut se préparer pour bien dire Toffice divin.
siminons comment nous nous préparons à réciter
divin.
t que de commencer, avons-nous excité en nous
vive de la présence de Dieu et de la souveraine
de celui à qui nous allons parler ?
3ns-nous de purifier notre cœur par un acte de con-
pour éviter ce terrible reproche que Dieu fait au pé-
Co rament oses-tu annoncer mes louanges avec un
uillé de crimes ?
ïtori autem dixit Deus : Quare tu enarras justitias
assumis testamentum, etc. {Psal, 49.)
s-nouseuun soin particulier d'écarter de notreesprit
es choses qui pourraient nous distraire, et surtout
iixquelles nous avons quelque attache, et dont nous
ujet de croire que la pensée nous reviendrait dans
; du saint oiïîce ?
debes facere quod ait propheta : scopebam spiritum
donec incalescat Spiritus tuus ex devota médita-
affectum et desiderium concipiat. {D. Gerhard Zut-
le Spir, Ac$n9.J
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EXAMENS PARTICULIERS SUR L*OFFIGE DIVIN. 465
Studeant oratione devota et recollectione animi interna
divinum prœvenire officium. (S. Bonav. spec, displ, p. 2.
c. l.et Inst. No. p. i. c. 4.)
Nous sommes-nous recueillis et tenus quelque temps
en silence, particulièrement quand il a fallu le dire au sor-
tir d'une étude applicante, ou d'une affaire séculière, pour
laisser dissiper les impressions qu'elles nous avaient faites,
et pour nous mettre en état de recevoir celle du Saint-Esprit?
Nous sommes-nous unis à Jésus-Christ, qui est la par-
faite louange de son Père ? et avons-nous invoqué l'Es-
prit de l'Eglise, au nom de laquelle nous allons rendre à
Dieu cet hommage ?
In unione or*Àtionum ac meritorum Christî Jesu gratiam
ad officium débite persolvendum petat, (S. Bonav, Ibid,)
Avons-nous demandé ce divin Esprit, par l'intercession
de la très sainte Vierge et des saints, dont nous devons
faire l'office, désirant de joindre nos louanges à celles qu'ils
donnent à Dieu dans le Ciel ?
Avons-nous pris toujours les intentions, soit générales,
soit particulières que nous devions prendre; ne manquant
jamais d'entrer dans celle de Notre-Seigneur et de toute
l'Eglise, et d'en choisir qui fussent conformes au temps et
aux besoins où nous nous trouvons?
Pour prévenir les distractions et leur fermer l'entrée de
notre cœur, nous sommes-nous remplis de quelque sainte
considération, qui pût exciter notre dévotion et nous
donner de la ferveur ? et avons-nous choisi autant que le
bon ordre de la Communauté le permettait le temps et les
lieux où nous serions le moins dissipés?
Enfin, avons-nous eu soin de prévoir et de marquer
notre office avant que de le commencer ? et notre négli-
gence en cela, aussi bien qu'à nous instruire des rubriques,
ne nous a-t-elie pas fait tomber dans des distractions et des
fautes sans nombre ?
n. Des dispositions avec lesquelles on doit dire l'office divin.
Examinons avec quelles dispositions nous récitons le
saint office ; et si nous le disons de Ja manière que l'Egfise
le souhaite; Digne^ attente ac dévote, [Orat, rec. ante Offic)
10 Pour le dire dignement, avons-nous bien fait réflexion
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466 APPENDIGB PREMIER.
que Dieu était présent et que c'était comme à lui-même que
nous parlions? Nous sommes- nous regardés comme des ins-
truments qui ont besoin d'être animés de son Esprit pour
bénir son saint Nom ? L'avons-nous dit avec tout le respect
et toute la vénération que demande une si haute majesté?
Cum timoré et humilùate. tanquam Deo visibiliter praesente,
psaUant. (S, Bona.pec. discip. p. 1. c. 15.)
2** Pour le dire attentivement, avons-nous pris un grand
soin de renoncer à toutes sortes de distractions, sous quel-
que beau prétexte qu'elles se soient présentées ?
Munda cor meum ab omnibus vanis perversis et alienis
cogitationibus, [Ibid.)
Avons-nous même rejeté les bonnes pensées qui étaient
hors de temps et qui ne convenaient pasà Toffice, aussi bien
que les mauvaises, et les indifférentes?
Avons-nous tâch*^, suivant le conseil des saints, d'exciter
en nous les divers sentiments qui sont exprimés dans
les psaumes ou de nous occuper de quelque perfection
de Dieu, de quelque mystère de Notre-Seigneur, de quel-
que vertu du saint dont nous faisons rofïice ou de quel-
que autre sujet de piété selon le temps et selon nos besoins;
ou bien de nous tenir unis simplement à Notre-Sei-
gneur et à tous les devoirs qu'il rend à Dieu son Père?
Si orat psalmuSf orate ; si gémit, gemite ; si gralulatur^
gaudete ; si timet, timete. (S. Aug, in Ps. 30.)
Pour le dire dévotement, l'avons-nous dit avec amour,
ayant le cœur tout pénétré des avantages, de l'excellence
et des beautés du saint office ? Avec ferveur, nous aban-
donnant aux bons mouvements, aux saintes affections et à
ces heureux transports que le Saint-Esprit opère ordinaire-
ment dans les âmes ferventes ? Avec joie, nous f âsant
un singulier plaisir de ce saint emploi et ne reconnais-
sant pas de plus grand bonheur que d'être d'^s hosties
de louanges, consumées à la gloire de Dieu?
IV. De Texlérieur qu'il faut garder en disant l'office divin.
Examinons si, en récitant le saint office nous gardons
extérieurement les règles que les saints nous donnent pour
le bien dire.
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, EXAMENS PÂBTIGULIËHS SUR L'OP'FIGE DIVIN. 467
DistinclCy intègre^ continue, rêver enter ^ ordinale. {S. Bo-
nav, spec, discipL p. 1, c. 16.)
1*^ Le disons-DOus distinctement , gardant les pauses ordi-
naires, au milieu et à la fin de chaque verset, n'anticipant
point les uns sur les autres, quand nous le disons en com^
munauté, articulant bien tous les mots sans qu'une pronon-
ciation trop négligée ou trop précipitée nous en fasse re-
trancher la moindre syllabe ?
Ve7bo7^m prolatione non prœcipiti, vel inarticulatâ, sed
intégra ac certis quibusdam cœsuris et intervallis distmctâ»
{Synod. Tur. Ann. 1583.)
Non in gutture vel inter dentés, seu deglutiendo et syn-
copando dictiones vel verba. {Conc. Basileens. sess. 22.
c. qtmliter,)
2" Le disons-nous entièrement, faisant scrupule d'en
omettre la moindre partie et prenant bien garde qu'il ne
nous en échappe quoi que ce soit pour le vouloir dire par
cœur, pour nous trop fier à notre mémoire ou pour ne vou-
loir pas prendre la peine de lire dans notre bréviaire?
Intègre y ut de dicendis nihil omtttant. (S. Bonav specul,
diseip.p. i ; c. 16.)
3® Lediaons-nous sans interruption, et n'est-ce point
pour n'aimer pas assez ce saint exercice, ou pour avoir trop
de légèreté, que nous l'interrompons à la première occasion
qui se présente, et sous le moindre prétexte ?
Interruptiones in eo non fiante nisi urgente necessitate.
(Ibid. )
4* Le disons-nous avec ordre : quant à la substance, ne
disant point un office pour un autre : quant à la manière^
observant toutes les rubriques : quant au temps, le disant
aux heures marquées, sans nous donner la liberté de l'a-
vancer ou de le retarder selon qu'il nous plait ?
Ordinatein substantiâ, tempore et modo. {S. Bonav, specuL
ibid.)
h^ Le disons-nous religieusement, c'est-à-dire avec toute
la modestie et toute la révérence que demande une si sainte
action ?
Avec modestie, nous tenant dans une posture décente
sans nous courber sur un banc ou nous renverser sur un
giège ; sans étendre ni croiser les jambes ; sans ap-
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468 APPENDICE DEUXIÈME.
puyer la tête ni la tourner légèrement de côté et d'aatre ;
sans saluer ni regarder ceux qui passent devant nous ?
In officio curanda magnopere reverentia et honestas, cum
ubique sit eadem cui tune loquimur et adstamtis Deitas et
maj estas, (ibid.)
Avec révérence, nous tenant inclinés, à genoux, d^out
ou assis, couverts ou découverts, selon qu'il nous est mar-
qué dans nos cérémonies?
Enfin, ne nous dispensons-nous point trop aisément
de ces règles, lorsque nous disons notre office en particu-
lier ; et n'avons-nous pas cru que, n'étant observés de
personne, nous pouvions nous donner plus de liberté
jusqu'à le dire quelquefois dans le lit, sous prétexte de la
moindre incommodité ? »
APPENDICE DEUXIÈME.
DU CHANT ECCLÉSIASTIQUE.
Nous donnons ici, pour nous conformer à l'usage géné-
ralement admis par les liturgistes, un chapitre sur le chant
ecclésiastique. Le cardinal Bona, en effet, de Garpo et
autres, ont traité ce sujet à l'occasion de Tof Jce divin,
qui fournit au chant sa plus abondante matière. Pour être
complet, sans entrer néanmoins dans tous les détails,
nous parlerons successivement du plain-chant, et, à cause
de son accompagnement, de l'orgue et de la musique sa-
crée.
CHAPITRE I.
DU PLAIN-GHANT.
Nous en dirons d'abord l'origine, la beauté et l'utilité
pour les fidèles; puis la nécessité de sa connaissance et de
son étude pour le clergé.
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DU CHANT ECCLÉSIASTIQUE.
Art. I. — Origine, beauté et utilité du plain-chanl
Le plain-chant est le chant officiel de TÉglise. So
gine est des plus antiques et des plus vénérables, pui
d'après S. Augustin, elle remonte à Jésus-Christ lui-i
et aux apôtres. S. Paul, en effet, en parle déjà dai
Épîtres. {Fphes. v, 19. — Coloss, m, 16.) Ilest prc
que ces premiers chants furent une imitation des
dies judaïques appliquées au culte nouveau. Quoi
en soit, ils étaient d'une grande simplicité : c'était ]
une psalmodiequ'un chant proprement dit, etcen'ej
plHS tard, quand l'Église put enfin jouir d'une liber
quise par trois siècles de persécutions, que le chant se 1
forma peu à peu et revêtit des formes plus riches e
variées.
Les évéques et les souverains pontifes eux-mêm
craignirent pas d'y donner tous leurs soins. S. Amh
pour n'en citer qu'un exemple, régla lui-même la to
et le mode d'exécution des psaumes et des hymnes qu
chantait dans sa cathédrale ; il en composa mémi
sieurs. De nombreux évêques suivirent son exemple^
c'est surtout au pape S. Grégoire le Grand que revi
gloire d'avoir donné au plain-chant sa constitution c
tive. Aussi son nom fut-il à jamais attaché à cette i
qui devait se perpétuer dans l'Eglise, et le plain-
fut nommé le chant Grégorien. Le diacre Jean, histor
grand Pape, nous dit qu'on montrait encore d
temps le siège d'où il dorinait 1 ui-môme des leçons de (
le livre dans lequel ses élèves chantaient et la férul(
il se servait pour les corriger et les reprendre. S. Gr
fut donc l'auteur du chant grégorien, perfection:
Adrien II * et Gharlemagne, simplifié dans son étu<
\ . Adrien II, pape de 867 à 872, aurait, d'après un
manuscrit du Liber pontificalis, complété en plusieurs e
PAntiphonaire romain, et remis en vigueur le chant des
et des séquences à la messe solennelle. Les tropes, doc
avons parlé dans notre second volume de la Messe, p. 209 e
seraient donc antérieurs au xi° siècle et plus anciens qi
disent communément les auteurs.
T. u. 21
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470 APPENDICE DBOXItMB*
Guy d'Arezzo S et qui a traversé les siècles avec sa
phrase vénérable, sa majesté, son onction, son caractère
exclusivement religieux «. L'œuvre de saint Grégoire le
Grand faillit périr àjamaisaux xiv^'et xv^ siècles, sousles in-
flf^xions bizarres et capricieuses du D^cAan^ qui absorbait et
faisait disparaître le motet Grégorien^ mais une réprobation
solennelle de ces nouveautés sauva l'œuvre en péril. Noos
avons reproduit dans la notice de Jean XXII, la Bulle Docta
1. Gujr d'Arezzo, abbé bénédictin de S. Pierre d'ATillane,
au commencement duxi* siècle, est connu de tous par son nou-
veau système de notation musicale, qui simplifia l'étude du
chant et servit au perfectionnement de la musique sacrée. On
sait qu'il désigna les différents sons de la gamme, non plus par
des lettres, mais par des syllabes invariables, empruntées à la
première strophe de Phymne de S. Jean : Ut^ ré, mt, /"a, sol^
la. « Cette méthode si simple, dit D. Guéranger, réduisant en
pur mécanisme la pratique de la gamme, simplifia prodigieu-
sement Tétude du chant, en sorte qu'on put l'apprendre aux en-
fants avec autant de facilité qu'on leur enseigne à épeler et à
lire l'écriture. » L'illustre moine arrangea lui-même tout unAn-
tiphonaire d'après sa nouvelle méthode. Nous avons encore de
lui un traité de la musique intitulé Micrologue^ et un opuscule
De mensurà Monockordi.
2. En souvenir du service important qu'avait ainsi rendu S.
Grégoire, on chantait encore solennellement au moyen âge,
dans certaines églises, avant Vlntroit de la messe du premier
dimanche de PAvent ou de l'année ecclésiastique, les vers sui-
vants attribués au pape Adrien II.
Gregorios praBSul, meritis et nomine dignus,
Unde genus dacit, summum conscendit honorem :
Quem vit» splendore soae mentisque sagaci
Ingenio potius compsit, quam comptas ab illo est.
Ipse Patrum monimenta sequeas, renovavit et auxit
Garmina, in officiis retinet qu» circulas anni,
Quœ clerus dalci Domino modalamine solvat,
Mystica dam vit» supplex libamina tractât :
Suaviter hsec proprius servat dalcedo nitellas ;
Si qaod voce soaat, fido mens pectore gestet.
Nec damor tantam Domini sublimis ad aores,
Ouantam voce humilis placido de corde propinqoat.
HsBC juvenam sectitur amor, maturior svo,
Laadibus his instans» œternas tendat ad auras.
{Àntiphan. S. Grég. ex manuscripto, ix*, x*, xi« sœcuL)
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BU CHANT ECCLÉSIASTIQUE. Âli
Sanctorum du Pontifd à ce sujet (T. II de la Messe, p.272,
note 1.) Elle proclame la beauté du chant grégorien et con-
damne l'abus du déchant, mais sans proscrire pour cela une
musique sainte et mélodieuse qui, s'inspirant du rythme an-
cien, ne pourrait qu'élever l'âme à Dieu.
Le chant grégorien est donc devenu la règle et le mode
de toutes les Églises, et, de nos jours encore, malgré les al-
térations qu'il a subies, il est demeuré la base de tout le
chant ecclésiastique.
La sollicitude des premiers Pasteurs pour le plain-chant
ne doit pas nous étonner, si nous considérons son impor-
tance au point de vue des effets qu'il est appelé à produire
sur les fidèles. Tandis que la musique profane a pour but
de flatter les sens, le but du plain-chant est de charmer
notre âme. Il s'adresse directement à elle, il Télève et l'u-
nit à Dieu. Il est comme la traduction de ses pensées inti-
mes, lorsqu'elle se trouve au pied des autels. C'est la voix
de la prière, et ses mélodies ne font que donner plus de relief
au texte liturgique. Tour à tour ses accents sont tristes ou
j , v^iix, doux ou terribles, selon qu'ils doivent inviter à la
lia.;»* ^e ou .\l?» joie, à l'espérance ou à la crainte. Qui a pu,
..^6 é II » ion, ptéter roreilie à la majesté redoutable des
t .a.itssuhlimesde l'Église en un jour de funérailles ? Quel
^ ^^l celui dont le cœur n'a pas tressailli, alors que sous les
^ >ûtes sacrées éclate comme un coup de tonnerre la som-
bre mélodie du Dies irœ ? Ne voit-on pas alors se dé-
rouler réellement devant soi la grande scène du jugement ?
Ne croit-on pas entendre le son de la terrible trompette re-
tentir à travers les tombeaux ? La musique moderne n'a
rien produit de plus saisissant. Mozart avec tout son génie,
Chérubini avec toute sa science, n'ont pu surpasser l'anti-
que mélodie que nous a léguée le moyen-âge. « Je ne sache
pas, dit Gounod, une œuvre sortie du cerveau d'un grand
maître, qui puisse affronter le parallèle avec la majesté re-
doutable]de ces chants sublimes que nous entendons chaque
jour dans nos temples, dans les cérémonies funèbres, le
Dies irx et le De profundis. Rien n'atteint à cette hauteur
ni à cette puissance d'expression et d'impression. »
Que dire du répons Libéra me, qui termine l'office*? On
trouve dansée morceau unegrandeur> une véhémence^qui
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rJtâ
472 APPENDICE DEUXIÈME-
fait songer au jugement dernier de Michel-Ange. «Délivrez-
moi, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour terrible où
vous briserez cieux et terre, quand vous viendrez punir le
monde par le feu.» D'abord plaintiveet suppliante, la mélo-
quitte bientôt le ton de la prière pour suivre le texte, et
idre en traits rapides l'effrayant cataclysme du der-
jour. Alors une voix seule gémit tristement : « Me
Si tremblant et rempli de crainte en l'attente du Juge-
it et de la colère à venir. » Le chœur répond, expliquant
B colère, « Quand vous briserez les cieux et la terre ».
'effroi va grandissant, quand des voix nouvelles rap-
înt la terrible phrase du Dies irœ : « Ce jour-là sera
jour de colère, de malheur, et de misère, jour toutrem-
i'amertume ». La frayeur est à son comble. Alors, par
contraste touchant, une voix d'enfant demande grâce :
i ne pourra résister à cette prière de l'innocence ; il ac-
lera « le repos éternel aux âmes des défunts, et pour
luira la lumière éternelle. » Chacun des sentiments si
es de ce drame est rendu avec une vérité saisissante
la mélodie grégorienne.
a musique moderne s'est servie des mêmes paroles;
deurs maîtres ont produit de belles pages, aucun n'a
igaler l'effet du plain-chant dans sa terrible et grandiose
vision. ^
arlerons-nous du Kyrie pour le temps du Cai ne? ""ette
ible prière a dû être composée sous le cilice t* i « - "1
un de ces chrétiens fervents, dont les péniU n.:
blent fabuleuses, tant elles sont héroïques. « -^
z pitié de nous! » Le front dans la poussière, le i !• .
à peine lever vers Dieu un regard suppliant, i' '. *
l'extrême limite grave du ton, la mélodie s'élt •
Iques degrés seulement; image sensible de l'humili •
lu repentir. Avec le Christe eleison, elle devient \ : -
ssante. C'est au fils de Dieu, mort sur la croix pc .
leter l'humanité coupable que s'adresse cette invocatio;.
pécheur, à cette pensée, reprend espoir, et sa voix s'at
ait, en offrant sa prière au divin Rédempteur. La mé-
e, reprenant le deuxième membre du Kyrie y le reproduit
de^^éplus haut, puis, avec une douceur infinie, la phrase
3scend peu à peu jusqu'à la note finale. Dans le dernier
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T^^^"^,.
DU CBANT ECCLÉSIASTIQUE. 473
Kyrie, partant de la dominante, la voix s'élance jusqu'aux
notes aiguës du mode, développant toujours le même mo-
tif, et le représente sous une forme nouvelle et plus riche
encore. Elle est forte, elle est éclatante, c'est le cri de la
contrition parfaite qui doit monter jusqu'au trône de Dieu
et obtenir le pardon, fût-ce même par la violence.
Est-il besoin de signaler les beautés de ces chants, rem-
plis d'une si poignante tristesse, où TEglise pleure les souf-
frances et la mort de son Christ? L'âme peut-elle rester
insensible aux douloureux accents des Lamentations ou du
« Christus factus est » du jeudi-saint ? Peut-elle, sans
émotion, entendre les reproches pleins de douceur et de
mélancolie du Sauveur à son peuple ingrat : Popule meus,
quid feci tibi?... Ego eduxi te de JEgypto, demerso Pha-
raone in mare Rubrum, et tu me tradidisti principious Sa^
cei'dotum.,. Ego ante teaperuimare, et tu, aperuisti lanceâ
latus meum; etc..
Mais l'Eglise n'est pas moins touchanle dans ses hymnes
de triomphe, que dans ses chants de deuil. Enteodez-vous
les accents joyeux avec lesquels elle nous appelle, dans
VAdesCe Fidèles^ à la crèche de Bethléem? Ecoutez le Gloria
laus du jour des Rameaux, ou enco e la prose Lauda Sion
du jour de la Fêle Dieu, et dtes si la musique profane
a jamais t'ruvé des accents plus suaves et plus vrais! Qu'on
nous permette d'analyser-, comme exemple de styie joyeux,
l'Introït de Noël : « Puer nalus est noois! » On dirait un
héraut d'acines, annonçant avec éclat au monde entier la
naissance du Roi si longtemps désiré, si impatiemment
attendu. Mais ce Roi, ce Dieu feit homme, il devient notre
frère : et filius dctus est noôls; la \oix, plus tendre, repre-
nant le même motif, Tadoucit et termine cette première
période dans une contemp'alion d'amour devant le divin
Jésus. Mais, de nouveau, la méJodie s'élève plus brillante,
elle atteiat les cordes les plus hautes du mode,, car ce Nou-
veau-oé po-"te le signe de la toute-puissance ; cet eafant
est le Fils de Dieu, son nom est l'Ange du grand ConseiL
« Chantez donc au Seigneur un cantique nouveau,» nous
dit l'Eglise, et tout le peuple, enthousiasmé des merveilles
que Dieu a faites, reprend l'admirable antienne : Puer
natus est nobis '
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474 APPENDICE DEUXIÈME.
Nous pourrions encore, comme exemple de style joyeux,
analyser le Regina cceli, qui célèbre la gloire de Marie,
Reine du ciel, au jour de la résurrection de Jésus-Christ,
son Fils. Qui n'a remarqué dans cette antienne, Téclatante
beauté du Besurrexit sicut dixit^ et la douceur infinie du
verset Ora pro nobis Deum, Combien ces simples phrases
de plain-chant laissent loin derrière elles tous ces fie-
gina cœli modernes en style et en mouvement qui rap-
pellent parfois un peu trop la danse, selon la remarque du
Père Lambi Hotte.
Ricbe et fécond pour exprimer tour à tour la tristesse et
la joie, le deuil et le triomphe, le plain-chant nous offre
quelquefois, dans un même morceau, ces sentiments, par
un contraste qui étonne, émeut et ravit toute âme sen-
sible. Ainsi, dans le Te Deum, nous voyons les premiers
versets prendre une fierté d'allure, un coup d'aile, qui
frappe les moins attentifs, et qu'on ne saurait méconnaître;
mais bientôt, l'enthousiasme et la force font place à la
douceur et à la prière. Les versets : Te ergo quassumus;
jEtema fac; Salvum faCy et surtout : In te. Domine, spe-
ravi, forment le plus grand contraste avec les autres parties
de ce chant triomphal.
Ce double caractère n'est pas moins sensible dans le
splendide graduel du jeudi-saint : Christm factus est. Les
sentiments à y traduire étaient de deux sortes : d'abord,
la tristesse et les abaissements du Christ, se faisant victime
obéissante, et mourant sur une croix infâme, pour racheter
rhomme coupable ; ensuite, la gloire de ce môme Christ,
qui, tout abaissé qu'il paraît, n'en est pas moins le grand
Dieu de l'univers.
M. l'abbé J. Bonhomme a fait de ce morceau une analyse
que nous sommes heureux de citer ici : « La voix, dit-il,
se tient dans les cordes peu élevées du 6® mode; elle re-
monte avec un effort sensible sur ces paroles, usqtie ad
mortem, jusqu'à la mort ! Mais quelle mort ! ajoute l'apôtre :
la mort de la croix. La mélodie a quelque chose d'âpre et
d'amer : elle s'abat brusquement sur le mot crucis, d'une
tierce au-dessous de la tonique, et puis un neume ou voca-
lise, prolongé sur des notes pleines de tristesse et de dpu-
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DU CHANT ECCLÉSIASTIQUE. 475
ceuPy semble Técho d'une plainte qui sort de toutes Ips
poitrines des chrétiens attristés.
« Voilà un premier tableau. Mais tout va changer. Ce
Christ qui est mort, ce Christ qui a voulu expier sur la
croix, c'est le Fils de Dieu; et voilà pourquoi Dieu l'a élevé
jusqu'à Lut\ et Lui a donné un nom au-dessus de tout nom.
Tel est le verset chanté en solo. Le ton n'est plus le même :
au lieu du 6*^ mode qui descend, et n'a pas le droit de
monter, voici le 5® mode, le joyeux, le glorieux, dont la
gamme étendue se prête à la traduction de la nouvelle
idée. La voix s'élève d'abord à la quinte, s'y soutient, et
puis, dans une vocalise prolongée, s'élance à l'octave, qu'elle
dépasse même d'un degré, comme si l'échelle ordinaire du
mode était insuffisante à rendre l'élévation du Christ. Elle
ne redescendra que pour faire entendre, dans un neume
harmonieux, repris par tout le chœur, un dernier écho de
tant de souffrance et de tant de gloire! » (Principes d*une
véritable restauration du chant Grégorien.)
Comment se fait-il donc qu'un chant si beau produise
ordinairement si peu d'effet? C'est qu'on l'exécute mal. On
oublie que le plain-chant est une roélo'lie d'un rythme
particulier, mais d'une grâce et d'une légèreté tout à fait
remarquables. Les chantres d'églises exécutent trop sou-
vent le plain-chant par routine et sans intelligence.
On les enlend quelquefois forcer tellement leurs voix,
« que les sons qu'ils produisent, dit M. Branchereau, res-
semblent plutôt à un mugissement qu'à un chant. »Ils
saccadent et martellent les morceaux, sans plus obser-
ver le repos et la valeur des notes que le sens mélodique.
Tantôt leur exécution est lente, traînante, et propre
à ennuyer les fidèles. Tantôt, au contraire, elle est d'une
précipitation scandaleuse : on les dirait pressés de finir ou
inspirés plutôt par une préoccupation de vanité mondaine
que par une pensée de foi et le désir de la louange divine.
Citons ici les sages conseils que donnait à ses religieux
saint Bernard : « Ne traînons pas trop la psalmodie, leur
disait-il, mais chantons rondement et d'une voix animée.
Commençons et finissons tous ensemble la !'• et la 2« partie
de chaque verset. Que personne ne traîne après les autres,
en insistant sur la dernière qrllabe. Faisons, à la médiante.
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APPENDICE DEUXIÈME.
ause bien marquée. Que nul ne se permette, ni de
iger le son de sa voix après le chœur, ni d'appuyer
îs finales. Ayez toujours l'oreille attentive, afin de
lencer et de finir tous ensemble. Ne craignez pas de
U" votre voix; prenez garde de ne prononcer que la
ï des mots, ou de passer des mots entiers. Ne chantez
'une manière molle, négligée, efféminée, mais pro-
z d'un ton mâle et avec affection les* paroles du
Esprit. »(Apud Gard. Bona: De Div, Psalm. xvii.
le voit, ce sont précisément les abus que saint Ber-
recommandait d'éviter, qui rendent souvent notre
chant actuel monotone, sans charme, et si peu expres-
ul doute que l'observation des avis du saint religieux
ait seule lui rendre son ancienne beauté et son véri-
caractère. Peut-être aussi, pourrait-on chercher l'une
luses de la décadence du plain-chant dans l'abandon
ncienne pratique du chant en commun. Qu'on nous
îtte, puisque l'occasion s'en présente, de dire ici un
îur cette question. Les écrits des saints Pères nous
mnent qu'à l'origine, les fidèles célébraient en commun
uanges du Très-Haut ; leurs pieux concerts le remer-
it de ses grâces, et faisaient monter vers lui les accents
reconnaissance. Cet usage était si répandu du temps
int Jérôme, qu'au témoignage de ce Père, les fidèles
ent par cœur les psaumes et les hymnes de l'Eglise, et
5 connaissaient pas d'autre poésie. « En quelque lieu
ous dirigiez vos pas, dit-il dans une lettre à sainte Mar-
ie laboureur chante de joyeux Alléluia, le moisson-
, baigné de sueur, s'encourage par le chant des
mes, et le vigneron, taillant sa vigne, fait retentir les
ies accents du royal Psalmiste. » Saint Basile nous
3nd qu'à certains jours le lieu saint retentissait des
ts de tout le peuple. Saint Isidore de Damiette nomme
)sitivement les femmes (L. I, c. 90), et saint Grégoire
azianze dit à sa mère de n'ouvrir la bouche, dans le
ie sacré, que pour la sainte louange. (L. II, c. 76.)
t Fortunat, évoque de Poitiers, au vi® siècle, affirme
out le monde chantait les psaumes en commun d'après
re de l'évoque :
1
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DU CHANT ECCLÉSIASTIQUE. 477
« Pontiflcis monitis, clerus, plebs psallit et infans *. »
La raison et rutilité du chant collectif est facile à saisir.
Le chant, en effet, est^corome l'expression la plus sublime
de la prière; c'est le cri de Tâme qui ne peut plus renfer-
mer sa reconnaissance, et l'on comprend que Dieu soit
particulièrement sensible à ce témoignage de gratitude,
surtout lorsqu'il lui est rendu par tout un peuple, assemblé
pour le remercier solennellement de ses bienfaits. C'était
d'ailleurs de cette façon que, dans l'ancienne Loi, les Hé-
breux célébraient les louanges du Seigneur, quand, par
quelque miracle éclatant, il les avait une fois de plus tirés
des mains de leurs ennemis. Témoins le cantique de Moïse,
après le passage de la mer Rouge, celui de Débora, etc..
Et cependant, aujourd'hui que les grâces ne sont ni moins
nombreuses ni moins signalées qu'autrefois, lorsque arrive
une de ces grandes solennités où l'église célèbre un des
bienfaits insignes de Dieu, non-seulement la plupart des
chrétiens oublient leurs obligations, mais le petit nombre
de ceux qui restent fidèles, sont là muets et comme in-
différents à la louange divine.
Que de vives et salutaires émotions pour Tâme, si le
peuple entier faisait retentir les voûtes du sanctuaire des
graves et mélodieux accents du chant sacré! Quel précieux
moyen d'attirer les bénédictions de Dieu, et d'entretenir
la foi dans les cœurs! Aussi, de nos jours, plusieurs
évéques ont écrit, sur ce point, des lettres aussi belles que
pressantes pour raviver dans nos fêtes l'élan populaire des
anciens jours. Il nous suffira de rappeler ici les paroles
de Son Eminence Monseigneur l'archevêque de Reims:
« Nous ne saurions trop louer ni trop encourager les es-
sais qui ont été faits dans cette voie, et qui ont trouvé
leur première récompense dans le succès qu'ils ont obtenu.
Il est de toute évidence, en effet, que la désertion de
l'église, qui nous attriste en tant d'endroits, est due, en
partie, au peu d'intérêt que présentent les offices, et au
peu de part que les fidèles sont appelés à y prendre. Il
n'est pas moins évident qu'un des moyens les plus puissants
et les plus à notre portée pour attirer les populations dans
i. Vie de S. Germain de Paris.
I. n. 27.
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478 APPENDICE DEUXIÈME.
les églises et pour les y retenir, c'est de les intéresser en
les initiant aux choses qui s'y font, et particulièrement au
chant des louanges de Dieu. Certainement, la diffusion de
ce chant redeviendrait, dans le présent et dans l'avenir, un
excellent moyen de conserver les pratiques chrétiennes au
sein de nos populations. » {Lettre circulaire sur la parti-
cipation du peuple au chant de V église,,, 28 octobre 1884.)
Art. IL — Nécessité de la connaissance et de l'étude du
plain-chant pour le clergé.
Il est évident, d'après ce que nous avons dit plus haut
sur l'utilité du plain-chant, que sa connaissance intéresse
au plus haut point le clergé. « Le plain-chant, dit
avec raison M. Branchereau, est une des branches de la
science ecclésiastique.,. Et les Pères du concile de Trente,
énumérant, dans leur décret sur l'institution des Sémi-
naires, les objets qui devaient être enseignés aux clercs, en
font une mention spéciale. » [Manuel du choriste *.)
Mais, de nos jours, cette étude acquiert une importance
toute particulière. Le prêtre, en effet, pouvait se reposer
autrefois, en ce qui concerne le chant, sur l'aide d'un auxi-
liaire qui, aujourd'hui, lui fait généralement défaut; il
demeure seul chargé de cette partie du culte public. Aussi,
n'hé.sitons-nous pas à dire, qu'à l'heure présente, un prêtre
incapable d'enseigner à ses enfants les premiers éléments
du chant, afin de les exercer et de s'assurer des chantres
pour l'avenir, est privé d'un des moyens les plus considé-
rables d'entretenir la foi dans sa paroisse. Car c'est une
vérité d'expérience, que, du jour oh l'on ne chante plus
à l'église, l'assistance aux offices diminue, et la foi va
chaque jour en s'affaiblissant et en se perdant davantage.
1. M. Branchereau, supérieur du grand séminaire d'Orléans,
a composé un Manuel du Choriste ou Théorie et pratique du
chant liturgique, que nous recommandons vivement aux sémi
naines et à tous ceux qui doivent s'occuper du plain-chant :
« Travail destiné à faire connaître et aimer de plus en plus le
chant liturgique », dit Mgr Pévèque d'Orléans. — « Ouviage sa-
vant et clair, dit Mgr Parchevèque do Rennes, qui, en facilitant
l'ôlude du chant liturgique à l'élève, et l'enseignement au maî-
tre, aura rendu au clergé et aux fidèles un signalé service. >
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DU CHANT ECCLÉSIASTIQUE* 479
Envisagé de cette façon, le chant devient un véritable
apostolat. Mais, pour cela, il faut que le prêtre ait d'abord
une connaissance sérieuse et complète du plain-chant. C'est
cette connaissance que TEglise a voulu lui procurer, lors-
qu'elle a établi des cours de chant dans les séminaires.
Quoique peu nombreux, ces cours pourraient cependant
être d'une grande utilité. Divisés en plusieurs classes,
selon la force de ceux qui doivent en suivre les leçons, il
serait bon qu'on y suivît, afin de les rendre plus profitables,
une méthode et un programme déterminés. Chaque classe
devrait avoir son but bien marqué; on pourrait, par exem-
ple, se contenter, dans les commencements, de l'élude des
éléments, puis, on s'élèverait peu à peu, chaque année,
jusqu'à une connaissance complète et approfondie des prin-
cipes. De cette façon, le séminariste qui, durant le temps
de son séminaire, se serait fait un devoir d'apporter à ces
classes tous ses soins et toute son attention, se trouverait
certainement en mesure de faire face aux éventualités qui
peuvent se rencontrer dans la pratique du ministère.
Mais, il est encore une raison pour les clercs de ne pas
négliger le plain-chant. C'est là, en effet. Tune des parties
importantes de leurs fonctions. L'Eglise leur confie l'exé-
cution de ses mélodies; ils doivent avoir à cœur de s'ac-
quitter convenablement de cet office. Plus tard, en effet,
ne serait-ce pas une véritable humiliation pour eux, que de
ne pouvoir exécuter convenablement les chants les plus
simples : le Pater ^ la Préface^ Vite Mt'ssa est? Et ne seraient-
ils pas exposés à la critique ou aux réflexions malignes des
paroissiens qui seraient, sur ce point, plus habiles? « Il
n'est pas donné à tous, dit M. Branchereau, d'avoir un
chant agréable ; mais il y a, dans la manière de chanter,
une perfv^ction relative à laquelle chacun peut et doit
prétendre. » [Politesse et convenances ecclésiastiques.)
Le cardinal Bona ne pouvait pardonner à aucun ecclé-
siastique l'indifTérence ou l'ignorance dans cette partie de
l'art chrétien. « J'ai honte, disait-il, de ce que la plupart
des clercs, si souvent occupés du chant liturgique, l'igno-
rent. » {De Div. Psalm. xvii.)
M. Tronson, dans ses Examens particuliers^ exprime les
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é80 APPENDICE DEUXIÈME.
mêmes pensées : « Avons-nous fait attention, dit-il, pour
nous exciter à étudier le chant :
» !<> Que TEglise, chargeant les ecclésiastiques de chanter
les offices divins, aussi bien que de tous lesautres devoirs de
la religion, elle désire qu'ils aient une capacité suffisante
pour s'en bien acquitter?
» 2® Que c'est une chose honteuse de voir des ecclésias-
tiques, dans un chœur, et en surplis, ne savoir pas annon-
cer une antienne, ou entonner un psaume?
» 3° Qu'un office mal chanté expose les sacrés mystères
et ceux qu| les célèbrent au mépris des peuples, qui ne
jugent pour l'ordinaire de l'excellence de nos mystères que
par la manière décente dont on les traite, et du mérite de
ceux qui y sont employés, que par la grâce et la dignité
avec laquelle on les voit chanter et officier?
4° Qu'il est déplorable que des laïques et des paysans,
revêtus dechapes, chantent les saints offices, parce que les
ecclésiastiques ne savent pas chanter, ou parce qu'ils ne
s'en veulent pas donner la peine? » [Premier examen du
chant ecclésiastique.)
Cette étude, disons-le sans détours, est donc un devoir
de conscience; agir autrement, c'est aller contre la volonté
formelle de l'Eglise, exprimée dans ses conciles, et contre
les règlements des Séminaires. Soyons persuadés d'ailleurs,
qu'il n'est pas indigne de nous, de nous occuper de cette
matière, quand des prélats comme saint Ambroise et saint
Grégoire nous ont donné les premiers l'exemple; quand
des monarques tels que Charlemagne et Robert le Pieux en
ont recommandé et favorisé l'étude, et que des savants de
premier ordre comme Boèceet Cassiodore, ou des religieux
éminents comme saint Bernard et Odon de Gluny, en ont
fait l'objet de leurs travaux.
CHAPITRE II.
DE l'orgue et de tA MUSIQUE SACRÉE.
Art. I. — De l'Orgue. ■— harmonium.
Après avoir parlé du plain-chant, nous dirons quelques
mots de l'orgue, son complément indispensable. Sans lui,
en effet, le plain-chant perd de son charme, ses accents
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DU CHANT ECCLÉSIASTIQUE, -orgue. 481
ont quelque chose de moins mélodieux et de moins expres-
sif. C'est que Torgue, sous des mains habiles, trouve une
note pour tous les sentiments, et Deliile a parfaitement
traduit cette pensée, lorsqu'il dit de Torganiste :
Sous ses rapides mains, le sentiment voyage,
Chaque touche a sa voix, chaque fil son langage :
Il monte, il redescend sur l'échelle des tons,
Et forme sans désordre un dédale de sons.
Quelle variété! Que de force et de grâce!
Il frappe, il attendrit, il soupire, il menace.
Tel, au gré de son souffle, ou terrible, ou flatteur,
Le vent fracasse un chêne ou caresse une fleur !
{Les trois règnes de la nature. Chant II, VAir.)
Le cardinal Bona, avant lui, avait ainsi résumé les avan-
tages de l'orgue : « par ses accents, dit-il, il réjouit les âmes
tristes, et donne un avant-goût des joies de la cité céleste.
Il excite les tièdes et soutient les fervents ; les justes y trou-
vent un redoublement d'amour, et les pécheurs, un attrait
à la componction... » Nous ne nous arrêterons pas plus
longtempssur cette matière; il nous suffira de donner, d'a-
près le Cérémonial des Evéques, les règles liturgiques de
l'orgue, concernant le temps où il doit jouer. Nous ferons
auparavant remarquer que quand nous employons l'expres-
sion : on ne doit pas toucher t orgue, nous entendons parla,
que l'orgue ne doit pas jouer seul et remplacer les paroles,
car il est bien entendu qu'il peut toujours accompagner le
plain-chant,
I — 1** Il convient, sauf les restrictions ci-après, de tou-
cher l'orgue tous les dimanches et jours de fêtes chômées.
2° On ne doit pas toucher l'orgue les dimanches et fériés
de TAvent et du Carême, excepté aux fétesqui tombent dans
ce temps, et que l'Eglise célèbre avec une certaine solennité.
Telles sont : les fêtes de saint Mathias, de saint Thomas
d'Aquin, de saint Grégoire le Grand, de saint Joseph, patron
de l'Eglise catholique, de l'Annonciation de la B. V. M., et
autres semblables, c'est-à-dire, comme on le pense assez
communément, les fêtes doubles. Il faut excepter également,
si telle est la coutume, les messes votives de la très sainte
Vierge qui se célèbrent solennellement le samedi. (14 avril
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482 APPENDICE DEUXIÈME-
1753.) On excepte encore : le 3« dimanche de l'Avent et le
4* da Carême, mais à la messe seulement, d'après Marti-
nucci; le jeudi-saint, à la messe, jusqu'à la lin du Gloria in
excelsis; le samedi- saint, à la messe, depuis le commen-
cement du Gloria in excelsts^ et à vêpres,
oork^ touche l'orgue toutes les fois que le diacre et le sous-
ortent la dalmatique et la tuniqne, quand môme
IV serait violette. Ainsi, les dimanches de la Septua-
de la Sexagésime et de la Quinquagésime, à la
t aux vêpres, quand môme celles-ci seraient du di-
. (Martinucci, L. II, p. 142; L. VI, p. 17.)
ne touche pas Torgue à la messe ni à l'ofQce des
( In mïssis et officm defunctorum, nec organo, nec
quam figuratam vocant, utitur, sed cantu firmo,
am tempore Adventûs et Qtmdragesimœ in ferialibns
mvenit adhiberi, » (Cœr. Episc. L. I, c. xxviii, g 13.)
missây dit Martinucci, nulloprorsm modosonabitur
» (Liber V, cap. xxii.)
touche l'orgue à l'entrée de TEvêque, d'un légat,
dinal, ou d'un prélat que l'Evêque veut honorer,
'au moment où ils se mettent à genoux pour prier,
s offices auxquels on touche l'orgue, quand il est
de le faire, sont : la messe, les matines solennel-
audes et les vêpres. Il n'e^t pas d'usage de le faire
pes heures. On doit cependant excepter tierce, le
la Pentecôte, et quand TÉvêque officie pontiûca-
.e service de l'orgue, pour chacun des offices ci-
lentionnés, doit être réglé de la manière suivante:
messe, l'orgue alterne avec le chœur au Kyrie, au
n excelsis, à la Prose, au Sanctus, et à VAgnva
peut jouer encore à la place du Graduel, de
ire, pendant l'Elévation, mais d'un ton plus grave
loux, à la place de l'antienne Ck>ramunion» Après
sa est, le répons Deo gratias peut être remplacé par
si telle e.-t la coutume. (11 sept. 1847.) •
le ne remplace aucune parole pendant le Credo.
res, on touche l'orgue à la fin de chaque psaume,
3ut tenir lieu de répétition de l'antienne. De plus,
tlterne avec le chœur à l'hymne et au Magnificat,
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DU CHANT ECCLÉSIASTIQUE. — oroub. 483
A matines, l'orgue alterne avec le chœur à l'hymne, aux
répons et au Te Deum, On le touche aussi à la fin de cha-*
que psaume, pour la répétition de Tantienne. Aux matines
des fêtes principales, lorsqu'on les chante solennellement,
on peut toucher Toi^ue depuis la sortie du célébrant de la
sacristie jusqu'au commencement de Poffice ; il en est de
même pour les vêpres et autres fonctions solennelles.
A laudes, on suit les mômes règles qu'à vêpres.
IV. Autres principes généraux: 1<* à vêpres et à matines, le
1" verset et le Gloria Patri des cantiques, la 4" strophe et
la doxologie des hymnes, les strophes et les versets durant
lesquels le chœur doit être à genoux, comme le Teergo quœ-
sumus dans le Te Deum, seront toujours chantés par le
chœur, lors même que celui-ci aurait dit le verset précé-
dent,
2» Quand l'orgue joue pour remplacer le chant de quel-
ques paroles, celles-ci doivent être prononcées d'une ma-
nière intelligible par quelqu'un du chœur.
Tout ce que nous avons dit précédemment s'applique au
grand orgue, à l'orgue proprement dit. En est-il de même
du petit orgue, dans les églises où il existe? Les auteurs ne
sont pas d'accord sur ce point; selon nous, le petit orgue
peut en tout temps, comme le grand orgue d'ailleurs, ac-
compagner le chant; mais on doit, en temps prohibé,
lui appliquer les règles du grand orgue, c'est-à-dire, qu'il
ne peut remplacer le chant des paroles.
Certaines églises pauvres enfin, ont, de nos jours, rem-
placé l'orgue, trop coûteux pour elles, par Tharmonium.
D'après nous, l'orgue et l'harmonium ne présentant dediffé-
rence que dans le timbre et le plus ou moins d'intensité des
sons, on doit assimiler ce dernier au petit orgue.
Qu'on nous permette, avant de terminer ce qui concerne
l'orgue, de rappeler aux organistes chrétiens les paroles
de deux illustres évêqu^^s, justement préoccupés des splen-
deurs du culte : « Un organiste digne de ce nom, dit Mgr
Parisis, ne sort jamais du style grave de l'inspiration reli-
gieuse. Tantôt, par la combinaison mystérieuse ou la riche
abondance d'une large harmonie, il exprime le sérieux des
méditations profondes et la multitude des supplications
diverses de l'assemblée chrétienne; tantôt, par des mélodies
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484 APPENDICE DEUXIÈME.
plus 8imples,;jl représente les supplications solitaires de Tâme
chrétienne, qui gémit de ses fautes, et soupire vers le lieu
de son repos; le plus souvent il enveloppe, dans des accords
nombreux et fermes, la simplicité majestueuse du chant
liturgique. » — «Si vous avez un organiste, dit d'autre part
le cardinal de Bonald, faites-lui comprendre qu'il n'est pas
appelé pour faire, devant les fidèles, l'étalage d'une science
d'exécution qui ne connaît point de difficultés, et pour re-
tracer d'une main habile toutes les réminiscences d'une mu-
sique théâtrale et passionnée. Son devoir est d'accompagner
le chant de l'Eglise afin d'effacer en quelque sorte, par les
accords simples et religieux de son magniûque instrument,
toutes les défectuosités des voix peu exercées. Il faut que
les fidèles viennent dans nos temples, non pas pour ad-
mirer les effets de l'orgue, mais pour chanter et prier avec
\\iU» {Lettre pastorale, 1847.)
Art. II. De la Musique sacrée.
L'orgue nous amène natui^ellement à parier de la mu-
sique sacrée. Elle peut quelquefois être employée dans le
culte ; TEglise n'en a proscrit que les abus; mais pour
être tolérée, elle doit remplir certaines conditions : la pre-
mière de toutes, c'est qu'elle n'exécute que des morceaux
dignes, par leur gravité, du temple et du Dieu quil'habite. Elle
doit exciter les fidèles au recueillement, et non à la dissi-
pation. Aussi, faut-il proscrire cette musique sautillante,
bonne pour le théâtre mais indigne de l'église.
Ces principes sont admirablement développés dans
une Instruction, adressée par le secrétaire de la con-
grégation des Rites aux évéques d'Italie, sur cette im-
portante question, « et dont la portée, disait à juste titre le
Journal de Borne, dépasse nos frontières. » Nous ne sau-
rions mieux faire que de la reproduire en entier. « Beau-
coup de nos lecteurs, dit la Semaine religieuse d^ Angers
en donnant ce document, comprendront combien il
serait désirable qu'un règlement de même nature fût suivi
dans nos diocèses de France, oti bien des abus se sont
également introduits. Tous ceux qui par devoir de leur
charge, ou simplement par zèle, s'occupent du chant dans
nos églises paroissiales ou chapelles, peuvent du moins
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DU CHANT ECCLÉSIASTIQUE. - musiqub ^Slcréb. 485
s'inspirer de Tesprit qui a dicté ce règlement, que nous re-
produisons en entier, et qui a obtenu pleine approbation
du Souverain Pontife. »
Voici le texte de cette Instruction remarquable auxévê-
qués d Italie :
Monseigneur,
Afin d'apporter un remède efficace aux graves abus qui
se sont introduits dans la musique sacrée, pour diverses
églises d'Italie, on a rédigé un règlement annexé à la présente
lettre circulaire; ce règlement, par les soins de la Société
de Sainte Cécile d'accord avec l'autorité ecclésiastique, a
déjà reçu exécution dans les archidiocèses de Naples. de
Milan, et d'ailleurs, et il a obtenu pleine approbation du
Souverain Pontife.
En le portant à la connaissance de Votre Grandeur,
je vous prie de veiller à ce que les règles contenues dans
cette pièce soient accueillies dans les églises de ce diocèse,
comme celles qui servent à maintenir dans leur ma-
jesté et sainteté une partie si importante de la Liturgie sa-
crée et à en écarter les mélodies inconvenantes et profanes.
Dans la confiance que Votre Grandeur, en sa prudente
et pastorale sollicitude, travailleraet mettra en pratique
dans le diocèse qui lui est confié les prescriptions de ce
règlement, c'est avec plaisir que je me déclare, etc. etc.
Laurent Salviati,
Secrétaire de la Congrégation des Rites.
Règlement pour la musique sacrée.
§ I. RÈGLES GÉNÉRALES POUR LA MUSIQUE
SACRÉE, FIGURÉE, VOCALE, INSTRUMENTALE,
PERMISE ET DÉFENDUE DANS l'ÉGLISE.
Art. l^' La musique vocale figurée *, permise dans
réglise, est seulement ce^e dont les chants graves et pieux
conviennent à la maison du Seigneur, et auxdivineslouan-
ges, et servent, en suivant le sens de la parole sacrée, à
exciter les fidèles à la dévotion. La composition de la
musique vocale figurée se réglera sur ces principes, môme
\ . Ce terme est pris par opposition avec le plain-chant.
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486 APPBNDICB DBUXIÉMB.
quand elle est accompagnée de Toi^e et d'autres instru-
ments.
Art. 2 — La musique figurée d'orgue doit répondre
au caractère lié, harmonique et grave de cet instrument.
L'iQstrumentale doit, en général, soutenir noblement le
chant et non l'écraser par des fracas; les interltdes d'orgue
et d'orchestre doivent toujours, étant originaux, répondre
au sérieux de la sacrée liturgie.
Alt. 3 — La langue propre de notre Eglise étant la la-
tine, cette langue devra être seule employée dans la com-
position musicale saci ée figurée. Les motets seront composés
sur des paroles prises dansTEcriture sainte, le bréviaire, le
missel Romain, les hymnes de Saint Thomas d'Aquin, d'un
autre saint Docteur, ou d'autres hymnes et prières approu-
vées et usitées dans l'Eglise.
Art. 4 — La musique vocale et instrumentale défendue
dans l'église est celle qui, par son type, par la forme
qu'elle revêt, tend à distraire les auditeurs dans la maison
de prière.
g n. DÉFENSES SPÉCIALES POUR LA MUSIQUE DE
CHANT DANS L'ÉGLISB.
Art. 5. — On défend expressément dans t église ioniemU'
sique de chant composée sur des motifs ou réminiscences
de théâtre ou profanes, ou encore qui serait composée
en des formes très légères ou molles, comme seraient les
gabalette ou cabalette, les récitatifs trop poussés dans la
manière théâtrale, etc. On permet les so/t, les rfwos, les
triosy pourvu qu'ils aient le caractère de la mélodie sacrée,
et soient liés à l'ensemble de la composition.
Art. 6. — Toute musique est interdite, où les paroles du
texte sacré seraient omises, même pour la moindre par-
tie, transposées, découpées, ou trop répétées, ou peu intel-
ligibles.
Art. 7. — Il est défendu de diviser en morceaux trop
détachés les versets du texte sacré dans le Kyrie^ÏQ Gloria^
le Credo, etc., aux dépens de l'unité de l'ensemble,
comme aussi d'omettre ou de précipiter le chant de cer-
taines parties de l'office, telles que les répons à l'ofTiciant,
l'introït, la séquence, le Sanctus et le Benedictus,VAgnusk\9i,
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DU CHANT ECCLÉSIASTIQUK. — musique sAOnii. 487
messe; les psaumes, les antiennes, Thymne, le Magnificat,
à vêpres. Cependant l'omission du Graduel, du Trait, de
rOffertoire, de la Communion, en certaines circonstances
particulières, par exemple le manque de voix, est toléré avec
la suppléance de Torgue.
Art. 8. — Il est interdit de faire un mélange désordonné
de chant figuré et de plain-chant ; par conséquent, il est
défendu de faire ce qu'on appelle des points musicaux
(points d'orgue) dans \h Passion, o\i l'on doit suivre scrupu-
leusement rolîice liturgique. On permet seulement les
répons de la foule en musique poliphone, sur le modèle de
récole romaine, particulièrement dans Palestrina.
Art. 9. — Tout chant est interdit qui prolong^^rait les
offices divins au delà des limites prescrites de midi pour
la sainte messe, d^V Ave Maria pour les vêpres et la bé-
nédiction : excepté dans les églises où y il a des privilèges
et des coutumes non réprouvées, où les offices peuvent
s'étendre au delà de dix heures, en se remettant à la déci-
sion de l'ordinaire.
Art. 10. — L'usage de certaines inflexions de voix
trop affectées est interdit, comme de faire trop de bruit
en battant la mesure et en donnant des ordres aux exécu-
tants, de tourner le dos à l'autel, de bavarder ou de faire
tout autre acte déplacé dans le lieu saint. Il serait désira-
ble que la tribune de chant ne fût pas construite sur la
grande porte du temple et que les exécutants fussent autant
que possible invisibles, suivant que le réglera en sa prudence
le Révérendissime Ordinaire.
§ III. DÉPENSES SPÉCIALES POUR LA MUSIQUE ORGA-
NIQUE ET INSTRUMENTALE DANS L'ÉGLISE,
Art. 11. — Il est sévèrement interdit de faireentendre,dans
l'église, même la plus petite partie d'une réminiscence
d'œuvre théâtrale, de morceaux de danse de toute espèce
tels que : polka^ valse, mazurka, menuet, rondo, scottish,
varsovienne, quadrille, contredanse, polonaise, etc. ; de mor-
ceaux profanes, etc., comme hymnes nationaux, chants
populaires, amoureux ou bouffions, romances, etc.
Art.l2. — Sont défendus les instrumentstrop bruyants
comme tambours, grosse caisse, cymbales et autres, aussi
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APPENDICE DEUXIÈME.
struments propres aux artistes forains, et le
s trompettes pourtant, les flûtes, les tira-
instruments de cette espèce, qui furent en
leuple d'Israël pour accompagner les louan-
îhants et les psaumes de Davi J , sont permis,
qu'on en use avec habileté et modération
l'occasion du Tantum ergo, à la bénédic-
Sacrement.
i est défendu d'improviser, comme on dit,
antaisie), sur l'orgue à ceux qui ne savent
avenablement, c'est-à-dire de manière à res-
ilement les règles de l'art musical, mais
gent la piété et le recueillement des fidèles,
iut observer, dans la composition, les règles
ine soit pas divisé en trop de parties sépa-
à la manière dramaîique. Que le Credo
iposé tout à la suite, et, s'il est partagé en
îrtants, que les morceaux soient disposés de
mer un tout bien uni. Qu'on évite, autant
s so/i, les cadences à la manière du chant
des éclats de voix, pour ne pas dire des
lent les fidèles de leur dévotion. Et surtout
n à tenir les mots dans l'ordre qu'ils occu-
pe, sans interversion.
§IV.
15 et 16 sont relatifs à des recommandations
ont nous n'avons pas à nous occuper en
ite liberté étant d'ailleurs laissée aux Ré-
Jrdinaires de choisir en dehors des indica-
iriat de la sacrée congrégation des Rites.
Outre le répertoire de la musique sacrée
let aussi celui de la musique manuscrite
serve auprès des diverses églises et chapel-
les instituts ecclésiastiques, pourvu que le
it par une commission spéciale intitulée
f, qui devraôtre fondée dans touslesdiocèses,
ïinspecteur diocésain de la musique sacrée,
mce immédiate des ordinaires.
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DU CHANT ECCLÉSIASTIQUE. — musique !
Art. 48. — On ne permettra donc dans 1
l'exécution des morceaux édités ou inédits, q
dans Vlndex-répertoire diocésain porteront le
le timbre et le visa de la commission de So
de son inspecteur président, qui, d'accord av
sion, et toujours sous la dépendance de Toi
préjudice des supérieurs locaux, pourra sur
Texécution sur place, demander à exami
sacristie les morceaux exécutés ou à exécute
répondent aux règles et aux papiers approuvéi
par le timbre et le visa, et il pourra en référé
et provoquer en ce but l'application de mesur
contre ceux qui transgresseraient.
Art. 19 — Les organistes et les maître!
donneront tous leurs soins et tout leur talent j
exécution possibledela musique cataloguée en
Ils pourront ainsi employer leur savoir à l'en
velles compositions, pourvu qu'elles soient c
règles susdites, dont personne ne peut se c
membres mêmes delà commission seront assu
vision mutuelle de leurs travaux.
Art. 20. — A tous curés et recteurs d'égli
l'exécution de ï Index-répertoire de musique
par la Commission de Sainte- Cécile, et app
Révérendissime Ordinaire, même sous peine d'
l'ordre en cas de transgression. Cet Index-répi
être par la suite augmenté de compositions no
Art. 21. — Les dites commissions seront C(
clésiastiques et aussi de séculiers experts di
musicales et animés d'un esprit profondémei
V inspecteur diocésain sera toujours ecclésias
minalion et l'institution de tous les membres
droit aux ordinaires diocésains.
§ V, DISPOSITIONS POUR L'AMÉLI0RATI<
DE LA MUSIQUE SACRÉE ET DES É(
Art. 22. — Pour préparer le meilleur avei
que sacréeen Italie, il serait désirable que les
mes Ordinaires pussent fonder et perfectionne
dans leurs instituts ecclésiastiques^ surtout c
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APPENDICB TaOISI&HB.
^oles de musique /^^urée, suivant les méthodes
faites et les plus autorisées. A cet effet, il se-
n que dans les principaux centres de la pénin-
/rtt des écoles spéciales de musique sacrée
ie bons chanteurs, des organistes et maîtres
comme celas*est fait à Milan.
- Le présent règlement sera envoyé à tous
dissi mes Ordinaires, qui le communiqueront
IX organistes et aux maîtres .de chapelle de
es respectifs, et sera mis en vigueur un mois
imunication de l'ordinaire,
ent devra être affiché sur un tableau posé dans
rès de la place de rorganiste,afin qu'il ne soit
aucun cas, transgressé.
APPENDICE TROISIÈME.
LE PSAUME « BXURGAT DEU8 ».
— Analyse. — ExpUcation. — Utilité du psaume. —
ace dans TofÛce divin. — Mesure poétique.
I. PRÉLIMINAIRES,
culte du Psaume. — Auteur et occasion. ~ Objet.
et difficulté du psaume, « Le ps.Lxvii®, dit avec
le de Lethielleux, occupe une place à part dans
int à cause des beautés qu'il renferme, qu'à rai-
3ultés qu'il présente. » — «C'est en effet, dit le
irprotestant Delitzch, un psaume dans le style
élevant au plus haut faîte du sentiment et de
Q poétique. » — « Ce psaume, dit à son tour
e, est une des plus magnifiques créations de la
ae ; le lyrisme y atteint la plus sublime éléva-
rpelui aconsacré plusieurs pages pour le venger
mts de Voltaire, qui l'appelait une chanson de
de. « L-ode, dit-il, a-t-elle un élan plus rapide ?
IX Pindare, auxHorace, aux Malherbe, auxRous-
manderaient autre chose dansun chant d'inau-
[Disc, préliminaire sur les psaumes.) Bellenger
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LB PSAUME « fiXURGAT DEUS ». 491
a dit de ce psaume :«5^y/o sublimi scriptus, plenus figuris,
metaphoris, poelicis descriptionibus», et Bellarmia : n Ple-
nus est poeticis descriptiombm admirabilibus, ut propte9*ea
tanto est puchrior, tanto sit etiam difficilior, » Tous les
auteurs s'accordent à reconnaître, avec le savant cardinal,
que ce^saume, Tun des plus beaux sans doute, est aussi
le plus difficile. « C'est le plus difficile à comprendre de
toute la collection, dit M. Vigouroux. » — « In eo, tôt
ferme sunt scopuli, tôt labyrtnthi, quot t^ersus, quoi verba, »
dit Bellenger, qui rappelle la croix et le tourment des in-
terprètes.
2* Auteur et occasion du psaume. Quelle en fut l'occasion?
Les commentateurs sont ici partagés, le titre ne nous indi-
quant que Tauteur et l'objet général : Psalmus cantict, ipsi
David, psaume cantique, ou psaume triomphal et d'action de
grâces solennelles, composé par David. Quelques-uns croient,
avec Bellenger, que ce psaume a été composé après une vic-
toire des Israélites sur les Syriens, les Ammonites ou tout
autre peuple ennemi. D'autres, en plus grand nombre, et
avec plus de raison, pensent que David le composa, pour
être chanté lorsque l'arche du Seigneur fut solennellement
transportée de la maison d'Obédédom à Jérusalem, sur le
mont deSion (Il Iteg, vi). (Bellarmin, Bossuet, etc.) L'arche,
en effet, qui avait été prise pir les Philistins, sous le grand
prêtre Héli (I Reg. iv), fut rendue par eux sous le gouver-
nement de Samuel, et laissée dans la maison d'Aminadab,
jusqu'au règne de David; après l'avoir laissée trois mois dans
la maison d'Obédédom, le saint roi la transporta solennelle-
ment à Jérusalem. Le chapitre VI* du II* livre des Rois,
nous raconte avec quelle joie et quelle solennité se fit cette
translation. Il nous dit, entre autres choses, qu'il y avait
sept chœurs de musiciens et de chanteurs, ce qu'insinue
aussi notre cantique.
3* Objet. Le psaume est parfaitement en harmonie avec
la translation de l'arche, qui, de Moïse à David, avait si
si souvent conduit les Hébreux à la victoire. Notre cantique
a pour objet, en effet,les triomphes et les prodiges dont le Sei-
gneur, dans son arche, a favorisé le peuple d'Israël, la mar-
che triomphale de Jéhovah vers la montagne de Sion, où
il va faire sa résidencci et enfin un appel pressant à la con-
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492 APPENDICE TROISIÈME.
fiance dans le bras divin contre les ennemis qui restent
encore, et qui reconnaîtront un jour, eux aussi , le Dieu
d'Israël. Mais l'hymne inspiré s'é!ève parfois, sinon tou-
jours, jusqu'au Messie, dont il célèbre la victoire sur le pé-
ché et l'enfer, par sa Résurrection, son Ascension au ciel et
la promulgation de son évangile. Saint Paul autorise ce
sens figuré dans son épîtreaux Ephésiens (vi, 8), etrÉglise
le confirme, en insérant ce psaume dans l'office de la Pen-
tecôte.
II. ANALYSE.
Il y a donc trois idées principales dans ce psaume : i**
victoires du passé ; 2° marche triomphale vers Sion; 3° vic-
toires de l'avenir. Mais il nous faut donner une analyse
plus détaillée, qui nous guidera mieux dans l'intelligence
et l'explication du texte.
1° Introduction générale au cantique par un cri d'en-
thousiasme à la gloire de Jéhovah qui se met en marche,
et par une vive exhortation aux assistants de se réjouir et
de célébrer cette gloire (2-5). Pour les exciter davantage à
la joie et à la louange, David exalte les prodiges que
Dieu, porté dans son arche, a opérés en faveur d'Israël. Il
rappelle d'abord sa miséricorde et sa puissance en général
(6), puis la sortie de l'Egypte (7), les miracles du désert
(8-11), la conquête de la terre promise (12-15).
2° La montagne de Sion est choisie par le Seigneur pour
être sa demeure au milieu de son peuple, d*où il fera
trembler ses ennemis (16-24); marche triomphale de l'arche
et de Jéhovah (25-28).
3° David implore le secours divin pour l'avenir (29-31),
et, à la vue des victoires futures d'Israël, il invite les rois
et les peuples à reconnaître et à louer le vrai Dieu (32-36).
III. EXPLICATION.
Une traduction littérale et d*un seul trait, avec quelques
notes au bas des pages, fera mieux saisir le sens de ce
psaume. Il faut se rappeler, dès le début, la scène grandiose:
l'arche, portée par les Lévites, se met en mouvement ; le
cortège s'ébranle, et les chœurs, accompagnés de nombreux
instruments, commencent Thymne sacré, qu'ils continuent
ensuite avec un saint enthousiasme.
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LE PSAUME « EXURGAT DEUS ».
493
Le i" verset est consacré au titre : In finem^ psalmus
canlici, ipsi David : Psaume triomphal et d'action de
grâces, composé' par David, pour être à jamais chanté.
Dans le texte hébraïque, au lieu de m finem, on lit : Prœ-
fecto chori, ce qui veut dire : coilflé tout spécialement nu
Maître de chœur pour être exécuté.
2. Exurgat Deus, et dissi-
pentur inimici ejus, et fugiant
qui oderunt eum, a facie
ejus.
3. Sicut deûcit fumus, defi-
ciant ; sicut fluit cera a facie
ignis, sic pereant peccatores
a facie Dei.
4. Et justi epulentur, et
exultent in conspectu Dei ; et
delectentur in laetitiâ.
5. Cantate Dec, psalraum
dicite nomini ejus ; iter facite
eî, qui ascendit super occa-
sum; Dominus nomen illi.
Ëxultatein conspectu ejus;
turbabuntur a facie ejus,
6. Patris orphanorum,
judicia viduarum.
Deus in loco sancto suc;
et
2. Que Jéhovah se lève et que
ses ennemis soient confondus.
Qu'ils fuient à son approche, ceux
qui n'eurent jamais pour lui que de
la haine.
3. Qu'ils disparaissent comme
s'évanouit la fumée. Qu'ils péris-
sent devant le Seigneur, ces mé-
chants, comme la cire fond sur le
feu.
4. Mais que les justes se réjouis-
sent en présence de Dieu, comme
à la table d'un festin, et qu'ils sa-
vourent les délices du bonheur et
de la joie.
5. Chantez à la gloire de Dieu,
célébrez son nom par des cantiques,
ouvrez les voies à celui qui s'a-
vance des régions d'Occident ; il
s'appelle Jéhovah.Réjouissez-vous
en sa présence, qui fera trembler
les pécheurs ;
6. Oui, tressaillez dejoieenpré-
sence de celui qui est le père des
orphelins, et le juge vengeur des
veuves, qui n'ont plus leur soutien;
car Dieu est vraiment ici dans son
sanctuaire.
2. Beau prologue à ce cantique, début plein d*entrain pour cette
marche triomphale. Ce sont les paroles même que Moïse disait
à haute voix, lorsque, en changeant de campement, l'arche était éle-
vée de terre, et que le peuple se remettait en marche. (Nwm. x, 35.)
5. La maison d*Obédédom, d*où Ton transportait l'arche, était à
Toccident, par rapport à Jérusalem.
6. De Tarche, en efiet, Dieu manifestait sa présence.
T. u« 28
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494
APPENDICE TROISIÈME.
7. C'est lui qui a donné une pa-
trie à son peuple» alors qu'il n'en
avait plus. Il a délivré par sa
puissance nos pères captifs, dont
le malheur excitait sa colère
contre leurs persécuteurs, et dont
la captivité si dure ressemblait à
un tombeau.
8. 0 Dieu, quand vous sortiez de
l'Egjpte, en tête de votre peuple
délivré, quand vous traversiez le
désert,
9. La terre s'est ébranlée dans
tous ses éléments, par les prodi-
ges que vous avez opérés : un vio-
lent orage a déchiré le ciel, en pré-
sence du Dieu du Sinaî, du Dieu
d'Israël.
iO. Votre peuple,héritier des pro-
messes, vous l'avez favorisé d'une
eau miraculeuse et d'une manne
jusqu'alors inconnue; il était af-
faibli par les privations, et vous
l'avez ainsi réconforté.
11. Une multitude de petits ani-
maux s'est trouvée soudain au mi-
lieu d'eux ; votre douce bonté les
leur avait préparés pour subvenir
à leur indigence.
12. Mais voici que le Seigneur,
par de nombreuses victoires, a fé-
condé la parole des hérauts qui
devaient les chanter.
7. Deus qui inhabitare facit
unius moris in domo ;
Qui educit vinctos in forti-
tudine,8imiliter eos qui exas-
pérant, qui habitant in sepul-
cris.
8. Deus, cum egredereris
in conspectu populi tui, cum
pertransires in deserto;
9. Terra mota est, etenim
cœli distilla verunt a facie Dei
Sinaî, a facie Dei Israël.
iO. Pluviam voluntariam
segregabis, Deus, hsereditati
tuœ ; et infirmata est, tu ve-
ro perfecisti eam.
H.Animalia tua habita-
bunt in eà; parasti in duice-
dine tuâ pauperi, Deus.
12. Dominus dabit verbum
evangelizantibus , virtute
multA.
7. On a donné divers sens à ce verset; le nôtre est plus conforme
à THébreu et à la suite des idées; il s'agit de la délivrance de TE-
gypte, dont il est question aussi daus le verset suivant.
8 Allusion à la colonne de nuée qui guidait les Hébreux.
9. La promulgation de la loi sur le Sinaî. Ce verset s'explique
par le cantique de Débora, auquel David semble l'avoir emprunté.
{Judic. V, 4-5.)
10. C'est le miracle de la manne et de Teau du rocher. Ce ver-
set s'explique aussi par le v. 24« du ps. lxxvii.
11. Les cailles tombées, d'après M. Lehir.
12. Allusion à l'entrée des Hébreux dans la terre promise et à
leurs victoires, pour la conquérir et la possédeir en paix.
k..
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LE PSAUMB t EXUR&ÀT DBUS >.
495
13. Rex virtutumdilectidi-
iecti; et speciei domus divi-
dere spolia.
14. Si dormiatis inter me-
dios cleros, pennœ columbœ
deargentatœ, et posteriora
dorsi ejus inpallore auri.
15. Dum discernît cœlestis
pcges super eam, nive deal-
babuntur in Selmon;
1&. Mons Dei, mons pin-
coagulatus, mons
Mons
pmguis :
17. Ut quid suspicamini
montes coagulatos ?
Mons in quo beoeplacitum
est Deo habita re in eo; etenim
Dominus habitabit in finem.
13. Et le roi des armées, le roi
du peuple très cher à son cœur,
fera partager le butin aux femmes
des guerriers, ornement de la
maison.
14« Dormant tranquilles au mi-
lieu de vos héritages, des terres
que Dieu tous a choisies, vous se-
rez comme la colombe aux ailes
d'argent, au plumage dont Véclat
ressemble à celui de Por.
15. Et tandis que le Roi du ciel
chassera de la terre promise les
rois, ses premiers possesseurs, les
vainqueurs seront comme la neige
qui brille sur le Selmon.
16. Le Selmon est une montagne
très élevée, une montagne fer-
tile, et aux crêtes superbes; une
montagne des plus fertiles.
17. Mais, pourquoi les admirez-
vous, ces magnifiques montagnes ?
Voici celle où il a plu au Seigneur
de venir habiter. Oui, Jéhovah
y fixera pour toujours sa de-
meure.
i^. Dilecti dilecti, héhraïsmQ pour dilectissimi. Le mot dabit dix
verset précédent est ici sous-entendu devant le verbe dividere. —
Rex virtutum : Ce roi est Jéhovah, ou mieux les chefs des armées
qui apportent ainsi à la maison le butin partagé, pour que les
femmes en disposent. - speciei domûs : Dans le Ps. lxxvii, 61,
les femmes sont appelées de ce même nom : species domûs.
14 et 15. Ces deux versets, les plus difficiles, sont, dit M. Vi-
gouroux, « d'une obscurité impénétrable » ; notre explication se
rattache le mieux au sens général : il s'agit de la tranquille pos-
session de la terre promise. — Cum dormieritis inter medios clerosy
eritis sicut pennâs columhse deargentatœ, cujus posteriora dorsi sunt
in pallore auri. Ces figures expriment la paix et les richesses des
Israélites dans la terre promise. La neige, par sa blancheur, est
aussi une image du bonheur et de la prospérité. Le Selmon était
une montagne d'Ephraïm, habituellement couverte de neige.
16. Le Selmon fait penser David à la montagne de Sion où il va
placer l'arche. Mons Det, hébraïsme, pour mons valde excelsus,
17. Le mont de Sion était le but de la marche triomphale.
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496
APPENDICE TROISIÈME.
18. Son'char estplus fort quedix
mille chariots de guerre, plus
fort que des milliers d'anges
jo jeux. Le Seigneur est là au milieu
d'eux, dans son sanctuaire, comme
autrefois sur le Sinaï.
i9. Vous êtes monté sur ces hau-
teurs, traînant à Yotre suite de
nombreux captifs ; vous avez
recueilli de riches dépouilles pour
les distribuer aux hommes de
votre cœur, à votre peuple, et
même à ceux qui ne croyaient
pas d'abord que le Seigneur habi-
tât parmi nous.
20. Qu'il soit béni, le Seigneur,
aujourd'hui et toujours; le Dieu
de nos délivrances continuera de
nous {guider dans une voie pros-
père.
21. Oui, notre Dieu est le Dieu
qui sauve des dangers; à lui seul
tout-puissant, il appartient d'ar-
racher au trépas et de faire échap-
per à la mort.
22. Aussi du haut de Sion, écra-
sera-t-il la tête de ses ennemis ; il
brisera le front altier de ceux qui
se plaisent dans leurs voies crimi-
nelles.
23. Le Seigneur Ta dit en effet : je
48. GurrusjDei decemmllli-
bus multiplex, millia lœtan-
tium; Dominus in eis, in
Sina, in Sancto.
19. Ascendisti in altum,
cepisti captivitatem; acce-
pisti dona in hominibus;
Etenim non credentes in-
habitare Dominum Deum.
20. Benedictus Dominus
die quotidie; prosperum iter
faciet nobis Deus salutarium
nostrorum.
21. Deus noster, Deussal-
vos faciendi; et Domini Do-
mini exitus mortis.
22. Verumtamen Deus
confringetcapita inimicorum
suorum; verticem capilli pe-
rambulantium in delictis
suis.
23. Dixit Dominus : Ex
18. Ce char de Jéhovahest Tarche dont le propitiatoire était cou-
vert par deux chérubins aux ailes étendues, et formait ainsi comme
le trône divin ; Tarche sainte, qui leur a fait remporter de si bril-
lantes victoires.
19. David voit déjà Tarche établie sur le mont de Sion. Ces nom-
breux captifs sont les Hébreux sortis de l'Egypte et les ennemis
vaincus. In hominibus : les peuples voisins qui s'étaient associés au
peuple hébreu. — S. Paul a cité textuellement ce verset, en l'appli-
quant à l'Ascension de J.-G. {Eph. iv, 7-10.)
21. Domini Domini ^ hébraïsme exprimant le superlatif.
23. Basan, pays fertile, au N.-E. de Jérusalem ; il appartenait au
roi Og, le plus redoutid)le ennemi dlsraël, qui fut vaincu et dé-
pouillé de ses terres par les Hébreux. David mentionne ici Basan,
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LB PSAUME « BXUR6AT DSUS ». 497
BasaDconYertam,conYcrtam les arracherai de Basan; je les
in profundum maris ; précipiterai dans les profondeurs
de la mer.
2t Ut intingatur pes 24. Le carnage que j'en ferai sera
tuus in sanguine; lingua ca- si horrible, que vos pieds se bai-
num tuorum ex inimicis, ab gneront dans le sang et que la
ipso. langue de yos chiens en sera
toute rougie.
25. Viderunt ingressus 25. Mais voici que les tribus
tuos, Deus, ingressus Dei d'Israël ont vu votre entrée dans
mei ; régis mei qui est in Jérusalem ; la marche triomphale
sancto. de mon Dieu, de mon Roi, qui
trône en son arche, le sanctuaire
de sa divinité.
26. Praevenerunt principes 26. En tête, se sont avancés les
conjuncti psallentibus, in princes des peuples, môles aux
medio juvencularum tympa- musiciens et aux chantres, au
nistriarum. milieu des jeunes filles qui bat-
tent du tambourin.
27. In ecclesiis benedicite 27. « Dans ce cortège triomphal
Deo Domino, de fontibus et dans vos assemblées, disaient-
Israël, ils, bénissez le Seigneur, Dieu tout-
puissant, ô vous tous, issus de la
race d'Israël. »
28. Ibi Benjamin adoles- 28. Là se trouvent le jeune Ben-
centulus, in mentis excessu. jamin dans le ravissement de son
Principes Juda, duces eo- &me; les princes de Juda, chefs
rum ; principes Zabulon,prin- des tribus, et ceux de Zabulon et
cipes Nephtali. de Nephtali.
29. Manda, Deus, virtuti 29. Commandez, Seigneur, k
tuae; confirma hoc, Deus, votre'puissance; affermissez, con-
quod operatus es in nobis; tinuez ce que vous avez fait en no-
tre faveur;
pour signifier les plus puissants ennemis. Il fait allusion aussi à
la destruction de Tarmée Egyptienne dans les flots de la mer
Rouge.
24. Ut, pour Ita ut. — Ce verset a été indignement parodié par
Voltaire.
23. C'est maintenant la description de la marche triomphale,
ainsi parfaitement amenée.
28. David comprend toutes les tribus dans ces quatre; peut-être
aussi ne nomme -t-il que celles-ci, parce qu'elles ouvraient la mar-
che et que les autres suivaient.
T. lU ^'
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49S APPENDICE TROISIÈME.
30. Les rois étrangers, recon- 30. A teinplo tuo in Jeru-
naissant votre force et votre pro- salem, tibi offerent reges
tection sur nous, viendront vous munera.
offHr leurs présents dans votre
sanctuaire, à Jérusalem, et leurs
offrandes s'élèveront du temple
vers vous.
31. Réprimez les bêtes sauvages 3i. locrepa feras arundi-
des roseaux; elles sont pour nous Dis; congregatio taurorum
comme une troupe de taureaux in vaccis populorum, ut ex-
ardents et furieux au milieu des éludant eos qui probati sunt
génisses, afin de cbasser de leurs argento.
terres ceuxqui,pour les conquérir, Dissipa gentes quse bella
furent éprouvés comme l'argent volunt.
dans la fournaise. Confondez, dis-
sipez ces nations qui veulent et
nous font la guerre.
32. Aussi bien, du fond de TE- 32. Venient legati ex
gjpte,il nous viendra des ambas- iEgypto; iËtbiopiaprsevcniet
sadeurs pour conclure la paix; TE- manus ejus Deo
thiopie offrira la première à notre
Dieu des prières et des présents.
33. Royaumes de la terre, re- 33. Régna terr», cantate
connaissez, célébrez, chantez le DeQ,psallite Domino ;psallite
vrai Dieu, Deo,
34. Qui monte au sommet élevé 34. Qui ascendit super cœ-
de Sîon, vers TOrient. Il saura lum cœli, ad orientem. Ecce
donner à sa voix Téclat de sa dabitvocisuœvocemvirtutis.
puissance.
31. E$i[yptiens, Philistins, Ass3rriens, Ethiopiens, tous habitants
des bords du Nil, du Tigre ou de l'Euphrate. Feras arundinis quse
sunt ut congregatio taurorum in vaccis populorum (au milieu des
génisses domestiques.)
32. Prophéties des victoires futures des Hébreux et de la paix
avec les peuples voisins sous Salomon et ses successeurs. (III jRe^.
i\î, IV, x...) On sait que ce prince épousa la âlle du roi d'Egypte,
et que la reine de Saba et de l'Ethiopie vint à Jérusalem offrir
des présents.
33. David, dans un même esprit prophétique, exhorte les nations
& reeonnattre le vrai Dieu.
34. Super cœlum cœli, hébraïsme pour sommet élevé. Sion était à
l'Orient par rapport à la maison d*Obédédom d*où Ton transportait
)'areher
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LB PSAUME « EXUBGAT DEUS ». 499
35 . Date gloriam Deo super 35 . Rendez gloire à Dieu pour les
Israël; maguiGcentia ejus, et bienfaits dont il a comblé Israël;
virtus ejus in nubibus. sa magnificence, en effet, et sa
puissance se sont élevées alors jus-
qu'aux nues.
36. Mirabilis Deus in sanctis 36. Oui, Dieu est admirable dans
suis ; Deus Israël ipse dabit son sanctuaire, dans son arcbe, et
Tirtutem et fortitudioemple- aussi dans ses saints, sanctuaires
bi su8e. Benedictus Deus ! de sa grâce et de sa divinité. C'est
lui-même. Dieu d'Israël, qui a
donné et donnera encore à son peu-
ple le courage et la force pour vain-
cre ses ennemis, et jouir en paix
de son héritage. Qu'il soit à ja-
mais béni !
IV. UTILITÉ DU PSAUME.
Les commentateurs: Bellarmin, Bellenger et autres, ont
appliqué tout le Psaume à Jésus-Christ et aux merveilles du
Testament Nouveau, ce qui ajoute encore à sa beauté et à
son utilité. Aussi lira-t-on ces auteurs avec fruit et édiQ-
cation. Nous ne pouvons pas les suivre ici dans ces nou-
veaux développements, fondés du reste sur l'autorité de
saint Paul qui applique à Notre-Seigneur le v. 19 [Ephes,
IV, 8), et sur celle de l'Église, qui a inséré ce même verset
plusieurs fois dans Toffice de l'Ascension et le psaume entier
dans celui de la Pentecôte. Mais, avertis qu'il s'agit dans
ce psaume du Messie libérateur, de sa victoire sur l'enfer
elle péché, de son trioniphe au jour de l'Ascension, de la
promulgation de sa loi, qui commença solennellement le
jour de la Pentecôte, de la conversion des peuples, et de
l'Église enfln, nous saurons distinguer ses sensdiversdansle
recueillement et la prière, alors même que nous ne verrions
pas toujours l'enchaînement des idées. Le sens littéral que
nous avons donné ne laissera pas cependant que de nous
être utile, car il nous montre labontédu Dieu tout-puissant
pour le peuple qu'il aime, et sa justice contre les méchants.
35. Figure pour exprimer combien magnifiquement Israël a
ressenti les effets de ces attributs divins.
36. David revient, en terminant, à Tidée de Tarche, et les deux
derniers mots du verset sont comme la conclusion du Psaume,
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500 APPENDICE TROISIÈME.
V. PLACE DU PSAUME DANS L'OFFICE DIVIN,
L'ordre biblique amenait le psaume Exurgat Deus à
Tofûce férial du mercredi. Il en est de même dans le bré-
viaire mozarabique, où Ton voit, à cette même férié, une
oraison qui s'inspire du sens figuré du psaume : « Domine^
» quiascendis in altum, captivant dticens captivitatem, nos
» a captivitatediaboli victoriœ tttœ erue triumphis, ut dona
» tua dum hominibus tribuis, ipsos homines donorum tuorum
» reddas ex toto participes. » L'Église a inséré de plus le
psaume dans les matines de la Pentecôte, avons-nous dit,
confirmant par là l'interprétation mystique dont nous avons
parlé plus baut. C'est ce qui nous a valu de l'illustre évêque
de Poitiers, le cardinal Pie, pour le jour de la Pentecôte, une
belle parapbrase appliquée aux épreuves de l'Eglise. (T. IV,
p. 453 et suiv.) Le psaume lxvii* se retrouve aussi, en tout
ou en partie, dans l'office de l'Ascension, à la messe de la
Pentecôte, dans lescérémonies de la consécration ou de la
réconciliation d'une église, et dans celles de l'exorcisme
d'un possédé. Il est facile de voir, après ce que nous en
avons dit, comment il avait ainsi sa place dans ces prières
liturgiques.
VI. MESURE POÉTIQUE.
82 vers en 8 strophes :
strophes versets rors.
1'® . . 2-5 ... 10. . . Introduction générale.
2®. . . 5-11. . . 14. . . Bienfaits passés du Seigneur.
3'.. . 12-15. . . 9. . . Conquêle de la terre promise.
4*. . . 16-20. . . 10. . . Le mont de Sion devient la de-
meure de Jébovab.
5*. . . 21-24. . . 10. . . Dieu fait trembler de là ses en-
nemis.
6'. . . 25-28. . . 9. . . Marche triomphale de l'Arche.
7*. . . 29-31. . • 8. . . Imprécationscontrelesennemis.
8*. . . 32-36. . . 12. . . Victoires futures.
FIN DU TOME SECOND.
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TABLE
DES NOTICES LITUR6IC0-BIBLI06RAPHIQUES.
Adrien II. II, 469.
Agobard, II, 230.
AllHïrgotti, I, 28.
Alexandre !«' (saint), n, 151.
AllioU, I, 5.
Anadet (saint), II, 150.
Anicet (saint), II, 151.
Antoniano (le cardinal), II, 211.
Arago (François), 1, 157.
Arevalo (le Père), II, 180.
Art de vérifier les dates, (r)1, 226
Basile le Grand (saint), I, 56.
Becichemns, II, 187.
Beieth (Jean), II, 390.
Bellarmin (le cardinal), I, 7.
Biraghi, II, 70.
Blondel, I, 173.
Branchereau, II, 478.
Gains (saint), II, 152.
Gallixte !•', II, 152.
Gaprara (le cardinal), I, 362.
Carpo (de), I, 12.
Cassandre (Georges), II, 210.
Cassien, I, 29.
Célestin W (saint), I, 16.
Charlemagne, II, 10.
Chrodegand (saint), II, 145.
aavius (le Père), I, 168.
Clément I" (saint), II, 150.
Clément VII, I, 21.
Clet (saint), II, 150.
Clicthoue, II, 191.
Coffin (Charles), II, 190.
Corneille (Pierre), II, 373,
Cousseau (Mgr.), II, 367.
Damien Pierre (saint), II, 169.
Daniel, II, 219.
Delambre, I, 211.
Denys le chartreux, II, 68.
Denys (le peUt), I, 176.
Ephrem (saint), I, 38.
Espence (Glande d'), H, 288.
Etienne I»' (saint), II, 152.
Eutichien (saint) II, 152.
Evariste (saint), II, 151.
Félix 1er (saint), U, 152.
Ferreri, I, 20.
François d'Assise (saint), I, 18.
François de Sales (saint), I, 35.
Fulbert, II, 432.
Gauss, I, 211,
Giraud (le cardinal), II. 110.
Gousset (le cardinal), I, 81.
Grégoire VII (saint), 1, 10.
Gretser, II, 309.
Guidetti. II, 276.
Guy (d'Arezzo), H, 470.
Guyet aePère),II, 231.
Hainglaise, 11^ 200.
Haymon, I, 19.
Jacopone de Tody, II, 214.
Jérôme (saint), I, 11.
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BOS
TABLB DES NOTICES.
Kosma de Papi, I, 251.
LtpUee, I, 187.
Uon le Grand (saint)» I, 16.
Léon n (saint), n, 184.
Léon X, II, 205.
Léon XIII, I, 26.
UUo, I, 168.
Lin (saint), II, 150.
Lohner, II, 32.
Magre, (l'abbé), II, 261.
Mamert (Claadien), II, 213.
Méton, 1, 162.
Michel Timotbée, II, 192.
Mnlbbaûer, I, 273.
Octavaire Romain (!'), II, 344.
Odon de Cluny (saint), II, 212.
Ouvrard (Fabbé), I, 45.
Palantieri, 11, 218.
Paul III, II, 206.
Paul V, 1, 326,
Paul d'AquUée, II, 209.
PauUn d*Aquilée, II, 212.
Peyronnet (l'abbé de), 1, 11.
Pie I, (saint), n, 151.
Pie VI, I, 24.
Pie VII, I, 358.
Pie IX, I, 25.
Pierre d*AiUy, 1, 150.
Pimont a*abbé), H, 55.
Pont (Louis du), 1, 107.
Quignomez (le cardinal), I, 22.
Racine (Jean), II, 15.
Regiomontamus, 1,151»
Saignes, II, 189.
Santeuil (Claude), II, 188.
SantenU (Jean), II, 187.
Sedulius, II, 209.
Siivestre I (saint), 1, 189.
Sixte I (saint), n, 151.
Soter (saint). Il, 151.
Snarez, II, 49.
Tetamo, II, 226.
Thalhofer, II, 267.
Thomas d'Aquin (saint), II, 134.
Toursel (l*abbé), II, 41.
Urbain I«r (saint), II, 152.
Urbain II (le bienheureux), I, 323.
Urbain VIII, I, 24.
ValenUn (l*abbé), î, 78.
Valois (Adrien de), II, 189.
Victor I (saint), n, 151.
Wimpheling, II, 205.
Zaccaria, II, 217.
Zépbirin (saint), II, 152.
FIN DE LA TABLE DES NOTICES.
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TABLE DES MATIÈRES
8BCTI0K II. — Des parties de TofOce divin ou des différentes
heures canoniales
Chap. I. — Matines et laudes • • • .
Art. I. — Matines
Parag. I. — Origine historique et mystique • • « .
Parag. II . — Composition des matines
No 1 . — Matines solennelles
No 2. — Matines des morts
Art. II. — Les laudes
Parag. I. — Historique et symbolisme des laudes • •
Parag. II. — Bit et composition des laudes . • • .
Chap. II. — Les petites Heures
Art. I. — Des petites heures en général
Parag. I. — Du psaume : Beati immaculati in via, .
Parag. II. — De quelques autres caractères communs
aux petites heures
Art. U. — Des petites heures en particulier
Parg. 1. - Prime
No 1. — Origine et symbolisme ..."....
N* 2. — La rubrique — (Composition de prime;
Symbole de saint Athanase. — Martyrologe) . .
Parag. IL — Tierce, sezte et none
N* 1. — Tierce
No 2. Sexte
N03. — None
Chap. UI. — Vêpres
Art. 1. — Leur origine
Art. IL — Leur composition
Art. III. — Célébration des vêpres au Chœur • • . •
Parag. I. — Célébration solenneUe •
Parag. II. — Célébration non solennelle
Art. IV. — De la convenance d'assister aux vêpres le
dimanche
Chap. IV. — Les compiles. — (Origine, — But et symbo-
lisme. — Leur composition. — Chant de compiles. —
Conclusion du cardinal Bona)
Section IlL — Les éléments des heures canoniales ....
Chap. I. — Des élémenfs communs à toutes les heures ca-
nonlalei •....•••••••*«..
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504 TABLE DES MATIÈRES.
Art. I. Le « Pater » et T « Ave » 129
PftMiy. I. — Le « Pater »...•....,. 130
. II. — V^Ave Maria » 138
— InTOcatîona brèyes qui commencent et termi-
et heures 144
. I. — InTOcations brèves du coomiencement. • 144
. — c Domine, labia mea » 146
. — « Deus, in adjutorium meutn intende » . • 148
. — Le Doxologie : « Gloria Patri » • • . . 150
:. — V^Amen »••••• 154
. — V^AUeluia» 155
>. — « Couverte nos » 160
. Le signe de la Croix 161
. IL — Invocations brèves qui terminent les
•es canoniales *••.*•• 167
. •-' a Domintu vobitcîim » 168
I. — « Benedicamus Domino :k •..••• 173
. — Fidelium anima, — Dominm det nobis suam
xem, — Divinum auxilium »••••••• 175
« Fidelium aninue o 175
inDomintis det nobis mam pacem » 177
« Divinum auxilium » • .• 178
— Les hymnes ... « 178
I. ~ Aperçu générai sur les hymnes du bré-
■e romain ••••••' 179
. — . Leur origine dans le bréviaire romain • • 180
. — Leur caractère . • • . 186
' Prop. — - La plupart des hymnes romaines n*ont
pas l'élégance poétique des odes d'Horace et des
bymnes de Santeuil et de Goffin 190
Prop. — Nos hymnes ont les principaux élé-
ments de la beauté poétique 192
• Prop. — Les hymnes da bréviaire romain ont,
lans la période, une simplicité et une concision
D[ue demande rélan de la prière, surtout quand
aie doit être i^hantée .......... 200
8 Prop. — • Le caractère général des hymnes ro-
[naines est donc etc • 203
. -^ Les auteurs et les commentateurs des
mnes romaines .• 209
Les auteurs • • • • 209
Les commentateurs 217
II. — Principes liturgiques sur la récitation et le
t des hymnes. • 219
— Des antiennes • • • • 228
I. Origine et but des antiennes 228
IL — La rubrique • • 233
— Des psaumes 239
I. — Notions générales sur les psaumes. —
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TABLE DES MATIÈRES. 505
(Nombre. ~ Division. -— Authenticité. — Aateur. —
Inspiration. — Beauté morale et littéraire. — Motifs
de les étudier) 239
Parag. II. — Les psaumes dans Toffice divin. — (La
rubrique. — Nombre et choix des psaumes. — Le
et Gloria Patrh,— Le chant.— Les règles du chœur). 253
Art. VI. —Des versets. (Leur nature. — Leur raison
d*étre. — Le chant. — La rubrique). ..*... 276
Art. VII. ~ Le 'Capitule. (Origine. — Son rapport avec
Tôffice. — Principes liturgiques. — La rubrique.) * . 280
Art. VIII. — De l'oraison. (Sa nature. — Oraisons di-
• verse». — Nombre.— Excellence.— Antiquité.— « Do-
minus vobiscum et Oremus ». — Principes liturgiques.—
La rubrique. —Le chant.) 285
Chap. II. — Des éléments de Toffice divin particuliers à
certaines heures canoniales • . 292
Art. I. — Du n Credo ». (La rubrique.— Origine du
symbole des apôtres. — Son usage. — Principes litur-
giques. — Commentateurs. — Eloge des Pères.). . . 293
Art. IL — De l'Tnvitatpire. — (Sa notion. — Son but.
— Son origine..— Explication de la rubrique. — Le chant.
— Le psaume : Venite, exultemus.) 298
Art. III. — Des absolutions et des bénédictions avant les
leçons 305
Parag. 1. — Des absolutions 306
Parag. II. — Des bénédictions 308
Art. IV. — Des leçons 314
Parag. I. —: La rubrique sur les leçons. .*•... 314
Parag. Explication de cette rubrique ...... 318
No 1. — Notions générales sur les Leçons, — (Origine.
— Nombre. —Longueur.— Les Titres. — Approba-
tion. — Le Chant.) .... 318
N« 2. — Leçons du I«f nocturne. (Leur objet. —
Division des Livres Saints dans Tannée liturgique.
— rjEcriture occurrente. — Le commencement d'un
Livre et ses règles. — L'histoire des Machabées.) . 324
No 3. — Leçons du II« Nocturne. — (Les légendes
des Saints et les extraits des Pères dans le bréviaire
romain. — Autorité des légendes. — Le Lectionnaire
antique. — Obscurité de certaines leçons. — Prin-
cipes liturgiques. — L'Octavaire romain). . . . 336
N« 4. — Leçons du III« Nocturne. (Leur objet. —
Principes liturgiques. —La IX« Leçon.— Règles du
* chœur.) 3*4
Art. V. — Des répons 349
Parag. I. — Des répons qui suivent les leçons. (But et
origine. — Leur composition, — La rubrique. — Le
Ville répons. — Le chant.) 349
Parag. II. — Des répons brefs. (Leur Nom. — Le ver-
T. H. 29
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506 TABLB DBS MATIÈRES.
set du répons bref à prime. — Les a Alléluia ». -^ Le
ebtni. -* La rabrique.) 360
Art. VI. — Le Te Deum, (Son rôle dans Tofflce divin.
— Sa beauté. — Son auteur. — La rubrique — Prin-
cipes liturgiques) 365
Art. VIT. — Des cantiques 372
Parag. I. — Cantiques anciens 374
No i. — Cantique du dimanche et des f&tes : Benedi-
cite, omnia opéra 374
N® 2. — Les cantiques des fériés 380
1<>. Lundi. — Cantique disais : a Confitibor tibi^ Dch-
mine.» 380
i\ Mardi. — Cantique d*Ezéchias : « Ego cUxi : In
dimidio dierum meorum y* 381
3<^. Mercredi. — Le cantique d*Anne : t Exultavil
cor meum in Domino 383
40. Jeudi. — Le cantique de la mer Ronge : et Can-
temui Domino : glorio$e enim 383
5*. Vendredi. — Le cantique d*Habacuc : « Domine^
audivi auditionem iuam 385
6<>. Sftmedi. -^ Le cantique de Moyse : Audite, cœli,
qtue loqttor, 387
P^rag. n. — Les cantiques évangéliques 389
N<* 1. Notions générales. (Place de ces cantiques dans
Tof^ce divin.— Leur chant au chœur.) .... 389
N<* 2. Le cantique de Zacharie ou le « Benedictus > . 391
No 3. — Le cantique de Marie ou le « Magnificat ». . 393
No 4. — Le cantique de Siméon ou le « Nunc c2i-
mittis » 397
Art. Vm. — Des prières . 401
Parag* L — Des prières dominicales 402
No 1. Prières dominicales de prime 403
No 2. ^ Prières dominicales des compiles .... 407
Parag, IJU — Des Prières fériales 408
No iu, -^ Prières fériales des laudes 412
N** 2. — Prières fériales de prime 417
No 3. ^ Prières fériales des trois antres petites
heuses et des compiles 419
No 4* ^ Prières fériales des lèpres 419
Art. IX. — Des sufihrages communs 436
Parag. I. -^ Des siâ^ages communs en général . . . 426
Parag. II. — Des suffrages communs en particulier. . 429
No 1. — . CommémoraiiBoh de' la Croix ..... 429
No 2. — Suffrage de la sainte Viei^ge 432
No 3. — Suffirage de saint Joseph ...... 437
No 4. — Suffrage des Apôtres 441
No S — Suffrage du patron ou du tituldre de l'église. 442
N.0 6. — Suffrage pour la paix •.....• 447
Art. X. — Les antiennes finales de la sainte Vierge. • 448
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TABLE DES MATIÈRES. 507
Parag. I. Des antieDoes finales de la sainte Vierge en
générai 449
Parag. II. — De ces antiennes finales en particulier. . 452
N^ i, '-' 9 Aima Redemptoris Mater j> 452
N« 2. — « Ave, Regina cœlorum » 454
N® 3. — « Regina cœli » 455
No 4. — a Salvey Regina » • 456
Conclnsion .... * 460
Nota 463
Appendice premier. Eiamens particuliers sur rolfice divin,
par M. Tronson 464
appendice deuxième. — Du chant ecclésiastique 468
Chap. I. — Du plain-chant 468
Art. I. — Origine, beauté et utilité du plain-chant. . . 469
Art. 11. — Nécessité de sa connaissance et de son étude
pour Je clergé 478
Chap. II. — De rOrgue et de la musique sacrée .... 480
Art. L — ■ De TOrgue. — Harmonium 480
Art. II. — De la musique sacrée 484
Appendice troisième. Le psaume : Exurgat Deus. (Préliminai-
res. — Analyse. —Explication.— L'utilité du psaume.-— Sa
place dans Tofflce divin. — Mesure poétique.) .... 490
Tai>le des Notices liturgico-bibliographiques 501
Table des Matières 503
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES DU TOME SECOND.
IMrKiMiaiB «iMiRALB DB CH AT ILLOM-BUB-BBIIIB . — A» riCIAT.
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